(Dix heures deux minutes)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, votre attention, s'il
vous plaît, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques sur le sujet suivant : Le laxisme du gouvernement
de la CAQ dans la protection de la qualité de l'air des citoyens et citoyennes
du Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Bussière
(Gatineau) est remplacé par M. Asselin (Vanier-Les Rivières); M. Caron (Portneuf) est remplacé par
M. Lemieux (Saint-Jean).
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le secrétaire. Je comprends qu'il y a
entente afin que l'opposition officielle intervienne lors de la deuxième,
quatrième et sixième séries d'interventions et que le troisième groupe
d'opposition intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
Est-ce qu'il
y a consentement pour que la députée de Taschereau participe à nos travaux?
Donc, il y a consentement.
Je vous
rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser midi. Nous
avons commencé la séance...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) :
10 h 02. Donc, est-ce qu'il y a consentement pour que l'on puisse
poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, donc à
12 h 02? Donc, il y a consentement.
Nous débutons par les déclarations d'ouverture.
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
et porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'environnement et
de lutte contre les changements climatiques, vous avez la parole pour
10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la
Présidente. Bien heureuse, ce matin, là, qu'on puisse avoir un beau débat de
deux heures sur la question du nickel. C'est drôle, parce que je vais
commencer mon intervention en parlant du choix du gouvernement au niveau du
timing, parfois, de ces différentes annonces. Puis, encore ce matin, je n'ai
pas le choix d'en glisser mot, Mme la Présidente, mais le ministre a fait un
point de presse comme chacun de nous ce matin, mais il a choisi de le faire
ailleurs qu'au foyer de l'Assemblée nationale, sans qu'on puisse avoir accès à
ce qui était annoncé, parce que ce n'était pas... ce n'étais pas en direct, ce
n'était pas diffusé sur le canal de l'Assemblée comme à l'habitude. Donc, je
voulais juste mentionner que je trouvais ça quand même curieux qu'au matin de
l'interpellation, puis c'était une annonce sur la qualité de l'air, mais que
nous, les oppositions, on ne puisse même pas prendre connaissance en direct de
ce qui était annoncé.
Et là je reviendrai peut-être à quelques mois en
arrière, où la saga n'a pas tout à fait commencé, parce qu'elle a commencé un
petit peu avant, là, mais où c'est un peu le... on va dire que ça a été le
point de départ, en tout cas, d'une mobilisation. Elle existe aussi depuis
quand même un bon moment, mais je veux dire d'un débat... en fait, le point de
départ d'un débat sur le rehaussement de la norme du nickel.
On se rappellera, Mme la Présidente, le
16 décembre dernier, dans quel état on était. Le premier ministre convoque
un point de presse en fin de journée, et tous les Québécois, toutes les
Québécoises sont fébriles parce que ce qui va se jouer dans ce point de presse
du premier ministre, c'est le temps des fêtes, Mme la Présidente. Écoutez, moi,
je me souviens, là, j'étais fébrile. On était tous en attente de la radio. On
se sentait un peu comme à la veille... avant le match du Super Bowl, tu sais.
Tout le monde était comme : Voyons, qu'est-ce qui se passe? Ils vont nous
annoncer quelque chose de gros. Et c'est à ce moment-là, alors qu'on est en pleine
éclipse médiatique, alors qu'il y a des millions de Québécois qui sont pendus
au bout des lèvres du premier ministre, c'est là qu'on annonce que le ministre
de l'Environnement va de l'avant avec le rehaussement de la norme du nickel
pour en émettre cinq fois plus dans l'atmosphère... dans l'air.
C'est David Rémillard, on va rendre à César ce
qui appartient à César, qui a annoncé le tout sur Twitter. Et je le cite :
«À un peu plus d'une heure du point de presse de François Legault, le
gouvernement confirme qu'il va de l'avant
avec une hausse de la norme sur le nickel émis dans l'air. Les industries
pourront émettre cinq fois plus de particules.»
On savait que c'était dans les cartons depuis
longtemps. Mon collègue Sol, le député de Jean-Lesage, avait même sorti la
nouvelle en juin, disant que ça s'en venait, que le gouvernement risquait de
déposer un règlement pour rehausser la norme sur le
nickel. On était tous un peu sur le qui-vive. Les groupes citoyens, surtout
dans la Basse-Ville de Québec, étaient déjà mobilisés sur la question. Alors,
on commence à en parler un peu en juin et on a attendu, éclipse médiatique du
16 décembre, pour aller de l'avant avec le dépôt du règlement.
Moi, j'aimerais
savoir aujourd'hui pourquoi. Pourquoi avoir choisi ce moment-là précisément? On
s'est dit que c'est peut-être parce qu'ils n'étaient pas tellement fiers de ça,
que ce n'est pas très bon pour les communications peut-être, que c'est
peut-être un peu gênant. Peut-être ils sont au courant que le nickel, ce n'est
pas banal, c'est un polluant, c'est toxique,
c'est cancérigène, puis que, dans ces cas-là, bien, c'est peut-être mieux que
ça passe inaperçu. Alors, ça, c'est ma première question ce matin pour
le ministre de l'Environnement : Pourquoi est-ce que le ministre a attendu
le 16 décembre, alors que se jouait notre temps des fêtes, lors d'un point
de presse du premier ministre, pour annoncer qu'il rehaussait la norme de
cinq fois?
Et là j'aimerais
parler de la situation, oui, à Québec, mais aussi à Rouyn-Noranda. Pour les
lobbyistes, là, des compagnies minières, c'est une grande victoire. Pour le
Québec, c'est un retour en arrière à une vision où l'intérêt des industries
prime sur la santé des gens.
Ici, à Québec, ça
fait 10 ans, 10 ans que les citoyens se battent contre la pollution
venue du port, puis ils ont raison de la
faire parce qu'en 2019 le ministère de l'Environnement a lui-même reconnu
que l'air dans le quartier de Limoilou, en Basse-Ville de Québec, était
l'un des plus pollués. L'espérance des gens... de vie, dans Limoilou, est
réduite de six ans par rapport aux gens
de la Haute-Ville... par rapport à la moyenne régionale, pardon. Six ans,
Mme la Présidente, c'est incroyable, six ans à cause de la pollution de
l'air. La santé des citoyens et des citoyennes est en jeu. Puis c'est quoi, la
réponse de la CAQ? Quintupler la limite permise de nickel dans l'air.
• (10 h 10) •
À Rouyn-Noranda, on
connaît ça bien, les problèmes de pollution de l'air. On a notamment des
problèmes avec l'arsenic. J'en ai souvent
parlé ici, en Chambre, Mme la Présidente. Dans le quartier Notre-Dame, les
enfants sont imprégnés, les
enfants... les adultes aussi, là, mais parlons de nos enfants, là, ils sont
quatre fois plus imprégnés à l'arsenic qu'ailleurs, parce que...
Pourquoi? Parce que la Fonderie Horne a le droit d'émettre 33 fois la
norme du Québec. Nous, les polluants, là, on
ne les mesure pas juste dans l'air, on les mesure dans notre corps jusqu'au
bout de nos ongles. Et la Fonderie Horne, elle, appartient à qui? À
Glencore, Mme la Présidente. Glencore, c'est elle qui fait du lobby depuis le
début auprès du ministère de l'Environnement pour rehausser la norme du nickel.
À Rouyn-Noranda, on a
aussi du plomb, on a du cambium, on a du cuivre, on a du SO2, on a du nickel.
Moi, j'aimerais savoir aujourd'hui si le ministre a pris en considération les
effets synergétiques de l'exposition simultanée à d'autres substances toxiques
avant de faire la proposition de rehausser la norme de cinq fois.
En 2020, il y a
deux tonnes et demie de nickel qui a été craché par les cheminées de la
Horne. On ne sait même pas si les concentrations que ça représente dans l'air
sont nocives pour la santé parce que nos mesures de la qualité de l'air sont déficientes. On ne le sait... On ne le
sait même pas. Et le gouvernement s'en lave les mains parce que, de toute
façon, les normes sur le nickel ne s'appliquent pas à la fonderie. Elle a une
attestation d'assainissement qui lui permet de ne pas rien calculer, Mme la
Présidente.
Mais,
lorsqu'on respire à Rouyn-Noranda... Vous savez, ce qui nous inquiète? C'est le
précédent que ça va créer. Est-ce que le prochain mandat des lobbyistes de
Glencore, ça va être de rehausser la norme d'arsenic? À Rouyn-Noranda
puis en Basse-Ville de Québec, c'est les deux endroits qui ont la pire
qualité de l'air au Québec. C'est là qu'on retrouve le plus de nickel dans
l'air aussi. Une coïncidence?
Avant de penser hausser
la Horne... la norme de cinq fois, moi, je veux savoir qu'est-ce que le
gouvernement a fait pour réduire les
émissions de nickel. Combien d'amendes ont été données pour les dépassements
dans la Basse-Ville? Est-ce que vous avez des données en main sur les effets
cumulés des polluants? Êtes-vous capable de nous dire c'est quoi, les
effets sur la santé d'un cocktail d'émissions d'arsenic, de plomb, de cambium
et de nickel, ou tout autre polluant, qui cohabitent ensemble? Est-ce que vous
avez consulté les experts sur ces questions?
Et là, Mme la
Présidente, dans les deux dernières minutes qu'il me reste, je veux
revenir sur un autre drôle de timing. En plein moment où la controverse
commence à lever, on ouvre la télé, on va sur notre compte Facebook et qu'est-ce
qu'on voit? Des publicités, Mme la Présidente. Des publicités du ministère des
Ressources naturelles... de l'Énergie et des
Ressources naturelles qui nous disent de quoi demain sera fait. Et là, on a des
images de bébés, des images d'enfants qui courent dans les champs. Et
là, on a des gros titres : Il sera fait de nickel, de carbone et d'autres
métaux.
Cette publicité-là,
elle a été publiée... Elle était financée avec des fonds publics, Mme la
Présidente. Est-ce que l'industrie minière a vraiment besoin que le
gouvernement du Québec soit à ce point cheerleader et vienne graisser la
machine à l'acceptabilité sociale pour ce genre de projet là? Est-ce qu'on a
vraiment besoin de ça, Mme la Présidente?
La pollution de
l'air, là, c'est le quatrième tueur au monde. Au Québec, là, c'est
4 000 morts prématurées à chaque année. Il y a des questions
légitimes qui se posent. Il y a des débats qui doivent avoir lieu. Et on n'a
surtout pas besoin que le gouvernement du
Québec finance des publicités qui font la promotion de ces métaux-là, Mme la
Présidente, c'est la dernière chose dont on a besoin.
Et moi, je trouve ça
insultant. J'ai l'impression que ce gouvernement-là nous prend pour des
valises. Est-ce qu'on peut avoir l'information? Est-ce qu'on peut avoir les
réponses à nos questions?
Je vais m'arrêter
ici, Mme la Présidente. Puis j'espère avoir les réponses à mes questions. Je
les répète : moi, je veux savoir combien d'argent a été dépensé pour faire
la promotion de l'industrie dans cette publicité, je veux savoir si le gouvernement du Québec a étudié, documenté
les effets synergétiques de l'exposition à plusieurs polluants simultanés
et je veux savoir pourquoi on a attendu le 16 décembre.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour une
période de 10 minutes. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. D'abord vous saluer, j'espère que la journée a bien
commencé, et saluer également les collègues, les gens qui les accompagnent.
Vous me permettrez de saluer mes estimés collègues, et également merci d'être
là, merci d'avoir bravé la tempête qui sévit derrière. Merci aux gens du
cabinet également, sous-ministre adjoint aussi, toujours aussi précieux comme
source d'information.
Bien honnêtement, la
collègue fait en sorte que mon plan de match vient de changer, Mme la
Présidente. Je pensais y aller d'une
allocution, mais son allocution était ponctuée de questions, donc je vais déjà
prendre un certain temps pour y répondre et peut-être inviter la
collègue à une certaine forme de prudence. Il y a différents éléments factuels
qui n'étaient pas exacts dans ses affirmations, et certains éléments tels
qu'amenés nous rapprochaient de la théorie du complot, là. Et je fais référence
notamment à l'annonce qui fut faite en décembre dernier. La collègue a
mentionné que c'est son collègue le député
de Jean-Lesage qui avait annoncé ou qui avait révélé les intentions du
gouvernement en juin dernier. Bien non, c'est un communiqué de presse,
tout ce qu'il y a de plus transparent, qui annonçait les intentions du
gouvernement. Pas en juin dernier, en mars dernier, le 31 mars. Le
30 mars, pour être plus précis. Et ce n'était pas un communiqué de presse qui visait à se défiler. Dès
le premier, premier paragraphe, dès les premiers mots du communiqué de
presse, on parle de normes qui seraient révisées à hauteur de 70 nanogrammes
par mètre cube en ajoutant une norme annuelle de 20 nanogrammes. Donc, il
n'y a pas de complot derrière ça. Je le dis très, très amicalement à la
collègue. Ce n'est pas en juin, ce n'est pas en décembre qu'on l'a annoncé, en
pleine crise sanitaire qu'on l'a annoncé, on l'a annoncé en mars.
Ce
qu'on a annoncé en décembre, c'était le dépôt du règlement et le début de la
consultation. Et là aussi il n'y a pas de complot derrière tout ça,
derrière le choix de la date. La collègue sait sans doute que c'est le genre de
décret qui doit passer au Conseil des ministres, qui passe, généralement,
plusieurs jours, deux semaines, deux semaines avant l'annonce qui est
rendue publique. Donc, pas de complot. La décision était prise et elle devait
être rendue publique, ne serait-ce que par la Gazette officielle. Donc,
on ne savait pas, début décembre, que le 16 décembre, par exemple, qui allait y avoir des enjeux importants au niveau de
la santé publique. C'est une information qui était de toutes les façons prévue
pour être rendue publique étant donné que le décret avait été adopté au Conseil
des ministres.
Donc, déjà, je pense
qu'on peut rassurer la collègue, il n'y a pas de complot sur la date. Il n'y a
pas eu d'intention de camoufler quelque décision que ce soit. La décision a été
annoncée en mars dernier par communiqué de presse avec des éléments très, très
factuels à l'intérieur du communiqué.
On parle aussi, dans
les questions de la collègue, de la publicité. Elle semble y voir un autre
objet de complot. Il n'y a pas de complot au niveau des publicités
gouvernementales. Vous aurez remarqué que, ces derniers mois, on a eu plusieurs
campagnes de publicité pour encourager le transport durable. C'est une campagne
qui circulait au même... qui circulait, c'est un lapsus, une campagne qui
roulait, un autre lapsus pour rester dans le thème des transports, au même
moment où on voyait les différents modes de transport durables, que ce soit
l'autobus, que ce soit la voiture électrique, que ce soit le transport actif,
que ce soit... bref, ça, c'est une campagne qui était pilotée par le ministère
de l'Environnement, que je trouvais très intéressante d'ailleurs, et surtout
très positive. Et le ministère des Ressources naturelles...
de l'Énergie et des Ressources naturelles a aussi une campagne au même moment.
Pas de complot, pas de lien, sinon qu'on ne peut pas avoir du transport
électrique, on ne peut pas avoir ces possibilités d'énergies renouvelables sans
compter sur un certain nombre de minerais stratégiques. Eh oui, le nickel en
fait partie.
J'entendais, cette
semaine, parler justement Québec solidaire de notre soi-disant manque
d'ambition au niveau des voitures
électriques d'ici 2030. Je pense qu'ils ont oublié de noter qu'on est à
120 000 voitures électriques aujourd'hui et qu'on doit être à
1,5 million de voitures dans à peine plus de huit ans. Donc, si ce
n'est pas de l'ambition, je ne sais pas c'est quoi. Mais, pour avoir ces
voitures électriques là, il faut du nickel. Il en faut. Si on veut développer
notre filière batterie, s'assurer qu'on ait les approvisionnements nécessaires,
il faut avoir du nickel.
• (10 h 20) •
Mais là ça nous
ramène davantage... là, je m'éloigne des théories du complot, je me rapproche
davantage de l'objet de notre rencontre ce matin, pour rassurer la population.
J'ai été... Ah! bien, peut-être juste un autre élément, parce que j'ai été
agacé, la conférence de presse de ce matin. Il y avait deux conférences de
presse qui étaient convoquées au foyer. Il n'y avait plus de place, donc on est
allés à l'autre salle de conférence de presse du gouvernement qui est tout
juste à côté. Donc, là non plus, pas d'autres explications que les espaces et
les moments étaient déjà réservés. Le communiqué de presse a été diffusé avant
même la conférence de presse, donc pas d'élément de surprise, pas d'élément de
complot à ce niveau-là.
Je reviens à l'objet
de l'interpellation : la santé de la population, la qualité de l'air. Et
c'est là où j'ai été très clair ce matin, c'est là où je veux le réitérer
auprès de la collègue ce matin également, mais c'est là où on tient le même
discours depuis plusieurs, plusieurs mois et même bien avant l'annonce d'un
renouvellement de normes pour ce qui est du nickel. Jamais, jamais, jamais, la
santé de la population sera compromise au détriment d'une norme qui pourrait
être en... qui pourrait entrer en vigueur.
Et d'ailleurs la
raison pour laquelle je n'ai aucun malaise par rapport à cette norme qui est
proposée, c'est qu'elle est appuyée par des études complètement indépendantes,
par des experts qui ont une notoriété internationale reconnue. Je pense qu'il
n'y a personne qui remet en doute et l'indépendance et l'expertise des gens qui
sont derrière ces études indépendantes là. Et, de surcroît, la nouvelle norme
qui a été... qui est proposée, qui est présentement à l'étude à travers une
consultation qui s'achève, là, dans quelques jours, elle est appuyée par la
Santé publique de la Capitale-Nationale.
Et
là, je connais un petit peu les habitudes des collègues de l'opposition, on va
me sortir une phrase isolée. Moi, j'invite
les collègues à lire le rapport en entier. Et la Santé publique de la
Capitale-Nationale est très, très catégorique, pour la santé de la
population, on peut procéder à un changement de norme, surtout qu'il y a une
donnée importante qui est maintenant connue. Oui, en 2013, on a changé
cette norme mais on l'a resserrée. Mais ce que l'on sait depuis, c'est que
c'était basé sur une étude qui comportait des erreurs méthodologiques
importantes, qui n'avait pas la rigueur scientifique
requise et qui était autrement sévère pour... sans justificatif scientifique.
Donc, on a maintenant des données qui nous permettent de voir la
situation d'un autre oeil et surtout avec des données probantes scientifiques
qui sont très, très solides.
Et, là où je veux
inviter la collègue aussi à la prudence, on incite beaucoup, beaucoup, beaucoup
sur le passage d'une norme de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube, mais on
oublie systématiquement, j'espère que ce n'est pas volontairement pour induire,
là, la population dans l'erreur, on oublie de mentionner qu'on ajoute une moyenne
annuelle à 20 nanogrammes. Donc, ce que ça veut dire, il y a quelques fois
dans l'année où, oui, on pourra excéder... on pourra, c'est-à-dire, excéder la
norme actuelle et atteindre 70 nanogrammes par mètre cube.
Mais l'important,
l'important, et c'est là où on se donne une protection supplémentaire, c'est
que la moyenne annuelle ne pourra pas, elle, dépasser 20 nanogrammes. Ça
veut dire, ça ne sera pas 70 à tous les jours. À l'occasion, ça pourrait dépasser, donc, les valeurs actuelles,
ça pourrait se rendre à 70. Mais l'important, c'est que la moyenne, elle,
n'excède pas les 70 nanogrammes.
Et, là aussi, au
niveau de la santé publique, on est venus se donner des éléments rassurants
pour la population. Et, surtout, surtout, on est plus sévère qu'à peu près tout
le monde. En Europe, notamment, on peut avoir... on peut avoir soit une norme
qui est plus élevée sans son contrepoids au niveau moyenne nationale ou
l'inverse, nous, on a les deux. Et, en Ontario, on est à 100 nanogrammes
par jour, et nous, on est à 70, mais, là aussi, avec une moyenne pas nationale,
mais annuelle qui ne peut pas dépasser le 70.
Et, lorsqu'on se
donne des normes, il y a un autre élément qui est fondamental qui doit être
observé, c'est : Est-ce que c'est une cible ou cette norme contraignante?
Là, on ne parle pas d'une cible, on parle d'une norme contraignante, ce qui
fait que, si jamais il y avait des dépassements, tout notre régime de sanctions
s'applique, que ce soient les avis de non-conformité, que ce soient les
sanctions administratives pécuniaires, que ce soit même au niveau pénal, que ce soit au niveau des ordonnances.
Bref, on a réellement tous les éléments, je pense bien, pour rassurer la
population.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, nous allons
maintenant débuter la période
d'échange. Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
Argumentation
Mme Lessard-Therrien :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Le ministre a vraiment insisté sur les théories
du complot. Honnêtement, Mme la Présidente, là, j'ai failli invoquer
l'article 35, là, des motifs indignes. Je me mets dans la peau des
parents, là, à l'heure actuelle, qui ont des questions, qui ont des préoccupations.
Est-ce qu'ils sont en train... Est-ce qu'il faut qu'ils pensent qu'ils sont des
complotistes parce qu'ils posent des questions, puis les mêmes que nous, on vous relaie aujourd'hui? Je ne pense pas que
ces parents-là sont des complotistes. Je pense que c'est des parents inquiets
qui ont besoin d'avoir des réponses.
Je ne veux pas
rentrer dans une guerre de chiffres, là, parce que ça, c'est le jeu du
ministre, mais moi, je veux juste rappeler, là, une norme annuelle de
20 nanogrammes, là, je ne comprends pas en quoi ça peut être plus
restrictif qu'une norme journalière actuelle de 14 nanogrammes. Si,
365 jours dans l'année, on atteint cette norme-là de 14 nanogrammes,
là, on a beau diviser ça... diviser ça par le chiffre qu'on veut, là, on n'arrivera
jamais à une norme annuelle de
20 nanogrammes. Donc, maintenir la norme, actuellement, elle est beaucoup
plus sévère que ce qui est proposé par le ministre.
Il n'a pas répondu à
ma question sur combien d'argent public a été investi dans les campagnes
publicitaires. Honnêtement, là, si l'objectif, c'est de faire la promotion du
transport collectif, là, je ne vois pas en quoi ça l'a rapport avec le nickel.
J'ai encore une autre
question qui touche Glencore. On le sait, Glencore, c'est elle qui avait le
mandat de lobbyiste auprès du ministre pour
faire rehausser la norme. Je ne sais pas si le ministre... j'imagine, là, qu'il
doit bien la connaître, mais on va faire un petit peu peut-être de
pédagogie, en fait, pour les gens qui nous écoutent, mais Glencore, là, c'est
une des plus grosses multinationales au monde. Elle est basée en Suisse. Elle a
un chiffre d'affaires annuel de plus de 100 milliards de dollars. Et ses
propos lors de la plénière, c'est que... ce qu'elle nous a dit, c'est que mon
image n'est pas belle à cause que ces normes sont trop basses. Puis, quand...
vu que les normes sont trop basses, bien là, je les dépasse, ça inquiète la
population. Il faudrait peut-être rehausser la norme, comme ça, bien, les gens
arrêteraient d'être inquiets et mon image ne serait pas salie. Pour Glencore,
l'acceptabilité sociale, c'est de bien paraître, c'est de pouvoir émettre du
nickel dans l'air sans que personne s'en rende compte. Donc, comment faire pour
que ça paraisse moins? On rehausse la norme. Moi, j'aimerais savoir, Mme la
Présidente, ça l'a pris combien de rencontres entre Glencore et le ministre
pour qu'il accepte de rehausser la norme de cinq fois?
Et je vais répéter
les questions pour lesquelles je n'ai pas eu de réponse. Est-ce que le ministre
est capable de nous dire c'est quoi, les
effets sur la santé des polluants combinés, les cocktails d'émission d'arsenic,
de plomb, de cambium, de nickel, par exemple? Je veux savoir c'est
qui... C'est quoi? Est-ce qu'il y a des études qui lui démontrent qu'il n'a
aucun... que ça n'a aucun effet sur la santé? Est-ce qu'il a documenté les
effets synergétiques de l'exposition à plusieurs polluants en simultané? Et ma dernière question : Combien d'argent
public a été dépensé pour promouvoir l'industrie dans la publicité qu'on
a vue sur les réseaux sociaux et à la télé? Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au ministre pour cinq minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Il se pourrait que je manque de temps. Toutes des questions très,
très légitimes. Je vais y aller avec la plus simple, celle qui va prendre le
moins de temps. Je ne peux pas vous mentionner le montant de la publicité du
MERN. Ce n'est pas mon ministère qui l'a réalisée ou qui l'a mise en ondes.
Donc, ça peut faire une question, là, pour la collègue... à mon collègue aux
Ressources naturelles. Ceci dit, c'est une importante campagne de publicité. On
ne peut pas parler d'électrification des transports sans mentionner ce qui est
requis pour, justement, le rendre possible, ce transfert-là vers du déplacement
zéro émission à travers des véhicules électriques. Donc, un ne va pas sans
l'autre. Et miser sur l'électrification des transports sans savoir qu'il faut
d'abord extraire du nickel, c'est un petit peu la pensée magique, en quelque
sorte. Donc, la question la plus simple, il faut l'adresser à la bonne
personne, et je ne suis pas cette bonne personne-là.
• (10 h 30) •
Et, dans plusieurs des interventions, Québec
solidaire répète continuellement : Il faut se baser sur la science. Il
faut se baser sur la science. On l'entend sur bon nombre de sujets, notamment
au niveau environnemental. Moi, je les invite maintenant à appliquer leurs
propres principes. Il faut se baser sur la science. Il faut se baser sur les
études les plus probantes, les plus à jour possibles, et c'est ce que l'on
fait. Donc, Québec solidaire ne peut pas dire : Je suis intéressé à la
science, sans porter attention à ce que les scientifiques nous disent à ce
sujet-là. Et la fameuse... bien, la fameuse norme à 14 nanogrammes par
jour, si Québec solidaire est intéressé par la science, Québec solidaire va
lire et va constater que c'était basé sur une étude avec d'importantes failles
au niveau méthodologique, que c'était une étude qui aujourd'hui n'a plus de
valeur scientifique reconnue. Donc, si on veut se baser sur la science, il faut
adapter nos normes et nos règlements sur ce
que dit les scientifiques, il faut pouvoir adapter notre connaissance au gré de
l'évolution de la connaissance scientifique sur ces enjeux-là.
Autre question très, très simple, combien de
rencontres avec Glencore j'ai eues pour me laisser convaincre qu'il faut adopter une nouvelle norme nickel?
Zéro. Zéro. Moi, j'ai eu une rencontre avec Glencore, il y a... l'année
dernière, et il avait été spécifiquement mentionné que le sujet du
nickel ne devait pas être abordé pendant cette rencontre-là, parce qu'on n'était pas encore... on n'avait pas
encore collecté, justement, le fruit des différents comités qui avaient été
mis de l'avant. Donc, encore une fois, je ne dis pas que c'est un complot qui
est évoqué mais zéro. Le... Glencore n'a pas fait quelque pression que ce soit
auprès de moi ou auprès du ministère ou auprès du cabinet pour que l'on revoie
à leur avantage la norme sur le nickel.
Par rapport
aux effets combinés, encore une fois, je souhaite vivement que la collègue
puisse lire éventuellement ce que dit
la Santé publique. La Santé publique, elle, ce qu'elle a fait, essentiellement,
elle a pris en compte les intentions, ce qui était souhaité en vertu de
ces rapports indépendants qui nous ont été transmis, et a évalué est-ce que ça
faisait du sens ou pas. Puis elle dit que
oui. Là aussi, des scientifiques, des scientifiques de la Santé publique, de
surcroît, qui dit que ça se justifie, cette nouvelle norme.
Maintenant, il y a des éléments qui sont
nécessaires pour rassurer les citoyens, pour rassurer, qu'ils soient à
Rouyn-Noranda, qu'ils soient à Québec ou qu'ils soient à la mairie de Québec.
Et c'est là où les annonces qui ont été faites ce matin sont importantes. Je
les résume très, très rapidement.
Pour Québec, à tout le moins dans un premier
temps, on vient confirmer la création d'un groupe de travail qui devra... Parce
que c'est beaucoup ce que j'ai entendu, ces derniers jours : on parle
d'incinérateurs, on parle du Port de Québec, donc on parle de qualité de l'air
en général bien plus qu'on parle de la norme nickel. Donc, on va enfin avoir un
portrait juste, avec des experts, qui sont aussi indépendants et qui auront,
dans les prochains mois, à fournir un rapport et surtout à faire des
recommandations d'actions, en les priorisant. Donc ça réitère toute
l'importance qu'on ajoute à cet élément-là.
Et là le temps file. J'ai aussi confirmé
l'installation d'une nouvelle station d'échantillonnage dans le secteur Limoilou, une PM10, donc tout ce qui se
fait de plus avancé technologiquement, pour avoir, notamment sur l'arsenic mais
sur d'autres contaminants, un portrait très, très juste. Donc, c'est deux
éléments qui doivent être réitérés pour rassurer les gens qui peuvent être
inquiets.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Je cède donc maintenant la parole au député de
Bourget. Vous avez cinq minutes.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Moi aussi, je voudrais insister sur le mot «prudence». Parce que,
quand on dit : Dans une pièce, ça sent bon, ça, c'est le côté joyeux, mais
le côté plate, c'est : Il y a un produit dans l'air auquel le nez est
sensible dans une certaine concentration. Donc, quand on utilise les mots
«polluant», «toxique», «cancérigène», c'est important de faire attention à ça,
bien sûr, en même temps, tout est une affaire de concentration. Alors, si on ne
veut pas faire de guerre de chiffres, bien, la toxicologie, c'est une guerre de
chiffres. Un peu partout sur la terre, les gens discutent quelle est la
meilleure norme dans l'intérêt public, en faisant attention à l'industrie. Je
veux dire, tout est une guerre de chiffres là-dedans.
Alors, je vais faire un historique de ce qui a
été fait sur la norme nickel. On sait qu'en 2013 on avait 14 nanogrammes par mètre cube. Je ne décris
pas ce que c'est qu'un nanogramme pour minimiser, j'explique. Une livre
de steak haché, ça pèse 454 grammes. Un gramme, on le sent à peine sur le
bout du doigt, un nanogramme, c'est un milliardième de gramme, et c'est très
dur à trouver lors d'un test, ça prend des instruments sophistiqués. Ça ne veut
pas dire qu'il faut négliger parce que ça s'appelle un nanogramme par exemple.
Le comité ministériel qui
a été organisé, c'était en 2017, donc avant l'arrivée de notre gouvernement. Et
je pense que c'était une très bonne idée de mettre les gens en commun et de se
poser des questions : Il y a-tu quelque chose qui a évolué dans la
science? Alors, il y avait le ministère de l'Environnement, la Santé, l'INSPQ,
le ministère de l'Économie et de l'Innovation, les Ressources naturelles ainsi
de la Société du Plan Nord et le Secrétariat des affaires autochtones. Il y
avait tous ces gens-là et qui se sont posé la question : Est-ce qu'il y a
une raison de revoir cette norme-là? Est-ce qu'il y a des faiblesses au niveau
de la méthodologie utilisée? Et on a découvert, justement, qu'il y avait des faiblesses au niveau de la
méthodologie et qu'il faudrait probablement revoir qu'est-ce qui avait été fait
et voir si c'était toujours en accord avec ce qui était de connu, de plus à la
page au monde au niveau toxicologique.
Alors, à ce moment-là, quand on parle d'aires
protégées, on parle de l'UICN, qui est l'entité internationale qui régit un peu
les aires protégées. Mais, quand on parle de toxicologie, on parle du NTP, aux
États-Unis, c'est le National Toxicology
Program, c'est eux autres, les gourous. Alors, eux autres, qu'est-ce qu'ils
disent, bien, ils disaient 20 nanogrammes. C'est en général la
norme utilisée dans l'Union européenne, c'est la norme utilisée en Ontario.
Alors, on ne peut pas dire qu'eux autres ont été influencés par ce qui se passe
à Limoilou, là. C'est une norme qui a été regardée de façon très large par un
tas de gens à travers la planète.
En plus de ça, bien, on ne s'est pas arrêtés là.
Il y a eu quatre experts indépendants qui ont regardé qu'est-ce que ça pouvait
faire localement et qui sont arrivés, justement, avec cette proposition
d'utiliser la même norme que le NTP, 20 nanogrammes par mètre cube. Et là,
on s'est posé des questions du genre : Est-ce que... Les effets
chroniques, cancérigènes ou non cancérigènes, quelle est la limite? On sait
que, sur une population de 1 million de personnes qui resteraient là toute
leur vie, on ne parle pas de gens qui vont être là cinq ans, on parle des gens
qui restent là toute leur vie, c'est un risque de catégorie 3, qui est
normalement considéré comme un risque acceptable. Il ne faut pas se conter
d'histoires, des risques zéro, ça n'existe pas. Alors voilà encore ce que la
science nous dit.
La norme en Ontario est de 100 nanogrammes.
Ça, c'est le maximum qu'on puisse avoir, n'importe quel moment. Des tests dans
l'air, là, que je connais bien, il y a pour une heure, pour huit heures, pour
24 heures, pour la... par jour, au mois, à l'année, ça dépend du polluant,
ça dépend de la technologie. Alors, il faut rappeler que c'est le CIUSSS de la
Capitale-Nationale qui est d'accord avec ça, c'est supporté par l'INSPQ, alors
la science a été vraiment écoutée, vraiment regardée. Quand on dit que
l'industrie a primé par rapport à la santé, je ne comprends pas comment on
puisse dire une telle chose. Si je pensais personnellement ça, là, bien, je ne
serais pas ici pour défendre ça ce matin, c'est sûr. J'ai quand même une
certaine conscience. Alors, je ne serais pas ici pour défendre ça. Alors, je ne
comprends pas que quelqu'un puisse faire une guerre de mots avec ça.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Nous sommes rendus à la deuxième série
d'interventions. Donc je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Verdun. Vous avez cinq minutes.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Salutations à vous ainsi qu'au ministre, aux collègues et à tous
ceux qui nous accompagnent. C'est... Je tiens à remercier la deuxième
opposition pour cette journée parce que c'est un deux heures qui est important
puis sur lesquelles j'espère qu'on pourra obtenir certaines réponses.
Ce n'est pas une petite chose, Mme la
Présidente, lorsqu'on parle de quintupler la norme de nickel. Parce qu'on ne
peut pas prétendre que c'est bon pour l'environnement, on ne peut pas prétendre
que c'est bon pour la santé des gens, on le
sait, que c'est pour des impératifs économiques, seulement. Ce n'est pas moi
qui le dis, c'est le sous-ministre associé, qui est présent avec nous,
qui l'a mentionné dans plusieurs articles de journaux. Il nous l'a dit, même quand
on a eu le breffage technique, que c'était
pour des impératifs économiques. Le CIUSSS le dit aussi. On le sait que c'est
pour des impératifs économiques.
• (10 h 40) •
Et, ce qui me dérange dans tout ça, c'est que
c'est comme si on avait omis de regarder une situation. Puis je vais parler de Limoilou... puis, moi aussi, je
vais vouloir parler de Rouyn-Noranda, je vais me permettre plus tard, mais de
regarder ce qui se passe actuellement, là, dans Limoilou. Alors qu'on a une
population qui est déjà aux prises avec des problématiques de qualité de l'air
et, malgré ça, bien, on fonce dans le mur.
Moi, hier, quand j'ai vu qu'il y avait une
sortie du ministre, ce matin, je me suis dit : Ça y est, il a vu la
lumière dont parle son premier ministre, là,
au bout du tunnel, il l'a vue, il va reculer, ils vont nous annoncer, là,
quelques minutes avant l'interpellation, qu'ils reculent. Bien non. Je
suis... J'étais déçue parce que les attentes étaient hautes. Puis j'ai été
extrêmement déçue de voir ce qui a été... ce qui a été annoncé, finalement, par
le ministre ce matin.
Moi, j'aimerais savoir, très rapidement, qui
fait partie du comité. J'aimerais connaître les noms des gens qui font partie du comité parce que ce n'est pas
mentionné à l'intérieur du communiqué de presse. Donc ce serait intéressant
qu'on puisse... qu'on puisse connaître qui fait partie de ce comité-là.
J'imagine que le ministre a vu que la ville de
Québec a refusé la norme. Le maire Marchand a dit : Non, c'est la santé des citoyens d'abord. Le maire est
inquiet. Et, tout à l'heure, le ministre nous disait : Il faut se baser
sur la science, vous savez. Puis là,
j'ai entendu le député de Bourget nous parler de science, en parlant de steak
haché versus le nickel. Je suis un peu inquiète.
Cela étant dit, Mme la Présidente, il y a
l'Association québécoise des médecins pour l'environnement qui ont aussi soumis
des documents et qui parlent, bien entendu, d'inquiétudes. Et, ces gens-là, là,
sont des médecins, là. Ce n'est pas... Ce
n'est pas des hurluberlus, là, ce sont des médecins. Et ils disent... parce que
là, je ne vous ferai pas la lecture parce
que c'est quelques pages, Mme la Présidente, mais à la toute fin, ils y vont
avec : «À la lumière de ces constats, nous jugeons que
l'application du principe de précaution s'impose.» Un principe de précaution
s'impose. Et ils y vont avec des recommandations : «De mener des
recherches sur les effets nocifs, de maintenir la norme actuelle.»
Alors, moi, là, quand
je... Puis, quand on parle aux gens de Québec, là, il faut faire un peu de
terrain, là, rappelez-vous de Shannon — et là, je vais regarder une
députée de Québec, là — le
principe de précaution, là, avec Shannon,
les gens, là, s'en souviennent. Puis, il n'avait pas été appliqué, le principe
de précaution. Savez-vous ce que ça a donné? Ça a donné quelque chose de
très pervers, sur lequel les gens, encore aujourd'hui, là, paient la note.
Puis, ce qui me fait aussi pas mal de chagrin,
Mme la Présidente, je vais vous le dire. C'est que, la semaine passée, j'ai posé des questions au ministre. On a
eu le droit à un débat de fin de séance. Et, durant le débat de fin de séance,
le ministre a laissé tomber... parce que je lui ai parlé des possibilités de
cancer puis je lui ai parlé de l'Association québécoise des médecins en
environnement, et le ministre a laissé tomber : Vous savez, les cas de
cancer dont vous parlez, ils sont théoriques. Je me suis retenue. Il ira dire
ça, le ministre, directement aux familles qui auront malheureusement des diagnostics de cancer dans les prochaines années, si
cette norme-là se voit hausser par cinq par le ministre de
l'Environnement.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au ministre. M. le ministre,
cinq minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Je salue la collègue, toutes ses questions. Ses questions sont...
sont très, très légitimes. Mais la vie, parfois, peut être ironique aussi. La
démarche que l'on poursuit, c'est une démarche qui avait été initiée par la
collègue, alors qu'elle était ministre de l'Environnement. Le comité
ministériel est un comité ministériel qui avait été mis en place par la collègue
alors qu'elle était à l'Environnement. Moi, je me pose la question
suivante : Est-ce qu'on met en place une instance, est-ce qu'on réunit des
experts en disant d'emblée : On va dire non à ce qu'ils proposent par la
suite?
Et, si la collègue se dit intéressée et
interpelée par les enjeux scientifiques, j'espère que la collègue a lu aussi les passages où il est clairement démontré que la
norme actuelle, établie en 2013, l'a été sur une étude qui, méthodologiquement
parlant, ne se défend pas et qui, au niveau scientifique aujourd'hui, n'est
plus une référence.
Donc, la démarche qu'elle a mise sur pied, elle
était tout à fait adéquate, parce que, si on veut... si on veut avoir un
portrait de situation, il faut réunir les experts. Mais, si notre intention,
c'est de mettre en place une démarche et de la
refuser d'emblée, avant même qu'on ait ces rapports, c'est là où, en termes de
légitimité ou de crédibilité, on perd beaucoup.
La collègue mentionnait, faisait référence au
groupe de travail qu'on a mentionné ce matin, qui est une très belle nouvelle,
qui d'ailleurs a été... je la salue, là, qui a été saluée par notre collègue de
la deuxième opposition, et ça répond, ça répond à une des demandes ou un des
souhaits exprimés par la ville de Québec. La composition, par contre, je l'ai
clairement mentionné ce matin, elle n'est pas connue. On va l'établir, là, dans
les prochaines semaines. Ce que j'ai
mentionné, par contre, c'est que c'est un comité qui sera indépendant. Donc, on
ne parle pas de fonctionnaires, on ne parle pas de quelques personnes
qui soient liées au gouvernement, mais réellement des gens qui auront
l'indépendance nécessaire pour faire leur travail. Ce qu'on a assuré, par
contre, si ce comité-là a besoin de données, s'il a besoin d'appui technique ou
logistique ou s'il a besoin de quelque information que ce soit, naturellement,
nos experts au ministère de l'Environnement se rendront disponibles, les
experts au niveau de la Santé se rendront disponibles aussi pour nous
appuyer... pour les appuyer, c'est-à-dire, dans le travail qui doit être fait,
là.
Et là aussi, on ne parle pas de longs délais,
là. On parle d'un rapport qui doit être remis au plus tard le
1er décembre, avec deux mandats bien, bien particuliers, un portrait juste
de situation. Parce que, je le disais tout à l'heure, hein, la préoccupation
des gens, si on est à Québec uniquement, les gens du secteur Limoilou, c'est au
niveau de la qualité de l'air en général, ce n'est pas le nickel en
particulier. Et pourquoi ils sont inquiets? C'est qu'il y a le port qui peut être une source d'émissions, il y a
l'incinérateur, qui est une source importante d'émissions, il y a aussi tout
le transport lourd qui est dans le secteur, secteur aussi avec de nombreux
poêles à bois.
Donc, c'est un portrait précis de situation que
l'on souhaite avoir, donc c'est le premier mandat. Le deuxième mandat, qui est
encore plus important, ils devront nous revenir avec des actions à mener et
surtout les prioriser. Parce que la pire
chose qui peut arriver, c'est avoir un rapport avec des dizaines de
recommandations, mais sans qu'aucune ne soit priorisée. Donc, ça aussi,
ça fait partie de leur mandat.
Sinon, je n'ai aucune, aucune gêne à parler de
cancer comme la collègue me dit que je devrais être honteux, un petit peu, ce
matin. Parce qu'encore là il faut s'appuyer sur la science. Ce que la Santé
publique dit clairement, c'est qu'il n'y aura pas d'incidence au niveau de la
santé publique, à moins qu'il y ait des conditions très, très artificielles qui
soient mises en place, c'est-à-dire : un même individu, pendant
70 ans, 24 heures par jour, soit immédiatement à côté d'une source
directe d'émissions. C'est là où je dis que c'est théorique. C'est un scénario
qui, d'aucune façon, ne peut se produire. Et c'est là où, comme députés, on a
la responsabilité de transmettre l'information qui est juste. Hier, je voyais le tweet de la collègue qui
disait : Les parents ont raison de s'inquiéter. Bien non. C'est notre
responsabilité de transmettre l'heure juste. C'est notre responsabilité de
dire : Bien, voici, on est appuyés sur des données probantes,
scientifiques, qui nous permettent de proposer cette norme-là sans inquiéter la
population. Et la santé de la population demeurera tout le temps le principal
souci du gouvernement. Et on y...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au
député de Saint-Jean. Vous avez cinq minutes.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. Un peu comme le ministre, lorsqu'il a débuté en disant : Bien, je pense
que je vais changer un peu ce que j'avais prévu, moi aussi, j'ai... j'ai
l'intention de sauter dans la discussion et pas reculer dans le texte que
j'avais préparé parce que ça m'interpelle puis que ça m'intéresse.
Une
bonne raison pour ça, c'est en réécoutant le député de Bourget, tout à l'heure,
raconter la science de l'affaire... je dis «en réécoutant» parce qu'on a pris
un café ce matin, dans mon bureau. On est arrivés très tôt, on est toujours
très matinaux, lui et moi, et je lui racontais que j'étais un petit gars de
Limoilou, moi, 1re Avenue, juste en face d' Universel Autos. Cherchez-le
pas, il n'est plus là, ça fait trop longtemps. Mais je lui racontais que ma
mère, après Noël, allait chercher tout ce qu'elle trouvait comme eau de Paris.
On ne pouvait pas dire «parfum», parce que ce n'en était surtout pas un, mais
ce n'était pas cher. Parce que l'Anglo Pulp, à Limoilou, puait tellement en été
qu'elle nous empêchait de vomir les odeurs qu'on avait avec ce parfum de
Paris... cette eau de Paris là.
• (10 h 50) •
Et là, on s'est mis à
parler, parce qu'on peut radoter à l'âge qu'on a. Alors, lui, il me parlait de
l'industrie des pâtes et papiers. Moi, je lui parlais de Rouyn-Noranda, où
j'avais vu les trois premiers pouces de sable et de terre et de gazon être enlevés par la compagnie à l'époque
parce qu'il y avait trop de plomb. Mais c'est en 1991. Mais, à l'époque, on
était rendus là dans... Et suivez-moi, Mme la Présidente, je vais aboutir. On
était rendus là dans ce qu'on savait qu'on pouvait faire pour travailler
sur les conséquences des problèmes environnementaux en aval. Parce que là, le
plomb, il était dans le sable, il était dans les carrés de sable, il était un
peu partout, et les enfants jouaient dedans, se le mettaient dans la bouche.
Donc, la compagnie, grâce aux citoyens qui ont poussé fort, a décidé de tout
arracher puis d'en remettre d'autre.
Ça, c'est en aval,
mais c'est en amont qu'il faut travailler. Puis c'est en amont aussi que la
science nous permet de travailler, en nous permettant de mieux comprendre
comment ça fonctionne, où c'est rendu, ce que ça veut dire, ce que ça fait.
Parenthèse. Sans
vouloir revenir sur la théorie du, dont le ministre a parlé et qui a fait
réagir, mais parlons quand même de l'ensemble
de l'oeuvre et des critiques de la députée de Rouyn-Noranda par rapport à
l'éclipse médiatique. 40 ans de métier, Mme la députée, vont vous
dire que, si vous voulez vraiment que ce soit noté, sortez-les à
5 h 45 un vendredi ou pendant qu'il se passe une grosse partie de
hockey, parce que les journalistes ne feront pas juste dire : Ils viennent de sortir ça, ils vont dire : Ils
essayaient de le cacher, ils l'ont sorti pendant qu'il se passait autre
chose. Donc, c'est une très mauvaise... Et, si d'aventure, notre... quelqu'un
chez nous était en train d'essayer de sortir les
affaires comme ça, à la douce, en éclipse médiatique, je peux vous dire une
chose, avec les médias sociaux, justement, aujourd'hui, et tout le
reste, il n'y a plus moyen de cacher rien. Et j'étais tellement content
d'entendre la réaction du ministre et ses réponses à vos commentaires
là-dessus.
De la même façon que,
lorsque vous parlez du mandat de lobbyiste à Glencore, ce n'est pas des secrets
d'État, ça. On a un système très particulier pour surveiller le lobbying. Il
n'y a pas de compagnies qui peuvent aller dans le bureau du ministre sans être
inscrites. Et non seulement ils s'inscrivent pour être lobbyistes, ils
s'inscrivent en disant ils vont faire du lobby pour quoi au juste, justement,
pour que les citoyens, que les autres députés, que tout le monde sache c'est
quoi, les enjeux que les compagnies viennent porter sur le bureau du ministre.
Ça fait que ce n'est pas... Tu sais, je veux dire, on a... on a l'air de faire
un cas de ça. Ce n'est pas un cas. C'est... en anglais ou en latin, ils
diraient «business as usual», mais moi, je rajoute : Et c'est tant mieux
parce qu'on le sait, et c'est tant mieux parce qu'on peut aller le voir. En
sortant d'ici, vous pouvez aller voir le Registre des lobbyistes, qui est allé
voir quel ministre, et c'est très bien
ainsi, et on s'en félicite. Donc, la partie scandaleuse de l'affaire ou la
partie tannante de l'affaire, elle me... elle me... elle me laisse non seulement froid, mais elle me dit : C'est
dommage, parce que, le fond de l'histoire, il est intéressant.
Et la députée en a
beaucoup parlé, en tout cas y a fait référence, l'impératif économique. Bien
oui, le ministre l'a dit, d'entrée de jeu, dans les premières minutes, a
dit : On a besoin de nickel. Puis savez-vous quoi? On en a besoin, parce
qu'on veut... justement dans une démarche environnementale, on veut avoir le
plus de véhicules électriques sur la route puis on aimerait mieux que ça ne
vienne pas d'Asie, ces batteries-là. Et d'ailleurs, on développe une filière
batterie au Québec, et moi, j'ai beaucoup d'espoir dans cette filière batterie
là. Et j'étais très content de voir qu'on était capables de se positionner et
d'arriver avec un voisin, concurrent potentiel qui pourrait tout faire ces
véhicules-là, mais on est maintenant capables de considérer d'être compétitifs
dans la démarche. Parce que, oui, il y a des impératifs économiques. Si on
travaille en vase clos puis on pense juste à certaines choses, bien, on n'ira
pas nulle part.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci,
M. le député. Nous sommes rendus à la troisième série d'interventions,
et je cède maintenant la parole à la députée du deuxième groupe d'opposition,
la députée de Taschereau. Vous avez cinq minutes.
Mme Dorion :
Merci. J'embarque tout de suite dans le sujet. Je... On demande au
ministre : Combien de fois vous avez rencontré
les lobbyistes de Glencore? Il répond : Zéro, ou : Oui, il y a un
petit bout, on les a rencontrés, mais on ne parlait pas de nickel.
Moi, je vois, de
l'extrait du Registre des lobbyistes : «Glencore, période couverte par le
mandat, de 2013 jusqu'à aujourd'hui, permis
renouvelé juste avant les fêtes, objet des activités, propositions législatives
ou réglementaires, renseignements utiles, représentations auprès du ministère
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, du ministère
de l'Économie et de l'Innovation et du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles concernant l'adoption d'une nouvelle réglementation concernant les
normes de qualité de l'air ambiant pour le nickel.»
Donc,
je veux juste être sûre, là : Le ministre... Le... Glencore n'a jamais
fait de lobbying auprès du ministre de l'Environnement ni de son cabinet — c'est
ça, ma question — au
sujet du nickel?
(Interruption)
Excusez-moi, j'ai un petit... Deuxième question. Une question qui a été posée
deux fois par ma collègue : Est-ce que
le ministre a des informations scientifiques sur l'effet combiné des polluants
dans l'air qui diraient, qui lui prouveraient, qui lui donneraient la
possibilité de dire : Le principe de précaution ici n'est pas nécessaire,
on est sûrs que ce n'est pas grave? Ça, c'est la deuxième question.
Troisième question.
J'espère que les ministères au gouvernement se parlent, là, ça, c'est assez
facile à aller chercher comme
information : Combien d'argent ça a coûté aux Québécois, les publicités
gouvernementales qui encensent le nickel, en pleine controverse?
Peut-être que les recherchistes du ministre peuvent consulter les recherchistes
de l'autre ministre et nous donner l'information. Ça, c'est une question qui
est très, très frustrante pour les citoyens qui ont vu la publicité, en pleine
controverse, qui sont en train de dire...
(Interruption) Pardon, excusez-moi, deux
secondes. Les citoyens qui sont en train de dire : Nous aussi, on veut
avoir accès au ministre, on sait qu'il y a du lobbying qui se fait, on a eu de
la difficulté, jusqu'à aujourd'hui, à avoir accès au ministre, et là, ce qu'on
voit, c'est qu'avant même de lui avoir parlé en tant que citoyens et que
groupes citoyens concernés, on se fait
mettre de la pub dans la face, qui encense le nickel. C'est insultant. Peu
importe, qu'il y ait eu une idée machiavélique ou pas en arrière de ça,
c'est insultant.
La question est légitime : Combien ça a
coûté? Je suis sûre que vous vous parlez entre ministères. Là, là, il reste
2 min 40 s à mon intervention, deux, trois petits textos
devraient suffire.
En attendant, pour laisser le temps aux
recherchistes de se parler, je vais juste lire un extrait de la page Wikipédia sur Glencore. Il n'y a pas de mention
que... Ça ne cite pas ses sources. Ça a l'air d'une page qui est bien
faite : «Glencore : Selon les données disponibles, Glencore
contrôlerait, en 2011, environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre au
monde...» Bon, là, ça, c'est des chiffres. O.K. «Son fondateur, Marc Rich, a
été poursuivi à plusieurs reprises pour corruption et évasion fiscale. Depuis
10 ans, Glencore est régulièrement cité dans des affaires de corruption et
de pollution. Après avoir oeuvré durant 37 ans dans un halo de mystère,
cette société très controversée, qui a reçu en 2008 le prix du Public Eye
Awards de la multinationale la plus irresponsable. Public Eye Awards, une ONG
suisse qui surveille les multinationales, est entrée en bourse en 2011. Son
patron, Ivan Glasenberg, est présenté comme le premier courtier du monde avec 16 % des actions du groupe, représentant une
enveloppe de 10 milliards de dollars, ce qui devrait forcer la
multinationale à un peu plus de transparence.» Bon, la page est très, très
longue, énormément d'informations.
Si, à ce moment-ci, le ministre répond :
Les citoyens sont inquiets pour rien, ils font des théories du complot, tout
ça, c'est n'importe quoi, nous n'avons aucun sentiment positif par rapport à
une industrie minière, quelle qu'elle soit, nous n'avons en tête que la santé
des citoyens, si le ministre nous dit, alors qu'on sait très bien que toute la
science et que même les... même la Santé publique n'est pas toute d'un côté et
qu'il y a des questionnements, qu'il y a même des débats à l'intérieur de la
communauté scientifique, s'il nous dit : Ça, ce n'est pas important, ça
n'existe pas, mes données à moi... qui sont
les données qui l'arrangent bien, mes données à moi sont les bonnes, les
autres, c'est n'importe quoi, s'il nous dit encore ça à ce stade-ci,
moi, je lui fais un avertissement : La mobilisation va continuer. Parce
que, quand on répond avec du mépris aux citoyens, quand on répond avec
du : Vous n'avez pas rapport, on a mal communiqué, on va vous envoyer plus
de propagande dans la face, je m'excuse, mais ça ne fait que servir la cause de
ceux qui vont faire de la mobilisation sur le terrain, de ceux qui vont parler
de plus en plus aux journalistes, des groupes de scientifiques qui vont sortir
dans les médias, des lettres qui vont s'écrire. Et, la mobilisation, elle est
très enracinée en ce moment. Ce n'est pas juste deux, trois personnes qui ont
écrit une lettre puis qui n'auront plus le temps puis qui vont aller se
coucher. C'est des gens très concernés, qui sont très impliqués dans leur
communauté, sérieux, qui vont continuer de s'organiser. Alors, si on ne veut
pas arriver à une crise sociale, si on ne veut pas arriver à une crise de...
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Je suis...
Mme Dorion : Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. Donc, je cède maintenant la parole
au ministre. Vous avez cinq minutes.
• (11 heures) •
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. C'est toujours fascinant d'entendre Québec solidaire démoniser les
entreprises privées.
Moi, j'aurais une question que j'aimerais poser
à la collègue : Si elle croit à l'électrification des transports, est-ce
qu'elle croit que le nickel est une composante de cette filière-là? Et, si oui,
quelle est sa préférence, souhaite-t-elle que le nickel soit extrait dans des
conditions environnementales déplorables, que ce soit en Asie, que ce soit
ailleurs sur la planète, ou elle souhaite que ce nickel-là soit extrait dans
les plus hauts standards... avec les plus hauts standards environnementaux? Si
jamais les réponses devaient être oui, si elle devait dire : Oui, le
nickel, c'est nécessaire à l'électrification
des transports, oui, il faudrait que ce nickel-là soit extrait dans les
meilleures conditions environnementales, parce que ça ne s'achète pas à
l'épicerie, du nickel, bien, c'est... c'est de voir où sont ces plus hauts
standards environnementaux là au niveau de l'exploitation minière, et elle va
réaliser que le Québec est un modèle à ce sujet-là. Donc, à partir du moment où
on extrait du minerai, il faut pouvoir le déplacer pour construire, ultimement,
ces batteries qui sont nécessaires à l'électrification des transports. Donc, il
y a une chaîne ou il y a un raisonnement logique minimal qui est nécessaire, si
on veut parler d'électrification des transports, et tout ça avec les plus hauts
standards, et tout ça, en prenant compte la santé de la population.
Elle parle
des effets combinés. Encore une fois, je l'invite à lire ce que la Santé
publique a pu dire à ce sujet-là. Je l'invite à lire tout ce qui a pu
être dit à ce niveau-là. Donc oui, oui, c'est inclus dans la réflexion. Et la
Santé publique a même dit, au niveau de la qualité de l'air : Le nickel,
pour nous, ce n'est pas ça, notre souci. Le souci il est ailleurs, il est
ailleurs. Et pour répondre à ce souci là, bien, bien légitime dans la
population, c'est là où, ce matin, on est venus rajouter deux couches. On va
faire un portrait comme il ne s'en est jamais fait de ce secteur-là et on va
attendre de ce groupe de travail des recommandations avec une priorisation de
ce qui devra être fait pour l'améliorer. Ce qu'on va apprendre,
vraisemblablement, c'est qu'il faut en faire plus au niveau de l'incinérateur,
qu'il faut en faire plus au niveau d'autres sources de contaminants.
Encore une fois, la
Santé publique dit, dans le débat de la qualité de l'air, spécialement à
Québec : Mon inquiétude, ce n'est pas le nickel, qu'il y a d'autres éléments.
Et c'est pour ça que non seulement on met un groupe de travail en place, indépendant, j'insiste, mais qu'on a annoncé aussi
l'installation d'une nouvelle station d'échantillonnage, qui sera
installée à un endroit stratégique développé par nos experts en matière de
qualité de l'air mais aussi en collaboration avec la ville de Québec. Moi, je
veux que la ville de Québec se conforte, sache et puisse dire quel serait, à
ses yeux, le meilleur emplacement pour avoir les données les plus probantes
possibles au niveau des contaminants dans ce secteur de la ville de Québec.
Là, je vois le temps
qui file. J'essaie de répondre à toutes les questions de la collègue. Elle
disait que c'est difficile de rencontrer le ministre. Honnêtement, je suis
très, très, très disponible. Hier, dans une motion très, très inusitée, on
demandait à ce que je rencontre les groupes ou des représentants des parents.
Je vais le faire. Au cours des dernières semaines, on a tenu, je pense, c'est
assez exceptionnel pour un dossier comme celui-là, un nombre important de
briefings techniques. En fait, tous ceux qui nous l'ont demandé, on leur a dit
oui, que ce soient les journalistes, que ce soient les oppositions, que ce soit
la ville de Québec. Donc, quand on dit que je ne suis pas disponible ou que le
ministère ne se rend pas disponible, c'est assez particulier. Et les parents
seront rencontrés pas dans des mois, là, normalement, dans les prochains jours,
aussitôt que l'agenda va le permettre.
Donc, on a parlé de
l'effet combiné, on a parlé de la fameuse publicité. Bien, bien désolé, mais je
n'ai pas l'information. C'est une question
qui est légitime. Il faudra la poser au bon collègue. Ce matin, c'est l'équipe
de l'Environnement qui est présente.
Mais la question se pose. Mais, encore une fois, on ne peut pas parler
d'électrification des transports, si on ne parle pas de ce qui est
nécessaire pour électrifier nos transports.
Et le temps file,
malheureusement. Je réitère, Glencore, aucune pression sur moi. Je les ai
rencontrés zéro fois sur le nickel; une
fois, l'année dernière, sur un projet complètement, complètement différent.
Est-ce que Glencore parle au ministère? Oui, mais la collègue sait fort
bien la différence...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, je cède
maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières. Vous avez cinq
minutes.
M. Asselin :
Merci, Mme la Présidente. Je voudrais vous saluer ainsi que M. le ministre. Je
suis impressionné de faire partie d'un même
débat que le député de Saint-Jean et le député de Bourget. Salutations à la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
et aussi à la députée de Verdun, ainsi que la députée de Taschereau. J'aimerais
remercier la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour son interpellation, parce
que ça donne l'occasion au gouvernement de rétablir les faits puis de corriger
des éléments qui sont importants pour la population.
Le titre
d'interpellation m'a interpelé, je dois l'avouer. Je crois qu'il peut, le
titre, créer inutilement un sentiment d'inquiétude dans la population,
peut-être même de panique. Personne ne veut... personne... Je veux le répondre
bien franchement, là, personne ne veut respirer un air qui n'est pas
sécuritaire pour la santé. C'est important pour moi, c'est important pour tout
le monde à Québec. Mes collègues ont déjà expliqué très clairement pourquoi
personne n'a à s'inquiéter, puis je vais aller dans le même sens, dans les
prochaines minutes. De fait, au-delà du sensationnalisme, je vais tenter
d'expliquer pourquoi le libellé de la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
c'est loin de la réalité.
J'aimerais pour ma
part insister sur un point particulier, soit le laxisme dans le passé, je veux
dire, indifférence ou laisser-faire. C'est
tout le contraire, actuellement, qui caractérise l'action de ce
gouvernement-là. Mme la Présidente, je
trouve que la mise en place du groupe de travail sur les contaminants
atmosphériques, que vient d'annoncer le ministre, c'est important, ce
groupe de travail illustre très bien le sérieux avec lequel le ministre prend
la situation. Et il le fait au-delà des
slogans faciles, il est réellement en action, puis il est important que ça se
fasse dans un esprit de collaboration pour le bien la population.
Permettez-moi de vous
parler un peu plus en détail de ce groupe de travail mis sur pied dans le cadre
du portrait des sources de contaminants
atmosphériques et sonores, une mesure annoncée dans le budget 2021. Le
groupe de travail sera mis en place pour se pencher spécifiquement sur
la contamination de l'air dans le secteur de Limoilou, à Québec, et il devra déposer son rapport au plus tard le
1er décembre 2022, auprès du ministre. Il aura pour mandat de faire un
état de situation actuelle de la
qualité de l'air dans le quartier Limoilou et faire des recommandations pour
améliorer la situation.
Nous savions... Nous
savons à quel point la filière batteries est importante pour l'avenir du Québec
comme pôle d'énergie verte en Amérique du Nord. Souvent, on entend parler de cette
filière-là, puis ça paraît loin, mais c'est actuel. Puis c'est important que le
développement de la filière dans la région, à Québec, il va bénéficier à tous
les citoyens et à toutes les citoyennes de partout. Mais évidemment ça ne doit
pas se faire au détriment du bien-être, de la qualité de l'air, puis le
gouvernement est bien conscient, le ministre en tête.
Le développement
économique et la protection de l'environnement, c'est des visions qui n'ont pas
à être mises en opposition, Mme la Présidente. C'est des visions qui doivent
être complémentaires et s'harmoniser dans l'atteinte de buts communs. C'est la vision du gouvernement, celle qu'on défend
depuis le jour 1. C'est justement l'équilibre dans... le groupe de
travail, qu'il va viser à trouver, et je suis très confiant que les
recommandations qui vont être soumises sauront satisfaire l'ensemble des
groupes rassemblés autour de la table.
Je vous remercie
d'avoir accepté que je puisse participer à ce débat-là. Je suis très heureux
d'avoir participé à l'interpellation ce matin. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Nous sommes rendus à la
quatrième série d'interventions, et je cède donc la parole à Mme la
députée de Verdun. Vous avez cinq minutes.
Mme Melançon : Merci. Bien,
tout à l'heure, le ministre nous a dit que, finalement, le comité dont il a
fait l'annonce ce matin, ce comité-là n'était toujours pas formé mais qu'il
doit déposer ses conclusions le 1er décembre. Donc, il y a quelqu'un qui doit
écrire quelque chose pour le 1er décembre, mais ils ne savent pas encore
qu'ils font partie d'un comité. Première chose.
Deuxième chose. Tout à l'heure, le ministre nous
disait : Bien, on ne pouvait pas faire le point de presse à l'Assemblée
nationale puis garder ça dans les galées, parce qu'il y avait déjà deux points
de presse de prévus à 9 heures. Mme la Présidente, juste pour votre
information, il n'y avait rien de prévu. Et je peux vous dire qu'à chaque jour
de la semaine ici, à l'Assemblée nationale, il y a toujours trois points de
presse qui se font. Des fois, il y a un petit peu de retard sur les points de
presse. Tout se fait rondement. Donc, le ministre pouvait très, très bien faire
le point de presse qu'il prétend ne pas pouvoir faire ici, à l'Assemblée. Il
pouvait le faire à l'Assemblée nationale.
• (11 h 10) •
Très rapidement, la ville de Québec, et ça,
c'est une question au ministre... la ville de Québec demande d'être exemptée de
ce règlement. C'est Bruno Marchand qui en a fait la demande, maire de Québec.
J'aimerais savoir si le ministre a prévu une exemption pour la ville de Québec.
Et je disais tout à l'heure que j'étais pour
parler de Rouyn-Noranda. Je veux juste rappeler que la ville de Rouyn-Noranda, dans les années 70, était la
deuxième ville la plus polluée au Canada. Ils connaissent ça, malheureusement,
la pollution, ils en ont subi les conséquences, des conséquences sur la santé,
des conséquences sur, bien sûr, tout le niveau social, là, à Rouyn-Noranda. Et
je m'y suis rendu à quelques reprises et...
Je souris parce que le ministre nous a
dit : Bien, aujourd'hui, là, on a fait une grosse annonce, on a annoncé le
comité puis on a annoncé une station. Je
sais qu'il y avait des stations qui étaient prévues. D'ailleurs, c'est le sous-ministre
adjoint qui nous en avait parlé lors du breffage technique. Il y en a
plusieurs, stations qui sont prévues au Québec. Donc, j'espère qu'à chaque fois
le ministre ne va pas dire : Bien, voici, on fait une autre annonce pour
la qualité de l'air. Il y a combien de stations qui sont prévues? Moi, je me
rappelle du chiffre, mais j'aimerais bien que le ministre puisse nous le dire,
aujourd'hui, pour ne pas qu'on prétende, par la suite, qu'on a décidé de
prendre position. Ces stations-là étaient préalablement prévues. Alors ça,
c'est mon autre question : l'exemption, les stations.
Consultations. Les consultations finissent ce
dimanche. Moi, j'aimerais savoir à quel moment est-ce que le règlement sera mis
en oeuvre. Combien de temps le ministère de l'Environnement prévoit-il pour la
mise en oeuvre? Parce que ça va devoir repasser au Conseil des ministres pour
pouvoir, par la suite, passer dans la Gazette officielle. Donc, moi, je
veux savoir : À quand cette date pour le règlement?
Autre question. Il y a eu beaucoup de confusion
pour ce qui est de la ville de Montréal, parce que l'attaché de presse du
ministre s'est trompé pas une fois, mais deux fois, a donné des informations
contradictoires. J'aimerais entendre, de la
bouche du ministre : Est-ce que Montréal va continuer à pouvoir utiliser
sa norme, oui ou non? Je pense que ça va pouvoir aller rapidement de ce
côté là.
Tout à l'heure, le ministre m'a dit : Ma
responsabilité, c'était de rassurer les citoyens. Difficile de rassurer des
citoyens, Mme la Présidente, quand on n'est pas rassuré. Mais je rappellerai
aussi que sa responsabilité à lui, comme ministre, c'est de protéger
l'environnement, et ce n'est pas ce qu'on sent actuellement, ce n'est pas ce
que nous sentons actuellement.
Et c'est vrai que c'est dans ma démarche, qu'il
a mis sur pied le comité... le comité qui a été mis en branle, qui est
interministériel, j'en suis bien fier. Le problème, c'est qu'avec l'arrivée de
la CAQ c'est tout le côté économique seulement qui a pris le relais. Et on le
voit, c'est le CIUSSS qui en parle, c'est la Santé publique qui en parle. Je
voudrais juste vous rappeler que le Dr Desbiens, de la Santé publique de la
Capitale-Nationale, s'était farouchement opposé à l'augmentation d'un seuil de
nickel dans l'air, farouchement. Là, on ne pourra pas me dire que c'est
n'importe qui. Il était quand même le dirigeant de la Santé publique ici, dans
la Capitale-Nationale.
Alors, très
honnêtement, pour moi, actuellement, je ne suis pas rassurée ce matin. À
entendre le ministre, c'est comme si c'était banal, alors que ce ne
l'est pas. C'est la santé des citoyens qui est en cause, c'est la santé
environnementale qui est en cause. Puis on
ne peut pas me dire que hausser un seuil, c'est une bonne chose pour
l'environnement. Bien non, en 2022, là, la planète entière fait
l'inverse.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au ministre. Vous avez cinq minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Encore une fois, toutes des questions bien, bien légitimes. Je vais
essayer de les couvrir dans la plus grande proportion.
Mais, juste revenir, c'est ironique, là,
d'entendre ça de la collègue. Le comité ministériel, elle dit qu'on met trop
d'emphase à l'économie. C'est elle qui l'a constitué, et le ministère de
l'Économie était du groupe du comité interministériel.
Pire que ça... ou bien, en fait, pas pire que ça, parce que je suis d'accord
avec la démarche qu'elle a initiée, les contrats auprès des experts,
c'est elle qui les a signés, en mars 2018. Donc, si elle ne fait pas confiance
aux experts qui font aujourd'hui état de leur science, pourquoi leur avoir
octroyé ces contrats? C'est elle, elle ne peut pas dire : C'est quelqu'un
d'autre de l'ancien gouvernement, c'est elle, en mars 2018, qui a signé ces
contrats-là.
Point de presse, c'est trop gros, là, pour ne
pas y revenir. J'ai pris 45 minutes pour répondre. Il y avait plusieurs
journalistes. Je ne sais pas s'il y avait des journalistes présents à son
propre point de presse, mais j'avais plusieurs journalistes qui l'étaient, et on a répondu à
toutes les questions. J'ai pris 45 minutes pour y répondre, et non, il n'y
avait pas de disposition et de
disponibilité, au foyer, pour s'assurer d'avoir le temps de bien répondre aux
enjeux des journalistes. Donc, pas d'esprit de complot à ce niveau-là.
Au niveau... les éléments les plus simples au
Québec, là, une soixantaine de stations qui sont sur le territoire. On en avait
ajouté d'autres, au dernier budget; là, on parle de sept autres, au dernier
budget, qui sont en cours d'installation, sinon déjà installées. Et celle qui a
été annoncée ce matin, c'est nouveau, là, ce n'est pas une nouvelle qui est
recyclée, cette nouvelle installation qui est prévue à Québec, c'est nouveau,
suite à une demande qui a été formulée par la ville de Québec et pour rassurer
la population.
La collègue parle, à juste titre, des enjeux de
qualité de l'air, à Rouyn-Noranda, avec l'arsenic notamment. La réalité de
l'arsenic est connue depuis des décennies, à Rouyn-Noranda. Il aura fallu un
gouvernement de la Coalition avenir Québec pour s'y attaquer, mettre tous les
outils nécessaires en place, que ce soit le comité ministériel, que ce soient
des outils technologiques supplémentaires, avec une obligation qui est faite à
la compagnie pour revoir à la baisse ses émissions. Et ça fonctionne. Depuis
l'arrivée de la Coalition avenir Québec au gouvernement, les résultats sont
toujours plus probants sur le côté de Rouyn-Noranda. Est-ce que c'est assez?
Non, parce que la compagnie a encore des efforts à faire. Mais, si ces
efforts-là sont rendus nécessaires, c'est parce qu'il y a une volonté
politique, il y a une pression qui lui est faite, ce qui n'était pas le cas par
le passé.
Au niveau de la date d'entrée en vigueur du
règlement, impossible à dire. Ma collègue a déjà été dans mes souliers, la
consultation n'est pas terminée, elle se termine dans quelques jours, on a
quelques dizaines de mémoires qui nous ont été acheminés, donc ce n'est pas un
exercice factice, il faut se donner le temps de bien les étudier pour voir
qu'est-ce qui pourrait être fait comme bonification. Donc, je n'ai pas de date,
mais elle sait fort bien qu'à partir du
moment où une consultation se termine, il peut y avoir quelques mois avant
qu'un règlement soit édicté. Si j'avais la date, je lui dirais, mais je ne peux
pas présumer du contenu des mémoires, ça n'a pas été analysé encore, à ce
moment-ci.
Pour ce qui est du comité, c'est vrai que la
composition n'est pas encore déterminée, mais, elle a tout à fait raison, si
jamais on veut... en fait, ce n'est pas «si jamais», on veut que le rapport
nous soit formulé d'ici le 1er décembre, donc ce n'est pas dans notre
intérêt de prendre des mois avant d'annoncer cette composition-là. Et, si la
collègue avait suffisamment confiance dans les experts qu'elle a mandatés pour
signer les contrats confirmant leur responsabilité, j'espère qu'elle
reconnaîtra aussi la compétence des personnes qui siégeront sur ce groupe de
travail là, qui sera totalement, totalement indépendant. Sauf erreur, je pense
avoir couvert tous les points de la collègue...
Une voix : ...
M. Charette : Oui, c'est vrai, c'est
vrai, je ne l'avais pas noté. La collègue est très bien placée pour connaître la réponse. Montréal avait une réglementation sur
la qualité de l'air, avant même la création du ministère de l'Environnement.
Donc, il ya un droit acquis qui lui a été reconnu. La ville de Québec ne nous
demande pas un droit ou un pouvoir en la matière, elle demande à être exemptée.
Ce que la collègue sait fort bien, c'est qu'on ne peut pas établir plusieurs
normes différentes pour le territoire québécois. Donc, non, il n'y a pas de
processus d'exemption qui est prévu. Une norme doit s'appliquer partout sur le
territoire québécois, et c'est dans ce sens-là que nous travaillons. Et, ceci
dit, la ville a exprimé d'autres
préoccupations, et on y a répondu en grande partie, ce matin, avec les deux
annonces importantes qui furent faites.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le ministre. Je cède donc maintenant de la parole au député de
Bourget. Vous avez cinq minutes.
• (11 h 20) •
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Une chose que je m'étais dite que je voulais mentionner, ce matin, c'est qu'il y a un groupe qui est mobilisé dans
une école secondaire à Limoilou, et que j'ai eu l'occasion de les rencontrer
dans mon bureau. Deux élèves. Je les ai déjà rencontrés. Et hier, par hasard,
je les ai rencontrés à la fontaine de Tourny, en
sortant de l'Assemblée nationale. Et j'ai tellement de respect pour des gens
comme ça qui s'impliquent, qui nous disent qu'ils ont une inquiétude.
Ils doivent être contents de voir qu'on va avoir maintenant un comité qui va
être mis en place pour regarder l'ensemble de la situation.
L'autre chose que j'ai entendue tantôt,
c'est : Il y a un débat à l'intérieur de la Santé publique. Bien, j'espère
qu'il y a des débats. C'est fait pour ça, c'est normal qu'il y en ait. Et,
comme je le disais tantôt, bien, la toxicologie est une chose qui évolue à mesure
qu'on a des connaissances nouvelles.
Si je reviens au mot «laxisme», «laxisme», la
définition que j'ai trouvée, c'est : la tendance excessive à la tolérance.
On va remonter un petit peu dans le temps. La CAQ n'existait même pas. En 1970,
il y a eu le premier balbutiement d'une surveillance de la qualité de l'air au
Québec. À ce moment-là, là, la qualité de l'air, on n'en parlait pas bien, bien. Alors, c'est vraiment... on était
des précurseurs pour aller de l'avant avec ça. Est-ce qu'on était des leaders
par rapport à l'ensemble du monde
occidental? Difficile à dire, mais on était dans les premiers, en tout cas,
définitivement.
Il s'est composé maintenant un réseau de
surveillance, le ministre en a parlé un peu. Il y a un peu plus de
60 stations qui sont réparties sur l'ensemble du territoire québécois. Si
vous voulez même voir l'air, à Montréal, en temps réel, sur un site Internet,
on peut voir l'évolution de la qualité de l'air sur certains polluants.
Évidemment, on ne peut pas tester tous les produits en temps réel, mais on peut
voir l'évolution de ça en temps réel. C'est assez fascinant à voir. Alors, c'est une façon de voir qu'est-ce
qui arrive. Et comme... ce qu'il faut toujours savoir, là-dedans : on
trouve ce qu'on cherche et, si on ne sait pas que ça existe, on ne
trouve pas. Alors, c'est toujours une science : on trouve ce qu'on cherche
et on cherche ce qu'on trouve. Ça a ce cycle qui provoque l'évolution.
Alors,
c'est de l'équipement de pointe, ça donne de l'information en temps réel, géographiquement.
Puis ce n'est pas juste pour les grands centres urbains, c'est pour l'ensemble
du Québec. Par exemple, s'il y a un feu de forêt, bien, on veut savoir
l'évolution que ça va avoir. Ça va être au nord de Baie-Comeau, par exemple, ça
va-tu se rendre à Baie-Comeau? Est-ce qu'on peut voir des effets sur l'air?
C'est une façon de prévenir ça. Si on va dans des endroits où il y a
l'industrie lourde, ça permet de voir aussi s'il y a une incidence sur ces
stations-là. Dans les centres urbains, on peut même voir l'influence du
transport routier, du taux de poussières, qu'on peut voir, la composition des
polluants. J'en ai deux près de chez nous, j'en ai un quasiment à côté de chez
nous d'installé. Alors, c'est vraiment des données intéressantes.
Et ce qu'on peut
voir, depuis 2019... dans le rapport de 2019, pardon, au cours des
20 dernières années, ça s'est réellement amélioré. Alors, on a des raisons
de dire : On surveille bien ce qui se passe au Québec. On pourrait-tu
avoir plus de stations? Bien sûr. Mais il y a toujours une limite à en avoir.
Il faut qu'elles soient bien positionnées, il faut qu'on cherche les bons
produits. Et là on peut regarder l'évolution de ces principaux polluants-là et
de voir qu'ils sont à la baisse. On a vu, par exemple, des diminutions notables
de bioxyde de soufre, le NO2. Ça, c'est les systèmes antipollution sur les autos, c'est les catalyseurs, c'est l'amélioration
de l'efficacité des véhicules. On voit que ça marche. On a... c'est bien
connu que le SO2 a diminué. Pourquoi? Parce qu'on n'en utilise plus dans
l'essence. Alors, c'est quelque chose de marqué, et on le voit, donc ça marche.
Alors, on peut même savoir que, depuis 12 ans, le pourcentage de jours de
mauvaise qualité de l'air baisse. On a l'impression, à voir les nouvelles dans
les journaux, qu'il ne fait rien que monter, mais c'est plutôt l'inverse.
Alors, je pense qu'on
a des raisons d'être fiers là-dessus. Il y a un montant de 6,6 millions
qui a été investi, sur les deux prochaines années, pour faire la caractérisation
de sources de contaminants. C'est un peu comme remettre les choses à jour. Ça va nous permettre de faire une
comparaison dans un bout de temps, et on va dire : Par rapport à ça, voici
l'étude qu'on a faite, est-ce qu'on a évolué à la hausse, à la baisse?
Alors, quand
j'entends le mot «laxisme», la tendance excessive à la tolérance, je ne pense
pas que ce que je viens de décrire, ça
s'appelle du laxisme. Ça s'appelle peut-être de l'attentisme, mais... on devra
toujours aller améliorer.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Donc, nous
sommes rendus à la cinquième série d'interventions, et je cède maintenant la
parole au chef parlementaire du troisième groupe d'opposition, le député des
Îles-de-la-Madeleine. Vous avez cinq minutes.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci à tous de participer à ce débat
qui est important. En matière d'environnement, de la protection de la qualité
de l'air, en matière de santé, nous, on croit que le principe de prévention...
le principe de précaution, plutôt, doit prédominer, doit s'imposer.
Ce qu'on a devant
nous, c'est un projet de règlement qui vise à permettre cinq fois plus de
rejets de particules de nickel dans l'air que ce qui est présentement permis.
C'est quand même impressionnant, comme bond, à l'heure où la qualité de l'air, évidemment, est un objet de
préoccupation extrêmement important dans la période de pandémie que l'on
vit actuellement.
Le ministre, tout à
l'heure, a réfuté, plutôt, la théorie, là, qui veut qu'on ait procédé un peu,
là, en catimini puis avec un calendrier qui ne permet pas de débattre
profondément du projet de règlement qu'il a déposé. Mais il ne peut pas réfuter
les faits : déposer un projet de règlement le 16 décembre, en période
des fêtes, ce n'est pas le meilleur moment, là, une fois que les travaux
parlementaires sont terminés, pour débattre d'une question aussi importante que
celle-là. Mais passons sur la période, nous avons maintenant la possibilité de
débattre.
Sylvain Gaudreault,
mon collègue porte-parole du Parti québécois en matière de l'environnement, a
réagi dès la mi-décembre, en disant qu'il fallait retenir comme barème, comme
balise le principe de précaution inclus dans la Loi sur le développement
durable, loi qui est justement sous la responsabilité du ministre de
l'Environnement. Depuis ce temps, on a
continué de marteler le même message : Il faut retenir le principe de
précaution. Pourquoi aller de l'avant de façon aussi pressée, alors
qu'il y a toutes sortes de questions qui se posent?
On a fait plusieurs
sorties médiatiques publiques sur le sujet. On a participé également à une
manifestation avec les citoyens de Limoilou, qui sont, on l'a mentionné,
extrêmement préoccupés par la qualité de l'air dans leur quartier. Le ministre
a mentionné, tout à l'heure, que, bien, il y avait différentes raisons pour
lesquelles on était inquiet ou on se préoccupait de la qualité de l'air dans
Limoilou. On a parlé du port, on a parlé de l'incinérateur. Là, ce qu'on dit
aujourd'hui : N'en jetez plus, la cour est pleine. De toute façon, le
nickel qui serait présent dans l'atmosphère, dans la région de Québec et à
Limoilou, est-ce qu'il ne vient pas, justement, du port? Et quand on dépasse de
50 fois la limite... ou 50 fois la
limite permise, plutôt, dans une année, il y a des raisons, je pense, légitimes
de se préoccuper, du point de vue de la population.
On a déposé deux
motions à l'Assemblée nationale, l'une pour demander au gouvernement de
renoncer à son projet de règlement, l'autre en demandant... bien, elle a été
refusée, mais là, on a dit : O.K., on va au moins demander au Commissaire
au développement durable de se pencher sur le règlement, pour qu'il puisse
émettre une opinion sur l'assainissement de
l'atmosphère. Ces deux motions ont été refusées par le gouvernement, et, par
contre, la mobilisation a continué, des voix ont continué de s'ajouter à
la nôtre pour réclamer que le ministre prenne en compte le principe de
précaution en matière de qualité de l'air et qu'il renonce à hausser les taux
de nickel.
Les groupes
environnementaux, notamment, ont réclamé la même chose. La ville de Québec, on
en parlait tout à l'heure, est très
préoccupée, demande une exemption à la loi. On apprend que le ministre ne
pourra pas l'accorder. Ce n'est pas rien. L'Ordre des chimistes,
également, a invité le ministre à faire preuve de prudence et de prévoyance.
Il
y a une autre organisation que je voudrais citer — le temps file
rapidement — c'est
une... Association québécoise des médecins pour l'environnement, l'AQME, qui
est crédible en la matière, et qui sonne l'alarme, et qui se dit préoccupée,
estimant que les analyses scientifiques ne sont pas complètes. L'analyse
qu'elle fait de la situation, c'est en réalité, pour faire simple... c'est que,
si on se base sur des rejets de nickel qui peuvent avoir lieu en Europe ou aux
États-Unis, on omet de regarder la composition de l'air, c'est-à-dire le type
et la répartition des composés de nickel qui sont présents dans l'air ailleurs,
par opposition à ce qu'on trouve ici. Et ce qu'on voit, c'est que le sulfure de
nickel et de fer ici présent est beaucoup plus important et il est une matière
qui est inquiétante sur le plan des voies respiratoires et qu'il peut-être une
substance cancérigène. Pour ces raisons, cette nuance-là doit être apportée
également dans un règlement et dans une norme qui pourrait être appliquée ici,
au Québec.
Le temps file
rapidement, mais je crois que ces analyses-là et les points de vue exprimés
militent en faveur de l'adoption, comme principe de base, du principe de
précaution.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Donc, je cède
maintenant la parole au ministre. Vous avez cinq minutes
• (11 h 30) •
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. C'est vrai que cinq minutes, ça passe vite. Merci au
collègue pour les questions. Je veux revenir, il n'y était pas, là, lorsque
j'ai apporté les précisions à ce niveau-là, sur la question du calendrier. Il
faut être prudent, là, pour pratiquement imputer des motifs au gouvernement. Et
je n'en ai pas fait de cas, Mme la Présidente, mais il a employé le terme
«catimini», qui est au lexique, donc il n'avait pas la possibilité de laisser
entendre ça, encore moins de le dire. Mais je n'en ai pas fait de cas. Tout
s'est fait dans la plus grande transparence.
Le collègue rappelle
la date du mois de décembre. L'annonce a été faite le 30 mars, et pas en
catimini, là, c'est moi qui le dis, Mme la Présidente, donc je ne m'impute pas
de motifs, par communiqué de presse, directement diffusé. Et, dans le premier,
premier, premier paragraphe, dans les premiers, premiers mots du communiqué de
presse, c'était mentionné qu'il y avait cette révision-là journalière. Et c'est
ce qui me déçoit et me désole, en espérant que ce n'était pas volontaire de la
part du collègue, mais on parle toujours de la norme quotidienne, la valeur
quotidienne, mais, au niveau de l'opposition, jamais, jamais on ne mentionne un
élément, qui est pourtant central dans cette démarche-là, la norme annuelle qui sera ajoutée. Et c'est ce qui
nous distingue de plusieurs juridictions dans le monde. Donc, oui, il y a une
norme quotidienne qui pourra être atteinte à l'occasion, mais pas constamment,
parce qu'autrement il ne rencontrerait pas la norme qui, elle, est
annuelle et qui est extrêmement sévère, à 20 nanogrammes.
Le collègue et son
collègue de Jonquière qui... avec qui j'ai toujours des échanges très, très
intéressants sur la question environnementale, insistent beaucoup sur la notion
de science. J'espère que c'est la même chose pour le collègue des Îles-de-la-Madeleine,
parce que, si c'est le cas, il doit prendre en compte les données scientifiques
les plus probantes à ce niveau-là. Il doit reconnaître que le changement de normes,
en 2013, alors que le Parti québécois était
d'ailleurs au pouvoir, s'était fait sur une étude qui, aujourd'hui,
scientifiquement parlant, n'est plus reconnue, plus reconnue parce que
les données ne sont plus à jour, mais surtout parce qu'elle comportait des
erreurs méthodologiques importantes. Donc, si cette norme-là n'est pas
justifiée, bien, on ne la maintiendra pas artificiellement pour se décharger de
nos responsabilités. Au contraire, on a la responsabilité, comme gouvernement,
et je pense qu'on doit tous avoir la responsabilité comme élus, de se baser sur
les données les plus à jour possible.
Donc,
on occulte, malheureusement, du côté du Parti québécois... Il n'est pas le
seul, hein, les autres oppositions aussi font référence, là, quotidiennement,
aux 14 nanogrammes qui passent à 70, mais aucun ne mentionne cette norme
annuelle, là, qui est ajoutée, qui vient justement rassurer les intervenants au
niveau de la santé publique.
Le principe de
précaution, j'y ai répondu. On est appuyé par une démarche scientifique qui est
très, très solide. Et, si on veut en ajouter une couche et parler de la santé
publique de la Capitale-Nationale, là aussi, j'invite le collègue à lire son
rapport ou son commentaire et non pas isoler une ligne, ici et là, le lire dans
l'intégralité. On verra qu'il y a d'autres soucis, au niveau de la qualité de
l'air, que le nickel lui-même, ce n'est pas ce qui est jugé comme prioritaire.
Et, malgré tout,
malgré tout, ce matin, ce qu'on a annoncé, oui, le groupe de travail, c'est une
chose, et c'est quelque chose de bienvenu et qui sera là pour rassurer les
inquiétudes de la population à l'égard de la qualité en général... général dans
cet environnement-là, mais on a aussi ajouté une nouvelle... on est venu
confirmer l'ajout d'une nouvelle station
d'échantillonnage dans le secteur le plus névralgique, un emplacement qui sera
déterminé conjointement avec la ville de Québec pour qu'elle puisse se
rassurer sur les données que cette station-là nous permettra d'obtenir. Et ce
n'est pas une station, là, anodine, là, qu'on vient ajouter. C'est très
technique, et moi, le premier, je m'y perds. C'est une PM10, mais ce qu'on me
dit, parce que je ne suis pas un spécialiste de la question, c'est qu'on ne
peut pas avoir meilleur outil d'échantillonnage, notamment pour le nickel, pour
avoir le portrait juste.
Donc, ramenons-nous à
la science, informons la population plutôt que de l'inquiéter et faisons
confiance au processus qui est en cours.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci...
M. Arseneau :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui, M. le député.
M. Arseneau : Je voudrais juste mentionner que j'ai prononcé le mot en c, non pas
pour l'imputer comme motif à M. le ministre, mais simplement pour dire
que, s'il refusait ça, il ne pouvait réfuter les faits. Mais lui a mentionné,
dans son intervention, que je n'étais présent...
La Présidente (Mme Grondin) : M. le...
M. Arseneau :
...que je n'étais pas présent, alors que j'ai assisté à l'ensemble du débat
comme tout le monde.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. En fait, il faudrait
soulever une question de règlement. Donc...
M. Arseneau :
Absolument. Bien, il y a là...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
je cède maintenant la parole au député de Saint-Jean. Vous avez cinq minutes.
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. Décidément, le député de Bourget et le député, le
collègue de Vanier-Les Rivières et moi, sans parler, on a tous les trois tiqué
sur le mot «laxisme» dans la motion, j'y reviendrai. La réalité, et le député
de Bourget l'a dit avec éloquence, c'est que la qualité globale de l'air va en
s'améliorant, et ce n'est pas étranger à ce que je disais tout à l'heure, la
science, la technologie nous permettent des avancées. Avant, c'était en aval,
c'était à la fin d'un processus, comme à Rouyn-Noranda, lorsqu'on a installé,
sur le top de la butte en sortant de la ville, la petite cabane qui permettait
au gars d'appeler puis dire : Attention, il va y avoir un rush, il y a une
inversion thermique. Parce que tout le monde sait qu'à Rouyn, quand il y avait
des rushs de la cheminée, on refaisait toutes nos peintures d'auto, c'était
bien beau, mais, à la limite, il fallait contrôler ça. Et ils sont arrivés,
lentement mais sûrement... En tout cas, dans les années 90, ils ont limité
les dégâts.
Mais, de la même
façon, quand, dans les années 90... On disait déjà, à ce moment-là, par
exemple à Saguenay où j'étais, qui s'appelait Chicoutimi, qu'une usine
d'aluminium de technologie Söderberg des années 50, qui était remplacée en
90 par une nouvelle, bien, elle produisait trois fois plus, elle polluait deux
fois moins puis elle employait deux fois
moins d'employés. Au bout du compte, ça mettait les syndicats en rogne, mais
c'est l'environnement qui gagnait aussi, de même que l'économie. Donc,
la science nous permet des avancées technologiques qui font en sorte qu'on est
capable de revoir, de regarder la situation différemment lorsqu'on compare des
normes d'aujourd'hui à des normes de l'époque. Mais j'arrête là, parce que je
suis loin d'être scientifique, mais, au bout du compte, il y a, en ce qui me concerne, des problématiques précises qui vont
persister encore, mais on sent et on voit que ça s'améliore. Il est
contre-productif, donc, de dépeindre un tableau trop sombre.
Mais, de toute façon,
venons-en à l'essentiel, là, il y a plein de défis à relever en environnement,
c'est clair, mais, la CAQ, ce qu'on est, c'est qu'on regarde ça, grâce à notre
ministre, avec des lunettes multiples. La lutte pour l'écologie et
l'environnement, ce n'est pas juste sa prérogative, c'est la prérogative de
tout le gouvernement et de tous les
ministères. Par exemple, le ministre de l'Agriculture a déposé un plan
d'agriculture durable qui a été vraiment accueillie avec beaucoup d'enthousiasme dans le milieu de
l'agriculture et qui marque un tournant dans notre manière de percevoir et de
supporter l'agriculture québécoise. J'en sais quelque chose, parce que, chez
nous, à Saint-Blaise-sur-Richelieu, on avait une problématique de bande
riveraine, et c'est grâce à ces avancées, dans le programme du ministre, qu'on
est capable de faire avancer la cause des
bandes riveraines. Tout le monde sait que c'est souhaitable et louable, mais
encore faut-il avoir les moyens de l'envisager.
On accorde une
importance marquée aussi au gouvernement pour les pratiques
agroenvironnementales. Le ministère du Tourisme, qui a une enveloppe de
30 millions, tourisme responsable et durable. L'urbanisation, qui participe de façon importante à la perte et à la
dégradation des habitats, le MAMH travaille là-dessus. Bref, c'est transversal.
Le ministre de l'Économie, même, et de l'Innovation qui, en collaboration avec Investissement
Québec, a développé l'initiative Achetons Québec afin de favoriser les circuits
courts, l'achat local. Ce n'est pas juste des slogans, ça fonctionne, mais
encore faut-il les mettre en application. On va légiférer, là, on est en train
de le faire, en commission, pour mettre fin définitivement à la filière
pétrolière et gazière. Et ça, je veux faire une parenthèse là-dessus, parce que
tout le monde dit : Bien oui, évidemment, il n'y en avait pas, de
production, bien, regarde, c'est facile de l'arrêter. Ah! attendez une minute,
en l'arrêtant, il faut prendre ses responsabilités, il faut faire nettoyer les
sites, les résidus, les problèmes qu'il y avait sur le terrain, et c'est ça
qu'on est en train de faire, ce n'est pas rien. Ce n'est pas juste dire :
On arrête quelque chose qui n'avançait pas. Non, on est obligé de prendre les
mesures correctives qui s'imposent et d'avancer les sous qui vont avec ça.
Moi, je crois
fermement que la décentralisation du financement des différentes mesures
environnementales, qu'il faut de plus en plus considérer, en ce qui me
concerne, pour être efficace dans tout ce qu'on fait, c'est un élément
mobilisateur à la fois pour les membres du gouvernement, mais aussi pour
l'ensemble de la fonction publique. Est-ce qu'on
peut faire plus? Bien oui, évidemment, il y a toujours de la place à
l'amélioration, c'est clair, ce n'est pas... Dire ça puis ne rien dire,
c'est la même chose, mais, en environnement, on peut toujours faire mieux.
Justement, comme je le disais, parce qu'on part de loin, il y a beaucoup de nettoyage
à faire, il y a beaucoup de responsabilités à prendre.
Mais, au final, moi,
je n'ai aucune gêne, loin de là, à regarder... et on va avoir l'occasion de le
faire cet automne de façon beaucoup plus
dynamique, disons-le comme ça, mais à regarder notre bilan, à regarder notre
approche, à regarder la façon dont on a travaillé depuis trois ans. Puis
me dire que, non, décidément, Mme la députée de Rouyn-Noranda, le laxisme, en
tout cas, pour moi, ça ne passe pas. Moi, je pense que l'action du gouvernement
et la façon, dont on doit regarder là où on
en est puis là où on s'en va, avec un projet de gaz à effet de serre, de
réduction de gaz à effet de serre, qui est
chiffré, qui est détaillé, qui a une cible réaliste, bien, ça fait de nous,
justement, en tout cas, environnementalement parlant, pas des laxistes,
mais réalistes, pragmatiques et efficaces, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Donc, nous
sommes... nous terminons avec la sixième série d'interventions. Mme la députée
de Verdun, vous avez 1 min 50 s.
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je vais faire vite. Principe de précaution
devrait ici, là, vraiment être ce qui nous guide dans les prochains... dans les
prochaines étapes et ce qui va guider le ministre, bien entendu, et ce, partout
au Québec, pas uniquement dans Limoilou, je tiens à le rappeler.
On s'aperçoit, avec le gouvernement qu'on a
devant nous, que tout se fait à l'envers avec... en environnement,
actuellement, là. On parle du troisième lien, hein, on parle du tunnel caquiste
de 10 milliards de dollars, où le ministre des Transports dit : On va
se mettre à... on va faire les travaux puis on fera un BAPE après. On voit que
le ministre de l'Environnement vient signer des agrandissements de dépotoirs
avant de recevoir le BAPE générique sur les résidus ultimes. On se compare à
l'Ontario. Ce matin, le député de Bourget l'a fait, mais on refuse d'augmenter
les redevances sur l'eau, comme le fait l'Ontario, du côté de la CAQ.
Puis, pour finir avec le nickel, bien, on va
rehausser, même si on sait que ce n'est pas bon pour l'environnement, que ce
n'est pas bon pour la santé des citoyens. On dit qu'on va faire... on a un
comité sur pied, mais on ne sait pas qui fait
partie du comité. Moi, là, je ne suis pas rassurée, ce matin, je suis loin
d'être rassurée. Et ce qu'on a vu, ce matin, là, c'est de
l'improvisation, c'est de la diversion de la part du ministre. Et ce n'est
peut-être pas du laxisme, comme dit le député en face, c'est de l'attentisme,
comme a dit le député de Bourget, ce qui n'est pas diable mieux.
Alors, ce qu'on a vu, ce matin, c'est que,
malheureusement, c'est l'économie, l'économie, l'économie, pas la santé du monde, pas l'environnement. On a réalisé
aujourd'hui que le véritable ministre de l'Environnement, il s'appelle
Pierre Fitzgibbon, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée.
Conclusions
Donc, nous sommes rendus à la fin de
l'interpellation. Il reste deux intervenants. Donc, M. le ministre, vous
avez la parole pour 10 minutes.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci. Encore une
fois, le plan de match vient de changer, Mme la Présidente. Je ne peux pas ne
pas répondre aux propos de la collègue de Verdun. En fait, c'est... Québec
solidaire, je peux comprendre, n'a pas eu, à ce moment-ci, à exercer le
pouvoir, donc je comprends qu'ils sont peut-être un petit peu moins au fait de
la réalité de gouverner, mais le bilan que vient d'exposer la collègue de
Verdun, bien, c'est essentiellement le sien. Si on regarde au niveau des GES,
on devait, en 2020, être à moins 20 % de réduction. Et qui était au
pouvoir de 2003 à 2018? Bien, les libéraux. Donc, les libéraux auraient dû nous
rendre à moins 20 % de réduction de GES. C'est ce que j'ai à... ce que
j'ai eu à annoncer, à mon corps défendant, il y a quelques semaines maintenant.
Les résultats pour l'année 2019, ça
veut dire 1990 à 2019, même pas moins 3 % de réduction. Donc, on a
essentiellement un écart, là, par rapport à leurs obligations, de
17 %, ce qui est énorme.
Elle a parlé du BAPE sur les déchets. Début des
années... 2010, qui était au gouvernement? Les libéraux encore. Les libéraux,
main sur le coeur, ont dit : D'ici la fin de la décennie, donc 2010, donc
d'ici 2020, nous aurons réglé le dossier de la matière organique, donc on aura
une politique rigoureuse de sorte que la matière organique ne se retrouve plus
à l'enfouissement. Et, petit rappel, pour le domiciliaire uniquement, là, c'est
60 % des déchets qui se retrouvent en dépotoir qui sont constitués de
matières organiques.
J'arrive au ministère de l'Environnement en
janvier 2019, donc neuf ans après l'engagement pris par les libéraux, aucune,
aucune, aucune politique en matière de gestion de matières organiques n'avait
été mise en place. Donc, oui, ça nous oblige
à continuer à recourir aux dépotoirs pendant un certain temps. Pas que ça fait
mon affaire, c'est que les gouvernements précédents n'ont jamais accordé
d'importance à cet enjeu-là. Et, lorsque l'on sait à quel point la gestion des
déchets, en termes de source d'émissions de gaz à effet de serre, est
importante, ce 9 % ou 10 % que ça représente, si les libéraux, parce
que c'est eux qui étaient présents au pouvoir pendant cette période de temps
là, avaient fait leur job, ça nous aurait aidés dans notre bilan aujourd'hui.
Donc, ce n'était pas du tout ce que je voulais mentionner, mais l'affirmation
de la collègue était trop grosse, pour ne pas dire grossière, pour ne pas y
répondre.
Ceci dit, ceci dit, revenons au sujet du jour.
On comprend très, très bien qu'il y a des préoccupations au niveau de la
qualité de l'air dans le secteur de Limoilou. C'est un secteur qui a vécu des
épisodes assez importants au cours de la dernière décennie et qui est venu les
échauder. Donc, ce sont des citoyens qui sont inquiets, et je le comprends
volontiers. Et c'est là où on veut se faire rassurants et c'est là qu'on a une
obligation de rassurer, comme élus, non pas en leur disant des choses qui ne
sont pas fondées, mais en leur disant quels sont les véritables faits et en
leur disant... en leur disant clairement quelles sont les démarches qui sont à
l'origine, que ce soit du changement de normes, les démarches qui sont à l'origine, par exemple, de l'installation d'une
nouvelle station. Donc, ce sont des données qui sont là pour donner l'heure juste pour que les citoyens
puissent être rassurés. Rassurés de quoi? Rassurés que le gouvernement
aura toujours comme principal souci la santé de la population... et que jamais
le gouvernement ne va mettre à mal pour quelque industrie que ce soit, hein?
La collègue disait que le véritable ministre de
l'Environnement était le ministre de l'Économie. Elle se rapproche aussi
beaucoup de Québec solidaire dans ce type d'accusation fausse. Mais non, non,
ce n'est pas le cas. On a établi, depuis
notre arrivée au pouvoir, de nouvelles mesures, là aussi, qui avaient
complètement été évacuées, notamment à l'époque où elle était ministre
de l'Environnement, tout ce qui est qualité de l'air, à travers un réseau
établi de stations de surveillance, à travers de nouvelles stations
d'échantillonnage.
Et, ce matin, je pense, ce
qui a été confirmé, cette nouvelle station sera de nature à rassurer et la
ville, qui légitimement se doit d'être rassurée, mais aussi les citoyens du
secteur. Et on n'a pas mis une station... ou on ne veut pas mettre une station
pour en mettre une. On a retenu la station ou le type de station qui,
technologiquement parlant, est à la fine pointe, qui nous permettra d'avoir le
portrait le plus juste possible.
Ce qu'on a mentionné, ce matin, qui est digne
d'être répété, c'est qu'on met aussi en place un groupe de travail, encore une
fois, pour répondre à des préoccupations de la ville, mais pour rassurer aussi
les citoyens et citoyennes du secteur de
Limoilou. Parce que la Santé publique nous le dit, et elle est très, très
claire, c'est un enjeu de qualité de l'air. Les citoyens, dans leurs
représentations... je voyais un article hier où on citait une enfant qui
parlait de l'incinérateur. Bien oui, l'incinérateur est une source d'émissions
importantes dans le secteur, mais l'incinérateur et la norme nickel, ce sont
deux éléments complètement, complètement différents.
Mais il faut avoir ce portrait le plus juste
possible, c'est le mandat qui est donné à un groupe de travail, dont le rapport
devra nous être soumis, dès le début, au plus tard, du mois de décembre, avec
le mandat très clair de nous donner des... de nous faire des recommandations et
surtout de les prioriser pour qu'on puisse s'assurer de savoir, si on a
plusieurs mesures qui nous sont proposées, lesquelles doivent être mises de
l'avant dans un premier temps. Et ça fait partie
de leur mandat, justement. Donc, ce sont des éléments qui, pour le secteur de
Québec, sont rassurants, je le pense.
Mais, comme on a eu l'occasion d'échanger aussi,
il y a d'autres mesures qui sont implantées, notamment dans le secteur de
Rouyn-Noranda, parce que, là aussi, il y a une industrie qui, au fil des
années, a émis de grandes quantités de contaminants sans avoir été trop
inquiétée par les gouvernements précédents. La donne a changé. Les émissions
diminuent. Et, malgré tout ça, malgré tous ces efforts-là et l'excellente
collaboration, je dois le dire, avec l'entreprise en question depuis, on ne
s'arrête pas là. On va aussi ajouter une station PM10 dans le secteur pour
avoir un portrait qui est toujours plus
précis et savoir comment résoudre des problématiques qui peuvent se manifester
dans ces secteurs-là.
• (11 h 50) •
Là, on a parlé un petit peu de Rouyn-Noranda, un
petit peu de Québec aussi, mais on ne s'arrête pas là. Il y a d'autres
stations. Je le disais à la collègue, tout à l'heure, il y a sept autres
stations qui seront réparties sur le territoire du Québec. Et, au total, c'est 60... en fait, plus d'une soixantaine de
stations. Il n'y a pas beaucoup d'États dans le monde qui ont une connaissance aussi fine de leur
qualité de l'air. On se donne réellement les moyens pour avoir ce portrait
juste là et on se donne des moyens de contrôle aussi.
Parce que ce qui est proposé, au niveau de la
norme nickel, ce n'est pas une cible, ce n'est pas un objectif, c'est une norme qui est contraignante. Et j'invite les
collègues, le plus sincèrement du monde, lorsque vous parlez du 14 à 70,
ajouter, dans la même phrase ou au même moment, la norme qui est imposée au
niveau annuel aussi. Si vous ne le faites pas, vous ne traduisez pas l'état des
lieux. Et malheureusement, je ne dis pas que vous le faites volontairement,
mais les résultats, c'est que vous inquiétez une population qui n'a pas besoin
d'être inquiétée, mais qui demande à être rassurée. On ne peut pas, de façon
légitime et transparente, parler du 14 à 70 sans mentionner le 20, c'est une
partie centrale de la démarche, et c'est ce
qui, au niveau de la santé publique, vient nous donner des garanties au niveau,
là, de l'impact d'une source d'émission dans un secteur qui est habité.
Donc, j'ai apprécié, Mme la Présidente, les
échanges qu'on a eus ce matin, mais je vais espérer, le temps me le dira, assister
à un certain changement de discours de la part des collègues de l'opposition.
Et on fera déjà un pas de géant si, dorénavant, je les entends, à chaque fois
lorsqu'ils parlent du 14 nanogrammes à 70 par jour, si je les entends
dorénavant faire mention de la moyenne annuelle, ce que je n'ai malheureusement
jamais entendu de leur part au cours des dernières semaines. Donc, c'est un
exercice... c'est une responsabilité, en fait, qui nous revient à tous comme
élus, Mme la Présidente. Si on veut prendre position dans un débat, il faut à
tout le moins avoir l'honnêteté de rapporter les faits tels qu'ils sont et ne
pas escamoter certains faits qui, malheureusement, détruisent un petit peu le
message que l'on souhaiterait passer. Il
faut rapporter les faits comme elles le... comme ils le sont. Et on se donne
réellement, du côté du ministère de l'Environnement, tous les outils
nécessaires pour nous assurer que la santé et de l'environnement et de la
population soit garantie.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Je cède donc
maintenant la parole à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour sa dernière
intervention. Vous avez 10 minutes.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Le ministre a dit beaucoup de choses, a beaucoup insisté sur la nécessité d'exploiter les minéraux
critiques et stratégiques pour la transition énergétique. C'est drôle, on ne
l'entend pas beaucoup parler de réduction à la source. Qu'est-ce que le
gouvernement fait pour retirer des véhicules sur les routes? Qu'est-ce que le
gouvernement a fait pour réduire les émissions de nickel dans les dernières
années? Ce n'est pas en convertissant le
parc automobile actuel d'à peu près 5 millions de véhicules en véhicules
électriques qu'on va sauver la crise
climatique, Mme la Présidente. Puis ce n'est pas en soignant des aînés avec des
iPad dans les CHSLD qu'on va réparer notre système de santé.
Le ministre a beaucoup insisté sur les avis
scientifiques. Les avis scientifiques... il a l'air de s'appuyer sur des avis
scientifiques extrêmement, extrêmement solides. Pourtant, cette semaine, on
lisait, de la part de la présidente de l'Association québécoise des médecins
pour l'environnement, qui nous disait que le devoir primordial d'un gouvernement,
c'est de protéger la santé de toute sa population. Ça fait presque deux heures
qu'on est ici, au salon bleu, puis qu'on
discute. Ça fait presque deux heures que le ministre nous répète en boucle
qu'il n'y en aura pas, de problème, arrêtez de vous inquiéter. Cette
semaine, il nous a dit : Si les doutes persistent, c'est parce qu'il faut
faire plus de communication. Je ne sais pas si, par
communication, il entend les publicités de son collègue au... le ministère des
Ressources naturelles.
Aujourd'hui, je pense
qu'on s'est échangé beaucoup d'informations, puis moi, je ne suis pas plus
rassurée, Mme la Présidente. Je vous cite un passage de l'avis partagé par
l'Association québécoise des médecins pour l'environnement, un passage plus
long : «Après une analyse exhaustive du dossier du nickel atmosphérique,
l'AQME se dit préoccupée de la hausse proposée des normes du nickel par le
gouvernement du Québec en raison des impacts potentiels néfastes sur la santé
humaine. Dans une perspective de science rigoureuse, de justice
socioenvironnementale et d'équité en santé, l'AQME juge que l'application du
principe de précaution est de mise.»
Même son de cloche du
côté de l'Ordre des chimistes du Québec : «Ce que nous constatons
aujourd'hui, c'est que le projet de règlement sur l'augmentation de la limite
de nickel dans l'air doit être abordé par le gouvernement avec davantage de
précautions. Présentement, ce n'est pas ce qu'on voit. On envisage des
modifications sur la santé et sur l'environnement des Québécoises et des
Québécois sans se poser toutes les questions déterminantes.»
Même affaire chez
l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services
sociaux, l'APTS : «Alors que le réseau de la santé et services sociaux est
déjà mis à mal par la pandémie de COVID-19 et que les grandes autorités de
santé reconnaissent que la pollution de l'air coûte des centaines de milliards
de dollars en frais de santé aux pays modernisés, il serait irresponsable de la
part du gouvernement de permettre à l'industrie de polluer davantage. Le
principe de précaution devrait être préconisé dans une situation comme
celle-ci, et le gouvernement de la CAQ devrait renoncer à son projet de
modification de règlement sur le nickel qui quintuplerait la limite d'émission
journalière.»
De toute évidence,
Mme la Présidente, il n'y en a pas, de consensus. Les avis scientifiques émis
sur la hausse de la norme du nickel, les
études qui soutiennent ces avis sont loin de conduire à un constat unanime.
Étrangement, tous les experts, les citoyens informés qui n'ont aucun
intérêt financier sur la question, ils sont contre. Et là je vais prendre le
temps, quand même, de les nommer, Mme la Présidente, les gens qui sont contre,
qui émettent des réserves puis qui disent que le principe de précaution n'est
pas respecté : l'Association québécoise des médecins pour l'environnement;
l'Ordre des chimistes; le maire et la ville de Québec; le Conseil régional de
l'environnement de la Capitale-Nationale; huit conseils de quartier :
Vieux-Limoilou, Lairet, Maizerets, Saint-Sauveur, Saint-Roch, Vanier,
Saint-Jean-Baptiste, Vieux-Québec, Cap-Blanc; les parents et enfants de la
Basse-Ville de Québec; la Table citoyenne Littoral Est; Accès Saint-Laurent
Beauport; Les Ami-e-s de la Terre; le collectif La ville que nous voulons;
Mouvement pour une Ville Zéro Déchet; Mères au front; le RÉPAC; l'Association
québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique; la Coalition Pour que le
Québec ait meilleure mine!; Voix citoyenne; Greenpeace Québec; Regroupement
Vigilance Mines de l'Abitibi-Témiscamingue; Conseil régional de
l'environnement de l'Abitibi-Témiscamingue; le Comité Arrêt des rejets d'émissions toxiques de Rouyn-Noranda, et
l'APTS. Il reste encore deux jours, Mme la Présidente, pour que les groupes
déposent les mémoires. On peut s'attendre à ce qu'il y ait d'autres gens qui
fassent savoir leur opposition à ce projet de règlement.
S'il y a une question
qui n'a pas été répondue par le ministre, c'est sur les effets combinés. Le
ministre l'a mentionné tantôt, il a parlé de l'incinérateur dans la Basse-Ville
de Québec. À Rouyn-Noranda, on a l'arsenic, on a le cadmium, on a le plomb. Les polluants auxquels la... La population est
exposée déjà à de nombreux polluants, de nombreux polluants. On le sait
que, par exemple, dans le cas de l'amiante puis du tabagisme, les effets
synergétiques sont catastrophiques pour la santé. Qu'est-ce qu'on en sait pour
le nickel puis les autres polluants?
Le ministre, il a
décidé lui-même de se faire lobbyiste des multinationales polluantes et a
décidé que tout ce monde-là était dans le champ puis qu'il fallait mieux
communiquer sur le nickel. Ces gens-là, manifestement, ont été «brainwashés».
Il faudrait arranger ça avec un peu de pub sur le bras des citoyens.
Dans les minutes qui
me restent, moi, je veux revenir, Mme la Présidente, sur l'importance de la
mobilisation citoyenne. Ces gens-là investissent des heures et des heures, avec
presque pas de moyens, pour la seule préoccupation qu'ils ont sur leur santé,
la santé de leurs enfants puis la santé de l'environnement. Qu'est-ce que ça
vaut, ça, derrière les portes closes du ministère quand des gens comme ça se
mobilisent, pendant des décennies, avec la seule préoccupation d'augmenter leur espérance de vie? Qu'est-ce que ça vaut,
ça, Mme la Présidente, derrière les portes closes de ce ministère-là? C'est le ministère de
l'Environnement qui va de l'avant avec un rehaussement de la norme sur le
nickel, mais qu'est-ce qu'il fait de ces gens-là qui se battent au
quotidien, depuis 10 ans, pour leur santé, la santé de leur quartier, pour
la qualité de l'air?
Moi, je n'en reviens
pas, Mme la Présidente, de ce que j'entends ici ce matin. Puis je ne peux pas
croire que le ministre va continuer d'aller
de l'avant, malgré tout ce qui s'est dit, malgré toutes les mises en garde de
ces groupes-là. Est-ce qu'on n'est pas capables de faire mieux? Pourquoi
est-ce que c'est à nous d'abaisser nos standards? Pourquoi est-ce qu'on ne
demande pas à Glencore de le faire? Pourquoi on ne demande pas à Rio Tinto de
le faire puis à ces autres industries là qui
rejettent plein de nickel dans notre air? Pourquoi c'est à nous d'abaisser nos
standards puis à compromettre notre santé? Je ne me l'explique pas même
après deux heures de débat.
• (12 heures) •
Puis moi, j'aimerais
rappeler, en terminant, le pouvoir que le ministre a entre ses mains à l'heure
actuelle. Tantôt, il disait... il remettait
en question la capacité de gouverner de Québec solidaire. Bien, nous,
là, on remet en question la capacité de lutter contre la crise
climatique puis la capacité de prendre la santé de la population comme première
priorité. Il a un pouvoir extrêmement
précieux, ce ministre-là, et je le lui demande... je l'implore de l'exercer
puis de poser les gestes qu'il faut
pour préserver l'environnement puis pour préserver la santé des citoyens du
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, Mme la députée.
Donc, je lève la séance, et la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 01)