(Dix
heures six minutes)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 102, Loi visant principalement
à renforcer l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité
des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en
oeuvre certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030 concernant
les véhicules zéro émission.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Lamothe (Ungava) est
remplacé par Mme Boutin (Jean-Talon); M. Fortin (Pontiac) est
remplacé par M. Benjamin (Viau); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M.
le secrétaire. Lors de l'ajournement de nos travaux la semaine passée, le débat
portait sur un amendement proposé par le ministre introduisant l'article 18.1
à la nouvelle loi édictée par l'article 1 de ce projet de loi. Est-ce
qu'il y a des interventions sur cet amendement? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la Présidente.
Il me fait plaisir de vous retrouver en ce mardi matin, lendemain de
pluie ou, selon... de neige, selon les régions. Alors, heureuse de vous
retrouver, heureuse de retrouver aussi le ministre ainsi que les collègues de
la banquette ministérielle ce matin.
On avait débuté les
discussions sur le 18.1 la semaine dernière. J'avais posé la question pour...
comment fonctionnaient, là, les appels d'offres, dans le fond, si c'était le
plus bas soumissionnaire. On m'a répondu que, oui, c'était pour... On m'a aussi
dit que ça prenait certaines qualifications, là, bien entendu, donc,
auxquelles... Moi, je cherche tout simplement à savoir pourquoi est-ce qu'on
est arrivés avec le 18.1 à ce moment-ci, juste pour bien comprendre, parce
qu'au 18, là, on dit : «Une personne visée par un avis d'exécution peut,
par écrit, demander au bureau...» C'était simplement un oubli quant à
l'exécution. Est-ce que c'est ce que je comprends bien?
M. Charette :
...on pourrait laisser la parole à Me Grignon.
Mme Melançon :
Avec consentement, bien sûr.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc,
peut-être juste avant, madame... Me Grignon, j'aurais besoin d'un consentement
pour qu'on puisse dépasser l'heure d'à peu près sept minutes, donc,
12 h 06. Ça vous convient? Consentement? Merci. Donc, je vous invite
à vous présenter. Merci.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, alors, Karine Grignon, avocate au ministère de la
Justice.
En
fait, comme c'est une mesure en lien avec les inspections et les enquêtes,
c'est en continuité... Donc, c'est après la constatation d'un manquement suite à une inspection ou une enquête.
Donc, on devait placer cette obligation-là, là, à l'intérieur de ce
chapitre-là, donc, d'où la création d'une nouvelle section, IV.1, tout
juste avant la nouvelle section qui va être proposée, là, un petit peu plus
tard, la section V, sur l'immunité. Donc, on termine le chapitre avec une
série d'obligations avant d'en arriver à l'immunité pour tous ces gens-là.
Mme Melançon : Parfait. Et on va
reprendre... Puis on l'a vu, là, avec les inspecteurs, les enquêteurs, lorsqu'on
parle d'exhiber le certificat signé par le ministre, donc, ce que je comprends
bien, c'est que, si, par exemple, on est avec un sous-traitant... Parce que, la
semaine passée, on était un peu là-dedans, là, parce que, souvent, ce n'est pas
le ministère qui doit exécuter des travaux.
On va demander à un sous-traitant d'y aller après qu'il y ait eu appel d'offres,
après qu'on ait pu ouvrir les enveloppes pour voir qui est le plus bas
soumissionnaire et la personne qualifiée pour donner
le contrat. Et, à partir du moment où le contrat est octroyé, si je comprends
bien, le ministre ou le sous-ministre, bien sûr, va pouvoir signer un
certificat attestant sa qualité. Est-ce que je comprends bien?
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, je vous invite à
vous présenter, s'il vous plaît.
M. Rousseau
(Michel) : Oui, Michel Rousseau,
sous-ministre adjoint.
Non,
effectivement, le contractant... On va préparer un document qui va être signé
probablement par le sous-ministre, dans ce cas-là, qui a les pouvoirs du
ministre pour ce genre de signature là, et il pourra le présenter au besoin.
• (10 h 10) •
Mme Melançon : Parfait.
Et, dernière question, quand on marque : «Celui qui, à titre de
propriétaire, de locataire [ou à quelqu'un d'autre titre...] ou à
quelqu'autre titre que ce soit», qu'est-ce qu'on veut dire par «quelqu'autre
titre que ce soit»?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, en fait,
c'est... La personne qui va être présente sur les lieux, là, donc, doit donner
l'accès à la personne qui va se présenter pour faire les travaux, là. Donc, on
a voulu énumérer toute la série de personnes qui pouvaient être sur place, là.
Donc, le «quelqu'autre titre que ce soit», c'est ce que ça vise.
Mme Melançon : Ça peut être un
gardien, par exemple, qui garde tout simplement le terrain...
Mme Grignon (Karine) : Exact.
Mme Melançon : ...puis,
j'imagine, quand ça arrive, là, va prendre le téléphone, va appeler le
propriétaire ou le locataire pour dire : Bien là, je suis en face de
quelqu'un qui m'exhibe un certificat, est-ce que je peux le laisser entrer?
Mais là ce n'est même pas : Est-ce que je peux... c'est : Je dois le
laisser entrer.
La Présidente
(Mme Grondin) : Tout à fait. C'est
une obligation qui existe déjà, là, en matière de sols contaminés. Donc, on a repris les mêmes termes qui étaient déjà utilisés
dans la Loi sur la qualité de l'environnement.
Mme Melançon : Parfait. Ma
prochaine question est vraiment d'ordre... Je juste... veux bien comprendre la
séquence, dans le fond. À partir de quel moment est-ce que le ministre va
autoriser à ce qu'on exécute les travaux qui n'auront pas été faits au
préalable par le propriétaire? Jusqu'où on se rend? Dans le fond, ma question,
c'est... Puis on l'a vu dans d'autres cas où, là, on n'était pas nécessairement
dans... exactement dans le même... dans du passif environnemental,
nécessairement, là, mais, quand j'ai en tête passif environnemental, on se
rend, à un moment donné, jusqu'à une certaine limite pour dire : Bon, bien
là, là, on va demander à ce que soient faits les travaux puis on enverra la
facture. Là, quel est, dans le fond, l'ordre de marche pour arriver jusque-là?
M. Charette : Peut-être,
députée, les collègues pourront commencer... continuer, c'est-à-dire. On
connaît les étapes qui sont déjà en vigueur, qui sont déjà applicables, l'avis
préalable, il y a ensuite l'ordonnance, naturellement, et c'est là où on aura
des outils supplémentaires à notre disposition. Pour ce qui est de
l'application, je regarde mes deux collègues, je ne sais pas lequel ou
laquelle... M. Rousseau?
M. Rousseau
(Michel) : La question est intéressante,
parce que, souvent, la perception est que, quand un dossier est au passif environnemental, on va rapidement aller faire les
travaux, mais, avant tout, le ministère a le devoir de faire tout ce qui
est possible pour que le contrevenant le fasse lui-même. Des fois, ça
fonctionne. J'ai en tête le dossier Reliance, entre autres, à Montréal, où,
récemment, avec plusieurs ordonnances, ils ont fini par, eux-mêmes, faire la
décontamination.
Donc, dans la séquence, oui, il y a l'ordonnance
du ministre. Ça pourrait être une injonction de la cour, mais il y a toujours un geste qui est posé, fort,
juridique ou administratif, qui va venir dire à la personne qui est responsable
de la contamination : Tu dois récupérer, tu dois ramasser. Parfois, il n'y
a personne au bout du fil, là. Des fois, c'est des faillites, et tout ça. Et,
si la personne n'agit pas, c'est là qu'on va lancer la séquence de travaux avec
les appels d'offres, et tout ça. Une fois
les travaux réalisés, on recogne à la porte avec d'autres pouvoirs pour se
faire rembourser. Parfois, ça fonctionne. D'autres fois, bien, quand,
effectivement, il y a faillite, et autre, on est en ligne avec d'autres
créanciers. Donc, c'est un peu ça, la séquence, mais il y a toujours une
volonté... On va toujours jusqu'au bout pour ramener le contrevenant à lui-même
faire des travaux. Donc, on ne tombe pas, je dirais, dans la facilité de
dire : On va y aller puis on se fera payer, là. Il faut... On fait les
démarches pour qu'il se corrige avant.
Mme Melançon : Donc,
si je comprends bien, il y a l'avis d'exécution. Le premier pas, là... Dans le
fond, moi, je veux juste connaître de... a, b, c et d, si vous me
permettez, là, juste pour bien l'avoir en tête.
M. Rousseau
(Michel) : ...c'est l'avis de
non-conformité. Un dossier qui va... mettons, qui va durer quelques années, là,
ça va être un avis de non-conformité. Souvent, il peut y avoir une sanction
administrative pécuniaire ou une enquête, tout dépendant de la gravité. Avec le
nouvel outil d'exécution, probablement que ces cas-là vont avoir des avis
d'exécution, sauf les cas où ils seraient vraiment complexes, de nature plus...
d'ordre du ministre, où, là, on irait vers une ordonnance. Mais, d'abord, dans
la séquence, c'est avis de non-conformité et sanction, enquête, en espérant
qu'avec ça les gens vont se corriger. Sinon, bien là on doit demander
d'exécuter puis demander... Ça peut se faire de plusieurs façons, dont l'avis
d'exécution, l'ordonnance, l'injonction. C'est une gradation, dans le fond. Il
y a toujours une gradation dans... C'est comme dans à peu près n'importe quoi,
là, il y a toujours une gradation dans les sanctions pour amener la personne à
avoir plusieurs occasions de s'amender, et, à la fin, bien, les outils sont
plus corsés un peu.
Mme Melançon :
Ça me convient. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc,
j'imagine qu'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
il est adopté. Nous poursuivons avec l'article 19, c'est bien ça, M. le
secrétaire? On avait adopté l'article 18? O.K. Donc, je vous invite
à lire l'article 19, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
Donc,
article 19 : «Un inspecteur, un enquêteur pénal ou toute personne
chargée de l'assister ou de l'accompagner ne peut être poursuivi en
justice pour un acte accompli ou omis de bonne foi dans l'exercice de ses
fonctions.
«Il en est de même de
toute personne autorisée par le ministre en vertu du deuxième alinéa de
l'article 4 et de l'article 17
pour un acte accompli ou omis en vertu de la présente loi et de tout
fonctionnaire ou membre du personnel du ministère du Développement
durable, de l'Environnement et des Parcs pour un acte accompli ou omis à des
fins de recherche, d'étude, d'analyse, d'inventaire, d'expertise, de
connaissances ou de suivi.»
Le commentaire.
L'article 19 prévoit l'immunité de poursuite pour les personnes qui y sont
énumérées lorsqu'elles agissent dans le cadre de leurs fonctions. Une telle
immunité est déjà prévue dans les lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera d'ailleurs proposée plus tard lors de l'étude détaillée. Et, un
petit peu plus bas, on retrouve les articles existants, là, présentement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Vous
proposez un amendement, M. le ministre, à l'article 19?
M. Charette : Merci de me le rappeler,
c'est exact. Merci, Mme la Présidente. Donc, voilà, ce serait de remplacer
le deuxième alinéa de l'article 19 de la Loi sur certaines mesures
permettant d'appliquer les lois en matière d'environnement et de sécurité des
barrages, proposé par l'article 1 du projet de loi, par le suivant :
«Il en est de même de
toute personne visée au deuxième alinéa de l'article 4 ou à
l'article 17, de toute personne autorisée par le ministre à exécuter des
travaux en vertu de la présente loi ou d'une disposition des lois concernées et de tout membre du personnel du
ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs pour un acte accompli ou omis à des fins de
recherche, d'étude, d'analyse, d'inventaire, d'expertise, de connaissances
ou de suivi.»
Le commentaire. Cet
article en est un de concordance avec le pouvoir proposé par le nouvel
article 18.1. Il vise à prévoir une immunité pour les personnes tenues de
réaliser des travaux au nom du ministre puisque ces personnes n'agissent pas à
titre d'inspecteur à cet égard.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, y a-t-il des commentaires sur l'amendement?
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Bien, c'est plutôt des questions, Mme la Présidente. Avant d'arriver à
l'amendement, parce que j'aurai des questions sur l'amendement, mais, sur
l'article 19, là, on n'est pas dans les méthodes d'enquête, parce qu'on
avait déjà parlé des méthodes d'enquête la semaine passée, qui disaient qu'un
enquêteur peut y aller avec... bien, en tout cas, une nouvelle méthode
d'enquête qui va nous permettre justement d'aller contre le règlement ou, en
tout cas, je ne me rappelle pas les termes exacts, mais...
Une voix :
...
Mme Melançon :
Oui, c'est ça, exactement. Merci, M. le sous-ministre. Donc, j'imagine qu'on
n'est pas tout à fait là-dedans. On n'est pas dans de la méthode d'enquête
nécessairement, quoiqu'on parle d'un inspecteur puis d'un enquêteur pénal. Mais
pourriez-vous simplement me faire la distinction entre ce qu'on a adopté la
semaine dernière et l'article 19?
M. Charette : Au niveau de
l'amendement, on est réellement en lien avec l'ajout du 18.1, donc, pour
couvrir...
Mme Melançon :
...M. le ministre, à ce moment-ci. Je parle vraiment de l'article 19.
M. Charette :
Parfait. Donc, peut-être, Mme Grignon, s'il vous plaît...
• (10 h 20) •
Mme Grignon
(Karine) : Oui, alors, effectivement, c'est vraiment... Une fois que
les personnes sont mandatées pour effectuer un travail, que ce soit en
inspection, en enquête ou pour des travaux, on veut garantir que, quand ils
exécutent de bonne foi leur travail, bien, ils ne puissent pas se faire
poursuivre, là, parce qu'ils accomplissent des fonctions dans le cadre d'un
mandat précis, là. Donc, ça sert à ça, c'est ça, vraiment, la distinction par rapport aux méthodes de travail comme telles.
C'est plus détaillé, là, dans la façon dont ils vont exécuter le travail.
M. Charette : Un petit
complément. On retrouve des articles semblables avec l'énumération, là, qui est
faite à l'article 19, en guise de commentaire, mais convaincu que la
collègue... Sur bien d'autres projets de loi, on voit régulièrement
ce type de précision là pour éviter, là, des recours qui seraient injustifiés
et qui remettraient en cause l'autorité de la personne qui pose le geste et
pourquoi elle est légitimée de le poser.
Mme Melançon : Merci. Merci
beaucoup. Et on voyait, donc, à l'article 9, pour l'enquêteur pénal... Je
veux juste revenir un peu en arrière, là,
pour les enquêteurs, O.K., parce que, dans l'article 19, je m'excuse, je
vais juste y revenir, là, donc, on parle des inspecteurs, des
enquêteurs. Puis là on va parler de sous-contracteurs, là, avec l'article...
avec l'amendement, là, dans le fond. Donc, on protège tout le monde, y compris
les gens, les membres du personnel du ministère. C'est ce que je comprends, à
ce moment-ci, avec l'immunité. Non, mais je pense que ça fait le tour, là. Moi, j'avais pris des notes, justement, à
l'article 19, à la lecture de ce qu'on avait fait. Donc, ça me convient
très bien.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, est-ce que
l'amendement à l'article 19 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, l'amendement est adopté. Nous revenons à l'article 19 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres questions ou commentaires? Non, ça va?
Donc, est-ce que l'article 19, tel qu'amendé, est adopté? Adopté.
Nous poursuivons avec l'article 20. M. le ministre.
M. Charette : ...Mme la
Présidente. Donc :
«Chapitre III.
«Sanctions administratives pécuniaires.
«[Article] 20. Le ministre élabore et rend
public un cadre général d'application des sanctions administratives et
pécuniaires en lien avec l'exercice d'un recours pénal et y précise notamment
les éléments suivants :
1° Les objectifs poursuivis par ces sanctions,
notamment inciter la personne à prendre rapidement les mesures requises pour
remédier au manquement et en dissuader la répétition;
2° les catégories de fonctions dont sont
titularisées les personnes désignées pour les imposer;
3° les critères qui doivent guider les personnes
désignées lorsqu'un manquement est constaté, notamment la prise en compte de la
nature de ce manquement, de son caractère répétitif, des avantages tirés de ce
manquement, de la gravité de l'atteinte ou du risque d'atteinte qui en résulte
et des mesures prises par la personne pour remédier au manquement;
4° les circonstances dans lesquelles le recours pénal
sera priorisé;
5° les autres
modalités relatives à l'imposition d'une telle sanction, notamment le fait que
celle-ci soit précédée de la notification d'un avis de non-conformité.»
Le
commentaire. Ce chapitre prévoit les règles applicables à tout régime de
sanctions administratives pécuniaires prévu par les lois concernées. Les
règles sont calquées sur le régime prévu à cet effet par la Loi sur la qualité
de l'environnement. L'abrogation de certaines dispositions relatives au régime
existant sera, d'ailleurs, proposée plus tard. L'imposition d'une sanction
administrative pécuniaire vise à pouvoir intervenir rapidement pour assurer un
retour rapide à la conformité. L'imposition d'une telle sanction contribue à
sanctionner des manquements mineurs et constitue ainsi un outil supplémentaire
visant à assurer un meilleur respect de l'application de la loi, tout en ayant
un effet dissuasif pour les contrevenants. Il s'agit donc d'un régime distinct
du régime de sanctions pénales tant par les objectifs recherchés que par les
moyens employés pour l'administrer. Plus spécifiquement, l'article 20
prévoit qu'un cadre d'intervention devra être élaboré par le ministre pour
établir les balises applicables à l'imposition des sanctions administratives
pécuniaires et qu'un tel cadre devra être rendu public.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, merci, M. le
ministre. Donc, commentaires ou questions sur l'article 20? Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Bon, bien, on y
est, là, on est là où on donne un cadre général à la loi, mais je comprends que
tout le détail va se retrouver à l'intérieur du règlement.
M. Charette : En fait, pas tout
le détail, parce que, là, on débute un nouveau chapitre. Donc, dans les prochains articles, on aura déjà un certain nombre
d'indications, là, qui viendront guider la rédaction des règlements qui vont en découler. Donc, on permet, justement, là,
d'aborder ces questions-là avec un nouvel angle, mais, déjà, les prochains
articles amènent des précisions assez importantes, là, sur ce que devra être la
réglementation, là, qui va en découler.
Mme Melançon : Est-ce que,
parce qu'on a déjà des sanctions administratives pécuniaires au ministère de l'Environnement... Est-ce qu'on garde la même
vision pour les SAP? Là, je comprends... Puis, lorsqu'on a eu le breffage
technique, on voyait les augmentations, puis
on va pouvoir y venir, là, dans les articles suivants, parce qu'on commence
à parler, justement, des montants des sanctions puis de l'augmentation des
sanctions, là, qui passent d'un montant à un autre, si on regarde, là, pour les
prochains articles.
Cependant, moi, ce que j'ai envie de vous poser
comme question, c'est : Est-ce qu'on reste dans la même logique que ce qui
avait été adopté il y a de ça une dizaine d'années pour les SAP? Donc, c'est
dans cette volonté, justement, de dissuader, hein, parce qu'on est pas mal
là-dedans lorsqu'on parle de sanctions administratives pécuniaires, et j'ai
envie de demander au ministre comment est-ce qu'on... Comment est la lecture du
ministre pour savoir... Est-ce qu'on a le droit
d'augmenter ça comme on veut, une sanction administrative pécuniaire? Est-ce
que vous avez le droit dire : Bien, on passe de, je ne sais pas, moi,
500 $ à 3 000 $ pour une sanction? Comment est-ce qu'on fixe les
sanctions?
M. Charette : En fait, je vais
pouvoir commencer. Peut-être, le sous-ministre adjoint pourra poursuivre par la
suite.
Mais on appréhende avec la même philosophie,
oui, mais on vient étendre le cadre d'application. Mais, pour ce qui est des
SAP elles-mêmes, ce n'est pas aléatoire, là. On ne peut pas, du jour au
lendemain, modifier quelle était... quelle est la sanction qui est applicable.
Tout ça est régi à travers la réglementation. Et, même dans les commentaires,
là, je parlais, justement, là, des éléments qui composeront la réglementation.
Ultimement, il y a un cadre qui se doit d'être public. Donc, ce n'est pas... Ce
n'est pas aléatoire. Tout ça est très bien encadré, et c'est assez précisé dans
le cadre en question, et, si on veut changer les montants ultimement, ça
nécessiterait aussi une modification au niveau législatif.
Mais, pour le volet plus général que vous vous
demandiez, là, un petit peu dans quelle perspective on se place avec ces
nouvelles dispositions là, puis leur application, en quelque sorte, sur le
terrain, et ce que ça va nous permettre de faire, peut-être, le sous-ministre
adjoint pourrait compléter, là, plus concrètement.
M. Rousseau
(Michel) : Oui, avec plaisir. Ce matin, je crois qu'il a été
déposé, à la commission, trois documents.
M. Charette : En fait, on
attendait... pas encore, parce que le collègue de Jonquière...
M. Rousseau
(Michel) : Ah! je suis un peu d'avance. On
a préparé trois documents.
M. Charette : On peut déjà
donner l'explication. C'était à la demande du collègue de Jonquière, mais, pour
le bénéfice de tout le monde, un petit peu le napperon qui va expliquer la
portée, la séquence qui, maintenant, sera rendue possible, donc, c'est trois
documents, là, qui seraient versés au secrétariat pour le bénéfice de tout le
monde, mais, non, ce n'était pas fait encore.
• (10 h 30) •
M. Rousseau
(Michel) : Désolé.
La Présidente
(Mme Grondin) : ...est maintenant
disponible sur le Greffier.
M. Rousseau
(Michel) : Donc, en fait, dans ces
documents-là, c'était préparé surtout pour expliquer de quelle façon l'avis
d'exécution va s'imbriquer dans tout le reste. Mais, à la question :
Est-ce que... qu'est-ce que ça change vraiment dans l'approche?, disons, les
documents l'expliquent bien. Mais, de façon générale, pour ce qui est des
sanctions administratives puis des enquêtes, il n'y a pas vraiment de
changement, dans le sens que le cadre, la directive... parce que la loi réfère
à un cadre obligatoire qui est mis sur Internet, un cadre de plus de
10 pages, qui explique vraiment à tout le monde comment... dans quelles
circonstances on peut avoir une sanction administrative, qu'est-ce qui peut
déclencher ou non une telle sanction. Donc, tout ça, ça ne changera pas. Les
cas, ce qu'on appelle, modérés, à gravité modérée, et les cas mineurs avec
facteurs aggravants, donc, par exemple, quelqu'un qui a répété le même
manquement plusieurs fois, c'est des cas qui vont vers les sanctions
administratives. Et les cas graves, complexes, vont aller vers les enquêtes
pour des amendes. Donc là, on est dans le punitif pour les amendes puis dans la
tentative de changer le comportement ou d'éviter la récidive dans les SAP.
Ensuite, l'avis d'exécution, lui, vient
s'ajouter, mais, dans la même philosophie, il vient s'ajouter à un pouvoir
qu'on n'avait pas, pouvoir du ministre, d'ordonnance, pour pouvoir avoir un
moyen supplémentaire... C'est bien beau de faire une sanction ou de faire une
amende, mais on voulait un moyen supplémentaire pour exiger des correctifs.
Donc, l'avis d'exécution, dans le même principe, il va être utilisé pour des
cas qui sont... dont la façon de se corriger est bien connue, les règles de
l'art sont assez standards, des cas qui sont moins complexes, tandis que, si
c'est des situations plus complexes, qui nécessitent une ordonnance, bien, on
va encore utiliser les ordonnances, mais l'avis d'exécution va venir s'ajouter
à ça. Donc, je dirais, la philosophie ou la façon de traiter les manquements ne
change pas vraiment. Les cas qui allaient en SAP vont continuer d'aller en SAP.
Les cas qui allaient en enquête vont continuer d'aller en enquête. Mais, avec
l'avis d'exécution, il y a un petit... supplémentaire qui arrive.
Et je terminerai en disant que le cadre dont on
parle dans cet article-là, et une directive qui en découle, qui est plus détaillée, sont des documents qui sont
largement utilisés par le bureau de réexamen des sanctions, par le Tribunal
administratif, évidemment par nos équipes, par les avocats des entreprises. Donc,
c'est un cadre qui ne change pas souvent, qui doit être assez stable,
pour faire justement en sorte que les gens savent à quoi s'attendre. Donc,
c'est l'objectif de définir ce cadre-là. Puis, à l'époque, quand il a été
demandé, c'était justement pour éviter que les sanctions administratives soient
émises de façon un peu subjective. Donc, le cadre, il vient empêcher ça. Il
vient dire : Bien, voici, de façon
objective, comment il faut fonctionner. Et ça va être pareil pour les avis
d'exécution. Je ne sais pas si c'est clair.
Mme Melançon : Oui, oui, oui,
c'est clair. Moi, justement, c'est là où j'en venais, justement, pour la
question de la subjectivité, parce qu'on dit, 1° : «Les objectifs
poursuivis par ces sanctions, notamment inciter la personne à prendre
rapidement les mesures requises pour remédier au manquement [ou] en dissuader
la répétition;». Mais c'est le «notamment»... Moi,
j'aimerais ça savoir les autres objectifs, c'est quoi, parce que, si c'est
notamment d'inciter à ce qu'on puisse remédier
au manquement rapidement puis éviter, comme vous le disiez tout à l'heure, M.
le sous-ministre... d'éviter la répétition, parce que, souvent, c'est...
Dans les manquements mineurs, là, il peut y avoir une répétition, puis, à un
moment donné, on veut casser ce cycle-là, mais c'est le «notamment»...
Qu'est-ce qu'il y a d'autre comme objectif?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, peut-être... J'ai oublié
de remettre mon masque. Les deux principaux sont vraiment les deux qui sont
énumérés là. Nécessairement, il y a des effets corollaires, dans le sens que la
personne va être quand même... avoir une tache à son dossier. Donc, il y a des
gens... vont savoir, c'est possible d'avoir cette information-là, il y a un
registre, donc les gens savent qu'il y a eu cette sanction-là. Donc, un peu
comme une amende, c'est public. Donc, ça atteint l'objectif quand même de
publiciser le fait que cette personne-là, à un moment donné, dans sa vie
d'entreprise, a eu des manquements.
Donc, ça, c'est quand même un objectif... ce n'est
pas le premier, c'est des objectifs qui sont habituellement visés, on appelle ça le stigmate social, là, par
les amendes. Mais, nécessairement, quand la SAP est publique, on a aussi cet
objectif-là. Mais je dirais que vraiment l'objectif de la SAP, là, c'était
d'agir vite, de l'émettre rapidement, pas dans trois ans comme une
amende, pour que les gens se corrigent rapidement puis n'aient pas le goût de
recommencer.
Mme Melançon : Dans le fond, on
veut savoir si on fait affaire aussi avec un bon citoyen corporatif, c'est un
peu ce que vous nous dites à ce moment-ci, si c'est publicisé. Puis c'est rendu
public à quel endroit, les SAP?
M. Rousseau
(Michel) : Il y a un registre des sanctions administratives
qui existe, comme le registre des amendes.
Mme Melançon : Merci.
Donc, ça répond, là, c'était juste le «notamment», là, je voulais juste savoir
s'il y avait autre chose qui
pouvait... en tout cas, qu'on recherchait comme objectif, à ce moment-là. Donc,
je comprends bien, c'est surtout pour dissuader puis faire connaître,
là, ça, je le comprends bien.
«Les catégories de fonctions dont sont
titularisées les personnes désignées pour les imposer;». Ça, on revient aussi
un peu à ce qu'on avait discuté, là, la semaine dernière, à savoir que ce n'est
pas n'importe qui à l'intérieur de la hiérarchie qui peut justement être
désigné pour imposer une sanction administrative pécuniaire. Est-ce qu'on peut
ici répéter qui sont ceux qui seront autorisés?
M. Rousseau
(Michel) : Donc, les gens qui sont
autorisés à signer les sanctions administratives sont les mêmes qui sont
autorisés à signer les avis d'exécution, c'est-à-dire le directeur, directeur
général et sous-ministre adjoint,
essentiellement, là, puis, la majorité du temps, c'est les directeurs. Et,
comme on expliquait, en son absence, bien, il y a des... le directeur
général peut suppléer ou un directeur d'une autre région.
Mme Melançon : Ou encore le
sous-ministre adjoint.
M. Rousseau
(Michel) : Oui.
Mme Melançon : Parce que vous
l'avez déjà fait, c'est ce que vous nous disiez.
M. Rousseau
(Michel) : Je l'ai déjà fait. Et je dirais
que, dans la mesure du possible, on tente de garder ça au niveau des directeurs
régionaux ou généraux, qui, eux, ont une connaissance fine du dossier. Et les
quelques fois que j'ai eu à le faire, bien, j'ai pris le temps quand même
d'analyser le dossier, de me le faire expliquer. Donc, lorsqu'on émet une sanction administrative, il faut savoir exactement
les détails du dossier, parce que c'est le directeur, en bout de ligne, qui prend la décision. Et, pour
prendre la décision, bien, il faut s'accaparer le dossier, il faut
l'apprivoiser. Donc, c'est pour ça
qu'on tend de plus en plus à laisser ça au niveau régional, mais, au besoin, je
le fais puis je m'assure de prendre la décision en connaissance de
cause.
Mme Melançon : Je vais revenir
avec quelque chose qui a quand même été dit lorsqu'on a reçu les gens lors des
consultations particulières. Je crois même que c'est l'UPA, là, qui faisait
mention, puis là je ne veux pas... si je fais erreur, là, je sais que mon
sous-ministre en titre va pouvoir me réécrire directement, mais qui disait que
d'une région administrative ou d'une direction régionale à une autre, parfois,
bien, on n'applique pas nécessairement de la même façon, puis tout à fait
normal, parce qu'on a une lecture différente d'une personne à une autre face à
un règlement ou face à une loi. On parlait, justement, tout à l'heure, de
donner un cadre pour que ce soit plus objectif, pour que ce soit moins
subjectif, justement.
Et là on nous dit quand même que c'est le
directeur d'une région qui peut prendre la décision. Comment est-ce qu'on peut
éviter que ça devienne, justement, subjectif, puisque c'est différentes
directions régionales? Puis on le sait, là, que ce n'est pas... on le sait
qu'il y a des... je vais le dire comme ça, là, puis je ne veux vraiment pas
blesser personne, mais on le sait qu'il y a des directions qui sont plus
strictes, plus sévères que d'autres directions à travers le territoire
québécois. Comment est-ce qu'on fait, justement, pour encadrer tout ça?
• (10 h 40) •
M. Rousseau
(Michel) : J'aime beaucoup cette
question-là, parce que c'est probablement un des éléments sur lesquels... en
tout cas, personnellement, puis je pense, l'équipe est la plus fière depuis
l'entrée en vigueur des sanctions. Je répète souvent, que
ce soit au bureau des plaintes, chez nous, Protecteur du citoyen, des plaintes
pour non-uniformité d'application des sanctions administratives, on n'en a pas.
Et c'était effectivement une préoccupation majeure, parce que les individus
sont tous différents, et c'est un pouvoir quand même important, le directeur
peut donner jusqu'à 10 000 $ de sanctions.
Il y a plusieurs
façons. La principale, je dirais, le guide... pas le guide, la directive et le
cadre obligent à être très rigoureux là-dedans, sinon nos sanctions
administratives vont être infirmées par le Bureau de réexamen, et on en a eu,
même chose par le tribunal administratif. Et on a créé rapidement un bureau,
qui est le bureau du support aux opérations et aux sanctions administratives,
qui est un bureau qui est au Saguenay, à Jonquière, pour lequel, maintenant, ce n'est pas toutes les SAP, mais
avant c'étaient toutes les SAP, là, donc toutes les SAP ou celles maintenant
qu'on décide qui vont passer là, parce
qu'avec le temps il y a moins de besoins, sont évaluées par une équipe,
toujours la même, et qui s'assure, justement, que le cadre de la
directive est respecté.
Donc, la possibilité
que quelqu'un, parce qu'il y a une firme environnementale différente d'une
autre, émette plus ou moins de sanctions
est, à toutes fins pratiques, éliminée là-dedans. Puis la preuve, je dirais,
c'est : on n'en a pas, de ces situations-là. Puis, si c'était le
cas, bon, ce qui a pu être amené, c'est certain que c'est un discours, moi, ça
fait longtemps que je suis en région, qu'on
entend depuis longtemps, on le disait dans les autorisations, mais les
émissions de sanctions administratives, j'ai envie de dire que ce n'est
pas le cas. Puis ça a été même reconnu, il y a un prix de la fonction publique qui a été donné au ministère
pour l'application des sanctions administratives, et un des principaux critères, c'était celui-là, la façon qu'on a
réussi à le rendre objectif. Puis ça demeure une préoccupation de tout le
monde. Il n'y a pas un directeur qui veut être associé à celui qui est plus
permissif, ou celui qui l'est moins, ou celui qui est le plus zélé, il
n'y a personne qui est dans ce mode-là, puis il ne pourrait pas vraiment.
Et, je finis
là-dessus, on analyse à chaque année... moi, j'analyse avec mon équipe les
données d'émission des SAP, combien il y en a par région. Et, s'il y avait des
écarts, bien, on les questionne. Donc, c'est comme ça que c'est assuré, puis,
j'ai envie de dire, ça donne des résultats.
Mme Melançon :
Parfait. Je vous posais notamment la question parce que je me rappelle
d'avoir eu des discussions avec vous, à l'époque, exactement là-dessus, puis je
pense que c'est important qu'on puisse le rappeler. Donc, vous nous dites qu'il
y a eu zéro plainte, dans le fond...
Une voix :
...
Mme Melançon :
Non, mais directement, c'est parce que vous avez dit...
M. Rousseau (Michel) : Bien, je n'ai pas souvenir, tu sais, il n'y a pas une association qui a
appelé, fédération de l'UPA, pour dire : Ça n'a pas de bon sens,
les SAP, dans telle région. On n'a pas ça. Puis dans les plaintes au service à
la clientèle, on n'a pas de cas comme ça, là, de dire : Telle région...
Mais, oui, dans les dossiers particuliers, on a des plaintes, des fois,
dire : Ah! ça n'a pas de bon sens. Mais souvent c'est parce que la
personne ne la veut pas, la sanction, là. Mais il n'y a pas de représentation
organisée par rapport à ça, là, honnêtement, ce n'est pas... Je ne dis pas
qu'il n'y en a pas qui le pensent, là, mais ce n'est vraiment pas quelque chose
qui est porté à notre connaissance, comme on
peut avoir dans d'autres sujets où le ministère est critiqué parfois sur certaines
choses. Là-dessus, ce n'est pas le cas, puis, j'ai envie de dire, dans
les médias non plus, là.
Mme Melançon :
Parfait. Donc, Carl me rappelle avec justesse que le conseil
du patronat a aussi mentionné qu'il
souhaitait, dans le fond, avoir un peu plus d'explications pour que...
puisqu'on utilise, là, les mêmes terminologies pour le respect des
règles d'équité procédurale, là. Ce que, dans le fond, demandait le conseil du
patronat en environnement, c'était d'avoir des avis plus détaillés, plus
étoffés pour bien comprendre, notamment, ce qui leur est reproché. Est-ce que
c'est prévu dans le prochain règlement, justement?
M. Charette : C'est une démarche sur
laquelle on insiste beaucoup, sur laquelle on a mis beaucoup d'emphase, là, au
cours des dernières années, tout le volet cocréation. Ce sont des règlements
qui sont réellement préparés avec le milieu. Et je me souviens,
Mme Lauzon, lorsqu'elle disait que ça faisait beaucoup, ce n'était pas une
façon de se plaindre. Au contraire, je pense
qu'ils sont très sollicités et ils apprécient. Cependant, je comprends que
c'est très, très demandant. Au cours des dernières années, il y a eu
plusieurs modifications réglementaires sur différents enjeux qui touchent directement leurs membres. Et il y a
beaucoup, beaucoup de tables de cocréation qui les mettent à l'avant-scène.
Donc, oui, c'est exigeant pour eux, mais, en même temps, ils sont contents
parce que la réglementation qui est mise sur la patinoire en prépublication,
c'est une réglementation dans laquelle déjà ils se retrouvent en partie. Je ne
dis pas qu'ils sont d'accord avec tout.
C'est là où la période de consultation, ensuite, permet de bonifier le projet
de règlement.
Mais
le conseil du... de... le conseil du patronat, voilà, en environnement est
largement sollicité et partie prenante, là, de chacune de ces étapes-là. Ils
ont été d'un précieux secours. On a travaillé ensemble quelques dossiers
majeurs, que ce soit consigne, que ce soient, même, matières organiques,
que ce soit traçabilité des sols, que ce soit... Ce sont des règlements qui, dans certains cas, continuent de
se préparer. Dans le cas de la consigne, dans les prochaines semaines,
en début d'année, on devrait prépublier. Et, je rassure la collègue,
l'engagement qui avait été pris d'informer les oppositions, de faire un briefing avec les oppositions avant la
consultation publique sera respecté. Et le conseil du patronat, entre
autres, mais bien d'autres aussi, on peut parler de l'UPA, on peut parler
d'autres associations, le CETEQ est souvent interpelé, donc ce sont des gens
qui travaillent avec nous pour préparer la réglementation pour que la période
de consultation qui s'ensuit soit encore plus proactive, en quelque sorte.
Mme Melançon : Dans
le fond, ce que j'ai envie de demander à ce moment-ci au ministre, et je l'ai
glissée déjà à quelques reprises, cette volonté-là, c'est pour bien comprendre,
bien sûr, où on s'en va avec les règlements, que ce soit pour l'UPA, que
ce soit pour, justement, les entreprises, là, le côté... le conseil du patronat
en environnement, que ce soit du côté des municipalités aussi. J'ai quand même
soulevé, à quelques reprises, l'idée d'avoir un guichet unique pour pouvoir
répondre directement pour éviter de passer d'une direction à une autre, chose
qui arrive, malheureusement, de façon... Puis c'est vrai que c'est complexe,
là, on va se le dire, là, les règlements, surtout lorsqu'il y a des modifications. Puis, on le sait, il y a eu la
modification pour la LQE notamment, pas uniquement, mais notamment. Et
là ils arrivent avec un nouveau cadre, puis là, parfois, ils ne savent plus où
appeler. Est-ce qu'à ce moment-ci le ministre est assez ouvert à, peut-être,
mettre en place une forme de guichet unique?
M. Charette : Je comprends
parfaitement le sens du principe, et on travaille dans cette perspective-là,
mais ce n'est pas un guichet unique en ce
sens : Appelez tel numéro et vous aurez réponse à toutes vos questions. Au
cours des dernières années, on a fait un travail, je pense, colossal au
niveau de la réglementation sur les procédures d'évaluation, sur les procédures
d'acceptation des... (panne de son) ...et ça, je pense que ça a été grandement
salué par tous les acteurs, actrices qui ont
à interpeller ou qui ont à transiger avec le ministère de l'Environnement. Il
fallait faire un travail au niveau de la réglementation.
Et on a eu l'occasion par le passé de réitérer
l'approche client. Je sais que le terme avait questionné notre collègue de
Québec solidaire à l'époque, mais il ne faut pas le voir de façon péjorative.
L'approche client, ce n'est pas de donner tout ce que le demandeur ou le
promoteur exige ou souhaiterait, mais c'est réellement s'assurer qu'il a
l'encadrement, qu'il a l'accompagnement nécessaire pour bien comprendre ce qui est
attendu de lui. Et le REAFIE nous aide à ce
niveau-là. Les directions régionales nous aident beaucoup à ce niveau-là. Il
fallait aussi, à travers tout ça, augmenter
le nombre de ressources dans les différentes directions régionales, ce qu'on a
pu faire en grande partie aussi.
Donc, sans dire qu'il y aura un numéro de
téléphone où toutes les questions pourront être répondues, il y a réellement
une emphase particulière qui est mise sur l'approche client pour s'assurer
qu'il ne soit pas dépourvu. Parce que c'est
vrai que ça peut être très étourdissant pour un promoteur de dire... Et,
souvent, le promoteur, ça peut être une ville. Puis, même au niveau des
villes, on a des villes, on le sait, de différentes grandeurs, dont certaines
qui sont très bien outillées au niveau de leur fonction publique, d'autres qui
sont de beaucoup plus petite taille, qui n'ont pas forcément cette expertise-là. Donc, le mot d'ordre, en quelque sorte, a
été donné de sorte que l'accompagnement soit le plus complet possible,
le plus direct possible.
Et ça, c'est pour le ministère de
l'Environnement, mais même, je vous dirais, au cours des dernières années, avec d'autres ministères partenaires, les
collaborations se sont aussi multipliées. Il y a beaucoup de dossiers, par
exemple, qui vont toucher tantôt Agriculture et Environnement. Et on
veut s'assurer que les promoteurs ne soient pas laissés à eux-mêmes, frappent
tantôt à la porte de l'Environnement, tantôt à la porte du MAPAQ, de
l'Agriculture. Je pourrais vous donner
d'autres associations de cette nature-là, Environnement versus Ressources
naturelles, donc, oui, au niveau de notre propre réglementation, au
niveau de notre propre dotation, de notre propre façon de travailler au niveau
des directions régionales, mais également avec les autres ministères pour
faciliter la tâche du promoteur. Et on l'a vu dans
certains projets, ce n'est pas toute demande qui est répondue favorablement,
mais le but, c'est que cette réponse-là parvienne au promoteur le plus
rapidement possible et que le plus rapidement possible il sache ce qui est
attendu de lui, et ça, c'est quelque chose
qu'on se répète régulièrement, là, au sein des ministères partenaires, mais au
sein du ministère de l'Environnement en particulier.
• (10 h 50) •
Mme Melançon : Juste pour que
je comprenne bien, donc, il y a une forme d'intérêt du côté du ministre, mais
on va devoir... Moi, j'aimerais juste qu'on aille un petit peu plus loin dans
la réflexion, parce que, comme vous le dites... Puis, pour moi, là, ce n'est
pas de... puis je vais reprendre les propos mêmes du ministre, là, ce n'est pas
de faciliter la tâche, nécessairement, moi, du promoteur, que ce soit une
ville, que ce soit un agriculteur, que ce soit une entreprise, c'est vraiment
sur la compréhension. Et je pense que, plutôt que de parler de faciliter...
Parce que, quand on dit «faciliter la tâche du promoteur», je trouve que ça
fait, bien, oui, on va accepter votre truc. Moi, c'est plus... Quand on fait des règlements, c'est qu'on veut
qu'ils soient respectés, et pour les respecter, il faut bien les comprendre.
C'est vraiment dans la saisie, je dirais plutôt, de ce qu'il est exigé par le
gouvernement et par le ministère de l'Environnement.
Justement, vous donniez l'exemple des
municipalités, et, pour moi, là, ça, c'est tellement important, parce qu'on a
des... puis je le dis avec plein d'amour, là, je suis une fille qui vient de
région, donc je ne veux pas qu'on voie là quoi que ce soit, mais on a des
micromunicipalités, puis on a des villes plus imposantes, qui ont, justement,
du personnel hyperqualifié en environnement, avec des directions, avec parfois
même... en tout cas, mieux dotées que certaines directions dans le ministère de
l'Environnement même. Donc, pour moi, ce qui est important, c'est que nos municipalités puissent voir clair, puissent
bien comprendre. Puis, tu sais, à un moment donné, là, quand tu as un directeur
général, bien, c'est un généraliste, mais il n'est pas capable de rentrer dans
toute, toute, toute la compréhension puis tout le détail des règlements du
gouvernement du Québec.
Donc, moi, ce que j'aimerais quand même, à ce
moment-ci, c'est avoir une certaine assurance que le ministre souhaite quand
même pouvoir y aller... Puis là je parle d'un guichet unique, c'est juste pour
qu'on ait la même compréhension, tout le monde ensemble. Mais je pense qu'il
serait vraiment intéressant qu'on puisse regarder pour pouvoir donner une
opportunité aux municipalités, aux entreprises, aux agriculteurs de pouvoir
lever... Parce qu'à un moment donné, oui, il y a la direction régionale, là,
mais on le sait aussi que les directions régionales sont souvent, bien, très en
demande, on va dire ça comme ça, puis, à un moment donné, ta question, tu veux
avoir une réponse rapidement, tu veux avoir une
explication. Moi, j'aimerais ça qu'on puisse vraiment se pencher... puis avoir
quand même une assurance ici, là, du ministre d'aller en ce sens-là.
Je pense qu'avec
toutes les transformations, disons ça ainsi, là, puis il y en a eu, de la
transformation, il y a des transformations sur lesquelles j'ai moi-même
travaillé, là, en 2017‑2018, puis, à un moment donné, c'est long, là, on le
sait, quand on pense aux voies réglementaires, puis qu'on veut faire de la
cocréation, comme le ministre le disait tout à l'heure, à un moment donné, on
arrive à des finalités. Mais on a quand même transformé le paysage
environnemental du Québec au cours des cinq, six, sept dernières années, puis,
à un moment donné, bien, tout le monde a besoin d'un répit puis d'une bonne
compréhension du règlement.
Et, je le répète ici,
pour moi, ce n'est pas uniquement de faciliter la tâche, mais c'est bien
d'aller dans la compréhension pour éviter qu'on puisse laisser sous-entendre ici
qu'on veut rendre ça facile puis qu'on peut faire n'importe quoi avec
l'environnement, alors que ce n'est pas le but que nous visons, là.
M. Charette :
Déjà, rassurer la collègue, on travaille dans ce sens-là. Et je n'ai pas de
misère à employer le mot «faciliter». On veut faciliter la tâche du promoteur,
mais en disant ça, c'est uniquement dans l'optique qu'il ait, le plus rapidement possible, une réponse à ses
questions. Ce n'est pas dans l'optique d'alléger les exigences
environnementales, on n'est pas là du tout, du tout, mais on veut faciliter sa
compréhension. Et la collègue parlait, à juste titre, des municipalités qui
sont des partenaires de premier plan du gouvernement du Québec. Et, pas plus
tard, là... je perds la notion du temps un petit peu, je pense, c'est lundi ou
mardi, j'étais avec les préfets de la FQM ici, qui... ils étaient réunis ici, à
Québec, en congrès. On a eu beaucoup, beaucoup de questions et réponses sur
différents enjeux, mais la trame derrière tout ça, je pense que c'était une
trame d'appréciation du REAFIE. C'est notre... même moi, là, l'acronyme exact
m'échappe, mais c'est la révision de la réglementation sur les procédures
d'évaluation qui rentrait en vigueur. Ça a
été travaillé avec l'UMQ et la FQM, donc, pour nous, ce sont aussi des
porte-voix. À partir du moment où on a une modification, on s'assure de
courroies de transmission. L'UMQ a travaillé de façon formidable à cet
effet-là, la FQM aussi pour que leurs membres, c'est-à-dire l'ensemble des
municipalités du Québec, aient aussi des relais en matière d'information. Mais
la réglementation elle-même a été travaillée avec l'UMQ et la FQM.
Pour
ce qui est du... et merci, M. Courtemanche, l'acronyme du REAFIE :
Règlement sur l'encadrement d'activités en fonction de leur impact sur
l'environnement, donc c'est l'acronyme, REAFIE. J'ai développé une petite
paresse intellectuelle, avec les mois, en
l'appelant tout bonnement le REAFIE, mais ça vise ça, justement, s'assurer
qu'on a une compréhension plus facile de ces procédures-là qui attendent
les promoteurs.
Sinon, au niveau du
concept plus général de guichet unique, il faut aussi prendre en compte que
notre collègue ministre au niveau de la stratégie numérique doit déposer, là,
j'ai le nom aussi, là aussi, je me serais perdu dans les acronymes, la
Stratégie de transformation numérique gouvernementale. Donc, ça va aider, ça va
donner un certain cadre, là, pour les prestations de services qui sont en
ligne.
Mais, ultimement,
j'insiste, je reviens au REAFIE, je vous disais qu'il entrait en vigueur en
janvier dernier, mais, rapidement, il y a un
volet numérique aussi qui va se développer. Les formulaires, les réponses, et
tout ça, seront toujours plus facilement accessibles, là, pour les
différents promoteurs. Donc, on travaille réellement, là, dans cette
perspective-là.
Et, encore une fois,
la réponse à la toute fin ne sera pas tout le temps oui. Il y a des projets qui
sont appelés à ne pas se conformer, parce
que la... ne pas se conformer à la réglementation environnementale, parce que
trop impactants, justement, sur
l'environnement. Mais, si on doit dire non à un promoteur, il faut lui donner
la réponse le plus rapidement possible et non pas le laisser travailler
pendant des années sur un projet. Donc, c'est dans cette perspective-là que le
ministère a évolué, là, au cours des récentes années.
Mme Melançon :
Bien, j'entends le ministre nous parler notamment de la FQM. Ils sont quand
même venus nous dire ici qu'ils s'y
perdaient aussi, puis que ça allait rapidement, puis qu'ils ne sont pas... ils
n'ont pas des directions complètes,
là, justement, pour faire les analyses. Vraiment, j'invite le ministre à
réfléchir pour qu'il y ait des améliorations. Parce que, tu sais, on
nous dit : Oui, on travaille là-dessus. Moi, j'invite vraiment, vraiment,
vraiment le ministre avec l'équipe, là, à tenter de voir si on n'est pas
capable, justement, d'y aller de façon simple, je vais dire ça comme ça, simple. Parce que, souvent, dans la machine
gouvernementale, il n'y a rien de simple. Donc, d'avoir, justement, une
entrée où on peut déposer une question, où on peut rapidement avoir un retour
pour fins de meilleure compréhension, je pense que c'est vraiment nécessaire.
Je continue à vous
dire, là, avec la FQM, ce qu'on nous disait, c'est qu'il y avait beaucoup de
modifications réglementaires, que les
municipalités avaient de la difficulté à répondre à l'ensemble des demandes,
qu'on nous demandait, justement, une simplification et un accompagnement
pour les municipalités directement pour répondre aux exigences réglementaires,
un guichet unique était vraiment bienvenu. C'est ce qu'ils nous ont dit
lorsqu'on les a entendus. Même chose du côté des agriculteurs. Et je me
rappelle d'avoir aussi entendu Mme Lauzon nous dire la même chose. Donc,
si ça revient comme ça de façon sporadique... puis, lorsqu'on pose les
questions aux groupes qui viennent en consultations particulières, c'est aussi
à ça qu'il faut faire écho, à ces demandes-là. Parce que tout le monde veut,
bien sûr, dans une large proportion, je vais dire ça comme ça, répondre aux
exigences, mais encore faut-il bien comprendre quelles sont ces exigences. Et,
je le répète, là, pour avoir moi-même eu le grand bonheur d'être titulaire du
ministère de l'Environnement, à un moment donné, une chatte peut y perdre ses
chatons assez facilement. Donc, je pense qu'on devrait quand même aller encore
plus loin que ce que le ministre nous mentionne ce matin et faire une
véritable... une petite révolution, je vais appeler ça comme ça, à l'intérieur,
bien sûr, du ministère, là, parce que je pense qu'on peut offrir encore un
meilleur soutien, surtout lorsqu'on parle de transformation des règlements.
• (11 heures) •
Même chose ici, là, avec
ce qu'on est en train de faire, puis c'est un mammouth, là, ça fait que là on
vient toucher plein de trucs, là, on est simplement dans le premier bloc, Mme
la Présidente, mais vous allez voir qu'on va aller dans toutes les directions
dans peu de temps. Et je pense surtout qu'avec une nouvelle loi, comme on est en
train de le faire, puis, par la suite, avec le mammouth, je pense qu'on va
avoir besoin de se retrouver, de pouvoir aider ceux et celles qui souhaitent
faire affaire avec le gouvernement du Québec sur le territoire du Québec, mais
que ce soit encore plus simple, plus facile, plus efficace, moi, je vais y
aller beaucoup avec l'efficacité.
Et moi, j'entendais bien, là, tout à l'heure, le
ministre, je veux juste le rassurer, là, quand on parlait de faciliter la tâche
au promoteur, là, je comprenais bien, moi, qu'on parlait de compréhension,
c'était juste pour essayer d'atténuer certaines lectures que font d'autres
collègues de d'autres formations politiques. Et j'étais en tous points d'accord avec ce que le ministre
mentionnait tout à l'heure. Mais j'aimerais ça qu'on puisse s'engager
là-dessus, parce que... et, je vous le redis, Mme la Présidente, au
risque, au grand risque de me répéter, là, on commence, là, on va voir, là, que
ça va s'en aller à l'intérieur des règlements. Et, comme je le mentionnais au début
de l'étude du projet de loi, pour moi, ce qui est important, c'est que les
règlements, on ne les verra pas comme législateurs, et, à un moment donné,
c'est du côté du ministère où ça se travaille, où ça se joue. Et moi, j'ai une
difficulté à me dire... À un moment donné, nous, on pose des questions sur ce
qu'on voit, mais je ne peux pas poser des questions sur ce que je ne verrai
pas, qui seront faits à l'intérieur du ministère, c'est-à-dire les règlements
qui seront applicables pour l'actuelle loi.
Et, à un moment donné, il arrive des questions
puis des questions qui sont tout à fait à propos de la part de ceux et de
celles qui vivent avec ce règlement-là au quotidien, parce qu'il y en a que
c'est au quotidien. Puis il y en a, à un moment donné, qui disent : Bien,
moi, il y a trois ans, on faisait ça comme ça ou, il y a un an, on faisait ça
comme ça, puis eux autres, ils ont l'ordre de marche, là, a, b, c, d, là, c'est
comme ça qu'on fait dans la municipalité, puis, woup, du jour au lendemain,
woup, ça s'est transformé. Il faut que ça se rende jusqu'aux municipalités, il
faut que ce soit clair jusqu'où ça se rend.
Le collègue de Jonquière, la semaine passée,
demandait, justement, le napperon, c'était pour une meilleure compréhension
aussi. Alors, je pense qu'on peut, entre nous, se dire qu'il faut que ce soit
plus clair, plus facilitant, bien sûr, dans la compréhension des promoteurs,
vers quoi on s'en va dans les règlements. Mais, comme je vous le dis, moi, le
règlement, là, je ne le verrai pas, je ne sais pas comment il va être écrit, je
ne sais pas comment il va être perçu, je ne sais pas comment il va être
accueilli, et ce que je sais encore moins, c'est combien y en aura-t-il, de
règlements, qui vont venir, qui vont venir appuyer la présente loi.
Donc, en ce sens-là, moi, je souhaiterais que
nous puissions aller beaucoup plus loin, parler d'un guichet unique, enfin,
c'est quelque chose qui est demandé, qui est à répétition. Et je veux juste
vous rappeler... du ministère de l'Environnement, à un moment donné, une chatte
peut y perdre ses chatons assez facilement. Donc, je pense qu'on devrait quand
même aller encore plus loin que ce que le ministre nous mentionne ce matin et
faire une véritable... une petite
révolution, je vais appeler ça comme ça, à l'intérieur, bien sûr, du ministère,
là, parce que je pense qu'on peut offrir encore un meilleur soutien
surtout lorsqu'on parle de transformation des règlements.
Même chose ici, là, avec ce qu'on est en train
de faire, puis c'est un mammouth, là, ça fait que là on vient toucher plein de
trucs, là, on est simplement dans le premier bloc, Mme la Présidente, mais vous
allez voir qu'on va aller dans toutes les directions dans peu de temps. Et je
pense surtout qu'avec une nouvelle loi, comme on est en train de le faire,
puis, par la suite, avec le mammouth, je pense qu'on va avoir besoin de se
retrouver, de pouvoir aider ceux et celles qui souhaitent faire affaire avec le
gouvernement du Québec sur le territoire du Québec, mais que ce soit encore
plus simple, plus facile, plus efficace — moi, je vais y aller beaucoup
avec l'efficacité.
Et moi, j'entendais bien, là, tout à l'heure, le
ministre, je veux juste le rassurer, là, quand on parlait de faciliter la tâche
aux promoteurs, là, je comprenais bien, moi, qu'on parlait de compréhension,
c'était juste pour essayer d'atténuer
certaines lectures que font d'autres collègues d'autres formations politiques.
Et j'étais, en tous points, d'accord avec ce que le ministre mentionnait
tout à l'heure, mais j'aimerais ça qu'on puisse s'engager là-dessus parce
que... et, je vous le redis, Mme la Présidente, au risque, au grand risque de
me répéter, là on commence... là on va voir, là, que ça va s'en aller à
l'intérieur des règlements. Et, comme je le mentionnais au début de l'étude du
projet de loi, pour moi, ce qui est important, c'est que les règlements, on ne
les verra pas comme législateurs et, à un moment donné, c'est du côté du
ministère où ça se travaille, où ça se joue.
Et moi, j'ai une difficulté à me dire... à un moment
donné, nous, on pose des questions sur ce qu'on voit, mais je ne peux pas poser des questions sur ce que je ne verrai pas, qui
seront faits à l'intérieur du ministère, c'est-à-dire les règlements qui
seront applicables pour l'actuelle loi. Et, à un moment donné, il arrive des
questions puis des questions qui sont tout à fait à propos de la part de ceux
et de celles qui vivent avec ce règlement-là au quotidien, parce qu'il y en a
que c'est au quotidien. Puis il y en a, à un moment donné, qui disent : Moi,
il y a trois ans, on faisait ça comme ça,
ou, il y a un an, on faisait ça comme ça, puis eux autres, ils ont l'ordre de
marche, là, a, b, c, d, là, c'est comme ça qu'on le fait dans la
municipalité, puis, woup! du jour au lendemain, woup! ça s'est transformé. Il
faut que ça se rende jusqu'aux municipalités, il faut que ce soit clair
jusqu'où ça se rend. Le collègue de Jonquière, la semaine passée, demandait,
justement, le napperon, c'était pour une meilleure compréhension aussi.
Alors, je pense qu'on peut, entre nous, se dire
qu'il faut que ce soit plus clair, plus facilitant, bien sûr, dans la
compréhension des promoteurs, vers quoi on s'en va dans les règlements. Mais,
comme je vous le dis, moi, le règlement, là, je ne le verrai pas, je ne sais
pas comment il va être écrit, je ne sais pas comment il va être perçu, je ne
sais pas comment il va être accueilli et ce que je sais encore moins, c'est
combien y en aura-t-il, de règlements qui vont venir, qui vont venir appuyer la
présente loi. Donc, en ce sens-là, moi, je souhaiterais que nous puissions
aller beaucoup plus loin, parler d'un guichet unique enfin, c'est quelque chose
qui est demandé, qui est à répétition. Et je veux juste
vous rappeler que, souvent, c'est dans un... on dépose un règlement puis on a
45 jours, dans le fond, de consultations. Est-ce que le cadre régional...
pas régional, mais le cadre général sera, lui aussi, déposé par règlement? Là,
je sais qu'il y a plein de choses, dans tout ça, là. C'est ça, un mammouth,
aussi.
M. Charette :
De façon générale, la collègue nous appelle à une minirévolution. Je pense
qu'elle est en marche, cette minirévolution là. Je ne compte plus... Et ça se
compte en dizaines et possiblement en centaines de rencontres de cocréation
avec les différents groupes qui se sont tenues au cours des dernières années.
Et, en même temps, autant le ministère que le cabinet demeurent toujours
disponibles et disposés à éclaircir certains enjeux, là, pour lesquels des
questionnements devaient persister. Et tous les groupes qu'on a nommés, que ce
soit UPA, FQM, UMQ, Conseil du patronat en environnement, tous, je ne veux pas
parler en leur nom, mais je suis convaincu qu'ils pourraient ouvertement dire qu'on demeure extrêmement disponibles pour
les accompagner dans ces transformations-là.
Et, en même temps, on
le dit, hein, la place de l'environnement, elle est plus importante que jamais.
Donc, à ces groupes-là, on leur dit, et ils en sont conscients : On ne
ralentira pas la cadence. Il y a beaucoup, beaucoup de travail à faire.
Cependant, on se doit d'être là pour les accompagner. Et je pense que cet
accompagnement-là est d'une très, très grande qualité. Et moi, quand j'écoutais
Mme Lauzon ou l'UPA, ce n'était pas tant un reproche que de dire : Ça en fait beaucoup, il arrive
qu'on soit même essoufflé. Mais ce n'était pas dans l'optique de dire qu'on
n'était pas en continuelle
communication avec eux. C'est juste qu'il y a beaucoup, beaucoup d'impacts sur
la réglementation. Mais, à chacune
des fois, ils sont intimement impliqués à chacune des étapes et collaborent
avec nous pour la rédaction des règlements.
Et c'est la seule
façon qu'on va y parvenir, mais on fait une réglementation pour qu'elle puisse
être appliquée, et, pour qu'elle le soit, il
faut qu'elle soit bien connue. C'est là où on a tous les relais terrain, là,
avec ces différents groupes là. Mais
que ce soit webinaires, que ce soit rencontres en personne, avant la pandémie,
et même là, on peut recommencer certaines rencontres en personne, bref,
les efforts ne sont pas du tout ménagés à ce niveau-là.
Mme Melançon :
À la question, j'entends le ministre, donc je comprends que l'idée de
guichet unique, ce n'est pas... on ne l'attendra pas pour la prochaine année.
Ce que j'aimerais savoir, c'est : Est-ce que le cadre général va faire
partie de la prochaine consultation?
M. Charette :
En fait, à partir du moment où il y a une loi qui est adoptée, hein, on va
souhaiter que le projet de loi n° 102 franchisse cette étape-là, dès qu'on
commence à construire, que ce soit la réglementation, lorsque... En fait, le
cadre général sera quand même très largement défini avec les articles qui vont
suivre. Mais, à partir du moment où on se rapproche d'une application, c'est
certain que les partenaires sont impliqués ou au premier niveau.
La chose que l'on ne
souhaite pas... si, par exemple, on a un projet de règlement qu'on prépublie,
la chose qu'on veut éviter à tout prix, c'est que, suite à la consultation, on
soit obligé de rappeler ce projet de règlement là tant il est incompatible avec
les attentes des partenaires. Et, pour éviter ça, justement, dès les premières
étapes, il faut travailler avec les groupes qui sont interpelés pour être bien
certain qu'ils vont se retrouver. Encore une fois, je ne dis pas que la mouture
qui sera mise sur la glace sera en tous points conforme avec leurs attentes,
mais il faut éviter qu'ils ne s'y
reconnaissent pas du tout, au point où les recommandations de modification
soient tellement nombreuses qu'on doive non seulement retarder l'adoption
du règlement, mais carrément le rappeler pour le retravailler. Mais, pour ça,
ça nécessite une collaboration, là, de tous les instants.
Mme Melançon :
J'entends, donc, le ministre. J'aurai une proposition à faire dans quelques
secondes si vous me le permettez. J'aimerais arriver aux critères qui doivent
guider les personnes désignées, donc, au troisièmement, Mme la Présidente, juste pour qu'on se retrouve bien, les critères qui
doivent guider les personnes désignées. Donc, on a parlé, tout à l'heure,
des personnes désignées avec le sous-ministre, notamment lorsqu'un manquement
est constaté, notamment la prise en compte de la nature de ce manquement, de
son caractère répétitif, des avantages tirés par ce manquement, de la gravité
de l'atteinte ou du risque d'atteinte qui en résulte et des mesures prises par
la personne pour remédier au manquement. Ces
critères-là vont aussi se retrouver, donc, à l'intérieur du cadre qui sera
discuté avec les différents groupes. C'est ce que je comprends?
M. Charette :
Ils se doivent d'être informés, naturellement. Lorsqu'on veut corriger une
situation, on n'a pas à attendre qu'ils soient d'accord avec la finalité. Nous,
on n'a pas d'autre mesure que... c'est-à-dire d'autre objectif, de s'assurer d'un retour à la conformité. Mais,
oui, ce sont des éléments qui, en guise d'information, sont transmis aussi
aux partenaires. On veut... nous, le plaisir du ministère n'est pas de donner
des SAP, le ministère n'a pas aucun plaisir non plus à sanctionner qui que ce
soit. L'idéal, ce serait qu'on n'ait pas à corriger de comportements déviants.
Et, pour nous donner de meilleures chances à ce niveau-là, il faut s'assurer
que les conditions, les règlements soient bien reçus et bien compris par les
gens, par les personnes qui sont affectées par cette réglementation-là.
• (11 h 10) •
Mme Melançon :
D'accord. Au 4°, «les circonstances dans lesquelles [le recours...] le
recours pénal — bien
sûr, là, c'est là-dedans où on est — sera
priorisé», j'aimerais ça connaître les différentes circonstances. Comment,
justement, on fait le choix d'aller
ou d'avoir un modèle pour pouvoir dire : Bien, on le priorise ou on ne le
priorise pas? C'est quoi, les circonstances?
M. Rousseau
(Michel) : En fait, je vais commencer dans mes mots, puis,
après ça, je vais vous lire rapidement les extraits du cadre, ça donne
une bonne idée. Mais essentiellement... J'aime ça travailler avec des exemples,
là. Supposons qu'on est face à un cas où il y a des
déchets qui ont été déposés sur un terrain. Bien, selon l'ampleur, la quantité
de déchets, est-ce que c'est près d'un cours d'eau, est-ce que ce qu'on appelle
le risque d'atteinte à l'environnement est élevé ou pas, c'est ce qui va nous
dire si le manquement est mineur, modéré ou grave. Donc, dans des cas extrêmes où les déchets, à la limite,
sont dans l'eau, il y en a une grande quantité, puis ça continue à rentrer,
on va être dans le grave et on va aller vers l'enquête. Et, quand on est dans
le modéré, bien, on va aller vers les SAP.
Et les objectifs aussi des amendes ou du pénal
sont différents quand même. C'est des objectifs plus punitifs. Je parlais
tantôt de réprobation sociale. Donc, quand on va vers les amendes, c'est
vraiment dans cette optique-là. Puis c'est aussi une décision qui est prise par
les tribunaux, mais, essentiellement, ce qui guide le directeur lorsque vient
le temps, et son équipe, là, de décider si un dossier va aller sanction ou en
amende, c'est la gravité objective, c'est-à-dire : Est-ce que c'est un
cas... Pour la même infraction, dans ce cas-là, j'ai parlé de déchets, ça
pourrait être épandage trop près de... épandage de fumier excessif, bien, tout
dépendant de l'ampleur, on a déjà vu des cas, puis, heureusement, on n'en voit
plus, mais ça peut toujours arriver, des gens qui vident leur fosse, qui font
exprès, avec un tuyau, et tout ça, qui font déborder, on est dans les cas
graves. Il peut y avoir des cas où il y a un dépassement des doses, mais que,
bon, il y a un impact, mais c'est modéré, donc ça va être plus une sanction.
C'est vraiment beaucoup la gravité objective qui va guider si c'est une
sanction ou une amende.
Et les objectifs sont légèrement différents
parce que les sanctions administratives ne sont pas du pénal déguisé, là, ce
qui était un peu une préoccupation en 2011, là, les gens ne voulaient pas que
ça soit une façon de donner des amendes détournées, et ce n'est pas ça, c'est
les objectifs qui sont différents.
Mme Melançon : Je suis en train
de regarder dans la LQE, actuellement, là, il y a la section III, où il y
a les sanctions administratives pécuniaires.
Et c'est indiqué, dans le fond : «Ce cadre général doit présenter la
catégorisation des sanctions administratives et pénales telles que
définies par la loi ou ses règlements. Ce cadre général doit, donc, présenter
la catégorisation des sanctions administratives. Le cadre...» Bon, là, je suis
en train de me répéter parce que ça se répète. Mais, actuellement, là, dans
l'article 20, on n'a pas ça, on n'a pas comme dans la LQE où on dit que le
cadre général doit présenter la catégorisation des sanctions administratives ou
pénales telles que définies par la loi, les règlements. J'imagine, donc... Dans
le fond, j'ai une question en deux temps, là. Est-ce, donc, dire que le cadre
général qu'on a là est publié une fois que les règlements le sont aussi?
Mme Grignon (Karine) : Oui, en
fait, la catégorisation, ça n'a pas été repris, là. Je vais essayer de faire un
petit historique, là. Le cadre actuel qui a été publié en vertu des
dispositions que vous lisez, là, de la Loi sur la qualité de l'environnement est actuellement sur Internet.
Donc, tout le monde peut y accéder. Il y a tous les éléments, là, dont on a
discuté auparavant, les personnes qui sont désignées, tout ça. Mais il y a
aussi une catégorisation, effectivement, des manquements, en fait, selon
la gravité. Donc, il y a des catégories a, b, c, d, donc il y en a quatre
principalement, et ça apparaît dans ce cadre-là qui est publié sur Internet
actuellement.
Pourquoi on n'a pas repris? Parce que ça déborde
un petit peu les sanctions administratives pécuniaires, donc on va un petit peu
dans tous les champs, au niveau pénal aussi, ça sert à faire la catégorisation
des infractions pénales, ça sert à faire la priorité aussi pour les outils plus
administratifs comme l'ordonnance, les avis d'exécution, tout ça. Donc, la
catégorisation est un petit peu plus générale et déborde le cadre des SAP.
Donc, on ne l'a pas mise spécifiquement dans
le cadre d'application du régime des SAP, mais ça se retrouvera dans un
document administratif, une directive administrative qui sera publiée sur
Internet, là, ça n'apparaît pas dans le texte, là, actuellement.
Mme Melançon : Je trouve ça quand
même particulier parce qu'on le retrouve aussi dans la loi VZE puis qu'on ne le
retrouve pas dans la nouvelle loi, est-ce que... il me semble qu'il y aurait,
je ne sais pas, là, parce qu'il doit y avoir une catégorisation, on a quand
même bien compris ça, mais qu'on n'en fasse pas mention du tout, moi, je trouve
qu'on laisse un vide. Puis je vous entends, là, quand on s'est dit...
justement, mais je vais aller plus loin. Quand je dis, là : À un moment
donné, là, une chatte en perd ses chatons, là, bien, on a un exemple tout à
fait concret, là, de dire : Bien non,
ce n'est pas dans la loi, mais on va le retrouver ailleurs. Est-ce qu'on n'est
pas capable de tout centrer à l'intérieur de la loi à ce moment-ci? Je pense
qu'il y a une petite omission qu'on pourrait immédiatement régler, je pense que
ce serait une bonne idée de l'ajouter à ce moment-ci, parce qu'on le retrouve,
je vous le dis, à l'article 21 de la Loi sur les véhicules zéro
émission, la LVZE. Tout à l'heure, le ministre parlait du REAFIE, des autres,
on est un peu là-dedans, mais je crois sincèrement qu'à ce moment-ci... parce
que, sinon, même moi, là, si je pose la question puis que ce n'est pas clair,
j'imagine que ça ne devient pas clair non plus...
M. Charette : Je vais essayer de
répondre à la collègue, mais, pour certaines lois, le cadre général
d'application reste... n'est pas affecté par la présente modification
législative que l'on présente. Donc, certaines lois vont continuer d'avoir leur
propre cadre général d'application, mais là on est réellement dans un esprit
beaucoup plus large, à ce moment-ci, de ces articles-ci, mais les lois qui ont
leur cadre d'application vont continuer à en avoir un, donc il n'y a pas de changement à ce niveau-là, et ce sont des
cadres qui sont publics, ils sont tous publics, là, pour chacune des
lois concernées.
Mme Melançon : Bien,
quand je parle, justement, d'essayer de faciliter la vie puis l'application,
dans le fond, d'une loi, d'un règlement, moi, j'en suis... puis j'ai entendu le
ministre, on a eu un court échange sur le sujet, sur l'idée aussi
d'avoir une forme de guichet unique, là, mais je comprends et j'entends, mais
le cadre général d'application vient changer, à ce moment-ci, non, avec les
nouvelles sanctions.
Mme Grignon
(Karine) : En fait, pour assurer une continuité, le cadre actuel va
demeurer applicable, ça, on va le voir un
petit peu plus loin dans les dispositions transitoires à l'article 91 de
la nouvelle loi, donc on vient affirmer que le cadre actuel va
s'appliquer pour l'ensemble des lois qui sont concernées jusqu'à son
remplacement. Donc, évidemment, ça va être
revu pour prendre en considération tous les paramètres de chacune des lois, là,
éventuellement, là.
Mme Melançon :
D'accord. Donc, dans le fond... O.K. c'est ce qu'on me glissait à
l'oreille, là, on va l'abroger à l'article 115.13, c'est ce que je
comprends.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, exactement. Ça va être un cadre unifié pour les lois,
mais, pour le moment, les cadres actuels qui sont publiés sur Internet, pour
chacune des lois, vont demeurer applicables.
La
Présidente (Mme Grondin) : Je vous
propose de prendre une pause, deux minutes.
(Suspension de la séance à
11 h 20)
(Reprise à 11 h 24)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons nos
travaux. Nous sommes toujours à l'article 20. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente. Dans le fond, là, ce qu'on est en train de
regarder et de fouiller, nous, de notre côté, et là j'ai vraiment des
questions, puis probablement pour la légiste qui nous accompagne aujourd'hui,
là, mais le cadre général d'application, ce qu'on voit, c'est qu'il va être
abrogé à l'article 69.5 et à l'article 115.13.
Donc, pour l'article 15 puis l'article 97. Mais, pour
l'article 21 de la loi VZE, est-ce qu'il est abrogé?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, ils sont tous abrogés, en fait, la totalité. La
nouvelle habilitation, si je peux m'exprimer comme ça, ça va devenir
l'article 20 de la nouvelle loi pour l'ensemble des lois concernées au
début, là, à l'article 1. Par contre, à
l'article 91, qu'on va étudier un petit peu plus loin, là, dans les
dispositions transitoires, il y a comme un maintien. Malgré leur
abrogation, là, les cadres qui ont été pris en vertu de ces articles-là qui
sont abrogés demeurent applicables, là. Donc, on va continuer à les appliquer
tel quel jusqu'à ce qu'il y a une révision plus complète du cadre pour prendre
en considération l'ensemble des six lois, là.
Mme Melançon :
Et, si j'ai bien compris ce que le ministre m'a dit tout à l'heure, c'est
que le cadre, lui, sera étudié par règlement, puis qu'on va s'asseoir, dans le
fond, avec les différents groupes.
M. Charette :
C'est discuté, mais ce n'est pas établi par règlement. Le cadre, il demeure
public. Il demeure applicable. Cependant, ce que... c'est ce dont on parlait
pendant la pause, le projet de loi n° 102 nous permet de le faire maturer,
en quelque sorte. Le cadre tel que vécu actuellement, il a comme un peu mal
vieilli. Il y a des sections qui sont très utiles, qui sont très appréciées des
interlocuteurs parce que c'est une source importante d'information, mais,
lorsqu'on tombe dans la catégorisation, il suscite plus de questions que de
réponses. La loi et la réglementation est plus précise que le cadre tel que
pensé actuellement. C'est pour ça que c'est un exercice qui va nous être utile
pour le moderniser et s'assurer qu'on ne suscite pas plus de questionnements à
travers le cadre qu'on réponde à des questions, mais le cadre n'est pas
déterminé par règlement, là, si c'est la question précise de la collègue.
Mme Melançon :
Alors, il est défini comment?
M. Charette : Au niveau des étapes, je
pourrais laisser... je ne sais pas qui... peut-être M. le sous-ministre
adjoint.
M. Rousseau
(Michel) : En fait, le cadre, comme vous
voyez, est obligatoire par la loi. Donc, il doit toujours en avoir un qui
existe. Et, quand il évolue, ce cadre-là est autorisé par le ministre, le
sous-ministre en l'occurrence, quand il y a des modifications. Historiquement,
on n'a pas fait bouger beaucoup ce cadre-là, sauf lorsqu'il y a des lois qui
s'ajoutent ou des choses comme ça. C'est un cadre qui... puis, comme dit le
ministre, qui est très bon, sauf pour une section, la fameuse section des
catégorisations où, avec le temps, on se rend compte que d'essayer de résumer
les catégories, de les expliquer, de les vulgariser, bien, ça peut amener de la
confusion. Et les gens ont appris à aller voir directement dans lois et
règlements c'est quoi, la sanction qui s'applique. Mais c'est vraiment un cadre
qui est signé par le sous-ministre, dans ce cas-ci, lorsqu'il évolue. Et c'est
un cadre qui est à peu près le même depuis le début et qui est... j'ai envie de
dire qui n'est pas appelé à changer dans ses grands principes, là. C'est ça.
Et il y a une
directive aussi qui accompagne le cadre, là, qui est plus détaillée, qui, elle,
est... c'est une directive qui vient aider, là, plus à l'interne, mais qui est
aussi maintenant connue et publique, puis qui vient encore donner plus de
détails que le cadre. Donc, tout ça mis ensemble, les gens savent assez bien à
quoi s'en tenir, là, par rapport au traitement, là, pour arriver à des sommes.
Mme Melançon : O.K. Donc, le
sous-ministre vient de nous dire : Il doit toujours y avoir un cadre
existant. On ne peut pas ne pas avoir de cadre. Ça veut dire que le cadre
actuel va être... on va être en continu. On va trouver. Puis, à un moment donné, on va le transformer,
puis ça, c'est fait par signature du sous-ministre. Grosso modo, là, c'est
un peu ce que je comprends à ce moment-ci. Donc, je vous dirais que c'est
presque, puis, je vais le dire comme ça, là, c'est encore plus donné dans le
ministère qu'un règlement lui-même qui, minimalement, lui vient... bien, en
tout cas, pour un 45 jours. Mais, une fois que le nouveau cadre est donné,
il est juste transmis, puis c'est tout. C'est ce que je comprends aussi?
• (11 h 30) •
M. Rousseau
(Michel) : Il est rendu public effectivement,
puis la clientèle en est informée. Je dirais aussi : Ce qui fait la force
ou qui donne la crédibilité de ce cadre-là, c'est le test des tribunaux et, je
dirais, c'est ça qui fait que ce cadre-là
doit... Il ne peut pas, du jour au lendemain, évoluer de façon, j'ai envie de
dire, contradictoire, là, parce que les dossiers, au niveau du tribunal
administratif ou ailleurs, auraient de sérieux problèmes.
Donc, c'est un cadre qui a été éprouvé, depuis
10 ans, là, au niveau des tribunaux, et c'est pour ça que, quand il évolue, c'est pour des changements... comme
dans ce cas-là, c'est les catégorisations là, mais c'est des changements...
je n'ai pas envie de dire mineurs, mais qui ne viennent pas changer l'esprit,
là, du cadre. Mais, oui, c'est rendu public, et, dès que c'est un nouveau
cadre, là, il faut informer clientèle.
Mme Melançon : Mais
c'est encore moins public qu'un règlement, parce que là on ne va pas en
prépublication ou quoi que ce soit. Dans le fond, le cadre général, lui,
est déposé et puis il est applicable.
M. Charette : Peut-être un
petit élément à ce niveau-là. Il ne va pas en prépublication comme le
règlement, parce que le cadre vise à définir la réglementation, à expliquer la
réglementation, à définir la réglementation. Donc, le cadre, il s'adapte aux
changements législatifs, le cadre s'adapte à la... c'est-à-dire répond à la
réglementation, mais on ne peut pas prépublier autant le cadre que la
réglementation.
Mme Melançon : Alors, si je
comprends bien le ministre, le cadre sera rendu public avant les règlements?
M. Charette : Bien,
ça dépend lesquels. Parce que, lorsqu'on regarde le projet de loi, il y a
plusieurs règlements qui vont en découler, qui n'interviendront pas tous
au même moment, qui n'entreront pas en vigueur tous au même moment. Mais c'est
le cadre général d'application, encore, qui peut évoluer. Et, lorsqu'on a voulu
être plus précis ou trop précis au niveau de la catégorisation, c'est là où on
suscitait encore peut-être plus de questions que de réponses. Donc, ce n'est
pas un document, là, qui change continuellement, c'est l'esprit, l'esprit
général.
Mme Melançon : Mais, quand
même, le ministre nous a quand même dit que c'est le cadre qui va définir les
règlements. Donc, moi, ce que je m'attends, dans le fond, c'est que le cadre...
que les règlements vont être définis par le cadre.
M. Charette : En fait, le cadre
général reprend l'esprit de la réglementation, mais le détail n'est pas dans le
cadre, il est dans le règlement. C'est pour ça qu'au niveau des SAP on le voit,
là, à l'usage, c'est encore plus simple pour le demandeur, le défendeur ou le
promoteur de regarder directement dans la loi et dans la réglementation plutôt
que dans le cadre général, là, d'application.
Mme Melançon : O.K. Parce que,
quand on nous indique : Le «cadre général doit présenter la catégorisation
des sanctions administratives ou pénales telle que définie par la loi ou ses
règlements», puis que, là, on décide de l'enlever,
moi, je trouve que c'est un gros morceau, là. Heureusement qu'on pose certaines
questions à ce moment-ci.
Je trouve... Mme la Présidente, je pense que
vous allez comprendre ce vers quoi je veux aller. Mais, moi, déjà, quand c'est
un mammouth puis déjà quand je ne vois pas les règlements, ça ne me fait pas
plaisir. Mais là, en plus de savoir que le cadre peut être transformé, il peut
y avoir des modifications dans le cadre, puis qu'on nous annonce que non
seulement ce n'est pas fait comme le fait un règlement, mais que c'est vraiment
fait à l'intérieur d'un bureau, du bureau du sous-ministre, puis qu'à un moment
donné c'est rendu public, ça m'inquiète d'autant plus.
C'est pour ça que j'essaie de comprendre
pourquoi on le fait comme ça. Puis c'est pour ça aussi que je veux
savoir : Est-ce qu'on aura le cadre avant même les règlements? Ma
question, je pense... Puis à quel moment est-ce qu'on entend rendre public ce
cadre-là?
M. Charette : En fait, la
collègue demandait, avec une image qui est très, très juste, d'aider une chatte
à retrouver ses chatons, là, c'est essentiellement ça qu'on fait. Parce
qu'actuellement on perd davantage la... Je ne veux pas transposer tout avec
cette analogie-là, mais, comment dire, actuellement, le cadre général, il est
plus confondant au niveau de la catégorisation, pas l'ensemble du document.
L'ensemble du document est quelque chose d'apprécié, mais, au niveau de la catégorisation, trop simplifier nous enlevait le
détail que la réglementation et la loi eux-mêmes... elle-même apportent.
Donc, on aide les gens à mieux s'y retrouver.
Et le cadre... et il ne faut pas confondre, là,
ce qu'est... Là, j'ai une petite ligne qui va peut-être m'aider à expliquer ce
qu'est un cadre général d'application. C'est davantage à expliquer ce qui mène
à la décision d'émettre ou non une SAP. Ce
n'est pas l'entièreté de l'application d'une loi qui se retrouve dans le cadre
général d'application. Donc, c'est un volet, là, qui est encore
pertinent pour aider à comprendre le processus qui mène à émettre ou non une
SAP. Mais de ce cadre-là, ce qui était le moins performant ou ce qui aidait le
moins, c'était une surventilation ou une surexplication des catégories
elles-mêmes.
Et
j'ai sous les yeux, là, l'évolution. Ce n'est pas constant, là, ça n'arrive pas
à tous les mois, là. Là, je comprends qu'il y a eu une première version en
2012, une autre en 2013, ensuite en 2018, donc pas de changement, une stabilité
pendant quelques années, ensuite une mise à jour en 2021. Donc, ce n'est pas
quelque chose qui se fait à tous les mois, à tous les jours et même pas à tous
les ans, mais c'est réellement un document qui aide à mieux comprendre le
processus de décision d'aller vers une SAP ou pas. Et ça, c'est... on le
maintient, là. C'est uniquement le volet catégorisation qui a mal vieilli et
qui apportait plus de questions que de réponses.
Mme Melançon :
J'ai envie de demander au ministre, peut-être, des exemples concrets de
catégorisation qui ont mal vieilli.
M. Charette : ...c'est la surexplication qui suscite plus de
questions que de réponses. Peut-être, si le sous-ministre adjoint
souhaite compléter, à ce niveau-là, qu'est-ce qui... ou le genre de
questionnement que ça génère...
M. Rousseau
(Michel) : En fait, si on regarde dans le
fameux cadre, les catégories, là, qui vont de A+ jusqu'à E, on dit, par
exemple, je vais essayer d'en prendre un, là, C+ : «Dispositions relatives
à des conditions liées à des approbations», ta, ta, ta, et après ça on parle
s'il y a des conséquences sur le bon fonctionnement d'instruments économiques.
Donc, on essaie de résumer tous les articles de lois et de règlements qui ont
été évalués à C+. Mais, en faisant ça, c'est très difficile avec... d'autant
plus qu'il y a plus de lois qu'il y a des sanctions administratives, là, ça
devient très difficile de résumer, dans cette catégorie-là, tous les articles
de loi qui ont été évalués à un niveau C+, C+ étant un montant de sanction qui
est de 3 500 $ pour une personne morale.
Donc, en voulant
résumer, en voulant expliquer ce qu'il y a dans la loi puis dans les règlements
dans ces catégories-là, bien, on peut amener en erreur les gens qui veulent
savoir à quoi ils s'exposent, donc, tandis que, quand ils ont un article précis dans un avis de non-conformité, cet
article-là est très clair. Dans l'avis de non-conformité, on lui dit de
se référer à la loi, et c'est exactement le montant de sanction qu'il peut
avoir.
Donc, c'est
l'approche qui était au début. Vu qu'il y avait seulement que la Loi sur la
qualité de l'environnement, c'était plus facile de résumer les catégories par
des grands principes. Mais là on se rend compte que ça devient risqué, parce
qu'on peut amener les gens en erreur. Ils vont lire le résumé puis ils vont
dire : Ah! bien, je ne me retrouve pas là-dedans. Alors, c'est vraiment
dans cet esprit-là. Parce que le reste du cadre, c'est vraiment des principes
qui guident à la décision, et ça, c'est superimportant.
Puis même le Bureau
de réexamen, chez nous, là, qui est, disons, notre chien de garde, là, c'est
lui qui nous évalue en premier pour voir, est le premier a suggérer cela, parce
que l'objectif du Bureau de réexamen, c'est que l'application soit la plus
objective possible, qu'il n'y ait pas de place à interprétation. Donc, en ayant
des catégories qui, de plus en plus, sont
difficiles à résumer, on nous demande de référer direct aux lois et règlements.
C'est vraiment ça qui a amené cette
décision-là. Ça ne servait pas bien la clientèle et, non plus, ça enlevait un
peu de prévisibilité, je dirais.
Mme Melançon :
Je comprends bien. Merci pour l'explication. Est-ce que, donc, à ce
moment-ci, on peut se dire que le cadre ne bougera pas du tout, sauf la
catégorisation?
• (11 h 40) •
M. Charette :
Le cadre est évolutif, comme je le mentionnais, avec quelques dates
importantes, mais ça ne change pas à tous les ans ou régulièrement. Donc, je ne
peux pas dire : Le cadre ne changera plus jamais. Mais on veut simplifier,
on veut aider la chatte à retrouver ses petits en disant : Pour le
régime... en fait, pas régime de sanctions, mais pour le détail des sanctions,
référez-vous davantage au règlement et à la législation, qui vont vous orienter
directement au bon endroit.
Mme Melançon :
...verrons pas, comme législateurs.
M. Charette :
C'est-à-dire, vous allez les voir, assurément. À partir du moment où il y a
une prépublication, il y a une consultation qui s'ouvre. Les législateurs, les
oppositions peuvent participer à ce processus-là, et ça laisse place à une
bonification, par la suite, là, selon les commentaires recueillis.
Mme Melançon : Non, mais ce que je veux
dire, c'est qu'on n'étudie pas, comme législateurs, les règlements.
Alors là, moi, qu'on veuille y aller par mammouth, je n'ai pas de problème,
qu'on y aille avec une nouvelle loi. Vous voyez, on est très ouverts puis on
essaie juste d'améliorer le tout.
Moi,
ce que je veux savoir, c'est que, là, on a un cadre qui, en plus... le cadre
général, là, qui... on se fait dire : Là, finalement, le cadre général, là, il va bouger, puis on ne le bouge
pas souvent. Puis savez-vous quoi, Mme la Présidente, on va le changer
mais on va le changer dans le bureau du sous-ministre, même pas par règlement,
puis il n'y aura pas de prépublication. Puis
on nous dit : Puis, pour le reste, bien, ça va être à l'intérieur des
règlements, qu'on n'étudiera pas, comme législateurs.
Moi, ce que je
voulais avoir, ici, comme assurance, c'est que le cadre qui sera rendu public,
la seule chose qui va changer dans le cadre,
ce sera la catégorisation, sans quoi je vais avoir beaucoup, beaucoup de
questions, puis avec raison. Le
cadre, c'est ce qui nous donne, justement... c'est ce qui vient... ça le dit,
là, c'est ce qui vient encadrer, dans le fond, pour le reste. Donc, moi, ce que
j'ai besoin de savoir, c'est : Est-ce que, dans le prochain cadre qui sera
rendu public, c'est uniquement la catégorisation qui aura été changée?
M. Charette :
Le cadre sert à aider à comprendre le processus de décision, mais le
processus de décision, il est largement expliqué dans la loi, dans les lois, il
est largement expliqué dans les règlements. Donc, il faut voir le cadre comme
étant un outil qui aide à comprendre un petit peu le processus de décision.
Moi, je ne peux pas dire : Il ne changera jamais. Si jamais, avec le
temps, on s'entend ou on réalise qu'une formule de... une formulation de phrase
ou d'explications n'atteint pas son objectif, n'aide pas à la compréhension, on
va le changer. Mais, comme je vous dis, ce n'est pas un document qui est en
constante évolution. Il y a une stabilité parce qu'il y a une stabilité dans
nos lois. Mais le détail, il est dans la loi, le détail, il est dans la
réglementation.
Puis je comprends le
point de la collègue lorsqu'elle parle que les règlements ne sont pas discutés
ici. Ça peut être frustrant, oui, mais ce serait absolument impossible de tout
faire, tous les règlements, en commission parlementaire. C'est un travail qui...
une commission parlementaire ne serait pas suffisante pour répondre à tous ces
enjeux-là. Mais la démarche, elle est quand même largement publique, avec une
prépublication, une consultation. Puis, le collègue de Jonquière le dit souvent
dans ses propos, en jasant, on aide à interpréter, ultimement, la loi qui est
étudiée. En jasant entre nous, on aide aussi à développer la réglementation qui
va découler de cette loi-là. Mais c'est absolument impossible de penser et même
souhaiter que la réglementation pourrait être abordée en commission
parlementaire.
Et j'en veux pour
preuve, puis ce n'est pas méchant, puis ce n'est pas parce que ça se faisait
par le passé qu'il faut continuer dans cette voie-là, mais tous les
gouvernements procèdent de cette façon-là, et le gouvernement actuel ne le fait
pas plus que les précédents. Et ça, les exemples peuvent le démontrer, le
démontrer aisément. Parce que c'est un
travail à temps complet, en soi, que de travailler à l'élaboration des
règlements. Mais, en termes de transparence, en termes de communication
avec les parties intéressées, avec les collègues parlementaires aussi, il n'y a
rien qui... il n'y a pas de mur opaque, là, au niveau de ce travail-là, là,
c'est bien tout le contraire.
Mme Melançon :
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La
Présidente (Mme Grondin) : Continuez,
je vais vérifier, je vais aller à l'information.
Mme Melançon :
Merci. Vous êtes gentille. Parce que ce qui me dérange, ici, c'est qu'on
l'avait, à l'intérieur des autres lois, là, comme j'en ai fait la démonstration
tout à l'heure sur le cadre général qui doit présenter la catégorisation des
sanctions administratives ou pénales telles que définies par la loi ou ses
règlements... ça, c'est dans la LQE. Comme je le disais tout à l'heure, bon, là
ici, il va y avoir transformation, on va... on vient enlever la catégorisation.
Moi, ce que je veux surtout m'assurer, c'est qu'on n'ait pas de surprise
majeure dans le cadre qui pourrait nous amener à un règlement qu'on ne peut pas
voir venir à ce moment-ci. C'est ça, l'assurance, dans le fond, que je cherche
à avoir du ministre.
Moi, ce que je
comprends, là, c'est que le cadre, il est important, bien sûr, pour la
compréhension. Puis je comprends, là, que le ministre dit : Bien, on peut
toujours aller se référer au Journal des débats. Je vous dirais que ce
n'est pas ce qu'on souhaite, hein, on veut être le plus clair possible à
l'intérieur de la loi, à l'intérieur des règlements et à l'intérieur aussi,
bien sûr, du cadre général.
Moi, ce qu'on me
demande ici, c'est de dire : Bien, on va y aller avec l'article 20,
on va tenter de l'adopter ainsi, puis, après ça, bien, le cadre peut vraiment
changer, être transformé. Puis j'entends le ministre, là, qui dit : Ça n'a
pas tellement bougé, là, en 2012, en 2013, en 2018 et là en 2021. Mais, quand
même, s'il y avait une transformation complète du cadre général, on pourrait
avoir quand même des surprises. Et, moi, comme législatrice, bien entendu, j'ai
envie d'avoir le plus d'assurance possible. Parce que, là, on va me demander,
tout à l'heure... vous allez nous demander, Mme la Présidente : Est-ce que
cet article est adopté? Et là on va devoir dire «adopté», ou «sur division», ou
bref, on va pouvoir aller dans plein de sens.
Moi, ce que j'ai de
besoin, dans le fond, à ce moment-ci, c'est de savoir est-ce que le cadre
général d'application va être transformé à un point tel qu'on va pouvoir aller
mettre de nouveaux règlements dans tout ça, règlements qui, je vous le
rappelle, vont être écrits, vont être, bien sûr, prépubliés et avec lesquels,
nous, comme législateurs, on n'a pas le loisir ou de peaufiner ou d'améliorer.
Puis là le ministre va dire : Bien oui, ça peut être un exercice, vous
pouvez le faire à temps perdu, quoiqu'on n'a pas beaucoup de temps perdu, hein,
vous le savez, vous, vous êtes aussi élu comme nous.
Alors, pour moi,
c'est quand même questionnable. Et c'est pour ça que moi, j'aimerais,
minimalement, avoir cette assurance de
savoir que le cadre général... Moi, si on me dit : Le cadre va bouger,
puis c'est pour la catégorisation avec ce que le sous-ministre adjoint
m'a expliqué, moi, ça, je pense que je peux vivre avec ça, surtout si on est
dans la catégorisation, en train d'échapper ou de donner pas tout à fait
l'information juste, en tout cas, de pouvoir envoyer, malheureusement, des
signaux contradictoires. Ça, je suis prête à vivre avec ça. Mais, si on est
pour aller jouer dans le reste du cadre,
c'est là où je voudrais qu'on puisse avoir cartes sur table et savoir c'est
quoi, l'intention, actuellement, du gouvernement.
• (11 h 50) •
M. Charette :
Je vais essayer de rassurer, avec des mots différents, là, la collègue. Il
faut voir le cadre pour ce qu'il est, c'est
un outil de vulgarisation. Le cadre n'établit pas les balises, les balises,
elles sont dans la loi. Le cadre est dans la réglementation. Donc, il
faut voir le cadre comme un outil de vulgarisation qui explique le processus.
En fait, c'est une aide à la décision, en
quelque sorte, donc un outil de vulgarisation. Mais ce n'est pas le cadre qui
détermine ce qu'il est possible ou pas de faire. Ça, c'est dans la loi,
c'est dans la réglementation.
Et là, je comprends,
on est à l'article 20, mais la collègue va pouvoir, dès les articles
suivants, voir ce que sont les éléments qui constituent le cadre. Si on
regarde... on est à l'article 20, mais, si on regarde les sous-sections, si on regarde, éventuellement, les articles qui vont suivre,
c'est ce qui sera et c'est ce qui est dans le cadre. Et c'est les critères minimaux,
en quelque sorte, sinon, il faudrait changer la loi elle-même. Le cadre ne peut
pas aller en deçà de ce qui est proposé dans la loi. Le cadre reflète la loi,
devient un outil de vulgarisation, devient un outil de communication,
essentiellement, mais ce n'est pas le cadre qui va venir dire qu'est-ce qu'il
est possible ou pas de faire. Ça, c'est la loi et la réglementation. Et les
sous-sections, l'article 20, je pense, le démontrent... sous-sections,
mais le chapitre lui-même, les articles qui vont suivre vont déjà apporter des
réponses, là, à ce niveau-là.
La
Présidente (Mme Grondin) : ...86 minutes.
Mme Melançon :
Je vous le dis à l'avance, M. le ministre, je ne prendrai pas ces
86 minutes.
M. Charette : Ce que je lui aurais dit,
c'est qu'elle n'est pas obligée de les prendre, non plus, ces 86 minutes
là.
Mme Melançon :
Ce n'est vraiment pas l'intention, M. le ministre, je tiens à vous le dire.
Cependant, cependant, moi, j'ai quand même une proposition, parce que je pense
que le ministre comprend quand même mon inquiétude, et je ferais la proposition
suivante, parce que je sais qu'il y a sept ou huit articles suivants, là,
où on est directement dans le cadre... Si c'était possible, donc, de suspendre
cet article pour aller étudier les prochains, qui vont sans doute venir
sécuriser la députée que je suis, et on pourrait y revenir par la suite. Parce
que, comme vient de le mentionner le ministre, c'est les prochains articles qui
vont nous donner, quand même, l'ordre de marche à l'intérieur de tout ça. Donc,
si on était en mesure de suspendre, qu'on aille faire les sept ou
huit articles suivants, puis qu'on y revient une fois que tout ça est bien
compris et bien conclu.
M. Charette :
Consentement.
Mme Melançon :
Merci, M. le ministre.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, il y
a consentement. Donc, nous allons revenir, si j'ai bien compris la proposition.
Nous suspendons l'article 20, pour faire les articles de 21 à 29, et après
on revient à l'article 20. Ça vous convient?
M. Charette :
Oui. Ça serait... Est-ce que ça répond au souhait de la collègue?
Mme Melançon :
Oui, tout à fait. Il y a une chose, cependant. Tout à l'heure, la légiste
m'a même envoyée vers l'article 93, je crois.
Une voix : ...
Mme Melançon :
91? 91. Donc, là, je ne la... je ne connais pas l'article par coeur, donc
il faudrait regarder, là. Mais commençons comme ça, puis peut-être je verrai,
là, pour le 91, si on a besoin de l'article 91, justement, pour pouvoir
nous référer à l'adoption de l'article 20.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, il y
a consentement pour suspendre l'article 20. Nous poursuivons avec
l'article 21. M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. À L'article 21 : «Une sanction
administrative pécuniaire est imposée par une personne désignée par le ministre
à cet égard. Cette personne doit notifier sa décision par un avis de
réclamation conforme à l'article 61.
«Il ne peut y avoir
cumul de sanctions administratives pécuniaires à l'égard d'une même personne,
en raison d'un manquement à une même disposition, survenu le même jour et fondé
sur les mêmes faits. Dans le cas où plusieurs sanctions seraient applicables,
la personne qui impose la sanction détermine celle qu'elle estime la plus
appropriée compte tenu des circonstances et des objectifs poursuivis par de
telles sanctions.»
Le commentaire. Le
premier alinéa de cet article prévoit que le ministre désigne des personnes
pour imposer une sanction administrative
pécuniaire. Il prévoit également la manière dont une telle décision doit être
communiquée à la personne visée, c'est-à-dire par la notification d'un
avis de réclamation. Le contenu de cet avis de réclamation est prévu à
l'article 61.
Le deuxième alinéa
prévoit que des sanctions administratives pécuniaires ne peuvent être cumulées
à l'égard d'une même personne en raison d'un manquement à une même disposition
survenu le même jour et fondé sur les mêmes faits. Cette mesure permet de
s'assurer que ces sanctions soient appliquées de façon juste et équitable.
Ainsi, si un manquement constaté donne
ouverture à l'imposition de plus d'une sanction administrative pécuniaire, la
personne désignée par le ministre devra choisir celle qui est la plus
appropriée compte tenu des circonstances et des objectifs poursuivis par ces
sanctions.
Le contenu de cet
article n'est pas nouveau, il se retrouve dans plusieurs des lois concernées.
L'abrogation des articles concernés sera proposée plus tard. Et on voit, un
petit peu plus bas, les articles existants. Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des questions ou
commentaires? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Oui. Merci, merci, Mme la Présidente. Donc la vraie question, c'est... À un
moment donné, on va avoir un jeu de cartes,
là, dans le fond, le directeur régional ou encore le sous-ministre, bref, la
personne qui sera désignée pour émettre la sanction aura différents
choix. Puis, à un moment donné, il est possible que nous arrivions avec des
contrevenants qui ont l'habitude, malheureusement, de faire affaire, pour les
mauvaises raisons, avec le ministère de l'Environnement.
Qu'est-ce qui nous...
qu'est-ce qui va diriger, dans le fond, la décision d'y aller soit avec la
sanction administrative pécuniaire de... Parce qu'il y a différentes
possibilités à un moment donné, là, puis on le dit ici, dans l'article, là.
Donc, dans le jeu de cartes, là, qu'est-ce qui va faire qu'on va y aller avec
celle qui est à 500 $, celle qui est à 5 000 $ ou celle qui est
à 25 000 $? Parce qu'on va avoir différentes possibilités.
Moi, je veux juste
savoir, parce que la façon dont ça nous est expliqué à ce moment-ci, là, je
comprends qu'elles ne peuvent pas être
cumulées, qu'il peut y avoir des manquements, mais qu'on doit s'assurer que
cette sanction soit appliquée de façon juste et équitable. Moi, c'est
sur le «juste et équitable» que je pose simplement la question. Parce qu'on le sait,
là, il y en a qui sont des abonnés, on va... hein, on va se le dire comme ça,
malheureusement, là, il y en a qui sont des abonnés puis il y en a que ça ne
leur dérange pas de payer la sanction administrative plutôt que de se plier aux
exigences du ministère. À un moment donné, moi, ce que je veux savoir,
c'est : juste et équitable, là, en fonction de quoi? Qu'est-ce qui va,
dans le fond, nous diriger ou qui va diriger le directeur, la directrice ou le
sous-ministre adjoint, justement, dans l'application de la sanction? Sur quoi
est-ce qu'on va se baser?
Une voix : ...
Mme Melançon :
Oui.
M. Rousseau
(Michel) : Dans un cas comme celui-là, il
arrive quand même assez fréquemment, puis là, encore
une fois, je vais essayer de prendre des exemples, là... on va... on constate
un manquement. Par exemple, il y a une émission, dans un cours d'eau,
d'un produit contaminant X. Cette émission-là peut être en contravention avec
son autorisation, c'est-à-dire qu'elle ne respecte pas les conditions de son autorisation,
c'est pour ça que ça arrive. Ça, c'est un article qui donne... qui mène à un
manquement.
On
peut aussi utiliser l'article 20, qui est un article général qui dit que
personne ne peut contaminer l'environnement. Dans ce cas-là, les
sanctions ont des montants très différents. Ça peut être 10 000 $,
dans l'autre cas, 5 000 $. Donc, ce qui va guider, pourquoi on prend
tel article plus que tel autre, je dirais, un des éléments, c'est la preuve,
aussi. Parce qu'il faut être capable de démontrer, donc, démontrer qu'il ne
respecte pas son autorisation, il y a certains éléments de preuve qui sont utilisés pour ça; démontrer qu'il contamine
l'environnement, avec l'article 20, bien, c'est des preuves qui
sont parfois un peu plus difficiles à faire.
Donc,
la première question, c'est : Est-ce que, pour tel article, j'ai une
preuve suffisante, une preuve prépondérante qui va faire que, si mon dossier est contesté, bien, il va être solide?
Et je dirais que, par la suite, le... souvent, ce qui va guider, c'est le manquement qui va mener à une
sanction plus sévère. C'est souvent comme ça que ça va se faire. Donc...
et ça arrive quand même souvent qu'il y a plusieurs articles, donc ça va être
le plus sévère, dans la mesure où la preuve est solide. Et tout ça est apprécié,
encore une fois, par le directeur.
Donc, ça peut arriver
que, oui, un article 20 pourrait être en avis de non-conformité, mais on
va choisir de prendre le non-respect d'autorisation, parce que la preuve est
claire, solide. Et voilà.
Mme Melançon : Dans le fond, ce que je
comprends de l'explication du sous-ministre adjoint, ici, c'est : on y va
avec les objectifs qui sont à l'intérieur du cadre...
(Interruption)
Mme Melançon :
Ça va? J'imagine que... Est-ce que... Parce qu'à l'article 20, là, puis ce
n'est pas une petite chose, c'est pour ça
que je voulais arriver, dans le fond, aux articles suivants : «Les
objectifs poursuivis par ces sanctions, notamment inciter la personne à
prendre rapidement les mesures requises pour remédier au manquement et en dissuader la répétition;». Donc, je vais reposer
la question comme ça : J'imagine que c'est en fonction des objectifs fixés
dans le cadre qu'on va aussi fixer les sanctions?
• (12 heures) •
M. Rousseau
(Michel) : Oui, tout à fait. Le directeur,
dans son évaluation, c'est sûr qu'il ne peut pas jouer sur le montant des sanctions, puis c'est bien que ce soit comme ça, donc
ces montants-là sont fixes dans la loi. Par contre, le directeur évalue si le geste qu'il va poser en
émettant la sanction administrative a des bonnes probabilités de dissuader
la répétition du manquement. C'est une appréciation qu'il va faire. Et, dans
certains cas, ça pourrait amener à dire... bien,
à choisir d'aller en enquête, à la place, parce qu'on pense que ce n'est pas
suffisant. Donc, oui, ça fait partie de... une des... lorsqu'on émet une
sanction administrative, il faut que le directeur ait la conviction que ça va
atteindre un des deux objectifs principaux, dissuader la répétition du
manquement, notamment.
Mme Melançon : Donc,
si je comprends toujours bien, on y va avec l'objectif et, à un moment donné,
s'il y a eu répétition... Par exemple, là, disons qu'on a devant nous,
là, une entreprise qui est réfractaire, là, au ministère de l'Environnement,
puis il y en a, on le sait qu'elles existent, puis qu'ils ont une première
sanction administrative, puis une deuxième sanction administrative, parce qu'il
y a répétition, et une troisième, bien là, à ce moment-là, si, à chaque fois on
a été capable de cumuler de la preuve, parce que, pour pouvoir aller avec la
sanction, ça nous prend quand même des preuves, on est capable de cumuler de la
preuve qui peut nous amener, par la suite, à l'enquête?
M. Rousseau (Michel) : Oui, ça peut amener enquête. Puis je dirais que c'est une
des raisons, là, le scénario que vous amenez, pour rajouter les avis
d'exécution. En fait, c'est ce qu'on se rend compte... plusieurs, en ayant une
sanction, vont réagir, puis ils vont se corriger, puis ils vont comprendre qu'à
l'avenir ils n'en veulent pas d'autre. Mais l'avis d'exécution pourrait
permettre, pour quelqu'un qui, malgré une sanction, n'a pas agi, avant de
retourner en enquête ou même une ordonnance, d'avoir un avis d'exécution puis
lui dire : Bon, bien, tu dois te corriger. Et, s'il ne se corrige pas,
bien là, il est en infraction non seulement avec l'article de base, mais aussi
avec le fait de ne pas respecter l'avis d'exécution.
Donc, c'est vraiment... c'est dans cet esprit là
que ça a été ajouté, pour avoir... combler ce vide-là. Mais, oui, il y a des
cas qui, lorsqu'ils se multiplient, ils se ramassent aussi en enquête. Mais
l'enquête, tu sais, il faut rappeler que c'est des enquêteurs, des procureurs,
ultimement, un juge, donc c'est un système qui est quand même assez lourd, il faut le dire, qui mène à des amendes
plus élevées. Donc, d'avoir un outil plus agile, comme des avis d'exécution,
ça va permettre d'éviter... on pense que la répétition de SAP, là, va... dans
plusieurs cas, ça va se corriger.
Mme Melançon : On ne peut pas
cumuler les SAP, ça, je le comprends, mais on peut cumuler la preuve?
M. Rousseau
(Michel) : Oui, mais la même journée, on
ne peut pas avoir... mais, pour plusieurs journées, on peut avoir des SAP.
M. Charette : ...complément
d'information, parce que M. Rousseau est l'incarnation même de la maîtrise
du dossier, mais l'article précise quand même : pour une même journée.
Donc, si l'infraction est répétée le lendemain, il peut y avoir une nouvelle sanction. Donc, l'article 21, c'est
réellement dire : Il y a un constat qui est fait une journée x, et
on va déterminer la sanction pour cette journée-là, mais, s'il y a répétition
dès le lendemain, s'il y a mauvaise foi dès le surlendemain, c'est là où
l'article précise bien, là, que c'est... Dans une journée, on évalue le
portrait, on sanctionne en fonction du portrait de la journée x, mais, si la
faute est répétée dès le lendemain, ça ouvre la possibilité de sanctionner de
nouveau.
Mme Melançon : Bien, merci,
merci de cet ajout. C'est vrai, je n'avais pas vu «survenu le même jour».
Cependant, s'il y a un bris, je ne sais pas, là, je n'ai pas d'exemple, comme
M. Rousseau, qui me viennent aussi facilement en tête... mais, si c'est un
bris qui peut prendre quelques jours en réparation, là, j'imagine que c'est
laissé au bon vouloir, à la bonne compréhension du directeur de dire :
Bien, là, ça se peut, là, qu'on ait deux ou trois jours de déversement — prenons
l'exemple malheureux, là, d'un déversement dans un cours d'eau, mais on va y
aller simplement avec une sanction
administrative, à ce moment-là, ou, si on est en infraction, on l'applique au
jour le jour?
M. Rousseau
(Michel) : Dans la pratique, que ce soit
en situation d'urgence ou encore d'inspection, le premier objectif de
l'inspecteur qui se présente... puis en urgence, quand il y a des déversements,
c'est de corriger la situation. Donc, souvent, ça va être la première chose qui
va être demandée, et la sanction va venir par après. Puis il n'y a pas... dans
la mesure où la personne veut corriger la situation, mais qu'il y a des faits
qui fait que ça peut prendre deux jours ou trois jours, dans la pratique, il
n'y aura pas trois sanctions pour trois jours, parce que ce n'est pas
nécessaire pour atteindre l'objectif qu'on veut, c'est-à-dire d'éviter la
répétition du manquement, par exemple. Donc, ça ne sera pas le cas. Mais, s'il
arrivait que quelqu'un, sciemment... ça fait trois fois qu'on fait les
inspections dans le même mois, puis c'est toujours le même... et, oui, il
pourrait arriver... Mais, en général, on va autour d'une sanction, mais on va
utiliser plus des outils, je reviens... mais, comme l'avis d'exécution, comme
l'ordonnance, pour l'obliger à corriger, que de cumuler les sanctions
administratives. Dans le concret, c'est comme ça que ça se passe.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, si ça vous
convient, compte tenu de l'heure, on arrêterait les discussions maintenant. Et
donc je vous remercie de votre collaboration.
Et la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
(Reprise à 15 h 09)
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de l'environnement
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois
en matière d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion
responsable des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour
une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
Lors
de la suspension de nos travaux cet avant-midi, la discussion portait sur
l'article 21 de la loi édictée à l'article 1 du projet de loi. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de Verdun.
• (15 h 10) •
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente. Heureuse de vous retrouver. Alors, oui, en effet,
nous étions à l'article 21, et je demandais, donc, à ce moment-là, au
sous-ministre si, dans le fond, les sanctions étaient en fonction des objectifs
fixés à l'article 20, parce que ce qu'on apprenait à l'intérieur de
l'article 21, dans le fond, c'était qu'«il ne peut pas y avoir un cumul
[des] sanctions administratives pécuniaires à l'égard d'une même personne, en
raison d'un manquement à une même disposition, survenu le même jour et fondé sur
les mêmes faits». Le sous-ministre nous disait, en effet, là, qu'on s'était
dotés, justement, d'avis d'exécution, justement, pour pouvoir nous donner des
poignées supplémentaires. Et là où je m'en allais, dans le fond, c'était de
savoir... Est-ce qu'on va... S'il y a plusieurs possibilités pour la sanction
administrative pécuniaire, est-ce qu'on va aller à la plus chère dès le départ
ou est-ce qu'on va y aller avec la minimale?
Donc, dans le fond, c'était un peu ça, là, tout à l'heure, ma question. Le
sous-ministre avait commencé, mais, à cause de l'heure, là, on a été
arrêtés dans les travaux.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le sous-ministre.
M. Rousseau
(Michel) : Bien, en fait, je dirais, il y
a deux principaux critères. Effectivement, la plus chère ou celle qui est la
plus chère est toujours reliée à la conséquence plus importante. Donc, souvent,
c'est celle-là qu'on va tenter de sanctionner, mais il y a aussi l'obligation
d'analyser comme il faut le dossier puis la preuve qui est présentée. Donc, si
la prépondérance de preuve est plus au niveau d'une sanction qui serait un
petit peu moins chère, mais pour laquelle le constat est clair et que les
risques de contestation sont moindres, bien, c'est possible qu'on aille vers
celle-là aussi. Donc, c'est ces deux critères là mis ensemble, la prépondérance
de preuve et la gravité, et, généralement, oui, ça va être la plus élevée des
deux.
Mme Melançon :
Donc, donc, dans le cas où le constat est clair puis la prépondérance
aussi, bien, on va aller avec le plus cher, même si c'est une première
infraction.
M. Rousseau
(Michel) : Oui, oui. Par contre, il n'y
aura pas de sanction si ce n'est pas évalué à modéré. Il faut se rappeler que
ce qui déclenche la sanction... Sur les, je vais dire, 4 000 avis de
non-conformité qui sont émis, il y a 500 sanctions administratives. Il y
en a plusieurs qui ne vont pas en sanction administrative parce que c'est
considéré mineur, et il y a des mineurs avec facteurs aggravants, c'est quand
ça fait plusieurs fois que ça arrive. Donc, quelqu'un que c'est la première
fois que ça arrive, et que sa conséquence n'est pas un niveau très élevé, que
c'est un manquement, mais qu'il n'y a pas une grande conséquence sur
l'environnement, il y a de bonnes chances qu'il n'y ait pas de sanction
administrative aussi. Donc, c'est ça.
Mme Melançon : Et, tout à l'heure, tout à l'heure, le sous-ministre nous parlait justement, là, des circonstances
dans lesquelles le recours pénal sera priorisé, en partant de modéré jusqu'à
grave. La répétition est, donc, un facteur aggravant.
M. Rousseau (Michel) : Pour...Oui, le facteur de répétition est un facteur aggravant.
Puis, en plus, lorsqu'on tombe dans le pénal, il y a d'autres articles, là, que
je ne connais pas par coeur, mais sûrement que Me Grignon les connaît, qui sont des articles qui obligent le
juge à considérer, lorsqu'il y a récidive, la possibilité de doubler ou de
tripler les amendes. Donc, si, par
exemple, quelqu'un est déjà passé au pénal, il repasse une deuxième fois pour
la même infraction, l'amende va être plus élevée.
Au niveau des SAP, la
répétition du manquement, c'est ce qui va, parfois, faire la différence entre
l'avis de non-conformité ou une sanction administrative, parfois, ça va être la
répétition. Si on a un cas qui est dit mineur, c'est-à-dire quelqu'un n'a pas
fourni tel rapport... Bon, fournir un rapport, c'est souvent considéré comme
mineur, dans un premier temps, mais, si ça fait plusieurs fois qu'il ne fournit
pas le même rapport, qu'il a fait d'autres manquements sur d'autres choses,
bien là c'est des facteurs aggravants qui vont faire qu'on va y aller avec une
sanction administrative.
Donc, il y a deux
éléments qui font que la répétition peut être sanctionnée davantage, soit au
niveau des SAP ou au niveau des amendes, et, à ce moment-là, les amendes, c'est
prévu clairement dans la loi puis ça doit être apprécié par le juge.
Mme Melançon : Est-ce que c'est la même
chose... Parce que, lors du breffage technique, Mme la Présidente, on a
eu... on a quand même eu des tableaux, là, dans lesquels on voyait
l'harmonisation des amendes dans les lois sectorielles. Ce dont... Ce à quoi se
réfère le sous-ministre actuellement, est-ce que c'est à ces tableaux-là? Parce
que je pense qu'on y vient un peu plus loin,
là, où on va voir l'augmentation, quand même, des montants, une augmentation
assez importante, mais, à partir du moment où... Puis là probablement que je ne
suis pas dans le bon, mais ce n'est pas grave, l'exemple est bon quand même. À
partir du moment où l'amende minimale est de x montant, puis on l'a augmentée, le juge peut... puis, si, par exemple,
ce qui est proposé, c'est d'aller avec le maximum de l'amende, est-ce
que le juge peut, encore une fois, doubler, voire même tripler cette amende-là?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, il y a deux choses. Au
niveau de la Loi sur la qualité de l'environnement, les amendes ont été
ajustées à la hausse. Donc, l'amende minimale, en 2011‑2012, dans les
règlements, aussi, a été ajustée à la hausse. Une des
choses que le projet de loi va faire, on va le voir, c'est qu'il va hausser
l'amende pour les pesticides, la Loi sur la sécurité des barrages, des lois
pour lesquelles l'ajustement du montant n'avait pas été fait.
Donc, ça, une fois ça dit, on va le voir plus tard,
bien, les amendes vont augmenter pas nécessairement au niveau de la Loi sur la
qualité de l'environnement, parce qu'elle est à jour là-dessus. Après ça, quand
vient le temps d'imposer l'amende, c'est le procureur qui décide du montant
qu'il va demander. Ça commence toujours par le minimum, mais il peut décider de
demander un peu plus. Et, honnêtement, c'est assez rare, là, qu'il va demander
le maximum en partant, mais, s'il demande, par exemple, 50 000 $ de
plus que le minimum, 80 000 $, il peut aussi évoquer... le procureur
va dire : À cause de tels facteurs aggravants, je pense qu'il mérite plus.
Et là le juge doit le considérer, mais il pourrait décider de laisser ça au
minimum ou pas. Par contre, s'il y a eu récidive, bien là il y a le...
l'article de la loi est clair là-dessus.
Donc, c'est vraiment deux choses. Il y a les
lois qu'on va regarder, pour lesquelles l'amende minimum devait être augmentée
parce qu'elle n'est pas à jour. Et, après ça, le mécanisme d'augmenter l'amende
avec des facteurs aggravants, bien, c'est... ça va être... c'est le mécanisme
qui est prévu dans la loi pour... puis ça va s'appliquer à toutes les lois
aussi, là.
Mme Melançon : Et c'est plutôt
déterminé par le juge ou par le procureur?
M. Rousseau
(Michel) : Toutes les amendes pénales, ultimement, c'est le
juge qui a le dernier mot là-dessus. Le
procureur... Nous, le rapport d'enquête est remis au procureur, puis le
procureur décide, lui : Est-ce que je demande le minimum — il
est obligé de demander au moins le minimum — ou est-ce que je demande un
peu plus, je le justifie? Puis, après ça, c'est le juge qui apprécie tout ça.
Le juge pourrait donner plus. Donc, c'est comme ça que ça se passe au niveau
des amendes. Au niveau des sanctions, bien là c'est différent parce que le
montant est fixe. Le gestionnaire doit s'en tenir au montant qui est là. C'est
deux mécanismes très différents.
Mme Melançon : Merci. Ça va
pour le moment, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, bonjour, membres de la commission. Donc, très content de
pouvoir rejoindre ma collègue la députée de Verdun et tous les membres de la
commission, évidemment, pour cette étude détaillée dans le cadre de ce projet
de loi.
Sur l'article 21, Mme la Présidente,
j'aimerais poursuivre dans la foulée la dernière question de ma collègue la
députée de Verdun. Les sanctions... Comment ça fonctionne pour les sanctions?
C'est-à-dire, une fois que la personne
désignée donne une sanction, cette sanction-là peut être contestée ou, du
moins, c'est... Comment ça fonctionne, M. le sous-ministre?
M. Rousseau
(Michel) : Dès que la sanction
administrative est signifiée par un avis de réclamation, la personne est
informée qu'elle peut la contester au Bureau de réexamen, le Bureau de
réexamen, qui est un bureau indépendant qui relève directement du
sous-ministre, qui peut... à ce moment-là, revoit le dossier et juge si la
décision qui a été prise par le directeur est adéquate, et, si c'est le cas,
bien, il va confirmer la sanction. Il va informer l'entreprise ou la personne.
Et la personne peut toujours, après ça, contester encore devant le TAQ, le
Tribunal administratif, en fait, la décision du ministère et celle du Bureau de
réexamen, si jamais les deux ont confirmé la sanction administrative. Donc, il
y a quand même un bon filet, là, pour que la personne morale puisse faire
valoir son point à deux instances qui sont indépendantes des gens de mon
équipe, qui émettent des sanctions. Donc, c'est des gens qui regardent ça avec
un regard objectif puis distant des opérations.
M. Benjamin : Merci. Dans
l'article qu'on a devant nous, au deuxième paragraphe, deuxième ligne, on parle
«d'un manquement à une même disposition, survenu le même jour et fondé sur les
mêmes faits». J'ai vu, j'ai bien lu les commentaires, mais j'aimerais
peut-être... Peut-être que... M. le ministre, je ne sais pas si vous pouvez
peut-être m'expliquer... En fait, c'est surtout sur le «survenu le même jour»
que j'aimerais bien comprendre...
• (15 h 20) •
M. Charette : ...ce matin, là,
sur cet aspect-là, mais peut-être mentionner au collègue qu'à partir... En
fait, à l'article 26, on va aussi préciser la règle de l'infraction
distincte chaque jour. Effectivement, une infraction qui est commise un jour x
ne peut pas faire l'objet d'un cumul de sanctions, mais, dès le jour suivant,
c'est un autre jour, et là il y a possibilité de poursuite de nouveau si jamais
la situation n'était pas en voie d'être corrigée. Et, à l'article 26, on y
revient, là, pour préciser la règle, encore une fois, de l'infraction distincte
pour chaque journée différente.
M. Benjamin : Merci. Donc,
est-ce que je dois comprendre, donc, à partir de ce que vous venez de me dire, M. le ministre, qu'une infraction commise, peu
importe le type d'infraction, c'est-à-dire que ce soit un cas urgent ou pas,
on ne peut pas... la personne désignée ne peut pas constater de récidive le
même jour? C'est ça?
M. Charette : Le sous-ministre
adjoint l'avait bien expliqué ce matin. À partir du moment où il y a une
infraction qui pourrait faire l'objet de différentes sanctions, on va déterminer
laquelle est la plus représentative de l'infraction
commise. On va déterminer laquelle est supportée par la preuve la plus
probante. Et c'est cette infraction-là qui sera
signifiée. Et, le lendemain, bien, c'est un nouveau jour, avec la possibilité
d'une nouvelle sanction s'il n'y avait pas un processus de correction d'entamé.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Simplement pour savoir, parce que, dans le commentaire, dans le deuxième
paragraphe, là, on indique, dans le fond, que la personne désignée par le
ministre devra choisir celle qui est la plus appropriée compte tenu des
circonstances et des objectifs poursuivis par ces sanctions. Une fois qu'on a compris
ça, et à la lecture de ce qui est dit depuis le début de l'étude ici,
j'aimerais connaître le processus d'une personne qui serait... bien, qui
voudrait aller en appel, dans le fond. Est-ce qu'on peut juste connaître
comment est-ce qu'on peut... Comment une entreprise qui ne serait pas d'accord
avec une sanction administrative pécuniaire, là... Comment c'est fait
actuellement à l'intérieur du ministère?
Et, comme on laisse
ça un peu... oui, on a les objectifs, mais, oui, il y a les facteurs aggravants.
Je trouve qu'il y a un peu de liberté, là,
dans tout ça, mais je comprends le pourquoi, là. Je tiens à le mentionner. Mais
il doit y avoir un processus d'appel pour quelqu'un qui ne serait pas
d'accord avec la sanction administrative pécuniaire. Et, comme on comprend ici
la volonté du législateur, si on ne l'indique pas directement, là, en disant
que la sanction est déterminée selon ce qu'elle estime le plus approprié...
Moi, c'est sur l'estimation où je trouve qu'on est un peu lousse. Je vais le
dire comme ça. J'imagine que c'est écrit comme ça ailleurs aussi, là.
Peut-être, est-ce qu'on pourrait me conforter dans tout ça? Et j'aimerais
connaître le processus d'appel, s'il vous plaît.
M. Rousseau
(Michel) : ...lorsque la sanction
administrative a été mise dans l'avis de réclamation, il y a un paragraphe, là,
que j'ai sous les yeux, là, qui... Puis on pourrait aussi vous faire parvenir
une sanction administrative type, là, dénominalisée. Vous allez voir,
là-dedans, c'est écrit clairement, le réexamen de la décision. On explique que
les gens peuvent faire une demande de réexamen, qu'ils ont 30 jours pour
le faire. Il y a un lien directement sur le formulaire pour faire la demande.
Il y a un lien courriel et les coordonnées du Bureau de réexamen. Et on explique
aussi qu'il peut éventuellement contester
devant le Tribunal administratif et on donne le numéro du Bureau de réexamen.
Donc, dès que la
personne a cette... peut rapidement contacter le Bureau de réexamen, si elle
n'est pas à l'aise avec le formulaire ou quoi que ce soit pour faire sa
demande, et dès que la demande est faite, le Bureau de réexamen considère que
le 30 jours est respecté, et là se déclenche le processus de révision,
qui, dans le fond, est très indépendant. Donc, les gens du Bureau de réexamen
vont entendre les arguments de la personne morale, personne physique. Ils vont
vérifier auprès de la région s'ils veulent vérifier des choses, parce qu'ils
ont tout le dossier entre les mains, et ils
vont rendre une décision ensuite, puis ils vont nous en informer, et ils vont
informer aussi le demandeur.
Donc, ça, c'est la
partie Bureau de réexamen. Je dirais, quand même... C'est quand même utilisé
beaucoup, là, je vous dirais... des chiffres en tête, là, mais on a frôlé le...
Tu sais, c'est gratuit. Donc, il y a beaucoup de gens qui demandent cette
révision-là. Avec le temps, aussi, puis les décisions qui sont prises, les gens
comprennent aussi qu'il y a certains
arguments qui, malheureusement, n'auront jamais d'écoute au Bureau de réexamen.
Donc, ils finissent par ne plus faire de demande pour ça.
Je vous donne un
exemple. Quelqu'un qui s'est corrigé entre-temps, bien, ce n'est pas un
argument pour annuler la sanction administrative. Donc, au début, on avait
beaucoup de ces arguments-là, je dis «on», là, au Bureau de réexamen. Mais, par
les décisions qui se sont accumulées, disant : Non, ce n'est pas un
argument, bien, les gens ne feront plus de demande de réexamen là-dessus.
Donc, c'est vraiment
ça, le processus. Donc, tout le long, là, la personne qui a eu sa sanction peut
clairement faire valoir son point en
commençant par le Bureau de réexamen. Puis, ensuite, s'il n'est pas à l'aise
avec la décision, il peut aller au Tribunal administratif, ce qui se
fait aussi dans certains dossiers, là. Et tout ça est très clair dans l'avis de
réclamation, là.
Puis l'avis de
réclamation, pour finir, le libellé a été, j'ai envie de dire, testé dans les
tribunaux puis, entre guillemets, sanctionné par le Tribunal administratif, qui
confirme, autant pour l'avis de non-conformité que l'avis de réclamation, que
ça respecte les règles de justice administrative normales, parce que, lorsqu'on
émet une sanction à quelqu'un, il faut lui donner certaines informations. Donc,
on est contents de savoir maintenant que nos libellés ont passé le test du
Tribunal administratif, là, des tribunaux.
Mme Melançon :
Très bien. Donc, j'irai en trois temps, si vous me permettez, Mme la
Présidente.
D'abord, je pense que
ce serait intéressant, en effet, de recevoir l'exemple d'avis de réclamation
dont parlait le sous-ministre pour la commission. Je pense que ça va nous
éclairer. Je pense que c'est une bonne idée. Ça, c'était premièrement.
Deuxièmement, le Bureau de réexamen, est-ce que c'est au Tribunal administratif — est-ce
que c'est ce que je comprends? — ou c'est dans le... Dans un premier
temps, le Bureau de réexamen, il est où... pour aller au Tribunal
administratif?
M. Rousseau
(Michel) : Le Bureau de réexamen relève
directement du sous-ministre du ministère de l'Environnement. Comme dans tous
les autres bureaux de réexamen qui existent, je dirais, au gouvernement, dans
différents ministères, c'est... Lorsqu'on a... Je dis «on» encore une fois,
puis c'est vrai que ça exclut la personne qui parle,
parce que je n'ai pas eu à travailler sur le Bureau de réexamen, compte tenu
que c'est... mais, lorsque la sous-ministre de l'époque a créé ce
bureau-là, le modèle qui existait ailleurs a été pris.
Donc, c'est des gens qui relèvent directement du
bureau du sous-ministre. Et le Tribunal administratif, bien là c'est un tribunal en soi qui entend les causes
en environnement. Toutes les décisions qui peuvent être prises, comme celle-là, ou encore un refus d'émettre une autorisation,
tout ça, c'est des décisions qui peuvent aller au Tribunal administratif. Et là
il y a des commissaires, et c'est des juges administratifs, qui sont là. Donc,
eux, c'est vraiment un bureau qui ne relève pas du ministère de
l'Environnement, mais le Bureau de réexamen relève du sous-ministre
directement.
Mme Melançon :
Juste pour bien m'expliquer, là, dans le fond, c'est au bureau du
sous-ministre de l'Environnement, Bureau de réexamen... Si quelqu'un... Si une
entreprise, par exemple, veut aller au Bureau de réexamen, est-ce qu'il aura
accès à tout son dossier à ce moment-là?
M. Rousseau
(Michel) : Oui, à ce moment-là, il peut
faire une demande pour avoir accès à l'ensemble de son dossier. Il arrive que
ça doit passer par la loi d'accès, mais, dès que la personne a fait sa demande
de réexamen, elle est considérée reçue. Donc, après ça, il y a le temps
d'obtenir l'ensemble de son dossier. La mécanique fine, comme je ne travaille
pas à ce bureau-là, je vous dirais, je ne l'ai pas en détail, là. Mais c'est
sûr que c'est une préoccupation des réexaminateurs chez nous que jamais ils ne
vont prendre une décision sans qu'il y ait eu toute l'information, mais sans
que l'autre partie aussi n'ait pas eu l'information. Donc, c'est sûr et certain
que cette information est là. Il y a... Souvent, c'est une demande d'accès qui
va être faite, mais leur droit est préservé dès qu'ils font la demande de
réexamen.
Mme Melançon :
Bien là, justement, là, qu'est-ce qui fait... Là, je m'excuse parce que je
vous pose la question parce c'est vous qui êtes devant nous aujourd'hui, puis,
s'il faut aller chercher la réponse, je nous invite à... puis j'imagine que
l'armée du côté du ministère de l'Environnement, là, est à l'écoute, mais le
Bureau de réexamen... Là, vous me dites : C'est le bureau... Dans le fond,
tout ça se passe à l'intérieur du ministère de l'Environnement. Vous me
dites : Parfois, il faut passer par la loi d'accès à l'information.
Qu'est-ce qui fait qu'on doit passer ou non par la loi d'accès à l'information?
M. Rousseau
(Michel) : ...dès qu'ils veulent plus que
les documents qu'ils ont pu obtenir, c'est-à-dire l'avis de non-conformité,
l'avis de réclamation. Parfois, aussi, les entreprises ont déjà, par demande
d'accès, obtenu un rapport d'inspection. Il y a des documents qu'ils peuvent
eux-mêmes avoir fournis, qu'ils ont déjà. Mais, je dirais, de façon générale,
s'ils veulent un dossier complet, ils vont passer nécessairement par la demande
d'accès. C'est la mécanique qui est utilisée par le Bureau de réexamen, là,
systématiquement. Mais, souvent, les entreprises ont déjà un dossier de monté
parce qu'ils ont eu un avis de non-conformité, puis ça se peut que, cet
avis-là, ils l'ont eu voilà deux mois, puis qu'ils ont demandé une copie du
rapport d'inspection. Donc, ça dépend vraiment de ce qu'ils ont entre les
mains, mais, par demande d'accès, ils vont avoir accès à ce qu'ils ont besoin
dans les règles de l'accès, évidemment, en enlevant le nominatif, ces
choses-là.
• (15 h 30) •
Mme Melançon :
Et on... Oui, pardon...
M. Rousseau
(Michel) : Juste finir... c'est les demandes qui sont, aussi,
des demandes d'accès. Comme la collègue qui est à l'accès, ils en ont. Vous
vous rappelez probablement, là, on parle de plus de 11 000 demandes
d'accès par année au ministère. Donc, c'est énorme. Mais il y a des demandes
comme celles-là qui sont priorisées, justement. Donc, c'est... en bon français,
ça ne traîne pas.
Mme Melançon :
Bien, c'est exactement là où je m'en allais. Donc, vous m'avez... vous
m'avez coupé l'herbe sous le pied, mais c'est parfait ainsi, là, parce que,
dans le fond, parfois, on a le 21 jours, là, pour répondre, puis là, tout
à l'heure, on parlait du 30 jours pour pouvoir aller. Donc, je voulais
juste m'assurer que les demandes d'accès pouvaient être priorisées lorsqu'on
veut aller au Bureau de réexamen.
Et pouvez-vous
simplement me réexpliquer, parce que vous l'avez dit au départ, là, mais
qu'est-ce qui fait que ça s'en va au Tribunal administratif?
M. Rousseau
(Michel) : C'est vraiment si la décision
du Bureau de réexamen ne fait pas l'affaire de la personne morale ou personne
physique qui a fait valoir son point. Malgré tout, le Bureau de réexamen
maintient la sanction, confirme que ce qu'on a fait est correct, puis il y a
une décision, là, qui est quand même assez étoffée, là, de quelques pages qui
fait valoir tous les arguments, bien, ils peuvent décider qu'ils vont
continuer, parce que... je veux dire, un peu
comme n'importe quel principe de tribunaux, puis d'aller faire une étape de
plus au Tribunal administratif. Et, à ce moment-là, bien, la décision
qui est contestée, en gros, c'est la décision du Bureau de réexamen, parce que
c'est la dernière, là, et les mêmes... le Tribunal administratif va entendre
les parties puis il va faire son évaluation. C'est possible qu'il renverse la
décision du Bureau de réexamen comme c'est possible qu'il la confirme, comme
tout tribunal de type appel, si on peut dire.
Mme Melançon : Dans le fond, le TAQ
devient la Cour suprême, là, pour le SAP comme ça. Est-ce que vous
avez une idée, en chiffre, de combien de ces avis-là qui passent vers le Bureau
de réexamen s'en vont vers le TAQ? Est-ce que c'est un gros pourcentage ou ce
n'est que quelques cas?
M. Rousseau
(Michel) : J'ai eu les chiffres voilà pas
longtemps. Je ne l'ai pas sur les yeux. Si vous me donnez quelques minutes, je
vais les avoir, c'est sûr.
Mme Melançon :
Bien sûr. Bien sûr. Quand vous l'aurez, là. Je pense qu'on peut le prendre
simplement, comme ça, en avis. Parce que, vous le disiez tout à l'heure, M. le
sous-ministre, il n'y a pas beaucoup de gens qui sont heureux de recevoir une
sanction administrative pécuniaire comme ça. Donc, j'imagine qu'il y en a qui
veulent aller un peu plus loin.
M. Rousseau
(Michel) : J'ai les données.
Mme Melançon : Ah! vous l'avez.
Allez-y donc.
M. Rousseau
(Michel) : Donc, on part d'une sanction administrative émise
par les directeurs chez nous, il y en a 34 %, donc le tiers, en
moyenne, qui vont être contestées au Bureau de réexamen. Donc, le tiers de ces
demandes-là vont être envoyées au Bureau de
réexamen. Donc, sur 500 sanctions administratives, en moyenne, bien, il y
en a 170, à peu près, 175 qui vont être envoyées au Bureau de réexamen.
Parmi toutes les décisions qui sont prises par le Bureau de réexamen, parce
que... sur ces 175 là, il y a un autre... c'est la règle du tiers, là, il y a
un autre tiers qui va être envoyé au TAQ pour contestation. Donc, c'est à peu
près le... c'est une moyenne, là, qu'on me donne, là, évidemment, là, c'est la
moyenne actuelle depuis quelques années. Ça se tient quand même... ça se
maintient quand même pas mal. Donc, le tiers de nos sanctions vont être
contestées au Bureau de réexamen et le tiers des décisions du Bureau d'examen
vont être contestées au TAQ.
Mme Melançon : Et, comme on est
dans quelque chose de complètement nouveau avec l'avis d'exécution, parce que,
ça, c'est... donc, à l'article 17, c'est totalement nouveau, là, ce que
nous avons adopté la semaine dernière, je crois, ou c'était ce matin, là,
moi-même, je m'y perds, donc, avec l'avis d'exécution, est-ce qu'on pense qu'on
va avoir plus de cas qui seront amenés à cause de l'avis d'exécution? Et, si
oui, on... Je me rappelle que, la semaine dernière, là, on était capable de
dire : Bien, environ x nombre, parce que je veux continuer à faire la
règle du tiers pour aussi m'assurer, parce que le Tribunal administratif n'est
pas sous l'égide du ministre de l'Environnement et... juste pour nous assurer
que le flot supplémentaire puisse être pris par le tribunal.
M. Rousseau
(Michel) : Oui. Donc, l'avis
d'exécution, là, qui est à l'article 17, je pense qu'il a été suspendu.
Là, c'est... on parlait d'une centaine par année. Évidemment, là, quand on
commence avec des nouveaux outils comme ça, on y va au meilleur de notre
expérience. On peut penser que, la première année, ça va faire comme ça a fait pour les sanctions, c'est-à-dire qu'il va y
avoir plus de demandes de contestation jusqu'à tant qu'il y ait une certaine
jurisprudence qui s'établisse puis que les gens réalisent qu'il y a des
arguments pour contester qui ne tiennent pas.
La règle du tiers risque de s'appliquer dans un
régime... En tout cas, si j'avais un chiffre à donner, là, personnellement, j'irais avec la règle du tiers.
Les gens du Bureau de réexamen savent que ça s'en vient. Ça, pour eux, ça ne pose pas d'enjeu. Et ils ont des liens,
justement, avec le Tribunal administratif. On avait fait aussi cet exercice-là
avec le Tribunal administratif, à l'époque, pour lui dire : Bien là, il va
y avoir des SAP qui vont être contestées. Donc,
c'est... J'ai envie de dire, là, puis je ne travaille pas au Tribunal
administratif, mais les vérifications qu'on a faites, ça ne pose pas de
problème de volume, alors que, quand on a introduit les sanctions, c'était
quand même plus important.
Puis, le
Bureau de réexamen, c'est une des raisons pourquoi, aussi, on y tenait, parce
que, sinon, tous les dossiers auraient été directement au TAQ, ce qui
aurait été, à mon avis, une mauvaise façon d'utiliser l'administration
publique, là.
Donc, on peut penser que la règle du tiers va
s'appliquer encore une fois, là, dans ça, mais, pour la capacité de recevoir,
ça, je n'aurais pas d'inquiétude.
Mme Melançon : Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière, aviez-vous une intervention?
Non?
M. Gaudreault : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Non. S'il n'y a pas d'autre
intervention à l'article 21... Oui, M. le ministre.
M. Charette : Pour le bénéfice
du collègue de Jonquière, ce matin, on a déposé les documents d'information qui
avaient été demandés la semaine dernière, le tableau qui explique le
cheminement, le processus décisionnel. Donc, juste pour informer le collègue
que c'est maintenant à la disposition de tous.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, l'article 21 est adopté. M. le ministre,
l'article 22, s'il vous plaît.
M. Charette : Oui, en vous
précisant, Mme la Présidente, qu'il y aura un dépôt d'amendement, qui est déjà
disponible aussi pour les collègues.
Donc, article 22 : «Une sanction
administrative pécuniaire d'un montant de 500 $ dans le cas d'une personne
physique ou de 2 500 $ dans les
autres cas peut être imposée à quiconque empêche un inspecteur, un enquêteur
pénal, toute personne chargée de l'assister ou de
l'accompagner ou toute personne autorisée par le ministre en vertu du deuxième
alinéa de l'article 4 ou du premier alinéa de l'article 17 d'exercer
les pouvoirs qui lui sont conférés par la présente
loi ou les lois concernées, lui nuit ou néglige d'obéir à tout ordre qu'une
telle personne peut donner en vertu de la présente loi ou des lois
concernées.»
Le commentaire. L'article 22 prévoit la
sanction administrative pécuniaire qui peut être imposée dans les cas qui y
sont énumérés. La gravité correspond à la catégorie C du Cadre général
d'application diffusé sur Internet.
Et je ferais la lecture de l'amendement, si vous
me permettez. Merci. Donc, ce serait de remplacer l'article 22 de la Loi sur certaines mesures permettant
d'appliquer les lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages,
proposé par l'article 1, du projet de loi par le suivant :
«22. Une sanction administrative pécuniaire d'un
montant de 500 $ dans le cas d'une personne physique ou de 2 500 $ dans les autres cas
peut être imposée à quiconque empêche l'une des personnes énumérées ci-après
d'exercer les pouvoirs qui lui sont conférés par la présente loi ou les
lois concernées, lui nuit ou néglige d'obéir à tout ordre qu'une telle personne
peut donner en vertu de la présente loi ou des lois concernées :
«1° un inspecteur, un enquêteur pénal ou toute
personne chargée de les assister ou de les accompagner;
«2° toute
personne autorisée par le ministre en vertu du deuxième alinéa de
l'article 4 ou désignée par le ministre en vertu du premier alinéa
de l'article 17;
«3° toute personne autorisée par le ministre à
exécuter des travaux en vertu d'une disposition de la présente loi ou des lois
concernées.».
Le commentaire. Cet article... cet amendement,
plutôt, en est un de concordance avec le pouvoir proposé par le nouvel article 18.1. Il vise à prévoir une
sanction pour les personnes qui ne collaborent pas avec les personnes tenues
de réaliser des travaux au nom du ministre.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Commentaires?
Oui, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'essaie
simplement de comprendre, là. Parce qu'à l'article 22, avant l'amendement,
là, dans le commentaire : L'article 22 prévoit la sanction
administrative pécuniaire qui peut être imposée dans les cas qui y sont énumérés. La gravité correspond à la
catégorie C. Mais là on n'aura plus de catégorie, on se comprend bien? Et le commentaire existait malgré le fait que nous
ayons déjà, à l'article 20, décidé de ne plus avoir de catégories. Je veux
juste essayer de comprendre, là, pourquoi.
• (15 h 40) •
Mme Grignon (Karine) : En fait,
les catégories vont demeurer. Les cadres actuels vont demeurer applicables tant
et aussi longtemps qu'ils ne seront pas remplacés par un nouveau cadre. Et les
catégories, en fait, servent à... l'élément subjectif que vous parliez tout à
l'heure, là, servent à déterminer, quand on rédige la loi ou un règlement, à
venir catégoriser c'est quelle... quelle est la bonne sanction applicable, donc
quel est le montant qu'on doit fixer à l'intérieur de la loi ou du règlement,
là. Donc, il va quand même y avoir des balises qui vont être déterminées, là, fort probablement maintenant,
dans un document peut-être plus administratif, là, qui va être en dehors
du cadre dans un avenir ultérieur parce que
le cadre actuel va demeurer en vigueur pour le moment. Donc, les catégories
demeurent applicables.
Mme Melançon : Tant et aussi
longtemps qu'ils ne seront pas remplacés, comme on le disait tout à l'heure, parce qu'on ne peut pas ne pas avoir de cadre
général, ça, j'ai bien compris. Et donc... Et, lorsqu'il y aura un nouveau
cadre général, on reverra si ça s'appelle
encore catégorie C ou si on n'y va plus avec les catégories A, B, C, D jusqu'à
E, là. Je crois, de mémoire, tout à l'heure, c'est ce qu'on se disait.
Le
montant, là... ici, on marque : «Une sanction administrative pécuniaire
d'un montant de 500 $ dans le cas d'une
personne physique ou de 2 500 $ dans les autres cas peut être imposée
à quiconque empêche l'une des personnes énumérées ci-après d'exercer les
pouvoirs qui lui sont conférés par [les présentes lois]», bla bla bla. Est-ce
que ces montants-là sont similaires à ce que
nous avions préalablement quand il y avait, par exemple, quelqu'un qui ne
voulait pas, pour une raison x, y ou z, là, entrer... laisser entrer un
représentant de l'État sur un terrain?
Mme Grignon (Karine) : Oui. En
fait, c'est les mêmes catégories, donc autant pour les infractions. Donc, la catégorisation actuelle sert autant pour les
sanctions administratives pécuniaires que pour les infractions. Donc, il y
avait actuellement une infraction, notamment dans la Loi sur la qualité
de l'environnement, pour l'entrave au travail d'un inspecteur, et c'était la
catégorie C, effectivement, qui était prévue à la LQE, avec les mêmes montants,
là, que vous voyez là.
Mme Melançon : Avec les mêmes
montants.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, pour la SAP, là, c'est les mêmes montants qui
correspondent à la catégorie C, là, à l'intérieur de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Mme Melançon : Parfait. Et je
me posais simplement la question, parce que le 1°, c'est :
«1° un inspecteur, un enquêteur pénal ou toute
personne chargée [pour] les assister ou [...] les accompagner;
«2° toute
personne autorisée par le [ministère] en vertu du deuxième alinéa de
l'article 4[...]», ça, on vient d'en parler, et
«3° toute personne autorisée
[à...] pour exécuter les travaux...»
D'accord. Donc, ça reprend chacun des objectifs
de tout à l'heure. Parfait pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente. En fait, ma question
concerne... Je vois qu'ici il y a une distinction qui est faite au
niveau du montant de l'amende entre les personnes physiques et les autres cas.
Quand on dit «les autres cas», on fait référence à quels autres cas?
Mme Grignon (Karine) : En fait,
ça peut être une association, une société en commandite, donc c'est toutes les
autres personnes, dans la définition de «personne» qu'on a vue au tout début,
là, à l'article 1, qui ne sont pas une personne physique. Donc, les autres
cas, c'est toutes ces autres possibilités-là.
M. Benjamin : O.K., les autres
cas, c'est les autres... O.K., entités.
Ma question pour le ministre : Pourquoi, à
l'article 21 qu'on vient d'étudier, il n'y a pas cette distinction
qui est faite pour ce qui est de... en fait, du manquement? Et, ici, quand
vient le temps de parler du montant de pénalité, il y a une distinction.
Pourquoi? Pourquoi ne pas l'avoir fait aussi à l'article 21, cette
distinction-là?
M. Charette : Je veux juste
être bien certain de vous comprendre. L'article qui a été adopté,
l'article 21 précédemment?
M. Benjamin : Oui, absolument.
M. Charette : Donc...
M. Benjamin : À
l'article 21, si vous permettez, M. le ministre, il est dit : «Il ne
peut y avoir cumul de sanctions administratives pécuniaires à l'égard d'une
même personne...» Donc...
M. Charette : Oui, tout simplement parce que, dans le cas d'une
personne, en général, ça implique les deux possibilités, physiques et
morales. Donc, la personne désignée, qu'elle soit morale ou physique, a un
recours à sa disposition.
M. Benjamin : Ah! O.K., oui.
Excellent. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je suis désolé d'avoir été absent ce matin. La température n'était pas clémente dans la réserve faunique des
Laurentides. Alors, on pourrait faire un troisième lien entre Laterrière
et Charlesbourg. Ça pourrait être... Ça serait bien.
Donc, moi, je voudrais savoir : Est-ce
qu'on a une évaluation? Parce que je comprends que c'est... Pour ce qui est des sanctions administratives pécuniaires
de 500 $ dans le cas d'une personne, 2 500 $
dans le cas d'une entreprise, par exemple, quand on empêche une personne
d'exercer un pouvoir, là, c'est-à-dire un préposé de l'État d'exercer un
pouvoir, est-ce qu'on sait si c'est suffisant?
Dans le fond, l'objectif, c'est quoi? C'est de
faire en sorte de dissuader, tu sais. Moi, je connais des personnes, là, que je
ne nommerai pas ici, Mme la Présidente, mais qui ont décidé, là, d'inclure les
pénalités du ministère de l'Environnement dans leurs pertes pour se construire
un mégachalet sur le bord d'un lac puis de raser la flore, là, sur le bord du
lac, puis de couper les arbres pour avoir une vue sur le lac. Les pénalités, on
va mettre ça dans nos pertes puis on va le financer à long terme.
Alors, 500 $ pour une personne physique...
alors, quand on connaît, par exemple, le type d'entreprises qui ont détourné
des sols contaminés en Ontario ou dans des champs dans Lanaudière ou dans les
Laurentides, 500 $, tu sais, ce n'est pas grand-chose.
Alors, est-ce qu'on a une évaluation de ça? Ou
peut-être la première question, c'est : Est-ce que, un... Moi, je présume
que c'est conforme, dans les autres lois pénales en d'autres matières, dans le
corpus législatif du gouvernement du Québec. Un, est-ce que c'est conforme ou
est-ce qu'on est plus bas? Deux, est-ce qu'on a une étude pour savoir si c'est
encore suffisant pour dissuader? Et, trois, ça fait combien de temps que c'est
à 500 $ puis à 2 500 $? Est-ce qu'on... Quand on voit l'inflation,
là, nos tarifs d'Hydro vont monter de quasiment 3 %, là. On pourrait
peut-être penser à une inflation aussi des pénalités, là, des sanctions
administratives et pécuniaires pour des infractions, en tout cas, au moins à
cet égard-là.
M. Charette : C'est des
questions bien, bien légitimes. Et, déjà, peut-être faire la distinction entre
les SAP et le pénal... Les SAP, de nature
générale, là, les montants en cause sont beaucoup moins élevés. Et le 500 $
versus le 2 500 $, c'est uniquement pour empêcher l'inspecteur
d'accéder sur le site. Ce n'est pas pour corriger la situation elle-même.
Donc, on va voir, dans les articles suivants,
une certaine gradation de responsabilités. Et, si jamais cette personne-là,
effectivement, empêchait l'inspecteur, ou qui a la légitimité de se rendre sur
place, vous pourrez vous assurer qu'on ne s'arrêtera pas
là. Le lendemain, sinon la journée même, les inspecteurs seront accompagnés de
la police. Ils vont... Donc, ça, c'est uniquement la sanction pour la personne
qui empêche ou qui souhaiterait empêcher l'inspecteur
de faire son travail. Mais, pour ce qui est de l'historique, la hauteur des
sanctions, c'est peut-être le sous-ministre adjoint qui serait le plus à
même de répondre à la question.
• (15 h 50) •
M. Rousseau
(Michel) : Oui. C'est un sujet qui est
important. Il y a deux façons de sanctionner la personne qui fait entrave. Il y
a par les sanctions administratives, et on va le voir plus tard, là. L'article,
il ne faut pas que je me trompe, c'est-tu... 41, qui peut être aussi par
amende. Évidemment, l'amende, on va le voir, est plus élevée, là, c'est un minimum de 2 500 $.
Qu'est-ce qui va faire que, parfois, on va aller en sanction administrative ou
en amende? C'est le caractère répété. La même personne qui, par exemple,
a eu une sanction de 500 $, que ça ne fait pas, elle peut aller en
enquête.
Ce qui est important,
je dirais qu'historiquement les cas de sanction, là — puis
j'ai les chiffres devant moi, là — ça varie entre six et trois par année,
des cas de sanctions administratives pour entrave. La plupart de ces cas-là,
les gens comprennent vite que ce n'est pas payant de faire entrave. Un, il y a
le 500 $, c'est sûr... ou souvent, aussi, ça va être l'entreprise, parce
qu'il l'a fait au nom de son entreprise, mais c'est sûr, sûr et certain qu'on
va aller faire l'inspection. Et là on y retourne. Puis la procédure est assez
standard : on va y retourner à deux inspecteurs, on va avoir la police
avec nous, on va rentrer et on va faire le tour. Et ça ne peut pas être une
façon de... Ça a déjà été une époque où les gens disaient : Ah! bien, ils
sont venus chez nous, je les ai revirés, puis ils ne reviendront plus, puis
j'ai eu la paix. Là, c'est : Ils sont venus, ils sont revenus, puis je
pense que j'aurais été mieux, le premier coup, de les laisser passer. C'est vraiment une approche où, oui, ils vont avoir une
sanction, mais il va aussi y avoir une inspection complète qui va se
faire. Donc, je dirais, les montants sont suffisants dans ce sens-là, dans la
mesure où on ne s'arrête pas à sanctionner l'entrave.
Puis, pour les
clientèles dont vous avez parlé, souvent, c'est... Bien, les cas d'entrave,
oui, mais, souvent, ça va être plus en termes d'ordonnances et d'autres mesures
beaucoup plus musclées ou des enquêtes vraiment plus élaborées qu'on va avoir du succès là-dessus. Mais, en général, les
sanctions administratives pour l'entrave à l'inspecteur, ça fait le
travail.
Je dirais, lorsque
c'est un enquêteur qui se fait faire entrave, ce qui est beaucoup plus rare,
là, ça va être directement au pénal. Mais il va arriver que l'inspecteur qui se
fait faire entrave, on va aller au pénal aussi, parce que ça fait deux fois,
puis on connaît le client. Mais ce n'est jamais payant, là. Puis c'est sûr et
certain qu'il va avoir droit à l'inspection. Et les policiers collaborent très
bien dans ces moments-là puis, je dirais, ils s'assurent qu'on va prendre le
temps de tout faire les vérifications bien comme il faut.
M. Gaudreault :
Merci. Ça répond en partie, parce que... Il reste que je voudrais
savoir : Est-ce que c'est conforme dans d'autres lois où il y a des
sanctions pour entrave à un inspecteur? Je ne sais pas, je n'ai pas d'idée en
tête, là, mais, j'imagine, en affaires municipales, en sécurité publique, ça
doit exister. Est-ce que c'est conforme? Et ça fait combien de temps qu'on est
au niveau de 500 $ et 2 500 $? Puis je vais avoir une autre
question encore après.
Mme Grignon (Karine) : En
fait, au niveau de l'uniformité entre les différentes lois, je vous dirais qu'il
n'y en a pas, là. Il y a eu des
projets pour rendre tout ça uniforme, là, autant au niveau d'une modification
au Code de procédure pénale,
mais ça varie en fonction des régimes de sanctions qui sont propres à chacun...
à chacun des ministères, chacun des domaines gérés par les ministères, là.
Mais, grosso modo, ça tourne autour, effectivement, des montants qui sont...
qui apparaissent. En fait, ce que vous voyez là, en fait, je vous dirais que
c'est les plus élevés, ceux qui apparaissent dans la Loi sur la qualité de
l'environnement et qu'on reprend ici, là, dans la nouvelle loi.
M. Gaudreault :
O.K. Donc, on est... Les plus élevés sont à la LQE.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, exact.
M. Gaudreault : O.K., ça, c'était une
autre question que j'avais. Et, quand on... Le sous-ministre nous disait :
On peut envoyer, par exemple, deux inspecteurs. Peut-être une question
niaiseuse, là : «Une sanction administrative pécuniaire d'un montant de
500 $ dans le cas d'une personne physique [...] peut être imposée à
quiconque empêche» une des personnes... S'il y en a deux qui y vont puis le
proprio délinquant empêche les deux, c'est-tu 1 000 $ ou c'est
500 $? C'est-tu 500 $ par tête de pipe d'inspecteur ou c'est...
mettons qu'il y a deux inspecteurs, paf! c'est 1 000 $? Aussi bien, la deuxième fois, d'en envoyer 10,
inspecteurs, ça va lui coûter 5 000 $. En tout cas, je ne sais pas,
là, mais...
M. Rousseau
(Michel) : On a prévu beaucoup de questions. Celle-là... Non,
c'est une seule entrave à ce moment-là. Puis, quand je dis...
M. Gaudreault :
C'est une entrave. Donc, c'est par entrave.
M. Rousseau
(Michel) : Oui.
M. Gaudreault :
O.K.
M. Rousseau (Michel) : Et,
quand on retourne à deux, c'est que souvent... En fait, rapidement, on a une
politique pour la clientèle dite agressive, là. Donc, dès que quelqu'un a
manifesté des propos ou qu'il a empêché de faire le travail, dans nos fichiers,
il y a une référence, et, chaque fois qu'on va retourner à cet endroit-là, on
va être deux inspecteurs. S'il faut, on va prévenir la police d'avance. Donc,
quand ils retournent à deux, généralement, c'est parce que... c'est par
sécurité. On veut être sûr de pouvoir rentrer puis bien faire comprendre qu'on
s'en vient faire le travail. Puis parfois,
assez souvent, la police va nous accompagner. Mais, non, l'entrave, c'est... ça
va être pour une situation.
M. Gaudreault :
O.K. Je pense que ça fait le tour pour l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Juste pour faire du pouce sur la dernière question du député de Jonquière,
à partir du moment où il y a entrave, vous avez dit, tout à l'heure : Là,
on va envoyer deux personnes — puis, comme vous le disiez, à un moment
donné, c'est une question de sécurité — et, si on y retourne à deux,
là il va y avoir inspection, qui n'était peut-être pas... ou, du moins... En
tout cas, je pense que, là, c'est encore plus clair, là, on va chercher... on
va vouloir trouver. Je pense que c'est comme ça que je devais le voir. Ça,
c'est ma première question.
Et vous disiez, tout
à l'heure : Si, par exemple, c'est un enquêteur pour qui il y a entrave,
là ça s'en va directement au pénal. J'ai bien compris?
M. Rousseau
(Michel) : Oui.
Mme Melançon : O.K. Parfait. Mais, si on envoie un inspecteur,
habituellement, c'est pour faire inspection, non?
M. Rousseau
(Michel) : Oui.
Mme Melançon :
Mais, lorsque vous dites : Là, on va y aller à deux, puis là il va
vraiment y avoir inspection, on revient au même, mais, dans le fond, ça coûte
juste plus cher au ministère parce que, dans le fond, là, c'est deux personnes
qui sont payées pour faire un même boulot. Puis là je comprends toute l'idée de
la sécurité, là, comprenez-moi bien. Cependant, à partir du moment où on doit y
aller une deuxième fois, puis je le dis comme ça, là, parce qu'on est un peu
aussi dans la reddition de comptes, dans le même... en même temps, moi, de
savoir que quelqu'un fait entrave puis que, là, parce qu'il a fait entrave,
parce qu'il est fautif, oui, il va y avoir... il va y avoir une sanction administrative pécuniaire, là,
d'entre 500 $ et 2 500 $, je ne pense pas que ça fasse les
frais, quand même, pour le ministère, non?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, il y a plusieurs cas
d'espèce. Je dirais, ce qui arrive le plus fréquemment, quand les personnes ne
veulent pas qu'on rentre, souvent, en argumentant, ils vont finir par accepter.
Ça arrive quand même assez fréquemment que l'inspecteur va se retirer, il va
appeler son chef d'équipe puis il va dire : Regarde, on prend contact si
les policiers sont disponibles, puis parfois on finit l'inspection la journée
même, il arrive un policier, l'inspecteur le fait tout seul avec le policier,
puis ça fait le travail. Chose qui est certaine, si on n'a pas, dans cette
journée-là, pu faire le travail et on pense que c'est une infraction... Bien,
en fait, on... quand on est en inspection, on va faire des vérifications. Mais,
si on pense qu'il y a un manquement qui est là puis qui pourrait disparaître,
il ne sera pas tard qu'on va y retourner. Ça
peut être le lendemain, le surlendemain. Et, à ce moment-là, oui, on y va
différemment, parce qu'on a une clientèle qui l'exige.
Et j'ai envie de
dire, dans l'histoire, la plupart des gens qui ont fait entrave ou qui ont eu
des propos déplacés — en
même temps, il y a aussi une lettre du directeur qui est envoyée — la
majorité ne le refont pas. Souvent, ils vont
même s'excuser puis réaliser que c'était peut-être bon dans une autre époque,
mais qu'aujourd'hui ce n'est plus à la mode de faire ça. Des fois, ils
ont toutes sortes de propos, là, qui... par rapport à la diversité, et tout,
là, donc. Mais, je vais vous dire, ça se corrige assez vite, puis surtout
lorsqu'on se représente avec les policiers.
Mais, oui, on va le
faire avec cette procédure-là parce que la sécurité est quand même en tête de
liste, là, des priorités de nos inspecteurs. Dans la formation, c'est la
première chose qu'on leur enseigne, parce qu'il y a des gens qui peuvent aller
aussi au bout de leurs commentaires, là. On a déjà eu des situations où
c'est... il y a des gestes qui sont posés, là. Puis ça... Et, à deux, puis avec
les policiers, ça évite ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement à
l'article 22... Est-ce que je dois faire, monsieur... Rafraîchissez-moi la
mémoire. Est-ce que je dois faire un
appel... un vote sur un amendement? Non. Alors, est-ce que... Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, l'amendement à l'article 22 est adopté.
Maintenant, nous
avons l'article 22 tel qu'amendé, mais l'article 22 remplace... l'amendement
remplace l'article 22. Maintenant, éclairez-moi, M. le secrétaire :
Est-ce que je dois faire un vote? Je pense que oui. Voilà. Alors donc, est-ce
qu'il y a des interventions à l'article 22 tel qu'amendé? Donc, nous
allons procéder au vote. Ah! pas besoin?
Une voix :
...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, est adopté? Je n'ai pas besoin de faire de vote. O.K. Parfait. On
continue. On devient un petit peu rouillé.
M. le ministre,
l'article 23, s'il vous plaît.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, 23 :
«Une sanction
administrative pécuniaire d'un montant de 1 000 $ dans le cas d'une
personne physique ou de 5 000 $ dans les autres cas peut être imposée
à quiconque fait défaut ou néglige de respecter un avis d'exécution transmis en
vertu de l'article 17.»
L'article 23
prévoit la sanction administrative pécuniaire qui peut être imposée pour le
non-respect d'un avis d'exécution. La gravité correspond à la catégorie B du
cadre général d'application diffusé sur Internet.
Il s'agit d'une
nouvelle sanction administrative pécuniaire puisque l'avis d'exécution est un
nouveau pouvoir introduit par la nouvelle loi.
Et ce que
j'ajouterais comme commentaire, ça fait suite un petit peu à l'échange de ce matin,
lorsqu'on disait que la loi et le règlement va arriver avec un détail ou un
degré de détail encore plus... encore plus précis, non pas général, mais encore plus précis que le cadre
général. Donc, on en voit l'illustration, comme 22 l'était aussi précédemment.
• (16 heures) •
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon :
Vous allez peut-être être surpris de mon commentaire, mais je m'attendais,
pour un avis d'exécution, comme c'est nouveau, puis on disait quand même qu'on
voulait avoir du mordant, à partir du moment où quelqu'un refuse d'aller avec
l'avis d'exécution, prenons, par exemple, comme le faisait le sous-ministre un
peu plus tôt cet avant-midi, un contrevenant qui, par exemple, il y a du
déversement qui est fait dans une rivière, puis là on demande l'avis
d'exécution de façon urgente, puis la personne refuse, parce qu'on est
exactement là-dedans actuellement, là, néglige de respecter l'avis d'exécution,
1 000 $, je ne sais pas, moi, je pensais que c'était pour être plus
costaud.
M. Charette :
C'est une première réponse générale, les collègues pourront compléter un
petit peu, comme je le mentionnais tout à l'heure, on est encore au niveau des
SAP, des sanctions administratives pécuniaires. C'est bien certain que, si
c'est un dossier qui va ensuite au pénal, l'ordre des amendes sera passablement
plus grand, donc une certaine gradation. Donc, j'irais de ce premier
commentaire là général, je ne sais pas si la collègue souhaite plus de
précisions à ce niveau-là.
Mme Melançon :
Bien, c'est surtout, parce que, là, je me réfère, donc, à l'article 17
puis aux discussions que nous avions sur, justement, l'avis d'exécution, on se
disait que c'était un nouvel outil, que, maintenant, c'était sanctionnable,
qu'on voulait aller se donner, se donner plus de pouvoirs à la suite d'avis de
non-conformité. Dans le fond, s'il y a un avis de non-conformité et que ce
n'est pas respecté, moi, je veux juste connaître, là, dans le fond, est-ce
qu'il peut y avoir... Mais non, on disait, tout à l'heure, que les sanctions
administratives pécuniaires ne pouvaient pas être additionnées, bien, je trouve
juste que ce n'est pas très costaud, puis je veux juste savoir sur quoi on
s'est basé, puisque c'est... on est dans de la nouveauté, donc dans quelque
chose de complètement nouveau, là, ici, sur quoi est-ce qu'on s'est basé pour
aller chercher... puis je fais bien la distinction, je veux juste le dire au
ministre, là, entre la sanction administrative pécuniaire et l'amende, j'ai
très bien compris ça, mais, quand même, pour avoir un pouvoir d'exécution,
parce que c'est de ça dont il est question ici, je veux juste savoir sur quoi
on s'est basé pour aller donner les montants, puisque c'est nouveau.
M. Charette :
Alors, pour ce qui est du pénal, à l'article 42, on aura l'occasion
d'y revenir, mais déjà, pour signifier la
gradation pour une personne physique, on va parler, à ce moment-là, de
5 000 $ à 500 000 $ d'amende, et, pour une personne
morale, de 15 000 $... je veux juste bien compter mes zéros... à 3 millions
de dollars, donc on n'est pas du tout dans le même ordre. C'est le principe de
la gradation, et on ne peut pas présumer non plus de la mauvaise foi de la personne et, dans la plupart des cas, c'est suffisant
pour entraîner le changement de comportement, là, qui est souhaité.
Donc, une SAP, dans un premier temps, et, ultimement, si on doit recourir à la
gradation qui est nécessaire, là, là on voit
que les montants, en conséquence, en cause, sont nettement, nettement plus
importants. Mais, la plupart du temps, cette étape-là, elle est suffisante pour
entraîner le changement de comportement, là, qui est souhaité.
Mme Melançon :
Bien, c'est un peu difficile à savoir si ce sera suffisant, puisque l'avis
d'exécution, c'est quelque chose de totalement nouveau. Moi, je pensais très
honnêtement qu'une fois que l'avis d'exécution était refusé, on s'en allait
directement vers l'article dont vous faisiez mention. J'essaie juste de
comprendre l'entre-deux et pourquoi exactement, parce que vous venez de donner
des montants, là, puis on voit à quel point c'est beaucoup plus élevé. Donc, le
1 000 $, est-ce qu'il va être dissuasif à ce moment-là, versus les
montants dont vous avez parlé? C'est juste, là, et j'essaie juste de comprendre
pourquoi on ne passe pas de l'avis d'exécution, refusé, bien là, on s'en va de
l'autre côté, probablement parce que l'enquête n'est pas finalisée. J'essaie
juste de comprendre, là.
M. Charette :
Pour les applications terrain, on va céder la parole
M. Rousseau
(Michel) : Il y a plein d'exemples, mais disons, si quelqu'un
avait mis des contaminants dans l'environnement, condamné à l'article 20,
il pourrait avoir eu une sanction administrative de 10 000 $ au
départ. Probablement que, dans ce cas-là, c'est une
gravité importante. Et, si l'avis d'exécution ne le respecte pas, ça pourrait
vraiment être un cas qui se retrouverait en enquête avec des amendes plus
élevées. On pense que, dans les cas que l'avis l'exécution va aller en
sanctions administratives, c'est des gens qui vont avoir déjà une sanction
administrative, donc déjà eu un certain montant. Et l'avis d'exécution, dans
certains cas ou dans plusieurs cas, ce n'est pas urgent, on lui demande de
ramasser ses déchets, des choses comme ça. C'est comme si on vient rajouter une
autre sanction administrative par-dessus celles qui ont déjà eues. Donc,
l'accumulation de ces montants là, on pense que, dans la majorité des cas, là,
va faire le travail. Et, si ce n'était pas le cas...
Puis, tantôt, vous parliez de cas d'urgence.
C'est sûr qu'il y a toutes sortes de situations qui arrivent en environnement,
mais, si on arrive à l'endroit, puis qu'il y a une urgence, puis que ça coule,
il y a d'autres outils qui vont être pris, tout simplement. On va,
probablement, prendre, ce qu'on appelle dans le jargon, un 115.1. 115.1, c'est
un article qui dit : Dépêche-toi à ramasser, sinon le ministère va le
faire, va t'envoyer la facture. Donc, en urgence, ça arrive, ça arrive qu'on
fait les travaux. Une fois ou deux par année ou une fois aux deux ans, on fait
des travaux puis on envoie la facture, on ne laissera pas couler. Donc, ça...
Mais là on tombe dans un autre registre, on n'est plus dans... et la SAP va venir
après, et tout ça.
Donc, l'avis d'exécution va être utilisé, et
moi, je pense, en le cumulant avec d'autres sanctions qui vont avoir eues pour
le même manquement. Les montants qu'il y a là vont faire le travail dans la
majorité des cas et les plus récalcitrants, c'est comme toujours dans la
gradation, ils vont se ramasser aussi en enquête, et probablement avec une
ordonnance du ministre, éventuellement, là, parce qu'il ne faut pas oublier que
l'ordonnance du ministre est toujours là pour les cas les plus complexes ou les
cas dont la gradation nous amène à cet endroit-là. Donc, c'est juste... Encore
une fois, là, j'espère d'avoir été clair, là, mais il n'y a pas de... Le
montant en soi, c'est une chose, mais il faut voir qui est déjà... On est déjà
dans un processus de dégradation où il y a déjà eu d'autres sanctions avant,
donc cette accumulation-là va finir par faire changer les comportements, on
pense, pour une bonne majorité.
Mme Melançon : C'est
probablement moi qui avais mal saisi tout à l'heure. Expliqué comme ça, je
comprends bien. Moi, tout à l'heure, ce que je comprenais, c'est que nous ne
pouvions pas additionner les SAP. Mais j'imagine que, comme il va y avoir eu un
avis, ça vient plus tard, donc ce n'est pas le jour même, c'est ça?
M. Rousseau
(Michel) : Ce n'est pas le même
manquement, parce que, dans un cas, c'est une sanction pour avoir enfreint un
article. Dans votre cas, c'est une sanction pour ne pas avoir respecté un avis
d'exécution. Donc, c'est deux manquements différents.
Mme Melançon : Bon, merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le sous-ministre.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions relativement à l'article 23? S'il n'y a pas d'autre
intervention, l'article 23 est adopté. M. le ministre, l'article 24.
M. Charette : Merci. Mme la
Présidente, donc :
«24. Aucune décision d'imposer une sanction
administrative pécuniaire ne peut être notifiée à une personne en raison d'un
manquement à une disposition de la présente loi ou des lois concernées
lorsqu'un constat d'infraction lui a été
antérieurement signifié en raison d'une contravention à la même disposition,
survenue le même jour et fondée sur les mêmes faits.»
Cet article vise à empêcher qu'une sanction
administrative pécuniaire soit imposée à une personne si un constat
d'infraction lui a été signifié pour une contravention à la même position,
survenue le même jour et fondée sur les mêmes faits. Précisons toutefois que cet
article n'empêche d'aucune façon de délivrer un constat d'infraction à la suite
de la notification de la sanction administrative pécuniaire.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas... Oui, M. le député de Viau.
• (16 h 10) •
M. Benjamin : Merci,
Mme la Présidente. Des fois, les articles, donc la formulation, nous incitent à
y réfléchir à deux ou trois reprises. J'aimerais... J'ai lu le
commentaire, M. le ministre, mais, particulièrement, dans les deux premières
lignes de l'article, donc, c'est un peu confus pour moi. Pouvez-vous peut-être
m'expliquer? Est-ce que ça a un rapport avec les... précédemment, on a vu, il y
a deux ou trois... un article auparavant. Est-ce que c'est... Il y a un lien?
Donc, j'essaie de comprendre.
M. Charette : Pour que la
réponse soit la plus adéquate possible, parce que j'ai eu essentiellement le
même questionnement, parce qu'il y a
beaucoup de ressemblances entre cette formulation-ci et celle retenue, là, deux
articles plus tôt. Donc, avec consentement, on pourrait laisser le soin
à Me Grion... Grignon, voilà.
M. Benjamin : Merci.
Mme Grignon (Karine) : Donc,
ici, à l'article 24, c'est vraiment pour empêcher le cumul avec un constat
d'infraction qui a été signifié. Donc, si on a pris la décision d'aller en
enquête pénale et de produire un constat d'infraction, on ne pourra pas, par la suite,
émettre un avis de non-conformité pour imposer une sanction administrative
pécuniaire, là. Donc, on ne veut pas le cumul, là, encore là, pour les mêmes
faits, le même jour, mais par rapport à une infraction. Tandis que
l'article 21, c'était vraiment par rapport à différentes sanctions
administratives pécuniaires entre elles, là. Donc, on a les deux types, mais ça
revient à la même règle, là. On empêche le cumul.
M. Benjamin :
D'accord. Parfait. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est ce qu'il y a d'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, l'article 24 est adopté. M. le ministre,
l'article 25.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, :
«25. Lorsqu'un
manquement à une disposition de la présente loi ou des lois concernées est
constaté, un avis de non-conformité peut être notifié à la personne en défaut
afin de l'inciter à prendre sans délai les mesures requises pour remédier au
manquement. Un tel avis doit faire mention que le manquement pourrait notamment
donner lieu à une sanction administrative pécuniaire et à l'exercice d'une
poursuite pénale.»
Le commentaire. Cet
article prévoit qu'à la suite de la constatation d'un manquement à l'égard de
tout manquement à la nouvelle loi, aux lois concernées ou à l'un de leurs
règlements, un avis de non-conformité peut être notifié dans le but d'informer
le contrevenant des conséquences potentielles et son manquement. Cet avis devra
obligatoirement mentionner que le manquement peut donner lieu à l'imposition
d'une sanction administrative pécuniaire ou à l'exercice d'une poursuite
pénale. Le contenu de cet article n'est pas nouveau et se retrouve dans
plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles concernés sera
proposée plus tard.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Ici, est-ce que je dois comprendre, M. le
ministre, que c'est une... cet article-là repose entièrement sur la discrétion
de la personne désignée?
Mme Grignon
(Karine) : En fait, oui, c'est une discrétion, parce que, là, on se
rappelle, l'objectif derrière les sanctions administratives pécuniaires, donc,
c'est un retour rapide à la conformité. Donc, la transmission d'un avis de
non-conformité, c'est quand le manquement est toujours présent. Donc, on va
quand même laisser la possibilité à la personne de remédier à son manquement.
Donc, pour lui donner la possibilité d'y remédier entre la constatation du manquement et la transmission de
l'avis de non-conformité, il faut quand même laisser cette ouverture-là,
cette marge de manoeuvre là, là, de notifier, oui ou non, l'avis de
non-conformité.
M. Benjamin :
J'essaie de comprendre. En fait, l'inspecteur ou la personne désignée
arrive et constate un manquement. Donc, il
décidera, donc... et c'est à sa discrétion de décider est-ce qu'il donne un
avis de non-conformité ou, du moins, c'est ce qu'il impose, une
pénalité. C'est ça?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, en fait, M. Rousseau pourra compléter, là, mais
il peut y avoir transmission d'informations le jour même de l'inspection,
dire : Il y a certains manquements, j'ai noté telle, telle chose qui ne fonctionne pas. Ça fait que peut-être que la
personne va remédier sur-le-champ aux différents manquements. Et alors là,
il n'y aura pas pertinence de transmettre un avis de non-conformité, là. Mais
je vais laisser M. Rousseau compléter.
M. Rousseau
(Michel) : Oui. Dès qu'il y a un
manquement connu, je dirais, dans la pratique... Puis le cadre, dont on a parlé beaucoup, le cadre est très clair
là dessus. Dès qu'il y a un manquement connu, il y a systématiquement un
avis de non-conformité qui est émis. Sauf dans une situation assez évidente,
c'est lorsqu'on n'a pas le «qui», c'est-à-dire qui a fait la... lorsqu'on n'est
pas sûr de qui a commis l'infraction. Ça arrive. Des fois on hésite entre deux,
trois entreprises ou deux, trois personnes. Dans ce cas-là, ça peut être des
lettres qui sont envoyées, mais... ou souvent
le dossier va être envoyé en enquête. Mais systématiquement, selon le cadre, il
y a un avis de non-conformité qui est émis dès qu'il y a un manquement.
Et, si on pousse un
peu plus loin, à l'article 20, paragraphe 5°, là, on a bien mentionné
aussi que, dès qu'il y a une sanction administrative pécuniaire, il faut qu'il
y ait eu un avis de non-conformité avant. Donc, la personne n'aura pas une
sanction monétaire si elle n'a pas eu un avis de non-conformité au préalable.
Donc, les avis de
non-conformité, c'est systématique, mais on n'a pas le choix de mettre le
«peut», en tout cas, pour nous, à cause des situations où on ne connaît pas le
«qui», dans notre jargon, ce qui n'arrive pas souvent, mais il faut quand même
le prévoir.
M. Benjamin : Donc, moi, c'est sur
le... justement, ma première question, donc, sur la question discrétionnaire,
c'est sur le «peut», justement, parce que j'ai l'impression que, tel que
formulé, ça donne une discrétion à l'inspecteur de pouvoir, oui ou non, donner
un avis de non-conformité, donc...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le sous-ministre...
M. Rousseau
(Michel) : Bien, en fait, comme je vous
dis, le «peut», à mon avis, juridiquement, on n'a pas le choix de le laisser, pour la raison qu'il y a des
situations où ce serait impossible parce qu'on n'a pas clairement... Il y a un manquement, mais on ne sait pas clairement qui l'a
fait, ce manquement-là. Et, pour le déterminer, souvent, bien là, on va passer
par une procédure d'enquête. Les cas où ce dossier-là tombe en enquête, c'est
parfois quand on sait qu'il y a une infraction, on se doute c'est qui, mais on
n'a pas de preuve assez importante pour pouvoir lui signifier un avis de
non-conformité, mais ça demeure l'exception.
Sinon, tous les cas où la personne est connue,
ce qui est la plupart des cas, le cadre d'application, là, qui est prévu dans
la loi est très clair, c'est systématiquement un avis de non-conformité.
Mais le «peut» doit être là pour la raison que
je vous dis. Sinon, on tomberait dans un peu l'absurde, là, parce qu'il y a des
cas où on ne connaît juste pas la personne, donc on ne peut pas signifier
quelque chose à quelqu'un qu'on ne connaît pas.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, pour
éviter, justement, le «peut», le «doit», le... Je comprends ce que mon collègue
de Viau, dans le fond, tente de souligner, là, mais je pense qu'on...
«Lorsqu'un manquement à une disposition de la présente loi ou les lois
concernées est constaté, un avis de non-conformité doit être notifié à la
personne en défaut», si elle est connue. Je
pense qu'on devrait peut-être y aller à l'inverse, dire qu'on le doit lorsque
la personne est connue.
Parce que le «peut», tel que rédigé ainsi,
laisse véritablement une certaine latitude, puis ce n'est pas ce qu'on veut,
là, comme législateur, c'est bien ce que je comprends. Donc, «doit» être
notifié lorsqu'on connaît la personne, puis, à l'inverse, bien, ce n'est pas
«doit», parce qu'on ne connaît pas la personne. Mais c'est simplement que, tel
que rédigé, je ne pense pas que ça aille dans l'esprit de ce que veut le
législateur à ce moment-ci.
M. Charette : Je peux rassurer
la collègue, et je m'en suis informé, là, avant de donner l'information, c'est
exactement la même formulation dans tous les régimes de SAP. Donc, c'est une
formulation qui est éprouvée, qui n'engendre pas d'incertitude, mais, en même
temps, il y a une certaine uniformisation, là, qui est faite, là, avec cette
formulation-là qui est retenue.
• (16 h 20) •
Mme Melançon : Merci au
ministre. D'accord. Donc, si c'est déjà... On l'a vu, là, que le contenu de cet
article n'est pas nouveau puis se retrouve ailleurs, là, je comprends, mais,
avec les nouveautés qu'on vient intégrer, je trouvais ça intéressant, mais je
n'en ferai pas une bataille.
Cependant, simplement pour ma compréhension, comme
on a maintenant l'avis d'exécution, si, pendant l'exécution, on envoie... Parce
que j'imagine que ce doit être fait, là, mais... Je parle terrain, je parle
exemple, là. Si, par exemple, il y a eu, donc... il y a un manquement, il y a
eu un avis de non-conformité, il y a un avis d'exécution qui est demandé,
pendant l'avis d'exécution, est-ce qu'on peut envoyer un inspecteur ou un
enquêteur si, des fois, on a des doutes, là, que les travaux, peut-être qu'ils
peuvent être faits... En tout cas, on n'est pas certain de comment ça va être
fait. Et, pendant l'avis d'exécution, pendant qu'on est en train, justement, de
faire les travaux d'exécution, est-ce qu'on peut ajouter un manquement? Là, je
sais que ça fait pas mal de couches, là, mais on le sait, là, qu'il y en a qui
sont...
M. Rousseau
(Michel) : Bien, lorsque la personne va
avoir eu un avis d'exécution, il y a des probabilités qu'il y ait eu aussi une sanction administrative avant, pour le
manquement. Si la personne fournit un plan de correction, le met en
oeuvre, nous informe qu'il le met en oeuvre, on peut effectivement aller faire
une inspection. Il faut juste faire
attention, lorsqu'on se présente sur le terrain... puis ça, nos gens sont
aguerris là-dessus, c'est le fameux arrêt Jarvis, là, où il ne faut pas envoyer un inspecteur dans un
contexte qui ressemble à de l'enquête, et ça, à chaque cas, la question se pose.
Mais, oui, on peut aller faire une inspection.
Puis, si on arrive à cet endroit-là, et il y a d'autres manquements qui sont
commis, des manquements différents, oui, ils pourraient être sanctionnés ou ils
pourraient être transférés aux enquêtes. La vérification du respect de l'avis
d'exécution, c'est sûr qu'il va se faire. Souvent, ça va être après, là. Si la
personne, disons, finit les travaux au mois de mai, bien, c'est sûr qu'en juin
il y a des bonnes chances qu'on aille voir si c'est fait. Et, si c'est fait,
tant mieux. Si ce n'est pas fait, ça pourrait être un non-respect de l'avis
d'exécution, et là on pourrait tomber dans une autre mécanique, qui... soit
enquête, soit ordonnance, et autres, mais, oui, dans nos inspections, il y a des inspections qui sont
systématiques, tout le traitement des plaintes, et le suivi de tous les
manquements.
Donc, il n'y
a pas un manquement qui va être signifié sans qu'à un moment donné il y ait un
inspecteur qui retourne voir, donc, si ça, c'est... Sinon, ça ne
donnerait rien de faire des... signifier des manquements si on ne retourne pas
constater. Ça se saurait assez vite.
Mme Melançon : Parce que, quand
même, Mme la Présidente, je veux juste qu'on se rappelle, là, qu'à l'article 18... et je crois que c'était à
18.1, là... on parlait des appels d'offres, tout à l'heure, lorsque c'est le
ministère, dans le fond, qui décide ni plus ni moins d'aller exécuter
lesdits travaux si, justement, le propriétaire, le locataire ou, en tout cas, celui qui est en manquement, là, décide
de ne pas aller de l'avant, mais, contrairement au ministère, il y a des
propriétaires qui, bien qu'ils auront eu un SAP, n'iront pas nécessairement
avec du personnel qualifié, puis, parfois, ça peut être du n'importe quoi, là.
Juste pour éviter ça, là, c'est pour ça que je
posais la question. Donc, ce que je comprends, c'est que non seulement on peut, lors de l'avis d'exécution et
lorsque les travaux se font, envoyer un enquêteur, ou encore un inspecteur
faire inspection, et, si on voit que c'est fait de façon un peu trop
artisanale, je vais dire ça ainsi, on peut poursuivre et/ou l'enquête, ou
encore arriver avec un nouveau manquement. Parfait. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, l'article 25 est adopté. M. le
ministre, l'article 26.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
«26.
Un manquement susceptible de donner lieu à l'imposition d'une sanction
administrative pécuniaire constitue un manquement distinct pour chaque
jour durant lequel il se [produit].
«Constitue notamment
un manquement quotidien distinct le fait, pour quiconque, de poursuivre, jour
après jour, l'utilisation d'une installation ou d'une infrastructure ou
l'exercice d'une activité sans détenir une autorisation requise, sans obtenir une
modification d'une autorisation délivrée ou sans avoir déclaré une activité en
vertu de l'une des lois concernées.»
Le commentaire. Cet
article prévoit qu'un manquement qui se poursuit sur plusieurs jours pourra
donner lieu à l'imposition d'une sanction administrative pécuniaire pour
chacune des journées pendant lesquelles le manquement s'est poursuivi. Le deuxième alinéa dénonce... énonce, plutôt, d'une
manière plus spécifique des exemples de manquements continus.
Le contenu de cet
article n'est pas nouveau. Il se retrouve dans plusieurs des lois concernées.
L'abrogation des articles concernés sera proposée plus tard.
Donc, c'est le fameux
article 26 auquel on référait, là, un petit peu plus tôt.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a des interventions relativement
à l'article 26? Est-ce que l'article 26 est adopté?
M. Charette :
Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre, l'article 27.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc :
«27.
L'imposition d'une sanction administrative pécuniaire pour un manquement à une
disposition de la présente loi ou des lois concernées se prescrit par
deux ans à compter de la date à laquelle le manquement est constaté.
«La date du rapport
d'inspection d'enquête constatant le manquement constitue, en l'absence de
toute preuve contraire, une preuve concluante de la date à laquelle le
manquement a été constaté.»
Le commentaire. Cet
article prévoit le délai dans lequel un avis de réclamation doit être transmis
pour être valable. Une fois ce délai passé, le manquement sera considéré comme
prescrit. Le deuxième alinéa de cet article prévoit également une présomption
pour utiliser la date figurant au rapport d'inspection d'enquête en guise de
date à laquelle le manquement a été constaté,
à moins d'une preuve contraire. Des articles similaires se retrouvent dans
plusieurs des lois concernées. La progression de ces articles sera
proposée plus tard.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Merci, Mme la Présidente. Juste pour être clair, là, on est bel et bien à
l'article 27?
M. Charette :
Oui.
Mme Melançon : Est-ce que je peux
demander au ministre de reprendre le commentaire, le premier paragraphe
du commentaire, s'il vous plaît?
M. Charette : En fait, entre la version
du commentaire que vous avez et celle que j'ai, il y a deux mots qui ont
été changés, là, pour une meilleure
précision. En fait, vous, vous avez, sur la version antérieure, c'était de
non-conformité... en fait, de
réclamation. Juste être certain de vous lire... Voilà, de réclamation. Donc, ça
a été changé par «de non-conformité».
Mme Melançon :
Donc, c'est l'inverse.
M. Charette :
L'inverse. «Avis de réclamation», c'est ce qui s'applique. Mais vous, vous
avez probablement «de non-conformité», au
niveau de votre version à vous, et ensuite «avis de non-conformité et le
manquement». Mais c'est uniquement en guise d'explication, là, ça ne
change pas l'article lui-même.
Mme Melançon :
Bien, je voudrais juste avoir l'explication pourquoi, justement. Parce que,
moi, là, dans mon cahier, c'est marqué : «Cet article prévoit le délai
dans lequel un avis de non-conformité doit être transmis pour être valable.» Et, vous, ce que vous avez, ce
n'est pas tout à fait la même chose. Je veux juste saisir quelle est la
différence dans la mécanique.
M. Charette : Bien,
en fait, c'était pour être plus précis, mais, encore là, on pourrait se référer
à l'application, là, de cette disposition.
Mme Melançon :
S'il vous plaît.
M. Rousseau
(Michel) : En fait, c'est vraiment l'avis
de réclamation. Autrement dit, lorsqu'on impose une sanction administrative, on
l'impose par avis de réclamation. Donc, c'est la date de l'avis de réclamation
qui fait foi de la date, là, pour calculer la prescription ou non, et non pas
la date de l'avis de non-conformité, qui, lui, arrive avant, mais qui est un
geste qui ne donne pas de sanction, rien, qui est un geste administratif, là.
Alors, la sanction administrative... C'est pour ça que le terme «avis de
non-conformité» ne collait pas avec «sanction administrative». C'est le terme
«avis de réclamation» qui se colle avec «sanction administrative». Me Grignon,
c'est correct?
Mme Melançon : Mais je
comprends bien parce que, dans le fond, dans l'avis de non-conformité, on n'est
même pas à l'intérieur de la catégorisation. J'ai bien compris? Bon, parfait.
Bien qu'il n'y aura plus de catégorisation dans le plan général, O.K., bon, là,
je vous suis, je suis... c'est plus clair. Et je veux juste comprendre
pourquoi, à ce moment-là, l'imposition d'une sanction administrative, donc,
pécuniaire, le SAP à un manquement à une disposition de la présente loi se
prescrit par deux ans. Pourquoi par deux ans? Je veux juste comprendre.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
c'est des délais quand même assez standards, là. Il y a différents cas de
figure, là, on va en voir plus loin au niveau des infractions pénales. Là,
c'est deux ans parce que c'est au niveau de la constatation du manquement,
donc, et non pas de la commission du manquement lui-même, là. Donc, à partir du
moment où on en a connaissance, on peut transmettre un avis de réclamation dans
les deux ans qui suivent cette connaissance-là. Donc, c'est des délais assez
standards, là, on parle d'un an, deux ans, ça peut aller jusqu'à cinq ans en
matière pénale.
• (16 h 30) •
Mme Melançon : Donc, ce que je
comprends, dans le fond, c'est : quelqu'un qui se fait prendre la main
dans le sac, là, je vais dire ça comme ça, reçoit un avis de non-conformité.
Et, de cet avis de non-conformité là, on se donne deux ans pour attribuer, dans
le fond, un avis de réclamation. C'est bien ce que je comprends? O.K. Et ce
deux ans-là est plus plutôt standard, donc, mais quelqu'un peut avoir toute une
surprise en se disant, je donne un exemple,
là : un puits artésien, par exemple, là, puis ce serait un particulier qui
se fait dire : Non, tu as un manquement. Le commun des mortels ne
sait pas exactement c'est quoi, le montant, puis il connaît encore moins le
plan général, et on l'invitera à aller regarder ça sur Internet. Et, deux ans
après les travaux, dans le fond, c'est à ce moment-là où il va pouvoir recevoir
son avis de réclamation avec le montant. Donc, ça peut prendre jusqu'à deux ans
avant de savoir, sa contravention, elle est de combien.
Mme Grignon (Karine) : Exact.
Mais, c'est ça, il y a toutes sortes de délais administratifs, là, qui sont
inclus dans le processus jusqu'à la transmission de l'avis de réclamation, là,
donc c'est pour ça qu'on a un délai de deux ans qui est fixé ici. Mais, passé
ce délai-là, c'est prescrit, donc la personne, elle ne pourra pas avoir d'avis
de réclamation concernant le manquement qui avait été constaté.
Mme Melançon : En moyenne, on
est à combien de temps, habituellement, pour avoir, justement, l'avis de
réclamation?
M. Rousseau
(Michel) : Je vous dirais que, pour un
dossier standard, là, qui ne nécessite pas un traitement en urgence, là, ce qui
est la majorité des dossiers, on va demander à l'inspecteur de faire son avis
de non-conformité en dedans du mois. Et la
sanction administrative va suivre l'avis de non-conformité un mois, deux mois,
exceptionnellement trois mois, ce qui est vraiment un gain important par
rapport à avant. Les amendes qui... je voyais une condamnation, ce matin, là,
qui est sortie, c'est quatre ans et demi. Donc, c'est vraiment dans... ça se
passe dans les mois qui suivent, là, pour la sanction administrative. Mais en
environnement, je pense que vous l'avez vu, vous l'avez dit souvent, c'est
complexe, il y a beaucoup de lois, il y a beaucoup de règlements. Donc, avant
de sanctionner, il faut avoir fait le tour
de la question. Puis nos articles, même s'ils sont clairs, il y a souvent
beaucoup d'autres, tu sais, il y a souvent beaucoup de règlements.
L'inspecteur, il a une quarantaine de règlements à gérer, là. Donc, c'est pour
ça que ces délais-là sont quand même assez courts. Un inspecteur vous dirait
que c'est le minimum que ça lui prend, donc, mais il s'est assuré que ça soit
fait de façon contemporaine. Mais c'est à peu près ça, les délais qu'on
observe.
Mme Melançon : Donc, on parle
d'environ six mois, là, plus ou moins six mois pour obtenir, donc, cet avis de
réclamation.
M. Rousseau
(Michel) : Oui, je dirais qu'en général c'est plus court que
ça, mais c'est de l'ordre de quelques mois, je dirais, en moyenne, là.
Mme Melançon : Mais le deux
ans, est-ce qu'on voit ça souvent, à votre souvenir?
M. Rousseau
(Michel) : Bien, en fait, le deux ans, il
est mis là parce que c'est le... Avant, c'était le deux ans où le manquement,
je ne sais pas si c'était deux ans, là...
Une voix : ...
M. Rousseau
(Michel) : ...c'était deux
ans aussi, c'était où le manquement a été commis, et un des changements importants dans celui-là, c'est où on le constate.
Parce que, dans plusieurs dossiers, plusieurs dossiers, les sols contaminés,
un réservoir qui a fui, où la personne a arrêté d'exploiter son entreprise puis
devait fournir un plan de caractérisation, ne
l'a pas fait, et c'est arrivé en 2015, là, on est en 2021, et, on le constate
maintenant, bien, on ne pouvait pas sanctionner, la prescription était
déjà passée. Donc, en disant : À partir du moment où le manquement est
constaté, là, on vient se permettre d'échapper moins de dossiers.
Et le deux ans, je
dirais, c'est parce que c'est un délai habituel, comme disait Me Grignon,
mais c'est loin d'être un objectif pour émettre
les sanctions, là. Les sanctions, si on se mettait à émettre des sanctions
après deux ans, on n'aurait pas le gain qu'on voulait lorsqu'on a créé
ça, parce qu'on voulait, justement, régler un des problèmes des amendes qui
sont... qui prennent un long délai pour des raisons judiciaires, tribunaux, et
tout ça. Donc, on ne vise pas le deux ans, ça, c'est sûr.
Mme Melançon :
Donc là, on vient se donner véritablement plus de dents, parce qu'en effet
un manquement peut avoir été fait il y a
quelque temps, puis là on ne va plus là-dessus, on va, justement, à partir du
moment où il y aura eu l'avis de
non-conformité, donc, là, on vient de... en tout cas, où on s'aperçoit qu'il y
a eu un manquement... Donc, ça, c'est la première chose, donc je
comprends pour le deux ans.
Pour «la date du
rapport d'inspection ou d'enquête constatant le manquement constitue, en
l'absence de toute preuve contraire, une
preuve concluante de la date à laquelle le manquement a été constaté», donc,
ça, c'est... justement, dans le fond, on vient de se mettre ceinture,
bretelles, puis tout ce qui va avec.
Mme Grignon
(Karine) : C'est pour faciliter la preuve devant le tribunal,
justement, donc pour fixer le moment de départ, pour partir le compteur, là, du
deux ans, là, donc on vient faciliter la preuve, puis on vient dire que c'est
la date du rapport d'inspection, à ce moment-là, qui fait preuve d'office.
Mme Melançon :
Là, je vais vous poser une question, bien, qui peut... parce qu'à un moment
donné on va s'obstiner, puis, tout à l'heure, on en faisait, justement,
mention, là, pour savoir, l'avis de non-conformité, là, à qui on doit le donner, puis avec qui on va s'obstiner
à un moment donné. Mais parfois il arrive qu'il y ait plusieurs propriétaires
qui ont pu partager, par exemple, des achats de terrains. Si, par exemple, on
reprend l'exemple où il y a eu de l'huile ou,
en tout cas, quelque chose qui a coulé dans le sol, à partir du moment où on ne
connaît pas nécessairement la date de départ, là, pour savoir à qui est-ce
qu'on va envoyer, justement, cet avis de réclamation là, c'est à quel
propriétaire, c'est au propriétaire de 1998 ou au propriétaire de 2003? À qui
est-ce qu'on va l'envoyer? Comment est-ce qu'on va faire, justement, pour...
bien, pour savoir à qui on va l'envoyer? Parce que, des fois, c'est difficile
de savoir depuis combien de temps un terrain peut être contaminé.
M. Rousseau
(Michel) : Bien, je dirais que, dès que le
qui... Souvent, nos inspecteurs, on leur apprend, quand on fait une inspection,
il faut aller chercher le qui, le quoi, le comment, le quand, etc. Dès que le
qui n'est pas bien connu, bien, on se doit
de l'éclaircir, et souvent ça va être par enquête. Donc, dans ces cas-là ou
encore lorsqu'on est en pouvoir d'ordonnance, bien, les procureurs qu'on a au
dossier vont décider est-ce qu'ils vont mettre solidairement les deux,
trois responsables qu'on pense ou ils vont en choisir un. Mais, dans tous les
cas, l'inspecteur... c'est quand même assez rare, mais, dès qu'on est dans une
situation où on n'est pas certain du qui, bien, on se doit d'aller chercher...
d'utiliser les moyens qu'on a, puis l'enquête peut nous amener assez rapidement
à trouver le qui.
Alors, c'est vraiment
du cas par cas, là. Mais, je dirais, de façon générale, c'est ça, la consigne,
là. Si vous n'avez pas un qui qui est solide, de toute façon, on arriverait au
Bureau de réexamen puis on se ferait infirmer la décision, ou au TAQ, en
disant... Alors, on se doit d'aller chercher cette info-là, souvent par
enquête.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce
que l'article 27 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Adopté. M. le ministre, l'article 28, s'il
vous plaît.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
«28. La personne qui
se voit imposer une sanction administrative pécuniaire peut, par écrit,
demander le réexamen de la décision au Bureau de réexamen dans les
30 jours de la notification de l'avis de réclamation qui lui est transmis.»
Commentaires. Cet
article prévoit la possibilité, pour une personne à qui un avis de réclamation
relatif à une sanction administrative pécuniaire a été notifié, de demander le
réexamen de la décision qui l'impose. La personne dispose alors d'un délai de
30 jours pour ce faire.
Le contenu de cet
article n'est pas nouveau et se retrouve dans plusieurs des lois concernées.
L'abrogation des articles concernés sera proposée plus tard.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Oui, tout à
fait, simplement, une sanction administrative pécuniaire est livrée comment à
un propriétaire? Parce qu'on n'envoie pas ça par la poste. J'imagine que c'est
envoyé peut-être par...
M. Rousseau (Michel) : Oui.
En fait, c'est par courrier. Il y a une disposition... et là Me Grignon va
m'aider, là, mais il y a une disposition légale qui fait que... est réputé
avoir été remis, là, après un certain temps, là, donc c'est remis par la poste.
Il pourrait y avoir des cas particuliers où c'est par courrier recommandé, par
huissier, mais c'est vraiment dans des cas particuliers. Mais généralement
c'est par la poste. Puis je laisserais peut-être Me Grignon, là, parler de
la disposition légale, là, par rapport à «réputé reçu», là.
Mme Grignon
(Karine) : C'est ça. Dans le Code de procédure civile, en fait, il y a
des définitions sur la notification et sur la signification d'un document.
Donc, la notification, effectivement, c'est les règles de la poste avec une
preuve de réception, là, qui fait état du moment où la personne en prend
connaissance. Donc, ces règles-là sont prévues dans le Code de procédure
civile.
Mme Melançon :
Une preuve de réception, faites juste m'indiquer, ça veut dire que...
Mme Grignon
(Karine) : Souvent, ça peut juste être l'étampe de Postes Canada, là,
comme de quoi ça a été posté ou...
Mme Melançon :
Ah! d'accord.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, tout simplement.
Mme Melançon :
O.K., O.K. Et non pas à l'arrivée, mais au départ.
Mme Grignon
(Karine) : C'est ça. La signification, c'est ça, il y a une
distinction entre la notification et la signification. La signification, là, va
exiger une signature de réception, une preuve un petit peu plus formelle, là,
comme de quoi la personne l'a reçu, là, mais ici on est vraiment dans la
notification.
• (16 h 40) •
Mme Melançon :
Deuxième question. À ce moment-là, donc... Par exemple, je suis en tort, je
reçois une sanction administrative pécuniaire, on me dit que je l'ai reçue par
la poste. Moi, je prétends l'inverse, je ne l'ai pas reçue. Est-ce qu'il y a un
deuxième avis qui est envoyé à l'intérieur des 30 jours?
M. Rousseau
(Michel) : En fait, la... et là si... La
présomption de réception est là, c'est-à-dire que, s'il veut faire valoir cet
argument-là au Bureau de réexamen, bien, il faut qu'il explique, il faut que
lui-même fasse la preuve qu'il ne l'a pas reçu. Et c'est des cas quand même qui
arrivent, là, c'est des défenses qui sont amenées et qui ont été testées,
encore une fois, je dis ça souvent, mais c'est la réalité, depuis 10 ans,
on en a testé, des arguments comme ceux-là, et ça a été reconnu, cette preuve
de présomption de réception. Donc, la personne ne peut pas évoquer des
arguments un peu farfelus, mais, par contre, il peut arriver des cas où il
dit : Bien, moi, j'ai été hospitalisé pendant un mois, puis j'ai une
preuve que j'étais à l'hôpital, et etc., là, puis là le Bureau de réexamen va
le prendre en compte. Mais, si la personne n'a pas des arguments solides, ça va
être évalué par le Bureau de réexamen ou le TAQ, le cas échéant, mais la
présomption de réception va demeurer, comme l'expliquait Me Grignon.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. J'ai bien entendu la réponse à la question posée par
ma collègue la députée de Verdun, sur l'évocation du Code de procédure civile,
mais ce que je me demandais, dans l'article qui nous concerne ici précisément,
en attendant une modification du Code de procédure civile, est-ce que, par
exemple, est-ce qu'une demande de réexamen
ne pourrait pas être transmise par courriel, par exemple, par courrier
électronique?
Mme Grignon (Karine) : Oui. Bien, en fait, le Code de procédure civile,
ce qu'il vient définir, c'est la distinction entre la notification et la
signification, donc la procédure un petit peu plus formelle. Mais ça n'empêche
pas qu'il y a d'autres moyens qui peuvent
être pris pour transmettre des documents avec les nouvelles technologies de
l'information. Puis là c'est d'autres
lois qui gouvernent ça, là. Notamment, on a une loi-cadre, là, sur les
technologies de l'information qui permettent d'assimiler certaines
transmissions par courrier ordinaire, là, qu'on peut aussi faire des
transmissions courriel si on est capable de prouver la réception, là. Il y a
ces règles-là qui existent déjà actuellement, donc on pourrait effectivement
transmettre par courriel.
M. Benjamin :
Donc, je comprends qu'actuellement les demandes de réexamen peuvent être faites
aussi par courrier électronique.
Une voix :
...
M. Rousseau
(Michel) : Oui, c'est... comme
j'expliquais, il y a aussi un formulaire en ligne, là. Dès qu'ils reçoivent
l'avis de réclamation, il y a une adresse, et les gens peuvent aller chercher
le formulaire en ligne et faire leur
demande. Le Bureau de réexamen, dès qu'ils ont une demande de quelque façon que
ce soit, vont considérer qu'à cette
date-là ils ont eu une demande, et le support courriel va être utilisé. Et, si
jamais ils veulent l'avoir par écrit, ils vont le demander, mais ce
n'est pas une contrainte pour faire une demande de réexamen, là, d'utiliser le
courriel.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce
que l'article 28 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que je peux vous proposer une petite pause de 10 minutes? Oui?
Alors, une petite pause de 10 minutes, donc
on se revoit à 16 h 53.
(Suspension de la séance à 16 h 43)
(Reprise à 16 h 53)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous reprenons nos travaux. M. le ministre, veuillez, s'il vous
plaît, lire l'article 29.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc :
«29. Le gouvernement ou le ministre peut, dans
un règlement qu'il prend en vertu de la présente loi ou des lois concernées,
prévoir qu'un manquement à l'une de ses dispositions peut donner lieu à une
sanction administrative pécuniaire. Il peut
y prévoir des conditions d'application de la sanction et y déterminer les
montants ou leur mode de calcul, lesquels peuvent notamment varier selon
l'importance du dépassement des normes qui n'ont pas été respectées.
«À moins d'une disposition contraire dans la
présente loi ou dans les lois concernées, les montants des sanctions administratives pécuniaires prévues par
un règlement visé au premier alinéa ne peuvent excéder les montants
maximaux suivants :
«1° 2 000 $ dans le cas d'une personne
physique;
«2° 10 000 $ dans les autres cas.»
Commentaires. Cet article habilite le
gouvernement à prévoir que des manquements à des dispositions des règlements
pris en vertu de la nouvelle loi ou des lois concernées pourront donner lieu à l'imposition
de sanctions administratives pécuniaires. Ces règlements pourront prévoir des
conditions d'application de ces sanctions ainsi que déterminer les montants ou
leur mode de calcul. L'article précise également que ces montants ne pourront
pas dépasser les montants énumérés, à moins d'une disposition contraire dans
les lois concernées.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est là que vient un peu, pour moi, le noeud du problème de
l'article 20 dont on parlait tout à l'heure. À partir du moment où la
catégorisation ne se fera plus tel qu'on le voyait, donc, à l'article 20,
là, avec A+ à E, là, j'essaie simplement de voir comment est-ce qu'on va
arriver à cette catégorisation-là. Parce que, là, c'est dans le cadre...
habituellement, c'est dans le cadre qu'on se sera donné pour la meilleure
compréhension. Est-ce que c'est dans... est-ce que c'est par voie de règlement
où on va vraiment pouvoir y aller? Ou encore, comme on le disait, je reviens un
peu, là, je reviens derrière, permettez-moi, là, justement, là, dans... parce
que dans la catégorisation, avec le cadre général, là, on savait... mais là je
comprends que ça pouvait induire des gens en erreur. Mais, quand même, à partir
de quoi est-ce qu'on va pouvoir faire la catégorisation puis qu'on va savoir
que c'est maximum 2 000 $, qu'est-ce qui est à 500 $, qu'est-ce
qui est à 750 $, qu'est-ce qui est à 1 000 $, qu'est-ce qui est
à 2 000 $? Même chose pour... dans les autres cas, où on pourra aller
jusqu'à 10 000 $.
Mme Grignon (Karine) : Oui. En
fait, on va se servir des sanctions qui existent dans les différentes lois,
donc celles dont... qu'on vient de voir, là, à l'article 22 notamment.
Mais aussi, dans toutes les autres lois qu'on va étudier un petit peu plus
tard, là, il va y avoir des sanctions différentes. À partir de cette
catégorisation-là, donc, quand on va venir ajouter une nouvelle sanction dans
un règlement, par exemple, on va se baser sur l'impact à l'environnement, en
fait, que le manquement va avoir, puis, par rapport aux sanctions existantes,
dans quel type de catégorie pourrait être assimilé le nouveau manquement à la
disposition qu'on va créer dans un règlement, là. Donc, c'est vraiment par
rapport à ce qui est déjà prévu dans les lois et les règlements, ce qui nous
sert de balises, là, en fait, pour fixer les nouveaux manquements, les nouveaux
montants applicables, là.
Mme Melançon : Donc, est-ce
qu'on vient se rattacher au REAFIE? Est-ce que c'est ce que je comprends à ce
moment-là?
Mme Grignon (Karine) : Bien,
entre autres. En fait, c'est cet article-là... Si je reviens un petit peu en
arrière, là, l'article 29, c'est vraiment une habilitation pour permettre
d'inclure, à l'intérieur des différents règlements d'application de toutes les
lois, là, notamment la LQE et le REAFIE, d'inclure, dans ces règlements-là, des
sanctions administratives pécuniaires pour lesquelles il y a un plafond, donc,
qui est fixé par l'article 29. Donc, on ne pourra jamais dépasser
2 000 $ pour une personne physique, 10 000 $ dans les
autres cas, mais on va se baser sur les autres manquements
dans les lois existantes pour fixer les montants qui vont être applicables.
Peut-être qu'il pourra y avoir une nouvelle catégorie, un B++, avec des
montants un petit peu différents selon la nature du manquement, parce que l'impact
à l'environnement est un petit peu différent.
Mme Melançon :
Mais on comprend que le B++ va disparaître.
Mme Grignon
(Karine) : Va disparaître, mais c'est quand même une façon... au
niveau de la gravité objective du manquement, on va le classer. Si c'est
transmission d'un document, bien, c'est peut-être un petit peu moins grave que
quelqu'un qui rejette de l'eau usée directement dans un cours d'eau, là. Donc,
je vous donne des balises de ce genre-là. Donc, ça, ça va continuer à nous
guider. Quand on rédige des lois et des règlements, on a toujours ces
concepts-là en tête, là, pour fixer les montants applicables.
• (17 heures) •
Mme Melançon :
Parce que j'essaie simplement de bien comprendre. Parce que ce n'est pas
fait de façon aléatoire, là, ça, je le sais. Cependant, à partir du moment où
vous nous avez dit un peu plus tôt, donc, à l'article 20, que la
catégorisation faisait défaut parce qu'on avait voulu être peut-être trop
pointus à un certain moment donné, puis ça créait, dans le cadre général, un
peu de confusion, je reprends vos mots ici, là, moi, ce que je veux bien
comprendre, c'est à partir de quoi est-ce qu'on va... S'il n'y a plus de
catégorisation aussi pointue, qu'est-ce qui va déterminer? Puis c'est parce
qu'à partir du moment où la catégorisation va tomber, puis on se l'ai dit un
peu plus tôt, il n'y aura pas de vide, on veut éviter toute forme de vide, moi,
je veux juste savoir à quel moment la catégorisation revue et corrigée sera
établie, puis à quel moment le plan va être établi, puis à quel moment le
règlement va venir asseoir tout ça. Dans le fond, là, je veux juste connaître
la ligne de temps, comment est-ce que ce sera fait. Et la catégorisation sera
décidée par qui?
Mme Grignon
(Karine) : Pour ce qui est du cadre actualisé, je vais laisser
M. Rousseau répondre, là, mais, pour ce qui est des règlements, en fait,
c'est en continu. Il y a plusieurs types de règlements. Ça se poursuit dans
différents domaines. Et on veut maintenir la possibilité d'ajouter des sanctions
administratives pécuniaires dans ces différents
règlements là, qui vont être en consultations particulières dans les semaines à
venir, ou ceux qui le sont déjà.
Donc, on veut pouvoir
être en mesure d'ajouter ces sanctions administratives pécuniaires là. Donc, on
a besoin de l'article en question. Donc,
c'est en continu, là. Il n'y a pas une ligne de temps fixée, là. À partir du
moment où le gouvernement décide de réglementer,
il va pouvoir fixer, à l'intérieur de ce règlement-là, des sanctions
applicables pour les obligations qui se retrouvent à l'intérieur dudit
règlement. Donc, ça, c'est peut-être un petit peu plus difficile à quantifier au niveau de la ligne de temps, mais,
pour le cadre actualisé, je ne sais pas s'il y avait une prévision à cet
égard-là.
M. Rousseau
(Michel) : Je ne sais pas si ça va
répondre, mais, comme Me Grignon l'expliquait, à chaque fois qu'il y a un
article qui peut porter un manquement, il faut évaluer quel niveau de gravité,
quel niveau d'amende ou quel niveau de sanction qui va aller avec ça. Historiquement,
je peux utiliser ce mot-là parce que ça fait un bout de temps que je suis au
ministère, lorsqu'il arrivait une nouvelle loi ou un nouveau règlement, les
amendes étaient définies, là, par les équipes, mais il n'y avait pas vraiment
de fil conducteur entre les règlements, entre les lois. Et, parfois, ça nous a
amenés, puis on l'a vu en 2011‑2012, à des règlements qui avaient des amendes
assez élevées, et, d'autres, des amendes assez faibles.
Donc, aujourd'hui,
par exemple, ce qu'on cote B, là, lorsqu'il y a des travaux qui sont faits sans
autorisation, bien, s'il arrive un nouveau
règlement et qu'il y a un article qui s'apparente à ça comme niveau de
manquement, bien, c'est ce niveau-là d'amende qui va être donnée. Donc,
il va y avoir une cohérence dans les amendes et une cohérence dans les niveaux
des sanctions pour tous les règlements pour le même genre d'infraction.
Donc, par exemple,
opérer sans autorisation ou sans permis, tout dépendant comment c'est nommé
dans les règlements, ça va être le même niveau, la même catégorie. Donc, ces
catégories-là vont continuer d'exister pour les gens qui doivent conseiller nos
légistes puis les légistes qui doivent l'écrire pour dire : Bon, bien,
cette sanction-là, il faudrait la mettre à tel niveau parce que, dans toutes
les autres lois et règlements, c'est dans ce niveau-là que se retrouve ce genre
d'infraction. Ça amène vraiment...
Et ce n'est pas
évident, parce qu'en environnement il y a beaucoup de lois, beaucoup de
règlements, et ça, c'est quelque chose qui était vraiment voulu, d'être
corrigé. Et donc les catégories existent encore. Ce qu'on disait tantôt, c'est
que d'aller les mettre dans un cadre, aujourd'hui, ça amenait plus de
confusion. Mais, lorsque vient le temps d'écrire un règlement ou d'écrire une loi,
c'est sûr que cette réflexion-là, par catégorie, se fait, là.
Pour ce qui est du
cadre, bien, il va être... Dès que la loi va être adoptée, éventuellement, avec
la date d'entrée en vigueur, on va devoir avoir un cadre qui... Comme je dis,
là, il n'y aura pas de trou, là. S'il se passe une journée, ça va être beau,
là, mais, immédiatement, il y a un nouveau cadre qui va être en vigueur.
Mme Melançon :
Et, pour ma gouverne, avec les règlements, parce que, là, on va entrer dans
le reste du mammouth un peu plus tard... On va avoir de nouveaux règlements qui
seront, donc, en transformation, puis ne serait-ce que le REAFIE, lui-même, va
devoir être revu, parce que le ministre le disait tout à l'heure, ça a été...
Le REAFIE est entré en fonction en janvier dernier, je crois, là. Donc, on va
devoir revoir, justement, la catégorisation à l'intérieur de chacun des
nouveaux règlements. Est-ce que c'est ce qu'on est en train de faire? Non?
Mme Grignon (Karine) : En fait,
c'est la même catégorisation qu'actuellement. Donc, le REAFIE a été fait sur la
base de la catégorisation actuelle en vertu de la LQE, puis ce qui a servi
d'inspiration pour la nouvelle loi, c'est le régime de la
LQE. Donc, c'est les mêmes catégories. Donc, au niveau de la classification, je
vous dirais, des manquements puis des infractions du REAFIE, ça a été fait,
fort probablement, conformément à ce qu'on retrouve dans la nouvelle loi.
Mme Melançon : Là, je m'excuse,
probablement que j'ai besoin d'une Snickers puis je ne comprends pas, là.
Je veux juste voir avec vous, là... parce que ce n'est pas la catégorisation,
alors, qui va changer...
Mme Grignon
(Karine) : ...certaines lois, oui, parce qu'au niveau pénal, par
exemple, dans la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, le régime était
vieillissant, puis les amendes qui étaient prévues dans cette loi-là étaient
inférieures à ce que la nouvelle loi va prévoir en termes d'amendes, là, parce
qu'on s'est basés sur le régime de la LQE. Donc là, oui, on est à la hausse,
mais, pour ce qui est du régime LQE, on est au statu quo parce que c'est le
régime qui a inspiré la nouvelle loi. Donc, il n'y a pas de changement. C'est
les mêmes montants. C'est la même catégorisation. Au niveau des infractions,
c'est les mêmes types d'amendes aussi, là, qui sont prévues, là, par la
nouvelle loi.
Mme Melançon :
Donc, dans combien de règlements on va devoir revoir la catégorisation?
Mme Grignon (Karine) : Je
vous dirais, principalement ceux pour lesquels on ajoute un régime de sanctions
administratives pécuniaires, donc, Loi sur les pesticides, Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables et Loi sur la sécurité des barrages, où on va revoir en
même temps les montants des amendes aussi pour les infractions. Donc, il va y
avoir uniformisation.
Mme Melançon :
Parce que, dans ces trois lois-là, on a plusieurs règlements, là. On
s'entend qu'il y a bon nombre de règlements. Ça, ça va...
Mme Grignon
(Karine) : Un peu moins que la LQE.
Mme Melançon :
Ça, c'est possible, mais est-ce qu'on a un chiffre approximatif? Puis
combien de temps ça va prendre, dans le fond, pour qu'on puisse remettre tout
ça à jour?
Mme Grignon
(Karine) : Au niveau de l'échéancier, je ne pourrais pas vous dire,
là, mais, effectivement, il va falloir faire un travail d'uniformisation de ces
règlements-là, là. Si on parle de la Loi sur la sécurité des barrages, il y a
un seul règlement d'application, pesticides, il y en a deux, puis Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables, là, principalement un, là, qu'il va falloir
faire, effectivement, cette uniformisation-là pour ces règlements-là.
Mme Melançon :
Mais est-ce qu'on a comme une idée du temps qu'on veut y accorder? Tu sais,
en combien de temps on va avoir ce nouveau...
M. Rousseau
(Michel) : Peut-être, lorsqu'on a fait la
Loi sur la qualité de l'environnement, on parlait de plus d'une quarantaine de
règlements qu'il fallait harmoniser rapidement. Ça s'est fait. C'est entré en
vigueur un an plus tard. Donc, c'est vraiment... Dans le cas qui est... Dans le
cas des trois lois... Parce que la loi sur la conservation et la protection de
la nature a été faite... a été débattue ici récemment. Donc, déjà,
l'harmonisation a été faite. Donc, il reste, comme on disait, la loi sur les
espèces menacées et vulnérables, la Loi sur la sécurité des barrages puis la
Loi sur les pesticides, et on parle, en tout et partout, de quatre règlements,
là, qui supportent ces lois-là.
Donc, ça va être fait
assez rapidement, parce que, si on regarde l'exemple des règlements, les
40 règlements qui allaient avec la LQE,
là, c'est... ça a quand même été rondement, en quelques mois. Puis, je dirais,
avec l'expérience qu'on a d'analyse
des critères de gravité, je n'en suis pas inquiet, que, dès que les lois vont
être adoptées, le cas échéant, là,
les règlements vont... Dès que les règlements vont être écrits, ça va être
assez rapide, là, pour faire les catégories. Donc, ça ne sera pas un
élément limitant, je dirais, le délai pour faire ça.
Mme Melançon : Je tiens à vous le dire,
M. le sous-ministre adjoint, je pensais que c'était plus que quatre règlements.
Donc, déjà, avec cette lumière-là, je me sens déjà plus rassurée. Alors, ça va
pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. En fait, à titre d'information, j'aimerais
savoir... Je ne sais pas si M. le ministre peut nous informer là-dessus. Comme
ce qu'on a devant nous, ce n'est pas une nouvelle loi, ce n'est pas un nouvel
article, est-ce que... Qu'est-ce qui existe actuellement en termes de montant
maximal?
M. Charette : Me Grignon l'indiquait,
ça dépend. Vous parlez pour la LQE ou pour... Pour quel... l'article 29
en particulier?
M. Benjamin :
L'article 29 en particulier.
M. Charette :
Donc, on est à 2 000 $ dans le cas des personnes physiques,
10 000 $ dans les autres cas, un montant maximum, naturellement,
mais, cette disposition-là, on est dans les mêmes ratios, là, on est dans les
mêmes montants.
M. Benjamin :
Il n'y a pas de changement par rapport au montant qui est prévu?
M. Charette :
Non. En fait, là où il y aura des changements nécessaires, là, c'est pour
les trois lois qu'on mentionnait il y a quelques instants, des lois dont les
régimes de sanction datent d'une certaine époque et qui devront être revus.
Mais, dans le cas, là, de celle-ci en particulier, là, on est au même montant.
M. Benjamin :
Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce
que l'article 29 est adopté?
M. Charette :
Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Donc, M. le ministre, l'article 30, s'il
vous plaît.
• (17 h 10) •
M. Charette : Merci, Mme la Présidente.
30, donc, on est dans le chapitre IV, Refus, modification, suspension,
révocation et annulation d'autorisation.
Et l'article
lui-même :
«Le présent chapitre [s'applique en outre de tout
autre...] s'applique en outre — voilà — de
tout autre pouvoir de même nature prévu à cette fin par les lois
concernées.
«Pour son
application, une déclaration de culpabilité à une infraction criminelle n'est
pas visée si la personne a obtenu le pardon pour cet acte.»
Et le commentaire.
Cet article vise à établir le champ d'application du chapitre IV, lequel
regroupe différents pouvoirs d'intervention du gouvernement et du ministre à
l'égard d'autorisations. Ces pouvoirs sont ceux prévus par les
articles 115.5 à 115.12 de la Loi sur la qualité de l'environnement, avec
quelques ajustements, pour lesquels l'article 96 du projet de loi
proposera leur abrogation. Et l'article 30 précise notamment que les
pouvoirs prévus par le chapitre ne remplacent pas les pouvoirs plus spécifiques
prévus par les lois concernées, mais que ces pouvoirs s'ajoutent à ceux déjà
prévus. Le deuxième alinéa de l'article 30 précise, par ailleurs, qu'une
personne ayant obtenu un pardon à une déclaration de culpabilité pour une
infraction criminelle ne peut être considérée coupable pour l'application du
chapitre. On comprend qu'on débute un nouveau chapitre avec les articles qui
apporteront le détail pour ces différents éléments là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la Présidente.
Donc là, je comprends bien qu'on entre dans le pénal à ce moment-ci.
Mme Grignon
(Karine) : Non. En fait, c'est d'autres sanctions qui peuvent
s'appliquer, donc, des sanctions administratives,
comme le refus d'autorisation pour certains motifs. Donc, on a regroupé à
l'intérieur de ce chapitre-là les articles de refus ou de modification
de suspension d'une autorisation qui pouvaient s'appliquer à l'ensemble des
lois toujours concernées, là, qui sont mentionnées à l'article 1, parce
que la majorité de ces lois-là possèdent un régime d'autorisation à
l'intérieur, là...
Mme Melançon :
J'essaie juste de comprendre, là. Peut-être y aller d'un exemple?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, bien, en fait, on va le voir un petit peu plus
spécifiquement à l'article 31, là. Donc,
si une personne a été condamnée à un certain type d'infraction criminelle, ça
pourrait devenir un motif de refus si
jamais elle fait une demande d'autorisation au ministère de l'Environnement.
Donc, sur la base de cette condamnation-là à une infraction, le ministre
de l'Environnement va pouvoir refuser la demande d'autorisation, en fait.
Mme Melançon :
Mais, s'il y a eu un pardon...
Mme Grignon (Karine) : S'il y a eu un pardon, comme l'indique
l'article 30, ça ne pourra pas être considéré, effectivement.
M. Charette :
Peut-être en guise d'application, là, de cet article-là, je vais référer à
ma propre frustration des dernières années,
c'est de voir à quel point certains délinquants notoires pouvaient repartir un
projet, obtenir de nouvelles autorisations sans qu'on puisse prendre en
compte le passif ou, à tout le moins, le passé de ce promoteur-là. Donc, c'est, pour moi, réconfortant et nécessaire en même
temps. On ne peut pas... Même si c'est un tout autre projet, on sait que... On peut deviner que, si le promoteur n'est
pas généralement enclin à respecter la réglementation, ça va sonner une
cloche de plus pour s'assurer que l'autorisation qui est donnée ou qui est
refusée soit en fonction, là, de ce que l'on connaît, là, de la probité du
promoteur en question. Je le résume, mais à travers des expériences qu'on a
vécues, là, ces dernières années.
Mme Melançon :
Je pense qu'on peut partager ça ensemble, parce que c'est assez frustrant,
en effet, que, dans le fond, le dossier du promoteur ne suivait pas
nécessairement ses tentatives — je vais y aller comme ça — de
pouvoir exercer ailleurs pour, parfois, des mêmes... dans les mêmes sphères.
Alors, ce que vous êtes en train de nous dire ici, c'est qu'il y a un suivi qui
est fait pour le promoteur. Donc, s'il y a un promoteur, là, qui s'est fait
prendre les deux mains dans le sac, bien, à partir de ce moment-là, s'il vient
qu'à déposer un nouveau projet, bien, on pourra, à ce moment-là, lui refuser un
accès ou des autorisations par le ministère. C'est ce que vous êtes... C'est ce
que vous nous dites à ce moment-ci.
M. Charette : Oui. Je ne sais
pas si vous souhaitez une application plus terrain ou plus concrète, mais ça
résume bien, effectivement, là, le dilemme devant quoi... en fait, la réalité,
là, qui nous rattrapait, là, dans certains cas de figure.
Mme Melançon : Parce que, là,
on vient quand même créer un nouveau... C'est quelque chose qui est tout à fait
nouveau à ce moment-ci?
Mme Grignon (Karine) : Non. En
fait, ça existait déjà dans la Loi sur la qualité de l'environnement, donc, aux
articles 115.5 et suivants. Il y en a plusieurs dans ce chapitre-là. Donc,
c'est, encore là, notre source d'inspiration qu'on étend aux six lois
mentionnées à l'article 1.
Mme Melançon : Parfait. Donc,
dans le fond, on l'élargit tout simplement, mais les autres lois n'étaient pas
sous le parapluie, justement, d'un article comme celui-là.
Mme Grignon (Karine) : Exactement,
à une exception près, là. La Loi sur la conservation du patrimoine naturel, qui
a été étudiée récemment, là, faisait une référence à ce régime-là, mais, oui,
effectivement, c'est nouveau pour la majorité des lois.
Mme Melançon : Juste pour ma
gouverne, est-ce qu'on sait à combien... parce que je sais à quel point ça peut
être frustrant aussi de savoir... pour un inspecteur ou pour un enquêteur, de
dire : Bon, bien, lui, je l'ai pris, là, puis là il vient de redéposer,
puis on le sait, comment ça va finir. Est-ce que c'est quelque chose qui arrive
fréquemment que... Je sais qu'on a une expression qui dit... On vient de
repartir ça sous un nouveau nom, là, puis on le sait, qu'on va... on sait à qui
on a encore affaire, puis des compagnies à numéro, souvent, puis il faut aller
fouiller pour savoir qui est en dessous de tout ça, là. Est-ce que ça arrive
sur une base fréquente?
M. Charette : Fréquemment, je
ne dirais pas, parce que, bon, on reçoit plusieurs, plusieurs milliers, en
fait, au fil du temps, là, de demandes d'autorisation, et la bonne foi se
présume dans une très grande majorité de cas. Donc, fréquemment, non, à
l'occasion, oui, mais ce n'est pas monnaie courante. Et, heureusement, là, la
plupart des demandeurs d'autorisations souhaitent... Ils ne veulent que bien
faire, là, donc, mais il faut quand même avoir des outils, il faut avoir des
moyens pour les cas où, malheureusement, là, cette bonne foi là n'est pas
confirmée.
Mme Melançon : C'est parce que
j'ai un exemple qui me vient en tête, mais je ne le mentionnerai pas dans le
micro, là. Je ne veux pas qu'on n'inquiète personne, mais on pourrait presque
nommer cet article-là au nom de quelqu'un. D'accord, moi, je vais m'arrêter ici
avant d'aller trop loin.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci,
Mme la Présidente. Je suis sur le commentaire, en fait, le dernier paragraphe,
M. le ministre. En fait, j'essaie de
comprendre. En fait, quand on parle d'une déclaration de culpabilité pour une
infraction criminelle, ça s'applique aussi bien à une personne physique
qu'à une entreprise. À qui ça s'applique?
Mme Grignon (Karine) : Oui, ça
s'applique aux deux catégories, là. On va le voir plus loin quand on va étudier
les infractions et les amendes applicables, là. Donc, il peut y avoir,
effectivement, une amende pour la personne physique et une amende plus pour la
personne morale, là. Donc, ça s'applique aux deux cas, effectivement. Je réfère
toujours à la définition de «personne» au tout début, à l'article 1.
M. Benjamin : Et,
pour le bénéfice des millions d'auditeurs et de téléspectateurs, pouvez-vous,
M. le ministre, m'expliquer... nous expliquer, cet article-là, qu'est-ce
qu'il exprime véritablement? Donc, c'est...
M. Charette : C'est ce qu'on a
tenté de faire, au cours des dernières minutes, que de l'expliquer. Comment
dire? On se réserve la possibilité de refuser ou de considérer, à tout le
moins, un passif chez une personne, qu'elle soit physique ou morale, dans
l'octroi d'une autorisation qui est demandée, s'assurer que cet
historique-là... je ne veux pas le mettre de façon négative, forcément, mais
que cet historique-là puisse être considéré dans les éléments à évaluer pour
déterminer si on peut ou non autoriser le projet, là, qui est présenté.
• (17 h 20) •
M. Benjamin : Et merci pour la
précision. Et est-ce que je dois comprendre que...
M. Charette :
Un petit commentaire. Ce n'est pas tant l'article lui-même que le chapitre,
parce que, naturellement, les articles suivants... parce que, si on ne lit que
30, là, c'est l'ouverture du chapitre, mais les articles suivants, là, nous
permettront, là, d'incarner cet objectif-là.
M. Benjamin : Et, quand on
parle d'une personne ayant obtenu un pardon, donc, on obtient... En fait, moi,
dans le langage commun, je comprends qu'on obtient le pardon une fois qu'on a
été reconnu coupable, qu'on a soit purgé sa peine, et là on demande le pardon.
J'essaie de comprendre le lien quand vient le temps d'appliquer le tout.
M. Charette : À partir du
moment où la personne, quelques années plus tard, a obtenu son pardon, cet
historique-là, auquel je faisais référence, ne pourra plus être pris en compte
dans la décision d'accorder ou non l'autorisation. Donc, c'est une tache au
dossier qui s'efface, en quelque sorte, qui ne pourra plus être invoquée pour
refuser une autorisation.
M. Benjamin : D'accord. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, s'il n'y a pas d'autre
commentaire, est-ce que l'article 30 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Adopté.
Donc, M. le ministre, prenez une petite gorgée d'eau et lisez
l'article 31, s'il vous plaît.
M. Charette : À voir sa
longueur, merci de vous soucier de mon bien-être ainsi, et ce qui me rassure ou
m'inquiète par moment, c'est que le commentaire est aussi long que... mais là
ce n'est pas le cas. Le commentaire est plus succinct. Donc, merci, Mme la
Présidente.
«31. Le gouvernement ou le ministre peut refuser
de délivrer, de modifier ou de renouveler une autorisation requise en
application des lois concernées, la modifier, la suspendre, la révoquer ou
l'annuler, en tout ou en partie, ou s'opposer à sa cession si, selon le cas, le
demandeur ou le titulaire ou, s'il s'agit d'une personne morale, l'un de ses
administrateurs, dirigeants ou actionnaires :
«1° est le prête-nom d'une autre personne;
«2° a, au
cours des cinq dernières années, été déclaré coupable d'une infraction à une
loi fiscale ou d'une infraction criminelle liée à l'exercice d'activités
visées par l'autorisation ou d'un acte criminel [...] aux articles 467.11
à 467.13 du Code criminel;
«3° a produit une déclaration, un document ou un
renseignement faux ou a dénaturé ou omis de déclarer un fait important pour la
délivrance, le maintien, la modification, le renouvellement ou la cession de
l'autorisation;
«4° a été déclaré coupable d'une infraction à
toute loi dont le ministre est chargé de l'application ou à l'un de ses
règlements :
«a) au cours des cinq dernières années si le
montant minimal de l'amende dont était passible le contrevenant pour cette
infraction était [...] prévu à l'article 44;
«b) au cours des deux dernières années dans les
autres cas;
«5° est en défaut de respecter un avis
d'exécution transmis en vertu de l'article 17, sauf le cas prévu au
paragraphe 8° du présent article;
«6° est en défaut de respecter une ordonnance
rendue en vertu de toute loi dont le ministre est chargé de l'application;
«7° est en défaut de respecter une injonction
rendue en vertu de toute loi dont le ministre est chargé de l'application;
«8° est en défaut de payer une somme due en
vertu de toute loi dont le ministre est chargé de l'application ou de l'un de ses
règlements, y compris le défaut de payer une amende, [d']une sanction
administrative pécuniaire et, dans les cas où une autorisation antérieure
aurait dû être obtenue et le paiement de la compensation et [les] frais
afférents effectué, une compensation financière ou les frais exigibles;
«9° est en défaut de respecter toute disposition
de toute loi dont le ministre est chargé de l'application ou de l'un de ses
règlements et n'a pas remédié aux manquements constatés lors d'une inspection
ou d'une enquête dans le délai ou les conditions impartis pour le faire;
«10° a un lien de dépendance, au sens de la Loi
sur les impôts, avec une personne qui exerce une activité similaire alors que
son autorisation a été suspendue, révoquée ou annulée ou fait l'objet d'une
injonction ou d'une ordonnance à cet effet, sauf si la preuve est faite que
l'activité du demandeur ou du titulaire ne constitue pas la continuation de
l'activité de cette personne.
«Les paragraphes 7° et 8° du premier alinéa
ne peuvent s'appliquer qu'à l'expiration des délais suivants, selon le
cas :
«1° s'il s'agit d'une somme due, le délai prévu
pour en demander le réexamen, en cas échéant;
«2° le délai prévu pour contester la décision
devant le tribunal compétent; et
«3° après le 30e jour suivant la décision
finale du tribunal confirmant, en tout ou en partie, la décision.»
Commentaire. Cet article reprend le contenu de
l'article 115.5 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il vise notamment à prévoir différentes situations
pour lesquelles le ministre ou le gouvernement serait justifié de refuser
une demande ou d'intervenir sur une autorisation déjà
délivrée. La situation prévue par le paragraphe 5° est nouvelle pour assurer la
concordance avec le nouveau pouvoir proposé par la nouvelle loi concernant
l'avis d'exécution. La situation prévue au paragraphe 9° est aussi nouvelle
pour permettre une intervention lorsqu'une personne ne remédie pas aux situations de non-conformité législatives
et réglementaires constatées dans le cadre d'une inspection ou d'une
enquête. Un tel pouvoir pourrait être utile lorsque l'utilisation des autres
sanctions n'est pas encore amorcée ou ne constitue pas la bonne sanction
appliquée pour ce genre de situation. Les situations prévues aux paragraphes
3°, 4°, 6°, 7° et 8° ont fait l'objet d'ajustements techniques. Il en est de
même du deuxième alinéa.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bon, là, on y
est, on est en plein coeur de tout ça et des nouveaux... bien, des nouvelles
poignées que le ministre pourra avoir. En faisant la lecture avec vous, M. le
ministre... Puis là j'ai en tête, mais je le sais, qu'on n'est pas dans des SAP
nécessairement... Puis là, juste pour mon éclairage, là, est-ce qu'on est
toujours dans des sanctions administratives pécuniaires, ou on peut aller aussi
dans l'amende, parce que, là, on parle d'ordonnance, ou si on va beaucoup plus
loin?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
oui, c'est plus large, là. Donc, en fait, c'est... À partir du moment où on a
une demande d'autorisation, on évalue tout ce qui a été donné comme sanctions,
que ce soit au niveau des SAP, au niveau des amendes, au niveau des
ordonnances. Donc, on a toute la panoplie, là. C'est pour ceux qu'il y a autant
de paragraphes, là, à l'article 31.
Mme Melançon : Parfait. Donc, à partir du moment où, par
exemple... parce que, parfois, on a des entreprises qui... bien, qui
sont disparues un peu du radar puis pour lesquelles il a pu y avoir des
ordonnances ou c'est le gouvernement du Québec qui a payé pour faire exécuter
les travaux. Ces entreprises-là, habituellement, sont des entreprises qui
ont... plus que délinquantes, là, il y en a... Je me rappelle que le député de
Jonquière, la semaine dernière, parlait d'une entreprise chez lui, mais je sais
qu'il y en a aussi, bien sûr, en Mauricie, pour lesquelles il y a eu des
ordonnances, et les ordonnances, c'est la fin, dans le fond, c'est le maximum
dans... qu'on peut aller, où c'est le ministre directement qui va signer.
Mais là ce que je comprends ici, à l'article,
c'est qu'on repart ça du départ. Donc, ça peut aller d'une sanction
administrative pécuniaire jusqu'à l'ordonnance, mais, si on a eu une
problématique, par exemple, avec un individu... Puis, tout à l'heure, le sous-ministre adjoint nous disait : Bien,
il y en a, là, qui ne veulent pas qu'on entre directement sur un terrain, puis
là, bien, si tel est le cas, on va appeler la police, puis, parfois, on peut
arriver à deux inspecteurs. Est-ce que ce genre de comportement là est
aussi gardé à l'intérieur du présent article?
• (17 h 30) •
Mme
Grignon (Karine) : Bien, en
fait, il faut quand même une certaine procédure, là, qui a été accomplie, là.
Donc, c'est pour ça qu'on retrouve différents paramètres à l'intérieur de 31.
Donc, le fait qu'il y ait une déclaration de culpabilité, donc, ce n'est pas
juste de lui transmettre un constat d'infraction. Il faut qu'il ait été déclaré
coupable. L'ordonnance, même chose, il faut que l'ordonnance ait été émise par
le ministre puis il y ait eu transmission, en fait, de l'ordonnance avec les
conditions applicables. Donc, on voit, pour chaque article, il y a... pour
chaque paragraphe, en fait, il y a certaines balises. Puis, quand on ne se rend
pas jusqu'à l'émission de la sanction, là, je pense que c'est plus le
paragraphe 9°, là, qui est un peu plus général, bien,
on voit, là, que ça demande quand même que la personne ait été informée qu'elle
était en manquement puis qu'elle n'a pas remédié à son défaut, là, donc on voit
qu'il y a un petit laisser-aller, là, de la part de la personne, là, en fait.
Mme Melançon : Parfait. À
l'article... bien, au 3°, dans le fond, là, «a produit une
déclaration, un document ou un renseignement faux ou a dénaturé ou omis de
déclarer un fait important», comment est-ce qu'on définit le fait important, à
ce moment-là?
Mme Grignon (Karine) : Bien,
selon la nature de l'information qui est demandée, là, pour savoir s'il y a eu rejet de contaminants. Par exemple, donc, si on
demande une information sur la quantité, par exemple, de quelque chose
qui a été rejeté à l'environnement, donc, par rapport à la dénaturation, là, du
fait, là, on va considérer que ça peut être un fait important parce que, selon
l'information qu'il va nous donner, ça va impacter l'impact à l'environnement,
là, au niveau de la quantité, par exemple, du rejet, là.
Mme Melançon : Mais un fait
important, comme ça, c'est un peu subjectif, non?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
c'est sûr.
Mme Melançon : Oui, hein?
Mme Grignon (Karine) : Oui.
Mme Melançon : O.K., parce qu'à
la lecture même, là, quand on arrive à «dénaturé ou omis de déclarer un fait
important»... Qui va évaluer le tout, si c'est un fait important ou non?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, c'est toujours toutes les mêmes personnes, là, qui
évaluent la gradation des sanctions applicables, là...
Mme Melançon :
Les directeurs et...
Mme Grignon
(Karine) : ...les directeurs, c'est ça, par rapport aux obligations de
la loi qui s'appliquent, là, donc qu'est-ce qui constitue un fait important
pour l'obligation en question, dont ils sont allés faire l'inspection, par
exemple.
Mme Melançon :
Oui, allez-y.
M. Rousseau
(Michel) : ...les cas de refus, de
révocation, tout ça, vont être analysés, souvent, par un comité interne pour...
en vue de faire une recommandation au ministre. Parce que ça demeure quand même
un pouvoir exceptionnel, donc il faut le documenter comme il faut. Et les cas
de refus, justement, pour différentes raisons qui sont là-dedans, là, bien,
avant de les exercer, il y a une analyse qui est faite, là, puis c'est...
Parce que, je dirais,
le refus, c'est une chose, la révocation, c'est un peu la peine ultime, parce
que, lorsqu'on révoque une autorisation, la personne ne peut plus opérer son
entreprise. Donc, on a des cas, là, récents, où notre ministre a fait les ordonnances puis le non-respect de ces
ordonnances-là a mené à des révocations. Mais, à chaque fois, évidemment,
l'analyse était faite par nos équipes, pour bien le conseiller là-dessus, parce
que c'est des sanctions quand même importantes, lorsqu'on enlève le
droit d'opérer. Mais ça s'est fait puis ça ouvre la porte à ça, ces articles-là.
Mme Melançon : D'accord. Bien, je vais
m'arrêter là, là. Je ne sais pas si les collègues ont certaines questions.
Puis j'ai d'autres questions à partir du 4°, là, mais je
vais laisser les collègues pour le début, aussi. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...avait commencé en... avait demandé en
premier, puis il y a M. le député de Jonquière.
M. Benjamin :
Ah! vous pourriez y aller, collègue.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Jonquière, allez-y.
M. Benjamin :
Allez-y.
M. Gaudreault :
...là, mais en fait, c'est plus un commentaire, pas éditorial, là, mais une
réflexion, dans le sens que c'est quand même
gros, là, parce qu'on fait basculer l'article 115.5 de la LQE en totalité
dans la nouvelle loi. Puis je
comprends, là, qu'on veut créer une loi, un tronc commun sur les peines, les
pénalités, l'aspect plus administratif. Mais c'est parce que l'économie
de la Loi sur la qualité de l'environnement tourne autour des autorisations,
des certificats... bien, sur plein de
choses, là, mais notamment sur les certificats d'autorisation, c'est quand même
le coeur, donc, de dire : Bien,
voilà comment un ministre peut accorder un certificat d'autorisation, voilà
comment il ne peut pas accorder un
certificat d'autorisation, pour quelles raisons, c'est quoi, tout le processus
d'évaluation environnementale conduisant éventuellement à un décret
ministériel, bon, etc. C'est ça, la LQE.
Puis
là on sort de ce principe important des autorisations au coeur de la LQE pour
le mettre dans une autre loi. Parce que l'article 31 nous
dit : «Le gouvernement ou le ministre peut refuser de délivrer, de
modifier ou de renouveler une autorisation requise en application des lois
concernées...» Je me demande ce que ça peut avoir comme conséquence, dans
l'ensemble de l'application de la LQE, de dire qu'on sort une des raisons ou
des raisons, parce qu'il y a quand même
plusieurs paragraphes, de ne pas accorder d'autorisation, si on le sort de la
LQE. Pour moi, ce n'est pas un geste qui est banal. Est-ce que ce
volet...
Parce que, quand on
regarde dans les commentaires, là, la table de concordance, ça ne touche pas
d'autres lois, là. Dans les six lois qui sont touchées par le fameux tronc
commun, il n'y a que la LQE qui est touchée. Est-ce qu'il n'aurait pas été préférable, considérant, dans le fond, qu'on
parle de ne pas accorder une autorisation, de le garder carrément dans
la LQE pour cet aspect-là? Alors, c'est mon point à ce stade-ci.
M. Charette :
...qui est aussi très pertinent. En fait, c'est vrai que c'est un élément
important de la LQE, mais en l'intégrant au tronc commun, ça va continuer à
s'appliquer intégralement à la LQE. Donc, la LQE ne perd pas de portée avec cette modification-là. Et pour
ce qui est du droit de refus, en quelque sorte, il va rester aussi à
l'intérieur de la LQE. Et, à ce niveau-là, la collègue juriste serait
plus à même de bien le vulgariser, mais ça n'altère rien de ce tronc-là qui est
très fort, à la LQE, mais qui va être maintenant partagé dans la nouvelle loi.
Mais la collègue juriste va pouvoir y aller de façon plus précise.
Mme Grignon
(Karine) : En fait, pour répondre plus spécifiquement à votre
question, c'est qu'il y a des régimes d'autorisation aussi dans les autres
lois. Donc, la Loi sur la sécurité des barrages a un régime d'autorisation assez important, même chose pour conservation du
patrimoine naturel, espèces menacées et pesticides, qui est essentiellement
un régime de permis et de certificats.
Donc, ce qui a été déplacé dans le tronc commun,
donc les articles 115.5 et suivants, ce sont des articles très généraux
par rapport à des situations qui peuvent s'appliquer à l'ensemble de ces
lois-là. Par contre, à l'intérieur de chacune des lois
particulières, notamment la LQE, il va demeurer des pouvoirs spécifiques de
refus pour des motifs environnementaux, notamment. Puis là je vous nomme celui
qui a été notamment édicté, là, adopté, en 2017, là, par le premier projet de loi n° 102,
l'article 31.0.3, là, qui est le pouvoir de refus plus général qui est
utilisé par le ministère de
l'Environnement. Donc, lui va demeurer dans la LQE et va demeurer appliqué, là,
par rapport au régime d'autorisation plus spécifique, là, de la Loi sur
la qualité de l'environnement.
M. Gaudreault :
Donc, on ne déplace dans le tronc commun que le refus d'autorisation qui
est relié à, comment je pourrais dire... à des documents faux ou à des
déclarations de culpabilité, à une infraction, à avoir utilisé un prête-nom, le
défaut de respecter une ordonnance. J'y vais en cascade, là, un peu en
survolant l'article. Donc, on ne déplace dans le tronc commun, vous me direz si
je comprends bien, là... avec 31, on ne déplace dans le tronc commun que les
refus d'autorisation en vertu de la LQE, associés à des vices de forme ou à des
déclarations, justement, de culpabilité, bon, qui font partie des vices de
forme, si on veut, là, et non pas sur des enjeux de fond. Est-ce que je dis
bien la bonne chose en disant ça?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
oui, tout à fait. Donc, c'est plus par rapport au comportement d'un demandeur,
donc, par rapport à ce qu'il a fait antérieurement, donc, dans les situations
qui sont énumérées à 31, notamment. Effectivement, ça, ça peut s'appliquer de
manière générale. Mais, pour les questions de fond en lien, par exemple, avec
le rejet de contaminants, là, ça va demeurer encadré par la loi particulière,
qui est la Loi sur la qualité de l'environnement.
• (17 h 40) •
M. Gaudreault :
O.K. Puis vous avez dit que, pour les autres lois... Vous avez parlé de la
Loi sur les pesticides, vous avez parlé de la Loi sur la sécurité des barrages.
Quelle est la mécanique qui fait que 31 s'applique? Pour bien comprendre...
Parce que, quand on fait la table de concordance, il n'est nommé que la LQE. Je
voudrais juste bien comprendre, là, par quel tour de passe-passe on est
capable, par 31, de toucher aussi les autres lois, là?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, bien, on revient en arrière, donc c'est vraiment les
articles du début, là, l'article 1 qui vient dire que la loi, la nouvelle
loi s'applique aux six lois. Donc, tout le contenu, y compris, là, les
articles 31 et suivants, vont s'appliquer à ces six lois-là.
M. Gaudreault :
Est-ce à dire...
Mme Grignon
(Karine) : Généralement, vous allez le voir plus tard, là...
Excusez-moi, là. Généralement, vous allez le voir plus tard, dans chacune des
lois, il va y avoir un chapitre où on va dire, par exemple : Inspection et
enquête, j'ai un chapitre, allez voir la loi sur les mesures d'application,
pour le détail.
M. Gaudreault :
Est-ce à dire que ces possibilités de refus d'autorisation reliées à des
vices de forme, si on reprend notre expression, n'existaient pas dans les
autres lois, à part la LQE, au moment où on se parle?
Mme Grignon
(Karine) : Exact. La seule loi où il y avait un renvoi, en fait, il
n'y avait pas le libellé exactement, mais il y avait un renvoi vers la LQE,
c'était dans la Loi sur la conservation du patrimoine naturel.
M. Gaudreault :
O.K. Ça veut dire que, par exemple, sur la sécurité des barrages, au moment
où on se parle, avec la loi qui est actuellement en vigueur, on ne peut pas
refuser une autorisation en vertu de cette loi-là pour un vice de forme? Bien,
si on prend les 10 picots, là, qui sont là, là, puis qu'on les appelle des
vices de forme, on ne peut pas, en vertu de la Loi sur la sécurité des
barrages, présentement, refuser une autorisation si la personne, disons, a
utilisé un prête-nom.
Mme Grignon
(Karine) : Exactement, ce n'est un pas prévu actuellement.
M. Gaudreault : Donc, dans ce sens-là, on
vient rendre plus sévères les cinq autres lois que la... outre la LQE?
Mme Grignon
(Karine) : Tout à fait. On étale le régime à ces cinq autres lois là,
là, de manière très, très spécifique.
M. Gaudreault :
O.K. Ça va aller pour l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Ma première question. J'ai déjà étudié d'autres
projets de loi dans lesquels on commence l'article par «le ministre», tout
simplement. Pourquoi ici on formule en commençant par «le gouvernement ou le
ministre»? Est-ce que c'est...
M. Charette :
...la collègue pourrait répondre.
Mme Grignon
(Karine) : En fait, c'est vraiment, dans les différentes lois, les
pouvoirs d'autorisation sont attribués soit au gouvernement soit au ministre.
Donc, pour prévoir tous les cas de figure, on a commencé par «le gouvernement
ou le ministre», ici, là. Ça réfère, entre autres, au régime d'autorisation qui
découle de la procédure d'évaluation et d'examen des impacts, qui est un régime
d'autorisation.
M. Benjamin :
D'accord.Ce que je comprends, dans cet article qu'on a devant nous,
c'est un article qui vient donner des garde-fous, qui vient donner au ministre
le pouvoir d'intervenir pour refuser, délivrer, etc. Quand on regarde le
paragraphe, le 2°, qui dit : «a été déclaré coupable
d'une infraction à une loi fiscale ou une infraction criminelle», par rapport
aux lois fiscales, est-ce que... Pourquoi ne parle-t-on pas d'avoir commis une
infraction aux lois fiscales, plutôt de reconnaître qu'on est reconnu coupable
à une loi fiscale?
M. Charette :
Je ne suis pas juriste, mais, a priori, la personne qui a été déclarée
coupable, c'est parce qu'elle a commis cette infraction-là. Donc, on veut
s'assurer qu'elle ait eu son recours ou sa possibilité d'appel. Donc, on attend
ou on souhaite qu'il y ait eu une déclaration de culpabilité en bonne et due
forme. Encore une fois, je ne suis pas juriste, j'ai droit aux coups de pied,
là, si jamais mes explications ne sont pas adaptées à la réalité.
M. Benjamin :
En fait, cette question-là, je la pose, en fait, c'est en me référant, de
mémoire, à une des interventions du sous-ministre en lien avec l'impôt, parce
que... Est-ce qu'il y a un chantier, est-ce que je comprends qu'il y a
actuellement un chantier entre le ministère de l'Environnement et l'Agence du
revenu, donc, au niveau des entreprises, par des... qui connaîtraient des
accrocs soit à des différentes lois applicables par votre ministère ou, du
moins, à la loi sur l'impôt? Est-ce que je comprends qu'il y a un chantier en
cours, actuellement, là-dessus?
M. Rousseau
(Michel) : Dans cet article-là, là, une
déclaration de culpabilité à l'impôt ou à autres, c'est public, donc c'est un
renseignement que les gens au ministère qui ont à évaluer si cet article-là
s'applique ont en leur possession.
Par rapport
strictement au Revenu, il y a des discussions, au Revenu, régulièrement,
notamment pour des mauvais payeurs ou
encore, j'expliquais, l'autre fois, dans le cadre de certains dossiers où on
peut échanger de l'information avec eux, parce que les gens qui
commettent des infractions commettent aussi des infractions à la loi sur
l'impôt. Mais là on sort de l'article 31, mais, spécifiquement pour
l'article 31, ça prend effectivement, comme dit le ministre, une déclaration de culpabilité, parce qu'on ne
peut pas présumer qu'il est coupable. Et ça, c'est des documents qui sont
quand même publics et accessibles. Donc, les liens avec le ministère du Revenu
sont faits lorsque c'est requis, là.
M. Benjamin : Donc, on comprend que,
par exemple, quelqu'un qui serait... une entreprise qui serait un mauvais
payeur à l'impôt, ce ne serait pas suffisant, donc ça prend une déclaration de
culpabilité au sens de la loi sur l'impôt.
M. Rousseau
(Michel) : Bien, pour refuser une autorisation, c'est comme ça
que c'est libellé. Mais, quand je parlais de
mauvais payeurs, on peut se servir du revenu pour faire du recouvrement, là. Il
y a des ententes qui peuvent se faire avec eux dans des cas
exceptionnels. Mais là on n'est pas dans les autorisations, on est dans...
M. Benjamin : Donc, c'est seulement
pour faire du recouvrement, donc, et non pas dans l'octroi d'une autorisation?
M. Rousseau
(Michel) : Pour l'octroi d'autorisation,
c'est vraiment une déclaration de culpabilité, comme il est inscrit à
l'article.
M. Benjamin :
Le ministre a souligné tout à l'heure, avec raison, d'ailleurs, c'est un
long article avec plusieurs paramètres qui vient donner, à ce moment-là,
l'autorisation au ministre de pouvoir refuser de délivrer, ou modifier, ou
renouveler, ou autoriser, etc. Je pensais au... Et comme l'éventail qu'on a, le
spectre qu'on a devant nous est quand même
assez large, je pensais, entre autres, aux municipalités, M. le ministre, donc.
Il y a des entreprises qui sont installées dans des municipalités et qui
sont en constante infraction à des règlements municipaux. Est-ce qu'on pourrait
peut-être prévoir aussi que ça pourrait devenir aussi un élément qui
permettrait au ministre de pouvoir soit ne pas renouveler ou, du moins, de
modifier une autorisation?
Mme Grignon (Karine) :
En fait, les infractions qui sont énumérées ici, il faut quand même que ça
ait un certain lien avec l'environnement, là. Donc, à l'époque, quand ça a été
introduit à la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est parce qu'il y avait
des tractations, là, au niveau du crime organisé, pour les sols contaminés. Donc, il y avait certaines ramifications, là, au
niveau des lois fiscales, au niveau des infractions qui sont énumérées, là.
467.11 à 467.13, là, c'est des infractions criminelles très, très précises par
rapport au crime organisé, là. Donc, c'est vraiment en lien avec ça.
Il faut que ça ait un
lien aussi, comme je vous dis, avec l'autorisation qu'on va émettre, là, parce
que la personne, elle a quand même un droit de travailler, un droit de déposer
des demandes d'autorisation, sans que ça soit... ça traîne toujours en arrière
d'elle, là, ces déclarations de culpabilité qu'elle a eues pour d'autres
choses. Donc, il faut quand même avoir une certaine clémence envers des mauvais
comportements dans d'autres domaines, là, que la personne a pu avoir, là. Donc,
c'est par rapport à ces garanties-là, au niveau des droits protégés par la
charte, là, qu'on vient circonscrire le type d'infraction qui est visée pour
pouvoir émettre un refus ici.
• (17 h 50) •
M. Benjamin :
Bien, je pense que je ne pense pas me tromper en affirmant que la majorité
des municipalités, au Québec, ont à coeur beaucoup d'enjeux environnementaux,
les enjeux environnementaux, et ont décidé, au cours des dernières années, que ce
soit, par exemple, à travers l'Union des municipalités du Québec ou encore, de
manière autonome ou de manière concertée, de
développer des politiques, des actions fortes dans des... et même une
réglementation en lien avec la question environnementale.
Et je ne pense pas me tromper non plus si j'ose
affirmer que je pense qu'il y a des entreprises qui sont... qui peuvent ou qui
sont, même, en infraction par rapport à ces orientations municipales en matière
environnementale. Alors, est-ce qu'il y a... Et, d'autant plus, que de fois
j'ai entendu affirmer la volonté de reconnaître les municipalités comme des gouvernements de proximité. Je pense
que, là, il y a une opportunité concrète, tangible, de pouvoir l'affirmer,
donc, cette reconnaissance-là, par rapport aux orientations en matière
environnementale des municipalités.
M. Charette : Je
veux être certain de bien comprendre, et, si c'est le cas, je pense pouvoir
rassurer le collègue. L'entreprise
qui fait des travaux sur le territoire d'une municipalité doit quand même se
conformer à la réglementation. En fait, elle est tributaire de la
réglementation environnementale québécoise. Donc, même si c'est sur le
territoire d'une municipalité que la faute
est commise, elle le serait, en toute vraisemblance, par rapport à
l'autorisation qui a été donnée par le gouvernement du Québec.
Donc, le mauvais joueur, je vais l'appeler
ainsi, qui commet une faute sur un territoire d'une municipalité X, le fait en
vertu d'une réglementation ou d'une loi québécoise. Donc, c'est pris en compte
par la force des choses, là. L'autorisation, elle est... C'est certain qu'il y
a une réglementation municipale qui s'applique, mais, au niveau de la protection de l'environnement, au niveau de la
LQE, c'est le ministère de l'Environnement. C'est donc le gouvernement
du Québec qui va donner son autorisation et non pas la municipalité. Je ne dis
pas que la municipalité n'a pas une réglementation qui va obliger le promoteur
à se conformer d'une façon ou d'une autre. Mais l'autorisation, elle est donnée
par le gouvernement du Québec, par le ministère de l'Environnement, si c'est en
lien avec la Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Benjamin : Là-dessus, je
vous entends, M. le ministre, mais, vous savez, en fait, actuellement, quand je
regarde l'article qu'on a devant nous, on parle de toutes sortes d'infractions,
diverses sortes d'infractions, mais il y a aussi des entreprises qui sont
installées dans différentes municipalités, qui peuvent aussi commettre des
infractions répétitives, constantes par
rapport à la municipalité, aussi, et en contravention avec beaucoup de
règlements municipaux. Et c'est là que
je pense qu'il y aurait lieu de voir, dans cet article-là, une fenêtre par
rapport aux règlements municipaux aussi.
M. Charette : En fait, comme
l'indiquait Me Grignon, les impacts d'une... les impacts d'un mauvais
comportement qui peut être noté par le chapitre IV, ça doit être en lien
avec l'environnement. Donc, une compagnie peut être en défaut par rapport à une
réglementation municipale, que ce soit, je ne sais pas, moi, par rapport à la
nuisance, par rapport à... Mais, si ça ne touche pas l'environnement, ça va
être difficile de noter ce comportement-là dans l'évaluation d'une
autorisation, qui, elle, est de nature environnementale.
Mais, si l'infraction est de nature
environnementale, si elle a nécessité un certificat d'autorisation, bien, elle
l'a nécessité auprès du ministère de l'Environnement, donc c'est ce type de
comportements là qui pourraient être pris en compte. Une entreprise, là, ça
peut être tellement vaste, qui enfreint la réglementation municipale, par
exemple, elle construit un élément de son installation en dehors des zones
permises par la municipalité, s'il n'y a pas de lien avec l'environnement, s'il n'y a pas d'impact au niveau de
l'environnement, ce n'est pas le genre de comportement, là, qui serait
pris en compte pour l'évaluation d'une demande d'autorisation à venir. Si le
lien avec l'environnement n'est pas présent, ça va être difficile de le tenir...
d'en prendre compte dans l'évaluation.
M. Benjamin : Je vais commencer
par remercier notre recherchiste, Karl, qui m'a... Karl Filion, qui m'a amené
un élément de plus dans l'argumentaire, donc, si tant est, donc, que j'ai
besoin encore d'argumenter pour faire comprendre, en fait, le point de vue. En
fait, en vertu de la Loi sur les compétences municipales, M. le ministre, les
municipalités, elles peuvent adopter des règlements et mettre en place des
actions sur les sujets suivants : sur les parcs, sur l'utilisation de
l'énergie qu'elle produit, sur la salubrité, sur les nuisances, sur la
sécurité, sur le transport, sur l'alimentation en eau potable, l'élimination et
la valorisation des matières résiduelles. À titre d'exemple, cette compétence générale
des municipalités en matière d'environnement a permis, justement, à certaines
d'entre elles, à certaines municipalités, d'adopter des règlements pour
protéger, par exemple, les prises d'eau potable, donc. Et, justement, donc, il
y a des règlements municipaux qui existent. Et moi, je verrais très bien, donc,
que vous puissiez, dans cet article-là, prévoir aussi, donc... prévoir qu'un
accroc à ces règlements-là, des règlements, on s'entend, qui vont dans le sens
de la protection de l'environnement, donc, peuvent aussi devenir des motifs
pour refuser, ou pour renouveler des permis, ou pour même en octroyer.
M. Charette : ...à la collègue
juriste.
Mme Grignon (Karine) : En fait,
au niveau municipal, généralement, ils ont leur propre régime de permis, un permis municipal qui va s'ajouter, en fait, à
l'autorisation environnementale délivrée par la ministre ou le gouvernement.
Donc, peut-être que les municipalités pourraient prévoir ce même genre de
pouvoir là à l'égard de leurs propres permis, là, ce serait beaucoup plus
direct, là, on s'entend. Il faut vraiment que, comment je vous dirais,
l'infraction, par rapport à un règlement municipal qui
peut être de manière générale, soit liée à la demande d'autorisation. Parce
qu'on est vraiment dans un article où on fait un accroc, c'est un pouvoir
exceptionnel... on fait un accroc aux droits protégés par la charte. Donc, il
faut vraiment circonscrire adéquatement cette intrusion-là, là, dans les droits
garantis par la charte.
Donc, on ne peut pas aller largement dans toutes
les directions et prévoir toutes les infractions à n'importe quelle loi, là.
Donc, il faut quand même permettre à ces gens-là, là, d'avoir une certaine
latitude, là, quand ils font des demandes d'autorisation, leur permette
d'exercer un emploi, un exercice d'activité quelconque, là.
M. Benjamin : J'entends,
j'entends votre explication, mais, en même temps, aussi, je vais ramener à
vous, M. le ministre, ce que nous avons souvent entendu ici, lors des
consultations particulières, sur différents projets de loi, ce qu'ont plaidé
souvent les municipalités du Québec, l'enjeu de cohérence, l'enjeu de cohésion,
et cet enjeu de cohérence fait en sorte que des fois, sur certaines
applications, les municipalités ont les mains liées. Et c'est là que je
trouve... Je comprends très bien ce que maître, excusez-moi, votre...
Mme Grignon (Karine) : ...
M. Benjamin : ...Grignon, Me Grignon, je comprends très bien
l'explication de Me Grignon, mais je continue à plaider, à vous dire, M.
le ministre, qu'il y a là... je pense que c'est une loi trop importante pour
qu'on reste sourds aux préoccupations environnementales des municipalités,
donc.
M. Charette : ...le temps file,
on pourrait y revenir ce soir. On ne réécrira pas le droit municipal à travers
l'article 31 du projet de loi n° 102. Mais, encore une fois, quand
c'est des projets qui impliquent la réglementation québécoise en environnement, souvent, il y a une incidence au niveau
municipal, et dès que ça touche la réglementation, la législation
québécoise, ça nous donne une portée. Mais on ne peut pas, à travers cet
article-là, réécrire le droit municipal, là, ce n'est pas la bonne occasion de
le faire.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
compte tenu de l'heure, la commission va ajourner ses travaux jusqu'à 19 h 30.
Je vous souhaite bon appétit.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 33)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, à l'ordre s'il vous plaît!
La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois
en matière d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion
responsable des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour
une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission
Lors de la suspension de nos travaux cet
après-midi, la discussion portait sur l'article 31 de la loi édictée à
l'article 1 du projet de loi. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. En fait, au moment de nous quitter, donc, j'en étais aux échanges
avec le ministre. Donc, après une heure et demie de pause, je me demandais s'il
avait eu le temps de cheminer avec moi dans le sens de mes interventions.
M. Charette : J'ai cheminé dans
l'espoir de convaincre le collègue. Dans les faits, comme on le mentionnait
tout juste avant la pause, les municipalités ont naturellement leurs propres
réglementations, qui, dans certains cas, peuvent toucher l'environnement. Ceci
dit, lorsqu'il s'agit d'enjeux qui se réfèrent à la Loi sur la qualité de
l'environnement, la demande d'autorisation, le certificat d'autorisation doit
aussi émaner du gouvernement du Québec, du
ministère de l'Environnement, ce qui nous donne une prise pour appliquer
l'article 31 tel qu'il est proposé.
Sinon, si les municipalités ont certaines
doléances à l'égard de certains entrepreneurs, certains promoteurs qui exercent
sur leur territoire, comme le mentionnait et le suggérait la juriste,
Mme Grignon, les municipalités seraient tout à fait en droit d'inclure
dans leur propre réglementation des modalités semblables à celles contenues
dans le projet de loi n° 31. Donc, ce serait de leur propre chef qu'elles
le feraient. Mais, nous, à travers un projet de loi comme celui-ci, on ne peut
pas commencer à légiférer sur les compétences municipales. Ce n'est pas du
tout, du tout l'objet, là, du projet de loi, et on déborderait largement de
notre mandat.
M. Benjamin : En fait, Mme la
Présidente, je n'ai pas demandé au ministre de légiférer sur les compétences
municipales. En fait, voyez, ce que je trouve intéressant dans cet article
qu'on a devant nous, c'est un article qui donnerait,
en fait, si nous l'adoptions tel quel, qui donnerait au ministre le pouvoir de
refuser de délivrer, de modifier, de renouveler une autorisation
requise, de la modifier, de l'annuler, de la révoquer en tout ou en partie, de
s'opposer à ça, à toute cessation, si, et je vais évoquer seulement au moins un
argument, si l'entreprise est déclarée coupable d'une
infraction aux lois fiscales. Je ne pense pas que le ministre est en train de
jouer dans la loi sur l'impôt, donc en mettant en place ici une pareille
balise. S'il y avait aussi une infraction criminelle, je ne pense pas que le
ministre touche au Code criminel, c'est-à-dire en mettant ici de pareilles
balises. Ce que je lui dis, c'est que, pour un enjeu de cohérence et de
cohésion sur nos actions en matière environnementale, il y a des municipalités,
il y a beaucoup de municipalités au Québec qui ont des compétences municipales,
et dans certaines orientations environnementales, et même aussi en matière
d'urbanisme, en matière de zonage aussi. Et il y a... Évidemment, ce sont des
sections de territoire et de compétence municipale. Il pourrait y avoir, et je
parle au conditionnel, Mme la Présidente, je dois même parler au présent, il y
a des entreprises qui sont sur le territoire de certaines municipalités au
Québec qui sont en contravention avec ces municipalités-là par rapport à... sur
des axes reliés à l'environnement. Parce que je pense que l'argument que maître
Grignon évoquait tout à l'heure, c'était l'argument par rapport à des activités
en lien avec l'environnement. Mais, justement, c'est de cela dont il s'agit.
Donc, je ne demande pas au ministre de refaire,
d'aller jouer dans les platebandes des lois des municipalités. Ce que je lui
dis, c'est d'en prendre... d'en tenir compte, c'est d'en tenir compte,
justement, au moment, pour lui, de refuser de délivrer, de modifier, tout comme
il tient compte aussi... et de plusieurs lois qui ne relèvent pas de ses
compétences, mais qu'il les utilise comme levier pour mieux faire, pour mieux
agir sur les enjeux environnementaux au Québec. Donc, je lui demande de faire
la même chose. Ce n'est que cohérence et de cohésion à ce niveau-là.
M. Charette : Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
allez-y.
M. Charette : Oui?
Je voulais être certain d'avoir votre consentement. Bien, en fait, on peut
avoir la discussion longtemps, mais, à partir du moment où ça se rapporte à la
réglementation, la législation québécoise, en matière d'environnement, même si la problématique est
vécue sur le territoire d'une municipalité X, ça relève de la compétence
et de la réglementation québécoise, donc là,
il y aurait une possibilité de prise. Mais ce que je veux surtout mentionner,
si l'infraction est sans égard à la réglementation québécoise, à la
législation québécoise, mais qu'elle enfreint une norme municipale, c'est là où
la municipalité pourrait convenir d'une règle semblable à celle que l'on
propose à l'article 31, c'est-à-dire, dorénavant, pour que la municipalité
puisse accorder un permis ou une autorisation à cette entreprise-là, elle devra
se conformer ou, au contraire, une autorisation pourrait lui être refusée si
jamais son passif était trop important aux
yeux de la municipalité. Mais on ne peut pas juger sur un comportement qui
n'est pas en lien avec notre propre réglementation et avec notre propre
législation.
Encore une fois, je le dis une dernière fois, au
niveau environnemental, souvent, ça va concerner les deux. Donc, à partir du moment où ça concerne le
gouvernement du Québec, le ministère de l'Environnement, là, c'est un élément
qui pourrait être pris en considération pour octroyer ou non une nouvelle
autorisation pour un nouveau projet.
M. Benjamin : Alors,
à ce moment-là, donc, est-ce que c'est possible de le voir paraître ici, dans
l'article, donc, vous, ce que vous évoquez là, M. le ministre?
M. Charette : Je veux dire,
c'est déjà le cas. Il n'y a pas d'amendement à nos yeux, là, qui serait
nécessaire. À partir du moment où ça touche la réglementation et la législation
québécoise, c'est déjà pleinement pris en compte par l'article 31 que l'on propose. On pourra, justement, se
pencher sur tel, tel élément. Il y a quand même plusieurs volets à
l'article 31. On pourra dire, par exemple : Je prends le... peu
importe, là, il y a quand même plusieurs possibilités. Donc, dès qu'il y en a un qui toucherait la réglementation, la
législation québécoise, même si ça enfreint, en même temps, une
réglementation municipale, nous, ce serait notre élément sur lequel on pourrait
miser. Mais, en dehors de ça, c'est de la
compétence de la municipalité, d'établir son propre cadre d'application
réglementaire et d'imposer des limitations à une entreprise qui n'aurait
pas respecté sa réglementation.
• (19 h 40) •
M. Benjamin : Est-ce
qu'il pourrait arriver que... et je pense que c'est sûrement déjà arrivé,
qu'une entreprise soit en
contravention avec la réglementation municipale en matière environnementale et
que la municipalité se retrouve dans la seule situation d'aller
par-devant les tribunaux.
M. Charette : ...là, il faudrait être peut-être un petit peu
plus précis. De quels types d'infractions environnementales? Parce
qu'encore une fois il y a des chances que cette infraction-là soit... se
résulte aussi au niveau de la réglementation du Québec ou de la loi québécoise.
Mais, sans plus de précision, je ne serais pas en mesure de répondre à la
question du collègue.
M. Benjamin : J'ai l'ai évoqué
tout à l'heure, au niveau de la Loi sur les compétences municipales, les zones
de compétence des municipalités sur lesquelles les municipalités peuvent agir — et
agissent, d'ailleurs — beaucoup
de municipalités agissent en ce sens-là. Souvent, quand... lorsqu'une
municipalité... lorsqu'il y a une infraction par rapport à une réglementation
municipale, la municipalité se voit, à ce moment-là, dans deux situations
possibles, deux scénarios possibles, soit de
resserrer sa réglementation encore, ou, encore, pour faire respecter sa
réglementation, d'aller par-devant les tribunaux pour forcer une
entreprise. Bon. Et ce que nous disent les municipalités, c'est que nous avons
besoin d'avoir, sur ces enjeux-là, puisqu'il y a des sphères... Vous savez,
quand on parle de la qualité de l'air, M. le ministre, quand on parle de la
qualité de l'environnement, les municipalités sont des acteurs de premier plan à ce niveau-là. Je
veux bien que la loi soit une loi québécoise, mais il y a aussi toute la
réglementation municipale qui peut être... qui est en écho avec cette
loi aussi. Et pourquoi est-ce qu'aujourd'hui on ne tient pas compte, justement,
des leviers municipaux et de la nécessité de faire entendre... Moi, c'est ce
que je plaide, je plaide l'idée de faire entendre à travers ce projet de loi là
les leviers municipaux, les leviers d'action des municipalités en matière
d'environnement.
Donc, moi, je
pense que ce serait un autre outil que vous pourrez donner à la municipalité...
aux municipalités en leur disant : Bien oui, il y a la
réglementation municipale qui existe, il y a les tribunaux qui existent, mais
aussi on vient renforcer la loi pour dire que les réglementations municipales
aussi en matière environnementale aussi, nous aussi, on les considère aussi
comme importantes, comme des gestes importants à poser en matière environnementale.
M. Charette : Naturellement, on
accompagne les municipalités, ce sont des partenaires de premier plan, on
respecte les principes d'autonomie municipale. Mais je ne vois pas de lien avec
l'article 31, et, à ma connaissance, sauf erreur, il n'y a aucun groupe
qui s'est présenté devant nous en disant : L'article 31 n'est pas
conforme à la vision que nous avons de la relation entre le gouvernement du
Québec et les municipalités. Les principes auxquels le collègue fait référence,
j'y crois, mais ce n'est pas le bon projet de loi pour incarner un
renforcement, là, de l'autonomie des municipalités, et encore moins le bon
article pour y parvenir.
Moi, ce que je pourrais proposer au collègue,
s'il le souhaite, c'est de proposer un amendement en bonne et due forme pour
qu'on ait quelque chose, là, de tangible et concret à discuter. Mais,
autrement, je ne pense pas que ce soit le bon article pour aborder ces
questions-là.
M. Benjamin : Mme la
Présidente, je n'ai pas dit que cet article-là n'était pas conforme. Les
échanges que j'essaie d'avoir avec le ministre, c'est pour voir comment est-ce
qu'on peut bonifier l'article, comment est-ce qu'on peut bonifier l'article en
lien avec les prérogatives municipales.
Prenons une loi... une autre loi. J'ai parlé de
la Loi sur les compétences municipales tout à l'heure. Prenons une autre loi, qui est la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. C'est une loi où les municipalités disposent d'un pouvoir
en matière d'urbanisme et d'aménagement, et il y a beaucoup d'éléments, il y a beaucoup
d'éléments.
Prenons, par exemple, restreindre par zonage
l'excavation du sol, le déplacement de l'humus, la plantation et l'abattage
d'arbres et tous travaux de déblai ou de remblai. C'est des gestes qui sont de
compétence municipale, mais pour lesquels... qui ont un lien direct avec
l'environnement, avec la protection de l'environnement aussi. Alors, moi, tout ce que je dis au ministre, c'est qu'il y a
tout simplement intérêt à ce qu'on pense aux gouvernements de proximité
que sont les municipalités, qui travaillent aussi sur des axes aussi relatifs à
la protection de l'environnement et qui ont parfois des entraves avec des
entreprises qui sont celles qui se retrouvent sur leur territoire, en matière
de respect de la réglementation. C'est ce
que je plaide. Mais je comprends que le ministre n'est pas intéressé à parler
du rôle des municipalités à ce niveau.
M. Charette : Je vais inviter
le collègue à la prudence à ne pas me prêter d'intentions. Je dis que
l'article 31 n'est pas celui qui permet ce genre de précision, mais j'ai
pris quand même soin de rassurer le collègue, il y a plusieurs règlements qui
sont appliqués par les municipalités. Et, dans son propre exemple, le collègue
mentionnait tout ce qui est remblais, tout ce qui est excavation. Il y a de
bonnes chances que ce soit couvert par la réglementation québécoise.
Donc c'est là notre emprise. Notre emprise est
sur ce qui est de compétence ou qui relève du gouvernement du Québec. La
juriste l'a bien mentionné, on vient déjà restreindre passablement les droits
avec cet article-là. On ne peut pas jouer avec un concept aussi fondamental que
les droits reconnus sans qu'on s'y soit penché. Donc, moi, je ne peux pas
interdire à un promoteur de réaliser un projet si je n'ai pas de motif en lien
avec l'environnement, ce n'est pas du ressort du ministère de l'Environnement.
Mais là où le collègue peut être rassuré, si la
municipalité a des difficultés avec un promoteur en particulier qui se voit
enfreindre constamment une série de règlements municipaux, la municipalité
pourrait très bien adopter un règlement
semblable à notre article qui lui permettrait de retirer des autorisations ou
de ne pas accorder des autorisations à l'avenir
à ce promoteur-là. Mais moi, je dois y aller selon la compétence du ministère
de l'Environnement. Je dois y aller selon la compétence du gouvernement
du Québec. Donc, ce n'est en rien un désaveu à l'égard des municipalités. Au
contraire, on leur dit : Vous, vous avez la possibilité de le faire aussi
dans votre propre réglementation si vous le souhaitez, mais, en toute
honnêteté, je ne vois pas quel est le type d'amendement qui nous permettrait de
rallier un petit peu ou de concilier les inquiétudes du collègue avec les
limites du ministère de l'Environnement par rapport à ses propres compétences.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...le débat fait peut être large, en effet, dans une étude article par article,
mais vous devez aussi rester en lien avec l'article 31. Je fais juste une
petite mise au point, là, pour...
M. Benjamin : Je suis sur
l'article 31, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord.
M. Benjamin :
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le ministre parler des compétences de son
ministère. Aux dernières nouvelles, Mme la Présidente, le Code criminel n'est
pas de compétence québécoise, encore moins de compétence
du ministère de l'Environnement. Et, pourtant, on fait référence au code. Moi,
tout ce que je demande, tout ce que je plaide, Mme la Présidente, les
entreprises délinquantes, lorsqu'elles sont délinquantes aux yeux du
gouvernement du Québec, il y en a aussi qui peuvent l'être aussi sur les territoires
de nos municipalités. Moi, ce que je demande au ministre, c'est de donner un
levier aux municipalités aussi, à travers ce projet de loi là, donner un levier
aux municipalités pour combattre les entreprises délinquantes qui sont sur leur
territoire. C'est ce levier-là que je demande à travers cet échange que j'ai
avec le ministre. Mais je comprends que le ministre ne veut pas donner ce
levier-là aux municipalités pour lutter contre les entreprises délinquantes qui
sont sur le territoire de la municipalité.
• (19 h 50) •
M. Charette :
Il comprend que sa compréhension n'est tout simplement pas exacte. Les
municipalités ont déjà ce levier-là, elles l'ont si elles veulent adapter la
réglementation et elles sont tout à fait en droit de le faire. Le collègue
dit : Le ministère de l'Environnement n'est pas responsable du Code
criminel, c'est vrai, mais il faut se souvenir de ce qu'on se disait avant la
pause. Toutes les infractions qui peuvent être notées au dossier ou qui
pourraient influencer l'octroi ou la reconnaissance d'une autorisation doivent
être en lien avec l'environnement. Donc, il peut y avoir des infractions
criminelles qui ont un impact au niveau environnemental. Donc, c'est là, le
lien qu'il faut établir. Donc, ce n'est pas le Code criminel en général, ce
n'est pas les lois fiscales en général, ce n'est pas les lois sur le revenu en
général, c'est par rapport au domaine de l'environnement. Et c'est là, et je ne
le répéterai plus par la suite, c'est là aussi le lien, souvent il est connexe entre
une infraction environnementale qui est identifiée sur un terrain municipal ou
sur le territoire d'une municipalité, la réglementation québécoise. Donc, on a
une emprise réelle, mais, si ça ne touche
pas l'environnement, ça ne pourra pas être réglé à travers le projet de loi
n° 102 et encore moins à travers l'article 31.
M. Benjamin :
Une dernière intervention, Mme la Présidente, je vous l'annonce, c'est une
dernière.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...l'intervention que vous voulez, je vous ai
juste fait un petit recadrage.
M. Benjamin : Non, mais, vous savez,
j'écoute avec beaucoup d'attention le ministre, qui nous parle d'infraction
au Code criminel, où il y a l'environnement. Mais il y a aussi des infractions
municipales où il y a l'environnement aussi.
Et, moi, c'est sur cet aspect-là que je lui dis : S'il y a des infractions
au Code criminel reliées à l'environnement, il y a aussi des infractions
municipales reliées à l'environnement aussi. Et, à ce niveau-là, je crois qu'on
aurait intérêt à se pencher sur cet enjeu-là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon :
Là, je comprends que le ministre, il l'avait annoncé, là, qu'il ne voulait
plus aller dans la direction proposée par le député Viau, qui, somme toute,
amène quand même un point intéressant lorsqu'il parle, justement, des règlements municipaux où il y a des entreprises qui
pourraient être en contravention avec des règlements municipaux qui ne
sont pas nécessairement juxtaposés avec la loi québécoise. J'ai une question.
Lorsqu'on parle de personne morale, est-ce qu'on peut parler des municipalités
lorsqu'on parle de personne morale?
Mme Grignon (Karine) : En
fait, une municipalité, oui, c'est une personne morale de droit public. Par
contre, il y a certaines obligations, là, qui ne s'appliquent pas de la
même façon à cette personne morale spéciale là, là. Donc, il y a certaines règles, par exemple la Loi sur
les compagnies, qui ne s'appliqueront pas nécessairement aux municipalités.
Mme Melançon :
Je pose une question, puis, très, très honnêtement, souvent on pose des
questions, on connaît déjà les réponses, et là je ne connais vraiment pas la
réponse. Mais est-ce que c'est déjà arrivé que des municipalités étaient en
infraction auprès du ministère de l'Environnement?
M. Rousseau
(Michel) : La réponse est oui. Quand même
un certain nombre de sanctions administratives qui sont émises par année, et
même des condamnations pénales. Donc, oui.
Mme Melançon : Donc, si une municipalité
a une condamnation pénale, c'est, donc, dire qu'une municipalité
pourrait se voir... Parce qu'on est toujours dans le tronc commun avec nos six
lois, on se rappelle de tout ça, là. Donc,
s'il est reconnu coupable et s'il y a... Bon, la municipalité pourrait ne pas
pouvoir déposer une nouvelle demande au ministère de l'Environnement.
Mme Grignon
(Karine) : Théoriquement, oui, effectivement, c'est visé dans le terme
«personne». Donc, si cette situation s'applique à la municipalité,
effectivement, on pourrait se retrouver dans cette situation-là, là, mais la
municipalité n'a pas nécessairement le rôle d'exécutant de travaux, là, c'est
dans certains contextes très, très circonscrits en vertu de la Loi sur les
compétences municipales, vous l'avez dit, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme aussi, là. Donc, pouvoir... ils vont
faire des travaux dans un cadre très, très précis en vertu de ces lois-là, là.
Mme Melançon :
Bien, je pose la question parce qu'à partir du moment où on voit ici, au 4°,
«a été déclaré coupable d'une infraction à toute loi dont le ministre est
chargé de l'application», donc,
«a) au cours
des cinq dernières années si le montant minimal de l'amende [...] était [donc]
passible le contrevenant pour cette infraction [étant] prévu à
l'article 44;
«b) au cours des deux
dernières années dans les autres cas;».
Ça veut dire qu'une municipalité pourrait se
voir refuser une demande d'autorisation par le ministère pour une durée de cinq
ans.
M. Charette : ...une réponse
générale, dans un premier temps. Naturellement, ça ne serait pas toutes les
demandes d'autorisation d'une municipalité. On comprend que les municipalités
ont aussi un devoir à l'égard de leurs citoyens, donc on ne veut pas que les
citoyens soient ultimement pénalisés, mais on va vouloir s'assurer que les
travaux sont faits convenablement. Donc, une municipalité aurait peut-être
potentiellement plus de difficultés à obtenir un type particulier
d'autorisation pour des travaux particuliers, plus spécifiques à l'infraction
qu'elle n'arrive pas à corriger, mais pourrait être autorisée à conduire des travaux
d'un autre ordre, pour un autre type de projet.
Mme Melançon : Ah! bien, vous
voyez, c'est un éclairage intéressant. Parce que, donc, ça veut dire qu'une compagnie qui aurait eu, par exemple, condamnation
pourrait déposer une demande d'autorisation autre que ce pourquoi elle a
été reconnue coupable. C'est ce que je comprends? Moi, je pensais que c'était
beaucoup plus large. De la façon dont le député de Jonquière, d'ailleurs, avait
posé la question, tout à l'heure, moi, je pensais que c'était quelqu'un qui se voit rendu... bien, qui est reconnu
coupable, je vais tenter d'utiliser les bons termes juridiques, là, qui est
reconnu coupable ne pourrait plus demander d'autorisation au ministère.
Donc, c'est juste des... il va pouvoir demander des autorisations au ministère,
autres que ce pour quoi il a été reconnu coupable.
M. Charette : ...faire une
association aussi directe entre municipalité et entreprise privée. Une
municipalité a forcément des obligations à l'égard de ses citoyens. S'il y a
des travaux d'urgence mais qui requièrent tout de même une autorisation qui pourrait compromettre l'accès d'une partie de son
territoire à ses citoyens, on ne peut pas l'interpréter de la même façon
ou pénaliser les citoyens parce que la municipalité est en défaut sur un autre
type de projet. Donc, il faut, justement,
dans l'esprit du collègue de Viau, voir les municipalités pour ce qu'elles
sont, ce sont des gouvernements locaux, donc j'aurais de la difficulté à faire
un parallèle aussi direct. Mais, oui, une municipalité qui a de la difficulté
à se conformer pour un type de projet en particulier, elle a un passif ou un
historique par rapport à la réalisation d'un type projet, il se pourrait
qu'elle soit encadrée ou il se pourrait qu'elle soit questionnée plus
longuement sur comment elle compte, cette fois-ci, se conformer à la
réglementation.
Mme Melançon : C'est juste que
tel que c'est, écrit, Mme la Présidente, moi, je ne fais pas la distinction
entre une personne morale, une municipalité, ou une personne morale autre, je
ne la vois pas, la distinction, à moins que la juriste puisse me dire qu'on
voit une distinction, tel qu'écrit actuellement.
Mme Grignon (Karine) : Non,
c'est ça, il n'y en a pas. On réfère encore à la définition de personnes au
tout début, là, à l'article 2, là, donc, elles sont traitées toutes de la
même façon effectivement.
Mme Melançon : Donc,
vous, vous me dites : Traitées toutes de la même façon, mais le ministre,
ce n'est pas ce qu'il me dit actuellement.
Mme Grignon
(Karine) : ...au niveau de la définition de personnes. Mais,
au niveau de l'article 31, ça demeure un pouvoir discrétionnaire et le
ministre va l'appliquer selon les circonstances, en application. Et le fait,
effectivement, que la municipalité exécute des travaux pour le bien-être de ses
citoyens, disons, va être pris en considération dans l'exercice du pouvoir
discrétionnaire, là, ce n'est pas un automatisme.
• (20 heures) •
Mme Melançon : D'accord. Donc,
si je comprends bien... Puis, en quelque part, ça va répondre à mon
questionnement. Parce qu'à partir du moment où ça peut être 5 ans, s'il y
a une municipalité, par exemple... prenons l'exemple,
là, où, au mois de septembre dernier, une municipalité aurait été reconnue
coupable d'un manquement, donc reconnue coupable, ça veut dire, Mme la
Présidente, que la municipalité ne pourrait plus demander nécessairement
d'autorisation, mais qu'il y a eu des élections entre tout ça, changement
d'administration en plus, donc, je comprends qu'on ne veut pas pénaliser toute
la population. Et je comprends aussi qu'avec un changement d'administration on
souhaite que certaines municipalités peuvent se rattraper, mais, en même temps,
on le sait aussi que, dans bon nombre de cas, avec les... Ce sont les
fonctionnaires municipaux, je dirais, qui mène à bien plusieurs projets. Donc,
juste m'assurer... Puis, pour moi, c'est pourquoi c'est important, là, de faire
la distinction. Donc, à ce moment-ci, une municipalité pourrait aussi avoir
certaines difficultés. Puis j'imagine... Puis là je pose la question, encore
une fois, je ne connais pas la réponse, mais j'imagine que, s'il y avait
vraiment une problématique, on pourrait aller devant la commission des affaires
municipales.
M. Charette : Le but n'est pas
de pénaliser la municipalité. Le but est de s'assurer que la municipalité se
conforme à la réglementation, parce qu'on le sait, ultimement, que ce sont des
citoyens qui pourraient écoper. Tout à l'heure... Peut-être, tout à l'heure ou
lors d'une séance précédente, on parlait, là, de la relation d'accompagnement,
comment accompagner les promoteurs qui sont souvent des municipalités. Le but
du ministère ne serait certainement pas de
priver une municipalité de venir en aide à ses citoyens. Cependant, on va
s'assurer qu'elle le fasse de façon conforme.
Donc, ce
n'est pas dans l'optique de la pénaliser, de lui taper sur les doigts, mais,
clairement, de s'assurer que les travaux se fassent convenablement. Oui,
la loi nous donnerait des moyens encore plus forts pour s'assurer d'un comportement adéquat par cette municipalité-là. Mais on est
réellement au niveau d'une relation entre gouvernement et gouvernement, le gouvernement du Québec avec un gouvernement local qui
a des devoirs à l'égard de ses citoyens.
Mme Melançon :
Et, lorsque, dans la première phrase, on dit que «le ministre peut refuser
de délivrer, de modifier ou de renouveler une autorisation requise», qui sera
votre principal conseiller pour vous dire : C'est une bonne idée, oui ou non? Parce que, dans le fond,
puisqu'on sait que c'est discrétionnaire au ministre, qu'est-ce qui va guider
le ministre dans l'octroi ou non d'une autorisation pour une entreprise qui
peut être... bien, qui est mise en cause puis qui ne répond pas nécessairement
aux lois?
M. Charette :
Une entreprise ou une municipalité?
Mme Melançon :
Là, je reviens à «entreprise», parce que je veux quand même voir...
M. Charette :
Aux entreprises.
Mme Melançon :
Parce qu'il y a quand même une largesse, je vais dire ça comme ça, et je
comprends pourquoi, mais je veux juste voir comment est-ce que ça va
s'appliquer, dans le quotidien, qu'une municipalité... parce que, là, on traite
«personne morale» de deux façons différentes, soit que ce soit une municipalité
ou que ce soit une entreprise. Alors, pour moi, je veux juste voir la
distinction. Puis je comprends ce que le ministre dit, mais c'est parce que ce
n'est quand même pas écrit ainsi.
M. Charette :
En fait, on revient à des conversations passées au niveau du processus
d'autorisation. C'est certain que c'est une procédure qui est essentiellement
administrative. Puis le ministère lui-même a toute l'expertise et toute la
compétence pour pouvoir se pencher sur ces différents scénarios ou cas de
figure là, mais ça peut monter jusqu'au sous-ministre, ultimement, et, si ce
n'est pas nécessaire, sous-ministre adjoint, si ce n'est pas nécessaire, à un
lien qui est encore plus près de l'analyste au dossier, en quelque sorte. Mais
il faut réellement distinguer le cas de figure d'une municipalité et d'une
entreprise privée parce que la finalité n'est pas la même, mais on a, malgré
tout, des pouvoirs qui demeurent entiers à l'égard d'une municipalité qui se
montrerait réticente à se conformer à la réglementation ou à la législation.
Mme Melançon :
D'accord. Donc, le Journal des débats, ici, fera foi de la volonté
du législateur, puisque je comprends qu'on
ne peut pas aller l'indiquer. J'essaie de trouver la poignée, là, comment aller
indiquer la distinction, mais je comprends que ça a dû être quand même
observé.
M. Charette :
Dans tous les cas, on l'a vu avec les articles précédents, il faut se le
rappeler, et c'est la raison pour laquelle c'est une décision qui doit être
raisonnée, une décision qui doit être justifiée, n'oublions pas qu'il y a un
processus d'appel dans chacune des fois. Donc, c'est à la discrétion,
peut-être, mais ça ne peut pas être de façon aléatoire. Ça ne peut pas être de
façon purement subjective, parce qu'on a toujours en tête que, si on octroie
un... C'est-à-dire, si on signifie un refus,
bien, justement, il y a des procédures d'appel qui peuvent s'enclencher. C'est
vrai pour une sanction qui est accordée, mais un refus peut, à un certain
moment, aussi être questionné. Donc, ça ne peut pas être des décisions, là, qui
sont prises de façon subjective.
Mme Melançon : Parfait. Justement,
lorsqu'il est question... «au cours des cinq dernières années si le montant
minimal» ou «au cours des deux dernières années dans les autres cas», est-ce
que c'est un copier-coller qu'on a ailleurs pour le cinq ans puis le deux ans?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, effectivement, c'est assez standard, là, c'est ce
qu'on retrouve. C'est le délai de prescription, aussi, normal, là, pour les
infractions pénales, donc, de remonter cinq ans en arrière. Donc, c'est un
petit peu la règle qu'on retrouve un petit peu partout dans les lois
québécoises, effectivement.
Mme Melançon :
Parfait. Ça va pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Alors, merci, Mme la Présidente. Bon, c'est un article substantiel,
l'article 31. On en a déjà parlé, c'est le transfert de 115.5 et suivants,
là, bien, en fait, 115.5 et ses paragraphes, à l'intérieur de la loi, sur les
troncs communs. Ça vient couvrir également les autres lois qui n'avaient pas de
pareille disposition. Est-ce que... Puis là
je suis désolé, j'aurais pu aller dans la version d'origine de la LQE, là, mais
à quel moment ces dispositions-là avaient été adoptées la première fois?
Mme Grignon
(Karine) : C'est en 2009. Je ne sais pas la date d'adoption, là. C'est
quand le régime de SAP a été introduit, là.
M. Gaudreault :
O.K., puis évidemment on l'a révisé dans le fameux projet de loi
n° 102 de 2017. Est-ce que la jurisprudence est quand même abondante en
cette matière, sur tous les moyens, là, qu'on a pour annuler ou ne pas
renouveler une autorisation sur les motifs qui sont là?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, pas à ma connaissance. En fait, ils n'ont pas été
utilisés si souvent non plus, ces articles-là. Donc, pour une jurisprudence
abondante, non.
M. Gaudreault : Il n'y a pas de
jurisprudence abondante? O.K. Donc, évidemment, la jurisprudence existante
va se transférer... D'une certaine manière,
les tribunaux vont en tenir compte, le cas échéant. Est-ce qu'on peut savoir
c'est, en général, quel motif qui est le plus souvent invoqué, là, pour
utiliser cet article-là?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, peut-être au niveau statistique, oui.
M. Rousseau (Michel) : Dans le cas des refus, je dirais, c'est les paragraphes 3° et 5° qui ont
été les plus utilisés, là, c'est...
défaut de respecter l'injonction ou encore produit un document ou un
renseignement faux ou dénaturé, etc. Donc, pour les refus, là, c'est ce
qui a été surtout évoqué. Et, lorsqu'on fait des révocations d'autorisations,
c'est souvent le non-respect d'une ordonnance. Et, récemment, très récemment,
la semaine dernière, il y a même eu une suspension d'autorisation qui a été faite suite au non-respect d'une ordonnance.
Donc, dans les refus, en amont, là, quand vient le temps d'autoriser,
les articles qui ont été les plus utilisés, c'est 3° et 5°, puis je crois qu'il
y a eu 6° aussi, donc.
M. Gaudreault :
Mais c'est parce que, dans les commentaires, vous dites : Le 5° est
nouveau. Donc, c'était un ancien 5°.
M. Rousseau
(Michel) : Oui, en fait, c'est ça, c'est
le... Bien, je vais vous le lire, oui, parce que j'étais avec les anciens... Excusez-moi. C'était le fait de ne
pas respecter l'injonction. Il y a eu le cas aussi de ne pas avoir payé une
sanction administrative, des cas de fausses déclarations et des cas de
non-respect d'ordonnance. Je m'excuse d'avoir pris les anciens paragraphes, là.
M. Gaudreault :
O.K. Les autres sont peu utilisés.
M. Rousseau
(Michel) : En fait, ils ne l'ont pas été.
M. Gaudreault :
Ah, carrément?
• (20 h 10) •
M. Rousseau
(Michel) : Oui, mais ils pourraient l'être
à tout moment. Puis ils sont évalués, comme on disait tantôt, par... Tu sais, c'est du cas par cas, puis c'est des cas quand
même exceptionnels, et puis, c'est ça, il y a un comité aviseur. Le
ministre l'a expliqué, là, avant que ça monte à lui, il y a une analyse pointue
qui est faite, puis, aussi, avec les juristes,
pour s'assurer que c'est à-propos puis que ce n'est pas contestable ou, à tout
le moins, que les... que notre dossier est solide.
Donc, les cas qu'on a pour les refus, c'est les cas je vous ai donnés.
M. Gaudreault :
Quand on dit, à la fin... ça se trouve être, au fond, le deuxième alinéa,
là :
«Les
paragraphes 7° et 8° du premier alinéa ne peuvent s'appliquer qu'à
l'expiration des délais suivants, selon le cas :
«1° s'il s'agit d'une
somme due, le délai prévu pour en demander le réexamen[...];
«2° le délai prévu
pour contester la décision devant le tribunal compétent; [ou]
«3° après le
30e jour suivant la décision finale...»
Parce
que, là, il y a des enjeux, comment je pourrais dire, quasiment, de justice
naturelle, là, de laisser des délais suffisamment longs pour permettre soit de
contester ou de s'apercevoir que... bien, de se revirer de bord, comme on dit,
là.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, en fait, c'est vraiment au niveau du caractère
exécutoire, là. Les décisions auxquelles
réfèrent ces paragraphes-là, c'est que l'exécution est suspendue pendant
l'appel. Donc, tant et aussi longtemps que la décision en appel n'est
pas rendue, là, il y a un délai applicable, là, et c'est ces situations-là qui
sont couvertes par le deuxième alinéa.
M. Gaudreault :
O.K. Si je comprends bien ce que vous me dites, M. le sous-ministre, ça
veut dire que l'alinéa un, paragraphe 1°, le prête-nom, ça n'a pas...
ça n'a jamais été utilisé?
M. Rousseau
(Michel) : Non.
M. Gaudreault :
Pas en matière, en tout cas, d'environnement, mais...
M. Rousseau
(Michel) : Pas pour refuser une
autorisation. Sans aller trop loin, je vous dirais que, dans le cadre de
certaines enquêtes, c'est des phénomènes qu'on rencontre, là, qu'on doit tenir
compte dans nos enquêtes. Mais, au niveau du refus de l'autorisation, il n'y a
pas de situation où ça a été évoqué, là, utilisé.
M. Gaudreault :
O.K. C'est comme si on n'avait pas besoin de se rendre là. Dans l'enquête,
ça peut faire partie des faits, mais le motif pour donner l'autorisation, il va
se retrouver, de toute façon, dans un autre motif, c'est un peu ça que vous
nous dites, d'une certaine manière, ou, peut-être, la démonstration du
prête-nom est moins évidente, là. Mais ce que je comprends, de toute façon,
peut-être Me Grignon va pouvoir nous éclairer, on avait déjà dit, je pense, avant la pause, que c'est quand
même assez conforme à d'autres types de... dans d'autres lois, là, qu'on...
Est-ce que c'est le cas? Le type de motif qu'on a pour refuser ou retirer une
autorisation, c'est ce qu'on retrouve dans d'autres lois du même genre?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
tout à fait. Pour ce qui est des infractions criminelles, en lien toujours avec
la demande d'autorisation, là, ça, c'est
assez standard effectivement. Donc, prête-nom, des choses comme ça,
effectivement, là, ça, c'est des motifs assez standards.
M. Gaudreault : C'est pour ça
que le prête-nom se retrouve là peut-être. O.K., ça fait le tour pour
l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions relativement à l'article 31? M. le député
de Viau.
M. Benjamin : À
l'article 31, donc?
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...31.
M. Benjamin : Toujours à l'article 31, parfait. En fait, ma
question, c'est au paragraphe qui commence... le 10°. J'aimerais peut-être que le ministre m'explique.
Quand on parle de «lien de dépendance, au sens de la Loi sur [l'impôt],
avec une personne qui exerce une activité similaire», est-ce qu'on peut
m'expliquer, donc, n'étant pas familier avec la loi sur l'impôt moi-même,
donc...
M. Charette : ...je
souhaiterais, c'est qu'on tente de trouver un scénario probable d'application,
et, dans cette perspective-là, si le sous-ministre adjoint pouvait
tenter de...
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...enlever
votre masque, s'il vous plaît.
M. Charette : C'est rendu que
ça fait partie de nos habitudes. Oui, effectivement, c'est plus clair sans masque. Si on cherche une application précise ou
un cas de figure possible, le sous-ministre adjoint serait certainement
mieux placé, là, pour répondre à la question.
M. Rousseau
(Michel) : Je ne suis pas un spécialiste
de la Loi sur les impôts, mais un cas qui me vient en tête, là, rapidement,
c'est des conjoints, par exemple, qui partagent le même rapport d'impôt ou des
choses comme ça, donc, et là je dis ça comme ça, là, puis... mais, tu sais,
l'expression, souvent, il a mis ça au nom... à sa femme, là, tu sais, on avait
ça des fois, là, mais ça peut être l'inverse aussi, mais ça peut couvrir cet
aspect-là. Donc, c'est pour faire en sorte que... Tous ces articles-là sont
dans l'esprit de faire en sorte qu'il, le moins possible, puisse se faufiler ou
se cacher à quelque part pour obtenir indirectement ce qu'on ne pourrait pas
lui donner directement. Donc, c'est l'exemple qui me vient en tête.
Je ne sais pas si, Me Grignon, vous en aviez
d'autres, mais je pense...
Mme Grignon (Karine) : Non.
Effectivement, c'est un bon exemple, mais il faut toujours garder en tête que
ces articles-là ont été introduits suite à la commission Charbonneau, en tout
cas, à la même époque, là. Donc, c'était vraiment pour contrer la fraude, les
activités liées avec les organisations criminelles, là. Donc, tout ce qui
permettait de passer outre des lois en
matière d'impôt, en matière fiscale ou en matière criminelle, en fait, là, a
été évalué, là, pour être introduit, là, à l'article qu'on étudie
présentement.
M. Benjamin : Est-ce
que ce sont des cas auxquels... Peut-être... Je ferais peut-être référence au
sous-ministre, à son expérience de plus de 20 ans qu'il disait tout
à l'heure, je crois.
M. Rousseau
(Michel) : 30.
M. Benjamin : Je vous ai rajeuni.
Des voix : ...
M. Benjamin : Est-ce
que vous avez eu, au sein du ministère, à avoir des cas ayant rapport avec ce
paragraphe-là?
M. Rousseau
(Michel) : À ma connaissance, non. Est-ce
qu'il y a eu des vérifications qui ont pu être faites dans des cas où on avait
des doutes, là? Je dirais, ça, c'est possible, là, mais, à ma connaissance,
non. Il faut voir que ce n'est quand même pas simple,
hein, comme article, là. Par définition, quelqu'un qui... que ce soit un
prête-nom ou que ça soit des, j'ai envie de dire, stratagèmes financiers comme
ça... mais c'est quelque chose qui est de plus en plus pris en compte, puis j'ai en tête... ça s'est passé dans le monde
municipal, là, mais des gens qui... parce qu'il avait mis l'entreprise
au nom de son épouse, qu'ils n'ont pas donné des contrats.
Donc, c'est une
sensibilité qui se développe de plus en plus, mais, non, il n'y a pas de cas
concrets qui ont été faits. Je dirais, les gens... Juste le fait de mettre cet
article-là fait en sorte que les gens ne feront pas la demande, là. En soi, c'est dissuasif, j'ai envie de dire, donc,
puis, souvent, on n'a pas besoin d'utiliser l'article. Juste le fait qu'il est
là, bien, les gens qui auraient le
goût d'utiliser ce stratagème-là vont dire : Bon, bien, je peux me faire
refuser. Ça fait que c'est probablement la raison qui fait qu'on n'en a
pas eu. Puis aussi ce n'est quand même pas courant. La majorité des demandeurs d'autorisations, au Québec, là,
sont conformes, ne sont pas... Ce n'est pas des gens criminalisés, et autres.
Donc, c'est des cas exceptionnels, mais je pense que ces articles-là en ont
dissuadé plusieurs.
M. Benjamin :
Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
relativement à l'article 31? Donc, est-ce que l'article 31 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le ministre, l'article 32.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
Donc,
32 : «Le gouvernement ou le ministre peut refuser de délivrer, de modifier
ou de renouveler une autorisation requise en application des lois
concernées, la modifier, la suspendre, la révoquer ou l'annuler, en tout ou en
partie, ou s'opposer à sa cession si, selon le cas, le demandeur ou le
titulaire ou, s'il s'agit d'une personne morale, l'un de ses administrateurs,
dirigeants ou actionnaires a conclu, pour le financement d'activités visées par
l'autorisation, un contrat de prêt d'argent avec une personne et si cette
personne, ou s'il s'agit d'une personne morale, l'un de ses administrateurs, dirigeants ou actionnaires a, au
cours des cinq dernières années, été déclaré coupable d'une infraction à
une loi fiscale ou d'une infraction criminelle liée à l'exercice d'activités
visées par l'autorisation ou d'un acte criminel prévu aux articles 467.11
à 467.13 du Code criminel.
«Pour l'application
du premier alinéa, on entend par "prêt d'argent" un prêt qui n'est
pas consenti par les assureurs visés par la
Loi sur les assureurs, les coopératives de services financiers visées par la
Loi sur les coopératives de services financiers, les sociétés de fiducie
et les sociétés d'épargne visées par la Loi sur les sociétés de fiducie et les
sociétés d'épargne ni les banques figurant aux annexes I et II de la Loi
sur les banques, dans la mesure où ces institutions financières sont dûment
autorisées à agir à ce titre.»
Commentaire. Cet
article reprend le contenu de l'article 115.6 et du paragraphe 2° de
l'article 115.9 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il vise
notamment à prévoir une situation pour laquelle le ministre ou le gouvernement serait justifié de refuser une
demande ou d'intervenir sur une autorisation déjà délivrée. Cette situation
concerne la conclusion d'un contrat de prêt
d'argent avec une personne déclarée coupable de certains types d'infractions
criminelles. Le deuxième alinéa précise,
d'ailleurs, la définition utile de «prêt d'argent» pour l'application de cet
article.
• (20 h 20) •
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Simplement pour ma
gouverne, cette définition de prêt d'argent, j'imagine qu'on l'a prise...
J'aimerais simplement voir exactement d'où elle provient, cette définition, et
si c'est de façon régulière, comme ça, qu'on le définit.
Mme Grignon
(Karine) : Oui, en fait, bien, c'est un article existant, là, 115.6,
évidemment, de la Loi sur la qualité de l'environnement. Et puis on réfère à
des lois existantes, là, pour ce qui est des concepts d'assureurs, effectivement, de coopératives de services
financiers. Donc, on est vraiment dans le milieu financier, là. Donc, la
définition est issue, peut-être pas textuellement, là, mais des concepts
qui apparaissent dans ces lois-là, là, effectivement, de définition de
qu'est-ce qu'on considère comme un prêt d'argent.
Mme Melançon :
Très bien.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, bon, deux choses. Là, on dit, dans les notes : Ça vise notamment
à prévoir une situation pour laquelle le ministre ou le gouvernement serait
justifié de refuser une demande ou d'intervenir sur une autorisation déjà
délivrée. Donc, une autorisation déjà délivrée, c'est quand même gros, là,
c'est... tu sais, on a délivré l'autorisation. Puis je veux juste bien
comprendre ce qu'on est en train de faire, là. Ça veut dire qu'une fois qu'on a
émis un certificat d'autorisation, là, on s'aperçoit qu'il y a eu un prêt
d'argent qui n'est pas conforme et on peut revenir en arrière pour retirer
l'autorisation. Est-ce que c'est ça?
Mme Grignon
(Karine) : Non, pas du tout. En fait, c'est vraiment en lien avec la
demande qui va être déposée. Donc, ça
pourrait être une demande de modification d'une autorisation déjà délivrée.
Donc, on va intervenir, effectivement, sur la demande d'autorisation. Il
pourrait y avoir le renouvellement aussi, là, dans ce qui est précisé. Il y a aussi des possibilités de suspendre, révoquer
une autorisation, effectivement, là, pour une de ces considérations-là.
M. Gaudreault : Donc, c'est ça,
dans le fond, on peut revenir en arrière. On peut la suspendre, la révoquer ou
l'annuler.
Mme Grignon (Karine) : Oui.
M. Gaudreault : O.K., O.K.
Donc, je n'étais quand même pas trop dans le champ. On peut l'annuler, mais
est-ce qu'on peut m'expliquer concrètement... Ça prend... C'est quelles
circonstances... Est-ce qu'on peut me donner un exemple, là, avec les prêts
d'argent, qui ne sont pas des prêts en vertu des lois qui sont là, là?
J'aimerais ça bien comprendre, là, ce qui est le type de situation. Peut-être
le sous-ministre ou le ministre, en tout cas, peu importe, là, ou
Mme Grignon...
Mme Grignon (Karine) : Je peux
débuter. Là, on est toujours dans...
M. Gaudreault : Oui, oui, les
hypothèses.
Mme Grignon (Karine) : ...le
contexte de la commission Charbonneau, là. Donc, c'est vraiment pour lever un
petit peu le voile-écran, là, la possibilité que des entreprises soient créées
avec une nouvelle compagnie à numéro, mais que, finalement, elles soient
financées par une compagnie qui est en lien avec le crime organisé, là. Je
reviens toujours à ça, là, mais c'était ça, le contexte de l'époque, là, donc,
celle-là qui est financée avec des prêts d'argent par rapport à des compagnies
frauduleuses ou, en tout cas, peu importe, là, qui étaient dans ce milieu-là.
Donc, c'est ce que ça vise, là, exactement, c'est ce type de prêt d'argent là.
M. Gaudreault : O.K.
Est-ce que ça fait référence explicitement à une des recommandations de la
commission Charbonneau?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
tout à fait.
M. Gaudreault : O.K. On ne sait
pas laquelle, hein, juste pour... Il faudrait revoir le rapport.
Mme Grignon (Karine) : Il
faudrait revoir les débats du projet de loi n° 89, de l'époque, là.
M. Gaudreault : O.K. Et
j'imagine qu'une disposition pareille se retrouve dans d'autres types de lois,
parce que la commission Charbonneau visait large, quand même, là.
Mme Grignon (Karine) : Il
faudrait voir, là. Je pense, la ligne qui avait été prise à cette époque-là,
c'est, ponctuellement, quand les lois étaient modifiées, on introduisait ce
genre de disposition. Mais je n'ai pas fait le décompte, là. Je n'ai pas fait
la recherche. Je ne pourrais pas vous dire.
M. Gaudreault : O.K. Ça va, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
que... M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je comprends que, quand on parle du contrat de prêt d'argent, donc, ça doit être un contrat de prêt d'argent qui
est relié à l'activité financière. Donc, ce n'est pas n'importe quel contrat
de prêt d'argent.
Mme Grignon
(Karine) : En fait, ça va
vraiment être pour financer les activités de la nouvelle compagnie créée.
Donc, ça va être ce type de prêt d'argent là. Donc, le prêt d'argent va être
fait pour la nouvelle compagnie créée dans le cadre de ses activités, dont
celle qui fait l'objet de la demande d'autorisation, par exemple.
M. Benjamin : Parce que
l'exemple que j'avais en tête... En fait, j'ai quelques exemples en tête et
puis j'allais vous demander de me préciser
est-ce que cet article-là couvre ces exemples-là. Par exemple, un premier
exemple, le demandeur, le demandeur de permis, il avait obtenu un prêt,
disons, en 2010. Il avait obtenu un prêt en 2010 de la part de la personne... de la part de l'entité X ou Y, et, en 2017, donc,
l'entité X ou Y est déclarée... a été reconnue coupable d'un geste
criminel, mais, au moment où il a obtenu le prêt en 2010, donc, l'entité en
question n'était pas reconnue coupable d'acte criminel, à ce moment-là, est-ce
que cet article-là s'applique ou ne s'applique pas?
Mme Grignon (Karine) : C'est un
petit peu le même principe que tout à l'heure, là. C'est un pouvoir
discrétionnaire. Donc, chaque cas est un cas d'espèce, va être analysé le lien
avec la demande d'autorisation, le lien avec la
déclaration de culpabilité. Est-ce qu'à l'époque, en 2010, c'était vraiment lié
aux activités de l'entreprise ou c'était plus circonstanciel, là? Tout ça va
être analysé dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire. Ça fait que je vous
répondrai que c'est quand même une question de faits, là, ça dépend de chacune
des situations.
M. Benjamin :
D'accord. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
relativement à l'article 32? Est-ce que l'article 32 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre, l'article 33.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
«33. Le gouvernement
ou le ministre peut refuser de modifier ou de renouveler une autorisation
requise en application des lois concernées,
la modifier, la suspendre, la révoquer ou l'annuler, en tout ou en partie, ou
s'opposer à sa cession si, selon le cas, le demandeur ou le titulaire
ou, s'il s'agit d'une personne morale, l'un de ses administrateurs, dirigeants
ou actionnaires a été dirigeant, administrateur ou actionnaire d'une personne
morale, qui :
«1° a été déclaré
coupable d'une infraction à toute loi dont le ministre est chargé de
l'application ou à l'un de ses règlements :
«a) au cours des cinq
dernières années si le montant minimal de l'amende [dont il était passible...]
dont était passible le contrevenant pour cette infraction était celui prévu à
l'article 44;
«b) au cours des deux
dernières années dans les autres cas;
«2° a, au cours des
cinq dernières années, [a] été déclaré coupable d'une infraction à une loi
fiscale [...] d'une infraction criminelle
liée à l'exercice d'activités visées par l'autorisation ou d'un acte criminel
prévu aux articles 467.11 à 467.13 du Code criminel.»
Le commentaire. Cet
article reprend le contenu de l'article 115.7 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il vise à prévoir différentes situations pour lesquelles le
ministre ou le gouvernement serait justifié d'intervenir sur une autorisation
déjà délivrée. Il se distingue de l'article 31 parce qu'il vise un
dirigeant, un administrateur ou un actionnaire d'une personne morale qui a été
déclaré coupable de l'une des infractions mentionnées. Cette personne morale
n'est pas nécessairement celle qui demande l'autorisation ou qui en est
titulaire.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député
de Viau.
M. Benjamin : Peut-être une question
pour... Merci, Mme la Présidente. Une question, peut-être, pour Me Grignon.
Ici, dans le paragraphe... dans le 2°, on
parle d'infractions criminelles et d'actes criminels. Est-ce qu'il y a une
nuance à faire, donc?
• (20 h 30) •
Mme Grignon
(Karine) : Oui, tout à fait. En fait, c'est comme à l'article 31.
Donc, on parle d'un acte criminel pour les articles qui sont énumérés, là,
467.11 à 467.13. Sinon, les infractions criminelles du Code criminel en
général, quand elles sont liées à la demande d'autorisation, par exemple, donc,
peuvent être révisées, là. Donc, c'est ça, la distinction.
M. Benjamin :
Et toujours dans le... toujours dans le même paragraphe, donc, on
dit : «A, au cours des cinq dernières années, été déclaré coupable d'une
infraction...» Est-ce que vous pouvez m'expliquer un peu le sens de ce
paragraphe-là?
Mme Grignon
(Karine) : Oui, en fait, c'est dans la même veine que
l'article 31. Donc, c'est tout simplement que, là, on vise plus
spécifiquement un administrateur d'une personne morale, par exemple, là. Donc,
quand cet administrateur-là a lui-même été déclaré coupable, donc, d'une infraction
qui est mentionnée là, toujours en lien avec l'autorisation, là,
l'environnement, donc, ça va constituer un motif qui va permettre au ministre
de refuser. Mais, encore là, c'est toujours un pouvoir discrétionnaire, donc ce
n'est pas un automatisme.
M. Benjamin :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires? Non? Alors, est-ce que l'article 33
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Adopté. M. le ministre, l'article 34.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
«34. Le gouvernement ou le ministre peut refuser
de délivrer, de modifier ou de renouveler une autorisation requise en
application des lois concernées, la modifier, la suspendre, la révoquer ou
l'annuler, en tout ou en partie, ou s'opposer à sa
cession si, selon le cas, le demandeur ou le titulaire est inscrit au registre
des entreprises non admissibles aux contrats publics tenu en vertu de
l'article 21.6 de la Loi sur les contrats des organismes publics.»
Commentaires. Cet article est de droit nouveau.
Il vise à assurer une cohérence avec les décisions prises en vertu de la Loi
sur les contrats des organismes publics afin que les entreprises non
admissibles aux contrats publics ne puissent obtenir des autorisations qui leur
permettraient de faire affaire avec l'État d'une autre manière. Il permet aussi
d'assurer la cohérence avec les dispositions précédentes qui visent à enrayer
les effets négatifs du crime organisé dans l'exercice d'activités ayant des
impacts environnementaux.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Donc, ici, lorsqu'on est en vertu de la Loi sur les contrats des
organismes publics, on est sous quelle égide exactement? C'est sous quel
ministère, cette loi sur les contrats et organismes publics?
Mme Grignon (Karine) : C'est le
Secrétariat du Conseil du trésor qui en est responsable.
Mme Melançon : Donc, on n'est
pas nécessairement... Une personne morale ici, tel que défini, pourrait ne pas
être admissible aux contrats publics pour des raisons autres
qu'environnementales.
Mme Grignon (Karine) : Exact.
Les raisons sont mentionnées dans la Loi sur les contrats des organismes
publics. Il y a une annexe en vertu de laquelle certaines infractions sont
précisées, et il y a une inscription, à ce moment-là, au Registre des
entreprises non admissibles.
Mais, encore
ici, là, c'est le lien entre le crime organisé, donc on déborde un petit peu le
contexte environnemental, qui nous
permet de faire ce lien-là et de poursuivre dans la lignée de la commission
Charbonneau, là, qui nous demande toujours de prévoir des articles pour
renforcer la collusion dans le domaine de la construction.
Mme Melançon : Là, je
comprends, de ce que vous me dites, dans le fond, on est vraiment dans un
autre... en tout cas, dans une autre sphère que celui qui est pour
l'environnement, on est plus dans le crime organisé, mais pas uniquement.
Mme Grignon (Karine) : Pas
uniquement, non.
Mme Melançon : Je fais juste
faire le point, Mme la Présidente, parce que, tout à l'heure, le ministre
disait, dans le fond, qu'il fallait qu'il y ait un lien avec l'impact
environnemental. C'est ce qu'il répondait au député de Viau quant à sa demande
sur les règlements municipaux pour pouvoir aller en application. Donc, je vois
que ce n'est pas uniquement pour des raisons environnementales ici, où on
traite... pas que je suis contre, là, au contraire, je pense qu'on doit tous
applaudir, mais on est quand même dans du droit nouveau, c'est pour venir
répondre justement à des propositions. Et là j'imagine qu'on parle pour les six
lois. On est toujours dans le tronc commun, et c'est un ajout pour les six
lois. C'est ce que je comprends bien?
Mme Grignon (Karine) : Exact.
M. Charette : ...et ce qu'il
est important de réitérer à travers ça, c'est le principe qu'on ne peut pas
faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Et tout, tout, tout
le volet du respect, là, de la législation sur les marchés publics confirme
qu'une entreprise prise en défaut sous certains aspects de la législation ne
peut pas faire affaire avec l'État. Donc, on réitère un principe qui doit être
cohérent, là, d'une loi à l'autre ou d'un ministère à l'autre, mais on vient le
préciser dans le projet de loi n° 102 également.
Mme Melançon : Et c'est la même
chose, dans le fond, que ce que disait aussi tout à l'heure le député de
Jonquière, parce que ça va quand même loin, là, on peut retirer une
autorisation qui peut être en cours si on s'aperçoit qu'il y a des
vérifications. Moi, juste pour... parce que c'est comme ça que c'est inscrit,
là, «la modifier, la suspendre, la révoquer ou l'annuler, en tout ou en
partie», s'opposer à la cession, dans l'ordre, dans le fond. Puis là ça, ça va
être connu, là, donc ça vient faire du droit nouveau, donc avis à ceux ou à
celles qui pouvaient être... qui pouvaient, malheureusement, faire partie de
ces entreprises non admissibles, là. À partir de maintenant, bien, lorsque la
loi sera donc... lorsque le projet de loi sera devenu une loi, donc, les
entreprises qui sont non admissibles au vu et au su du Secrétariat du Conseil
du trésor, avec la loi sur les contrats et organismes publics, bien, vont se
voir refusées par le ministre. Encore une fois, il peut refuser de délivrer,
mais j'imagine que, dans le cadre de la loi sur les contrats publics, il doit
refuser.
Mme Grignon (Karine) : En fait,
dans la loi sur les contrats, il est inscrit automatiquement. Quand c'est les
infractions qui sont mentionnées à l'annexe de cette loi-là, ils sont inscrits,
il y a une mécanique d'inscription automatique, là, au registre. Et puis là le
registre peut amener... l'inscription au registre peut amener différentes
conséquences. Et une de ces conséquences-là, là, ça va être une possibilité de
refus, là, en vertu de notre nouvelle disposition, là, 34, mais il y a d'autres
conséquences, là, ailleurs, dans la loi sur les contrats aussi, là.
Mme Melançon :
C'est là où moi j'ai de la difficulté, là : une possibilité de refus.
Ça va être refusé ou ça ne le sera pas? Vous comprenez? Puis je vois par votre
sourire, là, moi, j'aime ça les choses, là, hein, quand c'est clair. À partir
du moment où une entreprise est sur une liste de non admissibles aux contrats
publics, j'imagine que ce n'est plus que le ministre peut, mais c'est que le
ministre doit.
Mme Grignon (Karine) : Bien,
comme tous les autres pouvoirs, ça demeure un pouvoir discrétionnaire. On va
tenir compte des différentes circonstances. Donc, il pourrait y avoir des
moyens de défense invoqués par la personne du fait de son inscription au
registre, là. Donc, pour lui permettre de faire ça, de tenir compte de ces
circonstances-là, là, donc, c'est pour ça que c'est un pouvoir discrétionnaire.
• (20 h 40) •
Mme Melançon : Parce que j'aime
ça qu'on puisse dire qu'on donne des dents, qu'on veut aller plus loin, mais, à
chaque fois où j'entends : Bien là, c'est quand même discrétionnaire,
c'est discrétionnaire de quoi? À partir du moment où on ne fait pas partie de
la liste admissible aux contrats publics, j'imagine qu'on va dire : Bien
non, vous ne faites pas partie. Puis c'est là où... je suis tannante avec ma
hiérarchisation, là, mais, à un moment donné, si tu ne réponds pas à A, bien,
n'applique pas. Si tu ne réponds pas à B, bien, n'applique pas. Puis si tu ne
réponds pas à C, bien, n'applique pas, puis, pour le reste, bien, on verra. Ça,
ça pourrait être discrétionnaire. Mais il me semble qu'à partir du moment...
D'autant plus que vous le dites, là, c'est la commission Charbonneau qui a
dicté en long et en large, quand même, de nouvelles possibilités, où on veut
donner encore plus de mordant, dans le fond, à nos projets de loi, et j'en suis, là, je suis tout à fait d'accord avec ce
qu'on est en train de faire. La seule chose qui m'agace, c'est tout ce
côté où, bien là, c'est à la discrétion du ministre. Pas que je n'aie pas
confiance, là, au contraire, mais vous savez que les ministres passent, les
gouvernements passent aussi, et les lois vont survivre à tout ça. Et c'est là où, moi, j'ai un peu de difficulté. Et j'aurais
aimé, dans le fond, dire... Puis on l'a vu, là, avec la LQE à l'époque, là, on
avait A, B, C. Non, tu ne réponds pas à ça, bien, tu repars à la case... Mais
là ce n'est pas le cas du tout, on laisse ça dans
un flou volontaire qui me... bien, qui me surprend, qui me surprend, pas qui me
désole, parce que je suis contente, là, je comprends ce que veut, ce que
souhaite le législateur. Mais honnêtement il y en a qui vont devoir venir lire
le Journal des débats pour bien comprendre ce que voulait le législateur
puisqu'on ne l'écrit pas actuellement.
Mais, encore une fois, comme je vous dis, à ce
moment-ci, surtout qu'on fait partie... qu'on vient s'insérer à l'intérieur d'une Loi sur les contrats des
organismes publics qui n'est pas sous l'égide du ministère de l'Environnement,
qui est vraiment sous le Secrétariat du Conseil du trésor, bien, moi, j'aurais
pensé qu'on puisse aller un peu plus loin puis
dire : Bien, d'autant plus, là, ce n'est pas une de nos organisations. Je
pensais qu'on pouvait aller un petit peu plus loin.
M. Charette : La collègue fait
référence, à juste titre, au Conseil du trésor, mais même au niveau du Conseil
du trésor, c'est formulé exactement de la même façon, là. Ça a été repris de la
même façon. Et on revient sur certains principes qu'on a évoqués, il y a tout
le temps des recours ou des droits d'appel, donc il faut se justifier, il faut
arriver avec une explication qui prend en compte la particularité du cas, donc
chaque cas doit pouvoir s'illustrer de façon
propre. Donc, si, systématiquement, on va dans une direction, bien, c'est là où
la particularité peut difficilement être prise en compte. Et, si le Conseil du trésor y va de cette
formulation-là et que nous, on se base sur la volonté du Conseil du
trésor, ce serait difficile pour nous d'aller avec une formulation ou une
orientation qui est différente.
Encore une fois, le «peut» et le «doit» dans...
même si cet article-là est du droit nouveau pour ce qui est de l'environnement,
on s'entend, le «peut» et le «doit», on le voit dans une multitude de lois.
Alors, il faut laisser place non pas de façon subjective à l'interprétation,
mais de façon objective à l'interprétation d'une situation, là, qui peut
expliquer telle ou telle décision, ultimement.
Mme Melançon : Alors là, je
comprends, là, qu'on a fait un copier-coller du Secrétariat du Conseil du
trésor. J'en suis. Alors, avis au Conseil du trésor, je pense que la prochaine
fois, on pourrait se forcer un peu plus, on pourrait écrire «doit» au lieu de
«peut». Alors, je vais m'arrêter ici. Merci pour l'explication.
Cependant, moi, c'est toute la notion
discrétionnaire. À partir du moment où on vient juste se rattacher à des
obligations, puis que l'obligation devient une discrétion, je pense qu'en
crédibilité même auprès des citoyens et des citoyennes qui nous écoutent, je
pense qu'ils souhaitent qu'on puisse aller un peu plus loin puis tenter de voir
un peu moins de discrétion mais plus, bien, d'obligations. Alors, voilà, Mme la
Présidente, c'était mon commentaire.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires relativement à l'article 34? M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci, Mme la Présidente. Moi aussi, je vous avoue que je suis un peu étonné,
puis je suis heureux que la députée de Verdun ait soulevé le «peut» et le
«doit». Souvent, c'est avec ce mot-là qu'on bloque dans de la législation,
c'est sur le fameux «peut» et le fameux «doit». Je veux dire, s'il n'est pas
inscrit, le demandeur, là, ou plutôt, s'il
est inscrit au Registre des entreprises non admissibles, bon, bien, il est non
admissible. J'essaie de voir comment une entreprise inscrite au Registre
des entreprises non admissibles aux contrats publics pourrait se voir autoriser
quelque chose, une autorisation en vertu de la LQE, par exemple. Je veux dire,
ce n'est quand même pas rien, là, de ne pas être inscrit au... ou plutôt, je le
dis toujours à la négative, là, mais, je veux dire, ce n'est quand même pas
rien d'être inscrit au Registre des entreprises non admissibles, là. Moi,
j'aimerais savoir comment le ministre va l'exercer, son pouvoir discrétionnaire
en vertu de «peut refuser». Ça va être quoi, ses critères? Il va se baser sur
quoi?
M. Charette :
Essentiellement, l'intérêt public. Et c'est déjà des circonstances
exceptionnelles qui sont reconnues, par
exemple, au Conseil du trésor, qui peuvent l'être aussi au niveau du ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation. Donc, dans certains cas,
lorsque l'intérêt du public le commande, on peut autoriser une entreprise
inscrite au RENA, là, à obtenir un contrat public ou un sous-contrat public. On
comprend qu'on est dans le très, très exceptionnel,
on est dans le non commun, mais la possibilité, elle est là et elle est
reconnue aussi par le Conseil du trésor.
M. Gaudreault : Le ministre, est-ce qu'il
peut nous fournir une définition de ce qu'il entend par «intérêt public»?
M. Charette :
Bien honnêtement, je ne sais pas si, au niveau du Conseil du trésor, on a
balisé ou on a des exemples en particulier. Pour ma part, je m'en remettrais
aux collègues.
M. Gaudreault :
La jurisprudence décrit sûrement ce qu'est l'intérêt public. Quand il nous
dit en vertu de l'intérêt public, je veux dire, l'intérêt public, c'est à la
fois large et précis. Est-ce qu'on est capable d'avoir une idée? Par exemple,
est-ce que c'est dans les politiques du Conseil du trésor, etc.?
Mme Grignon
(Karine) : En fait, la notion d'intérêt public est variable,
effectivement, selon le contexte, là, selon l'interprétation de la
jurisprudence, là, donc, dans ce cas-ci, va être un contexte un petit peu plus
particulier aux contrats publics, là, effectivement. Donc, l'intérêt que va
avoir la population à ce que l'État passe un contrat avec ce type d'entreprise
là, là, c'est un petit peu ça, là, le contexte d'intérêt public dans cette
situation précise là.
M. Gaudreault :
Est-ce qu'on ne devrait pas l'inscrire?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, c'est préférable, on vous dirait, en droit, comme le
droit, c'est gris, là, d'avoir un petit gris, justement, pour être capable de
l'interpréter via les tribunaux, là, qu'est-ce qu'on entend par intérêt public.
• (20 h 50) •
M. Gaudreault :
Tu sais, je veux dire, l'idée de l'intérêt public, je comprends que
l'intérêt public peut s'interpréter selon les circonstances. L'intérêt public,
disons, en droit de l'environnement n'est pas le même que l'intérêt public en
droit de la famille. Ça, je le comprends, là, l'intérêt public est variable
selon la matière concernée. Quand je dis : Est-ce qu'on ne devrait pas
l'inscrire, est-ce qu'on ne devrait pas dire, par exemple, à l'article 34 :
En tenant compte de l'intérêt public, le gouvernement ou le ministre peut
refuser de délivrer, etc.? Autrement dit, on vient baliser un peu son pouvoir
discrétionnaire. Et ça pourrait permettre, à ce moment-là, même d'inspirer le
Conseil du trésor dans ses autres lois qui font référence à 21.6 de la Loi sur
les contrats des organismes publics.
Parce
que je veux bien comprendre, là, que le ministre veut se garder une certaine
marge de manoeuvre. Est-ce qu'il pourrait arriver des circonstances
exceptionnelles où l'entreprise est inscrite au Registre des entreprises non
admissibles aux contrats publics et qu'il lui accorde quand même une
autorisation ou il renouvelle son autorisation? Ça pourrait arriver, ça peut
arriver, je comprends qu'il peut se garder ce pouvoir, mais on pourrait
néanmoins inscrire dans la loi : En tenant compte de l'intérêt public, le
gouvernement ou le ministre peut refuser de délivrer, de modifier ou de
renouveler une autorisation, etc. Bon.
Alors, nous, on peut
préparer un amendement dans ce sens-là. Je pense que c'est un bel équilibre. Le
ministre l'a dit lui-même, là, dans ses réponses, depuis tout à l'heure, puis
je pense qu'il l'avait dit également à la députée de Verdun : C'est en
vertu de l'intérêt public, l'intérêt public, le «peut» est balisé, puis là il
me l'a dit également à moi. Le ministre nous dit souvent : Bien, que les
députés fassent des propositions d'amendement, si on en a. On pourrait
peut-être l'essayer. En tout cas, je ne sais pas ce que le ministre répond à ça,
là, avant qu'on agisse officiellement, là.
M. Charette :
...c'est déjà très bien balisé, et la juriste, là, Mme Grignon, qui
nous accompagne, pourrait citer, là, des références qui s'appliquent à nous
aussi par la force des choses.
Mme Grignon (Karine) : En
fait, effectivement, dans la loi sur les contrats, le concept apparaît, là, le
concept d'intérêt public.
M. Gaudreault :
À quel article?
Mme Grignon
(Karine) : Ce que j'ai sous les yeux, j'ai notamment
l'article 13, l'article 25.0.1, 25.0.2... plus 25.0.2. En fait, c'est
juste qu'il y a certains pouvoirs qui sont attribués à l'Autorité des marchés
publics pour permettre, malgré une inscription au registre, qu'une entreprise
puisse quand même exécuter des travaux, passer un contrat avec l'État, là. Il y
a tout ce cadre-là qui s'applique aussi, là, ce n'est pas un automatisme, d'où
le pouvoir discrétionnaire, là. Ce n'est pas nécessairement un automatisme, une
fois inscrite sur le registre, il ne se passera plus rien avec cette
entreprise-là, là. Il y a quand même des règles, à l'intérieur de la Loi sur
les contrats des organismes publics, dont il faut tenir compte. Donc, c'est
aussi pour ça, là, la marge de manoeuvre nécessaire, là, pour le pouvoir
discrétionnaire de l'article 34.
M. Gaudreault :
O.K. On va...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
que vous préparez un amendement?
M. Gaudreault :
Oui, on va le préparer. Bien, la députée de Verdun peut peut-être
poursuivre, là.
Mme Melançon : Simplement,
peut-être juste pour nous éclairer, puis je pense que le député de Jonquière va
apprécier le commentaire, parce qu'on est en train de vérifier, là. La Loi sur
les contrats des organismes publics dit ceci :«L'Autorité peut refuser à
une entreprise de lui accorder ou de lui renouveler une autorisation ou
révoquer une autorisation si elle ne satisfait pas aux exigences élevées
d'intégrité auxquelles le public est en droit de s'attendre d'une partie à un
contrat public ou à un sous-contrat public.» Ça me semble beaucoup plus fort,
dans le fond, que ce qu'on a ici de rédigé.
Puis, si on va...
M. Gaudreault : Ça, c'est quel
article?
Mme Melançon : Là, ici, je suis
à la Loi sur les contrats des organismes publics, à 21.27. Et un peu plus loin,
et c'est ce passage-là, moi, qui... Ah! je suis désolée, là, mon ordinateur est
mort, donc je dois tenter de lire sur mon téléphone, mais : «Lorsqu'une
personne liée à une entreprise a été déclarée coupable, en vertu d'un jugement
définitif, [à] l'une ou l'autre des infractions prévues à l'annexe[...], cette
entreprise devient inadmissible aux contrats publics...» Ça, pour moi, ce n'est
pas discrétionnaire.
M. Gaudreault : Ça, c'est quel
article?
Mme Melançon : Là, on est à...
Je m'excuse, je suis sur mon téléphone, 21.2. Donc, pour moi, ça va beaucoup
plus loin que ce qu'on tente de faire de façon plus timide, je dirais ça ainsi.
Donc, moi, honnêtement, si le député de
Jonquière est en train de rédiger quelque chose, nous, on ne le fera pas, là.
On est en train de regarder aussi pour faire
une rédaction, on peut faire... j'étais pour dire, rédaction commune, quoiqu'on
pourrait peut-être même travailler avec les légistes, là, ce qui
pourrait accélérer le tout.
Mais je pense que c'est dans cette direction-là
qu'on devrait aller, parce que ça me semble être beaucoup plus fort, beaucoup
moins... on est moins dans du discrétionnaire, là, on est en train de dire que,
dans le fond, là, si la personne a été déclarée coupable à la suite d'un
jugement, bien, elle est inadmissible, point à la ligne. Là, on n'est pas dans
du : on peut refuser de délivrer. Non, non, tu as été reconnu coupable, tu
deviens inadmissible, point à la ligne, puis, non, je ne te déposerai pas une
autorisation ou toute demande de renouvellement ou autre, là, du côté du
ministre de l'Environnement.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Bien,
l'intervention de la députée de Verdun est très pertinente, surtout avec 21.27,
moi, c'est ce bout-là qui m'a accroché, là, parce que, dans le fond, ça reprend
quasiment le 34 du ministre. Quand on dit : «L'Autorité peut refuser à une
entreprise de lui accorder ou de lui renouveler une autorisation», c'est un peu
ça. On a juste à changer les mots, là : «Le gouvernement peut refuser à
une entreprise de lui accorder ou de lui renouveler une autorisation
environnementale — tu
sais, c'est comme si on parlait de ça — si elle ne satisfait pas aux
exigences élevées d'intégrité auxquelles le public est en droit de s'attendre
d'une partie à un contrat public ou à un sous-contrat public.» Donc, on vient
baliser un petit peu plus, quand on dit : Ne satisfait pas aux exigences
élevées d'intégrité.
Ça fait qu'il
faudrait reprendre... Dans le fond, quand je disais tantôt, mon projet
d'amendement, c'est en vertu de l'intérêt public ou en tenant compte de
l'intérêt public, c'est quasiment de dire en tenant compte de
l'article 21.27 de la loi sur les contrats publics, là. Je ne sais pas si
on ne pourrait pas juste faire référence à 21.27, parce que, moi, je le trouve quand même assez parlant. Parce que
ça met la barre à «ne pas satisfaire aux exigences élevées d'intégrité
auxquelles le public est en droit de s'attendre».
Ça, évidemment, je n'ai pas la jurisprudence
devant moi, mais ça doit bien être décrit ou dans le Journal des débats
de 2012, c'est quoi, ça, «ne pas satisfaire aux exigences élevées d'intégrité
auxquelles le public est en droit de s'attendre».
Puis ça, ça pourrait nous inspirer dans la compréhension... dans
l'interprétation de 34 ou dans l'interprétation éventuelle du pouvoir
discrétionnaire du ministre en vertu de 34.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : C'est
important de mettre ces articles-là en contexte. Me Grignon pourra le
faire certainement, et après on pourra voir, là, s'il y a un amendement
qui pourrait être proposé, mais c'est important de mettre le tout en contexte. On peut difficilement, là, prendre des
extraits ici et là de différentes lois, mais Mme Grignon a certainement
un éclairage à nous partager à ce niveau-là.
Mme Grignon
(Karine) : Oui. En fait, la loi sur les contrats pour le
Registre des entreprises non admissibles, c'est comme en deux temps, juste apporter cette précision-là. Donc, un
premier temps, c'est l'article lu par Mme Melançon, là, 21.1, là,
les premiers articles. Donc, dès qu'il y a une infraction mentionnée à
l'annexe I, il y a effectivement un automatisme, et l'entreprise est
automatiquement inscrite au registre pour une période de cinq ans. Mais il y a
quand même une mécanique, là, comme je vous l'ai mentionné, où l'Autorité des
marchés publics pourrait quand même autoriser
cette personne-là à faire certains... à passer des contrats ou à faire certains
travaux. Donc, il faut tenir compte de ça.
Et aussi comme un deuxième
temps où une entreprise pourrait se retrouver sur le registre suite à une
décision discrétionnaire de l'Autorité des
marchés publics. Et là on s'en va vers 21.27. Donc, suite à une série de
considérations de critères, une
entreprise pourrait effectivement se retrouver inscrite au registre, là, suite
à une décision discrétionnaire de l'Autorité
des marchés publics. Et c'est pour ça qu'il y a une balise supplémentaire, là,
à 21.27, là, comme on le trouve.
M. Gaudreault : Mais la
mécanique prévue à 34 ressemble plus à la mécanique prévue à 21.27 parce que,
si c'est le premier volet dont vous parlez, l'entreprise se trouve
automatiquement dans le registre. À 21.27, c'est l'exercice, d'une certaine
manière, d'un pouvoir discrétionnaire. Dans le fond, c'est un peu la même chose
que 34, est-ce que je me trompe?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
mais, si on lit plus loin, puis là je ne suis pas spécialiste de la loi sur les
contrats, là, mais notamment à 21.28, tu sais, on a une définition de qu'est-ce
qu'on entend par l'intégrité de l'entreprise. Puis là il y a une série de
critères à prendre en considération. Ça fait que c'est quand même un tout, là,
on ne peut pas juste nommer la petite phrase, là, il y a un contexte, là, dans
la loi sur les contrats, où ça nous permet d'interpréter qu'est-ce que
l'intégrité d'une entreprise.
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
que... M. le député de Jonquière, est-ce que vous annoncez un amendement ou si
vous êtes toujours à réfléchir sur...
M. Gaudreault : Bien, je
réfléchis, c'est parce que j'essaie de voir la bonne façon de l'exprimer.
Est-ce qu'on peut faire référence au chapitre, à ce moment-là, de la loi sur
les contrats publics... des organismes publics, quand on dit... C'est parce que
l'article 21.27, il est dans le chapitre V.2.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre, vous avez demandé la parole?
• (21 heures) •
M. Gaudreault : Alors,
peut-être qu'on pourrait faire référence au chapitre V.2, en tout cas.
Parce que je comprends, là, on ne peut pas
prendre juste une phrase qui fait notre affaire, puis l'inclure dans la
loi, puis dire : En vertu de ça. Je comprends que c'est plus
compliqué que ça, mais moi non plus, je ne suis pas un spécialiste, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...sur
le libellé d'un amendement, vous pouvez. On peut suspendre.
M. Charette : Je pourrais
proposer, là, et on trouvera le bon emplacement.... Je comprends l'importance
que l'on accorde tous aux motifs d'intérêt public. Donc, ce serait, justement,
de préciser, là, et on travaillera le libellé, on pourra le faire ensemble,
volontiers. On spécifierait, là, directement, pour un motif d'intérêt public.
Parce que, même dans les lois que vous évoquez,
l'exception peut demeurer pour un motif d'intérêt public. Donc, ce serait juste
de réitérer que ça ne se fait pas dans n'importe quelle condition, ça se fait
dans l'intérêt public. Mais je serais très, très mal à l'aise, justement,
d'aller chercher ici et là des principes d'autres lois qui incarnent ça, dans
le fond, l'intérêt public. Donc, on pourrait suspendre peut-être deux, trois
petites minutes.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
que... O.K. Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 02)
(Reprise à 21 h 18)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. M. le député de Jonquière, vous avez
un amendement.
M. Gaudreault : Ah! C'est-tu
moi? Attendez un peu, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Non?
M. Gaudreault : Je ne suis pas
à jour.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Ah!
C'est M. le ministre qui dépose l'amendement?
M. Charette : Parfait. Moi, je
n'ai aucun problème à ce qu'il soit présenté par le collègue de Jonquière.
M. Gaudreault : Bien là, il est
marqué...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il est marqué Jonquière?
M. Charette : On peut avoir une clause paternité-maternité sans
problème. On peut être... Ça peut être Jonquière.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Voulez-vous avoir la garde partagée, peut-être?
M. Charette :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce que c'est M. le député de Jonquière ou
M. le ministre qui dépose l'amendement?
M. Charette :
Ça peut être au nom du député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Bien, il faudrait que je le trouve d'abord, là, il est...
M. Charette :
Bien, étant donné que c'est de la cocréation, je peux en faire la lecture
et ce sera au nom du député de Jonquière. Comme ça, on va pouvoir avancer.
Donc, c'est la cocréation dans toute sa splendeur : Insérer, dans
l'article 34 de la Loi sur certaines mesures permettant d'appliquer les
lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages, proposée par l'article 1
du projet de loi et après «peut», «, pour un motif d'intérêt public,».
Donc, je lis quel
serait l'article amendé, donc :
«Le gouvernement ou
le ministre peut, pour un motif d'intérêt public, refuser de délivrer, de
modifier ou de renouveler une autorisation requise en application des lois
concernées, la modifier, la suspendre, la révoquer ou l'annuler, en tout ou en partie, ou s'opposer à sa cession si, selon le
cas, le demandeur ou le titulaire est inscrit au Registre des
entreprises non admissibles aux contrats publics tenu en vertu de
l'article 21.6 de la Loi sur les contrats des organismes publics.»
Et,
étant donné que c'est un travail de cocréation, je laisserais le député de
Jonquière, le commentaire sur l'amendement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il des commentaires, M. le député de
Jonquière?
M. Gaudreault :
Oui, bien, c'est ça, là, c'est parfait. Alors, c'est d'ajouter pour un motif
d'intérêt public. Alors, on vient, au moins, baliser le pouvoir discrétionnaire
du gouvernement ou du ministre. Ce n'est pas banal, quand même, la notion
d'intérêt public, on l'a déjà dit, ça s'interprète selon les circonstances de
chaque domaine, chaque secteur d'activité humaine. Mais, évidemment, en faisant
référence ici à l'article plus loin, à l'article 21.6 de la Loi sur les contrats des organismes publics,
c'est évident que, si jamais une procédure judiciaire se doit d'interpréter
ce qu'est le motif d'intérêt public, il va aller puiser quand même son
inspiration dans la Loi sur les contrats des organismes publics pour essayer de
comprendre un peu ce qu'on veut dire par là.
Alors, je trouve que
c'est à la fois large et à la fois précis pour au moins venir baliser un petit
peu plus le pouvoir discrétionnaire du ministre. Moi, ça me convient tel quel.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Verdun.
• (21 h 20) •
Mme Melançon :
Bien, j'irais dans le même sens que ce que vient de dire le député de
Jonquière, puisque, à micro et à caméra fermés, c'est un travail d'équipe qui a
été fait et je tiens à souligner le travail de tous et de chacun ici, mais, en
effet, on va plus loin que ce que nous avions à l'article 34. Et,
lorsqu'il est question, bien sûr, du motif d'intérêt public, on sait exactement
ce à quoi nous référons et ça nous met un petit peu moins dans le flou ou dans
le mou, ça nous permet, justement, de donner une direction, dans le fond, à ce
qu'il y a derrière ce que le législateur souhaite. Vous savez qu'un peu plus
tôt, Mme la Présidente, nous avons... on a adopté d'autres articles. Je
cherchais simplement à vérifier. Là, ici, on est vraiment dans du droit nouveau
pour faire... Voyons, je vais vouloir dire mon idée, je m'excuse, il est tard.
Donc, à partir du moment où, ici, on est dans du droit nouveau, est-ce que le
ministre peut simplement m'éclairer à savoir si nous devrons poursuivre avec le
motif d'intérêt public dans d'autres articles pour la suite des choses?
M. Charette :
En fait, c'est du droit nouveau en environnement, mais qui est déjà balisé
dans d'autres lois, notamment à travers le
Conseil du trésor. Et, une fois que c'est dit, ce n'est pas nécessaire de le
rappeler continuellement. Donc, il y a un principe qui est réitéré, mais
ce ne sera pas nécessaire de le répéter, là, à chacune des fois.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires? Est-ce que l'amendement à l'article 34
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 34 tel qu'amendé?
Oui, M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je ne sais pas si vous allez considérer ce commentaire, c'est un
commentaire, Mme la Présidente, et une question, donc, en rapport avec
l'article 34 amendé. En fait, c'est qu'en lisant... c'est en lisant l'article, donc, on
parle des contrats publics, et donc ça fait référence à un organisme, qui est
l'Autorité des marchés publics, donc,
et je me posais la question, en fait : Est-ce que c'est... Il y a deux
autorités, donc, l'Autorité des marchés publics et l'Autorité des
marchés financiers. Je me demandais, qu'en est-il, par exemple... là, on
conçoit que c'est pour les contrats publics, qu'en est-il, par exemple, des
individus qui se seraient retrouvés comme radiés par l'Autorité des marchés financiers? Est-ce que ces individus-là
peuvent se retrouver actionnaires dans une entreprise demandant un permis, par
exemple... Autorité des marchés financiers, donc ça peut être des
investisseurs, etc.? Donc, voilà la question.
Mme Grignon
(Karine) : Oui. En fait, c'est complexe, là. Comme j'ai dit,
je ne suis vraiment pas une spécialiste de la loi sur les contrats, mais
il y a toute une mécanique du pouvoir discrétionnaire d'inscrire des
entreprises au registre, là, pour des circonstances
autres que celles des infractions mentionnées à l'annexe. Donc, tout ça sera
évalué, effectivement, par l'Autorité des marchés publics, selon
certaines balises prévues dans la loi sur les contrats.
Pour ce qui est des administrateurs, ça peut être
un petit peu plus compliqué, parce qu'il y a des liens de dépendance, là, ça
peut être extrême, en fait, de pénaliser une entreprise parce qu'un de ses
administrateurs a été déclaré coupable d'une infraction, en tout cas, peu
importe, là. Donc, ça peut quand même être extrême, là, ça fait qu'il faut être
prudent avec ces liens-là, là, au niveau des administrateurs. C'est pour ça que
c'est examiné de manière très attentive, là, par l'Autorité des marchés publics
avant de faire une inscription au registre.
M. Benjamin : Une question en
amène une autre, Mme la Présidente. Donc, au cours des dernières années, en
fait, on a vu souvent, dans les médias, des cas et un rapport à de la
malversation financière. Donc, des gens dont leurs activités relevaient,
justement, des compétences de l'Autorité des marchés financiers. Donc, je me
demande jusqu'à quel point on est en train de... que le législateur est
intéressé à se pencher sur cette question-là et à en tenir compte, justement.
Nous sommes en train de faire préparer une loi
de côté, de dire : Bien, écoutez, c'est un enjeu qui est important aussi
si on veut resserrer cette loi-là et faire en sorte que les enjeux de
probité... que nous soyons, passez-moi l'expression qui n'est pas
environnementale, que nous soyons béton par rapport à cette loi-là. Donc,
est-ce qu'il ne faudrait pas tout de suite aussi réfléchir sur cette
dimension-là? Je pense que, à mon sens, ce qui m'apparaît important... Donc,
c'est-à-dire, celui des actionnaires ou des administrateurs d'une entreprise
qui demande un permis chez nous, et puis c'est un des administrateurs, donc
c'est quelqu'un aux principaux actionnaires, c'est quelqu'un qui serait radié,
ou, du moins, c'est... qui se retrouve sur une liste quelconque de l'Autorité
des marchés financiers.
Mme Grignon (Karine) : Bien,
comme je l'expliquais tout à l'heure, là, il y a un article, qui est 21.28, là,
de la Loi sur les contrats des organismes publics, qui vient expliquer un petit
peu c'est... qu'est-ce qu'on doit entendre par l'intégrité de l'entreprise. Il
y a différentes situations qui sont mentionnées à cet article-là, différentes
situations en lien aussi avec les actionnaires, là. Ça fait que je vous invite
peut-être à aller consulter l'article, là, il y a déjà des balises qui existent
pour l'application de la loi sur les contrats en matière de liens avec les
actionnaires.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires relativement à l'article 34
tel qu'amendé? Donc, est-ce que l'article 34 tel qu'amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, l'article 35.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«35. Le gouvernement ou le ministre peut, pour
tout ou partie d'un projet assujetti à une autorisation en application des lois
concernées, modifier cette autorisation, refuser de la modifier ou de la
renouveler, la suspendre, la révoquer ou l'annuler dans les cas suivants :
«1° le titulaire ne respecte pas l'une de ses
dispositions ou s'en sert à des fins autres que celles qui y avaient été
prévues;
«2° le
titulaire ne respecte pas une disposition de la loi ou du règlement en vertu de
laquelle elle a été délivrée;
3° le titulaire n'a pas débuté une activité dans
le délai prévu à l'autorisation ou, à défaut d'un délai prescrit dans
l'autorisation, dans les deux ans de sa délivrance.»
Le
commentaire. Cet article reprend le contenu de l'article 115.10 de la Loi
sur la qualité de l'environnement. Il vise à prévoir différentes
situations pour lesquelles le ministre ou le gouvernement serait justifié
d'intervenir sur une autorisation déjà délivrée.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il ne reste qu'une minute à notre séance.
Compte tenu de l'heure, je pense que je vais
suspendre... la commission va suspendre ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 29)