(Dix heures)
Le Président (M. Polo) : Votre attention,
s'il vous plaît! Je déclare la Commission des transports et de l'environnement
ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Taschereau auprès du ministre des Transports
sur le sujet suivant : L'absence de vision du gouvernement caquiste pour
le développement du transport dans le Québec du XXIe siècle.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bussière (Gatineau) est remplacé par M. Chassin
(Saint-Jérôme); M. Reid (Beauharnois)
remplace Mme Proulx (Côte-du-Sud); et Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)
est remplacée par Mme Dorion (Taschereau).
Le Président (M. Polo) : Parfait.
Merci beaucoup. Je comprends qu'il y a aussi une entente afin que l'opposition
officielle intervienne lors de la deuxième, quatrième et sixième série
d'interventions. Parfait.
Nous débutons donc par les déclarations
d'ouverture. Mme la députée de Taschereau et porte-parole du deuxième groupe
d'opposition en matière de transports, vous avez la parole pour
10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion : Merci, M. le Président.
Bonjour, bonjour à tous. Merci d'avoir répondu à l'appel et d'être là pour
qu'on puisse avoir cette discussion sur un sujet qui n'étonnera pas le
ministre. Je pense qu'il sait de quoi on est venus parler aujourd'hui. Je pense
que le ministre s'est préparé un peu pour ça. Probablement qu'il a eu des rencontres avec ses conseillers pour se préparer
des lignes, probablement les mêmes lignes que d'habitude. Entre autres, en ce qui a trait à mon intervention, on va
peut-être dire : Québec solidaire, on sait bien, Québec solidaire fait la guerre
aux automobiles, Québec solidaire n'aime pas les voitures, Québec solidaire n'a
pas l'air à réaliser qu'en dehors du centre-ville il existe des gens, qu'il
existe des voitures, qu'ils n'ont pas d'autre moyen de se déplacer.
Il a peut-être même préparé des petites attaques
personnelles, ça arrive parfois, du genre : La députée de Taschereau, ci, la députée de Taschereau, ça.
Peut-être : La députée de Taschereau, cette semaine, n'a pas utilisé un
bon mot, elle a dû s'excuser; si
j'étais elle, je serais gêné de m'exprimer sur telle, telle chose. C'est
peut-être des choses qu'il a préparées dans sa réponse à ce dont je veux
parler aujourd'hui.
Malheureusement, c'est trop souvent comme ça, au
Québec... pas seulement au Québec, mais c'est trop souvent comme ça, au Québec, que les ministres répondent aux questions
qui leur sont posées sur des questions fondamentales qui concernent
l'avenir du Québec, qui concernent l'utilisation des fonds publics, l'argent
des gens, qui concernent l'environnement, l'avenir même de notre air, de notre
bien-vivre.
Alors,
aujourd'hui, moi, je fais quoi quand je me prépare à une interpellation comme
ça? Je me dis : Bon, c'est assez prévisible, ce qui peut se passer.
Ce n'est pas ce que j'aimerais qu'il se passe. J'ai encore espoir que ça ne se
passe pas comme ça.
Est-ce que ça vaut la peine de me mettre à
expliquer aujourd'hui le phénomène du trafic induit, qui explique comment,
quand tu ajoutes des voies d'autoroute, bien sûr qu'au début ça va plus vite,
dans les tout premiers temps, pour les gens
qui utilisent ces autoroutes-là mais que, très, très vite, l'ajout d'autoroutes
fait que de plus en plus de personnes se disent : Ah! ça va vite,
je pourrais aller habiter plus loin du centre-ville? Le développement
immobilier, dans le modèle de l'étalement
urbain, fait que de plus en plus de monde font ce choix-là, donc de plus en
plus d'autos sur l'autoroute, donc, cinq à 10 ans plus tard, parfois
même avant, l'autoroute est «jam-packed» à nouveau, et des gens comme les
ministres des Transports font le choix de rajouter une autre voie d'autoroute,
cinq ans plus tard, peut-être une autre
voie, 10 ans plus tard, une autre voie, une autre voie. Et c'est des coûts
astronomiques. Je pourrais parler de ça. Je pourrais m'étendre
là-dessus.
Je pourrais
parler de la Katy Freeway, au Texas, qui était toujours bloquée, ça fait qu'on
lui a ajouté des voies, puis on lui a
ajouté des voies, puis on a ajouté des voies. La dernière fois, c'était en
2011. Aujourd'hui, la Katy Freeway a 26 voies. Trois ans après le
dernier élargissement, ça a été quoi, le résultat? Augmentation de 30 % du
temps de trafic le matin — ça, c'est de la science — augmentation de 55 % du temps de trafic
le soir; temps moyens de déplacement qui sont passés de 41 minutes
à 64 minutes. Bravo, le Texas! Beau choix fertile, bel investissement
d'argent.
Au fond, je n'aurais pas besoin d'aller au
Texas. Je pourrais même parler au ministre de l'autoroute 15 puis de l'autoroute 13 au Québec. Le ministère des
Transports lui-même reconnaissait, en 2002, le principe du trafic induit
en admettant que l'ajout de voies sur ces deux autoroutes-là avait contribué au
fait que le trafic dessus avait triplé en 20 ans. Si on aime le trafic, si on aime la
congestion routière, si on souhaite de la congestion routière, bien, on ajoute
des voies aux autoroutes, on développe les villes de façon de plus en
plus étendue.
Je pourrais aussi
parler au ministre du fait que presque la moitié des émissions de GES au
Québec, 45 %, loin devant les usines,
devant les autres sources d'émissions de GES, 45 % des émissions de GES
sont dues au transport et que, depuis les débuts de la lutte aux
changements climatiques, en 30 ans à peu près, au lieu de baisser, les
émissions de GES dues aux transports, ça a augmenté de 60 %. Le nombre
d'automobiles sur les routes du Québec, au lieu de se stabiliser, augmente plus vite que la population du Québec. On est-tu
fiers de ça? On aime-tu ça? C'est-tu ça qu'on veut, de plus en plus
d'automobiles partout au Québec, sans fin?
Je pourrais répéter
aussi que la seule solution éprouvée à long terme contre la congestion, ce
n'est pas moi qui le dis, c'est à peu près 100 % des experts qui étudient
dans le domaine de la congestion puis l'urbanisme, c'est... la seule solution, c'est d'investir massivement en
transport en commun et de limiter l'augmentation du nombre d'autoroutes,
de voies d'autoroute.
Je pourrais dire au
ministre des Transports, peut-être qu'il ne le sait pas, qu'à Québec c'est deux
fois plus long aller à la job en transport
en commun qu'en char, deux fois plus long, que le transport en commun n'est
vraiment, vraiment, vraiment pas compétitif et qu'on est très, très
loin, à Québec, de donner le goût aux automobilistes de passer d'un mode de transport à l'autre. Puis ça, ce n'est pas la
responsabilité du citoyen. Ce n'est pas lui qu'il faut se mettre à
«shamer» parce qu'il prend son auto. C'est la responsabilité du ministre des
Transports, des ministres des Transports qu'il y a eus dans les 30,
40 dernières années et qui ont dit : Ça ne me dérange pas que tu sois
dépendant de ton automobile, ça ne me dérange pas que tu n'aies pas d'autre
choix.
Mais, bon, en même
temps, tout ça, est-ce que ce n'est pas un peu un dialogue de sourds? Est-ce
que, quand le ministre va me répondre : Moi, je suis du côté de ceux qui
sont dépendants à leur automobile et je vais m'assurer qu'ils aient, pendant
trois ans, un petit moment où il y a moins de trafic avant que ça augmente à
nouveau, moi, ça me va, je pense que c'est
une bonne utilisation des fonds publics... Est-ce qu'on continue d'avoir ce
dialogue de sourds là? Est-ce que
j'attends qu'il me dise : QS n'aime pas les autos, la députée de
Taschereau, ci, la députée de Taschereau, ça?
Je
me suis dit : Peut-être qu'on pourrait partir sur un point sur lequel on
est d'accord. Il y a un problème de congestion routière à Québec. Ça,
c'est un point sur lequel on est d'accord.
Moi,
si on me faisait la démonstration scientifique, experte, si des gens qui connaissent
ça, ce dossier-là, comme le fond de leur poche, en grand nombre, me
disaient que le troisième lien en particulier puis l'ajout d'autoroutes en
général, ça va réduire la congestion à long terme et que ça ne nuira pas aux
changements climatiques, honnêtement, je serais pour. Je dirais : Bien,
ça, c'est un beau projet pour Québec. L'affaire, c'est qu'à date, moi, tout ce
que je lis comme études là-dessus, des
études qui ont été faites par des experts qui ont passé leur vie à se pencher
sur ces enjeux-là, ça dit tout la même chose : Le troisième lien ou
l'ajout d'autoroutes va empirer la congestion routière. Ce n'est pas un truc partisan, là, ce n'est pas une affaire
d'hurluberlus, de hippies, de... ce n'est pas un communiqué de Greenpeace
non plus, là, c'est des gens très sérieux qui ont passé leur vie à étudier ça.
Ma recherchiste a
pris quelques minutes, elle m'en a sorti une page, d'experts universitaires
dans le domaine des transports, de l'urbanisme, des infrastructures routières,
de la congestion. Elle a arrêté, il y en avait trop. Elle m'a nommé des chercheurs qui affirment ce que
j'affirme depuis tantôt, que l'ajout de voies d'autoroute empire la congestion
routière dans les villes : Marie-Hélène
Vandersmissen, directrice du Département de géographie à l'Université Laval;
Dominic Villeneuve, professeur adjoint à l'Université Laval et spécialiste en
transport et mobilité; Robert Cervero, professeur émérite retraité du
Département de développement urbain et régional de l'Université de Californie,
à Berkeley; Jean Dubé, économiste, professeur agrégé à l'École supérieure de
l'aménagement du territoire et de développement régional de l'Université Laval;
François Des Rosiers, professeur titulaire au Département de finance,
assurance et immobilier de l'Université Laval, spécialisé en économie urbaine
et régionale; Todd Litman, fondateur et
directeur du Victoria Transport Policy Institute à Victoria, en
Colombie-Britannique; Serge Viau, architecte et urbaniste émérite,
ancien D.G. de la ville de Québec; Daniel Sperling, professeur en génie civil
et environnement et directeur fondateur de l'Institute of Transportation
Studies de l'Université Davis, de Californie; Jean Mercier, professeur au
Département de science politique de l'Université Laval, spécialisé en transport
et en politiques publiques, docteur en études urbaines, spécialisé en
planification et en transport; Pierre Fillion, professeur à l'Université de
Waterloo, en Ontario, spécialisé en
urbanisme; Paul Lewis, urbaniste, doyen de la Faculté de l'aménagement à
l'UdeM, spécialisé en gestion des services urbains et en réseaux
d'infrastructures; Michael Mehaffy, urbaniste, planificateur urbain, chercheur
et auteur ayant mis en place le projet
Orenco Station à Portland, en Oregon; Owen Waygood, professeur adjoint à
l'École supérieure d'aménagement du
territoire et de développement régional de l'Université Laval; Fanny
Tremblay-Racicot, professeure en administration municipale et régionale,
École nationale d'administration publique. Comme je vous disais, ce n'est même
pas exhaustif. Ma recherchiste a arrêté de m'en donner, il y en avait trop.
Ça fait que
maintenant je vais commencer. On va lancer la discussion, et je vais poser une
question au ministre, une question que mon collègue Sol Zanetti lui a déjà posée
il y a trois ans. Le ministre, fidèle à l'habitude de bien des ministres d'aujourd'hui et du passé, avait détourné le
sujet, avait parlé d'autre chose. Mais maintenant je vais mettre mon réponse-o-mètre à «high» et je vais
vraiment essayer d'écouter, d'entendre, de recevoir une réponse. Est-ce
que le ministre peut me nommer deux experts, deux experts, deux, dans le
domaine de la congestion routière, qui affirment que le troisième lien est un
projet qui va réduire la congestion à Québec de façon durable? Deux experts.
• (10 h 10) •
Le Président (M.
Polo) : Merci. Je cède maintenant la parole au ministre des Transports
pour une période de 10 minutes.
Réponse
du ministre
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Bien,
merci, M. le Président. Est-ce que je suis surpris du préambule de Québec
solidaire? Non. J'écoutais Québec solidaire tantôt, en point de presse, j'ai
retenu trois choses : Pas de vision, le gouvernement n'a pas de vision,
n'a pas d'option à l'auto, puis il y a trop de GES au Québec. On va faire un
peu de pédagogie à la députée, puis je pense qu'elle le sait très bien, où je
veux aller.
Quand on dit «trop de GES au Québec», oui, il y
a eu des décisions du passé, d'anciens gouvernements, qui ont été dures à
accepter pour certaines grandes entreprises, mais, quand on regarde le portrait
global... Puis ce que Québec solidaire n'ose pas dire... et aime ça faire la
leçon aux Québécois, c'est où on se situe, en termes de GES, face aux États
nord-américains. On se situe où, M. le Président? Bien, on est premiers. On est
premiers en Amérique du Nord. Quand on
regarde le portrait de tonnes par habitant, bien, c'est 9,5 tonnes. Premiers,
grâce à quoi? En partie, oui, à
l'hydroélectricité, à cette fameuse batterie verte que le Québec représente, à
ces contrats importants que le Québec a signés avec New York
dernièrement, avec d'autres États américains. Puis, quand on se compare, on est
meilleurs que New York, on est meilleurs que le Vermont, on est
meilleurs que la Californie. Et tantôt la députée osait nous comparer au
Texas. Texas, 32,4 tonnes par habitant, 47e. Ça, c'est le portrait réel du
Québec d'aujourd'hui. Nous sommes premiers.
Et, quand elle dit à la télévision : Le
gouvernement n'a pas de vision, bien, le Plan pour une économie verte, c'est le plan que mon collègue de l'Environnement
a déposé voilà quelques mois déjà. Ça disait quoi? Bien, elle l'a dit
elle-même, le transport représente une grande partie du problème des GES, près
de 45 %.
Dès mon arrivée en poste, dès notre arrivée en
poste, est-ce qu'on est restés les bras croisés en se disant : On va
continuer de laisser ça aller, puis tout va bien, on est premiers, puis il ne
faut rien faire? Bien non, bien non, M. le Président. On a décidé de mettre en
place un plan qui allait être costaud, costaud pour être capables de donner des
options, des opportunités aux grandes
sociétés. Puis ça veut dire quoi? Un plan, sur cinq ans, de 6,7 milliards,
un plan pour le réseau routier puis un plan pour le transport collectif.
Mais, concrètement, ce qu'on a fait, c'est de
supporter des secteurs spécifiques. Le transport scolaire. Il y a 10 650 bus scolaires au Québec. On s'est
donné comme objectif d'être capables d'aller électrifier 65 % de ces
autobus en 2030. Ce matin, il y avait
justement une annonce de Girardin avec Granby, Autobus Granby, où ils ont signé
un contrat pour 30 autobus scolaires.
Présentement, quand on a regardé un programme
qui existait, puis mon collègue de l'Outaouais qui est ici ce matin sait très bien, il a été ministre des
Transports pendant un an... il n'y a pas eu beaucoup de succès dans ce
programme. Il y avait, jusqu'à aujourd'hui, 132 bus électrifiés au
Québec. C'est 1 % de la flotte. Alors, on se donne comme objectif d'être
capables d'aller chercher et d'électrifier 3 225 bus d'ici 2026,
7 225 d'ici 2030, et électrifier 100 % de la flotte d'ici 2035.
Un objectif
plus qu'ambitieux, c'est de s'assurer que tous les véhicules au Québec à partir
de 2035 qui seront vendus seront
verts. Ça, elle n'ose pas le dire, mais elle sait très bien qu'en 2035, dans le
futur Réseau express de la Capitale, sur les voies réservées
qui... — soit
dit en passant, Québec solidaire est contre le principe du réseau métropolitain
de voies réservées à Montréal et contre le REC à Québec — bien,
il y aura 100 % de ces véhicules neufs, neufs, qui seront verts, qui
seront verts dans le tunnel, M. le Président. Oui, il restera encore assurément
quelques véhicules thermiques, mais la loi ne permettra plus de vendre ces
véhicules. Verts.
Le transport
collectif. Le transport que l'on voit, la Société de transport de Québec,
la STM, Laval, Longueuil, Sherbrooke, Gatineau, bien, le défi de ces
4 000 bus, c'est d'électrifier 55 % de la flotte d'ici 2030.
Est-ce qu'on arrête là? Les véhicules lourds.
Les véhicules lourds, bien, c'est 150 000 véhicules. C'est une
collaboration que mon collègue de l'Environnement a signée avec le Multi-State
ZEV, qui est «zero-emission vehicles»,
16 États nord-américains qui, conjointement, ensemble, se sont assis et
vont s'asseoir pour être capables de trouver des pistes de solution pour
électrifier la flotte de camions lourds. Il y a Lion, au Québec, qui est un
partenaire important. Il y a Tesla aussi
qu'on voit électrifier sa flotte pour être capable de donner des opportunités à ces compagnies qui vont
vouloir électrifier leurs flottes.
Alors, quand
on dit qu'il n'y a pas de vision, bien, c'est complètement faux. Quand on dit
qu'il n'y a pas d'option, bien, on leur en donne, des options, aux
Québécois.
La relance du transport interurbain par autobus,
c'est la même, même chose, un programme important. Parce qu'il y a eu des
secteurs qui ont été durement, durement touchés par la pandémie. Je parlais du
transport urbain, bien, les sociétés de transport, c'est une aide importante.
Je fais une petite parenthèse, quand même. C'est 1,2 milliard, presque
1,4 milliard que Québec et Ottawa ont donné pour supporter la baisse
d'achalandage, qui est majeure pour ces sociétés. On ne prévoit pas revoir l'achalandage
prépandémie avant quelques années encore.
On a le transport interurbain qui a levé la main
aussi. C'est une aide de 38 millions de dollars qu'on a mise en place pour
être capables de supporter ces transporteurs, puis ça... puis c'est important
parce que c'est un accès en région, qu'on
soit par bus, qu'on soit dans le secteur aérien. Le secteur aérien, j'en ai
parlé maintes et maintes fois, mais c'est important de mentionner
qu'avec le programme de 40 millions de dollars qu'on a mis en place dès le
début de la pandémie, bien, on a donné un
coup de main pour répondre aux besoins et à la demande, qui n'était pas énorme,
qui n'était pas énorme mais qui était importante pour les différentes régions
du Québec. Donc, autant le transport interurbain, autant le transport
aérien, ce sont des secteurs qui, pour moi, qui, pour nous, sont extrêmement
importants.
Et, quand la députée dit : Bien, il n'y a
pas d'option à l'auto, pas d'option à l'auto, bien, ça veut dire quoi? J'ai souvent mentionné, puis je le dis
respectueusement, pour changer le comportement de l'automobiliste, bien, il
faut leur donner des options viables, puis ces
options viables passent par le transport actif, dans une certaine mesure, pour
le dernier kilomètre. Mais maintenant on ne peut même plus parler d'un dernier kilomètre,
avec la venue de ces vélos électriques. Bixi
a un succès à Montréal. Bien, ce succès, je voulais le voir naître dans
d'autres villes du Québec. On a mis un programme en place, de
8 millions, qui est extrêmement populaire, pour être capables de donner
des opportunités aux villes, comme
Sherbrooke, Gatineau ou ailleurs, de se dire : Bien, nous aussi, on aura
des vélos en libre-service pour être capables de donner une certaine
opportunité aux gens qui se disaient : Bien, avant, aller travailler à
vélo, là, sur 10, 12, 15 kilomètres, c'était impossible. Aujourd'hui, ça
l'est, ça l'est, possible.
Puis de voir Québec solidaire nous faire la leçon
encore, en disant : Bien, le réseau métropolitain, voies réservées, ça ne
marche pas, on ne peut pas faire ça, on ne peut pas élargir nos routes,
aujourd'hui, bien, c'est ce combat que moi, je ne ferai pas, contre
l'automobile, qu'eux souhaitent faire depuis des années déjà. Il n'y a rien qui
change.
Puis, comme je le
mentionnais, il y a trois points importants pour être capables de changer ce
comportement. C'est la durée, le coût et le confort. Puis l'automobiliste, à
Québec... Elle l'a dit elle-même, là, le transport collectif à Québec n'est pas compétitif. Bien, elle a
absolument raison, absolument raison. Puis c'est pour ça, c'est pour ça qu'on
a travaillé pendant des mois pour présenter
le Réseau express de la Capitale, des mois, pour donner aux automobilistes
qui ont possiblement un deuxième véhicule à
la maison, et je le comprends, je le comprends, pour que papa et maman
aillent travailler, parce qu'on ne peut peut-être pas utiliser le même
véhicule... et leur dire aujourd'hui : Bien, le Réseau express de la
Capitale répond à un besoin important pour vous donner cette option.
Cette
option vient d'où? Bien, d'une centaine de kilomètres de voies réservées, de
l'est à l'ouest, du nord au sud, d'une colonne vertébrale qu'on appelle le
tramway, qui va partir de Saint-Augustin, ou presque, de Le Gendre, qui va
se rendre jusqu'à D'Estimauville, près de 30 kilomètres de réseau, des
voies réservées qui vont connecter aussi, sur
la portion ouest des deux vieux ponts que nous avons à l'ouest, 116 et
Guillaume-Couture, et le tunnel Québec-Lévis.
Je l'ai déjà dit, un
des points les plus importants de ce projet, c'est d'être capables de boucler
la boucle du transport collectif. Et le premier tracé que nous avions en tête
passait près de l'île d'Orléans. On s'est dit : On va aller travailler à
un deuxième tracé au cas où, on va le mettre un peu plus centre-ville—centre-ville.
Et les résultats que nous avons eus, quand
on a déposé ce projet, on l'a présenté au maire de Québec, au maire de Lévis et
à différents acteurs, ça a été de se réjouir.
Et je terminerai et
je continuerai pour la prochaine portion, M. le Président.
Argumentation
Le Président (M.
Polo) : Merci. Maintenant, nous allons débuter la période d'échange.
Mme la députée de Taschereau, vous avez la parole pour un maximum de cinq
minutes.
• (10 h 20) •
Mme Dorion :
Merci, M. le Président. Si un prof de cégep veut utiliser cette interpellation
pour donner son cours de science po, je lui conseille. Ça serait parfait. Je
peux relever déjà qu'en tout début de discussion j'ai... j'ai «callé out», pardonnez-moi l'expression, la ligne
de : QS n'aime pas les automobiles, QS fait la guerre aux automobiles.
J'en sais gré au ministre d'avoir dit : Bon, je ne l'utiliserai peut-être
pas cette fois-ci. Il a utilisé son autre ligne : QS aime ça faire la leçon. Il l'a dit deux fois. Vous
allez peut-être l'entendre répéter ça souvent, peut-être en point de presse,
en réponse à des journalistes, en Chambre, ici, en réponse en période de
questions : On sait que QS aime faire la leçon. C'est comme ça qu'on
essaie de rentrer dans la tête des gens des choses qui sont basées absolument
sur rien.
Le prof de cégep
pourrait aussi relever, et ça, c'est la chose la plus évidente de la réponse du
ministre, le gigantesque, monumental
détournement de sujet. J'ai nommé une pléthore de gens qui ont fait des études
très sérieuses sur comment régler le problème de la congestion et qui
disent : L'ajout d'autoroutes et le troisième lien, c'est la pire des
solutions. J'ai demandé au ministre, c'est la deuxième fois qu'on lui demande,
il est ministre des Transports, deuxième
fois qu'on lui demande en cette Chambre : Tous ces gens-là disent que ça
va empirer la... que vos projets vont empirer la congestion; avez-vous
deux, pas 10, pas 15, pas autant que j'en ai sorti, deux, deux, deux experts
qui disent : L'ajout d'autoroutes, le
troisième lien autoroutier vont régler le problème de congestion à Québec à
long terme? Pouvons-nous même améliorer, seulement améliorer le problème
de la congestion routière à Québec à long terme? C'est ça, ma question.
On est-tu capables,
ici, d'avoir une vraie discussion? Est-ce que le ministre peut au moins me
dire : Écoutez, je n'en ai pas, mais ça
ne me dérange pas, j'ai quand même envie de le faire? On pourra avancer, au
moins. On pourra dire : Bien, pourquoi? À qui ça profite? C'est
pour quoi? On peut-tu savoir ça? Il n'est pas question de grenailles, de
décisions prises sur le coin d'une table. Il est question de 10 milliards,
et probablement beaucoup plus, de l'argent de tous les Québécois. Et on sait
que le projet est extrêmement impopulaire au Québec. Les maisons des aînés
devaient coûter 1 milliard. Ils ont
coûté... maintenant, c'est rendu à 2,4 milliards. Les maternelles quatre
ans, ça a presque doublé par rapport au montant annoncé. Le troisième
lien, ça va être quoi?
Ça fait que je vais
reposer la même question que j'ai posée, qui n'a pas été répondue. Le ministre
peut peut-être prendre des notes, il va y avoir deux questions. Est-ce qu'il
peut me nommer deux experts dans le domaine de la congestion routière, des
experts reconnus, qui disent : L'ajout d'autoroutes et le troisième lien
vont améliorer à long terme le problème de
la congestion à Québec? Et ma deuxième question : Ça va être quoi, le prix
plafond? Il y en a un, prix plafond pour le tramway. On a été obligé de
le retarder d'un an parce qu'il ne fallait absolument pas dépasser, et pour bon
nombre d'autres projets. Les écoles, on les a arrêtées aussi. On va relancer un
appel d'offres parce que ça coûte trop cher. À partir de combien ça va coûter
trop cher, le troisième lien?
Ça,
c'est deux questions fondamentales, fondamentales. On va utiliser de l'argent
des Québécois, énormément
d'argent, pour faire un projet qui va empirer le problème de la congestion.
Alors, je repose mes questions pour que ce soit bien clair. J'ai l'impression qu'on
pourrait facilement les éviter si on tombe dans la lune puis on se
met à parler d'autre chose. Deux experts, le prix plafond.
Le Président (M. Polo) : Allez-y, M.
le ministre. Vous avez cinq minutes.
M.
Bonnardel : Oui. Merci,
M. le Président. On va profiter pour élaborer un peu plus sur le REC puis de
répondre à la députée.
Le dossier
d'affaires, je l'ai mentionné, la précision de ses coûts, la fourchette que
j'ai donnée, que le premier ministre a donnée voilà quelques mois déjà
va se préciser en 2025. On sera capables de donner aux Québécois une fourchette
plus précise ou un coût plus précis d'ici les trois prochaines années. On a un
processus important, environnemental, qui débute, un BAPE qui aura lieu aussi
dans les prochains mois. On suit un processus qui est bien normal. On ne
bulldoze absolument rien, on fait des forages pour vérifier l'état du sol.
Et, quand on dit : Bien, il n'y a pas
d'étude, il n'y a jamais rien eu, il n'y a jamais eu personne qui a parlé de
ça, ça sort d'où, la CAQ a inventé ça, puis là, soudainement, il y a un besoin
politique absolument important, là, de faire
ce réseau, je l'ai déjà mentionné en Chambre, je pense, à son collègue... à sa
collègue députée qui était là avant elle, c'est une réflexion, le tunnel Québec-Lévis, qui existe depuis plus de
40 ans, si ce n'est pas plus, presque une cinquantaine d'années.
1973, on avait déjà un premier document qui
s'appelait Quelques réflexions sur les conséquences d'un lien routier entre Québec et Lévis. 1975, ça s'appelait Le lien rive-nord et
rive-sud via un tunnel. 1976, Le lien via l'île d'Orléans
face au développement et à l'aménagement régional. 1979, Le lien
rive-nord—rive-sud
du fleuve Saint-Laurent via l'île d'Orléans. 1999, rapport d'étude sur un lien routier, Lien
sous-fluvial à l'est de Lévis. 2001, rapport d'étude, Lien
sous-fluvial dans l'est de Lévis. 2009, Étude des conditions de
circulation aux approches des ponts Pierre-Laporte et de Québec de même que sur
un réseau désigné sur le territoire de Lévis. 2016, Étude de faisabilité
technique, du professeur Massicotte.
Le gouvernement a décidé de faire un choix
important pour la mobilité et d'être capable de répondre spécifiquement à des
enjeux que même la députée elle-même a mentionnés : le transport
collectif.
Moi, j'ajoute la sécurité du réseau. Elle ne
peut nier, elle l'a déjà mentionné, elle ne peut le nier que le pont de Québec,
les deux vieux ponts que nous connaissons, un qui a presque 100 ans,
l'autre qui a une cinquantaine d'années, bien, ces ponts ont une durée de vie.
Et je ne le souhaite pas... Malheureusement, on a dû fermer un des deux ponts,
voilà quelques hivers, dû à des conditions météo spécifiques, puis on voit
jusqu'à quel point, si, si — on
ne le souhaite pas — un
des ponts devait fermer, à quel point ça va être catastrophique pour la
circulation. Le camionnage, donner une option additionnelle à cette industrie,
avec une gestion dynamique de la circulation dans ce tunnel, la fluidité.
Mais, surtout, je reviens sur le point qu'elle a
dit tantôt, le transport collectif ne fonctionne pas à Québec. Bien, je lui dis une chose. Je sais qu'elle est
contre le réseau de voies réservées. Québec solidaire est contre le Réseau
métropolitain de voies réservées. Pour eux, là, il faut faire un vol de voie.
C'est le terme qu'on utilise, au ministère. Donc, une autoroute à deux voies,
pour eux, c'est un vol de voie. On réduit à une voie la circulation, puis on
prend l'autre voie, puis on met le transport collectif là-dessus. C'est ça, le
principe de Québec solidaire. On n'élargit pas les autoroutes, pour eux. On ne permet pas aux véhicules verts, au
covoiturage, aux véhicules taxis, aux bus, en particulier, d'améliorer leurs temps de déplacement du
point a au point b et d'être capables d'en arriver à répondre à un
des trois points que je répète souvent, une sorte de mantra, la durée.
Parce qu'autant à Québec qu'à Montréal le futur
usager du transport collectif va dire : O.K., tu me donnes une option additionnelle. Tu me dis : Laisse
l'auto à la maison, je perds, grosso modo, je donne un exemple,
1 h 15 min, matin et soir, puis tu me dis :
Aujourd'hui, avec le tunnel Québec-Lévis, je partirai de Lévis, du pôle,
exemple, pour me rendre à la colline, ou à Jean-Paul-L'Allier, ou à
l'Université Laval — on
va prendre la colline — en
12 minutes. Bien, je fais le test, je
laisse l'auto à la maison, je pars du pôle, je prends ton tunnel, je prends
l'autobus 100 % électrique. Est-ce que j'ai un gain de temps?
Est-ce que j'ai un confort adéquat? Est-ce que j'ai un coût adéquat entre mon
auto qui me coûte x par année et le bus que tu me permets de prendre? Bien,
c'est ça, le test, et là c'est là qu'on n'a pas le droit d'échouer, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Polo) : ...la
collègue députée de Côte-du-Sud pour une période de cinq minutes.
• (10 h 30) •
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Merci, M.
le Président. Je tiens d'abord à remercier la députée de Taschereau pour cette question fondamentale pour le
développement du Québec. Je tiens aussi à remercier le ministre
des Transports de nous permettre de s'exprimer sur le sujet.
Pour moi,
comme fille de la Côte-du-Sud, Côte-du-Sud qui est compris entre
Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud et Saint-Alexandre-de-Kamouraska,
c'est un projet fondamental qu'est le troisième
lien. Malheureusement, actuellement, je vois que, quand on n'a pas d'argument, on peut se permettre
d'insulter les gens, puis c'est un peu ce que je vois dans les propos que tient trop souvent Québec solidaire quant à un projet très progressiste pour le Québec
et particulièrement pour l'Est
du Québec. Quand on parle d'un projet elvis-grattonien, bien, moi, je me sens
insultée, moi, je me sens blessée par ces propos-là.
Pour moi, Québec solidaire entretient une vision
colonialiste d'un projet où le progrès est au centre du troisième lien. Vision
colonialiste, parce que les arguments qu'on entend, c'est : Il va y avoir
des gens de la ruralité qui vont venir stationner dans nos rues, à Québec.
Pour moi, c'est inacceptable. Puis l'autre élément, c'est : Nous, à Québec
solidaire, on pense, là, on sait comment les gens, là,
doivent vivre en campagne, puis ce n'est pas avec un projet comme ça qu'ils vont vivre adéquatement. Donc, on essaie de réfléchir, puis de penser, puis de dire aux gens de
la ruralité et des campagnes du Québec, particulièrement de l'Est du Québec, comment penser puis comment
réfléchir face à un projet qui m'apparaît excessivement novateur.
Il me semble, en 2021, qu'il serait pertinent,
très pertinent, même, de voir un projet de cette envergure comme un projet pour se rapprocher, pour
développer des partenariats, pour voir une synergie se pointer plutôt
que d'essayer de diviser et de cliver entre ceux qui savent quoi et comment ça
doit marcher et ceux qui vivent au quotidien.
C'est une des raisons pourquoi j'endosse à
100 % ce projet de troisième lien, puisqu'il permettra à des régions de
survivre, peut-être même de pouvoir grandir. C'est un projet qui va créer une
synergie. Ce sera un trait d'union entre la région de Québec, entre la région
de Chaudière-Appalaches également, permettra à des régions comme Montmagny, d'autres municipalités dans mon comté, par exemple, de peut-être maintenir des écoles ouvertes, parce qu'en
ce moment les écoles ferment. Les maternelles quatre ans, par exemple,
permettent à des écoles de rester ouvertes actuellement dans mon comté. Ce
n'est pas rien. Ce projet-là permettra non pas un étalement urbain, mais une utilisation
de notre territoire, qui est déjà occupé, mais malheureusement la population y
est vieillissante, donc malheureusement on doit fermer des services, on doit
fermer des écoles.
Donc, ce projet-là, pour un endroit comme Côte-du-Sud,
c'est une planche de salut. Ce n'est non pas un projet qui va détruire les
terres agricoles, bien au contraire, parce qu'on croit à l'agriculture. Mais ce
n'est pas vrai qu'on accepte, dans notre
région, de se faire dire quoi faire, comment penser, comment rouler par des
gens qui croient tout connaître à Québec.
Il y a, bien sûr, les chercheurs et les
expertises en matière de développement régional et d'aménagement du territoire,
mais il y a aussi les besoins des gens, la réalité des gens, de ceux qui
l'utiliseront et qui en ont réellement besoin.
C'est comme me dire, à moi : Bien, toi, tu as choisi, par valeur,
d'habiter en campagne, d'habiter en milieu rural, mais tu ne peux
malheureusement pas avoir accès à la ville convenablement, tu ne peux pas
envisager une carrière en ville, il faut que
tu restes dans ta campagne. Puis, moi, c'est ça que j'entends quand Québec
solidaire donne ses arguments sur ce projet.
Donc, ce projet-là est un projet d'avenir, un
projet de développement pour les 100 prochaines années, un projet qui va
réunifier deux rives d'un fleuve immense, un des plus larges au monde, un
projet aussi qui nous permet d'envisager un
pôle de développement social et économique majeur à l'est du Québec. On a un
pôle de développement à l'ouest, avec Montréal et l'Outaouais. Maintenant, on
peut envisager l'avenir différemment pour l'est du Québec avec un projet
comme le troisième lien, et c'est ce que la Coalition avenir Québec propose
avec ce projet majeur.
On peut déjà envisager, par exemple... Pourquoi
ne pas rêver? Pourquoi pas un train léger construit par Bombardier jusqu'à
La Pocatière? Plutôt que d'utiliser nos autos, entre les deux voies de la
20, avoir un projet potentiel, dans
40 ans, pour un train pour transporter des gens qui viendraient, par
exemple, de Montmagny ou La Pocatière. C'est un projet qui fait
l'unanimité sur la Côte-du-Sud, dans Bellechasse, en Beauce, dans Lotbinière.
Ça va permettre une meilleure fluidité du transport et des déplacements,
donc les gens seront moins longtemps dans leur voiture.
Donc, c'est un projet qui est excellent pour
toute la région de Québec. Il nous faut aller de l'avant avec ce projet majeur.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup. J'invite maintenant le député de Pontiac à prendre la parole pour
cinq minutes.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Je vais commencer par vous saluer, M. le
Président, saluer le ministre, ses équipes
de gens très compétents, les députés qui sont ici et la députée de Taschereau
pour nous permettre de faire le débat aujourd'hui.
Là, je vous avoue, M. le Président, que moi, je
n'aurais pas commencé... Je savais que ce serait l'échange initial, là, parler
du tunnel Québec-Lévis, mais, dans la demande de la députée de Taschereau, on
parle de la vision, au Québec, en matière de
transport. Je me suis dit : Je vais commencer sur d'autre chose, ça va
peut-être calmer le jeu. Mais finalement, à entendre les échanges aujourd'hui,
là, je me dis qu'on est un peu dans un discours de sourds ici, là.
Il y a des
choses qui se sont dites, dans les premières minutes de nos échanges, qui sont
invraisemblables, M. le Président. La députée de Côte-du-Sud nous dit
qu'il y a unanimité du projet. Si on se met à parler comme ça, si on se met à
dire que les projets sont tous unanimes, tout le monde est de notre bord, tout
le monde veut ça ou tout le monde est contre, tout le monde ne veut rien
savoir, on n'en viendra jamais à quelque chose de productif, à quelque chose de
constructif.
Si on se met à parler de l'enjeu de façon... en
comparant des choses qui ne se comparent même pas, comme le ministre des
Transports a fait en commençant, en disant : Bien, nous, on est les
premiers en matière de GES en Amérique du Nord, bien, on devrait avoir le droit
de construire un tunnel, bien, ça n'a rien à voir. Ce n'est pas parce qu'on est
les premiers qu'on devrait vouloir faire n'importe quoi dans le monde des
transports. Ce n'est pas parce qu'on est
bons à quelque chose qu'on devrait arrêter. Il me semble qu'on devrait
continuer, on devrait s'enorgueillir de ça. C'est une bonne affaire puis c'est
l'affaire de plusieurs gouvernements qui l'ont précédé, puis de la vision des
gens au Québec, puis de ce qu'on a
voulu bâtir comme société, mais on devrait en être fiers puis on devrait
vouloir bâtir là-dessus, pas juste se dire : On est les premiers,
«that's it, that's all», je fais ce que je veux, à cette heure.
On ne devrait pas attaquer Québec solidaire
parce qu'ils disent : Ah! des voies réservées, là, dans un projet à
Montréal, je n'en veux pas. Parce que, si on fait ça, moi, je peux ressortir
tous les articles sur les voies réservées à Québec que ses collègues ne
voulaient rien savoir d'avoir. Ils ont présenté des pétitions ici, à
l'Assemblée nationale, pour
faire annuler des projets de voies réservées sur l'autoroute Henri-IV. Ils ont
poussé les gouvernements précédents à annuler des projets de voies
réservées sur l'autoroute Laurentienne. On peut continuer de même toute la
journée, à faire ces arguments-là, à se dire : Non, moi, là, je reste dans
ma vision, je ne bouge pas, c'est ça qui est ça, puis je ne veux même pas
entendre les autres arguments, mais ça ne fera rien avancer. Puis on ne peut
pas dire qu'un projet comme le tunnel ne fera pas en sorte qu'il y a de
l'étalement urbain. Il va y en avoir, nécessairement. Partout ailleurs dans le monde, là, une autoroute supplémentaire en
milieu urbain, ça cause de l'étalement urbain. Alors, j'aimerais juste
qu'on ait un discours moindrement intelligent, moindrement basé sur les faits
aujourd'hui.
Puis là je pourrais ressortir... je pourrais
demander au ministre de nous étaler les études, les données, ce qu'il n'a toujours pas fait, ce qui nous permettrait
d'avoir un discours plus cohérent, plus intelligent, tout le monde. On pourrait
lui demander aujourd'hui, là, : Mettez les études sur la table, celles que
vous n'avez toujours pas mises, celles qui nous
disent combien de gens pourraient l'emprunter avec leur voiture, avec le
transport en commun, qu'est-ce que vous prévoyez. Ça, ce serait utile,
M. le Président. Ça, ce serait utile dans la suite du débat, puis pas juste
aujourd'hui, là, dans la suite du débat d'ici à ce que le ministre des
Transports prenne sa pelle dorée, à la veille des élections, puis creuse un trou aux abords du fleuve. Parce que c'est ça
qu'il va faire. Il nous l'a déjà dit qu'il n'allait pas attendre les études
environnementales, qu'il allait commencer tout de suite.
Mais, moi, tout ce que je veux savoir, ce matin,
à propos de ce projet-là, à propos de la vision du gouvernement en matière de
transport dans la région de Québec, puis ça s'applique partout ailleurs, là,
tout ce que je veux savoir, c'est si le ministre des Transports, lui, dans sa
vision... Parce que la vision des gens, des partenaires du ministère des
Transports, moi, j'y crois. La vision des gens qui travaillent avec le ministre,
de ses fonctionnaires, moi, j'y crois. Mais
ce que je veux, c'est la vision du ministre
des Transports. Quand le premier ministre dit que le troisième lien serait bon pour l'environnement, quand il nous
dit que c'est positif parce
qu'aujourd'hui les gens attendent, et je le cite : «Les gens attendentdans l'auto à l'entrée des
ponts, puis ça, ce n'est pas bon pour l'environnement», quand le premier
ministre dit que c'est un projet qui va être bon pour l'environnement, je veux
savoir si le ministre des Transports est d'accord avec lui.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre, pour cinq minutes.
M. Bonnardel :
Fascinant, M. le Président, d'entendre l'ancien ministre des Transports, le
dernier du Parti libéral, qui a mis en place
le bureau de projet, être presque contre le projet que lui-même a mis en place
voilà quatre ans, cinq ans ou presque, l'ancien ministre des Transports
qui nous dit aujourd'hui : Bien là, je me questionne, je ne suis plus
certain, il faut-tu faire un tunnel, il fallait-tu faire un pont? On ne sait
plus trop quand on écoute le Parti libéral du Québec. Puis, quand ma collègue
parle d'un projet qui fait consensus, on n'a jamais parlé de 100 % de
consensus. On n'a jamais parlé de 100 %. C'est à peu près impossible de
faire consensus à 100 % pour des projets.
Mais de nous faire la leçon, du côté de Québec
solidaire puis du Parti libéral, puis de dire aujourd'hui : Ah non! Ah
non! Les GES... Comme si j'avais fait un lien entre le fait qu'on soit premiers
en GES puis qu'on ne pouvait pas, de l'autre
côté, construire des routes, avoir une voie réservée sur ces routes puis
construire un tunnel pour améliorer la sécurité du réseau, d'avoir une
option additionnelle de transport collectif.
Bien, je vais répéter ce que j'ai dit en Chambre
à sa première question, à la députée de Taschereau. Elle n'a pas aimé ça de
voir que Léger, Léger, firme respectée au Québec, avait osé faire un sondage au
nom de la fameuse Chambre de commerce de Lévis et de questionner pas 500, mais
2 000 personnes, dont 1 000 à Québec même, 1 000 à Québec
même, 500 après... 300 à Lévis, 200 à Bellechasse, 1 000 à Québec. Puis, à
la fin, ça a donné quoi? 70 %, 70 % d'appui au projet complet du
Réseau express de la Capitale.
On ne peut pas faire l'unanimité, c'est certain,
mais, quand je regarde les chiffres d'une firme sérieuse comme Léger... Et la
députée de Taschereau qui a presque dit, dans un texte, que c'étaient des
questions truquées, que c'était arrangé avec
une fameuse chambre de commerce qui,
elle, pousse... Vous pensez deux secondes, vraiment, là, que Léger aurait
truqué les questions, là, puis qu'aujourd'hui les gens n'ont pas été libres de
répondre à une question simple : Pensez-vous que ce réseau va
répondre à un besoin?, que je répète depuis trois ans.
On n'avait pas le droit de se tromper quand on a
déposé ce projet. Pourquoi? Parce que vous souhaitez et on souhaite donner une
autre opportunité aussi, améliorer la sécurité, une opportunité de transport
collectif et boucler la boucle du transport collectif. Il fallait absolument
qu'on soit capables de répondre aux gens qui restent à Boischatel, qui restent, peu importe, dans Portneuf, le droit
d'avoir une option additionnelle... dans Le Gendre, de transport collectif
et d'aller travailler peut-être au pôle de Lévis. Quand je parle de
boucler cette boucle, c'est ça, puis d'avoir un gain de temps, d'avoir un gain
de temps.
Le député lui-même, il connaît très, très bien
les études. Il a été ministre. Il sait très bien que, ces études, le ministère
des Transports les avait. On ne parle pas juste de ça depuis cinq ans, là,
depuis qu'il a mis en place le bureau de projet, on en parle depuis
50 ans. Et parce qu'aujourd'hui on décide de donner une option
additionnelle pour répondre à un besoin de
fluidité, de sécurité, de transport collectif, de camionnage... qu'on doit
arrêter? Bien non, bien non. Est-ce qu'on le fait seuls dans notre coin?
Non plus. Est-ce qu'on parle à la ville de Québec? Assurément. Est-ce qu'on prévoit, dans nos exposés que nous
avons présentement, un achalandage de 50 000 à 55 000 véhicules
dans le tunnel? Assurément. Est-ce qu'on prévoyait une augmentation d'achalandage
sur les deux vieux ponts d'ici 2036? Oui, de 8 %, puis une réduction de
15 % sur la congestion en heure de pointe quand le tunnel sera en
opération.
Donc, on n'a
pas juste inventé ça, là, on n'a pas juste travaillé là-dessus depuis
18 mois. Vous avez commencé le travail, on a continué le travail,
on l'a peaufiné, puis, bien humblement, là, je pense qu'on a déposé un très,
très bon projet pour les gens de Québec. Puis, quand je vois les sondeurs
questionner les gens, quand je parle aux gens, quand on
m'écrit... Ah! c'est vrai que ceux qui chialent, ils chialent fort. Mais la
majorité silencieuse, qui attend une option,
qui souhaite être capable de dire ce que je vous disais bien respectueusement,
pour ceux qui ont deux autos à la maison,
de dire : Il y a peut-être une option additionnelle, puis celle-là, c'est
d'utiliser le transport que tu me proposes, le REC, aujourd'hui, pour
réduire la durée et le temps que je passe dans ma voiture matin et soir, pour
améliorer mon confort, avoir un coût raisonnable...
Bien, c'est ce que je réponds à Québec, c'est ce que je réponds à Montréal,
c'est ce que je souhaite répondre à Gatineau.
Puis je vois Québec solidaire, là, du bout des
lèvres, qui n'a même pas le courage de dire...
Le
Président (M. Polo) : Merci.
Merci beaucoup, M. le
ministre. Est-ce que
je comprends que c'est de nouveau la députée de Côte-du-Sud qui a la
parole? Oui? Allez-y, pour cinq minutes.
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. J'aimerais aborder maintenant
tout ce qu'on est en train de faire puis notre façon d'envisager l'avenir en matière environnementale puis de la lutte aux
changements climatiques.
En matière de transport, on parle d'une vision à
long terme du transport au Québec. Deux éléments majeurs. Notre gouvernement se caractérise d'abord et avant
tout par des gestes concrets qu'on pose via nos plans d'action, via
aussi des actions qui ont déjà commencé. Notre vision, au gouvernement, est
assez claire en cette matière, c'est de changer
les habitudes des citoyens et des entreprises pour améliorer, par exemple,
là... pour lutter contre les changements climatiques.
D'abord,
notre collègue ministre de l'Environnement a déposé l'année dernière, là, son
Plan pour une économie verte, du
jamais-vu, 6,7 milliards de dollars investis pour participer à changer les
habitudes tant des citoyens eux-mêmes, en
donnant certains incitatifs, mais aussi en accompagnant les entreprises dans
l'innovation. Ce n'est pas rien, ce qu'on fait. Le ministre des
Transports parlait tout à l'heure des autobus. On travaille à plusieurs niveaux
pour changer nos habitudes, parce que c'est ce qui va faire la différence en
matière de transport, c'est de changer nos habitudes et celles des entreprises. On a souvent tendance à fonctionner dans ce
qu'on connaît, mais là, en ce moment, on doit prendre ce virage vert en
changeant nos habitudes comme citoyens mais aussi comme entreprises et société.
Le plan d'action, c'est des investissements
majeurs, je l'ai dit, 6,7 milliards pour lutter contre les changements
climatiques. C'est majeur.
L'autre élément qui est aussi très important,
qui se passe au ministère des Transports, c'est le Programme d'aide à l'amélioration
de l'efficacité du transport maritime, aérien et ferroviaire. Ce sont des moyens
de transport qui, traditionnellement, polluent beaucoup. Ce plan-là, là, vise à
diminuer de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, là, au Québec.
Donc, l'idée est vraiment, là, de chercher des façons de faire, des façons
d'innover pour que les entreprises utilisent des nouvelles méthodes pour
travailler puis moins polluer. Je pense, entre autres, à un modèle qui... Un
exemple qui existe, c'est celui, par exemple, du port de Montréal, où on a
trouvé des façons d'électrifier les transports ou tout simplement de fermer les
moteurs lorsqu'on déplace des containers, excusez l'anglicisme. Donc, tout ça
fait en sorte qu'il y a une diminution importante, là, de l'émission de gaz à
effet de serre.
Juste pour vous dire, là, depuis le début de ce
plan-là, il y a eu 21 projets qui ont été soutenus, ce qui a permis une
réduction d'émissions de 89 974 tonnes de gaz à effet de serre. Donc,
ce n'est pas rien.
Un autre exemple qui est intéressant aussi,
c'est celui d'une grue, toujours à Montréal, une grue qui devient électrique, qui permet, là aussi, d'éviter, là,
les moyens d'alimentation traditionnelle au mazout. Donc, ça permet vraiment... ça fait une distinction.
Je vous parle de ça aujourd'hui parce que ça
nous permet de voir qu'on a une vision beaucoup plus large du transport et de
l'environnement puis qui nous permet aussi, concrètement, là, d'arriver avec
des moyens de soutenir les entreprises
qui veulent innover en matière d'environnement et de transport, mais aussi de
soutenir les citoyens qui veulent changer leurs habitudes. Ce
n'est pas vrai que moi, Marie-Eve Proulx, députée de Côte-du-Sud, demain matin, je vais prendre, en habitant à
Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, un village de 1 000 habitants...
je vais attendre l'autobus sur le coin d'une rue pour me rendre quelque
part. On ne peut pas généraliser les méthodes et les modes de transport. Donc, il faut ajuster, puis, pour ce
faire, le Plan pour une économie verte va donner des incitatifs, par exemple, pour qu'une rurale comme moi, par
exemple, puisse bénéficier d'un soutien pour avoir une auto électrique, ce qui
va me permettre, moi, oui, de faire mes distances mais de moins polluer
l'environnement.
Donc, on veut changer les habitudes, on veut
participer. On ne veut pas forcer, évidemment. On veut participer à changer les
habitudes pour que notre environnement, notre planète aillent mieux, puis c'est
ce qu'on fait avec le ministère
des Transports. Moi, je suis impressionnée de voir toute l'innovation
qu'on soutient pour les entreprises et pour les citoyens en cette matière.
Puis les sommes investies aussi nous permettront, un tant soit peu, de changer
les habitudes de chacun.
Donc, je reviens sur le plan, le Programme
d'aide à l'amélioration de l'efficacité du transport maritime, aérien et
ferroviaire. Ce plan permettra clairement de travailler à élargir notre vision,
aussi, des transports. Il n'y a pas que le troisième lien, pour le ministère des Transports, au niveau de sa vision. Donc,
c'est ce qu'on fait avec ce plan, et on continue d'avancer concrètement
vers des changements d'habitudes.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Taschereau.
Mme Dorion : Moi, je me demande si la
députée de Côte-du-Sud habite à Fermont ou à Blanc-Sablon, là, quand je l'écoute. Il n'y a pas d'autoroute qui se
rend dans son comté? Ah oui! Attendez, Côte-du-Sud, il y a bel et bien des autoroutes qui se rendent
là. Moi, je la comprends d'être tannée du trafic qu'il y a sur ces autoroutes.
Elle, si elle habite en campagne, elle va pouvoir avoir son auto électrique.
Mais elle n'aimerait pas ça qu'à l'endroit précis où le trafic
commence, quand elle se rapproche de Québec, il y ait des alternatives
réellement intéressantes à l'auto pour que plus de monde puisse les utiliser?
Ça, ça libérerait ses autoroutes, à la députée.
Si la campagne du Québec veut rester la campagne
du Québec puis si la députée aime vraiment sa campagne puis qu'elle ne veut pas
la voir devenir un paradis de béton puis de stationnements, il va falloir
qu'elle fasse vraiment attention au développement et à comment ça se passe.
C'est ça que ça fait aux plus belles zones du Québec, l'ajout incessant
d'autoroutes tout le temps. C'est la campagne qui va être la première perdante,
la beauté de la campagne, la beauté de la nature québécoise qui va être la
première perdante de ça. Et les députés de régions devraient vraiment prendre
soin de leurs campagnes en faisant attention à ça.
Bon, le ministre n'a pas répondu à la question,
évidemment. Il a nommé des rapports de faisabilité technique, si j'ai bien
compris. C'est sûr qu'il n'y a pas grand-chose qui n'est pas faisable quand on
est prêt à mettre 10, 15, peut-être plus que ça, milliards dans un projet. Tout
est faisable. Moi, j'ai demandé des études qui démontrent que ça va réduire la
congestion. C'est le seul argument qui a de l'allure dans tout ce qu'a dit le
ministre : On veut réduire la congestion, mais c'est un argument qui ne
marche pas. Donc, expliquez-moi.
Donc, il n'y a personne qui est d'accord avec le
ministre. Dans tous les experts, dans toutes les études qui ont été faites sur la congestion, sur l'urbanisme,
personne n'est d'accord pour dire que l'ajout d'autoroutes ou le troisième
lien va réduire la congestion. C'est ça que je comprends.
Là, ça fait un, deux, trois... ça fait trois
fois, là, que le ministre a l'occasion de répondre, que la question lui est
posée très, très, très clairement. Je pense que je vais répondre à sa
place : Je n'en ai pas, d'étude, je n'en ai pas, d'expert. Puis, je vais
vous le dire bien franchement, ce n'est pas pour rien que je vous posais cette
question-là, je le sais qu'il n'y en a pas. Il me semble que, si on a un
minimum de désir de régler le problème de la congestion pour de vrai, à Québec
comme partout dans les villes au Québec, on va essayer de se baser sur
l'intelligence collective, là, de ceux qui connaissent ça.
Bon, le ministre parle de sondages. Le seul
sondage qui fait mention du coût puis qui n'a pas été commandé par des
militants pro-troisième lien dit que moins de la moitié des gens de la région
de Québec le veulent et que l'appui au Québec est à 26 %, que la majorité
du Québec, 54 %, est contre, fermement contre, pas ne sait pas c'est quoi
ou n'a pas entendu parler du projet, ne veut pas de ce projet-là.
Là, je suis désolé, mais, rendu au point où on
en est, là, le troisième lien est un projet trop controversé du point de vue de l'environnement, ça, c'est clair,
du point de vue des finances publiques, c'est très, très clair. On pourrait
ajouter à ça la pénurie de main-d'oeuvre, on pourrait ajouter plein d'affaires,
mais c'est beaucoup trop controversé comme projet pour qu'on considère
que c'est juste un enjeu de la région de Québec ou de Bellechasse.
GNL aussi concernait le Québec en entier, même
s'il y a du monde qui ont essayé de nous faire accroire que, non, c'est juste une question d'emploi puis de
Saguenay puis que ça ne concerne personne d'autre. Non, ça a concerné le
Québec en entier, le Québec en entier s'est
senti concerné, et la CAQ s'est pété la face sur ce projet-là comme il va se
péter la face sur le troisième lien.
Le ministre, qui aime les sondages, est-ce qu'il
a vu celui où 85 % des répondants à l'échelle de la province et la
majorité des gens de Québec aussi aimeraient mieux utiliser les sommes du futur
troisième lien pour améliorer l'état du
réseau routier en décrépitude? Je ne sais pas, vous, vous devez en connaître, des camionneurs. Moi, j'en connais une couple,
puis il n'y en a pas un que je connais qui ne dit pas que c'est gênant, dès que
tu rentres au Québec, comment les routes sont maganées. Il me semble que
le ministre devrait penser à ça. On ne l'a pas entendu parler de ça tant que ça
dans ses grands projets. Il me semble, ça, la
CAQ aime ça être populaire, ce serait populaire, ça, en plus de vraiment
servir à quelque chose.
Des listes sur tout ce qu'on pourrait faire avec
cet argent-là, à notre époque où bien des affaires foutent le camp, malheureusement,
il en est déjà sorti, il va en sortir encore. Ces listes-là vont être de plus
en plus gênantes pour la CAQ. On a tellement besoin de cet argent-là, de ces
investissements-là dans d'autres domaines, dans toutes sortes de domaines.
Et, oui, c'est une question qui concerne les Québécois,
puis c'est une fille de Québec qui parle aujourd'hui, parce que ce n'est pas
vrai qu'en mon nom, qu'en celui des citoyens de ma ville la CAQ va dire que
c'est au tour de Québec, que c'est au tour de Québec de plomber nos finances
publiques, que c'est au tour de Québec de faire son projet ultrapolluant à
elle, que c'est au tour de Québec de se couvrir de béton puis de trafic pour le
bien-être de tout le monde, sauf des gens de
Québec, en particulier des automobilistes qui vont voir la congestion augmenter
sans se voir offrir de nouvelles alternatives.
Ça fait qu'à
partir de maintenant le ministre peut dire à ses amis de la Chambre de commerce
de Lévis, de la ville de Lévis puis de la CAQ que, les sondages qu'ils
commandent, s'ils veulent être pris au sérieux, il va falloir qu'ils
mentionnent le coût du projet puis il va falloir qu'ils les fassent à la
grandeur du Québec.
Mes
questions. Comment il va faire, le ministre, pour payer ça? Est-ce qu'il va
augmenter les taxes, les impôts? Est-ce qu'il va couper dans les
services publics, dans les écoles, dans les CHSLD? Est-ce qu'il va endetter
encore plus de générations futures? Il va le...
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant M. le ministre pour sa réponse.
M.
Bonnardel : Québec
solidaire qui continue de faire la morale aux Québécois. Si je suis la logique
de Québec solidaire aujourd'hui, là, bien, on va mettre en opposition tous les nouveaux
projets, qu'ils soient à Gatineau, qu'ils soient à Montréal, que ce soit le
prolongement de la 19, le futur prolongement de la 13, la
phase II du REM à Montréal, Gatineau,
on va tous les mettre en opposition puis on va questionner tous les Québécois...
puis le prolongement de la 138 sur la Basse-Côte-Nord.
Donc, aujourd'hui, si je suis sa logique, là, il faut questionner tout le
monde. Bien, moi, je ne marche pas de cette façon. J'ai un réseau à sécuriser
au Québec, j'ai un réseau à améliorer.
Puis, quand je parle
de prolonger la 19, est-ce qu'elle est contre de prolonger la 19 avec
une gestion dynamique des voies, avec une voie réservée? La phase II du
REM, son ancienne collègue n'était pas trop pour, elle non plus. Puis je pense que la députée de Taschereau, le REM, la
phase II à Montréal, elle est contre, elle aussi. Elle n'ose pas le
dire, elle n'ose pas le dire. Bien, une option additionnelle de transport
collectif à Montréal, non. Ah! c'est la méchante
caisse qui fait ça. Il ne faut pas que ce soit la caisse qui fasse ça, hein?
Sécuriser la 50 en Outaouais, il ne faut surtout pas faire ça non
plus. Sécuriser la 55, il ne faut surtout pas faire ça.
On va prendre
l'argent où? Premier gouvernement qui n'a jamais autant mis d'argent dans le
PQI depuis trois ans, de 100 milliards
à 135 milliards de PQI, puis je répète pour les gens qui nous écoutent, un
PQI qui est passé de 100 milliards à 135 milliards de dollars.
Puis on ose me dire aujourd'hui qu'on n'est pas capables de faire de belles
écoles, de maisons des aînés, de rénover et de construire des hôpitaux puis de
faire des routes ou d'élargir puis de mettre
des voies réservées? Bien, je m'excuse, là, il faut faire ses devoirs. 35 milliards de PQI additionnels, ça veut dire combien, ça, spécifiquement?
Puis le ministre des
Transports, l'ancien, le sait très, très bien de quoi je parle. Quand je parle
de maintien d'actifs... 6,4 milliards d'argent annoncé l'an passé, un record, sur deux ans. La voirie locale,
pour être capables de réduire le
déficit de maintien d'actifs de nos municipalités, un programme qu'on oublie un peu, là, mais que les municipalités les plus petites ont grandement besoin. Une moyenne, sous le gouvernement
libéral, de 191 millions annuellement. Sous notre gouvernement : 431 millions.
431 millions. Un PQI qui est passé à presque 27 milliards de dollars
pour le réseau routier.
J'en
ai fait un leitmotiv d'être capables d'améliorer notre réseau. Quand je parle
d'indice d'état gouvernemental, le
fameux IEG, on sait de quoi je parle, on est à 50 % ou à peu près.
Le réseau supérieur est à 75 %, 76 %.
Ça va mieux de ce côté. Mais ça va
prendre des sommes colossales dans les prochaines années parce qu'on n'a pas mis assez de sous dans les anciens gouvernements, puis aujourd'hui
on paie le prix.
Malheureusement,
c'était le 15e anniversaire de la Concorde voilà quelques jours. Malheureusement.
Avec cet événement malheureux, il a fallu qu'on fasse des constats importants
par la suite, puis d'améliorer notre réseau, puis de ne plus jamais, jamais, jamais
revoir ce qu'on a vécu voilà 15 ans.
Puis aujourd'hui on a
50 milliards d'investissements prévus en transport collectif avec, oui, un
partenaire qui s'appelle la Caisse de dépôt, la Caisse de dépôt, que Québec
solidaire n'aime pas, mais qui sont un partenaire d'une phase I, d'un projet phase II pour Montréal qui va donner aux
Montréalais, en partie, 100 kilomètres de réseau additionnels, qui va mettre au monde... pas mettre au monde,
mais qui va donner un réseau digne des plus grandes capitales mondiales avec le
métro, avec la STL, avec Longueuil, Laval. Est-ce qu'on imagine jusqu'à quel
point les investissements seront importants pour Laval, le réseau
métropolitain de voies réservées que le... QS ne veut pas voir naître?
Bien oui, ça va en
prendre, des voies réservées, pour être capables de faire circuler nos bus
100 % électriques à partir de 2025. Ça va en prendre parce qu'on ne fera
pas de vol de voie. On va permettre à ces bus, au covoiturage et aux véhicules électriques de circuler, puis
donner une option. Elle parlait d'option. Bien, cette option, on y travaille. On
y travaille avec le PEV pour électrifier notre réseau puis d'être capables de
donner des opportunités aux sociétés d'électrifier. Il y a des sommes importantes,
là. Je le mentionnais, sur cinq ans, c'est près de 7 milliards de dollars.
On verra des résultats importants dans les 10, 15, 20 prochaines années au
Québec.
• (11 heures) •
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole, je pense, au député de Portneuf.
M.
Caron : Merci, M. le Président. À mon tour de saluer l'ensemble des collègues
présents ici et les gens qui accompagnent notre ministre.
J'entendais,
il y a quelques instants, le ministre nous rappeler quels étaient les investissements qui étaient accordés pour entretenir notre réseau routier local, et je
peux vous assurer que, pour nous, qui représentons des comtés plus
ruraux, ça fait vraiment toute la différence dans la gestion administrative de
nos municipalités, parce qu'on sait qu'il s'agit là de sécurité et de confort
de nos concitoyens.
Je
voulais aussi parler de la force de notre équipe, finalement,
dans la Capitale-Nationale, force de notre équipe aussi en Chaudière-Appalaches,
une force de députés en nombre, mais, avant tout, selon moi, une force de
députés en termes de représentation de
population... de type de représentation de population, plutôt. Moi, je suis
député de Portneuf. J'ai donc une
population qui est beaucoup plus orientée vers la ruralité, ma collègue de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré
également. Mais on a des députés comme notre députée de Jean-Talon, qui
représente, elle, une population beaucoup plus urbaine, et puis on a la
couronne nord avec La Peltrie et Chauveau.
Donc, on a une bonne
idée de quels sont les besoins de nos concitoyens, ceux qui vivent chaque matin
dans la vraie vie, ceux qui vivent chaque matin aux prises avec les congestions
pour aller travailler. Et on a eu beaucoup de
rencontres, et plusieurs de mes collègues députés du gouvernement, dans la
Capitale-Nationale, ont la réputation aussi d'être des députés de
terrain, et je peux vous assurer qu'on a multiplié les rencontres avec notre
population pour savoir exactement quels sont les besoins. On a bien entendu. Et
le ministre a toujours démontré une grande ouverture à nous rencontrer, à nous écouter, à comprendre quels sont les besoins
des gens qu'on représente. Et je peux vous assurer que tout ça,
aujourd'hui, c'est le fruit d'un travail long mais mûrement réfléchi pour
répondre le plus adéquatement possible aux besoins de notre population.
Donc, on a une pas pire idée, j'allais dire, des
besoins de notre population, et je suis fier aujourd'hui que les projets qu'on
présente, les projets avec lesquels on va de l'avant viennent répondre
absolument à cette situation. Moi, je vous le disais tout à l'heure, je représente Portneuf, et
notre belle capitale nationale, notre belle ville de Québec vit
actuellement un moment charnière de son histoire à la fois dans le
développement de son territoire, mais aussi dans le développement de son
transport.
Donc, c'est là toute l'importance d'arrimer,
finalement, ces deux notions de développement qu'on constate ici, et je pense réellement que le REC fédère
l'ensemble des projets qui sont mis sur la place et l'ensemble des projets qui
vont amener Québec à demain, finalement. Québec doit se positionner, et, avec
le REC, qui est un projet de 844 millions de dollars et plus de 100
kilomètres... le ministre en parlait tout à l'heure, plus de 100 kilomètres de
voies réservées, on permet, notamment, l'interconnexion avec les deux rives, le
transport collectif Québec-Lévis, le tramway avec son interconnexion. On a
travaillé fort avec la municipalité de... avec la ville de Québec, pardon, pour
que tout ça soit complètement en phase avec les besoins et les réalités.
Bref, selon moi et selon... Tout à l'heure, on
parlait de consensus ou d'unanimité, mais, en tout cas, je peux vous assurer
qu'au sein de la population on sent que notre vision correspond à une véritable
révolution du transport collectif dans la Capitale-Nationale. Moi, je me
réjouis, bien entendu, que le pôle Le Gendre puisse voir le jour à l'ouest.
C'est un endroit qui va venir vraiment répondre aux interrogations que la
population me signifiait depuis de nombreuses années.
Le transport collectif... Et je sais que ma
collègue députée de Taschereau était allée dans Portneuf un peu plus tôt lors
de la campagne électorale, et elle a pu se rendre compte de la réalité que
peuvent vivre des députés comme moi, des
députés terrain. Je représente 18 municipalités, dont l'une d'entre elles
avec seulement 286 habitants. J'aurai l'occasion de revenir un
petit peu tout à l'heure sur la complexité de la mise en oeuvre du transport
collectif dans des régions comme la nôtre, mais, bien entendu, il y a beaucoup
de choses à améliorer. Je reviendrai d'ici quelques minutes, M. le Président.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, M. le député. J'invite maintenant le collègue de Pontiac à prendre la
parole pour cinq minutes.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. J'ai le goût de dire au député de Portneuf qu'il... Je
n'ai aucun doute qu'il est très en lien avec les gens de sa circonscription,
qu'il les représente très bien, mais, quand il dit que... notre plan de
transport à Québec est vu par les gens de ma circonscription comme une
révolution, c'est sûr que c'est vu comme une révolution. C'est exactement
l'inverse que ce que vous disiez il y a quelques années. C'est exactement
l'inverse. Il y a quelques années, là, on ne voulait pas de voies réservées nulle
part. On menait des combats pour ne pas avoir des voies réservées. Aujourd'hui,
il y en a 100 kilomètres, de voies réservées, dans le Réseau express de la
Capitale, auquel fait référence le ministre. Alors, c'est sûr que c'est vu
comme une révolution.
On a de la misère à vous suivre un petit peu,
mais il y a une chose, par exemple, où vous êtes constants, à la Coalition avenir Québec. Quand il est question d'ajouter des
autoroutes, vous êtes constants. Le projet de l'autoroute 13,
auquel faisait référence le ministre il y a quelques instants, sa formation politique
en parle depuis longtemps. Il en parlait au cours des dernières années. Il l'a
promis en campagne électorale. L'année passée, il l'a mis dans le PQI, un
projet d'autoroute 13 entre la 640 et la 50.
Puis là on va mettre deux... Je vais mettre quelque
chose bien au clair, là. Il y a les enjeux de sécurisation, comme disait le ministre,
hein, pour améliorer la sécurité, tout ça. Il n'y a pas personne ici, de
n'importe quel parti, qui va être contre ça. Je ne peux pas croire. On parlait
de la 55, de la 50, etc., pas de problème là. Les nouvelles
autoroutes, particulièrement en milieu urbain, périurbain, si on veut appeler
ça comme ça, pour l'autoroute 13, là, ça, c'est un projet... ce sont des
projets pour lesquels ça va être bien difficile pour le ministre de nous dire...
de répondre à ma question initiale de tantôt puis de nous dire que c'est des
projets qui sont bons pour l'environnement. Parce que, quand la députée de Taschereau
faisait référence à l'autoroute Katy au Texas, là, créer une nouvelle
autoroute, la 13, pas bien, bien loin de la 15, qui est congestionnée...
Je vous le concède, elle est congestionnée. Je la prends toutes les semaines. Mais
créer une autre autoroute pas bien, bien loin, c'est à peu près la même chose
que d'ajouter une, deux, trois, quatre, cinq voies de plus, jusqu'à 26.
C'est à peu près la même chose.
Alors, je veux que le ministre réponde à ma question
initiale. Est-ce que le tunnel Québec-Lévis, c'est bon pour l'environnement? Est-ce
que l'autoroute 13, une nouvelle autoroute 13, là, entre la 640
puis la 50, c'est bon pour l'environnement? Son premier ministre nous dit
que oui. Il dit que c'est positif pour l'environnement. Il va à l'encontre de tous les experts environnementaux.
Tous les gens qui sont le moindrement intéressés par l'environnement vont dire le contraire. Alors, je demande au
ministre des Transports aujourd'hui, encore une fois, c'est la même question
que tantôt : Très clairement, est-ce
qu'il va nous dire que le projet du tunnel Québec-Lévis est bon pour
l'environnement, comme son premier ministre l'a fait?
Le Président (M. Polo) : Vous
n'écoulez pas votre temps complet, M. le député de Pontiac?
M. Fortin : ...le rajouter à mon dernier bloc, M. le Président?
Le Président (M. Polo) : Parfait,
excellent. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Bonnardel : Oui. M.
le Président, le Parti libéral du Québec n'est pas facile à suivre aujourd'hui,
là. Donc là, je parle à un ancien ministre des Transports qui est en train, du
bout des lèvres, de me dire : L'autoroute 19, finalement, le
prolongement, pas bon, pas bon, un projet qu'eux ont mis presque au monde. Ça
fait longtemps qu'on en
parle, de la 19. On l'a annoncé, là, ça fait des années et des années, et là on
va concrétiser ce projet, puis lui-même, ancien ministre, il est en
train de me dire non puis de s'imaginer, s'imaginer qu'on pourrait prolonger la
13. On n'a pas le droit d'en parler. Il ne
faut surtout pas en parler. Son propre collègue m'accusait de vouloir tuer du monde ou presque
en Outaouais quand on a décidé d'installer des glissières de sécurité sur la 50
dans la portion de L'Ange-Gardien. Bien, on n'a tué personne, puis, sur ce six
point quelques kilomètres, ces glissières ont fonctionné.
• (11 h 10) •
M. Fortin : ...personne
dans l'enceinte, ici ou ailleurs, qui n'a accusé personne de vouloir tuer du
monde. Il y a des limites à l'hyperbole qui peut être utilisée par le ministre
des Transports.
Le Président (M.
Polo) : Reprenez, M. le...
M.
Bonnardel :
Bien, M. le Président, je cite ce que le député de La Pinière...
Le Président (M.
Polo) : Non, je comprends, M. le ministre. Vous comprendrez...
M.
Bonnardel :
Je comprends. Je ne répéterai pas les commentaires.
Le Président (M. Polo) :
Ça se passe bien?
M.
Bonnardel :
Oui.
Le Président (M.
Polo) : Essayons de bien terminer la semaine.
M.
Bonnardel :
C'est ce qui s'est quand même dit. Donc, si je suis la logique du député
libéral aujourd'hui, ancien ministre des Transports, bien, il faut arrêter tout
investissement ou presque. Tout ce qui est nouvelle route possible au Québec,
avec une approche de transport collectif, de gestion dynamique des voies, on
arrête tout. Je pense que tout le monde est
conscient que le déficit de maintien d'actifs est important, à savoir que les
sommes que nous avons investies...
Puis, je répète,
tantôt... parce qu'il faut bien mesurer, là, les disponibilités que le premier
ministre nous a données, à nous, les
ministres, d'être capables de réduire ce déficit de maintien d'actifs chez les
aînés dans les CHSLD, en santé, en
éducation, en transport, en culture. Juste en maintien d'actifs aux Transports,
on est passés de 16,3 milliards, en
2018, à 23,5 milliards. C'est des sommes colossales, un PQI qui a augmenté
de 35 milliards en trois ans pour réaliser... réduire ces déficits et de
répondre, aux Québécois qui nous écoutent, que, oui, on peut faire de nouvelles
routes. En faisant des nouvelles routes, on peut rénover votre école, on
peut construire un nouvel hôpital, on peut rénover votre bibliothèque. On le
prouve. On le prouve, aujourd'hui, qu'on peut faire tout ça en même temps.
Et je parlais de
voirie locale. Il le sait très bien que c'est un programme où il y avait, je
vais le dire respectueusement, un
sous-investissement chez nos municipalités. Puis aujourd'hui ceux qui nous
écoutent, s'ils sont là, bien, aujourd'hui, ils disent que le
gouvernement a livré la marchandise. Sous votre ancien gouvernement, c'était une
moyenne annuelle de 190 millions. On est, aujourd'hui, à
430 millions, 430 millions parce que les besoins sont là, parce que
les automobilistes qui circulent sur le réseau supérieur se disent :
Tranquillement, ça s'améliore. Puis je l'ai dit sans gêne au micro de Paul
Arcand aujourd'hui, notre IEG, notre indice d'état gouvernemental, routes en
bon état au Québec, sur les 31 000 kilomètres que nous avons, est à
50 %, 51 %. Est-ce qu'on doit faire mieux dans les prochaines années? Assurément. Est-ce qu'on a encore d'autres sommes importantes à annoncer? Certain. Est-ce que
la bataille est gagnée? Non, mais ça, c'est dû à des années de
sous-investissement.
Et, quand on parle...
Aujourd'hui, là, le libellé de l'interpellation, je vois que c'est une
concentration sur le tunnel Québec-Lévis et non le REC, puis que la vision des
25, 50 prochaines années... Bien, votre vision, je ne l'entends pas trop,
là. À part le combat contre le tunnel, bien, je n'en vois pas d'autre, option.
Puis ce que je vous ai présenté, puis ce que j'ai présenté depuis le début,
dans le Plan pour une économie verte, où il y a 6,7 milliards sur cinq ans, où l'électrification de l'ensemble de
notre réseau... des opportunités qu'on va donner aux Montréalais,
aux gens de Gatineau, aux gens de Québec d'avoir une offre de transport
améliorée pour que ces gens se questionnent et se disent : Enfin, on a un gouvernement
qui nous donne une opportunité...
On
veut tous... Vous voulez tous que l'achalandage augmente en transport collectif, que les gens utilisent moins leurs véhicules, mais il faut leur
donner des options. Il faut leur donner des voies spécifiques pour ça. Il faut
leur donner du transport actif, quand ils
sortent du métro, peut-être prendre le vélo pour le dernier trois, quatre kilomètres,
pas juste à Montréal, à Sherbrooke, à Gatineau, au Saguenay. C'est ce à quoi on
travaille présentement.
Le Président
(M. Polo) : Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite le député de
Portneuf à poursuivre.
M. Caron :
Oui, merci, M. le Président. J'en étais tout à l'heure à la réalité des circonscriptions
comme la mienne, qui sont tout à fait différentes de celle qu'on peut vivre à Québec, à trame grosse. Et je
vous parlais tout à l'heure
d'une municipalité qui s'appelle Saint-Thuribe, 286 habitants, cette difficulté
qu'ont ces citoyens à pouvoir rejoindre actuellement le transport régional par autobus. Et on est
condamnés, finalement, à toujours devoir faire mieux, toujours devoir faire plus pour bonifier
l'offre qui est proposée à nos concitoyens.
Et, encore une fois, rien n'est parfait, mais
tout est perfectible. Je me réjouis vraiment de cette connexion qu'on va avoir à l'ouest de la ville de Québec, à Le Gendre, parce que ça va réellement venir en support à la fois à nos concitoyens. Mais l'autre fois je parlais avec un étudiant
de ma circonscription, qui me disait : Vincent, ça va changer
complètement la donne, parce qu'avant, lorsque j'envisageais ce que je voulais
faire, eh bien, j'y allais... mon raisonnement était basé exclusivement sur la
proximité et non pas sur le choix des études que je pouvais faire. Mais maintenant,
justement, avec cette connexion du transport vers Le
Gendre, eh bien, une panoplie de nouvelles ouvertures s'offrent à lui.
Donc, ça fait réellement toute une différence au sein de notre population.
J'entendais le ministre, il y a quelques
instants, parler, en effet, du REC, et c'est ce plan d'ensemble qui est intéressant
pour des régions comme la nôtre, notamment dans un contexte de pénurie de
main-d'oeuvre. Portneuf, par exemple, est située seulement à une heure de Québec,
centre-ville, mais on sait bien que ça va faciliter... Les accompagnements
qu'on va donner au développement du transport régional, ça va faciliter les
allées vers Québec, mais ça va être vrai
aussi pour l'inverse. On sait que, depuis quelque temps, il y a
un regain d'amour, j'allais dire, pour la terre. Il y a un
regain pour aller travailler à la campagne. Donc, on est capables, finalement,
de constater que tout ce qui est mis
en place, en tout cas, tout ce qui est en perspective et qui sera bientôt
mis en place, bien, va permettre à la fois de bénéficier aux centres
urbains, mais aussi de bénéficier aux régions un petit peu plus rurales.
Au Québec, c'est 40 % des GES qui sont
occasionnés par le transport, dont 80 % par la route et l'autoroute. Et je voulais rassurer ma collègue
de Taschereau en lui rappelant qu'on agit sur plusieurs
fronts. On répond présent pour la première fois de manière chiffrée,
avec des projets qui sont ambitieux, 6,7 milliards de dollars pour la
lutte contre les changements climatiques. On a doublé les sommes
qui étaient investies annuellement contre la lutte des gaz à effet de
serre.
Mais, au-delà de ça, eh bien, il y a eu des
aides financières qui ont été attribuées pour favoriser, justement, les tables régionales de transport collectif. On
investit également pour encourager la promotion du transport alternatif.
On le sait que beaucoup trop de gens encore ont, par confort peut-être, deux
véhicules à la maison. Il y a aussi toute une façon de faire à repenser. Il y a
une manière de rééduquer, finalement, toute notre population en leur suggérant
d'autres modes de transport, par exemple le covoiturage.
Bref, il y a
toute une série d'actions qui s'inscrivent, finalement, à l'intérieur des
actions que notre gouvernement mène depuis que nous sommes au pouvoir. Et puis,
sans tomber dans des comparaisons,
des accusations, vous savez qu'en 2007 les gens... les sommes qui étaient
consacrées au programme régional et interurbain en transport étaient de
10,3 millions de dollars. En 2021, nous avons haussé ça à
19,3 millions de dollars. Donc, c'est quand même 9 millions de plus. C'est beaucoup d'argent et ça démontre que nous avons cette volonté de
diminuer les gaz à effet de serre.
Le transport collectif, l'ajout de boulevards
urbains, de stationnements incitatifs sont des reflets de ce que nous mettons en place au quotidien pour venir
répondre à cette nouvelle réalité qu'est celle que nous vivons. Donc, vraiment, plus que jamais, nous sommes au
travail, mais, plus que jamais, nous sommes dans l'action, M. le Président. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, le collègue de Portneuf. J'invite maintenant la députée de
Taschereau.
Mme Dorion : C'est-tu un temps qu'il
me restait, que je n'avais pris?
Le Président (M. Polo) : Non, c'est
votre bloc. C'est un autre bloc.
Mme
Dorion : Excusez, je n'ai
pas la bonne... Bon, O.K., parfait. Il y a... Mais j'ai quand même
une dernière intervention à la fin, c'est ça? Je me trompe-tu? Il me reste
deux interventions?
Le Président (M. Polo) : Oui, bien,
en fait, par la suite, il vous reste votre intervention finale de
10 minutes.
Mme Dorion : Parfait. Merci. Il y a
deux expressions que j'ai trouvées très poétiques dans la bouche du ministre, sincèrement.
Il a... À un moment donné, il a dit : Les deux vieux ponts. Puis, je me
suis informée, le pont Pierre-Laporte est trois ans plus jeune que le ministre
des Transports. Moi, je ne trouve pas que le ministre des Transports a l'air
vieux. Je pense qu'il est encore bon. Je pense qu'il peut servir encore
longtemps. Je pense qu'il a encore beaucoup de choses à apporter et je ne le
qualifierais pas de vieux, M. le Président.
Une voix : ...
• (11 h 20) •
Mme Dorion : C'est ça, c'est ça.
Aussi, l'autre expression qui est poétique, c'est le vol de voie. On veut voler
des voies aux automobiles. Je voudrais juste rappeler, là, remettre les choses...
Tu sais, pensons-y, c'est une belle expression, là, le vol de voie. Élargir des
autoroutes, créer des autoroutes, c'est, à chaque fois, un espace, une voie qui
est volée aux milieux humides, une voie qui est volée à la nature, une voie qui
est volée aux terres agricoles, parfois, une voie qui est volée, oui, à la
beauté du Québec, à tout ce qui est vert au Québec, à tous les animaux, la
faune, la flore, aux gens qui aiment en profiter. Mais c'est beaucoup plus que
la voie qui est volée, parce qu'on sait bien
que chaque voie amène du développement immobilier qui est beaucoup plus étalé,
donc beaucoup plus de béton, que densifié, ce qui laisserait de la place
aux boisés.
Je vais parler de sécurité, parce que c'est
revenu quelques fois. Il vient d'y avoir une collision mortelle à Beauport. Il y a eu 18 accidents en cinq ans
presque au même endroit. Il y a des endroits très accidentogènes à Québec.
On les connaît. Il devait y avoir des aménagements à un moment donné. Moi,
j'habite dans une rue qui accueille une sortie
d'autoroute. C'est un quartier plein d'enfants. Il y a une école, il y a un
parc. Il y a des petits flos de huit, neuf ans à vélo,
en gang, qui occupent la rue, qui se promènent. Il y en a qui sont en
Rollerblade. Les voitures passent à toute allure.
Ils s'en foutent qu'il soit écrit
«40», là. Ils passent. Ils sont pressés. Ils sont tannés. Ils s'en vont chez
eux. Puis je les comprends. Moi aussi,
le soir, des fois, j'ai bien hâte d'arriver chez nous. Puis combien d'enfants,
combien de piétons, combien de cyclistes ont été happés par des
automobilistes à Québec, puis au Québec, dans les dernières années?
Oui, on va faire des aménagements, on va en
faire, une chance. Il reste que le ministre, en élargissant les autoroutes
partout, va rajouter des dizaines de milliers d'automobiles à tous ces
endroits-là. Les villes ont compris ça. C'est pour ça qu'elles s'en vont... En
général, elles s'en vont vers des politiques de réduction de vitesse, de
rétrécissement des voies, une vision zéro accident, l'ajout de pistes
cyclables, la transformation d'autoroutes urbaines en boulevards, l'amélioration
drastique du transport en commun pour réduire la nécessité de prendre son char.
C'est ça, la mode, même dans les banlieues, parce
que les banlieues, c'est la ville, M. le Président, puis les gens veulent conserver, au centre-ville comme en
banlieue, leur tranquillité, leurs espaces verts, leurs boisés. Ils veulent
arrêter aussi d'avoir peur que leurs enfants se fassent écraser parce qu'ils
sont allés jouer dehors, dans le quartier de leur enfance, avec leurs amis
d'enfance, comme tout enfant a besoin de le faire. Puis je ne veux pas
instrumentaliser les enfants puis faire brailler le monde. Moi, j'ai peur
chaque fois qu'ils sortent dehors puis qu'ils s'en vont au parc parce que je
sais que j'habite dans un quartier où les autos passent à toute vitesse, même
si c'est notre milieu de vie.
Ça fait que je me demande un peu qu'est-ce qu'il
va faire, le ministre, quand il va se rendre compte qu'il va avoir mis des
dizaines de milliards, des milliards, en tout cas, pour élargir le haut de
l'entonnoir, pour dire : Il va pouvoir
y avoir beaucoup plus d'automobiles dans le haut de l'entonnoir,
alors que c'est impossible d'élargir le bas de l'entonnoir, les
centres-villes, les banlieues aussi, à moins d'enlever les espaces verts, à
moins de transformer les boisés en
boulevards à quatre voies, à moins de transformer les blocs d'habitation en
stationnements à étages, à moins de
transformer tout le centre-ville en un endroit qui n'est aucunement
vivable, pour, finalement, dire à tout
le monde : Bien, venez là
le matin, mais il n'y a plus aucun intérêt.
La ville, ce n'est pas juste une place avec des
bureaux puis des stationnements, là. Les banlieues, ce n'est pas juste une
place avec des grands boulevards. C'est des endroits où les gens ont choisi de
vivre. Ça fait que, voilà, à quoi ça sert
d'élargir le haut de l'entonnoir quand, le bas de l'entonnoir, on ne pourra pas
l'élargir à moins de scraper les milieux
de vie des gens qui, en banlieue, ont choisi une tranquillité, qui, au
centre-ville, ont choisi une rue de proximité, de quartier, où les gens
peuvent se côtoyer puis être dehors ensemble?
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, chère collègue. J'invite maintenant le ministre pour sa réplique.
M.
Bonnardel : M. le
Président, je pense que c'était clair, mais ce l'est encore plus aujourd'hui
quand on écoute Québec solidaire. Oui, la guerre à l'automobiliste est là de
leur côté, la guerre aux nouvelles routes, sécuriser nos routes. Si je les
écoutais, bien, le défi du maintien d'actifs et de sécuriser nos routes... On
peut comprendre que, les sommes que je vous ai mentionnées tantôt, il y en
aurait moins. Ça veut dire quoi?
Puis j'ai oublié... Je fais un petit croche sur
la 50, parce que, si j'écoute bien la députée de Taschereau aujourd'hui, bien,
sécuriser la 50, l'élargir, pas touche, on ne fait pas ça. On ne fait pas ça.
Sécuriser la 50, c'était faire la glissière
que j'ai mise en place avec le ministère voilà 18 mois. C'est un commentaire d'une femme, le 26 août dernier, dans Le Droit, qui dit
ceci : «Une femme enceinte qui a percuté la glissière de sécurité sur
l'autoroute 50 après avoir subi un malaise au volant de son véhicule dit
devoir sa vie et celle de son futur enfant à l'infrastructure.» Elle dit : «Les gens de l'Outaouais doivent savoir où loge le Parti
libéral du Québec. Le doublement de la 50, pourquoi ils ne l'ont pas fait? Parce qu'ils prenaient les
gens de l'Outaouais pour acquis.» Ça, c'était le commentaire de la dame.
Puis on
discute aujourd'hui avec un ancien ministre des Transports, député, ministre
responsable de l'Outaouais qui n'a jamais, jamais, jamais pris acte de
sécuriser, et de doubler la 50, et de faire avancer ce projet comme on le fait
aujourd'hui. C'est des témoignages troublants, mais c'est des témoignages
empreints de vérité. On s'est fait accuser... Je me suis fait accuser de tous
les maux du monde par le député de La Pinière. Puis aujourd'hui j'ai la
députée de Taschereau qui nous dit : Maintien d'actifs, sécuriser le
réseau.
Je vais lui parler de Dufferin, où il y a eu
l'accident. Il est vrai, il est vrai qu'il y a eu un accident malheureux,
malheureux, et on ne restera pas les bras croisés en attendant le rapport du
coroner. Je l'ai mentionné, on est déjà au travail pour être capables de voir
de quelle façon, avant même le dépôt de ce rapport, qu'on pourra sécuriser ce
réseau. Elle le sait très, très bien que je ne laisse pas passer ce genre de
chose. Elle le sait très, très bien que je ne suis pas le genre de gars qui dit :
Ah! j'ai dit ça, là, puis on ne s'en reparlera pas. Non, les équipes sont au
travail pour être capables de trouver des pistes de solution rapides, rapides.
C'est mon devoir de sécuriser ce réseau.
La vision
zéro accident, piétons, cyclistes, automobilistes, malheureusement... Le bilan
s'améliore au Québec, mais il y a encore des secteurs un peu plus névralgiques,
les piétons, les vélos. On doit améliorer notre réseau, être capables de
mieux sécuriser ce réseau, parce que... Le transport actif, on va continuer de
faire ça, puis je sais de quoi je parle quand je parle de transport actif. Puis
les possibilités, là, sont énormes, sont énormes avec l'arrivée du vélo
électrique.
Je pense qu'elle ne peut pas nier ce fait que
nos infrastructures, qu'on soit à Montréal ou qu'on soit à Québec, bien, c'est
le défi que ces villes ont, que moi, j'ai pour sécuriser notre réseau, pour
avoir des programmes qui vont répondre à cette... aux ambitions des villes et
des organismes sans but lucratif qui supportent, qui financent, qui réparent
notre route verte, nos voies cyclables, nos voies réservées en plein
centre-ville, à Montréal ou à Québec, trouver cet équilibre, cet équilibre
important, sur l'ensemble du réseau québécois, les 31 000 kilomètres
que le ministère répare année après année, les nouvelles routes, oui, qu'on va
construire, avec une approche de mobilité durable importante, pour le transport
actif, pour des voies réservées, pour le covoiturage, pour l'arrivée...
Et osez le dire, Québec
solidaire, osez le dire que, d'ici 20 ans, 15 ans, il y aura
seulement des véhicules verts vendus au Québec. Quand je dis «verts»...
100 % électriques. Donc, dans 20, 25 ans, 30 ans, 100 % de
ces véhicules ou presque seront électrifiés sur l'ensemble du réseau, dans le
fameux tunnel Québec-Lévis, sur le Réseau express de la Capitale. Tous les véhicules seront verts. Quand j'entends que c'est
mauvais pour les GES, bien, 100 % des véhicules seront verts.
100 % des autobus qui vont circuler dans le tunnel seront verts. Il y aura
le tramway. Il y aura les voies réservées.
Donc, c'est un équilibre sur ce réseau où on permettra à plusieurs personnes
d'avoir des opportunités puis une offre améliorée.
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite le
député de Saint-Jérôme à prendre la parole.
• (11 h 30) •
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Alors, évidemment, je souffre de la malédiction du
dernier intervenant, M. le Président, parce
que, depuis tout à l'heure que j'entends les échanges, c'est ma première
possibilité d'intervenir. J'ai gribouillé, là, sur ma feuille, des
tonnes de notes. Alors, évidemment, ce n'est jamais facile, mais permettez-moi
d'essayer d'être le plus concis possible.
Puis là, sur
un ton bon enfant, j'avoue être ahuri de ce que j'entends de la part des
oppositions, M. le Président, parce que j'ai entendu un porte-parole du
Parti libéral ayant mis sur pied le bureau de projet s'inquiéter de la possibilité que peut-être que ce projet ne
diminuera pas les GES. Ça a été l'argument principal et central des
interventions du collègue de Pontiac,
alors que, du côté de Québec solidaire, j'ai entendu plutôt la collègue de
Taschereau s'inquiéter de la gestion de l'argent des contribuables.
Alors, c'est formidable. Écoutez, je suis tout à fait ébaubi de ces lignes
argumentaires.
Mais, un peu plus sérieusement, M. le Président,
je veux revenir sur un argument que le ministre a évoqué puis qui m'apparaît
drôlement intéressant, parce qu'évidemment il y a des aspects de projets de
transport en commun sur lesquels on
s'entend, je pense, tous les partis, mais certainement Québec solidaire et
nous. On est un gouvernement qui, en
fait, investit comme jamais dans le transport collectif au Québec. Et là-dessus
je pense qu'on a un point commun, là, on a une pierre d'assise sur
laquelle bâtir.
Mais néanmoins il y a une distinction qui est
comme importante, je pense, à faire, c'est que la proposition de Québec solidaire, dans le plan qu'ils ont dévoilé,
rappelez-moi, en février dernier, je pense, c'est de doubler les sommes
consacrées au transport en commun, probablement en rognant, finalement, sur la
partie transport routier. Mais, le ministre l'a mentionné, M. le Président, et c'est important à rappeler, c'est
que, sur les 27 milliards qui sont dévolus au transport routier dans le Plan québécois des
infrastructures, il y en a une bonne partie, en fait, précisément 83 %,
qui sont consacrés au maintien d'actifs. Et ça, pour moi, M. le
Président, c'est essentiel, parce que c'est de la pensée à long terme.
On a trop souvent, au Québec, négligé le
maintien d'actifs pour se retrouver, dans le fond, davantage dans les nouveaux
projets puis avoir, malheureusement, des infrastructures routières qui se
détérioraient et qui, évidemment, causaient de graves problématiques. Alors,
83 % des investissements totaux en maintien d'actifs, c'est drôlement
important. Et ça limite probablement la capacité d'une vision comme nous
propose Québec solidaire, en diminuant les
investissements routiers, d'augmenter le transport collectif. Je pense que
personne ne souhaite rogner sur le maintien d'actifs. Alors, ça, c'est
un élément.
Et évidemment, étant député de Saint-Jérôme, je
ne pourrais pas passer sous silence l'électrification des transports avec, par
exemple, l'électrification du transport lourd. Alors, on a effectivement, chez
nous, la compagnie électrique Lion qui travaille très fort, qui a des projets
et qui a des plateformes. C'est formidable de voir ce qu'on est capables de
faire. Évidemment, tout ça, comment dire, est encore naissant, là, comme
industrie, alors on est là pour les
encourager. Puis, notamment, avec une usine d'assemblage de batteries dans la
région des Laurentides, on aura un meilleur contrôle sur les coûts puis
probablement aussi des avancées technologiques.
Et je veux
terminer, M. le Président, par une bonne nouvelle au ministre des Transports.
Parce qu'évidemment, d'un certain point de vue, là, j'observe tous ces
débats-là puis je pense que, de mon point de vue d'observateur, je vois quelque
chose qui se dégage. Évidemment, on a parlé, dans l'interpellation, de vision
du gouvernement caquiste pour le développement du transport dans le Québec du
XXIe siècle. C'est des grands thèmes, ça englobe beaucoup. Mais finalement
la question, elle est beaucoup celle du tunnel Québec-Lévis, où, finalement, on
se rejoint peut-être plus qu'on pense, parce que les points de discorde sont
somme toute relativement mineurs par rapport au contexte total dont le ministre
a parlé.
Dans le Réseau express de la Capitale, il y a un
ensemble de projets sur lesquels je n'ai pas entendu de critique. La critique,
c'est précisément : Est-ce qu'au tunnel Québec-Lévis on va régler la
congestion? Mais, quand on parle, par
exemple, de régler un enjeu de sécurité, de boucler la boucle puis d'avoir des
voies réservées, là, là-dessus, je pense
que je n'ai pas entendu de critique, à date. Ça fait que c'est plutôt bon
signe. Puis évidemment j'ai l'impression qu'on a quelque chose sur
lequel avancer à partir de là, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup. J'invite le collègue de Pontiac.
M.
Fortin : Le député de
Saint-Jérôme a raison sur une affaire, c'est vrai que je suis préoccupé par
l'environnement. C'est vrai. Je pense, j'espère qu'on l'est tous. À la
lueur des rapports qui sont sortis dernièrement, rapport du GIEC, entre autres,
je pense qu'on a tous une responsabilité envers l'environnement. Alors,
j'aimerais ça que tout le monde soit sur la même longueur d'onde là-dessus,
parce que, les Québécois, il y en a beaucoup, là, j'ai vu ça cette semaine, qui nous disent qu'ils sont écoanxieux, il y en a
beaucoup. Je pense, de mémoire, là, c'est environ 60 %. Puis, dans les
élus de l'Assemblée nationale qui avaient été sondés, c'était tout le monde
sauf le ministre de l'Environnement.
Alors, quand même, là, je
crois que c'est une préoccupation relativement importante que beaucoup de gens
partagent en ce moment et pour laquelle on doit mesurer chacune des initiatives
du gouvernement, chacune des initiatives du
gouvernement. Que ce soit en transport, en logement, en santé, peu importe, on
doit penser à comment ça touche l'environnement. Alors, je ne me gênerai
pas de ça, mais pas une seconde.
Mais le ministre est passé bien proche, dans ses
dernières remarques, bien proche de répondre à ma question. Je lui ai posé deux
fois la même question un peu plus tôt : Est-ce qu'il croit, comme le
premier ministre, que le tunnel Québec-Lévis est un projet qui est bon pour
l'environnement? Il est passé... les deux fois, là, que lui ai posé la question, il est passé à autre chose, puis c'est
correct, M. le Président. Mais, dans ses dernières remarques à la députée de Taschereau,
il est passé bien près de dire qu'il pense lui aussi que c'est un projet qui
est bon pour l'environnement.
Alors là, il est 11 h 35, il reste
quelques minutes à nos échanges. Je ne prendrai pas tout mon temps. Je vais offrir au ministre des Transports le temps qu'il
me reste pour qu'il puisse nous confirmer si, oui ou non, il pense que le
projet de tunnel Québec-Lévis est un projet qui est bon pour l'environnement.
Conclusions
Le
Président (M. Polo) : Parfait. Merci beaucoup. Chers
collègues, j'invite... Bien, on va passer aux remarques finales puisqu'il n'y a pas de réplique. En fait,
le ministre ne souhaite pas prendre son temps pour sa réplique. Donc, je
vais inviter M. le ministre. Vous avez 10 minutes comme remarques finales.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Après presque
1 h 45 min, 1 h 30 min de débats, le libellé de
l'interpellation aujourd'hui n'aurait pas dû être celui que vous avez
lu, M. le Président, de la vision du gouvernement pour le transport du XXIe siècle. Ça aurait dû
être : Des deux côtés, nous sommes contre le tunnel Québec-Lévis, peut-être
pour le REC, on ne le sait pas trop, mais en tout cas contre le tunnel
Québec-Lévis. Ça aurait dû être ça, l'interpellation aujourd'hui. Ça l'a été en
grande partie par les deux députés.
Bien, quand on regarde la trame importante des
25, 50 prochaines années pour le ministère des Transports, pour le gouvernement...
Puis je pense que, pour l'ensemble des Québécois... Je l'ai mentionné tantôt,
le Québec fait bien, quand on parle de
réduction de gaz à effet de serre. Oui, nous sommes premiers, puis il faut se
réjouir, grâce, entre autres,
oui, à l'hydroélectricité. 9,5 tonnes par habitant, c'est très bien.
Est-ce qu'on peut faire mieux? Assurément. Est-ce qu'on va continuer d'être les
leaders dans les prochaines années? Il le faut. Puis on répond comment à cela?
Bien, c'est un équilibre, c'est un équilibre entre trois points importants.
Le maintien d'actifs. Maintien d'actifs, c'est
sécuriser notre réseau, je le mentionnais tantôt, pour différentes routes, en
particulier la 50, dans la région du député de Pontiac. C'est sur l'autoroute
Dufferin-Montmorency, dans le secteur de la députée de Taschereau, malheureux
accident qu'on a eu voilà quelques semaines déjà. Puis sécuriser le réseau,
donc, pour le maintien d'actifs, ça veut dire continuer d'investir des sommes
colossales, importantes pour garder cet indice
d'état gouvernemental, là, cet acronyme, pour garder notre réseau à un niveau
qui va s'améliorer, qui va se voir par l'ensemble des automobilistes.
Présentement, le réseau est à 51 %, le réseau supérieur est à près de
76 %, on frôle aussi le
70 %, 75 % pour nos infrastructures, nos structures. Mais on doit
toujours, on est condamnés à faire mieux, au ministère des Transports.
Soutenir nos municipalités, je l'ai mentionné
tantôt, avec notre Programme d'aide à la voirie locale. Je pense qu'aujourd'hui
nos municipalités se réjouissent de voir que nous investissons des sommes
importantes pour supporter leurs réseaux.
Une moyenne, sous l'ancien gouvernement, qui était de 190 millions, sous
le Parti libéral, qui aujourd'hui frôle le 470 millions de dollars.
Entretenir, conserver et réhabiliter notre
réseau ferroviaire. On n'en a pas beaucoup parlé, mais ça, c'est un secteur qui
est extrêmement important. Si on veut, dans une certaine mesure, réduire encore
nos GES, c'est de permettre d'avoir un réseau qui va nous permettre d'avoir un
réseau ferroviaire où plus de wagons pourront être sur notre réseau, dans une certaine mesure, moins de camions, peut-être,
sur nos routes. Et c'est un équilibre qu'on va devoir trouver. On a des investissements importants
dans le secteur de Vallée-Jonction, de Thetford Mines. On doit et on peut
améliorer notre réseau ferroviaire.
• (11 h 40) •
Je disais qu'il y avait trois points,
tantôt : le maintien d'actifs, la mobilité durable et l'accès aux régions.
Puis, quand je parle de mobilité durable,
c'est indéniable qu'on va parler d'électrification des transports. Quand j'ai
parlé, d'entrée de jeu, du PEV, que
mon collègue de l'Environnement a déposé voilà quelques
mois déjà, 40 % d'électrification du parc des
taxis d'ici 2030 — c'est le
défi qu'on s'est donné, d'accompagner financièrement l'industrie des
taxis — 55 %
du parc d'autobus urbains d'ici 2030,
65 % des autobus scolaires d'ici 2030, 100 % des véhicules de
promenade, électriques, d'ici 2035.
Est-ce qu'on mesure jusqu'à quel point les
objectifs sont importants, que les sommes seront importantes pour être capables
d'en arriver à être les meilleurs? Je ne veux pas qu'on soit... On va peut-être
être deuxièmes, peut-être troisièmes, mais j'aimerais ça qu'on soit les
meilleurs en Amérique du Nord. On est déjà les meilleurs en termes de GES. On peut continuer de le faire, et profiter
d'une batterie verte qui est celle de notre vaisseau amiral, on va l'appeler
ainsi, qui est Hydro-Québec, et profiter de
l'expertise des ingénieurs que nous avons au Québec pour mieux développer
la batterie sur nos vélos, sur les avions, sur les taxis volants. Il y a une
société, eVTOL, qui est au Québec, là, qui se dit précurseure pour mettre en
place, en production, des taxis qui vont transporter les gens.
On
a des possibilités énormes au Québec, énormes, au Québec, en termes de mobilité
durable, et c'est là-dessus qu'on table, avec, je le répète, des sommes, au
Plan québécois des infrastructures, qui sont passées de 100 milliards
à 135 milliards. C'est assez important
quand on mesure jusqu'à quel point... ceux qui ont déjà été dans le
gouvernement, jusqu'à quel point il
faut le faire. Que le premier ministre nous permette aujourd'hui de réduire et
d'améliorer le réseau, de réduire le déficit, bien, c'est à nous de
livrer puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.
Soutenir la mise en place de services
performants de transport collectif. Bien, je le répète haut et fort, je n'ai pas entendu Québec solidaire dire,
aujourd'hui : Ah! le Réseau express de la Capitale, on l'aime bien, on va
permettre... malgré qu'elle ait dit
au début que le réseau de transport collectif que l'on connaît à Québec n'est
pas bon, aujourd'hui, il mérite d'être amélioré.
Puis c'est ce qu'on fait.
Et, quand elle n'ose pas dire puis eux n'osent
pas dire que le REM, phase II, à Montréal, c'est une belle option
additionnelle pour avoir le meilleur réseau de transport collectif en Amérique
du Nord... Bien, qu'ils le disent. Est-ce qu'on peut améliorer la
phase II? Est-ce qu'il y a une intégration architecturale qui doit être
améliorée? Assurément. On l'a dit. Est-ce qu'il y a quelques petits écueils?
Assurément. Mais je pense qu'on a une opportunité incroyable pour Montréal,
avec cette phase II et avec le réseau métropolitain de voies réservées sur
l'ensemble du réseau, Rive-Nord, Rive-Sud, à Montréal, sur l'autre option de
transport REM que nous aurons sur la portion de la Rive-Sud. Est-ce que Québec
solidaire sera contre, encore, cette possible phase III que la Caisse de
dépôt étudie présentement? Est-ce que Québec solidaire dit que, le tramway, il
faut aller en référendum, pour Gatineau? Est-ce qu'on devrait se questionner aussi, là, parce qu'on a des milliards à
investir à Gatineau? Bien, Gatineau mérite... et eux aussi veulent un
réseau pour donner une opportunité additionnelle aux usagers de ce secteur.
Je parlais d'assurer la sécurité des transports,
bien... puis je parlais de l'autoroute 50 tantôt. Je pense que le député
de Pontiac ne peut pas nier le fait qu'on a pris des décisions qui étaient
audacieuses mais qui aujourd'hui sécurisent le réseau partout sur l'ensemble du
territoire. Est-ce qu'on peut s'améliorer? On devra et on continuera de
s'améliorer, puis c'est notre défi de le faire.
Stimuler davantage le transport actif, je l'ai
mentionné dans une des interventions, pour moi c'est un aspect non négligeable
pour donner une opportunité additionnelle. On parle du dernier kilomètre. Moi,
je ne le vois même plus de cette façon. C'est peut-être presque le dernier cinq
ou six derniers kilomètres, quand quelqu'un sort du métro, qu'il prenait peut-être
son... qu'il marchait ou qu'il aurait une possibilité de prendre un véhicule...
un vélo électrique. Aujourd'hui, aujourd'hui, on peut donner cette disponibilité,
cette possibilité à tous les usagers. Tous les citoyens qui se disent : Avant, je ne pouvais même pas
m'imaginer aller travailler en vélo... à vélo, bien, aujourd'hui, on peut le faire parce que l'évolution du vélo électrique est
exponentielle. Donc, on devra prévoir des infrastructures là-dessus aussi.
Quand je
parlais d'équilibre, bien, c'est tout ça ensemble, un réseau sécuritaire, des
voies réservées, des options de tramway, de REM, de voies réservées,
c'est innover avec le transport intelligent. La suite des choses, dans
10 ans, dans 5 ans, c'est nos
téléphones, la possibilité où nous aurons... où nous pourrons commander un
véhicule, parce que les gens vont peut-être faire le choix de ne plus en
acheter puis de se partager le même véhicule. On n'en a pas discuté, mais vous savez très, très bien, votre
véhicule est stationné 80 % du
temps dans la journée, il n'est pas utilisé. Donc, ces options qu'on appelle
«mobility as a service», en anglais, c'est ce que le monde entier est en train
d'étudier, présentement, pour donner ces possibilités au citoyen d'avoir
sur son téléphone... lui-même, commander une voiture, un taxi, un Uber, de payer son Bixi, à Montréal, ou à
Sherbrooke, ou ailleurs. Tout, tout, tout sera là-dessus dans les prochaines
années.
Puis l'accès aux régions, je termine avec ça,
c'est indéniable que ça... l'accès aux territoires, notre plan de match pour
l'aviation, notre plan de match pour le transport interurbain, permettre à ces
régions de s'épanouir, de grandir, que la collectivité se dise : Bien, on
n'oublie pas vos régions, parce qu'on va investir dans ces régions dans les
prochaines années. Je pense qu'on a des défis importants, pour les 20, 25,
50 prochaines années, de répondre aux besoins de l'ensemble des Québécois
partout sur le territoire du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Mme la députée de Taschereau, pour 10 minutes.
Mme Catherine Dorion
Mme
Dorion : Merci, M. le Président. Juste avant de faire mon petit speech
de la fin sur M. et Mme Tremblay, je veux juste rectifier certaines
choses. D'abord, féliciter la ville de Saint-Jérôme pour son transport
collectif gratuit. Impressionnant. Une avancée, un exemple sur lequel bien
d'autres villes, j'espère... un exemple que bien d'autres villes vont suivre.
On m'a parlé de REC : Le REC, la députée de
Taschereau, personne ne m'a dit qu'il était contre. Bon, on a un peu de temps,
je peux le critiquer, le REC. Il n'y a personne qui prend le transport en
commun qui a regardé la fameuse carte qui ressemblait à une carte de métro. Bel
outil de communication, mais qui n'a rien à voir avec la réalité. Il n'y a
personne qui prend le transport en commun, à Québec, qui s'est dit : Oh!
wow! C'est ça, mon besoin. Moi, j'ai pris
très, très, très longtemps les express qui sont sur les autoroutes, à Québec,
ça fait que je vous parle vraiment d'expérience. Je les prends encore
souvent. J'ai pris la 230, la 239, la 330, la 339, juste des autobus qui sont
sur des autoroutes. Il n'y a pas de problème
là. Ce n'est pas vrai que le monde se plaint du fait que c'est trop long. Ce
n'est pas ça, le problème en transport en commun à Québec. Puis c'est
pour ça que c'est la ville de Québec qui a l'expertise, puis que la CAQ, avec
son projet de REC, montre à quel point elle ne connaît rien au transport en
commun à Québec.
Pour quiconque
l'utilise tout le temps, puis moi, je l'utilise encore régulièrement,
c'est : Voyons donc, c'est quoi, le rapport?
C'est utiliser les voies réservées comme un prétexte pour ajouter des
autoroutes sur lesquelles il n'y aura pas juste des autobus. Puis on le
sait qu'il va y avoir toutes sortes d'autos sur cette voie supposément réservée
là. Ce n'est pas parce que tu peintures un losange à
terre sur une voie d'autoroute que ça devient du transport collectif. Ce n'est
pas ça. Il faut vraiment être des années 70 pour penser de même. Ce n'est
pas ça pantoute. Une voie réservée sur une autoroute, c'est un minimum. C'est
absurde qu'il n'y en ait pas sur toutes les autoroutes du Québec où est-ce qu'il y a des autobus qui passent en ce moment. Ça
n'a pas d'allure. Ça, c'est années 70 pour vrai, là. Ça fait que, non,
le REC n'est absolument pas un projet de transport en commun. Ce qui est un
vrai projet de transport en commun dans le REC, c'est ce qui n'a pas été fait
par la CAQ, ça fait que c'est le tramway de Québec.
Le
besoin n'est donc vraiment pas là. C'est bien beau de pouvoir te rendre
rapidement à une banlieue. Ce qu'on a besoin, là, c'est de développer le
transport en commun qui va du centre aux banlieues proches avec des arrêts partout. L'autobus, là, sur une voie d'autoroute
ne va pas s'arrêter à chaque sortie puis «dropper» le monde sur la sortie.
Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Ça
a été pensé par du monde qui ne prennent jamais le transport en commun, par
du monde qui pensent que le transport en commun, c'est juste fait pour les
pauvres ou pour ceux qui ont vraiment beaucoup
de temps, des espèces de gens pas normaux qui n'ont pas d'auto, donc ce n'est
pas tout à fait des M., Mme Tremblay.
M.,
Mme Tremblay, moi aussi, je les aime. Puis moi aussi, j'aime ça parler de
M., Mme Tremblay. Ils pourraient porter bien d'autres noms à
Québec, là, bien d'autres noms avec bien d'autres sonorités, mais allons-y
comme ça.
La CAQ dit souvent
qu'il y a des gens qui ne peuvent pas se déplacer autrement qu'en voiture, puis
il faudrait que QS comprenne ça. Mais ça a
l'air de faire plaisir à la CAQ, comme... d'être un argument qu'ils aiment, un
argument, pour eux, de dire ça. Mais pensez-vous que M. et Mme Tremblay,
ils aiment ça, eux autres, ne pas pouvoir se déplacer autrement qu'en voiture?
Je comprends, quand tu habites en campagne, c'est normal, mais, quand tu
habites en banlieue, ne pas pouvoir se déplacer autrement qu'en voiture, quand
tu habites en banlieue, ce n'est pas normal.
Ce n'est pas normal que le monde soit obligé d'aller reconduire leurs ados
partout en auto, à tout moment, qu'ils sont obligés de payer une voiture
par occupant de la maison. Puis, si c'est de même, c'est parce qu'il y a
quelque part un ministre des Transports, il y a eu des ministres des
Transports, avec des degrés divers, qui n'ont pas poussé assez les opportunités
autres que l'auto. Ce n'est pas de la faute de M., Mme Tremblay. Ce n'est
pas une fierté de ne pas pouvoir se déplacer autrement qu'en voiture. Ça ne
devrait pas être une fierté pour un ministre des Transports.
C'est sûr que les
gens, M., Mme Tremblay, disent : J'ai absolument besoin de mon char,
les transports en commun ne sont à peu près pas développés au Québec. Ils le
sont, mais ils ne sont pas assez développés pour faire concurrence à l'automobile. Puis, quand les villes, comme aujourd'hui,
s'y mettent enfin, la CAQ brette, tourne en rond, retarde les projets.
Honnêtement, son enthousiasme... Puis qu'ils arrêtent de faire accroire qu'ils
en ont, là, ils n'en ont pas. Ils ne les aiment pas, les projets des
villes. Ils ne sont pas aidants, ils ne sont pas des bons collaborateurs.
Du centre-ville à
Cap-Rouge, à l'heure de pointe, ça prend 1 h 50 min en transport
en commun. Ça prend 25 minutes en auto.
Moi, là, je veux aller à Cap-Rouge à l'heure de pointe, le soir, là, je me
dis : Crime, c'est «jam-packed» sur la 40, je ne vais pas prendre
mon auto, je vais prendre le transport en commun. 1 h 50 min
plutôt que 25 minutes. C'est qui, le fou, le M., Mme Tremblay, qui va
dire : Je vais prendre le transport en commun? À moins qu'il ait bien du temps à perdre, mais, à notre époque, y a-tu
grand monde qui a bien du temps à perdre? Il y a-tu grand monde qui a
deux heures aller, deux heures retour à mettre pour le plaisir de
décharger la 40 puis de ne pas participer au trafic? Bien non, M., Mme Tremblay, comme moi, vont prendre leur auto, à ce
moment-là, parce que le transport en commun n'est pas compétitif. Et de
rendre les autoroutes encore plus compétitives, ça empire le problème. C'est le
transport en commun qui doit être de plus en plus attirant pour décharger le
trafic.
• (11 h 50) •
Pensez-vous qu'il y a
beaucoup de M. et de Mme Tremblay qui ont envie de faire un kilomètre
à pied ou une dizaine de kilomètres en vélo sur une route pas de trottoir, pas
de piste cyclable, avec des voitures qui roulent à 70 kilomètres à l'heure
en pleine ville? Je ne sais pas si vous l'avez déjà essayé. Je ne sais pas si
vous seriez game d'aller chercher vos enfants à l'école puis de rouler
là-dessus. Moi, honnêtement, les quelques fois où je l'ai essayé, j'ai eu la
peur de ma vie puis je me suis dit : Plus jamais. Pensez-vous qu'il y a beaucoup
de M. ou Mme Tremblay qui ont envie d'aller au travail en transport en commun
quand il faut qu'ils fassent un arrêt à une garderie qui se trouve à l'autre
bout de la ville parce que le gouvernement a choisi de ne pas développer assez
de places en CPE dans leurs quartiers, à distance de marche?
Évidemment que tout
ce monde-là prend son char, puis évidemment que, quand... comme le ministre des
Transports qu'il y a devant moi, quand les ministres restent dans leur vision
en tunnel puis ne veulent pas développer des alternatives à la voiture qui sont
réalistes dans le mode de vie d'aujourd'hui, en termes de temps, évidemment que le monde va continuer à prendre son auto, évidemment
que les gens vont continuer à gonfler le trafic, puis évidemment que le monde va être pogné dans
le trafic. C'est sûr. Ça ne dérange pas le ministre qu'à Québec ce soit deux
fois plus long d'aller à la job en transport en commun qu'en char? C'est qui,
M. ou Mme Tremblay qui va prendre le transport en commun? On ne peut pas se
dire, magiquement : Les gens vont le faire, quand le temps a une valeur tellement
haute aujourd'hui puis que les gens courent après leur vie tout le temps.
Alors, la fausse
moins pire solution que proposent le ministre, le premier ministre, quand c'est
plus de routes, plus de chars, plus de temps perdu dans le trafic, avec, en
prime, des milliards jetés aux poubelles, ça fait quoi, au fond? Ça fait juste
plonger les gens dans encore plus de dépendance à l'automobile, puis ça, ça ne
fait plaisir à personne. La dépendance à l'automobile, ça ne fait pas
plaisir à M. et Mme Tremblay. Il n'y a aucun M., Mme Tremblay qui aime
ça, ne pas avoir d'autre choix. Quand ils regardent, sur Google, leur chemin,
puis que c'est rouge partout sur l'autoroute, puis qu'ils disent : Ah!
câline, je ne prendrai pas mon auto... Mais non, c'est quatre fois plus long en
transport en commun. Tu n'en as pas, d'alternative, tu es pogné avec ton auto.
Qu'est-ce que ça va faire aussi? Ça va faire que
M., Mme Tremblay de Charlesbourg vont voir l'étalement urbain transformer leur boisé en infrastructure, perdre leur
accès à la nature proche. Ils vont voir le boulevard Henri-Bourassa complètement bloqué sur une période de pointe toujours plus
longue, d'année en année, pendant que la CAQ refuse d'offrir aux gens de Charlesbourg l'alternative qui aurait permis de
réduire le nombre d'autos dans leur coin de ville, parce qu'ils ont jeté
le tramway aux oubliettes. Ils aimaient mieux mettre un losange sur un élargissement
d'autoroute.
Je l'ai demandé tantôt : À quoi ça sert de
remplir le haut de l'entonnoir pour le remplir de chars quand, dans le bas de l'entonnoir, tu ne peux pas l'élargir à
moins de briser la vie de quartier des gens, à moins de transformer les banlieues
en des zones qui ont toutes perdu leurs accès à la nature puis leur
tranquillité, à moins de provoquer encore
plus d'accidents, à moins de jeter des immeubles d'habitation à terre pour les
remplacer par des tours à stationnement, à moins de transformer en boulevards à six voies des petites forêts de
banlieue qui restent, qui n'appartiennent pas trop... on ne sait pas trop à qui, puis dans lesquelles
les gens ont fait des chemins, des sentiers pour pouvoir slaquer après le
travail?
Puis je trouve que c'est la métaphore parfaite,
les élargissements d'autoroute puis les ajouts d'autoroutes. Je trouve que
c'est la métaphore parfaite pour l'époque qu'on est en train de vivre. Tu sais,
des fois, on arrive le soir, on a beaucoup de travail, les enfants sont là, il
faudrait commencer le souper, il faut tout... mais on se dit : Ah! je vais
faire une heure de travail parce que j'en ai trop, de travail, je vais en faire
une, là, puis après je vais me sentir mieux, je vais être plus libéré. Mais ce
n'est pas ça que ça fait, au final. Ça ne te libère pas. Ça ne t'en enlève pas,
du travail, ça fait juste t'en rajouter. Tu t'es mis une heure de plus, puis le
lendemain ça va être une heure de plus aussi, puis le surlendemain, puis là ça
va être le samedi au complet, parce que tu vas toujours laisser de plus en plus
de place au travail. Bien, c'est la même chose avec les routes. Tu rajoutes des
autoroutes parce que tu te dis : Ah! on va pouvoir souffler, il va y avoir moins de congestion. Mais non, au fond, ce que
tu viens de rajouter, c'est des autos, c'est du trafic qui ne rentre
plus au centre-ville.
On a la chance, Québec, d'être à un moment de
son histoire où elle peut se développer, avec tout ce qui se fait de plus
moderne, pour ne pas vivre le développement qu'a vécu Montréal, qu'ils sont
obligés de réparer en ce moment. On peut-tu faire ça intelligemment, avec les
connaissances du jour?
J'aimerais ça qu'on pense autrement,
généralement. J'aimerais ça que notre avenir soit entre des mains du monde...
de monde qui aimerait ça qu'on pense autrement que de toujours faire plus,
plus, plus pour être pognés avec encore plus, plus, plus. N'avoir plus de place
dans nos têtes, plus de place dans nos villes, plus de place pour jouer dehors,
plus de place pour se faire des terrasses, pour s'asseoir sur le balcon, pour,
finalement, faire d'autre chose que juste aller au travail et revenir du
travail dans un trafic de plus en plus dense, toujours, je trouve que ce n'est
pas un bel avenir pour le Québec. J'aimerais ça que cette vision de libérer de
l'espace, de libérer de l'espace mental aussi soit partagée par le
gouvernement. Il va falloir que j'attende encore un peu. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Taschereau. Compte tenu que nous avons
écoulé tout le temps de toutes vos interventions, je lève la séance.
Et la commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 11 h 56)