(Quinze heures six minutes)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, votre attention, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Je souligne que cette séance se déroulera à la fois
dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve, et dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La commission est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel et d'autres dispositions.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Caron (Portneuf) sera remplacé par M. Tremblay (Dubuc);
M. Lamothe (Ungava), par Mme IsaBelle (Huntingdon); M. Reid
(Beauharnois), par M. Bélanger (Orford); M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), par Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice); M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), par M. Kelley (Jacques-Cartier);
et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la secrétaire. Nous poursuivons aujourd'hui
l'étude de l'article 2 du projet de loi. Nous en sommes à un amendement du
ministre tel qu'amendé, qui propose une nouvelle section avec les articles 2.3
à 2.9. Lors de l'ajournement hier, les discussions portaient sur l'article 2.7
de cet amendement. Y a-t-il des interventions? M. le député de Viau.
M.
Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Donc, effectivement, donc, lors de l'ajournement, nous étions au
2.7, et j'essayais de comprendre, en fait... Et une des questions que
j'aimerais peut-être poser au ministre, c'est sur la désignation d'une partie
du territoire, c'est-à-dire comment s'assurer que, lors d'une désignation d'une
partie du territoire, donc, que l'ensemble, par exemple, de la biodiversité
sera protégé?
M. Charette : Si on se souvient, aux
articles précédents, on a établi un petit peu la procédure. On a établi la façon
dont la demande doit être transmise au ministre. On a expliqué aussi les
modalités de consultation qui devaient s'appliquer. Et, suite à cette
consultation-là, on devra trancher sur le territoire qui pourra être protégé en
tout, sinon en partie, à tout le moins. Et c'est certain que le premier critère
en est un de biodiversité.
D'ailleurs, on se souvient, dans les tous, tous
premiers éléments de l'article 2, on parlait du premier critère, qui était
la biodiversité, premier critère auquel on pouvait associer, par exemple, des
références socioculturelles, mais le premier critère devait être la
biodiversité. Donc, c'est clair que, pour toute désignation de territoire, la
biodiversité qui était mise en valeur dans le projet devrait être incluse.
M. Benjamin : Et, parlant de cette
question-là, évidemment, donc, je sais bien qu'on en train de regarder ce qu'on
appelle une aire protégée autochtone, mais j'observe, par exemple, qu'il y a eu
un nouveau décret, donc, sur la réserve de biodiversité projetée des
Caribous-Forestiers-de-Manouane, et cette modification-là fait en sorte qu'avec
ce décret on sait que cette aire-là est sous la responsabilité du MFFP. C'est
bien ça?
• (15 h 10) •
M. Charette : En fait, ce que l'on
a, ça a été statué au Conseil des ministres il y a peut-être deux ou trois
semaines, de mémoire. L'aire protégée était... existait déjà. On est venus
ajouter un élément supplémentaire en lien avec la préservation du caribou
forestier, mais c'est une aire... C'est-à-dire, c'est une aire protégée qui
était déjà en place, qui était déjà reconnue, mais la préservation du caribou
forestier, elle est effectivement de compétence du MFFP. Mais tout ce qui est aire protégée, tout ce qui est réserve de biodiversité est de compétence du ministère de l'Environnement. Donc, c'est
clair que, dans un dossier comme celui-là, les deux ministères travaillent
ensemble. Et je me souviens, d'ailleurs, que la présentation du dossier au
Conseil des ministres était partagée autant par mon collègue au MFFP que par
moi, qui représentais l'Environnement.
M. Benjamin : Comment, alors,
s'assurer, M. le ministre, dans ce cas-là... Lorsqu'il y aurait, par exemple,
une modification d'une aire où il y a une espèce qui est à protéger sous la
responsabilité d'un autre ministère et qui fait partie justement des
composantes de la biodiversité, comment s'assurer justement qu'on puisse savoir
quelles sont les mesures de protection qui sont applicables et appliquées dans
la circonstance, parce que... lorsqu'une espèce, par exemple, ne relève pas des
compétences de votre ministère?
M. Charette : Bien, en fait, ça, on
l'a vu à d'autres articles aussi. À partir du moment où il y a aire protégée, à
partir du moment où il y a un plan de conservation, ce plan de conservation là,
il n'est pas sous la responsabilité unique, par exemple,
du ministère de l'Environnement. Il y a d'autres ministères. Donc, si on parle
de préserver les hardes de caribous forestiers, c'est clair que le MFFP sera là
comme partenaire et comme partie de la solution, là, indiquée au plan de
conservation.
M. Benjamin : L'autre élément, en
fait, je crois, hier soir, au moment... presque vers la fin de nos travaux, je
l'ai abordé, et puis je me permets encore de l'aborder à nouveau, M. le
ministre, parce que l'article 2.7, tel qu'il est actuellement, bien sûr, offre
des perspectives intéressantes, mais, cependant, je considère... je continue de
croire que ça vous donne un pouvoir, un grand pouvoir discrétionnaire, et ma
question : Est-ce qu'il se pourrait, par exemple, que, dans une aire
protégée... que vous... qu'un ministre... peut-être pas vous personnellement,
mais qu'un ministre pourrait décider, par exemple, d'autoriser une activité qui
serait autrement interdite?
M. Charette : En fait, on a
effectivement eu l'occasion d'aborder la question hier. Lorsque l'on parle
d'une aire protégée, on l'inscrit dans une catégorie. La catégorie va
déterminer ce qui est permis ou pas de faire sur cette aire protégée là. Donc,
ce n'est pas sans fondement. Ce n'est pas sans référence objective. Donc, à
partir du moment où l'aire protégée est inscrite avec telle ou telle limitation,
bien, ces limitations-là sont respectées. À partir du moment... Et, ça, on l'a vu dans les autres articles, mais,
en référant à 32 dans l'article 2.7 également, quand il
y a des modifications, c'est possible, exceptionnelles, mais possibles,
on doit repasser à travers un processus de consultation, de validation, et autres. Donc, ça ne se fait pas du jour au lendemain,
mais, ultimement, c'est un pouvoir qui relève du gouvernement du Québec.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Pour continuer dans la même veine que mon collègue, quand il dit
que c'est possible qu'une activité soit permise ou ne soit pas interdite sur
une aire protégée d'initiative autochtone, nous,
on a reçu, en fait, des commentaires de gens, là, qui sont venus aussi en
commission, par rapport à cet amendement-là, qui disent que ça donne
quand même un pouvoir discrétionnaire au ministre, au gouvernement. Ça ne
devrait pas être différent, pour une aire protégée d'initiative autochtone, de
donner un pouvoir plus grand de gestion et de conservation de la biodiversité
pour les autochtones?
M. Charette : Ce que je mentionnais
hier, c'est qu'on est en terres publiques. On n'est pas en terres privées.
Donc, il n'y a aucun groupe... Il n'y a aucun ministre, mais il n'y a aucun
groupe qui a le monopole de la décision sur l'affectation du territoire, d'où
l'importance des articles précédents qui ont mis en place les processus de
consultation, qui ont balisé cette
consultation-là. Mais pas plus le ministre de l'Environnement, que le ministre
des Affaires autochtones, qu'une communauté autochtone, que le MFFP, que
le MERN n'aurait, à lui seul, la possibilité de trancher la question, d'où
l'importance de cette consultation-là. Mais on est en terres publiques. Donc,
c'est le fruit d'une concertation.
Mme Ghazal : Mais les communautés
autochtones veulent avoir un peu plus de pouvoir de gestion dans la protection
de la biodiversité dans ces territoires-là. Là, ils demandent d'avoir une aire
protégée, mais, à la fin, ce n'est pas eux qui décident, c'est le ministre.
M.
Charette : En fait, c'est
deux choses différentes. Établir une aire protégée et établir les modalités de
gestion, c'est deux choses complètement différentes, parce qu'on a
des exemples d'aires protégées, au Québec, dont la gestion, dont la responsabilité revient aux communautés
autochtones. Donc, c'est deux éléments complètement, complètement
différents.
Donc, pour établir l'aire protégée d'initiative
autochtone, c'est la concertation, mais il n'y a strictement rien qui
empêcherait... Au contraire, on peut penser que ce serait encouragé. À partir
du moment où l'aire protégée d'initiative autochtone est reconnue, on doit
avoir un plan de gestion. Donc, on peut penser que le plan de gestion... Si la communauté
elle-même est intéressée, on pourrait penser que le plan de gestion reviendra
sous l'autorité de la communauté, mais, gestion et détermination de territoire,
c'est deux éléments différents.
Mme Ghazal : Mais donc, pour la
délégation... Ça, c'est l'article 12, là, qui... où le ministre peut déléguer
des pouvoirs à une communauté autochtone.
M. Charette : En fait...
Mme Ghazal : C'est de ça que vous
parlez quand vous dites que ce n'est pas la détermination, parce que, là, on
est à 2.7, où on parle de désignation. Je comprends que c'est le ministre qui
le désigne, mais moi, je parle surtout... Dans l'amendement, c'est : «Les
articles 43 à 45 s'appliquent à ces aires protégées.» Je ne parle pas juste de
la désignation, là. Donc, ça, c'est dans le deuxième alinéa de 2.7. Et, dans l'article
43, ça dit que le gouvernement peut, par règlement, entre autres, permettre à
une activité interdite d'être réalisée sur ce territoire-là. Ça peut être fait
contre le gré de la communauté, par exemple.
M. Charette : En fait, on avait eu
le débat à ce moment-là. Il y a des circonstances qui peuvent justifier une
certaine dérogation, mais ce n'est pas chose courante. Ce n'est pas chose
commune, mais c'est... Tous les échanges que nous avions eus sur les cas de figure, pour
peu importe le type de catégorie, s'appliqueraient aussi à cette catégorie-là,
mais c'est balisé, là. Ce n'est pas sous l'impulsion ou un coup de tête, là,
qu'on pourrait introduire une activité qui, autrement, serait interdite.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça. On en
avait parlé quand on a discuté de 43 à 45. Je ne me rappelle pas si j'avais
amené des amendements à ce moment-là. Mais pourquoi est-ce que vous trouviez
que c'était important d'appliquer ces articles-là pour une aire protégée
d'initiative autochtone aussi?
M. Charette : En fait, c'est une
aire protégée. Donc, ce sont les mêmes modalités qui vont s'appliquer, tout
simplement, mais, à travers le plan de gestion, c'est là où on pourrait avoir
une implication encore plus grande de la communauté si elle-même le souhaite.
Mme
Ghazal : Est-ce qu'on est au courant, ailleurs... Je sais que c'est
quand même nouveau, cette catégorie-là d'aire... on ne l'appelait pas
Ia, mais c'était de conservation autochtone, une aire protégée de conservation
autochtone. Est-ce qu'ailleurs, dans les
endroits où ça a été utilisé... Je ne sais pas si votre équipe... sont au
courant. Est-ce qu'il y avait des exceptions pour cette aire protégée
particulièrement, de dire : Bien, contrairement aux autres aires
protégées, parce que c'est de conservation
autochtone, nous allons leur donner un peu plus, peut-être, de pouvoirs ou
certaines dispositions qui s'appliquent aux autres aires protégées, aux
autres catégories, ne s'appliqueraient pas à une aire protégée de conservation
autochtone parce que c'est des communautés autochtones? Est-ce que ça existe?
M. Charette : Pour ce qui est des
modalités, ce qu'on se disait hier, c'est : Le règlement qui va faire foi
de ces applications-là et le règlement va être déterminé avec les communautés
autochtones. Donc, il se pourrait... Effectivement, là, le scénario que
j'évoquais, qui est très plausible, au niveau du plan de conservation, de sa
gestion du plan de conservation... Il se pourrait que le règlement précise, par
exemple, que ce serait, idéalement, et dans le meilleur des cas, la communauté
autochtone, si elle est intéressée, naturellement, qui recevrait ce mandat-là.
Donc, dans la réglementation, c'est le genre de modalité qu'on va préciser. Là,
on est au niveau de la création de la catégorie, mais c'est vraiment des étapes
ultérieures, là, qui vont permettre d'arrêter ce genre de détail là.
Mme
Ghazal : Juste deux choses. La première, pour le règlement, je sais
qu'on en fait souvent référence, est-ce qu'il va y avoir un règlement
sur les aires protégées d'initiative autochtone, qui va s'appeler comme ça?
M. Charette : Tout à fait, c'est ce
qu'on mentionnait hier, puis avec plusieurs étapes de consultation avant la
rédaction pour s'assurer d'être sur la bonne voie. Au moment où il y a
publication, il y a une consultation en bonne et due forme et, avant de mettre
en place le cadre réglementaire, une autre validation aussi avec les
autochtones. Donc, on veut... En fait, c'est une avancée majeure que l'on fait.
Donc, on ne veut pas que ce soit un objet de déception. Au contraire, on veut
que les communautés se retrouvent dans cette avancée-là.
• (15 h 20) •
Mme Ghazal : Et est-ce que le
ministre des Affaires autochtones ou le secrétariat va être impliqué dans la
rédaction du règlement ou ça ne fonctionne pas... il faut que ce soit le
ministère de l'Environnement?
M. Charette : En fait, c'est un
travail qui se fait avec les différentes instances.
Mme Ghazal : Puis, pour les
articles 43 à 45, est-ce que c'est possible de dire que ces articles-là
vont être appliqués, mais il faut qu'il y ait une consultation des autochtones?
M. Charette : En fait, c'est la
réglementation qui va déterminer les modalités. Mais, à partir du moment où on
intervient sur une délimitation, sur les activités qui sont permises ou pas, on
a le même cadre pour toutes les aires protégées et la garantie supplémentaire,
qu'on a pu, naturellement, discuter hier, tout ça en conformité avec les lignes
directrices de l'UICN, là, naturellement.
Mme Ghazal : Donc, dans le fond, le
pouvoir discrétionnaire du ministre pour... de désigner une partie ou tout un territoire d'aire protégée d'initiative autochtone...
le pouvoir discrétionnaire du ministre, dans le règlement, va être
balisé.
M. Charette : C'est le cas déjà. Le rôle du ministère est
précisé dans la réglementation, pas dans ce règlement-là en particulier,
parce qu'il n'a pas été créé encore, mais à partir du moment où on établit un
cadre réglementaire, on vient baliser les possibilités de chacun, en quelque
sorte.
Mme Ghazal : Et ajouter, par
exemple, après «Les articles 43 et 45 s'appliquent à ces aires protégées»
«après consultation des autochtones», est-ce que ça serait quelque chose
d'envisageable?
M.
Charette : En fait,
n'oublions pas qu'en 2.3... Et d'ailleurs, suite à un échange, là, avec vous,
on a bonifié le 2.3. Donc, l'aspect
consultation, il est déjà très bien balisé. Les autochtones sont au coeur, là, de cette démarche-là, naturellement.
Mme Ghazal : 2.3 a été modifié? Non,
c'est plus 2.4.
M.
Charette : En fait, on a abordé...
Mme Ghazal :
Et, moi, c'était 2.6, je pense, oui.
M. Charette :
Donc, 2.3 n'a pas été amendé. C'est à travers 2.6 que la modification avait été
faite pour renforcer, là, la volonté et le principe de consultation.
Mme Ghazal :
Donc, dans le fond, l'idée, c'est de ne pas répéter?
M. Charette :
De ne pas...
Mme Ghazal :
De ne pas répéter?
M. Charette :
Bien, c'est-à-dire, on est encore dans l'article 2. Donc, ne pas répéter...
Il faut éviter de créer une confusion avec un choix de mot, là, qui peut être
redondant, sans valeur ajoutée, mais tout le volet consultation... En fait, l'article 2, sur plusieurs aspects,
vient baliser, et, non, ce serait difficile d'en rajouter une couche
supplémentaire au niveau de la consultation.
Mme Ghazal :
O.K. Puis, dans le fond, dans le règlement, on va pouvoir dire... Ça serait
possible, même si c'est sur le territoire
public, le domaine public, de dire, par
exemple, dans la réglementation... on met : L'article 43 ne sera pas appliqué dans telle, telle, telle circonstance. Est-ce que c'est quelque chose de possible dans un règlement, de dire ça?
M. Charette :
Bien, c'est-à-dire, le règlement va venir préciser un certain nombre d'éléments
très certainement, mais ce n'est pas le genre d'élément qu'on
pourrait ajouter à la loi elle-même
étant donné qu'on est uniquement au niveau de la création de l'aire
protégée. Et ce qui vient modifier une aire protégée, peu importe la catégorie,
est balisé, là, à travers différents articles, mais le règlement pourra
certainement préciser qu'est-ce qui est attendu au niveau de l'implication des
communautés, ce qui sera possible d'y effectuer, comme activités, ou pas.
Mme Ghazal :
Donc, le fait qu'il y ait des activités autorisées, alors qu'elles sont
normalement interdites, ça, ça va continuer qu'il y ait règlement ou pas?
M. Charette :
En fait, ça, c'est le propre de toute catégorie d'aire protégée. Mais, sans
refaire tout le débat qu'on avait fait, là, il y a quelques jours, sinon
quelques semaines, c'est très balisé, ce n'est pas dans n'importe quelle
circonstance, là, mais ce sont les mêmes possibilités, les mêmes modalités, là,
qui vont s'appliquer.
Mme Ghazal :
O.K.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur
cet amendement, l'article 2.7, en fait? Non? Nous allons poursuivre avec
l'article 2.8. M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Je retrouve le bon endroit.
Donc, 2.8 : «Le
ministre favorise la participation des communautés et des nations autochtones
concernées à la conservation de la biodiversité et à la gestion des aires
protégées d'initiative autochtone. À cette fin, le ministre peut conclure avec
ces communautés ou nations une entente conformément à l'article 12.»
Le commentaire. Les
détails concernant la mise en oeuvre, la création et la gestion de ces aires
protégées seront établis dans un guide qui sera élaboré en collaboration avec
les communautés et les nations autochtones afin d'assurer que le statut répond
à leurs besoins. Le guide sera rendu accessible. En fait, on a, en partie, à
travers notre échange précédent, là, abordé ces modalités-là, mais on vient les
confirmer à travers l'article 2.8.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau et Mme la
députée de Mercier.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, dans cet article 2.8, un premier élément que
je trouve, et je pèse mes mots, encore étonnant, c'est le concept de favoriser
la participation. J'aimerais peut-être que le ministre nous dise qu'est-ce
qu'il entend par favoriser la participation.
M. Charette :
En fait, comment le dire différemment? En fait, c'est favoriser la
participation. Mais, moi, ce que je trouve encore plus intéressant, c'est dans
le commentaire, c'est qu'on veut, en bout de ligne, que le statut qui sera
retenu soit conforme à leurs besoins et à leurs attentes. Donc, c'est là où la
participation des communautés sera encouragée. Il faut savoir qu'il peut y
avoir, par exemple, un intérêt, pour une communauté, de protéger un certain
secteur pour les raisons qu'on évoquait hier, mais ça ne veut pas dire pour
autant que la communauté a toute l'expertise. Donc, le ministère sera là pour
l'accompagner. Le ministère sera là pour encourager sa participation, pour
s'assurer, là, que tout est pris en compte et qu'ultimement le résultat soit à
la convenance, là, de la communauté interpelée.
M. Benjamin : Peut-être, pour le
bénéfice des gens qui nous regardent, qui nous écoutent, on parle bien... On
est sur un article où on parle d'aires protégées autochtones. Et, ici, dans cet
article 2.8, le ministre veut favoriser la participation.
Et, plus loin dans cet article, donc, vous parlez de la gestion des aires
protégées d'initiative autochtone. Pourquoi est-ce que vous ne parlez pas, au
lieu de parler de gestion, de gouvernance?
M. Charette : Si on regarde les
articles qui ont déjà été adoptés pour les autres aires protégées, il y a
toujours un plan de conservation, il y a une gestion de... Donc, on est dans le
même vocable qui a été retenu pour les autres types d'aires protégées, mais, à
partir du moment où la gestion est confiée à une entité ou à une communauté, il
est question de gouvernance. Cependant, le vocable qui a été retenu, c'est
réellement «la gestion» pour s'assurer, là, que le plan de conservation soit
respecté.
• (15 h 30) •
M. Benjamin : En fait, je pose cette
question, M. le ministre, parce que j'avais l'impression que, bien, je peux
dire que j'ai encore l'impression, nous avions choisi, lors... suite aux
consultations particulières, et même au début de l'étude détaillée, de
travailler sur de nouvelles bases lorsqu'il s'agit des relations du
gouvernement du Québec avec les communautés autochtones dans le cadre de ce
projet de loi, le projet de loi n° 46. Et ces nouvelles bases exigeaient
justement que, même dans la formulation des articles, nous puissions en tenir
compte. En fait, la raison pour laquelle je vous soumets ça, M. le ministre,
c'est que je crois que nous avons à faire davantage d'efforts, d'exercices. On
ne peut pas parler de simple... favoriser la participation. Quand on parle
d'une aire protégée autochtone, on ne peut pas parler de simple gestion. Moi,
je pense qu'il faut parler de gouvernance. Il faut parler de cogestion. Alors,
qu'est-ce qui vous empêche... Qu'est-ce qui nous empêche d'aller un peu plus
loin?
M. Charette : Ce n'est pas dans le projet
de loi. Le collègue de Viau parle de cogestion. La cogestion est tout à fait
possible, mais c'est dans le plan de gestion que c'est déterminé. On a des
exemples actuellement d'aires protégées qui ont une gestion ou une cogestion autochtone.
Donc, ce n'est pas le projet de loi qui vient le déterminer, mais bien
l'entente de gestion. Donc, ce n'est pas à ce moment-ci que le modèle est
systématiquement arrêté.
M. Benjamin : Je vais me permettre, M.
le ministre, pour les membres de la commission, de lire un extrait du mémoire
de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador au sujet
justement de cette délégation, au sujet de cette favorisation de la
participation, et en rappelant que l'article 12 ramène déjà... parlait
déjà d'une simple délégation de gestion.
Alors, dans l'extrait du mémoire de l'assemblée
québécoise des premières nations, ils disent : «Bien qu'il s'agisse d'une
avancée, elle n'est pas suffisante, si ce n'est qu'au regard du principe
inadéquat de "déléguer" des pouvoirs sur des terres ancestrales non
cédées. La délégation constitue également un concept paternaliste qui fait en
sorte que le titulaire de la délégation de pouvoir doit remplir des objectifs
dans un cadre relativement rigide et rendre des comptes au ministère, puisque
le gouvernement conserve alors la gouvernance de l'aire protégée et un pouvoir
décisionnel susceptible d'en affecter la gestion. La délégation de pouvoir
repose de plus sur la négociation d'ententes, ce qui a tendance à exacerber les
inégalités entre les communautés. Nous devrions plutôt parle de cogestion.»
Alors, ma question encore, M. le ministre, donc...
Et là je viens de lire un extrait du mémoire de l'assemblée québécoise des
premières nations, qui suggère que nous parlions de cogestion. Alors, qu'est-ce
qui vous empêche, dans le cadre de ce projet de loi là, que nous puissions
parler de cogestion?
M. Charette : En fait, comme je le
mentionnais, il n'y a strictement rien qui nous en empêche au moment de
déterminer l'entente de gestion, mais là on n'est pas à cette étape-là. On est
à l'étape où on crée la catégorie, qu'on crée les modalités pour la créer,
qu'on précise qu'il peut y avoir une délégation d'autorité, mais les modalités
de cette gestion-là ne seront pas précisées dans le projet de loi. Elles le
seront en partie dans le règlement, mais, plus encore, elles le seront dans
l'entente de gestion du plan de conservation. Et on a déjà des exemples, comme
je vous le mentionnais, où ça s'applique.
Donc, dans les faits, ce souhait-là pourra
s'incarner à travers des ententes de gestion, mais, ultimement, là où on ne
peut pas céder, c'est que ça demeure le ministère de l'Environnement qui est le
gardien des principes des aires protégées, peu importent lesquelles, pour
s'assurer qu'on soit dans le respect des règles de l'UICN. Donc, on ne pourra
jamais déléguer totalement l'assurance que les principes mêmes de l'aire protégée
sont respectés.
M. Benjamin : J'espère que vous
comprendrez un peu mon questionnement, M. le ministre, quand, dans un article
comme celui-là, donc, on parle... Le ministre veut favoriser la participation.
C'est un concept qui me semble... Pour avoir déjà entendu ce concept-là,
favoriser la participation, dans d'autres contextes, dans d'autres programmes,
dans d'autres sujets, à d'autres... pour d'autres clientèles, je suis toujours
sceptique quand j'entends : Favoriser la participation. Or, ce à quoi je
pense que nous, on est invités, c'est à être beaucoup plus décidés, et, ça, ce
projet de loi là nous donne l'occasion d'en faire la démonstration. Par quels
gestes, concrètement, vous entendez favoriser cette participation?
M. Charette : En fait, comme je
le mentionnais, on ne peut pas isoler une portion d'article ou un article seul.
Moi, je prends le 2.8 dans son ensemble. Cette participation vise à établir
ultimement les modalités de gestion de l'aire protégée. Donc, on parle de la possibilité,
si la communauté le souhaite, de lui confier la gestion de l'aire protégée. Et
on lit aussi, à la toute dernière phrase, qu'on peut conclure une entente
officialisant ça, cette reconnaissance-là de gestion. Donc, on favorise la
participation. On ne s'arrête pas là. C'est réellement dans la volonté
d'établir, là, quelles seront les bases de gestion de l'aire protégée en question.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Mme la députée
de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci, Mme la
Présidente. J'aurais un amendement à 2.8, qui a déjà été envoyé.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, vous l'avez transmis. Vous souhaitez
le déposer maintenant?
Mme Ghazal : Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, on va suspendre les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 38)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Mme la députée de
Mercier, vous avez déposé un sous-amendement à l'article 2.8 de
l'article 2. Donc, je vous invite à en faire la lecture, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui, très bien. L'amendement
à l'article 2 du projet de loi, remplaçant l'article 2 de la Loi sur
la conservation du patrimoine naturel, est sous-amendé par :
le remplacement à l'article 2.8 des mots
«favorise la participation des» par «travaille de concert»;
par l'insertion de «, dans le respect des
visions du monde, des modes de gestion traditionnels et des savoirs autochtones» — ça, ça
doit être «par», je pense, ah! O.K. — entre «des aires protégées d'initiative
autochtones» et «À cette fin...»;
le remplacement du mot «concernées» par le mot
«initiatrices»;
le remplacement du mot «peut» par «doit».
Donc, pour faciliter la lecture, il y a un
tableau juste en bas qui... je vais le lire, là, pour que ça fasse sens,
donc : «Le ministre travaille de concert avec les communautés et les
nations autochtones initiatrices de l'aire protégée à la conservation de la
biodiversité et à la gestion des aires protégées d'initiative autochtones, dans
le respect des visions du monde, des modes de vie... de gestion traditionnels
et des savoirs autochtones. À cette fin, le ministre doit conclure avec ces communautés
ou nations une entente conformément à l'article 12.»
Donc, c'est vraiment une formulation...
J'entendais mon collègue le député de Viau poser des questions : Ça veut
dire quoi, favoriser la participation? Ici, ce n'est pas... Le ministre, son
rôle n'est pas de favoriser la participation. De toute façon, les communautés autochtones,
elles veulent participer. Elles ont demandé qu'il y ait une aire protégée qui
soit créée. Donc, c'est de simplement travailler de nation à nation avec les communautés
autochtones... J'ai remplacé «concernées» par «celles qui initient» Donc, elles
ont un rôle plus actif que simplement d'être concernées par l'aire protégée.
Et, ici, j'ai ajouté «dans le respect», c'est-à-dire
que cette gestion-là, cette protection du territoire soit faite dans le respect
de leurs visions du monde, de leurs modes de gestion traditionnels et de leurs
savoirs autochtones, donc, dans le respect de leurs savoir-faire qui sont
reconnus. Et, pour ce qui est de l'entente conclue en fonction de l'article 12
qui a déjà été adopté, bien là il faudrait qu'il y en ait une. Et donc
j'aimerais entendre le ministre là-dessus puis après j'aurais une question
aussi par rapport aux ententes.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Oui, volontiers. Merci
pour la proposition, mais, comme on a l'habitude de le faire, là, d'entrée de
jeu, je confirme si on peut l'appuyer ou pas, et, dans le cas présent, on ne
pourra pas appuyer l'amendement. Il y a plusieurs éléments qui posent problème.
Le plus simple, d'abord, lorsqu'on parle des
nations autochtones initiatrices, on a clairement dit, dans les articles précédents,
qu'il y a la communauté initiatrice qui peut être consultée, mais les autres communautés
aussi qui peuvent avoir un lien avec le territoire. Donc, ce simple volet là n'est
pas recevable.
Autre élément simple à conclure, le «peut» et le
«doit», c'est un débat qu'on a souvent lors de l'étude article par article d'un projet de loi. Bien, encore là,
il ne peut pas y avoir cette obligation-là parce qu'on ne sait pas s'il y
aura forcément une entente de gestion assumée par la communauté autochtone. Si
elle ne le souhaite pas, c'est difficile de lui imposer, alors que le «peut»
offre la possibilité. Mais, comme on le mentionnait dans les explications, le
but, c'est d'arriver à une formule dans laquelle la communauté va se retrouver.
Donc, si la communauté veut assurer la gestion, ce sera une entente de gestion.
Mais, si la communauté dit : Bon, il y a un lien affectif traditionnel par
rapport à ce territoire-là, mais on ne se sent pas en mesure d'en assurer la
gestion, du territoire, donc on ne leur imposera pas.
Pour ce qui est de la référence à la gestion
traditionnelle, et là on est... je suis alimenté, en même temps, là, par le
Secrétariat à la législation, bien, on le mentionnait hier, on ne peut pas, à
travers notre commission, régler ou donner l'impression de régler des enjeux
territoriaux. Et, à partir du moment où on fait référence à la gestion
traditionnelle, on fait référence aussi à des revendications ancestrales parce
que, sur tel ou tel territoire, il y avait, par exemple, tel type de gestion
traditionnelle. Donc, ce n'est pas de la compétence de la commission, malheureusement,
de trancher ces enjeux-là.
Mais, pour l'esprit, on se reconnaît
dans l'esprit, mais c'est déjà ce que prévoient les articles,
autant le 2.8 que les précédents, là, qui ont déjà été adoptés. Moi, je
ne souhaiterais pas créer une catégorie dans laquelle les communautés autochtones ne se reconnaîtraient pas. Donc, c'est
pour ça que la réglementation va être adaptée en conséquence. C'est pour ça que tous les processus de consultation sont
balisés en conséquence. Et, si la communauté le souhaite, et c'est ce qu'on va favoriser, aller jusqu'à gérer cette aire
protégée là ou l'application de son plan de conservation, d'emblée, c'est ce
qui sera favorisé.
Mme Ghazal :
...dans l'autre article, on a voté que le ministre peut permettre des activités
interdites, mais, ici, la façon de gérer le territoire dans le respect de leurs
visions du monde ou de leurs modes de gestion traditionnels, ça, c'est
impossible.
M. Charette :
En fait, pour des raisons... les raisons que j'invoquais, là, je ne pourrai pas
recommander l'adoption, là, de cette formulation-là.
Mme Ghazal :
C'est-à-dire qu'elles ne pourront pas, sur l'aire protégée qu'elles ont
demandée, pratiquer leurs modes de gestion traditionnels.
M. Charette :
Non, ce n'est pas ce que ça veut dire, c'est que ce n'est pas un automatisme,
parce que la gestion traditionnelle pourrait faire référence à des droits
ancestraux, et c'est là où ne peut pas reconnaître de droits ancestraux. On est
sur des terres publiques. Mais, par contre, comme on le mentionnait hier, dans
les premiers éléments de l'article 2, lorsqu'on dit : Le premier
critère, c'est un élément de biodiversité, et qu'on rajoute... à laquelle se
rattachent, par exemple, des référents culturels, dans leur pratique ou dans
leur gestion, ils pourront intégrer, très certainement, ces éléments-là, mais
il ne faut pas que ça serve d'assise pour une revendication sur le territoire
en question.
Et, pour conclure, on
ne tranche pas la question des droits ancestraux, mais on n'interdit pas la
résolution de ce débat-là entre les bonnes instances. Ce qu'on disait hier
aussi, c'est qu'il peut y avoir des ententes, il peut y avoir des traités, il
peut y avoir des jugements de cour qui, ultimement, vont trancher la question
des droits territoriaux, mais ce n'est pas le projet de loi, là, qui va donner
l'impression qu'on donne suite, d'une façon positive ou négative, à quelques
revendications territoriales.
Mme Ghazal :
Et le ministre n'a pas donné de commentaire par rapport à «travaille de
concert» à la place de «favorise la participation».
M. Charette :
En fait, et là aussi, comme je le mentionnais, il y a toute la question de
l'expertise des compétences. On favorise la participation en fonction du rôle
que la communauté veut jouer, en fonction de l'expertise qui est là, mais,
c'est clair, si on regarde les éléments précédents, à partir du moment où on
parle de leur confier la gestion... Donc, on n'est pas juste dans l'invitation,
là. C'est eux, ultimement, les... je dis «eux», mais la communauté qui aurait
le rôle de gérer le plan de conservation.
Mme Ghazal :
Puis, s'il y a une entente, est-ce qu'il y a du financement? Est-ce que c'est
accompagné d'un financement à long terme s'il y a une entente qui est conclue en
vertu de l'article 12?
M. Charette :
En fait, il y a du financement qui est possible. Pour ce qui est des modalités,
je ne sais pas si c'est sur le long terme ou si c'est renouvelé.
Une voix :
...
M. Charette :
C'est deux ans renouvelables, ultimement, là, pour... Donc, on a un exemple qui...
où ce cas de figure là s'applique. Et là c'est ma connaissance ou ma maîtrise
de la langue qui peut être déficiente. On prononce... Sur le côté de Uapishka, il
y a une entente de gestion en bonne et due forme, là, de deux ans qui a été
conclue avec financement, et, naturellement, c'est des éléments, là, qui
peuvent et qui pourront être reconduits, mais c'est nouveau. Donc, on n'est pas
encore au renouvellement, mais il pourra y avoir, certainement, là, cette possibilité-là.
Mme Ghazal :
Est-ce que je peux demander la suspension pour le vote, s'il vous plaît?
La
Présidente (Mme Grondin) : Conformément à
la motion de l'Assemblée nationale du 20 octobre, je suspends les travaux
pour permettre à la députée de Mercier d'aller voter.
(Suspension de la séance à
15 h 48)
(Reprise à 15 h 52)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux.
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Il y a combien
d'ententes comme ça? Parce que, là, vous en avez parlé d'une. Ça dure
deux ans. C'est la seule?
M. Charette :
La seule, actuellement, qui a été officialisée, là, par une entente de gestion.
Mme Ghazal : Avec les communautés autochtones?
M. Charette : Oui, naturellement.
C'est certain qu'avec cette nouvelle catégorie d'aire protégée, c'est un
modèle, là, qui est susceptible, là, de se reproduire, là, rapidement.
Mme Ghazal : Puis donc, des fois,
si, par exemple, il n'y a pas d'entente de gestion ou de délégation de
pouvoirs, c'est comme ça que ça s'appelle, je pense... s'il n'y a pas d'entente
de délégation, c'est qui qui s'en occupe? Ça va être le gouvernement?
M. Charette : En fait, avec l'aire
protégée d'initiative autochtone, on va toujours privilégier la communauté,
mais, si la communauté ne le souhaite pas, pour une raison qui lui appartient,
c'est là où on tomberait dans des scénarios qui s'appliquent aux autres aires
protégées. Il peut y avoir des ententes de gestion avec un organisme quelconque
ou avec une entité quelconque.
Mme Ghazal : Et qui décide qu'il va
y avoir une entente ou pas?
M. Charette : Bien, si c'est une
initiative... si c'est une aire protégée d'initiative autochtone et que la
communauté veut cette gestion-là, bien, naturellement, c'est ce qui sera
favorisé. Mais je ramènerais la collègue à l'article 12 qu'on a déjà
adopté. C'est très large, la délégation. Donc, la délégation, ça peut être au
niveau de la gestion. Ça peut être l'équivalent de gardes, de gardiens... de
gardes... bien, pas forestiers, on les appellerait des agents territoriaux et
autres. Donc, cette entente de gestion là peut être très très large et peut
donner de réels pouvoirs, là, à la communauté ou à l'organisme qui se verrait
attribuer cette responsabilité-là.
Mme
Ghazal : Puis l'entente que
vous venez de nommer, qui est la seule qui existe, pourquoi c'est juste deux
ans?
M. Charette : En fait, on ne peut
pas y aller de façon permanente parce que, là, on viendrait substituer la
responsabilité du ministère, en quelque sorte. Le gouvernement ne peut pas, à
long terme, déléguer ses responsabilités. Ça peut être renouvelé, mais ça ne
peut pas être sur le long terme ou permanent, là, sinon ce serait se déroger à
la responsabilité, là, du ministère ou du gouvernement.
Mme Ghazal : Puis, dans le fond...
Écoutez, je vais vous lire... ce n'était peut-être pas dans le mémoire, mais
c'est des notes, parce qu'on a demandé l'avis, peut-être que le ministre,
aussi, des Affaires autochtones a fait la même chose, de l'Institut de
développement durable des premières nations, et, eux, ce qu'ils disent, c'est
que, par rapport à «doit», il peut... Oui,
vous avez peut-être raison sur le «doit», «peut», mais ils disent : La
formulation actuelle sous-entend également que le ministre pourrait
avoir le choix de conclure ou non une entente — c'est pour ça que j'ai mis «doit» — avec
une première nation, et ce, indépendamment de la volonté de la communauté.
Là, ce que le ministre... Vous dites : Non,
il faut que la première nation ou la communauté le souhaite. Si elle le
souhaite, on n'en fera pas, mais probablement que ça va être le mode
privilégié. Et nous suggérons de reformuler ces dispositions pour plutôt
affirmer que les communautés ou nations autochtones peuvent, si elles le
souhaitent, conclure une entente avec le ministre, c'est si elles peuvent
et non pas le ministre. Et, dans tous les cas, la chose la... Et c'est
important que ça soit une entente qui appelle au consentement préalable, libre
et éclairé de la première nation.
Et un des problèmes aussi qui est soulevé, c'est
le financement, parce qu'ils ne pourraient pas s'en occuper s'il n'y a pas de financement,
parce que, sinon, ils auraient des responsabilités accrues sans soutien... Mais
qu'est-ce qui fait que c'est deux ans? Est-ce que ça peut être trois ans? Je
comprends que ce n'est pas pour toujours, mais, peut-être, une période plus
longue comme cinq ans ou moyen terme...
M. Charette : Comme on le
mentionnait, c'est la première expérience qui se vit. Je ne dis pas que ce
serait impossible de concevoir trois ans, sinon quatre, ou maintenir à deux,
mais ça ne pourrait pas être à long terme et ça ne peut encore moins être
permanent. Mais, à partir du moment où le contrat de gestion... Je
dis «contrat», mais c'est peut-être davantage «entente de gestion» qu'il
faudrait retenir comme expression. C'est des modalités, là, qui seront
précisées. Donc, le deux ans n'est pas coulé dans la loi, tout comme il n'est
pas question de trois ou quatre ans. Donc, c'est au moment de déterminer cette
entente-là de gestion que les modalités vont être précisées.
Mme
Ghazal : Et le «favorise la
participation», j'ai entendu ce que vous avez répondu aussi à mon collègue,
mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi ce n'est pas «travaille de concert».
Pourquoi c'est une mauvaise formulation?
M. Charette : En fait, il y a...
Mme Ghazal : Parce que ça aussi, ça
a été une critique qui nous a été formulée par rapport à cet amendement du
ministre, que c'est un peu faible. Les Premières Nations, elles n'ont pas à
attendre que le ministre favorise leur participation. Elles, elles ont un rôle
primordial de conservation et de gestion de cette aire protégée. Donc, moi, je
vous formule la critique que nous, on a reçue de cette formulation-là, comme si
c'était la responsabilité du ministre de favoriser cette
participation-là, alors que c'est elles qui sont les initiatrices. C'est ces
communautés-là qui ont un rôle plus actif dans la gestion.
M. Charette : Plus actif, oui, mais,
ce que je mentionnais, même si on travaille dans la perspective d'une entente
de gestion, la responsabilité première demeurera tout le temps celle du ministre
de l'Environnement. Le gouvernement, ou le ministère, ou le ministre ne peut
pas se soustraire de cette responsabilité-là. Donc, dans la formulation, si on
laissait entendre que ce n'est pas le ministre qui en est responsable, on
viendrait abdiquer de cette responsabilité-là. On est, entre nous, davantage
dans des précautions légistiques qui sont nécessaires.
Donc, il ne faut pas le prendre comme étant un
désaveu ou un manque de confiance à l'égard du partenariat qui serait à conclure,
bien au contraire, et, je répète encore, on veut une entente dans laquelle la
communauté ou les communautés vont se reconnaître, mais il ne faut pas, à
travers peu importe la formulation, et ce serait la même chose dans d'autres
articles... En fait, c'est la même chose dans d'autres articles. On ne peut pas
laisser entendre que le ministère ou le gouvernement se déresponsabilise — voilà, je
vais y arriver — de
quelque chose qui lui revient, là, de plein droit.
Mme Ghazal : Quand ça, ça a été
rédigé, cet article-là, ces ajouts-là, on s'est inspiré d'où, ce qui se fait en
Colombie-Britannique, ce qui se fait... Est-ce qu'ailleurs dans le monde il y a
eu des aires... il y a des pays qui ont mis en place des aires protégées ou
c'est totalement une pure invention qu'on a faite autour de la table?
M. Charette : De consentement, on
pourrait peut-être laisser la parole au légiste.
Mme Ghazal : Oui.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce qu'il y a consentement
pour que Me Delisle puisse intervenir? Il y a consentement ici. Y a-t-il consentement
dans la salle La Fontaine? Merci. Donc, Me Delisle, s'il vous plaît.
M. Delisle (Antoine) : Antoine
Delisle, légiste. Bien, c'est quelque chose qui est une formulation qui a un
travail nouveau. Ce n'est pas repris de ce qui est fait dans d'autres
provinces, par exemple, législatures, oui, comme vous le dites. Bien, c'est
justement parce que c'est une disposition qui vise surtout à mettre en commun
l'APIA, et déjà ce qu'on retrouvait comme étant les ententes de délégations, et
justement à venir les mettre en valeur dans le contexte d'APIA pour qu'elles
soient plus... bien, pas nécessairement... bien, encouragées, en fait,
favorisées, comme il est dit dans les termes, là, pour qu'on puisse utiliser
cet outil-là pour, justement, permettre d'atteindre les objectifs et les...
bien, l'intention derrière, en fait, le projet d'APIA qui a été présenté.
Mme Ghazal : Donc, sans avoir pris
un copier-coller de ce qui se fait ailleurs, est-ce qu'on s'est inspirés
d'ailleurs ou on s'inspire de ce qui se fait déjà, comme il y a déjà une
entente qui existe dans une communauté?
M. Delisle (Antoine) : Bien, l'article 12,
là, qui parle des ententes de délégation, lui, existait déjà.
Mme Ghazal : Dans la loi actuelle?
M. Delisle (Antoine) : Il a été
changé un petit peu, là, mais donc, lui, il a été simplement rattaché avec
l'APIA. Donc, ce n'est pas... oui, comme vous dites, là.
Mme Ghazal : O.K., parce que je me
dis : Comment ça se passe ailleurs, par exemple? Est-ce qu'on s'est
inspirés des meilleurs modèles? Est-ce qu'ailleurs, où ils ont des APCA...
est-ce qu'on donne plus d'autonomie, par exemple, aux communautés autochtones
par rapport à ici? C'est un petit peu ça, mon questionnement.
M. Charette : ...applicable à la loi
qui est la nôtre, mais surtout au souhait d'avoir un résultat qui soit à la satisfaction du groupe ou des groupes demandeurs.
C'est pour ça que c'est ce qu'on se répète à quelques reprises. Il y a
l'article lui-même, mais il y a l'ensemble des articles du projet de loi,
notamment l'article 12, qui n'est pas du tout en lien spécifique avec les
aires protégées d'initiative autochtone, mais qui va laisser une très, très
grande marge de manoeuvre pour établir l'entente de gestion qui sera à la
hauteur des attentes de la communauté. S'il y a nécessité de budget, si la
surveillance du territoire leur est confiée, si... Bref, ça peut... selon ce
que la communauté va se sentir en mesure d'assumer comme responsabilité ou
comme souhait d'assumer comme responsabilité.
Mme Ghazal : O.K., parce que, dans
le fond... Bien, peut-être, comme le ministre m'a invitée hier, oui, ça serait
une question qu'on peut demander au ministre des Affaires autochtones par
rapport à la consultation, quels groupes, parce que, nous, ce qu'on a eu des
quelques groupes qu'on a consultés, qui ne sont pas des communautés
autochtones, là, c'est des groupes qui représentent... Comme je le disais, il y
avait l'ITUM. C'est les groupes qui sont venus, dans le fond, en consultations
particulières. Je pense qu'aussi mes collègues les ont consultés suite à
l'amendement. Ils ont dit : Ah! O.K., c'est bien parce que nous, on en
demandait une, mais on n'a pas été consultés.
On voit qu'il n'y a aucune reconnaissance de
l'autonomie territoriale. Là, le ministre le reconnaît, il dit : Écoutez,
ce n'est pas dans cette loi‑là qu'on va permettre ça. Peut-être qu'il y a des...
On n'est pas, peut-être, dans le bon ministère pour ça.
On est quand même dans le bon gouvernement, parce que c'est le gouvernement qui
en décide. Et donc peut-être que ça serait plus à lui de poser les questions
puis qu'il soit très impliqué aussi dans le règlement qui va être fait par le
ministère.
M.
Charette : Le règlement va permettre de clarifier certainement
plusieurs éléments. Et j'ai eu un complément d'information, là, d'une
légiste qui n'est pas physiquement avec nous, mais qui suit les travaux, par
rapport aux autres exemples, là, ailleurs au
Canada. Donc, on réfère, comme dans le cas du présent projet de loi, aux
pouvoirs existants. Donc, là-dessus, on est dans la même philosophie. Et
aussi on passe généralement par des ententes avec les communautés. Donc, c'est
ce qu'on dit. On réfère aux articles généraux existants, mais les
particularités vont se discuter au niveau de l'entente de gestion.
Mme Ghazal : O.K., merci.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement?
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Bien, écoutez, à première vue, je trouve très intéressant
l'amendement de la collègue de Mercier. Donc, c'est un amendement, donc, je
crois, qui nous permet d'aller un peu plus loin. Donc, ma première question
pour M. le ministre, à l'article 2.1, M. le ministre, que nous avons adopté,
donc, le législateur n'hésite pas à parler
de concertation avec les ministères, les organismes gouvernementaux, les
municipalités, etc. Et là, quand vient le temps de parler de travailler de
concert, donc, vous comprenez que, concertation, travail de concert, on est
toujours dans la même logique, et comment se fait-il... Pourquoi est-ce qu'à ce
moment-là c'est si difficile que le ministre puisse travailler de concert avec
les communautés et les nations autochtones?
M. Charette : En fait, il n'y a rien
de difficile. Et, comme je le dis souvent aux collègues, on ne peut pas
interpréter un seul article sans prendre en considération les autres. Le
collègue a lui-même mentionné 2.1. Or, en 2.1, on précise aussi que c'est avec
les communautés autochtones. Donc, il n'y a pas... Il n'y a rien de difficile.
C'était déjà précisé en 2.1. Donc, on n'a pas à tout le temps le reconfirmer
article après article.
M. Benjamin : J'ai entendu vos
arguments, M. le ministre, concernant... parce que c'est un amendement qui a
plusieurs aspects. Donc, il y a plusieurs changements. J'ai entendu vos
arguments pour ce qui est des nations autochtones initiatrices et j'ai entendu
vos arguments sur le «peut» ou le «doit», mais j'aimerais savoir... Parce qu'un
des aspects que je trouve aussi intéressant dans cet amendement-là, c'est le
fait que la collègue de Mercier suggère dans cet amendement-là que nous
puissions travailler dans le respect des visions du monde, des modes de gestion
traditionnels et des savoirs autochtones. Il me semble que, là, c'est quelque
chose d'intéressant que... Il faut au moins que nous puissions en disposer de
manière heureuse, pas le rejeter du revers de la main.
M.
Charette : En fait, j'ai eu
l'occasion, là, déjà d'expliquer ce volet-là et je disais que c'était davantage
de nature légistique, au niveau
de la législation elle-même. À partir du moment où on introduit
les concepts de gestion traditionnels, on peut référer aussi au territoire traditionnel. Donc, il y a
l'enjeu des revendications territoriales qui revient. Et, comme je
le mentionnais tout à l'heure, mais aussi hier, notamment, on ne peut pas d'aucune façon laisser entrevoir que c'est un projet
de loi ou une loi, ultimement, qui va régler
cette question-là. C'est une question qui est importante, qui mérite d'être
réglée, mais elle ne sera pas réglée à
travers un projet de loi sur l'environnement. C'est réellement des discussions
qui ont cours avec le Secrétariat aux affaires autochtones, dans
certains cas, suite à des traités, des ententes, dans certains cas, suite à des
jugements de cour. Mais d'aucune façon on ne
peut laisser entrevoir que c'est un projet de loi qui permet la résolution,
là, de ces revendications-là. Et ce qu'on a précisé en début d'article 2,
c'est qu'on est en territoire public. Donc, ce sont des terres publiques. Donc,
on ne règle pas d'enjeux ancestraux ou territoriaux, là, à travers le projet de
loi en question.
M. Benjamin : Il y a eu cette
annonce il n'y a pas si longtemps du site ancestral Mushuau-nipi, désormais
protégé de façon permanente.
M. Charette : Je ne me souviens pas
que le collègue de Viau ait félicité le gouvernement pour cette reconnaissance.
M. Benjamin : Écoutez, j'aimerais
bien pouvoir vous féliciter, mais c'est à la lumière de cet amendement que je
vais pouvoir le faire, donc. Alors, j'aimerais bien que vous nous dites quel
sera le statut de ce site, éventuellement.
• (16 h 10) •
M. Charette : En fait,
j'inviterais... Je sais le collègue amant de lecture. Je pense que c'est
aujourd'hui même, sur Radio-Canada, un superbe texte sur à quel point le milieu
est reconnaissant de cette annonce qui a été faite, cette confirmation qui a
été faite à la fin de la semaine dernière, donc, superbe texte. Naturellement,
on parle d'aires protégées d'initiative autochtone. Donc, pour les prochaines,
à partir du moment où on est en territoire où il y a un intérêt autochtone,
c'est déjà possible, et je le mentionnais, de conclure des ententes de gestion.
Donc, même une aire protégée qui est confirmée avant même l'adoption du projet
de loi pourrait laisser place à une entente de gestion qui mettrait à
l'avant-scène la communauté autochtone qui se sent particulièrement liée par le
territoire concerné.
M. Benjamin :
Vous me confirmez que, ce site-là, donc, il y aura une entente éventuellement
pour en faire une aire protégée autochtone?
M. Charette : En fait, ce n'est pas
ce que je dis, c'est qu'au niveau de l'entente de gestion on pourra mettre de
l'avant cette communauté si c'est le rôle qu'elle souhaite jouer. Et, dans
l'article de ce matin, d'ailleurs, on parle d'une association qui s'est donné
le mandat de protéger le territoire. Donc, c'est un mandat qui pourrait, par
exemple, être confirmé, là, à travers une entente de gestion.
M. Benjamin : J'en parle pour
plusieurs raisons, parce que nous sommes évidemment dans un débat sur une loi
sur la protection du patrimoine naturel. Il y a aussi cet amendement, donc, que
vient d'amener ma collègue la députée de
Mercier. Mais je veux... J'aimerais souligner aussi, en fait, qu'afin d'assurer
la pérennité de ceci, donc, il y a un fonds qui porte le nom d'une bonne
amie à moi, donc, la poète Joséphine Bacon, donc, dont... On parle de ce
fonds-là créé justement avec l'objectif qui est intimement lié à la protection
de ce site-là.
Alors, pour cette association, pour le Fonds
Joséphine Bacon, mis en place par la cinéaste Obomsawin, pour, aussi, cette
association locale visant la protection de ce site, ma question encore, M. le
ministre : Est-ce que vous allez travailler de concert avec ces gens-là?
Allez-vous travailler de concert avec eux, donc, afin d'assurer la gestion de
ce site dans le respect des visions du monde, des modes de gestion
traditionnels et des savoirs autochtones?
M. Charette : En fait, je
parlais de certains termes qui pourraient être problématiques au niveau de
l'interprétation si on les intégrait au projet de loi. Donc, je ne reprendrai
pas ces termes-là au niveau de l'explication. Mais naturellement que c'est un
travail qui se fait avec la communauté initiatrice, les communautés qui
pourraient être interpelées. C'est évident
aussi que l'entente de gestion devra refléter cette place-là que la communauté
va vouloir assumer. On n'impose pas quelque chose qui ne serait pas
souhaité par la communauté, mais on va favoriser naturellement le rôle qu'elle
souhaite jouer.
M. Benjamin : En fait, vous
faisiez référence, M. le ministre, à cet article, et, oui, effectivement, je
l'avais lu, cet article, et, dans cet article, justement, il est fait mention
de la volonté ferme des communautés de sauvegarder ce territoire, mais dans le respect du patrimoine, notamment, des peuples
innus, donc, des communautés innues. Et là-dessus, justement, il s'agit
de travailler dans le respect des visions du monde, et c'est là que je vous
dis, je vous enjoins même à regarder encore une fois l'amendement qui est
devant vous. Je comprends... Est-ce qu'il est nécessaire.. Selon vous, est-ce
qu'il y a des aménagements qui peuvent être apportés?
Donc, je pense que la collègue de Mercier est
parlable, donc, mais je pense que... Je vous ai entendu dans plusieurs
interventions où vous avez même repris, donc, l'idée. Donc, pour vous, vous
allez travailler de concert. Mais pourquoi
est-ce que, dans un amendement, dans un article de loi, ça ne... vous ne parlez
pas justement de cette volonté-là, vous ne la traduisez pas dans cet
article-là?
M. Charette : C'est-à-dire, on
le traduit à plusieurs endroits dans le projet de loi, notamment dans les
articles que nous avons adoptés précédemment et même au niveau de
l'article 2. Donc, c'est très bien traduit. Cependant, on ne peut pas
introduire des concepts juridiques qui n'existent pas. Il n'y a pas de concept
juridique qui permet de traduire une vision du monde. Donc, c'est réellement à
travers le règlement qui va découler de l'adoption du projet de loi que l'on
pourra préciser les attentes et les modalités qui lieront la gestion à une
communauté, à une aire protégée, par exemple.
Mais le concept de respect des visions du monde dans un projet de loi, ce n'est
pas quelque chose qui se définit.
M. Benjamin : Est-ce qu'il
pourrait y avoir, M. le ministre, une aire protégée non autochtone sur laquelle
il faille intervenir pour protéger des éléments de patrimoine, de culture,
d'histoire, de mémoire autochtones?
M. Charette : En fait, étant donné
que le projet de loi n'est pas encore adopté, il n'y a pas, à ce jour, d'aire
protégée d'initiative autochtone, dont l'exemple dont je vous nommais... Je
vais aller relire au niveau phonétique pour essayer de m'aider à bien le
prononcer, et là il est soudainement très loin dans l'échange. Ça ressemblait à
Uapishka, voilà. Donc, il y a cet élément-là, et pourtant la catégorie n'existe
toujours pas. Donc, oui, c'est possible d'avoir une gestion d'aire protégée qui
traduit des particularités autochtones sans que l'aire protégée soit une aire
protégée d'initiative autochtone.
Naturellement, cette entente de gestion là est intervenue alors que le projet
de loi n'était pas encore adopté,
mais, avec l'adoption du projet de loi, on peut deviner qu'il y aura de plus en
plus de ce type d'entente de gestion.
M. Benjamin : Alors, dans
l'hypothèse, donc, fort probable qu'il puisse y avoir une ou des aires
protégées où il y aurait un ou plusieurs
éléments soit d'histoire patrimoniale, donc, culturelle, etc., autochtones à
protéger, dans cette éventualité-là, comment vous allez vous y prendre
pour vous assurer de cette protection-là?
M. Charette : On se rappelle
l'échange d'hier. Il faut partir d'un concept de biodiversité étant donné que
c'est la loi sur le patrimoine naturel. Il faut qu'il y ait... Et d'ailleurs
l'article auquel on faisait tous les deux référence, l'élément de biodiversité
qui est cité, c'est une rivière, c'est le caribou nordique. Donc, tout s'est
bâti à partir de ces éléments-là de biodiversité et ce serait la même chose
dans d'autres cas de figure. Il pourrait y avoir un élément de biodiversité
identifié auquel est associée une pratique religieuse, par exemple, autochtone.
Donc, du coup, cette pratique-là sera, je veux dire, mentionnée dans les
caractéristiques de l'aire protégée d'initiative autochtone.
M.
Benjamin : Alors, je vais... Si vous permettez, Mme la Présidente, je
vais citer M. Ashini Goupil, qui est le président de la corporation, le
cofondateur même... M. Serge Ashini Goupil, cofondateur de la corporation de
Mushuau-nipi, qui, parlant de cette corporation et du travail qui est fait de
ce site-là... il dit : «Si les gens croient à ce qu'on fait — et les
gens, je présume, je soupçonne, en premier lieu, il parle... il fait allusion
au gouvernement — pour
faire de la transmission, faire l'exercice
de présenter ce qu'on était comme Innu dans le passé aujourd'hui, c'est ça
[que nous voulons à travers] la pérennité [de ce] site.» Vous comprendrez, M.
le ministre, et je suis sûr que vous partagez ces commentaires de
M. Ashini Goupil, donc, que ce travail-là ne peut être fait qu'en
concertation, M. le ministre.
M. Charette :
En fait, assurément, et pourquoi il y a cet article-là aujourd'hui et pourquoi
on a salué cette avancée-là, c'est parce que le gouvernement du Québec, l'actuel,
à tout le moins, et c'est un petit clin d'oeil, a permis la reconnaissance de
ce territoire-là, et ça s'est fait naturellement en concertation avec les
communautés. Et on a le privilège d'avoir la personne avec nous qui, au
quotidien ou à peu près, est en discussion avec les différentes communautés
selon les territoires concernés. Donc, on n'aurait pas pu dire : On ajoute
30 000 kilomètres d'aires protégées sans avoir impliqué la communauté.
Autrement, la communauté ne serait pas citée dans l'article comme étant
emballée par la décision qui fut prise.
M. Benjamin :
J'apprécie le clin d'oeil, M. le ministre, mais, vous savez, si j'avais à faire
des clins d'oeil, je passerais tout le temps de la commission à faire des clins
d'oeil, que ce soit sur le legs qui vous a été laissé comme ministre... Donc,
hier, je vous en ai fait un beau au sujet d'Anticosti, vous vous rappelez?
M. Charette :
Oui, mais, ça, on pourra éventuellement, peut-être pas à la commission, mais
autour d'une bière, rappeler toutes les tergiversations autour d'Anticosti au
cours des 15, 20 dernières années, mais pas cet après-midi, éventuellement
avec plaisir.
• (16 h 20) •
M. Benjamin :
En tout cas, je trouve, si on est à l'amendement de la collègue de Mercier, que
c'est un amendement qui a... qui porte
quelque chose de très intéressant et je crois que ça vaut la peine que nous
puissions vraiment regarder cet amendement et le considérer, donc, que la
partie gouvernementale puisse considérer cet amendement. Voilà, merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. D'autres interventions,
questions, commentaires? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
...juste dire que, bien, je remercie le collègue de Viau. Oui, je suis
quelqu'un de parlable. Et le ministre aurait pu amener tous les amendements
qu'il aurait voulus, et je lui aurais même donné l'amendement. Il aurait... En
fait, on ne peut pas sous-amender un sous-amendement.
M. Charette :
...que la collègue de Mercier est tout à fait parlable.
Mme Ghazal :
Très bien. Maintenant, il reste à savoir si le ministre l'est pour changer le
sous-amendement, mais j'ai compris que la réponse, c'est non, pas qu'il n'est
pas parlable, mais qu'on ne peut pas... il ne peut pas changer l'amendement. Je
ne suis pas convaincue de tous les arguments. Il y a plusieurs éléments qui
auraient pu peut-être être acceptés. Je comprends que le «peut» et le «doit»,
non, c'est vraiment... Il faut que ça soit voulu par les communautés
autochtones. En fait, même, peut-être que la formulation qui aurait été
meilleure, c'est : Si les communautés autochtones le veulent, il pourrait
y avoir un pouvoir de délégation, une entente de délégation en vertu de
l'article 12. Mais, par exemple, le premier
élément de mon amendement qui mentionne... ah! je ne le vois plus, mais où on
dit «travaille de concert», ça, ça
aurait été quelque chose, quand même, de tout à fait acceptable au lieu de
«favoriser la participation».
M. Charette :
J'ai abordé des arguments pour chacun de ces éléments-là. Et, Mme la
Présidente, on me surveille de près. Si jamais je devais les répéter de
nouveau, j'aurais un message assez rapidement qui apparaîtrait sur l'écran me
disant : Tu te répètes, Benoit. Donc, je ne répéterai pas ce que j'ai déjà
mentionné à ce niveau-là.
Mme Ghazal :
Très bien.
La
Présidente (Mme Grondin) : D'autres commentaires? Non? Je vais
donc procéder à la mise aux voix du sous-amendement à l'article 2.8, de l'amendement
de l'article 2.8. Donc, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Oui, veuillez répondre pour, contre ou abstention. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
La Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
La Secrétaire : Dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
La Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : De retour à
la salle Papineau, M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)... Pardon, M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et Mme Grondin
(Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons donc à l'article 2.8. Y
a-t-il des commentaires,
ou interventions, ou questions? Donc, nous poursuivons avec l'article
2.9. M. le ministre.
M. Charette : Juste un petit
instant, j'y arrive. 2.9, donc :
«Le ministre élabore et rend public un guide
concernant la création, la gestion et la mise en valeur des aires protégées
d'initiative autochtone.
«Ce guide est élaboré et mis à jour dans un
esprit de collaboration avec les communautés et les nations autochtones.»
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, en fait, ce qu'on n'a pas... J'aimerais savoir, en fait,
quelle sera la nature de ce guide, comment... Ce guide-là, comment il se fera?
M. Charette : En fait, vu que
c'est au niveau de l'application, peut-être, je ne sais pas si le collègue...
la différence entre «entente de gestion»,
«guide de gestion». Est-ce qu'avec consentement on pourrait proposer au sous-ministre
adjoint de départager un petit peu ces concepts-là?
M. Benjamin : Absolument.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, il y a consentement. Est-ce que,
dans la salle La Fontaine, il y a consentement? Consentement, merci. Donc,
M. le sous-ministre, je vous invite à vous présenter, s'il vous plaît.
M. Martin-Malus
(Jacob) : Merci, Mme la Présidente. Donc,
Jacob Martin-Malus, sous-ministre adjoint au ministère de l'Environnement.
Donc, le guide qui est mentionné à
l'article 2.9 vise notamment à établir le processus et le mode de
fonctionnement pour encadrer l'obligation constitutionnelle de consulter les
communautés autochtones. Donc, cet aspect-là va être établi à l'intérieur du guide.
Et je pense que le ministre a déjà mentionné durant la commission, là, dans une
session préalable, que ledit guide ferait l'objet d'une démarche de
participation des communautés autochtones dans sa rédaction. Et effectivement
on va avoir à l'intérieur du guide des dispositions qui viennent baliser, je
dirais, le mode de délégation des pouvoirs du ministre, donc, des ententes de
délégation, de quelle façon elles vont être établies, et plusieurs autres aspects relativement à la désignation par le gouvernement
des aires protégées d'initiative autochtone.
M. Benjamin : Merci pour la
précision. Est-ce que ce genre de document là, ce genre de guide là, est-ce
qu'il existe pour d'autres types d'aires protégées? Est-ce que ça existe?
M. Martin-Malus (Jacob) : Mme la
Présidente, je ne voudrais pas induire le député en erreur. Je ne crois pas,
parce qu'ici on parle vraiment d'un nouveau statut. Les aires protégées
d'initiative autochtone est un nouveau statut qui est complètement nouveau à la
LCPN, donc, et qui impliquent une intervention d'une communauté pour soumettre,
à son initiative, donc, à partir de certains critères... Vous vous rappelez,
aux articles précédents, on parlait de cartes géographiques. Donc, il y a
certaines balises minimums qui vont devoir faire l'objet de la proposition,
donc, de l'initiative de la communauté, directement auprès du ministre. Donc,
c'est le seul cas d'espèce où il y a vraiment une proposition directement faite
par écrit en vertu des articles précédents... directement faite auprès du
ministre. Donc, ce type de guide là ne s'appliquerait pas dans d'autres statuts
actuellement.
M. Benjamin :
Merci. Et, ce guide-là, c'est un guide du ministère à l'intention des
communautés et des nations autochtones. Donc, c'est bien ça?
M.
Martin-Malus (Jacob) : Ma réponse, Mme la Présidente, serait
«notamment», donc, mais c'est un guide, donc, qui serait...
M. Benjamin :
C'est une réponse très prudente, M. le sous-ministre.
M.
Martin-Malus (Jacob) : Oui, effectivement, mais je vous dirais
que, de plus, c'est un guide qui va être rendu public, M. le député, sur le site
Internet du ministère de l'Environnement. Donc, il sera accessible à toute
personne voulant le consulter, bien sûr.
M. Benjamin :
Et quelle serait la contribution des communautés autochtones dans la confection
même de ce guide-là? Est-ce qu'il est prévu qu'il y ait une contribution des
communautés autochtones dans la préparation, dans la confection même de ce
guide-là? Parce que, vous comprendrez, il serait très malvenu de faire un guide
à l'intention d'un groupe... de groupes, et pour lesquels ils ne seraient même
pas consultés. Donc, quelle serait leur contribution à ce moment-là?
M.
Martin-Malus (Jacob) : Je vous répondrais... Et je vais être
prudent pour ne pas aller au-delà des propos du ministre en commission, mais,
si j'interprète ce que j'ai entendu jusqu'à présent, la volonté du ministre,
c'était réellement, donc, une démarche où le ministère va faire participer les
différents représentants des communautés autochtones pour soutenir, donc, le
ministère dans la rédaction, la préparation et le développement du guide en
question.
Donc, on parle
vraiment d'une démarche très, très, très participative des communautés, dans un
horizon... Une fois le projet de loi n° 46 adopté, donc, on se donne un
horizon temporel à déterminer. Je ne l'ai pas de façon très précise, mais ce
n'est pas quelque chose qui va se faire dans les trois prochaines semaines
suivant l'adoption. On parle d'une démarche participative de plusieurs mois en
vue, donc, d'adopter un guide qui aura été largement commenté par les
communautés autochtones.
M. Benjamin :
Donc, autrement, vous me confirmez que, que ce soit dans l'élaboration de ce
guide, donc, dans sa préparation, donc, il y aura un travail qui sera fait, de
concertation, avec les communautés autochtones.
• (16 h 30) •
M.
Martin-Malus (Jacob) : Je vous confirme qu'il y aura un travail
de fait, de consultation des communautés autochtones, effectivement, et ce sera
une consultation élargie, là, pour inclure le plus possible de représentants
des Premières Nations qui souhaitent y participer.
M. Benjamin :
Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres... Mme la députée
de Mercier.
Mme Ghazal :
Oui. Est-ce que c'est possible que le guide soit... pour ne pas que ce soit
imposé ou que ce soit vu comme tel, qu'il soit élaboré en collaboration avec
les communautés autochtones?
M. Charette :
En fait, comme le sous-ministre adjoint vient de le mentionner et comme le
précisent les articles précédents, c'est clair que c'est une démarche
participative. On n'imposera pas une aire protégée d'initiative autochtone à
une communauté autochtone qui ne le souhaiterait pas, ce statut d'aire protégée
d'initiative autochtone. Donc, le cadre de gestion va refléter la mobilisation
de la communauté, là, pour l'obtention du statut.
Mme
Ghazal : En fait, c'est écrit où que le guide va être écrit en
collaboration avec les communautés autochtones?
M. Charette :
En fait, au niveau... Comme je le mentionnais précédemment, la gestion pourrait
ne pas revenir à la communauté si la communauté ne souhaite pas l'obtenir, ce
mandat-là. Donc, c'est là où il faut laisser place à cette possibilité-là. Donc, on lit : «Ce guide est élaboré et mis à
jour dans un esprit de collaboration avec les communautés et les nations
autochtones.» Donc, c'est tacite qu'ils font partie de la démarche.
Mme Ghazal :
Et donc ils font partie de la démarche... parce que je ne comprends pas... Le
guide, il est mis en place pour les aires protégées où il y a une entente ou
pas nécessairement?
M. Charette : En fait, on est rendus
à l'étape suivante, en quelque sorte. C'est-à-dire, on a l'aire protégée d'initiative
autochtone qui est reconnue. Il faut maintenant déterminer les modalités. On
parle tout le temps d'un plan de conservation, donc, d'une entente ou d'une
nécessité de gestion du territoire. C'est là où on dit : «Le guide est
élaboré et mis à jour dans un esprit de collaboration.» Donc, ce n'est pas le
ministère seul qui le fait. Donc, c'est dans un esprit de collaboration avec
les communautés et les nations autochtones.
Mme Ghazal : Très bien, c'est bon,
merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions? D'autres
interventions, non? Donc, nous avons finalisé l'article 2. Merci, Mme la
secrétaire. Donc, on va revenir sur l'intitulé. Êtes-vous d'accord avec
l'intitulé, qui est «Objet et application»? C'est ça? O.K. Donc, les
intitulés : «Chapitre I, Dispositions générales, Section I,
Objet et application.» Y a-t-il des commentaires sur les intitulés?
M.
Charette : Étant donné que
nous étions sur un amendement, est-ce
qu'il faudrait d'abord adopter l'amendement?
La Présidente (Mme
Grondin) : O.K., merci, M. le ministre.
M. Charette : Bien, quoiqu'hier on
l'avait déjà adopté, le 2, mais juste pour être sûr que...
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, y a-t-il des commentaires sur les intitulés... l'intitulé de
l'amendement... des amendements... de l'amendement? C'est ça? Non?
M. Benjamin : L'intitulé des
amendements étant...
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, au niveau de
l'amendement, on a ici : «Section l.1, Dispositions propres aux
communautés autochtones.»
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : O.K. Et donc il y a des intitulés par la
suite : «Dispositions générales», «Aires protégées d'initiative
autochtone.» Vous l'avez dans l'amendement. Donc, y a-t-il des commentaires sur
ces intitulés? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Écoutez, Mme la
Présidente, à la lumière des derniers échanges qu'on a eu depuis... qu'on a
depuis hier soir jusqu'à aujourd'hui, c'est sûr que j'aurais aimé avoir... voir
un intitulé beaucoup plus parlant pour ce qui a trait au rôle, à la
contribution des communautés autochtones, mais je tenais quand même à souligner
que je pense qu'on aurait pu faire... Le ministre aurait pu faire davantage
pour avoir un intitulé beaucoup plus parlant à cet effet, donc, mais... Je ne
ferai pas d'amendement, mais je tiens à le souligner.
La Présidente (Mme
Grondin) : D'autres commentaires? Ça va? Donc, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La
Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement qui
introduit les articles 2.3 à 2.9 est adopté. Nous revenons donc à
l'article 2, où nous avions déjà passé à travers l'ensemble.
Mme Ghazal :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui, Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal :
Les dispositions préliminaires, je pense, c'est comme ça que ça s'appelle, au
début... c'était au début, début... Ah! on avait décidé que c'était à la fin.
Très bien, c'est bon, je viens de me rappeler.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, c'est ça, elles sont... elles
vont être discutées à la fin. Le préambule, là, sera à la fin. Donc, si on
revient à l'article 2 tel qu'amendé, y a-t-il des interventions? Je vais
donc procéder à la mise aux voix de l'article 2.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
La Secrétaire : Et Mme Grondin
(Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'article 2, tel qu'amendé,
est adopté. Nous poursuivons avec les articles suspendus et, si je ne me trompe
pas, Mme la secrétaire, nous sommes rendus à l'article 8. Donc,
l'article 8, M. le ministre.
M. Charette : Exactement, je l'avais
lu à l'époque qui semble lointaine, mais c'est effectivement bien loin. Donc,
je peux le lire de nouveau, c'est très simple :
Les articles 10 et 11 de cette loi sont
abrogés.
Le commentaire. L'article 10 abrogé est
remplacé par le nouvel article 41 proposé par l'article 32 du projet
de loi. On avait convenu, là, ça me revient tout en le lisant, de le reporter
parce que l'article 32 n'avait pas été étudié, ce qui est fait maintenant
dans sa quasi-totalité, donc, lequel prévoit un nouveau mécanisme pour la
modification de désignations gouvernementales, notamment afin d'introduire
l'obligation pour le gouvernement de prendre toute mesure de conservation
propre à compenser toute diminution de la superficie totale des aires protégées
au Québec.
Et l'article 11, lui, il est tout
simplement déplacé à l'article 2.2, qu'on a tout juste traité par
l'article 2 du projet de loi, afin de regrouper cet article avec les
autres dispositions générales. Donc, on avait convenu de le reporter tout
simplement pour se laisser le temps d'y aller dans l'ordre un petit peu
chronologique des articles.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions
sur l'article 8? Je vais donc procéder à la mise aux voix de
l'article 8. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente
(Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'article 8 est
adopté. Nous poursuivons avec l'article 9 qui était suspendu. M. le
ministre, je vous invite à le lire.
• (16 h 40) •
M. Charette :
Exactement, en vous mentionnant qu'il y aurait des amendements en 12, mais
également pour introduire 12.3 à 12.6.
Donc, l'article original :
9. L'article 12 de cette loi est remplacé
par les suivants :
«12. Le ministre peut, par entente, déléguer à
toute personne ou à toute communauté autochtone tout ou partie des pouvoirs que
lui attribue la présente loi ou qu'il détient au regard de la gestion d'un
territoire qui relève de son autorité et qui fait l'objet d'une mesure de
conservation en vertu de la présente loi.»
Donc, je pourrais déjà lire, bien, peut-être le
commentaire, parce que l'amendement ne modifie pas tout. Donc, le commentaire.
Cette modification élargit le pouvoir de délégation du ministre afin de
favoriser une participation plus active des communautés autochtones, des
organismes de conservation et d'acteurs impliqués en matière de conservation de
la biodiversité. Le ministre pourra notamment déléguer certains pouvoirs
d'inspection.
Le nouvel article 12 est notamment inspiré
de l'article 15.11 de la Loi affirmant le caractère collectif des
ressources en eau et favorisant une meilleure gouvernance de l'eau et des
milieux associés, de l'article 17.22 de la Loi sur le ministère des
Ressources naturelles et de la Faune et, plus récemment, du nouvel
article 12.2 de la Loi sur le ministère du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs, proposé par le projet de loi n° 44.
Donc, je vous ferais la lecture de l'amendement.
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui. Toutefois, l'amendement, c'est ça, si
j'ai bien compris, M. le ministre, il introduit les articles 12.3, 12.4 et
12.5?
M. Charette : L'autre
amendement par la suite, mais le premier est réellement sur 12.
La Présidente
(Mme Grondin) : O.K., parfait, c'est bon. Je voulais juste
m'assurer que je suivais.
M. Charette : Excellent. Donc,
j'en fais la lecture, merci.
Article 12 de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel. Donc, à l'article 12 de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel proposé par l'article 9 du projet de loi :
1° dans le premier alinéa :
a) remplacer «Le» par «Sous réserve de
l'article 77.19, le»;
b) insérer, après «personne ou», «à toute nation
ou»;
2° ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
«Pour les fins du présent article, les nations
autochtones sont représentées — plutôt — par la Société Makivik, le
Gouvernement de la nation crie ou un regroupement de tous les conseils de
bandes ou de tous les conseils de village nordique. Les communautés autochtones
sont quant à elles représentées par leur conseil de bande, par leur conseil de
village nordique, par un regroupement de communautés ainsi représentées, ou, en
l'absence de tels conseils, par tout autre regroupement autochtone.»
Un commentaire, là, qui vient de m'être ajouté.
Donc, c'est un amendement qui découle essentiellement des commentaires reçus
lors de la présentation du projet de loi. Il vise à clarifier que la délégation
des pouvoirs se rapportant au recouvrement d'un montant dû en vertu de la LCPN
ou de ses règlements n'est pas visé par l'article 12 et sera fait
conformément à l'article 77.19.
Cet amendement permet également de clarifier
quels sont les regroupements qui peuvent représenter les nations et les
communautés autochtones dans le cadre des ententes de délégation. Cette
énumération englobe les différents modes de représentation et reprend les mêmes
regroupements que l'article 62 de la Loi encadrant le cannabis et de la
loi sur le bien-être et la sécurité animale, lesquelles sont
les textes les plus récents à ce sujet.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il... M. le député de
Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Ma première question... Donc, dans le premier paragraphe de cet
article 12 amendé, quand le ministre parle de «tout ou partie des
pouvoirs», j'aimerais peut-être l'entendre sur le «tout ou partie des
pouvoirs».
M. Charette : En fait, est-ce que le
collègue est sur l'amendement ou l'article 12... bien, c'est-à-dire,
l'article 12 original?
M. Benjamin : Bien, en fait, je suis
dans l'amendement, en fait : «Sous réserve de l'article 77.19 — donc — le ministre
peut, par entente, déléguer à toute personne ou à toute nation ou communauté
autochtone tout ou partie des pouvoirs...»
M. Charette : C'est réellement... Ce
n'est pas la... C'est ça, il faudrait débattre de l'amendement. Ça, c'est le 12
lui-même.
M. Benjamin : De l'amendement? Bien,
parfait. Bien, écoutez, donc, je vais aller, donc, sur l'amendement strict.
Dans le... Ici, donc, vous avez cru bon d'ajouter «toute personne ou à toute
nation ou communauté autochtone». J'aimerais vous entendre sur pourquoi est-ce
que c'était important d'amener cette dimension-là. Or, il me semble que les
nations vivent sur un territoire, donc...
M. Charette :
En fait, c'est peut-être mieux pour... C'est vrai que des amendements, là, où
on ne fait que modifier ou ajouter quelques mots, ça devient difficile de s'y
retrouver. Avec la permission du collègue, je vais tout simplement lire le
texte amendé. La réponse devient toute naturelle, là. Donc, 12 se lirait
ainsi : «Sous réserve de l'article 77.19, le ministre peut, par
entente, déléguer à toute personne ou à toute nation ou communauté tout ou
partie des pouvoirs et responsabilités...»
Notamment, on ne peut pas, dans certains cas,
parler de conseils de bande. Les Inuits n'ont pas de conseils de bande. Donc, on
ne peut pas arriver à conclure une entente de gestion avec un conseil de bande.
Donc, ça devient à travers les individus répondants pour la communauté...
Est-ce qu'il y aurait d'autres exemples?
Et, encore plus précisément, le deuxième
paragraphe qui est introduit par l'amendement, ça illustre très bien la
finalité, là, de cette dénomination. Donc, on lirait : «Pour les fins du
présent article, les nations autochtones sont représentées par la Société
Makivik, le Gouvernement de la nation crie ou un regroupement de tous les
conseils de bandes ou tous les conseils de village nordique. Les communautés
sont quant à elles représentées par leur conseil de bande, par leur conseil de
village nordique [ou] par un regroupement de communautés ainsi représentées ou,
en l'absence de tels conseils, par tout
[...] regroupement autochtone», qui est composé de personnes... Donc,
l'amendement lui-même est assez clair, là, sur sa finalité.
M. Benjamin : Cet amendement-là, M.
le ministre, est-ce que... J'aimerais savoir si cet amendement-là, au moment de
le préparer... Est-ce qu'il est puisé... Est-ce qu'il a été tissé à partir de
la concertation avec les communautés autochtones? Parce que c'est clair qu'ici
il est question de représentativité. Il est question de légitimité. Donc,
alors, moi, j'aimerais savoir... En fait, cet amendement-là, est-ce qu'il a été... Avant
de l'apporter, est-ce qu'il a été... Est-ce qu'il y a eu une consultation?
Est-ce qu'il y a eu une concertation avec les communautés autochtones?
M. Charette : Oui, en fait, comme je
le mentionnais dans les commentaires, c'est réellement un amendement qui est
apporté suite à la consultation. Donc, à travers ce qu'on a pu entendre, à
travers les discussions qu'on a pu avoir par la suite, donc, on répond à des
attentes avec cette nouvelle terminologie là et ce nouveau paragraphe là.
M. Benjamin : Donc, est-ce que vous
me confirmez que le ministre délégué aux Affaires autochtones, donc,
responsable des relations entre le gouvernement du Québec et les communautés autochtones,
est à l'aise avec ce que vous nous proposez ici dans l'article 12?
M. Charette : En fait, l'article 12,
comme je le mentionnais tout à l'heure, offre un pouvoir très élargi et de belles possibilités. Donc, oui, c'est à la satisfaction du collègue,
très certainement, mais aussi des communautés qui y
voient un réel potentiel, là, de rôle à jouer, là, pour la suite.
M. Benjamin : Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va, vous avez... Ça va, M. le député? Parfait. Y a-t-il d'autres
interventions? Non? Donc, je vais procéder à la mise aux voix de l'amendement.
La Secrétaire : M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Et Mme
Grondin (Argenteuil)?
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 9
est adopté. Nous revenons à l'article 9 tel qu'amendé. M. le ministre, je
crois que vous aviez également un amendement?
M. Charette : Un amendement pour
introduire de nouveaux articles.
M. Benjamin : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, monsieur...
M. Benjamin : Je pense qu'on devait
revenir sur l'article 12 amendé. Donc, on vient de... Est-ce que c'est sur
l'amendement qu'on vient de voter?
La Présidente (Mme
Grondin) : On a voté sur l'amendement. Donc, on revient sur...
M. Benjamin : Oui. Donc, il faut
revenir sur le 12 amendé, voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, le 12 de l'article 9.
M. Benjamin : Oui, d'accord. Donc,
moi, j'aurais une intervention.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait, allez-y, M. le député.
M. Benjamin : En fait, c'était...
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, ce qu'on va fonctionner... On va y aller... 12, 12.1, 12.2, et, par la
suite, on traitera de l'amendement. Ça vous
convient? Parfait. Donc, on revient à l'article 12 de l'article 9. M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. En fait, je reviens à ma question. Donc, quand on parle de «tout ou
partie des pouvoirs et responsabilités», j'aimerais entendre le ministre sur le
«tout ou partie des pouvoirs».
M. Charette : En fait, ce qu'on a
mentionné dans l'échange, précédemment, et avec la collègue de Mercier et avec
vous, sur... Au moment de l'article 2, on regardait un petit peu quelles
étaient les avancées, quelles étaient les possibilités,
et je référais justement à l'article 12, parce que c'est réellement un
pouvoir, là, qui peut être assez... C'est-à-dire que cette entente-là
peut reconnaître des pouvoirs assez élargis. Tout à l'heure, je parlais de la
surveillance, notamment, du territoire par des gardiens de parc ou peu importe
comment on pourrait les appeler. Donc, on peut ou on pourra déléguer ce type
d'activité là à travers l'entente de gestion, et ça vient illustrer encore une
fois le rôle que le milieu pourra jouer. On est à un article où il n'est pas
question uniquement des communautés autochtones. Ça va s'appliquer aux
différentes possibilités d'aires protégées, mais on comprend que ça va aussi
s'appliquer à l'aire protégée d'initiative autochtone.
M. Benjamin : Merci, M. le ministre.
Donc, en fait, le sens de ma question... En fait, moi, je pense qu'il ne faut
pas faire miroiter des choses aux gens qui n'existeraient pas. Moi, ce que
j'ai... Lorsque je vous ai entendu tout à l'heure parler des possibilités de
délégation... Justement, vous avez parlé de possibilités de délégation, de
questions d'inspection, mais, sur le «tout»,
donc, sur le «tout», précisément sur le «tout», donc, je comprends aussi que
cette délégation de pouvoirs...
Est-ce que c'est ce que le «tout» veut dire? C'est-à-dire qu'il pourrait y
arriver, dans certains cas, que, même quand on est... nous ne sommes
pas, donc, dans une aire protégée autochtone... Qu'est-ce que le «tout» veut
dire?
M. Charette : En fait,
l'article 12 ne vise pas spécifiquement les aires protégées d'initiative
autochtone, ce sont l'ensemble des aires protégées. On parlait, par exemple...
oui, pour une communauté autochtone, ses représentants, mais, dans le cadre du
projet de loi, on a souvent parlé des organismes de conservation, par exemple.
Donc, ça pourrait être aussi une convention convenue avec un organisme de cette
nature-là et ça va préciser ce qui sera délégué. Le plus évident est
effectivement la question de la sauvegarde, de la protection du territoire. Ça
peut être l'inspection. Ça peut être... Bien, en fait, ce sont essentiellement
les différents pouvoirs qui sont énumérés dans la loi elle-même, là. C'est
là où je dis que la portée de l'article 12 est très large et offre un beau
potentiel de collaboration avec les différents milieux.
M.
Benjamin : Effectivement,
nous ne souhaitons que ça, M. le ministre, qu'il puisse y avoir des
collaborations, des concertations. Mais l'article que nous avons devant nous
nous dit que «le ministre peut, par entente, déléguer à toute personne ou à toute nation
ou communauté autochtone tout ou partie des pouvoirs et responsabilités que lui
attribue la présente loi...»
Alors, moi, ce que je... «partie des pouvoirs»,
je comprends, et vous l'avez illustré notamment à travers, par exemple, cet
exemple d'inspection, par exemple. Ça, c'est une délégation d'une partie des
pouvoirs, mais tout le... Et, moi, c'est le «tout» qui m'intéresse. Le «tout»
veut dire quoi et comment pourrait se manifester, comment pourrait
s'opérationnaliser le «tout»? Parce que c'est «tout ou partie des pouvoirs».
Donc, le «tout», c'est quoi?
M. Charette : En fait, comme je le
mentionnais à mon intervention précédente, le projet de loi précise les
pouvoirs du ministre de l'Environnement. Donc, à travers une entente, on pourra
en déléguer une partie ou tout, mais, lorsque c'est élargi dans... À chaque
fois qu'il y a une délégation de pouvoirs, comme on le mentionnait pour un exemple
précédent, ça ne peut pas être éternel, ça ne peut pas être à long terme, parce
que le ministre se déchargerait de sa responsabilité première. Mais, oui, le projet
de loi fait référence à plusieurs pouvoirs et, oui, l'article 2
permettra... l'article 12 de l'article 9 permettra de déléguer certains
ou une grande partie, là, de ces pouvoirs.
M. Benjamin : Est-ce que ça pourrait
aller, par exemple, dans le cas qu'on a, par rapport à cet article-là, à des
conventions de gestion, par exemple, d'une aire?
M. Charette : En fait, oui, c'est ce
qu'on mentionnait aussi précédemment. Il y a un plan de conservation. Il faut
avoir la possibilité de l'appliquer, ce plan de conservation là. Donc, oui, il
peut y avoir une délégation au niveau de la gestion, un exemple qui est très
fréquent ou qui est susceptible de l'être davantage avec les organismes de
conservation, notamment.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va? Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 12? Donc, nous poursuivons avec l'article 12.1. Y a-t-il des interventions?
L'article 12.2? Donc, M. le ministre, vous souhaitez déposer un amendement
qui va introduire les articles 12.3 à 12.6?
M. Charette : S'il vous plaît,
merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Vous avez tous les amendements avec vous, hein? Ils
sont sur le Greffier. Donc, M. le ministre, je vous invite à en faire la
lecture. On va commencer avec le 12.3, s'il vous plaît.
M. Charette : C'est bien gentil.
Merci, Mme la Présidente.
Donc, 12.3 : «Le gouvernement peut, par
décret, mettre en réserve toute terre faisant partie du domaine de l'État dans
le but de constituer une nouvelle aire protégée.
«Pendant cette mise en réserve, aucun nouveau
droit, bail, permis ou autorisation ne peut être octroyé ou délivré [par] la
réalisation de l'une ou l'autre des activités suivantes :
«1° la réalisation d'une activité d'aménagement
forestier à des fins commerciales;
«2° la recherche, l'exploitation et le transport
de substances minérales;
«3° l'exploration, la production et le stockage
d'hydrocarbures, de saumure ou de réservoirs souterrains;
«4° la construction d'oléoducs et de gazoducs;
«5° la production, la transformation, la
distribution et le transport d'électricité à des fins commerciales;
«6° la réalisation d'une activité d'exploitation
de la faune ou d'une activité agricole;
«7° la construction de toute infrastructure
assujettie à une autorisation du ministre responsable de l'application de la
Loi sur les terres du domaine de l'État.»
La
Présidente (Mme Grondin) :
Ça va? Donc, y a-t-il des interventions sur cet article 12.3? M. le député
de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Petite question pratique pour mon édification, M. le ministre.
Donc, généralement, une mise en réserve, en moyenne, ça dure combien de temps,
une mise en réserve?
M. Charette : En fait, c'est un
nouveau pouvoir qui est introduit à travers 12.3. Est-ce qu'on a une estimation
du temps que ça pourrait représenter? En fait, c'est un nouveau pouvoir qui est
introduit, mais, en 12.6, par contre, on aura potentiellement un élément de
réponse, là, sur cette question-là. Mais je ne peux pas y aller d'exemples
particuliers, étant donné, là, que c'est une nouvelle possibilité, mais qui,
ceci dit, est très, très intéressante, parce que, même si on parle de mise en
réserve, on voit tout ce que ça implique. On gèle, en quelque sorte, le territoire,
là, pour nous permettre de passer plus rapidement à l'étape subséquente.
• (17 heures) •
M.
Benjamin : Au point 5°, on parle de production, transformation,
distribution, transport d'électricité à des fins commerciales. Est-ce qu'il
pourrait y avoir, par exemple, des situations de transport d'électricité à
d'autres fins que commerciales?
M. Charette :
On a déjà donné comme exemple... Si c'est pour alimenter, par exemple, un
bâtiment en particulier, si c'est pour desservir un lieu en particulier, ça
pourrait s'appliquer à ce cas de figure là. Et ce que j'aurais peut-être dû
mentionner, là, cette mise en réserve là ou cet amendement-là, c'est largement
inspiré, là, de ce que nous proposait la SNAP, là, au moment des consultations,
mais également des discussions avec l'organisme.
M. Benjamin :
Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il des commentaires sur cet
amendement, l'article 12.3? Donc, nous allons poursuivre avec l'article
12.4.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, 12.4 :
«La décision du
gouvernement précise les motifs qui justifient la mise en réserve du territoire
concerné ainsi que les activités qui, parmi celles énumérées au deuxième alinéa
de l'article 12.3, sont visées par celle-ci.
«Elle est accompagnée
d'une carte géographique du territoire [...] réservé.»
Et j'ai un petit
commentaire qui s'est ajouté. Donc, 12.4, voilà, ça précise le contenu minimal
de la décision du gouvernement, soit les motifs, les activités ciblées ainsi
qu'une carte géographique du territoire concerné.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il des interventions sur
l'article 12.4? Donc, nous allons poursuivre avec l'article 12.5. M. le
ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, 12.5 :
«La décision du
gouvernement entre en vigueur à la date de sa publication à la Gazette
officielle du Québec.»
La
Présidente (Mme Grondin) : Commentaires ou questions à
l'article 12.5? M. le ministre, l'article 12.6.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, 12.6 :
«La mise en réserve
d'un territoire prend fin :
«1° par
la désignation du territoire concerné à titre d'aire protégée en vertu de la
présente loi ou de toute autre loi; ou
«2° par son
abrogation par décret du gouvernement.»
La
Présidente (Mme Grondin) : Commentaires sur
l'article 12.6? Y a-t-il des commentaires sur l'intitulé? Donc,
c'est : «Section III. Mise en réserve de territoires». Ça va? Donc,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La
Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est
adopté. Nous revenons à l'article 9 tel qu'amendé. Y a-t-il des
commentaires ou questions sur cet article? Je vais donc procéder à la mise aux
voix de l'article 9. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'article 9
est adopté. Nous poursuivons avec les articles suspendus. Donc, nous sommes
rendus à l'article 18. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Charette :
Juste pour se remémorer pourquoi la suspension au départ, c'est qu'il y avait
eu un échange, notamment, avec la légiste concernant les changements. On
parlait de l'arpenteur général, et autres. Et c'est le Parti québécois, je
pense, qui avait soumis quelques questions. Les réponses sont disponibles sur
Greffier. Et ça confirme, là, les propos de la légiste comme quoi c'étaient des
aménagements, là, très, très, très techniques, mais les réponses sont
disponibles sur Greffier.
La Présidente (Mme Grondin) : Nous en étions... Vous aviez déposé un amendement.
Nous en étions également sur cet amendement-là qui est suspendu.
M. Charette : Oui, bien, en fait, on
avait suspendu 18 en entier, là, pour clarifier cette question-là.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, y
a-t-il des commentaires sur l'article 18? Donc, ce qu'on va faire, on va
commencer par l'amendement, comme on fonctionne habituellement, l'amendement.
Par la suite, on reviendra sur l'article
amendé ou non. Donc, l'amendement, M. le
ministre, est-ce que vous pouvez
juste nous le relire pour être certain...
M. Charette :
...le relire volontiers. Donc, c'est tout simplement retirer l'article 18
du projet de loi.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, y a-t-il des commentaires
sur cet amendement? Je vais donc procéder à la mise aux voix de l'article... de
l'amendement, pardon. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement
est adopté. Cet amendement-là retire évidemment l'article 18. Donc, nous
poursuivons avec l'article 32, c'est toujours ça, Mme la secrétaire, hein?
Je suis bien les choses?
La Secrétaire :
Oui, absolument.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, l'article 32, il y a
plusieurs articles qui ont été suspendus. Donc, je vous amène à
l'article 40 de l'article 32.
M. Charette :
Je suis peut-être plus positif que vous, Mme la Présidente. Plusieurs ont été
adoptés et certains ont été suspendus, mais nous sommes effectivement à 40.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
plusieurs suspendus... quelques-uns qui sont suspendus. Donc,
l'article 40.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, effectivement, c'est une bonne idée. Je vais faire la liste des
articles qui sont suspendus à l'article 32. Donc, il y a
l'article 40, l'article 41, l'article 48, et l'article 53,
l'article 65.7, et c'est tout.
M. Charette :
...bien certain qu'il n'y ait pas d'oubli. Il y a aussi un ajout qui est
disponible sur Greffier, qui serait, lui, en 63 et, juste pour bien les
énumérer, en 65.7.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, 65.7, il y a un
amendement, c'est ce que vous...
M. Charette :
Exactement.
La
Présidente (Mme Grondin) : ...et
l'article 63 également?
M. Charette :
À 63 également.
La
Présidente (Mme Grondin) : On va suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 09
)
(Reprise à 17 h 12)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous sommes rendus à
l'article 32 qui est suspendu, à l'intérieur duquel il y a plusieurs
articles. On va commencer avec l'article 48. M. le ministre.
M. Charette :
En fait, la lecture...
La
Présidente (Mme Grondin) : Non, l'article 40, pardon.
M. Charette :
Le 40, la lecture avait été faite. Je peux la faire de nouveau étant donné que
c'est assez lointain. Donc, ce serait tout simplement : Retirer
l'article 40 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel proposé
par l'article 32 du projet de loi. Et c'est un amendement, là, qui...
Juste lire la petite note. Donc, c'est un amendement qui a le même objet que
celui retirant l'article 18 du projet de loi introduisant
l'article 17.1 de la LCPN, et c'est la même logique. On n'avait pas abordé
ou on n'avait pas tranché, je crois, cet article-là au moment de l'étude de
l'article 32.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, juste pour être certaine que
tout le monde suit, donc nous sommes à l'article 40 de l'article 32.
Il y a un amendement qui a été déposé par le ministre, et donc nous allons
traiter de cet amendement-là. Et, M. le ministre, ce que vous nous dites, c'est
que cet amendement-là propose de retirer l'article 40.
M. Charette :
Effectivement. Il est de nouveau question de l'arpenteur général. Donc, c'est
un élément, là, qui n'avait pas été précisé au moment d'aborder l'article en
question.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur cet amendement? M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. En fait, la question... Puis je comprends que le
ministre a précisé un peu tout à l'heure avec le Bureau de l'arpenteur général,
mais je me souviens qu'on avait eu l'occasion d'échanger un peu là-dessus. Bon,
là, ça a l'air drôle, parce qu'on parle sur un amendement qui vise à faire
disparaître complètement l'article, là, mais :
«Le ministre peut apporter à la délimitation du territoire [...] tout
ajustement nécessaire pour corriger une erreur...»
La vraie question que...
de fond, là, c'est juste c'était qui qui partait la machine, c'était ça, tu
sais, dans le sens que, là, on disait : «Le ministre peut apporter à la
délimitation du territoire d'une aire protégée tout ajustement nécessaire pour
corriger une erreur...» Mais il y a une différence entre le fait que le
ministre peut partir la machine pour dire : Ah! il y a une erreur là, ce
n'est pas telle rivière, c'est telle autre, il faut couvrir telle île et pas
telle autre, et que l'arpenteur général, dans son ordre professionnel, avec ses
compétences puis sa connaissance professionnelle, corrige une erreur. Pour moi,
il y a comme une nuance. Je voudrais juste entendre un peu le ministre
là-dessus.
M. Charette :
L'explication... Une des explications, là, que j'ai sous les yeux, c'est
réellement précisé que c'est l'arpenteur général du Québec qui va déterminer
qu'est-ce qui est mineur ou majeur comme erreur à corriger. Donc, c'est en
vertu de sa propre compétence.
M.
Gaudreault : O.K. Ça veut dire que, si, admettons, la ligne n'est pas
tout à fait délimitée... bien délimitée, c'est vraiment l'arpenteur général qui
va le constater et qui peut même initier, par ses observations sur le terrain
puis son enquête sur le terrain, qu'il y a un problème, que la ligne ne passe
pas à la bonne place.
M. Charette :
En fait, il peut l'initier, mais, si on regarde parmi les réponses qu'il nous
a... qui nous ont été transmises, on lit à un autre endroit, là : «Une
demande est adressée par le représentant du ministre titulaire ou l'organisme
en autorité de gestion sur [le] territoire au Bureau de l'arpenteur général
[...] afin de procéder à la correction...» Et c'est là où lui est amené à
déterminer si erreur il y a et quelle est la nature de l'erreur à corriger.
M.
Gaudreault : O.K. C'est juste parce que je veux être clair, là, qu'il
faut tracer une ligne entre une erreur mineure puis une erreur majeure. Puis je ne voudrais pas que, sous couvert
d'erreur mineure, finalement, on fasse un changement initié par le
ministre, qui, finalement, s'avère un petit peu plus majeur que prévu. Je veux
juste bien délimiter la chose.
M. Charette : Tout à fait.
M. Gaudreault : Tout à fait?
M. Charette : C'est le cas. Bien,
dans les réponses, ça explique la procédure. Donc, on signale l'erreur, mais ce
n'est pas dans l'optique de corriger quelque chose qui est significatif, c'est
réellement, là, s'il y a une borne, par exemple, qui n'est pas... qui a mal été
localisée, ou qui n'a pas été détectée, ou quelque chose de cette nature-là, et
là on est réellement dans le champ de compétence de l'arpenteur général à ce
niveau-là.
M. Gaudreault : O.K., c'est bon.
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va, M. le député? Donc, y a-t-il d'autres
interventions sur cet amendement? Je procède donc à la mise aux voix de
l'amendement à l'article 40. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté et retire
l'article 40. Donc, nous sommes rendus
à l'article 41. Nous avons un amendement de la députée de Mercier et un
sous-amendement du député de Jacques-Cartier. Donc, nous allons
commencer avec le sous-amendement du député de Jacques-Cartier. M. le député, je vous invite... Donc, souhaitez-vous...
Avez-vous... Ça va? Voulez-vous que je suspende les travaux quelques
minutes?
M.
Kelley : Juste un instant, oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à
17 h 19)
(Reprise à 17 h 21)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux.
J'aimerais obtenir un consentement, s'il vous plaît, pour suspendre l'article...
bien, en fait, oui, laisser l'article 41 suspendu. Donc, est-ce que j'ai
un consentement ici? Oui? Est-ce qu'il y a un consentement dans la salle La
Fontaine, s'il vous plaît? Oui? Parfait, merci. Donc, nous allons poursuivre
avec l'article 48 qui est suspendu. M. le ministre.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : À l'article 48, effectivement.
Donc, nous avons l'article 48 qui est suspendu, mais il y a également un
amendement qui avait été déposé par le ministre. Donc, souhaitez-vous relire
l'amendement, peut-être, au lieu de refaire l'exercice?
M.
Charette : En fait, l'amendement que nous avions... parce qu'il y
avait eu un questionnement, là, avec... sur le transport pétrolier et
autres. Donc, on le retirerait pour en introduire un nouveau qui sera plus
clair, là, en vertu de l'échange que nous avions eu, là, ensemble. Donc, on
retirerait ce qui avait été présenté il y a quelques jours, quelques semaines,
et on déposerait, je pense qu'il est déjà disponible, en fait, sur Greffier, un
qui viendrait corriger la situation.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, j'ai besoin d'un consentement
pour retirer l'amendement. Il y a consentement. Il y a consentement dans la
salle La Fontaine aussi? Merci. Donc, l'amendement est retiré, et, M. le
ministre, vous déposez un nouvel amendement.
M. Charette :
Effectivement, qui sera plus clair, je pense bien. Donc, ce serait de remplacer
l'article 48 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel proposé
par l'article 32 du projet de loi par l'article suivant :
«48. Les activités
suivantes sont interdites dans une réserve de biodiversité :
«1° une activité
d'aménagement forestier réalisée à des fins commerciales, à l'exception :
«a) d'une
activité réalisée pour la protection des forêts contre les incendies, les
insectes nuisibles et les maladies cryptogamiques;
«b) de la
construction, l'amélioration, la réfection, l'entretien et la fermeture de
chemin multiusage au sens de la Loi sur l'aménagement durable du territoire
forestier;
«c) d'une
activité de prélèvement de produits forestiers non ligneux, à l'exception de la
culture ou de l'exploitation d'une érablière à des fins acéricoles;
«2° une activité
réalisée à des fins de recherche ou d'exploitation de substances minérales et
la construction d'infrastructures servant au transport de telles substances;
«3° une activité
réalisée à des fins d'exploration d'hydrocarbures ou de réservoirs souterrains,
de production ou de stockage d'hydrocarbures ou d'exploitation de saumure;
«4° la construction
d'oléoducs et de gazoducs;
«5° une activité
réalisée à des fins de production, de transformation, de distribution et de
transport d'électricité à des fins commerciales.
«Les lignes de
distribution d'énergie électrique d'une tension de moins de 44 kV ne sont
pas visées au paragraphe 5° du premier alinéa.»
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, y a-t-il des
interventions sur cet amendement? M. le député de Viau et, par la suite, M. le
député de Jonquière.
M. Benjamin :
Si vous permettez, Mme la Présidente, donc, je céderais peut-être mon tour de
parole, nous sommes presque en fin de session, donc, au député de Jonquière,
parce que je soupçonne qu'il va intervenir sur le même élément que moi. Donc,
je le laisse aller parce qu'étant donné que c'est lui qui avait soulevé ce
point lors... par rapport à cet article.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Jonquière, la
parole est à vous.
M. Gaudreault :
Je vois que l'esprit de Noël a envahi la circonscription de Viau.
Des voix :
...
M. Gaudreault :
Bien oui, c'est bien. Bien, on va voir si j'ai lu dans l'esprit du... dans la
pensée, c'est-à-dire, du député de Viau. C'est juste que je me souviens que,
quand nous avions discuté de cela, le ministre disait : Ah! mais c'est parce qu'il peut y avoir, par exemple, des pourvoiries
dans le bois, puis là on va... il faut alimenter en mazout, par exemple, une
pourvoirie pour garantir son chauffage. Et nous, on disait : Bien, il faut
éviter, dans les aires protégées, dans les
réserves de biodiversité, par exemple, le transport d'hydrocarbures de façon
massive, les méthaniers, pour ne pas les nommer, là, dans les réserves
de biodiversité.
Et là l'amendement
que vient de nous présenter le ministre en remplacement de l'amendement qu'il
nous avait déjà présenté ne dit pas plus ça. Puis là j'essaie juste de faire
une différence ou une comparaison. Quand il nous dit, bon, qu'on ne pourra pas
faire, dans une réserve de biodiversité, une activité réalisée à des fins de
recherche ou d'exploitation de substances minérales et la construction
d'infrastructures servant au transport de telles substances, O.K., parce que,
là, par rapport à son ancien amendement, il nous ajoute la construction
d'infrastructures...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député, je dois suspendre
les travaux pour permettre à la députée de Mercier d'aller voter. Donc, je
suspends les travaux.
Le Président
(M. Gaudreault) : C'est bon.
(Suspension de la séance à
17 h 27)
(Reprise à 17 h 33)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux.
Donc, M. le député de Jonquière, vous en étiez dans votre envolée à l'amendement
à l'article 48. Donc, je vous invite à poursuivre.
M.
Gaudreault : O.K., bien, c'est ça, je comprends qu'on est dans une
réserve de biodiversité, mais, quand même, je veux comprendre la bonne
distinction, parce que, si on compare par rapport au premier amendement que le
ministre avait déposé, là, ce qu'il nous a ajouté à 2°,
c'est : «Une activité réalisée à des fins de recherche ou d'exploitation de substances minérales — mais
là il a ajouté — et
la construction d'infrastructures servant au transport de telles substances.» Bon, puis, dans 3°, il y
a des petits changements aussi : «Une activité réalisée à des fins
d'exploration d'hydrocarbures ou de réservoirs souterrains, de production [et]
de stockage d'hydrocarbures ou d'exploitation de saumure.» «La construction
d'oléoducs et de gazoducs», à 4°.
Mais la nuance qu'il
a apportée à 2°, dans le sens qu'on ne peut pas faire de construction
d'infrastructures servant au transport pour les substances minérales, il ne le
ramène pas pour l'exploration d'hydrocarbures et de réservoirs souterrains,
vous comprenez ce que je veux dire, dans le sens que... Bon, je comprends qu'on
est dans les réserves de biodiversité, mais
il y a d'autres types de transports, qui peut ne pas être des bateaux, qui peut
ne pas être de l'oléoduc et du
gazoduc comme à l'article... au paragraphe 4°, mais qui n'est pas prévu
comme interdiction au paragraphe 3°.
M. Charette :
Effectivement. Donc, on est effectivement en territoire terrestre. Cependant,
il peut y avoir du transport d'hydrocarbures à petite échelle, on s'entend. Je
donnais l'exemple de la pourvoirie. Autre exemple, il peut y avoir, et c'est le
cas, des communautés autochtones, parce qu'on est en territoire davantage
nordique, qui sont complètement isolées, qui ne bénéficient pas, par exemple,
de l'alimentation à travers Hydro-Québec, c'est ça.
Donc, il peut y avoir
une livraison d'hydrocarbures, mais ça ne passera pas par bateau parce qu'on
est en terrestre. Ça ne passera pas par gazoduc ou quelque forme
d'infrastructure lourde. C'est vraisemblablement un camion qui va aller faire
une livraison spécifique pour alimenter cette communauté-là. Cependant, ce que
l'on mentionne, il n'y a pas d'activité de recherche ou d'exploration qui va se
faire, mais on comprend aussi qu'il ne peut pas y en avoir sur le terrain,
sinon ce terrain-là n'aurait pas été déclaré aire protégée.
Donc, tout ce qui est
exploration, tout ce qui est exploitation, autant des substances minérales que
ce qui pourrait être lié aux hydrocarbures,
ne sera tout simplement pas permis, naturellement, là, sur le territoire d'une
aire protégée.
M.
Gaudreault : O.K. Je vais laisser mes collègues pour l'instant... puis
je vais revenir plus tard.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il des... M. le député de
Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Donc, au deuxième paragraphe, donc, celui qui commence
par : «Une activité réalisée à des fins de recherche ou d'exploitation de
substances minérales et la construction d'infrastructures servant au transport
de telles substances;»... Et ma question, en fait, c'est une question à la
lumière de quelques inquiétudes émises par des instances du Saguenay. Je pense,
entre autres, à la chambre de commerce du Saguenay. Je pense, entre autres, à
Rio Tinto et au port de Saguenay. À la lumière de cet amendement, M. le
ministre, est-ce que je comprends que, par exemple, ce qui est interdit... En
fait, ce qui n'est pas interdit, c'est le transport par bateau de substances
minérales, mais ce qui est interdit, c'est la construction de ports servant
au...
M. Charette :
En fait, juste pour être bien certain, là, qu'on se comprenne bien, on est sur
le cas d'une réserve de biodiversité. Donc, on est au niveau terrestre. Il n'y
a pas d'eau du tout, là. Donc, on n'est pas dans les cas de figure qui
pourraient être ceux de Rio Tinto ou du port de Saguenay. On est en réserve
de biodiversité, donc, réellement en milieu terrestre. On aura l'occasion, dans
les prochains instants, sans doute, de parler des aires protégées de type
marin. Là, on pourra aborder cette question-là, mais ici on est réellement, là,
en territoire nordique, mais milieu terrestre.
M. Benjamin :
Donc, vous me dites qu'on aura l'occasion d'en débattre.
M. Charette : Oui, on a un petit peu
loin... Effectivement, on avait les mêmes questionnements, là, il y a quelques
jours, sur le volet marin, là, des aires protégées.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci, Mme la
Présidente. Je me pose la question. Je regarde l'article 34 du projet de loi,
où on parle... Est-ce que je suis dans le bon article, où on parle de ce qui
est... En fait, là, 34, ça commence par «Sur les terres du domaine de l'État
comprises dans le plan d'une réserve aquatique...» C'est autre chose, là, mais
est-ce qu'il y a des activités qui sont interdites dans... En fait, c'est ça,
je pense que c'est l'article 34... c'était l'actuel article 48. Est-ce que
c'est possible? Parce que j'essaie de comparer les interdictions qui sont dans
l'amendement versus ce qui était là déjà
actuellement, parce que, moi, c'est un copier-coller de l'article 34 :
«Sur les réserves du domaine de l'État comprises dans le plan d'une
réserve aquatique, d'une réserve de biodiversité ou d'une réserve écologique
projetée...»
M. Charette : C'est l'article 34 de
la LCPN actuelle.
Mme Ghazal : C'est ça, actuelle. Ça
se peut qu'on ait eu aussi la discussion au moment où on a parlé... avant de
suspendre, et, par exemple, toute... Il y a des éléments qui sont dans la loi
actuelle qui ne se retrouvent pas dans l'amendement du ministre. Par exemple,
dans la loi actuelle :
«Sont interdites les activités suivantes :
«d) toute autre activité interdite par le plan
de conservation de l'aire projetée; là, c'est sûr qu'il n'y a plus d'aire
projetée, ce n'est pas une aire projetée, mais, au moins, le plan de
conservation...
«e) toute autre activité que peut prohiber le
gouvernement par voie réglementaire.»
Après ça, il y a les activités d'exploration
minière... Tout ça ne se retrouve pas dans l'amendement actuel.
• (17 h 40) •
M. Charette : En fait, je serais
porté à croire que oui, mais formulé autrement. Tout ce qui est minier, par exemple,
on le voit bien au niveau 2°. Donc, on dit de façon très, très claire,
là : Toutes les activités de recherche ou d'exploitation sont interdites,
et même les infrastructures pour transporter ces substances sont également
interdites. Donc, en 2°, c'est clairement mentionné.
Mme Ghazal : Donc : «i. les
activités — je
vais le lire actuellement — d'exploration
minière, gazière ou pétrolière, de recherche de saumure ou de réservoir
souterrain, de prospection, de fouille ou de sondage, lorsque ces activités
nécessitent du décapage, du creusage de tranchées, de l'excavation ou du
déboisement;» et après
«ii. toute nouvelle attribution d'un droit
d'occupation à des fins de villégiature;
«iii. les travaux de terrassement ou de
construction.»
Le fait qu'on ne les retrouve pas actuellement,
ce n'est pas parce qu'elles sont permises, ces activités-là.
M. Charette : Non, mais, lorsqu'on
parle, par exemple, du volet hydrocarbures, on l'a en 3° et en 4°. On parle
d'interdire, naturellement, tout ce qui est exploration d'hydrocarbures ou de
réservoirs souterrains. Et, en 4°, c'est la construction des infrastructures
qui permettraient leur transport. Donc, c'est une formulation certainement
différente, mais qui n'ouvre pas de nouvelles possibilités.
Mme Ghazal : Mais je veux juste être
certaine que c'est juste parce que c'est une formulation différente et non pas
qu'il y ait certains éléments qui ont été enlevés, parce que, quand je le lis...
Oui, vous le dites, mais, par exemple, on ne parle pas... C'est-à-dire que
c'est toutes les activités d'exploration minière, gazière ou pétrolière qui
sont interdites dans la nouvelle formulation. C'est comme ça que c'est écrit?
M. Charette : Oui. Ce n'est pas
mentionné comme tel, mais c'est ce que ça veut dire clairement, là. Tout ce qui
est exploration, et exploitation, et transport, c'est mentionné et en 3° et en
4°.
Mme Ghazal : Mais «exploration»
n'est pas mentionné.
M. Charette : Bien, je vais le
regarder avec vous. À partir du moment où on dit : «Une activité réalisée
à des fins d'exploration...» C'est ce que ça dit.
Mme Ghazal : Ah! ça, c'est lequel?
M. Charette :
Le 3°, en 3°. En fait, pour ce qui est... hydrocarbures, là... Autant, le
minerai, c'était en 2°. Pour ce qui est des hydrocarbures, c'est en 3°. Donc,
on lit textuellement, là : «Une activité réalisée à des fins d'exploration
d'hydrocarbures ou de réservoirs souterrains, de production ou de stockage
d'hydrocarbures ou d'exploitation de saumure.»
Donc, ça, c'est textuellement, là, ce qui est proposé dans l'amendement actuel.
Et, en plus, on rajoute... En 4°, les
infrastructures de transport de ces substances-là seraient aussi interdites,
là, à travers la construction d'oléoducs ou de gazoducs.
Mme Ghazal :
O.K. Et puis est-ce que toutes ces activités qui sont interdites... O.K.,
donc : «Les activités suivantes sont interdites[...] :
«1° une activité
d'aménagement forestier réalisée à des fins commerciales, à l'exception...»
Puis là, ça, c'est les exceptions. Il y a a, b, et c qui sont des exceptions.
Ces exceptions-là qui font qu'on peut faire ces activités-là, est-ce que ça
respecte ce qui doit être... ce qui peut être fait dans une réserve de
biodiversité ou une aire protégée, selon l'UICN, les a, b, c?
M. Charette :
Je me retourne vers notre spécialiste de l'UICN.
Mme Ghazal :
Oui, parce qu'on interdit, mais il y a une exception, et là on ajoute des
exceptions, mais est-ce que ces exceptions-là rentrent dans ce qui peut être
fait dans une aire protégée?
M. Charette :
Oui, en fait... mais, si on les regarde, là, de façon très, très rapide, là, on
les comprend bien, ces activités-là ou ces
exceptions-là. À partir du moment qu'il y a un feu de forêt ou... Et on le
connaît, là, malheureusement, certaines
de nos forêts, là, sont infectées, là, de différents insectes nuisibles. Donc,
il faut qu'il y ait une intervention pour limiter les dégâts, sinon
c'est carrément la réserve de biodiversité qui pourrait être compromise. En b,
ça, on l'avait discuté déjà, c'est la
construction, l'amélioration, la réfection, l'entretien ou la fermeture de
certains chemins multiusages au sens de la Loi sur l'aménagement durable
du territoire forestier. Et, en c, une activité de prélèvement, ça, c'est un
domaine que je connais moins. Je pourrai peut-être me faire conseiller ce
qu'est le prélèvement de produits non ligneux.
Une voix :
...
M. Charette :
D'accord. Donc, s'il y avait une problématique avec des champignons ou autres,
c'est ce qu'on appellerait, là, produits forestiers non ligneux, à l'exception,
naturellement, de la culture ou de l'exploitation d'une érablière, là, à des
fins acéricoles.
Mme Ghazal :
Puis ces exceptions n'étaient pas présentes dans la loi actuelle. On les a
ajoutées, ces exceptions-là. Comme, avant, elles étaient interdites, si je
comprends bien, et maintenant on les permet.
M. Charette :
En fait, c'est peut-être le règlement, je vais juste regarder, qui pouvait
entrevoir ou laisser entrevoir la possibilité... Donc, on confirme, là, que
c'est en conformité avec l'UICN. Et, voilà, l'autre volet, c'est que ça pouvait
être permis à travers le plan de conservation. Donc, c'est mentionné dans la
loi, alors que ça se retrouvait, là, selon les circonstances, naturellement,
dans le plan de conservation.
Mme Ghazal :
J'aurais un amendement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, vous avez transmis...
Mme Ghazal :
Non, pas encore, ça s'en vient, parce que j'attendais la discussion.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, je vais suspendre les
travaux.
(Suspension de la séance à
17 h 46)
(Reprise à 17 h 50)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Mme
la députée de Mercier, vous déposez un sous-amendement
à l'amendement à l'article 48 de l'article 32. Donc,
je vous invite à en faire la lecture, s'il
vous plaît.
Mme Ghazal :
Oui. L'amendement à l'article 32 du projet de loi modifiant
l'article 48 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel est
sous-amendé par l'ajout, à la fin du premier paragraphe du premier alinéa de
l'article 48 de la LCPN, des mots «, sous réserve d'être compatible avec
les objectifs de la réserve de biodiversité».
Donc, peut-être, le ministre
va dire : C'est une bretelle à une ceinture. Ça se peut, mais, étant donné
qu'on permet des exceptions qu'on ne permettait pas avant, comme activités qui
peuvent être pratiquées dans une réserve de biodiversité... Donc là, ici, quand
on dit «l'exception», bien, cette exception-là est permise sous réserve d'être
compatible avec les objectifs de la réserve de biodiversité pour être vraiment,
vraiment certain que cette exception-là qu'on amène ne vient pas modifier ce
qui peut être pratiqué comme activités dans une réserve de biodiversité. Alors,
c'est ça, le sens de mon sous-amendement à cet article-là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Merci, Mme la députée de Mercier. M. le
ministre, souhaitez-vous qu'on suspende les travaux quelques minutes?
M. Charette :
Ça devrait aller. En fait, comme je le mentionnais, ça répond aux critères de
l'UICN. Le problème que j'aurais avec l'amendement qui est proposé, en le mettant
en 1° comme ça, ça laisserait entendre que c'est uniquement sous réserve d'être
compatible avec les objectifs de la réserve de biodiversité pour ce qui
concerne le 1°, en quelque sorte, pour l'aménagement forestier. Donc, si la
ministre veut... la collègue veut effectivement bretelles, ceinture, et tout
ça, il faudrait le mettre plus haut dans l'article, en quelque sorte. Et c'est
là où il faut se demander si c'est nécessaire de le faire, parce que c'est en
conformité avec les lignes directrices de l'UICN, mais, clairement, à cette
place-là, on enlèverait de l'importance à l'article plutôt que d'en ajouter.
Mme
Ghazal : Mais l'article au complet, il amène des activités interdites,
ça, on est contents, on a ceinture, bretelles, c'est interdit, alors qu'en 1° il amène a, b, c, qui sont des activités
permises. Moi, c'est ça que je veux restreindre. Je ne veux pas restreindre des activités interdites. Si
je le mets plus haut... Les activités sont interdites. Moi, je suis contente,
là.
M. Charette : Mme la Présidente,
vous savez à quel point le bonheur de la collègue de Mercier est important pour
moi. Donc, on pourrait, c'est effectivement ceinture, bretelles, et autres,
mais, si elle s'en sentirait réconfortée, on pourrait l'accepter, là, sans problème.
Mme Ghazal : Oui, je me sens beaucoup
plus confortable tout d'un coup, oui.
M. Charette : C'est bon.
Mme Ghazal : Donc, avec tout ça,
oui, je me sens rassurée. Donc, bien, je remercie le ministre pour cet ajout.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, y a-t-il d'autres commentaires sur ce sous-amendement?
Donc, nous pourrions procéder à la mise aux voix de ce sous-amendement. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Oui. Mme
Ghazal, Mercier.
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire : M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire : M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : Mme Ghazal...
Pardon, M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La
Secrétaire : Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, le sous-amendement
est adopté. Nous revenons à l'amendement tel qu'amendé. Donc, y a-t-il des commentaires
sur cet amendement? M. le député de Viau.
M.
Benjamin : Oui, Mme la Présidente. Donc, donnez-moi quelques secondes, le temps d'arriver à mon
article. En fait, oui, une des questions
qui me préoccupaient, donc, dans le dernier... En fait, je ne l'ai pas sous les
yeux, mais c'est là où le ministre,
dans son amendement, propose d'enlever «basse tension» pour
«44 kV». Donc, je me demandais pourquoi... qu'est-ce qui expliquait ce changement-là, n'étant pas un expert dans
les questions d'électricité. Donc, j'aimerais savoir...
M. Charette :
En fait, juste lire le passage en question, là. Il se lirait comme suit :
«Les lignes de distribution d'énergie électrique d'une tension de moins de
[40] kV ne sont pas visées au paragraphe 5° du premier alinéa.» Je ne suis
pas non plus un expert en la matière, mais j'ai une petite idée. Je vais m'en
assurer. Donc, une petite seconde.
Des
voix : ...
M. Charette :
En fait, c'est ce que je pensais. Donc, on ne parle pas de grandes lignes de
distribution électrique. On revient au cas de figure. Si on a une installation
qui est isolée d'un... donc ça pourrait vouloir dire... permettre la
distribution d'électricité directement du transformateur à l'installation en question
et non pas d'une grande ligne de distribution électrique. Donc, on dit «basse
tension» initialement, mais c'est une tension, là... c'est plus précis. En
fait, c'est d'une tension de moins de 44 kV.
M. Benjamin :
Et le 44 kV permet, donc, de desservir quoi, par exemple, à titre d'illustration...
M. Charette :
Je ne pourrais pas vous donner de...
M. Benjamin :
...ponc, parce qu'une basse tension, pour moi, c'était clair. Je savais ce que
ça voulait dire, donc, une distribution à
basse tension. Mais là, 44 kV, je comprends que ce soit bien précis, mais,
en termes d'illustration, ça voulait dire... Est-ce qu'on a un ingénieur
électrique autour de la table, donc, qui pourrait nous renseigner?
M.
Charette : On a une
ingénieure, mais pas en électricité, puis elle ne nous écoute pas de toutes les
façons, donc.
M. Benjamin :
Pas en électricité? D'accord.
Une voix :
...
M. Benjamin :
Pas tout à fait.
M. Charette :
Mais en fait c'est réellement le principe général qu'il faut retenir. Et, en
fait, c'est un arrimage, là, qui avait été fait par et souhaité par Hydro-Québec,
là, pour se conformer aux termes plus techniques. La façon la plus simple de le
dire, c'est du transformateur à cette installation qui pourrait être cette
petite pourvoirie ou autre, mais on ne parle pas de ligne de transmission ou de
distribution d'énergie.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va? Donc, y a-t-il d'autres commentaires
sur l'amendement amendé de l'article 48? Donc, je vais procéder à la mise aux
voix de cet amendement.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire : M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et Mme
Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté à
l'article 48.
Donc, compte tenu de l'heure, je vais suspendre
les travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 19 h 33)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, votre attention, s'il vous plaît! La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 46,
Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et d'autres
dispositions.
Lors de la suspension de nos travaux, nous étions
rendus à l'étude des articles suspendus. Nous revenons donc à l'article 41. Cet
article de l'article 32, l'article 41 de l'article 32, a un amendement et
un sous-amendement. Le sous-amendement a été déposé par le député de
Jacques-Cartier. Donc, M. le député, je vous invite à faire vos commentaires.
Peut-être que ça serait intéressant que vous puissiez relire votre
sous-amendement, s'il vous plaît.
M. Kelley : Relire? Je peux
relire. Alors, je me souviens maintenant que j'ai fait l'amendement après que
la députée de Mercier a fait aussi également un amendement. Alors, c'est ajouté
à ça.
Alors, l'article 41, je vais lire
l'amendement : L'article 41 de la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel, tel qu'introduit à l'article 32 du projet de loi, est amendé par
l'insertion, après «Le gouvernement expose, dans sa décision, les motifs
justifiant celle-ci.» ...par «Pour les communautés autochtones bénéficiant
d'une entente de délégation en vertu de l'article 12, le gouvernement doit
entreprendre toutes [les] démarches nécessaires pour conclure à un accord afin
de modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la désignation d'une aire
protégée. En cas d'échec des démarches entreprises, le gouvernement doit rendre
public une démonstration des efforts entrepris pour arriver à une entente avant
de modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la désignation d'une aire
protégée.»
Mais, si je
comprends bien, après nos discussions, le ministre a pris l'engagement de
revenir avec quelque chose qui peut
jumeler qu'est-ce que la députée de Mercier a proposé et qu'est-ce que nous
avons proposé. Alors, ça, c'est juste les commentaires. Moi, j'ai hâte
d'entendre le ministre sur son propre, j'imagine, amendement pour essayer de
régler nos préoccupations, rassurer nous...
comme les députés. Alors, je vais laisser maintenant, peut-être, le ministre
prendre la parole.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci au collègue. En fait, la proposition que je serais tenté de
vous faire est déjà disponible sur Greffier, qui... proposition qui reprend,
là, la nature de nos échanges. Je pourrais lire l'amendement ou on doit d'abord statuer...
La Présidente (Mme
Grondin) : On doit procéder avec le
sous-amendement et l'amendement. Ce que je peux vous proposer, si vous n'avez
pas pris le temps de consulter la proposition du ministre, c'est suspendre les
travaux quelques minutes. Oui, ça vous convient?
Donc, je vais suspendre les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
19 h 36)
(Reprise
à 19 h 57)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Et
donc j'ai besoin d'un consentement pour suspendre l'article 41 de l'article 32.
Y a-t-il consentement? Y a-t-il consentement dans la salle La Fontaine? Oui?
Merci. Donc on suspend le sous-amendement à l'amendement et l'article. Donc,
nous allons poursuivre. Nous sommes rendus à l'article, si j'ai bien fait mes
devoirs, 53.
M. Charette :
Exactement.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre,
je vous invite... Il y a également un amendement. Donc, je vous invite juste à
relire, s'il vous plaît, l'article.
M. Charette :
J'en ai deux, amendements, celui...
La
Présidente (Mme Grondin) : Il n'avait pas été lu, de toute
façon.
M. Charette :
Sur Greffier, actuellement, vous avez deux propositions d'amendements. Je vous
proposerais de retirer le premier pour aller directement... Je veux m'assurer
de retirer le bon.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, M. le ministre, il y a... En
fait, l'article 53 n'avait pas été lu et l'amendement n'avait pas été
déposé officiellement. Donc, moi, je vous invite à lire l'article 53 et à
déposer l'amendement que vous souhaitez déposer. Donc, vous pouvez trouver l'amendement
sur le Greffier dans le volet Amendements en cours. Donc, c'est un amendement
qui a été déposé cet après-midi.
M. Charette :
Sans vous contredire, celui qui avait été suspendu avait été lu. Donc, ce
serait celui-là qu'on retirerait pour aborder directement le nouveau, là, qui a
été déposé sur Greffier.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, on va... Ce qu'on va faire, c'est
qu'on va suivre ce que la secrétaire... qui rédige le procès-verbal.
M. Charette :
Parfait, ça fait que je lirais le 53 original.
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui. Donc, je vous invite à lire l'article 53
et, par la suite, à déposer l'amendement que vous souhaitez déposer.
M. Charette :
Je me risque. Si je ne lis pas la bonne chose, vous me le direz. Donc,
remplacer l'article 53 de la Loi sur la conservation du patrimoine
naturel, proposé par l'article 32 du projet de loi, par l'article suivant :
«53. Les activités
suivantes sont interdites dans une réserve marine :
«1° une activité
réalisée à des fins de recherche, d'exploitation et de transport de substances
minérales;
«2°
une activité réalisée à des fins d'exploration, de production et de stockage
d'hydrocarbures, de saumure ou de...
La
Présidente (Mme Grondin) : Ce n'est pas le bon article.
M. Charette :
C'est n'est pas le bon? C'est ce que je soupçonnais.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, on va suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à
20 heures)
(Reprise à 20 h 02)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. M.
le ministre, l'article 53, s'il vous plaît, et vous allez déposer un amendement
également.
M. Charette :
Effectivement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
M. Charette :
Donc, cette fois-ci devrait être la bonne, Mme la Présidente.
Donc, 53 : «Les
activités suivantes sont interdites dans une réserve marine :
«1° une activité réalisée
à des fins de recherche ou d'exploitation de substances minérales au sens de la
Loi sur les mines et le transport de telles substances;
«2° une activité réalisée à des fins de
recherche ou d'exploitation d'hydrocarbures, de saumure ou de réservoirs
souterrains;
«3° une activité réalisée
à des fins de transport d'hydrocarbures;
«4° toute autre activité réalisée à des fins de
production, de transformation ou de distribution commerciales d'énergie, notamment
l'électricité.
«Les lignes
de distribution d'énergie électrique à basse tension ne sont pas visées au paragraphe
4° du premier alinéa.»
Le commentaire. L'article 53 proposé prévoit
quelles sont les activités interdites sur le territoire d'une réserve marine.
Cet article s'inspire de l'ancien article 46 de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, vous déposez un amendement
à cet article?
M. Charette : Voilà. Donc, ce serait
tout simplement remplacer l'article 53 de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel, proposé par l'article 32 du projet de loi, par l'article
suivant :
«53. Les activités suivantes sont interdites
dans une réserve marine :
«1° une activité réalisée à des fins de recherche
ou d'exploitation de substances minérales et la construction d'infrastructures
servant au transport de telles substances;
«2° une activité réalisée à des fins
d'exploration d'hydrocarbures ou de réservoirs souterrains, de production ou de
stockage d'hydrocarbures ou d'exploitation de saumure;
«3° la construction d'oléoducs et de gazoducs;
«4° une activité réalisée à des fins de
production, de transformation, de distribution et de transport d'électricité à
des fins commerciales.
«Les lignes de distribution d'énergie électrique
d'une tension de moins de 44 kV ne sont pas visées au paragraphe 4° du
premier alinéa.»
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il y a des commentaires sur l'amendement?
Donc, M. le député de Viau et, par la suite, M. le député de Jonquière.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. En fait, voilà, donc là, donc, c'est la question que je vous ai
posée tantôt, M. le ministre, donc. Alors, est-ce que vous souhaitez que je
reprenne la question ou, du moins, vous vous en souvenez? Alors, la question,
c'était à l'effet...
M. Charette : J'ai un doute, mais
aussi bien la reprendre.
M. Benjamin : C'est une préoccupation,
en fait, émise par les gens de la chambre de commerce du Saguenay, donc, par le port de Saguenay, savoir est-ce que... Ce qu'on constate, dans le cas de
cet article 53, donc, le transport par bateau
de substances minérales serait autorisé ou consenti, mais ce serait plutôt la
construction de ports qui serait interdite.
M. Charette : En fait, c'est un
échange... C'est pour ça que j'avais un doute dans mon esprit. C'est un échange
qu'on avait eu au moment d'une séance précédente. Tout ce qui est transport
maritime n'est pas du ressort du gouvernement du Québec. C'est réellement une
compétence fédérale. Donc, c'est la raison pour laquelle on a évité cette
confusion-là en reformulant l'article par rapport à ce qui était proposé au
départ. Donc, le transport d'oléoducs... C'est-à-dire, la construction
d'oléoducs et de gazoducs serait, naturellement, interdite, mais on ne peut pas
préciser, par exemple, le transport par bateau ou le transport de façon
générale.
M. Benjamin : Je suis plutôt dans la
substance minérale, la recherche et l'exploration de substances minérales.
M. Charette : En fait, on couvre les
deux, un petit peu comme on l'a fait au niveau du terrestre à l'article
précédent ou il y a quelques instants, à tout le moins. Si vous regardez en 2°...
C'est-à-dire, en 1°, vous avez le volet exploitation
minérale, et, en 2°, vous avez... et, en 3°, ce qui serait relatif aux
hydrocarbures à travers... exploration, ou encore à travers des réservoirs souterrains, ou à travers
la production, le stockage d'hydrocarbures ou d'exploitation de saumure.
M. Benjamin : Donc, ce que je
comprends, ce que vous me dites... Donc, on est toujours... Moi, je suis sur le
53, mais premier paragraphe. Donc, je comprends ce que vous me dites, que le
transport par bateau de substances minérales, donc, vous ne faites pas mention
de ça parce que ça relève des compétences du fédéral. C'est ça?
M. Charette : En fait, tout ce qui
est transport maritime relève du gouvernement fédéral. Donc, on ne pourrait pas
introduire un amendement qui y fait référence. Ce n'est pas de notre
compétence.
M. Benjamin : Par contre, je
comprends, toujours dans le 1°, que, par exemple, la construction de ports...
Par exemple, la construction d'un port, ça, ce serait... On parle d'une
infrastructure. Est-ce que c'est... Donc, la construction de ports, à ce
moment-là, serait interdite, clairement.
M. Charette : En fait, là, il faut
se...
M. Benjamin : Est-ce que c'est ce
que je dois comprendre ou, du moins... parce que le port, comme installation,
relève aussi du fédéral.
M. Charette :
Oui, c'est ce que j'allais dire. Il faut se souvenir aussi que les ports sont
de compétence fédérale. Donc, on ne pourrait pas...
M. Benjamin : Donc, la construction
d'une infrastructure maritime, parce que, là, ce que vous dites ici, on est
toujours dans les réserves marines : «Une activité réalisée à des fins de
recherche ou d'exploitation de substances minérales et la construction d'infrastructures...»
À quelle infrastructure vous faites allusion à ce moment-là puisqu'on est dans
les réserves marines?
M. Charette : On pourrait parler...
Comment vous le définir? On est beaucoup, au niveau des réserves marines. On
est beaucoup dans le fond marin. Ce n'est pas la circulation sur l'eau. Donc,
le port, d'une part, n'est pas nécessairement ou ne serait pas nécessairement
dans l'aire marine elle-même, mais une autre infrastructure... Ça pourrait être, par exemple, j'essaie de voir, et
là c'est l'expression, là, avec laquelle je suis moins familier, un minéraloduc, c'est-à-dire l'équivalent d'un
oléoduc, mais pour le minerai. On ne pourrait pas établir ou construire
pareille infrastructure.
M. Benjamin : Donc, je comprends.
Donc, afin de bien saisir, donc, ce que dit l'article 53 dans le premier paragraphe,
c'est qu'«une activité réalisée à des fins de recherche ou d'exploitation de
substances minérales et la construction d'infrastructures servant au transport
de telles substances» exprime tout simplement tout ce qui est de compétence québécoise
et exclut le transport maritime puisque c'est de compétence fédérale et exclut
la construction d'un port puisque c'est de compétence fédérale.
• (20 h 10) •
M. Charette : Effectivement, mais à
noter que le port, encore une fois, n'est pas forcément... Il peut y avoir une
aire marine, oui, mais le port ne serait pas forcément à l'intérieur, là, de
cette aire marine là. On ne pourrait pas faire la distinction, compte tenu de
la compétence fédérale, là, sur les ports et sur le trafic maritime.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, bien, en fait,
j'aurais le goût de répéter exactement la même chose que j'ai... la même question
que j'ai posée tout à l'heure, concernant le volet sur la biodiversité, en
changeant «biodiversité» par «marine». Bon, je sais ce que le ministre va me
répondre. C'est essentiellement la même question que mon collègue de Viau. Puis
je comprends également que la réponse du ministre, c'est de dire : Bien,
je ne peux pas interdire le transport, disons, lourd d'hydrocarbures parce que,
sur les aires marines, c'est-à-dire sur les rivières, c'est fédéral. Bon, je
comprends ça. Parenthèse : moi, je trouve que le fédéral ne se gêne pas
pour aller sur nos compétences quand il le fait là, mais ça, c'est un autre
débat. Mais, ceci étant, le ministre, il en pense quoi, lui? S'il pouvait le
faire, est-ce qu'il interdirait les méthaniers? C'est ça, la question qui tue.
M. Charette : En fait, la beauté de
la chose, c'est que le gouvernement fédéral a aussi des objectifs à atteindre
en matière d'aires protégées marines, et souvent ce sont des territoires qui se
recoupent. Donc, à partir du moment où il y a cette aire marine là, oui, il
peut y avoir trafic maritime, mais on doit déterminer et on a la possibilité de
déterminer des conditions, on l'évoquait, je pense, la dernière fois, que ce
soit la vitesse des navires, que ce soit le type d'embarcation, que ce soient
les zones qui doivent être contournées. Donc, étant donné qu'on convoite les
mêmes territoires, on va établir des conditions pour que ce type de passage là
ne nuise pas à la biodiversité qui s'y retrouve, mais ce qu'il faut rappeler,
c'est qu'on parle beaucoup de fond marin. Oui, la vie animale est à considérer,
mais c'est beaucoup le fond marin, dans le cas présent, qui est mis en valeur.
M.
Gaudreault : Mais, si le ministre
pouvait interdire les méthaniers, si on avait la compétence
constitutionnelle pour faire l'amendement, pour dire : On interdit le
transport par bateau d'hydrocarbures, le ministre, est-ce qu'il appuierait cet amendement-là?
M. Charette : En fait, c'est, un,
d'une part, très hypothétique, mais c'est difficile d'y répondre pour une
raison fort simple. Si, par exemple, l'aire marine est au milieu d'un affluent
et pour... et que l'aire marine ne couvre pas l'entièreté de l'affluent, il
faut quand même permettre une circulation d'un bout à l'autre. Donc, ce serait
difficile de l'interdire totalement, mais je serais d'avis qu'il faut effectivement
imposer des conditions pour s'assurer, dans le cas... Et, si on pense à
l'estuaire... non pas à l'estuaire, mais, si on pense...
M. Gaudreault : Au fjord?
M. Charette : ...à la rivière
Saguenay, au niveau des bélugas, par exemple, oui, je crois qu'il est
souhaitable d'imposer des conditions au trafic maritime de sorte qu'on puisse
préserver autant que possible cette espèce.
M. Gaudreault : O.K., des conditions...
M. Charette : Mais le défi, comme je
vous dis...
M. Gaudreault :
Points de suspension.
M. Charette : Et le défi, ce n'est
pas le cas de la rivière Saguenay, là, mais, si on avait... Et oublions cet
exemple-là, mais, peu importe...
M. Gaudreault : On peut le garder.
M. Charette : On peut le garder
aussi, mais ne le précisons pas. Une aire marine ne couvre pas forcément
l'entièreté de cet affluent-là. Donc, il faut permettre une forme de
circulation maritime. Mais j'aime mieux, tout en sachant qu'on ne peut pas
l'interdire, parce qu'il y a un milieu qui vit de cette ressource-là, pouvoir
dire qu'on l'encadre et que, oui, la circulation maritime sera encadrée et
peut-être même interdite sous certaines formes. J'aime mieux pouvoir dire qu'on
peut favoriser certains circuits pour être certain de ne pas fragiliser un site
en particulier, mais l'interdire... On viendrait, en quelque sorte, empêcher
tout développement, là, de ce secteur-là.
M.
Gaudreault : O.K. Est-ce que le motif que le ministre nous a invoqué à
48, par exemple, pour approvisionner, exemple, des pourvoiries en
mazout, pour lui, ça tient encore dans le 53?
M. Charette : À travers l'eau? Bien,
comme je vous dis, on n'est plus dans notre champ de compétence. À partir du
moment où on parle de circulation maritime, même si c'est pour alimenter une
petite communauté ou une pourvoirie, ce n'est plus du ressort ou de la
compétence du gouvernement du Québec. Et c'est un petit peu pour éviter cette
confusion-là... Si on regarde la mouture initiale suite aux questionnements,
là, qu'on avait partagé ensemble, c'est la
raison pour laquelle, là, ces modifications-là sont proposées, pour ne pas
qu'il y ait cette idée que ça pourrait être à travers le transport
maritime. On voulait évacuer cette hypothèse-là compte tenu que ce n'est pas du
tout de notre ressort.
M. Gaudreault : C'est beau.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur cet amendement?
Je vais donc procéder à la mise aux... Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Excusez-moi. Juste pour
revenir à fédéral-provincial, parce que je vois qu'il y a eu comme des
changements qui ont été faits, vous dites, à cause de notre discussion,
c'est-à-dire que c'est le fédéral qui permet ou qui ne permet pas le transport
maritime, mais les objectifs de conservation dans une aire maritime, c'est le
Québec qui est responsable.
M. Charette : Au niveau... Comme je
le mentionnais, étant donné que le gouvernement fédéral a aussi ses objectifs
globaux d'aires protégées à atteindre, on travaille à établir des ententes
fédérales-provinciales pour établir ce réseau-là d'aires maritimes protégées, parce
qu'imaginons le cas de figure suivant. On protège un territoire marin qui n'est
pas reconnu par le gouvernement fédéral, qui, lui, préfère en reconnaître un
autre. Si, à travers chacun de ces territoires-là, on a des restrictions, ça va
devenir tout simplement impossible à coordonner. Donc, c'est pour ça que le
marin est souvent un territoire qui est comptabilisé par le Québec, c'est bien certain,
mais également comptabilisé dans les objectifs que doit aussi atteindre le gouvernement
fédéral.
Mme
Ghazal : Donc, le gouvernement du Québec peut demander si on veut avoir une réserve d'aire
protégée marine.
M. Charette : En fait, on n'a pas
besoin de la permission du gouvernement fédéral pour en déterminer une.
Mme Ghazal : Non, mais peut demander
quand c'est des activités qui sont uniquement régies par le fédéral, parce que
c'est une aire protégée qu'on veut préserver, et là vous dites que... Ce que je
comprends, c'est que, quand le Québec veut une aire protégée marine, ça va être
la même que celle que pour le fédéral, alors que ce n'est pas le cas pour la
terrestre. Pas nécessairement?
M. Charette : Peut-être juste un...
Pour illustrer encore mieux le propos, on est loin du compte actuellement au
niveau marin.
Mme Ghazal : Oui, 3 %.
M. Charette : Mais, entre nous, on
va y arriver d'ici la fin de l'année. Ces territoires-là sont identifiés, et le
fédéral va automatiquement les reconnaître. Donc, ça va s'ajouter à ses propres
objectifs à la grandeur du pays. Et souvent c'est établi de connivence, pour
éviter cette confusion-là, qu'on ne couvre pas les mêmes territoires. Donc,
dans les prochains jours, lorsque vous recevrez cette bonne nouvelle, comme
quoi on y est parvenus, bien, sachez que le gouvernement fédéral aura aussi la
possibilité de comptabiliser ces aires protégées là.
Mme Ghazal : Et donc, dans ces aires
protégées là qu'on va avoir avant la fin de l'année, il y aura... il n'y a pas
de transport maritime, évidemment?
M. Charette :
C'est-à-dire, il peut y en avoir, mais c'est là où, au niveau territorial ou au
niveau terrestre, on a l'habitude de parler de plan de conservation. Je vais
reprendre la même expression pour faciliter la compréhension. Dans le plan de
conservation, au niveau de l'aire maritime protégée, on va pouvoir, par
exemple, préciser quel type de navigation peut circuler sur ce territoire-là.
Si on parle de bateaux d'importance, est-ce qu'une limitation de vitesse...
Est-ce qu'une limitation sur...
Mme Ghazal : Donc, c'est possible
selon l'UICN aussi? Selon l'UICN, c'est permis?
• (20 h 20) •
M. Charette : Tout à fait, tout à
fait, et ça va faire partie du cadre de gestion de cette aire maritime
protégée, mais le Québec seul ne pourrait pas le déterminer étant donné que
c'est de compétence fédérale.
Mme Ghazal : Mais est-ce qu'il y a
des exemples où le Québec veut protéger une réserve, j'oublie le terme, là, d'aire marine, une réserve marine, et le
fédéral ne veut pas parce que... vu qu'il y a des activités qui vont à
l'encontre de plans de conservation
qui devraient avoir lieu selon les normes, et donc, finalement, c'est
abandonné? Ça arrive, j'imagine.
M. Charette : En fait, je vais vous
répondre à l'inverse en vous disant que les aires maritimes protégées qui ont
été identifiées, qui nous permettront d'atteindre notre 10 % de
protection, sont aussi reconnues par le fédéral. Donc, il n'y a pas de contradiction. Donc, on pourra s'entendre ensemble sur
la meilleure façon de mettre en valeur ces sites-là, la meilleure façon
de les protéger aussi. Et ça peut prendre la forme de certaines limitations
autant au niveau du trafic maritime, au niveau des zones qui pourraient, par
exemple, être complètement interdites à la navigation. Donc, ça, c'est une
entente, là, c'est un protocole qui va être déterminé avec le gouvernement
fédéral.
Mme Ghazal : Donc, il n'y a jamais
eu de mésentente entre ce que le Québec veut comme aires protégées marines et
le fédéral? Il n'y en a pas eu? Il n'y a pas d'exemple comme ça? Ça ne se peut
pas.
M. Charette : Est-ce qu'il y a eu
des mésententes? En fait, c'est réellement une démarche, là, qui est conjointe
pour y parvenir, pour éviter, encore une fois, le scénario où on aurait chacun
nos aires protégées maritimes qui ne seraient
pas reconnues par l'autre. Donc, ça deviendrait impossible de naviguer ou de
s'y retrouver, là, dans ce casse-tête-là.
Mme Ghazal : Mais il peut y avoir du
transport. Est-ce qu'il y a des limites, selon les normes de l'UICN, de... Ça
serait quoi, par exemple, les limites? Ça dépend, par exemple, des espèces qui
vivent là?
M. Charette : Oui, bien, comme je le
mentionnais, c'est difficile...
Mme Ghazal : Est-ce qu'il y a comme
des lignes directives, peut-être, qui pourraient être plus...
M. Charette : À travers... Si, par
exemple, on pense à une espèce en particulier qui pourrait être menacée ou mise
en péril par le trafic maritime, il va y avoir des études de faites. Ces
études-là devront permettre d'identifier, par exemple, en réduisant la vitesse
des navires, si on aide à préserver l'espèce, si, en évitant certains secteurs,
on aide à préserver l'espèce, si, en
limitant la grosseur des bateaux qui peuvent y aller, on aide à préserver
les... Bref, tout ça est...
Mme Ghazal : Donc, c'est moins
strict. On dirait que c'est moins strict, les aires marines que terrestres, par
exemple, une réserve de biodiversité où c'est... il y a moins d'activité.
M.
Charette : Encore une fois, le marin, c'est beaucoup le fond marin, ce n'est pas tant l'eau, mais le
fond marin.
Mme Ghazal : Ça a un impact.
M. Charette : Mais le bateau, avec
sa grosseur, avec sa vitesse, peut affecter le fond marin aussi, d'où les
limitations qui peuvent être imposées, mais ces limitations-là seront
documentées. On aura, à travers différentes études, démontré que tel
comportement peut améliorer ou, au contraire, empirer la situation de l'espèce
ou du fond marin que l'on veut préserver.
Mme Ghazal : Donc, dans la loi
fédérale, ce n'est pas écrit : Dans certaines réserves marines,
interdiction du transport maritime?
M. Charette : C'est un petit peu la
même chose au niveau québécois. La loi ne précise pas ce type de détail là.
C'est dans la réglementation ou c'est dans les plans de conservation que ce
détail-là apparaît, parce que la modalité précise à une aire maritime protégée
n'est pas forcément la même pour une autre aire maritime protégée. Donc, on ne
pourrait pas faire un générique, dans la loi, qui s'appliquerait...
Mme Ghazal : Oui, mais il y a des
activités qui sont interdites, qu'on est train de voter en ce moment.
M. Charette : En fait, ce que
l'on...
Mme Ghazal :
Mais le transport maritime n'en fait pas partie, des activités interdites, au
fédéral.
M. Charette : Non, exactement. Donc,
on vient préciser tout ce qui est interdit en vertu de la compétence du gouvernement
du Québec.
Mme Ghazal : Non, mais, au gouvernement
fédéral, dans leur loi, ce n'est pas écrit : Interdiction de transport maritime dans une aire réservée. S'il y a
interdiction, ce serait écrit dans le plan de conservation. C'est ce que je
comprends.
M. Charette : Je serais porté à le
croire.
Mme Ghazal : Parce que moi, j'aurais
pensé que, bien oui, on peut l'interdire, voyons, dans une réserve marine, mais
ça ne serait pas dans la loi.
M. Charette : Non, c'est effectivement
dans le plan de conservation, mais, pour les mêmes raisons, la solution, pour
une aire maritime protégée, n'est pas forcément la même solution pour une
autre. Donc, ce serait difficile d'avoir un standard, là, qui s'appliquerait à
chacun des cas de figure.
Mme Ghazal : O.K., merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Petite question, M. le ministre. On passe de la dénomination de
«réserve aquatique» à «réserve marine». Qu'est-ce qui explique ce changement?
M. Charette : En fait, c'est pour
faciliter la compréhension. Les réserves aquatiques, c'était plus adapté aux
secteurs en eau douce, alors qu'au niveau marin c'est naturellement des
particularités différentes, donc, «marin» pour «mer», essentiellement, alors
qu'«aquatique», c'est plus générique et ça pouvait s'appliquer aussi en eau
douce. Or, et là ça devient des technicalités, mais, dans notre 17 %
terrestre que l'on doit atteindre, ça inclut la portion eau douce, alors que le
10 % maritime, c'est uniquement au niveau marin. Donc, on ne peut pas
aller chercher du pourcentage... Par exemple, si on voulait protéger, et c'est
un cas de figure purement hypothétique, le plus grand lac du Québec, peu
importe son nom, ce serait considéré au niveau terrestre et non pas au niveau
marin.
M. Benjamin : Donc, à ce moment-là, est-ce
que je dois comprendre que, quand on parle de réserve marine, on parle presque essentiellement
des zones navigables à ce moment-là?
M. Charette : Effectivement, et
l'essentiel étant l'estuaire, là, du Saint-Laurent. Donc, lorsque la carte de
ces territoires-là sera mise à jour et publiée, souhaitons-le, et je suis
confiant, avant la fin de l'année, vous allez voir, là, c'est sur... c'est le
long de l'estuaire, là, du Saint-Laurent.
M. Benjamin : Et quel est
actuellement en lien... Puisque, si on parle des eaux navigables, donc, les
eaux navigables, c'est de compétence fédérale, quel est... Pouvez-vous nous
faire un portrait de la situation en lien avec les objectifs à atteindre par le
Québec par rapport aux zones, justement, marines? Est-ce que... Parce que, là,
je comprends, à ce moment-là, quand on parle de réserves marines, on est
presque quasiment à la merci... c'est peut-être un peu trop fort, mais du
fédéral, donc, non?
M. Charette : Bien non. Et peut-être
juste une petite précision que je dois faire, là. Le sous-ministre adjoint m'a
rappelé à l'ordre à juste titre. J'évoque l'estuaire. C'est le cas, mais il ne
faut pas oublier le golfe, aussi, du Saint-Laurent. Donc, c'est le territoire,
là, qui est susceptible d'accueillir des aires marines protégées, mais on n'est
pas à la merci du fédéral parce que, un, c'est des territoires qui sont
identifiés conjointement, et, deux, nous, c'est beaucoup le fond marin qui est
considéré pour établir ces réserves... pas ces réserves, mais ces aires marines
protégées. Mais, comme je le mentionnais à la collègue de Mercier, on n'a pas
intérêt, et le fédéral n'a pas intérêt, et le Québec n'a pas intérêt, à retenir
des territoires qui ne seraient pas les mêmes, là, pour faciliter la gestion de
ces aires marines protégées.
M. Benjamin : Donc, l'ensemble des
éléments qu'on retrouve dans l'article 53, dans cet amendement-là, concerne
presque essentiellement les fonds marins?
M. Charette : Oui, essentiellement,
mais toujours en regard de la compétence du gouvernement du Québec.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, d'autres questions ou commentaires sur
l'amendement déposé à l'article 53? Je vais donc procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire : M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire : M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire : M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire : M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire : M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et Mme
Grondin (Argenteuil)?
• (20 h 30) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous
revenons à l'article 53 tel qu'amendé.
Y a-t-il des commentaires ou interventions? Donc, nous allons poursuivre avec l'article 63
qui était suspendu, l'article 63 de l'article 32. Donc, M. le
ministre, en fait, vous souhaitez déposer un nouvel amendement à cet article.
M. Charette : Effectivement, je vais
l'identifier. Donc, oui, je proposerais le dépôt d'un amendement qui est déjà
disponible sur Greffier.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, tout le monde a accès à cet amendement. Oui, M.
le député?
M. Benjamin : ...amendement qui
remplace celui qui a déjà été déposé dans le document complet?
La Présidente (Mme
Grondin) : C'est un complémentaire. Donc,
on a vraiment couvert l'article 63, un amendement. Là, c'est un nouvel amendement
qui se rajoute.
M. Benjamin : D'accord, merci.
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, il a été déposé dans les amendements en cours cet après-midi.
M. Benjamin : Parfait. Merci, Mme la
Présidente.
M. Charette : Et, juste remettre en
contexte, c'est un article qui, au départ, avait été suspendu lorsqu'on avait
évoqué ensemble la nécessité, là, de préciser la notion, là, d'intérêt public.
Donc, c'est ce qu'on vous propose.Donc, l'amendement se lirait
ainsi : Remplacer le paragraphe 4° du premier alinéa de
l'article 63 de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel proposé par l'article 32 du projet de
loi, tel qu'amendé, par le paragraphe suivant :
«4° l'intérêt public le
justifie.»
Donc, lorsqu'on regarde à quoi ressemblerait ce
nouvel article en 4°, plutôt que de lire la phrase qui pouvait porter à
confusion : «Le maintien de la reconnaissance entraînerait, pour la
collectivité, un préjudice plus grand que le fait d'y mettre fin», on
remplacerait tout simplement par : «L'intérêt public le justifie».
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, y a-t-il des commentaires sur cet amendement
qui s'ajoute? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je me rappelle avoir eu ce... bon, qu'on a eu ce débat avec le
ministre sur le concept de l'intérêt public, mais je ne suis pas convaincu que
c'était à cet article-ci qu'on a eu cette discussion,
parce que ma position, celle que j'avais défendue, c'est à l'effet que le
concept d'intérêt public, c'était un concept qui était, par moments,
assez aléatoire, que je trouvais. Et on a avait fait appel, d'ailleurs, à
l'expertise de Me Delisle, je m'en souviens, pour nous préciser l'étendue de
ce... l'étendue, au niveau juridique, de ce concept d'intérêt public.
Or là, ce
qu'on a comme amendement, en fait, à première vue... En
fait, j'ai hâte d'écouter le ministre là-dessus, à première vue, il me
semble que ce que je lisais, et qui serait enlevé, me semble plus clair que «l'intérêt
public le justifie», c'est-à-dire que «le maintien de la reconnaissance
entraînerait, pour la collectivité, un préjudice plus grand que le fait d'y
mettre fin». Bon, moi, je comprends. Moi, je comprends.
Donc, alors, tandis que ce que je continue à
dire, à faire valoir, c'est que la notion d'«intérêt public le justifie», c'est
une notion, c'est un concept qui peut être évoqué par le ministre ou par son gouvernement
presque de manière discrétionnaire, tandis que, là, «le maintien de la reconnaissance
entraînerait, pour la collectivité, un préjudice plus grand que le fait d'y mettre fin», ah! bien là, je pense que c'est plus
clair. Mais j'aimerais entendre le ministre sur ça, là-dessus.
M. Charette : Je confirme que le collègue
de Viau avait réfléchi à la notion d'intérêt public lors de plusieurs articles
et non pas uniquement celui-ci, mais ce questionnement-là en particulier était au
niveau de l'article 65.7. Ici, c'est essentiellement de la concordance.
Mais cette discussion-là, on l'aura dans les prochains instants, là, à travers
ce qui va être présenté par la suite.
M. Benjamin : Pourquoi à ce
moment-là... parce que j'ai l'impression... parce que
l'article 63 qu'on a devant nous... En fait, non, je vais rester sur
l'amendement : «Le maintien de la reconnaissance entraînerait, pour la
collectivité, un préjudice plus grand que le fait d'y mettre fin.» J'ai...
M. Charette : Comme je le mentionne
ici, c'est une question de cohérence, mais, un petit peu plus loin, vous allez
voir, là, à 65.7, cette question-là sera davantage définie.
M. Benjamin : D'accord. Donc, j'ai
hâte de voir ça à 65.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur cet amendement
proposé à l'article 63 de l'article 32? Je vais donc procéder à la
mise aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : M. Gaudreault...
Pardon, Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 65.7 de l'article 32. M. le ministre, vous souhaitez
retirer l'amendement qui est déjà là pour en déposer un nouveau. C'est bien ce
que je comprends?
M. Charette : Oui, exactement. On
retirerait celui qui était suspendu et le nouveau serait disponible,
normalement, à travers Greffier.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, j'ai besoin d'un consentement pour retirer
l'amendement qui était déposé. Est-ce que j'ai un consentement? Donc, il y a
consentement. Est-ce que, dans la salle La Fontaine, j'ai aussi un
consentement? Merci. Donc, ça va. Nous retirons l'amendement. M. le ministre,
vous souhaitez déposer un nouvel amendement.
M. Charette : Oui, qui se lirait
comme suit : À l'article 65.7 de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel proposé par l'article 32 du projet de loi :
1° dans le premier alinéa :
a) insérer, dans ce qui précède le
paragraphe 1° et après «paysage humanisé», «, à la suite de la tenue d'une
consultation publique,»;
b) remplacer le paragraphe 4° par le
suivant :
«4° l'intérêt public le justifie;»
2° supprimer le deuxième alinéa.
Et, dit comme ça, ça peut être bien, bien
difficile de s'y retrouver. Donc, je lirais, avec votre permission, ce à quoi
ressemblerait l'article. Donc, ça se lirait comme suit :
«65.7. Le ministre peut mettre fin à la
reconnaissance d'un paysage humanisé — et c'est là où la modification
prend tout son sens — à
la suite de la tenue d'une consultation publique, pour l'un ou l'autre des
motifs suivants :
«1° le territoire a été reconnu sur la foi de
renseignements ou documents erronés ou trompeurs;
«2° les mesures prévues au plan de conservation
ne sont pas respectées;
«3° la conservation des caractéristiques du
territoire ne présente plus d'intérêt;
«4° — on revient à la notion — l'intérêt
public le justifie;
«5° le plan de conservation a été modifié sans
l'approbation du ministre.
«Le ministre publie sa décision à la Gazette
officielle du Québec et sur le site Internet de son ministère. Elle est
également notifiée à toute communauté autochtone, à tout ministre et à tout
organisme gouvernemental concernés.
«Elle prend effet à la date de sa publication à
la Gazette officielle du Québec.»
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, y a-t-il des commentaires sur cet amendement?
M. Benjamin : ...les commentaires du
ministre, donc, sur cet amendement. C'est lui qui amène l'amendement.
J'aimerais bien entendre ses commentaires.
M. Charette : Bien, en fait, on
vient préciser les étapes, notamment, et surtout les motifs qui peuvent être
invoqués. Et l'ajout qui est de première importance, c'est la référence à la
tenue d'une consultation publique. Donc, ça ne se fait pas par la seule volonté
du ministre, hein? C'est un petit peu les inquiétudes qui avaient été
partagées, à savoir quel est le pouvoir discrétionnaire du ministre. Est-ce
que, par lui-même, il peut décider de mettre fin ou de modifier un statut de
protection? Donc, on vient inciter et préciser, là, qu'il doit y avoir une
consultation publique et on a précisé, un petit peu comme on l'a fait
précédemment, la notion d'intérêt public avec un concept qui est plus simple.
Plutôt que d'y aller d'une formulation plus longue, on la résume par :
«L'intérêt public le justifie.»
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
• (20 h 40) •
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Et «à la suite de la tenue d'une consultation
publique»... Qui serait, à ce moment-là, M. le ministre, l'instigateur de cette
consultation publique?
M. Charette : Qui est
l'instigateur?
M. Benjamin : Qui serait
l'instigateur de cette consultation publique?
M. Charette : En fait, c'est
le... Tout ce qui est volet consultation publique est balisé, on l'a
vu, je ne me souviens plus des articles... mais à travers un processus qui
est très bien balisé, c'est-à-dire les avis publics, qui tiendra la
consultation. Donc, ce sont des articles qui avaient été abordés déjà.
M. Benjamin : Oui, mais en fait
ce que je veux dire, c'est que le ministre peut mettre fin à la reconnaissance
d'un paysage humanisé à la suite de la tenue d'une consultation publique.
Est-ce que c'est le ministre, à ce moment-là, qui demanderait cette consultation
publique ou, du moins... Comment ça fonctionne?
M. Charette : Bien, encore là,
c'est les articles... J'aimerais vous les nommer. On en a passé plusieurs en revue. C'est réellement... C'est balisé. Je vais
peut-être avoir la... C'est le ministre
qui initierait la consultation
publique.
M. Benjamin : Parfait. Je
reviens encore à cette notion d'intérêt public, M. le ministre. Je pense que
vous êtes... Vous avez assez d'ancienneté en
politique... Quoique vous êtes quand même un jeune
politicien, donc, mais vous avez quand même assez d'ancienneté en
politique pour savoir qu'il y a des concepts qu'on a besoin de savoir quelle
est leur portée non seulement juridique, mais leur portée politique aussi. Et
moi, j'essaie de comprendre, maintenant, puisque nous y sommes, puisque vous
m'avez promis qu'au 65.7 nous allons creuser cet enjeu-là, qu'est-ce qui
explique que... Moi, il me semble que «le maintien de la reconnaissance
entraînerait, pour la collectivité, un préjudice plus grand que le fait d'y
mettre fin»... Moi, je ne sais pas, ce n'est pas du latin, c'est clair. Et là
vous choisissez de le remplacer par «l'intérêt public le justifie», un concept
qui est à interprétation parce qu'à chaque fois il faut l'interpréter.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
sans offense, l'interprétation, la compréhension est beaucoup plus simple par
la formulation : «L'intérêt public le justifie.» C'est la même chose, mais
c'est plus simple de le présenter ainsi, et, rappelons-nous, c'est la raison
pour laquelle je référais à cet article-là. À plusieurs endroits, dans le projet
de loi, on évoquait cet intérêt public là. Donc, aussi bien uniformiser le
vocable plutôt que d'y faire allusion, là, par différentes formulations. Mais
les 1°, 2°, 3°, 4°, 5° prend tout son sens par l'ajout qui est proposé par
l'amendement, c'est-à-dire, oui, c'est le ministre, ultimement, qui tranche,
mais il y a une consultation publique, et ça devra démontrer pourquoi le
ministre va dans cette direction-là, et, ultimement, la consultation publique
pourrait très bien faire en sorte que le ministre renonce à procéder à la
modification qu'il avait peut-être envie de proposer aux communautés
concernées.
M.
Benjamin : Vous parlez des
communautés concernées, mais vous choisissez comme amendement d'enlever
aussi la possibilité aux populations habitant sur un territoire de paysage
humanisé d'être consultées préalablement à votre décision, donc.
M. Charette : En fait, vous
remarquerez que la référence à la consultation a tout simplement été déplacée.
On la voyait à la fin de l'article. On l'insère tout au haut de l'article et on
ne la limite pas uniquement dans le cadre du paysage humanisé. Donc, la portée
qui est proposée maintenant est beaucoup plus large que celle qui se limitait à
celui du... Bien, c'est-à-dire, on fait toujours référence au paysage humanisé,
mais c'est dès le début de l'article. Donc, on ne l'enlève pas. Si vous
regardez, là, en fait, ça facilite tout simplement la compréhension. Donc, l'article
commence déjà en disant : «Le ministre peut mettre fin à la reconnaissance
d'un paysage humanisé —
ce qu'on lisait initialement au bas de cet article — à la suite de la tenue d'une
consultation publique...» Donc, ça a tout simplement été rehaussé dans l'article,
mais c'est exactement la même explication, là, qui est donnée.
M. Benjamin : Bien, là-dessus, je ne
pense pas qu'on soit tout à fait d'accord, parce qu'il y a un mot en
particulier, M. le ministre, qui n'est pas banal, dans cet article, c'est le
mot «préalablement», puisque... Et, dans... avant votre amendement, ce que cet
article venait dire... Cet article venait dire précisément que... À travers la
phrase : «La population habitant le territoire du paysage humanisé est
consultée préalablement à la décision du ministre», ça voulait dire que les
gens qui habitent un territoire de paysage humanisé participent quand ils
adhèrent à la valorisation de ce paysage humanisé. Et là je comprends bien
qu'il y ait une consultation publique. C'est une bonne chose qu'il y ait une
consultation publique, mais vous ne pouvez pas faire les deux?
M. Charette : En fait, c'est la
beauté de la vie, on n'est pas obligés d'être toujours d'accord. Quand le
collègue dit : Ce n'est pas la même chose, moi, je continue de croire que
c'est la même chose, parce que, si on lit, par exemple, «est consultée
préalablement à la décision» versus «le ministre peut mettre fin à la reconnaissance
d'un paysage humanisé à la suite de la tenue d'une consultation publique»,
c'est exactement la même chose. C'est la formulation qui est différente. On
l'introduit au tout début de l'article pour donner le ton, sa pleine portée,
mais c'est exactement la même chose. Que la consultation soit tenue
préalablement à la décision ou la décision est prise «à la suite de», c'est
exactement la même signification.
M.
Benjamin : En fait, ce que je vous dis, M. le ministre, ce n'est pas
dans la séquence... C'est-à-dire qu'il y ait une consultation publique,
c'est une bonne chose. On est d'accord. C'est une bonne chose qu'il y ait une
consultation publique avant la prise de cette décision-là. Ce que je veux dire,
c'est que... Ce que je vous soumets, c'est que n'est-il pas possible, pour le
ministre, de tenir une consultation publique, une consultation publique étant,
par définition, une consultation publique, donc, mais, dans l'article que nous
avons devant nous...
L'article, avant d'être amendé, avant
l'amendement, faisait... donnait à la population qui habite un territoire de
paysage humanisé un beau rôle, intéressant. Moi, je trouve que ça aurait pu
être intéressant à la fois de parler de consultation publique, mais aussi de
continuer à parler de la population qui habite un territoire de paysage
humanisé, parce que ces gens-là, ce sont parmi les premiers acteurs... Vous
savez, un projet de paysage humanisé, donc, ce sont des personnes, quand ils...
lorsqu'ils adhèrent... qu'ils participent à la valorisation de ce paysage
humanisé. Donc, il n'y a pas de contradiction à ce qu'il y ait une consultation
publique, à ce que vous continuiez à donner à cette population qui habite les
territoires de paysage humanisé un certain rôle, une certaine écoute.
M. Charette : En fait, je suis
totalement, totalement d'accord avec le collègue, mais c'est exactement ce que
dit la formulation qui est proposée. Il y aura consultation publique avant la
prise de décision. Donc, la population qui habite ce paysage humanisé sera
consultée avant que la décision ne soit prise.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions
sur l'amendement proposé par le ministre à l'article 65.7 de
l'article 2... 32, pardon? Non? Donc, je vais procéder à la mise aux voix.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
• (20 h 50) •
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous
revenons à l'article 65.7 tel qu'amendé. Y a-t-il des commentaires? Donc,
nous avons fait l'article... Oui, M. le ministre?
M. Charette : Il reste
l'article 41 que nous avons suspendu à bon nombre de reprises.
La Présidente (Mme
Grondin) : C'est vrai, effectivement.
M. Charette : Le moment fatidique
semble venu.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, l'amendement proposé par le ministre est
déposé sur le Greffier.
M. Charette : Oui. Et là on
m'indique que ce qui est sur... En fait, pour ce qui est de la version sur
Greffier, il y a une petite, petite coquille qui sera rapidement corrigée, là.
Il y a deux mots à changer essentiellement, mais je pourrais quand même en
faire la lecture, là. Pour les deux mots, on pourra les préciser par la suite.
Donc, avec votre consentement, j'en ferais la lecture.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui. Je veux m'assurer que tout le monde a accès à
l'amendement.
M. Benjamin : On en a deux.
Une voix : ...
M. Benjamin : Ah! une nouvelle
version, d'accord.
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce que tout le monde a accès? On est dans le
Greffier, Amendements en cours. Donc, c'est l'article 41. Donc, je veux
juste m'assurer que vous avez bien vu. C'est correct? Donc, on va revenir. On
avait un sous-amendement, un amendement qu'on doit traiter avant ce nouvel amendement.
Mme
Ghazal : On commence par
traiter celui du ministre, et non pas mon amendement, et ensuite le sous-amendement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Non, c'est ce que je viens de dire, Mme la députée.
Je voulais m'assurer que tout le monde avait vu l'amendement qui était déposé.
Mme Ghazal : Ah! oui, oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Et donc, là, on revient, on doit traiter le sous-amendement
qui est sur la table, l'amendement, et, par la suite, on pourra traiter le
nouvel amendement du ministre. Ça va? Donc, on revient au sous-amendement
déposé par le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, Mme la
Présidente. Puis, après nos échanges, je veux retirer mon amendement que j'ai
fait, avec consensus.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, vous souhaitez retirer votre sous-amendement?
M. Kelley : Oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : Est-ce qu'il y a consentement
pour que le député puisse retirer son sous-amendement?
M. Charette : Consentement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Il y a consentement ici. Y a-t-il consentement dans
la salle Lafontaine? Oui? Merci. Donc, nous retirons le sous-amendement. Nous
revenons donc à l'amendement déposé par la députée de Mercier. Souhaitez-vous
intervenir, Mme la députée? Oui, allez-y.
Mme Ghazal : Oui, oui, je veux avoir
des échanges avec le ministre. Je sais qu'on en a eu au moment où ça a été suspendu,
mais je veux quand même les reprendre pour qu'on se remette dedans tout le
monde ensemble. Donc, moi, ce que je fais, c'est qu'à la fin de l'article
j'ajoute : «Pour les communautés autochtones bénéficiant d'une entente de
délégation — donc
c'est celles qui ont une entente de délégation — en vertu de
l'article 12, le gouvernement ne peut pas modifier, diminuer, délimiter ou
mettre fin à la désignation d'une aire protégée.» Et je me rappelle avoir aussi
parlé de ce que... Un des groupes qui est venu en commissions particulières,
c'est... attendez, c'est ITUM, c'est ça, c'est le groupe
ITUM qui était venu, et ce qu'ils disaient... en fait, eux, ce qu'ils se
demandent, c'est : Est-ce que ça, c'est possible, les dispositions à l'article 41
ont lieu même s'il y a une entente de délégation?
M. Charette : En fait, comme je le
mentionnais, le gouvernement a des prérogatives qu'il ne peut pas... pour
lesquelles il ne peut pas abdiquer. Donc, tout élément de conditionnalité lui
viendrait à... le contraindrait à renoncer à cette prérogative. Donc, oui, ça
pose problème à ce niveau‑là. Donc, le gouvernement, le ministère de
l'Environnement, est responsable de ces ententes‑là. Donc, on ne pourrait pas
exiger qu'il y ait un consentement pour que l'entente ne soit plus valable.
Mme Ghazal : Parce que j'avais pris
des notes lors de nos échanges avec le ministre, et ce que le ministre avait
mentionné, c'est que ça peut être inscrit dans l'entente de délégation que le
ministre ne peut pas modifier, diminuer, délimiter ou mettre fin à la désignation
d'une aire protégée. Est-ce que c'est possible que, dans une entente de
délégation en vertu de l'article 12, ce soit inscrit que les dispositions
de l'article 41 sont suspendues, ou peut-être que ça ne sera pas écrit
comme ça, mais que le ministre ne peut pas réduire, modifier, diminuer une aire
protégée dans l'entente, peut-être pas dans le projet de loi, mais dans
l'entente?
M. Charette : Au niveau de
l'entente, je vais laisser peut-être le légiste me fournir un élément de
réponse. Mais, pour la question préalable, il ne faut pas donner non plus le...
comment le formuler, laisser entendre que la communauté qui est signataire de
l'entente est favorisée par rapport aux autres communautés autochtones. Et les
autres communautés autochtones peuvent aussi avoir un intérêt sur l'aire
protégée en question. Donc, si on la rend conditionnelle à ce que le signataire
ou le partenaire en soit d'accord, c'est là où on viendrait le favoriser, au
détriment des autres communautés autochtones qui pourraient avoir un intérêt
sur le territoire.
Mme Ghazal : C'est quoi, les autres
communautés? Plusieurs fois, vous dites «autres communautés. C'est les autres
communautés qui habitent autour?
M. Charette : En fait, sur certaines
aires protégées, c'est le cas notamment en Abitibi, on a autant des... En
termes de communautés, on a... En Abitibi, on a deux communautés autochtones
qui sont... Dans certains cas, on peut avoir Naskapis, Cris et autres
communautés. Donc, s'il y a une seule communauté qui est signataire d'une
entente de gestion, alors qu'il y a deux communautés interpelées et intéressées
par le territoire, c'est là où on donne l'impression d'en favoriser une au
détriment de l'autre.
Mais, sinon, pour répondre à la deuxième
question, on ne peut pas, comme tel, là, dans une entente, restreindre le
pouvoir du Conseil des ministres. Quand je vous disais : Le ministre a ses
prérogatives, le gouvernement, par l'entremise du Conseil des ministres, a
aussi ses prérogatives. Donc, on ne pourrait pas empêcher le gouvernement
d'exercer pleinement, là, son rôle. Donc, c'est pour ça que la formulation de
l'amendement proposé est problématique, là, à quelques égards.
Mme Ghazal : Donc, ce n'est pas
possible de marquer ça dans l'entente. Ce n'est pas possible, parce que moi,
j'avais pris vraiment ça en note. J'ai écrit : Réponse du ministre, peut
être inscrit dans l'entente de délégation, il ne peut pas... le fait que... ne
peut pas, par entente... Voyons, en tout cas, c'est des notes, là, mais,
c'est-à-dire, peut être inscrit dans l'entente de délégation, cet élément-là
qu'il ne peut pas modifier.
M. Charette : Malheureusement, j'ai...
Mme Ghazal : Bien, finalement... Ah!
O.K., ça a été dit au début. Après ça, ça a été changé. Ça fait que ce n'est
possible de le marquer dans l'entente.
M. Charette : C'était peut-être un
problème de compréhension.
Mme Ghazal : C'est parce que
j'écrivais toute notre conversation dans mes notes.
M. Charette : Voilà. Donc là, il y a
peut-être eu la précision par la suite, mais, non, parce qu'autrement on
viendrait subordonner le pouvoir du gouvernement à la volonté d'une partie
prenante de l'entente. Or, le gouvernement ne peut pas subordonner, là, cette
prérogative-là.
Mme Ghazal : Je vais quand même lire
leur recommandation, c'est : «Dans un esprit de réconciliation, ITUM
recommande que l'article 41 du projet de loi soit modifié en y incluant
une exception afin que le gouvernement ne puisse, sans le consentement de la
communauté autochtone bénéficiant d'une entente de délégation, modifier la
délimitation du territoire protégé ou mettre fin à sa désignation.»
La raison
principale du refus du ministre, c'est parce qu'une autre communauté pourrait
être affectée ou il y en a d'autres?
• (21 heures) •
M. Charette : C'est-à-dire, c'est un
volet de réponse, mais, comme je le mentionnais, et c'est le principal, on ne
peut pas subordonner ce pouvoir-là qui est propre au gouvernement. Un gouvernement,
par décret, par l'adoption d'une loi, par règlement, peut modifier bien, bien des choses. C'est sa
prérogative. Donc, en lui enlevant ce pouvoir-là, on vient subordonner
son pouvoir, ce qui est contraire au rôle de l'État. Mais je comprends que le
groupe qui est venu nous voir exprime son souhait. C'est un souhait qui est
légitime, mais un gouvernement, peu importe lequel, ne subordonnera jamais ce
type de pouvoir.
Mme Ghazal : Parce que, dans le fond,
je comprends que, le ministre, il dit : C'est notre prérogative, on ne
peut pas abandonner nos responsabilités. Mais c'est souvent perçu, ce genre de
décisions là qui sont prises par le gouvernement, un peu comme une sorte de
paternalisme par les communautés autochtones. C'est comme ça que c'est perçu. Ça,
c'est un groupe, mais ce n'est pas le seul, là. Il y en a d'autres que... Quand
on vient enlever, changer, délimiter juste d'un côté, c'est-à-dire du côté du gouvernement,
c'est le gouvernement qui décide, le ministre dit : Parce qu'on est
responsables, un peu comme quand on est responsables envers un enfant... Donc,
c'est nous qui décidons parce qu'on est responsables. C'est comme ça que c'est
perçu par les communautés.
M. Charette : Bien, n'oublions pas
que nous sommes en terres publiques. Donc, ce n'est pas une terre qui
appartient à une communauté en particulier. N'oublions pas le pouvoir qui ne
peut pas être subordonné et n'oublions pas
les éléments qui, à mon sens, sont très rassurants, dans les différents articles
qui ont été adoptés à ce
niveau-là, à l'égard, notamment,
et c'est réitéré à plusieurs endroits, là... au niveau de l'obligation de consultation, l'obligation de partenariat.
Donc, ça ne se fera pas de façon improvisée et
sans que les communautés ne soient interpelées. Et d'ailleurs on en discutera,
sans doute, dans quelques instants, mais l'amendement que nous proposons à 41
ajoute un élément rassurant aussi à cet élément, à cette préoccupation-là, que
je comprends. Cependant, un groupe, peu importe lequel, lorsqu'il se présente
avec une idée, va exposer la vision qu'il a, mais ce n'est pas pour autant une
vision qui prend en compte les obligations du gouvernement.
Mme Ghazal : Bien, on comprend que
les communautés autochtones qui sont sur leurs territoires, des territoires
ancestraux, et tout ça, ce n'est pas comme n'importe quel groupe. Ce n'est pas
un groupe écologiste, là, qui vient demander quelque chose.
M. Charette : C'est vrai, mais là je
suis obligé de répéter ce que je mentionnais. Vous parlez de territoires
ancestraux. Ce sont des revendications. Dans certains cas, ces territoires-là
sont confirmés. Il y a traité, il y a entente. Mais, dans bien des cas, c'est
une revendication qui reste à être confirmée par traité, ou entente, ou
jugement. Et, malheureusement ou heureusement, il faut juste être conscient de
nos limites, ce n'est pas la commission ici qui peut régler la question, là,
des droits territoriaux.
Mme Ghazal : Mais, s'il y a un
traité sur un territoire, et là les communautés autochtones veulent avoir une
aire protégée d'initiative autochtone, est-ce que, là, l'article 41, de modification,
de la part du ministre, pourrait ne pas s'appliquer?
M. Charette : Celle que nous
proposons, non. Elle est valable dans tous les cas, parce que, là, on proposera
dans quelques instants... je me permets de le lire, là, rapidement,
c'est : «...il prend en considération les intérêts des communautés locales
et autochtones [...] dans la sélection de ce territoire...» Et on avait
aussi... Voilà, donc, on fait référence, là, aux intérêts pour que la sélection
du territoire se fasse...
Mme Ghazal : Est-ce que ça parle de
ce genre d'entente là? Quand on dit «intérêts»... C'est ça, là, on parle de
votre amendement, mais, quand on dit «intérêts», est-ce que ça parle des
ententes comme la «Paix des Braves» ou d'autres, là?
M. Charette : Bien, pas forcément.
Sur certains territoires, il y a des ententes formelles de cette nature-là qui
ont été conclues, mais pas sur l'ensemble des territoires. Mais, dans tous les
cas, lorsque cette disposition-là... C'est-à-dire, lorsque l'article 44 va
s'appliquer, il faudra le lire et l'interpréter avec cette proposition-là, c'est-à-dire :
«...il prend en considération les intérêts des communautés locales et
autochtones [...] dans la sélection de ce territoire...» Donc, il y a une
partie prenante.
Mme Ghazal : Mais je veux juste
vraiment... juste pour savoir... S'il y a une entente qui existe, je ne
parle pas d'une entente de délégation en vertu de l'article 12, mais une
autre sur un territoire, est-ce que l'article 41 s'applique quand même?
M. Charette : Oui, parce
qu'ultimement... Et je vais m'assurer de ne pas mettre en colère le légiste qui
nous accompagne en donnant une fausse information. En fait, ça demeure
hypothétique, mais les traités ont une force quasi constitutionnelle. Donc, si,
dans le traité, on voulait... Mais ce n'est pas automatique. Si, dans le
traité, on précisait qu'on veut aller plus loin que l'esprit de l'article 41,
ce serait possible de le faire compte tenu du potentiel quasi constitutionnel,
là, d'un traité, mais ce n'est pas automatique. Il faudrait que ce soit précisé
dans le traité.
Mme Ghazal : Il faut que, dans le
traité, on parle de l'aire protégée, mais là on ne peut pas en parler. Ça
n'existait pas.
M. Charette :
Bien, c'est-à-dire, il faut... Non, bien, c'est-à-dire, pas forcément de l'aire
protégée comme telle, parce que les traités ne sont pas évolutifs au gré des
ajouts des aires protégées, mais ce serait de dire jusqu'où ce traité-là, en
termes de reconnaissance quasi constitutionnelle, peut aller, quelle est sa
portée, en quelque sorte.
Mme Ghazal : Oui, ici, par exemple,
il dit que, sur ce territoire-là, ce n'est pas le gouvernement, c'est
totalement les communautés autochtones, la nation avec qui le traité a été
signé qui a préséance, là, sur tout. Je ne le sais pas, si ça existe à ce
point-là, si c'est aussi... Est-ce que c'est possible d'entendre le... oui.
M.
Charette : Bien, voilà,
j'allais dire : Je suis non seulement pas avocat, mais encore moins
constitutionnaliste. Donc, avec consentement, on pourrait effectivement
reconnaître la parole pour le collègue juriste.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, nous avons consentement ici, oui? Est-ce que nous avons
consentement dans l'autre salle? Oui? Merci. Donc, Me Delisle.
M. Delisle (Antoine) : Oui, bien,
vous avez dit, par exemple, le mot «totalement». Là, c'est sûr que, là, il y a une limite à laquelle je ne pourrai pas répondre,
parce qu'il faut que ça s'harmonise toujours avec la Constitution. Mais, si, par
exemple, dans un traité, on pourrait s'entendre que la création d'aires
protégées sur un territoire doit être faite de consentement avec les
communautés autochtones, établie conjointement, il n'y a pas tellement de limite.
Et on pourrait aussi faire... un peu avoir
un 41, mais, avec le consentement, par traité, c'est quelque chose qui pourrait se faire parce que, justement, c'est négocié avec le gouvernement provincial, et
fédéral, et évidemment la nation ou la communauté concernée.
Mme Ghazal : Donc, l'amendement que
moi, j'apporte pourrait s'appliquer. Il pourrait être bon dans un traité, mais
pas dans la loi.
M. Delisle (Antoine) : Je ne dirai
pas s'il serait bon ou pas dans un traité, mais, par traité, on aurait sûrement
les capacités, oui, pour l'adopter, là, juridiquement.
Mme Ghazal : D'aller plus loin, et,
comme ça... et le gouvernement pourrait donc se départir, entre guillemets, ou,
ce qui inquiète le ministre, de se... oui, de se départir de ses
responsabilités ou de ses prérogatives, d'une certaine façon, par traité.
M. Delisle (Antoine) : Bien,
départir, oui, là, il faudrait voir comment les termes, dans le traité... mais
c'est partager ou prévoir... Des fois, c'est des comités conjoints qui vont
travailler ensemble, là, à ce sujet-là.
Mme Ghazal : O.K., très bien. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, ça va, Mme la députée? Oui? Y a-t-il d'autres
commentaires sur cet amendement? Je vais donc procéder à la mise aux voix de
cet amendement. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui. Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Contre.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et Mme
Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme Grondin) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté à l'article 41. M. le ministre,
vous déposez un amendement?
• (21 h 10) •
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, donc, à l'article 41, voilà, je voulais juste
m'assurer d'avoir la bonne version, donc, oui :
Ajouter, à la fin du premier alinéa de
l'article 41 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, tel
qu'amendé, proposé par l'article 32 du projet de loi, la phrase
suivante :
«Dans tous les cas, il prend en considération
les intérêts des communautés locales et autochtones concernées dans la
sélection de ce territoire dans l'optique de favoriser leur adhésion.»
Donc, on lirait ce premier paragraphe : «Le
gouvernement peut, si l'intérêt public le justifie, attribuer à une aire
protégée un autre statut de protection, lui appliquer une autre mesure de
conservation, modifier la délimitation de son territoire ou mettre fin à sa
désignation. Dans tous les cas, il prend en considératon les intérêts des
communautés locales et autochtones dans la sélection de ce territoire [et] dans
l'optique de favoriser leur adhésion.»
Donc, c'est conforme aux échanges que nous
avions eus précédemment avec les collègues.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Y a-t-il... Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, j'ai une question.
Le gouvernement peut, si l'intérêt public le justifie, notamment pour tenir
compte des intérêts des communautés autochtones... C'est-à-dire que le
gouvernement ne peut attribuer une aire protégée, lui donner un autre statut,
lui appliquer une autre mesure de conservation, modifier sa délimitation. Il
peut le faire si c'est dans l'intérêt des communautés ou sans aller à
l'encontre de l'intérêt des communautés.
M. Charette : En fait, il y a cette
évaluation qui est faite, et on dit : Dans tous les cas, pour cette
évaluation, il doit prendre en considération les intérêts des communautés
autochtones et locales.
Mme Ghazal : Oui, ça dit les deux.
M. Charette : Donc, dans sa
décision, il doit prendre en considération, là, les intérêts des communautés et
favoriser — c'est
l'ajout, là, grâce à nos échanges — leur adhésion à la décision.
Donc, on ne dit pas, comme on aurait peut-être aimé, que ce soit obligatoire
qu'il y ait une entente, que ce soit consensuel. On ne le dit pas. Mais ce que
l'on dit, par contre, c'est qu'on va tout faire pour favoriser l'adhésion de
ces communautés-là à la décision qui sera prise.
Mme Ghazal : En haut et en bas, ça
se ressemble, mais ce n'est pas la même chose, c'est-à-dire que... parce que,
moi, dans mon esprit, ce que je comprenais, c'est que le gouvernement ne va
pas... s'il veut réduire, limiter le territoire, le modifier... de l'aire
protégée, il doit prendre en considération les intérêts des communautés — ça,
c'est ce qui est écrit en bas — dans la sélection de ce territoire, dans
le choix du territoire... dans le choix du territoire qui va être diminué, dont
la superficie va être diminuée.
M. Charette : Ce n'est pas forcément
diminué.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est en
lien avec tout ce qui est écrit précédemment?
M. Charette : Là, on vient modifier
soit la mesure de conservation, soit le statut de protection, soit la
délimitation du territoire, mais ça ne veut pas, pour autant, dire en moins
bon. Ça peut être une bonification. Donc, à partir du
moment où on procède ou qu'on a l'intention de procéder à ces changements-là,
avant la prise de décision, on doit prendre en considération les intérêts des
communautés autant locales et autochtones et favoriser leur adhésion au nouveau
territoire, là, qui serait retenu.
Mme Ghazal : C'est vraiment parce
qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas, c'est-à-dire que... Comment
est-ce que c'est possible que ce soit dans... peut-être, en donnant un exemple
concret, que ce soit dans l'intérêt des communautés autochtones qu'on va venir
attribuer une aire protégée, lui donner un autre statut, lui appliquer une
autre mesure de conservation, modifier la délimitation, ce qui pourrait dire l'agrandir,
la réduire, pour mettre fin à sa désignation? On pourrait mettre fin à la
désignation d'un territoire autochtone... d'un territoire... d'une aire
protégée pour l'intérêt... soit l'intérêt public soit... ou incluant l'intérêt
des communautés autochtones. Un exemple concret qui ferait qu'on l'enlèverait,
qu'on mettrait fin à la désignation d'une aire protégée par intérêt pour les
communautés autochtones...
M. Charette : On comprend que
l'intérêt public, c'est un concept qui est plus général. Mais, pour ce qui est
des communautés elles-mêmes, on pourrait, par exemple, et ce serait au bénéfice
de... On a parlé des concepts, des différentes possibilités de protection. On a
parlé notamment d'une réserve de biodiversité, mais, si on veut faire en sorte
que cette réserve de biodiversité là devienne une aire protégée d'initiative
autochtone, ce serait clairement dans l'intérêt de la communauté autochtone.
Elle aurait une action encore plus bonifiée, un intérêt encore plus grand.
Donc, c'est pour ça que je dis que ce n'est pas forcément négatif. Ce n'est pas
forcément dans le retrait d'un degré de protection ou... mais, dès qu'on change
de statut, c'est là où il faut prendre en compte les intérêts.
Mme Ghazal : Mettre fin à la
désignation pour lui en donner une autre, c'est ça que vous voulez dire?
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, on changerait de statut, effectivement. Donc, ce n'est plus la...
Mme Ghazal : Mais, mettre fin,
ça ne veut pas dire changer de statut.
M. Charette : Pour changer, il
faut devoir... Et là je me retourne vers le légiste, ce que je ne suis pas. À
partir du moment où on change le statut, il y a d'abord eu fin de désignation?
Ça peut se faire ensemble.
Mme Ghazal : Mais on peut aussi
y mettre fin sans changement.
M. Charette : Oui. Donc, ça
peut se faire parallèlement.
Mme Ghazal : Mais on le fait
parce qu'il y a eu une quelconque décision. Mais le faire pour l'intérêt de la
communauté, c'est juste ça que je n'arrive pas à comprendre.
M. Charette : En fait, c'est
«dans l'intérêt de». Dans ce cas précis là, ce serait de leur confier
potentiellement un rôle plus prépondérant, plus important au niveau de la
gestion.
Je me risque avec un autre exemple, et, si je
fais fausse route, dites-moi-le, que ce soit poliment ou pas. Si, encore, cette
communauté autochtone qui est isolée, qui a un problème d'approvisionnement au
niveau son énergie, qui n'est pas branchée par Hydro-Québec, si on doit
favoriser un transport sur un chemin pour... ça se pourrait qu'on ait à
peut-être changer un petit peu la délimitation. Ça se pourrait que, sans
renoncer à l'aire protégée, il y ait un statut de protection différent sur le
chemin qui devrait être retenu pour pouvoir l'alimenter, et, là aussi, ce
serait dans l'intérêt de la communauté.
Donc, il ne faut pas voir cet article-là comme
étant uniquement une façon de diminuer les standards. Au contraire, ça peut
être une façon de les rehausser et ça peut être de façon à les avantager de
façon spécifique. Et il y a toujours, sinon, c'est plus général, j'en conviens,
le concept d'intérêt général, là, qui a été cité, là, à plusieurs reprises, là,
dans le projet de loi.
Mme Ghazal : Très bien. Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement déposé à l'article 41? Je vais donc procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Et
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente
(Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté.
Nous revenons à l'article 41 tel qu'amendé. Y a-t-il d'autres commentaires?
Donc, nous revenons à l'article 32. Nous avons passé à travers tous les
articles. Donc, y a-t-il des commentaires sur l'article 32 tel qu'amendé?
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Les intitulés? Donc, avec un amendement du ministre
à l'article 32 sur les intitulés, bon, j'ai bien compris. Donc, y a-t-il
des commentaires sur les intitulés de l'article 32? Il y a un amendement,
M. le ministre, que vous déposez sur les intitulés.
M. Charette : Oui. Est-ce que, même
pour les intitulés, je dois en faire la lecture?
La Présidente (Mme
Grondin) : S'il vous plaît.
M.
Charette : Parfait. Donc,
j'y vais de ce pas. J'essaie de voir, au niveau des intitulés, où je les
aurais. Voilà, juste ici.
Donc, remplacer l'intitulé de la
section III proposée par l'article 32 du projet de loi par l'intitulé
suivant :
«Aires protégées d'utilisation durable, réserves
de biodiversité, réserves écologiques et réserves marines.»
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il des commentaires sur cet amendement? Non?
Donc, je vais procéder à la mise aux voix de cet amendement qui modifie les
intitulés de l'article 32.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La
Secrétaire : M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme
IsaBelle : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
• (21 h 20) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est
adopté. Nous revenons à l'article 32 tel qu'amendé. Donc, y a-t-il des
commentaires sur l'article 32? Je vais donc procéder à la mise aux voix de
l'article 32. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La
Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'article 32
tel qu'amendé est adopté. Il nous reste un article suspendu à l'article 39.
Donc, c'est l'article 69.3 de l'article 39. M. le ministre, vous avez
un amendement?
M. Charette :
Effectivement, qui est déjà disponible pour les collègues depuis quelques jours
maintenant. J'en fais la lecture?
La
Présidente (Mme Grondin) : S'il vous
plaît.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, bien simple :
À l'article 69.3
de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel proposé par l'article 39
du projet de loi :
1° supprimer le
deuxième alinéa;
2° remplacer le troisième
alinéa par le suivant :
«Lorsque l'ordonnance
est contestée devant la Cour supérieure, la réclamation est suspendue jusqu'à
ce que la cour confirme l'ordonnance en tout ou en partie.»
Je ferais la lecture
de l'article tel qu'il se lirait. Donc : «Le ministre peut réclamer de
toute personne visée par une ordonnance les frais directs et indirects
afférents à l'émission de l'ordonnance.
«Lorsque l'ordonnance
est contestée devant la Cour supérieure, la réclamation est suspendue jusqu'à
ce que la cour confirme l'ordonnance en tout ou en partie.»
C'est un amendement
qui permet de corriger deux éléments très, très techniques. Donc, le recours au
Tribunal administratif du Québec pour contester la réclamation des frais
directs et indirects afférents à l'émission de l'ordonnance est à
l'article 77.11 proposé par l'article 40 du projet de loi, lequel
concerne la contestation de toute réclamation faite en vertu de la loi. De
plus, le troisième alinéa devait faire référence à la Cour supérieure et non
pas au Tribunal administratif du Québec
puisqu'il s'agit du tribunal compétent pour entendre la contestation de
l'ordonnance conformément à l'article 69.1.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Les frais indirects... Les frais directs, on peut
s'en... on a une idée, mais les frais indirects... Quels seraient les frais
indirects?
M. Charette :
Pour finir en beauté, on pourrait céder la parole au juriste-légiste du ministère.
M. Benjamin :
Absolument.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, il y a consentement?
M. Benjamin :
Consentement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Il y a consentement dans
l'autre salle? Merci. Donc, Me Delisle.
M. Delisle
(Antoine) : Oui, bien, les frais indirects, en fait, sont les frais
qui peuvent mener à l'ordonnance. Donc, par exemple, si c'est nécessaire de
faire une expertise avant d'envoyer une ordonnance, ce seraient des frais
indirects, alors que les frais directs pourraient être simplement la
signification ou les préparations documentaires.
M.
Benjamin : Donc, il pourrait... Donc, l'ordonnance en tout ou en
partie... Donc, il pourrait arriver — donc, la question, peut-être,
se pose toujours à Me Delisle — que la cour autorise une ordonnance en
partie. Donc, ça arrive qu'on ordonne... qu'une ordonnance soit donnée en
partie, parce qu'à la fin on dit : «...la cour confirme l'ordonnance en
tout ou en partie.»
M. Delisle
(Antoine) : Oui, bien, en fait, quand on contestera... si on conteste
l'ordonnance à la Cour supérieure, elle peut moduler l'ordonnance, donc, par
exemple, pour en réduire le délai. Ça pourrait être une façon où ce serait
confirmé en partie.
M. Benjamin :
Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres
interventions sur cet amendement? Je vais donc procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Oui. M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme
IsaBelle : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Et Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement à
l'article 69.3 est adopté. Nous revenons à l'article 69.3 tel
qu'amendé. Y a-t-il des commentaires? Parfait. Donc, nous revenons à
l'article 39 tel qu'amendé. Y a-t-il des commentaires sur
l'article 39? Je vais donc procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Pour.
La Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Pour.
La Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Et
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'article 39, tel qu'amendé,
est adopté. Il nous reste le préambule. Donc, je vous propose une pause de cinq
minutes avant d'amorcer le préambule.
Parfait. Je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 21 h 27)
(Reprise à 21 h 37)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Nous sommes donc
rendus au préambule. Mme la députée de Mercier, vous aviez déposé un sous-amendement
à l'amendement du ministre. Je vous invite à relire votre sous-amendement, s'il
vous plaît.
Mme Ghazal : Oui. Donc, l'amendement
à l'article 0.1 du projet de loi est modifié par :
1° l'insertion, dans le deuxième alinéa du texte
de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel tel qu'introduit par
l'article 0.1 du projet de loi, après les mots «ont contribué à bâtir
l'identité», des mots «des Premières Nations, des Inuit et»;
2° l'insertion, dans le troisième alinéa du
texte de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel tel qu'introduit par l'article 0.1 du projet de
loi, après les mots «et à l'économie», des mots «des Premières Nations et des
Inuit [...]».
Donc,
dans le fond, c'est
le un, deux... c'est le deuxième et
le troisième considérant de cet article-là, préliminaire, qui est modifié. Donc,
je vais lire uniquement ces deux considérants-là :
«Considérant que ce patrimoine est porteur de
valeurs qui, au fil du temps, ont contribué à bâtir l'identité des Premières
Nations, des Inuit et de la nation québécoise;
«Considérant l'apport inestimable de ce
patrimoine, notamment à la santé, à la sécurité et à l'économie des Premières
Nations, des Inuit et de la nation québécoise».
Donc, l'idée ici est d'ajouter dans
l'énumération... quand on dit «nation québécoise», d'ajouter aussi les Premières
Nations et les Inuit, qui sont aussi des nations... pas des nations
québécoises, mais des nations qui vivent sur le territoire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Charette : Oui, avant de me
masquer... Ce n'est pas que j'allais fuir, c'est que j'allais consulter un collègue.
Donc, je suis bel et bien avec vous, soyez sans crainte. En fait, j'ai aussi un
amendement. Et pourquoi je voulais me masquer, c'est que je voulais aller voir
le collègue pour voir dans quelle mesure on peut intégrer un peu des éléments
des deux. Donc, je vous proposerais de suspendre peut-être une petite minute.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vais suspendre les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 39)
(Reprise à 21 h 46)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Mercier,
avez-vous des commentaires sur le sous-amendement que vous avez déposé?
Mme Ghazal : Oui. Donc, ici, étant
donné que le ministre avait mis... ajouté cet amendement-là, avec ses
considérants, pour expliquer un petit peu le principe et les objectifs derrière
la loi, il avait écrit «la nation québécoise», c'est-à-dire que c'est important
pour bâtir l'identité de la nation québécoise, pour la santé, la sécurité et
l'économie de la nation québécoise. Je trouvais très, très important, étant
donné que même le ministre lui-même ajoute une aire protégée d'initiative
autochtone, on parle des communautés autochtones, des nations autochtones, de
dire... bien, pas seulement de parler de la nation québécoise, mais des Premières
Nations et des Inuit.
Je me rappelle, on a eu un échange avant de
suspendre cet amendement-là, où le ministre m'a dit que, juridiquement, les
nations autochtones font partie de la nation québécoise. Bien, je ne veux pas
mettre des mots dans la bouche du ministre. Donc, je voudrais qu'il m'en parle,
que ce soit juridiquement, mais aussi dans le fond des choses. C'est important
d'en parler dans le fond des choses, parce que ce qu'on dit dans les
considérants, c'est la façon qu'on entrevoit nos relations avec les Premières
Nations, et ça déteint, comment on le nomme dans les considérants, dans toute
l'application aussi du reste de la loi.
M. Charette : Non, tout à fait... En
fait, je ne mentionne pas ou je ne dis pas que c'est juridique. C'est que c'est
un débat qui n'a pas la... qui ne génère pas les mêmes réponses par tous. L'exemple
que je donnais, c'est une question, en fait : Est-ce que les nations
autochtones qui sont dûment reconnues font partie de la nation québécoise? Tous
n'ont pas la même réponse à cette question-là, comme tous n'ont pas la même
réponse à la question : Est-ce que la nation québécoise fait partie de la
nation canadienne? Donc, c'est la raison pour laquelle c'est un choix de mots
qui pose problème, d'ajouter l'énumération, par exemple, les nations
autochtones et la nation québécoise, c'est comme si on tranchait le débat à
travers cette formulation-là. C'est la raison pour laquelle je vais nous
proposer ultimement un amendement à notre amendement qui précise très bien la
préoccupation de la collègue, qui est aussi une préoccupation, là, du côté du gouvernement,
mais avec un choix de mots qui ne laisse pas place à cette interprétation-là.
Mme Ghazal : Moi, c'est fou, parce
que, naïvement, je croyais que c'était entendu pour tout le monde que les
nations autochtones... En tout cas, si on leur pose la question, elles ne vont
pas dire : Oui, oui... Certaines d'entre elles vont dire : Oui, nous
faisons partie de la nation québécoise, et d'autres non... ou même canadienne.
Les nations autochtones, si elles ont été reconnues par le Québec, ça fait quand
même longtemps, et donc par tous les Québécois, qu'elles sont des nations, ce
n'est pas pour qu'elles fassent partie de la nation québécoise.
Je ne comprends pas quand le ministre dit que ça
dépend des points de vue. Ça dépend des points de vue individuels, ou ça dépend
du point de vue de la nation québécoise, ou ça dépend du point de vue de
certaines nations autochtones? Parce que, s'il y a des gens qui répondent que,
oui, ces nations-là font partie de la nation québécoise, finalement, que veut
dire les termes «négocier» ou «discuter de nation à nation»? Ils deviennent
vidés, parce qu'on ne reconnaît pas que deux nations différentes peuvent
discuter puisqu'il y en a une qui fait partie de l'autre. Il y a des gens qui
répondent ça.
Quand le ministre dit : Quand on pose la
question, les réponses sont différentes, les réponses de qui, sa réponse
personnelle à lui? M. le ministre, quel est son point de vue à lui, faisant
partie du gouvernement de la CAQ, ou quel est le point de vue de la CAQ? Est-ce
que les nations autochtones font partie de la nation québécoise?
M. Charette :
En fait, je vais juste reprendre un petit peu... dans le questionnement de la
collègue. Oui, sous le leadership du Parti québécois, il y a plusieurs années
de ça, il y a eu cette reconnaissance formelle des nations autochtones. C'était
un des beaux gestes que pouvait poser le gouvernement du Québec à l'époque. Et
ces nations-là sont toujours reconnues, bien évidemment, mais au même titre
que, je vous dirais, la Chambre des communes a reconnu la nation québécoise, et
en sous-entendant que la nation québécoise fait partie de la nation canadienne.
Donc, je ne vous expose pas mon point de vue en
disant ça. Ce que je dis, c'est qu'il y a des possibilités d'interprétation
différentes, et c'est un débat qui ne relève pas de nous, qui relève du Secrétariat
aux affaires autochtones. Et, dans le cas précis, le secrétariat lui-même ne
nous invite pas à trancher la question à travers un article dans le projet de
loi sur la conservation du patrimoine naturel. C'est certain qu'à partir du
moment où le secrétariat lui-même exprime des réserves, ce serait difficile,
pour nous, à mon sens, de trancher la question.
• (21 h 50) •
Mme Ghazal : ...des affaires autochtones
a regardé, ou le ministre... ils ont regardé l'amendement que je proposais, que
je propose, et ils ont dit que c'est inacceptable, on ne peut pas, parce qu'il
y a encore débat si les nations... les Premières Nations font partie de la
nation autochtone ou pas... québécoise ou pas.
M. Charette : Ce n'est pas tant
qu'il y a débat que le projet de loi ou la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel ne tranchent pas cette question-là. Et, même, je vais juste
m'assurer d'un hochement de tête, je pense que le Secrétariat à la législation
aussi avait exprimé les mêmes réserves? Oui. Donc, on avait, non seulement au
niveau législation, mais également au niveau du secrétariat, cette réserve-là,
tout simplement parce qu'on ne peut pas trancher la question sur un projet de
loi sur les aires protégées, mais il y a un enjeu.
Mme Ghazal : Dans quelle loi que le gouvernement
dirait : Ah! là, c'est le bon moment, dans cette loi-là, de vraiment dire...
de séparer «nation québécoise» des «Premières Nations et des Inuit»? Dans
quelle loi ça serait possible? En fait, si
on était dans la bonne loi, dont c'est l'objectif de parler d'éléments qui
concernent, par exemple, les Premières Nations ou notre relation avec
eux, est-ce que, là, le gouvernement de la CAQ accepterait mon amendement?
M. Charette : Ce n'est pas
d'associer le gouvernement de la CAQ, ce n'est pas d'associer un ministère en
particulier... Moi, je vous dis que ce n'est certainement pas l'Environnement
qui peut trancher cette question-là.
Mme
Ghazal : ...la trancher? Si
nous, qui faisons de la politique, on ne peut pas la trancher, qui peut la
trancher?
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, on
a, nous... Moi, je ne peux pas parler au nom des autres commissions, mais je
connais le mandat de notre commission, et là on étudie un projet de loi sur la
conservation du patrimoine naturel. Moi, je vous dis, à la question qui est
très, très légitime, on a... Je reprends l'exemple québécois. Pour certains, la
nation québécoise ne fait pas partie de la nation canadienne et, pour d'autres,
la nation québécoise fait partie de la nation canadienne.
Mme Ghazal : Mais, si on posait la
question aux principaux intéressés, aux Premières Nations...
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
c'est qu'il y a une incidence aussi... Ce n'est pas uniquement l'avis des
intéressés, des communautés autochtones elles-mêmes. À partir du moment où on
tranche la question, si ça peut avoir une incidence juridique, si ça peut avoir
une incidence sur l'interprétation des lois, on ne peut pas prendre cette
question-là à la légère, et la traiter, et la régler à travers le projet de loi
qui est à l'étude actuellement.
Mme Ghazal : Mais, dans le fond,
dans quel autre projet de loi... C'est-à-dire que, si on voulait se débarrasser
de cette vision colonialiste qu'on a par rapport aux nations autochtones, dans
quelle loi on irait la modifier? Quand est-ce qu'on ferait ça, jamais?
M. Charette : En fait, ce que je
vous dis, c'est que ce n'est pas le ministre de l'Environnement, peu importe
que ce soit moi ou mes successeurs...
Mme Ghazal : Ça serait le premier
ministre. Ça serait le premier ministre qui trancherait.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, je
ne peux pas répondre à cette question-là. Je dis simplement que le projet de
loi qui est à l'étude actuellement ne nous permet pas de trancher cette
question-là compte tenu des impacts qu'il pourrait y avoir au niveau juridique.
Mais j'invite sincèrement la collègue à regarder le libellé que nous proposons,
et ça évite... On fait référence au même concept, avec la même portée, sauf qu'on
évite d'interpréter ou de trancher une question qui ne relève pas de nous.
Mme Ghazal : Mais la question doit
être tranchée où? Je sais, on est... Dans cette commission-là, on ne peut pas
en parler. Mais, selon le ministre, elle doit être tranchée où, cette
question-là, si ce n'est pas ici?
M. Charette : En fait, moi, j'ai un
domaine d'expertise qui est très, très limité avec le mandat qui m'a été donné et je n'ai même pas l'expertise ou le mandat
de répondre à cette question-là. Ça ne relève pas de l'Environnement.
Mme Ghazal :
Parce que moi, je suis restée avec cette impression-là puis je suis certaine
qu'il y a beaucoup de monde qui sont restés avec l'impression que les nations
autochtones et les Inuit ne font pas partie de la nation québécoise, parce
qu'on dit souvent la formule de nation à nation, mais cette formule-là est
vidée de son sens si on inclut ces
nations-là à l'intérieur de la nation autochtone sans même qu'ils soient dans
le débat. C'est en 1983 qu'il y a eu 15 principes qui incluent la
reconnaissance du droit à la... des peuples autochtones, le droit à leur
culture, leurs langues et leurs traditions. En 1985, c'est là que le
gouvernement du Parti québécois...
M. Charette : En fait, je connais
très, très bien...
Mme Ghazal : ...a reconnu
l'existence au Québec des nations... je vais les nommer, parce qu'on parle
d'elles, mais on ne sait pas de qui on parle, les abénaquises, les algonquines...
c'est-à-dire les nations abénaquise, algonquine, attikamek, crie, huronne,
micmaque, mohawk, innue, naskapie, malécite et inuit, donc, et, en 2019, donc,
ça, ça ne fait pas longtemps, il y a eu la reconnaissance de la déclaration des
Nations unies pour le droit des peuples autochtones. Donc, dans le fond, tout
ça, c'est des mots, c'est vide?
M. Charette : Absolument pas.
Mme Ghazal : Je comprends que ce
n'est pas ici, mais, si on sort de la loi...
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, je
vais inviter très, très poliment la collègue à reconnaître le mandat de la
commission, et ce n'est pas le mandat de la commission. Et, je le mentionnais,
ce n'est même pas...
Mme Ghazal : Mais ça serait dans
quel mandat pour que j'aille à cette commission-là?
M. Charette : Bien, est-ce que c'est
possible de me laisser terminer? En fait, et je le saluais, ce n'est même pas
un gouvernement de la Coalition avenir Québec, c'est un gouvernement du Parti
québécois, il y a plusieurs décennies, qui a fait ce beau geste...
Mme Ghazal : 1985, c'est ça que je
viens de dire.
M. Charette : ...qui, aujourd'hui,
je pense, n'est pas remis en question par personne, qui est, au contraire, un
geste source de fierté. À partir du moment où on statue ce qu'est une nation et
sur quel territoire cette nation‑là se situe... ou, en fait, même pas sur quel
territoire elle se situe, mais quel territoire elle revendique, on comprend que
ça peut avoir une portée extrêmement, extrêmement grande.
On a eu, à plusieurs occasions, à travers le projet
de loi, la possibilité de réitérer qu'on ne règle pas à travers ce projet de
loi là... Même si on permet des avancées et une collaboration inégalée avec les
différentes communautés et peuples autochtones, on ne règle pas la question des
enjeux territoriaux à travers ce projet de loi là. Les aires protégées
d'initiative autochtone se retrouvent en terres publiques. Ça ne veut pas dire
que ce sont des terres qui, une fois l'aire protégée d'initiative autochtone...
est confirmée... que ça devient une réponse à une revendication territoriale.
Donc, je
comprends les aspirations des uns et des autres, mais je reconnais aussi la
limite de notre mandat, et ce mandat‑là
qui est le nôtre ne nous permet pas de trancher des enjeux qui peuvent référer
aux enjeux territoriaux, par exemple.
Mme Ghazal : Si Stephen Harper
n'avait pas reconnu la nation québécoise, est-ce que, dans la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel, on n'aurait pas mis les mots «nation
québécoise»?
M. Charette : Aucun rapport.
Mme Ghazal : Donc, ça n'a pas
rapport avec la reconnaissance de la nation québécoise.
M. Charette : En fait, ce que...
Mme Ghazal : On l'aurait mis parce
qu'au Québec on reconnaît qu'il y a la nation québécoise.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vous invite, s'il vous plaît, à vous adresser à
la présidence et, par tout respect, je vous invite également à revenir sur
l'essence même du projet de loi qui est sur le patrimoine naturel. Merci.
Mme Ghazal : C'est correct d'avoir
des débats, puis d'échanger, et de ne pas être d'accord, même si ça fait très
longtemps que ce n'est pas arrivé.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui. J'aimerais qu'on s'adresse à moi, s'il vous
plaît.
• (22 heures) •
Mme Ghazal : C'est correct. Moi, je
suis exactement là-dessus. Je parle de mon amendement. Je ne parle pas de la
loi. Je suis dans l'amendement. C'est comme ça qu'on le fait quand on fait une
discussion, c'est sur l'amendement, et c'est tout à fait correct, et on peut
faire des débats tout en n'étant pas d'accord et être à l'aise.
La
Présidente (Mme Grondin) : Tout à fait d'accord.
Mme Ghazal : Donc, j'aimerais faire
ce débat‑là avec le ministre.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, là
où je suis d'accord avec la présidence, je suis très, très, volontaire pour les
échanges, mais il faut que ce soit dans le cadre du mandat de la commission. Et
là, malheureusement, on nous invite à un
débat qui n'est pas en lien du tout, du tout avec le mandat de la commission
et qui nous éloigne du projet de loi lui-même.
Moi, ce que la collègue propose, c'est-à-dire de
reconnaître la part inestimable de ce patrimoine, notamment pour la santé et
autres, cette formulation‑là, on la retrouve dans l'amendement que je vais
proposer. Mais on ne fait pas une addition de nations pour éviter de donner
l'impression qu'on tranche sur des débats qui nous amènent très, très, rapidement à des revendications
territoriales, par exemple, alors que ce n'est pas notre mandat, et en
reconnaissant... Et c'est un objet de fierté pour moi. La collègue demandait ce
que j'en pensais. Pour moi, c'est un objet de fierté, cette reconnaissance des
nations autochtones. Mais, en disant ça, je ne reconnais pas ou je ne me crois
pas habilité à trancher les débats sur les revendications territoriales qui ont
cours et qui sont toujours pendantes actuellement.
Mme Ghazal : On a parlé des revendications
territoriales, et le ministre avait refusé des amendements parce que ça venait
toucher ces revendications-là, puis on en a parlé. Maintenant, ici, on n'est
même pas là-dedans. On n'est même pas là-dedans. On n'est même pas en train de
parler des revendications territoriales. On est en train de parler qu'il y a eu
des nations, 11 nations qui ont été reconnues au Québec. Et là je viens juste
énumérer... dire : Premières Nations, Inuit et nation québécoise, et,
juste ça, je suis... Je n'en reviens pas que ce ne soit pas accepté puis que ça
soit un débat. Mais, en même temps, ça explique tous les problèmes qu'on vit en
ce moment parce que, si on n'est pas même capable de comprendre...
M. Charette : Mme la Présidente, je
suis malheureusement tenu de faire un appel au règlement. On prête indirectement
des intentions. On dit qu'une attitude est à l'origine de problèmes vécus actuellement.
Moi, je nous rappelle juste qu'on parle de patrimoine naturel ici et qu'on ne
tranchera pas... Le débat peut se faire. Il est important. Mais ce n'est pas le
préambule d'un projet de loi sur les aires protégées et sur le patrimoine
naturel qui va nous permettre de régler ce problème-là. Et je réitère qu'on a
fait nos devoirs. L'amendement a été soumis et au Secrétariat à la législation
et au Secrétariat aux affaires autochtones, et on nous dit : Ce ne serait
pas avisé de procéder à l'amendement. Donc, de façon très, très polie, je
comprends le souci, souci qui est largement partagé, de cette reconnaissance-là,
mais on ne peut pas aller de l'avant avec la formulation qui est proposée.
Mme Ghazal : Moi, ce que je nous
souhaite, c'est qu'un jour ça soit possible puis que ça ne soit pas un sujet de
débat de dire que les nations autochtones font partie de la nation québécoise,
parce que, sinon, comment est-ce qu'on peut discuter de nation à nation?
M. Charette : En fait, malheureusement,
Mme la Présidente, je rappelle qu'on est sur le patrimoine naturel. On pourra
avoir...
Mme Ghazal : Bien, pour le
patrimoine naturel, je veux dire, on a eu des... Ce n'est pas comme si j'étais
en train de parler, je ne sais pas, moi, des médicaments, ou des masques, ou du
vaccin. Je suis en train de parler des Premières Nations, et c'est ça que mon amendement
amène, et personne n'a jugé que mon amendement n'était pas recevable, parce que...
La Présidente (Mme
Grondin) : Je n'ai jamais dit...
M. Charette : Moi non plus.
La Présidente (Mme
Grondin) : Pardon, Mme la députée, je n'ai jamais dit que
c'était irrecevable. Ce que je vous demande... Je pense que le ministre vous a
répondu à maintes reprises. J'aimerais ça qu'on revienne sur l'enjeu ou la
question du patrimoine naturel. Le débat que vous êtes en train de faire, c'est
vraiment un débat de nation à nation, d'enjeux territoriaux. Je ne vois pas la
pertinence par rapport à ce qui est patrimoine naturel.
Mme Ghazal : Mais alors dites que ce
n'est pas pertinent.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, le ministre vous a répondu à maintes reprises pourquoi
il n'acceptait pas... et vous revenez sur ça. Donc, je vous invite...
Mme Ghazal : Mme la Présidente, vous
devez favoriser les échanges et les débats et non pas y mettre fin. Moi, si,
mon amendement, il est pertinent, et je n'ai pas terminé mon temps, je peux
continuer le débat avec le ministre. Sinon, il y a un malaise que je ne
comprends pas. Ce n'est pas... Je ne vois pas où est le problème. Je suis en
train de dire que je trouve ça vraiment dommage et je suis très, très étonnée.
Pour moi, c'était tout simplement un amendement tout
à fait recevable puisque personne n'a jugé que ce n'était pas recevable. Donc,
je peux en parler. Et, comme je le mentionnais, il y a eu, dans le projet de
loi, plein de moments, ce qui n'était pas dans la loi
actuelle, ça, c'est une avancée où on parle des communautés autochtones. Lors
des consultations particulières, on a invité des groupes autochtones. Donc, je
ne suis pas dans le champ à ce point-là. Je suis en train de parler d'un sujet tout
à fait pertinent, et que je peux continuer... et donc je suis très, très
étonnée.
Si, par exemple, en 1985, on a reconnu les
11 nations... Puis, si on disait que, considérant que ce patrimoine est
porteur de valeurs qui, au fil du temps, ont contribué à bâtir l'identité des
Attikameks, des Cris, les Hurons, les Micmacs, les Mohawks, les Innus, etc., et
la nation québécoise, est-ce que ce serait plus reconnu puisque ça a été voté
ici même, dans cette enceinte, à l'Assemblée nationale, en 1985?
M. Charette : En fait, tout comme la
présidente, je n'ai jamais mentionné que l'amendement était irrecevable. Ce que
je dis, c'est qu'il ne s'applique pas. Je vais répondre, pour illustrer mon
propos, par une simple question à la collègue, et je suis très, très intéressé
par sa réponse. Est-ce que le fait de reconnaître les nations autochtones, ce
qui est, je pense, je le disais, un objet de fierté, leur donnerait droit, par
exemple, de faire sécession ou de partitionner le territoire du Québec? Est-ce
qu'une nation... cette reconnaissance de nation leur donnerait ce droit-là?
Mme Ghazal : Bien, quand on dit «de
négocier de nation à nation», ça serait le genre de chose qui serait sur la
table et qu'il faudrait discuter entre nations, de nation à nation. Ce n'est
pas à nous de décider tout seuls, d'une façon unilatérale...
M. Charette : En fait, ce n'est pas
ce que...
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée, M. le ministre, je vous invite...
Mme Ghazal : Excusez-moi, je suis en
train de répondre.
La
Présidente (Mme Grondin) :
...à vous adresser à moi directement. Ça va être plus agréable dans les
échanges.
Mme Ghazal : Et moi, Mme la
Présidente, je vous invite à nous faciliter le débat au lieu de l'arrêter.
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, Mme la députée, mais je vous invite à vous
adresser à moi.
Mme Ghazal : Mais j'étais en train
de répondre et j'ai perdu le fil. Alors, Mme la Présidente, j'étais en train de
parler avec le ministre et j'ai perdu le fil puisque vous êtes intervenue.
La Présidente (Mme
Grondin) : Effectivement, parce que les débats commencent à
être très... Le ton est haussé. Donc, je vous ramène à un ton plus doux, s'il
vous plaît, et à vous adresser à moi l'un et l'autre. Merci.
M. Charette : Mme la Présidente, à
travers la question que je posais, la réponse, elle est évidente. Cette reconnaissance-là des nations ne reconnaissait pas
aux nations autochtones la possibilité de faire sécession par elles-mêmes.
Donc, c'est ce que je tente d'illustrer par le propos. C'est une question qui
est éminemment complexe, qui ne se réglera pas à travers une commission sur le
patrimoine naturel. Je ne dis pas que la question n'est pas pertinente. Je ne
dis pas que le sujet n'est pas d'intérêt. C'est qu'on ne peut pas la trancher
ici, d'où une proposition d'amendement que nous faisons, qui reprend exactement
tous les mêmes principes, mais qui ne crée pas cette opposition-là ou qui ne
crée pas ce qui pourrait engendrer ultimement des débats juridiques qui ne
relèvent pas de nous. C'est tout ce que je dis. Et peut-être a-t-elle regardé
l'amendement que l'on va présenter dans quelques instants, mais tout y est,
mais on n'additionne pas les nations pour éviter cette confusion-là.
Mme Ghazal : Moi, je garde espoir
qu'un jour mon amendement sera vu comme quelque chose de tout à fait normal et
banal, de nommer les nations autochtones à côté de la nation québécoise et non
pas de les subordonner à la nation québécoise. Mais, en ce moment, aujourd'hui,
on est juste en 2020. Donc, on est encore au début du siècle, et, peut-être, un
jour, ça sera tout à fait banal, mon amendement, ce qui n'est pas le cas
aujourd'hui. On n'est pas encore rendus là. Moi, j'aimerais aussi entendre mes
collègues. Je pense qu'ils voulaient aussi prendre la parole.
M.
Charette : En fait, peut-être une dernière... et c'est la dernière
intervention que je ferai, pour ma part, là-dessus, peut-être qu'un jour
ce sera banal, oui, mais parce que ça aura été tranché ailleurs, et ce n'est
pas nous...
Mme Ghazal : Où?
M. Charette : Ne reposez pas la même
question. Ce n'est pas le bon endroit pour y répondre. Donc, peut-être qu'un
jour ce sera banal, oui, mais parce que la décision aura été prise sur la bonne
tribune, qui n'est pas celle de la commission sur l'environnement.
• (22 h 10) •
Mme Ghazal : Mais sûrement que cette
position-là sera prise... On est dans le même... le bon bâtiment, dans le bon
endroit, ici, pour trancher cette question-là, peut-être pas dans la bonne
commission, comme dit le ministre, mais on est au bon endroit et on est les
bonnes personnes, aussi, avec les nations autochtones, pour, un jour, la
trancher.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le député
de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, on a passé quelques bonnes heures à débattre autour de ce
projet de loi où plusieurs articles... Il y a même tout un pan du projet de loi
qui concerne les communautés autochtones. Et nous sommes rendus maintenant au
préambule. Un préambule, ce n'est pas quelque chose de hasardeux dans un projet
de loi. Un préambule, c'est une affirmation de l'intention de ce qui s'en vient
par rapport au projet de loi. Et je trouve tout à fait normal... Et c'est le
bon endroit justement pour qu'il y ait ce genre de débat. Et, à la lecture de l'amendement
que nous avons devant nous, c'est un amendement, je trouve, qui traduit pas mal
ce que nous avons déjà réalisé comme... dans ce chantier-là au cours des
dernières heures.
Donc, rappelons-nous, Mme la Présidente,
rappelons-nous, lors des consultations particulières, nous avons reçu plusieurs
membres des communautés autochtones ou des Premières Nations. Le ministre a cru
bon, dans sa sagesse, d'ailleurs, et je l'en félicite, de bien vouloir consulter
ces communautés, qui ont rappelé qu'elles n'étaient pas assez consultées. Et ce
que nous avons devant nous, Mme la Présidente, c'est un amendement qui est en
phase parfaitement avec ce que nous avons fait.
Et je lis : «Considérant que ce patrimoine
est porteur de valeurs qui, au fil du temps, ont contribué bâtir l'identité des
Premières Nations, des Inuit et de la nation québécoise.» En fait, je cherche
un débat constitutionnel. Je cherche un débat. Je n'en vois pas dans ce
segment-là. «Considérant l'apport inestimable de ce patrimoine, notamment à la
santé, à la sécurité et à l'économie des Premières Nations, des Inuit et de la
nation québécoise.» J'en cherche toujours, Mme la Présidente.
Alors,
j'aimerais peut-être que le ministre me dise où est-ce qu'il y a... parce que... où est-ce qu'il y a ce débat. Je
pense que c'est une affirmation importante. Et le
ministre a affirmé tout à l'heure, Mme la Présidente, en donnant
l'exemple de la reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes...
J'aimerais bien peut-être rappeler au ministre qu'avant que la Chambre des
communes prenne cette résolution et cette motion le Québec formait déjà une nation. Le Québec n'est pas devenu une nation avec
la motion. Au Québec, nous formions déjà une nation bien avant cela.
Et c'est toujours l'enjeu, Mme la Présidente, de
qui nomme. Qui nomme? Et là moi, je vois la possibilité, et à travers cet
amendement-là, qu'ici, pour une fois... Et j'aimerais peut-être demander au
ministre lors des consultations qu'il a réalisées : Est-ce qu'il a demandé
aux membres des communautés autochtones, aux Premières Nations, comment est-ce
qu'eux, ils veulent se nommer? Et moi, j'y vois l'enjeu du respect à ce niveau.
Donc, la question que je... Donc, ça, c'est la première question que j'aimerais
poser au ministre.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Très simplement,
pour ne pas se perdre dans des débats qui nous éloignent du projet de loi que
nous étudions, je dis, très, très humblement, que je ne suis pas avocat. Je
dis, très humblement, que je ne suis pas constitutionnaliste. Mais, lorsque des
avocats, des constitutionnalistes et des spécialistes des dossiers autochtones,
à travers le secrétariat à la législature et le Secrétariat des affaires
autochtones, me disent à moi, qui ne suis ni constitutionnaliste, ni avocat, ni
spécialiste des dossiers autochtones, que cette formulation-là pose problème,
bien, je n'ai pas le choix de me faire très humble et de m'en remettre à leur
décision
Et c'est ce que je tentais d'expliquer, mais,
non, je ne répéterai pas tout ce que j'ai mentionné au cours des dernières
minutes. S'il y a des principes qui sont chers aux collègues dans les considérants
qui sont à l'étude, notons que tous ces considérants se retrouvent dans
l'amendement que nous allons déposer éventuellement et qu'ils ne prêtent pas...
et qu'ils ne laissent pas place à l'inconfort exprimé et par le Secrétariat aux
affaires autochtones et par le secrétariat à la législature. Et il n'y a pas un
gouvernement responsable qui ferait fi de ces conseils et de ces avis de ces
deux instances qui sont au coeur de tout notre processus législatif.
M. Benjamin : Mme la Présidente, M.
le ministre vient d'exprimer, vient de nous dire l'inconfort exprimé par les
légistes. Il vient aussi, du même coup, de nous dire qu'il n'est pas avocat. Ça
tombe bien, moi non plus, je ne suis pas avocat, mais je sens, j'exprime cet
inconfort par rapport à l'interprétation que le ministre fait de l'amendement
qu'on a devant nous.
La Convention de la Baie James, en 1975, un peu
plus tard, la «Paix des Braves», ça veut dire quelque chose dans l'histoire du
Québec, dans ses relations avec les Premières Nations. Ça doit vouloir dire
quelque chose. Donc, moi, ce que je... J'aimerais peut-être bénéficier, donc,
avec le consentement, évidemment, du ministre, de l'avis de Me Delisle,
donc, sur cet enjeu-là, donc, question de comprendre, parce que ni lui ni moi
ne sommes avocats, et j'essaie de voir l'impact légal de tout ça, et je n'y
vois pas, à première vue... Il se pourrait fort bien qu'il y en ait un, mais,
s'il est consentant, donc, je suis prêt à poser une ou deux questions à Me
Delisle.
M. Charette : Exceptionnellement, je
vais refuser le consentement compte tenu que ce sont les avis des juristes que
j'ai partagés. Donc, il n'y aurait pas de plus-value. Et je veux surtout nous
éviter de se risquer dans une pente qui pourrait être très, très hasardeuse.
Donc, non, très volontaire de répondre à des questions qui porteraient sur le
projet de loi, sur le préambule, mais, non, je ne répéterai pas ce qui a été
mentionné à quelques reprises, là, au cours des derniers instants.
M. Benjamin : J'en suis étonné,
donc, que le ministre ait refusé, donc, cette amicale demande que je lui ai
faite. Donc, ça aurait permis à lui et moi, donc, au moins, donc, de nous
retrouver, en fait, en termes de compréhension, par rapport à ses arguments, parce que... Bon,
alors, je vais aller avec quelques questions, Mme la Présidente, pour M.
le ministre. La première question que j'aimerais poser au ministre :
Est-ce que le ministre pense que les Premières Nations et les Inuit ont... par
rapport au patrimoine, ce patrimoine-là est porteur de valeurs qui, au fil du
temps, ont contribué à bâtir l'identité des Premières Nations et des Inuit?
M. Charette : En fait, j'invite le collègue
à lire l'amendement que nous allons éventuellement proposer. La réponse y est
dûment inscrite.
M. Benjamin : Mme la Présidente,
pour le moment, nous sommes sur l'amendement de la députée de Mercier, et je
souhaite faire le débat avec le ministre sur cet amendement-là.
M. Charette : En fait, c'est que
j'ai surtout déjà répondu à la question. J'ai mentionné tout à l'heure que tous
les considérants qui étaient inclus dans l'amendement de la collègue de Mercier
sont inclus dans le nôtre. Donc, en référant à notre texte, c'est surtout que
j'avais déjà répondu à la question. Ça me fait bien, bien, bien plaisir de le
préciser de nouveau. Ce sera le troisième considérant : «Considérant le
lien étroit qui existe entre les communautés et nations autochtones du Québec et
le patrimoine naturel, ainsi que son importance pour leur culture.»
M. Benjamin : Mme la Présidente, je
pensais que vous alliez dire au ministre qu'il était hors d'ordre parce qu'il
me lit un amendement que je n'ai pas sous les yeux. Nous sommes à l'amendement
de la députée de Mercier, donc, et la question...
M. Charette : Mme la
Présidente, en fait...
M. Benjamin : M. le ministre, si
vous permettez...
M. Charette : En fait, non, juste un
instant, s'il vous plaît, là...
M. Benjamin : Si vous permettez,
M. le ministre...
M. Charette : Je dois faire appel au
règlement.
M. Benjamin : Mais, M. le
ministre, si vous permettez...
M. Charette : Il y a des intentions
qui sont prêtées. La question était très claire : Est-ce que le ministre
reconnaît que les communautés... les nations autochtones ont un lien étroit
avec le patrimoine naturel? C'était la question du collègue. Je lui ai...
C'était, en fait, difficile, sinon impossible d'y répondre plus clairement.
J'ai lu notre amendement. Donc, la question a été bien répondue, et ne me
faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
• (22 h 20) •
M. Benjamin : Mme la
Présidente, donc, j'ai entendu M. le ministre donner une réponse. Donc, il
m'a lu un autre amendement qu'on aura à voir, mais ce qu'on a devant nous... On
a un amendement... Et, moi, la question, c'est très clair... Moi, les mots que
je prononce, je les puise directement de l'amendement de la députée de Mercier,
et ce que je demande au ministre... Sans rentrer... Je ne veux pas faire de
débat, puisque je ne suis pas avocat, et le ministre non plus ne l'est pas, et
puis nous sommes en train d'échanger pour voir... est-ce qu'on peut trouver une
zone de compréhension mutuelle.
En fait, moi, c'est ce que j'essaie de
comprendre. Moi, je veux comprendre... parce que ce n'est pas vrai que je viens
de passer toutes ces heures de... avec grand coeur, d'ailleurs, avec... J'ai
été très content de travailler sur ce projet de loi là. On a travaillé sur des
éléments importants. Et là qu'on arrive au préambule et puis que nous allons liquider les choses... Un préambule, c'est un
préambule, Mme la Présidente. Un préambule, ça donne le ton au projet
de loi.
Donc, sur la question... Et je reviens encore...
Donc, quand on pose la question, donc, et je vais poser la... le ministre... la
question encore, parce que moi... Le ministre nous a dit : Bien, écoutez,
il peut y avoir des incidences... Je comprends. Ça, c'est les avis des avocats.
Mais, comme moi, je n'ai pas pu bénéficier de ces avis-là, donc vous
comprendrez que... Le ministre a pu en bénéficier, bien, fort aise, bon, mais
moi, je n'ai pas pu bénéficier de ces avis d'avocats. Donc, moi, c'est au fil
de mes échanges avec le ministre que je dois pouvoir comprendre et savoir
comment sera mon vote par rapport à cet amendement-là. Donc, je lui saurais
gré, donc, de bien vouloir, donc, essayer de me répondre. Alors, la question
que j'avais posée au ministre : Est-ce qu'il pense que l'apport... le
patrimoine a un apport inestimable à la santé, à la sécurité et à l'économie
des Premières Nations et des Inuit?
M. Charette : J'ai déjà répondu à
plus d'une reprise à cette question.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je n'ai pas à identifier...
M. Benjamin : Oui, je savais...
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vous invite à poser votre question autrement...
M. Benjamin : ...en
vous regardant, voilà...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...ou poser une autre question,
mais je n'ai pas... Je ne peux pas...
M. Benjamin : Bien, c'est parce que,
Mme la Présidente, ce que j'essaie de faire... Conformément à vos directives,
j'essaie de rester sur l'amendement. Donc, vous comprenez, donc, c'est pour
cette raison que je ne veux pas aller... Je ne veux pas jusqu'à me risquer à
utiliser d'autres mots, à reformuler... Donc, j'essaie de rester sur votre...
Je respecte vos directives à ce niveau-là.
M. Campeau : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Bourget.
M. Campeau : ...intervenir, s'il
vous plaît?
La Présidente (Mme
Grondin) : Question de règlement, M. le député?
M. Campeau : Non, ce n'est pas une
question de règlement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Alors, je vous invite à attendre que le député de
Viau ait terminé son intervention. Sinon, vous le coupez si vous n'avez pas une
question de règlement. Parfait? Merci.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Comme vous savez, comme nous sommes dans un contexte de... On n'est
pas loin de la fin de l'année. Donc, je pense qu'il en va de notre générosité
mutuelle. Donc, j'aimerais bien écouter le collègue. Donc, si vous permettez,
je lui cède la parole.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mais, avant, il y avait la députée de Mercier avant
le député de Bourget.
M. Benjamin : Ah! d'accord. Alors,
bien, je cède la parole à la députée de Mercier.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci, Mme la
Présidente. En fait, le débat qu'on a n'est pas du tout juridique. Il est
100 % politique, le débat qu'on a. Et c'est vraiment avec le premier
ministre et son gouvernement, dans le fond, qu'il faut l'avoir, et c'est un
débat très, très, très révélateur de notre héritage colonial. Comme je le
disais, on est encore trop tôt dans le siècle, et, peut-être, un jour, ce sera
différent, et j'ai hâte à ce jour.
Puis, par rapport au fait que... d'amener cette
question-là, qu'on ne peut pas la trancher ici, dans la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel, je rappellerai uniquement au ministre que, pour le projet
de loi n° 31, qui ouvrait la loi sur la santé par rapport aux pharmacies,
la ministre de la Santé, à l'époque, tenait très, très, très fort à amener
aussi des éléments en lien avec les peuples autochtones. Et finalement il y a
eu un changement, et c'est rendu le projet de loi n° 79 sur... la loi qui
autorise la communication des renseignements personnels aux enfants... aux
familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission
en établissement de santé.
Et donc c'est déjà arrivé que dans... pas à la
bonne commission, entre guillemets, parce que c'était peut-être aussi la bonne,
qu'on décide de régler un élément, un problème que le gouvernement avait la
volonté politique de régler, et de l'amener dans un projet de loi qui est en
lien avec les pharmacies. Donc, c'est tout à fait possible qu'on puisse avoir
cette discussion-là. C'est tout à fait légitime. Et c'est tout à fait correct
aussi qu'on ne soit pas d'accord et que, de l'autre côté de la Chambre, on dise
que les Premières Nations et les Inuit font partie de la nation québécoise ou
qu'on préfère ne pas trancher et ne rien dire. Et ça, cette vision-là qu'on a,
plus colonialiste, c'est ce qui fait que les problèmes continuent.
M. Charette : Mme la Présidente...
Mme Ghazal : Donc, on peut avoir ce
problème-là.
La Présidente (Mme
Grondin) : Question de règlement?
Mme Ghazal : Ça a déjà été...
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée de Mercier, s'il vous
plaît, question de règlement.
M. Charette : Le règlement est très
clair. On prête ici des intentions. Je n'ai pas tranché le débat. Je dis
seulement que ce n'est pas nous, ici, ce soir, à travers une commission sur
l'environnement, qui allons le trancher. Donc, qu'on ne me prête pas
d'intentions, qu'on ne prête pas d'intentions au gouvernement. Et, si les
solutions sont si simples chez Québec solidaire, qu'elle, cette formation
politique, gagne la confiance de la population pour former le gouvernement, mais il n'y a rien qui indique que la
population est prête à lui donner les clés du gouvernement, et ce sera la
première étape.
Mme Ghazal : Là, je ne sais pas
c'est quel règlement on... Là, ici, on sort... On fait... Moi, ce que je veux
dire au ministre, c'est que, quand il y a la volonté... Peut-être qu'il n'a pas
écouté ce que je disais avant. La volonté du gouvernement, quand elle est là...
M. Charette : Mais ce n'est pas...
Mme Ghazal : Elle a été là avec la ministre
de la Santé avant, par rapport à la pharmacie, où elle a décidé de régler un
problème qui n'était pas en lien...
M. Charette : Mme la Présidente, là,
on va revenir, s'il vous plaît, sur le projet de loi. Ce n'est pas une question
de volonté du gouvernement. On parle de patrimoine naturel.
Mme Ghazal : Bien, quand elle a eu
la volonté, la ministre de la Santé...
M. Charette : Donc, on confond...
Mme Ghazal : ...elle en a parlé dans
le projet de loi sur les pharmacies, le projet de loi n° 31.
M. Charette : On confond beaucoup,
beaucoup de concepts ici et on s'éloigne malheureusement de l'objet...
Mme Ghazal : Il n'y a pas de lien
entre les communautés autochtones et le patrimoine naturel?
M. Charette : Alors, s'il vous plaît,
je l'ai dit plus d'une fois, c'est dans notre propre amendement. Donc, ne
remettez pas en question...
Mme Ghazal : Mais ce que je suis en
train de faire, j'essaie juste d'expliquer un parallèle qui a déjà existé.
M. Charette : Oui, mais très, très
boiteux, le parallèle qui est évoqué, par contre.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vous invite à vous adresser à moi, les deux.
Mme
Ghazal : Bien, la ministre de la Santé a voulu régler un problème. Elle a dit : Tiens, on a le projet de loi n° 31 sur les
pharmacies, on l'ouvre, amenons d'autres éléments. Et c'est tout à fait, donc,
possible quand on veut. C'était possible, peut-être, si le gouvernement était
rendu là, de dire : Tiens, on a le projet de loi sur la conservation du
patrimoine naturel, amenons cet élément-là. C'est un premier pas. C'est tout à
fait possible, mais cette volonté-là n'est pas là encore aujourd'hui. C'est un
fait que je veux... que je voulais nommer, parce que ce débat-là est
révélateur.
M. Charette : ...on n'est pas la
bonne instance pour trancher cette question-là.
Mme Ghazal : Donc, la volonté est là
pour reconnaître que les nations autochtones ne font pas partie de la nation
québécoise.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous...
Mme Ghazal : Si c'est l'intention,
que le ministre le dise.
La Présidente (Mme
Grondin) : S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît!
Je vous invite à faire attention à vos propos, à ne pas prêter d'intentions. Et
donc, là, Mme la députée de Mercier, avez-vous terminé pour le
moment, parce qu'il y a le député de Bourget qui voulait intervenir? Est-ce que...
Mme Ghazal : Bien oui, j'ai terminé.
Tout ce que je veux dire, c'est que mon amendement et le débat qu'il amène est
révélateur de quelque chose, oui, de plus large, qui inclut le patrimoine
naturel, mais de beaucoup plus large. Et c'est sûr que c'est dans cette
enceinte que ce débat-là devra être tranché, c'est certain, mais le gouvernement
n'est pas encore rendu là, de dire que... de trancher le débat, c'est ce que je
comprends, que les nations autochtones et les Inuit ne font pas partie de la
nation québécoise.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Bourget, s'il
vous plaît.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. J'ai trouvé assez révélateur que, du côté du député de Viau comme
du ministre, on a dit : Je ne suis pas légiste. Il n'y a personne ici, je
pense, qui l'est, sauf un seul légiste. Et je m'excuse auprès de notre légiste,
mais je pense que ça ne prend pas un légiste dans ce cas-là. Ça prend un
légiste spécialisé dans certains aspects du droit, et
c'est une chose ultracomplexe. Moi, je me sens comme un membre de la CTE, «E»
étant pour «environnement». J'ai l'impression qu'on a parlé d'un sujet
environnemental que j'ai trouvé fascinant. Et j'y ai beaucoup appris quand les
groupes sont venus nous visiter. J'ai beaucoup appris au cours de nos
discussions. Je pense qu'on a fait une réelle avancée. Puis, pour le reste,
nous ne sommes pas l'endroit pour aller vers des revendications qui sont
reliées aux autochtones, c'est tout. Alors, pour moi, je pense que nous devons
en rester là.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député, vous devez vous
approcher de votre micro. Je crois qu'on ne vous entend pas bien.
M. Campeau : Bien, j'avais justement
terminé. Ça tombe mal.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, y a-t-il d'autres interventions sur
cet amendement? M. le député de Viau, en fait, il reste à peine
30 secondes.
M. Benjamin : Bien, écoutez, c'est
un... En fait, je souhaite, peut-être, qu'on puisse peut-être revenir, parce
que je ne veux pas, comme hier, Mme la Présidente, partir sur un élan. Donc, on
aura l'occasion de peut-être poursuivre cette discussion demain.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous remercie de votre collaboration.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 29)