(Onze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 46, Loi
modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel et d'autres
dispositions.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
secrétaire, y a-t-il des droits de vote par procuration?
• (11 h 20) •
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Tardif... M. Campeau
(Bourget) exerce un droit de vote par procuration pour M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata) et M. Benjamin (Viau) exerce un
droit de vote par procuration pour le député de Mont-Royal.
Auditions (suite)
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Cet avant-midi, nous entendrons le Conseil innu Takuaikan Uashat mak
Mani-Utenam et la Fédération québécoise des municipalités.
Maintenant,
je tiens à souhaiter la bienvenue aux représentants du conseil ITUM. Je vous
rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter
et à procéder à votre exposé. Vous avez maintenant la parole.
Conseil
innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : «Kwe» (s'exprime dans une langue
autochtone). Bonjour à tous. Donc, Marie-Claude André-Grégoire,
O'Reilly & Associés, pour ITUM, et
Isabelle Boisvert-Chastenay, pour O'Reilly & Associés,
pour ITUM également. Donc, aujourd'hui, nous
allons adresser les préoccupations d'ITUM concernant le projet de loi
n° 46.
Tout d'abord, la protection du patrimoine
naturel est effectuée depuis des millénaires par les communautés autochtones qui sont responsables de sa saine
gestion. ITUM a un territoire traditionnel, qu'on appelle le Nitassinan, dans
lequel on a des droits ancestraux, et y
compris le titre indien, ainsi que des droits issus de traités. L'ensemble de
notre territoire est situé au nord du 49e parallèle.
L'Union
internationale pour la conservation de la nature, sur laquelle vous vous basez
concernant la définition de l'aire
protégée, réfère aussi à la valeur culturelle du territoire, ce qui est
négligé, selon nous, dans le projet de loi. En plus, l'Union internationale de la conservation et de la
nature reconnaît la nécessité de protéger les sites naturels sacrés pour
leur importance spirituelle.
J'aimerais
tenter aujourd'hui de vous faire
comprendre la vision du territoire, pour les Innus, qui est, dans le fond, directement liée à notre
identité.
Bon nombre de
la population des Innus de Uashat mak Mani-Utenam sont nés dans
le territoire, dans notre Nitassinan,
et ont parcouru les rivières Moisie, qu'on appelle la Mishta-shipu, ainsi que
la Sainte-Marguerite des centaines de kilomètres pour aller dans leur
territoire familial traditionnel. Déjà, ces lieux de portage ont une valeur
capitale pour les Innus, puisque, justement,
ils ont été empruntés par nos ancêtres mais seront encore empruntés par nos
générations futures.
Chaque lieu a des toponymes qui racontent une
histoire unique, qui ont été, dans le fond, créées et vécues par nos ancêtres.
Certains endroits sont des lieux de recueillement spirituel ou de sépulture des
membres de nos familles. Tous ces lieux
constituent notre patrimoine, pour les Innus, et sont reconnus et connus dans
la communauté en raison, justement, de l'importance de
la tradition orale dans notre culture. Notre Nitassinan est riche, il constitue
notre encyclopédie, notre pharmacie, nos livres d'histoire et notre
école.
Plus particulièrement, ITUM a des préoccupations
concernant le projet de loi, parce que l'ensemble de notre territoire se situe au nord du 49e parallèle. Dans
le projet de loi, il y a la création du territoire de conservation
nordique, qui est justement au nord... le territoire qui se situe au
nord du 49e parallèle. Or, dans le projet de loi, on définit ce territoire comme un mécanisme d'affectation, il ne
bénéficie donc pas de la définition
des aires protégées. Il n'y a aussi aucun régime d'activité qui y est
prohibé. Donc, en quoi ce mécanisme protège-t-il ce territoire?
Il faut aussi
rappeler que la majeure partie des milieux humides et hydriques se trouvent au nord du 49e parallèle, donc qui... Justement, le Règlement sur la
compensation pour l'atteinte aux milieux humides et hydriques exclut directement cette compensation, les atteintes de ces milieux-là au nord du 49e
parallèle. Avec la création, justement, du territoire de conservation nordique et l'exclusion de la
compensation des milieux hydriques, cela crée une disparité entre les régions
sur la protection environnementale donnée au territoire.
Le
deuxième aspect est les mesures transitoires du projet de loi. ITUM a dans son
territoire la réserve aquatique projetée de la rivière Moisie, qu'on
appelle la Mishta-shipu. Nous voulons absolument que le projet de loi clarifie
les mesures transitoires à cet égard. Il
serait vraiment absurde, selon nous, que le nouveau projet de loi, qui est
censé améliorer la protection des
aires protégées, fasse le contraire dans le contexte de la réserve aquatique de
la rivière Moisie et son plan de conservation.
Donc,
que va devenir la réserve aquatique de la rivière Mishta-shipu? Est-ce qu'elle va devenir un territoire de conservation
nordique, puisqu'elle est située au nord du 49e parallèle? Est-ce qu'elle va devenir une réserve de biodiversité
ou elle va devenir une aire protégée
d'utilisation durable? D'ailleurs, le projet de loi ne donne pas de définition
claire de qu'est-ce qu'est une aire protégée d'utilisation durable, il ne
définit pas non plus une description de la protection accordée et des
interdictions d'activités.
Donc,
pour ITUM, nous soumettons que le bassin versant de la rivière Moisie devrait
devenir une aire protégée de
conservation autochtone. À ce titre, ma collègue va vous parler de l'importance
de l'inclusion des APCA dans le projet de loi n° 46.
Mme
Boisvert-Chastenay (Isabelle) : «Kwe». Donc, le grand élément manquant
du projet de loi n° 46, pour ITUM,
c'est vraiment l'inclusion des aires protégées de conservation autochtone, soit
les APCA, qui constituent un modèle de gestion d'aires protégées par les
communautés autochtones.
Dans le mémoire
d'ITUM, on réfère beaucoup au rapport de 2018 du Cercle autochtone d'experts,
qui a pris le temps d'étudier des
initiatives en matière d'APCA ailleurs au Canada, dans d'autres provinces, puis
les APCA, selon le Cercle autochtone d'experts, favorisent les
écosystèmes et l'utilisation durable du territoire en plus de prendre en compte la valeur culturelle, historique,
communautaire, spirituelle et sociale du territoire pour les autochtones. Ces
aires permettent aussi de reconnaître et de mettre à profit l'expérience
et les connaissances des autochtones en matière de conservation du territoire.
En
effet, les autochtones ont déjà des pratiques de conservation du territoire qui
pourraient être harmonisées avec le projet de loi n° 46
puis servir à améliorer, justement, la conservation du patrimoine naturel au
Québec. L'inclusion des APCA serait
avantageuse non seulement pour les communautés autochtones, mais aussi pour le
gouvernement du Québec, pour l'aider,
justement, à remplir ses objectifs en vertu du projet de loi n° 46 puis ses objectifs en matière d'aires protégées, en plus de
constituer aussi un pas vers l'objectif global de réconciliation entre le
Québec et les communautés autochtones.
Donc,
ITUM recommande l'inclusion des aires protégées de conservation autochtone dans
le projet de loi n° 46, en plus,
parce que l'application réussie dans d'autres provinces du Canada démontre que
c'est une avenue qui peut être considérée.
Essentiellement,
cette inclusion-là se ferait par l'ajout d'une nouvelle désignation d'aire
protégée et de conservation autochtone et de quelques articles dans le
projet de loi pour définir, notamment, les aires protégées de conservation autochtone, les objectifs de ces APCA, les
activités prohibées dans ce type d'aires et puis le processus de désignation
des APCA, à la demande des communautés autochtones, suite auquel un plan
de conservation pourrait être créé par les communautés autochtones à leur
image.
En
plus de l'inclusion des APCA dans le projet de loi n° 46,
dans le mémoire d'ITUM, il y a
d'autres préoccupations et recommandations quant à d'autres articles du projet
de loi. Donc, on vous réfère au mémoire à cet effet.
Notamment,
il y a plusieurs mentions, dans les articles du projet de loi n° 46, des communautés autochtones, mais cette mention n'est pas suffisante pour réellement
prendre en compte les intérêts, les droits et les connaissances particulières
des communautés autochtones au Québec. Par exemple, en matière de consultation, la question qu'on devrait se
poser avec le projet de loi n° 46, c'est : Quel sera l'impact du projet de loi et des désignations sur le territoire ancestral, sur les droits et sur
la culture des Innus de Uashat mak Mani-Utenam, mais aussi des communautés
autochtones du Québec? Cette question
aurait pu être posée avant la rédaction du projet de loi n° 46,
puis la réponse aurait été simple.
Historiquement, les politiques
fédérales et provinciales en matière de conservation du patrimoine naturel se sont concentrées sur une vision qui est différente
de la vision de la conservation du territoire par les communautés autochtones et ont parfois causé des dommages aux
communautés autochtones, notamment par le déplacement forcé de certaines communautés
ou par l'empêchement de pratiquer certaines activités traditionnelles. Pour ces
politiques, dans le fond, fédérales et provinciales, le
but, c'était surtout de conserver la biodiversité ou le territoire puis le
conserver de l'activité humaine,
tandis que pour les autochtones le territoire est aussi façonné par la pratique
des activités traditionnelles, puis
les activités traditionnelles, justement, sont pratiquées en symbiose avec
l'environnement. Donc, certaines de ces politiques ont eu des
conséquences, notamment, qui sont encore actuellement très préoccupantes pour
les Innus de Uashat mak Mani-Utenam. Par exemple, il y a le lac Walker qui pourrait faire l'objet d'une
désignation, puis les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, actuellement,
sont très préoccupés par le fait que c'est un territoire où ils vont chasser et
pêcher puis quel sera l'impact d'une désignation potentielle sur la pratique
des activités traditionnelles.
Donc,
en conclusion, on rappelle qu'ITUM n'est pas opposée au projet de loi n° 46 ni à l'amélioration de la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel afin d'améliorer puis de mieux protéger le territoire québécois.
L'objectif est commun, de
conserver le patrimoine naturel, mais ce qu'on demande, c'est la pleine
participation des communautés autochtones. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Avant de débuter la période
d'échange, j'aimerais mentionner au
député d'Ungava, s'il a une question, il veut prendre la
parole, juste de nous faire signe, on va le voir à l'écran et on va être
capables de lui donner la parole.
Ceci
dit, je vous remercie énormément pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange,
et nous débutons avec M. le ministre, pour un temps de
16 min 30 s. À vous la parole, M. le ministre.
• (11 h 30) •
M.
Charette : Merci, M. le Président. Bonjour à vous deux. J'ai eu le
plaisir d'aller vous saluer, il y a quelques instants, malgré tout. Bon, c'est un moindre mal, compte tenu, là, de la
distance qui nous est imposée. Mais merci sincèrement pour votre
présence ce matin.
À travers la
consultation qui s'achève aujourd'hui, on a eu l'occasion d'entendre différents
groupes, différentes associations, mais vous êtes le seul groupe ou la
seule nation que nous avons eu le plaisir d'entendre spécifiquement. Donc, votre présence est d'autant plus pertinente ce matin.
Donc, merci bien.
Peut-être
quelques éléments pour vous rassurer. Le projet de loi n° 46 ne vise pas à reculer dans le temps, mais, bien au contraire, faire
des avancées notables au niveau de la protection du territoire, notamment
dans nos relations avec les nations
autochtones. Vous avez fait, à juste titre, référence à l'UICN, avec ses
différents critères, ses différents principes.
Le projet de loi n° 46 repose sur cette philosophie. Si vous regardez
à l'article 2 du projet de loi, c'est clairement indiqué que la protection du territoire qui est envisagée à travers le projet de loi n° 46 se fera dans le respect des règles de
l'UICN. Donc, je tenais à vous le mentionner pour vous rassurer.
Concernant les aires protégées de conservation
autochtone, c'est aussi un sujet qui a été abordé par différents groupes. C'est une réflexion qui se poursuit, du
côté du gouvernement, en vertu notamment et suite à ces consultations.
Donc, lorsque débutera l'étude article par article, c'est là où des
bonifications au projet de loi seront envisagées et c'est là où le projet
de loi pourra être bonifié, là, de façon encore plus intéressante qu'il ne
l'est maintenant.
Ceci dit,
vous avez évoqué assez rapidement un des beaux projets que vous avez sur votre
territoire, avec lequel on assure une collaboration. J'aimerais vous entendre, pour le bénéfice des
gens qui nous écoutent, sur qu'est-ce qui vous a amenés à penser à développer
ce projet d'aire protégée, quelle importance ce territoire peut avoir pour
votre communauté, quel type de
partenariat, en quelque sorte, est souhaité avec le gouvernement du Québec, bref, peut-être
nous en dire plus sur le projet lui-même,
là, pour que les gens qui nous écoutent puissent se retrouver davantage,
là, sur l'importance de ces territoires... ces aires protégées, là, de
conservation autochtone.
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Oui. Donc, dans le fond, ce qu'il faut comprendre, c'est que la rivière
Mishta-shipu, donc la rivière Moisie pour les non autochtones,
et ainsi que la rivière Sainte-Marguerite constituent pour nous l'équivalent pour vous des autoroutes. Donc,
c'est vraiment des territoires qui ont été utilisés par nos
générations précédentes, et qui sont
encore utilisés, actuellement, par nos générations actuelles, et qui, je
l'espère, vont être protégés et utilisés pour nos générations futures.
Donc, les Innus partaient de la baie de Sept-Îles
pour monter dans leur territoire traditionnel et parcouraient, justement,
le territoire par les rivières et par des lieux de portage. La
rivière Moisie et son bassin versant, donc, avec la rivière Nipissis,
étaient beaucoup utilisés par les Innus, et il y avait plusieurs lieux qui
sont... qui ont une importance vraiment culturelle, spirituelle et constituent,
dans le fond, notre patrimoine à nous dans cette rivière-là.
Donc, au-delà d'avoir une protection strictement
environnementale, les autochtones ont... les Innus réfèrent à l'aire protégée
de conservation autochtone, où on pourrait, justement, parler... mettre par
écrit une conservation, une protection de ce
territoire-là qui serait vraiment en symbiose avec nos
valeurs, nos traditions et notre vision du territoire. Donc, comme je disais, il y a
de... plusieurs endroits ont des
toponymes innus qui racontent une histoire. Justement, la reconnaissance de ces toponymes-là serait...
s'inscrirait dans cette aire protégée de conservation autochtone. Il y aurait
d'autres lieux.
Donc, on
réfère aussi au mémoire de Uapashkuss, qui sont des membres de la communauté
qui ont créé, déjà... qui ont fait un travail immense sur certains lieux
du territoire
du Nitassinan
des Innus d'Uashat mak Mani-Utenam et du Nitassinan de Matimekush-Lac
John. Donc, c'est des familles qui sont interreliées beaucoup, et ils ont fait
déjà un travail énorme sur certains lieux,
le repérage de certains lieux dans le territoire, qui ont cette notion,
justement, sacrée ou spirituelle. Donc, je vous invite à aller voir ce
mémoire-là, là, qui est à l'annexe du mémoire de SNAP Québec. Donc, ce mémoire-là réfère justement... donc,
donne certains lieux où on pourrait tout de suite désigner comme APCA,
plus particulièrement, parce qu'ils sont reconnus comme des lieux sacrés dans
le territoire. Mais il y en a d'autres, là, certainement.
M.
Charette : C'est gentil. Merci. Peut-être une dernière question parce
que je sais que de mes collègues voudront intervenir aussi. Dans votre
présentation d'introduction, vous avez mentionné que, par le passé, il y a des
aires protégées qui sont venues
compromettre certaines activités traditionnelles. Peut-être aussi vous
mentionner que les différentes catégories qui sont déjà en place, c'est ce que nous souhaitons aussi ajouter comme
possibilité, permettre ce type d'activités là. Donc, je serais curieux de vous entendre : Est-ce
qu'il y a un exemple en particulier que vous avez en tête d'activité qui aurait
pu être compromise par une nouvelle aire protégée qui aurait été
reconnue?
Mme Boisvert-Chastenay (Isabelle) :
Oui. En fait, on référait surtout au Cercle autochtone d'experts, qui a un chapitre dans son rapport de 2008, le
chapitre III, qui s'appelle L'histoire sombre des aires protégées au
Canada et qui donne plusieurs
exemples, là, par exemple des camps autochtones au lac Messa qui ont dû
être déplacés à cause d'une désignation
d'aire protégée, puis ça a fait en sorte vraiment que ça a été un
déplacement forcé. Ce n'est pas nécessairement
toujours des cas aussi graves que, vraiment, une communauté autochtone a dû se déplacer à cause d'une aire
protégée, mais il y a aussi d'autres exemples, à même le rapport
du Cercle autochtone d'experts,
d'activités traditionnelles qui ont été
complètement empêchées ou considérablement réduites en raison de politiques de
conservation du patrimoine naturel.
M. Charette :
C'est gentil. Merci. Je dois vous avouer que 2008, ça date, et je n'ai pas
cette...
Mme Boisvert-Chastenay (Isabelle) :
...
M. Charette :
2018. Ah! d'accord, j'avais compris 2008. Mais on va porter attention à ces
exemples-là pour tenter de voir, là, comment vous rassurer. Mais, à travers les
différentes catégories, il y a réellement place aux pratiques et aux usages traditionnels. Malheureusement,
n'ayant pas en tête, là, ou n'ayant pas parcouru cette étude-là, ce serait
difficile pour moi de la commenter. Mais
soyez assurées qu'on aura cette préoccupation-là pour la suite de nos travaux.
Donc, merci beaucoup. Sincèrement très
apprécié. Pour ne pas accaparer tout le temps de parole, je vais laisser la
parole à mes collègues. Merci beaucoup pour votre présence.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je vais maintenant céder la parole au député de
Bourget, suivi par le député d'Ungava. À vous la parole, M. le député. Il vous
reste 8 min 40 s.
M. Campeau :
Merci beaucoup. Bonjour à vous deux. Premièrement, comme on s'est accrochés
quelques fois dans l'acronyme UICN,
je suis content de voir qu'il existe un acronyme, ITUM, plus facile à dire,
parce qu'autrement on se serait sûrement accrochés en lisant le titre.
Ce matin,
j'ai eu l'occasion de faire une déclaration de député au sujet de la doyenne de
mon comté. Alors, quand vous parlez de traditions ancestrales, bien, j'écoute
avec attention. Vous parlez, dans une de vos recommandations, de permettre aux communautés autochtones de concevoir
des plans de gestion à leur image. D'accord, intéressant. Mais est-ce
que ces plans de gestion seraient en accord avec les règles de l'UICN?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Oui. Bien, dans le fond, ça faisait référence un peu au plan de conservation... On a un exemple avec le plan de
conservation de la réserve aquatique projetée de la rivière Moisie. Donc,
si on regarde ce plan de conservation là, il
ne représente pas du tout, justement, les préoccupations des Innus, mis à part
un seul article, qui est le 3.14, où on réfère que les membres autochtones
«qui, à des fins alimentaires, rituelles et sociales, réalisent une
intervention ou pratiquent une activité sur le territoire de la réserve
projetée sont exemptés de l'obligation de
requérir une autorisation pour ce faire». Mais toute la vision du territoire,
la valeur culturelle est propre à chaque nation. Donc, c'est dans cette mesure-là où
on veut que les APCA puissent permettre aux communautés autochtones de créer eux-mêmes, selon leur
vision, leur gestion de leur territoire ancestral propre à leur culture dans
un plan de conservation respectif.
• (11 h 40) •
M. Campeau : Bien, en fait, je ne
suis pas du tout contre ce que vous dites. Ma seule inquiétude, c'est : on
est à 10 %, on veut monter à 17 %
puis on veut monter plus haut par la suite. Je n'essaie pas de lancer la pierre
à qui que ce soit, là. On s'est ramassés à 10 % puis on est en
retard. Et là, si on veut rajouter des lignes directrices puis qu'on n'est pas
tout à fait en accord avec l'UICN, tout ça, c'est très louable d'avoir des
aires protégées, comme vous le... autochtones, je suis d'accord, mais il
faudrait qu'elles soient en ligne avec, aussi, le but de faire progresser le
nombre d'aires protégées qu'on peut calculer à l'intérieur de ce 17 %-là
ou, ultimement, là, un possible 30 %. C'est juste ça qui me dérange un petit peu. Est-ce que ça va
vraiment être... Rajouter des règles qui seraient plus à l'image de la... de
votre nation, c'est intéressant, mais il
faudrait que ça soit aussi... que ça comprenne les règles de l'UICN, il me
semble.
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Oui. L'UICN reconnaît déjà la nécessité de protection des sites
naturels sacrés, donc ils reconnaissent déjà cette notion-là de
protection.
Mme
Boisvert-Chastenay (Isabelle) : Oui. Non, c'est exactement ce que j'allais dire, c'est qu'on ne veut
pas un système, non plus, parallèle. L'UICN, ce n'est pas un... ce n'est
pas des règles qui sont mauvaises en soi. Justement, l'UICN, comme disait ma collègue, reconnaît la valeur culturelle et
reconnaît les sites sacrés autochtones comme étant des sites qui peuvent être protégés en vertu de la
conservation du patrimoine naturel. Donc, ce ne serait pas un système complètement parallèle de l'UICN, ça respecterait
aussi les principes de l'UICN ou de la loi... du projet de loi comme il
sera rédigé.
La seule chose, c'est que chaque communauté
autochtone a des particularités. Chaque site qui sera protégé peut être protégé à des fins, par exemple,
alimentaires ou parce que c'est un site sacré, puis ça, ça doit pouvoir être
assez flexible, le plan de
conservation, pour permettre ce genre de choses, qu'un site soit protégé pour
sa valeur spirituelle ou qu'un site
soit protégé parce qu'il a des herbes médicinales puis pour, par exemple,
réglementer la pratique des activités traditionnelles sur ce site-là.
Puis c'est pour ça que, quand on parle de plans
de conservation à leur image, ce n'est pas quelque chose d'un peu «free-for-all» ou arbitraire, c'est juste que,
vraiment, chaque communauté peut décider de protéger certains sites pour des
raisons différentes puis peut avoir des pratiques différentes. Puis nous, on
représente les Innus de Uashat mak Mani-Utenam, ici aujourd'hui, mais on ne peut pas représenter non plus toutes les
communautés autochtones du Québec puis comment les communautés autochtones du Québec feraient leurs propres plans de
conservation. C'est pour ça qu'on essayait de le laisser dans un plan de
conservation assez flexible pour permettre qu'il soit utilisé par les communautés
autochtones.
M. Campeau : Dernière question.
Vous parlez de... l'ITUM recommande de créer, en collaboration avec les communautés
autochtones, une procédure de délégation flexible. D'accord.
Maintenant, un peu comme je l'ai mentionné hier, quand on fait de la certification d'assurance qualité, on a des
règles, et il faut démontrer qu'on a rencontré ces règles-là. Alors, quand vous parlez de délégation flexible,
vous garderiez, j'imagine, le contact avec le fait qu'il faut démontrer qu'on
a rencontré les règles... cette certification-là aussi?
Mme Boisvert-Chastenay
(Isabelle) : Oui, oui. Bien, c'est exactement comme l'UICN. Ce qu'on
dit, ce n'est pas un système
parallèle où il n'y a plus de règles, c'est juste que les règles actuelles
puissent être interprétées et appliquées de façon à inclure la perspective
autochtone.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci. Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la
parole au député d'Ungava. Il vous reste trois minutes, M. le député.
M.
Lamothe : Merci, M. le Président. Juste une question. Ça ne prendra
pas trois minutes. Vous avez parlé de meilleures
consultations avec les autochtones. C'est quoi, pour nous, qui serait la
meilleure façon de faire? Via APNQL? Via par communautés spécifiques?
C'est quoi, qui est... Comment vous voyez ça, vous?
Mme André-Grégoire
(Marie-Claude) : Certainement par communautés spécifiques.
M. Lamothe :
Par communautés?
Mme André-Grégoire
(Marie-Claude) : Oui.
M. Lamothe :
O.K.
Mme Boisvert-Chastenay
(Isabelle) : Au moins à
ouvrir la possibilité d'être consultés ou de venir s'asseoir avec vous
puis de parler aux communautés spécifiquement. Parce que, comme je disais plus
tôt, nous, on représente une communauté puis on essayait, justement, de donner des
principes un peu généraux qui pourraient s'appliquer à d'autres
communautés, mais chaque communauté peut avoir vraiment des préoccupations
distinctes.
M.
Lamothe : O.K. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Est-ce que ça va aussi pour la
députée d'Argenteuil? Oui, la députée me fait signe.
Mme Grondin :
Oui.
Le Président (M.
Ciccone) : Je vous laisse la parole. À vous la parole, Mme la députée.
Mme Grondin :
Merci, M. le Président. Bonjour, très heureuse de vous voir aujourd'hui.
Effectivement, le ministre nous a dit
que vous étiez le seul groupe autochtone qui venait ici pour nous parler de ce
que... comment vous voyez la conservation. Je suis très heureuse d'entendre
ça, là, vous avez vraiment expliqué différents éléments.
Vos
recommandations 11 et 12, vous parlez de l'APCA, par exemple, qui est une
aire de protection autochtone, mais
vous faites aussi un lien avec les paysages humanisés. Moi, je le voyais, le
lien, en termes de valeur plus culturelle. Par contre, vous souhaiteriez... et c'est là que j'aimerais que vous
m'expliquiez rapidement, parce que j'imagine qu'il ne reste pas beaucoup de temps, mais vous faites
une différence entre les deux. Paysage humanisé, vous souhaiteriez que
ça soit plus une valeur patrimoniale. Pouvez-vous juste mieux m'expliquer?
Mme
Boisvert-Chastenay (Isabelle) : Oui. En fait, le paysage humanisé, c'est un peu comme d'autres articles
du projet
de loi. On trouve que certains
articles ont des choses intéressantes qui pourraient s'appliquer aux
communautés autochtones, mais l'APCA
a vraiment... c'est vraiment une réponse globale à toutes nos préoccupations
puis toutes nos recommandations.
Donc, au lieu d'essayer d'aller chercher dans plusieurs articles certaines
pognes, là, si je peux dire, pour
essayer de protéger les aires autochtones selon les valeurs autochtones, c'est
pour ça qu'on demande de créer l'APCA, qui vraiment est une réponse
globale.
Puis
le paysage humanisé, si je ne me trompe pas, n'est pas vraiment décrit, là,
dans le projet de loi n° 46, à l'heure actuelle. Puis aussi je pense, si je
ne me trompe pas, qu'une demande de paysage humanisé devait être présentée
par une communauté autochtone avec une
municipalité, puis ça aussi, c'est un problème pour la communauté autochtone.
Parce
que, tu sais, une communauté
autochtone pourrait... devrait minimalement demander une désignation de paysage
humanisé sans avoir à se faire tenir par la main par une municipalité.
Mme Grondin :
Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Ce qui met un terme à la période
d'échange avec le gouvernement.
Maintenant, je cède la parole aux membres de l'opposition officielle. M. le
député de Viau, vous avez 11 minutes.
M. Benjamin : Merci, M. le Président.
Donc, bonjour, membres de la commission. Merci, Mme Grégoire, Mme Boisvert-Chastenay, pour votre
présentation. Donc, écoutez, quelques questions rapidement. Donc, plusieurs
groupes nous ont mentionné l'importance de l'aval
des communautés des Premières Nations pour la mise en place, de façon à assurer la réussite de cette mise en place. En ce
sens, quels seraient, selon vous, les critères nécessaires, pour vous, dans
la mise en place des APCA?
Mme André-Grégoire (Marie-Claude) :
Premièrement, il faudrait qu'il y ait une définition qui soit ouverte. On vous réfère, justement, à notre mémoire, où on
offre la définition qui devrait être dans le projet de loi. Donc, après...
Pardon. C'était quoi, le début de votre...
M.
Benjamin : En fait,
c'était : Quels sont les critères, pour vous, qui seraient dans la mise en
place des APCA?
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Donc, déjà, c'est ça, la définition... Comme ma collègue disait aussi,
toutes les questions de qu'est-ce qui peut être prohibé dans les APCA, donc, de
le définir, déjà, comme c'est défini dans le cas de la réserve de biodiversité, et de définir aussi, dans le fond, le
processus qui doit être fait pour pouvoir obtenir les APCA, donc, par exemple, une demande
écrite par les communautés autochtones ou organismes autochtones qui veulent,
justement, bénéficier de l'APCA, donc
d'avoir un processus qui est vraiment établi dans le projet de loi et non par le biais d'un règlement qui serait... qui tarderait à
être adopté.
M. Benjamin : Et est-ce qu'il y
aurait, à ce moment-là, pour vous, des caractéristiques à un APCA, est-ce qu'il y aurait
des... Quelles sont... Pouvez-vous nous rappeler les caractéristiques spécifiques, à ce moment-là, qui
vous paraîtraient indispensables pour les APCA?
Mme Boisvert-Chastenay (Isabelle) :
Oui. En fait, les APCA sont en général des terres et des eaux où les autochtones
jouent un rôle primordial dans la protection et la conservation des
écosystèmes, avec la gouvernance, les systèmes
de savoir et les droits autochtones, puis c'est des aires où la culture et la langue
sont aussi au coeur de la protection.
Les objectifs généraux des APCA pourraient aussi
être inclus dans un article, par exemple, du projet de loi. Les objectifs sont en général l'engagement à long terme
pour la conservation des terres et des eaux et la diversité biologique pour les générations futures, préserver et
entretenir les utilisations sociales, culturelles, cérémonielles des autochtones,
puis ça peut aussi être une fondation pour
les économies autochtones locales. Donc, ça, c'est les grands objectifs
des APCA.
M. Benjamin : Une autre inquiétude
qui a été évoquée à quelques reprises, lors de cette consultation, c'est la possibilité que, dans les aires protégées d'utilisation durable... qu'il y ait des activités industrielles.
Et, selon vous, et plus spécifiquement sur votre territoire, sur les territoires
ancestraux, est-ce que c'est quelque
chose d'admissible? Si oui, est-ce qu'il y a des activités industrielles
qui pourraient être permises?
• (11 h 50) •
Mme André-Grégoire
(Marie-Claude) : Bien, c'est
sûr que la position des Innus, depuis le début, c'est toujours qu'il
n'y ait aucun développement dans son territoire à moins d'avoir leur consentement. En ce moment, par exemple, la réserve aquatique projetée interdit
l'exploration et l'exploitation minières, interdit aussi l'instauration de baux
de villégiature et interdit aussi la
foresterie et, dans certaines mesures, l'hydroélectricité. Donc, je pense que ça serait le même
type d'interdictions que les APCA voudraient obtenir, là, dans un projet de loi.
Mais, comme
je dis, dans le fond, c'est que, oui, nous avons été invités aux consultations particulières, mais je
pense que ça aurait été encore mieux si vous auriez pu inviter d'autres premières nations qui auraient pu vous enrichir sur la constitution, justement,
d'un projet de loi qui aurait, dans le fond, permis, et au bénéfice du Québec,
mais autant au bénéfice des Premières Nations, de créer un réel régime de protection, de conservation du patrimoine naturel, et vous
auriez pu, justement, avoir le bénéfice de l'ensemble des Premières Nations au
Québec à ce sujet-là, là.
Mais donc, oui, les interdictions, on revient
à... ça serait dans ces mêmes types là.
M. Benjamin : Bien, je
pense que... sans vouloir vous
donner, peut-être, une réponse, je pense qu'on est à l'étape
de consultations
particulières, il y a d'autres étapes
qui s'en viennent, et je crois qu'on aura sûrement l'opportunité de
pouvoir rectifier ou faire des ajouts qui vont dans le sens de votre dernier commentaire.
Mais, un autre enjeu sur lequel j'aimerais peut-être
vous entendre, aussi, plusieurs groupes ont mentionné la problématique potentielle de la désignation
d'aires protégées très importantes dans le Nord et peu dans le Sud. Pour votre
communauté, j'aimerais entendre votre
appréciation sur cette problématique. Est-ce
qu'il y a nécessité que ce territoire
ne soit qu'APCA ou une aire de protection stricte serait admissible?
Mme Boisvert-Chastenay (Isabelle) :
Aire de protection stricte? Qu'est-ce que vous voulez dire?
M.
Benjamin : Bien, en fait,
une aire... à ce moment-là, au lieu que ce soit une aire... un APCA, est-ce que
les aires... protection stricte qui pourrait assurer et, justement,
toute la protection que vous souhaitez, aucune utilisation d'industrie, etc.?
Mme
Boisvert-Chastenay (Isabelle) : C'est que, ça, c'est une partie de l'APCA, les activités prohibées.
Mais la partie qui manque puis qu'on n'arrive pas à retrouver dans les articles
actuels du projet de loi n° 46, c'est vraiment le respect des activités traditionnelles, le respect
de la vision autochtone, le respect des pratiques de gestion qui sont déjà
existantes et mises en place par les
communautés autochtones et qui devraient être harmonisées avec le projet de loi n° 46 puis avec les autres politiques en matière de
conservation du patrimoine naturel. Donc, une aire protégée stricte qui
porterait seulement sur les activités prohibées, c'est une partie de
l'APCA, mais c'est peut-être 20 % de ce qu'est une APCA.
M.
Benjamin : Et vous nous avez parlé, tout à l'heure, des sites sacrés,
à partir des directives de l'UICN — donc, voilà, je me suis tenté une fois, donc, ça a marché. Donc, au sujet de
ces directives, donc, j'aimerais... faites-nous un rappel. Et donc,
quand on dit... quand on parle de sites sacrés, de quoi parle-t-on précisément,
exactement?
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Oui. Alors donc, je vous invite, à
notre mémoire, à la page 8 et 9 où on énumère certains sites sacrés pour
la communauté. Donc, on a le site sacré de Mishta-shipit, qui est, dans le
fond, à l'embouchure de la rivière
Moisie, qui est la Mishta-shipu, et donc c'est un site où les Innus allaient se
recueillir lorsqu'ils arrivaient de la rivière, donc qu'ils revenaient
de leurs territoires familiaux. Et c'était... l'été, ils se regroupaient là pour faire soit certaines cérémonies, des mariages
ou célébrer, justement, les naissances, et tout. Donc, on a plusieurs sites
comme ça, comme, mettons, le Mushuau-nipi, qui est un site de rassemblement,
dans le territoire, qui est à plusieurs centaines de kilomètres de
Sept-Îles. Donc, on a plusieurs sites comme ça qui ont déjà une importance et
une valeur culturelles, chez les Innus de Uashat
mak Mani-Utenam, mais chez plusieurs communautés innues aussi puisque c'était un lieu de rassemblement de plusieurs
familles. Donc, ces sites-là sacrés, c'est un peu ça, c'est... Et, dans le fond, la tradition orale des Innus est très importante, et chaque
génération a cette connaissance-là des sites sacrés.
M.
Benjamin : Merci, merci. Et,
sur l'enjeu des paysages humanisés, vous nous faites même des recommandations aux articles 65 et
65.1, notamment pour ce qui a trait aux mécanismes
de désignation. Alors, je vois déjà et probablement
des municipalités ou des MRC qui vont vouloir présenter un argumentaire de
cohésion territoriale ou de cohérence territoriale. Qu'est-ce que vous répondez
à ça?
Mme
Boisvert-Chastenay (Isabelle) : Bien, en fait, un peu comme ma collègue disait au début, en ce moment, tout le
Nitassinan, qui est le territoire ancestral des Innus de Uashat mak
Mani-Utenam, se trouve au nord du 49e parallèle, puis ce territoire-là peut faire l'objet du territoire de conservation
nordique, mais certains règlements, comme le règlement sur la
compensation des milieux humides, ne s'appliquent pas aux territoires au nord
du 49e parallèle.
Donc,
ce qu'on dirait aux municipalités, c'est qu'en ce moment elles ont un avantage,
et nous, on est en situation de désavantage où tout le territoire ancestral
se trouve dans une position où il peut être affecté à un territoire de
conservation nordique et où il n'y a aucune des désignations spécifiques du
projet de loi n° 46 qui permet une réponse globale
aux Premières Nations pour pouvoir mettre en oeuvre non seulement leur
perspective, leur vision du territoire, mais
aussi protéger leur territoire selon leurs valeurs puis continuer à pratiquer
leurs activités traditionnelles.
Donc,
pour moi, ce n'est pas vraiment un problème pour les municipalités, c'est plutôt
que c'est les autochtones, en ce
moment, qui sont désavantagés puis qui n'ont pas accès à tous les mêmes moyens
que, par exemple, les municipalités ou d'autres regroupements de
citoyens.
M. Benjamin :
Merci. Donc, la dernière question. Vous suggérez, et d'ailleurs je pense que je
le vois dans plusieurs de vos recommandations, l'idée que les communautés
autochtones soient associées, constamment associées à différentes démarches de reconnaissance ou de statut. Maintenant, nous
sommes en train de travailler sur un projet de loi et vous... et par rapport aux mécaniques... aux mécanismes de
consultation des communautés autochtones pour la suite des choses,
qu'est-ce que vous proposez, qu'est-ce que vous proposez au ministre?
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Bien, d'abord, d'aller... Donc, nous,
on comprend que le projet de loi a été très accéléré. Donc, ça a peut-être
empêché beaucoup d'autres communautés de présenter un mémoire à la date limite
du 22, pour qu'il soit, justement, rendu public. Ça a empêché aussi certaines communautés
de pouvoir peut-être demander d'avoir accès aux consultations
particulières.
Donc,
nos recommandations, certainement, c'est d'aller... de faire des véritables consultations des communautés autochtones, de les avertir d'avance de ces consultations-là et non de faire une consultation qui est simplement de donner l'information et : On prend
en note vos commentaires. C'est vraiment de faire une consultation qui est
concrète, où on va prendre les préoccupations et on va essayer de faire des accommodements concrets dans le projet de loi. Parce que, oui,
nous avons participé à une séance
d'information, mais, comme je viens de dire, c'était une séance d'information,
ce n'était même pas une consultation,
et c'était... les individus qui étaient présents ne pouvaient même pas répondre
à nos préoccupations ou à nos questions, de qu'est-ce qu'allait devenir,
par exemple, la réserve aquatique projetée de la rivière Mishta-shipu. Donc, certainement, de consulter réellement et d'accommoder...
de répondre aux préoccupations des Premières Nations dans le projet de loi.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, maître. Merci beaucoup, M. le
député. Je cède maintenant la parole à un membre du deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Mercier, à vous la parole.
Mme Ghazal :
Merci, M. le Président. Merci. «Kwe». J'ai 2 min 45 s, donc ça
va aller très vite. Merci pour votre
présence, parce qu'il a fallu que vous écriviez à la commission pour dire à
quel point c'était important que vous soyez présents. Il y a d'autres nations, d'autres groupes, notamment le
Conseil de la nation atikamekw, Uapashkuss, aussi, le groupe Uapashkuss,
qui n'a pas pu être présent. Il y en a probablement d'autres.
Donc, on sent
que, dans ce genre de projet de loi là qui est extrêmement important pour les
nations autochtones, comme vous dites, on fait juste vous donner
l'information. Donc, il y a beaucoup d'apprentissage à faire pour surtout respecter, aussi, le
principe de ce qu'on appelle nation à nation, qui n'est pas là. Moi, j'ai une
question par rapport à... Puis j'espère
que le ministre a écouté aussi ce que vous avez dit, là, vos recommandations,
qu'il faut que vous soyez consultés avant la loi et non seulement
attendre le règlement. C'est ce qu'aussi j'entends de votre part.
Hier,
le Pr Louis Bélanger nous a dit qu'une APCA peut être dans n'importe quelle
catégorie de l'UICN, donc, et que c'est à la nation de demander ça. Si,
par exemple, vous disiez : Est-ce que c'est possible de définir dans la
loi, si l'APCA va s'y retrouver... de
définir quelles activités seraient interdites? Qu'est-ce que vous pensez de sa
proposition que ça soit à la nation
de dire : Bien, ça pourrait être catégorie II ou catégorie V, où, par
exemple, la pêche est permise, etc.? Parce que les deux ne sont pas...
ne vont pas l'un à l'encontre de l'autre, contrairement à ce que pensait le
député de Bourget.
• (12 heures) •
Mme
André-Grégoire (Marie-Claude) : Oui, effectivement. Mais, dans le
fond, les APCA, pour certains endroits, vont pouvoir aller plus vers une catégorie I ou II ou parfois une
catégorie V. Donc, tout dépend de l'importance et du site. Est-ce que c'est un site sacré et où on veut
préserver, justement, mettons, les plantes médicinales qui nous servent à faire
nos médicaments ou c'est un site où il y a
un portage, où on veut encourager, justement... on veut protéger ce
territoire-là de, par exemple, une
déforestation, mais on veut encourager nos membres à utiliser ce lieu de
portage là et même... nos membres,
mais ça peut être également les non-autochtones, pour leur montrer... qu'ils
aient une vision, justement, de c'est quoi que les Innus avaient à
parcourir comme chemin, l'importance du territoire, pour eux, dans leur
identité?
Donc,
effectivement, je suis d'accord avec vous par rapport aux lignes directrices de
l'UICN. Certainement, les APCA
s'incluent dedans et peuvent avoir différentes catégories, donc, tout
dépendamment des sites, mais tout dépendamment
aussi des communautés autochtones. Je pense que c'est à eux de définir
qu'est-ce qui est prohibé dans leur APCA.
Mme Ghazal :
Exactement. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : ...temps que vous avez. Je cède maintenant
la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine pour 2 min 45 s. À vous la parole,
M. le député.
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Me André-Grégoire et
Me Boisvert-Chastenay, merci de votre présentation qui complète ou
qui amène un point de vue complémentaire à celle qu'on a eue, hier, du chef
Picard, notamment. J'ai justement noté que, lorsque vous parlez des aires protégées
de conservation autochtones, je pense
que votre point de vue est on ne peut plus clair, et la volonté de
pouvoir être gestionnaire, selon le voeu de chacune des communautés, selon le
territoire, comment on le voit et on le définit, tout ça, c'est très clair.
Vous parlez, par
contre, de la question de la délégation de pouvoirs. Hier, le chef Picard
mentionnait plutôt qu'il souhaitait un mode
de cogestion. Est-ce que vous êtes également d'accord
avec l'idée que, plutôt qu'on délègue des pouvoirs de gestion, on participe véritablement à une opération
commune qui relève de la cogestion entre le gouvernement et chacune des communautés?
Mme Boisvert-Chastenay
(Isabelle) : Oui. Bien, en
fait, nous, pour l'article 2.1 sur la... 12, sur la délégation, on le
commentait avec des préoccupations d'ITUM surtout en lien avec, justement, le
fait qu'à tout le moins cet article devrait
être modifié. Mais notre but principal, c'est vraiment l'inclusion des aires
protégées de conservation autochtones.
Pour ce qui est de la
délégation, c'est certain que ce n'est pas le modèle qu'on prioriserait,
surtout parce que ça amène aussi une forme de gestion où il y a de la reddition
de comptes où, vraiment, c'est un peu chapeauté par le gouvernement, puis il y a
moins de chances de gestion, justement, par les autochtones, avec leurs pratiques existantes
ou selon leurs perspectives. Donc, si
on devait améliorer les articles 12 et 12.1 sur la délégation, oui, une
cogestion serait quelque chose qui est plus favorable à notre vision.
M. Arseneau :
Alors, si, bon, vous pouviez, justement, améliorer le projet de loi dans le
sens de la cogestion, à ce moment-là, comment faudrait-il comprendre la cogestion, par opposition à la
délégation de pouvoirs? Parce que, moi, j'essaie juste de voir en quoi ça
pourrait consister.
Mme André-Grégoire
(Marie-Claude) : Dans la mesure où la délégation de pouvoirs
n'implique pas une reddition de comptes, et c'est réellement, dans le fond, permettre à la communauté autochtone de gérer le territoire selon
leurs valeurs, traditions, et tout, cela
peut être intéressant. Ce qui nous inquiétait, c'était vraiment
les questions des modalités de reddition de comptes, donc
tous les aspects de 12.1, 12 et suivants. Une cogestion peut être
intéressante, mais dans la mesure où la première nation, quand même, a
son mot à dire et ne doit pas avoir à attendre constamment après le gouvernement
ou dépendre, en fait, du gouvernement.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Me André-Grégoire et Me
Boisvert-Chastenay, je vous remercie pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Je suspends maintenant
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de la Fédération
québécoise des municipalités de prendre place.
(Suspension de la séance à
12 h 05)
(Reprise à 12 h 10)
Le Président (M.
Ciccone) : Nous reprenons nos travaux.
Je souhaite maintenant
la bienvenue aux représentants de la Fédération québécoise des municipalités.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. Vous avez maintenant
la parole pour 10 minutes.
Fédération québécoise des
municipalités (FQM)
M. Bernier (Larry) : Merci. Alors, M. le Président, Mmes et MM.
les députés, mon nom est Larry Bernier, je suis maire de Lac-Édouard, en Mauricie, vice-président de
l'agglomération de La Tuque, membre du conseil d'administration et du conseil exécutif de la FQM. Je suis accompagné
aujourd'hui de M. Éric Morency, directeur du service de
l'aménagement du territoire à la MRC d'Argenteuil.
D'entrée de jeu, permettez-moi de vous présenter notre organisation. Fondée en 1944,
la Fédération québécoise des municipalités s'est établie comme un acteur crédible, qui, par ses actions, vise
constamment à défendre l'autonomie du milieu
municipal et à favoriser le développement de l'ensemble
des régions du Québec. Comptant plus de 1 000 municipalités
locales et régionales membres, la FQM s'appuie
sur une force de 7 000 élus. Ses structures décisionnelles et
consultatives lui permettent de prendre des positions visant le développement
durable du territoire québécois.
À
titre de porte-parole des régions, la FQM s'inscrit dans la volonté du ministère de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques de revoir la démarche menant à la
conservation du patrimoine naturel.
Les
régions regorgent de territoires à valeur écologique élevée qui ont besoin
d'être préservés. Malgré cet état de fait, le Québec n'a pas été en mesure
d'atteindre les cibles qu'il s'était pourtant données en cette matière. L'adoption
de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, en 2002, devait contribuer à améliorer ce bilan,
mais force est de constater que les résultats ne sont pas au rendez-vous près
de 20 ans plus tard. Alors que les autres pays avaient, en 1996,
une moyenne de 8,8 % de leur superficie
préservée, le Québec ne peut faire mieux que 10 % près d'un quart de
siècle plus tard. D'ailleurs, le
Québec n'a toujours pas atteint, en 2020, les cibles qu'il s'était fixées pour
2010, soit 17 % du territoire en
zones terrestres et 10 % des zones marines et côtières. Ces chiffres, à
eux seuls, justifient l'action gouvernementale entreprise aujourd'hui.
À
l'aube d'un rehaussement des cibles internationales, le Québec doit prendre les
bouchées doubles pour éviter que l'écart qui le sépare des leaders
internationaux ne s'accentue. Le Québec devrait être davantage motivé à
atteindre les cibles, puisque, chaque
année, des sinistres liés aux changements climatiques nous rappellent l'urgence
de préserver notre biodiversité. Une bonne gestion du patrimoine naturel
contribuera à rendre les territoires plus résilients face aux
changements climatiques.
Voici
quelques commentaires généraux. Tout
d'abord, la FQM reconnaît que le projet de loi n° 46 est un premier pas dans la
bonne direction, qui devrait préserver notre patrimoine naturel. Voici une
liste d'éléments du projet de loi qui nous semblent intéressants.
Le
premier : les municipalités qui sont informées plus tôt dans la démarche.
Nous saluons la volonté du ministère de
l'Environnement d'informer les MRC et municipalités plus tôt dans la démarche,
mais, comme nous le verrons dans les
recommandations, le ministère pourrait aller encore plus loin en collaborant
étroitement avec les MRC et municipalités.
Deuxièmement, les assouplissements menant à la reconnaissance des paysages
humanisés. Le fait qu'aucun statut ne soit accordé, présentement,
aux paysages humanisés repose en partie sur la complexité de la démarche.
Souvent, les projets de cette
catégorie impliquent des démarches avec plusieurs partenaires,
lesquelles allongent le délai avant cette reconnaissance. La volonté du ministère
de transformer ce statut en reconnaissance simplifiera la démarche et incitera les
régions à préserver ce type de patrimoine.
Le
troisième commentaire, c'est le délai raccourci pour la reconnaissance des aires protégées. La longueur du processus actuel et sa complexité
obligent les MRC et municipalités à consacrer beaucoup d'efforts, de temps
et d'argent pour faire reconnaître une aire protégée. Irritées
par ces longs délais, certaines MRC et municipalités ont même abandonné le processus en cours de
route. L'abandon de l'étape de mise en réserve est bien accueilli par la FQM, puisqu'il contribuera à réduire les délais
de quelques années.
Quatrièmement, la reconnaissance
des autres mesures de conservation efficaces. La FQM demande depuis longtemps
de reconnaître certaines mesures de conservation efficaces qui n'ont pas obtenu
de statut officiel en vertu de
la LCPN. Les critères de reconnaissance étant très précis, il arrive que certains projets ayant des bénéfices
sur la biodiversité ne puissent se
classer dans l'une ou l'autre des catégories d'aires protégées. Cette reconnaissance est donc un outil de plus
pour les MRC et municipalités, qui les aidera à participer à l'effort
collectif de préservation des territoires ayant une valeur écologique
élevée.
Concernant les
principales recommandations, nous constatons la volonté du ministère
d'impliquer davantage les MRC et municipalités dans la démarche. Toutefois,
nous sommes convaincus que cette collaboration pourrait être présente dans
d'autres éléments du projet de loi, comme en font preuve les thèmes suivants.
L'ajout
d'un nouveau statut d'aire protégée d'utilisation durable. Nous comprenons que ce nouveau statut
serait balisé non pas par la loi,
mais par un règlement édicté après avoir tenu des consultations. Ainsi, on adopte un nouveau statut
qui pourra, par ailleurs, être demandé par tout groupe extérieur au milieu
municipal, sans en connaître, à ce
stade-ci, les modalités, notamment en regard à la gestion ou à
l'implication du monde municipal. De plus, il est important que les MRC et municipalités soient
impliquées à toutes les étapes afin de s'assurer de la cohérence dans la planification de l'aménagement du territoire.
Concernant
la délégation de la compétence à un tiers, il est prévu, à l'article 9 du projet
de loi, qui modifie l'article 12 de la loi, que le ministre peut déléguer,
par entente, à toute personne ou à toute communauté autochtone, tout ou en
partie des pouvoirs que lui attribue la présente loi ou qu'il détient en regard
à la gestion d'un territoire qui relève de
son autorité et qui fait l'objet d'une mesure de conservation. Pour les mêmes
raisons invoquées précédemment, le
fait de déléguer cette compétence à un tiers sans que la MRC et la municipalité ne collaborent tout au long du
processus risque de poser des défis
en termes de cohérence de la planification de l'aménagement et du développement
du territoire.
Concernant
le retrait de l'engagement de l'État, de son côté, l'article 12.2 du
projet de loi indique que les actes de la personne ou de la communauté
autochtone qui exerce les pouvoirs qui lui sont délégués en vertu de l'article 12
n'engagent pas la responsabilité de l'État.
Considérant l'importance que représentent ces territoires publics dans le patrimoine naturel du Québec, il est important,
lorsque le tiers n'est pas dûment élu, que l'État conserve sa responsabilité comme une forme de garantie de bonne gestion de ce
territoire. L'article 54 du projet de loi permet au ministre de
reconnaître des milieux naturels comme réserves naturelles. Bien que nous
sommes en faveur de protéger les milieux naturels en terres privées, nous
sommes d'avis que le milieu municipal devrait être, là aussi, consulté afin que
les demandes de reconnaissance ne soient pas
en contradiction avec la planification territoriale. Prenons, par exemple, le
cas d'une terre privée qui serait transformée en réserve naturelle. Il y
a fort à parier que son accès devra être amélioré et sécurisé par la municipalité pour tenir compte d'un achalandage plus
important. Le simple fait de changer la vocation d'un territoire a
automatiquement une incidence sur les opérations et les finances de la
municipalité.
Concernant
le deuxième point, la modification des rôles et responsabilités du ministère à
l'égard du projet de loi, à
l'article 3 du projet de loi, qui modifie l'article 4.1 de la loi,
stipule : «Le ministre produit au gouvernement, au moins tous les 10 ans, un rapport sur la mise en
oeuvre de la présente loi ainsi que sur l'opportunité de la modifier.»
Considérant la nécessité de rattraper
le retard en matière de conservation d'aires protégées, nous proposons que le
gouvernement fasse un rapport
obligatoirement à la fin de chaque mandat, et non à tous les 10 ans, afin
d'apporter des correctifs plus rapidement aux mesures en place si
l'augmentation du pourcentage d'aires protégées ne croît pas aussi rapidement
que souhaité. De plus, la population sera plus à même de juger du succès
ou de l'échec des mesures mises en place pour augmenter la superficie en aires
protégées.
En
terminant, la conservation du patrimoine naturel à l'échelle du Québec amène
des enjeux liés au maintien de la cohérence gouvernementale territoriale. En
effet, l'adoption ou la refonte de nouvelles lois ou de règlements pose
des défis lorsqu'elle se juxtapose, par exemple, aux orientations gouvernementales en
aménagement du territoire, en vigueur depuis déjà plus de 20 ans. Sur le
terrain, ce sont les MRC et municipalités qui font souvent les frais de ce
manque de cohérence. Il faudra
que le gouvernement y apporte une attention particulière, s'il souhaite que ces
dernières initient des projets visant la conservation du patrimoine naturel.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le maire, pour votre
exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange et nous
débutons avec M. le ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Un plaisir de vous entendre sur un
enjeu comme celui qui nous réunit ce matin.
Je vais partager mon temps parce que j'ai des collègues, là, qui souhaiteront
intervenir aussi, mais j'aimerais
revenir sur un aspect que vous avez effleuré, mais qui a été mentionné par
certains groupes, notamment ceux qui travaillent au niveau de la
conservation du territoire, à travers... On a eu Canards illimités, on va
recevoir, cet après-midi, Conservation de la
nature Canada. Ce sont des partenaires privés, des fondations, des associations
qui sont complètement... c'est des
incontournables, là, pour le ministère de l'Environnement, parce qu'ils
permettent, à travers des discussions avec des propriétaires fonciers,
un transfert de titres de propriété, facilitent la reconnaissance d'aires
protégées de grande valeur, parce que davantage au Sud, donc, avec une plus
grande biodiversité.
Cependant,
un des problèmes qui est souvent évoqué, ce sont les taxes foncières de ces
territoires-là. Vous l'avez aussi évoqué dans votre propos. Quelle
serait la façon la plus facilitante, autant pour les propriétaires que pour les
municipalités, bref, éviter qu'il y ait des
conséquences désastreuses, là, sur les finances des municipalités, pour favoriser
ce transfert de titres de propriété et faire
en sorte que l'on puisse, oui, protéger du territoire, rendre cette
manoeuvre-là attrayante auprès de...
Et ce sont souvent des successions familiales qui veulent faire ce geste-là.
Bref, je serais intéressé à avoir votre point de vue à ce niveau-là.
• (12 h 20) •
M. Bernier (Larry) : Oui. Éric pourra commenter davantage, mais, nous,
dans nos discussions, on a pensé que, possiblement, la perte de revenus pour
les municipalités, advenant ces situations-là, pourrait être compensée par le
gouvernement, parce qu'on ne pense pas que ce sont des montants vraiment, là,
énormes qui pourraient être perdus par les municipalités.
M.
Morency (Éric) : Si je peux me permettre. Effectivement, donc, vous
faites référence à, peut-être, le coeur de la question, c'est-à-dire comment le
financement des municipalités est fait, au Québec, par la taxe sur la richesse
foncière, et il semble y avoir, dans le
fond, un peu, un déséquilibre ou bien une contradiction. Par contre, à ce
niveau-là, je pense que les
municipalités peuvent avoir un gain à ce qu'on retrouve des aires protégées sur
des territoires et pour conserver ce qu'il est vraiment nécessaire de
conserver en termes, je dirais, de cloches de verre, là. Il y a des milieux
qu'on doit absolument préserver pour toutes sortes de bienfaits écologiques.
Il y a aussi... et
vous avez introduit, là, la notion, dans le projet de loi, au niveau des autres
mesures de conservation efficaces, et je
pense que, là, il y a un chantier intéressant pour le Québec, c'est-à-dire d'être capables de maintenir des espaces en aires protégées,
tout en acceptant un certain niveau d'utilisation durable du territoire. Et là peut-être
que les municipalités trouveraient leur compte aussi, là, lorsqu'on est capable
de travailler sur cet équilibre-là.
M.
Charette : Et votre collègue
mentionnait que ce n'était pas forcément des montants élevés en cause. Est-ce qu'il y a une évaluation de la FQM qui a été faite à ce
sujet-là? Quelles pourraient être, justement, les sommes en cause ou
quels sont les impacts pour les municipalités, particulièrement les plus
petites?
M.
Bernier (Larry) : Pas à ma
connaissance. Moi, je n'ai pas entendu parler qu'il y avait une évaluation qui
avait été faite, là.
M. Charette : Et, sinon, peut-être
une dernière question, là, pour ne pas accaparer tout le temps de parole.
Souvent, les municipalités ont, sur leur propre territoire, des espaces qu'ils
aimeraient mettre en valeur. On a parlé de paysages
humanisés. Oui, c'est dans la loi, effectivement. C'est un concept qui, au fil des ans, n'a pas su
se développer ou s'incarner à travers
des projets précis. Est-ce que les villes, avec un accompagnement particulier,
seraient davantage intéressées
à développer ce type de projets là? On parle de projets vivants où les
communautés peuvent continuer, naturellement, de s'épanouir. Est-ce que c'est
une formule qui est regardée avec attention de la part de la FQM?
M.
Bernier (Larry) : Je ne
pourrais pas dire pour la FQM, mais je sais que, dans ma région à moi, exemple,
dans la région de la Vallée de la Batiscan — parce
que le lac Édouard est à la source de
la rivière Batiscan — c'est
un aspect qui a été envisagé. Et on a même fait des démarches avec le ministère
de l'Environnement, dans le temps, et c'est un processus qui est beaucoup trop long, beaucoup fastidieux et qui
décourage un peu les promoteurs. Mais, moi, je pense qu'un peu comme les réserves de biodiversité, qui
sont beaucoup moins restreignantes que les réserves écologiques — ce
qu'on a chez nous — c'est
des projets qui peuvent aller de l'avant facilement. Puis c'est sûr que, quand
on restreint, bien, il y a des gens qui ne sont pas contents, c'est certain.
Mais, le paysage humanisé, il n'y a pas beaucoup de restrictions,
et je pense que ce serait un plus, pour certaines régions, de pouvoir
développer cet aspect-là.
M. Charette : C'est bien gentil.
Merci pour vos commentaires, tous très pertinents, ça va nous aider, là, pour
poursuivre notre réflexion. Donc, je vais céder tout simplement la parole à mes
collègues.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Bourget. Il vous reste
10 min 40 s.
M.
Campeau : Merci beaucoup. Bonjour
à vous deux. Il y a un commentaire que vous avez fait que j'ai bien
aimé, quand vous parlez du raccourcissement des délais pour la
reconnaissance des aires protégées. J'ai l'impression que les aires protégées, on n'en a pas, ça a toujours
été problématique d'en avoir, et, maintenant qu'on vient de vraiment relier
de façon beaucoup plus claire les aires
protégées à la santé humaine et qu'on va avoir des délais raccourcis, ça
devrait aider l'ensemble des gens et des parties prenantes à accélérer
les choses.
J'avais une
question en particulier. Vous demandiez d'avoir un bilan de mise en oeuvre à la
fin de chaque mandat. Ça aurait l'air
de quoi, un bilan de mise en oeuvre, selon vous, en gros, là, dans les grandes
lignes? Puis, deuxièmement, pourquoi à la fin de chaque mandat en
particulier?
M. Bernier (Larry) :
La raison, c'est qu'on trouvait qu'au bout de 10 ans... si, au bout de
10 ans on n'a pas atteint nos objectifs, bien là, on remet ça encore pour
une période de 10 ans. Alors, où allons-nous être dans 20 ans? Est-ce qu'on va encore être en deçà du 17 %
qu'on voulait atteindre? Donc, on s'est dit : Peut-être qu'un rapport
d'étape au bout de quatre ans... Puis
on dit : Bon, bien, voici, on s'était fixé de monter, mettons, à 15 %
ou 14 % puis on est rendus à 13 %;
ah! bon, bien, O.K., on a un rapport d'étape, on ne l'a pas atteint, mais on
s'approche de notre objectif puis on avance. Alors que d'attendre au bout de 10 ans, je trouve que c'est... De
10 ans en 10 ans, là, on va être rendus... moi, je ne serai
plus là, puis on n'aura pas atteint l'objectif.
M.
Campeau : Ma seule
inquiétude, en disant «à la fin d'un mandat», ça contribue à politiser les
aires protégées, alors que... Est-ce
que c'est ça qu'on veut? Le fait de faire un bilan de mise en oeuvre à une date
donnée me semblerait peut-être un peu plus porteur, dans le sens qu'on essaie
de... Ça va être politisé quand même, mais ça le serait un peu moins que
le faire en fin de mandat.
M. Bernier (Larry) :
Moi, j'avais une formule personnelle, qui ne relève pas de la FQM, c'est :
au milieu du deuxième mandat.
M. Campeau : Elle est bonne. Merci,
M. le Président.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, je vais céder la parole... alors qu'Argenteuil est bien représenté, ici
aujourd'hui, je vais céder la parole à la députée d'Argenteuil, justement.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Ciccone) : Huit
minutes.
Mme Grondin : Est-ce que mon
collègue d'Ungava veut intervenir?
Bravo!
Merci. Bonjour, messieurs, M. Bernier et M. Morency, monsieur... Je suis
agréablement surprise, là, de voir qu'on a un représentant d'Argenteuil, très,
très fière. En fait, en conclusion, là, M. Bernier, vous parliez que la FQM peut apporter tout un regard plutôt
terrain, de ce qui se passe sur le terrain, donc je prends la balle au bond. Il y a plusieurs intervenants qui ont
souligné, au cours des deux derniers jours d'audiences, le rôle essentiel que
jouent les municipalités dans l'atteinte de nos objectifs en matière de
biodiversité, notamment dans le Sud.
Moi, je
connais très bien le travail qui se fait dans la MRC d'Argenteuil
et la volonté de la MRC et des élus depuis plusieurs années. En fait, la
MRC a adopté une stratégie de conservation de ses milieux naturels d'intérêt,
travaille de façon assidue pour déposer, bientôt, un plan régional de ses milieux
humides et hydriques. Depuis des années, il y a différents projets, aussi, qui
dépassent le territoire de la MRC d'Argenteuil, qui vont même au niveau de mon
comté, où il y a énormément
d'activité ou de vocation écotouristique ou de plein air dans les 17 municipalités de mon comté. Je le sais que... vous me corrigerez,
M. Morency, à peu près... plus de 80 % du territoire de la MRC
d'Argenteuil est en terres privées.
Donc, le ministre a soulevé un peu la question.
Moi, ce que je voudrais mieux comprendre, c'est... Comme intervenants essentiels, dans la boîte à outils,
si vous souhaitez faire la conservation, protéger des milieux d'intérêt qui
sont très précieux, pour toutes les raisons,
là, à mes yeux, vous avez quatre choix en terre privée : vous avez la
possibilité d'acquérir au niveau municipal, vous avez également la possibilité de
favoriser la conservation volontaire ou l'intendance privée, vous avez
aussi une possibilité qui serait vraiment intéressante, s'il y a des aires
protégées qui sont identifiées sur le
territoire, et vous avez également toutes sortes d'outils urbanistiques qui
permettent de mettre un statut privilégié ou un statut de protection.
Moi,
j'aimerais ça que, dans ces quatre outils possibles, vous puissiez me décrire
assez rapidement, parce que, là, je parle beaucoup... mais c'est quoi, les
embûches que vous rencontrez, que ce soit au niveau de l'acquisition, au
niveau de la conservation volontaire, au
niveau... Si vous avez des projets que vous souhaiteriez avoir, une aire
protégée ou différents outils urbanistiques, est-ce qu'il y a des embûches
incontournables, et/ou est-ce que vous avez des solutions que vous proposez
à ces enjeux-là?
• (12 h 30) •
M.
Bernier (Larry) : Moi, pour
deux raisons... Je vais laisser Éric répondre. D'abord, question
de compétence, d'abord, et deuxièmement, moi, dans mon milieu, c'est le
contraire, 99 % de notre MRC, de notre agglomération est en terre publique. Alors, sur 30 000 kilomètres
carrés, là, nous autres, c'est la terre publique presque partout. Alors, bref,
je vais...
Mme
Grondin : Bien, en fait,
moi, je le réduis à... c'est-à-dire que je fais le focus sur les terres privées parce
que...
M. Bernier (Larry) :
Oui, c'est ça.
Mme
Grondin : Mais vous pouvez
répondre aussi au niveau des terres publiques aussi, là, si vous le
souhaitez.
M.
Bernier (Larry) : Oui, oui, c'est ça.
Bien, on a moins de joueurs dans la partie sur les terres publiques que
sur les terres privées.
M. Morency (Éric) : C'est certain
que... vous soulevez le fait des aires protégées, là, avec les différents statuts qu'on retrouve ici, dans un territoire
habité ou dans les secteurs privés, c'est vrai qu'on n'en voit pas beaucoup.
Peut-être parce qu'on vient vraiment, là, déterminer des utilisations du sol qui
sont limitées. C'est pour ça que... là, j'ai
oublié vos autres catégories, mais j'aimerais m'attarder peut-être,
effectivement, sur la catégorie où est-ce
qu'on essaie d'y aller vers
une utilisation durable du territoire.
Là où est-ce qu'il y a une concentration de population,
c'est bien, puis on l'a vu aussi avec... dans la situation pandémique, les gens
cherchent l'accès à des milieux naturels pour, justement, toutes sortes de
bénéfices, et le fait de rapprocher des
lieux de conservation de la population, je pense, c'est une bonne chose. Donc, il y a
toutes sortes d'outils qui sont
disponibles dans le coffre à outils des municipalités, qui, il faut le
rappeler, là, ont la compétence en aménagement
du territoire. Et l'encadrement qui est fait, légal, par la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, permet à des... au milieu municipal de venir régir, là, les
utilisations du sol, même en territoire privé. Donc, on a toutes sortes de possibilités,
dont celle qu'on a utilisée dans Argenteuil,
d'identifier des noyaux de conservation, un réseau écologique en terre privée.
Vous avez peut-être
entendu Mme Louise Gratton en parler ici, je ne sais pas si elle s'est
présentée... Pas encore? Ça s'est fait en Estrie, beaucoup.
Donc, nous, on utilise les pouvoirs légaux qu'on a pour venir orienter le territoire
vers la protection de ces noyaux-là. Évidemment,
le développement du territoire peut continuer jusqu'à une certaine intensité,
mais, justement, cette intensité-là, elle est balisée par des
règles d'aménagement du territoire précises. Alors, on vient en quelque sorte demander aux propriétaires, aux
grands propriétaires d'identifier les espaces naturels sur ces espaces-là,
de les protéger, et, s'il y a des endroits
qui se prêtent à de la construction domiciliaire, à des routes, bien, on le
fait en suivant, évidemment, des critères d'aménagement durable du territoire.
Et on le
voit, là, il peut y avoir des espaces qui sont carrément mis en protection
dans des lots distincts sous servitude de conservation sur des terres privées,
alors qu'il y a quand
même du développement ou, en tout cas, des résidences qui sont construites à proximité. Donc, ce genre de mécanismes
là qui... c'est sûr que ça nécessite beaucoup de négociations, mais
on pense... bien, on joue... on fait le pari, dans Argenteuil et ailleurs
aussi, là, il faut le mentionner, que ce genre de réglementation là est en train de faire des petits dans d'autres milieux
aussi, notamment en Estrie, par exemple. Et ça permet, justement, d'avoir des milieux conservés,
peut-être, de plus grand nombre, sans limiter certaines utilisations du sol,
pour les raisons qu'on évoquait tantôt, là, évidemment,
comme M. le ministre disait, un peu la dualité entre les revenus municipaux qui proviennent de la richesse foncière
puis le fait qu'on veut protéger des espaces, aussi, pour les générations
futures, là.
Donc, la
boîte à outils est quand même relativement bien garnie au niveau de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme pour cet aspect-là, là.
Mme Grondin : Je comprends que, dans
le fond...
Le Président (M. Ciccone) : Il vous
reste 20 secondes, Mme la députée.
Mme Grondin : 20 secondes?
Le Président (M. Ciccone) :
20 secondes.
Mme
Grondin : On va laisser
faire. Merci beaucoup. Et je suis désolée, M. Bernier, de ne pas vous
avoir posé des questions précises.
M. Bernier (Larry) :
Non, ce n'est pas grave.
Mme Grondin : Merci.
Le Président
(M. Ciccone) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la
députée. Je passe maintenant
la parole au député de Viau, de l'opposition officielle, pour
11 minutes.
M.
Benjamin : Merci. Merci, M. le Président. Donc, merci, M. Bernier, merci, M. Morency, pour
votre présentation.
Donc, M.
Bernier, donc, vous avez avancé une boutade tout à l'heure. J'ai le goût
de vous dire que, vous savez, sur ce projet
de loi là, le projet de loi n° 46, il y
a aussi bien des choses qu'on peut
faire, aussi, dans le cadre d'un premier mandat, aussi, pas seulement dans le
cadre d'un deuxième mandat. Vous savez, je suis un ancien élu municipal moi-même. Donc, entendre des
représentants de la Fédération québécoise des municipalités venir nous parler
des enjeux relatifs à ce projet de loi par rapport à la vie municipale, donc, ce sont des choses qui me touchent beaucoup.
Mais j'ai quelques questions à vous poser, question de nous permettre
d'avancer ensemble dans le cadre de ces travaux.
Au sujet... je commencerais par les paysages
humanisés. M. Bernier, vous avez parlé tout à l'heure, quand vous parlez des enjeux reliés aux paysages
humanisés, et ce sont vos mots...
vous avez parlé d'un processus trop long, un processus fastidieux, vous avez même dit qu'il y avait beaucoup de
restrictions. Pouvez-vous m'aider à identifier quelles étaient ces
restrictions-là?
M. Bernier (Larry) :
N'ayant pas été au coeur du projet sur lequel... duquel je parlais
précédemment, là, je ne pourrais pas vous sortir toutes les... Mais c'est plus au
niveau de tous les délais, consultations, etc., qu'il a fallu faire au
niveau de ministère de l'Environnement, qui ont découragé les promoteurs du projet dont
je vous parlais. Puis je sais que présentement, au Québec, il y a,
je pense, de mémoire, deux ou trois projets de paysage humanisé, puis je
pense qu'aucun n'a abouti, présentement, et
ça fait des... pour ne pas dire, je pense, des dizaines d'années que c'est en marche. Alors, je pense qu'il faudrait voir auprès
des fonctionnaires quelles étaient toutes les étapes qu'ils devaient
franchir, mais je sais que ça a découragé bien des gens.
M. Benjamin : À côté des
restrictions, un des enjeux qui nous a été présenté, donc, par différents
groupes, et M. Morency l'a abordé, d'ailleurs, tout à l'heure, c'est
l'enjeu financier. Certains groupes, notamment ceux qui s'occupent des aires protégées en terrain privé, font état d'un enjeu
parfois d'évaluation foncière lorsqu'un terrain est mis sous protection et où
les municipalités perdent des revenus. Et est-ce que,
selon vous... On avait avancé l'idée d'une réforme fiscale pour
accompagner les municipalités. Qu'est-ce que vous en dites?
M. Bernier (Larry) :
Moi, je pense qu'il y aurait possibilité. D'ailleurs, ça se fait déjà pour les
bâtiments gouvernementaux, ça se fait déjà pour les terres
publiques. Chez nous, moi, j'ai 99 % de mon territoire qui est en terre
publique, et on reçoit une compensation parce qu'il y a une perte de revenus,
là, qui est associée à ces territoires-là. Donc, il pourrait très bien y avoir
une compensation du même type pour les territoires qui deviendraient des
réserves naturelles privées.
M.
Benjamin : L'autre question
que j'aimerais vous poser, c'est sur... Vous avez parlé, donc, de la longueur
du processus, qu'il faudrait raccourcir le délai. Et où est-ce que... quel genre de délai, quel type de
délai, dans le processus, que vous voyez? À quel niveau qu'il faudrait peut-être
raccourcir? Quel type de délai qu'on pourrait raccourcir?
M.
Bernier (Larry) : Peut-être
qu'Éric pourrait plus répondre que moi parce qu'il a déjà travaillé sur des
projets, là.
• (12 h 40) •
M. Morency (Éric) : Bien, je pense
qu'il y avait le... L'objectif du projet de loi de retirer, là, l'évaluation
préliminaire ou... j'oublie le terme exact, là, mais, je pense, ça, ça peut
aider effectivement à raccourcir les délais.
Il y a un aspect aussi de peut-être...
d'avoir, tout de suite en partant, vraiment, une bonne synergie entre tous les
intervenants qui sont impliqués et non pas
seulement une discussion entre un ministère de l'Environnement et le promoteur
d'un projet de paysage humanisé, pour, justement, que tout le monde parte à la
même... avec les objectifs clairs de vers où on s'en va avec ça pour éviter des questions qui peuvent venir plus
tard, de dire : Bien, pourquoi, déjà, on fait cet exercice-là, quel
est le gain pour le milieu municipal?
Alors, une intention
qui peut être bonne en partant peut se transformer avec le temps, surtout si au
bout de quatre ans vous avez des nouveaux conseils
municipaux qui changent. Et là
comment on fait pour garder le fil, ensuite, de l'objectif?
Alors,
je pense qu'en raccourcissant le délai ça va
aider beaucoup, et en formant des tables, vraiment,
de synergie dès le départ avec tous
les intervenants pour bien comprendre l'objectif
du paysage humanisé, là, il va nous servir à quoi, dans notre région, qu'est-ce qu'on veut mettre en évidence. Je
pense, ça peut être gagnant, là, pour
justement que tout
le monde soit partie prenante, là, pour, je dirais, quelque chose... un projet
qui peut être de longue haleine, là.
M. Bernier (Larry) : Je compléterais ce qu'Éric vient de dire en vous
donnant un exemple, là. C'est surtout au
niveau de l'étape de la mise en
réserve. Je vous donne un exemple. Chez nous, on a une aire de biodiversité projetée, celle du Triton, de
La Seigneurie du Triton, qui est projetée depuis au moins 10, 12 ans.
Alors, on attend toujours qu'elle soit officiellement reconnue.
C'est une aire de biodiversité d'à peu près... près de 500 kilomètres
carrés, donc c'est un plus, là, pour notre territoire. Et on attend toujours. Donc, c'est cette étape-là, je pense,
de mise en réserve, là, qui nous semble un peu longue.
M. Benjamin :
Merci pour vos réponses. Et un autre aspect qui m'intéresse beaucoup, donc, et
puis je pense que l'ensemble des membres de la commission sont intéressés par
cet enjeu-là, c'est l'enjeu des aires protégées de conservation autochtones. Et on a eu avant vous, justement, tout juste
avant vous, des groupes qui sont venus nous faire une présentation, qui
viennent nous... qui sont venus nous rappeler qu'il y a une déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples
autochtones, qu'il y a aussi des droits ancestraux, qu'il y a aussi l'Union
internationale de conservation de la nature qui consacre les balises sur la protection des sites sacrés et le
patrimoine autochtone. À la lecture de votre mémoire, donc... Et ces groupes-là demandent de pouvoir avoir une
cogestion entre le gouvernement et eux, et votre mémoire semble aller
dans un autre sens, plutôt demander aux municipalités, donc, d'avoir un mot à
dire à ce niveau-là. Comment vous arrivez... quelles pistes que vous voyez pour
arriver à concilier tout ça?
M. Bernier (Larry) : Là, on entre dans un débat avec les communautés
autochtones, qui est un peu différent. Je
sais que les communautés autochtones... Je peux vous donner l'exemple chez
nous. On a trois communautés autochtones qui réclament le territoire. Alors, bon, elles réclament le territoire.
Maintenant, il faudrait... Moi, je ne suis pas juriste. Il faudrait voir qui
est... qui s'occupe du territoire, au Québec. Est-ce que c'est le gouvernement
du Québec, qui a été élu démocratiquement? Est-ce que c'est également en
partenaire avec les MRC et les municipalités, qui sont gérées par des gens élus
démocratiquement? Bon, c'est un débat qui ne relève pas de notre niveau à nous,
là, mais je pense qu'il va falloir s'asseoir avec ces gens-là.
Moi, j'ai déjà fait
des projets avec... qui s'implantaient dans un territoire réclamé par une
communauté autochtone. Alors, on est allés
les rencontrer. Ils ont fait leur bout de chemin d'enquête et de révision du
projet, puis on s'est bien entendus.
Alors, je me dis, il y aurait peut-être moyen de faire la même chose, de s'entendre avec
eux puis de les consulter. Mais, au niveau de la collaboration, je pense
qu'elle doit se faire entre les gouvernements : provincial et les gouvernements de
proximité que sont les MRC.
M.
Benjamin : Chez vous,
M. Bernier, donc, puisque vous nous avez donné des exemples de votre
territoire, de votre municipalité, est-ce que...
comment est-ce que vous... comment vous verrez, comment vous
travaillerez, comme élu municipal, une demande d'une aire protégée de
conservation autochtone?
M.
Bernier (Larry) : Provenant des autochtones?
M. Benjamin :
Oui, une demande de ce genre-là.
M.
Bernier (Larry) : Je n'ai pas eu connaissance qu'ils ont fait
une demande d'aire protégée. Ce qu'ils ont fait
comme demande, puis plus ou moins une demande, ils se sont... ils ont décrété
que c'était territoire attikamek, toute la Mauricie. Et je sais qu'à chaque
année je reçois une lettre des Hurons-Wendat et des Innus du Lac-Saint-Jean, parce qu'on est aux confins
des trois territoires, et les trois communautés réclament le territoire, et ils
me demandent de les appuyer par une
lettre. Alors, vous comprendrez que je n'appuie ni une communauté ni l'autre,
parce que ce n'est pas un débat qui est à notre niveau, c'est un débat
qui va se régler avec les gouvernements supérieurs.
M. Benjamin :
Rappelez-nous la position de la Fédération québécoise des municipalités sur
l'enjeu des demandes qui pourraient évidemment
arriver, de demandes d'aires protégées de conservation autochtones. Quelle est
la position de la Fédération québécoise des municipalités?
M. Bernier (Larry) : C'était de les consulter. Je pense que c'est la
moindre des choses, il faut que ces gens-là soient consultés. Mais il
faut que la gestion du territoire... une fois établie, l'aire protégée relève
du gouvernement du Québec et des MRC.
M. Benjamin :
Merci.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Mercier pour 2 min 45 s. À
vous la parole.
Mme
Ghazal : Oui. Merci, M. le Président. Merci, messieurs, pour votre présentation. Dans le mémoire puis aussi
dans votre présentation, vous avez dit qu'il
y avait des aspects qui sont flous dans le projet de loi, notamment, par exemple, quand il y a un nouveau
statut où la municipalité va être... où les MRC vont être impliquées mais on ne
connaît pas les modalités pour la demande de
ces nouveaux statuts là. Et est-ce que vous avez comme... juste pour
comprendre, est-ce que vous avez une
inquiétude que ce soit uniquement déposé, c'est-à-dire plus précisé par règlement? Est-ce que
vous aimeriez mieux que ça soit moins flou puis que ça soit précisé dans
le projet de loi?
M. Bernier (Larry) : Peut-être Éric, là...
M. Morency
(Éric) : Bien, dans le
mémoire, ce qu'on demande... Ce qu'on comprend, c'est que ça va être précisé
ultérieurement. Ce qu'on demande, c'est que le milieu municipal
fasse partie des consultations, là, par
rapport à ces futurs règlements
là pour préciser, notamment, le statut d'aire d'utilisation durable et également
les autres mesures, là, qui sont
prévues dans le projet de loi. On comprend que le projet de loi ouvre la porte pour ces nouveaux statuts. Ce que la FQM demande,
c'est d'être partie prenante dans la définition plus précise de ces statuts-là.
Mme
Ghazal : C'est ça, il y a...
Bien, comme, si c'est par règlement, il y a toujours une petite période de consultation. Il y a
SNAP-Québecqui avait demandé, justement parce qu'il y a beaucoup d'aspects qui sont
flous dans le projet de loi, qu'il y ait une politique d'encadrement qui précise les intentions du gouvernement ou du ministre avant de continuer
à l'adoption des règlements. Est-ce
que c'est quelque chose envers laquelle vous êtes... vous seriez favorables, cette politique-cadre
pour les aires protégées?
M.
Bernier (Larry) : C'est sûr
que plus on est consultés, plus on collabore avec le gouvernement, mieux c'est
pour nous. C'est notre position présentement.
Mme Ghazal : Très bien. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine pour 2 min 45 s.
M.
Arseneau : Merci. Bonjour, M. le maire Bernier, M. Morency.
Toujours un plaisir de rencontrer les représentants de la FQM, à
laquelle j'ai été associé pendant huit ans.
Je vais
aller, avec mon 2 min 40 s, droit au but. Je voulais juste
savoir... Peut-être que vous l'avez mentionné, mais j'aimerais vous entendre
là-dessus, sur la présence ou non des MRC dans une négociation pour une aire
protégée... une aire de conservation
protégée autochtone. Est-ce que vous vous voyez un rôle à jouer, là-dedans, ou
vous acceptez que ce soit fait entre le gouvernement et les communautés
directement?
M.
Bernier (Larry) : Je pense
que... La position de la FQM, que ce soit une aire protégée provenant de qui
que ce soit, que ce soient les autochtones ou une autre personne, on veut que
le ministère collabore avec la FQM pour statuer sur le type d'aire
protégée qu'on va faire, quelles sont... vont être les caractéristiques, et
tout, la dimension. Donc, on veut collaborer avec le gouvernement. Parce qu'on
a été reconnus comme étant des gouvernements de proximité, les MRC et les
municipalités, donc on veut être des partenaires à part entière avec le
gouvernement. Et je pense que tout le monde
a à y gagner, le gouvernement en premier, parce que les MRC sont les gens qui
ont les pieds sur le terrain, sont au
courant de tous les détails, toutes les caractéristiques de leurs territoires.
Donc, on ne veut pas être un frein,
on veut être un plus dans le projet.
M.
Arseneau : D'accord, je
comprends très bien. Merci. À la page 7 de votre mémoire, vous suggérez un
changement au libellé qui parle de
l'«activité réalisée à des fins d'exploitation minière, à l'exception de
l'exploitation d'une substance [...] de surface», vous dites qu'il faudrait
préciser. Pouvez-vous m'expliquer, là, la nuance entre ce que vous
proposez et ce qui est déjà inscrit?
M. Bernier (Larry) :
Alors, c'est qu'il faut comprendre que, dans les aires de biodiversité, les
exploitations forestières sont interdites,
l'hydroélectricité ainsi que les exploitations minières. Par contre, il faut
comprendre que les bancs de gravier,
les puits de gravier peuvent être... relèvent de l'exploitation minière, mais
on n'aimerait pas que ce soient des utilisations pour être exploitées
pour d'autres fins que les routes et les chemins qu'il y a sur le territoire de
l'aire de biodiversité.
Parce que, si
je prends l'exemple de l'aire de biodiversité de 500 kilomètres carrés qui est en train de se monter chez nous, bien, vous savez que, dans les...
autrefois, c'étaient des territoires forestiers, donc il y a des chemins
forestiers, et ces chemins forestiers
là, bien, prennent de l'âge, ils doivent être entretenus. Donc, s'il faut
aller, je ne sais pas, moi, à 200 km chercher du gravier en dehors de
l'aire de biodiversité, ça peut poser problème. Donc, il y aurait peut-être une
précision à
apporter, dans le règlement ou dans un article de la loi, qui autorise à
utiliser du gravier pour fins de l'aire de biodiversité et non pas pour
d'autres fins.
M. Arseneau :
Très clair. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le maire, merci
beaucoup, M. le directeur, pour votre contribution à nos
travaux.
La commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures. Nous serons à la salle
Marie-Claire-Kirkland. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 50)
(Reprise à 15 h 03)
Le Président (M.
Ciccone) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et
de l'environnement reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir
éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre des consultations particulières
sur le projet de loi n° 46, Loi modifiant la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel et d'autres dispositions.
Cet après-midi, nous
entendons le Comité consultatif de l'environnement de Kativik, le Comité
consultatif de l'environnement et de la Baie James et Conservation de la nature
Canada.
Je
vous souhaite maintenant... Je veux souhaiter maintenant
la bienvenue aux représentants du Comité consultatif de l'environnement de Kativik. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que les personnes
qui vous accompagnent et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant à
vous.
Comité consultatif de
l'environnement Kativik (CCEK)
(Visioconférence)
Mme Halley (Paule) : Merci, M. le Président. Je me présente : Paule Halley, membre du
Comité consultatif de l'environnement Kativik, nommée par le gouvernement du Québec. Dans la vie de tous les jours, je suis
professeure à la Faculté de droit de l'Université Laval, où j'enseigne
le droit de l'environnement. Je cède la parole maintenant au président du CCEK.
M. Barrett (Michael) : Bonjour. C'est Michael Barrett, je vous appelle
de Kuujjuaq. Je suis un membre du comité nommé par l'Administration
régionale Kativik et cette année je suis président, mais on change le président
chaque année. Et à l'extérieur du comité, moi, je suis... travaille pour l'Administration régionale Kativik comme directeur associé pour le service des ressources renouvelables,
l'environnement, territoire et parcs. Et je vais faire une petite introduction
pour le comité et passer la parole à Paule après.
Donc,
le Comité consultatif de l'environnement Kativik a été créé en vertu du chapitre 23 de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Nos premières
réunions ont été tenues en 1980, et c'est neuf membres : trois membres
nommés par le gouvernement du Québec, gouvernement du Canada, Administration
régionale Kativik. Et ils ne sont pas les représentants, on travaille comme un
membre du comité, et c'est une organisation consultative en milieu de protection de l'environnement et milieux sociaux,
et nous sommes les intervenants officiels pour les trois gouvernements
et pour les villages nordiques.
Je
vais parler un peu du Nunavik. Nunavik, c'est le territoire au nord du
55e parallèle, c'est autour de 504 000 kilomètres carrés
à l'intérieur du Québec, une population de 13 000 et 90 environnement... 90
ont langue maternelle l'inuktitut, 14 villages sur la côte de la Baie
d'Hudson, les territoires d'Ungava et Baie d'Ungava, et aussi c'est compris le territoire de Nation naskapie
de Kawawachikamach. Et, dans notre région, il y a huit réserves projetées
pour «the biodiversity», trois avec le territoire pour l'utilité de
«biodiversity», une réserve aquatique projetée, trois territoires préservés de
parcs et quatre parcs nationaux. Le parc national, c'est Parc national
Pingualuit, créé en 2004.
Puis
Kuururjuaq, parc national Kuururjuaq, qui était dos à dos avec un parc sur
l'autre côté, à Labrador, Tasiujaq, qui
était sur le côté de la Baie d'Hudson, et ça, c'est le plus grand parc,
certainement, au Québec. On a les trois plus grands parcs au Québec. Mais Patriotes, c'est
26 000 kilomètres carrés, c'est incroyable. Et Iqaluit, qui vient
d'être créé en 2016, et le parc a été
créé avec le gouvernement du Québec, mais l'administration du parc, ça a été
fait par Administration régionale Kativik, et les directeurs du parc sont tous
Inuits, et la plupart des employés aussi. Donc, ça, c'est un survol.
Je passe la parole à
Paule.
• (15 h 10) •
Mme Halley (Paule) : Merci, Michael. En premier lieu, le CCEK accueille favorablement
le projet de loi n° 46, en raison, notamment, de son objectif d'accélérer le processus de création des aires protégées et d'introduire de nouveaux statuts
de protection, dont le statut de territoire de conservation nordique. De même, il accueille également
favorablement l'introduction
de l'obligation de consulter les communautés autochtones de
manière distincte, de les accommoder et de les associer de près au processus de reconnaissance des aires
protégées ainsi que la possibilité de déléguer à une communauté autochtone
des pouvoirs en matière de gestion de ces territoires protégés.
Il nous apparaît toutefois
que cette délégation, qui est de nature à permettre aux Inuits et aux Naskapis
de s'impliquer davantage dans la gestion des territoires au Nunavik, pourrait
être élargie de manière à couvrir également les
mesures de suivi et les inspections, ce qui représente des défis fort
importants dans le Nord-du-Québec, alors que le savoir-faire y est déjà
et a fait ses preuves.
Certaines
modifications apportées à la Loi sur la conservation du patrimoine naturel ont
retenu plus particulièrement notre attention, notamment le faible niveau de
protection offert à la conservation des milieux désignés par le ministre, qui sont pourtant désignés en raison de leur grande valeur écologique, de
leur intégrité, de leur rareté ou de leur contribution à la sécurité du public. En effet, le nouvel article 13.1
précise que la réalisation d'une activité dans ces milieux est subordonnée à
l'autorisation du ministre de
l'Environnement, qui agit alors dans le cadre de la LCPN et de son objectif de sauvegarder le caractère, la diversité
et l'intégrité du patrimoine naturel du Québec par des mesures de conservation.
Ensuite, les articles 22 à 24 encadrent ce
pouvoir discrétionnaire en termes de conservation de la nature, conservation de
la biodiversité, en termes de compatibilité des activités avec le milieu
naturel, etc. Suivant cette logique, une
fois l'activité autorisée, elle n'est pas dispensée pour autant des autres
autorisations qui pourraient être requises en vertu d'une loi québécoise, comme la Loi sur la qualité de
l'environnement, ou d'une loi fédérale, comme la Loi sur les pêches.
Par ailleurs,
le nouvel article 13.2 qui a été introduit écarte complètement cette
logique, écarte complètement la prise en compte des objectifs de conservation
de la LCPN en dispensant les activités soumises à une autorisation de la
Loi sur la qualité de l'environnement de
l'obligation d'obtenir cette autorisation, alors que l'objectif de la LQE n'est
pas d'assurer la conservation du patrimoine naturel, mais de contrôler la pollution
et d'encadrer les activités polluantes. Il s'agit d'un précédent regrettable qui devrait être retiré du projet
de loi afin de respecter l'indépendance des législations et de ne pas donner préséance aux activités de
développement économique soumises à la LQE sur l'objectif de conservation
de la LCPN, et cela, dans des milieux qu'on considère à titre de patrimoine du
Québec.
Pour ce qui est des territoires de conservation
nordiques, bien que ce statut pourrait créer de nombreuses aires protégées ayant des valeurs écologiques,
culturelles et de subsistance très importantes pour les communautés du Nunavik,
le projet de loi donne toutefois trop peu d'informations pour qu'on sache
vraiment de quoi il s'agit en termes de protection accordée et des activités qui y sont interdites.
Le CCEK recommande d'introduire ces précisions dans la loi elle-même et, afin d'établir des bases claires et uniformes en
matière de conservation, il recommande de les reconnaître à titre de mesures de
conservation efficaces et de les inscrire dans ce registre. De plus, le CCEK
recommande que soit retiré le pouvoir réglementaire
permettant d'accorder une durée limitée à ces territoires nordiques et de
reconnaître dans la loi leur caractère permanent.
Le CCEK souhaite également... aurait également souhaité être
consulté beaucoup plus en amont de ce processus
de création de ces territoires et il espère qu'il en aura l'occasion au
moment où la réglementation sera élaborée.
Au sujet de
l'arrimage de cette loi avec le processus d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement
et le milieu social prévu au
chapitre 23 de la Convention de
la Baie James et du Nord québécois,
le projet de loi fait cet arrimage,
mais seulement lors de la création d'une aire protégée. Cette référence à la procédure nordique doit également être prévue pour la création des
autres catégories d'aires protégées, à savoir les milieux désignés par le ministre,
les territoires de conservation nordique, les paysages humanisés. Et cela vaut tant
pour leur modification que d'y mettre fin. Les termes de la convention sont à l'effet que
tous les projets de parcs, de réserves écologiques et d'autres utilisations similaires des terres sont soumis à cette étude d'impact.
Pour la tenue
des audiences publiques, il convient de rappeler à cette Assemblée que le BAPE
n'intervient que très rarement au Nunavik, où il existe déjà un
savoir-faire en la matière qui fait intervenir les organisations qui ont été créées en vertu de la Convention de la Baie James.
Enfin, le
CCEK recommande de revoir l'article 56 du projet de loi de manière à
accorder un statut permanent aux aires
protégées projetées qui sont
présentes au Nunavik, comme le mentionnait Michael Barrett. Je ne sais pas si
j'ai encore quelques minutes.
Le Président
(M. Ciccone) : Vous avez
pris votre 10 minutes, mais le ministre m'a mentionné qu'il vous donnait son temps
sur la partie gouvernementale, alors vous pouvez continuer si vous voulez.
Mme Halley
(Paule) : Bon, j'avais pris plusieurs
notes, mais... pour si j'avais encore du temps. Compte tenu des circonstances de notre rencontre aujourd'hui, je crois à propos de revenir sur une autre de
nos observations que nous avons faites dans notre mémoire.
L'obligation
de publier un avis dans un journal régional où est situé le milieu concerné a
été retirée dans le projet de loi pour être remplacée par le fait d'informer avec
tout moyen permettant d'informer la population.
On comprend fort bien la recherche de
flexibilité, ici, au lieu de faire un avis dans un journal régional, mais on
souhaite quand même vous sensibiliser au fait que les stratégies de
communication qui sont adaptées dans le Sud ne le sont pas nécessairement dans le Nunavik, comme on le constate avec les
difficultés aujourd'hui, à Kuujjuaq, pour avoir accès à une bande passante.
Donc, l'accès à Internet est souvent... peut
être restreint. La radio, au Nunavik, demeure un moyen de communication
assez largement utilisé, de même que le journal régional bilingue en inuktitut
et en anglais.
Je profite
également de l'occasion pour vous rappeler que les communications devraient
idéalement être faites, avec les gens du Nord, dans leur langue, en inuktitut,
en naskapi ou, à tout le moins, en anglais. Mais donc il faut avoir des
stratégies qui soient performantes pour ces territoires éloignés.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
bien, Me Halley? On peut passer à la période d'échange?
Mme
Halley (Paule) : Oui. Pour
les autres observations et recommandations qui se trouvent dans notre mémoire,
ça nous fera plaisir d'en discuter pendant les échanges.
Le
Président (M. Ciccone) :
Formidable. Et je tiens à mentionner également à vous, Mme Halley et
M. Barrett, que vous avez la
possibilité de s'adresser aux députés et au ministre en français et en anglais
lors de cette commission. Alors, je vais céder maintenant la parole au
ministre. Il vous reste 14 minutes, M. le ministre.
M.
Charette : Merci, M. le Président. M. Barrett, Mme Halley,
un plaisir de vous entendre cet après-midi, à défaut d'être avec vous en personne pour l'occasion.
Merci d'avoir pris le temps, là, de préparer ce mémoire, de nous le partager
cet après-midi. J'ai eu le plaisir d'aller vous voir, il y a quelques mois
maintenant, pour prendre la mesure du vaste territoire
qui est le vôtre, avec les défis environnementaux qui sont les vôtres. Donc, le
fait d'avoir l'occasion de vous entendre cet après-midi est réellement
pertinent et intéressant.
Peut-être
juste répondre à un élément que vous avez mentionné au niveau de la délégation,
là, qui peut se faire à toute personne
ou communauté autochtone par rapport aux pouvoirs du ministre. Ça inclut aussi
les inspections, comme vous le mentionnez. En fait, c'est un souhait que
vous partagiez. Donc, juste vous rassurer à ce niveau-là.
Concernant les autres éléments que vous
mentionniez, c'est vrai que le Nord a ses particularités, on a voulu les
reconnaître dans le projet de loi. Ce que j'ai eu à mentionner auprès des
intervenants qui vous ont précédés : c'est une première étape, vous le savez bien, cette consultation, mais avec la
possibilité de la bonifier. Mais déjà on a voulu reconnaître de façon spécifique le volet autochtone, mais il y a
plusieurs particularités qui nous ont été proposées, plusieurs amendements aussi, donc, qui sont à l'étude,
actuellement, par la commission, et, une fois l'étude article par article
débutée, on pourra, dans certains cas, les incarner à travers des
articles bien précis.
Donc, je
voulais essentiellement vous rassurer sur cet élément-là, vous remercier. Et
j'ai notamment des collègues qui veulent intervenir, dont le député de votre
belle région. Donc, je vais laisser le président indiquer les droits de
parole, mais un gros merci, là, de nous
avoir partagé... Votre mémoire nous sera aussi très précieux pour la suite des
choses. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député
d'Ungava. À vous la parole, M. le député.
M. Lamothe : Mme Halley, M. Barrett. Juste une question, Mme Halley.
Vous avez parlé tantôt qu'il n'y a pas de
BAPE en haut du 55e, puis ça, je le sais. Mais, par contre, vous avez parlé
des organismes qui sont spécialistes là-dedans.
En bas du 55e, ils ont le COMEX, mais quel organisme au niveau
de l'environnement qui s'occupe de faire la job du BAPE?
Mme Halley (Paule) : Je pourrais peut-être
céder la parole à Michael Barrett.
• (15 h 20) •
M. Barrett
(Michael) : ...tu peux
prendre l'exemple de l'uranium. Et là-dedans, le BAPE a fait une
concertation, partout au Québec,
sur la question de l'uranium. Mais, au Nunavik,
c'était fait conjointement avec le Comité
consultatif de l'environnement Kativik.
Donc, on a tenu les audiences publiques ensemble et on a sorti un rapport
ensemble. Donc, à la question,
peut-être, c'est juste une suggestion pour la question
de l'environnement, Comité
consultatif de l'environnement Kativik a le mandat et peut faire la
consultation publique sur cette «matter». Paule, c'est correct?
M. Lamothe : Non, c'est bon, ça répond
à ma... Oui, madame?
Mme Halley (Paule) : ...
Le
Président (M. Ciccone) :
Me Halley, vous avez quelque
chose à ajouter? On ne vous entend
pas. On ne vous entend pas, Mme Halley. Pesez sur... Oui.
Mme Halley
(Paule) : La question
de l'uranium, elle était particulière parce que c'est une consultation qui a eu
lieu sur l'ensemble du Québec. Mais généralement le BAPE n'a pas mandat sur le
territoire du Nunavik, donc c'est la Commission de qualité de l'environnement Kativik ou c'est le comité de... excusez-moi, c'est la Commission de
la qualité de l'environnement Kativik ou le Comité consultatif de
l'environnement Kativik qui peuvent intervenir.
M.
Lamothe : C'est quelque chose de nouveau pour moi, là. Je vais en
apprendre pour le prochain deux ans, aussi, j'en suis convaincu. Mais
ces deux comités-là sont indépendants un de l'autre?
Mme Halley
(Paule) : Oui, tout à fait.
La commission, c'est elle qui fait l'évaluation des projets et qui mène des
consultations et tient des audiences publiques pour les projets généralement
industriels, etc. Lorsque le BAPE fait quelque
chose sur l'ensemble du Québec et qu'il n'a pas juridiction au Nunavik, il se
joint à nous. Mais généralement c'est
la Commission de qualité de l'environnement Kativik qui organise les questions
d'information et de consultation du public au Nunavik pour les projets
assujettis à la procédure.
M. Lamothe : C'est bon. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Bourget.
M.
Campeau : Mme Halley,
M. Barrett, bonjour. J'ai juste une question. Vous avez mentionné que le
savoir-faire existe déjà dans le Nord, et je
n'ai pas de doute là-dessus. Alors, pour faire les suivis, vous pourriez faire
les suivis localement, c'est bien ça qui a été mentionné?
M. Barrett
(Michael) : Oui. Je l'ai
mentionné, et c'est vrai, ce n'est pas juste localement, mais originellement,
et comme les études pour le développement de parcs, les études que nous sommes encore...
pour le cinquième parc, en ce moment,
on fait du travail au terrain, des études, mais en collaboration avec MFFP, et
c'est le même pour leur étude de biodiversité. Donc, avec les
communautés, on fait des études au terrain, mais une autre fois en collaboration
avec le gouvernement du Québec, mais on fait ça dans la région avec le monde
qui demeure ici, avec les communautés...
M. Campeau : Alors, j'ai
l'impression que vous répondez en même temps à ma deuxième question, que je me disais. Les suivis sont faits localement, mais
il faut s'assurer deux choses : que les suivis vont être en ligne avec les
règles de l'UICN et, deuxièmement, qu'on
pourra démontrer internationalement que nous avons rencontré x % d'aires
protégées.
M. Barrett (Michael) : Oui. Oui, parce qu'avec la nation naskapie, avec Makivik, pour les Inuits, avec
l'Administration régionale Kativik et les communautés, on travaille, comme vous
avez vu, pour le développement de parcs et
de suivre les normes. Et, pour moi, c'était un exemple partout à l'extérieur de
Québec, un exemple de collaboration, de
travailler ensemble pour des objectifs. Et, pour moi, personnellement, je
trouve des parcs extraordinaires... que ce Québec a fait pour les quatre
parcs nationaux et pour le Nunavik aussi. Merci.
M. Campeau : O.K. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le député. Est-ce que c'est terminé pour la partie gouvernementale? Il vous
reste sept minutes. Ça fait le tour? Oui? O.K. Je vais céder maintenant la
parole à la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Bonjour. Merci de
participer à la... pour contribuer à nos travaux. J'ai une petite question. On
est à la page 8 de votre mémoire, et ce que je comprends, c'est que vous...
à travers «aires protégées d'utilisation durable»,
vous y voyez certaines préoccupations. Est-ce que vous avez établi ou vous avez
une idée de liste des activités que
vous souhaitez voir apparaître et des activités que vous souhaitez qui soient
proscrites? On voit qu'évidemment les activités
de chasse, pêche, trappage, vous souhaitez que ça soit des activités qui soient
identifiées comme permises, là,
dans ce type d'aire d'utilisation durable, mais avez-vous identifié des
activités proscrites?
Mme Halley
(Paule) : Il y a beaucoup...
Plusieurs activités sont incompatibles avec des statuts de conservation
parce qu'elles altèrent de manière importante les milieux naturels qui sont
désignés. On peut penser aux activités qui touchent
l'exploration, l'exploitation des minéraux, des hydrocarbures, par exemple,
toutes les activités qui détériorent les
sols, qui ne sont pas... ne permettent pas un renouvellement naturel, donc, si
on prélève quelques arbres, mais sans tout
défaire la... sans ruiner la forêt. Et pour les activités d'exploration et
d'exploitation minérale et gazière, on devrait suivre, en fait, les prescriptions
de l'UICN à ce sujet, quand même relativement de travaux qui ont été faits,
puis que ce soit des activités durables qui puissent être exercées. On
pense, notamment, que les Inuits, les Naskapis vont cueillir des feuilles pour faire des thés, des tisanes,
vont chercher les fruits, vont prélever le poisson, la faune, les oeufs, bon,
ça peut être... tout ça peut être une utilisation durable du territoire
qui devrait être mise de l'avant.
Mme
Grondin : Justement, dans ce
contexte, on a eu des représentants
des Innus de la région de Sept-Îles, là, de l'UMM, qui nous disaient, en
fait, qu'il serait possible qu'il y ait différentes façons ou différentes
raisons pour identifier des aires protégées.
Et donc est-ce que vous considérez que, dans le territoire, il y aurait
plusieurs projets d'aires protégées
ou de raisons de protéger le territoire pour différentes vocations, ou
différentes traditions, ou différentes activités?
Mme Halley (Paule) : Oui. Je vais me
permettre, Michael, tu pourras compléter. En fait, sur ces territoires, outre
les territoires du village, il y a des terres de catégorie 2 qui sont
identifiées comme des terres où les Inuits et les Naskapis, dans certains cas les Cris, ont une priorité d'usage pour
satisfaire à leurs activités traditionnelles et de subsistance. Ce sont des territoires qui sont assez grands. Et
donc elles sont déjà identifiées, ces terres, il ne devrait pas y avoir de
développement industriel sur ces terres afin
de conserver, d'assurer, là, qu'on reconnaisse ces droits-là sur les territoires
où les Inuits, les Naskapis, certains cas les Cris, exercent des activités traditionnelles
et de subsistance.
M. Barrett
(Michael) : O.K. Et
pour l'identification de réserves de biodiversité
projetées pendant un nombre d'années, on a fait, c'est-à-dire l'Administration régionale Kativik, le gouvernement
du Québec était présent... ils ont
fait des consultations dans chaque village, les 14 villages plus
Kawawachikamach, et après ça ils ont tenu une réunion pour tous les représentants des villages inuits et les Naskapis pour être
d'accord avec l'identification des huit réserves projetées et, une autre fois, en collaboration. Et la plupart, je peux dire ça aussi, il y a un plan directeur
d'aménagement des territoires, et souvent c'était le même que les aires de
subsistance essentielles. Mais les communautés sont au courant des secteurs, il
y a beaucoup de potentiel minéral,
donc ils ne sont pas là-dedans. Donc, ils ont fait beaucoup
de travail pour faire
l'identification, une autre fois, en collaboration, et puis conscients que peut-être
le développement futur... Mais pour les réserves de biodiversité...
beaucoup de consultations avec les petites communautés. Merci.
Mme Grondin :
Merci, M. Barrett, Me Halley. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Maintenant, je suis prêt à reconnaître un membre de
l'opposition officielle. Je reconnais le député de Viau pour une période de
11 minutes.
M.
Benjamin : Merci, M. le Président. Merci, M. Barrett, Merci, Mme Halley, pour votre présentation. Si vous permettez, je vais commencer par votre conclusion.
Donc, dans votre conclusion, vous nous signalez... vous dites que vous
travaillez depuis plusieurs années avec le ministère de l'Environnement sur la
mesure de protection de 30 % du territoire
du Plan Nord. Pouvez-vous me faire un état de la situation? Où est-ce que vous
en êtes par rapport à ces travaux de protection de 30 % du
territoire?
• (15 h 30) •
M. Barrett
(Michael) : O.K. Ce n'est pas la clinique des consultants, mais je
peux parler de territoire, et on parle de
20 %. Donc, avec des parcs, le développement de parcs futurs avec les
réserves de biodiversité projetées d'autres territoires, nous sommes à 20 %, un petit peu plus que 20 %
pour la région du Nunavik, c'est-à-dire 100 000 kilomètres carrés.
Pour l'autre 30 %, ça, c'était une
autre étape, mais pour le 20 % sur... des territoires et... En tout cas,
est-ce que ça répond?
M. Benjamin :
Oui, oui, absolument, absolument. J'aimerais
savoir aussi... Donc, au niveau des mesures transitoires que vous semblez suggérer dans votre mémoire, vous
dites que... vous suggérez qu'à l'article 56 du projet de loi... qu'il devait
être bonifié, enfin, que les aires protégées bénéficient de l'accélération
prévue pour la création des nouvelles aires protégées. Quand vous dites
l'«accélération», qu'est-ce que vous nous dites par «accélération»?
Mme Halley (Paule) : Bien, en pratique, on souhaiterait que tous ces
territoires qui ont été protégés de manière projetée... on souhaiterait,
vu l'intention du législateur d'accélérer la création d'aires protégées, qu'ils
bénéficient rapidement de cette reconnaissance permanente et qu'ils
cessent d'être simplement projetés, donc que cette accélération qui est désirée soit appliquée à ces territoires
qui ont été mis de côté comme étant projetés mais qui sont demeurés sans
statut permanent.
M. Benjamin : Pour vous, la définition d'aires de conservation d'utilisation durable, où est-ce que vous vous situez par rapport à ce
concept?
Mme Halley (Paule) : Eh bien, moi, je suis une juriste, là, donc je
fais confiance aux travaux des organisations internationales qui sont spécialisées en conservation de la nature. Je
pense que c'est la référence, si on veut être capables de parler tout le
monde la même langue puis de désigner les mêmes choses. Donc, c'est très
important d'utiliser ce qui est reconnu à l'international par l'Union internationale de conservation de la nature pour la désignation
de ce type de territoire. Puis évidemment c'est durable, hein, donc on peut penser qu'il
peut y avoir certaines activités humaines, mais c'est la conservation qui doit demeurer de l'avant. Sinon, on ne
met pas ça dans... On ne fait pas des territoires avec un concept de
conservation. Mais, en fait, on a longtemps sorti les êtres humains des lieux conservés. Là,
on est en train de les remettre
dedans, mais ce n'est peut-être pas pour remettre la production minière puis
l'exploitation forestière, mais de
permettre à une certaine communauté forestière ou communauté locale... puisse
exercer des activités durables sur les territoires de proximité.
M. Benjamin : Vous nous suggérez d'apporter un amendement
à l'article 13.2 du projet de loi. Pouvez-vous nous
situer? Donc, j'aimerais peut-être vous entendre sur l'importance de cet
amendement, selon vous.
Mme Halley (Paule) : Oui. C'est regrettable, mais j'ai utilisé le
terme «regrettable»... Donc, cet article a pour effet de retirer l'obligation d'aller
chercher une autorisation pour faire une activité dans un milieu qui est
protégé, qui est conservé en vertu de la Loi sur la conservation du
patrimoine naturel, pour la raison que cette activité est déjà assujettie à une
autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, mais ça, c'est une
autre loi.
Le
ministre de l'Environnement, là, c'est son chapeau, il n'a pas des pouvoirs
généraux. Quand il émet une autorisation en vertu de la Loi sur la conservation, il doit respecter l'esprit de
cette loi. Et le mot «conservation» est utilisé à 56 reprises dans cette loi. Dans la LQE, ce n'est pas une
législation... quand le ministre de l'Environnement rend une décision en vertu de cette loi-là, il est dans un
cadre réglementaire, un cadre législatif différent, et les objectifs
législatifs, là, ne visent pas la conservation de la nature, ça vise le
contrôle de la pollution.
Donc, il est bien
évident que, si une disposition comme ça existe, on va donner préséance à des
activités de développement économique, parce qu'elles sont assujetties à la LQE
au lieu d'être assujetties aux critères qu'on retrouve
aux articles 22 à 24 qui sont en termes de conservation. Parce que, la
loi, sa cohérence, les pouvoirs qu'on donne au ministre en vertu de
cette loi-là, c'est des pouvoirs qui sont en matière de conservation et non pas
de contrôle de la pollution et d'encadrement
des activités commerciales et industrielles de la LQE. Donc là, il y a une
indépendance des législations qui est rompue, et ce n'est pas les mêmes
objectifs.
Donc, comme
juriste, là, ça m'a... je trouve ça regrettable, cette disposition, et je
recommande qu'elle soit retirée pour conserver les critères de
conservation de cette loi lorsqu'on examine une activité. Et ensuite, si cette
activité a besoin d'une autorisation en
vertu de la Loi sur les pêches, elle ira la chercher, et d'une autre
autorisation parce qu'elle est assujettie à la
LQE, bien, ça sera dans un deuxième temps. Mais, en premier lieu, il faut
prendre une décision relative à l'objet de cette loi qui est de conserver le
patrimoine naturel du Québec. Est-ce que je suis suffisamment claire?
M. Benjamin :
Oui, absolument, c'est parfait, vous êtes très claire. Et un autre enjeu sur
lequel j'aimerais aussi que vous
soyez tout aussi claire, et puisque d'autres groupes avant vous l'ont été, que
ce soit l'Assemblée des Premières Nations ou encore des groupes qui étaient
avec nous un peu plus tôt aujourd'hui, c'est sur l'enjeu de la consultation.
Et vous nous suggérez même un article à
modifier, à amender, qui serait l'article 29, et puis j'aimerais peut-être
vous entendre là-dessus aussi, sur l'enjeu, l'importance de la
consultation des communautés.
Mme Halley (Paule) : Oui. Excusez-moi, est-ce que vous avez un endroit
dans notre mémoire en particulier?
M. Benjamin :
Oui, absolument, à la page 7. Donc, c'est le chapitre II, Mesures
de conservation des aires protégées, section III.
Mme Halley (Paule) : Oui, c'est ça, c'est l'arrimage. Donc, en territoire
du Nunavik, il y a des procédures différentes d'évaluation des impacts de celles qui ont cours dans le Sud du Québec.
Depuis 1975, il y a une procédure d'évaluation et d'examen des
impacts environnementaux et sociaux particulière, et ce n'est pas celle que le
BAPE administre généralement. Et la convention prévoit que la création des
parcs... Et je vais vous lire la convention : «La création de parcs, de
réserves écologiques et d'autres utilisations similaires des terres est
assujettie à ces procédures d'évaluation et d'examen des impacts environnementaux
et sociaux.»
Donc,
c'est tout, ce n'est pas juste les aires protégées, où on fait cette référence,
mais c'est aussi les terres désignées par le ministre, les territoires
nordiques, les paysages humanisés qui devraient être assujettis à cette
procédure en respect de la convention
qui est reproduite dans la partie II, là, de la LQE, pour respecter les
termes de la convention. Et ça, ça
touche la création, la modification et le fait de mettre fin à ces régimes de
protection en respect des règles élaborées en vertu de la Convention de la Baie James et du Nord du Québec.
Donc, il y a un manque d'arrimage avec cette procédure nordique dans le
projet de loi tel qu'il est présenté aujourd'hui.
M. Benjamin :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Et je suis prêt maintenant à reconnaître un membre du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Mercier, pour 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre présentation. Puis, oui, comme mon collègue,
moi aussi, je réitère le fait qu'il y avait peut-être des problèmes de consultation,
des enjeux de consultation que vous nommez. Vous n'êtes pas les premiers à le
faire.
Par rapport aux territoires de conservation nordiques, puisque
c'est un sujet qui vous concerne particulièrement,
quand vous dites que, là aussi, ce n'est pas
vraiment bien précisé dans le projet de loi, et le gouvernement va attendre les règlements pour pouvoir le
préciser, et vous demandez aussi à être consultés, comment est-ce que ça
devrait se faire, comment est-ce que
ça devrait s'opérationnaliser, ce nouveau statut de territoire
de conservation nordique? Peut-être que vous pouvez nous en parler un peu
plus, ce que vous mentionnez à la page 6?
Mme Halley
(Paule) : Oui. En fait, on a du mal à en discuter parce qu'on n'a pas d'information.
Donc, on peut escompter que ça va être
positif, mais on ne sait rien. On ne sait pas qu'est-ce qu'on va donner comme protection à ces... tu sais, comment on va les verrouiller ni
quelles seront les activités qui seront interdites. Donc, on a beaucoup de
mal à s'exprimer sur ce sujet, compte tenu qu'on ne sait, somme toute, rien. Et
c'est un drôle de...
• (15 h 40) •
Mme Ghazal :
Non, allez-y, allez-y.
Mme Halley (Paule) : C'est un drôle de statut, en fait, puis on se
demande s'il ne serait pas plus logique, clair, uniforme que de les
associer avec des statuts déjà reconnus internationalement, comme les mesures
de conservation efficaces, et de les inclure
dans ce registre afin de donner des balises claires puis de s'assurer qu'on
parle des mêmes choses. Déjà, ça nous informerait sur ce que c'est.
Mme Ghazal :
...intentions. J'ai peu de temps. J'avais aussi une autre question — parce
que j'ai peur qu'on manque de temps — sur les aires protégées de conservation
autochtones qui avaient été présentées par d'autres groupes. Vous, vous n'en
parlez pas, de cette catégorie-là qui est un comme un statut... C'est récent,
et les autres nous ont dit qu'ils trouvaient
ça dommage que ça ne soit pas inclus, les aires protégées de conservation
autochtones, dans le projet de loi. Et vous, vous n'en glissez pas mot.
Je voulais vous entendre là-dessus.
Mme Halley
(Paule) : En fait, il y a sans doute beaucoup de choses qu'on aurait
pu ajouter, mais le temps nous a quand même
un peu manqué, parce que c'est arrivé très vite, puis... Donc, ce serait ma
réponse. Mais peut-être que Michael Barrett serait plus au fait que
moi.
M. Barrett
(Michael) : Correct, je peux
expliquer. L'Administration régionale Kativik a le mandat de gestion de parcs, et, si nous sommes plus loin pour les
réserves de biodiversité, la population, c'est 90 % Inuit, et c'est ça,
c'est non
ethnique, mais pour... ça représente les Inuits et les Naskapis, aussi, sur le
conseil de l'ARK. Et donc l'approche est un peu différente dans ce sens.
Donc, une autre fois, je parle du territoire nord du 55e parallèle, et
c'est une terre de catégories I et II,
mais ça, c'était une autre chose. Mais des parcs et la plupart des réserves de
biodiversité sont de l'extérieur, ne
sont pas... c'est une catégorie II. Donc, je ne sais pas si je l'explique
bien, mais c'est ça, c'est un peu différent que les autres régions au
sud du 55e parallèle.
Mme Ghazal :
O.K. Merci. Dans le fond, ça s'applique moins, peut-être, à vos territoires.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, merci beaucoup, Mme la députée. Je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine pour
2 min 45 s.
M. Arseneau : Merci. Merci pour votre présentation,
Me Halley et M. Barrett. J'aimerais revenir sur la question qui a été
posée par ma collègue. En fait, les balises que vous ne voyez pas, qui ne sont
pas très claires ou peu développées,
vous n'aviez peut-être pas tout à fait fini
votre réponse, est-ce que vous avez des pistes à suggérer à la commission à cet
égard, là, pour ce qui ne semble pas clair pour les territoires de conservation
nordiques?
Mme Halley (Paule) : Alors,
il nous... Bon, il n'y a pas suffisamment d'information, dans le projet
de loi, on peut juste extrapoler,
mais il nous est apparu que ce serait positif d'associer ces territoires à un
statut internationalement reconnu. Donc, il
nous est apparu que le statut des mesures de conservation efficaces pourrait
convenir et de même que son registre. Et ça donnerait, donc, un ensemble de
balises uniformes, d'informations claires ou de références, aussi, à
l'international, pour savoir si c'est les bonnes protections qui sont
accordées. Et c'est la recommandation que nous avons faite dans notre mémoire.
M. Arseneau :
D'accord. Donc, l'idée, ici, ce n'est pas de définir les balises, mais de se
référer à un autre document reconnu internationalement. C'est ça?
Mme Halley
(Paule) : Bien, en fait, les balises pourraient être définies dans la
loi. Ça serait plus facile à lire pour les
gens ordinaires. Mais, en allant chercher ces balises qui sont uniformes pour
que tous les pays, si on veut, aient des leaders dans ce secteur, il ne
faut pas réinventer, chacun, les règles. Donc, d'utiliser les balises qui sont
connues à l'international et que les autres pays vont utiliser pour rattacher
ces territoires de conservation nordiques à une catégorie officielle,
formelle, qui a ses propres conditions, ses propres balises. Mais c'est sûr que
de les intégrer dans la loi, ça facilite la connaissance des personnes
ordinaires.
M. Arseneau :
Merci. Est-ce que j'ai encore le temps pour une petite question?
Le Président
(M. Ciccone) : ...45 secondes.
M. Arseneau : Vous parlez de donner davantage
de permanence aux désignations, là, quand on veut conserver. Moi, je ne pensais
pas que c'était nécessairement mutuellement exclusif, là. De dire,
bon : Il y a une possibilité
d'une durée limitée, ça n'empêchait pas, me
semble-t-il, que ça ait un caractère de reconduction ou de permanence. Pourquoi
êtes-vous contre l'idée de donner une flexibilité, qu'on veuille le protéger ou
le conserver pour une durée limitée ou permanente? Le caractère de permanence
est-il obligatoire, si on...
Mme Halley
(Paule) : Je m'excuse, je crois que je ne vous ai pas compris. Je ne
sais pas si vous m'avez adressé une question, mais l'image est brouillée, puis
je n'entends pas les...
M. Arseneau :
Je pense que j'ai perdu ma question.
Le Président
(M. Ciccone) : Vraiment désolé, M. le député.
M. Arseneau :
La technique m'en a empêché. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Vraiment désolé. Merci beaucoup,
Me Halley. M. Barrett, thank
you very much, merci beaucoup. Je
vous remercie pour cette contribution à nos travaux de cette commission.
Je
suspends maintenant les travaux quelques instants, afin de
permettre aux représentants du Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 45)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président
(M. Ciccone) : Nous reprenons nos travaux.
Je souhaite maintenant
la bienvenue aux représentants du Comité consultatif pour l'environnement de la
Baie James. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
procéder à votre exposé. La parole est maintenant à vous.
Comité consultatif pour l'environnement de la Baie James
(CCEBJ)
(Visioconférence)
Mme Ablain (Maud) : Merci, M.
le Président. Bonjour, M. le Président, M. le ministre, messieurs dames les députés
membres de la commission. Je m'appelle Maud Ablain, je suis
présidente du Comité consultatif pour l'environnement de la Baie James et je suis accompagnée par
M. Graeme Morin, l'analyste du comité. Au nom du comité, je tiens à
vous remercier de l'invitation à cette consultation particulière.
Pour rappel,
notre comité, le CCEBJ, de son acronyme, a été créé par la Convention de la Baie James et du Nord québécois. C'est un comité tripartite composé de membres
nommés par le gouvernement fédéral, par le gouvernement
du Québec et par le Gouvernement de la
nation crie. Le comité veille à la
bonne marche du régime de protection de l'environnement et du milieu
social sur le territoire de la Baie-James.
• (15 h 50) •
Notre rôle
est notamment de faire des recommandations aux gouvernements sur les... (panne de son) ...lorsque ceci
touche à l'environnement et au milieu social ou encore lorsqu'ils touchent à
l'utilisation des terres et qu'ils peuvent influer sur les droits
d'exploitation de la faune par les Cris. Nous nous référons donc aux chapitres 22
et 24 de la Convention de la Baie James et du
Nord québécois. Ceci permet d'assurer
la protection des droits des Cris et de l'environnement duquel ils dépendent ainsi que de leur implication dans
la prise de décision. C'est donc sous cet angle que nous commentons
principalement le projet de loi.
Avant de vous transmettre nos recommandations en
vue d'améliorer le projet de loi, nous souhaitons tout d'abord mentionner que le CCEBJ appuie l'intention du gouvernement du Québec de faciliter et de rationaliser
la création d'aires protégées,
d'impliquer davantage les communautés autochtones dans leur gestion et de
fournir des registres d'accès public à l'informatique. Cependant, nous avons
certains commentaires à faire en lien, notamment, avec l'application des
chapitres 22 et 24 de la CBJNQ, la consultation des Cris, et quelques
recommandations d'ordre général.
Concernant
les dispositions de la convention, le chapitre 22 de la convention
renferme neuf principes directeurs. Ces principes directeurs offrent des
orientations pertinentes que le ministère de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques pourra
considérer lors de la planification des territoires de conservation nordiques, par exemple, et
pour la mise en oeuvre de la loi révisée et du règlement associé en général.
Le
chapitre 22 de la convention est admis à un régime de protection de
l'environnement et du milieu social. Ce régime prévoit une procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement et le milieu social. Et tous les projets d'aire protégée sont
assujettis à ce processus. Cela permettra la participation spéciale des Cris.
Cependant, nous sommes d'avis que la
participation des Cris à la planification et au développement des aires protégées est importante et qu'elle doit être
prévue également en amont de la procédure d'évaluation
environnementale. Les
Cris doivent continuer d'être impliqués dans le processus de prise de décision
pour la création des aires protégées en général et des nouveaux territoires de conservation nordiques et des
aires protégées d'utilisation durable en particulier. Cela devrait comprendre autant la localisation des
aires protégées que le statut qui devrait leur être octroyé, les activités
qui pourraient y être autorisées ou interdites et les entités qui pourraient
les gérer.
Finalement,
le troisième point en lien avec les dispositions de la convention, c'est le
chapitre 24 de la convention, qui prévoit des droits d'exploitation de la
faune et les garanties aux Cris sur tout le territoire de la Baie-James. Donc, tout projet d'aire protégée sur le territoire devra
tenir compte de ces droits et garanties lors de son élaboration, et il ne
pourra pas empêcher l'exercice de
droits de chasse, pêche et piégeage aux Cris dans les limites des dispositions
du chapitre 24.
De plus, nous avons remarqué que le projet de
loi élimine l'article 27 de la loi actuelle, qui fait notamment référence à l'obligation de consulter le Comité conjoint de chasse, pêche et piégeage.
Or, cette consultation est pourtant prévue
au chapitre 24 de la convention pour les propositions de création d'aires
protégées. Donc, il faudrait conserver cette consultation dans la loi.
Autre point en dehors des dispositions de la
convention. Au niveau des mécanismes de compensation que le projet de loi
prévoit. Donc, il y aurait un mécanisme de compensation applicable lorsque le
gouvernement diminue la superficie totale
des aires protégées au Québec. Nous souhaitons souligner que le remplacement de
certaines aires, telles que les zones de valeur culturelle, pourrait être
impossible à réaliser. Donc, toute décision concernant le remplacement
d'une aire ou tout autre type de compensation devra être prise avec la
participation appropriée des Cris.
Il y a
également, sur le territoire, des initiatives d'aires protégées. En ce qui
concerne la suppression des statuts temporaires, il est important pour
le Québec de s'assurer avec les Cris que des mécanismes appropriés sont en
place afin de protéger des aires qui sont en voie de devenir des aires
protégées en vertu de la présente loi. Il est également important de s'assurer que les initiatives actuelles d'aires protégées
cries, comme des réserves aquatiques, de biodiversité, qui sont proposées sur
le territoire, soient maintenues et qu'elles ne soient pas affectées par le
projet de loi, y compris les plans de
conservation élaborés par les Cris. Donc, nous vous recommandons de vous
assurer que les dispositions transitoires du projet de loi le permettent et que le futur règlement adopté en vertu
du projet de loi soit compatible avec ces initiatives d'aires protégées
cries.
Au niveau de la délégation des pouvoirs aux
communautés autochtones, le projet de loi prévoit la possibilité d'impliquer
les communautés autochtones dans les projets de conservation, et, sur ce
point-là, nous encourageons le gouvernement du Québec à poursuivre la mise en
oeuvre de ce mécanisme.
Un point sur les registres. Nous estimons
que la création d'un seul registre central pour l'ensemble des aires protégées
serait l'idéal. De plus, nous recommandons que les informations sur les aires
protégées qui seraient présentes sur
le territoire de la Baie-James soient disponibles en français et également en
anglais afin de permettre leur consultation par tous les habitants du
territoire.
Dans
notre mémoire, nous avons évoqué les aires protégées et de conservation
autochtones. Nous estimons que c'est
un modèle, là, qui peut jouer un rôle important dans la conservation de la
biodiversité et de la protection du patrimoine culturel. Alors, nous recommandons au gouvernement du Québec, là, de
s'inspirer de ce nouveau modèle dans le cadre des initiatives de
conservation.
Notre
mémoire évoque aussi certains points qui pourraient être clarifiés dans la loi
directement. Nous appuyons l'intention
d'avoir une plus grande flexibilité dans la création d'aires protégées en
réduisant les exigences administratives et l'introduction des nouveaux types d'aires protégées. Cependant, nous
estimons que la LCPN révisée devrait clairement identifier quelles catégories
de l'UICN correspondent à quels types d'aires protégées. Également, les
activités qui peuvent constituer des
utilisations durables devraient être clairement définies dans la loi. Et
finalement les détails qui concernent le processus d'identification des
territoires de conservation nordiques devraient également être détaillés dans
la loi.
On
sait qu'il va y avoir un règlement, aussi, qui va être rédigé et adopté par la
suite, mais, si ces questions sont finalement
abordées dans le règlement, nous sommes disponibles pour participer à son
élaboration ou à le commenter. Là, c'est tout à fait dans le mandat du CCEBJ
de participer à ce type d'exercice.
Un dernier point qui,
on le sait, dépasse l'examen du présent projet de loi, mais on voulait
souligner qu'il y a plusieurs initiatives de conservation sur le territoire de
la Baie-James : il y a le Plan Nord, la politique québécoise sur les
réserves fauniques, la planification de la protection de la faune, par exemple,
pour le caribou. On estime que ce serait intéressant qu'il y ait la production
d'un document qui regroupe toutes ces initiatives liées à la conservation, qui touchent le territoire de la Baie-James, afin
de clarifier les orientations et la vision du gouvernement du Québec pour
les territoires. Ce serait un outil qui
permettrait d'identifier les
interactions possibles entre les différentes initiatives et qui pourrait
bénéficier autant aux acteurs locaux qu'aux promoteurs de projets de
développement. Voilà, c'est ce qui met fin à notre exposé.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, Mme Ablain, pour votre
exposé. Nous sommes maintenant prêts à entendre le ministre pour une
période de 16 min 30 s.
M. Charette :
Bonjour, vous deux, merci de vous joindre à nous cet après-midi. Vous avez
mentionné plusieurs éléments fort pertinents. Je veux peut-être juste
vous rassurer sur certains éléments.
Vous
avez évoqué un règlement qui devra être mis en place une fois la loi adoptée.
Vous avez manifesté le souhait de nous appuyer dans cette démarche-là, de
collaborer avec nous dans cette démarche-là. Donc, c'est un acquis. Soyez assurés que, lorsque viendra le temps
d'élaborer la réglementation, vous serez des partenaires, là, tout simplement
incontournables.
Au
niveau des précisions que vous aimeriez voir inscrites dans le projet de loi, à
travers différents articles, sur les activités qui seraient permises ou pas, la
question a été soulevée à quelques reprises depuis le début de la consultation.
L'idée, elle est certainement louable, mais
c'est difficile, à ce moment-ci, d'apporter toutes ces précisions-là, compte
tenu du contexte international, là, qui prévaut au niveau, là, de la
biodiversité. Au cours de la prochaine année, il y a une multitude de rencontres qui vont se tenir avec les
instances reconnues en la matière, l'UICN principalement, pour déterminer
quelles seront, justement, ces activités et quelles
seront les modalités pour les aires protégées, pour que ces aires protégées là
soient reconnues.
Donc,
c'est la raison pour laquelle, en tout, tout début de projet de loi,
l'article 2, on précise que ces précisions-là viendront, mais
surtout que les aires protégées que nous entendons reconnaître devront se
calquer sur les principes établis, là, au
niveau international. Et ces principes-là, naturellement, font place aux
particularités culturelles, au patrimoine culturel des communautés
autochtones aussi. Donc, je tenais à vous rassurer à ce niveau-là.
• (16 heures) •
Peut-être
vous remercier aussi de ce rôle actif que vous jouez à travers, là, la
structure de la Grande Alliance pour l'établissement du réseau des aires
protégées, et c'est peut-être là que je souhaiterais vous amener. Pour le
bénéfice des gens qui nous écoutent,
peut-être nous parler des projets que vous avez actuellement en développement
au niveau des aires protégées, nous les décrire rapidement. Je sais que le
temps file, malheureusement, mais juste nous parler un petit peu de ces projets-là, voir dans quelle mesure ils
sont importants pour votre communauté, nous préciser aussi quelle est la
collaboration. On parle d'une table, là, qui
est coprésidée, notamment.
Bref, nous donner votre appréciation, là, de cette structure-là, et ensuite, malheureusement, je devrai laisser mon temps de parole aux collègues, nombreux, qui
souhaitent intervenir. Mais ce serait intéressant qu'on puisse avoir une
petite idée, là, des projets, là, que vous êtes en train de développer actuellement.
Mme
Ablain (Maud) : Oui. Merci, M. le ministre. Bien, en fait, là, c'est ça, c'est vraiment le Gouvernement de la nation crie qui développe
ces projets, actuellement, et puis le CCEBJ, lui, n'est pas informé en
détail, là, de tous ces projets à
venir, là. Donc, je ne pourrais pas vous répondre exactement, je ne pourrais pas répondre exactement à votre question.
M. Charette :
D'accord.
Mme Ablain (Maud) : Donc, moi, je
suis... Oui?
M.
Charette : Non, allez-y, je ne voulais pas vous interrompre, désolé.
Mme
Ablain (Maud) : Moi, c'est ça,
je suis... je représente l'organisme, là, mais je ne voudrais pas parler pour
le Gouvernement de la nation crie. Je suis moi-même membre du comité nommé par
le gouvernement du Québec.
M.
Charette : Parfait. Bien,
merci de votre participation au sein de cette organisation-là. Et je vais
laisser mon temps de parole pour les collègues. Mais, encore une fois,
merci pour votre contribution.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je suis prêt maintenant à
reconnaître le député d'Ungava.
M.
Lamothe : Mme Ablain,
juste pour nous situer, moi puis mes collègues, votre comité consultatif couvre
les terres de catégorie III, c'est bien ça?
Mme Ablain
(Maud) : Il couvre tout le territoire de la Baie-James, là, les terres
de catégories I, II et III.
M. Lamothe :
I et II également? Les territoires cris?
Mme Ablain
(Maud) : Oui.
M. Lamothe :
O.K. Ça fait qu'il va être temps qu'on change de nom.
Mme Ablain
(Maud) : Bien, on ne fait pas...
M. Lamothe :
Pardon?
Mme Ablain
(Maud) : Non, allez-y.
M.
Lamothe : Non, j'ai
dit : Il va être temps qu'on change de nom, parce que le territoire de la Baie-James,
c'est le territoire de
catégorie III, puis le territoire cri, c'est Eeyou Istchee. Ça fait que
c'est pour ça, ma question, à savoir : C'est-u
catégorie III que vous couvrez ou I et II également? Ça fait que vous
couvrez, I, II, III.
Mme
Ablain (Maud) : C'est ça.
Bien, le nom, en fait, le territoire de la Baie-James est défini dans la Convention de la Baie James, et c'est
exactement ce territoire-là qu'on couvre, là.
M. Lamothe :
O.K. C'est selon la définition qu'il y a dans la convention?
Mme Ablain (Maud) :
Tout à fait.
M. Lamothe :
O.K. C'est bon. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Je reconnais
maintenant le député de Bourget. Il vous reste
11 min 30 s.
M.
Campeau : Merci beaucoup. J'aime bien ce que vous avez dit dans le
fait de détailler les activités permises, et, je pense, le ministre a déjà un peu répondu à ça. Mais il est
évident qu'il faut clarifier, parce qu'autrement tout le monde va être
mal à l'aise, et on ne saura pas quoi faire.
J'en
ai juste une, question. Quand vous parlez, par exemple, de compensation, vous
mentionnez que vous voulez être consultés, et avec une participation
appropriée. Ça veut dire quoi?
Mme Ablain
(Maud) : Bien, en fait, pour les compensations, le CCEBJ, en lui-même,
pourrait être consulté, et le Gouvernement de la nation crie est représenté sur
ce comité-là, mais il peut y avoir également une consultation particulière des Cris, là. Si une aire protégée a
été créée et qu'il y a une modification de cette aire-là, ce serait nécessaire,
là, de consulter le Gouvernement de la nation crie à ce sujet-là,
notamment.
M.
Campeau : O.K. Vous ne
parlez pas de veto, vous parlez de consultations, tout simplement, là,
appropriées? O.K. Bon.
Mme Ablain
(Maud) : Tout à fait.
M. Campeau :
O.K. Bien, je vous remercie beaucoup, merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député. Je reconnais
maintenant la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M.
le Président. Bonjour, Mme Ablain et M. Morin. Vous expliquez... Dans
vos recommandations, je prends celles... la recommandation 4 et 5,
où vous souhaitez, évidemment, être consultés, là, sur les projets d'aires protégées. Vous souhaitez également, et je
peux tout à fait comprendre, là, des nouvelles balises pour impliquer
les communautés autochtones. Toute la question de délégation, donc, vous
souhaitez également être consultés à ce niveau-là.
J'avais une
question, celle du ministre, qui demandait si vous aviez, par exemple, des
projets sur la table à dessin. Je
comprends que vous ne souhaitez pas parler au nom du gouvernement cri, je
respecte ça tout à fait. Mais par contre, quand vous parlez de délégation, vous... nouvelles balises pour... avez-vous
des exemples de balises qui pourraient nous aider à mieux comprendre ce
que vous souhaiteriez?
Mme Ablain (Maud) : Graeme, est-ce
que tu veux répondre?
M. Morin
(Graeme) : Oui. Bien, en
fait, on a fait référence, dans notre mémoire, que, pour l'instant, le
mécanisme de délégation est toujours...
bien, reste à clarifier. Et on est tout à fait... on a eu des discussions
là-dessus, à l'interne, et on soutient la volonté du gouvernement, en
premier temps, hein, pour créer des nouveaux mécanismes pour faciliter la
création d'aires protégées et pour déléguer des pouvoirs aux communautés
autochtones. Donc, sur le fond, on n'est sûrement
pas contre ça. Mais, étant donné qu'on attend toujours les détails par rapport
à ces mécanismes, effectivement, on
serait, premièrement... numéro un, comme vous l'avez mentionné, on aimerait
bien être consultés en temps et lieu, mais
également, c'est une opportunité, hein, on voit ça vraiment d'un bon oeil de
trouver des nouvelles façons ou même de
nouveaux leviers pour promouvoir encore plus de participation et d'implication
des communautés autochtones. Donc, au
niveau de balises, bien, effectivement, ça reste à voir, et on est là pour
cocréer ces balises avec vous, avec le gouvernement du Québec, au
besoin.
Mme
Grondin : Parfait. Merci. Votre recommandation 9, je suis quand
même assez surprise : «Un document d'orientation regroupant toutes les
initiatives liées à la conservation qui touchent au territoire». Donc, ce que
vous dites ici, c'est que vous n'avez pas de portrait de l'ensemble des
initiatives qui touchent votre territoire, des initiatives de protection?
Mme Ablain (Maud) : ...au-delà,
aussi, des initiatives de protection, c'est que c'est rassemblé dans plusieurs initiatives différentes. Il y a les initiatives de
conservation, mais également d'autres initiatives, comme il a été question à
d'autres séances, là, par exemple, les minéraux critiques et stratégiques ou...
et donc il n'y a pas une vision globale, là, de tout ce que le gouvernement veut développer sur le territoire de la
Baie-James. Donc, c'est un peu dans cette idée-là, là, d'avoir un
document qui rassemblerait toutes ces orientations-là.
Mme Grondin : Parfait. Moi, je n'ai
pas d'autre question. Ça va. Est-ce que...
Le
Président (M. Ciccone) :
Est-ce que... oui, il vous reste six minutes. C'est beau? Ah! Vous voulez
le partager? Alors, si, les gens de l'opposition, vous voulez un peu
plus de temps, on va vous en donner un peu plus, gracieuseté de M. le ministre. Alors, je reconnais maintenant
un membre de l'opposition officielle. M. le député de Viau, à vous la parole.
M.
Benjamin : Merci, M. le Président. Donc, j'apprécie cette belle générosité du ministre,
donc. Alors, je veux commencer par remercier Mme Ablain et M. Morin pour
leur présentation. Écoutez, probablement que je n'aurai même pas à faire usage du temps que le ministre a mis à notre disposition. Quelques questions, rapidement. Sur
l'enjeu de protection des territoires
de conservation nordiques ou, encore, de conservation autochtones, selon vous,
quels critères devraient figurer au
projet de loi afin d'assurer la mise en oeuvre efficace, la mise en place
efficace de ce type d'aires de conservation?
Mme Ablain (Maud) : Graeme?
M. Morin
(Graeme) : Oui. Bien, en
fait, premièrement, selon notre lecture du projet de loi, ces détails-là vont vraisemblablement
apparaître dans le règlement de mise en oeuvre qui suivra. Donc, encore là, on
est... la porte est ouverte, pour nous, pour être consultés, pour vous offrir
nos impressions là-dessus.
J'imagine...
bien, pour l'instant, tu vois, je reviens un peu sur la convention. Maude, la
présidente, a fait référence à nos neuf principes directeurs, et, selon
moi, ces neuf éléments-là peuvent aider dans la considération ou, même, la définition... la réflexion par rapport à ces balises-là ou à ces critères dont vous faites référence. Cela
étant, pour l'instant, il nous faut
plus d'information, vraiment, sur les intentions du gouvernement, et on est là pour ça, pour échanger avec vous. Maude, je ne sais
pas si vous avez d'autres choses à ajouter?
• (16 h 10) •
Mme Ablain (Maud) : Non.
M.
Benjamin : Bien, c'est
parfait. Écoutez, deuxième question. Sur le concept d'utilisation durable, vous semblez... je semble lire, dans la recommandation 3, quelques questionnements, où vous faites même des suggestions.
Est-ce que vous avez des inquiétudes par rapport au concept d'utilisation
durable?
Mme
Ablain (Maud) : L'inquiétude est peut-être plus du fait que ce n'est
pas défini, en fait. Donc, on veut s'assurer,
là... ne sachant pas exactement ce que le gouvernement entend par «utilisation durable», on veut s'assurer, là, que ce sera défini et qu'on
puisse participer, peut-être, à cet exercice-là également. C'est plus à ce
niveau-là.
Mais,
de nouveau, comme l'a dit Graeme, les principes directeurs de la reconvention
amènent des concepts, là, de développement durable, puisque déjà, à l'époque de la
signature de la convention, c'étaient des éléments qui transparaissaient
dans le texte. Donc, ces principes directeurs pourraient très bien être suivis
pour définir également ce qui peut être une utilisation
durable. Ce sont des pistes de réflexion, plus qu'une... On n'a pas de
suggestion formelle, là, sur ce que devrait être l'utilisation durable à
ce stade-ci. Il nous faudrait plus de temps pour pouvoir examiner cet
élément-là plus en détail.
M.
Benjamin : Vous nous avez, dans votre mémoire, à quelques reprises,
d'ailleurs, souligné, donc, des activités qui pourraient être permises, comme
la chasse, la pêche, le piégeage. Quelles activités devraient être exclues,
selon vous, de ces zones de conservation?
Mme
Ablain (Maud) : Bien, encore, on n'a pas pu, en comité, discuter de
ces sujets-là dans le temps qui nous était donné, donc je ne pourrais
pas m'avancer, là, au niveau du comité parce que... les activités qui devraient
être interdites dans ces zones-là. Ce serait délicat pour moi de m'avancer.
M.
Benjamin : De vous avancer, donc, je comprends. L'autre question que
j'ai, c'est... Quelques communautés nous
ont... qui ont pu venir à cette, quoi... participer à cette consultation nous
ont mentionné que la délégation de
pouvoirs ne leur était pas suffisante et qu'il fallait, de préférence, parler,
même, de cogestion. Est-ce que c'est quelque
chose que vous voyez d'un bon oeil?
Mme
Ablain (Maud) : Peut-être,
je vous dirais... pour la cogestion, je ne me prononcerai pas, mais la
procédure d'évaluation
environnementale à laquelle vont être assujettis les projets
d'aires protégées inclut la participation des Cris, puisque c'est un comité
bipartie qui va analyser le projet d'aire protégée. Il va y avoir une étude
d'impact à déposer, et puis c'est le Comité d'examen sur les
répercussions sur l'environnement qui va analyser ce projet-là. Donc, déjà là,
il va y avoir une participation importante
des Cris, mais, comme on le met dans le mémoire, c'est important de consulter
aussi les communautés en amont. Et là,
sans parler de cogestion, c'est plus de la... je ne dirais pas «dans la
cocréation», mais c'est sûr que
d'aller chercher l'avis des communautés en amont, là, ça permet de s'assurer, là, d'une
aire protégée qui répond aux attentes des utilisateurs du territoire.
M. Benjamin :
Parfait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je vais maintenant passer la parole à la députée de Mercier. Prenez votre temps, Mme
la députée, vous avez amplement le temps, vous avez un quatre minutes, là.
Mme Ghazal :
C'est rare. D'habitude, j'ai 2 min 45 s.
Le Président (M.
Ciccone) : Non, non, prenez votre temps. Prenez votre temps, oui.
Mme
Ghazal : Ça fait que je peux
jaser puis vous écouter. Bien, merci,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre présentation. Moi,
j'ai une question par
rapport aux initiatives actuelles d'aires
protégées. En lisant le paragraphe où vous en parlez, on sent que vous avez une
inquiétude par rapport au fait qu'il y ait un recul, avec le projet de loi n° 46, que ce qui est déjà gagné comme aires protégées,
bien, soit perdu dans le futur. C'est ce que j'ai l'impression, que vous
avez cette inquiétude-là à cause des mesures transitoires.
En fait, j'aurais
deux questions. Bien, je vais vous poser la première, tranquillement, vu qu'on
a le temps. La première, ce serait : Est-ce que
vous avez des exemples concrets d'endroits où vous dites : Il me
semble que ces territoires-là, il y aurait peut-être une inquiétude, par exemple, s'il y a
une possibilité d'autres activités que seulement protéger le territoire?
Mme
Ablain (Maud) : Je pense que
notre commentaire était vraiment d'ordre général, pour s'assurer, effectivement, que, c'est ça, ce qui est protégé ou ce qui est
en voie de l'être, là, il n'y ait pas de recul à ce niveau-là, là. C'était
pour alerter les gouvernements par rapport à ça.
Mme
Ghazal : Très bien.
Donc, vous n'avez pas d'exemple concret, mais... Et qu'est-ce que... est-ce que vous voulez
que, dans le projet de loi, ce soit mentionné, ou simplement dans un
règlement, ou juste que le ministre le sache? Est-ce que vous voulez, par exemple, qu'il y ait un amendement, dans le
projet de loi, pour que ce soit écrit tel quel que ce qui existe déjà ne
puisse pas être annulé?
Mme
Ablain (Maud) : On n'a pas
de proposition, effectivement, d'amendement comme tel, là, mais on voulait
que la commission soit au courant pour que,
lors de l'analyse article par article, vous puissiez être vigilants par rapport
à ça.
Mme
Ghazal : Très bien. Puis
vous faites aussi une mention sur les aires protégées de conservation
autochtones. Il y a beaucoup de
groupes, avant vous... même des groupes qui ne viennent pas des autochtones ou
des Premières Nations l'ont mentionné que c'est un outil
important et qu'ils trouvent dommage qu'on ne profite pas de l'opportunité de
ce projet de loi pour
que ce soit inclus dans le projet de loi. Vous, votre position là-dessus,
est-ce que vous voulez que ce soit inscrit dans le projet de loi? Parce
que ce statut-là n'est pas inscrit pour le moment.
Mme
Ablain (Maud) : On y allait
plus dans la suggestion, effectivement, de suivre ce modèle qui existe pour
pouvoir l'intégrer dans, éventuellement, les types d'aires protégées qui sont
déjà proposés dans le projet de loi. Mais on a, effectivement, entendu également d'autres groupes, là, qui demandaient à
ce que ce soit inclus. Ça fait que c'était plus pour le mentionner, l'existence
de ces aires-là, et de vous laisser, là, voir la meilleure façon de l'intégrer
dans le projet de loi.
Mme
Ghazal : Et vous avez
beaucoup parlé des consultations, de l'importance de consulter en amont les
Cris. Est-ce que, par exemple, si le
ministre décide de mettre les APCA, donc les aires protégées de conservation
autochtone... s'il décide de les mettre que ce soit dans le projet de
loi ou dans le règlement, est-ce que... comment est-ce que la consultation devrait se faire? Parce que, là,
évidemment, il y a le projet de loi, on l'a, il pourrait peut-être le mettre
dans ce projet de loi là. Est-ce que...
Mais il y a des gens qui disaient que c'était important de le définir, mais,
avant de le définir puis de dire c'est quoi, bien, il faudrait qu'il y ait des
consultations. Donc, peut-être nous parler des consultations, parce que, là, cette fois-là, je pense qu'on vous a
appelés assez rapidement, là, ce n'est pas ce genre de consultations là que
vous voulez, un avis de dernière minute.
Mme Ablain
(Maud) : Bien, effectivement, il faut voir qu'un comité comme le
nôtre, comme je le disais, on est tripartites, on est 12 membres, 13,
même, on est 13 membres. Donc, on a eu une réunion le mardi, on a fini
notre mémoire le jeudi pour approbation puis
on vous l'a transmis lundi, donc c'est sûr qu'on n'a pas pu approfondir toutes
les questions, là. C'est une réalité
avec laquelle on travaille. Mais on trouvait important de pouvoir vous
présenter quand même notre première lecture du projet de loi.
Maintenant,
la consultation, mettons que la commission souhaite aller plus avant, là, sur
la définition des aires protégées de
conservation autochtones, c'est tout à fait dans le rôle du CCEBJ, donc c'est
tout à fait notre rôle, là, d'être consultés
à ce sujet-là. Nous, ensuite, on fait une concertation au sein de notre comité.
Comme je le disais, donc, ça assure la
participation des Cris. Et puis ce serait... en fait, on serait votre porte
d'entrée, là, si vous souhaitez élargir les consultations sur d'autres
sujets, et on est tout à fait disposés, là, à travailler en ce sens.
Mme Ghazal : Nous, nous le souhaitons. C'est le ministre
qui doit le souhaiter. Je pense qu'il le souhaite. Très bien, merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, et on vous donne un gros huit minutes.
M. Arseneau :
Je n'aurai pas besoin de ces huit minutes. Mme Ablain, bonjour. Merci
de votre présentation. Quelques petites questions qui font peut-être référence,
aussi, à d'autres présentations qui nous ont été faites. Tout à l'heure,
d'ailleurs, on discutait, avec le Comité consultatif de l'environnement
Kativik, de l'application des balises, si on
veut, là, de l'UICN concernant les aires protégées autochtones... ou d'utilisation
durable. On nous disait qu'on devrait s'inspirer de ces balises-là puis
de les inclure dans le projet de loi actuel. Est-ce que c'est ce que je dois
lire aussi, là, à la page 4,
point b, lorsque vous parlez d'ajouter de la flexibilité pour la création
d'aires protégées? Vous faites référence à l'UICN également?
• (16 h 20) •
Mme Ablain
(Maud) : Graeme...
M. Morin (Graeme) : Désolé, j'ai oublié d'ouvrir mon micro. Oui, bien, effectivement,
justement, on est pour plus de flexibilité, donc on appuie cette intention
gouvernementale. L'idée, ici, de
faire référence aux critères, par
contre, dans le projet
de loi, encore là, c'est plus d'une
compréhension générale ou d'une idée générale où on est mieux d'incorporer
ces balises-là dans la loi pour que ce soit clair pour toutes les parties
prenantes. Donc, ça clarifie, si on inclut ces balises. On s'entend, par
contre, que ça se peut que ces
éléments-là vont être conçus dans le
cadre du règlement, ce qui est correct.
Si c'est le cas, bien, effectivement, on revient toujours à notre volonté de
vous offrir nos impressions, nos commentaires sur ces dispositions.
M.
Arseneau : Merci, M. Morin. Je m'excuse, je ne vous avais pas salué.
Merci de votre réponse. Donc, ce que je comprends, c'est que vous
préféreriez que ce soit inscrit dans la loi, mais vous pouvez vivre avec le
fait que ce soit dans le règlement. C'est ça?
M. Morin (Graeme) : Oui, en somme. Et effectivement l'idéal, c'est toujours d'avoir ces
grandes lignes, parce que c'est des éléments, hein, de grande importance.
L'idéal, justement, ce serait de l'avoir dans la loi. Au besoin, si on
veut passer par des instruments réglementaires, bien, on pourrait le faire,
mais on pourrait le faire ensemble.
M.
Arseneau : Je voudrais aborder l'autre élément qui suit dans votre
présentation, à la page 5, point c, «Délégation de pouvoirs aux
communautés autochtones», mon collègue député en a fait mention tout à l'heure.
La présentation du chef Picard, notamment,
hier soir, faisait état du fait qu'on préférerait, plutôt qu'une délégation de
pouvoirs, parler de cogestion. La
question a été mentionnée tout à l'heure, puis je pense que Mme Ablain n'a pas
voulu élaborer, là, comme s'il y avait peu de différences, en disant que l'important,
c'est de pouvoir consulter les communautés en amont. Mais ce qu'on a appris ce matin, c'est qu'il y
avait non seulement la consultation en amont, qui était importante, mais
également le suivi et la reddition de
comptes. Est-ce qu'on demeure toujours dans la reddition de comptes et le
suivi, là, avec une délégation de pouvoirs ou vous préféreriez une
cogestion à cet égard?
Mme
Ablain (Maud) : ...dans le mémoire, on mentionne que les Cris
devraient être consultés pour déterminer qui doit gérer les aires protégées sur le territoire de la Baie-James,
pour chacune des aires protégées. Donc, je crois que ce serait vraiment avec
eux que cette délégation de pouvoirs là devrait être regardée, là, dans le
cadre de ces consultations particulières avec les Cris.
M. Arseneau :
Oui, juste pour...
Mme Ablain
(Maud) : C'est que, nous, en tant que comité... Excusez-moi.
M.
Arseneau : Non, c'est beau. En fait, ce que je veux juste préciser,
c'est si... Ma compréhension est-elle juste? Lorsque vous venez de mentionner
que, si on s'entend sur la délégation de pouvoirs, bien, on s'entendrait
également sur la reddition de comptes? C'est ce que je dois comprendre?
Mme Ablain
(Maud) : Je ne pourrais pas aller jusque là, mais j'imagine que ça
fera partie de ce qui est déterminé, là, dans les pouvoirs qui seront délégués.
M.
Arseneau : D'accord. Puis l'élément des registres, que vous apportez,
on a entendu le même genre de commentaire, hier, et le ministre a mentionné
qu'on pouvait parler de plusieurs registres, mais, en fait, c'était un peu...
ce que j'ai compris, c'est que c'est plutôt un grand registre avec différentes
parties, différentes catégories. Est-ce que ça vous rassure, par rapport
à ce que vous avez mentionné dans votre mémoire, la réponse du ministre à une
question similaire qui avait été posée hier?
Mme Ablain
(Maud) : Bien, je pense qu'effectivement ce qui est important c'est
d'avoir une porte d'entrée pour le registre. Le ministère de l'Environnement a
plusieurs registres sur son site Internet, et c'est très bien comme ça, mais c'est vrai qu'il faut... Une personne qui
cherche une information en
particulier, d'avoir une porte d'entrée, un registre, alors qu'il est explosé en différents registres à l'intérieur
de cette porte d'entrée là, ça pourrait, effectivement, répondre à notre préoccupation.
M.
Arseneau : ...et, en
terminant, ma dernière question, sur la huitième de vos recommandations concernant
les aires protégées ou les
initiatives actuelles qui doivent être menues... maintenues, pardon, et
facilitées : Est-ce qu'il y a
quelque chose, dans la lecture du projet de
loi, qui vous a... qui a suscité
votre inquiétude ou, simplement, insistez-vous pour dire que vos projets sont
en cours, et vous voulez les mener à terme? Je voudrais comprendre cet élément
d'inquiétude que vous avez soulevé.
Mme
Ablain (Maud) : Oui, c'est vraiment
faire valoir, effectivement, qu'il y
a des initiatives actuelles et qu'il
faut les préserver, là. Il n'y a pas d'inquiétude particulière à la lecture du projet de loi, mais c'est de le faire valoir auprès de la commission.
M. Arseneau :
D'accord. Je vous remercie beaucoup, à vous deux.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je tiens à remercier Mme Ablain et M. Morin pour
votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques minutes afin de permettre aux représentants de la Conservation
de la nature Canada, Québec de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 26)
(Reprise à 16 h 40)
Le Président
(M. Ciccone) : Nous reprenons nos travaux.
Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la
Conservation de la nature Canada, Québec. Je vous rappelle, messieurs, que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à procéder à votre exposé. La parole est maintenant à vous.
Conservation de la nature
Canada, Québec (CNC Québec)
(Visioconférence)
M. Pelletier
(Hubert) : Bonjour, M. le Président de la commission, bonjour, M. le ministre, bonjour, Mmes
et MM. les députés membres de la commission. Je m'appelle Hubert Pelletier, directeur de
la conservation et des partenariats, et je serai en compagnie de
Louis Belzil, avocat pour notre organisation à l'interne.
Merci
de prendre le temps de nous entendre et de vous intéresser aux aires protégées et à la LCPN. Louis Belzil et moi-même représentons aujourd'hui
Conservation de la nature Québec, un organisme de conservation agissant au Québec,
et Conservation de la nature Canada, un organisme pancanadien agissant aussi au
Québec. Nous oeuvrons à la protection de
milieux naturels les plus précieux et des espèces qu'ils abritent. Nos actions
sont guidées par les meilleures
données scientifiques disponibles sur des secteurs prioritaires identifiés par
les spécialistes afin d'établir des aires protégées et d'appliquer des
mesures de conservation de ces milieux naturels.
Afin de
réaliser notre mission, nous protégeons surtout les terres privées, par
acquisition, c'est-à-dire des dons de
terrain, des achats, et, en établissant des servitudes de conservation, nous
veillons à protéger ces sites et à en assumer l'intendance, tout en
assurant l'harmonie entre les usages et des objectifs de conservation qui leur
sont propres.
Le Sud du Québec est composé à 90 % de
terres privées, donc Conservation de la nature collabore avec les propriétaires
fonciers, les entreprises, les groupes de conservation, les municipalités, les communautés
locales et les communautés autochtones, ainsi qu'avec les gouvernements, afin de léguer un patrimoine naturel aux générations futures.
Nous avons, notamment
avec le gouvernement du Québec, en partenariat, acquis et transféré plusieurs
terrains afin de créer des réserves écologiques ou d'autres aires protégées,
participé à la mise en place du Centre de données sur le patrimoine naturel et administré et complété
plusieurs partenariats financiers permettant la protection de sites à haute
valeur écologique, dont certains sont présentement en cours et opérationnels. À ce sujet-là, je me
permets de féliciter et de remercier
l'équipe du ministère de
l'Environnement, et le cabinet, et le
ministre pour leur grande confiance dans la mise en
oeuvre de ces programmes de financement et la réalisation des activités.
Donc, nous
allons structurer notre point de vue sur le projet
de loi n° 46 en trois
sections : notre appréciation générale, deuxièmement, nos recommandations
principales concernant les nouvelles mesures et, troisièmement, nos recommandations
au sujet des réserves naturelles, que Louis Belzil traitera.
Donc, notre
appréciation générale. Donc, nous saluons la vision et les objectifs portés par
le projet de loi n° 46 qui
supportent l'intention d'accélérer la mise en oeuvre d'aires protégées et la
conservation de milieux naturels. Nous croyons
que l'intégration des nouvelles catégories d'aires protégées et des nouvelles
désignations dans la LCPN permettra d'ajouter des outils mis à la disposition
de l'État, et aussi de la société civile, afin de désigner et protéger des
territoires à titre d'aires protégées
ou d'autres mesures de conservation. Nous saluons la venue des autres mesures
de conservation efficaces, les AMCE,
aussi la venue des territoires de conservation nordiques, de la
catégorie VI de l'UICN, ainsi que l'allègement du processus dans la reconnaissance de paysages humanisés de catégorie V. Nous saluons la délégation
de gestion d'une aire protégée qui serait réalisable en faveur d'un plus
grand éventail de partenaires en conservation.
Donc, voici nos recommandations principales
concernant les nouvelles mesures.
Nous recommandons au gouvernement de s'assurer
que chaque statut d'aire protégée contenu dans le projet de loi n° 46, ou la LCPN, corresponde aux critères d'une aire protégée ou d'une
autre mesure de conservation efficace, tels
qu'émis dans le cadre de l'approche pancanadienne en la matière, tout en
respectant les lignes directrices de l'UICN, ce que le projet de loi
prévoit déjà.
Nous recommandons aussi, pour ce qui est des
autres mesures de conservation, d'identifier, dans le projet de loi n° 46, un mécanisme clair par lequel les AMCE seraient retenues et
comptabilisées au registre des AMCE. Ce mécanisme pourrait être aussi
précisé par la mise en place d'un éventuel règlement spécifique aux AMCE ou en
incluant une référence au cadre pancanadien
en vigueur. Nous croyons important que les critères retenus par le Québec pour
créer une aire protégée soient conformes à ceux utilisés dans le reste du pays,
afin de comptabiliser les résultats du Québec conjointement
avec le Canada et de les rapporter au niveau international.
Nous
recommandons aussi de maintenir le
pouvoir du ministre de désigner un milieu naturel par plans pour des
critères liés aux enjeux des changements climatiques.
Je cède la parole à Louis Belzil,
concernant les réserves naturelles.
M. Belzil
(Louis) : Oui. Merci beaucoup, Hubert. Bonjour à tous. Je vais
concentrer ma présentation sur la section du projet de loi qui traite
plus particulièrement des réserves naturelles.
Conservation de la nature possède et gère
39 réserves naturelles, au Québec, qui totalisent
13 500 hectares répartis à travers tout le sud de la province. Nous
avons quatre points plus spécifiques que nous aimerions traiter.
Premièrement, nous recommandons de maintenir la
référence selon laquelle les organismes de conservation peuvent concourir à une demande de reconnaissance d'une réserve
naturelle, à l'article 55, Conservation de la nature ayant accompagné
plusieurs propriétaires privés dans leur demande de reconnaissance de ce statut
qui est un processus long et complexe, surtout pour les non-initiés.
Nous
recommandons également de spécifier, à l'article 63, qu'en cas de
transfert d'une propriété privée appartenant à un organisme de conservation, en
faveur de l'État et à des fins d'aire protégée, un statut de protection
provisoire soit garanti pendant l'intervalle administratif précédant une
nouvelle désignation d'aire protégée.
Nous
recommandons également, en termes de pouvoirs d'inspection et d'enquête, de rendre
concrètes ces mesures soit en nommant des inspecteurs ou alors, en ce
qui a trait aux réserves naturelles, considérant leur nombre, leur distribution géographique ainsi que la présence
des organismes de conservation sur le territoire, de maintenir la possibilité
de déléguer le pouvoir d'inspection à une
personne morale ou, minimalement, un organisme de conservation, aux
articles 66 et suivants, afin de
permettre la surveillance adéquate avec les outils nécessaires de ces milieux
souvent accessibles à la population.
Finalement, nous recommandons de revoir les dispositions
pénales afin de ne pas pénaliser un individu ou un organisme de conservation propriétaire d'une réserve naturelle sur
laquelle seraient réalisées des infractions par un tiers. Cela pourrait notamment décourager la mise
en place de réserves naturelles. Plusieurs réserves naturelles sont accessibles au public, et les
organismes de conservation ont généralement peu de moyens, autant légaux que financiers, pour
surveiller les réserves naturelles. Donc, il faudrait plus miser sur une
collaboration entre les organismes de conservation et les inspecteurs du gouvernement
à ce sujet.
Hubert, à toi la parole.
M. Pelletier
(Hubert) : Donc, rapidement,
en conclusion, nous appuyons et nous abordons positivement le projet de loi n° 46. Quelques
orientations et spécifications supplémentaires à celles de l'UICN pourraient y
être inscrites, notamment au sujet des critères permettant de qualifier et de
comptabiliser les aires protégées et les AMCE.
Puis, à ce
sujet, nous serions heureux de voir le gouvernement collaborer et participer à
ce qui fut mis en place dans le cadre
pancanadien, ce qui permettrait au Québec de désigner ses propres territoires,
avec ses propres mesures, et de rapporter les résultats en assurant une
conformité, une uniformité et une transparence, dans la détermination et
la déclaration des aires, qui contribueront à la protection, notamment à
l'objectif de 17 %.
En ce qui
concerne les réserves naturelles, comme il s'agit d'un outil légal très
important sur lequel les organismes de conservation peuvent compter, nous
souhaiterions que la LCPN soit adoptée afin... adaptée afin de tenir compte des particularités, des capacités et des
responsabilités portées par les organismes lorsque ce statut s'applique sur
nos territoires protégés. Merci.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Merci, messieurs, merci pour votre exposé. Nous allons
maintenant débuter la période d'échanges, en débutant avec M. le ministre. Un
temps de 16 min et 30 s vous est alloué.
• (16 h 50) •
M. Charette :
Merci, M. le Président. Merci à vous deux, messieurs, d'être avec nous cet
après-midi. Merci également pour le travail que vous faites au quotidien. Vous
l'avez mentionné, vous avez développé une expertise, au niveau des terres
privées, à travers des acquisitions, à travers des partenariats, et c'est un
rôle tout à fait fondamental. On
était bien heureux, là, vendredi dernier, de renouveler un partenariat avec
vous. Donc, merci, merci pour tout ce travail-là.
Quelques
petites questions, et, je dois vous avouer, une qui est soulevée pour la
première fois... c'est-à-dire un élément qui est soulevé pour la première fois.
Ce cadre pancanadien auquel vous faites référence, naturellement, le Québec s'est déclaré lié. On s'est doté des objectifs
précis à atteindre d'ici la fin de l'année, on est bien confiants de pouvoir
les atteindre. Mais vous dites : Il y a peut-être
une difficulté, actuellement, à faire reconnaître nos aires protégées ou nos
critères, au niveau canadien, pour que le Canada,
à son tour, puisse les faire reconnaître, ou... Peut-être expliquer davantage
cet élément-là.
M. Pelletier (Hubert) : Oui,
bien je ne pense pas qu'il y ait des difficultés en tant que telles. Je pense
que ce qui arrive, présentement, c'est que le Québec s'engage à rapporter ses résultats, en termes
d'aires protégées, directement
à l'UICN en utilisant ses propres critères,
qui, d'ailleurs, sont discutés ici, là, au travers de la commission, donc...
alors qu'il existe un cadre pancanadien qui a été convenu avec toutes
les provinces.
Et ce qu'on
souhaite, à ce moment-là, c'est que, puisqu'il y a des... — justement,
on parle beaucoup de critères associés
aux nouvelles catégories d'aires protégées et aux autres mesures de
conservation — c'est
qu'on n'invente pas un système à deux vitesses où le Québec
rapporterait, selon ses propres critères, certains résultats, et le reste du
Canada, incluant le Québec, aurait également
à rapporter ses résultats à l'UICN ou au niveau international. Donc, ce qu'on
souhaite, c'est qu'il y ait une collaboration et que ça soit finalement
le même système qui soit utilisé.
Donc, oui, et je pense que vous le faites déjà
dans le projet de loi, d'identifier l'UICN comme référence, c'est une bonne chose. Mais, en passant, nous aussi, on
est membres de l'UICN, et une des choses qui est importante, dans les lignes directrices de l'UICN, c'est que chaque
pays et chaque juridiction responsable de ses aires protégées établisse ses
critères et prenne note du mécanisme dans une loi ou dans le corpus législatif
qui lui est pertinent.
Donc, ce qu'on trouve intéressant puis important
pour le projet de loi n° 46, notamment pour la catégorie VI, c'est qu'on vient dire que ça va être établi par
règlement, ce qui est le cadre légal dans lequel ça s'applique. Donc, pour
nous, ça nous satisfait dans le sens où, une
fois que le ou les règlements vont être passés pour la catégorie VI, on va
pouvoir les contre-vérifier au niveau des critères, et ça va être
conforme.
Par contre,
pour les autres mesures de conservation, on n'a pas pu établir ou identifier
clairement s'il allait y avoir un règlement associé à ça ni non plus les
critères. Donc, là-dessus, c'est pour ça qu'on vous propose de se référer
simplement au cadre pancanadien et de l'utiliser.
M. Charette : Vous avez fait
mention de l'UICN, qui est notre cadre de référence. Naturellement, on y fait mention dès le tout début du projet de loi, à travers l'article 2. Je suis revenu souvent avec cet élément-là parce que
plusieurs groupes, et on comprend, souhaiteraient plus de
précisions, plus de détails. Or, vous venez de l'expliquer, il y a de
ces éléments-là qui seront précisés par règlement, la loi ne peut pas
elle-même tout, tout préciser comme tel. L'important, c'est que ces
règlements-là soient conformes au cadre reconnu par l'UICN. Pour vous, c'est
une formule qui semble bonne, c'est-à-dire
s'assurer que les règlements soient eux aussi conformes à ce que l'union
pourrait reconnaître comme cadre?
M. Pelletier
(Hubert) : Oui. C'est certain que ce sont des lignes directrices,
l'UICN, et ces lignes directrices là nous permettent de, si on veut,
catégoriser ou classifier chacune de nos aires protégées parmi les six statuts
ou, dans certains cas, les autres mesures de
conservation. Sauf qu'ils n'appliquent
pas nécessairement de critères très précis. Il y a des
lignes directrices qui sont identifiées, mais, pour ce qui est des critères,
même l'UICN s'en remet aux gouvernements centraux ou provinciaux, dans notre cas,
pour établir ces critères-là et s'assurer qu'on les rencontre.
Donc, puisque, depuis plusieurs
années déjà, il y a eu un exercice d'interprétation et de correspondance, par rapport
aux critères, qui s'est établi à l'échelle du Canada, dans lequel nous
aussi, on participe, bien, on aimerait ça que ça soit, comment je pourrais dire... que ça soit l'ensemble
des provinces qui adhèrent à ce mécanisme-là. Et ça nous permettrait, justement,
de faire évoluer, peut-être, la discussion qui a lieu sur les critères en lien avec les
nouvelles catégories autrement, parce que les critères sont très
bien documentés dans le cadre pancanadien.
M. Charette : Parfait. Une
dernière question pour ma part, parce que je sais que les collègues
souhaiteraient intervenir aussi. Vous êtes la deuxième organisation à parler de
la difficulté de faire reconnaître certains pouvoirs d'inspection puis s'assurer que ces aires qui sont protégées le soient
adéquatement. C'est un enjeu, effectivement. Et quelle devrait être ou quelle pourrait être cette formule
de délégation d'autorité pour s'assurer d'une inspection terrain? Et, dans
pareil cas, est-ce que vous iriez jusqu'à
déléguer un pouvoir d'émettre des contraventions, par exemple? Quelle est votre
vision à ce niveau-là?
M. Belzil
(Louis) : Le premier point par rapport à cette question-là, c'est
qu'il faut que, sur le terrain, il y ait de l'inspection avec des inspecteurs qui aient un pouvoir coercitif. Nous
sommes d'avis qu'idéalement ces inspecteurs-là devraient être des fonctionnaires de l'État. La loi prévoit aussi la
possibilité que ça soit délégué à des inspecteurs municipaux.
Ce qu'on recommanderait aussi, c'est qu'à défaut
de pouvoir nommer de tels inspecteurs le gouvernement devrait pouvoir prévoir dans la loi une possibilité de déléguer ça à des
employés d'organismes de conservation qui, eux, font déjà la patrouille mais qui n'ont pas ce pouvoir coercitif là sur
les réserves naturelles, ce qui amène une difficulté dans la gestion parce qu'on peut constater des
infractions, mais on ne peut pas agir outre que pour demander aux gens de
quitter les lieux, par exemple, quand on voit des infractions être commises.
Donc, ça prend un... donc, on pourrait aller jusqu'à, oui, déléguer le pouvoir
coercitif d'émettre des contraventions à des employés d'organismes. C'est
ce qu'on recommanderait.
M. Charette : Merci.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Bourget. Il vous reste neuf minutes, M. le député.
M. Campeau :
Bien, j'aimerais poursuivre dans la même veine parce que je trouve intéressant
le fait que le pouvoir d'inspection pourrait être délégué. Mais, quand vous
allez jusqu'au pouvoir de sanction,
je m'interroge, et je n'ai absolument pas la réponse, à savoir est-ce que ça
pourrait être contesté. Parce que, si ça commence à être contesté, on commence un processus : ça ne sera pas
respecté, ça vous enlève du pouvoir, etc. Ce bout-là m'inquiète un peu, là,
mais ce n'est pas parce que
l'idée en arrière n'est pas bonne. Je me pose juste la question :
Est-ce qu'on a vraiment la possibilité
de faire ça? Je ne sais pas si vous avez des exemples où ça se fait.
M. Belzil
(Louis) : La question
est bonne. On travaille présentement sur des projets de délégation de pouvoirs d'inspecteurs municipaux, et je vous dirais que la réponse n'est pas simple et le
processus ne l'est pas non plus. On pense qu'il y a des solutions qui existent.
C'est sûr, c'est certain que les employés, par exemple, qui se feraient
déléguer ces pouvoirs-là devraient avoir une formation. Mais est-ce qu'il
faudrait qu'ils aient des formations d'agent de la paix, d'agent de la
faune? Tu sais, c'est des solutions qu'il va falloir explorer.
Mais, comme
je vous dis, le plus important dans tout ça, c'est de s'assurer que, sur le
terrain... Puis ce n'est pas la solution qu'on préconise. La solution
qu'on préconise, c'est que, sur le terrain, il y ait des inspecteurs,
idéalement, nommés par le gouvernement, mais
que si, ça, c'était impossible, bien, le plan B, ce serait de déléguer ce
pouvoir-là à des employés et de le faire de la manière qui va être
permise par la loi.
M. Campeau :
Deuxièmement, je suis sensible au fait que des sanctions dues à des tiers ne
devraient pas affecter le propriétaire. En même temps, il faut que le
propriétaire s'assure que les tiers ne peuvent pas entrer sur le territoire, et
comme... c'est là que la limite devient mince un peu. Mais je suis d'accord
avec vous que, si on va vers des sanctions qui sont dues à des tiers, dans le fond, on va finir par décourager les gens
de vouloir travailler à améliorer les aires protégées.
En passant,
souvent, quand on a des présentations, puis c'est la dernière présentation, il
y a beaucoup de répétition, et je
trouve que, dans votre cas, vous nous arrivez avec des idées novatrices qu'on
n'a pas entendues jusqu'à maintenant. C'est assez rafraîchissant.
M. Pelletier (Hubert) : Merci.
• (17 heures) •
M. Campeau :
Le fait que les règles canadiennes sont en ligne avec l'UICN et le Québec en
ligne avec l'UICN, ça ne devrait,
donc, pas poser de problème que le Québec s'aligne avec le Canada. A plus b
puis b plus c, j'imagine qu'a plus c, ça va devenir... ça va revenir au même,
mais ça peut peut-être prendre du temps. Est-ce que c'est un processus
que vous voyez comme long de s'aligner comme ça?
M.
Pelletier (Hubert) : Bien, personnellement, je ne crois pas, dans le sens où le cadre de référence pancanadien est
déjà en place. Le Québec a déjà été invité à y participer mais, malheureusement, a refusé. Alors, comme les outils sont en place, il y a non seulement des documents de référence, mais aussi des outils, des grilles
d'analyse qui sont disponibles. Et franchement je crois qu'ici on parle vraiment
de mécanique, parce que je suis tout
à fait... on est tout à fait confiants que les employés de l'État vont appliquer les critères
convenablement. C'est juste l'idée de dédoubler, comment je pourrais dire, le processus de rapporter les aires protégées qui vont contribuer au 17 %, qui nous inquiète, notamment.
Donc, pour nous, c'est important de créer... et
de travailler ensemble avec le Canada. Oui, on est devant les instances
internationales et on salue l'engagement du Québec à rencontrer la résolution
d'Aichi, là, le fameux 17 %. Peut-être
que l'étape supplémentaire, c'est de collaborer davantage avec nos partenaires
au Canada pour arriver à embarquer dans
un outil conforme. Cet outil-là prend et reconnaît aussi qu'il y a des
différents contextes entre les provinces et les territoires.
Donc, on
fournit des outils de décision qui donnent quand même une certaine flexibilité,
et ça permet, justement, aux
autorités d'évaluer les aires protégées candidates en fonction des critères
puis ensuite que les aires vraiment déclarées pour le 17 % répondent aux critères à tous les niveaux,
c'est-à-dire au niveau québécois en premier et canadien par la suite, et
qu'on parle des mêmes critères et des mêmes superficies quand on envoie nos déclarations
au niveau international.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. le député, et je cède maintenant la parole à la vice-présidente de cette commission, Mme la députée d'Argenteuil.
Mme
Grondin : Merci, M. le Président. M. Pelletier, M. Belzil, merci beaucoup
de prendre le temps d'apporter votre
grande expertise terrain, que je considère à la fois... parce qu'expertise scientifique, expertise en termes d'accompagnement au niveau des organismes de
conservation, développement de partenariat, gestion des réserves naturelles
aussi, également. Donc, merci beaucoup.
Vous avez, à
travers votre mémoire... Il faut que je prenne le temps de le lire parce
que c'est de la musique à mes oreilles. Vous faites le lien entre les
changements climatiques et les solutions nature. Je vais prendre le temps de le
lire : «Face aux enjeux des
changements climatiques et [au] déclin de la biodiversité, les spécialistes
recommandent d'agrandir les aires
protégées, d'établir des zones tampons autour d'elles et de les relier par un
réseau de connectivité écologique.
«[...]Les
objectifs de conservation de la biodiversité, d'aires protégées et de lutte
contre les changements climatiques se recoupent.» Et : «À ce titre, il
nous apparaît de plus en plus nécessaire, au Québec, d'appliquer d'autres
mesures de conservation et de créer des aires protégées qui s'inscriront dans
des solutions fondées sur la nature face aux enjeux climatiques.» Alors, merci,
merci.
Je voudrais
tout simplement... Parce que, comme mon collègue M. le député de Bourget, je trouve que vous apportez un éclairage quand
même intéressant. Je vous amène à la conclusion que vous avez dans votre
mémoire : «D'autres outils que les aires protégées et les AMCE s'offrent
également à nous afin de conserver la biodiversité. Au sortir de l'année 2020, il sera intéressant de
revisiter les objectifs et d'établir une approche renouvelée en la matière.»
Expliquez-moi.
M.
Pelletier (Hubert) : Bien,
ce qu'on croit, nous, c'est qu'évidemment le réseau des aires protégées est crucial,
évidemment, pour protéger la biodiversité, et, dans certaines situations,
par exemple, quand il s'agit d'établir un réseau de connectivité écologique, on va pouvoir y arriver par des aires protégées et on
pourrait aussi y arriver par d'autres mesures de conservation, d'autres outils. Donc, on accueille favorablement ce
vocabulaire-là dans le projet de loi n° 46, c'est-à-dire les autres mesures de conservation. Quand on
regarde, justement, les critères retenus pour les autres mesures de
conservation, ça s'apparente quand même beaucoup à une aire protégée.
Et puis, en
termes d'autres outils, nous, évidemment... je vais me permettre de pointer,
évidemment, le paysage humanisé, qu'on croit pour le Sud du Québec. L'outil
existe, là, dans le corpus législatif, on le voit bien, et sauf qu'on ne l'a pas utilisé encore, la page, dans le grand
livre des aires protégées, pour la catégorie V, qui est encore à écrire.
Ensuite, d'autres outils, comme je
pense qu'il a été mention dans d'autres échanges, les servitudes qui permettent
des activités forestières ou des activités agricoles, c'est des choses
qu'on a déjà en place, nous, à Conservation de la nature. On a déjà des
territoires qu'on gère de cette manière-là et on aimerait les faire reconnaître
davantage en termes de moyens pour y
arriver. Donc, légalement, on peut le faire, sauf que c'est des outils qui sont
encore peu connus, et on souhaiterait les faire connaître davantage, les
utiliser davantage.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Viau
pour un temps de 11 minutes.
M.
Benjamin : Merci, M. le Président. Merci, M. Pelletier, merci, M. Belzil, pour
votre présentation, donc, très édifiante. Je commencerais peut-être par une première question. Donc, à la page... — attendez
un moment que je retrouve la page — c'est la page 7 de votre
mémoire, pour ce qui a trait... quand vous nous parlez de dispositions pénales.
Vous émettez une inquiétude
que cela puisse... quoique vous saluez, évidemment, l'augmentation des infractions, mais que ça puisse être un... le fait que
c'est... parlez-nous un peu... le fait que ça puisse devenir décourageant, un
élément décourageant, pour des tiers, de
vouloir se lancer pour les organismes. Est-ce
que vous pouvez nous dire qu'est-ce que vous suggérez, à ce moment-là?
M. Belzil
(Louis) : Bien, en fait, ce
qu'on suggère, à ce sujet-là, c'est d'exempter les organismes de conservation
de sanctions pénales potentielles, bien entendu, à moins que l'organisme de
conservation ait volontairement réalisé une infraction. Les amendes sont relativement
salées.
Je
prends l'exemple de Conservation de la nature. On a plusieurs
réserves naturelles. Plusieurs de nos réserves naturelles sont dans des matrices
humanisées, sont accessibles au public. Il y a énormément
d'achalandage sur certaines de ces
réserves naturelles là, c'est difficile pour nous de contrôler tout ce qui se
passe sur la propriété, et il arrive parfois que des tiers commettent
des infractions sur ces propriétés-là. Et nous, ce qu'on dit, c'est que les
infractions doivent être émises envers ces
tiers-là qui commettent les infractions et non envers le propriétaire de la
réserve naturelle, qui, dans les
limites de ses pouvoirs financiers et légaux, fait tout ce qu'il peut pour
faire respecter les conditions d'utilisation du territoire mais qui,
parfois, n'est pas en mesure de les faire respecter à tous. Donc, c'est ça,
notre point 1.
M.
Benjamin : Merci. Merci, M. Belzil. Pour ce qui est des enjeux, il y a
un enjeu que... plusieurs groupes ont abordé cet aspect-là avec nous, c'est
l'enjeu du nord et du sud du territoire. En fait, ma question : Est-ce
que... Selon vous, quels seraient les
critères qu'on pourrait développer pour assurer que la distribution des aires
soit adéquate sur l'ensemble du territoire,
à la fois au nord et au sud?
M. Pelletier (Hubert) : Bien, je
pense que les critères existent déjà. Le Québec, en adoptant la résolution d'Aichi, ça dit 17 % représentatifs de la
biodiversité, donc, dans le fond, ce qu'il faut faire, c'est de protéger
théoriquement 17 % de la vallée
du Saint-Laurent ou des basses terres du Saint-Laurent, au point de vue du
cadre écologique de référence au
Québec, là, 17 % des Appalaches, 17 % des Laurentides. Donc, en
réalité, c'est sûr que la marche... disons, l'escalier à monter est un petit peu plus élevé, parce que,
présentement, au sud du Québec, on se situe à peu près à 6 % d'aires
protégées, et ça inclut autant les
aires protégées en terres publiques que les aires protégées par les organismes
de conservation, là. Donc, c'est sûr qu'on veut contribuer à augmenter
ça, et il va falloir, comme société, mettre les bouchées doubles pour y arriver
dans le Sud du Québec.
C'est
important, la représentativité puis aussi les services écologiques qui sont
rendus dans le Sud du Québec. On le mentionne et on le voit, quand il s'agit
d'épisodes d'inondation, des enjeux associés aux îlots de chaleur, ou autres, les bénéfices que peuvent apporter les
espaces naturels pour les communautés, que ce soit au niveau de la santé,
de la récréation, de l'activité physique,
sont importants, et donc ça vient complémenter l'argument ou les critères par
lesquels on devrait mettre 17 % en conservation au sud du Québec.
• (17 h 10) •
M.
Benjamin : D'ailleurs, toujours sur cet enjeu-là du Sud du Québec, à
la page 8 de votre mémoire, vous en parlez, dans le paragraphe,
notamment, qui m'intéresse, dans le Sud du Québec, où vous dites : «Près
de 9 Québécois sur 10 [y] résident». Et, à la fin du paragraphe, vous
dites : «Pour atteindre la cible de 17 % représentatif, des efforts
importants s'avèrent nécessaires en terre publique et privée, et — là la
phrase qui m'intéresse — nous
contemplons présentement plusieurs dossiers
d'envergure.» Est-ce que ce sont des dossiers sur lesquels... Vous pouvez nous
en parler, de ces dossiers-là?
M.
Pelletier (Hubert) : Oui, bien, en fait, c'est des... je peux vous en
parler. Il y a des dossiers sur lesquels on est impliqués un petit peu, en terre publique, mais il y en a... la plupart
de ces dossiers-là sont sous l'égide d'autres partenaires en
conservation. Et nous, en terre privée, on a plusieurs projets de plusieurs
dizaines de milliers d'hectares qui nous permettraient
facilement de doubler ce qu'on effectue, présentement, comme protection. Et on est
limités, évidemment, par toutes
sortes de facteurs, et ce n'est pas la loi LCPN qui nous limite, là, juste pour
vous rassurer, c'est davantage au niveau des moyens, des capacités ou
d'autres enjeux, comme les enjeux fiscaux, qui nous retiennent.
M.
Benjamin : Des enjeux fiscaux, ça m'amène à vous parler peut-être des
municipalités, donc c'est peut-être de
ça dont il s'agit. Donc, comment... parlez-nous de votre expérience à ce
niveau-là. Est-ce que, pour vous, l'enjeu n'est que fiscal? On nous a parlé aussi d'enjeux, aussi, reliés à la
réglementation. Qu'est-ce que vous avez identifié comme enjeux,
principalement, là-dessus?
M.
Pelletier (Hubert) : ...bien, c'est ça, l'enjeu n'est pas que fiscal.
C'est un élément, là, c'est sûr. Je pense que l'enjeu principal pour le Sud du Québec, c'est le rapport de force entre
les capacités qu'ont les acteurs de la conservation, nos moyens, finalement, d'agir, en termes
financiers, si on veut, versus les ressources que, disons, les vecteurs de
dégradation des milieux naturels ont
à leur disposition, si je peux le dire ainsi, là. Donc, que ce soit pour les espèces menacées ou la protection
du territoire, la menace numéro un, qui est identifiée par tout le monde de
manière unanime, localement, à l'échelle du
Québec, du Canada et internationale, c'est la perte et la dégradation des
habitats. Donc, évidemment, c'est le
rapport de force entre les moyens qui sont à notre disposition pour protéger
les terres privées et les moyens que les autres ont pour les dégrader, qui
est l'enjeu principal.
Ensuite, il y
a d'autres enjeux, comme la fiscalité, la complexité des programmes d'aide
auxquels les organismes ont accès. On
est contents d'avoir des programmes d'aide, mais il y a quand même un petit
bout à faire encore pour ajouter de
la flexibilité et s'assurer qu'on soutienne l'ensemble des stratégies ou des
besoins qu'on a besoin de mettre en place pour le Sud. Il y a les outils qui sont mis en place par le monde
municipal, qu'on pourrait très bien adapter, là, en termes de société québécoise, pour les contribuer
davantage, et tout ce qui est la capacité de communiquer ou de créer des
partenariats.
Mais pour votre question spécifique sur la
fiscalité, je devrais vous dire qu'autant les municipalités que les organismes de conservation on souhaite trouver la
solution de manière commune. Autrement dit, présentement, dans le régime fiscal québécois, les deux sont perdants,
O.K.? Quand on crée des aires protégées en terre privée, les municipalités
sont perdantes fiscalement. Elles sont en
grande majorité et presque toutes favorables. On a créé des grands projets avec
Bromont, on est
invités par des municipalités à protéger des sites qui seraient, autrement,
détruits, on participe avec eux, ce
sont nos amies, les municipalités, mais, dès qu'on protège un terrain, ça leur
enlève quand même... ça représente une perte fiscale pour eux.
Et
deuxièmement, pour les organismes, comme on doit, au Québec... Et, je tiens à
le mentionner, on est la seule province, sauf exception, là, je pense qu'il y a
deux provinces au Canada, seulement, où les organismes de conservation doivent
payer des taxes foncières. Et cet aspect-là est important. Donc, présentement,
on se limite à protéger les fameux grands
territoires dont on parlait. Même si les gens veulent nous donner, parfois, des
terrains de 10 000, 15 000 hectares, l'organisme n'a pas la capacité et il n'aura pas
la capacité d'assumer les taxes foncières, donc on refuse ces territoires-là
présentement.
M.
Benjamin : Comme ma collègue la députée d'Argenteuil, donc, à la
page 4 de votre mémoire, donc, j'ai trouvé ça intéressant et j'aurais aimé vous entendre nous parler de
l'établissement de ces zones tampons auxquelles vous faites référence et
aussi ces réseaux de connectivité écologiques. Pouvez-vous nous en parler un
peu?
M.
Pelletier (Hubert) : Bien, à ce sujet-là, notre recommandation pour le
projet de loi puis le ministre, c'était surtout de garder ou de maintenir son pouvoir de désigner un milieu
naturel par plan, pour lutter ou pour agir contre les effets des
changements climatiques.
Ce qu'on
voyait, dans le projet de loi, c'est qu'on pouvait modifier la délimitation
d'une aire protégée pour des enjeux
de changements climatiques, donc possiblement l'agrandir, possiblement la
rapetisser, mais on enlevait le pouvoir du ministre de pouvoir les protéger, à l'origine, là, pour
des raisons de changements
climatiques. Donc, on aimerait mieux
que le ministre garde ce pouvoir-là, sachant que les enjeux climatiques sont
présents, ne serait-ce que les questions
associées aux crues, aux grandes pluies diluviennes puis aux effets que ça peut
avoir sur les plaines inondables, l'érosion côtière. Selon nous, il faut agir en prévention et en précaution. Présentement, le principe de précaution doit s'appliquer, et on devrait être capables, via la LCPN, de
continuer à protéger ces milieux naturels là pour des arguments associés aux
changements climatiques.
C'est sûr que
la création de zones tampons pour les aires protégées, ce qui a été étudié,
dans les dernières années, par l'ensemble
de la communauté scientifique québécoise, qui a été recueilli dans un ouvrage qui
s'appelle Changements climatiques
et biodiversité, c'est que, pour
faire face aux changements
climatiques, autant pour les espèces,
les habitats, les milieux naturels, les écosystèmes, on doit protéger de plus
grandes aires, donc la superficie protégée dans le Sud du Québec
n'est pas suffisante pour que le milieu naturel soit résilient face aux changements climatiques. Et deuxièmement
on doit aussi les interconnecter. Ça fait
partie, notamment, de la résolution d'Aichi, hein? On parle de 17 % représentatifs et interconnectés.
Donc, nous,
on travaille dans cette voie-là. On a mis en place des projets, de la
collaboration autant avec le monde municipal, les organismes de conservation,
toutes les instances possibles pour sensibiliser et faire prendre conscience
aux acteurs sur le territoire que c'est important de connecter les aires
protégées entre elles.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Et je reconnais maintenant la députée de Mercier
pour un temps alloué de 2 min 45 s.
Mme
Ghazal : Merci, M. le Président. Merci, messieurs, pour votre
présentation et votre mémoire. Vous avez parlé du fédéral, le fait qu'il
faudrait qu'on s'arrime entre les lois québécoises et celles... les fédérales.
D'ailleurs, je me posais la
question... En fait, moi, je pense que le Québec peut avoir ses propres
catégories, pas besoin de s'arrimer avec le fédéral. Et j'avais une question
pour vous sur les aires protégées de conservation autochtones. Est-ce qu'il y
a... est-ce que ça, par exemple, c'est quelque chose qui est reconnu
dans le fédéral? Parce qu'en ce moment ça n'existe pas dans le projet de loi n° 46. Il y a beaucoup de groupes
qui sont venus et qui ont demandé au ministre de l'insérer dans son projet
de loi. Mais vous parlez, par exemple, là, du fédéral. Est-ce que c'est un
exemple à suivre dans ce cas-là?
M.
Pelletier (Hubert) : Bien, ce qu'on propose... Je ne veux pas trop
vous reprendre, Mme la députée, mais on ne propose pas d'enligner la loi
québécoise avec la loi fédérale. On propose au gouvernement de collaborer dans l'établissement de ses objectifs et de rapporter
les mêmes aires protégées, au niveau québécois, au niveau pancanadien et au niveau international.
C'est un petit peu différent.
Pour votre question, les catégories de l'UICN
sont les mêmes au niveau fédéral et au niveau québécois, ce sont les catégories de l'UICN. Ensuite, tout dépend de comment
est-ce qu'on intervient sur les statuts et les critères pouvant
permettre de s'assurer que le statut est bien une aire protégée ou que la
superficie, dans ce statut-là, est bien une aire protégée. Donc, on est un peu
dans la sémantique, mais, pratiquement parlant, pour nous, c'est important.
Et pour ce
qui est des aires protégées de conservation autochtones, évidemment, on est en soutien de ça, nous, on collabore
avec les autorités, autant fédérales que les communautés autochtones ou les
gouvernements des Premières Nations
et Inuits, pour en créer. On a participé, notamment, à... Si on veut aller
chercher des titres miniers et gaziers sur beaucoup de territoires qui étaient prévus... qui étaient, disons,
prévus pour être des aires protégées et pour lesquels il restait des titres miniers et gaziers, on se les est fait
céder gratuitement par ces compagnies-là pour permettre aux gouvernements,
provinciaux ou fédéral, de créer des aires
protégées, avec les communautés autochtones, également. Évidemment, c'est
quelque chose qu'on encourage.
Que ce soit
en terres privées et publiques, la notion d'aires protégées de conservation
autochtones s'applique, et, justement,
le fameux cadre pancanadien que je mentionne souvent décrit très bien ce que
peuvent être et quels seraient les critères à rencontrer dans la création d'une
aire protégée de conservation autochtone, et on invite le gouvernement
du Québec à, du moins, s'en inspirer et adhérer à l'approche.
Mme Ghazal :
Toujours, évidemment, en consultation avec les nations autochtones, pour ces
critères-là?
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Ciccone) : Merci de votre commentaire...
M. Pelletier
(Hubert) : C'est évident que...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, M. Pelletier, en terminant.
M.
Pelletier (Hubert) : C'est
évident que la volonté autochtone est la prémisse principale et première à
respecter.
Mme Ghazal :
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée, et, maintenant, je cède la parole au député des Îles-de-la-Madeleine,
pour un total de 2 min 45 s.
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. MM. Pelletier, Belzil, merci de votre
présentation fort intéressante. Je veux rebondir sur la question
qui a été posée par mon collègue de Viau concernant la dichotomie nord-sud. Intéressante,
la mention que vous faites, à savoir qu'on
devrait avoir 17 % un peu
partout au Québec, mais est-ce que le projet de loi, tel qu'il est rédigé aujourd'hui, vous donne à penser
qu'on peut plus facilement atteindre cet objectif-là de 17 % au sud du
Québec, notamment dans votre travail à vous?
M.
Pelletier (Hubert) : Oui, je pense que ça va nous donner des outils
supplémentaires pour y arriver. Notamment,
on pense que la catégorie VI pourrait s'appliquer à plusieurs territoires
qu'on protège déjà, et qu'on va être capables, justement, d'établir, de contre-vérifier avec la
grille de critères et de pouvoir les rapporter à l'UICN, éventuellement,
avec le Canada. Et, également, les autres
mesures de conservation seraient des outils étant reconnus qu'on pourrait
utiliser dans plusieurs situations dans le Sud du Québec.
Donc,
ce qu'il faut comprendre pour le Sud du Québec, là, on parle que c'est à peu
près trois millions de lots privés qui
parsèment le Sud du Québec, là, en excluant les logements, les condos, et tout
ça. C'est 124 000 propriétaires de lots boisés,
90 000 propriétaires agriculteurs, plus les autres lots individuels
que, vous et moi, si on est chanceux, avons. Donc,
il y a beaucoup de travail à faire. Il y a beaucoup de travail à faire, et
nous, ce qu'on peut faire présentement, c'est d'y aller un par un. Évidemment, on essaie de cibler les plus grands
territoires et d'y aller dans des secteurs prioritaires. Le rythme s'accélère, mais c'est sûr que la solution,
c'est, évidemment, les moyens. Les moyens, on s'entend, là, la loi est là
pour nous donner les outils, ils sont
présents, ils vont l'être. Les moyens, bien, il faut que ça suive par d'autres
mesures gouvernementales.
M.
Arseneau : Et c'est la
raison pour laquelle vous ne voulez pas de barrières supplémentaires ou, en
tout cas, que ce qui existe et qui est favorable ne soit pas éliminé, comme,
par exemple, la référence à un organisme comme le vôtre pour accompagner les propriétaires. Et la
question des amendes, je vois que c'est un élément qu'il faudrait éliminer
si vous voulez continuer d'inviter les gens à participer avec vous, c'est ça?
M. Belzil
(Louis) : Absolument.
M.
Pelletier (Hubert) : Bien,
notamment, notamment. Puis ce qu'on a peur, un peu, pour un organisme de
conservation ou, même, je dirais... Je ne veux pas parler au nom de mon conseil
d'administration, mais, si... Nous, on protège déjà une propriété qu'on
souhaite désigner réserve naturelle, pour se doter des pouvoirs de l'État, pour
nous aider à renforcer la protection de ce territoire-là. Mais, si, en le
désignant, on s'expose à des amendes pouvant aller jusqu'à 6 millions de
dollars, probablement que ça peut être...
M. Arseneau :
Un désincitatif?
M. Pelletier
(Hubert) : ...les gens vont à y penser à deux fois, etc. Donc, c'est
pour ça qu'on demande au gouvernement, dans
le cas des réserves naturelles et du régime de sanctions pécuniaires, dans le
projet de loi, de s'adapter un petit peu à la réalité des organismes. Mais on
comprend que le projet de loi est là pour l'ensemble des statuts et que,
dans une réserve écologique, il faut
probablement avoir du mordant, c'est certain. Mais, dans le cas d'une réserve
naturelle détenue par un organisme, il y a peut-être une deuxième mesure
à adopter.
M. Arseneau :
Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avons.
Mémoires
déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires des
personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus durant ces
consultations. Ces mémoires seront disponibles sur le site de l'Assemblée
nationale.
M. Pelletier,
M. Belzil, merci beaucoup pour votre contribution à nos travaux. M. le
ministre, je vous remercie beaucoup, MM. et Mmes les députés également.
La commission ajourne maintenant ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)