(Neuf heures trente-sept minutes)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil
électronique.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 44, Loi
visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les
changements climatiques et à favoriser l'électrification.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme
la Présidente. M. Girard
(Lac-Saint-Jean) remplace M. Caron (Portneuf); Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)
remplace M. Lamothe (Ungava); M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace
M. Barrette (La Pinière); M. Kelley (Jacques-Cartier) remplace
Mme Montpetit (Maurice-Richard); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) remplace
Mme St-Pierre (Acadie); et M. Gaudreault (Jonquière) remplace
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. Lors de l'ajournement de nos travaux d'hier, nous en étions à
l'étude d'un sous-amendement présenté par le député de Viau à un amendement
proposé par M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions sur ce
sous-amendement? M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, bonjour à toutes, bonjour à tous. Alors,
nous sommes... c'est un nouveau jour,
ce matin, mais à peu près les mêmes arguments que nous allons reprendre,
c'est-à-dire en espérant que, la nuit portant conseil, le ministre
puisse se rendre à nos arguments.
Alors, évidemment, ce sous-amendement, nous
l'avions proposé dans la perspective, comme je l'ai dit hier, Mme la Présidente, qu'aujourd'hui plus que jamais
cet enjeu-là commande que nous ayons pensé à, évidemment, ce qui est nécessaire, ce qui doit être fait, ce que nous
pouvons faire. Et c'est dans ce sens que nous pensons que les domaines
de compétence, donc, des membres de ce
comité-là doivent être prévus, et c'est ce que nous avons tenté de faire, c'est
ce que nous faisons à travers ce
sous-amendement, sans être exhaustifs,
je le rappelle, sans être exhaustifs, parce
qu'il y a toute la latitude... ce sous-amendement-là donnerait toute la
latitude de pouvoir prévoir d'autres compétences additionnelles.
Ce n'est pas
une liste, comme j'entendais le ministre l'évoquer hier, fermée, bien au
contraire, bien au contraire. C'est
davantage un sous-amendement qui dit : Prévoyons ce que, déjà, d'autres
instances, d'autres organismes en matière de lutte contre les changements climatiques, en matière de protection de
l'environnement nous demandent de prévoir à travers ce comité-là et
donnons-nous la latitude de pouvoir aussi, en même temps... tout en prévoyant
de pouvoir avoir cette flexibilité aussi
d'ajouter d'autres compétences. C'est ça, le coeur de ce sous-amendement. Et
j'espère que le ministre le verra ainsi. C'est ce que je souhaite, car
nous sommes un nouveau jour ce matin.
• (9 h 40) •
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette :
Mme la Présidente, bonjour. Bon début de journée. Bonjour, chers collègues. Je
nous souhaite une journée aussi constructive que celle d'hier, en
espérant qu'on puisse avancer aussi rondement qu'hier.
Sinon,
peut-être répéter, j'espère pour la dernière fois, ce qui a été dit à plusieurs
reprises au cours des échanges de la
journée d'hier, et c'est un principe général. Le gouvernement est très, très
volontaire à entendre des sous-amendements, des amendements. Le gouvernement est très volontaire, et en a fait la
démonstration au cours des dernières semaines, qu'il peut et qu'il est intéressé à adopter des
amendements proposés par les oppositions. Cependant, le gouvernement est
ferme dans sa volonté de ne pas modifier le
projet de loi pour des raisons essentiellement cosmétiques. Ce que j'ai
mentionné à plusieurs reprises au cours des
dernières semaines : On ne défoncera pas des portes ouvertes, on ne
modifiera pas un article lorsque son
contenu est répété ailleurs dans le projet de loi ou que les garanties sont
offertes ailleurs dans le projet de loi, on ne mettra pas, en jouant avec les mots, des bretelles à répétition, des
ceintures à répétition. Bref, les amendements, pour être considérés,
devront avoir un impact réel sur le projet de loi.
Concernant l'amendement...
le sous-amendement que nous étudions actuellement, c'est un petit peu ce qu'il veut faire. Il veut
faire quelque chose qui est déjà garanti dans le projet de loi. L'article, tel
que proposé, repose essentiellement sur
le modèle des meilleures pratiques à travers le monde, avec des comités qui ont
réellement démontré leur expertise et leur façon d'aider... les moyens à
leur disposition d'aider les gouvernements qui sont intéressés à faire une
différence au niveau de la lutte aux changements climatiques.
Hier, j'ai lu
à plusieurs reprises... Vu que c'est une nouvelle journée, je veux bien le
répéter une dernière fois, mais, dans l'article que nous proposons de
notre côté, avec la formulation que nous retenons, on a cette souplesse-là qui est nécessaire, c'est-à-dire, lorsque l'on lit :
«Les membres doivent avoir collectivement une compétence et une expérience significatives et pluridisciplinaires
en matière de lutte contre les changements climatiques et la majorité
doit être issue du milieu scientifique», la compétence nécessaire au comité,
elle y sera.
Et le collègue qui a déposé le sous-amendement a
en partie lui-même avoué que son sous-amendement était inadéquat parce qu'il
proposait déjà de le modifier en ajoutant le mot «notamment». Et pourquoi on ne
se risque pas dans une liste comme le
propose le collègue? C'est qu'une liste, ça peut devenir rapidement exclusif,
ça peut devenir rapidement un frein aux bons travaux d'un comité, et
c'est cette indépendance-là que l'on veut assurer au comité lui-même.
Le comité aura tout à fait le loisir, et j'ai lu
les articles qui s'y référaient, de solliciter une expertise supplémentaire, de solliciter des membres
supplémentaires pour compléter l'expertise qui pourrait être manquante,
mais surtout le comité sera constitué sur la
base même de la mission qu'il doit rencontrer. Donc, c'est clair que le
Scientifique en chef, lorsqu'il proposera sa
liste de membres, il devra s'assurer de cette complémentarité des compétences.
C'est le mandat qui est confié au
Scientifique en chef. C'est un mandat de la toute, toute première importance.
Et, si, encore une fois, la mouture
de ce premier comité était composée de neuf membres et qu'à l'usage les
membres... le comité devait
réaliser : Cette expertise-là dans un domaine précis, nous ne l'avons pas
autour de la table, c'est là où on pourra l'ajouter.
Mais le collègue,
en voulant déjà modifier son propre sous-amendement, a réalisé les failles de la proposition
qu'il mettait sur la table. Et les autres
comités, à l'international, qui constituent les meilleures pratiques se sont
donné... Et même, on ne se le cachera
pas, hein, on ne veut pas réinventer la roue, lorsqu'un système est bien
établi... Cette formulation, ce paragraphe-là
que je vous ai lu, la Nouvelle-Zélande a essentiellement la même formulation, et c'est
un bel exemple, là, qui peut nous inspirer.
Donc, on ne
réinvente pas la roue. Lorsque ça fonctionne, on s'en inspire. Et laissons, s'il vous plaît... On jugeait tous nécessaire
d'avoir un comité indépendant. Laissons l'indépendance au comité de déterminer
quelles sont les expertises qui pourraient être manquantes pour
s'acquitter de façon convenable de sa mission.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, le ministre semble vouloir
nous reprocher notre approche constructive dans ce dossier-là, donc, et
je trouve ça regrettable puisque, si le ministre affirme sa fermeté, c'est le mot qu'il a utilisé, de vouloir
avancer dans ce projet de loi, je vais aussi... j'ose affirmer notre
fermeté aussi à vouloir travailler sur l'amélioration de ce projet de loi. Pour
nous, c'est quelque chose de très important.
Et, comme M.
le ministre a évoqué le rôle du Scientifique en chef en disant qu'il devra
s'assurer de, je vais tenter de rappeler à M. le ministre que nous avons
voulu donner un véritable rôle fort au Scientifique en chef et que le rôle du
Scientifique en chef dans ce dossier-là reste un rôle de consultation, donc.
Et je vais
poser une question à M. le ministre : Est-ce qu'il peut nous dire, dans
sa... quel est, selon lui... quels sont les domaines de compétence que
lui, il verrait dans ce comité-là? Puisqu'il nous a parlé, notamment, des
meilleures pratiques qu'il a vues dans d'autres secteurs, est-ce qu'il peut
nous dire quels sont les domaines de compétence ou d'expertise qu'il verrait,
lui, comme ministre de l'Environnement, dans ce comité-là?
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Pour éviter de
perdre du temps, je vais tout simplement et de façon très, très amicale inviter
le collègue à réécouter nos échanges d'hier. La réponse a été fournie à plus
d'une reprise.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau. Par la suite, ce sera le député de D'Arcy-McGee.
Question de règlement, monsieur...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. M. le député.
M. Benjamin :
À ce que je sache, Mme la Présidente, je n'ai pas entendu l'ombre d'une réponse
en ce sens de la part du ministre. Et
la question que je vous pose, elle est toute simple, est fort simple,
c'est-à-dire c'est lui qui nous a parlé, notamment, des meilleures
pratiques lors de son avant-dernière intervention, et, moi, ce que je cherche à
savoir : Comme ministre de
l'Environnement, est-ce qu'il peut nous dire quels sont les domaines de
compétence ou d'expertise qu'il
verrait dans ce comité-là? Et, jusqu'à présent, je n'ai pas souvenir avoir eu
de réponse à ce sujet. Donc, ma question demeure entière, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Avez-vous une autre question ou...
M. Benjamin : C'est ma
question.
La Présidente
(Mme Grondin) : ...vous souhaitez reformuler autrement?
M. Benjamin :
Alors, si vous souhaitez que je la reformule autrement, donc, je peux toujours la
reformuler autrement. Vous savez, Mme la
Présidente, un comité comme celui-là,
ce n'est pas un comité où on peut aller au hasard. Il nous faut nous assurer, donc, qu'on ait les
bonnes compétences, les bonnes expertises dans ce comité-là. Donc, je
cherche à savoir est-ce que
M. le ministre a eu le temps de réfléchir, donc, sur quels sont
les domaines de compétence que, lui, dans sa lecture, dans les conseils
qu'il a obtenus, qu'il verrait, donc, dans le cadre de ce comité-là
d'expertise.
M. Charette : ...bien que la question ressemble étrangement
à celle répondue à plusieurs reprises, l'énumération qui est faite par le collègue
dans son sous-amendement fait du sens. C'est clair que ce sont des compétences
que le Scientifique en chef devra réunir. Mais s'engager dans une liste est toujours
un exercice périlleux. Le collègue le dit lui-même que son amendement aurait tout
intérêt à être changé. Donc, pour éviter de jouer avec les mots, on a retenu
la formule : qui devra réunir ces compétences-là.
Et
peut-être un élément important à mentionner aussi, on parle d'un comité de
scientifiques essentiellement tous indépendants. Cette question-là, on
l'a réglée de façon adéquate, je pense bien. Mais mettez-vous dans la tête d'un
scientifique reconnu. Aucun scientifique
n'acceptera de se joindre à un comité s'il n'a pas les outils et l'expertise à
sa disposition pour rencontrer la mission et
l'objectif de cedit comité-là. C'est sa crédibilité, c'est sa réputation qui
pourraient être menacées. Donc, les scientifiques, entre eux, avec le
Scientifique en chef, s'assureront d'avoir les compétences nécessaires.
Autrement, ils ne prendraient pas le risque de compromettre leur réputation.
Donc,
on veut, encore une fois... J'ai fait un petit calcul rapide ce matin, on est à
55 heures d'étude détaillée avec, je pense, un article et demi,
deux articles d'adoptés. On défonce des portes ouvertes. Ces garanties-là sont
largement démontrées par ce qui a déjà été
adopté, par ce qui est déjà dans le projet de loi et qu'on abordera dans les
prochains instants si les oppositions acceptent de passer à l'étape
suivante. Donc, je pense que le collègue peut aisément être rassuré par les
garanties qu'offre le projet de loi.
• (9 h 50) •
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Je constate que l'opposition officielle, deuxième et
troisième opposition, on attend notre
bulletin de mercredi, mais avec intérêt. Écoutez, le ministre, Mme la
Présidente, insiste qu'il a donné sa réponse finale. Moi, je comprends qu'on peut lui
donner l'opportunité, toujours, de donner d'autres réponses, jusqu'à tant
que la présidence décide que nos questions sont irrecevables et que les
discussions ne se poursuivent pas comme il faut. Je comprends que c'est le
mandat unique et exclusif de la présidence. Par contre, la réponse finale du ministre,
qu'il vient de donner à mon collègue de Viau, ajoute deux éléments. Et
je me permets, si je peux, continuer à questionner
le ministre sur notre sous-amendement en bonne et due
forme, qui, j'insiste, ajoute des éléments très porteurs à l'article
devant nous.
Le ministre a parlé
du cosmétique, et je me demande s'il confond le mot «cosmétique», qui a toute
sa connotation auxiliaire, en quelque part, pas
si nécessaire que ça, sans grand fondement, est-ce qu'il confond ce mot-là
avec trois mots qui sont au fond de notre
sous-amendement et trois mots qui sont primordiaux dans
l'exercice de nos fonctions ici et,
pour moi, dans l'implantation éventuelle d'un projet de loi, si importants, c'est-à-dire «la transparence», «l'imputabilité» et «rigueur».
Si
ce comité est pour jouer ses fonctions comme il faut, il faut que ça soit...
ses paramètres et son fondement et sa mission soient clairement connus — donc,
la transparence — que
les antécédents des membres soient clairs. Oui, je comprends que ça va être des membres crédibles, avec une certaine
expertise, peu importe le libellé final, mais transparence dans le sens que : Est-ce que, quand on
parle... Et, si — le
ministre, à juste titre, le répète, que l'implantation d'un tel projet de loi va être l'attache pas exclusive du ministre
mais de chacune des instances et, en quelque part, de chaque individu du
Québec — si on est pour outiller les intervenants et, comme
je dis, même chaque individu à jouer son rôle dans notre... vers notre piste primordiale de réduction des gaz à effet de serre, il faut les équiper. Pour les équiper, il faut qu'ils
comprennent comment se déroule ce processus-là, donc une transparence.
«Imputabilité», je
dis... j'offre ce mot-là dans toutes ses nuances. Je comprends le rôle
primordial du premier ministre, je comprends, et nos efforts ici sont pour
bonifier un deuxième partenaire absolument essentiel : ministre. Je comprends que nous sommes devant un gouvernement majoritaire. Alors, cette imputabilité se joue avec toutes les
règles du jeu en bonne et due forme d'un gouvernement majorité. Mais une imputabilité implique information, antécédents
clairs, implication du monde touché par le sujet.
Rigueur.
Bon, «rigueur», il me semble que c'est un mot, de ce côté, que nous avons
besoin de répéter presque chaque jour quand il s'agit de ce projet de
loi, quand il s'agit d'un projet de loi n° 61 qui
n'était pas assujetti aux consultations
comme il faut, quand il s'agit d'un bâillon sur une loi qui touche à ce qu'on
parle, le n° 34 sur l'Hydro-Québec
et les tarifs imposés sur le monde.
Rigueur : Est-ce qu'on peut se prévaloir des données probantes? Le ministre continue à répéter le mot
«scientifique». Bon, dans cette piste, est-ce que nos décisions peuvent être
alimentées par les données probantes, par
une obligation d'utiliser et de se prévaloir de la recherche et de l'expertise
des partenaires, d'ailleurs, qu'on n'aurait
pas entendus ici suite aux circonstances qui ont complètement changé, c'est-à-dire la pandémie? Rigueur. Alors, je m'excuse d'essayer de
caricaturiser notre amendement... sous-amendement comme cosmétique. De ce côté,
on parle de la rigueur.
Bon,
dernière chose, et là j'ose croire que le ministre, même si, lui, à plusieurs
reprises, de façon magistrale, s'est tranché en disant que, oui, j'ai donné ma réponse finale, il y avait
un autre élément dans sa dernière réponse. Il parlait du fait que notre
proposition risque d'avoir un effet pervers parce que ça risque de dire... de
suggérer que c'est une liste exhaustive. Le
député de Viau a tendu la main déjà, et on est prêts, à la
seconde qu'on a un signal, à resoumettre notre sous-amendement avec le
mot «notamment». Comment, avec le mot «notamment», est-ce que cette liste-là
peut être exhaustive? Le mot «notamment»
implique, suggère que voilà quelques-unes
des qualités primordialement importantes, et le législateur comprend que cette liste risque de ne pas être exhaustive.
C'est exactement ce que ça veut dire, ce mot-là.
Alors,
compte tenu que le ministre a ouvert un autre petit chantier dans sa dernière
réponse, j'ose espérer qu'il va prendre la parole pour répondre à mes
questions, surtout sur l'emploi du mot «cosmétique», et de nous parler de comment le libellé actuel, advenant un refus de ce
sous-amendement, va répondre aux questions très importantes sur
les questions de transparence, imputabilité et rigueur.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Mme la
Présidente, je suis de très bonne
humeur ce matin, donc tout à fait volontaire pour jaser, lorsque nécessaire, avec les collègues
dans la mesure du raisonnable, hein? On ne répétera pas continuellement ce
qui a été dit. Mais les propos du collègue
m'amusent beaucoup. En fait, c'est peut-être une des raisons de
ma bonne humeur. Il parle de rigueur, de transparence et d'imputabilité,
trois qualificatifs qui justifient le projet de loi lui-même et trois
qualificatifs qui n'ont pas été retenus pendant la gouvernance libérale de ce Fonds
vert, notamment.
Si on dépose le projet de loi n° 44, si on
l'étudie, si on veut faire des modifications, c'est que les années ont démontré
que la gestion du Fonds vert par les libéraux manquait cruellement de rigueur,
manquait cruellement de transparence et
manquait cruellement d'imputabilité. Personne n'était responsable chez les
libéraux. Et la preuve en est que les
libéraux eux-mêmes se sont fixé un objectif de diminution de gaz à effet de serre de 20 % qu'on devait atteindre en 2020. Nous en sommes où? Nous en sommes à moins 9 %. Donc, manque d'imputabilité parce que
personne n'en a assumé la responsabilité, tout le monde s'en dégageait.
Manque de
transparence. Un comité de gestion du Fonds vert, oui, qui peut remettre des
avis, oui, mais que le ministre se garde de publier lorsque les avis ne
lui conviennent pas. C'est aussi un élément que l'on souhaite corriger à
travers ce projet de loi.
Et, lorsqu'on
parle de rigueur à travers le projet de loi n° 44, je veux aussi lui faire
mention et lui rappeler que c'est un
rôle que l'on confie au Scientifique en chef. Donc, si la procédure manque de
rigueur, c'est laisser croire, ou laisser entendre, ou penser que le Scientifique en chef manquerait de rigueur
dans l'exercice de ses fonctions, ce qui me semble complètement, mais
complètement surréaliste.
Et un autre petit rappel sur la pratique
libérale des dernières années. Lorsqu'un comité semblable a été formé, comment l'a-t-il été? À travers la publication
d'un simple communiqué de presse, sans aucune intervention du
Scientifique en chef. Bref, la seule discrétion du gouvernement a permis de
constituer ce comité. C'est une autre erreur qu'on ne veut plus reproduire. C'est une autre erreur qui a fait
extrêmement mal à la lutte du Québec dans les changements climatiques. C'est une autre
erreur qu'on ne reproduira pas. Et, non, on ne fera pas comme les libéraux, on
ne produira pas un communiqué en fin de
journée disant : Voici la liste des membres du comité que nous instituons.
C'est une responsabilité que l'on confère au président du comité et au Scientifique
en chef. Donc, rigueur, c'est l'invitation que je lance au collègue de
l'opposition officielle ce matin.
• (10 heures) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Je vais laisser le député de D'Arcy-McGee intervenir, mais, par la
suite, je vous inviterais à revenir sur le sous-amendement, s'il vous
plaît. M. le député.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Sur le sous-amendement, c'est ça. Dans un premier
temps, écoutez, si le ministre veut
changer de côté et retourner à ses tâches comme membre de deuxième opposition,
tant mieux, on peut se lever pour changer de place s'il insiste de
continuer à faire le procès de l'ancien gouvernement. Sa mémoire est assez sélective aussi. Il oublie complètement ce qui a
été endossé par la plupart des interventions en consultation. Le Fonds
vert, tel qu'ajusté de façon fondamentale
par le gouvernement précédent, a fait son travail en toute transparence. Bon,
en tout cas, s'il veut que ça avance, son projet de loi, alors peut-être
qu'il peut se rappeler qu'il est ministre maintenant et plus membre de deuxième
opposition.
Aussi, pour une deuxième fois, je crois que, de
façon très claire, le député de Jonquière, hier, a répliqué à la suggestion que plusieurs de nos interventions
peuvent être décrites comme une atteinte sur l'intégrité, l'intelligence
et l'indépendance du Scientifique en chef.
Quelle absurdité! Ce n'est pas ça qu'on dit. Et d'ailleurs le Scientifique en
chef actuel, Rémi Quirion, s'illustre partout au monde, et on est tellement
chanceux d'avoir un homme de cette qualité dans ce poste-là.
Finalement,
les trois critères que j'ai mentionnés doivent être attachés à quelque chose,
et en voilà l'opportunité de mettre
en grand relief ces trois critères-là, que le ministre vient, j'imagine,
d'admettre... ne sont pas du tout cosmétiques. Alors, on invite,
finalement, le ministre à comprendre que nous sommes en train, de ce côté,
l'opposition officielle, deuxième et
troisième oppositions officielles, de bâtir quelque chose qui va être
défensable, qui est défensible, qui va avoir des balises sérieuses et qui va faire en sorte que tout le monde peut
jouer leur rôle. Alors, je conclus sur l'amendement.
Si je peux me
permettre, Mme la Présidente, juste de poser une question sur la suite des
choses. Nous n'avons pas de nouvelles, ça fait une semaine qu'il y a un
amendement en suspens sur des consultations avec des communautés autochtones,
et on attendait des précisions, si j'ai bien compris, suite aux discussions
que le ministre aurait eues avec le Secrétariat des
affaires autochtones ainsi qu'avec, bon, les conseillers juridiques. Si on peut
avoir des nouvelles là-dessus, ça serait intéressant aussi. Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : M. le
ministre, sur l'article en suspens
concernant... est-ce qu'il y a des nouvelles?
M. Charette : Je le mentionnais la semaine dernière, il y a
une validation qui doit être faite au
niveau du Secrétariat des
affaires autochtones, également au niveau des affaires juridiques. Donc, on
vous revient dès que la réponse nous parvient. Dans tous les cas, ça ne nous empêche
nullement de procéder à l'étude des autres articles. Donc, dès que
possible, on vous revient, mais ça ne doit pas être un argument pour retarder
l'avancement de nos travaux.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Bourget, et, par la suite, il y aura
Mme la députée de Mercier. M. le député de Bourget.
M. Campeau : Les domaines de compétence, on en a parlé
abondamment. Je reviens sur quelque
chose que j'ai mentionné hier. Je trouve que c'est une contribution que d'avoir fait une liste comme ça, je le dis en toute simplicité.
Je ne suis pas en train de me moquer de qui
que ce soit, je trouve que c'est intéressant. C'est donc dans nos enregistrements, et
donc le Scientifique en chef a l'occasion de l'utiliser. Alors, je pense que le
but, pour moi, il est atteint.
Je pense
qu'on devrait aussi se méfier du mot «cosmetics», parce que «cosmetics», en
anglais, ça ne veut pas tout à fait dire «cosmétique» en français.
Il y a des nuances. On utilise le mot «cosmetics» en anglais souvent pour dire
que ça n'a pas de valeur. Ce n'est pas ça qu'on veut dire dans ce
cas-là.
Alors, j'ai
l'impression que les... Ce que je vais vous dire, là, je ne le dis pas parce
qu'on est un gouvernement majoritaire,
je dis juste ça parce que je le pense profondément. Le ministre
a dit qu'on veut rester ferme sur la façon de présenter le projet de loi et de ne pas faire des changements qui soient
mineurs ici et là si ça veut dire la même chose. Je comprends très
bien, comme l'a dit le député
de Viau, qu'on peut voir les choses différemment et faire preuve de
fermeté au niveau de la première opposition aussi, je le comprends très bien.
Et, si ce n'était pas comme ça, ça ne servirait à rien d'avoir une opposition.
Je comprends ça.
Ceci dit,
est-ce qu'on n'aurait pas fait le tour de nos arguments maintenant? Je
n'entends plus de nouveauté, là. Je pense qu'on a fait le tour des
arguments. Je vous suggère fortement de passer au vote.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée de
Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci, Mme la Présidente. Moi,
j'avais une question. Parmi cette
liste-là, est-ce qu'il y a des spécialités
ou des expertises, par exemple, qui ne sont pas là? Juste pour savoir, par exemple,
d'autres expertises qui ne sont pas
là et que les experts ou les scientifiques qui seraient nommés sur le comité
auraient, par exemple? Je veux juste savoir si le ministre a réfléchi à
ça, par exemple, d'autres... des exemples concrets, là.
M. Charette :
Ce que je mentionnais, c'est clair que ces compétences seront nécessaires pour
la réalisation de la mission du
comité. C'est clair que la liste que proposera le... je dis tout le temps
«commissaire», mais le Scientifique en chef comportera des compétences de cette nature-là, mais, en même temps, il
faut laisser au comité la possibilité d'évaluer les expertises qui sont manquantes. J'ai des idées, ce
n'est pas à moi à les exposer à ce moment-ci, je ne veux d'aucune façon interférer dans l'indépendance que l'on confère à
ce comité, mais, clairement, si le comité n'a pas le sentiment d'avoir
les bonnes compétences, d'avoir les bonnes
expertises autour de la table, il a l'indépendance de se gouverner. Des
propositions pour ajouter des membres pourront être faites en partenariat avec
le Scientifique en chef. Donc, c'est au comité de se donner l'expertise
nécessaire pour s'acquitter de la mission.
La mission,
elle est clairement définie. L'indépendance est clairement reconnue. Donc,
c'est au comité de nous dire :
Il nous manque telle expertise, il nous faudrait telle, telle compétence
supplémentaire autour de la table. Parce qu'au final, si ces compétences-là ne sont pas réunies, je le mentionnais tout
à l'heure, c'est la réputation même des scientifiques autour de la
table, là, qui pourrait être questionnée, et je ne connais aucun scientifique
qui serait prêt à risquer sa carrière parce que cette personne aurait accepté
de se joindre à un comité qui n'a pas les moyens de ses ambitions.
Mme Ghazal :
Bien, en fait, moi, quand je pose la question, ce n'est pas pour dire :
Ah! est-ce qu'on est sûrs qu'on a
toutes les compétences, qu'on remet en doute... Ça, c'est sûr et certain, mais
c'est peut-être possible qu'on se retrouve avec un comité où c'est surtout scientifique puis sciences pures, par
exemple, parce que le président ou le Scientifique en chef, ils ont plus, si on veut, pas cet intérêt-là, mais
ils trouvent que c'est ça, le plus pertinent, puis de le concentrer, puis
peut-être qu'on va oublier d'autres filières.
Puis je pose
la question au ministre, parce que sûrement qu'il y a réfléchi, parce que
15.0.2, c'est marqué que «les membres
doivent avoir collectivement une compétence [...] une expérience significatives
et pluridisciplinaires en matière de lutte [aux] changements
climatiques». Le pluridisciplinaire, ça, c'est sûr, on peut dire : Bien
oui, ça ne peut pas être juste science pure, ça peut être aussi économie, ça
peut être l'adaptation.
Mais, par exemple, ce n'est pas si certain qu'une personne qui a une expertise
avec les Premières Nations va se retrouver
sur le comité. Ce n'est pas clair et certain juste parce qu'on a dit pluridisciplinaire. Puis ça n'en fera pas moins un comité d'experts crédible, sérieux, qui va faire
un travail extraordinaire puis qui va être reconnu par tout le monde. Et même, à la limite, je
veux dire, tout le monde va trouver que c'est bien, le travail qu'ils
font, mais... Donc, ça, c'est un risque possible, dépendamment, si on veut, des compétences, de l'expertise, et
des connaissances, et même des penchants, des fois, de ces experts-là, qui disent : Bien, ce
n'est pas vraiment nécessaire, ça ne fait pas partie de notre mandat, de notre
mission. Il y a d'autres... Il y a
le ministère aux Affaires autochtones qui peut s'occuper
de ça. Nous, on trouve que ce n'est pas nécessaire. Est-ce que le ministre
reconnaît que ça serait possible, ça fait partie des possibilités? Mais ça
n'enlèvera pas la crédibilité, c'est ce que je dis.
• (10 h 10) •
M. Charette : Je ne sais pas si la collègue,
et je ne présume de rien, a eu le plaisir d'échanger avec le Scientifique
en chef. J'ai eu ce plaisir-là à quelques reprises. Et le Scientifique en chef est aussi intéressé par les sciences dites pures que les sciences sociales. Et
on l'a très bien expliqué hier et dans les explications, là, des jours précédents : les compétences recherchées ne
sont pas uniquement, par exemple, en physique quantique. Ou on veut des scientifiques
avec une maîtrise des sciences appliquées qui permettront de faire une
différence, et ça implique les sciences sociales.
Le collègue
de Bourget, à plusieurs reprises, a réitéré l'importance de la mobilisation pour arriver aux résultats que l'on souhaite atteindre. Le gouvernement seul n'y parviendra pas. Donc, il faudra mobiliser la population.
Et, lorsqu'on dit ça, on réfère davantage
aux sciences sociales. Donc, j'ai confiance pleinement et entièrement en le professionnalisme du Scientifique en chef pour nous
proposer une liste de membres qui pourront, autant à travers les sciences dites
sociales qu'à travers les sciences dites pures... de donner les moyens à ce
comité d'atteindre ses objectifs.
Mme Ghazal : Donc, le ministre
me dit que c'est sûr qu'il va y avoir quelqu'un ou des expertises qui ont la
compréhension des particularités des régions, du territoire québécois et des
impacts spécifiques des changements climatiques sur ceux-ci, notamment dans les communautés
inuites et les Premières Nations? Ça, c'est... On fait confiance, on pense qu'il va y avoir quelqu'un
qui a cette expertise-là. Ou le
ministre pourrait dire : Bien, si les scientifiques et les experts jugent que ce n'est pas nécessaire parce
qu'il y en a d'autres qui s'en occupent. C'est correct, je fais
confiance à ce qu'ils me disent. Moi, en tant que ministre, je ne trouve pas
que c'est vraiment nécessaire que cette expertise-là se retrouve au sein du
comité.
M. Charette :
En fait, je souhaiterais qu'il n'y ait pas d'interprétation de mes propos. Ce
qui a été dit aujourd'hui, ce qui l'a
été hier, ce qu'il a été dit et mentionné à plusieurs reprises au moment de la
consultation, et je l'ai répété à travers la lecture d'un article qu'on
va finir, peut-être un jour, par étudier sur l'indépendance de la gouvernance
du comité, il y aura, pour ce comité, la
possibilité non seulement de demander un membre supplémentaire si on n'a pas
atteint le nombre maximum de 13, mais
aussi de consulter. C'est un comité qui aura tout le loisir de... On l'a dit,
tout le monde voulait être sur ce
comité-là, hein, c'est probablement l'élément qui a fait l'unanimité, les
34 groupes croyaient, et sans doute à juste titre, avoir
l'expertise nécessaire pour faire une différence dans les travaux du comité. On
s'entend que les 33, 34 groupes ne pourront pas être du comité, mais ça a
aussi été dit que le comité constitué pourra consulter à son tour.
Donc, si,
pour un enjeu... et je ne le nomme pas, mais si, pour un enjeu en particulier,
l'expertise est soit incomplète ou un
complément d'information est nécessaire, l'article, je l'ai lu à plusieurs
reprises hier, le comité sera libre d'établir ses façons de travailler.
Donc, reconnaissons leur indépendance. En fait, depuis le début, et je ne fais
pas référence particulièrement à la députée
de Mercier, on semble reprocher au gouvernement de dire : On veut... Le
gouvernement veut une emprise telle qu'on s'arrogerait tous les pouvoirs. C'est
tout le contraire. C'est un comité qui sera composé à la suggestion du Scientifique en chef. Donc, on ne
veut pas le contrôler, ce comité-là. On ne veut pas lui dicter ses
façons de faire. On ne veut pas lui dire que telle ou telle expertise
mériterait d'être renforcée. C'est au comité, en fonction de la mission à
réaliser, qui va déterminer ses façons de travailler.
Mme Ghazal :
Des fois, vous savez, on est dans la discussion, on essaie d'améliorer les
choses, il ne faut pas être susceptible
puis penser que, ah! le gouvernement se fait accuser comme quoi il veut avoir
une mainmise. Non, on pose des questions.
Il n'y a pas toujours d'arrière-pensée dans les questions qu'on pose, même si,
des fois, les questions peuvent être posées
maladroitement, ça, je le reconnais, ça peut arriver. Donc, ce n'est pas ça. Je
comprends que ça ne s'adressait pas à moi, mais moi, j'ai écouté les échanges
et je ne sentais pas ça non plus.
M. Charette : Un complément...
Mme Ghazal : Il ne faut pas juste... Il faut juste comme... Ce
que je me dis, c'est que, si on veut qu'il y ait place à la discussion... Je veux dire, moi, j'avais
d'autres choses, cette semaine, déjà prévues et j'ai annulé. Et le travail que
je fais est extrêmement important, et chaque parole que je mentionne ici, j'y
crois. Et ce projet de loi, j'y crois fondamentalement, même s'il est
très peu suivi, ce projet de loi là, mais je sais à quel point il est important
pour la suite des choses, pour qu'après ça on puisse atteindre nos cibles de
réduction de gaz à effet de serre.
Et je sens une impatience de la part du ministre
qui me dérange et, des fois, je me dis : Quand je vais poser la question,
comment est-ce qu'il va prendre ça? Donc, j'apprécierais qu'il y ait une plus
grande ouverture et qu'il n'y ait pas tout
le temps des commentaires sur quand
on va passer au prochain, quand on va passer au prochain. Tout le monde veut passer au prochain, mais c'est important
d'avoir la discussion jusqu'au bout. Et, quand il y a une question, en tant
que députée, qui me vient à l'esprit en
écoutant les échanges, il ne faut pas que je me sente mal de la poser. Ça fait
partie de mes droits, et je ne veux pas avoir tout le temps des
commentaires sur quand on va passer au prochain.
M. Charette :
Mme la Présidente, je pense que la mise au point, elle est pertinente à ce
moment-ci. Je lis la revue de presse,
comme nous tous, j'imagine. Quand je vois des déclarations de la collègue et
des collègues de l'opposition disant ouvertement
vouloir bloquer un projet de loi, c'était dans la revue de presse ce matin.
Lorsque la députée, il y a quelques instants
à peine, envoie un tweet, me disant ou me déclarant porte-parole de l'industrie
gazière, je comprends qu'elle ne le dit pas en Chambre, mais ça teinte
une personnalité, ça teinte des intentions et, oui, ça me permet de douter un
petit peu de la volonté d'aller de l'avant avec l'étude du projet de loi.
Donc, je
laisse la place entière à l'opposition. D'ailleurs, je m'abstiens de répéter
indéfiniment les mêmes choses. Donc, la députée, ses droits sont
entièrement respectés, mais je lui rappellerai, si elle l'a oublié, le tweet
qu'elle a envoyé, il y a quelques instants, auquel j'ai répondu. Je
l'inviterai, si elle ne l'a pas fait, à la lire, la revue de presse de ce
matin.
Donc,
ce n'est pas de l'impatience de notre côté. On se dit uniquement :
Lorsqu'une question est réglée, elle l'est, on passe à l'article suivant. Si c'est vous, et je dis «vous» au niveau
des oppositions, qui souhaitez passer trois heures sur le débat sur un
mot comme on l'a fait hier, libre à vous. C'est libre à vous, mais je ne pense
pas que ce soit toujours nécessaire de répéter 10 fois, 20 fois,
30 fois ce qui a déjà été mentionné.
Mais je suis très de bonne humeur. C'est à vous
de vous gouverner...
La Présidente
(Mme Grondin) : ...je pense que le message a été clair...
Mme Ghazal : ...peut-être qu'il
devrait... Moi, c'est ma troisième commission avec d'autres ministres du gouvernement. Il devrait peut-être s'inspirer
d'autres ministres. Ils répétaient, ils répondaient aux questions. Oui,
c'est un petit peu... c'est difficile d'être ministre puis de discuter d'un projet
de loi important...
La
Présidente (Mme Grondin) : S'il vous plaît! On revient au sous-amendement, et je vais
devenir impatiente. S'il vous plaît, soyons constructifs. Les débats ou enjeux politiques,
la... Je veux qu'on revienne au sous-amendement.
On est sur le sous-amendement du député de Viau. S'il vous plaît, poursuivons.
Mme Ghazal : À ce que je sache,
moi, je n'ai pas parlé de tweet ici puis je n'avais pas l'intention de le
faire.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée, s'il
vous plaît, je vous le demande
fermement... je l'ai dit, on revient
au sous-amendement, s'il
vous plaît. On ne fera pas ça pendant
tout le temps, là. Donc, je vous le dis à tous ici, moi, je suis ici pour le projet de loi, pas pour une
guerre entre les partis politiques. On revient au sous-amendement, et je
vais devenir très impatiente. Je le dis à tout le monde. Merci.
Donc, la parole était à vous, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Je sens que, quand on parle de ce côté-là, la
présidente intervient, mais, quand il s'agit de l'autre côté, de parler
de tweet puis de ce qui se fait dans la revue de presse, je pense que c'est de
mauvaise foi.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée, s'il
vous plaît!
Mme Ghazal : Mais c'est bon, je
vais me taire, j'ai compris.
La Présidente
(Mme Grondin) : Vous avez eu le temps, je vous ai laissé
du temps, j'ai laissé au ministre répondre,
ça suffit. Je vous ramène au sous-amendement. Et soyez assurée que, si M. le ministre fait aussi ça, je vais le ramener vers le sous-amendement.
Mme Ghazal : ...temps, on a
20 minutes par article, donc si le ministre nous dit tout le temps...
La Présidente
(Mme Grondin) : Effectivement.
Mme Ghazal : ...au sous-amendement, il nous dit tout le temps : Il faut
revenir, il faut avancer, il faut avancer, ça, j'aimerais ça aussi que
ça soit souligné.
M. Charette : ...la collègue a
employé le mot «mauvaise foi», en plus en s'adressant à la présidence, ce qui
est complètement inacceptable, un propos proscrit. Donc, je sais qu'elle est
capable d'être avenante, donc je vais lui demander de retirer ses propos.
Mme Ghazal : ...mauvaise foi.
M. Charette : Moi, on l'a tous
très bien entendu.
La Présidente
(Mme Grondin) : O.K. On revient, s'il
vous plaît, au sous-amendement. Est-ce que, Mme la députée de Mercier, vous
vouliez ajouter quelque chose sur le sous-amendement?
Mme Ghazal : Non. Moi, ce que je comprends c'est qu'il est
possible, en faisant confiance au Scientifique
en chef, et au comité, et au président, qu'il n'y ait personne qui ait une
expertise par rapport aux impacts des changements climatiques
sur les Premières Nations. Donc, ce que je comprends, c'est que c'est possible.
C'est tout. Et c'était une des raisons pour laquelle cet amendement-là se
trouve ici.
• (10 h 20) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement? Je vais donc procéder à sa
mise aux voix, j'imagine, par appel nominal. Donc, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, pour, contre, abstention. M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Pour.
Le Secrétaire : M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
Le Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Contre.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata).
M. Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons à l'amendement du ministre. Y a-t-il des interventions? M.
le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, on revient à l'article tel
qu'amendé par... proposé par
l'amendement du ministre. Et je vois que ce qui avait commencé en 2019, quand
le projet de loi a été déposé, qu'à cet article-là il y avait... bon, on parlait d'un comité qui serait composé
de membres et que ces membres auraient collectivement une certaine compétence. Bon, avec l'amendement du
ministre, on parle maintenant d'un comité. On parle du processus de
nomination du président de ce comité.
Nous avons eu
beaucoup de discussions avant sur les termes «consultation» ou
«recommandation». Ce n'était pas une discussion cosmétique, c'était une
discussion de fond. Le gouvernement n'a pas accepté notre proposition, c'est
son choix, mais ce choix va rester inscrit dans les délibérations, et donc ça
va être... c'est certainement public.
Par
la suite, le gouvernement n'a pas accepté aussi notre proposition d'inscrire,
dans ce projet de loi, une liste de compétences.
Encore une fois, ça a été dit que ce n'était pas nécessaire. Donc, ça va rester
dans les procès-verbaux que le gouvernement
s'est objecté à ce qu'on clarifie quelles étaient les compétences requises. Si
j'étais de mauvaise foi, ce que je ne suis pas, si j'étais de mauvaise foi,
j'aurais proposé un autre sous-amendement qui serait identique à celui que
mon collègue a déposé en ajoutant le mot
«notamment», et on aurait reparti la discussion, mais je ne veux pas faire ça,
mais je veux dire que j'aurais pu le faire.
La discussion a eu lieu, et donc c'est clair pour tout le monde que le
gouvernement ne juge pas ça approprié d'avoir une liste des compétences
nécessaires.
Maintenant, j'en
conviens, que cet article, tel que modifié par le ministre avec... c'est son
amendement, est de loin supérieur à ce qui était déposé initialement, mais, à
notre avis, il n'est pas encore acceptable. Il aurait pu être amélioré beaucoup.
Maintenant,
j'ai une question que j'aimerais que le ministre m'explique parce qu'à
la fin de tout ça on n'a pas encore
discuté de l'article 15.0.2, le tout dernier alinéa. C'est que le sous-ministre
ou son délégué assiste aux séances du comité. Est-ce qu'il pourrait nous
dire pourquoi? Pourquoi c'est nécessaire que le sous-ministre assiste aux
réunions du comité?
M. Charette : Une question pertinente, j'en remercie le
collègue. C'est une expertise qui sera aussi fondamentale autour de la table. Je signale que, pour le Conseil de gestion du Fonds vert, il y a aussi une présence semblable qui
est assurée. Donc, ce n'est pas en tant que
membre, ce n'est pas en tant que membre à part entière du comité mais en
tant qu'expertise externe, en quelque sorte,
qui détient sans doute des réponses aux questions qui pourraient être
proposées. C'est la mémoire institutionnelle, c'est la personne qui sera en
mesure de répondre à certaines questions. On parle de scientifiques essentiellement, donc des personnes qui, peut-être,
ne sont pas toutes familières avec le fonctionnement de l'État. Donc, si des propositions devaient être
faites, sans doute que les membres du comité pourraient être intéressés à
savoir quelles seraient les façons de les
implanter, comment procéder. Donc, on parle d'une expertise et d'une
mémoire institutionnelle, là, qui sera très précieuse aux travaux du comité.
M. Leitão : Donc, on parle ici de l'expertise du sous-ministre
ou de son représentant, donc, qui viendrait complémenter ou éclairer les travaux du comité. Et je comprends
très bien la raison de cela, mais vous conviendrez aussi avec moi que ça
pourrait soulever, dans les esprits peut-être un peu moins bienveillants, que
cette personne-là ou ce représentant-là pourrait être là pour diriger les
travaux du comité.
Alors,
je trouve que ça renforce notre prétention d'avoir clarifié d'une façon un peu
plus précise les compétences nécessaires
aux membres de ce comité, parce que le gouvernement se donne de la souplesse, comme vous aviez
mentionné tantôt, et le fait qu'il y aura un
représentant de l'appareil gouvernemental pourrait être perçu comme étant là pour
diriger les travaux du comité. Qu'est-ce que vous répondez pour rassurer ceux qui pourraient peut-être
penser que le sous-ministre ou
son représentant serait là pour diriger les travaux?
M. Charette : Je comprends que la question peut se poser, mais,
en même temps, toute personne qui s'y connaît en matière d'administration publique reconnaît la compétence des hauts
fonctionnaires. On ne parle pas d'un mandataire du gouvernement, on parle d'un haut fonctionnaire qui siégerait comme observateur. Et
je pense qu'à plusieurs reprises, toutes formations politiques confondues, on a eu l'occasion, ces dernières
années, de rendre hommage à notre fonction publique, de rendre hommage à
nos hauts fonctionnaires qui dédient leur carrière, littéralement, au bien
commun. Donc, je comprends que la question peut être posée, mais je pense que
c'est très, très facile, et pour le collègue de l'opposition et pour n'importe
qui d'autre en cette Chambre, de reconnaître l'expertise de nos hauts
fonctionnaires.
Et c'est bien
mentionné à titre d'observateur. Donc il n'aura pas un rôle pour guider les
travaux, il se met à la disposition. Enfin,
on peut le dire comme ça, c'est un haut fonctionnaire qui se met à la
disposition du comité si jamais des questions
devaient être formulées. Et c'est très, très commun et courant que ce type de
présence là soit assuré. Les exemples sont
nombreux, et, dans certains cas, c'est réellement des membres à part entière du
comité. Et là, pour rassurer, pour ne pas laisser place à ce type d'interprétation là, on précise
clairement : Ce ne sera pas un membre du comité, mais il y sera à titre d'observateur, là, pour accompagner les
membres et les aider, là, au besoin, à répondre à certains
questionnements ou demandes de précision qu'ils pourraient avoir.
• (10 h 30) •
M. Leitão :
Merci. Donc, je trouve ça très intéressant que M. le ministre l'a mentionné, et
donc c'est maintenant pour la postérité, ça a été mentionné publiquement
dans une commission parlementaire, M. le ministre reconnaît la qualité de la fonction publique québécoise. Très bien. Bravo! Moi aussi, je reconnais cette
qualité-là. Ça n'a pas toujours été le
cas des propos qu'on a entendus dans le passé, dans le passé récent et dans le
passé moins récent, sur cette fonction publique
québécoise là. Et je rappellerais aussi à M. le ministre qu'une grande
partie, pour ne pas dire la vaste majorité des membres de la haute fonction
publique québécoise et la fonction publique québécoise, pas seulement la haute fonction
publique, était là aussi depuis 15 ans au moins. Donc, juste que ce soit
dit. Voilà, moi, je n'ai pas d'autre commentaire à faire sur l'article 15.0.2.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Une question au ministre sur le texte même de son amendement.
Je reviens à la question des expériences, là, c'est-à-dire de la composition
pluridisciplinaire des membres du comité. Le ministre nous dit qu'ils
doivent «avoir collectivement une compétence et une expérience significatives et
pluridisciplinaires». Moi, j'aimerais savoir c'est quoi, dans l'esprit
du ministre, une compétence significative et une expérience significative. À
partir de quand c'est significatif? À partir de quand une compétence, à ses
yeux, devient significative?
M. Charette : On a eu l'occasion de le mentionner hier, c'est notamment
lorsque c'est reconnu par les pairs. Au niveau scientifique, il y a cette notion-là qui est primordiale. Parce
qu'une personne peut se dire scientifique, mais, si elle n'est pas reconnue par personne, le titre n'a pas
de valeur. Donc, ce qui a été mentionné hier, majoritairement
scientifique, oui, mais il y a une
reconnaissance des pairs qui est nécessaire. Lorsque le comité sera présenté,
suite aux suggestions du Scientifique
en chef, moi, j'ai la certitude de dire et de penser qu'il n'y a aucun nom qui
figurera qui créera la surprise. J'ai une confiance absolue dans le
Scientifique en chef à ce niveau-là.
Pour ce qui est des
compétences à combler, ça, on l'a mentionné au besoin, mais c'est la somme de
ces compétences, c'est le profil de chaque individu qui sera scruté à la loupe,
mais je n'ai aucune idée... Hein, hier, je l'ai
dit très, très clairement, je pense, c'est le collègue de Robert-Baldwin qui me
demandait quelle était la liste, la liste n'existe pas. Le projet de loi n'est pas adopté. Ce n'est
pas le gouvernement qui va la constituer. Le Scientifique en chef, je
suis convaincu, entend nos discussions, mais, en même temps, je suis convaincu
qu'il n'a pas commencé à dresser cette liste-là, n'étant pas à la veille, là,
d'adopter le projet de loi. Donc, je suis convaincu...
En
fait, le problème qui risque de se poser, puis ça, on l'a entendu à plusieurs
reprises au moment des consultations, ce
sera sans doute le suivant :
Wow! Toutes les personnes compétentes, on les reconnaît, mais j'aurais aimé
aussi telle, telle, telle personne. Je suis convaincu qu'à travers ces
affirmations-là on devinera que certains groupes diront : Oui, on reconnaît l'expertise de ces personnes-là,
mais, dans les faits, on n'aurait pas dû composer un comité avec un
maximum de 13 personnes, mais peut-être de 25, peut-être de 30, tant les
compétences de plusieurs personnes sont pertinentes.
Donc,
moi, je suis entièrement, entièrement convaincu que la liste que nous proposera le
Scientifique en chef sera composée de noms qui... et d'expertises qui ne
seront pas remises en question tant leur valeur est reconnue.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Et une expérience significative? Le ministre nous a beaucoup parlé de la
compétence significative, mais on parle également d'une expérience
significative. Alors, c'est quoi, une expérience significative?
M. Charette : En sciences, c'est un petit peu le même principe
que ce qui fait la réputation d'un scientifique. Oui, un scientifique
peut être reconnu dès la publication de son premier article, mais sa réputation
va se faire au fil des années, au fil de plusieurs
publications reconnues. Donc, autant la compétence que l'expérience
significative, c'est beaucoup jugé par les pairs. Moi, je ne serais pas
à même et je ne voudrais pas être celui qui juge ce critère-là. Donc, ce sont
des critères qui seront aussi jugés...
(Interruption)
M. Charette :
Là, je m'assure... personne n'a perdu connaissance cette fois-ci, donc tout est
beau?
Des voix :
...
M. Charette : Mais ce que je disais, c'est que je ne voudrais
pas être celui qui juge ces critères-là. Le Scientifique en chef, oui, a l'expertise, oui, a l'expérience nécessaire
et, oui, a les équipes pour pouvoir dresser une liste qui réponde à ces critères. Mais, dans le domaine scientifique,
compétence, expérience, contribution significative, c'est des thèmes qui sont
très, très communs.
M. Gaudreault : Autre chose. Donc, on dit : «...la majorité
doit être issue du milieu scientifique.» Ça veut dire la minorité est
issue d'où?
M. Charette : En fait, majorité, ça ne veut pas dire que ce ne seront pas tous
des scientifiques, mais on parle d'un comité
consultatif scientifique. Donc, clairement, c'est des expertises scientifiques.
Mais, en matière d'adaptation aux changements
climatiques, en matière de mobilisation, pour reprendre un thème, là, qu'on a
évoqué à plusieurs reprises, si jamais, et je dis un gros «si» parce que d'aucune façon
je ne veux m'immiscer, là, dans la liste que le scientifique proposera, mais, si cette liste-là devait être constituée
d'un ou d'une spécialiste en matière de mobilisation citoyenne, cette
personne-là ne serait peut-être pas une
sociologue émérite, mais c'est peut-être une personne qui aura développé... et
c'est très, très, très théorique,
hein, on comprend, c'est un exemple que je donne, là, je ne veux vraiment pas
m'immiscer dans le processus qui sera celui du Scientifique en chef,
mais cette personne-là ne sera pas, peut-être, une scientifique qui aura publié
une multitude d'articles scientifiques, mais c'est peut-être une personne qui
aura bâti sa carrière autour de la capacité de mobiliser des groupes. Donc, c'est
un exemple, là, qui permet de répondre à la question du collègue.
M. Gaudreault :
O.K., mais ça veut dire que ces personnes qui ne... Donc, la majorité est issue
du milieu scientifique. Donc, admettons qu'on est dans le scénario d'un
comité de neuf, ça veut dire que la majorité, c'est : cinq doivent être issus du milieu scientifique. Et
ça veut dire qu'en théorie il pourrait y en avoir quatre qui ne sont pas
du milieu scientifique, mais qui doivent néanmoins répondre au critère d'avoir
collectivement une compétence et une expérience significatives et
pluridisciplinaires en matière de lutte contre les changements climatiques.
M. Charette :
Tout à fait. C'est la lecture qu'on doit faire, là, de l'article en question.
M. Gaudreault : Mais ceux qui ne sont pas scientifiques,
admettons qu'on regarde notre scénario de neuf membres, quatre n'étant pas scientifiques, ils doivent
quand même être choisis dans une liste établie conjointement par le
président et le Scientifique en chef.
M. Charette :
En fait, tous les membres devront figurer sur cette liste-là. Hier, la question
a été posée également. D'aucune façon une personne n'ayant pas été
suggérée ou recommandée par le Scientifique en chef et la présidence du comité ne pourrait intégrer le comité. Ça,
c'est très, très clair. Et cette personne, si elle n'est pas une scientifique
avérée, mais dont l'expertise et
l'expérience sont reconnues, devra incarner les mêmes principes d'indépendance
aussi que ceux discutés, là, il y a quelques jours maintenant.
M. Gaudreault :
O.K. Mais est-ce que le président ou
la présidente du comité, cette personne-là, est-ce qu'elle doit
nécessairement être un scientifique?
M. Charette :
En fait, ce n'est pas... ça n'a pas été précisé dans l'article. Donc, on
dit : La présidence sera membre du
comité, le comité sera majoritairement scientifique. Moi, je vais vous dire la
perception ou la vision que peut avoir le gouvernement : la présidence serait aussi issue du milieu
scientifique. Ça, c'est le biais que je pourrais exprimer ce matin, mais
l'article ne le précise pas et l'article ne doit pas non plus le préciser,
compte tenu qu'il y a cette prépondérance au milieu scientifique qui est déjà
mentionnée, là, dans l'article tel que libellé.
• (10 h 40) •
M. Gaudreault :
O.K. Mais admettons un scénario où le gouvernement nomme le président du comité
après consultation du Scientifique en chef, que ce président est un scientifique, et après ça, pour nommer les autres
membres du comité, là, c'est le Scientifique en chef, en consultation avec le président du comité qui serait lui-même, dans
mon scénario, un scientifique, donc
là c'est deux scientifiques, est-ce qu'on va être sûr d'avoir quand même une
représentation assez large, incluant
des personnes qui ne sont pas nécessairement issues du milieu scientifique mais
qui sont quand même expertes en... comme
vous disiez tout à l'heure, vous disiez, par exemple, de la mobilisation en
matière de changements climatiques, etc.? Quelle garantie qu'on a qu'il va y avoir des membres qui n'auront pas
nécessairement un profil scientifique, mais plus un profil d'engagement
social, ou politique, ou médiatique, même? On pourrait penser à plein de monde,
là, qui ont vraiment un engagement média
important mais qui n'ont pas nécessairement le profil scientifique et qui
pourraient quand même être membres du
comité. Mais, je veux dire, je ne veux pas présumer de rien de malveillant,
mais, si le président est issu du
milieu scientifique, puis le Scientifique
en chef, par définition, est un
scientifique, alors, comment on va s'assurer, là, d'avoir une
composition plus large autre que strictement le milieu scientifique?
M. Charette : Je comprends la question aussi très pertinente,
mais la science ne doit pas s'incarner uniquement, je donne un exemple, à travers un individu qui
pourrait discourir 10 heures sur la génomique humaine, là. La science,
c'est très vaste. La science, c'est aussi
les sciences sociales. Donc, quand je dis : Un préjugé favorable pour une
présidence avec un profil
scientifique reconnu, je ne présume pas si cette personne-là sera davantage
issue des sciences sociales ou des sciences pures. Et, quand je regarde les travaux du Scientifique en chef, quand je
regarde les conférences qu'il a pu organiser parfois ici même, à
l'Assemblée nationale, on a un Scientifique en chef qui est très conscient de
la portée de la science. Donc, je le sais
tout aussi intéressé par les sciences dites pures que par les sciences
sociales. Donc, ce souci est le mien aussi, le souci du collègue de Jonquière,
mais rassuré par la portée du mandat du Scientifique en chef.
M. Gaudreault : Je voudrais déposer un sous-amendement
sur le processus de nomination. Est-ce
qu'on suspend quelques secondes, le temps qu'on vous l'envoie?
La
Présidente (Mme Grondin) : Est-il rédigé, M. le député?
M. Gaudreault :
Oui, il est rédigé.
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui? L'avez-vous transmis au
secrétaire?
M. Gaudreault :
Ah! il vient de passer.
La Présidente
(Mme Grondin) :
Est-ce qu'il... Moi, ce que je vous propose, si ça vous
convient, vous en faites la lecture, on va vérifier la forme.
Donc, on va
suspendre.
(Suspension de la séance à
10 h 43)
(Reprise à 10 h 46)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
nous reprenons les travaux. M. le député de Jonquière, je vous invite à
lire le sous-amendement que vous déposez.
M. Gaudreault :
Oui. Alors, c'est un sous-amendement qui vise à modifier l'amendement proposé à
l'article 15.0.2 de la Loi sur le ministère du Développement
durable, introduit par l'article 4 du projet de loi, par l'ajout, à la fin
du deuxième alinéa, des mots «à la suite d'un appel de candidatures public».
Ça veut dire
que, dans l'article amendé, le deuxième alinéa se lirait de la manière suivante — et vous l'avez dans notre proposition de sous-amendement : «Le
ministre nomme ensuite les autres membres du comité, qu'il choisit parmi
les personnes figurant sur une liste établie
conjointement par le président et par le Scientifique en chef à la suite d'un
appel de candidatures public.»
Donc, nous,
on pense que c'est un élément de transparence et de souplesse supplémentaire.
Ça ne veut pas dire que... Je vous le dis tout de suite, là, ça ne veut
pas dire que... Admettons que le Scientifique en chef et le président constituent une liste, entre eux, de personnes qui
seraient intéressantes, ils peuvent dire à la personne x ou y :
Soumets ta candidature à l'appel d'offres,
là, à l'appel de candidatures public. Mais, au moins, ça ouvrirait également la
porte à ce que des personnes
intéressées puissent soumettre leur candidature et répondre aussi au scénario
que j'évoquais tout à l'heure, quand
j'intervenais précédemment, avant mon sous-amendement, auprès du ministre.
Admettons que le Scientifique en chef et le président qui est nommé,
bon, les deux sont scientifiques, on veut avoir vraiment une composition du
comité consultatif très large. On veut
également être capable de sortir des sentiers battus, avoir des gens qui sont
en dehors, par exemple,
des grands campus universitaires que nous connaissons au Québec, Université Laval, Sherbrooke, Montréal, McGill. On veut aller ailleurs, dans d'autres types d'universités, par
exemple, ou dans d'autres types de milieux. On veut, par exemple, peut-être recruter des gens qui
proviennent des territoires inuits ou des nations autochtones mais qui ne
sont pas nécessairement dans des réseaux reconnus.
Alors, moi, je pense que de faire un appel de candidatures public, sans
exclure la composition du comité telle qu'elle était prévue à l'origine par le
ministre, on ouvre davantage. Puis c'est vraiment
un pas vers la transparence, la participation du public, vers un rôle plus
élargi et plus démocratique également de la composition du comité, qui
est quand même très important, ce comité.
Je ne suis
pas le seul à dire ça. Je me suis inspiré du mémoire de la chaire HEC en
énergie. On se souvient que le Pr Pierre-Olivier Pineau est venu
témoigner ici, en commission parlementaire, lors de l'étude... lors de
l'audition, c'est-à-dire, du projet de loi n° 44. Au point 2 de leur
mémoire, le chapitre 2, Transparence et indépendance, au
point 2.1, Création d'un comité consultatif, il y a un point
soulevé par M. Pineau et son équipe sur la nomination des membres du comité. Et ils nous disent : «Les
membres devraient être nommés selon un processus de sélection impartial sous la responsabilité du Scientifique en chef du
Québec, soit à travers un processus d'appel de candidatures, et non être
nommés par le ministre. Ce processus minimiserait la possibilité de conflits
d'intérêts. Le projet de loi n° 44 devrait également exiger que le comité consultatif
produise, annuellement, un rapport de recommandations sur le bilan des
avancées du gouvernement du Québec dans la lutte contre les changements
climatiques.» Bon, ça, c'est autre chose.
• (10 h 50) •
M. Pineau nous disait également :
«Autres considérations et critères pour la sélection des membres :
«Le nombre de membres devrait être spécifié dans
la loi — ça,
on a fait une avancée là-dessus;
«Le comité
doit être indépendant et ses membres exempts de conflits d'intérêts — on a fait également une avancée
là-dessus;
«Les membres ne doivent pas être soumis à des
clauses de confidentialité — ça,
ça reste à préciser;
«Le mandat
des membres devrait être de trois ans renouvelable — il me semble que c'est dans les
amendements du ministre;
«La
composition du comité doit viser à refléter la représentativité sectorielle et
régionale.» Avec un appel d'offres public
de candidatures, on se rapproche davantage d'une représentativité sectorielle
et régionale, parce que là on permet vraiment une large participation
démocratique.
«Les membres
devraient désigner un président, un vice-président et un secrétaire.» Bon, ça,
je sais qu'il y a une disposition à quelque part pour la régie interne
du comité, on peut faire confiance à ce comité.
Mais, pour
moi, c'était important d'avoir un élément sur un appel de candidatures public,
et c'est ce que je propose avec ce
sous-amendement. Alors, je serais
curieux d'entendre le ministre et les représentants du gouvernement là-dessus, et évidemment mes collègues des autres partis
d'opposition, là, sur l'appel de candidatures public.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui, donc M. le député de Bourget.
M. Campeau :
Commentaire fort intéressant. Je vous soumets une autre façon de le regarder,
et c'est quelque chose que j'ai déjà
vécu dans le secteur privé. Pour certains emplois, il y a des gens qui n'osent
pas mettre leur nom parce qu'être rejeté
publiquement, dans un CV, ça ne paraît pas toujours bien. Alors, il y a un
avantage de transparence, mais est-ce que c'est une vraie transparence?
Parce qu'on pourrait perdre des candidatures de gens qui n'oseront pas
soumettre leur candidature, ne voulant pas être rejetés.
Alors, j'ai
l'impression qu'il y a, comme on dit en anglais, un «trade-off» là-dedans,
qu'il y a un avantage, oui, mais, en
même temps, il peut y avoir un sérieux désavantage. Alors, oui, c'est le
ministre qui pourrait les nommer, mais, franchement, je pense qu'on a
bien entouré... on a mis des balises autour de ça. Et aller vers un appel de
candidatures public, je pense qu'il y a une inquiétude non négligeable à ça
que... est-ce qu'on va avoir les meilleures, meilleures personnes en place?
J'ai un petit doute.
M. Gaudreault : Oui,
bien, je trouve que le député de Bourget va chercher quand même une exception,
là, qui ne vient pas, comment je
pourrais dire, disqualifier la pertinence du sous-amendement dans le sens
suivant, c'est qu'à la suite d'un appel de candidatures public, ça ne
veut pas dire que les noms des candidats seront publics. C'est-à-dire qu'il va y avoir un appel d'offres dans les journaux, par
exemple, ou ailleurs, sur les sites... le site du ministère ou le site... le
portail du gouvernement, pour dire :
Bien, si vous voulez déposer votre candidature, envoyez-nous votre CV, telle
procédure, expliquez pourquoi vous êtes
expert ou vous avez un intérêt dans les changements climatiques. Mais ça, ce
n'est pas public, il n'y aura pas une sortie ou une conférence de presse
pour dire : Voici, on a reçu tel nom, tel nom, tel nom, là. Le reste de la
procédure demeure entre les mains du Scientifique en chef et le président du
comité.
Donc,
pour moi, ce n'est pas un risque d'être stigmatisé parce qu'on a été refusé,
là. Ça arrive couramment dans l'appareil
gouvernemental qu'il y ait des appels de candidatures publics, que ce soit, par
exemple, pour avoir des assesseurs au
Tribunal des droits de la personne, des
membres, par exemple — justement, on en a parlé hier — de
la Commission de la représentation électorale. Il y a beaucoup d'appels de candidatures publics qui sont
possibles, et ça ne stigmatise pas les personnes qui n'ont pas été
retenues, là. Je veux dire, il faut quand même faire la part des choses.
Moi,
je pense que les... Puis je sais que le premier ministre, durant la
crise de la pandémie, a beaucoup parlé de la balance entre les avantages puis les inconvénients. Alors, je vais
utiliser cette image-là du premier
ministre. Je pense que, quand on fait la balance des avantages et des
inconvénients, d'avoir un appel de candidatures public, il y a plus
d'avantages de le faire que d'inconvénients, de désavantages.
Donc,
à tout prendre, moi, je suis convaincu que ce serait un exercice important de
démocratie, de transparence. On a un
devoir, hein, de faire de la législation différente dans le... un devoir puis, en même temps, une opportunité d'être encore plus
transparent. Puis moi, je pense très sincèrement, Mme la
Présidente, qu'une des clés de la
réussite de l'atteinte de nos cibles
de réduction de gaz à effet de serre, c'est la transparence, c'est la transparence. Il
n'y a rien de pire pour reculer dans l'atteinte
des cibles de réduction de gaz à
effet de serre que ce qu'on a connu
dans l'espace public, dans l'opinion publique sur la gestion du Fonds vert. Ça brise la confiance. Il n'y a rien de pire que
ça. Quand les gens, là, sont prêts collectivement, la population, socialement, collectivement, à
faire des efforts, payer une taxe supplémentaire sur l'essence, payer un
petit peu plus cher les biens de
consommation parce qu'il y a l'impact du marché du carbone, par exemple, il n'y a rien de pire pour
briser cet élan collectif que de ne pas donner de l'information, que d'apprendre, après coup, qu'il y a une mauvaise gestion, que c'est entre les mains de quelques
personnes puis que ça a servi à toutes sortes d'affaires qui ne... autres
que les fins pour lesquelles elles ont été crées ou que, par exemple, que le Fonds
vert doit être dédié. Il n'y a rien de pire pour briser la confiance d'une
population et de briser un élan de mobilisation pour lutter contre la crise
climatique.
Donc,
de faire un geste de transparence pour dire : Ce comité consultatif est tellement
important qu'on va essayer de mobiliser
la population, et ceux et celles qui se sentent suffisamment à l'aise pour y
siéger, bien, pourront, à la suite d'un appel de candidatures public, déposer leur candidature, puis après ça
c'est entre les mains du président du comité et du Scientifique en chef,
ça, là-dessus, ça ne change pas, ils se mettront des critères, puis il y aura
une façon de procéder, mais je pense que d'avoir un appel de candidatures
public, c'est important.
Si c'est la
formulation du sous-amendement qui n'est pas correcte, moi, je suis prêt à le
regarder, mais c'est vraiment le principe-phare d'un appel de candidatures
public qui correspond à des critères de transparence, de démocratisation de ce comité-là, d'envoyer tout de suite un message qu'il faut que ça soit transparent et ouvert. Alors,
moi, je ne vois pas comment le gouvernement pourrait être contre ça, d'avoir plus de transparence, d'avoir plus de
démocratie, d'avoir plus d'ouverture pour tout le monde.
Parce que
le risque... Puis je ne dis pas que c'est ce que le ministre
veut faire, au contraire, mais, encore une fois, je le dis souvent dans mes interventions, on fait de
la législation pour le long terme. On fait de la législation pour le
futur. On fait de la législation pour d'autres gouvernements qui vont suivre le
gouvernement actuel.
On
ne le sait pas, il pourrait, à la longue, se développer une culture, à
l'intérieur... une culture organisationnelle précise, à l'intérieur du comité consultatif, qui fait que ça sera TLM,
hein, toujours les mêmes, toujours les mêmes qui vont se renouveler, puis qui vont être dans un petit
groupe qui va se connaître, puis qui va... Ça, c'est comme un réflexe
naturel ou un défaut naturel des
organisations. On voit ça puis on vit ça dans plein de matières, dans des
ministères, dans des partis politiques,
dans des entreprises, dans des OBNL, des cultures organisationnelles très
fortes et refermées qui se développent.
Alors,
il faut éviter tout de suite de créer ça. Puis avec un comité... pas un comité,
mais un appel de candidatures public
pour le comité consultatif, ça nous permet tout de suite de casser le moule,
même si le moule n'est pas formé, mais de casser le moule tout de suite, d'éviter, en fait, que cette culture
organisationnelle interne se développe. Et ça permettrait ainsi d'avoir
une beaucoup plus grande transparence pour la composition du comité
consultatif. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le
ministre.
• (11 heures) •
M. Charette :
Merci au collègue de Jonquière, là, pour la proposition, et c'est un échange
qui est tout à fait valable.
Avant
d'y aller sur le fond, je vais reprendre l'exemple du collègue de Bourget. Pour
des scientifiques de renom, le besoin
de participer à un comité n'est pas forcément évident. Si on leur demande de
soumettre eux-mêmes leur candidature, peut-être
vont-ils dire : Je suis déjà suffisamment occupé par les différents
dossiers de recherche que je mène, par mes différentes implications. Donc, si on veut avoir réellement les
scientifiques de renom qui pourront faire la différence dans ce comité-là, c'est préférable qu'ils soient
approchés plutôt que de leur demander
de faire une démarche qui, peut-être,
ne résultera pas en l'acceptation de leur candidature. Donc, ça, c'est un
élément.
Mais,
ceci dit, je suis très, très content que le collègue ait lu une partie du mémoire
du Pr Pineau. C'est un de ceux qu'on a entendus... en fait, on les
a tous entendus avec intérêt, mais les différents passages qu'il a lus
démontrent à quel point on a intégré plusieurs
des mesures qu'il proposait. Donc, c'est un projet de loi qui est vivant,
qui évolue, qui a été adapté suite aux consultations notamment. Donc, je
suis content, là, que le passage ait été rappelé.
Sinon,
je rappellerai tout simplement un principe qui est très, très, très clair, c'est l'indépendance du comité, c'est l'indépendance de sa façon de
se régir. Le comité, à travers ses avis, pourra proposer aussi des changements,
et, comme je disais, vu que l'avis
sera rendu public, ce sera au gouvernement ensuite de devoir justifier le fait qu'il va dans
le sens de l'avis ou pas. Donc, lorsque
je lis, par exemple, 15.0.4.4 et qu'on lit : «Le comité peut
prendre tout règlement concernant l'exercice
de ses fonctions et sa régie interne», au
niveau de sa régie interne, le comité
sera totalement indépendant. Mais, si après usage, après quelques mois, une année, le comité dit : Bien,
voici, on a un mandat, on a de l'expertise autour de la table, mais on sent que notre légitimité n'est pas
celle qu'elle devrait être, donc on aimerait que les prochaines
nominations se fassent suite à un appel à candidatures, bien, le comité va être tout
à fait libre de présenter un avis en ce sens-là, et ce sera au gouvernement ensuite de répondre à ça.
Mais, comme
je vous disais, j'aime mieux que les scientifiques ou les spécialistes de renom soient approchés
plutôt qu'eux aient à vendre leur salade.
Mais, si, une fois l'expérience vécue pendant un certain temps, le comité se
dit : Non, malheureusement, là, l'expérience nous démontre que la façon de
procéder n'est pas la bonne, donc on souhaiterait — et ce serait
écrit dans un avis public — que
le processus de nomination et de proposition par le Scientifique
en chef se fasse autrement, le gouvernement aura à répondre à
cet avis-là. Mais laissons au comité le soin de nous dire qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne
marche pas, qu'est-ce qui est de leur ressort et qu'est-ce qui est du ressort
du gouvernement, et qu'est-ce qui est du ressort du gouvernement prendrait la
forme d'un avis public.
Et le député
de Jonquière a, à juste titre, évoqué à quelques reprises dans son intervention
la transparence. Tout dans ce projet
de loi là est transparence. Donc, cet avis-là ou ces avis-là seront publics.
Donc, si le comité nous dit : Ça ne marche pas, ce sera su. Et le gouvernement, peu importe sa couleur, hein, on ne
présume pas que c'est un gouvernement de la Coalition avenir Québec, là,
qui aura indéfiniment à répondre des avis du comité, mais le gouvernement aura
à répondre à ces avis-là.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va? Donc, il y a
deux députés qui souhaitent participer aux échanges, donc le député
de Viau et le député de Robert-Baldwin. M. le député de Viau, à vous la parole.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Bien, écoutez, dans un
premier temps, je veux saluer le dépôt de ce sous-amendement du collègue de
Jonquière. Et je pense que ce sont des amendements de cette
sorte-là qui nous permettent d'avancer.
Et, nullement, ce n'est pas de l'obstruction que le collègue de Jonquière fait lorsqu'il avance des amendements comme ceux-là, lorsque l'on voit plusieurs des sous-amendements que nous avons amenés ici, aussi dans le cadre de ces travaux-là. Et je crois que c'est un sous-amendement qui reflète un mot ou même des mots que j'ai souvent entendus
depuis les dernières 24 heures dans le cadre de cette commission. J'ai
beaucoup entendu parler de rigueur, j'ai beaucoup entendu parler de
transparence, j'ai beaucoup entendu parler d'indépendance. C'est de cela dont
il s'agit.
Mme la Présidente, je vais peut-être poser une question parce que... et je connais la
réponse, mais je vais quand même la poser parce
que j'ai entendu le collègue de Bourget
évoquer l'idée de publication de noms des candidats. Je pense que ce que le... via ce sous-amendement-là, et je vais demander, peut-être, au collègue de Jonquière de nous préciser,
c'est la démarche qui est publique, c'est-à-dire l'appel de candidatures qui est public, mais ce n'est pas de rendre
publics les noms des candidats. Et je vais demander au collègue de Jonquière
de bien vouloir nous confirmer que j'ai bien compris.
M. Gaudreault : ...
M. Benjamin : Parfait. Donc,
alors...
M. Gaudreault : ...aussi bien
que ça.
M. Benjamin : Merci. Donc, je remercie le collègue de Jonquière.
Donc, voilà, je crois, un amendement qui nous permet d'avancer dans le sens de la transparence, et je pense
qu'il n'y a pas d'économie à faire sur la transparence, sur les enjeux de la transparence, Mme la ministre. Vous savez, ce que je vois aussi
comme qualité dans ce sous-amendement, et le collègue de Jonquière l'évoquait, c'est la qualité d'équité, par
exemple. Ça permettrait à tous les experts qui sont intéressés par cet enjeu-là de pouvoir justement y participer
puisque l'appel de candidatures sera public. Peut-être, j'opposerai aux arguments du ministre la chose suivante : je
suggère au ministre d'accepter ce sous-amendement-là, et le comité, après
un an ou deux, ait le loisir de déposer un
avis pour dire si ça ne marche pas. Mais, en attendant, nous n'avons aucune
raison à ne pas accepter une approche, un
argument de transparence justement pour renforcer, pour bonifier ce projet de
loi là. Donc, je proposerais peut-être
au ministre de suggérer, peut-être... le comité
pourrait éventuellement, après un an ou deux, si cette démarche d'appel de candidatures public, qui est
la bonne chose à faire en termes de transparence, de rigueur, donc, si ça ne
marche pas, donc, à ce moment-là, le comité pourrait suggérer d'autres avenues à
ce moment-là. Voilà.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Naturellement, je ne répéterai pas tout ce que j'ai présenté au
collègue comme argumentaire, mais, encore une fois, on s'est inspirés des meilleures pratiques. Donc, j'aime mieux partir
sur la base des meilleures pratiques, mais,
si, ultimement, ce changement-là devenait nécessaire,
il n'y a strictement rien qui l'en empêchera, et ça ne
doit pas forcément passer par une modification législative, compte
tenu de l'article
que je vous mentionnais, d'une décision qu'un gouvernement pourrait prendre par la suite. Donc, inspirons-nous des meilleures pratiques. Et, en termes de transparence, c'est difficile
d'être plus transparent que ce qui est proposé, là, à travers le projet de loi n° 44.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va?
Souhaitez-vous poursuivre ou vous cédez votre...
M. Benjamin : Je laisse le collègue.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, moi aussi, de saluer la proposition du collègue de Jonquière.
Je trouve que c'est simple comme proposition, c'est simple comme amendement.
Ça ne change pas l'objet du projet
de loi. Ce n'est certainement pas cosmétique. Donc, je ne vois pas... je vois mal pourquoi
le ministre n'est pas ouvert à ce qu'on procède avec ce changement, qui est simple mais ô tellement
important, tellement important, parce
que, surtout dans le monde où nous vivons, avec tout ce qui se
passe présentement, c'est encore plus important de nous assurer
que n'importe quel comité
consultatif, n'importe quelle initiative gouvernementale puisse avoir non seulement le plus
large soutien parmi la population,
mais puisse aussi attirer toutes sortes d'opinions et toutes sortes de points de vue qui ne sont pas nécessairement les plus connus ou, comme on
dirait en chinois, les «usual suspects».
C'est clair,
et c'est normal, et c'est inévitable que, quand le Scientifique en chef va commencer, donc, avec le président du comité, à regarder quels seraient les
autres membres du comité, qu'ils vont regarder dans leur propre réseau
de connaissances, dans leurs propres réseaux
d'experts qu'ils connaissent, et c'est tout
à fait normal. Je ne pense pas
que ce soit... Ici, il n'y a rien de noir, ou de complot, ou quoi que ce soit,
c'est la nature même des choses.
En procédant
par un appel de candidatures qui ne sera pas public, donc... qui sera public,
mais dont les résultats ne seront pas
connus, là, je pense qu'on vient d'ouvrir la porte à avoir une plus grande
diversité d'opinions, une plus grande diversité
de composition de ce comité-là. On pourrait, de cette façon-là, s'assurer qu'il y aurait
un nombre minimal, par exemple, une certaine parité, là, et je ne veux pas
m'enfarger dans des proportions strictes, une certaine parité d'hommes-femmes, une certaine parité de personnes de
différentes cultures, différentes régions. En élargissant, donc, le bassin
de recrutement, je pense qu'on peut arriver à cet objectif-là.
Et puis, comme mon collègue de Viau vient de
dire, on commence comme ça, et, si, par la suite, on voit qu'il y a trop
d'embûches et que ça ne marche vraiment pas, alors là le comité pourra suggérer au gouvernement de le changer. Mais moi, je
commencerais avec cette ouverture et je la changerais par la suite, si c'était
le cas, plutôt que de commencer de façon très restreinte
et puis de l'ouvrir peut-être un jour, si ça nous tente, dans la semaine des
quatre matins. Non. Commençons... Nous
sommes ici, là, on étudie un projet
de loi, c'est le moment. C'est ici, et, maintenant qu'on fait des propositions, qu'on fait des changements pour
améliorer un projet de loi, donc faisons-le. Et, vraiment, je trouve que
quand on voit, des fois, d'autres
propositions de changements qui sont complexes, qui requièrent une grande
analyse, bien, celle-ci est assez
simple et tellement importante. Donc, je suis tout à fait d'accord avec la
proposition du collègue de Jonquière. Merci.
• (11 h 10) •
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette :
Le collègue de Robert-Baldwin me donne en partie raison dans son intervention
en disant que, si ça ne fonctionne
pas, on aura la possibilité de le changer sans passer par un changement
législatif. C'est exactement ce que j'ai mentionné. Donc, adoptons l'article tel qu'il est mentionné, et, si le
comité juge que ce n'est pas la bonne façon de procéder, comité qui, encore une fois, est indépendant dans
sa gouverne et dans sa composition, on attendra leurs recommandations.
Donc, on se rejoint en partie en ce sens que ce changement ne nécessiterait pas
un changement législatif. Donc, allons-y
avec la formule qui est inspirée des meilleures pratiques, et le comité pourra
s'ajuster en conséquence par la suite.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le ministre.
M. Leitão : Je voudrais juste
mentionner, Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui, M. le député.
M. Leitão :
...si vous permettez, que, non, on ne se rejoint pas du tout. Je veux que ce
soit clair, clairement dit ici, que
je ne suis pas du tout dans le même camp que le ministre. Je pense que c'est à
nous d'innover, c'est à nous de faire de nouvelles choses. Et, si on n'ose pas faire de nouvelles choses, on
n'avancera jamais. Si on avait utilisé ce type d'argument, par exemple, pour y aller de l'avant avec des
propositions plus osées pour s'assurer d'une plus grande équité hommes-femmes, ça ne se serait jamais fait. Donc, ce que
je fais ici, je fais un parallèle qui peut sembler un peu étrange, mais
je fais quand même un parallèle que, si on
veut avoir une diversité de points de vue de notre comité consultatif, il nous
faut être ouverts dès le départ, et
la façon d'être ouverts dès le départ, c'est de procéder avec des appels de
candidatures pour qu'on puisse avoir
un bassin beaucoup plus large et plus représentatif de notre population dans ce
comité-là. Donc, je ne suis pas du
tout d'accord, je ne suis pas du tout dans le même... je n'ai pas du tout le
même point de vue que le ministre. J'aimerais que ce soit clairement
établi.
M. Charette : Je ne m'attendais
pas à ce que le collègue l'interprète autrement. En fait, ce que le collègue a mentionné, c'est que, si jamais la formule ne
fonctionne pas, il pourrait y avoir des changements suite à une recommandation du comité lui-même, à travers un
avis. C'est exactement ce que j'avais mentionné, mais lui le présente dans le sens inverse. Donc, c'est là où je voulais
dire qu'on se rejoint sur la capacité d'apporter les modifications
nécessaires si la formule retenue actuellement n'est pas la bonne.
Et
là où je ne peux pas faire de reproche au collègue : il n'était pas là au
moment des consultations. Le comité consultatif
a été un des enjeux les plus discutés par l'ensemble des groupes. C'est
probablement le thème, sinon le seul thème
qui a été abordé par l'ensemble des groupes, et, avec la mouture initiale et
les amendements majeurs que nous avons nous-mêmes présentés, on se
rapproche du scénario idéal de la très grande majorité des groupes. C'est
certain que le meilleur des mondes ne peut pas s'incarner pour tout le monde,
mais, avec ce que le collègue de Jonquière nous lisait comme partie des propos du Pr Pineau... démontre à quel point on s'est
rapprochés des plus hautes attentes à ce niveau-là. Peut-être qu'on ne
les rencontre pas toutes.
Et je pense
avoir, avec mon collègue de Bourget, très bien expliqué comment, pour un
scientifique, c'est préférable qu'il soit approché que lui-même se mette
en ballottage. Donc, ça, ça a été clairement défini.
Mais, tout
compte fait, les amendements apportés permettent réellement de se rapprocher
des plus hautes attentes de la
plupart des intervenants qui ont intervenu sur le sujet, donc une autre belle
avancée, là, à travers le projet de
loi n° 44 et, si je dois le rappeler, une avancée incommensurable par rapport à la façon de faire des gouvernements précédents. Donc, l'avancée, elle sera
soulignée et appréciée, là, je suis convaincu, d'une très vaste majorité de
personnes qui ont participé à nos travaux.
La Présidente
(Mme Grondin) : Ça va?
M. Leitão :
...Mme la Présidente, juste... Écoutez, je pense qu'on tourne autour de la même
question, là, c'est... Encore une
fois, je ne comprends pas pourquoi on n'accepte pas l'amendement, qui est
simple mais tellement important, surtout
pour le message que ça véhicule. Mais, de toute évidence, le ministre n'est pas
disposé à aller plus loin. Alors, on pourrait
parler jusqu'à ce que notre visage soit bleu, mais ça ne changerait rien. C'est
dommage, c'est dommage parce que voilà
une occasion perdue de démontrer notre capacité d'innover et d'avoir un projet
de loi qui... sur un sujet extrêmement important.
Comme j'ai dit hier, c'est le sujet de notre génération, et il nous faut la
plus grande diversité d'expertises et de points de vue pour faire face à
cet enjeu très important. Dommage.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Bien, moi, je trouve ça très intéressant comme
amendement parce que notre objectif
ici, c'est d'améliorer un des éléments positifs de ce projet de loi là, qui est
ce comité consultatif. Et le ministre dit
que son indépendance est très importante, à ce comité-là, et il préfère que ce
soit le comité qui décide de la façon qu'il veut fonctionner, puis il
pourrait y avoir un appel à candidatures, mais que ce ne soit pas écrit dans la
loi, de ce que je comprends de ce que nous dit le ministre.
Mais
lui-même, par rapport à la version originale, il est venu préciser et ajouter
des précisions et des façons plus... pas
transparentes, mais, c'est-à-dire, qu'elle ne soit pas uniquement entre ses
mains, cette nomination-là des membres du comité et du président, en ajoutant, par exemple, le Scientifique en
chef. Donc, lui-même, le ministre, a amené des amendements sachant que c'était incomplet, le processus. C'est-à-dire,
il y a un comité, on veut qu'il soit indépendant, etc., mais il n'y avait rien qui pouvait le démontrer
dans le réel, et il a apporté des amendements auxquels on est en train de
souscrire.
Mais on amène
une amélioration, et, dans le fond, ce que M. Pineau mentionnait, c'est : «Les membres [doivent] être nommés selon un processus
de sélection impartial...» Donc, la façon que ces membres seront nommés, il
faut que ce soit impartial. Et peut-être
qu'ils vont l'être, mais, au moins... L'apparence aussi est importante.
L'apparence de neutralité, d'impartialité,
d'indépendance est parfois tout aussi importante que l'indépendance réelle, parce que, comme le
mentionnait mon collègue
le député de Jonquière, les gens... il faut rétablir une confiance dans
la tête de la population par
rapport à ce qui se fait, par exemple, avec le Fonds vert ou les avis qui vont être apportés par ce... les
avis qui vont probablement être très attendus et qui vont être
apportés par ce comité-là.
Donc, moi, je
ne vois pas le risque d'accepter cet amendement-là autre que de dire : Bien, ça pourra se
faire de toute façon, et on préfère laisser toute la latitude au
comité. Moi, je suis certaine, si on avait... Si on était à l'étude des crédits, puis qu'on avait le Scientifique en chef devant
nous, puis qu'on lui posait la question : Qu'en pensez-vous?, je suis certaine qu'il
trouverait que, bien oui, c'est une pratique
qui existe, pourquoi est-ce
qu'on n'appliquerait pas, cette
pratique-là, aussi pour ce comité consultatif? Je ne vois pas le risque de dire : Bien non, je préfère ne pas
ajouter cet élément-là d'impartialité supplémentaire, alors que ça ne ferait que bénéficier... être
bénéfique pour le processus de nomination et pour le comité lui-même parce que
peut-être qu'eux-mêmes vont finir par procéder de cette façon-là.
Donc, je trouve que... En fait, j'ai entendu le
ministre parler, mais je n'ai pas compris pour quelle raison il n'ajouterait pas cet élément d'impartialité,
encore, supplémentaire pour ce comité-là puisque je suis certaine que lui-même
ou le gouvernement tient à cette
indépendance, cette impartialité, puisque c'était écrit aussi dans les
articles. Ça ne ferait qu'ajouter, cet élément-là... aux yeux du public,
par rapport à la composition du comité, ça ne serait que bénéfique.
Et innover,
oui, absolument. On manque d'innovation en cette matière, de transparence. On a
ce comité-là, bien, il ne faut pas...
il faut l'améliorer jusqu'au bout, et ça, c'est un des moyens. Il y en a
d'autres. Moi, je vais amener d'autres amendements
aussi sur le processus de nomination. Donc c'est l'objectif ultime qu'on
cherche. Dommage que le ministre ferme la porte tout de suite.
• (11 h 20) •
La Présidente
(Mme Grondin) : Souhaitez-vous répondre?
M. Charette : ...rapide. C'est
un avis amical à la prudence. Quand la collègue dit : Je suis certaine que
le Scientifique en chef serait d'accord,
c'est toujours préférable, là, de se garder une gêne et de ne pas mettre
d'intentions ou prêter
des propos à une personne qui ne les
a pas tenus, donc, et c'est dit très,
très amicalement. Sinon, pour le
reste, ça a été très bien répondu, je pense bien.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres... M. le
député de... Aviez-vous fini, Mme la députée? Oui. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je soumets au ministre l'argument suivant : que le sous-amendement
déposé par le collègue de Jonquière, c'est un sous-amendement bienveillant à
son endroit. Et je m'explique, Mme la
Présidente. Actuellement dans l'article que nous sommes en train d'étudier, il ne faut
pas faire dire à cet article-là ce qu'il
ne dit pas. Ce qui est dit, en tout cas, ce que je lis, c'est que le comité est
composé de membres nommés par le ministre. Pour ce qui est du rôle... J'entends à quelques reprises le ministre
parler du rôle du Scientifique en
chef. Il faudrait, à ce
moment-là, qu'il nous dise est-ce qu'il est prêt à mettre dans cet article ce
que je l'ai entendu dire qui serait le rôle du Scientifique en chef dans ce
processus.
Ce que nous avons devant nous, c'est un amendement
qui permet, justement, qui permet, de renforcer la transparence, qui permet de renforcer la transparence du processus, et
je crois que nous avons intérêt — et le «nous» inclut tous les
collègues membres de cette commission — à aller dans ce sens-là, à ne
pas faire d'économie en matière de transparence.
Et je persiste à dire encore que ce sous-amendement-là, justement, permettrait
au ministre, au gouvernement qui
nomme, finalement, de pouvoir, quand viendra le temps, aussi, des redditions de
comptes, parce qu'il devra y avoir reddition
de comptes, nécessairement, de pouvoir évoquer l'argument de la transparence du
processus. Et c'est ça, le coeur, à mon avis, à mon humble avis, de
l'amendement proposé par le collègue de Jonquière.
Le processus
doit être transparent et ne pas s'en remettre seulement qu'à une démarche. Le
processus serait clair, c'est un
appel de candidatures public où toutes les personnes intéressées par les
travaux de ce comité-là pourront... auraient l'opportunité de se manifester. Et ça donnera encore... Et mon collègue
le député de Robert-Baldwin l'a évoqué tout à l'heure, ça nous permettrait justement, donc, de couvrir toutes sortes d'enjeux pour lesquels,
actuellement, nous avons besoin de
nous assurer que l'ensemble des instances dans les lois que nous avons à
produire puisse couvrir ça, notamment les représentations équitables en
matière de territoire, par exemple, territoriales.
Le collègue de Jonquière l'a évoqué, notre
collègue le député de D'Arcy-McGee, il y a un dossier qui le tient beaucoup à coeur. Ce matin encore, je l'ai
entendu, il est revenu là-dessus. Il y a une question qui est en suspens,
donc, qui a été posée au gouvernement sur l'enjeu des Premières Nations. Donc,
ça nous permettrait aussi d'avoir cette opportunité de couvrir ces enjeux-là,
aussi, d'équité.
Donc, voilà
pourquoi je pense qu'un appel de candidatures public est une bonne avenue en
termes de transparence, en termes de
rigueur par rapport à un projet de loi que nous sommes en train de faire en
2020. Nous sommes en 2020, Mme la
Présidente, donc, et je crois que c'est une exigence. Quand on parle des
meilleures pratiques, donc, les meilleures pratiques, justement, comme nous le suggère... par exemple, une chaire
comme la chaire de gestion en matière d'environnement de HEC suggère
d'aller dans cette voie aussi. Donc, alors, oui, c'est un bon amendement. C'est
un amendement rigoureux et qui répond justement à un argument majeur de
transparence pour lequel nous ne pouvons... nous
n'aurons aucune excuse, aujourd'hui, donc, à dire que, non, on met ça de côté
et on s'en remettra à plus tard là-dessus. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, monsieur. Souhaitez-vous...
M. le ministre.
M. Charette :
Très rapidement, étant donné que le fond a été réglé, là, quant à nous, mais ça
fait deux ou trois fois, là, que le
collègue ou l'opposition officielle mentionnent les délibérations, avec le
Secrétariat aux affaires autochtones, de l'article qui a été discuté à
l'article 1. Il ne faut pas s'inquiéter. Je pense qu'on a tous convenu que
c'est une entente conjointe de dire : Il
faut intégrer le processus de consultation des autochtones. Il faut juste le
placer à la bonne place. Donc, il n'y a pas d'inquiétude à avoir, c'est
une entente, là, qui est intervenue. Reste à trouver le bon endroit et la bonne
formulation, et c'est là où l'avis des
services... du secrétariat aux services juridiques et le Secrétariat aux
affaires autochtones est indispensable, mais il n'y a pas d'inquiétude à
avoir, là, c'est une question, là, qui est déjà convenue.
La Présidente
(Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres
interventions sur ce sous-amendement?
M. Benjamin :
J'aurais aimé entendre le ministre. Je comprends qu'il y a un élément de
réponse qu'il a apporté sur un segment de mon intervention, mais
j'aurais aimé l'entendre sur cette résistance à vouloir... devant cette volonté
de transparence que mon collègue le député de Jonquière demande à travers ce sous-amendement-là,
sous-amendement, d'ailleurs, que nous appuyons, d'ailleurs.
M. Charette : La résistance à
la transparence, c'est le Parti libéral qui l'a exprimée et réitérée pendant de
nombreuses années. Mais, sinon, à la question...
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre, s'il
vous plaît, j'aimerais ça qu'on revienne non pas à des...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député de Viau.
M. Benjamin : Question de
règlement. Question de règlement.
La Présidente
(Mme Grondin) : Lequel règlement, s'il vous plaît?
M. Benjamin : Alors, 35.
J'aimerais que, M. le ministre, dans ses interventions, évite de nous
imputer...
La Présidente
(Mme Grondin) : Des motifs.
M. Benjamin : ...des motifs qui
ne sont pas les nôtres. Et, si... Et, Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme Grondin) : C'est beau, j'ai compris.
M. Benjamin :
...M. le ministre, qui est porteur de ce projet de loi, s'il veut jouer à ce
jeu-là de «blame game», la commission va être très longue.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci. Merci, M. le député. J'ai bien
compris.
M. Charette : ...je n'impute
pas de motif. Rien ne m'empêche de rappeler un passé. Rien ne m'empêche de rappeler les incohérences entre les positions que
vous défendez historiquement et les sous-amendements que vous défendez.
Ces incohérences-là sont notables, et il n'y a rien dans le règlement qui
m'empêche de soulever ces incohérences-là.
Mais, pour ce
qui est du sous-amendement du collègue, je pense y avoir bien répondu. Si la
question est la même, on comprend que je ne répéterai pas la même chose,
là. Mais la question a été très, très, très bien répondue.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, est-ce que vous souhaitez... Je vous rappelle, hein, on ne tombe
pas... S'il vous plaît, on revient au sous-amendement qui est déposé, je vous
le rappelle, sinon je suspends les travaux.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député, je ne vous ai pas donné la
parole pour le moment. S'il vous plaît! O.K.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je n'aurai pas de tolérance pour les
échanges au niveau de la partisanerie.
J'aimerais ça qu'on revienne au sous-amendement. Nous discutions du
sous-amendement du député de Jonquière. Y a-t-il d'autres interventions,
s'il vous plaît?
M. Benjamin : Mme la
Présidente...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
• (11 h 30) •
M. Benjamin :
...permettez que... mon intervention sur la procédure. Il est bon, il est
correct que vous rappeliez les règlements,
donc, qui tiennent cette Assemblée-là fonctionnelle, mais je ne comprends pas
pourquoi vos argumentaires ne s'adressent
qu'à ce côté-là de la banquette. Je ne comprends pas, puisque celui qui vient
d'intervenir pour déroger à nos travaux,
c'est le ministre. Donc, moi, j'apprécierais, lorsque vous adressez ces commentaires-là, que vous regardiez
des deux côtés de la banquette, que vous vous adressiez tout le monde et pas seulement
aux collègues des oppositions.
La Présidente
(Mme Grondin) : J'ai bien compris, j'ai bien compris. Je
vous...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre,
j'aimerais ça...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Pouvez-vous...
M. Charette : ...le règlement
précise plusieurs éléments selon une jurisprudence établie sur plusieurs
années. Un, le respect de la présidence. Deux, rien n'empêche, dans le règlement,
en commission parlementaire au moment de
l'étude de projet, de questionner, de part et d'autre, les parties en présence et
rien n'empêche de soulever des contradictions.
Donc, de mon côté, le respect du règlement est total. Donc, je vous inviterais à faire de
même de votre côté.
Des
voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : O.K., s'il
vous plaît, on revient...
Mme Ghazal :
...j'ai une question par rapport...
La Présidente
(Mme Grondin) :
Est-ce que... Parfait, je vais vous donner la parole, et
vous vous adressez à moi, s'il vous plaît. Mme la députée de Mercier,
oui.
Mme Ghazal : Donc, ce que je comprends de ce que le ministre
a dit, la discussion avec partisanerie est permise. J'ai entendu la présidente dire : Restez
concentrés sur les articles, et les amendements, et le sous-amendement, mais ne faites pas de
partisanerie. J'entends la réponse du ministre, et il dit : Oui, la partisanerie devrait
faire partie des discussions qu'on a ici. Donc, j'apprécierais que Mme
la Présidente tranche.
La Présidente
(Mme Grondin) :
Écoutez, on va y aller... Je vous ai donné ce que moi, je souhaite qu'on
respecte comme consignes ici. Ce n'est pas toujours
simple de voir où va le propos. Je vous rappelle que moi, je ne tolérerai
pas des échanges au niveau de la partisanerie, je veux qu'on se concentre ici. Et ça sera à moi à
décider quand est-ce que ça va se faire.
J'ai bien entendu, du côté de
l'opposition, que vous pensez qu'il y a un travail que je dois faire, mais
c'est à moi à décider quand je vais
juger que c'est de la partisanerie ou pas. Et je vais faire bien attention.
Donc, je vous ramène, s'il vous plaît, au sous-amendement.
M. Gaudreault :
...en tout cas. C'est en réaction à votre interprétation, moi, je ne sais pas
comment vous allez déterminer ce qui
est partisan ou pas, là. Tu sais, je veux dire, on... Ce n'est pas
l'antéchrist, là, la partisanerie, là. Je veux dire, ce n'est pas... il
y en a, puis ça existe, puis on est élus parce qu'on appartient à des partis
politiques.
Le
problème n'est pas de déterminer la ligne, ce qui est partisan ou pas, sinon on
ne s'en sortira pas. Puis, moi, ça va me
questionner parce que vous appartenez vous-même à un parti, Mme la Présidente, même si, dans ce statut-là que vous avez présentement, vous êtes présidente de commission. Alors, il ne
faut pas embarquer dans où on tire la ligne entre ce qui est partisan et pas, parce que, moi, c'est
sûr que, quand je parle, là, dès que j'ouvre la bouche, je parle au nom
de mon parti. J'ai ce mandat-là. Donc, c'est forcément de la partisanerie.
Le
rôle qui est le vôtre, c'est de déterminer là où il y a des débordements par
rapport aux règlements qui gèrent le débat, sur des attaques non fondées, sur de la mauvaise foi, sur des...
quand un parlementaire prête des intentions à un autre, mais pas
sur la partisanerie. On n'est pas dans un forum où la partisanerie est exclue.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, monsieur. Parfait, j'ai
bien compris.
M. Gaudreault :
C'est pour ça, je veux juste... Mais je n'ai pas terminé.
La Présidente (Mme Grondin) : Moi, je vais vous préciser ce que j'entends par
partisanerie. Ce que je n'accepterai pas
ou ne tolérerai pas, c'est des échanges acrimonieux. Effectivement, c'est pour ça que ce n'est pas toujours simple, mais c'est
moi qui vais décider, pour tous les députés ici, que, quand il y a du
débordement, quand c'est acrimonieux, quand je sens que le ton va
monter, quand je sens qu'il n'y a pas... on sort du sous-amendement et du
contenu, je vais vous le rappeler. C'est tout simplement ça. Et je pense que l'ensemble des présidents et présidentes ont eu à
vivre ça. Je vous le rappelle, on est
ici pour un projet de loi essentiel, on est tous d'accord avec ça, et les
débordements où je sens que ça va être
obligé de revenir parce que le ton monte ou les échanges ou les débordements
sont de plus en plus fréquents, je vais vous arrêter, qui que ce soit, mais, s'il vous plaît, donnez-moi la
chance de donner un peu de temps aux gens pour bien comprendre où ça
s'en va. Donc, c'est un rappel...
M. Gaudreault : ...débordement, Mme la Présidente, alors, je
veux dire, il y a une différence. Et il faut bien saisir votre rôle, là.
Donc, moi, c'est simplement le rappel que je fais.
La Présidente
(Mme Grondin) : J'ai
bien compris, monsieur, je le prends en compte. Je pense que vous pouvez
convenir avec moi que j'ai été assez
attentive à ce que vous avez demandé, j'ai été assez respectueuse de bien
saisir les enjeux ici. Donc, s'il vous plaît, j'aimerais ça qu'on
revienne.
On
est sur le sous-amendement que vous avez déposé, M. le député de Jonquière. J'aimerais ça qu'on y revienne. On parlait de la question de l'appel de
candidatures public. Donc, s'il vous
plaît, est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant ce sujet? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci,
Mme la Présidente. Et merci pour vos
précisions. Je trouve que c'est assez clair. Bon, je suis sur l'amendement...
sous-amendement et directement sur le sous-amendement.
I
don't know how many people are watching us. We were not supposed to be here
this week and we still haven't had a
satisfactory answer as to why we are here this week. But, if anybody is
watching us, they must be thinking that
we are working together to create a committee for the politburo of Leonid
Brejnev. 1955 ou 1960. C'est Khrouchtchev en 1955. What is going on?
What is going on?
Nous sommes en train de s'équiper avec un mécanisme qui va joindre pas
mes objectifs, les objectifs tels qu'énumérés par le gouvernement devant
nous et le ministre devant nous. Quels objectifs? Premièrement, suite à nos propositions, au moins,
il y aura une cible à atteindre dans ce projet de loi. Deuxièmement, malgré le fait que le projet de loi devant nous risque de démanteler plusieurs chiens de garde, plusieurs
protections pour les intérêts et l'avenir de notre effort collectif sur
le développement durable et les protections environnementales, nous sommes en
train d'essayer de bonifier les protections.
Jusqu'à
date, successivement, on a vu le refus du ministre de bonifier, de
clarifier le rôle du Scientifique en
chef, de comprendre et de rendre transparent
et imputable, en quelque part, je me permets d'utiliser ces mots, la nomination
du président de ce comité. Personne, personne n'a remis en question le rôle
primordial du ministre et du gouvernement dans cet exercice-là.
Suite
à ça, nous sommes en train d'essayer de codifier, en quelque part, Mme la Présidente, de clarifier et d'enrichir la participation au sein de ce comité-là, jusqu'à
date sans grand progrès, sauf des réponses répétées du ministre
qu'il a déjà répondues. Et son projet
de loi, et je nous rappelle, apparemment, c'était étanche aux changements
nécessaires suite à une pandémie
jamais vue dans un siècle, déjà il s'est prononcé là-dessus. Le législateur
était si brillant qu'il aurait
anticipé toutes sortes de séquelles suite à
la pandémie qu'on vit. Bon, voilà, c'est une chose. Alors, aussi on comprend,
au fil des discussions aujourd'hui et
d'hier, que le législateur a songé à chaque possibilité et éventualité quand il
s'agit de confectionner un comité transparent, rigoureux, peuplé de
monde intéressant et avec des capacités très importantes pour alimenter les
discussions de ce comité-là.
Bon,
la prochaine étape, suite à notre échec, de toute évidence, de bonifier ce
projet de plusieurs façons, là, avec les limites que le ministre continue d'imposer, est-ce qu'on peut oser
d'inviter, Mme la Présidente, tous gens confondus qui risquent d'avoir de quoi à ajouter à se postuler
pour une place sur ce comité, qui va... dûment choisi ultimement par les
instances ministérielles? C'est-à-dire qu'on
pourrait postuler, savoir que l'intérêt du ministre et du gouvernement
était d'avoir le meilleur des mondes, la
meilleure des options devant lui pour choisir son comité et pour faire...
L'offre aurait été faite de façon publique.
Alors,
au lieu de nous construire de la brume pour dire : Bon, à
l'article x.7, qu'on va discuter prochainement, toutes nos préoccupations de ce côté vont être
considérées ou sont déjà considérées dans le projet de loi comme c'est
déjà rédigé, est-ce que le ministre peut
nous dire clairement que non, sa réponse est : Non, il n'y aurait pas
d'offre publique? Si vous êtes sur
notre radar, peut-être on va vous considérer, mais ma réponse est non, on ne
veut pas de la telle transparence telle que proposée par le député de
Jonquière dans son sous-amendement assez défensible et raisonnable?
• (11 h 40) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Vous avez terminé, M. le député
D'Arcy-McGee?
M. Birnbaum :
Oui, je... pour l'instant.
La Présidente (Mme Grondin) : Pour le moment, oui? Pour l'instant. Non, pas...
Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement? M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, bien, tout simplement pour dire que je suis heureux de constater que les
trois partis d'opposition partagent l'objectif de ce sous-amendement
d'avoir une plus grande transparence, d'avoir un appel de candidatures public permettant de démocratiser
davantage la sélection des membres du
comité consultatif. Moi, j'en appelle au
gouvernement pour entendre ça. Je pense que c'est vraiment
important d'envoyer un signal fort d'ouverture, de transparence.
J'ai
beaucoup de misère avec les arguments présentés à date par le ministre, par le
député de Bourget, entre autres parce que je trouve que ces
arguments portent sur des exceptions et non pas sur la règle. La règle, c'est
la démocratisation, la règle, c'est
la transparence, c'est l'ouverture au public. Puis, pour s'opposer à ça, ils ne
soulèvent que des exceptions qui pourraient arriver.
Moi,
je serais même prêt à tendre la main au ministre pour faire avancer ce sous-amendement, s'il est sensible à ça, que
le premier comité consultatif soit formé selon sa formule, soit formé selon ce
qu'il propose, mais qu'on fasse une disposition
dans la loi, une disposition transitoire ou quelque chose pour les autres
comités qui seraient formés avec appel d'offres
public. Moi, je suis prêt à aller jusque-là, que son premier comité soit formé
sans appel de candidatures public, donc il serait formé, j'imagine, après l'adoption de la loi, immédiatement,
mais que l'autre qui suivra, parce
que c'est un mandat, je pense, de trois ans, donc, dans trois ans,
là ça sera un appel de candidatures public. Donc, ça permettrait au premier comité de se mettre en place.
Je
suis ouvert à ça, moi, que le premier comité soit formé correctement avec...
qu'il se donne des règles de régie interne,
mais que l'autre comité qui suivra sera formé selon un appel de candidatures
public. Je pense que je fais vraiment preuve
d'ouverture puis de bonne foi. Ça enverrait quand même un signal de
transparence pour la suite des choses. Tu sais, ce n'est pas dans les
trois prochaines années qu'on va atteindre nos cibles de réduction de gaz à
effet de serre, là, malheureusement, donc le comité, il va exister pour
longtemps. Dans trois ans, il va exister encore.
Donc,
moi, je tends la main. Moi, je serais prêt, là, si le ministre dit : Oui,
on va regarder ça, s'il faut le modifier, mon sous-amendement, je le suspendrai, puis on en rédigera un pour que
ça soit au deuxième comité que ça sera par appel de candidatures public. Moi, je pense qu'il y a quelque chose là, là,
qu'on peut faire. Ça donnerait le temps au ministre de voir les choses
venir, ça donnerait le temps de bien encadrer l'appel de candidatures public,
ça donnerait un mandat de trois ans. Alors, moi, je suis prêt à aller jusque-là
pour assurer une plus grande transparence à plus long terme.
Alors,
je pense que je fais preuve d'une très, très grande ouverture, c'est ce que le
ministre nous demande de... nous offre
depuis hier, en tout cas, là. Il faut
qu'on avance, il faut qu'on avance. Bien, moi, je pense, ça permettrait
d'avancer.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre. Non? Y
a-t-il d'autres interventions? Aviez-vous fini pour le moment, M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault : Bien, oui, je n'ai pas vraiment
fini, parce que j'ai vu juste le ministre qui a hoché du
bonnet, là, pour refuser ma deuxième main tendue. Alors, c'est dommage, on va
être obligés de continuer comme ça, Mme la Présidente, là, de faire des sous-amendements puis de se
faire dire non sans même qu'il prenne le temps de répondre au micro.
Alors, c'est décevant. Pour la suite, moi, je continue de plaider que mon sous-amendement
est bon.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : En fait, c'est très,
très respectueux, là. Quand la réponse a été donnée, ce n'est sans doute pas nécessaire
de la répéter. Si l'angle change quelque peu, la réponse, elle, risque de
rester la même.
Et, pour ce
qui est des amendements, sous-amendements, je l'ai répété à plusieurs reprises encore
hier, on est très ouverts à en
accepter, nous en avons accepté, proposés par l'opposition, mais on veut des amendements
qui changent de façon significative ou qui bonifient de façon
significative. Un projet de loi, une loi a pour principe de ne pas parler
pour ne rien dire. Donc, lorsque c'est
possible de faire quelque chose à travers la loi, ce n'est pas nécessaire
de la modifier pour préciser que c'est possible de le faire. Donc, c'est
un principe qui devrait tous nous guider.
Le temps de
parole, c'est vous qui l'administrez à votre guise. Bien, à partir du moment où
la démonstration est faite que l'amendement n'apporte pas cette plus-value significative et que c'est dit très
clairement par le gouvernement, c'est vous, après, qui décidez si vous,
malgré tout, souhaitez y consacrer une heure, ou deux, ou trois.
Notre
collègue de D'Arcy-McGee, dans son intervention, se demandait à juste titre : Que pensent les gens
qui nous écoutent? Il faut se la poser,
cette question-là, parce que je ne suis pas sûr que c'est le signal le plus
positif que nous envoyons lorsqu'une
réponse est donnée, lorsque la réponse, elle est claire. Peut-être que la
réponse n'est pas satisfaisante aux
yeux de l'opposition, ça, je le conçois, mais le gouvernement est là pour
gouverner. Donc, la réponse... Lorsque la réponse, elle est donnée, lorsqu'elle est
justifiée, vouloir rajouter deux heures, 2 h 30 min sur le même
sous-amendement, c'est votre droit,
mais c'est là où la population décroche et c'est là où, à juste titre, elle se
demande on est en quelle année, pourquoi une telle perte de temps. Et là
je reprends essentiellement les propos du collègue. Donc, je comprends son
interrogation. Donc, je pense qu'on a tous à y réfléchir.
Et il y a une relation qui est normale, un rôle
qui est normal des oppositions, un rôle qui revient d'emblée au gouvernement, qui doit trancher, ultimement. Le collègue de Jonquière,
dans la lecture du mémoire du Pr Pineau, a illustré de très belle
façon à quel point nous avons bonifié le projet de loi. Donc, ce n'est pas de
la fermeture, c'est de dire : Avançons
de sorte que les amendements puissent bonifier de façon significative le projet de loi. Autrement, je partage l'inquiétude du collègue de D'Arcy-McGee :
les gens vont décrocher, vont se demander à quoi sert ce travail si on entend
répéter les gens pendant deux heures, trois heures, exactement presque mot pour
mot les mêmes propos.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Jonquière, et, par la suite, ce sera le député de
Robert-Baldwin.
• (11 h 50) •
M. Gaudreault : Oui, oui, très, très, très rapidement, là. Bien,
c'est parce que le ministre, il nous dit : Ça ne sert à rien de répondre quand on a déjà donné la réponse.
O.K., mais c'est parce que, là, j'ai amené un élément nouveau, Mme la Présidente.
J'ai amené un élément nouveau et quand même important qui était de faire un
appel de candidatures public pour le
deuxième comité. Alors, je n'ai jamais eu de réponse là-dessus. Il ne peut pas
dire : J'ai déjà répondu, je venais de l'amener.
Puis la seule
réponse qu'il m'a offerte, c'est un hochement de tête, alors que moi, je lui
tendais une deuxième main pour aller
à un appel de candidatures public rendu au deuxième comité. Que le premier
comité, s'il veut le former lui-même en
parlant au Scientifique en chef, parce que c'est ça qu'il veut faire, qu'il le
fasse, mais que le deuxième comité sera avec un appel de candidatures public. Je veux dire, je ne vois pas comment je
peux être plus collaborateur que ça. Puis il me dit : Ah! j'ai déjà répondu. C'est faux. Il ne peut pas avoir déjà
répondu, je venais de sortir l'idée pour la première fois.
Alors, si
j'étais lui, probablement que je me reprocherais que je ne l'écoutais pas,
parce que c'est ça qu'il a fait à maintes
reprises hier, mais je ne fais pas ça parce que je lui ai dit hier de ne pas
faire ça, donc je ne le fais pas, mais ça ressemble drôlement à ça.
Alors, moi, j'aurais aimé l'entendre sur cette deuxième offre que j'y fais,
hein? Ça me fait penser à l'émission, là : Est-ce que l'offre est
acceptée, Mme la Présidente?
Mon offre,
là, c'est qu'il repousse... S'il dit : Oui, on va le faire au... On a déjà
vu ça dans la législation, parce qu'il y
a toujours des périodes transitoires. Là, on fait une
nouvelle loi qui vient modifier bien des affaires. Donc, O.K., premier comité, il le formera selon la formule qu'il
propose, mais le deuxième, ce sera avec appels d'offres et appels de
candidatures publics. On a déjà vu ça dans plein de projets de loi.
Alors, moi,
c'est la proposition que je lui fais. Il ne peut pas dire qu'il m'a déjà
répondu à ça, parce que je viens de la faire. Alors, j'aurais aimé ça
l'entendre là-dessus, mais, s'il ne veut rien savoir, le public, là, dont le
député de D'Arcy-McGee parlait tout
à l'heure, bien, il jugera par
lui-même. Puis moi, je suis sûr que le public est assez intelligent pour
comprendre qu'il y a une fermeture du côté du gouvernement.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : ...pas les expressions qui sont utilisés au Banquier,
mais, assez rapidement, effectivement,
on a laissé entendre que l'offre
était refusée. Et, au niveau de la question ou de la proposition qui est faite,
même si elle est amendée, si la réponse initiale s'applique à l'offre
amendée, bien, la réponse initiale demeure la même.
Et, lorsque
le... Je pense que le collègue s'est lui-même perdu dans ses propos. C'est très
complexe ce qu'il propose, et je l'ai
senti hésitant à tenter de ramasser sa proposition. On veut simplifier une
façon de faire, on veut s'assurer qu'elle soit comprise de tous. On ne procédera pas, la première fois, d'une
façon pour la changer la deuxième, et tout ça, et encore moins inscrire ça dans un
texte de loi, ce serait extrêmement complexe. On veut une procédure qui soit
claire. Je reprends les mots :
rigueur, transparence, imputabilité, c'est ce que ça permet. Donc, non, on ne
complexifiera pas une démarche, on veut
qu'elle soit bien saisie et on veut que le commissaire... je fais tout le temps
la même erreur, pas le commissaire, mais le Scientifique en chef ait les
coudées franches.
Et, je pense,
je n'ai pas eu l'occasion de répondre à cet aspect-là. Tout à l'heure, on a
mentionné quel était l'avis du Scientifique en chef. C'est certain que,
nous, c'est un amendement qui a été apporté après les consultations, c'est un
amendement qui fait écho aux propos qui ont été tenus, aux suggestions qui ont
été tenues pendant les consultations. Donc,
si la question était posée ou si les collègues se questionnent, oui, le
Scientifique en chef a été questionné pour voir si c'est un rôle qu'il était en mesure de jouer et,
oui, le Scientifique en chef s'est montré intéressé à le jouer. Donc,
c'est une précision, là, qui est peut-être pertinente, là, à ce moment-ci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. M. le député de Jonquière, souhaitiez-vous
poursuivre? Parce qu'il y a le député de Robert-Baldwin aussi qui...
M. Gaudreault : Non, non.
La Présidente
(Mme Grondin) : Ça vous va? M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, Mme la Présidente. Donc, on est toujours sur la proposition du collègue
de Jonquière et la proposition qui
lui-même a décidé de changer pour essayer de trouver un terrain d'entente.
Parce que c'est ça, ce qu'on fait ici, on essaie de trouver un terrain d'entente.
C'est clair
que le gouvernement peut passer toutes les lois qu'il veut, il a la
majorité, mais, généralement dans notre parlementarisme, la plupart des lois, la plupart des lois sont adoptées
à l'unanimité. Nous sommes capables de trouver un consensus, nous sommes capables d'arriver à un
compromis où nous pouvons tous être fiers du travail que nous avons accompli. La collaboration et la recherche de ce
consensus, c'est une démarche qui va dans les deux directions. Ce n'est
pas seulement aux oppositions de se plier au
gouvernement, c'est aussi au gouvernement de collaborer
avec les oppositions. La proposition
qui vient d'être faite par notre collègue est modifiée pour essayer, justement,
de trouver ce consensus. Moi, je la trouve très pertinente, très utile,
comme on l'avait déjà mentionné.
Pour ce qui
est de notre temps de parole, on parlera autant qu'il le faut. Notre Parlement
a des règles, ces règles nous donnent
nos temps de parole, et on va prendre notre temps de parole. Mme la Présidente, vous êtes au courant du temps que chacun a, vous prenez note, votre secrétaire prend note, et on va
prendre le temps. Ce n'est pas au gouvernement de décider qu'on a déjà trop parlé. On va continuer à parler pour essayer de
trouver ce consensus que, généralement, c'est le cas, la grande majorité ou la majorité des lois qui sont
votées ou qui étaient votées, en tous les cas, dans les législatures
précédentes étaient unanimes.
Donc, je
demande au ministre, encore une fois, de reconsidérer sa position. La
proposition du collègue est tout à fait correcte. S'il y a un enjeu technique, peut-être
les légistes qui sont avec le ministre pourraient nous dire : Ah!
non, écoutez, tel que formulé, cet amendement
ne pourrait pas être... ça entre en contradiction avec d'autres... Donc, très
bien, on aimerait avoir cette opinion-là,
mais, s'il n'y a pas d'entrave ou de problème technique à accepter cet
amendement-là, donc nous arrivons à
la conclusion qu'il n'est pas accepté politiquement. Ce n'est pas la technique
qui empêche le ministre de l'accepter, c'est qu'il ne veut pas
l'accepter.
Et, encore une fois, je finis avec ça, là, si on
veut des compromis, si on veut trouver un consensus, bien, un consensus, ça inclut tout le monde. Ce n'est pas seulement de ce côté-ci de la Chambre qu'on doit chercher
un consensus. Encore une fois, je pense que la proposition du collègue
de Jonquière, après sa modification, elle est toujours très pertinente et
serait toujours très utile.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette : Je souhaite vivement cette collaboration. Hier encore, une perche a été tendue, et j'aimerais vous
entendre pourquoi votre réponse a été négative. Une façon de faciliter nos
travaux serait de déposer à l'avance nos amendements. Nous avons pris l'engagement
de le faire pour faciliter le travail de l'opposition, à la condition que les
oppositions fassent de même pour faciliter le travail du gouvernement. C'est
beaucoup plus facile d'anticiper la suite lorsqu'il
y a des amendements qui sont en jeu.
Des fois, ça permet d'apporter des clarifications à l'avance, ça permet de rassurer les uns et les autres plutôt que
d'attendre un élément qui serait discuté, là, quelques articles plus tard. J'ai
compris que la deuxième et la troisième
oppositions étaient volontaires pour procéder. Ma question : Pourquoi ce refus de collaborer de la part de l'opposition
officielle?
Moi, ce que j'ai mentionné, c'est certain qu'au
gré de nos échanges il y a des amendements sur-le-champ qui pourraient être
déposés. Donc, la formule de collaboration qui est proposée ne l'empêche
nullement, mais, de façon générale, vous
avez sans doute des amendements préparés, c'est notre cas. Moi, je vous le dis,
là, ça pourrait être fait dans les
prochaines secondes si cette collaboration était assurée de la part de l'opposition officielle, ça faciliterait nos travaux. Et, dans l'intervalle, s'il y a un choix de mot qui
accroche ou quoi que ce soit, si vous voulez déposer un amendement qui ne fait pas partie de la liste déposée, ce serait permis, on laisse cette possibilité-là de s'adapter, mais je ne comprends d'aucune façon comment l'opposition officielle refuse
de partager les améliorations qu'elle souhaiterait apporter au projet de loi. Ça pourrait grandement faciliter les choses. Il y a peut-être
des amendements qui recouperaient ceux des autres formations politiques.
Donc, je veux bien
collaborer, mais la première occasion qui vous est tendue, qui vous est
présentée, vous la refusez. Donc, j'aimerais bien vous entendre sur ce refus de
collaboration, là, de votre part.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Robert-Baldwin.
M. le député de Viau par la suite.
M. Leitão : Tout à
fait, Mme la Présidente. La question
était sur l'amendement du collègue. La réponse est à côté, complètement à côté. Donc, revenons, revenons à l'amendement. C'est ce que
vous nous dites tout le temps : Revenons à l'amendement, revenons à la question
qui est discutée. La réponse que vous nous avez donnée ne s'adressait pas à la question
qui avait été posée.
Donc, la question,
je la répète : Seriez-vous d'avis à mettre en oeuvre ou à accepter la proposition du collègue de Jonquière? C'est ça, la question.
• (12 heures) •
M. Charette : Bien, je
comprends le malaise de l'opposition officielle, parce
que leur position, elle est absolument inacceptable et gênante. À la question posée, la
réponse a été donnée, mais vous n'avez jamais voulu donner de réponse «on
camera» pour que les gens sachent quelle est l'attitude. Dites pourquoi vous ne
voulez pas collaborer.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre, s'il
vous plaît! M. le ministre!
M. Charette : Et ce serait sans
doute très, très révélateur sur pourquoi, au cours...
Des voix : ...
M. Charette : ...au cours des
24 dernières heures... ça expliquerait peut-être pourquoi, dans les
24 dernières heures, il n'y a même pas un amendement, il n'y a même pas un
article qui été adopté. Collaborez, présentez, comme nous offrons de le faire,
nos amendements, et ça faciliterait grandement nos travaux.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député.
M. Leitão :
La réponse a été donnée sur la question du ministre. Mais moi, je reviens à la
réponse à la question que j'ai posée,
je n'ai pas entendu de réponse à cette question-là. Est-ce que vous acceptez
l'amendement du collègue ou pas?
M. Charette : ...
M. Leitão : Non, non.
M. Charette : Bien, je ne la
répéterai pas.
M. Leitão : Pourquoi?
M. Charette : J'ai eu sans
doute l'occasion de la dire 30 fois. Soit écoutez...
La Présidente (Mme Grondin) : S'il vous plaît! Pouvez-vous vous adresser à la
présidence, s'il vous plaît, les deux?
M. Charette : ...qui sont
données...
M. Leitão : Bon, là, écoutez,
je pense que...
La Présidente
(Mme Grondin) : Il y a le député... Est-ce que...
M. Leitão :
Oui, j'aimerais savoir quelle est... M. le ministre nous dit qu'il a déjà donné
la réponse, mais il n'a pas donné la réponse à la proposition du
collègue quand il a reformulé. Alors, c'est très simple, vous acceptez, oui,
vous n'acceptez pas, non. Oui ou non? On n'a pas besoin de passer trois heures
sur ça. C'est oui ou c'est non, c'est tout.
M. Charette :
Si ça nous permet de passer au vote, je vais répéter ce que j'ai dit plusieurs
fois, c'est non. Donc, votons et officialisons cette réponse. Donc,
passons au vote.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Lors d'une des dernières interventions du ministre de
l'Environnement, j'ai entendu évoquer, Mme la Présidente, une phrase que... ça
fait deux ans, à peu près, que je suis ici, à l'Assemblée nationale, représentant les gens de la
circonscription de Viau, et c'est une phrase que j'aime beaucoup : Le
législateur ne parle pas pour ne rien dire.
Il vient de l'évoquer, et je l'ai entendue, cette phrase-là, dans le cadre de
différentes commissions sur lesquelles j'ai eu à siéger dans la
préparation de projets de loi. Ne vous en faites pas, Mme la Présidente, je
suis toujours sur le sous-amendement. J'y
arrive. Et, puisque cette phrase-là a été évoquée par M. le ministre, je me
permets de la
rappeler, puisque le sous-amendement apporté par notre collègue le député de
Jonquière, c'est un sous-amendement important en matière de transparence
et de rigueur.
La question
que j'aimerais poser à M. le ministre : Est-ce qu'il pense que ce
sous-amendement-là, c'est parler pour ne rien dire?
M.
Charette : ...ce qui a été dit à plusieurs reprises, à terme, le
projet de loi, tel qu'il est présenté... l'amendement, tel qu'il est présenté, permettrait de faire ce
que le député de Jonquière propose si le comité, dans sa première
mouture, estime que ce serait une avancée.
Mais il faut comprendre qu'il faut une première mouture. C'est ce qui est
inclus dans l'amendement déposé.
Mais, après, ce sera possible. Donc, oui, c'est en partie parler pour ne rien
dire, parce que ce sera permis dans
la mesure où ce comité totalement indépendant... c'est peut-être là où les
oppositions ont de la difficulté, le comité totalement indépendant, s'il le souhaite, pourra proposer une
avenue de cette façon-là. Donc, ça le permet, et un projet de loi ne répète pas ce qui est permis.
Donc, à terme, après cette première mouture constituée, si on doit aller
dans cette direction-là parce que le comité en aura fait un avis formel, on
l'étudiera. Donc, la possibilité dans le temps, elle est permise.
Puis c'est un
petit peu ironique, parce qu'on a une proposition sur la table, on nous
dit : Dans le fond, ce n'est pas mauvais, mais on va commencer par
notre formule puis ensuite on va rendre possible celle qui est évoquée par le gouvernement. Qui a été élu pour déposer un projet
de loi? C'est le gouvernement. Qui a la confiance de la population pour
mener à terme ses mandats? C'est le gouvernement. Donc, on a une formule qui
est excessivement transparente, qui permettra,
à terme, si le comité le juge ainsi, d'apporter des modifications
éventuellement. Mais il faut commencer quelque part, et on commence par
une formule qui est éprouvée, inspirée des meilleures pratiques, qui reprend
l'essentiel des commentaires que nous avons entendus en consultations.
Le rôle du
gouvernement, c'est de faire la somme de ces commentaires-là. Je comprends que
les oppositions vont vouloir prendre
uniquement l'élément qui convient dans le discours d'un groupe qu'on a entendu,
mais le gouvernement, lui, sa
responsabilité, c'est de faire la somme et de se rapprocher, lorsque possible,
de ce qui est souhaité d'une majorité de groupes. Avec la proposition qui est sur la table, on se rapproche très,
très sérieusement d'une majorité de groupes, et je vous dirais qu'on se rapproche même de l'idéal
d'une majorité de groupes. Donc, le cheminement a été fait. C'est la
preuve qu'en consultations le gouvernement a
été très attentif aux propos tenus. C'est la preuve qu'à travers ces
amendements-là on veut respecter le
processus de consultation. Donc, non seulement la réponse a été donnée, mais,
non, on ne fera pas dire à un projet de loi quelque chose qui, à terme,
pourrait être possible aussi.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau, juste vous dire que
le député de Jonquière souhaite aussi intervenir.
M. Benjamin :
Mme la Présidente, vous m'en voyez étonné, de la réponse du ministre, parce que
ce qu'il dit qui est permis n'est pas prévu. Or, ce que demande
justement ce sous-amendement-là, amené par mon collègue le député de Jonquière,
c'est de le prévoir. Je suis étonné, Mme la Présidente, parce que je connais le
député de Deux-Montagnes, je connais
le député de Deux-Montagnes et je suis étonné de voir qu'aujourd'hui le
député de Deux-Montagnes, le ministre de l'Environnement, c'est-à-dire,
fait aujourd'hui... veut faire, à travers ce refus, obstruction à la
transparence, à la rigueur.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député, je vous invite à reformuler autrement, vous êtes assez
téméraire dans vos propos.
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Mais ce que je veux
dire aujourd'hui, Mme la Présidente, ce que je cherche à dire, c'est que ce sous-amendement-là nous permet... permet à
ce projet de loi là... Et j'ai entendu, au cours des dernières minutes, le ministre intervenir pour
parler de ces travaux, de nos travaux, mais nous venons de passer les
dernières minutes à argumenter sur le
bien-fondé d'avoir plus de transparence. Ce n'est pas normal, Mme la
Présidente, ce n'est pas normal
d'avoir à argumenter sur le bien-fondé d'avoir un projet de loi pour lequel les
Québécoises et les Québécois sont en droit d'attendre de nous, de nous
tous, législateurs que nous sommes, qu'il y ait un projet de loi qui permet
justement d'atteindre les objectifs de
transparence. Et, quand j'entends M. le ministre évoquer les bonnes pratiques,
bien, j'ai une bonne nouvelle pour
lui, les meilleures pratiques, donc, exigent justement que les institutions,
que l'État, le gouvernement fassent
preuve d'un maximum de transparence, surtout quand vient le temps de proposer
ou d'adopter des projets de loi, et notamment un projet de loi comme
celui-là.
Donc, la
question que je soumets à M. le ministre, s'il veut y répondre : En quoi
cet amendement-là empêcherait à ce
projet de loi là d'être moins efficace? Parce qu'il me semble avoir surtout
entendu un argument d'efficacité quand il parlait... quand il évoquait le rôle du législateur. Donc, en quoi... je
cherche à comprendre c'est quoi, l'argument. Je n'arrive pas à voir la
raison, s'il peut m'expliquer, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
En fait, la réponse a déjà été donnée. Cependant, j'aurais une question à mon
tour. Le collègue dit que cet
amendement-là incarne les meilleures pratiques. J'en doute parce que les
meilleures pratiques ne passent pas par ce type d'amendement là. Mais ce serait... En fait, c'est hasardeux
pour le collègue de faire une telle affirmation, parce que, si c'était inspiré
des meilleures pratiques, ça voudrait dire qu'au cours des 15 dernières
années les anciens gouvernements se
seraient refusé d'adopter les meilleures pratiques. Parce que vous avez toujours,
comme formation politique,
refusé d'apporter des amendements de cette nature-là. Donc, si ce sont les
meilleures pratiques, c'est un jugement très, très, très sévère envers les
précédentes administrations.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
• (12 h 10) •
M. Benjamin : Mme la
Présidente, libre au ministre
de passer les deux prochaines années, puisqu'il a déjà passé les deux premières années, alors qu'il est ministre de l'Environnement, à faire le procès des précédents gouvernements.
Moi, je suis, dans le cadre de cette commission, comme législateur, tout comme tous les membres de cette commission,
pour travailler sur un projet de loi important pour les Québécoises et les Québécois.
C'est ça, mon objectif.
Donc, si lui, il veut passer les deux prochaines
années à faire le procès des gouvernements précédents, ça lui appartiendra. Mais moi, en tout cas, en attendant, je cherche à comprendre la raison pour laquelle il
s'obstine à faire barrage à cette
exigence de transparence que le collègue de Jonquière nous demande à travers ce sous-amendement, exigence de transparence que
nous demandions aussi à travers d'autres amendements, d'autres sous-amendements que nous avions apportés et que nous comptions sûrement apporter
tout au long de ces travaux. Donc, alors, je cherche à comprendre quelle est la
raison.
Donc, s'il
veut faire le procès des précédents gouvernements, ça lui appartient. Mais cependant je pense que le mandat qui lui est confié comme ministre
de l'Environnement aujourd'hui, et de Lutte contre les changements
climatiques, c'est d'amener le Québec ailleurs, au XXIe siècle, en matière
d'environnement et de lutte contre les changements climatiques.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette :
Encore une fois, la réponse a été donnée. Mais le choix des mots est toujours
révélateur. Le collègue dit que je
m'obstine. Regardons les temps de parole et regardons qui s'obstine depuis
quelques heures, je ne pense pas que ce soit de ce côté-ci de la
Chambre.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y a pas d'autre intervention sur
le sous-amendement déposé par le député de Jonquière? M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. C'est parce que le ministre dit que c'est... il ne faut pas faire de la
législation parce que le législateur
ne peut pas parler pour ne rien dire. Mais là, je veux dire, «à la suite d'un
appel de candidatures public», ce n'est
quand même pas rien, là. Ce n'est pas juste ajouter des virgules ou des mots
qui ne veulent rien dire. C'est d'amener une notion fondamentalement importante, qui a un impact juridique. C'est
à la suite d'un appel de candidatures public. Alors, ce n'est pas irrecevable
à sa face même, là. Ce n'est pas juste ajouter des fioritures à un paragraphe.
C'est vraiment du contenu.
L'autre
élément, il nous dit : Ah! le comité aura tout le loisir de le faire
éventuellement, donc ce n'est pas interdit. Non, mais ce n'est pas obligatoire. Alors, nous, ce qu'on dit avec ce sous-amendement, c'est : Rendons-le obligatoire. Forçons le comité
consultatif à procéder par un appel de candidatures public.
Alors, moi,
je pense que c'est... Un, ce n'est pas parler pour ne rien dire. Deux, c'est de
donner une orientation claire. Trois, c'est de forcer tout de suite le
comité consultatif à le faire. Puis même, j'ajouterais un quatre et... un trois
et demi, là, à peu près, quatre. Je ne suis même pas sûr, il faudrait vérifier
avec des avis juridiques ou avec des interventions
des légistes ou des sous-ministres, je ne suis même pas sûr que, si on ne
l'indique pas, que le comité peut le faire.
Je ne suis même pas sûr qu'un comité créé comme ça dans une loi, si on ne lui
dit pas de procéder nécessairement à un
appel de candidatures public, je ne suis pas sûr que le comité aurait la légitimité
ou le pouvoir administratif de le faire par lui-même. Je ne suis pas sûr
de ça. Alors, moi, j'aime mieux qu'on se donne tous les moyens pour garantir un
appel de candidatures public, et, pour ce
faire, il faudrait que ça soit dans la loi. Alors, c'est ce que je propose,
appuyé par les deux autres partis d'opposition.
Et, en
passant, le ministre aime bien dire : Nous avons été élus majoritaires, il
faut qu'on gouverne, un gouvernement doit gouverner. Bon, il y a une
tautologie là-dedans, là, mais je ne relèverai pas ça, mais il dit : Le gouvernement doit gouverner, blablabla, on a
l'appui du public. Je voudrais juste lui rappeler que, quand même, la
majorité des électeurs, en termes de pourcentage de vote, sont de ce côté-ci de
la Chambre, là. Donc, tant qu'à ça, là, si on veut jouer là-dessus, on va jouer
longtemps. Alors, c'est quand même important de le rappeler.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions sur... Non? Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, je vais procéder à la mise aux voix du
sous-amendement déposé par le député de Jonquière. J'imagine, par appel
nominal?
M. Gaudreault : Bien sûr.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, pour, contre, abstention. M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à l'amendement
du ministre. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Merci, Mme la Présidente. J'aurais un amendement,
il est déjà sur Greffier... un sous-amendement, pardon.
La Présidente
(Mme Grondin) : Un sous-amendement. Est-ce que... Il est déjà
sur le Greffier, donc accessible.
Mme Ghazal :
Oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : On va suspendre deux petites
minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise à 12 h 19)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Mme la députée de Mercier,
vous avez déposé un sous-amendement
à l'amendement du ministre à l'article 4. Je vous invite... Il est
disponible sur le Greffier pour les collègues. Je vous invite à en faire
la lecture, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui. Et d'ailleurs il est disponible depuis hier,
si je ne me trompe pas, puis il y en a d'autres aussi, ils sont
disponibles, pour l'article 4, comme... le ministre pourra donc les voir,
il n'y aura pas de surprise.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci de le rappeler.
• (12 h 20) •
Mme Ghazal : Donc, l'amendement
à l'article 4 du projet de loi est modifié par le remplacement des mots «figurant sur une liste établie conjointement par
le président et par le Scientifique en chef» par «déclarées aptes à
exercer cette charge par le comité de
sélection créé par l'article 7 du Règlement sur la procédure de sélection
des personnes aptes à être nommées membres du Bureau sur les audiences
publiques sur l'environnement, sur consultation du président du comité et du
Scientifique en chef».
Donc, l'article sous-amendé se lirait comme
suit :
«15.0.2. Le gouvernement nomme le président du comité après consultation du Scientifique en chef
nommé en vertu de l'article 26 de la Loi sur le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
«Le ministre
nomme ensuite les autres membres du comité, qu'il choisit parmi les personnes
déclarées aptes à exercer cette
charge par le comité de sélection créé par l'article 7 du Règlement sur la
procédure de sélection des personnes aptes
à être nommées membres du Bureau sur les audiences publiques sur
l'environnement, sur consultation du président du comité et du
Scientifique en chef.
«Les membres
doivent avoir collectivement une compétence et une expérience significatives et
pluridisciplinaires en matière de lutte contre les changements climatiques et
la majorité doit être issue du milieu scientifique.
«Le sous-ministre, ou son délégué, assiste aux
séances du comité à titre d'observateur.»
Donc, Mme
la Présidente, comme je l'ai
mentionné en introduction, au fur et à mesure que... avec les amendements,
aussi, du ministre, on est en train de
les ajouter et de les envoyer au Greffier, nos amendements. Donc, si ça
permet au ministre... si ça nous donne plus de chance que nos amendements
soient acceptés, bien, ça nous fait plaisir de continuer à le faire au rythme qu'on est capables de le faire,
parce que, des fois, les articles changent aussi au fur et à mesure que
le ministre dépose des amendements, et donc ça nous permet aussi de nous
ajuster.
Donc, notre objectif
aussi, c'est d'avancer, mais notre objectif aussi, c'est d'avoir une discussion sur ce sujet-là.
Et le sujet très important et sur lequel on amène des amendements, c'est le
processus de sélection des membres et du président du comité. Et ici on
n'invente pas la roue. Dans mon sous-amendement, j'amène un comité de sélection
qui existe déjà. Ce comité de sélection peut
choisir les membres du BAPE, et qui... tel que cité dans l'article 7
du règlement sur la procédure de
sélection des membres, et on élargit sa fonction pour qu'il puisse aussi avoir
cette fonction-là d'avoir un comité
qui va aussi sélectionner les membres. Mais ça n'enlève en rien la prérogative
du gouvernement ou du ministre de choisir ni non plus en rien la consultation du président et du Scientifique en chef. Ça, on le maintient et on trouve que, oui, c'est une bonne idée
qu'ils aient aussi leur mot à dire là-dessus.
Et donc, si je regarde l'article 7, ce que
mentionne l'article 7 du règlement en question, ce qu'il dit, donc, au
chapitre IV :
«À la suite
de la publication de l'avis de recrutement, le secrétaire général associé forme
un comité de sélection, en y nommant :
«1° deux membres issus du gouvernement; et
«2° un
représentant du public apte à juger des qualités requises pour exercer la
fonction de membre du bureau et ne faisant
pas partie de l'administration gouvernementale au sens de la Loi sur
l'administration publique ni ne la représentant.»
Donc, toujours
dans cette idée que ce soit le plus impartial, que les membres qui sont nommés
au sein du comité, que leur
nomination soit faite de la façon la plus impartiale possible, j'ajoute cet
élément-là dans le but d'améliorer puis que les membres de ce comité ne soient pas nommés uniquement par un cercle
restreint, mais qu'il y ait un comité de sélection comme il en existe
déjà pour le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
C'est vraiment
par souci d'amélioration que j'apporte ça, par souci d'augmenter la partialité.
Nous avons collectivement mes collègues
et moi, membres de cette commission, essayé d'améliorer l'indépendance,
l'impartialité, mais aussi l'apparence
d'indépendance et d'impartialité du président de ce comité-là. Nous n'avons pas réussi. Le ministre avait lui-même
apporté certaines améliorations mais qui, à notre sens, n'étaient pas
suffisantes.
Donc, je
souhaite que, maintenant, pour la nomination des membres du comité de
sélection, les autres membres, entre neuf et 13, si ma mémoire est
bonne, bien, que ces personnes-là soient nommées de façon objective,
impartiale, indépendante. Et on n'a pas
besoin, comme je le mentionnais, de réinventer la roue, il y a un comité qui
existe déjà. Bien, prenons ce
comité-là de sélection, qui a l'habitude de choisir les membres en fonction de
leurs compétences, et faisons exactement
la même chose, mais pour le comité consultatif sur les changements climatiques.
Parce que ce comité-là, les gens qui
vont être autour de la table, les avis qu'ils vont produire vont être très
suivis, et son rôle va être extrêmement important.
Et ce n'est
pas pour rien que le gouvernement a décidé de suivre ce que... l'exemple des
autres pays qui le font déjà et d'en
mettre un, ce qui n'était pas le cas avant. Avant, c'était une partie du...
c'est-à-dire, une partie des responsabilités de ce comité-là existait au
sein du Conseil de gestion du Fonds vert, que le gouvernement veut abolir. Et
on l'a mis sous ce
comité-là, bien, au moins pour que ça fonctionne bien au sein de ce comité-là,
pour que personne ne remette en question un avis quelconque ou le
processus de nomination ou que quelqu'un dise : Ah! on sait bien, cette
personne-là a été nommée de telle, telle façon, c'est le gouvernement qui la
nomme.
Même si c'est
écrit dans la loi qu'il faut que les membres et le président soient
indépendants, impartiaux, etc., même
s'il y a tous ces éléments-là, ces garanties-là, bien, ce n'est pas suffisant.
La façon que ces gens-là sont nommés veut dire quelque chose, et c'est extrêmement important. Et donc, bien,
j'aimerais entendre le ministre là-dessus et voir s'il trouve que c'est une bonne idée d'utiliser un
comité de sélection qui existe déjà ou s'il dit que, non, le processus
actuel où est-ce que ça se fait de façon
uniquement entre le scientifique en... bien, sur consultation du président et
du Scientifique en chef, et que ça
soit uniquement le ministre qui, finalement, décide sans qu'il n'y ait aucun
comité de sélection si, pour lui, c'est la meilleure façon.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Merci pour la collègue, et, effectivement, je la
remercie d'avoir déposé à l'avance
cette proposition de sous-amendement. Ça nous a permis de bien l'évaluer de
notre côté. Je souhaite qu'un jour l'opposition
officielle en fasse de même. C'est très, très aidant pour nos travaux. Ça aide, mais ça ne veut pas dire pour
autant qu'on sera d'accord à chacune des fois.
Juste
mentionner à quel point, malheureusement, on ne pourrait pas retenir un
principe, là, comme celui-là. Tout d'abord,
c'est comme si on faisait fi des
discussions des 24 dernières heures. Même si on n'a pas apporté
d'amendement au cours des 24 dernières
heures, on a largement précisé quelles étaient les intentions du législateur,
quelles étaient les façons qui
aideraient à cette transparence ou autres. Donc, avec un amendement comme
celui-là, c'est comme si, de nos galées, on oubliait et on effaçait les
24 dernières heures. On a bâti des choses, au cours des 24 dernières
heures, en termes de précisions, d'une part.
Et, d'autre
part, on vient, oui, dénaturer le projet de loi lui-même parce que, bon, ce
n'est pas du tout ce qui a été convenu
en termes d'indépendance, de transparence. C'est un processus de nomination,
mais on vient dénaturer aussi le mandat qui est confié au BAPE. On en
donne un tout nouveau qui est complètement extérieur de son champ d'action actuel. C'est vrai que ce n'est pas impossible,
mais ça mérite une réflexion, de dire : Est-ce qu'on veut dénaturer le
mandat qui est actuellement confié au BAPE?
Et, autre
raison, au final, avec ce processus-là de nomination du BAPE, c'est aussi le
gouvernement qui vient choisir parmi
les gens qui ont été jugés aptes à être nommés commissaires au BAPE. Donc, ça,
c'est un petit peu ce que prévoit le projet
de loi, sauf que la nomination ne se ferait pas suite à une recommandation du
BAPE mais de la présidence et du Scientifique
en chef. Mais, dans les deux cas, ultimement, les choix sont faits à partir de
listes de personnes approuvées.
J'ai un
respect immense pour les gens du BAPE. La collaboration avec le BAPE, elle est
excellente, un BAPE qui, d'ailleurs,
au cours de la dernière année, a comme eu un deuxième, sinon un troisième
souffle à travers les innovations qu'ils ont pu mettre de l'avant.
• (12 h 30) •
Donc, le BAPE est un partenaire incontournable,
mais, en même temps, on veut mettre en place un comité scientifique. Donc, le BAPE n'est pas le meilleur outil pour identifier
qui serait le mieux placé pour siéger sur un comité scientifique et consultatif. J'aime encore mieux
une prépondérance au Scientifique en chef, parce que, dans la logique...
Puis, si j'ai bien interprété... puis, si je
l'ai mal interprété, la collègue pourra me corriger, mais, essentiellement, le
BAPE viendrait déterminer qui est admissible
pour y siéger, soumettrait une liste au président... à la présidence et au
Scientifique en chef, et c'est le Scientifique en chef et la présidence qui,
ensuite, en feraient la proposition. Un, c'est un petit peu complexe, on ajoute des étapes qui ne sont pas...
qui ne sont sans doute pas nécessaires.
Mais, deux, moi, j'aime mieux que
cette liste-là, compte tenu du profil qui est recherché, j'aime mieux que, dès
le départ, elle soit constituée à partir des recommandations du
Scientifique en chef, qui a l'expertise et qui a...
La Présidente
(Mme Grondin) : Je suis désolée, M. le ministre, de vous
couper.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 14 h 04)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de
l'environnement reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 44, Loi visant
principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les
changements climatiques et à favoriser l'électrification.
Lors de la
suspension de nos travaux, cet avant-midi, nous étions rendus à l'étude d'un
sous-amendement déposé par la députée
de Mercier. Le ministre était en train de répondre. Est-ce que vous souhaitez
poursuivre votre réponse?
M. Charette :
Très, très brièvement, ce que je mentionnais, c'est que la formule proposée par
la collègue nous invite à une
réflexion, là, qui est intéressante et pertinente. Cependant, elle dénature
clairement le rôle que l'on s'apprêtait à donner au Scientifique en chef, un rôle qu'on a
longuement défini au cours des 24 dernières heures. Même s'il n'y a
pas eu d'amendement apporté, c'est quand
même des précisions qui ont été données au cours des 24 dernières heures,
donc, malheureusement, on ne pourra pas
l'appuyer. Mais très, très, très reconnaissant qu'elle l'ait soumis à l'avance
pour qu'on ait le temps de l'étudier
convenablement. Mais il faut réellement reconnaître au Scientifique en chef un
rôle prépondérant dans cette mission-là.
Et ce que je
dirais peut-être en dernier commentaire, nous, les amendements qu'on a
présentés nous rapprochent de ce que
les groupes en consultations nous ont demandé par rapport au comité. Par
rapport à ce que la collègue propose de façon très, très légitime, malheureusement, on s'en éloigne. Ce n'est
pas une volonté qui a été exprimée par les groupes. Je ne dis pas que la
réflexion n'était pas pertinente, mais on s'éloigne des propositions qui nous
ont été faites, donc on préfère y aller avec le rôle que l'on souhaite donner
au Scientifique en chef.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions sur le
sous-amendement? M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je ne veux pas non plus trop
poursuivre, parce que l'amendement, il
avait été déposé par notre collègue,
pas par nous. Je trouve que c'est un sujet qui, à première vue, a l'air
intéressant, mais je pense qu'avant d'aller de l'avant il faudrait pousser les
explications un peu plus loin. Et donc, à ce stade-ci, je n'ai pas vraiment
d'autre commentaire à faire là-dessus. Donc, voilà.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Y
a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, je vais le mettre aux voix. Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
La
Présidente (Mme Grondin) : Rejeté. Donc, le sous-amendement est rejeté. Donc, nous revenons à l'amendement
déposé par le ministre à l'article 4. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Leitão : Donc, si je
comprends bien, Mme la Présidente, parce
qu'il faut que je me retrouve dans
mes choses, donc nous sommes revenus, on est toujours dans
le 15.0.2.
La Présidente
(Mme Grondin) : 15.0.2, oui.
M. Leitão : Tel qu'amendé par l'amendement
du ministre, c'est ça? Je pense que nous avions...
La Présidente
(Mme Grondin) : Cet amendement-là n'est pas adopté, c'est
là où...
M. Leitão : Donc, on est sur l'amendement,
c'est ça?
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui, on est sur l'amendement proposé par
le ministre à l'article 15.0.2 de l'article 4.
M. Leitão : C'est
ça. En tout cas, on en avait déjà
parlé longuement, de cet article tel
qu'amendé. Le ministre a fait un pas dans la direction de certains changements
qui étaient proposés par les groupes qui sont venus en consultations,
mais il manque encore des choses, à notre avis, notamment les amendements... les sous-amendements que nous avions proposés et qui n'ont pas été retenus. Donc, je
pense que, pour nous, ce n'est toujours pas satisfaisant, mais on en a déjà
assez longuement parlé. Moi, je n'ai pas d'autre chose à dire.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Donc, une
petite question, donc, que je vais poser au ministre. Dans le paragraphe où il dit : «Le ministre nomme ensuite les
autres membres du comité, qu'il choisit parmi les personnes figurant sur
une liste établie conjointement par le président [...] et par le Scientifique
en chef», j'aimerais savoir, Mme la
Présidente, au niveau... quand
viendra le temps d'établir conjointement cette liste, dans la mécanique, selon le ministre,
est-ce que c'est une liste qui serait présentée par le
président, donc, et ensuite le Scientifique
en chef aura à donner son
imprimatur? Ou, du moins, c'est ce que c'est... Comment cela se fera-t-il?
• (14 h 10) •
M. Charette : Une question très, très pertinente, merci de la
poser, parce que ça va clarifier, effectivement, la dynamique, la mécanique. En fait, c'est réellement
un mandat qui est confié et à la présidence et au Scientifique en chef. Donc, il n'y a pas de prépondérance. Ce n'est pas
la présidence qui va imposer sa liste, ce n'est pas le scientifique qui va imposer sa liste, les deux
auront à dresser une liste. Les deux, dans leurs travaux, auront à,
naturellement, interpréter tous les critères
de compétence qu'on a discutés, ils auront à interpréter aussi les obligations
en termes d'indépendance pour chacun des
membres susceptibles de siéger sur ce comité, et, ultimement, cette liste sera
remise au ministre. Et d'aucune façon une personne qui n'est pas suggérée sur la liste ne pourrait intégrer le
comité. Donc, c'est là où l'aspect d'indépendance, de transparence, d'imputabilité est pris en compte,
là, par ces deux personnes qui auront un rôle déterminant à jouer. Donc,
par la suite, on
sélectionne parmi cette liste, et, ultimement, lorsque le comité est constitué,
la présidence devient, elle aussi,
membre à part entière de ce comité, donc est tenue aux mêmes obligations
d'indépendance et d'obligation de résultat par rapport à la mission du
comité.
La Présidente
(Mme Grondin) : D'autres... Ça va?
M. Benjamin : Non, c'est bon,
merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Je suis aussi au deuxième
alinéa, j'imagine, où : «Le ministre nomme ensuite les autres membres du comité, qu'il choisit parmi les personnes
figurant sur une liste établie conjointement par le président [...] et par le Scientifique en chef.» Deux questions. Est-ce
qu'on peut comprendre que c'est une liste discrète qui ne serait pas rendue publique, et discrète dans le
sens qu'à l'abri même d'une demande de l'accès à l'information pour se
la procurer?
M. Charette :
C'est effectivement le cas, on ne prévoit pas rendre publique cette liste-là.
Il n'y a pas de limite, par contre,
au nombre de personnes qu'elle pourrait contenir. Donc, la liste pourrait
contenir, pour ce qui est de la première mouture du comité, on s'entend, la liste pourrait être composée, par
exemple, de 15 noms. Nous, on sait
qu'on sera limités à 13 personnes pour ce qui est du maximum de
personnes qui doivent y siéger, donc, si on devait en retenir 13, donc deux ne seraient pas choisies. On ne veut pas
qu'il y ait un regard un petit peu lourd à porter pour ces deux personnes
qui ne seraient pas retenues. Cependant, les
15 personnes se qualifieraient... en fait, les 15 personnes se
qualifient au même titre, donc les
15 personnes pourraient être choisies parce que les critères demeurent les
mêmes. Et c'est là où il y a une légère discrétion, là, qui est confiée au ministre en ce sens qu'à partir du
moment où on a une liste de personnes qui se qualifient toutes pour bien remplir leur mandat, c'est là où
le ministre aura le devoir d'aller chercher la plus grande
complémentarité, qu'on a longuement
discutée. C'est là où il aura peut-être, pour une personne ou deux, la
discrétion de dire : Pas cette fois-ci,
non pas que les personnes ne sont pas compétentes, mais on a le profil le plus
complémentaire possible à travers les neuf,
10, 11, 12, 13 personnes, là, qui seraient retenues. Mais c'est très, très
important de prendre en compte que l'ensemble des noms figurant sur
cette liste aurait et aura les compétences nécessaires, là, pour bien
s'acquitter de ce mandat.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. J'entends les
explications du ministre. Et, antérieurement, en réponse à mon collègue, le ministre a noté que d'aucune
façon est-ce que le ministre soit en mesure ou permis d'ajouter un nom
qui n'est pas sur cette liste, une assurance que je trouve intéressante mais où
j'essaie de trouver écho dans les intentions exprimées
par le législateur. Comment est-ce que cette assurance est assurée, si je peux
le dire de même? Parce que je ne vois rien dans le projet d'amendement
qui fait référence à cet enjeu-là.
Une voix : ...
M. Charette : Tout à fait, tout à fait. En fait, j'apprécie la
question parce que plusieurs pourraient se la poser, mais, dès qu'on précise que ça doit être... la sélection
doit être faite à partir des noms qui figurent sur la liste, ça confirme
qu'on ne pourrait pas, de l'extérieur, que
ce soit le ministre, que ce soit le gouvernement, que ce soit qui que ce soit,
piger en dehors des noms qui y
figurent. Donc, le libellé, tel que l'on peut le lire, donne les garanties nécessaires
à ce niveau-là.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député.
M. Birnbaum : Oui, Mme la Présidente.
Sauf, sans le moindrement prêter des intentions à ma question précédente, j'ai la réponse à laquelle je
m'attendais, c'est que la liste n'est pas rendue publique. Alors donc, je
cherche, dans le projet d'amendement, des assurances qu'en toute transparence les gens soient en mesure
d'établir que les choix finaux des membres
de ce comité se trouvaient tous au sein d'une liste dûment soumise et révisée
par le ministre, et le président, et le Scientifique en
chef. Quand est-ce que ça se réalise, dans l'amendement devant nous, les
intentions exprimées par le ministre?
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : ...clair, lorsque l'on lit, là, que ça doit être
à partir de la liste établie. Si ce n'était pas le cas, si je devais enfreindre cet élément-là, je serais à
l'encontre de la loi elle-même, donc ça me placerait... je dis «moi», mais,
bon, mes successeurs ou toute personne qui serait appelée à occuper la charge à
l'Environnement, donc ça placerait cette personne-là en infraction par rapport
à la loi. Donc, je ne vois pas quel serait l'intérêt. Et j'aurais
deux témoins qui confirmeraient que le ministre
a mal agi. C'est-à-dire, si la présidence du comité et le Scientifique en chef devaient réaliser que j'ai
plutôt — je
dis «j'ai», je devrais perdre l'habitude — que le ministre
de l'Environnement a plutôt choisi
quelqu'un extérieur à la liste, j'ai deux témoins directs qui pourraient aisément
dire : Bien, écoutez, ça ne marche pas, là, ça ne fait pas
partie des suggestions qui ont été dûment approuvées.
Donc, et le texte de loi, et la
nécessité de respecter l'esprit de la loi, et les deux témoins qui pourraient
aisément rappeler à l'ordre le ministre,
ce sont tous des éléments, là, qui garantissent justement l'intégrité du
processus.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député.
M. Birnbaum : Merci pour les explications. Au troisième
alinéa : «Les membres doivent avoir collectivement une compétence et une expérience significatives et
pluridisciplinaires en matière de lutte contre les changements
climatiques et la majorité doit être issue
du milieu scientifique», on a déjà eu quelques discussions là-dessus, j'en
conviens, puis des discussions sur
d'autres options qui auraient été mises de l'avant par les formations de l'opposition. Si je peux inviter le ministre, Mme la
Présidente, à clarifier ses
réflexions sur deux points, mais, comme je dis, j'admets volontiers qu'on
ait des discussions là-dessus, mais là on
est dans la proposition devant nous.
Est-ce qu'on peut comprendre que le ministre est satisfait que ce critère-là, c'est-à-dire que les membres, collectivement, devraient
exprimer, si je peux dire, une expérience,
une expertise, avec toutes les variétés d'antécédents, d'expériences qui ne
sont pas nécessairement exclusivement
dans le champ de développement durable ou
énergie, il y a d'autres expertises qui contribuent à l'analyse? Est-ce
qu'il peut nous expliquer exactement comment
il est satisfait que voilà un critère, par rapport à d'autres qui auraient été
suggérés, un critère qui lui donne et qui
nous donnerait l'assurance d'un comité qui est tout à fait prêt et équipé pour
confronter et pour affronter ces tâches très importantes?
Et,
dans un deuxième temps, une autre fois, je cherche des précisions, parce que,
là, on est dans l'amendement tel que proposé par le ministre. Comment on
va, strictement et rigoureusement, évaluer cette idée d'avoir une majorité
issue du milieu scientifique?
• (14 h 20) •
M. Charette : Deux très bonnes interventions, deux bonnes
questions. Pour ce qui est des éléments qui peuvent tous nous permettre d'être confiants, un, c'est un
amendement qui nous rapproche grandement de la situation
rêvée et présentée par les groupes
qu'on a rencontrés. Je dis «rapproche grandement» parce que
certains auraient souhaité, et on en a
débattu, des éléments supplémentaires, mais, si on regarde la très grande majorité
des groupes rencontrés et consultés, on se rapproche de leur scénario
idéal.
Pour
ce qui est des garanties, le président, la présidente, avec le Scientifique en chef, auront un mandat quand même assez bien défini,
avec une pression ou une obligation de résultat, en quelque sorte, donc je ne
doute pas un instant du sérieux
qu'ils mettront à dresser cette première liste. Parce qu'il faut distinguer, dans le temps, il y aura, c'est certain,
la première fois, un comité à bâtir en
entier. Par la suite, ce sera un rôle
pour compléter ou combler les vacances, en quelque sorte. Mais, compte tenu que ces deux personnes
auront des critères très, très précis au niveau du profil de l'individu
et des individus, des obligations de garantie en matière d'indépendance totale
concernant ces personnes-là, je n'ai pas un seul
doute dans mon esprit que la liste qui nous sera fournie répondra aux
compétences nécessaires pour s'acquitter du mandat. Et, si, par exemple — et on est dans les hypothèses, parce que, je
vous assure, il n'y a aucune, aucune liste, à ce moment-ci, de constituée — mais, si, au final, on devait retenir une
formule, dans un premier temps, à neuf personnes, par exemple, et qu'à l'usage le comité laissait
entendre qu'il y a des profils ou des expertises qui sont manquantes, c'est
là où le Scientifique en chef et la
présidence auront de nouveau à s'asseoir ensemble pour partager un peu... bien,
en fait, pour établir d'autres
suggestions pour combler les postes en question. Donc, en termes d'expertise,
en termes de complémentarité, je n'ai pas d'inquiétude.
Et
la question est pertinente, bien qu'on y ait en partie répondu ce matin. La
notion de scientifique, on la définit dans
son essence noble, c'est-à-dire l'ensemble des sciences reconnues, dont les
sciences sociales. Donc, il ne faut pas penser, à travers cette priorité faite aux scientifiques,
que l'on va aller chercher uniquement des spécialistes qui ont leur
expertise et qui ont leur pertinence, là,
mais uniquement dans les sciences dites pures ou dures, une expression encore
plus vieille. Donc, on aura, dans la
notion de scientifique, très certainement, des représentants des sciences dites
sociales. Et ce que je mentionnais ce
matin, pour avoir rencontré le Scientifique en chef, pour suivre ses travaux,
je sais que, dans sa conception, les sciences incluent autant les
sciences dites pures que les sciences dites sociales.
M. Birnbaum :
Si, Mme la Présidente, je peux offrir juste deux scénarios crédibles,
je l'espère, dans l'optique d'assurer
que le ministre et le gouvernement vont avoir tous les outils nécessaires pour
se prévaloir, comme je dis, d'un comité
le plus efficace et dévoué à la tâche, deux scénarios, comme je dis, là, je ne
crois pas que c'est farfelu. Un expert sociopoliticologue qui a un
certain intérêt mais peut-être pas grand expertise en tout ce qui a trait à la
lutte contre les changements climatiques, une certaine familiarité avec le
secteur environnement, mais a une grande expertise dans le comportement collectif des sociétés, des industries lourdes et même des
sociétés d'État qui veillent au développement durable et, potentiellement, beaucoup à contribuer, mais je veux
m'assurer qu'une telle personne pourrait être admissible avec les
critères qu'on voit ici.
Deuxième
scénario, dans la même veine, gens d'affaires... Bon, pour être clair, je vais
donner un exemple, bon, comme je dis, peut-être farfelu, un ancien
président d'une grande compagnie minière qui n'a même pas une fiche intéressante sur le plan protection
environnementale mais qui est grand expert sur le comportement des grandes
sociétés, antérieurement. Et lors de cette
période mondiale où on est tous, plus ou moins, mais tous dévoués à se diriger
dans une direction plus verte, une
personne de même, je peux imaginer... Je vous donne le parallèle boiteux, des
fois, on voit que les plus grands hackeurs sont engagés, embauchés par
les compagnies de sécurité parce qu'ils savent où sont cachés tous les
squelettes, bon.
Mais, il y a
une motivation derrière ma question. Voilà deux genres de personne qui risquent
d'alimenter de façon très constructive les réflexions d'un gouvernement
et d'un ministre. Est-ce que le libellé devant moi permettrait un éventuel
choix des individus avec ces genres de qualité au sein de ce comité-là?
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Merci,
Mme la Présidente. Ce matin, je mentionnais et je donnais l'exemple d'un
ou d'une spécialiste au niveau de la
mobilisation sociale, donc un profil clairement plus social. Les critères
d'indépendance demeurent, la reconnaissance
par les pairs demeure. Donc, c'est ce que la personne pourrait apporter comme
apport qui sera évalué, donc, au
niveau expert en communications, politologue intéressé par les mouvements
sociaux. Et, pour moi, ça répond aux critères.
Pour ce qui
est du deuxième, je ne voudrais pas m'avancer, encore une fois, pour ne pas
brimer la latitude qui est laissée au
Scientifique en chef et à la présidence, mais la description qui en est faite,
pour moi, et c'est très, très personnel, là, je verrais davantage ce profil-là au niveau du comité qui va aviser,
qui va conseiller le ministre des Ressources naturelles. On va aborder cette question-là plus tard dans le
projet de loi parce qu'il y aura un comité aussi au niveau Ressources naturelles. Compte tenu de son expertise
certainement très, très utile, c'est davantage peut-être dans ce comité.
Encore là, c'est une perception bien
personnelle, avec le profil que vous avez dressé, là, somme toute rapidement.
Donc, je ne dis pas non, je dis que
ça sera à la présidence ou au Scientifique en chef de trancher. Mais ayons en
tête qu'on aura l'occasion, là, dans
les prochains jours, les prochaines semaines, d'aborder un autre comité qui
aura, lui, davantage d'impact au niveau des ressources naturelles parce que la transition énergétique va être pilotée
à partir du ministère des Ressources naturelles.
M. Birnbaum : Merci pour les
explications. Une dernière petite question. Je veux m'assurer qu'il y a une
concordance comme il faut. Dans les notes explicatives, le... merde, je
m'excuse. Le mot utilisé est... a une qualité permissive
au lieu de déclarative. Dernière phrase des notes explicatives, on parle du...
«Le ministre pourrait alors nommer les autres membres du comité...»
Est-ce qu'on comprend que c'est une obligation? Parce que, si je lisais
l'article tel qu'amendé, c'est assez
déclaratif, c'est : «Le ministre nomme ensuite les [...] membres...» Et,
comme je dis, juste m'assurer... Écoutez,
c'est la loi qui prévaut, mais est-ce que je peux comprendre que l'intention
dans ces notes explicatives est de... dans la même optique, on parle
d'une obligation ministérielle?
Des voix : ...
M. Charette :
...et le collègue des services juridiques a pu aussi me rassurer, c'est
réellement le libellé de l'article qui
prime, donc pas d'inquiétude à ce niveau-là. Et le «pourrait», on pourrait
l'interpréter par le fait que le président va aussi devenir membre du comité. Donc, par la suite, le ministre
complétera la désignation des membres du comité. Mais, pour ne pas
éviter... pour éviter, c'est-à-dire, toute confusion ou tout doute, c'est
réellement le libellé de l'article, là, qui doit être bien saisi.
M. Birnbaum : Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions? Donc, je vais procéder à sa mise aux
voix. Donc, est-ce que l'amendement à l'article 4,
l'article 15.0.2, est-il adopté?
M. Leitão : Rejeté.
Des voix : ...
M. Leitão : Est-ce qu'on peut
avoir le vote par appel nominal?
• (14 h 30) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Le vote est déjà fait. Il
aurait fallu le... C'est pour ça que je prenais mon temps pour dire...
Donc, il faudrait le demander assez rapidement, s'il vous plaît. Donc, l'article 15...
l'amendement, en fait, est adopté.
Une voix : Sur division.
La
Présidente (Mme Grondin) : Sur division. Donc, nous revenons à l'article 15.0.2. Y
a-t-il des interventions? Donc, pour le moment, je le laisse en suspens.
Nous poursuivons avec l'article 15.0.3. M. le ministre, je vous invite à lire l'article qui est dans le projet de loi puis, par la
suite, je comprends que vous avez également un amendement
à déposer.
M. Charette : Effectivement. Merci,
Mme la Présidente. Donc, l'article tel qu'il se lit actuellement :
«Le comité a
pour mission de conseiller le ministre, à la demande de ce dernier ou de sa
propre initiative, sur les orientations,
les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les
changements climatiques dans une perspective
d'amélioration continue et en tenant compte de l'évolution des connaissances
scientifiques et technologiques en cette matière.»
Donc, c'est le libellé tel qu'on le lisait lors
de la présentation originale du projet de loi. Donc, ce que je vous proposerais comme amendement, donc :
Ajouter, à la fin de l'article 15.0.3. de la Loi sur le ministère
du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs proposé par l'article 4
du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Le ministre
peut demander à un ministère ou à un organisme qu'il lui fournisse, dans le délai qu'il lui
indique, tout renseignement ou tout document nécessaire à la réalisation de la
mission du comité. Il lui transmet ensuite le renseignement ou le document
obtenu.»
Donc,
l'article amendé se lirait ainsi :
«Le
comité a pour mission de conseiller le ministre, à la demande de ce dernier ou de sa propre
initiative, sur les orientations, les
programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les
changements climatiques dans
une perspective d'amélioration continue et en tenant compte de l'évolution des connaissances
scientifiques et technologiques en cette matière.
«Le
ministre peut demander à un ministère ou à un organisme
qu'il lui fournisse, dans le délai qu'il lui indique, tout renseignement ou tout document nécessaire
à la réalisation de la mission du comité. Il lui transmet ensuite
le renseignement ou le document obtenu.»
Donc,
peut-être quelques explications. Là aussi, on peut faire référence
aux consultations qui se sont tenues. Mais, pour renforcer, en quelque sorte, et le
pouvoir du comité et le pouvoir du ministre, naturellement, on doit avoir, dans tous les cas, l'information qui est jugée nécessaire. Donc, si jamais,
pour s'acquitter de son mandat, le comité a besoin d'information qui se retrouve dans un ministère en
particulier ou des explications qui
se retrouvent dans un ministère en
particulier, j'aurai le pouvoir... je dis «pouvoir» et je dis
«contrainte», on s'entend, c'est une demande qui devra avoir sa suite, mais
s'assurer que le comité ait toute l'information nécessaire à la réalisation de sa mission. Donc, déjà, l'article 4,
à travers cet article-là... cet
alinéa, plutôt, était intéressant, mais, avec l'ajout qui est proposé, et les
pouvoirs du ministre de
l'Environnement et les pouvoirs du
comité se trouvent renforcés, et on se donne une chance supplémentaire que le comité puisse adéquatement s'acquitter de sa mission.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions sur... M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, on est au 15.0.3. Donc, ma première
question pour M. le ministre, c'est sur le
choix du mot «mission» à la place de «mandat». Puisque le comité existant avait
le mandat de conseiller le ministre, pourquoi le mot... avoir remplacé
«mandat» par «mission»? Qu'est-ce qui change?
M. Charette :
Honnêtement, j'aurais besoin peut-être d'une petite précision parce que je ne
vois pas ce à quoi réfère le collègue. Au niveau de l'article amendé?
M. Benjamin :
Bien, au niveau de l'article amendé, voilà. Donc, la formulation : «Le
comité a pour mission de conseiller
le ministre...» Or, auparavant, le comité avait pour mandat de conseiller le
ministre. Alors, j'aimerais peut-être vous entendre sur ce qui explique
ce changement.
M. Charette : Encore là, peut-être que je saisis mal la
question, mais j'ai la version originale du projet de loi, à l'article 15.03, on lit bien : «Le comité a pour
mission...» Donc, je ne vois pas de changement. Je saisis peut-être
mal la question, mais a priori il n'y a pas eu de changement de mot à ce
niveau-là.
M. Leitão : Peut-être pour clarifier, vous avez raison, et mon collègue
a raison, tout le monde a raison. Ce dont on fait référence ici, c'est au comité qui existait.
Avec l'ancien gouvernement, il y avait un comité consultatif, et ce comité-là
avait comme mandat de conseiller, etc. Et
puis maintenant, dans la version de... le projet de loi n° 44, ce qui nous apparaît ici maintenant,
c'est que «le comité a pour mission». Alors, c'est ça, la question de mon
collègue.
M. Charette : On précise au niveau des services
juridiques : ce n'était pas dans une loi. Le comité qui avait été consulté ne l'avait pas été à travers une loi,
d'une part. Et, dans les faits, «mission», «mandat», on se retrouve au niveau de l'objectif, mais il
n'y a pas d'intention autre. La
mission du comité peut très bien être le mandat du comité. Mais il n'y a
pas d'incohérence, là. Dans la version actuelle, qui prévaut actuellement, ce
n'était pas inscrit dans une loi en tant que telle, là, c'était une initiative
proprement gouvernementale.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Merci à mon collègue de Robert-Baldwin, donc, pour la
précision apportée. Mais je reviens encore
avec la question. Je comprends bien que ce n'était pas une... qu'il n'y avait
pas d'intention, mais, cependant, il
y a un fait qu'il y a ces deux mots-là. Donc, à moins que le ministre souhaite
faire entendre l'aviseur légal, le
conseiller juridique, j'aimerais savoir quelle est la portée juridique du mot
«mission», donc, enchâssé dans une loi et quelle est la portée juridique
du mot «mandat» enchâssé dans une loi.
M. Charette :
...volontiers. On va lui laisser le temps de faire une petite recherche de son
côté, mais sans problème. Mais,
réellement, là, pour se rassurer, pour interpréter cette loi éventuellement,
«mandat» et «mission», sensiblement, en fait, la même perspective, mais surtout avec la même obligation de
résultat. Donc, je vous décris les grands principes, mais le collègue aux services juridiques pourra
compléter par la suite. Et, si on regarde au niveau de la loi, souvent,
le terme «mission» est retenu. Donc, il y a
une question de concordance aussi, naturellement, mais, pour des aspects
plus légistiques ou légaux, nos collègues
seront plus avisés, peut-être avec une perspective encore plus neutre... vous
rassurer.
La
Présidente (Mme Grondin) : J'aurais donc besoin d'un
consentement pour que le légiste... Pouvez-vous, s'il vous plaît, vous
présenter?
M. Moisan
(Hugo) : Oui. Hugo Moisan. Je suis avocat à la Direction des affaires
juridiques du ministère de l'Environnement
et de la Lutte contre les changements climatiques. En fait, dans le corpus
législatif, au Québec, quand on parle
d'un organisme public quelconque qui est créé, ou de comités, ou d'autres
entités de ce genre-là, on dit généralement... on parle de sa mission, donc sa mission au sens général, ce qu'il va
devoir accomplir au cours de son existence. Donc, ici, c'est ce de quoi on parle. Donc, on dit qu'il a
«pour mission de conseiller le ministre, à la demande de ce dernier». Bon, c'est la mission qu'il a. Le
mandat, généralement, ça va être un mandat confié par une personne à une autre.
Là, c'est vraiment dans la loi qu'on vient prévoir la mission. Donc,
si on regarde plein d'exemples de d'autres entités, là, dans... créées
par la loi, on parle généralement de mission, là, même s'il y a peut-être des
cas particuliers où on parle de mandat, là, mais, plus généralement, on parle
de mission.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci,
Mme la Présidente. Merci pour ces
précisions. Donc, est-ce qu'on peut conclure que, ce changement-là, ce n'est qu'un changement de
concordance ou, du moins, c'est ce qu'il
y a... donc, le fait que le
comité aurait maintenant pour mission et non plus le mandat, donc?
• (14 h 40) •
M. Charette : Il faut juste une précision. L'actuel comité ou
le comité qui avait été mis en place par le gouvernement précédent n'était pas issu d'une loi. Donc, il n'y a
pas de référence, dans une loi, au mandat du comité, là, qui avait été
mis en place par l'administration précédente. Donc, il
n'y a pas de changement d'orientation. Et, pour aller dans la même veine, mon collègue me rappelait, à juste titre, au niveau du conseil de gestion, dans la loi, on parle aussi de mission. Donc,
c'est réellement... Je ne suis pas juriste, je le dis d'entrée de jeu, mais le
terme «mission» est, semble-t-il et selon toute ressemblance... vraisemblance,
plutôt, celui qui est retenu pour parler de la mission d'un organisme.
La Présidente (Mme Grondin) :
Parfait. M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Une autre question que j'aurais pour M. le ministre.
Donc, c'est sûr, quand il parle,
toujours dans le premier paragraphe, au premier alinéa, je crois, du 15.0.3,
«une perspective d'amélioration continue», j'aimerais peut-être
l'entendre là-dessus. Qu'est-ce qu'il souhaite nous dire par «amélioration
continue»?
M. Charette :
En fait, on a eu l'occasion... on est mercredi, donc, la semaine dernière, si
je me souviens bien, je ne me
souviens plus pour quel article en particulier, on a parlé beaucoup de
l'évolution de la science. Spécialement au niveau des changements climatiques, c'est une science qui
évolue, la connaissance évolue. On a eu un petit débat très, très
pertinent sur certains éléments nouveaux de connaissance qui viennent affecter,
justement, notre lutte aux changements climatiques, qui étaient inconnus il y a
peu de temps à peine.
Donc, lorsque l'on mentionne, à travers cet
article, qu'il y a cette volonté de tenir compte de l'évolution des connaissances scientifiques et de... vous, vous
avez davantage cité la perspective d'amélioration continue, mais, en
fait, c'est une amélioration continue des
connaissances pour être bien certains que ce comité-là soit à la fine pointe
des connaissances en matière de changements
climatiques pour qu'ils puissent bien
s'acquitter de leur mandat et de leur mission, hein, pour reprendre le
mot qui est dans l'article.
Et ce qui a
été ajouté dans le sous-amendement devient aussi pertinent. Par moment, la connaissance va se retrouver dans un ministère,
la connaissance va se retrouver dans une société d'État, là, qui est liée au projet de loi,
donc on pourra s'assurer que
l'information est connue, de sorte que le comité puisse, oui, faire ses travaux
en fonction de l'évolution, là, et de l'amélioration continue et de la
connaissance scientifique.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je comprends qu'en fait, quand je lis ce premier segment de
l'amendement du ministre, «perspective d'amélioration continue» se situe entre
«stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques» et
«l'évolution des connaissances scientifiques et technologiques en cette
matière». Maintenant, à ce moment-là, M. le
ministre, comment comptez-vous évaluer cette amélioration continue, puisqu'on
est toujours dans le chapitre du mission... de la mission, pardon, du comité?
M. Charette :
On va le voir, là, dans quelques articles, le comité va être doté de moyens, il
aura des moyens à sa disposition. Le
comité sera libre au niveau de sa gouvernance et de sa régie, donc les membres
du comité savent qu'ils devront
consacrer des efforts pour atteindre ces objectifs-là d'amélioration continue
pour l'évolution des connaissances scientifiques.
Donc, en fait, ça fera partie de leur mission, en quelque sorte. Et le
gouvernement, en termes de moyens financiers,
sera là pour les appuyer dans la réalisation de leur mission, plus ce qui a été
ajouté en termes de transmission d'information
pour les ministères et organismes visés. Donc, tous ces éléments-là permettront
justement une amélioration continue
et une connaissance qui est à la fine pointe, là, de l'évolution des
technologies et des connaissances scientifiques.
La
Présidente (Mme Grondin) : Le député de Viau, et, par la suite monsieur... Ah! M. le député
Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, oui, à mon tour aussi de continuer,
donc, la réflexion sur l'article 15.0.3 tel qu'amendé par la
proposition du ministre.
Avec mon collègue de Viau, nous étions
en train de discuter la notion de
perspective d'amélioration
continue. M. le ministre a répondu en nous parlant surtout de la nécessité de
tenir compte de l'évolution de la connaissance scientifique et technologique.
Là, on est tout à fait d'accord. Mais je reviens un petit peu en arrière :
amélioration continue. On en a
discuté un peu ce matin ici, que, dans un projet de loi, les législateurs ne...
j'oublie maintenant quel était le terme exact, mais ne parlent pas pour rien dire. Donc, je ne veux pas
paraphraser exactement, mais c'était dans cet ordre d'idées. Et là je m'excuse, mais j'ai un peu l'impression...
j'ai l'impression que d'inclure ici «perspective
d'amélioration continue»,
c'est un peu redondant. Ça veut dire... Qu'est ce que ça vient faire dans un projet
de loi?
Je
comprends la notion d'amélioration continue. Je pense que le député de Bourget
serait d'accord avec moi, c'est plutôt
dans un cadre de gestion d'entreprise ou de gestion d'organisme qu'on parle d'amélioration continue, ce qui est tout à fait nécessaire et pertinent. Mais, dans un projet de loi, je vois mal quelle est la portée d'y inclure la notion
d'amélioration continue. Je pense que, par
définition, quand un comité s'engage dans un processus de réflexion, de recherche, de proposer et de conseiller un ministre, bien, je pense que l'amélioration continue, elle va de soi. Donc, moi, je vous
suggère que c'est peut-être redondant de l'inclure dans le projet de loi.
Notre
collègue légiste, là, nous a parlé du corpus législatif
au Québec, et j'ai compris très bien l'explication sur la notion de mission versus mandat, mais je pense aussi que, dans le corpus
législatif, on essaie d'éviter au maximum d'avoir des choses redondantes. Donc, moi, je vous suggérerais tout simplement de l'éliminer, et donc : «...stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques en tenant
compte [...] l'évolution et [les] connaissances scientifiques...» Donc, d'enlever la «perspective d'amélioration continue». C'est une proposition que je vous fais avant même de déposer
quoi que ce soit, mais c'est une proposition que je vous fais.
M. Charette : ...de saisir la proposition, ça ne serait pas
le paragraphe entier, ce serait uniquement la référence
à la perspective d'amélioration continue?
M. Leitão :
Ça serait juste ça, oui.
M. Charette :
C'est-à-dire, bien honnêtement, là, on peut envisager ce changement-là, mais
vous répéter dans quelle perspective
l'article... En fait, il faut voir le 15.0.3 dans la perspective globale de
l'article 4, c'est-à-dire une obligation de rassurer les gens ou ceux qui auront à interpréter la loi sur, oui,
l'obligation de résultat, comment le comité est composé, comment le
comité est aussi accompagné dans sa mission à travers les moyens nécessaires.
Moi,
je vais vous avouer, a priori, je suis très, très volontaire pour que l'on y
songe, mais je vais me retourner vers les juristes pour voir s'ils
avaient une interprétation différente ou une vision différente. Selon la
question posée, la référence à la — juste
trouver le bon passage — perspective
d'amélioration continue, est-ce qu'il y a une plus-value à cette formulation-là ou si est-ce qu'on pourrait
tout simplement retirer les quelques mots, avoir... et en ayant la même volonté, là? C'est réellement une perspective de
juriste. Comme législateur, moi, je suis rassuré par le sens de
l'article, mais là c'est une vision davantage en légistique qui me serait
nécessaire.
La
Présidente (Mme Grondin) : On va suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à
14 h 50)
(Reprise à 14 h 52)
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. M. le député de Robert-Baldwin, je vous invite à poursuivre.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, nous travaillons sur un amendement. On y reviendra,
mais restons, donc, sur l'amendement de M.
le ministre à l'article 15.0.3,
où son amendement, donc, ajoute un deuxième paragraphe, un
deuxième alinéa. Mon collègue député de Viau avait posé comme question, au tout
début de notre discussion, à savoir pourquoi
le gouvernement fait ça. Je pense que le ministre
a répondu en disant que c'est suite aux consultations, à ce qui avait
été suggéré par plusieurs intervenants. Très bien.
Moi,
j'ai une petite question aussi, question de mots, mais les mots sont importants.
Donc, la toute première phrase, la
toute première ligne de l'amendement
de M. le ministre, c'est qu'il dit que «le ministre peut demander à un
ministère ou un organisme». Encore une fois, dans plusieurs projets de loi, et,
dans celui-ci aussi un peu plus tôt, on l'avait fait, toute la notion du «peut»
et du «doit»... Serait-il approprié qu'ici aussi on indique que le ministre
doit demander à un ministère ou à un organisme qu'il lui fournisse, dans
les délais qu'il lui indique, etc., tous les renseignements plutôt que «le
ministre peut demander»?
M. Charette :
Je le dis avec le sourire parce que, dans l'opposition, et je le dis très, très
amicalement, c'est un amendement qui est systématiquement demandé, de
changer le «peut» et le «doit», et, quand ça n'a pas d'incidence... D'ailleurs,
avec votre collègue de Maurice-Richard, très, très
rapidement, on a consenti à cette modification-là.
Cependant,
dans le cas présent, ce ne serait pas possible et c'est, de l'avis même, là, du sous-ministre adjoint, tout simplement que
le comité, par exemple, sans arrière-pensée, pourrait demander des informations
qui sont sous le sceau de la
confidentialité, des secrets d'entreprise, des secrets professionnels. Donc,
c'est là où il doit y avoir cette évaluation entre le «peut» et le
«doit».
Donc, à chacune des fois, ce sera oui
si c'est possible, mais, si, par exemple, le comité devait demander quelque
chose qui est protégé, c'est là où, malheureusement, on ne pourra pas rencontrer les attentes du comité.
Ça lui sera dit tout simplement.
Mais, de façon générale, le «peut» et le «doit», là, c'est une question qu'on
peut régler très, très aisément, mais, dans
le cas précis, on ne peut pas supposer que toutes les demandes seraient en
mesure d'être répondues. Donc, c'est une précaution juridique,
essentiellement.
M. Leitão : Très
bien. Donc, dans ce cas précis, le
«peut» est voulu. Ce n'est pas... C'est parce qu'il peut y avoir cette
question que l'information ne soit pas... qu'il ne soit pas possible de
transmettre cette information-là. O.K. Moi, j'aurais
quand même préféré le «doit», mais je comprends. Je pense, ça ouvre un peu la
porte à ce que le ministre... il
y ait un peu d'arbitraire là-dedans, mais, écoutez, ce n'est pas ça qui va nous
garder réveillés la nuit.
Alors,
pour ce qui est de l'amendement du ministre comme tel, moi, je n'ai pas
vraiment d'autre question. J'ai d'autres
questions sur l'article, oui, 15.0.3, mais, sur cet amendement ici, moi, je
n'ai pas d'autre chose. Je ne sais pas si mon collègue a des...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, sur l'amendement du ministre, en fait,
c'est une question d'éclaircissement
que je pose au ministre. Donc, si le ministre a choisi «peut demander à un
ministère ou à un organisme», est-ce que le comité peut demander à un
ministère ou à un organisme? Du moins, est-ce que le comité doit passer par le
ministre pour faire des demandes?
M. Charette :
On m'indique et on me confirme, selon l'esprit, là, du projet de loi, selon sa
rédaction, ce n'est pas une
obligation. Donc, le comité a la latitude de solliciter les informations qu'il
juge nécessaires. Mais, si jamais, pour une raison ou pour une autre, et ce n'est pas un
scénario qu'on envisage, mais, si, pour une raison ou pour une autre, il
n'obtient pas l'information désirée, le ministre
devient un levier supplémentaire pour qu'il s'assure que l'information est
communiquée, là, au comité. Mais le comité a
la latitude d'interagir avec les ministères et organismes. Donc, c'est une garantie
supplémentaire, en quelque sorte.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Je me
demande alors : Dans ce cas-là, cette garantie-là, est-ce qu'elle
se retrouve quelque part dans le projet de loi qu'on regarde devant nous pour
ce qui est de la responsabilité du comité? Est-ce qu'on...
M. Charette : Tout à
fait. Mais, en fait, la garantie,
elle est dans cette proposition d'amendement qui est faite. Donc, si le comité n'obtient pas l'information désirée, le ministre
a le pouvoir de faire tout le nécessaire pour qu'il obtienne l'information. Et, quand on le lit en entier, on
indique même qu'il y a des contraintes au
niveau du temps lui-même.
Donc, non seulement il peut demander à un organisme, mais tout ça dans des délais
qu'il indique. Donc, le ministre peut être très directif dans sa demande, de dire : Il nous faut cette
information-là, et veuillez la transmettre au plus tard telle date.
Donc, la garantie est liée, comme ça le comité pourra bien s'acquitter, là, de
sa mission.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Donc, en fait, dans l'amendement qu'on a devant nous,
la seule garantie que je vois qui
apparaît, c'est la garantie que le ministre va pouvoir accompagner le comité
dans sa requête. Mais je ne vois pas
de garantie, dans l'amendement qu'on a devant nous, que le comité peut exercer
ses pouvoirs en faisant cette demande-là
auprès de n'importe quel organisme ou ministère du gouvernement du Québec.
Alors, si telle est effectivement la pensée du ministre, à savoir qu'il doit y avoir... que ce comité-là doit
pouvoir avoir ces garanties-là, est-ce qu'on peut le retrouver quelque
part, donc, dans l'article qu'on a devant nous?
• (15 heures) •
M. Charette :
En fait, je voulais m'assurer, là, que les garanties étaient présentes, et
c'est bel et bien le cas. Lorsqu'on regarde
l'article 15.0.5 de la loi, donc,
sans amendement, on dit fort bien que le comité va avoir à ses
dispositions tout l'appui nécessaire pour
repérer et pour remplir sa mission. Et un organisme comme... Bien, en
fait, le comité est aussi tout à fait habileté, comme n'importe quelle autre organisation, à faire des demandes d'accès à
l'information, ultimement. Et ça, ce n'est jamais précisé dans la loi,
c'est une évidence.
Donc,
on y va dans l'ordre, en quelque sorte. Si jamais il y a une demande, et moi,
je présume de la bonne foi de tout le
monde, là, mais, s'il y a une demande, et la réponse n'est pas satisfaisante,
ensuite le comité peut se retourner vers une demande d'accès à l'information. Si, encore là, la réponse n'est pas
suffisante, c'est là où le ministre peut intervenir de façon très, très directive et s'assurer que
l'information soit transmise au comité. Donc, dans tous les cas, on peut être
assuré, le nécessaire... Et même
l'amendement et le projet de loi prévoient que le comité disposera de tous les
moyens, là, pour obtenir ce dont il a besoin, là, pour bien réaliser ses
objectifs.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Donc, autre question, en fait, sur le rôle que sera
appelé à jouer le comité, et ma question au ministre : Pourquoi avoir
enlevé la notion d'adaptation aux changements climatiques dans le rôle que sera
appelé à jouer le comité?
M. Charette :
En fait, l'adaptation aux changements climatiques est au coeur du projet de loi
n° 44, donc il n'y a pas d'exclusion à ce
niveau-là. Je regarde au niveau du libellé lui-même, d'amélioration... Bien, en
fait, on parle...
(Consultation)
M. Charette : O.K. C'est
une définition, c'est-à-dire, qu'on retrouve à 10.1. Lorsqu'on dit : Dans
une perspective... Non, c'est-à-dire,
au niveau de la lutte aux changements climatiques, on le définit à 10. 1. Et, à
10.1, on a la référence à l'adaptation, mais le projet de loi repose...
D'ailleurs, ça avait été souligné et salué par Ouranosau moment des consultations : on fait, pour une première
fois, de façon significative, dans une loi, référence à l'adaptation. On a déjà
pris l'engagement que le Plan pour une économie verte fera aussi une grande
part à l'adaptation. Donc, ça va de soi, mais c'est défini à
l'article 10.1. Donc, on voit, là, que ça inclut clairement l'adaptation
aux changements climatiques.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Donc, est-ce que je dois comprendre que c'était important,
donc, de parler des programmes, des politiques, des stratégies en
matière de lutte contre les changements climatiques et non pas, dans le cadre du mandat... de la mission, pardon, de ce comité, d'adaptation
aux changements climatiques?
M. Charette :
Absolument pas. Étant donné qu'on définit ce qu'est la lutte aux changements
climatiques et que ça inclut l'adaptation aux changements climatiques,
on n'y accorde pas moins d'importance. Donc, le comité sera aussi tenu de
considérer l'adaptation aux changements climatiques.
M. Benjamin : ...collègues qui
souhaiteraient intervenir?
La Présidente
(Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement du ministre?
M. Leitão : Sur l'amendement,
moi, je n'en ai pas. Sur l'article, oui, mais, sur l'amendement, je...
M. Benjamin : ...à ce
moment-là, Mme la Présidente, amener un sous-amendement, on peut le faire maintenant?
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Est-ce que...
M. Benjamin : D'accord. Si vous
permettez, on peut suspendre quelques minutes, le temps qu'on puisse faire
parvenir le sous-amendement?
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Il est déjà rédigé?
Donc, on va suspendre.
(Suspension de la séance à 15 h 04)
(Reprise à 15 h 09)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. Je comprends que c'est... il y aura un amendement et non un sous-amendement. Donc, y a-t-il
d'autres interventions sur l'amendement du ministre à l'article 15.0.3?
Donc, je vais passer à sa mise aux voix.
M. Leitão : Par appel nominal.
La Présidente
(Mme Grondin) : Par appel nominal. M.
le secrétaire.
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, pour, contre, abstention. M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette : Pour.
Le Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Pour.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente
(Mme Grondin) :
Abstention. Donc, l'amendement du ministre à l'article 15.0.3 de l'article... 4, pardon, est
adopté. Nous revenons à l'article 4, à 15.0.3.
• (15 h 10) •
M. Leitão :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le
député, vous souhaitez intervenir, oui.
M. Leitão : Merci. Alors, c'est à ce moment-ci que je vous dis que notre formation, nous avons deux amendements
distincts à vous proposer. Je vous
proposerai un et je pense que, par la suite, mon collègue de Viau
proposera un autre. Alors, l'amendement que je souhaite proposer à 15.0.3, c'est un amendement
qui est en train de se diriger vers vous. Et c'est un amendement
que, suite aux discussions que nous avons eues un peu plus tôt... Oui?
La Présidente
(Mme Grondin) : Désolée
de vous interrompre, mais je préfère suspendre quelques instants juste
pour m'assurer que... sur la forme, et que tout le monde ait accès.
M. Leitão :
Exact. Très bien.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, on va suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 11)
(Reprise à 15 h 13)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les
travaux. M. le député de...
M. Leitão :
Robert-Baldwin.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci,
Robert-Baldwin. Donc, vous proposez un amendement. Je vous invite à le
lire, il est disponible sur le Greffier.
M. Leitão :
Oui, Mme la Présidente. Et je dois vous avertir, vous informer que mon iPad,
maintenant, refuse de collaborer, donc, si quelqu'un peut m'aider...
Merci, M. le secrétaire. Voilà.
Alors donc,
comme on mentionnait un peu plus tôt dans notre discussion, dans le premier
alinéa de l'article 15.0.3, nous
proposons, avec cet amendement, d'enlever la référence à «dans une perspective
d'amélioration continue». Alors, dans ce cas-là, le premier alinéa de
l'article 15.0.3 se lirait comme ceci :
«Le comité a
pour mission de conseiller le ministre, à la demande de ce dernier ou à sa
propre initiative, sur les orientations,
les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les
changements climatiques en tenant compte de l'évolution des
connaissances scientifiques et technologiques [de] cette matière.»
Voilà. Donc,
tout ce qu'on fait, c'est d'éliminer la référence à «perspective d'amélioration
continue», comme on en avait discuté avant.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Bourget.
M. Campeau :
Je voudrais juste demander au député de Robert-Baldwin : Est-ce qu'il ne
manquerait pas un mot, «en cette matière», à la fin?
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, une petite coquille.
M. Leitão : Oui.
La Présidente
(Mme Grondin) : Il manque le mot «en».
M. Campeau : Oui, c'est
vraiment un détail, là.
La
Présidente (Mme Grondin) : C'est vraiment une petite coquille. Donc, si ça vous convient, on va le
corriger comme ça, là, «en cette matière». Merci, M. le député de Bourget.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Non?
M. Charette : Non, en fait, tout simplement vous
mentionner que, tel que convenu précédemment, nous, c'est un amendement
qui nous convient, donc on pourrait l'adopter sans plus de délai.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, M. le député de Viau.
M. Benjamin : ...entendre M. le ministre, donc, ça fait
24 heures que je suis là, Mme la
Présidente, pour ne pas dire à haute voix mon plaisir et mon bonheur à entendre
le soutien du ministre pour l'amendement apporté par mon collègue de Robert-Baldwin.
Donc, je veux remercier, donc, le ministre de l'Environnement.
M. Charette : Je me permets un
clin d'oeil, le député de Viau est un ami. Ce que j'ai dit depuis le
début : Proposez-nous des bons amendements, puis on va les accepter. Donc,
on collabore de belle façon.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement proposé
par le député de Robert-Baldwin? Ça vous convient? Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, je vais le mettre aux voix.
M. Leitão : Par appel nominal.
La Présidente
(Mme Grondin) : Par appel nominal. M. le secrétaire, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Pour.
Le Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
Le
Secrétaire : M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente
(Mme Grondin) :
Abstention. Donc, l'amendement proposé par le député de Robert-Baldwin
est adopté. Nous revenons à l'article 4, l'article 15.0.3. Y a-t-il
d'autres interventions? M. le député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Alors, comme précédemment annoncé par mon collègue le
député de Robert-Baldwin, donc,
alors, j'ai un autre amendement à déposer, donc. Alors, on va suspendre, le
temps de le faire parvenir?
La
Présidente (Mme Grondin) : Il est rédigé, là?
M. Benjamin :
C'est déjà là.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
M. Benjamin :
Alors, je peux en donner lecture?
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous allons suspendre
quelques minutes.
(Suspension de la séance à
15 h 18)
(Reprise à 15 h 20)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
nous reprenons les travaux. Nous sommes donc rendus à
l'article 15.0.3 de l'article 4, et, M. le député de Viau, vous avez
déposé un amendement. Je vous invite à le lire. Il est disponible sur le
Greffier.
M. Benjamin :
Merci, merci, Mme la Présidente. Donc, alors, l'amendement se lirait comme
suit : Modifier l'article 15.0.3 de la Loi sur le ministère du
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, introduit par l'article 4 du projet
de loi, par l'ajout, après les mots «scientifiques et technologiques», des mots
«ainsi que des consensus scientifiques».
Donc, l'article, tel
que modifié alors, se lirait ainsi :
«15.0.3.
Le comité a pour mission de conseiller le ministre, à la demande de ce dernier
ou de sa propre initiative, sur les
orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de
lutte contre les changements climatiques [et] en tenant compte de l'évolution des connaissances scientifiques et
technologiques ainsi que des consensus scientifiques en cette matière.
«Le
ministre peut demander à un ministère ou à un organisme qu'il lui fournisse,
dans le délai qu'il lui indique, tout renseignement ou tout document nécessaire
à la réalisation de la mission du comité. Il lui transmet ensuite le
renseignement ou le document obtenu.»
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Souhaitez-vous plaider
votre proposition?
M. Benjamin : Bien, écoutez, rapidement, en me souhaitant autant de succès que mon collègue
de Robert-Baldwin, donc, voilà un amendement, j'espère, qui fera
consensus puisque, déjà, les mots «consensus scientifiques»
apparaissaient déjà à d'autres articles. Donc, ce que nous souhaitons
tout simplement, nous souhaitons apporter de la cohérence et
de la cohésion, donc, par cet ajout. Donc, voilà, en espérant que le ministre
trouvera...
M. Charette : ...ne sera pas en reste par rapport à son collègue de Robert-Baldwin,
donc tout à fait en accord. Et c'est
conforme, d'ailleurs, avec l'esprit de nos discussions et de la modification
apportée sur la cible, notamment. Il y a quelques jours, on a eu ce débat-là. Donc, c'est totalement dans
l'esprit du projet de loi et de nos intentions. Donc, bien, bien
d'accord pour appuyer cet amendement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions
sur cette proposition d'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais donc procéder à sa mise aux voix par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Donc, M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La Présidente
(Mme Grondin) :
Abstention. Donc, l'amendement proposé par le député de Viau est donc
adopté. Nous revenons donc à l'article 15.0.3 tel qu'amendé. Y a-t-il des
interventions? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Oui, j'aurais un amendement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Est-ce que vous l'avez
déjà transmis?
Mme Ghazal :
Oui.
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui?
Mme Ghazal :
Il est déjà sur Greffier. Tout le monde peut le voir.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
Donc, on va suspendre
quand même deux petites minutes.
(Suspension de la séance à
15 h 24)
(Reprise à 15 h 26)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,
nous reprenons les travaux. Nous sommes rendus toujours à l'article 4,
l'article 15.0.3. Donc, Mme la
députée de Mercier,
vous avez déposé un amendement. Pourriez-vous, s'il vous plaît, le
lire?
Mme Ghazal : Oui. Donc : L'article 15.0.3 de la
Loi sur le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, tel qu'introduit à l'article 4
du projet de loi, est modifié par l'ajout, après le premier alinéa,
de l'alinéa suivant :
«Le comité
consultatif est créé afin de faciliter l'intégration des faits scientifiques au
sein des processus administratifs et législatifs des pouvoirs publics. De ce
fait, le comité consultatif sur les changements climatiques doit
notamment :
«1° donner son avis
au ministre sur la fixation de la cible de réduction des émissions de gaz à
effet de serre à l'horizon 2050 ainsi que des cibles intermédiaires;
«2°
donner son avis au ministre sur la fixation des budgets carbone, notamment pour
déterminer la répartition des efforts entre les réductions domestiques
et les achats de crédits internationaux;
«3°
donner son avis sur les impacts des changements climatiques et des mesures de lutte contre les changements
climatiques sur les populations les plus vulnérables, sur les populations
inuites et sur les Premières Nations;
«4°
produire, à la demande des ministères et organismes publics ou de sa propre
initiative, tout avis ou analyse aux autorités
gouvernementales en lien avec le progrès vers l'atteinte des
cibles de réduction des émissions de gaz
à effet de serre et les mesures pour y parvenir, l'adaptation aux changements climatiques, toute limite proposée en lien avec le
marché du carbone, la préparation de statistiques reliées aux émissions de gaz
à effet de serre ou tout autre sujet en lien avec les changements climatiques.»
Donc, je ne veux pas
les relire parce que c'est uniquement un ajout et c'est un ajout qui vient
directement du mémoire du Centre québécois du droit de l'environnement.
Donc
ici, ce qu'on vient... c'est non seulement préciser, mais élargir encore plus
ce que le comité consultatif peut faire,
puisque le ministre, il dit que le comité peut, à n'importe quel moment, sur
n'importe quel sujet, produire un avis qu'il donne au ministre, et son objectif, c'est-à-dire sa mission, c'est de le
conseiller, de conseiller le ministre sur tout, sur à peu près tout,
c'est ce que dit pas mal le premier alinéa de 15.0.3. Ici, je viens de préciser
un peu plus et j'ai ajouté aussi «notamment»
pour dire : Bien, il peut aussi le faire sur d'autres choses, mais, au
minimum, si c'est possible, qu'il puisse donner son avis sur les quatre éléments qui sont ici, donc sur la cible
de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2050 ou les
cibles intermédiaires.
Je comprends qu'il y a un processus qui doit
être fait avec la société civile, avec une consultation telle que définie dans
l'article, je pense, 46.2 ou 46.4, plutôt, de la LQE, mais c'est tout
simplement un avis, ce n'est pas une obligation. On n'est pas obligé de le suivre.
C'est quand même une bonne chose d'avoir les scientifiques qui soient là, qui
puissent au moins se prononcer sur la
question, parce que ce n'est pas juste une opinion personnelle, cette fixation-là
doit se baser sur des données scientifiques
du GIEC, etc. Et, bien, lorsqu'il va y avoir ce processus de consultation pour
fixer, comme ça s'est passé en 2015, la
cible — selon un
des amendements du ministre, ce serait dans cinq ans, 2025 — eh bien, bien, que le comité puisse émettre cet avis et que ça bénéficie aux
discussions qui vont avoir lieu pour déterminer cette cible-là, qui ne serait pas obligée d'être celle
que le comité consultatif amène parce que c'est dans un avis, mais ce
serait quand même une recommandation que, je suis certaine, ceux qui
participeront à cet exercice-là vont regarder avec grand intérêt.
• (15 h 30) •
L'autre élément, bon, j'avais compris... là, j'ai
mis plein d'éléments. Je ne voulais pas amener un amendement après l'autre, après l'autre, après l'autre, donc
j'ai mis tous les éléments sur lesquels le comité consultatif peut se
prononcer, dont, au point 2°, un
élément avec lequel le ministre n'est toujours pas d'accord, que ce soient des
cibles sectorielles ou le budget carbone,
mais que je l'amène ici parce que je me dis : Peut-être que, depuis le
temps qu'on a eu la discussion, peut-être que sa pensée a évolué et que, comme cet élément-là existe ailleurs dans
le monde, c'est un outil qui est utilisé, le même outil de budget
carbone que le budget pour les finances publiques est utilisé, donc peut-être
que sa pensée a évolué là-dedans. Et c'est
pour ça que, même s'il n'est pas d'accord avec le fait qu'il y ait un budget
carbone, le comité expert pourrait,
par exemple, donner son avis, puisqu'il peut le faire sur n'importe quel sujet,
sur, peut-être, est-ce que c'est une bonne chose ou pas que le
gouvernement du Québec se dote d'un tel budget, d'un tel outil.
Le troisième élément, c'est toute la question de
l'analyse d'impact climatique que le ministre aussi avait déjà rejetée, ou
qu'on peut appeler le test climat, qui est dans la LQE, mais qui n'a jamais été
mise dans un règlement ni réellement
appliquée. Le test climat, ce n'est pas obligé que le gouvernement fasse une
analyse d'impact climatique ou test climat, comme
on veut, on peut l'appeler un ou l'autre, ce n'est pas une obligation,
mais ça sera peut-être intéressant d'avoir l'avis du comité consultatif sur cette question-là. Lorsque le
gouvernement prend des décisions, des réglementations, des lois, des projets, n'importe quoi, est-ce que
c'est en accord avec les cibles ou pas? Et la raison pour laquelle le
comité consultatif, ça serait bien et une
bonne chose qu'il puisse donner son avis sur cette question-là, c'est pour une
question de cohérence, parce qu'on ne peut
pas juste se fixer des objectifs puis, après ça, faire d'autres actions qui
vont exactement à l'encontre de l'atteinte des cibles. Bien, ça serait
totalement incohérent, et, bien, le comité consultatif aurait dans son mandat
de faire cette évaluation-là.
Le quatrième
élément, c'est de produire, à la demande des ministères et des organismes
publics ou même de sa propre
initiative, tout avis ou analyse aux autorités gouvernementales en lien avec
plusieurs éléments : l'atteinte des cibles, les mesures pour y parvenir, l'adaptation aux changements climatiques,
qui est un élément important, toute limite en lien avec le marché du
carbone, un avis sur la préparation des statistiques reliées aux émissions de
gaz à effet de serre ou tout autre sujet.
Donc, c'est
assez large, ça reste large, aussi large que ce qui est déjà actuellement dans l'article, mais ça vient aussi préciser des éléments sur lesquels, ça serait un
minimum, sur lesquels le comité devrait se prononcer et donner son avis.
Peut-être qu'il l'aurait fait de toute façon sur tous ces éléments-là, le comité
consultatif, vu qu'il a le pouvoir de le faire de par sa propre initiative et que les avis sont
rendus publics, peut-être non, je ne le sais pas. Donc, ça serait uniquement des indications sur des éléments minimaux sur lesquels le comité pourrait se
prononcer toujours dans l'idée qu'il y ait une cohérence et que le comité puisse donner des avis
pour être, en quelque sorte, le gardien de cette cohérence des
actions gouvernementales pour éviter ce qu'on a vu dans les dernières
années où on fait une action d'un côté puis, après ça, on vient annuler l'effort de l'autre, et il y a un manque
de cohérence à travers tout ça. Ça serait une de ses missions, d'assurer
cette cohérence-là, que le comité de Conseil de gestion du Fonds vert avait un peu. Eh bien, ici, on a... comme ce
conseil-là est aboli, le comité consultatif pourrait faire ce travail-là d'analyse, de donner des avis et d'assurer
une certaine cohérence.
Maintenant,
ça, cet amendement-là est inspiré de la loi carbone de la Nouvelle-Zélande, et les éléments que je viens d'énumérer
sont énumérés dans leur propre loi, la loi carbone ou la loi zéro carbone — donc,
ce n'est pas quelque chose qui
n'a jamais existé, ça existe — où ils donnent toutes ces tâches-là ou ce rôle-là
à leur commission, de voir, par exemple... de revoir la
cible pour 2050, de recommander s'il pourrait y avoir des changements sur ces
cibles, les cibles intermédiaires, etc. Et on peut le voir aussi dans le mémoire du Centre québécois du droit de l'environnement, que le ministre aussi a sûrement vu.
Donc, voilà en gros pourquoi j'amène cet amendement-là
à l'article 15.0.3.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à la collègue de Mercier pour sa proposition.
Je veux tout simplement,
dans un premier temps, lire, dans les faits, ce qui est déjà acquis à travers
le libellé que l'on propose. Donc, on
l'a dit, on l'a répété, le comité a pour mission de conseiller le ministre, ça
va de soi, mais c'est aussi mentionné que le comité est déjà libre de
retenir les thèmes de ces avis. Donc, à partir du moment où le comité a déjà la
possibilité de faire ce que la collègue propose, il n'y a pas un ajout, là, qui
est nécessairement pertinent, puisque la possibilité existe déjà.
Et, si on
reprend les points point par point, c'est là où la collègue pourra peut-être
se rassurer. Au niveau des cibles, je l'invite à consulter l'amendement
que nous proposons et qui est déjà disponible sur Greffier, d'ailleurs. Ce sera
à l'article 17. Donc, des phrases, là,
qui sont déjà en mesure d'être consultées par la collègue. Je fais juste insister
sur les éléments, là, clés qui
pourront certainement la rassurer. Donc : «Avant que de telles cibles ne
soient fixées, le ministre doit
solliciter l'avis du comité consultatif sur les changements climatiques quant
aux cibles à fixer.» Donc, clairement, on répond à l'objectif.
Et,
plus loin, on pourra lire : «...tout engagement international pris
conformément à la loi...» Ça, c'est
peut-être moins pertinent. Parfait.
Donc, un autre passage, tout en répétant, là, que tout ceci est déjà sur
Greffier : «Cette dernière — et on fait référence à la
cible — ne
peut être tenue avant que le comité consultatif sur les changements climatiques n'ait rendu publics ses conseils à
l'égard de la cible à fixer.» Et la cible fixée au premier alinéa doit être
révisée au moins tous les cinq ans.
Donc, je pense qu'à travers tous ces éléments-là, qui sont déjà disponibles, en
fait, on offre même passablement plus que ce que la collègue propose.
Pour ce qui est des budgets carbone, on a eu
l'occasion d'en parler. Nous, on ne l'a pas intégré dans le projet de loi n° 44, mais le comité serait tout à
fait libre de se pencher sur la question. Le fait, par contre, de lui imposer
cette réflexion-là vient nuire et miner son indépendance ou la priorité, ou la
priorisation qu'il souhaiterait faire par rapport aux thèmes abordés.
Pour le
reste, ça va de soi que c'est tout à fait dans la mire du comité. Et «produire,
à la demande des ministères et organismes
publics ou de sa propre initiative, tout avis ou analyse aux autorités», ça, on
y est déjà à travers soit l'article que l'on étudie, soit l'amendement
que l'on étudie.
Bref, les
points sont déjà largement couverts. Donc, vous comprendrez, là, que, dans les
circonstances, on ne pourra pas appuyer l'amendement, non pas par manque
de pertinence sur le fond, mais bien parce que les éléments sont
couverts et, dans certains cas, avec plus de portée que ce que propose la collègue
de Mercier.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée.
• (15 h 40) •
Mme Ghazal : ...mais, par
exemple, pour l'élément 3°, je ne
suis pas certaine. Mais je vais reprendre juste... Parce que c'est vrai qu'il y avait, à
l'article 17, des amendements que le ministre avait proposés. J'essaie juste de
comprendre pourquoi est-ce que c'est une plus large portée dans l'amendement du
ministre, parce que je ne me suis pas encore familiarisée
avec l'amendement, vu qu'il avait été déposé... «tout engagement
international». Juste pour savoir pourquoi c'est une plus large portée
que ce que moi, j'amène.
M. Charette : Pour différentes raisons. C'est un avis, d'une
part, selon... pardon, le libellé que l'on propose, qui serait envoyé à l'ensemble des parlementaires et pas uniquement au ministre, parce qu'on ne vise pas uniquement la
période ou l'horizon 2050, on réitère la réévaluation aux cinq ans.
Donc, l'amendement
proposé est plus complet, sans rien enlever à ce qui est proposé, mais on offre
beaucoup plus de garanties à
travers les modifications, là, qui sont disponibles et dont j'ai fait la
lecture, là, il y a quelques instants.
Mme Ghazal : Bien, en fait, je l'ai ouvert devant... Mais moi,
je serais contente que ça soit plus... c'est juste que je n'arrive pas à savoir c'est quoi, qu'est-ce qu'il y a de plus, parce que «donner son avis au ministre sur la fixation de
la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050 ainsi que des cibles intermédiaires», donc,
j'essaie juste... Je veux juste comprendre.
Je vais le donner au ministre si son
amendement, c'est ça qu'il permet, mais, quand je le lis, je ne vois pas
qu'est-ce que c'est de plus, je vois que c'est équivalent.
M. Charette :
Je dirais plus cet avis-là sera non seulement disponible au ministre... et on
comprend que tous les avis vont finir
par être disponibles pour le public. Mais là, pour les parlementaires, je
pourrais très bien relire, si c'est le souhait de la collègue, et
apporter des précisions pour chacun des éléments, mais l'intention est résumée
sur quelques mots dans l'amendement proposé par la collègue, alors que nous,
franchement, on prend le temps de détailler le tout.
Donc :
«Avant que de telles cibles ne soient fixées, le ministre doit solliciter
l'avis du comité consultatif sur les changements
climatiques quant aux cibles à fixer.» Je relis les passages plus
intéressants : «La fixation de la cible [fixée] au premier alinéa
est précédée d'une consultation particulière tenue par la commission
parlementaire compétente de l'Assemblée
nationale. Cette dernière ne peut être tenue avant que le comité consultatif
sur les changements climatiques n'ait
rendu publics ses conseils à l'égard de la cible...» Et encore
intéressant : «La cible [fixée] au premier alinéa doit être révisée
au moins à tous les cinq ans, selon les mêmes règles que celles qui
s'appliquent à sa fixation.» C'est-à-dire, on retourne solliciter le comité
consultatif.
Donc, bien honnêtement, on a beaucoup plus de
garanties et d'obligations à travers ces quelques aspects de l'amendement, là,
qu'on a pu proposer, là, il y a quelque temps et qui se retrouve sur Greffier.
Mme Ghazal : Ça, c'est pour le 1°, parce que nous... Dans le
fond, le comité consultatif, il peut y aller de sa propre initiative, et
là le ministre dit : Bien, c'est important de respecter sa liberté
d'action, etc. Mais, à 15.0.3, ce n'est pas uniquement de sa propre initiative,
c'est aussi à la demande du ministre. Donc, le ministre peut leur exiger ou
leur demander... s'il leur demande un avis
sur un sujet particulier, ils vont devoir le faire, il ne pourra pas
dire : Bien, bah! Je ne vais pas
leur demander, parce que c'est eux qui décident, c'est de leur propre
initiative. Donc, cette possibilité-là existe dans l'article tel quel.
Moi, ce que
je viens préciser, sur quel élément... Sans attendre que le ministre
décide qu'il veut leur demander un avis,
que ça soit déjà fait de facto, dans la loi, ils doivent se prononcer sur
certains aspects. Donc, le premier, c'est donner son avis au ministre sur la fixation de la cible si le ministre
juge, par exemple, que son amendement permet de répondre à ça. Il faudrait comme...
je l'analyse, là on l'analyse en direct, ce n'est pas évident, mais je le vois,
je comprends que ça répond à peu près à la même chose.
Maintenant,
comme je l'ai dit au ministre, je ne voulais pas apporter un amendement,
après ça un deuxième, un troisième.
J'ai apporté un amendement complet où il est possible de dire : Bien,
tel élément, il existe déjà, puis on peut en convenir. Mais tous les éléments ne sont pas
présents, par exemple si on regarde le point 3°, disons :
«Donner son avis sur les impacts des
changements climatiques et des mesures de lutte contre les changements
climatiques sur les populations plus vulnérables, sur les populations
inuites et sur les Premières Nations.»
Donc, donner
son avis sur l'impact, sur n'importe quel... En fait, c'est l'analyse d'impact
climatique qui avait déjà été refusée
par le ministre, que ça soit fait de facto. Mais le comité
consultatif pourrait faire cet exercice-là pour, toujours, qu'il y ait
une cohérence entre les actions du gouvernement avec la lutte aux changements
climatiques. Celle-là, je ne pense pas qu'il y a un autre article ailleurs où on
en parle, à moins que le ministre me le dise ou qu'il y a un amendement qui
s'en vient en ce sens.
Pour ce qui
est de «donner son avis au ministre sur la fixation des budgets
carbone, notamment pour déterminer la répartition des efforts entre les réductions domestiques et les achats
de crédits internationaux», quand même que le ministre est contre qu'il y ait un budget carbone, ce
sujet-là, le comité consultatif pourrait, de par lui-même, décider d'en
parler et de faire un avis sur même la question des budgets carbone, il
pourrait le faire.
Moi, ici, je
viens de l'ajouter parce que ce que je veux, c'est qu'ils doivent le faire,
puis après ça, le 4°, le ministre me
dit que c'est déjà le cas. Mais, pour le 3°, par exemple, le point 3°, il
n'est pas couvert dans aucun autre article du projet de loi ou
amendement. Il l'est ou il ne l'est pas, le point 3°?
M. Charette :
En fait, le danger, on revient un petit peu à ce qui a été dit à l'article ou à
l'alinéa précédent, y aller de façon
très spécifique ou très directive, ça engendre son lot de problématiques, mais
il n'y a aucun, aucun de ces points-là qui ne pourrait pas être assumé par le comité. Puis je prenais des notes
quand la collègue parlait. À plusieurs reprises, elle mentionnait «pourrait le faire». C'est
effectivement déjà le cas. Si on regarde l'article tel qu'il est présenté, le
comité a toute, toute la latitude pour retenir les sujets d'avis ou
d'étude qu'il souhaitera réaliser, mais ce n'est pas vrai que même le ministre va imposer, dès le départ, un programme
entier au comité consultatif indépendant. On pourrait lui reprocher de vouloir prendre le contrôle sur ses travaux,
certainement brimer son indépendance. Mais tous ces éléments-là ont leur
pertinence, j'en conviens. Plusieurs, je le
mentionnais, sont déjà couverts par le projet de loi. Dans certains cas, le fin
détail n'est pas mentionné comme tel, mais on est protégés par le premier
alinéa, qui stipule que le comité peut retenir tout sujet qu'il souhaite.
Donc, il n'y a pas de refus sur un thème en
particulier, mais ça ne permet pas au projet de loi d'avancer, donc ça ne nous
permet pas, de notre côté, là, d'appuyer l'amendement en question.
Mme Ghazal :
...une contradiction, c'est-à-dire que le ministre dit : Le ministre ne
peut pas demander au comité sur quoi
se prononcer, mais la loi le lui permet. Et, en plus, il y a un amendement où
le ministre le fait déjà. Il dit : «Avant que de telles cibles ne soient fixées, le ministre doit solliciter
l'avis du comité consultatif sur les changements climatiques quant aux
cibles à fixer.» C'est-à-dire que, par son amendement qu'il a apporté à
l'article 17, le ministre reconnaît qu'on peut, dans ce projet de loi là,
spécifier les demandes ou les avis à faire au comité consultatif.
Donc, disons, ne regardons pas le contenu de ce
qu'on leur demande, mais la loi. Et par loi, donc nous, législateurs, on peut demander qu'est-ce qu'on... sur quoi on veut que
le comité se prononce. Donc, juste ça, c'est correct. Donc, c'est... on peut le faire. Donc, on ne peut
pas... L'argument de dire : Bien, c'est à eux de décider, et tout ça,
non, par deux choses : parce qu'on le
fait déjà et, en plus de ça, le ministre peut le faire à tout moment sur
n'importe quel sujet.
Puis
d'ailleurs j'avais une question là-dessus. Là, je le sais qu'on est dans mon
amendement, mais, quand même, vu...
pour faire avancer la discussion, quand c'est écrit «à la demande de ce
dernier», c'est-à-dire que c'est le ministre qui peut faire une demande
au comité consultatif pour avoir un avis. Sur quoi le ministre le ferait?
M. Charette :
Bien, je vais répondre, dans un premier temps, à la première partie de
l'intervention de la collègue. Il n'y
a pas de contradiction, d'une part, et je n'ai jamais mentionné que ce n'était
pas possible. Le ministre, peu importe qui occupera la fonction, aura le loisir d'identifier des thématiques pour
répondre à un besoin précis. Mais ce n'est pas dans l'intention du
gouvernement de faire en sorte que le ministre dicte, dès le départ, le
calendrier de travail du... donc c'est des demandes ponctuelles et non pas un
programme établi en particulier.
Et l'exemple
qui est donné par rapport à la cible n'est sans doute pas le bon en ce sens que
c'est très, très différent. Pour la
cible, on sait comment on est... c'est-à-dire, à quel processus on est tenus, à
quel processus on est liés. On l'a évoqué à plusieurs reprises avec une consultation en bonne et due forme, avec
des auditions, avec des travaux parlementaires, donc l'exemple
s'applique mal. En fait, ça serait bien, bien malavisé si on ne demandait pas
au comité scientifique de nous appuyer dans cette démarche-là, là. Il ne va pas
appuyer la démarche du ministre, il va appuyer la démarche qu'on va s'imposer
et qu'on s'impose déjà comme Assemblée nationale.
Donc, il n'y
a pas de contradiction et il n'y a surtout pas d'exclusion, tout est possible.
Mais, non, ce ne serait pas une bonne idée de déjà, en partant, à la
constitution du comité, de dire : Bien, voici votre programme. Et ça, il y
a probablement matière à travailler et à se
consacrer une bonne année très, très facilement si, déjà en partant, on y
allait d'un programme établi. Laissons le
comité établir ses priorités. Oui, il
aura un rôle à jouer lors de la détermination des cibles, c'est une
évidence, et, oui, le ministre, pour des besoins ponctuels, pourra solliciter
son avis, mais ce n'est pas non plus l'intention, à travers le projet de loi,
de faire en sorte que le ministre dicte le calendrier des travaux du comité.
• (15 h 50) •
Mme Ghazal : ...moi, avec mon amendement,
ce que je viens ajouter, ce n'est pas ce que le ministre va leur demander,
c'est ce que la loi va leur demander. Donc, la loi, je veux qu'elle précise
certains éléments sur lesquels le comité doit travailler. Je ne suis pas en
train de préciser ce que le ministre va leur demander. Le ministre va avoir ce
pouvoir-là, de leur demander ce qu'il veut au courant de l'année. Moi, dans mes
amendements, c'est... le comité doit faire des avis sur tel, tel sujet, puis, après ça,
le ministre peut leur demander d'autres avis, et, par eux-mêmes,
ils peuvent décider des sujets sur
lesquels ils vont donner des avis. Et, encore
une fois, je le répète, on leur
demande déjà d'émettre un avis
sur les cibles par l'amendement du ministre, donc il le fait déjà.
La Nouvelle-Zélande le fait, comme je le mentionnais, et certains pays n'ont pas juste un
comité, puis, le comité, allez-y,
faites ce que vous voulez, ça se peut que je vous demande de quoi, ça se peut
que vous, vous ayez envie de vous prononcer sur de quoi, mais
conseillez-moi, et «free style». Il est possible d'avoir des demandes sur des
avis, sur des sujets détaillés autres que
les changements climatiques ou sur les orientations, les programmes,
etc. Il est trop large. Il est possible de le définir, comme je le
mentionnais. C'est fait, par exemple, dans la loi carbone de la Nouvelle-Zélande :
«The functions of the Commission are:
«a) to review the 2050 target
and, if necessary, recommend changes to the target;
«b) to provide advice to the Minister to enable the preparation of
emissions budgets;
«c) to recommend any necessary
amendments to emissions budgets — parce qu'eux autres, ils
parlent aussi du budget;
«g)
to prepare a national climate change risk assessments.» Donc, on leur donne déjà des mandats, mais ça
ne va pas les empêcher de faire leur travail puis de se prononcer, eux aussi,
sur ce qu'ils veulent. Et l'objectif aussi de ça...
Moi, j'aimerais parler avec le ministre,
d'ailleurs, sur l'élément 4°. Il dit que c'est déjà fait, de produire à la
demande des ministères. Donc, ça ne serait
pas uniquement le ministre qui ferait cette demande-là, n'importe quel
ministère pourrait les consulter. J'aimerais
entendre le ministre là-dessus, sur l'élément 4°. Ce n'est pas uniquement
le ministre, tel que spécifié dans le projet de loi actuel, mais
n'importe quel ministère ou organisme public pourrait demander une analyse et
solliciter... pas une analyse, mais un avis et solliciter le comité
consultatif. Que pense le ministre de ça?
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
(Consultation)
M. Charette : La question est
très, très pertinente. Je voulais juste m'assurer d'être dans la bonne
direction. N'oublions pas ce qu'on a déjà
convenu un petit peu plus tôt, le ministre de l'Environnement va coordonner l'ensemble de l'action gouvernementale au niveau des changements
climatiques. Donc, directement dans le projet de loi, ce n'est pas dit qu'un ministère X ou un organisme X peut
solliciter l'avis. Mais, compte tenu du rôle du ministre de
l'Environnement de coordonner l'action,
c'est bien certain que, si un ministère a besoin d'une information ou d'un avis
du comité, ce sera le rôle du
ministre de l'Environnement de coordonner cette action-là. Donc, on ne l'a pas
écrit comme tel, mais oui. C'est pour ça que je dis, en fait, tous les questionnements soulevés par la collègue
sont très, très pertinents, mais soit qu'on a ailleurs la réponse
précise et de façon très nette, soit que le projet de loi, dans sa globalité,
rend possible tout ce qui est proposé.
Donc, ce n'est pas une objection, ce n'est pas
que le picot 2°, ou le picot 1°, ou le picot 4° nous agacent en
particulier, c'est que le projet de loi, tel que conçu, répond à ces
possibilités-là, et, en tout temps, encore une fois, le comité est libre de
retenir les thèmes de recherche qu'il convient.
Mme Ghazal :
Donc, il est possible ou pas que le comité se prononce sur, par exemple, le
progrès vers l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre...
M. Charette : En fait,
«possible» est très, très...
Mme Ghazal : ...et les mesures
qu'ils ont mises? C'est possible mais c'est possible que non.
M. Charette :
...très certainement, mais je ne pourrais pas garantir si c'est le premier
élément de recherche que le comité va
retenir, pas plus que si c'est le deuxième, ou le troisième, ou le quatrième.
Les sujets d'intérêt qui vont de soi seront
assurément abordés dans les travaux du comité, il a été créé spécifiquement pour
ça, mais dans quel ordre il va le faire et est-ce qu'il va... Là, il y a comme un minimum de quatre. Est-ce que
ce sera dans ces quatre premiers avis? Ça, je ne veux pas que ce soit
précisé, je veux que cette latitude appartienne au comité.
Je ne sais pas,
une question, là, très hypothétique. Si, au niveau des changements climatiques,
il y avait — et
on a abordé la question un petit peu plus
tôt — une
nouvelle donne en matière de la connaissance scientifique qui
affecterait de façon notable notre action au
Québec dans l'objectif de réduire nos émissions, bien, rapidement, je vais
souhaiter que le comité consacre ses
efforts sur cet élément-là plutôt que de lui dire : Bien, dans un
premier temps, il faudrait aborder,
par exemple... Je dis le picot 1°, mais, comme je le mentionnais, le
picot 1° est largement, largement couvert, là, soit par l'amendement lu aux collègues ou, sinon, par l'esprit du projet de loi. Mais il faut que le comité ait cette agilité-là, mais je ne
suis pas inquiet que, d'une façon ou d'une autre, il abordera ces enjeux-là,
là, à un moment ou à un autre. Et je suis convaincu
que la priorisation qu'ils vont faire, c'est dans le but de nous permettre
d'atteindre le plus rapidement
possible nos objectifs. Cette
priorisation-là va guider leurs travaux et va nous permettre d'avancer plus rapidement,
là, tout simplement.
Mme Ghazal : ...une
technicalité, c'est-à-dire que, là, il y a quatre éléments, il faudrait qu'il
les aborde à un moment donné, mais ce n'est pas obligé que ce soient les quatre
premiers avis, et ça, ce n'est mentionné nulle part.
Et,
dans le fond, l'objectif aussi derrière cet amendement-là, c'est que, oui,
sa mission est de conseiller, mais on lui en donne un peu plus, c'est-à-dire pas juste conseiller, mais aussi, d'une certaine
façon, superviser le travail qui est fait. Parce que le ministre est content, il le dit avec fierté : C'est
moi, le coordonnateur de l'action climatique... bien, c'est-à-dire, c'est moi ou le poste,
là, le ministère, le ministre, le coordonnateur de l'action climatique du gouvernement, et donc j'ai des pouvoirs. J'essaie de lui en donner d'autres,
mais il avait refusé, sauf qu'il dit : J'ai quand même des pouvoirs pour coordonner cette action-là et m'assurer que les
cibles soient atteintes, etc. Mais il faut qu'il y ait comme une sorte...
c'est comme si le comité consultatif... Moi,
ce que je fais, c'est que je lui donne aussi un côté supervision dans son rôle
de l'action du gouvernement, pas uniquement de conseiller. Et c'est pour
ça... il faudrait que le comité aussi sonne l'alarme si le gouvernement s'en va
vers une pente glissante, dangereuse, qui ne le mène pas vers la transition ou
l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre.
Donc,
c'est ça aussi, l'idée derrière ça, et c'est pour ça, par exemple, dans l'élément 4°, c'est mentionné, le progrès. Est-ce
que les mesures nous permettent de
l'atteindre, l'adaptation aux changements
climatiques? Peut-être
qu'il va le faire, peut-être que pas, de sonner cette alarme-là puis de s'assurer
est-ce que que le gouvernement va dans la bonne direction, pas uniquement
le conseiller, quand il le demande ou quand eux le trouvent pertinent, mais sur
des aspects précis.
Et
je répète encore : Le ministre voit que c'est pertinent qu'on mette dans le projet de loi des éléments sur lesquels on
veut qu'il donne son avis, qu'on ne laisse pas totalement le champ libre sur
un élément à l'article 17. Moi, j'en ajoute d'autres pour permettre cette cohérence de l'appareil gouvernemental qui
a manqué, et surtout qu'on a enlevé... on enlève, par exemple, le Conseil de gestion du Fonds vert,
qui avait des lacunes, au lieu de les améliorer, on l'a enlevé. Mais qui
maintenant va assurer ce rôle de supervision
et de cohérence et de s'assurer que les avis, ce n'est pas juste : Ah! on
donne un avis de temps en temps puis... Mais
au moins qu'on ait des sujets plus précis pour assurer cette cohérence-là et
cette supervision de l'action gouvernementale pour que ce comité-là soit
aussi... ce ne serait pas son rôle de garde-fou, là, mais que ce soit son rôle
d'alerter le gouvernement. Moi, c'est ça que je vois.
• (16 heures) •
M. Charette :
Ou d'aboyer?
Mme Ghazal :
Ça, c'est chien de garde. Moi, j'ai dit garde-fou. Ce n'est pas le même rôle.
M. Charette :
Ça va. En fait, je taquine la collègue, mais c'est le but même de la création
de ce comité-là, et on le rend
permanent. Par le passé, un comité pouvait être créé, pouvait être annoncé sans
une mécanique clairement établie, sans une
référence de permanence dans le temps. Donc, non seulement on crée le comité,
on l'inscrit dans une loi, on confirme son caractère permanent et on
confirme son caractère indépendant.
Et
ce comité-là a pour mission de clairement s'assurer qu'on aille dans la bonne
direction pour l'atteinte de nos cibles en matière de réduction de gaz à
effet de serre. Donc, si le gouvernement ne va pas dans la bonne direction,
convaincu, selon tout ce qui a été discuté, que le comité va se donner le
devoir de l'écrire à travers un avis, s'il y a une politique qui est contraire
à la bonne marche de cet objectif que nous avons tous, ça sera le mandat du
comité de le mentionner. Donc, non seulement c'est le but du comité, mais il
aura toute la latitude et les moyens pour le faire.
Mais, comme je le
mentionnais, au niveau des thèmes qu'il retiendra, je suis convaincu qu'il va
tout le temps prioriser un thème qui aura la
plus grande portée possible. Donc, si, dans un premier temps, il est urgent de
se pencher sur une thématique x, je ne l'identifie pas et je n'en ai pas
une en tête en particulier justement pour préserver cette indépendance-là, mais il fera... Moi, je suis
convaincu qu'ils vont se donner une séquence de travail qui fera en sorte
qu'on va toucher les éléments les plus conséquents au départ et qu'à tout bout
de champ... Et on ne limite pas, hein, vous ne verrez pas dans le projet de loi, par exemple : Le comité est
limité à trois avis par année ou à quatre avis. Donc, si le comité veut en faire plusieurs, si le comité veut en
faire parfois des avis très
succincts, si, dans certains cas, il veut en faire des avis très
détaillés, à chacune des fois, il est entièrement libre de la voie qu'il
souhaitera entreprendre.
Donc,
c'est réellement couvert. Puis, encore une fois, ce n'est pas
un refus sur le fond, mais... et mon collègue sous-ministre adjoint me
mentionnait, il y a une différence, c'est amusant, là, c'est des traditions
juridiques ou légistiques différentes, mais,
souvent dans un pays à tradition common law, on va aller dans le détail au
moment de rédiger une loi. On est dans une tradition de droit civil, et
ce n'est pas la même culture légistique, hein, c'est un fait.
Donc,
c'est couvert, largement démontré, mais on ne sent pas le besoin de tout
réitérer ce qui est déjà
couvert. Donc, c'est là où la pratique
légistique est peut-être différente. Mais, dans les faits, moi, c'est des
thématiques qui, je suis convaincu, sauront intéresser le comité.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Là, je n'ai pas le temps de...
La
Présidente (Mme Grondin) : Il vous reste à peu près une
minute dans votre enveloppe.
Mme Ghazal : Ah, mon Dieu! O.K. Bien là, je n'ai pas le
temps de vérifier s'il y a déjà eu des spécifications sur le rôle d'un comité consultatif dans la loi au
Québec. Je suis sûre que ça existe, là. Je n'ai pas le temps de le chercher,
là. Peut-être, si c'est possible de
me trouver... Bien, vous allez... ça va être un... vous allez trouver des
exemples qui vont être un argument pour moi. Ça fait que vous ne les
trouverez pas, mais, en tout cas...
Ça fait que je ne suis pas certaine de cet argument-là. Moi, ce que j'aurais aimé,
j'aurais une question puis je n'aurai plus le temps, ça serait de savoir de la part du ministre,
supposons, son rêve, là, son fantasme : On adopte cette loi-là, le premier avis, ce serait sur quel sujet
qu'il demanderait au comité consultatif?
M. Charette : C'est une
question délicate que d'aborder les rêves et fantasmes à travers l'étude d'un
projet de loi. Mais sinon, mon souhait, je
vais l'exprimer de cette façon-là, mon souhait le plus sincère, c'est que le
comité ait les moyens
à sa disposition pour s'acquitter de son mandat, qu'il prenne l'initiative et
les initiatives nécessaires pour que le comité puisse bien accompagner le gouvernement, le ministre de
l'Environnement, et que le comité n'ait pas de retenue sur les avis
qu'il souhaite rendre publics. Et c'est pour ça qu'à travers le projet de loi
lui-même on offre toutes ces assurances-là
d'indépendance. D'aucune façon ce n'est un comité qui sera censuré, d'aucune
façon ce n'est un comité qui sera
limité dans sa capacité de prendre
des initiatives. Donc, le projet de loi, ma foi, se rapproche de mes rêves les
plus fous.
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, je suspends donc les travaux pour
10 minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 06)
(Reprise à 16 h 18)
La Présidente
(Mme Grondin) : Nous reprenons donc les travaux. Nous en
étions à l'amendement déposé à l'article 4, donc l'article 15.0.3 de l'article 4,
amendement déposé par la députée de Mercier.
Y a-t-il d'autres interventions sur cet amendement?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, je vais procéder à sa mise aux voix. Par appel
nominal? Est-ce que c'est ce que vous souhaitez?
Mme Ghazal : Oui, par appel
nominal.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Donc, pour, contre, abstention. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
Le Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Contre.
Le Secrétaire : M. Tardif
(Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
Le Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
Le Secrétaire : M. Leitão
(Robert-Baldwin)?
M. Leitão : ...
Le Secrétaire : M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
Le Secrétaire : M. Benjamin
(Viau)?
M. Benjamin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 15.0.3
amendé. Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas d'intervention sur l'article 15.0.3... Mme
la députée de Mercier, qui avait levé sa main.
M. Benjamin : ...que vous le
recevez.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, vous souhaitez déposer un amendement,
M. le député de Viau?
M. Benjamin : Oui, tout à fait.
Absolument.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous allons suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 23)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. M. le
député de Viau, vous proposez un amendement à l'article 15.0.3 de l'article 4
amendé. Je vous invite à en faire la lecture.
M. Benjamin : Merci,
Mme la Présidente. Donc, alors, ce
que je propose à travers ce sous-amendement, ce serait de modifier l'article 15.0.3 de la Loi sur le ministère du
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, introduit par
l'article 4 du projet de loi, par l'ajout, après le deuxième alinéa, de
l'alinéa suivant : «Les conseils, observations ou recommandations que le comité transmet au ministre doivent être
communiqués sans délai au Commissaire
au développement durable.»
Donc, l'article,
tel que modifié, se lirait ainsi : «Le comité a pour mission de conseiller
le ministre, à la demande de ce
dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les programmes, les
politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques en tenant compte de l'évolution des
connaissances scientifiques et technologiques ainsi que des consensus
scientifiques en cette matière.
«Le ministre
peut demander à un ministère ou à un organisme qu'il lui fournisse, dans le
délai qu'il lui indique, tout renseignement
ou tout document nécessaire à la réalisation de la mission du comité. Il lui
transmet ensuite le renseignement ou le document obtenu.
«Les
conseils, observations ou recommandations que le comité transmet au ministre
doivent être communiqués sans délai au Commissaire au développement
durable.»
La Présidente
(Mme Grondin) : Vous souhaitez plaider votre proposition, M.
le député?
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Je ne serai pas trop
long. Je serai bref. En fait, s'il y a un mot à travers lequel je résumerai ce sous-amendement, c'est le mot «cohérence», c'est le mot «cohérence» puisque cette
proposition que nous avons devant nous,
rappelons-nous, la Loi sur le vérificateur général, Mme la Présidente, spécifie que le Vérificateur général doit nommer un vérificateur général adjoint,
qui porte le titre de Commissaire au développement durable, pour
l'assister dans ses fonctions relatives à l'audit. En septembre 2016,
maître M. Paul Lanoie a été nommé au poste de Commissaire au développement
durable.
Le Commissaire au développement durable est tenu de préparer au moins une fois par année,
sous l'autorité du Vérificateur
général, un rapport. Et dans ce
rapport, dans cedit rapport, il doit faire part, entre autres, de ses
commentaires, de ses recommandations ayant
trait à l'application de la Loi sur le développement durable. Il aborde aussi
tout sujet qui découle de ses travaux
d'audit ou d'enquête en matière de développement durable et formule ses
commentaires concernant les principes, les procédures ou les autres
moyens employés par les entités gouvernementales visées.
Donc, quand
on parle d'entités gouvernementales visées, le mandat du Commissaire au développement durable
s'exerce auprès de toutes les entités assujetties à la Loi sur le développement
durable, soit celles visées par la Loi sur le vérificateur général.
Ce mandat,
donc, indique clairement que le Commissaire
au développement durable doit porter
un jugement et faire part de ses constatations à l'égard de
l'application de la Loi sur le développement durable. Il doit examiner, par
conséquent, la façon dont les entités se chargent des responsabilités qui leur
sont confiées.
Le Commissaire au développement durable porte alors une attention particulière à la
planification effectuée par l'administration
concernant le développement durable. Ses audits visent à confirmer que les
activités gouvernementales n'ont pas
d'effets négatifs susceptibles de détériorer des écosystèmes et qu'elles
concourent effectivement au bien-être de la société.
Donc, il va sans dire, Mme la Présidente, qu'il y a là matière à cohérence. En amenant ce sous-amendement, donc, nous pensons que le
ministre devrait, à ce moment-là, comme le propose notre sous-amendement... qu'effectivement... qu'on transmette le renseignement ou le
document obtenu et que, par conséquent, les conseils, les observations, les recommandations que le comité transmet au ministre
doivent être communiqués, par conséquent, sans délai au Commissaire au
développement durable. Voilà.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le
ministre.
M. Charette :
Mme la Présidente, je pense qu'on va pouvoir s'entendre rapidement sans avoir à
adopter l'amendement en question. Je
veux dire par là que le projet de loi, tel que libellé, précise déjà que tous
les avis seront publics dans les
30 jours suivant leur transmission au ministre. Autre clin d'oeil, parce
que ça va bien cet après-midi, plutôt que d'avoir énuméré les 8 millions de Québécois, notamment le Commissaire au développement durable, ce sera public pour tout le monde. Donc, tout le monde aura accès,
naturellement, y compris le Commissaire
au développement durable, à l'ensemble des avis que produira le comité suite à
l'article... on va aborder cette question-là dans quelques articles,
mais c'est déjà écrit noir sur blanc que tous les avis seront publics.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Je comprends
l'intervention du ministre, mais je me dois de me référer au sous-amendement qu'on a devant nous, et il y a
un mot pour nous qui n'est pas dénué de sens, c'est le mot «sans délai»,
c'est le mot «sans délai». Et nous pensons
que le Commissaire au développement
durable, donc... Et ce
sous-amendement-là vient faire obligation, donc, obligation au ministre,
donc, de communiquer sans délai les conseils, les observations et recommandations. Et, pour nous, donc, le Commissaire au développement durable, tout citoyen qu'il est, mais, en regard à
ce projet de loi que nous sommes en train de
regarder, d'analyser et de bonifier ensemble, donc, a... et nous pensons
que le ministre a l'obligation, à ce
moment-là, de lui communiquer sans délai, donc, ces informations, ces conseils
et observations.
Donc,
moi, ce que je demande au ministre à ce niveau-là : Est-ce qu'il est prêt,
considérant... Je constate... Au départ, j'apprécie son ouverture, mais
j'aurais aimé qu'il me confirme son ouverture à travers cette obligation, donc,
qu'on doit faire, donc, de communiquer sans délai ces informations-là au Commissaire
au développement durable.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
M. Charette : ...la volonté du collègue, le collègue
souhaiterait que le Commissaire au
développement durable reçoive en même temps que le ministre l'avis du
comité. Est-ce que c'est ce que le collègue souhaiterait?
M. Benjamin :
Bien, en fait...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député.
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Ce que nous avons
devant nous comme amendement dit que le ministre, dans la séquence, donc, il ne peut pas attendre,
donc, et on lui demande donc, s'il prend connaissance, à ce moment-là,
de conseils, d'observations, de recommandations que le comité transmet au
ministre... ces informations-là doivent être communiquées sans délai au Commissaire
au développement durable.
Donc,
et je pense que, là, ça nous ferait... ça nous permettrait... En fait, je pense
que ça va très bien. Le ministre disait
que ça va bien cet après-midi. Moi, je dis que ça va très bien jusqu'à présent.
Alors, nous souhaitons que ça continue d'aller très bien, donc, et c'est
cet amendement-là qui permettrait, donc... C'est un amendement, d'ailleurs, qui
vient bonifier, je crois, le projet de loi
pour ce qui a trait au rôle du Commissaire
au développement durable, notamment
par rapport aux travaux du comité.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre.
• (16 h 30) •
M. Charette : ...continuer à très bien aller, parce que
le collègue va se convaincre que c'est déjà
dans le projet de loi. «Sans délai»,
on peut jouer sur les mots, est-ce que c'est une journée? Est-ce que c'est 30?
Nous, on précise 30 jours avant
que ce soit rendu public et au Commissaire au développement durable et à
l'ensemble de la population. Et même c'est amusant, l'exemple que vous donnez du Commissaire au développement
durable, parce que, même lorsque la Vérificatrice générale produit un
rapport, même lorsque le Commissaire au développement durable communique un
rapport, il est toujours communiqué 30 jours au préalable au ministère ou
à l'organisme concerné. Donc, c'est dans la pratique même du Commissaire au
développement durable ou, sinon, de la Vérificatrice générale, de qui il
relève.
Mais, dans les faits,
ce qui est important de mentionner, tous, tous, tous les avis du comité, dont
on parle des attributs, là, depuis quelque
temps, seront systématiquement rendus publics avec aucune chance qu'ils ne
soient retenus d'aucune façon. Donc, le sans délai, nous, on précise un
maximum de 30 jours. Est-ce que c'est nécessaire de dire un maximum de
24 heures ou un maximum de 48 heures? Je ne penserais pas. Donc, on
est dans les sans délais indus lorsqu'on parle dans un maximum de
30 jours.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau, juste vous informer
que le député de Jacques-Cartier souhaite également participer au débat.
M. Benjamin :
Merci, merci, Mme la Présidente. Donc, la question que j'adresserais au
ministre... Nous venons, au cours des
dernières heures, de travailler ensemble et nous sommes encore en train de
travailler sur la mission, donc, du comité, donc. Et je viens, tout à
l'heure, de préciser quel est le mandat du Commissaire au développement
durable.
La question
que j'ai à poser à M. le ministre : Ne croit-il pas nécessaire, à ce
stade-ci de l'analyse du projet de loi, que le projet de loi ne soit pas muet, donc, sur le rôle du Commissaire
au développement durable en lien avec les travaux de ce comité-là? Ne
croit-il pas nécessaire, à ce stade-ci, que nous précisions, dans ce projet de
loi là, donc, le rôle qu'a à jouer, qu'aura à jouer le Commissaire au
développement durable à ce niveau-là?
M. Charette :
Je pense pouvoir rassurer facilement le collègue. Il y a plusieurs articles qui
traitent réellement du rôle du
Commissaire au développement durable, on va y arriver dans le temps, mais on
confie des mandats, on précise nos attentes
à l'égard du Commissaire au développement durable. Je n'ai plus les articles en
tête, mais on va y arriver. Donc, je
le rassure, on n'est pas du tout, du tout muets, à travers le projet de loi
n° 44, à l'égard du Commissaire au développement durable.
Au contraire, on lui donne un mandat. Autant le comité consultatif... Donc, on en aborde à
l'article 25, notamment. On vient modifier, là... Est-ce que,
peut-être, le collègue souhaite que j'en fasse lecture déjà?
Donc : L'article 43.1 de la Loi sur le
vérificateur général est modifié par l'ajout, à la fin du premier alinéa, du
paragraphe suivant :
«4° de
ses constatations et ses recommandations ayant droit au Fonds d'électrification
et de changements climatiques institué
en vertu de l'article 15.1 de la Loi [du] ministère du Développement
durable, [et] de l'Environnement — soient
aussi rendues publiques.»
Donc, non seulement on va avoir le comité qui va
rendre systématiquement publics ses avis, mais on a le Commissaire au
développement durable qui aura aussi l'obligation. Cette fois, et là ce n'est
pas à la discrétion de, on demande au
Commissaire au développement durable de nous donner, en quelque sorte, c'est
l'expression que j'ai retenue pendant
les consultations, notre bulletin. Donc, à chaque année dans son rapport, le
Commissaire au développement durable devra
donner le bulletin du gouvernement dans sa gestion du fonds, qui aussi
retiendra notre attention dans quelques articles. Donc, le projet de loi n'est pas du tout, du tout
muet, là, sur le rôle que l'on confie au Commissaire au développement durable. Et, encore là, des rapports qui seront
systématiquement rendus publics, là aussi aucune possibilité pour le gouvernement de se défiler par rapport à un
rapport qui serait peut-être moins élogieux sur un aspect, là, de sa gestion.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Il y a mon
collègue de Jacques-Cartier qui souhaitait intervenir, donc lui céder la
parole.
La Présidente
(Mme Grondin) : Oui, parfait, merci. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Oui, merci, Mme la Présidente. Je veux juste... Parce que, quand on fait des
discussions pendant les consultations
avec des différents groupes, nos discussions sont limitées, juste basées sur le
temps. Les groupes préparent des mémoires
avec beaucoup d'informations, puis pas tout le monde va faire des échanges.
Alors, le temps, c'est juste limité. Ça, c'est juste une réalité.
Alors, c'est
quelque chose que les Me Mario Denis puis Mario Bélanger, deux
spécialistes en droit de l'environnement,
ils ont proposé, des modifications à l'article 15.0.3, à ce sujet-là.
Alors, je veux juste lire la suggestion que le groupe a faite, à l'instar de numéros intervenants qui ont appelé à
un rôle plus important pour ce comité, notamment en aval de l'action climatique du gouvernement :
« Nous proposons d'attribuer aussi formellement à cette structure un
rôle non seulement de conseil, mais aussi de
chien de garde — désolé,
on revient à cette expression-là — de l'action climatique gouvernementale, et ce, conjointement avec le Commissaire au
développement durable.» Alors, ça,
c'est la raison pourquoi on a été inspirés d'ajouter ça à notre amendement,
mais aussi juste d'avoir la discussion.
Si le ministre peut peut-être répondre, si ce
n'est pas nécessairement à nous, à des propos qui ont été mis de l'avant par deux experts, deux juristes qui sont
des experts dans ce domaine, qu'est-ce que le ministre peut répondre à
ces gens-là? Parce qu'on n'a pas eu la
chance vraiment d'aborder le sujet, je ne pense pas, pendant les consultations
publiques.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Charette : Très, très simplement,
peut-être sans juger, là, de l'intention des gens, là, qui ont présenté ce mémoire, mais c'est déjà dans les pouvoirs
généraux du Commissaire au développement durable. Donc, le Commissaire au développement
durable a déjà ses
pouvoirs reconnus. Donc, dans les faits, il n'y a pas lieu de le
préciser, c'est déjà acquis.
Et d'ailleurs
le Commissaire au développement
durable, c'est quand? C'est la semaine dernière qu'il a produit son dernier
rapport ou il y a deux semaines, on perd un petit peu la notion du temps, mais c'est déjà son mandat
d'assurer ce rôle-là, mais en plus
nous, on lui demande... Sans rien ne lui enlever, il aura la même latitude
qu'il a maintenant, mais on lui confie
un mandat supplémentaire, c'est-à-dire : Vous aurez à produire un rapport
sur la gestion, notamment, de ce que l'on appelle aujourd'hui le Fonds
vert.
Donc, on ne
restreint pas. Au contraire, on lui donne un mandat supplémentaire. Mais,
sinon, ce qui est mentionné là, c'est déjà dans les pouvoirs généraux,
là, du Commissaire au développement durable.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement déposé par le
député de Viau? M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, merci,
Mme la Présidente. J'ai écouté avec beaucoup
d'attention, donc, les arguments du ministre et je reviens encore sur le rôle, Mme la Présidente, du Commissaire au
développement durable, puisque l'article que nous sommes en train d'étudier, c'est un article qui précise... en
fait, qui met les balises, qui dit c'est quoi, le carré de sable dans lequel aura à évoluer, aura à travailler
ce comité-là. On évoque sa mission,
son rôle, mais il faut aussi évoquer, c'est-à-dire, les observations,
les recommandations que ce comité-là aura à faire.
Et
je vois d'un... Et moi, je questionne encore le fait qu'on ne précise pas, dans
cet article-là... Et je comprends bien que
le ministre nous a expliqué que c'était ailleurs, il y a d'autres articles,
mais je pense que... Le ministre n'y voit-il pas la nécessité, la
pertinence, c'est-à-dire, dans le cadre de ce mandat du comité, donc les membres
de ce comité qui ont à travailler, que les
conseils et les observations qu'ils auront à faire, à formuler, devront être
communiqués nécessairement sans délai au Commissaire au développement
durable?
Donc,
je comprends que le ministre a évoqué, tout à l'heure, le fait... Il pourra
toujours me rectifier le tir, il me semblait réfractaire au «sans
délai», mais n'y voit-il pas la pertinence que le rôle du Commissaire au
développement durable doit tout de suite, dans cet article-là, être attaché aux
travaux des membres de ce comité-là?
• (16 h 40) •
M. Charette :
Je mentionnais tout à l'heure, «sans délai», ça veut dire quoi. À l'intérieur
de 30 jours dans l'administration
publique, je peux confirmer que ce sont des délais très courts. Donc, on peut
affirmer que c'est sans délai.
Et là où le
sous-amendement n'apporte malheureusement rien de plus au projet de loi, c'est
que c'est déjà précisé clairement que l'ensemble des avis vont être rendus
publics, pas envoyés spécifiquement au Commissaire au développement durable mais rendus publics à l'ensemble de la population.
Donc, le Commissaire au développement durable pourra s'en prévaloir.
Et
je peux vous assurer, compte tenu des délais qu'engendre souvent
l'administration publique, et ce n'est pas un reproche, il y a plusieurs canaux de communication, 30 jours, c'est
très, très, très court. Donc, ce 30 jours là ne s'appliquera pas
uniquement au Commissaire au développement durable, mais il va s'appliquer à
l'ensemble de la population.
Donc,
clairement, ce qui est écrit là, on est 100 %, 100 % d'accord avec,
au point où c'était dans la mouture initiale du projet de loi, donc
avant même les consultations. Donc, il n'y a pas lieu de réécrire ou de redire
ce qui est déjà convenu dans le projet de loi.
Par
contre, pour ce qui est du rôle du Commissaire au développement durable, comme
je vous disais, on n'est pas muets, on lui confie un nouveau mandat.
Donc, si, au moment où on sera rendus à cette étape-là du projet de loi, les collègues ont d'autres propositions à faire, on
les analysera à leur mérite, mais, pour ce qui est du sous-amendement
qui nous occupe maintenant, c'est 100 % rencontré dans la mouture
actuelle, là, du projet de loi.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre... M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Moi, je suis favorable à ce sous-amendement, cette proposition de
sous-amendement. «Les conseils, observations
ou recommandations que le comité transmet au ministre doivent être communiqués
sans délai au Commissaire au développement durable.»
On pourrait... Parce
que j'entendais le ministre dire : Bon, bien, est-ce qu'il faut que ça
soit immédiatement? Est-ce qu'on peut prévoir un délai? Moi, je serais prêt à regarder
ça, là, mais je pense que c'est important, dans le paragraphe où on parle de la
mission du comité consultatif, qu'on mentionne tout de suite le rôle du
Commissaire au développement durable. En ce
qui me concerne, en tout cas, ça vient refermer... ça vient boucler la boucle
du rôle du comité consultatif et ça implique nécessairement le
Commissaire au développement durable dans le travail qu'il a à faire.
Moi, je suis
favorable, effectivement, plus globalement, là, à donner un rôle plus étendu au
Commissaire au développement durable pour
qu'il vienne dire aux Québécois et aux Québécoises : Voilà, vous allez
dans la bonne direction, ou :
Voilà, le gouvernement ne va pas dans la bonne direction dans la lutte contre
les changements climatiques ou dans l'atteinte des cibles.
Moi,
je pense même qu'il faudrait changer son nom en l'appelant Commissaire au
développement durable et à la lutte
aux changements climatiques, lui trouver un rôle encore plus fort. Je l'avais
inclus dans mon projet de loi que j'ai déposé,
le projet de loi n° 194, sur le respect des obligations climatiques du
Québec, donc d'avoir une espèce d'oeil externe qui vient nous dire si on est dans la bonne trajectoire ou non quant à
l'atteinte des cibles. Donc, en ce qui me concerne, dès qu'on vient
renforcer le rôle du Commissaire au développement durable, moi, je suis
favorable.
Je comprends ce que
le ministre disait tout à l'heure à l'effet qu'on va intervenir là-dessus dans
les prochains articles, puis, justement, vu
que les avis vont être publics, le commissaire va les avoir en même temps. Les
avis, oui, mais là le député de Viau
dit, dans son sous-amendement : «Les conseils, observations [...]
recommandations...» Ce n'est pas tout
à fait la même chose. Moi, je pense, il faut que le Commissaire au
développement durable ait une longueur d'avance sur les infos pour qu'il
puisse se préparer correctement. Ça fait partie aussi de la relation de
confiance qu'on doit avoir avec cet agent, je dirais, de la Vérificatrice
générale.
Donc, moi, je suis
favorable certainement pour le principe. Si le ministre disait : Oui,
mais, avec quelques aménagements, on
pourrait suspendre puis, comme on l'a déjà fait, s'entendre sur une formulation plus précise
si c'est juste ça, le problème. Sauf que,
de l'avoir collé dans l'article qui vient définir la mission du comité, moi, je
trouve que c'est intéressant. Donc, pour cette raison-là, c'est sûr que
je vais appuyer le sous-amendement du député de Viau.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
...mais c'est réellement 100 % couvert par le libellé contenu, là, un
petit peu plus loin dans le projet de loi.
Pour
ce qui est du rôle étendu et avec un petit peu plus de mordant du Commissaire au développement durable, c'est aussi prévu dans le projet de loi. Cependant, c'est une notion qui sera apportée un petit peu
plus... des précisions qui seront
apportées un petit peu plus tard, là, au gré de notre étude, donc, pas parce qu'il y a un désaccord sur le fond mais bien parce que c'est déjà
100 % assuré, là, par l'actuel projet de loi.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Donc, je vais mettre
aux voix l'amendement déposé par le député de Viau.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Par appel nominal. Donc, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Donc, M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)... Ah! M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement déposé par le député de Viau est
rejeté. Nous revenons à l'article 15.0.3 de l'article 4
amendé, tel qu'amendé. Donc, y a-t-il d'autres interventions sur cet article?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons garder cet article en suspens.
Oui, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Moi, j'aurais un amendement 15.0.3.1.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, on va suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 16 h 50)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Mme la
députée de Mercier, vous avez déposé un amendement. Pouvez-vous lire la
proposition, s'il vous plaît?
Mme Ghazal : Oui. Donc : L'article 4 du projet de loi est modifié par l'insertion d'un nouvel article 15.0.3.1 à
la Loi sur le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des
Parcs, se lisant comme suit :
«15.0.3.1.
Dans la réalisation de sa mission et lorsque jugé pertinent, le comité
consultatif s'assure de consulter le public
et les autorités gouvernementales. Lorsqu'il l'estime nécessaire, le comité
consultatif sur les changements climatiques peut travailler de concert
avec le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.»
Donc, c'est
un article très simple que je viens ajouter ici, qui dit ce que je viens de
dire et qui ne va en rien enlever ou imposer quoi que ce soit au comité
consultatif. Il peut, s'il le juge pertinent, consulter le public de la façon
qu'il le veut. S'il a besoin d'aide, par exemple, dans cette consultation-là,
ou de conseils, il peut consulter le BAPE et il peut aussi ne pas le faire.
Et la raison
de cet article-là que je viens l'ajouter... Parce qu'on le sait, on
n'arrête pas de le dire, on n'arrête pas de le répéter, la lutte aux changements
climatiques ne peut pas se faire uniquement
au gouvernement dans un bureau quelconque, ça prend la participation de tout
le monde, parce que
les changements sont immenses, énormes, ça demande des efforts pour tout le monde. Et le comité consultatif est un élément extrêmement important dans ce projet
de loi là, et on veut lui donner plus
de moyens, de pouvoirs, donc de moyens pour pouvoir mener à bien sa mission,
son mandat, en publiant des avis, que ce soit à la demande du ministre ou de sa propre initiative. Et il pourrait,
sur certaines questions, dire : Ah! bien, peut-être qu'on devrait
faire une consultation du public, de la forme qu'elle peut prendre, ce n'est
pas obligé que ce soit...
Évidemment,
le plus qu'il y a de transparence, le mieux c'est. Vu que les avis
sont publics, si ces consultations-là se
font de façon publique, c'est encore mieux et c'est ce qu'on
souhaite, mais, par exemple, le comité pourrait vouloir consulter d'autres experts, d'autres personnes ou
des gens du public et le faire aussi de
façon publique. Ça, c'est important.
Et c'est pour ça que je mentionne qu'il
peut, si lui le juge ou l'estime nécessaire, consulter le BAPE. Et, on le sait, si on
veut atteindre nos cibles, il faut que les gens, il faut que la population soit
partie prenante des décisions qui sont prises et il faut que la population
sente qu'elle l'est et qu'elle est consultée.
Et donc c'est
la raison pour laquelle j'amène cet amendement-là, qui a été aussi apporté dans... Cette idée-là
a été apportée dans les mémoires
de groupes qui sont venus, dont le CDQE, et, encore une fois, on s'inspire
ici de ce qui se fait en Nouvelle-Zélande.
Et, dans leur loi climat, c'est écrit : «La commission doit prévoir la participation du public dans les dossiers
pour lesquels elle estime que c'est opportun de le faire. La commission — qui est notre équivalent ici, c'est
le comité consultatif — peut également solliciter des contributions
sur des projets de rapport ou des documents de travail qu'elle
[collabore].»
Donc, il est possible... Le comité consultatif
n'est pas un organe qu'on travaille tout seul, c'est des gens qui proviennent de différents milieux, qui ont
différentes occupations. Et ce comité-là peut faire appel à l'extérieur,
notamment en consultant le public sur des
sujets précis qui sont d'intérêt public. Bien, toute la question de la lutte
aux changements climatiques est d'intérêt public. Et donc c'est une
opportunité, une possibilité et non pas quelque chose qu'on impose au comité
consultatif.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Merci à la collègue.
Je vais la rassurer très, très rapidement. Tout ceci est déjà permis par le projet
de loi, et l'article que nous étudions, et ceux qu'on aura l'occasion
d'étudier, là, très, très prochainement. Et même,
dans la formulation même, lorsque la collègue mentionne : «Lorsqu'il
l'estime nécessaire, le comité
consultatif sur les changements
climatiques peut», donc c'est une possibilité, donc, selon ses propres mots, c'est une possibilité de travailler de concert avec le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Donc, cette possibilité, effectivement,
elle est déjà bien incarnée dans le projet de loi.
Dans la
première partie de son sous-amendement, on voit : «...le comité consultatif
s'assure de consulter le public et les
autorités gouvernementales», et c'est précisé tout juste avant : «...lorsque
jugé pertinent...» Donc là aussi, c'est déjà permis dans... En fait, lorsqu'on... Bien, en fait, c'est ça, je l'ai
répété à plusieurs reprises, même au moment des consultations, le comité n'est pas restreint dans
sa marge de manoeuvre, et on le disait. Pourquoi j'amenais cette
réflexion-là, c'est qu'on le
mentionnait, tout le monde veut et voulait être sur le comité. Donc,
forcément, tous n'y seront pas, et ce qui laisse entièrement la place au comité de consulter, lorsqu'il le
juge nécessaire, que ce soient des groupes, que ce soient
des experts externes. Donc, c'est déjà
acquis, et on le voit clairement au travers un article auquel on arrivera éventuellement :
«15.0.4.4. Le comité peut prendre tout règlement concernant l'exercice de ses
fonctions et sa régie interne.»
Donc, le
«peut» ou «lorsque jugé nécessaire» est entièrement, entièrement compris dans
cette liberté d'action qu'a le
comité. Donc, ce n'est pas des aveux ou une mésentente sur le fond, au
contraire, le projet de loi est conçu pour rendre tout ceci possible.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Quand on lit tout
l'article 4, là, au complet, qui parle du comité consultatif, ce n'est pas
clair qu'il y a cette possibilité-là. Ça ne
veut pas dire que c'est interdit, on ne peut pas tout écrire non plus, mais ce
n'est pas vraiment clair. Tout ce qui
est rendu public et dont on parle qui va être rendu public, ce sont les
conseils ou les avis, là, seulement. Ça, c'est écrit, mais comment
est-ce qu'il va procéder, le processus?
Je comprends
que c'est une possibilité vu que... c'est-à-dire qu'elle n'apparaît pas dans
l'article, donc c'est possible, tout
est possible, mais le fait de le mettre dans la loi est une sorte... On ajoute
un élément dans la boîte à outils du comité consultatif. Il y a même peut-être
une incitation.
Parce que,
par exemple, quand on lit l'article 4 tel quel, là, tous les articles, ce n'est pas...
ça ne vient pas à l'esprit rapidement qu'il va y avoir des consultations
publiques, parce que quelqu'un pourrait dire : De toute façon, le BAPE le fait déjà pour certains projets, ce n'est pas
du tout nécessaire pour un avis. Ils peuvent faire des consultations pour
d'autres experts, admettons, pour une expertise quelconque, à un moment donné,
pour rédiger un avis. De toute façon, ils ne le feront pas juste entre eux.
Mais cet aspect de consulter le public n'est
pas... ce n'est pas parce que c'est implicite que c'est explicite. C'est peut-être implicite, mais ce n'est pas
évident pantoute, alors que, si on ajoute l'article qui est mon amendement
et qu'on donne cette possibilité-là, là ça fait encore plus partie de l'univers
des possibles.
Moi, en
lisant l'article, ce n'était pas clair pour moi, surtout, par exemple :
«15.0.3. Le comité a pour mission de conseiller le ministre, à la
demande de ce dernier ou de sa propre initiative, sur les orientations, les
programmes, les politiques et les stratégies
en matière de lutte contre les changements climatiques dans une perspective
d'amélioration continue et en tenant compte
de l'évolution des connaissances scientifiques et technologiques en cette
matière.» On ne parle pas des moyens
pour que le comité mène à bien sa mission, parce que ce n'est pas très... il n'y a
pas beaucoup de... Je veux dire, même avec les amendements
du ministre et nos amendements, on essaie d'amener des précisions dans cet article-là,
qui reste général et qui vient instituer ce comité consultatif là, mais ce
n'est pas du tout évident. Donc, si ça n'enlève rien, pourquoi ne pas l'ajouter? Ça
vient donner... Ça ajoute encore plus à l'aspect plus de transparence et plus d'implication de la population
qui est tellement demandée et tellement importante
dans la lutte aux changements
climatiques.
Est-ce que
le ministre ne trouve-t-il pas que cet amendement-là
amènerait cette incitation-là à ce que les gens, la population, le
public soient parties prenantes des décisions ou de ce qui se fait en matière
de lutte aux changements climatiques par le gouvernement?
• (17 heures) •
M. Charette : Ce que mentionne la collègue
est pertinent, mais on n'est pas obligés de préciser ce que permet déjà le projet
de loi. Autrement, on mentionnerait peut-être
plutôt les interdictions, tant la liste des possibilités est longue.
Et le volet consultation du public, le
volet de référence au BAPE, tout ceci est permis. Autrement, le projet de loi
préciserait les compétences du comité consultatif en précisant qu'il n'a pas le
droit ou n'a pas la possibilité de consulter, mais c'est une évidence. C'est
pour ça qu'on n'a pas, à mon sens, à en débattre très, très longtemps.
Et, lorsqu'on
lit l'article 15.0.4.4, il est explicite. On n'est pas rendus là encore,
mais ça le mentionne clairement : «Le comité peut prendre tout
règlement concernant l'exercice de ses fonctions...» Donc, il se gouverne, il
donne, il établit les fonctions qu'il
souhaite accomplir ou assumer et sa régie interne, mais, dans un projet de loi, on ne peut pas mentionner une longue liste d'interdits ou une
longue liste de possibilités. Dans le cas présent, la liste des possibilités
serait beaucoup, beaucoup, beaucoup plus longue, parce qu'il n'y a pas de
limite. Le comité va établir ses limites.
On pourrait
dire, par exemple, ce qui serait pertinent, c'est-à-dire en termes de possibilités réelles, mais ce n'est pas plus pertinent
de l'ajouter dans le projet de loi, parce que c'est une évidence. Étant donné
qu'il y a d'autres comités semblables à
travers le monde, on pourrait se dire entre nous : Ce serait très important
que le comité fasse le suivi des travaux des autres comités pour voir si
le Québec est à la page sur ces questions-là, mais c'est tellement évident que
c'est permis qu'on ne l'intègre pas dans le projet de loi.
Donc, le
mandat du comité est très large. Il est circonscrit par ses obligations
d'indépendance, mais, sur sa façon de travailler,
le comité pourra se gouverner. Et je devine que le comité sera très intéressé
par les travaux du comité en France, comme les travaux du comité en
Nouvelle-Zélande, en Angleterre, peu importe, là, là où on en retrouve.
Peut-être voudront-ils même établir des
contacts avec ces comités-là. C'est permis, mais on ne le mentionne pas dans le
projet de loi. En fait, il y a
quelques limites très, très rares, très, très peu nombreuses, qui sont imposées
au comité, c'est celle d'agir en toute indépendance. Ils ne peuvent pas
déroger de ce cadre-là. Mais comment ils vont se gouverner, ce sera à eux à le
déterminer, là, tout simplement.
Mme Ghazal :
...pas comparer le fait d'ajouter la possibilité qu'ils puissent consulter le
public avec la possibilité qu'ils puissent regarder ce qui se fait de
mieux ailleurs. C'est une des raisons pour lesquelles... Un comité consultatif composé de membres qui
ont une expérience, une expertise pluridisciplinaire diversifiée, etc., ça fait
partie d'un de leur travail, qui est
celui de voir ce qui se fait ailleurs de mieux et de s'inspirer des meilleures
pratiques, c'est la moindre des choses,
et là je peux comprendre qu'on ne le marque pas. Mais la question de consulter
le public a une importance... a une importance
importante, oui, c'est-à-dire, c'est un aspect particulier à la lutte aux changements climatiques. Souvent, on dit : Il faut changer les
comportements. Les gens ne comprennent pas pourquoi est-ce qu'on amène ça, pourquoi est-ce
qu'on prendre des taxes sur l'essence, et c'est tout ça, c'est... Il faut que
les gens soient impliqués, et la consultation du public est un élément
important dans la lutte aux changements climatiques.
Et, comme le
comité consultatif est un élément qu'on trouve important et auquel moi,
j'aimerais qu'on donne plus d'importance,
plus d'indépendance, plus de transparence, c'est ce qu'on essaie avec
nos amendements, de l'améliorer pour une...
Aïe! On a quelque chose de bien, là, on ne voudrait pas que ça soit,
après ça, perverti ou juste que ça devienne... On ne sait pas, là, quel autre gouvernement va être là. On va voir comment ça va se passer avec le gouvernement actuel. Et après ça, ça va
devenir une relique qui est oubliée? Oui, il est indépendant, oui, tout, mais
on ne lui dit tellement rien qu'à la fin il ne peut rien faire. On
a vu des comités qui n'ont rien fait dans le passé.
Et ça, je ne
suis pas en train de juger des gens qui vont être présents. Et je suis certaine
que, dès le début, ça va être extraordinaire puis ça va être un travail incroyable, mais il y a
eu des comités qui ont été mis sur pied par le gouvernement, je pense, par
exemple, au comité avec la police et
la sécurité publique sur le profilage racial, depuis 15 ans, et il y avait des années... pendant des années, ils ne se réunissaient pas. Il n'y avait rien dans leur mémoire parce
qu'on ne leur impose rien, on ne leur dit rien autre que : Voici votre
mission. Moi, un jour, si ça me tente, comme ministre, je vais vous poser
une question, puis, vous, si ça vous tente, à un moment donné, parlez de quelque
chose.
Au début, il y a une motivation, et on veut...
et il ne sera pas inutile, mais, comme notre objectif est de travailler sur le long terme et que ça ne devienne
pas : Ah! ce n'est plus au goût du jour, là, ce comité-là, ce n'est
plus la nouvelle chose, on ne sait pas,
après ça, les ressources... c'est le ministre qui décide quelles ressources on leur donne — là, je prends de l'avance sur un autre article — et
finalement on leur donne moins de ressources parce que
lui, il juge que ce n'est pas... que
c'est suffisant, ce qu'on leur donne. Donc, il y a un risque. Moi, je vois
un risque avec le comité consultatif.
Il n'y a
pas, justement, suffisamment de bretelles et de ceinture, pas du tout. Tout
est dans la possibilité. Et, quand c'est possible, on est dans l'univers des possibles, on peut faire des
grandes choses comme on peut en faire moins parce que
c'est possible, il n'y a pas de précision, il n'y a pas qu'est-ce qu'ils doivent faire. Donc, peut-être,
au début, ça va être quelque chose de
vraiment... qui va être pertinent, il va y avoir des avis qui vont être
écoutés, et tout ça, puis, peut-être, dépendamment
de ce qui se passe, dépendant de la volonté du gouvernement, des ressources
qu'il va mettre à la disposition de
ce comité-là, comme rien n'est mentionné et n'est attaché dans le projet de
loi, bien, ça pourrait péricliter à travers le temps. Je ne dis pas que
ça va être ça maintenant, je dis que c'est un risque, et, moi, c'est ce
risque-là que je ne veux pas voir s'avérer.
Et, si je
suis ici puis que je discute de ce comité-là, j'ai envie que ça serve à quelque
chose et que ce comité-là, plusieurs années plus tard, on ne soit pas déçus
de ne pas avoir mis tous ces éléments de précision qui restent dans
l'univers des possibles. C'est un risque, un risque. Je ne dis pas qu'il va
s'avérer.
Et la
consultation du public est un élément extrêmement important quand on parle des
changements climatiques, que les gens, la population se sentent
concernés. Il faut prendre tous les moyens pour les consulter, et c'en est un.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Je suis malheureusement obligé d'être en
désaccord avec les craintes de la collègue. Je lui donne raison sur un
élément, c'est vrai qu'il y a eu plusieurs comités, dans le temps, qui ont reçu
des mandats — elle
a fait référence à celui sur la discrimination, le profilage racial, c'est tout
à fait juste — mais
on ne peut pas comparer ces comités-là à celui-ci
pour différentes raisons fondamentales. Les comités auxquels elle fait allusion
n'ont pas été créés à travers une
loi. Non seulement on a une loi qui crée ces comités-là, ce qui n'était pas le
cas pour les autres comités, et on vient statuer que c'est un comité qui
sera permanent dans le temps. Donc, les comités auxquels elle fait référence n'émanaient pas d'une loi, n'étaient pas
permanents et avaient encore moins d'obligations déterminées dans une loi.
Là, ce comité-là a aussi des obligations qui sont déterminées dans une loi.
Là où le
libellé, aussi, ne peut pas nous... pas qu'il ne peut pas nous rallier, c'est
juste qu'on dit exactement la même chose,
il faut juste s'en convaincre, même dans le libellé retenu par la collègue,
tout est au conditionnel. On parle de peut travailler de concert avec le BAPE s'il juge pertinent, peut consulter,
mais c'est exactement ce que dit le projet
de loi. À la limite, on aurait un
autre débat avec la collègue, et là aussi, malheureusement, on serait obligés
d'être en désaccord, mais on aurait
un autre débat si, par exemple, le libellé stipulait qu'il doit y avoir des
consultations, il doit travailler de concert avec le BAPE. Là, ça serait un débat de toute autre nature. Mais, dans
le libellé actuel, on est déjà au conditionnel, on évoque une
possibilité, possibilité qui est déjà entièrement, entièrement couverte par le projet
de loi.
Moi, je devine que le comité consultatif... en
fait, pas je devine, je suis convaincu qu'il aura à consulter la population ou certains groupes pour les raisons
qu'on évoquait. On n'aura pas un groupe... On n'aura pas un comité
infini dans sa composition. Donc, je n'ai
même pas de doute dans mon esprit à ce niveau-là. Et, si le comité le juge
pertinent, de solliciter des avis du BAPE,
il aura la possibilité de le faire. Donc, même dans la formulation retenue, on
dit exactement la même chose.
• (17 h 10) •
Mme Ghazal : Tout à
l'heure j'ai amené des précisions sur
le mandat du comité, et j'avais marqué «doit» avec un «notamment», donc il pourrait y avoir d'autres sujets, et là
c'était trop restrictif, et on veut leur laisser de champ libre pour
décider des sujets de leurs avis ou que ce soit le ministre qui leur demande
des avis. Là, cette fois-là, je le mets «peut,
s'il le juge pertinent», et là ça ne l'est pas assez. Ce
que je comprends, c'est que, si je faisais le changement pour que ça
soit «doit», ça ne serait pas non plus plus accepté par le ministre. Mais est-ce
que le ministre est d'accord avec moi quand
je dis... quand je parle que l'aspect consultation du public est un aspect qui est différent de tout
le reste, de consulter le public, parce que c'est une question qui vient
bouleverser nos habitudes?
M. Charette : En fait, sauf erreur, je pense que le collègue
de Bourget est celui qui, à travers les consultations
et nos échanges, a ramené le plus souvent
l'importance de la mobilisation. Sauf erreur, là, je sais que d'autres se sont
intéressés aussi à la thématique, mais je
serais porté à croire que c'est lui qui a soulevé cette préoccupation-là le plus souvent. Et la mobilisation passe par la consultation.
Donc, oui, c'est important, la consultation, et, oui, ce sera non seulement... Là, on étudie un projet de loi, c'est bien
certain, c'est notre élément de référence actuellement, mais éventuellement on aura l'occasion d'échanger, par exemple, sur le Plan pour l'économie verte, on aura l'occasion de parler d'un plan de
mise en oeuvre aussi. Donc, la question de la mobilisation, elle est tellement importante qu'elle
est incluse de façon... je
veux dire, de façon large dans le projet de loi, mais elle le sera
aussi, de façon très claire, et dans la politique-cadre et dans le plan de mise
en oeuvre.
Donc, à la question
de la collègue, est-ce
que c'est vrai que c'est important de
consulter?, clairement, clairement, la consultation fait partie d'un processus
de mobilisation, et, à ça, il n'y a aucun, aucun doute que c'est important.
C'est important, comme d'autres éléments le
sont, mais ces éléments-là n'ont pas à être précisément nommés dans un projet
de loi, parce qu'ils ne sont pas exclus d'emblée, et le comité aura
toute, toute, toute la latitude, là... Je comprends qu'on déborde un petit peu le sous-amendement lui-même, mais c'est important de réitérer, justement,
cette indépendance du comité.
Mais tout ce
qui est libellé dans le sous-amendement de la collègue
est non seulement possible, mais
très, très, très probable et très
certainement, aussi, incarné dans ce que deviendra la politique pour une
économie verte et le plan de mise en oeuvre. Mais, déjà, la loi le
permet.
Mme Ghazal : Donc, c'est probable, ce n'est pas certain. C'est
très probable, selon le ministre, mais, comme je le dis, peut-être au début, mais après qu'est-ce qui
va se passer? Moi, ce que j'essaie de faire, c'est d'attacher, comme
aime l'expression... Je pense, le député de Bourget, il aime l'expression de porter la bretelle et la ceinture serrées et non
pas lousses, et, en ce moment, le comité
consultatif, c'est un peu plus lousse. On laisse ça au comité consultatif de
juger, etc.
Moi, je n'ai
pas fait l'inventaire des comités qui ont été créés par des lois — celui
que je parlais tantôt, c'est vrai que ce
n'était pas par une loi, sur le profilage racial — mais peut-être que ça serait quelque chose
d'intéressant que je ferai, si j'ai du temps, mais là je ne l'ai pas
maintenant, en même temps que j'ai la discussion avec le ministre.
Mais, par
exemple, si on regarde tout le régime forestier, il y a eu une révision de tout
le régime forestier. Il a été ajouté
dans les lois récemment, dans les dernières années, de consulter les groupes
environnementaux, dans la loi, alors que le ministre, à l'époque, là, je
n'ai pas... je ne sais plus c'était quel ministre, avait fait la promesse qu'il
y aurait des consultations, mais qui n'ont
pas eu lieu. Et, quand il y a eu une révision, ça a été ajouté dans la loi.
Parce que c'est pour nous éviter de
vous revenir plus tard, qu'il y ait un autre gouvernement, et là on ait cette
discussion-là, puis là on regarde le
bilan : Hum! Ça n'a pas été fait. Je pense qu'on devrait l'ajouter, et
même, maintenant, ça ne serait plus «peut», ça va être «doit». C'est ça
aussi, l'idée d'avoir la ceinture et la bretelle lousses.
Moi, je suis
convaincue que, pendant la gouverne du ministre... parce que, quand même, oui,
le comité consultatif est indépendant, et tout ça, mais c'est quand même
le ministre qui lui donne beaucoup de mandats. Il y a comme une reddition de
comptes de ce comité-là qui se fait auprès du ministre, pas ailleurs. Donc, il
y a quand même une indépendance par rapport aux connaissances scientifiques,
mais pas par rapport au ministre, dans le reste, dans leur fonctionnement. Et peut-être que le ministre va les
inciter fortement à ce qu'il y ait des consultations, le ministre
actuel, mais qu'est-ce qui va arriver dans cinq ans, six ans? C'est là que je
dis que je veux attacher plus.
M. Charette : Parfait. La collègue semble craindre, et c'est
vrai que l'expérience du passé pourrait justifier cette crainte-là, un relâchement du comité au fil du
temps, mais on est dans des contextes où les parallèles peuvent
difficilement se faire. Comme je le dis, inscrit
dans une loi... en fait, un comité institué à travers une loi, une permanence
dans le temps et une obligation de
résultat. Et, quand on revient au profil des gens qui vont constituer ce comité-là, des gens tous très,
très soucieux de leur réputation, on peut le
penser parce qu'on parle essentiellement de scientifiques reconnus, je ne
connais pas de scientifique reconnu qui risquerait, encore une fois, sa
réputation en laissant le comité se relâcher sur sa mission.
Donc, le
scientifique qui aurait cette perception-là aura deux choix à sa disposition,
soit démissionner et en disant haut
et fort que le comité se relâche, n'accomplit plus sa mission, ou, au
contraire, va se battre pour que le comité revienne à sa mission
originale. C'est là où, lorsqu'il y aura recrutement de nouveaux membres,
toujours en consultant le Scientifique en chef et la présidence du comité,
c'est là où le resserrement se ferait. On est dans un scénario très, très hypothétique, très, peu probable pour les raisons
de réputation dont je mentionnais, mais même s'il y avait relâchement, à
travers la procédure de nomination et les
obligations de résultat, ce serait rapidement corrigé. Mais, honnêtement, ça
ne m'inquiète pas. Un scientifique qui est soucieux de sa réputation, qui publie
des articles scientifiques, qui obtient sa notoriété,
justement, à travers ses travaux n'aurait aucun, aucun, aucun intérêt à être
associé à un comité qui se relâche ou qui serait bidon, là, en quelque
sorte.
Mme Ghazal :
Bien, je veux juste répéter : Ce n'est pas ça, l'intention, mais, si on
regarde le passé, puis ce n'est pas
d'un gouvernement ou un autre, il y a comme une... il y quelque chose,
peut-être, dans la nature humaine qui fait ça, qu'au début c'est la nouveauté, c'est quelque chose de... puis ça va
très bien se faire au début, le comité, il va avoir peut-être beaucoup de consultations, etc., mais il y a comme
un relâchement à travers le temps parce qu'il y a d'autres priorités, il y a d'autres choses
qui arrivent. Et ça n'entache à rien... Je veux dire, je ne suis pas en train
de juger les gens qui vont être sur
ce comité-là qui, comme le dit le ministre, tiennent à leur réputation, mais
ils ne sont pas les seuls à tout décider, ils sont quand même liés et
redevables envers le gouvernement et le ministre en présence, peu importe c'est
qui.
Donc, moi, ce
que je fais, je fais de la prévention — c'est ça qu'on essaie de faire — pour les années futures, pour ne pas se retrouver dans cette situation-là puis
qu'on dise : Ah! on l'avait déjà dit. Et ça a été fait, comme je le
disais, dans le passé avec le régime
forestier, on a inclus dans la loi la consultation des groupes
environnementaux. Et j'essaie de trouver s'il y avait eu une citation, même, d'un député de l'opposition de la
CAQ qui le demandait à l'époque, mais là je ne le trouve pas comme ça, rapidement, mais je suis
certaine que ça existe quelque part dans les verbatim. J'en suis
certaine. Et c'était une bonne chose de
faire ça, de dire : Bien, regardez, le ministre l'avait promis, ça
n'a pas été fait, on l'a inclus dans la loi. Bien, c'est ce que je suis
en train de faire en ce moment.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Bourget.
M. Campeau : Dans le contexte actuel, on parle tellement de changements climatiques partout sur la terre, avec raison, je ne vois pas comment il pourrait y avoir
un relâchement. Puis, deuxièmement, comme tous ces avis, opinions du comité vont être publics, alors, si jamais ce
comité-là, comme, avait un relâchement, ce dont je doute, moi aussi,
parce qu'il ne faut pas oublier que ce sont
des emplois qui ne sont pas rémunérés... Alors, comme tel, quelqu'un
ne va pas nécessairement rester là à
cause d'un salaire, il va rester là à cause de sa réputation, parce qu'il tient
à être sur ce comité-là. Et, de plus, il y en aura toujours la
possibilité pour tous les partis d'opposition de rappeler le gouvernement à
l'ordre, de rappeler le comité à l'ordre et de dire : Il y a un
relâchement. J'ai l'impression que, bien, les ceintures puis les bretelles ne
sont pas si lousses que ça.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, M. le député. Mme la
députée de Mercier,
souhaitez-vous poursuivre?
• (17 h 20) •
Mme Ghazal : Oui, parce que, sérieusement, ce n'est pas par
mauvaise volonté qu'il peut y avoir un relâchement. Ce que je veux dire... Puis, quand je dis
«relâchement», ça veut dire... Comme je le dis, dans le prochain article,
on dit que c'est le ministre qui va donner les ressources qu'il juge
nécessaires. Si, à moment donné, le ministre ne donne pas les ressources pour que la consultation puisse se
faire, par exemple la consultation du public, supposons qu'ils veulent
faire un avis, tiens, un avis sur un des
éléments que j'avais mentionnés dans mon ancien amendement, qui dit :
«donner [un] avis sur les impacts des
changements climatiques et des mesures de lutte contre les changements climatiques sur les populations plus vulnérables...»
Parce que,
des fois, comme je le mentionnais, ce qui s'est passé en France, on veut bien
faire, entre guillemets, on augmente
la taxe, on ne consulte pas les gens, et après ça ce sont les... il y a des
laissés pour compte qui en souffrent. Bien, des fois, pour bien faire,
le gouvernement va vouloir mettre en place des mesures en pensant que c'est bon
pour l'environnement, et, finalement, bien,
ce n'est pas bon pour les personnes vulnérables, ça va coûter plus cher pour
elles, la même chose pour les populations inuites et les Premières Nations.
Et là le
comité veut faire un avis là-dessus, puisque le ministre m'a dit que le comité
pourrait très bien faire un avis sur
n'importe quel de ces éléments-là, pas besoin de l'écrire et de les y obliger
puis que ça soit ça... dès le début. Donc, par exemple, le comité
dit : Bien, moi, je veux faire un avis là-dessus, mais je ne veux pas,
assis ici, demander aux populations inuites
de venir. Elles n'ont pas une bonne connexion Internet, je ne peux pas le faire
en ligne. Je voudrais aller là-bas et
me déplacer pour la faire, mais il n'y a pas les ressources suffisantes parce
que, quelques années plus tard, ce n'est pas le même ministre. C'est une
situation qui peut arriver. Et donc cette consultation ne pourra pas avoir lieu
et ne pourra pas se faire.
En le marquant dans un amendement, il y a une
incitation. Il y a comme une... On montre au ministre, à ce moment-là, l'incohérence : Vous ne donnez pas
les ressources pour faire la consultation, alors que vous nous donnez la
possibilité de les réaliser. Il y a une
incohérence, et on pourra le voir, ce sera déjà dans la loi. On préviendrait ce
risque-là au lieu d'après ça dire : On aurait donc dû le faire.
M. Charette :
Merci. Malheureusement, je ne saurais trouver, je crois, les bons mots pour
rassurer complètement la collègue de
Mercier. Mais, sinon, tout ce qui a été dit en termes de garantie, je pense,
peut la convaincre, après réflexion, là, que ses préoccupations sont
couvertes par le projet de loi tel que libellé.
Mme Ghazal :
Juste ajouter que je vais avoir d'autres bretelles et ceintures qui s'en
viennent pour aussi les autres éléments, parce que je ne suis toujours
pas rassurée, malgré les très bons mots du ministre.
M. Charette : ...même pas.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement
déposé par la députée de Mercier? S'il n'y a pas d'autre intervention... M. le
député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Une simple...
une toute petite question, en fait, pour mon éclairage, mon édification personnelle. À quelques reprises,
le ministre a évoqué... donc, en lien avec le sous-amendement, en disant
que c'est permis dans le projet de loi.
Donc, je ne sais pas s'il peut peut-être nous dire où est-ce... dans quel
article... à quel article il fait référence, où c'est permis, donc, pour
mon éclairage.
M. Charette :
Oui, volontiers. En fait, je vais le relire, là, pour la énième fois, c'est
l'article général 15.0.4.4 qui laisse
toute cette latitude-là : «Le comité peut prendre tout règlement
concernant l'exercice de ses fonctions et sa régie interne.» Donc, le comité ne sera pas limité dans
sa façon d'interagir avec qui il juge nécessaire, ne sera pas limité
dans... Par exemple, tout à l'heure, c'était
un petit peu la crainte, si, par exemple, le comité était limité à produire un
seul avis par années, là, on se
dirait : Dans quelle mesure il est noyauté ou pas ou dans quelle mesure il
est indépendant, ce comité-là? Donc,
là aussi, il n'y a pas de restriction. Donc, le comité pourra produire le
nombre d'avis qu'il souhaite, pourra interagir avec qui il souhaite,
pourra consulter qui il souhaite.
Cependant, ce
n'est pas parce que ce n'est pas précisé nommément... L'exemple que je donnais
à la collègue, c'est un exemple qui m'est venu, là, instantanément, là,
il pourrait y avoir un exemple plus probant, mais on ne dit pas, par exemple, dans le projet de loi, que le comité
pourrait consulter ses comités frères et soeurs, là, à travers le monde
pour voir comment améliorer leurs pratiques.
Ça ne le dit pas, mais ce n'est pas parce que ça ne le dit pas que ce n'est pas
permis, au contraire. Plutôt que
d'expliciter tout ce qui est permis, on a préféré retenir un article qui dit
que ce qu'il veut faire, le comité sera
libre de le faire, en quelque sorte. Parce que la liste des permissions ou des
possibilités, elle est infinie. Donc, ce sera le comité qui va se
diriger.
Moi, j'ai
rencontré, par exemple, une dame qui fait partie du comité français. Elle-même,
elle est très, très, très intéressée par ce qui se fait ailleurs, par
les meilleures pratiques, et autres. Ça, c'est un exemple personnel. En fait,
le collègue de Bourget et moi l'avons rencontrée
ensemble. Ça, c'est un intérêt qui nous venait de la répondante du
comité français, mais je n'ai aucun doute
que les membres du comité québécois auront aussi ce souci de se tenir à la fine
pointe des meilleures pratiques. Donc, ça va
les inciter, certainement, à établir des communications avec le comité
français, avec le comité anglais,
avec le comité néozélandais. Mais tout ça n'est pas dit dans le projet de loi,
mais tout ça est permis par le projet
de loi. Donc, c'est là où je pense qu'on peut être rassurés, là, sur la
latitude qui est laissée au comité en question.
La
Présidente (Mme Grondin) : Peut-être juste préciser, M. le ministre. En fait, vous parlez de
l'amendement que vous souhaitez déposer à l'article 15.0.4, c'est ça?
M. Charette : En fait, on est
toujours, actuellement, sur le sous-amendement de la collègue de Mercier.
La Présidente
(Mme Grondin) : Effectivement, à 15.0.3.1. Mais vous, vous
faites référence, quand vous... à un amendement que vous voulez allez...
M. Charette : Le 15.0.4.4.
La Présidente
(Mme Grondin) : C'est ça, un amendement que vous allez
déposer.
M. Charette : Oui, que j'ai lu
à quelques reprises jusqu'à maintenant, mais il est...
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait.
M. Charette : Je ne sais pas
s'il est officiellement déposé. Bien, enfin, on pourrait le déposer. Ah! il est
déjà déposé. Donc, c'est ça, il est déjà disponible.
La
Présidente (Mme Grondin) : Sur le Greffier. C'est parfait. C'était tout simplement pour que tout
le monde se comprenne. C'est un amendement qui n'a pas encore été
discuté, mais qui est déposé depuis plusieurs jours.
M. Charette : Qui démontre, là,
la volonté du gouvernement de donner cette pleine latitude-là au comité.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Merci.
M. Charette : Bonne précision.
Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau, ça va?
M. Benjamin : Ça va.
La Présidente
(Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions? M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Juste rapidement. Je ne suis pas contre le principe du sous-amendement déposé par la députée de Mercier,
quoique, sur «consulter le public», il faudrait l'encadrer davantage, mais
d'inscrire le principe là, je ne suis pas contre. Sur la question de
travailler de concert avec le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement,
ma seule question, c'est s'il faut modifier
la loi sur le BAPE, en tout cas, parce que, tu sais, c'est quand même une
instance, le Bureau d'audiences publiques traite avec une procédure bien
particulière. Bien, en fait, la loi sur le BAPE, c'est la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est un chapitre de
la Loi sur la qualité de l'environnement, et là il faudrait s'assurer
que ça fasse... que ça s'accroche bien avec
les dispositions législatives sur le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, parce que, comme instance
de consultation avec des procédures d'audition précises, quasiment de justice
naturelle, avec la
confidentialité, etc., je ne sais pas jusqu'à quel point on peut dire, comme
ça : «...le comité consultatif [...] peut travailler de concert avec le Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement.» Pour moi, il faudrait voir la loi qui habilite le
Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement. Alors, moi, c'est ma seule réserve. Donc, dans ce contexte, je
vais m'abstenir, moi, Mme la Présidente, sur le vote.
La
Présidente (Mme Grondin) : Vous mentionnez un
sous-amendement, c'est ça que j'ai compris? Non?
M. Gaudreault :
Non, ça en est un, sous-amendement. Je dis que, quand ça va être le temps de
voter, je vais m'abstenir.
La Présidente
(Mme Grondin) : Ah!
parfait. Désolée, j'entendais moins. Donc, y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement déposé par la
députée de Mercier? Je vais donc procéder à sa mise aux voix. Par appel
nominal, j'imagine, Mme la députée?
Mme Ghazal :
Oui, bien sûr.
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui. Donc, M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Charette (Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bussière (Gatineau)?
M. Bussière :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : ...
Le Secrétaire :
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Benjamin (Viau)?
M. Benjamin :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme Grondin (Argenteuil)?
• (17 h 30) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement déposé par la députée de Mercier est
rejeté. Nous revenons donc à
l'article 15.0.3 de l'article 4. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons le laisser en
suspens et nous allons poursuivre avec l'analyse de l'article 15.0.4. M. le ministre, je vous invite à lire cet article, qui est dans le projet de
loi.
M. Charette : Et qui sera très bref au niveau
de sa lecture : «Le comité rend publics les conseils qu'il donne au ministre 30 jours après les lui
avoir transmis.»
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait. Donc, vous souhaitez déposer un
amendement à cet article?
M. Charette : Cependant, ce qu'on m'indiquait dans la séquence,
ce seraient davantage nos amis, là, de l'opposition officielle qui seraient à 15.0.4, parce que,
nous, ce serait davantage à 15.0.4.1, donc ce serait plutôt à l'opposition
officielle.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait, vous avez tout à fait raison. Donc, M. le député de
Robert-Baldwin, vous souhaitez déposer un amendement?
M. Leitão : Oui, c'est ça,
merci, exactement.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le ministre.
M. Leitão :
Merci, Mme la Présidente. Alors, l'article 15.0.4 est économe, très
court, très bien, mais nous avons un amendement que nous aimerions discuter.
On revient un peu...
La Présidente (Mme Grondin) : M. le député, je suis désolée. Est-ce que
vous avez transmis l'amendement proposé?
M. Leitão : Je pense que, oui,
il est...
La Présidente
(Mme Grondin) : O.K., donc on va suspendre quelques
minutes, je voudrais juste avoir une copie. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise à 17 h 33)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. M. le
député de Robert-Baldwin, vous souhaitez déposer un amendement à l'article 15.0.4
de l'article 4. Je vous invite à lire l'amendement, s'il vous plaît.
M. Leitão : Très
bien, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ce qu'on souhaite faire, l'amendement se lirait
comme ceci, alors : L'article 15.0.4 de la Loi sur le ministère du
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, introduit par l'article 4
du projet de loi, est modifié par :
1° l'ajout, après le mot «conseils», des mots «,
observations ou recommandations»;
2° le remplacement des mots «au ministre» par
les mots «aux ministres et organismes publics»; et
3° le remplacement du mot «lui» par le mot
«leur».
Alors, cet
article se lirait ainsi : «Le comité rend publics les conseils,
observations ou recommandations qu'il donne aux ministres et organismes
publics 30 jours après [...] leur avoir transmis.»
Commentaire.
Alors, on rejoint un peu, un peu, la discussion qu'on avait eue avant, quand
mon collègue de Viau a présenté un amendement à 15.0.3, où on demandait
que les conseils, observations, recommandations du comité... transmette sans délai au Commissaire au développement
durable. On prend la partie «observations» et «recommandations» et on l'ajoute
ici.
Donc, on
convient que tout ça va être rendu public 30 jours après, très bien, mais
on aimerait, on souhaiterait que ce ne
soient pas seulement les conseils, mais qu'on y ajoute les observations et
recommandations, et pas seulement que le comité donne au ministre de l'Environnement, mais que le comité puisse
aussi donner, parce qu'il va pouvoir le faire, aux autres ministres et
organismes publics. Donc, c'est juste ça. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le
ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente, merci au collègue aussi. Ce que j'apprécie de
l'exercice des amendements, même si, au final, on ne les adopte pas, ça
permet de préciser les intentions du projet de loi. Là aussi, j'ai pris soin,
là, de consulter nos experts, au ministère, là aussi, le projet de loi couvre
entièrement ceci.
On retient un principe, par contre, qui est
fondamental. Le ministre de l'Environnement, en vertu du projet de loi n° 44, devient le coordonnateur de
l'action gouvernementale en matière de lutte aux changements climatiques. Et
on a aussi retenu le principe que le comité
conseille qui?, le ministre, qui, lui, coordonne l'action. Donc, le comité
n'enverrait pas, par exemple, un avis au
ministère des Ressources naturelles. Ce qu'il ferait, c'est qu'il enverrait son
avis au ministre de l'Environnement, qui, ensuite, va le partager.
Mais tous,
tous, tous les avis, dans le projet de loi, on parle de «conseils», c'est un
vocable qui est générique, en quelque
sorte. Bref, tout ce qui sera transmis au ministre de l'Environnement sera automatiquement
rendu public. Donc, même si un avis,
un conseil devait concerner, par exemple, le ministère, je reprends le même
exemple, des Ressources naturelles,
oui, c'est le ministre de l'Environnement qui va le recevoir. Il aura à assurer
le suivi, naturellement, dans son rôle de coordonnateur de l'action
gouvernementale, mais ce sera aussi systématiquement rendu public.
Donc,
j'apprécie l'exercice, parce que ça nous permet de rassurer les gens, là, qui
peuvent suivre nos travaux, mais tout,
tout avis, conseil du... et je ne joue pas avec les mots en disant ça, toute
communication... Je vais le dire autrement, les communications que fera
le comité vers le ministre de l'Environnement seront systématiquement rendues
publiques. Et donc, si ça vise davantage les
Ressources naturelles, si ça vise davantage les Transports, on peut
certainement deviner que le comité
sera intéressé par les questions liées aux Transports, compte tenu de
l'importance des émissions dans ce secteur-là. Donc, même si ça touche les Transports, ça va transiter par le ministre
de l'Environnement. Et, même si ça touche les Transports, ce sera rendu
systématiquement public parce que ce sera un conseil donné par le comité en
question.
M. Leitão :
Très bien, merci, merci de l'explication. Donc, deux choses que je retiens, le
comité ne va pas émettre des conseils
à d'autres ministères et organismes, le travail du comité va être rendu, va
être déposé ou donné au ministère, au ministre de l'Environnement.
M. Charette :
Juste pour préciser, l'avis ne sera pas envoyé directement au ministère des
Transports, il va passer par le ministre de l'Environnement, compte tenu
qu'il coordonne l'action. Mais, même si l'avis touche strictement la question des transports, ce sera envoyé... parce
que la relation du comité, elle est dirigée vers le ministre de
l'Environnement, mais, comme l'avis
est public, ce sera à circulation généralisée. Et, comme le ministre
de l'Environnement doit coordonner l'action du gouvernement sur ces enjeux-là, là, c'est le ministre
de l'Environnement qui va partir avec l'avis touchant les Transports, qui va aller voir son ou sa collègue
aux Transports pour dire : Bien, voici, on a cet avis-là, qui sera
public, voici les angles qu'il nous faudra
travailler, améliorer, bonifier. Donc, la courroie de transmission, elle est réellement
vers le ministre de
l'Environnement pour respecter le
principe qu'on a abordé, là, à travers l'article 1, du rôle de coordonnateur, là, de
l'action gouvernementale en matière de changements climatiques.
• (17 h 40) •
M. Leitão : Très bien. Et, une
fois que ça rentre chez vous, donc ça devient public 30 jours plus tard?
M. Charette : Systématiquement, systématiquement. Tout avis, qu'il soit défavorable à une initiative gouvernementale, qu'il vante une initiative
gouvernementale, ce sera systématiquement rendu public.
C'est pour ça que... Et je comprends, et c'est grâce à l'exercice que l'on conduit
qu'on a une meilleure compréhension collective du projet de loi, mais, quand j'entends certains dire qu'on élimine des garde-fous, on
n'en élimine pas, on en ajoute avec une réelle portée. Actuellement, on pourrait dire qu'on est face à une absence de garde-fou, c'est
pratiquement la situation actuellement.
Mais, avec ce concept introduit à travers le
projet de loi n° 44, c'est un garde-fou qui est extrêmement, extrêmement solide.
Ce n'est pas du tout l'intention du gouvernement, et je suis convaincu que ce ne sera pas l'intention du gouvernement,
des gouvernements qui se succéderont, mais, si, par exemple, je ne sais pas, un gouvernement futur du Québec voulait développer
une filière extrêmement, extrêmement,
extrêmement polluante, extrêmement dommageable pour l'environnement, je
ne m'attends pas à des avis complaisants de la part du comité. Et ces avis-là
seront aussi publics. Donc, c'est un garde-fou qui est extrêmement précieux
parce que l'avis étant public.
Et c'est le
rôle des oppositions, peu importe la couleur du gouvernement au pouvoir, c'est
le rôle des oppositions de questionner
le gouvernement, de voir pourquoi il retient telle orientation. Donc, je suis
convaincu que tout avis le moindrement critique va donner des occasions
aux oppositions de faire le travail qui leur revient.
M. Leitão : Très bien. Enfin,
on aura cette discussion sur les garde-fous, et je pense que ça viendra assez rapidement
dans les articles qui s'en viennent, donc, mais ici on reste sur
le comité consultatif, et donc tous ces avis seront rendus
publics parce qu'ils passeront par le ministère de l'Environnement. Et donc ça,
ça a été clarifié. Très bien.
La deuxième question,
c'est la notion de conseil, observation, recommandation. Ce que vous
nous dites, ce que vos légistes vous disent, c'est que le vocable
«conseil» comprend tout ça, donc ce n'est pas nécessaire de...
M. Charette : Je voulais m'en
assurer, ça a été validé, c'est pour ça que je résume en disant «toutes les communications». Dans le fond, ce n'est pas un e-mail de comment ça va,
là, mais tout ce qui est recommandation, avis, appelons-le comme on le veut, donc
tout ce qui est formel sera automatiquement rendu public, et tout ça se résume
ou a été englobé dans la portée du mot «conseil».
M. Leitão : O.K., «conseil»,
«observation», «recommandation», à toutes fins pratiques, c'est la même chose.
M. Charette : Effectivement, parce
que... C'est-à-dire, peut-être
que ça ne prendra pas la même forme, mais le résultat va être le même en ce sens que ce sera automatiquement rendu
public. Peut-être que, par
exemple, le conseil va se résumer sur quelques paragraphes,
peut-être que l'avis sera sur quelques pages, mais, dans
tous les cas, c'est rendu public.
M. Leitão : Très bien. Pour
l'instant, je n'ai pas d'autre commentaire. Je ne sais pas si le...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, hier, on a eu un grand moment de...
pendant de longues minutes, nous avons parlé
de l'indépendance du comité, de l'indépendance du comité, et je salue cet amendement, apporté par le collègue de Robert-Baldwin,
qui nous permet à nouveau de revenir sur cet enjeu-là.
Est-ce que je comprends que ce comité-là, qui est un comité consultatif composé d'experts avec des domaines de compétence variés, très important pour la suite des choses non seulement pour le ministère que dirige le ministre, mais aussi pour l'ensemble des ministères, est-ce que
je comprends que ce que nous dit le ministre
de l'Environnement, c'est que
ce comité-là ne pourrait pas partager, sans
l'aval du ministre, ses observations ou ses conseils aux autres ministres?
Est-ce que c'est ce que je
dois comprendre?
M. Charette : En fait, peut-être une précision. C'est une question,
effectivement, de compréhension, mais, non, ce n'est pas tout à fait exact. Étant donné... c'est-à-dire, ce n'est pas que c'est exact, donc, qu'il a
besoin de l'aval du ministre, mais
c'est qu'il doit passer par le ministre. Donc, même si l'avis concerne spécifiquement les Transports, compte
tenu que le ministre est coordonnateur de
l'action gouvernementale, le comité va transmettre au ministre de l'Environnement son avis qui concerne les Transports, et le ministre des Transports ou la ministre
des Transports sera interpelé par le
ministre de l'Environnement, qui doit coordonner cette action-là. Mais, dans
tous, tous, tous les cas, l'avis sera public. Donc, si le ministre de
l'Environnement ou la ministre de l'Environnement ne faisait pas son travail,
là aussi on saurait très, très rapidement qu'il n'a pas fait son travail, en ce sens que le
ministre des Transports ne pourrait pas répondre d'un avis qui ne
lui a pas été partagé. Donc, on vient préciser le rôle de coordonnateur, on
précise très bien le rôle du comité, et tout ça est dans la plus complète
transparence, et tout ça est rendu systématiquement public. Donc, si quelqu'un
ne fait pas sa job, ça va se savoir.
Et c'est pour
ça, on a parlé un petit peu d'imputabilité ce matin, c'est aussi un projet qui
renforce de façon solide tout le
concept d'imputabilité par rapport au rôle qui est confié au ministre de
l'Environnement. Étant donné que ces avis et ces conseils seront rendus publics, le ministre ou la ministre ne pourra
pas jongler avec mille et une versions. S'il n'a pas fait son travail,
ça va se savoir qu'il y a un travail quelque part qui ne s'est pas fait. Donc,
l'imputabilité, à travers l'instauration de ce comité-là, pour le ministre de
l'Environnement, est directe.
Et je
comprends tout à fait, tout à fait les problématiques engendrées par le Conseil
de gestion du Fonds vert. Et je ne
veux pas tomber dans la partisanerie en disant ça, et ça a été relevé en
consultations, le mandat lui-même était plutôt flou, donc difficile à interpréter, et avec beaucoup de ministères
partenaires. Le conseil de gestion... En fait, le Fonds vert, c'est une quinzaine de ministères. Donc, c'était
très, très difficile et ça demeure très difficile de savoir qui est
imputable tant la courroie de transmission
ou de coordination n'est pas établie. Et c'est ça aussi qu'on vient corriger
avec l'imputabilité du ministre. Si
ça va mal, oui, la pression sera
forte. Si ça va mal parce qu'il y a un problème de gestion avec le Fonds vert, bien, le ministre ne pourra pas
dire : Ah! oui, mais ça, c'est des fonds qui ont été transférés par le
biais duFARR au ministère des Transports. Non, il y aura une imputabilité à
assurer. Donc, oui, la pression sera excessivement forte, il n'y a pas de doute. Mais on veut savoir pas pour
taper sur les doigts de quelqu'un à tout prix, mais c'est le principe de l'imputabilité ministérielle. C'est dire : Il y a
une tâche qui doit être accomplie, on parle de sommes colossales dans le
cas du Fonds vert, donc tâchons que
ce soit administré à la faveur des contribuables québécois. Donc, c'est-à-dire, l'article qu'on étudie, à
travers toutes ces discussions sur le comité, vient aussi renforcer de façon
significative l'imputabilité ministérielle, là, au niveau de l'environnement.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, le ministre
a évoqué tout à l'heure, à quelques reprises, que son rôle serait un genre de courroie, une courroie de
transmission. Donc, je présume, donc, je vais demander, à ce moment-là, au ministre de préciser pour moi, donc, le
comité aurait peut-être... je pense que le délai que je vois, qui apparaît
dans le projet de loi, c'est un délai de 30 jours, j'imagine, pour
transmettre un avis, ou des observations, ou des recommandations au ministre.
Et le ministre, peut-être, disposerait, j'imagine, encore d'un autre
30 jours pour transmettre à ses autres collègues,
aux autres ministères aussi les conseils et les recommandations ou
bien s'agirait-il d'une véritable courroie de transmission, c'est-à-dire
sans délai, la transmission par le ministre aux autres ministres des conseils,
observations ou recommandations?
• (17 h 50) •
M. Charette : En fait, je voulais m'assurer d'avoir les bonnes
réponses pour le collègue. Au niveau du délai, c'est un maximum de 30 jours pour que le document soit rendu public, mais
le ministre pourrait très
bien, de lui-même, sur réception, le rendre public. Bien, c'est-à-dire, déjà, 30 jours, dans l'administration publique,
je me répète, mais, déjà, c'est extrêmement, extrêmement rapide. Donc, le ministre pourrait, lui, le
rendre public plus rapidement, sinon, au plus tard, il sera systématiquement rendu public par le comité
lui-même. Donc, l'information, de toutes, toutes les façons, sera rendue
publique au plus tard 30 jours après que le conseil, avis, rapport ait été
transmis au ministre.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Juste vous informer
qu'il y a la députée de Mercier et le député de D'Arcy-McGee qui souhaiteraient
intervenir.
M. Benjamin : ...à mon collègue
le député de D'Arcy-McGee.
La Présidente
(Mme Grondin) : Bien, en fait, il y a la députée.
M. Benjamin : Ah! de la
séquence, ah bon. Allez-y, allez-y.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Bien, moi, j'avais une question par rapport au... d'ajouter «organismes
publics». «Le comité rend publics les
conseils — là, je
comprends que le ministre dit que "conseils",
"observations", "recommandations", c'est la même chose, on aurait même pu dire des
"avis", moi, depuis tantôt que je dis des "avis" — qu'il donne aux ministres...» Là, dans la loi, c'est au ministre de l'Environnement.
Ici ils ajoutent «aux ministres et organismes publics», parce que le
comité peut faire ça, peut faire... peut produire des conseils aux organismes
ou il ne peut pas le faire?
M. Charette :
Je reviens à cet amendement, là, qui sera débattu, là, qui est disponible à
travers Greffier. Tout à fait, tout à
fait, si le comité souhaitait faire un avis à un organisme en particulier, la
procédure va être la même, puis ça me sera... je dis «me sera», je ne
peux pas présumer de l'avenir, mais ce sera transféré au ministre de
l'Environnement, qui va s'assurer du suivi
approprié. Mais, dans tous, tous, tous les cas, ce sera aussi rendu public.
Mais le comité, pour répondre... c'est-à-dire,
oui, le comité ne transmettra pas directement à l'organisme, tout comme il ne
transférera pas directement, que ce
soit au ministère des Transports, que ce soit au ministère des Ressources
naturelles, au ministre de l'Environnement, ensuite suivi, et, dans tous les cas, rendu public. Donc, s'il n'y a pas
de suivi, s'il n'y a pas de changement, s'il n'y a pas d'amélioration à apporter, là aussi il y a une
imputabilité, là, qui sera associée au ministre de l'Environnement,
compte tenu son rôle de coordonnateur, là, de l'action gouvernementale.
Mme Ghazal :
Puis, juste pour être sûre, parce que je suis allée voir l'amendement à
l'article 14.0.4.1 et suivants, je n'ai pas vu que c'est aussi aux organismes publics, là. J'ai essayé de
regarder rapidement, mais ce que je comprends, c'est que le ministre
mentionne... c'est-à-dire, si on ajouterait «le ministre»... c'est-à-dire «au
ministre, les autres ministres et aux
organismes publics», ça, ça ne marcherait pas comme amendement? Si, par
exemple, on dit que les conseils qu'il donne,
c'est-à-dire que les conseils... quand le
comité consultatif va écrire un conseil ou un avis, il va le transmettre
au ministre, mais ça va être adressé sur un sujet qui concerne, par exemple, je
ne sais pas quel organisme public, là, ou le ministère des Transports, ou etc.,
mais ce ministère-là ou ces organismes-là ne les verraient pas avant le ministre
de l'Environnement.
M. Charette : En fait, le ministre de l'Environnement
sera toujours le destinataire des communications du
comité en question, mais son imputabilité l'obligera à coordonner la suite à y donner, et l'avis, le conseil sera
systématiquement rendu public. Mais, pour
répondre très, très simplement, ce n'est pas le ministère des Ressources naturelles qui va recevoir l'avis, même si l'objet traite spécialement et exclusivement
des ressources naturelles, c'est le
ministre de l'Environnement qui, lui, va faire le suivi par la suite, et
l'avis sera aussi rendu public.
Et je
comprends que c'est à travers des échanges comme nous avons qu'on comprend la
portée du projet de loi. Mais c'est
très, très lourd, je le dis positivement, en termes de changements, c'est des
changements significatifs. On a employé l'expression «cosmétique» un
petit peu plus tôt, c'est loin d'être un rôle cosmétique qui va être confié au ministre de l'Environnement avec l'adoption de ce
projet de loi. Et, dans les premiers articles lorsqu'on précisait et
réitérait qu'il devenait le coordonnateur de
l'action gouvernementale, ce n'était pas une phrase creuse, là. On le voit
beaucoup, à travers cet article-là, à quel point sa responsabilité devient
centrale au coeur du gouvernement.
Donc, oui,
même si un avis traite spécialement et exclusivement d'un champ de compétence
qui n'est pas le sien mais qui pourrait concerner les Transports, par
exemple, c'est malgré tout lui qui sera le destinataire de cet avis-là et
responsable d'assurer les suites, là, qui s'imposent.
Mme Ghazal :
Mais pourquoi ça ne serait pas, par exemple, destiné au ministère des Ressources
naturelles et le ministre de
l'Environnement en CC qui s'assurera
que le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles est en train de... tient compte, dans ses visions ou dans ses
actions, de ce qui est écrit dans l'avis, et le ministre fait le suivi de
ça?
M. Charette : En fait, on va
avoir l'occasion d'y revenir. C'est 15.0...
Des voix : ...
M. Charette : 15.0.3. Ça
précise clairement que c'est un comité-conseil du ministre, pour le ministre de
l'Environnement, qui, lui, est responsable
de coordonner l'action gouvernementale. Donc, si on avait toujours
plusieurs destinataires, on pourrait perdre
le message, en quelque sorte. Là, on a toujours un destinataire, des avis qui
sont systématiquement rendus publics. Donc, celui touché par ce
conseil-là, encore une fois, exemple parmi d'autres, le ministère des
Transports, il va le recevoir pareil, l'avis, parce qu'il sera public, mais
surtout parce que le ministre de l'Environnement va interpeler celui ou celle des Transports pour lui
dire : Écoutez, nous, on a un objectif, on a une cible à atteindre, on a franchement des avancées à faire,
et là, par exemple, on ne va pas dans la bonne direction. Donc, même si
ça traite uniquement des Transports, ça va
passer par l'Environnement. Donc, encore une fois, je pense que c'est une
belle illustration du rôle accru, sans précédent, que le ministre de
l'Environnement aura à jouer au sein du gouvernement du Québec.
Mme Ghazal :
Bien, je pense, le ministère des Transports, ils ont des cibles pour la
mobilité durable, et tout ça. Je ne
sais pas, moi, je pense à un autre ministère, de la Faune, et Forêts, et Parcs,
et là je viens de réaliser que, par exemple, il pourrait dire, le collègue du ministre de l'Environnement : Bien
là, c'est... je n'ai rien à faire avec l'avis de ton comité, là.
M. Charette : Non, parce qu'on
a déjà vu, dans les...
Mme Ghazal : ...je comprends
que ça va être public puis...
M. Charette :
Mais ça va être public, mais on a déjà vu, dans des articles précédents, à quel
point les directives du ministre de
l'Environnement ne sont pas que des paroles en l'air, là. Le ministre de
l'Environnement sera en droit de donner des directives à ses collègues. C'est un article qu'on a déjà abordé,
là, c'était dans le 3... je ne me souviens plus exactement du numéro, mais j'aimais le citer, cet article-là.
Et, sans doute, là, vous me donnez l'occasion de le citer à nouveau, il
est très, très significatif, cet article-là. Quand on dit : Le ministre de
l'Environnement pourra donner des directives à ses collègues, donc le ministre ou la ministre qui reçoit, par l'entremise
du ministre de l'Environnement, un avis l'invitant à changer de pratique, par exemple, bien, si la
réponse du collègue n'est pas satisfaisante, c'est là où il y a une
directive qui pourrait être donnée. Ça, c'est déjà convenu, là, dans le projet
de loi.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. C'est déjà fin au débat. Mais, pour la poursuite, il y a, sur ma
liste, le député de D'Arcy-McGee et le député de Robert-Baldwin. Donc,
merci de votre collaboration.
Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi le 18 juin 2020, où
elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 18 heures)