(Dix heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je vous demanderais de prendre place, de fermer la sonnerie de vos appareils électroniques.
Je vous souhaite une très bonne journée. Ça sera une très grande journée
parce qu'on va terminer tard ce soir, mais c'est un sujet important.
Alors, j'ai
constaté que nous avons le quorum. Je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement
ouverte. La commission est réunie
afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 17, Loi concernant le transport
rémunéré de personnes par automobile.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Montpetit (Maurice-Richard) sera remplacée par M. Kelley
(Jacques-Cartier).
Auditions
(suite)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je salue le ministre et son équipe, également les collègues de l'opposition officielle, du deuxième groupe
et du troisième groupe d'opposition.
Cet
avant-midi, nous entendrons l'Alliance des regroupements des usagers du
transport adapté du Québec et l'Association
des transports collectifs ruraux du Québec. Nous avons présentement devant nous
Mme Jacob, je pense. C'est bien ça?
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
Couture? Vous, c'est Couture, alors Mme Rosanne Couture, directrice générale de l'Alliance des regroupements des usagers du transport adapté du Québec.
Mme Couture, vous avez 10 minutes pour nous faire votre
présentation.
Alliance
des regroupements des usagers du
transport adapté du Québec (ARUTAQ)
Mme
Couture (Rosanne) : Merci
beaucoup. Mme la Présidente, M. le ministre des Transports, Mmes et MM.
les députés et parlementaires, mon
nom est Rosanne Couture. Je suis la directrice générale de l'Alliance des regroupements des usagers de transport adapté du Québec. Et nous
tenons tout d'abord à vous remercier de votre invitation à cette audition sur
le projet de loi n° 17.
L'ARUTAQ est
un organisme provincial existant depuis 31 ans, et voué à la défense des
droits des 122 000 personnes
handicapées admises à ces services, et qui les requièrent pour se déplacer de
façon sécuritaire et de qualité. Notre mission est donc en lien direct avec tout développement visant
à améliorer ces services, et nous appliquons notre mission avec la liberté
nécessaire à son exercice.
Et, si vous
me le permettez, Mme la Présidente, nous souhaitons, M. le ministre, vous
exprimer notre plus sincère compassion
pour le drame qui s'est vécu très récemment dans votre circonscription, alors
que des appels à l'aide d'une fillette dans
un état d'une profonde vulnérabilité n'auront pas suffi à lui conserver sa vie.
Nous partageons votre désarroi face à une telle situation, vraiment.
Alors, Mme la Présidente, revenant au sujet qui nous réunit aujourd'hui, précisons
d'emblée qu'au Québec tout citoyen devrait pouvoir se prévaloir
d'un mode de transport lui permettant de se déplacer en fonction de ses
besoins. Un projet de loi du gouvernement
du Québec qui se veut plus moderne, et donc en réponse à des besoins
diversifiés de déplacement en
transport pour tous les citoyens, doit contenir une prémisse fondamentale, qu'est la clientèle, et doit arriver
avec une imputabilité dans l'assurance de la
sécurité et de la qualité des déplacements des personnes, dont les plus
vulnérables, qui composent la clientèle que nous représentons.
Pour les
personnes handicapées, ce droit au transport est déjà enchâssé dans la Loi
assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur
intégration et de leur participation sociale. Cette loi engage au premier chef
le gouvernement du Québec et tous ses
ministères, sans exception, dans les lois, les politiques et les programmes,
parce que le transport public est
d'abord une aventure humaine qui va se vivre selon l'attention, la
préoccupation, la bienveillance et l'humanité dont se seront assurés nos
élus politiques.
On sait déjà
que le transport adapté est le moyen par lequel s'applique concrètement
l'ensemble des déplacements que les
personnes handicapées requièrent pour aller à l'école, au travail, pour
recevoir leurs soins de santé, visiter leur famille et leurs amis, fréquenter des activités de
loisirs, et, pour un nombre important de nos aînés, s'exerce ainsi la
possibilité de vivre le plus longtemps possible dans leur domicile. Le
transport adapté est le dernier maillon de l'autonomie d'un nombre important de ces
personnes. Déjà, en 2011, l'Institut de la statistique du Québec prévoyait
qu'en 2031 les personnes de 65 ans
et plus auront augmenté de 80 %. Nous sommes à mi-chemin de cette
prévision et nous constatons déjà que le nombre de personnes handicapées
qui nécessitent un transport adapté s'accroît de façon fulgurante chaque année.
En 2019, l'ensemble des services de transport
adapté, incluant les neuf sociétés de transport, planifient environ
9 millions de déplacements, dont 70 % requièrent une industrie du
taxi encadrée et qualifiée en vertu d'une loi et d'un règlement qui en précise les modalités. Les services des chauffeurs de
taxi sont requis pour assurer l'offre de service en tenant compte des besoins
particuliers de déplacement des personnes, ce qui fait inévitablement référence
à la formation des chauffeurs, à des
attitudes et des comportements assurant la sécurité des passagers, à la
disponibilité des véhicules requis, dont
des véhicules universellement accessibles aux personnes en fauteuil roulant. Et
je salue nos collègues de l'industrie du
taxi qui sont dans cette salle. Précisons que les 9 millions de
déplacements en transport adapté au Québec ne sont ni improvisés ni
spontanés, ils sont planifiés.
Parlons maintenant du projet de loi n° 17,
dont le but est de moderniser le transport rémunéré de personnes par automobile. Non seulement il amène la
disparition de la loi actuelle concernant les services de transport par taxi,
mais il occulte complètement les dispositions concernant le transport des personnes
handicapées, notamment en ce qui a trait à la formation obligatoire
des chauffeurs, mais également concernant l'accessibilité universelle de
véhicules taxis. En ne reconnaissant plus l'industrie du taxi actuellement
réglementée, qui est le principal fournisseur de services de transport adapté au Québec, le projet de loi n° 17 rend
vulnérables la planification, l'organisation et la réalisation des services de
transport adapté dans les différentes
régions. Ce faisant, le gouvernement du Québec se soustrait de son obligation
que lui dicte la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées.
Ce projet de
loi témoigne d'une insensibilité à l'égard de personnes vulnérables qui ne
disposent d'aucun autre moyen de se déplacer que le transport adapté. Dans les
dernières semaines, nombreux sont les organismes à avoir exprimé publiquement et directement au ministre leur
dénonciation du libellé du projet de loi n° 17 et son impact négatif
anticipé dans l'offre de service que
sont une réduction, dans les différentes régions du Québec, du nombre de
chauffeurs de taxi, une augmentation encore plus grande de la pénurie
d'une main-d'oeuvre qualifiée pour réaliser les déplacements, un effritement de l'offre de service et une réduction
de la sécurité dans les déplacements, une réduction du nombre de véhicules
universellement accessibles pour le transport des personnes en fauteuil roulant
et l'arrivée de voitures non conformes à
leurs particularités de déplacement, un isolement encore plus grand des
personnes vulnérables et un impact sur leur santé globale, dans un
contexte où la population du Québec vieillit.
Les personnes handicapées qui nécessitent un
transport adapté ne sont pas une clientèle volatile. Toute leur vie et leur
projet de vie dépendent de ce transport. Ainsi, dans le but que soit assurée
une offre de service de transport par automobile
sécuritaire, accessible et de qualité à l'ensemble des citoyens du Québec et
qui tienne compte des particularités de déplacement de clientèles, dont notre
clientèle, que sont les personnes handicapées, nous recommandons,
premièrement, le retrait du libellé du
projet de loi n° 17; deuxièmement, l'élaboration d'un nouveau libellé,
dont je vais vous parler dans quelques secondes; troisièmement, le
maintien d'une industrie encadrée, qualifiée et formée pour l'offre de service
en transport adapté, en y incluant des
véhicules universellement accessibles; quatrièmement, la reconnaissance, bien
sûr, d'autres modes de transport et de chauffeurs qualifiés, encadrés
par des obligations et des responsabilités pour le transport des personnes handicapées, dont celle de se prémunir
de voitures universellement accessibles, et qu'ils soient formés pour les
desservir adéquatement; cinquièmement, la
nomination d'un ombudsman mandaté pour faciliter la résolution des plaintes
de la clientèle et jouissant des pouvoirs à cet effet.
Et, en
précision à notre deuxième recommandation concernant l'élaboration d'un nouveau
libellé, puisque la clientèle n'est
nommée nulle part à l'intérieur du projet de loi n° 17 qui, précisons-le,
s'adresse davantage à des nouveaux entrepreneurs, sans obligation ni responsabilité à l'égard du
transport de notre clientèle, eh bien, ce que nous demandons, c'est que la
clientèle, incluant les personnes
handicapées, devra être la préoccupation fondamentale du nouveau libellé du
projet de loi.
Ainsi, elle
composera l'entièreté du chapitre I du projet de loi et elle devra se
reconnaître dans la motivation du gouvernement
à moderniser le transport rémunéré par automobile. Elle devra se reconnaître également
dans les dispositions touchant à sa
sécurité et à la qualité des services qu'elle requiert. Et ces dispositions
seront donc précisées non seulement dans le chapitre I, mais, par la
suite, démontrées dans le libellé entier du projet de loi.
Nous souhaitons
que le nouveau libellé de loi s'inspire des travaux qui ont été élaborés par
l'ensemble des partenaires, dont
l'ARUTAQ, impliqués dans l'organisation et l'utilisation des services de
transport adapté au Québec et qui se
retrouvent à l'intérieur du guide de référence des pratiques en transport
adapté. Et, Mme la Présidente, nous souhaitons que ce guide soit
consigné à notre présentation.
Et, en terminant, nous demandons à M. le
ministre des Transports s'il accepte ou non... Beaucoup de gens vous écoutent
ce matin, M. le ministre. Nous demandons si vous acceptez ou non nos
recommandations et notre proposition concernant le nouveau libellé du projet de
loi n° 17. Et nous vous remercions de votre attention.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, madame. Je comprends que vous avez
un document à déposer. Alors, on va faire le nécessaire. M. le ministre,
vous avez 23 min 30 s.
• (10 h 10) •
M.
Bonnardel : Merci,
Mme la Présidente. Alors, salutations aux collègues ministériels, aux collègues
de l'opposition. Mme Couture, bienvenue. Je me souviens très bien
qu'on s'est rencontrés à Montréal juste avant Noël. Pour moi, il était important de vous rencontrer parce que
ce n'était pas juste pour vous rassurer, c'était pour vous expliquer jusqu'à quel point, pour moi et pour notre
équipe, il était important d'assurer les services à la population.
Quand on
parle de transport adapté, les plus démunis, les personnes handicapées, vous comprendrez qu'on... Puis je le répète, on ne s'est pas levés un matin en se
disant : Tiens, on va faire une loi puis on va s'arranger pour que ça
aille mal. Ça
n'a jamais été notre intention, jamais.
Et jamais, au grand jamais, on n'a voulu... Et
j'ai entendu maints détracteurs qui disaient :
Ah! la sécurité et la formation ne seront plus là. Complètement faux, complètement faux. La formation, oui, est inégale partout au Québec, sept heures, 35, 110,
160. Pour nous, il va être important de l'uniformiser et de donner une
formation minimale et une autre formation pour ceux qui vont faire du transport adapté. Ça, c'est indéniable, on ne coupera pas là-dessus. On veut s'assurer
que les personnes qui vont recevoir des personnes handicapées ou autres seront
bien formées.
Les
véhicules, il sera important d'assurer la sécurité de ces voitures ou ces vans,
comme tel. Ce n'est pas vrai, comme certains l'ont mentionné, que,
soudainement, il n'y aura plus d'inspections. Par règlement, vous comprendrez
que, pour moi, il y a une différence entre un véhicule neuf qui vient
d'arriver sur la flotte qu'un autre qui a 80 000, 100 000, 150 000 kilos. On va le définir en bonne
et due forme. Minimalement, ce sera une fois par année. Minimalement, on sait
qu'un taxi peut faire entre 40 000,
70 000, peu importe, 100 000 kilos par année. Ce n'est pas vrai
qu'on va dire qu'il y aura des inspections seulement aux deux ans. On va
assurer la sécurité de la flotte.
Maintenant,
je pense que vous êtes d'accord comme moi qu'une grande majorité des sociétés
qui offrent le service de transport
adapté au Québec font un bon travail. On pourrait même dire un très bon
travail. Vous êtes d'accord avec ça? Ceux
qui sont venus depuis le début de ces auditions nous ont mentionné qu'il y
avait un service, dans une certaine mesure, qui était inégal dans certaines régions. La problématique que l'on
pouvait avoir, c'était un monopole où certaines sociétés de transport ou
municipalités ne pouvaient pas signer des contrats autres qu'avec une société X
et d'autres endroits où il n'y avait pas du tout de service, parce qu'il
y a de la demande, mais il n'y avait pas d'offre.
Est-ce que
vous considérez qu'avec la loi qu'on a déposée, demain matin, ces sociétés...
Soit dit en passant, je pense, 75 %, selon moi, de l'industrie fait un
très, très bon travail. Est-ce que vous considérez, demain matin, avec les
règles que l'on a déposées, ces
sociétés, demain matin, n'auraient plus la possibilité... ou de contrats avec
ces fournisseurs qui sont les sociétés de transport en commun et les
municipalités?
Mme Couture
(Rosanne) :
M. Bonnardel, merci de votre question. Vous me permettrez de répondre à
votre premier énoncé.
Lorsque vous exprimez votre préoccupation à
l'endroit des personnes handicapées et que vous dites : Tout va continuer, ne vous inquiétez pas, l'obligation de
la formation, nous allons nous préoccuper de la clientèle, n'en doutez pas...
Comment se fait-il qu'il aurait été beaucoup
plus simple... Puisque ces dispositions existaient déjà dans la loi et que les
toutes premières dispositions datent de 1984, comment se fait-il que, dans un
projet de loi qui se modernise, qui veut répondre à des nouveaux services, des nouvelles demandes et qui veut
inclure tous les citoyens, on prend la peine ou enfin, par hasard ou... Enfin, je ne sais pas comment
c'est arrivé, mais une chose est certaine, cette clientèle-là, elle est
complètement évacuée du projet de loi, qui se veut rassembleur, mais, au
contraire, qui divise.
Alors,
évidemment, lorsque vous parlez de l'offre de service, nulle part, à
l'intérieur du libellé, il n'y est question que vous souhaitez que le service
poursuive... Alors, il aurait été tellement facile de rassurer tout le monde et
de nous ramener nos dispositions qui
faisaient en sorte que la clientèle des personnes handicapées constituait une
préoccupation pour le gouvernement. Et, à cet égard-là, nous tenons à rappeler
l'obligation du gouvernement en matière de transport adapté pour les
personnes handicapées. Alors, il aurait été facile de le rapporter.
Alors, nous,
c'est plutôt une question que nous vous posons. Comment se fait-il que les
dispositions ont été occultées, alors qu'elles s'y trouvaient déjà?
M.
Bonnardel : Mme Couture, ce que je comprends, c'est que vous
ne considérez pas que ces sociétés de taxi, qui offrent un bon service, vont perdre le travail. Puis ma sous-question
reliée à ça... Tous ceux qui sont venus ici nous ont dit une chose... Grosso
modo, je le répète, trois quarts, selon moi, des sociétés au Québec
qui font du transport adapté vont continuer de le faire parce qu'ils offrent un très bon service, parce que les municipalités,
les sociétés de transport sont satisfaites.
De l'autre côté, c'est le quart... Je peux me
tromper dans certaines régions, là, je prends un pourcentage qui est peut-être
commun partout au Québec. Hormis Montréal, où il
y a plus, nécessairement, d'offre, on
nous dit : Il n'y a pas possibilité de signer d'autres contrats
avec d'autres sociétés voisines dans le territoire d'à côté, qui, elles... Je
n'haïrais peut-être pas ça d'avoir une offre additionnelle, ou une concurrence
additionnelle, ou être capable de signer un contrat avec une société X qui pourrait venir desservir des gens dans le besoin
parce qu'il n'y a personne, parce qu'il
y a cette notion de territoire
d'agglomération qui, pour moi, en 2019, ne devrait même plus exister. Alors,
vous dites quoi à ça?
Mme
Couture (Rosanne) : Alors,
c'est assez simple. D'ailleurs, à nul moment nous ne remettons en question le
travail fantastique que font les sociétés de transport. Nous ne sommes pas ici
pour faire le procès des sociétés de transport. Vous avez entendu M.
Mario Gagnon, hier, parler du taux de satisfaction de la clientèle. Et il faut
se rappeler que 70 % au Québec, plus de 80 % à Montréal, les services
sont rendus par l'industrie du taxi. Alors, quand on parle du taux de satisfaction de la clientèle, ça fait égard aussi
aux fournisseurs de services. Alors, ça, ce n'est nullement remis en question.
Ce que nous
anticipons, tout comme vous l'a dit hier M. Varin de l'ATUQ, c'est
l'insécurité que laisse profiler le projet
de loi quant à la maintenance des
services tels qu'ils sont offerts présentement. Parce que vous savez bien, M. Bonnardel, quand on écoute l'industrie
du taxi et comment elle est touchée présentement par le projet de loi, il est certain qu'on peut anticiper
un abandon ou, à tout le moins, une transformation au niveau
de la fiabilité sur laquelle on peut compter présentement pour organiser l'offre de service. Il va y avoir
un abandon des chauffeurs, ça, c'est certain. Il suffit d'écouter les
chauffeurs de taxi qui sont un peu
exacerbés par le fait que la loi enlève leur... que le projet de loi vienne occulter leur loi, et c'est certain qu'il va y avoir un
impact là-dessus.
Et ça, si on
ajoute ça maintenant à la pénurie de main-d'oeuvre qu'on connaît déjà...
Ce n'est pas juste les sociétés de
transport, mais entre autres, M. Gagnon en parlait hier aussi, il y a
une pénurie déjà qui est constatée à la STM, de Montréal, de plus de 4 000 chauffeurs, de 2014 à 2018.
Ce qui n'a pas été précisé hier, mais qui a été précisé dans une autre
présentation publique, c'est en raison notamment de l'arrivée d'Uber
depuis quatre, cinq ans.
Alors
donc, c'est certain que l'offre de service que vous... enfin, que vous voulez
mettre sur pied, donc, des chauffeurs qui n'ont pas d'obligation, qui n'ont pas
de responsabilité en matière de transport adapté... Ce ne sont certainement pas eux qui vont être choisis
ou appelés à desservir ou à venir bonifier les rangs de la pénurie d'une main-d'oeuvre
qui va être augmentée pour desservir les personnes handicapées, parce qu'ils ne
seront pas qualifiés. C'est pour ça que nous, nous demandons que le libellé soit transformé pour donner à l'intérieur de ça
des rôles, des obligations et qu'ils soient encadrés, formés pour desservir la clientèle des personnes
handicapées, parce qu'autrement l'offre de service en transport adapté, elle ne
pourra pas être organisée telle qu'elle l'est actuellement, même si actuellement on est déjà dans une pénurie de main-d'oeuvre.
• (10 h 20) •
M.
Bonnardel : Mme
Couture, vous avez répété que certains chauffeurs ne pourraient être pas
qualifiés. Je vous le répète, là, ce n'est pas n'importe qui qui peut faire du
transport adapté au Québec. Ce sont, encore une fois, les municipalités,
les sociétés de transport qui définissent,
qui choisissent avec qui ils font affaire. Si un secteur, heureusement ou malheureusement, dans un contexte de
vieillissement de la population... On est la deuxième nation au monde la plus
vieillissante après le Japon. On veut
garder nos gens à la maison, où... On me disait hier, à l'ATUQ, qu'il y avait une augmentation de 5 %
par année de la demande. S'il y a un
secteur, assurément, dans le taxi, dans le service, où ça va continuer de faire
ça, c'est bien dans le transport
adapté. Et c'est bien un créneau ou un secteur où, dans des périodes plus
creuses, on a une assurance d'avoir une demande de gens qui veulent être
transportés.
Alors,
vous, vous me dites : Ce qu'on fait aujourd'hui, ce n'est pas bon.
Certains nous disent... Bien, vous dites, en réalité : On revient
au statu quo, c'est un peu ça, une gestion des permis. Moi, je vous dis :
L'appellation «taxi», la protection...
L'appellation comme telle d'un taxi traditionnel reste. C'est vrai qu'il n'y a
plus de permis. C'est vrai qu'il n'y a plus de quota.
De
l'autre côté, je donne des outils. Moi, je me dis : S'il y a 75 % du
service qui est très bien fait au Québec... pas le 25 % qui m'interpelle. Dans des régions au Québec où il n'y a
aucun service, dans des régions au Québec où l'offre n'est pas adéquate, pour
toutes les questions que vous posez puis que je me pose, services inégaux,
qualité — je
pourrais vous en énumérer pendant
10 minutes, je ne le ferai pas, vous le savez très, très bien — on dit quoi à ce 25 %? Ce 25 %, présentement,
n'a pas les outils autres que de dire :
Je suis obligé de négocier avec lui parce que c'est le seul sur le territoire
et, quand je n'en ai pas dans mon
territoire, je ne peux même pas aller négocier avec le territoire d'à côté pour
lui dire : Es-tu capable de venir m'offrir un service chez nous?
Mme Couture (Rosanne) : M. Bonnardel, je vais répéter ce que j'ai dit
tantôt. À aucun moment nous ne disons que l'offre de service n'est pas bonne
aujourd'hui, au contraire. Alors là, ça va être entendu pour le reste de cette
commission.
Maintenant,
évidemment, lorsque vous parlez du 75 %, oui, le 75 %, il est très
bien fait, mais c'est justement cet aspect de 75 %... Et nous disons même
le 100 % parce que c'est... Vous savez, 75 % de la planification ou
de ce qui est rendu par l'industrie du taxi... Il y a d'autres clientèles
aussi, de personnes, d'aînés qui ne sont pas admis au transport adapté et qui vont nécessiter des mesures, des mesures de
formation, des mesures de responsabilité et des mesures aussi d'encadrement pour qu'elles soient bien desservies sans qu'il y
ait des situations préjudiciables et qui rendent les personnes encore plus
vulnérables.
Maintenant,
j'en reviens au 75 %. Ce 75 %, comme je l'ai dit précédemment, il est
mis en relief, dans une réduction anticipée d'une main-d'oeuvre qui est
nécessaire pour rendre ce 75 % ou le 100 % de l'offre en transport
adapté, par le fait que les chauffeurs dont
vous voulez... que vous voulez qu'ils soient autorisés, désormais... les
nouveaux chauffeurs n'aient pas cette
obligation d'avoir des véhicules accessibles, ne soient pas formés pour les
personnes handicapées, on a bien dit, et aussi qu'ils n'ont pas de...
auxquels il n'y a pas de responsabilité qui soit déjà dictée.
Alors donc, on est
déjà... Vous et moi, on est très au fait, avec cette phrase-là, qu'il y a une
anticipation d'une vulnérabilité plus grande au niveau des services qui doivent
être élaborés par les sociétés de transport. Et évidemment, je pense que l'ATUQ vous l'a clairement dit hier,
il y a cette inquiétude par rapport à l'insécurité de comment va se vivre...
qui va composer cette offre de transport,
avec qui vont-ils faire affaire pour la gestion de services, quand on parle de
répondant. Nous, nous maintenons la
notion d'intermédiaire parce que l'intermédiaire est déjà quelqu'un qui dispose
d'obligations. Il a des responsabilités concernant un nombre de
véhicules pour assurer la fiabilité du service.
Alors,
vous comprenez que toutes ces dispositions qui s'envolent tout à coup... et, en
plus, qui vient ne plus nommer la clientèle dont le ministère... dont le
gouvernement doit être, je dirais, le plus imputable, ce sont les plus
vulnérables dans notre société.
Alors, vous pensez bien qu'on est au fait de ce qui est susceptible de se
produire avec le projet de loi, tel que libellé actuellement.
M.
Bonnardel : Mme Couture, le lendemain de l'adoption de cette
loi, grosso modo, pour le transport adapté, rien ne va changer au Québec. Ceux
qui nous écoutent et qui reçoivent un service aujourd'hui vont recevoir le même
service. On est d'accord ou à peu
près sur le pourcentage, au Québec, des sociétés de taxi qui offrent un très
bon service. Vous êtes d'accord avec moi? Vous ne m'avez pas répondu sur
le 25 %, les gens qui nous écoutent et qui n'ont pas de service de transport adapté parce que les municipalités ou
les MRC ne peuvent signer de contrat, parce que, dans le territoire d'à côté,
on ne peut pas demander à un de venir chez nous à cause de ces territoires
d'agglomération ou ces zones où ceux qui offrent
un service avec les sociétés de taxi, mais qui ne font pas bien le travail...
Et certains nous ont dit : On aimerait ça... Hier, là, il y avait les gens de Québec, il y
avait les gens de Montréal qui nous disaient : Je n'haïrais pas ça, moi,
être capable de négocier avec un autre juste pour établir les prix. Au
service de qui? Le client et l'usager.
Alors, moi,
le 25 %, là, le pourcentage que je nomme à peu près tout le temps, vous en
dites quoi, vous? Est-ce que je donne
des bons outils aux sociétés et aux municipalités d'être capables d'offrir un
service à ceux qui n'en ont pas présentement?
Mme Couture (Rosanne) : Alors, puisque vous faites le lien entre des
services qui n'existent pas dans des régions ou dans des milieux qui ont moins de personnes et que vous faites le
lien immédiatement avec l'abolition des agglomérations, alors plus que jamais il y a une incertitude que
l'abolition des agglomérations va pourvoir en transport les services à la
population, parce qu'à plusieurs reprises il
a déjà été soulevé que c'est particulièrement dans des régions éloignées, qui
peuvent être comprises dans le 25 % que
vous mentionnez, que c'est précisément là où la vulnérabilité va être encore
plus grande, par rapport au fait que,
ce qui est sûrement très légitime pour des chauffeurs de taxi... d'aller
exercer dans des milieux où la concentration est plus grande.
Et, vous
savez, on a parlé beaucoup du transport adapté, mais on n'a pas encore parlé
des personnes qui nécessitent un
transport adapté sur une base spontanée, parce que j'ai précisé tantôt que
l'entièreté de ce qui est planifié au niveau des sociétés de transport est planifiée, justement, mais, quand il s'agit
d'une demande de transport spontanée, les gens ont besoin de s'adresser aussi à l'industrie du taxi. Mais
présentement, parce que les transports sont, je dirais, pris à l'intérieur des
contrats de service, il y a très peu de
disponibilité le soir, les fins de semaine, la nuit. Alors donc, c'est certain
qu'on n'aura pas, en région, une
provenance, tout à coup, du ciel qui va venir combler des services, alors que
présentement ça n'existe pas et que l'industrie du taxi n'est pas
touchée par le fait qu'on la relève, si on veut, de sa loi.
M.
Bonnardel :
Mme Couture, vous ne m'avez pas répondu quand je vous ai demandé pour le
25 %, mais c'est correct. Vous avez le droit de ne pas répondre.
Je vais aller
à un dernier point puis je passe la parole à mes collègues. Vous dites que la
formation pour le transport adapté n'est pas suffisante. On doit aller
jusqu'où?
Mme
Couture (Rosanne) : On doit
couvrir l'entièreté des services, M. Bonnardel, non seulement pour
maintenant... Et ça, ça fait des
années qu'on le demande aussi. Ce n'est pas seulement au niveau financier que
ça doit aussi s'actualiser, mais on
doit... Parce qu'évidemment tout ce qui est la provision financière est
intimement en lien avec l'exercice de la couverture. Je pense que les sociétés de transport vous l'ont indiqué
hier. J'étais présente. Et ça fait des années qu'on le dit que le
financement doit être en lien avec la couverture à 100 % des services.
Évidemment,
quand on parle de tarification dynamique, vous rentrez dans le sujet, ce n'est
pas ça qui venir augmenter l'offre de
service qui est organisée par les transports adaptés, parce qu'aux heures de
pointe, évidemment, une tarification qui va se modifier en vertu du
transport des personnes et des moments qui sont les plus charnières, on peut
s'attendre à n'importe quoi.
• (10 h 30) •
Alors, c'est
toute cette insécurité qui fait que... Quand vous dites : Oui, il y a
25 % qui ne sont pas couverts... mais nous, nous anticipons que ce sera pire après, avec les paramètres qui
sont à l'intérieur du projet de loi : tarification dynamique, formation
qui n'existe pas, qui n'est pas obligatoire pour les nouveaux chauffeurs et qui
seraient susceptible... là, je vais faire un résumé pour être sûre qu'on s'entende bien, et qui vont venir
bonifier une offre de service et bénéficier d'une formation d'obligation
de responsabilité, parce qu'il faut penser que, même si ce n'est pas en
transport adapté, là, les nouveaux chauffeurs,
ils vont transporter qui? Des personnes, des aînés, des gens qui auront dû
abandonner leurs véhicules. On en parle à tous les jours de ça. Des
personnes arrivent à 80 ans et elles doivent faire le choix de laisser
leur véhicule parce qu'elles n'ont plus les
capacités. Alors, elles doivent s'en
remettre... et particulièrement en région éloignée. Est-ce qu'on va laisser des
personnes être transportées par M. et Mme Tout-le-monde qui n'aura pas de responsabilité? C'est ce qu'on pourrait
appeler le transport bénévole... maintenant rétribué pour le faire. C'est un peu ça, alors,
mais sans responsabilité, c'est absolument inacceptable, et sans obligation
non plus. Et là je parle pour l'entièreté du 100 %. Et on ne devrait pas
revenir sur le 75 % maintenant puisque nous couvrons l'ensemble des
besoins du Québec.
M.
Bonnardel : Le
député de Beauharnois...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien, c'est parce que je l'ai vue lever la main en premier.
M.
Reid : Je vais y
aller, si vous me le permettez, Mme la Présidente. Oui?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Bien
sûr. M. le député de Beauharnois.
M.
Reid : Parfait. Merci
beaucoup. Moi, j'ai une question.
Je vous écoute depuis tout à l'heure, puis, quand on vous écoute, on a l'impression que c'est la fin du monde pour le transport adapté. Puis ça me préoccupe, ce que vous dites, ça vient me chercher.
Ma question est très simple. Comment ça
fonctionne, le transport adapté en région?
Mme
Couture (Rosanne) : D'abord,
monsieur, on n'est pas en train de dire : la fin du monde. Vous savez, il y a
des lapsus qui existent, des mots-clés comme ça qu'on semble vouloir
nous attribuer. Nous sommes pour une offre de services pour tous les citoyens.
Nous ne prédisons pas la fin du transport adapté, nous voulons une offre
bonifiée et nous pensons qu'elle va être davantage fragilisée.
Alors,
comment se passe le transport adapté en région? Il se passe comme à peu près
partout. Il y a des organismes de transport
adapté qui ont cette obligation
donnée par les municipalités de desservir les personnes handicapées, et ça, c'est sur la demande auprès d'un
répartiteur. Donc, il y a une personne, d'abord...
M.
Reid : Par contrats
de service.
Mme Couture (Rosanne) :
Par contrats de service, mais ce sont des personnes qui ont été admises au transport
adapté en fonction d'une politique d'admissibilité. Et évidemment, à
l'intérieur de ça...
M.
Reid : Mais le contrat de service, qu'est-ce qu'il
prévoit entre la municipalité puis le transporteur? Il y a
des clauses qui sont dans le contrat?
Mme
Couture (Rosanne) : Et là
vous touchez un point super intéressant. C'est justement là où on veut qu'il y ait bonification. Vous savez, depuis les 20 dernières années, on a fait un travail
considérable, l'ensemble des partenaires, les sociétés de transport, les
chauffeurs de taxi, et les autres organismes, et le gouvernement
du Québec aussi, hein, qui a très bien compris ses obligations, alors
nous avons fait des efforts pour que justement cette offre soit bonifiée.
Quelque chose avait été demandé, depuis 2015, et
c'est précisément concernant une uniformisation des contrats pour qu'on retrouve, à l'intérieur de ces contrats, des paramètres qui tiennent compte des coûts, des
distances à parcourir pour que ce
soit... enfin, hier, on parlait d'équité, là, on ne rentrera pas dans ce
mot-là, mais qui assurent quelque
chose qui soit en lien avec la loi actuelle. On connaît, bon, les
services au taximètre, on connaît aussi la notion de contrat, mais il ne faut
pas qu'un seul... Hier, on parlait...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...secondes.
Mme Couture (Rosanne) :
Pardon?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
30 secondes.
M.
Reid : Il reste
30 secondes. Rapidement, y a-t-il des...
Mme
Couture (Rosanne) : On
parlait de monopole, hier. Alors, il faut qu'il y ait un contrat uniformisé
à l'intérieur du Québec pour
s'assurer...
M.
Reid : ...mais le
contrat existe déjà avec les municipalités.
Mme Couture (Rosanne) :
Le contrat existe déjà. La seule chose...
M.
Reid : Puis il
y a des endroits... moi, il y a
des endroits qu'on me disait... où, justement, l'offre, elle n'est pas... il y a des
handicapés qui attendent sur le coin longtemps avant d'être...
Mme Couture
(Rosanne) : Bien, pourquoi?
M. Reid : C'est parce
qu'ils sont pris en otage.
Mme Couture
(Rosanne) : Parce que l'offre financière
est insuffisante. Et on prend notamment la MRC de La Jacques-Cartier, présentement,
qui attend...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé, madame...
Mme Couture (Rosanne) :
C'est terminé? Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
...pour cette portion. Alors, maintenant, je passe la parole au député de
La Pinière pour 15 min 40 s.
M. Barrette : Madame,
bienvenue. Et vous étiez sur votre lancée, continuez, s'il vous plaît. La MRC
de La Jacques-Cartier...
Mme Couture
(Rosanne) : La MRC de La
Jacques-Cartier, depuis février, nous avons fait appel au ministre des Transports pour régler cette situation
où des gens sont réduits dans leurs services parce qu'on a décidé de changer tout
à coup la, comment je dirais, desserte de services, de s'adresser davantage
au collectif et de soustraire des déplacements aux personnes
handicapées, alors qu'il y a une obligation. Vous savez, c'est des personnes
âgées.
Nous avons reçu à notre bureau une quantité de
plaintes énorme, et deux pairs se sont adressés à M. Bonnardel pour leur demander : S'il vous plaît, rétablissez le service. C'est depuis le mois de novembre que ce
service est déficient, et le service
n'est pas... La réponse à cette demande n'a toujours pas été accordée. Ils
n'ont reçu aucun accusé de réception de leur lettre, et nous non plus d'ailleurs.
Alors, nous demandons que cette MRC soit, dans des délais rapides, compensée,
c'est-à-dire que les usagers soient rétablis dans leur service qui est nécessaire
pour aller requérir leurs soins, etc.
M. Barrette :
Et pourquoi c'est arrivé? Est-ce qu'il y avait un contrat avant et le
contrat...
Mme Couture (Rosanne) : Parce que la gestion, tout à coup, a décidé...
une nouvelle gestion a décidé en octobre,
avec l'ensemble des maires de la MRC, que
désormais il y aurait du développement en transport collectif. Et évidemment,
étant donné que le budget était insuffisant
pour faire une nouvelle offre de service ou une offre plus répandue en
transport collectif, alors ce sont les usagers du transport adapté qui
ont fait les frais de cette nouvelle nomenclature, si on veut. Et évidemment, nous avons demandé au ministre
d'intervenir rapidement, et finalement, écoutez, dans les derniers jours, les
gens se demandent encore ce qu'ils devront faire pour que ça agisse à ce
niveau-là.
M. Barrette :
Je ne veux pas mettre des mots dans votre bouche. Je comprends donc que ça,
c'est un exemple parfait de ce que vous craigniez qui pourrait arriver.
Mme Couture
(Rosanne) : Du 25 % dont M. Bonnardel parle.
M. Barrette :
Exactement, c'est ce que je... Et là je suis content que vous le disiez,
madame, parce que moi-même, qui siège
ici, on ne sait jamais exactement, du 25 %, de quoi il parle. Mais là vous
venez de nous donner un exemple qui est très précis. Je vous en
remercie.
Puis
je vais vous dire une chose de plus, là. Vous pouvez être certains que je vais
vous rappeler, moi, pour une raison qui est très simple... je n'ai pas entendu
de vous d'aucune manière que vous annonciez l'apocalypse. J'ai entendu de vous qu'il y a un service qui fonctionne, qui est
de qualité dans la très grande majorité des circonstances. Le 25 %, bien,
on ne le sait toujours pas exactement si
c'est une absence de desserte ou une mauvaise qualité de desserte. Mais il y a
une chose qui est certaine, vous exprimez une inquiétude d'une détérioration du
service qui est de bonne qualité dans les circonstances actuelles, et
que ce service-là est donné en majorité par des taxis, selon la région. C'est
comme ça, là.
Mme Couture
(Rosanne) : Exactement.
M. Barrette :
Alors, moi, là, pour moi, c'est limpide, ce que vous dites.
Et
vous voyez aussi, dans l'expérience, qu'il y a une fuite des conducteurs ou, on
peut le prendre dans l'autre sens, ils
ne viennent pas, ou ils s'en vont ou ils ne viennent pas, ou ils s'en vont et ils
ne viennent pas, mais, au bout de la ligne, il y a un problème potentiel
qui est visible à l'horizon. C'est comme ça que je le vois, moi, par opposition
à la position gouvernementale selon
laquelle, ce n'est pas compliqué, on le déréglemente, il va y avoir des tonnes,
et des tonnes, et des centaines, et des milliers de chauffeurs bien
formés qui vont venir donner vos services. Et ce n'est pas ça qui va arriver.
Donc,
vous, là, si je vous comprends bien, vous plaidez pour, essentiellement, une
réglementation, vous l'avez dit, uniforme, claire, nette partout. Vous
identifiez aussi une problématique de financement. Est-ce que je me trompe?
Mme Couture
(Rosanne) : Absolument.
M. Barrette :
Bon. Et, en quelque part, je pourrais aller jusqu'à dire... Puis là c'est une
question que je vous pose puis je ne vous reprocherai pas de ne pas répondre à
la question, là. Vous savez, nous, on a beaucoup d'expérience sur les
non-réponses. On vient de faire une étude de crédits pendant deux semaines, des
non-réponses, on en a eu beaucoup. Alors, je
ne vous reprocherai pas ça. Mais je comprends que, quand vous regardez la
situation d'aujourd'hui, là, avec ce qui s'en vient, vous souhaiteriez qu'il y ait une protection de ce qui se
passe aujourd'hui, là, à la limite qu'on protège le monde du taxi, qui fait sa job correctement, que vous
souhaitez qu'elle continue, que ces gens-là continuent à donner ces
services-là, oui, sur la base de
contrats améliorés. Moi, j'en suis, puis d'ailleurs ça serait intéressant qu'on
puisse se parler pour ça. Mais ces gens-là, ils devraient continuer dans
un environnement que je qualifierais de protégé.
• (10 h 40) •
Mme Couture (Rosanne) : D'ailleurs, M. Barrette, c'est que nous nous
posons toujours cette question : Comment se fait-il qu'il ait fallu, pour, je dirais, abolir la loi sur le taxi,
une autre loi ou faire entrer une industrie nouvelle, que sont Uber et compagnie, qui aurait pu être fait
simplement par décret? Parce qu'à l'heure actuelle, je veux dire, Uber
bénéficie d'un projet pilote. On sait
que l'essayer, c'est souvent l'adopter. Alors, il a vu son projet confirmé pour
une troisième année, et finalement il
aurait pu très bien joindre les rangs de ceux qui donnent déjà du service et
qui le donnent très bien, par le biais
d'un décret et non pas en abolissant une industrie et en rayant du même coup
les dispositions qui concernent notre clientèle.
Et,
M. Barrette, lorsque vous parlez de la protection de notre clientèle,
notre rôle, c'est exactement ça. Et vous savez quoi? Nous avons entendu
beaucoup de représentants qui sont venus autour de la table et, si nous ne le
faisions pas, nous pourrions être
extrêmement inquiets. Parce qu'on nous parle beaucoup plus en termes de
technologie, d'innovation, et ça va de
plus en plus dans l'ésotérisme, alors... et de voitures autonomes — j'emploie l'expression de M. Arseneau
d'hier — et à
tel point que la personne est complètement oubliée et, qui plus est, les
personnes les plus vulnérables du Québec et dont
le rang va s'agrandir de façon effarante. Et bientôt nous allons en faire
partie, vous savez, hein? Que souhaiterons-nous pour nos services lorsque viendra notre tour? C'est la question qu'il
faut se poser parce que c'est ça, aujourd'hui, que nous préparons.
Et, vous
savez, la clientèle des personnes handicapées, le programme d'aide
gouvernementale, il commence à l'âge de six ans, il ne commence pas à l'âge de
65 ans. Ces enfants-là ont besoin d'avoir un transport adapté pour les
amener à l'école,
les amener à l'hôpital. Et, vous savez, il y a eu tellement de parents qui sont
venus parler, justement, des situations pénibles de leur enfant handicapé, dans les dernières semaines, depuis
que le budget est sorti. Alors, nous ne sommes pas désincarnés de cette
réalité.
Alors, que souhaitons-nous, comme société
québécoise, pour nos aînés, pour les personnes les plus vulnérables, dites-moi,
alors qu'il y a des nations dans le monde dont c'est la priorité, de s'occuper
de leurs aînés et de tout mettre de l'aval
pour s'assurer que ces gens-là, qui ont été contribuables toute leur vie, et
que les... Les personnes handicapées, il faut le rappeler, ce sont des contribuables. On a souvent... D'ailleurs,
ce sont des gens de la MRC qui me le faisaient penser, ils me disaient : Rosanne, n'oublie pas de dire
que notre monde sont aussi des contribuables du Québec. Voilà, c'est fait.
Mais alors qu'attendons-nous pour faire
valoir cette importante disposition à l'égard des plus vulnérables, au Québec,
dont nous allons joindre les rangs tôt ou tard?
M. Barrette : J'aime beaucoup votre
formule, madame. Je vais rajouter à ça, dans le sens de ce que vous dites, les... C'est vrai qu'on parle beaucoup de
technologie. Depuis le début, on parle de technologie puis on ne parle pas des
gens. Puis je suis bien content que vous soyez là ce matin, parce que,
comme vous... et j'en suis convaincu, l'auto autonome ne va pas transporter des gens en perte d'autonomie, là. Ça n'arrivera
pas, là. Alors, il faut quelqu'un, là, pour s'occuper de ces gens-là, et, à un
moment donné, vous avez bien raison d'aborder ça. Je vous félicite, là, pour
votre intervention, madame, c'est vraiment... C'est clair, c'est
limpide, et, non, vous n'annoncez pas la fin du monde.
Je sais que
mes collègues veulent intervenir, Mme la Présidente. Alors, je vais passer la
parole à mon collègue si vous le permettez.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de Jacques-Cartier, allez-y.
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. Je trouve que vous êtes tellement zen pour quelqu'un
qui croit sur la fin du monde, comme
le ministre a critiqué. Mais hier, je sais que vous étiez ici pour écouter des
autres témoignages, puis le ministre a fortement critiqué la ville de
Montréal parce que le mot «client» ou «clientèle» n'était pas au coeur de leur mémoire. Mais, pour vous, c'est vraiment le
contraire, et le mot «client» et «clientèle» est vraiment partout dans votre
mémoire, et vous représentez une clientèle très vulnérable. Alors, merci
pour votre engagement puis votre travail.
Mais je veux
juste poser une question, un petit peu, sur la formation et la proposition,
dans votre mémoire, pour le libellé. Est-ce que, selon vous, si on prend
ça mot pour mot, on change ça complètement, est-ce que ça répond à vos
inquiétudes envers la formation des chauffeurs, pas juste des taxis, mais des
autres chauffeurs d'Uber et de Lyft?
Mme Couture
(Rosanne) : Bien, vous avez
vu, dans notre mémoire, la proposition que l'on fait au niveau de la deuxième
recommandation, qui est la réécriture du libellé. D'ailleurs, j'en profite pour
dire que nous voulons que ce libellé
soit écrit avec l'ensemble des partenaires avec lesquels nous avons l'habitude
de travailler et qui sont impliqués dans cette offre de services auprès
des usagers. Ça veut dire les sociétés de transport, les autres organismes de
transport et nous-mêmes.
Et donc, écoutez, le nouveau libellé qu'on
propose... Et vous me permettez...
M. Kelley : Bien sûr,
bien sûr.
Mme Couture
(Rosanne) : Et je vous
remercie de me permettre d'en parler. Évidemment, ce premier chapitre qui
commence, à l'heure actuelle, par «le chauffeur» est complètement désincarné de
qui... Vous savez, s'il n'y a pas de clientèle, à quoi sert de faire une loi avec des objets? Ça n'a aucune teneur.
Alors, il faut que la clientèle comprenne très bien que cette modernisation s'adresse à elle, qu'elle va
amener de la sécurité, davantage de sécurité, davantage d'automobiles, mais
davantage aussi de responsabilités parce qu'on amène des nouveaux chauffeurs.
Et
évidemment, il faut que, dans ce chapitre, le gouvernement motive qu'est-ce qui
fait qu'il modernise cette loi. Comment
se fait-il que, tout à coup, on abolisse une industrie qui est le principal
fournisseur et que, finalement, on abolisse une loi dont dépend le principal fournisseur et en pensant que tout va se passer très bien? Alors, il va
falloir que la clientèle comprenne
très bien qu'est-ce qui se passe dans la tête du gouvernement pour en arriver
là. Où veut-il en venir? Et ce n'est certainement
pas par l'article 138, qui est un règlement. Et ça, nous tenons à le
préciser, l'article 138 va dans un règlement.
Par
définition, un règlement doit se rattacher à une loi dont le libellé est suffisamment
limpide et clair pour qu'on puisse le bonifier par des dispositions
complémentaires dans un règlement. Un règlement qui est désincarné d'une loi n'existe pas. Enfin, il est comme ça un peu dans
l'univers sans être attaché à quoi que ce soit. Alors, ça demande d'abord
un libellé qui soit limpide, clair, qui
rassure la clientèle, et qui soit inclusif, et non pas qui exclut une clientèle
au bénéfice de nouvelles clientèles, pour qui nous avons la plus grande
des sympathies.
Tout le
monde... Moi, je viens de la région du Bas-Saint-Laurent, et mes collègues le
savent, comment j'ai souffert qu'on
n'ait pas de transport collectif. Mais nous souhaitons que tout le monde puisse
en bénéficier. Mais ce n'est pas en déshabillant
Pierre — et
j'espère qu'il n'y a personne qui s'appelle Pierre ici — que
nous pouvons habiller Jacques. Vous comprenez?
Il faut que ce soit inclusif de toute la clientèle. Pour nous, c'est assez
clair, c'est la cohérence de tout ce que ça veut dire, moderniser le transport par automobile pour les citoyens
au Québec. Est-ce que ça répond à votre question?
M. Kelley : Oui. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Viau, il reste 2 min 30 s.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Merci beaucoup, madame, pour votre
présentation.
Vous savez,
c'est une présentation très claire, limpide. Vous venez de faire tomber un des
arguments refuges du ministre des Transports par rapport à ce projet de loi.
L'argument refuge, c'est la clientèle. Or, vous qui représentez les usagers... et vous avez noté que ce projet de loi a
une absence d'humanité. C'est vous qui le dites. Vous parlez aussi d'insensibilité par rapport à ce projet de loi, et
je vous cite : «La clientèle, qui devrait être au coeur même d'une aussi
vaste réforme, n'y est nullement nommée ni présente, de sa première à sa
dernière page.»
J'aurais
plutôt le goût de poser la question à M. le ministre pour lui demander, tout de
suite, est-ce qu'il est prêt à rouvrir son projet de loi pour garantir aux
personnes les plus vulnérables de la société les droits d'avoir accès à un
transport, transport adapté, mais je laisserai le soin à mon collègue de
La Pinière de lui poser ça en période de questions.
Vous
mentionnez à quelques reprises dans votre mémoire, madame : L'offre
globale de service de transport adapté n'est
pas et ne peut être improvisée. Selon vous, quel rôle peut et doit jouer un
gouvernement dans cette planification globale? Une libéralisation vous semble-t-elle, ou une déréglementation, un
bon moyen de planifier à grande échelle une offre de service de qualité
et surtout accessible et sécuritaire?
Mme Couture (Rosanne) :
C'est-à-dire, écoutez, la nuance qu'on apporte, c'est qu'une déréglementation d'aspects qui ne touchent pas à la sécurité de la
clientèle ou à la fiabilité des services... On peut toujours déréglementer les
aspects qui ne touchent pas à ça. Ce qu'on
fait profondément, dans ce projet de loi, c'est qu'on déréglemente l'industrie
des fournisseurs sur lesquels repose l'offre de services.
Alors, s'il
n'y a pas un impact là, bien, je me demande bien qu'est-ce que c'est qu'on
souhaite et qu'on ne dit pas dans
cette loi. Alors donc, c'est certain que ça a un impact important, et puis,
donc, il faut se soucier, et nous allons continuer à nous en soucier jusqu'à la
fin de nos temps. Mais une chose est certaine, c'est notre prérogative, et,
oui, le projet de loi vient rendre plus vulnérable...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Et
vous avez terminé, ma chère madame.
Mme Couture (Rosanne) :
J'ai terminé? Bon, excusez-moi, je...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Oui. Alors, maintenant, la parole est à
la députée de Mercier. Vous avez 3 min 55 s.
Mme Ghazal : Je vous remercie. Je
n'ai pas beaucoup de temps, mais je peux vous laisser continuer.
Mme Couture (Rosanne) :
Allez-y, j'aimerais entendre vos questions.
• (10 h 50) •
Mme
Ghazal : Très bien. En fait, souvent, quand on... Le projet de loi
parle de modernisation, et souvent, quand on parle de modernisation, le ministre nous montre toujours ça, parce
que ça, ça représente la modernité et la modernisation, aujourd'hui, et les jeunes, qui sont très
impressionnés par cette technologie, peut-être autant que M. le ministre. Mais
moi, je considère, puis vous l'avez
dit aussi dans votre exposé, que la modernisation et une société moderne, c'est
aussi une société qui prend soin des gens les plus vulnérables, ceux qui ont besoin de l'État. L'État
doit prendre soin de tout son monde, mais encore plus des personnes
aînées et des personnes vulnérables. Et le transport adapté est un des moyens,
un des outils fondamentaux, importants,
parce que le transport de ces personnes-là, qui ont le droit d'aller à leurs
soins ou de sortir tout simplement de chez elles pour briser leur
isolement, est extrêmement important.
Et moi, ce
que je comprends, c'est que le transport adapté, ce que ça prend, c'est qu'il
faut que ça soit un service fiable,
stable, la stabilité pour qu'on puisse le planifier, et aussi de qualité. Et
tout ça doit rester rentable, selon... Si, par exemple, on ouvre à tout le monde, ceux qui vont être intéressés à
signer des contrats, il faut que ça reste rentable. Et, en libéralisant
totalement comme ça le marché, vous l'avez dit, il y a des gens qui vont
peut-être être beaucoup plus intéressés de
ne pas aller dans le transport adapté ou d'aller dans des endroits où il y a
une plus grande densification, si on pense, par exemple, aux personnes
handicapées en région.
Je voulais...
La loi actuelle permet... Parce que souvent le ministre a une inquiétude que,
par exemple, les municipalités ne puissent pas signer des contrats avec des
municipalités voisines parce qu'elles sont en dehors de l'agglomération,
et donc il n'y a plus rien à faire. Et c'est
pour ça que le projet de loi est là. Il enlève toute la notion d'agglomération,
partout au Québec, il règle ça, alors
que la loi actuelle, vous pouvez peut-être nous en parler, il y a des
dispositions qui permettent aux commissaires
d'émettre un permis à un titulaire qui veut, par exemple, opérer dans une
agglomération voisine. La loi actuelle permet
ça, peut régler le problème des gens qui ne peuvent pas faire affaire avec
quelqu'un qui est en dehors de leur agglomération.
Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit
peu des dispositions actuelles qui pourraient régler ce problème?
Mme Couture
(Rosanne) : C'est qu'à
l'heure actuelle ce qu'on semble propager, c'est que, s'il n'y a pas de
service, la libéralisation des agglomérations va tout régler. Ce n'est
pas ce qu'on pense, évidemment.
Et, vous avez raison, dans les dispositions,
actuellement, c'est que, si un organisme... D'ailleurs, il ne peut pas y avoir un organisme de transport dans tous les
petits villages, sauf qu'il y a une obligation au Québec, c'est que toutes les
personnes handicapées ont le droit d'être
desservies en transport adapté. S'il n'existe pas d'organisme de transport
adapté, alors ça veut dire que la municipalité va contracter avec un voisin qui
dispose déjà d'une infrastructure de transport adapté pour s'assurer que le transport adapté va pouvoir
être donné dans sa municipalité par le biais de ce voisin. Ça, ça existe déjà.
Alors, ça vient déjà, je dirais, enfin,
éteindre un peu cette crainte ou, enfin, cet argument qui dit : Nous
devons absolument nous préoccuper des régions parce que, sans ça...
Mais ça ne veut pas dire que
toutes les ressources sont présentes. Ça ne veut pas dire ça. Et ça, ça
s'explique par beaucoup de choses, mais ça va devenir encore plus vulnérable
par le fait d'une loi qui déréglemente non seulement l'industrie qui pourrait
desservir... Parce que, vous savez, on le dit très bien dans le mémoire, là où
il y a... beaucoup de municipalités n'ont qu'un seul chauffeur de taxi.
Évidemment, lui ou elle, c'est une personne qui vit dans cette communauté. Ce
n'est pas, là, quelqu'un qui vient...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je dois vous couper la parole
encore. Je m'excuse. Je passe la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous avez aussi 3 min 55 s.
M. Arseneau :
Nous avons presque quatre minutes. Je vais vous poser deux questions.
La
première, c'est pour vous entendre sur la loi dans son principe. Si je vous ai
bien compris, là, vous dites que plutôt
qu'améliorer la situation, globalement, votre appréciation, et c'est aussi la
nôtre, on risque... enfin, on joue un peu à l'apprenti sorcier et on va
créer plus de tort que de bien.
Mme Couture
(Rosanne) : Bien, écoutez, d'abord, on ne parle pas de la loi,
mais du projet de loi, parce que...
M. Arseneau :
Projet de loi, oui.
Mme Couture (Rosanne) : Merci. Alors donc, bien sûr, parce qu'on enlève
les dispositions... On enlève d'abord... On abolit la loi sur le taxi à l'intérieur de laquelle il y a la
majorité des fournisseurs de services, et on ne sait pas ce qui va arriver avec nos fournisseurs de services.
Alors, c'est certain que ça rend vulnérable l'offre de service elle-même, ça
insécurise les planificateurs. Et la
clientèle, vous pensez bien qu'elle a peur de perdre ses services. Sans ces
services, elle est captive chez elle,
et on oublie souvent que le maintien à domicile est permis et rendu possible en
raison du transport adapté. Alors, les personnes qui... Là, je vous
laisse continuer avec votre autre question.
M. Arseneau :
Non, bien, en fait, vous auriez pu continuer. Mais, dans le même sens, que
comprenez-vous, parce que vous l'avez
entendu, du point de vue de la Fédération québécoise des municipalités qui, à
ma grande surprise, semble accueillir
le projet de loi comme une
bénédiction? Vous représentez aussi des gens des régions. Quel serait votre
discours à l'égard des services qui sont offerts en région?
Mme
Couture (Rosanne) : Bien, si vous me permettez... parce que
j'ai déjà vu ce matin les responsables qui étaient
ici, hier, de la FQM, et puis je me suis permise de leur dire qu'évidemment les
municipalités sont les responsables, hein,
de... Elles ont une responsabilité, c'est une obligation en vertu de
l'article 48.39 de la Loi sur les transports, d'organiser les
services de transport adapté. Elles ne peuvent se soustraire de cette
obligation.
Alors,
évidemment, j'ai vu les deux représentants ce matin, je leur ai dit que... j'ai
dit : Écoutez, j'ai dit, nous avons trouvé un peu ésotérique,
effectivement, votre présentation d'hier. Et j'ai dit : Permettez-moi de
vous dire que votre président, M. Lehoux, qui était là dans les dernières
années, aurait eu sans doute une tout autre analyse de la situation.
Alors,
je ne sais pas qu'est-ce qui se passe présentement au Québec, mais on dirait
qu'on est porté vers la techno et on
pense de façon très ésotérique de la manière dont ce projet de loi risque
d'avoir des retombées. Sauf que nous, on dit : Attention, attention, rien n'est assuré dans le
service que vous escomptez recevoir. Tant mieux si quelque chose tombe dans
les régions éloignées, mais, à l'heure
actuelle, ça vient vulnérabiliser, fragiliser ce qui existe déjà, pas seulement
dans les régions, mais partout au Québec.
M. Arseneau :
Et peut-être, en terminant, si j'ai encore le temps...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : 50 secondes.
M.
Arseneau : J'aimerais vous entendre davantage parler du transport que
vous avez qualifié de transport... ou des besoins spontanés. Parce qu'on a beaucoup parlé des taxibus ou du
transport collectif, mais les citoyens qui ont des besoins de transport
adapté peuvent aussi avoir besoin d'un transport individualisé à certains
moments.
Mme
Couture (Rosanne) : Oui, et merci de poser cette question,
c'est la précision qu'il fallait donner.
Vous savez qu'avec la
déréglementation des agglomérations, évidemment, quand un nombre de taxis sont
dans une région ou dans une agglomération,
les usagers qui font un appel, ce qu'on appelle personnalisé, privé, ont plus
de chances d'avoir... Et encore, les
chances sont minimes parce que déjà ils sont pris dans l'offre de service, les
chauffeurs de taxi, mais ils ont plus de chances d'avoir quelqu'un sur
leur territoire. Imaginez...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Et vous avez terminé, malheureusement.
Alors, écoutez, merci beaucoup pour votre présence ici ce matin.
Alors,
nous allons prendre une courte pause, et j'appelle l'Association des transports
collectifs ruraux du Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 58)
(Reprise à 11 heures)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous
devons continuer, nous devons poursuivre nos travaux. S'il vous plaît, à
l'ordre!
J'invite l'Association des transports collectifs
ruraux du Québec à venir s'asseoir, prendre place, s'il vous plaît.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
S'il vous plaît! Il faut poursuivre nos travaux. Donc, nous
accueillons M. André Lavoie, qui est
président de l'Association des transports collectifs ruraux du Québec,
et Mme Thérèse Domingue. Voilà. Veuillez prendre place. Bienvenue.
Alors, merci beaucoup. Vous avez 10 minutes pour faire votre présentation.
Association
des transports collectifs ruraux du Québec (ATCRQ)
M. Lavoie (André) :
C'est bon, on va faire ça. D'habitude, j'arrive à 10 min 45 s,
ça fait que... Alors, Mme la Présidente, M. le
ministre, messieurs dames les
députés, tous les autres, bien, en fait, merci de nous recevoir ce matin, en
fait, de nous recevoir au nom de
l'Association des transports collectifs ruraux du Québec.
Je me présente, je suis André Lavoie, je suis le président de l'association,
et je suis accompagné de Thérèse Domingue, qui est une des administratrices,
une ancienne D.G. de notre association et une experte au Québec, là, sur tout
ce qui est transport en milieu rural.
Rapidement
comme ça, l'ATCRQ, notre mission, c'est de représenter puis d'accompagner nos
membres, contribuer au développement
des politiques et règlements qui régissent le transport collectif de personnes,
et, depuis le début qu'on opère, on
le fait en mettant au centre de nos interventions l'usager, le citoyen et la
citoyenne. On est contents d'ailleurs que ça se reflète, d'ailleurs, dans la Politique de mobilité durable, cette
approche-là. Ça fait que, dans le fond — hier, vous avez rencontré l'ATUQ, je parlais avec le directeur de
l'ATUQ tout à l'heure — l'ATUQ représente les sociétés de transport, l'ATCRQ représente pas mal les autres
organisateurs de transport au Québec, les 80 autres. En fait, on travaille
beaucoup avec les associations
nationales et principalement, d'ailleurs, avec les associations qui sont issues
du milieu municipal. On a participé
aussi au comité consultatif de la Politique de mobilité durable, on fait partie
du comité de suivi. On va laisser faire notre C.V. pour aller un peu
plus loin.
En fait,
bien, rapidement, je veux juste rappeler c'est quoi, les régions au Québec. Il
y a une personne sur trois qui reste
en dehors des régions métropolitaines de recensement, donc qui reste, ce qu'on
pourrait dire, en dehors des grands centres. On parle d'un territoire, en excluant les territoires non organisés, de
550 000 kilomètres carrés versus 16 500 kilomètres carrés pour les régions métropolitaines de
recensement. Ça fait qu'assurément on a une densité de population qui est
basse, on a des distances à parcourir qui sont très longues en région
et, malgré tout ça, on a une augmentation marquée de l'utilisation du transport collectif en région. On est passés, en 2007,
à 220 000 déplacements à environ 1,2 million en 2016. Étant donné que la question a été posée à peu près
à tous ceux qui sont passés ici, un déplacement sur quatre en région en transport collectif se fait via un taxi.
D'ailleurs, il y a certains centres, d'ailleurs, que c'est uniquement du
taxibus, c'est 100 % des déplacements qui se font en taxibus.
En fait, quand on a évalué le projet de loi
n° 17, on s'est dit : C'est intéressant, on s'intéresse
principalement à l'industrie du taxi, mais on ne peut pas regarder ça d'une
façon... rien qu'en silo, on pourrait dire, uniquement le taxi. Il faut prendre en considération les impacts que
ça peut avoir aussi sur le transport collectif, sur le covoiturage, etc. Et
puis, en regardant le projet de loi n° 17, on a sorti quatre enjeux
principaux. Le premier et le plus important, c'est la transition et les modifications du cadre réglementaire et
législatif. En fait, le succès ou non du projet de loi n° 17, c'est
assurément la transition. Les lois et
les règlements qui gèrent le transport au Québec sont légion, puis, si on
ajoute le municipal et le fédéral dedans ça, ça devient vraiment une
cacophonie.
Le cadre législatif, peu importe à quel palier,
prend malheureusement peu en compte les spécificités régionales. Souvent, on essaie de trouver... on prend les
problèmes qu'on retrouve dans les métropoles et on essaie d'appliquer ces
mêmes solutions-là en région. Et pourtant,
ça fait plusieurs années qu'on le demande, il faut éviter de faire du
mur-à-mur. Mais c'est certain, on est conscients que de mettre un cadre
légal avec une flexibilité, ce n'est quand même pas facile.
Dans la loi,
présentement, il y a quand même plusieurs zones grises, ce qui crée parfois...
Il y a beaucoup de créativité dans le
milieu pour combler ces zones grises là. Ça fait que, parfois, on joue sur les
mots pour réussir à organiser des choses qui sont plus ou moins dans l'esprit des règlements actuels. Ça fait que
c'est certain que nous autres, dans les recommandations qu'on a, une des
premières choses, ça serait non seulement de voir... oui, le p.l. n° 17
est intéressant, c'est un premier bon pas, mais il faut revoir l'ensemble des lois, l'ensemble des règlements et
l'ensemble des programmes qui touchent le transport de personnes au
Québec.
Entre autres,
à l'article 194 du projet de loi, on parle que les municipalités peuvent
s'abroger certains pouvoirs, mais on
ne parle pas de MRC. Et les MRC,
c'est eux autres qui organisent le transport en région. Alors, il faudrait
minimalement inclure les MRC là-dedans.
Il faudrait inclure les MRC, d'ailleurs, dans toutes les lois et règlements
dans lesquels on parle du transport de personnes.
On pense
aussi que, pour que ça ait du succès, on a besoin de prévoir une enveloppe
financière pour les imprévus qui
pourraient arriver. Ça, c'est une première chose, mais il faut prévoir un accompagnement
auprès des MRC pour le changement, un
accompagnement opérationnel, mais un changement aussi pour les aspects
législatifs; revoir rapidement, entre autres, le PADTC, parce que,
sinon, il pourrait y avoir des manques au niveau du financement; puis, bien
entendu, rapidement, consulter les organismes régionaux lorsqu'on va s'attaquer
au cadre réglementaire.
Le
deuxième enjeu, c'est les différences entre les milieux urbains, ruraux puis
leur complémentarité. Dans la vraie vie,
lorsqu'on parle de déplacement des personnes, les frontières administratives,
ça n'existe pas. Quelqu'un peut sortir de sa MRC, ou de la région administrative, ou d'une municipalité, puis ce
n'est pas ça qu'il va considérer, le territoire naturel de déplacement. Malheureusement, présentement,
l'organisation ou la planification de l'offre se fait souvent en fonction
des frontières administratives, ça fait qu'il faut trouver un moyen de
décloisonner tout ça.
Je ne
reviendrai pas beaucoup là-dessus, parce que ça a été dit à maintes reprises,
la desserte en taxi, présentement, au
Québec, est à géométrie très variable. Vous savez qu'il y a des déserts de
services, qu'il y a des services qui sont partiels, il y a des refus de
services, il y a des monopoles. On pense que le projet de loi n° 17 peut
permettre d'améliorer l'offre et principalement,
et c'est ce qui ressort beaucoup dans notre mémoire, en donnant la compétence
de l'organisation de ce transport-là, entre autres, aux MRC.
On parlait de manques au niveau technologique. Effectivement,
il y a des places que la téléphonie, ça ne se rend
pas, il y a des places qu'Internet, ça ne se rend pas. Ça fait qu'on ne peut
pas se baser rien que là-dessus. Ça fait que notre recommandation, ça serait de soutenir l'implantation, parce que,
de toute façon, que ça soit à cause du projet de loi n° 17, je pense que tout le monde aurait le droit de se
téléphoner dans la vie, «anyway». Ça fait qu'on donnerait un horizon de
trois ans pour l'implantation de tout ça.
Tant qu'à
donner les compétences aux MRC, on voudrait qu'il y ait des mécanismes pour
favoriser l'interconnexion entre les municipalités, les MRC, les régions
administratives et les régions rurales, urbaines et métropolitaines. Et
on recommande aussi que les MRC et les sociétés de transport favorisent la
complémentarité des modes et des services.
Un petit mot
rapide sur le covoiturage. L'article 147 du projet de loi parle d'un
maximum de 100 kilomètres par jour.
En région, c'est totalement irréaliste. Il y a plein de monde qui font plus que
100 kilomètres pour aller travailler à chaque jour. Puis je parle d'un aller, ça fait que l'aller-retour,
assurément que ça dépasse le 100 kilomètres. Ça fait que, pour nous
autres, la recommandation serait d'abandonner tout simplement cette clause-là.
Troisième
enjeu, l'avant-dernier, c'est la couverture puis la livraison de services. La
couverture, présentement, est variable, la qualité du service est
variable. Je pense que le projet de loi n° 17 est un bon moyen d'améliorer
le tout, et on a une opportunité de s'assurer que le territoire au complet soit
couvert. Et notre recommandation... on l'a mentionné tout à l'heure, le transport adapté, il y a une obligation de services,
présentement, auprès des municipalités. On pense que, si on veut atteindre les objectifs de la Politique
de mobilité durable, si on veut s'assurer que tout soit fait dans l'ordre et
qu'il y ait une transition qui se
fasse bien, on considère l'obligation d'offrir un transport collectif incluant
un transport à la demande dans chacune des MRC.
L'enjeu
quatre, la tarification et le transport illégal, on en a parlé plusieurs fois.
En fait, le transport illégal, je tiens à vous dire que ça existe depuis très longtemps en région, le monde est
très débrouillard, ça se fait très bien. On se dit que... Tout à l'heure, on nommait souvent 75 % qui a
des bonnes dessertes, 25 % qui n'en a pas. En fait, il y a 75 % des
places où est-ce qu'il y a des choses qui sont légales, mais ça ne veut
pas dire qu'il y a des choses illégales qui ne se font pas en même temps. Je tiens à vous rassurer. Ça fait
que le 75 %, d'accord, mais il y a des notes qui sont plus basses à des
places que le 75 %. Et la
tarification, c'est sûr qu'il peut y avoir un risque en cas de monopole ou en
cas de transport illégal, on se comprend,
mais, au-delà de ça, si on donne, encore une fois, la compétence aux MRC, ça va
jouer comme baromètre, on pourrait dire, pour la tarification dans les
régions.
Ça fait qu'en conclusion, rapidement, je pense
que les MRC doivent en prendre un bon bout. En fait, c'est la position de l'ATCRQ, et je pense que c'était pas
mal aussi la position de la FQM. On est d'accord que c'est pour un bien
commun et non pas pour le bien-être d'une entreprise ou d'une industrie. Il
faut mettre le citoyen au coeur de tout ça, il
faut mettre l'usage au coeur de tout ça. Et le projet de loi n° 17, comme
je disais encore puis comme conclusion, c'est un premier pas, mais rapidement il va falloir s'attaquer aux autres
modes de transport puis aux autres services de transport, je pense, pour
avoir une toile intéressante et atteindre les objectifs qu'on s'est fixés.
Voilà. Je suis disponible...
• (11 h 10) •
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, merci. Il reste 50 secondes.
Est-ce que, madame, vous voulez dire un mot? Vous avez 50 secondes.
Mme Domingue (Thérèse) : Ça va. Je vais attendre de répondre aux questions. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Ça
va? D'accord. Alors, M. le ministre, c'est à vous.
M.
Bonnardel : ...merci d'être là. Je pense
que vous avez suivi un peu le dépôt de ce projet de loi et les consultations qui ont débuté voilà quelques jours, sinon quelques semaines déjà. Je pense
que vous comprenez un peu les principes, tenants, aboutissants de la loi, où on veut aller, et je pense
qu'une grande majorité... C'est
normal qu'on ne puisse pas plaire et satisfaire tout le monde par cette loi,
c'est impossible. Mais le statu quo, pour nous, ne pouvait plus tenir. Il
fallait aller plus loin. Il fallait aller donner des outils à vous pour
être capable d'aller chercher ce 25 %, pourcentage que je donne qui n'est peut-être pas exact, là, mais, grosso
modo, je pense, vous pouvez me dire que je ne suis pas trop loin de la donne.
Et quand je
dis ça, bien, vous comprenez que... Quand vous dites : principaux
problèmes qu'on a, c'est des refus de
service, un monopole, un service variable, qualité, quels sont les
principaux... J'imagine que vous allez me répondre ça, là, mais élaborez
un peu plus, à savoir vos membres, là, quand ils vous disent, là : Nous,
là...
Puis je
répétais ça à la dame tantôt, je reste persuadé que le service qui est bien
donné partout au Québec à hauteur de
x, il n'y a aucune raison, demain matin, que ce service ne puisse être
desservi, continuer à être donné par ces sociétés qui le font très bien. Je
pense que vous êtes d'accord là-dessus aussi, là. Il n'y a aucune raison demain
matin. Puis encore une fois, je le répète, dans des périodes plus
creuses de l'année, c'est un service, c'est une demande qui va être égale ou à peu près. Donc, on
s'attend nécessairement à ce que... et ça se pourrait qu'il y ait
consolidation, là. Ça se pourrait qu'il y ait certains qui se disent : Bien, ça ne me tente peut-être plus, sauf
que c'est des actifs quand même importants, avoir des vans adaptées, spécifiques à des besoins x. Là-dessus,
bien, je suis persuadé qu'il y aurait peut-être un autre joueur qui lèverait
la main puis qui dirait : Moi, je vais aller le faire, ce service, moi.
Est-ce que je me
trompe quand j'évoque tout ça? Quels sont les principaux problèmes que vos
membres à vous vous disent, là, face à l'avant et à l'après loi?
M.
Lavoie (André) : Je vais commencer puis, après ça, je vais
laisser ma collègue continuer. Je veux juste rajouter
quelque chose, parce qu'en fait on parle beaucoup des problèmes de certains
services de taxi, mais je tiens à dire aussi
qu'il y en a qui sont excellents, hein? Ça fait qu'il ne faudrait juste pas
penser que tous les services de taxi ne sont pas bons. Au contraire, on travaille avec eux autres, puis ils sont
précieux, puis effectivement il faut les soutenir dans tout ça.
Maintenant, pour ce
qui se passe indirectement avec les membres, je vais laisser la parole à
Thérèse. Merci.
Mme Domingue (Thérèse) : Je vous dirais que déjà, peut-être, on va faire
une distinction, parce que le 75 %, on l'a vu aussi, là, mais à savoir si vous l'appliquez en transport adapté
ou en transport collectif... parce qu'il y a une grande différence, quoique la majorité de ceux qui
offrent du transport collectif offrent aussi du transport adapté ou vice et
versa.
Mais
je vous dirais que c'est un fait qu'une des problématiques, je pense, la plus
importante, c'est le manque de desserte
dans plusieurs régions du Québec. Et, quand on parle de régions éloignées, on
va faire la distinction, on va parler de
ruralité, et la ruralité, là, elle n'est pas si loin que ça des grandes villes
non plus, là. Donc, régions éloignées, c'est une chose, mais la ruralité, elle est présente à proximité des grands
centres aussi. Et une des problématiques que l'on rencontre au niveau de
l'offre, elle est au niveau de la ruralité, pour des raisons que l'on peut
comprendre, mais je vous dirais qu'il y a
énormément de besoins qui ne sont pas répondus, considérant tout simplement le
fait que les coûts de services en milieu rural sont trop élevés.
Donc,
quand on regarde le projet de loi, ce qui est intéressant, les agglomérations,
les quotas, tout ça, ça ouvre une porte
à être capable d'avoir des éléments, je vous dirais, qui vont peut-être
permettre d'aller plus vers des spécificités régionales qu'un mur-à-mur. Parce
que, même si on ne veut pas, officiellement, il y a de grandes distinctions
entre des centres urbains avec des
taxibus... puis il y a des territoires, il y a des MRC qui ont moins de
population qu'une petite ville urbaine. Et c'est ça, la réalité du
Québec, et c'est... bravo. Donc, c'est avec ça qu'on doit conjuguer.
Donc,
ce qu'il faut voir... en tout cas, ce que nous, on voit, dans le projet de loi,
c'est cette possibilité-là, justement, d'être
capable de rendre accessible à des coûts abordables... juste la possibilité
d'avoir accès, aux gens en milieux ruraux, d'aller travailler, aux études. Les soins de santé, ça va de soi, là,
mais pour d'autres raisons qu'uniquement les services de santé... et la réalité du monde rural fait en
sorte que c'est un frein. Il y a beaucoup de gens, comme je vous disais, que
les besoins ne sont pas répondus tout simplement parce que l'industrie
n'y est pas, puis elle n'y est pas pour des raisons que l'on peut comprendre, là. Parce que, si, avant d'aller chercher la
première personne... En principe, là, la loi fait dire que, quand la personne s'assoit dans la voiture,
le taximètre embarque. Si je fais 35 kilomètres pour aller la chercher,
mon problème, il est là. Mais c'est
ça, le Québec. Donc, on se dit, à ce moment-là, qu'il faut être capable d'avoir
une latitude pour être capable d'offrir des transports particuliers à
ces gens-là parce qu'ils y ont droit.
Pour
nous, en transport adapté, la municipalité a l'obligation de l'offrir. En
transport collectif, on espère que l'élu a une bonne volonté, hein, parce qu'on
est comme ça... Ce qu'on voudrait... à partir de ce projet-là, que ça devient
même une obligation. Mais ces gens-là, au niveau de la ruralité, ont les
mêmes besoins, ils ont les mêmes droits que les gens à mobilité réduite, et on se dit : Comment... Et probablement que
c'est notre façon de l'interpréter, parce qu'on peut interpréter plein de choses, et, quand on lit le projet de
loi, il y a des endroits qu'on semble pouvoir comprendre qu'on pourrait adapter
des éléments pour la ruralité pour offrir
des services de qualité, sécuritaires, mais à des coûts abordables, en tenant
compte de la capacité. Et je vous
dirais que, dans certaines régions et dans des milieux ruraux, il y a des
entreprises de taxi, on dirait, traditionnel,
présentement, qui elles-mêmes seraient des porteurs. Il y a des années qu'on
demande des guichets uniques partout,
et je vous dirais que, pour nous, quand on regarde ça, on se dit : Mais
pourquoi pas? Parce que, même si on demande de confier à la MRC, qu'elle
en soit responsable... mais déjà, plusieurs MRC, ce n'est pas eux qui gèrent,
qui exploitent le transport collectif ou
adapté. Ils le confient à des mandataires. Ils peuvent le confier déjà à
quelqu'un qui a un centre d'appel de taxis et ainsi de suite, là.
Donc,
quand on parle de mettre la MRC au centre de, ça ne vient vraiment pas exclure
ceux qui ont des permis, mais qui sont déjà... ils ont fait leurs
preuves qu'ils ont une volonté de répondre au milieu rural.
Je ne sais pas si ça
répond ou je suis partie trop loin, là, parce que je me suis permis... mon
rêve, c'est ça.
M.
Bonnardel :
Oui, oui, oui. Juste, là, il y a un petit flash, là. Vous avez parlé de guichet
unique. Faites juste m'élaborer là-dessus, là, que je comprenne.
Mme Domingue (Thérèse) : Oui, bien, je dirais, depuis des décennies, ça
fait très longtemps, ce que le transport collectif demande en région,
c'est d'avoir des guichets uniques. Parce que, je vous dirais, quand on regarde
l'offre de transport, il y a énormément de
lois, là, quand on prend tout ça, mais on va convenir qu'il y a énormément de
services. Donc, si je prends le
citoyen puis je le mets au coeur de... puis là je lui dis : Je t'offre un
service, bien, premièrement, s'il n'est pas vraiment impliqué dans le
milieu communautaire, il ne connaît pas les services. S'il ne sait pas ce que
peut offrir le transport adapté, il ne le
sait... On s'entend, là, qu'à chaque mot que je dis j'ai à peu près une offre
de transport possible. J'ai des types de transport, et les gens s'y
perdent.
Donc,
on a des gens qui ont des besoins, qui s'imaginent qu'il n'y a rien qui peut y
répondre. C'est tout simplement par la multiplication. C'est ce que l'on dit
depuis des années, qu'il devrait y avoir un endroit où toutes les demandes
peuvent converger puis que, de là, il y ait eu une répartition. Là, le
citoyen, là, il serait sûr d'avoir une réponse.
Donc, je vous
le dis, on a ajouté une compréhension au projet de loi qui ouvrait des portes,
en tout cas, qui pouvait faire en sorte... Une telle démarche ne nuit pas aux
gens qui sont en milieu urbain, mais fait en sorte de faciliter la vie
des gens en région, en milieu rural et vient
aussi permettre de faire des liens avec les sociétés de transport, les centres
urbains pour faire de l'interconnexion.
Comme André,
le président le mentionnait, bien, je veux dire, il est clair que, je veux
dire, au niveau de la mobilité, le
territoire de MRC ou d'une région administrative, il n'y a pas de frontière en
transport. Et donc souvent on réalise qu'on a, dans les régions puis dans nos
MRC, comme des trains, hein? Il y a un circuit qui arrête à un endroit, mais
il... Donc, on s'entend que ce qu'il
faut vraiment, c'est avoir une vision horizontale, et là, à ce moment-là, on va
augmenter l'offre pour le citoyen puis la citoyenne.
M.
Bonnardel :
Vous savez, bien, je l'ai répété puis je le redis, lors de nos multiples
rencontres avant le dépôt de cette loi, on a vu beaucoup de monde, puis le
principal problème auquel on m'amenait une réflexion, c'est l'offre de service qui n'était pas nécessairement... soit pas
adéquate ou il n'y en a pas pantoute. On va le dire de cette manière. Et,
pour moi, le but premier avec le dépôt de
cette loi, c'était de continuer d'assurer le service en bonne et due forme, qui
se fait très bien, en grande
majorité, ailleurs. Mais, de l'autre côté, on fait quoi? Si on continuait comme
ça, bien, on se serait reparlé dans quatre ans, puis il ne se serait
rien passé.
Puis encore
une fois, je le répète, vous le savez, une population vieillissante où on dit
aux gens : On veut que vous restiez à la maison en santé, puis tout ça,
puis bouger, bien, ces gens ont besoin aussi d'un service pour être capables
d'être transportés pour des raisons x, y, z.
Est-ce qu'on vous donne assez d'outils dans cette
loi pour répondre à cette problématique, présentement?
• (11 h 20) •
M. Lavoie (André) :
Oui. En fait, je peux commencer puis je vais te laisser terminer. En fait, on
croit que la déréglementation va aider
l'offre de services. En fait, j'oserais même dire que, pour certains endroits,
ça ne pourra pas être pire que présentement. On va le dire comme ça. Par
contre, on croit que la déréglementation nécessite un encadrement, et c'est pour ça qu'on pointe les MRC, parce que
ça ne donnerait rien de créer quelque chose d'autre. Les entités existent,
c'est les organismes de gouvernement de proximité. Ça fait que je pense qu'une déréglementation,
oui, mais avec un encadrement fait par les MRC. Je ne sais pas si...
Mme Domingue (Thérèse) :
Non, mais ça va. C'est beau. C'est beau.
M. Lavoie (André) :
J'ai lu dans sa tête.
M.
Bonnardel : Quand
on dit que la survie de l'industrie est menacée, pour vous, ce n'est pas quelque
chose qui... Vous, vous êtes persuadés, au-delà du pire, là, ce qui se fait de mieux,
là... pour vous, demain matin, ce qu'on fait, le service va être donné.
Encore une fois, là, moi, je reste persuadé que ceux qui nous écoutent, là...
le service comme on le connaît aujourd'hui
au Québec va continuer d'être... Ça se peut, là, je le répète, il y a un petit
pourcentage, je pense que tout le monde est d'accord, ça se pourrait
qu'il y ait consolidation ou changements dans certains secteurs, j'en conviens,
mais je reste persuadé que ce service spécifique, adéquat, donné par les
sociétés de taxi... Il y en a un ou deux qui vont peut-être arriver puis ils vont dire : Tu es tanné de faire ça?
Parfait. Tu n'acceptes pas la réglementation ou ce qui aujourd'hui, là,
a été fait, a été déposé par cette loi? Nous, on va embarquer dedans.
Donc, pour
vous, c'est utopique de penser que demain matin, toute l'industrie en région,
puis on va le dire comme ça, là, n'offrira plus le service ou tout va
disparaître.
Mme
Domingue (Thérèse) : Ah!
non, non, au contraire. Moi, je vous dirais, je pense qu'il y a là des
opportunités de proximité qui vont se
faire. Cette reconnaissance d'un statut, je vous dirais que souvent, une des
problématiques qu'on rencontre, c'est
de faire en sorte de voir l'industrie du taxi ou... en tout cas, on a encore
des détenteurs de permis comme il y a
des années en arrière, là. Aujourd'hui, le taxi, on voit, là, qu'il s'est
vraiment adapté au niveau du transport adapté, sans jeu de mots, avec
les personnes à mobilité réduite, il a pris un marché. Le transport collectif
en région, il y a là un marché pour
l'industrie du taxi. La problématique, c'est que, dans plusieurs régions puis
en milieu rural, il manque des joueurs. Et on s'entend que, pour arriver
et s'adapter à la clientèle de personnes à mobilité réduite, ils ont revu de
leurs pratiques. Donc, ça fait très
longtemps que le transport collectif en région existe, où on espère que
l'industrie du taxi va justement revoir son plan d'affaires et pouvoir
arriver et s'ajuster.
Le projet de
loi, donc, il va faire en sorte de solliciter tous les acteurs de l'industrie
qui sont prêts à faire en sorte de revoir pas nécessairement l'ensemble de
leurs gestes, mais s'adapter aux besoins du milieu. Présentement, là, c'est les
horaires que l'industrie, dans plusieurs
régions, fixe : du lundi... pas les fins de semaine, pas les week-ends. Et
on dit que finalement, en principe, l'offre de transport au Québec, elle
devrait répondre aux besoins du citoyen, de là où on s'est posé une question :
Est-ce qu'un service de transport et tout ça pour les gens à mobilité réduite
ou en collectif... si c'est l'industrie, si
c'est le privé qui vient dicter ses règles, comment peut-on prétendre mettre le
citoyen au coeur, hein? Et pour nous, la question, elle est là, là.
Donc, pour
nous, là, il n'y a aucun risque pour l'industrie. Au contraire, il y a là une
opportunité d'un nouveau marché à
développer. C'est évident, avec des conditions qui vont être différentes, il va
falloir tenir compte du fait que, pour aller chercher un client, il y a peut-être plus qu'un
kilomètre à effectuer, mais ce sera aux organisateurs à y pourvoir. Puis
l'autre avantage, c'est qu'à partir
du moment où je prends les offres et que je les concentre à un endroit, bien,
peut-être, au lieu d'envoyer le taxi
pour une personne, là, dans nos centres de gestion, à l'interne, ce qu'on va
avoir, c'est des demandes multiples, qui
officiellement... Je veux dire, il va y avoir plus qu'une personne. Donc, on va
réduire le nombre de voitures, les GES.
Mais je vous
dis que, pour nous, là, il n'y a vraiment aucune menace de l'industrie. Il y a
un marché, et, pour nous, ce qu'on
espère, c'est qu'il est temps que l'ensemble des propriétaires voient ce qu'ils
ont devant eux. On a certaines régions au Québec qui ont pris le
tournant et on espère que ce sera pour l'ensemble du Québec.
M.
Lavoie (André) : Si je
pouvais juste rajouter bien, bien rapidement, quand on parle que la transition
va être importante, la transition
auprès des MRC qui organisent le transport, mais la transition aussi auprès de
ceux qui donnent le service présentement, je pense, est importante.
M.
Bonnardel :
C'est certain que je suis content de vous entendre dire ça, parce que je reste
persuadé, avec le discours que vous dites là... c'est celui que j'ai aussi,
c'est celui que j'avais, même avant le dépôt de cette loi, en me disant :
Les possibilités sont immenses. Puis je le répète, vous m'avez sûrement entendu
le dire, il y a 50 millions de courses au
Québec qui sont faites par l'industrie, 10 millions par les nouvelles
technologies, 40 millions par le taxi traditionnel. Moi, je vois encore plus loin. Ils sont capables d'en
faire 41, 42, 43 dans le futur. C'est l'ATUQ qui nous disait hier : Il y a
une augmentation de 5 % par
année, 25 % sur cinq ans. Les besoins vont être énormes, la demande va
être énorme encore dans le futur,
puis je reste persuadé que l'industrie du taxi avec les professionnels qui
accompagnent l'industrie vont faire le boulot.
Puis encore une fois, les opportunités... Moi,
c'est le 25 % qui m'interpelle. Parce que, si je vous demandais aujourd'hui : Le territoire qui n'est pas
desservi, vous l'évaluez à combien?, je ne sais pas si vous êtes capables de me
le dire, mais moi... c'est ce bout-là
où, à quelque part, tu dis : Il y a des affaires à faire dans ces
territoires qui sont mal desservis et d'autres
où il n'y en a pas du tout. Alors, à quelque part, les opportunités, elles sont
immenses, pour moi, pour que, demain matin, l'industrie du taxi se
dise : On va aller desservir tout le territoire.
Puis ce
territoire, êtes-vous capable de le définir? L'avez-vous établi? Combien de MRC
au Québec où eux, ils se disent :
L'offre est mauvaise — on parle, encore une fois, du petit quart, selon moi, là — puis, de l'autre côté : On n'a rien
puis on ne peut pas aller signer parce que
soit qu'il y a un frein, la CTQ dit non ou quelqu'un d'autre a dit : On ne
veut pas embarquer là-dedans? Est-ce que ce territoire mal desservi, ou
pas desservi, ou peu desservi, on peut le définir?
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien,
si vous permettez, là, je ne vais pas répondre à votre question, là, j'en suis
d'accord, mais je veux juste revenir. Je comprends votre enthousiasme
devant notre réaction, mais on a des petites réserves, puis je vais vous dire où on a notre inquiétude. C'est
à partir du moment où, quand on voit le projet... Je vous l'ai dit, là, que
nous, la lecture qu'on en fait, on a fait un
portrait et, là-dedans, on dit : On est gagnants en ruralité au Québec.
Si, en ruralité, je gagne, je vous dirais : Il n'y a pas grand monde qui
peut être perdant parce que c'est toujours les... En tout cas, on
connaît toute la situation.
Quand on
voit... comme les strates que vous avez, là, on parle, bon, d'un conducteur
régulier, bon, quelqu'un, il a sa classe 5, là, puis, pouf, il devient... en
tout cas, là, je vous dirais : Là, on a plus que des problèmes. On a des
problèmes, parce qu'on s'entend que
des gens qui vont s'improviser... Le fait de détenir un permis de conduire, là,
on s'entend que c'est de
l'improvisation. Donc là, là-dessus, on a énormément de difficultés. On
comprend que la SAAQ doit arriver puis délivrer des permis, mais on
pense qu'il doit y avoir d'autres critères pour s'assurer que la personne qui
va être au volant d'un véhicule... Parce que
cette personne-là, quand on lit le projet, on comprend puis on se dit :
Moi, je suis un centre de gestion, là, ça fait que je vais avoir son nom dans
ma liste de personnes à qui je pourrais donner des courses, éventuellement,
parce que je ne lui confie pas ça. Notre
confiance, je vous dirais qu'elle est limitée parce que... Mais on veut qu'il y
ait vraiment des critères puis que cette personne-là soit reconnue.
Là, on a nommé la MRC, mais on s'entend qu'il
pourrait y avoir un centre de répartition qui soit mandaté. Ces gens-là, pour nous, ils doivent avoir plus qu'un
permis 5 pour qu'on puisse leur faire confiance. Et on trouve que, dans le
projet de loi, là, c'est quand même assez large et flou, où il pourrait y
avoir... En tout cas, il y a place à interprétation du projet de loi, mais il y a place à improvisation de la part des
conducteurs. Comme le volet de répartition, là, pas trop de répartition,
je vous dirais que... on s'entend que nous, la répartition, on veut la ramener
un peu plus proche. On ne dit pas que, dans
10 ans, ça ne sera plus nécessaire, mais, à court terme, là, on pense
qu'un territoire de MRC ou d'une région administrative, là, c'est le
minimum qu'on peut aller pour une répartition adéquate, là.
Donc, il y a ces deux aspects-là qui, dans le
projet de loi, je vous dirais, font en sorte qu'on ne pourrait pas le porter à bout de bras, parce qu'on se doit, et
c'est une question de sécurité... mais ça prend une place importante dans nos
réserves. Mais pour le reste, officiellement, pour nous, c'est un moyen
de répondre à ça.
M. Lavoie (André) :
Puis, si je pouvais aller en complémentarité, en fait, quand on parle du
pourcentage de non-couverts, on pourrait dire... Tu sais, c'est difficile à
interpréter, parce qu'on parle-tu de superficie de territoire, on parle-tu de
population? Quand est-ce que c'est bon puis quand est-ce que ce n'est pas bon,
c'est très subjectif, mais on comprend qu'il y a des endroits que c'est
déficient.
Mme Domingue (Thérèse) :
Où la ruralité est présente.
M.
Lavoie (André) : Où la
ruralité est présente, effectivement. Et c'est certain que présentement, il y a
des permis de taxi qui dorment, ça, on peut se passer l'expression comme
ça, mais c'est certain que la MRC qui offre puis qui va offrir un contrat pour du transport à la demande à
quelqu'un, bien, c'est beaucoup plus motivant de partir en affaires quand
tu sais que tu as un contrat au bout que si tu es devant rien.
C'est pour ça
qu'on pense que... Puis c'est déjà ce qu'on fait aussi, de toute façon, avec le
transport collectif puis les transporteurs
par autobus. Ça fait que de le faire aussi puis de passer en appel d'offres, ça
va assurément stimuler les gens à se lancer en affaires, là, dans ça. Ça
fait que ça répond peut-être à votre question aussi, M. le ministre.
M.
Bonnardel : Le
député de Bourget, je pense.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Bourget, vous avez une question?
M. Campeau : Il reste combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
reste 4 min 45 s.
M.
Campeau : Ah! bien, c'est bien, ça. Bien, moi, j'ai aimé, M. Lavoie,
ce que vous avez dit, parce que beaucoup de groupes qui viennent nous voir sont soit très pour ou soit très
contre, et vous avez bien mentionné qu'il y a beaucoup de bons services
qui sont donnés, puis, de temps en temps, on dirait qu'on oublie ce bout-là.
Moi, je reste très sensible quand vous parlez de
l'importance des MRC en région. J'ai trouvé ça intéressant. Quand vous parlez d'un guichet unique, j'ai
l'impression que ce guichet unique là va être plus utile, en particulier pour
les personnes vulnérables qui ne sont
peut-être pas toujours capables, comme disaient certaines collègues, de se
servir d'un téléphone cellulaire.
Vous avez
aussi parlé de transport illégal. Est-ce que vous voyez que ce projet-là va
aider, régler ou... Ça va-tu régler le transport illégal? Ça va-tu lui
donner des ailes? Vous voyez ça comment par rapport à ça?
• (11 h 30) •
Mme
Domingue (Thérèse) : O.K. C'est
ça. Si vous permettez, honnêtement, là, ça ne peut pas être pire que c'est là. Et ça, il l'a dit, mais, même si c'est redondant, c'est un fait, là,
parce que je vous dirais, ce type de transport là, dans nos
régions puis en milieu rural, ça existe plus qu'on peut le penser.
À partir du
moment où déjà on a des conducteurs qui n'ont pas officiellement le permis
de... ils n'ont pas fait la démarche
de permis de taxi, là, ces gens-là, c'est le côté facile. Notre crainte, là,
pour eux, c'est comme que ça devienne facile. Ils vont aller chercher leur permis de classe 5, mais finalement
il va y avoir d'autres critères que... ils pourraient peut-être éventuellement devenir des conducteurs pour un service de
transport. Pour eux, tout ce que ça peut faire, c'est les inciter peut-être
à faire en sorte d'arriver puis de faire des courses correctement, parce qu'ils vont être payés pour leurs courses. On ne leur demandera pas de
faire ça bénévolement, là, ils vont être payés.
Donc, à ce moment-là, on pense qu'il y a là un moyen... pas de tous les récupérer, ce
n'est pas vrai. Il y en a qui ont
des circuits, il y en a qui gagnent... ils font leur année avec le
transport illégal. Mais tout ce qu'on... on est certains qu'on va en
récupérer un pourcentage puis, en même temps, on va sécuriser les services qui
vont être offerts.
M.
Campeau : O.K. Mais
pourriez-vous nous dire un peu plus comment vous voyez la formation? Parce qu'on a... d'autres groupes nous en
ont parlé. Est-ce que vous voyez, dans le projet de loi, une absence de formation? Moi, je ne l'ai pas vue comme telle, là, loin de là. Mais est-ce que
vous voyez qu'actuellement, la façon dont le projet de loi est présenté,
il y aura un problème de formation? Et je parle surtout... quand vous parlez
de transport collectif, je parle surtout adapté à ce moment-là.
Mme Domingue (Thérèse) :
Bien, je vous dirais qu'on va faire abstraction, parce que moi, je pense que la
formation, là, est essentielle. Dans le projet de loi, officiellement, on comprend que, pour nous, elle a été réduite. En même temps, on peut comprendre que pour
certains propriétaires, en tout cas, de taxi, ça devient lourd, la formation,
et dans l'appareillage actuel, le temps, les
délais d'avoir tout ça, on peut comprendre que ça peut être un frein. Mais on
pense qu'il faudra trouver d'autres
mécanismes mais ne pas réduire la formation. La formation est essentielle, puis
les gens ne seront jamais trop formés.
M. Campeau : Ça, c'était particulièrement
vrai pour le transport adapté.
Mme Domingue (Thérèse) : Tout à fait.
M.
Lavoie (André) : Il faut
comprendre, si je peux rajouter... mais on parle de transport adapté, parce qu'il y a une formation un peu psychosociale, peut-être, puis il y a
une formation, tu sais, de manipulation des clients, etc. Mais le transport collectif, tu as besoin aussi d'avoir
des formations. Je suis certain que l'ATUQ pourrait dire que leurs chauffeurs
sont formés, parce que des cas particuliers, il y en a dans toutes les régions
puis il y en a, peu importe...
Mme Domingue (Thérèse) :
Même dans le métro.
M.
Lavoie (André) : ...même
dans le métro, on va le dire comme ça. Ça fait qu'en fait je pense que la formation est
nécessaire, ne serait-ce que parce qu'ils vont donner une offre de service public. Ça fait
qu'on ne peut pas laisser ça à n'importe qui.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il reste 50 secondes.
M.
Reid : En fait, concernant Acti-Bus, la... souligne
qu'on ne permettrait pas... «16 jugements dans le territoire de la MRC
de Coaticook donnent raison à Acti-Bus». Pouvez-vous élaborer là-dessus, s'il
vous plaît?
Mme Domingue (Thérèse) :
Bien, je vous dirais parce que... si vous permettez, M. Lavoie a
mentionné, là, je veux dire, ce qui fait
légion au Québec, les lois... les lois en transport, on en a
partout. Donc, présentement, je vous dirais que c'est flou quand on regarde ce que peut faire une MRC, une municipalité, un organisme en régie. Donc, à
ce moment-là, ce qui peut... quand je
suis en transport collectif, quand... Je suis une MRC, là, je suis en transport
collectif, je n'ai pas le droit d'être propriétaire puis d'exploiter ce
que j'ai, donc je dois le faire à contrat. Quand je...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...c'est terminé. Je m'excuse...
Mme Domingue (Thérèse) :
Bien, c'est une belle annonce quand même.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...de vous couper dans cette lancée. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci,
Mme la Présidente. M. Lavoie,
Mme Domingue, bienvenue. Très intéressants, les échanges que vous
avez à date.
Vous savez,
quand on présente un projet de loi quand on est ministre, là, on est très
enthousiaste. Alors, comme rien n'est
parfait, je vous invite à ne pas être trop enthousiaste parce que
ça amplifie l'enthousiasme du ministre. Puis là je trouve que c'est trop, à un moment donné, surtout quand vous nous dites un certain nombre de choses comme vous
avez dit il y a quelques minutes, là. Et là on finit par commencer à
comprendre que quand le ministre nous dit... Puis là on va faire abstraction du 50 puis du 40 millions, parce
que je pense qu'on a compris, là, puis ce n'est même pas sûr que c'est vrai,
là, mais ce n'est pas grave.
Alors, quand
le ministre nous dit, là, il nous dit ça à répétition : Il y a 75 %
des circonstances, ça va bien, puis il y a 25 % des circonstances,
là — je dis
«circonstances» parce que je ne sais pas quel mot utiliser — où ça ne va pas bien. Bon, il y a des moments où je comprends que le
25 %, c'est parce que c'est une absence de desserte ou une desserte
insuffisante. Et là je comprends que
ça, c'est géographique, et je pense que ça vous concerne. Je ne me trompe pas?
Bon, je vous vois hocher de la tête, alors je pense que c'est oui, la
réponse. Alors, je suis content d'entendre ça.
Maintenant, il y a des moments où vous dites que
le 25 %, il y a peut-être un problème de qualité. Les gens des villes, à Montréal, à chaque fois que quelqu'un
a eu à parler des grandes agglomérations, les grandes villes, là, Montréal,
Québec, tout ça... Bon, juste une petite parenthèse, là, ce que vous
représentez géographiquement, là, vous dites rural, là... On n'est
pas... Rural, c'est rural, là. On n'est pas à Sherbrooke, Trois-Rivières. On
est dans plus petit que ça, là.
Mme Domingue (Thérèse) : Tout à fait.
M.
Lavoie (André) : Mais on
inclut par contre... Certaines MRC ont des villes moyennes, on va
dire, là, Drummondville et Victo, etc., de ce monde-là, ça fait que...
Mme Domingue (Thérèse) : Tout à fait, tout à fait, oui, oui, tout à fait.
M. Lavoie (André) :
Mais tout ce qui est extérieur à RMR.
Mme Domingue (Thérèse) :
Aux sociétés de transport. Tiens, voyons-le comme ça.
M.
Barrette : Parfait, parfait.
C'est clair. Alors donc, là, on n'entend pas ça, des problèmes de qualité, dans
les grandes agglomérations. Alors, avez-vous des exemples à nous donner? Parce que moi, j'ai... le
25 %, si c'est un enjeu d'abord et
avant tout de quantité, c'est une chose, c'est compréhensible. Si c'est un
enjeu de qualité, c'est une autre chose. Alors, dans le 25 %, là,
c'est quoi? 90-10, 80-20, 50-50? C'est quoi, la répartition des problèmes?
Mme
Domingue (Thérèse) :
Parfait. Tout d'abord, je vous remercie de la question, mais je pense que la réponse, ça va être assez flou parce que...
M. Barrette : Non, mais c'est
correct, là, mais c'est «ball park», là, «ball park», «ball park», oui.
Mme Domingue (Thérèse) :
Non, mais je vais vous dire pourquoi. Parce que le 75-25, là, nous, on le
cherche. Bon, non, mais c'est comme... Mais
on le cherche dans le sens qu'on ne sait pas à quoi vraiment
l'attribuer, nous non plus, le
25 %. Parce que je vous dirais, là, si je regarde les organisations que l'on peut représenter et que je parle de la desserte et du service par l'industrie du taxi en
ruralité, je vous dirais, là, qu'il y
a énormément de personnes qui
n'ont pas de service, tout simplement, de clients qui n'ont pas accès à un transport, parce que
l'organisme n'a tout
simplement pas les moyens
d'envoyer la voiture-taxi ou le taxi n'est pas là.
Donc, c'est
pour ça... En tout cas, on tentait de voir c'était quoi, le 25 %,
là, parce que, pour nous, il y a beaucoup plus de gens que ça qui n'ont pas
de service.
M.
Barrette : Bon, donc, on est dans le même club, on ne sait pas trop
c'est quoi. Parfait. Ça existe, ça existe.
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien, je vous dirais pour nous, c'est
supérieur à 25 %.
M.
Barrette : O.K.,
parfait. Alors là, vous avez dit quelque
chose, madame... monsieur, je ne veux
pas minimiser votre intervention, là, mais vous avez dit quelque
chose, madame, qui m'a beaucoup
impressionné. Vous avez dit : Ça ne peut pas être pire que maintenant.
Vous vouliez dire quoi, exactement, là?
Mme Domingue (Thérèse) : Bon, mon Dieu, il me semblait que ça ne portait
pas à interprétation, ce que j'avais dit, mais...
M. Barrette :
Non, non, non, mais c'est parce que... Non, non, non, j'ai compris très bien ce
que vous...
Mme
Domingue (Thérèse) : Je sais que vous avez compris, oui, oui.
M.
Barrette : C'est parce que,
quand vous dites : Ça ne peut pas être pire que maintenant
et que le remède, c'est la loi n° 17, je veux
comprendre l'adéquation entre le remède et la maladie, une déformation professionnelle.
Mme Domingue (Thérèse) : Parfait. Moi, je vais traiter la maladie. Bon,
moi, mon seul pouvoir, c'est de traiter la maladie. La loi, c'est vous
autres, hein? Donc, je vais traiter juste la réponse.
Quand
je dis : Ne peut pas être pire que c'est maintenant, ça fait référence
à l'offre, à ce qui est possible présentement
en milieu rural et, je vous dirais, de façon... à pourcentages différents,
d'une ruralité à l'autre, mais à travers le Québec. Donc, ce n'est pas spécifique à un, là. Donc, officiellement, c'est vrai
qu'il y a des endroits où il n'y a pas de service. Quand
on parlait de qualité, là, bien, il y a
aussi ça. Il y a les horaires, hein, où officiellement c'est comme
des horaires de bureau que les gens ont. Donc, ça, là, ça en fait partie et ça,
là, c'est... Présentement, ce que l'on a, là, c'est un peu de tout ça,
hein? Donc, je vous...
M.
Barrette : Parfait. Je comprends, madame, ce que vous me dites, là... Parce que moi, quand vous
l'avez dit, là, je me suis dit... Parce que,
quand je vous écoute : Ça ne peut pas être pire que maintenant,
ce n'est pas une question de qualité, ce n'est pas une question de réglementation,
c'est une question de quantité en premier.
Mme Domingue (Thérèse) : Bien, je vous dirais, il faut faire attention, la
quantité pour les endroits où il en
manque. Ça, c'est une chose. Mais là
où il y a des endroits... Parce que je vous dirais, il y a des gens qui ont la
possibilité de faire du taxi, parce que, si mon taxi touche telle
agglomération, à partir du moment où, chez le voisin, il n'y en a pas, je peux y aller. Donc, officiellement, je pourrais
dire : Il n'en manque pas vraiment, je vais y aller, sauf que, dans la réalité,
ce n'est pas comme ça. Ils n'y vont pas, c'est trop loin. Ça, c'est une chose.
Ça fait que le nombre, c'est relatif.
L'autre
aspect, la qualité, bien, je vous dirais que ça, ce n'est pas une question de
nombre. À partir du moment où on a
des gens qui détiennent des permis mais qui conviennent que leur plage horaire,
c'est tel type de clientèle, ça ne leur tente pas, le soir puis le week-end, ils ne travaillent pas, ce n'est
pas le nombre qui me crée un problème, c'est l'approche.
• (11 h 40) •
M.
Barrette : C'est bon. C'est bon, c'est clair, ce que vous me dites. Je
l'apprécie. Alors donc, là... Mais là je vais vous poser une question
qui... Regardez, la question que je vous pose, là, c'est sûr que la réponse se
trouve dans le fait qu'il y a des
limitations territoriales, ne pas aller dans la région d'à côté. Ça, c'est sûr
que c'est une des réponses à la question que je vais vous poser à
l'instant.
La
question que je vous pose, là, c'est : Dans les... Le ministre nous dit
tout le temps, là, et il l'a encore dit il y a quelques minutes,
que le projet de loi n° 17, lorsqu'il va être adopté... Ils sont
majoritaires, là, ils peuvent le bâillonner. C'est
ça, le pouvoir. Vous savez, on ne discute pas du pouvoir, on exerce le pouvoir.
Alors là, on discute, mais, à la fin, il
va être exercé. Alors, au bout de la ligne, là, le ministre nous dit qu'il y a
une infinité de possibilités suite à l'adoption du projet de loi
n° 17. Vous savez, infinité, c'est beaucoup, c'est vraiment beaucoup.
Alors,
qu'est-ce que c'est qui fait qu'aujourd'hui vous, comme organisation, vous
n'êtes pas capable d'aller chercher ces
opportunités-là et régler les problèmes, là? Moi, là, je ne vois pas comment
que le projet de loi n° 17, particulièrement sur la base géographique, où
le premier problème, c'est le nombre de joueurs, je pense, là, peut-être que je
me trompe, vous allez me le dire...
Puis là je fais abstraction, là, je fais exprès de dire : le bout du
territoire... On se comprend, là. Mais, même quand on a réglé le bout de
territoire, ça ne va pas multiplier les joueurs. Ça va rendre les joueurs plus
efficaces, mais j'ai de la misère à voir que ça, là, ça va tout régler,
parce que ça vient d'arriver, la loi n° 17.
Et
là je vous pose la question a contrario, là. Je ne veux pas vous piéger du
tout, là, mais je vous dis : Vous êtes là, vous autres, là, là, vous avez
de l'imagination, puis je vous ai entendus, là, c'est clair que vous avez de
l'imagination, puis c'est clair que
vous avez des idées, puis c'est clair que vous voulez régler des problèmes.
Comment ça se fait qu'actuellement vous
n'avez pas pu passer par quelque chose d'autre puis régler vos problèmes? Je
vais aller aussi loin que de dire : Mais coudon, là, le taxi, là,
traditionnel, pourquoi vous ne les avez pas... là, ils sont en arrière, là, ce
n'est pas une intention, là, et je ne
veux pas qu'ils fassent un malaise, là. Pourquoi vous ne les avez pas tassés
pour faire ce que vous voulez? Ce n'est pas ça que je veux, là. Je veux
que ça soit clair, là.
Mme Domingue
(Thérèse) : Là, je ne me
virerai pas, mais je sais très bien que pour des personnes qui sont en
arrière, que je connais bien, là, avec qui je fais des affaires... Donc, vous
voyez, il n'y a pas...
M. Barrette :
Vous voyez qu'on est sur la même page tout le monde.
Mme Domingue
(Thérèse) : Mais je vais surtout répondre à votre question, par
exemple. Ce qui vient faire la différence,
pourquoi il y a... Je pense que c'est au début des années, en tout cas... il y
a déjà eu une commission, justement, sur
le transport et l'environnement, et on avait présenté un mémoire. Je ne
pourrais pas me rappeler si c'est ici, mais je vous dirais que c'est le même environnement. Et ce que l'on disait,
c'était exactement ça. Les problèmes qu'on a soulevés aujourd'hui, c'est ce qu'on a soulevé il y a à peu
près huit ans. Donc, officiellement, on... Même, dans notre mémoire, on
vous remercie de nous donner une deuxième
opportunité de redire ce qu'on a déjà dit. Et là ce n'est pas méchant, là, mais
vous comprenez... Bien, votre question était à propos pour la réponse, là.
Donc,
dans ce sens-là, je vous dirais, qu'est-ce qui fait qu'on... Tantôt, d'entrée
de jeu, je vous ai bien dit que nous, on
l'avait lu. Est-ce qu'on l'a interprété à excès? Peut-être, mais on l'a pris
comme un projet de loi, on en a fait la lecture. Quand on dit qu'à
partir du moment où il n'y a plus d'agglomération, il n'y a plus de quota, déjà
là, je vous dirais que c'est une valeur
ajoutée parce qu'on... la problématique des agglomérations, c'est une chose.
Les quotas maintenant. Quand je suis dans une région ou bien quand je
suis dans une MRC où la ruralité est majoritairement présente, comment je peux démontrer à la Commission des transports que
les permis que je vais demander vont être... On s'entend que tout cet environnement-là fait en sorte qu'on a accès à
très peu de permis. Même si on pourrait en avoir plus, le problème, c'est une
démonstration de viabilité financière. Donc, avec le projet de loi, on réussit
à passer à côté de ça.
L'autre
élément, bon, il y a des portes qui s'ouvrent, des portes qui s'ouvrent au
niveau, en tout cas, de la desserte. Le
projet de loi fait en sorte que, si je n'ai plus d'agglomération, je vais être
un peu moins confrontée avec mes appels d'offres, hein, parce que même les municipalités ont
l'obligation de l'appel d'offres, et des contrats à plusieurs années font en
sorte que je suis obligée d'y aller
vraiment ouverte, là, pas sur invitation. Et là on s'entend que, quand je fais
un appel d'offres puis que je suis
dans un environnement où je dois vivre avec les règles de l'industrie du taxi,
que j'ai des gens qui ont des permis
sur mon territoire, j'en ai d'autres à côté, donc on s'entend que... ce n'est
pas méchant, là, mais je vais faire attention... mais, à l'occasion, le
résultat qui en résulte pour le territoire, ce n'est pas nécessairement avoir
la meilleure offre, aussi à la meilleure...
au plus bas coût, avoir le meilleur service. Donc, je vous dirais qu'il y a
cette problématique-là. Donc, on se doit...
parce que, vous l'avez dit, on est en milieu rural, on n'en a pas beaucoup, ça
fait que souvent on a l'obligation de travailler avec les gens en place.
Je ne voulais pas le dire comme ça, mais je l'ai dit, c'est comme ça. C'est
comme ça.
M. Barrette :
Ah! non, non, non, mais je comprends bien la ligne et entre les lignes. Alors,
je comprends bien ce que vous me dites. Ceci dit, madame et monsieur, vous êtes
dans une situation rurale, donc vous êtes dans une situation, puis là je ne pense pas me tromper si je dis, peu
importe le domaine, de pénurie d'emplois. Bon. Alors, quand vous faites
des appels d'offres, évidemment, vous n'avez pas nécessairement une tonne de
soumissions.
Alors,
moi, je regarde le projet de loi n° 17, là, bon, c'est sûr qu'il change la
réglementation, il change... c'est une déréglementation, on le comprend.
Mais il me semble, puis là c'est une question que je vous pose, il me semble
qu'au bout de la ligne, là, en quelque part,
vous êtes contents parce que là vous avez un degré de liberté supplémentaire
pour organiser des affaires. Mais
vous allez rester quand même avec la problématique de la pénurie qui,
techniquement, quand on entend les
gens, votre prédécesseur, par exemple, il y a quelques minutes, ce n'est pas
sûr qu'il va y avoir une tonne de personnes qui vont venir se présenter
là.
Vous avez mentionné
le mot vous-même, «improvisation». Vous avez abordé la question de la
formation. Et, pour arriver au bout de la
ligne, là, avec le service qui soit adéquat, selon vos termes, puis je vais
dans le même sens que vous, je suis d'accord avec vous, le monde qui
vient, les chauffeurs, la formation de ces gens-là, des horaires qui sont appropriés, comme ceux que vous recherchez, donc
24 heures par jour, sept jours par semaine et ainsi de suite, puis là je
ne déclinerai pas toutes les possibilités, à un moment donné, là, il est
très probable que vous ayez une problématique de
main-d'oeuvre. Et là la main-d'oeuvre qui est existante, elle, pourrait quitter
l'activité. Alors, il est possible qu'il y ait un méchant problème après. Parce que, là, on a la vision optimiste. Je
fais exprès d'indiquer la vision pessimiste, je ne la souhaite pas, mais
elle est possible.
Alors,
au bout de ça, il y a un enjeu, puis vous le dites vous-même, vous l'avez dit,
madame, il y a un enjeu aussi de
revenus, de ce qu'on paie pour le service. Alors, il faut appeler du monde,
l'appel d'offres, on appelle du monde. Il faut qu'il y ait du monde qui vienne. Ils vont venir si c'est rentable. Si
c'est rentable, c'est parce que c'est payé adéquatement. Et vous voulez quelque chose qui est intégré et
exhaustif pour la période à être couverte. Je comprends que le projet de
loi rend optimiste, mais il me semble qu'il y a des enjeux devant nous.
Alors,
en réponse à ça, il n'y a pas quelque chose qui devrait être discuté, à savoir
des garanties de volume à des gens,
un financement adéquat et ainsi de suite? Ça, on n'aborde jamais ça. Puis ce
n'est pas une critique que je vous fais, là, je parle de l'ensemble de la réflexion commune que l'on a en cette
Chambre. On ne l'aborde pas, mais il me semble que c'est un vrai
problème.
Le
projet de loi n° 17, c'est «one size fits all», là, mais c'est parce que...
Je ne pense pas que c'est comme ça que ça
devrait marcher dans votre monde. Vous êtes une particularité où il y a plus de
problèmes qu'ailleurs, et la loi n° 17 ne semble pas donner des réponses à tout. Est-ce que
je me trompe? Puis allez-y, faites des commentaires, je suis invexable.
Vous pouvez me dire que je suis dans les patates, ne vous en faites pas,
allez-y, lâchez-vous.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il reste peu de temps, 1 min 40 s.
Mme
Domingue (Thérèse) : Une minute? Ah mon Dieu! Rapidement...
M. Barrette : Mais vous êtes
efficaces.
Mme Domingue
(Thérèse) : Non, mais
l'élément, en tout cas, au niveau de la main-d'oeuvre, là, je vous dirais,
ceux qui présentement, là, sont tous des
travailleurs, en tout cas, au noir ou comme... peu importe comment on les
appellera, ce que l'on espère puis
que l'on pense être en mesure... c'est que ces gens-là vont être intéressés
d'arriver puis de faire une démarche,
d'aller chercher leur permis puis d'avoir une formation pour avoir un revenu de
façon, je veux dire, légale, plus sécuritaire.
Je veux dire, on s'entend, ce n'est pas qu'ils n'ont pas d'intérêt, c'est que,
là, ils le font présentement comme ça parce que c'est possible.
Tantôt,
quand j'ai bien dit : Il faut être enthousiaste de notre réaction, mais
qu'on a des bémols, un de nos bémols, et
c'était justement cet élément-là... On fait quoi? Parce que, pour nous, c'est
trop facile que quelqu'un n'ait qu'à aller chercher un permis de classe 5
puis, tout à coup, devenir un conducteur régulier. Pour nous, ça prend des
mesures additionnelles parce que,
selon nous, là, ça vient comme à peu près tout détruire des aspects positifs
qu'on peut avoir pour la main-d'oeuvre. Ça, là-dessus, je vous remercie,
parce que c'est correct de le répéter, parce que c'est plus qu'important.
Et
je mentionnais aussi également que, dans toute cette démarche-là, ça prend un
financement parce que quand... rapidement,
là, je ne veux pas voir le temps... si j'ai six personnes qui sont
intéressées à joindre, à suivre la formation, le permis, puis ainsi de suite, puis je peux les avoir pour travailler,
mais si j'ai des compagnies de taxi, peu importe comment elles
s'appelleront, ça, pour moi, c'est un détail, il faut tenir compte que, pour
aller chercher mon premier passager, ils ont
35 kilomètres à faire à vide. Ça, ce n'est pas au client à le payer. Ça
fait qu'il faut repenser l'offre de services quand je suis en ruralité parce qu'il y a un coût
additionnel. Et c'est pour ça, je disais qu'il faut que le financement soit là
également pour l'industrie du taxi.
M. Barrette :
Et il n'y est pas.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Cette période est terminée.
Mme
Domingue (Thérèse) : Pardon?
M. Barrette :
Il n'y est pas.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Cette période est terminée.
Mme
Domingue (Thérèse) : Non, non, mais c'est la raison pour
laquelle je le soulevais.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, je passe la parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Merci. J'ai combien de temps? Quatre minutes?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : 3 min 55 s.
• (11 h 50) •
Mme
Ghazal : Très bien.
Bon, écoutez, ce que j'entends dans ce que vous dites — merci
pour votre présentation — c'est
que c'est important pour vous qu'il y ait une autonomie aussi régionale, que le
contrôle de l'industrie soit dans les
mains aussi des MRC, des instances qui existent déjà, puis vous êtes dans la
ruralité. Mais hier, j'entendais un
petit peu la même chose mais plus des gens
de Montréal qui disaient que c'est important aussi de respecter l'autonomie de
la ville de Montréal, alors que, là, c'est
vraiment la grande ville, la plus grande ville du Québec, puis on parle de...
exception Montréal, mais ce n'est pas
ça qui est demandé. Ce qui est important, c'est l'autonomie pour garder le
contrôle, et on ne parlera pas d'exception de la ruralité non plus.
Donc, j'entends un peu la même chose, alors que le projet de loi fait du
mur-à-mur, ce qui est impossible, parce que les situations sont différentes.
Donc, vous convenez de ça.
À
la page 4 de votre mémoire, vous dites qu'il n'y a aucune donnée précise
qui est disponible pour, par exemple, le
covoiturage organisé, parce qu'on n'a pas les statistiques, on ne les compte
pas pour les déplacements. Et c'est un petit peu aussi la même chose que
ce qu'à Montréal ils voulaient faire. Ils ont commencé à mettre en place un
registre pour comptabiliser les déplacements
et, après ça, suite à ces données-là, faire une grande réforme. Donc, est-ce
que vous dites que le projet de loi a
été fait un peu sans... il aurait fallu attendre d'avoir ces données-là,
d'avoir des informations, un portrait juste
avant d'entreprendre une réforme comme celle-là, au lieu de faire les choses à
l'envers et de se croiser les doigts que les choses vont bien aller
après?
M. Lavoie (André) : Oui. En fait, j'allais dire que, de toute façon,
déjà plusieurs MRC favorisent le covoiturage puis mettent en place des services de covoiturage. On pourrait aller
plus loin. En fait, ce ne sera pas la même clientèle, de toute façon,
qui vont prendre un service ou l'autre.
Quand
on parle que c'est transversal, votre question va dans ce sens-là. En réalité,
présentement, on regarde l'industrie du
taxi, c'est une chose, mais il faut regarder tout, hein, sans dire tout en même
temps, parce que c'est impossible, mais rapidement il faut s'attaquer au reste. Puis je n'aime pas le terme
«attaquer», mais, écoutez, ça a sorti de même pareil. Ceci dit, on va...
Une voix :
...
M.
Lavoie (André) : Parce que,
parfois, ça prend un peu ça. Ceci dit, il faut quand même s'assurer, je pense,
de donner les outils puis donner une
plus grande liberté. Puis oui, effectivement, Montréal a demandé ça, ils
veulent avoir plus de liberté, un peu plus de contrôle. Les sociétés de transport veulent
avoir ça, tu sais, on dit tous la même chose. Ça fait qu'il faut juste mettre des mécanismes
d'encadrement. On ne veut pas réglementer quelque chose qui va être
déréglementé. On veut qu'il y ait un pouvoir d'encadrement puis que ce
soit fait de bonne façon, en fait.
Mme Ghazal : Puis que vous ayez,
c'est ça... Oui, vous voulez ajouter quelque chose?
Mme Domingue (Thérèse) :
Non, ça va.
M. Lavoie (André) :
Ça va.
Mme
Ghazal : Un contrôle, O.K., puis c'est ça aussi... là, je ne sais pas
si c'est la première fois que vous le demandez, dans votre mémoire, vous demandez aussi que le MTQ, dans le fond,
réalise un portrait exhaustif des services de transport et de la
mobilité. Vous le demandez depuis très, très longtemps.
Est-ce que
vous dites qu'il faudrait faire... Est-ce qu'on va trop vite avec le projet de
loi n° 17? Est-ce qu'il faudrait faire ce portrait-là avant, vous donner plus de
pouvoirs pour faire l'encadrement et plus tard... attendre pour... après ça,
peut-être, là, on sera prêts pour le projet de loi n° 17?
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien,
je vous dirais, je pense que ce n'est pas une obligation de retarder, à partir
du moment où on aura un projet de loi qui nous permettra d'arriver, puis
d'être efficaces, puis de répondre davantage aux citoyens puis aux
citoyennes...
Mme Ghazal : Ce qui n'est pas
garanti avec le projet de loi actuel.
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien,
en tout cas, je vous dirais... parce qu'officiellement, je vous l'ai dit, on
avait quand même des réserves, là. Il ne faut pas l'oublier, tout
l'aspect, en tout cas, de savoir qui fait quoi, qui reconnaît les conducteurs puis le financement, c'est... il y a
des valeurs... C'est très intéressant, mais on a quand même des réserves avec lesquelles
on va maintenir notre position.
Mais je vous
dirais, le portrait, c'est parce qu'officiellement, depuis toujours, longtemps,
on travaille en silo, hein? Bon, là,
on voit le taxi, il va y avoir les minibus, l'interurbain, on a le transport
hospitalier, on a le scolaire, mais tout ce qu'on... Quand on parle de
mobilité et de transport, d'accompagnement, il y en a plus que le client n'en
demande.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Cette période est terminée.
Mme Domingue (Thérèse) :
Ça m'a fait plaisir.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois passer la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. On a peu de temps.
Ma première question : Concernant le fait
qu'il y ait des régions qui sont non desservies ou mal desservies, des territoires, j'essaie de comprendre et puis
j'aimerais votre interprétation sur le fait que des entreprises de taxi,
actuellement, ne sont pas intéressées
à desservir ces territoires. J'imagine que, comme tout entrepreneur, une
entreprise de taxi va souhaiter aller
faire des opérations profitables. Vous dites que ça peut être parfois
35 kilomètres de distance à parcourir. Et tout ça, évidemment, ça a un coût, et il ne faut pas que le
coût soit absorbé par l'entrepreneur, sinon il jugera que ce n'est pas
rentable.
Comment pouvez-vous imaginer qu'un nouveau
joueur, dans les mêmes paramètres qui existent aujourd'hui, soit davantage intéressé, surtout s'il y a une
compétition plus grande, donc, qui peut amener une espèce de jeu sur les prix
pour aller chercher un contrat? Est-ce que
ce n'est pas le problème? Est-ce que le problème, c'est le cadre actuel ou
c'est le manque de rentabilité?
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien,
je vous dirais que les deux, je pense, ne sont pas... Officiellement, le cadre actuel est problématique, mais je vous dirais aussi la situation,
là... Quand je suis à développer mon offre globale de transport, je veux
que les conducteurs individuels de l'industrie du taxi soient, eux aussi, des
partenaires, au même titre que d'autres. Et
je vous dirais que je le négocie avec des autobus, des minibus. Donc, je la
fais, la négociation, mais par contre, il faut, comment je vous dirais ça, être en mesure d'avoir cette approche de
laisser de côté le taxi individuel puis viser le transport collectif.
Pourquoi on y
arrive quand je change de type de véhicule ou avec certaines entreprises de
taxi? Parce qu'ils ont cette approche puis cette compréhension du taxi
collectif qui est à l'extérieur. Et pourquoi on ramène souvent le collectif
avec le taxi? Parce qu'en ruralité, une des
façons, en tout cas... puis en région, pour les déplacements, il y a des
transports individuels, mais on vise à développer le transport collectif
pour en réduire les coûts. Mais on comprend également l'entrepreneur qui n'est
pas intéressé d'aller faire une course puis que, sur une course de 14 $,
il va avoir à défrayer 70 kilomètres.
On le comprend, mais, en même temps, je ne peux pas refiler ça au citoyen non
plus. Donc, on a la problématique.
M.
Arseneau : Bien justement, est-ce que la problématique, à ce
moment-là, vous l'avez mentionné, ce n'est pas plutôt une problématique de financement? C'est ce que vous dites. Ici,
dans un cadre actuel modernisé, sans nécessairement faire table rase de l'industrie du taxi, si on
avait davantage de financement, il y aurait davantage d'entreprises déjà
actives qui seraient intéressées à prendre les
contrats. Enfin, chez nous, c'est comme ça. Les contrats se négocient à partir
du moment où ça devient rentable pour
l'entrepreneur et que c'est gagnant-gagnant pour le donneur d'ordres et pour
celui qui effectue le service.
Mme
Domingue (Thérèse) : Bien,
je vous dirais que ce que l'on retrouve dans un très grand nombre de
territoires, là, dans l'organisation
du transport collectif, c'est qu'il y a des offres globales, hein? Et, à ce
moment-là, mon offre de transport, elle,
elle est soutenue à un pourcentage par le ministère des Transports. Et ce que
l'on espère pouvoir faire, c'est qu'avec différents joueurs de l'industrie du taxi, mais dans un contexte où même
avec le... j'oublie son nom, le régulier, en tout cas, je ne sais plus comment,
là, mais lui, là, parce que je ne sais pas trop comment il s'appellerait, mais
on va prendre le chauffeur de taxi, qu'il fasse partie de mon offre. Ça veut
dire que le manque à gagner, là, c'est mon offre qui va l'assumer, ce n'est ni le fournisseur ni le client. Et c'est
pour ça... Et le projet de loi n° 17 nous permet d'arriver puis de
l'englober dans une offre globale, ce
qui veut dire que ce n'est pas l'individu au volant de la voiture qui va
assumer la perte puis ce n'est pas le client qui va payer.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
reste 10 secondes.
M. Arseneau : 10 secondes. Bien, je
vous remercie beaucoup et je vous félicite pour votre présentation.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci.
Donc, nous
allons suspendre les travaux et nous allons reprendre après la période des
affaires courantes. Bon appétit à vous tous et à vous toutes. Merci,
monsieur, madame, pour votre présence à cette commission.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
(Reprise à 15 h 40)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, ayant constaté le...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : O.K. Parfait. Alors, tout d'abord, bienvenue à
cette commission parlementaire. Ayant constaté le quorum, nous allons
reprendre nos travaux.
Nous recevons
maintenant le Regroupement des intermédiaires de taxi du Québec.
Alors, bienvenue ici, et je vous donne
10 minutes pour vos remarques
préliminaires. Ensuite, vous aurez
des échanges avec le ministre et les oppositions.
Regroupement
des intermédiaires de taxi du Québec (RITQ)
M. Homsy
(Abdallah) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre, Mmes et MM.
les députés. Mon nom est Abdallah Homsy. Je suis président du Regroupement
des intermédiaires de taxi de Québec et, à l'occasion, je suis porte-parole de
l'industrie du taxi.
Dans tous les
débats autour du projet de loi n° 17, il y a deux... Ah! je m'excuse. Je
vous présente M. Mario Vézina, à
ma droite, président de Taxi Coop Beauport; M. Jaouad Bouchrik, taxi coop
Charlesbourg, et Mohamed Dardari, président de 5191, à Québec.
Dans tous les débats autour du projet de loi
n° 17, il y a deux certitudes. Il y a des opinions bien campées des deux côtés, mais il y a peu de faits ou des études
sérieuses qui reflètent la réalité du Québec. Deux, le gouvernement justifie tous les changements proposés en disant constamment
mettre le client au coeur de ses préoccupations. Pourtant, le gouvernement
ne fournit aucune étude en ce sens.
L'industrie
du taxi au complet est contre le projet de loi. La ville de Montréal est
contre. Les usagers du transport adapté
sont contre. Les chauffeurs d'Uber vont manifester contre leurs horribles
conditions de travail. Pour le gouvernement, toutes ces objections ne comptent pas. Seul le client compte. Alors,
dans ce contexte, nous aimerions vous présenter nos données sur les clients de la région de Québec et
que ces données nous disent ce que le client désire vraiment, sans idéologie.
L'application mobile Taxi Coop fonctionne dans
la région de Québec depuis bientôt cinq ans. En matière de transport de personnes, l'application est ce qui
se rapproche le plus d'Uber. On peut commander une course par application.
On n'a pas besoin de savoir sur quel territoire
on se trouve. On peut connaître l'identité du chauffeur de la voiture avant
d'embarquer. On peut géolocaliser le
véhicule sur une carte numérique. On peut payer à travers son cellulaire. On
peut même réserver une course à
l'avance, ce qu'Uber n'offre pas. Bref, l'application Taxi Coop fonctionne
comme celle d'Uber, avec une
distinction principale : elle respecte le cadre actuel des permis de taxi.
Pour tout le reste, l'application Taxi Coop est aussi performante que
celle d'Uber et elle est accessible pour les non-voyants.
Maintenant, voici nos données depuis le mois
d'août 2016. Le RITQ a traité, à travers l'application Taxi Coop, un demi-million de courses, près de
200 000 clients. 45 % des clients ont donné une note à leur
chauffeur, exactement comme dans
l'application Uber. La note moyenne pour les chauffeurs est de 4,8 étoiles
sur cinq. La note moyenne des véhicules est de 4,8 étoiles sur cinq. Bref, les taxis de Québec obtiennent
une note de 96 %, de la part des clients, en respectant le cadre
actuel des permis de taxi. M. le ministre, les clients, ils vous disent qu'ils
sont satisfaits.
Nous ne sommes pas parfaits, mais nos
défauts ne justifient pas de détruire un système au complet et d'exproprier
les détenteurs de permis de taxi. Même si on
cherche des bibittes, si on examine nos données en se concentrant uniquement
sur les clients mécontents, la raison qui
revient le plus souvent : J'ai attendu trop longtemps pour obtenir un
taxi. Environ 2 % des clients de
l'application font cette plainte, et nous sommes d'accord avec eux. Il arrive
aussi qu'on attend chez le médecin,
qu'on attend dans les urgences, dans les restaurants, dans les hôtels.
Pourtant, le gouvernement ne propose pas d'abolir toutes ces industries-là. Avec l'arrivée d'Airbnb, le
gouvernement n'a pas détruit le cadre des hôtels, il a intégré le
nouveau joueur dans le cadre renouvelé.
Présentement,
les courses via l'application mobile présentent environ 10 % de toutes les
courses de la région de Québec. Nous
voyons une croissance presque à tous les mois. Chaque mois,
15 000 clients utilisent l'application Taxi Coop et sont satisfaits. Plus de
80 000 personnes l'ont déjà téléchargée. Bref, l'application
fonctionne très bien, et respecte toutes les exigences du cadre
réglementaire, et les clients sont contents.
Selon
nous, ce que les clients veulent vraiment, ils ne veulent plus se faire dire
qu'ils ne sont pas sur le bon territoire de taxi. Ça se corrige facilement en fusionnant les territoires de taxi. Pas besoin d'imposer de loi pour
changer ça, le ministre a déjà tous les pouvoirs nécessaires. Les
clients veulent avoir des voitures plus rapidement. Il suffit de fusionner les
territoires sans altérer le système de gestion de l'offre. Si on veut en
ajouter davantage, on pourrait émettre des permis pour des voitures d'Uber. Pas besoin d'un projet de loi pour changer ça,
le ministre a déjà tous les pouvoirs nécessaires. Les clients veulent des applications mobiles qui
géolocalisent et qui leur envoient un véhicule sans passer par une téléphoniste.
Pas besoin d'un projet de loi pour changer ça, le ministre a déjà tous les
pouvoirs nécessaires.
En
résumé, les clients sont généralement très satisfaits. Ils demandent des changements
qui ne nécessitent pas une nouvelle
loi, et, malgré tout, on va détruire le système en place. Le gouvernement se propose de détruire un investissement
local de 1,3 milliard de dollars, d'exproprier et d'appauvrir près de 9 000 propriétaires
d'un permis qu'ils ont acquis à l'exigence
de l'État, de précariser 22 000 familles de taxi en permettant à
n'importe qui de faire du taxi avec n'importe quel véhicule, de prendre
800 millions de dollars d'argent des contribuables pour dédommager de
manière insuffisante les propriétaires de
permis au lieu de faire payer une multinationale milliardaire. On fait tout ça
au nom d'un client qui est satisfait.
Mme la Présidente, les membres de RITQ ne comprennent pas. À part Uber, qui
gagne dans le projet de loi n° 17? Est-ce qu'Uber a exigé du
ministre tous ces changements pour rester au Québec?
Parfois,
pour justifier son action, le gouvernement demande : Si ça va bien dans le
taxi, pourquoi Uber a-t-elle pris 20 % des courses en deux ans?
M. le ministre, pour répondre à votre question, je n'ai qu'un mot :
le dumping, la vente à perte de ces services pour casser la concurrence. Depuis
son arrivée au Québec, Uber casse les prix, même en bas du prix coûtant. Pour
ceux qui en doutent, en 2017 et 2018, la multinationale a fait un déficit de
presque 10 milliards de dollars, et,
selon ses administrateurs, c'est un gage de succès parce que plus qu'Uber fait
des déficits, plus qu'on pousse ses concurrents
à la faillite. D'ailleurs, si le client demande tellement du taxi amateur,
pourquoi Eva ne connaît-elle pas plus de succès? Selon nous, c'est parce qu'Eva ne pratique pas le dumping comme
Uber. La seule raison pour laquelle Uber est populaire, c'est le prix.
D'ailleurs,
ce faible coût a des conséquences. Les travailleurs d'Uber partout dans le
monde veulent se syndiquer contre une
multinationale qui les exploite sans respect. Uber ne se préoccupe pas d'eux.
Elle prend sa part de 25 % sur chaque course, et c'est au chauffeur d'assumer les frais de véhicule, de
voiture, les assurances, les entretiens, ainsi de suite. Les chauffeurs d'Uber restent à l'emploi de la
multinationale généralement entre trois semaines et trois mois. Quand les coûts
d'entretien ont détruit toutes les illusions de profit, les chauffeurs d'Uber
quittent. Donc, la seule raison pour laquelle on abolit le cadre actuel,
c'est pour qu'Uber puisse exploiter plus de pauvres joueurs.
En
terminant, nous aimerions lancer deux défis au ministre. L'industrie du taxi
est largement constituée de véhicules hybrides.
Dans certains secteurs, ce sont 90 % des taxis qui sont hybrides. Il est
presque certain que le projet de loi n° 17 va augmenter les gaz à effet de
serre et les bouchons de circulation. Nous le mettons au défi de créer un
nouveau cadre carboneutre pour le transport rémunéré de personnes. De plus,
nous mettons au défi le ministre d'augmenter la mobilité des personnes
handicapées. Son projet de loi ne contient pas une seule ligne sur nos
concitoyens qui dépendent du transport adapté pour se déplacer et s'intégrer.
Franchement,
Mme la Présidente, sans ces gains et sans le respect des membres de l'industrie
du taxi, nous ne voyons pas de justification suffisante derrière le
projet de loi n° 17. C'est pourquoi nous demandons son rejet. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, monsieur. Alors, M. le ministre,
je vous passe la parole pour 23 min 30 s.
• (15 h 50) •
M.
Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. Messieurs,
bienvenue... messieurs dames, parce que je sais qu'il y a des dames dans
la salle.
M. Homsy, on
s'est rencontrés maintes et maintes fois, depuis avant Noël, avec certains
membres qui sont ici. Il y en a d'autres qui
se sont ajoutés dans les dernières semaines. Et, je vous l'ai déjà mentionné,
je ne me gêne pas de le redire, cette
loi n'a pas été écrite pour faire mal
à l'industrie du taxi. Cette loi a été écrite pour assurer la
pérennité future et la vitalité de l'industrie du taxi. Cette loi a été écrite parce que, dans les
40 dernières années, jamais on n'a pensé à réduire les coûts, charges
fiscales, administratives, financières de l'industrie du taxi.
J'avoue
que, quand il y a des changements, il peut y avoir des bouleversements. Je l'ai
répété maintes et maintes fois. Certains d'entre vous ont été
bouleversés. On a répondu par des sommes considérables pour répondre à
l'insécurité de beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'entre vous. Maintenant, au-delà de tout ça, la majorité — c'est certain qu'on ne pouvait pas plaire à tout le monde nécessairement, pas à
vous — des gens
qui sont venus ici y ont vu une opportunité, une opportunité d'affaires
additionnelle.
Vous
m'avez entendu maintes et maintes fois répéter qu'il y a 50 millions de
courses au Québec. Il y a 40 millions qui sont faites juste par vous et, là-dessus, il y en a quelques-unes
aussi, par les téléphones, que vous faites très, très bien, très, très bien. Et là-dessus je reste persuadé
qu'avec les éléments que nous avons dans cette loi l'avenir de l'industrie est
pérenne.
Vous pouvez
penser le contraire. La ville de Montréal me demandait hier un peu... vous
l'avez mentionné, je me permets de le
répéter, m'a demandé un peu de revenir à une forme de statu quo. Il faut gérer
notre propre offre à Montréal. Vous m'avez entendu maintes et maintes fois dire
qu'il y a moins de taxis par habitant en 2019 au Québec, principalement à Montréal, que voilà 40 ans. C'est un choix
que l'industrie a fait, voilà quelques années, de racheter des permis pour
assurer un revenu adéquat à l'industrie, mais il reste qu'aujourd'hui il
y a moins de taxis que voilà 40 ans.
Vous avez
énuméré plusieurs choses. J'ai entendu plein de choses. Vous dites qu'il n'y a
plus de sécurité, il n'y a plus de
filet de sécurité comme tel, il n'y a plus de formation. Pourtant, je l'ai
mentionné maintes et maintes fois et je débutais à peu près à chaque
fois avec les mêmes interventions.
On va commencer par le transport adapté. Il n'y
en aurait plus, de transport adapté, selon vous, selon ceux que j'ai entendus
tantôt, l'ARUTAQ. Bien, tous les autres nous ont dit, les municipalités, les
sociétés de transport, que le transport adapté est là pour rester. Et, je ne
suis pas gêné de le dire, demain matin, il n'y a rien qui va changer, à
90 %, parce que c'est un service qui
est très bien desservi par vous, en majorité. Mais l'outil qu'on donne, si on
commence par ça, à ces municipalités, à ces sociétés de transport, c'est
de dire comment on répond à ce 25 % que j'ai énuméré depuis le début, à savoir service inégal dans certaines
régions et incapacité d'avoir une forme de concurrence dans certaines régions
parce qu'il existe des territoires d'agglomération.
Alors, je
vous dis bien respectueusement, on commence par ça. Est-ce qu'avec la loi
aujourd'hui on va permettre de desservir mieux certaines régions du Québec où
il n'y a pas de service de transport adapté, avec la loi que nous déposons
aujourd'hui, versus ce que vous connaissez comme règlements, comme règles
depuis les dernières années? Je vous laisse répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
avez la parole.
M.
Homsy (Abdallah) : Merci, M.
le ministre. Écoutez, avant tout, ce n'est pas qu'on ne croit pas en vous ou en
nous, ce n'est pas une question personnelle.
Nous, on s'adresse au ministre des Transports, qui est pour tout le Québec,
puis on regarde une industrie de
taxi. Mais il y a quelque chose que, visiblement, vous mettez sur nos épaules,
et c'est faux, vous dites que nous, nous disons... et ça, c'est faux,
parce que normalement, dans un conflit, c'est la loi qui doit trancher. Le p.l.
n° 17 ne fait pas référence, dans ça, dans... Vous
dites que le taxi va rester.
Je vais
donner un exemple. Le p.l. n° 17 ne fait même pas référence au mot «taxi» dans
le titre de la loi. On a fait une
proposition, on n'a pas de réponse encore. Alors, quand vous dites que le taxi
n'est pas dans le titre de la loi, quand, dans la loi, n'existe pas le
transport adapté...
Je comprends
votre volonté, au fond de vous, mais est-ce que ça va être fait? Je ne sais
pas. Il faut que ça soit écrit dans loi pour qu'on croie ce qu'on est en
train d'entendre. Et je comprends très bien, mais moi, je ne m'approprie rien. Moi, la seule chose que je n'ai pas vue... vu que
je ne suis pas capable de lire... Il n'est pas dans la loi. Alors, pour moi, il
y a une absence de la loi, et là
c'est grave. C'est grave pourquoi? Parce que vous avez pris, au départ, en
disant que vous voulez moderniser l'industrie du taxi...
Nous voulons moderniser l'industrie du taxi,
mais on n'a jamais cru que la modernisation de l'industrie du taxi passe par
raser l'industrie au complet. Même, je trouve qu'Uber lui-même, il n'a pas
demandé ça. On est allés beaucoup plus loin.
On a pris la façon la plus facile. On extermine l'industrie telle qu'elle est,
la loi telle qu'elle est, puis on commence à bâtir.
Si votre
volonté est de protéger, par exemple, les handicapés, si votre volonté est de
protéger l'industrie du taxi, pourquoi
il n'y a pas des études qui ont prouvé ce que vous avez mis là-dedans? Et
pourquoi le transport adapté et le taxi n'est pas dans le projet de loi?
Est-ce que vous avez vraiment besoin de nous, de s'asseoir sur la table, pour
vous dire : Mettez le mot «taxi» dans
le libellé? Est-ce que vraiment vous attendez qu'on vienne ici, en commission
parlementaire, pour voir le mot «taxi», pour vous demander ce mot-là,
pour qu'il soit dans le libellé? Est-ce que ce n'est pas une honte, une loi n° 17 qui demande à des
dizaines de milliers de personnes qui ont passé des décennies à préparer le
terrain pour des gens comme Uber ou
d'autres, de les effacer de cette façon-là? Puis on ne voit pas dans le titre,
ne serait-ce dans le titre, le mot «taxi», et vous voulez qu'on soit
certains qu'on va être protégés?
Quelle donnée nous dit que, vraiment, on a
50 millions de voyages? Quelle donnée nous dit ou quelle étude va prouver... Moi, je suis prêt à vous croire sur
parole, mais comment les autres personnes vont croire leur avenir? Comment
les investisseurs vont croire que cette
industrie va continuer s'il n'y a aucune étude qui prouve que cette
industrie-là va perdurer?
D'ailleurs,
ce qui m'a frappé ce matin, vous avez dit une chose, M. le ministre, vous avez
dit à Mme Couture, vous avez dit : Demain, le taxi va rester. Là, j'ai de
la misère, parce que vous, vous faites de la vision jusqu'à 2030, 2050,
sur le plan de mobilité durable, et tout ce que vous voyez sur le taxi, c'est
juste demain, dans un mois, dans un an, dans cinq ans. Êtes-vous capable de me
dire, avec le projet de loi tel qu'il est, que notre industrie va perdurer?
M.
Bonnardel :
M. Homsy, si vous voulez qu'on parle du futur, il y en a certains qui nous
disaient ici, voilà trois ans, que le
véhicule autonome n'existerait pas avant 2030. Il est à nos portes. L'Ontario
l'étudie déjà et déjà d'autres provinces.
Aux États-Unis, ça roule déjà. L'industrie du taxi, M. Homsy, dans cinq
ans, elle sera faite de quoi? Je ne peux même pas le prédire. Vous ne pouvez même pas le prédire, mais vous le
savez très, très bien. Au-delà du procès des Uber de ce monde, et des Lyft, et des Eva, et d'autres,
d'assurer la pérennité pour réduire les charges, vos charges à vous, c'est
ce qu'on fait.
Vous
dites plein de choses publiquement. J'ai entendu, vous dites...
Premièrement, vous êtes conscients que chaque véhicule, au-delà d'un
véhicule neuf, sera inspecté. Vous êtes d'accord avec ça?
M. Homsy (Abdallah) :
Dans le projet de loi n° 17?
M.
Bonnardel : Oui,
par règlement, on va le définir...
M. Homsy (Abdallah) :
Là, je ne vois rien, là. Là, il n'y a rien.
M.
Bonnardel :
Par règlement, par règlement. Je l'ai mentionné des dizaines de fois. Vous
dites qu'il n'y aura aucune exigence
de formation réelle, ce qui est faux. Vous le savez très bien qu'ailleurs au
Québec il y a une formation minimale de sept heures, 35 pour les technologies,
110, Québec, 150, 160... Vous dites qu'il n'y aura aucune exigence pour les
véhicules spécifiques. Bien, n'importe qui qui, oui, aura un permis de
classe 5, qui aura passé au travers des antécédents judiciaires, qui va suivre une formation, pourrait,
demain matin, oui, faire du taxi avec un lanternon, un taximètre, s'il le
souhaite. Il pourrait.
Alors, je
vous dis bien respectueusement, moi, quand je vois des dépliants comme ça ici,
que vous remettez à vos clients, où
vous dites : N'importe qui pourra faire du taxi avec n'importe quel
véhicule, aucune exigence pour les véhicules, aucune exigence de formation réelle, aucune vérification mécanique et
même aucune interdiction sur l'alcool, vous ne trouvez pas que vous
poussez un peu loin?
M. Homsy (Abdallah) :
Je peux vous répondre?
M.
Bonnardel : Oui.
M.
Homsy (Abdallah) : C'est
simple, normalement, ce n'est pas à moi de vous répondre, M. le ministre, c'est
à la loi n° 17
que vous déposez. Dites-moi où est-ce qu'ils sont, ces règlements-là que vous
dites, parce que, là, vous interprétez ce
que moi, je pense. Moi, j'ai le droit d'intervenir. Dans l'absence de la loi...
Moi, ce que j'ai besoin de savoir, dans une loi et dans un règlement qui va être adopté : de quelle manière ils
vont être faits et comment... Ils ne sont pas devant moi. Je comprends votre volonté, M. le ministre, je n'ai
pas de misère avec ça, là, mais qu'est-ce qui va arriver? Est-ce que c'est ça,
ce qui va arriver? Je ne le sais pas. Comment elles vont être adoptées, les
lois?
Vous dites
que vous faites ça pour le client. Vous le savez très bien que les fusions d'agglomérations et tout ça, vous pouvez les faire présentement. Alors, pourquoi on a besoin de changer tout ça? Si c'est la formation,
je suis d'accord avec vous. Disons que la formation n'est pas... D'ailleurs,
on vous a proposé... D'ailleurs, il y avait un projet pilote, à Montréal, de
35 heures. Vous avez 35 heures. Est-ce qu'on a besoin du projet de
loi n° 17 pour enlever tout ça?
Tout ce que
vous énumérez de bien, j'ai besoin de savoir pourquoi on a besoin d'enlever ou
détruire une industrie au complet pour répondre. On était capables, très
bien, nous, les industries, nous, les usagers du transport adapté, les fournisseurs de transport... on aurait pu s'asseoir
sur la même table et avoir un meilleur projet de loi que ce qui est
présentement. Mais ce n'est pas ce qu'on a présenté.
• (16 heures) •
M.
Bonnardel :
M. Homsy, ce matin, l'Association des transports collectifs ruraux du Québec,
la dame qui était assise à votre gauche a dit : La fin des quotas et des
territoires d'agglomération, c'est une valeur ajoutée pour nous. Vous pouvez ne pas être d'accord pour les quotas de
permis, j'en conviens. C'est les gouvernements de l'époque qui ont amené
cette forme de quotas, ces permis, qui
n'étaient pas, soit dit en passant, un placement comme tel. Maintenant, vous ne
pouvez pas dire que ces territoires d'agglomération, ces dessertes,
comme on les appelle, ce n'est pas désuet en 2019.
On donne la possibilité à tous ceux qui sont
venus ici, qui nous l'ont mentionné, là, d'être outillés pour être capables de vous donner des opportunités
d'affaires additionnelles. Je vous l'ai répété maintes et maintes fois, pour
moi, l'industrie de demain, là, ce
n'est pas juste les 40 millions de courses, c'est 42, 43. Puis vous êtes
les professionnels de cette industrie
pour combattre toutes les nouvelles technologies que le monde pourrait
apporter, amener au Québec. Ça, je reste
persuadé, puis vous le savez que je ne bluffe pas quand je dis ça. Vous le
savez où je veux aller, où je vois l'industrie du taxi dans le futur.
Maintenant,
quand j'entends : On rase l'industrie, je ne comprends pas. Je ne
comprends pas. C'est un discours qui, ma foi... Je peux comprendre que vous
soyez bouleversés par des changements que vous n'aviez même pas imaginés
ou prévus, mais les nouvelles technologies,
le demain... Oui, j'y pense à 2030 puis à 2040. Puis on se reparlerait dans
cinq ans puis on se dirait : On n'a même pas imaginé où l'industrie
aurait pu être ou sera.
Alors, je
vous le dis, ce que vous dites, O.K., c'est un discours public qui peut faire
peur, qui peut sembler donner des éléments de force à une industrie qui
veut se sentir épaulée par vous, les porte-parole. Je comprends tout ça. Mais dites-vous une chose, puis vous m'avez entendu, on
ne s'est pas levés un matin, l'équipe, en se disant : Tiens — puis je le répète — comment
on pourrait faire mal à l'industrie? Notre but premier, ça a été : Comment
on va l'épauler, la préparer pour demain?
Et ce discours, vous savez, ce que je vous dis là, c'est ce que je vous ai dit
en privé avec ceux qui étaient là. C'est le même, même, même
raisonnement que j'ai pour demain.
Alors, je
vous le répète, transport adapté, la tarification dynamique, les
agglomérations... J'ai même entendu certains d'entre vous nous dire : Du jour au lendemain, la plaque T,
finalement, le 1 000 $, on ne veut pas que vous nous l'enleviez, on veut que vous la laissiez là. Alors, je ne comprends
plus. Puis certains me disent : Tarification dynamique, dans votre
industrie, on la veut. D'autres nous disent : On ne la veut plus.
M.
Homsy (Abdallah) : Vous êtes fort, M. le ministre, parce que je
vous ai dit en partant qu'on veut les fusions d'agglomérations,
et vous me répétez comme de quoi on ne veut pas les fusions d'agglomérations.
Ce qu'on dit, c'est que la modernisation que vous voulez, vous n'avez
pas besoin du p.l. n° 17... de l'avoir.
Mais,
quand on parle de raser ou non, je vais vous donner un exemple qui est simple.
Je ne sais pas si vous m'entendez, là.
Une voix :
...
M.
Homsy (Abdallah) : O.K., parfait. Là, vous êtes ministre des
Transports. En rentrant à votre bureau, c'est marqué :
Ministre des Transports, François Bonnardel. Demain matin, on dit :
Ministre des Transports, puis on efface votre nom. Est-ce que vous gardez votre job? Ici, le projet de loi, on efface
le nom des taxis. Et vous nous dites qu'on ne veut pas raser l'industrie
de taxi?
D'ailleurs,
on s'est assis à plusieurs reprises avec le ministère et on a demandé des
études. Elles sont où, les études pour voir où est-ce qu'on est rendus?
Pour répondre... Peut-être qu'on se trompe et, si on se trompe, on va faire
amende raisonnable. On veut que les gens
survivent. On veut que nos amis, nos collègues de taxi continuent à survivre.
Et, si vous avez raison, on va vous
féliciter, mais rien dans ce qu'on a devant nous nous dit qu'on va survivre
plus tard. C'est aussi simplement que ça.
Puis la
modernisation, oui, on veut l'avoir. Est-ce qu'on veut avoir... Est-ce qu'on
parle... Pourquoi on est contre la mondialisation du prix? Parce qu'il n'y a
pas de prix plancher. Ça ouvre la place à du dumping. Le dumping, M. le ministre, c'est illégal, et nous, on est en train d'ouvrir la porte au dumping.
Alors, on collabore. Vous dites qu'on est les professionnels. On vient
pour collaborer, mais on n'a rien senti, à date, qui va modifier ce projet de
loi là.
M.
Bonnardel :
L'appellation taxi, je vous l'ai déjà mentionné, on la protège. Pour nous, ce qui
définit un taxi... par le lanternon, par le taximètre, par le Bonjour, à
Montréal, défini par le bureau de taxi. J'ai même entendu, là, depuis
36 heures, qu'on allait abolir le Bureau de taxi de Montréal, ce qui est complètement
faux, complètement faux.
Vous
m'avez demandé, certains d'entre vous, le 13 décembre dernier, certaines
choses, un seul régime pour tout
le monde. Moi, je fais un seul régime pour tout le monde, qui ne vous
satisfait pas, j'en conviens. Vous avez demandé un accès à la tarification dynamique. Je le
mets. Certains d'entre vous maintenant me disent : Ce n'est plus bon. L'ouverture
des frontières d'agglomérations, c'est vrai que vous aviez demandé un projet
pilote pour Québec, mais on va plus loin. On
va plus loin pour réduire l'auto solo, qui est en lien direct avec notre politique
de mobilité durable. Certains d'entre vous le savent très
bien que vous deviez revenir à vide,
selon le territoire où vous alliez déposer un autre client. Vous le saviez.
On donne des outils à tous ceux qui sont
passés en nous disant que, pour le transport
adapté, qui est bien fait, aux trois
quarts, par l'industrie du taxi... Autre quart, il est peut-être le
temps, là, qu'on signe des ententes avec d'autres sociétés qui pourraient nous fournir ce service, et ça va être
à vous de le faire. Quand je parle d'opportunités d'affaires, c'est ça.
La vérification des antécédents judiciaires, tout le monde va passer au travers de ça. Tout
le monde va passer au travers de ça.
L'uniformisation de la formation, tout
le monde aura une formation minimale,
demandée pour tous, avec, pour le transport
adapté, une formation additionnelle.
On ne veut plus de
freins et de barrières à l'entrée. On veut donner toutes les possibilités
possibles à l'industrie d'assurer sa
vitalité dans le futur. Puis je vous l'ai répété puis je vous le répète, vous
avez tous les outils, vous, l'industrie
du taxi, pour compétitionner toutes les
nouvelles technologies du monde. C'est à nous de vous aider, puis je
suis persuadé qu'avec cette loi, aujourd'hui, on va vous aider à passer
au travers des craintes que vous avez présentement.
M. Homsy (Abdallah) : Merci, encore
une fois. Vous dites, M. le ministre, qu'on est des professionnels de taxi, alors on va vous donner notre
expérience. Vous dites que l'appellation taxi, vous la réservez au véhicule
taxi qui met un lanternon puis qui
met un taximètre. Savez-vous, M. le
ministre, que, pendant le projet de loi... le projet pilote d'Uber, on a prouvé qu'il y a
des vacants, des dômes de taxis sont achetés sur Amazon et mis sur des
voitures? Comment, nous autres, on va savoir comment, la voiture, elle
est, si elle n'a pas de plaque en arrière?
Vous
dites que vous combattez l'auto solo. S'il n'y en a pas d'étude, je vais vous
donner une étude. À New York, ça a augmenté, ils ont même été obligés
de mettre un taxi spécial. Ils étaient obligés même de mettre un quota pour les
véhicules d'Uber, parce que l'auto solo...
ça n'a pas combattu, ça a augmenté le niveau de véhicules à San Francisco, à New York.
Quand vous dites
qu'on ne veut pas... Nous autres, on veut un cadre équitable. Pourquoi vous ne
regardez pas qu'est-ce qui se passe en
Angleterre? Pourquoi vous ne regardez pas qu'est-ce qui se passe en Irlande, où
est-ce que tous les Uber de ce
monde-là doivent travailler avec des véhicules taxi? C'est ça, un cadre
équitable et égal. On n'a pas besoin de prendre l'industrie, qui a
travaillé pendant des décennies, et l'envoyer à l'oubliette en espérant.
• (16 h 10) •
D'ailleurs,
votre étude, même si elle est partielle, l'étude d'impact... Vous dites que l'industrie
du taxi, dans les prochaines années,
ça va être fini, là, les intermédiaires, ils vont disparaître au profit d'une
compagnie ou deux. Et même, je vous dis, là, l'étude d'impact que vous avez,
elle est très, très, très simple. Ce n'est pas une vraie étude d'impact,
puis elle dit pareil, elle prédit que, dans
les cinq prochaines années, c'est fini pour l'industrie du taxi. Alors, sur
quoi on va se baser?
Nous,
on veut collaborer, en passant. C'est pour ça qu'on était là avec vous à chaque
réunion. On a collaboré, on a fait
des propositions, on voulait comprendre. Mais je pense que la
seule chose qui peut répondre, entre nous puis vous, le meilleur exemple, c'est avoir une étude. Est-ce qu'il y a
des vraies études qu'on peut se fonder là-dessus, sur le projet de loi n° 17?
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, vous savez, j'ai entendu maintes et maintes fois que les études
n'étaient pas adéquates. Les études
ont été préparées par des fonctionnaires des différents ministères, pas juste
du Transport, là. Peu importe la couleur politique, là, que ce soit eux,
que ce soit le Parti québécois ou autres, ce sont les fonctionnaires qui sont
au gouvernement qui épaulent les différents
ministères depuis des années. C'est des gens qui sont ici, là, ou qui nous
écoutent, qui ont préparé ces études.
Est-ce qu'on peut prévoir ce que sera l'avenir? Assurément, non. C'est pour ça qu'on s'est gardé une petite place
pour le véhicule autonome. Vous ne pouvez
pas prévoir, je ne peux pas prévoir, mais on sait que ça s'en vient puis on
sait que ça va chambouler votre industrie, peut-être encore plus qu'on
peut imaginer.
Vous le savez, ce que je pense aussi de votre
industrie pour le futur. Vous m'avez parlé tantôt de votre belle application. Vous le savez, ce que je pense. Il
faut aller beaucoup plus loin. Certains d'entre vous sont ici aujourd'hui, on
s'en est parlé en privé. Je vous ai dit où
je vois l'industrie dans cinq ans, 10 ans. Ça va être à vous d'aller plus
loin ou de rester, l'industrie comme
on l'a connaît aujourd'hui, avec différentes applications. Je vous l'ai
mentionné que, pour moi, votre
avenir, c'est plus loin encore. On sera ailleurs demain, parce qu'on vous donne
des outils pour assurer cette pérennité puis répondre minimalement à
l'insécurité que certains avaient, nécessairement, certains d'entre vous.
Alors, je
vous le répète, que ce soit pour le transport adapté, la tarification
dynamique, les charges fiscales moindres... On n'en parle pas beaucoup, là,
mais les chauffeurs locataires, eux, demain matin, c'est quand même des sous
assez importants dans leurs poches.
M. Homsy (Abdallah) :
...c'est faux, non.
M.
Bonnardel :
Ah! peut-être pas. Ils auront une voiture à acheter, j'en conviens. Mais, vous
le savez, entre un paiement de
300 $, 500 $ ou 600 $ par semaine, il y aura quand même pas mal,
pas mal de chauffeurs qui vont se réjouir.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
reste 1 min 30 s à votre échange.
M.
Homsy (Abdallah) : Oui. Mais
vous savez, M. le ministre, j'ai énormément de respect pour vous, je ne veux
pas être impoli ou quoi que ce soit. Je pense, parce que vous êtes nouveau dans
le ministère des Transports, vous oubliez la charge de 25 % qu'ils paient pour Uber. Vous, vous dites qu'on
est professionnels puis on sait de quoi on parle, alors je vais vous le dire. Pour qu'un chauffeur soit
rentable, il faut qu'il fasse minimum 1 000 $ par semaine pour
enlever les frais, et tout. Uber
prend 25 %. En partant, c'est 250 $. Uber loue... Il faut que tu
achètes une voiture pour travailler avec Uber. Alors, on fait quoi?
Et ce n'est
pas vrai qu'on est en train de sauver de l'argent aux chauffeurs. Pourquoi vous
ne l'avez pas demandé? On aurait pu
vous donner toutes ces statistiques-là. D'ailleurs, depuis tantôt, je vous
demande : Les études que vous faites référence, aux fonctionnaires,
ça me fera plaisir... Donnez-moi au moins une étude qui prouve ce qui est dans
le projet de loi n° 17. Puis si, nous,
on a tort, bien, c'est parfait. Mais il n'y en a pas d'étude. On a eu des
rencontres, on a donné des propositions, mais elles sont où, les
propositions?
On est
capables de faire des belles choses, M. le ministre, ensemble, avec la loi
actuelle. Vous n'avez pas besoin de tout ça. Mais vous pouvez toujours compter
sur notre collaboration parce que c'est nous qui connaissons les chiffres.
Vous n'avez pas tous les bons chiffres.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : 19 secondes. Ça va? Alors, je vais passer du côté de l'opposition officielle. M. le
député de La Pinière.
M.
Barrette : Merci, Mme la Présidente. Alors, messieurs, bienvenue ici aujourd'hui. Une mention
particulière pour vous, M. Vézina. Je suis content que vous soyez de
retour en bonne santé avec nous.
Alors, on a
moins de temps, nous autres, alors on va être un petit peu plus
expéditifs... pas expéditifs, mais plus précis, là, dans les échanges.
Je vais vous
confirmer une chose. Quand il y a eu le breffage que l'on a, nous, les ministres...
pas les ministres, mais les
députés, lorsqu'un ministre dépose un projet de loi, j'ai posé la
question aux fonctionnaires qui sont ici dans la pièce : Est-ce que
vous réalisez que vous détruisez l'industrie traditionnelle du taxi? La réponse a été oui.
Alors, pour ce qui est de cette question-là, on va la régler tout de
suite, là, le gouvernement est parfaitement au fait que l'implication de la loi
n° 17 est l'annihilation du mode traditionnel du
taxi. On va régler ça tout de suite.
Puis je fais
ça comme ça, là, pour une raison qui est bien simple. Ce n'est pas vrai qu'il y a
un paquet de monde qui est venu nous dire ici, là, aujourd'hui que,
voilà, c'est le nirvana en avant, là. Il y a des problèmes. Les problèmes sont pressentis. Je comprends qu'il y aura des problèmes, que ce n'est pas
simple. Ce que je trouve malheureux, par exemple, c'est
qu'essentiellement on ne parle pas exactement de la même chose, je pense.
Et je vais
vous demander une simple question, là. Pour le public qui nous écoute... parce
qu'on mélange beaucoup de concepts,
là : les propriétaires, les chauffeurs et ainsi de suite. Vous êtes le
regroupement des intermédiaires. Pouvez-vous nous donner la définition
de ce qu'est un intermédiaire?
M. Homsy (Abdallah) :
Oui. Un intermédiaire, comme dans une coopérative, c'est des propriétaires qui
se regroupent pour former une entité, faire
de la répartition... qui s'appelle un intermédiaire. Alors, pour faire de la
répartition, pour prendre l'appel du
client et le transférer dans un véhicule de taxi, pour un chauffeur, ça prend
un intermédiaire entre les deux. Puis il a beaucoup d'exigences et de responsabilités,
cet intermédiaire-là.
M. Barrette :
Donc, pour moi, ce qui m'apparaît très important... Je pense que le public a
compris qu'il y avait la répartition là-dedans. Mais vous êtes des
propriétaires. Alors, je ne me trompe pas si je dis qu'un propriétaire et un
chauffeur ne font pas face à la même situation financière.
M. Homsy (Abdallah) :
Exact.
M. Barrette :
Bon. Alors, c'est sûr que le projet de loi n° 17 vient impacter d'abord et
avant tout le propriétaire de permis de taxi. Est-ce qu'on est d'accord
là-dessus?
M. Homsy (Abdallah) :
Exact.
M. Barrette : Parfait. Alors, un
coup qu'on a dit ça et un coup qu'on comprend que l'industrie va être changée à tout jamais, comme dans... je l'ai posé puis
j'ai eu comme réponse : C'est terminé, là, l'industrie classique du taxi,
avec la loi n° 17.
Le joueur qui le plus impacté de tous les joueurs, c'est le propriétaire.
Alors, moi, quand j'entends le ministre, évidemment, je vous comprends.
Parce que le ministre voit un avenir radieux, qui pourrait être radieux, sous
certaines conditions, pour le chauffeur,
mais certainement pas, nécessairement, et probablement jamais pour le
propriétaire. Est-ce que je suis correct quand je dis ça?
M. Homsy (Abdallah) :
Oui.
M.
Barrette : Bon, on avance,
c'est très, très bien. Savez-vous ce qui m'intrigue là-dedans,
là, dans l'échange que vous venez d'avoir? Et on l'a eu à plusieurs
reprises, là. Le ministre, il dit souvent qu'il vous a dit... il a dit
publiquement qu'il vous avait dit sa vision idyllique de l'avenir. C'est
quoi, la vision du ministre pour l'avenir, pour vous autres?
M. Homsy (Abdallah) :
C'est quoi, sa vision?
M.
Barrette : Oui. Bien, ce qu'il
dit, là. Lui, il voit pour vous, là, quelque
chose qui apparaît assez joli, là. Je
l'ai entendu, il y a quelques
instants, il vous a dit : Je vous l'ai dit, ma vision pour le taxi, vous
la savez, puis c'est quelque chose
qui est plein de possibilités. Pouvez-vous m'expliquer ça? Parce que moi, je ne
le comprends pas.
M.
Homsy (Abdallah) : Mais
c'est simple. Mon sentiment honnête, c'est que le ministre,
il a une volonté, mais il n'y a pas d'étude qui a prouvé tout ça. Et c'est là où
on a de la misère. Ça fait que, quand le ministre nous dit comme de
quoi on va avoir un avenir meilleur... Par exemple,
quand on lui dit qu'il va y avoir, dans la ville
de Québec, il va y avoir 1 000,
1 500 véhicules de plus, la réponse... Mais il n'a rien dit contre...
le contraire. Prouvez-nous. On ne peut pas, il n'y a pas de preuve.
Selon lui, selon le ministre, il n'y a rien qui va changer.
Mais, avec
tout le respect que je lui dois, c'est selon lui. Mais, entre moi puis lui,
c'est qui, le professionnel de taxi? C'est
moi qui fais le taxi, c'est moi qui sais qu'est-ce que ça fait, c'est moi qui
sais c'est quoi, l'impact, quand il va y avoir 100 véhicules de
plus dans le territoire, quand il n'y a pas d'ouvrage.
Et c'est moi
qui sais que, quand ces gens-là ne seront pas là pendant les tempêtes, et le
beau temps, et le mauvais temps, alors que les chauffeurs qui ont besoin
de nourrir leur famille aujourd'hui, qui le font professionnellement, qui travaillent 60, 70 heures, beau temps,
mauvais temps... Bien, eux autres, là, s'il n'y a pas une rentabilité, c'est ce
que j'ai dit au ministre, c'est ce
que je dis à tout le monde, s'il n'y a pas de rentabilité, bien, ces gens-là
vont aller chercher une job ailleurs.
Alors, qu'est-ce qui va arriver? On va avoir des
chauffeurs occasionnels qui vont être là quand il fait beau, peut-être quand il va y avoir un congrès, mais,
aussitôt qu'il va y avoir une tempête, aussitôt où est-ce que les gens vont
avoir besoin d'un taxi, il n'y aura pas de taxi. C'est aussi simplement que ça.
M.
Barrette : Alors donc, ce que je comprends, là, c'est que, quand le
ministre vous parle d'un avenir radieux pour votre industrie, là, il n'y a pas de document, là, ou il n'y a pas de
modélisation, il n'y a pas de projection qui vous ont été présentés, là.
M. Homsy (Abdallah) :
Non, du tout.
M. Barrette : Alors, il faut le
croire sur parole.
M. Homsy (Abdallah) :
Oui.
M. Barrette : Alors, c'est comme un
rêve que l'on doit accepter, qui va devenir absolument réalité. Bon, je comprends
votre inquiétude, c'est tout
à fait normal. Il a dit aussi, il y a quelques
instants, qu'il voyait un avenir fantastique pour votre application.
Il vous a dit qu'il vous avait dit qu'il avait une vision. C'est quoi, sa
vision de votre application?
• (16 h 20) •
M.
Homsy (Abdallah) : Bien, je pense que l'application a été citée à plusieurs reprises. Je ne sais
pas si M. le ministre, il a pris le taxi avec l'application, mais ils l'ont testée parce
qu'elle est sous projet pilote. L'application, elle est fonctionnelle sur les propriétaires
de taxi, elle est sur le nombre de véhicules d'aujourd'hui. Je ne sais pas si
le ministre, il fait référence qu'il va y avoir beaucoup plus de
véhicules qui vont embarquer sur ça.
Mais
il faut savoir une chose. Pour qu'un intermédiaire ou une application soit
bien, il faut qu'il y ait beaucoup de chauffeurs,
il faut qu'il y ait des chauffeurs qui travaillent. Et, pour qu'il y ait des
chauffeurs qui travaillent, il faut qu'il y ait une rentabilité. Quand la
rentabilité n'est plus là, il n'y aura pas de chauffeur pour servir cette
application-là. C'est bien beau d'utiliser une application, quand il n'y
a pas de véhicule...
Tout ce qu'il fait, ce projet de loi là, il
frappe la rentabilité. Il la baisse au plus bas niveau puis il donne plus de
force à des grosses entreprises qui sont prêtes à faire du dumping, aussi
simplement, comme Uber et tout. C'est comme ça qu'on le voit. Ce n'est pas
parce que...
Regardez
Uber, il est déjà là, il a des milliards. Pensez-vous sérieusement que 9 000 PME, dans la province de
Québec, vont être capables d'être en
compétition avec une entreprise comme Uber, qui perd 10 milliards de dollars, puis ils ne veulent même pas payer 1,5 milliard
pour le taxi? Mais ils sont prêts à perdre 10 milliards de dollars pour
nous écraser. Alors, s'il n'y a pas de loi... D'ailleurs, je pense
qu'il y en a une, loi qui protège contre le dumping, mais on
l'ouvre avec le projet de loi
n° 17. Il y a un problème.
M. Barrette : Très bien. Alors,
allons-y sur le côté financier pour qu'on s'éclaire les uns les les autres, là.
Moi, la lecture que je fais d'Uber, au moment où on se parle, elle est très
simple. C'est une entreprise qui baisse les prix, qui, à la course, fait peu ou pas de profit, et vous êtes, vous, en
compétition avec ces gens-là et vous ne pouvez pas, vous, vivre avec peu ou pas
de profit, alors qu'eux autres peuvent le faire par leur structure. Est-ce que
j'ai à peu près compris votre univers?
M. Homsy (Abdallah) : Exactement. Et je vais vous dire mon intuition. Pourquoi on
abolit la loi actuelle pour le projet de loi n° 17? Parce
que, dans toutes ces décennies-là, il y avait
un facteur important pour émettre un permis, c'est assurer la
rentabilité. Dans le projet de loi n° 17, il n'y a rien qui assure la
rentabilité pour le propriétaire ou le permis de
taxi. Peut-être les grosses multinationales, oui, mais, pour
assurer la rentabilité, je mets tout
le monde au défi de me dire si demain, avec 5 000 permis de plus dans la ville de Québec, 40 000 de
plus dans la province, tous ces gens-là vont faire de l'argent.
M. Barrette : Bon. Alors, c'est
dans cet esprit-là que... Quand vous parlez de dumping, c'est là où vous êtes
désavantagés.
M. Homsy (Abdallah) :
Absolument.
M. Barrette : Le ministre nous
a dit régulièrement, là, hein, parce que, là, c'est l'autre versant de la montagne... Tout va bien, selon certains, mais pas
toujours. Alors, à plusieurs reprises, quand vous n'étiez pas là, mais je
pense que vous avez suivi ça sur la chaîne
parlementaire, il nous dit : Les chauffeurs, les propriétaires vont sauver
1 000 $ sur un permis de taxi.
Donc, moi, je
regarde, j'ai obtenu, là, la facture... Puis là je n'ai pas le droit, là,
M. Homsy, de poser la question au ministre, ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne. Mais, quand je regarde la facture qui vous est envoyée, l'immense
majorité de la facture, c'est une
contribution pour l'assurance. Sur 1 100 $, là, je pense que ce que
je vais dire là... c'est comme, pour
tout le monde la même affaire, là. Alors, là-dessus, il y a 803 $ qui va à
l'assurance, il y a 4,60 $ qui est en frais d'administration, il y a seulement 118 $ pour le droit
d'immatriculation, qui est moins qu'une automobile ordinaire ou presque, le droit pour le taxi, 109 $. Ça
veut dire qu'essentiellement, là, près des trois quarts du coût du
1 000 $ que vous allez sauver, là, c'est l'assurance.
Est-ce que le
ministre vous a indiqué, ou ses fonctionnaires, qu'à partir de la loi n° 17 vous n'aurez plus besoin de payer d'assurances?
M. Homsy
(Abdallah) : Non. Moi, la
question que j'ai demandée, lors de notre rencontre, ils nous ont dit qu'ils
sont en discussion avec la SAAQ pour évaluer le coût des assurances. Parce que,
vous savez, ce genre d'assurances là, un
véhicule que ça fait, à l'année, 70 000 kilos sur la route, pour eux
autres, pour la SAAQ, il s'expose plus, alors les assurances doivent
être plus élevées. C'est là, la question qu'on se demande : Si, sur les
1 000 $, il y a 900 $ d'assurances, alors tout ce qu'on est en train d'enlever, c'est
enlever juste la plaque T, puis on va continuer à payer pareil ou c'est le
contribuable qui va payer? Un des deux.
M. Barrette : ...c'est ça.
Donc, quand le ministre dit : Vous allez sauver 1 000 $ parce
que vous n'avez plus de plaque, bien, si
vous sauvez 1 000 $, bien, c'est parce que quelqu'un compense pour
votre assurance. Et on ne vous a donné
aucune indication à l'effet que l'État compenserait pour votre assurance, que
la SAAQ ne va pas faire disparaître. Elle ne vous fera pas ce cadeau-là,
là.
M. Homsy (Abdallah) :
Non, je ne pense pas. C'est pour ça qu'on ne va pas...
M. Barrette :
Bon, c'est ce que je pense, moi aussi. Maintenant, quand arrive la question du
coût du véhicule, quand un chauffeur loue, là... bien, quand il loue, le
chauffeur, vous devez, vous, dans votre monde, avoir un revenu qui permet
de couvrir votre achat et entretien de votre véhicule. Ça m'apparaît normal.
Maintenant,
dans la loi n° 17, quand il n'y aura plus de permis puis que tout
le monde va être heureux, quelqu'un va
devoir payer quelqu'un d'autre pour la location du véhicule. Moi, dans les
informations que j'ai aujourd'hui, là, on voit, on
entend qu'Uber, lui, se dirige vers une activité où lui-même dirige des
chauffeurs pour aller chercher une auto à un concessionnaire,
une marque. Il y a un prix, il y a une cote. Et ce beau monde là va faire un
profit, et le chauffeur, parce qu'à la fin il va rester juste des chauffeurs.
Il va lui rester de moins en moins d'argent lui aussi. Est-ce que je lis comme
il faut la situation?
M. Homsy
(Abdallah) : Oui,
exactement. C'est comme ça qu'on voit les choses arriver puis c'est comme ça
qu'il va avoir le contrôle.
M. Barrette :
Bon. Coudon, au bout de la ligne, essentiellement, là, est-ce que le projet de
loi n° 17 est organisé pour donner l'industrie à Uber?
M. Homsy
(Abdallah) : Je peux dire
plus que ça. Sans nommer Uber, ça peut être quelqu'un d'autre. Je peux dire
que le projet de loi... Il parle d'abolition
de monopole. Au contraire, il crée un ou deux monopoles dans l'industrie du
taxi. Il va donner à des grosses
multinationales le monopole total et le contrôle de l'industrie. C'est aussi
simplement que ça.
Je vous donne un exemple très rapide. Quand on
parle d'histoires de répondants, je ne comprends pas, jusqu'à aujourd'hui, pourquoi on enlève le droit à la
SAAQ. C'est un droit uniforme. Tout le monde va remettre les affaires de
sécurité ou tout à la SAAQ. Aujourd'hui, on
l'éparpille puis on le donne à des répondants qui vont devenir eux-mêmes un
monopole.
M.
Barrette : Moi, honnêtement,
là, j'essaie d'imaginer le futur, là, j'ai de la misère à imaginer que ça
n'arrivera pas comme ça. Mais, en
même temps, j'essaie d'imaginer des moyens pour que vous autres, dans ce que le
ministre appelle l'industrie du taxi
qui va être protégée... j'essaie d'imaginer des moyens qui vont vous permettre
de survivre économiquement, dignement, c'est-à-dire gagner votre vie
correctement. Puis gagner votre vie correctement, ça veut dire que vous avez une certaine garantie raisonnable, un, de
rentabilité puis de volume. Est-ce qu'il y a des chemins, là, qui feraient en sorte
que vous auriez ça, là?
Parce que, là, moi, je l'ai dit à tout le monde
qui est passé devant nous, là, depuis le début de ces consultations : Là,
ils sont majoritaires, ils vont le faire. Mais là, à un moment donné, nous, on
est là pour éviter les abus, les conséquences abusives. Mais là j'en vois, des
conséquences abusives. Est-ce que des marchés protégés, là, pour vous autres, est-ce que c'est une source raisonnable,
pas parfaite, raisonnable de revenus dans des circonstances à être définies?
M.
Homsy (Abdallah) : Je pense
que oui. Les marchés réservés doivent être là. On pense à plusieurs marchés
réservés, plusieurs contrats qui doivent rester dans l'industrie du taxi.
D'ailleurs, c'était une des demandes, aussi, qu'il faut protéger, puis
on n'a pas encore reçu de réponse là-dessus.
M. Barrette : Ah! Par exemple?
M. Homsy (Abdallah) :
Bien, on a demandé, par exemple, le transport adapté, qu'il soit dans
l'industrie, reste dans l'industrie du taxi. Nous nous sommes, je pense...
Regardez, dans toute industrie ou même une entreprise qui se respecte, quand on forme des gens pendant des années,
on les garde précieusement parce qu'ils ont de l'expérience. Nous, ce qu'on est en train de faire, dans le projet de
loi n° 17, c'est dire aux gens d'expérience :
Tassez-vous, on va amener des nouveaux.
Je pense, pour de la clientèle comme le transport
adapté, les usagers de transport adapté, ils ont besoin de gens qui ont de
l'expérience, qui connaissent leur mobilité, leurs besoins et comment on peut
les aider. Ça, c'est des gens qu'on peut les
aider quand on est à proximité, quand on... Si M. et Mme Tout-le-monde qui vont
commencer, à chaque fois, on a un nouveau qui rentre pour aider une personne,
bien, les usagers de transport adapté, en général, ils ne se reconnaissent
plus puis ils n'aiment pas ça. Alors, la
proximité est importante. C'est pour ça que les gens de l'industrie doivent
rester là.
M. Barrette : Et je dois vous dire
que les représentants des usagers ont dit exactement ça. Ils apprécient votre travail. Maintenant, je vais vous poser une
question : Est-ce que, vous, dans votre industrie... Vous regardez ce qui
se passe ailleurs, hein?
M. Homsy (Abdallah) :
Oui.
M. Barrette : Vous regardez les
conséquences d'Uber. Y a-tu un endroit dans le monde où les Uber, Lyft et
compagnie se sont précipités sur le transport adapté?
M. Homsy (Abdallah) :
Non, pas beaucoup.
M. Barrette : C'est ça que je pense,
moi aussi, parce que je n'en ai pas trouvé bien, bien. Mais actuellement les
circonstances sont telles que, là aussi, vous allez disparaître, parce que vous
n'avez aucune garantie ou proposition formelle d'en arriver à ça. Est-ce que je
me trompe?
M.
Homsy (Abdallah) : Non, vous
ne vous trompez pas. Moi, je vous le dis, la base de la réussite d'une industrie, c'est sa rentabilité.
M.
Barrette : Ça, je suis d'accord.
M. Homsy (Abdallah) : Si on lui enlève la rentabilité, que ce soit dans le Nord, que ce soit dans le Bas-Saint-Laurent, que ce soit partout, si les chauffeurs ne gagnent pas bien leur
vie, ça ne marchera pas. Je vous donne un exemple. Les chauffeurs, même, qui sont...
La
Présidente (Mme Grondin) : ...en terminant.
M. Homsy (Abdallah) : Oui, en
terminant. Les chauffeurs qui
travaillent dans la société de transport, ils sont bien payés.
Pourquoi? Parce qu'on veut qu'ils donnent un bon service. Et la rentabilité
doit être toujours là.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Mme la députée de
Mercier, vous avez 3 min 55 s.
Mme
Ghazal : Très bien.
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci. Merci d'être présents aujourd'hui parmi nous.
Vous
savez, les propos du ministre, ça fait plusieurs fois, là, ça fait longtemps que ça dure... nous
laissent croire que l'industrie du
taxi, bien, c'est-à-dire vous, que vous êtes des dinosaures — il ne le dit pas comme ça, je le paraphrase — des gens
qui ne veulent pas évoluer, qui êtes contre le projet de loi n° 17, donc,
automatiquement, vous êtes contre la modernité, contre le progrès et que vous êtes bouleversés par le changement.
Qu'est-ce que vous voulez? Quand on veut faire une omelette, il faut
casser des oeufs. Et là, maintenant, ça tombe sur vous, on veut casser
l'industrie du taxi. C'est ce qu'on entend souvent de la bouche,
malheureusement, du ministre.
Je
sais que ce n'est pas vrai. J'ai rencontré des gens de l'industrie, des gens qui me disent que, pendant des années,
ils se sont battus, l'industrie du taxi, contre les lois actuelles qui ne leur permettent pas d'évoluer
dans la technologie. Et j'aimerais savoir, pour enlever, justement,
cette image-là de dinosaure, de laquelle on veut vous dépeindre, simplement parce que
vous êtes contre la technologie... Vous avez parlé un peu de Taxi Coop. Mais est-ce que
vous pouvez nous dire les efforts,
les investissements que vous avez faits, en termes monétaires, tout ce qui a été fait
depuis les dernières années, même avant l'arrivée d'Uber, pour
moderniser cette industrie du taxi?
• (16 h 30) •
M. Homsy (Abdallah) : Bien, merci pour la question. Elle est très
judicieuse. D'ailleurs, je fais référence à un des projets pilotes qui est aujourd'hui en fonction, c'est le projet
pilote d'application Taxi Coop. Alors, il y avait Taxi Coop, il y avait Téo Taxi, qui était projet
pilote, puis il y avait Uber. Il y avait deux taxis. Alors, il y avait
deux volontés majeures d'avancer et de se moderniser.
L'industrie du
taxi... pas juste une application. L'industrie du taxi, c'est des véhicules.
Les véhicules, ils sont à 90 % des
véhicules hybrides, O.K.? L'industrie du taxi, elle a rehaussé, dans les
dernières années... elle est montée, de ce qu'on est en train d'amener maintenant dans le projet de loi
n° 17, à un sens... à dire, minimum, le véhicule, il faut qu'il ait, je pense, entre trois et cinq ans, O.K.?
Alors, la majorité des flottes de taxis dans la province, ils sont à un
minimum, en moyenne, de trois ans de vie.
L'application
mobile, la répartition, elle a commencé dans l'industrie du taxi entre 2008 et
2009, mais la loi nous a permis... parce qu'avant on n'avait pas le droit à des
GPS dans les véhicules. C'est la loi qui nous empêchait d'arriver là. C'est en 2014 qu'on a commencé à mettre des
tablettes, parce que c'était illégal... Ce n'est pas parce que nous, on ne
voulait pas ça, là. C'était illégal.
Alors, quand on arrive avec des tablettes comme cela... On est arrivés avec la
répartition automatisée. Plus que ça,
même, la téléphonie, c'est rendu des répondeurs automatiques. On fait la
géolocalisation par la centrale. Les radios
n'existent même plus, c'est du data qui est envoyé. La géolocalisation, elle
est là, O.K.? Alors, si on dit que l'industrie du taxi n'a pas fait des
efforts...
D'ailleurs,
je vous donne un exemple avec les sociétés de transport. Avant, là, on recevait
des papiers gros de même pour nous
dire, notre tournée, comment ça va se faire. Aujourd'hui, la société de
transport, elle fait un profit raisonnable sur ça, autrement dit, en
sauvant des communications. Ils peuvent modifier une personne... d'embarquer en
dedans de trois minutes. On arrive sur
place, et ils peuvent enlever, live, un client et... Autrement dit, même la
connexion avec les sociétés de transport, ça se fait automatiquement,
live.
Alors,
aujourd'hui, ce qu'on dit : Non, ce n'est pas ça, on est des dinosaures.
Une chance que ma conjointe ne l'entend pas.
Mme Ghazal :
Bien, c'est ça, c'est ce qu'on essaie de dépeindre, de votre part. Donc, vous,
ça fait longtemps que vous voulez changer.
En fait, le problème, c'est que la loi d'avant vous mettait des bâtons dans les
roues, puis vous avez voulu changer
puis vous moderniser. Vous n'avez pas attendu Uber, qui... Là, vous avez parlé,
par exemple, de l'âge des voitures, alors qu'Uber, avec le projet de loi n° 17, par rapport à l'âge des voitures, là, il n'y a pas de limite. Donc,
on peut se retrouver avec des vieilles voitures qui ne sont pas hybrides. Donc,
ce n'est pas nécessairement la modernité, simplement parce qu'on a une application. Ce n'est pas ça, la définition
de «modernité». Le projet de loi n'amène pas ça, même s'il y a ça dans
le titre.
M. Homsy
(Abdallah) : Exact, et c'est là qu'on dit que la
modernisation...
La
Présidente (Mme Grondin) : Désolée, c'est terminé. Je suis
désolée, on doit respecter le temps. Merci, Mme la députée. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous.
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je vais continuer sur la même lancée que ma collègue.
Moi, j'ai cette merveilleuse petite application de Taxi Coop. Qu'est-ce
qu'elle a à envier à Uber?
M. Homsy (Abdallah) : ...les
réservations, qu'Uber n'a pas, O.K.? La seule chose que vous allez... Mais moi,
je suis sérieux en vous disant ça. Uber,
l'argent qui... Nous, le client, quand il paie, tout cet argent, le transfert
d'argent reste au Québec. Uber, lui, c'est à l'extérieur. C'est la seule
différence qu'il y a entre nous puis Uber.
M. Arseneau :
C'est ce que je croyais comprendre. D'ailleurs, je n'ai jamais pris Uber et
j'en suis très fier. Je voulais vous
demander quelle est votre appréciation des propos du ministre, si on résume,
qui dit qu'il va y avoir plus de véhicules,
plus de chauffeurs, plus de compétition, plus de revenus pour tous, et ça sera
plus économique pour l'ensemble de la clientèle. Est-ce que la
mathématique, pour vous, fait sens?
M. Homsy (Abdallah) : Non, c'est plus... Quand on dit... plus que ça,
ça ne marche pas, parce que ce n'est pas en mettant plus de véhicules
qu'il va y avoir plus de rentabilité. Au contraire, c'est moins... La seule
chose que je demanderais au ministre : Si on va avoir plus de véhicules
sur la route, comme il dit, en quoi on est en train d'aider notre mobilité durable? Puis on demande à baisser
les gaz à effet de serre. Si on augmente... de plus de véhicules sur la
route...
M. Arseneau :
Puis, Mme la Présidente, du point de vue de la clientèle... parce qu'on parle
beaucoup des chauffeurs, puis on est
très empathique par rapport à ce qui se passe chez vous, mais j'aimerais vous
entendre parler de la clientèle. En quoi est-ce que le projet de loi,
s'il était adopté tel qu'on l'a présenté, peut avoir un effet sur eux? Parce
que les citoyens du Québec se demandent si,
effectivement, il n'y a pas un gain. La tarification dynamique, on a
l'impression que ça va faire plonger les prix puis que ça va être des
vallées verdoyantes.
M. Homsy
(Abdallah) : C'est ce qu'on a proposé. S'il n'y a pas un
plafond ou un plancher pour ça, ça va être un
gros risque. Avant tout, c'est pour le dumping. Quand on monte le prix beaucoup, ça va arriver. C'est comme... est arrivé avec la madame qui est partie à Laval, de Montréal
à Laval, elle va payer 450 $ pour un voyage. Alors, c'est un élément de
sécurité. Un jeune adolescent, dans la vingtaine, quand il s'en va
prendre de l'alcool sur la Grande Allée puis il va retourner, si, pour
retourner chez lui, ça coûte 20 $, pour retourner chez lui à la maison,
puis il va voir que ça va lui coûter 200 $, pensez-vous qu'il va prendre le taxi ou Uber... Non, il va prendre son
véhicule. Est-ce que c'est comme ça qu'on en train d'encourager les gens
pour prendre le taxi?
M.
Arseneau : Donc, si je comprends bien, à l'heure actuelle, Uber peut
couper les prix pour tenter de prendre le marché, là, comme ça se fait dans certaines industries. Mais, une fois
qu'il va dominer le marché, il va dominer aussi les prix et la fixation
des prix.
M.
Homsy (Abdallah) : Devenir un monopole.
M.
Arseneau : Exactement. Maintenant, on a parlé hier du fait qu'acheter
un permis de conduire, ce n'était pas un
investissement. Ça ne devait pas faire partie, là, bien, enfin, du capital ou
de... ce n'était pas un placement. Quel est votre point de vue là-dessus? Parce que, d'un point de
vue d'entrepreneur, j'imagine qu'il y a non seulement un rendement au
quotidien... On doit gagner sa vie, mais vous aviez effectivement l'impression
que c'était, en quelque sorte...
M.
Homsy (Abdallah) : Je vais parler juste... Dans les
10 dernières années, l'industrie du taxi, la majorité des investissements
qui ont été faits, c'est par des gens immigrants qui achetaient des jobs. On
achetait des emplois. On n'achetait pas pour
investir en espérant qu'on va vendre à 200 000 $. Quand on achète une
maison, on ne l'achète pas en espérant
que, dans cinq, six ans ou 10 ans... Oui, il prend de la valeur. C'est normal
que ça prenne de la valeur, il le mérite. Mais la base, c'est l'emploi
qu'on est en train de préserver pour ces gens-là. Il n'y a aucune chance, après
ça, après ce projet de loi n° 17, de dire à ces gens-là qu'est-ce qu'ils
vont faire. Il n'y a rien. Il n'y a pas d'étude pour protéger ces emplois-là.
La
Présidente (Mme Grondin) : En 15 secondes, O.K.?
M. Arseneau :
J'aimerais que vous me parliez, en 15 secondes ou en 10 secondes, de
l'importance d'avoir des chauffeurs professionnels.
M.
Homsy (Abdallah) : Ah! c'est très important. Je vous donne un
exemple. Dans une situation de stress, où est-ce
que vous avez un client qui est en détresse ou il a besoin de quelque chose,
vous n'avez pas le temps de rentrer dans le GPS et aller lui dire :
Amène-moi à l'hôpital, le CHUL de Québec. Il faut connaître la ville puis...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup, messieurs, pour
votre contribution aux travaux de la commission. On m'informe que le prochain
intervenant sera en retard.
Donc,
je suspends les travaux jusqu'à 17 heures et je vous invite à être ici
cinq minutes avant pour qu'on commence à 17 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 38)
(Reprise
à 16 h 58)
La Présidente
(Mme Grondin) : Nous
allons débuter les travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de Taxelco. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. M. Péladeau, la parole est à vous.
Taxelco
M. Péladeau
(Pierre Karl) : Merci, Mme la Présidente. Alors, M. le ministre des
Transports, messieurs dames les députés et
membres de cette commission, bonjour à tous et à toutes. Alors, je dois vous
dire que je suis très heureux de me
retrouver, donc, dans cette salle cet après-midi pour la présentation du
mémoire de Taxelco. Comme vous l'avez mentionné, Mme la Présidente, c'est à mon tour de vous présenter la personne qui
m'accompagne. Il s'agit de Frédéric Prégent, qui est vice-président
opérations chez Taxelco.
• (17 heures) •
Alors,
comme vous le savez probablement, ou sinon, bien, je vais vous le mentionner,
j'ai déposé, à titre personnel, donc,
une offre d'achat sur les actifs de Taxelco le mois dernier, offre qui a été
retenue par le contrôleur ou le syndic, qui est Richter. Après
l'acceptation, donc, de cette offre, nous devrions poursuivre pour clôturer la
transaction, qui va être entérinée par la
Cour supérieure du Québec avant ou le 31 mai prochain. Alors, c'est
Placements Saint-Jérôme, je pense que
vous savez probablement d'où vient cette entreprise, et ce n'est pas une
entreprise dans une fiducie. Alors, Placements Saint-Jérôme deviendra propriétaire de Taxelco, qui compte quand même un
certain nombre d'activités, dont notamment Taxi Diamond, Taxi Hochelaga
et Téo Techno.
Alors, ce ne sera pas
une surprise pour personne si je vous dis que je suis très heureux de cette
transaction. J'ai toujours été convaincu de
l'importance pour le Québec, fort de notre richesse collective, de miser sur
l'électrification des transports comme avenue d'avenir pour notre
planète ainsi que pour notre économie. Notre électricité est un puissant levier de développement économique, et nous devons
continuer à l'exploiter de la meilleure façon possible. Taxelco est une référence en électrification des transports et il
pourra ou elle pourra assumer un rôle important dans la poursuite responsable
et nécessaire de la migration verte et
électrique des services de transport par taxi, pour démarrer, à Montréal, et
nous souhaitons bien évidemment élargir les services par la suite au
Québec tout entier.
Nous
sommes ici aujourd'hui pour manifester notre volonté de travailler avec
ouverture et collaboration avec le gouvernement
du Québec et les joueurs déjà établis de l'industrie. Taxelco constate la
décision du gouvernement de procéder à
des changements majeurs et à un redéploiement important de l'industrie du
transport rémunéré de personnes par le biais du projet de loi n° 17. Ce projet de loi est un pas très important
dans la bonne direction de la modernisation de l'industrie en misant sur
l'efficacité, la sécurité, la modernité, l'électrification et l'équité entre
les modes de transport.
Dans le mémoire qui
vous a été remis, Taxelco, qui place tous les clients, et ça, c'est extrêmement
important, tous les clients au coeur de la
solution, énonce des recommandations pour faciliter l'implantation de certains
changements proposés. Taxelco expose
également des préoccupations sur des enjeux spécifiques importants pour la
population et l'industrie, comme la
tarification, la formation, les mesures de contrôle, le transport adapté et,
bien évidemment, encore, l'électrification des transports. Précisons que Taxelco prend acte de la décision du
gouvernement de mettre en place un nouveau processus d'autorisation des
chauffeurs et des véhicules.
Maintenant,
pour vous présenter plus en détail certaines des recommandations de Taxelco, je
cède la parole à mon collègue Frédéric Prégent.
M. Prégent
(Frédéric) : Merci. Bonjour, Mme la Présidente, M. le ministre, MM. et
Mmes les députés de la commission. Merci
pour l'introduction. Donc, juste à titre de rappel, Taxelco, dans le fond,
c'est le plus gros intermédiaire de
transport de taxi au Québec. On a 1 500 membres qui se rassemblent,
dans le fond, chez Taxi Hochelaga et Taxi Diamond.
Originalement,
la plateforme technologique Téo a été créée. Aujourd'hui, on sait que Téo n'est
plus en activité au niveau de la
gestion des véhicules électriques, sauf que Téo a participé à redéfinir
l'industrie, et ce, en respectant la réglementation
générale encadrant l'exploitation des taxis au Québec et plus spécifiquement à
Montréal. Malheureusement, bon,
effectivement, Téo est arrêtée aujourd'hui, mais, bon, ce n'est pas parce
qu'aujourd'hui on est sur la glace que ce n'est pas un projet qui va
revoir le jour éventuellement.
Dans
un premier temps, j'aimerais rappeler que les applications mobiles ne sont, en
fait, qu'un nouveau canal de commande.
Elles ne sont pas la modernisation de l'industrie. C'est l'ensemble des mécanismes
d'amélioration de l'expérience client
et du temps de transport pour les usagers qui constitue la vraie
transformation. Les nouvelles technologies doivent offrir des solutions qui sont plus performantes
collectivement, pas seulement dans les transports individuels. Elles doivent
aussi favoriser l'optimisation de
l'utilisation des véhicules et la diminution de l'utilisation des voitures
uniques, pour ainsi réduire le trafic et les émissions de gaz à effet de
serre. N'oublions pas aussi celui qui a été oublié pendant les dernières
décennies : le client.
Donc, puisque vous
venez de recevoir le mémoire, en fait, je vais revoir rapidement les
différentes thématiques et aborder les
sujets, là, qui méritent d'être soulignés dans ce cadre-ci. Donc, tarification, formation, contrôle, transport
adapté, autorisation des chauffeurs et des véhicules, électrification des transports
puis évidemment les mesures transitoires, tous ces éléments-là ont un impact sur le client.
Bien intégrés, ils vont transformer positivement l'industrie.
Mal intégrés, bien, ils vont former une base parfaite pour... je ne veux pas
dire le chaos, mais pour un environnement qui pourrait être vraiment pas
optimal.
La tarification dynamique, de notre point de
vue, ça va permettre l'ajustement du
service pour les clients, c'est-à-dire qu'avec une tarification dynamique on
risque d'être en mesure de mieux contrôler l'offre, de gérer l'offre. Quand il
va y avoir plus de demande, bien, il y aura plus d'offre.
Cette tarification dynamique devrait être applicable à tous les moyens de commande — dans le projet
de loi, ce n'est pas ce qui est
indiqué — sinon,
il risque d'y avoir un système à deux
vitesses. On considère qu'un prix plancher de 90 % et un prix plafond de
200 % du tarif établi par la CTQ va permettre de s'assurer un minimum de revenus pour les
chauffeurs puis de laisser une compétitivité aussi avec le transport en commun.
S'il
y avait une réduction de prix trop
grande, bien il y a des usagers qui pourraient commencer à utiliser seulement
le service de transport par taxi, délaisser le transport en commun, ce
qui serait un mauvais comportement.
Après ça, on
veut ramener le concept d'utilisateur-payeur. Il faut absolument permettre le
fait de moduler les frais en fonction
du type de véhicule, de pouvoir aussi payer une réservation ou même d'exiger un
frais minimum pour les courses qui sont commandées par application.
Un des points vraiment importants qu'on veut
mettre en lumière, c'est la question de la formation. En termes d'intermédiaire de taxi, Téo et Hochelaga Diamond
sont les seuls intermédiaires de taxi au Québec à s'être prévalus de la formation de 35 heures qui avait été
autorisée, là, dans le projet de loi qui avait été adopté en 2015... en 2017,
je m'excuse, puis va prendre fin en
2019. Selon notre expérience, une formation de 35 heures est minimale.
C'est ce qu'on avait chez Téo Taxi.
On a décidé de faire de la formation aussi chez Hochelaga Diamond. On a décidé
d'augmenter à 45 heures ce nombre d'heures de formation nécessaire.
Juste pour
vous dire qu'est-ce qu'un chauffeur doit apprendre... fonctionnement de
l'application et de la répartition, ça
ne s'apprend pas en 15 minutes. La qualité des services offerts, gérer de
la qualité, offrir de la qualité, ça se forme, ça se transmet. La conduite,
c'est bête, mais ce n'est pas parce qu'on a un permis de conduire qu'on conduit
nécessairement bien et de façon sécuritaire. Ça fait que c'est quelque
chose d'important pour ceux qui font du transport de personnes. La toponymie, au départ, c'était l'élément qu'on
avait réduit, du côté de Téo, pour finalement le ramener parce que ça prend
des gens qui peuvent se déplacer de façon
efficace. Celui qui perd, quand il n'y a pas une formation adéquate là-dessus,
c'est toujours le client. Après ça...
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...
M. Prégent (Frédéric) : Pardon?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous reste une minute.
M. Prégent (Frédéric) : Parfait.
Donc, je vais passer à... Il n'y a pas de problème.
Une voix : ...
M. Prégent
(Frédéric) : Oui, c'est ça,
exactement. Il y a un élément qu'on voulait amener, puis, de toute façon, les éléments sont dans le mémoire. Au niveau des mesures
transitoires, aujourd'hui, il n'y a pas de mesures transitoires qui ont été vraiment spécifiées dans le projet de loi. Nous, on
considère que ça prend des mesures. Il faut absolument les définir
pour s'assurer que la transition se fasse bien.
Puis l'autre
chose, évidemment, il faudrait pérenniser le projet pilote concernant le permis et la formation de certains chauffeurs effectuant du transport rémunéré de personnes
sur l'île de Montréal, qui doit prendre fin le 21 septembre. Donc,
si le projet de loi est adopté en
juin, mais qu'il n'est pas entériné avant l'année suivante, bien, ça prend des
mesures pour pouvoir permettre ces actions-là qui ont été mises en
place.
Dernier point, il faut juste garder le client au
coeur de la solution. C'est tout. Voilà.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Merci
beaucoup. Alors, M. le ministre, la parole est à vous pour
23 min 30 s.
M.
Bonnardel : Merci, Mme
la Présidente. Messieurs, bonjour.
Quand vous terminez avec le client avant tout, ça, ça vient me chercher,
puis c'est la base même de la loi.
Vous parlez
de formation. Je veux juste vous rassurer, il y aura... Vous le savez qu'il y avait
des disparités, partout ailleurs au Québec, des formations de sept
heures, 35, 110, 150. Il y aura une formation minimale. Est-ce qu'elle sera de 15, 20? Je n'ai aucune idée, mais elle sera
minimale, on va la définir par règlement. Mais, si vous devenez un répondant, vous aurez cet outil additionnel pour dire :
Nous, on souhaite donner un 15 heures de plus ou un 12 heures de
plus. Ce sera à vous de le définir, ça, ça va vous appartenir.
Mais je n'ai
pas le choix de vous poser une première question, à savoir :
Taxelco, Téo comme on l'a connu, l'avant, qu'est-ce qui ne fonctionnait
pas, de par les règles que vous aviez, que nous avions, comme législateurs,
mises en place depuis... L'avant, qu'est-ce qui ne marchait pas?
• (17 h 10) •
M. Prégent
(Frédéric) : Oui. C'est sûr
et certain que, dans le projet de loi, il y a beaucoup d'éléments qui ont été repris des
différents mémoires que les différentes équipes de Taxelco ont donnés au gouvernement.
Donc, pour Téo, en fait, on essayait de
donner un service supérieur de façon plus optimale, plus complète, dans le fond, une expérience client qui était contrôlée du début, donc le
moment où est-ce que vous pensez à commander une course taxi jusqu'à temps que vous soyez débarqué. Puis, pour offrir ça,
bien, on a décidé d'offrir des véhicules comme la Tesla, d'offrir un système où est-ce que les chauffeurs
étaient employés.
Donc, en termes de... disons, par rapport au projet
de loi qui est là, la tarification dynamique, c'est un des éléments qui faisaient en sorte de venir plomber le modèle. Fournir des Tesla...
Puis on prend juste le contexte de Tesla, Téo, là, mais la
même chose est applicable aujourd'hui dans le contexte du taxi traditionnel. On offre une minivan, la minivan
coûte plus cher à opérer, mais on ne
peut pas charger plus cher pour ce véhicule-là. Donc, ça, c'est sûr et certain
que c'est venu plomber le modèle.
Mais ce n'est pas le seul élément, là, c'est un cumul de raisons qui ont fait
en sorte que Téo n'a pas fonctionné. Mais ça, ça vient répondre en
partie à cette problématique.
La question de la
formation, vous y avez déjà répondu, dans une première phase, en adoptant le...
bien, en fait, l'ancien gouvernement, là, en adoptant la loi sur la
formation... parce qu'il y avait un enjeu aussi d'aller chercher des
ressources, là, pour travailler dans l'organisation. Je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. Péladeau
(Pierre Karl) : Permettez, M. le ministre, un petit mot rapidement. Si
on doit résumer, c'est qu'il y avait donc une réglementation désuète et
obsolète qui avait certainement, à une certaine époque, sa raison d'être.
Mais entre-temps, donc, le paysage a évolué de façon
significative. La mondialisation est arrivée, les entreprises étrangères, les applications
qui ont bouleversé, comme dans de très nombreuses autres industries également,
les façons de faire. Malheureusement, la réglementation est toujours à la remorque des évolutions technologiques, et,
selon moi, c'est ce qui s'est produit.
Et je vais vous
donner un exemple bien personnel. Moi, j'adorais Téo. J'ai été probablement
parmi les premiers clients de Téo. Mais,
quand je n'étais plus capable de réserver une voiture à la maison à
7 h 30 pour mon fils, à l'école, bien j'ai été obligé de prendre un
taxi, effectivement, en
l'occurrence Diamond, qui n'était pas
un véhicule électrique. Alors, ce sont
des éléments, tu sais, qui illustrent, mais la liste, là, et la nomenclature est
très importante de considérations de cette nature-là qui ne devraient
plus exister.
M.
Bonnardel : Là,
vous m'expliquez l'avant. L'après, l'après ce qu'il y a dans la loi aujourd'hui, les outils que l'on donne,
qu'on met en place pour être capable d'assurer la vitalité, vous le voyez
comment, cet après? Je pense que vous pouvez autant répondre les deux,
là, mais...
M.
Péladeau (Pierre Karl) :
Bien, le fait que vous vous engagiez de la façon dont vous le proposez, c'est-à-dire, donc, une libéralisation, là... Puis il n'y a rien de péjoratif,
là, bien au contraire. Il y a une libéralisation et, en même temps aussi, il y a, excusez-moi
l'expression française, le «level playing field», c'est-à-dire que tout le
monde va être assujetti aux mêmes
conditions, il n'y aura pas deux vitesses, un régime à trois vitesses. Il va y
avoir, donc, une volonté exacerbée de l'ensemble
des partenaires de l'industrie d'offrir les meilleurs services et les meilleurs
produits aux clients, mais ça aussi, ça
requiert, évidemment, la rentabilité et la viabilité des entreprises. Mais,
s'il y a quelqu'un qui est trop gourmand, bien alors, à ce moment-là, il
y a quelqu'un qui va revenir lui dire que son modèle d'affaires ne fonctionne
pas, et c'est vrai également de l'autre côté.
Alors,
il va y avoir un équilibre qui, en général, s'établit parce que les forces du
marché entre le client et celui qui fournit la prestation ou le service vont
être en mesure de s'acclimater aux exigences et aux expectatives de la
clientèle.
M. Prégent (Frédéric) : Tout à fait. Je ne peux pas rien rajouter à ça,
je pense que c'est la base de... Ça va mettre la table pour que tout le monde
joue sur la même patinoire, comme certains membres de votre équipe ont utilisé
comme terminologie.
M.
Bonnardel :
J'ai entendu plusieurs, plusieurs, plusieurs nous dire que l'industrie du taxi,
on la rasait, c'était terminé. Comment vous
voyez l'industrie du taxi de demain? C'est drôle de vous poser la question
comme ça parce que, vous, vous êtes un homme d'affaires. Il y a des gens
hier qui nous disaient : L'abolition des permis, des territoires d'agglomération, c'est une valeur ajoutée, que la
dame nous a dit, une valeur ajoutée. Alors, vous êtes un homme d'affaires,
vous avez pris une décision. Vous vous dites, vous, là... Demain, là,
l'industrie du taxi, vous la voyez comment?
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Alors, mon sentiment, c'est qu'encore une
fois, à l'image de toutes les autres industries, elle doit évoluer au fur et à mesure que les technologies s'implantent,
là. On ne peut pas retarder ou freiner la technologie, elle est plus forte que nous. Elle nous emporte,
et celui ou celle qui veut la freiner va toujours se faire prendre, d'une façon
ou d'une autre, parce que la technologie s'impose, est en mesure de pouvoir combler des besoins des citoyens et des citoyennes.
Alors, on peut toujours la combattre, mais la combattre, c'est un combat qui
vous mène à l'impasse.
J'aurais
plutôt tendance à dire : Bien, utilisons la technologie pour le bénéfice de notre industrie, de ceux et celles qui ont évolué dans cette industrie-là,
de faire en sorte, justement, de capitaliser sur les nouvelles modalités qui
sont en mesure d'être offertes par la technologie, et
elles sont nombreuses. C'est vrai pour le taxi, mais c'est vrai pour toutes les
autres industries. Moi, je peux utiliser
l'exemple de la câblodistribution, je peux utiliser l'exemple de la presse
écrite. Je ne le ferai pas ici parce que ce n'est pas le sujet, mais
toutes les industries sont logées à la même enseigne, à l'enseigne de la
nécessité d'évoluer en fonction de la technologie qui est dorénavant offerte.
M.
Bonnardel : J'imagine que quand vous avez pris cette
décision... Vous connaissez les modèles ailleurs, législations ou les
nouvelles technologies qui sont entrées dans différents États, aux États-Unis,
au Canada, ici, chez nous. Il y aura l'arrivée
d'autres joueurs, vous le savez. Eva est arrivée sur le marché, elle se
développe. Il y aura peut-être Lyft, dans un an, il y en aura peut-être d'autres dans deux ans. Comment vous êtes
capables... Vous avez pris une décision, encore une fois, je le répète, de vous dire : On reprend ce
que Taxelco était. De quelle façon vous pensez être capables de vous définir
dans un marché où on dit : À Montréal, présentement, il y a
peut-être trop de chauffeurs?
Je répète ce
que j'ai déjà dit, le seul endroit, à part le Nord-du-Québec, où il y a le
moins de véhicules immatriculés, au
Québec, c'est à Montréal, petite baisse. Là, vous dites, vous : On est un
joueur, déjà, qui existe, avec Hochelaga Diamond. On prend un modèle, on va le modifier, on a une
loi qui est différente, puis ça va nous permettre — on pense, si vous l'avez prise, cette décision — de pérenniser notre avenir, notre achat,
votre investissement. De quelle façon vous pensez... pas concurrencer,
mais être un joueur différent face à l'offre à Montréal présentement?
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Tout à l'heure, on a insisté sur le client,
nous avons insisté sur le fait que, donc, tu sais, ultimement, celui qui prend
la décision, ça va être, donc, celui qui souhaite se déplacer. C'est vrai, mais
ce n'est pas complètement vrai, dans
la mesure également aussi où il y a une offre qui est faite, dorénavant, à ceux
et celles qui se sont consacrés à
l'industrie du taxi durant les années précédentes. Il n'y a rien qui,
aujourd'hui, assujettit, tu sais, à l'éternité un chauffeur à une entreprise de taxi. Il peut,
excusez-moi l'expression, faire du shopping aussi. Et les applications vont
être de plus en plus nombreuses.
Alors, ça va être aussi à ces applications-là de faire en sorte de séduire le
plus grand nombre de chauffeurs pour
faire en sorte que, justement, l'entreprise dans laquelle elle a souhaité
évoluer puisse avoir du succès.
Donc,
d'un côté, il y a le client, mais également aussi, de l'autre côté, il y a le
chauffeur. Il va y avoir une espèce, excusez-moi
l'expression, de dialectique de l'application entre l'utilisateur et celui qui
va rencontrer la prestation. Et ça, c'est
très important et c'est comme ça, je pense, que nous allons être en mesure
aussi d'assurer la qualité du service, parce que celui qui va avoir pris des responsabilités d'assumer des espèces de
cahiers de charges qui seraient susceptibles d'être appliqués... parce que vous faites partie d'une
entreprise qui va proposer et en même temps aussi... je ne dirais pas imposer,
mais certainement, tu sais, il va y avoir des règles dans lesquelles on va être
amenés à offrir une prestation. Et, si cette prestation-là est déficiente, bien là, à ce moment-là, il va y avoir, du
côté de celui qui reçoit le service, bien, pas nécessairement une démission, mais le fait de dire... Bien, il va
voter avec ses pieds, excusez-moi l'expression, puis il ne reprendra pas
l'application dans les utilisations subséquentes. Donc, il va y avoir une
réaction naturelle qui va s'imposer.
• (17 h 20) •
M.
Bonnardel : Donc, pour vous, c'est intéressant parce que
vous ne semblez pas craindre les nouvelles technologies, si vous faites
ce choix de redémarrer Taxelco avec un modèle d'affaires qui va être
nécessairement différent, des règles législatives qui vont être différentes.
Vous
dites une chose, à la page 3 du mémoire : «Toutefois, à elles seules,
ces nouvelles technologies ne peuvent constituer l'aboutissement d'une
transformation de cette industrie.» Vous dites, après : «Elles ne sont pas
la réponse absolue à tous les
problèmes de mobilité. C'est l'ensemble des mécanismes d'amélioration de
l'expérience client et du temps de transport
pour les usagers qui constituent la vraie transformation.» Ça, c'est le fun à
lire. Expliquez-moi votre vision face à...
Parce
qu'encore une fois, je vous le répète, le discours que certains ont, puis c'est
normal, je le répète encore une fois...
Quand il y a des changements, il y a des bouleversements, je comprends que
l'industrie, qui n'a pas été modernisée depuis 40 ans, se dise : On est attaqués. C'est un peu ça. Je
reste persuadé qu'on donne des outils à l'industrie pour assurer sa pérennité, sa vitalité. Puis je pense que,
respectueusement, vous en êtes la preuve, dans une certaine mesure. Si on
n'avait pas donné ou on ne donnerait
pas des outils, vous auriez peut-être dit : On ne va peut-être pas là. Ça,
c'est votre propre décision d'affaires.
Mais
l'explication que je vois, dans ce libellé, c'est l'ensemble des mécanismes
d'amélioration de l'expérience client et du temps de transport auprès des
usagers. Vous poussez plus loin votre réflexion, là, vous dites : Pour
moi, là, ce n'est plus juste du taxi — je ne veux pas être méchant,
là — conventionnel,
traditionnel comme on le connaît. Où vous voulez
aller, quand vous écrivez ceci, pour peut-être amener tout le monde, là, dans
l'industrie traditionnelle à se questionner et à se dire : Si eux
vont là, c'est peut-être là qu'il faut aller?
Parce qu'encore une
fois, je le répète, vous ne semblez pas dire que les nouvelles technologies, pour
ne pas les nommer, ceux qu'on connaît, puis
qui sont ici, puis qui vont apparaître, puis ça ne nous dérange pas, on va les
combattre puis on va y gagner. Explications.
M. Péladeau
(Pierre Karl) : Je vais laisser Frédéric, donc, donner les détails, M.
le ministre, parce que, donc, Frédéric est
dans cette industrie-là depuis de très nombreuses années. Ce n'est pas pour
rien qu'il est vice-président opérations de Taxelco. Il le connaît jusqu'au bout de ses doigts. Et la vie
quotidienne d'un dirigeant, bien, c'est lui qui la connaît. Il va vous
en donner toutes, je dirais, les modalités.
M. Prégent (Frédéric) : Bien, en fait, ce qu'on voulait mentionner, c'est
que l'application mobile, c'est ce qui revient tout le temps dans les conversations comme étant la panacée, là, ce qui fait en sorte
que l'industrie du taxi se modernise. Dans les faits, l'application
mobile, là, celle où est-ce qu'on commande un taxi, aujourd'hui, ce n'est qu'un
remplacement du téléphoniste qu'il y avait
avant dans une centrale téléphonique. Je veux dire, il n'y a rien de plus. Il y
a une facilité pour le client, mais il n'y a rien de plus en termes d'organisation
du travail puis d'optimisation.
Nous
autres, ce qu'on dit dans cette affirmation-là, qu'il faut optimiser, qu'il
faut améliorer la chaîne au complet, c'est,
un, prendre la chaîne de valeurs du début à la fin. Ça veut dire prendre son
client à partir du moment où est-ce
qu'il veut être transporté jusqu'à
tant qu'on le laisse puis qu'il ait terminé le paiement. L'autre chose, c'est
qu'il faut arriver avec des solutions
novatrices qui vont venir réduire le nombre de véhicules dans lesquels il y a
seulement un usager, un passager.
Aujourd'hui,
il y a d'autres compagnies, entre autres, qui font comme Netlift, qui
promouvoient une certaine forme de
covoiturage rémunéré. Bien, ce genre d'actions là sont positives. Les versions
Uber, les versions Lyft, aujourd'hui, ils ne viennent pas contribuer
positivement ni à la modernisation de l'industrie ni à l'économie. Aujourd'hui,
ils viennent juste rajouter des véhicules supplémentaires sur la route parce
qu'il y a tout le temps un chauffeur avec une personne transportée. L'objectif, c'est d'arriver avec des solutions novatrices
qui vont nous permettre d'optimiser ça. Ça répond à votre question?
M.
Bonnardel : Donc, si on abolit les permis... Hier, Montréal
me demandait — vous
allez être à Montréal — d'avoir sa propre
gestion de l'offre, si je peux le dire ainsi. Pour moi, il est inconcevable
d'aller à l'encontre des principes mêmes de la loi qui dit : Bien, demain
matin, on abolit les quotas, les permis comme tels et les territoires
d'agglomération parce qu'on veut
permettre, encore une fois, de réduire l'auto solo avec plus de compétition,
plus de transparence et de concurrence, nécessairement, dans le marché
comme tel.
Je le répète,
vous m'avez entendu, là, mais je le répète, il y a 50 millions de courses,
selon les statistiques que nous avons,
au Québec, grosso modo, 10 millions par application mobile,
40 millions par le taxi traditionnel. Il y a des opportunités encore immenses pour la suite. Alors, vous êtes
donc d'accord avec le fait que d'abolir cette offre, ces permis, ces quotas
comme tels et de permettre, donc, à vous comme propriétaire de Taxelco, d'aller
servir des clients dans les territoires d'agglomération qui n'étaient peut-être
pas le vôtre... Vous êtes d'accord avec ça?
M. Prégent (Frédéric) : Bien, la
question de l'abolition des agglomérations, ça fait partie des demandes de Taxelco depuis le début, là. Ça fait que... Pour
Téo, c'était un enjeu. Il y avait eu une certaine dérogation qui avait été
émise, là, pour nous permettre de
faire une course dans un territoire qui n'était pas le nôtre. C'est sûr et
certain que l'abolition des agglomérations, pour nous autres, c'est
beaucoup d'opportunités, c'est sûr et certain.
M.
Bonnardel :
Pour vous, c'est une bonne chose de... Bien, moi, je reste persuadé... Je pense
que je vous donne des fois, peut-être, la réponse, là, mais il était important
pour nous de... L'appellation taxi réservée, comme on la connaît, avec les
stands, avec le taximètre, avec le lanterneau, héler un taxi, ça, c'est une
protection qu'on va donner à l'industrie. Personne d'autre ne pourra faire ce
que le taxi traditionnel offre.
M. Prégent
(Frédéric) : C'est une
protection dans la mesure où est-ce qu'on donne aussi accès à ces gens-là à
faire d'autres choses, comme la tarification
dynamique. Un des éléments qu'on amène, c'est la tarification dynamique. Ça
ne devrait pas seulement être réservé aux applications. Ça devrait être réservé
à toute forme de course...
Une voix : ...
M. Prégent
(Frédéric) : ...à toute
forme de commande, exactement, parce qu'on ne veut pas que les chauffeurs de
taxi se retrouvent dans une situation où
est-ce qu'ils sont désavantagés parce qu'ils ont un dôme. L'objectif d'avoir un
dôme, puis je pense que c'est
l'esprit de la loi, l'objectif de garder le véhicule taxi, c'est d'avoir des
véhicules qui sont reconnaissables, qui sont encadrés, qui permettent d'amener
de la sécurité aux passagers, de s'assurer d'être bien encadrés, ce que,
disons, certaines organisations, là, qui ne passent que par l'app mobile
auraient peut-être moins.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, peut-être...
M.
Bonnardel : Député
de...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Mme la députée de Laviolette m'a fait
signe en premier. Ce matin, j'ai donné la parole au député de Beauharnois.
Maintenant, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif :
Merci, Mme la Présidente. Merci à vous, messieurs, d'être ici aujourd'hui.
C'est un plaisir de vous rencontrer en personne.
Donc, ma
question est toute simple. Parce qu'on regarde souvent la réalité de Montréal,
mais en région, les réalités sont tout à fait différentes. Et, à savoir, est-ce
que ce qu'on apporte dans la loi... est-ce que ça va tout à fait décimer le
taxi traditionnel? En ce sens que moi, dans ma région et dans plusieurs autres
régions du Québec, il y a des grands secteurs où il n'y a pas d'Internet. Les personnes âgées ne sont pas nécessairement
toutes habituées, quoiqu'il y en a beaucoup qui le sont. Mais
croyez-vous que le taxi traditionnel devrait vous craindre en région?
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Je vais me permettre, donc, probablement, ce
qu'on pourrait considérer être un début de réponse, là, parce que je n'ai pas la prétention de répondre de façon
définitive, mais tout ça aussi... Et d'ailleurs, dans ce que Frédéric a mentionné un petit peu plus tôt,
c'est un des éléments qu'on souhaite aborder aussi avec le ministre, ce
sont les mesures de transition.
Alors,
comment ça va se produire? Est-ce que tout va se produire? Est-ce qu'il va y
avoir un grand soir? Il n'y aura pas de grand soir. Comme n'importe
quoi, dans la vie, il va y avoir une évolution. Il y a un modèle d'affaires qui
va s'implanter et il va y avoir, donc, une
inclusion. Et c'est vrai, évidemment, où est-ce qu'il va y avoir une densité
importante, comme dans la grande
région de Montréal, mais par la suite il n'y a rien qui nous interdit de penser
que cette évolution-là ne se produira pas ailleurs. Elle va se produire à
Sherbrooke, à Québec, à Trois-Rivières puis ensuite, probablement, donc,
dans des secteurs qui sont un peu plus éloignés des centres urbains.
L'Internet, il n'est peut-être pas disponible à
haute vitesse, là, mais il devient de plus en plus disponible, et la téléphonie mobile aussi l'est. Il y a quand même
des montants significatifs — j'en sais quelque chose — pour l'investissement en cette matière, la construction des tours et des
réseaux. Selon moi, il n'y aura pas, donc, à l'intérieur de la population, là,
des laissés-pour-compte en matière de
technologie. Parce que c'est une avancée, selon moi, que d'avoir la possibilité
d'avoir une application, de savoir quelle voiture vous allez avoir, de
connaître votre tarification à l'avance. Donc, toutes les modalités qui sont
aujourd'hui disponibles par le biais de l'application, qui vont aussi continuer
d'être disponibles par téléphone,
peut-être pas entièrement parce que, bon, peut-être qu'on va pouvoir calculer à
distance et transmettre l'information par
téléphone au fur et à mesure et ensuite gérer adéquatement la transition sur
l'application... Je ne sais pas si, Frédéric...
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, moi,
c'est sûr et certain que, quand on dit : Devrions-nous nous craindre?,
bien, ça m'inquiète parce que
Taxelco, jusqu'à maintenant, s'est toujours positionnée pour travailler dans
les cadres réglementaires, dans le
cadre du taxi, puis on fait du taxi. Aujourd'hui, on ne se positionne pas comme
étant une compagnie qui veut faire du
transport de personnes rémunéré uniquement. Nous, on tient au fait qu'on est du
taxi. Ça fait que, si on avait la chance d'aller travailler dans
d'autres régions, je ne vois pas pourquoi on arriverait avec un modèle qui est
100 % différent de maintenant. Je pense
que, puis M. Péladeau l'a dit aussi, c'est qu'à un moment donné il y a une
question de marché. Si on arrive avec une offre qui n'est pas
intéressante pour les gens... qui est là, bien, ça ne marchera juste pas.
Ça fait que
moi, je pense qu'on est là vraiment dans le but d'améliorer les choses, puis de
faire avancer l'industrie, puis de la transformer. M. Péladeau parlait des
mesures transitoires, puis ça, je pense que c'est vraiment important. Il ne faut
pas les négliger. Il faut avoir des mesures transitoires qui vont permettre à
tout le monde de s'adapter.
Mme Tardif : ...ces mesures
transitoires là vont aussi être bonnes pour le taxi traditionnel.
M. Prégent (Frédéric) : Mais il faut
qu'elles soient bonnes.
Mme
Tardif : Donc, les mois et les années où il va y avoir la transition
vont être utilisés aussi pour... Donc, tout le monde va avoir sa chance,
et le client va être gagnant. C'est ce qu'on en retient.
M. Prégent (Frédéric) : Bien, c'est
essentiel.
Mme Tardif : Bien oui, c'est ça.
M. Prégent (Frédéric) : Il faut que
le client soit gagnant.
Mme Tardif : C'est ce qu'on veut.
M. Prégent
(Frédéric) : Puis la seule
façon que le client soit gagnant, c'est qu'il y a des gens qui vont accepter de
conduire puis de transporter des gens. S'il n'y en a plus de chauffeurs de taxi
ou de transport rémunéré, bien, c'est la population qui va en souffrir.
• (17 h 30) •
Mme Tardif : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Beauharnois.
M.
Reid : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, merci d'être là. Combien de temps il me
reste, deux minutes?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
2 min 15 s.
M.
Reid : O.K., d'accord, on va les utiliser au complet. En
fait, je reviens sur les mesures transitoires qu'a évoquées ma collègue ici. En vertu de l'article 275 du projet de loi, une tarification dynamique et le projet pilote, à partir du
moment de la sanction de la loi, sont mis en application. Le reste va
suivre un an après. Moi, je voudrais vous entendre sur ce que seraient
des mesures transitoires. Qu'est-ce que vous proposez? Parce qu'ici on
dit : Elle ne détaille pas des mesures transitoires. Mais, pour que
l'industrie du taxi puisse s'adapter, est-ce que pouvez élaborer là-dessus,
s'il vous plaît?
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, c'est sûr
qu'en termes de mesures transitoires il faut permettre aux différents joueurs
de cohabiter dans un environnement où est-ce que... Bien, en fait, M. Homsy
parlait de saccager l'industrie d'une shot, là. Si la loi est adoptée en juin
puis qu'elle est sanctionnée dans son entièreté en juin 2019, en même temps,
bien, je pense que ça, c'est ne pas avoir de mesures transitoires. Je
crois que, par mesures transitoires, nous, ce qu'on veut amener...
M.
Reid : Vous avez un
an, là.
M. Prégent (Frédéric) : Oui, bien,
c'est ça. Donc, pendant cette année-là, il faut que ce soit clair, tu sais, les
différents jalons qui vont arriver, les
différents... bien, en fait, pas les adoptions, mais la sanction des différents
règlements et autres, qui se passe de façon successive, de façon à ce
que tout le monde puisse se préparer. Ça, c'est un des éléments. Puis l'autre chose, c'est... Puis là, évidemment,
on parle pour nous. Il ne faut pas non plus perdre les acquis qu'on a
aujourd'hui. Dans le contexte où est-ce qu'il y a eu des règlements... Bon, il
y a encore des projets pilotes, là. Le projet pilote Téo est toujours en vigueur. Il faut s'assurer que le jour
où est-ce que la loi est adoptée puis elle est sanctionnée, bien, les projets
pilotes, le temps de la transition soient maintenus.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
30 secondes.
M.
Bonnardel : Vous faites du taxi traditionnel. Vous avez fait
le choix, comme homme d'affaires, le modèle que vous connaissez
aujourd'hui, d'aller plus loin. Vous êtes à l'encontre un peu de l'industrie
traditionnelle qui nous dit : Il n'y a pas d'avenir demain avec cette loi.
Vous avez fait ce choix. Qu'est-ce que vous dites à ceux qui vous disent :
Il n'y en a plus, d'avenir, avec la loi?
M.
Péladeau (Pierre Karl) :
Bon, je vais vous répondre puis je l'ai fait à plusieurs reprises publiquement.
Donc, il y a plusieurs éléments qui m'ont amené à faire en sorte de m'y
intéresser.
Mme
St-Pierre :
Je dois malheureusement vous couper parce que le temps, de ce côté-ci, est
terminé. Nous allons passer à mon collègue député de La Pinière...
M. Péladeau (Pierre Karl) : Ah! avec
plaisir, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...qui est de l'opposition officielle et qui a 15 min 40 s.
M.
Barrette : Merci. M.
Péladeau, vous comprenez que je ne peux pas passer à côté du fait que vous
souhaitez d'éviter un... donc, des mesures transitoires. Je ne peux pas
la rater, celle-là, là. C'était la pointe du...
M. Péladeau (Pierre Karl) : Ah! vous
avez toujours la ligne, M. le député.
M. Barrette : Toujours, toujours.
Alors, M. Prégent, bienvenue.
Alors, on va
parler de Taxelco, O.K.? J'ai tenté, par mes différentes sources d'information, de faire le tour de la question, et le mémoire, malheureusement... Bon, je comprends que vous avez eu des empêchements qui ont fait que vous êtes arrivé plus tard aujourd'hui. On a quand même reçu le mémoire. Là, je l'ai regardé en
diagonale, et puis j'ai constaté un certain nombre de choses qui
m'étonnent, et j'aimerais qu'on fasse le tour un peu là-dedans, de ça. Puis
vous allez comprendre plus, là, avec les
questions que je vais vous poser, en
fonction de la lecture rapide de
votre mémoire que j'ai faite et en fonction aussi... puis ça va peut-être
permettre de répondre à des questions que le ministre a posées, là, parce qu'il
y a des choses pour lesquelles on n'a pas de réponse.
C'est sûr
que Téo Taxi avait des problématiques organisationnelles, notamment
en ce qui a trait à la recharge des batteries et ainsi de suite, mais
vous aviez d'autres problèmes aussi. Vous aviez un problème avec des
chauffeurs, pour lesquels vous aviez
choisi... Je m'exprime, là... Je m'explique. Là, il y a des chauffeurs qui
avaient la possibilité de jouer certaines
choses, puis ils n'étaient pas toujours disponibles parce qu'ils avaient compris que... C'était une problématique que vous avez vécue. Ils n'étaient donc pas
toujours disponibles. Puis j'imagine que, dans le futur, dans votre vision, ça
serait corrigé. Je vous vois hocher de la tête. Je ne veux pas entrer dans le
détail là-dessus. Il y avait ce problème-là.
Il y avait
un autre problème aussi. Téo Taxi était centré au centre-ville de Montréal
et n'avait pas vraiment d'effet ou
de succès en dehors du centre-ville de Montréal. Pourquoi? Parce que vous n'aviez pas
assez de données. La donnée était essentiellement un problème chez vous.
Pour arriver à un taux d'occupation équivalent à Uber, il vous fallait avoir
une quantité de données gérées que vous
n'aviez pas atteinte encore. Est-ce que je peux dire que ça, c'est quelque chose de correct, comme analyse?
M. Prégent
(Frédéric) : Non, je ne
pense pas. En fait... Oui, j'ai pris sur moi de répondre. Taxelco, en fait, est
l'intermédiaire de taxi qui a le plus de
données en ce moment, probablement, au Québec, en matière de déplacements, parce qu'on a toute la donnée de...
M.
Barrette : Bien, à ce moment-là, quelle est votre analyse du fait que
vous n'arriviez pas à avoir un taux d'occupation... Ce n'est pas une critique
que je fais, là, mais vous allez
comprendre pourquoi je vous pose la question après. Mais vous n'étiez pas
arrivés à un taux d'occupation équivalent à celui d'Uber, entre autres, selon
les informations que j'ai glanées à gauche et à droite, à cause de la
quantité de données qui étaient disponibles.
M. Prégent (Frédéric) : Bien, moi,
je pense que c'est faux, là. Ce n'est pas une question de données, c'est une question de capacité véhiculaire. Ça, c'est un
des éléments, puis l'autre chose, c'est d'avoir assez de demande. La difficulté
de Téo, c'était d'arriver à aller chercher
une demande supplémentaire en fonction des véhicules supplémentaires qui
étaient mis sur la route, ce n'était pas une question de données. La donnée sur
les gens qui sont transportés à Montréal, on l'a.
Ça fait que
moi, je pense que... Bien, en fait, je suis convaincu, ce n'est pas une
question de données, c'est une question de gestion d'offre et demande, puis il y avait une disparité entre les
deux. Il fallait que ça se fasse par phases puis, bien, chaque phase coûtait considérablement beaucoup
d'argent, parce que, si on décide d'augmenter la demande, ce qui se passe,
c'est qu'on crée beaucoup d'insatisfaction,
ça fait qu'on perd des clients. Si on décide d'augmenter l'offre, ça nous coûte
considérablement plus cher, ça fait qu'on
perd encore plus d'argent. Ça fait que l'adéquation entre les deux devait être
parfaite.
Ça fait que
la question de la donnée, moi, sincèrement, je l'éluderais, parce
qu'aujourd'hui on est l'intermédiaire qui a accès au plus de données au
Québec. On a 10 ans de données chez Diamond, 10 ans de données chez
Hochelaga.
M.
Barrette : Oui, mais c'est trop technique, là. Je pense qu'on ne
pourra pas régler ça avec le temps que j'ai, là.
M. Prégent (Frédéric) : O.K.,
désolé. C'est beau.
M. Barrette :
Mais selon les informations que j'ai, il y avait une problématique.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Je me permets un commentaire également, M. le
député. Rapidement, à propos, donc, de
l'envergure ou du périmètre dans lequel, donc, pouvait évoluer Téo, de plus en
plus, et, là aussi, c'est pour ça que c'est dynamique et c'est transitionnel, c'est qu'il va y avoir, donc, un
réseau de recharge de plus en plus important. Vous savez, les
initiatives qui ont été prises d'Hydro-Québec...
M.
Barrette : On s'entend là-dessus, M. Péladeau. Je ne veux juste pas
rentrer là-dedans, là, parce que j'ai tellement peu de temps que je veux aller dans d'autres éléments de votre mémoire.
Vous, là, vous proposez un modèle où le chauffeur est payé à salaire, c'est-à-dire qu'il y a une
rémunération prévue... Je m'excuse, je n'ai pas le bon terme, là, dans votre
mémoire, là, mais vous avez un mode de rémunération particulier pour le
chauffeur.
M. Prégent (Frédéric) : C'est faux.
M. Barrette : Bien, moi, c'est ça
que je vois là-dedans, là.
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, non, on
n'a pas parlé d'aucunement... Dans le mémoire qu'on a remis, là, on n'a pas
parlé d'un mode de rémunération de chauffeurs. Téo, avant, avait un mode de
rémunération où est-ce que c'étaient des employés qui étaient payés à
l'heure, et ça, c'était le modèle de Téo.
M. Barrette : Et ça, vous ne le
souhaitez plus?
M. Prégent
(Frédéric) : Aujourd'hui, on
est en train de faire l'évaluation des différents modèles, des différentes
opportunités pour Téo, pour la renaissance de Téo. Mais aujourd'hui, on n'ira
pas dire qu'on veut partir avec un modèle employé...
M. Barrette : Maintenant, vous
proposez un prix plancher, quand même.
M. Prégent
(Frédéric) : Non, mais le
prix plancher, si vous parlez du 7,50 $ qui est mentionné dans le mémoire,
ce n'est pas du tout la même chose. Le 7,50 $, nous, ce qu'on dit, c'est
qu'il y a des courses qui sont demandées aujourd'hui, par application, qui ne font pas... qui ne
demandent pas la course de... le point de départ puis le point de destination,
ce qui fait en sorte qu'il y a
des chauffeurs qui pourraient se retrouver à se déplacer sur de longues
distances pour aller faire une course qui ramène 2 $.
M.
Barrette : Je comprends, mais ce qui est écrit dans votre mémoire, là,
vous parlez de l'imposition d'un frais minimum
de 7,50 $ sur toutes les courses commandées par application pour compenser
les pertes de temps des chauffeurs associés aux petites courses.
M. Prégent (Frédéric) : Oui,
exactement.
M. Barrette : Donc, il y a un
plancher, là, qui est 7,50 $.
M. Prégent (Frédéric) : Bien,
aujourd'hui, là, c'est...
M.
Barrette : C'est parce que, quand on regarde certaines régions, il est
au-dessus de ça, le 7,50 $. Il
est plus grand que ce que vous proposez.
M. Prégent
(Frédéric) : Oui, bien, vous
avez raison, puis c'est une des raisons pourquoi, dans le mémoire,
il a été mentionné que toutes nos considérations étaient principalement basées sur
la réalité montréalaise puisqu'aujourd'hui on travaille plus dans le
monde...
M.
Barrette : C'est exactement ce que j'ai dit il y a quelques instants.
Votre modèle, il est basé sur des données qui sont celles de Montréal, et plus
précisément du centre-ville de Montréal, et qui ne sont pas nécessairement
applicables ailleurs. C'est exactement là où je voulais aller. Alors,
vous me le confirmez. C'est correct.
Maintenant,
quand je regarde votre mémoire, là, essentiellement, là, vous nous dites... Ce
n'est pas compliqué, là, vous avez
une modulation de la tarification pour à peu près tout : le rendez-vous à
l'avance... En tout cas, je ne les passe pas tous, là, mais vous en avez un paquet, là, dans votre mémoire. Il y a
une tarification qui n'est pas juste dynamique, dans le sens de l'heure
et de l'achalandage, mais qui est aussi modulée en fonction de ce qu'on
demande. C'est correct?
M. Prégent (Frédéric) : Tout à fait,
l'utilisateur-payeur.
• (17 h 40) •
M.
Barrette : C'est bon. Mais là où ça me fatigue, puis je vais vous dire
que, là, ça me fatigue un petit peu, là, c'est quand vous arrivez... Attendez une minute que je retrouve ça. Vous demandez,
là, dans votre mémoire, à ce... vous parlez de marché de niche et vous demandez... Et c'est écrit comme ça :
«Bien que le gouvernement propose l'ouverture du marché dans
son projet de loi n° 17...» On continue. «Parmi ces marchés
niches, le transport adapté, les contrats gouvernementaux et les aéroports internationaux et nationaux
doivent s'ajouter à ceux déjà prévus comme le hélage, les postes d'attente et
les appels téléphoniques.»
Si des gens
reprochent au ministre... Là, je vais prendre le bord du ministre. C'est un
choc, là, je le sais. S'il y a des gens
qui reprochent au ministre de vouloir éliminer l'industrie du taxi... Vous,
vous demandez à être partout. Et, en plus, ce paragraphe-là est dans le transport adapté, où vous voulez être. Ça fait
que ce que vous nous proposez, c'est d'avoir accès à tout, avec une
modification de la tarification, à partir d'une base de 7,50 $ et qui est
modulée en fonction d'une multitude de possibilités.
M. Prégent (Frédéric) : Tout à
fait.
M. Barrette : Ça, là, c'est de
la libéralisation encore, je pense, plus grande que ce que le ministre
souhaite. Là, je ne veux pas lui mettre les
mots dans la bouche, là, mais là vous demandez toute une libéralisation, là. Ça
veut dire que vous dites à
l'industrie du taxi traditionnel : Nous demandons que vous n'ayez pas,
vous, l'industrie traditionnelle, des marchés
réservés sur la base x, y, z. Vous demandez un accès total, parce qu'on
s'entend, là, que les aéroports, le transport adapté, les contrats gouvernementaux, là... Là, votre proposition, c'est
vraiment, là, la disparition de l'industrie traditionnelle, en tout cas
les individus qui sont là-dedans.
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, en fait,
c'est peut-être juste un problème de compréhension, là. Nous, on demande...
M. Barrette : Bien, c'est parce
que vous l'avez écrit comme ça.
M. Prégent
(Frédéric) : Non, mais nous,
on demande ça pour les gens qui exploitent des véhicules taxis. Ça fait que ce qu'on demande, en termes des accès réservés
à ces marchés-là, c'est pour les chauffeurs de taxi traditionnel, donc ceux qui
ont un dôme, ceux qui exercent la profession de taxi puis qui sont facilement
reconnaissables, là. Le jour où est-ce que
vous commencez à faire du transport adapté, à la STM, avec un véhicule qui est
non banalisé, là... La STM n'a peut-être pas eu l'occasion de vous expliquer, mais il y a des clients qui sont
transportés par la STM, qui ont... bien, qu'ils catégorisent...
psychiques ou avec des... intellectuelles.
M. Barrette : Mais c'est juste
parce que c'est une question de gestion du temps, là.
M. Prégent (Frédéric) : Non,
mais je pense que c'est important de clarifier ça.
M. Barrette : Non, non, c'est
pour une compréhension de votre texte, la phrase d'avant, là. Les gens qui vont
travailler chez vous, là, à Taxelco, est-ce
que ce sont des chauffeurs de taxi formés adéquatement, conduisant un véhicule
taxi dûment enregistré?
M. Prégent (Frédéric) : Oui.
M. Barrette : Bon, bien, c'est
ça que vous demandez, là.
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, c'est ça.
Donc, ce qu'on demande, c'est un accès réservé à ces marchés-là, qu'on
considère comme des marchés de niche, pour les chauffeurs de taxi qui ont une
formation adéquate avec un véhicule taxi.
M. Barrette :
Donc, pas les autres. Il y a une séparation. Il faut qu'il y ait deux groupes,
là. Si vous demandez quelque chose de réservé, c'est parce qu'il y a un
groupe qui fait une chose, l'autre groupe fait l'autre.
M. Prégent
(Frédéric) : Oui, bien,
nous, ce qu'on dit, c'est que des plateformes comme Uber et Lyft ne devraient
pas avoir accès à donner du service au transport adapté comme à la STM.
M. Barrette : Ah bon! Alors,
vous, est-ce que tout ce que vous proposez est différent d'Uber et Lyft? Vous
considérez-vous totalement différents d'Uber et Lyft?
M. Prégent (Frédéric) : Nous,
on considère que, si tout le monde joue sur la même patinoire, nous, on va pouvoir jouer sur la même patinoire que tout le
monde. Ça veut dire qu'on va pouvoir avoir des chauffeurs de taxi, chez nous,
qui sont totalement accrédités, avec des dômes et autres, qui vont pouvoir
bénéficier du transport adapté. Et on pourrait
avoir un chauffeur qui est seulement enregistré, qui ne fait que des courses
par app, mais qui lui, parce qu'il n'a pas de dôme, bien, il n'a pas le
droit d'aller faire du transport adapté.
M. Barrette : O.K. Donc, votre
modèle peut s'approcher d'un monopole, si vous gagnez le marché.
M. Prégent
(Frédéric) : Bien, je ne
pense pas que l'objectif, c'est un monopole. Ça ne fait pas partie des
discussions qu'on a eues. Je pense
que l'objectif, c'est d'offrir le meilleur service à la population pour la
desservir de façon la plus efficace, offrir un service qui répond aux
besoins.
M. Barrette :
Bon, au point 7 de votre mémoire, et je vais le lire, Taxelco est d'avis qu'une
compensation juste, basée sur la valeur marchande, serait souhaitable.
M. Prégent (Frédéric) : C'est
exactement ce qu'on a écrit dans le mémoire.
M. Barrette : Sur la base de
quoi?
M. Prégent (Frédéric) :
Qu'est-ce que...
M. Barrette :
Bien là, en fait, je vous demande d'étayer votre argumentaire qui justifie la
valeur marchande pour la compensation. Actuellement, là, ce qui est sur
la table, c'est une valeur comptable.
M. Prégent (Frédéric) : Nous,
on a mis dans le mémoire que...
M. Barrette : Allez-y, là, go,
go, go, là!
M. Prégent
(Frédéric) : Oui, oui. Non,
mais nous, on a indiqué, dans le mémoire, que pour... On vient, mais je m'excuse de l'anglicisme, «disrupter» l'industrie
au complet. Il y a des gens qui sont là depuis des années. On considère que l'abolition du permis de taxi fait partie des
demandes puis du projet de loi du gouvernement. Dans cette mesure-là, ce
qu'on dit, c'est : Il serait intéressant que les propriétaires de taxi
soient compensés à la valeur marchande.
M. Barrette : Est-ce qu'il
serait justifié qu'ils le soient?
M. Prégent
(Frédéric) : Ça, ça va être
une décision à prendre du côté du gouvernement. Nous, on considère que
c'est une bonne idée de le faire.
M. Barrette : Bien, moi,
écoutez, là, je vous ouvre la porte à utiliser une justification, soit par la
loi, soit par l'expérience, soit par
l'histoire, de rechercher une compensation à la valeur marchande. Ce n'est pas
au gouvernement de décider. Si c'était au gouvernement à décider, il
n'en donnerait peut-être pas, de compensation, là. Mais vous, vous le mettez puis vous êtes, honnêtement, là, je
pense, de mémoire,
à propos des mémoires, le premier groupe à nommer une
compensation à la valeur marchande. Vous avez combien de permis, là, actuellement?
M. Prégent (Frédéric) : Nous, on
n'est pas propriétaire de permis de taxi.
M. Barrette : Vous n'en avez aucun? O.K.
M. Prégent (Frédéric) : Non, mais on
a 1 500 propriétaires qui travaillent chez nous.
M. Barrette : O.K. Donc, c'est la recommandation
que vous faites, basée sur ce qui devrait se faire.
M. Prégent (Frédéric) : Oui, dans le
contexte où est-ce qu'on vient changer les règles du jeu.
M.
Barrette : O.K.
Alors, quand on regarde ça, là, l'élément qui est étonnant, parce que
les autres ne le demandent pas... Et là la question s'adresse à vous, M. Péladeau.
Vous avez pris position publiquement pour souhaiter, je vais le dire
comme ça, l'accès au Fonds vert. Pourquoi vous et pas les autres?
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Bien, si les autres déposent des dossiers...
Je n'ai pas dit ça de cette façon-là, M. le député. J'ai dit que Téo, parce
qu'ils vont mettre en valeur et promouvoir le transport électrique, qui, à
première vue puis même, je dirais, de
façon définitive, est un mode de transport qui, justement, favorise la
diminution des gaz à effet de serre, l'émission
des gaz à effet de serre... Par définition, donc, lorsqu'on remplace un
véhicule qui consomme des hydrocarbures par un véhicule qui consomme de l'électricité hydroélectrique, ça
m'apparaît évident que nous rencontrons cet objectif de diminution des
gaz à effet de serre.
Et mon expérience antérieure ici, dans cette
salle et ailleurs, dans le salon bleu, nous a amenés à constater que le Fonds
vert ne faisait pas nécessairement les investissements les plus brillants.
Lorsqu'on investit 18 millions chez Bombardier
pour procurer un fuselage aérodynamique, je pense que l'éventuel impact sur
l'environnement était extrêmement
éloigné, ce qui ne sera pas le cas en ce qui concerne, donc, le véhicule
électrique. Alors, c'est pour ça que je pense qu'on va être en mesure de
pouvoir rencontrer les critères qui sont ceux du Fonds vert.
M.
Barrette : Puisque vous faites cette parenthèse-là, je vais la
compléter moi aussi. Je pense que ceux dont les emplois ont été préservés étaient bien contents. Et la question qui
vient par la suite : Est-ce que votre modèle... la participation du
Fonds vert est nécessaire à la viabilité financière de votre modèle qui va,
évidemment, créer des centaines d'emplois, n'est-ce pas? Alors, est-ce qu'il
est nécessaire?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
45 secondes.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Il n'est pas nécessaire, mais, en même temps,
il existe. Alors, s'il existe, il n'y a pas de raison qu'il ne devrait pas s'appliquer à une entreprise qui va être
en mesure de rencontrer les critères beaucoup plus que les critères qui n'ont pas été rencontrés,
selon moi, par de très nombreuses autres entreprises qui ont eu le bénéfice
d'avoir des subventions ou des accompagnements de la part du Fonds vert.
M.
Barrette : Très bien. Une dernière question : Êtes-vous disposés
à partager vos données avec l'ensemble des autres compagnies?
M. Péladeau (Pierre Karl) : Je pense,
c'est prématuré de répondre à cette question-là, mais je serais enclin à dire non. C'est une propriété intellectuelle qui
appartient à une entreprise, et, à
cet égard-là, elle devrait être en
mesure de l'exploiter, ou, s'il y a
des gens qui veulent éventuellement y avoir accès parce que, malheureusement, trop souvent, ils l'ont gratuitement, alors qu'il y a eu des investissements
considérables qui ont amené l'existence de ces données...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Cette portion est terminée. Alors, Mme
la députée de Mercier,
vous avez la parole.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, quatre minutes.
Là, je viens de vous entendre répondre au député
de La Pinière. Vous dites que vous êtes pour la compensation, à la suite de l'adoption du projet de loi, s'il est adopté tel qu'il est, à la valeur marchande pour les
propriétaires de taxis. Il y a aussi toute la question de qui devrait payer.
En tant que nouveau joueur, est-ce
que vous seriez prêts... Parce qu'on essaie aussi de vous placer, là.
Est-ce que vous êtes comme les Uber ou est-ce que vous êtes comme les
propriétaires? Où est-ce que vous vous
situez? Est-ce que vous seriez prêts à accepter que la redevance qui va
compenser les gens, qui vont perdre
beaucoup, beaucoup avec la perte de valeur de leur permis en libéralisant le
marché, que cette redevance-là soit
demandée uniquement aux nouveaux joueurs, pas aux anciens propriétaires qui ont
respecté toutes les demandes du gouvernement avant?
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Bien, moi, je vais vous répondre rapidement
en vous disant qu'il y a le principe de la juste valeur marchande. En même
temps, ce n'est pas parce qu'on dit qu'il y a un principe qui existe que c'est
toujours simple de le définir. Comme on dit en bon français, des fois,
le diable est dans les détails.
Alors, en quoi va consister la juste valeur marchande?
Quels vont être les critères qui vont justement présider à la détermination de ces éléments-là?
Il va falloir voir. Alors, ça, c'est un exercice que, je présume, le ministère,
de toute façon, a peut-être déjà
été effectué.
• (17 h 50) •
Mme
Ghazal : Oui. C'est un
exercice qui a déjà été fait par les gens de l'industrie du taxi. Ils
ont regardé toutes les transactions des permis durant les dernières années puis
ils ont pu déterminer la valeur marchande. Eux, ils disent que c'est 1,3 milliard. Ça, on peut en discuter longtemps,
mais, après ça, il faut aller chercher cet argent-là par des redevances. Est-ce que vous, vous seriez prêts, au lieu que ça soit ces
gens-là qui se compensent eux-mêmes pour la perte de la valeur de leurs permis, qui n'auront plus de rentabilité, que ce
soit uniquement les nouveaux joueurs
qui paient, notamment les Uber de ce monde, et vous, entre autres, pour
un principe d'équité? Là, il me reste deux minutes. J'ai une autre question.
M. Péladeau (Pierre Karl) : Oui, il
faut faire attention, mais je comprends que... Tu sais, on peut aborder...
Mme Ghazal : Vous pouvez dire non
aussi, hein? Vous pouvez dire non.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Non, non, mais là c'est parce que ce n'est
pas simple, tu sais. Ce n'est pas oui puis ce n'est pas non. C'est plein
de tons de gris, si je puis dire.
Mme Ghazal : Il faut aider le
ministre, là, à prendre des décisions.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Mais ce que je peux vous dire, c'est :
Oui, vous avez raison d'utiliser le terme «équité». Et, en même temps aussi, je suis certain, vous ne
l'avez pas indiqué, mais nous sommes convaincus que la paix sociale doit
régner. Et, à cet égard, trouvons les conditions
qui vont faire en sorte qu'elle puisse demeurer, exister et que cette
transition-là puisse se faire le plus
efficacement possible, dans le respect mutuel des partenaires, parce que, d'un
côté, il y a l'État, de l'autre côté, évidemment, il y a les propriétaires de
permis, ceux qui ont investi, ceux qui travaillent. Ils sont salariés à l'intérieur de l'industrie. Ce n'est pas une
industrie simple, hein? C'est une industrie dont les modalités sont nombreuses
et c'est la raison pour laquelle il n'y a pas de solution simple non plus.
Mme
Ghazal : Vous parlez de paix sociale, c'est extrêmement important. Et,
en fait, avec ce projet de loi, ce qui va arriver, c'est que les propriétaires
vont s'appauvrir. C'est leur retraite qui est en train de partir et tout ça.
Avec Téo Taxi, M. Taillefer avait la
prétention de concurrencer Uber avec un modèle qui est à visage beaucoup plus
humain, à respecter ses travailleurs.
Vous, est-ce que vous seriez... Quelle est votre vision de la relation
employeur-employé? Est-ce que vous seriez
prêts et ouverts à... si les employés demandaient, par exemple, d'être
syndiqués comme l'étaient les employés de Téo Taxi?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
avez 20 secondes.
Mme
Ghazal : Toujours sauvé par la cloche.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : Non, non, en fait, pas... Vous avez
mentionné, donc, une relation, mais, en même temps, Frédéric a dit que le modèle d'affaires n'était
pas déterminé de façon définitive. Donc là, vous avez anticipé qu'il y aurait
une relation employeur-employé. Je ne peux
pas aujourd'hui vous affirmer que ça va être le modèle d'affaires qui va être
retenu dans les semaines et les mois qui viennent.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Cette portion est terminée. Alors,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez la parole.
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Moi, j'aimerais justement... Peut-être que ça a déjà
été évoqué, mais pouvez-vous nous
synthétiser la différence entre vous, ce que vous entrevoyez, dans l'avenir,
comme intermédiaire, et un modèle comme celui d'Uber, pour qu'on
comprenne et saisisse bien la différence, si différence il y a?
M. Prégent (Frédéric) : Oui. Bien, en fait, je pense que c'est bien important,
là, vous avez... Vous tentez de nous polariser
en ce moment, de nous mettre soit dans le camp d'Uber soit dans le camp du taxi
traditionnel. C'est ce que le taxi
traditionnel a essayé de faire dans les quatre dernières années avec Téo, en
oubliant que Téo jouait pas mal dans la même talle que le taxi
traditionnel, c'est-à-dire avec les règles et autres.
Ça fait que moi, ce
que je dirais, c'est qu'aujourd'hui, dans le cadre du projet de loi, on va
avoir la possibilité de jouer sur une
patinoire qui va être commune. Ça fait que je ne vois pas pourquoi on
délaisserait ou on négligerait le taxi traditionnel dans son format où
est-ce qu'il y a un dôme, où est-ce qu'il y a un suivi. Il y a de
l'encadrement, il y a une formation
nécessaire. Puis je ne vois pas pourquoi on refuserait de prendre des courses
qui sont par application, avec des chauffeurs qui, à notre avis, devraient être
aussi formés, mais avec moins de visibilité sur dôme et autres, là.
M.
Arseneau : Mais puisque plusieurs chauffeurs de taxi ont estimé
qu'Uber, dans le marché, aurait vraisemblablement
un avantage, allait dominer le marché... Vous, vous voyez la compétition avec
Uber comme étant à forces égales, c'est ce que je comprends, puis
qu'on puisse tirer notre épingle du jeu avec un meilleur service, une meilleure
qualité. C'est ce qu'il faut comprendre?
M. Prégent
(Frédéric) : De mon point de vue, je crois qu'effectivement on est
capables de rivaliser avec Uber. C'est vrai
qu'Uber a des grands moyens en termes de publicité, d'accès et autres, sauf
qu'ils ont très peu de moyens de contrôle
sur leurs opérations, c'est-à-dire sur la qualité du service qui est donné. Ça
passe seulement dans l'application. Les chauffeurs sont formés aujourd'hui avec une formation qui est plutôt
boiteuse, là. 35 heures d'un texte qui défile, ce n'est pas de la
formation.
Je
crois que, oui, on a la capacité d'aller rivaliser avec cette business-là puis
on l'a fait avec Téo. On a réussi à se tailler une part de marché qui était
quand même intéressante, tout en respectant les règles en plus. Je pense qu'il
faut se rassembler puis faire en sorte de compétitionner, oui, tout à
fait.
M.
Péladeau (Pierre Karl) : J'ajouterais également, M. le député, que,
vous savez, nous sommes une entreprise locale,
et ça, c'est notre force, la force de bien connaître son marché, de bien
connaître les expectatives de sa clientèle, de bien connaître les
tenants et aboutissants, donc, de ce qu'on souhaite.
De
plus, le fait d'être un véhicule électrique, donc de faire la promotion du
véhicule électrique, de faire la promotion de la protection de l'environnement
et les moyens qui vont nous être donnés d'en faire la promotion, m'amène
à penser, si nous avons une application, et
nous allons y investir, aussi solide, aussi efficace et aussi, excusez-moi
l'expression, sexy que les
applications qui peuvent être offertes par des entreprises, donc, d'envergure
internationale... mais il n'y a pas de raison
de croire qu'on n'a pas tous les éléments pour réussir, si ce n'est, par
ailleurs, encore une fois, mais, là aussi, je pense que c'est l'objectif du projet de loi, de mettre
en place, donc, des modalités réglementaires et législatives équivalentes pour
tous et chacun, ce qui n'était pas le cas antérieurement.
M. Arseneau :
C'est la dernière question que je peux poser, j'imagine?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : 40 secondes.
M.
Arseneau : 40 secondes? Est-ce qu'avec la tarification dynamique,
le 90 %, le 200 %, globalement, le client y gagne
véritablement? Est-ce que les prix vont baisser?
M. Prégent (Frédéric) : En fait, ce n'est pas tant que les prix vont
baisser, c'est que l'offre risque d'augmenter dans les moments où est-ce qu'on
en a de besoin. C'est surtout ça, l'objectif de la modification tarifaire. Ça
fait que ça, on est sûrs que le vendredi soir, au moment où est-ce que certains
pourraient être tentés de délaisser l'industrie, bien, qu'ils vont aller
travailler parce que ça va être plus payant. C'est le concept d'amener
de l'offre au moment où est-ce qu'il y a de la demande.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, ceci met un terme à cette portion de la commission
parlementaire.
Nous allons suspendre
nos travaux jusqu'à 19 h 30. Merci beaucoup pour votre participation.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 19 h 31)
La
Présidente (Mme Grondin) : ...poursuivre les travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec,
l'Association haïtienne des travailleurs du taxi,
Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal et le Regroupement
des travailleurs autonomes métallos.
Messieurs,
vous avez 10 minutes, et, par la suite, on entamera les échanges avec les
différents partis. La parole est à vous. Je souhaiterais que vous vous
présentiez, s'il vous plaît. Merci.
Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Association
haïtienne des travailleurs du taxi (AHTT), Regroupement des
propriétaires de taxi de Montréal (RPTM) et Regroupement
des travailleurs autonomes métallos (RTAM)
M. Boyer
(Daniel) : Oui, merci, Mme la Présidente. Écoutez, Daniel Boyer, je suis le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, et je suis accompagné de Kamal Sabbah, qui est
directeur Politique et relations
publiques au Regroupement des travailleurs autonomes des métallos, affilié à la
FTQ; de M. Carlo Hector, président de l'Association haïtienne des travailleurs du taxi; M. Jean Feeld, qui est également
de la même association; de M. Edgard El-Kalaani, secrétaire-trésorier
au Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal.
J'aimerais d'abord remercier la Commission des
transports et de l'environnement de nous accueillir afin que nous puissions présenter notre point de vue sur le
projet de loi n° 17. Nos organisations parlent aujourd'hui d'une seule
voix pour défendre l'industrie,
assurer le développement d'un service sécuritaire et de meilleure qualité ainsi
que de favoriser des conditions de travail décentes.
Les chauffeurs et chauffeuses de taxi ont
participé de bonne foi au système mis en place par le gouvernement et ont joué selon les règles. Ils ont investi
temps et argent afin de se procurer un permis. Pour certains d'entre eux, il
s'agit de leur seul patrimoine.
Plusieurs le considéraient comme étant leur régime de retraite. Des personnes immigrantes
dont les compétences ne sont pas reconnues ont rejoint cette industrie.
Pour certaines communautés, comme la communauté haïtienne, le taxi occupe une
place très importante.
La
multinationale Uber a fait son entrée au Québec de manière cavalière en
bafouant le cadre législatif et réglementaire en place. Aujourd'hui, elle se voit récompensée par le projet de loi
n° 17. Ce sont maintenant les chauffeurs et chauffeuses de taxi traditionnel qui devront s'adapter à
l'arrivée d'Uber et non l'inverse. J'arrive illégalement, et finalement c'est
moi qui gagne.
Je dois vous
avouer qu'on s'explique mal cette décision. Les différents acteurs de
l'industrie ont pourtant montré qu'ils étaient capables de se prendre en
main et de proposer des solutions concrètes, innovantes et peu coûteuses pour moderniser l'industrie. Avec ce projet de loi, le
gouvernement balaie du revers de la main ces efforts et récompense une multinationale délinquante qui ne paie pas sa
juste part d'impôt et qui contribue peu au développement économique du
Québec.
Les travailleuses et les travailleurs québécois
de cette industrie sont laissés de côté. Les objectifs poursuivis par le gouvernement sont louables, et nous les
appuyons. Nous souhaitons tous et toutes un service plus sécuritaire, des
prix transparents, une équité entre les joueurs et l'émergence d'innovations
technologiques. Là n'est pas le problème. Il
faut plutôt déplorer les nombreuses incohérences du projet de loi qui minent
considérablement sa crédibilité. Laissez-moi vous donner quelques
exemples de cette situation.
Tout d'abord, on ne comprend pas de quelle
manière la tarification dynamique contribue à rendre les prix plus
transparents. Les algorithmes à la base de cette forme de tarification sont
plutôt synonymes d'opacité. On ne sait pas comment
ils fonctionnent et surtout pas s'ils sont équitables. Le projet de loi ne
semble donner aucun pouvoir à l'État québécois pour encadrer ces pratiques et limiter les possibles abus. J'insiste,
comparativement au système actuel, le libre-marché n'offrira jamais des
protections équivalentes aux consommateurs et aux consommatrices.
Il va falloir
qu'on m'explique en quoi l'abolition de l'inspection mécanique annuelle
obligatoire ne nous apparaît pas
comme une mesure sage pour assurer la sécurité des passagers et des passagères.
Nous émettons des doutes quant à la pertinence
de la remplacer par des normes établies en fonction de l'âge du véhicule et du
nombre de kilomètres. Nous tenons également à rappeler l'importance du
rôle joué par les mandataires de la SAAQ en matière de sécurité.
Avec ce
projet de loi, le gouvernement souhaite réduire les coûts assumés par les
chauffeurs et chauffeuses de taxi. On
constate rapidement qu'il s'agit d'un potentiel d'économie et non d'une
certitude absolue. Prenons l'exemple
de la contribution d'assurance de la plaque T. Elle ne
disparaîtra pas mais sera plutôt versée différemment. Pour les chauffeurs et les
chauffeuses du taxi, les avantages de cette réforme sont bien peu nombreux. Il
va falloir également qu'on nous explique, parce qu'on n'est pas
certains de comprendre, en quoi l'abolition de la plaque T et du permis de
classe C améliore le fonctionnement de l'industrie. Au contraire, elles font émerger plusieurs
problèmes, notamment en matière de sécurité et de droits acquis pour les taxis traditionnels.
Aussi, le projet de loi reste complètement silencieux au sujet des limousines, un
secteur qui représente pourtant 30 millions de dollars de chiffre
d'affaires.
Cela étant dit, le principal problème du projet
de loi, c'est l'abolition de la gestion de l'offre. Le parti pris idéologique du gouvernement pour la
déréglementation et le laisser-faire semble lui faire oublier pourquoi ce système
est essentiel pour l'industrie du taxi.
Tout d'abord, la gestion de l'offre permet aux chauffeurs et aux chauffeuses de
vivre de leur métier en leur assurant des
revenus décents. C'est la meilleure façon de créer des emplois de qualité dans
ce secteur. L'histoire de l'industrie du taxi
montre qu'une offre mal contrôlée entraîne des impacts dévastateurs en matière
de conditions de vie et de travail. Avec cette réforme, nous craignons que les chauffeurs
et chauffeuses soient condamnés à la pauvreté et à la précarité. La gestion
de l'offre n'est aucunement un obstacle à un meilleur service pour les
passagers et les passagères. Au contraire, la... professionnalisation — je savais que je m'enfargerais, là — du métier contribue à améliorer l'expérience
des clients et des clientes.
De
plus, l'abolition des permis vient détruire plus de 1 milliard de dollars
de richesse, ce qui entre en contradiction avec les intentions gouvernementales. La déréglementation aurait
également pour effet d'augmenter le nombre de voitures sur les routes, alors qu'il faut impérativement
réduire les émissions de gaz à effet de serre des transports. Que ce soit du
point de vue social, économique ou environnemental, l'abolition de la gestion
de l'offre ne représente pas un progrès pour le Québec.
Nos
organisations sont persuadées qu'il est possible et souhaitable de moderniser
l'industrie tout en respectant le principe
de la gestion de l'offre. Tant d'argent, tant de centaines de millions pour
acheter des permis, si on l'investissait dans le but de moderniser
l'industrie, je pense qu'on créerait une belle et nouvelle industrie du taxi.
Depuis
plusieurs années, le Bureau du taxi de Montréal travaille à l'élaboration d'une
plateforme permettant de connecter
tous les chauffeurs et chauffeuses de taxi. Mes collègues pourront vous en parler
plus en détail. Nous proposons de
poursuivre ces efforts et d'étendre la plateforme à la grandeur du Québec. Cela
permettrait de mettre sur pied un système d'allocation dynamique des
permis. Il serait ainsi possible d'allouer un permis à plusieurs voitures en
cours de journée. Comme vous pouvez le voir
dans notre mémoire, cette proposition rend le système de permis beaucoup plus
flexible et permet aux nouveaux
joueurs d'intégrer facilement l'industrie du taxi. Selon nous, il s'agit d'une
proposition responsable, équitable et peu coûteuse. Pour la mettre en
place, il ne manque que de la volonté politique.
Si le gouvernement
s'entête à vouloir abolir la gestion de l'offre, il doit rembourser les permis
à leur valeur pleine et entière. La
proposition du gouvernement qui vise à rembourser les permis au coût
d'acquisition est inéquitable. Il ne s'agit ni plus ni moins d'une
expropriation sans compensation. Le gouvernement doit assumer ses
responsabilités. Rappelons que c'est d'abord
et avant tout l'instauration et la prolongation du projet Uber qui ont fait
chuter la valeur des permis au Québec. Nos organisations demandent que les
permis soient compensés selon leur valeur avant l'arrivée de cette multinationale. La lutte se poursuivra sur
le plan juridique si le gouvernement choisit de rembourser les permis au
coût d'acquisition.
Dans toute cette
discussion sur l'avenir de l'industrie du taxi, on a très peu parlé des droits
fondamentaux des chauffeurs et des
chauffeuses. Nous tenons à rappeler au gouvernement que la liberté
d'association est protégée autant par la charte canadienne que par la charte québécoise. Cela inclut le droit de
se syndiquer, de négocier collectivement et de faire la grève. Le projet de loi
reste complètement silencieux à ce sujet. Pourtant, cette réforme soulève
d'importantes questions.
• (19 h 40) •
L'abolition
des permis et la disparition des propriétaires artisans pourraient modifier la
dynamique de l'industrie. Quel sera le degré de contrôle et de surveillance des
répondants par rapport aux chauffeurs et chauffeuses? Nous pensons que ce projet de loi risque de déséquilibrer
profondément le rapport de force à la faveur des gros joueurs de l'industrie.
Même les répartiteurs peuvent exercer
un important contrôle. La plateforme Uber le démontre tous les jours. Elle fixe
les tarifs, utilise la tarification dynamique pour influencer les
comportements de sa main-d'oeuvre, utilise des indicateurs de performance, envoie des directives et va même
jusqu'à désactiver le compte de ceux et celles dont l'évaluation est basse.
Ça commence drôlement à ressembler à un employeur traditionnel.
Il
est inconcevable que la liberté d'association reste dans l'angle mort de cette réforme. Plus
que jamais, les chauffeurs et chauffeuses de taxi ont besoin
d'avoir accès à une forme de représentation
collective afin de défendre leurs intérêts et d'avoir un mot à dire sur leurs conditions de travail.
Depuis plusieurs décennies, le mouvement syndical dénonce le fait que les lois
du travail ne permettent pas à tous et à toutes de se syndiquer. Dans les
années 80, le Syndicat des métallos a tenté de syndiquer les chauffeurs et chauffeuses de taxi.
Les tribunaux de l'époque ont rejeté les requêtes en accréditation parce que
ceux-ci n'étaient pas considérés comme des salariés au sens du Code du travail.
La
Présidente (Mme Grondin) : En terminant, M. Boyer, s'il vous
plaît. Merci.
M. Boyer (Daniel) : Je termine. Nos organisations pensent qu'il est
grand temps de mettre fin à une injustice qui dure depuis beaucoup trop
longtemps. On demande au gouvernement qu'elles soient reconnues comme
association professionnelle des chauffeurs
et des chauffeuses de taxi et de limousine. Ceux-ci seraient tenus d'y adhérer
et d'y verser une cotisation, comme
pour être membre d'un syndicat à l'heure actuelle. Il s'agit là d'une mesure
nécessaire afin d'assurer la liberté d'association des chauffeurs et des
chauffeuses.
Pour
terminer, laissez-moi vous faire part de mon inquiétude pour l'avenir. Uber ne
sera probablement pas la seule entreprise
à bouleverser l'économie québécoise au cours des prochaines années. D'autres
secteurs d'activité économique risquent d'être touchés par les nouveaux
modèles d'affaires basés sur les technologies numériques. Avec la réforme du taxi, le gouvernement a montré qu'il est prêt à
ouvrir la porte aux nouveaux joueurs sans considérer les impacts sur les
travailleurs et les travailleuses. À la FTQ,
on n'a jamais été contre les changements technologiques et d'innovation, mais
le progrès ne doit pas faire de victimes.
Les coûts de la transition doivent être répartis équitablement et non pas
uniquement par les travailleurs et travailleuses ainsi que leur
communauté. C'est une question de justice sociale. Merci.
Là, je suis
accompagné de gens qui ont beaucoup de choses à vous dire, je vous le dis tout
de suite.
La Présidente (Mme Grondin) : Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Bonnardel : Merci,
Mme la Présidente. Messieurs, bonsoir. Vous m'avez entendu maintes et maintes
fois. Certains d'entre vous étaient présents
lors de nos rencontres plus privées, si je peux le dire ainsi. J'ai une
première question fort simple. Majoritairement,
pour certains d'entre vous, vous êtes à Montréal. À Montréal, vous le savez,
aujourd'hui, il y a moins de taxis par habitant à Montréal que voilà
40 ans. Pourquoi?
M.
Sabbah (Kamal) : Pourquoi il
y a moins? Parce qu'il y a plusieurs façons de transporter le monde. C'est sûr
qu'il y a beaucoup de changements qui ont
suivi la route de la mobilité à Montréal. On parle de 747, on parle du Bixi, on
parle du covoiturage, on parle d'Uber, et
probablement il y en a d'autres qui vont venir. C'est sûr, il y a différentes
façons, mais tout le monde ont
toujours cherché les mêmes personnes. Donc, c'est la même clientèle qui est
visée dans tout ça et c'est pour ça.
Le taxi,
comme nous, les propriétaires ici, on n'a pas manqué aucunement à une
modernisation, à un avancement, si
c'est ça, la question que vous voulez arriver. S'il y en a moins aujourd'hui,
je ne peux pas vous dire exactement le pourquoi, mais je peux vous dire que le taxi, c'est une entreprise publique. Ce
n'est pas privé et ce n'est pas une entreprise qui a toutes les décisions. On
comprend très bien que les décisions viennent toujours des règlements et des
lois faites par le Parlement.
M.
Boyer (Daniel) : Puis
j'ajouterais, si on a besoin de plus de taxis, est-ce qu'on est obligés
d'abolir l'ensemble des règles de l'industrie? Moi, je ne pense pas, là.
Si on a un ajustement quant aux permis de taxi à délivrer, faisons l'ajustement
mais n'abolissons pas l'ensemble des règles. Et n'importe qui peut faire du
transport de personnes, là.
M.
Bonnardel :
Mais vous êtes conscients, quand vous parlez de gestion de l'offre, l'offre, le
client qui veut se faire desservir,
se faire transporter par un taxi du Centre Bell, de la Gare centrale, de la
gare d'autobus... On se met au défi, là. On s'en va dans ces trois points puis on regarde le nombre de taxis
qu'il y a pour les dizaines, sinon les centaines de passagers qui se cherchent un taxi... pour ne pas nommer
Québec. Alors, je vous dis respectueusement, pour moi, ce n'est juste pas
normal. Je le sais qu'à l'époque l'industrie
a racheté un certain nombre, sinon près de 1 000 permis. Pourquoi? En se
disant : On va s'assurer d'un revenu plus adéquat, mais au
détriment de qui et de quoi?
M.
Sabbah (Kamal) : ...je veux
juste la comprendre comme il faut. Vous voulez savoir quoi, exactement?
Pourquoi il y a beaucoup de taxis?
M.
Bonnardel :
Pourquoi il y en a moins aujourd'hui par le nombre...
M. Sabbah (Kamal) :
Il n'y en a pas moins. À Montréal, ce n'est pas une réalité qui est vraie.
Aujourd'hui, à Montréal, il y a un surplus
de taxis. Avec même le plan de rachat qui a été fait entre 1985 et 1989, les
gens... ou les propriétaires, avec
l'aide du gouvernement dans un plan de rachat, ils ont payé de leur poche pour
racheter des permis, pour que leurs permis seront rentables, et ils ne
seront pas encore aujourd'hui rentables.
Et il y a un surplus de taxis à Montréal,
comparé à d'autres régions que je ne connais pas. Mais, si on parle de Montréal, il y a un surplus de taxis. Ce n'est pas
vrai qu'on manque de taxis à Montréal et c'est... D'ailleurs, on ne comprend
pas pourquoi on veut ouvrir encore le marché
pour avoir plus de joueurs, plus de taxis, tandis que les taxis existants, qui
ont existé depuis longtemps, aujourd'hui ne sont pas rentables.
M. Bonnardel :
Je ne peux pas m'empêcher de vous poser une question sur ceux qui étaient avant
vous, Taxelco. Comment eux peuvent
voir... Vous représentez près de 1 500 chauffeurs de taxi par Diamond
Hochelaga. Comment eux peuvent voir des opportunités d'affaires, eux voient ça,
et que vous, comme industrie, ceux qui sont passés avant, ceux qui vont passer après et qui vont me répéter qu'on
rase l'industrie, qu'il n'y a pas d'avenir... comment eux peuvent en voir une
et pas vous?
M. Sabbah (Kamal) :
...a montré un intérêt, Edgard, pour répondre à cette question.
M. El-Kalaani
(Edgard) : M. le ministre,
il y a une différence entre un propriétaire chauffeur qui travaille sur la route, et un investisseur, et une compagnie. Le
propriétaire chauffeur, aujourd'hui, c'est lui qui paie les factures.
Aujourd'hui, vous êtes en train
d'abolir la valeur de ce propriétaire-là, tout ce qu'il a travaillé pendant
toute sa vie, pour l'avantage des multinationales.
Et c'est sûr que des grands joueurs québécois, lorsqu'ils vont voir que le
marché est ouvert à tout le monde, ils vont pouvoir embarquer, mais ce n'est
pas eux qui vont travailler sur la route, ce sont les chauffeurs. Et
aujourd'hui, avec ce projet de loi,
ce qu'on voit, c'est la transformation d'un chauffeur propriétaire, travailleur
autonome, en esclave. Vous allez voir aujourd'hui... Je pense, vous avez
entendu que même les chauffeurs d'Uber, ils sont en train de se manifester.
Pourquoi? Parce qu'ils ont un revenu qui
n'est pas décent. Ils ne peuvent pas vivre de leurs revenus. Ils sont en train
de travailler comme des esclaves. Et c'est là où est-ce que vous amenez
l'industrie aujourd'hui avec votre projet de loi.
M. Feeld
(Jean) : Et le problème aussi, c'est que vous avez toujours essayé de
voir l'industrie du taxi actuellement en
fonction des intermédiaires, en fonction des compagnies. Par contre, le modèle
actuel tourne autour de l'artisan. Donc, un artisan qui a investi
directement pour acheter un permis, on ne peut pas le comparer avec
M. Péladeau qui a investi, en tant
qu'investisseur, pour acheter une compagnie intermédiaire. On n'a pas les mêmes
intérêts. Dans le modèle actuel, une
compagnie intermédiaire peut toujours fonctionner. Il peut entrer et faire de
la business tout simplement en dispatchant des appels et en imposant des frais
mensuels, et c'est l'une des raisons... Par exemple, Boyko ou autres, ils ont
vu le potentiel en investissant dans
ce modèle parce qu'ils disent : Il y a environ 5 millions ou plus par
mois, parce qu'on paie 417 $ par mois,
juste pour les frais d'appel. Donc, n'importe qui qui est intermédiaire peut
dire : Il y a du potentiel là-dedans, mais moi,
en tant qu'investisseur, petit investisseur, acheteur de permis ou artisan, je
ne peux pas voir l'avenir de la même façon que M. Péladeau le voit.
M. Bonnardel :
Je comprends votre argument, mais comment eux peuvent prétendre ne pas avoir
peur? Vous êtes un regroupement, vous
êtes plusieurs, vous représentez des dizaines, des centaines de propriétaires,
artisans, chauffeurs ou certaines
sociétés. Comment eux peuvent prétendre ne pas avoir peur des nouvelles
technologies et vous, demain, prétendre que l'industrie sera
complètement rasée?
• (19 h 50) •
M.
Sabbah (Kamal) : ...on n'a
pas peur, vraiment, M. le ministre, de la technologie. C'est le contraire,
nous, on est des artisans qui ont travaillé très fort, pendant les dernières
années, pour justement avoir de la technologie. Et je suis, moi, et un
de mes collègues, qui siège sur le registre du Bureau de taxi... C'est moi qui
a été là depuis le début. Ça fait trois ans
que je suis là pour qu'on essaie de construire un registre qui pourrait être
une bonne solution pour toute l'industrie du taxi aujourd'hui, pas justement juste à Montréal, mais ça pourrait
être transporté partout au Québec. Et, à partir de là, on peut même
choisir le rêve que vous, vous aviez quand vous avez dit : On veut une
seule application partout au Québec. Mais
justement cette plateforme-là qui nous permet de géolocaliser tous les
chauffeurs de taxi partout au Québec...
Et là après on va pouvoir intégrer
une application client qu'on va pouvoir exactement... faire la publicité et la partager avec les clients qui nous visitent ou les gens locaux d'ici. Donc,
on n'a vraiment pas peur de cette technologie-là, c'est justement
le contraire.
M. Feeld
(Jean) : ...dans la fin des
années 90, l'industrie du taxi, il y avait une compagnie particulière qui a présenté un modèle, en allant
jusqu'à Vancouver, pour avoir les tablettes et pouvoir les installer à
l'intérieur des taxis, et c'est le gouvernement qui a refusé cette
technologie-là, disant que ça appartient seulement aux pompiers et à la police
d'avoir des tablettes à l'intérieur des taxis. On ne pouvait même pas avoir un
cellulaire à l'intérieur d'un taxi au début des années 2000, pendant qu'on le voulait. Donc, ce n'est pas nous autres
qui étaient des dinosaures, c'est le gouvernement qui était dinosaure
dans ce domaine-là.
M.
Bonnardel :
Certains de vos collègues étaient pour la tarification dynamique. Ils semblent
encore pour la tarification dynamique. Vous,
vous êtes contre la tarification dynamique. Qu'est-ce qui explique qu'à Québec
on peut être pour puis à Montréal on est contre?
M.
Sabbah (Kamal) : Vous savez,
M. le ministre, on est en train d'ouvrir le marché au «free-for-all», là. C'est
comme... tout le monde peut faire ce qu'il veut. Et, comme vous le savez déjà,
on a déjà vécu des soirées où est-ce que les clients que... Le but de ce projet de loi, c'est de servir la clientèle.
Et là la clientèle sera-tu servie quand on charge 500 $, du
centre-ville de Montréal jusqu'à Laval, pendant le Nouvel An?
Donc, on voit
que ce système «free-for-all», qu'on donne la liberté à tout le monde de
charger ce qu'ils veulent... qu'il a
prouvé qu'il y aura des abus. On a des preuves. Le projet pilote d'Uber, qu'on
a essayé depuis quatre ans, c'était... Il fallait vraiment se pencher là-dessus
puis regarder les résultats de ce projet pilote, qu'est-ce que ça a donné. Puis
une des choses que ça a données, le projet
pilote, c'est qu'il y avait une injustice envers la clientèle, justement, que
vous, vous êtes en train de défendre. Puis nous aussi, on veut que cette
clientèle-là soit bien servie, mais je ne pense pas qu'il y a un client qui va être content de payer 500 $ au
Nouvel An, en prenant une application, du centre-ville de Montréal jusqu'à
Laval. Donc, nous, qu'est-ce qu'on croit? On croit que ce n'est pas une
bonne chose, la tarification dynamique.
M.
Boyer (Daniel) : Vous
parliez tantôt, là, en sortant d'un spectacle ou d'un match de hockey au Centre
Bell, c'est difficile d'avoir un
taxi, là. C'est peut-être facile d'avoir un Uber, mais à quel prix? Donc, il
n'y a pas plus de disponibilités, là.
Moi, je m'excuse, si ça me coûte 300 $, 400 $, me rendre chez nous en
taxi, alors que ça m'en coûterait 25 $, 30 $, normalement, en taxi, et, avec Uber, que ça m'en
coûte 300 $, 400 $, je m'excuse, là, mais je n'ai pas d'offre, là. Ça
ne marche pas, là.
M.
Bonnardel :
...pour vous, là, si moi, je sors du Centre Bell puis j'ai une application
Hypra Taxi, Eva, Lyft, Uber, peu
importe, Taxi Québec, et c'est moi qui décide si, oui ou non, j'accepte, quand
il n'y a pas de concurrence, c'est bien normal que le client se dit : Je l'accepte ou je ne l'accepte pas,
c'est moi qui pèse sur le bouton. C'est moi qui pèse sur le bouton,
alors...
M. Boyer (Daniel) :
...jamais sur le bouton à 300 $, 400 $. Tu sais, c'est...
M.
Bonnardel :
Ah! bien non, mais ça, c'est moi. Sauf que, si j'ai quatre applications qui me
définissent, exemple, un coût x, parce que j'attends 16 minutes pour
un taxi, ou peu importe, là, ou l'autre, ça me coûte deux dollars de moins,
puis j'attends huit minutes de plus, c'est
moi qui choisis. C'est moi, l'usager, le client, qui va définir si, oui ou non,
j'utilise une plateforme ou l'autre, et c'est là que je vais mettre en
concurrence les différentes plateformes que vous représentez.
M. Sabbah (Kamal) :
...vous avez la responsabilité, M. le ministre, aussi, en même temps, de
s'assurer que les taxis qui n'ont pas cette
option de tarification dynamique, qu'ils puissent survivre, parce que, là, si
vous faites un système à deux vitesses, c'est sûr que ça ne marchera pas. Il
faut que ça soit un seul système à tout le monde. On s'entend qu'on ne peut pas faire de la tarification dynamique juste
pour Uber, puis les taxis sont pognés avec leur «meter». C'est sûr que ça ne
marchera pas. Il y aura de l'injustice, inéquité.
M. El-Kalaani (Edgard) : ...M. le ministre. Aujourd'hui, tantôt, on a parlé
de la tarification modulaire vers le haut. Qu'est-ce que vous en pensez de la
tarification modulaire vers le bas? Aujourd'hui, une compagnie comme Uber, qui
vaut 120 milliards de dollars, elle
peut baisser 25 %, le prix, et pendant un an. Ça veut dire... elle peut
faire du dumping. Nous autres, on n'est pas capables de survivre.
Combien pensez-vous qu'on va survivre avec ça?
M.
Bonnardel : Vous amenez un bon point, mais, si le coût est
plus bas, et que l'Uber, je ne peux pas l'avoir avant 14 minutes, et que
ça me coûte 2 $ de plus pour vous avoir, vous, en quatre minutes... c'est
moi qui choisis, puis je vais peut-être cliquer pour...
M. El-Kalaani (Edgard) : Est-ce que je vais pouvoir survivre pour vous
attendre à m'appeler pendant quatre minutes?
C'est ça, la question. On vous a demandé
des études. Qu'est-ce qui est arrivé
avec le projet pilote d'Uber à Montréal? Ça fait quatre ans. C'est quoi, le résultat? On n'a pas des études qui
expliquent exactement. Je comprends votre opinion, je la connais très bien, sauf qu'il n'y a pas des études qui
peuvent prouver ce que vous êtes en train de penser, et c'est ça qu'il nous
manque.
M.
Sabbah (Kamal) : Ce qui risque d'arriver, M. le ministre, vous
risquez de perdre les taxis traditionnels en ouvrant le marché de cette
façon-là, si sauvage parce que... j'appelle ça sauvage puis je m'excuse du mot,
parce que, c'est très important,
quand on ouvre le marché, puis «sky is the limit», il y a
un problème que les autres vont survivre si vous parlez du taxi traditionnel encore. Et vous
parlez d'Uber, mais nous, qu'est-ce
qu'on croit, il faut
avoir un seul système qui est
équitable à tout le monde.
M.
Bonnardel : Vous
m'avez entendu maintes et maintes fois dire qu'il y a 50 millions de courses au Québec. Il y
en a 40 millions faites par
vous. En quoi, demain matin, si vous offrez un bon service, le client qui prend
son téléphone de façon conventionnelle,
stand de taxi, hèle un taxi, va se dire : Ils sont où... Ils vont être là.
Vous allez être là parce que je vous donne des outils pour être là encore plus
loin dans le futur. Puis, je répète, vous faites 40 millions de courses. En quoi demain matin l'industrie se dit : Je
n'ai plus de job? Expliquez-moi.
M. Sabbah (Kamal) : M.
le ministre, on a décortiqué le p.l. n° 17 article par article avec des avocats puis avec des gens qui connaissent l'industrie, puis on s'est consultés, puis il
n'y a rien, dans ce projet de loi, qui va nous avantager. Tout ce qu'on a découvert, et je peux vous citer, là... si on a le temps,
là, on peut rester jusqu'à demain matin, je peux tout vous citer ça, là, que c'est tout à notre désavantage.
Ce projet de loi a été bâti pour les Uber de ce monde et pour justement
éliminer une industrie qui était là.
Donc là, aujourd'hui, là, on est en train de dire que ça, ça nous avantage,
mais je peux vous le prouver.
La plaque T, pourquoi
on veut enlever la plaque T? Si vous avez quelqu'un qui part de l'aéroport de
Montréal, il prend une voie réservée puis il
n'a pas une plaque T, il a un dôme Pizza Pizza là-dessus, comment les policiers
vont savoir si c'est un taxi ou si
c'est un livreur de pizza? Dites-moi ça. Vous, c'est ça que vous avez suggéré,
là, d'enlever la plaque T. Ça, c'est une des choses. Un dôme, ce
n'est pas assez.
On prend d'autres
exemples, là. Si on regarde le 4C... On a décidé d'éliminer le 4C. Vous savez
qu'avec le 4C il y a un examen médical qui
devrait être fait pour qu'on puisse conduire un taxi. À 50 ans et plus,
là, parfois, il y a quelqu'un, il a une maladie, ineptie ou quelque
chose, il est dangereux à conduire. C'était fait pour ça. Là, on l'élimine.
Pourquoi on fait ça? Pour faciliter
l'arrivée d'Uber au marché, O.K., puis là on pénalise le client que vous, vous
êtes en train de défendre dans ce
projet de loi. Le client ne veut pas quelqu'un qui est malade... de lui
conduire. Il ne veut pas. Il veut être sûr que quelqu'un qui conduit un
taxi, qu'il a fait des examens médicaux puis il est correct.
Si on va dans
d'autres choses dans ça, là, je regarde un peu mes notes, là, puis je vois
qu'il y a l'inspection mécanique.
L'inspection est totalement éliminée de ce projet de loi. Pourtant, il y a des
preuves et des études faites par les bureaux
de taxi qui nous confient comme quoi, si on ne fait pas pendant plus qu'un an,
il y a plus de risques d'avoir des accidents et plus de défectuosités.
Donc, c'était nécessaire quand même d'avoir une inspection mécanique par année.
Et
j'en ajoute, là, les amendes. Les amendes, là, quand vous parlez que vous êtes
en train d'alléger le fardeau des chauffeurs
et propriétaires, en regardant les amendes, là... Je vous donne un petit
exemple ici. Pour un chauffeur conduisant un véhicule dont la carrosserie ou l'habitacle est malpropre, O.K., avec
la loi, aujourd'hui, là, c'est entre 75 $ et 125 $. Dans la nouvelle loi, si elle est adoptée, c'est entre
500 $ et 1 500 $. Bien, comment ça peut alléger le fardeau d'un
chauffeur de taxi, ça?
Je
donne un autre exemple. Le chauffeur qui a en possession le rapport de
vérification de départ... Avant le départ, on fait une vérification, nous autres, les chauffeurs de taxi. Donc, dans cette loi — et c'est entre 90 $ et 270 $,
l'amende — ça
sera entre 250 $ et 750 $. Bien,
on ne voit pas nécessairement qu'est-ce que vous êtes en train de dire, que ce
projet de loi va nous aider ou va nous mettre en meilleure forme.
Puis
les 40 millions, là, je ne sais
pas d'où vous avez cherché ces chiffres-là, les 40 millions de courses
pour le taxi. C'est basé sur quoi, ça? On ne sait pas si on fait
vraiment 40 millions par année. On ne sait pas.
• (20 heures) •
M.
Feeld (Jean) : Et en disant 40 millions, vous vous basez sur le
nombre de chauffeurs de taxi actuel. Mais maintenant, le lendemain du
projet de loi... Ce que vous dites dans le projet de loi, n'importe qui peut
désormais — il
suffit qu'il fasse partie des chauffeurs qualifiés ou des voitures
autorisées — décider
d'avoir un dôme taxi. Maintenant, connaissez-vous
exactement combien de voitures de taxi avec un dôme qu'il va y avoir, combien
de personnes qualifiées qui vont faire du taxi en mode appellation taxi, que
vous voulez protéger et à qui vous allez donner 40 millions de
courses, donc combien d'argent qu'ils vont faire? Est-ce que ce sera toujours
40 millions? Parce que désormais ce marché sera ouvert à tout le monde.
Donc,
quand, des fois, vous dites... Et, depuis le début de la commission, vous dites
haut et fort qu'on va toujours avoir 40 millions de courses. Mais sur quoi
vous vous basez pour dire qu'après le projet de loi on va l'avoir? Et
combien de personnes qui vont répondre directement à ces 40 millions-là? Avez-vous
des chiffres, s'il vous plaît, à nous donner?
M.
Bonnardel :
...Mme la Présidente, je veux juste corriger certaines choses. Là, ça fait
quelques fois que j'entends la plaque
T, où on aurait l'impression qu'on ne sera plus capable de définir, tu sais,
chauffeur de taxi, là. À l'article 24, on dit que «la société fait droit à la demande
d'autorisation, elle délivre au propriétaire un document qui atteste que
l'automobile est autorisée.
«Elle délivre
de plus au propriétaire l'accessoire prévu par règlement du gouvernement qui
permet de distinguer si l'automobile
autorisée est utilisée ou non pour offrir du transport rémunéré de personnes.»
On sera capable d'identifier ceux qui font du taxi.
Maintenant,
vous dites... J'ai mentionné ce dépliant tantôt... ce dépliant, oui, que vous
donnez, Mobilisation Taxi. Je
veux juste rectifier certains faits encore
une fois. Quand vous dites qu'il n'y aura aucune exigence pour les véhicules, c'est complètement faux, vous le savez; aucune exigence de formation réelle, complètement faux; aucune vérification mécanique, complètement faux. Et en plus,
vous ajoutez : aucune interdiction sur l'alcool.
Alors,
dites-vous une chose, là, on n'a pas fait une loi, baissé les règles
administratives, financières, réglementaires au détriment de la sécurité des clients et des usagers. Jamais
je ne baisserai d'un iota, un pour cent... le fait qu'on n'assure pas la
sécurité. Alors, moi, quand je vois des choses comme ça que vous remettez à vos
gens, aux clients, je vous dis juste une chose...
M. Sabbah (Kamal) :
...
M.
Bonnardel : Peut-être,
peut-être, mais c'est l'industrie du taxi. C'est l'industrie du taxi.
M.
El-Kalaani (Edgard) : ...que
ce document que vous avez, on n'est pas responsables parce que ce n'est pas
nous qui avons distribué ça, là, juste pour...
M.
Bonnardel : Je
sais, mais je vous dis, j'ai étendu... Je comprends ça.
La
Présidente (Mme Grondin) :
On s'adresse à la présidence, s'il vous plaît. On s'adresse à la présidence à
chaque fois. Merci.
M.
Bonnardel :
C'est une initiative de l'industrie du taxi. Alors, je vous dis juste une
chose. Oui, on va protéger l'appellation
taxi. Et moi, je vois encore plus grand, puis vous le savez, je vous ai répété
le même discours, à certains d'entre vous, au-delà des 40 millions,
moi, je vise 50 puis 60 dans cinq ans, 10 ans.
Les
comportements qu'on veut changer, avec la Politique de mobilité durable, c'est d'amener
les gens aussi à laisser leur voiture et d'utiliser peut-être le taxi. Et c'est
dans ces conditions aujourd'hui qu'on écrit une loi, qu'on prépare une
loi pour changer ces comportements. Et c'est à Montréal que ça va paraître
encore plus, c'est la métropole. Vous serez
les premiers acteurs à mesurer, le lendemain de l'adoption de cette loi,
jusqu'où on ira. Alors, je vous laisse là-dessus.
M. Feeld
(Jean) : ...je vais poser une question au ministre. Effectivement,
c'est qu'actuellement on est en train d'aller la tête baissée dans un modèle qui ailleurs... d'autres villes témoins
ou d'autres villes soeurs l'ont déjà essayé, et actuellement ils sont obligés de mettre des quotas parce que le
nombre de voitures dépasse. Ça augmente les effets de serre, ça augmente...
il y a beaucoup plus d'embouteillages.
Et, quand M.
le ministre dit clairement que les gens vont délaisser la voiture pour prendre
le taxi, ce n'est pas vrai, parce
qu'aussi longtemps que le fait de posséder une voiture, au Québec ou dans le
monde, reste un agrément à la richesse pour
pouvoir montrer que je suis plus riche ou... par exemple, je viens de terminer
les études, la première chose que je fais parce que j'ai un travail,
j'achète une voiture. Donc, aussi longtemps que posséder une voiture, c'est une
clé de richesse, il va toujours y avoir
l'auto solo, il va toujours y avoir des places vides dans les voitures. Donc,
abolir les permis ou ouvrir le marché complètement...
La Présidente (Mme
Grondin) : Il vous reste 30 secondes, monsieur.
M. Feeld (Jean) : ...ça ne va pas
faire en sorte qu'il y a plus de gens qui vont prendre le taxi.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges. Il reste 20 secondes.
M. le député de Bourget, 20 secondes.
M.
Campeau : 20 secondes. C'est vraiment juste un commentaire. On voit de
plus en plus de gens en bas de
30 ans, peut-être en bas de 25, qui n'ont plus de voiture. Alors,
l'idée qu'on va aller... que je veux paraître riche en m'achetant une auto, je
pense que c'est un modèle passé.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député de Bourget. Je suis
désolée. Nous allons poursuivre les échanges avec M. le député de Jacques-Cartier.
La parole est à vous.
M. Kelley : Je ne sais pas si vous voulez répondre au dernier
commentaire du député. Non? Alors, merci d'être ici ce soir. J'ai une question très simple pour vous
autres : C'est quoi, votre vision de l'avenir de l'industrie du taxi? Est-ce que
c'est le statu quo?
M. Boyer
(Daniel) : Bien, moi, je
pourrais laisser mes collègues répondre, mais moi, j'ai juste une réponse à ça.
Puis M. le ministre qui mentionne qu'il y a
40 millions de courses qui sont faites par les taxis, les
chauffeurs de taxi, et qu'il y en aura probablement plus... Vous avez devant vous... vous n'avez pas
des gens qui dirigent une multinationale, là. Là, on vient abolir ou assouplir certaines règles qui vont permettre à
des multinationales de venir jouer sur le terrain de petits joueurs québécois,
petits entrepreneurs québécois, et c'est là, le danger.
Moi, je ne pense pas que ces gens-là sont
capables de compétitionner des multinationales comme Uber, comme Lyft. Ils ne seront pas capables de le faire.
Donc, moi, j'ai de la misère à croire qu'ils vont faire plus que... Si c'est 40 millions de courses qu'ils font, j'ai de la misère à croire qu'ils
vont en faire plus que 40 millions. Et c'est là notre inquiétude. C'est pour ça qu'on dit que la déréglementation qui est proposée dans le projet
de loi n° 17, c'est néfaste pour
l'industrie actuelle, et ça va tuer l'industrie du
taxi telle qu'on la connaît.
Maintenant,
telle qu'on la connaît, est-ce qu'il faut qu'elle s'améliore, cette industrie-là?
Bien oui, il faut qu'elle s'améliore.
Et vous avez devant vous des gens qui sont prêts à l'améliorer, puis qui
travaillent continuellement à
l'améliorer, puis qui l'ont fait
depuis maintenant plusieurs années, puis qui veulent continuer à le faire. Mais
donnez-leur une chance.
En
déréglementant de cette façon-là... je dis à la blague, là, demain matin, là,
je m'achète un autobus puis je m'en vais
faire une route d'autobus. Je n'ai pas le droit de faire ça, mais c'est ce
qu'Uber a fait, là. C'est ce qu'Uber a fait quand ils sont arrivés ici. Moi, là, je vais charger...
au lieu de 3,25 $ une route d'autobus, à Montréal, là, je vais charger
2,50 $ puis je vais embarquer le
monde. Je n'ai pas le droit de faire ça. Puis, dans cinq ans, on va venir
dire : Je déréglemente, puis toi, avec
ton autobus, là, tu feras ce que tu voudras, tu pourras en faire du transport.
Ça ne marche pas de même, ça ne peut pas marcher comme ça.
On s'est donné des règles. Elles peuvent
évoluer, les règles, mais ce n'est pas vrai qu'on peut toutes les flusher du jour au lendemain. C'est comme si, à la fin
d'une saison de hockey, vous dites : On vient de changer les règlements,
c'est celui qui va marquer le moins
de buts qui va gagner. Là, vous venez de tout changer la patente. Ça n'a pas de
bon sens, là. Non, mais c'est parce que ça n'a pas d'allure.
Des voix : ...
M.
Boyer (Daniel) :
Je me défoule. Je me suis défoulé. Je m'excuse,
Mme la Présidente. Des fois, je suis
passionné.
M.
El-Kalaani (Edgard) :
L'industrie de taxi, c'est un service, et il est limité. On ne peut pas travailler plus
que... Malheureusement, aujourd'hui, on travaille 14 et 16 heures
par jour, mais on est limités avec le temps. Ça veut dire, pendant cette période, si on ne fait pas assez de
clients pour être rentables, on a perdu toute la journée pour travailler pour
rien.
Et d'ailleurs
le gouvernement lui-même, dans les années 1980, il a créé un plan de
rachat et il a obligé l'industrie à racheter.
Pourquoi? Pour qu'on soit rentables. Aujourd'hui, on fait le contraire, on
dit : Vous êtes rentables avec 8 000 permis, mais là ce qu'on va faire, on va émettre
120 000 permis, puis vous allez être rentables. Bien, écoutez, je
suis comptable, mais un plus un, ça
fait deux, ça ne fait pas 11. Donc, je ne comprends pas quelle modernisation
qu'on va avoir dans notre industrie si l'industrie n'existera plus.
• (20 h 10) •
M. Feeld
(Jean) : Et le lendemain du projet de loi, on appauvrit l'artisan, Mme
la Présidente, pour enrichir et donner le monopole à des compagnies
intermédiaires. Désormais, l'artisan ou le chauffeur qualifié est condamné à
être asservi par l'intermédiaire,
tout en assumant tout seul les charges liées à l'exercice du métier. Plus de
25 % de son revenu sera donné aux intermédiaires. Les frais liés à
l'acquisition d'une voiture, les frais d'assurance, l'entretien et tous les
autres frais que le répondant va lui
charger, c'est lui qui va les assumer. Actuellement, le chauffeur régulier ou
le chauffeur qualifié, il ne paie rien de tout ça. Il paie juste un
frais de location et qui représente seulement, par exemple, 6 $ de l'heure.
Et, en plus
de ça, c'est des propriétaires qui décident d'investir, à perte, dans une
compagnie pour créer de l'emploi à
des chauffeurs qualifiés. Quand on calcule exactement tout ce qu'on dépense
pour posséder un permis de taxi à Montréal, quand ça valait 200 000 $, en louant le permis à un locataire,
on n'avait pas assez d'argent pour payer tous les frais ou toutes les charges qui sont liées à l'acquisition de ce
permis-là. Un permis, il peut coûter jusqu'à 1 000 $ par semaine,
dans la poche du propriétaire, pendant qu'il peut le louer, maximum,
500 $, 600 $. Donc, les frais supplémentaires, il doit les sortir de
sa poche directement pour payer à la banque. Mais il était prêt à faire ce
sacrifice-là parce qu'il savait que tôt ou tard, dans les 10 prochaines années, il y avait un capital
qui grandissait tranquillement, pas vite, malgré qu'il avait une entreprise à
perte.
Donc,
actuellement, on prend toutes ces charges-là, on les transfère au chauffeur
locataire ou le chauffeur qualifié, qu'on
appelle, en disant qu'on va lui donner plus d'argent dans ses poches. Ce n'est
pas vrai. Et malheureusement, le projet de loi... ou le ministre ne peut
pas prouver qu'effectivement qu'on va faire plus d'argent.
M. Barrette : Avant de passer la
parole à mon collègue, juste une mise au point.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de La Pinière.
M.
Barrette : Il y a plusieurs personnes qui ont mis en doute, là, les
affirmations du ministre dans ses statistiques. Puis je réfléchis, là, depuis ce matin, puis... À un moment donné, j'ai
décidé de faire la réflexion, là. Je suis comme vous autres, moi, je ne comprends pas d'où ils
viennent, les 40 millions, là. Je ne le comprends pas. Vous êtes
comptable, monsieur, ça fait que vous allez comprendre ce que je vais
dire, là.
La population
du Québec, démographiquement, ce n'est pas bien, bien compliqué, 20 % de
la population a plus de 60 ans. Ce n'est pas les plus grands consommateurs
de taxis, on peut le dire. Il y a 13 % de la population qui a entre
zéro et 10 ans et 13 % entre
10 ans et 19 ans. À l'école primaire, on ne consomme pas beaucoup de
taxis. Il reste, grosso modo, 58 %
de la population adulte qui peut prendre le taxi, raisonnablement. Ça fait cinq
millions, là. Pour arriver à 40 millions, il faudrait que ces 5 millions là prennent huit fois par année le
taxi. Je lève la main, là, moi, j'en prends zéro fois. Puis, si on fait le tour des gens ici, dans la salle, là... Je
ne sais pas d'où il vient. Même si les 16 millions de passagers à Dorval,
à Pierre-Elliott-Trudeau prenaient tous le taxi, c'est 16 millions.
Je ne sais pas d'où il vient, le 40 millions.
Je ne sais
pas, encore moins, d'où vont venir le 50 millions puis le
60 millions. Je suis comme vous autres. Je veux juste dire ça à cette étape-ci, là, il n'y a pas
d'étude, il n'y a pas de chiffre démontré. Il y a des chiffres lancés dans les
airs. Il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans. Je passe la
parole à mon collègue de Viau.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je représente une... Il me reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme
Grondin) : Il vous reste huit minutes.
M. Benjamin : Quatre minutes?
La Présidente (Mme
Grondin) : Huit.
M.
Benjamin : Huit minutes? Merveilleux. Écoutez, je représente une
circonscription, Viau, où, depuis les dernières semaines, en fait, depuis le dépôt de ce projet de loi, mes fins de
semaine se composent presque essentiellement en rencontres, rencontres de plusieurs dizaines de chauffeurs
propriétaires, qu'ils soient de la communauté haïtienne, des communautés
maghrébines ou d'autres communautés et qui me parlent de leur désarroi.
Et, vous
savez, avant vous, un peu plus tôt ce matin, il y a un regroupement qui est
venu rappeler au ministre le caractère, et je cite, inhumain de ce projet de
loi là. C'était le regroupement des usagers du transport adapté, usagers,
d'ailleurs, pour lesquels il y a une absence complète de cette réalité
des personnes handicapées.
Vous avez...
le représentant de l'association haïtienne du taxi, vous avez évoqué
l'historique, l'importance de cette industrie-là
non seulement pour la communauté haïtienne, mais aussi pour différentes
communautés au fil de l'histoire du Québec. Je pense entre autres aux
communautés italienne, communauté grecque et, par la suite, communauté
haïtienne, communauté maghrébine. J'aimerais
peut-être vous entendre, M. le président, sur, justement, cet aspect humain.
J'aimerais qu'on donne un visage à tout cela. Comment ce projet de loi
a-t-il affecté, justement, les propriétaires de taxi?
M.
Hector (Carlo) : Bien, merci
pour la question, M. le député. Oui, moi, je suis Carlo Hector, le président de
l'association haïtienne. Je vais vous dire,
dans notre communauté, il y a à peu près 1 500 propriétaires de
permis de taxi, qui valaient
200 000 $ chacun, donc un patrimoine de 350 millions de dollars.
Maintenant, le permis est réduit à zéro. Je vais dire, l'impact social
que ce projet de loi a sur notre communauté, je n'ai pas de mot pour décrire
ça.
Il n'y a pas
un Haïtien au Québec qui ne vit pas, de près ou de loin, de l'industrie
du taxi. Tous les commerces haïtiens, maintenant, toutes les entreprises
haïtiennes sont victimes. Le projet de loi n'est même pas encore adopté, on
voit déjà les conséquences. Il y a
des petits commerces qui sont en train de fermer parce qu'il n'y a pas le
business. Juste le fait d'entendre que le permis ne vaut rien... Ce projet
de loi n'affecte pas seulement l'industrie du taxi, ce projet de loi affecte
toute la communauté haïtienne en particulier et les autres communautés.
C'est
pourquoi je vous prie, M. le ministre, réfléchissez. Réfléchissez. On veut évoluer, on
veut moderniser, mais on ne veut pas de table rase sur l'industrie,
on veut continuer à donner le service qu'on continue à donner. S'il vous plaît, M. le ministre, réfléchissez à
ce que vous faites, parce que vous êtes en train de détruire toute une communauté
en abolissant les permis de taxi.
Moi, j'ai 64 ans, à la veille de ma
retraite. J'ai travaillé durant 25, 30 ans pour avoir mon permis. Je l'ai
acheté 190 000 $. Vous m'arrivez,
vous me dites : Ça vaut zéro. Et c'était ma retraite. Je ne peux pas me
reperfectionner pour aller faire
d'autre chose encore, présentement. Maintenant, je dois vivre de quoi si mon permis vaut zéro?
Il peut même passer à la banque pour
dire : Et voilà, j'ai un problème, donne-moi 5 000 $. Ça vaut
zéro. Il y a même, maintenant, des propriétaires de taxi même pas capables de louer un appartement parce qu'ils
disent : Ça ne vaut rien. Voilà l'état où on est présentement avec ce projet de loi.
M.
Benjamin : Autre question
que j'aimerais vous poser, parce que, vous savez, souvent, il y a beaucoup
de mythes, beaucoup de légendes urbaines qu'on entend autour de ce projet de loi. Une des légendes urbaines qu'on entend, c'est que ça se veut un prétexte à la modernisation. J'aimerais
peut-être vous entendre, un de vous, parlez-nous un peu des
efforts de modernisation que l'industrie du taxi a faits, les efforts au
cours des dernières années.
M. Sabbah (Kamal) :
Depuis 2014, l'industrie du taxi a fait beaucoup d'efforts, puis un des
efforts, le premier, c'était quand le gouvernement a décidé de passer la loi sur les cartes de crédit. Donc là, à Montréal,
c'est obligatoire d'avoir une carte de crédit. On est allés, après, nous demander, à nos frais encore une fois, d'avoir une image de marque, qui est le Bonjour, pour pouvoir travailler à l'aéroport. L'industrie
du taxi a répondu. On nous a demandé... Dans le Bureau du taxi, on avait créé un comité pour créer une plateforme
de modernisation qui va pouvoir connecter tous les taxis et les géolocaliser
pour pouvoir, justement, avoir des applications là-dessus. On l'a fait.
Au fond, votre question, si elle s'adresse au
propriétaire et chauffeur, le propriétaire chauffeur n'avait aucun mot à dire, dès le début, et il a toujours obéi ou toujours accepté toute
modernisation ou tout changement. Donc, peut-être, cette question-là, ça devrait être posé plus aux
intermédiaires de services. Mais pour nous, comme travailleurs de taxi,
artisans de taxi, on n'a,
premièrement, pas le choix que d'accepter, deuxièmement, on n'a jamais été
fermés à aucune ouverture de technologie ou de modernisation.
M.
Benjamin : Je comprends très bien effectivement que c'est une
industrie qui a toujours vécu, grandi dans le respect des lois en
vigueur.
Donc,
maintenant, un autre argument du ministre, c'est au niveau de la réalité des
chauffeurs. Le ministre clame haut et fort que le nouveau projet de loi mettra
de l'argent dans les poches des chauffeurs locataires. J'aimerais vous entendre,
M. Hector ou toute autre personne ici, pour nous dire quels sont éventuellement...
Pouvez-vous nous faire la nomenclature des frais qu'auront à défrayer
éventuellement, si ce projet de loi là venait à être adopté tel quel... par un
chauffeur locataire?
• (20 h 20) •
M. Feeld
(Jean) : Bien, c'est très simple. Actuellement, pour être chauffeur de
taxi, présentement, on paie notre hypothèque,
le propriétaire de taxi, on paie notre hypothèque, on achète l'auto, on paie
l'assurance, on paie les frais aux intermédiaires, on paie aussi les frais de
la SAAQ, on paie les frais d'entretien. Donc, tout est sur le dos du
propriétaire, et le locataire n'a
seulement qu'un frais de location à payer,
qui est environ de moins de 5 $,
des fois 6 $, maximum, par heure. Et il loue l'auto pendant
12 heures ou des fois toute la journée.
Donc, le
lendemain du projet de loi, on enlève seulement l'hypothèque, mais tous les
autres frais qu'on vient de citer vont être tombés sur le dos du chauffeur
locataire ou chauffeur autorisé. Donc, dire que... J'ai déjà entendu le
ministre dire : Il va seulement avoir son auto à payer, mais ce
n'est pas vrai.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. Feeld, il faudrait... En conclusion. Il vous
reste 30 secondes.
M. Feeld
(Jean) : Exactement. Donc, non seulement qu'il a l'auto à payer, c'est
vrai, les assurances, qu'il n'avait
pas à payer, il va les payer, et aussi tous les autres frais qu'on a cités,
excepté l'hypothèque, que le propriétaire payait dans les frais
cités, c'est le chauffeur qui va le payer.
M.
Benjamin : J'aurais aimé
entendre M. Boyer sur la manifestation des chauffeurs d'Uber. Donc, j'aurais aimé vous
entendre là-dessus, rapidement.
La Présidente (Mme
Grondin) : En cinq secondes.
M.
Boyer (Daniel) : Cinq
secondes. Bien, écoutez, oui, les chauffeurs d'Uber sont aussi exploités.
Et quand on déréglemente, c'est ce que ça donne. C'est l'exploitation
des chauffeurs, des chauffeuses...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Je suis désolée de vous couper. On va poursuivre
les échanges avec Mme la députée de Mercier.
Mme
Ghazal : Merci. Merci, Mme la Présidente. Merci, monsieur, pour votre présence ici. Justement,
on parle de l'impact sur les travailleurs, ceux d'Uber, les chauffeurs aussi de taxi. On
demande, on continue à le demander, vous le faites, et on va continuer jusqu'à la fin à demander des études d'impact de ce projet de loi parce qu'on ne pourra pas bouleverser toute une industrie
sans se baser sur des chiffres, sur des données. Et le ministre ne le fait pas.
On a eu un projet pilote d'Uber qui a duré trois
ans. Je me suis tournée tout à l'heure vers mon collègue député de Viau pour lui dire : C'était quand même
pendant les libéraux, peut-être que vous l'avez quelque part. Il me dit qu'il
ne l'a pas. Il faudrait le rendre public, sinon à quoi sert le projet
pilote? Tout ce qu'on a en ce moment, ce sont les paroles du ministre qui nous dit que la loi de l'offre et de la
demande va tout régler. C'est David contre Goliath et que... je ne dirais
pas le meilleur, mais que le plus fort gagne.
Je sais que
la réalité, à Montréal, c'est 90 % des chauffeurs. Vous en avez
parlé un peu. Vous avez parlé aussi de la communauté haïtienne, de
l'impact sur ces gens-là. 90 % possèdent leur voiture, ils sont
propriétaires, ils sont chauffeurs, ils
ont acheté leur travail. Vu qu'on n'a pas les données de l'impact socioéconomique de ce projet de loi, on a
juste une étude préliminaire, est-ce
que, vous, vous avez fait une évaluation plus globale sur l'impact
socioéconomique de ce projet de loi là? Et si vous pouvez nous en
parler...
M. Sabbah (Kamal) :
...si vous permettez, Mme la Présidente. Je m'excuse, j'ai raté ça un peu la
fois passée. On n'a pas d'étude, puis je me
demande pourquoi on aurait des études, nous, les chauffeurs et propriétaires de
taxi. Elles devraient être faites par le gouvernement ou par les gens
intéressés à ces chiffres-là. Pour pouvoir prendre les bonnes décisions, pour pouvoir légiférer ou faire des
projets pilotes, il faut être basé sur quelque chose de scientifique, quelque
chose qui est concret. Nous, on ne l'a pas fait.
Mais
je peux vous décrire un peu, socialement, qu'est-ce qu'on vit depuis qu'Uber
est arrivé. C'est un déclin total de
l'industrie de taxi, dès le début. C'est des cas de divorce, c'est des cas de
faillite, c'est des gens qui se tournent vers eux-mêmes, c'est des dépressions, c'est... Je veux citer, mais là je ne
veux pas faire un drame aujourd'hui, là. Tout ce que je voulais dire... que ça affecte tellement la
communauté des gens de taxi et surtout que ces gens-là sont issus de
l'immigration.
Donc, souvent, ces personnes-là, quand elles ont
investi dans le taxi leur temps et leur argent, c'était parfois... Ce n'est pas un choix, il y avait... Ce n'était
pas reconnu, leurs compétences, quand ils sont arrivés dans ce pays qu'on aime
beaucoup. Puis dans un sens, ces gens-là,
ils ont été obligés d'aller, dignement, investir dans une industrie pour ne pas
aller quêter une job ou pour ne pas être sur le dos de la société, avoir de
l'aide sociale ou du chômage. Donc, ils ont bien choisi, avec leur
fierté, une certaine façon qui était disponible à eux, pas de l'État lui-même.
Ce n'est pas eux qui ont choisi. C'était disponible à tout le monde.
Quand vous
voudrez faire du taxi... Il fallait acheter un permis et il fallait
probablement être chauffeur de taxi et avoir un... et suivre des
règlements. On a suivi tous ces règlements-là, jusqu'à tant qu'aujourd'hui,
depuis 2014, Uber a rentré illégalement. On
n'a pas agi, comme gouvernement, que deux ans après. Mais, deux ans après, on
les félicite avec un projet pilote et aujourd'hui on veut les rentrer dans la
loi. Donc, on félicite les multinationales de venir nous voler notre
argent pour sortir 25 % de chaque dollar en dehors — je
m'excuse pour le mot «voler» — puis...
La Présidente
(Mme Grondin) : M. Sabbah, en quelques secondes, s'il
vous plaît.
M.
Sabbah (Kamal) : En
finissant, dire que je n'ai pas de statistique, mais j'ai des témoignages, que
je peux en parler tant que vous voulez.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. On va poursuivre les échanges avec le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. 3 min 55 s?
La Présidente
(Mme Grondin) : 3 min 55 s.
M. Arseneau :
Merci. M. Boyer a dit tout à l'heure que c'était comme à la fin d'une
saison de hockey, où on allait décider que c'était celui qui fait le
moins de buts qui gagne. Moi, j'ai plutôt l'impression que c'est au milieu de
la partie qu'on change les règles, et il y a
déjà un pointage inscrit, là, et on dit : Maintenant, c'est celui qui fait
le moins de buts qui gagne. Donc, on
change les règles en milieu de partie. Vous avez acheté des permis, en milieu
de partie, au milieu de votre carrière, on vient vous enlever ce sur
quoi vous aviez bâti votre carrière et, éventuellement, votre fonds de
retraite.
Mais je
voulais donc vous remercier d'être là. Votre point de vue est très clair, mais
j'aimerais avoir quand même une
explication de votre part sur ce que je comprends être une espèce de confusion,
depuis le début des audiences, entre la modernisation et la déréglementation, comme si la modernisation passait
nécessairement par la déréglementation. Et je pense qu'il y a des gens dans le public, chez les citoyens, qui
confondent les deux. Est-ce que vous êtes du même avis que moi?
M. El-Kalaani
(Edgard) : Oui, Mme la Présidente. Une modernisation de l'industrie, à notre opinion, c'est : On prend la base de l'industrie puis on lui donne
plus de pouvoir pour avancer, pour se développer.
Aujourd'hui, dans ce projet de loi,
ce qu'on voit, c'est : On détruit l'industrie pour recommencer quelque
chose. Mais ce qui arrive... On ne sait pas, en premier, qu'est-ce qui
va arriver. Ça, il n'y a pas d'étude.
Deuxièmement, lorsqu'on construit la nouvelle
entité ou la nouvelle formule, on ne regarde aucunement la rentabilité de ces chauffeurs-là, de cette
profession elle-même. Elle n'est plus connue une profession, c'est un travail à
temps partiel, réellement. Parce que,
si on n'est pas rentable, on doit aller chercher un autre travail, et ça sera
un temps partiel en allant au travail, en revenant du travail. Ça sera
du covoiturage au lieu d'un taxi.
M. Arseneau :
...alors, si vous permettez, finalement, ce dont on parle réellement, ce n'est
pas de modernisation. L'enjeu clé,
c'est la déréglementation. C'est exactement ce que le gouvernement veut faire.
Et, si je comprends bien, dites-moi si j'interprète correctement votre
point de vue, mais ce qu'on est en train de faire, c'est passer d'un régime du
chauffeur propriétaire, en grande partie, au
chauffeur locataire ou employé, éventuellement, avec le jeu des achats, puis
des rachats, puis des grands de ce
monde, pour finalement avoir simplement des employés chauffeurs de taxi qui
vont moins bien gagner leur vie demain qu'aujourd'hui.
M. El-Kalaani
(Edgard) : ...des
modernisations, ça, on voit. Nous, on a proposé une modernisation et on ouvre
le marché à tout le monde. Ils peuvent embarquer. Mais il y a
8 000 permis à Québec, on... Ils peuvent louer, ils peuvent embarquer sur cette plateforme. Si cette
plateforme, elle est au niveau de tout le Québec, ils peuvent embarquer,
jusqu'à 8 000. Si on a besoin et on voit qu'il y a une rentabilité
pour ajouter, bien, on va en ajouter.
M. Arseneau : En complément?
M. Sabbah (Kamal) :
Pour répondre à votre question, j'ai bien compris votre question...
La Présidente
(Mme Grondin) : S'il vous plaît...
M. Sabbah
(Kamal) : Si vous permettez... Non?
La Présidente
(Mme Grondin) : Il vous reste 30 secondes.
M.
Sabbah (Kamal) : 30
secondes. Ce qu'on fait, on appauvrit les locaux pour le bénéfice des multinationales.
Bref, il n'y a pas plus que ça.
M. Boyer
(Daniel) : On veut favoriser
l'entrepreneurship. On a de petits entrepreneurs québécois qui vivent de
cette industrie-là et là, bien, on va favoriser des multinationales au
détriment de ces petits entrepreneurs québécois.
La Présidente
(Mme Grondin) : 15 secondes.
M. Arseneau :
...on a 15 secondes? Le fait de pouvoir téléphoner... On veut moderniser,
mais on dit : On vous donne le téléphone, puis on vous donne le
lanternon, puis héler les taxis. Vous dites quoi de ça? C'est un...
M. El-Kalaani
(Edgard) : On ne donne pas
le lanternon, même, parce que n'importe qui peut mettre un lanternon.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup, messieurs,
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
quelques instants afin que les représentants de l'Association des taxis des
régions du Québec puissent prendre place.
(Suspension de la séance à 20 h 29)
(Reprise à 20 h 32)
La
Présidente (Mme Grondin) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association
des taxis des régions du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, et,
par la suite, nous procéderons aux
échanges avec les différents membres de la commission. Je vous invite
donc à vous présenter, s'il vous
plaît. La parole est à vous.
Association
des taxis des régions du Québec (ATRQ)
Mme
Dallaire (Carole) : Oui,
merci, Mme la Présidente, M. le
ministre, les députés. Mon nom est
Carole Dallaire. Je suis membre de
l'ATRQ, porte-parole des taxis pour la région du Saguenay. J'ai, à ma
gauche, Serge Lebreux, membre fondateur et porte-parole de l'ATRQ, ainsi
que M. Jean-François Tremblay, sur ma droite, M. Serge Leblanc, membre fondateur également de l'ATRQ, représentant la région de
l'Outaouais, Maroun Basbous, qui devrait sans doute arriver, directeur
général de Fraxion, compagnie technologique, représentant la région de Laval.
Pour commencer, je vais vous présenter un peu
qu'est-ce que l'ATRQ, puisque c'est une association qui est assez nouvelle. L'Association des taxis des
régions du Québec est un regroupement d'intermédiaires et de propriétaires de permis de taxi opérés en région. Le territoire de
couverture des membres de l'ATRQ comporte tant des régions urbaines de grande taille, de moyenne taille, mais également
des municipalités rurales de plus petite taille. L'ATRQ regroupe
38 villes présentement, qu'on parle de Gaspé, Sainte-Thérèse-de-Blainville,
Sept-Îles, Trois-Rivières, Drummondville et Sherbrooke, et j'en
passe.
Pour
commencer, je voudrais faire un petit résumé. Qu'est-ce que le taxi en région?
Le taxi en région est bien différent de celui des grands centres urbains. En
effet, il s'agit souvent du dernier recours pour des personnes vulnérables
ou en perte d'autonomie. Au fil des ans, le
taxi s'est également forgé une place importante auprès des
opérateurs de transport en commun,
comme le taxibus qui a été démarré à Rimouski en 1993. De plus, le transport
médical tant des usagers, de certains prélèvements, du personnel fait également
partie de la gamme des services offerts par les sociétés de taxi en région, tout comme la livraison de colis. Il ne
faut pas négliger également l'adaptation de certains véhicules pour le
transport adapté et la desserte de cette clientèle particulièrement
vulnérable.
Les taxis en
région effectuent également le raccompagnement des personnes ayant des
facultés affaiblies, service dispensé
dans une perspective nettement d'intérêt public. Le taxi est devenu, au fil des
ans, un service essentiel. Cette place enviable du taxi est due à sa
disponibilité 24 heures par jour, et ce, 365 jours par année.
Je ne vous
ferai pas la lecture complète du mémoire. Vous l'avez tous reçu. Nous profiterons du temps
qui nous est alloué pour vous faire un résumé de nos recommandations.
La première recommandation, c'était de demander
au gouvernement de mettre en place une véritable étude d'impact avant d'aller de l'avant avec l'abolition des agglomérations. Comme piste de solution, l'ATRQ propose de mettre en place... de mettre sur la glace la disparition
de certaines agglomérations tant et aussi longtemps qu'une étude
d'impact sur la clientèle ne sera pas
réalisée. Si le ministre veut passer de la parole aux actes et mettre au
centre de cette réforme le client, il
se doit de procéder d'abord et avant
tout à une étude d'impact afin d'éviter que celui-ci soit pris en otage et qu'il voie la
couverture de services se dégrader en région.
L'ATRQ
demande en deuxième recommandation à ce que le gouvernement reconnaisse et
maintienne dans la loi la notion de chauffeur professionnel de taxi. Et qu'est-ce
que c'est, un chauffeur professionnel de taxi? C'est quelqu'un pour qui c'est plus qu'un
passe-temps de faire du taxi, c'est plus qu'une façon d'arrondir ses fins de
mois. C'est un chauffeur qui,
souvent, connaît sa clientèle et qui lui donne un service personnalisé. C'est quelqu'un
qui gagne adéquatement sa vie.
L'ATRQ
demande également le maintien des agglomérations en région, dans
lesquelles les répondants offriraient une
garantie de desserte 24 heures sur 24, sept jours sur sept, en échange de
quoi les contrats publics disponibles sur ces territoires seraient réservés
à ceux et celles s'engageant au maintien d'une telle garantie de desserte. Le
pacte social des propriétaires de
permis de taxi avec la Commission des
transports du Québec ou cet engagement qui prévoyait l'obligation aux titulaires de permis de répondre à la demande
des usagers en continu, c'est ce pacte que le gouvernement veut briser.
Ce faisant, il laisse tomber l'usager.
L'ATRQ
demande à ce que les actuels territoires soient maintenus, que les
intermédiaires et chauffeurs d'un territoire donné au moment de
l'adoption de la loi soient les seuls autorisés à exercer sur ce territoire et
qu'advenant qu'un autre prestataire de
services veuille desservir ce territoire, qu'il soit obligé de démontrer à la
CTQ que la demande excède l'offre, que ce soit de façon permanente ou
occasionnelle, que l'accroissement de l'offre permettra d'assurer la pérennité
du service déjà existant. Si
l'ensemble de ces conditions sont remplies, la CTQ pourrait alors autoriser une
telle desserte pour combler le besoin
ainsi démontré sur le territoire donné. Ce phénomène existe déjà beaucoup dans
plusieurs régions du Québec où les agglomérations s'entraident déjà
mutuellement, et tout cela, pour satisfaire la clientèle au maximum.
Au
point 5, l'ATRQ demande à ce que l'exclusivité des contrats publics soit
maintenue en faveur des chauffeurs de
taxi professionnels. En premier lieu, dans le cadre des considérations
réglementaires, le covoiturage urbain doit être traité comme un modèle de transport distinct des services
traditionnels des taxis. L'ATRQ s'inquiète aujourd'hui de constater que les contrats publics, jusqu'alors
réservés à l'industrie du taxi, pourraient être ouverts à tous. Il faut
comprendre que, tout particulièrement pour l'industrie du taxi en région, les
contrats publics sont souvent la différence entre être capable de
générer un profit ou être à perte.
• (20 h 40) •
Au
point 6, l'ATRQ demande à ce que le gouvernement s'assure que la formation
obligatoire soit aussi disponible en ligne. Rien dans le projet de loi
n° 17 ne semble permettre la formation en ligne. Imaginez un chauffeur de
Gaspé qui doit se rendre la Rimouski ou
celui de Saguenay à Dolbeau. Le chauffeur s'inscrit, on vient de lui donner une
formation le mois précédent. On lui donne une attestation provisoire de
11 mois car ils ne viennent qu'une fois l'an présentement. Est-ce qu'on
peut dire qu'un chauffeur est formé parce qu'il a une attestation provisoire
dans son porte-monnaie?
Au
point 7, l'ATRQ demande que soit maintenue l'immatriculation T et le
permis de classe 4C, tout ça pour une question
de sécurité. Alors, si le ministre dit avoir placé l'usager au centre de la
réforme du système actuel, il doit revoir cet aspect.
Au point 8, l'ATRQ exige que si le gouvernement
va de l'avant avec l'expropriation des permis de taxi, qu'il verse au préalable une indemnité juste et
équitable basée sur les valeurs de permis en 2014. Comme on vous l'a déjà
mentionné, l'ATRQ est aussi inquiète
de voir le gouvernement proposer l'abolition du service de permis sans qu'une
indemnité juste et équitable, basée sur les valeurs de permis en 2014... Elle
considère que les propositions actuellement sur la table sont nettement
insuffisantes.
En
conclusion, au cours des dernières années, l'industrie du taxi a mis en place
plusieurs initiatives d'électrification des transports. Elle n'a pas attendu la
venue d'Uber ou d'Eva en région pour se tourner vers les nouvelles
technologies, que ce soit par le développement d'outils technologiques, tels que les services de répartition
automatisés ou même la mise en
service d'application par téléphone
intelligent, qui donne déjà une estimation du prix ou le délai d'arrivée du véhicule.
D'ailleurs,
l'une de ces technologies est le fruit d'une entreprise québécoise,
qui offre des services à plus de 5 000
taxis, 10 sociétés de transport,
70 compagnies de taxi au Québec. Fraxion Communications a développé un
système intégré aux véhicules taxis,
qui permet un contrôle en temps réel du positionnement GPS des véhicules qui en
sont équipés, la répartition automatisée sans recours aux ondes radio et
une meilleure gestion des postes d'attente et des zones de desserte.
L'ATRQ considère que l'industrie du taxi est en
pleine modernisation. Elle est toutefois freinée par le cadre législatif
et réglementaire actuel, mais l'ATRQ ne croit pas qu'il faille
remettre en question toute une industrie pour arriver à un objectif
de modernisation déjà en cours. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci pour votre exposé. Je cède maintenant la
parole à M. le ministre.
M.
Bonnardel : Merci,
Mme la Présidente. Messieurs dames, bonsoir.
J'ai lu votre
mémoire. Je commencerais par un premier point, à la page 10, vous
dites : «L'ATRQ s'inquiète de l'abolition des agglomérations...»
Une voix : ...
M.
Bonnardel : À la page 10. «...et son corollaire,
l'absence de garantie d'une couverture 24 sur 24, sept jours sur sept.» Je comprends qu'il y a
des fois des appels chez des répartiteurs à deux heures du matin, en sortant
d'un bar ou autre, et, plus souvent qu'autrement, il peut ne pas y avoir
de taxi 24 sur 24. Comment vous pouvez dire ça?
Mme
Dallaire (Carole) : C'est
surtout s'il n'y a plus d'agglomération, il n'y
a plus rien, si on ajoute... Quand
vous parlez toujours
d'ajout, quand on parle de petites régions, si on ajoute des personnes qui
peuvent faire du transport, soit durant le jour ou dans les périodes les
plus propices... donc, nous, ce qu'on se dit, c'est que, si on doit séparer la
tarte pendant la journée ou pendant les
heures d'affluence, bien il risque d'y avoir des abandons de services dans les
heures où il y aura moins d'affluence.
Si, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on n'est pas capables de générer assez de revenus avec nos contrats
publics, nos contrats avec les sociétés de transport, nos contrats avec
les hôpitaux, bien, il sera difficile pour nous, en région, d'avoir soit de la main-d'oeuvre ou les revenus
nécessaires pour les lundis soir, les fins
de semaine, où vous comprendrez
qu'il n'y a pas beaucoup d'affluence.
M.
Lebreux (Serge) : Ce qu'elle cherche à vous dire, finalement,
c'est que l'offre de services 24/7/365 fait partie de toute la tarte. Ça fait qu'il y a beaucoup
de propriétaires en région actuellement qui assument de desservir et de donner une offre de services dans des
heures où est-ce qu'il n'y a presque pas d'appels. Mais, en retour de ça, il
se retourne de bord puis, le lendemain, il y a de l'ouvrage pour ses
gars.
M.
Bonnardel :
Oui, mais là vous laissez croire aux gens que j'abolis une politique 24/24,
7/7, là.
M.
Lebreux (Serge) : Il n'y a rien qui spécifie dans la loi n° 17 actuellement...
M.
Bonnardel :
Non, mais vous dites...
M. Lebreux (Serge) : ...qui
oblige le propriétaire de permis actuellement à donner une desserte 24/7/365. Rien dans
votre loi ne le spécifie actuellement et c'est ce qu'on déplore.
M.
Bonnardel :
Mais il n'y en a pas plus là, là, dans la loi.
M. Lebreux
(Serge) : Dans la loi actuelle? Bien oui.
M. Bonnardel :
24 sur 24. Sept jours sur sept.
M. Lebreux
(Serge) : On donne un service 24/7, nous autres, en ce
moment, M. le ministre.
M. Bonnardel :
Oui, mais attendez. Je comprends qu'il peut y avoir des appels chez des
répartiteurs, mais un service de taxi comme
tel, à deux heures, trois heures du matin, ça se peut qu'il n'y en ait pas. Ça se peut qu'il n'y
en ait pas dans des régions, là. J'ai des députés qui me disent : Moi, la
gare d'autobus ou de train à Drummond, à deux heures du matin, j'arrive, une heure du matin, il n'y a
pas de taxi. Mais j'ai des exemples, c'est normal... bien, c'est normal... on
voudrait qu'il y en ait ou qu'il y ait une offre additionnelle pour
répondre à...
M. Lebreux (Serge) : ...c'est dans la loi actuellement? Ma question, je vais vous la poser, moi. Comment ça que ça se
passe comme ça, d'abord? Si la responsabilité d'application de la loi est sous
votre responsabilité actuellement, comment ça qu'il y a des zones qui sont mal
desservies actuellement?
M. Bonnardel :
Attendez, là, M. Lebreux. Les territoires d'agglomération, on les abolit
justement pour être capable de permettre à des propriétaires, des
sociétés de taxi de faire du transport entre différents territoires.
M. Lebreux (Serge) : Ce qu'on dit, c'est qu'actuellement les gens vont s'impliquer socialement
auprès de leurs communautés en offrant une desserte 24/7. En ce
moment, c'est ce qui se passe, c'est ce que les propriétaires de taxi essaient
de faire dans la mesure du possible, quand ils sont capables et quand ils ont
accès à un bassin de main-d'oeuvre potentiel.
M. Bonnardel :
Ça, je suis d'accord avec...
M. Lebreux (Serge) : Avec la loi n° 17,
vous venez enlever ça, puis il n'y a plus d'obligation. La population est
exposée... C'est-u écrit dans la loi? Nous autres, on ne l'a pas vu.
M. Bonnardel :
Mais pourquoi demain matin, vous ne pourriez pas continuer d'offrir ce
service 24/7? Qu'est-ce qui empêche? Je ne comprends pas, là.
M. Lebreux (Serge) : Parce que le 24/7 fait partie de mes
responsabilités, puis je l'assume parce que le lendemain j'ai 100 % de la
tarte. Ce n'est pas compliqué à comprendre. Je fais mes frais là, je suis
capable de me défaire... l'autre bout pour desservir ma communauté. Ce
n'est pas compliqué.
La Présidente
(Mme Grondin) : Est-ce
que, s'il vous plaît, vous pouvez vous adresser à la présidence, s'il vous
plaît? Merci.
M. Bonnardel : C'est une question d'offre et de demande aussi,
là. À quelque part, moi, je me dis : Si le service, vous l'offrez de bonne façon, en quoi, demain
matin, le client qui vous connaît, qui a peut-être l'application dans la région où vous êtes, qui l'utilise, ne pourrait pas le
faire encore? En quoi...
M. Lebreux (Serge) :
Elle vous l'a expliqué tantôt, le manque de rentabilité.
M. Bonnardel :
En quoi abolir...
Mme Dallaire
(Carole) : Mais si on ajoute... Je m'excuse, je vous ai coupé
la parole, allez-y.
M. Bonnardel :
Non, non, allez-y. Allez-y, allez-y.
Mme Dallaire
(Carole) : Ce qu'on a essayé
de vous expliquer, c'est que, s'il y
a des joueurs qui s'ajoutent en
région, qui prennent soit une application provinciale ou qui... mettons Uber s'installe à Saguenay, c'est sûr que
ces gens-là vont venir lorsqu'il y a des heures d'achalandage. Donc, si on a plus de joueurs puis que, là,
on fournit présentement, donc on sépare
la tarte. Et si on n'a plus assez de rentabilité, bien, on ne sera plus capables de desservir nos agglomérations les heures où il y a de très faibles affluences.
M. Bonnardel :
Vous savez, on parle de pénurie de main-d'oeuvre. Certains d'entre vous
disent : On ne peut pas fournir.
Moi, je persiste et signe, encore une fois, avec le nombre de courses que
l'industrie fait année après année, depuis les cinq dernières années,
qui va continuer, je l'espère, en augmentant...
M. Lebreux (Serge) :
On est en région. On vit une dévitalisation en région, actuellement.
Mme Dallaire
(Carole) : Je suis d'accord
avec vous. Je suis d'accord avec vous, si on garde... Mme la Présidente,
si je peux... Je suis d'accord avec vous, si
on garde les mêmes nombres de courses dans nos régions, si on garde les mêmes
revenus, il n'y en a pas de problème. Mais on doute qu'il va arriver des
nouveaux joueurs qui vont vouloir prendre une voiture, un retraité, avec sa belle voiture, qui va décider de venir
faire des périodes d'achalandage du matin ou de l'après-midi, mais lui,
il ne voudra pas sortir le lundi à deux heures du matin. C'est la même chose
pour les jeunes qui vont peut-être vouloir
venir le samedi soir. Mais si on n'est plus capables... s'il y a d'autres
joueurs qui s'ajoutent, on n'ajoutera pas de personnes en région qui
vont prendre plus de taxis, on n'ajoutera pas plus de téléphones.
• (20 h 50) •
M. Bonnardel :
Bien, madame, c'est une question de demande aussi. Si vous me dites qu'il y a
peut-être 20 chauffeurs de plus au
Saguenay, demain matin, qui décident de faire ça à temps partiel, parce que
vous n'êtes pas capables de fournir,
dans des exemples x, un match de hockey aux Saguenéens ou peu importe, une
sortie x, un spectacle x, ça se peut que vous ne soyez pas capables de
fournir puis que certains se disent : Ce soir, je vais aller faire un
quatre heures, parce que l'industrie, je le
sais, ne fournit pas. J'ai été dans un match, là je cherche un taxi en sortant,
il n'y en a jamais ou il y en a, mais
ils sont pris. Mais en quoi, demain
matin... l'offre et la demande vont s'ajuster. En quoi vous pourriez perdre
face à ça? J'en conviens que vous en faites un travail professionnel, vous en
faites peut-être pour 40, 50, 60 heures par semaine. Il n'y a rien, demain matin, qui vous empêche de continuer
puis de le faire encore de meilleure façon avec des coûts moindres. Je
ne vois pas...
Puis je
pourrais vous reposer la même question. O.K., Taxelco, c'est un répartiteur, il y a
des chauffeurs. Peut-être que ce n'est pas la même dimension pour vous,
mais il y en a plusieurs qui sont venus tantôt ici, ce matin puis les
autres journées, qui ont dit : L'abolition, là, des permis ou des
quotas, les agglomérations, c'est une valeur ajoutée pour nous.
Je vais vous
amener juste sur le transport adapté, tiens, tant qu'à ouvrir cette porte. Vos membres
font beaucoup, beaucoup de transport
adapté, beaucoup.
Demain matin... je le disais encore avec des statistiques, 75-25, puis on
va reprendre les mêmes chiffres, où 75 % de l'offre que vous offrez
est excellente. On vous donne un B+ partout. L'autre 25 % est peut-être
inadéquat ou il y a peut-être un service inégal, c'est ça que les gens ont
utilisé comme mot, ou des services qu'on
n'est pas capables d'offrir soit pour une question de coûts, parce que le
transport est trop long, tantôt certains en parlaient.
Le transport adapté, demain matin, avec la loi
comme on la dépose aujourd'hui, je reste persuadé que demain matin, l'offre que vous offrez, les municipalités,
les sociétés de transport... parce que certains l'ont mentionné, c'est
l'ATUQ... si je ne me trompe pas,
6 millions de courses, augmentation de 5 % par année depuis les cinq
dernières années, et ça va continuer d'augmenter avec le vieillissement
de la population. Garder les gens à la maison, c'est ce qu'on souhaite, en santé, et autres. Bien, ces gens vont avoir besoin
de vous. En quoi, demain matin, vous ne pourriez plus offrir ce service?
Mme Dallaire (Carole) :
Ça, je suis d'accord avec vous qu'on va continuer de l'offrir si on peut être
les seuls à garder, justement, comme on le
disait dans nos recommandations... si les véritables taxis, on peut garder la
priorité de pouvoir soumissionner
dans nos sociétés de transport pour ne pas qu'on se ramasse avec plusieurs
joueurs indépendants qui veulent soumissionner. L'expertise, puis la
formation qu'on a donnée, puis tout ça, on ne veut pas perdre ça.
M.
Bonnardel :
Vous savez, cette formation que vous avez, spécifique, là, est à vous, là. Puis
vous êtes des bons joueurs, vous
signez des ententes. Moi, je suis une municipalité, je suis une société de
transport puis je fais affaire avec vous depuis huit ans, vous offrez un
service «top-notch», demain matin, je ne vois pas pourquoi on changerait.
Maintenant,
le 25 %, il y a des territoires où c'est mal desservi, on va le dire
ainsi, et que, là, certaines municipalités nous disaient : On aimerait ça avoir une offre additionnelle, une
concurrence additionnelle, parce que soit on paie trop cher ou le service est inégal. Puis je le dis en tout
respect. Alors, abolir ces dessertes d'agglomération, c'est un peu pour ça
aussi. Parce que vous, si vous le faites, ce travail, là... je ne sais
pas ce que vous faites au Saguenay, vous faites peut-être du transport adapté, vous le faites, mettons, très,
très bien, mais vous seriez peut-être capables de fournir la MRC d'à côté. Vous
diriez peut-être : Il y a un volume d'affaires additionnel, je m'achète
deux vans, je les modifie, je les prépare, j'ai deux chauffeurs qui sont
formés, go, on y va. Ce n'est pas quelque chose qui est possible?
M. Lebreux (Serge) : Mme la Présidente, on l'a encore stipulé cet
après-midi, la loi le prévoit déjà, ça, M. le ministre. C'est déjà dans la loi. O.K., ça, on n'a pas de
problème avec ça. Ça, c'est déjà dans la loi, c'est déjà canné, puis on le fait
déjà dans certaines régions du Québec. Ce n'est pas un problème, ça, pas pour
«writeoffer» une industrie au complet.
M.
Bonnardel :
Attendez, M. Lebreux, je ne vous suis pas. Là, présentement, les dessertes...
M.
Lebreux (Serge) : Si Carole
n'a pas de taxi adapté chez eux, elle est mal... elle ne donne pas un bon
service dans sa MRC, puis moi, je
veux aller le donner, O.K., puis ce n'est pas dans ma MRC, je n'ai pas le
droit. Mais, si Mme Dallaire accepte
que j'y aille, il y a un commissaire qui va m'émettre l'autorisation de le
faire, si les deux parties sont d'accord. Ça, il n'y en a pas de
problème.
M.
Bonnardel : Est-ce
que ça se fait?
M.
Lebreux (Serge) :
Absolument. Bien, je ne vous dis pas que c'est toutes les compagnies de taxi
qui le font, mais la possibilité, dans votre législation actuelle, elle
le permet.
M. Leblanc
(Serge) : Juste à titre
d'exemple, si vous permettez, pour aider à comprendre, Mme la Présidente, moi,
j'ai déjà eu un permis de transport adapté qui avait été émis pour la
région du Mont-Tremblant, et il y avait vraiment une carence de véhicules.
Alors, je pouvais desservir la région de Saint-Faustin, Val-David, Val-Morin,
Saint-Sauveur, Sainte-Adèle. J'étais le
seul. Parce qu'effectivement j'étais dans Tremblant, mais, vu qu'il n'y en
avait pas ailleurs, j'avais cette autorisation-là de le faire.
Puis aussi,
ce qui s'est dit ce matin, ce que j'ai compris, moi, c'est que les gens sont
plus ou moins satisfaits aussi. On a parlé d'un problème de budget des
organismes. Tu sais, si tu n'as pas les budgets, c'est sûr que ce n'est pas
facile d'avoir du service. Je reviens encore
à mon exemple de Tremblant, il n'y avait pas les budgets à l'époque, alors le
matin je faisais à peu près
20 kilomètres pour prendre quelqu'un puis l'emmener à Sainte-Agathe pour
six kilomètres, puis je m'en
retournais chez moi et puis j'attendais l'après-midi pour aller la rechercher.
Je faisais à peu près 50 kilomètres non payants puis j'en faisais
six payants. Et c'est sûr que j'ai discuté souvent avec la personne. Elle
disait : Crisse, elle dit, M. Leblanc,
je n'ai pas de budget. Alors, en fin de compte, ce n'était pas du TA que je
faisais, c'était du bénévolat en fin de compte, hein? Mais ce n'était pas une exception. Chez nous, il y a
beaucoup d'endroits retirés comme ça. S'ils n'ont pas les budgets, ils ne
peuvent pas demander à un chauffeur de taxi : Fais 20 kilomètres à
vide, tu sais, pour faire 10 $, puis retourne-toi-z-en. Tu sais, si
ce n'est pas rentable, tu fermes tes portes, hein?
Alors, c'est
un peu ça, la problématique. Les gens ont dit, je pense, ce matin : Où ça
va mal, donnez-moi un peu plus de budget, puis je pense qu'on va être
capables de passer à travers.
M. Bonnardel :
J'en conviens. Ça, c'est une discussion que certains ont eue ce matin.
Maintenant, j'en conviens que vous
pouvez dire : O.K., à la CTQ, on va dire à l'autre : Moi, je te
permets de venir chez nous, correct, je sais que ça peut se faire. Mais, quand une municipalité
demande un peu plus de concurrence pour des raisons autres, là, je pense que
c'est adapté de se préparer à peut-être avoir une concurrence puis je le dis
bien respectueusement. Si le quart du service est peut-être inégal puis qu'une municipalité nous
dit : Moi, je n'ai pas le choix, il faut que je signe avec eux puis il n'y
en a pas d'autres qui peuvent arriver
sur le territoire, je pense que, là, c'est de permettre... c'est de penser,
encore une fois, à l'usager. Vous n'êtes pas d'accord?
M. Lebreux
(Serge) : Dans un monde
parfait, oui, Mme la Présidente, sauf que l'équilibre financier est tellement
fragile dans certaines régions du Québec
qu'à partir du moment où est-ce que vous permettez à un joueur de me rentrer
dedans, de me créer une compétition,
le marché n'est pas assez grand pour ça. Ça fait qu'il y a des services de
proximité qu'on offre actuellement,
genre, le transport adapté, où est-ce qu'on cale de l'argent avec ça, mais on
les maintient en place quand même parce qu'avec les profits qu'on fait avec nos
berlines on vient éponger le déficit. Vous comprenez? Ça fait qu'à partir
du moment... Si vous m'enlevez des revenus
supplémentaires sur mes berlines, à un moment donné, il va y avoir une limite,
là. Vous allez bien beau avoir les
agglomérations que vous voulez ouvrir, il n'y aura pas personne qui va partir
de Québec, venir mettre un truck de transport adapté à Gaspé ou à
Chandler, je vous en... c'est sûr que non, alors que...
M. Bonnardel :
Mais ça, je suis d'accord avec vous, là.
M. Lebreux (Serge) :
Ça, c'est clair. C'est clair, mais...
M. Bonnardel :
Mais là vous êtes en train de me dire : S'il y a un mauvais joueur, je le
laisse là.
M. Lebreux (Serge) :
Non. Convoquez-le en audience, M. le ministre.
M. Bonnardel :
Bien, vous me dites, s'il y a un mauvais joueur, de...
M. Lebreux
(Serge) : Si la municipalité
n'est pas satisfaite de sa compagnie de taxi, convoquez-le en audience puis
faites-lui un procès ou peu importe, mais
c'est à vous autres d'impliquer, puis d'imposer les conditions, puis de sévir
contre un titulaire de permis qui ne va pas de l'avant envers ses
responsabilités. Comprenez-vous? C'est juste ça.
M. Bonnardel :
Oui.
M. Leblanc
(Serge) : D'ailleurs, juste
aussi, je pense que... Prenons l'exemple de la ville de Montréal. Ils donnent
14 contrats de gré à gré. Lorsque
quelqu'un respecte plus ou moins bien ses engagements, on baisse son quota, on
remonte le quota de la personne qui est plus performante. Alors, ça fait
une saine concurrence entre les compagnies de taxi. C'est sûr que, si on s'en va loin dans les territoires, il n'y a pas 10,
12 compagnies qui font du transport adapté, mais... exemple, dans l'Outaouais, je pense qu'il y a trois ou
quatre compagnies qui en font. Dès que quelqu'un n'est pas performant, ne
répond pas aux exigences, on le baisse puis
on remonte l'autre. Moi, je pense, c'est de la bonne concurrence, ça force les
gens à performer.
M. Bonnardel :
Oui, je... persuadé que la concurrence, c'est encore la meilleure chose quand
même pour ceux qui ne font peut-être pas le travail de façon adéquate,
mais...
M. Lebreux
(Serge) : Dans certaines
régions du Québec, Mme la Présidente, notre compétiteur, le principal, c'est les compagnies d'autobus. En Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, le ratio d'autobus est deux
fois plus élevé que le nombre de taxis qu'il y a disponibles. Ça, on
pourra en reparler, de la concurrence, surtout quand c'est payé avec le Fonds
vert.
M.
Bonnardel : Donc,
certains de vos collègues — je
vous amène sur la tarification dynamique — certains sont pour, étaient
pour, peut-être plus pour, d'autres qui ne le sont pas. Vous êtes où là-dedans,
vous, pour la tarification dynamique? Parce que ça, c'était un des outils qu'on
me demandait en début d'année. On le permet dès l'adoption de la loi. Vous en êtes où, vous, pour ce concept
qui... En réalité, on met fin au monopole d'Uber, on vous permet de l'utiliser,
mais là tout indique que, là, il y en a qui sont pour, il y en a qui sont
contre.
• (21 heures) •
M. Basbous
(Maroun) : Je pense...
Bonsoir, Mme la Présidente, M. le ministre, tout le monde. Au nom de coop de
Laval, que je représente aujourd'hui, on est contre le système dynamique,
pour... l'unique raison que la priorité, c'est le client. Lorsqu'il sort de l'école, il a 5 $ dans ses poches, ça
lui coûte 5 $ pour se rendre à la maison. S'il va sortir de l'école,
et le taxi, il est dynamique, le prix est
dynamique, ça va lui coûter 7 $, 8 $, il va rester devant la porte,
il ne pourra pas se rendre chez lui.
Donc, la
majorité des compagnies de taxi conventionnel sont contre. Il y en a une partie
qui sont pour la facturation dynamique,
mais la majorité sont contre. Et ça, c'est un enjeu, pour garder la clientèle,
donner le bon service à la clientèle, de
garder le même prix et ne pas utiliser le prix dynamique, même s'il y en a qui
l'ont demandé. Moi, au nom de Taxi Laval, je vous annonce... Et toute le couronne nord, il y a du monde présent
aussi, comme à Saint-Jérôme, ils sont prêts à garder le même prix, le même tarif, même si vous
l'autorisez, dynamique. On va respecter le tarif de la CTQ parce que c'est le
client qui est en premier.
M.
Bonnardel :
Mais vous êtes pour la modernisation, mais contre la tarification dynamique, et
vous parlez de clients. Moi, je vous
répète, si le client ou si le jeune a son téléphone et a trois applications sur
son téléphone, je redonne le même exemple, ce sera à ce client de définir si je
vous choisis, vous, parce que ça me coûte 8 $, un taxi qui arrive dans
12 minutes, ou que l'autre me coûte 6 $, mais le taxi va arriver dans
23 minutes.
M. Basbous (Maroun) :
C'est le choix du client.
M.
Bonnardel : Bien,
voilà. Alors, pourquoi vous êtes contre?
M.
Basbous (Maroun) : Nous
autres, on est contre pour le taxi conventionnel que lui, le taxi... parce que,
dans le nouveau projet de loi
n° 17, ce qu'on comprend, il y a la modernisation, il y a la
déréglementation. La modernisation, c'est tout ce qui est technologie de l'industrie du taxi. Et je suis bien...
très placé, avec tout mon respect aux autres, parce que j'ai un autre chapeau. On est en train de
moderniser, depuis l'an 2000, l'industrie du taxi. On a suivi... Depuis 2001,
avec la coop de Laval, on s'est fait
appeler pour développer des applications pour l'industrie du taxi. Maintenant,
nous comprenons par modernisation
tout ce qui est technologie. Et la déréglementation, ça, c'est le nouveau
règlement, c'est le normatif et le formatif. Il y a deux choses à
différencier.
Je ne suis
pas aujourd'hui en train de parler d'un ordre ou quoi que ce soit. Ce qu'on
souhaite... parce que ça fait des
années, depuis 2001, depuis le 21 juin 2001, lorsque la loi n° 163 a été adoptée à l'Assemblée nationale, ici même, par l'ex-ministre Guy Chevrette, nous avons commencé à
travailler à mettre en place la meilleure technologie possible. Et, depuis 2008, lorsque la loi nous a autorisés
d'afficher et de mettre des écrans dans les taxis et dans les minibus... on est
en pleine expansion au Québec. Et je me
permets de dire qu'on est unique en Amérique du Nord parce qu'on se fait
approcher par toutes les provinces
canadiennes, aux États-Unis, en Europe, pour avoir les applications
technologiques du Québec en matière de transport adapté, de transport
collectif, de transport médical.
M.
Bonnardel :
Donc là, vous voulez maintenir la plaque T, vous voulez maintenir le 4C, vous
voulez maintenir les territoires d'agglomération, vous voulez maintenir
la tarification dynamique...
M. Basbous (Maroun) :
Pas nécessairement maintenir les agglomérations. Il y a une formule, là, je
peux dire, l'agglomération dynamique... Je
donne un petit exemple. Laval, il y a 213 permis de taxi à Laval, mais il
y a entre 1 700 et 2 000 chauffeurs et propriétaires de Montréal qui habitent à Laval.
Donc, imaginez le matin qu'il va y avoir 2 500 taxis qui
travaillent à Laval, il y a zéro taxi à Montréal.
Donc, on peut
ouvrir le territoire pour tout ce qui est numérique et garder les
agglomérations pour tout ce qui est conventionnel, parce que le
conventionnel, c'est avec les chauffeurs de taxi, et le numérique, c'est avec
les applications. Donc, il y a toujours un
territoire de départ, une agglomération de départ. Et, à partir de
l'agglomération de départ, avec le numérique,
avec la localisation par GPS, la géolocalisation, on permet l'interéchange des
agglomérations, parce que ce n'est pas logique que j'envoie quelqu'un...
Et je l'ai déjà vécu avec Exo, sur le
territoire... Il envoie une voiture de Saint-Eustache, pour faire un appel à
Lachenaie, pour monter à La Plaine. Pourtant, il y a une voiture qui finit à
Lachenaie dans cinq minutes. Mais pourquoi envoyer une voiture parce qu'elle
est libre à Saint-Eustache? Il cherche la voiture qui est libre. On ne cherche
pas la géolocalisation. On n'utilise pas les
systèmes technologiques existants actuellement. Il y a des systèmes qui
disent : Je finis à telle place, donc je te donne le prochain appel
à telle place s'il n'y a pas de voiture de disponible.
Donc, oui, on
est pour une certaine façon de décloisonner les zones... mais qu'il y a
toujours une zone principale par laquelle un chauffeur de taxi doit
partir.
M.
Bonnardel : Il me
reste peut-être une minute.
La Présidente (Mme
Grondin) : 30 secondes.
M.
Bonnardel :
30 secondes? Je vous dis juste une chose pour la formation. Vous m'avez
mentionné au début que, pour vous, c'était
ridicule qu'on se déplace pour faire des centaines de kilomètres. C'est
terminé, ça, là. La formation, on
sera capable de l'avoir en ligne. Elle sera minimale. Elle sera définie par
règlement. Mais ce n'est plus vrai qu'on va faire trois heures de véhicule pour aller passer une formation, qu'elle
soit de sept heures, huit heures, 10 heures, 12 heures. Voilà.
M. Tremblay (Jean-François) : Mme la
Présidente, si vous permettez, on est pour les quotas, on est pour la
sauvegarde des agglomérations, parce qu'on croit que le filet social qui nous a
été donné, le taxi, est un filet social qui protège
les plus démunis actuellement. Puis on croit que, si le projet de loi n° 17 est adopté, ça va venir effriter ce filet-là et ça va exposer aussi les gens en région à prendre
leurs voitures beaucoup plus. Tu sais, déjà, c'est en haut de la normale pour
qui va représenter un risque davantage pour les accidents en état d'ébriété.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci. On va poursuivre les échanges, là, vous ne quittez pas. On va continuer
les échanges avec l'opposition officielle. M. le député de — je
reconnais — La Pinière,
la parole est à vous.
M.
Barrette : Pour 15 min 40 s. Il y a des moments où
j'aimerais aller m'asseoir avec vous, sincèrement, là. En tout cas, aujourd'hui, à peu près avec tout le
monde, là, j'aurais aimé ça être assis avec vous parce que... particulièrement,
vous autres et les groupes comme vous, là, qui êtes dans une région moins
urbaine, là. Quand j'écoute le ministre vous parler,
c'est clair que sa vision des choses ne s'adresse pas à vous autres. Je pense
que les prémisses sur lesquelles il base son raisonnement ne peuvent pas s'appliquer à vous, et le discours qui
est tenu est un discours qui n'est pas sur le même sujet.
Je
m'explique. La vision du ministre, dans son projet de loi, puis je fais une
espèce d'éditorial, là, puis vous me corrigerez
si je suis dans les patates, la prémisse du ministre, là, c'est qu'en
libéralisant le marché, en déréglementant tout, il va y avoir une affluence quasi infinie de services. C'est peut-être
vrai dans la grande région de Montréal, dans la grande région de Québec. C'est peut-être vrai. Moi, je
pense que la prémisse ne peut pas s'appliquer en région et je ne pense pas...
Puis il y a bien des gens qui l'ont dit ce
matin, puis je pense que, si je vous demande si, en région, actuellement, à
cause du projet de loi n° 17, qui est là sur la table, il y a du monde qui
abandonne le taxi, probablement que vous allez me dire oui.
M. Lebreux (Serge) :
Absolument. Puis vous avez juste à demander à M. le député de Rivière-du-Loup.
Son propriétaire de taxi a perdu, dans les
trois dernières semaines, environ entre sept et 10 chauffeurs, je ne suis pas
sûr, là. Pour lui, c'est majeur.
M.
Barrette : L'éléphant qui est dans la pièce, là, c'est que la prémisse
du ministre, c'est l'affluence, alors que, vous autres, votre problème, c'est la rentabilité. Vous avez un problème
de rentabilité. Quand je vous écoute puis que vous me dites : Je m'engage à donner un service
24 heures par jour, sept jours par semaine, parce que ce que je perds le
soir et la nuit, je gagne le jour, ça
s'équilibre, je donne le service, bien, ça, ça ne va pas être compensé par un
paquet de monde qui vient.
Et moi, je
vais dire la chose suivante, qui n'est jamais dite, c'est la première fois
qu'elle va être dite depuis le début des commissions. Le chauffeur
d'Uber et autres patentes de ce genre-là, là, il a une vie, lui, à côté. Il
prend son char... Il gagne sa vie, lui. Il
gagne sa vie. Son revenu lui permet d'avoir un char qu'il utilise dans du taxi,
genre Uber. Ça s'appelle un revenu
d'appoint. Vous autres, c'est votre revenu total, c'est votre vie. Vous n'avez
pas un «sideline», là. En général, là, vous vivez de ça. Vous ne gagnez
pas à la loto. Vous n'avez pas un condo en Floride. Vous êtes avec ça, là...
Oui?
• (21 h 10) •
Mme
Dallaire (Carole) : Je veux
rajouter à ça que, contrairement à ce qui est dit depuis... je suis ici depuis
hier, en région, les chauffeurs ne
sont pas locataires, tous les chauffeurs sont à pourcentage. Puis moi, les
chauffeurs, dans ma compagnie, chez
nous, c'est des employés... que je paie des déductions à la source. Donc, c'est
des salariés, en plus. Ça fait que c'est pour ça
que, souvent, on ne se sent pas rejoints par la nouvelle loi. C'est trop des
changements qui ne nous représentent pas,
qu'on veut... Oui, je comprends, peut-être que la MRC de Saint-Honoré, dans le
coin, chez nous, elle n'en a pas, de transport adapté, mais je ne peux pas faire 35 kilomètres
à vide pour aller chercher quelqu'un qui va à deux kilomètres plus loin.
Je vais le faire deux jours, puis le troisième jour, je vais arrêter.
M. Barrette : Bon, O.K. Oui, oui, je
vous comprends, ce qui nous ramène à la rentabilité du propriétaire.
Mme Dallaire (Carole) :
Il faut que je le paie, mon chauffeur.
M.
Barrette : Alors, celui qui
va venir, là, mettons qu'il y en a, là, qui viennent faire des revenus
d'appoint pendant la game des
Saguenéens, bien, c'est bien beau, là, mais ce gars-là, il travaille peut-être
chez Rio Tinto, vient faire un revenu d'appoint,
s'en retourne le lendemain à Rio Tinto, mais vous autres, vous n'êtes pas à Rio
Tinto puis vous avez fait vos courses...
Mme Dallaire (Carole) : De toute façon...
M.
Barrette : Non, mais on
s'entend, hein? C'est ça, la patente, là, ce n'est pas le même univers. Et
alors, à partir du moment où on
libéralise en région, les chances d'avoir un effet délétère, négatif, sont très
grandes, que les villes disent... parce
que, contrairement à ce que le ministre a dit, là... Le ministre a dit : Ce
matin, les villes, les municipalités sont venues nous dire qu'elles étaient toutes heureuses d'être contentes, il y avait
plein, plein, plein d'opportunités. Mais elles ont toutes dit qu'il y avait
un risque que ça soit le contraire.
Moi, quand je regarde ça, là, pragmatiquement,
je pense qu'il y a plus de chance que ça aille mal après qu'avant, ça, c'est mon opinion, alors... parce que c'est
vous autres qui le donnez, le service, là. Vous avez déjà un
problème de rentabilité. N'importe quel joueur qui vient faire un revenu
d'appoint va venir baisser votre rentabilité. Vous allez sacrer votre camp. Et il n'y a personne qui va partir de sa job de Rio Tinto pour venir
faire du Uber ou du transport adapté. Est-ce que je me trompe quand je dis que, pour
vous autres, là, en région, vous avez besoin, sur la base de la rentabilité, d'une protection minimale d'un volume d'activité, avec le
financement approprié? Je suis-tu dans les patates, là, ou je suis à la bonne
place?
M. Basbous (Maroun) :
Pas seulement dans les régions, même dans les grands centres urbains.
M. Barrette : Ah non! Je suis
d'accord avec vous, là. Je suis d'accord avec vous.
M.
Basbous (Maroun) : La ville de Montréal, dans l'Est et dans l'Ouest, la ville de Laval, dans l'Est et dans
l'Ouest, parce qu'elles sont en
longueur, si les voitures se concentrent, et on l'a vécu, on l'a testé... si
les voitures se concentrent au centre-ville de la grande ville, il n'y
aura pas de service sur les extrémités.
M.
Barrette : Le ministre
va vous répondre, lui, là, que... Dans la ville, là, en question,
plus urbaine, là, comme Laval, mettons,
là, le ministre va vous répondre que la déréglementation va
amener tellement de monde faire de l'appoint que vous allez
être heureux puis vous n'allez rien perdre.
M. Basbous (Maroun) :
Où ça va m'amener...
M.
Barrette : J'ai de la misère
à le concevoir, là. Puis je vais vous dire une affaire, je le conçois très bien,
c'est sûr qu'au Centre Bell, là...
puis là il va y avoir des engorgements, là, épouvantables, comme ça l'est déjà,
mais il va y en avoir encore plus. Tout le monde va être content, on va
trouver vite un taxi. Moi, j'en prends des taxis, rarement, là, mais ça m'arrive. Je n'ai jamais de problème, mais il
peut y avoir des circonstances où c'est vrai que ça peut aider les choses. Mais
l'effet total, même en ville, pas sûr que c'est «winner», là, puis, en région,
je suis sûr que ce ne l'est pas.
M.
Basbous (Maroun) : Ce que je
peux vous répondre, là, ce n'est pas toujours évident que les grands événements,
c'est des grands acheteurs de services de
taxi. La Place Bell, à Laval, là, lorsqu'ils sortent d'une game de hockey, des
fois, il n'y a même pas cinq appels,
alors que la Place Bell, elle est pleine à craquer. Mais là le monde, les
chauffeurs de taxi se garrochent tout autour de Place Bell, mais il n'y
a personne qui sort.
Donc, chaque secteur, chaque région... Ce qu'il
nous manque, c'est un dénominateur commun pour toutes les régions du Québec. Je suis d'accord avec
ce qu'il a dit, M. le ministre, c'est que ça prend une formule pour tout le Québec, pas
pour un secteur, pour une région, pour une ville. Donc, nous autres, on a présentement... Tantôt, il a dit, M. Frédéric Prégent, qu'ils ont, pour les 10 dernières années, des
informations et des données que M. Péladeau a refusé
indirectement de les donner.
M. Barrette : Ah! très directement,
très directement.
M.
Basbous (Maroun) : Poliment,
je le dis, nous, on a en notre possession des informations. Je peux me
permettre de dire, au nom de l'industrie
du taxi, majoritairement, je les
connais tous personnellement, si c'est du donnant-donnant, ils sont prêts à mettre entre les mains du
ministère, pour faire une étude d'impact officielle, avec les 10 dernières
années, des informations, des heures,
de la mobilisation. On a les traces GPS, les numéros de téléphone, les
adresses, les déplacements de tel point à tel point, en matière de transport adapté, transport
collectif, appels réguliers, appels par l'application, qui, dans le cas
de la ville de Laval, ne dépasse même pas 3 %
M.
Barrette : O.K. Je vais passer la parole à mon collègue qui a un
important sujet à adresser, là, mon collègue de Viau.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : M. le député de Viau.
M.
Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Vous savez, c'est assez
particulier, depuis qu'on a commencé ces séries de consultations, j'ai
observé que les premiers concernés par ce projet de loi cherchent encore qu'est-ce
que ce projet de loi a d'intéressant
à leur offrir. Et quand j'entends... quand je parle de premiers concernés, je
parle de vous, les professionnels de l'industrie du taxi. Je pense aussi aux clients, aux usagers, parce qu'il
y en a qui sont venus rappeler au ministre, justement, le caractère... et, je le répète encore,
puisque c'est leur mot, les usagers du transport adapté, qui ont parlé
du caractère inhumain... Ce qu'on voit... Donc, vous avez évoqué les pertes
d'emploi. Donc, à ce que je sache, Uber n'a pas créé d'emploi dans les
régions, à ce que je sache.
Je vais vous amener,
M. le président, donc, sur un exemple que vous avez rapporté dans votre
mémoire. Vous évoquez un phénomène très
préoccupant concernant le cas des chauffeurs de taxi, les chauffeurs de
Mont-Tremblant. C'est un phénomène, c'est celui de voir à certains
endroits de nouveaux acteurs qui viennent certains moments durant l'année où la demande est plus élevée. Malheureusement,
ces acteurs temporaires laisseront le... aux chauffeurs professionnels établis
à l'année à cet endroit. Pensez-vous qu'une
personne qui vient de faire un transport un soir à Mont-Tremblant, durant un
événement d'envergure, et qui repart après
n'a pas une obligation aussi importante d'offrir un service de qualité
puisqu'il peut revenir ponctuellement?
M. Leblanc
(Serge) : C'est évident que vous citez Tremblant, qui est une région
très particulière. Il y a une problématique
sérieuse là. D'ailleurs, la chambre de commerce de Tremblant, je les ai
rencontrés avec M. Lebreux. On a
parlé avec les dirigeants de la ville, tout ça. C'est sûr que Tremblant, ce qui
arrive, c'est qu'en temps normal il y a une dizaine de taxis, puis je pense qu'en temps normal ça répond bien à la
demande. Lorsqu'arrive le soir, les week-ends, ce n'est pas 10 taxis qu'il faudrait, il en faudrait
peut-être 25 et 30. Puis ça a créé toutes sortes d'événements, en tout cas, là,
les bris de vitres de taxis, les gens se battent, les gens... En tout
cas, c'est problématique.
Et
moi, c'est là peut-être que je rencontre une des recommandations de M. le
ministre. C'est que moi, je pense que, dans certaines agglomérations, il est
temps de les revoir, parce que je pense qu'on peut réformer certaines
agglomérations pour donner un
meilleur service, parce qu'il faut dire que les agglomérations, tout de même,
ça date de 1973, puis, depuis ce temps-là, il y a des villes qui sont
venues au monde. Il y a des populations qui ont été prises en des endroits...
Alors,
c'est bien évident que certaines agglos, dans le moment, ça ne peut pas
répondre exactement... Mais, pour tout faire ça, nous, on recommande, comme
tel, une étude d'impact. En 1973, quand ils ont parti les agglos, de 1970 à
1973, avec le rapport Bossé, ils ont étudié tout ça puis ils ont dit : Une
agglo, ça a deux objectifs, répondre aux besoins de la population de
l'agglo puis s'assurer de la rentabilité de ceux qui donnent le service. Et
puis Tremblant est un exemple éloquent de ça
aujourd'hui, où, honnêtement, on est ouverts à ça. Puis il y a peut-être
d'autres places que Tremblant, mais ça demande des ajustements et ça
demande des études.
Mme
Dallaire (Carole) : Si je pourrais ajouter... Lorsque j'ai fait
partie du comité de modernisation, on avait recommandé
au ministre, dans le temps, que certaines agglomérations... pourquoi ne
pourraient-elles pas ressembler aux nouvelles
villes qui ont été fusionnées? Tu sais, comme nous, à Saguenay, on est...
Saguenay, ensemble, on travaille mutuellement,
une chance, mais parce qu'il y a trois agglomérations. Il y a La Baie, il
y a encore Chicoutimi et Jonquière. Mais
souvent, lorsqu'il y a des activités, bien, on se permet mutuellement de
s'entraider, parce que la nouvelle ville, c'est Saguenay, dans le fond.
M.
Benjamin : Vous savez, un des grands défauts de ce projet de loi,
c'est le mur-à-mur, c'est la déréglementation et c'est le fait qu'aujourd'hui, quand on regarde l'industrie... et, au
fil de vos présentations, on l'a vu, les réalités de Montréal ne sont pas les mêmes que celles de Laval, ne sont
pas les mêmes que celles de Mont-Tremblant, de Lanaudière, des Laurentides.
Dans votre mémoire,
d'ailleurs, vous évoquez le cas d'un secteur aussi petit que la municipalité de
Saint-René-de-Matane, mardi soir. Vous écrivez : «Bienheureux celui qui
peut prétendre connaître l'impact du projet de loi et de l'ouverture des marchés...» Moi, je pense que,
comme Association des taxis des régions du Québec, qui dessert des membres
de Gaspé jusqu'à Hull, en passant par
Trois-Rivières et Rivière-du-Loup, vous êtes en mesure, par votre expérience,
de nous dire ce qui va se passer.
Donc,
je vous pose la question. Quel sera l'impact du projet de loi et de l'ouverture
des marchés sur un secteur aussi petit, par exemple, que la municipalité
de Saint-René-de-Matane, le mardi soir, par exemple?
• (21 h 20) •
M. Lebreux (Serge) : Bien, je vais prendre la ville d'Amqui. La ville
d'Amqui, c'est juste à côté, pas loin, juste en arrière. Vous connaissez tous
la ville d'Amqui. Ils viennent de remettre des taxis en fonction ça fait
peut-être six mois. Ça faisait un an
et demi, deux ans qu'il n'y en avait plus de taxis. Pourquoi? Parce que le
transport illégal est tellement venu effriter l'offre de service que les
propriétaires présents à ce moment-là ont dû abandonner leur permis de taxi.
C'est
un cas frappant, mais Saint-René-de-Matane, aussitôt... L'équilibre est tellement fragile qu'en région, dans certaines régions, aussitôt que tu vas amener une
certaine compétition, que ce soit avec des autobus, peu importe, c'est sûr
qu'on va assister à un effritement de l'offre de service, c'est officiel. Puis
ça, moi, j'aurais une question à Mme la présidente là-dessus.
Actuellement, en région, les gens, les contrôleurs... Et puis les contrôleurs
routiers ne suffisent pas. Dans la législation, les gars nous le disent, quand
même tu me ferais une plainte... fais-moi pas de plainte, on va monter le
dossier, on va arriver en cour, puis
ils vont nous débouter pareil. Ça
fait que moi, ma question : Devant la multiplicité de ces joueurs actifs là qui vont s'en
venir chez nous, comment le ministre pense-t-il contrôler l'incontrôlable?
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : La réponse, c'est le ministre
qu'il l'a, c'est la loi n° 17. Tout va être réglé. C'est simple, la loi n° 17 crée une infinité d'opportunités, puis tout est réglé. C'est Amqui
que vous avez dit... Est-ce que j'ai bien compris? Alors, qu'est-ce qu'elle a fait, la ville, pour pallier à ça? Pouvez-vous nous parler de tous
les efforts qu'ils ont faits, qui ont été...
M. Lebreux
(Serge) : ...assez le
dossier, mais je sais que la dame a repris le service, en tout cas, la compagnie de son mari qui était décédé, mais il y a eu un
gros laps de temps où est-ce qu'il n'y avait pas de...
M. Barrette : Mais la ville a
fait des efforts.
M. Lebreux (Serge) :
Aucune idée. S'ils ont des autobus, ils n'ont plus besoin de taxis.
M. Barrette : O.K. Mais vous, là, puis je reviens à la question
que je posais, vous avez répondu, par le député de Rivière-du-Loup...
La Présidente
(Mme Grondin) : En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Barrette : ...vous, vous
voyez littéralement, aujourd'hui, là, puis peut-être les autres aussi...
M. Lebreux (Serge) :
On observe.
M. Barrette : Vous observez des
gens quitter cet univers-là à cause du fait que la loi n° 17...
M. Lebreux (Serge) :
Oui, l'instabilité, les gens retournent à leurs anciennes professions.
M. Barrette : C'est ça, voilà.
Alors donc, c'est un terreau propice à voir s'établir peut-être des Uber, mais
pas partout. Voilà.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges avec la députée de
Mercier.
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation. En fait, ce que j'entends, c'est que, surtout dans les régions,
le taxi, c'est un service qui répond à des besoins, aux gens, là, pour ne pas
qu'ils soient isolés. Quand on pense au transport adapté, aux
personnes aînées, ce n'est pas juste pour... L'objectif aussi en région,
c'est que ça offre un service, même
si ce n'est pas tout à fait rentable, alors que, là, en déréglementant, si
c'est rentable... puis sinon, bien, «too bad» pour ceux qui n'y auront
pas accès.
Il y a eu
des gens des municipalités, notamment la Fédération
québécoise des municipalités — vous
avez assisté à leur présentation — qui
ont parlé des réalités difficiles qu'ils ont en ce moment : pas assez
de chauffeurs, pénurie de la main-d'oeuvre, que ce soit pour le transport
adapté, aussi pour le transport
intégré, par exemple les taxibus, parce que c'est aussi... le taxi offre du transport collectif. Puis où on a aussi entendu parler, puis, je sais, le ministre
est sensible à ça, puis on est tous
sensibles à ça... où est-ce qu'ils disaient que,
par exemple, les taxis offraient peut-être
un mauvais service puis ils laissaient les gens sur le bord du chemin parce
qu'ils ne voulaient pas aller jusque chez eux.
Qu'est-ce qui est possible avec la loi actuelle?
Vous en avez parlé un petit peu par rapport aux agglomérations. Qu'est-ce qui est possible de faire actuellement,
avec la loi actuelle, de mettre en place pour régler les problèmes qui sont
vécus, réels, par les gens qui sont venus ici témoigner en commission? Là, il y
a le projet de loi n° 17. Il y a peut-être des éléments là-dedans qui sont corrects, mais là, en
ce moment, il fait du mur-à-mur. Mais qu'est-ce qui seraient des mesures
actuelles pour régler les problèmes des gens qui sont venus parler?
Mme Dallaire
(Carole) : Bien, écoutez,
j'entendais le monsieur hier qui parlait des municipalités. Quand il a parlé de
Normandin, où il n'y avait pas de taxi, puis qu'avec la nouvelle loi, peut-être
qu'il y en... s'il y aurait rentabilité, bien, c'est certain que le taxi, il serait là. Pourquoi le taxi de Normandin a
abandonné, c'est parce qu'à un moment donné ce n'était plus rentable. Il n'était plus capable. Tu sais, à
Saint-Félicien, il y avait beaucoup plus de taxis que ça avant. Il y a des
places sur la Côte-Nord... À
Sept-Îles, il y avait beaucoup plus de taxis que ça avant. Il y a moins
d'usines, il y a moins de clientèle, donc il y a moins de taxis.
Donc, ce qui
fait qu'on réussit à rester, c'est les contrats publics, les contrats avec les
sociétés de transport. On essaie de
se diversifier avec plein de nouveaux services, plein de choses, mais il faut
quand même qu'il y ait une rentabilité. La personne qui a un permis de taxi à Normandin, si elle n'est pas capable
de rentabiliser, elle abandonne. Et là c'est sûr que la municipalité, les MRC,
tout ça, ne sont pas capables d'avoir de service, c'est certain, quand on est
rendus dans des petites municipalités où la population n'est pas là.
Mme Ghazal : O.K., mais ce problème-là date depuis quand même longtemps.
Est-ce qu'il y a des propositions que vous avez faites au gouvernement pour
pallier à ça?
M. Lebreux (Serge) : Premièrement, on a demandé à avoir accès aux 570 000
membres de la FADOQ, qui demandent juste à
faire un retour au travail, comme le président le stipulait voilà...
D'ailleurs, on a rencontré le ministère du Revenu, moi, Serge puis un de nos confrères, l'été dernier. On a
soumis une proposition au ministère du Revenu pour essayer de trouver une façon de créer un incitatif
avec le système fiscal au lieu d'en faire un élément de répression. On a tenté,
avec le ministère du Transport — à ce moment-là, c'était M. Martin Breault
qui était là — de
faciliter l'accès à la profession en
nous donnant une période de trois mois, être capable de by-passer tous les
délais interminables, administrativement parlant, pour être capable d'engager plus vite, d'embaucher
plus vite. C'est des solutions qui ne coûtent rien puis qu'il va falloir
aller de l'avant avec la loi... La loi n° 17 n'amène pas... Moi, les régions... Elle n'aidera pas nos régions, la
loi n° 17, même s'il n'y a plus de «pocket», même
s'il n'y a plus de 4C, là.
Mme Ghazal : ...les mesures que vous
proposez puis qui ne coûtent rien, quelle a été la réponse? Le projet de loi n° 17?
La Présidente (Mme
Grondin) : En quelques secondes.
M.
Lebreux (Serge) : Ah! c'est
tout le temps... Non, bien, pas pour l'instant, là. On n'a pas eu de réponse
encore. Mais on n'a jamais eu de réponses à nos questions, même si on a
fait des suivis par rapport à ça.
Mme Ghazal : ...vous étiez sensibles
à cette réalité-là puis vous aviez des propositions. Merci.
M. Lebreux (Serge) :
Absolument.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. Nous terminons les échanges avec le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Merci, Mme la Présidente. Le ministre a comme un de ses
objectifs celui de moderniser l'industrie du taxi. Pouvez-vous nous résumer ce qui est bon pour vous et qu'est-ce
qui vous permet de moderniser l'industrie du taxi en région?
M.
Lebreux (Serge) : Bien,
actuellement, moi, je trouve qu'il n'y a rien de bon dans la loi n° 17. L'ennemi s'en vient là puis le ministère est en train de
tirer là. Il ne tire vraiment pas sur la bonne «target».
La modernisation de l'industrie, ça passe par
l'encadrement, la formation, le monitoring des chauffeurs de taxi. C'est par là que ça passe, M. le ministre. Si on
pense être capables de prendre soin de nos aînés, à mobiliser nos aînés plus
tard, dans cinq à 10 ans, ça ne sera pas
avec Uber qu'on va être capables de le faire, Mme la Présidente, mais ça va
être avec une industrie du taxi
sérieuse, bien encadrée, bien réglementée, avec des bons programmes de
formation, auxquels tout le monde va pouvoir avoir accès à distance. Ça,
c'est ma vision personnelle à moi.
M. Arseneau : Donc, vous ne voyez
aucun outil de modernisation, mais, au contraire, une menace liée à la
déréglementation.
M.
Lebreux (Serge) : M. le
ministre m'a dit... qu'il enlève le 4C puis le «pocket», ça ne changera
absolument rien parce que, fiscalement parlant, les gens sont toujours
enclavés pareil puis ils n'ont plus d'argent. Donc, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ça fait que, quand
même que je lui proposerais... Ça ne peut pas... Le problème n'est pas au
niveau du «pocket». Le problème est au
niveau de la défiscalisation de nos travailleurs qui voudraient faire un retour
au travail, mais il va falloir qu'ils paient pour travailler.
M.
Arseneau : D'accord. Maintenant, j'aurais une deuxième question. Moi,
je veux revenir sur la notion de pacte social, parce que j'y crois,
parce que je le vois, moi, dans la région que j'habite.
Ce que je comprends, c'est qu'il y a un genre
d'interfinancement entre les contrats que vous pouvez avoir pour des municipalités, des MRC ou différentes
organisations et le service de taxi, disons, régulier, là, et que les
compagnies de taxi fonctionnent dans
un environnement assez fragile sur le plan économique, et l'un et l'autre
permettent d'interfinancer le
service. Et là ce qu'on vous dit, c'est qu'avec la libéralisation on va
fragiliser une partie de vos revenus. Puis, par ailleurs, tout le monde
va pouvoir soumissionner dans les contrats. C'est un peu ce qui se passe. Donc,
le plus fort va gagner, mais vous, vous
allez perdre, et, si je comprends bien, la clientèle va perdre beaucoup. Il va
y avoir rupture de service bien des jours, bien des saisons, bien des
heures. C'est ça?
M.
Tremblay (Jean-François) : C'est ça. Si je peux me permettre, ce qui
risque d'arriver, c'est que les surplus qu'on dégage en période, on va dire, du lundi au vendredi, de jour, où est-ce
qu'il y a des contrats puis un bon roulement, si on risque de s'effriter
dans cette période-là, bien, la nuit, on n'aura plus les reins assez solides
pour faire du...
Moi, dans
bien de mes régions, la nuit, je paie pour travailler. Ça me coûte de l'argent,
travailler. Il y a des régions où — les gens ne me croiront peut-être pas — il y a 10 000 personnes, ça fait
15 ans que j'ai le numéro de téléphone, puis je réponds pour donner du service, puis il y a des
nuits qu'il y a deux appels en 12 heures. Moi, je paie le chauffeur pareil,
tout, pour rester fidèle au poste, comme on
pourrait dire. Je me reprends sur les développements que je fais dans le jour
puis la certitude que j'ai des revenus assez fixes dans le jour.
Même chose
pour le développement que j'ai fait dans les véhicules adaptés, accessibles.
C'est avec les profits que j'ai faits avec mes 10, 15 berlines que je peux
me permettre de ne pas faire d'argent, pour développer et l'adapter pendant
deux, trois ans, à ne pas faire un sou, mais
je le développe parce que je me dis : Je fais un peu d'argent avec les
berlines, je peux me permettre de
développer d'autres secteurs peu populaires. Si on vient jouer dans mon petit
crémage de mes véhicules plus berlines, si je perds ça, je ne suis plus
capable de donner le service qui n'est pas payant.
La Présidente (Mme
Grondin) : En 20 secondes.
• (21 h 30) •
M. Arseneau : En fait, ce que vous
nous décrivez un peu, c'est un peu ce qui se passe dans le transport aérien en région ou dans le transport interurbain, là où
la compagnie dit : Tel segment
n'est pas rentable, je vais l'abolir. C'est ce qui va arriver. Tel segment
n'étant pas rentable dans les régions, dans les territoires... Donc, le client
va perdre en région, c'est définitif.
M. Basbous (Maroun) :
...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Je suis désolée. Madame messieurs, merci beaucoup pour votre contribution.
La commission ajourne ses travaux au mercredi 8
mai, après les affaires courantes.
(Fin de la séance à 21 h 31)