(Dix-neuf heures trente et une minutes)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous
reprenons nos travaux. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Transports et électrification des transports des crédits
budgétaires du portefeuille Transports, Mobilité durable et Électrification des
transports pour l'exercice financier 2018‑2019.
Une enveloppe de neuf heures, neuf belles heures ensemble que nous allons
passer, est allouée à ces études de crédits.
Alors, nous
allons débuter par... Effectivement, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements ce soir?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava)
sera remplacé par M. Rousselle (Vimont); M. Habel (Sainte-Rose), par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger); et M. Martel (Nicolet-Bécancour), par
M. Charette (Deux-Montagnes).
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Nous allons
débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs de
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée le
mercredi 25 avril 2018, en fin de soirée, donc à la fin du temps qui est
alloué à l'étude de ces crédits.
Puisque nous
avons commencé à 19 h 30, nous allons finir à 21 h 30. Nous
sommes directement dans les temps.
Remarques préliminaires
Je souhaite la bienvenue à tout le monde. Nous
allons passer une belle soirée. Je salue mes collègues, je salue le ministre.
Et donc nous allons débuter sans plus tarder avec les remarques préliminaires.
Vous disposez à peu près, M. le ministre, de 17 minutes, je vais vous
faire signe vers la fin. M. le ministre, la parole est à vous.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Merci. Merci, M. le Président. Chers collègues.
Merci d'être avec nous ce soir, messieurs
madame. Je suis évidemment heureux de procéder à l'étude des crédits 2018‑2019
du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports ainsi que celle de l'ensemble des organismes
sous notre responsabilité.
D'abord, si vous le permettez, M. le Président,
je vais présenter les gens qui nous accompagnent pour cette étude de crédits. À
ma droite, à votre gauche, donc, M. Marc Lacroix, sous-ministre au
ministère des Transports, et Mme Nathalie
Tremblay, présidente-directeur générale de la Société de l'assurance automobile
du Québec. À ma gauche, à votre
droite, Pascal D'Astous, chef de cabinet, ainsi... Nous accompagnent également
M. Stéphane Lafaut, sous-ministre associé,
Mmes Anne-Marie Leclerc, Julie Blackburn et Chantal Gingras,
sous-ministres adjointes, MM. Jean Villeneuve, Jérôme Unterberg et Nikolas Ducharme,
sous-ministres adjoints. France Boucher, de la Commission des transports du
Québec, et François Bertrand, de la Société
des Traversiers du Québec, seront également parmi nous. Au besoin, évidemment,
M. le Président, vous le savez, je ferai
appel à ces personnes pour m'assurer de vous donner les informations et donner
des informations à tous les membres de la commission les plus complètes et afin
de bien répondre à vos questions.
Je dois vous le dire, M. le Président, depuis
les derniers mois, depuis ma nomination comme ministre des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports, plusieurs projets sur lesquels notre
gouvernement avait pris des
engagements clairs ont pu voir le jour. Par exemple, nous avons dévoilé notre
politique de mobilité durable, un projet de société qui offre une
vision, des cibles concrètes et des moyens pour repenser le transport au Québec
et l'amener vers la modernité. Nous avons
également annoncé quatre grands projets de transport en commun, on aura très
certainement l'occasion d'en reparler lors
de l'étude des crédits. Enfin, nous avons modifié notre Code de sécurité
routière afin qu'il représente mieux la réalité, notamment celle imposée
par l'évolution de la technologie.
En effet, M.
le Président, malgré notre bilan enviable en matière de sécurité routière, trop
de jeunes Québécois sont encore impliqués dans des collisions avec décès, trop
de piétons sont happés, trop de cyclistes sont blessés. À cela, ajoutons les usagers de la route qui utilisent un
téléphone cellulaire, trop souvent, malheureusement, pour texter au volant.
Au moment de la dernière mise à jour du Code
de sécurité routière, cette réalité n'existait pas. Pour toutes ces raisons
et pour bien d'autres, nous avons soutenu
l'adoption d'un projet de loi qui présentait 86 mesures, dont certaines
modifieront de façon très importante les règles à suivre pour circuler
sur les routes du Québec.
Parmi
ces mesures, M. le Président, je vous signale le principe de prudence qui a été
introduit dans notre code. Il énonce que tous les usagers doivent faire
preuve de respect et de prudence lorsqu'ils circulent sur le réseau routier, surtout, en fait, surtout à l'égard des gens plus
vulnérables qu'eux. Pour ce qui est des récidivistes, M. le Président, en
matière de conduite
avec facultés affaiblies, ceux-ci vont devoir conduire à vie avec un véhicule
muni d'un antidémarreur. Les amendes
pour les conducteurs qui utilisent un appareil électronique sont augmentées, M.
le Président. Il n'y a pas très longtemps, les amendes variaient entre
80 $ et 100 $. Elles passent à 300 $ et pourront aller, en cas
de récidive, jusqu'à 600 $. En
fait, elles seront, en cas de récidive, de 600 $. Et une récidive
entraînera également une suspension du permis
de trois, sept ou 30 jours, selon le cas. La date de début de la période
d'obligation des pneus d'hiver est devancée au 1er décembre plutôt qu'au 15 décembre afin de s'adapter aux
réalités de l'hiver au Québec. Une mesure réglementaire est également prévue afin de simplifier le
processus d'exemption temporaire pour ceux qu'on appelle très gentiment et très
amicalement les snowbirds.
Le
projet de loi... ou la loi, maintenant, contient différentes mesures afin
d'améliorer la sécurité de nos jeunes sur les routes. Notamment, nous avons instauré une nouvelle mesure d'accès
graduel à la conduite comme sont déjà en places dans certaines autres
juridictions, notamment l'Ontario. Concrètement, les apprentis conducteurs du
Québec sont soumis à une interdiction
de conduire entre minuit et 5 heures du matin. Par ailleurs, un conducteur
âgé de 19 ans ou moins et détenteur
d'un permis probatoire ne pourra, durant la première année où ce permis a
cours, transporter qu'un nombre limité de passagers âgés de 19 ans
ou moins entre minuit et 5 heures du matin.
Voilà,
M. le Président, quelques changements précis apportés à notre code. Nous avons
donc collectivement ici, l'ensemble
des députés, pris nos responsabilités pour assurer la sécurité des usagers et
les inciter à davantage de prudence. Le Code de la sécurité routière
reflète désormais les nouvelles réalités du Québec.
M.
le Président, vous me permettrez quelques mots sur la politique de mobilité
durable que le gouvernement a lancée
pas plus tard que la semaine dernière. Il s'agit d'un autre projet qui
évidemment me tient à coeur, donc, la politique de mobilité durable 2020‑2030. Cette politique-là, elle propose une
nouvelle façon de concevoir la mobilité au Québec, principalement fondée
sur les grands principes de développement durable. La politique est évidemment
assortie de plus de 9,7 milliards de
dollars, dont 2,9 milliards de nouveaux investissements. Elle traite de
l'ensemble des modes de transport, aussi bien pour les personnes, y
compris celles à mobilité réduite, que les marchandises. Elle vise autant la
métropole que la capitale nationale et l'ensemble de nos régions.
Nous croyons, M. le
Président, que tous les citoyens et toutes les familles, sans exception,
doivent pouvoir se déplacer partout sur le territoire rapidement, à coût
abordable et en toute sécurité. Cela a une incidence directe sur la qualité de vie des Québécois et des Québécoises.
En effet, moins on passe de temps en déplacement ou dans la congestion
routière, plus il est possible d'en passer en famille, avec ses proches.
La politique confirme
également la volonté du Québec de se positionner comme leader nord-américain de
la mobilité durable et intégrée d'ici 2030.
Essentiellement,
notre plan, M. le Président, est au service des citoyens, en lui offrant plus
d'options de transport et des temps
de déplacement plus courts entre la maison et le travail. Elle est en appui au
développement économique, avec
davantage d'innovation mais aussi avec une meilleure performance du système de
transport pour moins de congestion et
moins de dépenses en transport et donc pour une meilleure compétitivité pour
nos entreprises. Elle est à faible empreinte carbone. Avec moins de déplacements en auto solo, moins d'énergies
fossiles seront consommées, et donc moins d'émissions de gaz à effet de serre seront engendrées.
• (19 h 40) •
La
politique compte aussi des cibles concrètes et ambitieuses, soit que 70 %
de la population aient accès à au moins quatre services de mobilité durable, une réduction de 20 % du temps
de déplacement moyen domicile-travail, une réduction de 20 % des dépenses brutes des ménages
allouées au transport, une diminution de 20 % des déplacements effectués
en auto solo, une réduction de
40 % de la consommation de pétrole en transport sous le niveau de 2013, une réduction de 37,5 % des émissions de GES en transport sous le niveau
de 1990, une réduction des coûts associés à la congestion pour les entreprises dans les grandes régions
métropolitaines de Montréal et de Québec,
15 milliards de dollars de ventes annuelles pour le secteur québécois des équipements de transport terrestre, une
augmentation de 25 % des marchandises transbordées dans les ports
et les centres intermodaux ferroviaires.
Pour
atteindre nos cibles, M. le Président, nous travaillerons avec le milieu
municipal pour favoriser la mise en place
de services de transport performants et complémentaires. Nous considérons que
la planification des transports et l'aménagement
du territoire sont indissociables. L'un ne peut se planifier sans l'autre, et
tout cela doit se faire en concertation. Évidemment, nous donnerons les
outils nécessaires aux municipalités pour le faire.
La
politique va nous permettre d'aller plus loin dans l'électrification et le
déploiement des véhicules écoénergétiques au Québec. Nous voulons mettre nos ressources hydroélectriques, notre
expertise et nos entreprises au service de l'innovation pour développer des transports mieux pensés, mieux intégrés
et moins polluants. Au final, le gouvernement va assurer le leadership pour
mobiliser toutes les forces vives du Québec et veiller à la mise en place de
grands projets structurants,
performants, qui façonnent l'avenir et améliorent la qualité de vie, des grands
projets comme ceux dont nous avons eu le plaisir de dévoiler en transport
collectif au cours des derniers mois.
Évidemment,
M. le Président, je fais référence, entre autres, au Réseau express
métropolitain, le REM. Il s'agit du
plus grand projet de transport collectif des 50 dernières années au
Québec. Avec 67 kilomètres et 26 stations connectées, il deviendra
l'un des plus importants réseaux de transport automatisé au monde. Ouvert
20 heures par jour et sept jours sur sept, ce train assurera un service
fiable, qui mènera rapidement les usagers au centre-ville de Montréal, sur
la Rive-Sud, la Rive-Nord, dans l'Ouest-de-l'Île ou à l'aéroport. Le REM sera
intégré au réseau de transport collectif existant
avec des connexions aux lignes bleue, verte et orange du métro, aux lignes de
train de banlieue Mascouche et Mont-Saint-Hilaire ainsi qu'aux autobus
des différentes municipalités. Le REM va simplifier les déplacements en transport en commun dans le Grand Montréal. Ce
projet va favoriser une diminution de la congestion routière et du recours
à l'auto solo. Il est une autre démonstration
de la volonté du gouvernement du Québec de mettre en place des conditions
gagnantes pour propulser ses transports par électricité et doter le Québec
d'une économie forte et sobre en carbone.
Avec le REM, la région métropolitaine
de Montréal entrera dans une nouvelle ère en matière de transport collectif
et de mobilité durable. C'est un projet
ambitieux, c'est un projet novateur, et il représente un outil de développement
majeur, qui renforcera la position de la grande région de Montréal en
tant que métropole internationale.
J'ajouterais,
M. le Président, qu'en développant un modèle de partenariat unique avec la
Caisse de dépôt et de placement le
gouvernement permet la réalisation d'un projet d'infrastructure en matière de
transport collectif qui n'aurait pas
pu se concrétiser autrement. Ce faisant, le gouvernement dégage aussi une marge
de manoeuvre pour le développement d'autres
projets majeurs en limitant l'impact sur sa dette. Il s'agit donc d'un levier
important pour la réalisation de projets de grande envergure partout au
Québec.
Notre gouvernement a
également su autoriser la réalisation du plan d'affaires et des premières
activités qui mèneront au prolongement de la
ligne bleue du métro de Montréal. Le projet total est estimé à 3,9 milliards
de dollars, et des sommes sont déjà
réservées au Plan québécois des infrastructures 2017‑2027 pour assurer le
financement du gouvernement du Québec. Le projet inclut cinq stations de
métro, un important stationnement incitatif aux Galeries d'Anjou et des infrastructures qui permettront d'assurer une
connexion efficace entre le métro, les réseaux d'autobus, le réseau routier
et le transport actif.
Je
suis convaincu qu'investir dans le développement du réseau du métro de
Montréal, c'est investir dans la croissance économique et le développement de l'emploi. C'est aussi favoriser la
compétitivité et l'attractivité de la région métropolitaine et c'est
également une excellente façon de participer à la lutte aux changements
climatiques. L'est de Montréal est d'ailleurs
le troisième pôle économique en importance sur l'île de Montréal et le
quatrième en importance dans la
région métropolitaine, il ne faut pas le négliger. Le prolongement de la ligne
bleue va donc permettre de revitaliser l'axe Jean-Talon et requalifier
ce pôle d'activité économique, qui représente déjà 80 000 emplois.
D'ailleurs,
de nombreux effets bénéfiques sont attendus. Le potentiel de développement et
de densification urbaine, dans un rayon de 500 mètres autour des
cinq stations prévues, est considérable. On estime que, d'ici 2031, plus de 11 700 ménages pourraient s'y établir,
entraînant la création de 3 700 nouveaux emplois. C'est aussi ça, M.
le Président, la planification des
transports. Inutile, donc, de vous préciser que ce projet rejoint parfaitement
bien les objectifs poursuivis par la politique de mobilité durable du
Québec.
Autre
projet important pour le Québec : celui du Rapibus, M. le Président, dans votre circonscription, à Gatineau. Dans ce dossier, nous avons accordé à la Société
de transport de l'Outaouais une autorisation de principe permettant la réalisation des plans et devis pour l'aménagement d'un corridor de 2,8 kilomètres.
Cette phase II du Rapibus complétera
le tronçon entre la station Labrosse-Lorrain et celle du Lac-Beauchamp. Il
s'agit d'un unique projet au Québec, qui offre
un système à haut niveau de fréquence dans un ancien
corridor ferroviaire. Ce corridor est réservé exclusivement au Rapibus, permettra de faire des liens rapides
et efficaces entre nos pôles commerciaux, culturels, sportifs et économiques
en Outaouais. À long
terme, il permettra d'éviter
l'étalement urbain et d'offrir de meilleurs services en matière de transport collectif.
Enfin,
je me dois d'aborder le réseau structurant de transport en commun de Québec. Évidemment, effectivement, nous
entendons accompagner la ville de Québec dans la mise en place d'un réseau de
transport qui va bien au-delà de la mise en
place d'un tramway. Il s'agit véritablement d'un réseau structurant, qui va
changer fondamentalement et durablement
la donne en matière de transport collectif ici, dans la capitale. Ce projet,
comme les trois précédents, va dans le sens de la politique de mobilité
durable, qui vise à mettre en place des systèmes performants de transport collectif
intégrés aux plans d'aménagement du
territoire. De tels projets permettent non seulement d'apporter des réponses
aux préoccupations environnementales
et aux questions d'aménagement urbain, mais aussi de contribuer au
développement économique en facilitant la mobilité des travailleurs et
des familles, j'ajouterais ici des touristes, de notre capitale.
Sous
peu, Québec se dotera d'une infrastructure comparable à celles des grandes
villes canadiennes comme Ottawa et Toronto et d'autres villes ailleurs dans le
monde, où on recense de plus en plus de systèmes de transport urbain sur rail. Ces villes se tournent vers des modes de
transport pour améliorer la qualité de vie de leurs citoyens et réduire
la congestion routière, car la congestion
coûte cher à l'économie du Québec, elle rallonge considérablement le temps de
nos parcours. Si l'élargissement de
certaines routes peut parfois s'avérer justifié et justifiable, il ne s'agit
pas là d'une solution universelle. Je vous dirais que c'est aussi ça, le choix
de la mobilité durable, s'assurer que les usagers aient plusieurs choix de mode de transport, que ces modes de transport
soient complémentaires et qu'ils soient efficaces. Ils veulent... Les citoyens
veulent gagner du temps, et nos entreprises veulent également gagner du temps.
M.
le Président, il y a plusieurs autres projets sur lesquels j'aurais pu
m'attarder, plusieurs autres projets qu'on aurait pu nommer, il y a
plusieurs autres activités du ministère et de son personnel dédié, qui
participe à la réalisation de l'ensemble de
ces projets. Je tiens à le rappeler, le ministère est au coeur des efforts pour
maintenir et améliorer nos infrastructures de transport. Mais, avant de
terminer, M. le Président, vous me permettrez simplement d'ajouter que la mobilité durable, elle englobe justement toutes
les activités du ministère. C'est un puissant levier de développement
qui va nous permettre de tenir compte de tous les aspects du transport pour le
réinventer au bénéfice de notre société et dans
le respect de notre environnement. Alors, même s'il s'agit d'un projet de
société ambitieux, c'est un défi à la mesure de nos moyens.
Alors,
je m'arrête ici, M. le Président. Je vous remercie de votre attention. Et ça me
fera plaisir de répondre aux questions des collègues autour de la table.
Le
Président (M. Iracà) : Excellent. Merci beaucoup, M. le ministre,
vous êtes directement dans les temps. Alors, je vais demander maintenant au porte-parole de l'opposition officielle,
député de René-Lévesque, à faire ses remarques préliminaires, pour un
maximum de 10 minutes.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Parfait. Merci, M. le Président. Donc, en commencement, j'aimerais
spécifier à votre présidence, M. le
Président, que j'aimerais avoir quand même neuf blocs de discussion,
considérant qu'on a la venue de la ministre déléguée demain et j'ai aussi un de mes collègues qui sera à
l'électrification des transports en soirée. Donc, j'aimerais que le
secrétariat m'indique lorsque j'aurai dépassé le 16 et 17 minutes, pour être
certain d'arriver dans mon temps.
Cela étant dit...
Oui?
Le Président
(M. Iracà) : ...pas certain de ce que vous venez de dire. Là,
vous avez un... Pour les remarques préliminaires, vous avez droit à
10 minutes. Par la suite, c'est des blocs de 20 minutes.
M. Ouellet : Oui, c'est ça, j'aimerais avoir neuf blocs, je veux que vous
répartissiez mon temps en neuf blocs.
Le
Président (M. Iracà) : Bien, qu'est-ce qui est usuel,
habituellement, c'est des blocs de 20 minutes. Mais de consentement
on peut tout faire. Alors, je ne sais pas combien ça vous donne exactement de
blocs...
Une voix :
...
Le Président
(M. Iracà) : Pardon?
M. Ouellet :
Je veux des blocs de 17 minutes, c'est ça que je vous dis, M. le
Président.
• (19 h 50) •
Le
Président (M. Iracà) : Alors, ça me prend le consentement, parce
qu'habituellement, lorsque c'est des crédits de plus de deux heures,
c'est des blocs de 20 minutes. Et c'est un calcul assez complexe. Oui?
M. Bolduc :
On n'a pas entendu ce qu'il a dit. Je n'entends pas, ici, ce qu'il dit.
Le Président (M.
Iracà) : Ah! Peut-être juste clarifier, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Tout simplement que je voudrais avoir des blocs de 17 minutes au
lieu de 20 pour permettre à mon collègue de l'électrification des
transports, demain, d'avoir suffisamment de temps, tout simplement.
Le
Président (M. Iracà) : O.K. Alors, si on fait des 17 minutes là,
il faut faire des 17 minutes du côté gouvernemental, Mme la
secrétaire a déjà fait les calculs. Mais, de consentement, on peut faire des
17, des 16, des 15, des 20. Habituellement,
de manière usuelle, c'est des 20 minutes lorsqu'il s'agit de crédits de
plus de deux heures. Oui.
M. Plante :
M. le Président, je veux juste m'assurer... Du côté gouvernemental, avant de
donner un consentement, oui ou non,
il faut s'assurer, bon, du respect de l'alternance entre nous puis les
oppositions. Donc, c'est important. Je pense que Mme la secrétaire est
en train de diviser les blocs.
La
demande du député donne aussi une incidence sur le deuxième groupe de
l'opposition officielle parce que, si on
change les temps du gouvernement avec l'opposition, il y aura aussi un
changement de rôle chez les députés de l'opposition officielle. Vous
rappeler, M. le Président, aussi, dire que, comme il y aura la ministre
déléguée qui sera présente aussi demain à
l'étude des crédits, ça changera aussi le temps pour M. le ministre des
Transports et la ministre déléguée sur les questions qu'il pourra ou
qu'elle pourrait avoir lors de l'étude des crédits.
Alors,
M. le Président, de notre côté, sans avoir regardé et parlé à mes collègues,
présentement on n'est pas très, très
ouverts au consentement parce que, comme vous le savez, l'étude des crédits a
été déjà négociée entre les leaders, les
temps dévoués à chacun des ministères ont été entendus et établis par les
différents leaders d'opposition et du gouvernement. Et, moi, je vous dirais, M. le Président, ce qu'il
est important de se dire aujourd'hui, c'est qu'on a quatre blocs. Et je pense
que c'est des crédits importants pour l'avenir du Québec, alors il serait
important, M. le Président, de débuter le plus rapidement possible. Et, si on veut reporter leur temps de...
préliminaire, de débats préliminaires, ils peuvent le passer...
Le Président (M. Iracà) : M. le député de René-Lévesque, alors, je présume,
là, selon ce que je constate, c'est qu'il
n'y a pas de consentement. Alors, on va s'en tenir aux blocs de 20 minutes
qui ont été calculés par Mme la secrétaire. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Donc, à mon tour de saluer l'équipe qui vous supporte, M. le ministre,
équipe de fonctionnaires. C'est beaucoup
de temps qui est consacré à l'étude des crédits. C'est un exercice important,
un exercice de reddition de comptes mais
un exercice aussi démocratique de contrôle des dépenses publiques. Alors,
certains le voient comme étant un exercice partisan; moi, je le vois plus comme étant un exercice de poser des
questions par rapport aux enjeux qui sont soulevés, notamment dans la
population, mais aussi dans l'espace média.
Donc, je m'arrête
ici, M. le Président. Je vais garder mon temps pour la suite des choses.
Le Président (M.
Iracà) : ...on va accumuler le temps, là, sur vos blocs.
Alors,
nous allons procéder, maintenant, aux remarques préliminaires du député de
Deux-Montagnes, du deuxième groupe d'opposition.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je serai aussi très bref à ce moment-ci.
D'abord, mes
salutations. Salutations aux collègues, salutations également au ministre, à
l'équipe qui l'a accompagné. On reconnaît
plusieurs visages, qu'on a souvent côtoyés au cours des dernières semaines, des
derniers mois, notamment à travers
l'étude du projet de loi n° 165, on pourra y revenir tout à l'heure. Et
c'est vrai qu'il y a eu plusieurs occasions
de collaborer, votre équipe, qui est drôlement efficace et dont la présence
nous sera certainement utile, là, pour les prochaines heures que nous
allons passer ensemble.
Donc,
j'aurai certaines questions, très certainement. Et je me suis lancé un défi
personnel, c'est-à-dire d'essayer de
comprendre le refus systématique de l'opposition officielle quant au REM
notamment. Donc, je ne sais pas si la période des crédits sera utile à ce niveau-là, mais, oui, nous aurons des
questions sur le REM, très, très certainement, mais pas dans la perspective de le remettre en question
mais voir comment le bonifier. Mais, si l'opposition officielle peut préciser
sa propre position à ce sujet-là, ce sera d'autant plus apprécié.
Donc, je vais me
limiter à ces quelques mots pour le moment, M. le Président.
Discussion
générale
Le
Président (M. Iracà) : Excellent. Merci beaucoup, M. le député de
Deux-Montagnes. Nous allons procéder avec un premier bloc d'échange, ce
soir, avec la partie gouvernementale...
Une voix :
...
Le
Président (M. Iracà) : Oui, excusez-moi, excusez-moi, j'ai mal lu mon
calendrier. Alors, l'opposition officielle, pour un bloc approximatif de
20 minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, encore bonsoir, M. le ministre.
On l'a vu dans l'espace média, effectivement,
la caisse a rendu disponible de façon médiatique certaines ententes, notamment
qui touchent le financement du REM,
et la première qui a soulevé un peu de questionnement et qui nous en soulève
encore, c'est cette possibilité, dès 2028,
qu'on pourrait effectivement vendre le REM et privatiser. Alors, ce qu'on veut comprendre, c'est la nécessité ou la pertinence, M. le ministre, de mettre ce genre de clause là avec la
caisse. Vous nous avez vendu le REM comme étant le projet d'une génération. Vous nous avez dit qu'il fallait le réaliser
avec la caisse, puisque c'était un investisseur important et que, de toute
évidence, ça dégageait des sommes de 3 milliards du PQI pour investir. On
comprend que le gouvernement devra
décider, dès 2023, si l'une des lignes du REM, c'est-à-dire l'entente de
Deux-Montagnes, Rive-Sud, Sainte-Anne-de-Bellevue
ou de l'aéroport de Montréal, ne génère pas suffisamment de profits aux yeux de
la caisse... CDPQ, pardon... le gouvernement devra décider entre, A, s'il
achète l'ensemble du REM à sa juste valeur marchande, si, B, il décide d'indemniser la caisse pour
qu'elle poursuivre l'exploitation de la ligne jugée trop peu achalandée, ou,
trois, si elle accepte que le REM cesse
d'exploiter la ligne ne générant des retombées espérées. M. le
ministre, ce que je veux savoir, là,
est-ce qu'on est en train de budgéter un possible rachat du gouvernement du REM
ou, la contrepartie, est-ce qu'on est
en train de dire que, d'ici cinq ans, lorsque... après les cinq ans
d'exploitation du REM, des Américains, des Chinois, des Européens, bref, pourraient mettre la main... et on aurait
privatisé le réseau électrique métropolitain qui est si cher à vos yeux
comme étant un projet mobilisateur et phare pour les générations futures?
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, merci... Bien, merci, M. le Président. On s'adresse
au président, j'ai l'impression, encore une fois, dans ce format-là.
D'abord,
d'entrée de jeu, je veux remercier les deux porte-parole de l'opposition, qui
ont salué la qualité du travail des
gens qui nous accompagnent aujourd'hui. Je pense, c'est important de le faire
et de le rappeler à chaque opportunité possible.
Je
vous avoue qu'un peu comme le député de Deux-Montagnes moi aussi, je continue à
chercher le raisonnement du Parti québécois dans le projet du REM.
D'abord, M. le Président, ils étaient contre le projet, simplement. Ensuite, ils nous ont dit que c'était un partenariat... que
c'était une privatisation, disons, d'un service public. Ensuite, et c'était le
cas lors de ma nomination comme ministre des
Transports, on a eu plusieurs échanges avec le député de René-Lévesque, entre autres, qui nous a dit : Non, non, on
n'est pas contre le projet du REM, mais on a des questions. Bien, maintenant,
ils sont pas mal contre puis ils sont pas
mal clairs qu'ils sont contre le projet du REM, M. le Président. Mais en même
temps ils reconnaissent l'importance du
partenariat avec la Caisse de dépôt, parce que leur propre projet à eux, celui
qu'ils ont mis sur la table au cours
des dernières semaines, avec toutes les fautes qu'il a, ce projet-là, lui
aussi, fait utilisation de 3 milliards de dollars de la Caisse de
dépôt et de placement du Québec.
Maintenant, M. le
Président, sur l'entente... ou une partie des ententes qui ont été dévoilées
hier, la lecture de l'entente du député
n'est pas appropriée, selon moi, M. le Président. Ce qu'il devrait lire à
travers cette entente-là, c'est une obligation, c'est une obligation
claire de la part de la Caisse de dépôt d'être non seulement le propriétaire,
mais également l'opérateur de l'entièreté du projet du Réseau express
métropolitain, et ce, pendant la période où le projet comporte davantage de
risques, où l'investissement comporte davantage de risques.
Alors,
le gouvernement du Québec a demandé, a exigé cette clause-là afin de s'assurer
que, pendant l'entièreté de la
période où le projet est peut-être plus difficile à porter financièrement pour
une entité, c'est la Caisse de dépôt et placement du Québec qui prend ce risque-là et non,
par exemple, le gouvernement du Québec. M. le Président, hier, au forum, à Laval, on a entendu exactement ça de la
part des gens de la Société de transport de Laval, qui nous ont dit :
Bien, les cinq premières années, oui,
il y a eu une augmentation importante de l'achalandage dans le métro, lorsqu'il
est arrivé à Laval, mais ensuite
c'est là, c'est pendant les années 5 à 10, où on a réellement vu un impact
majeur sur l'achalandage et
l'utilisation du transport en commun par les résidents de Laval. Alors,
évidemment, dans un contexte où l'achalandage prend de l'importance, où de plus en plus de gens de Laval ont choisi,
et ce sera la même chose avec le REM, j'en suis convaincu... l'investissement devient beaucoup plus attractif, beaucoup
plus important, et le rendement, en fait, devient beaucoup plus important. Et c'est pourquoi la
Caisse de dépôt et placement, hier, lors du dévoilement de ces ententes,
a réitéré son intention ferme d'être
l'opérateur et le propriétaire pas juste pendant les cinq premières années,
mais pendant les 99 années d'opération du Réseau express
métropolitain.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le ministre. M. le député.
• (20 heures) •
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Je suis content de savoir que le ministre
s'intéresse au Grand Déblocage du
Parti québécois. Il le cite à plusieurs reprises. Et je suis convaincu que,
lorsqu'il aura entendu les élus de la couronne nord, il pourra s'inspirer assurément de plusieurs de
nos solutions pour décongestionner la couronne nord et Laval, considérant,
effectivement, que le REM, comme les élus
nous l'ont dit le lundi matin, lorsque j'étais présent en salle... à savoir que
le REM ne répondait pas aux enjeux de
mobilité directement pour l'île... pas l'île, pardon, mais pour Laval et la
couronne nord.
Mais ma question, elle est bien simple, M. le
ministre : Pourquoi avoir introduit une clause qui va permettre à la
caisse, après cinq ans, de pouvoir vendre
et, dans ce cas-là, de forcer le gouvernement à racheter des lignes qui dans certains cas
ne seraient pas rentables? Pourquoi, si c'est si important que la Caisse de
dépôt fasse 8 % de rendement sur les cinq prochaines années, lors de son
implantation... Si elle veut en faire 8 % pour les 99 autres,
pourquoi ne les avoir pas liés sur ces
99 années là et d'avoir permis à la caisse de décider, au moment où est-ce
qu'elle juge opportun, que c'est plus
rentable, de donner l'opportunité, si je peux appeler ça une opportunité, au
gouvernement de racheter les actifs, qu'elle a déjà cédés dans certains cas, lorsqu'on pense au tunnel Mont-Royal,
lorsqu'on pense aussi, effectivement, à des lignes de train? Alors,
est-ce qu'on ne paiera pas deux fois, à ce moment-là?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : M. le Président, le député a raison de dire qu'on
s'intéresse au Grand Déblocage. Je vais vous dire pourquoi on s'intéresse au projet du Grand Déblocage, parce
qu'on l'a regardé, on l'a analysé, et voici certaines des lignes
proposées dans le Grand Déblocage qui nous intéressent particulièrement.
La
ligne Joliette-L'Assomption, et je vais vous dire pourquoi la ligne entre le
centre-ville et Joliette-L'Assomption nous intéresse, c'est parce que
l'enquête Origine-Destination qui avait été faite en 2013 estime qu'il y a
moins de 700 personnes au total qui
transitent entre le centre-ville de Joliette et le centre-ville de Montréal,
alors que le Parti québécois estime une extension générerait
4 400 nouveaux trajets en train.
On s'intéresse
également à la question du train de banlieue vers Saint-Hyacinthe parce que
l'AMT a étudié la question en 2015 puis elle
a déterminé que l'extension attirerait moins de 400 nouveaux usagers.
Pourtant, le Parti québécois estime 9 500 nouveaux trajets par
jour.
Il
y a également la ligne Saint-Jean-sur-Richelieu qui nous intéresse, M. le
Président. L'AMT a étudié la question du train de banlieue vers
Saint-Jean-sur-Richelieu en 1998, en 2010, en 2014, en 2015 et elle estime
qu'il y aurait 250 nouveaux usagers...
moins de 250 nouveaux usagers, M. le Président. Le Parti québécois estime
3 920 nouveaux trajets sur cette ligne-là.
M.
le Président, oui, ça nous intéresse. On est très intéressés de savoir
exactement comment le Parti québécois arrive à des chiffres aussi
loufoques, M. le Président.
Maintenant,
pour la question du Réseau express métropolitain et de l'obligation de la
Caisse de dépôt d'être le propriétaire
et l'opérateur du REM au cours des prochaines années, M. le Président, d'abord,
il est impératif que la Caisse de
dépôt soit claire sur cette question-là, et elle l'a été, M. le Président, elle
a dit : Nous n'avons aucune intention de nous départir d'aucune antenne du REM. C'est difficile
d'être plus clair que ça. Mais, si un jour on faisait... il y avait appel à la
clause à laquelle fait référence le député, et que le gouvernement avait le
droit de premier refus pour acquérir à la juste valeur marchande cette ligne-là, ne se retrouverait-on pas, M. le
Président, dans la situation où le Parti québécois souhaite que nos investissements de transport en
commun soient faits, soit en utilisant uniquement l'argent du public? Si le gouvernement du Québec redevient
propriétaire, bien, au lieu d'être un partenariat public-public, ce sera
simplement un projet public, M. le
Président, et donc l'objectif initial du Parti québécois, quand il nous
disait : C'est de la privatisation du transport en commun, bien, il
sera atteint. Je ne vois pas pourquoi ils sont opposés à une telle clause.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président. M. le ministre, vous faisiez référence aux
chiffres du Parti québécois dans le
cadre de son Grand Déblocage. Je vous dirais, M. le ministre, qu'on s'est basés
aussi assurément sur des demandes qui
avaient été faites, à savoir que plus le transport collectif est disponible,
plus les gens ont envie de le prendre. Puis ça, vous l'avez dit à maintes reprises aussi. Et c'est pour ça aussi que
vous essayez encore et encore de nous faire accepter le fait que la ligne rouge, qu'on a baptisée, et
celle qui est encore à être construite seraient utiles, seraient nécessaires.
Et, je veux
juste vous rappeler, là, on est en train d'étudier le REM. On a le BAPE qui
nous dit, sur cette ligne-là, l'antenne
vers Sainte-Anne-de-Bellevue, c'est 24 % du trajet du REM mais seulement
12 % de l'achalandage projeté. Lorsqu'on compare les coûts des infrastructures
par déplacements quotidiens, le SRB Pie-IX est à 5 400 $, le métro de
la ligne bleue, l'évaluation de budget, on est à 46 000 $, coût des
déplacements quotidiens, et, quand on arrive avec l'antenne
Sainte-Anne-de-Bellevue, on est à 56 100 $. Le BAPE en rajoute en
disant qu'«actuellement, il n'est pas démontré
que l'offre actuelle en services [en] transport en commun, dans
l'Ouest-de-l'Île[...], est insuffisante pour répondre à la demande. [...]La commission d'enquête est
d'avis que CDPQ Infra [...] n'a pas démontré que la demande [de] services
[en] transport en commun le long de
l'antenne Sainte-Anne-de-Bellevue serait suffisante pour justifier la
construction d'une antenne du Réseau
électrique métropolitain à cet endroit. [...]En considérant un rayon d'un
kilomètre autour des stations de l'antenne Sainte-Anne-de-Bellevue, une
carte produite par la CMM fait ressortir que les stations seraient localisées loin des grandes densités de population
et d'emplois situées dans l'Ouest-de-l'Île.» Alors, vous faites référence
au Grand Déblocage à savoir que malheureusement, à votre avis, on ne répond pas
aux bons objectifs, mais il est clairement
démontré par un tiers indépendant tel le BAPE que la ligne rouge, celle de
Sainte-Anne-de-Bellevue, n'est pas à son endroit, ne répond pas aux
besoins et va nous coûter extrêmement cher.
Donc, si tel
était le constat du BAPE, et si je reprends la clause possible telle que... qui
a été mise dans les médias aujourd'hui
par la caisse, est-ce que je crois comprendre que, dès la cinquième année,
lorsque la caisse se rendra bien compte que la ligne de Sainte-Anne-de-Bellevue n'est pas rentable, elle voudra
s'en départir, assurément, puisque déjà, dès le départ, là, les besoins
ne sont pas là, et le nombre de kilomètres, et le nombre de stations, et le
nombre de personnes couvertes n'est pas
efficient? Alors, est-ce que vous êtes capable de me dire aujourd'hui, là, que,
dans cinq ans, là, la ligne rouge, la
ligne de Sainte-Anne-de-Bellevue, là, opérée par le REM, ne sera effectivement
pas déficitaire et elle fera partie encore pour les prochaines années de
la grande infrastructure que la Caisse de dépôt a entre les mains, c'est-à-dire
le Réseau électrique métropolitain?
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Là, je reconnais, M. le Président, le Parti québécois que
j'ai toujours connu, celui qui est incapable
d'accepter qu'à l'ouest de Saint-Laurent il y ait des citoyens à desservir, il
y ait des besoins dans la population, et qu'un gouvernement peut pouvoir
répondre à ces besoins-là, M. le Président.
Le projet
d'une meilleure desserte vers l'ouest de Montréal, c'est un projet qui est
voulu et qui est souhaité par la communauté
de l'ouest de Montréal depuis très longtemps, M. le Président. Toutes les
études, tous les plans de développement, que ce soit de la Communauté métropolitaine de Montréal, que ce soit de
l'Agence métropolitaine de transport, que ce soient les revendications des maires de l'Ouest-de-l'Île, qui sont venus
ici, à l'Assemblée nationale, souvent pour faire ces revendications-là...
Je salue d'ailleurs M. Clifford Lincoln, qui a fait des représentations à
plusieurs reprises. Je souhaite qu'il se
porte mieux, on m'a rapporté qu'il avait été victime d'un accident récemment,
M. le Président. Mais tous ces gens-là ont reconnu l'importance d'un
lien rapide vers l'Ouest-de-l'Île de Montréal. M. le Président, le REM fait exactement ça. Et le REM fait ça à bien moindre
coût que toutes les autres options qui ont été étudiées. Les options étudiées
par le passé, notamment celle qui faisait l'utilisation du corridor de
l'autoroute 20, faisaient état de coûts entre 2 et 4 milliards
de dollars pour desservir cette même population là, le REM peut faire la même
chose à moindre coût.
Et, pendant
que le député nous parle des coûts sur le SRB, des coûts sur la ligne de métro,
M. le Président, ce qu'il oublie de
mentionner, c'est le coût de son Grand Déblocage. Le coût du REM, il est très
clair, il était mentionné dans les ententes
tout au long de cette semaine, c'est 0,72 $ du passager-kilomètre. Ça,
c'est le coût non seulement pour l'exploitation, mais également pour les immobilisations du REM. Le coût de son Grand
Déblocage, le coût des trains de banlieue de façon générale, c'est 0,89 $ du passager-kilomètre.
Alors, M. le Président, si les municipalités du Grand Montréal doivent porter
attention à un plan avec appréhension, c'est celui du Parti québécois.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. le ministre. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je
pense que je vais arrêter là. Je vais reporter mon temps sur le prochain
bloc, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste cinq minutes. C'est à votre convenance.
M. Ouellet : Je reporte au
prochain.
Le
Président (M. Iracà) : Parfait. Alors, nous allons procéder à un autre
bloc avec la partie gouvernementale. Je cède la parole au député de
Maskinongé. La parole est à vous.
• (20 h 10) •
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, permettez-moi tout
d'abord de saluer mes collègues, tout d'abord M. le ministre, son
équipe, l'ensemble de mes collègues du gouvernement, le collègue de
Deux-Montagnes ainsi que le collègue de René-Lévesque.
Alors, on
s'apprête, ce soir et demain, à participer à l'étude des crédits du ministère
des Transports et de la Mobilité durable.
Mais, M. le Président, j'aimerais tout d'abord revenir sur le fait que, vous
savez, la semaine dernière en Chambre, on
s'est tous levés, mes collègues et moi, en faveur d'un État québécois au service
du bien commun et nous étions tous favorables,
et même, dans mon intervention, j'ai défendu la rigueur et la rigidité des
fonctionnaires des sociétés d'État, comme
quoi ils étaient au service non seulement de leurs ministères, mais au service
des citoyens et citoyennes du Québec, que
leur travail était fait de façon assidue, remarquable et fait le plus efficient
pour chaque Québécoise et chaque Québécois dans la société. Vous dire, M. le Président, que
j'ai défendu et je défends encore avec conviction l'importance du rôle des
ministères, des gens qui travaillent pour les gens, les citoyens et citoyennes
du Québec, des gens qui travaillent au sein
des ministères et des sociétés d'État comme des personnes non seulement
d'importance, mais des personnes... comme gestionnaires et comme
personnes qui ont une rigueur et une conviction très, très fortes.
Aujourd'hui,
M. le Président, j'ai été... le 9 avril dernier, excusez-moi, j'ai été un
petit peu surpris de lire dans Le Journal de Québec un article sur le
mégaprojet informatique de la Société de l'assurance automobile du Québec. Je
vais vous dire, M. le Président,
premièrement, moi, la première chose que je veux vous dire, c'est que ça
s'appelle le projet CASA. Moi, CASA,
je pensais que c'était une station de télévision chez nous. Sérieusement, mon
épouse est très attachée à cette
station-là, on l'écoute assez couramment, mais j'étais convaincu qu'à part
parler de rénovation, puis de maisons, puis
de décoration, CASA, ça ne voulait rien dire d'autre dans le journal de tous
les jours. Et là j'apprends dans un article du Journal de Québec qu'il s'agit d'un grand projet informatique,
de réforme informatique de la Société de l'assurance automobile du Québec, M. le Président. À ma
surprise, on me dit que ce projet-là crée incertitude parce qu'il y a
différents contrats qui sont donnés à l'externe, etc., que de nombreux
consultants sont là. Et même ce que je peux lire, c'est qu'il y a quatre employés au coeur du projet qui ont abandonné en plein
coeur du projet le navire. Et là ça me surprend, parce que je l'apprends dans le journal et je suis un peu surpris de
cette situation-là, M. le Président. M. le Président, vous dire que... Et même, si ma mémoire est bonne,
plusieurs personnes ont rapporté ces faits. Et ce qui m'a le plus... un peu
plus marqué, c'est une citation d'un
employé, qui dit : Je suis un employé de la SAAQ, mais je suis aussi un
contribuable et je trouve ça
épouvantable que notre argent s'en aille à l'étranger. Et ce qui m'a fait le
plus surprendre, dans cette chose, c'est que c'est géré quand même par un organisme d'État. Et, pour moi, bien...
Tantôt, M. le ministre a présenté les gens qui l'accompagnaient, et on a
le privilège, ce soir, d'avoir la présidente-directrice générale de la Société
de l'assurance automobile du Québec. Et,
vous savez, M. le Président, j'ai été également directeur général d'une chambre
de commerce et d'industrie qui était
mandataire de la SAAQ et qui avait un système informatique assez complexe,
c'était rigoureux, et je vous dirais
que c'est un système qui essentiel, parce que chaque jour il y a au moins une
centaine de Québécois et de Québécoises
qui ont affaire à ce système-là. Et, quand on change quelque chose au
gouvernement ou dans une société d'État,
ce qu'on fait aujourd'hui va durer pour de nombreuses années. Et je veux
m'assurer — et je
veux l'entendre de la bouche de la
présidente-directrice générale de la Société de l'assurance automobile du
Québec — que le
projet est bien géré, bien enligné,
mais surtout qu'il est fait au bénéfice de l'ensemble des Québécoises et des
Québécois. Et je reviendrai peut-être en seconde question si vous
permettez à la présidente de répondre à mes questions.
Le Président
(M. Iracà) : Certainement. Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. Juste un point, un point sur les
premiers mots du député de Maskinongé.
Il a bien fait de le faire, de parler de l'importance de la fonction publique,
des fonctionnaires et du travail qu'ils
font, du travail de qualité qu'ils font. Moi-même, je viens d'une
circonscription avec un haut taux de fonctionnaires et j'aime beaucoup le terme anglophone, «public
servants», je pense que ça représente bien... exactement le travail des fonctionnaires, le dévouement des fonctionnaires
de l'État. Et Mme Tremblay, qui pourra répondre aux questions du député,
représente très bien tout ce dévouement-là qu'a la fonction publique
québécoise.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Alors, est-ce que j'ai
consentement? M. le député, ça va? Consentement?
Alors, madame, simplement vous nommer ainsi que votre titre avant de répondre à
la question, s'il vous plaît.
Mme Tremblay
(Nathalie) : Alors, M. le Président, je suis Nathalie Tremblay,
présidente et chef de la direction de la Société de l'assurance
automobile.
D'abord,
je vous dirais d'entrée de jeu que ça me fait grandement plaisir, ce soir,
d'apporter différentes réponses à cette
publication qui a été publiée dans le Journal de Québec. Je comprends
très bien les questions, les interrogations et les préoccupations qu'un tel article a pu susciter. Et
je conviens que ce projet-là, CASA, que je vous donnerai dans quelques secondes qu'est-ce qu'il veut dire chez nous...
que ce projet-là est bien connu à l'intérieur de l'organisation de la SAAQ
mais très peu connu à l'extérieur des murs
de la société, comme c'est malheureusement souvent le cas pour des projets
qui sont réalisés dans la fonction publique.
Alors,
CASA, pour le bénéfice de tout le monde, c'est un petit nom qu'on lui a donné
pour Carrefour des services d'affaires
et qui signifie quelque part, chez nous, quelque chose de très parlant pour
l'ensemble des employés, c'est-à-dire... «Casa» veut dire «maison», en
espagnol, et chez nous, dans l'entreprise, pour les 3 400 employés de
l'organisation, «la petite maison» est le
nom affectueux que les employés donnent au modèle d'affaires de l'entreprise et
de l'organisation. Alors, déjà, le
premier clin d'oeil que je vous envoie, c'est comment, pour les
4 400 employés de la Société d'assurance automobile, ce projet
est significatif et parlant, et ça a d'abord commencé par le nom qu'on en a
donné à projet.
Mais,
au-delà de ça, autre point, c'est que ce projet-là, même si, de par ce qu'on
entend parler depuis quelques semaines...
Ce projet-là, oui, ça fait un an qu'il est en réalisation, ça fait un an qu'il
est en réalisation. Et je rassure tout le monde en partant, le projet
respecte ses temps et respecte l'échéancier prévu. Mais, chez nous, ça fait
beaucoup plus qu'un an qu'on travaille à ce
projet-là. Moi, j'ai été nommée présidente et chef de la direction, j'ai eu ce
privilège-là d'entrer en fonction en
2010, et déjà en 2010 le projet était sur la table à dessin, était dans les
cartons de l'entreprise, et on était, à ce moment-là, à la phase du diagnostic. Alors, je ne peux pas me
retourner dans mon rétroviseur, moi, et dire : Il y a une partie du projet qui appartient à mon
prédécesseur. J'ai été là dès les premiers jours de ce projet-là et dès les
premières réflexions du projet.
Et, en 2010,
on a franchi, donc, l'étape diagnostique, pour nous amener par la suite à
l'étape, en 2012‑2013, de l'élaboration des besoins, pour franchir par
la suite l'étape de quelle était la meilleure solution d'affaires qu'on devait sélectionner, choisir
pour réaliser le projet, finalement arriver à aller en appel d'offres et aller
au marché pour finalement être en mesure de signer un contrat et pouvoir
débuter la réalisation du projet, projet, donc, qui a débuté en réalisation en avril 2017. Donc, c'est un projet qui a franchi
plusieurs étapes. Et à chacune de ces étapes-là le projet a été rigoureusement
regardé et analysé, et toutes les pierres ont été levées.
Et j'aurai,
j'espère, le plaisir de rendre le projet jusqu'à terme puisque, selon la
planification de réalisation du projet, le projet doit se terminer en 2021, et j'ai eu le privilège, encore là,
de voir mon mandat renouvelé jusqu'en 2022. Donc, je l'aurai vu naître jusqu'à la fin de mon mandat
et je l'aurai donc vécu et serai en mesure de parler de chacune des étapes.
Le problème que j'ai, c'est que j'en suis
passionnée, de ce projet-là, comme je suis passionnée de la SAAQ, et je
voudrais m'assurer de ne pas trop brûler le temps et de laisser la place
aux questions.
Mais,
d'entrée de jeu, je pense que ce qu'il est important d'aussi mettre à
l'avant-plan, c'est que, ce projet-là, chez nous, pourquoi on a fait CASA, pourquoi on a décidé d'entreprendre un
projet en technologies de l'information en 2017 en réalisation? Et, comme plusieurs personnes, nous aussi, on a entendu
des histoires moins agréables qu'ont connues certains projets en technologies
de l'information. Malheureusement, on entend moins parler des histoires à
succès de projets en technologies,
mais il y en a, des histoires à succès dans les projets en technologies de
l'information. Donc, on a entendu,
nous aussi, les projets qui ont moins bien été, mais on est allés voir les
projets qui ont bien été et on s'est posé la question, bon, dans quoi
nous, on s'embarque et pourquoi on ferait un projet comme ça.
• (20 h 20) •
Donc, je
pense que la première chose à dire, c'est que d'abord et avant tout on fait ce
projet-là et on réalise ce projet-là
pour nos clients. On est allés voir les clients de la SAAQ. Vous savez, ça fait
40 ans qu'on est en affaires, à la Société d'assurance automobile, on souligne d'ailleurs cette année le
40e anniversaire de la SAAQ, donc 40 ans qu'on est là pour les clients, 40 ans, donc, qu'on
travaille avec des vieux systèmes, une vieille technologie. Vous en avez fait
référence tout à l'heure, oui, elle était
performante au début de la vie de l'entreprise, en 1978, mais, 40 ans plus
tard, cette vieille... Non, moi non
plus, je n'étais pas là. Et donc on travaille avec de vieilles technologies. Et
la question qu'on se devait se poser,
c'est : Est-ce que la technologie actuelle nous permet de répondre aux
attentes de nos clients d'aujourd'hui? Et,
lorsqu'on est allés frapper à la porte de nos clients, ce que les clients nous
ont dit, c'est qu'ils accordaient une grande importance... Et je vous les nomme, là, les trois plus importants pourcentages
aux yeux de nos clients. Nos clients nous disent : On veut des
services efficaces et rapides et on accorde une importance de neuf sur 10 à ce
critère-là, on veut des services qui
sont faciles d'accès, neuf sur 10 là aussi, et on veut des services en ligne,
on en veut plus que ce que vous nous
offrez actuellement. Et, les services que vous allez nous offrir,
arrangez-vous pour que ce soit simple d'utilisation
pour nous, et 8,5 sur 10 d'importance
aux yeux de nos clients. Alors, les clients nous disent : On en veut plus,
on veut que ce soit plus simple. On
est satisfaits des services de la SAAQ, mais il y a moyen de faire mieux,
on a des attentes plus élevées envers
vous, et donc développez plus de services en ligne. Et là je me suis retournée,
et on a regardé nos technologies et
nos systèmes informatiques qui datent de 35 ans, et j'ai
demandé aux équipes : Est-ce qu'on est capables de répondre aux attentes des clients? Est-ce qu'on est
capables, avec les technologies qu'on a, de développer des services
additionnels pour nos clients, principalement, bien sûr, des services en ligne? Et là ce que les équipes
m'ont dit, elles ont dit : Vous savez,
Mme Tremblay, ça fait 35, 40 ans qu'on entretient la vieille voiture,
elle commence à être aux limites de sa durée de vie utile. Peut-être qu'au lieu de continuer de l'entretenir on se
devrait d'investir dans une nouvelle technologie pour être en mesure de prendre le virage numérique,
d'être capables d'offrir les services à nos clients sur la tablette, les
services aux clients sur le téléphone intelligent. Alors, malheureusement,
notre technologie, notre vieille technologie ne nous permettait pas de faire ça. C'est une technologie qui était désuète,
elle était limitée dans les services... du potentiel des technologies dans la réalité numérique et faisait
donc en sorte que continuer de l'entretenir, ça aurait été de dépenser un
peu d'argent pour rien.
Et là j'ai
dit aux équipes : Bon, c'est beau, je vous fais bien gros confiance, mais
j'aimerais ça me faire confirmer ça
par les fournisseurs. Donc, on est allés voir notre fournisseur de nos vieilles
technologies, et je leur ai dit : Bien, voici ce que les équipes me disent. Qu'est-ce que vous,
vous me dites? Est-ce que vous êtes encore capables de supporter cette
technologie-là encore longtemps? Et le fournisseur nous a confirmé que bientôt,
pour ne pas dire... Il l'a extensionné jusqu'en
2020, mais il dit : Ne dépassez pas cette limite-là, madame, parce que, il dit, je ne peux pas me rendre
au-delà de ça, c'est vraiment des technologies qu'on ne supportera plus.
Donc, la
question que je me suis posée, c'est de se dire : Est-ce que je pouvais
prendre le risque de ne pas prendre le
virage numérique, de ne pas répondre aux attentes de mes clients, de continuer
d'investir dans des vieilles technologies, de faire en sorte que le fournisseur ne le supportera plus et donc, en
même temps, d'augmenter mon risque de panne, parce que, si elle est trop vieille, la technologie,
puis si le fournisseur ne la supporte plus, bien là j'ai un risque de
performance au niveau de mon service
à la clientèle, et mon risque de panne vient de s'accentuer? Donc, pour nous,
la question était claire, nos clients
nous le demandaient, nos technologies étaient désuètes, on devait faire le pas
et de franchir le cap, de décider d'arrêter d'entretenir les vieux
systèmes, et donc d'investir dans les nouvelles technologies.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, Mme Tremblay. M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Combien de temps il
reste, monsieur...
Le Président (M. Iracà) : Alors, il
vous reste 6 min 20 s.
M. Plante :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, merci, Mme Tremblay. Non,
mais vous avez bien fait ça, vous
n'avez pas trop pris de temps. Vous avez bien expliqué que CASA était autre
chose qu'une chaîne de télévision à l'ensemble des gens qui nous écoutent ce soir.
Je trouve ça intéressant. Et je suis convaincu, comme on l'a fait la semaine
dernière et comme on continuera à le faire
et à le défendre, qu'on a une fonction publique compétente, qu'on a des gens
qui sont à leur place, qui sont à leur
affaire et qui veillent à gérer le bien des Québécois et des Québécoises avec
rigueur et engagement. Et ça, M. le
Président, je tiens à le répéter et à passer le message à l'ensemble des gens
qui accompagnent M. le ministre ce soir.
M. le
Président, vous me permettrez d'avoir une autre question, mais qui ne sera pas
sur le même sujet, mais je vais
poursuivre en vous parlant de mobilité des gens — j'ai entendu mon collègue, tantôt, de
René-Lévesque vous parler de
mobilité — vous
parler aussi d'enjeux, d'enjeux du XXIe siècle, d'enjeux des gens, parce
qu'à chaque jour, au quotidien, il y
a des gens qui doivent se rendre travailler, qui doivent quitter un point a
pour se rendre au point b pour gagner leur vie. Et ça, M. le Président, comme vous le savez, on
veut et on est tous pour... Je crois qu'il n'y a pas une formation politique
au Québec qui n'est pas pour la vitalité des
régions et qui ne préconise pas qu'il y ait des gens qui s'établissent un peu
partout autour. Même autour des grands
centres, que ce soit Montréal, Trois-Rivières, Québec, Sherbrooke, ça prend des
gens autour pour faire... Gatineau, pour
faire plaisir à M. le ministre et à vous-même, M. le Président, n'est-ce pas,
mais ça prend des gens qui s'établissent dans les périphéries, qui travaillent,
qui bâtissent leur vie, qui établissent leurs familles. Et vous dire, M. le Président, que, d'un point très ambitieux,
le ministre a présenté, il y a quelques jours, la politique de mobilité durable. Il l'a fait... bien, je crois
qu'il l'a fait pour améliorer, tout d'abord, la qualité de vie de citoyens, il
l'a fait pour réduire aussi, et
quelque chose qui me tient très, très à coeur... vous savez, j'ai eu le
privilège d'être l'ancien adjoint parlementaire du ministre de l'Environnement
et de la Lutte contre les changements climatiques, donc réduire les gaz à effet
de serre et, bien sûr, réduire notre
dépendance au pétrole afin de limiter les impacts sur les différents
changements climatiques.
M. le
Président, je vous dirai... Et ça a été apporté par mes collègues de
l'opposition, mais moi, je vois ça un peu différemment parce que je crois que,
dans la politique de mobilité durable qui a été présentée par mon collègue, il
y en a un peu pour tout le monde. Il
y en a pour les gens du Nord, du Sud, du centre, il y en a pour les gens de
l'Ouest-de-l'Île, de l'est de l'île. Il y en a aussi pour les gens de Laval et
pour les gens de la couronne nord. En tout cas, d'ailleurs, j'ai pu entendre et voir quelques articles cette
semaine où le ministre a pris position publiquement en faveur, justement, de la
mobilité de ces gens-là, et en faveur de
dire que, bien, chez nous, en tout cas, de la part du gouvernement... qu'il n'y
a pas de sous-citoyen, qu'un citoyen
de la Rive-Nord, ou de la Rive-Sud, ou du centre, de l'Est ou de l'Ouest est un
citoyen à part entière et a droit,
lui aussi, à avoir un transport en commun du XXIe siècle, à l'image des
gens, et surtout permettre à ces gens-là de se rendre d'un point a
à un point b de façon plus rapide et surtout beaucoup plus courtoise.
Dans les enjeux qu'on parle aujourd'hui, que ce
soit pénurie de main-d'oeuvre ou que ce soit changements climatiques, le nerf de la guerre, c'est toujours
comment s'y rendre, comment travailler et comment réduire notre temps. Et, M. le Président, vous me permettrez, à ce
moment-ci, de demander au ministre qu'il nous parle et qu'il nous explique
un peu plus sa vision qui a été présentée lors de son annonce sur la
mobilisation durable des derniers jours.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. le député de Maskinongé. Il reste trois minutes.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Très bien, M. le Président. Je remercie le député de sa question. Effectivement, il a très bien suivi l'actualité au cours des derniers jours,
de la dernière semaine. Il aura compris que la politique de mobilité durable, c'est une des politiques les
plus ambitieuses que le gouvernement du Québec aura mises de l'avant au cours des dernières années. Et c'est de loin la
politique la plus ambitieuse en matière de mobilité que le gouvernement
a mise de l'avant au cours des dernières décennies.
M. le
Président, effectivement, et là le député a raison, il y en a un peu pour tout
le monde dans cette politique-là, mais
en deux minutes je vais essayer de vous donner des exemples très précis qui
pourraient, je vous regarde, vous, M. le Président, mais qui pourraient
vous intéresser.
Il y a
quelques semaines, j'étais moi-même avec le député de Chapleau au Rapibus, aux
limites de votre circonscription, M. le Président. Le député de Chapleau
et moi, on a pris quelques instants pour rencontrer les citoyens qui prenaient l'autobus le matin pour se rendre au centre-ville
de Gatineau, au centre-ville d'Ottawa, peut-être même pour leur travail.
Et là on ne parle pas de la plus grande
ville de Québec, on ne parle pas de la deuxième plus grande ville du Québec; on
parle de la quatrième plus grande ville de
Québec. Alors, quand on dit que la politique, ce n'est pas juste pour Montréal,
ce n'est pas juste pour Québec, il y en a
effectivement pour tout le monde. Mais ces citoyens-là nous disaient :
Vous savez, nous, on peut prendre le
Rapibus, en ce moment, et, du quai, se rendre au centre-ville très facilement,
et ça se rend à notre destination finale, par exemple, à la Place du Portage,
on se rend très facilement à notre destination, mais le soir, quand on revient à la maison, par exemple, on
embarque dans l'autobus, ça va très bien, on arrive à la gare Labrosse, qui est
le point de destination final pour plusieurs personnes, on débarque, et là,
l'autobus local, il faut l'attendre. Souvent, en hiver, il fait froid, ça ne nous tente pas d'être dehors, on attend 10,
15, 20 minutes pour l'autobus local. On va le prendre, il va y avoir cinq personnes dans cet autobus-là,
mais l'autobus va quand même suivre le trajet habituel d'une vingtaine de rues avant de nous déposer à deux, trois coins
de rue de chez nous. Après ça, il va falloir marcher pour se rendre à la
maison.
M. le
Président, le trajet, comme tel, le trajet pour se rendre du centre-ville à la
gare finale a été très rapide, ça a pris une vingtaine de minutes, mais
on a attendu sur le quai 20 minutes, on a pris 20 minutes dans
l'autobus, donc le dernier mille, le dernier
kilomètre, comme on l'appelle, aura pris 40 minutes à cet usager-là. C'est
pour eux qu'il faut trouver des
meilleures solutions. Si on veut que le citoyen fasse le choix du transport en
commun, il faut lui donner une meilleure desserte pour le rendre à sa
porte plus rapidement. Alors, il faut s'attaquer au dernier mille. Il faut
travailler avec les sociétés de transport
pour voir c'est quoi, les meilleures options pour rendre le citoyen à sa porte,
plus facilement, et qui va coûter moins cher aux sociétés de transport.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci met fin au bloc
d'échange avec la partie gouvernementale.
Nous allons procéder au bloc d'échange avec le deuxième groupe d'opposition et
le député de Deux-Montagnes, s'il vous plaît. La parole est à vous.
• (20 h 30) •
M. Charette : Merci, M. le
Président. C'est apprécié de vous retrouver ce soir.
On a, il y a
quelques instants, fait référence à l'étude du projet de loi n° 165, qui
nous a occupés pendant un certain nombre
de semaines depuis le début de l'année. Juste faire un petit suivi, dans un
premier temps, avant de passer à d'autres questions.
On a, au
moment des consultations, entendu les écoles de conduite qui, en plus de se
préoccuper, naturellement, des
notions de sécurité, exprimaient leurs réalités comme entreprises de formation
au niveau d'indexation des tarifs. Ces entreprises,
qui sont tout de même nombreuses et qui fournissent des emplois à plusieurs gens
d'un peu partout au Québec, se
plaignaient de ne pas pouvoir indexer leurs tarifs depuis un certain nombre
d'années. On avait eu l'occasion, au moment de l'étude article par article, d'en discuter ensemble et d'un
consentement, ma foi, partagé on avait convenu qu'il était temps de permettre cette indexation. On avait
évoqué différents scénarios au niveau du calendrier, le plus probable était
une entrée en vigueur pour le
1er avril. On se rapproche maintenant de la fin avril, et ces mêmes
interlocuteurs nous disent qu'il n'y
a pas eu de développement ou à tout le moins il n'y a pas eu de suite ou de
contact avec le ministère. Peut-être juste nous expliquer où nous en
sommes à ce niveau-là, dans le dossier.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, très bien. Très bien, M. le Président. Je remercie le
député de sa question. C'est en effet
un échange qu'on avait eu la chance d'avoir au cours des travaux de la
commission parlementaire sur le projet de loi n° 165, suite aux représentations qui avaient été faites par,
justement, les écoles de conduite et d'ailleurs un sous-groupe également, là, qui avait été formé par certaines
écoles de conduite pour parler de sécurité routière. Le député et moi, on
s'était... on avait eu des échanges un peu
bon enfant, disons, sur nos positions respectives sur ce dossier-là et on était
arrivés à... je ne veux pas dire un
consensus, mais chacun de notre côté on est arrivés un peu à la même position
par rapport à ce dossier-là,
c'est-à-dire qu'effectivement il y avait lieu d'augmenter les frais que les
écoles de conduite reçoivent puisque, justement,
depuis bon nombre d'années ces frais-là n'ont pas pu être augmentés,
effectivement. Et je pense que je lui avais dit à l'époque, évidemment, qu'il y avait un processus à suivre à
l'intérieur du gouvernement pour s'assurer qu'on pouvait en arriver à
faire cette réalisation-là.
Donc, on a
toujours l'intention, effectivement, de suivre la même démarche qu'on avait...
sur laquelle on s'était entendus,
disons, lors de l'étude de la commission sur le projet de loi n° 165.
Donc, le dossier chemine bien. Mais j'ai toujours bonne intention de
pouvoir en arriver à une réalisation concrète pour les écoles de conduite très
bientôt.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Presque deux mois se sont écoulés depuis la
consultation et notre échange. Donc,
la date du 1er avril, on s'entend, elle est maintenant derrière nous.
Heureux de comprendre que ça chemine, mais nous en sommes où, actuellement? Est-ce qu'il y a eu rencontre avec les
écoles de conduite? Est-ce que le regroupement est partie prenante de ces échanges-ci à ce moment? Et est-ce qu'on peut
raisonnablement penser que... Est-ce que ce serait pour le 1er avril? C'est peut-être serré.
1er juin? Quel est l'ordre ou l'échéancier, là, avec lequel on travaille
présentement?
M. Fortin
(Pontiac) : Effectivement, M. le Président, je pense que le député a
raison de dire qu'il y a peut-être deux
mois depuis les échanges en commission parlementaire ou la consultation,
disons, en commission parlementaire où
les représentants de l'industrie nous avaient fait part de leurs préoccupations
par rapport à cet enjeu-là. Cependant, depuis
la date où on a échangé la dernière fois, M. le Président, je pense qu'on était
déjà passé le 1er avril ou on était aux alentours du 1er avril, lorsqu'on a eu notre dernier échange sur la
question. Alors, je ne suis pas certain que la date du 1er avril,
pour l'entrée en vigueur, était nécessairement envisagée.
Mais peu
importe, M. le Président. Oui, il y a toujours des échanges avec des
représentants de l'industrie. D'ailleurs, pas plus tard qu'hier, mon chef de cabinet m'indique, il y a eu des
discussions à savoir comment le gouvernement pourra précéder suite à l'intention évoquée d'aller de
l'avant. Donc, M. le Président, on continue à faire les travaux à l'intérieur
de la machine gouvernementale, si je peux
appeler ça ainsi. Mais, M. le Président, notre intention est toujours effectivement
d'aller de l'avant, et d'aller de l'avant
rapidement, et d'avoir une conclusion à ce dossier-là très rapidement pour les
gens de l'industrie. Je m'avancerais
si je lui donnais une date précise. Bien honnêtement, je ne suis pas en mesure
de lui donner une date précise pour
l'entrée en vigueur tout de suite. Mais on a l'intention de bouger très
rapidement dans ce dossier-là.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Charette :
Sans parler de date précise, est-ce qu'on peut parler d'un échéancier maximal?
Est-ce qu'on peut prendre pour acquis
qu'au 1er septembre, par exemple, cette modification-là serait appliquée
et applicable? Est-ce que c'est un délai qui semble raisonnable au
ministre?
M. Fortin
(Pontiac) : Pardon, excusez-moi, là, mais... J'ai cru comprendre une
question par rapport au délai, mais, je m'excuse, je n'ai pas suivi tous
vos mots, M. le député.
Le Président (M. Iracà) : Si
vous pouvez répéter, M. le député.
M. Fortin
(Pontiac) : C'est de ma faute. Je vais tenter de faire mieux la
prochaine fois.
M. Charette : Là, je comprends
qu'il y a un crédit d'une minute qui me sera alloué...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Charette :
Sérieusement, est-ce que, quoi, le 1er septembre... Sans dire qu'on est en
mesure de garantir une date, le plus
tôt possible, est-ce qu'on peut à tout le moins convenir que ça n'ira pas
au-delà de, par exemple, une date qui pourrait être le 1er septembre?
M. Fortin (Pontiac) : Bien,
l'intention serait effectivement d'adopter la mesure avant le
1er septembre pour potentiellement une entrée en vigueur le
1er janvier 2019, disons.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député.
M. Charette :
Merci. Donc, c'était la question de précision, là, que je souhaitais aborder
dans un premier temps. Peut-être
revenir, maintenant, aux questions de mobilité. C'est vrai qu'il en a été
largement question ces dernières semaines. Autant vous comme ministre que moi comme député des couronnes, très
heureux de voir que le sujet de la mobilité prend autant de place non seulement dans les médias,
mais dans la population en général. Et on peut très certainement imaginer,
à ce moment-ci, que ce sera un enjeu important en prévision des prochaines
élections. Et ce n'est pas un caprice, effectivement, il y a des problématiques
qui sont bien réelles.
Oui, il y a des initiatives qui ont été
proposées, vous en avez d'ailleurs nommé plusieurs dans votre mot d'introduction. Cependant, ce qui me dérange ou ce
qui me chicote un peu, oui, ce sont de belles initiatives qui ont été évoquées, mais à la fin d'un mandat aucune d'entre
elles n'a été réalisée à ce moment-ci. Et celle qui est la plus avancée est celle qui a été développée par la Caisse de
dépôt. Donc, c'est tout de même dommage qu'à la fin d'un mandat on n'ait
pas un bilan plus intéressant à défendre en
termes de mesures concrètes au niveau des infrastructures autant de transport
collectif que le réseau routier.
Je suis des
Laurentides, je ne m'en cache pas. On a annoncé la 19 il y a quelques jours.
Les médias, de façon non pas ironique
mais bien réelle, ont rappelé que c'était la huitième annonce de cette
infrastructure, qui devait être complétée pour l'Expo 67 au départ. Et, dans les travaux qui devront être
faits, on doit notamment démolir des infrastructures qui ont été mises en place, là, dans les dernières
décennies, échangeurs, et tout ça, qui constituent littéralement de gros
champignons dans les champs, à la
hauteur de Bois-des-Filion, parce qu'on avait commencé les travaux il y a
plusieurs années de ça, mais ce sont des infrastructures qui ne sont
plus aux normes aujourd'hui, qui ne font plus partie du projet de la 19.
Comment
expliquer qu'un projet de cette importance pour la couronne nord ait subi
autant de retards? Puis, je veux dire, on parle de... franchement, cette
annonce s'est faite dans la foulée du dernier budget. Oui, heureux de voir que
c'était dans le PQI, mais à l'élection de 2012
on a vécu exactement le même scénario, c'est-à-dire c'était dans le budget,
quelques jours après le premier ministre
Jean Charest s'est aussi présenté sur la couronne nord en disant
essentiellement ce que vous avez eu à dire il y a quelques jours, c'est-à-dire :
Cette fois-ci, c'est la bonne. Donc, pourquoi en arriver avec autant de reports et devoir réannoncer
essentiellement la même chose sur non pas quelques années mais sur quelques
décennies?
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien, M. le Président. Effectivement, on pourrait
parler de l'ensemble des enjeux de la couronne
nord, et il y en a plusieurs, le député a raison de les mentionner. Les maires
qui étaient présents au forum hier avaient
raison de le mentionner, les sociétés de transport avaient raison de le
mentionner, et, M. le Président, les citoyens ont raison d'en parler. C'est un
enjeu qui affecte leur quotidien et qui affecte la qualité de vie qu'ils ont.
Quand, M. le Président, on doit
partir à six heures, le matin, pour aller au travail, on ne peut pas aller
porter sa petite à l'école le matin. Quand
on est pressé pour arriver à la garderie, le soir, pour ramasser la petite à
l'heure, on ne peut peut-être pas faire la qualité de travail qu'on aurait espéré faire cet après-midi-là, étant
donné qu'on a dû partir plus tôt pour se rendre dans notre ville de
résidence.
M. le
Président, cependant, le député a mentionné le projet de la 19. Il a raison,
c'en est un. Il y en a beaucoup, de
projets pour la couronne nord qui sont dans les cartons. Je me permets de lui
dire, parce que je sais qu'il en a déjà parlé, que les voies réservées sur l'autoroute 15 ont été ajoutées au Plan
québécois des infrastructures cette année, et qui sont évidemment un complément aux travaux qui doivent
être faits sur le pont Gédéon-Ouimet. L'ajout de voies réservées, sans travaux sur le pont Gédéon-Ouimet, elles ne
seront pas aussi utiles qu'elles pourraient l'être. Le SRB Pie-IX est un
projet très concret, qui va se concrétiser au cours des prochains mois.
Le REM, il a
raison de le mentionner, le Réseau express métropolitain, quand il parle de
réalisations, quand il dit qu'il y a
des projets qui sont déjà en cours, M. le Président, le REM, c'est le plus grand projet de développement du réseau de transport en commun dans le Grand Montréal. Et
c'est un projet qui n'était même pas dans les cartons en 2014, M. le Président, qui a été pensé, qui a été dessiné et
dont les travaux ont été lancés pas plus tard qu'au cours des dernières années.
M. le
Président, je sais qu'il a déjà fait référence à la gare de Mirabel également,
et il sait que la gare de Mirabel est un des projets qui... pour
lesquels les plans et devis sont en train d'être dessinés en ce moment.
• (20 h 40) •
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Charette :
En fait, il y a plein de beaux projets, effectivement, mais ma question portait
sur la 19. J'essaie juste de comprendre pourquoi...
M. Fortin (Pontiac) : Je me
suis égaré un peu.
M. Charette :
Quelque peu, M. le Président, effectivement. Mais ce n'est pas moi qui... Ce
n'est pas une intention que je lui prête, effectivement.
Le Président (M. Iracà) : ...8 min 30 s.
M. Charette :
Mais je veux juste comprendre le processus décisionnel. Oui, il y a une
élection qui s'en vient. Je ne dis
pas que tout est motivé par la venue de l'élection, mais n'empêche que, pour
notre région, la 19 avait subi le même
type d'annonce en 2012, avec une présence dans le budget, dans le PQI, une
présence du premier ministre Charest, qui
disait : Cette fois-ci, c'est la bonne, après 30 quelque années, à ce
moment-là. Et c'était, ma foi, presque jour pour jour il y a, quoi... en 2012, il y a six ans passé. Pourquoi doit-on
revivre cette annonce-là? Et pourquoi, à l'intérieur de votre mandat, vous n'avez pas pu concrétiser une
bonne partie des travaux, en fait, ne serait-ce que les débuter, ces
travaux-là?
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Je vais tenter de m'adresser directement à la
question de la 19 pour bien répondre au député.
D'abord,
parce qu'il en a fait mention, les structures qui sont déjà en place, il a fait
référence aux échangeurs qui sont
installés à Bois-des-Filion, depuis belle lurette, j'en conviens. M. le
Président, ces structures-là vont être utilisées, donc, simplement pour corriger le fait que... Le
député a mentionné qu'ils pourraient être démolis ou qu'ils ne seraient plus utilisables; les structures actuelles qui
sont à Bois-des-Filion vont être utilisées dans le projet de la 19. Donc, dans
un souci de bonne utilisation des fonds
publics et d'une infrastructure qui est somme toute en bon état, elles seront
effectivement utilisées.
Maintenant,
pour ce qui est du projet de la 19, le projet, effectivement, a peut-être
quelque peu changé au cours des
années, mais c'est le premier projet, au gouvernement du Québec, qui a été
pensé de A à Z avec le transport en commun en tête. Et il me semble que le projet de la 19, c'est le type de projet
routier qui devra être développé, au cours des prochaines années, toujours avec tant le transport en commun
que le transport actif en tête. Elle est finie, M. le Président, l'époque
où on ne pensait qu'à ajouter des routes et... qu'à uniquement ajouter des
routes, au Québec, M. le Président.
Maintenant,
pour le projet... Et peut-être le député a raison de penser comme certains
citoyens et peut-être d'afficher un peu de scepticisme, disons, à
l'égard du... Non, non, je peux comprendre les citoyens. Particulièrement, j'ai
parlé moi-même à M. Larocque père, qui
est le père de l'ancien maire de Bois-des-Filion, qui, lui, avait été
exproprié, il y a 40 ans ou 45 ans, je crois, pour le projet
de la 19, alors je peux comprendre un certain scepticisme de la part de la population. Mais M. Larocque fils lui-même est
allé sur les ondes de Radio-Canada, et il était probablement le plus grand
des sceptiques au fil des ans, pour dire
qu'on est plus avancé qu'on ne l'a jamais été, qu'il y a effectivement des
travaux qui n'ont jamais été faits,
que le projet est plus avancé qu'il ne l'était en termes des grands projets.
Donc, quand même des gens comme
M. Larocque croient réellement que cette fois, c'est la bonne, je pense
que la population peut y croire aussi.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M. Charette :
En fait, la population ne demande qu'à le croire, et je ne demande qu'à le
croire. Et je serai le premier heureux si effectivement on pouvait respecter
l'échéancier qui a été engagé.
Donc, oui, il
y a eu une coalition de formée, ces dernières années, autour du projet de la
19, il y a un regroupement semblable
qui s'est formé autour de l'autoroute 13. Et, lorsqu'on regarde un petit
peu les échéanciers ou le fil historique, la 13 devait aussi être complétée... non pas pour l'Expo 67, parce
que c'est la portion nord qui doit être développée, mais bien pour
l'ouverture de l'aéroport, dans les années 70, et on vit aujourd'hui
essentiellement la même problématique, c'est-à-dire
des terrains qui ont été expropriés il y a plusieurs, plusieurs années de ça.
Et, dans les faits, lorsqu'il y a un projet
de cette nature, qui est de cette ampleur-là, ce qui est compliqué, bien
souvent, ou ce qui peut être onéreux, c'est l'appropriation des terrains
où l'infrastructure va passer. Dans le cas présent, l'expropriation a été
complétée il y a plusieurs... en fait,
quelques décennies de ça. Le milieu le demande. Et ce serait peut-être une
autre belle façon de prévoir le
transport, oui, avec du transport collectif, très certainement, mais en même
temps ça nous permettrait de développer un principe qui est
sous-utilisé, au Québec, c'est-à-dire de voir le transport dans un autre axe
que celui qui se dirige uniquement vers Montréal, c'est-à-dire favoriser du
déplacement qui peut être du sud vers le nord et non pas du nord uniquement
vers le centre-ville. Les villes du secteur, Mirabel notamment,
à travers les terrains qui ont été récupérés suite à la fermeture de l'aéroport, le volet commercial,
à tout le moins, de l'aéroport de Mirabel, il y a dans les cartons
de ces municipalités un parc industriel qui pourrait être certainement l'un des plus importants au Québec, et on est retardés parce que le projet ne voit pas le jour. Oui, on se
réjouissait de la présence dans le PQI de la 19, dans le dernier budget,
mais, encore une fois, la 13 a été complètement, complètement évacuée, malgré des années et des années de représentations.
Où en est l'évaluation
du ministère, à ce
moment-ci, de ce projet-là de
compléter la 13 de la 640 essentiellement
jusqu'à la 50?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin (Pontiac) : Quelques
réflexions, là, par rapport à la question du député. Il fait mention de
certains éléments qui sont effectivement très importants, entre autres
l'importance de ne pas planifier que pour les gens qui se rendent au centre-ville de Montréal. Il a raison
de le mentionner. D'ailleurs, dans le projet de la 19, ce que le ministère
ou ce que les gens qui ont évalué le projet
nous disaient, c'est qu'effectivement il n'y avait que 35 % des gens qui
partaient de Bois-des-Filion qui se
rendaient à Montréal, la plupart des gens qui emprunteront la 19 vont se rendre
à Laval. Alors, l'infrastructure ne
peut pas être uniquement en place pour les gens qui se dirigent que ce soit de
Mirabel, ou de Bois-des-Filion, ou d'ailleurs dans le Grand Montréal
vers le centre-ville, elle doit mener à d'autres axes également.
Maintenant,
quand il fait référence à l'expropriation passée, disons, de certains projets,
ce qu'il mentionne est loin d'être
unique à Mirabel, c'est quelque chose qui a été fait il y a plusieurs années
dans plusieurs régions du Québec. Je pense
à ma propre circonscription, où effectivement il y a eu expropriation pour un
futur pont interprovincial. Je pense à Trois-Rivières,
où on a exproprié, il y a 40 ans, pour le prolongement de la 40. M. le
Président, dans plusieurs régions au
Québec, on a procédé de cette façon-là. Et, même si les projets n'ont pas tous
vu le jour jusqu'à maintenant, quand on
regarde le coût des expropriations aujourd'hui, on n'a qu'à regarder le coût
des expropriations pour la ligne bleue, qui est au-delà de 330 millions de dollars, versus le coût des
expropriations pour la ligne orange, qui était de 14 millions de dollars, on peut voir que ces coûts-là augmentent
rapidement et donc qu'il faut faire bonne utilisation, disons, de certaines
expropriations qui ont été faites par le passé.
Le député
dit : Effectivement, on aurait peut-être aimé... ou peut-être que sa
formation politique ou certains citoyens de la région, effectivement, auraient aimé voir la 13 ajoutée dans le
Plan québécois des infrastructures. La 15, les voies réservées sur la 15 ont été ajoutées dans le Plan
québécois des infrastructures, qui effectivement peut desservir une bonne
partie de cette population-là. Mais ce que
je n'entends pas du député, M. le Président, c'est quel projet il aurait enlevé
du Plan québécois des infrastructures. C'est
beau, vouloir ajouter des projets au Plan québécois des infrastructures, c'est
beau, dire : Nous, on aurait aimé voir
le projet de la 13, mais jamais, M. le Président, jamais, que ce soit le Parti
québécois, qui, eux, demandent
l'ajout de la 20, par exemple, au Plan québécois des infrastructures, ou que ce
soit la Coalition avenir Québec, qui
demande l'ajout de la 13 au Plan québécois des infrastructures, jamais l'un ou
l'autre de ces partis ne nous dit ce qu'ils aimeraient enlever. Alors,
j'aimerais que le député nous dise à quels citoyens, dans quelle région, à
quels déplacements... quels déplacements il
aimerait rendre plus difficiles, quel projet précis il aimerait enlever du Plan
québécois des infrastructures?
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci. Merci, M. le ministre. Je vais
laisser la chance au député de vous répondre. En 20 secondes.
M. Charette :
C'est à ce moment-ci que je vais demander le crédit d'une minute que me doit le
ministre pour m'avoir contraint à
répéter ma question. En fait, la 13, on comprend que ce n'est pas du tout, du
tout dans les cartons du ministère, il n'y a aucune intention de
développer cet axe-là dans un avenir prévisible.
Le Président
(M. Iracà) : Alors, écoutez, malheureusement, vous allez reprendre la
conversation dans un autre bloc. Merci beaucoup. Mais la question est
posée, et je suis certain que le ministre va y réfléchir. Merci.
Alors, nous
allons débuter un autre bloc avec la partie gouvernementale pour un temps
approximatif toujours de 20 minutes, et je cède la parole au député
d'Abitibi-Est.
• (20 h 50) •
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Moi, en étant de l'Abitibi-Témiscamingue, évidemment,
les enjeux du REM et de toute la
circulation dans la périphérie à la fois de la métropole mais la Rive-Sud et la
Rive-Nord, j'aime en entendre parler, mais j'aime aussi qu'on puisse parler des
réalités de nos régions. Et je vais me permettre... D'ailleurs, M. le ministre, je vous remercie de votre présence
en début d'année. C'est une de vos
premières sorties officielles sur le terrain,
vous avez eu la gentillesse de venir en Abitibi-Témiscamingue. Et on a
eu, donc, au début janvier, la chance de pouvoir faire une annonce fort importante,
qui était espérée depuis longtemps, pour les gens de Val-d'Or, avec le carrefour
giratoire à la sortie nord-ouest, qui d'ailleurs
est dans les balbutiements de réalisation puisque les travaux ont déjà été
faits pour déplacer des lignes à la fois hydroélectriques et des réseaux
de téléphonie pour permettre de pouvoir réaliser les travaux importants dès cet été, ce qui va améliorer
substantiellement la sécurité de ce secteur-là, puisqu'il y aura possibilité de faire le branchement de la route de déviation pour le secteur ouest,
qui va donc permettre de dévier du trafic lourd de la zone urbaine. Ça, c'était quelque chose qui était attendu. D'ailleurs, la ville
de Val-d'Or avait réalisé beaucoup
de travaux au préalable, et on
souhaitait que le ministère puisse, dans
le fond, avec une entente... parce que
la ville de Val-d'Or a elle-même dit O.K. pour faciliter la réalisation du projet, et,
pour éviter d'avoir des lumières de circulation, on va... au lieu d'avoir des
feux de circulation, on va être prêts à investir, nous aussi, pour avoir un
équipement qui est beaucoup plus sécuritaire, qui est beaucoup
plus efficace au niveau de la lutte contre les changements climatiques, donc, en allant avec l'installation d'un
carrefour giratoire.
Mais évidemment,
quand on a la chance d'avoir la visite d'un ministre, on veut en profiter
pour discuter d'autres sujets. Et je pense
que je vous ai permis de faire une immersion dans le monde du camionnage en
vrac de façon assez... assez
détaillée. Encore là, on a rencontré des acteurs qui ont grandement
apprécié votre disponibilité, mais qui vous ont aussi adressé des problématiques,
des enjeux qui sont très clairement adressés en lien avec l'opération... Et là,
M. le Président, vous comprendrez, là, j'ai
des gens que je veux saluer, entre autres Annie Dénommé, qui est la directrice
générale du sous-poste de La Vallée-de-l'Or, et également Gilles
Légaré, qui est le directeur général de l'ANCAI au niveau provincial, on les a rencontrés parce qu'ils
voulaient nous faire part d'une problématique, mais également il y a d'autres
acteurs qui se sont joints à nous, je pense,
entre autres, à Martin Allaire, de Transport Allaire, qui nous ont donc
illustré très clairement les enjeux qui s'adressaient dans leur domaine
au niveau de leurs membres.
Ces gens-là,
pour ceux qui ne connaissent pas ce que c'est, cette réalité-là du camionnage
en vrac, ce sont des propriétaires
indépendants qui opèrent, dans le fond, des camions qu'on voit, là, dans le
quotidien, de ce qu'on appelle des
10 roues, des 12 roues, qui transportent du matériel en vrac,
principalement du gravier, de la pierre, de la terre noire, de l'asphalte, du bitume pour faire des travaux
routiers, entre autres, mais également il y a d'autres joueurs qui sont dans
le domaine du transport de... tout le
secteur forestier, pour le transport du bois en longueur, du bois aussi qui est
sectionné, qui oblige, à ce
moment-là, un conducteur de ces équipements-là non seulement d'être habilité à
conduire un camion, mais également
opérer une chargeuse qui est installée sur la remorque. Donc, ça demande des
habiletés, je dirais, à la fois mécaniques, parce que... Ces
équipements-là, souvent, quand ils ont ce type d'équipement là, ils vont aller
faire leur chargement directement en forêt,
ils sont seuls, il n'y a pas d'autres travailleurs qui sont avec eux, et, s'il
y a des bris, bien, c'est eux qui
doivent réparer. La même chose avec les gens qui opèrent, là, des camions
10 roues, 12 roues qui sont amenés en renfort auprès des grandes compagnies qui réalisent les contrats
auprès de joueurs comme à la fois le ministère des Transports mais également les villes, les grandes
compagnies qui font des travaux chez nous, dans la région, tout ce qui touche le secteur minier. Il y a des besoins
importants aussi pour la réalisation, de faciliter le transport en périphérie
des sites miniers, et également, dans
le secteur forestier, la construction des routes d'accès en forêt, ou même avec
d'autres acteurs, pour l'accès pour
les chemins multiressources, pour en faire à la fois la construction et l'entretien, la réparation, subséquemment.
Face à ça, M.
le ministre, au niveau du système du courtage, qui est là depuis longtemps,
vous avez pris la décision, face à
une démarche qui est enclenchée depuis longtemps en ce qui concerne
l'encadrement de l'industrie des services de camionnage en vrac pour le
courtage. Ce projet de règlement là visait à pérenniser, dans le fond, à la
fois pour l'ensemble des acteurs de l'industrie et pour les
propriétaires opérateurs plus particulièrement. C'est un enjeu majeur parce
qu'il y avait des craintes énormes sur la suite des choses que prendrait le
ministère.
Dans des
grands travaux, actuellement, il y a des clauses, à l'intérieur de la
réalisation de ces grands travaux là, qui garantit au camionnage en vrac
50 % des voyages qui doivent être effectués par l'entreprise qui réalise
les grands contrats. Ce que ça crée
comme situation, c'est que ça permet de maintenir une force d'action pour
réaliser des travaux partout à travers le territoire québécois.
Évidemment, dans certains secteurs, à certains
moments, ça peut causer des enjeux. On se rappellera, donc, l'époque, par exemple, des grands travaux à la
Baie James, où, à ce moment-là, on a eu... Normalement, le sous-poste
est capable d'alimenter les besoins des entrepreneurs en lien avec les travaux
qui se déroulent sur son territoire, mais évidemment,
quand la demande est très forte puisque l'ampleur des travaux est énorme, on
fait appel à d'autres acteurs du même
domaine, donc on demande aux autres sous-postes de fournir des camions pour
répondre à la demande. Mais, vous savez, tout ça, ça se fait sur appel,
et ça crée donc une certaine convoitise par rapport à d'autres acteurs dans le domaine, et de légiférer pour faire en sorte de
s'assurer qu'on réglemente d'une façon équitable ce domaine-là, c'était fort important, important aussi pour les
entrepreneurs, qui, eux, lorsqu'ils font leurs soumissions, ils vont mettre un
prix en fonction du coût qu'ils doivent engendrer pour avoir ces
camions-là aussi.
Donc,
évidemment, de part et d'autre il y a un besoin, de part et d'autre il y a un
enjeu, parce qu'il y a un enjeu de
coût, il y a un enjeu de capacité de réalisation, et il y a une répartition de
la richesse, je dirais. Et vous le savez, c'est connu, je ne me suis jamais caché pour le dire, puis là-dessus mon
collègue du comté de René-Lévesque doit vivre la même situation chez lui, hein? Les camionneurs, il y a
des épisodes, là, de temps où il n'y en a pas, d'ouvrage, tout le monde attend que le ministère des Transports lance ses
contrats parce qu'on attend de voir est-ce qu'on va avoir une bonne saison
ou pas, et c'est vraiment un enjeu majeur.
Pour certains, ça peut représenter la perte de leurs camions. Pour d'autres, ça
va être la différence à savoir si j'investis, parce que, mon équipement, sa
durée de vie utile serait passée, mais je n'ose pas investir parce que
je ne le sais pas, qu'est-ce qu'il va se passer. Et ça, c'est ainsi dans toutes
les régions du Québec.
• (21 heures) •
C'est sûr,
comme je vous dis, quand on arrive dans des situations où il y a d'énormes
contrats dans un territoire donné, là
il y a une problématique, parce que, là, les grands entrepreneurs disent :
Bien là, comment tu veux je réponde? Dans
mon contrat, tu m'exiges d'avoir 50 % des camionneurs qui sont des
camionneurs indépendants, artisans, comme on appelle, mais en même temps il n'y en a pas. Ça, c'est l'enjeu de
l'équilibre. C'est pour ça que vous avez créé une table, vous avez dit à tout ce monde-là : Vous allez
vous asseoir ensemble, vous allez vous parler, et on va déterminer des règles.
Comment vous voulez orchestrer ces enjeux-là
en tenant compte de l'évolution du marché, en tenant compte également des enjeux que ça représente? Et là ça concerne
d'autres acteurs. Par exemple, les municipalités, combien de municipalités
au Québec utilisent les services de
camionneurs en vrac pour faire le transport de la neige l'hiver? Une municipalité ne veut pas acheter quatre, cinq, huit, 12 camions pour faire le
transport de la neige l'hiver et ne veut pas, je dirais, amputer son budget d'opération municipal sur une dépense
d'actif quand il y a des gens qui lui paient des taxes, qui vivent chez elle et
qui font rouler des commerces en approvisionnement et services pour les besoins
de ces camions-là, en disant : Bien, nous, là, l'hiver, s'il y a
32 jours où on a à ramasser de la neige, bien, ces 32 jours là, on
appellera cinq, huit, 12, 14 camions, en fonction des besoins.
Vous comprendrez donc qu'il faut voir de façon
plus globale cet enjeu-là du camionnage en vrac et non pas seulement sur l'enjeu de la réalisation d'un
contrat donné. Et, pour ce faire, évidemment, on les oblige à se parler. Vous
avez eu cette sagesse de créer la table sur
le camionnage en vrac. Et je vais nommer ceux qui y participent parce que ce
sont des joueurs fort importants :
l'ACRGTQ, l'association du camionnage... l'association des constructeurs et des
grands travaux du Québec, l'association des camionneurs artisans, plus
connue sous le nom de L'ANCAI, l'Association des propriétaires de machinerie lourde du Québec,
l'AMPLQ, l'Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure, l'AQEI — je mentionne les acronymes parce que la
plupart du temps on les connaît seulement par leurs acronymes — et finalement
le Regroupement des entrepreneurs et des camionneurs indépendants du Québec, le
RECIQ. Tous ces acteurs-là n'ont pas tous les mêmes objectifs. C'est pour ça
que c'est important, M. le ministre, d'avoir posé un geste comme celui-là
pour dire à ce monde-là : Vous devez
vous parler, vous devez trouver une façon de légiférer entre vous, donc, dans
une règle de conduite qui va nous
permettre de garantir aux Québécois et aux Québécoises que, dans ce secteur
d'activité là, on a un équilibre, un
équilibre qui permet d'avoir à la fois une capacité de réalisation sur
l'ensemble du territoire québécois, on a aussi une capacité de soutenir
cette industrie-là, peu importe où elle se trouve.
On va tenir compte également des paramètres qui
sont différenciés en fonction des régions. Évidemment, du transport de bois en longueur, dans la région de
ma collègue, il y en a moins un peu, même presque pas, même probablement
qu'il y aurait une grande surprise pour ses
concitoyens de voir passer un camion de bois en longueur. Pire encore si on va
du côté de chez mon collègue d'Ungava, où on
a des planétaires. Un planétaire, c'est un camion qui est encore... qui est
plus surdimensionné, qui, dans un voyage de
bois en longueur... Et là je vois mon collègue de René-Lévesque. Lui, il sait
ce que c'est aussi. C'est comme un monstre qui s'en vient sur la route, des
camions hors norme et...
Une voix : ...
M.
Bourgeois : Ah oui! Bien oui, le collègue de Dubuc aussi. Des camions
gigantesques de bois en longueur. Non,
bien, je vous vois, M. le ministre, dire : Et moi. Non, malheureusement,
je ne crois pas que vous ayez des routes pour pouvoir accepter ce type de transport là, parce qu'effectivement ce
sont des routes qui ne font pas partie du réseau provincial parce que c'est vraiment dédié pour l'exploitation des
ressources naturelles, parce que, dans un voyage, ils ont l'équivalent
de trois camions, en général, comme...
Et donc, pour
ça, ça prend des gens qui sont habilités à opérer ce type d'équipement là. Et,
quand on compare avec... Parfois, les
entrepreneurs nous disent : Oui, oui, nous, on a des camions, on va
prendre tous nos camions, puis ça va être correct. Vous savez, un propriétaire opérateur, là, lui, là, quand il a
une crevaison, là, contrairement à l'entrepreneur qui, lui, a un conducteur qui est régi par la CCQ, donc
qui a ses cartes de construction, et, lui, tout ce qu'il fait, c'est... il
conduit le camion... Lui, il ne peut
pas changer le flat, comme on dit, mais l'opérateur, lui, là, il rentre en
dessous du camion puis il fait le
changement de son pneu. Il travaille très dur. Le soir, souvent, là, eux, là,
la période après le souper, là, ce n'est pas pour écouter la game de hockey, c'est pour aller travailler sur
leurs camions pour être capables d'être prêts pour le lendemain matin, parce qu'à 6 heures il faut
qu'ils soient sur la job. Et c'est ce monde-là qu'on doit aussi considérer dans
l'enjeu. On doit les considérer parce qu'ils
font... ils créent un impact économique partout sur le territoire et ils sont
essentiels dans nos régions pour être
capable de maintenir une capacité de réalisation dans toutes les facettes des
besoins que peut représenter
le transport du camionnage en vrac.
Donc, M. le
ministre, cette table-là, elle est très importante. J'aimerais savoir, dans la
suite des choses, où vous en êtes pour pouvoir nous permettre de
rassurer les gens de l'industrie, tant les entrepreneurs que les camionneurs.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député
d'Abitibi-Est. M. le ministre, la parole est à vous. Il reste environ
quatre minutes.
M. Fortin (Pontiac) : Oui, très
bien. Très bien, M. le Président. Effectivement, merci beaucoup au député d'Abitibi-Est, qui a mentionné plusieurs aspects
différents, dans sa question, mais a mentionné la visite que j'ai pu avoir en
Abitibi avec lui au cours des derniers mois.
J'ai fait la même chose avec son collègue du comté voisin, de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
quelques semaines par après.
Pour la
question du camionnage en vrac, je dois vous dire que d'être voisin de
banquette du député d'Abitibi-Est, c'est
presque un «crash course» sur le camionnage en vrac, et je l'ai été pendant
trois ans, alors j'ai appris beaucoup sur la question, ne serait-ce que
par ses interventions régulières sur la question.
Il fait
mention de la table du ministre. Et le député a dit à quelques reprises que
c'était une bonne idée de mettre en
place la table du ministre. Je dois humblement lui dire que ce n'était pas mon
idée, c'est le ministre de l'Agriculture qui avait mis en place cette table-là lorsqu'il était ministre des
Transports, mais l'idée était effectivement très bonne parce qu'il y a tout un équilibre à faire dans cette
industrie-là pour s'assurer qu'effectivement les camionneurs artisanaux, ceux
qu'on connaît tous dans les régions du
Québec, dans ma région, dans votre région, M. le Président, dans celle du
député de René-Lévesque ou ailleurs,
ils sont au coeur du développement économique de nos régions rurales du Québec.
Ils sont ce qu'on appelle des très
petites entreprises, mais ils sont, dans leur coeur, des entrepreneurs, des
gens qui veulent réussir, qui veulent rester dans leurs villages, qui
veulent fonder une entreprise qui peut devenir une entreprise familiale. Et effectivement ces gens-là n'ont pas beaucoup de
temps, le soir, pour aller écouter un match de hockey, c'est des gens qui
souvent vont travailler de nombreuses et longues heures pour faire réussir leur
entreprise.
Et donc, effectivement, le renouvellement des...
ou la permanence de l'encadrement, ça a été un des premiers dossiers sur
lesquels je me suis penché, à mon arrivée au ministère, et suite peut-être au
dossier du taxi, là, qui était peut-être
pressant dans les premiers jours, mais effectivement c'est un des premiers
dossiers sur lesquels j'ai pu travailler. Et le ministre qui m'a précédé avait eu la sagesse de mettre en place,
justement, cette table-là pour qu'on puisse discuter non seulement de la
permanence de l'encadrement, mais de tout ce qui pourra suivre également, parce
que, comme le mentionne le député, et il a
raison de le faire, il y en a, des enjeux, qui sont très réels pour les
entrepreneurs, également pour les
grands chantiers, que ce soit à Montréal, à Québec ou à d'autres endroits au
Québec, qui ont des revendications tout
à fait légitimes par rapport à la difficulté d'avoir accès à certains
matériaux, disons, en période de construction ou... en période estivale de
construction. Alors, c'est des enjeux qu'il faut régler, c'est des enjeux sur
lesquels la table doit se pencher. Et la table du ministre s'est donné
un encadrement, disons, des prochaines mesures à prendre.
Donc, oui,
suite à la permanence de l'encadrement, il y avait la question, entre autres,
des registres du camionnage en vrac.
Je pense que tous les propriétaires d'entreprise, tous ceux qui travaillent
dans ce domaine-là comprennent toute l'importance que ce registre-là
peut avoir pour s'assurer qu'on a les bons camions au bon moment, aux bons
endroits, qu'on donne assez de temps aux
entrepreneurs pour dire, disons, ou formuler les demandes qu'ils ont pour le
jour suivant, qu'on donne également
assez de temps aux camionneurs pour livrer ce produit-là, remplir leurs carnets
de commandes, comme on dit.
Également, il
y a toute la question des tarifs du camionnage en vrac qui va être abordée par
la table, inévitablement, au cours
des prochains mois, au cours de ses prochaines rencontres. Il y aura également
la question de la supervision de l'ACTQ
et bien particulièrement, et il connaît l'enjeu, la question du Nord du
Québec, qui est un milieu complètement différent
de partout ailleurs au Québec, complètement différent de la région du Grand
Montréal, évidemment, mais même des
autres régions, la mienne, la sienne ou les autres. La question du Nord du
Québec doit être abordée de façon différente, la table doit se pencher
sur cet enjeu précis là.
Et donc il y
aura plusieurs autres chantiers sur lesquels cette table-là devra se pencher,
mais, en ayant la permanence de l'encadrement, on peut maintenant se
pencher sur tous ces enjeux-là.
• (21 h 10) •
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au
bloc d'échange avec la partie gouvernementale, malheureusement. Alors,
nous allons procéder à un autre bloc d'échange avec l'opposition officielle,
heureusement. M. le député de René-Lévesque, la parole est à vous.
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. M. le ministre, là, le député de Deux-Montagnes se posait la
question d'entrée de jeu à savoir pourquoi le Parti
québécois avait voté contre le REM et
pourquoi on avait mis dans l'espace public Le Grand Déblocage. La raison est fort simple, M. le ministre. Puis je pense que vous n'allez pas trahir les chiffres qui ont été présentés. 1 700 voitures de moins avec l'arrivée du REM, ça, pour nous, déjà
là, en partant, là, le projet d'une génération, qui doit donner de la mobilité, enlève simplement
1 700 voitures, pour nous, ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas
suffisant non plus lorsqu'on voit que les problèmes de congestion, comme
on en parlait tout à l'heure, dans la couronne nord, à Laval, ne sont pas
adressés concrètement avec l'apparition du REM du côté de Montréal.
L'autre chose
aussi qui nous est apparue aberrante, et je demeure un peu sceptique sur la
position du député de Deux-Montagnes,
c'est toute la perturbation qu'il y aura
sur le train de Deux-Montagnes, à savoir la perturbation que les gens vivent déjà avec une rupture de service les fins de semaine, mais aussi perturbation qui va durer au-delà des prochains mois et des prochaines années. Dans certains cas,
on va arrêter le train au complet et on fera du rabattement sur la station
Montmorency... sur la ligne orange, pardon, qui est déjà directement immensément
saturée.
Donc, à notre avis, le projet du REM n'est pas le bon projet. Et c'est pour ça qu'on a mis
dans l'espace média une contrepartie, qui a effectivement reçu beaucoup
d'échos dans les médias.
Cela étant
dit, M. le Président, on est toujours en attente de la proposition de la Coalition avenir Québec pour parler de mobilité, parler de transport. On a compris que ce sera pendant
l'été, alors ce sera assurément un engagement électoral, alors que nous, honnêtement, en pleine session, en pleins crédits, en plein
travail parlementaire, nos équipes ont travaillé d'arrache-pied
pour proposer une solution, une contrepartie qui permet d'alimenter le débat.
Cela étant
dit, M. le ministre, pour revenir sur le REM, parce que
je ne veux pas passer tout mon temps sur le REM, mais j'ai une dernière chose que j'aimerais valider avec vous, et ça a
été encore souligné dans l'espace média, M. le ministre, on ne sait toujours
pas si l'injection du gouvernement
fédéral sera faite sous forme de
capital-actions ou de subvention.
En gros, il s'agit
de déterminer si la part du fédéral dans la construction du REM, qui se chiffre
à 1,3 milliard, se
fera via la BDC ou sera faite via une subvention. Or, depuis le 15 juin
2017 que le gouvernement fédéral a annoncé sa participation. Dans
le fond, pour que la BDC accepte d'y
mettre son argent, notre prétention, c'est qu'il doit y avoir effectivement les expectatives de rendement, tout comme la caisse qui a son rendement
prioritaire de 8 %. Donc, si
c'est clair, la BDC aurait déjà annoncé sa participation.
La question
renvoie aussi, M. le ministre, à une motion qui a été adoptée ici par les
parlementaires pour demander à la VG si le 1,3 milliard mis par le
gouvernement est une subvention ou un investissement.
Bref, M. le
ministre, est-ce que le ministre... est-ce que vous pouvez, pardon, nous dire
quand on va savoir la forme finale de
l'investissement du fédéral? Est-ce que l'hésitation de la BDC ne démontre pas
que le 1,3 milliard que le Québec met
est également une subvention et non un investissement? Est-ce que vous convenez
avec nous que, si le 1,3 milliard est
une subvention, donc une dépense, ça fait un trou instantané de
1,3 milliard dans les finances du Québec? Qu'est-ce qui arrive donc avec
le montage financier dans ce cas-là?
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, merci. Merci, M. le Président. Je vais arriver à la
toute fin de l'intervention du député de
René-Lévesque, je vais commencer par le début de son intervention. Il a raison
de parler de l'absence de plan de la part de la Coalition avenir Québec, M. le Président, parce que je vais lui
donner ça, à son parti : aussi incomplet soit-il, aussi peu d'impact aurait-il sur la vie des citoyens et
des citoyennes du Grand Montréal, autant réduirait-il l'utilisation d'alternatives qui sont déjà en place, autant son
projet arrêterait la construction d'un projet qui est déjà bien en marche,
au moins, M. le Président, aussi mauvais son plan soit-il, au moins le Parti québécois a pris le temps d'élaborer un plan, a montré un certain intérêt envers le transport en commun, ce que la Coalition avenir Québec n'a jamais fait, M.
le Président. En fait, le seul
leadership qui a été exercé par la Coalition
avenir Québec dans le dossier du transport en commun, c'est le député de
La Peltrie qui l'a exercé quand il scandait haut et fort : «No way»,
tramway, M. le Président. C'est la seule contribution au débat public en
matière de transport en commun de la Coalition avenir Québec à ce jour.
M. le
Président, pour la question du financement du Réseau express métropolitain,
depuis le début, la question a été
très claire, le gouvernement du Québec mettait de l'avant 1,3 milliard de
dollars, le gouvernement du Canada mettait de l'avant 1,3 milliard de dollars. Oui, il a raison de dire que le gouvernement
fédéral doit encore débourser ces
sommes-là, mais, M. le Président, la Banque d'infrastructure du Canada qui est mise en place par le gouvernement du Canada, vous savez
ce que ça fait, M. le Président? Ça fait en sorte que le 1,3 milliard de dollars que le gouvernement
fédéral va mettre dans ce
projet-là, M. le Président, ne passe pas par le fonds d'infrastructures de
transport en commun.
Donc, non seulement il y a le 3 milliards de la Caisse
de dépôt, mais il y a également
1,3 milliard de dollars que le gouvernement fédéral, à travers la Banque d'infrastructure du Canada, peut mettre dans le
projet, mettra dans le projet de la Caisse de dépôt. C'est 4,3 milliards de
dollars qui, si on avait suivi les
indications, si on avait suivi le plan du Parti québécois, qui s'opposait, pendant très longtemps, à toute
participation de la Caisse de dépôt dans ce projet-là, ni le 1,3 milliard n'aurait été disponible ni le 3 milliards n'aurait été disponible, c'est 4,3 milliards de dollars
qu'il aurait fallu trouver pour
d'autres projets de transport en
commun partout au Québec, dans les projets chez vous, M. le Président. La ville de Gatineau a des projets très importants. Il y a
des projets dans le Grand Montréal, M. le
Président. Il y a des projets ici, à Québec, des projets très importants pour le développement; non seulement pour le déplacement des citoyens,
mais pour le développement de la ville de Québec. Toutes des sommes de ce 4,3 milliards là qui n'auraient pas été disponibles pour financer des projets comme ceux-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M.
Ouellet : Est-ce que
j'ai bien compris, M. le ministre, que vous venez de nous garantir que le 1,3 milliard va venir de la Banque d'infrastructure du Canada? Est-ce que
vous le garantissez?
M. Fortin
(Pontiac) : En fait, tous
les pourparlers qu'on a avec le gouvernement
fédéral mènent à ce résultat-là.
M. Ouellet : O.K. Mais on n'a aucune
certitude aujourd'hui?
M. Fortin (Pontiac) : Bien, tant que
l'argent n'est pas déboursé, vous n'en avez pas la certitude.
M. Ouellet : Donc, ça peut être une subvention,
M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : M. le Président, pour l'instant, toute indication, c'est que ça passera par la Banque
d'infrastructure du Canada. C'est l'intention du gouvernement fédéral.
M. Ouellet : Oui, mais on n'a pas de
certitude.
J'aimerais revenir sur un autre sujet qu'on a
discuté, M. le ministre, la 19. Mon collègue député de Jonquière l'avait annoncé lorsque nous étions au gouvernement, il y avait effectivement des voies réservées. Et, si ma mémoire est bonne, il a disparu du PQI, et
là il réapparaît cette année. Quelle est la justification que vous en faites, M. le ministre?
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, merci, M.
le Président. Je vous avoue que je suis un peu perplexe par rapport à la
question du député, et je vais tenter
d'y répondre assez rapidement, mais le projet de la 19 a toujours été dans le
Plan québécois des infrastructures.
Il passe maintenant à la prochaine étape dans le Plan québécois des
infrastructures, mais le projet de la 19 est depuis longtemps dans les
plans gouvernementaux.
M.
Ouellet : Dans ce cas-là,
pourquoi ne pas l'avoir réalisé en 2014, en 2015, en 2016, en 2017, en 2018? On
arrive en 2018, là. Qu'est-ce qui justifie ces quatre années-là d'attente?
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, M. le Président, le projet de la 19, M. le Président,
comme tous les grands projets, tous
les projets qui sont inscrits au Plan québécois des infrastructures, font
l'objet... tombent sous la gouverne, disons, des grands projets et donc doivent suivre un certain nombre d'étapes, M. le
Président, le Bureau des audiences publiques en environnement en fait
partie. Mais le député, j'en suis certain, et, j'en suis certain, tous les
députés autour de la table connaissent très
bien le processus par lequel un projet comme celui de l'autoroute 19 doit
procéder, c'est-à-dire l'inscription au Plan québécois des infrastructures, l'élaboration d'un dossier
d'opportunité, l'élaboration d'un dossier d'affaires et la construction du projet, M. le Président. Le projet
de la 19 entre Bois-des-Filion et Laval a suivi exactement ce processus-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : On était prêts en 2014.
M.
Fortin (Pontiac) : Bien, M. le Président, la tenue du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, c'était en 2014.
M.
Ouellet : Alors, après? 2018.
Qu'est-ce qui explique cet écart si long? Parce que c'était ça, la question,
M. le ministre, qu'on s'est fait poser. Pourquoi voir apparaître la 19 là dans
l'espace média?
• (21 h 20) •
M. Fortin
(Pontiac) : Alors, bien, commençons en 2014, suivons les étapes du
projet, si c'est ce que... si c'est là où le député veut en venir. Très
bien.
Donc, dès 2014, effectivement, le mandat
d'enquête et audiences publiques du bureau du BAPE, 15 septembre 2014 au
14 janvier 2015. Le rapport public du BAPE a été déposé le 12 mars
2015. En 2016, le dépôt du document d'analyse, des avis de la commission du BAPE au ministère de l'Environnement. Et,
M. le Président, on est aujourd'hui en début 2018.
Alors,
évidemment, le BAPE a déposé son rapport en 2016, le ministère l'a étudié. Et,
M. le Président, le scénario final, tenant compte de l'ensemble des
recommandations du BAPE, a été élaboré en 2017 pour l'approbation en
2018.
Alors, M. le
Président, je comprends que le député veut que les choses procèdent rapidement,
tout le monde veut que les choses procèdent rapidement, quand il en
vient aux grands projets, que ce soit le projet de la 19, que ce soit le projet de la ligne bleue, je sais que la députée
de Jeanne-Mance—Viger aurait
aimé que ça procède plus rapidement, mais il y a des étapes à suivre, dans ces projets-là, on se doit de faire du
travail respectueux de ces étapes-là pour respecter les dollars qui nous sont confiés par les citoyens.
Oui, on veut donner des services, mais on doit bien dépenser les dollars
qui nous sont confiés et suivre les étapes
pour les grands projets qui dépensent plusieurs... qui engendrent des dépenses
de plusieurs millions de dollars.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. M. le député.
M.
Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Vous avez fait mention, M. le ministre, lors votre introduction, de votre politique en mobilité durable. Alors, le plan et la politique
de mobilité durable sont un exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire, puis je vais vous dire pourquoi. Malgré
tout... Elle a été encensée dans les médias, mais j'avoue que ça me surprend énormément.
Une voix : ...
M. Ouellet : Oui, la politique de
mobilité durable, oui, votre politique.
M. Fortin
(Pontiac) : Vous êtes en
train de dire que... Je veux juste bien comprendre votre point avant que vous
vous lanciez dans votre explication, là. La politique
de mobilité durable lancée par le
gouvernement du Québec, c'est un exemple de ce qu'il ne faut pas faire?
M. Ouellet : Oui, effectivement.
M. Fortin
(Pontiac) : O.K., vous allez nous expliquer ça, parce qu'il y a
plusieurs groupes qui ont travaillé à ça, il y a énormément de groupes qui sont derrière ça. Ce n'est pas une
politique qui vient du gouvernement du Québec, c'est un groupe qui...
M. Ouellet : Mais je peux-tu y
aller?
Le Président (M. Iracà) : Je vais
laisser le député...
M. Fortin (Pontiac) : ...c'est une
politique qui a été lancée par plusieurs groupes, alors...
M. Ouellet : Non, non. Je peux-tu y
aller? Je peux-tu...
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre, je vais laisser le député poser sa question, vous aurez amplement le
temps d'y répondre. M. le député de René-Lévesque, posez votre question.
M.
Ouellet : Ce n'est pas tout,
d'avoir des objectifs ambitieux et la stratégie en débat, il faut aussi que les
actions et les orientations que vous
avez proposées permettent de les atteindre. Lorsqu'on regarde le plan 2018‑2023,
on s'aperçoit que presque aucune des mesures annoncées ne présente
d'objectif chiffré ou même structurant en lien avec des cibles énoncées au début du document. Cette incohérence
est particulièrement frappante au tableau synoptique qu'on peut voir présenté à la page 14 et suivantes. Presque
aucun indicateur ni aucune cible n'est lié directement aux objectifs de la
politique.
Donc, je vais
vous en donner un exemple, M. le ministre. Prenons la cible 6, réduction
de 37,5 % des émissions de gaz à
effet de serre dans le secteur des transports sous le niveau de 1990. Sur les
dizaines de mesures que compte le plan
d'action 2018‑2023, seulement quatre ont inscrit un objectif chiffré de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, les autres n'en ont tout simplement pas, donc on n'a aucune idée si
elles contribuent un peu, beaucoup ou pas du tout. Ceci fait qu'à la fin
du plan 2018‑2023 il n'y a aucune prévision sur les progrès accomplis.
C'est quand même assez farfelu, là. On va
dépenser 9,7 milliards de dollars sans avoir aucune idée de comment cet
argent nous fera progresser sur des objectifs que vous vous êtes vous-mêmes
donnés, en particulier l'objectif de réduction des gaz à effet de serre.
Donc, voilà pour nous un exemple parfait de
ce qu'il ne faut pas faire : un manque de rigueur dans le développement
des cibles et le suivi des actions pour les atteindre.
Alors, je
résume. Au-delà des belles cibles, il n'y a aucun moyen de savoir comment le
gouvernement les atteindra. Et plus souvent qu'autrement le Québec n'est
pas sur une trajectoire qui lui permettra de rencontrer ses objectifs en
matière environnementale et climatique. Alors, comment le ministre peut-il être
confiant de l'atteinte des cibles de la politique
de mobilité durable 2030 si presque aucune de ces mesures annoncées ne
présente d'objectif chiffré arrimé au chiffre
global? Et est-ce que le ministre pense que c'est crédible de fixer les cibles
mais de n'avoir aucun moyen de mesurer la progression et l'atteinte des
résultats?
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Bon, M. le Président, le député pourra demander si c'est crédible... Il pourra
demander à des groupes comme
Équiterre, qui ont cocréé cette politique de mobilité durable là. Il pourra demander à des
gens comme la Fondation David-Suzuki
si c'est crédible, qui étaient autour de la table pour la création de cette politique
de mobilité durable là. Il
pourra demander aux gens de l'Association des transports urbains du Québec si
c'est crédible, il pourra demander à l'Union
des municipalités du Québec. Il pourra demander à la Fédération québécoise des
municipalités. Il pourra demander à
l'industrie du camionnage, il pourra demander aux représentants de l'industrie
ferroviaire, il pourra demander aux gens de la grappe en technologies,
en technologies innovantes, M. le Président, si c'est crédible.
En fait, il n'a pas besoin de la demander à ces
groupes-là, je vais lui dire exactement ce qu'ils en pensent. Équiterre, M. le Président, dit, la nouvelle politique
de mobilité durable : «Le Québec se dote enfin d'une vraie feuille de route vers la mobilité durable.» Je ne pense
pas que j'ai besoin de lui répéter ce qu'on a dit il y a quelques semaines.
Qu'est-ce qu'Équiterre avait dit de la politique nationale en mobilité durable
du Parti québécois? Elle avait dit, M. le Président : Cette stratégie-là ne fait pas grand-chose non plus pour appuyer
le développement des services, en se contentant de reconduire les budgets alloués sous le gouvernement précédent. M. le Président, elle dit : La stratégie
qui en découle, de cette politique
du Parti québécois, ne fait rien pour répondre aux défis et aux
enjeux des transports collectifs et elle ne règle à toutes fins pratiques
aucun des problèmes structurels qui affligent les services de transport
collectif. M. le Président, ça, c'était l'analyse d'Équiterre par rapport à la proposition du Parti
québécois.
Alors, M. le Président, le député doit
comprendre que la politique de mobilité durable qui a été lancée par le gouvernement du Québec, mais qui a été créée par l'ensemble
de ces groupes-là, M. le Président, elle est en appui au plan de changements
climatiques du gouvernement du Québec, elle est en appui à la politique énergétique du gouvernement
du Québec et, M.
le Président, elle répondra aux
attentes des Québécois et des Québécoises tant en matière de développement du transport en commun, tant
en matière de mobilité, au Québec, qu'en matière de lutte aux changements climatiques.
Le Président (M. Iracà) : Alors, merci
beaucoup, M. le ministre. M. le député.
M.
Ouellet : M. le ministre, trouvez-moi, dans votre politique, plus de quatre objectifs clairs avec des
cibles fixes qui vont nous permettre
de baisser les gaz à effet de serre de 37,5 %.
Moi, là, j'en ai quatre. Puis je vais même vous les nommer, là : Programmes visant la réduction
ou l'évitement d'émissions de gaz à effet de serre par le développement du
transport intermodal, 350 kilotonnes
d'équivalent de CO2 pour 2020. J'en ai un deuxième : programme
de soutien aux investissements dans
les transports maritimes, pourcentage de réduction de CO2,
250 kilotonnes d'équivalent de CO2 en 2020. Je continue : programme Écocamionnage,
325 kilotonnes d'équivalent de CO2 en 2020. Et le
dernier : Programme d'aide à
l'amélioration de l'efficacité du transport maritime, aérien et ferroviaire en
matière de réduction et d'évitement des
émissions de GES, pourcentage de réduction de CO2, l'indicateur et
la cible, 135 kilotonnes équivalent en CO2 pour 2020. Il
n'y en a pas d'autre.
Alors, pour
atteindre, 2030, moins 37,5 %, dans toute cette politique j'en ai quatre
qui sont chiffrés. Alors, tout le
monde peut bien faire des balounes en disant : C'est super parce qu'on se
donne des objectifs, mais la véritable question : Quels sont les
moyens qui vont nous dire qu'en 2030 on a réussi?
Même à ça, en 2025, on est rendus où? Sur quels
enjeux il faut qu'on travaille? Je ne les ai pas.
Alors, on
peut bien faire des balounes sur les objectifs qui sont ciblés, qu'on n'en a
jamais eu autant, que c'est ambitieux...
Et c'est ce que les groupes ont dit. On a des cibles, maintenant. Super! On
vient de découvrir les cibles, au gouvernement libéral, c'est génial.
M. Fortin (Pontiac) : ...pas dans la
politique que vous avez déposée il y a quelques années.
M.
Ouellet : Je vous demande la
question. Les moyens? C'est votre bilan, c'est votre politique, c'est votre plateforme pour la prochaine campagne électorale.
Alors, dites-moi et dites aux citoyens, les moyens, à l'intérieur, pour
atteindre la baisse des gaz à effet de serre, ils sont où, chiffrés à combien.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre, il vous reste deux minutes.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, très bien. D'abord, M. le Président, suite au
lancement de la politique de mobilité durable du gouvernement du Québec, de toute évidence le député n'a pas lu
l'analyse que Brian Myles en a faite dans Le Devoir. Son titre : Politique de mobilité durable :
la barre est haute. Et il commençait son texte en disant : «On peut
bien s'arrêter aux
détails de cette politique de mobilité durable, mais ce serait pour produire
une fausse note inaudible dans un concert d'éloges.» De toute évidence,
le député n'aura pas suivi les conseils de Brian Myles.
Mais, M. le
Président, l'ensemble des mesures qui sont présentées dans la politique de
mobilité durable vont avoir un impact
réel sur l'atteinte de ces cibles-là. M. le Président, quand je regarde
l'aménagement du territoire, si vous voulez avoir un impact non seulement sur les temps de déplacement des gens,
mais sur la lutte aux changements climatiques, l'aménagement du
territoire doit être en lien direct avec les transports. Les projets
structurants, chacun des projets structurants
de transport en commun vont avoir un impact important. Si vous pensez que
l'ensemble des citoyens ici qui vont
troquer leurs voitures, à Québec, pour le transport en commun n'auront aucun
impact sur la lutte aux changements climatiques,
M. le Président, bien honnêtement, je le dis à vous, mais ça s'adresse au
député, vous êtes dans les patates, M.
le Président. L'augmentation de l'offre de services en transport en commun de
5 % par année, l'augmentation des options de déplacement, notamment par des nouvelles mobilités, le transport
actif et le développement de son offre, M. le Président, toutes ces
mesures vont avoir un impact direct envers l'atteinte de nos objectifs en
matière de lutte aux changements climatiques.
Et voilà
comment on peut s'assurer d'atteindre nos objectifs sur une période de
12 ans : à chaque année, M. le Président, le ministère des Transports va avoir une table avec
l'ensemble des partenaires, c'est-à-dire Équiterre, la Fondation David-Suzuki et tous les autres groupes que j'ai
nommés plus tôt, M. le Président, qui ont pris part à l'élaboration de cette
politique de mobilité durable pour s'assurer
que les actions qui ont été prises mènent directement à l'atteinte de nos
objectifs.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci met fin au bloc d'échange avec l'opposition officielle.
La commission
ajourne ses travaux au mercredi 25 avril 2018, après les affaires courantes, où elle poursuivra l'étude
des crédits. Merci. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 21 h 30)