(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Reid) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à des auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le document
d'information sur le transport rémunéré des personnes par automobile.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Plante (Maskinongé) sera
remplacé par M. Polo (Laval-des-Rapides).
Le Président (M. Reid) :
Merci. Alors, voici l'ordre du jour ce matin. Nous allons commencer par les remarques préliminaires et, par la suite, nous
entendrons les groupes suivants : M. Guillaume Lavoie, conseiller de
ville à Montréal, et Taxelco.
Remarques
préliminaires
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, merci, M. le Président. D'abord, je souhaite à tous et
à toutes la plus cordiale des bienvenues. Je remercie également en
avance les nombreux intervenants qui ont répondu positivement à l'invitation de
cette commission. Et, malgré des délais très
courts, plus d'une trentaine d'intervenants de diverses provenances ont
signifié leur intérêt à venir exprimer leurs
points de vue. J'invite ceux qui n'ont pas l'occasion de venir s'exprimer
devant la commission à déposer un
mémoire au secrétariat de la commission. Toutes les interventions ou les
mémoires qui seront transmis seront pris en considération.
L'intérêt que
suscitent nos travaux et cette diversité de points de vue reflètent la complexité des enjeux devant nous. Il faut
aborder cet exercice avec ouverture, sans idée préconçue, de manière
constructive et dans la sérénité. Nous avons jugé important de demander une telle commission.
Cette commission représente,
selon nous, le meilleur endroit pour avoir une discussion franche sur
l'avenir du transport rémunéré des personnes par automobile.
Personne ne peut nier que l'arrivée de nouvelles
technologies et l'émergence de nouveaux modèles d'affaires ébranle l'industrie du transport par taxi.
Toutefois, soyons clairs, dans le cadre des lois actuelles du Québec, les
services UberX constituent toujours
aujourd'hui du transport illégal. Au Québec, un permis de taxi est requis pour
effectuer du transport rémunéré de personnes par automobile, et la
notion de covoiturage urbain n'existe pas dans nos lois.
À ce jour, plus de 1 000 véhicules ont
été saisis, et nous allons continuer en ce sens. Cette entreprise avait une occasion unique de montrer qu'elle pouvait
contribuer constructivement aux échanges en commission en suspendant ses
services. Elle a choisi de ne pas le faire, et je déplore cette situation.
Ceci étant,
les nouvelles technologies font partie de notre réalité. Il est illusoire de
penser que le phénomène va se résorber.
Les changements technologiques sont non seulement là pour rester, mais ils vont
vraisemblablement se multiplier et influencer encore plus nos vies. Non
seulement nous ne pouvons pas ignorer cette réalité du monde en constante
évolution, mais il serait même irresponsable, comme gouvernement, de faire
comme si de rien était.
Dans ce contexte, le statu quo n'est plus
viable. Nous devons donc explorer de nouvelles pistes de solution. Nous pouvons
le faire ensemble et de façon réfléchie, et c'est ce que je souhaite, ou être à
la remorque des nouvelles technologies et de réagir à la pièce face aux
nouveaux types de concurrence qui ne manqueront pas d'émerger.
Cette situation ne concerne pas que le Québec,
mais elle pose le même problème ailleurs dans le monde. À ce jour, les diverses administrations ont réagi de
façon différente. Ces réactions vont de l'interdiction pure et simple de
services de type UberX à la mise en place d'une réglementation pour encadrer ce
genre d'activités. Chacune de ces méthodes comporte son lot d'avantages et
d'inconvénients. Je crois qu'il nous appartient, comme gouvernement, de trouver
la meilleure solution pour notre société.
Dans ce
contexte, je vous invite à considérer cette question de transport rémunéré de
personnes par automobile en fonction des trois grands principes suivants, à
savoir : assurer la sécurité des passagers sans compromis; permettre
une amélioration de services offerts au
bénéfice des diverses clientèles; assurer un environnement d'affaires équitable
pour tous.
Notre but
ultime doit être de faire en sorte que la clientèle — et j'insiste sur le mot «clientèle» — puisse bénéficier de services sécuritaires, fiables et efficaces et
en phase avec les technologies d'aujourd'hui. Nous devons également
mener cet exercice en tenant compte des
caractéristiques inhérentes des services de taxi au Québec et faire en sorte
que cette industrie demeure un acteur incontournable de la mobilité,
capable d'innover et de se moderniser.
J'invite
les membres de cette commission à travailler de concert afin que nous puissions
mettre en place des règles qui mettront fin à la concurrence déloyale
actuelle tout en assurant des règles équitables pour l'industrie du taxi, les
intervenants et les clientèles. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle, Mme la députée de Vachon, à faire ses remarques préliminaires pour
une durée maximale de 3 min 30 s.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, dans un premier temps, permettez-moi de
saluer le ministre des Transports et
de le remercier de la tenue rapide de cette commission parlementaire, de saluer
ses collègues du gouvernement et les
collègues des oppositions, aussi offrir toute ma collaboration. Je pense qu'il
y a une situation actuelle extrêmement préoccupante,
et il faut réussir à trouver des solutions. Et, d'entrée de jeu, dire que les
technologies — là je
veux qu'on fasse bien la différence
entre Uber et UberX — les
plateformes mobiles, effectivement, c'est l'avenir, et maintenant la
répartition pour le service de taxi ne se fera plus seulement que par
téléphone, mais de plus en plus et éventuellement seulement que par application mobile. Et même l'industrie du taxi s'est
modernisée et a développé des applications mobiles, a utilisé maintenant le paiement électronique. Il
y a encore des améliorations à faire, mais je peux vous dire que
l'industrie du taxi a fait beaucoup de développement technologique dans la
dernière année.
• (11 h 40) •
Mais ce dont
il est question ici, c'est le transport parce qu'UberX ne peut pas se cacher en
arrière d'une technologie pour faire
du transport illégal, une activité illégale. Donc, c'est vraiment le transport,
et la Loi sur le transport, elle est très claire. Articles 4 et 117 de la Loi sur le transport, ça prend un permis
pour pouvoir faire du taxi, et même le ministre l'a encore réaffirmé
dans ses remarques préliminaires qu'UberX fait du transport illégal.
Pourquoi, à
ce moment-là, tolérer cet état de fait là?
Le maire de Montréal, la CMM, les chauffeurs de taxi, le Parti québécois, nous avons demandé que le ministre utilise les moyens nécessaires pour suspendre le
transport illégal d'UberX, et il en a
les moyens. Il en a le pouvoir. Même s'il se dit impuissant, il en a les
moyens, et clairement, les saisies ne sont pas suffisantes, parce
qu'il parle des saisies, mais les saisies ne sont pas suffisantes. Ça fait un
an que les saisies se font, et UberX continue à faire son transport
illégal, et il est même en croissance.
Calgary, ici,
au Canada, a réussi à suspendre le taxi illégal. Vancouver a suspendu le taxi
illégal. Paris a suspendu le taxi
illégal. Donc, il n'y a aucune raison que le ministre des Transports du Québec
ne puisse pas prendre les moyens pour faire appliquer les lois du
Québec. Parce que nous nous trouvons dans une situation assez malaisante,
j'oserais peut-être inventer ce mot, dans le sens que là nous allons recevoir ici,
à l'Assemblée nationale, des dirigeants d'une entreprise
qui effrontément bafoue nos lois, jour après jour, et sont en train de, entre
guillemets, ruiner les chauffeurs de taxi
qui, eux, respectent les lois, respectent les lois au niveau du tarif, respectent
les lois au niveau du permis, au niveau des assurances, au niveau de la
licence et le permis de conduire, au niveau des inspections. Et donc c'est
vraiment deux poids, deux mesures.
Et je pense
qu'il faudrait être très clair. Quand le ministre dit : La notion de
covoiturage urbain n'existe pas, bien, en fait, c'est de la publicité frauduleuse de la part d'UberX de parler de
covoiturage. Et, même à Paris, ils ont été condamnés en Cour d'appel à une amende de 150 000 euros
pour publicité trompeuse justement sur l'utilisation du mot
«covoiturage». Ce n'est pas du covoiturage
qu'ils effectuent parce que ce n'est pas le chauffeur qui décide de la
destination. C'est bien un service de taxi, qui est couvert par la loi.
Donc, nous
réitérons notre demande au ministre des Transports de faire appliquer les lois
du Québec et de faire en sorte que
les activités d'UberX, parce que, malheureusement, la multinationale
californienne refuse d'être de bonne foi et d'elle-même suspendre son
service illégal... donc que le ministre suspende les activités illégales
d'UberX.
Le Président (M. Reid) :
Merci, Mme la députée de Vachon. Nous passons maintenant au deuxième groupe
d'opposition, et je donne la parole à M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, permettez-moi avant tout
de saluer les collègues parlementaires à mon tour et surtout de
remercier les quelque 30 groupes qui se sont préparés dans un aussi court délai
en vue de la présentation de leurs mémoires
et de leurs points de vue quant aux obligations auxquelles nous devrions
soumettre les exploitants d'applications mobiles, comme Uber, et quant à
la place que nous devrions leur réserver sur le marché du transport rémunéré
par automobile au Québec.
Si nous
sommes ici aujourd'hui, c'est principalement parce que le gouvernement a erré
et qu'il a toléré l'existence d'un vide juridique qui a permis à des
activités illégales d'avoir libre cours au Québec. La lenteur et l'inaction de
ce gouvernement qui a trop longtemps refusé
de prendre ses responsabilités en main, a contribué à l'escalade des
tensions, M. le Président. Malgré les moyens
de pression qui, dois-je le dire, ont parfois dépassé les bornes, peut-on
critiquer le désarroi des chauffeurs
de taxi et leurs familles qui craignent de perdre leur investissement? Non, la
situation actuelle n'est pas de leur
faute. Peut-on critiquer, par ailleurs, Uber qui souhaite se créer sa place au
Québec et offrir des services innovants
qui répondent à la demande? Non, M. le Président. Mais celui que nous pouvons
tous critiquer aujourd'hui et à qui
la faute appartient, c'est ce gouvernement qui, encore une fois, retarde
l'adoption d'une solution concrète et préfère que la situation actuelle
continue de se dégrader.
Alors,
la CAQ est ici aujourd'hui pour écouter chacun des groupes et souhaite
réellement trouver une solution équilibrée.
Nous participons donc constructivement à la commission parlementaire dans
l'objectif d'accroître la sécurité des passagers, d'instaurer des règles
équitables dans l'industrie tout en misant sur le progrès et l'innovation et
surtout d'assurer le bénéfice des usagers.
Ce matin,
nous avons demandé au ministre de décréter des règles temporaires dans les
jours suivant la commission, en attendant
la présentation d'un projet de loi, avant la fin de la session, souhaitons-le,
qui encadrera Uber en mettant en oeuvre
un projet pilote visant à rapidement l'encadrer de façon temporaire, donc en
attendant la présentation du projet de loi. Alors, le Québec est un État
de droit et le far west doit cesser. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le député de Groulx. Nous
allons passer maintenant à la période des auditions. Juste avant, étant donné qu'il y a un peu de
retard, j'ai besoin du consentement des membres de la commission pour
que nous puissions aller jusqu'à
13 h 15. C'est ça, à peu près, madame... Jusqu'à 13 h 15.
Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix : Consentement.
Auditions
Le Président (M. Reid) : Bon.
Alors, nous allons procéder maintenant avec notre premier invité. Il s'agit de M. Guillaume Lavoie, conseiller de ville à Montréal.
M. Lavoie, vous disposez d'une dizaine de minutes. Je vais vous avertir,
peut-être, dans la dernière minute, et, par la suite, nous procéderons à un
échange avec les membres de la commission. À vous la parole.
M. Guillaume Lavoie
M. Lavoie
(Guillaume) : Merci beaucoup, M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer le ministre
pour son initiative, pour la tenue de cette commission, et de remercier également
tous les membres de la commission pour leur invitation.
Effectivement, je suis Guillaume Lavoie, conseiller de ville à Montréal.
Je suis le porte-parole de Projet Montréal, l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville de
Montréal sur les questions de finances et de relations gouvernementales.
Et, puisque le hasard a voulu que je suis le
premier invité à présenter devant vous, je vais prendre l'opportunité pour
peut-être prendre un ou deux pas de recul pour bien situer le contexte, à mon
sens, dans lequel se situe l'examen que fera la commission.
Il se passe
des transformations économiques fondamentales dans la prestation des services.
On les appelle économie collaborative,
consommation collaborative. Peu importe le nom qu'on lui trouve, il y a
trois fondamentaux qui
changent profondément la manière dont cela a
lieu. Le premier, c'est maintenant, grâce aux plateformes technologiques,
d'avoir accès à la capacité résiduaire d'un
bien, d'une habileté, d'un service. Par exemple, la voiture étant peut-être le
meilleur exemple, qui est un actif qui n'est
pas utilisé entre 94 % et 96 % du temps. Deuxièmement, c'est que nous
sommes une société fondée
essentiellement sur le fait d'être propriétaire de quelque chose pour y avoir
accès. Le prochain renversement sera que l'accès pourra être facilité sans nécessairement posséder quelque chose.
Et troisièmement, et c'est là où ça frappe le plus la manière dont on pense les politiques publiques, c'est
l'abaissement général des barrières d'entrée dans les marchés.
Essentiellement, ça permet très facilement à tout un chacun d'entrer dans un
marché, à tout un chacun de devenir microentrepreneur sur la base des biens,
des habiletés et du temps qu'il possède.
Et il faut
bien comprendre que, bien qu'ici ça parlera d'Uber et du taxi, ça parlera du
transport, mais tout ça s'inscrit dans
une logique qui va bouleverser tous les champs de l'activité humaine, tous les
ministères et l'ensemble des politiques publiques. Pensez à l'hébergement et l'habitation, à la restauration et
l'alimentation, je pourrais même mettre le financement et l'investissement qui finiront aussi par être
inclus dans ces choses-là. Alors, le transport... et le débat d'aujourd'hui
va s'inclure là-dedans.
Et, en termes
de contexte, pour être plus précis sur le sujet, Projet Montréal, presque jour
pour jour, il y a un an, a déposé une
motion à l'Hôtel de Ville de Montréal, demandant essentiellement d'encadrer
afin de mieux permettre cette nouvelle
technologie que nous pourrons appeler les plateformes de covoiturage ou les
compagnies de transport en réseau.
Et
fondamentalement, il faut bien comprendre que cette arrivée dans les politiques
publiques vient rendre souvent soit
inopérants, inadéquats ou très souvent contraires à l'intérêt général les lois
et les règlements que nous avons mis en place dans un contexte qui est
bien dépassé aujourd'hui.
Alors,
qu'est-ce que maintenant les décideurs publics, les législateurs doivent faire?
Comment doivent-ils aborder le problème?
Et peut-être un des documents les mieux écrits là-dessus, très concis, bien
fait, c'est le document du Mowat Centre
qui dit comment les décideurs publics doivent penser les manifestations de
consommation collaborative, comment doivent-ils orienter leur réflexion.
Et essentiellement, c'est de se poser la question : Quel est l'objectif de
politiques publiques le plus important? Et c'est ça qui va guider le reste.
À mon sens,
l'objectif public le plus important, lorsqu'il est question de transport, c'est
d'améliorer les options de mobilité
au Québec et dans nos villes, améliorer l'offre, améliorer la qualité et, bien
sûr, être capable d'aller de l'avant avec
une réduction des gaz à effet de serre qui représentent... le transport routier
représente 40 % de la signature effet de serre au Québec. Et il est très clair que les plateformes de covoiturage
commercial permettent d'atteindre ces objectifs-là, qu'on les aime ou
pas.
• (11 h 50) •
Le
deuxième grand objectif qui doit nous guider, M. le ministre a raison, c'est la
sécurité du public où il ne peut pas y avoir ni même l'ombre d'un
compromis. Sécurité du public, ça veut dire deux choses : la sécurité
physique des occupants d'une voiture, par
exemple, tant pour le chauffeur que pour le passager, et la sécurité de la
transaction commerciale, si vous
voulez. Si je paie pour un service, est-ce que j'obtiens le service? Et, si
j'offre un service, est-ce que je suis rémunéré en conséquence?
Protection du consommateur.
Et
troisièmement, et c'est là où c'est plus délicat, c'est la capacité de créer un
environnement réglementaire qui est à la
fois concurrentiel, équitable et juste pour tout le monde, pour le taxi, pour
les plateformes, pour l'utilisateur et pour le contribuable également.
Et il y a
trois thèses, selon moi, qui nous permettent d'arriver à ça. Essentiellement,
c'est le principe, les exigences et
le cadre. Par principe, c'est que ça nous prend un traitement réglementaire
équitable de ces deux modèles d'affaires qui ont des fondamentaux profondément différents. Mais équitable ne veut pas
dire identique parce qu'il faut respecter les logiques de leurs modèles d'affaires. Si on essaie de cadrer une
nouvelle réalité, un nouveau modèle d'affaires, dans des règles qui ont
été écrites il y a longtemps, pour un autre modèle d'affaires, ce sera l'échec
assuré, et c'est ça qu'on vit aujourd'hui.
Alors, je
suis en train de dire ici qu'il faut augmenter la réglementation des
plateformes de covoiturage commercial, mais, en même temps, il faut
réviser et profondément alléger la réglementation qui s'applique à l'industrie
du taxi traditionnel. C'est une
réglementation dépassée, qui nuit à l'industrie, qui l'empêche d'être
pleinement concurrentielle, pleinement
innovante et qui, à la fin, l'écrase et la contraint. Mais il n'est pas
question ici... quand je dis qu'il faut alléger la réglementation, ce n'est pas une thèse
libertarienne, là. L'État a un rôle à jouer dans les transports urbains. C'est
très clair.
D'où viennent
les exigences? Les exigences de sécurité sur le chauffeur comme pour la voiture
et deux thèses très importantes où mettre les exigences... D'abord, les
redevances, parce que, que ce soient les compagnies de taxi traditionnel ou que ce soient les nouvelles
plateformes de covoiturage commercial, nous avons là deux modèles
d'affaires privés qui utilisent l'espace public afin de générer un profit. La
collectivité est donc tout à fait en droit d'exiger une redevance pour l'utilisation d'un bien collectif à des fins privées.
Évidemment, pour les plateformes, la logique la plus évidente, c'est une
redevance générale annuelle et une redevance par type de course.
Et le deuxième grand axe important, c'est sur
les données. Nous avons ici un potentiel d'avoir accès à des métadonnées sur l'origine, destination des gens
lorsqu'ils se déplacent à travers ces plateformes-là. Il faut bien
comprendre que cela est un potentiel majeur
pour aider les institutions publiques dans le déploiement et l'orientation de
leurs efforts limités par les deniers
publics des moyens de transport collectifs. Où est-ce que je vais mettre le
prochain autobus? Où est-ce que je
vais penser la prochaine ligne de métrobus? Voilà des informations que nous
pourrions comme ça réorienter le réseau de transport public pour le
rendre le plus efficace possible et faire ça sur une base presque mensuelle.
Finalement,
je vous disais : principe, exigences et le cadre, et là c'est
particulièrement délicat, et c'est là où il faut être capable d'innover. Ça nous prend un cadre qui permet la
cohabitation qui est juste pour le taxi, l'industrie du taxi traditionnel qui, il faut l'avouer, est prisonnier
d'un système qui est très imparfait. Même si le système est imparfait,
ils sont quand même prisonniers de ce
système-là, que ce soient les chauffeurs ou encore les propriétaires de permis.
Il faut reconnaître cette situation,
il faut être tout à fait être solidaire, avoir de la sollicitude pour leur
situation et se dire : Comment est-ce qu'on fait pour faire
atterrir tout ça?
La première doit être une logique qui nous permet
de réconcilier que, si nous avons un cadre plus exigeant au niveau réglementaire, même si on allège le taxi
traditionnel, le cadre réglementaire sera plus exigeant qu'une
plateforme plus ouverte. Alors, il faut être
capable de reconnaître que, si on a un cadre plus exigeant, il faut compenser
en mettant en place des avantages
concurrentiels que seule elle, l'industrie du taxi traditionnel, aura. Comment
faire ça? Ça, c'est très simple :
offrir à l'industrie du taxi traditionnel des portions de marché qui lui sont
réservées en prenant l'approche d'une clientèle réservée. On pourra en
reparler dans les questions, mais le «hailing» est certainement le plus
important. Et deuxièmement, offrir l'accès à
de l'espace réservé, l'accès aux voies réservées, par exemple, le matin, à
l'heure de pointe ou à la fin de la
journée. C'est un avantage concurrentiel majeur comparé à l'autre qui est pris
dans le trafic. Alors, ces choses-là sont importantes.
Et,
deuxièmement, il faut avoir une logique où les permis... il faut avoir une
ouverture possible sur un mécanisme de
rachat ou de compensation, et le tout va jouer dans les modalités. Mais,
puisque l'on aura un marché réservé en partie, ça veut dire que la valeur ne sera pas zéro. Je terminerai en disant
qu'il y a, si on reprend les thèses de qu'est-ce qui est le plus important pour les gestionnaires publics...
quelles sont les politiques publiques les plus importantes, mobilité,
sécurité, cadre réglementaire juste, il y a littéralement plus d'avantages à s'ouvrir à
la modernité qu'à tenter, futilement, à mon sens, de préserver un statu
quo qui, dans les faits, est souvent contraire à l'intérêt général.
Être capable d'encadrer va permettre de bénéficier
des avantages tout en permettant de tempérer et de compenser les difficultés. Essentiellement, l'approche que
je suggère que l'on prenne, qui touche à la fois le transport et
l'ensemble des autres commissions qui, comme
vous, devront regarder ce genre de manifestation là dans d'autres domaines de
l'activité humaine, sera essentiellement encadrer afin de mieux permettre.
Merci.
Le
Président (M. Reid) : Merci beaucoup. Alors, nous allons passer
maintenant à la période d'échanges et nous commençons avec le côté
gouvernemental. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Daoust : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, je reçois votre intervention, mais un des sujets qui n'a
pas été couvert, à mon avis, est celui où le
Québec opère historiquement dans un système de gestion de l'offre où on a
un certain nombre de permis de taxi
qui sont émis. Et naturellement, parce que ça donne une possibilité d'avoir un
revenu, d'avoir un travail, ces permis-là qui, à l'origine, étaient
gratuits ont une valeur sur un marché secondaire.
Et,
si nous essayons de compenser ces personnes-là, est-ce qu'on s'en va vers un
système, dans votre perspective, où
chacun aurait une redevance à payer, mais on n'aurait plus de gestion de
l'offre? Puis une gestion partielle de l'offre où on garderait, imaginons, nos 8 500 permis
puis on en donne d'autres, pour une même clientèle, on ne fait que diluer
le produit. Et, à mon avis, on a une difficulté qui est importante, là, parce
que si, par exemple — prenons
un exemple, simplement — on
taxait chaque course de type Uber pour compenser les détenteurs de permis, en
fait, on va avoir un ensemble relativement
plus pauvre. Si j'augmente de 20 % le nombre de personnes qui opèrent pour
une même clientèle, je viens de diminuer de 20 % le revenu des gens
qui travaillent dans le métier.
Et, si on
veut avoir des automobiles qui sont en bon état, on veut avoir des chauffeurs
qui sont payés correctement pour un
travail fort difficile, je vois mal comment on peut émettre des permis ou
donner des droits de pratique sans affecter les détenteurs actuels et la valeur des permis actuels. La notion de
détenir un permis et de gestion de l'offre dans ça, à mon avis, est
fondamentale.
J'aimerais vous entendre un peu plus sur ça.
M. Lavoie
(Guillaume) : Merci, M. le
ministre. D'abord, je reviens à quel est l'objectif le plus important.
L'objectif le plus important, c'est
d'augmenter les options de mobilité. Si je poussais votre logique dans ses
derniers retranchements, on pourrait dire, à ce moment-là, que les
autres options de mobilité viennent possiblement ou potentiellement cannibaliser le marché du taxi. Je pense qu'on est
beaucoup mieux avisés de multiplier les options de mobilité, parce qu'à la fin c'est l'auto solo qui est le grand
problème, tant au plan environnemental, tant au plan de la productivité, dans
nos villes et ailleurs.
La gestion de
l'offre est le système avec lequel on est pris. Est-ce que ça fait que nous ne
pourrions pas évoluer à partir de là?
Comment peut-on faire cet atterrissage, difficile, j'en conviens? À mon sens,
d'offrir un allégement réglementaire à ceux
qui sont aujourd'hui dans le système va les rendre plus performants, plus
concurrentiels, et ça, ça veut dire commencer à ouvrir et regarder les possibilités de fixation des prix dynamiques,
de leur offrir également des portions réservées dans le marché pour
également leur offrir une compensation avec des avantages concurrentiels.
L'accès aux
voies réservées, ce n'est pas rien. Vous avez, dans les villes, des centaines
et des centaines de ce qu'on appellerait
un «taxi stand», c'est-à-dire des lieux d'attente pour les taxis, qui fait
qu'ils sont géographiquement toujours mieux positionnés que d'autres
pour prendre des clients à des endroits importants. On pourrait même ajouter
que ces endroits-là réservés à des taxis — par exemple, vous les avez
dans l'ensemble des institutions gouvernementales, je pense aux hôpitaux — c'est
un avantage commercial important. Alors, l'idée, ici, c'est comment est-ce que
je peux m'assurer que cela peut fonctionner
tout en multipliant les options de mobilité, parce que le grand objectif public
ici doit être celui-là, et le reste doit s'accorder en fonction de ça.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le ministre.
M.
Daoust : Oui. Vous êtes conseiller municipal à la ville de Montréal.
Il y a environ 4 700 permis à Montréal, et vous me dites que cette approche-là serait celle qui pourrait satisfaire
les propriétaires de permis de taxi dans Montréal?
• (12 heures) •
M. Lavoie
(Guillaume) : Pas dans le
contexte actuel. Vous savez, tant et aussi longtemps que le gouvernement
du Québec n'aura pas pris une décision sur
où est-ce qu'il veut aller, il n'y aura pas de négociation possible. Mais il
est très clair, à mon sens, que ce
genre d'augmentation de la mobilité en protégeant une partie du marché est une
piste d'atterrissage qui permet de
réconcilier l'objectif majeur de faciliter la mobilité en ville, de réduire
l'utilisation de l'auto solo, d'améliorer notre bilan d'émission de GES, tout en préservant l'industrie du taxi
traditionnel comme nous la connaissons et également d'ouvrir la porte à
une possible compensation.
M. Daoust : Je vais laisser la
possibilité à d'autres partis d'intervenir, puis on reviendra si...
Le
Président (M. Reid) :
En fait, on a une période de temps réservée au gouvernement, qui est de
14 min 30 s, et, par la suite, on passe aux autres membres. Mais
il y a peut-être d'autres députés...
M. Daoust : ...mes collègues à poser
certaines questions.
Le
Président (M. Reid) :
Est-ce qu'il y a d'autres députés du côté gouvernemental qui veulent intervenir? M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci, M. le Président. M. Lavoie, vous dites, dans votre plaidoyer ou
encore votre présentation, qu'il faut
s'ouvrir à la modernité. Je vous entends. C'est un fait, il y a beaucoup
de modernisme aujourd'hui, les jeunes en savent quelque chose. Mais, si on doit s'ajuster, justement, à la modernité, c'est une chose, mais, si la
modernité également doit servir, je vous dirai, le citoyen lui-même
par des règles qui lui sont propres... c'est-à-dire lorsqu'on veut vivre en société, il faut qu'on
puisse s'assurer que les règles sont applicables pour tous.
Donc,
appelons-la comme ça, là, l'application UberX est un outil. C'est strictement
un outil et c'est clair que ça vient changer des règles du jeu.
Maintenant, on sait pertinemment, ça donne l'opportunité, je le répète, à
l'industrie du taxi de se moderniser,
d'avoir des applications, au niveau de la localisation, semblables à celle
d'UberX pour s'assurer de donner un meilleur service, améliorer la
qualité de leurs voitures, etc. Donc, une nouvelle concurrence est née, mais
vous dites qu'il faut s'ouvrir à la modernité en laissant ça «free-for-all»
pour tout le monde. En raison qu'il y a un outil, là, n'importe qui doit faire n'importe
comment et véritablement ne pas payer ses taxes, ne pas payer ses
impôts, et ça, moi, j'ai un problème avec ça.
Et
véritablement, si les règles doivent être les mêmes pour tout le monde, est-ce
qu'on doit nécessairement changer toutes
les règles du pays ou de la province de Québec en fonction d'une nouvelle
application qui vient d'entrer chez nous ou cette application-là qui vient de s'installer chez nous doit
s'assujettir aux règles de civilité d'ici pour être en mesure de donner
un service et de bonifier potentiellement, je vous dirais, leur industrie qui
s'appelle l'application elle-même? J'aimerais vous entendre là-dessus parce que
ce n'est pas clair dans ma tête.
Le Président (M.
Reid) : Merci. Alors, M. Lavoie.
M. Lavoie (Guillaume) : Merci, M. le député. Permettez-moi un petit
détour. Vous savez qu'au Québec, jusqu'à 2007... En fait, plus simple que ça encore, dans les années 80, il y a
eu une nouvelle invention qui s'appelait les télés portatives. Il s'est
trouvé quelques brillants pour utiliser la télé portative dans leur voiture. Le
législateur a trouvé évidemment une bonne
chose d'interdire d'écouter la télévision en conduisant. On ne l'a pas écrit
comme ça, on l'a écrit en
disant : Il est interdit et fortement puni d'avoir un écran dans sa
voiture visible par le chauffeur. Voilà comment notre réglementation était écrite. Évidemment, c'était
avant l'arrivée des GPS dans les voitures. Alors, jusqu'en 2007, nous
avions ce problème-là. Les GPS sont arrivés bien avant 2007.
Alors,
qu'est-ce qu'on fait? Est-ce que la loi d'hier devient un cadre immuable dans
lequel une nouvelle réalité, clairement, ne peut pas entrer? Ou est-ce
qu'on se dit : Qu'est-ce qui est véritablement important?
Et
voici comment on a modifié notre règlement. On a dit : Il est toujours
interdit d'avoir, dans sa voiture, un écran visible par le chauffeur, à moins que cet écran-là ne donne
exclusivement des informations sur l'état mécanique de la voiture ou le trajet à faire. On a trouvé une piste
d'atterrissage pour concilier un objectif public plus grand, tout en
protégeant la sécurité, qui était l'objectif numéro un de notre réglementation.
Je
ne suis pas du tout en faveur du far west, et ça n'a pas à être le far west. Je
vais vous le dire comme ça, il est impossible
d'encadrer sans permettre, mais il est aussi impensable de permettre sans
encadrer. C'est ce qu'énormément de villes
réussissent à faire. Et l'encadrement, je vais vous donner quelques exemples.
On pourrait décider, et le marché de l'assurance
là-dessus est très clair, on pourrait décider qu'il faut avoir 25 ans pour
pouvoir faire du covoiturage commercial parce que vous avez un peu plus d'expérience. On pourrait décider que ça
vous prend un bilan de conduite exemplaire, pas beaucoup de points de
démérite. On pourrait décider que vous devez avoir, bien sûr, des antécédents
criminels vierges. On pourrait décider que
votre voiture ne peut pas être plus vieille que x années. On pourrait décider
que votre voiture doit passer x, y, z
inspections mécaniques. Et tout ça est tout à fait possible parce que ça existe
ailleurs et ce n'est pas compliqué. L'autre chose... Oui?
Le Président (M.
Reid) : Je ne veux pas vous pousser, mais il y a plusieurs
députés qui voudraient poser des questions, alors, si vous pouviez terminer
rapidement sur celle-ci.
M. Lavoie
(Guillaume) : Vous avez bien raison. Bien, je reviendrai plus tard.
Le Président (M.
Reid) : D'accord. Alors, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais faire une déclaration
très personnelle sur le sujet. J'ai utilisé le service d'UberX, mais pas au Québec, à Chicago. L'été dernier, en
vacances, j'ai pu voir comment ce service-là, dans une ville où il est réglementé, où il est disponible,
où il est accessible, comment le service fonctionne dans une grande
ville comme Chicago.
Ma
question pour vous, M. Lavoie, en termes d'option de mobilité, effectivement...
parce qu'ultimement je pense qu'il
faut penser au consommateur. Je pense que tout ce débat-là, selon moi, il faut
le ramener au niveau du consommateur, au niveau du service qui est
offert, au niveau de la disponibilité, au niveau des options de mobilité à ce
niveau-là et également à savoir... La
question que je me pose : Vous, en tant qu'élu municipal de Montréal, vous
avez été témoin, l'an dernier, à
travers l'ancien ministre des Transports, d'un grand sommet par rapport à la
modernisation du service du transport ou
de taxi, l'an dernier. Quel jugement ou quelle analyse faites-vous, dans les
quelques mois ou peut-être les six derniers mois, de l'évolution, suite aux différents engagements des différents
partis, de comment améliorer ce service-là destiné aux consommateurs?
Moi,
je vais vous dire, du point de vue d'élu, ce qui m'intéresse ultimement, c'est
le service qui est rendu. Et je fais
un lien avec le grand nombre de Québécois qui ont non seulement téléchargé
l'application, mais qui ont également utilisé
le service au cours des dernières années. Il n'y a pas uniquement Uber. Ils
sont ouverts à cette expérience de mobilité, si on peut dire.
Le Président (M.
Reid) : Merci. M. Lavoie.
M. Lavoie (Guillaume) : Oui, très rapidement, M. le Président. Merci, M.
le député, pour votre question. D'abord, Chicago est certainement un exemple qui permet de concilier les deux
systèmes, et le maire de Chicago n'est pas exactement reconnu comme étant un libertarien et il a réussi. Il a
réussi essentiellement en partageant le marché, comme je l'expliquais,
et en ajoutant d'autres choses importantes que l'industrie du taxi a gardées
pour elle.
Lorsque vous
mentionnez... Et, bien sûr, le mot UberX va revenir très souvent, mais c'est
important de réaliser que ce n'est
pas ça, la distinction fondamentale ici. C'est qu'avec UberX, par exemple,
c'est une plateforme de covoiturage urbain ou covoiturage commercial qui permet à tout
un chacun d'entrer dans un marché pour une heure, pour deux heures, pour toujours. Et, si ce n'est pas UberX, c'est
plein d'autres. Dans les quelques-uns que j'ai pu noter, là, vous
avez Lyft, Sidecar, Ola, Kuaidi, GrabTaxi; et les nouveaux : The
Zou's et Arcade City.
Alors ce
concept-là, lui, va s'imposer. Alors, la question, c'est : Comment est-ce
qu'on fait pour le faire atterrir? Et, vous
avez raison, le système est extraordinairement populaire. Et lorsque vous
dites : Comment est-ce qu'on va gérer ça, comment ça se passe à Montréal, la vérité, c'est qu'on a là une
opportunité d'avoir plus de mobilité sans devoir investir un seul sou et
pouvoir aller chercher des redevances. Le système actuel, dans le budget de la
ville de Montréal, coûte 3,5 millions
de dollars par année sans aucune redevance. Les gens doivent savoir et doivent
comprendre que le système actuel ne
rapporte rien, en termes de redevances, directement aux villes ou encore au
gouvernement du Québec. Alors, il y a là un enjeu majeur.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Mégantic, il reste moins d'une minute.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Lavoie. Je vais essayer
d'aller très rapidement. J'aimerais vous entendre sur le commentaire que vous avez fait au sujet d'ouvrir des
prix dynamiques et de voir comment ce concept-là rendrait service,
finalement, à la clientèle ou les utilisateurs du service.
Le Président (M. Reid) : Vous
avez 30 secondes.
• (12 h 10) •
M. Lavoie
(Guillaume) : La première
raison pourquoi on a fixé un prix, qui est presque coulé dans le béton,
tant en termes de départ de course que par
kilomètres et par minute, c'est parce qu'il était impossible d'avoir une
rétroaction. Comment est-ce qu'on fait pour
protéger les gens contre quelqu'un qui exagérerait son prix ou mentirait sur
son prix? Avec les applications, on a moins ce problème-là.
Mais je pense
que ce serait véritablement aider
l'industrie traditionnelle du taxi de pouvoir avoir des prix plus
compétitifs dans les moments où c'est plus tranquille et d'avoir des prix un
peu plus chers dans les moments où c'est très
en demande, ce qui est d'ailleurs la logique, dans le monde de l'hébergement, dans le monde de l'aviation, partout ailleurs, et ce serait
plus intéressant pour le chauffeur également.
Le
Président (M. Reid) :
Merci, M. Lavoie. Nous allons passer maintenant aux questions du côté de l'opposition officielle. Mme
la députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Bienvenue, M. Lavoie, en commission parlementaire. Je
pense que nous partageons une vision du développement technologique, mais
j'aimerais toutefois vous entendre parce que développement technologique
ne rime pas nécessairement avec transport illégal. Il y a des exemples.
D'ailleurs, Taxelco, qui a fait du
développement technologique, de l'électrification des transports, tout en
respectant le cadre actuel, je ne crois pas que ce soit incompatible. Et
c'est sûr que les cadres peuvent toujours évoluer, mais, lorsqu'on rentre dans
un marché, il me semble que la moindre des choses, ce serait de respecter ce
qui est en place.
Et je vous
entends, depuis tantôt, parler de covoiturage commercial. De votre vision,
est-ce que les chauffeurs de taxi font du covoiturage commercial?
M. Lavoie
(Guillaume) : Vous savez,
Mme la députée, le débat sur le nom ou l'étiquette, à mon sens, ne nous avance pas. Si, par contre, une des raisons... si
on parle du covoiturage classique comme tous les gouvernements du
Québec, depuis 30 ans, veulent encourager,
c'est un échec comme politique publique et, à mon sens, c'est un échec, entre
autres, parce que nous interdisons qu'il y
ait ni même un seul dollar de profit pour compenser la contrainte. À mon sens,
c'est contre-intuitif de construire l'idée de covoiturage comme ça, et la
réalité, c'est qu'on n'a pas les résultats dans le système actuel.
Mme
Ouellet : La question que je
vous pose n'est pas celle-là. La question que je vous pose, c'est que, si
vous considérez que les chauffeurs d'UberX font du covoiturage urbain, est-ce
que vous considérez que les chauffeurs de taxi font du covoiturage urbain
également?
M. Lavoie (Guillaume) : Oui et non.
Pour moi, ça n'a pas d'importance, littéralement.
Mme Ouellet : Ça n'a pas
d'importance, O.K.
M. Lavoie
(Guillaume) : Ça dépend
qu'est-ce que vous voulez mettre comme définition à l'autre bout. On
peut débattre sur le nom, mais quelle est la définition que vous voulez y
attacher? C'est ça, la question.
Mme Ouellet : Bien, la définition de
covoiturage, elle est définie dans les lois du Québec, et c'est lorsque le chauffeur décide de la destination, et, dans le
cas d'UberX, le chauffeur ne décide pas de la destination, le chauffeur
prend la destination du client. Et vous
savez qu'à Paris UberPop a été condamnée pour publicité trompeuse justement sur
l'utilisation du mot «covoiturage urbain». Ce n'est pas du covoiturage. Parce
que je pense qu'il faut démêler un peu tout ça parce qu'effectivement les gens d'Uber sont très habiles en marketing. Il faut
leur donner, ils sont très, très forts en marketing et ont développé une belle plateforme. Mais, si cette
plateforme technologique là, ils l'avaient vendue aux chauffeurs actuels
ou avaient accepté
d'acheter des permis de taxi, tout comme l'a fait Taxelco, par exemple, il n'y
aurait pas eu de problème. On ne se serait pas retrouvé avec les
problèmes qu'on a actuellement.
Donc,
c'est pour ça que je reviens à ça, parce que ça fait vraiment partie de leur
marketing de covoiturage. Ça fait que vous nous dites : Oui, on
pourrait l'utiliser.
Je
voudrais revenir à un autre point qui était aussi demandé par les députés du
gouvernement. Les algorithmes de prix
dynamique, vous dites : Lorsqu'on avait établi des tarifs... Et au Québec,
les tarifs, ce n'est pas le chauffeur de taxi, hein, qui décide le tarif. Le chauffeur de taxi doit appliquer le tarif
décidé par la Commission des transports du Québec. Or, UberX arrive avec
un algorithme. Un algorithme, c'est de la programmation, puis cet algorithme-là
peut prendre n'importe quoi en
considération. On ne sait pas comment cette programmation-là a été faite et
elle peut changer dans le temps parce
qu'il n'y a rien qui la réglemente. Et vous dites : Bien, ces tarifs-là
ont été établis à la CTQ pour protéger les consommateurs.
Je
pense que vous avez vu passer les tarifs exorbitants qu'UberX a chargés pour le
jour de l'An. Est-ce que vous appelez ça protéger les consommateurs.
M. Lavoie
(Guillaume) : À deux conditions. Vous savez, une chambre d'hôtel, ça
coûte plus cher le jour de l'An ou pendant
le Grand Prix qu'aujourd'hui, à Montréal du moins. La grande question, ce n'est
pas le prix, parce qu'il y a toujours
un prix. Soit je paie plus cher en argent ou je paie plus cher en temps parce
qu'il n'y a pas d'offre. La grande question,
c'est : Est-ce que le consommateur est informé de ce prix-là? Dans toutes
les industries, est-ce que le consommateur sait et est capable de
dire : Je comprends que ça va coûter x?
Voilà ma question, et
c'est là où la protection du consommateur est importante.
Lorsque
vous dites par contre qu'UberX, Lyft, Sidecar et les autres peuvent venir et
ils ont tout simplement qu'à rentrer dans le moule actuel, bien là, à
mon sens, on passe à côté, toujours, de cette différence fondamentale dans les modèles d'affaires, qui est que, dans un modèle,
nous avons une offre fixe, et, dans l'autre, cette offre-là est flexible
parce que tout un chacun peut y entrer et en sortir à n'importe quel moment.
Alors,
soit vous êtes pour un modèle ou vous êtes pour les deux, mais vous ne pouvez
pas dire : Ce modèle-là peut exister dans un cadre d'offre fixe. Et
d'ailleurs, dans un cadre d'offre fixe, vous aurez toujours deux nombres de taxis : il y en aura soit toujours trop ou
toujours pas assez. C'est l'avantage d'avoir, en plus d'un modèle à offre fixe,
un modèle à offre flexible, qui peut, lui, venir compenser des périodes de
pointe pour lesquelles, économiquement, ça ne ferait aucun sens d'investir en
capital dans une flotte de taxis qui ne servirait, par exemple, qu'à des
pointes, soit le matin ou le soir.
Mme
Ouellet : Oui. Je pense que vous simplifiez lorsque vous
parlez de modèle fixe et modèle à offre flexible, parce que je ne crois pas que le modèle actuel est
à offre fixe, parce que les chauffeurs de taxi sont nombreux et ils
peuvent décider de venir sur le marché ou non, donc...
M. Lavoie
(Guillaume) : Ça me semble incorrect, Mme la députée. Le nombre de
permis est fixe.
Mme
Ouellet : Le nombre de permis est fixe, mais, si tous ces
chauffeurs-là décidaient de travailler en même temps, il y a donc une offre flexible à l'intérieur d'un registre, d'une
offre qui est gérée avec des permis. Puis il y a quand même une offre de
chauffeurs qui est flexible, puis les chauffeurs ont quand même une
flexibilité. Et lorsqu'on...
M. Lavoie (Guillaume) :
Si j'utilisais les termes «offre limitée», est-ce que ça...
Mme
Ouellet :
Laissez-moi juste terminer, M. Lavoie.
Le Président (M.
Reid) : M. Lavoie, on va y aller à tour de rôle, si vous
permettez.
Mme
Ouellet : Donc, je pense qu'il ne faut pas simplifier à
outrance et je crois que... Vous savez peut-être qu'à Montréal il a été une époque où l'offre était, si
j'utilise votre vocabulaire, complètement flexible, mais, en fait, à
l'époque, on appelait ça plutôt sauvage. Et,
pour des raisons de sécurité, pour des raisons aussi de retracer les
chauffeurs, pour des raisons de revenu décent pour chacun des
chauffeurs, il a été décidé, à une certaine époque, de travailler avec des
permis de taxi.
On peut toujours
décider... Puis ça, cette question-là de permis de taxi, ça n'a rien à voir
avec la plateforme technologique parce que
les gens peuvent utiliser des plateformes technologiques nouvelles tout en
fonctionnant avec des permis de taxi.
On peut toujours décider de revoir cette formule de permis de taxi là, mais,
comme ça a déjà été présenté, il y a quand même des gens qui ont investi
pour acheter ces permis-là. Ça représente souvent leur fonds de pension, les
chauffeurs de taxi, pour 1,7 milliard de dollars au Québec environ,
l'ensemble des permis de taxi.
Si
nous voulons fonctionner dans un système où il n'y a pas de permis de taxi, il
devrait donc y avoir compensation.
Est-ce
qu'à votre avis c'est aux contribuables à payer pour cette compensation-là ou
ce serait plutôt aux joueurs qui souhaitent ne pas avoir de permis à
compenser les permis des chauffeurs de taxi?
Le Président (M.
Reid) : M. Lavoie, il vous reste environ une minute.
M. Lavoie
(Guillaume) : Très bonne question. D'abord, il faut faire une distinction
entre les contribuables et les utilisateurs, là. À mon sens, il serait plus
logique que ce soit les utilisateurs parce que, si ce sont les joueurs, le prix
va se ramasser chez les utilisateurs, et ça empêche que tous les contribuables
aient à faire face à ce coût-là.
Ce qui est important ici... Quand vous
dites : Comment est-ce qu'on va le faire, comment est-ce qu'on va rembourser ça, bien là, vous posez la question,
et, là-dessus, tout dépend de deux facteurs. Quelle est la valeur qui
doit être remboursée? Est-ce qu'elle est
basée sur le prix qui est sur le marché aujourd'hui? Il y a une partie qui est
fonction du système qu'on a mis en place, il y a une partie fonction du
marché secondaire lui-même. Ça, c'est la grande question.
L'autre grande question, c'est : Si les
permis — je
spécule — chutaient
de 50 %, devrait-on les rembourser à 100 %?
Alors là, il faudra avoir véritablement... Moi, je suis en faveur d'une
compensation, mais il va falloir que ce soit une compensation qui est en fonction de la modification du marché, et là,
bien, ce sera de savoir exactement de quel pourcentage il est question.
Le
Président (M. Reid) : Merci. Ça termine la période de questions
réservée à l'opposition officielle. Nous passons maintenant au deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Groulx.
• (12 h 20) •
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, bienvenue, M. Lavoie.
Alors, je voudrais d'abord faire un petit historique pour remettre en
perspective le contexte, là, que l'on vit présentement avec Uber, parce que ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'on voit de
l'innovation qui arrive et puis que le législateur tarde à s'ajuster aux
innovations qui se pointent.
Alors, je
vais revenir au tournant des années 1800. Cornelius Vanderbilt, le premier
«tycoon» américain, lui, il transportait
des gens de Staten Island à Manhattan en bateau, et puis finalement, bien, il
était illégal parce qu'il y avait des droits
qui devaient être payés, puis il a décidé d'offrir un service moins cher que
les autres et puis en offrant également, là, une valeur ajoutée en offrant la boisson sur le bateau. Donc, les gens
aimaient ça, et il grugeait la clientèle des autres, il offrait plus, finalement. Mais au bout de quelques
années de débats légaux, finalement,
ils ont décidé d'enlever les droits et de
libéraliser un peu plus, là, l'industrie. Donc, il est devenu extrêmement riche par la suite puis il est allé dans le train. Bon, alors, c'est une histoire juste pour dire que ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'on voit des situations où le législateur tarde à légiférer pour rendre des situations légales.
Alors, par ailleurs, bien, c'est une responsabilité que l'on a aussi de respecter des gens qui ont
fonctionné avec le système qu'on a mis en place Alors, ces gens-là ont été
respectueux, d'autres l'ont moins été, puis on doit protéger les avoirs
de ces gens-là aussi.
Alors, ma question,
finalement, c'est qu'au
niveau de... Vous avez ouvert la
porte au niveau de la compensation tantôt. Vous avez répondu un
petit peu à ma collègue
la députée de Vachon, mais j'aimerais que vous en parliez un petit peu plus. Et puis quelle est vraiment
votre orientation au niveau de compensation? Est-ce que vous privilégieriez ça
ou privilégieriez un système
où on pourrait permettre aux gens, avec des droits qu'ils auraient à payer,
pour rentrer dans le marché, finalement? Est-ce que vous avez un biais
envers l'un ou envers l'autre?
Le Président (M. Reid) : M.
Lavoie.
M. Lavoie (Guillaume) : Je vous
dirais, là, puis juste pour faire... d'abord, sur la prémisse de votre question,
vous avez tout à fait raison, c'est
l'histoire la plus classique où la réalité sociale et économique
est systématiquement un pas devant le cadre juridicopolitique. C'est normal
que ce soit comme ça et c'est au juridicopolitique de définir l'encadrement
pour soit encourager une pratique qu'il trouve souhaitable ou encore pour
l'interdire parce qu'il est conscient ou il considère que c'est contraire à l'intérêt
général.
Maintenant,
sur la compensation des permis, je
pense que ça revient à ce que je
disais tout à l'heure. Un, est-ce
que,
s'il y a une partie du marché réservée à l'industrie du taxi traditionnel : voies réservées, stands de taxi, aires
d'attente dans les hôpitaux
et les institutions, le «hailing», qui est une portion importante du
marché de la demande, la réservation par téléphone, tout le marché des gens qui n'ont pas de carte de crédit,
tout le marché des gens qui n'ont pas de téléphone intelligent... Et ce ne sont pas que des pauvres.
Il y a des gens qui sont très riches, qui travaillent dans le secteur
bancaire, qui ne peuvent pas avoir de
téléphone intelligent pour des raisons de sécurité. Il reste une portion du marché, là, qui est importante, qui vous permettrait de postuler que
la valeur du permis ne peut pas être zéro à ce moment-là. Alors là, il
faut évaluer exactement c'est combien.
Et là-dessus
j'aurais un message à la commission et ceux qui devront étudier ça. Il y a
beaucoup d'informations contradictoires sur la valeur des permis et
l'évolution de la valeur des permis. Vous avez, d'un côté, une information comme quoi les permis auraient beaucoup diminué
dans les dernières années; vous avez, de l'autre côté, The Gazette
qui publie un papier comme quoi la valeur
des permis se maintient, plutôt bien, d'ailleurs. Alors là, il faudra savoir
exactement quelle évolution est due à quoi,
et là on va avoir besoin d'étudier ça pas seulement sur la valeur
d'aujourd'hui, mais sur une période beaucoup plus large.
Et je vous
dirais une autre chose qui, à mon sens, est extraordinairement importante. Si
on s'entête à garder le statu quo, on contribue, de manière volontaire
ou involontaire, à ce que des joueurs très puissants, très costauds puissent
tenter leur coup dans un environnement réglementaire qui est flou ou hostile.
Et,
si vous me permettez, une mini anecdote. Il existe des nouvelles technologies
où on peut mettre en location privément
son entrée de garage, un «drive-way». Appelez ça le Airbnb de l'entrée de
garage, par exemple. Il n'y a pas de cadre
municipal pour ça; c'est un environnement réglementaire qui serait flou.
Pourtant, à Montréal, aujourd'hui, il y a des compagnies américaines très importantes qui, parce qu'elles sont
rendues importantes, peuvent se permettre de se lancer dans un marché où le cadre réglementaire est flou. Quelle
est la conséquence de ça? La petite «start-up» québécoise, l'entrepreneur québécois
qui, lui, veut se lancer là-dedans, aura-t-il la capacité de se risquer dans un
marché? Serait-il capable de lever du
capital et du financement dans un marché qui est flou? Le très gros pourra le
faire, pas le petit, pas le local.
Lui se trouve à être écarté à cause de notre flou et de notre hésitation. Si on
veut éviter les monopoles, tant dans l'industrie
classique que dans l'industrie nouvelle, il faudra absolument ouvrir le marché
afin de susciter une concurrence et l'émergence de champions locaux
parce qu'on aura donné des signaux clairs dans le cadre réglementaire.
Le Président (M.
Reid) : M. le député de Groulx, il ne reste que quelques
secondes.
M.
Surprenant : Rapidement alors. Au niveau de la modulation des tarifs
qu'Uber propose...
Le Président (M.
Reid) : ...quelques secondes, c'est 10 secondes pour faire un
commentaire, c'est tout.
M.
Surprenant : Bon, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Lavoie
(Guillaume) : Ce qui est très important, deux choses :
l'information doit être claire, et il doit être impossible de se faire imposer
un prix pour lequel on n'a pas dit qu'on était d'accord; l'autre chose, et
l'algorithme entre en place automatiquement, il faut penser à des cas,
comme le gouvernement le fait dans des cas de catastrophe... Je viens du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
je me souviens très bien des inondations de 1998... Il me semble que c'est...
Une voix :
...
M. Lavoie (Guillaume) : 1996, pardon. Merci, M. le député. Il est correct,
par exemple, pour un hôtel de jouer l'offre et la demande dans ses prix.
Il est...
Le Président (M.
Reid) : Alors, c'était malheureusement...
M. Lavoie (Guillaume) : Bien, juste rapidement. Il serait
impensable et injustifiable de le faire dans un cas de catastrophe.
Alors là, voilà un cadre réglementaire que le gouvernement peut mettre en
place.
Le Président (M.
Reid) : Alors, je vous arrête parce qu'on dépasse presque d'une
minute le temps réservé. Alors, je vais préserver l'enveloppe de trois minutes
réservée aux députés indépendants. M. le député de Mercier.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. M. Lavoie, bienvenue. M. Lavoie, vous êtes ici à titre
personnel ou à titre de représentant de Projet Montréal?
M. Lavoie (Guillaume) : Abraham Lincoln vous dirait qu'une maison séparée
ne peut pas tenir. Je ne peux pas me dissocier que je sois un élu de
Projet Montréal.
M. Khadir :
D'accord, mais disons que les positions que vous défendez sont principalement
les vôtres, n'est-ce pas?
M. Lavoie (Guillaume) : Ah! bien là, vous avez tort, M. le député. La motion que Projet Montréal a déposée, nous l'avons déposée il
y a un an, et je vous invite à la lire...
M. Khadir :
Non, c'est correct. Donc, c'est la même. Vous...
M. Lavoie (Guillaume) : ...mais elle a été adoptée à l'unanimité par notre caucus qui est de
plus de 25 personnes.
M. Khadir :
M. Lavoie, j'ai trois minutes, donc on va y aller rapidement. Donc, c'est la
position de Projet Montréal. C'est ça, vous êtes ici pour...
M. Lavoie
(Guillaume) : Oui.
M. Khadir : Très
bien. Vous savez, moi, je suis en
faveur de la mobilité durable, l'augmentation de la mobilité et la diminution de l'automobile individuelle. D'ailleurs,
j'ai perdu la mienne parce qu'elle était usée et, depuis ce temps-là, je suis à Communauto, j'ai ma carte d'Opus pour
transport ici, à Québec, comme à Montréal. Je fais du vélo, même du vélo sous zéro. Et même, en fait, il y a
30 ans, quand j'étudiais en médecine à Québec, je faisais le trajet avec un vrai projet
de partage, d'économie du partage qui s'appelait Allo-Stop. Vous vous rappelez,
c'était...
Bon.
Alors, nous en sommes, et je crois que tous les partis réunis ici alentour de
la table parlent d'une même voix en matière
d'ouverture pour les nouvelles technologies. Nous avons salué tous les Hypra
Taxi de ce monde; Taxelco, avec son système
Téo; ici, à Québec, la coop de Québec, qui a un système intégré, une plateforme
technologique numérique qui permet en
temps réel de suivre le trajet des taxis, bon, et il y a des applications
mobiles, etc. Donc, personne ici est contre ça.
Ce
que j'aimerais savoir de votre part : Est-ce que, pour vous, Uber,
l'entreprise, cette multinationale qui emmène des conducteurs à penser qu'ils peuvent se dispenser de suivre les
règles, est-ce que c'est Uber que vous défendez ou plutôt les
plateformes technologiques?
Le
Président (M. Reid) : M. Lavoie, vous avez une minute.
M. Lavoie
(Guillaume) : Merci. Bien sûr que je défends les plateformes
technologiques.
M. Khadir :
Et qu'est-ce que vous pensez d'Uber? Uber subit actuellement une poursuite pour
infraction criminelle en France. Deux de ses dirigeants ont été accusés de
pratiques commerciales trompeuses. C'est criminel et passible de prison. Est-ce
que vous pensez qu'Uber opère autrement et différemment ici, au Québec?
M. Lavoie
(Guillaume) : Bien, je sais qu'Uber opère dans nombre de villes où ils
sont tout à fait dans la réglementation. La question, ce n'est pas Uber...
M. Khadir :
Non, ils ne sont pas dans...
M. Lavoie
(Guillaume) : Bien, si vous me permettez, M. le député, j'ai une
minute pour vous répondre...
Le Président (M.
Reid) : M. le député de Mercier, on va laisser... M. le député
de Mercier.
M. Khadir :
J'ai demandé : Ici, à Montréal, est-ce qu'ils opèrent comme en France?
Le
Président (M. Reid) : M. le député de Mercier, on va laisser la
parole à M. Lavoie. Il reste à peine quelques secondes.
M. Lavoie (Guillaume) : M. le député, lorsque vous dites, par exemple,
lorsque je faisais l'aller-retour Québec-Montréal, il y a des milliers et des milliers de voitures, tous les
jours, qui font Québec-Montréal avec trois sièges vides dans la voiture.
Si on permettait à quelqu'un de faire un petit profit, pensez-vous qu'il y
aurait plus...
M. Khadir :
Ça, c'est de l'économie de partage, ce n'est pas Uber. Ça, ça reste au Québec.
M. Lavoie (Guillaume) : M. le député, pensez-vous qu'il y a plus de gens
qui utiliseraient ce service-là plutôt que...
M. Khadir :
Absolument. On parle d'Uber.
Le Président (M.
Reid) : Le temps est terminé, malheureusement.
M. Khadir :
Il y a eu un petit temps que vous avez accordé...
Le
Président (M. Reid) : M. le député de Mercier, votre temps est
terminé, vous avez déjà dépassé de 30 secondes.
M. Khadir :
Moi, ce que je voudrais savoir, c'est qu'Uber, qui délocalise ses profits,
est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
Le Président (M.
Reid) : Alors, M. Lavoie, je vous remercie de votre
contribution à nos travaux.
Je
vais lever la séance quelques instants, le temps que nous permettions à nos
prochains invités de prendre place.
(Suspension de la séance à
12 h 29)
(Reprise à 12 h 33)
Le
Président (M. Reid) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue à nos prochains
invités, les représentants de Taxelco. Je vous demande, dans un premier temps, de vous présenter et présenter les personnes qui
vous accompagnent. Vous avez 10 minutes pour faire votre présentation. Par
la suite, nous aurons une période d'échange avec les membres de la commission.
À vous la parole.
Taxelco inc.
M. Taillefer
(Alexandre) : Très bien, merci. Mon nom est Alexandre Taillefer, je
suis associé principal chez XPND Capital, qui est un fonds d'investissement qui
est l'actionnaire principal, seul actionnaire de Taxelco. Et je vous présente
Thierry St-Cyr, qui s'occupe des affaires gouvernementales et des opérations,
et Marc Petit, qui est le P.D.G. de notre entreprise.
Je voudrais d'abord
remercier M. le ministre de nous avoir convoqués à cette commission-ci pour
pouvoir rapidement statuer sur le covoiturage commercial et je remercie également
tous les membres de cette commission d'écouter notre point de vue aujourd'hui.
XPND Capital
est donc le promoteur de Taxelco. C'est un nouvel acteur dans le taxi montréalais,
qui envisage une croissance importante
de ses activités courantes et qui prévoit exporter son
savoir-faire au Québec et dans le reste du monde.
Taxelco est propriétaire de Taxi Hochelaga, une acquisition que nous avons
faite il y a près de six mois, le deuxième intermédiaire de taxis à Montréal et
le chef de file dans le marché du transport adapté qui est le transport de
personnes à mobilité réduite.
On est également
propriétaire de Téo, un projet qui vise à améliorer la qualité et la
profitabilité de l'industrie
du taxi ainsi qu'à offrir une alternative
performante et écologiquement responsable à la voiture personnelle. Téo est un
projet novateur qui va contribuer à l'image
de marque de Montréal et de tout le Québec. Il est structurant
pour l'industrie du taxi, crée de la valeur pour tous les acteurs de l'industrie en offrant un modèle de redistribution plus juste et a été créé à
l'intérieur des règles de l'industrie.
Nous avons
investi, à ce jour, plus de 20 millions
de dollars dans la modernisation de l'industrie en déployant un réseau de
voitures électriques et une plateforme technologique
qui va augmenter la productivité des chauffeurs et la qualité du service rendu aux usagers. À terme, c'est plus
de 200 millions de dollars qu'elle compte investir dans la
modernisation de l'industrie du taxi.
Alors, nous
avons, au coeur de nos décisions d'affaires, des principes, des principes de
base. D'abord, mettre le client au coeur de la solution. Taxelco croit
fermement qu'il faut d'abord et avant tout remettre le client au coeur de
l'approche requise afin de réinventer l'industrie du taxi. On souhaite bien
entendu générer un bénéfice pour nos investisseurs,
mais on pense, par contre, que la motivation mercantile ne peut guider seule la
réinvention de l'industrie du taxi
avec succès. Les objectifs de Taxelco comprennent une amélioration significative
des revenus des chauffeurs, des revenus
stables, une simplicité opérationnelle pour les propriétaires de permis et un
service dont la haute qualité est offerte de façon homogène pour tous les
usagers. À cet égard, l'État doit jouer un rôle fondamental pour s'assurer que
les politiques publiques répondent d'abord et avant tout aux besoins des
clients.
Le second
principe, c'est investir dans le transport individuel de personnes. Notre
constat est clair : pour mieux servir
le client, il faut investir massivement dans cette industrie.
Impossible de prétendre pouvoir mieux servir le client sans travailler
sur tous les aspects suivants : développer des applications mobiles, bien
entendu; se doter d'un parc de véhicules
plus confortables, plus économiques et plus écologiques; mettre en place des systèmes
d'optimisation du service et des systèmes
d'analyse des données permettant de telles optimisations; mettre en place des infrastructures de nettoyage, d'entretien,
de recharge des véhicules; et développer des mécanismes de suivi concernant la satisfaction de la clientèle.
Or, toutes
ces actions requièrent énormément de capital. En conséquence, Taxelco encourage les
parlementaires à promouvoir des mesures qui
encourageront l'investissement et à rejeter toute mesure qui pourrait y nuire.
Pour Taxelco, cela se décline autour
de trois axes. Premièrement, favoriser la compétition en assouplissant la
réglementation; deuxièmement, faire appliquer les mêmes règles à tous;
et troisièmement, permettre l'essor de grands joueurs dans l'industrie.
D'abord,
favoriser la compétition. Présentement, l'industrie du taxi souffre d'une réglementation
infantilisante et dépassée. Ancrés dans
cette vision, certains acteurs souhaitent continuer dans la voie de la
surréglementation. Ce serait une erreur
car la surabondance d'encadrements a deux effets pervers. Cela nuit à la capacité
des acteurs d'innover et d'offrir des produits
distinctifs qui répondent aux besoins des différentes clientèles et, deuxièmement, restreindre la capacité d'un acteur à se distinguer de ses
compétiteurs et diminuer d'autant sa capacité à tirer des bénéfices de ses
efforts. Cela a un effet dissuasif sur l'investissement.
Nous cherchons également à ce que les règles
soient appliquées identiquement à tous. Il nous apparaît incontournable que les
mêmes règles opérationnelles et fiscales soient appliquées à tous. Quoi qu'en
disent certains acteurs du taxi amateur,
leur modèle n'encourage pas du tout l'innovation. Au contraire, il prive de
capitaux les acteurs qui souhaitent
innover tout en respectant la loi. L'exemple de Taxelco est éloquent à cet
égard. Nous avons décidé d'investir dans
l'industrie malgré l'incertitude qui y règne. Il est par contre
crucial que l'environnement soit équitable et permette une saine
compétition afin que ses investissements puissent se poursuivre.
Nous
cherchons également à permettre l'essor de plus grands joueurs dans l'industrie. Pour des raisons qui lui apparaissaient probablement raisonnables à
l'époque, le législateur québécois a jugé bon de favoriser le modèle du
taxi artisanal et a rendu pratiquement
impossible l'avènement de grands joueurs dans l'industrie. Il est difficile
d'attirer les investissements requis
pour réinventer le taxi à l'intérieur du modèle artisanal actuel. Il ne s'agit
toutefois pas d'empêcher le taxi
artisanal. Il représente, pour de nombreux chauffeurs, un mode de vie qui leur
convient. Par contre, le législateur devrait faciliter l'avènement de
grands joueurs québécois en leur permettant de détenir des flottes, des actifs
et des permis en nombre suffisant afin de
pouvoir créer des économies d'échelle permettant une augmentation de la
rentabilité globale de cette industrie, incluant tous les joueurs et
surtout les chauffeurs. Nous y reviendrons.
Il était, par
exemple, inconcevable de mettre en place un système de taxis électriques dans
les limites actuelles de la
réglementation de taxi. Nous avons dû travailler de concert avec les instances
publiques pour créer un projet pilote afin de rendre le projet possible. Notre proposition aujourd'hui s'articule
autour de trois volets : un cadre modernisé pour le taxi, un
nouveau cadre légal et fiscal pour ce qu'on appelle le taxi amateur et le
respect de la démocratie.
Le cadre
modernisé pour le taxi. Taxelco est d'avis que le législateur devrait
moderniser le cadre réglementaire actuel du taxi par un certain nombre
de mesures. Ce cadre s'appliquerait à tous les détenteurs actuels de permis qui
détiendraient le privilège exclusif des
courses spontanées, c'est-à-dire les courses qui sont hélées sur la rue et les
courses prises à un poste d'attente. De
plus, étant donné la nature vulnérable de la clientèle du transport adapté et
du transport médical et, par le fait
même, des besoins de formation et de suivi qui en découlent, ces deux segments
de transport devraient être la
responsabilité exclusive des détenteurs de permis. Les détenteurs de permis de
taxi continueraient bien sûr de pouvoir prendre des courses via une
répartition téléphonique et électronique.
Nous
proposons plusieurs mesures, qui suivent, afin de moderniser le cadre
réglementaire du taxi et permettre une plus
grande innovation. D'abord, favoriser la compétition en assouplissant la
réglementation, permettre aux taxis de faire varier leurs tarifs en fonction de l'offre et la demande, et ça, pour
les courses via répartition, pourvu que ce tarif ne soit pas inférieur à 50 %
du tarif prévu par la Commission des transports du Québec et ne soit pas
supérieur à 200 % du tarif prévu
par la commission. L'utilisateur devrait bien sûr être informé avant de ce
tarif, et ça ne s'appliquerait pas aux courses spontanées ou aux courses
initiées à partir d'un poste de taxi, qui, elles, resteraient en tout temps
fixées par les tarifs déterminés par la CTQ.
• (12 h 40) •
Mettre fin à
l'inefficacité engendrée par le système d'agglomération de taxis. Le système
actuel force les taxis à faire un
certain nombre de voyages à vide en les empêchant de prendre des clients dans
une agglomération autre que celle rattachée
au permis. Tout le monde y perd. Le nombre de courses total de l'industrie
n'augmente pas, mais les dépenses rattachées
à ces courses augmentent inutilement. De plus, ces courses à vide sont une
source de pollution et d'émissions de gaz à effet de serre qui sont
injustifiables sur le plan environnemental.
Nous pensons que de permettre une formation plus
flexible basée sur une approche d'apprenti chauffeur nous permettrait d'émettre rapidement, après une
formation de base, un permis
d'apprenti chauffeur permettant au candidat chauffeur de terminer sa formation
dans le cadre de la pratique réelle.
Nous
cherchons à faire appliquer ces mêmes règles à tous : Obliger les intermédiaires
de taxi et les exploitants de flottes
de taxis à percevoir directement la TPS et la TVQ auprès de leurs clients au nom
des chauffeurs pour toutes les transactions qui sont complétées
électroniquement. Nous cherchons également à obliger les intermédiaires de taxi
et les exploitants de flottes de taxis à
émettre des relevés de revenus et les transmettre aux chauffeurs et aux
autorités fiscales. Taxelco applique déjà ces
règles chez Téo et propose de le faire chez Taxi Hochelaga. C'est plus de 50 millions de dollars que nous
prévoyons verser à l'État pour les seules taxes de vente durant les cinq
prochaines années.
Faciliter
l'avènement de plusieurs grands joueurs dans l'industrie par la généralisation de la possibilité de louer des permis de taxi, ce qui est actuellement offert dans
le cadre du projet pilote, et mettre fin à la limite de détention
actuellement fixée à 20 permis.
Un nouveau
cadre légal et fiscal pour ce qu'on appelle le taxi amateur. Parce que le
gouvernement semble pencher vers une
autorisation du taxi amateur, parce qu'il est populaire et serait difficilement
contrôlable, Taxelco propose que le législateur
mette en place un cadre réglementaire et fiscal spécifique au taxi amateur,
appelé aussi erronément le covoiturage commercial, entre guillemets.
Ce cadre
s'appliquerait uniquement aux opérateurs enregistrés et donc détenant un permis
qui serait requis par l'État à cet
effet ne pourrait qu'offrir des courses via un système de répartition
électronique. Ces opérateurs ne pourraient donc pas faire de courses hélées sur rue, de courses
initiées à partir d'un poste d'attente ni de courses pour le transport adapté
ou le transport médical. Ces opérateurs de taxi amateur seraient tenus de
vérifier les antécédents judiciaires, les dossiers de conduite de leurs
chauffeurs. Ils devraient également fournir la liste de leurs chauffeurs aux
autorités.
Voici les mesures que nous proposons pour
encadrer le taxi amateur.
Le Président (M. Reid) : M.
Taillefer, il vous reste une minute.
M.
Taillefer (Alexandre) : Très
bien. Alors, ce que nous proposons : permettre aux taxis amateurs d'offrir
un tarif de leur choix, pourvu que ce tarif
ne soit pas inférieur à 50 % et ni supérieur à 200 %, comme ce que
nous proposons pour le taxi; faire
appliquer les mêmes règles à tous; obliger les opérateurs de taxi amateur à
percevoir directement la TPS et la TVQ auprès des clients et de la
remettre à Revenu Québec; abolir la dispense de percevoir la TPS et la TVQ pour
les personnes dont le chiffre d'affaires est inférieur à 30 000 $
pour l'activité de taxi amateur, comme c'est déjà le cas pour le reste de l'industrie du taxi; obliger les
opérateurs de taxi amateur à émettre des relevés de revenus et les
transmettre à leurs chauffeurs et aux
autorités fiscales et verser une indemnité de 1,10 $ par course à un fonds
de compensation des détenteurs de
permis de... propriétaires de taxi à être créé afin de couvrir la baisse de
revenus liée à l'augmentation de l'offre pour le transport commercial.
En
conclusion, nous pensons également qu'on doit respecter la démocratie. Nous
sommes viscéralement contre le taxi
de contrebande. Toutefois, si le gouvernement souhaite permettre le taxi
amateur, il est impératif que les règles soient équitables, surtout au
niveau fiscal. Pour éviter qu'une telle approche devienne...
Le Président (M. Reid) : En
terminant.
M.
Taillefer (Alexandre) : ...un
modus operandi pour une entreprise désirant se développer au mépris des
lois québécoises, nous proposons que les règles que nous proposons soient adaptées
de façon rétroactive aux opérateurs qui ont oeuvré au Québec depuis les
dernières années.
Le Président (M. Reid) : Je
vous arrête.
M.
Taillefer (Alexandre) : Nul
ne peut se moquer de la démocratie québécoise et penser s'en tirer
impunément.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. Taillefer. Nous passons
maintenant aux échanges avec les membres de la commission. Nous
commençons par le côté gouvernemental. M. le ministre.
M. Daoust :
Bonjour, M. Taillefer. Bienvenue à la commission. Écoutez, j'écoute avec
beaucoup d'intérêt ce que vous dites, mais
une des choses que j'aimerais voir, c'est sur le terrain actuellement. Vous
êtes dans un projet pilote, il y a la
présence d'Uber. J'aimerais que vous nous parliez de votre projet pilote, de
son fonctionnement dans un univers qui est réglementé, d'une part, et d'intervenants
qui ne se réglementent pas ou ne suivent pas la règle. J'aimerais
entendre vos commentaires sur ça.
M. Taillefer (Alexandre) : Très bien. Alors, la façon dont notre projet a
été construit, nous avons dû négocier la location de permis, ce qui
n'était pas permis précédemment. On a développé un modèle financier qui nous
permet de déterminer quel est le revenu
potentiel par voiture de taxi, et on chiffre aujourd'hui ce revenu-là autour de
100 000 $ à 125 000 $
à peu près, en termes de nombre de courses que chaque taxi est en mesure de
faire, en prenant en considération que
le taxi va être utilisé environ 18 heures sur 24. Ceci nous a permis de
déterminer un prix qui était acceptable pour la location du permis, et aujourd'hui on paie un prix de 265 $ par
semaine pour le détenteur d'un permis, et ce prix représente un coût par
course de l'ordre d'à peu près 1,60 $. L'autre élément qui est très
important, naturellement, de prendre en considération, c'est la TPS, TVQ qui
est ajoutée à chacune de nos courses.
Donc,
aujourd'hui, si on compare l'avantage qu'a un UberX, au niveau de l'opération,
versus ce que nous faisons, notre
coût de départ, qui n'est pas à être assumé aujourd'hui par du taxi amateur,
est de l'ordre d'environ 3,50 $. Ça, c'est en excluant nos coûts
d'opération. Ça, c'est notre coût de base pour pouvoir opérer et ça n'inclut
pas nos chauffeurs.
L'autre
caractéristique qui est très intéressante par rapport à notre projet, notre
thèse d'investissement est basée sur deux
critères. Premièrement, diminution des coûts d'opération par le remplacement de
l'essence par l'électricité. Ceci nous permet de réduire nos coûts d'opération
en fonction du prix du baril ou du prix du litre, qui est à 0,85 $
aujourd'hui, d'environ 12 %, et, à
1,50 $, on économise des coûts d'opération de l'ordre de 16 %. C'est
des dépenses, c'est des coûts d'opération importants, que nous séparons
50-50 entre nos chauffeurs et nous-mêmes.
Et
je termine sur le dernier point, l'élément le plus important au niveau de la
profitabilité de notre modèle, c'est la gestion efficace de l'offre et la demande qui n'existe pas aujourd'hui
dans l'industrie du taxi. Ce qu'on a compris dans cette industrie-là, c'était que, tant que nous ne
réglions pas les conditions précaires dans lesquelles les chauffeurs de taxi
opèrent aujourd'hui... et un chauffeur de
taxi, ça fait entre 80 et 90 heures par semaine de travail et ça va générer, au
net, entre 7 $ et 8 $ de l'heure sans avoir aucun filet de
social, sans participer au RRQ et sans avoir droit à aucune vacance. On est convaincus aujourd'hui que, tant qu'on ne règle
pas les conditions misérabilistes dans lesquelles les chauffeurs de taxi
opèrent à Montréal, au Québec, on ne pourra
jamais offrir un service de qualité qui répondra aux attentes de la
population.
M.
Daoust : Merci. Dans votre projet pilote actuellement, les prochaines
étapes, là, que vous avez à franchir... Vous en avez fait un bout, il
vous en reste un bout à franchir, je présume. Vous êtes rendus où?
M. Taillefer (Alexandre) : Alors, nous avons, en ce moment, 50 voitures
qui sont en opération. On a aujourd'hui investi l'équivalent en développements technologiques de pas loin de 6,
7 millions de dollars. Si je peux me permettre, l'innovation technologique aujourd'hui, ce n'est
pas une entreprise comme Uber qui la fait, c'est des entreprises comme nous aujourd'hui qui mettons en place des outils
qui sont largement supérieurs au niveau de l'optimisation des revenus de
l'industrie pour pouvoir les séparer entre les différents intervenants. Uber,
aujourd'hui, passe beaucoup plus de son temps
à optimiser les revenus qu'eux-mêmes vont être en mesure de générer en évitant
soit de la fiscalité, ou en prenant de plus en plus de pourcentage des
chauffeurs, ou en augmentant les prix pour les consommateurs.
Alors,
pour nous, le projet aujourd'hui est rendu à 50 voitures. Nous allons avoir 110
voitures au mois de mai. Nos tests
aujourd'hui, au niveau de l'électrification des transports, sont tout à fait
concluants. Nous procédons parallèlement aujourd'hui à l'amélioration des conditions de l'industrie à travers le
placement que nous avons fait chez Hochelaga. Notre objectif aujourd'hui n'est pas de déplacer
Hochelaga vers Téo, mais de continuer à supporter deux modèles
d'affaires : un modèle d'affaires où
nous allons avoir des employés, qui va être le modèle de Téo, et un modèle
d'affaires où nous allons continuer à supporter des travailleurs
autonomes dans l'aspect de Taxi Hochelaga. Et nous savons aujourd'hui que de nombreux joueurs veulent continuer à être des
travailleurs autonomes et on veut encourager ça. Ceci dit, on veut
augmenter leur productivité pour qu'ils fassent plus d'argent, que tout le
monde puisse être plus profitable.
M.
Daoust : Maintenant, si je vous demandais, dans une perspective où on
ferait des modifications législatives, on moderniserait nos règles, si
je vous demandais, par exemple, vos trois priorités, ce serait lesquelles?
M. Taillefer (Alexandre) : Alors, un des éléments qui est primordial, c'est
aujourd'hui l'élimination des territoires qui existent, le A-5, le A-11, le A-12, le A-2, le A-8. Ce sont des
territoires qui ont été créés à l'époque et qui malheureusement
aujourd'hui créent énormément d'inefficacité.
Il
y a deux statistiques qui sont très importantes de comprendre dans l'industrie
du taxi. Première statistique, c'est que 75 % du temps, les
chauffeurs sont dans leurs voitures à se tourner les pouces. La deuxième
statistique qui est importante, 65 %
des kilomètres qui sont faits par les voitures sont faits à vide. Et la raison
pour laquelle c'est fait à vide, c'est
que nous avons aujourd'hui un système qui fait que quelqu'un, par exemple, qui
part de l'aéroport de Montréal, qui s'en
va au centre-ville, ne peut pas prendre quelqu'un pour le ramener. Il veut
retourner rapidement en ligne à l'aéroport de Montréal, et on crée énormément d'inefficacité. Donc, ça, c'est le
premier aspect, pour nous, qui nous apparaît important.
Le
deuxième aspect, c'est la capacité que nous avons à pouvoir louer des permis.
Quand on parle aujourd'hui de transport
au niveau international, il y a très peu d'industries de transport qui sont en
mesure de générer une profitabilité intéressante
sans mettre en place, en anglais ce qu'on appelle du «yield management», en
français, ce qu'on appelle une gestion
adéquate de l'offre et la demande. Et, pour pouvoir y arriver, nous pensons
aujourd'hui que, dans notre modèle, ça nous
prend un minimum de 1 000 voitures à Montréal pour pouvoir déployer nos
flottes adéquatement, et pouvoir anticiper la demande, et créer des économies d'échelle importantes pour
l'industrie, qui vont bénéficier à tout le monde. Alors, je vous dirais
que, pour nous, c'est vraiment les deux aspects.
Et,
troisièmement, en terminant, la question de formation. Vous savez, un des
enjeux liés à l'industrie, c'est qu'on impose
aujourd'hui une formation de cinq semaines non rémunérée au Bureau du taxi de
Montréal, et toute l'industrie est modulée
pour que les chauffeurs louent des permis et opèrent pendant des chiffres de 12
heures, sept jours par semaine, l'exploitation de leur permis. On pense
aujourd'hui que, pour améliorer la productivité de l'industrie, en développant
des programmes de formation qui nous permettraient d'aller chercher des
étudiants universitaires, des gens qui sont semi-retraités
qui pourraient faire une vingtaine d'heures par semaine, ça nous permettrait
d'exploiter mieux les flottes et développer une offre pendant les
pointes, ce qui est très important, comme vous le savez, dans le milieu du
transport.
• (12 h 50) •
M. Daoust : Il me reste combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Reid) : Il
vous reste encore sept minutes.
M. Daoust : Encore sept minutes. Je
vais laisser la possibilité à mes collègues de poser des questions.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. J'ai une question
par rapport à Téo et l'utilisation de voitures
électriques. Premièrement, je voudrais vous entendre sur la précarité, par
exemple, des batteries à moins 25°, comme on a eu la semaine passée,
mais aussi de l'enjeu beaucoup plus large de l'accès des taxis aux voies
réservées.
Est-ce que
ça, ça devient un enjeu? Et comment vous voyez l'évolution, si l'on veut, de ce
type d'utilisation là, par exemple, des voies réservées aux véhicules
électriques à des fins commerciales?
M.
Taillefer (Alexandre) :
Alors, deux éléments, là-dedans. Premièrement, en termes électriques,
aujourd'hui, nous avons des voitures qui ont
des batteries de 30 kilowattheures et des batteries de 90 kilowattheures.
On a acheté des Tesla non pas parce
qu'on pense que c'est profitable de payer une voiture 110 000 $ et
exploiter un service de taxi, c'est une hérésie, mais c'était le seul véhicule aujourd'hui qui nous permettait
de tester des batteries extrêmement grandes pour voir quel genre de
flexibilité ça aurait.
Nous avons
exploité ce service-là à moins 27° la semaine dernière. Il n'y a aucune voiture
qui est tombée en panne, et nous
sommes convaincus que d'ici les 18 prochains mois, les manufacturiers vont
sortir des voitures abordables avec des batteries de l'ordre de 65 à 90
kilowattheures, ce qui va être amplement suffisant pour le marché du taxi.
Maintenant, en ce qui concerne l'enjeu, vous
l'avez mentionné en premier lieu chez l'intervenant précédent, aujourd'hui, la voiture est le facteur le plus
important d'appauvrissement collectif et individuel. La voiture coûte
énormément cher à la société, et tout
ce qui peut être fait pour diminuer l'utilisation de la voiture, éliminer la
seconde voiture, voire la première,
va être au bénéfice de la société. Et à l'intérieur du cocktail transport, bien
entendu, on parle du vélo, on parle de la
marche, on parle du VLS, véhicule en libre-service, et le taxi, aujourd'hui,
fait partie de ce cocktail transport là. Alors, tout ce qui va favoriser
l'utilisation de ce type de transport est au bénéfice de la société.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Oui, M. le député de Mégantic, pour une deuxième question. Vous avez des
collègues qui veulent parler aussi.
M.
Bolduc : Juste une minute. Vous n'avez pas commenté sur l'élément que
les taxis pourraient utiliser des voies réservées étant donné que c'est
une auto, un véhicule électrique, là. Est-ce qu'il y a un bénéfice commercial
pour...
M. Taillefer (Alexandre) : Pour moi,
ça doit être considéré de la même façon que du transport collectif, et aujourd'hui, ce qu'on veut faire, c'est éliminer
le plus possible, avec l'utilisation de voies réservées, l'utilisation de
la voiture individuelle. Et, à ce titre-là,
on pense aujourd'hui que l'utilisation du taxi à l'intérieur de ces voies-là,
c'est une excellente approche que le gouvernement a mise de l'avant.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à nos invités. Vous avez
utilisé des termes très durs pour décrire la réglementation actuelle, en parlant d'une réglementation
infantilisante et dépassée et également d'une surréglementation. Quelles mesures concrètes Taxelco souhaite
suggérer pour assouplir la réglementation, d'une part? Et, deuxièmement,
question peut-être plus importante à ce niveau-là, en parvenant à obtenir un
assouplissement à la réglementation, quelles incidences cela aurait-il sur les
services offerts aux consommateurs?
Tantôt, vous
avez entendu ma remarque précédente. Je pense qu'on ne parle pas assez du
consommateur. Je suis conscient que
vous parlez beaucoup, bien sûr, des aspects soit financiers et des conditions
des chauffeurs de taxi, mais, avec un assouplissement de la
réglementation, quelle incidence cela aurait-il sur les services offerts aux
consommateurs?
Le Président (M. Reid) : M.
Taillefer.
M. Taillefer (Alexandre) : Alors,
premièrement, aujourd'hui, quand on regarde l'industrie du taxi, vous remarquerez que le titre de notre document
est : Placer le consommateur au centre de la nouvelle politique de taxi,
et quand on regarde aujourd'hui les
plaintes numéro un des consommateurs, c'est quoi? C'est un véhicule qui n'est
pas propre, c'est
un chauffeur qui ne sait pas où il s'en va, c'est une qualité de voiture qui
n'a pas de bon sens, c'est les applicatifs qui ne sont pas suffisamment
importants, qui ne sont pas suffisamment faits.
Ce que je
peux vous dire, c'est que nous connaissons aujourd'hui les revenus de
l'ensemble ou de la majorité des intermédiaires de taxi à Montréal.
Quand je parle d'intermédiaires, je parle d'entreprises comme Hochelaga, comme Diamond et autres. Ces entreprises-là,
aujourd'hui, ce sont des entreprises qui génèrent toutes en deçà de
2 millions de dollars d'EBITDA par année. Quand une entreprise fait
moins de 2 millions de dollars d'EBITDA par année, c'est impossible de pouvoir compétitionner avec un
joueur comme Uber et d'investir 3, 4,
5 millions de dollars par année dans la technologie, dans
l'optimisation des flottes.
Ce que le
consommateur veut aujourd'hui, c'est une voiture de qualité, c'est un service
sécuritaire, c'est un service qui va
être là à l'heure, un service qui va pouvoir être répondu à l'intérieur de cinq minutes. Le critère numéro un pour l'utilisation d'un taxi, c'est : Est-ce que
mon taxi peut être là dans cinq minutes? Ce sont des innovations telle la
possibilité de réserver un taxi à l'avance,
ce sont des innovations comme pouvoir acheter des allers-retours aéroport et
diminuer les prix. Et c'est, entre autres, également pouvoir avoir des
chauffeurs le 31 décembre, parce qu'on s'est fait reprocher, l'industrie du taxi, de ne pas avoir d'offre le
31 décembre. Mais, si vous faites 8 $ de l'heure, là, est-ce que ça vous tenterait d'être dehors le 31 décembre au lieu d'aller
manger de la dinde avec votre famille? Bien, c'est ça aujourd'hui,
l'enjeu de l'industrie du taxi. On n'a pas suffisamment de flexibilité pour
permettre à des employés de pouvoir être payés temps double le soir du
31 décembre pour qu'on ait une offre raisonnable qui va satisfaire la
clientèle du Québec.
Alors, quand
je parle aujourd'hui de modifications au niveau du cadre réglementaire, c'est
ce à quoi je fais référence.
Le
Président (M. Reid) :
Oui. Est-ce que j'ai d'autres interventions du côté gouvernemental? Merci. Pardon? M. le député de Mégantic, il reste
1 min 30 s à peu près.
M.
Bolduc : O.K.
J'aurais aimé ça vous entendre aussi sur l'impact de la modulation puis à quel
point on rend service au consommateur en faisant ces modulations-là.
M.
Taillefer (Alexandre) : Tout à fait. Alors, c'est une excellente question. D'abord, vous conviendrez que ce que l'on propose, c'est une modulation uniquement dans
le cadre de commandes par téléphone ou par voie électronique avec une approbation du tarif. Ce qu'on recherche aujourd'hui, c'est la possibilité de moduler les prix pour avoir plus
d'offres quand il y a une rareté, une pénurie.
Aujourd'hui, deux fois, c'est la norme pour n'importe quel travailleur qui va
travailler le 31 décembre, et je propose que nous mettions en place
des barèmes à peu près identiques à ce qui peut être présent aujourd'hui dans
la fonction publique, par exemple.
Puis ceci
dit, ce qui est très important pour nous, nous allons être en mesure d'utiliser
l'inverse, c'est-à-dire être en
mesure de compétitionner avec des entreprises comme UberX. Vous savez qu'aujourd'hui, au centre-ville, le taxi n'est à peu près pas utilisé entre
10 heures et 3 heures l'après-midi. Quand il fait 23° dehors, du beau soleil, l'utilisation du
taxi est à peu près à zéro. Alors, ce qu'on va vouloir faire, c'est de
développer des habitudes de consommation en offrant, par exemple, un tarif unique pour se déplacer à
l'intérieur du centre-ville de Montréal ou à l'intérieur du centre-ville de
Québec, en offrant une offre à 7 $, en
offrant une offre, le soir, à 10 $, comme ce qui a été fait à Paris qui a
un succès phénoménal dans l'industrie du taxi.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Nous avons terminé cette période. Nous passons maintenant à l'opposition
officielle. Mme la députée de Vachon.
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, bienvenue à M. Taillefer, M. St-Cyr et M.
Petit. Bienvenue en commission parlementaire.
Peut-être,
dans un premier temps, parce qu'on parle souvent de développement technologique
de l'industrie du taxi en faisant
référence à Uber, UberX, mais, avec Téo Taxi, vous avez développé des
nouvelles technologies, j'imagine, des
nouvelles applications — je n'ai pas encore eu le plaisir d'utiliser les taxis Téo — mais tout en prenant des permis au
Québec. C'est ce que je comprends.
• (13 heures) •
M.
Taillefer (Alexandre) : Tout
à fait. Aujourd'hui, dans notre modèle d'affaires, nous avons la possibilité
de payer un loyer pour un permis, et ça a
été mis à l'intérieur de nos modèles financiers. Donc, on a la possibilité de
le faire, à condition qu'aujourd'hui
les règles tarifaires de la CTQ soient respectées. Donc, si, demain matin, on a
une compétition avec des gens qui ne
paient pas leur TPS, TVQ... parce que vous savez que le critère numéro un
pourquoi est-ce que les gens aiment
UberX, c'est le prix. On lit ça, là, aujourd'hui : Ah! c'est fantastique,
l'industrie du taxi devrait se positionner parce que c'est tellement pas cher, puis le taxi n'est pas capable de
s'adapter. Bien, c'est sûr que, quand tu n'as pas à payer ta TPS, TVQ, que tu paies tes employés 4,60 $ de
l'heure avant que la TPS et TVQ soient payées, c'est un grand avantage
concurrentiel qui n'est pas acceptable dans notre milieu.
Alors, en
termes d'innovation, on a non seulement de l'analyse de demande, on a engagé...
il y a 12 personnes aujourd'hui de la Polytechnique qui travaillent sur
des algorithmes d'efficacité. On travaille avec les gens des HEC aujourd'hui au niveau de la tarification, au
niveau des déplacements. On a une équipe de chercheurs de Lévis et on va
investir près de 20 millions de dollars
dans les infrastructures de recharge, parce qu'il est impossible aujourd'hui de
pouvoir opérer un système commercial
électrique sans avoir son propre réseau de bornes à haute vitesse, et ça
requiert un investissement, de notre part, de 20 millions de
dollars.
Alors, quand on regarde aujourd'hui
les sommes que nous allons investir uniquement, et je ne parle pas d'infrastructures automobiles, uniquement
dans le développement de la technologie, on parle de pas loin de 40 millions
de dollars qui vont être investis au Québec. Et ce programme-là, il n'y a pas
une autre compagnie de taxi au monde qui développe un programme comme nous
l'avons développé depuis les deux dernières années.
Mme
Ouellet : Et quand vous
parlez des algorithmes d'efficacité, j'imagine, c'est pour les trajets. C'est
ce que je comprends. Actuellement, ce n'est pas pour le tarif, là.
M.
Taillefer (Alexandre) : Absolument.
Ça, aujourd'hui, on ne travaille pas sur la question tarifaire.
C'est évident qu'on va vouloir, nous,
susciter davantage de demande. Alors, on va vouloir mettre en place
des algorithmes qui vont nous
permettre d'améliorer la productivité et l'efficacité de notre voiture, mais
c'est surtout au niveau, par
exemple, de l'anticipation de la demande. On a des systèmes
experts à l'intérieur desquels rentrent les datas des trains, des
aéroports, des universités. Quand est-ce que la STM tombe en panne? De moins en
moins maintenant — on
est contents, avec le train Azur, c'est
fantastique — mais toutes ces données-là sont mises à
l'intérieur d'un système expert et ça nous permet de déplacer nos flottes pour limiter les deux
statistiques auxquelles je faisais référence : le 75 % de temps qui
est passé à ne rien faire et le
65 % des kilomètres à vide. En faisant ça, on est en mesure d'augmenter
beaucoup la profitabilité de l'industrie.
Mme Ouellet : Et vous offrez
également une plateforme électronique d'accès. Les gens peuvent, avec leur
téléphone mobile, aller commander une voiture Téo.
M.
Taillefer (Alexandre) : En
2016, une entreprise de taxi qui n'a pas une application qui permet de voir le
taxi qui arrive puis qui se déplace en
arrivant près de chez soi, on est aussi bien de faire autre chose dans la vie,
là. Alors, c'est bien évident que ça a été mis en place.
Mme Ouellet : Donc, je pense qu'on a
ici un exemple de démonstration des gens qui utilisent les nouvelles technologies, puis c'est toujours ça qu'on a dit,
qu'on était pour les nouvelles technologies, tout en respectant les lois
du Québec. Et c'est possible de le faire,
et, oui, je pense qu'il peut y avoir une amélioration, une modernisation des
lois du Québec, mais, comme vous dites, il ne faut pas que ça se fasse
au détriment des gens qui sont déjà dans l'industrie.
Et,
concernant ça, je voulais revenir sur deux de vos recommandations. La première,
dont vous avez moins parlé, concernant
la perception directe de la TPS et de la TVQ, vous m'excuserez, mais je ne sais
pas exactement comment ça se passe
entre les intermédiaires et les chauffeurs de taxi. Donc, si vous pouvez nous
expliquer cette recommandation-là parce qu'en tout cas, moi, je n'avais pas connaissance de ce volet-là, puis
peut-être que vous pourriez m'expliquer aussi... Je me suis fait dire, et à valider, concernant le
paiement électronique, concernant le paiement électronique avec carte de
crédit, carte de débit, il y a des frais qui
sont exigés par les banques, je crois, de l'ordre de 2 % à 3 % — vous me confirmerez — mais je me suis fait dire que
certains intermédiaires exigeaient jusqu'à 7 % de ces frais-là de la part
de leurs chauffeurs.
Donc, j'ai
peut-être compris, une des résistances qu'il y avait des chauffeurs à utiliser
le paiement électronique. Je voulais savoir ce que vous en pensiez et
comment, vous, vous travaillez du côté de Taxi Hochelaga et de Taxi Téo.
M.
Taillefer (Alexandre) : Oui.
Alors, toutes de bonnes questions. La question des frais, je vais aborder ça
tout de suite, effectivement, il y a beaucoup de joueurs qui chargent des
frais. On a vu jusqu'à 8 %, parce que c'est 7 %, plus TPS, TVQ, donc ça coûte près de 8 %. Quand
nous sommes entrés chez Hochelaga, la première mesure qu'on a mise en place, c'est l'abolition de ces frais-là, qui est
un frein à l'utilisation des cartes de crédit. Je ne vous cacherai pas que
nous avons fait notre Ph. D. taxi 101, 201,
301 depuis les deux dernières années, et on s'est rendus compte naturellement
que c'est une industrie qui fonctionne beaucoup encore avec l'argent comptant.
Donc, il y a
deux raisons pour lesquelles est-ce que les gens ne veulent pas utiliser la
carte de crédit, c'est : un, le 10 000 $,
12 000 $, 15 000 $ que chaque chauffeur peut tirer
annuellement de l'argent comptant et, deuxièmement, le 7 % au niveau des
frais. Alors, ça, c'est très important.
Au niveau
des... Excusez-moi, Mme Ouellet, j'ai noté votre question, mais je ne suis pas
capable de me relire.
Mme Ouellet : ...TPS, TVQ, qu'elle
doit être perçue directement par les intermédiaires.
M. Taillefer (Alexandre) : Oui.
Alors, ce qui est important de comprendre, c'est qu'aujourd'hui il y a un intermédiaire puis il y a... Nous, Téo, on est un
opérateur; chez Hochelaga, on est un intermédiaire. À titre
d'intermédiaire, aujourd'hui, tout ce qu'on
fait, c'est d'offrir un service de dôme, et ces gens-là nous paient
mensuellement pour qu'on leur envoie des appels. C'est eux qui vont
prendre l'argent, récolter l'argent, et une majorité des chauffeurs utilisent
nos plateformes de paiement, mais ils
peuvent prendre des plateformes de paiement tierces. Dans ce cas-là, Hochelaga
ne fait aucune saisie ou retenue de la TPS, TVQ. C'est chacun des chauffeurs
qui doit faire son rapport annuellement.
Et ça,
aujourd'hui, on sait que c'est un véritable casse-tête pour l'ARQ. On parle de
près de 4 000 travailleurs indépendants qui doivent faire leur
rapport trimestriellement, et l'ARQ a déterminé que c'était le prochain secteur
dans lequel on allait implanter de la
MEVisation, donc des mouchards. Dans le cadre de Téo, comme aujourd'hui on
offre un service directement aux
consommateurs et que ce sont nos employés, nous sommes tenus de récolter la
TPS, TVQ et de remettre la TPS, TVQ
au nom des chauffeurs. On pense aujourd'hui que l'industrie du taxi, pour
optimiser la perception de TPS, TVQ,
devrait donner la responsabilité et aux intermédiaires et aux opérateurs de
percevoir la TPS et de la remettre au gouvernement. Inutile de vous dire
que ce serait la même chose pour le taxi amateur.
Mme Ouellet : Oui. D'ailleurs, je trouve que c'est une belle
appellation, taxi amateur. Ça prenait une façon de le dire parce qu'effectivement ce n'est pas du
covoiturage. Donc, taxi amateur, je pense, c'est une belle appellation. Et
vous nous proposez... à la page 9 de 10, on
dit que le crime ne paie pas. Donc, vous proposez une pleine rétroaction parce
que malheureusement le ministre n'a pas fait
cesser les activités illégales d'UberX. Et j'aimerais vous entendre un petit
peu plus concernant cette proposition-là.
M. Taillefer (Alexandre) : Bien, essentiellement, on est en mesure
aujourd'hui de savoir combien de transactions ont été faites dans les
dernières années par UberX. Ces informations-là ont été communiquées par
M. Guillemette la dernière fois à Tout
le monde en parle. Il se vante d'avoir 450 000 courses par mois. On
parle aujourd'hui d'à peu près 10 % du trafic de l'industrie du
taxi qui serait aujourd'hui sur la plateforme UberX. Alors, en utilisant...
Mme Ouellet :
Ces chiffres-là sont exacts?
M. Taillefer (Alexandre) : Bien, il nous a dit 450 000. C'est toujours
un peu flou, là, où ça passe. Une chose est certaine, c'est que c'est probablement au Luxembourg ou en Hongrie, mais
on pense aujourd'hui que le gouvernement devrait, de façon rétroactive, à partir du moment où ils mettent en
place un tarif pour pouvoir opérer du taxi amateur, que ce tarif-là soit
appliqué de façon rétroactive et que la perception de TPS, TVQ qui n'aura pas
été remboursée par les travailleurs autonomes soit la responsabilité
d'entreprises comme Uber.
Le Président (M.
Reid) : Merci. Le temps est écoulé pour l'opposition
officielle. Nous passons au deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Groulx.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, bonjour et bienvenue à
vous trois de Taxelco. Alors, votre mémoire, vous indiquez d'abord que c'est un
aide-mémoire, en fait, et qu'un mémoire plus exhaustif va être remis ultérieurement aux membres de la commission.
Alors, déjà, il y a beaucoup de données, et puis je serais impressionné
d'avoir un mémoire plus exhaustif que ça. Mais pourriez-vous nous en parler un
petit peu des grandes lignes que vous anticipez...
M. Taillefer (Alexandre) : Tout à fait. Alors, ce que nous allons vous
fournir par la suite... et vous comprendrez que, compte tenu du peu de temps qu'on avait pour pouvoir produire ce
document-là, on a aujourd'hui mandaté une firme pour procéder à l'analyse et la récolte de données empiriques par
rapport au taxi amateur. Donc, on va connaître, de façon très précise, les réels salaires horaires des
chauffeurs et qu'est-ce qui se passe aujourd'hui au niveau de la récolte de
TPS, TVQ. On va être en mesure de partager ces informations-là avec vous. On a
également des tableaux économiques, c'est-à-dire
combien est-ce qu'un chauffeur aujourd'hui gagne, pourquoi est-ce qu'aujourd'hui
la valeur du permis est estimée à environ 150 000 $, ce qui
est la limite que les deux financiers reliés à l'industrie du permis ont
établie, c'est-à-dire Fintaxi et Desjardins, qui est la limite à laquelle ces
gens-là étaient prêts à prêter de l'argent.
Alors, on a également
toutes ces données financières là qui vont vous permettre de comprendre ce que
vaut aujourd'hui un permis à Montréal et
pourquoi est-ce que nous sommes arrivés avec un chiffre de 1,10 $ par
course. On n'a pas lancé ça en l'air
en disant 0,10 $, on a calculé c'était quoi, le réel coût, et aujourd'hui
on soumet à la commission un coût de 1,10 $ et on va étoffer ces
données financières là.
M.
Surprenant : Rapidement, vous anticipez de nous soumettre ce mémoire
au complet...
M. Taillefer
(Alexandre) : Vous allez recevoir ça dans les deux prochaines
semaines, donc avant la fin de la commission, sans faute.
Le Président (M.
Reid) : ...qui va s'assurer de distribuer ça aux membres.
M.
Surprenant : Vous indiquez également
que, dans vos objectifs, c'est l'amélioration significative des
revenus des chauffeurs. Pouvez-vous nous en parler un petit peu, s'il vous
plaît?
M. Taillefer (Alexandre) : C'est un excellent point. Je vous dirais que,
pour moi, c'est une valeur fondamentale, qui dicte à peu près tous les investissements
que l'on fait, d'être en mesure d'offrir des conditions salariales décentes
à nos employés, et nous offrons aujourd'hui,
à ces employés-là, un salaire horaire garanti de 15 $ de l'heure.
15 $ de l'heure, c'est à peu
près deux fois ce qu'un chauffeur de taxi fait dans le métier. Et non seulement
est-ce qu'ils ont un salaire de 15 $ de l'heure, mais ils ont
également droit à tous les bénéfices marginaux, incluant deux semaines de
vacances, incluant le RRQ, etc. Alors,
aujourd'hui, si vous parlez aux chauffeurs de Téo, vous allez vous rendre
compte d'une chose, c'est que ces
gens-là ont retrouvé une vie, ils sont en mesure d'être plus proches de leur
famille, et c'est le premier commentaire que tous les chauffeurs Téo
vont vous faire.
Et,
pour nous, aujourd'hui, de faire la promotion d'un service de taxi amateur qui
encourage le nivellement vers le bas
en termes de conditions salariales, qui utilise le vocable de «travailleur
autonome» pour appauvrir toute une classe de la société, pour nous,
c'est totalement inacceptable.
• (13 h 10) •
M. Surprenant :
Dans les données que l'on a, là, vous savez qu'au niveau des permis il y en a
qui sont renouvelables et d'autres qui sont
des permis à terme, là, de cinq ans. Alors, certains proposent de réserver les
permis, donc qui sont non renouvelables, aux exploitants d'applications
mobiles. Quelle est votre opinion à cet égard?
M. Taillefer (Alexandre) : Bien,
écoutez, je pense qu'on va se retrouver aujourd'hui dans une situation où il va
y avoir trop de permis à Montréal. Les permis restreints ont été utilisés dans
un contexte très particulier, qui est le transport
adapté, parce que l'industrie peinait aujourd'hui à mettre en place une
infrastructure pour pouvoir faire le transport de personnes à mobilité réduite. Il va falloir s'assurer que, si c'est
ce genre de décision là qui est prise, ce ne soit pas fait au détriment des personnes à mobilité réduite et du
transport médical. Alors, je doute de la pertinence de cette
proposition-là.
Ceci dit, l'élimination aujourd'hui de, par
exemple, 10 % des permis, qui représente le volume estimé du taxi amateur, nous apparaît plus réaliste. Et ça va
permettre, donc de compenser tout le monde uniformément en diminuant le
nombre de taxis traditionnels. Et là on parle d'un achat de l'ordre de
probablement 66 millions de dollars.
Ce que je
rajouterais par rapport aux permis, c'est que nous sommes convaincus
aujourd'hui que le gouvernement a une
responsabilité par rapport à ces permis-là. Le gouvernement a imposé qu'un
transport payant soit fait en utilisant un permis et le transfert de permis d'une personne à l'autre existe depuis
50 ans. Alors, je pense que l'État a probablement un «liability», excusez-moi le terme anglais, une
responsabilité potentielle supérieure à 1 milliard de dollars si des
mesures visant à réduire la valeur des permis sont introduites.
M.
Surprenant : À la page 7 de votre mémoire, d'ailleurs vous en avez
fait état encore tantôt, au niveau d'un fonds de compensation, donc qui serait une indemnité de 1,10 $ par course
sur une période de 25 ans. Alors, qu'est-ce qui arrive au-delà de 25
ans?
M. Taillefer (Alexandre) : Alors, la
question des permis est une question très complexe, et, à l'intérieur de notre mémoire, on va avoir un chapitre entier à la
proposition qu'on fait par rapport aux permis. On pense que ce qui a été
pris comme décision il y a 50 ans, de
permettre un marché secondaire d'un individu à un autre individu pour le
transfert d'un quota d'une société, n'était peut-être pas la meilleure idée et
aujourd'hui on pense que le rapatriement de ces quotas-là par l'État est probablement une voie qu'il va falloir
envisager. Mais ça ne peut pas se faire de façon financière en un an, parce qu'un chèque de 1,5 milliard de
dollars, c'est beaucoup trop d'argent. On a mis aujourd'hui une solution
en place qui permet le rachat, sur
25 ans, non seulement de quotas qui seraient alloués au taxi amateur, mais
également à tous les autres taxis, et, au bout de 25 ans, les taxis
seraient retournés à la société avec une valeur de zéro dollar.
Le
Président (M. Reid) :
Merci. Il me reste à vous remercier pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux de la commission jusqu'à
15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 13)
(Reprise à 15 h 1)
Le
Président (M. Reid) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans
le cadre des consultations particulières sur le document d'information sur le transport rémunéré de personnes par
automobile. Cet après-midi, nous entendrons les organismes suivants : le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos; le Regroupement des intermédiaires du taxi de Québec, le RITQ; Uber Québec et le Comité
provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi, le
CPCDIT.
Alors,
bienvenue à nos premiers invités du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos, et vous avez une dizaine de minutes pour faire votre présentation.
Je vous demande de vous présenter et présenter les personnes qui vous
accompagnent pour les fins de l'enregistrement, et vous avez donc
10 minutes. À vous la parole.
Regroupement des
travailleurs autonomes Métallos (RTAM)
M. Jugand
(Benoît) : Alors, merci.
Alors, je me présente, Benoît Jugand, porte-parole pour le Regroupement des travailleurs
autonomes Métallos. À ma gauche, on a M. Driss Bouamira, propriétaire de
taxi, chauffeur de taxi et président de Coop
Taxi Montréal; à ma droite, M. Mario Denis, coordonnateur
au Syndicat des métallos, et M. Jocelyn Desjardins, responsable des communications au Syndicat des métallos et
pour le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos.
Le Président (M. Reid) : Vous
avez la parole.
M. Jugand
(Benoît) : Merci, M. le Président. Alors, d'entrée de jeu, ce qu'il
faut mentionner, c'est que le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos
n'est pas contre l'innovation et n'est pas contre les changements. On est contre un modèle d'affaires qui refuse de
se rendre compétitif, comme 170 autres compagnies de taxi québécoises,
contre un modèle qui cache son incapacité à
se rendre compétitif derrière la critique d'un monopole, ce qui est un
manque de respect de nos lois et de notre
société, contre un modèle d'affaires dont la compétitivité repose sur le
non-respect de nos
lois, et on est contre un modèle d'affaires dont la principale innovation est
dans le génie à faire accepter l'illégalité. C'est facile d'être populaire quand on est moins chers et c'est facile
d'être moins cher quand on n'a pas de règle à respecter, c'est facile quand on ne paie pas ses impôts, ses
taxes, ses assurances commerciales, ses permis, sa formation, ses vérifications,
les antécédents judiciaires, les inspections mécaniques, et les entretiens,
ainsi que ses chauffeurs.
Au Québec, on a des
règles. Ces règles existent pour des raisons : contrer l'évasion fiscale,
la tarification spéculative, assurer la
sécurité publique, la confiance des usagers, la qualité de service,
l'amélioration continue et assurer un
revenu de vie décent pour 22 000 pères et mères de famille au Québec. En
juin, la loi a été modifiée pour permettre des projets pilotes. C'était la porte d'entrée réglementaire pour tous
ceux qui s'estimaient trop nouveaux pour tomber sous le coup de la loi. Le ministre, à ce moment, a
accordé quatre projets pilotes par décret. À ce jour, Uber n'a jamais
déposé de projet. La question est :
Pourquoi? Pourquoi n'a-t-il pas déposé de projet jusqu'à présent? Ensuite, ce
faisant, pourquoi faut-il entendre
Uber aujourd'hui et pourquoi sommes-nous ici aujourd'hui devant vous, MM. et
Mmes de la commission? On a déposé un
mémoire en août 2015, à la demande du gouvernement, qui contient 17
recommandations portant sur la modernisation.
On va en déposer un nouveau avant la date limite, cette fois-ci portant sur la
réglementation. On espère que cette fois-ci sera la bonne.
Je
vous résume aujourd'hui nos principales revendications à partir des quatre
thèmes figurant à votre document d'information. Nous y ajoutons une
série de revendications que nous jugeons nécessaires au bon fonctionnement de
l'industrie.
Concernant le
maintien des responsabilités de l'État pour assurer la sécurité des usagers,
nous demandons l'interdiction de transporter des personnes contre rémunération
sans avoir un permis de classe 4C.
Deuxièmement,
l'établissement d'un programme d'évaluation des véhicules-taxis ainsi que d'un
comité de discipline sous la supervision de
la Commission des transports du Québec, un peu comme ça se
fait dans le camionnage avec le programme d'exploitation des véhicules
lourds.
Concernant
l'amélioration des services offerts à la clientèle, nous demandons de rendre la
formation obligatoire à l'ensemble du Québec, de mettre en place un
examen pratique de comportement, de conduite ainsi que de français.
Concernant
la mise en place d'un environnement d'affaires équitable, nous demandons le
soutien gouvernemental pour des
applications mobiles québécoises déjà
existantes. On sait qu'au Québec ce n'est pas vrai qu'on arrive avec une
entreprise qui apporte de l'innovation,
alors qu'on sait très bien qu'on a des entreprises qui, depuis quatre ans,
offrent déjà des services d'application avec paiement intégré.
L'obligation pour
Uber de déposer un projet pilote, tel que prévu à la loi, à l'article 89 de la
loi, l'obligation pour Uber de détenir un permis d'intermédiaire en services de
transport par taxi, nous demandons simplement que la loi soit appliquée.
L'obligation
également pour tous les transporteurs de personnes contre rémunération de
détenir des permis valides, un numéro de TPS
et TVQ et de munir leurs véhicules d'un taximètre. Nous demandons également
l'obligation d'installer un module
d'enregistrement des ventes pour tous les propriétaires de taxi sous l'égide de
Revenu Québec, devant être relié à un
taximètre, une imprimante à reçus et une application mobile permettant le
paiement, autant par carte de crédit, mais également de débit, et
permettant le paiement par argent comptant.
Nous demandons
également l'augmentation des amendes pour toute personne transportant
illégalement des personnes contre
rémunération, c'est-à-dire la suspension du permis de conduire en plus d'une
amende de 1 250 $ pour le conducteur
et une suspension du droit de circuler pour trois mois en plus d'une amende de
2 500 $ pour le propriétaire du véhicule, tel que la loi le
prévoyait en 2002.
Nous demandons
également l'uniformisation des systèmes de contrôle en matière de transport
adapté — je
vais y revenir un petit peu plus loin — ensuite, l'inspection obligatoire des
véhicules pour les transports adaptés. Vous savez qu'actuellement il n'y a aucune règle qui vient régir les
véhicules qui sont modifiés. On a des inspections mécaniques qui se font pour les taxis à tous les six mois,
mais il n'y a aucune règle qui vient faire en sorte qu'on puisse s'assurer
de la sécurité de la clientèle avec les attaches et les modifications qui ont
été faites.
Concernant
l'émergence de nouveaux modèles d'affaires facilitée par l'arrivée de nouvelles
technologies, nous recommandons,
première règle de protection du consommateur, c'est-à-dire le maintien de la
définition du covoiturage dans la
loi. Présentement, la loi sur le transport vient définir le covoiturage et la
loi est claire. Nous demandons, en fait, qu'il n'y ait aucune modification à cette définition. Ce n'est pas du
covoiturage commercial, ni du covoiturage urbain, ni rémunéré. Du
transport rémunéré, c'est du transport rémunéré au Québec.
Nous
demandons également tarif fixe et obligatoire sur l'ensemble du territoire
québécois pour l'ensemble des transporteurs
des personnes contre rémunération. L'affichage obligatoire du tarif fixe et du
permis de chauffeur et de la voiture
pour la clientèle dans chaque véhicule. Également, la possibilité pour la
Commission des transports du Québec de fixer
des tarifs différents par agglomération de taxis et, pour la région
métropolitaine de Montréal, par secteurs d'agglomération ainsi que par blocs d'heure, mais l'interdiction de
spéculer sur les tarifs en fonction de l'achalandage.
Nous demandons également l'affichage obligatoire,
sur tout véhicule de transport de personnes contre rémunération, d'une signature extérieure ou dôme d'identité et
facilement reconnaissable par le public, l'accès obligatoire de l'État
aux données numériques de chacun des transporteurs afin d'éviter l'évasion
fiscale, mesure obligatoire de protection des renseignements personnels issus
de ces données. La vérification des antécédents criminels doit être faite par
un corps policier pour chacun des chauffeurs effectuant du transport rémunéré
de personnes. La reconnaissance de la double responsabilité
du gouvernement dans le marché secondaire, également, des permis, avec
l'établissement des quotas par agglomération,
en fonction des plans de rachat qui ont eu lieu dans les années 80 ainsi que de
la loi qui datait de 2001.
• (15 h 10) •
Nous demandons également la réalisation d'une
étude d'impact économique avant tout changement aux politiques publiques, à la
loi ou à la réglementation existante pouvant avoir un effet sur la valeur des
permis.
Si le gouvernement
souhaite baisser ou abolir les quotas, un plan de rachat, à la valeur actuelle
du marché secondaire, devra être considéré.
Si le gouvernement souhaite maintenir les quotas, les transporteurs illégaux
devront se procurer des permis à la valeur du marché secondaire ou plier
bagage.
Il me reste
peu de temps, alors je vais passer aussi à l'essentiel des autres
recommandations. Donc, nous demandons de
donner un pouvoir étendu à la Commission des transports du Québec afin de
pouvoir suspendre ou révoquer un permis d'intermédiaire en services qui
enfreindrait les règles.
Nous
demandons aussi le principe, à l'État, de ne pas discriminer la clientèle, et
ça, c'est très important. On ne peut
pas se permettre qu'une compagnie choisisse sa clientèle. On fait du taxi, il y
a un tarif qui est prévu, et ça, c'est pour tout le monde. Si on choisit d'offrir seulement un paiement par carte de
crédit, on discrimine parce qu'il y a des gens qui n'ont pas de carte de crédit. Par la suite, si on
choisit de ne pas transporter les personnes à mobilité réduite, c'est de
la discrimination également. On ne peut pas
permettre à une compagnie de décider quel type de clientèle elle veut
desservir.
Alors, je vous remercie.
Le
Président (M. Reid) : Merci beaucoup. Je m'excuse de vous
couper un petit peu, mais vous allez avoir le temps, dans les échanges qui vont suivre, de pouvoir
parler des éléments que vous n'avez peut-être pas eu le temps de nous
donner. Alors, nous allons commencer nos échanges par la partie
gouvernementale. M. le ministre.
M.
Daoust : Oui. Bonjour, monsieur. Bonjour, tout le monde. Ça me fait
plaisir de vous accueillir à l'Assemblée nationale. Écoutez, ce matin, M. Taillefer proposait l'abolition
des agglomérations pour éviter que les véhicules vides reviennent dans leur secteur. Est-ce que vous êtes
d'accord avec cette approche-là? Vous pensez quoi de cette approche-là? Parce qu'actuellement, par exemple, un taxi se
rend dans une autre agglomération, mais il est obligé de revenir vide,
ce qui n'est pas très payant pour ces gens-là. Qu'est-ce que vous pensez de
cette proposition-là?
M. Jugand
(Benoît) : Il est certain qu'il faut optimiser les véhicules pouvant
transporter des personnes. D'avoir le plus
de clients à bord le plus souvent possible et d'avoir le moins de charges à
vide, c'est ce qui est intéressant. Par contre, lorsqu'on parle des
agglomérations, je pense qu'il serait sage de la part du gouvernement, avant de
prendre une décision, de mener une étude
réelle sur l'état de l'offre et de la demande au Québec, de savoir si,
exactement, dans les agglomérations, est-ce
qu'elles doivent être revues, est-ce que les quotas qui sont fixés devraient
être revus également.
Et est-ce
qu'on ne pourrait pas, en fonction des nouvelles technologies qui sont
disponibles maintenant, outiller le gouvernement
pour faire un suivi en constance sur l'état de l'industrie du taxi pour
permettre à une organisation comme la Commission
des transports du Québec de pouvoir réviser un peu ces territoires puis les
lieux où on va prendre la clientèle?
M.
Daoust : Oui. Alors, est-ce que je comprends qu'il y a des quotas qui
ont été établis... En fait, j'appelle ça une gestion de l'offre, je pense, c'est un peu le terme qu'on
utilise tous. La gestion de l'offre où on a à peu près 8 500
taxis, ça ne peut pas être, dans votre esprit, quelque chose qui est stagnant,
quelque chose qui est fixe. Ça évolue en fonction des populations.
Et, à ce moment-là, est-ce que, dans votre analyse
que vous faites, parce que vous êtes très près de l'industrie, est-ce
que vous considérez, de toute façon, que le
nombre de quotas qui sont disponibles actuellement ou de permis qui sont
disponibles, c'est suffisant, qu'il en manque, qu'il y en a trop? Votre
perspective dans ça, c'est quoi actuellement?
M. Jugand
(Benoît) : C'est sûr et certain qu'on entend... dans l'industrie, on
entend deux choses, hein? Il y a des endroits
où il y a une sous-représentation du taxi et il y a des endroits où il y a une
surreprésentation. Alors, de revoir les quotas, oui, il faudrait les revoir, mais ce qu'il faut penser, ce qu'on
mentionne, c'est qu'il ne faut pas abolir ces quotas-là non plus. On
s'assure, dans le fond, d'une gestion de l'offre qui est optimale pour la
population.
Et on ne veut
pas arriver non plus dans un cadre où on pourrait penser à déréglementer, se
retrouver, par exemple, sur l'île de
Montréal, où on a 4 400 taxis, rajouter 3 000 véhicules. Qu'est-ce
qui arrive dans un contexte où on est... Dans un contexte de mobilité durable, au niveau écologique, est-ce que c'est
sain d'avoir 3 000 véhicules de plus qui circulent pour aller chercher la même clientèle, parce qu'on
parle de la même pointe de tarte? Et là il faudrait se poser des
questions. On augmente le nombre de
véhicules-taxis qui circulent à vide pour aller chercher une clientèle. On a un
nombre de courses moyen, peut-être, à 15 courses par jour, entre 15 et
20 courses par jour, mais, si on double le montant, on tombe à sept courses par
jour. Alors là, à ce moment-là, est-ce que c'est optimal? Je pense qu'il y a
vraiment une révision de fond qui doit être faite par rapport à ça.
M.
Daoust : Maintenant, dans l'industrie du taxi, vous savez, l'industrie
du taxi se modernise, se raffine, et tout ça, mais il y a eu et il y a
encore des critiques sur la qualité de service qui est rendu. On parle souvent
d'automobiles, par exemple, où le chauffeur
est au téléphone, on parle d'automobiles qui ne sentent pas nécessairement très
bon, on parle d'automobiles où les suspensions sont affaissées.
Je comprends que le gouvernement peut réglementer
ces choses-là, mais vous ne pensez pas que l'industrie, par elle-même, doit
s'imposer des normes de qualité? J'aimerais vous entendre aussi sur ça.
M.
Jugand (Benoît) : Je pense qu'il y a deux choses par rapport à ça. Il
y a un premier aspect qui est sur la qualité des services. Si on prend
un exemple à Montréal, puis, en fonction des données qu'on a, on sait qu'il y a
environ 27 millions de courses qui sont faites par année et qu'il y a 600
plaintes qui sont portées au bureau du taxi et que les policiers ne répertorient pas nécessairement un grand nombre de
plaintes. Alors, des véhicules sales, oui, il y en a, mais je pense qu'il y a eu des
gros pas en avant qui ont été faits par l'industrie. On parle de modernisation,
on a des véhicules électriques qui rentrent.
Alors,
oui, il y a un aspect qui devrait être travaillé. Est-ce que c'est
l'intervention de l'État que qui va régler tout ça? La réponse est non. La proposition qu'on a par rapport à ça, et
c'est une proposition qu'on a faite auparavant également, c'est qu'on
pense qu'il y a un chaînon manquant dans tout l'écosystème de l'industrie du
taxi, c'est une association professionnelle qui serait capable de représenter
les chauffeurs, mais aussi de faire en sorte qu'on puisse aider le gouvernement à mettre en place des nouvelles
mesures. Ça existait auparavant, il y avait des ligues de taxi. Il y a eu
une proposition qui avait été faite pour une association professionnelle.
Mais
maintenant, si l'État veut s'asseoir avec les gens de l'industrie, avec les
chauffeurs, les propriétaires, encore faut-il
qu'on ait un interlocuteur qui soit là capable de parler et qui soit
représentatif des chauffeurs et des propriétaires, d'investir de
l'argent et des sommes d'argent de la part de l'industrie. Il faut être
capables de pouvoir réunir tout ce monde-là à l'intérieur et de faire en sorte
qu'on ait un message qui soit cohésif tout le monde ensemble.
M.
Daoust : Mais il existe actuellement des regroupements de taxis. Il y
en a à Montréal. Il y a des regroupements qui sont représentés, je pense au Regroupement des intermédiaires du
taxi de Québec, qui vont vous suivre. Est-ce qu'il n'y a pas... ce
rôle-là n'est pas déjà un peu assumé par ces organismes-là?
M.
Jugand (Benoît) : En fait, ce qui est arrivé, c'est qu'avec
l'abolition des ligues au début des années 2000, il y a eu plusieurs regroupements qui se sont formés. Ce
qu'il est important de savoir, c'est qu'il y a trois acteurs dans
l'industrie du taxi, c'est bien
défini : on a des compagnies de taxi connues sous le nom d'intermédiaires
en services, on a des chauffeurs et des propriétaires.
Maintenant,
tout l'aspect chauffeurs et propriétaires, il y a eu cessation de
représentation et il y a plusieurs petits groupes locaux qui se sont formés. Il y a eu aussi de la représentation.
Le RITQ a sa raison d'être comme le CPCDIT, qui est un autre groupe aussi, mais il représente les intérêts des
compagnies de taxi. Les chauffeurs et les propriétaires, ce sont eux qui vont investir dans les nouveaux véhicules.
Ce sont eux qu'on doit sensibiliser pour avoir des véhicules propres
puis ainsi de suite, et ça, ça devrait être le rôle d'une association
professionnelle qui ferait en sorte qu'on enlève un peu de poids sur les épaules de l'État et du ministère des Transports et on
le prend chez nous. On va établir des standards de qualité pour aider, justement, à répondre aux
besoins de la clientèle, et c'est clair que c'est l'élément qui est
manquant.
Et je suis heureux de vous annoncer aujourd'hui et
de profiter de votre question pour annoncer que le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos, depuis les
derniers mois, a su regrouper la majorité des associations qui
représentaient des chauffeurs et des
propriétaires. Tout le monde a décidé de s'unir ensemble pour qu'on parle d'une
seule voix, et ils ont choisi, de façon volontaire, le Regroupement des
travailleurs autonomes Métallos.
M.
Daoust : Alors, j'accueille bien ça, mais ce que je veux que vous
m'expliquiez peut-être un peu plus, c'est que, dans les milieux professionnels, on voit souvent, je pense au
Collège des médecins, je pense au Barreau, des organismes d'autoréglementation, des organismes qui prennent
l'initiative de s'assurer que cet ordre professionnel là, que ce
regroupement-là — dans
le cas, ce serait des travailleurs autonomes, je présume — ce
regroupement-là va suivre des standards de qualité que l'organisme imposerait,
pas que le gouvernement devrait... en fait, qui pourraient être supérieurs à ce que le gouvernement s'attend. Les
ordres professionnels fonctionnent souvent de cette façon-là. J'aimerais
aussi vous entendre sur ça, monsieur.
• (15 h 20) •
M. Jugand
(Benoît) : Bien, on le prend comme une proposition, et ça cadre
exactement dans la vision du Regroupement
des travailleurs autonomes Métallos. Vous savez, on a déposé un mémoire, le
14 août dernier, lorsqu'on nous
a posé des questions sur la modernisation. Il y a 17 recommandations qui ont
été faites, et, dans ces recommandations-là, ce qu'on mentionnait
également, là, c'est que c'est notre rôle en tant qu'association. Tout ce qu'on
a besoin, c'est la reconnaissance, par
l'État, de notre association. Par la suite, c'est notre rôle de
s'autoréglementer, effectivement, et de faire en sorte qu'on établit des standards plus élevés pour la
clientèle. Vous savez, c'est la clientèle qu'on doit desservir et qu'on doit bien servir. On doit développer des
nouveaux marchés, mais, pour faire ça, il faut qu'on ait des moyens
aussi pour le faire. Et, pour faire en sorte
qu'on soit capables de présenter des beaux projets qui sont mobilisants pour
l'ensemble de la société, bien, il faut
qu'on commence par se regarder nous-mêmes puis qu'on se réunisse, tout le monde
ensemble, au sein de la même industrie pour
être capables de décider quel est le projet qui devrait être le plus poussé ou
le projet novateur pour lequel une industrie ou une entreprise qui est à
l'extérieur n'aurait peut-être pas les moyens de développer.
Et j'en profite
peut-être pour prendre un petit 30 secondes. Dans la ville où j'habite, je ne
veux pas faire la promotion, mais, à Sainte-Julie, il y a
un concept, on appelle ça Taxi 12-17, bien, c'est du transport pour des
adolescents. Ça coûte 5 $, ils se font promener un peu partout sur
le territoire. On sait que nos
enfants sont en sécurité, et, personnellement, je trouve que c'est une idée qui est géniale. Malheureusement, la compagnie qui l'a mise en place n'a peut-être pas les
moyens de la développer. Bien, si on est capables de bâtir et de prendre ces
idées-là, qui viennent d'un peu partout aussi
en région, et de les concentrer, et d'en faire des projets porteurs pour
l'ensemble, bien, je pense que c'est l'ensemble de la société qui en
profiterait.
M. Daoust :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le ministre. M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci,
M. le Président. Tout à l'heure, je vous entendais parler d'études d'impact économique avant
tout changement technologique. Expliquez donc c'est quoi, votre vision de ça,
là,
M.
Jugand (Benoît) : Bien, ce
qui est aberrant ces temps-ci, hein... puis on a des interventions qui se font,
et c'est dans les médias. On prend un exemple... et on s'était promis
qu'on ne parlerait pas d'Uber. Nous autres, notre but aujourd'hui, ce n'est pas
de parler d'Uber, mais on va prendre l'exemple d'Uber.
Dans
la tête des gens, là, ils font 300 000
courses par mois, ils ont 8 000 chauffeurs. Qui dit ça? Est-ce qu'on
a des données, des données dures? Est-ce que
le gouvernement, lorsqu'il doit prendre des décisions, doit se fier à une
entreprise qui fait un marketing qui est
excellent ou du folklore, ou on va se baser sur des données réelles pour
établir les besoins de notre société ici, au Québec? Alors, de faire une
étude, maintenant la technologie le permet. Avant, on n'avait pas ça, hein? Les compagnies de taxi, on prenait des
appels, il fallait qu'il y ait... c'était gribouillé peut-être sur un
document, bon, on a reçu 50 000 appels, 100 000 appels. Là, après,
les ordinateurs sont arrivés.
Mais
là on a un système qui, quasiment en temps réel, et avec peut-être l'Agence de
revenu du Québec, pourrait être développé pour établir vraiment quels
sont les besoins en matière de transport rémunéré de personnes. Il y a
peut-être des endroits au Québec qu'on ne soupçonne même pas où il y a des
besoins qui ne sont pas comblés, il y a peut-être
d'autres endroits où c'est surreprésenté. Et, avant de prendre une décision,
avant de coucher dans une loi qu'on va autoriser tel ou tel type, qu'on
va ouvrir des agglomérations, qu'on va donner des permis supplémentaires, on
peut-u commencer par regarder la base? On peut-u se fier sur un document avec des
données dures pour lesquelles on va être capables de prendre une
décision correcte? Et ça, je vous dis, le Regroupement des travailleurs
autonomes Métallos est tout à fait ouvert pour collaborer en ce
sens avec le gouvernement, fournir toutes les informations que vous avez de besoin, et ça, je pense
que c'est la base même d'une prise de décision qui est saine.
Le Président (M.
Reid) : Merci. M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Écoutez, moi, j'aimerais ça vous entendre sur les cours
de formation obligatoires que vous
préconisez développer pour l'ensemble
des propriétaires et conducteurs, puis je comprends qu'il y a toute une série d'éthique et, j'imagine,
d'hygiène, etc. Donc, j'aimerais ça vous entendre un peu plus là-dessus pour,
en fait, protéger mieux le public.
M.
Jugand (Benoît) : Bien, vous l'avez bien mentionné, l'objectif de la
loi, c'est quoi, c'est la sécurité du public et le service à la clientèle. Alors, il faut s'assurer que, lorsqu'on
incite les gens à venir faire du transport rémunéré de personnes, hein...
Devenir chauffeur de taxi, on a deux choix : on en fait un «sideline» où
on prend quelqu'un, M., Mme Tout-le-monde, qui va se promener d'un coin
de rue à l'autre avec aucune formation, avec un service qui va être en fonction de la personne; ou on incite
les gens, hein, à intégrer le marché du transport rémunéré de personnes
et on fait du métier de chauffeur de taxi
une profession qui est reconnue et pour laquelle on est capable d'établir des
standards de qualité. Et, lorsqu'on augmente
la qualité, on développe une formation.
Ça peut être une attestation d'études collégiales, ça peut être un
cours un peu plus poussé qui peut être fait.
Mais, naturellement,
on a un problème ici, au Québec, hein, qui est grandissant, on en entend tous
parler : le vieillissement de la population, l'augmentation du nombre de
personnes à mobilité réduite. Bien, la personne qui est à Val-d'Or a besoin
d'une qualité de service au même niveau que quelqu'un qui est à Montréal, et on
ne peut pas se permettre ici, au Québec,
d'avoir des citoyens de deuxième ordre, qui sont mal desservis parce qu'on décide de dire : Vous n'aurez pas de formation.
Et, au niveau des
chauffeurs et des propriétaires, vous savez, ce sont des gens fiers. Ils sont
fiers de travailler dans le taxi et ils sont
fiers de transporter des gens. Alors, on veut faire en sorte que ce métier-là
soit reconnu et qu'au lieu d'assouplir les règles, ce qu'on dit,
c'est : Mettons des balises simples, et, lorsqu'on veut devenir un
chauffeur de taxi, ce n'est pas un emploi
entre deux. On veut que ça devienne une profession. Il faut prendre soin de nos
aînés, il faut prendre soin des jeunes, il faut prendre soin de toutes
les clientèles qui sont transportées à bord d'un véhicule-taxi.
Le Président (M.
Reid) : Merci. Je pense que M. le député de Dubuc voulait
réagir tout à l'heure, alors à vous la parole.
M. Simard :
Je ne voulais pas réagir, j'avais une autre question, M. le Président, parce
que vous avez un problème majeur, la
clientèle le dit, lorsqu'il y a des événements spéciaux. Parlons, étant donné que c'est à Montréal, le Grand Prix de Montréal. Tout le monde
est en attente d'un taxi, semble-t-il que c'est extrêmement grave.
Maintenant, est-ce
que vous seriez... j'imagine que vous avez des demandes là-dessus, qu'il y ait
des permis particuliers ou des permis temporaires pendant ces périodes de grand
achalandage.
Le Président (M.
Reid) : Il vous reste 20 secondes.
M.
Jugand (Benoît) : En 20
secondes, je ne suis pas d'accord avec le fait d'émettre des nouveaux permis.
Je pense qu'il faut gérer l'offre,
et, si on avait une application unique au Québec et qu'on était
capables, dans des circonstances particulières,
de décloisonner peut-être certaines agglomérations, on pourrait faire en
sorte que les gens qui vivent de ce métier-là puissent converger à un
endroit où il y a un besoin.
Le
Président (M. Reid) : Merci. Alors, nous passons maintenant à
l'opposition officielle. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Merci, M. le Président. Bien, dans un premier temps, bienvenue, MM.
Denis, Jugand, Bouamira et Desjardins.
Donc, merci pour votre présentation, et je suis allée chercher, d'ailleurs, le
rapport que vous avez déposé le 14 août 2015 et j'aimerais peut-être
revenir sur quatre points de votre présentation.
Justement, ce que
vous venez de parler, donc soutien gouvernemental pour une application mobile,
parce qu'effectivement c'est beaucoup
de ça dont il est question, les gens associent beaucoup
Uber à l'application mobile, alors qu'il y a
aussi le taxi illégal, et je sais qu'il
y a déjà des applications mobiles
qui se sont développées avec Taxis Coop, Taxi Diamond.
Mais
moi, je me disais, personnellement, si, par
exemple, à Montréal,
chaque compagnie développe son application mobile, on n'aura pas la vision globale de ce qui se passe, et
j'aimerais donc vous entendre sur le concept d'une seule application mobile pour l'ensemble du territoire
du Québec. Et je pense que l'exemple qu'a soulevé le député
de Dubuc est un bel exemple, je pense, d'amélioration que ça pourrait
donner.
M.
Jugand (Benoît) : Bien,
merci. Le concept d'application unique au Québec, Mme Ouellet, vous
l'avez bien mentionné, on a ici, au Québec,
des compagnies qui vont se livrer compétition. Elles vont investir des sommes
d'argent importantes dans une application. Par contre,
c'est une question de marketing. Alors, lorsqu'on arrive dans un
concept d'application unique, on répond aux besoins de la population. Il y a
une mise en marché qui peut être faite de façon commune, sans avoir à faire en
sorte que les compagnies, les intermédiaires en services perdent leur identité.
À
titre d'exemple, une application unique pourrait être introduite au Québec,
où le client qui ne sait pas avec quelle compagnie faire affaire ou le touriste qui arrive ici, au Québec,
qui dit : Moi, je ne connais pas une compagnie, je veux avoir le taxi le plus près et qui est capable de
répondre à mon besoin, j'appuie sur le bouton. Par contre, si je suis un
client fidèle à une compagnie de taxi, bien, je pourrais avoir l'option
d'aller chercher cette compagnie-là.
Alors,
ce n'est pas de faire en sorte qu'on détruit le marché compétitif, mais on
offre à la clientèle une façon de répondre
à leurs besoins, mais de façon uniforme partout au Québec,
avec une capacité de paiement, autant par carte de crédit, carte de débit et argent comptant, et là
on met à contribution 8 000 taxis au Québec
et 22 000 travailleurs, tout
le monde ensemble. Ça vous fait un gros pool, dans le fond, de transporteurs
rémunérés qui sont des professionnels et qui seraient capables de répondre
à cette offre-là au lieu de mettre tout le monde en compétition pour
développer, savoir qui a l'application la meilleure.
On peut-u prendre
qu'est-ce qui se fait de bien ici, au Québec? On a des bonnes personnes au Québec,
qui innovent beaucoup, qui ont investi beaucoup
d'argent. On pense ici, à Québec, dans la capitale, il y a Taxis Coop
Québec qui a mis en place une application
qui est géniale. Bien, cette application-là, on peut la prendre, on peut
l'étendre, comme Taxi Diamond a mis en place une application qui est
géniale, également. Alors, la clientèle qui voudrait faire affaire exclusivement avec une compagnie de taxi pourrait
aller chercher cette application-là, mais, comme société, je pense qu'on
a les moyens et qu'on a la capacité de se doter d'une application pour
téléphone intelligent et qui répondrait à tous les besoins.
• (15 h 30) •
Mme Ouellet : Et avec une seule application comme celle-là, là, vous prenez vraiment
le point de vue client, que, lui, sa
volonté, c'est d'avoir un service de taxi, souvent peu importe la compagnie. Donc, vous simplifiez la vie au client, mais, je dirais, vous simplifiez aussi la vie aux
chauffeurs propriétaires qui ne sont
pas nécessairement à l'intérieur d'une compagnie, qui pourraient eux
aussi bénéficier d'une plateforme électronique pour cellulaire. Et j'imagine
que vous accepteriez, vous me le
confirmerez, à l'intérieur de cette plateforme électronique, que le paiement
soit direct, donc que la carte de crédit passe par l'application mobile
et non pas à l'intérieur, là, du taxi.
M.
Jugand (Benoît) : Exactement. Quand on parle qu'on est en faveur de
l'innovation, il faut faciliter le lien entre le client, et le
chauffeur, et la façon de payer. Alors ça, tout à fait, et il y a moyen de le
faire ici même, au Québec.
Mme Ouellet : Deuxième volet, c'est le module d'enregistrement des ventes relié à
Revenu Québec. J'aimerais ça vous
entendre un petit peu plus sur ce volet-là parce que ça me semble quelque chose
de quand même assez important. On a fait
des réformes importantes dans l'industrie de la restauration, dans l'industrie
des bars, et là ce que vous proposez, c'est de l'introduire aussi dans
l'industrie du taxi. Je pense que ça permettrait d'uniformiser aussi certaines
pratiques.
M.
Jugand (Benoît) : Bien, quand on parle justement du module
électronique des ventes, on sait que ça fait déjà plusieurs années qu'on
a des rencontres, les différents responsables de l'industrie avec Revenu
Québec, et ce qu'on a toujours mentionné, c'est qu'on n'est pas fermés à cette
idée-là. Par contre, avec les revenus qui sont tirés de cette introduction-là de modules électroniques de
ventes, autant qu'on protège la population, hein, parce qu'on a un reçu,
on a accès à tout, on vient confirmer le
fait que les chauffeurs de taxi, les propriétaires de taxi sont des bons
citoyens corporatifs et qu'ils ne
font pas d'évasion fiscale, mais il y a un moyen aussi peut-être d'aller
chercher une portion de ces sommes-là pour la réinvestir dans
l'industrie du taxi afin qu'on puisse développer des projets qui sont
innovants.
Alors,
il y a une mécanique qui pourrait être mise en place, où, au lieu d'aller soutirer ou quêter de l'argent,
bien, au sein même de l'industrie, on réinvestit à même cette industrie-là pour
développer des nouveaux projets.
Mme Ouellet : Mon troisième point concernait justement la question des tarifs. Vous
avez marqué une ouverture pour que la Commission des transports du
Québec puisse avoir des tarifs différents. Ce matin, nous avions Taxelco et nous avons eu l'exemple,
là, du jour de l'An, où effectivement les chauffeurs de taxi n'ont pas un tarif
différencié même les jours fériés. C'est dans les rares travailleurs qui
n'ont pas de salaire différencié les jours fériés.
Est-ce que, pour
vous, ce serait une façon d'inciter ou de favoriser une plus grande disponibilité
de l'offre, justement, ces jours fériés là
en ayant une possibilité que le tarif... mais tout en étant encadré, là, par la
CTQ, de favoriser à ce qu'il y ait plus d'offre de taxi ces jours-là?
M.
Jugand (Benoît) : Une offre tarifée réglementée, oui, modulable, oui,
mais pas basée sur l'état de l'offre et de la demande. Créer de la surenchère et faire en sorte qu'on vole la
population, ça, on n'est pas d'accord
avec ça, mais de faire en sorte qu'il y
ait un tarif qui soit fixé de jour,
de nuit, et que le gouvernement, via la Commission
des transports ou toute autre entité
qui pourrait être envisagée, mais actuellement c'est la Commission des transports,
qu'elle autorise la modulation de tarifs
de cette façon-là, oui. On va stimuler les gens dans l'industrie du taxi. S'il
y a des périodes, et vous l'avez très bien mentionné, où on a moins d'achalandage, où on a des journées fériées où
on pourrait avoir une baisse de l'offre de service, bien, que ces
tarifs-là soient annoncés.
Ce
qui est important, c'est qu'il ne faut pas prendre la population en otage. Il
ne faut pas qu'on se retrouve avec une situation
où, comme compagnie, la compagnie A décide de charger x montant, la B, c'est un
autre montant puis ainsi de suite. La
population est en droit de savoir quels sont les tarifs qui sont chargés au
kilomètre, au temps d'attente puis ainsi de suite, mais ça peut être en
fonction des régions, ça peut être en fonction des agglomérations, ça peut être
en fonction également des heures du jour ou des journées fériées, mais pas en
fonction d'un algorithme qu'on ne contrôle pas.
Mme Ouellet : O. K. Et dernière question parce que c'est quand même... D'ailleurs,
j'ai fait un point de presse sur ce sujet-là dernièrement, sur le
transport adapté parce qu'on sait qu'au Québec actuellement, avec les baisses
de financement, c'est de plus en plus difficile, et donc je voulais vous
entendre, quand vous parliez d'uniformisation du contrôle pour le transport
adapté, votre vision du transport adapté avec les taxis.
Le Président (M.
Reid) : Très rapidement.
M. Jugand
(Benoît) : Très rapidement. Il y a deux choses. Premièrement, on sait
que, lorsqu'on modifie un véhicule, hein, on
apporte des changements qui sont majeurs à un véhicule, on va mettre
25 000 $ d'investissement pour pouvoir accueillir des personnes à mobilité réduite, il n'y a aucun
contrôle actuellement qui est fait et qui nous permet de garantir la
sécurité autant de nos chauffeurs que de la population. Ça, c'est aberrant. Il
faut que ça soit corrigé.
Et,
lorsqu'on parle de favoriser le développement, les personnes à mobilité réduite
ont des droits et doivent être transportées
par tous, et on doit s'assurer qu'à l'intérieur des taxis on puisse respecter
cette clientèle-là. Et actuellement, je pense qu'on n'a pas les moyens
pour le faire correctement, et l'État n'a pas les règles appropriées.
Le Président (M.
Reid) : Merci. Nous passons maintenant au deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, messieurs. Une
petite question de précision. Vous avez parlé tantôt, là, de Taxi 12-17,
dans une ville sur la Rive-Sud, dont je n'ai malheureusement pas noté le nom...
Une voix :
Sainte-Julie.
M.
Surprenant : Sainte-Julie, merci. Pourriez-vous me dire en quoi
consiste le fonctionnement de Taxi 12-17?
M.
Jugand (Benoît) : Taxi 12-17, c'est des adolescents, hein, âgés entre
12 et 17 ans. Ils vont s'inscrire à la ville, il y a une entente
avec la ville de Sainte-Julie, et, lorsqu'ils sont inscrits et qu'ils appellent
un véhicule taxi, ils ont un tarif fixe. Ça
coûte 5 $ pour être transporté, peu importe où à Sainte-Julie, mais il y a
aussi Les Promenades St-Bruno, ils peuvent se rendre à un centre de ski.
Alors, pour nous,
comme parents, et là je parle personnellement comme parent, je me sens beaucoup
plus en sécurité d'envoyer mon fils se faire
transporter par quelqu'un que je suis capable d'identifier. S'il y a une
problématique, je suis capable d'appeler la
compagnie, de savoir qui était le chauffeur puis ainsi de suite, et surtout que
c'est chapeauté par la municipalité. Alors, c'est génial comme concept.
M. Surprenant : Et donc on parle donc de compagnies de taxis,
bien entendu, à ce moment-ci, puis la municipalité, donc, compense pour
une différence de coûts ou...
M.
Jugand (Benoît) : La municipalité va compenser, pour la différence de
coûts, la compagnie de taxis, mais le client va payer un montant fixe,
un peu comme dans le domaine du transport collectif.
M.
Surprenant : O.K. Alors, on sait que justement les adolescents ou les
jeunes adultes, là, sont, plus que les aînés, là, à l'aise avec tout ce qui est Web et plateformes. Alors, est-ce
qu'il y a des applications que vous jugez intéressantes et bonnes au niveau du fonctionnement, contrairement
aux prétentions sur certaines autres, là? Est-ce qu'il y en a que vous
trouvez quand même intéressantes au niveau de leur fonctionnement?
M.
Jugand (Benoît) : Je me retrouve à faire un peu la promotion de
certaines applications, là, mais je vais vous en mentionner une qui me vient tout de suite à l'esprit : Tag Taxi.
Tag Taxi, c'est développé par une entreprise québécoise. Ce sont des Montréalais qui développent une carte,
et que la carte, où on a les rues, c'est beaucoup plus évolué que ce qu'on peut comparer avec Google. On a le sens des
rues, les gens vont annoter puis ainsi de suite. C'est une carte qui est
très dynamique, et on a une possibilité de paiement.
Tout existe
déjà. Uber n'a pas inventé la roue et Uber n'invente pas un nouveau service. Il
utilise une nouvelle définition qu'on appelle covoiturage urbain,
covoiturage... Il y a plein de définitions pour le covoiturage, mais, à ce moment-là, ce n'est pas du covoiturage. Tag Taxi
le fait légalement. Alors, c'est une belle entreprise du Québec qui le
fait.
Coop taxis
Québec, ici, dans la capitale, a une application qui est géniale et qui permet
le paiement également. On a plusieurs compagnies aussi qui ont développé
leur propre application, on pense à Taxi Coop Montréal, on a Taxi Diamond, Taxis Coop de l'ouest, taxi Coop de
l'est. Et là ce qui arrive, c'est que ce sont des grosses compagnies
avec des marchés avec des forts volumes. Si
on était capable de prendre une de ces idées-là et de la bâtir pour que
l'ensemble des citoyens du Québec puissent y avoir accès avec une
entreprise québécoise... On ne parle pas d'une entreprise qui est capitalisée avec 50 milliards de dollars
qu'on a de besoin ici, au Québec, pour venir nous montrer comment faire
notre job. On est capable de la faire déjà, et ça fait quatre ans qu'on la fait
ici.
M.
Surprenant : Au niveau d'autres plateformes que vous aimez moins,
disons, pour ne pas les nommer puis eu égard
à ce que vous venez de dire au niveau de Taxi 12-17 puis de Tag Taxi et autres,
la prétention... en fait, la perception qu'on pourrait avoir, c'est que tous ces systèmes-là amènent plus de
gens à utiliser le transport par accompagnement. Ce que, enfin, je vous
pose comme question : Est-ce que la conséquence n'est pas d'amener plus de
clients, ultimement, à l'industrie traditionnelle du taxi? Donc, il n'y a pas
un côté positif à ça?
• (15 h 40) •
M. Jugand
(Benoît) : L'industrie du taxi fait partie intégrante du cocktail
transport. Souvent, l'industrie du taxi a été critiquée comme quoi on était à part. Bien, vous savez quoi? Le
métro, l'autobus, le vélo, les piétons et le taxi font partie d'un
écosystème qu'on appelle le cocktail transports, et ça, il faut être capable de
développer cet écosystème-là pour faire la lutte aux véhicules solo. Je pense
que c'est ça qui est le grand enjeu, la lutte aux véhicules solo.
Mais on n'a
pas besoin, et je le répète, d'une multinationale qui arrive ici avec des
nouveaux concepts puis qui vient nous expliquer qu'au Québec on n'a pas
le pas puis qu'ailleurs dans le monde il n'y a pas personne qui a le pas. Écoutez,
on est avant-gardistes ici, au Québec.
Il faut saluer les avancées qui sont
faites. Le cocktail transport, là, on n'a rien à envier aux autres, là, ailleurs, là. Je peux vous dire que, si on était capable
de l'optimiser, on arriverait avec beaucoup de succès. Et on a des sociétés comme la Société de transport de Montréal qui est saluée partout à travers le
monde parce qu'ils sont innovants puis ainsi de suite.
Le taxi est complémentaire aux sociétés de
transport. Vous savez, le taxibus, un peu partout, ce n'est pas tout le monde
qui a les moyens de payer des autobus, on utilise des taxisbus. On utilise des
taxibus aussi à des endroits où il y a une
sous-représentation. Au lieu de payer un autobus, avec un chauffeur d'autobus,
qui peut accueillir 50, 60 passagers, bien, quand on est sur une ligne
de nuit, on peut-u mettre des taxis pour faire ce qu'on appelle la run de lait? Bien, à ce moment-là, c'est faisable, et ça
se fait actuellement, et c'est ça qui est intéressant. On a juste à
prendre le pool de véhicules et l'optimiser.
Le Président
(M. Reid) : Merci. Malheureusement, le temps est épuisé. Alors,
au niveau des députés indépendants, nous avons une enveloppe de trois
minutes. Je vous rappelle que c'est trois minutes. M. le député de Mercier, à
vous la parole.
M. Khadir : Oui, je sais
bien, c'est toujours mon triste sort, trois minutes. Merci de vous présenter
ici. Il y a un argument qui est séduisant, qu'utilise justement Uber et pour
lequel s'interroge mon collègue. Je voudrais juste emmener cet argument qui voudrait que ça augmente simplement la demande
et que tout le monde en bénéficie. Bien, il y a des endroits où Uber s'est implantée depuis plus longtemps, comme
à San Francisco, où la démonstration a été faite... Le San Francisco Herald, depuis déjà fin
2014, a publié une série de rapports qui montrent qu'en fait ce n'est pas
vrai, cet argument qui a été utilisé pour
rassurer les chauffeurs de taxi, qu'en fait le marché va rester égal pour vous,
ce n'est pas vrai. Deux tiers de
leurs courses, ils l'ont perdu à San Francisco. Déjà, fin 2014, là, il y a une
réduction de 65 % de l'utilisation des taxis. Donc, c'est juste un
déplacement vers une entreprise qui délocalise les bénéfices, délocalise même
les flux financiers, pas juste les bénéfices, le flux financier.
Maintenant,
donc, vous avez, M. Jugand, énuméré toutes les ouvertures que vous avez et, je
dirais, les innovations qui sont
déployables. Vous avez parlé des plateformes, vous avez parlé des services à
des clientèles particulières, le 12-17, vous avez parlé des runs de nuit. On peut imaginer aussi simplement les
trajets, les longs trajets où on peut prendre le taxi collectif même dans des centres urbains, mais vous
avez parlé quand même qu'il y a un rôle important que vous voyez dans la
consolidation d'une association de professionnels, une reconnaissance
professionnelle qui améliorerait beaucoup l'industrie et son service.
Pourriez-vous en parler davantage?
M. Jugand (Benoît) : L'industrie,
les chauffeurs, les propriétaires sont rendus à l'étape où ils sont prêts à se prendre en main. Ils ont décidé de faire confiance
au Regroupement des travailleurs autonomes Métallos pour les représenter, mais pour les aider aussi à
développer l'offre de services, à aider aussi, avec les parlementaires, pour trouver des nouvelles solutions qui sont
innovantes. Tout ce qu'on a de besoin actuellement, là, c'est une
reconnaissance par l'État.
M. Khadir : O.K. Donc, de manière
réglementaire, qu'est-ce qu'il faudrait que nous fassions dans la
réforme de la loi pour ça?
M. Jugand
(Benoît) : Bien, dans la réforme de la loi, là, tout simplement
reconnaître qu'on peut avoir une association
professionnelle au sein de l'industrie du taxi, reconnue pour les chauffeurs et
les propriétaires, et que le RTAM soit
reconnu comme l'association. Ensuite, il y a une cotisation aussi qui vient
avec l'association professionnelle, basée sur un système comme ça
existait auparavant. Écoutez, on n'invente pas la roue, là, en 2001, ça
existait, en 2005.
M. Khadir :
Oui, ça existe pour les avocats, pour les médecins, pour les comptables, les
notaires.
M.
Jugand (Benoît) : Voilà. Le métier de chauffeur est une profession. Il
faut le reconnaître comme profession, il faut que l'État reconnaisse nos
chauffeurs comme des... Voilà.
M. Khadir :
Les optométristes, les dentistes, les diététistes. Très bien.
Le
Président (M. Reid) : Merci beaucoup. Alors, il me reste à vous
remercier, messieurs, pour votre présence et votre participation à nos
travaux. Merci beaucoup. Je vais suspendre les travaux pour quelques instants
et j'invite le prochain groupe, le Regroupement des intermédiaires du taxi de
Québec, à prendre la place.
(Suspension de la séance à
15 h 45)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président (M. Reid) : Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant
la bienvenue aux représentants du Regroupement des intermédiaires du taxi de Québec.
Alors, vous avez une dizaine de minutes. Je vous demande de vous
présenter et de présenter les personnes qui vous accompagnent pour les fins de
l'enregistrement, et à vous la parole.
Regroupement des
intermédiaires du taxi de Québec (RITQ)
M.
Homsy (Abdallah) : Merci, M. le Président. Mmes
et MM. les parlementaires, M. le ministre, mon nom, c'est Abdallah Homsy. Je suis le président de Taxis Coop 525-5191 et porte-parole du Regroupement des intermédiaires du taxi de Québec.
J'ai, à ma droite, Mme Hamel, directrice générale de Taxi Laurier à Sainte-Foy;
M. Magella Gauthier, président de
Taxi Coop Sainte-Foy; M. Mario Vézina, président de Taxi Coop Beauport; et M.
Jaouad Bouchrik, président de Taxi Coop Charlesbourg.
Nous sommes, en
majorité, des coopératives. Notre regroupement représente plus de 600 voitures
et plus de 1 200 travailleurs de taxi. Ces travailleurs détiennent
ensemble plus 120 millions de dollars en permis de taxi et ils exécutent plus de 2 millions de courses par
année. Le RITQ représente plus de 95 % des taxis de la capitale. Nous
sommes donc l'interlocuteur principal dans le domaine du transport rémunéré de
personnes à Québec.
• (15 h 50) •
Nous
sommes ici pour faire part de notre vision pour ce service et pour ce que nous
pensons du service illégal UberX.
Mais tout d'abord nous tenons à vous dire que nous sommes profondément outrés
de constater que la multinationale Uber,
qui refuse d'obéir aux directives du ministre des Transports, qui refuse de
payer de l'impôt, qui refuse de prélever les taxes, qui se moque des sanctions contre ses chauffeurs complices, qui
bafoue les lois du Québec, qui se moque de l'État de droit, qui préfère payer une armée d'avocats
plutôt que d'acheter des permis, cette même entreprise sera reçue ici,
juste après nous, pour exposer sa vision du
transport rémunéré de personnes. Sa présence en commission parlementaire
est, selon nous, un affront à la démocratie québécoise et à tous les Québécois
respectueux des lois. Peut-on s'acheter des lois...
Le
Président (M. Reid) :
Je m'excuse de vous interrompre, M. Abdallah. Vous entendez les cloches, là, ça
a un sens très particulier au Parlement, c'est-à-dire que les députés
qui sont autour de la table et qui sont membres de la commission doivent aller au salon bleu pour voter. Alors, nous
protégeons votre temps. Bous avez 1 min 51 s de commencée, le reste vous
appartient, et, quand on va revenir, nous allons continuer là où nous en
sommes. Ça vous convient?
M. Homsy
(Abdallah) : Merci.
Le Président (M.
Reid) : Alors, je lève la séance pour quelques instants, le
temps que nous allions voter.
(Suspension de la séance à
15 h 51)
(Reprise à 15 h 55)
Le Président (M.
Reid) : Alors, nous reprenons nos travaux. Il s'agissait d'une
fausse alerte. Ce n'est pas un piratage, là, il y a une erreur humaine qui a
été faite en quelque part, et nous allons reprendre où vous en étiez. Vous avez
encore 8 min 8 s à vos 10 minutes. Alors, à vous la parole.
M.
Homsy (Abdallah) : Merci, M. le Président. La présence d'Uber en commission
parlementaire est, selon nous, un affront à
la démocratie québécoise et à tous les Québécois respectueux des
lois. Peut-on s'acheter des lois dans notre
province? Suffit-il d'avoir des milliards et d'être difficile à éradiquer pour
obtenir ce qu'on veut du gouvernement? M.
le ministre, je vous pose la question : le gouvernement va-t-il légaliser
la drogue, les cigarettes sans taxe, le travail
au noir et l'évasion fiscale? Si l'on
se fie aux raisons invoquées pour encadrer Uber, vous devrez bientôt aussi
ouvrir la porte à tous ces fléaux. Selon
nous, cette commission parlementaire et les mesures qui vont en découler portent
uniquement sur le transport de personnes. Elle est plus large que cela. La commission
va répondre à une question : le gouvernement du Québec est-il capable de
se faire respecter d'une multinationale qui a des milliards, mais qui n'a pas
deux cents de considération pour les travailleurs et les lois?
Maintenant, en ce qui
concerne notre vision de l'encadrement du transport rémunéré de personnes,
notre position se résume simplement :
il n'est pas nécessaire d'être hors-la-loi pour innover. Téo Taxi, à Montréal,
en est un bon exemple.
Le RITQ en est aussi un bon exemple. Le RITQ a été créé en 2014 pour mieux répondre
au service de transport adapté de la
capitale. Nous nous sommes mis ensemble et nous avons créé une centrale unique pour toute
la ville en effaçant les frontières
des territoires urbains. Nous avons optimisé nos tournées, le
nombre de voitures nécessaires a été réduit, les temps de réponse ont diminué, les émissions polluantes ont diminué.
Cela, nous l'avons fait en suivant les règles, en payant nos impôts, en
payant nos permis et les taxes, pas en travaillant illégalement et en exigeant
de nouvelles règles.
Nous
avons créé, il y a plus de deux ans, une application mobile, l'application Taxi Coop, disponible sur tout le territoire
de la ville de Québec, Lévis et même Chicoutimi. Nos entreprises
sont unies pour travailler ensemble pour le bien de la clientèle. L'application a été téléchargée, à ce jour, plus de 18 000 fois. Des dizaines de milliers de
courses ont été réparties par
l'application. Le client peut coter son chauffeur. De plus, tous nos véhicules
sont munis de paiement de débit et de
cartes de crédit. Récemment, nous avons même demandé un projet pilote au
ministère des Transports pour éliminer les frontières de nos territoires
urbains. Ça, c'est réellement de l'innovation, et elle se fait légalement.
L'encadrement
actuel de transport rémunéré de personnes est bien comme il est, même s'il
n'est pas parfait. Dans son ensemble, il constitue un système qui tient
compte de tous les éléments importants pour ce type de service : la vérification du chauffeur, la certification de son
absence d'antécédents judiciaires, sa connaissance de la ville, ses
assurances commerciales, l'état mécanique de
la voiture, l'âge du véhicule, la garantie d'un prix prévisible. Créer deux
services de règles pour un même service serait absolument inquiétant.
Uber et les taxis font le même service, celui de transport rémunéré de personnes. Que l'appel soit pris par
iPhone ou par téléphoniste ne change en rien lorsque vous êtes assis
dans le véhicule. Les exigences envers le taxi doivent être mises sur Uber,
incluant celle des permis. Uber pourrait très bien fonctionner dans le système actuel avec des permis non transférables ou
restreints. La multinationale préfère ne pas le faire et tenter
d'intimider le législateur.
La
clé de voûte du système actuel est le contingentement. Le contingentement fait
en sorte que le travailleur de taxi peut
investir dans son commerce, il peut changer de voiture, il peut changer une
tablette électronique, il peut contribuer à moderniser la centrale d'appels. Tous ces investissements ne se feraient
pas dans un système sans contingentement. La proposition d'Uber de
décontingentement, c'est d'user les travailleurs et leurs voitures à la corde
jusqu'à ce qu'ils les jettent pour en
prendre d'autres. Dans plusieurs endroits dans le monde, les chauffeurs d'Uber manifestent
fréquemment contre leurs mauvaises
conditions de travail. Nous croyons que, si nous souhaitons être exigeants
envers les travailleurs de taxi, il
faut aussi leur donner les moyens d'atteindre ces exigences. Pour y arriver, le
nombre de permis de taxi doit être contingenté.
En échange de ce contingentement, on peut exiger certaines choses du taxi.
Selon nous, le gouvernement devrait
exiger que toute voiture nouvellement acquise pour le transport rémunéré de
personnes à partir de 2017 doit être hybride ou électrique. Ce serait
une façon pour les travailleurs de contribuer à la mobilité durable.
• (16 heures) •
Actuellement,
les travailleurs de taxi vivent une grande injustice. Ils voient leurs revenus
chuter, la valeur de leur permis
fondre, des chauffeurs illégaux les narguent sur les postes à partir. Et
pourquoi subissent-ils cette injustice? Parce qu'ils ont été des bons
citoyens, parce qu'ils ont eu le malheur de croire que le Québec est un État de
droit. Selon nos calculs, lorsqu'on compte les intérêts sur les permis, les
inspections mécaniques, les formations et tout le reste, le travailleur de taxi
légal doit payer 2 000 $, 2 000 $ minimum de plus par mois
que le chauffeur complice d'Uber. Ce montant
n'inclut pas la TPS, TVQ, les retenues à la source, les impôts, l'hypothèque du véhicule, ainsi de suite. Ces
frais sont légitimes dans une société de droit. J'attire votre attention sur le
fait que tous les chauffeurs de taxi doivent être enregistrés à la TPS, TVQ dès
le premier dollar.
Pour
venir à bout des illégaux, nous croyons que le gouvernement devrait modifier le
Code de la sécurité routière pour
permettre aux contrôleurs routiers et au Bureau du taxi de Montréal de saisir
les permis de conduire des délinquants. C'est, selon nous, la seule mesure qui aura un réel effet contre une
entreprise milliardaire, mais pauvre en soucis moraux. Nous sommes même d'avis que les autorités
devraient permettre la formation d'escouades spéciales pour lutter
contre le transport illégal.
Avant
de prendre les questions, j'aimerais simplement vous rappeler nos
recommandations principales. La liste complète
est à la fin de notre mémoire. Nous recommandons que le gouvernement conserve
l'entièreté du système actuel puisque même Uber peut y fonctionner
légalement s'il le désire. Nous insistons fortement que le contingentement doit
être maintenu. Nous exigeons la suspension des permis de conduire pour les
chauffeurs illégaux.
En
terminant, si Uber vous dit que ça va bien dans le taxi à Québec, eh bien, ce
n'est pas le cas. Même s'il y a des transferts entre les coopératives
dans la région, la rentabilité est à la baisse pour toutes les coopératives à
Québec.
Merci de votre
attention. Il nous fera plaisir de vous entendre.
Le Président (M. Reid) :
Merci beaucoup. Nous passons maintenant à la période d'échange. Je donne la
parole à M. le ministre.
M.
Daoust : Bonjour, messieurs. Merci d'avoir accepté l'invitation à
venir à cette commission parlementaire. Au niveau de votre projet pilote
en matière d'application mobile et aussi de la façon que ça fonctionne, parce
que les agglomérations... Là, je comprends
que c'est le taxi le plus près quand il y a un appel. Pourriez-vous nous
éclairer un peu sur ça, comment ça fonctionne actuellement, puis est-ce
que ça fonctionne selon vos attentes?
M. Homsy
(Abdallah) : Oui. Merci, M. le ministre, de la question. Nous avons
commencé avec l'application, comme je
vous ai dit, en 2014 et 2015, puis on voulait s'améliorer pour répondre au
service à la clientèle. Ceci dit, on avait
des agglomérations et, comme vous le savez, on voulait répondre le plus
rapidement possible tout en respectant les lois actuelles, selon le
projet pilote. Je donne un exemple. Si un appel est à Sainte-Foy, puis on
l'offre à la compagnie en question, s'il y a
une tempête de neige puis il n'y a pas de voiture qui est disponible, bien, il
va aller chercher la voiture la plus
proche de toutes les coopératives et les compagnies à côté pour aller donner un
service le plus rapidement possible à la clientèle. Ça, c'est dans le cadre de ce projet-là. S'il n'y en a pas,
c'est sûr qu'il va aller chercher la voiture la plus proche.
M. Daoust : Et ça fonctionne bien?
Il n'y a pas de dispute de territoire dans ça?
M. Homsy
(Abdallah) : Non. Vous voyez, tous les gens des territoires de la
ville de Québec sont sur la table, on s'entend
très bien. Le plus important, c'est respecter nous-mêmes. Comment on se
respecte? C'est en offrant l'appel à la zone en premier, à l'agglomération en question en premier. Et, si en
dedans de 30 secondes, on n'a pas la réponse, bien là on va aller
chercher la voiture la plus proche pour répondre. Ça fait que le délai doit
être 30 secondes pour le client, il ne doit pas attendre plus que ça pour la
voiture la plus proche, puis on a une très bonne entente ensemble.
M. Daoust : Vous avez mentionné
qu'il est important de maintenir le contingentement, la gestion de l'offre. Est-ce que vous considérez, parce que les
populations évoluent, la population de Québec grandit, est-ce que vous
considérez qu'actuellement le nombre de permis émis est suffisant ou il y
aurait de l'espace pour en accommoder plus?
M. Homsy
(Abdallah) : Bien, je ne vous cache pas, M. le ministre, qu'à Québec
on est à peu près 1 pour 440, ce qui est énorme. La seule chose que j'ai un bémol, c'est la question que
c'est l'augmentation du nombre de citoyens dans la ville. Je pense plus qu'il y a un déplacement à
gauche dans le nord ou dans le sud des citoyens dans la ville. Ça fait
que le quota, il peut être vu, par exemple,
d'une manière que... quand je parle de quota, là, quand on parle dans le
zonage, on a déjà proposé comme, par exemple, à l'aéroport ou là où il y
a des bateaux, si on est capables de commencer à collaborer ensemble, puis on l'a déjà fait nous-mêmes, on l'a
fait avec l'entente de la ville puis on a informé la commission comme de quoi, quand il y a des bateaux en ville, par
exemple, dans la ville de Québec, s'il nous manque des véhicules, bien,
on appelle toutes les coopératives à côté,
adjacentes, pour venir nous donner un coup de main, puis ça fonctionne très
bien.
Le quota dans
la ville de Québec, en général, je pense qu'on est très, très bien servis,
surtout si on est capables de s'entraider entre nous-mêmes. Pour le
reste du Québec, je propose, ça doit être évalué zone par zone parce qu'il faut
vraiment voir le besoin de la clientèle dans chaque région.
M.
Daoust : Oui, je posais la question pour le territoire que vous
desservez, il va de soi. Peut-être aussi nous parler un peu de l'initiative que vous avez prise
actuellement en matière d'application mobile, qui semble être un modèle
qui fonctionne bien. Je n'entends que des bonnes choses à ce sujet-là.
Pourriez-vous le détailler un peu, s'il vous plaît?
M. Homsy (Abdallah) : O.K.
L'application mobile, ça a commencé comme on voyait... tu sais, on voyait les applications venir partout dans le monde, puis,
avec l'Internet, aujourd'hui, on voit tout. Ça fait que, à Taxis Coop,
on a décidé de faire une application. On a
vu un handicap dans l'application, c'est que l'agglomération de la ville de
Québec... Aujourd'hui, le monde, quand ils
demeurent, par exemple, dans le coin de Saint-Émile ou Val-Bélair, ils pensent
qu'ils sont dans la ville... ils sont
certains qu'ils sont dans la ville de Québec. Ça fait que ce qu'on a fait, on
s'est entendus, tout le monde ici,
pour donner le service et diminuer les coûts comme de quoi on s'entend tous
pour donner cette application-là pour toute la ville de Québec.
Après ça, on a été même avec nos collègues de
Lévis, on l'a offert à Lévis, puis on a fait la répartition aussi à Chicoutimi, puis on a donné aussi le droit à
Chicoutimi. On peut s'étendre très facilement. Il suffit juste qu'on s'entende
là-dessus, puis on est capables de le modifier. Vous savez, dans la
technologie, ce que le monde, des fois, ils essaient de dire que ce n'est pas la vérité, c'est que dans la technologie on est
capables de s'adapter aux lois, on a juste à modifier. C'est plus difficile de changer les lois que de
changer la technologie. Ça fait qu'en prenant cette technologie-là, on
est capables de s'adapter selon les
agglomérations, selon tout ce qui est réglementaire aujourd'hui. Demain, si les
lois changent dans la faveur,
toujours, de l'industrie du taxi, on est capables de l'améliorer encore de
cette façon, d'une autre façon.
Le Président (M. Reid) : Oui,
allez-y.
M.
Daoust : Une dernière question, M. le Président, je vais laisser la
chance à mes collègues. Le dernier point que je voulais faire, c'est que, si vous aviez, imaginons, deux
recommandations à faire pour améliorer encore le système dans lequel on
évolue, vous proposeriez quoi?
M. Homsy
(Abdallah) : Moi, la première chose qui me saute à l'idée, c'est la
formation. Je pense que l'industrie du
taxi, elle a un problème de formation. La formation doit être souvent axée sur
la clientèle. Il y a trop de technologies dans la formation... de technique, je veux dire,
dans la formation qu'on a. À Québec, à nos frais à nous-mêmes, on a donné
une formation à l'école de Charlesbourg, on
a développé une formation. Elle inclut le transport adapté pour la
Capitale-Nationale puis elle inclut les
règlements chez nous et qu'est-ce qu'on a besoin. Je pense qu'une formation
régionale... L'élément de sécurité, il est provincial, mais il y a des éléments
régionaux. Le chauffeur de taxi doit être toujours un ambassadeur. Un
ambassadeur doit connaître sa ville à 100 %. Dernièrement, j'ai eu une
discussion avec la ville de Québec en ce sens comme ça, puis on essaie
d'élaborer en coopération une formation de guide touristique à tous les
chauffeurs de taxi parce que c'est un élément qui est très, très important.
La deuxième
chose, c'est amener vers une application qui peut amener toute la province vers
une application, selon les lois
actuelles. Je pense qu'une application à l'intérieur de l'industrie du taxi
peut aider. Ceci dit, j'attire votre attention sur quelque chose. M. Khadir l'a mentionné tantôt, selon notre
expérience avec les appels d'une application, ce n'est pas de nouveaux appels, c'est de la clientèle qui se
déplace du téléphone vers l'application. Ça fait qu'il y a une petite
minorité que c'est une nouvelle clientèle, mais, en général, c'est nos propres
clients qui s'en vont vers l'application. Ça fait que j'invite fortement tout
le monde d'avoir une bonne application provinciale. Merci.
M. Daoust : Merci, monsieur.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, bienvenue, M. Homsy, à
vous-même et à votre équipe. D'abord, je vous entendais tout à l'heure, vous dites qu'avec les changements que
vous avez mis en place, vous avez besoin de moins de voitures, étant donné que vous faites des
déplacements puis que vous êtes plus souvent plein que moins plein, là,
prenons ça comme ça. Puis vous avez dit que vous aviez moins besoin de
voitures. Étant donné que vous avez moins besoin de voitures, est-ce que vous
achetez, vous avez vendu des permis?
M. Homsy
(Abdallah) : Non. Je vous explique. Quand j'ai fait, dans
l'allocution, quand on a parlé, on a parlé de transport adapté. C'était
là l'idée première.
Au début, le
transport adapté se donnait par tournée. La tournée, elle commence, par
exemple, que le lieu de départ est
dans une agglomération. Ça fait que toutes les tournées qui sont, par exemple,
dans l'agglomération de Sainte-Foy, elles
s'en allaient à Sainte-Foy. Toutes les tournées qui s'en allaient à Québec,
elles s'en allaient à Québec. Le chauffeur de taxi pouvait faire une
tournée à l'heure de pointe et c'est assez parce qu'il n'est plus dans la bonne
agglomération.
Après ça, on
s'est entendus avec la STAC, la société de transport de la capitale, puis on
s'est dit : On va optimiser ça.
Au lieu qu'on a besoin de 250 véhicules pour faire la tournée du matin
puis 250 véhicules le jour, puis chacun, il fait juste un petit peu
d'argent avec une tournée, on a privilégié les départs, par exemple, de
Sainte-Foy, de Taxi Coop Sainte-Foy ou de
Taxi Laurier. La voiture de Sainte-Foy, elle part, elle s'en va, elle termine
une tournée à Québec, bien, on va lui donner tout de suite une tournée
de Québec qui finit à Beauport, puis, s'il y en a une de Beauport qui part à
Charlesbourg, bien, elle-même, elle va continuer à le faire.
Ce qui nous
donnait, un exemple, qu'on diminue le nombre de véhicules qu'on a besoin en
dedans d'une fourche de deux heures.
Ça veut dire, le même véhicule, il peut faire trois, quatre rondes en dedans de
deux heures au lieu que, pour respecter
les agglomérations, on les envoie comme ça puis on a besoin de plus de
véhicules. Puis le temps d'attente de la clientèle était meilleur, puis
les plaintes dans ce sens-là étaient toujours à la baisse.
• (16 h 10) •
M. Simard : Donc, un meilleur
service, moins de gaz à effet de serre. Maintenant, ma deuxième question, M. Homsy, c'est :
Lorsqu'il y a, prenons-le comme ça, le Carnaval de Québec, O.K., donc,
si je comprends votre façon de voir les choses, c'est que vous pouvez faire venir des taxis d'un petit peu partout à Québec pour donner un meilleur service là où sont les activités et, bien sûr,
maximiser le service. Est-ce que vous avez eu des bons commentaires ou de meilleurs commentaires au niveau de la population ou de
vos clients et également, bien sûr, est-ce que vous avez augmenté le service en
nombre?
M. Homsy
(Abdallah) : O.K. La meilleure personne à Québec qui parle au nom de
la clientèle, c'est le maire Labeaume. C'est lui-même qui a dit qu'on
avait un problème au Vidéotron, puis ça a toujours été réglé, tout de suite. Il y a quatre, cinq ans, on avait un problème au
port de Québec, on ne fournissait pas. Ça fait qu'on a eu des ententes
avec eux autres, on a collaboré avec eux
autres, puis au moment des pics, quand on a des moments de pics où est-ce qu'on
sait que, par exemple, lors des
débarquements, il y a à peu près 2 000 débarquements en même temps, 15 ou
30 minutes avant, on envoie des
messages à nos collègues partout dans la ville puis on leur dit : Les
voitures qui sont dans le coin, qu'elles se dirigent vers le bateau,
puis on est très compréhensifs.
Ça fait que ça a amélioré le service puis ça a
donné un service beaucoup plus rapide, puis les citoyens, puis le meilleur client qui peut vous répondre à ça, c'est
le port de Québec, qui était très, très, très satisfait. Depuis quatre
ans, on a vraiment un bon service là-bas, puis il n'y a pas d'attente.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci, M. le Président.
Bonjour, mesdames. Bonjour, messieurs. Écoutez, on n'a pas beaucoup de temps, donc je vais aller assez rapidement. Je
voudrais vous entendre tout d'abord sur la possibilité de modulation de
prix en fonction de la demande.
M.
Homsy (Abdallah) : Là, je vais vous répondre en chauffeur de taxi. Je
pense que l'élément premier de l'industrie du taxi, c'est la sécurité. Ce qui
m'inquiète dans la modulation du prix, ce qui est arrivé, par exemple, le 31 décembre, si ça arrive... et je parle
maintenant de mon fils. J'ai un fils qui a 19 ans, qui s'en va veiller à
Québec, il a 40 $, 50 $ ou
60 $ dans ses poches, puis il décide de revenir à la maison, puis il reste
juste 15 $ ou 20 $ dans ses poches. On fait quoi? Si le prix
qui est là, il est rendu à 60 $ ou à 100 $, je lui dis quoi? Ne
prends pas le taxi, appelle-moi ou viens? Il
ne va pas le faire. Il va prendre n'importe quoi ou il va prendre son char. Il
y a un élément de sécurité là-dedans, au-delà
de l'argent, au-delà d'optimiser, au-delà de... Restons sur la sécurité puis
voyons qu'est-ce qui est important pour le chauffeur et pour la
clientèle.
M. Bolduc :
Merci. Vous suggérez qu'à partir de 2017 tout nouveau véhicule réalisant du
transport rémunéré devienne entièrement
hybride ou électrique. Je voudrais vous entendre là-dessus. Je suis en accord
avec la vertu, mais comment vous voyez ce développement-là et le risque,
disons, qu'à court terme il y ait encore un manque de bornes électriques? On va
y arriver, là, mais il y a une coordination à faire, et je voudrais vous
entendre là-dessus, dans le vecteur de réduire les gaz à effet de serre.
M.
Homsy (Abdallah) : L'industrie du taxi, en général, dans la région de
Québec, elle est entre 60 % et 70 % et, dans certaines compagnies, 80 % qui ont déjà
des voitures hybrides. Malheureusement, nous, dans l'industrie du taxi,
on n'a pas vraiment des compagnies de
marketing pour dire ça, mais la vérité, elle est là. Quand on est rendu à
70 %, il nous reste juste 30 % puis il faut enlever juste les
minivans, parce que certaines clientèles demandent des minivans.
Les
bornes électriques, je pense que c'est important, l'écologie, et c'est
important aussi la rentabilité des chauffeurs. Si on diminue nos frais d'essence, c'est très important pour nous. Ceci
dit, cette semaine, j'ai eu une rencontre avec la ville de Québec et, anciennement, avec le
ministère des Transports, puis on leur demandait comment on peut
collaborer pour avoir ça. C'est certain
qu'on ne peut pas penser à avoir des voitures électriques si on n'a pas des
bornes électriques, parce qu'arrivé
au fin fond de Stoneham, puis la voiture est tombée en panne là parce qu'il n'y
a pas d'électricité, on a un problème.
Nous,
ce qu'on dit, pour la première fois avant que les autres pensent, on vous le
dit qu'on est prêts. On veut l'avoir, mais
donnez-nous les cartes et comment ça peut être fait, puis, après ça, on va
évaluer. On entend parler que les voitures s'en vont à la baisse. Quand l'hybride a commencé, dans le temps, on
avait toujours peur que la batterie coûte 8 000 $ puis on ne voulait pas. Aujourd'hui, on a vu que
l'hybride est accessible, puis c'est rentable pour nous. Pourquoi ne pas
le faire? Dans la même vision, on peut y
aller dans l'électrification, mais on a besoin vraiment d'une vraie carte, où
est-ce qu'on s'en va avant de se lancer.
M. Bolduc :
On vous entend. J'ai une dernière question. Vous nous dites que vous êtes
d'avis qu'on devrait mettre des caméras de sécurité dans les taxis. Est-ce que
ça ne risque pas de compromettre certains clients? Avec les informations, on ne
sait pas toujours avec qui quelqu'un voyage, puis est-ce qu'il n'y a pas un
risque, finalement, de perdre la confidentialité?
M.
Homsy (Abdallah) : Non. Nous, ce qu'on propose, ce n'est pas n'importe
quelle caméra, c'est une caméra avec une
boîte noire. D'ailleurs, aujourd'hui, si vous allez à Place Laurier, à Place
Sainte-Foy, vous êtes filmé partout. N'importe où est-ce qu'on s'en va, on est filmé. Une boîte noire qui va être juste
accessible par le corps policier, au besoin, ou par un juge, mais sincèrement la première réflexion qu'on
a sur une caméra, c'est nos deux collègues qui sont décédés dans les deux dernières années. On a un élément de sécurité
qui est très important aussi pour les chauffeurs de taxi. Certains ne savent pas que l'industrie du taxi, cette
profession-là, elle est très difficile. Ce n'est pas toujours la crème de la
crème qu'on a dans la vie. Nos vies,
des fois, sont en danger, puis souvent, avec une caméra, on peut régler
certaines plaintes. Au lieu que ce soient deux personnes qui sont dans
la voiture, puis c'est la parole de l'un contre l'autre, bien, il y a une
caméra, pas accessible à tout le monde,
accessible par un juge ou par les corps policiers, je pense que tout le monde
va être d'accord avec ça.
Le Président (M.
Reid) : Merci beaucoup. Nous allons passer maintenant à
l'opposition officielle. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. Bien, en premier
lieu, bienvenue, M. Homsy, M. Gauthier, Mme Hamel — et je tiens à le souligner
particulièrement, nous sommes peu de femmes aujourd'hui — M.
Bouchrik et M. Vézina. Donc, bienvenue à l'Assemblée nationale.
C'est
très intéressant, ce que vous nous présentez concernant l'application que vous
avez développée, mais pas seulement
que l'application, l'entente que vous avez eue sur les territoires, parce que
ce qu'on se rend compte, les quotas qui sont par territoire, s'il n'y a
pas une gestion un peu souple de ça, bien, ça peut faire en sorte qu'à un
moment donné, pour un événement — vous parliez des bateaux de croisière — bien, il manque d'offres de taxi, mais,
lorsqu'il y a une entente entre les territoires, bien, à ce moment-là,
les autres territoires permettent de fournir le manque d'offre.
Donc,
ça, je pense, c'est vraiment intéressant, et je me demandais depuis quand
vous avez cette entente-là entre les différents territoires puis avec
l'application.
M.
Homsy (Abdallah) : Nous autres, la vraie entente à 100 % a
commencé en 2014. On commençait à se parler depuis le contrat de transport adapté, puis on voulait s'entendre, puis
on veut donner une meilleure offre de services. On ne voulait pas être égoïstes. À Québec, on a toujours
mis le client en premier, puis on a évalué ça depuis 2014. Puis à chaque
fois qu'il y avait quelque chose qui
arrivait dans la ville, on se réunissait pour savoir comment on va le
régler, que ce soit aux bateaux, que ce soit au carnaval, que ce soit au Centre Vidéotron.
Une des problématiques qu'on avait, c'était dans l'ancien colisée. Ça
fait que là on s'est réunis tous, puis on est allés à la ville de Québec pour
présenter comment on va travailler ensemble.
Puis,
vous savez, toujours dans les municipalités ou dans le gouvernement, on s'en va
vers le moins cher et on dit :
On veut amener des navettes. Des navettes, on a toujours dit non. Il y a
beaucoup de choses que l'industrie du taxi peut faire, testez-nous, puis, si on n'est pas capables, allez-y ailleurs.
Bien là, ils ont dit : Bon, on a un problème aux bateaux, est-ce
qu'on peut commencer à travailler? On a dit oui. On a travaillé ensemble, on
s'est assis, puis c'est à peu près depuis 2014 qu'on est sur ce dossier-là.
Mme Ouellet :
En tout cas, je pense que ça mérite d'être mieux connu, parce que vraiment vous
avez une vision client où c'est les préoccupations du client qui motivent, dans
le fond, les innovations que vous allez faire. Puis félicitations pour votre innovation d'application, et là on voit
justement qu'avec cette application-là de Taxis Coop Québec, où c'est l'ensemble des... Vous avez tous
la même application, c'est ce que je comprends, et vous l'avez même
étendue, je crois, un peu plus loin.
Donc, ce qui était
présenté par le groupe précédent, en parlant d'une application qui pourrait
être utilisée plus largement, vous, vous avez déjà commencé à mettre en place
cette application-là?
M.
Homsy (Abdallah) : Oui, exactement. La technologie, comme j'ai dit, on
peut l'étendre. On peut faire ce qu'on veut
avec la technologie. Ce qui est important, c'est que tout le monde s'unisse pour
donner le service à la clientèle. C'est ça l'étape qui est primordiale. Il y en a d'autres qui peuvent développer.
Nous, on s'est concentrés sur la région de Québec, on veut la clientèle de la région de Québec. Mes
collègues qui m'ont précédé, c'est plus provincial. Nous, on est un bon exemple qu'on peut être provincial, puis il y en a
d'autres qui peuvent l'être aussi, ils peuvent avoir d'autres
applications. Le plus important, c'est le service sécuritaire par l'industrie
du taxi.
Mme Ouellet :
Juste par curiosité, c'est quelle compagnie qui vous a développé votre
application?
M. Homsy (Abdallah) : C'est des jeunes de la ville de Québec, à
l'intérieur... C'est une compagnie qui s'appelle Skex. Nous autres, on travaille tous local, il n'y a rien qui vient
d'exporté de l'extérieur. Que ce soient les programmeurs, que ce soient les chefs qui travaillent sur des
serveurs et d'autres, c'est des gens de Québec. C'est deux jeunes qui
ont commencé, puis ils ont fait l'application, je pense, pour Nez Rouge, puis
on a commencé dans ce temps-là, puis on commence à améliorer, on continue à
améliorer, puis on est rendus là où est-ce qu'on est rendus.
• (16 h 20) •
Mme Ouellet : C'est le fun d'entendre qu'il y a des programmeurs de Québec, avec des
entreprises de Québec, qui développent des applications pour les
coopératives de Québec. On a de l'expertise ici, on n'a pas besoin d'une multinationale étrangère pour venir nous dire
comment faire les choses. Félicitations pour votre volonté de
développement ici et votre innovation.
Je
voudrais revenir aussi sur des propositions que vous avez. Les collègues ont
abordé quelques-unes, mais une qui n'a
pas été abordée, j'aimerais ça que vous nous la présentiez : instaurer des
tarifs adaptés au taxi-partage, parce que ça, on en entend parler un peu, et effectivement je vois que vous avez de
l'ouverture pour ça et je trouve ça très intéressant.
M.
Homsy (Abdallah) : Oui. Au début, on commençait à parler de ce qu'on
appelle des taxibus. Vous le savez, comme
M. le ministre tantôt il a parlé de nombre de citoyens, selon notre expérience,
on dit que la ville de Québec, elle se déplace vers le sud ou vers le
nord. Il y a certaines clientèles qui demeurent au nord de Québec, puis il n'y
en a pas toujours, des autobus, puis ils ne peuvent pas attendre l'autobus aux
heures.
Nous,
ce qu'on voulait faire, ce qu'on voulait proposer, c'est ce qu'on appelle un
taxi-partage. Quelqu'un qui part, par exemple, de Saint-Émile, il s'en
va à la colline Parlementaire, en cours de route, il y a quelqu'un, selon notre
application, ou il y a un appel qui
dit : Moi, je suis prêt pour un taxi-partage. Il demeure, par exemple,
dans Lebourgneuf, sur le même
secteur, puis on peut venir le chercher en même temps puis partager la course.
Les deux clients, ils peuvent se partager
la course. Parce qu'aujourd'hui, la loi actuelle du taxi, c'est du point a au
point b. Ça fait que nous, on a dit : On est ouverts à ça, mais
l'ouverture, ça prend du développement, puis, avant de se lancer là-dedans, on va
voir si cette loi nous permet de faire ça.
Mme Ouellet : Donc, ces nouvelles possibilités là sont rendues possibles grâce à
l'application mobile où, là, on voit où sont les demandes. Puis vous
êtes capable, avec la programmation, de voir si la même voiture-taxi est
capable de prendre plus d'un client.
M.
Homsy (Abdallah) : Au fond, Mme la députée, ce n'est pas juste
l'application, c'est la géolocalisation. La géolocalisation, elle a commencé dans l'industrie du taxi en 2008 et non
dernièrement avec l'application. Vu qu'on est capable de géolocaliser un véhicule le plus proche, on est capable
d'établir des routes comme ça puis on est capable de suivre le tracé, on est capable d'avoir ce genre
de programme comme ça. Avant, on n'était pas capable parce qu'il n'y
avait pas de géolocalisation, mais
aujourd'hui, on est capable. En plus, on a l'application, on est capable de
localiser aussi le client.
Mme Ouellet :
Je pense que c'est des idées à retenir pour nos recommandations et j'y
reviendrai parce que j'ai un intérêt particulier pour l'électrification des
transports. Et donc vous dites que vous êtes déjà rendus à 70 % des
véhicules qui sont électriques dans la flotte de...
M.
Homsy (Abdallah) : Hybrides.
Mme Ouellet :
Hybrides. Hybrides ou...
M.
Homsy (Abdallah) : Oui. La majorité de nos véhicules, ils sont
hybrides déjà. C'est des Toyota Camry ou des Prius V qu'on appelle. De plus en plus, ce sont des hybrides.
Électriques, il y a une voiture Tesla qui est à Sainte-Foy avec un de
nos collègues.
Ce
que j'essaie de vous exposer, c'est qu'on est des entrepreneurs qui veulent
avancer puis veulent diminuer les coûts,
puis on fait partie de la société, puis on veut faire partie de l'écologie.
Puis, avec les voitures électriques, on est capable de diminuer ce qu'on appelle de fardeau de l'essence, mais, pour
avancer, on a besoin d'une... On a la volonté. Comme on l'a fait avec
l'hybride, c'était un très bel exemple. En 2008, il n'y en avait pas d'hybride.
Ça a commencé là. 2009, 2010, les gens, ils
ont commencé, ils ont vu que c'est fiable, ils ont vu que les batteries sont
là. Bien, nous, en tant que chauffeurs de taxi, on est allé vers ces
véhicules-là et on est prêt pour l'électrique, s'il y a une possibilité.
Mme Ouellet :
En fait, je rappellerai peut-être, vous me permettrez, au ministre, nous avions
mis en place une aide financière pour
l'achat de taxis électriques. Je crois d'ailleurs que le taxi de Lévis
souhaitait pouvoir bénéficier de
cette aide financière là qui a malheureusement été complètement coupée, à
l'arrivée, par les libéraux. Donc, peut-être qu'ils pourraient la remettre en place, parce que c'est intéressant,
l'électrification des taxis avec Taxi Téo, mais je crois que l'ensemble
des chauffeurs de taxi souhaiteraient pouvoir aussi avoir accès, électrifier
leur flotte au fur et à mesure du changement de la voiture. Et il y a des autos
électriques, mais il y a des hybrides branchables aussi maintenant, avec des modèles qui sont hybrides, mais branchables,
donc qui vous permettent d'utiliser plus d'électricité. J'ai moi-même
fait l'acquisition d'une Volt cet été, dont je suis très satisfaite. Et vous
dites que, dans le fond, pour pouvoir aller vers des hybrides branchables ou
des électriques, ça va prendre plus de bornes électriques. C'est ce que je
comprends.
M.
Homsy (Abdallah) : Exact. Ça prend plus de bornes électriques, et de
plus en plus, maintenant, on voit des voitures avec une autonomie
beaucoup plus longue qu'avant. Ça fait qu'on est plus ouvert à ça.
Le Président (M.
Reid) : Merci. Nous allons passer maintenant... Pardon?
M.
Daoust : ...M. le Président, simplement pour rassurer tout le monde,
il y a encore un budget de 6,6 millions qui a été mis en place il y
a un mois spécifiquement pour ce besoin-là dans l'industrie du taxi.
Le Président (M.
Reid) : Bon, bonne nouvelle. Alors, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, M. Homsy et vos acolytes,
bienvenue parmi nous. Et également je vais
ajouter ma voix à celle de ma collègue pour vous féliciter pour vos
innovations. Alors, elle a mentionné Taxi Coop puis une autre innovation
dont on a moins parlé, c'est le Taxi Valet aussi. Alors, une belle innovation
celle-là aussi. Je vous en félicite.
Maintenant, je voudrais parler, là, de
contingentement, parce qu'en fait c'est ce que vous écrivez un peu
partout dans votre mémoire, que vous êtes
vraiment en faveur du maintien du contingentement pour toutes sortes
d'arguments, et, à l'inverse, que le
décontingentement aurait un impact négatif sur l'empreinte écologique des
transports au Québec, puis Dieu sait
qu'on en parle beaucoup ici, en commission
parlementaire, que l'impact
écologique est important. Donc, on est conscients de votre biais au
niveau, là, du maintien du contingentement.
Maintenant,
je vais vous demander, si on va vers le contingentement, comment verriez-vous
si on contingentait d'autres joueurs
avec des nombres moins importants? Est-ce que vous ne penseriez pas que le fait de
contingenter et le fait de mettre des contraintes qui sont à peu près
les mêmes, disons, ou sinon les mêmes qui vous contraignent déjà vous-mêmes et
puis d'avoir des structures de coûts qui vous ressemblent, est ce que vous ne
pensez pas que ça pourrait réduire l'intérêt
de gens d'offrir cette offre-là, de sorte que ça limiterait, finalement, la
compétition, puis peut-être
que là on en arriverait à ce que certains
prétendent, que ça pourrait au contraire, donc, augmenter la clientèle,
ultimement, de l'industrie traditionnelle?
M. Homsy
(Abdallah) : Si je comprends bien votre question, c'est d'avoir un
contingentement à côté d'un autre, ce qui crée deux systèmes parallèles, et ça,
ça nous inquiète. Aujourd'hui, on dit que les lois actuelles et les règlements
actuels sont capables que n'importe quel joueur qui veut travailler, il peut
rentrer dans le contingentement actuel. Comme le projet-pilote, ils peuvent le
demander.
Si
on augmente le nombre de véhicules, peu importe le contingentement après, là, si on augmente, on est en train
d'augmenter plus de véhicules sur le terrain. Puis d'ailleurs la meilleure
question qui peut être demandée, c'est à la Commission
des transports. La Commission des transports, depuis des années, quand il y a
une demande de permis restreint, elle
essaie d'étudier la possibilité, s'il y a assez de véhicules dans la zone ou
non. Si, depuis des années, il y a eu un refus, c'est parce qu'il y en a
assez de véhicules sur le terrain.
Qu'est-ce que l'autre
groupe offre de plus que nous, qu'il doit avoir ce qu'on appelle un privilège
d'avoir un contingentement à lui? C'est ça, la question que je me demande.
S'ils font le même service que nous, si on parle de quelqu'un qui a une
application — pour
ne pas le nommer, Uber — ils
ont une application, mais il faut dissocier l'application
du service. Le service sur le terrain, c'est la même chose que n'importe quel
chauffeur de taxi, aussi simplement que ça. Créer un autre
contingentement à côté, ça commence à être dangereux.
M.
Surprenant : Mais, dans ma question, je vous soumettais le point que,
si on met des contraintes également, est-ce
qu'à ce moment-là ça pourrait faire en sorte qu'il y aurait beaucoup moins de
gens intéressés à offrir, puis ça pourrait quand même peut-être répondre
à une demande de la clientèle — puis,
écoutez, je ne l'ai jamais utilisé, là — alors, d'avoir, par contre,
ce genre de service là?
M. Homsy
(Abdallah) : O.K. J'essaie toujours de répondre à la question, parce
que le problème, on veut donner le même service que le taxi. Si la question
est donner le même service que le taxi, pourquoi créer deux systèmes pour le
même service?
M.
Surprenant : Je comprends,
mais, disons qu'on va jouer avec les mots, on va dire similaire, mais pas
identique.
M. Homsy (Abdallah) : Moi, j'ai
juste le chauffeur de taxi...
M. Surprenant : Je ne le connais
pas, je présume...
M. Homsy
(Abdallah) : Je connais l'industrie du taxi, je ne sais pas qu'est-ce
qu'ils vont proposer d'autre. Si le but est de prendre un client de point a, amener au point b de façon
rémunérée... des taxis, ça reste dans notre industrie à nous, puis c'est
contingenté, puis ça a été dit de cette façon-là. Pourquoi aller dans un
contingentement qu'on ne connaît. Ce que je
vois aujourd'hui, le but de la commission, c'est ce qui se passe sur Uber. Uber
fait du taxi, puis je pense, créer un contingentement à côté, parallèle,
c'est le même service.
M. Surprenant : O.K. Maintenant, on
va changer de sujet. Au niveau des courses hélées, vous écrivez que ça
représente une très mince partie des revenus d'une entreprise de taxi. On
entend, d'autre part, les propos inverses, qui
disent que ça représente une partie importante, mais on parle, à ce moment-là
aussi, bien souvent, au niveau des stands, excusez le mot. Pouvez-vous me dire qu'est-ce que ça représente, en
fait, comme partie de votre business, les deux là, séparément, les
stands et puis le hélage des taxis?
• (16 h 30) •
M. Homsy (Abdallah) : On parle de
hélage des taxis, c'est ça? O.K. C'est là l'importance d'un règlement provincial. Vous savez, toujours, quand on parle,
puis aujourd'hui on est présents à cause d'une multinationale, on
regarde les grands centres, on ne regarde
pas les régions. O.K.? À Québec, on est à moitié entre une région, puis
Montréal, puis le...
À Québec, à
peu près, dans la ville de Québec, pas plus que 30 % de nos appels sont
hélés. C'est dans les hôtels, O.K.,
par exemple, à l'aéroport ou à la gare de trains. Si vous allez un petit peu
loin que le centre-ville, mais il n'y en a plus de hélage. Si vous allez, je ne sais pas, à Trois-Rivières, où il
n'y en a pas comme à Montréal. C'est
pour ça, il faut faire attention
quand on dit qu'on va... parce que, dans l'exemple ça a été donné Edmonton,
mais, à Québec, ça ne marchera pas, là. On n'a pas assez de gens qui sortent du bateau, par exemple, ou de gare de trains pour dire que notre revenu est de 70 % hélage puis ce n'est pas grave s'il
prend l'autre 30 %. Non, ce n'est pas vrai. Nous, on est basé sur
70 %. Chez mon collègue à Sainte-Foy, ou à Beauport, ou à Charlesbourg,
c'est 100 %, c'est des appels. Ça fait que, si on ouvre là, on s'en va
dans la grosse partie du travail, ce qui est extrêmement dangereux.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Alors, nous passons maintenant à l'enveloppe réservée pour le député
indépendant. M. le député de Mercier.
M. Khadir : Merci, M. le
Président. Vous n'avez pas eu le temps de parler de vos recommandations. Il y a
une dernière partie des recommandations qui est la lutte au transport illégal. Je vais vous dire qu'on est
100 % d'accord avec vous. Le ministre l'a répété lui aussi que ce
que fait actuellement Uber est illégal.
Nous, on est allés, comme vous le savez, ce
matin, avec quatre de vos collègues, loger une plainte à la police pour infraction au Code criminel, s'étant
inspirés de ce qui se passe en France, parce qu'on sait très bien qu'Uber
peut encore, après cette commission, faire comme les autres fois avec les
autres commissions. Nous, on fait des décisions, on leur demande de faire des
choses, puis Uber peut très bien ne pas le respecter et continuer. Donc, il
faut agir.
Maintenant,
vos propositions de développement, voitures hybrides, voitures électriques... Soit
dit en passant, les voitures
hybrides, c'est aussi beaucoup moins de dépenses mécaniques pour tous ceux qui
ont des hybrides ici, là, des Prius. Moi,
j'en ai eu pendant 10 ans, c'est beaucoup moins de dépenses mécaniques. Électrification du
transport, tarifs adaptés, taxis-partages, vous avez parlé de tout ça.
Favoriser l'identification uniforme des taxis, je voudrais vous entendre un peu
là-dessus. Soutenir la création d'une association professionnelle obligatoire,
du point de vue des intermédiaires, quel est l'intérêt de ça?
Le Président (M. Reid) : Tout
ça dans 1 min 40 s.
M. Homsy
(Abdallah) : O.K. Le plus important, quand on parle d'identification,
nous sommes en discussion avec la
ville de Québec, et nous croyons que l'industrie du taxi fait partie intégrante
d'une ville. Ça fait que l'image de la ville doit passer par l'industrie du taxi. Puis c'est un élément de sécurité
qu'on est capable de voir de loin, le taxi arriver. Ça fait qu'une
identification est très correcte.
Une association professionnelle obligatoire,
nous autres, ce qui est important pour nous, c'est la discipline, O.K.? Vu de l'intermédiaire, on peut avoir une
association professionnelle, on a déjà donné l'annexe là-dessus. Un
exemple, c'est qu'elle
peut être partagée entre les intermédiaires, les propriétaires ainsi que les
chauffeurs et une partie gouvernementale. Cette partie-là, le but du
service est donner un service unique dans toute la province et surtout d'avoir une discipline. Quelqu'un qui est sorti
pour une infraction, mais il ne peut pas aller travailler ailleurs si on ne
sait pas qu'est-ce qu'il a comme antécédent dans d'autres coopératives. C'est
ça le but.
M. Khadir : Maintenant, pour
ce qui est des intermédiaires ici, à Québec, dans la ville de Québec, quel
pourcentage de chaque course est prélevé par les intermédiaires, environ?
M. Homsy
(Abdallah) : Ce n'est pas des pourcentages. On ne fait pas de
commerce. Nous autres, on définit des prix
fixes par mois selon les dépenses, parce qu'on est en majorité des coopératives
puis que le but, ce n'est pas de l'argent. Le but c'est pour... ça
revient aux membres, donner un service aux membres.
M. Khadir : Et, si on fait un
calcul sur une base annuelle, ça représente quel fardeau pour le chauffeur en
termes de pourcentage de ses revenus?
M. Homsy (Abdallah) : Je ne l'ai pas
évalué pour vous le donner en pourcentage.
M. Khadir : Mais c'est dans
l'ordre de 1 %, ou 2 %, ou 20 %?
M. Homsy (Abdallah) : Non, pas
20 %. C'est 1 % ou 2 %, ce n'est pas beaucoup.
M. Khadir : Alors qu'aujourd'hui Uber prélève 20 % de chaque course.
20 % de chaque course, ça veut dire, sur les bénéfices, c'est probablement
40 %, 50 %, même 60 % de bénéfices.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Ça termine... Alors, merci d'abord à vous cinq pour votre présence, et
vos commentaires, et votre participation à nos travaux.
Je suspends
les travaux pendant quelques instants pour permettre aux prochains invités, les
représentants d'Uber Québec, de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 39)
Le
Président (M. Reid) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite maintenant la bienvenue à nos
prochains invités, les représentants d'Uber Québec. Vous avez une dizaine de minutes pour faire votre
exposé — je
pense que vous avez déjà fait
l'expérience de commissions — et je vous demanderais de commencer en vous
présentant et présenter les personnes qui vous accompagnent pour les fins d'enregistrement. À la suite de votre exposé, nous aurons des échanges avec
les membres de la commission. Alors, à vous la parole.
Uber Québec
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) :
Merci, M. le Président. Chers membres de la commission, M. le ministre, mon nom est Jean-Nicolas Guillemette, je suis le directeur général d'Uber
pour le Québec. Je suis accompagné de M. Xavier Van Chau, qui est le directeur des affaires publiques pour Uber Québec,
également de M. Jean-Christophe de Le Rue, qui est
le directeur des communications pour Uber Québec.
Donc,
premièrement, nous tenons à vous remercier de nous recevoir ici aujourd'hui,
nous donner l'opportunité de présenter devant vous pour discuter de la
mise en place d'un écosystème réglementaire qui est équitable, compétitif et
innovant, dans lequel le covoiturage urbain et Uber ont leur place.
Avant d'aller
plus loin, je souhaiterais offrir notre pleine collaboration à la commission
dans l'élaboration d'une nouvelle
réglementation qui vise à encadrer les services de covoiturage urbain et à
revoir la réglementation au niveau du transport rémunéré. Nous avons
confiance en la démarche du gouvernement à trouver une solution et nous voulons
collaborer à trouver et aujourd'hui à
trouver des pistes de solution et des recommandations avec vous et, bien
entendu, à répondre à vos questions.
• (16 h 40) •
Donc, premièrement, je vais faire un petit
sommaire de ce qu'est Uber. Uber est une compagnie qui a été créée en 2009, une compagnie technologique qui a
été créée par un Canadien et un Américain et qui a pour but de mettre en
contact des gens qui ont un actif important, c'est-à-dire leur voiture, à des
gens qui cherchent à se déplacer. Nous sommes présents aujourd'hui dans plus de
375 villes à travers le monde et dans 60 pays, et, dans ces places-là, il y a plus de 70 juridictions, des pays, des villes, des
États, qui ont créé de la réglementation dans le but d'encadrer les
services de covoiturage ou de «right
sharing», si on prend le terme en anglais, dont notamment la ville d'Edmonton
au Canada, qui a été la première à le faire, les villes d'Ottawa, de
Toronto, de Calgary, la Colombie-Britannique également, d'autres villes dans le sud de l'Ontario sont en train également de
regarder, de mener un processus similaire à celui-ci dans le but
d'encadrer les services.
Pour
ce qui est d'Uber Québec, nous avons lancé nos opérations en novembre 2013 au
Québec, et on a connu, au cours des
deux dernières années, une croissance exponentielle parce qu'on comble un
besoin réel. Donc, au sein de la population,
aujourd'hui, il y a un besoin qui est criant qui est celui d'avoir davantage
d'options pour se déplacer. Les frais de
transport des familles québécoises ont largement augmenté au cours des
dernières années, et on se doit de trouver des nouvelles solutions à ce
problème-là.
De plus, au
cours du mois de janvier 2016, nous avons reçu plus de 450 000 requêtes
pour des services de UberX au Québec
et également nous avons plus de 8 000 partenaires chauffeurs qui ont passé
à travers le processus rigoureux pour devenir
un partenaire chauffeur et qui ont offert des courses sur la plateforme au cours
de la dernière année. Nous avons, bien
entendu, pris le temps de prendre connaissance du document d'information et
nous avons préparé un mémoire où nous proposons
des pistes de solution. Donc, l'objectif pour nous aujourd'hui, comme je
l'exprimais, c'est bien entendu qu'on soit en mesure, tous ensemble,
avec la commission, que les recommandations visent à créer une réglementation
qui est équitable et qui permet une saine compétition.
Dans le cadre
de ce document-là, il y avait des enjeux importants. Je n'aurai pas le temps de
tous les adresser, donc ça me fera plaisir de répondre aux questions du
mémoire, s'il y en a, mais un des enjeux très importants, c'était la sécurité.
Uber est une des façons les plus sécuritaires pour se déplacer partout à
travers le monde pour deux raisons fondamentales.
La première, c'est le processus pour devenir partenaire chauffeur. Donc,
premièrement, il y a une vérification des antécédents criminels qui est
effectuée. On recule jusqu'à la majorité de l'âge du partenaire. Il y a
également une vérification du dossier de conduite qui est faite auprès de la
SAAQ, donc on vérifie que le partenaire chauffeur
a un bon comportement. Il y a des inspections de véhicules qui sont également
effectuées et il y a une police d'assurance commerciale en
responsabilité civile qui est détenue par Uber et qui couvre chacune des
courses qui sont effectuées sur la plateforme avec les véhicules UberX.
Au-delà de
ça, l'aspect technologique et d'innovation qu'on a apporté et qu'on a développé
au cours des dernières années nous permet d'augmenter les standards de
sécurité, notamment au niveau de l'identification du partenaire chauffeur. Donc, lorsqu'un utilisateur commande
une course, il a accès à la photo du partenaire chauffeur, à son nom, à
la marque de son véhicule, également à sa
plaque d'immatriculation. Donc, il sait exactement qui vient le chercher. Au-delà
de ça, du côté du partenaire chauffeur, même
chose, il y a l'aspect qu'il connaît l'identité de l'utilisateur et, au-delà
de ça, il n'y en a plus d'échange d'argent
entre les deux. Donc, toutes les transactions sont faites de manière
électronique, ce qui réduit grandement les risques de vol, par exemple.
Chacune des courses sur la plateforme Uber sont
tracées par GPS. Donc, on est capables de suivre chacune des courses, et, au-delà, on est capables de
retourner dans nos systèmes et de valider si ces courses-là ont bel et bien
eu lieu, et, s'il faut faire des recherches, on est capables de les retrouver.
L'aspect
rétroaction. Après chaque course, on va demander au partenaire chauffeur et à
l'utilisateur de noter l'un et l'autre.
Ce système de notation nous permet d'avoir une formation continue, nous permet
de s'assurer que les partenaires chauffeurs offrent toujours un niveau
de qualité qui est essentiel au succès de notre plateforme.
Comme je
l'expliquais, la technologie qu'on a développée nous a permis d'amener
davantage de sécurité sur la plateforme, et ce qu'on souhaite, c'est que
la commission se penche également sur les mesures de sécurité qui doivent être mises en place pour protéger les
citoyens, et qu'on élève les standards, et qu'on accepte la technologie à
ce niveau-là pour qu'on poursuive dans la bonne direction, qui est de protéger
les citoyens.
Un deuxième
point qui était soulevé dans le document d'information, c'était la qualité de service et l'augmentation
des options de transport au Québec.
Le succès d'Uber ou d'«Uber» — pardon,
les deux se disent, là, j'ai de la misère, des fois, à revenir, vous m'excuserez à ce niveau-là — mais le succès repose fondamentalement sur un besoin qu'on comble. La population a été extrêmement claire, elle souhaite avoir davantage de services et elle veut que le gouvernement réglemente. On a lancé une
pétition, en un peu plus de 48 heures, on a obtenu 50 000 personnes qui
ont signé cette pétition-là. Et l'objectif
de cette signature-là, ce qu'on disait aux gens, c'était de demander au
gouvernement de réglementer le covoiturage urbain. C'est ça, l'objectif. Et pourquoi on a fait ça? C'est pour
s'assurer que vous puissiez entendre leurs voix, des gens qui utilisent
notre service et qui disent : Je voudrais que le gouvernement se penche
sur ça. Et on salue la mise en place de cette commission-là parce qu'on pense
que c'est essentiel.
Il y a des problèmes majeurs au niveau de la
congestion routière, au niveau de la pollution atmosphérique, au niveau du transport. Le gouvernement en place a
pris des engagements extrêmement importants et agressifs, je dirais
même, dans les réductions de gaz à effet de
serre, et 43 % des gaz à effet de serre sont produits par l'industrie du
transport. Et, pour y arriver, il va falloir combattre un phénomène qui
est l'auto solo et, pour combattre ce phénomène-là, il faut se pencher sur des nouvelles alternatives dans le
transport. Il y en a plein d'autres qui ont eu lieu, il y a Uber
aujourd'hui au Québec, mais il y en a plein
d'autres qui se développent partout à travers le monde. Facebook parlait
justement de se lancer là-dedans également récemment. Donc, il faut
regarder vers l'avenir et trouver des pistes de solution pour combattre et
réduire les gaz à effet de serre au niveau du transport.
En terminant, la commission, aujourd'hui, se
penche sur un enjeu qui est complexe, qui est difficile aussi, on en est pleinement conscients, mais la
commission n'a pas aujourd'hui à faire un choix entre l'industrie du taxi et
les services de covoiturage urbains comme Uber. C'est un débat qui a été
polarisé, je pense qu'on est tous d'accord là-dessus. Il y a des opinions contraires qui s'expriment. On a
des centaines de milliers d'utilisateurs qui prennent nos services, il y
a des gens qui sont contre les services qu'on offre également. L'idée, c'est de
réussir à créer une réglementation et des recommandations qui vont permettre,
comme je le disais préalablement, d'avoir un écosystème qui est équitable, qui permette une saine compétition et qui, surtout,
supporte l'innovation technologique dans ce domaine-là dans le but
précis de permettre aux citoyens du Québec d'avoir accès à de meilleurs
services, mais surtout à davantage de services en termes d'alternatives.
Je
crois que l'objectif aussi, c'est de s'assurer que tous les joueurs, actuels et
futurs également, soient en mesure d'opérer au Québec, de se développer
et de croître pour s'assurer qu'en bout de ligne ce sont les citoyens qui
gagnent de ça. Merci.
Le
Président (M. Reid) : Merci. Nous allons passer maintenant à
une période d'échange. Et d'abord, du côté gouvernemental, M. le
ministre, vous avez la parole.
M.
Daoust : Merci, M. le Président. Écoutez, j'ai entendu, à Tout le
monde en parle, votre affirmation à l'effet que vous avez eu 450 000 trajets qui avaient
été faits au mois de janvier. Vous l'avez répété tantôt, je pense que vous
l'affirmez partout. Je ne comprends pas votre logique à vous réjouir d'avoir
abusé du système 450 000 fois dans un mois. Je ne comprends pas ce principe-là. Pourriez-vous
m'expliquer en quoi le Québec est supposé se réjouir que,
450 000 fois dans un mois, vous ayez passé à côté du système?
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Écoutez, les 450 000 requêtes
qui ont été faites ont été faites par des citoyens du Québec qui
souhaitent se déplacer et avoir d'autres options. Ils souhaitent avoir une
option qui est sécuritaire, qui est fiable
et qui est abordable, et c'est ce que les services d'Uber offrent au Québec
depuis plus de 15 mois. Donc, nous, on se réjouit du fait qu'il y ait 450 000 personnes qui choisissent
une alternative, mais l'objectif, en bout de ligne, derrière ça, la
raison pourquoi ils le font et aujourd'hui la pétition pourquoi on l'a lancée,
c'est de s'assurer...
M. Daoust : M. le Président,
j'aimerais...
Le Président (M. Reid) :
Pardon?
M.
Daoust : Juste une minute, là, c'est parce qu'on n'est pas partis du
bon côté de l'équation, là. Actuellement, là, le fait que des gens vous appellent ne fait pas que vous opérez dans la
légalité. Alors, vous, vous semblez dire : Parce que les gens m'appellent, bien, moi, je vais fournir
un service. Il est illégal, mais je vais fournir un service parce que les
gens m'appellent. On est dans une société de droit, il y a des règles. Uber
décide de venir s'installer au Québec...
Je pense que
l'industrie du taxi, de façon générale, n'a jamais été contre le fait d'avoir
de la compétition, que ce soit la
compagnie A, la compagnie B, dans la mesure où ils sont tous avec les
mêmes règles, avec les mêmes permis, s'assujettissent aux mêmes
inspections, aux mêmes vérifications. À partir du moment où on vit sur la même
planète, je ne pense pas que les compagnies de taxi au Québec aient des
difficultés avec le fait qu'il y a de la concurrence.
Mais, quand
vous arrivez avec un système dans lequel vous n'avez pas le même permis de
conduire, vous n'avez pas les mêmes assurances, vous ne faites pas les
mêmes vérifications automobiles, vous n'avez pas le même système d'inspection, vous n'avez pas les mêmes tarifs,
vous n'avez pas de permis de taxi puis vous dites : Moi, je j'opère
moins cher... C'est sûr, vous n'avez aucune
contrainte. Vous n'avez aucune contrainte. Vous me parlez de sécurité et vous
n'avez pas les contraintes de sécurité. Vous
me parlez de sécurité, vous avez des permis de chauffeur qui sont moindres que
ceux des chauffeurs de taxi tel qu'on
l'exige. Vous pouvez utiliser un vocabulaire différent en disant : C'est
du covoiturage urbain, c'est des partenaires chauffeurs, mais, en bout
de ligne, c'est du taxi que vous faites. Moi, je vous l'ai déjà dit, quand vous tournez pendant une demi-heure
autour de l'église Notre-Dame, ce n'est pas parce que vous cherchez un
stationnement pour aller à la messe, hein, vous faites du taxi.
Alors, je ne
comprends pas pourquoi vous me dites et vous dites : Au Québec, 450 000 fois on a eu un téléphone, puis il y a des gens qui nous ont appelés puis ils ont dit : On
veut avoir un taxi, puis nous autres, on va y aller puis on va opérer
dans l'illégalité. Vous êtes dans une société de droit, il y a des règles.
Pourquoi vous acharnez-vous à ne pas les respecter? Quelle sorte de
réglementation il va falloir mettre pour que vous arrêtiez?
• (16 h 50) •
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Alors donc, vous savez, quatre mois avant
le lancement des services d'UberX au Québec, on est allés s'asseoir au
ministère des Transports et on a fait la demande d'être réglementés, de créer peut-être un projet pilote qui viserait à encadrer
ce service-là, comme plusieurs autres juridictions ont fait à travers le
monde, et donner le temps à la société, un, d'évaluer les bénéfices de
l'innovation et, deux, de prendre le temps d'analyser la complexité qu'il y a
en arrière de ce type de changement là et d'innovation. Donc...
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M. Daoust : Je comprends que...
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : Est-ce
que je pourrais juste finir la réponse, s'il vous plaît?
Le
Président (M. Reid) :
...laisser un peu le temps de répondre parce
que là on le coupe, là. Monsieur,
continuez un petit bout au moins, là.
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) :
Parfait. Donc, on a demandé ça et, ensuite, on a commencé à opérer. Donc,
on a averti le gouvernement, on a dit : Écoutez, est-ce qu'il y a un cadre
réglementaire qui peut être mis en place? Il n'y a pas eu de discussion à ce
niveau-là. On a commencé à opérer et
on a opéré au cours des 19 derniers mois. Ça, ça fait 19 mois
que ces premières rencontres là ont eu lieu, et on a commencé à opérer.
Et,
après ça, en juin 2015, il y a un projet
de loi spéciale qui a été déposé, la loi n° 36, qui visait à avoir des projets pilotes également.
On y a participé et on a demandé de faire partie d'un projet pilote et d'être réglementés à ce
moment-là pour qu'on puisse continuer nos
opérations au Québec. On n'a pas été inclus dans le projet de loi actuel et aujourd'hui on vient ici pour discuter avec vous,
répondre à vos questions dans le but de parler d'une réglementation future qui
va encadrer les services de covoiturage urbain comme Uber fait, mais également
les services du transport rémunéré.
Notre objectif, c'est ça. L'objectif
fondamental, c'est d'avoir une réglementation qui permet une équité, qui permet
une saine compétition et qui permet l'innovation.
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M. Daoust : Mais vous n'avez pas
attendu. Vous êtes venus au ministère des Transports, vous n'avez pas attendu d'avoir une réglementation, vous avez
dit : Bon, les délais, pour moi, sont terminés, je commence à opérer.
C'est illégal, mais je commence. C'est ce que vous me dites que vous faites
depuis 18, 19 mois.
Vous vous
êtes entendus avec d'autres juridictions aussi dans le passé puis vous n'avez
pas respecté les règles. Je pense,
par exemple, à l'État de la Californie. On vous avait demandé de transmettre
des données, vous ne l'avez pas fait. Et vous avez un système, vous l'avez mentionné tantôt, qui est sophistiqué.
Vous pouvez retourner dans le système voir la qualité des chauffeurs de
taxi que vous avez dans votre système. Je présume que vous avez leur adresse.
Ce n'est pas des parfaits inconnus que vous avez là.
Alors, si
vous avez les adresses de ces personnes-là, si vous avez les caractéristiques
de ces personnes-là, vous avez sûrement les montants que vous leur avez
payés. Avez-vous envoyé au gouvernement du Québec... Puis je vous le demande formellement, pourriez-vous nous envoyer,
depuis que vous avez commencé à opérer, les chèques que vous avez faits à chacun des citoyens du Québec, avec leur
numéro d'assurance sociale? C'est des revenus imposables. Ce n'est pas
du revenu après impôts que vous payez, c'est du revenu avant impôt que vous
payez.
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : Oui.
Donc, si on adresse la question des taxes, je pense que c'en est une complexe, mais c'est important de l'adresser. Je
vais l'adresser dans son ensemble, mais je vais m'assurer de répondre spécifiquement à la question que vous posez, M. le
ministre. Premièrement, il faut clarifier une chose, là, on respecte
toutes les lois fiscales qui sont en place
au Canada et au Québec, comme la plupart, voire la majorité, voire la totalité
des grandes entreprises
technologiques qui opèrent ici. Donc, Facebook, Amazon, Google, Kijiji, c'est
tous réglementé de la même façon au niveau de la fiscalité.
Deuxièmement,
la distinction principale entre ces entreprises-là et nous, c'est que 75 %
à 80 % du montant qui est déboursé
s'en va dans les poches de Québécois. Ça, c'est unique. Il n'y a aucune autre
grande compagnie technologique à travers le monde qui opère de cette
façon-là.
Deuxième chose, il y a une fiscalité qui est en
place. Comme je le disais, on la respecte. Si le gouvernement souhaite revoir
la fiscalité des compagnies technologiques internationales, comme Londres est
en train de le faire, comme l'Union
européenne est en train de le faire, ça nous fera plaisir de participer à ça.
Mais je pense qu'il y a d'autres compagnies qui vont souhaiter être
invitées, et je pense que ça dépasse le cadre ici.
Si j'adresse
la question spécifique que vous m'avez donnée, M. le ministre, par rapport aux
partenaires chauffeurs, un des grands
avantages d'avoir une plateforme comme Uber, c'est que chacune des transactions
sont faites de manière électronique,
donc sont traçables. Il n'y a plus d'échange d'argent comptant. Lorsqu'un
partenaire chauffeur finit sa semaine sur
la plateforme Uber, il reçoit un paiement électronique dans son compte qui est
indiqué «Uber» et qui est facilement traçable
et transparent pour le gouvernement, si le gouvernement faisait des audits sur
cette personne-là spécifiquement.
Ils ont, bien
entendu, l'obligation de payer des impôts à partir du premier dollar qu'ils
génèrent, comme tous les travailleurs
autonomes au Québec. Et il y a certaines exemptions qui existent au niveau de
la TPS et de la TVQ, et ils se doivent
de respecter ça. Nous faisons des partenariats avec des entreprises de
comptabilité dans le but de fournir des services à nos partenaires chauffeurs. On leur envoie la réglementation de Revenu
Québec également pour qu'ils se conforment.
La question
que vous posez est légitime, et je pense que ça sera peut-être des
recommandations de la commission
qui est présente ici. De quelle manière on peut continue à contribuer davantage
pour s'assurer que le gouvernement ait plus de facilité à tracer l'argent qui
est généré par les partenaires chauffeurs? On est ouvert à des discussions à ce
niveau-là avec le gouvernement.
M. Daoust : Quand vous dites que
vous voulez respecter les lois puis tout ça, actuellement, là, ça fait plus de 1 000 véhicules qu'on saisit. Vous payez les
amendes et vous payez le véhicule de remplacement. Ce que vous faites, c'est un encouragement à continuer d'agir
illégalement puis à défier les lois de la juridiction dans laquelle vous vous
trouvez.
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : On
ne paie pas les amendes, on conteste les amendes. Donc, c'est une distinction
importante à ce niveau-là. Donc, c'est des dossiers qui vont se retrouver
devant un juge prochainement, en effet. On pense que l'important aujourd'hui,
c'est de discuter d'une réglementation qui vise à résoudre ce qui s'en va dans le futur. Les tribunaux décideront, par
rapport à ça spécifiquement, si, oui ou non, le partenaire chauffeur qui
a été arrêté avait justification de faire
ça, si, oui ou non, c'était du transport de taxi, si, oui ou non, c'était du
covoiturage urbain. Les juges vont
avoir à statuer, le tribunal aura à statuer, et je suis pratiquement certain
qu'on va gagner certaines causes, et peut-être qu'on va en perdre
certaines aussi, mais ça ne réglera pas le problème, M. le ministre.
Aujourd'hui, on est ici pour discuter d'une
réglementation qui va être équitable et qui va permettre la saine compétition,
et c'est ça, notre objectif aujourd'hui.
M. Daoust : Mais la
première règle dans une juridiction, quand on s'y installe, au-delà de faire
des affaires, c'est, à la base, de
respecter les lois, et vous ne les respectez pas. Votre notion de covoiturage,
dans le moment, avec ce que vous
faites, de la façon que vous l'opérez, ce n'est pas du covoiturage. C'est du
taxi, monsieur. C'est du taxi dans notre juridiction. Ça fait 1 000
fois qu'on saisit vos automobiles et vous vous acharnez à dire : Moi, tant
que la loi ne fait pas mon affaire, je ne l'écoute pas.
Alors,
ce que vous faites, c'est que vous ne cherchez pas une solution, vous cherchez
une confrontation puis vous risquez de l'avoir.
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Ce n'est définitivement pas l'objectif
que nous avons. Il y a une réglementation, en fait, en place pour le
covoiturage, il y a une réglementation en place pour le taxi, et on considère...
Quand je dis covoiturage urbain, l'idée, en
effet, ce n'est pas du covoiturage unique. Pour nous, ce n'est pas du taxi, et
il y a d'autres juridictions au
Canada qui ont reconnu ça. Il y a une cour supérieure de l'Ontario, et les lois
au niveau de l'opération d'un taxi sont extrêmement similaires entre
l'Ontario et le Québec, et le juge de la Cour supérieure de l'Ontario a
statué : les services qu'Uber offre, ce ne sont pas des services de taxi,
et la manière dont ils opèrent, elle est légitime.
Nous,
notre objectif, c'est de trouver un terrain d'entente, et, à vrai dire, c'est
le gouvernement qui va choisir la réglementation
qui sera mise en place. Nous, on est ici pour contribuer à ça et essayer de
proposer des pistes de solution pour résoudre l'enjeu qui nous intéresse
aujourd'hui.
M.
Daoust : Mais ce que je vous dis, monsieur, c'est que, pour être
considéré comme un partenaire à développer une façon de faire nouvelle... puis on en a rencontré d'autres, des
groupes avant vous, qui, eux, respectent tous, et ont des points de vue
différents, mais respectent tous, à ce jour, les règles chez nous :
posséder un permis de taxi, suivre les règles qui sont édictées.
Vous,
vous dites : Tant et aussi longtemps que la règle ne fera pas mon affaire,
je ne l'écouterai pas. Alors, ce que je
vous dis, c'est : En vertu de quelle logique, nous, comme parlementaires,
et j'inclus les partis, là, de l'autre côté, là, de la Chambre, en vertu de quelle logique, nous,
comme parlementaires, on doit vous croire et vous considérer comme un
partenaire quand, à la base, vous ne respectez pas nos lois?
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Écoutez, j'ai essayé d'expliquer un peu
notre position. Visiblement, on a une certaine divergence d'opinions à
ce niveau-là, mais le point fondamental, notre impression et notre
interprétation de la loi, c'est qu'on est
dans un flou juridique à ce niveau-là, où il y a une loi pour le covoiturage et
une loi pour le taxi. Et ce qu'on
considère qu'on fait, ce n'est ni du taxi, ni du covoiturage. On appelle ça du
covoiturage urbain. On peut jouer sur
la sémantique du terme de ce qu'on fait exactement, il y a peut-être d'autres
termes qui vont vous plaire plus que le covoiturage urbain, mais l'objectif en arrière de ça, pour nous, c'est
de s'assurer qu'il y ait une réglementation qui soit mise et que le flou
soit corrigé.
Et
ça, je tiens à le préciser, là, ce flou-là, nous demandons à ce qu'il soit
corrigé avant même de lancer nos services. Et, quand on a rencontré le
ministère des Transports, on a dit : On ne sait pas quand on va lancer le
service UberX au Québec. En ce moment, il
n'y a pas de réglementation qui encadre les services qu'on veut proposer.
Est-ce qu'on peut travailler avec le
gouvernement pour créer un projet spécial, un décret ou autre? Est-ce qu'on
peut avoir une vision de quel est
l'objectif du gouvernement à travers les services qui étaient déjà offerts à
travers le monde. Les services d'UberX ne
sont pas arrivés dans le monde il y a deux ans. Ils sont arrivés il y a trois
ans et demi, quatre ans. Et notre objectif est toujours le même :
demander au gouvernement de réglementer. On l'a refait en juin 2015 quand on
s'est présenté ici, on a demandé de faire partie d'un projet de loi.
Il
y a d'autres types de projets, qui sont venus présenter pour la loi n° 36,
qui ont été acceptés. Le nôtre n'a pas été accepté dans un projet de loi. Aujourd'hui, on salue la mise en place de cette commission-ci. L'objectif,
pour nous, c'est d'y participer, mais de regarder vers le futur.
• (17 heures) •
Le Président (M.
Reid) : Merci. Il reste une minute à M. le ministre.
M.
Daoust : Oui. Alors,
simplement pour vous dire que, d'un point
de vue du gouvernement, et je suis persuadé que mes
collègues de l'opposition pensent la
même chose, c'est que, si vous voulez
travailler à établir une réglementation, on va commencer par respecter celle qui existe et, après ça, s'il y a
lieu de la modifier, on le fera ensemble. Un parlement, ça existe pour ça.
Vous êtes dans la
maison aujourd'hui où on fait les lois, et ce que vous venez nous dire,
c'est : Tant et aussi longtemps que la loi ne fera pas mon affaire, je ne la
respecterai pas. Pour moi, monsieur, c'est inacceptable, et vous n'êtes pas celui qui va nous imposer le modèle. On va
vous imposer le modèle et, si celui qui existe ne vous convient pas, on
va en mettre un qui va être à notre goût,
auquel vous n'aurez pas participé parce
que vous vous excluez volontairement,
et, à ce moment-là, je ne suis pas persuadé que vous allez l'aimer, vous
savez. Merci.
Le Président (M.
Reid) : M. Guillemette, vous avez 30 secondes pour commenter ou
répondre sur le côté gouvernemental.
M. Guillemette
(Jean-Nicolas) : Écoutez, on va passer à la prochaine question. Je
n'ai pas de commentaire supplémentaire à faire.
Le
Président (M. Reid) :
Alors, nous allons passer au côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Oui. Merci,
M. le Président. En fait, c'est assez
déplorable que vous ayez une attitude corporative aussi hors-la-loi. Il
y a une loi qui existe ici, la Loi concernant les services de transport par
taxi, très claire, transport rémunéré de
personnes, il y a des encadrements. Lorsque vous dites qu'il n'y a pas de réglementation, c'est faux. Il y a une réglementation, mais vous refusez de vous soumettre à
cette réglementation-là. Vous plaidez l'ignorance ou vous inventez un flou artistique pour justifier
l'illégalité. Vous essayez de justifier l'illégalité, et c'est vraiment
dommage comme attitude corporative.
Vous auriez pu faire preuve de bonne foi. Nous vous avons invités à faire en sorte — puis
on n'a pas été les seuls à le
demander; l'ensemble de la CMM, le maire de Montréal — que
vous suspendiez vos activités le temps de la commission parlementaire comme preuve de bonne foi. Rien du tout, aucune
preuve de bonne foi de la part de votre entreprise. C'est vraiment
dommage.
Vous
dites, dans l'ensemble de vos communications, que c'est du covoiturage urbain. Est-il exact
qu'à Paris Uber a été condamnée à de
la publicité trompeuse, à 150 000 €
d'amende pour avoir utilisé le mot «covoiturage urbain», alors que ce n'est clairement pas du covoiturage? Et on
a des lois au Québec qui déterminent le covoiturage, et clairement vous ne cadrez pas dans ces lois-là, parce que, pour
que ce soit du covoiturage, le chauffeur doit décider de la destination,
ce n'est pas le client qui décide de la
destination et, dans votre cas, c'est le client qui décide de la destination.
Est-il exact que vous avez été condamné en Cour d'appel à Paris pour
publicité trompeuse?
Le Président (M.
Reid) : M. Guillemette.
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Malheureusement, je n'ai pas les détails
de ce qui s'est passé à Paris par rapport à ça, mais j'imagine que, si
vous les avez, c'est que ça doit être exact.
Mme
Ouellet :
C'est pratique de ne pas avoir les détails. C'est assez surprenant, pour des
dirigeants d'une entreprise, de ne pas
savoir ce qui se passe ailleurs. Je suis assez surprise. Est-il exact qu'à
Paris aussi les dirigeants sont actuellement
non pas en commission parlementaire, mais devant les tribunaux, et ils risquent
des amendes, les 62 dirigeants, 50 000 €
et 70 000 € chacun pour pratique d'activités illégales et incitation
d'honnêtes citoyens à faire des pratiques illégales?
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : En effet, c'est exact. Ce que je peux
vous dire également, c'est que, dans plus de 70 juridictions à travers le monde, Edmonton étant la dernière, les
gouvernements en place ont mis de la réglementation pour encadrer le
type de services qui étaient offerts par UberX.
La
raison pourquoi ils ont décidé d'encadrer ces services-là, c'est que, dans
l'histoire moderne, et je suis certain que c'est le cas de l'Assemblée nationale, il n'est jamais arrivé que
l'Assemblée nationale ici passe des lois sur des innovations avant qu'elles arrivent. Le gouvernement va voir
l'innovation, va constater les bénéfices pour la population. La
population va décider si, oui ou non, elle veut ce type de services là, et, par
la suite, le gouvernement va légiférer pour s'assurer d'encadre cette innovation-là. Ça a été le cas dans plus de, comme je le
disais, 70 juridictions, incluant des pays, incluant des États, incluant
des villes. Et nous, on est ici pour demander au gouvernement de réglementer
ça.
Mme
Ouellet : M. Guillemette, vous êtes un peu méprisant du
travail des députés et de la législation en disant ça, parce que, oui, il y en a des innovations et il y
a des gens qui vous ont précédé, qui justement sont venus nous présenter
des innovations qui se sont faites, et les
lois se sont adaptées. M. Alexandre Taillefer, que vous connaissez
sûrement, avec Taxelco, fait des
innovations. Taxis Coop, ici, à Québec, nous a présenté des innovations au
niveau d'une application mobile qu'ils ont en place depuis déjà 2014. Il
y avait de la géolocalisation depuis 2008. C'est assez méprisant envers les
législateurs, les propos que vous avez.
Est-ce
que vous seriez capables de nous donner... parce que, là, vous donnez seulement
les villes où vous avez percé. Est-ce que vous êtes capables de nous
donner le nombre de villes et le nombre de pays où les activités sont
suspendues?
M. Guillemette
(Jean-Nicolas) : Je n'ai pas le décompte exact par rapport à ça.
Mme
Ouellet :
C'est pratique de ne pas avoir ce décompte-là et d'avoir l'autre.
M. Guillemette
(Jean-Nicolas) : Mme Ouellet, je vais juste... Si je peux me
permettre, M. le Président...
Mme
Ouellet :
Non, je n'ai pas terminé. Je vais passer à ma prochaine question.
Le Président (M.
Reid) : Je pense que M. Guillemette est en train de répondre à
votre première question. Je voudrais quand même lui donner un petit peu de
temps...
Mme
Ouellet :
Oui. Non, mais il m'a dit qu'il n'avait pas le décompte.
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : C'est correct, c'est correct, M. le Président. Je
vais la laisser terminer. Je m'excuse.
Le Président (M.
Reid) : C'est bon. Ça va, c'est bon.
Mme
Ouellet : Ça fait
qu'on a eu la réponse, il n'a pas le décompte. Est-ce que vous pouvez me
confirmer que la ville de Calgary a été obligée d'utiliser une injonction pour
vous obliger à suspendre les services? Ils ont mis en
place une injonction temporaire pour faire en sorte que vous suspendiez vos
services, et je crois que vous les avez suspendus. Est-ce exact?
M. Guillemette (Jean-Nicolas) :
C'est exact que la ville de Calgary a émis une injonction temporaire, qu'on a pris la décision de respecter, bien entendu.
L'injonction temporaire a été émise par le gouvernement, et la ville de
Calgary, je tiens à le préciser,
aujourd'hui, travaille sur une réglementation dans le but de permettre les
services de covoiturage sur son territoire.
Mme
Ouellet :
Et, pendant ce laps de temps là, vous avez suspendu le service dans la ville de
Calgary, comme nous vous le demandons ici, mais ici vous n'avez pas
suspendu vos services.
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Donc, la distinction fondamentale entre
la ville de Calgary et le Québec, pour nous, l'interprétation qu'on en
fait, c'est que, comme je l'expliquais préalablement, quatre mois avant de
lancer nos opérations, on est allés
rencontrer le gouvernement et on leur a demandé de nous réglementer. Il n'y a
rien qui a été fait. Quand on a
rencontré le gouvernement, on n'a pas dit : On lance dans quatre mois,
voici comment ça fonctionne. On a dit : Écoutez, les services
d'UberX sont populaires partout ailleurs, on va les lancer au Québec à un
moment ou à un autre et est-ce qu'on peut
travailler sur une réglementation ou un projet de loi pour encadrer le
lancement de ces services-là? Il n'y a rien qui a été fait. On a lancé
les services au Québec, et, au cours des 19 derniers mois, il n'y a rien qui a
été fait non plus par rapport à nous demander d'arrêter nos opérations et, au
cours...
Mme
Ouellet : Ce n'est
pas vrai qu'il n'y a rien qui a été fait. Il y a plusieurs saisies qui ont été
faites et...
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) :
En effet. Je vais juste terminer, Mme Ouellet, s'il vous plaît. Donc, c'est bien que vous m'ayez repris par rapport à ça. En
effet, quand je dis qu'il n'y a rien qui a été fait, c'est faux. Il y a eu des commissions
qui ont été mises en place, il y a des efforts qui sont faits, on les reconnaît et
on est également pleinement
conscients de ce que ça crée comme climat ici, et l'objectif, pour nous, c'est
de participer à réglementer ça.
Mais, au
cours des 19 derniers mois où on a opéré ici, au Québec, ce service-là a été adopté
par la population. Les gens, les citoyens
du Québec ont adopté les services de covoiturage urbain ici. J'en
parlais tout à l'heure, je mentionnais le nombre de requêtes...
Mme
Ouellet : Il me
reste...
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : Je
veux juste terminer.
Mme
Ouellet : Non, mais il ne me reste pas beaucoup
de temps. Ça fait que je vais juste poser ma dernière question.
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : Je
voudrais terminer quand même, je pense que c'est important.
Le
Président (M. Reid) :
Mais il me semble que vous avez répondu à la question. Il reste
1 min 30 s, donc je vais donner la parole à Mme la
députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Quand vous dites que les citoyens
veulent votre service, en fait, il est moins cher puis c'est plus
abordable parce qu'il y a toute une série de frais que vous n'avez pas, dont la
TPS, la TVQ, le permis de taxi.
Est-ce que ça va prendre une injonction de la
part du gouvernement du Québec pour que vous suspendiez vos services? C'est dommage que vous obligiez les
législateurs à utiliser ce genre de moyen là, que, de façon volontaire,
vous n'exprimiez pas votre bonne foi au niveau de la collaboration. Et, lorsque
vous dites qu'il y a des sondages qui disent que les services d'UberX sont
souhaités au Québec, bien, je vous rappellerai un sondage d'Angus Reid, qui est
sorti dernièrement, qui dit que 72 % des Québécois souhaitent qu'Uber soit
réglementé de la même façon que les taxis. 72 %, c'est une très forte
majorité.
Ça fait que faites attention dans vos
affirmations parce que c'est beaucoup plus divergeant que ce que vous affirmez. Faites attention dans vos publicités.
Uber a déjà été condamnée pour publicité trompeuse. Je pense que, comme
dirigeant, vous avez une responsabilité, une imputabilité, et vous auriez tout
avantage à respecter les lois du Québec pour ne pas vous retrouver à subir les
mêmes procès que les dirigeants d'Uber subissent ailleurs dans le monde.
Je vous
invite donc encore une fois à suspendre les services d'UberX. La commission parlementaire
commence aujourd'hui, il nous reste trois
semaines. Vous dites que vous voulez collaborer et que vous offrez toute votre
collaboration, bien, démontrez-en la bonne
foi et faites-en la preuve en suspendant les services d'UberX au Québec
minimalement le temps de la commission parlementaire.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Le temps est presque écoulé, mais je vous laisse quelques secondes, si
vous voulez commenter. Alors, nous passons au deuxième groupe d'opposition. M.
le député de Groulx.
• (17 h 10) •
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, M. Guillemette et vos
acolytes, bienvenue. Je vais essayer d'avoir une approche un peu différente de mes collègues, puis je comprends leur
point de vue, puis on pourra peut-être toujours éventuellement revenir, «backtracker» au niveau de l'argent qui pourrait
être dû au gouvernement, parce qu'en fait, moi, j'avais reçu un document de la part du ministre,
puis, au niveau des grands items, des grandes intentions, on doit parler
de la mise en place d'un environnement d'affaires équitable en tenant compte de
l'émergence de nouveaux modèles.
Et puis je
comprends tout à fait que vous êtes dans l'illégalité présentement. Comme vous
l'avez dit puis comme je l'ai exprimé
plus tôt aussi aujourd'hui, il arrive bien souvent que des innovations se
pointent plus vite que le législateur ait
le temps, donc, de légiférer. Mais il faudra quand même voir éventuellement,
s'il en arrive à quelque chose, de voir ce qui s'est passé depuis que
vous opérez puis de voir à aller chercher ce qui est dû.
Maintenant,
vous dites que vous comblez un besoin. J'aimerais que vous m'expliquiez, outre
l'avantage du prix, comment vous comblez un besoin différent de
l'industrie du taxi?
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Merci pour votre question. C'est une très
bonne question. Je pense qu'il faut clarifier
certaines choses par rapport à ça. Donc, vous savez, on peut voir ça comme, les
services de covoiturage urbain prennent
un client qui était dans le taxi et l'amènent dans le covoiturage urbain et
s'arrêter là. Et on pourrait voir de la même façon les gens qui ont lancé Car2go, quand Communauto est arrivé, quand
Bixi est là, tous les autres modes de transport.
On est tous
d'accord pour dire qu'il y a un problème de congestion routière au Québec. Je
pense qu'il n'y a pas personne qui
peut affirmer le contraire. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire qu'il y
a une problématique au niveau des émissions à gaz à effet de serre qui
sont émises dans le milieu du transport, et la raison fondamentale derrière ça,
c'est l'auto solo. Donc, il y a une
problématique qui est à dire : il n'y a pas assez d'alternatives dans les
transports, ce qui fait que
80 %, à peu près, des gens au Québec utilisent leur voiture solo pour se
rendre au travail, qui crée de la congestion et de la pollution
atmosphérique.
Pour résoudre ça, il faut trouver des solutions
pour convaincre les gens de changer leurs habitudes. Le point que vous souleviez est important. D'avoir des
services de transport qui sont accessibles et abordables est un des
premiers pans qui fait que les gens se
disent : Bien, ça me coûte moins cher d'utiliser d'autres services que ma
voiture personnelle. La technologie qu'on a apportée, l'innovation qu'on
a apportée sur les services qu'on offre aujourd'hui l'est aussi, la fiabilité. Vous savez qu'à Montréal, en temps
moyen, ça prend quatre minutes pour obtenir un véhicule. Donc, quand la
personne a besoin de son auto, une des raisons fondamentales pourquoi elle
l'utilise, c'est parce qu'elle est toujours disponible.
Si on est capable d'offrir un service qui est fiable et que la voiture, elle
est disponible rapidement, il va adopter ce comportement-là.
Deuxièmement,
l'environnement dans lequel ça se fait. Quand je dis qu'on a eu 50 000
noms sur notre pétition et que les
gens ont adopté notre service, ils l'ont adopté parce que ça leur plaît. La
fonctionnalité de l'économie du partage qui est derrière Uber... Puis là je suis persuadé que certaines personnes ne
seront pas d'accord avec l'économie du partage. C'est correct, il faudra définir ce que c'est, c'est un
nouveau type d'économie qui n'est pas encore défini. Mais le partage, il
se fait sur le principe que la personne,
elle a un actif important qui est 95 % du temps stationné. Ça, c'est
l'autre problématique : les gens
ont une voiture, mais ils la sous-utilisent. L'objectif, c'est qu'ils n'aient
pas besoin de s'en acheter une ou
qu'ils diminuent leur utilisation. Et c'est pour ça que ça prend un cocktail de
transports qui est fort, trouver des moyens pour convaincre une
personne, que ce soit au niveau du prix, de la fiabilité et de la sécurité, et
la technologie qu'on est capable d'apporter sur place va être capable de
compenser.
Je vous donne
un exemple. Les gens, quand ils sont dans leur auto, ils aiment ça écouter leur
propre musique. Sur Uber, si le
téléphone est branché en auxiliaire, c'est la musique du client qui joue. C'est
une petite étape, mais c'est toutes ces
étapes-là... Et je reconnais que l'industrie du taxi a fait des efforts, a
apporté des technologies, et on a besoin d'une économie, au niveau du taxi, qui est forte également parce que c'est un
joueur important. Mais il faut tous être là, incluant les services de covoiturage, et je pense qu'un des
pans majeurs de cette commission, c'est d'évaluer les transports futurs
qui ne sont pas encore aujourd'hui. Il faut les réglementer pour permettre de
combattre l'auto solo.
M. Surprenant : L'industrie
traditionnelle du taxi, évidemment, elle respecte les lois. Elle est contrainte
à plusieurs égards, là, au niveau de son
fonctionnement, ce que vous ne semblez pas être pour le moment. Si on parlait,
donc, de vous mettre plus de contraintes et
pour que ces contraintes-là ressemblent à celles qui sont édictées pour
l'industrie traditionnelle du taxi et puis
qu'au niveau de prix on vous demanderait de charger des tarifs équivalents à ce
qui est chargé pour l'industrie
traditionnelle du taxi, est-ce que vous considéreriez que vos avantages, autres
avantages concurrentiels, feraient en sorte que votre modèle d'affaires
serait toujours viable?
M. Guillemette (Jean-Nicolas) :
C'est une bonne question, mais la question fondamentale en arrière de ça, c'est de brimer le consommateur, parce que
l'objectif, pour le consommateur, c'est d'avoir accès à des transports qui
sont abordables. Nos prix sont en moyenne jusqu'à 50 % moins chers qu'un
taxi, et c'est un des avantages qu'on a. Mais l'avantage principal, il n'est
pas relié à nous, il est relié au consommateur qui veut avoir accès à des
transports moins dispendieux.
Mais une des
choses qui s'est passée dans plusieurs juridictions, c'est que les autres
juridictions ont revu également le
modèle de prix de l'industrie du taxi et, si on prend une ville comme Edmonton,
ont permis aux compagnies de taxi non seulement d'opérer dans leur
modèle actuel en diminuant certaines réglementations, mais, au-delà de ça,
d'opérer exactement dans le même modèle que
les covoiturages urbains opèrent s'ils ont une application. Donc, ils peuvent
prendre le même modèle et choisir de quel
côté ils veulent opérer, soit au niveau du taxi, soit au niveau du covoiturage
urbain avec le même véhicule, ce qui
leur permet de compétitionner, mais surtout au consommateur d'avoir accès à un
prix moins cher.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Le temps est écoulé pour le deuxième groupe d'opposition. Alors, il
reste trois minutes, une enveloppe réservée au député indépendant. M. le député
de Mercier.
M.
Khadir : M.
Guillemette, messieurs, le ministre vous a demandé qu'est-ce que ça vous
prenait pour arrêter d'opérer,
puisque tout le monde vous l'a dit au Québec. Tous les législateurs, toutes les
personnes responsables, en position de responsabilité, vous ont
dit : Vous n'avez pas le droit de faire ce que vous faites. Qu'est-ce que
vous avez répondu finalement? Votre réponse, ça a été quoi? Qu'est-ce que ça
vous prend pour arrêter?
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) : Écoutez, la raison pourquoi on est ici
aujourd'hui, l'objectif pour nous, là, ce n'est pas de parler, qu'est-ce
que...
M. Khadir : Non, non, non,
attendez, mais c'est parce que la question... Je n'ai pas beaucoup de temps.
Pour arrêter, parce que votre activité est
illégale — vous le
savez, ça vous a été dit, d'accord — maintenant, qu'est-ce qu'il faut d'autre que la demande du ministre, la demande du
Parlement, la demande du maire de Montréal, pour arrêter de commettre l'illégalité et entraîner, encourager des gens qui
sont moins informés que vous et moi à commettre de l'illégalité et de se
rendre passibles d'infraction au Code
criminel, par exemple, qui est passible de prison? Est-ce que vous allez aller
en prison à leur place, si jamais, par exemple, il y a des conducteurs
qui sont emprisonnés? Est-ce que vous allez prendre la responsabilité d'aller
en prison à leur place?
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : M.
Khadir, je ne pense pas que c'est à moi ou à nous de dire qu'est-ce que ça prend pour arrêter le service. Je pense que
l'objectif de la commission aujourd'hui, c'est de regarder les pistes de
solution futures pour réglementer, mais ce qu'on a expliqué, ce qu'on a...
M. Khadir : On va faire ça,
mais ce n'est pas ça. En attendant...
M. Guillemette (Jean-Nicolas) :
Juste terminer...
M. Khadir : Ma collègue vous a demandé : Est-ce que vous allez vous engager à
arrêter? Parce que ce n'est pas raisonnable, vous vous moquez
de tout le monde en disant ça, ce n'est pas raisonnable. Le ministre vous a
demandé : Qu'est-ce que ça vous prend pour arrêter? Vous êtes devant un
parlement, le ministre, vous êtes devant l'opposition officielle qui dit : Pour
le moment, pour montrer votre bonne foi, pour qu'on puisse collaborer, il faut
que vous arrêtiez.
M.
Guillemette (Jean-Nicolas) :
On a demandé, de manière régulière, à être réglementés depuis 19 mois.
On est venus ici, vous vous souvenez, en juin 2015, on demandait de faire
partie d'un projet spécial. Il y a d'autres parties aujourd'hui, il y a des commissions
jeunesse qui sont sorties pour demander au gouvernement : Est-ce que ce serait
possible de faire un décret pour permettre à Uber de continuer d'opérer, le
temps que la commission se penche sur la situation actuelle?
M. Khadir : Mais rendez-vous compte que c'est
du capitalisme sauvage parce que vous avez besoin d'opérer. Si les lois,
et le Parlement, et le gouvernement ne respectent pas vos volontés, vous
allez... Ça s'appelle du capitalisme sauvage.
Est-ce que vous êtes en faveur du capitalisme sauvage, en plus d'opérer dans
des conditions où vous organisez que les bénéfices soient délocalisés
dans des paradis fiscaux? Est-ce que vous êtes en faveur du capitalisme
sauvage, M. Guillemette?
M. Guillemette (Jean-Nicolas) : Je
pense, M. Khadir, que nous avons une certaine divergence d'opinions au niveau
des termes utilisés. Je conviens que vous avez pleinement droit à votre
opinion. Notre opinion, pour nous, ce n'est pas ça, et notre analyse qu'on fait de la réglementation en place, comme
on expliquait, c'est que, oui, une réglementation en place pour le taxi, oui, une réglementation en
place pour le covoiturage. Ce qu'on fait, c'est différent. On considère
que c'est différent et ce qu'on demande au gouvernement...
M. Khadir : Mais ceux qui
sont responsables de la loi vous disent que, malgré votre interprétation, vous
avez le droit...
Le Président (M. Reid) : Le
temps est terminé...
M. Khadir : ...ce n'est pas
la bonne interprétation, arrêtez.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Mercier. M. le député de Mercier...
M. Khadir : Oui. Excusez-moi.
Le
Président (M. Reid) :
Le temps était terminé, il restait deux secondes. Alors, je voudrais dire que
nous avons terminé. Maintenant, je vous remercie d'avoir été présents et
d'avoir apporté votre contribution à nos travaux.
Je lève la
séance dans quelques instants, le temps de permettre à nos prochains
invités du Comité provincial de concertation et de développement de
l'industrie du taxi de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 25)
Le
Président (M. Reid) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue à nos invités du
Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi.
Pour respecter les temps, nous devons dépasser l'heure normale de la fin, et je
voudrais un consentement pour terminer à 6 h 10. Consentement?
Alors, vous
connaissez, je pense, et vous l'avez fait vous-même de nombreuses années...
Alors, vous avez 10 minutes pour faire votre présentation. Je vous
demanderais de vous nommer, même si tout le monde vous connaît, et de présenter
les personnes qui vous accompagnent.
Comité provincial de
concertation et de développement
de l'industrie du taxi (CPCDIT)
M.
Chevrette (Guy) : Oui, M. le Président. Avant même de présenter le
monde, je voudrais, par expérience vécue, féliciter les élus qui
viennent de vivre trois quarts d'heure, une heure, d'une gravité, je trouve,
très grande pour le Québec. Il s'agit de la
démocratie et le respect de nos règles démocratiques, et je voudrais féliciter
tous les élus qui sont passés ici, qui ont questionné puis qui ont voulu
avoir la vérité. Et je voudrais souhaiter en retard la bonne fête au ministre
qui fêtait hier son 20e anniversaire de naissance.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Chevrette (Guy) : Pour ce qui est
des gens qui m'accompagnent, vous avez M. Leblanc de Van Médic;
Mme Carole Dallaire, Saguenay—Lac-Saint-Jean; M. Mathieu... excuse, M.
Tremblay, Jean-François, de Vaudreuil; et le président du CPCDIT,
M. Tannous.
Moi, vous me
connaissez, puis je vous avoue que je ne sais pas si j'ai le même calme que
vous avez démontré, parce que je n'ai
jamais assisté à quelque chose de si outrageant pour le Parlement, quelqu'un
qui refuse même de répondre à un ministre, à des questions directes, à
des invitations directes de se conformer à la légalité des choses. Je trouve ça
épouvantable, et personnellement c'est ce
qui nous a fait hésiter à venir ici, parce qu'on a cru, à un moment donné,
que les dés seraient peut-être pipés. Vous
savez, quelqu'un qui commet un vol, ordinairement, on ne le fait pas venir pour
se faire raconter comment il a fait
son vol puis comment il a continué à oeuvrer dans la vie. On lui donne une
sommation, on le cite devant les
tribunaux puis on le sentence. Et c'est pour ça qu'on a hésité à venir, mais on
est venus parce qu'on s'est dit : Il faut que le bon sens triomphe.
Moi, c'est la
première fois que je viens devant un parlement non pas demander de changer des
choses mais de respecter les lois et règlements. C'est la première fois
que je fais ça. On est venus souvent, d'autre part, demander de changer des
choses, mais là on s'est dit : Il faut aller appuyer le gouvernement. S'il
n'y a pas assez de moyens, on va demander
d'en voter. Et c'est pour ça qu'on est allés ce midi appuyer le projet de loi
déposé par Mme Ouellet, parce qu'à court
terme il donne un moyen additionnel de dégeler, de dégeler cette compagnie qui
se refuse systématiquement d'obéir aux
règles du jeu. Et il me semble, là, qu'il pourrait y avoir un consentement
parce qu'il n'y a pas de vide juridique dans ça. L'article 117 de la loi, là, lisez-le, là, puis le parlementaire qui
sait lire ne peut pas trouver de vide juridique. Du transport rémunéré
de personnes, là, c'est du taxi.
Et j'ai pris la chance d'écrire au Bureau de la
concurrence, puis le Bureau de la concurrence, qui a pourtant louangé la technologie d'UberX, me dit carrément
que ce n'est pas du covoiturage urbain, c'est bel et bien du transport
de personnes rémunéré. Et, au deuxième paragraphe, il dit bien qu'on doit
oeuvrer dans des conditions similaires. La concurrence,
là, c'est des conditions similaires. Tu ne peux pas payer un permis de taxi
200 000 $, payer une assurance 2 000 $, payer une plaque d'immatriculation 1 000 $,
un cours de formation de 750 $, puis mettez-en, là, deux examens de l'auto deux fois par année, des vérifications
mécaniques, et puis on en demande, et on en demande. Et vous voulez qu'on investisse alors que des gens viennent
gruger notre gagne-pain, viennent gruger du salaire. Il y en a qui ont
perdu jusqu'à 200 $ par semaine depuis le mois d'octobre.
Il est temps
que l'on se réveille et qu'on se donne les moyens d'arrêter ces illégalités-là.
Et, si le président me le permet, je
vais la montrer, la lettre comme quoi le Bureau de la concurrence du Canada
nous donne raison et qu'ils ont menti ici effrontément, ceux qui sont
passés devant nous.
Le
Président (M. Reid) : J'aimerais que vous enverrez la lettre à
la secrétaire de la commission qui va s'assurer de la distribuer.
M. Chevrette (Guy) : Ça me fera un
plaisir déboutonné.
Le Président (M. Reid) : Il
vous reste cinq minutes de vos 10 minutes, monsieur.
• (17 h 30) •
M.
Chevrette (Guy) : Je sais, monsieur, mais c'était plus fort que moi.
Je pense qu'il serait facile pour
nous de démontrer tous les efforts
qu'on a faits malgré toutes les exigences que l'on a pour que l'industrie véritablement progresse. On le sait qu'on a des pas à franchir, on le sait
qu'on n'est pas parfaits, mais le 8 juillet, avec plusieurs des personnes
qui sont ici, dans la salle, là, le 8
juillet, on a dit au ministre : On est prêts à vous aider, on est prêts à
vous aider à trouver une application nationale, québécoise, et
M. Homsy, tantôt, vous l'a dit aussi, on travaillerait là-dessus. Vous
avez déjà subventionné 250 000 $
pour rechercher ce genre d'application, on vous en demande rien que la moitié,
nous autres, puis peut-être moins, puis on va vous
en trouver une application nationale. On ne peut pas légiférer en fonction
d'une technologie. On légifère aussi en pensant aux humains qui vivent les
lois, et ça, je vais vous en parler un petit peu.
Moi,
je pense que les travailleurs du taxi, M. le ministre et MM. les
parlementaires, ce qui compte pour eux, c'est leur emploi, premièrement, premier objectif fondamental. Ils se sont
acheté un emploi, ces gens-là, 200 000 $, 210 000 $,
260 000 $ à des places, un permis,
pour s'acheter un emploi, et on vient les bafouer complètement ici. On
dit : Décontingentez, il n'y a
plus de problème. Vous aurez remarqué que les permis sont légèrement à la
baisse. Les gens se disent, puis vous
êtes un ancien banquier, M. le ministre, vous savez ce que ça veut dire, les
gens qui ont payé 200 000 $ puis
qui en doivent encore 190 000 $, ils ne vendent pas à
150 000 $ puis à 140 000 $. C'est la raison pour laquelle
les permis restent encore très élevés.
Sinon, on prendrait toute une débarque, vous le savez très, très bien, et leur
fonds de pension, il n'y en aurait à peu près pas, si jamais ils
n'avaient pas eu les dettes qu'ils ont là présentement. Ça, c'est dégueulasse de vivre ça, et moi, personnellement,
je trouve que c'est immoral dans un Québec qui se dit qu'on soutient les
gens qui se débrouillent, qui s'intègrent à
la collectivité puis qui veulent gagner leur vie sans se ramasser sur la
sécurité du revenu. C'est très respectable.
Le
gouvernement, j'avais le goût de vous brasser un peu plus parce que ça fait la
deuxième fois qu'on vient ici pour la
même compagnie qui rit de nous autres. Puis on dit : Ah! Chevrette — moi, ça me choque en maudit, vous le
savez comment je suis impulsif et
émotif — mais,
Chevrette, tu ne comprends pas, c'est une nouvelle technologie. Mais
oui, mais une nouvelle technologie doit-elle l'emporter sur les lois? D'abord,
fondamentalement, là, une nouvelle technologie, dans six mois, elle peut être dépassée. On peut présenter une nouvelle
technologie qui cadre beaucoup plus, par exemple, avec l'ensemble des transports de personnes, y
compris le transport adapté, comme à Laval où on a intégré le transport
adapté au système qu'ils ont, qui existe.
Moi,
je considère qu'il est temps qu'on se réveille, qu'on dise : C'est
illégal. On prendra des injonctions s'il le faut, parce que, manifestement, la bonne foi n'était pas là, là.
Manifestement, il ne veut rien savoir, il veut continuer. Je pense qu'il faudra prendre les grands moyens, et
le Parlement a tout... Si notre Parlement n'est pas capable de mettre
fin à quelqu'un qui s'obstine à vouloir obtempérer à la légalité, bien, je
m'excuse, il faut prendre des actions. Sinon, à qui voulez-vous qu'on se fie,
si le Parlement ne prend pas position solidement?
Je
pense qu'on a fait beaucoup d'efforts. Je n'ai malheureusement pas le temps de
vous en faire part, mais je peux vous
dire que M. le ministre, il a un double mandat, lui, c'est l'électrification du
réseau de transport des personnes. Déjà, 40 % de la flotte, ils disent qu'ils n'ont rien fait, déjà,
40 % de la flotte est hybride ou bien électrique. Des régions comme
l'Estrie sont quasiment toutes hybrides à
100 %, 81 sur 84, et je pourrais continuer. Trois-Rivières en a pareil
puis tout. On est prêts, dès 2017, à
aller dans l'objectif de votre mandat, M. le ministre. Mais donnez-nous la
chance, par exemple, de cesser de
travailler avec du monde qui nous coupent puis qui nous coupent. Si on perd du
traitement, on ne peut pas investir dans la réalisation d'un mandat
comme vous avez. Mais donnez-nous la chance de réaliser nos emplois, puis on va
être capables de réaliser.
Et
le mauvais exemple d'Uber transpire dans toutes les régions du Québec. Mme
Dallaire pourrait vous raconter comment ça se passe dans le Saguenay,
Chicoutimi, qu'on pense qu'il n'est pas rendu là. Il n'ira pas là, Uber, mais les gens misent et veulent imiter UberX. Si lui
est capable de faire de l'illégalité puis ne pas payer de taxes, ne pas
payer d'impôt, moi, je peux me promener...
au lieu de 20 $, je vais me prendre 15 $, puis je n'aurai pas de
taxes à payer, puis je n'aurai pas
d'impôt à payer. C'est la mentalité qui se développe, qui va se développer
partout au Québec, et ça, là, c'est évident et c'est l'effet
d'entraînement de personnes qui braquent l'autorité gouvernementale.
Moi,
je ne suis pas un anarchiste puis je veux vous dire très honnêtement qu'on doit respecter les lois et règlements, mais il faut prouver, par exemple, qu'il faut
adapter les lois aux circonstances. Ça n'a pas d'allure de tolérer que
c'est rendu que c'est une compagnie qui a une application qui gère le transport
des personnes au Québec, qui gère le transport payé des personnes. Ça n'a pas de bon sens. Et non seulement vous devez
le dire, ça fait plusieurs mois qu'on le dit, ça fait 15 mois. Ça fait
deux fois que le Parlement est convoqué pour cette même compagnie.
S'il
vous plaît, s'ils n'ont pas de respect pour vous et pour nous, j'aimerais que
vous en ayez pour nous. Je vais répondre aux questions.
Le
Président (M. Reid) : Merci, Mme Chevrette. Alors, nous allons
passer maintenant à la période d'échange. M. le ministre.
M.
Daoust : Alors, écoutez, bienvenue, tout le monde. Je suis content de
vous accueillir ici pour discuter d'un sujet qui nous préoccupe. On se souviendra à l'origine que cette commission
parlementaire là vise trois grands objectifs : à la base, la sécurité de la clientèle; le deuxième
point qui est l'amélioration ou la qualité de services à cette clientèle-là;
et, troisièmement, que nous vivions dans une industrie équitable. Et, quand on
dit une industrie équitable, je pense que collectivement
autour de la table aujourd'hui, de différents groupes politiques, on s'est
exprimé, je pense, un peu de façon... en tout cas, la plupart des partis
politiques considèrent que ça ne doit pas aller dans cette direction-là.
Alors,
je ne veux pas qu'on pousse le débat seulement sur ça. On va le régler, ce
problème-là. Mais j'aurais aimé, si vous
le permettez, parce que je vous connais bien, M. Chevrette, mais entendre M.
Tannous nous parler de l'industrie, qui a connu des mauvais jours, qui a
eu une mauvaise réputation à un certain moment. Et je sais que vous travaillez actuellement à améliorer la qualité du service à
la clientèle et j'aurais aimé ça voir où vous vous en allez avec ça, où
vous êtes rendus dans tout ça, parce qu'à la
base, la qualité de service à la clientèle, c'est ça qui va faire que
l'industrie va survivre.
M. Tannous
(Georges) : Oui. Salut, bonsoir. Comme comité provincial, on travaille
sur plusieurs dossiers. Premièrement, la
formation, on a parlé tantôt, M. Homsy, il a parlé là-dessus, les
applications... On travaille aujourd'hui sur une application et on pense
qu'on va avoir une application pour toute la province avant la fin de l'année.
Transport
adapté, de plus en plus, depuis 2001, plus de vans adaptées qui sont sur la
route. Le transport adapté, aujourd'hui,
il est beaucoup mieux servi qu'avant. C'est des clientèles importantes. On
l'inclut encore dans nos systèmes d'application. Encore, les voitures
électriques, encore, ça va être inclus dans le système d'application encore
qu'on a.
Les
formations, je pense, c'est quelque chose qui est bien étudié par rapport à...
façon touristique dans toutes les villes.
On a un dossier disciplinaire. On travaille encore, je pense, avec la ville de
Montréal pour essayer de trouver une solution par rapport à la
discipline, et surtout il y a beaucoup des... c'est sûr, dans les compagnies,
il y a un règlement disciplinaire, mais il y
a des voitures qui n'appartiennent pas à des compagnies. Donc, comment on va
faire la discipline avec ces
personnes-là? Donc, il y a encore de... On parle avec la ville de Montréal pour
trouver une solution là-dessus. Les voitures électriques, c'est sûr
qu'on a parlé là-dessus, en 2017. Ça, c'est des projets qu'on prépare
aujourd'hui.
• (17 h 40) •
M. Daoust : Peut-être une dernière
question parce que je veux laisser le temps à mes collègues aussi du gouvernement de poser des questions. Vous avez
parlé d'une application. Vous savez, actuellement, la difficulté que
nous rencontrons avec UberX, c'est à la base une application informatique
séduisante, mais qui fonctionne dans l'illégalité chez nous. Vous êtes à installer une application technologique aussi, et
M. Homsy tantôt nous a dit qu'ici il y en avait une qui fonctionnait à Québec, qui fonctionnait bien
et que ça répondait aux besoins. Une des forces d'Uber, c'est d'avoir la
même application un petit peu partout.
Est-ce que
vous vous installez en parallèle de ce que fait Québec? Est-ce que vous
pourriez travailler avec le même véhicule?
Ce que disait M. Homsy tantôt, j'avais l'impression d'avoir entendu que ça
pourrait se généraliser beaucoup et, si on avait un modèle, ça pourrait être très bon pour le Québec parce que
j'aime beaucoup entendre parler de ces technologies-là, on n'est pas en retard. Mme la députée de
Vachon disait tantôt que justement elle était contente qu'on ait
développé ça chez nous. C'est très vrai, on est capables de développer ça.
Alors,
parlez-nous un petit peu de ce que vous faites puis de voir s'il n'y a pas
moyen de vous coordonner un petit peu avec Québec dans ça.
M. Tannous (Georges) : Oui. Merci.
Merci pour cette question, c'est important.
Aujourd'hui,
Québec, il y a des applications. À Montréal, chaque compagnie... presque toutes
les compagnies à travers la province, elles ont des applications. On
parle plus que 90 %. Donc, tout le monde, ils ont des applications.
Aujourd'hui,
on travaille pour une application unique pour toute la province. Est-ce que ça
prend celle de Québec? On travaille
avec ça, mais on a plusieurs demandes de quelle application qu'on va prendre,
mais encore il y a beaucoup des ajouts
qu'on va mettre dans cette application. Exemple, aujourd'hui, on paie par Visa
pour l'application. Nous autres, on sait
qu'il y a Cool Taxi qu'on a. Cool Taxi, c'est comme on donne de l'argent... on
donne des coupons pour que l'adolescent qui prend seulement le taxi avec ça au lieu qu'il paie dans le
restaurant ou dans un bar. Dans cette application, on peut avoir encore une partie qu'on peut mettre de l'argent,
que le père, il est capable de mettre l'argent dans cette application
parce que le fils, il n'a pas de Visa, il
n'a pas de MasterCard. Donc, il peut encore utiliser cet argent-là, comme
50 $, et cet argent-là, il ne peut pas l'utiliser ailleurs, sauf
pour le taxi.
Donc, pour
ça, il y a des programmations là-dessus. On travaille fort pour faire quelque
chose qui est différent, qui est à la hauteur du Québec.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. Chevrette.
Bonjour, M. Tannous. Salutations à ceux qui vous accompagnent
aussi.
Vous savez, bon, ce matin, je ne sais pas si
vous étiez là au moment où M. Taillefer donnait son témoignage, bon, lui
avait certaines vues, certaines visées. Il a utilisé des qualificatifs en
parlant, bon, de la loi sur le taxi puis la réglementation,
d'infantilisantes, de dépassées. Je regarde, bon, les gens qui sont en arrière,
dans l'audience, il n'y a pas de millionnaires dans ça. En tout cas,
s'il y en a, je ne les vois pas. C'est tous des gens qui travaillent fort puis
souvent pour pas grand-chose à la fin de la semaine.
Partagez-vous
un peu les vues de M. Taillefer? Seriez-vous en faveur d'un remodelage de
tout ça pour améliorer le service aux
clients, premièrement, puis donner aussi peut-être plus de profitabilité à
celui qui décide de consacrer sa vie à cette industrie-là? Je voudrais
vous entendre là-dessus un petit peu.
M. Chevrette (Guy) : ...au moins que
M. Taillefer a passé par le processus légal. Ça, je respecte ça.
Quant au
contenu de ses recommandations, je pense qu'il y a beaucoup de bémols et de
nuances à faire parce qu'à toutes
fins pratiques, moi, en tout cas, ce que j'en ai compris — d'une lecture rapide, il faut que je
l'admette, parce qu'on se préparait à passer ici — une
lecture rapide, il dénonce UberX, mais il aimerait emprunter le mode de
paiement d'UberX, 50 % de moins ou
200 % de plus. C'est à discuter, ça. Nous aussi, on est prêts à parler de
modulation, là, très facilement à part de ça, parce qu'il y a des gens
qui travaillent de nuit puis qui aimeraient avoir une prime de nuit. Il y en a d'autres qui disent : Bien, aux heures
de pointe, peut-être qu'il pourrait y avoir un pourcentage. Je ne suis pas
sûr, moi encore, mais il y a des occasions
précises où il pourrait y avoir modulation, mais modulation pas en concurrence
avec une autre compagnie, modulation qui est
réglementée par les gens. J'espère qu'on va arrêter de nous endormir avec
l'économie de partage d'UberX, là. Les trois
filles qui ont pris UberX pour Montréal-Laval, là, j'espère que ce n'est pas de
l'économie de partage de leur avoir chargé 500 $, là, pour aller à Laval,
là.
Une voix : ...
M. Chevrette (Guy) : Oui,
je ne sais pas qu'est-ce qu'ils se sont partagés, mais on a essayé de nous
endormir avec toutes sortes de termes :
covoiturage urbain, auto solo, puis ils en ont mis. Économie de partage, ça a
l'air in, ça a l'air beau, mais c'est quoi, ça? Quand tu transportes une
personne d'un point a à un point b moyennant rémunération, c'est du transport
de personnes. Ce n'est pas du covoiturage d'aucune manière, et ça, il va
falloir l'expliquer à des gens qui veulent
peut-être concurrencer. Mais moi, je vous avoue, je n'ai pas assez approfondi
le mémoire, mais ce point-là précis m'a frappé d'autre part, de chez
Uber, là.
Oui, la modulation,
mais discutée avec le gouvernement, discutée avec le Parlement et puis un
règlement qui encadre cela. Sinon, les
folies furieuses de 500 $, là...
puis il y a des barmaids qui ont payé pour des clients, puis elles ont eu des regrets. Elles se sont ramassées avec des
factures épouvantables : trois kilomètres à Montréal ont coûté 97 $,
tu sais. Il y a des limites.
M.
Boucher : Le temps va très vite. Ce n'est pas que je ne veux pas vous
entendre, mais j'ai mon collègue à côté qui trépigne. Donc, je vais lui
laisser la chance. Merci beaucoup.
M. Chevrette
(Guy) : C'est beau. Puis lui, je sais pour qui, la question.
Le Président (M.
Reid) : Alors, M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, vous comprendrez, on a parlé
beaucoup de Montréal et de Québec, là, mais on s'imagine que, dans les
régions, ce n'est pas tout à fait la même affaire.
Je
sais que Mme Dallaire a des taxis électriques et des taxis qui sont hybrides.
Je sais aussi qu'elle utilise quand même
des technologies pour être, au bon moment, là où le client a besoin d'elle.
J'aimerais l'entendre, quel effet une activité illégale comme Uber peut
faire dans une région. J'aimerais l'entendre à ce niveau-là également.
Mme Dallaire (Carole) : Bien, je vous remercie, M. Simard. Écoutez, M. le
ministre, moi, je représente, au comité provincial, les régions, parce que je viens d'une région, éloignée pour
certains, proche pour d'autres. Je viens du Saguenay. Plus précisément, moi, mes taxis sont à La Baie,
mais j'ai parlé à des gens de Val-d'Or, j'ai parlé à des gens de Sept-Îles,
puis ils ont sorti aussi dernièrement dans les médias.
Écoutez,
Uber, l'appellation, la technologie, dites ce que vous en voulez, ce n'est que
la pointe de l'iceberg. Ce que ça a
fait depuis 18 mois dans les régions, c'est que le transport illégal nous a
envahis. Quand je vous dis envahis, les termes sont minimes. Maintenant,
ce qu'on voit dans les réseaux sociaux, Facebook, Kijiji, LesPAC, les gens
s'annoncent, s'affichent : voiturier,
besoin de transport, il y en a partout. Et les gens inscrivent aussi, j'ai vu
des messages sur Facebook, où les
gens écrivent : Si Uber ne se fait pas arrêter, pourquoi, moi, je le
serais? Donc, on est envahis. Ça s'appelle des Roger, des Yvon, des Ti-Noir, des n'importe qui, mais c'est partout. Les
gens donnent des cartes d'affaires, ils ont leurs téléphones
cellulaires, ils se montent des clientèles, ils passent des dépliants dans les
centres d'hébergement pour personnes âgées.
Alors,
ce que nous, on veut, ce que moi, je veux pour les régions, c'est que si, un
jour, on réussit à arrêter des gens qui font du transport illégal, et il
y a des suspensions de permis, ça va faire peur à d'autres et si, à un moment
donné, il y en a une dizaine qui se font
arrêter dans la même semaine, peut-être qu'il y en a quelques-uns dans les
salons qui vont se dire : Bon, bien là, on va se tenir un peu plus
tranquille.
Je vous dirais que
moi, sur 15 taxis, la diminution du téléphone, je l'ai vue énormément. Ce qui
sauve mon entreprise, c'est que justement,
faisant partie d'un comité comme ça, on a appris, le taxi, à se diversifier, à
s'en aller du côté médical, transport
adapté, du scolaire. C'est ce qui nous a sauvés dans les régions. Ceux qui
n'ont pas fait ça, je vous le dis, ce
n'est pas facile, parce que le téléphone pour des appels locaux, ça ne sonne
plus dans les régions. On est prêts à participer
avec vous, à s'améliorer, mais il faut vraiment qu'il y ait des sanctions qui
soient appliquées pour que le transport illégal, de toute forme que ce soit, arrête au Québec. Il faut conserver
les emplois de l'industrie du taxi. Je vous remercie.
Le
Président (M. Reid) : Merci, Mme Dallaire. M. le député de
Mégantic, il vous reste presque deux minutes.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bonjour, madame. Bonjour, messieurs.
Écoutez, un concept qu'on a parlé beaucoup
durant la journée, et j'aimerais vous entendre là-dessus, c'est le cas du
concept d'agglomérations où, pour certains éléments, on a recommandé, je dirais, d'utiliser une certaine souplesse.
J'aimerais entendre votre position à cet égard.
M. Chevrette
(Guy) : Je vais laisser la parole à M. Tannous, mais je vous dirai,
contrairement... en tout cas, personnellement,
je partage beaucoup ce que le RTAM a expliqué tantôt sur les agglomérations. Il
faut étudier cela, bien sûr, dans un contexte où tu as une
appellation... pas une appellation, voyons... une application régionale,
nationale même. Il va falloir qu'on se
penche là-dessus parce qu'on suit toutes les autos. Il faut qu'elles soient
d'une efficacité totale. Donc, moi, personnellement, je pense que le
RTAM a présenté une proposition que nous partageons.
• (17 h 50) •
M. Tannous
(Georges) : Seulement, il faut faire beaucoup attention là-dessus par
rapport à l'agglomération. Comme exemple, je
peux donner Laval. Quand tu t'en vas vers, à la fin, comme Saint-François, tu
vas avoir moins de services, parce
que l'agglomération est tenue parce qu'on a besoin de voitures dans chaque agglomération, parce que, s'il y a beaucoup
d'ouvrage à Montréal, on ne veut pas que tout le monde aille à Montréal. Donc, il faut qu'on garde les voitures, comme à Laval, à Saint-Eustache.
Exemple, à Laval, s'il y a plus d'ouvrage à Saint-Eustache, donc il n'y a aucune voiture qui va travailler à
Saint-Eustache.
Donc, pour ça, l'agglomération
est très importante de la garder, mais de travailler sur application, de façon...
Quand il n'y a pas de disponibilité, on peut l'utiliser, je pense, c'est bon,
comme il a fait à Québec. Peut-être on peut travailler là-dessus.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Nous allons passer maintenant à l'opposition officielle. Mme la députée
de Vachon.
Mme
Ouellet : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, bienvenue, M. Chevrette, M. Tannous, Mme Dallaire, M.
Leblanc et M. Tremblay. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
J'en
profiterais peut-être, parce qu'il y a une section de votre mémoire dont vous
ne nous avez pas parlé, et on l'a abordée
un peu plus tôt, puis vous l'avez chiffrée, donc les pertes fiscales actuelles
engendrées par le taxi illégal. En
fait, peut-être nous présenter, là, comment vous avez préparé ces pertes
fiscales là, où on voit un total annuel des pertes fiscales de
7,2 millions au niveau du gouvernement. Ce n'est quand même pas rien,
7,2 millions. Donc, je pense que, lorsqu'on se demandait c'était combien, bien, il y a
une évaluation, en
tout cas, préliminaire qui est faite
là, et on avait des recommandations un
petit peu plus tôt aujourd'hui de même pouvoir aller rechercher — c'était
même Taxelco — d'aller rechercher ces pertes fiscales là.
Et d'ailleurs le ministre a demandé à Uber sa liste de chauffeurs, et on n'a
pas eu de réponse, mais bel essai. Donc, pouvez-vous nous présenter...
M. Chevrette (Guy) : Nous, on a
travaillé avec certaines compagnies, puis on leur a demandé des chiffres de base, et on a mis une petite équipe de gens
qu'on leur a dit : Faites-nous des calculs, ce que peut représenter ce
que le Québec peut perdre, par exemple, en TPS et en TVQ. Puis on a parti aussi du fait
que, nous, en perdant des revenus, bien, automatiquement, si on perd des
revenus, on paie moins de TPS nous autres aussi, puis, si on perd des revenus,
nos impôts baissent également.
Donc l'État, encore là, y perd au change, alors que ceux
d'UberX, qui arrondissent des fins de mois, en plus de ne pas payer de
TPS, ils ne cumulent pas leur salaire qu'ils font avec UberX à leur salaire.
Donc, ils ne sont pas imposés en conséquence du salaire réel perçu, et voilà pourquoi
on a des chiffres qui...
Nous, on est
perdants, l'État est très perdant, et, de la manière que j'ai
compris, vous n'êtes même pas capables d'obtenir
une liste de ceux qui fraudent. C'est rendu grave. Je n'ai jamais
vu ça, moi. Un gars qui m'aurait répondu ça, le temps que j'étais assis à votre place, là, vous pouvez imaginer que
j'aurais grimpé dans les rideaux. Mais ces chiffres-là sont sans doute à
contre-vérifier parce qu'on y est allés à partir d'extrapolations.
Mme
Ouellet : Est-ce que
vous pourriez aussi nous présenter... Lorsque je parlais, là, avec des chauffeurs, les
gens me parlaient des pertes qu'ils vivent actuellement, entre 50 $ et
70 $ par jour. Est-ce que c'est ce que vous avez aussi comme information
comme pertes actuelles pour les chauffeurs?
M. Chevrette (Guy) : Je n'ai pas
compris le montant.
Mme
Ouellet : Les pertes de
revenus quotidiennes des chauffeurs, on m'indiquait entre 50 $ et
70 $. Je ne sais pas si, vous, vous avez...
M. Chevrette (Guy) : Il peut y en
avoir qui ont ça, mais on me dit, moi, que, dépendant des zones ou des agglomérations, il y en a qui perdent 100 $
et même 200 $ par semaine. C'est très grave, ça, quand tu as des
paiements à rencontrer sur un permis qui t'a
coûté 210 000 $ ou 220 000 $. Il y en a qui ont hypothéqué
leur maison pour venir à bout de s'acheter un emploi.
Et moi, c'est
cette partie-là qu'on ne discute jamais, mais qui est importante, nous avions
là 50 % de nouveaux arrivants au
Québec qui n'ont pas été capables de travailler dans leur diplomation, vous le
savez, la diplomation d'autres pays, et qui n'ont eu d'autre alternative
que de s'acheter un emploi, puis ils se sont acheté un taxi en se regroupant,
deux, trois noms sur le même permis pour venir à bout de faire des chiffres de
huit heures puis gagner le pain pour leurs enfants.
Moi, je vous
avoue, on le sent, on le sent beaucoup,
mais c'est environ, on peut dire facilement 100 $,
là, c'est connu, facilement. Mais il
y en a qui, dans certains secteurs de la ville, c'est 200 $, ils me l'ont
dit. Il y a un type, un chauffeur qui
pleurait, un soir, puis qui m'a dit — moi, j'étais à Montréal — il m'a dit : J'ai fait 40 $ dans
ma journée, 12 heures de travail. Il est venu me mener à un hôtel
pour séjourner, là, et c'était une course de 15 $. Ça lui faisait 55 $ pour 13 heures. Puis vous voyez
que, quand on regarde ce qui se passe dans l'illégalité avec Uber, ces gens-là,
là, il y a de l'exaspération.
C'est pour ça
que je devais commencer mon exposé en vous disant : On a vécu d'espoir et
de désespoir. D'espoir quand le
ministre qui a précédé celui-ci a dit : C'est illégal. On a dit :
Enfin, il va se réveiller puis il va nous régler ça. De désespoir quand le même ministre a dit : Mais
Uber est là pour rester. On a dit : Bien là, qu'est-ce qui se passe?
Qu'est-ce qui se produit? D'espoir avec le nouveau ministre, il dit :
Moi, il dit, c'est illégal. On l'a vu aujourd'hui, il l'a prouvé qu'il le considérait comme illégal. Là, on revire,
on revient avec de l'espoir. Pourriez-vous vous arranger pour ne pas
qu'on se dégonfle à nouveau, là?
Et puis je pense que le ministre pourrait très,
très bien nous dire : Moi, je vais donner suite, je suis un homme de parole. On ne m'embêtera pas avec les chiffres,
je suis un ancien banquier, puis deux et deux, ça fait quatre, puis tu
nous dois tant qu'on ne l'a pas, puis la loi dit ça, puis c'est ça qu'on fait.
C'est ça qu'il faut que vous fassiez et soyez assurés après qu'on va collaborer
de toutes nos forces.
Depuis juillet qu'on dit
qu'on veut collaborer à un code de bonne conduite. On veut collaborer à un
cours de formation mieux adaptée, un code
qui va nous donner même la connaissance des lieux. Comme la ville de Montréal,
là, c'est anormal qu'on ne puisse pas savoir les grands événements, qu'un
chauffeur de taxi ne connaisse pas les grands événements statutaires ou les
sites historiques. Bien sûr qu'on sait ça. On va travailler à un programme de
formation mieux adapté, on va travailler
rapidement à une application québécoise puis nationale s'il le faut. On a même
un de nos membres qui fait partie du
comité canadien puis qui dit qu'on serait capables d'avoir, même, une
application internationale, s'il le
faut. Mais arrêtons de faire un trip, là, d'une application, d'une technologie.
Soyons réalistes. C'est du monde que vous
gérez, là, quand vous nous écoutez, là. Ceux qui sont là, là, ou bien ils vont
me dire : Tu n'as pas assez parlé, tu aurais dû dire ça de plus puis... Je suis sûr que c'est
ça. Mais moi, je vous dis une chose : Pensez que ce sont des humains
qui se sont payé un emploi et qui veulent
travailler avec vous autres pour améliorer, de façon constante, dynamique, la
profession, je dis bien la profession, de chauffeur de taxi.
Mme
Ouellet :
Je voudrais aussi peut-être sensibiliser les membres de la commission aux
exemples internationaux que vous avez apportés dans votre document,
parce que, dans le document de la consultation, qui est un peu léger, les exemples
étaient pas mal tous dans la même... C'est comme un peu la tour de Pise qui
penche du même côté.
Donc, j'aimerais ça que vous nous présentiez
peut-être un petit peu d'autres exemples.
M.
Chevrette (Guy) : Bon, c'est un autre exemple de dégonflement, ça,
quand j'ai vu ça, parce que pourquoi mettre seulement Edmonton, avec une
entente avec un conseil municipal puis qui... Pardon?
Une voix : ...
M.
Chevrette (Guy) : Exact, ils ont juste cet exemple-là au Canada, là,
les autres sont contestés. Puis ce n'est pas fini, la contestation des
chauffeurs de taxi d'Edmonton, en passant.
Bon. Moi,
j'aurais pu vous donner, moi, bien plus que ça : la Corée du Sud, l'Inde,
le Japon en très grande partie. Il n'a pas dit qu'il a fait faire
faillite à toute l'industrie du taxi de San Francisco. Il n'a rien dit de ça.
Il a essayé de vous emplir ou bien d'être grossier en ne répondant pas à vos
questions, alors que nous autres, on vous dit : On est des humains, des
humains.
Le Président (M. Reid) : On
va passer au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Groulx.
• (18 heures) •
M.
Surprenant : Merci, M. le
Président. Alors, M. Chevrette, M. Tannous, Mme Dallaire, M. Leblanc, M.
Tremblay, bienvenue.
Alors, je vais prendre une approche, encore une fois,
comme j'ai mentionné plus tôt à d'autres, un petit peu différente, là. Je pars
du principe que le document qu'on a reçu allait dans le sens où on parle de
mise en place d'un environnement d'affaires équitable en fonction de
l'émergence de nouveaux modèles d'affaires facilitée par l'arrivée de nouvelles
technologies.
Mais, avant ça, une petite parenthèse. Je suis
très conscient de... En fait, je crois être bien conscient de ce que
vous vivez en tant qu'industrie, en tant que
secteur d'industrie. Vous m'apparaissez être des citoyens honnêtes, travaillant, et puis on lit, ici et là, que
vous inculquez des valeurs aussi à ceux qui vous suivent. Je vous en félicite.
Par contre,
il y a parfois des mouvements de société qui sont difficiles à arrêter. Et puis
on l'a vu par le passé, au courant de l'histoire, puis j'en ai fait
état, le premier cas, là, qui était M. Vanderbilt, il transportait des gens en
bateau et puis il a fonctionné différemment
de ce qui lui était demandé. Il a eu des poursuites, il est allé en cour, tout
ça, puis, à la fin, ils se sont rendu
compte qu'il fallait que ça change. Alors ils ont changé ça finalement, et
puis, bon, il a pu opérer. Fin de la parenthèse.
Ce qu'on vit
aujourd'hui, bien, on a des joueurs, vous le dites, très riches, donc bien
équipés pour veiller tard, des joueurs comme Uber et autres, qui
viennent s'immiscer dans votre marché, et puis, malheureusement peut-être il y
a des citoyens qui aiment ça puis qui l'utilisent. Alors, ce que j'essaie de
voir... Là où je veux en venir, c'est qu'avec l'approche
qui était préconisée avec le document qu'on a eu, c'était de voir s'il n'y
aurait pas des solutions pour travailler ensemble, en fait, alors tout en vous protégeant. On ne veut pas aller
dans le sens d'une déréglementation et puis de vous faire assumer un risque qui est indu, à mon avis.
Mais comment on pourrait peut-être, au contraire, travailler avec des nouveaux joueurs et puis en leur permettant
peut-être d'aller chercher une part de marché qui pourrait peut-être,
comme l'un le prétend, vous donner un marché
plus important éventuellement? Alors donc, le point, c'est qu'il y aurait
sûrement façon de travailler, ce que certains prétendent, avec ces nouvelles
technologies là.
Alors, si on arrivait puis on proposait des contraintes
plus importantes à ces nouveaux joueurs là, qui seraient similaires, comme le mot que j'ai utilisé tantôt,
aux contraintes de l'industrie du taxi, puis avec des tarifs minimums
qui seraient pour être très près de ceux de
l'industrie du taxi, vous ne pensez pas que ça pourrait être viable à ce
moment-là?
M. Chevrette (Guy) : M. le député,
j'ai lu même votre communiqué de presse et je me suis demandé si votre formation politique voulait véritablement
travailler à l'émancipation de cette industrie-là dans la légalité
d'abord. Comme député ou comme formation
politique, vous êtes-vous posé la question qu'il faut travailler dans un cadre
de légalité et non pas dans l'illégalité? Je me suis également...
M. Surprenant : Bien sûr que oui.
M.
Chevrette (Guy) : Je n'ai pas fini, je m'excuse. Vous m'avez posé une
question d'envergure et longue, donc je vais vous fournir une réponse
appropriée.
Vous
affirmez, dans votre communiqué de presse, qu'il y a un vide juridique.
Voulez-vous bien me dire où est le vide juridique par rapport à
l'article 117 de la Loi des transports qui parle très, très bien que ce n'est
pas du covoiturage et que c'est du transport rémunéré de personnes? Voulez-vous
bien me dire où est-ce qu'il y a un vide juridique
dans la gestion actuelle? Il y a un vide juridique pour UberX parce qu'ils sont
complètement en dehors de la légalité,
mais, s'il arrêtait son illégalité, si le Parlement s'assoyait et cherche... au
lieu de nous entendre dégobiller sur une compagnie qui ne nous respecte
pas du tout, on travaillerait peut-être à construire des choses nouvelles, des
systèmes un peu nouveaux.
Mais vous ne
nous ferez pas admettre présentement qu'on va donner de la place puis on va
vous recommander ici, nous, de remettre 1 000 permis à UberX pour
voir la compétition. M. le ministre sait très bien qu'à New York il y a 10 000 chauffeurs de taxi, qu'il y a
22 000 UberX. Ah! ça, ça dépollue un centre-ville, ça. On ne peut pas
travailler sur tous les fronts, là. Il faut être cohérents et logiques
dans les décisions qu'on prend.
Nous, on dit : On est prêts à travailler
avec le gouvernement, sur de nouvelles pistes, peut-être que oui; sur la
modulation, bien sûr; sur un code de conduite, bien sûr; sur un cours de
formation, bien sûr; sur peut-être des types à analyser face aux grands événements, parce que vous en avez parlé
tantôt, là. Y a-tu moyen de faire... Il y en a déjà, des permis, en passant, ponctuels puis il y en a des
permis temporaires pour des événements x ou bien pour... Ça aussi, c'est induire
le monde en erreur, ça. Il n'y a pas de vide juridique. Il n'y a
aucun vide juridique et, s'il y en a un, M.
le député, prouvez-moi-le.
Le
Président (M. Reid) : M. le député, vous n'aurez
malheureusement pas le temps pour faire cette preuve parce que le temps est écoulé du côté de l'opposition.
Alors, il reste les trois minutes réservées au bloc d'indépendants. M.
le député de Mercier.
M. Khadir : Bonjour. Je n'ai
pas le temps de faire les salamalecs à tout le monde, mais, Mme Hamel, j'étais
récemment dans votre région, au Saguenay, puis j'ai pris justement Taxi
Laurier, puis j'ai été très bien servi. Comme je
le répétais tout à l'heure, on a entendu beaucoup de choses. C'est sûr que
parfois le service peut être de qualité inférieure, comme pour quand on va chez un avocat, quand on va
chez un médecin. Le service, parfois, est inférieur quand on va chez n'importe quel professionnel, mais on ne
déréglemente pas ou on ne brise pas les cadres d'une profession en
raison des mauvais comportements de quelques-uns.
Ce qui
m'amène à ce que vous avez dit. Vous cherchez l'amélioration de la profession,
une certaine discipline, peut-être plus de formation, sûrement un code
de bonne conduite, même, etc., ce qui pourrait peut-être me permettre de demander... mais ça, ça demande donc une
association professionnelle. Or, M. Chevrette, vous étiez ministre à
l'époque. Qu'est-ce que ça aurait évité si
on avait maintenu une association professionnelle ou un regroupement
professionnel? Parce que je pense,
là, les chauffeurs, à l'échelle du Québec, sentent le besoin de se regrouper,
de se donner une structure qui les représente tous. Est-ce que vous
pourriez un peu parler de ça?
M. Chevrette (Guy) : Oui. Moi, je
l'avais mis dans la loi au moment où j'étais ministre des Transports, en 2001, au moment où on a défait les ligues de taxi
puis on a restructuré passablement l'industrie, et on avait parlé
beaucoup, à l'époque, également de transport
adapté. Ça a pris beaucoup d'expansion, puis il en faudrait encore plus
d'expansion au niveau du transport
adapté, parce qu'on a dit aux handicapés, aux personnes à mobilité réduite de
s'intégrer à la société puis on a de la difficulté à leur faire une
offre de transport qui a de l'allure.
Donc, moi, je
pense sincèrement et je crois encore, depuis, j'étais sincère au moment où j'ai
pensé à l'association professionnelle,
ça... C'est en 2007, que mon président m'a dit, que ça avait été abandonné.
Mais je crois sincèrement qu'une association professionnelle donne, à ce
moment-là, à des gens l'occasion de se regrouper. Ces gens-là ne se regroupent
pas, ils sont isolés dans des coins. Des fois, sur un stand de taxi, ils se
regroupent quelques-uns, mais se retrouver,
sur le plan professionnel, ensemble, discuter ferme — puis il y en a qui discutent ferme, je peux
vous le dire, j'en connais dans la salle ici, moi, qui discutent très
ferme — et
puis qui se donneraient eux-mêmes aussi un élan, une discipline, un perfectionnement qui vont peut-être même être plus collés
à leur réalité, puis je ne peux pas faire autrement que de répéter ce
que j'avais dit en 2001.
Le
Président (M. Reid) : Merci. Alors, il nous reste à vous
remercier pour votre contribution aux travaux de la commission, madame,
messieurs.
La commission ajourne ses travaux au
mardi 23 février 2016, à 10 h 30, où elle poursuivra
ce même mandat.
(Fin de la séance à 18 h 9)