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(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît, mesdames et messieurs! La commission élue permanente des
transports entreprend ses travaux avec le mandat d'étudier article par
article le projet de loi 46.
À l'ordre, s'il vous plaît, mesdames et messsieurs! Je
reprends. Nous entreprenons l'étude du projet de loi 46, Loi sur les
conseils intermunicipaux de transport dans la région de Montréal
et modifiant diverses dispositions législatives.
Les membres de la commission sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Blouin
(Rousseau), M. Bourbeau (Laporte), M. Clair (Drummond), M. Desbiens (Dubuc), M.
Lachance (Bellechasse), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Levesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Saintonge (Laprairie), M. Rodrigue
(Vimont), M. Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Beauséjour
(Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brouillet (Chauveau), M. Caron
(Verdun), M. Cusano (Viau), M. Gauthier (Roberval), M. Houde (Berthier), M.
Perron (Duplessis).
À ce moment-ci, j'aurais besoin qu'on me suggère un
rapporteur de la commission.
M. Clair: M. le Président, je vous suggérerais que
le député de Vimont, mon adjoint parlementaire, agisse comme
rapporteur de la commission.
M. Ciaccia: On ne fera pas un long débat.
Le Président (M. Paré): Donc, le rapporteur sera M.
Rodrigue (Vimont). J'invite M. le ministre à faire ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, mes remarques
préliminaires seront très brèves puisque les discours de
deuxième lecture ont été faits hier. Je pense que j'ai eu
l'occasion à ce moment d'indiquer l'orientation de ce projet de loi et
les principaux principes contenus au projet de loi. La seule remarque que je
voudrais faire est que ce projet de loi a été
préparé, comme je l'ai indiqué, en très large
consultation avec les milieux municipaux, les organismes de transport en commun
concernés. C'est la raison principale pour laquelle nous avons
apporté un bon nombre d'amendements au projet de loi tel qu'il avait
été déposé afin de le parfaire, plus un certain
nombre d'amendements de nature plutôt technique et de concordance.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je remarque qu'il y a une
série d'amendements assez nombreux. J'espère qu'on va discuter
article par article le même projet de loi que celui qu'on a
discuté en deuxième lecture.
M. Clair: Oui, M. le Président, sans aucun doute. On ne
change pas le principe. D'ailleurs, le député de Mont-Royal va se
rendre compte que certains des points qui ont été soulevés
par les députés tant ministériels que de l'Opposition sont
modifiés. Dans ce sens-là, il s'agit d'une bonification et non
pas d'un changement fondamental du projet de loi.
Discussion générale
M. Ciaccia: Avant d'entreprendre l'étude article par
article, il y aurait certains points peut-être sur lesquels on pourrait
essayer d'obtenir plus d'éclaircissements du ministre. Cela faciliterait
l'étude article par article, subséquem-ment.
On a soulevé certaines questions quant à la CTRSM, soit la
Commission de transport de la rive sud de Montréal. Il semble y avoir eu
des représentations à savoir que le projet de loi devrait
être mis en vigueur le 1er janvier, mais que cela causerait des
problèmes assez sérieux parce qu'il n'y a pas assez de temps
laissé à la CTRSM pour négocier certaines ententes ou
résoudre certains problèmes auxquels elle fait face. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire, premièrement, si le projet de loi va
s'appliquer à partir du 1er janvier en ce qui concerne la Commission de
transport de la rive sud de Montréal?
M. Clair: II est prévu d'ores et déjà que le
projet de loi, si ma mémoire est
fidèle, entre en vigueur le jour de sa sanction, sauf certaines
exceptions. Tout sera en vigueur pour le 1er janvier normalement en ce qui
concerne la CTRSM. Maintenant, afin de répondre aux attentes de la
CTRSM, en ce qui concerne les avis à donner à ses chauffeurs
quant à leur réaffectation ou à certaines mises à
pied qui pourraient peut-être survenir - je m'expliquerai plus longuement
là-dessus tantôt - nous avons décidé de proposer
l'addition d'un article 89.1 qui prévoit en quelque sorte que la CTRSM
pourra en tout temps bénéficier d'un avis de 60 jours lorsqu'elle
perd un corridor.
Peut-être qu'il serait intéressant pour le
député que je lui donne une carte qui rend visuellement plus
facile la compréhension du dossier. Les lignes rouges sont les lignes
qui sont actuellement desservies par Métropolitain Sud, qui est une
filiale de la CTRSM. Par l'effet de la loi, Métropolitain Sud
disparaît et s'intègre complètement à la CTRSM comme
seule et unique entité.
En ce qui concerne les corridors qui étaient desservis par
Métropolitain Sud, la situation est à peu près la
suivante, telle qu'elle se présente actuellement. D'abord, en ce qui
concerne le corridor que vous voyez, Sorel, Contrecoeur, Verchères,
Varennes, dans l'état actuel du dossier, on peut raisonnablement penser
qu'il y aura la formation d'un conseil intermunicipal de transport dans ce
corridor, mais que c'est l'entreprise privée qui assurera le service,
soit vraisemblablement les Autobus Deshaies. C'est le seul corridor important
pour lequel il semble que la CTRSM ne pourra pas négocier de contrat.
À ce moment, la CTRSM verrait une dizaine de chauffeurs qui seraient
affectés.
En ce qui concerne les autres corridors, dans à peu près
tous les cas, il semble clair comme les négociations ne sont pas
terminées, on ne peut pas donner d'information définitive - que
le principal corridor de la CTRSM, soit celui de Saint-Bruno, Saint-Hilaire et
Saint-Hyacinthe, va effectivement être desservi par la CTRSM à la
suite d'un contrat qui interviendrait, les municipalités de ce corridor
acceptant non seulement de se former en conseil intermunicipal de transport,
mais également de subventionner le transport en commun et de transiger
avec la CTRSM.
En ce qui concerne le corridor reliant Longueuil, Chambly et Farnham, la
situation est à peu près la suivante, jusqu'à Marieville,
soit légèrement à l'est de Chambly, ces
municipalités, Carignan, Chambly, Richelieu, Marieville se formeraient
en conseil intermunicipal de transport et les chances sont qu'elles
accepteraient de subventionner et de se former en CIT et de transiger avec la
CTRSM.
Il y a de l'incertitude en ce qui concerne Marieville, Farnham,
Sainte-Angèle-de-Monnoir, Sainte-Brigitte-d'Iberville et Farnham. Il
semble que, dans ce corridor, seule Farnham serait intéressée
à subventionner et à se former en conseil intermunicipal de
transport, mais il ne s'agit pas là d'un corridor majeur de transport
pour la CTRSM. Dans l'autre gros corridor, soit Saint-Jean, Saint-Luc,
Iberville, là aussi, il semble qu'il y aura formation d'un conseil
intermunicipal de transport et la CTRSM a raison d'espérer que cela se
fasse avec elle et non pas avec un transporteur privé. En ce qui
concerne le reste du corridor de Saint-Jean, Saint-Athanase,
Sainte-Anne-de-Sabrevois, Bedford et Philipsburg, les dernières
nouvelles sont que Bedford pourrait être récupérée
par la CTRSM. Mais, là encore, il ne s'agit pas des tronçons
majeurs.
Au total, en ce qui concerne la question des actifs, la CTRSM devient
pleinement propriétaire de tous les actifs qui appartenaient à
Métropolitain Sud. Les gens qui travaillaient pour Métropolitain
Sud, qui était une filiale de la CTRSM, deviennent des employés
de la CTRSM purement et simplement, les actifs également et ils vont
être utilisés, grosso modo, dans les contrats qui vont être
obtenus par la CTRSM. (12 heures)
J'oubliais le corridor de La Prairie, Candiac et Nelson où,
effectivement, à toutes fins utiles, les négociations sont
terminées. À toutes fins utiles, il y a un contrat qui est conclu
déjà entre la CTRSM et ces municipalités. Il ne reste
qu'à adopter la loi pour lui donner sa pleine vigueur juridique, son
plein effet sur le plan juridique.
Au total, cela veut dire qu'à moins d'un revirement de situation
qui ne semble pas prévisible à ce moment-ci, il y aurait
formation de conseils intermunicipaux de transport dans à peu
près tous les corridors et la plupart négocieraient avec la
CTRSM. Cela veut dire que les actifs continueraient à être au
service des mêmes municipalités, mais sur une base juridique
complètement différente, certains endroits avec une augmentation
au service, d'autres avec une diminution du service, et qu'au total on peut
espérer qu'il n'y aura pas de problèmes majeurs.
Néanmoins, nous avons prévu, à l'article 89.1,
l'amendement que je vous expliquais.
M. Ciaccia: Avant de venir à l'amendement, pour voir si
c'est suffisant, combien de chauffeurs sont impliqués dans la filiale de
la CTRSM, Métropolitain Sud?
Une voix: 75.
M. Ciaccia: 75 chauffeurs. Et le personnel d'entretien?
Une voix: Une trentaine de personnes.
M. Ciaccia: Une trentaine. Est-ce que vous nous dites que ces
chauffeurs et ce personnel vont être réabsorbés dans les
nouvelles activités que la CTRSM va avoir avec les autres
municipalités?
M. Clair: C'est cela. Globalement, il ne semble pas impossible
qu'il y ait quelques mises à pied, encore là, compte tenu de
l'évolution des négociations. Si des municipalités, comme
c'est le cas à La Prairie, si ma mémoire est fidèle ont
demandé une augmentation du service par rapport à ce qui
existait, cela demande donc un peu plus de temps de travail de la part des
chauffeurs. À ce moment, cela vient compenser peut-être une
réduction du service dans un autre corridor. Je pense que, dans le
corridor de Sorel, par exemple, il y a dix chauffeurs qui sont
concernés. Cela veut dire que, si ce corridor est perdu, il y a dix
chauffeurs qui seraient affectés, mais si, par ailleurs, la CTRSM fait
face à une demande d'augmentation du service dans d'autres corridors,
ces chauffeurs se trouveraient à être réaffectés
ailleurs.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a un problème de convention
collective? Quand se termine-t-elle et que va-t-il advenir des
employés?
M. Clair: La convention collective est expirée
présentement et les parties négocient.
M. Ciaccia: Maintenant, avez-vous une estimation du nombre de
chauffeurs qui seront mis à pied? Est-ce que vous avez un chiffre?
M. Clair: Non. Jusqu'à maintenant, tout ce qu'on peut
dire, c'est qu'il y aurait au maximum, à ce moment-ci, un seul corridor
que la CTRSM risque de perdre complètement, c'est le corridor de Sorel,
avec dix chauffeurs qui seraient affectés. Comme il y a des
négociations qui se poursuivent dans chacun des corridors, je pense
qu'il est extrêmement difficile, même pour la CTRSM actuellement,
de dire combien de personnes pourraient être affectées. Cela
pourrait bien se terminer éventuellement par une augmentation du nombre
de chauffeurs, selon que les municipalités demandent une augmentation du
service, mais c'est peu probable.
M. Ciaccia: Quand vous dites qu'il y a des négociations
dans tous ces différents corridors, est-ce que les négociations
sont strictement avec la CTRSM ou si les municipalités négocient
aussi avec d'autres transporteurs?
M. Clair: La plupart des municipalités ont regardé
l'autre choix, soit de faire affaires avec un transporteur privé. J'ai
dit aux municipalités qu'on voulait effectivement leur donner le choix
du transporteur, soit un transporteur privé, soit un transporteur
public, pour qu'elles puissent négocier avec le transporteur de leur
choix. Je leur ai également indiqué que, pour la première
année, il m'apparaissait y avoir des avantages considérables
à négocier avec la CTRSM si elles voulaient être
assurées qu'on maintienne un niveau de service et une capacité
d'offrir le service rapidement.
Il ne m'appartient pas de dévoiler les stratégies des
conseils municipaux concernés, mais je sais, par exemple, que certains
conseils municipaux sont allés voir des entreprises privées de
transport, se sont fait faire des propositions et, finalement, ont plutôt
convenu d'aller vers la CTRSM que vers un transporteur privé.
Dans certains corridors, il y a déjà des transporteurs
privés qui offrent un service, mais à portes fermées, par
exemple dans le corridor de Berthier, du côté de la CTCUM;
à ce moment, c'est évident qu'il y a une pression très
forte de la part du transporteur privé qui dit: Je ne vous ferai rien
payer, cela ne coûtera rien. Je vais seulement ouvrir mes portes,
peut-être ajouter un autobus. Cela va être payant pour moi, vous
allez arrêter de payer, vous n'aurez pas besoin de subventionner le
transport en commun et tout le monde va être heureux.
Par contre, dans d'autres corridors à haute densité de
circulation, l'entreprise privée n'a pas nécessairement les
équipements pour être prête à répondre. Notre
objectif n'est pas de faire en sorte que des transporteurs privés ou
publics se suréquipent. Au contraire, notre approche, c'est d'essayer de
faire en sorte que tous les équipements existants soient utilisés
de la manière la plus rationnelle possible et la moins coûteuse
pour la collectivité.
M. Ciaccia: Quels sont les coûts, par exemple, pour la
CTRSM, comparativement aux coûts auxquels d'autres transporteurs peuvent
soumissionner ou qu'ils peuvent exiger de ces différentes
municipalités?
M. Clair: Je comprends l'intérêt de la question du
député de Mont-Royal. Ce qu'on demande, dans le fond, à la
CTRSM et à la CTCUM en dehors de leur territoire, c'est de se comporter
comme des entreprises commerciales, d'avoir une approche du client et de faire
tous les efforts sur le plan de l'efficacité et de l'offre de transport,
d'être concurrentielles pour l'entreprise privée. D'abord, je n'ai
pas de renseignement sur le prix qui est offert par la CTRSM. On m'a dit que le
prix horaire pouvait varier entre 60 $ et 70 $, je pense. Mais j'aime mieux
ne
pas entrer dans ces détails, parce que ce sont des
négociations qui doivent être menées entre la CTRSM et les
municipalités, et c'est la même chose pour la CTCUM.
M. Ciaccia: Mais si la CTRSM elle a un coût de
fonctionnement plus élevé qu'un transporteur privé, il
peut y avoir des raisons pour cela; c'est parce qu'elle a été
obligée d'assumer certaines dettes, certains équipements. Est-ce
que vous pourriez nous dire ce qui va arriver des actifs et de la dette? Vous
dites maintenant qu'elle négocie avec toutes ces municipalités,
mais supposons qu'il n'y a pas d'entente qui soit conclue. Aujourd'hui, on va
adopter un projet de loi et quelqu'un peut envoyer un avis, comme vous dites,
de 60 jours, on reviendra à cet avis pour voir si c'est suffisant.
Supposons que, finalement, un bon nombre de ces municipalités ne
concluent pas d'entente avec la CTRSM, qu'est-ce qui va arriver au personnel de
la CTRSM? Qu'est-ce qui va arriver aux dettes de la CTRSM? Qui va assumer cela?
Qui va être responsable, éventuellement? Aujourd'hui, je comprends
que tout le monde négocie de bonne foi. Mais supposons que les
négociations ne sont pas terminées et que le service est pris
ailleurs, qu'est-ce qui arrive à la commission de transport?
M. Clair: M. le Président, d'abord, je pense que le
député fait une hypothèse pessimiste et qui ne correspond
pas à ce qui est en train de se dessiner comme réalité. On
peut monter les scénarios les plus sombres et les plus noirs, mais
à quoi bon le faire quand la réalité ne ressemble pas
à cela? Sur le plan juridique, maintenant - ce qui est important en
termes de contenu de la loi - la CTRSM devient propriétaire de tous les
actifs et responsable de toutes les obligations de Métropolitain Sud.
Mais, en termes d'actifs, il faut bien dire que c'est principalement d'autobus
qu'il s'agit. Et des autobus, pas plus tard qu'il y a trois semaines à
peu près, la commission, pas la commission, parce qu'elle n'est pas
encore formée... C'est une curieuse entente qui fonctionne à
Shawinigan et Grand-Mère.
M. Ciaccia: Combien d'autobus?
M. Clair: Le regroupement des municipalités de Shawinigan
et Grand-Mère cherchait désespérément sur le
marché québécois des autobus usagés, mais en bon
état. Il en cherchait environ une demi-douzaine, si ma mémoire
est fidèle. Quatre ou six, quelque chose comme cela.
M. Ciaccia: Combien d'autobus?
M. Clair: J'ai dit tantôt combien il y avait d'autobus qui
étaient concernés: une quarantaine.
M. Ciaccia: Une quarantaine. Maintenant, les dettes de la CTRSM.
Quelles sont les dettes de la CTRSM aujourd'hui?
M. Clair: Je n'ai pas les états financiers de la CTRSM
avec moi. Est-ce que des gens dans la salle les auraient?
M. Ciaccia: Parce que le projet de loi ne prévoit...
M. Clair: C'est parce qu'il n'y a pas de problème. Ce que
j'ai essayé...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a des dettes aujourd'hui?
M. Clair: Certainement qu'il y a un service de la dette important
à la CTRSM.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui arrive à ce service de la dette?
Il doit y avoir des dettes à court terme, à long terme, des
obligations.
M. Clair: II continue...
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui arrive? Comment est-ce réparti
entre les municipalités? Les municipalités sont-elles
obligées d'en assumer une portion? Pourriez-vous nous donner des
détails sur cela?
M. Clair: La CTRSM est une commission qui existe en vertu de la
loi créant le Conseil des maires de la rive sud et la CTRSM. C'est un
organisme public admissible aux programmes d'aide financière
réguliers du ministère des Transports. Nous subventionnons 75% du
coût d'acquisition des autobus. Nous avons accepté de payer 100%
des coûts d'expropriation de Métropolitain Sud par la CTRSM. Les
actifs et les pertes se retrouvent dans le patrimoine de la CTRSM à
toutes fins que de droit.
M. Ciaccia: Mais, sûrement que le ministre peut savoir de
son ministère quelles sont les dettes de la CTRSM à court terme,
à long terme.
M. Clair: Certainement que nous le savons, mais c'est un
organisme autonome qui n'est pas tenu de déposer ses états
financiers annuellement à l'Assemblée nationale. Ils sont rendus
publics. Il n'y a aucune cachette dans cela, mais je n'ai, malheureusement, pas
les états financiers de la CTRSM, non plus que son budget qui a
été proposé à l'adoption du Conseil des maires de
la rive sud il y a quelques semaines.
M. Ciaccia: Alors, vous ne pourriez pas
nous donner une indication des sommes qui sont concernées et de
la répartition de ces sommes? Nous serions intéressés
à le savoir.
M. Clair: Cet après-midi, on va tenter d'obtenir cela de
la CTRSM. J'espère qu'on a le budget.
M. Ciaccia: Serait-il possible de connaître les dettes
à court terme...
M. Clair: Oui, on va vous les donner.
M. Ciaccia: ...les dettes et les obligations à long terme?
Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment on prévoit que cela
sera réparti? Qui va assumer ces dettes? Est-ce que c'est la CTRSM qui
les assume complètement? Est-ce qu'il y aurait eu des obligations
d'émises et ont-elles été garanties par les
municipalités?
M. Clair: C'est ce que je réponds au député
de Mont-Royal. À toutes fins que de droit, tous les biens et dettes de
la filiale Métropolitain Sud passent à la CTRSM qui a une loi qui
s'applique à elle et, à ce moment, toutes les dettes, tous les
actifs sont régis par la loi de la CTRSM. Comme c'est une filiale
à part entière, au fond, c'est un consolidé qui se
fait.
M. Ciaccia: Je comprends, mais ce que je voudrais savoir, c'est
ce qui arrivera aux dettes de cette filiale, parce que là, à
toutes fins utiles, la filiale est dissoute. Elle n'existera plus. Le 31
décembre, vous avez une filiale. Le 1er janvier, elle n'existe plus.
Qu'est-ce qui arrive des dettes? Vous m'avez expliqué que les actifs des
autobus, une quarantaine, l'équipement et ainsi de suite, on en demeure
propriétaire et, si on ne conclut pas d'entente, ces équipements
pourront être vendus à d'autres organismes. Mais qu'est-ce qui
arrive de la dette de la CTRSM?
M. Clair: Je peux vous lire l'article 74: "La filiale par le
biais de laquelle la commission exploite un réseau de transport en
commun à l'extérieur de son territoire est dissoute. "Les biens
de la filiale sont dévolus à la commission qui assume les
obligations de celle-ci. Cependant, le paiement, en capital et
intérêts, des titres émis par la commission lors d'emprunts
pour le compte de sa filiale, continue d'être garanti par le fonds
général des municipalités alors desservies par la
commission par le biais de cette filiale. "La commission n'a droit à
aucune indemnité pour la dissolution de sa filiale."
M. Ciaccia: Cela veut dire que les obligations qui ont
été encourues par les municipalités demeurent les
obligations des municipalités.
M. Clair: Oui, afin d'éviter des échéances
de terme des obligations qui ont été émises.
M. Ciaccia: Cela veut dire que les municipalités qui ne
font pas affaires avec la CTRSM sont encore liées au paiement de ces
obligations.
M. Clair: Oui. Si je décompose le mouvement...
M. Ciaccia: Cela aurait aidé si nous avions pu avoir des
chiffres. On pourra peut-être les avoir cet après-midi.
M. Clair: ...la CTRSM devient propriétaire de
Métropolitain Sud en 1978. À ce moment, le gouvernement acceptait
de payer 75% du coût d'expropriation. Finalement, cela a
été porté à 100%. On a payé 100% du
coût d'expropriation. (12 h 15)
En ce qui concerne les autobus, le gouvernement paye 75% du coût
d'acquisition des autobus, le reste - les autres 25% - est garanti par les
municipalités. Les municipalités, celles qui ont reçu le
service, pendant les années où elles l'ont reçu, ont
payé dans leur quote-part le résultat du déficit
d'exploitation pour une partie et également la partie correspondante du
coût d'acquisition des autobus pour les années pendant lesquelles
ces autobus ont circulé dans ces municipalités. Par ailleurs,
maintenant, les autobus, tous les biens s'en vont à la CTRSM et ce n'est
qu'au cas où la CTRSM ne satisferait pas à ses obligations que
l'exercice du recours, la garantie prévue à l'article 74,
s'appliquerait. Cependant, quand la CTRSM négocie avec les
municipalités et leur fait des prix pour l'exploitation d'un service de
transport en commun, c'est évident qu'elle inclut dans cela non
seulement ses coûts de fonctionnement, mais ses coûts de
propriété. En conséquence, les mêmes
municipalités, pour la plupart d'entre elles, vont continuer de
supporter le déficit tant en ce qui concerne l'exploitation qu'en ce qui
concerne les coûts de propriété, dans le prix qui leur est
fait.
M. Ciaccia: Est-ce que le scénario que vous nous faites
n'oblige pas les municipalités à conclure une entente avec la
CTRSM? Vous me dites que les municipalités ont garanti 25% de la dette
pour l'achat d'équipements.
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: Même si le 31 décembre la
CTRSM n'existe plus, les municipalités sont prises avec ces 25%.
La CTRSM sera obligée légalement d'acquitter les paiements, mais
si ces paiements ne sont pas acquittés, ce sont les municipalités
qui doivent les payer.
M. Clair: Oui, par l'effet de l'article 74.
M. Ciaccia: Les municipalités, qu'elles fassent affaires
avec la CTRSM ou non, seront prises avec cela.
M. Clair: II serait intéressant sûrement de voir ce
que cela représenterait.
M. Ciaccia: C'est pour cela que les montants sont importants. Si
ce sont des montants minimes...
M. Clair: 25% du service de la dette de 40 autobus à 100
000 $, cela fait 1 000 000 $ répartis sur 50 municipalités. Le
service de la dette a déjà été
défrayé pendant quatre ou cinq ans. Il y a des autobus dans cela
qui devaient être complètement amortis à toutes fins utiles
parce que, dans le réseau Métropolitain Sud, contrairement au
réseau Métropolitain provincial, lorsqu'il y a eu acquisition,
tous les autobus n'ont pas du être remplacés du jour au lendemain.
Cela devient probablement très marginal. Quand on a payé 100% du
coût d'expropriation, l'expropriation comportait non seulement les droits
et les permis, cela devait comporter aussi des autobus, des actifs. À ce
moment, il resterait 25% du service de la dette des autobus acquis après
l'acquisition de Métropolitain Sud. Je ne sais pas si on a une
idée du nombre d'autobus neufs qui ont pu être acquis pour le
réseau Métropolitain Sud. On me dit même qu'il n'y en
aurait pas. On parle de 25% de rien. C'est très théorique.
M. Ciaccia: D'après un rapport de SECOR, le financement
à long terme qui a été obtenu a été de 2 400
190 $ pour payer le coût d'acquisition et pour refinancer les dettes
à long terme du réseau de Métropolitain Sud.
M. Clair: De quand date-t-il, le rapport de SECOR?
M. Ciaccia: Ce rapport date de l'automne 1981.
M. Clair: Apparemment, ce n'est pas le meilleur argument.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas une question d'argument. Je cherche
des informations pour savoir quelle est la dette. On va adopter un projet de
loi. Dans le projet de loi, il y a des obligations de part et d'autre. Si les
chiffres sont minimes et s'il n'y a pas de dette, tant mieux. De notre
côté...
M. Clair: C'est normal de poser ces questions.
M. Ciaccia: ...il faudrait absolument le savoir. Je vous
demanderais, si c'est possible, pour cet après-midi, d'avoir les dettes
à long terme qui sont assumées par les municipalités et
qui devront être payées par elles d'une façon ou d'une
autre, même si elles ne font pas de...
M. Clair: C'est ce que j'indique au député.
M. Ciaccia: ...contrat à l'extérieur.
M. Clair: Selon les informations que j'ai de la CTRSM, tous les
autobus de Métropolitain Sud se trouvent, en défrayant 100% du
coût d'expropriation, à être défrayés à
100% par le gouvernement. Il ne semble pas qu'il y ait eu beaucoup
d'acquisitions d'autobus pour le réseau Métropolitain Sud depuis
ce temps. Alors, comme je vous le dis, c'est 25% de pas grand-chose.
M. Ciaccia: D'après le rapport que j'ai devant moi, le
montant serait de 2 000 000 $ qui seraient garantis entièrement par les
51 municipalités qui étaient desservies par Métropolitain
Sud.
M. Clair: C'est ce que j'indique au député: depuis
ce temps, le gouvernement a accepté de défrayer 100% des
coûts d'expropriation de Métropolitain Sud.
M. Ciaccia: Cela représente quel montant des 2 000 000
$?
M. Clair: On me dit que cela représente environ 1 900 000
$.
M. Ciaccia: Vous nous dites qu'il n'y a pas de dettes à
assumer par les municipalités.
M. Clair: II pourrait théoriquement en rester.
M. Ciaccia: Oui, 100 000 $, un montant très minime.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: Le déficit de fonctionnement?
M. Clair: Le déficit de fonctionnement de
Métropolitain Sud l'an dernier, on me dit qu'il aurait été
de 500 000 $.
M. Ciaccia: Au 31 décembre, qu'est-ce qui arrive? La dette
du coût de fonctionnement est assumée entièrement par la
CTRSM?
M. Clair: Non. En ce qui concerne le déficit de
fonctionnement, la loi prévoit qu'elle facture, mais elle perd le droit
de facturer, soit au plus tard 60 jours après la réception d'un
avis, soit au plus tard le 31 mars.
M. Ciaccia: D'après vous, la dette à long terme est
presque nulle, elle a été toute payée?
M. Clair: C'est-à-dire qu'elle est payée par le
service de la dette du gouvernement sur une période de cinq ou dix
ans.
M. Ciaccia: C'est le gouvernement qui la paie.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: Alors, les municipalités n'ont rien à
payer, ni la CTRSM.
M. Clair: Non. À compter du moment...
M. Ciaccia: Le coût de fonctionnement est réparti.
Les municipalités doivent payer les factures. Alors, au 31
décembre, les seules obligations qui restent vraiment à la CTRSM,
ce sont ses employés...
M. Clair: C'est exact.
M. Ciaccia: ...et les actifs des autobus.
M. Clair: C'est cela, qui ont été
défrayés, d'ailleurs, à 100% par le gouvernement.
M. Ciaccia: Exactement. Mettons cela au pis, s'il n'y avait pas
de contrat de services avec les autres municipalités, elle pourrait
vendre ses actifs.
M. Clair: C'est exact.
M. Ciaccia: Le seul problème qui resterait, ce serait les
employés.
M. Clair: C'est exact, mais encore une fois j'insiste pour dire
que le député fait la pire hypothèse.
M. Ciaccia: Non, non, je veux juste savoir ce qu'il y a au pire
et, ensuite, on reviendra sur les détails et à ce qui pourrait se
passer normalement. Il y aurait seulement les employés,
c'est-à-dire une quarantaine de chauffeurs, plus le personnel de soutien
et d'autres personnels qui devraient être absorbés par la CTRSM et
qui sont encore partie à la convention collective.
M. Clair: Exact. Est-ce qu'il y a une seule et unique convention
collective? Je crois que oui; maintenant, il y a une seule et unique convention
collective pour la CTRSM et Métropolitain Sud.
M. Bourbeau: Je ne peux pas répondre à ce sujet,
mais je sais que cela a fait l'objet de poursuites en cour il y a quelques
années ou de référence à un arbitre. Même si
le jugement avait intégré les employés dans une liste
unique, une liste d'ancienneté qui avait, d'ailleurs, fait l'objet de
beaucoup de discussions parce que l'arbitre avait établi une insertion
des employés de Métropolitain Sud dans la liste
d'ancienneté selon des critères assez spéciaux, il reste
que pour la CTRSM la filiale était vraiment gérée à
part. Cela n'a pas changé: la CTRSM maintient toujours que la filiale
doit être comptabilisée à part. Cela n'a jamais fait
l'objet de modifications, à ma connaissance, au niveau de la CTRSM, en
tous les cas.
M. le Président, j'aimerais poser une question au ministre.
M. Clair: Oui, j'écoute.
M. Bourbeau: Au sujet du projet de loi, on parle des obligations
de Métropolitain Sud qui seront assumées par la CTRSM.
M. Ciaccia: Voulez-vous parler un peu plus fort? Il y a des
représentants de la fédération qui voudraient vous
entendre.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, si je comprends bien, ce sont des
microphones qui ne fonctionnent pas.
La loi dit que la CTRSM assume les obligations. Alors, on parlait tout
à l'heure des dettes, des autobus, etc., du personnel, des
employés. Mais il y a aussi d'autres points qui seraient inclus, par
exemple les poursuites judiciaires. Il y a deux ou trois ans, un certain nombre
de poursuites judiciaires ont été intentées. Dans le
domaine du transport, il y a beaucoup de poursuites judiciaires
subséquentes à des accidents, par exemple. Ce sont des
contingences qui vont à moyen et à long terme faire en sorte que
la CTRSM devrait éventuellement payer des montants d'argent, A-t-on une
idée de ce que cela peut coûter? Est-ce qu'on a fait des
prévisions à la CTRSM? Je ne sais pas si les représentants
de la CTRSM, qui sont ici, pourraient nous éclairer à ce sujet.
C'est, je pense, un point important, parce que si, éventuellement, il y
a des sommes importantes à payer, ce sont encore les
municipalités membres qui devront écoper du déficit
d'exploitation. Cela fait partie de ce déficit. Avez-vous des
renseignements là-dessus, M. le ministre?
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas de renseignements
précis là-dessus. Ce que je peux dire au député,
c'est que la loi ne peut pas prévoir ce qui pourrait survenir dans toute
espèce de causes qui pourraient être pendantes. J'ignore s'il y a
beaucoup de causes pendantes pour la CTRSM. J'imagine qu'il y en a un certain
nombre. Mais ce qui se produit généralement dans ce
cas-là, que ce soit dans le domaine du transport scolaire ou dans le
domaine du transport en commun, s'il arrive une catastrophe, à un moment
donné, le gouvernement traite ces cas-là ad hoc et les
reçoit un par un. Maintenant, on ne peut pas prévoir à ce
moment-ci quelle sera l'issue des différentes causes pendantes devant
les tribunaux. Effectivement, c'est, de par l'effet de la loi, la CTRSM qui
devient à l'égard de tous et à tous égards la
représentante de Métropolitain Sud. À ce moment-là,
c'est elle qui en assume les responsabilités.
M. Bourbeau: Alors, le ministre confirme que c'est bien la CTRSM
qui devra acquitter les factures inhérentes à des jugements qui
pourraient éventuellement être prononcés. Pourrait-on
savoir, d'une façon assez précise, combien il y a d'actions
actuellement contre Métropolitain Sud? Quelles sont les provisions qui
ont été faites de la part de Métropolitain Sud pour
d'éventuels règlements ou pour d'éventuelles
défaites en cour, de façon que l'on puisse avoir une meilleure
idée des obligations que la CTRSM et, par la suite, les
municipalités qui doivent payer le déficit auront à
assumer?
M. Clair: Je vais demander le renseignement aux gens de la CTRSM,
M. le Président, et je verrai si, au cours de la journée, on sera
en mesure de fournir le renseignement.
M. Bourbeau: M. le Président, puisqu'on est toujours sur
les obligations, on vient de soulever la question des poursuites judiciaires, y
a-t-il d'autres obligations que la CTRSM devra absorber, à part les
autobus, à part les salaires des employés, les poursuites
judiciaires? Le ministre peut-il nous faire un énoncé de ce que
comprend le mot "obligations" dans ce cas-ci?
M. Clair: M. le Président, quand on dit que les biens de
la filiale sont dévolus à la commission qui assume les
obligations de celle-ci, cela comprend tout. Mais, encore une fois, la filliale
Métropolitain Sud, qu'est-ce que c'était? C'était une
corporation, un corps constitué en vertu de la loi et qui pouvait
assumer des responsabilités. C'est sûr qu'il y a des poursuites
qui ont probablement déjà été intentées
contre Métropolitain Sud et qu'elles sont en cours. On verra cet
après-midi si on peut avoir les renseignements de la CTRSM pour avoir
une approximation de ce dont il s'agit.
De plus, elle avait des actifs. Or, les actifs, à toutes fins
utiles, ont été quasi entièrement défrayés
à 100% par le gouvernement. Elle avait des employés et ces
employés vont être réaffectés sur des contrats de
services que la CTRSM est en train de négocier avec les
municipalités concernées. Alors, je ne vois pas très bien
l'attitude du député de Laporte qui cherche des problèmes
où il n'y en a pas.
M. Bourbeau: On ne cherche pas de problèmes, on cherche
à éviter les problèmes, M. le ministre. Vous
procédez sans savoir ce que cela va coûter aux
municipalités. On se préoccupe du sort des municipalités
qui ont à payer les déficits, contrairement à vous. (12 h
30)
M. Clair: On s'en préoccupe activement, M. le
Président. En acceptant de défrayer 100% des coûts
d'expropriation, en proposant aux municipalités un nouveau cadre
juridique dans lequel elles vont pouvoir exercer pleinement leur autonomie, il
me semble qu'au contraire on y pense et que c'est le député de
Laporte qui est dans l'erreur quand il fait cette affirmation.
M. Bourbeau: Ah bon! C'est l'opinion du ministre, mais non celle
des maires que j'ai consultés.
M. Clair: Est-ce qu'on peut commencer?
M. Ciaccia: Brièvement, pour quelques autres
détails. Il y a des conventions collectives qui existent et qui sont en
train d'êtrs renégociées. Est-ce que le ministre a pu
vérifier si les transporteurs privés, d'après la loi, le
Code du travail, vont être obligés de respecter les mêmes
conditions de travail?
M. Clair: Nous avons longuement étudié cette
question de l'application de l'article 45 du Code du travail. Vous savez
qu'actuellement une cause type est inscrite en Cour d'appel et qu'il existe
toute une série de dossiers dans lesquels il pourrait y avoir une
application de la décision qui pourrait venir de la Cour d'appel.
L'audition de cette cause en Cour d'appel du Québec doit avoir lieu le
16 janvier prochain.
Nous avons étudié la possibilité de dire: L'article
45 ne s'applique pas à des transporteurs qui viendraient remplacer la
CTRSM ou la CTCUM sur ces lignes. L'effet immédiat de cela était
que, pour ceux qui prétendent que l'interprétation qui a
été donnée à l'article 45 est trop large, cela
venait tout simplement leur couper les
jambes devant la Cour d'appel puisqu'à toutes fins utiles le
législateur aurait dit à ceux qui pensent que l'effet de
l'article 45 serait de faire en sorte qu'un transporteur qui viendrait
remplacer la CTRSM dans un tout autre contexte est soumis à la
convention collective de la CTRSM et de la CTCUM dans les deux cas: Comment
pensez-vous que ceux qui prétendent le contraire auraient pu continuer
à le faire devant les tribunaux si le législateur lui-même
était venu modifier cela?
C'est la raison pour laquelle nous avons, finalement, retenu
l'orientation qui est proposée par le projet de loi, c'est-à-dire
de ne pas intervenir au niveau de l'article 45, d'attendre la décision
de la Cour d'appel du Québec. On verra à ce moment quelle est la
décision de la Cour d'appel. Je ne pense pas que cela crée grand
dommage pour l'instant en tout cas.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas voulu créer de
précédent en enlevant l'article 45, parce que, si vous l'aviez
enlevé dans ce cas-ci, vous auriez eu des demandes dans d'autres
industries. Pour vous justifier, vous dites que vous ne vouliez pas influencer
la décision. Je pense plutôt que vous ne vouliez pas créer
de précédent pour d'autres domaines. C'est la vraie raison.
M. Clair: II n'y a pas que cela, M. le Président. Pourquoi
continuer des procédures en Cour d'appel alors que celle-ci est saisie
du litige, va entendre la cause sur cette question le 16 janvier? Pourquoi
laisser des parties continuer à plaider devant la Cour d'appel? Si on se
met à modifier la loi, on vient modifier l'argumentation. Je pense que
l'article 45 mérite d'être étudié par la Cour
d'appel et de faire l'objet d'un jugement et on verra par la suite.
M. Ciaccia: Le délai de 60 jours. Une voix:
Oui.
M. Ciaccia: ...comment y êtes-vous arrivés et quel
en sera l'effet?
M. Clair: Après discussion avec les gens de la CTRSM, j'ai
eu l'occasion de rencontrer M. Molini, le président-directeur
général de la CTRSM. La formule que nous avons retenue, c'est -
je vous résume l'essentiel du contenu de l'article 89.1 - de dire:
Malgré l'abrogation de la filiale et de la loi qui l'avait
créée, la CTRSM peut continuer à desservir jusqu'au plus
tard le 31 mars, donc trois mois, à moins qu'entre-temps elle n'ait
reçu un avis de 60 jours d'une municipalité, auquel cas, dans ce
délai de 60 jours, la CTRSM a le temps, semble-t-il, de se tourner de
bord.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a eu des représentations qui
vous ont été faites de prolonger ce délai de 60 jours,
autrement dit de donner une année?
M. Clair: Oui, M. le Président. J'ai eu des
représentations à l'effet de retarder d'une année
l'ensemble de la réforme. Je pense que cela aurait été
inopportun. Toutes les municipalités - actuellement, il y en a 100 qui
sont mobilisées autour de cette question, qui se réunissent
régulièrement sur ce dossier - auraient été fort
déçues si on avait dit: On reporte tout le processus d'un an et,
en attendant, vous allez continuer de recevoir des factures. Je pense que cela
aurait été très décevant.
Je comprends très bien, par ailleurs, la position délicate
dans laquelle se place la CTRSM. Je dois vous assurer que je suis très
heureux de l'excellente collaboration dont j'ai pu bénéficier de
la part du président du Conseil des maires de la rive sud, M. Parent,
maire de Boucherville, et de l'administration de la CTRSM, M. Molini en
tête; la même chose du côté de la CTCUM. Il y a eu des
dizaines de rencontres avec des municipalités de tous ces corridors.
Idéalement, sur le strict plan de l'administration quotidienne,
le plus facile pour la CTRSM et la CTCUM - je ne parle pas de problèmes
politiques que cela leur cause, seulement sur le plan administratif -c'est de
continuer d'offrir un service à ces municipalités, de les
facturer et d'envoyer le compte deux ans plus tard. Pour elles, c'est le plus
simple et c'est évident. On doit aussi penser aux 100
municipalités qu'elles desservent, qui sont insatisfaites de cette
situation et à bon droit. Je pense que, compte tenu des efforts qu'on a
fait au cours des deux dernières années, le moment est venu de
procéder. Il y a tout lieu de croire qu'avec, bien sûr, quelques
turbulences ici et là dans l'ensemble, tout va tomber en place pour le
début de 1984. C'est une réforme majeure, la
réorganisation du transport en commun dans 150 municipalités. Je
vous dis que c'est quelque chose à faire et que cela ne se fait pas en
claquant les doigts.
M. Ciaccia: Le but, en demandant un prolongement à un an
n'était pas de continuer ce qui existait dans le passé;
c'était de donner l'opportunité de négocier des
contrats.
M. Clair: Oui, mais on va voir à l'étude article
par article qu'il y a quand même passablement de souplesse dans la
loi.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais poser une
question au ministre. Supposons que la CTRSM continue de donner le service dans
le réseau de Métropolitain Sud du 1er
Janvier jusqu'au 31 mars, comme vient de l'évoquer le ministre.
On sait que ce réseau est déficitaire. À chaque mois qui
passe, il y a des déficits qui sont occasionnés. C'est partout
pareil dans le secteur du transport public. Est-ce que la CTRSM aura le pouvoir
d'envoyer des factures aux 50 municipalités du réseau de
Métropolitain Sud pour les déficits encourus entre le 1er janvier
et le 31 mars?
M. Clair: L'effet de la loi est de dire que les
municipalités cessent d'être tenues de payer le jour où la
CTRSM se retire.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait répondre
précisément à ma question? Est-ce que la CTRSM pourra
envoyer des factures? Est-ce que les 50 municipalités seront tenues de
payer le déficit pour la période du 1er janvier au 31 mars?
M. Clair: C'est ce que je dis au député. Ce n'est
pas facile de poser une question du style: Avez-vous cessé de battre
votre femme? Tu réponds oui et tu admets que tu la battais et que tu
viens d'arrêter.
M. Bourbeau: Pour être sérieux, le ministre
pourrait-il répondre à la question comme elle est
posée?
M. Clair: Tu réponds non et tu passes pour un gars qui bat
sa femme. Il faut que tu répondes avec un peu de nuances.
M. Bourbeau: On voudrait être sérieux, M. le
ministre.
M. Ciaccia: On vous pose une question, M. le ministre.
M. Bourbeau: Pourriez-vous répondre sérieusement
à une question importante?
M. Clair: En vertu du projet de loi, s'il est adopté, les
municipalités cessent d'être tenues de payer le jour où le
nouveau régime entre en vigueur par corridor. Prenez le corridor de
Saint-Hyacinthe; à supposer que, dans ce corridor, il y ait un contrat
de services qui intervienne et que, le 1er janvier, la CTRSM le desserve sur la
base de la nouvelle loi, à ce moment-là, le 1er janvier les
municipalités cessent d'être tenues de payer en vertu de
l'ancienne loi et vont payer en vertu d'un contrat de services qui est
intervenu.
Une autre hypothèse: à supposer que, dans ce corridor,
c'est un transporteur privé qui remplace la CTRSM et que les avis
seraient parvenus le 1er décembre dernier à la CTRSM, disant
qu'elle doit cesser le service, 60 jours plus tard, la CTRSM doit se retirer et
les municipalités cessent d'être tenues de payer les
quotes-parts.
Une autre hypothèse: il n'y a aucun accord, il ne se passe rien
et le corridor de Saint-Hyacinthe dit - ce qui n'est absolument pas le cas,
encore une fois, mais on fait des hypothèses, à mon avis,
inutiles - : que la Commission des transports du Québec s'arrange avec
cela. À ce moment-là, la CTRSM, au 31 mars, doit se retirer et
c'est jusqu'à cette date que les municipalités sont tenues de
payer des quotes-parts.
M. Bourbeau: Après le 31 mars, s'il n'y a pas d'entente de
conclue à l'égard d'un corridor spécifique entre la CTRSM
et les municipalités, la CTRSM doit se retirer. Si elle ne se retire
pas, les municipalités ne combleront plus le déficit.
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: Donc, elle doit se retirer pour ne pas perdre de
l'argent et, à ce moment, il n'y a plus de service qui va être
donné, la CTRSM retourne dans ses garages avec ses autobus et ses
employés et c'est mort jusqu'à ce que les municipalités
trouvent un transporteur, privé ou public. Est-ce exact?
M. Clair: Encore une fois, le député fait des
hypothèses - je le comprends, c'est sa "job" comme député
de l'Opposition - et essaie de faire les scénarios les plus pessimistes,
alors que la réalité ne correspond pas à cela. C'est pour
cela que je vous dis que la mécanique de la loi prévoit
l'éventail complet des possibilités qui peuvent survenir. La
CTRSM pourrait même, à la limite, décider de demeurer
à tarif d'équilibre pendant la première année.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait s'étendre un
peu là-dessus et nous dire ce qu'il arriverait à propos des
déficits occasionnés à l'égard des
municipalités membres?
M. Clair: Je pense qu'il vaudrait mieux aborder le projet de loi
article par article. Toutes les réponses aux questions du
député se trouvent dans le projet de loi. Je comprends qu'il n'a
pas eu l'occasion de le lire, mais...
M. Bourbeau: Le député l'a lu attentivement. C'est
ce qui est entre les lignes qui nous intéresse.
M. Clair: Si le député veut qu'on aborde
l'étude article par article, on peut le faire. S'il a des amendements
à suggérer, il les suggérera. On a accepté, dans la
Loi sur le transport par taxi, quelques amendements provenant de l'Opposition
parce que, effectivement, ils venaient améliorer la clarté du
projet de loi et sa précision. On le
fera encore. Mais à toutes les questions qu'il pose, il trouvera
réponse dans les articles du projet de loi.
M. Ciaccia: Juste une question avant qu'on commence
l'étude article par article. Vous avez parlé d'un avis de 60
jours qui aurait été donné le 1er décembre. Est-ce
possible que les avis soient donnés avant le 31 janvier? Autrement, vous
légalisez par votre amendement des avis qui ont déjà
été donnés.
M. Clair: L'effet de l'amendement va être de
légaliser les avis qui ont pu être donnés avant. Parce
qu'il faut bien comprendre aussi qu'en ce qui concerne la CTCUM, par exemple,
elle ne sera pas du tout intéressée à ce qu'on lui impose
qu'elle doive attendre un avis de 60 jours puisque c'est depuis le mois de
septembre que la CTCUM a procédé à la
réaffectation. C'est en septembre que la CTCUM dresse sa liste
générale d'affectation, c'est comme cela qu'on appelle cela, et,
à ce moment, le portrait était suffisamment clair pour la CTCUM
qu'elle a procédé.
M. Ciaccia: Les 60 jours, ce ne sont pas 60 jours automatiques
commençant le 1er janvier.
M. Clair: Non.
M. Ciaccia: Cela peut être moins si des avis ont
déjà été donnés.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: M. le Président, on nous a avisé qu'il
y a un vote à 12 h 45.
Une voix: Quelle heure est-il?
Le Président (M. Paré): J'ai 12 h 43.
M. Bourbeau: On est supposé être en Chambre à
12 h 45.
M. Clair: Est-ce qu'on peut convenir que, quand on reprendra
à quinze heures, on commencera l'étude article par article?
M. Bourbeau: J'ai encore des questions à poser.
M. Clair: M. le Président, je n'ai aucune objection
à répondre aux questions du député, mais je pense
qu'on travaillerait de manière plus efficace si on abordait
l'étude article par article. Ses questions vont toutes être
soulevées par les articles.
M. Ciaccia: Peut-être une ou deux questions d'ordre
général et, après, on pourra commencer l'étude
article par article; cela ne sera pas long.
M. Clair: Entendu. Vous suspendez?
Le Président (M. Paré): Les travaux sont suspendus
jusqu'à quinze heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des transports reprend ses travaux pour poursuivre l'étude
article par article du projet de loi 46, Loi sur les conseils intermunicipaux
de transport dans la région de Montréal et modifiant diverses
dispositions législatives. J'appelle l'article 1. M. le ministre, vous
avez...
Étude article par article
M. Clair: Oui, si on commence l'étude article par article,
M. le Président, je proposerais que l'article 1 soit modifié en
remplaçant la définition du mot "municipalité" par la
suivante: "Municipalité: une municipalité mentionnée
à l'annexe I ou une autre municipalité jointe à l'entente
par décret du gouvernement." On en a donné copie aux
députés?
En fait, si le député regarde la carte, il va se rendre
compte qu'il est possible que, dans la périphérie
immédiate des corridors de transport, il soit avantageux qu'une
municipalité participe à un conseil intermunicipal de transport.
On a donc voulu donner la souplesse nécessaire pour permettre à
une municipalité de s'y joindre éventuellement soit à sa
demande, soit à la demande unanime de toutes les autres
municipalités, et que cette demande soit motivée. On va voir les
circonstances dans lesquelles une municipalité peut se joindre à
l'entente par décret du gouvernement aux articles
subséquents.
M. Ciaccia: Le problème qu'on a avec cet amendement, c'est
qu'on accepte le principe que le gouvernement puisse décréter
qu'une municipalité fera partie d'une entente sans son consentement.
M. Clair: Oui, mais toujours selon la volonté unanime de
toutes les municipalités concernées ou à la demande de la
municipalité elle-même. Le projet de loi prévoit, en
annexe, la liste des 151 municipalités qui sont actuellement desservies
par des réseaux hors territoire de la CTL, la CTRSM et la CTCUM.
Maintenant, on a eu des représentations à savoir qu'il serait
avantageux de se donner cet élément de
souplesse.
M. Ciaccia: Je n'ai pas l'amendement à l'article 7.
Allez-vous les...
M. Clair: C'est dans les articles suivants qu'on va voir les
circonstances dans lesquelles on peut...
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, vous allez apporter des
amendements à ces autres articles.
M. Clair: Oui. L'amendement est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 1 est adopté tel
qu'amendé?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle la
section II, conseil intermunicipal de transport, article 2.
Conseil intermunicipal de transport
M. Clair: Je propose que l'article 2 de ce projet de loi soit
modifié par le remplacement des mots "avec d'autres
municipalités" par les mots "avec toute autre municipalité".
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Clair: Si on mettait le pluriel, ça signifiait
nécessairement qu'il y avait au moins deux autres municipalités,
alors que, dans ce cas, ça permet qu'il n'y en ait qu'une autre.
Le Président (M. Desbiens): L'article 2 est-il
adopté, tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 3. L'article 3 est-il adopté?
M. Ciaccia: Avez-vous des commentaires ou des amendements
à l'article 3, M. le ministre?
M. Clair: Non, je n'ai pas d'amendement. Essentiellement, M. le
Président, cet article définit quel est l'objet d'un conseil
intermunicipal de transport.
M. Ciaccia: Effectivement, cela veut dire que le conseil
intermunicipal de transport ne peut effectuer lui-même le service.
M. Clair: Effectivement et on précise, au paragraphe 2,
que ce service de transport ne peut être effectué que par un
transporteur lié par contrat avec le conseil, parce qu'on
considère qu'il n'y a pas avantage à constituer, dans cette
périphérie de Montréal, de nouvelles corporations
municipales ou intermunicipales de transport ou de nouvelles commissions de
transport et qu'il est préférable que les conseils
intermunicipaux aient juridiction sur l'organisation, mais ne puissent
être des exploitants et ne puissent que tansiger avec des transporteurs
existants.
M. Ciaccia: Quelle sera la différence si on abolit la
filiale de la CTRSM et si les conseils intermunicipaux de transport se
regroupent et passent un contrat avec la CTRSM pour toute cette région?
(15 h 15)
M. Clair: La différence est énorme. Jusqu'à
maintenant, la CTRSM et la CTCUM exploitaient un service hors territoire en
vertu de permis qui avaient été délivrés autrefois
par la CTQ à ses transporteurs privés, donc, en fonction du
niveau de service, de fréquence de circuits définis autrefois par
la CTQ, alors que maintenant, ce seront les autorités locales qui
définiront le niveau des services, la fréquence, le tarif...
M. Ciaccia: Par contrat.
M. Clair: ...et les circuits par contrat.
M. Ciaccia: Cela devrait leur donner plus de
contrôle...
M. Clair: Cela leur donne beaucoup plus de contrôle et
surtout la souplesse que Métropolitain Sud et Métropolitain
provincial n'avaient pas auparavant, parce que les lois de Métropolitain
Sud et Métropolitain provincial étaient pas mal restrictives et
obligeaient, à toutes fins utiles, la CTCUM et la CTRSM à offrir
ce service.
Le Président (M. Blais): Adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blais): Article 4?
M. Clair: L'article 4 indique simplement que, lorsque le service
est effectué par un transporteur scolaire, celui-ci ne peut le faire
qu'au moyen d'autobus d'écoliers ou de véhicules
d'écoliers de type minibus afin d'éviter qu'ils viennent envahir
le champ de juridiction des détenteurs de permis avec
d'autres véhicules.
Le Président (M. Blais): Adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Article 5?
M. Clair: L'article 5 énumère simplement quel est
le contenu d'une entente entre les municipalités lorsqu'elles
décident de former un conseil intermunicipal de transport. On voit qu'un
des avantages énormes de ce mode d'intervention, une entente
intermunicipale... Dans le fond, le projet de loi est basé beaucoup sur
les dispositions contenues au Code municipal et à la Loi sur les
cités et villes concernant les ententes intermunicipales qui existent
déjà et, contrairement à la situation actuelle où,
dans toutes les lois des commissions de transport, c'est le Parlement qui a
déterminé comment allaient se répartir les quotes-parts
entre les municipalités, dans ce cas-ci, ce sont les conseils
intermunicipaux de transport qui détermineront le partage des biens, des
dettes et autres obligations du conseil, le montant de la contribution
financière de chaque municipalité, le mode de répartition
des contributions financières, qui siège, combien de
représentants au conseil, etc. Cela donne toute la souplesse de la loi
sur les ententes intermunicipales et même plus, à certains
égards.
M. Ciaccia: Cela devrait leur permettre d'avoir un meilleur
contrôle, spécialement dans la façon de distribuer les
coûts.
M. Clair: C'est exact et on peut même d'ores et
déjà espérer que, tant pour les municipalités que
pour le gouvernement, il y aura une baisse des montants alloués par les
pouvoirs publics au fonctionnement du transport en commun grâce à
cette réorganisation et à une meilleure adaptation.
M. Ciaccia: La décision de la Commission municipale, quand
les municipalités avaient contesté les factures des coûts
d'activités, était basée sur la question du potentiel
fiscal. Dans ce cas-ci, elles ne seront pas liées. Seront-elles
liées par ce mode de répartition?
M. Clair: Non. Elles pourraient retenir comme base un
mélange de nombre d'usagers ou de potentiel fiscal, de
passagers-kilomètre ou toute formule qu'on peut imaginer. Le Parlement
n'a jamais, quant à lui, retenu d'autres modes de répartition que
le potentiel fiscal ou l'évaluation foncière. Dans le cas de la
CTRSM, il y aurait quatre critères, mais à la CUM, par exemple,
c'est essentiellement sur la base du potentiel fiscal. Pour
Métropolitain provincial, la
CTCUQ, les corporations municipales et intermunicipales de transport
aussi, il me semble, et pour la CTRSM, il y a quatre facteurs: - mais je n'ai
pas avec moi la loi de la CTRSM - le potentiel fiscal, les heures, la
population, les kilomètres, l'évaluation. Mais les
municipalités pourront choisir ce qu'elles veulent comme base.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement poser une question. Pour les
conseils intermunicipaux de transport, comment les subventions vont-elles
être applicables?
M. Clair: Jusqu'à maintenant, elles étaient
versées à la CTRSM; pendant une période
intérimaire, elles pourront être versées soit aux
municipalités, soit à une municipalité qui serait
désignée, par résolution, par toutes les
municipalités pour recevoir et administrer les subventions. Elles ne
seront plus versées aux transporteurs, mais au conseil intermunicipal et
non aux municipalités lorsqu'il y aura formation de...
M. Ciaccia: II n'y aura pas de subventions pour l'achat
d'équipement.
M. Clair: Non. Pour les abribus... Le programme de subventions
sera le même que celui qui existe déjà dans l'ensemble du
Québec, à savoir une subvention de 40% au revenu produit
jusqu'à un certain maximum, plus une subvention de 100% du manque
à gagner provenant de l'émission de laissez-passer, plus la
subvention aux laissez-passer à tarif réduit comme s'ils
étaient des laissez-passer émis à leur pleine valeur, plus
75% des abribus.
Pour l'acquisition de matériel roulant -ce n'est pas dans la loi,
c'est dans le décret d'aide financière - jusqu'à
maintenant, on n'a pas voulu inciter les conseils intermunicipaux de transport
à acquérir des autobus. Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas
éventuellement avantage à le faire; maintenant que les grandes
agglomérations du Québec sont dotées de commissions ou de
corporations intermunicipales de transport et qu'elles sont bien
équipées, nous faisons face à un problème dans les
municipalités de 30 000 à 50 000 habitants. À partir d'une
expérience à Shawinigan et à Grand-Mère, nous
sommes en train d'essayer de voir quel type de programme serait le plus
adapté. Il y aurait peut-être même lieu dans ces
cas-là d'en venir à subventionner entièrement le
coût d'acquisition d'autobus, mais on trouve qu'il est trop tôt
pour prendre une telle décision. On ne veut pas faire en sorte que les
municipalités soient incitées à acquérir d'autres
équipements quand on sait qu'il en existe chez des transporteurs
privés et chez des transporteurs publics.
Une autre représentation nous a été faite. Dans la
mesure où on subventionnerait
des autobus dans le secteur privé, l'Association des
propriétaires d'autobus nous a fait valoir qu'il faudrait être
très prudent et s'assurer qu'un transporteur privé ne puisse pas
faire une concurrence déloyale par son transport privé avec des
autobus qui auraient été défrayés pour les trois
quarts par les deniers publics. Cela présente des problèmes,
mais, pour l'instant, dans le programme d'aide financière, on ne
prévoit pas subventionner l'achat d'autobus par des conseils
intermunicipaux.
M. Ciaccia: Si les commissions de transport veulent
acquérir de l'équipement, elles peuvent être
subventionnées pour l'achat d'équipement.
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: Les CIT ne seront pas subventionnés.
M. Clair: Non.
M. Ciaccia: Est-ce que cela ne produira pas différentes
classes d'usagers? Est-ce que cela ne peut pas affecter... Si la Commission de
transport de la rive sud de Montréal obtient des équipements,
elle pourra être subventionnée; si les CIT font des ententes avec
des transporteurs privés, ils ne pourront pas l'être.
M. Clair: Exact. Le problème que vous soulevez est un
problème réel. Nous ne sommes pas parvenus à trouver
comment on pourrait s'assurer que, si on subventionne l'acquisition d'autobus
par un transporteur privé, ces autobus puissent servir... Il n'est pas
nécessairement en circulation 24 heures par jour, continuellement.
Comment éviter que ces autobus puissent servir à de la
concurrence déloyale auprès d'autres transporteurs privés
qui, eux, ne seraient pas subventionnés pour l'acquisition
d'autobus?
On étudie la question, mais, encore une fois, pour la
première année, cela ne crée pas de problème
puisque les commissions de transport détiennent suffisamment de
matériel. À la limite, il faudrait peut-être envisager
l'une ou l'autre de deux choses: soit cesser de subventionner et les
commissions de transport et les transporteurs privés pour des autobus
qui sont utilisés dans ces corridors-là, auquel cas cela aura un
impact certain sur les coûts de propriété, donc sur le
coût des billets pour ces gens-là; soit dire qu'on subventionne
des autobus qui deviennent propriété des conseils intermunicipaux
de transport, mais qui ne peuvent être utilisés que pour les fins
strictes du transport en commun. On perd ainsi l'économie
d'échelle qu'on peut avoir si l'autobus sert tant dans le secteur
privé pour ses activités régulières que pour le
transport en commun.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a un danger dans le cas actuel que, si
vous excluez les subventions pour l'achat d'équipement, les CIT n'ayant
pas ces subventions, cela ait pour résultat que les tarifs soient plus
élevés?
M. Clair: Oui, dans la mesure où... Théoriquement
c'est vrai, mais pratiquement, comme les transporteurs privés qui vont
offrir le service vont l'offrir généralement à partir
d'équipements existants et, donc, à leur coût marginal,
à ce moment-là, oui, théoriquement, c'est absolument
fondé, mais pratiquement il ne semble pas que les transporteurs
privés auront à acquérir beaucoup de nouveaux autobus. Ils
utiliseront plutôt leur flotte existante; la même chose pour les
transporteurs publics. Au départ, cela ne crée pas de
problème. C'est plus à terme, s'il y avait un transfert massif
sur les cinq prochaines années des transporteurs publics vers les
transporteurs privés en termes de choix et que les transporteurs
privés aient à s'équiper, à ce moment-là,
théoriquement, il pourrait y avoir un effet. Mais, encore là, des
représentants de l'APAQ, l'Association des propriétaires
d'autobus du Québec, avec qui j'ai eu l'occasion d'en discuter de
façon informelle -je le reconnais - aimeraient, dans la mesure où
elle prendra la relève de transporteurs publics, avoir l'occasion
d'intégrer ce service à ses services déjà
existants, que ce soit pour la charte-partie ou pour ses circuits
réguliers. À ce moment-là, elle dit: Si vous m'obligez,
parce que vous me fournissez un autobus, à ne l'exploiter que
strictement à ces fins-là, je suis obligée de faire
répercuter mon coût de propriété entièrement
sur eux. Même si vous me donnez une petite ou une moyenne subvention, je
ne gagne pas parce que je ne peux pas utiliser mon autobus sur des circuits de
transport en commun et sur les autres.
On étudie cette question-là, on est conscient du
problème. Apparemment qu'en Ontario, dans les villes de 30 000
habitants, le gouvernement défraie 100% du coût de l'autobus, le
met à la disposition des municipalités qui le font exploiter par
une entreprise privée, mais avec une interdiction d'utiliser cet autobus
à quelque autre fin que ce soit.
M. Ciaccia: Vous placerez les CIT sur le même pied que les
commissions de transport.
M. Clair: C'est cela. Comme je vous le dis, c'est plus à
terme que ce problème-là se pose qu'au départ.
M. Ciaccia: Évidemment, au début, si toutes les
ententes sont conclues avec la CTRSM, le problème ne se posera pas parce
que les équipements sont là pour la première
année.
M. Clair: Oui. Du côté des transporteurs
privés, comme ils ont souvent des disponibilités
d'équipements et que ces services seraient intégrés en
quelque sorte au service qu'ils offrent déjà, ils offriraient le
service, dans le fond, à son coût marginal et non pas en imputant
pleinement le coût de propriété au service offert.
M. Ciaccia: Si le coût d'expropriation a été
payé à 100% par le gouvernement et que la dette à long
terme est complètement payée... On m'a mentionné ce matin
que, sur les 2 000 000 $, il y avait 1 900 000 $ qui avaient déjà
été payés.
M. Clair: Non, c'est-à-dire qui ont été
assumés par le gouvernement.
M. Ciaccia: Assumés par le gouvernement, d'accord. Cela
veut dire que l'équipement se trouve maintenant payé et cela
devrait aider...
M. Clair: C'est-à-dire qu'il n'est pas tout payé,
mais il n'entraîne...
M. Ciaccia: Cela n'entraîne aucuns frais additionnels. Le
gouvernement a assumé la dette. Cela veut dire que la CTRSM a maintenant
de l'équipement qui a été payé effectivement par le
gouvernement.
M. Clair: Exact, ou qui sera payé.
M. Ciaccia: Pour elle, il n'y a pas de montants dus. Dans le
calcul des tarifs, par exemple, est-ce que cela devrait avoir un effet de
réduction des coûts pour les usagers? (15 h 30)
M. Clair: C'est certain que cela a un effet positif. Dans la
mesure où le gouvernement assume 75% ou 100% des coûts de
propriété d'un autobus, c'est évident que ça se
répercute sur les coûts, les prix que peut faire la CTCUM ou la
CTRSM.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui arrive avec la subvention si la CTRSM,
par exemple, a acheté un autobus pour le contrat qu'elle a signé
avec un CIT?
M. Clair: Je ne comprends pas la question.
M. Ciaccia: II y a une subvention qui, normalement...
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui arrive si la
CTRSM doit acheter un autobus pour un contrat qu'elle doit remplir?
Maintenant, le
CIT ne reçoit pas de subvention. Si la
CTRSM doit signer des ententes et doit acheter de l'équipement
additionnel, est-ce que la subvention va s'appliquer à la CTRSM?
M. Clair: Si elle achète des autobus pour les fins
spécifiques du contrat.
M. Ciaccia: Parce que la...
M. Clair: M. le Président, il faut bien comprendre. La
réponse à la question du député, c'est oui. Ce
serait susceptible de subventions. C'est oui pour deux raisons. La
première, c'est que la faiblesse de l'exploitation du réseau
Métropolitain Sud et de la CTRSM, et même, à certains
égards, de la CTCUM, c'est que les services ne sont pas pleinement
intégrés. Si on regarde sur la carte toute cette partie du
territoire qui est desservi par la CTL, c'est un réseau unique de
transport, et l'autobus qui peut partir de Saint-Donat va ramasser des
passagers, même sur son parcours, dans la ville de Laval. Pour ce qui est
du réseau Métropolitain Sud, actuellement, les autobus circulent
à portes fermées sur le territoire de la CTRSM. Avec des contrats
de services, il va devenir possible pour la CTRSM de réorganiser ses
propres circuits d'autobus et d'intégrer l'autobus qui va circuler tant
en dehors de son territoire que sur son propre territoire, d'en intégrer
pleinement les services. On n'aurait pas avantage, en termes de pouvoirs
publics, de maintenir le principe des portes fermées de la CTRSM sur son
propre territoire quand elle intègre des services à partir de
contrats de services avec les services qu'elle offre chez elle. Cela
deviendrait très complexe de le faire, d'une part, et,
deuxièmement, ce ne serait pas avantageux sur le plan des coûts
pour la collectivité et pour les pouvoirs publics.
Le deuxième argument, c'est que les coûts de
propriété ne sont pas le facteur le plus important,
déterminant en matière de coûts de transport, en
matière de structure des coûts de transport. C'est sûr que
les coûts de propriété, c'est important, mais, dans la
mesure où il y en a déjà 75% qui sont absorbés par
le gouvernement, cela diminue d'autant l'impact dans les budgets. Même
là, encore une fois, un transporteur privé qui vient prendre la
relève est intéressé à le faire surtout dans la
mesure où il peut l'intégrer à des services qu'il offre
déjà. C'est la même chose pour la CTRSM. Les coûts de
propriété deviennent moins significatifs à ce
compte-là et, si on ne veut pas forcer la CTRSM à tenir encore
une double comptabilité et à désintégrer le service
qu'elle offre sur le territoire, on
préfère continuer à subventionner l'acquisition des
autobus pour la CTRSM et la CTCUM.
M. Bourbeau: Je veux poser une question à M. le ministre.
La dette obligataire de Métropolitain Sud au 31 octobre, d'après
les informations qu'on a, était de 1 462 000 $. Je comprends que le
gouvernement a pris à sa charge toute cette dette.
M. Clair: Oui. Si je comprends bien, on aurait payé, en
1982, pour le service de la dette, 329 985 $ et on paiera, en 1983, 326 345 $.
On paiera ou on a déjà payé, je ne peux pas vous le dire.
On paiera, j'imagine.
M. Bourbeau: Cela comprend l'amortissement de capital,
évidemment, sûrement.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: II y a également, d'après les
informations qu'on a, un emprunt de banque. M. le ministre, il y avait, au 31
octobre, un emprunt de banque de 545 000 $. Cela n'est pas
nécessairement pour de l'achat de matériel, je présume.
Enfin, je ne sais pas si cela en est ou non. Qui va hériter de cette
dette? C'est aussi une obligation qui va tomber dans le patrimoine de la CTRSM.
C'est un montant important. C'est au-delà de 500 000 $. Ce sont les
chiffres qui nous ont été fournis par la CTRSM.
M. Clair: ...le trésorier de la CTRSM. Je dois dire
là-dessus que moi, je n'ai pas d'objection à tenter de donner les
informations au député de Laporte. Par contre, s'il a des
questions à poser à la CTRSM, je me dis: Soit, ces gens vont se
faire un plaisir de lui répondre. Je veux bien essayer de lui donner les
réponses. Mais c'est parce que...
M. Bourbeau: Ce ne sont pas les montants, ce sont les principes
qui sont en cause. J'essaie de voir quel est le montant d'argent, quelles sont
les responsabilités. Vous avez employé dans le projet de loi le
mot obligations. La CTRSM a des obligations nouvelles créées par
le fait qu'elle absorbe la filiale. Ces obligations, je veux savoir lesquelles
et qui va avoir à les absorber. Je sais fort bien qu'en fin de compte,
ce sont les municipalités qui vont devoir en payer 50%. Je donne un
exemple: un emprunt de banque de 500 000 $. Qui va hériter de cela?
M. Clair: J'ai avec moi le trésorier de la CTRSM et il
m'indique que, si le député voulait me fournir le renseignement
qu'il a, on pourrait essayer d'identifier ce dont il s'agit.
M. Bourbeau: C'est un renseignement qu'on a eu de la CTRSM au
téléphone, en l'appelant. On nous a donné le solde de la
dette au 31 octobre, l'emprunt bancaire sur marge de 545 000 $ de
Métropolitain Sud. Je présume que le trésorier est au
courant. C'est lui qui nous a donné les renseignements ou ses
services.
M. Clair: C'est un emprunt qui vise à financer le
déficit courant de 1983. Car la CTRSM facture l'année suivante.
Et vous vous souvenez que c'est ce qui a mis le feu aux poudres à un
moment donné quand la Commission municipale a interdit... Alors que les
municipalités desservies refusaient de payer leur quote-part, la
Commission municipale, à un moment donné, a refusé
l'autorisation à la CTRSM de continuer de faire des emprunts temporaires
pour financer la quote-part des municipalités. C'est à ce moment
que j'ai rencontré les maires et que la plupart des municipalités
ont accepté de payer leur quote-part en 1982. Il resterait, selon mes
informations, 56 000 $ de quote-part impayée jusqu'au 31 décembre
1982. Cela vise à financer le déficit courant de 1983.
M. Bourbeau: L'année 1983 va être payable par les 50
municipalités.
M. Clair: Jusqu'à maintenant, oui, jusqu'à
l'entrée en vigueur de la loi.
Maintenant, je me doute bien qu'il y aura des discussions sur cette
question.
M. Bourbeau: Dans l'esprit du ministre, est-ce qu'il serait
possible que cela fasse partie des obligations payables par les sept
municipalités de la CTRSM?
M. Clair: Non, c'est évident qu'on ne pourra pas demander
aux sept municipalités de la CTRSM de payer pour un service qui a
été offert dans d'autres municipalités.
M. Bourbeau: Bien noté.
M. Ciaccia: Je voulais juste dire au ministre que ce n'est pas
parce qu'on veut interroger la CTRSM et avoir les chiffres. Mais la loi impose
certaines obligations, certaines responsabilités. Avant de dire: On va
approuver certains articles, on veut savoir quelles sont les
responsabilités, qui va payer. Si cela était nécessaire,
on apporterait des amendements pour nous assurer que ce sont les bonnes
parties, celles qui sont responsables pour les dettes encourues.
M. Clair: Je suis tout à fait d'accord
avec le député. La seule chose que je ne voulais pas,
c'est qu'on commence à entendre la CTRSM...
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas notre intention.
M. Clair: ...et la CTCUM, parce que j'ai moi-même
demandé que des gens de la CTRSM et de la CTCUM assistent à nos
débats.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 6, il y
a un amendement.
M. Clair: Je propose de modifier l'article 6 du projet de loi par
l'addition de l'alinéa suivant: "Les municipalités parties
à l'entente peuvent demander au gouvernement, par des résolutions
précisant les raisons de cette demande, d'y joindre une
municipalité qui n'est pas mentionnée à l'annexe I,
lorsqu'elles estiment que des personnes résidant sur le territoire de
cette municipalité sont susceptibles d'utiliser le service de transport
en commun projeté."
Je pourrais peut-être donner l'explication au
député. Si vous regardez sur la carte, c'est
particulièrement visible dans le cas de Joliette, par exemple, où
les élus de la région de Joliette nous ont fait valoir le point
que, s'ils se forment en conseil intermunicipal de transport, avec ou sans
subvention de leur part au transport en commun, la limite géographique
du territoire juridique de la CTCUM dans cette partie du territoire fait en
sorte que des citoyens de municipalités comme
Saint-Charles-Borromée, particulièrement, pourraient utiliser
massivement les services de transport en commun qui seraient offerts dans
Joliette, sans que la municipalité dans laquelle ils résident
soit appelée à y contribuer. Comme, encore une fois, le
territoire de Métropolitain Sud et de Métropolitain provincial
est un territoire arbitraire, défini par les permis qui avaient
été émis, et que cela ne tenait pas nécessairement
compte de la réalité géopolitique, démographique du
territoire à desservir, cela nous a été signalé. Je
me souviens, quand j'ai rencontré les maires, il y a quelques semaines,
les 16 et 17 novembre, que c'est l'un des points qui a été
immédiatement soulevé par le maire de Joliette et on a
trouvé que cela avait du bon sens.
M. Ciaccia: Vous ne trouvez pas cela un peu dangereux, M. le
ministre? C'est évident que les municipalités qui font des
ententes vont essayer le plus possible d'être en position de
réduire les coûts de fonctionnement. Plus il va y avoir de
municipalités qui vont être incluses, plus cela va réduire
leur charge de fonctionnement. De la façon que vous libellez votre
amendement, cela laisse la porte complètement ouverte lorsqu'elles
estiment si elles peuvent les estimer, les coûts. Si une
municipalité vient vous voir et vous dit: On estime que l'autre
municipalité va utiliser notre service, on ne demande pas si vraiment
elle va l'utiliser, on ne fait pas d'enquête, on ne demande pas le point
de vue des autres, on ne fait pas de référendum ou de
consultation. Il me semble que c'est un peu trop large. Cela ouvre un peu trop
la porte à la possibilité d'abus. Elle estimera que des gens de
la municipalité avoisinante vont utiliser le transport en commun et vous
allez devoir les inclure. Sur quelle base? Comment vont-ils payer? Combien de
gens vont utiliser le transport en commun? Cela ouvre la porte à toutes
sortes de questions.
M. Clair: Effectivement, M. le Président, ce qui soutient
l'argumentation des municipalités qui ont demandé cela, c'est
justement le fait qu'il est avantageux que le plus grand nombre de
municipalités y participent dans une même agglomération,
dans un corridor donné, afin de réduire les coûts pour
l'ensemble de la collectivité. Maintenant, il faut bien noter que ce
sont "les municipalités parties à l'entente". Cela veut dire que
chacune des municipalités partie à l'entente doit adopter une
résolution qui précise les raisons de cette demande. Et, comme il
s'agit du départ d'un conseil intermunicipal, on ne peut qu'employer
l'expression "lorsqu'elles estiment". Lorsque viendra le moment de renouveler
l'entente, elles devront le démontrer et non pas seulement l'estimer,
mais le démontrer.
M. Ciaccia: Cela va être un peu tard... M. Clair:
Oui.
M. Ciaccia: ...parce qu'il va y avoir déjà des
factures, des coûts de fonctionnement. Sur quelle base seront-elles
obligées de...
M. Clair: Sur la base dont elles auront convenu entre elles. (15
h 45)
M. Ciaccia: Non, mais la nouvelle base qui oblige de
participer... Je voudrais porter à l'attention du ministre un autre
aspect qui peut l'aider dans la réponse qu'il a faite. Si on regarde
l'article 7, on trouvait déjà que l'article 7 était un
pouvoir même un peu dangereux parce que cela pouvait imposer le service
à une municipalité qui refusait, mais, au moins, dans l'article
7, il y a le refus d'une municipalité. Cela veut dire qu'il faut
qu'elle refuse, que quelqu'un le lui demande. Quand elle refuse de faire
partie d'une entente avec d'autres municipalités, c'est que ces
dernières estiment que ce refus risque de compromettre l'organisation du
service de transport. Alors, même si on avait certains doutes sur
l'article 7, au moins il y avait certaines protections parce que, d'abord, il
fallait que la municipalité refuse et ensuite les autres
municipalités devaient démontrer, je présume, au ministre
que le refus de cette municipalité risquait de compromettre
l'organisation du service de transport en commmun ou de le rendre trop
onéreux. Alors, si elles démontraient cela au ministre, le
fardeau de la preuve était portée par elles; la
municipalité qui refusait, je présume, aurait dû être
consultée pour faire valoir son point de vue. Mais, dans l'article 6,
vous vous donnez un droit, je ne dirais pas qui est complètement
à l'encontre, mais qui va beaucoup plus loin que l'article 7.
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: C'est presque inutile d'avoir un article 7 que vous
n'amendez pas, je pense, et dans l'article 6, vous dites: Lorsqu'elles estiment
que ces municipalités sont susceptibles d'utiliser... Cela ne laisse pas
une grande protection.
M. Clair: M. le Président, il faut bien dire qu'on vise
deux situations un peu différentes. Dans le cas de l'article 7, il
s'agit de municipalités qui sont déjà desservies par
Métropolitain provincial et Métropolitain Sud et qui pourraient
compromettre...
M. Ciaccia: Non, de la façon que je lis cela -
c'était peut-être l'intention - l'article 7 ne dit pas que ce sont
les municipalités qui sont déjà desservies. Cela peut
s'appliquer à n'importe quelle municipalité, aujourd'hui, demain
et dans l'avenir, une nouvelle entente. Et vous avez déjà
défini les municipalités.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
qu'on modifie le mot "estiment" par les mots "lorsqu'elles démontrent"
pour mettre un fardeau de la preuve plus pesant sur les épaules des
municipalités, mais il faut bien comprendre, encore une fois, que c'est
à la demande des municipalités qu'on fait cela. Elles devront
démontrer de façon sérieuse que leurs motifs sont
justifiés et qu'on a besoin de cela. Dans le fond, c'est d'essayer de
régler un tant soit peu la question des effets de débordement en
laissant, bien sûr... Il faut qu'il y ait quelqu'un qui finisse par
décider. C'est le gouvernement.
M. Ciaccia: Je comprends les effets de débordement, mais
pourquoi ne pouvez-vous pas vous en tenir à l'article 7? Même
à l'article 7, on aurait voulu s'assurer qu'il y ait plus de
critères pour protéger une municipalité qui, de bonne foi,
n'a pas besoin du service et ne le veut pas.
M. Clair: On peut poser la question à l'envers aussi. Ce
serait quoi, l'intérêt de cinq ou six municipalités,
d'aller essayer d'imposer le service à une autre?
M. Ciaccia: C'est bien simple. Vous savez ce qui arrive à
l'île Bizard. Je pense qu'il y a un autobus environ aux deux jours,
même une fois par semaine. Ces gens sont obligés de payer leurs
taxes à la CTCUM de la même façon. L'intérêt
est très évident, on veut des contribuables pour payer le service
d'autobus, même s'ils ne l'utilisent pas.
M. Clair: Mais le député ne m'a pas laissé
finir. Quel serait l'intérêt des municipalités de soulever
une guerre politique avec une municipalité? Et quel serait
l'intérêt du gouvernement d'aller semer le trouble dans une
municipalité pour l'organisation du transport en commun?
M. Ciaccia: Vous êtes en train d'ouvrir un débat qui
pourrait durer toute la fin de semaine.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: On pourrait parler de la loi 38.
M. Ciaccia: Je ne veux pas faire cela, je veux partir à 18
heures. Ce n'est pas la question de savoir quel serait l'intérêt.
Il peut y en avoir des intérêts; ce que vous estimez être un
intérêt, un autre peut l'estimer d'une autre façon. La
question demeure; même si vous dites "démontrer" plutôt
qu"'estimer", cela ne change pas grand-chose. Vous continuez à dire
"sont susceptibles d'utiliser". Pourquoi ne laissez-vous pas l'article 6 tel
quel? Vous avez ce pouvoir-là dans l'article 7.
M. Clair: Non, l'article 7 c'est dans le cas d'une
municipalité qui refuse d'être partie à l'entente et les
autres municipalités estiment que ce refus risque de compromettre
l'organisation du service de transport. L'article 6, tout ce qu'il vient faire,
c'est de permettre d'élargir l'annexe I. C'est ce qu'il permet.
M. Ciaccia: On force à élargir. Vous venez
de dire dans votre discours de deuxième lecture que c'est la
décision des élus locaux. Si une municipalité ne veut pas
faire partie de cela, pourquoi ne lui laissez-vous pas le choix de ne pas faire
partie de
cette entente? Vous voulez en revenir avec l'article 7 pour
démontrer vraiment que cela peut risquer... Le fait qu'elles ne veulent
pas faire partie d'une entente ne devrait pas vous permettre de les obliger
d'en faire partie. C'est ce que vous faites dans l'article 6. Vous dites
même "sont susceptibles d'utiliser". Vous ne dites même pas
qu'elles vont l'utiliser, elles sont "susceptibles" seulement.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'aimerais renchérir sur ce qu'a dit mon
collègue, le député de Mont-Royal. Il faut regarder les
articles 6, 7 et 8 ensemble. À l'article 6, tel qu'on nous propose de
l'amender, on enclenche le processus qui fait qu'une ou des
municipalités pourront être forcées d'être parties au
système de transport en commun malgré elles. Ce qui me perturbe
un peu... M. le Président, on va attendre que le ministre ait
terminé de consulter ses adjoints. J'ai l'impression que je parle dans
le vide.
Le Président (M. Blais): Est-ce que vous croyez
nécessaire de suspendre la séance pendant quelques minutes, M. le
ministre?
M. Clair: Oui, peut-être.
Le Président (M. Blais): Nous suspendons les travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise de la séance à 15 h 56)
Le Président (M. Blais): À l'ordre, s'il vous
plaît! On revient. M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: J'avais commencé à vous dire que les
articles 6, 7 et 8 doivent être lus ensemble. Ces articles
décrivent un processus qui fait qu'à la demande de certaines
municipalités d'autres municipalités peuvent être
entraînées de force dans un conseil intermunicipal de
transport.
À l'article 8, une fois la demande faite et la preuve faite, le
gouvernement, d'autorité, fixe le nombre de membres que cette
municipalité peut déléguer au conseil, détermine le
nombre de voix, fixe le montant de la contribution foncière, etc. Une
municipalité qui déciderait ne pas vouloir de transport en commun
pour des raisons, comme on dit souvent, mieux connues d'elle-même serait
forcée, malgré sa volonté, de faire partie d'un conseil
intermunicipal de transport, de payer des sommes d'argent, etc.
On doit retourner en arrière et voir ce qui s'est passé.
Il y a quelques années, dans les territoires en dehors des commissions
de transport, certaines municipalités ne contribuaient pas au transport
au commun. Elles en avaient un parfois, organisé par des transporteurs
privés, mais elles n'avaient pas à le subventionner et à
s'en occuper. Un jour, on a passé un amendement à la loi sur la
CTRSM par lequel, sans que les municipalités soient consultées,
elles ont été obligées de payer pour le transport en
commun. Elles ne le savaient même pas, d'ailleurs; elles l'ont appris,
dans bien des cas, un an ou deux après, lorsqu'elles ont reçu les
factures.
Le ministre s'est rendu compte que ce n'était peut-être pas
la meilleure façon de procéder. Je pense qu'il l'a reconnu
puisque, aujourd'hui, on change le régime. On a dit -j'ai cru comprendre
que c'était la volonté du gouvernement - que ces
municipalités, dorénavant, pourraient se retirer de
Métropolitain Sud et qu'elles auraient la liberté d'opter ou non
pour du transport.
Or, voilà qu'après avoir corrigé une situation qui
semblait inique, inéquitable on revient un peu par la porte d'en
arrière, en disant: Malgré ce qu'on a déjà fait et
ce qu'on voulait corriger, on pourrait encore forcer les municipalités
à faire du transport en commun, à en payer ou à en
défrayer bien qu'elles n'en veuillent pas. Je trouve que c'est de
l'incohérence; ou bien on les y oblige ou bien on ne les y oblige pas.
Il me semble que, si on a convenu que, dorénavant, les
municipalités seraient libres et autonomes, on devrait leur laisser la
liberté.
Je ne suis pas surpris que l'Union des municipalités ait
contesté ces articles et la façon dont on procède. C'est
encore un autre exemple de l'autonomie municipale qui est bafouée. On va
dire que c'est au nom du bien public. Je ne sais pas s'il est exact de le dire
ou de ne pas le dire. Les municipalités ont le droit de penser qu'elles
ne veulent pas défrayer du transport en commun et les citoyens, à
l'intérieur de ces municipalités, en jugeront. Si, à
l'intérieur des municipalités, des citoyens estiment que le
conseil municipal n'a pas raison de ne pas fournir du transport, on le fera
payer aux administrateurs municipaux lors des élections suivantes. (16
heures)
Aujourd'hui, c'est le gouvernement qui, éventuellement, pourra
décréter qu'une municipalité va fournir du transport en
commun. Je pense que c'est malheureux. Le principe de l'autonomie municipale
est bafoué encore une fois. Ce n'est pas la première fois que
cela se produit depuis un certain temps. On le voit présentement avec le
projet de loi 38. Les tollés fusent de partout dans le milieu
municipal.
Le Président (M. Blais): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui se passe, M. le Président?
Le Président (M. Blais): Nous ne sommes pas au projet de
loi 38. Nous en étions à la loi sur le transport. S'il vous
plaît, M. le député de Laporte!
M. Bourbeau: M. le Président, franchement, vous êtes
d'une "tolérance" exemplaire. Je dois avouer que j'ai rarement vu un
président qui rappelle à l'ordre un député qui fait
allusion à une loi.
M. Clair: Vous faites bien, M. le Président. Je remarque
que vous êtes particulièrement alerte et vigilant.
Le Président (M. Blais): Et non partisan. Merci.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux même pas me
choquer tellement votre remarque est surprenante.
Comme je le disais si bien, il y a présentement des lois que je
ne nommerai pas, puisqu'on ne me le permet pas, qui, de plus en plus, vont dans
le sens d'éroder l'autonomie municipale. C'est à ce niveau que
cela blesse actuellement. Je me demande s'il n'y a pas moyen de repenser
à cela et d'enlever complètement ces articles. Si une
municipalité décide de ne pas vouloir de transport, on pourrait
peut-être faire en sorte que, à l'intérieur de ce
territoire, quand on y circulera, on circulera porte fermée, que les
municipalités n'auront pas à payer et que les citoyens ne
jouiront pas du service. Est-ce qu'on a étudié cette
possibilité au gouvernement?
M. Clair: M. le Président, je m'insurge avec vigueur
contre les propos du député de Laporte, parce que, d'abord, en
termes d'autonomie municipale, pour la toute première fois, nous allons
permettre à des municipalités d'exercer leurs
responsabilités et de déterminer elles-mêmes le niveau de
service et le déficit qu'elles désirent encourir. Ces
déclarations me surprennent d'autant plus qu'il a été
président du Conseil des maires de la rive sud à la tête de
la CTRSM. Il sait fort bien que l'organisation du transport des personnes dans
un milieu n'est pas basée sur les limites territoriales, mais est
fonction de la répartition de l'urbanisation dans un territoire
donné et qu'il serait impensable et inimaginable, comme les
municipalités me l'ont elles-mêmes souligné...
M. Ciaccia: M. le Président, je remarque le changement de
présidence.
M. Clair: Je sais que vous faites cela pour briser mon
élan.
M. Ciaccia: Je fais cela pour soulager le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je signale l'arrivée
d'un président qui s'y connaît en matière de transport.
M. Clair: M. le Président, il y a des contraintes
physiques dans l'organisation du transport. On ne peut pas, dans un corridor de
transport, permettre à une municipalité qui, sur le plan
territorial, serait particulièrement bien située de
bénéficier d'un service sans qu'elle ait à y contribuer et
que, en plus de cela, ses citoyens aient l'occasion d'en
bénéficier.
Je vous donne les trois exemples les plus susceptibles de se produire.
Je n'ai pas eu de nouvelles dernièrement de Léry. Alors, j'ai
participé à une réunion avec toutes les
municipalités du corridor de Valleyfield, Beauharnois,
Châteauguay. Je les ai rencontrés. Il y a une municipalité
qui ne désirait pas participer. Les autres maires -et j'en prends
à témoin M. Olivier, de la CTCUM, qui était présent
- ont vertement réprimandé le pro-maire présent à
ce moment-là, lui disant: Cela n'a pas de bon sens. Tu n'es pas pour
nous faire cela. On va demander au gouvernement de te forcer à entrer.
La simple menace a été suffisante, parce que tout le monde
conçoit que cela n'a pas de bon sens. Ce pouvoir, j'en suis convaincu,
s'il est inscrit dans la loi, le gouvernement aura très rarement
l'occasion de l'utiliser parce que les municipalités vont finir par
s'entendre. Mais s'il n'y a pas un tel pouvoir à la portée de
chacune des municipalités parties à une entente de forcer une
municipalité à se joindre à l'entente, je suis convaincu
que certaines vont en bénéficier sans y contribuer.
L'autre exemple, c'est le cas de Joliette. Le député dit:
II serait possible de circuler à porte fermée. Il n'est pas
question de circuler à porte fermée, l'autobus n'y va même
pas sur le territoire de Saint-Charles-Borromée, sauf que les
résidents de Saint-Charles-Borromée s'en viennent parfois
à distance de marche prendre l'autobus dans Joliette qui, elle,
supporterait seule, à ce moment, les déficits encourus par les
usagers de Saint-Charles-Borromée. C'est cela que vise cet article.
M. Bourbeau: C'est ce qui se passe sur la rive sud depuis
toujours. Les gens qui vivent en dehors du territoire de la CTRSM prennent
l'autobus à Brossard. Ils le prennent depuis toujours.
M. Clair: Vous avez raison et c'est un problème universel.
La CTCUM prétend que
les gens de la rive sud augmentent le déficit d'exploitation de
la CTCUM par leur présence dans le métro et dans le réseau
d'autobus. Nous savons que le problème est universel et qu'on ne peut le
résoudre parfaitement.
M. Bourbeau: Vous avez créé le problème avec
vos stationnements d'incitation.
M. Clair: Non, absolument pas, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Bourbeau: Oui, vous avez fait des stationnements d'incitation
pour pousser les gens...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député de Laporte, qu'il me laisse donc la parole quand je
l'ai.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous m'avez interrompu plusieurs fois
tantôt.
M. Clair: Le problème des effets de débordement
dans tous les systèmes de transport qui sont subventionnés par
les pouvoirs publics, municipalités et gouvernement, c'est un
problème universel. Mais cela ne doit pas nous empêcher d'essayer
de régler les injustices les plus flagrantes. C'est pour donner suite
aux voeux des municipalités concernées que nous avons
proposé les deux circonstances dans lesquelles on peut forcer une
municipalité à se joindre, soit parce que cela viendrait
compromettre l'organisation d'un service et le rendre trop onéreux dans
un corridor existant, soit encore que parce que, dans un bout de ligne, des
gens en profiteraient indûment.
M. le Président, je reviens à mon amendement. À la
suite des représentations qui m'ont été faites - vous ne
pourrez pas dire que je n'en tiens pas compte - je suis disposé à
changer le mot "estiment" de l'amendement que j'avais proposé par le mot
"démontrent".
M. Ciaccia: Pourriez-vous aller un peu plus loin, M. le ministre?
Quand vous dites "démontrent" qu'ils sont susceptibles d'utiliser,
pensez-vous que c'est assez? Cela va démontrer que des gens sont
susceptibles de l'utiliser; on n'a pas besoin de démontrer qu'ils vont
l'utiliser ou qu'ils l'utilisent. C'est pas mal vague.
M. Clair: Non, mais c'est qu'il s'agit d'un service à
être créé et non pas d'un service qui existe.
M. Ciaccia: Je comprends.
M. Clair: Alors, il faut démontrer qu'ils sont
susceptibles de l'utiliser; sans quoi, cela ne voudra rien dire.
M. Ciaccia: II doit y avoir une autre formule qui va restreindre
et qui va mettre un peu plus de protection, car, comme c'est là, il ne
faudrait pas retirer de la main droite ce que vous donnez de la main gauche. On
avait donné plus d'autonomie aux municipalités; là, vous
laissez la porte complètement ouverte à un peu d'arbitraire, sans
protection. Est-ce qu'au moins la municipalité peut se faire entendre,
peut s'expliquer?
M. Clair: Certainement que la municipalité...
M. Ciaccia: Oui, mais là c'est au niveau des intentions.
Quelle protection une telle municipalité aura-t-elle dans votre projet
de loi pour démontrer qu'elle ne veut pas participer à l'entente
et qu'elle a des raisons valables pour ne pas participer?
M. Clair: II me semble, M. le Président, qu'une telle
municipalité a beaucoup de protection. D'abord, chacune des
municipalités doit adopter une résolution qui précise
spécifiquement les raisons pour lesquelles cette demande est faite. Ce
n'est pas quelque chose qui se passe sur le coin de la table; chaque
municipalité va devoir adopter une résolution spécifique.
D'autre part, elles vont devoir démontrer au gouvernement que des
personnes qui résident sur le territoire de cette municipalité
sont susceptibles d'utiliser le service de transport en commun projeté.
Le gouvernement ne se satisfera pas de n'importe quoi.
En plus, vous vous imaginez bien que la municipalité en cause va
faire valoir son point de vue auprès du ministre, auprès du
député, auprès de l'Opposition si vraiment cela n'a pas de
bon sens. Cela va devenir un enjeu politique important dans ce secteur. C'est
une tout autre procédure que celle qui avait été
utilisée quand on a dû, à cause de la faillite
appréhendée de Métropolitain Sud et de
Métropolitain provincial, regrouper dans une seule et même loi 100
municipalités. C'est susceptible de se produire dans deux ou trois cas
et, du fait que cette possibilité soit présente dans la loi, ma
conviction, c'est qu'on n'aura probablement jamais besoin d'utiliser la loi,
les municipalités vont finir par s'entendre entre elles.
M. Ciaccia: Le principe, c'est de savoir
pourquoi les résidents de certaines municipalités
pourraient décider pour les résidents d'une autre
municipalité ce qu'ils devraient faire. C'est le principe.
M. Clair: C'est parce que c'est dans l'intérêt
public. Si dans un coin donné du territoire, une municipalité
refuse de participer, soit parce qu'elle est particulièrement bien
située et qu'elle peut compromettre ainsi l'organisation du transport
sur le territoire ou soit encore parce qu'elle est en bout de ligne et qu'elle
pourrait bénéficier des services sans avoir à y
contribuer, c'est une question d'intérêt public, à mon
avis.
M. Ciaccia: L'intérêt public, c'est le nombre. Quand
des pressions politiques se font, on va toujours selon le nombre. Dans une
décision d'intérêt public, il peut y avoir des pressions
politiques. Pour les citoyens qui sont impliqués, leur
intérêt est de ne pas participer à cette entente et vous
les y forcez. Est-ce qu'il y aurait moyen d'ajouter un amendement disant que
vous devriez aviser la municipalité concernée, lui donner un avis
par écrit et un certain délai pour faire valoir ses raisons et
expliquer pourquoi elle ne veut pas ou ne doit pas participer à
l'entente?
M. Clair: Remarquez que je réfléchis tout haut. Je
ne vois pas tellement ce que cela ajouterait puisque, de toute façon,
une municipalité a déjà le loisir de le faire. Vous pouvez
être certain que, si une municipalité fait face à une telle
demande de la part de ses voisines, elle va regimber, comme on disait chez
nous. Elle va adopter des résolutions. Elle va en envoyer aux
députés de l'Assemblée nationale. Elle va faire valoir son
point de vue auprès du ministre des Affaires municipales, du
gouvernement. Elle va utiliser toutes les instances politiques à sa
portée.
M. Ciaccia: Ce n'est pas toujours pareil de dire que cela va
arriver. On le sait, dans le passé, pour une raison ou une autre, il a
pu arriver que ces municipalités n'aient pas eu l'occasion vraiment de
faire valoir leur point de vue. On pourrait, au moins, rendre le processus
vraiment formel de part et d'autre, pour celles qui vont vouloir faire la
demande contre la municipalité et permettre formellement à cette
municipalité de venir se défendre et expliquer pourquoi elle ne
devrait pas faire partie de l'entente.
M. Clair: M. le Président, je ne pense pas que cela ajoute
énormément. C'est une protection plus théorique que
pratique. Laissez-moi terminer. Je ne m'opposerais pas à ce qu'on
examine la possibilité d'introduire l'obligation pour les
municipalités parties à l'entente, qui désirent faire une
demande au gouvernement, d'envoyer une copie de leur résolution à
la municipalité concernée et que, par ailleurs, le gouvernement
ne puisse pas décréter l'entrée forcée de la
municipalité dans l'entente sans que celle-ci ait reçu un avis
d'au moins 30 jours.
M. Ciaccia: Elle pourrait juste recevoir un avis de 30 jours.
M. Clair: Elle recevrait donc, à ce moment-là, une
copie de la résolution des municipalités qui font la demande.
Donc, elle serait formellement avisée de la demande. Le gouvernement ne
pourrait décréter son intégration à l'entente que
30 jours après réception de cet avis.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais faire une autre suggestion au
ministre? Pour ne pas retarder l'adoption des autres articles qui sont moins
controversés, est-ce qu'on pourrait suspendre l'article 6 et y revenir?
On pourrait peut-être essayer de trouver ce qu'on cherche, soit d'avoir
une formule. Je comprends le principe dans des cas d'extrême...
M. Clair: D'extrême-onction.
M. Ciaccia: Pas d'extrême-onction. Dans certains cas, c'est
cela qui arrive. Les municipalités n'ont pas les moyens de payer des
taxes additionnelles. Elles ne veulent pas les payer par rapport aux services
qu'elles reçoivent. Il peut y avoir des cas d'exception. Vous en avez
mentionné une, Léry, qui originalement, je présume, ne
voulait pas faire partie de l'entente. Maintenant, elle est d'accord pour faire
partie de l'entente. On voudrait trouver une formule qui va protéger les
deux parties.
M. Clair: Je ne m'engage pas à accepter toute formule que
l'Opposition pourrait suggérer.
M. Ciaccia: Non, sans engagement.
M. Clair: Cependant, je n'ai pas d'objection à suspendre
l'étude des articles 6, 7 et 8, puisqu'ils sont liés. Ce sur quoi
on va travailler, c'est dans l'esprit de ce que vous avez dit. D'abord,
"lorsqu'elles démontrent" au lieu de "lorsqu'elles estiment". D'autre
part, l'obligation pour les municipalités parties à l'entente
d'aviser formellement la municipalité en cause. Troisièmement,
d'avoir un délai raisonnable pendant lequel elles auront l'occasion de
faire valoir leur point de vue à l'égard de tout le monde avant
que le désret entre en vigueur. (16 h 15)
M. Ciaccia: Je voudrais ajouter un
quatrièmement. Le quatrièmement, ce seraient les
critères qui sont inclus, par exemple, à l'article 7. À
l'article 7, vous en avez deux - je pourrais les appeler des critères -
pour obliger une municipalité qui refuse d'être partie à
une entente de décréter qu'elle sera partie à cette
entente. Il y a la question de "compromettre l'organisation du service" et
deuxièmement celle "de le rendre trop onéreux".
Déjà, il y a des balises, des limites. Cela ne peut pas
être fait discrétionnairement ou arbitrairement. Je voudrais qu'on
ajoute un quatrième critère aux critères qui pourraient
être applicables dans le cas des articles 6 et 8.
Le Président (M. Desbiens): Les articles 6, 7 et 8 sont
suspendus. J'appelle l'article 9.
M. Clair: Pas d'amendement, M. le Président.
M Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Lachance): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Clair: C'est l'article qui indique quels sont les articles de
la Loi sur les cités et villes, de la Loi sur les dettes et les emprunts
municipaux et scolaires et de la Loi sur la Commission municipale qui
s'appliqueront aux conseils intermunicipaux de transport. Entre autres, c'est
là que se trouvent les obligations de publicité des contrats,
etc.
M. Ciaccia: C'est la façon de faire des emprunts, le
paiement des...
Le Président (M. Lachance): L'article 10 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Les conseils intermunicipaux de transport, ce ne
sont pas des corporations. Ce sont des regroupements. Sur le plan de la
plomberie, comme vous le dites, comment va-t-on fonctionner?
M. Clair: II s'agit de corporations au sens du Code civil.
M. Bourbeau: Ce sont des corporations au sens du Code civil?
M. Clair: Par la référence que l'on fait à
l'article 468.12, je pense.
M. Bourbeau: Peut-on m'indiquer de quelle façon c'est
indiqué?
M. Clair: Par les articles de référence. Dans le
fond, ce sont des régies intermunicipales et l'article 468.12 dit: "La
régie est une corporation au sens du Code civil. Elle est investie des
pouvoirs généraux d'une telle corporation et des pouvoirs
particuliers que la présente loi lui confère. Elle est
composée des membres du conseil d'administration."
M. Bourbeau: Donc, un conseil intermunicipal de transport est
associé à une corporation qui peut faire des emprunts sur le
marché, etc.
M. Clair: À une régie intermunicipale.
M. Bourbeau: C'est une corporation au sens de la loi.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: C'est une régie intermunicipale qui a le
statut d'une corporation?
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: Bon! II n'y a pas de problèmes.
Le Président (M. Lachance): L'article 10 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. J'appelle
l'article 11 où il y a un papillon.
M. Clair: Oui. Je propose, M. le Président, que l'article
11 de ce projet de loi soit modifié par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Le règlement du conseil
qui établit le service du transport en commun doit être transmis
au ministre des Transports. Le ministre peut désavouer ce
règlement dans les 30 jours de sa réception. Cependant, le
ministre peut, avant l'expiration de ce terme, informer le conseil de son
intention de ne pas désavouer le règlement."
Dans la loi, on retrouvait tantôt le pouvoir de désaveu,
tantôt le pouvoir d'approbation du ministre. Les représentations
qui nous ont été faites, si ma mémoire est fidèle,
par la CTRSM étaient dans le sens de dire: Pourquoi tantôt un
pouvoir d'approbation et tantôt un pouvoir de désaveu? C'est la
raison pour laquelle on change le pouvoir d'approbation par un pouvoir de
désaveu, ce qui est beaucoup moins complexe. Le ministre a 30 jours pour
désavouer, s'il veut désavouer; par contre, en tout temps, il
peut informer le conseil avant de son intention de ne pas désavouer.
À ce moment-là, la procédure est moins complexe.
M. Bourbeau: Que se produit-il si le ministre ne fait ni l'un ni
l'autre, s'il ne
désavoue pas dans les 30 jours et s'il n'approuve pas dans les 30
jours?
M. Clair: S'il ne désavoue pas, il est publié et il
entre en vigueur. C'est pour éviter, justement, d'attendre après
le ministre qui n'a pas le temps de signer.
M. Bourbeau: Oui, mais, au bout de 30 jours, si le ministre n'a
fait ni l'un ni l'autre, est-il présumé adopté?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Automatiquement?
M. Clair: Oui. C'est pour éviter, justement, les
formalités de l'approbation.
M. Bourbeau: Ce ne sera pas long, M. le ministre, je suis en
train de feuilleter certaines choses.
Le Président (M. Lachance): Alors, l'article 11 est
adopté tel qu'amendé?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Lachance): J'appelle l'article 12.
M. Clair: Je propose que cet article soit modifié par
l'addition de l'alinéa suivant: "Toutefois, aucun contrat ne peut
être conclu pour organiser un service de transport en commun de personnes
similaire à celui qu'exploite déjà un titulaire de permis
de transport en commun en vertu de son permis, à moins que celui-ci n'y
consente."
Ceci est pour assurer la protection qu'on se doit de prévoir pour
les transporteurs privés qui exploiteraient déjà des
services.
M. Bourbeau: Étant donné que c'est un papillon qui
nous arrive sur la table, on va sortir notre filet pour essayer de l'attraper.
On va l'étudier pendant quelques instants, ce ne sera pas long.
M. Clair: II s'agissait d'un oubli, parce que déjà
l'article 83 prévoyait cela, ainsi que la Loi sur les cités et
villes dans les amendements qu'on a apportés. C'était donc un
oubli.
M. Bourbeau: L'article 83 de la présente loi?
M. Clain Oui, je parle du projet de loi. On prévoyait
déjà qu'aucun contrat ne pouvait être conclu pour organiser
un service de transport en commun de personnes similaire à celui
qu'exploite déjà un titulaire de permis de transport en commun en
vertu de son permis. Il y avait eu un oubli à cet article 12.
M. Bourbeau: Cela veut dire que si un CIT décide
d'organiser un transport en commun sur son territoire, il ne peut le faire
qu'en négociant avec un titulaire de permis qui fait déjà
du transport sur son territoire.
M. Clair: C'est exact, dans la mesure où on veut
introduire un service similaire.
M. Bourbeau: Qu'arrive-t-il si le titulaire du permis de
transport en commun demande des conditions qui sont inacceptables?
M. Clair: Actuellement, dans ces territoires où il existe
des services urbains, ils sont généralement
déficitaires.
M. Bourbeau: Pas toujours.
M. Clain Regardez bien. Pour bien comprendre, je prends l'exemple
de Bourgeois à Drummondville. On prend toujours les exemples qu'on
connaît le mieux, c'est plus simple. Cette compagnie fait du transport en
commun local, du transport interurbain et de la charte-partie. Pour pouvoir
détenir le privilège de faire de la charte-partie ou de
l'interurbain, elle est obligée de maintenir son service de transport en
commun urbain qui est déficitaire. Si Drummondville - ce n'est pas
couvert par un CIT - voulait développer un service de transport en
commun similaire à celui de Bourgeois, ce serait de l'expropriation
déguisée que de mettre sur pied un service similaire. Elle
devrait négocier avec la compagnie Bourgeois, mais celle-ci serait
très intéressée à négocier avec la ville
pour avoir une augmentation de service et cesser d'être obligée de
supporter seule le déficit de son service urbain. Je ne pense pas qu'il
y ait quelqu'un qui soit mal pris avec cela, parce que la réalité
fait que les transporteurs sont rarement - je ne dis pas qu'il n'y en a aucun
en position de force. Ils supplieraient plutôt les municipalités
pour qu'elles prennent en charge une partie du déficit.
M. Bourbeau: Le ministre suggère un exemple d'une
municipalité qui traiterait avec un transporteur à
l'intérieur de la municipalité, mais...
M. Clain C'est la même chose pour un CIT.
M. Bourbeau: ...s'il y avait un territoire un peu plus grand
où un transporteur privé ne donnerait le service que dans une
partie du territoire, est-ce que cela ne changerait pas les données?
Supposons qu'un transporteur privé dessert une ou deux
municipalités et
que le CIT en comprend sept ou huit, est-ce que le CIT doit quand
même négocier avec le transporteur privé qui dessert une
partie, ne serait-ce qu'infime, du territoire?
M. Clair: Je ne pense pas; c'est dans la mesure où cela
devient un service similaire.
M. Bourbeau: Cela peut être similaire pour la partie que
dessert le transporteur privé.
M. Clair: Si c'est similaire, elle ne peut pas. C'est
déjà dans la loi actuelle, d'ailleurs, à l'article
467.5.
M. Bourbeau: Je pense que cela crée un problème
important. Prenons un cas précis où un transporteur privé
dessert 10% du territoire du CIT et où le nouveau contrat couvre ces 10%
de territoire, est-ce qu'on sera obligé d'aller négocier avec
celui qui donne du service sur 10% du territoire, même si le service est
similaire pour ces 10%?
M. Clair: Non, en aucune façon. Dans le fond, on vise
à remplacer Métropolitain Sud et Métropolitain provincial.
Dans la mesure où on ne vient pas détériorer la situation
d'un transporteur privé qui existerait déjà, il ne peut
pas venir dire qu'on met sur pied un service similaire à celui qu'il
offre et qu'on détériore sa situation. Ce qu'il serait utile
d'avoir - je ne l'ai, malheureusement, pas avec moi, on en disposait - ce
serait une carte des services de transport en commun privés. On pourrait
vous la distribuer lundi. Vous verrez que les situations sont quand même
limitées où il y a risque de conflit. Ce n'est pas parce qu'il y
aurait 10% d'un service qui seraient offerts dans un CIT par un transporteur
privé que tout le reste du territoire ne peut pas être
organisé.
M. Bourbeau: Non, je comprends, mais pour ces 10% de territoire
on pourrait dire que le service est similaire.
M. Clair: S'ils veulent offrir un service similaire. Mais s'ils
ne veulent pas, non.
M. Bourbeau: C'est un mot qui est aussi large que long.
M. Clair: Non, c'est un mot qu'on a choisi judicieusement,
semble-t-il, sur le plan législatif. Je me souviens qu'on en a
discuté à quelques reprises. Selon la définition du Petit
Robert...
M. Bourbeau: Ce n'est pas mon chef.
M. Clair: Non, on ne se fierait jamais à lui pour
cela.
M. Ciaccia: Cela, c'est le grand Robert.
M. Bourbeau: C'est le grand Robert. M. Clair: Le nouveau Robert.
M. Bourbeau: Le renérendum.
M. Clair: Dans le dictionnaire, le mot qui nous apparaissait le
plus apte à couvrir cette réalité, c'était
"similaire".
M. Bourbeau: C'est peut-être le mot qui vous apparaissait
le plus apte, mais revenons au cas précis. On a, sur le territoire de
Métropolitain Sud, une foule de transporteurs privés. Il y en a
des dizaines et des dizaines qui offrent des services un peu partout. Il est
certain qu'à un moment donné il y aura de ces transporteurs
privés qui diront: Dans tel coin vous touchez à mon territoire,
ne serait-ce qu'en proportion infime. Est-ce que cette clause ne rendra pas
inopérante le CIT? Est-ce que le CIT ne sera pas obligé d'aller
négocier parce qu'un tel peut dire: Sur mon petit bout, vous faites du
transport similaire? À ce moment-là, le CIT serait dans une
camisole de force, obligé de négocier avec un seul
fournisseur.
M. Clair: On verra à l'usage, mais je ne pense pas du tout
que cela puisse se transformer de cette façon. Les plus gros
réseaux étaient ceux de Métropolitain Sud et de
Métropolitain provincial, qui seront appelés à être
remplacés par des contrats de services par transporteurs privés
ou transporteurs publics. Je ne vois pas comment cela pourrait venir si souvent
en conflit. Même là, s'il y a une négociation
éventuellement avec un transporteur privé, on ne viendra pas
chercher un transporteur privé de Drummondville pour aller faire
affaires dans le coin de Bedford. Ce sera un transporteur privé qui est
déjà dans le coin.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si M. Champagne de la CTRSM est ici,
mais j'ai l'impression que, sur le territoire de Métropolitain Sud, il y
a des transporteurs privés qui font actuellement du transport sur les
mêmes corridors que ceux de Métropolitain Sud, enfin en partie.
Est-ce que je me trompe?
Une voix: ...
M. Bourbeau: Bon.
M. Clair: C'est surtout à l'intérieur de certaines
municipalités. Justement, c'est ce que je vous disais tantôt:
À l'intérieur des municipalités. On vise à
régler le problème du transport à destination de
Montréal et non pas localement. Localement, c'est sûr
qu'ils vont demeurer liés avec le transporteur privé qui
est déjà là, mais des circuits en parallèle avec
les permis de Métropolitain Sud et de Métropolitain provincial,
je pense qu'il en existe quelques-uns dans le cas de la CTCUM. Dans le cas de
la CTRSM, je ne pense pas qu'il y en ait.
M. Bourbeau: J'ai l'impression que cet article créera des
problèmes.
M. Clair: Vous voyez des problèmes partout, ce n'est pas
nouveau.
M. Bourbeau: C'est peut-être mieux de les voir avant que de
les voir après; ça coûte moins cher.
Je dirais au ministre qu'il vaudrait la peine de fouiller ce
texte-là comme il faut pour qu'on ne se retrouve pas
éventuellement devant des poursuites judiciaires. Si un CIT
décide de donner un contrat à un transporteur privé ou
public et qu'un transporteur privé prétend qu'il donnait du
service sur une partie du territoire et que c'est un service similaire, cela
pourrait donner lieu à bien des complications. Je ne voudrais pas porter
la responsabilité d'avoir créé un système
chaotique. (16 h 30)
M. Clair: M. le Président, je sais que le
député de Laporte n'a pas confiance en moi et cela m'a toujours
désolé beaucoup, mais je peux l'assurer qu'on a regardé
cela, qu'on s'est penché là-dessus, et qu'il nous est apparu que
la formulation de l'article devait permettre qu'il n'y ait pas de poursuites
judiciaires à l'infini et que cela devrait fonctionner normalement. Les
deux grands réseaux étant ceux de Métropolitain Sud et de
Métropolitain provincial, il ne devrait pas y avoir de conflits
fréquents puisque ces transporteurs privés offrent surtout du
transport à l'intérieur d'une municipalité et non pas du
transport en direction de Montréal dans les corridors de
Métropolitain Sud et de Metropolitan provincial. Même si,
effectivement, de place en place, il y a un certain chevauchement, ce n'est pas
un réseau qui est orienté aussi massivement que
Métropolitain Sud vers Montréal.
M. Ciaccia: Je n'étais pas ici au début de la
discussion de cet article; vous avez peut-être déjà
répondu à cette question, mais il semble que vous êtes en
train de restreindre pas mal la marge de manoeuvre des CIT. Supposons qu'un CIT
veut donner un contrat sur une certaine ligne. Il va tracer une ligne dans les
corridors et, s'il n'y a pas de transporteur en commun sur cette ligne, mais
qu'il peut y avoir un transporteur en commun similaire - parce que ce peut
être similaire tout en n'étant pas sur la même ligne,
similaire, ce peut être un transporteur en commun qui transporte du point
A au point B, mais pas sur la même ligne - est-ce que cela veut dire que
le CIT ne pourra pas donner un contrat pour cette ligne?
M. Clair: Tout porte sur le mot "similaire".
M. Ciaccia: C'est évident.
M. Clair: "Similaire" est plus exigeant que "semblable", c'est
sûr, mais il ne fallait pas, non plus, se mettre dans une situation
où on permet aux CIT d'exproprier, à toutes fins utiles, sans
indemnité, un transporteur privé. On a voulu préserver les
droits de chacun, mais, forts de la présence historique de
Métropolitain Sud, c'est surtout cela qu'il s'agit de
réorganiser. Déjà, en soi, on vient de clarifier beaucoup
la situation, d'éliminer les possibilités de conflits. D'autre
part, les transporteurs privés qui sont présents offrent surtout
du transport de nature locale et non pas de nature interurbaine du type de
celui qui existe dans le réseau Métropolitain Sud et
Métropolitain provincial. Par ailleurs, quand il existe des
transporteurs privés qui circulent de manière interurbaine, leur
service est défini et il y a moyen de savoir si, oui ou non, c'est un
service similaire.
M. Ciaccia: Vous n'auriez pas pu clarifier cela? "Similaire",
évidemment, cela prêtera à interprétation. Vous
auriez dû définir si c'est sur la même ligne, s'il donne le
meilleur service, je ne sais pas, si c'est sur les mêmes rues ou dans la
même municipalité.
M. Clair: On n'a pas trouvé de meilleur mot, encore une
fois. C'est en application depuis deux ans en vertu de la loi 31 et c'est
prévu dans la Loi sur les cités et villes. Cela fonctionne de
cette façon et cela n'a pas créé de problème
jusqu'à maintenant. Dans la loi 31 sur le transport scolaire, quand on a
modifié le régime de transport scolaire, on a amendé
l'article 467.5 de la Loi sur les cités et villes. Cela fait deux ans
que c'est ainsi et cela n'a pas créé de problème.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Clair: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 12 est adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Sur division. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division,
tel qu'amendé.
L'article 13?
M. Clair: À l'article 13, M. le Président, c'est
simplement un devoir d'information, afin que la Commission des transports du
Québec et le ministère des Transports soient informés de
ce qui se passe, du contenu des contrats. C'est évident que la
commission va en avoir besoin pour émettre des permis, s'il y a un vide
à un moment donné.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Clair: Cela m'apparaît un article très
simple.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article
15?
M. Clair: C'est le mécanisme d'adoption des tarifs et de
la modification des services. Pour aviser les citoyens, on exige la publication
dans un journal 30 jours avant l'adoption du règlement.
M. Ciaccia: Pour revenir à l'article 14, j'avais
peut-être oublié une question au ministre. Vous dites: "Le conseil
peut modifier les tarifs et le service." Comment vont-ils le faire? Est-ce que
cela ne devrait pas être par règlement?
M. Clair: À l'article 15 et à l'article 16, on
prévoit précisément comment ces règlements sont
adoptés et publiés. L'article 14, c'est le pouvoir habilitant; la
mécanique apparaît aux articles 15 et 16.
M. Ciaccia: Vous donnez un pouvoir à l'article 14. Vous ne
mentionnez pas que c'est par règlement qu'il peut modifier les tarifs.
Autrement dit, ce n'est pas simplement par une décision du conseil
à l'unanimité ou par une décision administrative. Est-ce
que vous avez une autre clause à laquelle vous pouvez faire
référence qui impose que cette modification de tarifs et de
service doit se faire par règlement?
M. Clair: Le service de transport est introduit par
règlement et la tarification aussi est fixée par
règlement, d'après l'article 11. À l'article 14, je ne
pense pas qu'il soit opportun, de le dire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 15 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 16? M.
le ministre, vous avez un amendement?
M. Clair: Je propose que soit modifié l'article 16 par le
remplacement de la première phrase par la suivante: "Un exemplaire d'un
règlement du conseil modifiant le service autre qu'une modification
d'horaire doit être transmis au ministre des Transports." C'est un
amendement qui vise simplement à éviter que les amendements aux
horaires ne doivent être envoyés au ministre des Transports. Je ne
pense pas que cela soit nécessaire.
M. Ciaccia: Pour quelle raison vous donnez-vous le droit
de...
M. Clair: De regarder cela?
M. Ciaccia: Pas de le regarder, mais de le désavouer.
M. Clair: Essentiellement à cause de l'interférence
entre conseils intermunicipaux et afin de pouvoir voir évoluer
l'ensemble du service de transport dans la grande région de
Montréal et d'être certain qu'à un moment donné on
ne vient pas abolir le service, à toutes fins utiles, ou le modifier
avec une interférence sur un autre conseil intermunicipal de transport
sans que l'autre conseil intermunicipal, mettons, ait eu l'occasion d'en
discuter.
M. Ciaccia: Si le conseil veut modifier son service, vous pouvez
désavouer cela. Cela ne s'applique pas aux tarifs. Cela s'applique
seulement au service.
M. Clair: Pas aux tarifs, dans aucune circonstance.
M. Ciaccia: Oui, strictement au service. M. Clair:
Oui.
M. Ciaccia: Le service va affecter les tarifs.
M. Clair: C'est possible, effectivement.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Clair: L'amendement ne vise qu'à éviter d'avoir
à soumettre au ministre, de faire approuver par le ministre une simple
modification d'horaire.
M. Ciaccia: C'est seulement la question du principe. Vous
énoncez le principe que le CIT et les élus locaux vont avoir le
contrôle sur les contrats, les ententes, le transport en commun et
là ils vont vouloir faire des
modifications au service et vous retenez le droit de désavouer
ces changements qu'ils peuvent faire.
M. Clair: D'abord, on n'approuve pas, on ne peut que
désavouer. Vous allez dire que cela peut avoir le même effet, mais
c'est en vue de protéger l'organisation du transport en commun dans un
territoire.
M. Ciaccia: Le pouvoir de désaveu, cela fait 50 ans dans
la constitution canadienne qu'il ne s'applique plus. Vous voulez
réintroduire un principe très dangereux.
M. Clair: Par ailleurs, le ministre des Affaires municipales a le
pouvoir de désavouer n'importe quel règlement de n'importe quelle
municipalité; pourtant, il ne le fait pas, lui non plus. Il ne l'a
jamais exercé, mais on pense qu'il serait toujours théoriquement
susceptible de se produire une situation où le gouvernement aurait
intérêt à le faire.
M. Ciaccia: C'est cela qui nous inquiète.
M. Clair: Ce qui m'inquiète, c'est quand je pense que vous
pourriez revenir un jour au gouvernement.
M. Ciaccia: Cela est également très
inquiétant pour vous. Nous avons raison tous les deux d'être
inquiets.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 16 est adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Le principe me tracasse. Adopté sur
division.
M. Clair: Sur division. Pour les fins de l'histoire.
Le Président (M. Desbiens): Sur division.
M. Ciaccia: On va pouvoir dire qu'on vous a averti en commission
parlementaire.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 17.
M. Ciaccia: Quel genre de biens quand vous dites "acquérir
des biens"? C'est pas mal vaste.
M. Clair: Les biens, cela est vaste, mais on fait confiance aux
élus municipaux. On est convaincu qu'ils n'acquerront pas des biens
inutilement.
M. Ciaccia: Quand cela fait votre affaire, vous leur faites
confiance; quand cela ne le fait pas, vous retirez la permission. Il y a un
expression en anglais: parler des deux côtés de la bouche.
M. Clair: C'est seulement - l'article le précise bien -
des "biens aux fins pour lesquelles il est constitué". Essentiellement,
on a voulu permettre au conseil d'acquérir du matériel roulant
s'il s'avérerait nécessaire de le faire. Des abribus aussi.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. Ciaccia: Ici, vous parlez d'une entente avec un autre conseil.
Quel genre d'entente préconisez-vous?
M. Clair: Les ententes de rabattement aux stations de
métro. Il est question que le corridor sud-ouest se rabatte à la
station de métro Angrignon. Il y en a plusieurs qui voudraient utiliser
la voie réservée du pont Champlain. Ce peut être des
ententes au niveau tarifaire ou l'intégration des tarifs, par exemple
émettre éventuellement un billet unique de
Saint-Bruno-de-Montarville au centre-ville et jusqu'à Laval avec un seul
et même billet. Cela peut être toutes espèces d'ententes
reliées au fonctionnement du transport en commun.
Le Président (M. Desbiens): Adopté?
M. Ciaccia: Et pour améliorer le service.
M. Clair: Et pour améliorer le service. Ce n'est pas
méchant, cela.
M. Ciaccia: Ce n'est pas méchant. C'est un voeu pieux,
cela ouvre la porte à toutes sortes de choses. Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 18
est adopté. Section III, Reconduction et expiration. J'appelle l'article
19.
Reconduction et expiration
M. Clair: On prévoit, à l'article 19, qu'à
son terme une entente est reconduite pour la même période et aux
mêmes conditions lorsqu'aucune demande n'est adressée au
gouvernement.
M. Ciaccia: Cela est bon. Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 20. M. le ministre.
M. Clair: Je gage que vous allez nous faire des compliments.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 20, il y a
un amendement.
M. Ciaccia: Je vous en ai fait plusieurs.
M. Clair: M. le Président, je propose que l'article 20 de
ce projet de loi soit remplacé par le suivant. "Toutes les
municipalités parties à l'entente qui en désirent la
reconduction peuvent demander au gouvernement, au moins 120 jours avant la fin
de l'entente, par des résolutions précisant les raisons de cette
demande, d'y joindre: "1 une municipalité qui n'est pas
mentionnée à l'annexe I lorsque des personnes résidant sur
le territoire de cette municipalité utilisent le service de transport en
commun; "2 une autre municipalité lorsqu'elles estiment que cela
s'avère nécessaire pour améliorer le service de transport
en commun ou pour en diminuer le coût d'exploitation. "Une
municipalité partie à une entente peut demander au gouvernement,
au moins 120 jours avant la fin de l'entente, par règlement, d'en
être exclue. Le règlement à cet effet doit être
transmis, dans les 15 jours de son adoption, aux autres municipalités
parties à l'entente. Cette demande faite au gouvernement doit être
accompagnée de la preuve de l'envoi de ce règlement aux autres
municipalités parties à l'entente."
M. Ciaccia: On n'a pas tout à fait le même
problème qu'aux articles 6, 7 et 8 mais en partie. (16 h 45)
M. Clair: C'est plus exigeant que dans le cas de 6, 7 et 8?
M. Ciaccia: Oui, un peu plus.
M. Clair: C'est parce que le même problème est
susceptible de se reproduire à l'expiration de l'entente. C'est la
raison pour laquelle il est avantageux de prévoir cela. Elles ne
pourraient pas en ajouter en cours d'entente, mais à la fin de
l'entente. Vous voyez que l'avis dont vous parliez tantôt est
prévu.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Clair: Vous voyez que l'avis dont vous parliez tantôt
est prévu.
M. Ciaccia: Alors, vous dites que vous pouvez ajouter une
municipalité si des personnes résidant sur le territoire de cette
municipalité utilisent le service de transport en commun.
M. Clair: Exact.
M. Ciaccia: Cela peut être deux ou trois personnes. Vous
pouvez embarquer toute la municipalité dans une contribution
financière qui ne serait pas proportionnelle aux personnes qui utilisent
le service. Cela part, encore une fois, du principe qui fait qu'on oblige les
municipalités à faire quelque chose qu'elles ne veulent pas
faire. Je me demande si les critères sont suffisants.
M. Clair: C'est parce qu'on est un peu allergique aux formules du
style "lorsque le nombre le justifie". On a préféré
retenir "des personnes", en faisant confiance à l'intelligence des
municipalités qui vont le demander et également à celles
qui auront à exercer la décision finale avec les mêmes
restrictions que pour la demande initiale, à savoir que cela doit
être motivé par chacune des municipalités et que c'est
très contraignant.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas suspendre tous les articles du
projet de loi et y revenir, mais je me demande si les formules qu'on avait
suggérées aux articles 6, 7, 8 ne pourraient pas
éventuellement s'appliquer aussi.
M. Clair: On peut toujours le suspendre aussi, mais je ne pense
pas, cependant, que celui-là soit aussi facilement modifiable que les
autres, parce qu'il est déjà beaucoup plus exigeant.
Adopté sur division?
M. Ciaccia: On peut l'adopter sur division si on pouvait
s'entendre sur le fait que, si on en arrive à une meilleure formule pour
les articles 6, 7, 8, on pourrait rouvrir...
M. Clair: D'accord.
M. Ciaccia: ...l'article 20.
M. Clair: D'accord. Si on trouvait quelque chose qui était
exportable.
M. Ciaccia: On pourrait l'intégrer à l'article
20.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 20 est
adopté sur division.
M. Clair: Article 21, M. le Président? Le
Président (M. Desbiens): Article 21?
M. Clair: Je propose que cet article soit modifié par le
remplacement des mots
"de la résolution visée au deuxième alinéa"
par les mots "du règlement visé au deuxième
alinéa", puisque, en fait, il s'agissait d'une erreur. Il s'agit d'une
concordance; parce qu'on exige de procéder par règlement à
l'article précédent, on doit modifier cela ici.
M. Ciaccia: Alors, à l'article 20, vous dites qu'une
municipalité peut faire une demande...
M. Clair: Auparavant, l'ancien article 20 prévoyait que
cela se faisait par résolution. Maintenant, le nouvel article 20 dit que
c'est par règlement. C'est plus exigeant. Alors, on vient modifier pour
concordance l'article 21.
M. Ciaccia: Je ne parlais pas de l'amendement.
M. Clair: Ah bon.
Le Président (M. Desbiens): Adopté?
M. Ciaccia: L'amendement est adopté. Je parlais de
l'article 21. À l'article 20, vous dites qu'une municipalité
partie à une entente peut demander d'en être exclue. L'article 21
vise la municipalité. Est-ce la même municipalité? J'essaie
de comprendre.
M. Clair: II y en a deux.
M. Ciaccia: L'une peut faire la demande d'être exclue et
l'autre peut faire la demande que celle qui a fait la demande d'être
exclue ne devrait pas être exclue.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: C'est une drôle de loi, cela.
M. Clair: Mais c'est comme cela. Si on donne la permission
à une de se retirer, il est normal qu'on donne à quelqu'un
d'autre le pouvoir de demander qu'elle ne soit pas exclue, selon la bonne
vieille règle du audi alteram partem.
Le Président (M. Desbiens): L'article 21, tel
qu'amendé, est adopté sur division. J'appelle l'article 22.
M. Clair: M. le Président, je propose que l'article 22
soit modifié par la suppression des mots "de ne pas reconduire l'entente
ou".
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Clair: L'amendement à l'article 22? Le
Président (M. Desbiens): Oui.
M. Clair: L'effet de cela est qu'en rayant les mots "ne pas
reconduire l'entente", si elles demandent toutes d'en être exclues,
l'entente n'est pas reconduite, c'est évident. Il faut le dire.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait lire l'article tel que
modifié?
M. Clair: II se lirait comme suit: "Lorsque toutes les
municipalités parties à l'entente signifient au gouvernement, au
moins 120 jours avant la fin de l'entente, leur intention d'en être
exclues, l'entente n'est pas reconduite".
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui arriverait si une municipalité
voulait reconduire l'entente et que toutes les autres ne voulaient pas la
reconduire? Cela peut arriver. Est-ce que c'est la majorité qui
décide?
M. Clair: Ce serait l'article 21 qui s'appliquerait à ce
moment.
M. Ciaccia: Êtes-vous certain que c'est ce que vous voulez
dire? Comment peuvent-elles toutes demander d'en être exclues. On va dire
de ne pas reconduire l'entente.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: Mais ce n'est pas la même chose. Ne pas
reconduire l'entente est une chose et demander d'en être exclu en est une
autre. On ne peut pas tous demander d'en être exclus, on mettrait ainsi
fin à l'entente.
Je pense que vous voulez enlever "ou d'en être exclues". Vous avez
enlevé les mauvais mots, M. le ministre. Vous voulez supprimer les mots
"ou d'en être exclues" et garder "de ne pas reconduire l'entente".
M. Clair: Remarquez que cela donne exactement le même
résultat.
M. Ciaccia: II est plus logique de dire qu'on ne veut pas
reconduire l'entente et qu'on veut tous en être exclus. Pour être
exclu d'une entente, il faut voir à ce que l'entente continue. Elle ne
peut pas continuer si toutes les municipalités...
M. Clair: II faut bien comprendre qu'il s'agit non pas d'un
règlement du conseil intermunicipal, mais bien d'un règlement
passé par une municipalité. Comme elles n'agissent pas
nécessairement collectivement, il est possible que les
municipalités demandent une à une d'être exclues d'une
entente et, à ce moment, comme il ne s'agit pas d'un règlement
conjoint...
M. Ciaccia: Laissez-le donc comme c'était à
l'origine.
M. Clair: M. le Président, on va retirer le papillon.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
retiré. Est-ce que l'article 22 est adopté?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une question. Je
reviens à ma question de tout à l'heure, j'essaie de comprendre.
Si un CIT comprend cinq municipalités, que trois veulent se retirer et
deux veulent continuer, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que les deux qui veulent
rester peuvent forcer les trois autres à continuer ou non?
M. Clair: À ce moment, c'est l'article 23 qui
s'appliquerait. Le gouvernement sera obligé de trancher. S'il y a une
majorité qui demande que cela ne soit pas prolongé, j'imagine que
le gouvernement - à moins que la majorité ne constitue pas un
poids significatif dans l'entente - ne prolongerait pas l'entente, mais le
bébé va se retrouver sur les genoux du ministre des Transports,
à ce moment, c'est évident.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, on a posé la
même question et le ministre a répondu que c'est l'article 21 qui
s'applique.
M. Clair: Dans un premier temps, à l'article 20, des
municipalités avisent qu'elles désirent se retirer. À
l'article 21, d'autres municipalités avisent qu'elles s'opposent
à ce qu'elles se retirent. À l'article 23, le gouvernement est
saisi du problème et il doit trancher. On est à l'article 22.
M. Bourbeau: On peut penser que, si une majorité des
municipalités voulait se retirer, le gouvernement considérerait
cela d'une façon...
M. Clair: ...positive.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Ciaccia: On va adopter l'article 22.
Le Président (M. Desbiens): L'article 22 est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 23. M. le
ministre, vous avez des amendements.
M. Clair: Je propose que l'article 23 de la loi soit
modifié: "1 par le remplacement dans le premier aliéna des mots
"ou pour y joindre une autre municipalité" par les mots "ou pour y
joindre une municipalité qui n'est pas mentionnée à
l'annexe I ou une autre municipalité". C'est de concordance avec
l'amendement de la définition de "municipalité". "2° par le
remplacement, dans le deuxième aliéna, des mots "y joint une
autre municipalité" par les mots "y joint une municipalité qui
n'est pas mentionnée à l'annexe I ou une autre
municipalité". Et que le troisième aliéna soit
supprimé.
M. Ciaccia: En supprimant le troisième, plus de
débat.
M. Clair: J'ai eu de longues discussions avec mes fonctionnaires
qui voulaient que je le maintienne et je me suis entêté à
le retrancher.
M. Bourbeau: Pour une fois le ministre a résisté
à ses fonctionnaires.
M. Clair: Est-ce que cela règle le problème?
M. Ciaccia: En partie. Pour revenir au problème que mon
collègue a soulevé s'il y a deux municipalités sur cinq ou
trois, est-ce que cela va rester au gouvernement de décider?
M. Clair: Finalement, oui.
M. Ciaccia: Où est le principe de la décision des
élus? Cela s'effrite partout là.
M. Clair: Le principe s'est manifesté...
M. Ciaccia: On commence avec ce principe et il n'y en aura
plus.
M. Clair: ...au départ de l'entente, d'une part. D'autre
part, à la fin de l'entente, il peut se manifester à nouveau et
rien n'empêcherait qu'une nouvelle entente ne soit conclue entre trois
des cinq municipalités qui faisaient autrefois partie d'un conseil
intermunicipal de transport donné.
M. Ciaccia: Pourquoi ne laissez-vous pas cette décision
aux instances municipales? Vous encouragez les pressions, vous encouragez un
peu les conflits possibles. Si les municipalités savent qu'il faut
qu'elles s'entendent entre elles et que deux peuvent faire des ententes, trois
peuvent ne pas en faire, elles vont s'arranger pour faire ce
qu'elles-mêmes veulent faire. Dès qu'une de ces
municipalités sait qu'elle peut toujours avoir recours au ministre,
là cela va rendre la possibilité d'entente beaucoup plus
difficile au niveau local. C'est trop facile de toujours remettre à un
niveau supérieur, à un autre les décisions que
nous-mêmes devrions prendre. C'est la nature humaine. Si un autre
peut la prendre et que j'ai un petit problème, on va remettre
cela entre les mains du ministre. Ce n'est pas toujours la meilleure
façon. Si vous voulez vraiment donner cela au niveau local, que les gens
s'arrangent avec leurs problèmes, ce sera leurs taxes, leurs services,
etc. Si vraiment il y a un problème insoluble, vous pourrez toujours
présenter un projet de loi pour résoudre ce problème. Mais
au moins, cela sera la dernière instance. Cela rendra la
démocratie beaucoup plus efficace parmi ces gens. (17 heures)
M. Clair: M. le Président, je partage tout à fait
le point de vue exprimé par le député de Mont-Royal. Cela
a été ma préoccupation dans ce projet de loi de
réduire au strict minimum le pouvoir d'intervention du ministre. Je suis
vraiment sincère quand je le dis parce que je partage tout à fait
son point de vue. Par exemple, il y aura des questions d'arbitrage entre des
conseils intermunicipaux de transport. J'avais annoncé dans mon discours
de deuxième lecture et devant l'Association québécoise du
transport et des routes qu'on introduirait un mécanisme d'arbitrage qui
déboucherait inévitablement entre les mains du ministre. J'ai
refusé de le faire, finalement, parce que - vous avez tout à fait
raison - plus on donne l'occasion d'amener le problème sur les genoux du
gouvernement, plus il revient souvent. Même en partageant ce principe, il
n'en demeure pas moins que, dans l'intérêt public, il faut
conserver un minimum de pouvoirs pour le gouvernement, pour protéger des
usagers et éviter la déstructuration du transport en commun dans
un certain territoire. Le gouvernement peut reconduire l'entente en la
modifiant pour exclure une municipalité - c'est mentionné
à l'article 23 - et rien n'empêcherait non plus que, si cela ne
crée pas de désordre, trois des cinq municipalités signent
une nouvelle entente. Cela n'empêche pas cela non plus. C'est
probablement ce qui est le plus susceptible de se produire. On voit
déjà des municipalités qui, dans les CIT en voie de
formation, ont changé d'allégeance; elles pensaient aller avec un
tel groupe de municipalités et, finalement, elles ont
décidé d'aller avec un autre groupe. Cela va se faire de
façon permanente. Je partage la philosophie du député,
mais si on veut protéger les usagers, il faut avoir un minimum
d'assurance que le gouvernement, dans des cas majeurs, s'il a à
intervenir, puisse le faire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Une question et un commentaire. La question, c'est
qu'au troisième paragraphe de l'article 23, qu'on supprime, si j'ai bien
compris... M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui va se passer quand le gouvernement va
reconduire une entente en excluant les municipalités à
l'égard de la contribution financière et du mode de
répartition?
M. Clair: Les municipalités s'entendront entre elles, et
si elles ne parviennent pas à s'entendre, elles ne constitueront pas un
CIT.
M. Bourbeau: Excellente décision, M. le ministre!
M. Clair: Je savais que vous alliez me complimenter.
M. Bourbeau: Quand je regarde ce projet de loi... Quand le
ministre prend des bonnes décisions, nous, de ce côté de la
Chambre, on n'hésite pas à le féliciter. À la
façon dont ce projet de loi est structuré, on dit au début
que c'est volontaire. Les municipalités adhèrent volontairement
à un CIT. C'est donc un contrat d'adhésion. Mais une fois
qu'elles sont dedans - j'ai l'impression que c'est comme un piège
à ours - elles ne peuvent pas en sortir parce que, même si elles
veulent en sortir, même s'il y a une majorité à
l'intérieur d'un CIT qui décide d'en sortir parce que
l'expérience n'est pas valable ou n'est pas concluante, le ministre, en
vertu de l'article 23, peut les obliger à demeurer là-dedans.
M. Clair: Le gouvernement, pas le ministre.
M. Bourbeau: Enfin, quelquefois c'est le gouvernement,
quelquefois c'est le ministre. Je vois qu'à l'article 23, c'est le
gouvernement. D'ailleurs, peut-être que le ministre a vu que cela
devenait un peu compliqué et on a changé la terminologie pour "le
gouvernement". Est-ce que justement le fait de procéder comme cela ne
causera pas chez les municipalités une crainte d'embarquer dans le
régime, sachant qu'on y entre facilement, mais qu'on n'en sort plus
après cela?
M. Clair: Non, je ne pense pas, M. le Président, parce
que...
M. Bourbeau: Si le ministre veut me laisser terminer... On voit
que c'est facile d'y entrer, mais, une fois entrées, les
municipalités qui sont entrées volontairement ne peuvent plus en
sortir avec la même facilité. Quant à moi,
j'hésiterais bien gros à m'embarquer là-dedans justement
à cause de cela. La décision d'en sortir ne dépend plus de
la volonté de la municipalité. Cela
m'apparaît assez dangereux pour une municipalité d'entrer
dans ce couloir parce que c'est un couloir à sens unique, finalement; on
sait qu'on y entre, mais on ne sait pas qu'on peut s'en sortir.
M. Clair: M. le Président, pourquoi une
municipalité voudrait-elle abandonner son service de transport en commun
et se retirer complètement? C'est peu probable que cela se produise.
Cela va sûrement arriver dans certaines municipalités, mais, dans
la plupart des cas, cela va probablement être des municipalités
qui ont un intérêt très marginal au transport en commun,
premièrement; deuxièmement, sauf erreur, le ministre des Affaires
municipales et la Commission municipale du Québec ont le pouvoir de
désavouer pratiquement n'importe quel règlement d'une
municipalité. On a été beaucoup plus restrictif, mais on a
quand même voulu donner au gouvernement un minimum de pouvoirs
d'intervention.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une autre observation.
Selon la modification que vous apportez à l'article 23, vous allez
introduire des municipalités qui sont en dehors du territoire de...
M. Clair: C'est de concordance avec ce qu'on a fait aux articles
précédents.
M. Bourbeau: Oui. Alors là, on peut même agir de la
sorte à l'égard de municipalités qui, jusqu'à
aujourd'hui, n'avaient pas de transport en commun. Alors, on peut embarquer de
force dans un CIT une municipalité qui, aujourd'hui, n'est pas dans le
transport en commun, qui n'en a jamais subventionné. Le ministre peut
reconduire son adhésion d'une façon indéfinie. Il me
semble que c'est énorme.
M. Clair: S'il y a un avantage sur le plan géographique
pour une municipalité de ne pas y entrer au départ, parce que ses
citoyens peuvent bénéficier du service de transport en commun
sans avoir à défrayer quelque coût que ce soit, les chances
sont que la ville ne soit pas déménagée au bout de
l'entente dans cinq ans et que les mêmes problèmes se reposent.
C'est de concordance avec ce qu'on a fait tantôt. Si on le fait au
départ, il faut être capable de le faire au moment de la
reconduction de l'entente. Cela me paraît la simple logique.
Les amendements sont-ils adoptés, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 23 est
adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté tel
qu'amendé, sur division. J'appelle l'article 24.
M. Ciaccia: Vous dites: "Si, au terme de l'entente, le
gouvernement n'a pas rendu sa décision quant à..."
M. Clair: II y a des avis à donner au gouvernement.
L'entente est reconduite tant que le gouvernement n'a pas...
M. Ciaccia: Elles ont besoin de votre permission pour mettre fin
à une entente?
M. Clair: Le conseil est créé par décret du
gouvernement. L'entente prévoit une durée de l'entente. Ce n'est
pas une entente indéfinie, mais il y a une durée
spécifique qui va varier d'un cas à l'autre. Alors, elles doivent
aviser le gouvernement qu'elles veulent se former et qu'elles se forment en
conseil intermunicipal. C'est normal que le processus inverse soit suivi quand
elles désirent se "déformer" et ne pas reconduire l'entente.
Alors, le gouvernement... C'est cela: Si, au terme de l'entente, le
gouvernement n'a pas rendu sa décision quant à sa reconduction,
l'entente se prolonge jusqu'à la date de cette décision, tant que
l'entente n'est pas terminée.
M. Ciaccia: Ne trouvez-vous pas un peu dangereux cet article 24?
Supposons que vous avez des municipalités qui se sont entendues pour une
période de deux ou trois ans et qu'elles savent qu'à la fin de
cette entente il faudra qu'elles renégocient une autre entente ou
qu'elles prennent d'autres mesures. De la façon que l'article 24 est
rédigé, elles vont vous envoyer un avis si elles ne veulent
pas...
M. Clair: Par l'article 22. Elles vont envoyer l'avis en vertu de
l'article 22.
M. Ciaccia: Alors, vous pouvez vous asseoir là-dessus pour
un an, deux ans, trois ans.
M. Clair: L'entente n'est pas...
M. Ciaccia: Bien oui! Vous dites que l'entente se prolonge.
M. Clair: L'article 22 prévoit que l'entente n'est pas
reconduite quand toutes les municipalités désirent se
retirer.
M. Ciaccia: L'entente se prolonge jusqu'à la date de cette
décision.
M. Clair: Dans le cas où on n'a pas à prendre de
décision, parce que toutes les municipalités désirent que
l'entente ne soit pas reconduite, l'entente n'est pas reconduite. C'est
clair.
M. Ciaccia: Cela, c'est si elles sont toutes d'accord.
M. Clair: C'est cela. Dans l'autre cas de l'article 23, si cela
se retrouve sur les genoux du gouvernement, tant que le gouvernement n'a pas
rendu sa décision, l'entente continue.
M. Ciaccia: Mais ne devriez-vous pas avoir un délai? Comme
c'est là, cela peut continuer pendant un an, deux ans, trois ans. Il me
semble qu'il devrait y avoir un délai dans lequel vous devez en arriver
à une décision.
Le Président (M. Desbiens): Vous auriez un amendement
à proposer?
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: Un amendement, à savoir que la décision
du gouvernement devrait être rendue dans les 60 jours des avis
prévus...
M. Clair: C'est-à-dire que l'entente se prolonge
jusqu'à la date de cette décision ou, au plus tard, 60 jours
après la fin de l'entente.
Le Président (M. Desbiens): On enlève le point et
on ajoute: Ou au plus tard...
M. Clair: ...60 jours après...
M. Ciaccia: ...60 jours après la fin de l'entente.
Le Président (M. Desbiens): ...60 jours après la
fin de l'entente.
M. Bourbeau: Qu'arrive-t-il au bout de 60 jours s'il n'y a pas eu
de décision?
M. Clair: L'entente n'est pas reconduite et il n'y a plus de
service.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 24 est
adopté tel qu'amendé?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 25?
M. Clair: Si le gouvernement constitue ces conseils par
décret, c'est normal qu'il les dissolve par décret.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 26.
M. Ciaccia: Voulez-vous m'expliquer le but de l'article 26?
M. Clair: C'est simplement afin que le conseil n'existe pas sans
exercer ses pouvoirs, autrement dit.
M. Bourbeau: J'aurais une question...
M. Clair: C'est parce que... Regardez bien, il pourrait se
produire qu'un conseil se forme, signe un contrat d'un an et ne signe pas de
nouveaux contrats par la suite. Parce qu'il existe comme conseil
intermunicipal de transport, mais n'exerce pas son rôle, il viendrait
empêcher la Commission des transports du Québec d'émettre
des permis dans ce territoire. Il faut que, pendant toute la durée de
l'entente, il y ait un contrat avec un transporteur; sans quoi, j'imagine que
des méchants maires libéraux qui décident de vouloir faire
du tort au bon Parti québécois qui gouverne les affaires du
Québec...
M. Ciaccia: On allait bien là. Ne commencez pas.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quand on dit, à la fin de l'article 26: Quand
une entente existe, c'est l'entente...
M. Clair: Intermunicipale. M. Bourbeau: Intermunicipale.
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: Ce n'est pas défini, au début, dans
les définitions.
M. Ciaccia: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 26 est
adopté. Section IV, Dispositions générales. Article
27?
Dispositions générales
M. Clair: Je vais expliquer au député ce que cela
veut dire.
M. Ciaccia: Oui.
M. Clair: Si vous voulez, prenons l'exemple de
Saint-Jean-sur-Richelieu. À supposer théoriquement qu'un conseil
intermunicipal de transport qui regroupe
toutes les municipalités de ce corridor se formerait,
Saint-Jean-sur-Richelieu pourrait bien, elle, vouloir, en plus d'avoir un
transport vers Montréal, organiser un transport sur son territoire. En
vertu de la Loi sur les cités et villes, on lui confirme que...
Autrement dit, le fait qu'elle signe une entente ne vient pas la priver du
pouvoir d'organiser un transport en commun sur son territoire.
Le Président (M. Desbiens): L'article 27 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 28?
M. Clair: Encore là, c'est pour des fins d'information de
la Commission des transports du Québec pour le cas où elle aurait
à émettre des permis.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 28 est
adopté. Article 29. M. le ministre, vous avez un amendement. (17 h
15)
M. Clair: Oui. Alors, je propose de remplacer l'article 29 par le
suivant: "Tout titulaire de permis de transport en commun peut, sans
formalité, du 1er janvier au 31 mars 1984, exploiter un service de
transport en commun sur le territoire d'une municipalité lorsque cette
municipalité ou le conseil dont elle fait partie n'est pas lié
par contrat avec un transporteur, et lorsque cette municipalité n'est
pas desservie par un organisme public de transport en commun. Il peut
également, à partir du territoire d'une telle
municipalité, assurer une liaison avec des points situés à
l'extérieur du territoire de cette municipalité."
En gardant toujours en tête qu'une municipalité, c'est la
municipalité telle que définie au départ, autrement dit,
ce que cela permet, c'est ceci: Si, dans certains corridors, des
municipalités ne se forment pas en conseil intermunicipal de transport,
ne signent pas avec un transporteur privé ou avec un transporteur
public, tout transporteur peut dans les trois premiers mois ouvrir ses portes
et offrir un service.
M. Ciaccia: C'est la mesure transitoire pour permettre des
ententes.
M. Clair: Pour maximiser toutes les chances qu'il y ait du
service.
M. Ciaccia: C'est une mesure qui permet aux transporteurs de
donner un service. Il n'y a aucune autre mesure transitoire qui oblige qu'un
service soit donné. Autrement dit, c'est possible que le jour de l'an il
y ait des municipalités qui n'aient pas de service.
M. Clair: Oui, c'est possible. S'il n'y a pas de formation de
CIT, pas de contrat avec un transporteur privé, pas de contrat avec un
transporteur public et qu'aucun transporteur privé n'est
intéressé à aller développer le service.
M. Ciaccia: Cela n'aurait pas été plus simple
d'avoir une mesure transitoire, que la CTRSM continue?
M. Clair: La CTRSM peut aussi continuer jusqu'au 31 mars 1984
à offrir du service à tarif d'équilibre.
M. Ciaccia: Elle n'est pas obligée, mais elle peut.
M. Clair: Elle peut.
M. Ciaccia: Elle n'est pas obligée.
M. Clair: Elle n'est pas obligée.
M. Ciaccia: Pourquoi ne l'obligez-vous pas? J'essaie de voir s'il
y a possibilité de ne pas avoir d'interrègne.
M. Clair: On a essayé de minimiser cela. Est-ce qu'il est
possible qu'il y ait un village, une municipalité où il n'y
aurait pas de transport en commun? La réponse est: Oui,
théoriquement c'est possible. L'autre mesure transitoire possible
était d'imposer le statu quo pendant encore un certain temps.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
exactement comment cela va se passer entre le 1er janvier et le 31 mars
à l'égard de la CTRSM, avec ses tarifs d'équilibre,
à l'égard des municipalités membres de la CTRSM?
M. Clair: J'ignore si la CTRSM a l'intention de maintenir des
services à tarif d'équilibre. Je ne pourrais pas répondre
à votre question.
M. Bourbeau: Quand le ministre parle de tarif d'équilibre,
il parle de quoi exactement? De subventions gouvernementales
additionnelles?
M. Clair: Non, cela veut dire que les services s'autofinancent
avec les subventions du gouvernement.
M. Bourbeau: Les services ne s'autofinancent pas.
M. Clair: Au 31 mars... Je sais qu'ils ne s'autofinancent pas.
À ce moment-là, cela voudrait dire qu'il y aura une majoration
des tarifs pour combler l'écart entre les revenus et les
dépenses.
M. Bourbeau: Autrement dit, le 1er janvier, s'il n'y a pas
d'entente conclue dans certains corridors - il semble que cela va être le
cas pour tous les corridors de la CTRSM, car il n'y a pas d'entente de conclue
- la CTRSM décide ou bien de fermer Métropolitain Sud, enfin de
cesser de donner le service sur les lignes de Métropolitain Sud, ou bien
de continuer de donner du service; mais, à ce moment-là, les 50
municipalités en dehors du territoire ne paient plus le déficit,
la CTRSM doit augmenter ses tarifs pour faire face à ses
coûts.
M. Clair: Si la CTRSM n'a pas signé de contrat et qu'un
corridor n'a signé de contrat avec personne, qu'il n'y a pas eu de
formation d'un conseil intermunicipal de transport, la CTRSM pourrait toujours
prendre la décision de dire: Je continue d'offrir le service, mais
à un tarif d'équilibre.
M. Bourbeau: Cela veut dire qu'elle devrait augmenter ses tarifs
d'une façon très importante.
M. Clair: Cela dépend si elle a reçu un avis ou
pas. Si elle a reçu un avis, 60 jours après, elle doit se
retirer. Si elle n'a pas reçu d'avis... Prenez l'exemple où un
avis aurait été donné le 1er décembre: le 2 mars,
la CTRSM ne peut plus envoyer de facture; entre le 2 mars et le 31 mars, la
CTRSM pourrait toujours décider, s'il n'y a pas eu de contrat de
signé avec d'autres, pendant les 28 jours qui restent, de continuer
à offrir un service mais à tarif d'équilibre.
M. Bourbeau: L'avis, c'est l'avis de la formation...
M. Clair: Messieurs, je vous ai induits en erreur, parce que,
après le 1er janvier ou, au plus tard, 60 jours après la
réception d'un avis, mais, dans aucun cas, jamais après le 31
mars, la CTRSM n'a plus le droit d'aller desservir à l'extérieur
de son territoire juridique, à moins qu'elle ne soit liée par un
contrat de service. Alors, a fortiori, elle ne peut pas envoyer de facture.
M. Bourbeau: Autrement dit, à partir du 1er janvier, il
est bien peu probable que la CTRSM donne du service dans les corridors
autrefois exploités par Métropolitain Sud.
M. Clair: Au contraire, on a toutes les raisons de croire que ces
négociations qui sont en cours vont être terminées le 1er
janvier et c'est pour cela qu'on prévoit, en phase intérimaire,
des procédures très souples, et que les municipalités
peuvent, par résolution, s'entendre avec la CTRSM.
M. Bourbeau: D'après les renseignements que j'ai
reçus jusqu'à hier, il n'y a absolument aucun contrat de
signé actuellement.
M. Clair: Non, il ne peut pas y avoir de contrat de signé,
elles n'ont pas le pouvoir de le faire.
M. Bourbeau: Et aucune négociation n'est terminée,
sauf celle de la petite ligne La Prairie-Candiac où il y a seulement
sept ou huit chauffeurs. D'après les renseignements que nous avons, les
négociations ne sont même pas très avancées et,
semble-t-il, il n'y a pas de possibilité ou de probabilité que
des contrats soient signés à court terme. Je tiens ces
renseignements de plusieurs maires à qui j'ai parlé...
M. Clair: Lesquels, pour parler précisément? Parce
que moi, j'ai des informations du contraire.
M. Bourbeau: Hier après-midi et hier soir, M. le
ministre.
M. Clair: Je ne dis pas quand, je dis qui.
M. Bourbeau: Le maire de Longueuil, le maire de...
M. Clair: II n'est pas concerné directement par ça,
le maire de Longueuil.
M. Bourbeau: Certainement qu'il est concerné par
ça. Pourquoi pas?
M. Clair: Ce n'est pas dans son territoire, il continue à
y avoir la CTRSM qui est en place. Je ne vous parle pas de ces
municipalités qui forment la CTRSM, je vous parle de ces
municipalités qui sont hors du territoire de la CTRSM et desservies par
Métropolitain Sud.
M. Bourbeau: Bon! Mais moi, je parle évidemment de la
possibilité que la CTRSM signe des contrats. Vous parlez des contrats
qui pourraient être signés avec d'autres transporteurs d'en
dehors.
M. Clair: Non, dans les contrats, il y aurait deux parties, il y
aurait la CTRSM et il y aurait des municipalités. C'est évident
que les maires du Conseil des maires de la rive sud vont avoir à
assigner, sur le plan décisionnel, que la CTRSM va avoir à
prendre des décisions. Mais moi, je vais dans le plus fin
détail que ça. Je vous dis que, au niveau de l'administration de
la CTRSM, on est en discussion avec toutes les municipalités hors
territoire, que les discussions sont très avancées et que le
P.-D.G. de la CTRSM devrait être en mesure prochainement de soumettre
à son conseil, pour approbation, des contrats de service. J'imagine que,
si M. Molini est en discussion avec des municipalités, il détient
un mandat de son conseil et qu'il ne fait pas ça de son propre chef.
M. Bourbeau: Alors, les renseignements que nous avons ne sont pas
les mêmes, parce que les maires à qui j'ai parlé parlent
à M. Molini tous les jours aussi pour avoir des renseignements et c'est
un son de cloche que nous obtenons quans nous parlons aux maires. Selon les
renseignements que j'ai et que nous avons obtenus, ces négociations ne
sont pas aussi avancées que le ministre semble le dire et il ne semble
pas vraisemblable que des contrats vont être signés à court
terme avec les municipalités des corridors.
Enfin, la version du ministre vaut la mienne, il semble qu'on nage un
peu dans l'imprécision. Mais qu'arrive-t-il, le 1er janvier, si les
contrats ne sont pas signés? Je suis convaincu qu'il n'y aura pas de
contrats signés le 1er janvier ou à peu près pas.
Si la CTRSM décide de donner le service, ce sera à des
tarifs majorés de façon importante.
M. Clair: J'aime mieux travailler avec le député de
Mont-Royal, il prend cela article par article. Le député de
Laporte me fait penser un peu à une chèvre qui s'en va, qui saute
en avant. Ce n'est pas un défaut, mais c'est dur à
contrôler.
M. Bourbeau: Chevrette, ce n'est pas dans notre parti, c'est dans
le vôtre!
M. Clair: Ce que le député essaie de faire, c'est
de devancer les procédures. On va en venir tantôt aux
procédures très simples qui vont permettre aux
municipalités de pouvoir s'entendre avec la CTRSM. Je vous le dis tel
qu'on me le rapporte; on me dit que, dans tous les corridors, les discussions
sont avancées. Encore une fois, j'ai pris la précaution de dire
que, dans tous les cas, c'est susceptible de se modifier, mais que,
jusqu'à maintenant, on a raison de croire que tout va tomber en place
pour le 1er janvier ou à peu près. Je n'ai jamais nié que,
dans certains cas, c'est sûr qu'il risque d'y avoir, dans des bouts de
ligne, une interruption du service, mais on ne réorganise pas le
transport en commun dans 150 municipalités sans que cela modifie le
statu quo. C'est évident qu'il va y avoir des modifications.
M. Bourbeau: Ou on ne le réorganise pas à la vapeur
sans laisser le temps aux gens de s'entendre.
M. Clair: On ne le réorganise pas à la vapeur, M.
le Président. Cela fait deux ans qu'on discute avec les
municipalités de tout cela, qu'elles ont suivi le cheminement et
qu'elles discutent avec les représentants du ministère des
Transports, entre elles, avec l'administration de la CTRSM et de la CTCUM.
Qu'est-ce que vous voulez? J'ai rencontré encore le 17 novembre - il y a
trois semaines - au moment du dépôt du projet de loi, une
soixantaine de maires. Ils m'ont posé des questions là-dessus.
Ils m'ont demandé de modifier telle ou telle chose, mais il n'y a
personne qui m'a dit: M. le ministre, vous nous prenez par surprise. On n'a
jamais entendu parler de cela. Qu'est-ce que c'est que cela? D'où cela
sort-il? Personne n'a dit cela. Il y a des gens de la CTRSM et de la CTCUM qui
sont ici et qui pourraient...
M. Bourbeau: Oui, mais ce ne sont pas les maires. Ce ne sont pas
eux qui paient.
M. Clair: Ce ne sont pas des imbéciles et des menteurs
pour autant...
M. Bourbeau: Absolument pas.
M Ciaccia: Vous pouvez admettre, M. le ministre...
M. Bourbeau: Je connais bien les gens qui sont ici et je ne
considère pas que ce sont des imbéciles, mais ce ne sont pas eux
qui ont à payer les factures. Les déficits, c'est la commission
de transport.
M. Clair: Je le sais, M. le Président.
M. Ciaccia: Vous devez admettre que cela aurait été
préférable si le projet de loi avait été
adopté au mois de mai ou au mois de juin....
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: ...et si toutes les parties concernées avaient
eu cette période de temps. Même s'il y a eu des discussions ou des
pourparlers, ce n'est pas la même chose si le projet de loi est
adopté. Il y a toujours des...
M. Clair: Je suis d'accord avec...
M. Ciaccia: Si le projet de loi avait été
adopté au mois de juin, à la session de juin, cela aurait
donné six mois pour permettre une transition un peu plus facile
et des négociations entre les différentes parties et
peut-être que cela aurait réduit les possibilités
d'interruption de service pour...
M. Clair: Je suis d'accord avec le député
qu'idéalement, c'est ce que j'aurais dû faire, mais, en mai et
juin, nous n'étions pas suffisamment avancés dans les pourparlers
avec les municipalités pour avoir développé une formule
qui leur serait acceptable et les municipalités, par ailleurs, nous
pressent afin de pouvoir prévoir dans leurs budgets l'année
prochaine que le nouveau régime sera applicable dès le 1er
janvier prochain, parce qu'elles budgétisent sur l'année civile.
Les municipalités nous pressent en disant: On veut sortir du
régime tel qu'il existe actuellement et on veut s'inscrire dans un
nouveau régime.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 29 est-il
adopté?
M. Bourbeau: On s'en va vers un chaos.
Le Président (M. Desbiens): Pardon?
M. Bourbeau: On s'en va vers un chaos.
Le Président (M. Desbiens): J'ai demandé si
c'était adopté.
M. Clair: C'est l'opinion du député. M. Ciaccia:
...
M. Clair: J'espère bien qu'il la partage. Au moins, cela
me rassure. On était rendu à...
Le Président (M. Desbiens): À l'amendement à
l'article 29.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 29
est adopté. J'appelle l'article 30.
M. Clair: Je propose que l'article 30 soit remplacé par le
suivant: "La Commission des transports du Québec peut accorder un permis
spécial pour permettre l'exploitation, du 1er avril au 31
décembre 1984, d'un service de transport en commun sur le territoire
d'une municipalité qui n'a pas adopté un règlement pour
faire partie d'un conseil ou un règlement ou une résolution pour
contracter avec un transporteur et qui n'est pas desservie par un organisme
public de transport en commun." Tout ce qu'on fait, c'est d'ajouter: "qui n'est
pas desservie par un organisme public de transport en commun", pour ne pas
créer de problème à la ville de Laval.
M. Ciaccia: Peut-on interpréter l'article 30... Cela
veut-il dire que toutes les municipalités qui, présentement, sont
desservies par la CTRSM sont exclues de l'article 30? (17 h 30)
M. Clair: Non, ce n'est pas ce que cela dit. Ce que cela vient
faire, cela vient dire que... Dans le fond, pour simplifier, le régime
est le suivant: pendant les trois premiers mois de 1984, n'importe quel
transporteur privé, là où il n'y a pas de contrat,
là où il n'y a pas de CIT ni rien, n'importe quel transporteur
peut s'essayer. Pendant les neuf mois suivants, la CTQ peut émettre un
permis à un transporteur, un permis spécial valide jusqu'au 31
décembre 1984, l'objectif étant de laisser une année aux
municipalités pour réfléchir, pour savoir si elles
désirent ou non former un CIT. On ne veut pas mettre les
municipalités dans une situation où elles ne désireraient
pas s'impliquer pour les trois ou quatre premiers mois, mais
préféreraient regarder comment cela se passe. C'est un
transporteur privé qui prend la place et elles changent d'idée en
cours d'année. On a voulu leur donner une année complète
de réflexion.
On verra tantôt dans un autre article qu'au 31 décembre
1984 le permis spécial deviendra un permis permanent.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On dit: "La Commission des transports du
Québec peut accorder un permis spécial." N'y aurait-il pas lieu
de spécifier à qui? Est-ce que le permis sera accordé
à un transporteur privé ou à un transporteur public?
Est-ce que c'est celui qui aurait fait le transport intérimaire du 1er
janvier au 31 mars qui aurait...
M. Clair: Ce sont ceux qui vont se présenter. Ce sont ceux
qui soumettront les demandes à la CTQ, sauf les transporteurs
publics.
M. Bourbeau: Ce serait tout transporteur...
M. Clair: Parce que les transporteurs publics n'ont pas le
pouvoir de sortir de leur territoire.
M. Bourbeau: Ce serait tout transporteur privé ou
même scolaire qui en fait la demande.
M. Clair: N'importe qui, qui en fait la demande.
M. Bourbeau: N'importe qui, qui en fait la demande et qui a
déjà un permis ailleurs ou pas du tout?
M. Clair: II pourrait même ne pas avoir de permis ailleurs
et essayer d'en obtenir un de la CTQ.
M. Bourbeau: Ça pourrait être un transporteur
scolaire?
M. Clair: À la limite, ça pourrait être un
transporteur scolaire.
M. Bourbeau: Est-ce que ça pourrait être un
taxi?
M. Clair: Ça pourrait être un détenteur de
permis de taxi; il n'irait pas là à titre de détenteur
d'un permis de taxi, mais à titre de personne qui demande
l'émission d'un permis de transport en commun. Un permis de taxi et un
permis de transport en commun sont deux choses différentes. On permet
cependant au CIT de transiger avec un taxi ou un regroupement de taxis.
Le Président (M. Desbiens): Adopté? M. Clair:
Adopté.
M. Bourbeau: Si le transport a été fait du 1er
janvier au 31 mars par un transporteur donné, est-ce que la Commission
des transports doit donner la priorité à celui-là dans
l'octroi du permis spécial ou si un autre peut l'avoir?
M. Clair: Ça peut être un autre.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le nouvel article
30 est adopté?
M. Ciaccia: Un instant, s'il vous plaît! Adopté.
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 32?
M. Bourbeau: Article 31.
Le Président (M. Desbiens): Excusez-moi. Article 31?
M. Bourbeau: M. le Président, vous êtes comme une
chèvre, vous sautez d'avance, pour employer l'expression du
ministre.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'amendement
à l'article 31.
M. Clair: Pendant l'année de sursis aux
municipalités, si un transporteur a obtenu un permis spécial ou
temporaire pour desservir un circuit, dès qu'un contrat est signé
entre le CIT et un autre transporteur, il doit se retirer.
M. Ciaccia: Dans l'article 30, vous dites que la Commission des
transports peut accorder un permis spécial.
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: C'est à la demande de qui?
M. Clair: De celui qui en fait la demande.
M. Ciaccia: Je comprends, mais ce n'est pas nécessairement
une municipalité.
M. Clair: Non, au contraire, c'est un transporteur privé
qui va à la CTQ et qui dit: Moi, je suis intéressé
à desservir tel circuit qui était autrefois desservi par
Métropolitain provincial ou Métropolitain Sud; est-ce que je suis
autorisé à le faire? La CTQ, après avoir
étudié différentes demandes, s'il y en a plusieurs,
l'accorde jusqu'au 31 décembre prochain.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: L'article 30 avait du bon sens quand on le lisait
tantôt, mais quand on arrive à l'article 31, on voit que le permis
spécial décerné par la Commission des transports pour
permettre l'exploitation du 1er avril au 31 décembre 1984 peut
être révoqué en tout temps si, entre-temps, un CIT signe un
contrat et que le transporteur qui a eu le permis spécial pour faire du
transport pendant neuf mois n'a droit à aucune indemnité. Est-ce
que ce n'est pas de nature à causer un préjudice assez important
à ce transporteur spécial qui aurait un permis de neuf mois et
qui, tout à coup, se ferait dire après deux mois: Ton permis
n'est plus bon, tu n'as droit à aucune indemnité. Cela
m'apparaît un peu exorbitant.
M. Clair: Cela peut paraître exorbitant à
première vue, mais je ne pense pas parce que, d'abord, le
détenteur d'un tel permis temporaire va bien connaître les
conditions dans lesquelles il l'obtient. À ce moment-là, il ne se
suréquipera pas pour faire face à la demande. Dans bien des cas,
comme je vous dis, ce sont des transporteurs qui modifieront leur circuit ou
ouvriront leurs portes sur le territoire. Je ne pense pas que cela crée
de problèmes majeurs.
Autrement dit, on n'incite pas les transporteurs à
s'équiper pour un an.
M. Bourbeau: Si on relit l'article 31 à la lumière
de l'article 30 qu'on a vu tantôt, où on disait: "pour permettre
l'exploitation, du 1er avril au 31 décembre 1984...", c'est
l'exploitation entre le 1er avril et le 31 décembre, mais c'est sujet
à révocation en tout temps.
M. Clair: C'est ça. On a voulu donner priorité
à la décision des élus municipaux de créer un
CIT.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 31 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 32.
M. Clair: Au bout de l'année 1984, si une
municipalité ne fait pas partie d'un conseil ou n'a pas
contracté, à ce moment-là, le permis temporaire devient
permanent.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
M. Bourbeau: II n'y a pas de papillon? Le Président (M.
Desbiens): Non.
M. Clair: Non, c'est à l'article 32.1. On ajoute un
article.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Si, après coup, l'année suivante ou
deux ans plus tard, la municipalité décide de faire partie d'un
CIT, qu'est-ce qui arrive?
M. Ciaccia: Quelle est la durée du permis?
M. Clair: Le permis est permanent.
M. Bourbeau: À ce moment-là, on doit
procéder par expropriation.
M. Clair: Si jamais la municipalité voulait, c'est ce
qu'elle sera obligée de faire. C'est pour ça que j'ai bien dit
aux municipalités d'y penser deux fois parce qu'on ne paiera pas deux
fois pour exproprier Métropolitain Sud.
M. Bourbeau: Est-ce que les CIT ont des pouvoirs
d'expropriation?
M. Clair: Non, mais, à ce moment-là, c'est le
gouvernement qui sera conduit à faire comme il a été
obligé de faire en 1979-1980. Elles se trouveront prises dans la
situation de celles qui ont à organiser du transport en commun qui ne
peut pas être similaire à celui qui est offert.
M. Bourbeau: C'est une incitation aux municipalités
à se...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Il y a un
nouvel article qui s'ajoute, M. le ministre.
M. Clair: Oui. Je propose un nouvel article 32.1 qui viendrait
après l'article 32 et qui se lirait comme suit: "Sous réserve de
l'article 32, la Commission des transports du Québec peut
délivrer un permis de transport en commun pour desservir, à
compter du 1er janvier 1985, le territoire d'une municipalité qui ne
fait pas partie d'un conseil ou qui n'a pas contracté avec un
transporteur et qui n'est pas desservie par un organisme public de transport en
commun." C'est le pouvoir habilitant.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 32.1 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 32.1 est
adopté. Section V, Modifications diverses.
Modifications au Code municipal
M. Clair: À l'article 33...
Le Président (M. Desbiens): Article 33?
M. Clair: ...je propose que celui-ci soit modifié par le
remplacement de la première phrase du premier alinéa de l'article
398h du Code municipal que cet article introduit par la suivante: "398h. Un
exemplaire d'un règlement de la corporation modifiant le service, autre
qu'une modification d'horaire, doit être transmis au ministre des
Transports." C'est pour éviter de la paperasse.
Le Président (M. Desbiens): L'article 33, c'est toute la
série de 398, de a à...
M. Clair: Le premier touche le paragraphe 398h.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'on procède
paragraphe par paragraphe?
M. Clair: On peut prendre l'amendement.
M. Ciaccia: On peut prendre l'amendement avant.
Le Président (M. Desbiens): D'accord. L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il a d'autres
amendements au même article?
Des voix: Non.
Le Président (M. Desbiens): Le paragraphe 398a, section
VII A, De l'organisation d'un service de transport en commun.
Organisation d'un service de transport en
commun
M. Clair: C'est toute la série d'articles qui viennent
habiliter les municipalités dans le Code municipal - on va le voir, par
la suite, dans la Loi sur les cités et villes - à faire du
transport en commun et on les adapte justement à la création des
conseils intermunicipaux de transport. C'est davantage de l'adaptation de
pouvoirs que quoi que ce soit d'autre.
M. Ciaccia: C'est ici qu'on retrouve le pouvoir pour les CIT de
conclure un contrat sans soumissions...
M. Clair: Pour les municipalités.
M. Ciaccia: ...pour les municipalités.
M. Clair: Voici la raison pour laquelle on fait cela, M. le
Président. Comme je le disais, d'abord, dans les cas de contrat avec une
municipalité pour du transport local surtout, la plupart du temps, il y
a de bonnes chances qu'un transporteur soit déjà détenteur
d'un permis. Donc, la municipalité devra transiger avec lui. Cela ne
signifierait rien d'aller en soumissions.
Deuxièmement, un service de transport en commun, comme je le
disais dans mon discours de deuxième lecture, ce n'est pas de la
marchandise. C'est un service et le service peut s'évaluer en fonction
non seulement du coût, mais de la qualité des autobus, de la
politesse et de la ponctualité des gens, de l'expérience du
transporteur. Il y a des dispositions, cependant...
M. Ciaccia: Quelle protection y avait-il?
M. Clair: ...par concordance, justement, avec la Loi sur les
cités et villes, qui rendent obligatoires la publication et la
disponibilité auprès du public de tous les contrats qui peuvent
être signés de façon négociée, si on veut,
afin que le public sache ce qu'il y a dans ces ententes.
Le Président (M. Desbiens): Le paragraphe 398a est-il
adopté?
M. Ciaccia: Un instant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: La raison que vous donnez pour ne pas aller en
soumissions, ce n'est pas la raison pour ne pas aller en soumissions. Vous
donnez les raisons pour ne pas nécessairement accepter le plus bas
soumissionnaire. Ce n'est pas une raison pour ne pas aller en soumissions, ce
que vous venez de dire.
M. Clair: Vous avez peut-être raison en ce qui concerne le
deuxième motif que je donne. Par ailleurs...
M. Ciaccia: Le premier, le permis, c'est...
M. Clair: ...pour le premier, il est question du permis.
M. Ciaccia: S'il a un permis, il a un permis. C'est bien. Elles
ne peuvent pas aller en soumissions s'il y a un permis. Mais quand il n'y a pas
de permis?
M. Clair: II n'y en aura pas 50. Ce n'est pas de la brique.
M. Ciaccia: Je comprends, mais c'est un principe. Si vous n'avez
pas de raison de ne pas procéder par soumissions...
M. Clair: C'est qu'on ne voit aucunement l'utilité de les
envoyer en soumissions parce que, de toute façon, le processus de
soumissions, à ce moment-là, ne servirait qu'à faire
préciser les offres de service de chacun et la municipalité va
négocier ensuite avec chacun. Quand on va en soumissions publiques,
normalement, dans tous les appels d'offres, il y a toujours la fameuse clause
qui prévoit que la municipalité n'est pas obligée
d'accepter ni la plus basse ni la plus haute soumission. Normalement, le
principe général, quand on va en soumissions, c'est pour avoir la
plus basse et l'accepter. Dans ce cas-là, on sait bien que ce n'est pas
le montant qui va déterminer... On peut avoir un service à 10 000
$ et on peut en avoir un à 10 000 000 $. Cela dépend de ce qu'on
veut. (17 h 45)
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 398a est
adopté? Adopté. 398a.
M. Clair: Pas celui-là.
M. Ciaccia: Parce qu'on discutait le d.
M. Clair: On peut les adopter en bloc, de a à z.
Le Président (M. Desbiens): Parce que je pensais que vous
vouliez procéder par
paragraphe.
M. Ciaccia: Oui, normalement...
Le Président (M. Desbiens): Je vous laisse discuter sur
l'ensemble des paragraphes?
M. Ciaccia: Le a est adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398b?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398c?
M. Clair: On a déjà adopté tantôt des
dispositions similaires.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398d?
M. Ciaccia: C'est celui-là qu'on discutait.
M. Clair: Sur division?
M. Bourbeau: Pendant que mon collègue en parlait, j'avais
les yeux rivés sur le 398a et, comme je n'ai pas trop le style
Chevrette, je n'avais pas vu 398d contrairement à ce qu'en pense le
ministre.
M. Clair: Vous êtes dans les lents de la classe. Ne vous
diminuez pas!
M. Bourbeau: Cela veut dire qu'une corporation municipale
régie par le Code municipal peut accorder des contrats de transport sans
soumissions. Supposons qu'il y ait deux ou trois transporteurs dans le coin qui
font du transport, pourquoi ne doit-on pas aller en soumissions? Le ministre en
a parlé tantôt, mais je n'ai pas encore saisi la raison.
L'économie générale de notre droit, c'est qu'il y ait des
soumissions. Pourquoi, dans ce cas-ci, le ministre ne favorise-t-il pas les
soumissions?
M. Clair: Elles peuvent aller en soumissions si elles le veulent,
mais elles ne sont pas obligées. Les municipalités vont toujours
pouvoir aller en soumissions. Si une municipalité a un détenteur
de permis, elle doit négocier avec. Inutile qu'elle aille en
soumissions. Il faut donc lui donner le pouvoir de le faire sans soumissions,
ne serait-ce que dans ce cas. Par ailleurs, la municipalité ne
commencera pas par un appel d'offres, par voir ce qu'on lui offre et prendre le
moins cher. Elle va plutôt commencer par définir les niveaux de
service qu'elle désire, quelle qualité de service elle veut
obtenir et après cela, négocier. S'il y a plusieurs transporteurs
dans la municipalité qui sont susceptibles de lui offrir ce service, je
suis convaincu, à ce moment, que la municipalité va aller en
appel d'offres, aller en soumissions publiques. Si, par contre, comme c'est le
cas dans à peu près 100% de ce territoire, il y a seulement un
transporteur qui est en mesure d'offrir le service, elle va négocier
avec. Pourquoi aller en soumissions?
M. Bourbeau: Cela se produit ailleurs dans la vie municipale, des
circonstances comme celles-là. Actuellement, si une municipalité
décide de placer une commande, par exemple de souffleuses à neige
ou de tracteurs à neige pour les trottoirs, selon la loi
générale, c'est toujours des soumissions.
M. Clair: Vous êtes toujours dans l'achat de marchandises.
Vous n'êtes pas dans des services.
M. Bourbeau: C'est la même chose. Je le fais par analogie.
On doit toujours aller en soumissions.
M. Clair: Pas à ma connaissance, pour les services
professionnels. J'ai eu l'occasion de le voir encore il y a quelques semaines,
la municipalité a transigé avec la firme d'ingénieurs au
coin de chez nous et elle fait affaires avec elle.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre trouve que le transport en
commun, ce sont des services professionnels?
M. Clair: Non, mais cela correspond bien davantage à la
notion de service qu'à la notion de bien.
M. Bourbeau: À mon avis, non. Les municipalités,
par exemple, qui louent des camions l'hiver pour la neige, des autobus, il me
semble que...
M. Clair: La notion de qualité de service et tout ce qui
tourne autour de cela est bien plus importante que dans un cas de transport de
la neige. Même si on les obligeait à aller en soumissions pour des
souffleuses à neige, je l'ai vu dans une de mes municipalités, la
même corporation municipale a dû aller en appel d'offres pour finir
par acheter la souffleuse à neige qu'elle voulait. Elle a dû aller
en appel d'offres quatre fois, en précisant toujours de plus en plus le
devis, pour finalement tomber quasiment sur le numéro de série de
la souffleuse qui était dans la cour. On ne se contera pas de peurs, non
plus, là-dessus. Pour ne pas accepter la plus basse soumission, la
municipalité doit obtenir
l'autorisation du ministre des Affaires municipales, de la Commission
municipale et dans l'entretien de chemins d'hiver - j'ai déjà vu
le cas dans mon comté - la Commission municipale est très
exigeante pour ne pas donner la plupart au plus bas soumissionnaire.
M. Bourbeau: Avec raison, d'ailleurs. Le principe
général qui est retenu dans notre droit, c'est que les
soumissions doivent toujours avoir lieu, à moins de circonstances
exceptionnelles. Dans le droit municipal, actuellement, quand une
municipalité ne veut pas procéder par voie de soumissions,
qu'elle ne veut pas accepter la plus basse des soumissions ou qu'il n'y a qu'un
seul soumissionnaire, elle peut l'accorder au seul soumissionnaire, mais,
à ce moment-là, on lui demande d'obtenir le consentement de la
Commission municipale. Pourrait-on avoir un système semblable pour faire
en sorte d'éviter les abus dans le cas où, dans des
municipalités, on donnerait des contrats à des amis des membres
de l'administration?
M. Clair: Prenez l'expérience du transport scolaire. Je me
souviens que vous aviez tenu le môme discours lors de l'étude du
projet de loi 31.
M. Bourbeau: Je suis constant dans ce que je fais.
M. Clair: Vous êtes constamment dans l'erreur aussi sur ce
point, mais j'aime mieux quelqu'un qui est constant dans l'erreur que quelqu'un
qui est trop inconstant. Dans le cas du transport scolaire, vous nous aviez
fait les mêmes remarques parce qu'on permettait aux commissions scolaires
de négocier avec un transporteur scolaire. Ce que cela nous a appris
jusqu'ici, c'est que les commissions scolaires obtiennent de meilleurs prix en
négociant plutôt qu'en procédant par voie de soumissions
publiques dans des contrats de transport.
Je suis tout à fait d'accord avec le député que la
règle normale doit être la soumission publique pour les pouvoirs
publics, les pouvoirs municipaux, les commissions scolaires, le gouvernement ou
autres, mais il s'avère que dans des cas de transport comme
ceux-là, qui sont des questions de services pour lesquels des notions de
qualité, de ponctualité, d'expérience sont beaucoup plus
importantes que seulement le prix, sur lequel on ne peut pas
nécessairement se baser, il peut être avantageux de
procéder comme on le fait. Le transport scolaire l'a
démontré. D'ailleurs, les transporteurs scolaires s'en plaignent
parce qu'ils se disent qu'ils se font tordre les boyaux par les commissions
scolaires.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais, pour
l'information de ceux qui vont lire le journal des Débats, corriger
certaines des paroles du ministre à l'égard du dossier du
transport scolaire. Premièrement, je voudrais dire qu'à
l'égard du dossier du transport scolaire l'Opposition a prié
instamment le gouvernement de procéder dans ce dossier. Le ministre s'en
souviendra, c'est une des premières choses que je lui ai
demandées lorsque j'ai obtenu le dossier.
Deuxièmement, lorsqu'il a été question des
négociations ou de la demande de soumissions pour le transport scolaire,
ce à quoi nous nous sommes opposés, ce n'est pas la
négociation de gré à gré avec des transporteurs
existants. Nous ne nous sommes pas opposés à cela. Nous nous
sommes opposés au système que le ministre a créé,
qui consistait à demander des soumissions, à recevoir les
soumissions, à constater le plus bas soumissionnaire et, après
coup, à recommencer à négocier avec tous les
soumissionnaires et même, si je me souviens bien, avec des
soumissionnaires de l'extérieur, mais je ne suis pas tout à fait
sûr de cela.
Je trouvais que c'était un système un peu anormal, une
fois les soumissions entrées sur place, de permettre à des
soumissionnaires qui n'étaient pas les plus bas de venir
présenter à nouveau des soumissions plus basses que celle du plus
bas soumissionnaire. C'était unique, je pense, dans l'histoire de notre
droit et cela pouvait donner lieu à des abus. Sur le plan des principes,
seulement, je m'opposais à ce système, mais en ce qui concerne
les négociations de gré à gré et les
économies à réaliser, j'ai instamment pressé le
ministre de faire la réforme. Que le ministre rétablisse les
faits.
M. Clair: À ce moment-là, le député
est en train de me dire qu'il n'est pas constant, parce que c'est exactement ce
qu'on propose de faire ici, de pouvoir négocier de gré à
gré.
M. Bourbeau: Dans ce cas, j'étais d'accord...
M. Clair: Là, vous êtes d'accord?
M. Bourbeau: ...si c'étaient les transporteurs
existants.
Le Président (M. Desbiens): L'article 398d est-il
adopté?
M. Clair: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Article 398e?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398f?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398g?
M. Clair: Tous ces pouvoirs, M. le Président, ont
été donnés au conseil intermunicipal; il faut donc les
donner aux municipalités. C'est de la concordance pure et simple.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 398h
a été adopté tel qu'amendé,
précédemment.
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article
398i?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 398j?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 398k?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Section VII B,
Transport des personnes handicapées. Article 3981?
Transport des personnes handicapées
M. Clair: On vient modifier le régime de conclusion,
d'interruption d'un système de transport adapté.
M. Ciaccia: Maintenant, cela va être toute personne, non
plus seulement une corporation municipale pour le transport pour
handicapés.
M. Clair: Autrefois, c'était prévu par pouvoir de
subvention, alors que maintenant on donne le même régime par
règlement.
M. Ciaccia: Vous donniez des subventions au transport
adapté.
M. Clair: Au transport adapté, c'est cela.
M. Ciaccia: Vous donnez des subventions seulement aux organismes
sans but lucratif? Non?
M. Clair: Non, non, ce n'est pas cela. Autrefois, la façon
d'organiser le transport adapté pour les municipalités
était prévue par le biais d'un pouvoir de subvention. On disait
que le conseil pouvait, par règlement, accorder à toute compagnie
ou personne détenant un permis de la CTQ pour l'exploitation d'un
service d'autobus dans la municipalité où il se faisait un
transport de personnes handicapées une subvention annuelle dont le
montant ne devait pas excéder le pourcentage budgétaire
approuvé préalablement par le ministère des Affaires
municipales et la Commission municipale du Québec. Plutôt que de
continuer à maintenir cette forme de pouvoir d'intervention, on leur
donne le même pouvoir. Autrement dit, c'est pour que les
municipalités, quand elles interviennent en matière de transport
des personnes, interviennent sur une base de mécanique juridique
identique. Ce n'est pas pour leur compliquer la vie, c'est pour la leur
faciliter.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a un changement au niveau des
subventions?
M. Clair: Non, aucun changement. On continue à
défrayer 75%.
M. Ciaccia: C'est quoi, tous ces articles?
M. Clair: Cela vise simplement à clarifier le pouvoir des
municipalités dans l'organisation du transport adapté. Cela n'a
rien à voir avec le financement. Le financement du transport
adapté existe en vertu d'un programme décrété
à l'article 4 de la Loi sur les transports.
M. Ciaccia: À l'article 3981... M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: ...vous dites que, en ce qui concerne le transport
pour handicapés, une corporation peut contracter "avec toute
personne".
M. Clair: Oui.
M. Ciaccia: Non seulement avec une corporation municipale de
transport ou une commission intermunicipale de transport.
M. Clair: C'est cela.
M. Ciaccia: L'article 398g, c'était l'ancien article qui
correspondait à cela.
M. Clair: Cela vise simplement à faciliter la tâche
aux municipalités. Dans les textes de lois, par exemple, on avait un
texte de portée générale, l'article 467.6, qui ne visait
que la corporation de Sherbrooke. Dans le fond, on vient simplement clarifier
les pouvoirs des municipalités d'organiser du
transport adapté avec toute personne. Par exemple, à
Drummondville, c'est un organisme sans but lucratif, qui s'appelle Transport
Diligence Inc., qui organise le transport adapté. Ailleurs, ce sont des
corporations publiques de transport. Dans la Loi sur le transport par taxi, on
prévoit que ce peuvent être des taxis qui offrent le service.
Alors, cela vise simplement à clarifier les pouvoirs des
municipalités. Cela leur permet de transiger avec toute personne et,
finalement, en termes de mécanismes d'intervention, cela
généralise l'utilisation du règlement.
M. Bourbeau: Dans l'article, toute personne, est-ce que cela
comprend les organismes à but non lucratif?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Ce ne sont pas des personnes, ce sont des
compagnies.
M. Clair: Le mot personne inclut autant une personne physique
qu'une personne morale.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est écrit, cela?
M. Ciaccia: Dans l'article de la loi actuelle: Toute corporation
locale peut contracter avec une corporation municipale de transport ou une
corporation intermunicipale. Vous changez cela et vous dites qu'elle peut
contracter avec toute personne.
M. Clair: Oui, parce qu'il n'y a pas de corporations municipales
et intermunicipales partout. À Drummondville, par exemple, il n'y a pas
de corporation municipale. Il y a donc un organisme sans but lucratif qui s'est
formé. Par ailleurs, à East-Angus, c'est un propriétaire
privé.
M. Ciaccia: Maintenant, quand vous allez à l'article 398o)
vous dites: Une corporation "peut accorder une subvention à tout
organisme sans but lucratif qui assure l'organisation de..."
M. Clair: C'est le pouvoir de subventionner.
Le Président (M. Desbiens): II est 18 heures. Est-ce qu'on
reprend cela lundi?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des transports ajourne ses travaux à lundi matin, 11
heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)