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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Champagne): La commission élue
permanente des transports se réunit ce matin au salon bleu pour
étudier la question avec débat du député de
Richmond au ministre des Transports sur le sujet suivant: La construction et
l'entretien du réseau routier en milieu rural.
Messieurs les membres de la commission, afin de bien s'entendre, on va
rappeler les règles du jeu. Le député de Richmond aura 20
minutes pour exposer son point de vue. Dans un deuxième temps, le
ministre des Transports aura 20 minutes pour répondre et ensuite tous
les députés qui voudraient intervenir aussi souvent qu'ils le
veulent, par alternance si c'est possible, peuvent le faire et ils auront 20
minutes. Il y a peut-être une exception pour le député de
Richmond qui pose sa question au départ.
Si vous n'avez pas d'objection, messieurs de la commission, vers 12 h
40, on arrêtera la discussion et on donnera dix minutes au
député de Richmond et, ensuite, le ministre terminera ses dix
minutes pour finir à 13 heures.
Est-ce qu'il y a consentement quant à cette procédure?
M. le ministre, est-ce que cela va pour la procédure?
M. Clair: Oui, M. le Président, je vous fais pleinement
confiance.
Le Président (M. Champagne): Merci. M. le
député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, à ce
moment-ci, j'aimerais obtenir une précision sur l'alternance. Si
certains de mes collègues voulaient intervenir à plus d'une
reprise, auront-ils l'occasion de le faire?
Le Président (M. Champagne): Oui, mais il ne faudrait pas
que chaque intervention prenne plus de 20 minutes.
Exposé du sujet M. Yvon
Vallières
M. Vallières: II n'y a aucun problème. Je veux
d'abord remercier le ministre de se plier à cette procédure que
nous permet le règlement de faire en sorte qu'on puisse, à
l'occasion, discuter en détail de certains programmes
gouvernementaux.
Ce matin, on veut parler de la voirie rurale en particulier, tant au
niveau de la construction que de l'entretien. À voir les budgets, on
serait presque porté à se demander: Quelle construction et quel
entretien du réseau?
Deux de mes collègues, le député de Berthier et le
député de Beauce-Sud, joindront leur voix à la mienne, ce
matin, afin de tenter de convaincre le gouvernement d'attacher une importance
plus grande à un secteur très important de notre économie
au Québec, soit l'amélioration et la conservation du
réseau routier en milieu rural.
Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter avec le gouvernement de la
construction et de la conservation de ce réseau routier rural. Nous
avons plusieurs points à soulever relativement à une situation
qui est étroitement liée à plusieurs
éléments de la vie socio-économique rurale dans notre
province.
J'aimerais, cependant, que l'on utilise le peu de temps à notre
disposition pour parler franchement de la question du réseau routier en
milieu rural pour que le gouvernement démontre un intérêt
réel à cette question, même s'il ne s'agit pas, de toute
évidence, d'une priorité à ses yeux.
Je voudrais également qu'il ne s'en tienne pas à
écouler le temps ou à monologuer pour attribuer le blâme
aux gouvernements antérieurs ou encore au gouvernement
fédéral. Qu'il démontre aux électeurs, même
si nous ne sommes pas dans une année d'élections, qu'il se
préoccupe d'une situation sérieuse en nous exposant clairement ce
qu'il compte faire dans ce dossier.
L'examen de la situation nous révèle quelques grands
points dominants. Regardons d'abord l'affectation des crédits
alloués tant à la construction qu'à la conservation du
réseau routier rural. Le ministre va peut-être se péter les
bretelles tout à l'heure en nous disant que la construction de routes
principales, de routes régionales et d'autres routes s'est vu octroyer,
cette année, 36 200 000 $ de plus que l'an dernier, soit une
augmentation de 15%. J'aimerais simplement rappeler au ministre que les budgets
alloués, cette année, par le gouvernement pour ces trois
éléments sont inférieurs en dollars réels au budget
alloué
pour ces trois mêmes éléments par le gouvernement
libéral en 1976, En effet, en 1976, nous disposions d'une enveloppe de
quelque 303 000 000 $ pour ces trois éléments et, cette
année, nous retrouvons, en 1983-1984, quelque 238 000 000 $ pour ces
trois éléments. Ce même gouvernement, que le gouvernement
actuel se plaît à qualifier de gouvernement d'autoroutes
chromées des années 1970 à 1976, affectait davantage de
crédits à la voirie dite régionale, aux routes principales
et aux autres routes au Québec que le présent gouvernement.
À l'étude des crédits alloués au programme
de la conservation du réseau routier, les données nous
révèlent encore que le gouvernement n'accorde pas une très
grande importance à cet élément. Quoiqu'un plus grand
budget soit alloué aujourd'hui, en 1983-1984, qu'en 1976-1977, je crois
que c'est tout à fait normal, si l'on tient compte de l'augmentation des
coûts de la matière première et de la main-d'oeuvre.
Deux faits se doivent d'être mentionnés quant au budget
alloué à ce programme cette année. Premièrement,
reproduit en dollars constants de 1976, le budget ne représente plus que
251 000 000 $, soit une augmentation annuelle de moins de 2% depuis 1976.
Deuxièmement, il est important de porter à l'attention des
Québécois, principalement ceux des milieux ruraux, que la part
relative du budget global de la province que représente le programme de
conservation du réseau routier est passée de 2,3% en 1976-1977
à 1,8% en 1983-1984. Cela n'est rien parce que les intentions
réelles de ce gouvernement, au niveau du développement du
réseau routier du Québec, sont davantage
révélées par la part relative du budget total que
représente le programme de construction du réseau routier et ce,
sans compter la construction des autoroutes. Cette proportion s'établit
aujourd'hui à 1,1% comparativement à 3% en 1976-1977. C'est
encore plus étonnant, presque plus scandaleux, lorsqu'on inclut la
construction d'autoroutes; pour le moment, je préfère
épargner au ministre cet embarras qui pourrait peut-être l'amener
à rougir, tout en voulant respecter le sujet de notre débat qui
porte sur l'amélioration et la conservation du réseau routier
rural.
Ce sont des faits surprenants à constater lorsqu'on est
habitué d'entendre le gouvernement actuel dire qu'il se préoccupe
beaucoup du réseau routier rural et qu'il entend y mettre un accent
particulier. Les données que je viens de vous révéler
justifient les nombreuses demandes de la part des municipalités du
Québec en milieu rural, particulièrement, et des citoyens en
général, que reçoivent tous les députés,
d'ailleurs, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, afin de remédier à la
détérioration constante du réseau routier.
Le gouvernement libéral avait très bien reconnu
l'importance d'un bon réseau routier. Je regrette aujourd'hui de me voir
forcé de faire l'éducation du gouvernement actuel, mais son
comportement dans cette situation en général et son attitude, en
particulier lors de notre rencontre du 4 juin dernier, m'y obligent. Nous
avions eu, je me rappelle, un autre débat l'année dernière
sur le même sujet, croyant que cette intervention permettrait au ministre
d'exercer possiblement une plus grande influence au sein du Conseil des
ministres et d'obtenir des sommes d'argent supplémentaires pour
l'amélioration du réseau routier rural. Force nous est de
constater, compte tenu des crédits déposés
récemment, que nos municipalités, nos citoyens en milieu rural
devront encore attendre. Il est clair que, sur le plan économique, un
bon réseau routier est essentiel au développement d'une
région rurale. Le ministre va me dire que nos autoroutes
chromées, dans certains cas, ont eu pour effet d'amener des petites
municipalités vers les grands centres plutôt que de contribuer au
développement économique rural.
C'est une situation qui peut être normale lorsqu'il est plus
facile de se rendre à Montréal ou à Québec que de
se déplacer à l'intérieur même de la région.
Un bon réseau routier a pour effet de permettre aux régions
éloignées des grands centres d'attirer des industries et de
contribuer ainsi au développement de ces régions. Un bon
réseau routier est un des facteurs importants que considèrent les
investisseurs avant de s'installer dans une région ou dans un pays. La
preuve en est que la construction d'un bon réseau routier est toujours
un des premiers projets d'un pays en voie de développement. Le ministre
du Commerce extérieur pourrait sans doute confirmer ce que je dis.
L'industrialisation et le développement en général d'une
région dépendent énormément de son
accessibilité et de la qualité de son réseau routier. Sur
le plan touristique, l'exploitation d'une région dépend aussi
énormément de l'accessibilité et, je dirais, de la
praticabilité de ses routes.
Le manque à gagner au plan touristique que doivent supporter
certaines régions, contrairement à d'autres où le
réseau routier est plus adéquat, est énorme et va devoir
être supporté encore longtemps si l'attitude du gouvernement
actuel ne change pas et, je dirais, devant son inaptitude actuelle à
résoudre ce problème.
Enfin, on ne peut trop insister sur l'importance d'un bon réseau
routier au plan de la sécurité routière. Bien sûr,
le ministre nous dira que le nombre d'accidents est à la baisse au
Québec depuis quelques années; cependant, tous savent très
bien que cela n'est pas à cause de la meilleure condition
de notre réseau routier, mais davantage à cause d'un Code
de la route des plus stricts. Le plus fort pourcentage des accidents au
Québec, comme vous le savez, a lieu sur les routes à
caractère régional alors que ces routes n'accueillent qu'une
fraction de la circulation.
Lorsque l'on parle de sécurité routière, on parle
de la vie des Québécois. Si cela n'est pas une priorité
pour le gouvernement et si, d'après lui, la seule façon de
contrer les nombreuses pertes de vie au Québec chaque année est
d'élever les amendes pour les contraventions, on peut facilement croire
que la vraie priorité pour ce gouvernement, c'est bien d'enrichir ses
coffres, d'enrichir le Conseil du trésor et non d'assurer la
sécurité des Québécois et des touristes qui
viennent visiter notre province.
Je voudrais maintenant vous entretenir sur certains points que je
considère comme étant grossièrement négligés
par le ministre. Le ministre, qui se dit consciencieux du développement
du réseau routier en milieu rural, accorde une augmentation cette
année de 6 700 000 $ à la construction du réseau routier,
soit une augmentation de l'ordre de 1,7% par rapport à l'année
dernière sur le plan de la construction. Mais, sur le plan de la
conservation, on assiste à une diminution de 348 500 $ alors qu'il
accorde une augmentation de 21 300 000 $ aux programmes de transports
terrestres dont 20 000 000 $ au transport en commun. Si on demandait aux gens
qui vivent en milieu rural ce qu'ils en pensent...
M. Clair: Je veux seulement comprendre. Est-ce que le
député pourrait reprendre les chiffres qu'il a donnés afin
que je sois en mesure de les retracer?
M. Vallières: Oui. Sur le plan de l'augmentation aux
programmes de transports terrestres...
M. Clair: Un peu avant cela, en ce qui concerne...
M. Vallières: Le programme de conservation des
réseaux routiers, il y avait une diminution cette année, dans les
crédits qui ont été déposés, de 348 500
$.
M. Clair: Pour le total du programme, dites-vous?
M. Vallières: Oui.
M. Clair: D'accord, cela va.
M. Vallières: Si on demandait aux gens en milieu rural ce
qu'ils en pensent, ce serait intéressant de connaître leurs
réactions alors qu'eux doivent vivre avec des promesses
électorales trop souvent oubliées sitôt le pouvoir acquis.
Est-ce que le ministre est récemment allé en région et a
eu l'occasion de s'entretenir, de poser des questions et de fouiller un peu le
point de vue des électeurs? S'il ne l'a pas fait, il devrait le faire,
et le plus tôt possible.
Une autre négligence du ministre que je me dois de mentionner est
l'insuffisance absolue des enveloppes de subventions aux municipalités.
Cette enveloppe, comme vous le savez, diminuera cette année de
près de 2 000 000 $, soit 12,5% de moins que l'an passé. Mes
collègues tantôt feront allusion à ce sujet et vont vous
prouver dans le détail que c'est une grave erreur de diminuer cette
enveloppe budgétaire.
Enfin, plaçons-nous du côté du contribuable
québécois qui vit en milieu rural. Il se rend bien compte du
déséquilibre qu'a créé l'actuel gouvernement qui
privilégie le transport en commun aux dépens des autres secteurs.
Pendant ce temps, le réseau demeure déficient, se délabre,
se détériore. Il faut dire que le ministre a trouvé un
nouvel élément pour se défendre, pour tenter
d'atténuer la négligence dont il a fait preuve en commission
parlementaire cette semaine. Il nous a déclaré que son
ministère disposait maintenant de méthodes scientifiques qui
démontrent que le réseau est en meilleur état qu'en 1972,
1976 ou 1980. Il nous a parlé du coefficient de roulement, mesuré
à l'aide de ce qu'il a appelé un "profilomètre". Il nous a
parlé d'essais de rebondissement sur les routes, avec un appareil de
mesure dont je ne me rappelle pas le nom, mais que le ministre pourra nous
rappeler tout à l'heure, et de la cote de fissuration des routes qui,
elle, était prise, semble-t-il, à l'oeil.
Je suggère au ministre et à ses manieurs d'instruments
d'aller essayer ces appareils sur la route 116, dans le comté de
Richmond, sur la route 249, entre Asbestos et Wotton, sur la route 255, entre
Saint-Georges et Asbestos. Si ces appareils résistent, on pourra
conclure qu'ils peuvent être utilisés sur bien d'autres routes du
Québec.
J'aimerais quand même que le ministre nous donne des
détails sur cette façon que son ministère a de mesurer,
qui l'amène à conclure que le réseau serait dans un
meilleur état au moment où on se parle qu'il y a quatre, cinq,
six, sept ou huit ans. Je pense que c'est une dimension importante. On peut en
rire, mais on peut aussi prendre cela au sérieux et voir si ces
données permettraient au ministre de contredire la position de
l'Opposition et aussi du milieu qui se plaint de la détérioration
du réseau routier rural.
Le meilleur critère d'évaluation de la condition d'une
route, selon moi, ce ne sont pas les appareils qui peuvent le
déterminer, c'est la population qui utilise les routes à
l'année et qui se plaint, avec raison, de
votre négligence, de votre manque de volonté pour corriger
une situation déplorable. Le budget de construction est tellement faible
qu'il ne permet même pas de paver les routes qui ont été
construites il y a deux ou trois ans. Elles ont le temps de se
détériorer avant que vous soyez en mesure de recouvrir les routes
d'asphalte.
J'aimerais illustrer par quelques tableaux la façon dont le
gouvernement manque à ses obligations dans le secteur routier rural, en
particulier au niveau budgétaire. J'ai ici un premier tableau qui va
certainement intéresser le ministre. Il fait état de l'importance
relative du budget alloué . à la construction du réseau
par rapport au budget global de la province. J'ai pris deux années de
comparaison, 1976 et 1977 - lorsque le gouvernement libéral était
au pouvoir - et 1983 et 1984 qui, comme vous le savez, est sous votre
gouverne.
M. Clair: La belle époque.
M. Vallières: Les coûts pour la construction de
routes en 1976 et 1977 étaient de l'ordre de 498 000 000 $ par rapport
à un budget global de 9 700 000 000 $. Ce qui présente une
fraction de 5,1% du budget global de la province en 1976 et 1977. Voyons 1983
et 1984. En 1983 et 1984, pour la même rubrique de la construction du
réseau routier, on remarque environ 400 000 000 $ attribués pour
la construction du réseau, sur un budget global de 24 300 000 000 $, ce
qui représente 1,6% du budget global de la province qui est
alloué en termes de construction de routes au Québec.
Force nous est de constater que le Parti libéral accordait une
beaucoup plus grande importance à la construction du réseau que
le Parti québécois. C'est quand même plus de trois fois en
termes de budget par rapport au budget global de la province. Le ministre nous
dira: Oui, mais vous autres, les libéraux, vous aviez beaucoup d'argent
pour les autoroutes; alors, je me suis dit: Je ferai le calcul et
j'enlèverai le budget que nous consacrions aux autoroutes en 1976 et
1977 pour le comparer encore au budget global. Si j'enlève les
autoroutes du budget de 1976-1977, le Parti libéral consacrait quelque
294 000 000 $, soit une proportion de 3% du budget global de la province,
à la construction de routes dites principales, régionales et
autres routes.
Voyons, sous le Parti québécois: autoroutes non comprises
également, cela nous donne une proportion d'environ 274 000 000 $ qui
serait attribuée aux trois volets que je mentionnais: les routes
régionales, les routes principales et les autres routes, pour une
proportion du budget global de 1,1%; là aussi, c'est éloquent.
Force nous est de constater que le Parti libéral accordait aux routes,
en milieu rural - parce que nous sommes dans les régions, ce ne sont pas
des autoroutes - 3% du budget global de la province, tandis que le Parti
québécois accordait 1,1% du budget global de la province.
J'ai également, pour l'information du ministre, fait un autre
petit calcul au niveau de la conservation du réseau routier. En
1976-1977, 220 000 000 $ y furent affectés sous le Parti libéral,
soit une proportion de 2,3% du budget global. En matière de conservation
du réseau sous le gouvernement du Parti québécois, en
1983-1984, selon les prévisions, 431 600 000 $ y seront affectés,
mais, par rapport au budget global, cela ne représente que 1,8%, soit
une diminution par rapport au budget global de la province de
Québec.
Cela nous fait quand même voir l'ordre d'importance qu'accordent
les gouvernements à la construction et, dans ce cas-ci, à la
conservation du réseau routier. Je pense que ces chiffres parlent
véritablement. On pourra dire n'importe quoi, mais je pense que les
chiffres démontrent très clairement la situation.
Je veux également présenter au ministre, en ce qui
concerne la conservation, les chiffres 1976-1977 et 1983-1984 qui
représentent 431 000 000 $ du budget octroyé par le gouvernement
du Québec à la conservation, mais j'ai voulu voir, une fois
dégraissés - j'enlève le facteur inflation - ce que
représentent les 431 000 000 $ en dollars 1976. Selon l'indice de la
Banque du Canada, les 431 000 000 $ d'aujourd'hui équivalent à
environ 251 000 000 $ en dollars 1976. Pour bien expliquer ce que je veux dire,
avec ce qu'on achetait avec 100 $ en 1976, dans le secteur de la construction,
on l'achète aujourd'hui avec 170 $. Donc, cela coûte plus cher,
c'est évident.
M. Clair: Juste une question, M. le Président. Je vois
d'ici sur le tableau que c'est écrit que c'est corrigé pour
l'inflation.
M. Vallières: Oui, c'est corrigé pour
l'inflation.
M. Clair: On voit donc une augmentation réelle.
M. Vallières: On constate une augmentation réelle
effective, oui. C'est dire au ministre jusqu'à quel point on veut faire
preuve d'objectivité dans le débat. En ce qui concerne la
conservation des chaussées, j'aurai d'autres données à
fournir au ministre qui, elles, contrastent avec celles-ci. (10 h 30)
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Richmond, le temps alloué de 20 minutes est dépassé d'une
minute.
M. Vallières: Je pourrai permettre au ministre
d'excéder son temps, ça ne prendra que deux minutes pour
conclure.
M. Clair: M. le Président, je n'ai aucune objection
à ce que le député termine sa présentation.
M. Vallières: Je termine. C'est peut-être le tableau
le plus intéressant. Dans le budget alloué à la
construction du réseau routier 1976-1977, par rapport à
1983-1984, on constate qu'en 1976-1977, sous le gouvernement libéral,
dans la construction du réseau, on avait tout près de 500 000 000
$. En 1983-1984, sous le gouvernement du Parti québécois, c'est
400 000 000 $ et, une fois ces 400 000 000 $ du facteur inflationniste
dégraissés, c'est 232 000 000 $. Donc, en dollars 1976, c'est une
très nette régression.
Je pense que cela fait voir la différence fondamentale entre un
gouvernement libéral qui mettait l'accent sur la construction du
réseau routier et un gouvernement du Parti québécois qui
lui accorde une importance vraiment minime, dans un premier temps, par rapport
à son budget global et, dans un deuxième temps, par rapport aux
dépenses réelles qu'il affecte à la reconstruction et
à l'amélioration du réseau routier
québécois.
Merci, M. le Président, j'aurai d'autres détails par la
suite.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre responsable,
vous avez la parole.
Réponse du ministre M. Michel Clair
M. Clair: Je suis très heureux qu'à nouveau cette
année, le député de Richmond soulève une question
avec débat sur la voirie rurale. Je pense que ce sujet de la voirie
rurale qui est une préoccupation majeure non seulement du
ministère des Transports, mais également du gouvernement, ne
reçoit pas toujours, dans l'opinion publique, toute l'attention et toute
l'importance qu'il mérite. On parle beaucoup de transport aérien,
de transport en commun, de transport maritime, de transport ferroviaire, mais
rarement, cependant, dans les médias, dans l'opinion publique, on a
l'occasion de faire le point sur un sujet très important, compte tenu de
l'immensité de notre territoire et de l'immensité des besoins,
soit le réseau routier rural et régional.
Dans ce sens-là, loin de moi l'idée de blâmer le
député pour la convocation de cette commission parlementaire, de
cette question avec débat. Au contraire, je pense que cela dénote
chez lui, et la présence de mes collègues ministériels le
dénote aussi, un intérêt marqué pour les travaux
dans le milieu rural et régional en matière de voirie.
Le député s'est surtout servi, au cours de sa
démonstration, de tableaux visant à démontrer que la part
du budget de construction et de conservation du réseau routier avait
diminué au cours des dernières années. Cela est un fait
que, globalement, pris globalement comme pris élément par
élément, le budget de construction - de construction, j'insiste
là-dessus - du réseau routier a effectivement diminué.
Encore faut-il voir pourquoi il a diminué par rapport à
l'ensemble des dépenses gouvernementales.
C'est essentiellement pour deux raisons. D'abord, parce que le
gouvernement du Parti québécois a fait un choix, soit celui de
doter toutes les régions urbaines du Québec, les grandes
régions urbaines du Québec, que ce soit Sherbrooke, Chicoutimi,
Jonquière, la rive sud de Québec, Québec, Montréal,
Laval, la rive sud, et j'en oublie, Trois-Rivières, d'un réseau
de transport en commun digne de ce nom et, en conséquence, il y a eu une
certaine réallocation des budgets de faite vers le transport en commun.
D'autre part, cela est causé aussi par le fait que nous avons
diminué progressivement les budgets alloués à la
construction autoroutière au Québec.
D'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion, comme le député de
Richmond, de faire fabriquer des beaux tableaux bleus, blancs et rouges, mais
j'ai avec moi un certain nombre de tableaux que j'aimerais pouvoir distribuer
afin d'alimenter la discussion avec mon collègue de Richmond et mes
autres collègues. J'ai une série de tableaux sur lesquels, je
pense, si on veut vraiment, dans un esprit non partisan, faire le point sur la
situation du réseau routier régional, on doit se pencher, sans
quoi on pourra s'accuser mutuellement de propager des affirmations sans pouvoir
les vérifier.
Le premier tableau que je distribue à mes collègues, c'est
l'ensemble des travaux régionaux, les travaux de construction
routière, pour chacune des régions du Québec. Nous savons
tous qu'en matière de construction routière, les besoins sont
aujourd'hui du côté des régions précisément,
du côté de la voirie régionale, interrégionale et
rurale. Si on regarde le premier tableau que je viens de distribuer, qu'est-ce
qu'on constate pour l'année 1983-1984? On constate que les
régions qui viennent en tête de liste, en termes d'enveloppe
globale pour les travaux de construction routière dans chacune des
régions, sont, dans l'ordre, les suivantes. D'abord, la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, avec un budget de 34 000 000 $.
Nous savons tous qu'il y a un retard considérable dans le
développement du réseau routier de la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. C'est donc normal que le budget
alloué à cette région soit le plus important. La
deuxième région la plus
importante est la région de Québec, qui n'englobe pas,
cela s'entend, seulement la région immédiate de la capitale, mais
qui s'étend jusqu'à Blanc-Sablon sur la rive nord du
Saint-Laurent. On constate un budget de 30 000 000 $ pour cette région.
Ensuite, les régions de l'Outaouais, de l'Abitibi-Témiscamingue,
de Trois-Rivières sont celles qui reçoivent la part du lion,
alors que des régions comme Sherbrooke, Drummondville, Montréal
et le sud de Montréal, toutes ces régions en
périphérie, au coeur du Québec, reçoivent une part
moins importante des travaux de construction routière puisque,
justement, l'état du réseau routier est meilleur dans ces
régions qu'il ne l'est dans les régions
périphériques du Québec.
Je vous invite maintenant à passer au deuxième tableau. Le
deuxième tableau nous donne un aperçu de l'évolution du
programme de construction et du programme de conservation du réseau
routier depuis 1972-1973 jusqu'à 1983-1984. J'invite d'ailleurs les
journalistes, qui seraient intéressés par ce sujet, à
prendre connaissance de ce tableau qui est très intéressant.
Qu'est-ce qu'il nous apprend, ce tableau? Il nous apprend d'abord qu'en termes
d'enveloppe globale, comme le député l'a démontré
tantôt, corrigée pour tenir compte de l'inflation, effectivement,
le budget global de construction routière a diminué en dollars
constants.
Deuxième chose constatée, par ailleurs, c'est qu'en
matière de conservation du réseau routier, sur le plan du budget
global, comme le député l'a lui-même démontré
tantôt - et je le remercie pour son honnêteté - il y a eu
une augmentation substantielle, corrigée pour tenir compte de
l'inflation, du budget alloué à la conservation du réseau
routier. Donc, deux grandes constatations au départ: une augmentation
moins rapide du budget de construction routière et, cependant, une
augmentation réelle, substantielle du programme de conservation du
réseau routier.
Regardons maintenant, à l'intérieur du budget de
construction du réseau routier, les années de gouvernement
libéral, les trois dernières années qui ont
précédé le nôtre, de 1972-1973 à 1975-1976.
Qu'est-ce qu'on constate? On constate que, pour l'année 1972-1973, avec
un budget global de 393 000 000 $, 198 000 000 $ allaient à la
construction d'autoroutes, soit plus de 50% du budget global alloué
à la construction routière. Pour la voirie locale, la voirie
rurale dont on parle ce matin, une maigre tranche de 48 000 000 $ était
allouée sur un budget de 393 000 000 $. C'est donc dire que le parent
pauvre de ces budgets de construction routière, c'était, de toute
évidence, la construction d'autres routes; pour la construction de
routes régionales, c'était encore pire, une petite enveloppe de
39 000 000 $.
Donc, en résumé, plus de 50% du budget de construction
routière, en 1972-1973, est allé à la construction
d'autoroutes. Si on regarde l'année 1973-1974, encore la même
chose, 216 000 000 $ sur 431 000 000 $, soit un peu plus de 50%. En 1974-1975,
264 000 000 $ pour la construction d'autoroutes, un petit montant de 78 000 000
$ pour la construction de la voirie rurale, sur un budget total de 501 000 000
$. Encore plus de 50% qui va à la construction d'autoroutes. 1975-1976,
même chose. C'est encore pire. 269 000 000 $ pour la construction
d'autoroutes sur un budget de voirie rurale de 93 000 000 $. Ce n'est
qu'à compter de 1976-1977 qu'on commence à voir un redressement
dans les crédits alloués à la construction de routes
autres que des autoroutes, une diminution progressive de l'enveloppe
allouée à la construction d'autoroutes pour augmenter
proportionnellement la part de la construction d'autres routes par rapport au
réseau autoroutier.
Quand on regarde les années du Parti québécois...
Ces chiffres sont tirés des livres du ministère des Transports,
ce n'est pas de la frime, c'est la réalité. Encore une fois,
c'est vrai que le budget global a diminué. Regardons maintenant
l'allocation des ressources financières en 1983-1984 sur un budget de
400 000 000 $. Cela se compare assez à 393 000 000 $ pour 1972-1973.
Qu'est-ce qu'on remarque, M. le Président? On constate qu'à la
construction d'autres routes, la vraie voirie rurale, le budget a
doublé. Qu'est-ce qu'on constate en construction de routes
régionales? Une augmentation d'à peu près 75%. La
construction de routes principales, un niveau comparable.
Légèrement plus élevée en 1983-1984 qu'en
1972-1973, dix ans plus tôt. Qu'est-ce qu'on constate? C'est que la
construction autoroutière, pour sa part, a considérablement
diminué. C'est donc dire que les décisions que le ministre des
Transports a prises depuis 1976-1977 et que j'ai tenté d'accentuer
depuis mon entrée en fonction, cela a donné comme résultat
une augmentation substantielle des crédits alloués à la
voirie rurale, à la voirie régionale par rapport à
l'ensemble des crédits de construction et une diminution substantielle,
cependant, je le reconnais, de la construction autoroutière.
Sur le plan, maintenant, de la conservation du réseau routier.
Qu'est-ce que le tableau que nous avons devant nous nous apprend? Il nous
apprend d'abord, comme je le disais tantôt, que, globalement, il y a eu
un effort de rattrapage sur le plan des budgets de la conservation du
réseau routier, mais on constate qu'à certains
éléments, les augmentations ont été tout à
fait spectaculaires. Si on regarde, par exemple, la
conservation des chaussées et des éléments de
confort, nous sommes passés, en 1972-1973, d'un budget de 39 000 000 $
à un budget qui atteint maintenant 156 000 000 $ en 1983-1984. Si on
regarde la conservation des structures, un budget de 5 800 000 $ en 1972-1973
qui passe à 24 000 000 $ en 1983-1984.
M. le Président, j'ai un autre tableau à distribuer
à mes collègues, qui est encore probablement plus
éloquent. Il porte justement sur certaines dépenses du Service de
la conservation des chaussées. Je vais le distribuer à mes
collègues. Qu'est-ce qu'on constate en prenant connaissance de ce
dossier? Le député de Richmond me disait tantôt que le
ministre pourrait rougir. Vous allez voir que ce ne sont pas des paroles en
l'air. Ce sont des chiffres qui paraissent dans les livres du ministère
des Transports, qui vont gêner abondamment le député de
Richmond. On a devant nous, donc, un tableau qui provient de la Direction de
l'entretien, du Service de la conservation des chaussées. Regardons un
certain nombre de mesures essentielles à la conservation des
chaussées. (10 h 45)
Les couches d'usure sont passées de 9 261 000 $ en 1972-1973
à 36 000 000 $ en 1983-1984 et, qui plus est, cela n'est pas la faute
des libéraux ou des péquistes. C'est grâce à
l'effort des techniciens du ministère des Transports avec les
éléments sophistiqués qu'on utilise aujourd'hui et, depuis
1972-1973, au ministère des Transports, pour tenir compte des besoins
les plus urgents de couches d'usure, on est en mesure d'augmenter
l'efficacité des couches d'usure qu'on met sur le réseau routier
régional. Ce qu'on remarque, c'est une augmentation substantielle du
budget des couches d'usure sur une période de dix ans, mais
également une plus grande efficacité de ces couches d'usure parce
que faites, si vous voulez, à la suite de l'utilisation de mesures
scientifiques sur lesquelles je reviendrai tantôt.
Mais il y en a des plus drôles que cela, M. le Président,
le rapiéçage manuel. Est-ce que le député de
Richmond lit la même chose que moi? En 1972-1973, pour le
rapiéçage manuel d'enrobés bitumineux, 849 000 $. Pis
encore l'année suivante, cela baisse à 781 000 $, l'année
suivante: 1 206 000 $. Que remarque-t-on? C'est que, en 1983-1984, nous
dépensons 9 900 000 $. Le député pourra me dire que,
l'année passée on a dépensé 9 035 000 $ que, cette
année, on dépense 9 900 000 $, donc, que ce n'est pas beaucoup
plus que l'an passé. Il corrigera pour l'inflation, il fera tout ce
qu'il voudra, mais rien n'empêche que, par rapport à 1972-1973,
nous dépensons plus de dix fois plus d'argent dans le
rapiéçage manuel d'enrobés bitumineux. Je ne les passerai
pas tous un par un, parce qu'on pourrait parler du rapiéçage
mécanisé qui est passé de 5 900 000 $ à 20 400 000
$.
Le député, tantôt, reconnaissait que, sur le plan de
la conservation du réseau routier, en tenant compte de l'inflation, on
avait augmenté les budgets. Cela se traduit comment? Cela se traduit
comme ceci: la négligence, elle avait lieu sous les années
1972-1973 à 1976-1977. C'est un fait indéniable, quand on prend
les tableaux que j'ai distribués tantôt quant à
l'allocation du budget de construction routière et qu'on regarde le
budget de conservation du réseau routier d'aujourd'hui, en 1983-1984, on
fait la preuve noir sur blanc que pendant les années du régime
précédent - ce n'est pas un blâme, c'est un fait - on a
consacré la plus importante partie du budget à la construction
d'autoroutes, plus de 50% en moyenne par année, qu'on a corrigé
cette tendance maintenant, malgré des budgets de construction plus
petits, et qu'on a augmenté jusqu'à dix fois l'effort
consacré en 1973 à certains éléments de
conservation du réseau routier.
M. le Président, quant à cette conservation du
réseau routier, j'ai eu l'occasion de faire référence,
cette semaine, au moment de l'étude des crédits du
ministère, à toute la question de l'état du réseau
routier régional au Québec et des instruments utilisés par
le ministère des Transports pour mesurer l'état de la
chaussée et, pour choisir les interventions les plus prioritaires sur le
réseau routier. Vous allez voir que c'est révélateur. Si
jamais le député de Richmond avait des questions plus techniques
à poser sur le guide de gestion routière, sur les instruments de
mesures utilisés, j'ai fait venir avec moi, ce matin, un
spécialiste de la question, M. Tessier, du ministère des
Transports; ce dernier pourrait répondre à ces questions.
Je vais simplement procéder rapidement à la lecture du
document que je viens de distribuer et on va le lire ensemble. Le
ministère des Transports du Québec surveille étroitement
l'évolution de la qualité structurale du réseau routier du
Québec. Une double surveillance s'exerce sur le réseau
numéroté, d'une part, ou par le relevé périodique
des mesures techniques scientifiquement établies couvrant les
indicateurs les plus significatifs de la qualité structurale et, d'autre
part, par des relevés visuels effectués par des patrouilleurs de
nos unités administratives de district. Sur le réseau local, les
relevés sont majoritairement visuels. Par ce système
élaboré de surveillance, le ministère est en mesure de
garantir que tout besoin urgent sera connu et corrigé dans les meilleurs
délais. Quant aux besoins à court et à moyen termes
identifiés au moyen de relevés techniques, ils servent à
établir et à rajuster, si nécessaire, des politiques et
des programmes de conservation
et de réhabilitation structurale des routes.
Sur le plan de l'évolution du réseau routier, à
partir des mesures relevées périodiquement sur le réseau
numéroté - cela concerne le réseau numéroté
- le tableau ci-joint donne un aperçu global, pas route par route, de
l'évolution des principales composantes de la qualité structurale
des routes entre 1972 et 1980. Le confort, les coûts de fonctionnement,
carburant et entretien de véhicules, et à des degrés
moindres, la vitesse de croisière et la sécurité des
automobilistes dépendent de la qualité de roulement
exprimée ici par le coefficient de roulement qui varie entre 100,
c'est-à-dire très bonne qualité de roulement, et
zéro, c'est-à-dire très mauvaise qualité de
roulement.
À noter qu'entre 1972 et 1980 - cela paraît au tableau qui
est en annexe - nous avons constaté un net accroissement dans la valeur
moyenne du coefficient de roulement pour chaque type de route du réseau
numéroté au Québec. Deuxièmement, la
capacité portante d'une chaussée est mesurée sur la base
de sa déflexion au moyen de l'essai Benkelman. Une faible
déflexion indique que la structure de la route se porte bien. Entre 1972
et 1980, nous avons constaté une amélioration de la
capacité portante sur le réseau numéroté. Durant la
même période, les améliorations globales ont
été réalisées également au niveau de la
fissuration et du rapiéçage. 3e comprends, on y consacrait 800
000 $ par année. Toutefois - encore là, avec la même
honnêteté que celle que le député a eue tantôt
- quant à l'état du drainage, les statistiques indiquent qu'il y
aurait lieu d'intensifier nos efforts en vue de le maintenir à son
niveau de qualité antérieur.
Là-dessus, avec des instruments scientifiques comme ceux qu'on a
utilisés et qui apparaissent au tableau que j'ai distribué, on
note finalement une cohérence indéniable dans les interventions
du ministère des Transports depuis 1976-1977, un réalignement
réel des priorités. Il y a eu une diminution de l'effort global
de construction routière -c'est exact - mais une réorientation
des budgets, qui allaient jusqu'à plus de 50%, près de 60%
certaines années, à la construction d'autoroutes, pour les
affecter davantage à la construction d'autres routes, notamment à
la construction de la voirie rurale. Il y a eu, enfin, une augmentation de
l'intervention du ministère en matière de conservation du
réseau routier. Ce n'est pas surprenant que les instruments de mesure
scientifique qu'on utilise nous apprennent que le réseau routier
numéroté dans son ensemble s'est amélioré.
Est-ce que mon temps s'achève?
Le Président (M. Champagne): II reste trois minutes.
M. Clair: D'autre part, au chapitre de l'amélioration du
réseau des routes locales, j'aimerais souligner la mise en application,
dès le présent exercice, d'une nouvelle politique. En vue d'une
meilleure gestion des crédits, le ministère a, en effet,
révisé son cadre de planification et ses normes de construction.
Ainsi, en réponse à un souhait maintes fois exprimé, tant
par les députés du gouvernement que ceux de l'Opposition, un
nouveau programme d'action est amorcé visant les chemins à faible
circulation.
Des travaux de réfection suivant des standards minimaux,
c'est-à-dire exécutés à l'intérieur des
emprises existantes, permettront une meilleure utilisation des crédits
disponibles, tout en augmentant le nombre d'interventions sur le réseau
des chemins municipaux. Je pense que c'est de nature à intéresser
en particulier des députés comme le député de
Beauce-Sud, que je vois devant moi. Les crédits affectés à
ce nouveau programme s'élèvent cette année à plus
de 9 600 000 $. Le coût des travaux est en moyenne de 60 000 $ le
kilomètre, comparativement à plus de 150 000 $ pour ceux
impliquant des standards plus élevés. On estime donc à
plus de 160 kilomètres la longueur de route qui fera ainsi l'objet de
réfection ou d'amélioration cette année à
l'intérieur de ce programme, soit deux fois et demie plus que par le
passé.
Compte tenu des besoins exprimés, c'est donc l'intention du
ministère de poursuivre et même d'augmenter les ressources
affectées à ce programme au cours des prochains exercices
financiers. Il s'agit non seulement d'améliorer l'efficacité du
programme de construction routière en augmentant le nombre
d'interventions malgré des ressources constantes, mais aussi de
répondre aux attentes de la population des régions
périphériques en leur offrant plus rapidement une
amélioration substantielle de la qualité de services de leur
réseau routier.
Je voudrais également souligner que le ministère, dans un
souci constant d'efficacité et d'économie des deniers publics,
demeure à l'affût des développements technologiques visant
à favoriser l'utilisation de méthodes plus économiques
d'entretien et de construction de routes. C'est ainsi que nous sommes à
expérimenter des techniques nouvelles, telles que le recyclage des vieux
pavages, les traitements de surface, les stabilisations au calcium liquide,
etc.
Enfin, j'aimerais dissiper, encore une fois, certaines
appréhensions qu'ont pu véhiculer certains milieux, voulant que
la qualité du réseau routier québécois se
détériore de façon inquiétante. La
réalité est tout autre. Il y a effectivement un rattrapage
à effectuer, depuis les années 1972-1973, dans
l'amélioration du réseau routier local et régional, mais
les méthodes modernes d'évaluation scientifique de
l'état
des chaussées utilisées par le ministère des
Transports depuis près de quinze ans nous indiquent que nous ne sommes
plus dans un état de détérioration, mais, au contraire,
dans une période d'amélioration, sans nier, encore une fois,
l'importance des besoins qui existent et du retard accumulé dans ce
domaine. Voilà les premières remarques préliminaires que
je voulais faire lors de cette question avec débat.
Le Président (M. Champagne): Merci, M. le ministre.
Maintenant, la parole est au député de Berthier.
Argumentation M. Albert Houde
M. Houde: D'abord, permettez-moi aujourd'hui de saisir l'occasion
qui m'est offerte pour sensibiliser le ministre et son gouvernement aux besoins
réels de mon comté au sujet du réseau routier. Si vous me
le permettez, au tout début, j'aimerais souligner ce matin que, dans la
tribune de l'Assemblée nationale, une de mes municipalités,
Berthierville, est représentée par son conseil au complet ainsi
que son directeur. Bonjour, cela me fait plaisir.
M. le Président, d'abord, je voudrais faire quelques remarques
à la suite de l'étude des crédits qui s'est faite cette
semaine en commission. D'abord, le ministre nous disait qu'il y avait 9%
d'augmentation pour l'outillage de la voirie. Je ne comprends pas bien les 9%
d'augmentation dans l'outillage, lorsque l'on voit sur la route moins de
véhicules de la voirie et moins de véhicules dans les garages. Je
vous dis cela après consultation auprès des personnes qui sont
à l'emploi du ministère des Transports. En même temps, il y
a une diminution pour le réseau routier. Je m'explique mal cela;
peut-être que le ministre pourrait nous répondre en donnant des
précisions tantôt. À moins que son budget de l'an
passé n'ait été passablement plus bas ou qu'il n'en avait
pas du tout et que, cette année, il injecte 9%, peut-être.
Je voudrais aussi attirer l'attention du ministre sur les péages.
Cette semaine, d'abord, encore à l'étude des crédits,
j'entendais le député de Deux-Montagnes, mercredi dernier, dire
que les usagers devaient payer. On voit comment ce gouvernement a deux poids,
deux mesures, lorsque l'on voit le ministre Parizeau imposer une taxe sur
l'essence. Je n'ai pas besoin d'expliquer davantage; je pense que tout le monde
le sait.
Je ne vois pas pourquoi nous paierions pour aller à
Montréal, partant de Berthierville et des environs, trois fois 0,50 $,
et au retour, encore trois fois 0,50 $ chaque fois. Lorsqu'une personne part
de
Montréal pour monter à Québec, passant par la rive
sud, elle n'a rien à payer. Peut-être que le ministre me dira:
C'est une route transcanadienne. Tant mieux si c'est une route transcanadienne
parce qu'une bonne partie est défrayée par le gouvernement
fédéral.
M. Clair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Clair: Très sommairement, je n'ai aucune objection
à discuter du péage autoroutier; j'ai eu l'occasion de le faire
en commission parlementaire, mais je pense que le député de
Richmond a voulu situer le débat dans une perspective de la voirie
régionale, de la voirie rurale. Le temps que je prendrai pour discuter
avec le député de Berthier de toute la question des autoroutes
à péage et des autoroutes en général, c'est autant
de moins de temps qu'on aura pour discuter de ce que le député de
Richmond indiquait comme étant sa priorité, la voirie rurale.
Ayant respecté le cadre de la discussion qu'il avait fixé, je
pensais pouvoir en attendre autant des députés de l'Opposition.
Encore une fois, cela ne me fait rien. Si on veut discuter d'autre chose, on
peut en discuter, sauf que la commission n'a pas été
convoquée pour cela. Mais je peux répondre et cela fera moins de
temps à consacrer à la discussion de la voirie rurale. Cela
démontre peut-être quelle est l'importance réelle
qu'attribue le député de Berthier à cette question. Les
autoroutes à péage et autres autoroutes, c'est une chose; la
voirie rurale et régionale, c'en est une autre. (11 heures)
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Berthier, pour la pertinence du débat, le sujet pour lequel on a
été convoqués ce matin concerne la construction et
l'entretien du réseau routier en milieu rural. Je pense qu'on aurait
avantage à circonscrire le débat à ce sujet-là.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je voulais seulement
attirer l'attention du ministre pour lui dire ce que cela coûte en frais
de transport pour les usagers du comté de Berthier. Je pense que cela
est important. D'ailleurs, j'avais fini en ce qui concerne le péage. Le
ministre aurait pu me laisser terminer, il ne me restait qu'une phrase.
En ce qui concerne l'usure des routes numérotées, mon
collègue de Richmond en a fait mention un peu tantôt. J'entendais
un de vos fonctionnaires et vous-même nous dire que, d'après un
appareil scientifique - le fonctionnaire en question est encore ici, il pourra
répondre tantôt s'il le veut - l'état des routes
s'était amélioré avec le
gouvernement actuel. D'abord, en 1976, la voirie régionale
était à .52, comme il l'a mentionné, et, en 1980, elle
était à .59, ce qui veut dire qu'elle s'était
améliorée. J'ai du mal à comprendre, mais en tout cas! En
ce qui concerne les grandes artères, c'était à .56 et, en
1980, à .63. Je peux y aller là-dessus, il n'y a pas de
problème? Bon, je pensais que vous vouliez m'interrompre.
Lorsque je discutais avec des personnes responsables du ministère
des Transports, on me disait qu'on faisait des études chaque
année pour connaître le degré des routes et, par la
même occasion, on me disait qu'on n'était même pas capable
de le maintenir au niveau zéro. Je n'emploie pas les termes que vos
fonctionnaires ont employés la semaine dernière, avec des mots
longs comme cela, mais essayez de me comprendre. On me disait qu'on
n'était même pas capable de le maintenir à zéro
qu'il se dégradait plutôt. J'ai du mal à comprendre. Ou
bien c'est à partir de 1980 à 1983 qu'il se
désagrège, et avant il avait peut-être augmenté. Si
c'est cela, vous me le direz tantôt. Ou encore les machines
étaient peut-être employées pour faire des tests sur les
routes neuves que le gouvernement avait faites. Je voudrais faire remarquer au
ministre qu'il n'y a pas eu tellement de routes neuves de 1976 à 1983.
Une chance qu'on avait un gouvernement libéral
précédemment qui a fait des routes, parce que, s'il n'avait pas
fait les routes que nous avons actuellement, on aurait peut-être de la
difficulté à sortir des grandes artères.
Le ministre des Transports disait cette semaine, lors de l'étude
des crédits, que cela allait bien dans le transport en commun et que les
citoyens étaient assez satisfaits. Je lui dirai que ce n'est pas exact.
Je vais lui donner quelques exemples. D'abord, est-il au courant que dans mon
comté, dans ma région, une lettre a été
adressée au ministre Léonard - vous me direz que ce sont les
Affaires municipales, mais cela touche les municipalités et quand les
municipalités paient, c'est tout le monde qui paie des taxes en fin de
compte - en date du 26 avril 1983, qui disait: "Je vous fais parvenir une copie
de la résolution que j'ai reçue de la municipalité
régionale de comté d'Autray appuyant les municipalités de
la paroisse Sainte-Geneviève-de-Berthier, la ville de Berthierville,
Saint-Joseph-de-Lanoraie, Lano-raie-d'Autray, Saint-Antoine-de-Lavaltrie et le
village de Lavaltrie, aux fins de ne pas contribuer au déficit de la
CTCUM. M. le ministre, acceptez mes sincères salutations."
Voyant les déficits qui devaient être assumés par
les municipalités concernées, je me demande combien elles auront
à payer, parce que le ministre des Transports, lors de l'étude
d'un projet de loi en commission parlementaire, en 1982, devait rendre une
décision pour le 1er janvier 1983 pour dire aux municipalités
combien elles paieraient ou si elles devaient payer le déficit à
partir de 1983, et nous n'avons pas eu de réponse encore.
Concernant les MRC comme telles, je laisse cela à mon
collègue de Richmond. Il vous en reparlera tantôt parce qu'on
pourrait en dire long sur les MRC.
On parle de municipalités affectées encore par les
décisions gouvernementales qui ont été prises en
1979-1980. Dans mon comté, particulièrement à
Berthierville, le premier ministre, accompagné de quelques
députés, en réponse à une question qui lui avait
été posée, à savoir quand il entendait augmenter la
taxe de vente de 1% pour la remettre aux municipalités, cette taxe
passant de 2% à 3%, s'est empressé de répondre: Ce ne sera
pas long; on va l'augmenter à 3%. Six mois après, elle n'a pas
été augmentée à 3%; elle est disparue
complètement.
Tout ceci pour vous dire que, plus cela va, moins les
municipalités ont d'argent pour administrer. L'on voit, à
certains moments, remettre des routes à des municipalités
rurales, pas à des villes, et dire: À partir de maintenant, vous
aurez tant de chemins à entretenir à vos frais, pour l'entretien
des chemins d'hiver, tant de kilomètres à entretenir à vos
frais. Pourtant, on ne donne pas plus d'argent à ces
municipalités pour qu'elles puissent les entretenir. C'est encore elles
qui vont payer. Quand elles paient, elles se retournent vers les contribuables
et leur disent: Vous allez payer la note. Vous savez que certaines
municipalités ont déjà leur voyage. Je pense que ce n'est
pas encourageant, pour les prochaines années, quand on entend ce que
déclare le ministre Léonard. Ce n'est pas encourageant. En tout
cas, passons.
Je voudrais sensibiliser le ministre en ce qui concerne les budgets pour
des routes dans un comté rural comme celui que je représente.
D'abord, on a su que le budget était diminué. Je ne sais pas
quelle sera notre enveloppe. On le saura plus tard. J'ai reçu des
résolutions venant des municipalités demandant plus d'argent
parce que cela coûte plus cher qu'avant. Entre autres, j'ai un paquet de
résolutions, pas de toutes les municipalités de mon comté
parce qu'elles ne m'en ont pas toutes envoyées à ce jour, mais
d'une bonne partie des municipalités. Elles demandent de l'argent. Elles
demandent qu'on leur vienne en aide. Ces résolutions sont
envoyées au ministre des Transports et, ensuite, les
municipalités viennent voir les députés pour essayer
d'avoir une partie de cet argent pour les aider. On n'a pas des centaines de
milliers de dollars comme auparavant, à l'époque où le
gouvernement précédent donnait aux comtés 300 000 $, 400
000 $ et 500 000 $ pour les routes. Aujourd'hui, c'est bien moins que cela. On
a environ 20% à 25% de ce qu'il y avait
avant, peut-être 30%.
M. Clair: Juste pour préciser, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le ministre.
M. Clair: Est-ce que le député voudrait
répéter parce que j'essaie de prendre des notes?
M. Houde: Je vais le répéter, parce qu'il
était occupé à parler avec un fonctionnaire. Auparavant,
à l'époque du Parti libéral, ou sous les gouvernements
précédents, comme l'Union Nationale, il y avait des enveloppes
beaucoup plus importantes qu'aujourd'hui. Il y avait 300 000 $, 400 000 $ et
500 000 $ par comté d'alloués au député pour qu'il
puisse aider les municipalités qui en avaient besoin. Le
député qui est sur place, c'est beaucoup mieux qu'un
fonctionnaire qui est à Québec. Je n'ai rien contre les
fonctionnaires. On les rencontre de temps en temps et on parle avec eux. Mais
quand on est dans le champ, c'est beaucoup mieux. Aujourd'hui, nous avons
beaucoup moins d'argent. Lorsque les municipalités adoptent une
résolution à leur conseil pour demander de l'argent pour leur
venir en aide, elles m'en font parvenir une copie. Deuxièmement, elles
viennent me voir et essaient d'avoir une partie de mon petit budget pour les
aider.
Je voudrais attirer l'attention du ministre, entre autres, sur une ville
en particulier. J'ai une copie d'une résolution adoptée le 14
mars 1983 et je voudrais qu'il écoute bien pour comprendre pourquoi
j'insiste là-dessus, pour commencer. Cela concerne Berthierville. La
municipalité a d'abord demandé qu'on répare une rue
transversale qui, auparavant, appartenait à la voirie comme route
numérotée, qui a été utilisée pour tout le
transport qui se faisait entre Montréal et Québec et qui n'a
jamais été réparée. Aujourd'hui, la route passe
à l'extérieur de la ville. Elle est beaucoup moins
achalandée, mais la route est détériorée au
maximum. Je dirais même qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui
empruntent cette route parce qu'elle est trop vilaine.
M. Clair: Quel est le numéro de la route? Est-ce la route
138?
M. Houde: La route 138. M. Clair: La route 138.
M. Houde: Je vais vous lire quelques notes. "Que cet état
de chose est dû, en très grande partie, au fait que la rue
Montcalm était autrefois la route nationale entre Québec et
Montréal." Vous voyez, je vous le dis; je ne l'ai pas inventé,
c'était dans la résolution. On parle "d'un estimé au
montant de 250 000 $." Proposée par le conseiller André
Descheneaux et résolue à l'unanimité, la demande stipule
que la ville de Berthierville prie le gouvernement du Québec de lui
accorder des subventions proportionnelles au coût des travaux à
effectuer, que copie de la présente résolution soit
adressée à l'honorable Jacques Léonard, ministre des
Affaires municipales du Québec, et à l'honorable Michel Clair,
ministre des Transports du Québec." Bien entendu, une copie
m'était aussi adressée.
M. Clair: Quand?
M. Houde: Cela ne fait pas longtemps, le 14 mars 1983. On parle
de cette rue, dans Berthierville, mais il y a en a beaucoup d'autres. D'abord,
c'est une ville d'au moins 350 ans. Du fait qu'elle ait servi à bien des
usagers, il n'y a pas que la rue Montcalm qui s'est
détériorée, il y en a d'autres aussi. J'ai donc
reçu d'autres résolutions aussi, en date du 14 mars, le
lendemain, pour encore demander des montants d'argent. Ils disent bien: La
subvention du député, on en est content, on en est satisfait,
mais cela ne suffit pas pour répondre aux besoins des citoyen de
Berthierville.
Je vais vous mentionner une autre requête, celle de
l'Île-Dupas, datée du 5 avril, demandant de l'argent pour la
restauration d'une route principale qui passe devant l'église, qui n'a
pas été touchée depuis nombre d'années. C'est une
toute petite municipalité qui n'a pas les moyens de taxer les
contribuables d'un montant de 40 000 $ ou 50 000 $ pour un demi-mille de route;
elle demande de l'aide au gouvernement.
Je vous parle d'un autre cas, celui de l'île
Saint-Ignace-de-Loyola. Encore un autre: la corporation de la paroisse
Saint-Joseph-de-Lavaltrie. Combien me reste-t-il de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Rancourt): II vous reste à peu
près quatre minutes, M. le député.
M. Houde: Quatre minutes. J'ai vingt demandes à vous
transmettre, M. le ministre. D'ailleurs, elles sont parvenues à votre
bureau, je pense. Si elles ne le sont pas, cela s'en vient.
Il y a la municipalité de Lavaltrie village, la
municipalité de Saint-Barthélémy. À
Saint-Barthélémy, on a fait l'autoroute 40 et plusieurs demandes
ont été faites au ministère des Transports pour relever la
route du rang du fleuve parce que, tous les printemps - j'y suis passé
encore jeudi dernier - on passe dans l'eau, pour se rendre
au rang du fleuve. Il y a environ 100 ou 150 résidences et il y a
des printemps où on doit circuler en chaloupe pour pouvoir aller
à Saint-Barthélémy, à Montréal ou à
Berthier. J'aimerais bien qu'on donne enfin suite à cette demande.
Sainte-Béatrix a demandé 90 000 $ cette année pour
répondre aux besoins de réparation du réseau routier.
Sainte-Béatrix a environ 35 à 40 milles de chemin en gravier. Une
autre municipalité aussi importante qui a encore des chemins en gravier,
Saint-Cuthbert. Même chose. Saint-Félix-de-Valois, ma paroisse, je
ne l'oublie pas. Saint-Charles-de-Mandeville compte encore beaucoup de routes
en gravier. Saint-Michel-des-Saints et aussi Saint-Zénon. Il faut tenir
compte des municipalités qui ont encore beaucoup de chemins en gravier
où il circule beaucoup de touristes. Une bonne partie de mon
comté, la moitié, étant touristique, quand les routes sont
belles, les gens viennent nous voir. Quand les routes ne sont pas passables,
les gens vont ailleurs.
Je pense que le ministre est au courant de l'effort que j'ai fait l'an
passé quant à la route de la municipalité de
Saint-Côme reliant Notre-Dame-de-la-Merci. Il n'y avait pas de route
carrossable à l'année pour traverser dans le comté voisin,
le comté de Rousseau. De mon petit budget de l'an passé, j'ai
prévu 40 000 $ pour l'année dernière, 20 000 $ cette
année et 20 000 $ l'an prochain. J'ai fait un effort avec mon budget,
vous le savez. J'ai fait un gros effort pour relier les deux comtés afin
que les gens qui vont vers le nord, vers Saint-Donat, puissent passer de notre
côté et ainsi visiter notre beau comté de Berthier et, vice
versa, partant de Berthier et allant de l'autre côté. Si le
ministre veut tenir compte des efforts que j'ai faits l'an passé, il
prendra tout cela en considération afin d'augmenter les sommes et de
permettre ainsi d'en faire un peu plus pour le comté de Berthier.
Je vois que mon temps avance, M. le Président. Il me reste une
minute. Je demanderais d'abord au gouvernement de reconnaître qu'il y a
un grave déséquilibre entre les différents comtés
de la province -ce sont, malheureusement, les régions comme la mienne
qui en souffrent, étant donné que c'est moitié touristique
- et de nous aider afin que nous puissions répondre au moins à
une partie des attentes de nos municipalités. Car je suis très
près de mes municipalités. Je ne les ai pas toutes nommées
parce que le temps m'a manqué. Saint-Gabriel-de-Brandon encore; cela
prendrait de l'argent pour la ville de Saint-Gabriel. J'aimerais que le
ministre tienne compte de toutes ces remarques pour qu'on puisse maintenir le
niveau de nos routes à zéro, toujours. Je ne demande pas
tellement plus haut, mais au moins les maintenir à zéro. M. le
Président, je vous remercie du temps qui m'a été
alloué pour faire valoir les besoins de mon comté. Merci.
Le Président (M. Champagne): Merci, M. le
député de Berthier. Maintenant, la parole est au ministre des
Transports.
M. Michel Clair
M. Clair: Comme le député de Berthier a
touché plusieurs points, j'aimerais procéder assez rapidement,
quitte à ce qu'on puisse revenir sur d'autres points plus en profondeur,
s'il le désire. En ce qui concerne l'augmentation de 9% du budget de
l'équipement au ministère des Transports, en fait, ce budget
correspond aux besoins de renouvellement des équipements au
ministère, que ce soit en termes de grattes, en termes de petits
camions, d'instrumentation de toutes sortes. Le matériel doit être
renouvelé, disons, à un certain rythme et il nous est apparu,
cette année, que le renouvellement... On pourrait passer une
année complète sans renouveler aucun équipement, mais
à ce moment ce serait un geste irresponsable puisqu'on augmenterait les
coûts d'entretien de l'équipement existant quand il est usé
et on repousserait dans le temps une facture qui ne cesserait de grossir, et
tout le matériel pourrait devenir inutilisable en même temps.
En ce qui concerne la question des péages, je voudrais simplement
indiquer là-dessus - d'abord, je ne pense pas que ce soit le moment d'en
discuter aujourd'hui - que lorsque les autoroutes à péage ont
été construites, dans toutes les régions où il y en
a, c'était entendu avec la population que ces autoroutes à
péage seraient à péage, justement - La Palice ne dirait
pas mieux -et que les péages serviraient à éteindre la
dette de ces autoroutes. On a constitué un comité avec les
municipalités des Basses-Laurentides, notamment, comité mixte,
députés et maires de cette région, afin d'analyser toute
la situation et j'attends un rapport sur cette question pour l'automne. En ce
qui concerne maintenant le transport en commun, le député de
Berthier profite de la présence des élus de Berthierville pour
s'associer à une demande - à toutes fins utiles, il faut bien le
comprendre - de cessation du service de transport en commun au niveau de
Berthierville s'il n'y a pas une solution trouvée à la situation
actuelle.
Je me suis engagé à faire une proposition dès mon
arrivée au ministère des Transports pour l'ensemble de la
réforme institutionnelle et financière du transport en commun.
Elle a été déposée en juin dernier. Des parties
importantes de cette proposition n'ont pas été acceptées
par les municipalités. Nous avons respecté leur volonté et
nous avons travaillé à préparer d'autres types de
solutions. Dans ce sens, M. le Président, si c'est une noble
justification, un noble motif pour le député de se
préoccuper des coûts pour les municipalités, je pense qu'il
risque de passer pour celui qui veut des autoroutes gratuites, mais aussi
mettre un terme au financement du transport en commun par les
municipalités et le gouvernement et laisser tomber bien des gens,
finalement. Je ne suis pas sûr que c'est la meilleure perspective qu'on
doive entretenir.
En ce qui concerne les municipalités régionales de
comté, j'ai eu l'occasion de le dire et de le répéter,
seules les trois ou quatre municipalités régionales de
comté qui ont demandé au ministère des Transports de
commencer à vivre une expérience pilote en matière de
gestion du réseau routier tertiaire vivront de telles
expériences. Dans ce sens, je trouve que ce n'est pas correct de la part
de certaines - non pas de la part du député de Berthier; il en a
très peu parlé, mais je voulais faire le point là-dessus -
autorités municipales de laisser planer un doute en ce sens que le
ministère des Transports pourrait se départir de sa
responsabilité sur l'entretien des chemins d'hiver et laisser tomber les
municipalités régionales de comté. Il n'en est pas
question. Est-ce clair? Cependant, ce que nous essayons de faire, c'est
répondre à la demande de municipalités régionales
de comté qui souhaitent vivre avec nous des expériences pilotes.
Il y a déjà deux municipalités régionales de
comté qui ont été choisies, Matapédia et
Bécancour. Nous sommes en discussion avec la MRC de Nouvelle et une
autre municipalité régionale de comté.
En ce qui concerne les enveloppes plus importantes que le
député souhaiterait voir allouer aux députés, je
dois lui dire sur ce sujet que, cette année, j'avais travaillé
sur un scénario qui nous aurait permis d'augmenter les enveloppes
budgétaires pour les différents députés de
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas encore possible au moment où
on se parle, du fait qu'il existe une entente qui a été
signée entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada - l'entente sur les axes routiers prioritaires qui a été
signée d'abord en 1972, puis renouvelée en 1978-1979 - qui se
termine le 31 mars 1984. Dans l'esprit de l'époque, justement, une bonne
partie de ces budgets était allouée à la construction de
grandes routes ou d'autoroutes. Nous savons d'ores et déjà que 42
000 000 $ étaient prévus pour le Québec, pour trois
projets: l'autoroute 13, qui n'est plus une priorité dans l'état
actuel des choses, l'autoroute 70, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui demeure un
dossier à mettre de l'avant, mais sur lequel nous ne pourrons pas
dépenser effectivement avant le 31 mars 1984 tous les budgets que nous
avions prévus au moment de la signature de l'entente et, finalement, le
débarcadère de Port-Cartier, pour un budget d'environ 4 000 000 $
qui ne pourront pas être dépensés, non plus. Tout cela
faisait un "pot", si vous acceptez l'expression, de 42 000 000 $. Nous avons
proposé au gouvernement fédéral de réaffecter, de
réallouer ces sommes à des travaux routiers de priorité
nationale présentement, la reconstruction de la route 132 qui ceinture
la Gaspésie, la 117 vers l'Abitibi et la 138 vers la Côte-Nord.
Jusqu'à maintenant, pour la moitié du budget prévu, la
réponse officielle a été négative. En ce qui
concerne l'autre moitié, nous n'avons eu jusqu'à maintenant
aucune réponse.
Notre intention au ministère des Transports, c'était
d'insister - cela l'est toujours, d'ailleurs - auprès du ministre des
Finances pour que, justement, il nous permette d'augmenter tant l'enveloppe de
construction de voirie régionale qu'éventuellement cette
enveloppe-là. Jusqu'à maintenant, c'était pour moi une
façon simple et économique de dépenser de l'argent qu'on
avait déjà prévu dépenser au Québec à
la satisfaction, je pense, du plus grand nombre de députés des
deux côtés de la Chambre. On s'entend sur cela des deux
côtés de la Chambre: la priorité, c'est le réseau
routier local et régional. C'est sur cela qu'on voulait dépenser
de l'argent. Que voulez-vous que je vous dise? C'était le moyen le moins
dispendieux que j'avais trouvé pour le faire et jusqu'à
maintenant j'ai subi un refus. Je ne veux pas faire de la politique
fédérale-provinciale de chicane, mais il n'en demeure pas moins
que c'est un fait. Peut-être qu'encore une fois le gouvernement du
Québec sera obligé d'agir seul. Mais je pense qu'on avait
là une solution possible cette année, à la portée
de la volonté des deux niveaux de gouvernement de s'entendre sur cette
question.
En ce qui concerne l'ensemble des budgets alloués au comté
de Berthier, une chose dont je voudrais assurer le député de
Berthier, c'est que son comté n'est pas un comté oublié
à ce titre de la voirie régionale. Si on regarde le total de
l'argent qui sera dépensé cette année dans le comté
de Berthier, sans tenir compte de son enveloppe de député, nous
prévoyons dépenser 1 726 000 $ dans le comté de Berthier
en nouvelles initiatives et en parachèvements. C'est donc dire que, si
on tient compte qu'il y a 122 comtés au Québec et que les besoins
sont grands partout, son comté se situe dans les vingt premiers environ,
en termes d'importance de l'enveloppe globale. C'est donc dire que la
partisanerie ne joue pas, qu'on tient compte des besoins réels et qu'on
essaie de répartir le plus équitablement possible en fonction des
besoins les enveloppes de construction et de reconstruction de la voirie
régionale.
M. le Président, je ne vous cache pas
que, quand je pense au député de Richmond en particulier,
dont le comté occupe le sixième rang en termes de la plus
importante enveloppe de reconstruction routière, je me demande parfois
pourquoi je m'efforcerais autant d'essayer d'améliorer son sort quand il
ne cesse de me dénigrer. Je ne fais pas de chantage, mais je me dis que
je devrais peut-être plutôt dépenser cet argent dans le
comté de Berthier. Le député de Beauce-Sud, de son
côté, est un député qui suit ses dossiers de
très près en matière de voirie locale et de voirie
régionale; il est en train de mener une opération très
utile avec ses municipalités régionales de comté et ses
municipalités. Peut-être que je devrais dépenser ces
montants dans son comté - je l'ignore - ou dans celui de Bellechasse, de
Gaspé où les besoins sont énormes et où, lorsqu'on
dépense de l'argent, c'est apprécié.
M. le Président, le comté de Berthier reçoit une
enveloppe qui est respectable, dans les vingt plus importantes enveloppes du
budget de construction de voirie régionale, en ce qui concerne les
diverses municipalités de son comté. Il y a 1400
municipalités au Québec et le ministère des Transports est
en contact à peu près avec chacune d'elles parce qu'elles
agissent directement dans la région. Le chef de district et les
municipalités proprement dites, sont en discussions à peu
près constantes quant à leurs priorités, quant à
leurs besoins. Je pense que c'est normal que les municipalités fassent
parvenir à leurs députés et aux ministres leurs
revendications. Mais la responsabilité du député, c'est de
ne pas tout demander en même temps, parce qu'il sait que ce n'est pas
possible. Il doit essayer de contribuer à l'effort du ministère
des Transports pour faire en sorte que les besoins les plus prioritaires soient
ceux auxquels on répond et pas simplement se contenter, comme trop de
députés de l'Opposition le font, de tout demander en même
temps, amenant le ministère, peut-être, à ne pas faire
toujours les meilleurs choix politiques, je dirais, mais à
répondre purement et simplement d'une façon technique.
Enfin, en ce qui concerne l'aperçu global de l'état
structural du réseau routier du Québec dont je parlais
tantôt, si les collègues le permettent, M. Tessier, qui est
présent ici à ma droite, pourrait vous présenter
sommairement en quoi consistent ces différents tests afin
d'éclairer mes collègues de l'Opposition et mes collègues
ministériels.
Je voudrais simplement dire que le ministère des Transports du
Québec, qui se tient à la fine pointe de la technologie dans ce
domaine, a participé à l'élaboration du Guide de gestion
routière, qui a été publié en 1978-1979. Il avait
été préparé par l'Association du transport et des
routes du
Canada et publié par l'Association québécoise du
transport et des routes. C'est un volumineux guide scientifique qui est reconnu
par l'ensemble des provinces canadiennes et qui sert, justement, à
l'évaluation de l'état du réseau routier. Je voudrais
laisser la parole à M. Tessier en lui disant qu'on pourrait compter sur
- combien de temps me reste-t-il? - sept ou huit minutes.
Le Président (M. Champagne): Vous avez commencé
à 11 h 16. Vous avez vingt minutes. Cela donnerait 11 h 36. Vous avez
encore sept ou huit minutes.
M. le député de Berthier.
M. Houde: Oui, juste une question. Je ne voudrais pas m'opposer
au ministre Clair, mais étant donné que M. Mathieu, le
député de Beauce-Sud, n'a pas parlé et qu'il va
peut-être parler de la même chose, est-ce que ce serait mieux qu'il
attende en dernier pour nous l'expliquer? Je n'ai pas d'objection, on va le
laisser parler tantôt. Avez-vous des objections, M. le ministre?
M. Clair: Cela pourrait être utile maintenant, cela va
être bref.
Le Président (M. Champagne): Selon les règles de
procédure, M. le député de Berthier, le ministre a droit
à vingt minutes, mais il peut donner aussi son temps de parole à
des fonctionnaires pour compléter les vingt minutes. M. Tessier, vous
avez la parole.
M. Clair: J'imagine qu'étant des profanes vous voulez
savoir exactement en quoi consistent les essais proprement dits ou bien vous
voulez savoir de quelle façon on a fait les calculs pour arriver au
portrait global du comportement.
M. Vallières: II serait intéressant de
connaître, d'abord, le genre d'appareils et la façon dont cela
fonctionne, la façon dont vous êtes arrivé aux
données. On pourrait peut-être prendre connaissance du rapport
qu'on mentionnait tantôt. Ces petites bibites, on se demande ce qu'elles
sont et ce qu'elles font. On aimerait que vous nous l'indiquiez. (11 h 30)
M. Clair: Étant donné qu'une image vaut mille mots,
j'ai apporté ici deux photos de l'appareil, qu'on pourrait
peut-être faire circuler. Disons qu'en un mot nous faisons deux types
d'essais pour connaître le comportement des chaussées. Le premier
type d'essais, c'est un appareil qui donnera la capacité du support des
chaussées, qu'on appelle la poutre Benkelman, dont on se sert depuis les
années cinquante un peu partout dans le monde, notamment aux
États-Unis et dans plusieurs provinces canadiennes. Cet appareil a aussi
servi en Europe. Les
premiers essais ont été faits pour l'Association
canadienne des bonnes routes durant les années 1959 à 1962. C'est
une étude qui a servi dans pratiquement les dix provinces canadiennes
pour établir la façon normalisée de procéder. C'est
une façon normalisée qui consiste à prendre une poutre
métallique qu'on place sur la chaussée, avec une jauge;
près de cette poutre, on a un camion qui est chargé à 18
000 livres sur l'essieu arrière. Étant donné que le camion
est chargé, la charge fait descendre légèrement la
chaussée ou le pavage. Quand le camion quitte, le pavage remonte, c'est
ce qu'on appelle le rebondissement. Ce rebondissement est calculé et
mesuré par la poutre Benkelman et on inscrit la mesure au
millième de millimètre, c'est-à-dire au
micromètre.
Ces essais sont faits au rythme de huit lectures par sous-section de
route, c'est-à-dire environ 1,7 kilomètre. Toutes les routes
numérotées de la province ont été
sectionnées, tronçonnées en sections, sous-sections En
1980, nous avions 22 300 kilomètres de routes pour 12 676 sous-sections.
Chacune de ces sous-sections a été inventoriée à
l'aide de la poutre Benkelman au rythme de huit tests par sous-section. Est-ce
qu'il y a des questions?
M. Vallières: Peut-être sur le profilomètre
dont nous avons parlé en commission parlementaire.
M. Clair: Quant au profilomètre d'abord, je n'ai pas de
photos à vous présenter - c'est un appareil qui mesure les bosses
et les trous de la chaussée. C'est un appareil avec lequel on roule sur
les routes en pavage. C'est un appareil qui consiste essentiellement en une
planchette avec huit segments. Chaque segment est relié à des
compteurs. Les compteurs enregistreront les déflexions ou les petites
bosses de 1/8 de pouce. C'est relié au différentiel d'une voiture
standard. On roule à une vitesse normalisée de 65
kilomètres/heure. Sur la longueur d'une même sous-section qu'on a
inventoriée avec l'appareil Benkelman, on enregistre la sommation de ces
petites dénivellations de 1/8 de pouce. On transmet cela en coefficient
de roulement. Plus le coefficient est près de 100, plus la route est
unie.
Juste pour compléter, M. Tessier, je crois que le cycle - on
s'imagine bien qu'on ne fait pas le tour du Québec avec ces appareils
tous les ans - est de quatre ans. Trois ans pour la profilométrie et
cinq ans pour la déflexion. Ce qui fait que, si on veut établir
des comparaisons, nous avons des chiffres pour 1972, 1976, 1980 et j'imagine
que la compilation sera prête pour 1984.
Le Président (M. Champagne): Les 20 minutes sont
écoulées, à moins qu'il n'y ait de petites questions
très courtes. Mais on retient le droit de parole du député
de
Beauce-Sud et, ensuite, je retiens aussi le droit de parole du
député de Bellechasse.
M. le député de Berthier, la parole est à vous.
M. Houde: J'en ai pour seulement 30 secondes. M. le ministre,
tantôt vous avez dit que trois ou quatre MRC, peut-être plus,
avaient demandé d'être reconnues pour des projets pilotes. Est-ce
que vous pouvez me dire en même temps si vous avez sollicité des
MRC pour des projets pilotes? Je vais finir parce que je ne reviendrai
probablement pas après. Je n'aurai peut-être pas l'occasion de
revenir.
M. Clair: Je ne pourrais pas répondre à la question
parce que ce n'est pas une initiative du ministère des Transports, mais
bien du ministère responsable de l'aménagement, la
décentralisation et le développement régional. Je sais que
le ministre délégué à l'Aménagement avait
comme souci d'avoir des municipalités régionales qui soient les
plus représentatives, si on veut, de l'ensemble du territoire
québécois et de ne pas aller chercher, par exemple, quatre MRC
dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie qui donneraient exactement le
même aperçu des difficultés éprouvées. Je
pense donc que vous pourriez poser la question à mon collègue, le
ministre délégué à l'Aménagement, je ne peux
pas vous répondre.
M. Houde: Merci.
Le Président (M. Champagne): Cela va? Merci beaucoup, M.
Tessier et M. le ministre.
La parole est au député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. J'aurais un conseil
à donner à M. Tessier, soit de ne pas venir dans nos rangs, dans
la Beauce, avec son profilomètre parce qu'il pétera sa machine,
c'est certain. Il est mieux d'avoir des segments qui ont des choses assez
longues pour aller dans le fond des trous.
Je voudrais d'abord féliciter mon collègue, M.
Vallières, le député de Richmond, de l'initiative qu'il a
prise ce matin de provoquer cette question avec débat relativement au
réseau routier. C'est une chose très importante, c'est une
question fondamentale pour la province de Québec. On ne peut juger
suffisamment de l'importance d'un bon réseau routier en milieu rural.
D'abord, c'est un droit fondamental des citoyens d'avoir des voies de
communication
qui soient décentes et je pense qu'on doit ce respect à la
population.
Je rappellerai brièvement, avec votre permission, M. le
Président, deux des tableaux que mon collègue a
évoqués tout à l'heure, en commençant par
l'importance relative du budget alloué à la construction du
réseau routier par rapport au budget global. En 1976-1977, nous avions
un budget global de 9 745 000 $. La part allouée à la
construction du réseau routier était de 498 400 000 $, soit 5,1%,
autoroutes comprises. Cette année, en 1983-1984, avec un budget de 24
300 000 000 $, 400 000 000 $ sont alloués à la construction du
réseau routier, soit 1,6%. On passe de 5,1% à 1,6%.
Je voudrais prendre un second tableau parce que, dans le premier
tableau, les autoroutes étaient incluses. Nous allons simplement enlever
les autoroutes pour avoir un meilleur aperçu dans un comté rural.
Donc, en 1976-1977, autoroutes non comprises, sur un budget de 9 745 000 000 $,
nous avions 294 100 000 $ alloués à la construction du
réseau routier, soit 3%. Pour 1983-1984, autoroutes non comprises, sur
un budget de 24 300 000 000 $, 274 400 000 $ sont alloués à la
construction du réseau routier, ce qui fait 1,1%. On est passé de
3% à 1,1%; c'est donc pratiquement coupé des deux tiers.
Or, dans les comtés ruraux du Québec -je fais, bien
sûr, référence au comté de Beauce-Sud que je
représente ici, de même qu'à l'Estrie, au
Bas-Saint-Laurent, aux Laurentides, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à
l'Abitibi, tout cet ensemble de comtés ruraux nous avons des parcs
industriels très importants. On ne les appelle pas comme cela, mais il y
a un rang dans mon comté, le rang 9, Saint-Benoît,
Saint-Honoré, par exemple, où il doit y avoir une quarantaine de
fermes évaluées à environ 500 000 $ par ferme, ce qui fait
des investissements de 20 000 000 $. Le chemin est dans un état
impraticable et cela arrive ailleurs également. Imaginez-vous, dans le
secteur industriel, on prévoit des investissements de quelques millions,
on crée des infrastructures raisonnables. Ce n'est pas le cas chez nous.
Notre épine dorsale est tout à fait défaillante.
Je ne voudrais pas que le ministre voie de l'agressivité envers
lui dans mes propos, ni envers les personnes qui l'entourent, les
fonctionnaires. Je les remercie d'être venus nous rencontrer ce matin et
nous donner des renseignements utiles. Je remercie également le ministre
de son approche plutôt sympathique. Mais je pense que nos revendications
sont de nature à l'aider et à aider probablement le caucus du
Parti québécois à convaincre le président du
Conseil du trésor et le ministre des Finances qu'il faut investir de
l'argent dans le réseau de voirie rurale.
Outre les coupures que j'ai mentionnées tout à l'heure, il
existait un budget pour les chemins à vocation agricole qui était
administré par le ministre de l'Agriculture. Je crois que ce budget
existe encore, mais il est fondu avec le budget d'aide aux municipalités
pour les petits bouts d'asphalte. Dans mon comté, si mes renseignements
sont exacts, en 1976 et 1977, il y avait environ 300 000 $ pour les chemins
à vocation agricole, et 100 000 $ pour l'asphalte, ce qui faisait 400
000 $. L'année dernière, nous avions 100 000 $ pour les deux
programmes. C'est une diminution considérable.
Je voudrais rappeler brièvement quelques résolutions
adoptées à une réunion que j'avais convoquée le 29
juin 1982. Des choses très importantes ont été dites. La
population constate que le budget pour le transport des personnes,
c'est-à-dire ce qui va plutôt aux grandes villes, a passé
de 91 000 000 $ en 1976-1977 à 364 000 000 $ cette année. Tout
à l'heure, le ministre nous disait que c'était le choix du
gouvernement de développer le transport en commun. Nous n'avons rien
contre cela, M. le Président. Nous n'avons rien contre le fait que les
gens habitant les villes aient une plus large part, mais nous, de la campagne,
voulons notre part.
À l'occasion d'une réunion que j'ai tenue cette semaine,
des gens dans la salle m'ont fait remarquer qu'à Montréal on les
paie pour qu'ils prennent l'autobus. Nous autres, on fournit les
véhicules et on n'a même pas de chemins. Comment voulez-vous qu'on
circule? C'est une récrimination très importante. Ensuite, on a
fait une suggestion, une recommandation, celle de réduire les normes de
construction. Le ministre, tout à l'heure, a indiqué que ce
serait mis en application, si je ne m'abuse, au cours de la présente
année. Eh bien, je suis le premier à m'en réjouir. Si,
avec les mêmes budgets, on peut faire le double et le triple de routes,
ce sera fortement appréciée.
Un autre point qui est ressorti, ce sont les ports d'attache. Dans mon
comté, il y a trois ports d'attache. Les niveleuses du ministère
des Transports se rendent à un port d'attache le soir. Supposons que la
niveleuse quitte le port d'attache Saint-Gédéon à 9
heures, le matin, pour aller à Courcelles, elle a peut-être 15, 18
ou 20 milles à parcourir. D'abord, c'est un danger public sur la route
pendant le trajet. Elle arrive à destination pour commencer à
travailler et il est presque l'heure du dîner. Le pauvre chauffeur ne
peut se rendre au bout du rang et revenir. Les gens nous disent: Quand vont-ils
arrêter de faire du taxi avec les "graders"? Je n'ai jamais pu
sensibiliser les autorités du ministère à ce
facteur-là, d'autant plus que ces voitures
usent prématurément. Elles ne sont pas faites, semble-t-il
- il n'y a pas de lames de ressort là-dessous - pour circuler sur les
chemins.
Ensuite, on parle de remettre l'entretien des routes aux
municipalités. Les municipalités de mon comté m'ont
demandé de faire des études, des approches, pour que, justement,
le ministère fasse l'entretien l'été comme il le fait
l'hiver. L'hiver, il y a un budget qui va aux municipalités et ces
dernières sont responsables du déneigement. Je voudrais dire au
ministre que, chez nous, les gens ont été d'accord pour remettre
l'entretien des routes d'été aux municipalités, mais pas
aux MRC, pour ne pas retomber dans le même problème que nous
vivons présentement, pour diminuer le fonctionnarisme. Supposons qu'un
matin, un chemin, dans un rang d'une paroisse, est défectueux; c'est
facile pour le citoyen d'appeler son conseiller municipal ou son maire, comme
cela se fait l'hiver, d'ailleurs. Les gens sont satisfaits. Maintenant, si on
régionalise encore, on ne voit pas l'amélioration que cela
pourrait apporter. (11 h 45)
Juste un mot au sujet du tatillonnage du zonage agricole en
matière de reconstruction de routes. Je sais que cela ne dépend
pas du ministre du Transport, mais je trouve aberrant que pour un simple
élargissement de route d'un rang, où on améliore le
patrimoine agricole, qu'il faille passer par le processus de la Commission de
protection du territoire agricole avec les délais que cela comporte. Un
jour, dans une municipalité de mon comté, il suffisait de prendre
deux bouts de ponceaux pour allonger une sortie de rang sur une route parce que
cela tournait plus qu'à angle droit. On a fait appel au bureau local du
ministère des Transports. On a dit: II faut commencer par aller au
zonage agricole parce qu'il faut déplacer la clôture d'à
peu près cinq pieds. Je me suis permis de dire au maire: Si c'est pour
retarder les travaux d'une couple d'années, regardez ce que cela va
coûter juste en frais d'administration. Il me semble qu'il y a des abus
considérables et on devrait enlever ces tracasseries purement
dilatoires.
Je voudrais dire quelques mots de mon comté, maintenant. On parle
souvent du miracle beauceron, du dynamisme de la Beauce et j'en suis fier.
C'est vraiment du dynamisme extraordinaire. À quoi cela est-il dû?
C'est dû à l'esprit d'initiative, d'entrepreneurship des
Beaucerons et à l'efficacité de la main-d'oeuvre. Il faut
comprendre que, dans ma région, nous devons souvent importer la
matière première d'autres pays et nous devons exporter le produit
fini. De là, un plus grand besoin de routes qu'ailleurs avec tout ce que
cela peut comporter.
Nous avons donc besoin de bonnes routes et je considère que le
comté que je représente n'a pas sa part. Je veux le dire sans
amertume au ministre et sans agressivité. Nous n'avons pas notre part.
L'année passée, le ministre avait annoncé un budget de 1
000 000 $. Je m'en souviens, je crois que nous étions en commission
parlementaire. Le ministre m'a dit: Le député va être
content, je lui annonce 1 000 000 $. Oui, j'étais content, mais quand
j'ai reçu les documents, j'étais un peu moins content. Je me suis
mis à regarder cela. Il y avait, là-dessus, un montant de 10 000
$ prévu pour Saint-Zacharie. J'ai averti le maire, 10 000 $. Au bout
d'un an, on s'est aperçu que c'étaient des travaux qui avaient
été exécutés en 1981-1982. Donc, il faut enlever
cela.
Deuxièmement, je vois un projet à Saint-Jean-Chrysostome:
96 000 $. Mais c'est dans Beauce-Nord. Même sans l'inflation, mon budget
venait d'être dégonflé. Si je prends le budget global des
programmes de construction de routes, les programmes 3.2, 3.3, 4.1 et 5.4, il y
a un budget global de 267 000 000 $. Si je divise cela par à peu
près 90 comtés - c'est peut-être un chiffre moindre, mais
je veux en mettre assez pour être représentatif, j'imagine que
D'Arcy McGee et Notre-Dame-de-Grâce n'ont pas accès à ces
budgets - cela fait à peu près 2 500 000 $ par comté,
grosso modo. On a eu 1 000 000 $ chez nous. Je pense qu'on n'a pas eu notre
part.
Si je regarde une publication du ministère, qui s'appelle
Investissements routiers du ministère des Transports du gouvernement du
Québec. Tous les comtés sont indiqués. Ce n'est
peut-être pas exhaustif, mais en tout cas. J'ai calculé ce qui est
accordé à Beauce-Sud et je me suis comparé, non pas
à un comté très loin, au comté de Beauce-Nord, qui
est tout près, adjacent, contigu. Beauce-Nord: 2 571 180 $. Cela entre
dans la norme dont j'ai parlé tantôt, 2 500 000 $ à peu
près. Beauce-Sud: 987 800 $. Cela veut dire qu'on a eu 38% de ce que
Beauce-Nord a eu.
J'ai deux critères pour vous démontrer que Beauce-Sud n'a
pas eu sa part. Je le répète, c'est fait sans amertume et sans
agressivité, mais nous voulons des résultats. Face à cette
situation, la semaine dernière, j'ai tenu une réunion à
Saint-Georges, le 27 avril, réunion à laquelle ont
participé des représentants de 37 municipalités sur 37, 28
maires, échevins, Fédération de l'UPA, Conseil de
développement de la Chaudière, Conseil économique de
Beauce, et je remercie le ministre d'avoir délégué
également le directeur régional. Sa présence fut
très utile. J'avais bien indiqué, en ouvrant la réunion,
que ce n'était pas une assemblée de partisanerie, d'insultes ou
d'injures envers qui que ce soit. J'ai dit: Je veux que le représentant
du ministère prenne
acte du consensus qui est en train de se développer dans la
région et ensuite que nous formions un comité pour avoir un moyen
de dialoguer et d'obtenir une suite à la réunion.
M. le Président, une résolution a émané
spontanément de l'assemblée: Faire déclarer la
région de la Beauce, zone sinistrée. J'ai pris quelques photos
dans diverses paroisses du comté et vraiment quand je disais tout
à l'heure: II a décidé de venir avec ses appareils, je
pense que si le ministre regarde les photos que j'ai prises dans mon
comté, il va certainement voir les raisons. Le but de cette
réunion était de développer un consensus, parce que le
ministre m'avait dit, l'année passée: Quelles sont vos
priorités? Il y a deux ans il m'avait demandé: Quelles sont vos
priorités? Je constate qu'il n'appartient pas seulement au
député de choisir les priorités pour une population. Il
appartient aux élus municipaux, aux corps intermédiaires,
à la population. Donc, nos priorités, nous allons les
développer graduellement. Nous allons avoir besoin d'un dialogue avec
les officiers du ministère, le ministre m'a semblé
réceptif à ce dialogue, je suis bien content qu'il en soit ainsi.
Quel est mon but? C'est de servir le bien commun. C'est d'en venir à
sortir la Beauce de son marasme routier.
Or, à cette réunion - je voudrais juste faire part des
plus grands besoins, les plus urgents - il y a une dame, Mme Odette Gareau,
présidente du comité de l'école du Couvent de
l'Assomption, un couvent sur lequel vont s'écraser souvent des camions
dans la 127e rue. Il y a encore une maison qui a été
démolie récemment. Il va falloir qu'on trouve une solution au
détournement de cette artère avant qu'il n'arrive une
hécatombe. C'est presque un miracle. Cela va finir dans les catacombes,
si on continue comme c'est parti là. Dans les autres grands travaux, il
y a le grand Saint-Georges. Il n'y a pas eu là d'amélioration
depuis des années. Les ponts sont complètement désuets.
Aux entrées de la ville, trois ponts à refaire. Saint-Martin...
Sans compter, M. le Président, les besoins de chaque paroisse. Je dis
que pour le comté de Beauce-Sud, il faut aller chercher 100 000 $ pour
25 municipalités, cela veut dire 2 500 000 $ par année, pour
reprendre le temps perdu et pour venir à avoir un réseau routier
satisfaisant.
M. le Président, vous me faites signe que mon temps
achève. C'est dommage parce que j'aurais eu long à dire sur les
besoins du comté. Je veux dire au ministre que je veux continuer avec
lui le dialogue que nous avons entrepris dans un esprit positif, dans un esprit
où il n'y a pas d'agressivité. Les 250 participants à ma
réunion du 27 avril m'ont dit de faire le message suivant: Si on n'a pas
notre part, on va aller la chercher. Je pense que le ministre n'aimerait pas
voir ses bureaux occupés. On est mieux de ne pas sortir les Beaucerons
de la Beauce, parce qu'une fois sortis de la Beauce, soyez sûr qu'ils
sont capables de faire valoir leurs revendications. Je conclus
là-dessus. J'espère avoir sensibilisé le ministre aux
besoins de notre région. Je veux que notre comté obtienne la
moyenne des autres comtés que j'ai démontrée tout à
l'heure par deux moyens différents, c'est-à-dire en se comparant
à la moyenne des comtés, 2 500 000 $ par année et en se
comparant également au comté voisin, Beauce-Nord. Je pense que
notre réseau est encore plus délabré que celui de
Beauce-Nord, parce que dans Beauce-Nord il y a plusieurs rangs qui sont
asphaltés alors que chez nous c'est tout à fait le contraire.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Merci au député
de Beauce-Sud.
Maintenant, la parole est au député de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: Merci, M. le Président, avant de faire part
de certains points particuliers au ministre des Transports, j'aimerais
peut-être relever quelques points soulevés par mon collègue
de Beauce-Sud, comté voisin, et d'abord le féliciter pour ses
propos empreints de sérénité, cela tranche un peu avec ce
qu'on est habitué d'entendre de la part des collègues d'en
face.
En ce qui concerne le programme d'aide à l'amélioration au
réseau routier municipal, le député de Beauce-Sud sait
fort bien qu'il est permis, à l'intérieur de ce programme, de
s'occuper des chemins, ce qu'on appelait anciennement les chemins municipaux
à vocation agricole. Il appartient à la municipalité de
décider elle-même si elle affecte les sommes disponibles soit aux
rues sous sa juridiction, dans le village, ou encore de les affecter aux rangs.
C'est toujours en proportion des sommes d'argent qu'on peut obtenir. Il reste
que cette latitude existe. Donc, le programme comme tel on ne peut pas dire
qu'il est carrément aboli.
En ce qui concerne la remarque du député de Beauce-Sud sur
Montréal. C'est une remarque qu'on entend souvent dans des comtés
comme le mien qui, soit dit en passant, possède 1665 kilomètres
de routes par rapport à quelque 1200 kilomètres dans Beauce-Sud.
Donc les problèmes de réseau routier on connaît cela chez
nous également. Il faudrait tout de même être juste et
être équitable. Il faut se rendre compte que la population de
Montréal, l'agglomération montréalaise, c'est la
moitié de la population totale du Québec. Quand on dit que les
gens des comtés ruraux paient pour permettre aux gens de Montréal
de prendre l'autobus ou le
métro, j'ai l'impression qu'il ne faut pas charrier, il faut
être juste. Sur ce, on n'a pas besoin de faire un exercice de
réflexion très approfondi. Les gens de Montréal paient des
taxes et des impôts aussi, il faut bien se le rappeler.
En ce qui concerne le programme à normes réduites je m'en
réjouis également. J'ai été en commission
parlementaire cette semaine où j'ai pris connaissance que le
ministère des Transports a l'intention, cette année, de faire
quelque 160 kilomètres de route avec ce programme dont les coûts
seront approximativement 60 000 $ du kilomètre. Je suis heureux qu'on
aille dans ce sens et j'espère qu'à la suite de
l'expérience qu'on vivra cette année on pourra le
développer davantage pour répondre aux besoins d'une façon
accélérée.
M. le député de Beauce-Sud nous a parlé
tantôt des routes que les municipalités aimeraient reprendre et
non pas la MRC mais la municipalité locale pour l'entretien, par
exemple, en été comme cela se fait en hiver. J'aimerais lui
demander, il pourra toujours répondre sur ce sujet, je comprends la
préoccupation des municipalités locales mais est-ce qu'il a
l'intention de retourner au régime des cantonniers qu'on a connu
à une certaine époque?
M. Mathieu: Oui, parce qu'il y avait des meilleurs services.
M. Lachance: II y a aussi un problème d'équipement,
vous savez dans ce temps on travaillait avec des grattes en bois, je me
souviens d'avoir vu cela.
M. Mathieu: On en a ressorti.
M. Lachance: Je me demande si chaque municipalité, quand
on connaît les possibilités financières de chacune,
pourrait se permettre de s'acheter, par exemple, l'équipement pour le
faire, d'arriver avec des niveleuses, des camions, des pépines, des
bulldozers, etc. Je me pose de très sérieuses questions à
ce sujet. C'est une chose de recevoir des demandes de la part des
municipalités mais il faut aussi être en mesure de voir quelles
sont les conséquences de l'application concrète de ces mesures.
Pour avoir été maire d'une municipalité, je sais
effectivement que dans un grand nombre de municipalités de mon
comté qui ont moins de 1000 ou 1200 de population, cela ne sera
absolument pas possible de pouvoir adéquatement s'occuper du
réseau routier en été si cette responsabilité leur
était confiée. Il faudrait au moins que certaines se regroupent.
À première vue, je vois très bien que cette
responsabilité puisse être plutôt confiée aux
municipalités régionales de comté...
Si vous voulez me permettre de terminer, M. le député de
Beauce-Sud et ensuite.
Le Président (M. Champagne): Voici, M. le
député de Bellechasse va finir son exposé, il y a droit.
Ensuite on pourra vous permettre une réplique ou une question. (12
heures)
M. Lachance: Je peux vous dire que cela ne prendra pas vingt
minutes.
Quand on parle des budgets qui sont consacrés au ministère
des Transports, en particulier à la voirie pour la construction ou
l'entretien, évidemment je suis comme les députés de
l'Opposition, comme mes collègues ministériels qui l'ont
manifesté à maintes reprises. Nous aimerions avoir des budgets
accrus de façon considérable. Cependant, je vois aussi les
interventions des collègues de l'Opposition qui n'hésitent pas
à critiquer le gouvernement concernant un niveau de taxation, un niveau
d'impôt, concernant les déficits, concernant les budgets qui sont
élevés. Il faut bien se dire que l'argent vient de quelque part.
Par exemple, lorsque le ministre des Transports fait ses demandes au
président du Conseil du trésor, ou au ministre des Finances, ce
dernier doit tenir compte des besoins d'autres domaines. Le
député de Beauce-Sud, qui est critique en matière
d'agriculture, aurait-il été d'accord pour qu'on enlève le
financement agricole aux producteurs pour l'envoyer à la voirie? Ce
problème se pose de façon très concrète.
Finalement, on a un gâteau qui n'est pas élastique. Par
exemple, le budget de l'aide sociale qui a dû être augmenté
- on a vu les crédits qui ont été déposés il
n'y a pas tellement longtemps - de 300 000 000 $ cette année, si on
avait pu prendre seulement la moitié de cette somme et l'affecter
à l'amélioration du réseau routier, ce serait fantastique,
mais il y a des choix à faire. Ce sont des choix qu'un gouvernement doit
faire à un moment donné. Je comprends que quand on est dans
l'Opposition, on se préoccupe peut-être moins de ces
problèmes. Je pense aussi à l'assurance-maladie et à
l'aide aux étudiants. Il y a vraiment des choix qui sont
déchirants, qui ne sont pas intéressants à faire. Il faut
les faire. C'est la raison pour laquelle on n'a peut-être pas les budgets
qu'on aimerait avoir en matière de reconstruction ou d'entretien. Je
comprends très bien les préoccupations du député de
Beauce-Sud. Quand on a un grand nombre de municipalités comme il y a
dans Bellechasse - j'en ai 34 - on tire dans le même sens. On aimerait
que cela s'améliore. J'espère qu'on aura la possibilité,
après avoir traversé deux ou trois ans de difficultés
concernant les budgets, d'avoir des budgets accrus.
M. Vallières: L'année des élections.
M. Lachance: Pas nécessairement, M. le
député de Richmond, parce que des années
d'élections, ce n'est pas tous les ans.
J'aimerais faire part de préoccupations que les maires de mon
comté m'ont exprimées il n'y a pas tellement longtemps. Je les ai
rencontrés à la MRC de Bellechasse le 20 avril, cela fait une
dizaine de jours. Il y a 24 maires de cette municipalité
régionale de comté qui me sensibilisaient aux problèmes
très concrets d'entretien du réseau routier. J'aurais
peut-être trois éléments à faire valoir au ministre:
Premièrement, c'est la fin de la période de dégel. Il
semble que cette notion - cela dépend du temps - est assez
élastique. Il semble aussi que cela dépend un peu de l'humeur ou
de l'attitude du chef de district, ou encore du directeur régional pour
savoir à quel moment les niveleuses vont sortir pour aller travailler
sur le terrain. Les maires de la MRC de Bellechasse, M. le ministre, m'ont
demandé qu'on puisse préciser une date fixe dans l'année
où, de toute façon, qu'il y ait de la neige ou non, le
ministère accepte de reprendre à sa charge l'entretien des
routes. On a même parlé - je pense qu'il y a une résolution
qui va suivre - du 15 avril, comme étant une date acceptable. En ce qui
concerne un autre élément, on peut appeler cela
l'ébranchage, l'élagage ou le "serpage" le long des routes, il
semble qu'il y ait là une zone grise. Les municipalités sont
surprises d'apprendre que c'est de leur juridiction de s'occuper de couper les
branches ou les arbustes le long des routes. Là-dessus, je pense qu'il
conviendrait d'apporter des précisions sur l'attitude du
ministère des Transports.
Un dernier point - ce sont surtout les individus, ce ne sont pas
tellement les municipalités - des individus viennent me rencontrer pour
me faire part de problèmes auxquels ils ont à faire face
lorsqu'ils décident d'avoir une entrée de béton comme
accès à leur propriété, à leur terrain le
long d'une route. Dans le passé et selon les personnes en place, encore
là, il semble qu'il y a eu une grande tolérance. Maintenant, on
applique de façon plus rigide des dispositions que, personnellement, je
n'ai jamais vues dans aucun règlement, mais qui semblent bel et bien
exister en ce qui concerne la largeur d'une entrée qui est
autorisée par le chef de district. Quant à ces fameux
problèmes de ponceaux de béton - plusieurs cas qui m'ont
été soumis au bureau de comté - j'aimerais savoir s'il
existe quelque chose de très précis qu'on peut transmettre aux
municipalités de façon que tout le monde soit sur la même
longueur d'onde là-dessus. Cela va, M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Champagne): Pour compléter, on
demandera au ministre des Transports de poursuivre. Le temps alloué
était de 20 minutes; M. le député de Bellechasse en a pris
10, alors il reste 10 minutes.
M. Clair: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, si le
député de Beauce-Sud voulait mener une petite discussion
rapide.
M. Mathieu: Oui, avec votre permission.
Le Président (M. Champagne): Oui. Allez-y.
M. Mathieu: Peut-être que cela pourrait vous permettre, M.
le ministre, de répondre à ma question et à la sienne.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Beauce-Sud, la parole est à vous.
M. Mathieu: Un instant seulement. Le député de
Bellechasse m'a demandé tout à l'heure si on voulait retourner
à l'époque du cantonnier. Chez nous, c'est oui; peut-être
que cela vous surprendra. Les gens se disent: Nous sommes capables d'entretenir
nos chemins l'hiver et nous savons que c'est plus difficile à cause des
tempêtes et des cataclysmes qui peuvent arriver. Pour
l'été, vous disiez: Si c'est la MRC, ce sera plus fonctionnel;
cela est vrai. Mais les gens nous disent qu'ils seront encore loin de la
décision, tandis que si c'est localement administré, le
cultivateur qui a un problème appelle l'échevin de son rang,
l'échevin appelle le maire... On sensibilise rapidement. Maintenant chez
nous, chaque municipalité s'est refait des petites grattes; elles
étaient disparues de la circulation. Il a fallu qu'elles s'en refassent
toutes. Il y a une municipalité dans mon comté,
Saint-Hilaire-Dorset, qui a une population de 139 personnes. Ce n'est pas
très gros, mais ces gens ont dû se refaire une petite gratte et
ils s'arrangent pour entretenir leur chemin eux-mêmes.
Nos municipalités, compte tenu du territoire assez grand de la
MRC, ne désirent pas du tout et elles sont très
réfractaires à l'idée de transmettre l'entretien des
chemins d'été à la MRC, mais elles veulent bien que cela
demeure une responsabilité municipale. Alors, cela pourrait être
laissé au choix, selon ce que chacun pourrait décider. Je verrais
mal une politique générale du ministère qui dise: On le
transmet à la MRC.
M. Lachance: Un petit mot.
Le Président (M. Champagne): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, je voudrais signaler au
député de Beauce-Sud que la disparition des cantonniers remonte
à l'époque du gouvernement libéral de M.
Lesage. Alors peut-être qu'il y a eu une erreur à ce
moment; je me souviens de l'avoir vécu dans je dirais presque ma tendre
enfance. Je pense qu'on ne doit pas quand même imputer la
responsabilité de la disparition des cantonniers au gouvernement
actuel.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, pour
compléter.
M. Michel Clair
M. Clair: Je commencerai précisément, M. le
Président, sur cette question de l'entretien d'été. La
raison pour laquelle nous sommes embarqués dans des expériences
pilotes avec les municpalités régionales de comté -
actuellement deux et éventuellement trois ou quatre d'entre elles -
c'est pour essayer de voir dans quelle mesure on pourrait avoir une approche
nouvelle à l'égard, dans un premier temps, de l'entretien
d'hiver, de l'entretien d'été et, éventuellement, de la
construction de la voirie tertiaire, de voir ce qui pourrait être fait.
Là-dessus, je partage totalement l'opinion de mon collègue, le
député de Bellechasse. Je pense que ce serait vraiment de revenir
en arrière que de revenir à la période des cantonniers. Je
n'ai pas vécu cette période, mais j'ai vécu cependant une
expérience au cours de - pas cet hiver -l'hiver dernier, aux
Îles-de-la-Madeleine qui m'a indiqué les problèmes que
pouvaient représenter la décentralisation, si on veut, de
l'entretien des chemins d'hiver aux Îles-de-la-Madeleine. Il y a un
entrepreneur dans le comté qui, dans le fond, joue un peu sur le plan de
l'équipement, le rôle du ministère sur l'entretien d'hiver
aux Îles-de-la-Madeleine et qui est chargé de l'entretien du
réseau numéroté. Par ailleurs, les municipalités
ont de l'équipement pour entretenir leurs propres chemins. Est
arrivée une tempête de neige historique aux
Îles-de-la-Madeleine. Les chemins ont été bloqués,
les îles, isolées. Je me suis rendu moi-même sur place afin
de voir comment les activités pouvaient être
accélérées pour désenclaver des villages aux
Îles-de-la-Madeleine. Ce que j'ai constaté à ce moment -
justement ce que le député de Bellechasse souligne
-l'équipement dont disposaient les municipalités pouvait
effectivement être utile pour les travaux pour lesquels cet
équipement était prévu, mais, cependant, à compter
du moment où les équipements des municipalités qui
n'étaient nullement de la taille de ceux du ministère des
Transports ou de l'entrepreneur, se sont mis à essayer d'entretenir la
route principale, sont arrivés bris mécanique par-dessus bris
mécanique. On s'est retrouvé dans une situation où, aux
Îles-de-la-Madeleine, il n'y avait à peu près plus de
pièces d'équipements qui fonctionnaient, il n'y avait que les
équipements de dégagement de Transport Canada pour
l'aéroport ou à peu près, ce qui nous a obligés
à prendre des souffleuses les plus puissantes dont le ministère
est propriétaire à Rimouski et dans la région de
Québec et à les amener, avec l'aide de la garde
côtière du Canada, aux Îles-de-la-Madeleine pour
désenclaver les villages.
Je sais que c'est une question d'entretien d'hiver, mais d'envisager
qu'on puisse revenir à chaque municipalité pour que celle-ci ait
un équipement de nature à suffire à tous les besoins
d'entretien d'été, je pense que ce serait beaucoup trop
coûteux pour la collectivité. À ce compte-là, que ce
soit payé par les municipalités ou par le gouvernement,
finalement c'est toujours, comme on dit parfois, Baptiste payeur qui paie les
taxes. En fin de compte, c'est toujours le contribuable qui paie les taxes.
Ce qu'il faut essayer de voir, c'est dans quelle mesure, pour
l'entretien d'hiver, l'entretien d'été, la construction de la
voirie tertiaire, la petite voirie rurale, on peut faire mieux avec les
mêmes sommes sans alourdir les responsabilités fiscales ni des
municipalités ni du gouvernement. Il faut voir comment on pourrait tirer
plus des ressources financières disponibles et aussi de
l'équipement disponible. C'est l'esprit dans lequel on travaille avec
les municipalités régionales de comté pour voir comment on
pourrait ne pas revenir aux cantonniers des années cinquante, mais
plutôt comment on pourrait évoluer vers une solution encore plus
efficace.
Quant au problème soulevé par le député de
Beauce-Sud avec la Commission de protection du territoire agricole, je dirai
là-dessus que dans la mesure où on a une Loi de la protection du
territoire agricole, c'est évident que cela impose des contraintes au
ministère des Transports. Je pense qu'avec les années, les
procédures entre la Direction de la protection du territoire agricole et
le ministère des Transports et la Commission de la protection du
territoire agricole se sont améliorées et qu'on connaît une
rapidité plus grande que celle qu'on connaissait auparavant. Je pense
qu'il faut être très prudent à ce sujet. Si le
ministère des Transports n'est pas soumis à la Commission de la
protection du territoire agricole, je vous dis franchement qu'on vient,
à toutes fins utiles, de libérer largement le gouvernement des
obligations que comporte la Commission de la protection du territoire agricole
et la loi à ce sujet-là et on aurait un peu un régime
double, un régime où le ministère des Transports fait ce
qu'il veut et où par contre, les municipalités, les individus,
les citoyens, sont régis par une procédure stricte. Voilà
sur ce point-là.
En ce qui concerne maintenant la comparaison que le député
de Beauce-Sud
faisait tantôt entre les budgets alloués à
Beauce-Nord et à Beauce-Sud, comme à chaque année,
tantôt le député disait qu'il y avait une facture de 10 000
$ sur les 1 000 000 $. Ce genre de choses est susceptible de se produire dans
tous les comtés. En termes d'ordre de grandeur, on prévoit
dépenser cette année, en parachèvement et en nouvelles
initiatives, 1 478 000 $ dans Beauce-Sud et, dans Beauce-Nord, 1 614 000 $.
La tentation est grande de conclure: c'est l'ancien adjoint
parlementaire du ministre des Transports, il est ministre de l'Environnement.
Je ne dis pas que le député de Beauce-Sud a conclu, mais la
tentation serait grande pour les électeurs de Beauce-Sud de conclure
cela.
Je pense que quand on regarde l'étendue du réseau routier
cependant dans ces deux comtés, le comté de Beauce-Nord a un
réseau routier de 1438 kilomètres de route alors que Beauce-Sud
en a 1197, soit 1200 kilomètres. Je vous dis que si on fait la
même proportion en termes budgétaires, 1 614 000 $ dans
Beauce-Nord et 1 478 000 $ dans Beauce-Sud, je pense que, honnêtement, on
peut dire qu'on n'est pas très loin de l'équité.
Bien sûr qu'on pourra prétendre, et c'est peut-être
vrai, je le reconnais, du moins la connaissance que j'ai personnellement - je
ne fais pas appel à celle de mes fonctionnaires - du réseau
routier dans Beauce-Nord et dans Beauce-Sud, probablement que dans Beauce-Sud
ou dans certaines régions effectivement les besoins sont plus grands,
mais je pense que si on regarde cela d'un point de vue d'équité,
on ne peut pas dire que le ministre de l'Environnement est servi grassement par
rapport au député de Beauce-Sud qui, lui, serait privé. Je
sais que le député ne l'a pas dit, mais je veux être
sûr qu'il ne le pense pas, de même que ses électeurs.
M. Mathieu: Vous ne prenez pas de chance. (12 h 15)
M. Clair: Je ne prends pas de chance.
Sur ce, M. le Président, je reconnais que les besoins sont
énormes dans des comtés comme celui de Beauce-Sud et je ne peux
que me réjouir de l'initiative prise par le député de
Beauce-Sud et d'autres députés d'essayer de collaborer avec le
ministère à l'établissement des priorités et
à faire des choix.
Je n'ai plus beaucoup de temps, trois minutes pour les trois points
soulevés par mon collègue, le député de
Bellechasse. En ce qui concerne l'entretien à la fin de la
période de dégel, c'est basé également sur des
normes scientifiques de fin de période du dégel. Cela ne varie
pas selon le bon vouloir du chef de district ou directeur de la
région.
Le Québec est divisé en deux grandes zones, si on veut,
et, cette année, la période de dégel est prévue
pour le 2 mai pour la partie sud, je dirais, et, pour la partie nord-est...
Une voix: Nord.
M. Clair: Pour la partie qu'on identifie comme étant la
partie nord, elle est prévue pour le 16 mai. C'est quelque chose qui est
fait scientifiquement et c'est fait en vertu de la Loi sur la voirie qui
prévoit que l'entretien d'été est à la charge du
ministère des Transports à compter de la fin de la période
du dégel. C'est ce qui explique que, souvent, il y a des
problèmes qu'on reproche au ministère, soit de ne pas vouloir
entretenir, de ne pas vouloir sortir les niveleuses avant la fin de la
période du dégel, alors que, souvent, selon toute apparence, le
dégel est complété. Je pense que, là-dessus, je ne
peux pas déroger aux obligations qui sont les miennes en vertu de la Loi
sur la voirie.
En ce qui concerne le "fardochage" le long des routes, couper l'herbe et
entretenir la propriété dans toute son emprise, je dirais,
l'entretien esthétique des fossés le long des routes, ce n'est
pas, en vertu de la Loi sur la voirie, une obligation qui est faite au ministre
des Transports. C'est la raison pour laquelle, dans la mesure où, au fil
des années, le ministère a eu à faire des choix, il a
plutôt abandonné des responsabilités qui ne lui incombaient
pas en vertu de la loi.
Cependant, je reconnais - cela apparaît dans les documents que
j'ai remis - que l'entretien des bords de fossés va beaucoup avec le
drainage qui est une activité essentielle pour la conservation des
structures. Là-dessus, les mêmes mesures scientifiques nous
apprennent que les chaussées se sont améliorées. On a
remarqué aussi que, pour le drainage, il y avait un effort à
consentir et, dans la mesure où on améliore le drainage, je pense
qu'on procède aussi à l'amélioration des abords des
routes.
En ce qui concerne la largeur des entrées par le ministère
des Transports, on fait de notre mieux pour respecter des normes qui ont
été mises de l'avant par la Direction du génie, au
ministère des Transports, afin d'être équitable pour tout
le monde. Dans le cas d'une entrée résidentielle, c'est une
entrée d'une largeur de six mètres et, pour une entrée
agricole, la norme prévue est une entrée de huit
mètres.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
ministre. La parole est maintenant au député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, il va de soi que,
jusqu'à maintenant, à tout le moins, le ministre n'a pas
réussi à me convaincre
qu'il accordait suffisamment d'importance à l'amélioration
du réseau routier en milieu rural.
Je veux également mentionner que le député de
Bellechasse doit être heureux que nous ayons pu avoir cette
séance, ce débat, qui lui aura permis de parler au ministre des
Transports, de l'interroger sur certains points d'importance primordiale
relativement à l'entretien du réseau. D'autres collègues
du Parti québécois auraient pu participer à ce
débat et faire part de leurs doléances, publiquement,
auprès du ministre des Transports. Je retiens également de
l'intervention du député de Bellechasse qu'il est d'accord pour
un transfert d'une partie du réseau routier aux municipalités
régionales de comté.
Je voudrais porter, à nouveau, à l'attention du ministre
le tableau concernant la conservation du réseau routier. Il disait, tout
à l'heure: Vous reconnaissez qu'il y a eu une augmentation réelle
des crédits. Si on les compare à 1976-1977, effectivement, il y a
eu augmentation des crédits qui sont passés, en 1983-1984, une
fois dégonflés de l'inflation, à environ 251 000 000 $.
Cela représente, pour la période d'exercice du pouvoir par le
Parti québécois, environ 2% d'augmentation annuelle. Si le
ministre estime que c'est suffisant, nous nous lui disons qu'on estime que
c'est nettement insuffisant. Si, pour lui, cela est suffisant, les
électeurs porteront un jugement nécessaire.
Je voudrais demander également au ministre, puisqu'on a
parlé tantôt d'instruments pour mesurer le degré d'usure
des routes, etc., quand il aura à se déplacer prochainement,
d'utiliser sa propre voiture au lieu de la limousine gouvernementale.
Peut-être qu'il remarquera de visu, dans le comté de Richmond en
particulier, ou dans le comté de Beauce - on nous indiquait tantôt
que les routes étaient dans un piteux état -l'état
lamentable du réseau routier. Quand c'est notre véhicule, on est
toujours porté à constater davantage le mauvais état des
routes.
Je veux également indiquer au ministre qu'en 1983-1984, selon les
crédits qui nous ont été présentés, 65% du
budget de construction ont été alloués aux autoroutes et
aux routes principales, 12% aux routes régionales et 22,5% aux routes
locales, sur le réseau tertiaire. Pour nous, elle est nettement
insuffisante, cette proportion consacrée à l'amélioration
du réseau routier dit tertiaire, soit les rangs dans nos campagnes.
Je voudrais attirer l'attention du ministre sur le petit tableau que
j'ai ici devant moi. Il ne l'a pas commenté et j'aimerais qu'il le
commente. Comment explique-t-il que le gouvernement libéral, en
1976-1977, au niveau du budget global de la voirie, dépensait
près de 500 000 000 $? Si on dégraisse de l'inflation le budget
de cette année, de 400 000 000 $ du ministre actuel, en dollars de 1976,
cela veut dire 233 000 000 $. Comment expliquer cette disproportion qui s'est
établie au cours des années sous le règne du Parti
québécois? Depuis longtemps, le gouvernement actuel nous parle
d'accorder la priorité à la voirie régionale. Quand on va
voir le budget de cette année, on constate que le transfert d'une partie
du budget des autoroutes a été affecté entièrement
aux routes principales. Le ministre a laissé tomber quelques miettes
pour les routes dites régionales ou les routes à caractère
municipal.
Qu'on songe au fardeau fiscal dont on afflige l'automobiliste par des
taxes de toutes sortes. Qu'on pense, par exemple, à la taxe sur
l'essence qui rapporte 1 200 000 000 $, aux taxes d'immatriculation, de permis
de conduire, 296 000 000 $ sont prévus à cet effet cette
année. Mon collègue parlait du péage sur les autoroutes.
Qu'on pense à la taxe de vente. L'automobiliste paie et le ministre
récupère ces sommes pour financer le transport en commun. Le
ministre laisse les automobilistes à leur sort. Au seul titre de la taxe
sur l'essence, qui est perçue dans les régions, le gouvernement
serait tout à fait justifié d'investir davantage pour
améliorer et entretenir un réseau routier plus acceptable.
L'impression que nous laisse le gouvernement est qu'il se moque du milieu
rural. Le ministre des Transports réagit d'abord en citadin et semble se
ficher, un peu à la légère, du monde de la campagne.
M. Clair: Je ne le prends pas!
M. Vallières: Regardons la taxe sur l'essence dans les
régions; qu'est-ce que cela donne? Juste pour que les électeurs
qui nous écoutent prennent conscience de ce fardeau fiscal que nous
impose le ministre des Finances actuel: dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est 56 000 000 $ pour 1982-1983; dans la
région de Trois-Rivières, 91 000 000 $; dans l'Estrie, 45 000 000
$; dans l'Outaouais, 51 000 000 $, je pourrais continuer ainsi, pour un total
de 1 200 000 000 $.
En plus de ne pas accorder l'importance requise à
l'amélioration du réseau, il semblerait aussi que nos
collègues d'en face, de façon générale, les
députés des circonscriptions rurales du Parti
québécois ont abdiqué et ont décidé de
laisser aller la situation, de laisser tomber et de ne prendre que les miettes
qu'a décidé de laisser tomber le ministre des Transports dans les
milieux ruraux. J'aurais aimé, ce matin, leur présence beaucoup
plus active et beaucoup plus importante à ce débat. N'ont-ils
aucune plainte qui leur a été formulée ou transmise
par leurs électeurs? Ils ont choisi la voix du silence, la voix
de la soumission. C'est tellement vrai que le Parti libéral du
Québec est obligé de s'occuper des comtés
représentés par des collègues péquistes. Voyons ce
qui se passe dans la région de Rimouski. C'est un ministre, par
surcroît, qui représente ce comté. Le Parti libéral
du Québec, dans ce comté, écrivait récemment, en
émettant un communiqué, et j'en lis le titre: La route 232, un
dossier noir d'Alain Marcoux. L'Association du Parti libéral du
comté de Rimouski déplore la mauvaise foi du ministre et le
tatillonnage administratif entre la Commission de protection du territoire
agricole et le ministère des Transports dans le dossier de la
réfection de la route 232 reliant principalement les
municipalités de Rimouski, Sainte-Odile, Sainte-Blandine, Mont-Lebel,
Saint-Narcisse, Trinité-des-Monts, Esprit-Saint, Lac-des-Aigles et
Cabano.
Le ministre doit connaître ce secteur. Faut-il rappeler qu'il
s'agit d'une promesse que de procéder, dans les meilleurs délais,
à la réfection de la route 232? Cette promesse fut
énoncée deux fois en autant de campagnes électorales par
celui qui se conduit depuis plus de six ans comme le représentant du
gouvernement du Québec dans le comté de Rimouski. L'Association
du Parti libéral du comté de Rimouski s'interroge à propos
de la responsabilité du ministre lorsque la Commission de protection du
territoire agricole, s'appuyant sur des règlements dénués
de sens pratique, émet un avis qui retarde, actuellement, et
peut-être même annulera l'exécution des travaux de
réfection de la route 232. J'aimerais que le ministre, tantôt,
donne quelques précisions sur cet important projet routier dans cette
région. Évidemment, il pourrait peut-être prendre un peu la
défense de son collègue et nous dire comment il se fait qu'un
ministre, dans une région aussi importante que celle de Rimouski, ne
réussit pas à livrer la marchandise après six ans, et que
c'est le Parti libéral, avec les faibles ressources dont il dispose dans
les comtés où on est dans l'Opposition, qui est obligé de
prendre la défense des électeurs du comté à cause
de la faiblesse du ministre.
Dans la région de la Mauricie - j'ai eu l'occasion d'y aller
récemment - les députés péquistes doivent
être en congé. J'ai dû constater l'état absolument
lamentable du réseau routier secondaire, en particulier, dans cette
région. À la suite de questions que je lui posais
récemment lors de l'étude des crédits, le ministre nous a
confirmé les crédits qui allaient être alloués
à l'autoroute 40 dans la région de la Mauricie. Il nous a
confirmé aussi qu'il nous faudrait attendre jusqu'en 1984 pour que le
tout soit entièrement complété. Je proposerais au ministre
qu'il aille, au cours de la prochaine fin de semaine ou au cours d'un prochain
congé, rouler avec son propre véhicule sur quelques-unes des
routes que je vais lui mentionner, en particulier, dans le comté de
Champlain.
La route 159 reliant Sainte-Anne-de-la-Pérade, Saint-Prosper et
Saint-Stanislas. Essayez de rouler là-dessus, vous nous donnerez un
petit aperçu de votre expérience. La route 359, de Saint-Narcisse
à Champlain. La route Notre-Dame qui mène de Saint-Maurice au
Cap-de-la-Madeleine. Le boulevard Saint-Alexis entre Saint-Louis-de-France et
Saint-Louis-de-Vincennes. La route 361 entre
Sainte-Geneviève-de-Bastican et Batiscan. Il y a environ deux
kilomètres de route à paver à cause des sorties de
l'autoroute 40. La route 157 qui est la principale artère entre
Cap-de-la-Madeleine et Grand-Mère et qui passe, comme vous le savez, par
Saint-Louis-de-France. Le ministre aurait peut-être des choses à
nous apprendre là-dessus. Le chemin Red-Mill entre la route 138 et
Red-Mill. Lors de cette visite en Mauricie, j'avais un autre de mes
collègues, le député de Marquette qui, lui, s'est rendu
dans le comté de Laviolette. Ce dernier m'a fait part qu'une des grandes
préoccupations des citoyens de la région de La Tuque avait trait
à la route 155, qui est la seule voie d'accès - comme vous le
savez - entre Grand-Mère et La Tuque.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Richmond, si on veut quand même une espèce d'équilibre dans
le partage du temps, il faudrait peut-être conclure et, ensuite, on
donnera la parole au ministre pour, ensuite, que vous reveniez pendant dix
minutes et pour que le ministre, lui aussi, dispose de dix autres minutes.
M. Vallières: Je croyais, M. le Président, que je
disposais de 20 minutes. (12 h 30)
Le Président (M. Champagne): Non. C'est que, à ce
moment, juste avant votre droit de parole, chacun des partis avait parlé
le même temps, à peu près soixante-cinq minutes. Vous allez
en avoir peut-être beaucoup plus que le côté
ministériel. Pour avoir un juste équilibre du temps, il vous
faudrait peut-être conclure.
M. Vallières: Je vais donc conclure sur la question des
dossiers régionaux. Je veux rappeler également au ministre qu'on
lui fait savoir qu'en ce qui concerne la route 265 dans la région de
l'Amiante en particulier, des engagements électoraux ont
été pris et n'ont pas été respectés à
ce jour. J'aimerais qu'il nous fasse connaître sa position dans ce
dossier. Des choses ont été annoncées et peuvent
être accomplis dès cette année; celles-ci ne demandent
aucune expropriation ni aucune autorisation de qui que ce soit à
part celle du ministre.
Évidemment, j'aurais aimé parler longuement au ministre de
la route 116 dans le comté de Richmond. Il devait s'attendre que j'en
parle. Peut-être que, tantôt, j'aurai l'occasion de lui en glisser
un mot. Je veux simplement lui faire remarquer, qu'une fois de plus, ce n'est
pas un caprice du député de Richmond, car plus de 5000 personnes
ont signé une pétition jusqu'à maintenant pour ce dossier
et au-delà de 150 lettres d'appui me sont parvenues de tous les milieux
dans le comté de Richmond.
À ce sujet, je demanderais au ministre de commenter les quelques
propos que je viens de tenir. J'aurai l'occasion d'y revenir lors de la
conclusion.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
député de Richmond. La parole est au ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, je redis la même chose.
Le député de Richmond soulève de nouveau la question du
budget alloué à la construction du réseau routier
québécois qui a diminué par rapport à l'ensemble
des dépenses gouvernementales depuis 1976-1977. Je ne le nie pas, j'en
donne une explication très valable, non seulement valable, mais valide
au sens des chiffres que nous avons devant nous. Il y a essentiellement deux
raisons: il y a eu, effectivement, une accélération de
l'intervention du gouvernement dans le domaine du transport en commun et non
pas seulement à Montréal, mais aussi dans des régions
comme celle de Trois-Rivières, Sherbrooke, Laval, de l'Outaouais, des
Cantons de l'Est - à Sherbrooke justement - d'une intervention dans la
région de Chicoutimi-Jonquière, Sha-winigan-Grand-Mère. Il
s'agit d'une intervention importante quant au transport des personnes
adaptées.
Si ma mémoire est bonne, on dépensera, cette année,
11 000 000 $ pour assurer le transport adapté aux personnes
handicapées. C'est sûr, le gouvernement précédent ne
s'occupait pas de ces dossiers. La contribution au transport en commun
était minime. Des réseaux entiers étaient dans un
état de délabrement à peu près total:
Métropolitain Sud Inc., Métropolitain provincial Inc. Je pourrais
en énumérer toute une série qui exploitaient de vieux
autobus qui étaient, à toutes fins utiles, en train de tomber en
ruine et des compagnies qui allaient tomber en faillite. Il a fallu
réorganiser cela. Pour les personnes handicapées, pas un dollar
n'avait été dépensé pour l'organisation du
transport public de ces personnes. Je ne parle pas du transport adapté
pour les centres d'accueil, cela existait déjà, mais pour
organiser du transport parallèle pour les personnes handicapées,
il n'y avait pas d'argent pour cela. C'est vrai qu'on a diversifié
l'activité du ministère des Transports pour la
démocratiser, pour ne pas juste s'occuper du réseau routier, mais
également penser à ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une
automobile, qui vivent dans des régions urbanisées et qui ont
besoin, eux aussi, d'un moyen de transport le moins coûteux possible.
La deuxième raison pour laquelle le budget a diminué,
c'est que nous avons ralenti, de façon très importante, notre
intervention en matière de construction autoroutière. Ce sont les
deux grandes raisons pour lesquelles le budget global par rapport à
l'ensemble du budget gouvernemental en matière de construction
routière a diminué. S'il y a un reproche que je ne prends pas de
la part du député de Richmond, c'est quand il dit que je me
comporte comme un citadin. Je ne prends pas ce reproche-là en aucune
façon; non pas que je pense que les citadins aient moins de
qualités que les ruraux, mais je crois que ce qu'il veut dire par sa
remarque c'est que je n'aurais qu'une préoccupation à
l'égard du transport en commun. Les données que j'ai mises de
l'avant, cette année, les efforts que je consacre en mettant au point un
nouveau programme de construction à normes réduites pour le
milieu rural, vous auriez pu les faire depuis 1960. Qui le fait pour
répondre aux besoins du milieu rural? Ce serait un citadin dans le sens
qu'on ne se préoccuperait pas des besoins en matière de
réseau routier rural. Je pense que l'affirmation du député
de Richmond ne tient tout simplement pas quand on regarde les faits:
augmentation substantielle, toutes proportions gardées, des budgets
alloués à la conservation du réseau routier, à
l'amélioration des routes et rangs et chemins municipaux. Je pense que
les faits contredisent purement et simplement les affirmations du
député. Quant à la collaboration de mes collègues
au ministère des Transports, je dois dire que de façon
générale, des deux côtés de la Chambre, le
ministère des Transports peut bénéficier d'une très
bonne collaboration de tous les députés de l'Assemblée
nationale à quelques exceptions près, dont fait malheureusement
partie le député de Richmond lui-même, à savoir que
le député de Richmond se contente de revendiquer tout, d'essayer
de mousser, d'aggraver les problèmes auxquels on fait face. Par exemple,
son panneau que je vois devant nous "Urgence 50-116", j'aimerais qu'il
l'élève. Cela nous permettrait de voir justement qui a
imprimé ce panneau. Il nous disait l'autre jour que c'était un
mouvement populaire du milieu de son comté. C'est écrit en toutes
lettres: Parti libéral, comté de Richmond.
M. le Président, c'est une initiative
partisane - je le dis comme je le pense - de la part du
député de Richmond, qui n'améliore en rien l'avancement du
dossier, qui vient simplement compliquer la situation du ministère des
Transports dans sa région, alors que comme je l'ai indiqué, et il
ne peut pas le nier, son comté reçoit la sixième plus
grosse enveloppe de travaux régionaux. Je pense aux nouvelles
initiatives. Là-dessus, le député de Richmond - je ne le
dis pas avec amertume, mais je le dis parce qu'il me semble que c'est vrai -
est purement et simplement injuste envers les efforts que fait le
ministère des Transports pour améliorer la voirie rurale et
régionale, et dans son propre comté, en particulier.
Il utilise d'autres arguments partisans. Il n'a pas produit des
communiqués émis par un conseil régional de
développement ou par un organisme comme celui-là. Que nous
produit-il pour la route 232 à Rimouski? Il nous produit un
communiqué de presse du Parti libéral du Québec. Je vous
dis que c'est crédible de nous produire un communiqué de presse
du Parti libéral. En Mauricie, le député nous dit que
l'autoroute 40 ne progresse pas conformément à
l'échéancier prévu. Sait-il les difficultés
auxquelles nous avons fait face sur le prolongement de l'autoroute 40? Il n'en
tient nullement compte et il se contente encore là d'entretenir ce que
son collègue de Portneuf - je ne veux pas l'accuser, parce que je n'ai
pas lu la coupure de presse - fait circuler dans son comté, la rumeur
selon laquelle ce n'est même plus sûr qu'on compléterait
l'autoroute 40, alors que c'est absolument faux. Le dernier contrat de
terrassement et gravelage est octroyé. Ce n'est que pour des raisons de
volume de travaux possibles à l'intérieur de la même saison
que les travaux ne pourront pas être entièrement
complétés sur l'autoroute 40 entre Trois-Rivières et
Québec.
Quant à la route 157 et aux autres routes qu'il mentionnait, s'il
y a un de mes collègues qui suit de très près ces dossiers
en matière de construction routière, c'est bien le
député de Champlain, M. Gagnon. Ce député a
effectivement des problèmes importants dans sa région,
comparables à ceux d'autres comtés. Je pense que le
député est bien mal informé parce que les travaux sur la
route 157 vont commencer cette année. Il y a un projet de 1 500 000 $
qui devrait commencer en 1983-1984. Quant à la route 155, on
prévoit dépenser environ 2 000 000 $ pour un projet global de 16
000 000 $. Concernant la route 232 à Rimouski, au programme des travaux
régionaux pour 1983-1984, on prévoit dans Sainte-Odile et
Sainte-Blandine, pour une longueur de 4,5 kilomètres, du terrassement et
gravelage pour 250 000 $. Pour la route 155, je l'ai indiqué.
Le Président (M. Champagne): En concluant, s'il vous
plaît;
M. Clair: En concluant, M. le Président, concernant les
deux dernières routes qu'il a mentionnées, j'aurai
peut-être l'occasion de revenir sur la route 116, mais quant à la
route 265, il n'y a aucun engagement électoral qui a été
pris. C'est l'année dernière, un an après
l'élection, à la suite de l'avancement d'un projet de
construction d'autoroute entre Thetford et l'autoroute 20, que j'ai pris
l'engagement de mettre sur pied un programme de reconstruction et
d'amélioration de la route 265 et les travaux pourront commencer en
1984-1985, et non pas cette année. Malheureusement, ils ne pourront pas
commencer cette année. Quand le député dit que c'est un
engagement électoral, c'est inexact. Quand il dit: On ne le fera pas,
c'est inexact, il y a des travaux qui pourraient commencer en 1984-1985.
Voilà, ma conclusion, d'après les propos du député
de Richmond.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Richmond.
Conclusion M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, cela me fait plaisir
effectivement de remontrer au ministre et à la population cette affiche
qui parle d'un engagement électoral non tenu dans le comté de
Richmond et, par surcroît, je lirai ici une partie d'un communiqué
émis par le ministre lui-même - c'est vous, ce ne sont pas les
autres - le 2 décembre 1981, qui disait ceci: "Dans la
périphérie de Danville, quatre voies contiguës d'une
longueur de deux kilomètres sont programmées pour 1983-1984, au
montant de 1 500 000 $." Récemment, il m'a fait savoir que cela ne
pourrait démarrer cette année non plus. Il a des
problèmes, il a toujours des problèmes! Quand ce n'est pas la
CPTA, c'est l'environnement, quand ce n'est pas l'environnement, ce sont les
plans, mais le ministre a toujours des excuses.
M. Clair: Quand ce ne sont pas les plans, c'est le
député.
M. Vallières: Pour ce qui est de l'affiche, mentionnons
que c'est le Parti libéral du comté de Richmond qui l'a
confectionnée. Nous sommes fiers de l'avoir fait; nous sommes fiers de
cela parce que, vis-à-vis le gouvernement, il faut prendre les moyens
nécessaires pour se faire entendre. Si le fait que 5000 personnes ont
signé une pétition, cela ne veut rien dire pour le ministre, si
150 organismes du milieu, dont plusieurs conseils municipaux, chambres de
commerce, cercles d'affaires ont donné leur appui à la
reconstruction de cette route au député de Richmond, si cela ne
veut rien dire pour le ministre, soit! On en prend note, on en prend acte et
les gens porteront un jugement sur ce que le député de Richmond
aura fait et, aussi, sur l'inaction du ministre dans ce dossier.
Mais je veux passer - parce que le temps passe rapidement - aux
municipalités régionales de comté dont nous avons
parlé tout à l'heure et de la possibilité de voir une
partie du réseau transférée aux municipalités
régionales de comté. Je vous dirai en ce moment, je ne peux pas
croire les déclarations du ministre là-dessus. Je ne vois autre
chose, dans ses déclarations, qu'une volonté du ministre de
s'aligner sur les déclarations d'autres ministres du cabinet du
gouvernement actuel: le ministre des Affaires municipales, M. Léonard et
le ministre délégué à l'Aménagement et au
Développement régional, M. Gendron, afin de dire qu'on ne
remettra pas une nouvelle responsabilité aux municipalités
régionales de comté.
J'aimerais quand même que le ministre m'explique comment il se
fait, entre autres, que, dans un rapport publié par le ministère
des Transports intitulé Orientations générales
relativement à l'application de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, on retrouve, en page 9 de ce rapport "Orientation. Le
ministère est actuellement à mettre en place une nouvelle
numérotation du réseau routier. Cette classification, nous dit-on
- la classification actuelle - ne répond plus adéquatement aux
besoins de gestion actuels du réseau routier." On nous indique qu'on
numérotera maintenant les routes de façon différente, en
particulier les routes tertiaires. On nous dit plus loin: "Cette classification
fonctionnelle pourra fournir, enfin, les éléments de base d'un
nouveau partage de responsabilités routières entre le
gouvernement central - cela doit être vous autres, central, ce n'est pas
le gouvernement fédéral - et les instances locales." J'aimerais
que le ministre nous précise cela. Ces déclarations viennent de
son propre ministère. Tantôt, il pourra, dans les dix minutes qui
lui seront allouées, nous dire comment il se fait qu'on retrouve cela et
qu'à l'intérieur de son ministère, on semble se
préparer à transmettre le réseau routier et que les hommes
politiques, les hommes publics, nous disent: Bien non! Ce n'est pas vrai; il
n'y a rien là. C'est hors de question, comme nous disait le ministre
tantôt. Comment se fait-il que, par la même occasion, la partie du
réseau qu'on semble vouloir se préparer à remettre aux
municipalités régionales de comté, c'est la partie la plus
affectée, celle qui a fait l'objet du moins d'investissement de la part
du gouvernement actuel, celle qui est dans un état des plus lamentables.
On retrouve 25 000 kilomètres de routes non pavées dans le
réseau tertiaire sur un total de 38 000 kilomètres environ. C'est
cette section qu'on voudrait éventuellement remettre aux
municipalités régionales de comté.
Le ministre nous dit: Ce sont des canards; cela n'a pas de bon sens;
c'est probablement véhiculé par l'Opposition. Mais dites-moi
donc, une fois vos expériences pilotes enclenchées dans les MRC,
une fois que vous aurez eu bien du "fun" avec cela, qu'allez-vous en faire?
Pourquoi le faites-vous? Pourquoi faire des expériences pilotes, au
point de départ, si ce n'est pas pour les appliquer, dans l'avenir,
à d'autres municipalités régionales de comté?
J'aimerais que le ministre soit très clair dans ses affirmations
là-dessus parce que c'est un dossier important pour un grand nombre
d'intervenants dans le secteur municipal. Je dois vous dire qu'il devra
être très convaincant s'il veut être en mesure de nous
prouver que les intentions de son gouvernement ne sont pas de remettre...
L'impression qu'on a actuellement, c'est que le ministre joue à la
cachette, comme le ministre de l'Aménagement, et qu'on a peur d'annoncer
aux gens ce qu'on se prépare à leur donner ou ce qu'on leur
donnera seulement lorsque le temps sera propice.
Tantôt, le ministre a quelque peu commenté les tableaux
qu'on a ici, mais j'aimerais quand même dire, avant de terminer, que la
proportion du budget allouée à l'époque des
libéraux était de 5,1% en termes de reconstruction et de
construction de routes, alors que, actuellement on a 1,6%. Prenez au moins 30
secondes tantôt pour nous parler de cela. Comment expliquez-vous cela?
C'est cela l'importance relative qu'un gouvernement apporte au réseau
routier...
M. Clair: Cela fait deux fois que je le fais et le
député n'écoute pas mes arguments.
M. Vallières: ...5% par le Parti libéral, 1,6% par
le gouvernement actuel. Ce sont les chiffres, ce ne sont pas des choses
démagogiques, ce ne sont pas des choses subjectives, ce sont les
chiffres qui apparaissent dans les états financiers. J'aimerais donc que
le ministre nous en reparle. J'aimerais aussi demander au ministre pourquoi il
s'entête à dire que le réseau tertiaire est meilleur
actuellement qu'il ne l'a jamais été.
M. Clair: La preuve en est faite.
M. Vallières: Véhiculez-vous un peu,
déplacez-vous un peu, sortez de votre limousine et allez en campagne. Je
vous le dis, tout le monde est après nous et on le constate chez nous
également. Le réseau se
détériore, il n'a plus d'allure. Vous avez tellement peu
investi dans le domaine de la construction que la faible augmentation que vous
avez consentie à l'amélioration, à la conservation du
réseau... C'est sûr que, moins on construit de routes, plus cela
prend d'argent pour entretenir les routes existantes. Le fait que vous ayez
négligé la construction, cela aurait pris un budget de
conservation beaucoup plus élevé et je soupçonne le
ministre d'avoir volontairement omis d'augmenter ce budget de conservation du
réseau routier parce que, tantôt, quand il fera le transfert aux
municipalités régionales de comté d'une partie de la
voirie, il dira: Nous, à la voirie, on s'administrait avec tant pour
cent, avec telle enveloppe et maintenant, les MRC, vous administrerez aussi sur
cette base le réseau tertiaire.
J'espère que les débats comme celui qu'on tient
aujourd'hui lui permettront d'avoir un peu plus d'effet et d'influence au
Conseil des ministres. J'aimerais pouvoir l'aider. Dans le budget de
subventions aux municipalités, cette année, on aurait besoin, au
bas mot, de 10 000 000 $ de plus pour fonctionner, pour que cela ait un minimum
d'allure. C'est nettement insuffisant. Je ne parle pas seulement en mon nom, je
vous parle au nom de tous les élus municipaux du Québec qui font
des demandes et on se doit, en tant que représentants ici, d'acheminer
ces demandes auprès du ministre.
Au niveau du réseau tertiaire, par exemple, si le ministre veut
vraiment prouver sa bonne foi et que son gouvernement veut vraiment prouver
qu'il accorde l'importance et la priorité au réseau, c'est 250
000 000 $ à 300 000 000 $ de plus que ce que vous avez prévu
qu'il faudrait accorder. Évidemment, cela créerait des emplois.
Ce seraient des centaines de chantiers au Québec sur des routes à
vocation vraiment rurale. Il y a quand même un minimum à apporter.
Cela peut vous paraître astronomique que de demander 250 000 000 $
à 300 000 000 $, mais c'est dû au retard qu'on a pris avec ce
gouvernement. Si on n'avait pas pris tant de retard, on ne serait pas
obligé, aujourd'hui, de demander au ministre de nous consacrer 300 000
000 $ de plus dans le réseau tertiaire. Cela ne représente que
25% de votre taxe matraque sur l'essence. Je vous donnais des chiffres,
tantôt, dans les régions. Il me semble que ce n'est pas trop
exiger de la part du ministre.
Je souhaite que nos interventions fassent en sorte qu'il puisse
convaincre ses collègues du Conseil des ministres et son premier
ministre qu'on doit investir davantage dans les milieux ruraux, dans le
réseau tertiaire, prioritairement. Ce n'est pas avec des grenailles et
des miettes qu'on va y arriver. Ce que nous offre le gouvernement actuellement,
ce sont des miettes, M. le Président.
Le Président (M. Paré): En concluant, s'il vous
plaît!
M. Vallières: Je conclus en remerciant mes
collègues qui ont participé au débat et je veux vous dire,
M. le Président, que nous reviendrons à la charge. Ce n'est pas
terminé. Si le ministre ne donne pas un meilleur rendement, on va se
rencontrer pas mal souvent. Merci.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
ministre des Transports.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, d'abord, concernant la route
116, je maintiens l'affirmation que j'ai faite tantôt, que le
député de Richmond politise inutilement un dossier qui est en
progression. Nous avons même fait le tout premier contrat sur la route
116, à Richmond même, à la sortie de Richmond, en direction
de Danville, pour 1 500 000 $. C'est là que cela a commencé.
Mais cette route 116 va de Richmond à Princeville, Plessisville,
de l'autre côté de Victoriaville. Nous avons l'intention de
maintenir le volume d'investissements sur cette route 116, qui fait partie des
priorités du gouvernement et du ministère, entre 2 000 000 $ et 4
000 000 $ par année. Il y a eu de dépensés, l'an dernier,
environ 4 000 000 $ sur la route 116. Il y aura encore, cette année, des
montants appréciables qui seront dépensés. En ce qui
concerne la construction d'une route à quatre voies contiguë
à Danville, pour ceinturer Danville, les travaux sont programmés
pour 1984-1985.
Là-dessus, M. le Président, le député de
Richmond essaiera de faire tout ce qu'il voudra. Tout ce qu'il peut
réussir à faire, c'est de semer le doute dans son comté,
de nuire à l'avancement de certains dossiers, parce qu'il refuse
d'établir des priorités dans son comté. Il y a d'autres
députés qui ont déjà eu un comportement semblable
et qui, finalement, se sont ravisés. Je pense que le
député de Richmond, quand il sait qu'il a la sixième
enveloppe de comté en importance en termes de voirie régionale,
rendrait un bien meilleur service à ses électeurs en travaillant
en collaboration avec les maires, les chambres de commerce et les organismes
intermédiaires pour essayer d'établir avec eux des
priorités, plutôt que de mener des campagnes partisanes comme
celle qu'il essaie de mener concernant la route 116.
M. le Président, pire que cela, dans le comté de Richmond,
s'il y a un retard, le député de Richmond en est l'un des tout
premiers responsables parce qu'il s'est laissé berner pendant des
années par la
construction de la fameuse autoroute 55 qu'on prévoyait
construire et qui contournait Victoriaville, qui ne desservait pas
adéquatement Victoriaville, et qui passait parallèlement à
la route 116 qu'on est justement en train de reconstruire. Le
député de Beauce-Sud, qui connaît les problèmes de
voirie locale dans son comté, va trouver cela effrayant, car, entre
Warwick et Richmond, sur environ vingt-cinq milles de distance, la route 116 et
l'autoroute 55 venaient s'entrecroiser à six reprises; six viaducs, six
infrastructures pour faire une espèce de spaghetti d'autoroute qui
circulait parallèlement à la route 116. Tant que le
député de Richmond s'est laissé berner par ses ministres
des Transports, en se faisant promettre une autoroute qui ne s'est jamais
réalisée, il a laissé se détériorer son
réseau routier régional et, aujourd'hui, c'est un ministre
péquiste, qui est son voisin de comté, qui vient essayer de lui
donner un coup de main en mettant dans son comté plus d'argent qu'on
n'en met dans l'immense majorité des autres comtés. Il est le
sixième en nouvelles initiatives. Je n'ai donc pas de leçon
à recevoir du député de Richmond sur cette question.
M. Vallières: Question de règlement, M. le
Président.
M. Clair: Je n'ai pas interrompu le député.
M. Vallières: Je ne prendrai pas beaucoup de votre temps,
c'est juste au sujet de la route 116. Cela fait longtemps que vous me parlez de
1 500 000 $ dans la région de Richmond.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, mais il ne
s'agit pas d'une question de règlement, M. le député de
Richmond.
M. Vallières: Je voudrais vérifier vos chiffres.
C'est une question de règlement. Le ministre induit la commission en
erreur quand il parle de 1 500 000 $. Ce n'est pas 1 500 000 $; c'est beaucoup
plus près de 1 000 000 $ que de 1 500 000 $. Ce n'est pas suffisant, je
vous le dis tout de suite.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, il ne s'agit
pas d'une question de règlement. M. le ministre, veuillez
poursuivre.
M. Clair: Je ne me souviens pas de la soumission telle qu'elle
est sortie, mais ce sont les chiffres dont je dispose. L'important, c'est qu'il
sache que les travaux sont faits et que c'est par là qu'on a
commencé.
M. Vallières: 615 000 $.
M. Clair: En ce qui concerne maintenant le retard accumulé
dans la voirie régionale au Québec, les tableaux que j'ai
distribués, le député de Richmond n'y fait pas
référence, parce qu'il sait qu'ils le démentent
complètement, sur toute la ligne. En 1972-1973, M. le Président,
pour vous donner un exemple, en matière de construction d'autoroutes, le
Parti libéral, gouvernement de l'époque, y consacrait 200 000 000
$ sur un budget de 393 000 000 $. Ce n'est pas compliqué. Où
allait l'argent? Dans la construction d'autoroutes. Je ne dis pas que ce
n'était pas nécessaire ou utile, mais les faits sont les faits.
C'est écrit, c'est dans les livres du ministère des Transports.
En 1975-1976, sur un budget de 528 000 000 $, il consacrait 270 000 000 $, soit
près de 60% du budget de la construction routière, au dossier de
la construction d'autoroutes.
Les difficultés que nous connaissons aujourd'hui, le retard que
nous connaissons en matière de voirie locale, rurale et régionale
est dû au fait qu'il s'est accumulé pendant vingt ans sous les
gouvernements qui se sont succédé, et principalement, pour les
chiffres qu'on possède, qui sont disponibles, de 1972-1973 à
1976-1977, alors qu'on a commencé à faire un rajustement. On ne
peut pas corriger vingt ans d'erreurs libérales en cinq ans de
gouvernement du Parti québécois. C'est une réorientation
qui va devoir s'échelonner sur plusieurs années parce que c'est
impossible d'abandonner complètement les autoroutes que les
libéraux ont mises en chantier. Ils ont fait des dépenses en
termes d'expropriation. Jusqu'à l'année dernière, mon
budget d'expropriation était de 52 000 000 $ et près de la
moitié a servi à payer des expropriations inutiles qui ont
été faites en 1975. Voici le plus bel exemple. Entre Farnham et
Iberville, est-ce imaginable, les libéraux avaient prévu la
construction d'une autoroute à quatre voies? Comment voulez-vous qu'on
ait pu se dégager de cela en six mois, un an? Cela n'a pas
été possible. Il a fallu payer les expropriations. Aujourd'hui,
on est engagé dans des mesures de rétrocession.
Au niveau de la conservation du réseau routier, le
député de Richmond lui-même reconnaît qu'aujourd'hui
il y a une amélioration modeste, mais réelle, en tenant compte de
l'inflation, des dépenses allouées à la conservation du
patrimoine routier du Québec. En se reportant au document que j'ai
distribué, on peut ridiculiser le Parti libéral, le ridiculiser.
Quand on sait que pour un rapiéçage manuel, l'enrobé
bitumineux, un travail délicat de conservation du réseau routier,
ces gens dépensaient, en 1972-1973, 849 000 $. Pendant ce temps, ils
mettaient 200 000 000 $ sur les autoroutes. Cela ne devait pas en faire bien
long rendu dans le comté de Richmond - le député actuel
était déjà là à cette époque - mais
cela lui faisait un beau gros rêve. Il rêvait à l'autoroute
55
et ces travaux ne se faisaient pas dans son comté.
Quand on sait qu'aujourd'hui, on en dépense 9 900 000 $, il n'est
pas étonnant qu'il y ait du retard d'accumulé. Vous avez
vécu dans le rêve et, en particulier, le député de
Richmond, dans la rêverie des autoroutes dont 80% d'entre elles
étaient justifiées. En termes de rythme de dépenses, de
priorités accordées au choix budgétaire à faire,
vous avez fait pendant des années le choix des autoroutes et aujourd'hui
le Québec en paie le prix. C'est un ministre péquiste des
Transports qui vient corriger les erreurs que vous avez commises dans votre
propre comté, M. le député de Richmond.
En terminant, sur la question des municipalités régionales
de comté, le député nous reproche d'être en train de
faire une nouvelle classification routière qui va nous permettre de
mieux connaître l'ensemble des 40 000 kilomètres de chemins
municipaux. Il nous reporte au document d'orientation générale
que nous avons fourni aux municipalités régionales de
comté. Pourquoi faisons-nous cela? Essentiellement, pour trois raisons.
D'abord, c'est pour assister justement les municipalités
régionales de comté dans la confection de leur schéma
d'aménagement. Deuxièmement, c'est pour aider le ministère
quant à ses politiques d'entretien et de construction. Sur un
réseau de 40 000 kilomètres c'est important qu'une classification
adéquate soit faite de ces routes et dans la mesure où des
municipalités régionales de comté ou des
municipalités, comme le député de Beauce-Sud
lui-même le propose, que l'entretien d'été
éventuellement relève des municipalités. Je pense qu'il
n'y a pas de bataille de clocher, ou idéologique à faire sur ce
sujet. Est-ce que ce serait mieux les municipalités régionales de
comté ou les municipalités? C'est en termes pratiques qu'il faut
aborder le problème. Il nous est apparu utile pour la plus grande
efficacité des budgets alloués à l'entretien et à
la construction de la voirie tertiaire de vivre des expériences pilotes
avec les municipalités régionales de comté - j'insiste sur
cela encore une fois - désireuses de vivre ces expériences
pilotes afin de voir comment on peut faire plus avec le même argent. Si
ce n'est pas affirmer clairement ses couleurs, je ne sais pas ce que cela prend
pour le député. J'ajouterais même que sur ce sujet, le
ministère des Transports est très prudent dans la progression de
ces travaux parce qu'il a acquis au fil des ans une expérience certaine
et il a considérablement amélioré la situation par rapport
à celle qui prévalait au début des années soixante;
il ne voudrait pas, à la faveur d'une décentralisation, mettre en
péril les acquis de la réforme qui a été faite
depuis 20 ans.
M. le Président, je termine sur cela, convaincu d'avoir
démontré que celui qui vous parle est particulièrement
préoccupé de la priorité accordée à la
voirie régionale et à la voirie rurale, avec preuve à
l'appui.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup M. le
ministre. Merci beaucoup messieurs les députés, messieurs les
fonctionnaires du ministère des Transport.
La commission élue permanente des transports avait comme mandat
d'étudier la question avec débat du député de
Richmond au sujet de la construction et l'entretien du réseau routier en
milieu rural. Ce mandat a été exécuté et sur ce, la
commission élue permanente des transports ajourne ses travaux sine
die.
Merci messieurs.
(Fin de la séance à 13 h 01)