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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports se réunit aujourd'hui
pour entendre des personnes et des organismes en regard du plan d'action
gouvernemental proposé dans le document intitulé: De nouvelles
avenues pour le taxi.
Les membres de cette commission sont: M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M.
Bourbeau (Laporte), M. Clair (Drummond), M. Desbiens (Dubuc), M. Lachance
(Bellechasse), M. Léger (Lafontaine), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rocheleau (Hull), M. Polak (Sainte-Anne) et
Mme Lachapelle (Dorion).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Caron (Verdun), M. Cusano (Viau), M. Blais (Terrebonne), M.
Gauthier (Roberval), M. Grégoire (Frontenac), M. Dauphin (Marquette) et
M. Perron (Duplessis).
Il y aurait lieu maintenant de désigner un rapporteur à
cette commission.
M. Clair: M. le Président, je suggérerais que Mme
la députée de Dorion puisse agir comme rapporteur.
Le Président (M. Brouillet): Mme
Lachapelle (Dorion) sera le rapporteur de cette commission.
Voici maintenant l'ordre du jour. Après un exposé
préliminaire du ministre et du porte-parole officiel de l'Opposition
dans ce dossier, nous entendrons les organismes suivants: la
Fédération des ligues de taxi du Québec Inc.; les Ligues
de taxi de la région de Québec; la Ligue de taxis de
Montréal Inc. et GNC Québec Ltée.
Pour ce qui est du temps que nous accorderons à l'audition des
mémoires et à la période de questions, je
suggérerais à la commission de consacrer au maximum une heure et
demie par mémoire. Ce temps pourrait être réparti de la
façon suivante: de vingt à trente minutes au maximum pour la
présentation du mémoire et le reste du temps serait
partagé également, pour la période de questions, entre les
membres de cette commission des deux partis. Ce partage du temps vous
convient-il?
M. Clair: Cela va, M. le Président.
M. Bissonnet: Pas de problème. S'il y a des cas
exceptionnels, on sera sûrement d'accord pour prolonger la période
des questions, si c'est nécessaire.
M. Clair: L'objectif que nous avons tous à coeur, les
membres de la commission, c'est qu'au cours des trois prochains jours, incluant
la journée d'aujourd'hui, la commission puisse accorder de la
façon la plus équitable possible tout le temps requis à
chacun des intervenants pour se faire entendre de façon équitable
par la commission.
Le Président (M. Brouillet): Pour aujourd'hui, nous
pouvons prévoir à peu près six heures. Nous disposons
à peu près de six heures. Nous avons quatre groupes à
entendre. Alors...
M. Bissonnet: Cinq heures.
Le Président (M. Brouillet): Ah: C'est vrai, nous
reprenons ce soir de 20 heures à 22 heures. Qui, cinq heures. Alors il
faudrait autant que possible ne pas dépasser une heure et demie pour
chaque groupe, si on veut parvenir à accomplir nos travaux.
J'inviterais M. le ministre à faire quelques remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Michel Clair
M. Clair: L'expression que vous avez employée, M. le
Président, est à propos puisque ce seront vraiment des remarques
préliminaires. Je n'ai pas l'intention de parler très longuement
au début de cette commission parlementaire sur le programme d'action de
nouvelles avenues pour le taxi. L'objectif de la commission n'est pas tant de
débattre entre parlementaires de la situation du taxi, mais bien
davantage d'écouter et d'entendre ce que les intervenants
présents et ceux qui ont accepté de produire un mémoire
sont intéressés à nous dire.
Je voudrais d'abord, M. le Président, remercier les
collègues ministériels et ceux de l'Opposition qui, comme vous le
voyez, sont nombreux pour les travaux de cette commission. Je pense que cela
témoigne d'un intérêt réel des parlementaires
relativement à l'ensemble de la situation du taxi. Je voudrais les
remercier d'avoir accepté de
participer nombreux à cette commission parlementaire.
Dans un deuxième temps, je voudrais essayer de situer
brièvement le sens de cette commission parlementaire. Nous savons tous
qu'une dizaine d'années se sont écoulées depuis la
dernière réforme globale du taxi. Je fais référence
ici au rapport Bossé de 1973. Depuis l'implantation des recommandations
du rapport Bossé, la situation a continué d'évoluer dans
le domaine du taxi et, selon le point de vue de plusieurs, non pas
d'évoluer dans le sens des attentes du milieu du taxi, dans un sens de
prospérité, mais dans un sens de difficultés qui sont
allées en croissant. Il nous est apparu qu'après dix ans de ce
régime qui a été implanté en 1973, le temps
était venu de réviser complètement le dossier plutôt
que de répondre uniquement à des demandes ou à des
démarches ponctuelles de la part, tantôt de municipalités,
tantôt d'usagers, tantôt -et c'est normal - des principaux
intéressés, à savoir des propriétaires, des
chauffeurs de taxi, des associations de services et de tous ceux qui
travaillent dans ce domaine.
Nous savons tous que ce secteur de l'industrie du taxi connaît
actuellement d'importantes difficultés. Nous savons tous
également que ces difficultés ne sont pas récentes, pour
plusieurs d'entre elles, qu'elles n'ont pas été corrigées,
à vrai dire, par la réforme de 1973. Même si celle-ci a eu
des effets positifs à plus d'un point de vue, le problème de la
rentabilité, de la place du taxi comme mode de transport des personnes
est demeuré à peu près entier. (15 h 15)
Nous aurons donc l'occasion d'entendre, lors de cette commission
parlementaire, les principaux intéressés sur les problèmes
de l'industrie du taxi. Je voudrais cependant, et c'est le souhait que je
formule au début de cette commission, que l'on dépasse
l'étape, le stade de simplement étudier les problèmes de
l'industrie du taxi pour passer davantage à des perspectives d'action.
C'est un engagement que j'ai pris, il y a déjà près d'un
an, à l'égard de ce secteur des transports, celui du taxi, de
prendre des mesures pour accroître la rentabilité de cette
industrie et lui donner un cadre réglementaire dans lequel elle puisse
évoluer de façon aussi rentable et aussi prospère que
possible.
Je pense que si on est en mesure, au cours de cette commission, de
dégager des consensus, de voir dans quelle mesure on peut,
concrètement et le plus rapidement possible, par un programme d'ensemble
qui devrait, à mon avis, prendre la forme d'une législation,
avoir une proposition qui fasse autant que possible l'unanimité, sinon
dégager des consensus aussi larges que possible quant au contenu que
devrait avoir le programme d'action et la législation...
Je pense également que l'approche que l'on doit retenir au niveau
des parlementaires quant à l'étude des problèmes du taxi,
du programme d'action proposé, en est une je dirais plus ouverte que
celle qu'on a été habituellement portés à accorder
à l'industrie du taxi, en mettant entre guillemets les mots "industrie
du taxi". Je pense que nous avons, pendant trop longtemps, à
l'Assemblée nationale et au gouvernement du Québec, depuis 1950
abordé les problèmes du taxi comme des problèmes
exclusivement d'industrie, d'un secteur économique. En fait c'est un
mode de transport à part entière, dans le domaine du transport
des personnes, qu'il s'agit d'étudier pour voir comment on peut mieux
insérer dans une politique globale de transport des personnes, le mode
de transport des personnes qu'est l'industrie du taxi.
Le ministre qui vous parle est fermement engagé à agir
pour autant qu'on pourra obtenir cependant la collaboration de tous, et cela
s'entend tant de la part des municipalités que de tous ceux qui
évoluent directement dans le domaine du taxi. Je pense que c'est
à la mesure des consensus qu'on pourra dégager au cours de cette
commission parlementaire qu'on pourra mesurer son utilité et la
possibilité d'engager, le plus rapidement possible, un programme
d'action, une politique globale du taxi.
M. le Président, je voudrais, dans un troisième temps,
remercier la vingtaine d'intervenants et plus qui ont produit des
mémoires à cette commission et qui ont demandé
d'être entendus. Les mémoires proviennent d'à peu
près tous les secteurs qui sont reliés à ce mode de
transport des personnes qu'est le taxi: du milieu du taxi lui-même, de la
fédération des ligues, du regroupement des ligues, d'une
association de services, des municipalités, comme les communautés
urbaines, des organismes de transport en commun, de tous ceux qui peuvent
être intéressés à l'évolution positive de ce
secteur du transport des personnes, de même que d'autres qui ont
également un intérêt au bon fonctionnement de cette
activité économique, que ce soient les gens qui
s'intéressent à la promotion du gaz naturel comprimé, les
représentants des organismes de promotion des personnes
handicapées, l'Association québécoise du transport et des
routes, etc.
M. le Président, sur la table actuellement, depuis août
1982, il y a un programme d'action qui a été rendu public et
déposé par le ministère des Transports du Québec.
Très sommairement, ce programme d'action comporte trois volets
importants en plus d'une série de mesures ponctuelles qui sont
proposées. Ces trois volets sont les suivants.
Le premier, c'est celui de
l'élargissement du rôle du taxi offrant de nouveaux
services aux usagers afin qu'ils s'intègrent mieux justement au
réseau actuel de transport des personnes. L'approche que nous avons
retenue dans de nouvelles avenues pour le taxi, cela a été ce
qu'on a voulu, ce que je pourrais qualifier d'approche dynamique plutôt
qu'une approche d'éteignoir. Plutôt que de simplement envisager ce
que j'appellerais des expédients aux problèmes actuels du taxi:
rachat de permis, élimination de chauffeurs, donc plus de chômage
à même des fonds publics, nous avons voulu adopter une approche
dynamique en essayant plutôt de restreindre, de rapetisser ce secteur du
transport des personnes, de l'ouvrir, d'ouvrir de nouveaux marchés, afin
justement de donner l'occasion au secteur du taxi de faire valoir ses avantages
comparatifs quant aux autres modes de transport.
Le deuxième volet de ce programme d'action, c'est celui de
l'assouplissement du cadre réglementaire qui régit l'industrie du
taxi afin de permettre éventuellement aux instances locales de mieux
jouer leur rôle. Dans ce sens-là, le rapport Bossé de 1973
ne proposait peut-être pas, contrairement à ce que certains ont
interprété à l'époque, une centralisation aussi
forte du secteur du transport des personnes par taxi. S'il y a eu des
retombées très positives au rapport Bossé, comme la
création des agglomérations, je pense que la trop grande
concentration des décisions entre les mains du ministère des
Transports, d'essayer de "normaliser", entre guillemets, ce secteur de Matagami
à Montréal en essayant d'appliquer des mesures identiques dans
tous les cas, cela n'a pas joué dans le meilleur intérêt du
taxi. Dans ce sens-là, je pense qu'il convient aujourd'hui d'examiner
quelles sont les possibilités c'est ce que le document proposait comment
on peut essayer de conserver les acquis de la réforme de 1973 en
essayant d'éviter les écueils à l'avenir.
Le dernier volet de la proposition d'août dernier est celui de
l'affirmation de l'existence des ligues, de la clarification de leur rôle
afin de favoriser leur développement dans l'harmonie et d'en faire,
autant que possible, des organismes de concertation dans ce secteur du
taxi.
Je termine en rappelant simplement mes attentes, les attentes du
ministère, de ceux et celles qui seront chargés de mettre sur
pied le programme définitif d'action et le programme législatif,
s'il y a lieu. D'abord, je tiens à connaître la réaction
des intervenants sur ce programme d'action en ayant une chose en tête.
Même si certains l'ont appelé un livre blanc, je me suis toujours
refusé à qualifier ce programme d'action de livre blanc. C'est
une proposition qui est sur la table, qui est discutable quasiment dans son
ensemble. Les approches retenues ne semblent pas être mises en cause
fondamentalement par la plupart des mémoires que j'ai eu l'occasion de
lire, mais je pense que cela peut quand même être utile de dire
dès le départ que l'ensemble de la proposition est discutable,
qu'elle peut certainement être améliorée.
Ce que j'attends de la part des intervenants, c'est non seulement leur
réaction sur le programme d'action comme tel, mais aussi des suggestions
susceptibles de l'enrichir encore davantage en ayant en tête que
l'objectif que nous visons, ce n'est pas de répondre uniquement à
des besoins ponctuels, à des demandes ponctuelles, mais d'essayer d'en
venir à une proposition globale qui dégage des consensus qu'on
pourra mettre en évidence au cours de cette commission. C'est le dernier
point sur lequel je voulais insister, qu'on en arrive à des consensus
pour aller vers l'action et faire en sorte que, le plus rapidement possible, le
secteur du taxi puisse bénéficier, comme d'autres secteurs du
transport ont pu le faire au cours des dernières années, d'une
réforme, d'un cadre réglementaire législatif nouveau qui
soit en mesure de mieux répondre tant aux attentes légitimes des
chauffeurs, des propriétaires, des associations de services, des
propriétaires de flottes que des usagers. Je pense que cela ne pourrait
qu'être à l'avantage de l'ensemble de la population
québécoise. Je vous remercie, M. le Président, du temps
qui m'a été alloué et quant à moi je serai
prêt à entendre, dès après les commentaires de mon
collègue, le député de Jeanne-Mance, la
Fédération des ligues de taxi du Québec, qui, je pense est
le premier organisme invité.
Le Président (M. Brouillet): Je vous remercie. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Est-ce que je pourrais avoir le consentement de la
commission pour remplacer le député de Viau, M. Cusano, par le
député de Louis-Hébert, M. Réjean Doyon?
Le Président (M. Brouillet): Pas d'objection?
M. Clair: Pas d'objection. Le Président (M. Brouillet):
Très bien. M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Merci, M. le Président. M. le ministre,
madame et messieurs les membres de la commission parlementaire, je remercie
tous mes collègues de l'Opposition qui sont présents pour
l'étude de ce dossier que nous considérons très
important.
Perspectives d'action. M. le ministre, nous croyons que cette industrie
a des problèmes plus qu'importants actuellement et lorsqu'on parle de
perspectives d'action, nous entendons que dès le début de la
prochaine
session, votre ministère soumette à l'Assemblée
nationale un projet de loi dans le but d'apporter des correctifs pour rendre
cette industrie viable. Comme il est mentionné dans l'introduction du
document De nouvelles avenues pour le taxi, publié par le
ministère des Transports, l'industrie du taxi a certes fait, à
maintes reprises, l'objet d'études et de recommandations successives
depuis plus de dix ans. Dans cette industrie il y a eu une commission, il y a
eu des enquêtes, il y a eu beaucoup d'études et je pense qu'il est
aujourd'hui temps de rentabiliser et de rendre viable l'industrie.
J'ose espérer, M. le ministre, que cette fois-ci la convocation
d'une commission parlementaire n'est pas un geste politique, mais bien une
action qui débouchera sur un projet de loi au printemps. J'espère
que le ministre nous en donnera l'assurance au cours de ces trois jours de
commission. Cependant, une ombre apparaît au tableau. Le livre blanc tel
que publié, décrit très bien, selon nous, l'état de
la situation et la problématique du taxi. Mais pour ce qui est de la
réforme, il semble qu'à l'intérieur du ministère,
on n'a pas fait montre de ferme volonté d'apporter des solutions aux
problèmes vécus par cette industrie. Un des problèmes
soulevés, rencontrés dans plusieurs mémoires, est le trop
grand nombre de permis de taxis. De plus, on retrouve dans le livre blanc: "En
avril 1979, le gouvernement a décrété le gel des permis de
la catégorie "agglomération", face aux allégations de
l'industrie qui prétendait que le nombre de permis était
très élevé. Le nombre de permis existant dépasse
souvent celui prévu par la réglementation en vertu des ratios du
nombre d'habitants-taxi." Je me réfère toujours à la page
6 du livre blanc: "Somme toute, les ratios fixés dans le
règlement no 6 n'ont pas été un instrument valable pour
juger du nombre de taxis nécessaires." On renchérit lorsque l'on
parle d'une mesure de rachat de permis par le gouvernement en disant que "La
nécessité d'une telle mesure n'a pas, par ailleurs,
été clairement établie par des études
économiques sérieuses." Ce projet de réforme ne
prévoit pas la réduction du nombre de permis de taxi qui est,
à notre avis, une des solutions à un certain seuil de
rentabilité pour cette industrie.
En ce qui regarde la compétence des chauffeurs, le livre blanc la
traite comme suit, et je cite: "Par ailleurs, le Code de la
sécurité routière se préoccupe beaucoup plus de
l'utilisation globale du réseau routier que de la régulation du
transport public. Pour ces raisons, il constitue un cadre trop peu contraignant
quant à la possession du permis de chauffeur de taxi. Les examens
auxquels sont soumis les chauffeurs, instaurés à l'origine pour
s'assurer de leur degré de connaissance de la ville, ne sont plus
très probants: une bonne partie des questionnaires ont circulé au
sein des milieux concernés."
M. le ministre, où sont les hypothèses de solution? La
réforme envisage une ouverture sur de nouveaux marchés,
l'autorisation aux titulaires de permis de taxi d'oeuvrer dans les domaines du
transport d'écolier, des personnes handicapées, le transport de
biens, le transport à l'occasion de mariages, baptêmes ou
funérailles et le transport par automobile, intégré au
transport en commun soit comme substitut ou complément. Encore
là, où est la volonté de tenter des expériences, de
mettre ces mesures en application? Plusieurs de ces mesures sont
déjà en application, mais non légalisées. Les
légaliser deviendrait-il plus rentable pour l'industrie? Où est
le réalisme lorsque le gouvernement entend légaliser la pratique
appelée "run de lait" - c'est un chauffeur de taxi qui va chercher son
client tous les matins - et dans le livre blanc, on veut y apporter une forme
contractuelle. Nous nous posons la question suivante: Est-ce qu'un type qui est
véhiculé tous les matins va signer un contrat avec l'auto-taxi
qui le conduira?
Certaines omissions du livre blanc nous semblent très importantes
actuellement, M. le ministre. Dans le chapitre décrivant l'état
de la situation, on aborde la pratique des concessions souvent
dénoncée par les propriétaires de permis de taxi. Encore
là, le projet de réforme reste muet. Y a-t-il des
mécanismes de contrôle pour cette pratique? Le gouvernement a-t-il
procédé à des études sur ces pratiques?
Concernant les assurances, je rappelle, M. le ministre, M. le
Président, qu'il y a eu une grève dans la région de
Québec, de façon plus particulière sur les assurances. On
aimerait bien connaître à cet effet les intentions du
ministère. Pour l'industrie du taxi, le coût très
élevé des primes d'assurance mérite d'être pris en
considération. On est à se demander si le "no fault" n'en serait
pas la cause. (15 h 30)
Le ministre reste également muet sur le dossier de la taxe sur
l'essence. Est-il possible d'entrevoir une formule de ristourne à
l'exemple du gouvernement fédéral qui accorde actuellement des
ristournes à tous les propriétaires de taxis?
À notre avis, rien n'est prévu dans cette réforme
pour trouver des solutions économiques et amener cette industrie vers un
seuil de rentabilité. Nous espérons que, dès le printemps,
à la suite de l'audition des mémoires de tous les intervenants...
Nous, de l'Opposition, sommes très fiers de la qualité des
mémoires qui ont été présentés par tous les
intervenants qui sont intéressés dans l'industrie du taxi. C'est
avec un grand plaisir que nous allons les écouter et que nous poserons
les questions les plus pertinentes possible pour aider le
gouvernement à résoudre les problèmes de
l'industrie du taxi au Québec. Merci.
Réponse du ministre
M. Clair: J'aurais juste un court commentaire, M. le
Président. Je suis heureux que le critique de l'Opposition en
matière du taxi commence son introduction en disant qu'il ne voulait pas
d'une commission parlementaire politique, parce que je pense qu'effectivement,
dans le dossier du taxi... D'ailleurs, si on considère le ton des
mémoires, l'ensemble des mémoires est très positif et je
ne pense pas que quiconque voulait venir en commission parlementaire pour faire
un "show" politique. Au contraire, la qualité des mémoires
démontre un intérêt pour améliorer encore, s'il y a
lieu, et enrichir davantage le programme d'action qui a été mis
de l'avant pas le ministère des Transports.
J'aurais un seul commentaire au départ, parce que la plupart des
autres points: les concessions, les assurances, la taxe sur le carburant, etc.,
auront l'occasion d'être débattus lors des échanges avec
les intervenants. Simplement sur le rachat des permis, je dis tout de suite
deux choses à mon collègue. Ce qui m'apparaît un peu
difficile d'entrevoir et qui a toujours été la demande à
ce point de vue - je pense même que c'est dans les suggestions du
député de Jeanne-Mance - c'est qu'on se serve de fonds publics
pour racheter des permis, ce qui aurait comme conséquence directe de
créer du chômage, c'est évident. Cela m'apparaît
être difficile pour le gouvernement comme position à
défendre. Or dans l'ensemble des secteurs économiques où
actuellement il y a des difficultés, bien des gens pensent à
cette solution de rachat de permis. Par exemple, dans un tout autre domaine que
celui des transports, celui des pêcheries maritimes on a vu que le
rapport Kirby propose de racheter des permis de pêche dans l'estuaire du
Saint-Laurent. Le gouvernement fédéral a eu, à ce point de
vue, exactement la même réaction que celle que nous avons eue
lorsque des demandes de rachat pour des permis de transport en vrac, des permis
de taxi, des permis de camionnage, X, Y ou Z ont été
présentées. Cela a été toujours de dire que, dans
un secteur économique, racheter des permis à même les fonds
publics nous apparaît très difficile et dangereux comme
précédent puisque, à toutes fins utiles, l'État
garantirait à peu près tout le monde contre la conjoncture
économique qui peut se produire ou contre la détérioration
qui peut se produire dans un segment de l'économie.
C'est mon seul commentaire de départ. Quant à moi, je suis
prêt à entendre...
M. Bissonnet: Juste pour ajouter à votre commentaire, M.
le ministre, dans votre livre blanc, lorsqu'on parle du rachat de permis, il
est dit: "La nécessité d'une telle mesure n'a pas ailleurs
été clairement établie par des études
économiques sérieuses". Première question: Avez-vous fait
des études économiques sérieuses dans ce sens?
M. Clair: Oui.
M. Bissonnet: Deuxièmement, il faut considérer que
le transport par taxi est un transport public. On subventionne beaucoup le
transport public au Québec, sauf cette industrie. Elle n'est pas
financée et les coûts d'assurance pour l'immatriculation sont
trois fois plus élevés que pour les automobilistes ordinaires;
pour les accidents corporels, on atteint 12%.
Nous allons entendre les mémoires, M. le ministre, mais pour nous
il reste que c'est une avenue qu'il faut considérer sérieusement,
d'une part. Après l'audition des mémoires, en conclusion de cette
commission, nous aurons des remarques à vous faire qui seront
très pertinentes et qui pourront vous aider à apporter un projet
de loi qui pourra sûrement rentabiliser cette industrie pour qu'elle ait
sa véritable place au Québec.
M. Clair: M. le Président, on devrait commencer à
entendre les gens, parce qu'en ce qui concerne les études...
Le Président (M. Brouillet): J'allais vous le
suggérer.
M. Bissonnet: ...la solution globale en 1976.
M. Clair: ...effectivement, il y a eu une étude qui a
été faite par le Bureau de la statistique du Québec. Cette
étude, qui est la plus poussée que je connaisse, n'est vraiment
pas concluante quant aux effets que cela aurait de racheter des permis, puisque
cela donnerait une plus-value aux permis qui resteraient et on connaît le
taux de roulement... Enfin, c'est toute une problématique que le
député connaît...
M. Bissonnet: On va en parler plus tard.
M. Clair: Maintenant, quant à d'autres possibilités
de rachat de permis, le député fait allusion à des
propositions qui nous sont faites de la part de gens qui sont venus nous
présenter des mémoires. Il vaudrait mieux les entendre, parce
qu'ils ont des propositions un peu différentes de celles que le
député a toujours mises de l'avant.
M. Bissonnet: Peut-être. On va les
écouter attentivement.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Nous allons
immédiatement inviter les représentants de la
Fédérations des ligues de taxi du Québec; si vous voulez
vous avancer.
Nous avons convenu que la présentation ne devrait pas
dépasser 30 minutes et même, si c'était possible, un peu
moins. Après cela, on aura au maximum une heure pour les discussions.
J'inviterais le porte-parole à bien vouloir s'identifier et de nous
présenter aussi les autres personnes qui l'accompagnent.
Auditions
Fédération des ligues de taxi du
Québec
M. Pelletier (Jean-Guy): Bonjour. Mon nom est Jean-Guy Pelletier,
propriétaire de taxis et président de la Fédération
des ligues de taxi du Québec et aussi président de la Ligue de
taxi de Laval. À l'extrême-gauche, du conseil d'administration de
la fédération, M. Roger Saint-Cyr, secrétaire; M. Gilles
Desjardins, directeur; M. Michel, Daigneault, directeur; à
l'extrême-droite, le vice-président pour la région de
Québec, M. Jos. Cloutier; le trésorier, M. Léo
Bélanger et Me Jacques Élie, conseiller de la
fédération.
Nous avons préparé notre mémoire à la suite
d'une concertation de presque toutes les ligues de taxi de la province de
Québec et aussi de compagnies de services et de propriétaires de
taxis artisans et de propriétaires de flottes de taxis. Cette
concertation a duré près de trois semaines en soirées
d'information données dans les districts de Québec,
Trois-Rivières et Montréal. À chaque ligue, nous avons
envoyé une série de questionnaires à remplir. Nous avons
fait parvenir au total au Québec 295 invitations à participer
à un colloque qui a eu lieu à Trois-Rivières pour se
prononcer sur la parution de "De nouvelles avenues pour le taxi".
À la suite de cette concertation, nous avons produit le
mémoire qui a été déposé à la
commission et que je me permets de commencer à lire
immédiatement.
La Fédération des ligues de taxi du Québec est un
regroupement de ligues dûment accréditées par la Commission
des transports du Québec ou en instance d'accréditation ayant
acquitté ou ayant commencé d'acquitter la cotisation
prévue à ses règlements. La fédération a
pour but la défense des intérêts socio-économiques
de ses membres et, dans la recherche de ses buts, elle s'est vu confier le
mandat d'être le porte-parole officiel des ligues. Son rôle
principal est de présenter les résultats de la concertation entre
les membres.
La fédération se divise en trois sections, soit l'est,
l'ouest et le centre. La section ouest regroupe vingt-neuf ligues, la section
est, vingt-quatre ligues, et la section centre n'en compte qu'une, mais de
taille, soit la ligue A-11.
Le conseil d'administration de la fédération est
composé de quinze membres dont sept choisis par l'assemblée
générale dans la section est, sept dans la section ouest et un
représentant de la section centre. Nous y retrouvons deux
vice-présidents: un membre de la section est et un membre de la section
ouest. Chacun des deux vice-présidents agit à titre de
président dans sa section, le tout chapeauté d'un
président général. Le mandat de la
fédération est général, mais peut être
appliqué selon les besoins de chacune des sections. La
fédération existe depuis 1976 et a déjà
présenté différents travaux à divers paliers
gouvernementaux.
Depuis plusieurs années déjà, l'industrie du taxi
va de crise en crise, d'enquête en enquête. Nous n'avons
qu'à faire le bilan des sept commissions d'enquête ou
d'étude tenues depuis les cinquante dernières années pour
constater que, d'année en année, les mêmes
difficultés subsistent. Les problèmes profonds de cette industrie
s'estompent ou sont ravivés selon l'humeur économique en
général.
Nous connaissons tous le proverbe qui dit "l'argent ne fait pas le
bonheur". Mais nous savons tous qu'il nous permet souvent de passer
l'éponge sur certaines difficultés, et, quand l'argent vient
à manquer, le problème revit avec une densité et une
intensité souvent inconnues jusque-là. II est bien évident
que l'industrie du taxi vit actuellement, comme le reste du pays, une crise
économique et qu'elle s'en ressent de façon plus aiguë.
Depuis fort longtemps, les travailleurs de cette industrie compensaient
l'érosion de leur marché par des heures de travail interminables.
Mais voilà qu'aujourd'hui, avec cette crise qui nous accable tous, les
vingt-quatre heures d'une journée ne suffiraient peut-être
pas.
Il ne faut donc pas se leurrer et dire qu'avec la reprise
économique éventuelle tout va rentrer dans l'ordre. Les
problèmes de structure et de rentabilité demeureront et la
reprise n'apportera qu'un léger baume sur le patient.
Nous attaquons immédiatement les exposés qui sont contenus
dans Les avenues du taxi. Il est bien évident qu'au cours des
dernières années les habitudes de vie de la population se sont
modifiées et que le transport des personnes s'est façonné
en fonction de l'étalement urbain et de l'augmentation du parc
automobile.
Parallèlement à ce dépeuplement des grands centres
urbains, le transport en commun s'est développé pour desservir
les coins les plus reculés des banlieues, permettant ainsi le
rabattement des usagers vers un métro de
plus en plus ramifié pour la région de Montréal,
alors que, dans les autres grands centres, le réseau de surface
atteignait une excellence similaire.
Le râle de l'industrie fut d'autant diminué et nous ne
croyons pas qu'un retour en arrière soit possible. Bien sûr, nous
voyons d'un bon oeil toutes les ouvertures qui nous permettraient de sortir de
l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Depuis longtemps
déjà, aux origines mêmes des premiers pas des organismes
regroupant les propriétaires jusqu'à la formule des ligues que
nous connaissons aujourd'hui, ces organismes ont dénoncé tour
à tour la diminution de la demande par rapport à l'offre. Durant
ces années, le parc de véhicules-taxis a connu une grande
stabilité numérique; c'est sa disponibilité qui a
augmenté, les détenteurs se défendant farouchement pour
conserver le capital investi pour ne pas sombrer dans la masse des
assistés sociaux.
Sur ce dernier aspect du nombre de permis, malgré le gel
décrété sur l'île de Montréal dans les
années cinquante, une ombre se dresse: en 1967, 500 permis environ
furent émis pour desservir l'Exposition universelle de Montréal.
Cette manifestation qui a connu un immense succès a laissé dans
son sillon 500 permis permanents émis pour un événement
temporaire, ce qui, il va sans dire, accentue d'autant les problèmes de
l'agglomération montréalaise et de ses environs
immédiats.
Revenons sur l'érosion du marché provoquée par
l'étalement urbain.
Aujourd'hui, une certaine tendance se manifeste à la suite de la
crise du pétrole et du gonflement des taux d'intérêt. Le
dépeuplement des centre-ville en faveur des banlieues a subi un net
recul et la population a tendance à revenir dans les lieux
désertés. Ce retour à la ville, pourrait-on croire,
ramènera une clientèle perdue pour l'industrie du taxi.
Cependant, le transport en commun étant tellement bien structuré
et l'effet de la crise économique forçant la population à
se serrer la ceinture et à restreindre au maximum les dépenses,
l'industrie du taxi ne pourra pas reprendre cette clientèle perdue.
Bien que l'industrie se dise prête à oeuvrer dans tous les
secteurs présentés par le programme d'action De nouvelles avenues
pour le taxi, il faudra plus qu'une reconnaissance verbale du statut de
transporteur public, plus qu'une reconnaissance réglementaire ou
institutionnelle. Il faudra, de la part de tous les intéressés,
ministère des Transports, communautés urbaines,
municipalités,
Commission des transports, Régie de l'assurance automobile du
Québec, ligues, associations de services et de tout autre groupe ou
organisme, une volonté et une ouverture d'esprit collant plus aux
besoins de notre société.
Il y a d'autres facteurs qui ont permis l'érosion du
marché en plus de ceux énumérés plus haut. Il y a
les services de limousines et autres qui ont su tirer profit des situations que
nous ne contrôlons pas et que les différents organismes
ministériels auraient dû parer. Citons, à titre d'exemple,
la réduction du nombre des permis pouvant oeuvrer à
l'aéroport de Dorval, qui fut suivie par une augmentation substantielle
de véhicules immatriculés AT. En effet, lorsque Samson a obtenu
la desserte de l'aéroport de Dorval, sa flotte est passée de sept
à environ une centaine, alors que l'entente de l'aéroport de
Dorval en prévoyait seulement une cinquantaine.
De plus, la sollicitation est interdite pour les taxis alors que les
services de limousines en font. De plus, il semble que les détenteurs de
permis AT ne peuvent offrir le service qu'à partir de leur siège
social ou place d'affaires. Que font-ils donc stationnés aux portes des
hôtels et comment expliquer la divergence entre la Commission des
transports du Québec et la Régie de l'assurance automobile du
Québec qui aurait attribué près de 60 plaques AT à
des non-détenteurs de permis? Voilà une forme d'érosion du
marché non imputable à un phénomène naturel ou
incontrôlable, mais plutôt à l'apathie
généralisée des autorités en place.
Nous percevons également le covoiturage comme une forme de
rabattement vers le transport en commun plutôt qu'une source de
clientèle pour le taxi. Le programme d'action semble ignorer
également que les villes sont presque toutes dotées de
réseau piétonnier souterrain reliant les édifices à
bureaux aux centres commerciaux et au métro pour Montréal et
à des arrêts d'autobus là où il n'y a pas de
métro. L'administration montréalaise se fait une gloire de son
réseau sous terre et les différents édifices
gouvernementaux dans la vieille capitale sont presque tous interreliés.
Il ne faut pas s'illusionner: la légalisation du covoiturage est un
abandon gouvernemental de ses responsabilités au détriment du
taxi.
M. le ministre, le taxi, c'est notre gagne-pain! Et, comme vous le dites
si bien, nous travaillons en moyenne 12,8 minutes à l'heure. Notre
demande est légitime, nous voulons travailler. Donc, avant de vous
interroger sur le pauvre sort du parc automobile des individus, penchez-vous
sur notre sort et ce, prioritairement.
En 1973, le gouvernement, par sa réglementation, est venu mettre
de l'ordre dans le marasme municipal. Une des grandes réalisations de la
réglementation gouvernementale fut la création de territoires de
travail mieux adaptés. Nous en sommes satisfaits et nous vous appuyons
dans
leur maintien. (15 h 45)
Certes la centralisation a ses inconvénients, mais elle
présente également certains avantages. Depuis longtemps, nous
réclamions l'uniformisation du service à travers le Québec
et, au seuil de l'atteindre, voilà que vous parlez de le
décentraliser. Nous sommes conscients, par ailleurs, que certains
problèmes relèvent des autorités locales. Cependant, un
des problèmes rencontrés ne provient pas nécessairement de
la centralisation, mais du manque de communication entre les organismes et
surtout de la non-application, par des organismes sous votre gouverne, de vos
propres lois.
À titre d'exemple, combien de sanctions ont-elles
été prononcées par la Commission des transports du
Québec en vertu des annexes du règlement sur le transport par
véhicule-taxi? Pourquoi la Régie de l'assurance automobile du
Québec émet-elle des plaques alors qu'il n'y a pas de permis
l'autorisant? Combien de personnes ont obtenu leurs plaques alors que leur
permis n'était pas en règle (cotisation impayée à
la ligue)? Émission, sans discernement, des permis de chauffeurs. Nous
pourrions continuer ainsi longtemps. Tout ceci pour soulever une interrogation
qui nous apparaît être de taille: Quelle garantie avons-nous
qu'avec la décentralisation proposée la situation
s'améliorera?
En effet, nos craintes résultent du fait que la
décentralisation proposée transporte certaines
responsabilités partiellement, car, tant que les municipalités de
comté ne seront pas opérationnelles, le gouvernement devra
maintenir la structure actuelle et, là où ce sera possible, le
transfert des responsabilités aux autorités locales. Une double
structure qui multipliera par deux les risques d'erreurs dont nous sommes
malheureusement toujours les victimes.
Connaissant les ennuis énumérés partiellement
précédemment, il faudra un miracle pour que l'industrie y trouve
son avantage. Enfin, ceci dit, nous sommes d'accord sous la réserve que
le tout soit efficace et que l'industrie soit bien servie, à l'exception
de la remise aux autorités locales des pouvoirs de tarification. Si
l'industrie veut se doter d'un service d'évaluation de ses coûts
et présenter une tarification qui colle à la
réalité et aux besoins de l'usager et de l'industrie, il faut
absolument centraliser la tarification pour que l'organisme qui établira
ses tarifs ait une vision globale de la situation. En ce sens, nous nous
expliquons très mal comment le ministère des Transports propose
d'enlever cette compétence à la Commission des transports, alors
que tous ses efforts récents visaient à faire en sorte que cet
organisme soit un tribunal de régulation économique.
L'absence de contrôle dénoncée par le programme
d'action rejoint curieusement les plaintes répétées des
véritables professionnels du taxi et, il faut le souligner, ils sont
majoritaires. Pourquoi cette insuffisance de contrôle? Pour l'ensemble de
la province, à l'exception de la Communauté urbaine de
Montréal dont nous reparlerons plus loin, le problème peut se
situer au niveau du manque de personnel dans les services d'inspection du
ministère des Transports. La rumeur veut qu'il n'y ait que 17
inspecteurs pour l'ensemble du territoire québécois. Dans la
communauté urbaine, le corps policier se plaint d'administrer un
règlement qu'il ne contrôle pas, d'où son absence
d'efficacité. Comment fait-il pour appliquer le Code de la
sécurité routière, le Code criminel, la Loi sur la
protection de la jeunesse et combien d'autres? Il faudra un effort de tous les
intervenants pour que la loi prenne tout son sens.
L'organisation de l'industrie. Contrairement à l'opinion publique
et gouvernementale, il s'avère que les différends opposant les
principaux intervenants de l'industrie du taxi, voire les artisans, les
propriétaires de flottes, les chauffeurs rémunérés
à pourcentage et les chauffeurs locataires de véhicules, semblent
s'estomper. En effet, il est ressorti des différents sondages
menés par les ligues, de même que par la Fédération
des ligues, auprès de ces personnes intéressées, que la
qualité de services visée par l'industrie du taxi ne
dépend que de la qualité d'administration des associations de
services et des règlements de régie interne de ces
dernières. Il semble de plus en plus évident que nous ne pouvons
envisager sérieusement d'uniformiser et de revaloriser l'exercice de la
profession sans rétablir le rôle véritable et fondamental
des associations de services. C'est là, croyons-nous, une des lacunes
profondes tant du règlement concernant le transport par
véhicule-taxi, adopté en 1973 par l'Assemblée nationale,
que du programme d'action proposé par l'actuel ministre des
Transports.
Prenons l'exemple des agglomérations où l'achalandage a
considérablement diminué depuis quelques années. Une
solution semble obtenir l'assentiment de tous pour rentabiliser et discipliner
l'industrie. Ces agglomérations, par le biais des associations de
services, ont adopté le principe, dans certains cas, de la limitation du
nombre des membres, d'un chauffeur par véhicule, soit par semaine ou par
24 heures, selon leurs besoins, les horaires de travail et l'obligation de
prendre un jour de repos. Toutes ces modalités furent adoptées de
concert avec les ligues, les membres concernés par l'association de
services et l'administration de ladite association.
Dans certains cas, un contrat est intervenu entre le membre et son
association, définissant le service à maintenir pour les
associations de services, de même que les obligations du membre. C'est
ainsi qu'un code d'éthique est né dans ces associations, code
d'éthique que les ligues avaient comme obligation de mettre en vigueur
avec tous les problèmes inhérents, tels les services
d'inspecteurs et de tribunaux internes, ce qui existait déjà dans
les associations de services. Le contrat liant le membre et l'association
prévoit généralement des clauses pénales en cas de
non-respect et un mécanisme de comité disciplinaire pour juger
des infractions. Une innovation dans l'utilisation des amendes à la
suite de transgressions contractuelles consiste à verser les sommes
perçues à des organismes à but charitable pour que
l'association de services ne soit pas taxée de chercher un gain par le
biais des amendes et également pour que le comité disciplinaire
conserve son indépendance.
C'est ainsi qu'on a vu l'introduction dans certaines
agglomérations d'une meilleure qualité de main-d'oeuvre, le
contrat prévoyant un homme (chauffeur) par voiture par jour ou par
semaine, selon le cas, éliminant ainsi les travailleurs occasionnels,
tendant à un professionnalisme accru et à des jours de
congé obligatoires pour une certaine humanisation du travail. En
définissant mieux les règles du jeu entre eux et en s'assurant un
contrôle sur la qualité du service, certaines associations de
services ont également réussi à évaluer la demande
et, par le fait même, à définir leurs normes par rapport
à l'offre et à limiter le nombre des membres. C'est ainsi que,
dans une agglomération, les revenus engendrés par ces politiques
sont de l'ordre du tiers supérieurs à ceux de l'association de
services rivale.
Cependant, cette mise en vigueur du lien contractuel et de la limite de
l'offre mieux adaptée à la demande a fait surgir chez les autres
détenteurs de permis, de façon aiguë, la surpopulation. En
effet, bien que tous les gouvernements semblent faire l'autruche sur cette
question et bien que la possibilité de rentabiliser l'industrie par
l'addition de nouveaux domaines pour le taxi semble être une solution
louable, mais incertaine à long terme, il n'en demeure pas moins
qu'à court terme il y a trop de permis en circulation. Les gens du taxi
devront encore, demain, travailler en moyenne douze heures par jour, sept jours
par semaine pour s'assurer de bien maigres revenus. On dirait que les
autorités attendent que l'élimination des permis en surplus se
réalise par l'abandon ou la faillite de leur détenteur. Il est
certain que la mort met un terme aux souffrances humaines.
La réforme. Nous n'insisterons pas sur la nécessité
d'une réforme, mais sur la réforme elle-même. Le taxi vit
à l'ère de la calèche, alors que la société
en est à l'ère spatiale. Actuellement, seul le transport
individualisé est permis. Tous les propriétaires sont d'accord
avec les ouvertures proposées, qu'il s'agisse du transport des
handicapés, des écoliers, du transport collectif, substitutif ou
complémentaire au transport en commun, et du transport de biens.
Cependant, il sera nécessaire, du moins à l'exception du
transport des biens, que ces services soient offerts par l'entremise des
associations de services qui verront au maintien du service lui-même,
à sa répartition entre leurs membres et à la
qualité du service.
Pourquoi l'association de services? Prenons, par exemple, une entente
intervenue avec une commission de transport et un propriétaire artisan
établissant un service "jitney" la nuit. Si cet artisan est malade, la
relève peut s'avérer hasardeuse alors qu'avec l'association de
services, ce genre de problème risque moins de se présenter. Il
en va ainsi de tous les types de transport dits collectifs. Cependant, ces
contrats devront être publics, régis par des règles
préétablies par voie réglementaire et également
soumis au contrôle de la Commission des transports du Québec en
matière de tarification.
En ce qui a trait à la réforme de la structure
gouvernementale, la passation des pouvoirs du gouvernement central aux
autorités locales semble comporter un danger que nous avons
déjà souligné: les structures parallèles. Là
où il y a une communauté urbaine, une ville dont le territoire
coïncide avec des agglomérations existantes, il ne semble pas y
avoir d'obstacle majeur, sauf pour la tarification. En effet, le danger de
laisser la tarification aux autorités locales consiste en la
possibilité de disproportion tarifaire à l'intérieur d'une
même région. Si les taxis de l'île de Montréal
coûtent moins cher qu'à Laval, les gens de Laval vont refuser de
se servir d'un taxi de Laval pour bénéficier d'une certaine
économie, d'où un débordement possible d'une
agglomération sur l'autre, une source de dispute entre
agglomérations et, également, une demande de contrôle
accru.
De plus, le gouvernement devra maintenir un service centralisé
pour environ selon vos statistiques - 16,4% de l'industrie, car les
municipalités régionales de comté ne seront pas toutes
prêtes à accueillir le taxi dans un avenir rapproché, sauf
erreur. Ce que l'industrie désire profondément, c'est que la loi
soit la même pour tous et que l'autorité investie des pouvoirs
fasse son travail.
De notre côté, il est vrai que nous avons eu beaucoup de
difficulté à nous organiser et à nous concerter, mais
voilà que nous touchons au but. Chaque intervenant est plus conscient de
son rôle, de sa capacité et de ses limites. Un mouvement de
concertation s'est petit à petit installé chez
nous, un long chemin parcouru depuis dix ans et qui a permis aux ligues,
par le biais de leur fédération, d'en arriver au travail et aux
conclusions que nous énumérons ci-après.
À la suite d'un colloque que nous avons tenu à
Trois-Rivières, voici les résolutions qui ont été
adoptées. La décentralisation progressive. À la question:
Serait-il judicieux de remettre aux autorités locales la tâche de
préciser les normes d'exploitation (type de véhicules, nombre de
passagers), les règles de qualité de service (comportement,
propreté, civisme) et la fixation des tarifs, les décisions des
ateliers sont les suivantes: tarification: niveau provincial; normes
d'exploitation: localités, en collaboration avec les ligues;
qualité de service: localités, en collaboration avec les
ligues.
Structures d'accueil et modalités de transfert. Tous seraient
d'accord pour accepter l'application de la réglementation par le corps
policier municipal, en concertation avec les ligues. Si l'application du
règlement revient à la localité, cette
réglementation devrait, autant que possible, être appliquée
par des personnes ayant une formation adéquate du taxi et non pas par
des inspecteurs municipaux tels que des inspecteurs en bâtiments,
salubrité ou autres, novices dans le domaine du taxi.
Il est demandé par les participants que le permis de travail de
toute personne ne gagnant pas sa vie exclusivement du taxi soit annulé
et que le mot "tirera" soit définitivement banni du règlement sur
le transport par véhicule-taxi, à l'article 49V.
En ce qui concerne l'intégration des TR aux TA, il est ressorti
des ateliers qu'il serait préférable de recommander à
chacune des ligues de prendre la décision qui s'applique à son
cas.
Le partage des responsabilités. Autorités locales. Il a
été demandé que les autorités locales fassent
passer différents tests de connaissance aux candidats avant d'autoriser
l'émission de permis de travail. En ce qui concerne l'émission
des plaques AT, les ateliers demandent qu'elle soit sujette à un
décret immédiat de statu quo et que toute plaque AT soit
obligatoirement munie d'un permis de taxi déjà existant
présentement, ce qui permettrait d'annuler les AT existantes et
d'éliminer un certain nombre de permis. Tous les participants sont
d'avis que toutes les ligues doivent être opérationnelles. La
Fédération des ligues de taxi du Québec doit être
reconnue comme porte-parole officiel.
La Commission des transports du Québec. Il a été
suggéré qu'une étude soit faite pour mettre en application
une politique prévoyant la décroissance des permis de taxi dans
certaines agglomérations, selon le besoin, autre que l'annulation des
permis de propriétaire sans privilège de transfert, tel que
"chaque ligue voit au rachat des permis de taxi dans son
agglomération".
À la question: Est-ce que l'utilisation frauduleuse des
taximètres par les chauffeurs doit entraîner une suspension ou
l'annulation du permis de taxi, sans tenir compte du fait que le
propriétaire ne peut être constamment derrière son
chauffeur, les participants sont tous d'accord que le propriétaire ne
doit pas être tenu responsable s'il y a fraude de la part du chauffeur.
Il revient donc à chaque propriétaire de mettre en application
une méthode telle que la signature d'un papier par le chauffeur,
lorsqu'il loue un véhicule, à savoir que ledit véhicule
est en règle relativement au taximètre (ou autre moyen), ce qui
permettrait au propriétaire de se décharger de la
responsabilité de la fraude du chauffeur en question.
Plusieurs idées de pénalités ont été
suggérées, telles que: première infraction: 500 $ pour le
chauffeur et 1000 $ pour le propriétaire; deuxième infraction:
annulation du permis du chauffeur ou, première infraction: retirer les
permis de travail et de taxi du propriétaire pour six mois;
deuxième infraction: annulation des permis de travail et de taxi du
propriétaire ou, première infraction: annulation du permis de
travail du chauffeur.
Afin de protéger les propriétaires de taxis, nous
pourrions demander au gouvernement qu'il s'engage à aviser soit le
propriétaire, la ligue ou la compagnie de services lorsqu'un chauffeur
perd son permis de travail. Si le gouvernement décidait qu'un
propriétaire, pour une raison ou une autre, ne doit plus se servir de
son permis, ledit propriétaire devrait conserver son droit de vendre son
permis comme cela se fait présentement. Étant donné le
contexte économique et la difficulté d'obtenir des prêts,
il est demandé que la vente des permis a tempérament soit
légalisée à la condition qu'il y ait un contrat
légal au taux d'intérêt bancaire et que ce contrat soit
déposé à la Commission des transports du
Québec.
Le programme d'action, tel que proposé par le gouvernement du
Québec à l'introduction, pourrait correspondre à la
solution visant à rentabiliser l'industrie du taxi. Seulement, il est
demandé que le dernier volet, soit celui de l'affirmation de l'existence
des ligues, de la clarification de leur rôle afin de favoriser leur
développement, ne permette pas au ministre des Transports
d'intervenir.
Tous les participants sont d'accord pour que le projet de la centrale
d'information soit mis de l'avant, mais seulement en ce qui concerne les
informations sur la qualité de la main-d'oeuvre. Il ne sera jamais
question de diriger des chauffeurs vers des propriétaires. La centrale
d'information devrait pouvoir transmettre aux propriétaires,
ligues ou autres organismes toute information pertinente à la
bonne marche des ligues. Elle devrait donc s'informer auprès de chacune
des ligues de leurs besoins respectifs.
Tous les participants sont d'accord avec la déclaration
ministérielle quant au soutien à apporter à la
concertation via les entités qui en font la promotion et demandent une
implication permanente du gouvernement du Québec.
Ouverture de nouveaux marchés. Services diversifiés. Tous
les participants sont intéressés à oeuvrer dans les
domaines du transport d'écoliers, des handicapés, à
l'occasion de baptêmes, de mariages ou de funérailles, du
transport par automobile intégré au transport en commun, soit
comme substitut ou complément.
Plusieurs modalités d'applications nous ont été
suggérées, telles que: handicapés: libre choix du
chauffeur, tarif fixe, soumissions obligatoires pour les groupes de
handicapés. Écoliers: pas d'écoliers n'ayant pas trois ans
sans surveillance adéquate; tarif régulier; que le gouvernement
agisse pour faciliter les ententes; obliger les commissions scolaires à
faire un consensus avec les ligues pour que le taxi compétitionne avec
les compagnies privées dans ce genre de transport; que le gouvernement
oblige les organismes concernés à rendre publique la liste de
ceux qui ont des contrats de transport d'écoliers. Taxi-bus: que le
service de taxi-bus soit mis en application le plus tôt possible, en
collaboration avec les commissions de transport des villes respectives. Divers:
ouvrir le marché pour le taxi dans les salons funéraires pour
remplacer les limousines qui font ce service et demander le gel
d'émission des plaques L pour faire du service de limousines dans ce
domaine.
Transport de biens. En ce qui concerne le transport de biens, le
gouvernement devrait légaliser ce service pour les
véhicules-taxis en cas d'urgence et de dépannage seulement.
Contrats avec organismes divers ou client individuel ("run" de lait).
Seuls les contrats signés entre les entreprises et les compagnies de
services devront être légalisés. Un propriétaire ne
pourra jamais prendre une entente avec un client pour lui donner ce service. Il
devrait être demandé que le gouvernement offre une formule de
contrat uniforme sur tous les marchés, mais avec copies remises aux
contractants seulement.
Service collectif. Les ligues, les associations de services, de
même que les propriétaires de flottes consultés consentent
à ce que le service collectif soit mis en application et ce, le plus
tôt possible afin de permettre au taxi de récupérer une
certaine clientèle.
Il est suggéré de demander au ministre des Transports
d'intervenir auprès des municipalités, commissions de transport
et municipalités régionales de comté pour commencer les
négociations avec l'industrie du taxi. (16 heures)
Omissions. Ici, nous attaquons ce que, selon nous, on a défini
comme omissions dans le document: 1. Que les concessions soient
définitivement abolies et ce, en débutant par tous les endroits
de juridiction gouvernementale (fédérale, provinciale et
municipale).
Les "concessions" contribuent à limiter le profit légitime
maximum que poursuivent les détenteurs. Nous sommes d'avis que l'on doit
accorder à tous les détenteurs de permis une chance égale
d'accéder à toutes les sources de revenus possibles.
En conséquence, nous recommandons qu'à l'émission
ou au renouvellement d'un permis soit rattachée une restriction à
l'effet que le détenteur du permis ne doit pas être partie
à une entente qui résulte en l'octroi d'une desserte exclusive.
Cette recommandation doit avoir une portée provinciale. 2. a) Il est
demandé que le "no fault" soit éliminé. b) Que les
propriétaires soient sensibilisés à la possibilité
de s'assurer à une même date et ce, afin de pouvoir
négocier des primes en groupe. c) Que le gouvernement devienne notre
assureur pour le corporel et le matériel.
Il existe certaines dispositions dans la Loi sur les assurances qui
permettent au gouvernement d'agir. Tous les courtiers d'assurances sont
d'accord pour avancer le fait que la non-subrogation est la cause principale de
la hausse des primes d'assurance protection pour nos véhicules taxis. 3.
Que le gouvernement abolisse la taxe d'accise sur l'essence. 4. Demander
l'abolition de la taxe de vente sur une voiture taxi à l'achat et au
transfert. 5. Demander l'abolition de l'émission de plaques pour
limousines. 6. Application du règlement interdisant aux limousines de
prendre des appels pour l'aéroport à l'intérieur d'une
agglomération. 7. Obliger les limousines à acquérir un
permis de taxi. 8. Que les moyens suivants soient étudiés en vue
de protéger l'opérateur d'un véhicule taxi de la
clientèle abusive - vol, vandalisme - tels que vitres protectrices,
pédale pour radio au plancher, répartiteur d'appels plus
coopératif, cours de prévention donnés par la police.
Cependant, la recommandation à l'effet de ne pas accepter de passager
à l'avant du véhicule doit être
laissée à la discrétion de l'opérateur du
véhicule. 9. Que les pénalités concernant le vandalisme et
le vol contre les taxis soient renforcées. 10. L'idée du
covoiturage par des autos privées a été rejetée par
tous les participants. 11. Étant donné que les lettres
correspondant au test médical et aux restrictions apparaissent
déjà sur le permis de conduire, il est demandé qu'elles
soient enlevées sur le permis de chauffeur de taxi. 12. Le
propriétaire devrait présenter, lors du renouvellement des
plaques, un reçu à l'effet qu'il est membre en règle de sa
ligue. 13. Étant donné qu'il est souvent difficile de s'absenter
de son véhicule pour aller dîner ou faire une course, il est
demandé que des aires de stationnement soient mises à la
disposition des taxis dans les grandes villes et agglomérations,
exemple, sur le terrain de stationnement municipal. 14. Que l'inspection des
compteurs, du scellé du taximètre et de l'automobile soit
exécutée sous le contrôle des ligues. 15. Que les plaintes
formulées par les ligues au ministère des Transports et relevant
de la compétence des inspecteurs soient étudiées plus
rapidement et que les sanctions prévues au règlement soient
exécutées. 16. Que les propriétaires soient
informés par lettre officielle lorsque le ministère fait une
inspection mécanique des voitures. 17. Que l'application du moratoire
sur l'émission des permis de travail pour les chauffeurs soit plus
stricte. 18. Que le gouvernement porte une attention spéciale et
soutenue aux demandes de plaques, lorsque des personnes prétextant
qu'elles ont perdu la leur demandent une nouvelle plaque. 19. Il serait
important que le gouvernement redéfinisse le taxi et ce, en concertation
avec la fédération. 20. Que l'échelle des tarifs soit
modifiée afin d'y inclure un départ minimum. 21. Que le
gouvernement s'engage à ne plus émettre de permis de taxi sans
l'accord des ligues concernées. 22. Que les chauffeurs de tous les
transports parallèles soient assujettis aux mêmes normes de
qualification médicale que ceux oeuvrant dans l'industrie du taxi. 23.
Nous demandons la saisie d'un véhicule opérant dans l'industrie
du taxi sans permis, le tout tel que décrit à l'article 15 du
règlement du transport par véhicule taxi. Un
précédent dans ce sens existe dans le domaine de la protection de
la faune. 24. À l'article 13 du règlement du transport par
véhicule taxi, nous désirons faire ajouter un point 3 à
l'effet que lors d'un service spécialisé tel que mariage,
baptême ou autre, le véhicule taxi soit autorisé à
circuler sans dôme.
Ces aspects sont absents de la réforme proposée. Depuis
longtemps, les ligues réclament le droit pour leurs membres d'être
en mesure d'accepter la clientèle partout où le permis les y
autorise. Bref, nous désirons l'abolition de toute forme de concession
ou franchise territoriale dans les endroits ouverts au public, à
l'exception des postes où les associations de services sont
propriétaires. Nous attirons particulièrement votre attention sur
les hôpitaux, CLSC et autres organismes gouvernementaux qui favorisent
cette pratique afin de rentabliser leur administration. Nous sommes
probablement une des rares industries qui doivent payer pour desservir la
population dans des endroits stratégiques et, par surcroît,
publics.
Nous demandons également l'abolition de la taxe de vente sur les
automobiles, ce que le gouvernement a déjà consenti aux
agriculteurs pour leur véhicule privé. Nous considérons
que le véhicule étant notre gagne-pain, une telle suppression
devrait nous être accordée.
Également, nous demandons un dégrèvement de la taxe
sur l'essence. De plus, le coût de l'assurance devrait être
réparti entre le chauffeur (détenteur d'un permis de travail) et
le propriétaire du véhicule. Le détenteur de permis assume
seul actuellement le coût des assurances de l'État par le biais du
prix des plaques d'immatriculation. Il faudrait répartir ce coût
entre le permis de travail et l'immatriculation mais, pour ne pas
pénaliser le détenteur artisan, il faudrait lui accorder sans
frais son permis de travail s'il satisfait aux exigences et en le soumettant
seulement par la suite aux examens médicaux. Il y a actuellement environ
30 000 permis de chauffeur pour près de 10 000 permis en circulation.
Hypothétiquement, si le gouvernement réduit de 100 $ le
coût de l'assurance et l'impute aux détenteurs de permis de
travail, il réduit le fardeau des détenteurs de permis d'environ
1 000 000 $, mais augmenterait ses propres revenus d'environ 2 000 000 $. Les
avantages sont tangibles, tant du côté gouvernemental que pour les
détenteurs de permis.
De plus, nous exigeons que la Commission des transports émette,
pour les fins d'immatriculation, un certificat annuel de
régularité du permis. En effet, cette pratique aurait pour effet
d'éliminer l'émission de plaque à des détenteurs de
permis qui n'ont pas respecté toutes les exigences de la loi. Nous
visons par ceci, vous l'aurez deviné, ceux qui n'auront pas
acquitté la cotisation à la ligue, mais également à
enrayer le problème actuel des plaques AT émises alors qu'aucun
permis
n'autorise une telle émission.
Un autre problème concerne l'imma-triculation. Il y a
actuellement un certain nombre de véhicules immatriculés "taxi",
alors qu'il n'y aurait pas de permis pour ces véhicules. Cette source de
taxis illégaux proviendrait du remplacement des plaques perdues,
volées ou détruites sans qu'un contrôle
sévère soit fait lors du remplacement et par la suite pour
éliminer les plaques prétendues perdues, volées ou
détruites qui circulent sur tout autre véhicule.
Le contrôle et le scellage du taximètre devraient
être accordés aux ligues. Ce transfert de responsabilité
aurait pour effet de mettre un frein aux modifications du taximètre, ce
qui est une source de plaintes provenant des usagers et qui nuit
considérablement à la réputation. Les ligues ayant le
devoir de défendre les intérêts de leurs membres, nous
croyons qu'un contrôle plus serré améliorerait l'image de
l'industrie.
Dans ce sens, nous croyons abusive la volonté de vouloir annuler,
sans privilège de transfert, les permis de propriétaires qui sont
pris avec un taximètre ou une transmission trafiqués. En effet,
prenons, à titre d'exemple, un propriétaire qui loue sa voiture
à X. Ce dernier va chez un horloger ou un garagiste peu scrupuleux et
modifie la voiture en fonction d'une accélération du
mécanisme d'évaluation de la course. Peu de temps après,
le même propriétaire loue le même véhicule à Y
et par la suite à Z. Alors que Z est au volant, un agent de la paix
ordonne une vérification et on découvre que le taximètre
fut modifié, mais le propriétaire l'ignorait. Ce dernier a le
fardeau, devant le tribunal, de prouver qu'il n'a pas modifié le
taximètre ou contribué à sa modification. Preuve d'autant
plus difficile qu'un certain laps de temps s'est écoulé et qu'il
est incertain que vienne s'avouer coupable le responsable, si on réussit
à l'identifier.
Une autre omission dans le programme consiste à ce que le
ministère prenne position sur le permis de limousine. En effet, la
limousine étant définie par le règlement sur le transport
par véhicule-taxi, la grande majorité des véhicules mis
à la disposition de la population par ces détenteurs de plaques
AT sont des berlines. Nous demandons le retrait des plaques AT pour tous ces
véhicules qui ne sont pas des limousines au sens du règlement no
6.
De plus, nous demandons l'annulation des permis de limousines qui ne se
conforment pas à cette mesure et, en ce qui a trait aux autres, nous
demandons le gel tant des permis que de l'émission des plaques.
Remarques générales. Une multitude d'autres
problèmes ont été portés à notre attention
au cours de la concertation. Une analyse en profondeur de ces problèmes
nous a amenés à réaliser qu'ils étaient tous une
conséquence inévitable d'un ou de plusieurs grands
problèmes que nous venons de décrire.
Il reste que les grands problèmes décrits ont tous un
dénominateur commun, savoir qu'ils contribuent à restreindre
considérablement la rentabilité possible de l'industrie du taxi
et, partant, rendent impossible l'implantation de conditions décentes de
travail pour les ouvriers de ce secteur d'activité.
L'application de solutions réelles et efficaces aux grands
problèmes traités aura pour effet, à notre avis, de faire
disparaître ces problèmes corollaires, surtout si l'on modifie
quelque peu les structures actuelles, si l'on étend les pouvoirs de
certains organismes déjà existants et si, enfin, l'on
prévoit des carrefours de discussions pour les divers
éléments intéressés au taxi.
En conclusion, nous pouvons présumer de façon très
conservatrice que l'importance du taxi dans l'économie
québécoise et les emplois indirects créés par notre
industrie, dans les secteurs du pétrole, de la mécanique et
autres, sont supérieurs sinon équivalents au nombre d'emplois
directs.
Nous souhaitons, en toute humilité, que le fruit de notre labeur
ne connaisse pas le sort qui fut réservé aux présentations
antérieures, mais qu'il soit plutôt à l'origine des
réformes nécessaires que l'industrie du taxi réclame
à grands cris depuis quelques années. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Est-ce que M. le
ministre voudrait ouvrir la période de questions?
M. Clair: Oui, M. le Président, par quelques commentaires.
D'abord, dans un premier temps, pour féliciter la
Fédération des ligues de taxi du Québec pour l'excellence
de son mémoire et les points de vue positifs qui y sont
exprimés.
Afin de mettre tout le monde à l'aise, je tiens à
préciser, dès le départ, qu'en ce qui concerne la
Fédération des ligues de taxi, afin de favoriser cette
concertation des ligues de taxi dans tout le Québec et pour tenter
d'avoir un point de vue aussi représentatif que possible de la
Fédération des ligues de taxi, le ministère des Transports
a contribué financièrement à l'organisation de cet effort
de concertation. Ma foi, si on en juge par le produit du mémoire, je
pense que c'était de l'argent bien investi puisque cela permet
l'expression d'un point de vue encore plus large.
Cela peut paraître un peu naff de la part d'un ministre que de
favoriser la concertation et la présentation d'un mémoire de
revendications, à certains égards. Mais je pense que
c'était très sain et, personnellement, je suis très
heureux d'avoir
eu l'occasion de soutenir financièrement l'organisation de cet
effort de concertation.
C'est d'autant plus intéressant que ce qui ressort du
mémoire de la Fédération des ligues de taxi, c'est d'abord
un appui assez général à l'ensemble des mesures qui sont
proposées quant à l'ouverture de nouveaux marchés. Quant
à la décentralisation, c'est moins clair. J'aurai des questions
là-dessus. Quant au rôle de concertation des ligues, la
fédération ne semble pas mettre en cause, avoir de points majeurs
tant au niveau de l'analyse, de la problématique que des propositions de
réforme. La fédération ne semble pas voir de
contradictions majeures entre la position du ministère et celle qui est
défendue par la fédération des ligues. Cela
n'empêche pas, bien sûr, la fédération de soulever
plusieurs autres points qui sont tantôt peu ou pas traités par le
programme d'action qui était proposé.
Je voudrais m'attacher à trois ou quatre points qui ont
été soulevés et qui méritent un
éclaircissement de la part du ministre des Transports. D'abord, la
question des immatriculations AT. Là-dessus, je dois dire, pour ceux qui
ne connaissent pas les immatriculations AT, que dans l'opinion publique en
général sont immatriculés AT les véhicules offrant
un service de limousine. C'est ce qu'on connaît
généralement. C'est ce qu'on connaît
généralement, surtout les limousines Samson et Murray Hill, dans
la région métropolitaine de Montréal.
Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe que cela,
puisqu'il n'y a pas d'adéquation, si on veut, entre le permis AT et
l'immatriculation AT, dans le sens que les limousines Samson et Murray Hill
exploitent un service de limousines en vertu de permis qui ont
été émis par l'ancienne Régie des transports.
Cependant, le Bureau des véhicules automobiles et, par la suite, la
Régie de l'assurance automobile ont continué à
émettre des plaques AT sans qu'il n'y ait nécessairement un
permis AT, un permis de limousine, mais d'autres types de permis.
J'ai demandé à la Commission des transports, à la
Régie de l'assurance automobile et à mon ministère de
faire une étude complète sur ce problème spécifique
des véhicules immatriculés AT. On a découvert qu'à
l'intérieur des véhicules immatriculés AT il y avait bien
d'autres choses que des permis de limousines, ce qui peut entraîner pour
le public voyageur une certaine confusion et laisser croire aux ligues de taxi
que la Régie de l'assurance automobile du Québec émet de
nouveaux permis de limousines, ce qui n'est absolument pas le cas. Juste pour
vous donner quelques exemples de ce qu'on a découvert dans les plaques
AT; nous avons découvert certains services qui tiennent davantage du
covoiturage pour transporter des mineurs qui ont obtenu une plaque AT depuis
plusieurs années, un service de transport par taxi, un service de
transport en commun par automobile entre Gaspé et Montréal, qui
concerne quelques propriétaires seulement. Nous avons découvert
des permis de transport de fleurs pour des occasions comme des mariages, des
baptêmes ou des funérailles, toute une série de
catégories de permis ou de genres de services qui n'ont rien à
faire avec le service de limousines.
On est donc à finir l'inventaire de tout cela. On est conscient
des problèmes que vit le secteur du taxi, en particulier dans la
région de Montréal, à cause de cela. L'engagement que je
peux prendre aujourd'hui devant la fédération des ligues, qui
soulève avec beaucoup d'acuité ce problème, c'est de faire
le ménage là-dedans. C'est ce que nous nous apprêtons
à faire. Au moment de la publication du programme d'action, nous
n'étions pas suffisamment avancés dans l'analyse des plaques AT
dans leur ensemble. C'est un travail qui doit se faire à la mitaine.
Cela remonte à plusieurs années, dans bien des cas. On sera en
mesure, au moment du dépôt de la loi, de dire quel sorte de
ménage on entend faire dans l'ensemble des plaques AT.
Je dois dire que ce qu'on a découvert était très
différent de ce que nous pensions découvrir et de ce que la
fédération des ligues pense y retrouver. Il faudra trouver le
moyen... S'il y a des gens qui ont des plaques AT pour faire du transport
d'écoliers, ils iront s'immatriculer avec des plaques AE et, s'il y en a
d'autres qui font du transport par autobus, ils iront s'immatriculer A et ainsi
de suite pour l'ensemble de ceux qui n'ont rien à faire avec du
transport du genre taxi, si on veut. (16 h 15)
Quant au permis AT, dans le sens qu'on l'entend traditionnellement,
à savoir permis de limousine, là aussi, je pense qu'on devra,
après analyse de la situation, voir quelles sont les mesures qui peuvent
être prises pour s'assurer que chacun a sa juste part du gâteau et
qu'il n'y a pas de distorsions créées dans le secteur du taxi par
l'existence de plaques AT.
En ce qui concerne le covoiturage - un autre point soulevé par la
fédération des ligues - ni le gouvernement, ni l'Opposition ne
pourront pendant longtemps empêcher sa légalisation. Dans ce sens,
une quarantaine d'États américains et plusieurs provinces
canadiennes ont déjà légalisé le covoiturage. J'ai
demandé une analyse qui, malheureusement, n'est pas encore dans une
forme qui peut être rendue publique. On a analysé les
conséquences possibles sur le taxi, avec la légalisation du
covoiturage, et il apparaît très clairement que les
possibilités de nuire au taxi, à partir du covoiturage, sont
à toutes fins utiles inexistantes. Elles sont très faibles.
Alors
qu'on peut, avec le développement du taxi collectif et avec le
transfert modal de personnes qui utilisent habituellement leur véhicule
privé vers d'autres moyens de transport en commun - train de banlieue et
autres - amener une nouvelle clientèle au taxi par le covoiturage.
Sur ce point, voici ce que je demanderai. Il existe une association qui
s'appelle l'Association du covoiturage Québec Inc., qui viendra
d'ailleurs se faire entendre au cours de cette commission. J'ai eu l'occasion
de rencontrer ses membres déjà. Je les ai sensibilisés aux
points de vue des ligues de taxi, de ceux des propriétaires de taxi et
je pense que l'une des hypothèses les plus valables dans ce domaine,
c'est que l'association du covoiturage qui voudrait faire la promotion du
covoiturage fasse tout autant la promotion du taxi collectif. C'est une des
façons de faire du covoiturage. Elle envisagerait de faire la promotion
des autres formes de covoiturage. Je pense que ce serait important que la
fédération ait un dialogue très franc avec l'association
du covoiturage. Je ne pense pas que ce soit en essayant de nier
l'évidence qu'on puisse progresser, mais en ayant, au contraire, une
approche dynamique qui pourra satisfaire tout le monde.
Quant aux associations de services, c'est l'un des points les plus
intéressants soulevés par le mémoire de la
Fédération des ligues de taxi. Peut-être n'y avions-nous
pas accordé suffisamment d'importance dans le programme d'action que
nous avons proposé. Cependant, il me semble que la position de la
fédération des ligues n'est pas très précise et
c'est là-dessus que je voudrais faire porter ma première
question, à savoir, le rôle que vous voyez jouer par l'association
de services. Est-ce un rôle qui serait inscrit dans la loi ou dans le
règlement? Est-ce que l'association de services aurait le pouvoir
d'imposer la règle d'un homme une voiture par semaine? Est-ce que
ça va aussi loin que cela ce que vous envisagez? Ou si c'est simplement
de voir à ce que l'association de services joue un rôle,
finalement, un peu semblable à celui de la ligue. Ce qui
m'apparaîtrait dangereux. J'aurai l'occasion d'y revenir parce que je ne
veux pas poser mes questions tout de suite. Je vais passer aux commentaires
d'abord. Sur ce point, cela m'apparaît intéressant de creuser
davantage le rôle des associations de services, mais j'aimerais mieux
comprendre ce que vous proposez.
En ce qui concerne la question des assurances, le "no fault" et la
non-subrogation, le coût des primes d'assurance et les
conséquences de l'introduction d'un régime de "no fault", je
dirai que les études qui ont été faites - et je pense
à la reconnaissance de la fédération des ligues par le
ministère des Institutions financières notamment le surintendant
des assurances -nous ont appris simplement que c'est vrai que les primes
d'assurance sont élevées, d'une part, mais que, d'autre part,
l'augmentation en termes de pourcentage des primes d'assurance automobile pour
les dommages matériels dans le secteur du taxi n'est pas plus
élevée que pour des véhicules utilisés pour le
tourisme, la promenade personnelle. L'augmentation n'a pas été
plus élevée au cours des deux dernières années.
Troisièmement, même si des courtiers peuvent affirmer cela, je
vous dis là-dessus que cela ne m'ébranle pas trop. Je me souviens
de la position des courtiers d'assurances au moment de l'introduction du
régime d'assurance automobile avec le "no fault". Les études
faites par le surintendant des assurances révèlent qu'on ne peut
nullement conclure que la non-subrogation ait quel que chose que ce soit
à faire avec l'augmentation des primes d'assurance automobile, si ce
n'est, encore là, dans une très faible proportion au cours des
dernières années.
Ce sont les informations que j'ai présentement. Le
ministère des Institutions financières, compte tenu des demandes
qui lui avaient été faites l'année dernière, est en
train, cette année encore, de préparer un rapport pour le
ministre des Institutions financières, pour être bien sûr
que les autorités du ministère sont bien au fait de la situation.
Mais jusqu'à preuve du contraire, rien ne semble démontrer que
l'augmentation des primes ait été plus importante dans votre
secteur que dans les autres secteurs et rien ne semble démontrer non
plus que l'augmentation soit due à la non-subrogation.
En ce qui concerne les taxes sur le carburant, je pense que, surtout
dans la région métropolitaine de Montréal - on aura
l'occasion d'entendre GNC Québec Ltée -une avenue qui pourrait
être très intéressante tant en termes de rentabilité
qu'en termes de diminution de la production dans les régions
métropolitaines - Montréal, éventuellement
Trois-Rivières et Québec -c'est la conversion au gaz naturel
comprimé qui peut, à ce moment-là, non seulement
équivaloir à une réduction, à une abolition de la
taxe, purement et simplement, mais avoir un effet encore plus important si on
se fie aux chiffres que GNC Québec Ltée a rendus publics dans son
mémoire.
Finalement, en ce qui concerne la question de la cotisation à la
ligue, là-dessus, le programme d'action propose que le reçu de la
ligue serve de preuve et soit fourni aux autorités chargées de la
délivrance des permis de la CTQ. Là-dessus, je dois vous dire que
je suis très ouvert à la possibilité que la Régie
de l'assurance automobile du Québec, au moment du renouvellement des
plaques, soit l'organisme chargé de contrôler cela plutôt
que la
Commission des transports du Québec.
En ce qui concerne d'abord le rôle des associations de services,
la question est la suivante: Comment voyez-vous le rôle, l'encadrement
juridique, si on veut, des associations de services, notamment sur des
questions comme celle d'un homme par voiture? Est-ce que ce serait un pouvoir
qui serait purement et simplement entre les mains de l'association de services?
Comment est-ce qu'on contrôlerait la naissance de nouvelles associations
de services? Si on les reconnaît dans un texte de loi, est-ce que cela
veut dire qu'il faudrait leur émettre des permis et qu'à ce
moment-là il y aurait une valeur à ce permis comme il y a une
valeur attachée, si on veut, à l'émission d'un permis de
taxi? Tout autant de questions sur lesquelles j'aimerais être
éclairé.
Ma deuxième question - j'en ai trois, M. le Président, je
les pose d'affilée et les gens pourront répondre à leur
guise - est à l'effet, comme je le disais tantôt, que l'attitude
de la fédération des ligues, si je comprends bien, est de dire:
Le plan d'action en général, oui, on est assez d'accord, mais ce
n'est pas assez. Ce qui est légitime de la part d'un organisme comme la
fédération des ligues.
Il y a cependant un point où on manifeste une approbation du bout
des lèvres et, en même temps, une objection: c'est la
décentralisation. Vous semblez être d'accord. Après avoir
fait valoir un certain nombre d'arguments contre, vous en venez à la
conclusion que oui, cela pourrait être avantageux de procéder
à une décentralisation de certaines responsabilités vers
les autorités locales, mais vous dites, cependant: La tarification, non.
Je ne comprends pas très bien pourquoi. D'abord, quelle est la position
de la fédération après la concertation que vous avez
effectuée sur la question de la décentralisation dans son
ensemble? Deuxièmement, pourquoi cette objection? Sur quoi se base cette
objection ferme de la décentralisation de la tarification?
Dernière question. Vous ne parlez pas beaucoup dans votre
mémoire d'une question qui est omniprésente dans le débat,
on l'a vu dès l'ouverture, c'est la question du rachat des permis. Vous
effleurez cette question-là en disant que les ligues devraient avoir un
pouvoir de rachat de permis, mais il n'y a pas de position très
élaborée là-dessus. Quelle est la position de la
fédération des ligues, si cela a été
discuté?
Voilà mes trois questions, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Pelletier: M. le Président, les questions sont assez
rapprochées. Ce qu'on entend par une association de services, c'est
quand un propriétaire qui utilise son véhicule se retrouve
normalement, dans presque toutes les agglomérations du Québec,
membre d'une association de services. Dans différentes
agglomérations, on retrouve une association de services. Par contre,
dans d'autres agglomérations, on peut en retrouver jusqu'à 4, 5,
6 et peut-être plus, selon la grandeur de l'agglomération.
Si on avance le fait que les associations de services doivent agir, ce
n'est pas nécessairement dans le but de demander que les associations de
services soient régies par une loi. Nous croyons qu'une association de
services, c'est une entreprise, qu'elle est libre et qu'elle doit être
laissée telle quelle. Mais ce qu'on demande aux associations de services
- je pense que c'est quelque chose qu'on leur demande directement - c'est de
pouvoir s'asseoir ensemble avec la ligue de l'agglomération qui a
décrété des règlements et que toutes les
associations de services respectent le même règlement. Ces
règlements sont demandés tout simplement pour assainir
l'industrie du taxi, pour la rentabiliser. Nous ne voyons pas tellement que ce
soit le rôle de la ligue de baser ses données sur l'offre et la
demande de l'association de services. Cela revient au propriétaire de
l'association. Évidemment, dans certains endroits de la province, on en
retrouve et c'est assez facile, parce qu'il existe une association, une ligue.
Mais lorsqu'il s'agit de s'entendre, là où il y a deux ou trois
associations de services qui font concurrence, je pense qu'il y a beaucoup de
bonne volonté à mettre dans les discussions. Cela ne peut pas se
faire du jour au lendemain, c'est évident, mais c'est un départ.
On a fait des recherches là-dessus et, dans certaines
agglomérations, l'entente existe. Ce qu'on veut, c'est un appui du
ministère qui demanderait aux associations de services de s'entendre
pour établir un code d'éthique. C'est assez difficile pour la
ligue de faire respecter les règles d'éthique.
M. Clair: Si vous me permettez de vous interrompre. Je suis tout
à fait d'accord avec ce que vous venez d'énoncer, à savoir
que les ligues puissent discuter avec les associations de services pour que les
associations de services, entre elles, établissent des normes communes
de fonctionnement. Je ne vois pas tellement, cependant, ce que le
ministère des Transports pourrait faire de plus à ce point de
vue. Par exemple, concernant la question d'un homme une voiture, ma position a
toujours été celle-ci: L'imposer, cela m'apparaît
être un précédent dangereux; cependant, que des
associations de services et des ligues s'entendent pour le faire, si cela
améliore la rentabilité du taxi, comme des expériences
qu'on connaît tous les deux l'ont démontré, soit, tant
mieux. Mais le pas
suivant à franchir, à mon avis, s'il y en avait un, ce
serait de l'imposer ou, en tout cas, de donner, par le biais de la loi, une
autorité claire, nette et précise à toute association de
services de pouvoir imposer ces normes-là, en espérant que les
associations de services le fassent. Maintenant, s'il n'y a ni obligation ni
loi qui vienne donner le pouvoir, quelles suggestions avez-vous à nous
faire pour améliorer cette situation?
M. Élie (Jacques): Pour ce qui concerne l'adhésion
ou l'appartenance à une association de services, avec
l'expérience passée et aussi l'expérience gouvernementale
en ce qui concerne le contrôle de la réglementation, on s'est
rendu compte que l'industrie elle-même était beaucoup plus
efficace dans son autocontrôle que dans toute autre forme de
contrôle provenant de l'extérieur, que ce soit des corps
policiers, que ce soit des bleus qui sont devenus jaunes par la suite, que ce
soit des inspecteurs du ministère des Transports. On s'est rendu compte
d'une chose. C'est que, antérieurement à la
détérioration de la rentabilité - il faut le dire, il y a
quand même eu des années où l'industrie du taxi
était plus florissante qu'à l'heure actuelle -lorsque les
associations de services avaient des comités disciplinaires, des
règles du jeu qui interviennent et qui sont clairement établies
entre leurs membres, la qualité du service est d'autant plus
élevée que le contrôle est bon. Tout cela est
interrelié avec le problème de la centralisation
également. (16 h 30)
Vous avez dit: Ce n'est pas tellement clair au niveau de la
décentralisation. On a connu le régime des municipalités,
on a connu également le régime du ministère des Transports
pour arriver aujourd'hui à une commission parlementaire où vous,
M. le ministre, dans votre livre blanc ou dans votre énoncé
d'intention, vous dites que le contrôle est complètement
inefficace. À ce moment-là, vous vous dites que la solution
serait peut-être de remettre le contrôle aux autorités
locales; on a déjà connu cela.
M. Clair: Une partie du contrôle.
M. Elie: Une partie. C'est la raison pour laquelle on insiste
pour maintenir le permis sur le plan provincial et également la
tarification. D'ailleurs, on n'a qu'à s'en remettre à
l'énoncé, en 1979 ou 1980, de la Commission des transports, qui
parlait d'aboutir à une certaine uniformisation de l'industrie du taxi
par la tarification. Après six ou sept ans d'expérience, de vie,
on en arrive à cela. Cela a toujours été fait en fonction
des demandes de l'industrie. Mais revenons, si vous le voulez bien, au
contrôle. On se dit que l'industrie, au moment où le besoin se
fait sentir - des associations de services ont été les
pionnières dans cette matière - peut assurer elle-même le
contrôle disciplinaire, un peu comme une corporation professionnelle.
Vous êtes membre du Barreau, d'autres sont membres d'autres
corporations professionnelles. Ce ne sont pas les tribunaux de droit commun qui
voient à la gestion des mesures disciplinaires, c'est la corporation
elle-même. On s'est dit: Si le ministère n'a pas réussi, si
les municipalités n'ont pas réussi alors que nous, sans avoir
véritablement de pouvoirs, nous avons réussi, pourquoi ne pas
mettre l'accent là-dessus? Les expériences passées, de ces
dernières années, au niveau du contrôle nous amènent
à croire que l'autocontrôle est, d'abord, beaucoup plus efficace
et, d'autre part, moins frustrant pour les gens de l'industrie. Ce qu'on
déplore le plus dans l'industrie, c'est de voir le spectre de
l'opération policière contre le taxi. On a connu cela dans la
région métropolitaine de Montréal au printemps dernier.
Les policiers donnaient des billets pour des infractions aussi stupides que le
dôme allumé dans une agglomération autre que la sienne et
des choses semblables, des véhicules sales au printemps, alors qu'on
vient de sortir d'une voie qui n'est pas pavée. Ce sont des choses
complètement ridicules. Il semble y avoir un manque de discernement - ce
n'est peut-être pas généralisé - dans certains cas
au niveau des autorités policières. On fait des opérations
et c'est perçu comme une espèce de taxation indirecte. C'est une
des craintes et c'est la raison pour laquelle, lorsqu'on a proposé le
mécanisme du comité disciplinaire dans certaines associations de
services, on a dit: les fonds qu'on va percevoir, on va les donner...
M. Clair: Combien y a-t-il d'associations de services qui ont un
comité disciplinaire, comme vous le dites?
M. Elie: La grande majorité l'a, si ce n'est la
totalité. Le seul problème, c'est la situation économique
et aussi l'espèce de fuite des membres. Lorsqu'une association de
services est rigide et que les membres ne sont pas satisfaits de ses
règles, ils quittent l'association de services et vous vous retrouvez,
dans la région métropolitaine de Montréal, par exemple, du
moins dans l'agglomération A-11, avec ce qu'on appelle dans le jargon du
métier environ 700 fantômes, c'est-à-dire des gens qui
n'appartiennent pas à une association de services ou des gens qui ne
sont pas identifiés, de sorte qu'il est bien difficile pour l'usager de
ie faire, advenant le cas d'une plainte à porter. Ils ne sont pas
identifiés, si ce n'est par un dôme, mais un dôme qui ne
veut absolument rien dire.
M. Clair: Ce sera ma dernière question, M. le
Président, afin de permettre à mes autres collègues de
poser des questions. Quant au rachat des permis, M. Pelletier, je disais
tantôt que ce sujet est effleuré, mais il ne semble pas y avoir
une position ferme qui se dégage. Est-ce parce que c'est le
résultat de la concertation n'a pas amené une conclusion
ferme?
M. Pelletier: Lorsque nous nous sommes concertés sur le
rachat des permis de taxi, dépendamment de l'agglomération, nous
avons pensé qu'il pourrait y avoir différentes formules. Nous, on
considère que l'émission de ces permis de taxi n'est pas
nécessairement la faute du propriétaire de taxis actuel. Donc, ce
serait assez difficile pour nous de dire: On va racheter les permis de taxi
selon telle formule parce que probablement que, depuis son émission, ce
permis de taxi a changé de main peut-être cinq fois. Qui est le
responsable de l'émission de ce permis de taxi? On a mentionné un
cas. On parle de l'Expo, il y a eu 500 permis de taxi émis
temporairement et qui sont restés. À ce moment, je pense que cela
ne devrait pas retomber sur les épaules, à la charge des
propriétaires de taxis d'éliminer ces permis de taxi. Ces permis
de taxi sont quand même en trop dans une certaine
agglomération.
On trouve d'autres agglomérations où le permis de taxi est
abandonné tout simplement. Quelle formule peut-on adopter? On dit que
réellement on continue la concertation. D'ailleurs, dans le
mémoire on retrouve qu'on vous demande une concertation continuelle.
Donc, c'est pour apporter des solutions, trouver des modalités à
l'élimination de ces permis de taxi en trop. Il y a des permis de taxi
en trop actuellement dans presque toutes les agglomérations. C'est un
phénomène qui se vit et qui existe peut-être à cause
du débordement d'autres agglomérations voisines, mais c'est quand
même en trop. Il s'agit de trouver la bonne agglomération pour
qu'il n'y ait pas trop de permis qui débordent sur l'autre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, on vient de faire
référence aux 500 permis qui ont été émis de
façon temporaire pour l'Exposition universelle. Ma question se pose
directement au ministre. Est-ce que ces 500 permis sont devenus permanents?
M. Clair: Cela s'est passé un bon bout de temps avant que
j'arrive.
M. Bissonnet: Est-ce que quelqu'un vous assiste, aujourd'hui?
M. Clair: J'ai l'impression que oui, ils sont devenus permanents.
C'est ce qu'on nous a dit. Justement, je pense, à ce point de vue, c'est
un des points importants, les 500 permis ont été émis
avant les événements de 1970. Ils sont devenus permanents en 1973
quand les permis ont été renouvelés. Je crois que tous ces
permis ont été considérés comme des permis
permanents purement et simplement.
M. Bissonnet: Parce que, selon notre analyse, selon les chiffres,
nous avons, actuellement, pour la région A-11, 5285 taxis ou 5291. Selon
nous, pour que ces 500 permis soient devenus permanents, il faudrait arriver
à 5800 parce qu'en 1970 il y avait 4497 permis à Montréal.
Durant cette même année, avec tous les permis de
Côte-Saint-Luc, Montréal-Ouest, LaSalle, Saint-Laurent,
Saint-Pierre, Verdun, Westmount, nous, on arrive à 5285. Alors, on se
pose la question: Est-ce que ces 500 permis, qui étaient temporaires,
sont vraiment devenus permanents? Notre interrogation est encore plus
importante si on n'est pas capable de répondre à cette question,
c'est très inquiétant. Pas de votre part, parce que, pour la
majorité des chauffeurs propriétaires de taxi à
Montréal, ces 500 permis sont devenus permanents. Pour nous, on a des
réserves, selon les informations que nous avons eues à la
Régie de l'assurance automobile.
M. Clair: Juste un élément d'information
là-dessus. À la suite de la mise en application de la loi 48 pour
la ligue A-11, compte tenu de la non-informatisation de la Commission des
transports du Québec, de la ligue A-11 et, je pense, d'une
non-informatisation aussi de la Régie de l'assurance automobile du
Québec - je n'ai pas les chiffres avec moi parce que cela concernait
l'application de la loi 48 - on a effectivement pu constater qu'il n'y avait
pas une coïncidence parfaite entre les trois listes, la liste des
détenteurs de permis à la ligue A-11, la liste de la Commission
des transports du Québec et la liste de la Régie de l'assurance
automobile du Québec. À la suite des vérifications qui ont
été faites, les listes ont été comparées, si
on veut, et actuellement, à la Régie de l'assurance automobile,
à la Commission des transports du Québec, on est en train,
justement, de clarifier cette question pour être bien sûr qu'il n'y
a pas de nouveaux permis, si on veut, qui se trouvent à circuler sans
qu'ils aient été émis. Mais le problème est quand
même limité. Si le député est
intéressé à avoir les chiffres là-dessus, je
pourrai les lui fournir.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le président de la
fédération, remarquez qu'on est très surpris que ces 500
permis n'apparaissent pas dans le nombre de permis. On comprend que c'est
à la mitaine, comme vous l'avez dit tantôt, mais cette situation
de fait nous rend très inquiets vis-à-vis du rouage et du
roulement de la Commission des transports, d'une part.
M. Clair: M. le Président, pas tant à
l'égard de la Commission des transports qu'à l'égard de
l'ensemble des trois organismes impliqués: la ligue, la commission et la
Régie de l'assurance automobile. Je reconnais que, moi aussi, cela m'a
inquiété. C'est pourquoi la régie et la commission sont en
train, à la suite du résultat de l'application de la loi 48, de
s'assurer que tout le monde a la même liste.
M. Bissonnet: Premièrement, je voudrais des clarifications
là-dessus. Deuxièmement, je ferai quelques commentaires, M. le
ministre - je sais que vous en avez fait tantôt -relativement à
votre document De nouvelles avenues pour le taxi. À la page 14, selon
une étude sur les jours ouvrables, on dit: "de huit heures à 18
heures, la proportion de taxis disponibles dans les associations de services
oscille aux environs de 60%. L'étude rapporte également que le
montant moyen reçu pour une course est d'environ 2,99 $, tandis que le
revenu annuel brut par véhicule est de 20 599 $, sans tenir compte des
pourboires." Ma première question est la suivante: Serait-il possible
que cette étude soit déposée? Je veux revenir avec des
questions très précises sur les revenus. On parle de la
difficulté de l'entreprise du taxi. Pour savoir s'il y a
difficulté, il faut savoir combien gagnent les chauffeurs de taxi.
J'aimerais que vous déposiez cette étude, si c'est possible, M.
le ministre.
M. Clair: M. le Président, je peux répondre
immédiatement à la question. C'est une étude qui a
été effectuée par le Bureau de la statistique du
Québec qui est régi par une loi. Cette étude, selon ce
qu'on nous indique, ne peut pas être rendue publique, non pas parce que
je ne veux pas la rendre publique, mais parce qu'on nous a indiqué que
le Bureau de la statistique du Québec comme tel refuse qu'elle soit
rendue publique parce qu'elle permettrait éventuellement, compte tenu du
faible nombre de personnes dans certaines agglomérations de taxi, de
dévoiler, à toutes fins pratiques, des renseignements
confidentiels. Cette étude portait, cependant sur des
agglomérations à l'exclusion de la ligue A-11, de
l'agglomération A-11.
M. Bissonnet: On en parle quelque part dans le mémoire et
je le dis à la suite de votre intervention relativement aux limousines.
En 1978, a été publié dans la Gazette officielle par la
Commission des transports un avis relativement à des
propriétaires qui ont des permis ATL. En fait, je vous cite, la Gazette
officielle du Québec, 110e année, et c'est en 1978: "Attendu que
parmi les...
M. Clair: Vous ne pouvez pas me citer parce que je n'étais
pas ministre des Transports.
M. Bissonnet: Non, non, je ne vous cite pas, mais je m'en viens
avec des faits très précis. Je m'excuse de l'expression, mais il
semble, d'après une enquête sur les limousines ATL, que ce soit
encore plus confus que vous ne le pensez. "Attendu que, parmi les conditions
que la Régie des transports a alors jugées utiles et
nécessaires à la protection des droits des usagers du service et
de l'intérêt public, se trouvait, eu égard aux
autorisations par permis ci-dessous énumérées, celle
stipulant que ces permis sont émis à titre expérimental et
seront valides jusqu'à décision finale de la régie 165."
C'est en 1978. On a publié la liste, effectivement, dans la Gazette
officielle, avec la série des détenteurs. On disait: en vigueur
jusqu'à décision finale de la régie. Bon!
En 1980, on a publié: Proprio motu. La commission décide
de ne pas donner suite à l'avis du proprio motu. Nous nous demandons
pourquoi la commission n'a pas jugé bon de rendre une décision
finale. On a cité également les noms. Donc, aujourd'hui, la
régie n'a pas, apparemment, pris une décision finale et ces
permis sont en vigueur. Deuxièmement, en ce qui a trait aux concessions,
M. le ministre le rapport CEGIR - et je fais référence aux
associations de services à ce moment-ci...
M. Clair: Je vais répondre immédiatement.
M. Bissonnet: Oui.
M. Clair: Remarquez une chose, M. le Président. Si le
député veut me questionner, plutôt que de questionner nos
invités, cela ne me fait rien. (16 h 45)
M. Bissonnet: Non, je vais revenir, mais je fais des
remarques.
M. Clair: Sur la question des permis ATL, effectivement, à
ce qu'on me dit, la Commission des transports avait fait un proprio motu dans
ce cas-là, mais compte tenu de l'environnement juridique de ces douze
permis - cela concernait douze permis - il semble que la Commission des
transports n'ait pas pu aller plus loin dans son proprio motu, dans
l'encadrement réglementaire tel
qu'il existe présentement, compte tenu des droits de ces
détenteurs de permis émis pas l'ancienne Régie des
transports du Québec. C'est la raison pour laquelle elle n'a pas
continué cette initiative.
J'indique immédiatement au député que toute
solution à ce problème va nécessairement devoir passer par
une loi appropriée, parce que cela ne peut pas se régler par
décision de la Commission des transports. Comme je l'ai dit
tantôt, il y a beaucoup plus de types de services qui sont offerts avec
ces fameuses plaques AT que ce qu'on croyait à première vue. Ce
n'est pas la responsabilité de bleu, blanc ou rouge, c'est un
état de fait qui provient de ce que des permis ont été
émis à l'époque par la Régie des transports du
Québec selon la norme du permis expérimental et ont
été renouvelés avec l'équivalent des droits acquis
depuis ce temps.
M. Bissonnet: M. le président de la
fédération, en ce qui a trait aux associations de services, il y
a eu, en janvier 1977, un rapport CGL qui traitait de façon très
exhaustive de cette question. Ce qu'on trouvait à l'intérieur de
ce rapport, c'est que plusieurs associations de services sont en
coopératives. Ce sont ces associations de services qui sont
propriétaires de particuliers et souvent le coût pour faire partie
d'une association de services est augmenté. À titre d'exemple, la
compagnie Diamond exigeait 36 $ en 1973 et, aujourd'hui, c'est 87 $. Mais ceux
qui offrent leurs services à ces associations de services, en ce qui a
trait à la réglementation, n'ont en fait presque aucun droit de
regard. Le seul droit qu'ils ont, c'est que, si cela ne fait pas leur affaire,
ils doivent changer d'association de services.
Est-ce que vous sous-entendez dans votre mémoire, par
l'intermédiaire des associations de services, qu'il serait bon d'avoir
une loi gouvernementale pour réglementer cela? Je sais qu'il y a des
comités de discipline qui fonctionnent très bien à
l'intérieur de ces associations de services, mais je parle d'une
réglementation générale sur certains points précis.
À titre d'exemple, est-ce que les cotisations pourraient être
présentées soit à la Commission des transports ou à
un autre organisme pour les faire approuver? Parce que, en fait, les membres
qui reçoivent les services de ces associations n'ont aucun droit de
regard là-dessus.
M. Pelletier: M. le Président, pour répondre
à la question de M. Bissonnet, vous avez mentionné
vous-même l'existence de coopératives. Donc, dans presque toutes
les régions du Québec, il y a une possibilité pour un
propriétaire de taxi qui n'est pas satisfait de la compagnie de services
dont il est membre de changer de compagnie de services, de s'en aller comme
membre d'une coopérative ou de former une corporation dont il serait
propriétaire.
Je ne pense pas que nous appuierions une réglementation
complète sur les compagnies de services. Nous nous embarquerions encore
dans un bateau sans rames, nous ne pourrions pas nous déprendre avec
cette réglementation, d'autant plus que, comme je l'ai dit au
début, les associations de services sont des entreprises privées
et ce n'est pas notre rôle de nous impliquer dans l'administration d'une
association de services. Ce qu'on a vu de l'association de services, c'est le
bon côté, le côté du meilleur service dans
l'industrie, le côté d'une meilleure surveillance. Peut-être
les utilise-t-on un peu comme des gendarmes, mais c'est quand même un
rôle qui leur revient plus. C'est pourquoi on ne veut pas s'immiscer dans
l'administration d'une compagnie de services. Mais, par contre, ces compagnies
garantissant un service à la population, il est évident que le
reste du Québec va s'en ressentir. En réalité, c'est une
publicité que d'offrir un bon service.
M. Bissonnet: M. le Président, avez-vous des statistiques?
Il y a deux sortes de chauffeurs de taxi: il y en a qui gagnent leur vie avec
le taxi seulement et il y en a d'autres qui ont cela comme "side line". Il y en
a qui sont pompiers, il y en a même parfois qui sont policiers. Il y a
des personnes qui sont prestataires de l'assurance-chômage. Il y en a
même qui sont... Je n'en fais plus présentement, mais
peut-être un jour, on ne sait jamais. Il y a également des
personnes qui bénéficient de l'aide sociale. Avez-vous des
statistiques sur la proportion des chauffeurs qui sont à temps plein et
des chauffeurs qui sont à demi-temps, d'une part? Également,
pouvez-vous nous dire si vous avez des statistiques sur les revenus, une
moyenne générale, d'un chauffeur d'auto-taxi au Québec? Je
comprends qu'il peut y avoir des agglomérations qui sont
différentes, mais, en général, avez-vous des
données là-dessus?
M. Pelletier: Si on regarde le portrait de l'industrie du taxi -
vous l'avez, vous aussi, mentionné tantôt - on a au Québec
deux portraits différents. On a l'agglomération A-11 et les
autres agglomérations. Dans l'agglomération A-11, on retrouve des
gens qui sont sous différents noms; c'est presque impossible de
contrôler cela. Dans le reste du Québec, surtout dans la
région de Québec, c'est presque complètement des
coopératives. Dans la périphérie de Montréal, on
retrouve beaucoup de coopératives et de corporations,
propriétés des artisans. C'est peut-être un peu plus facile
de les quantifier. Je pourrais peut-être
vous dire que je suis propriétaire de taxis à Laval et
que, chez nous, les gens qui exploitent un véhicule-taxi sont des
professionnels. Il n'y a pas de gens qui bénéficient d'une
assistance, quelle qu'elle soit. Ce sont tous des gens qui tirent
réellement leur gagne-pain de l'industrie du taxi, parce qu'on a
apporté certaines règles qui ont fait qu'on est arrivé
à ce résultat.
M. Bissonnet: Vous avez une coopérative à Laval,
une association de services. Pour n'en nommer que deux, il y a la compagnie
Diamond et la compagnie SOS, où le contrôle des chauffeurs de taxi
n'est pas le même. Ils ont l'intérêt de la
coopérative.
M. Pelletier: Ce n'est pas nécessairement le fait que nous
ayons une coopérative à Laval. Si vous allez vers l'ouest de
Montréal, on retrouve une coopérative et une corporation. Les
deux sont très bien contrôlées. Si vous allez à
Lévis, par exemple, si ma mémoire est bonne, ce sont seulement
des propriétaires artisans. C'est facile de contrôler, de savoir
si le bonhomme qui exploite le véhicule-taxi... Si vous allez dans une
jungle comme Montréal, ce n'est pas possible. À ce moment, il y a
peut-être trois personnes qui travaillent avec le même permis de
chauffeur de taxi.
M. Bissonnet: Quels sont les revenus d'un chauffeur de taxi en
moyenne?
M. Pelletier: 3e ne peux pas vous donner les revenus d'un
chauffeur de taxi parce qu'il n'y a pas un chauffeur de taxi qui travaille aux
mêmes heures.
M. Bissonnet: Je comprends, mais en moyenne?
M. Pelletier: Je ne peux pas vous donner un chiffre
là-dessus.
M. Bissonnet: M. le Président, en ce qui a trait aux
agglomérations qui auraient trop de taxis par rapport au pourcentage
d'un permis de taxi pour une moyenne de 800 personnes, quelles sont, selon
vous, les agglomérations, à l'intérieur de la
fédération des ligues, qui ont un surplus de taxis
évident?
M. Pelletier: Si on prend le territoire métropolitain,
est-ce réellement Montréal qui a tous les surplus de permis ou si
ce sont les agglomérations dans la périphérie de
Montréal qui ont trop de permis de taxi? J'ai l'exemple d'un cas qui est
sorti dans l'ouest de Montréal où, avant la venue du
règlement 6, il y a eu une émission de 40 permis de taxi. 1973,
on a reconnu, comme
M. le ministre l'a mentionné tantôt, que les permis
existants avant 1973 étaient acquis. Peut-être la veille. On a
retrouvé ce phénomène dans beaucoup
d'agglomérations. Encore à Laval, au moment de la venue du
règlement 6, il s'émettait 15 permis de taxi par 2 ans
jusqu'à ce que les chauffeurs de taxi fassent une colère et
demandent au premier ministre du temps le gel des permis de taxi dans Laval.
C'est ce qui s'est produit au début de l'enquête Bossé.
M. Bissonnet: Je n'ai pas d'autres questions.
M. Clair: M. le Président, je voudrais revenir
brièvement sur deux questions, parce que j'aimerais avoir une
réponse assez précise là-dessus, même si je
comprends que cela peut être embarrassant pour le président de la
ligue. Je vais essayer de poser ma question le plus clairement possible. La
question d'un homme une voiture est-ce que, oui ou non - il faut la poser
franchement, parce que c'est soulevé dans le milieu - le gouvernement
devrait l'imposer, prendre les moyens de l'imposer?
M. Élie: En ce qui concerne l'imposition provinciale, il
faut, quand même, y aller avec une certaine analyse. Il y a certaines
agglomérations où un homme une voiture, cela se
révèle bon. Mais il y a d'autres agglomérations où,
possiblement à cause du nombre de permis... Prenons l'exemple de
Saint-Bruno où les gens se sont dotés d'un système
d'horaire de travail. Il est possible qu'à certaines heures, la nuit ou
peu importe, il y ait un deuxième chauffeur sur un véhicule. Cela
répond aux besoins de l'agglomération proprement dite. Je pense
que c'est l'industrie, en fin de compte, qui doit y voir. C'est un peu
s'imposer à l'employeur que de dire: Vous allez faire un quart de
travail, vous allez en faire deux, vous allez en faire trois.
M. Clair: Je m'excuse de vous interrompre, mais selon ce que je
comprends, la fédération souhaite que cela se fasse partout
où ce serait avantageux, mais que ce ne soit pas nécessairement
imposé par le gouvernement partout au Québec en disant: Pour tout
le monde, un homme une voiture.
M. Pelletier: M. le ministre, dans différentes
agglomérations, on a vécu des aventures où il
n'était pas permis de faire cette chose-là, de la mettre en
application. Certaines compagnies de services se sont retrouvées devant
les tribunaux disant que cela allait à l'encontre des droits de
l'homme.
M. Clair: Mais, à ce moment-là, il s'agit
plutôt de dire: Donnons un moyen qui
permette démocratiquement, quand un groupe décide de se
donner cette règle, qu'elle puisse entrer en vigueur. Donnons le moyen,
autrement dit, de rendre cela possible, juridiquement sûr, mais ne
l'imposons pas à travers le tableau sans discernement.
La deuxième question sur laquelle je voudrais revenir, c'est
celle du rachat de permis. Encore là, si je comprends bien, votre
position est nuancée, dans le sens que vous ne demandez pas formellement
que le gouvernement rachète un nombre X ou Y de permis, mais qu'il y ait
des possibilités d'ouverture, si on veut, pour traiter les cas, ligue
par ligue ou agglomération par agglomération. Est-ce que je
comprends bien votre position là-dessus?
M. Élie: Ce que l'on dit sur la question du rachat des
permis, c'est que, d'abord, c'est une question de délégation de
pouvoir. Quand les municipalités avaient l'autorité, elles
tenaient leur autorité du gouvernement. Elles ne la détenaient
pas d'ailleurs. Quand le gouvernement a repris cette autorité, ce
pouvoir ou ce contrôle, on a émis des ratios à
l'intérieur du règlement et cela n'a jamais été
suivi. Ce que l'on demande, en fin de compte, c'est bien simple, c'est que le
gouvernement prenne ses responsabilités. Un peu aussi pour
répondre à M. Bissonnet qui disait: Normalement, on devrait se
retrouver dans l'agglomération de Montréal avec 5800 permis, je
dirai qu'il y a quand même eu certains retraits. Il y a eu des
décès et les successions n'ont pas repris les permis. Alors, il
est possible que, depuis 1965 - je ne me souviens pas de la date que vous aviez
au départ pour vos statistiques - il y ait eu l'équivalent de 500
permis qui sont disparus dans le décor. Mais les 500 permis temporaires
qui ont été émis pour Terre des hommes ont
été maintenus. De sorte que possiblement l'élimination
naturelle aurait pu tout simplement se faire et qu'on se retrouverait
aujourd'hui avec quelque 4000 permis plutôt qu'avec les 5200
existants.
D'autre part, j'aurais aussi une question à poser, si vous me le
permettez, M. le ministre?
M. Clair: Ce n'est pas la tradition, mais...
M. Élie: J'aime bien les briser à l'occasion. Vous
avez mentionné tout à l'heure la question des limousines. Je
m'arrêterais au règlement no 6 et c'est le seul endroit dans la
législation québécoise où on retrouve la
définition de limousine. Actuellement, les permis en vigueur pour les
compagnies qui offrent le service de limousines sont en grande majorité
pour ce qui est défini également dans le règlement no 6
comme étant des berlines. Est-ce qu'on peut s'attendre, à un
moment donné, que le gouvernement tranche la question? Est-ce que des
compagnies donnant, en principe, un service de limousines peuvent le faire avec
des berlines?
M. Clair: Une réponse directe. Dans le règlement ou
la loi qui suivra cette commission parlementaire, je m'engage à ce que,
oui, il y ait une définition précise de ce qu'est une limousine.
Même si, quand je demande cela à mes gens, ils me disent que cela
va être très difficile, il va falloir trouver le moyen, par la
couleur, la hauteur, la largeur, l'épaisseur du fauteuil ou tout ce que
vous voudrez, de distinguer clairement ce qu'est une limousine. C'est un
engagement que je peux prendre. (17 heures)
M. Élie: Est-ce que cet engagement sera suivi aussi par la
Commission des transports ou par l'organisme qui aura à appliquer le
règlement? On s'est fait répondre par la Commission des
transports pour ne citer que celle-là en exemple...
M. Clair: C'est inapplicable.
M. Élie: ...que Murray Hill, dans son permis, ne doit pas
avoir de limousine plus vieille que trois ans. Et ils ont actuellement des
Cadillac 1967 en opération. Quand on a dit: Qu'est-ce que vous attendez
pour faire appliquer la loi, on nous a répondu: On ne peut pas leur
imposer le renouvellement de leur flotte, on va les mettre en faillite.
M. Clair: Je peux assurer, M. le Président, qu'il y aura
certainement une période transitoire. D'ailleurs, il faudra le faire
pour l'ensemble des plaques AT... Je donne un exemple non contentieux:
Quelques-uns, parce qu'il y en a plus qu'un, détiennent des permis
émis par la Régie des transports de l'époque pour
exploiter l'équivalent d'un service de taxi collectif entre Gaspé
et Montréal. C'est évident qu'on devra trouver une place pour
classer ce genre de permis là. Si on disait à la personne, par
hypothèse, que ce qu'elle est autorisée à faire par son
permis, c'est le transport en commun entre Gaspé et Montréal, il
faudra lui donner le temps d'ajuster son équipement en fonction de
cela.
Je peux vous assurer que c'est mon intention très ferme d'avoir
une définition de ce qu'est une limousine et de voir à ce que la
Commission des transports ait l'encadrement juridique qui lui permette de faire
respecter cette définition.
M. Élie: J'aimerais revenir sur le rachat et c'est ma
dernière intervention. Si le ministère a l'intention de favoriser
l'intégration des véhicules-taxis au transport en commun, c'est
un peu la raison pour laquelle on effleure la question du surplus de
permis. On se dit que, s'il y a une ouverture de marché,
possiblement que ces permis en surnombre seront utilisés à
d'autres fins qu'à du transport traditionnel.
Est-ce qu'on peut avoir la garantie qu'advenant le cas où
l'intégration ne se fasse pas de la façon souhaitée le
ministère s'assoira un jour pour dire: On va en faire
l'évaluation en mettant de côté les ratios qui ont
été mis sur la table on ne sait trop comment et en se disant que,
pour telle agglomération, le ratio sera de un pour mille et, si le ratio
est de un pour cinq cents, que le gouvernement prenne l'engagement de retirer
la moitié des permis qui sont en circulation?
M. Clair: D'en retirer, ce ne serait pas compliqué, sauf
qu'on connaît tous le problème. Il y a une valeur attachée
à ces permis et la question fondamentale en matière de rachat de
permis - je vais essayer de le dire le plus simplement possible - est la
suivante: Est-ce que ce serait envisageable qu'à même des fonds
publics le gouvernement rachète des permis qui ont été
émis pour une valeur de 50 $ ou 75 $ - je ne sais trop combien -
à la Commission des transports et qu'à cause du monopole
artificiel ainsi créé, pardon, du contingentement qui est fait,
il y ait quand même une plus-value accordée à ces permis?
Que le gouvernement utilise les fonds publics pour les racheter, ce serait un
précédent dans lequel, à ma connaissance, en tout cas,
aucun gouvernement n'est jamais entré. Car on pourrait racheter des
permis de pêche, comme cela a été demandé en
matière de pêcheries maritimes, des permis de camionnage en vrac,
des permis de camionnage général, des permis de toute
espèce de service en période de mauvaise conjoncture.
S'il y a d'autres avenues - des groupes ont souligné des
possibilités d'agir sur le nombre de permis - je suis ouvert à
cela; mais je vous dis que je serai très difficile à convaincre,
en quelque circonstance que ce soit, de recommander au gouvernement d'utiliser
des fonds publics pour racheter des permis qui créeraient du
chômage, sans même avoir la conviction que cela diminuerait le
problème de la rentabilité du taxi. On sait, encore une fois,
que, si on rachète des permis, cela donnera automatiquement une
plus-value aux permis qui resteront sur le marché. Comme il y a un taux
de roulement important dans le secteur, celui qui entrera achètera un
permis qu'il paiera plus cher et il aura plus de difficulté à se
rentabiliser. Finalement, les chances sont bonnes que le seul résultat
net sera la diminution de l'offre de services de taxi, avec moins de gens
dedans, mais qui ne font pas plus d'argent.
Je pense qu'il vaut mieux essayer de retenir au maximum, et c'est
l'effort que nous faisons présentement. Comme Me Élie vient de le
dire, l'approche qu'on retient, c'est celle de dire: Essayons, par tous les
moyens possibles, d'éviter d'en venir à cette unique solution de
racheter des permis et de sortir des gens d'une activité qui peut
être rentable; en tout cas, elle l'a déjà
été. C'est la gageure qu'on prend. Essayons, par l'ensemble des
propositions que nous avons faites et qui peuvent nous être faites, de
rentabiliser des permis existants et, à ce moment-là, le
problème de surplus de permis sera réglé par un autre
moyen que le rachat. Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
M. Élie: Mais si vous perdez votre pari, M. le ministre,
est-ce que vous allez rester dans la partie?
M. Clair: Pardon?
M. Élie: Si vous perdez votre pari, est-ce que vous allez
rester dans la partie?
M. Clair: Si je vais rester dans la partie?
M. Élie: Oui. Oisons qu'on mise sur le fait que les
nouvelles avenues, c'est la solution...
M. Clair: Oui.
M. Élie: ...si les nouvelles avenues ne se
révèlent pas la solution souhaitée, allez-vous continuer
à jouer avec nous?
M. Clair: Oui, certainement. Je vais continuer à discuter,
mais la démonstration économique que le rachat de permis
réglerait le problème de la rentabilité de ceux qui
resteraient dans le secteur ne m'a jamais été faite. Je suis
ouvert à ce qu'on me la fasse, mais elle ne m'a jamais été
faite. À mon avis, quand un gars est convaincu de quelque chose, il est
convaincu de quelque chose. Qu'est-ce que vous voulez? À mon avis, cela
ne réglerait pas le problème et, vu que je ne suis pas capable de
me convaincre que cela réglerait le problème, en oubliant la
dimension "précédent" que cela créerait pour les autres
secteurs de l'activité économique, je dis: Si cela
n'améliore pas la rentabilité, ce serait malhonnête de
laisser croire qu'un expédient comme celui-là réglerait le
problème.
C'est sûr que l'approche, politiquement, est plus difficile en
disant: Essayons de rentabiliser les permis qui existent déjà
plutôt que de racheter des permis. C'est sûr que cela va demander
plus de travail, plus de temps, plus de consensus, plus d'efforts de la part
des associations, des ligues, des propriétaires des flottes, des
municipalités,
de tout le monde et aussi du ministre, mais je crois qu'il y a là
une avenue qui est plus intéressante que de dire simplement:
Rachetons-en quelques centaines cette année. Et l'année
prochaine, à quoi va-t-on faire face? Est-ce qu'on va avoir
réglé le problème - comment appelle-t-on cela? - du
transport des marchandises, des petits colis? Est-ce qu'on va avoir
réglé le problème d'un homme une voiture? Est-ce qu'on va
avoir réglé le problème des autres services qu'on voudrait
offrir? On ne les aurait pas réglés plus. Je pense qu'il vaut
mieux retenir une approche dynamique. Si jamais cela se révèle
non concluant, en tout temps, je suis disposé à ce qu'on me fasse
la preuve économique que cela réglerait le problème. Mais,
malheureusement, on ne me l'a jamais faite vraiment, alors que des solutions
comme celles qui ont été appliquées par certaines
associations de services et certaines ligues ont démontré que,
par la concertation et une volonté de rentabiliser le secteur, on
pouvait y arriver.
Une voix: Je voudrais dire un mot au ministre.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que quelqu'un a encore
quelque chose à ajouter?
M. Clair: M. Cloutier.
M. Cloutier (Jos.): J'aurais voulu dire au ministre, à
vous, M. le Président, ainsi qu'à tous les membres
délégués ici, que les solutions immédiates, ce
n'est pas sorcier, pour employer un terme de M. Lévesque. C'est
très facile. Nous demandons au gouvernement, là où la
situation s'impose, là où c'est obligatoire, dans certaines
agglomérations, là où le prorata déjà
établi par le gouvernement n'est pas respecté, qu'une loi soit
obligatoire: un homme par voiture. Partout, à l'heure actuelle, dans la
province, où ils ont fait l'essai, cela s'est montré très
bon pour tout le monde. Cela ne coûte pas un cent à personne. En
faisant cela, on élimine immédiatement les chauffeurs de taxi qui
ne sont pas des vrais chauffeurs de taxi, qui ne gagnent pas entièrement
leur vie avec le taxi, qui sont subventionnés soit par
l'assurance-chômage ou par le bien-être social. Du fait même,
on viendrait rétablir un certain pourcentage pour la population et pour
les voitures. Il n'y aurait peut-être pas plus d'appels qui entreraient
à la centrale téléphonique, mais il y aurait beaucoup
moins de voitures pour assurer le service. Alors, on augmenterait
immédiatement le salaire du chauffeur de taxi et cela ne coûte pas
un cent à personne.
M. Clair: Un bref commentaire là-dessus. M. Cloutier met
le doigt sur un problème important et sur une solution possible qui a eu
des effets positifs réels là où elle a été
mise en application. Mais la question qui se pose, c'est celle de savoir:
Est-ce que ce genre de solution - c'est la question que je posais tantôt
- un homme par voiture, s'impose? J'ai des doutes quant à
l'efficacité d'une chose qui serait imposée à ce point de
vue, mais j'ai énormément confiance, cependant, en une telle
solution quand elle vient des intéressés eux-mêmes.
Autrement dit, essayer de forcer quelqu'un à entrer dans un cadre qu'il
ne désire pas, cela règle rarement le problème.
C'est pour cela que ce que je pense -et on va en discuter au cours de la
commission - que cette question d'un homme une voiture peut effectivement
réduire considérablement les difficultés que connaît
l'industrie du taxi, mais je pense plutôt qu'il faut donner un
mécanisme qui permette de le faire là où on veut le faire,
mais qui ne l'impose pas, cependant.
M. Cloutier: Oui, mais il ne faut pas se leurrer, M. le ministre.
Partout où cela a eu lieu dans la province de Québec, cela ne
s'est pas fait sans douleur. Il y a même des endroits où bien des
petites choses sont arrivées, des petites choses plus ou moins
catholiques, mais ces gens-là, après, ont compris. Ils
étaient comme saint Thomas; il fallait leur mettre le doigt dans le trou
pour qu'ils comprennent. Pourquoi attendre que les coopératives et les
associations de services se ramassent devant les tribunaux pour faire valoir
leurs droits, à la demande générale de la majorité
des membres de ces associations? 11 y a toujours une minorité qui
s'oppose et on se ramasse devant les tribunaux, etc. Pourquoi n'est-ce pas
réglé une fois pour toutes par le gouvernement? On dirait: C'est
maintenant la loi sur le taxi et vous allez vous y plier, veut ou veut pas!
Vous verrez alors les vrais propriétaires de taxi, ceux qui sont
prêts à donner un service professionnel à leur
clientèle et à respecter leurs droits.
M. Clair: Je vous remercie de votre avis.
Le Président (M. Brouillet): Je vous rappelle qu'il reste
encore cinq minutes avant de passer à l'autre organisme. Le
député de Hull a demandé la parole.
M. Rocheleau: M. le Président, cela fait un petit bout de
temps que j'attends. Je vais peut-être dépasser cinq minutes, si
vous me le permettez, parce que j'ai des questions à poser, des
commentaires à faire. La Fédération des ligues de taxi du
Québec est un organisme drôlement important et je pense qu'on doit
avoir, à l'écoute d'un premier mémoire, toutes les
informations pertinentes pour poursuivre l'audition des
autres mémoires qui seront présentés par les
différentes groupes qui vont suivre.
Tantôt, j'écoutais le représentant de la
Fédération des ligues de taxi du Québec qui
émettait un certain commentaire, à savoir que certaines
recommandations voulaient que certaines responsabilités retournent aux
municipalités, c'est-à-dire à ce qu'on a connu avant 1973,
avant le rapport Bossé, je pense, alors que les municipalités
avaient la responsabilité de l'application des règlements sur le
taxi. La réponse à cette possibilité semblait
négative de votre part. J'aimerais vous entendre la commenter afin de
savoir si vous souhaiteriez que cela revienne aux municipalités ou si
vous préféreriez que cela soit régi par la Commission des
transports ou par des organismes impliqués, sans préciser plus
qu'il ne le faut.
M. Pelletier: Je pense qu'on a répondu en disant dans le
mémoire qu'il y avait certains points principaux qu'on ne voulait
surtout pas voir retourner aux municipalités: la tarification et
l'émission de permis de taxi. Ce sont les deux points principaux. Pour
le reste de la proposition, nous sommes prêts à en discuter et
à l'accepter. Lorsqu'on a besoin de mettre en application le
règlement, on n'a pas toujours le pouvoir de le faire. Cela
relève du corps policier assez souvent et on demande autre chose.
M. Rocheleau: Ce sont déjà deux points importants.
J'ai remarqué quelque chose dans le document présenté par
le ministère des Transports, qui s'intitule De nouvelles avenues pour le
taxi. Je me permettrai, M. le Président, de lire quelques phrases que je
trouve un peu inquiétantes. À la page 26, on parle des
municipalités régionales de comté qui en sont à
peine à leurs premiers pas, comme le mentionne ce document: "Bien que
les MRC n'en soient qu'à leurs premiers pas en tant que structures
administratives régionales, il se peut que certaines d'entre elles
soient dès à présent disposées à prendre en
charge le taxi. Alors, le gouvernement verra à adopter les mesures qui
s'imposent pour rendre possible le transfert des responsabilités
à ces MRC."
Je voudrais, pour l'information de ceux qui sont ici, bien entendu,
souligner les nombreuses interventions qu'a faites l'Opposition jusqu'à
aujourd'hui quant aux municipalités régionales de comté
à qui un mandat très spécifique a été
donné, c'est-à-dire la préparation d'un schéma
d'aménagement dans les 18 mois suivant les décrets de
création de chacune des MRC. Dans ce document-ci, on les retrouve. (17 h
15)
J'assistais, il y a quelques semaines, à la commission du loisir,
de la chasse et de la pêche, où le ministre Chevrette mentionnait
que l'habitat faunique pourrait voir sa responsabilité
transférée aux municipalités régionales de
comté. On s'aperçoit, depuis quelque temps, que l'on tente de
refouler des responsabilités aux municipalités régionales
de comté. On parle beaucoup, dans le document que l'on retrouve, de
nouvelles avenues pour le taxi, de décentralisation des pouvoirs. Il est
à se demander si ce n'est pas simplement un certain transfert des
pouvoirs ou une attribution de tâches parce que quand on examine les
deux, M. le ministre, c'est que le gouvernement ou le ministère des
Transports semble garder les pleins pouvoirs. Concernant les tâches,
c'est titré ici, à titre d'exemple, nous pouvons
réglementer l'identification du véhicule et du chauffeur, le
calibrage, l'utilisation du taximètre, l'éthique du chauffeur, le
confort, la sécurité du client, la propreté et
l'entretien. À l'intérieur de ces attributions, est-ce que votre
ministère, dans ses recommandations, va prévoir des transferts
fiscaux aux municipalités régionales de comté pour
qu'elles puissent procéder aux travaux ou aux responsabilités
qu'à ce moment vous allez leur confier?
M. Clair: Je peux répondre immédiatement aux
questions même si je pense que le débat serait plus
approprié au moment où l'union des MRC et l'UMQ viendront. Ce que
je voudrais dire au député, c'est que s'il a bien vu à la
page 24, avant la page 26, on dit bien, en ce qui concerne la
décentralisation éventuelle vers les MRC, qu'il y a trois
hypothèses et que l'une d'elles voudrait que ce soit le statu quo,
c'est-à-dire, en ce qui concerne les MRC, qu'il n'y ait pas de
décentralisation. Mais je pense que d'indiquer que si des MRC
étaient intéressées, comme expérience pilote en
matière de transport par taxi, on n'est pas fermé à cela.
Dans ce cas, on a bien pris soin de ne pas prendre d'engagement afin que cela
n'inquiète personne. On a dit: II y a trois hypothèses sur la
table en ce qui concerne les MRC et une d'entre elles c'est le statu quo,
c'est-à-dire que pour les MRC, cela demeure centralisé entre les
mains du gouvernement. On aura l'occasion de discuter, au moment de la venue
des MRC, combien cela peut coûter, ce qu'on peut proposer, si jamais il y
avait un transfert. C'est la partie la plus hypothétique en ce qui
concerne les MRC, et c'est dit textuellement en page 24 qu'il y a trois
hypothèses.
M. Bissonnet: Il n'en demeure pas moins que j'ai une certaine
appréhension même sur les hypothèses qui peuvent être
présentées, parce qu'on s'aperçoit depuis quelque temps
que plusieurs ministères tentent de refouler des responsabilités
aux municipalités régionales de comté alors qu'elles
n'ont
même pas encore pris leur envol.
Une question qui s'adresserait à la Fédération des
ligues de taxi du Québec. Entre autres à la page 24, je pense,
vous parlez du coût de l'assurance qui devrait être réparti
entre le chauffeur et le propriétaire des véhicules. Est-ce que
vous ne trouvez pas cela compliqué, le fait que si c'est un chauffeur
artisan ou un propriétaire artisan, c'est lui-même qui conduit son
véhicule, je pense que ce n'est pas compliqué à ce moment,
il défraie toutes les dépenses inhérentes au bon
fonctionnement de son véhicule, des enregistrements et tout, mais si
c'est un chauffeur occasionnel, de quelle façon, à ce moment,
pouvez-vous lui attribuer une partie des dépenses? Est-ce que c'est dans
le loyer quotidien du véhicule ou si c'est lors de l'obtention de son
permis de chauffeur de taxi qu'il défraierait une partie ou un
montant?...
M. Élie: On sait qu'actuellement, pour conduire un
véhicule, lorsqu'on est propriétaire artisan, il faut être
détenteur d'un permis de propriétaire et également de ce
qu'on appelle un "pocket", un numéro de poche ou un permis de travail.
En ce qui concerne l'assurance automobile de l'État, le paiement se fait
lors de l'émission des plaques. C'est dire que le chauffeur qui utilise
le véhicule n'a rien à voir concernant l'assurance si ce n'est le
paiement de l'assurance. Ce qu'on dit, c'est que vu que le propriétaire
du véhicule, qui est à la fois le chauffeur artisan, lui il paie
son permis de travail et également l'immatriculation et aussi le
coût des assurances alors que l'utilisation du véhicule ne lui est
pas uniquement imputable. Ce qu'on dit - et le ministère, à ce
moment, réaliserait lui aussi un profit - il y a actuellement 30 000
permis de travail pour environ 10 000 permis de propriétaires de
véhicules. En ce qui concerne le permis des artisans, si on retire - il
y a une somme qui est tout à fait hypothétique, dans le
mémoire, de 100 $ -qu'on l'impute aux 20 000 autres - parce qu'il y a au
moins 10 000 propriétaires détenteurs de permis, alors qu'il y a
au moins un surplus de 20 000 détenteurs de permis de travail - à
ce moment-là, les 100 $ qu'on a déduits aux propriétaires
de permis, si on les applique lors de l'émission du permis de travail
à être envoyé à la Régie de l'assurance
automobile, on vient d'éliminer un fardeau de 1 000 000 $ aux
détenteurs de permis de véhicules et de faire réaliser un
surplus, un profit ou un revenu de 2 000 000 $ à la Régie de
l'assurance automobile. À ce moment-là, on vient quand même
de répartir un peu le fardeau des assurances qui, actuellement, est
uniquement placé sur les épaules du propriétaire de
véhicule?
M. Rocheleau: Mais tenant compte du fait, M. le Président,
que dans certaines régions, entre autres, la région de
l'Outaouais, les propriétaires de taxis ont actuellement des
difficultés à avoir des chauffeurs - il semble y avoir une
pénurie de chauffeurs - que ce sont des gens qui ne détiennent
pas ou qui détiennent peut-être un permis, si on leur imputait une
charge additionnelle, ce serait peut-être encore plus difficile de
pouvoir mettre la main sur des chauffeurs.
M. Élie: Tous ces problèmes s'imbriquent, remarquez
bien. Si l'industrie était rentable, je pense que les
propriétaires n'auraient pas de difficulté à trouver des
chauffeurs compétents et les chauffeurs n'auraient pas de
difficulté non plus à acquitter cette somme. Le problème
résulte, effectivement, de la non-rentabilité, d'où la
difficulté de trouver des chauffeurs compétents. Actuellement, il
semble qu'il soit plus payant de recevoir l'assurance-chômage ou le
bien-être social que de faire du taxi.
M. Rocheleau: Oui.
M. Bissonnet: Question additionnelle, M. le
Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Bissonnet: ...en ce qui a trait à la question du
député de Hull. Celui qui n'est pas propriétaire d'un
permis d'auto-taxi, celui qui est son chauffeur, a deux options: il est
à 40% ou il loue sa voiture. Pensez-vous que lorsqu'on fixe le prix de
location de la voiture au chauffeur qui a seulement un permis de travail, on ne
tient pas compte du coût des assurances, du coût de
l'immatriculation et du coût de l'automobile? Lorsqu'on loue une
automobile, par exemple, 30 $ par jour, lorsqu'on la loue 30 $ ou 31 $, est-ce
qu'on ne tient pas compte de tous les coûts qui sont afférents au
propriétaire artisan de l'auto-taxi?
M. Pelletier: Dans la location du véhicule-taxi, le
propriétaire du taxi essaie évidemment de tenir compte de cela,
mais les chiffres prouvent que le coût de fonctionnement d'un
véhicule-taxi... Si on prend un taux hypothétique, comme l'a dit
Me Élie, dans une agglomération, cela coûte, pour faire
fonctionner un véhicule taxi, environ 220 $ par semaine, tandis qu'on
peut louer à peu près pour 190 $, 175 $ et même 150 $ par
semaine. Je pense que ce n'est pas tout à fait compris dans le
coût de la location. C'est presque impossible de l'amener là.
Le Président (M. Brouillet): Une
dernière question.
M. Pelletier: ...cela aussi, M. Bissonnet. Probablement, comme
l'a mentionné le député de Hull, que c'est vrai qu'on a
des occasionnels dans le taxi, mais c'est un bon moyen de se débarrasser
des mauvais occasionnels. Si on augmente le coût du permis de travail
dans l'industrie du taxi, je pense qu'on va faire un nettoyage.
M. Clair: Cela atteindrait deux buts en même temps. Cela
aurait tendance à éliminer ceux dont on parlait tantôt. Le
traditionnel supposé pompier qui ne paierait pas un permis plus cher
serait peut-être désintéressé - donc, cela en ferait
moins -et, deuxièmement, cela répartirait d'une autre
façon le coût de la prime d'assurance publique. Sans prendre
d'engagement là-dessus, je dois dire que j'ai trouvé la
proposition très intéressante.
Le Président (M. Brouillet): II faut vraiment terminer
avec la présentation.
M. Bissonnet: Seulement une petite question sur
l'abolition...
Le Président (M. Brouillet): On va laisser au
député de Jeanne-Mance encore une dernière question.
M. Bissonnet: ...des concessions. Avez-vous le coût, en
fait, des concessions gouvernementales au Québec versées à
des hôpitaux, à tous les organismes publics provinciaux? À
titre d'exemple, je sais qu'à l'hôpital Maisonneuve de
Montréal, la compagnie qui a la concession paie 30 500 $.
Évidemment, c'est réparti sur les chauffeurs de taxi qui sont
membres des associations qui ont ces concessions. Avez-vous un chiffre en tant
que président de la fédération? Comment le gouvernement
reçoit-il? Là, vous voulez donner un boni de 1 000 000 $ au
gouvernement sur un nouveau partage des assurances, mais combien donnez-vous au
gouvernement, par l'intermédiaire des coopératives et des
associations, en concessions qui appartiennent au gouvernement provincial?
M. Élie: Vous pourrez faire le partage entre le
fédéral et le provincial, mais cela varie entre 750 000 $ et 1
000 000 $ uniquement pour A-11.
M. Bissonnet: Merci.
M. Pelletier: On a quand même passé par-dessus les
assurances automobiles, on n'a pas répondu à la question de M. le
ministre et on a semblé, là aussi, effleurer les assurances
automobiles, M. le Président.
M. Rocheleau: J'aurais une question à poser
là-dessus, ce sera peut-être ma dernière question.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous ne croyez pas
qu'avec les autres présentations à venir, vous pourrez avoir
l'occasion de revenir sur cela? C'est que nous avons consacré environ
deux heures à la fédération...
M. Bissonnet: Nous pourrions peut-être entendre l'autre
mémoire jusqu'à 18 h 30, s'il y a consentement.
M. Clair: Je pense qu'il faudrait qu'on débute. Il y
aurait tellement de questions.
M. Rocheleau: C'est une courte question.
Le Président (M. Brouillet): Une courte question, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Une toute courte question. Que les
propriétaires aient la possibilité de s'assurer à une
même date, afin de pouvoir négocier des primes en groupes. On se
sert occasionellement et même plus souvent qu'à notre tour de
taxis -parce qu'on n'est pas ministres, nous, nous n'avons pas de
limousine...
M. Clair: Je m'en sers peut-être plus souvent que vous.
M. Rocheleau: Mais il n'en demeure pas moins que la plupart des
plaintes qu'on nous fait c'est sur la question des assurances - il en
coûte très cher pour assurer un véhicule taxi - le
coût du carburant, et on se plaint occasionnellement qu'il y a trop de
taxis. Ce sont les trois points qui reviennent le plus souvent.
On a aussi parlé du "no fault" dans le cas où le
propriétaire ou le chauffeur n'était pas plus souvent
qu'autrement responsable d'un accident, au contraire, il est toujours pris en
sandwich. Par contre, le coût lui est toujours imputable par le biais,
tenant compte de cette façon d'assurer.
M. le ministre, je pense que, l'an passé, nous avions eu la
visite de propriétaires de taxi, ici au parlement - occasionnellement,
nous avons de telles visites - et les propriétaires et chauffeurs de
taxi étaient revenus avec la question du "no fault" et la question des
assurances. On n'a pas abordé cette question et on ne l'a pas tellement
traitée avec vous, mais cela revient dans votre mémoire à
certains endroits. C'est un des éléments très importants.
Je ne sais pas si ce sont les compagnies d'assurances qui font le gros des
bénéfices, mais je pense que ce serait quand même
intéressant de le savoir. Quand on dit que quelqu'un paie
jusqu'à 1500 $, 1600 $, 2000 $ et même plus pour assurer sa
voiture, c'est dispendieux.
M. Pelletier: On pourrait faire un historique là-dessus,
M. le député, pour gagner du temps. Puisque vous parlez des
visites assez tumultueuses de l'an dernier, nous avons fait une entente avec le
ministre des Finances à savoir que nous aurions une enquête sur
les coûts d'assurances dans la province de Québec. Nous avons eu
des réponses qui ont été traitées par le
ministère des Finances, donc par la Direction des assurances, et nous
n'avons jamais pu avoir le vrai portrait de ces réponses, nous n'avons
pas eu accès à cela malgré une promesse du directeur des
assurances; c'est le premier point.
Le deuxième point, lorsqu'on parle du "no fault", qui est la
raison principale de l'augmentation des assurances, nous avons une
déclaration provenant de Baie-Comeau et Baie-Comeau me demande
d'insister là-dessus. Voilà ce qu'on déclare: "Nous avons
fait faire, par le gérant de la compagnie d'assurances Wawanesa, un
relevé pour les sept dernières années sur les accidents
subis par les taxis de notre région. Seulement 12% de ces accidents
étaient de leur responsabilité." La responsabilité des
chauffeurs de taxi s'élève à 12% pour sept ans. Est-ce que
vous ne croyez pas que le "no fault" agit réellement? Cette
réponse vient d'une compagnie comme Wawanesa qui, depuis des
années, assure des véhicules taxis. Je pense qu'on n'a pas
à chercher plus loin, c'est la principale raison de l'augmentation de la
prime d'assurance.
M. Élie: Nous avons également découvert par
hasard, lors de ces rencontres avec les assureurs, le surintendant des
assurances et M. le ministre Parizeau, que certaines compagnies d'assurances
imputaient au propriétaire du véhicule le coût d'une
possibilité que l'association de services soit poursuivie, parce que
souvent, nous disait-on, on implique au dôme la propriété
du véhicule qu'il y a en dessous, de sorte que les associations de
services pourraient se faire faussement poursuivre devant les tribunaux. Il y
avait donc une surcharge mais, plutôt que de faire en sorte que
l'association de services s'assure contre ce risque, on l'imputait au
propriétaire du véhicule.
Ce sont toutes des choses qui sont ressorties de ces rencontres, mais
dont on n'a jamais eu écho par la suite. (17 h 30)
Le Président (M. Brouillet): Nous remercions beaucoup les
membres de la fédération.
M. Martel (Raymond): Pourrais-je avoir la parole un instant, s'il
vous plaît?
Raymond Martel, président de l'agglomération A-36.
Étant donné que notre mémoire n'est pas très long,
nous aimerions céder une demi-heure de notre temps à la
fédération des ligues.
Le Président (M. Brouillet): C'est déjà
fait.
M. Martel (Raymond): Une demi-heure additionnelle. Si vous avez
été assez bons pour lui donner ce temps, ce serait encore mieux
d'en donner une autre demi-heure.
Le Président (M. Brouillet): Non, c'est déjà
fait. On a prévu une heure et demie par délégation. C'est
déjà fait. Il reste une demi-heure pour entendre les Ligues de
taxi de la région de Québec avant 18 heures.
Je remercie encore une fois les membres de la
fédération.
M. Pelletier: On va pouvoir revenir plus tard sur les affaires
d'assurances, parce que c'est mon bébé.
Ligues de taxi de la région de
Québec
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais maintenant les
membres des Ligues de taxi de la région de Québec. J'inviterais
le porte-parole à s'identifier et à présenter les
personnes qui l'accompagnent.
M. Martel (Raymond): Bonjour, M. le Président, M. le
ministre. Je vous présente, à ma gauche, M. Roger Morin,
vice-président de la ligue A-36; M. Roger Rhéaume, de Sainte-Foy,
A-38, et M. Léo Roy, A-38; à ma droite, notre conseiller
juridique, Me Vital Lévesque, et M. Carbonneau, de Lévis,
A-35.
Nous avons une petite introduction à faire lire par M. Morin.
M. Morin (Roger): M. le Président, M. le ministre, si vous
constatez une certaine frustration des chauffeurs de taxi de la région
de Québec et de notre président, Raymond Martel, c'est qu'avant
le venue du règlement no 6 il existait depuis 30 ans une association de
propriétaires de taxis, dont le père de notre président
était un des fondateurs. Il avait réussi à faire
introduire dans la Charte de Québec la limitation des permis de taxi qui
étaient à ce moment de 325 voitures. Présentement, nous
sommes 443 voitures depuis le règlement no 6. Il existait aussi un
comité de taxi à la ville de Québec où
siégeaient le gérant de la ville, le directeur de la circulation,
un inspecteur de police, la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec, un chauffeur de taxi et moi-même.
Par notre mémoire, nous voulons vous
démontrer que depuis l'avènement du règlement no 6,
au lieu d'avoir amélioré notre situation financière,
l'industrie du taxi n'a subi que des hausses d'exploitation de la part du
gouvernement et que des mesures à court terme devront être prises
en plus de ce que vous nous offrez. Dix ans de recul pour pouvoir régler
- sans en vouloir aux gens de Montréal - les problèmes de
l'industrie du taxi à Montréal. Aujourd'hui, vous nous proposez
de revenir en arrière et de redonner la réglementation du taxi
aux municipalités.
M. Martel (Raymond): Introduction. Les Ligues de taxi de la
région de Québec se sont regroupées pour la
préparation de ce mémoire et entendent, par la même
occasion, faire valoir leur point de vue sur certains problèmes qui les
affectent de façon plus particulière.
Dans la région de Québec, les ligues de taxi ont appris
à se parler et à se concerter de façon que l'industrie du
taxi soit plus viable.
Qu'il suffise de rappeler l'expérience tentée à
l'automne 1982 avec le transport des handicapés, expérience
à laquelle les ligues de taxi et les associations de services ont
participé.
À ce titre, cette expérience qui est relatée
à la page 19 de la publication intitulée "De nouvelles avenues
pour le taxi" reflète bien le particularisme de la région de
Québec, région qui, étant plus homogène que la
région de Montréal, par exemple, pourrait plus facilement se
prêter à des expériences pilotes dans l'industrie du
taxi.
Assurances. Nous tenons à réitérer, par les
présentes, les représentations faites il y a près d'un an
auprès du gouvernement concernant les problèmes particuliers et
aigus subis par les propriétaires de taxis relatifs aux primes
d'assurance-responsabilité imposées à ceux-ci par les
assureurs pour les dommages matériels.
En effet, les propriétaires de taxis qui sont forcés de
par la loi de détenir une police d'assurance comprenant leur
responsabilité pour lesdits dommages sont actuellement à la merci
de quelques compagnies d'assurances qui acceptent de couvrir lesdits risques.
Il s'ensuit nécessairement une situation de quasi monopole dont la
résultante inévitable est un coût excessif des primes
imposées par rapport au risque véritablement assumé.
Même s'il est vrai que les propriétaires de
véhicules-taxis utilisent leurs véhicules de façon plus
intensive que d'autres catégories d'usagers, il n'en reste pas moins que
les assureurs exagèrent.
Que dire maintenant des délais dans le règlement des
réclamations produites par les propriétaires de taxis
auprès de l'assureur sinon qu'ils sont tout à fait
déraisonnables?
Les propriétaires de taxis, n'ayant pas les capitaux
nécessaires pour se lancer eux-mêmes dans le domaine des
assurances, il est tout à fait impératif que le ministère
intervienne pour remédier à cette situation.
Dans cette optique, nous demandons qu'un régime d'assurance pour
les dommages matériels soit administré par le gouvernement du
Québec et, plus particulièrement, par la Régie de
l'assurance automobile.
La taxe d'accise sur l'essence. Les propriétaires de
véhicules-taxis devraient être exemptés de la taxe d'accise
sur l'essence, au même titre que les agriculteurs, par exemple. Pourquoi
une catégorie de travailleurs se voit-elle octroyer des avantages
économiques appréciables alors que l'industrie du taxi, qui
dépend de l'essence de façon aussi fondamentale dans ses
activités, subit une taxe qui n'a plus sa raison d'être?
Le permis de taxi. Les Ligues de taxi de la région de
Québec s'opposent catégoriquement à la location du permis
de propriétaire. De plus, les ligues approuvent très fortement la
suggestion concernant le nantissement afin de permettre plus facilement
l'acquisition d'un permis par un nouvel acheteur.
Conclusion: Les Ligues de taxi de la région de Québec
reconnaissent l'urgence d'une mise à jour dans l'industrie du taxi
après avoir vécu la réforme qui date de 1973.
Les Ligues de taxi de la région de Québec constatent avec
satisfaction la volonté manifestée par le gouvernement du
Québec, volonté qui va dans le sens d'une plus grande
concertation et d'une amélioration de la santé économique
de l'industrie du taxi.
Nous ne voudrions pas être obligés de recommencer
l'expérience du printemps 1982 à Québec, pour que nos
revendications soient entendues. Bien au contraire, les Ligues de taxi de la
région de Québec entendent privilégier le dialogue
constructif dans leurs rapports avec le gouvernement.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais remercier les
Ligues de taxi de la région de Québec de s'être
regroupées pour la présentation de leur mémoire et d'avoir
des positions aussi précises, comme on peut le voir. Je pense que
personne ne sera surpris du fait qu'il n'y a pas beaucoup de questions à
poser puisque les positions sont précises.
Dans un premier temps, je voudrais peut-être commenter les trois
points avant de poser des questions. En ce qui concerne les assurances, ce que
je peux vous dire, avec les informations que j'ai du bureau du
Surintendant des assurances, du ministère des Institutions
financières responsable des assurances, c'est que l'étude qui a
été menée et de façon approfondie n'a pas
révélé... Si cela ne vous a pas été
communiqué, je m'engage à faire les représentations
auprès du bureau du Surintendant des assurances pour que cela vous soit
communiqué. Les conclusions étaient à l'effet qu'en termes
de pourcentage d'augmentation du coût des primes par rapport aux
véhicules de promenade, l'effet de la non-subrogation, à la suite
de l'instauration du régime public d'assurance, n'était pas les
facteurs explicatifs du coût élevé des primes d'assurance,
puisque c'était simplement des augmentations proportionnelles à
celles qui avaient eu lieu pour les véhicules de promenade et que,
compte tenu du fait que les véhicules-taxis étaient
déjà tarifés à un niveau beaucoup plus
élevé, correspondant pour les compagnies aux risques que cela
représente par leur plus grande présence sur la route, on ne
pouvait pas conclure ni sur la question de la non-subrogation ni sur la
question du niveau des primes à un phénomène particulier
qui ferait en sorte que le secteur du taxi serait victime, si on veut, d'une
injustice particulière.
Là-dessus je m'engage à faire les représentations
nécessaires auprès du bureau du Surintendant des assurances pour
que soit qu'une rencontre ait lieu avec la fédération -même
si c'est maintenant le groupe des ligues de Québec, je sais que cela
intéressait particulièrement les ligues de la région de
Québec - ou que, par écrit, vous soient communiqués les
résultats de cette étude.
J'ajoute même que, selon les informations dont je dispose, le
ministre des Institutions financières a demandé, pour la
deuxième année aussi, une étude particulière sur le
sujet du taxi afin de s'assurer qu'en 1983 il aura encore de l'information sur
ce dossier en particulier.
D'ailleurs, je dois dire que j'ai fait une demande aussi pour m'assurer
qu'il n'y avait pas surtarification en matière de régime public
d'assurance automobile et je pourrais vous remettre une copie des conclusions.
Cela tient en quatre ou cinq pages et elles sont à l'effet qu'en
matière de régime public d'assurance automobile, si on tient
compte de la fréquence des accidents, du montant impliqué, du
nombre de personnes blessées, en matière de dommages corporels,
il n'y a pas non plus surtarification dans le domaine du taxi. Je pourrai vous
en donner une copie si la chose vous intéresse.
Pour ce qui concerne la taxe d'accise sur l'essence, on compare, dans le
mémoire, les avantages octroyés à la production agricole
aux avantages en matière d'organismes, de moyens de transport. Je dois
dire, à ce sujet, qu'effectivement, depuis plusieurs années, il
existe le remboursement de la taxe sur les carburants pour les producteurs
agricoles, l'essence utilisée à des fins de production agricole,
c'est-à-dire dans des tracteurs de ferme ou encore dans des
moissonneuses-batteuses ou autres instruments servant à la production
agricole. Mais il n'existe nulle part d'exemption ou de remboursement de la
taxe sur les carburants dans le secteur des transports. Même les
commissions de transport publiques, comme la CTCUQ, la CTCUM, paient la taxe
sur les carburants, et il n'y a pas d'exception à ce point de vue. (17 h
45)
Une avenue, cependant, qui m'apparaît intéressante, surtout
dans l'immédiat, pour la région de Montréal - j'ai
déjà établi des contacts à ce sujet - c'est la
percée éventuelle et très prochaine, semble-t-il, du gaz
naturel comprimé sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, ce qui pourrait permettre, comme je le disais tantôt,
d'avoir un effet... Les gens de GNC qui sont dans la salle et qui m'entendent
auront l'occasion d'en faire la preuve s'ils sont en mesure de la faire, mais
leur affirmation, c'est à savoir que la conversion au gaz naturel
comprimé pourrait être encore plus avantageuse que
l'élimination même de la taxe sur les carburants. Voilà
peut-être une avenue qui peut s'ouvrir pour Montréal,
Trois-Rivières et, éventuellement, Québec, lorsque le gaz
naturel sera disponible.
Pour ce qui concerne le permis de taxi, je vous remercie de l'appui que
vous donnez à la suggestion du nantissement afin de permettre plus
facilement l'acquisition d'un permis par un nouvel acquéreur.
Voilà pour mes commentaires. Maintenant, mes questions.
Tantôt, si j'ai bien compris, M. Morin a terminé son
introduction en disant: En matière de décentralisation, vous nous
proposez de revenir un peu à ce qui existait avant 1973. Je ne savais
pas très bien ce que je devais conclure. Est-ce que je devais conclure
que vous étiez pour cette décentralisation, compte tenu de ce que
vous alléguiez, à savoir que le règlement no 6 n'a rien
réglé à partir de 1973, à cet égard, mais
que, par contre, en affirmant qu'on revenait à ce qui existait avant,
à certains égards, c'était revenir à ce qu'il y
avait auparavant? J'ai été incapable de conclure si vous
étiez pour la décentralisation de certaines
responsabilités vers les autorités locales ou si vous
étiez opposés.
M. Morin (Roger): Dans un premier temps, nous avons vécu,
à Québec, l'expérience du dialogue avec la
municipalité. Nous en étions satisfaits. Après que le
mécanisme eut été installé pour que ce soit facile
de dialoguer avec les autorités de la ville de Québec, nous avons
eu le règlement
no 6 qui nous a écartés de cela et, aujourd'hui, vous
voulez qu'on recommence le dialogue - c'est de cette façon qu'on le voit
- avec les municipalités. Quand on sait que certaines
municipalités, à l'exception de Québec et de quelques-unes
aux alentours, ont vécu des expériences, des élections
municipales, à savoir qu'il n'y avait pas de limitation de permis et
que, durant les élections, elles invitaient les gens à voter pour
eux afin d'avoir un permis de taxi. Ces municipalités émettaient
des permis de taxi. Un ne veut pas que cela recommence.
M. Clair: Là-dessus, je veux vous dire tout de suite que
nous non plus, nous ne le voulons pas. C'est la raison pour laquelle on ne
propose pas de redonner le pouvoir de contrôle de l'émission des
permis aux municipalités. On va plutôt centraliser le tout
à la Commission des transports du Québec, en permettant toutefois
à la Commission des transports du Québec d'entendre une
municipalité qui dirait, que compte tenu de l'évolution chez
elle... À Matagami, par exemple, je crois qu'il y a quatre ou six permis
de taxi; peut-être qu'un jour on en voudra 50 parce que Matagami aura 50
000 habitants.
On veut permettre à cette municipalité de faire des
représentations à la Commission des transports pour qu'elle
puisse dégeler un certain nombre de permis. Une fois
réglée cette dimension, la possibilité de faire des
élections - je suis trop jeune pour savoir si cela s'est fait - sur
l'émission de permis de propriétaire de i.axi, une fois cela
réglé, le reste de la décentralisation, à votre
avis, est-ce que le dialogue et une meilleure efficacité pourraient
être obtenus avec les autorités locales plutôt que par le
règlement no 6?
M. Morin (Roger): Sur une très petite base, très
petite. D'abord, comme la fédération le disait, il faut encore
travailler avec des gens qui ne s'y connaissent pas. Cela nous a pris dix ans
à se faire comprendre par le ministère, soit au niveau des
inspections, etc. Là, on va être obligé de recommencer -
nous, des ligues de taxi - à faire des démarches, les inspections
des véhicules, etc., pour sensibiliser les gens. Comme la
fédération le disait, assez souvent, les gens ne connaissent pas
le mécanisme du taxi. On nous envoie des gens qui sont
incompétents dans le domaine. Aujourd'hui, on réalise, avec les
années, qu'au niveau de l'inspection des véhicules, etc., au
moins, on commence à nous comprendre. Cela va un peu mieux qu'avant. Je
pourrais dire que cela va mieux.
Au niveau des assurances, M. le ministre, c'est regrettable, mais nous
vivons la réalité. Je peux vous assurer qu'à partir du
moment où ce que nous appelons "la
Payette" est entré en vigueur, il y a eu de la part des
compagnies d'assurances une certaine peur qu'on a constatée. Je vais
vous donner des chiffres, si vous voulez, à partir de 1975, sur la prime
d'assurance payée à ce moment-là et jusqu'à
aujourd'hui. Je peux vous en parler, si vous voulez. Je vais commencer par
1974. La majorité des propriétaires de taxi payait 730 $. En
1975, 796 $. En 1976, 1087 $. En 1977, 977 $. En 1978, cela a augmenté,
1494 $. À partir du moment où ils se sont sentis serrés,
on a payé 692 $, 798 $ - cela a diminué -1072 $.
Quand vous me dites que vous n'êtes pas tellement convaincu...
M. Clair: Pour quelle année?
M. Morin (Roger): ...de ces chiffres, je peux vous dire qu'en
1982 on a payé 1709 $ et, aujourd'hui, on est rendu à 1902 $. Et
je suis un de ceux qui ne paient pas cher! Vous ne me direz pas que vous
n'êtes pas convaincu quand des gars paient de 2500 $ à 3000 $ ici,
à Québec, pour des primes d'assurance. Nous, nous sommes
convaincus parce que c'est nous qui payons.
M. Clair: J'ai une seule question à vous poser, M. Morin.
Vous m'avez parlé d'une série de chiffres; j'ai essayé de
les noter, mais je n'avais pas toujours les années qui allaient avec les
montants pour suivre. D'abord, entendons-nous, si je comprends bien, je ne veux
pas être indiscret, mais cela peut être utile, si vous nous donnez
votre cas à vous.
M. Morin (Roger): Je vous donne mon cas à moi.
M. Clair: Tantôt, vous avez parlé de votre cas,
à vous, et après cela de la moyenne. Il faut savoir ce dont on
parle, si on parle d'une moyenne scientifiquement établie,
statistiquement aussi, ou si on parle de votre cas à vous.
M. Morin (Roger): Je suis dans la plus basse moyenne, M. le
ministre.
M. Clair: D'accord. Donnez-moi donc pour les années.
M. Morin (Roger): À partir de?
M. Clair: À partir de l'année que vous voulez.
M. Morin (Roger): À partir de 1983, 1902 $. Je peux vous
démontrer; il y en a un qui a une police d'assurance.
M. Clair: L'année d'avant.
M. Morin (Roger): 1709 $. En 1981: 1072 $. 798 $ en 1980. 692 $
en 1979. 1494 $ - là c'est parce qu'on n'a pas pu changer de compagnie,
on n'a pas trouvé de meilleur marché - en 1978. En 1977: 997 $.
En 1976: 1087 $. En 1975: 796 $ et en 1974: 730 $. Je pourrais peut-être
vous dire qu'ici à Québec, il existe présentement une
compagnie d'assurances qui nous assure. La façon que nous, on voit les
assurances dans le moment, et l'expérience vécue à savoir
qu'il y a à peu près 20% des taxis qu'on met au plus fort, qui
sont responsables des accidents, sur la nouvelle formule, on est vraiment
pénalisés. Je peux vous donner des expériences
vécues où des compagnies d'assurances imputent un
"déductible" de 500 $, même si le type n'est pas responsable de
l'accident. Cela veut dire que le gars, qu'il soit responsable ou non d'un
accident, paie toujours les premiers 500 $ malgré tout. Concernant la
responsabilité, s'il est responsable, il paie 500 $ quand même.
C'est cela qu'on vit dans le moment.
Concernant les réclamations, c'est encore un autre facteur. C'est
que les compagnies d'assurances, qu'est-ce qu'elles font? Elles t'envoient aux
petites créances, et la plupart du temps elles ne t'envoient pas aux
petites créances, je pense que c'est nous qui forçons pour y
aller, à quelques exceptions près, c'est qu'on te rend
responsable d'un accident. J'ai vécu des expériences
moi-même. La partie que tu ne connais pas, avec qui tu as l'accident, tu
n'as pas de contact, ils font la même chose. On a vécu
l'expérience au niveau des petites créances. J'y suis allé
moi-même. Un jugement du 21 décembre 1982. J'ai amené comme
témoin devant le juge l'individu qui m'avait frappé. Et je lui ai
posé la question: Monsieur, vous a-t-on mis responsable de l'accident?
Il dit: Oui. Il avait mis "responsable" celui avec qui j'avais eu l'accident et
moi-même. Le juge a dit: "Je n'ai pas osé vous le demander." Cela
veut dire qu'avec le jeu des compagnies d'assurances où le gouvernement
n'a pas de contrôle et encore moins nous autres, les ouvriers, on est
pénalisés sur tous les points.
M. Clair: M. le Président, s'il y a une chose que, je
pense, on ne doit pas faire au cours de cette commission, c'est commencer
à creuser des cas particuliers. Je reconnais qu'il y a un
problème important au niveau des assurances. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle, deux années consécutives, le ministère des
Institutions financières, par le truchement du Surintendant des
assurances, a fait une analyse particulière de la situation. Ce que je
retiens essentiellement d'abord des chiffres que me donnait M. Morin, c'est
exactement ce que nous apprend l'étude du ministère des
Institutions financières. L'augmentation moyenne des primes pour les
deux années de 1979 à 1981, qui étaient les années
sous analyse, a été, dans le domaine du taxi, de l'ordre de 56%
et cela, à partir des chiffres qui ont été fournis au
ministère des Institutions financières par les
propriétaires, donc, un échantillonnage très large. 56%
d'augmentation au cours des deux dernières années, lorsque la
couverture est demeurée identique au renouvellement. Ce niveau
d'augmentation se compare à une hausse des primes moyennes des voitures
de promenade qui fut de 64% entre 1979 et 1981. Et les chiffres qui nous sont
donnés par M. Morin semblent coincider; en tout cas, c'est dans le
même ordre de grandeur.
Une dernière question avant de donner l'occasion à mon
collègue de l'Opposition de questionner aussi: Malgré tout ce que
vous venez de me dire en ce qui concerne le régime public d'assurance
automobile, vous n'en réclamez pas moins un régime public de
dommages matériels. Comment voyez-vous cela et comment voyez-vous... Je
pense qu'un des problèmes importants en matière d'assurance
automobile dans le domaine du taxi, c'est la différence entre le
propriétaire artisan qui conduit son propre véhicule et le
chauffeur qui conduit occasionnellement un véhicule-automobile pour une
flotte ou pour un particulier. C'est ce chauffeur qui, probablement, vient
augmenter considérablement le risque, la fréquence des accidents
et, ainsi, augmenter les coûts de l'assurance automobile.
Je vous dis tout de suite que je n'aurais pas d'objection à
regarder cette possibilité. J'ai même fait préparer
certains chiffres, mais les chiffres auxquels j'aboutis c'est que cela vous
coûterait encore plus cher, parce que le problème est de savoir si
la fréquence de risque que vous représentez, par 1000
kilomètres ou par 1000 milles parcourus, est plus
élevée... Je vais vous donner cela rapidement: Les statistiques
de l'expérience de l'année d'assurances 1980 démontrent
que pour la garantie de responsabilité civile, les taxis ont une
fréquence de 86 sinistres par 100 véhicules assurés, alors
que celle des véhicules de tourisme n'est que de 12 sinistres par 100
véhicules assurés.
Qu'on se retrouve dans un régime public taillé sur mesure
pour vous ou dans un régime privé, cette donnée va
demeurer. Alors, qu'est-ce que vous poursuivez comme objectif? Qu'est-ce que
vous entrevoyez quand vous nous demandez d'avoir un régime assurance
pour dommages matériels administré par le gouvernement du
Québec, plus particulièrement par la Régie de l'assurance
automobile du Québec?
Qu'entrevoyez-vous comme régime à ce moment? Parce qu'il y
a des données de base qui vont demeurer les mêmes, la
fréquence des accidents d'automobiles par 100 véhicules ou par
kilomètre parcouru.
M. Morin (Roger): Dans la première partie, M. le ministre,
vous dites que 86% sont impliqués. Mais si nous sommes impliqués
à 86% et que, en réalité, nous sommes responsables
à seulement 20%? Les 86% que vous apportez ne veulent pas dire que nous
sommes toujours responsables des accidents. Si nous sommes impliqués,
cela ne veut pas dire que nous sommes toujours responsables.
Je vais vous donner un autre exemple. À la gare centrale
d'autobus, il s'est produit deux accidents et cinq voitures ont
été frappées par un homme ivre. Cela reste dans les
dossiers des chauffeurs, les assurances paient, et on paie les années
suivantes. Deux fois nous avons été impliqués dans des
accidents et il y a cinq voitures qui étaient arrêtées.
Alors, si cela compte dans le pourcentage... (18 heures)
M. Clair: À ce moment, justement, il faut tenir compte des
demandes de réclamations qui sont faites par les propriétaires de
taxis. C'est la question de la non-subrogation. Ce serait trop long de vous
lire l'ensemble - que je pourrais vous remettre éventuellement - de
l'analyse qui a été faite par le Surintendant des assurances. Le
Surintendant des assurances conclut - ce n'est pas moi qui l'ai faite, je n'ai
pas l'expertise pour la faire moi-même - dans son analyse que la
non-subrogation n'a pas eu pour effet de changer cela et que les proportions
qu'on connaît présentement ne peuvent pas être imputables
à la non-subrogation. La conclusion est là. C'est pour cela que
je pose la question: Quand vous entrevoyez un régime public d'assurance
pour dommages matériels, quelle forme de régime public
entrevoyez-vous? Qu'est-ce que vous entrevoyez comme possibilité?
M. Morin (Roger): Je vais laisser répondre le
président. D'abord, je vais vous dire que quand on est chauffeur de
taxi, M. le ministre, on ne peut peut-être pas entrer dans les
détails. On n'a pas de système de comptabilité qui nous
suit.
M. Clair: Même quand on est ministre, on est ainsi.
Le Président (M. Brouillet): Comme il est 18 heures, je
demanderais à la commission un consentement pour prolonger au moins
jusqu'à 18 h 15.
M. Clair: Oui, c'est ma dernière question, de toute
façon.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Alors, on
va prolonger.
M. Martel (Raymond): Je crois qu'il a été dit par
plusieurs courtiers d'assurances que souvent les compagnies ne veulent pas
s'embarquer à donner des chiffres. Plusieurs courtiers d'assurances ont
dit: S'il y avait encore le système de recouvrement ou la
possibilité d'aller en subrogation, cela baisserait les primes
d'assurance pour les taxis. Tout à l'heure, vous avez dit que la prime
de taxi avait augmenté au même taux que le particulier.
Premièrement, 56% de 2000 $, cela fait de l'argent, mais 56% de 200 $,
ce n'est pas la même chose.
M. Clair: C'est le problème, effectivement.
M. Martel (Raymond): À part cela...
M. Clair: Je m'excuse, mais à ce moment cela veut dire
qu'en termes de pourcentage, si on remonte à l'avant-projet de loi sur
l'assurance automobile en 1978, si les pourcentages ont été
sensiblement les mêmes, cela tend à démontrer que, qu'il y
ait eu ou non introduction du régime public de 1978, l'augmentation des
primes aurait été sensiblement la même.
M. Martel (Raymond): Oui, mais je vais vous montrer que le
pourcentage n'est pas le même, par moyen détourné.
Maintenant, on nous vend des assurances à 985 $, seulement pour autrui,
sans feu et vol, sans bris de vitre, sans vandalisme...
M. Clair: C'est pour cela que je disais tantôt que
l'enquête... Je m'excuse, mais c'est pour cela que je vous disais
tantôt que l'enquête qui a été faite par le Sur
intendant des assurances portait sur la nature de couvertures identiques. C'est
sûr que, s'il y a un changement dans la couverture, il peut y avoir une
variation dans le prix, c'est évident.
M. Martel (Raymond): On nous fait signer des papiers comme quoi
on accepte d'avoir 500 $ de franchise quand on est en loi. Appelez-vous cela de
la protection? On est en loi et on nous pénalise de 500 $, sinon on ne
nous assure pas. Si tu veux aller voir une autre compagnie, ce sera
peut-être 1400 $ ou 1500 $. À ce moment, tu acceptes la franchise
de 500 $ et après cela il faut que tu te débattes. On va au
bureau du Surintendant des assurances et il nous dit: Allez en cour, faites une
cause, après cela on sera capable de faire quelque chose pour vous
autres. Il paraît que le bureau du Surintendant des assurances est
là pour protéger le consommateur. Je me demande de quelle
manière il protège le consommateur. On a toujours la même
réponse: On n'est pas capable de faire quelque chose pour vous, allez en
cour faire valoir vos droits et après, vous nous apporterez le
résultat et on fera peut-être
quelque chose. Ce sont les réponses qu'on a. Cela prend toujours
des causes et des causes. Il me semble que quand on a quelqu'un pour s'occuper
de nous, s'il est là pour nous protéger, qu'il nous
protège entièrement. Si le bureau du Surintendant des assurances
est là pour nous aider, eh! bien qu'il nous aide. Qu'il ne soit pas
là seulement en apparence.
M. Clair: Mais vous ne répondez pas à la question
que je vous posais à savoir quel genre... Quand vous demandez un
régime public d'assurance pour dommages matériels, avez-vous
creusé l'idée davantage ou si vous avez émis l'idée
comme cela sans avoir creusé un peu plus?
M. Martel (Raymond): Il nous a été expliqué
par des courtiers qu'il existe le système "facilité" en
assurance. Ils disent que le système "facilité" est un
système qui est en place pour protéger les personnes non
assurables, les personnes qui ont de la difficulté à s'assurer.
Les compagnies qui ne veulent pas les assurer font des primes en
conséquence et elles les placent dans le système
"facilité". Je crois que si les compagnies d'assurances ne sont pas
capables de prendre leur responsabilité d'assurer les taxis - c'est leur
responsabilité d'assurer les voitures, les automobiles - si elles ne
veulent pas les assurer, que le gouvernement arrive avec une ligne de conduite
aux compagnies d'assurance automobile de la province de Québec et qu'il
leur dise: "Si vous ne voulez pas prendre vos responsabilités d'assurer
les taxis à des primes abordables, messieurs, nous allons les amener sur
le système "facilité" et, à la fin de l'année,
quand il y aura des déficits, vous en paierez les conséquences.
Vous n'avez pas voulu faire votre travail, Eh bien, vous paierez les
déficits tous ensemble". À ce moment-là, on aura des
primes abordables. Ce sera régi par le gouvernement, mais on ne pourra
pas ambitionner sur nous.
M. Clair: Je vois ce que vous suggérez. Je vous
remercie.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, mes premiers mots seront pour
souhaiter la bienvenue en tant que député de la région de
Québec aux membres des associations de taxi qui viennent nous
présenter un mémoire qui a la très grande qualité
d'être clair et de nous faire savoir où ces gens logent et quelles
sont les réclamations et les plaintes qu'ils ont à formuler.
Elles sont nombreuses et, dans la plupart des cas, elles sont bien
fondées. Il est évident que les gens qui viennent
témoigner devant nous aujourd'hui n'ont pas dans leur poche,
nécessairement - et ce serait trop leur demander - des solutions
magiques. Il est normal que la première démarche qu'ils aient
à faire, c'est ce qu'ils font aujourd'hui, c'est de nous expliquer les
difficultés auxquelles ils font face. Je crois que notre devoir à
nous, après qu'eux se soient acquittés du leur, c'est de
prêter une oreille attentive et, à partir des
démonstrations qu'ils nous auront faites, d'inventer - c'est le devoir
du gouvernement - des solutions en consultation à la suite des
suggestions quand elles sont réalisables. Je pense que ce serait
renverser les rôles que d'espérer avoir des recettes toutes
cuites, des recettes magiques qui permettraient de régler les
problèmes. Des gens viennent honnêtement nous présenter un
portrait de la situation difficile vécue par eux au jour le jour, qui
doit être réglée et à laquelle on doit trouver des
solutions rapides, des solutions pensées, des solutions bien
fondées.
Il y a un certain nombre de choses qui me frappent dans les remarques
qui nous ont été faites. La première remarque que je
voudrais faire est celle-ci. Je crois conclure de leur mémoire et de
leur attitude en général que, grosso modo, ils endossent le
mémoire de la Fédération des ligues de taxi du
Québec. Je pense que c'est à peu près cela qu'on peut
conclure, que vous êtes solidaires de ce qui a été
présenté tout à l'heure par vos collègues de
Montréal de la Fédération des ligues de taxi du
Québec dont vous faites partie.
Je pense que vous arrivez avec un mémoire supplémentaire
qui apporte certaines explications d'appoint à des points plus
particuliers que vous voulez soulever et sur lesquels vous voulez attirer
l'attention des parlementaires qui sont ici pour vous écouter.
Je voudrais ajouter deux ou trois petits mots en ce qui concerne le
régime d'assurance "no fault". Il est sûr qu'il faudra inventer
une solution pour pouvoir donner satisfaction parce que, non seulement les
chauffeurs de taxi sont aux prises avec des primes d'assurance qui, à
leur face même, sont hors de proportion, mais ils sont aussi
pénalisés quand on réalise que ce sont de très
grands consommateurs d'essence et qu'une partie de la taxe sur l'essence et une
partie des taxes qui sont incorporées dans l'essence que l'on prend chez
le pompiste aident en partie à payer des coûts d'assurance. Ces
gens-là font déjà un effort supplémentaire.
M. le ministre, vous m'avez fait signe que non.
M. Clair: Non, plus maintenant. Il n'y a plus maintenant de
contribution au régime d'assurance automobile via la taxe sur le
carburant.
M. Doyon: De toute façon, les 40% de
taxe qu'ils paient, ils les paient comme tout le monde et,
éventuellement, cela sert à financer le gouvernement. Il est bien
sûr que la forte consommation d'essence que font les chauffeurs de taxi
apporte une contribution importante aux finances du gouvernement. À ce
moment-là, devant cette forte contribution des forts consommateurs
d'essence que sont les chauffeurs de taxi, je pense qu'ils sont en droit
d'espérer avoir une contribution en contrepartie de cela, au moins
partielle de la part du gouvernement pour les aider à régler le
problème auquel ils ont à faire face pour les assurances. Je
pense qu'en toute équité la situation peut être au moins
envisagée. On est devant des gens qui sont de très gros
contribuables du fait même qu'ils gagnent leur vie en dépensant du
pétrole. C'est de cette façon qu'ils gagnent leur vie.
Étant donné qu'ils gagnent leur vie de cette façon, ils
apportent, par les fortes taxes sur l'essence qui sont celles qu'on
connaît plus particulièrement au Québec, une contribution
plus considérable aux revenus de la province. En tant que tel, je pense
qu'en toute équité le gouvernement du Québec a une
obligation de tenter de faire un effort financier particulier pour mettre
quelque chose dans la cagnotte pour solutionner ce problème, compte tenu
de leur participation plus grande au paiement de taxes sur l'essence qu'ils
dépensent.
Je n'ai pas de questions à proprement parler, M. le
Président, mais, étant donné qu'on a affaire à des
groupes de taxis qui sont plus limités - il en a été
question - et pour éclairer notre lanterne, j'aimerais poser une
question relativement aux revenus d'un chauffeur de taxi. Pouvez-vous nous
indiquer, soit M. Morin, soit M. Martel, d'une façon quelconque, le
revenu annuel d'un chauffeur de taxi qui fait une journée de travail et
dont c'est le métier? Est-ce que vous avez une idée de son revenu
annuel, afin d'éclairer notre lanterne un tant soit peu?
M. Martel (Raymond): Je suis venu ici aujourd'hui pour
représenter cinq ligues de taxi de Québec et des environs. La
seule réponse que je peux vous donner, mon cher monsieur, c'est que je
me suis acheté un habit à crédit pour venir vous
parler.
Des voix: Ah!
M. Clair: Je pense que la question soulevée par le
député de Louis-Hébert est importante et
intéressante, mais il faut bien comprendre que, compte tenu de la
très grande variété qui existe en termes du nombre
d'heures de service, en termes de la rentabilité de certains par rapport
à d'autres - la question qu'il pose et que posait le
député de Jeanne-Mance, tantôt, est très
intéressante - il n'y a pas une réponse unique à cette
question. Ce qu'on sait pertinemment, cependant - actuellement, on le
reconnaît; c'est écrit en toutes lettres dans le programme
d'action - c'est que les propriétaires de taxis connaissent des
problèmes importants de rentabilité sur lesquels il faut agir.
C'est une tendance qui a trop duré, à mon avis, d'étudier,
d'étudier et d'étudier pour essayer d'établir une moyenne
ou un écart type, par n'importe quelle donnée statistique sur les
revenus des propriétaires de taxis. On sait actuellement que, de
façon majoritaire, ils ont de la difficulté à rentabiliser
leur entreprise et c'est pourquoi il faut agir.
M. Doyon: Je suis très conscient de cela, M. le
Président. La réponse que j'ai reçue du président
me donne une idée - elle est très démonstrative et
très colorée - du genre de difficultés auxquelles ils ont
à faire face. Je suis sûr qu'il caricature un tant soit peu, mais
en tout cas, je pense que les difficultés auxquelles ils ont à
faire face sont fondées. Je veux l'assurer ici que, de notre
côté, du côté de l'Opposition, nous sommes
très sensibles aux problèmes auxquels ils ont à faire face
et nous sommes ouverts à toutes les représentations qu'ils
peuvent être appelés à nous faire. Nous espérons que
le gouvernement manifestera une ouverture d'esprit et un désir
véritable d'en arriver à des solutions.
Je termine là-dessus, M. le Président, parce qu'il est
déjà 18 h 15. Vous connaissez ma réputation, vous savez
que je me plie à tous les désirs et à toutes les
volontés du président. Alors, je termine là-dessus. Je
veux dire simplement que j'espère que nous pourrons aboutir à
quelque chose de tangible qui va faire l'affaire de tout le monde et qui va
protéger des gens qui gagnent leur vie d'une façon utile, des
gens vaillants, des travailleurs et surtout des gens dont on a absolument
besoin. Mon collègue de Sainte-Anne aurait une brève question
à poser et ce sera tout ce que nous avons à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Ce sera la dernière
question. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je vais y aller très
vite. Sur l'affaire de l'assurance, vous m'excuserez, M. le ministre, mais je
ne suis pas d'accord avec vous du tout. Je note, dans le mémoire,
à la page 2, qu'on parle d'un quasi monopole. Je suis convaincu que ce
n'est pas un quasi monopole, c'est un vrai monopole.
Avez-vous des chiffres sur les profits de ces compagnies d'assurances
qui font affaires avec vous autres, par exemple? Si vous ne les avez pas, on va
demander au ministre d'aller faire enquête auprès du
Surintendant des assurances. Prenons le secteur du taxi à
Québec, le nombre d'accidents, les montants payés et les primes
perçues. J'aimerais bien avoir une réponse là-dessus. Si
on veut leur donner de l'argent, cela va toucher les primes d'assurance, j'en
suis convaincu. (18 h 15)
M. Clair: C'est ce qui a été fait par le bureau du
Surintendant des assurances. Maintenant, en terminant, je rappelle simplement
ce que je disais tantôt. Je pense qu'il serait normal que les
résultats de cette étude soient connus de ceux pour qui elle a
été réalisée. Cela me paraît tout à
fait normal.
Je voudrais ajouter deux ou trois mots pour remercier les gens des
Ligues de taxi de la région de Québec de s'être
regroupés pour venir nous rencontrer en commission parlementaire. Je
tiens à les assurer que, même si le mémoire est bref,
même si leur position et leurs revendications sont exigeantes, elles sont
prises tout autant en considération que les autres revendications,
propositions ou suggestions qui ont été faites ou qui seront
faites au cours de cette commission parlementaire. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Martel (Raymond): M. le ministre, serait-il possible d'en
faire parvenir une copie à chacune des ligues de taxi de la province de
Québec?
M. Clair: Une copie de quoi?
M. Martel (Raymond): Des résultats de la commission.
M. Clair: Oui, certainement. Cela va se traduire par un programme
et, au moment où on adoptera de façon définitive le
programme, il est dans mes intentions d'en envoyer une copie à chacune
des ligues.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Au nom de l'Opposition, merci également pour
la Darticipation des Ligues de taxi de la région de Québec
à cette commission. Je reviens, quand même, avec une question
additionnelle dans le même sens que celle du député de
Louis-Hébert. Je prends souvent des taxis à Québec, il n'y
a pas de doute là-dessus, mais est-ce qu'on peut avoir une idée
générale des revenus - je reviens là-dessus parce que je
veux le savoir - d'un chauffeur de taxi actuellement?
M. Morin (Roger): Je vais vous répondre par ces mots: Pour
vivre avec 150 $ par semaine comme revenu, un chauffeur de taxi devrait gagner
21 600 $, pour entretenir sa voiture et avoir un revenu de 150 $ par semaine
sur une possibilité de 50 semaines, cela sans égard au temps
où le type va au garage. Si vous voulez avoir les chiffres, je les ai
ici. Je fais une approximation. Un chauffeur de taxi devrait gagner 6 $ l'heure
pour douze heures de travail; il a deux heures pour manger, il ne reste pas
grand chose. Cela fait 432 $ par semaine, 21 600 $. L'essence - cela ne semble
pas avoir d'importance l'essence, mais, pour nous, cela en a - cela coûte
5500 $ pour 21 600 $ de gains. L'assurance que les gars de taxi paient en
moyenne, c'est 2500 $. L'immatriculation, 400 $. Je fais une parenthèse:
Quand vous immatriculez un autobus avec un A, un petit 18 passagers, cela
coûte 424 $. Si ce même véhicule est immatriculé A-E,
cela lui coûte environ 207 $. Quand on nous dit que, concernant l'autobus
qui transporte 18 à 20 enfants, des écoliers, tu paies une prime
de 207 $ et que, concernant le taxi, tu paies 400 $ sur l'immatriculation et
l'assurance automobile de Mme Payette, moi, je me dis qu'on n'est pas d'accord
tous les deux.
Les contributions aux associations de services, 1200 $, la ligue 50 $,
environ 600 $ de pneus par année, les freins 300 $, les graissages et
les changements d'huile - je n'ai même pas calculé le temps de le
faire -400 $ par année. Si l'individu achète une voiture de 8000
$ avec les intérêts et qu'il fait des paiements de 300 $ par mois,
cela lui fait 3600 $ par année. J'ai mis un salaire de 150 $ par semaine
pendant 50 semaines et cela lui fait 7500 $. Cela fait 22 000 $ de
dépenses sur une possibilité de gains de 21 600 $. Le taux des
accidents de travail -je vais vous en donner, des choses - au niveau du taxi,
il est de 4,27 $. Au niveau des chauffeurs d'autobus, il est de 1,89 $. Tout
est basé sur ceci: Envoie, les gars de taxi! Ils travaillent trop
longtemps. Ils ne sont pas capables de se défendre. Eux autres, on va
les faire payer.
Le Président (M. Brouillet): Sur cela, je dois suspendre
les travaux de la commission jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 20)
(Reprise de la séance à 20 h 21)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous allons entendre les
représentants de la Ligue de taxis de Montréal Inc. Je
demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous présenter les
personnes qui l'accompagnent, s'il vous plaît!
Ligue de taxis de Montréal Inc.
M. Salvatore (Antonio): Je me présente, Antonio Salvatore,
président de la Ligue de taxis de Montréal; à ma droite,
Jean-Paul Hébert, vice-président; toujours à ma droite,
Maurice Gobeil, trésorier; à ma gauche, André Meunier,
secrétaire; Lucien Bernier, administrateur, et, à l'extrême
gauche, M. Dubuisson.
Pour la lecture du mémoire, je cède la parole à M.
Jean-Paul Hébert, qui a été nommé par le conseil de
la Ligue de taxis de Montréal comme recherchiste sur le livre blanc.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Avant de
commencer, j'aimerais rappeler que nous accordons deux heures ce soir. Ce qui
avait été prévu était de 20 heures à 22
heures, mais, comme nous commençons plus tard, nous conserverons tout de
même deux heures pour la discussion.
Je vous demanderais, autant que possible, de limiter votre exposé
à 20 minutes pour qu'on puisse réserver 40 minutes pour
l'échange dans la première heure. Ensuite, nous entendrons
l'autre mémoire, au cours de la deuxième heure. Donc, si vous
pouviez résumer, s'il vous plaît:
M. Salvatore: Merci, M. le Président.
M. Hébert (Jean-Paul): M. le Président, pour faire
suite à vos propos, j'ai ici un mémoire d'environ 36 pages. Je me
limiterai simplement à un préambule de quelques secondes et, par
la suite, on pourra regarder l'analyse de ce livre blanc, à partir de la
page 25. D'accord?
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Hébert: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, devant le désir du ministère des
Transports d'apporter un élan nouveau dans l'industrie du taxi à
l'échelle provinciale, la Ligue de taxis de Montréal Inc., a
voulu collaborer d'une façon tangible et objective à ce renouveau
que nous désirons, "aux nouvelles" avenues d'un mode de transport aussi
important pour l'économie de notre pays. Nous voulons, devant ces
nouvelles perspectives, apporter une vision nouvelle pour un avenir qu'il nous
appartient de bâtir à notre mesure.
La Ligue de taxis de Montréal Inc., vous remercie de l'attention
particulière que vous porterez à ce mémoire et aux
propositions qui y sont contenues.
Nous allons donc à la page 25.
Nous avons, dans cette deuxième partie de notre mémoire,
analysé, point par point, les principales mesures de réforme
proposées par le livre blanc sur le transport par véhicule-taxi
présenté par le ministère des Transports.
La rentabilité. La plupart des mesures proposées au
chapitre de la réforme sont, à notre avis, secondaires. Nous
déplorons le fait que le livre blanc n'axe pas principalement son projet
de réforme sur la rentabilité de l'industrie du taxi. Toute la
problématique de cette industrie repose actuellement sur sa
non-rentabilité due principalement aux facteurs suivants: a) permis de
propriétaire trop nombreux et nombre de chauffeurs trop
élevé; b) coûts d'exploitation excessifs.
Réduction du nombre de permis de propriétaire et de
chauffeurs. À l'heure actuelle, l'industrie du taxi à
Montréal administre 53% des voitures de la province de Québec.
L'île de Montréal dénombre 5818 permis répartis de
la façon suivante: l'agglomération A-11, 5218 permis,
l'agglomération A-12, 269 permis et l'agglomération A-5, 331. En
1967, alors qu'il y avait déjà un surplus de permis, 500 permis
ont été émis dans le cadre de l'Exposition universelle de
Montréal et n'ont pas depuis été annulés.
Le revenu annuel brut par véhicule est de 20 599 $. Les frais
d'exploitation sont de l'ordre de 9618 $, ce qui laisse un revenu annuel net de
10 981 $. En janvier 1981, on dénombrait au Québec 29 904 permis
de chauffeur. De ce nombre, 16 473 ont été délivrés
dans les trois agglomérations de l'île de Montréal, ce qui
fait une moyenne de 3,5 chauffeurs par permis de propriétaire à
l'échelle nationale.
La réglementation actuelle - règlement sur le transport
par véhicule-taxi, T-12, r.22 - prévoit à l'article 71,
pour l'agglomération A-11 de Montréal, un permis de
propriétaire pour un ratio d'habitants variant de 400 à 500
personnes. Pour l'agglomération A-12 de Montréal, ce nombre varie
de 900 à 1000 et, pour l'agglomération A-5 de Montréal, ce
nombre varie de 800 à 900 personnes.
Le nombre de permis émis dépasse actuellement celui
prévu par la réglementation r.22 en vertu des ratios du nombre
d'habitants par permis de taxi. L'île de Montréal a atteint le
nombre maximal de permis de propriétaire. Le livre blanc reconnaît
à sa page 6 que les ratios fixés par ce règlement n'ont
pas été un instrument valable pour juger du nombre de taxis
nécessaires. Il importe au gouvernement actuel de corriger la situation
et de mettre sur pied une politique de diminution de permis de
propriétaire rendant ainsi conforme ce service de transport aux besoins
de la population.
Dans le livre blanc, le gouvernement se propose de conserver des
pouvoirs d'attribution, de suspension et d'annulation de permis. Le
gouvernement pourrait, cependant, déléguer aux ligues le pouvoir
de racheter à
leur juste valeur marchande les permis mis en vente par les artisans. Un
tel permis devra automatiquement être transféré à la
ligue qui le gardera sous sa juridiction jusqu'à la demande future
pouvant justifier sa revente en fonction du ratio de la population. 11 va de
soi que le gel de permis de propriétaire doit être maintenu.
Libéraliser la délivrance de nouveaux permis constituerait une
inéquité vis-à-vis des membres de l'industrie du taxi et
une baisse considérable de leurs revenus et de la qualité des
services.
Confrontée à une situation économique difficile,
à un surplus apparent de taxis et à la difficulté pour les
artisans de s'assurer un revenu satisfaisant, la Ligue de taxis de
Montréal Inc., propose: premièrement, que le gel
décrété en avril 1979 soit maintenu; deuxièmement,
que le gouvernement du Québec mette de l'avant une politique visant la
réduction du nombre de permis de propriétaire;
troisièmement, que le gouvernement du Québec autorise une formule
de rachat de permis par la ligue avec transfert à la ligue
concernée; quatrièmement, que l'article 71 du règlement
T-12, r.22 soit amendé conformément aux besoins de la population;
cinquièmement, que le gouvernement décrète
immédiatement un moratoire sur les permis de chauffeur;
sixièmement, à défaut de l'application d'une politique
immédiate de réduction du nombre de permis de
propriétaire, nous proposons comme alternative à être
appliquée particulièrement par la Ligue de taxis de
Montréal, la formule suivante: un seul chauffeur par voiture-taxi par
semaine.
Tout en améliorant la rentabilité de l'industrie du taxi,
cette solution amènera les avantages suivants: meilleure qualité
de la main-d'oeuvre et des services, acquisition d'un professionnalisme,
humanisation du travail des chauffeurs, rehaussement de l'image de cette
industrie auprès du public et élimination des chauffeurs dits
d'occasion.
Réduction des coûts d'exploitation. L'essence. Cette
dépense est celle qui affecte le plus le revenu de l'artisan.
Actuellement, il en coûte 20 $ par jour ou à peu près 500 $
par mois pour un chauffeur moyen. Cette dépense n'a cessé
d'augmenter ces dernières années. Pour atténuer le
coût de l'essence, la Ligue de taxis de Montréal propose que le
gouvernement provincial prévoie un remboursement de la taxe provinciale
prélevée sur l'essence, comme le fait le gouvernement
fédéral par sa taxe d'accise. (20 h 30)
Assurance-responsabilité automobile. En 1983, il en coûte
à l'artisan de 1800 $ à 3000 $ par année pour assurer son
véhicule-taxi. Dans le but de minimiser ces frais d'exploitation, les
ligues devraient avoir le pouvoir d'implanter un programme d'assurance
réservé uniquement à l'usage de leurs membres et de leur
prélever des sommes beaucoup moins élevées en vue de
créer un fonds d'assurance-responsabilité à leur
bénéfice.
Le législateur devra modifier la réglementation en
conséquence pour que toute ligue de taxi puisse, dans la poursuite de
ses buts et objets, obtenir une charte l'habilitant à offrir un plan
d'assurance-responsabilité concurrentiel au bénéfice de
ses membres. Nous demandons l'abolition de ce régime
d'assurance-responsabilité sans faute, communément appelé
"no fault", et le contrôle dans l'augmentation des primes même
à la suite d'accidents dont la responsabilité n'incombait pas au
chauffeur de taxi souscripteur de la police.
Plaques d'immatriculation. Leur coût est le triple de celui d'un
véhicule de promenade. Nous demandons, premièrement, au
gouvernement d'ajuster leur coût pour le ramener à un coût
raisonnable et non prohibitif; deuxièmement, que chaque renouvellement
de plaques soit conditionnel au paiement de la cotisation à la ligue
à laquelle appartient le requérant. En effet, en vertu de
l'article 42 du règlement r.22, la régie ne peut immatriculer un
véhicule comme véhicule-taxi que si le propriétaire
détient un permis de taxi. L'article 51 c) i) du même
règlement prévoit que, pour être titulaire d'un permis
catégorie "agglomération", il faut être membre en
règle de la ligue. L'article 1, paragraphe 29, définit
l'expression "membre en règle" comme étant "tout
propriétaire de taxi qui a acquitté le montant de sa
cotisation."
Afin d'appliquer les exigences du règlement r.22, nous proposons
que le renouvellement de plaques d'immatriculation se fasse conditionnellement
à la preuve de paiement de la cotisation obligatoire à la ligue,
c'est-à-dire sur présentation d'un reçu émis par la
ligue.
Garage régional. L'entretien d'un véhicule-taxi
représente environ 25% des coûts d'exploitation. L'autorisation
d'exploiter un garage régional offrant l'entretien des
véhicules-taxis à des prix concurrentiels diminuerait ce
coût exorbitant auquel fait face l'artisan. Malheureusement, l'aide
financière pour arriver à un programme de base aussi vital nous
manque et ce n'est qu'avec l'appui du gouvernement que nous pourrions
construire une structure capable de produire des résultats
tangibles.
Les concessions. Toute concession de l'association de services, telle
que définie et expliquée à la page 5 de ce mémoire
et aux pages 10 et 11 du livre blanc, doit être interdite. Les sommes
énormes qui ont été versées par les associations de
services en 1978, à savoir de 750 000 $ à 1 000 000 $, sont
injustifiées et constituent un autre
facteur qui diminue la rentabilité du taxi tout en limitant le
privilège inhérent au permis de taxi de desservir l'ensemble du
territoire.
Le registre central d'information. Afin d'avoir un contrôle
adéquat des chauffeurs et des propriétaires et pour mettre fin
à la situation des chauffeurs conduisant sans permis, il est urgent que
les ligues mettent sur pied un registre central d'information. Ce registre
informatisé, à la disposition des ligues, s'impose dans le but de
défendre leurs membres en leur permettant d'avoir un suivi du chauffeur
quant à son habileté, à son comportement vis-à-vis
des règlements et des règles d'éthique, à son
intégrité, en un mot d'analyser le pedigree des chauffeurs en vue
d'assurer une meilleure protection du public. Cette initiative est avant tout
un outil de travail dans le but précis de restructurer l'industrie du
taxi et d'améliorer qualitativement et quantitativement le personnel de
celle-ci et non pas, comme le gouvernement le prétend, de se substituer
à la Régie de l'assurance automobile du Québec.
Encadrement trop rigide. Le gouvernement a réglementé avec
précision le service de taxi, autant en ce qui concerne l'aspect
économique, la qualité du service que les conditions de
sécurité des usagers. Ce cadre réglementaire
détaillé, restrictif, incontrôlable ne laisse que peu de
latitude aux travailleurs de l'industrie du taxi.
Dans cet encadrement trop rigide, se pose le problème majeur du
stationnement. En effet, la réglementation du taxi interdit le
stationnement en double file alors qu'il est toléré pour les
camionneurs. Le chauffeur qui, pour s'arrêter et laisser descendre son
client, doit se stationner en double file est pénalisé par
l'imposition d'une amende pour avoir contrevenu à un règlement
municipal. Il est également interdit pour un chauffeur de s'absenter de
son véhicule stationné dans une aire réservée aux
taxis sous peine d'une contravention de 52,50 $, alors qu'une personne qui y
stationne son véhicule ordinaire ne recevra qu'une contravention de 15
$. Devant cette situation injuste et aberrante, nous demandons aux
autorités concernées de promouvoir, en nombre suffisant,
l'établissement d'aires de repos réservées à
l'usage de ces travailleurs du taxi, leur permettant ainsi de s'absenter de
leur véhicule sans être continuellement harcelés par les
autorités, ne serait-ce que pour des besoins vitaux.
Code d'éthique professionnelle. L'article 81 du règlement
T-12, r.22 prévoit la création, au sein de toute ligue de taxi,
d'un comité d'éthique professionnelle qui a pour fonction de
favoriser l'observance, par chaque membre, de la réglementation, ainsi
que des règles d'éthique qui peuvent être
édictées dans les règlements de la ligue et qui ne sont
pas inconciliables avec ces règlements, ces règles devant
être approuvées par le ministre. Les ligues ont, par le
passé, établi et soumis des règles d'éthique au
ministre de l'époque, mais elles ont été carrément
rejetées.
La ligue étant l'organe central le mieux placé pour
analyser les lacunes de son agglomération et étant la plus apte
à établir des règles d'éthique pour apporter les
correctifs nécessaires à l'amélioration des services
offerts à la clientèle, nous proposons que le législateur
donne le pouvoir aux ligues de réglementer en la matière, que ces
règles soient approuvées par l'assemblée
générale des membres et non plus par le ministre.
Le problème des aéroports de Dorval et de Mirabel.
Conditions applicables aux permis d'aéroport pour véhicules-taxis
à Dorval. 225 permis d'aéroport, concernant le droit d'offrir un
service de taxi à l'aéroport de Dorval pour une période de
deux ans, ont été octroyés par voie de tirage aux trois
ligues desservant l'île de Montréal, dont la nôtre, A-11,
chacune des agglomérations desservant des territoires respectifs. Ces
225 permis ont été répartis de la façon suivante:
A-5, 15 permis; A-12, 25 permis; A-11, 185 permis.
Les redevances relatives à l'exploitation du service de transport
par véhicule-taxi sont de 1200 $ par année. Aucuns frais,
à notre avis, ne devraient être exigés pour cette
exploitation.
L'article 2.2.6 de ces conditions prévoit que tout chauffeur de
véhicule-taxi doit, en tout temps, "demeurer avec son
véhicule-taxi au poste de chargement jusqu'au moment où les
passagers soient affectés à son véhicule-taxi par le
répartiteur". Un système de points de démérite a
été mis sur pied par Transports Canada pour chaque violation des
conditions et, lorsqu'un détenteur de permis d'aéroport accumule
un nombre maximal de 12 points de démérite, son permis
d'aéroport et son certificat peuvent être suspendus et
annulés sans qu'il ait le droit à aucune compensation de quelque
nature que ce soit.
Le problème. L'article 84.1 de la réglementation T-12,
r.22, dit expressément: "Le service de taxi à partir des
aéroports internationaux de Montréal à Dorval et à
Mirabel est fourni exclusivement par les véhicules-taxis des
agglomérations de la conurbation de Montréal." Neuf plaintes sur
dix, à la ligue A-11, proviennent des problèmes rencontrés
aux aéroports de Dorval et de Mirabel. Les chauffeurs détenant un
permis d'aéroport sont la proie d'un favoritisme des répartiteurs
qui dirigent les clients éventuels vers des berlines de Samson
plutôt qu'un véhicule-taxi sans que le client ait fait part de sa
préférence pour un type de véhicule plutôt qu'un
autre.
Par réglementation provinciale, la compagnie de limousines
Samson, autrefois appelée Murray Hill, est autorisée à
desservir
les aéroports avec un effectif de 50 limousines. Or, Samson a
à son actif non pas 50, mais bien 5 limousines et 80 berlines. Il est de
notoriété publique qu'à l'exception des 5 limousines les
véhicules de Samson sont hors la loi puisqu'ils n'ont pas de permis de
taxi leur permettant de faire le transport à titre onéreux de
passagers. Ûe plus, cette compagnie devrait se limiter à desservir
les aéroports et non pas tout autre trajet du ressort exclusif d'une
agglomération de la conurbation de Montréal comme elle le fait.
En employant des stratégies comme des coupons de réduction, la
sollicitation de clients, des approches auprès des employés
d'hôtels, des arrangements avec les répartiteurs aux portes des
aéroports, ainsi que la publicité en ce sens dans les journaux et
à la radio, cette compagnie annihile toute possibilité de
clientèle pour les chauffeurs de la conurbation de Montréal qui
ont un permis d'aéroport et qui ont déboursé 1200 $ pour
l'obtenir.
Nous savons de source sûre, à titre d'exemple, que
l'agglomération A-12, qui avait entre 75 et 80 appels par jour pour
l'aéroport de Dorval, n'a, depuis cinq à six mois, que cinq ou
six appels par jour. Une telle situation de conflit entraîne des
altercations entre nos chauffeurs de taxi et ceux des berlines de Samson,
altercations qui pénalisent grandement nos chauffeurs d'autant plus
qu'elles entraînent des points de démérite. Devant
l'ampleur des événements qui risquent de s'aggraver et de finir
dans le sang, nous demandons de toute urgence au gouvernement d'intervenir et
de stopper ces actes illégaux. De quelle façon? Cela, on vous le
laisse dire. Nous proposons au gouvernement d'obliger la compagnie de
limousines Samson à respecter les ententes et règlements qui la
régissent ou, à défaut, de la forcer à obtenir des
permis de véhicule-taxi des ligues représentant les
agglomérations de l'île de Montréal. Voilà,
messieurs.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Permettez-moi, d'abord, de remercier le nouveau conseil
d'administration de la ligue de taxi A-11 de Montréal d'avoir
accepté, en même temps qu'ils ont pris la responsabilité de
la direction de la ligue de taxi A-11, de préparer des prévisions
budgétaires pour la nouvelle année, d'avoir, en même temps,
préparé un mémoire pour la commission parlementaire
chargée d'étudier les nouvelles avenues pour le taxi. Cela me
permettra d'ouvrir une parenthèse sur la situation à la ligue
A-11, seulement pour dire que, du point de vue de celui qui vous parle,
à la suite de l'adoption de la loi 48 pour laquelle nous avons eu la
collaboration du député de Jeanne-Mance et de l'Opposition, nous
avons pu profiter au ministère des Transports de la collaboration tant
de l'équipe qui a quitté la ligue A-11 ou qui, par le processus
de la loi 48, a été remplacée, que de ceux qui sont
arrivés à la ligue A-11. Dans ce sens, je pense qu'on peut
dresser un bilan très positif de cette loi un peu particulière,
la loi 48, qui a permis à la ligue A-11 de repartir - nous
l'espérons fortement, quant à nous - sur un nouveau pied. Je
pense qu'avec l'adoption de la loi 48, avec un énoncé de
politique qui vise à promouvoir l'industrie du taxi, nous sommes
à même de constater de part et d'autre, de la part de la ligue
A-11 et de la part du gouvernement, une volonté ferme de s'attaquer aux
problèmes réels, aux problèmes urgents, je dirais, de la
ligue A-11 en particulier, puisgu'on sait tous qu'à toutes fins utiles,
près de la moitié des permis de taxi et même la
moitié des permis de chauffeurs de taxi, 60%, en fait, des permis de
propriétaires, 50% des permis de chauffeurs se situent dans
l'agglomération A-11.
C'est dire toute l'importance qu'on accorde et qu'on doit accorder
à cette ligue A-11.
Je pense, M. le Président, que si, par la tenue de cette
commission parlementaire -l'ouverture de nouvelles avenues en matière de
taxi - on parvient ne serait-ce qu'à diminuer, et je dis bien à
diminuer, les problèmes de rentabilité et de fonctionnement de
l'industrie du taxi dans la ligue A-11, on aura fait une oeuvre très
utile puisqu'on sait tous qu'à peu près la moitié des
problèmes dans le secteur du taxi se concentrent dans le coeur de
l'agglomération montréalaise, c'est-à-dire dans la ligue
A-11. Dans ce sens, l'importance que nous accordons au mémoire
préparé par le conseil d'administration de la ligue A-11 est
à la mesure de l'importance, justement, de la place qu'occupe le taxi
dans une agglomération comme celle de Montréal. (20 h 45)
M. le Président, quant aux commentaires, je serai assez bref,
parce que je voudrais en venir rapidement aux questions. Dans l'ensemble,
même si on n'a pas lu tout le mémoire, la position de la Ligue de
taxis de Montréal Inc. - la ligue
A-11 - sur les trois points fondamentaux de la proposition du programme
d'action du gouvernement est à peu près la suivante: En ce qui
concerne l'ouverture de nouveaux marchés, on nous dit, en substance, que
cela ne ferait que confirmer une situation de fait, même s'il semble
à la ligue A-11 que le mécanisme du contrat et de son
dépôt apparaît trop lourd, surtout pour le client seul,
préférant proposer d'exiger cette procédure uniquement
lorsque le contrat dépasse un certain montant d'argent ou encore
lorsqu'il s'agit d'entreprises ou d'employeurs pour un montant de 500 $ ou
plus. On peut donc dire que c'est un appui
en ce qui concerne l'ouverture de nouveaux marchés, mais on dit:
Ce n'est pas suffisant.
En ce qui concerne la décentralisation qui est proposée
par le gouvernement, la ligue semble considérer que le gouvernement met
trop l'accent sur ce point. Elle est d'accord sur tous les points de la
décentralisation. Elle demande à être associée et
consultée par les autorités locales, éventuellement, mais
elle met en doute un certain nombre de pouvoirs ou de droits pour la Commission
des transports du Québec ou pour la communauté urbaine, dans ce
cas-là, en ce qui concerne, par exemple, des mesures punitives pour la
suspension et l'annulation des permis.
Enfin, il semble que de façon générale quand
même, sur la décentralisation, ce que l'on peut retenir de la
position de la ligue
A-11, c'est que, forte de l'expérience du régime
prévalant avant 1973, de l'expérience vécue depuis 1973,
elle considère comme valable la proposition du gouvernement de
décentraliser, d'aller vers les autorités locales qui, dans ce
cas, seraient vraisemblablement la Communauté urbaine de
Montréal.
Enfin, en ce qui concerne la concertation, la ligue appuie le maintien
de l'existence des ligues et le fait que le ministre n'approuve pas
dorénavant leurs règlements, dans la mesure cependant où
les ligues auraient essentiellement un rôle d'associations
professionnelles et de promotion de l'industrie du taxi.
M. le Président, je pense que cela est très positif si
l'on tient compte de la situation qui prévalait avant l'adoption de la
loi 48 et avant le dépôt de cette proposition de nouvelles avenues
pour le taxi, puisque, en substance, sur les trois grandes directions
proposées par le ministère des Transports, la ligue de taxis A-11
semble d'accord.
J'apporterai là-dessus un seul petit correctif. Quand les gens de
la ligue A-11 parlent du livre blanc, je tiens à répéter
qu'en ce qui concerne le ministre des Transports, le ministère des
Transports et le gouvernement du Québec, quant à nous, ce que
nous avons déposé sur la table ne se voulait pas tant un livre
blanc qu'un programme d'action proposé, mis sur la table pour fins de
discussion et susceptible d'être enrichi par les commentaires et les
propositions de tous ceux que la chose intéresse.
Maintenant, je voudrais en venir à des questions relativement au
mémoire qui nous a été soumis. La ligue A-11 revendique le
pouvoir de diminuer elle-même le nombre de permis de taxi en étant
en quelque sorte, si je comprends bien, autorisée à effectuer le
rachat d'un certain nombre de permis.
Faisons immédiatement une distinction. Il y a la
possibilité que l'État intervienne en utilisant des fonds publics
pour racheter un certain nombre de permis de taxi dans l'agglomération
A-11 ou dans d'autres agglomérations, ce qui, comme je le disais
précédemment aujourd'hui, nous conduirait inévitablement
à racheter tantôt des permis de camionnage en vrac, tantôt
des permis de pêche maritime, tantôt des permis de chasse,
tantôt des permis de je ne sais trop quoi.
Vous semblez ouvrir une autre perspective, celle que la ligue A-11
elle-même puisse racheter des permis. Sans se faire de cachette, nous
connaissons tous la situation - ou à peu près, ceux qui ont voulu
en prendre connaissance ont pu le faire -financière délicate - je
ne dirais pas difficile, mais délicate - de la ligue A-11. Comment la
ligue A-11 peut-elle envisager actuellement de racheter des permis en termes
financiers, d'abord, et, deuxièmement, je dirais, en termes
psychologiques? Nous connaissons tous les difficultés de
crédibilité - je pense qu'il faut employer le mot - que la ligue
A-11 a connues, au cours des récentes années, par rapport
à l'ensemble des propriétaires de permis de taxi dans
l'agglomération montréalaise A-11. Si on envisageait de recourir
à une cotisation additionnelle pour acheter des permis de taxi, est-ce
que ce ne serait pas voué, dans les dix ou douze mois qui viennent,
à un refus de la part des membres de la ligue
A-11 que de se cotiser pour racheter des permis qu'on considère
superflus actuellement?
Je dirais que c'est le premier volet de ma première question,
parce que le deuxième volet, l'avenue que nous vous proposons est
très différente de cela. C'est de dire: Voyons donc au maximum
quelles sont les possibilités de rentabiliser les permis des
propriétaires de taxis existants en tâchant d'éviter
d'avoir comme cela à racheter des permis, que ce soit par le biais du
gouvernement ou de la ligue. Comment faites-vous votre choix quant au rachat
des permis pour vos membres? Comment pouvez-vous rendre opérationnel ce
choix sans recourir aux fonds publics? Troisièmement, dans l'état
psychologique où se trouvent les membres de la ligue A-11 actuellement,
qui, je pense, commencent à reprendre espoir dans leur ligue et dans
l'avenir du taxi, le moment n'est-il mal choisi de les cotiser
additionnellement pour racheter des permis? C'est ma première
question.
M. Hébert: Si vous permettez, M. le ministre, je vais vous
répondre que nous avons envisagé effectivement deux moyens de
racheter les permis de taxi que nous considérons comme étant
excédentaires au nombre qui devrait exister d'après le ratio de
la population que nous avons à servir. Le premier système que
nous avions prévu à cette fin, c'était que le gouvernement
rachète, si vous voulez, les 1500 permis à un
prix qui est le prix normal du marché, c'est-à-dire
environ 8000 $ le permis, et établisse un fonds qui serait remis au
gouvernement par une augmentation de 100 $ ou 200 $ par permis lors du
renouvellement des permis de taxi à la fin de l'année. Ce montant
de 200 $ ou de 250 $ paierait en quelque sorte, d'une façon assez
rapide, le montant que le gouvernement pourrait avancer, mais que nous lui
rembourserions, pour arriver à remettre au gouvernement l'argent qu'il
nous aurait prêté. Ce serait le premier moyen.
M. Clair: Sur cette question, excusez-moi de vous
interrompre.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: Avec une hypothèse comme celle-là - je ne
pense pas qu'il y ait eu de consultation là-dessus de la part de
l'actuel conseil d'administration par rapport à l'assemblée
générale de la ligue - est-ce que je dois comprendre que le
conseil d'administration qui présente le mémoire serait
prêt à défendre une telle position, tout le monde
étant conscient que c'est très exigeant d'augmenter la cotisation
de 100 $ ou 200 $ ou 250 $ par année? Que ce soit par le biais du permis
de la CTQ, du permis de conduire ou peu importe, c'est quand même 200 $
d'augmentation de la contribution annuelle pour l'exercice de sa profession.
Est-ce que je dois comprendre que le conseil d'administration actuel serait
prêt à défendre une telle position devant
l'assemblée générale de ses membres?
M. Hébert: M. le ministre, nous avons, chacun d'entre nous
ici, une moyenne de 25 ans d'expérience dans l'industrie du taxi. Je
crois que dans l'ensemble l'industrie du taxi
A-11 serait très favorable à établir ce genre de
système pour diminuer le nombre. Si cette solution s'avérait
possible, nous n'hésiterions pas à faire une assemblée
générale de nos membres et à leur faire connaître ce
régime par rapport à la responsabilité que le gouvernement
s'engagerait à prendre vis-à-vis de la ligue. Ce serait la
solution que nous verrions en premier lieu.
La deuxième façon que nous aurions de réduire le
nombre de permis de 1500 à 2000 que nous aimerions éliminer du
marché de la ligue A-11 serait, à l'intérieur même
de la ligue, par les membres qui accepteraient de former une corporation de
membres qui seraient prêts à acheter à même cette
corporation le nombre de permis nécessaires pour arriver justement,
encore une fois, à diminuer le nombre de permis. Mais à cause du
règlement no 6 qui dit qu'un permis ne peut pas être mis de
côté plus d'une certaine période de temps sans être
retourné au gouvernement, cette particularité du règlement
no 6 a empêché jusqu'à présent les membres de
prendre cette attitude, de prendre cette décision, pour arriver à
diminuer le nombre de permis à l'intérieur de
l'agglomération A-11. Alors, en plus de cette particularité du
règlement no 6, il y a bien sûr l'attitude générale
du gouvernement qui a toujours été, dans l'ensemble, assez
réfractaire à cette politique de diminution de permis.
M. Clair: Une troisième possibilité -vous en
évoquez deux - dont vous faites mention dans vos recommandations, c'est
celle, si j'ai bien compris, pour la ligue A-11 d'imposer par vote
démocratique, j'imagine, la règle du "un chauffeur une voiture
par semaine".
M. Hébert: Alors là ce n'est plus, M. le ministre,
une question de diminution du nombre de permis de taxi dans
l'agglomération A-11, mais une question de diminuer le nombre de
voitures sur la route. À ce moment-là, la façon dont nous
envisageons le problème est que nous avons, comme vous le savez, 5218
permis dans l'agglomération A-11 de Montréal, dont environ 2300
sont la propriété de flottes qui ont, en grande partie, deux
chauffeurs par voiture. Nous estimons que si, dans l'ensemble, nous pouvions
appliquer le système d'un homme par voiture par semaine, nous pourrions
diminuer le nombre de voitures de 500 à 1000 par jour sur la route
et...
M. Clair: Vous atteindriez, en termes de rentabilité, un
effet semblable à celui qu'on peut obtenir ou qu'on pourrait
théoriquement obtenir par le rachat de permis?
M. Hébert: C'est-à-dire que, jusqu'à un
certain point, pour autant que la chose soit possible, nous pourrions arriver
à un résultat à peu près identique, ou enfin
à quelque chose qui s'en approcherait.
M. Clair: Maintenant, en ce qui concerne la règle du "un
chauffeur-voiture-semaine", la Fédération des ligues de taxi
voyait plutôt une avenue quant à l'utilisation de cette
possibilité par le biais des associations de services. Vous, ce que vous
proposez, c'est plutôt que la ligue soit autorisée à agir
là-dessus. Est-ce que votre position est en contradiction avec celle de
la fédération des ligues ou si c'est blanc bonnet, bonnet blanc?
Que ce pouvoir soit accordé à l'association de services ou qu'il
soit accordé à la ligue, ça vous indiffère, pourvu
que quelqu'un ait ce pouvoir.
M. Hébert: Ce que nous escomptons
recevoir comme résultat, ce serait, bien sûr, de savoir
lequel serait le plus efficace: les associations ou la ligue?
M. Clair: Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Hébert: Personnellement, je crois que la ligue serait
plus qualifiée pour le faire et je vais vous dire pourquoi. La ligue,
par un centre d'information, pourrait contrôler la majorité de
toute l'industrie du taxi, tant des propriétaires que des chauffeurs,
tandis que les associations ne pourraient avoir un contrôle que sur la
limite des membres qui en font partie. Alors, nous, nous aurions la
totalité du problème tandis qu'eux ne l'auraient que d'une
façon très partielle. C'est la raison pour laquelle
l'efficacité d'un système comme celui-là, à
l'intérieur de la ligue, serait total comme résultat et donc plus
efficace que s'il s'agissait d'un système qui serait
déterminé, contrôlé ou assumé partiellement
par les associations et leurs membres. (21 heures)
M. Clair: Mais dans votre hypothèse cela présuppose
la création d'un registre central d'informations sur les chauffeurs.
M. Hébert: Très exactement.
M. Clair: Est-ce possible de faire cela actuellement sur une base
volontaire?
M. Hébert: Aussi volontaire que d'appartenir à une
ligue de taxi.
M. Clair: À ce moment-là est-ce qu'on ne pose pas
le même problème que celui que je posais au début, à
savoir que pour plusieurs des questions qui nous sont posées, on a deux
grandes avenues, soit celle de donner la possibilité aux ligues, aux
associations de services ou à je ne sais trop qui du milieu de
l'industrie du taxi, des pouvoirs de se discipliner dans un secteur qui est
difficile ou, l'autre avenue, qui est que le gouvernement et l'État, par
voie réglementaire ou législative, étant convaincu que ces
règles sont applicables partout, décrète partout au
Québec des règles relatives au rôle des associations de
services, au rôle des ligues, au contingentement du nombre de permis, de
chauffeurs, de propriétaires, de un homme une voiture par jour... Je
pense que c'est une question fondamentale.
Sur une base volontaire, dans la mesure où quelqu'un, la ligue ou
l'association de services, serait muni des pouvoirs juridiques de le faire,
pourrait aboutir à des résultats semblables à ceux que
vous souhaitez, pensez-vous que c'est une avenue possible? Pensez-vous au
contraire que, inévitablement, on doive en venir, à ce que le
gouvernement par l'Assemblée nationale et son pouvoir législatif
ou le gouvernement par son pouvoir réglementaire impose la règle
de un homme par voiture, donne aux ligues le pouvoir de racheter et de diminuer
le nombre de permis peu importent les autres avenues qui peuvent être
explorées? Quel est votre point de vue là-dessus?
M. Hébert: M. le ministre, j'aimerais ici dire que sur la
question de savoir si ce genre de programme pourrait être mieux
administré par les associations que par la ligue elle-même, notre
attitude dans les circonstances est qu'il devrait y avoir collaboration
très étroite entre les associations et la ligue. Il ne s'agit pas
de divorcer les deux, les deux ne sont pas inconciliables.
M. Clair: Mais pourquoi...
M, Hébert: Au contraire, je pense que la ligue, ayant une
structure très forte et très grande, et les associations, ayant
une expérience très vaste et très prolongée de la
situation des problèmes concernant les propriétaires artisans et
les chauffeurs, nous pourrions, ensemble, établir des barèmes
concernant le bon fonctionnement et la bonne administration des
propriétaires de flotte d'artisans et des chauffeurs qui sont dans
l'industrie du taxi.
M. Clair: Dans le cadre de la législation et de la
réglementation actuelles, pourquoi cela ne s'est-il pas produit? Et
qu'est-ce qu'on peut changer par réglementation ou par
législation au niveau des voeux pieux, de dire que les ligues peuvent
faire ceci, que les associations de services peuvent faire cela, que le
propriétaire artisan, le propriétaire de flotte peut faire ceci,
peut faire cela? Quand tout le monde s'entend, il y a bien des choses qui sont
possibles, mais actuellement, n'est-ce pas à cause d'un désaccord
plus profond entre les associations de services, les propriétaires de
flottes, les propriétaires artisans et les ligues que ce que vous
décrivez ne peut pas se produire?
M. Hébert: M. le ministre, je peux vous dire que depuis
trois mois, c'est-à-dire depuis que vous avez eu la clairvoyance de
faire adopter la loi 48, nous avons eu de très nombreuses rencontres
avec les associations et avec les propriétaires de flottes de taxis de
Montréal et la ligue a trouvé un terrain d'entente avec ces trois
parties sur presque toutes les nécessités dont vous parlez,
justement, pour en arriver à un consensus sur les moyens à
prendre pour établir un système de ce genre. Donc, il n'y a pas
d'incompatibilité. Comme je l'ai déjà mentionné,
par le passé, en 1978, 1979 et
1980, nous avons proposé au gouvernement, au ministre de
l'époque, d'en arriver à un registre central d'affectation et
à un code d'éthique professionnelle qui pouvait être
appliqué pour structurer toute l'industrie du taxi, dans le sens que je
viens de vous mentionner. À l'époque, le ministre, du revers de
la main, avait tout simplement rejeté ces propositions.
M. Clair: Je suis...
M. Hébert: Excusez-moi.
M. Clair: Terminez.
M. Hébert: C'est la raison pour laquelle, devant ces faits
qui se sont produits dans le passé, jusqu'à présent, ce
n'étaient pas simplement des voeux pieux. C'étaient effectivement
des conditions qui nous avaient été imposées. Si, avec
l'approbation de l'actuel ministre, ces voeux pieux peuvent être des
réalités, par les moyens qu'il jugera à propos de nous
donner, nous en serons très heureux.
M. Clair: Relativement à ces décisions qui ont
été prises, au fond, est-ce que la raison qui explique ces
décisions passées, qui m'apparaît rétroactivement
légitime, soit que les chances qu'une telle proposition quant à
un registre central d'information soit acceptable et acceptée par
l'ensemble des chauffeurs et des propriétaires, était, à
toutes fins utiles, nulle? Est-ce que vous êtes en train de me dire
qu'à la suite de la déposition de la proposition de
restructuration du cadre du transport par taxi, des esprits se sont ouverts et
qu'aujourd'hui on pourrait dégager un consensus entre - j'insiste
là-dessus - les artisans, les propriétaires de flottes, les
associations de services et la ligue A-11? C'est ce que vous êtes en
train de me dire.
M. Hébert: Effectivement, il s'est établi une
règle entre les différents paliers de l'administration que vous
venez de mentionner qui en sont arrivés à une entente à
laquelle, à toutes fins utiles, on se devait d'arriver entre personnes
adultes, entre administrateurs adultes, pour établir des barèmes
qui puissent structurer l'industrie du taxi, afin d'établir une
politique d'ensemble pour améliorer les conditions du taxi en
général dans la ligue A-11.
M. Clair: Je me permettrai un commentaire et c'est le suivant. En
l'absence d'un consensus, il m'apparaîtrait dangereux de confier à
la ligue A-11 en particulier des pouvoirs aussi étendus, parce que, s'il
n'y a pas de consensus, ce à quoi l'on se préparerait à ce
moment-là, c'est à des difficultés, sinon aussi grandes,
du moins des difficultés très importantes de fonctionnement,
à nouveau, de la ligue A-11 et de tout le milieu du taxi dans la
région de Montréal. Là-dessus, je vous dirai simplement
que, de mon point de vue, si un tel consensus s'est dégagé entre
les associations de services, les flottes, les propriétaires artisans et
la ligue, il serait urgent qu'il me soit communiqué par écrit
afin qu'on puisse en faire l'analyse. Vous savez, on ne cherche pas à
réinventer le monde avec la ligue A-11. Ce que l'on cherche, c'est
essentiellement de voir, tenant compte du nombre de permis qui existent, tant
en termes de propriétaires que de chauffeurs, comment on peut en
même temps répondre, aussi bien que possible, aux attentes des
propriétaires en termes de rentabilité et aux exigences du public
voyageur en termes de services. Tout consensus qui pourrait se dégager
entre les quatre partenaires que je décrivais et qui répond aux
critères normalement acceptables pour ces quatre groupes et pour le
service public, je serais très intéressé à
l'examiner.
Une dernière question, M. le Président, avant de passer la
parole au député de...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, est-ce que vous
aimeriez intervenir sur le même point?
M. Meunier (André): Moi?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Meunier: Dans notre ligue, nous avons M. Léo
Bélanger qui fait partie de la fédération des ligues.
Ensemble, on peut régler ces problèmes, en en discutant bien. Il
y a beaucoup de problèmes à résoudre, mais c'est à
discuter qu'on peut en arriver à un consensus sur tous ces sujets qui
sont assez ambigus en ce moment.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre,
avez-vous d'autres questions?
M. Clair: Une dernière question sur les assurances. La
ligue A-11 adopte une attitude un peu différente de celle des deux
groupes qu'on a entendus précédemment. J'aimerais simplement
demander à ses représentants s'ils ont fait faire ou s'ils ont
entamé des études sur la possibilité qu'ils
évoquent, à savoir que la ligue puisse initier quelque chose dans
ce domaine.
M. Hébert: Pour répondre à votre question,
M. le ministre, je dirais que la question de l'assurance, bien sûr, comme
vous avez pu le voir dans les mémoires présentés par ceux
qui nous ont précédés depuis 15 heures cet
après-midi, est primordiale dans l'industrie du taxi parce qu'elle est
une des sources de dépenses
majeures pour l'artisan du taxi.
Devant cette situation, nous avons demandé au ministre des
Finances du Québec de nous soumettre toute la documentation à cet
effet. Nous avons contacté des compagnies d'assurances à travers
la province et nous envisageons de procéder davantage, jusqu'à ce
qu'on puisse déterminer, par des actuaires qui travaillent sur la
question, les possibilités d'établir une société
d'assurances qui soit à même de nous donner des chiffres sur la
rentabilité d'une compagnie d'assurances à l'intérieur de
la ligue A-11 qui possède tout de même 5218 taxis. Dans les
circonstances, elle pourrait établir une mise de fonds de près de
5 000 000 $, d'une part, en prenant une prime d'assurance possible de 1000 $
par année.
Devant cette possibilité, nous avons commencé, compte tenu
du temps restreint qui nous est alloué, à faire des
démarches dans ce sens. La chose est peut-être un peu
avant-gardiste, en ce sens que nous n'avons pas eu le temps d'approfondir la
question, mais je peux vous assurer que nous avons l'intention d'aller aussi
loin que possible pour pouvoir connaître la rentabilité d'une
compagnie d'assurances à l'intérieur de la Ligue de taxis de
Montréal.
M. Clair: M. le Président, une toute dernière
question. Le Groupe uni du taxi -vous savez à qui je fais
référence - à la page 3 de son mémoire...
Une voix: C'est le mémoire de La Salle.
M. Clair: Le mémoire de La Salle, oui; je croyais que
c'était le même que le Groupe uni. À la page 3 du
mémoire de Taxi La Salle, pour vous permettre de commenter, on lit:"Après plusieurs séances de travail, le mémoire devait
être préparé par les gens de la ligue et tous les points y
avaient été discutés. À notre grande
stupéfaction, le mémoire de la ligue, et non seulement celui du
Groupe uni du taxi, nous fut remis vendredi le 11 février 1983 et son
contenu est totalement différent des discussions. Même les
directeurs de la ligue n'y ont eu accès avant l'envoi. Ne pouvant
appuyer un tel mémoire personnel, il nous fait plaisir de vous
présenter le mémoire qui, à notre avis, résoudrait
les problèmes relatifs à l'industrie du taxi en
général, à long terme." Je voudrais juste vous donner
l'occasion de réagir, comme je demanderai au groupe qui a écrit
ces lignes de nous expliquer de quoi il s'agit. (21 h 15)
M. Hébert: Je vous avoue que la question de ce programme
que vous me mentionnez, on me dit que c'est une initiative de M. Brunet du Taxi
La Salle. Je n'ai absolument pas eu l'occasion de lire ce mémoire,
alors, il me serait impossible de donner un commentaire valable sur la
question.
M. Clair: II avait été convenu avec eux de produire
un mémoire conjoint?
M. Hébert: Pas du tout.
M. Clair: Pas du tout.
M. Hébert: Pas du tout.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je me permets de féliciter les nouveaux
élus de la ligue A-11 et je m'en voudrais de ne pas dire quelques mots
à mon président de la ligue A-11, qui est citoyen de la
communauté italophone. Le mémoire que vous nous présentez
est très bien étoffé, il n'y a pas de doute. On voit qu'il
y a eu du travail qui a été fait dans ce mémoire.
Évidemment, la préoccupation de la ligue A-11, M. le ministre,
est de rentabiliser l'industrie du taxi dans cette agglomération. La
seule avenue, dans le document présenté par le ministère
des Transports, qui pourrait être une source d'élimination de
certains permis de taxi et la conversion d'un certain nombre de taxis en taxis
collectifs... Là évidemment, la première question qu'on va
se poser, c'est combien cela va prendre de temps avant qu'on ait des taxis
collectifs dans l'agglomération no A-11.
Le premier problème. Vous avez un problème avec le
président de la communauté urbaine qui, dans une
déclaration au journaliste Guy Pinard, a dit que pour lui, le
président Hanigan, la CTCUM avait d'énormes difficultés
à cause des relations du travail et tout cequi entoure cela.
Évidemment, la première question qu'on pourrait se poser,
lorsqu'on parle de transport par taxicollectif, serait à savoir,
de manière conservatrice, combien de permis il y aurait. Je suis
convaincu que l'analyse n'a pas été faite par la ligue de taxis
A-11 et, si elle a été faite, combien de permis pourraient
être transférés du service de taxi ordinaire à un
service de taxi collectif? Peut-être qu'à l'intérieur de
votre ministère on a une idée approximative, d'ici cinq ans, pour
être conservateur, combien de permis il est possible de transférer
des taxis ordinaires aux taxis collectifs.
Donc, là on peut avoir un certain répertoire du nombre de
véhicules, du nombre de permis sur les 5218 qui pourraient passer dans
un autre champ, ce qui permettrait de libérer un certain nombre de
permis de taxi. Il demeure, concernant la première proposition
que vous avez faite en ce qui a trait au rachat des permis, pour autant que les
membres de la ligue y soient consentants, que c'est un prêt du
gouvernement à ce moment, selon la formule que vous avez proposée
de 12 000 000 $ pour acheter 1500 permis à une moyenne de 8000 $, ce qui
en permettant un coût additionnel au permis de 200 $ rapporterait au
gouvernement 1 000 000 $ par année. Cela veut dire que le gouvernement,
considérant la difficulté de l'industrie dans la ligue A-11
investirait un montant de 12 000 000 $ sans intérêt remboursable
par la ligue de taxis. Avenue intéressante, je vous avoue.
Quant à la deuxième proposition, je trouve qu'elle doit
être par un conseil d'actionnaires. Évidemment, lorsque
tantôt vous avez dit, M. le vice-président... Je vous
félicite de votre exposé, de la façon dont vous avez
répondu aux questions. Je ne doute pas, aujourd'hui, que vous ayez
sûrement fait avancer la ligue, depuis trois mois. Il n'y a aucun doute
dans mon esprit à cet effet. Mais qu'on retrouve un consensus,
après trois mois, avec les associations de services, et c'est peu dire,
il y en a beaucoup d'associations de services, avec les associations de
flottes, je pense qu'on a un peu de chemin à faire. Je le pense
sérieusement. Je ne mets pas en doute vos dires, M. le
vice-président, mais évidemment j'ai des appels
téléphoniques d'associations, de groupements et je ne pourrais
pas confirmer, mais à la suite du mémoire qui nous a
été présenté, il semble y avoir certaines
difficultés relativement au Groupe uni du taxi et une association qui
devait présenter un mémoire collectif avec la ligue A-11.
Voici la première question: lorsque vous avez comme programme un
homme, une voiture par semaine, avez-vous des statistiques, dans les compagnies
de flottes ou celles qui ont trois ou quatre automobiles, à savoir
combien il y en a qui louent leur automobile à la semaine - un chauffeur
dans une semaine, cela existe - par rapport à ceux qui louent leur
automobile, dans l'agglomération A-11? 40% comme à Québec,
il n'y en a pas beaucoup. C'est simplement la location à 95%. Savez-vous
les proportions vis-à-vis de ceux qui louent des automobiles? Combien y
en a-t-il proportionnellement qui louent à la semaine avec un chauffeur
et ceux qui louent à deux chauffeurs par jour? Avez-vous des
statistiques là-dessus?
M. Hébert: Je peux vous donner quelques chiffres
intéressants, à savoir que dans une association en particulier
qui a plus de 400 membres, cette politique d'un homme par voiture, par semaine,
a été établie, entre autres, mais elle n'est pas la seule.
Il y en a plusieurs maintenant à Montréal qui, de plus en plus,
ont mis cette politique à l'intérieur de ces associations et tous
sont d'avis, d'une part, que les chauffeurs peuvent travailler en moyenne dix
heures par jour et augmenter leur rentabilité de 30% à 35%,
c'est-à-dire qu'au lieu de travailler quatorze ou quinze heures par
jour, ils peuvent travailler dix à douze heures pour arriver aux
mêmes résultats. Donc, le même homme qui conduit le taxi
commence à faire un travail qui est un peu plus humainement acceptable
à l'intérieur de cette industrie qui n'a pas
particulièrement la réputation d'avoir des conditions très
humaines pour ses employés.
M. Bissonnet: M. Hébert, quand vous me dites: Un homme,
une voiture, vous me parlez d'associations. Quelles sont ces associations qui
fonctionnent de cette façon, un homme, une voiture?
M. Hébert: Je peux vous mentionner l'Association
Hochelaga, dans l'est de la ville, et l'Association Beaubien. Je peux vous
mentionner qu'à Longueuil, entre autres, on a établi ce
système, et même à Laval. À Laval, il n'y a qu'une
coopérative qui a établi ce système.
M. Bissonnet: De quelle façon voyez-vous cela?
Évidemment, lorsqu'on parle d'un homme, une voiture, le ministre vous a
posé la question à savoir si cela devrait être la ligue ou
les associations qui, volontairement, le feraient sans un règlement
provincial. Pensez-vous que c'est possible, sans qu'il y ait des dispositions
réglementaires, d'arriver, en tant que ligue - parce que vous avez
l'Association Hochelaga et l'Association Beaubien, comme vous me dites -
à convaincre toutes les associations? Toutes, parce que en fait, si on
s'en vient avec un programme, à savoir un homme, une voiture, pour
rentabiliser de cette façon l'industrie du taxi, il faut quand
même que toutes les associations se joignent à un tel programme.
Pensez-vous, en tant que ligue de taxis, avoir des pouvoirs
réglementaires gouvernementaux ou des pouvoirs qui vous sont
conférés pour agir, non pas en tant qu'arbitre, mais en tant que
ligue, pour voir à ce que le système un homme, une voiture soit
efficace dans cette grande amélioration qui compte près de 5218
permis? Pensez-vous que vous pourriez arriver à avoir un consensus et
que cette formulation d'un homme, une voiture sera appliquée
intégralement à l'intérieur de l'agglomération
A-11?
M. Hébert: Je vais vous répondre par ceci. Si vous
regardez des agglomérations comme Laval, par exemple, où il y a
une ligue, une association, on y est arrivé. À Montréal,
où il y a une ligue, mais une
quarantaine d'associations, naturellement, ce ne sera pas facile de
convaincre tout le monde d'adhérer à ce genre de système
de fonctionnement. Il faudra nécessairement établir des
règles à l'intérieur de l'industrie du taxi qui nous
permettra de réglementer les règles du jeu et, une fois que vous
avez réglementé les règles du jeu, tout le monde suit.
Après un certain temps, on s'aperçoit qu'on a augmenté la
rentabilité autant du propriétaire que du chauffeur. Cela prend
un certain temps avant que tout le monde adhère, mais une fois que vous
avez vendu l'idée, on s'aperçoit que là où on l'a
appliquée, elle a été acceptée après un bout
de temps comme étant quelque chose de vraiment constructif.
M. Bissonnet: Une autre question. Concernant la
rentabilité de l'industrie du taxi dans la ligue A-11, quand on
connaît le coût de l'immatriculation, quand on connaît le
coût de la voiture, quand on connaît les dépenses
inhérentes d'assurances, etc., même si c'est un
propriétaire artisan, le taxi est un commerce, pensez-vous que la
meilleure formule pour rendre ce commerce le plus rentable possible, pour
l'individu à qui il appartient, est un homme, une voiture ou si c'est le
rachat de 1500 permis? Ou si vous voyez la formule de rachat de permis et d'un
homme, une voiture en plus, mais en tenant compte des coûts
d'immobilisation et des coûts de cette industrie pour l'artisan autant
que pour celui qui possède cinq ou six taxis... Avez-vous analysé
de cette façon les deux mécanismes: le rachat de permis et
l'implantation de la formule un homme, une voiture, ou si vous disséquez
les deux pour faire un choix entre eux?
M. Hébert: Si vous voulez, je vais prendre la
première hypothèse; je pense que c'était un homme par
voiture. Ce qui arrive à ce moment c'est que - que ce soit le
propriétaire de flotte ou que ce soit l'artisan - si vous prenez un
homme par voiture, immédiatement vous augmentez la rentabilité de
l'unité par rapport à ce qui existe présentement, parce
que vous avez enlevé entre 500 et 1000 voitures sur la route. Si vous
augmentez la rentabilité du chauffeur, vous augmentez la
rentabilité du propriétaire. En même temps, ce qui arrive
c'est que, d'une part, le propriétaire enlève une bonne partie du
coût d'administration de son véhicule et augmente le
professionnalisme de son chauffeur qui, naturellement, voyant la
rentabilité de son travail, va donner un meilleur rendement, va donner
un meilleur service, va être à même de fournir une meilleure
qualité vis-à-vis de son propriétaire autant que
vis-à-vis de la clientèle et le public en
général.
Or, quand vous prenez le tout, que vous l'analysez sur une base d'un an,
vous vous apercevez que le chauffeur ou l'artisan a augmenté sa
rentabilité d'environ 30% à 35% et qui ayant moins de millage sur
sa voiture, il diminue ses frais d'exploitation et augmente encore davantage la
rentabilité de son commerce. À ce moment, les conditions de
travail deviennent plus humaines parce que l'individu peut arriver à une
rentabilité avec des heures de travail plus normales face aux normes que
la société accepte aujourd'hui.
M. Bissonnet: À ce moment...
M. Clair: Si vous me permettez d'interrompre mon
collègue...
M. Bissonnet: Je vais vous le permettre, M. le ministre.
M. Clair: Je reviens avec la même question que celle du
député de Jeanne-Mance parce qu'elle est fondamentale pour les
parlementaires. Qu'est-ce que vous préféreriez, à supposer
que les deux vous soient offerts? Qu'on vous autorise à racheter des
permis ou qu'on procède, par une voie ou par l'autre, à la
règle de un homme, une voiture? Ce que je crois comprendre c'est que
vous préféreriez la règle un homme, une voiture. (21 h
30)
M. Hébert: Je dirais que, personnellement - je pense que
ce serait peut-être le consensus du conseil d'administration actuel - le
premier choix serait d'un homme par voiture par semaine, mais, si on pouvait
avoir aussi du ministre la possibilité de rachat, ce serait encore
mieux.
M. Clair: C'est sûr, le ciel est la limite!
M. Hébert: Oui. On demande beaucoup pour avoir peu, mais
on demande!
M. Clair: Je vais avoir une question pour le député
de Jeanne-Mance tantôt, juste une dans toute la commission.
M. Bissonnet: À moi? M. Clair: Oui.
M. Bissonnet: Je verrai si je vais y répondre
immédiatement.
M. Clair: En tant qu'expert de l'Opposition.
M. Polak: II faut qu'on donne notre approbation.
M. Bissonnet: M. le vice-président, vous savez que la
ligue de taxi A-11 n'est comparable à aucune autre ligue à cause
du
nombre de membres qui en font partie. L'industrie du taxi, en
particulier dans la ligue A-11, c'est quelque chose à vivre. Vous avez
parlé tantôt d'un registre central d'information et d'un code
d'éthique professionnelle. Je pense que c'est une des premières
priorités du nouveau conseil de la ligue, pour une meilleure
crédibilité et avoir les renseignements et au moins un
contrôle, parce qu'il n'y a pas de contrôle actuellement, M. le
ministre, chez les chauffeurs de taxi qui oeuvrent dans la ligue A-11. Il y en
a pas mal qui conduisent qui n'ont pas de "pocket number". Il y en a d'autres
qui ont des "pocket number" qui ne sont plus bons. Il y a un manque de
contrôle et de surveillance adéquate. On n'a qu'à penser
qu'à l'intérieur de la CUM il y a dix policiers qui s'occupent de
la vérification des taxis pour voir s'ils ont leur permis ou quoi que ce
soit. On a vos petits hommes bleus, qui sont 157 au Québec. Il faut
qu'ils contrôlent tout le transport par route, la voirie. Ils ne sont pas
tellement actifs dans cette grande agglomération de taxis A-11. Vous
avez dit au ministre que c'était un voeu pieux, mais que ce n'en est pas
un. Allez-vous prendre les mesures les plus immédiates pour mettre en
oeuvre ces deux structures qui sont, à mon point de vue, plus
qu'importantes à l'intérieur de votre ligue pour pouvoir
contrôler les statistiques ou quoi que ce soit? Au comité de la
ligue, avez-vous discuté de l'implantation de ce registre central
d'information et de ce code d'éthique professionnelle qui vous est
nécessaire?
M. Hébert: Je vous répondrai là-dessus que
votre question est très appréciée, parce que nous sommes
depuis plus d'un mois en pourparlers avec des organisations susceptibles de
nous rendre ce service que vous mentionnez, c'est-à-dire l'installation
d'un système d'informatique qui puisse nous établir un
système qui pourrait contrôler tout le mécanisme du
registre central d'affectation et du code d'éthique professionnelle, en
plus possiblement de contrôler la possibilité de l'implantation
d'assurances à l'intérieur de la ligue de taxis
A-11. Or, nous savons que, si nous avions un système
d'informatique à l'intérieur de la ligue, nous serions capables
effectivement d'arriver à un contrôle total de ce système
que nous voulons implanter à l'intérieur de la ligue A-11 pour en
augmenter l'efficacité et apporter, bien sûr, par le fait
même, un meilleur rendement dans sa gestion en général.
M. Bissonnet: Une autre question - j'ai été surpris
que le ministre veuille m'en poser une tout à l'heure; je ne vous en
parle pas -c'est le problème à Dorval et à Mirabel. Le
ministre nous a dit cet après-midi qu'il ferait un inventaire et
même une définition à venir dans un projet de loi.
M. Clair: Ou un règlement.
M. Bissonnet: On espère que vous ferez un projet de loi.
À ce moment, l'Opposition est mieux placée pour que...
M. Clair: Un règlement, c'est plus souple.
M. Bissonnet: Oui. C'est peut-être plus souple, mais, quand
il y a un projet de loi, on peut...
M. Clair: On pourra déposer les deux en même
temps.
M. Bissonnet: On préfère un projet de loi à
ce moment, vu qu'on arrive avec un document qui s'appelle "De nouvelles avenues
pour le taxi". Je pense qu'on veut faire le ménage, parce que vous avez
dit cet après-midi qu'il y avait un ménage à faire. On est
bien d'accord pour faire le ménage, mais avec vous autres. Quant
à la compagnie Limousine Samson, à Mirabel...
M. Clair: À Dorval.
M. Bissonnet: À Dorval, oui, mais ça s'en vient
à Mirabel bientôt. Le problème qu'il y a à Dorval va
renaître à Mirabel. En ce qui a trait aux limousines, on s'attend
qu'il y ait une décision, le ministre nous l'a promise dans un projet de
loi, cet après-midi... peut-être un projet de règlement. Il
demeure une chose, c'est qu'effectivement, dans tout ce méli-mélo
des limousines, les ATL, qui sont encore provisoires dans certains cas, la
revendication que vous faites quant à ce contrat qu'il y a à
Dorval, vous avez des plaintes de neuf sur dix de vos membres qui nous
visitent, qui sont 185... Quels sont les commentaires que vous avez par
téléphone relativement au service par rapport à l'endroit
qui est disponible pour les autos-taxis et celui qui est disponible pour les
berlines - parce que cela doit être assez rare qu'un gars prenne une
limousine à cet endroit s'ils en ont cinq ou s'ils en ont quatre-vingt -
quels sont les commentaires que vos chauffeurs, vos membres vous font à
ce sujet?
M. Hébert: M. le député, je dirais qu'il y a
deux volets à cette question. Il y a d'abord le volet qui se rapporte
à l'aéroport de Mirabel. Il y a le deuxième volet qui se
rapporte à Dorval. Celui qui se rapporte à Mirabel concerne le
service que la CTCUM donne à l'aéroport de Mirabel et qui,
à la suite d'une diminution de passagers, d'une diminution du chiffre
d'affaires de Mirabel, a amené la CTCUM à prendre des
dispositions
pour diminuer le service d'autobus à Mirabel, ce qui,
naturellement, place les autorités de l'aéroport dans une
difficulté concernant le transport des passagers. Nous avons
communiqué avec M. le ministre Michel Clair à ce sujet et nous
lui avons suggéré que, possiblement, l'industrie du taxi de
Montréal pourrait établir un service de taxi collectif à
l'aéroport de Mirabel sans qu'il en coûte quoi que ce soit aux
autorités de l'aéroport, pas plus qu'à la ville de
Montréal ou à la province de Québec, et qui augmenterait
grandement la rentabilité du taxi entre l'aéroport et
Montréal. Alors, si les autorités acceptaient cette proposition
que nous leur avons faite, on pourrait certainement arriver à augmenter
considérablement la rentabilité de l'industrie du taxi, tout en
augmentant aussi le service que les passagers de l'aéroport de Mirabel
pourraient recevoir de l'industrie du taxi refaite en fonction des nouvelles
avenues dont parle le ministre, d'un service collectif entre l'aérogare
de Mirabel et la ville de Montréal. Nous pourrions, par exemple,
établir un service collectif à raison de 10 $ par passager, les
amener à Montréal rapidement et d'une façon très
efficace, ce qui augmenterait considérablement la qualité et la
quantité du service que nous pourrions donner à l'aérogare
de Mirabel vis-à-vis de Montréal.
M. Clair: Je voudrais préciser, M. le Président,
pour le bénéfice des gens de la ligue A-11 et du
député, que cette hypothèse est à l'étude
présentement par un comité conjoint Transports Canada, Transports
Québec.
M. Hébert: Merci, M. le ministre.
M. Bissonnet: En terminant, une dernière question, M. le
ministre.
M. Hébert: II y a l'aéroport de Dorval que nous
n'avons pas mentionné.
M. Bissonnet: Allez. C'est ce qui est le plus important.
M. Hébert: Cette question-là est la plus
épineuse, si vous me permettez. À l'aéroport de Dorval,
vous avez là, justement, le problème des limousines. Et
là, ça devient plus crucial. Parce qu'à l'aéroport
de Dorval, Limousine Samson a un contrat avec l'aéroport qui lui permet
de contrôler les passagers qui sortent de l'aérogare. Et, ce qui
arrive dans la pratique, c'est que les répartiteurs de l'aérogare
peuvent diriger la grande partie des passagers vers les limousines pendant que
nous, nous avons un répartiteur du taxi et que ce service est
donné par soumissions au plus bas soumissionnaire par les
autorités de Dorval, ce qui, naturellement, laisse des
répartiteurs qui n'ont pas le professionnalisme et la maturité
des répartiteurs de Samson Limousine. Ce qui arrive, c'est qu'à
la journée longue vous avez des gars, des professionnels qui travaillent
depuis dix ou quinze ans à l'aérogare de Dorval, qui remplissent
les limousines à la journée, pendant que nos gars restent
là à cause de l'impossibilité d'avoir des gens
susceptibles de manipuler la chose d'une façon professionnelle ce qui,
malheureusement, laisse nos taxis dans une situation assez lamentable.
Je dois dire que depuis quelques jours déjà,
l'aéroport de Dorval a demandé des soumissions. Actuellement nous
avons des personnes qualifiées qui préparent des soumissions
comme répartiteurs à l'aérogare de Dorval afin que nous
puissions y placer des professionnels capables de donner un service et un
rendement efficaces à nos taxis vis-à-vis les répartiteurs
de Samson. Nous recevons des autorités de l'aéroport de Dorval
des objections de toutes sortes: on essaie d'éviter par tous les moyens
possibles que la Ligue de taxis de Montréal soumissionne pour y placer
ses propres répartiteurs afin de donner à ses membres la
qualité de services dont ils ont droit à l'aérogare.
Si nous arrivions à avoir le contrat pour les répartiteurs
à l'aérogare, cela réglerait une bonne partie de nos
problèmes vis-à-vis le torpillage continuel de Limousine Samson
vis-à-vis l'industrie du taxi de Montréal à
l'aérogare de Dorval.
M. Bissonnet: J'aurais une dernière question. Je pensais
que les répartiteurs qui étaient à Dorval étaient
des personnes désignées...
M. Clair: C'est un territoire fédéral.
M. Bissonnet: Je comprends, vous n'avez pas besoin de me le dire,
je le sais. C'est parce que Transports Québec et Transports Canada
jasent un peu de ce temps-ci, peut-être qu'ils peuvent jaser
là-dessus...
M. Clair: Un peu.
M. Bissonnet: Je pensais personnellement que les
répartiteurs... Il est bien évident qu'un répartiteur
expérimenté peut amener facilement un client de son
côté de ligne par rapport à l'autre, j'en conviens.
J'aurais une dernière question. Lorsque le ministre vous a
posé la question à cet effet-là tantôt je n'ai pas
eu de réponse satisfaisante. Dans le mémoire de Taxi La Salle on
nous indique - et nous allons leur poser la question, c'est bien évident
- qu'un groupe de travail avait été formé pour
soumettre un mémoire ici, qui, selon leurs dires, était
composé du Groupe uni du taxi qui comprendrait les propriétaires
de flottes, la ligue de taxis - vous autres - les associations de services de
l'agglomération A-11. Est-ce que ce comité avait
été formé pour soumettre un mémoire au nom de la
ligue avec l'association des flottes, le Groupe uni du taxi et les associations
de services? Est-ce qu'il y a eu un consensus entre ces différents
intervenants, incluant la ligue, pour soumettre...
Ce qu'on nous dit ici, M. le vice-président, c'est qu'il y a eu
une rencontre entre vous autres pour soumettre globalement un mémoire.
Dans un autre mémoire on nous dit que cette réunion avait
été tenue mais, par contre, ils ont été surpris,
ils ont reçu le mémoire de vous autres au lieu de le recevoir de
Groupe uni du taxi. Pourriez-vous éclaircir cela? Ce serait très
important.
M. Hébert: Je vais vous répondre et je vous
demanderai ensuite d'écouter M. Léo Bélanger qui est un de
nos administrateurs. M. Bélanger, en plus d'être administrateur de
la Ligue de taxis de Montréal Inc. est aussi le secrétaire
trésorier de la fédération de taxi que vous avez entendue
à 15 heures. Il est aussi président d'un groupe qu'on appelle la
GUTM. M. Bélanger est dans l'industrie du taxi depuis une cinquantaine
d'années. Il est très au courant, beaucoup plus que je ne le suis
parce que... Il est né dans l'industrie du taxi.
Une voix: II est né dans une voiture! (21 h 45)
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Hébert: Son père était
propriétaire de flotte de taxis. C'est donc un homme qui oeuvre au sein
de cette industrie depuis toujours. M. Léo Bélanger, qui
connaît toutes les ramifications de l'industrie du taxi, va vous donner
la réponse très exacte à votre demande. M. Léo
Bélanger.
M. Bissonnet: M. Bélanger, il y a eu une réunion
entre les propriétaires de flottes, les groupes unis, la ligue et les
associations, afin de soumettre un mémoire collectif.
M. Bélanger (Léo): M. le ministre, M. le
Président, M. Bissonnet, pour clarifier cette situation, en mars 1982,
le conseil d'administration m'a demandé de pressentir les associations,
de réunir tous les éléments de l'industrie du taxi sur un
même palier pour qu'on puisse s'asseoir et dialoguer ensemble. Ceci fut
fait et, à notre dernière réunion, il a été
question - c'est venu à la table - de préparer un mémoire
pour l'envoyer à cette commission. À la suite de longues
discussions et à cause des implications que cela pouvait apporter, nous
avons été contre. Donc, le mémoire que vous avez en main
n'est pas issu du groupe GUTM et n'a pas eu l'approbation du groupe GUTM.
M. Bissonnet: Ce que je veux dire tout simplement, c'est qu'on
vous a demandé de réunir tous ces gens-là, mais, par
contre, vous avez décidé, à la ligue, de soumettre un
mémoire particulier. La question que je vous pose: Est-ce que les
associations de services et de groupes unis ont été
informés du regroupement que vous vouliez faire pour la
présentation et que, cette fois-ci, c'était simplement la ligue
qui présentait son mémoire? Est-ce que les autres ont
été avertis?
M. Bélanger (Léo): Oui. Tout le monde a
été averti. Cela a été décidé
là.
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M. le ministre. Je
vous ferai remarquer qu'il faudrait peut-être penser à
terminer.
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Peut-être une question
pour terminer.
M. Clair: C'est une question dont la réponse est un oui ou
un non.
Le Président (M. Brouillet): C'est très bien.
M. Clair: On parle, dans le mémoire, des problèmes
de rentabilité à cause des coûts du carburant, notamment,
la taxe sur l'essence. Or, nous savons que la ligue A-11 est située sur
le territoire de l'île de Montréal. On sait également que
GNC Québec Ltée, Gaz naturel comprimé, vient d'ouvrir un
centre de transformation, d'adaptation des véhicules automobiles au gaz
naturel. Ma seule question dont la réponse est un oui ou un non, parce
que je vais la poser un peu en sens inverse tantôt aux
représentants de GNC Québec Ltée, c'est: Est-ce que,
à la ligue A-11, on est intéressé à explorer les
possibilités qui sont offertes par le gaz naturel comprimé?
M. Hébert: Je ne peux pas vous répondre par un oui
ou par un non...
M. Clair: À explorer.
M. Hébert: ... mais je vais le faire d'une façon
très simple, en quelques mots.
La question, c'est de savoir si, pour donner à une voiture la
possibilité de fonctionner, dans les circonstances, au coût de
2000 $, avec les possibilités qu'on a de ravitaillement à
Montréal, etc., cela est
vraiment pratique tant financièrement qu'administrativement. Je
vous repose la question, M. le ministre.
M. Clair: C'est la question qu'on va poser tantôt aux
représentants de GNC Québec Ltée.
M. Bissonnet: Le gars qui voyage Montréal-Québec va
avoir de la difficulté à se rendre.
M. Clair: C'est parce que c'est convertible. Je suis allé
inaugurer le centre la semaine dernière. C'est convertible, carburant
à essence régulière.
M. Hébert: 2000 $. C'est assez dispendieux, d'une
part.
M. Clair: Avec une subvention fédérale. Une
voix: Ah!
M. Clair: Oui, une subvention fédérale et
peut-être, on ne le sait pas...
M. Bissonnet: Quand c'est le fédéral, cela...
M. Clair: M. le Président, en terminant sur cette note, je
voudrais remercier les membres du conseil d'administration de la ligue A-11
d'être venus nous présenter ce mémoire et les assurer, en
ce qui me concerne, de ma disponibilité pour continuer à discuter
de tout consensus qui pourrait se dégager dans l'industrie du taxi
à Montréal. Je peux vous assurer que le ministre des Transports
est toujours intéressé à en prendre connaissance et
à continuer à collaborer avec vous pour justement
améliorer la rentabilité de l'industrie du taxi. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci, messieurs.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais
également remercier les représentants de la ligue A-11 pour
l'excellent mémoire qu'ils nous ont transmis et je souhaite que la ligue
aille de l'avant et continue à manifester son progrès.
M. Hébert: Merci, M. le ministre. Une voix: Merci,
M. Bissonnet.
Le Président (M. Brouillet): Merci, messieurs. Nous allons
maintenant entendre les représentants de GNC Québec
Ltée.
J'inviterais le porte-parole de GNC Québec Ltée à
s'identifier et à nous présenter les personnes qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
GNC Québec Ltée
M. Gravino (Nicolas): Bonsoir, M. le Président. Je vous
présente M. Jean-Baptiste Bergevin, qui est directeur
général de GNC Québec Ltée. Je suis Nicolas
Gravino, président et chef de la direction de GNC Québec
Ltée.
Le Président (M. Brouillet): Je vous inviterais à
nous présenter les grandes lignes de votre mémoire.
M. Gravino: Je vais limiter ma présentation à
quatre sujets. Premièrement, qui est la compagnie GNC Québec
Ltée? Deuxièmement, quels sont ses objectifs?
Troisièmement, quels sont les avantages du gaz naturel comprimé
et, quatrièmement, que peut-on faire pour contribuer à la
rentabilité du taxi dans la région métropolitaine et, par
la suite, dans le réseau de gaz naturel à travers la province de
Québec?
GNC Québec Ltée est la propriété de trois
partenaires: CNG Fuel Systems, Gaz Métropolitain Inc. et SOQUIP,
Société québécoise d'initiatives
pétrolières. En accord avec les politiques
énergétiques tant québécoises que nationales, notre
compagnie propose une solution sécuritaire, propre, économique et
fiable au problème énergétique, tout en assurant une
source d'approvisionnement sûre. De plus, des économies
substantielles, de l'ordre de 40% à 50%, sont possibles pour les
utilisateurs de véhicules mus au GNC.
Les objectifs de notre compagnie sont les suivants: le
développement du marché, l'implantation des centres d'adaptation,
le développement des postes d'alimentation et la mise en place d'une
école de formation. D'ici 1988, nous comptons adapter un minimum de 25
000 véhicules, ce qui représente une pénétration
fort modeste du marché cible que nous poursuivons, surtout si on
considère qu'il y a présentement au Québec plus de 600 000
véhicules dont l'âge ne dépasse pas cinq ans, soit la
clientèle la plus susceptible de passer à l'adaptation. Pour
1983, GNC Québec Ltée estime être en mesure d'adapter
près de 2000 véhicules. Le marché cible que nous
poursuivons se définit comme suit: les véhicules de forte
consommation, utilisant l'essence comme carburant, dans la région de
Montréal et fabriqués à partir de 1979. En fonction de
cette segmentation du marché, nous retrouvons parmi les utilisateurs
potentiels du GNC les taxis, les autobus scolaires, les flottes commerciales et
les véhicules des organismes publics et parapublics.
Un grand nombre de compagnies ont manifesté leur enthousiasme
face à ce projet et quelques-unes d'entre elles ont déjà
conclu un accord avec nous. À plus long terme, GNC Québec
Ltée envisage de développer un
réseau de distribution de gaz naturel comme carburant à
travers la province en prolongeant le réseau de distribution dans des
régions comme l'Outaouais, le Nord-Ouest québécois et
l'Est du Québec. Il sera ainsi possible d'accroître le nombre de
véhicules fonctionnant au GNC.
Quelques mots sur les centres d'adaptation. Leur rôle est de
procéder à l'installation des trousses d'adaptation GNC, d'en
assurer la qualité et le service après vente. Pour lancer
l'opération, nous avons établi notre propre centre d'adaptation
et de formation d'une capacité de 900 voitures par cadre de travail par
année. Les fonctions de notre centre d'adaptation sont quelque peu
différentes des autres à venir. D'une part, on agit à
titre de fournisseur de trousses et, d'autre part, on assure la supervision de
la qualité. Pour atteindre l'objectif de 25 000 véhicules
adaptés en cinq ans, GNC Ltée doit établir un
réseau d'environ 25 centres d'adaptation répartis sur les
réseaux desservis par le gaz naturel. La formule qu'on a retenue, c'est
de choisir des établissements déjà existants pour
exécuter le travail. D'ailleurs, des ententes ont été
conclues avec quatre concessionnaires d'automobiles de Montréal. GNC
Ltée devrait être en mesure d'implanter, pour 1983, cinq de ces
centres d'adaptation. Quelques techniciens de ces concessionnaires sont
déjà dans un autre centre d'adaptation pour l'entraînement
sur la conversion des véhicules.
On prévoit également établir d'ici cinq ans 75
postes d'alimentation tant privés que publics. En ce qui concerne les
postes d'alimentation publics, la participation des compagnies
pétrolières à ces programmes est plus que souhaitable,
puisque le réseau est déjà existant. En offrant des
emplacements stratégiques pour l'installation des compresseurs comme les
stations-service, les compagnies pétrolières nous permettent de
réduire nos investissements et surtout nous offrent l'occasion
d'établir rapidement un réseau efficace d'approvisionnement en
gaz naturel comprimé.
Certaines ententes de principe avec les compagnies
pétrolières sont déjà conclues et d'autres sont
à venir. La semaine dernière, nous avons conclu une entente avec
Shell Canada Ltée et l'emplacement du premier poste de ravitaillement de
gaz naturel comprimé au Québec est maintenant défini. Il
sera à Saint-Léonard, sur le boulevard Métropolitain et il
va être en activité au mois d'avril 1983.
Avec le ministère de l'Éducation, GNC Québec est
sur le point de mettre sur pied une école de formation dont l'objectif
sera de préparer des techniciens qualifiés. En émettant
des cartes de compétence, les autorités provinciales ainsi que
GNC Québec pourront s'assurer de la qualité du travail
d'adaptation.
Le gaz naturel n'est pas nouveau. Il a déjà fait ses
preuves comme carburant dans plusieurs pays du monde et ce depuis maintenant
près de 60 ans. En Italie, en Nouvelle-Zélande et aux
États-Unis, il y a déjà plus de 400 000 véhicules
mus au gaz naturel et l'expérience confirme les avantages de ce
carburant. Le record de sécurité remarquable des véhicules
mus au gaz naturel a amené les agents d'assurances à affirmer que
le GNC est aussi sécuritaire, sinon davantage, que tout autre carburant
actuellement sur le marché.
Le gaz naturel est un combustible peu coûteux car il ne requiert
aucune transformation. Il se transporte économiquement par le
réseau de gazoduc existant et il est très abondant. Ceci peut
représenter un argument majeur pour les futurs utilisateurs de gaz
naturel qui verront leur facture de carburant diminuer de 40% à 50% ce
qui constitue pour le client une réduction substantielle de ses frais
d'exploitation. À ces économies, s'ajoute une diminution de 0,05
$ du mille sur l'entretien, un prolongement de la vie du moteur et une
réduction additionnelle de plus de 20% sur la quantité
utilisée par rapport à l'essence. De plus, le ministère de
l'Énergie, Mines et Ressources, par le biais du programme de
substitution du pétrole accorde une subvention de 500 $ par
véhicule converti et 50 000 $ pour 125 exploitants de postes de vente au
détail qui désirent ajouter le gaz naturel comprimé au
carburant déjà disponible.
Le gaz naturel améliore la qualité de l'environnement
parce qu'il brûle plus efficacement et plus proprement que l'essence. Il
ne pollue pratiquement pas. Des études du Bureau des mines du
gouvernement américain démontrent principalement que les
émanations de moteurs alimentés au gaz naturel sont environ
quatre fois moins réactives que les émanations des moteurs
à essence, que les pollueurs des moteurs alimentés au gaz naturel
ne sont pas affectés par une baisse de la température ambiante,
que l'accumulation du kilométrage sur les moteurs au gaz naturel
n'augmente pas le niveau d'émanation de polluants. (22 heures)
Le GNC est un bon carburant car sa caractéristique de combustion
propre est supérieure aux autres carburants d'usage. Il améliore
la durée physique des moteurs et de certaines pièces telles que
les bougies et le système d'échappement. Du fait que le GNC est
déjà gazeux, le démarrage par temps froid est de beaucoup
facilité. Son indice d'octane de 130 en fait un carburant très
efficace qui permettra aux fabriquants d'automobiles dans le futur de mettre
sur le marché des voitures ayant un haut taux de compression pour en
augmenter le rendement. Pour adapter les voitures au gaz
naturel, on ajoute certaines pièces au véhicule que l'on
veut adapter. Il importe cependant de mentionner que ces pièces
ajoutées ne modifient aucunement les pièces d'origine du
véhicule ni la garantie du fabricant, c'est-à-dire qu'on ajoute
le gaz naturel par une simple manipulation d'une soupape à
l'intérieur du véhicule. On peut véhiculer soit au gaz
naturel ou à l'essence et revenir de l'un à l'autre facilement.
La semaine dernière, on a fait venir certains fabricants au
Québec pour voir les pièces de conversion qu'on utilise pour
essayer de les fabriquer au Québec, premièrement, pour diminuer
le coût de ces pièces de conversion et aussi pour essayer
d'augmenter les retombées économiques au Québec. Les
sommes d'argent investies pour l'adaptation des véhicules au gaz naturel
comprimé sont rapidement récupérées. Pour le
propriétaire d'un véhicule de taxi, par exemple, l'investissement
qu'il fait pour l'adaptation peut être récupéré dans
une période de quatre à cinq mois.
La solution proposée par GNC Québec Ltée cadre bien
avec le programme d'action du gouvernement du Québec pour
accroître la rentabilité de l'industrie du taxi. D'ailleurs, la
brochure De nouvelles avenues pour le taxi fait état de l'utilisation du
GNC comme étant une mesure particulièrement favorable à
l'amélioration des conditions de vie des intervenants de cette
industrie.
En effet, en adaptant son véhicule au GNC, le propriétaire
d'un taxi réduit ses factures de carburant de l'ordre de 40% à
60%; réduit les frais d'entretien de chaque véhicule de 0,05 $ le
mille car le GNC améliore la durée physique du moteur, des
bougies et du système d'échappement; et il réduit la
quantité de carburant utilisé d'au moins 20%, c'est-à-dire
que pour circuler le même nombre de milles avec le gaz naturel
comprimé, on prend de 20% à 23% de moins de bitume. En plus, en
ajoutant des réservoirs de gaz naturel au véhicule à
essence existant, on améliore aussi son autonomie de carburant.
En encourageant les propriétaires de taxi à adapter leur
véhicule, soit par l'octroi d'une subvention additionnelle à
celle du gouvernement fédéral tout comme on le fait
présentement en Colombie britannique, par exemple, l'abolition de la
taxe de vente de 9% sur la trousse d'adaptation - ce qui est offert
déjà en Ontario - l'abolition de la taxe de vente sur l'achat
d'un véhicule neuf, si celui-ci est adapté au GNC avant que le
propriétaire en prenne livraison - ceci est aussi offert en Ontario - le
financement du coût d'adaption, peut-être, le gouvernement
québécois poursuit ainsi son but de diversifier ses sources
d'approvisionnement tout en bénéficiant des avantages
économiques et environnementaux qui découlent de l'utilisation du
GNC.
De plus, le développement de GNC Québec Ltée nous
permet d'espérer des retombées économiques
intéressantes pour le Québec. On s'est engagé à
fabriquer éventuellement au Québec les cylindres d'aluminium
utilisés dans les trousses d'adaptation dès que la demande serait
suffisante et aussi certaines autres pièces. Soulignons que la
main-d'oeuvre requise pour l'adaptation des véhicules et pour la
fabrication de certaines pièces de la trousse aura un impact
considérable sur le secteur de la métallurgie de transformation
et de la réparation mécanique au Québec.
Enfin, l'adaptation des véhicules-taxis laisse entrevoir des
jours meilleurs pour cette industrie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci.
M. Clair: Vendredi dernier, avec mon collègue, le ministre
de l'Énergie et des Ressources, j'ai eu l'occasion de participer
à l'inauguration officielle du premier centre d'adaptation des
véhicules automobiles au gaz naturel comprimé. Je dois dire que
tout le bien que j'avais entendu dire des possibilités de conversion au
gaz naturel comprimé -sans faire la publicité ou je devrais
quasiment dire sans ajouter à la publicité qui nous est faite en
faveur du gaz naturel comprimé - était fondé, car je crois
qu'effectivement cette source d'énergie propre, abondante, peu
coûteuse peut constituer une alternative intéressante, en
particulier pour les grandes flottes de véhicules. On pense
immédiatement aux flottes d'autobus, de véhicules commerciaux, de
véhicules gouvernementaux, aux taxis, etc.
Tout cela pour dire que j'étais très heureux de voir que
GNC Québec Ltée venait, en commission parlementaire, nous faire
part de ce qu'on pourrait appeler son offre de service. Il est certain qu'il y
a une certaine dimension publicitaire en faveur du gaz naturel comprimé
comme nouvelle source d'énergie dans ce mémoire qui nous est
présenté aujourd'hui, mais je pense que personne ne saurait
reprocher à M. Bergevin et à M. Gravino de faire une telle
promotion en faveur du gaz naturel comprimé.
Cela étant dit, M. le Président, on est parfois victime de
ses propres arguments. Au moment de la présentantion du programme
d'action en matière de taxi, l'une des actions particulières qui
étaient proposées était justement d'adopter des mesures
d'encouragement visant, là où c'est possible, la conversion de
véhicules à combustion d'essence vers le gaz naturel
comprimé. Maintenant, avec la démonstration que vous faites quant
à la rentabilité de la conversion d'un véhicule-automobile
- surtout dans l'industrie du taxi - de l'essence au gaz naturel
comprimé, les avantages apparaissent tels à première vue
qu'avant que les députés
de l'Opposition posent la question je la pose moi-même: Pourquoi
le gouvernement envisagerait-il des mesures d'encouragement à la
conversion au gaz naturel comprimé, si c'est si rentable que vous le
prétendez, à savoir que c'est possible de rentabiliser
l'investissement sur une période aussi courte que cinq, six, sept ou dix
mois? Est-ce que ce n'est pas parce que le produit est nouveau, que vous n'avez
pas encore fait un effort suffisant de marketing auprès des
propriétaires de flottes ou des ligues de taxi, des associations de
services ou des autres personnes intéressées dans le domaine du
taxi, que vous trouvez intéressante cette proposition d'encourager -
vous, vous comprenez financièrement - la conversion au GNC?
M. Gravino: II y a deux réponses à votre question,
M. le ministre. Premièrement, nous avons rencontré plusieurs
personnes oeuvrant dans le taxi; surtout à Montréal, nous avons
contacté à peu près toutes les organisations. Un des
problèmes que les chauffeurs de taxi ont présentement c'est de
financer le coût de l'adaptation avec la rentabilité actuelle.
C'est vrai que cela coûte environ 1800 $ plus la taxe. Le
gouvernement...
M. Clair: Avant la subvention fédérale ou
après?
M. Gravino: Avant la subvention fédérale. C'est
1300 $ plus la taxe après subvention fédérale, mais
beaucoup de chauffeurs de taxi n'ont pas les 1300 $ à verser pour
l'adaptation.
M. Clair: Pourquoi ne leur offrez pas des possibilités de
financement?
M. Gravino: C'est ce que nous sommes à examiner avec les
banques présentement, M. le ministre. Il est possible que nous en
arrivions à cela.
Deuxièmement, je voudrais aussi vous mentionner, comme je l'ai
fait tout à l'heure, que d'autres provinces ont donné des signes
d'encouragement plus tangibles aussi pour la conversion au gaz naturel
comprimé, non seulement pour les taxis, mais pour d'autres flottes ou
d'autres individus. Par exemple la Colombie britanique et l'Ontario
surtout.
M. Clair: Dans le cadre de ces mesures qui ont été
adoptées par certaines autres provinces où le gaz naturel est
beaucoup plus disponible qu'il ne l'est actuellement dans des stations-service
au Québec, quel a été l'effet de ces mesures
d'encouragement ou le résultat global de la conversion au GNC dans les
autres provinces, spécifiquement dans le domaine du taxi qui est un des
secteurs, à mon avis, où il est possible de faire quelque chose
au Québec, surtout dans la région de Montréal?
M. Gravino: Premièrement, l'expérience est
très nouvelle même dans les autres provinces. Cela fait seulement
quelque temps, un an au plus, que cela existe dans les autres provinces. On n'a
pas encore les résultats. Il y a aussi le fait que, dans certaines
autres provinces, comme certains chauffeurs ou ligues de taxi l'ont
mentionné, la différence entre le prix de l'essence et le prix du
gaz naturel est moins grande. Alors, il y a moins d'intérêt
à convertir. Le Québec est vraiment un marché très
prometteur pour ce produit.
M. Clair: Ma dernière question est la suivante, si on veut
agir d'une façon méthodique. J'ignore si c'est la
Communauté urbaine de Montréal ou la ville de Montréal qui
a des règlements relatifs à l'entreposage des carburants.
M. Gravino: C'est la ville de Montréal.
M. Clair: Avez-vous entrepris des démarches formelles
auprès des autorités locales quant à la
régularisation de la situation pour l'entreposage du gaz naturel dans
des stations d'essence? Même si on proposait à la ligue de taxi
A-11 de réduire de 50% ou 60% son coût en carburant en utilisant
du gaz naturel comprimé, s'il n'est disponible qu'à un endroit
sur l'île de Montréal, il n'y a pas beaucoup de chances que vous
ayez une grosse clientèle. Première question: Est-ce qu'il y a
des démarches qui ont été entreprises de ce
côté?
D'autre part, par rapport aux associations de services, aux ligues de
taxi, aux propriétaires de flottes ou au propriétaires artisans,
est-ce qu'actuellement il y a une démarche qui est effectuée de
façon très méthodique avec eux afin de voir quelles sont
les possibilités qui s'offrent aux propriétaires de taxis en
termes de conversion, d'abord, et d'approvisionnement, par la suite, en gaz
naturel comprimé? Quel est l'échéancier? Je sais que vous
m'avez mentionné vendredi dernier que, parmi les 25 000 véhicules
que vous espérez convertir au cours des prochaines années - je ne
me souviens plus, les deux, trois ou quatre prochaines années - il y
avait, entres autres, la flotte de taxis présente sur l'île de
Montréal. À première vue, je n'ai aucune objection
à cela. Au contraire, je suis prêt à examiner, comme on l'a
déjà indiqué dans le programme d'action, quelles seraient
les avenues par lesquelles on pourrait aider cette conversion, l'encourager ou
la favoriser.
Premièrement, la disponibilité sur l'île?
Deuxièmement, quelles sont les mesures que GNC Québec Ltée
a mises de l'avant elle-
même pour s'assurer d'une pénétration auprès
des propriétaires de taxis de la région
métropolitaine?
M. Gravino: Premièrement, on a soumis un mémoire
à la ville de Montréal le 26 janvier. Elle l'a accepté
très favorablement, je crois. Maintenant, il y a l'installation qui est
en marche à Gaz Métropolitain pour ravitailler toute la flotte.
Vu que c'était un peu inconnu pour la ville de Montréal, elle
préférait, avant de donner son assentiment pour établir
des postes publics sur l'île, regarder ce dont a l'air une installation
de gaz naturel comprimé avant de donner les permis. Elle nous a
contactés aujourd'hui. Elle viendra visiter le centre d'adaptation et
l'installation à Gaz Métropolitain lundi prochain. À la
suite de cela, je crois qu'elle devrait accorder les permis pour nous
établir sur l'île de Montréal.
M. le ministre, vous étiez là vendredi passé. Vous
avez vu qu'il y avait un taxi de converti.
M. Clair: Il en reste 5000. Le marché potentiel est
important. (22 h 15)
M. Gravino: Notre compagnie est très récente. Cela
fait seulement deux mois que nous fonctionnons. GNC Québec a
été incorporée à la fin de novembre, début
de décembre. Je suis entré en fonction il y a deux semaines
seulement. On a déjà contacté systématiquement les
flottes de taxis. La compagnie Taxi La Salle voulait faire un essai de deux
semaines sur une voiture avant de donner son assentiment pour en convertir
d'autres. Ils ont également leur propre poste de ravitaillement.
Certaines flottes de taxis ont leur poste de ravitaillement et elles voudraient
installer, d'ici quelque temps, si l'expérience se révèle
satisfaisante, des postes d'alimentation à leur propre poste d'essence
également.
Alors, c'est le marché qu'on a attaqué. Je crois que
l'intérêt est là. C'est quand même inconnu; quand on
parle de gaz naturel, on se demande comment ça fonctionne. Tout à
fait de la même façon que l'essence. On ne sent aucune
différence à voyager à l'essence ou au gaz naturel.
Même, je crois que, s'il y a quelque chose, vu le haut indice d'octane du
gaz naturel, la voiture est plus silencieuse. Et, comme je vous le disais tout
à l'heure, on peut aller d'un carburant à l'autre très
facilement, en marche.
M. Clair: J'ai eu l'occasion de le constater. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, évidemment, nous n'avons
pas le même avantage que le ministre, parce que l'Opposition n'a pas
été invitée.
M. Clair: Question de privilège, M. le Président.
Le député de Sainte-Anne est très mal informé,
puisque le député de Verdun...
M. Bissonnet: Question de règlement.
M. Clair: Question de règlement. Le député
de Verdun était présent. J'imagine qu'il avait été
invité parce qu'il a été aussi bien reçu que celui
qui vous parle.
M. Polak: II était invité, peut-être, comme
maire de Verdun mais nous, comme simples députés...
M. Clair: Ce n'était pas dans Verdun, c'était dans
Saint-Laurent.
M. Polak: À tout événement, M. Gravino, j'ai
quelques questions à vous poser. Je comprends que les actionnaires de
cette compagnie sont Gaz Métropolitain et SOQUIP. Est-ce qu'ensemble ils
ont plus de 50% des actions?
M. Gravino: Ils ont 50% des actions.
M. Polak: Cinquante. Cela, c'est le gouvernement par l'entremise
de Gaz
Métropolitain et SOQUIP. Ce sont des organismes publics ou
parapublics?
M. Gravino: Ce sont des organismes parapublics, comme vous le
dites. Mais Gaz Métropolitain a, quand même, 50%, je crois.
M. Polak: Disons qu'indirectement le gouvernement a des
intérêts pour 50% dans votre compagnie, n'est-ce pas?
M. Gravino: C'est cela.
M. Clair: Cela prouve quoi?
M. Polak: Je commence à poser des questions. Je ne prouve
rien. J'espère que vous allez empêcher le ministre d'intervenir,
M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): II vous reste trois
minutes.
M. Clair: Parfait.
M. Polak: Je ne voudrais pas que ce soit enlevé à
mon temps.
M. Clair: Et vous allez crier au bâillon.
M. Polak: Je vois que Mme la députée m'appuie afin
que j'aie beaucoup plus que trois minutes. J'ai entendu dire tout à
l'heure que cela coûte presque 2000 $ pour faire cette
installation ou, en tout cas, cette conversion. Le gouvernement
fédéral, apparemment, donne une contribution de 500 $. Pourquoi
ne demandez-vous pas à votre autre actionnaire à 50%, de mettre
un autre montant de 500 $ dans le pot, par exemple? Est-ce que cela a
été discuté avec le gouvernement?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gravino: Non, cela n'a pas été discuté.
L'autre partenaire, qui détient l'autre partie de 50% des actions ne
serait pas très favorable à votre suggestion, M. le
député.
M. Polak: Pourquoi?
M. Gravino: C'est une entreprise privée à but
lucratif.
M. Polak: Si le gouvernement du Québec suit l'exemple du
gouvernement fédéral en accordant une subvention de 500 $, par
exemple...
M. Clair: Ce qu'il vous dit, c'est que l'autre actionnaire, ce
n'est pas le gouvernement fédéral.
M. Polak: Je comprends.
M. Clair: Alors, si vous comprenez, vous comprenez.
M. Polak: Oui, je comprends très bien.
Le gouvernement fédéral accorde une subvention de 500 $
parce qu'il veut promouvoir, justement, la vente de tels systèmes,
n'est-ce pas?
M. Gravino: C'est cela.
M. Polak: Donc, pourquoi n'avez-vous pas demandé à
votre partenaire pour 50% -il est un de ces partenaires-là ou, en tout
cas, son confrère de l'autre ministère - de vous donner
également une subvention de 500 $, peut-être même plus parce
qu'ils ont des intérêts de 50% dans votre compagnie? Je trouve
cela bien normal.
M. Gravino: On vient en commission parlementaire pour discuter du
problème. Alors, on soumet nos recommandations à la commission
parlementaire et c'est à vous de décider ce que vous voulez
faire.
M. Polak: Je vous suggère une recommandation: Allez
demander à votre partenaire une subvention de sorte que les chauffeurs
de taxi puissent dire: Au lieu de me coûter 1400 $, peut-être que
cela va me coûter seulement 600 $ ou 700 $? Ce serait déjà
un pas dans la bonne direction. M. Clair: Cela fait 800 $.
M. Polak: Oui, mais je dis 800 $ parce que vous êtes
associés là-dedans à 50%.
M. Clair: 800 $? Qui dit mieux?
M. Polak: Exact. M. Gravino, si ce système est tellement
merveilleux - j'ai lu votre documentation en détail, mais, comme je l'ai
dit, je n'ai pas eu l'avantage de voir votre centre en opération -
comment se fait-il que les gens ne soient pas à votre porte pour dire:
S'il vous plaît, on veut embarquer?
M. Gravino: La compagnie a été formée
dernièrement. On ne pense pas qu'on puisse substituer le gaz naturel
à l'essence complètement à cause du nombre limité
de postes d'alimentation existants. Je pense, cependant, qu'il y a une part de
marché pour le gaz naturel.
Si vous me le permettez, je vous ai dit que les véhicules au gaz
naturel existent déjà depuis longtemps, mais le pétrole
n'a pas toujours coûté ce qu'il coûte maintenant. Quand le
prix du pétrole était à 3 $ le baril, je pense que cela ne
justifiait pas les investissements nécessaires pour les conversions. La
technologie a aussi fait de grands pas depuis quelques années dans ce
système d'adaptation et c'est pour cela qu'on se retrouve dans la
situation d'aujourd'hui.
M. Polak: On a mentionné tout à l'heure les
véhicules gouvernementaux. On voit ici, près de l'édifice,
cinq ou six grandes limousines avec chauffeur, toutes bien chauffées,
bien nettoyées, propres, etc. Avez-vous communiqué avec le
gouvernement...
M. Clair: L'Opposition nous coûte assez cher en crayons et
en dictionnaires, M. le Président!
M. Gravino: Cela s'en vient.
M. Polak: ...pour dire: Voici mon partenaire pour 50%,
voulez-vous essayer ces machines au lieu de prendre un chauffeur de taxi qui
gagne 150 $ par semaine? C'est un risque pour lui. C'est peut-être un peu
moins risqué pour le gouvernement de commencer à essayer une
couple de ces installations. Avez-vous fait cela?
M. Gravino: On a eu des contacts avec certains organismes
gouvernementaux fédéraux et provinciaux.
M. Polak: Quelle était la réaction du gouvernement
provincial, par exemple?
M. Gravino: On a contacté Postes Canada et je pense qu'ils
vont commencer à convertir leur flotte. Un des secteurs qui seraient
très rentables pour le gouvernement provincial, c'est celui des autobus
scolaires. M. Clair est déjà au courant de la situation.
M. Polak: Nous nous sommes informés aussi auprès de
ceux qui sont dans l'industrie du taxi à Montréal. Ce
n'était pas seulement la plainte au point de vue de l'investissement,
même si c'est un problème, mais le problème beaucoup plus
grave qu'on m'a mentionné à plusieurs occasions, c'est qu'ils
pensent qu'ils ne peuvent pas se procurer ce produit en faisant leur travail.
Par exemple, dans le mémoire de tout à l'heure, on disait:
Être obligé de parcourir des kilomètres dans le but de se
ravitailler n'est pas synonyme d'économie. Donc, ils ont peur qu'il y
ait quelques centres où on peut obtenir le produit et ils disent
carrément: Que le gouvernement commence - c'est toujours bon de donner
l'exemple, l'austérité, épargner, etc. - ensuite, on
suivra.
M. Gravino: Comme vous le voyez, je vous dis qu'un poste
d'approvisionnement public sera ouvert au mois d'avril.
M. Polak: À Saint-Léonard.
M. Gravino: À Saint-Léonard. D'autres le seront
cette année et autour de ces postes on sollicitera les flottes de taxis
et les flottes de véhicules commerciaux pour les convertir.
M. Polak: Disons que je conduis un taxi dans le West Island,
à Beaconsfield. Ce système m'intéresse et, chaque fois que
je veux acheter du stock, il faut que je conduise dans le comté de mon
chef, à Saint-Léonard...
M. Bissonnet: Fais attention aux policiers.
M. Polak: ...sur le boulevard Métropolitain. Je crois
qu'il peut y avoir un problème, surtout au début.
M. Gravino: La conversion se fera de façon progressive et
rationnelle. On ne pense pas convertir tous les véhicules sur
l'île de Montréal du jour au lendemain. Cela se fera
progressivement; c'est pour cela qu'on s'est donné des objectifs de 25
000 véhicules d'ici 1988.
On ne prévoit pas convertir tout ce qui roule sur quatre roues du
jour au lendemain.
M. Polak: J'aurais une dernière question. Disons qu'un
propriétaire de taxi utilise le gaz naturel comprimé, combien de
milles au kilomètre peut-il faire avec cela?
M. Gravino: Combien de milles au kilomètre?
M. Polak: Vous exprimez cela, pour certains, en milles et, pour
d'autres, en kilomètres.
M. Gravino: Si la voiture fait présentement 25
kilomètres au gallon ou 30 kilomètres au gallon, avec le gaz
naturel comprimé, pour les mêmes B.T.U., pour un nombre
équivalent de litres, il va faire 23% de milles de plus. S'il fait 30
kilomètres avec l'essence, il va faire 36 kilomètres avec le gaz
naturel.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. M. le député de Vimont, une
brève question.
M. Rodrigue: Peut-être deux brèves questions, M. le
Président. D'abord, je voudrais savoir s'il y a des véhicules
qui, à l'origine, sont équipés par les manufacturiers pour
utiliser ce carburant. Est-ce qu'il y a des manufacturiers qui, à
l'origine, équipent le véhicule à cette fin?
M. Gravino: II y a un prototype de véhicule
fabriqué par Ford. La compagnie prévoit fabriquer seulement 5000
véhicules en 1983.
M. Rodrigue: Est-ce que ce système s'adapte autant au
moteur Diesel qu'au moteur à essence?
M. Gravino: Présentement, cela ne s'adapte pas au moteur
Diesel, quoiqu'il y ait des trousses de conversion qui sont maintenant à
l'essai pour des véhicules à moteur Diesel. Mais je ne crois pas
que ce soit sur le marché avant un an pour les véhicules à
moteur Diesel.
M. Rodrigue: J'ai vu votre dépliant, tout à
l'heure, la petite plaquette grise qui explique un peu comment est
installé le système. Il y a un aspect qui m'a frappé. La
bouche de remplissage est placée à côté du moteur,
en avant du véhicule.
M. Gravino: Cela peut être placé en avant ou en
arrière.
M. Rodrigue: Mais, au point de vue de la sécurité,
cela ne crée-t-il pas des problèmes? Parfois, les moteurs
surchauffent. N'y aurait-il pas des risques, à ce moment-là, en
la plaçant en avant?
M. Gravino: Si on connaît le fonctionnement du
système de conversion, on a des cylindres qui amènent le gaz
à un régulateur de pression qui réduit la pression, en
deux étapes, premièrement, de 3000 livres
à 20 livres et, ensuite, à six pouces de vide. Alors, s'il
y a un bris, on est dans une situation de vide, il n'y a aucune pression; alors
aucun gaz ne peut se répandre.
M. Rodrigue: C'est quand le véhicule fonctionne?
M. Gravino: Non, même en état de remplissage.
M. Rodrigue: En remplissage. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Dernière question, M.
le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: J'ai une question concernant le ravitaillement. Une
auto-taxi dont le plein est calculé en litres, avec un réservoir
de 18 gallons, en le remplissant au gaz naturel, quelle est la
différence? Le ravitaillement se ferait-il à la même
période, en même temps, ou s'il y a une différence entre
les deux?
M. Gravino: Cela prend le même temps pour faire le plein au
gaz naturel ou à l'essence.
M. Bissonnet: Oui, je le sais.
M. Clair: Mais en termes d'autonomie?
M. Gravino: En termes d'autonomie...
M. Bissonnet: Je vais reformuler ma question. Je fais le plein de
ma voiture. Disons qu'avec 90 litres, si je fais du taxi, je peux rouler une
journée et demie. Si je fais le plein au gaz naturel, combien de temps
est-ce que je peux rouler?
M. Gravino: La moitié du temps. M. Bissonnet: La
moitié du temps. M. Gravino: C'est cela.
M. Bissonnet: Ce qui veut dire que, pour faire le plein au gaz
naturel, il faut que j'aille deux fois plus souvent au poste
d'alimentation.
M. Gravino: C'est cela.
M. Bissonnet: Vous feriez mieux d'ouvrir plusieurs postes.
M. Gravino: À moins d'augmenter la capacité des
réservoirs.
M. Bissonnet: J'ai une autre question. Concernant la taxation
gouvernementale, on sait que le gouvernement a, en termes de taxe sur
l'essence, un revenu assez important. Concernant le gaz naturel, selon la taxe
actuelle, quel revenu irait au gouvernement?
M. Gravino: II n'y a pas de taxe sur le gaz naturel.
M. Bissonnet: II n'y a pas de taxe. Cela veut dire que vous
êtes perdant. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Bissonnet: Pourquoi ne pas enlever la taxe
immédiatement pour les chauffeurs de taxi?
M. Clair: Juste quelques mots. Même s'il y avait abolition
de la taxe, il y aurait, semble-t-il, un avantage moins important, mais un
avantage qui serait encore là, selon les démonstrations faites
par GNC Québec Ltée.
M. le Président, quelques mots pour remercier M. Bergevin et M.
Gravino de GNC Québec Ltée d'être venus nous faire cette
présentation qui, je pense, devrait intéresser en particulier les
propriétaires de taxis de l'île de Montréal, compte tenu
des efforts que semble faire actuellement GNC Québec Ltée, d'une
part, pour développer des centres d'adaptation des véhicules au
GNC et également de ses efforts pour avoir des postes de ravitaillement
en nombre suffisant pour permettre une alternative réelle aux
propriétaires de taxis de l'agglomération de Montréal. Je
ne parle pas simplement de l'agglomération A-11, mais de l'ensemble de
la région métropolitaine. Je pense que, de notre point de vue, en
tout cas, le minimum qu'on peut souhaiter, c'est que, le plus rapidement, cette
alternative réelle soit disponible pour les propriétaires de
permis de taxi. (22 h 30)
J'en profite maintenant pour dire que, relativement à une
inquiétude manifestée dans certains mémoires, à
savoir qu'on force éventuellement des gens à s'approvisionner en
GNC, il n'en est pas question. Dans la mesure où cette alternative,
qu'est le GNC peut être alléchante pour les propriétaires
de taxis, ils sauront voir eux-mêmes leur intérêt dans la
mesure où les efforts de GNC Québec Ltée pour
pénétrer ce marché seront réels et bien
articulés. J'espère que GNC Québec Ltée ne manquera
pas d'établir les meilleurs contacts possible avec l'ensemble de
l'industrie du taxi à Montréal afin que, le plus rapidement
possible, cette alternative très intéressante soit connue et bien
connue dans l'ensemble de la problématique du GNC.
Quant à nous, nous allons continuer, au ministère des
Transports, à examiner les différentes possibilités qui
s'offrent à nous pour encourager, dans la mesure de la
disponibilité des moyens financiers et autres,
cette conversion lorsque le GNC sera suffisamment disponible sur
l'île de Montréal. Je vous remercie, M. le Président.
M. Bissonnet: Au nom de l'Opposition, je remercie
également ces messieurs d'avoir soumis ce mémoire. Nous
souhaitons que le gouvernement provincial s'implique également par
l'octroi d'une subvention à ceux de l'industrie du taxi qui feront la
conversion de leur véhicule au gaz naturel. Je pense que le gouvernement
doit faire sa part, compte tenu que cela se fait dans d'autres provinces et que
le fédéral fait sa juste part.
M. Clair: Nous sommes toujours heureux de pouvoir profiter un peu
des impôts qu'on paie au gouvernement fédéral.
M. Bissonnet: Beaucoup plus que vous n'en payez.
M. Clair: Dans ce sens, on souhaite que le plus rapidement
possible ce ne soit pas théorique, la subvention de 500 $ par
véhicule pour la conversion, mais que ce soit pratique.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie tous les membres
de la commission et tous les membres des délégations. Nous
ajournons donc les travaux de la commission à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 32)