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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Les mémoires présentés aujourd'hui ont
été déposés à l'Assemblée nationale
le 18 juin 1982.
Les membres de la commission sont: M. Bourbeau (Laporte), M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond), M. Dussault (Châteauguay), Mme
Harel (Maisonneuve), M. Léger (Lafontaine), M. Leduc (Saint-Laurent), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Rodrigue (Vimont)
et Mme Dougherty (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Hains
(Saint-Henri), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Fallu (Groulx), M.
Laplante (Bourassa), M. Lincoln (Nelligan), M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
Rochefort (Gouin) et M. Tremblay (Chambly).
Voici l'ordre du jour pour aujourd'hui. Nous entendrons, d'abord, Le
Groupe (Interpublic communications, ainsi que les municipalités de
Dorion, Vaudreuil, île-Perrot, Terrasse-Vaudreuil, Hudson et Pincourt);
deuxièmement, l'Association du Parti québécois,
région Montréal-Ville Marie; troisièmement, l'Union des
municipalités; quatrièmement, le Syndicat professionnel des
ingénieurs de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal; cinquièmement, le Syndicat des
fonctionnaires municipaux de Montréal; sixièmement, la ville de
Châteauguay; septièmement, les villes de Beauharnois, Maple-Grove,
Melocheville, Saint-Timothée paroisse, Saint-Timothée village et
Salaberry-de-Valleyfield; huitièmement, la municipalité
régionale de comté de Roussillon (Candiac, Delson, La Prairie,
Sainte-Catherine, Saint-Constant); neuvièmement, les villes de
Saint-Basile-le-Grand, McMasterville, Otterburn-Park, Mont-Saint-Hilaire,
Beloeil et Saint-Bruno-de-Montarville; dixièmement, la ville de
Varennes; onzièmement, la Corporation municipale de Contrecoeur et de
Verchères et les villes de Sorel, Tracy et Saint-Joseph-de-Sorel;
douzièmement, l'Association covoiturage Québec Inc.
Alors, l'ordre du jour est assez dense. Je crois que, si l'on veut
passer à travers aujourd'hui, il va falloir quand même essayer de
tenir compte d'une période de temps pour chacun de ces mémoires
afin que les personnes qui ont été convoquées aujourd'hui
ne soient pas obligées de revenir demain. Je demanderais aux membres de
la commission, ainsi qu'aux intervenants d'essayer durant leur exposé,
dans la mesure du possible, étant donné que chacun des membres de
la commission a reçu le mémoire et en a pris connaissance, de le
résumer le plus brièvement possible de façon à
permettre une période de questions plus longue pour les membres de la
commission.
J'appelle immédiatement Le Groupe (Interpublic communications,
ainsi que les municipalités de Dorion, Vaudreuil, Île-Perrot,
Terrasse-Vaudreuil, Hudson et Pincourt) représenté par M. Bleau,
maire de la ville de l'Île-Perrot, et par M. Michel Saint-Denis,
président d'Interpublic communications. Si vous voulez vous identifier
et vous présenter.
Le Groupe
M. Bleau (Pierre): Merci. M. le Président, M. le ministre,
Mme la députée, MM. les députés, Pierre Bleau,
maire de la ville de l'île-Perrot. Petit correctif, c'est M. Pierre
Boucher, qui est économiste, qui a été chef de projet au
niveau des consultants de la firme Interpublic communications, qui va
m'assister s'il y a des questions techniques plus particulières.
J'ai envie de dire en commençant qu'en vertu de l'économie
générale du temps de tout le monde on a choisi de se regrouper,
six municipalités de l'extrême banlieue ouest de Montréal
identifiée à la zone C dans la proposition du ministre. On a
choisi de se regrouper non seulement en vertu de l'économie du temps de
tout le monde, mais aussi parce qu'on avait des intérêts en commun
à partager au niveau de l'intervention qu'on veut faire aujourd'hui.
M. Clair: Pourriez-vous parler plus fort, s'il vous
plaît?
M. Bleau: D'accord. Je m'excuse, je ne recommencerai pas. Ce que
je veux dire, c'est que nous avons regroupé six municipalités de
façon à être le plus efficace et le plus clair possible au
niveau de notre intervention et des points qu'on partage en commun sur la
proposition gouvernementale, en termes de réactions. Il y a, cependant,
un problème au niveau des
municipalités que je représente. Je me permettrai au
début de mentionner, pour l'intérêt de tout le monde, le
nom des municipalités. Il y a la ville d'Hudson, la ville de Vaudreuil,
la ville de Dorion, la municipalité de Terrasse-Vaudreuil, la ville de
Pincourt et la ville de l'Île-Perrot.
Le problème qui se pose pour nous, c'est qu'on n'a jamais pu
vraiment prendre connaissance des données d'une étude
origine-destination, qui nous permettrait de savoir si oui ou non, pour nous,
accepter la proposition gouvernementale, souscrire à
l'intégration du transport en commun, nous rend effectivement des
services. Compte tenu des achalandages qu'on a mesurés dans le
passé au niveau du transport en commun, la question qu'on se pose, c'est
de savoir, par exemple, dans le cas de la ville de l'île-Perrot, si, pour
0,5% de la population, on devrait consacrer 5% du budget des
municipalités au transport en commun. Est-ce que ce serait une
allocation efficace des ressources de le faire? Je dois vous dire que,
là-dessus, on n'a pas de questions. Quoi qu'il en soit, on a
souhaité venir quand même réagir au document gouvernemental
en se disant: Si, de fait, une municipalité, un groupe de
municipalités souscrit, afin, pour utiliser les termes du COTREM,
d'éviter un gruyère dans l'intégration du transport,
à savoir une municipalité embarque, une n'embarque pas, ce qui
aurait fait en sorte que certaines risqueraient de se faire imposer le
transport en commun tel que le définit la proposition gouvernementale,
on va quand même chercher à se protéger et à faire
part, sur le plan institutionnel et sur le plan tarifaire, financier, des
mesures qu'on souhaiterait voir contenues dans la proposition
gouvernementale.
Je vais simplement lire les recommandations et faire quelques brefs
commentaires. Je ne crois pas que cela devrait prendre plus de 10 minutes, M.
le Président.
La première recommandation au niveau de la proposition
gouvernementale, c'est qu'on ne retrouve pas, à notre point de vue, de
possibilités d'un droit d'appel à quelque instance que ce soit
dans les décisions qui risqueraient d'être imposées
à une des municipalités que je représente. De fait, il
existe l'organisme régional de transport, le conseil local de transport,
mais, à travers cela, il y a aussi le gouvernement et la superstructure
au-dessus de tout cela. Il n'y a nulle part, à proprement parler, de
mention sur la façon dont on pourrait finalement en appeler de certaines
décisions qui pourraient être imposées à certaines
de nos municipalités.
La suggestion et la recommandation qu'on fait dans ce sens-là est
de permettre au moins aux municipalités d'aller devant la Commission des
transports du Québec pour éviter un dédoublement de
structures et nous permettre d'avoir ce droit d'appel.
On comprend qu'on ne peut pas avoir un droit de veto ou un vote absolu
sur le contrôle. Ce serait une structure inefficace que de donner des
droits de veto à tout le monde, mais, à défaut de pouvoir
venir continuellement en commission parlementaire, au moins pouvoir aller de
temps à autre devant la Commission des transports du Québec.
La deuxième recommandation, c'est qu'on suggère que seuls
les conseils locaux de transport soient habilités à
déterminer les horaires et les tarifs des transporteurs locaux et des
services locaux. Cela nous semble finalement logique, dans la mesure où
c'est nous qui avons à répondre des budgets et des sommes
d'argent qui sont engagés à ce niveau-là. Si on peut
trouver les moyens les plus efficaces possible pour y arriver, on aimerait
être les seuls maîtres d'oeuvre à ce niveau-là.
La troisième recommandation. Sur cela, je me permets de citer
l'exemple fictif qui est dans le mémoire: en vertu de la proposition
gouvernementale - on parle de Métropolitain provincial dans ce cas - si
on abolissait Métropolitain provincial, et si on devait choisir un
transporteur local, nous réaliserions certainement des économies.
L'exemple qu'on prend serait une économie de 170 000 $,
c'est-à-dire que cela nous coûterait 170 000 $ à installer
un service local de transport, alors qu'en vertu de la proposition
gouvernementale il ne nous en coûterait que 60 000 $. Alors, il y a une
espèce d'incitatif continuellement à créer des coûts
supplémentaires pour le gouvernement, et on ne voit pas comment, dans la
proposition gouvernementale, les municipalités pourraient vraiment
organiser leurs transports locaux. Il y aurait un incitatif à toujours
s'en remettre au gouvernement, cela nous coûterait toujours moins cher.
C'est peut-être un point qui, pour nous, n'est pas clair, mais qui
mériterait qu'on s'y arrête.
La quatrième recommandation, c'est que le conseil local de
transport ait le droit d'organiser comme bon lui semble les transports locaux.
Comme je le mentionnais, c'est la responsabilité des élus locaux
de répondre des budgets et des sommes d'argent qui sont consacrés
à certaines fonctions qui relèvent des municipalités
normalement. Alors, cette demande nous semble légitime.
La cinquième recommandation est peut-être la plus
risquée, en termes diplomatiques avec certains de nos voisins, et je
parle en particulier des municipalités de
Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, Saint-Lazare, Rigaud.
L'impression qu'on a eue à la lecture du document gouvernemental,
c'est que le ministre dit: Voici, la congestion des centre-ville, c'est aussi
une responsabilité des banlieues; alors, on va faire participer les
banlieues comme telles au transport en commun parce qu'elles
reçoivent certains bénéfices du transport en commun: moins
de congestion dans les centre-ville parce qu'il y a plus de transport et,
finalement, tout le monde en bénéficie, qu'on soit usager ou non
du transport en commun.
Maintenant, on dit que ce raisonnement devrait s'étendre à
la limite et aller chercher non seulement celles qui sont identifiées en
périphérie immédiate, mais également toutes celles
qui bénéficient du service. Je pourrais donner l'exemple des gens
qui - c'est peut-être le cas le plus évident - partent de
Saint-Lazare pour prendre le train de banlieue à Hudson; ces gens de
Saint-Lazare ne seraient pas appelés à contribuer au transport en
commun alors que les gens d'Hudson, eux, seraient appelés à
contribuer, et environ la moitié des gens qui prennent le train à
Hudson sont des gens de Saint-Lazare. Il y a ce vice dans la proposition, il
nous semble, en tout cas. On suggère qu'à ce moment la zone C
comprenne vraiment tous ceux qui bénéficient directement du
service, y inclus les municipalités qu'on demande d'ajouter dans ce cas.
Au niveau de l'office régional de transport, en ce qui concerne
l'élection du comité exécutif, nous suggérons,
plutôt que la structure prévue par le gouvernement avec des
nominations à proprement parler à l'exécutif, qu'il y ait
quand même une procédure d'élection, que l'exécutif
soit élu par les membres de l'exécutif au lieu d'être
nommé, ce qui ne serait pas le résultat, à notre avis,
d'élections "démocratiques", entre guillemets. Non pas que la
proposition gouvernementale soit antidémocratique, mais nous pensons
qu'il serait préférable que ce soit une élection à
proprement parler. (10 h 30)
Recommandation no 7. Je ne veux pas m'embarquer dans des termes
techniques; on pourra peut-être revenir sur celle-là et M. Boucher
pourra y répondre aussi plus particulièrement. On recommande
qu'il n'y ait pas de plafonnement à proprement parler sur les
subventions gouvernementales parce que cela semble poser un problème
à un moment donné au niveau de la rentabilisation du service et
de l'efficacité globale du système de transport, dans le sens
où il y a un "désincitatif" à une rentabilisation. En tout
cas, cela nous apparaît comme cela. On se demande s'il n'y a pas moyen,
le calcul vaut le travail, de chercher à rentabiliser puisque, de toute
façon, on ne peut jamais arriver à rentabiliser et à
équilibrer les budgets. On sait que ce n'est pas nouveau ce
problème, qu'il y a eu deux ou trois formules, soit de subventions
directes ou indirectes, soit tantôt sur des déficits ou
tantôt sur des revenus générés, mais on pense qu'il
y a quand même une certaine inéquité qui se crée
avec ce genre de plafonnement des subventions.
La recommandation no 8, c'est pour éviter des problèmes
comme il y en a eu à d'autres endroits à certains moments. Nous
sommes prêts à croire que, lorsqu'il s'agit d'une politique
d'achat au Québec, c'est une décision politique normale,
légitime. On fait même tous la même chose au niveau des
municipalités. On tente toujours de faire bénéficier la
région immédiate du pouvoir d'achat qu'on représente, sauf
que dans le cas où il se glisserait des écarts entre le plus bas
soumissionnaire, par exemple, et un autre qui offrait strictement un contenu
québécois, on suggère qu'une décision politique
comme celle-là, qui nous serait imposée, soit quand même
prise en charge par le gouvernement et que les coûts
supplémentaires soit absorbés, à ce moment-là, par
le gouvernement. Il y a des exemples qui ont déjà
été donnés concernant les procédés
d'épuration d'eau dans le cas de Montréal et le traitement des
eaux usées où il y a eu des implications de ce genre. Il y a eu,
je crois, des événements dans le passé quand il s'est agi
de renouveler une partie de la flotte de la CTCUM. Alors, pour éviter ce
genre d'ambiguïté, il me semble souhaitable que le ministre tienne
compte de cette recommandation.
De façon générale, dans l'ensemble du document,
lorsqu'on parle de bénéfices rendus, lorsqu'on parle de transport
en commun comme bien public, c'est un vocabulaire auquel on souscrit. On
reconnaît que le transport en commun est non seulement un besoin en
termes stricts de transport, mais également un besoin social. C'est une
chose qui nous apparaît légitime dans les années
quatre-vingt, d'avoir un système efficace. Cependant, lorsque le
ministre dit dans sa proposition que les municipalités devraient
contribuer selon les bénéfices reçus, les services rendus,
et que c'est une mesure des services rendus qui devrait établir cela,
nous on propose que ces services rendus soient mesurés strictement
parlant par le nombre d'usagers utilisant un service donné sur un
territoire donné. Surtout lorsqu'il s'agit d'établir des
répartitions de déficits résiduels, cela nous semble une
chose logique.
La recommandation no 10 et le coût des équipements à
caractère régional. Là-dessus, on donne encore un exemple
fictif. Par exemple, une gare de triage qui serait installée sur le
territoire de la zone C, qui impliquerait des coûts sur le territoire C;
on n'a pas de précision dans la proposition gouvernementale à
savoir si cet équipement, une gare de triage, serait supporté non
seulement par la zone C, mais également par la zone A et l'ensemble du
supertransporteur ou de la superstructure. Car une gare de triage ne
bénéficie pas seulement à ceux qui sont dans la
municipalité où elle est bâtie,
mais elle bénéficie à l'ensemble du réseau.
C'est un cas qui n'est pas mentionné, je pense, dans le document
gouvernemental et on sait que, particulièrement dans la zone C actuelle,
c'est nous qui avons les gares de triage et les gares de bout de ligne. Alors,
cela nous inquiète de savoir comment ces coûts pour l'ensemble du
réseau seront financés et comment ces investissements seront
répartis? La recommandation 10 est là pour se prémunir
contre ce genre de problème.
Recommandation no 11. On va ici peut-être à l'inverse de
certains collègues d'autres municipalités. Nous appuyons
l'idée d'utilisation de revenu de péage et d'une taxe sur les
stationnements dans la zone A et particulièrement dans le centre-ville
de Montréal. Nous allons plus loin en disant au ministre que, si nous
avons un choix à faire, nous préférons que ce soit un
péage sur les autoroutes à l'entrée de Montréal,
à partir, dans notre cas sur la 20 et la Transcanadienne, de l'autoroute
13. Le cas échéant, ça nous paraît une taxe plus
juste que strictement sur l'essence, à cause des besoins de transport
chez nous. Des automobilistes peuvent avoir à se déplacer vers
Valleyfield, Châteauguay, Beauharnois ou strictement dans la zone C. Ces
gens-là, qui ne sont pas responsables de la congestion des centre-ville,
seraient appelés à payer une taxe sur l'essence pour laquelle ils
ne bénéficient ni des services rendus, strictement parlant, ni
des bénéfices indirects de l'intégration du transport en
commun. Nous préférons donc une taxe du genre péage qu'une
taxe sur l'essence. Cela nous paraît une mesure beaucoup plus
équitable, alors que la taxe sur l'essence nous paraît beaucoup
plus régressive en touchant inégalement les gens.
Maintenant, sans déborder de la recommandation du ministre, nous
n'avons pas voulu aborder les questions de covoiturage. On sait que d'autres
vont le faire. Quant à un droit de péage, nous pensons que ces
postes de péage devraient tenir compte, justement, du covoiturage,
avantager les gens qui pratiquent. Il faudrait trouver une formule en ce sens.
Nous n'avons pas pris sur nous de préciser la formule pour le moment,
mais c'est une suggestion que nous faisons à ce moment-ci.
La recommandation no 12. Nous suggérons que la tarification soit
établie en vertu de la distance parcourue. Cela nous paraît,
finalement, la mesure la plus équitable et je dois vous dire que nous
nous sommes largement interrogés sur le modèle de tarification.
Nous avons peut-être beaucoup travaillé les aspects techniques
dans notre mémoire. Comme je le mentionnais, nous nous sommes largement
interrogés sur le modèle de tarification. Il nous semble que la
façon la plus facile et la plus équitable d'arriver à
établir la tarification serait sur la distance parcourue.
Je veux faire remarquer à la commission que M. Pierre Des Marais
II disait mardi, par exemple: Pourquoi pénaliser par une augmentation de
tarif le petit nombre d'usagers qui se déplacent entre
Sainte-Anne-de-Bellevue et le centre-ville, alors qu'ils le sont
déjà par un temps de déplacement relativement long? Alors,
nous souscrivons à ce point de l'intervention de M. Des Marais et on
aurait même souhaité qu'il déborde peut-être
l'île de Montréal pour parler aussi de la zone C; cela nous semble
aussi logique. Déjà, il y a un "désincitatif", à
cause de la distance qu'il y a à parcourir, à utiliser le
transport en commun qui n'est pas basé sur le coût. Strictement
parlant, sur l'économie générale de temps, je ne vous
cache pas qu'il n'y a pas tellement longtemps, avec Métropolitain
provincial, cela prenait jusqu'à deux heures pour atteindre le
centre-ville de Montréal, en étant à peine à 24 ou
25 milles du centre-ville. Ce n'était donc pas tellement une question de
coût, à notre avis, qui créait un "désincitatif"
à utiliser le transport en commun, mais peut-être plus
spécifiquement parlant une question d'efficacité du
système et d'économie de temps pour accéder au
centre-ville de Montréal.
La recommandation no 13 propose que tout dépassement des
coûts projetés - et on se réfère à la page 68
du document du ministre - soit assumé à 100% par le gouvernement
du Québec. C'est dans le sens où, si on n'a aucun contrôle
sur les budgets de fonctionnement, sur les tarifs qui sont effectivement
imposés aux usagers et que les budgets sont défoncés, si
on n'a pas à proprement parler le contrôle de ces coûts, on
ne voudrait pas, non plus, être obligé d'en assumer la facture
à la suite d'une planification erronée et qui ne
relèverait pas de notre compétence. On voit mal pourquoi on
devrait payer, à ce moment.
La recommandation no 14. On recommande que la participation des
municipalités du territoire C soit pour une période initiale de
cinq ans, renouvelable automatiquement à tous les cinq ans, sauf sur
préavis de retrait de six mois. Pourquoi cinq ans, trois ans, sept ans?
On ne tient pas particulièrement à argumenter sur la durée
comme telle, mais on voudrait quand même se garder une porte de sortie.
S'il nous était démontré que, finalement, on n'est pas
satisfait du service, qu'on ne soit pas intégré au réseau
ad vitam aeternam mais qu'on ait une formule d'"opting out". Je pense que ce
sont des termes qui ont déjà été utilisés
à d'autres endroits, mais cela nous semblerait logique qu'on ait au
moins le privilège de se retirer.
Il est sûr qu'il y a la question des coûts d'immobilisations
à caractère régional.
Si, à la suite de notre entrée dans le réseau de
transport en commun, on occasionne des coûts d'immobilisations, il y
aurait lieu, évidemment, de trouver une formule pour s'acquitter des
coûts d'immobilisations qu'on a occasionnés. Il ne s'agit pas de
dire: Bonjour, c'est terminé, on ne vous doit plus rien. On est
prêt à se rendre responsables des décisions qu'on pose,
mais il y aurait peut-être lieu de préciser les mécanismes.
Quelle serait la formule d"'opting-out" et comment s'acquitterait-on des
coûts qu'on a occasionnés au réseau de transport en
commun?
Je terminerai, M. le ministre, MM. les membres de la commission, sur
quelques paradoxes qu'on a relevés à l'intérieur de la
proposition gouvernementale et peut-être plus particulièrement -
on le mentionne à la page 31 - si on regarde les pages 89 et 64 du
document gouvernemental. Un billet Vaudreuil-Montréal
représenterait un tarif mensuel de 71 $ par mois. À la page 64,
il est mentionné qu'un billet Vaudreuil-Sainte-Anne-de-Bellevue
coûterait, selon la tarification proposée 36 $ par mois et un
billet Sainte-Anne-de-Bellevue-Montréal, 29 $ par mois. Il serait plus
logique pour un résident de la zone C, que nous représentons,
d'acheter deux passes qui lui coûteraient 65 $ par mois que d'acheter une
seule passe qui lui coûterait 71 $ par mois. J'ai
revérifié, ou on a très mal lu le rapport ou c'est aussi
limpide que cela. C'est une question qu'on pose au ministre, sur laquelle on
aimerait obtenir des réponses parce que cela remet entre autres en
question l'ensemble de la tarification proposée; il n'y a pas eu de vrai
modèle de tarification retenu, à notre avis, si cela est exact,
on a ménagé la chèvre et le chou pour satisfaire quelqu'un
quelque part, puis hausser le tarif, et cela crée ce genre de
paradoxe.
Il y a aussi - plus spécifiquement à la page 32 - la
notion de distance parcourue. Si on regarde la tarif mensuel et qu'on le met en
relief avec la distance parcourue, par exemple, quelqu'un qui prend le train CP
Rigaud-Montréal, il y a un coût au kilomètre de 1,72 $;
quelqu'un qui part de Hudson, il y a un coût au kilomètre de 1,46
$; quelqu'un qui part de Vaudreuil, il y a un coût de 1,85 $. On s'est
rapproché sur la ligne, mais il y en a qui ont baissé, il y en a
qui ont monté, et, à partir de Sainte-Anne-de-Bellevue, on se
ramasse avec un côut de 0,90 $ le kilomètre. On a fait un peu
d'humour dans le mémoire en se demandant à un moment donné
si traverser la rivière des Outaouais, cela devait se faire en
sous-marin, selon le modèle de tarification proposé. En tout cas,
cela nous semble illogique, et peut-être plus particulièrement
dans le cas de l'Île-Perrot. Je ne veux pas "ploguer" ma
municipalité, comme on dit, plus qu'une autre, mais cela nous semble
illogique. Pourquoi devrait-on payer un tarif mensuel de quelque 80 $ par mois
quand on peut aller prendre le train à Sainte-Anne-de-Bellevue, à
côté, qui est tout aussi prêt? Dans mon cas particulier,
c'est moins loin pour moi, de l'Île-Perrot, de me rendre à
Sainte-Anne-de-Bellevue qu'aller prendre le train à l'Île-Perrot;
d'ailleurs, il n'y a pas de gare à l'île-Perrot. Alors, c'est plus
pratique pour moi d'aller à Sainte-Anne-de-Bellevue, de payer 29 $ par
mois que de prendre une passe de quelque 80 $ par mois. (10 h 45)
Dans le modèle de tarification proposé par le
gouvernement, le saut qui est fait est désincitatif, pour la zone C,
à utiliser le train de banlieue sur son propre territoire. Il nous
semblerait à ce moment-là plus logique de trouver une formule
où on acheminerait massivement des gens vers Sainte-Anne-de-Bellevue et
on utiliserait le même transporteur pour un prix trois fois moindre. Cela
remet en question l'ensemble du modèle de tarification.
Là-dessus, je dois mentionner en terminant qu'on a eu à
travers les années une excellente collaboration du COTREM quand il s'est
agi de répondre à certaines de nos questions. On ne peut pas en
dire autant de la CTCUM. On a toujours eu des difficultés à avoir
un contact, particulièrement sur les factures qui sont pendantes au
niveau de Métropolitain provincial, où on nous réclame des
sommes pour lesquelles il n'y a jamais eu de factures d'envoyées, sur
lesquelles on n'a jamais pu savoir quel genre de répartition comptable,
de déficit qu'eux avaient fait. Alors, on n'a pas eu une collaboration
aussi bonne du côté de la CTCUM. Cependant, il nous semble
à tout le moins que le modèle de tarification devrait être
repensé et reprécisé et peut-être plus consistant et
cohérent, en ménageant un peu moins la chèvre et le chou
à certains moments. On a cette impression; on espère se tromper,
M. le ministre.
En conclusion, je voudrais vous dire que nous sommes à
réaliser une étude origine-destination. À l'époque,
on avait, à la suggestion de M. Lussier du COTREM, demandé au
ministre - vous n'étiez pas le ministre à ce moment - en vertu de
la loi sur l'intégration Métropolitain provincial, une
étude origine-destination, qui n'a pas été faite. La CTCUM
en fait une, apparemment. On se permet de dire au ministre que notre
étude oprigine-destination nous permettra de valider celle de la CTCUM.
J'insiste sur le peu de confiance qu'on a au niveau de la CTCUM. L'étude
origine-destination sera déterminante pour nous, pour savoir si, oui ou
non, on participe à l'intégration du transport en commun dans la
région de Montréal. Maintenant, il était impossible, au
moment où on se parle, faute de données, de
dire si, oui ou non, on participera au transport en commun. Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Bleau. Simplement
pour le journal des Débats, je voudrais faire une correction dans la
liste des membres. M. de Belleval (Charlesbourg) est remplacé par M.
Proulx (Saint-Jean).
M. le ministre.
M. Clair: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
remercier les gens du groupe Le Groupe de s'être réunis pour
présenter un mémoire conjoint. Ce que je retiens avant tout de la
présentation de ce mémoire, c'est qu'alors que le projet de
réforme propose justement de regrouper les municipalités en
dehors des territoires organisés, Laval, Montréal, rive sud, de
créer un regroupement des municipalités en conseil local de
transport - on souhaitait cela depuis le mois de juin, officiellement, comme
gouvernement - je suis très heureux de voir que, tant par le contenu de
son mémoire que par le fait de se regrouper, Le Groupe semble appuyer la
proposition de constituer des conseils locaux de transport.
Quant à moi, il m'apparaît que c'est la seule façon
de sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes actuellement avec les filiales
Métropolitain sud et Métropolitain provincial qui ont dû
fonctionner avec des quotes-parts imparties aux municipalités, à
venir dans le cas de Métropolitain provincial et déjà
venues dans le cas de Métropolitain sud. Si on veut éviter la
création de 140 commissions de transport dans la région de
Montréal ou encore d'avoir le système dans lequel nous vivons,
avec des quotes-parts imparties sans représentation, la seule
façon de s'en sortir, à mon avis, c'est justement que les
municipalités se regroupent, conscientes de la nécessité
de collaborer pour se regrouper en fonction, d'abord et avant tout, des
corridors de desserte. Dans ce sens, on peut noter que le mémoire du
groupe de municipalités de Dorion-Vaudreuil, Hudson, Île-Perrot,
Pincourt et Terrasse-Vaudreuil constitue en quelque sorte un appui à la
proposition. J'en suis très heureux.
Deux ou trois commentaires avant de poser quelques courtes questions. En
ce qui concerne d'abord la mesure de plafonnement qui est proposée, il
est exact de dire que le gouvernement a rejeté, au moment de la
réforme de la fiscalité municipale, la mesure de subvention au
déficit parce que, disait-on, cela incitait, à toutes fins
utiles, les commissions de transport à faire des déficits. On a
donc préféré subventionner les revenus apportés par
la clientèle, par l'achalandage. Cependant, on se rend compte à
l'usage qu'alors qu'on souhaitait que cela entraîne plus de
productivité, le système de subventions basées sur les
revenus qui entraîne le gouvernement à ajouter 40% chaque fois
qu'on va chercher un dollar, cela n'a pas mis beaucoup de pression dans le
système pour forcer la rationalisation. Il s'est avéré
beaucoup plus facile d'augmenter la tarification, de faire payer le
gouvernement que de prendre les moyens pour limiter la croissance des
coûts, rationaliser les opérations, intégrer les
commissions de transport, en termes opérationnels, dans la grande
région de Montréal. Je pense qu'on n'échappera pas
à la nécessité d'une mesure quelconque. Celle qui est
proposée, c'est une mesure de plafonnement des contributions du
gouvernement pour responsabiliser les décideurs à l'effet que le
moyen de financer le transport en commun, ce n'est pas seulement d'augmenter
les tarifs et de refiler une partie de plus en plus importante de la note au
gouvernement, mais c'est aussi d'essayer de réduire le coût, si on
veut en diminuer le coût pour la société, tout en ayant un
service aussi efficace que possible.
En ce qui concerne, par ailleurs, les paradoxes qui ont
été soulevés, je note d'abord l'appui à la notion
de baser la tarification sur la distance parcourue, mais je note
également le désaccord quant aux modalités qui ont
été proposées. Je voudrais dire deux choses à ce
sujet-là. La première est que l'hypothèse qui a
été déposée visait d'abord et avant tout à
fixer quel genre de tarif aurait existé en 1982 pour produire à
peu près les mêmes revenus que ceux de la structure actuelle.
C'était un exercice complexe. Les gens du COTREM vont vérifier
pour voir s'il y avait des incongruités entre les différents
niveaux de tarif. Je pense que ce qu'il est important de noter, c'est que,
d'abord et avant tout, c'était une structure qui visait à amener
le même niveau de tarif.
Deuxième remarque sur la tarification en fonction de la distance.
Il est évident que cela comporte des avantages réels en termes
d'équité, mais à cause de la réalité des
déplacements aussi dans la région de Montréal, si on
regarde sur la carte, les institutions sont beaucoup orientées - si on
déplace un peu la carte - d'est en ouest, si on veut, alors que les
déplacements, eux, en ce qui concerne le plus grand nombre, se font
beaucoup dans un axe nord-sud, c'est-à-dire Laval-rive sud vers
Montréal avec, bien sûr, des déplacements importants venant
de la direction de Repentigny et de l'ouest de Montréal vers, justement,
votre région. Je pense qu'à ce point de vue-là,
l'équité parfaite, on ne pourra jamais l'atteindre parce que si
le critère retenu était véritablement, de façon
absolue, tarification en fonction de la distance pour tout le grand territoire,
cela entraînerait d'autres incongruités encore beaucoup plus
graves, probablement, que celles que vous avez
soulevées, même si je reconnais qu'il peut en exister.
Alors, il faut essayer de tenir compte de la géographie, de la
réalité des déplacements, des institutions
déjà existantes; tout autant de contraintes, de l'effort de
participation passé des citoyens, des contribuables au financement du
transport en commun, qui viennent moduler une proposition du genre de celle qui
a été faite. Voilà pour les commentaires.
Ma première question, sur la recommandation no 1: "La Commission
des transports du Québec devrait pouvoir entendre les appels d'un
conseil local de transport insatisfait du niveau de service sur son territoire,
des tarifs et du calcul de sa part du déficit." Là-dessus, je
vous dirai que vous êtes un des rares groupes - je pense que cela a
été soulevé à deux ou trois occasions dans les
mémoires - à réclamer un droit d'appel. Ce qu'on vise
à faire par la réforme, tant au niveau local que régional,
selon des modalités qu'on propose, qui sont discutables, c'est que ces
décisions soient des décisions de nature politique, de
responsabiliser les élus à deux paliers. Ne trouvez-vous pas que
cela risque de finir par aller s'engorger dans des décisions d'un
tribunal administratif si on donne un pouvoir d'appel devant la Commission des
transports du Québec et qu'à toutes fins utiles un pouvoir
judiciaire puisse venir modifier des décisions qui ont été
prises dans un cadre politique entre des élus?
M. Bleau: On est conscient qu'à l'intérieur de la
proposition gouvernementale, le ministre souhaite qu'il y ait un contrôle
politique, soit par les élus locaux, soit par délégation
en ce qui a trait aux structures, qui sont l'ORT, les CLT ou l'organisme
central qui gère l'ensemble du transport en commun, mais c'est le
problème des superpositions de politiques où le gouvernement,
par-dessus, a ses propres décisions politiques. Quand je parlais du
terme "gruyère" utilisé par le COTREM à certains moments,
c'était dans le cas d'une municipalité ou d'un groupe de
municipalités qui seraient forcées de participer au transport en
commun pour éviter des trous dans le système. Disons qu'on pense
que notre poids politique devient relativement peu important par rapport
à d'autres poids politiques; c'est le problème peut-être de
conflits de différentes superpositions de pouvoirs politiques. En
dernier ressort on a le premier pouvoir politique à l'échelon no
1, il y a ensuite au-dessus de nous d'autres échelons politiques
jusqu'au gouvernement du Québec. Évidemment, on ne pourra pas
commencer des débats politiques à ce moment, on ne pourra pas
résoudre de façon politique tous les problèmes parce que
tout simplement on ne voit pas comment on pourrait remettre sa question dans la
proposition gouvernementale une décision politique du gouvernement. On
ne peut pas continuellement venir assiéger l'Assemblée nationale
pour faire valoir nos points sur le plan politique. Il nous semble donc utile
d'avoir une structure d'appel. C'est dans cette perspective que la
recommandation est amenée.
M. Clair: Prenons un exemple pratique. Dans le cas de vos
municipalités, supposons qu'elles soient constituées en conseil
local de transport.
M. Bleau: Supposons qu'île-Perrot décide de ne pas
participer.
M. Clair: Si vous permettez... M. Bleau: D'accord.
M. Clair: Admettons que le conseil local de transport, selon une
procédure inscrite dans la loi, est accrédité, se forme et
peut effectivement transiger avec un transporteur public ou privé de son
choix pour offrir une catégorie de services à déterminer.
L'une des municipalités, prenons n'importe laquelle, par pure
hypothèse, Hudson, décide de refuser de participer pour des
raisons qui lui appartiennent. Qu'arrive-t-il? Tout le conseil local de
transport est bloqué en attendant une décision de la Commission
des transports du Québec, si c'est le cas. L'autre possibilité
est que par un processus quelconque, s'il n'y a pas d'appel devant personne,
des concessions vont se faire et à ce moment le conseil aura à
prendre la décision quant à savoir si à quatre
plutôt qu'à cinq cela vaut la peine d'organiser un transport.
M. Bleau: M. le ministre, vous avez pris un exemple avec une
municipalité qui est en bout de ligne; le problème se pose de
façon peut-être moins cruciale dans ces cas. C'est ceux qui ne
sont pas en bout de ligne qui peuvent peut-être à un moment
donné avoir certains problèmes. C'est pour cela que je prenais
Île-Perrot.
M. Clair: Oui, prenons Île-Perrot.
M. Bleau: D'accord. On est immédiatement voisin de
Sainte-Anne-de-Bellevue mais en début de ligne par rapport à la
zone C sur le territoire de Vaudreuil-Soulanges. J'ai peut-être
sauté une recommandation à un certain moment. Ce que l'on
suggérait, c'est d'abord, s'il n'y a pas droit d'appel, qu'au moins cela
soit strictement le pouvoir politique local, soit à travers un conseil
local de transport ou une autre structure. On suppose que c'est celle-ci qui
sera retenue. C'est pour cela qu'il y a une recommandation qui fait en sorte
qu'on
suggère qu'il y ait une majorité absolue nécessaire
en ce qui concerne les décisions de cet ordre dans les conseils locaux
de transport, et par une majorité absolue, on signifie les deux tiers et
au prorata des populations représentées. Il ne faudrait pas
qu'une municipalité de 900 âmes bloque d'un autre
côté 35 000 personnes qui, elles, en termes de population,
seraient largement majoritaires, mais qu'une seule municipalité avec un
droit de vote... C'est pour cela qu'on suggère qu'au moins à ce
palier il y ait une pondération du vote au niveau des conseils locaux de
transport selon les populations représentées. (11 heures)
M. Clair: Ma deuxième question, rapidement. Votre
recommandation 5 à l'effet que Kigaud et Sainte-Madeleine-de-Kigaud
fassent partie du territoire C de l'organisme régional de transport,
l'avantage de faire partie du territoire C étant que cela devient admis
à subvention par les programmes d'aide financière du gouvernement
du Québec... Est-ce que toutes les municipalités que vous
représentez, y compris ces deux-là, sont prêtes à
contribuer dans un cadre autre que celui des quotes-parts qui viendront de
Métropolitain provincial, à contribuer financièrement
à l'organisation du transport en commun?
M. Bleau: Cela, c'est un problème qui n'est pas
résolu. D'une part, nous sommes pris avec deux systèmes
parallèles - feu Métropolitain provincial et la Ligne CP
Montréal-Rigaud. Maintenant, il est sûr que Métropolitain
provincial ne touche pas Kigaud; il touche d'autres municipalités mais
pas nécessairement les municipalités qui sont
représentées ici. Ici, au niveau de la question du ministre
à proprement parler, nous ne nous sommes pas posés la question
à la place de ces municipalités: qu'est-ce que cela
représente comme coût? La seule question qu'on s'est posée,
c'est celle de l'équité à savoir, si on est responsable de
la congestion dans les centre-ville, il est évident que Saint-Lazare ou
Rigaud est aussi responsable, si on pousse le raisonnement à
l'extrême... Encore là, à un moment donné, on
comprend que c'est pratique de découper et d'arrêter selon la
ligne CP, mais les usagers de la ligne CP ne sont pas seulement ceux chez qui
il y a des chemins de fer qui passent, des rails à proprement parler. Ce
sont aussi ceux des municipalités comme Saint-Lazare, Rigaud. Et cette
dernière a été l'une des municipalités qui ont
revendiqué le plus le maintien du train de banlieue à certains
moments. On se retrouverait dans la situation où les gens qui y tenaient
peut-être le plus - si on examine certaines résolutions
municipales à travers les années - ce sont ceux qui se sont le
plus rapidement effacés, lorsqu'ils ont vu la réforme
proposée par le ministre. Alors, il y a cet aspect...
M. Clair: Je m'excuse de vous interrompre. C'est ce qu'on
m'indique. Nous avons reçu une résolution de Rigaud pour demeurer
dans le territoire D, donc pour ne pas être appelé à
contribuer financièrement.
M. Bleau: Bien sûr, ils bénéficient du
service à peu près au même coût que ceux de la zone C
ou enfin, avec très peu de différence, mais sans avoir à
contribuer à l'assiette fiscale élargie, au déficit
résiduel. Maintenant, il est sûr qu'ils n'ont pas
théoriquement la même qualité de service que ceux de la
zone C, mais je ferai remarquer au ministre que déjà, la
qualité de service de la zone C est également déficiente.
On pourrait, à ce moment, utliser le même raisonnement que Rigaud
et dire: maintenez le service mais mettez-nous dans la zone D. C'est une
question de savoir où on coupe la poire finalement. On pense que la
poire, on doit l'avoir en entier ou pas du tout. Il ne peut pas y avoir deux
poids, deux mesures.
M. Clair: C'est la même chose du point de vue
gouvernemental, dans la mesure où nous avons un programme d'aide
financière aux immobilisations et à l'exploitation du transport
en commun. Nous ne pouvons avoir deux poids, deux mesures; subventionner d'une
façon dans certaines régions et d'une autre dans d'autres
régions. Et c'est pourquoi je posais la question parce qu'elle
m'apparaft importante, si on ne veut pas que la formation de conseils locaux de
transport demeure un voeu pieux mais que les munipalités comprennent
aussi qu'elles ont une implication financière si elles le
désirent. On n'oblige pas, mais pour ceux qui en veulent, les
règles sont les mêmes pour chacun.
Ma dernière question. Vous appuyez l'utilisation des revenus de
péage et d'une taxe sur les stationnements de la zone centrale, mais
vous vous opposez à l'utilisation de la taxe sur l'essence.
Là-dessus, je vous dirai que vous êtes, en ce qui concerne les
péages, sur la même ligne de pensée que le président
de la Communauté urbaine de Montréal. Ma question c'est: y a-t-il
une différence entre la position de M. Des Marais et la vôtre? M.
Des Marais propose que ce soit une double ceinture pour l'ensemble de la
région de Montréal. Vous spécifiez deux postes de
péage sur l'autoroute 40 et l'autoroute 20. Est-ce que, dans votre
esprit, cette démarche pourrait se faire progressivement, au fur et
à mesure de l'évolution des travaux de certaines autoroutes, par
exemple, ou du développement du transport en commun dans certaines
régions? Est-ce que cela peut se faire progressivement ou si c'est
immédiatement l'équité partout avec des postes de
péage dans tout le territoire, dans ce que vous proposez?
Deuxièmement, quant à la taxe sur les stationnements de la
zone centrale, je pense que l'Union des municipalités du Québec,
la Communauté urbaine de Montréal, la ville de Laval, la ville de
Montréal, certainement, s'opposent en disant qu'il s'agit là d'un
champ de taxation municipale. Alors comment des représentants de
municipalité peuvent proposer deux attitudes différentes? Quelle
philosophie vous inspire à ce point de vue?
M. Bleau: Le malheur peut-être, c'est qu'on n'a pas
été suffisamment politique dans le mémoire. Je vais
répondre à la première partie de la question des postes de
péage. Le problème pour nous n'est pas tellement de savoir quand,
mais contrairement à M. Des Marais, on ne voudrait pas qu'une partie de
cette taxe soit donnée à la communauté urbaine, parce que
ce dernier proposait que 50% aille à la communauté urbaine et 50%
aille à la participation financière aux déficits du
transport en commun. Nous pensons que tous les bénéfices de cette
taxe de péage devraient aller nécessairement au transport en
commun et non pas au bénéfice de la communauté
urbaine.
Quant à la question plus particulière de la taxe sur les
stationnements, on ne s'est pas posé le problème en termes de
souveraineté de juridiction, on s'est strictement posé le
problème en termes d'équité de taxation. On est conscient
qu'on maximise sous contrainte. Le ministre dit: l'équité est
imparfaite. Nous, au fond, tout ce qu'on vise, c'est - à travers une
équité imparfaite - que cela soit un peu plus juste pour nous
à défaut de pouvoir arriver à quelque chose d'absolu. La
taxe sur les stationnements, c'est une taxe qui est pratique à
administrer. Il est évident qu'en termes d'équité, ceux
qui stationnent dans les centre-ville, ce sont ceux qui sont les responsables
de la congestion des centre-ville. Alors dans ce sens, dans un sens
d'équité, cela nous paraît logique que cela soit
là.
Maintenant, en ce qui concerne la question de conflit de juridiction, je
dois admettre au ministre qu'on ne se l'est pas posée, parce qu'on a
raisonné, non pas en termes politiques, mais en termes
économiques.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, connaissant
l'intérêt très marqué du député de
Nelligan pour tout ce qui concerne l'ouest de Montréal et sachant
également que son intérêt déborde - c'est
peut-être en vertu des effets de débordement - sur la
région Vaudreuil et Île-Perrot et afin de limiter au maximum le
temps que nous voulons consacrer aux groupes, puisque nous avons encore onze
mémoires qui doivent être présentés aujourd'hui, je
vous demanderais d'entendre le député de Nelligan, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Boucher): Alors M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu poser deux ou trois questions. La
première est au sujet de vos recommandations 3 et 4. Dans la
recommandation 4, vous dites que le groupe recommande que chaque conseil local
de transport ait le droit d'organiser comme bon lui semble les transports
locaux. Il me semble qu'il y a un peu de contradiction entre cela et la
recommandation 3. Vous dites: Le groupe recommande donc que l'ORT puisse
déclarer d'intérêt régional certains services de
transport local. Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous avez
en vue comme transport réellement local que vous laisseriez aux
municipalités de décider elles-mêmes et les sections de ce
transport local que l'ORT devrait décréter comme
régionales pour des fins de financement? Car là, il va y avoir
justement un débordement. Comment séparez-vous tout cela, comment
séparez-vous la question de financement et la question d'usagers de
service?
M. Bleau: Je vais répondre à l'aspect contradiction
qui est soulevé dans la question de M. le député et M.
Boucher va répondre pour préciser le sens des recommandations 3
et 4.
Il ne nous paraît pas y avoir de contradiction à proprement
parler. La recommandation 3 touche l'organisme régional de transport et
la recommandation 4 touche le conseil local de transport.
Maintenant, comme je l'ai mentionné au début de
l'intervention, nous ne sommes pas en mesure de déterminer avec
précision, à l'heure actuelle, quels sont les besoins en
transport pour la région que je représente aujourd'hui.
Cependant, mon flair, ou mon sixième sens, me dit que logiquement ce
serait de faire du rabattement sur Sainte-Anne-de-Bellevue; en termes
économiques, j'entends, et peut-être pas en termes politiques. En
termes économiques, ce serait de faire du rabattement d'usagers de
transport en commun vers Sainte-Anne-de-Bellevue.
Pour préciser les nuances à apporter entre les
recommandations 3 et 4, je vais demander à M. Boucher de le faire.
M. Boucher (Pierre): Disons que je ne
vois pas la contradiction. On dit, à la recommandation 3, que
c'est tout simplement le déficit résiduel et ce qui compose ce
déficit résiduel, c'est le service en tant que tel, c'est
l'organisation du service local en tant que tel dont on parle. Donc, ce sont
deux choses complémentaires et non pas contradictoires, à mon
sens.
M. Lincoln: Si vous parlez de sections régionales - par
exemple, vous avez parlé du rabattement sur Sainte-Anne-de-Bellevue qui
commence déjà à se faire, en fait, d'une façon
pratique depuis l'intégration des trains de banlieue - il semble que
ça va aller en s'accélérant parce que les gens, au point
de vue des coûts, vont penser que c'est plus économique. Vous avez
même soulevé que, pour aller de Sainte-Anne-de-Bellevue à
Rigaud, je pense, ou à Vaudreuil, cela allait coûter 29 $ de plus.
Alors, la personne va peut-être penser à faire du covoiturage
jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue.
Est-ce que vous pensez que c'est ça un peu, l'avenir dans la
région ouest par rapport au covoiturage? Est-ce que vous pensez que
Sainte-Anne-de-Bellevue deviendrait un point de démarcation pour
Montréal et que les gens y viendraient au lieu de prendre des trains de
banlieue jusqu'à Rigaud, Vaudreuil, etc., qui ne sont pas
fréquents?
M. Bleau: Je pense que c'est peut-être là la
question, en fait. C'est un problème de prospective. Au fond, on ne
connaît pas la croissance démographique future; on ne
connaît pas quels seront les résultats des politiques
gouvernementales actuelles à l'effet de favoriser Montréal comme
pôle de développement. Dans un avenir prévisible, si on
parle d'une période de deux ou trois ans où on suppose qu'il n'y
aurait aucun changement, le covoiturage nous semble effectivement une solution.
Le rabattement sur Sainte-Anne-de-Bellevue pour utiliser le train nous
paraît une solution aussi.
Maintenant, dans une perspective un peu plus longue, avec des
hypothèses de croissance démographique supérieure à
la moyenne de la grande région de Montréal, comme cela a
été le cas dans les années 1970 à 1977 dans la
région de Vaudreuil-Soulanges - il y a eu des croissances
démographiques qui ont atteint jusqu'à 20% par année dans
certaines municipalités - il est sûr que nous serons
appelés un jour ou l'autre à remettre en question les choix que
nous aurons faits en matière de transport. C'est à peu
près les seules précisions que je vais apporter. C'est un
problème de boule de cristal sur lequel je me sens mal à l'aise
de donner des certitudes au député.
M. Lincoln: Une dernière question par rapport à la
même chose. Dans votre recommandation no 9, vous dites: "Le Groupe
propose que le service rendu soit mesuré par le nombre de passagers
utilisant un service donné sur un territoire donné". Si vous
prenez ça du point de vue du transport interurbain, du transport en
commun vers la région de Montréal, où la plupart des gens
travaillent, est-ce que nous ne sommes pas devant un paradoxe? Les
régions les plus éloignées comme Vaudreuil, Rigaud, etc.,
où il y a moins de population, à cause même des coûts
pratiques vont aller vers le centre où ils pourront profiter de tarifs
moins élevés, où il y aura un service plus
fréquent? Comment allons-nous pouvoir concilier les deux: votre
recommandation et la pratique des choses?
M. Bleau: D'accord. Je pense qu'il y a peut-être lieu de
préciser, quant à cette recommandation, qu'elle se
réfère aussi en partie à la question de la
répartition du déficit résiduel. Il s'agit d'utiliser le
nombre de passagers non pas seulement strictement pour la tarification, mais
aussi pour participer au déficit puisque, si on utilise l'assiette
fiscale, cela crée des inéquités; si on utilise les
populations, cela crée des inéquités. Ce qui nous semble
le plus équitable, c'est d'utiliser la mesure du nombre de passagers.
D'autant plus qu'il y a certains territoires où il y a juxtaposition des
usagers d'autobus et des usagers de trains de banlieue. Alors, il y a cet
aspect dans la recommandation qu'il y a lieu de préciser. Je pense que
M. Boucher a quelque chose à ajouter sur la recommandation 9.
M. Boucher (Pierre): Bien, quelque chose de nouveau, non. C'est
strictement pour renchérir sur ce que M. Bleau dit. Cette recommandation
est étroitement, sinon intégralement, reliée à la
répartition du déficit; elle paraît peut-être
ambiguë, mais c'est strictement relié à la
répartition du déficit.
M. Bleau: Et non pas à des questions de tarification.
M. Lincoln: Oui, d'accord, mais justement n'est-ce pas cela le
noeud du problème? Si vous avez moins de passagers, il y aura plus de
déficit. Vous voulez une plus grande participation du résidu,
tandis que si les gens se dirigent vraiment vers le centre où il y aura
plus de passagers, pour utiliser les services de notre région comme
c'est le cas - cela commence déjà et va sûrement
s'accentuer...
M. Boucher (Pierre): Ah! Vous faites référence au
rabattement sur Sainte-Anne-de-Bellevue.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Boucher (Pierre): Oui, oui, d'accord.
M. Lincoln: Alors, ce n'est pas cela le paradoxe de l'affaire?
Vous n'aurez plus de déficit parce que justement les gens vont
utiliser...
M. Boucher (Pierre): Cela relève un peu de la
prospective.
M. Bleau: C'est cela, et le paradoxe découle du paradoxe.
Comme on mentionnait, dans la tarification, il semble qu'il y a des paradoxes
et si, à partir de cela, on fait des recommandations, on recrée
un peu les mêmes paradoxes. Le problème, c'est une correction de
la tarification de base qui se doit d'être apportée et,
après, peut-être que cette recommandation tomberait
d'elle-même. Elle est là dans le sens que si le gouvernement ne
souscrit pas à l'une des recommandations qu'on a faites
tantôt...
M. Lincoln: Alors, vous voulez que les...
M. Bleau: ... alors, on en a une deuxième. On maximise
sous contrainte.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors s'il n'y a pas
d'autres intervenants, M. le ministre.
M. Clair: Simplement pour remercier MM. Bleau et Boucher de
s'être déplacés ce matin, d'autant plus qu'ils ont
accepté, avec bienveillance, de passer, j'imagine, la nuit à
Québec puisqu'ils devaient être entendus hier et que nous les
avons entendus ce matin. Alors, je les remercie d'avoir été
patients et pour l'excellent mémoire qu'ils ont
présenté.
M. Bleau: Je vous remercie, M. le ministre, et la commission.
Est-ce que je peux prendre 30 secondes? Au tout début, le ministre a
mentionné que notre mémoire lui semblait positif dans le sens
d'un appui. On doit dire au ministre que oui, cela constitue un appui dans le
sens qu'on reconnaît l'effort d'équité qui est fait au
niveau de la proposition gouvernementale. Cependant, il y a quand même
des points qui nous semblent majeurs et sur lesquels on souhaite avoir des
nouvelles concrètes dans le projet de loi qui sera déposé,
semble-t-il, bientôt. Merci et je remercie tout le monde.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je vous remercie pour la présentation de votre
mémoire.
M. Clair: M. le Président, pendant que...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: ... l'autre groupe s'approche, je voudrais simplement
dire que je n'entendais pas traduire un appui complet à l'ensemble et
à tous les détails de la proposition, surtout à la notion
de conseil local de transport.
Association du Parti québécois de
Montréal-Ville-Marie
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, j'appelle
l'Association du Parti québécois de la région de
Montréal-Ville-Marie, représentée par M. André
Bélanger.
M. Bélanger, à l'instar de vos
prédécesseurs, je vous demanderais, si possible, de
résumer votre mémoire pour la période de questions par la
suite.
M. Bélanger (André): Alors, M. le Président,
je voudrais d'abord préciser que je suis accompagné par un autre
membre de l'exécutif régional, M. Don Waye, qui pourra
également répondre aux questions, le cas
échéant.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, le mémoire que la région Montréal-Ville-Marie
a préparé pour les fins de cette commission parlementaire est
relativement court. Comme vous avez pu le constater, les recommandations que
nous faisons portent sur un aspect bien particulier de la réforme
proposée par le ministre. Je tiens d'abord à souligner que la
région Montréal-Ville-Marie regroupe 16 comtés de
l'île de Montréal représentant plus de 25 000 membres et
que ce territoire va d'est en ouest, en passant par les comtés du nord
de l'île de Montréal.
Le mémoire que nous vous soumettons aujourd'hui est le fruit d'un
exercice qui a impliqué la participation de tous les comtés de
notre région et qui a amené l'ensemble de ces comtés
à un consensus sur les principaux aspects de cette réforme
proposée par le ministre. C'est avec fierté que nous vous
présentons ce mémoire, car il est le résultat de travaux
et de consensus, comme je l'ai dit, qui ont fait l'unanimité au niveau
du conseil régional. Cette unanimité est d'autant plus
significative que les membres du conseil régional se situent tant
à l'extrême ouest qu'au quasi-extrême est de l'île de
Montréal.
On le sait, le Parti québécois se préoccupe depuis
longtemps de la question du transport en commun et cela a toujours fait l'objet
d'un chapitre particulier de son programme. La position que nous vous
transmettons aujourd'hui se fonde essentiellement sur les orientations et les
principes que le programme du parti a fixés au cours de ses
congrès. Ces orientations et ces principes, je pense qu'il est essentiel
de les résumer ici.
L'objectif général est de faire du
transport en commun une priorité essentielle au cours des
prochaines années à cause de son accessibilité à
tous, de sa consommation réduite d'énergie et de son coût
peu élevé par habitant. Le programme précise que cette
priorité devrait se concrétiser comme suit: investir massivement
dans le prolongement du réseau du métro de Montréal, dans
les métros régionaux et les trains de banlieue; procéder
à l'intégration des moyens de transport tout en
privilégiant l'utilisation des transports en commun utilisant des
énergies non polluantes et en incitant les administrations municipales
à donner priorité au transport en commun sur leur territoire;
modifier la règle actuelle de calcul des subventions aux commissions de
transport, de façon à stabiliser les tarifs de transport en
commun; remettre aux élus municipaux la responsabilité de
l'administration des commissions de transport, comme c'est déjà
le cas pour les commissions intermunicipales de transport et, en contrepartie,
réserver au gouvernement du Québec une place proportionnelle
à sa participation financière; mettre sur pied un comité
consultatif des usagers des transports en commun dans tous les grands centres
du Québec, poursuivre la recherche sur le taxi collectif et
légaliser le covoiturage.
À l'analyse, M. le Président, il nous est apparu que le
projet gouvernemental, dans ses principes, rejoint tout à fait les
énoncés de notre programme. Nous y retrouvons en effet une nette
volonté de stabilisation des tarifs, d'intégration des divers
moyens de transport, de responsabilité et de contrôle aux
élus locaux et d'implication des usagers.
Il était plus que temps, à notre avis, de
reconnaître, en matière de transport en commun, une
réalité régionale qui dépasse largement le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal. C'est donc sans
hésitation que nous appuyons le nouveau cadre institutionnel
proposé, d'autant plus qu'il limite au maximum une centralisation trop
poussée en créant une structure à deux paliers. Notre
parti a toujours prôné le rapprochement des centres de
décision des citoyens concernés. Le maintien et la
création de conseils locaux de transport rejoignent cette
préoccupation.
Quant au partage des responsabilités proposé entre
l'organisme régional et les organismes locaux, il nous est
également apparu réaliste et conforme aux objectifs
recherchés. Nous sommes particulièrement heureux de retrouver
dans le cadre institutionnel, au niveau régional, une commission
consultative permanente regroupant les usagers, contribuables et groupes
concernés. La proposition de création d'une telle commission
consultative rejoint en tout point notre programme. Nous voulons en
conséquence vous mettre en garde contre la tentation de faire
disparaître une telle commission à un stade quelconque du
processus législatif. Nous ne pourrions l'accepter.
Quant au cadre financier, le projet gouvernemental propose une nouvelle
répartition du fardeau financier basée sur les
bénéfices reçus. Nous ne pouvons évidemment pas
être en désaccord avec ce principe. Dans la pratique, la
proposition vise à maintenir à peu près le même taux
de participation financière pour chaque catégorie de
participants, soit le gouvernement, les municipalités, les
régions et les usagers.
En premier lieu, nous voulons signifier notre accord avec la
volonté du gouvernement de maintenir entre 30% et 35% la participation
des usagers. Une contribution supérieure aurait pour effet de nier les
grandes orientations à l'origine de cette réforme. Il ne serait
plus question de faire du transport en commun une alternative réelle
à l'automobile, ni d'inciter les citoyens et les citoyennes à
demeurer à l'intérieur du territoire actuellement
urbanisé, encore moins d'améliorer la qualité de la vie.
À ces grandes orientations, nous voulons par ailleurs ajouter notre
préoccupation sociale-démocrate qui nous amène à
chercher le soulagement des plus démunis, ceux qui, obligatoirement,
utilisent et continueront d'utiliser les transports en commun.
Cependant, nous avons attentivement examiné la structure
tarifaire proposée dans le cadre de la contribution des usagers.
D'accord sur le principe de tarifs fixés en fonction de la longueur du
déplacement, nous sommes toutefois en désaccord avec certains
aspects de la structure tarifaire proposée parce qu'elle ne tient pas
compte de données historiques et géographiques importantes.
C'est là que nous apportons notre proposition d'amendement
à cette structure tarifaire intégrée qui se fonde
essentiellement et d'abord sur une constatation que, de 1966 à 1980, les
18 municipalités desservies par la CTCUM ont assumé seules le
service de la dette du métro et le déficit d'exploitation de la
CTCUM. Ce n'est que depuis 1980 que les douze municipalités de l'ouest
de l'île y contribuent. Il nous est apparu équitable, à
l'occasion de cette réforme, de tenir compte de cet état de fait
historique et de modifier en conséquence les délimitations des
zones sur l'île de Montréal et d'alléger surtout, pendant
une période équivalente, le fardeau des usagers de l'est de
l'île qui ont contribué au service de la dette pendant plusieurs
années sans pouvoir bénéficier du métro.
Par ailleurs, nous avons essayé de fixer des limites naturelles
ou réelles entre les diverses zones. Enfin, nous avons voulu que les
citoyennes et les citoyens de la CUM bénéficient d'un
léger avantage sur ceux habitant hors de l'île, comme d'ailleurs
le
propose le projet gouvernemental, de façon à
concrétiser davantage les grandes orientations de la réforme.
En conséquence, nous proposons les changements suivants aux zones
se trouvant sur l'île de Montréal. Les zones 1 et 2
délimitant le tarif de base s'établiraient comme suit: la
nouvelle zone 1 couvrirait les territoires 1 et 2 de la proposition
gouvernementale. Cette zone serait bornée à l'ouest par le
boulevard Décarie, au nord par le boulevard Métropolitain et non
pas par le boulevard Jean-Talon, à l'est par le boulevard Pie IX et au
sud par les mêmes frontières que la proposition gouvernementale,
incluant le Vieux-Longueuil.
Quant à la zone 2, elle s'inscrirait dans le
périmètre de la zone 3 de la proposition gouvernementale.
Exceptionnellement et provisoirement, elle engloberait aussi le reste de la
partie est de l'Île de Montréal faisant partie des zones 4 et 5 de
la proposition gouvernementale. Ce territoire serait temporairement inclus dans
la zone 2 pour une période équivalente aux années de
contribution au service de la dette du métro et au déficit
d'exploitation de la CTCUM avant 1980.
Quant aux douze municipalités de l'ouest de l'Île, elles
feraient plutôt partie des zones 3 et 4, ia zone 5 étant
complètement ignorée sur l'fle de Montréal. Il est
à noter que nous proposons également d'englober
entièrement l'Île-Bizard dans la zone 4, ce qui, dans le projet
gouvernemental, nous paraissait une bizarrerie. Pour les autres territoires, on
aura compris que les zones demeurent inchangées, sauf quant à
leur numérotation qui est décalée de un. Nous n'aurions
donc plus que huit zones au lieu de neuf.
Dans l'application des corrections que nous proposons, on aura aussi
remarqué notre souci constant, dans la détermination des limites
des zones, de tenir compte, je le réitère, des barrières
naturelles telles que les limites de ville, chemins de fer et autoroutes.
L'équité et le respect des populations locales nous a
semblé le commander. (11 h 30)
En conclusion, M. le Président, nous souhaitons évidemment
que cette réforme se réalise sans délai; elle nous
apparaît urgente. Nous souhaitons ardemment que la législation
nécessaire, tenant compte de nos recommandations, soit adoptée
avant la fin de cette année, si possible. Nous souhaitons au
gouvernement le courage nécessaire pour se rendre à cette
étape ultime et à l'Opposition toute l'objectivité
possible.
M. le Président, nous sommes disposés à
répondre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M.
Bélanger. M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier l'exécutif régional, le conseil régional de
Ville-Marie du Parti québécois de s'être penché
d'abord sur cette très importante proposition de réforme que le
gouvernement a mise de l'avant en juin dernier, d'une part, et, d'autre part,
le remercier également pour l'appui général qu'il apporte
à cette proposition. Je pense que c'était important que le Parti
québécois, qui s'intéresse depuis longtemps aux questions
de transport en commun dans la région de Montréal, se prononce
sur une proposition qui concerne au premier chef non seulement les
institutions, mais l'ensemble des citoyens et des citoyennes qui se
déplacent à raison de tout près de trois quarts de million
par jour par le réseau d'autobus, de métro et de trains.
M. le Président, je ferai un premier commentaire en ce qui
concerne la proposition de structure tarifaire qui est faite par le PQ
Ville-Marie.
Fondamentalement, ce qu'elle vise est d'essayer de rétablir un
peu d'équité par rapport aux contributions des
municipalités de l'ensemble de la Communauté urbaine de
Montréal, au coût du service de la dette du métro, surtout.
Effectivement, pendant 14 ans, je pense, seules les villes desservies par la
CTCUM, donc les villes du centre, à partir de Montréal vers l'est
avec, je crois, une ou deux municipalités dans l'ouest, qui
étaient desservies également par la CTCUM, ont contribué
au service de la dette. Cela a occasionné une certaine iniquité
au cours des années. Notre gouvernement a corrigé cette
iniquité il y a maintenant deux ans, je crois, en amenant l'ensemble de
la Communauté urbaine de Montréal à contribuer au service
de la dette du métro. La proposition de structure tarifaire que vous
faites vise justement à tenir compte en toute équité de
cet état de fait, mais sans blâmer qui que ce soit. Je dois dire
qu'à ce point de vue, il m'apparaît qu'effectivement cela peut
être une des façons, par la structure tarifaire, de tenir compte
de cette équité, mais je pense qu'encore plus important que la
structure tarifaire, pour être équitable, il y a la question
fondamentale de savoir si, oui ou non, nous allons poursuivre les
immobilisations lourdes ou à haute ou moyenne capacité de
transport sur l'île de Montréal. Je vous avouerai là-dessus
que je trouve la position du PQ Ville-Marie et de notre parti dans le programme
beaucoup plus équitable que celle qui est défendue à la
table par le porte-parole du Parti libéral de l'Opposition officielle,
le député de Laporte. En résumé, si on cessait les
travaux d'immobilisation, cela signifierait qu'après avoir
été non-payeur au service de la dette du métro pendant des
années, les villes de
l'ouest de Montréal pourraient maintenant
bénéficier, parce que c'est acquis, de l'intégration des
deux lignes de chemins de fer qu'elles bénéficieraient,
grâce à une entente fédérale-provinciale, d'une
modernisation des équipements de transport, entraînant bien
sûr des coûts d'exploitation, des déficits d'exploitation
comme tous les autres modes de transport. Cela signifierait donc que l'est se
verrait à long terme fortement pénalisé.
Nous sommes conscients du côté gouvernemental que la
capacité de payer, tant de la Communauté urbaine de
Montréal, des contribuables, payeurs de taxes foncières, que du
gouvernement, est limitée; qu'il faudra y aller dans le
développement des modes de transport lourd selon la capacité et
la volonté de payer des intervenants. Mais il m'apparaît que ce
serait proprement injuste pour les gens de l'est de Montréal qu'on ne
prenne aucune mesure, qu'on mette sous moratoire, qu'on bloque
définitivement tout projet d'immobilisation vers l'est et que le dernier
geste posé ait été la modernisation des trains de banlieue
dans l'ouest de Montréal. Une alternative à votre proposition est
donc, en partie en tout cas, de continuer à progresser dans les
immobilisations au rythme de la capacité de payer de tout le monde et de
la volonté des gens de se doter de moyens de transport à moyenne
ou haute capacité; mais, d'autre part, en termes de tarification,
l'organisme représentatif des usagers Transport 2000 proposait que la
tarification en fonction de la distance soit appliquée uniquement sur
des moyens de transport autres que les autobus; donc, sur les trains et
éventuellement sur les métros de surface. Ne verriez-vous pas
là une alternative si, par hypothèse, le gouvernement ou
l'organisme régional de transport ne retenait pas la proposition de
tarifer en fonction de la distance pour les autobus sur la CUM? Est-ce que cela
ne contribuerait pas à rétablir cette équité, de ne
pas introduire de tarification en fonction de la distance sur le réseau
d'autobus, de le maintenir sur les trains et éventuellement lorsque le
métro de surface se rendra dans l'est de Montréal que là
aussi il y ait tarification en fonction de la distance "seulement sur le
métro de surface", et non pas sur le réseau d'autobus?
M. Bélanger (André): Permettez-moi d'abord, de vous
rappeler que, comme nous ne sommes ici que des porte-parole de la région
Ville-Marie - et vous savez jusqu'à quel point nous sommes soucieux chez
nous du processus démocratique - il est difficile pour moi de commenter
d'autres hypothèses ou de faire valoir d'autres points de vue que ceux
que je suis mandaté de faire valoir. Tout ce que je pourrais vous dire
n'aurait que la valeur d'une opinion personnelle, qui vaut ce qu'elle vaut
évidemment. Ce qu'il faut retenir de notre position et à partir
de ce que vous venez d'exprimer c'est qu'effectivement nous cherchons, et nous
l'avons dit tout au long de notre mémoire, une équité pour
les gens de l'est, compte tenu d'un facteur historique qu'on connaît,
compte tenu aussi d'un facteur géographique et aussi d'un dernier
élément que je voudrais préciser - il n'apparaît pas
dans le mémoire mais il est aussi important. On sait que l'est de la
ville, la partie Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles, qui n'est
pas englobée de toute façon dans notre région, subit
actuellement un développement accéléré; c'est le
secteur où il y a le plus grand potentiel de développement, de
construction et d'habitation actuellement sur l'île. Il est certain que
s'il n'y a pas des incitatifs pour développer ces secteurs, on va
freiner la volonté qui s'est manifestée, tant au niveau des
élus locaux que du gouvernement, je pense, de voir se développer
de façon harmonieuse et le plus rapidement possible ce secteur qui est
sur l'île même de Montréal. Ce sont là des
préoccupations pour nous. Dans la mesure où une hypothèse
comme celle que vous venez de mentionner rejoint les principes
d'équité que nous avons exprimés, nous n'aurions
certainement aucune objection à cette alternative ou une autre visant et
atteignant le même objectif d'équité soit utilisée
dans ce que vous déciderez du projet final.
M. Clair: Merci, M. Bélanger.
Ma deuxième et dernière question s'adresse à des
Montréalais. La question de la parité entre les
représentants de l'organisme régional provenant de la CUM et ceux
d'en dehors de la Communauté urbaine de Montréal a-t-elle fait
objet de discussions et si oui, quelle prise de position a été
exprimée sur cela, s'il y en a eu une de prise, par le PQ
Ville-Marie?
M. Bélanger (André): II n'y a pas eu de
résolution officielle mais il y a eu des discussions. Ces questions
intéressent toujours les gens. Ce que je tiens à souligner, ce
qui se dégage de nos discussions c'est ceci: Lorsqu'on parle de
gouvernement, parce que les municipalités ou la CUM sont des
gouvernements locaux ou municipaux, on ne peut pas appliquer
intégralement des règles de proportionnalité lorsqu'on met
ensemble plusieurs gouvernements dans une institution quelconque. Ce serait
même nier la démocratie que de donner à une instance, parce
qu'elle est plus grosse, un poids tellement démesuré que,
finalement, la participation des autres n'a plus aucune signification. Le
consensus qui se dégage dans notre région, et encore là je
réitère cependant qu'il ne s'agit pas d'une position dûment
adoptée dans une résolution, c'est
que le type de composition proposé nous apparaît de prime
abord tout à fait acceptable. Il y a peut-être des
aménagements, mais cela n'était pas, quant à nous, notre
première préoccupation, il est apparu rapidement que nous
n'avions pas d'objection fondamentale sur les principes de composition de
l'organisme régional qui sont avancés dans le projet.
M. Clair: Je vous remercie M. Bélanger.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Saint-Laurent, si vous n'avez pas d'objection, va poser quelques questions au
témoin, mais auparavant, j'aimerais souligner deux points. Le ministre,
tout à l'heure, a souligné l'appui que le groupe devant nous
apportait à son projet et je dirai que ce n'est pas vraiment
étonnant. Le ministre a tellement de difficultés à trouver
des appuis depuis deux jours à son projet qu'il aurait été
étonnant que le Parti québécois, section Ville-ivlarie,
n'appuie pas la proposition gouvernementale parce que cela aurait
été vraiment néfaste pour le gouvernement. Et
deuxièmement...
M. Clair: Au contraire, M. le Président.
M. Bourbeau: ... je tiens à mettre en garde le ministre au
sujet de la tentation qu'il a depuis quelque temps de déformer mes
paroles. Je pense que c'est une chose que vous devriez éviter de faire,
M. le ministre. Le ministre tente de faire croire à la population que le
Parti libéral est contre le transport en commun. Or, je
répète pour la énième fois que le ministre se
trompe. Nous ne sommes absolument pas contre le transport en commun. Je vais
préciser de nouveau rapidement la position que nous avons à ce
sujet. Le Parti libéral ne s'oppose pas du tout au développement
harmonieux et à la bonne gestion du transport en commun dans la
région de Montréal, mais nous pensons que le transport en commun
doit se développer selon les besoins et selon la capacité de
payer des gens. Nous sommes d'avis que le transport en commun est un service de
nature locale - d'ailleurs, c'est reconnu par la proposition - un service au
même titre que la police, les travaux public, etc., et qu'on doit se
doter d'un service à la mesure de la capacité de payer des gens
et à la mesure de nos besoins.
Or, dans l'état actuel des choses, le gouvernement
privilégie des dépenses capitales de nature importante dans les
années à venir et la preuve est loin d'être faite que ies
besoins existent, enfin, les besoins en termes de densité de population
pour des systèmes lourds. Le ministre, s'il est honnête, admettra
que les objections fondamentales du député de Laporte se
concentrent sur ce qu'on appelle les systèmes lourds. Le point principal
de nos attaques porte sur le train de surface qu'on veut construire
jusqu'à Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles et dans le
comté de l'Assomption. Nous pensons qu'il n'y a pas là la
densité nécessaire pour amortir les coûts d'une
dépense aussi importante. Nous avons également dit, en ce qui
concerne le métro souterrain qui coûte une fortune à
construire, que nous avons fait un effort important depuis cinq ans pour
prolonger le métro et celui-ci est rendu à un point où la
densité de population diminue. On devrait, pour l'instant, fusionner ce
qui a été fait et tenter de dégager les sommes
nécessaires pour d'autres besoins urgents dont le Québec a besoin
présentement; par exemple, dans le domaine hospitalier et dans les
services sociaux où on coupe abondamment. Nous pensons qu'on devrait
plutôt choisir une autre voie pour dépenser les fonds des
contribuables.
En guise de conclusion, je dirais que c'est facile de promettre des
métros de surface, surtout en temps d'élection. Chaque
député aimerait avoir le métro chez lui et moi aussi, mais
quand vient le temps de payer, on constate que personne ne le veut. Le
gouvernement ne veut pas payer, il veut refiler la facture aux
municipalités en plafonnant sa contribution. Les municipalités
nous disent depuis trois jours qu'elles n'ont pas les moyens de payer. Les
usagers viennent nous dire qu'ils ne veulent pas augmenter leurs contributions.
Finalement, qui va payer? Voilà, la question. Je pense que c'est
être responsable que de dire qu'avant de promettre des dépenses de
centaines de millions de dollars, il faut savoir si on a les moyens de payer.
C'est là la position du Parti libéral.
Finalement, M. le Président, en ce qui concerne le document du
Parti québécois, quant à moi, j'ai commencé par
lire la conclusion, chose que je fais souvent pour voir ce que cela donne. Et
le dernier paragraphe dit: Nous souhaitons au gouvernement le courage
nécessaire - on sait que le ministre des Transports n'en manque pas, il
n'y a pas de problème - et à l'Opposition, toute
l'objectivité possible que malheureusement la partisanerie
étouffe trop souvent. J'ai tenté de chercher parmi la
députation libérale le député qui serait le plus
tolérant à l'égard du Parti québécois et
j'ai trouvé le député de Saint-Laurent qui, parce qu'il
est nouveau à l'Assemblée nationale, a encore ses illusions
à l'égard du Parti québécois.
Si vous voulez, M. le Président, on peut peut-être lui
laisser la parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vais vous dire, chers
collègues...
M. Clair: II peut se faire passer pour un naïf par un de ses
collègues. (11 h 45)
M. Leduc (Saint-Laurent): ... que je n'ai pas d'illusion. J'ai
constaté comme vous tous que, évidemment, par pur hasard, ils
étaient d'accord avec le ministre. J'ai constaté ici dans votre
rapport que vous parlez d'investir massivement. Or, c'est évident que
vous voulez privilégier des systèmes lourds, ce qui suppose des
investissements très importants en capital. Évidemment, la
première question est: Est-ce qu'on aurait les moyens de payer ces
investissements? Est-ce que vous avez tenu compte de ce que nous ont
mentionné hier tous les intervenants, à savoir qu'on a de
l'équipement suffisant, qu'on a investi peut-être un peu trop?
Est-ce que vous avez pris connaissance du rapport du COPEM qui va à
l'encontre de cette politique, qui suggère plutôt qu'on aille vers
les systèmes légers? Est-ce que vous y croyez, aux
systèmes légers? Est-ce que vous pensez que c'est une formule
valable ou est-ce qu'on doit conduire parallèlement les deux?
Je voudrais poser une autre question, je n'en poserai pas d'autres.
Est-ce que vous êtes d'accord avec les suggestions de M. Des Marais,
parce que évidemment s'il faut investir aussi massivement on suppose
qu'il va falloir avoir des sources de revenus? Est-ce que vous êtes
d'accord avec le péage, la double ceinture et, également, avec la
taxe sur l'essence et sur le stationnement? Il va falloir avoir des revenus;
est-ce que c'est là qu'on doit aller les chercher?
M. Bélanger (André): Sur le premier aspect, les
systèmes légers par rapport aux systèmes lourds, ou les
investissements énormes que cela suppose, et la relation que vous avez
faite avec le mémoire du COPEM hier, nous avons entendu ce
mémoire et il est clair, vous le constaterez facilement, que notre
orientation ou notre philosophie de base est complètement à
l'opposé de celle du COPEM. On a tenté de vous vendre, hier, et
de vous expliquer qu'il fallait laisser le libre choix aux individus. Je vous
répondrai simplement ceci: Encore faut-il l'avoir, ce choix.
Je demeure et je travaille à Montréal-Nord, par exemple,
et le jour où la ligne 6 sera construite il est évident que je me
rendrai au centre-ville en utilisant ce moyen de transport. Mais, tant et aussi
longtemps qu'il me faudra trois fois moins de temps pour y aller en
véhicule automobile, malgré les embouteillages, malgré les
problèmes de pollution, comme de nombreux autres, je prendrai
très souvent l'automobile. Le tout, c'est une question de potentiel et
il faut avoir un véritable choix, je vous le répète. Or,
nous pensons qu'actuellement ce véritable choix n'existe pas.
D'autre part, il y a des bassins de population importants, une
population comme celle, par exemple, du nord de la ville. Ahuntsic,
Montréal-Nord et Saint-Léonard représentent des bassins de
population importants. Il y a longtemps que notre région, bien que nous
ne l'ayons pas inclus dans notre mémoire, a officiellement
demandé à maintes reprises la construction de cette fameuse ligne
no 6. Nous la réclamons depuis plus de quatorze ans déjà,
cela nous apparaît une priorité au niveau du transport en commun.
Ceci, donc, répond à votre première question.
Quant à nous, nous ne sommes pas contre les moyens de transport
légers, mais nous croyons que nous n'avons pas fini de développer
à Montréal, dans la région métropolitaine, un
système de transport adéquat, suffisant pour les besoins et qui
tienne compte aussi des bassins de population. Il faut tenir compte du fait
également, par exemple, que cette section est de l'île, comme je
le mentionnais, est actuellement en expansion; il y a une population
considérable qui s'y établira dans les prochaines années.
Si on tient compte, en plus, de la population déjà existante dans
des villes comme Montréal-Nord, Saint-Léonard et le quartier
Ahuntsic, cela représente des bassins de population importants qui ne
sont pas actuellement desservis adéquatement par les transports en
commun. Pour nous, donc, le développement de ce qu'on appelle les
systèmes lourds n'est pas terminé à Montréal, il
faut faire un effort dans ce sens.
J'enchaîne sur le deuxième aspect de votre question, oui,
nous croyons... (panne de son de quelques secondes) doivent participer à
ce financement. Donc, les automobilistes doivent y participer comme le
suggère le projet et, éventuellement, même les entreprises
qui peuvent en bénéficier. Sans qu'on ait discuté d'une
résolution précise sur la question, par exemple, de
s'établissement de postes de péage, j'ai l'impression, compte
tenu de la position que nous tenons, qu'une solution comme celle-là ne
serait pas accueillie si défavorablement par les membres du conseil
régional de Montréal-Ville-Marie.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous seriez d'accord avec la double
ceinture.
M. Bélanger (André): Je ne veux pas entrer dans la
mécanique elle-même. Ce que je vous dis, c'est que nous sommes
d'accord avec le principe d'une participation financière de ceux qui en
bénéficient
directement, ou indirectement et ça peut être une
méthode utilisée. Nous ne nous prenons pas pour des experts. Le
mémoire que nous avons préparé se borne plutôt
à regarder les orientations et, entre autres, à étudier
les impacts que suppose le zonage sur le territoire qui nous concerne en
particulier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je ne veux pas poser de questions aux intervenants,
mais j'aurais voulu faire une brève remarque. Je trouve cela bien triste
qu'on mène encore ce débat sur une question d'est et d'ouest. On
appelle cela, de façon un peu tacite, une question historique et
géographique. Et, pourtant, à titre de citoyen montréalais
qui vit dans l'ouest, je pense qu'il y a un autre côté à la
médaille. Les citoyens de l'ouest de Montréal, de ces
municipalités que vous voulez considérer comme de seconde classe
et faire payer plus cher, trouvent qu'il y a plusieurs années que vous
dites que l'est a payé plus que l'ouest pour les subventions, alors que
l'est et le centre de Montréal ont eu depuis longtemps un système
d'autobus; ils payaient 0,25 $ et 0,50 $ pour un système de billets
transférables tandis que, dans l'ouest, nous avions des systèmes
privés, des trains de banlieue qui nous coûtaient parfois 3 $ et 4
$ pour nous rendre en ville.
Nous avons payé, pendant les deux dernières années,
sans aucun système d'autobus ou de trains intégrés qui ont
coûté des millions de dollars. Je pense qu'il faut mettre de
côté cette espèce d'esprit de clocher, cette espèce
de petite politique du Parti québécois qui voudrait diviser les
citoyens en banlieue ouest et banlieue est. Non, vous n'entrez pas dans la
mécanique des zones de ceinture, comme la question vous a
été posée, mais vous entrez dans la mécanique
d'aller faire des petites divisions très, très carrées,
à partir de Décarie, et tous les gens de l'ouest vont payer plus
cher que les gens de l'est.
Je pense qu'il faut qu'on mette tout cela de côté, qu'on
soit des citoyens de toutes les régions de Montréal, en bonne et
due forme. Si, aujourd'hui, finalement, nous avons des trains de banlieue, nous
les avons attendus longtemps. Nous payons des taxes. Mes taxes personnelles,
depuis la CTCUM et la CUM, ont augmenté de 300% en quelques
années, les citoyens de l'ouest paient une grosse partie des taxes du
territoire de la CUM. Je pense qu'on ne devrait pas faire de discrimination
entre les citoyens de l'est et ceux de l'ouest, avec des frontières tout
à fait arbitraires et électoralistes.
M. Bélanger (André): Je vais demander à M.
Don Waye de répondre à cette question, M. le Président,
d'autant plus qu'il est de la région ouest de l'île.
M. Waye (Don): Premièrement, il faudrait regarder cela
dans le contexte du bénéficiaire, comme on dit. On voit que le
transport principal dans le West Island est toujours le train. C'est le train
depuis les années trente et ça n'a pas changé beaucoup.
Depuis 1980, les autobus de la ville de Montréal se promènent
dans les rues de l'ouest de la ville et les services d'autobus sont
égalisés.
Mais il faut aussi considérer les avantages que les gens qui se
servent du réseau de trains du Canadien Pacifique vont avoir à
cause des réductions, qui sont assez claires si on prend comme exemple
la ville de Dorval. Ils paient présentement, pour le train du Canadien
Pacifique, par mois, 57,60 $, ce qui sera réduit à 25 $ si l'on
suit à la recommandation du gouvernement. Pour Pointe-Claire, c'est
maintenant 64 $, ce qui sera réduit à 27 $. Alors, si l'on
regarde cela du point de vue du contribuable de l'est de Montréal, qui a
contribué depuis 1966, il n'a pas ces retombées du tout. Il va
payer plus cher pour ne pas avoir du tout de service.
M. Lincoln: C'est un argument tout à fait faux. Un
citoyen, par exemple, aujourd'hui, même avec l'intégration des
trains et la même distance entre Pointe-Claire ou Beaconsfield et
Montréal, paie 36 $ par mois pendant qu'un citoyen de l'est qui voyage
dans le métro, qui a des facilités beaucoup plus rapides et
beaucoup plus fréquentes, paie 21 $. Comment cela se fait-il? L'argument
qu'on devrait proposer, c'est pourquoi, pendant toutes ces années, ces
gens ont-ils payé 57 $ et 64 $? Vous faites la comparaison avec ce
qu'ils payaient avant. Ce qu'il faut demander, c'est comment il se fait qu'ils
payaient 57 $ et 64 $ et que, pendant tout ce temps, les citoyens qui avaient
la possibilité d'utiliser les autobus et les métros payaient,
quant à eux, des 0,25 $, des 0,50 $, des 20 $ de métro pour un
laissez-passer annuel et parfois 15 $, et qu'ils pouvaient utiliser le
métro.
M. Waye: Mais c'est tout simplement parce que cela était
privé, maintenant, les citoyens prennent le contrôle de leur
réseau et les prix baissent.
M. Lincoln: C'est pourquoi, maintenant que ce n'est plus
privé, il faut avoir une politique où tous les citoyens sont
égaux, avec un système intégré plutôt que
d'aller faire des petites bagarres de quartier pour diviser l'île de
Montréal en deux, l'est et l'ouest, d'une façon, comme vous
dites, géographique et historique. Nous aussi, on se sent partie de la
géographie et de l'histoire.
M. Bélanger (André): Je voudrais, M. le
Président, ajouter deux choses:
Premièrement, réitérer que la position que nous
avons prise a été prise à l'unanimité, que des
représentants de tout l'ouest de l'fle qui font partie de notre
région ont participé à cette décision et qu'ils ne
l'ont pas trouvé inéquitable. Deuxièmement, ce qu'il ne
faut pas oublier, c'est que l'équité que nous recherchons est
basée sur une situation historique que nous avons vécue avant
1980 où non seulement ce que payaient les gens de l'est était le
ticket ou le prix du billet, mais aussi des taxes pour subvenir aux
dépenses et subventionner tant les déficits de fonctionnement du
transport en commun que ceux du métro. C'est cela que nous voulons
corriger parce que les villes de l'ouest, en termes de taxes, n'y ont pas
contribué.
M. Lincoln: Mais ils y contribuaient en payant beaucoup plus cher
pour le transport et ils n'avaient pas le service.
Le Président (M. Boucher): Madame...
M. Clair: M. le Président, ie député de
Nelligan soulève un point qui est fondamental et sur lequel j'aimerais
lui dire que la préoccupation qui anime le gouvernement du Québec
en est une d'équité. Je pense que la preuve, nous l'avons faite.
Je m'adresse surtout à lui comme député de l'ouest de
Montréal, au député de Saint-Laurent, au
député de Robert Baldwin; c'est qu'il faut bien comprendre que la
justice vaut pour tout le monde. Ce qui nous apparaît, nous, de ce
côté, tout à fait intolérable, inacceptable dans la
position de votre parti actuellement, c'est que justement, pendant des
années, les villes de l'est ont été les seules à
payer; cela appartient au passé, c'est exact. Vous dites que vous avez
payé cher pour les trains de banlieue pendant plusieurs années,
c'est tout à fait exact, sauf que les immobilisations n'avaient pas
été payées par les gens de l'ouest de Montréal;
elle avaient été payées par le Canadien National et le CP.
Le déficit d'exploitation était assumé par ces compagnies.
Pendant ce temps, dans l'est de Montréal, pour le reste de l'île
de Montréal, c'est eux qui ont payé leurs immobilisations.
En 1982, là où nous en sommes rendus maintenant, le
gouvernement, sans mesquinerie - je pense que c'est bien le moins qu'on puisse
avoir droit comme prise de position de la part des députés de
l'ouest de Montréal - sans aucune discrimination, le gouvernement a
accepté de moderniser les trains de banlieue, à la suite d'un
accord entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec pour la modernisation. On a fait quelque chose pour les trains de
l'ouest qu'on n'a jamais fait pour le reste de l'île de Montréal.
On a même accepté de plafonner le déficit à la
charge de la Communauté urbaine de Montréal, en faisant assumer
une partie de ce déficit par le gouvernement du Québec.
Aujourd'hui, j'ai devant moi, par exemple, la carte en ce qui concerne les
demandes additionnelles de prolongement du métro; la Communauté
urbaine de Montréal demande de prolonger le métro souterrain de
Du Collège à Côté Vertu.
M. Leduc (Saint-Laurent): Excellent;
M. Clair: Je suis heureux d'entendre le député de
Saint-Laurent; il dit: "Excellent!"Bien, c'est cela que je trouve
injuste parce que ce qu'il nous dit, c'est que son porte-parole nous dit:
Cessez les métros de surface; cessez les immobilisations du
métro. Le député de Saint-Laurent, parce qu'une station de
métro additionnelle dans son comté, c'est juste 30 000 000 $, est
d'accord, c'est dans l'ouest de Montréal. Alors, je suis convaincu que
le député de Saint-Laurent et le député de Nelligan
vont partager mon point de vue. L'équité, c'est qu'effectivement,
sur la tarification, on essaie d'être équitable pour tout le
monde, d'avoir une structure tarifaire unique, dans toute la grande
région de Montréal, basée sur la distance parcourue; c'est
la proposition. Mais, en termes d'immobilisation, je trouve que le
député de Laporte, qui disait tantôt que j'étais
courageux, est bien courageux de penser un jour à présenter
d'autres candidats dans l'est de Montréal, s'il est d'accord pour
prolonger le métro dans l'ouest et s'il n'est pas d'accord pour
prolonger les immobilisations dans l'est. Pendant ce temps, le gouvernement, en
1982, intègre deux trains de banlieue, paie les immobilisations avec le
gouvernement fédéral, mais refuse de les prolonger dans l'est. Je
le trouve très courageux de penser à proposer des candidats
libéraux dans l'est de Montréal dans l'avenir. (12 heures)
Dans le même esprit, je supplie le député de
Nelligan d'essayer de convaincre son collègue que si on doit continuer
à faire des immobilisations, non seulement on doit avoir une structure
tarifaire qui soit équitable, mais également qu'en termes
d'immobilisation on soit aussi équitable. Qu'on regarde la
possibilité de continuer à investir soit dans le métro de
surface ou dans le métro souterrain en priorité - les
décisions seront prises définitivement en temps opportun par ceux
qui ont à prendre des décisions - mais qu'on n'ait pas une
attitude - j'ai un mot fort, mais je le dis -hypocrite. Quand on parle de
prolonger le métro de Du Collège à Côté
Vertu, le député de Saint-Laurent dit: Cela, oui, d'accord. Mais
quand arrive le temps de parler de métro de surface vers l'est, il
laisse son porte-parole, le député de Laporte, dire qu'ils
sont contre les immobilisations lourdes. Puis le député de
Laporte va dire: Par ailleurs, on est en faveur du transport en commun. Cela me
rappelle ce que ma collègue de Maisonneuve disait un jour d'un des
députés du Parti libéral: En résumé, je ne
suis ni pour ni contre, bien au contraire! C'est à peu près
l'attitude que vous semblez défendre dans ce cas.
M. le Président, pour terminer mon commentaire, je dirai
simplement que le député de Laporte disait tantôt que
j'allais avoir besoin de courage parce qu'on n'avait pas eu beaucoup d'appui.
Je lui dirai qu'en deux jours d'audition je calcule au moins une dizaine de
points majeurs où il y a à peu près unanimité. Je
ne les énumérerai pas. Que ce soit une intégration
tarifaire, que ce soit le contrôle des élus locaux, que ce soit le
conseil local de transport, que ce soit le principe de la tarification selon la
distance, j'en dénombre au moins une dizaine. Libre à lui d'avoir
sa vue pessimiste des choses. Quant à moi, je préfère
avoir une vue plus réaliste et plus objective aussi de la
réalité qui nous entoure.
M. Bourbeau: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre déforme mes paroles et je me dois
de rectifier ce qu'il dit, M. le Président.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Laporte, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Le ministre fait de la démagogie avec mes
paroles.
M. Rochefort: En vertu de quel article intervenez-vous,
exactement?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin...
M. Bissonnet: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rochefort: C'est une question de privilège qu'il essaie
de déguiser en question de règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Gouin!
M. Bissonnet: Attendez d'avoir la parole.
M. Bourbeau: Les questions de privilège, si je comprends
bien, cela n'existe pas à la commission. Le ministre déforme mes
paroles et je l'avertis pour la seconde fois d'éviter de tomber dans
cette démagogie. C'est bien évident que si on demandait à
tous les députés de l'Assemblée nationale, il y en a 122,
s'ils veulent avoir le métro, idéalement ils voudraient avoir le
métro, et c'est ce que voulait dire le député de
Saint-Laurent tout à l'heure. C'est certain que si vous me dites: Je
vous mets le métro à la porte, il n'ira pas faire un discours
à l'Assemblée nationale pour s'y opposer, et vous non plus,
probablement, si on le transportait jusqu'à Drummondville. Le
problème n'est pas là, M. le Président.
M. Clair: Oui, M. le Président, j'aurais le courage de
m'opposer à ce que le métro vienne à Drummondville parce
que cela coûte trop cher, mais cependant...
M. Bourbeau: Seulement, cela fait bien, devant les caméras
de la télévision, de dire cela.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, à
l'ordre! Cela allait bien, tantôt.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas terminé
encore.
La démagogie dont fait preuve le ministre des Transports est
déplorable. Il ne semble pas vouloir comprendre - je sais qu'il comprend
- le point de vue que nous exprimons. Le député de Saint-Laurent,
si vous lui demandez si nous avons les moyens de payer pour prolonger le
métro jusqu'à ville Saint-Laurent, va vous dire non. En
conséquence, je suis convaincu que c'est une boutade qu'il a faite tout
à l'heure quand il a dit qu'il voulait le métro. Comme, hier, le
député de Montréal-Nord, le député Laplante,
voulait aussi avoir le métro chez lui, tout le monde veut son
métro. C'est bien certain. Mais la réalité des faits, ce
que prétend le Parti libéral, c'est qu'actuellement ce dont nous
avons de besoin, c'est d'une bonne gestion des fonds publics, ce que ne fait
pas le Parti québécois actuellement.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président...
M. Leduc (Saint-Laurent): II y a une chose, c'est que...
Mme Harel: Mais, M. le député de Saint-Laurent,
vous n'avez pas le droit de parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): On n'est pas gras dur. C'est la seule
ligne qu'on a...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député de Gouin. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bissonnet: M. le député de Gouin, à
l'ordre!
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vous disiez, de la
région Ville-Marie, que vous représentiez à la fois les
intérêts des gens de l'ouest et de l'est puisque les comtés
couvrent le territoire qui va de l'ouest à l'est. Contrairement à
ce que disait le député de Nelligan, je pense que dans sa
conception de l'égalité, il y en a certains qui sont plus
égaux que d'autres. C'est l'égalité, lorsqu'il est
question d'intégration tarifaire, mais l'égalité dans la
tarification et l'inéquité dans l'immobilisation. Je ne sais pas
si vous connaissez bien la situation, peut-être...
M. Bélanger (André): La meilleure image pour
illustrer ce que nous propose le député de Nelligan, c'est comme
si on nous offrait d'acheter un condominium en disant: Je ne vous paie rien
pour la bâtisse, je vais payer simplement ma quote-part des frais
d'entretien et de chauffage pour l'avenir. Est-ce équitable? Est-ce que
quelqu'un accepterait de vendre sa propriété à ces
conditions? C'est un peu cela l'opération qui est proposée dans
le projet gouvernemental. C'est de dire: Maintenant, le réseau de
transport en commun va être la propriété de l'ensemble de
la communauté qui est concernée. Il y a des nouveaux arrivants.
Ce qu'on nous propose, c'est de dire: On ne paiera pas notre quote-part de ce
que cela a coûté dans le passé, des millions et des
milliards. On va juste payer notre quote-part des coûts d'exploitation
à l'avenir. C'est cela que nous trouvons inéquitable et c'est ce
que cherche à corriger notre proposition. Sans faire un calcul "à
la cenne" près, nous cherchons à compenser. Nous disons:
Permettons à l'est qui a été pénalisé
pendant de nombreuses années par rapport à l'ouest, en termes de
participation à ces immobilisations, de récupérer un peu
et amenons l'ouest à participer pendant une période
équivalente un peu plus qu'il serait normalement appelé à
le faire. Lorsque cet équilibre sera atteint, on reviendra à ce
moment à des zones essentiellement basées sur les facteurs de
distance.
Mme Harel: Quand vous parlez de l'est, si je comprends bien,
contrairement à ce que disait le député de Nelligan, ce
qui témoignait de sa méconnaissance du dossier dans l'est, il
s'agit en fait des villes...
M. Bélanger (André): Les 18 villes que j'ai
mentionnées, c'est plus que l'est. Cela va jusque...
Mme Harel: ... qui ont contribué sans avoir le service de
métro et sans avoir évidemment les trains qui avaient tous
été construits dans l'ouest.
M. Bélanger (André): C'est cela. J'inclus
Pointe-aux-Trembles, toute la section est de l'île.
Mme Harel: Pour revenir à votre mémoire, à
la page 8, vous faites une recommandation de nouvelle tarification en fonction,
dites-vous, de l'équité et du respect des populations locales.
J'ai vu que vous recommandiez qu'à l'est, la zone soit bornée par
le boulevard Pie IX. Vous êtes certainement au courant des
représentations qui ont été faites par des
représentants de citoyens des quartiers qui se retrouvent près du
boulevard Pie IX et qui recommandaient en fait la rue Viau, permettant ainsi de
ne pas couper des quartiers qui ont une vie communautaire, de ne pas les couper
par le boulevard Pie IX. J'imagine que vous avez l'intention d'examiner ces
représentations.
M. Bélanger (André): Oui. D'ailleurs, Viau et Pie
IX sont deux avenues qui sont assez rapprochées l'une de l'autre. Nous
avons retenu, sauf erreur, que c'était Pie IX dans le projet
gouvernemental qui était indiqué.
Mme Harel: À tort peut-être.
M. Bélanger (André): Viau peut être aussi une
très bonne division. Il reste qu'il n'y a pas là de
séparation entre municipalités. Ce qui nous apparaît
important, c'est de respecter quand même les identités locales.
Par exemple, on voit que Montréal-Nord est coupé en deux. Cela
nous paraît une iniquité. Éventuellement, lorsqu'on
rétablirait les zones, si notre proposition était adoptée,
il faudrait respecter autant que possible les limites des municipalités.
Il est impensable qu'à l'intérieur d'une même
municipalité, sur un territoire aussi restreint, par exemple, que
Montréal-Nord, des citoyens aient un tarif différent et soient
pénalisés de ce seul fait.
Mme Harel: Peut-être faudrait-il à ce moment
envisager que la municipalité pour laquelle vous demandez un certain
respect de ses limites naturelles puisse correspondre également à
des quartiers montréalais pour lesquels il faut aussi respecter des
limites naturelles.
M. Bélanger (André): Effectivement. C'est pour cela
qu'une option comme celle de Viau pourrait aussi répondre aux
objectifs.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, première question.
Dans la zone 1 telle que proposée dans votre structure tarifaire, quelle
est la rue à la limite est?
M. Bélanger (André): On a maintenu la même
limite que celle du projet gouvernemental, qui est Pie IX.
M. Bissonnet: D'accord. C'est la même explication que celle
que la députée de Maisonneuve fait pour le quartier
d'Hochelaga-Maisonneuve et la même chose pour le quartier Saint-Michel
qui est à l'est de Pie IX. La première question que je voudrais
vous poser est la suivante: En 1979, le Parti québécois de
Ville-Marie s'est prononcé de façon officielle sur le plan de la
ligne 5 qui était proposé par le BTM vers Montréal-Nord.
Un nouveau projet a été présenté en 1980, un projet
qui a eu une publicité énorme, en ce qui a trait à la
ligne 5 qui, maintenant, s'en vient dans l'est jusqu'au boulevard Saint-Michel
et qui est projetée jusqu'aux Galeries d'Anjou, d'une part et la ligne 6
qui est un métro en surface. Première question: Votre association
régionale de Ville-Marie s'est-elle prononcée sur la
différence entre une ligne et deux nouvelles lignes? Je vais revenir
avec ma deuxième question après. Quand ce changement a
été annoncé, quelle a été la réaction
de l'exécutif régional du Parti québécois de
Ville-Marie?
M. Bélanger (André): La première question
sur la ligne 5...
M. Bissonnet: L'ancienne ligne 5.
M. Bélanger (André): ...de mémoire il m'est
difficile de vous dire effectivement s'il y a eu une position officielle. Je
pense que oui. Je pense que la région, parce qu'elle était
concernée à ce moment-là - c'était un premier
projet destiné à desservir la région -a manifesté
un intérêt certain à ce qu'une ligne de métro s'en
vienne le plus près possible de chez elle. Chacun défend ses
intérêts avant de défendre ceux des autres. Lorsqu'est
arrivé le projet de ligne 6, il y a eu tout un débat au niveau
régional et encore là, une position sinon unanime à tout
le moins largement majoritaire en ce sens que ce projet - cela a
été sans aucune concertation, je peux le dire, avec les instances
gouvernementales ou les ministres concernés - il y a eu chez nous une
position très claire et très ferme parce que cette ligne, parce
qu'elle desservait un plus grand territoire, un plus grand bassin et parce
qu'elle nous apparaissait aussi plus facilement réalisable à des
coûts plus abordables, il y a eu une position, effectivement,
réclamant dans les meilleurs délais la construction de cette
ligne.
M. Bissonnet: Deuxième question. M. le ministre, vous me
corrigerez si je ne fournis pas les dates exactes. À l'époque, en
février 1981, l'ex-ministre des Transports, M. de Belleval,
annonçait, de façon définitive, aux citoyens de l'est de
Montréal, que le métro en surface devrait être en service
en janvier 1983. Quelle pression votre association a-t-elle faite
vis-à-vis du gouvernement? On sera en 1983 dans quelques mois et il n'y
a rien de fait. Vous êtes-vous penchés sur cette
problématique qui a été annoncée et comment?
Avez-vous vous fait des pressions? En avez-vous discuté? Comment se
fait-il qu'on avait annoncé un projet tellement définitif? Dans
l'est de Montréal, cela fait longtemps qu'on se fait bombarder avec des
projets... Avez-vous fait des pressions?
M. Bélanger (André): La réponse à
votre question est: oui, et nous continuerons à en faire. C'est
évidemment le problème du gouvernement de s'arranger avec ses
échéanciers, ses contraintes budgétaires ou autres. Mais
c'est notre rôle, en tant que groupe de pression organisé,
représentant un milieu donné, de défendre les
intérêts de ce milieu, de pousser et d'essayer de faire avancer
les choses. Je ne dis pas que le gouvernement a eu raison ou tort de ne pas le
réaliser dans les premiers délais qui avaient été
annoncés; ce que je dis, c'est que nous avons toujours fait des
pressions et nous continuerons d'en faire. Nous n'en parlons pas dans notre
mémoire parce que ce n'est pas directement pertinent à la
présente réforme. Incidemment, je l'ai mentionné
d'ailleurs dans mon exposé de départ, oui, cette ligne nous tient
à coeur et nous continuerons à la demander et à la
réclamer. (12 h 15)
M. Bissonnet: De quelle façon voyez-vous la
présence du nouvel organisme qui est proposé de transport
régional, l'ORT? On sait, et vous le savez très bien, qu'il y a
une présence gouvernementale au conseil de la sécurité
publique. Comment voyez-vous à l'intérieur de l'ORT, la
présence encore du gouvernement provincial par des représentants
dans ce nouvel organisme, alors que selon votre mémoire et selon le
mémoire de plusieurs personnes, on veut redonner à l'instance
locale le rôle de décision? Comment voyez-vous le fait que la
présence gouvernementale soit à l'intérieur d'une
autre
commission?
M. Bélanger (André): Je vais vous lire l'article 3
qu'on retrouve dans le programme sous le titre Transport: Remettre aux
élus municipaux la responsabilité de l'administration des
commissions de transport, comme c'est déjà le cas pour les
commissions intermunicipales, et, en contrepartie, réserver au
gouvernement du Québec une place proportionnelle à sa
participation financière.
Vous avez là le principe que nous soutenons, c'est-à-dire
que dans la mesure où une instance participe financièrement
à une opération quelconque, elle a droit à une
présence quelconque.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Je veux simplement clarifier une chose ou vous
faire une précision. Au sujet de la question de l'est et de l'ouest, les
municipalités de l'est de Montréal ont toujours
bénéficié d'un service d'autobus. Les douze
municipalités de l'ouest de I'île ne font pas partie de la CTCUM
parce qu'elles n'ont jamais eu de service d'autobus fourni par la CTCUM. Quand
elles ont fait partie de la CTCUM, elles ont payé les taxes comme toutes
les autres municipalités pendant une période de deux ans, ce qui
se chiffrera par 20 000 000 $ sans avoir aucun service d'autobus pendant au
moins presque deux ans. C'est seulement depuis un an et quelques mois que le
service a commencé dans l'ouest de I'île.
Deuxièmement, il voudrait nous privilégier d'une
façon assez évidente, quand on voit que nous sommes les deux
comtés dans l'extrême partie de l'ouest de I'île, dans la
zone 4. Je me pose la question: comment se fait-il qu'on trouve
Châteauguay, Longueuil et Laval dans une zone privilégiée?
De toute évidence, cela ne tient pas debout, du tout, c'est simplement
une division politique, cela ne représente aucunement une division juste
et équitable surtout pour des municipalités qui font partie de la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Clair: M. le Président. Je pense qu'il n'y a pas
d'autres questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Étant donné que le ministre conserve
toujours le dernier droit de parole, M. le Président, j'aimerais
seulement dire un mot sur la question qui est revenue à plusieurs
reprises, l'est versus l'ouest, pour reprendre un peu les paroles du
député de Nelligan. C'est évident que c'est dommage qu'on
fasse toujours la comparaison entre ce qui a été fait et ce qui
n'a pas été fait. La réalité, c'est que le
métro existe et qu'il y en a une partie qui va vers l'est et une partie
qui va un peu vers l'ouest. On n'est certainement pas pour enterrer ce qui a
été fait. C'est là et c'est bien fait. Bien sûr,
nous souhaitons aussi avoir les moyens le plus tôt possible, quand on
sera au gouvernement, de prolonger le métro vers l'est. Effectivement,
je pense qu'il y aura une très bonne cause à plaider pour que le
métro se prolonge vers l'est et j'endosse totalement ce voeu que vous
faites mais la réalité d'aujourd'hui, c'est que le gouvernement
est en faillite, il n'y a plus d'argent dans la caisse. Donc, quand le feu est
pris, on ne parle pas de construire la maison avant que le feu soit
éteint. Pour reprendre la phrase célèbre que disait jadis
Gérard Filion: On commence à ressembler à des
quêteux montés en train de surface, en métro de surface.
Pour l'instant, on devrait arrêter de rêver de faire des ouvrages
qu'on n'a pas les moyens de payer et tenter de consolider les finances du
Québec. Cela, c'est le premier point. Sûrement que quand les
finances seront assainies on continuera l'expansion ordonnée du
réseau de transport.
Maintenant, pour revenir à la question spécifique des
trains de banlieue dans l'ouest, je pense qu'il faut quand même dire une
chose: Les trains de banlieue, le gouvernement du Québec n'avait jamais
investi là-dedans. Contrairement au métro, c'étaient les
compagnies privées qui avaient développé le Canadien
Pacifique et le Canadien National, les réseaux de chemin de fer. Or,
quand le gouvernement a décidé de transférer la
responsabilité des trains de banlieue aux provinces, il a offert au
gouvernement du Québec une subvention de 80 000 000 $ pour moderniser
les trains de banlieue. Je pense que c'était une subvention importante
et que le gouvernement du Québec, évidemment, à l'aide de
cette subvention très importante, est justifié de moderniser les
trains de banlieue vers l'ouest, d'autant plus que la section de l'ouest dont
on parle n'a pas de métro et n'avait même pas d'autobus
jusqu'à tout récemment.
Troisièmement, étant donné que nous avons à
la barre un organisme politique, le débat s'est politisé un peu
depuis une demi-heure. Il y a peut-être lieu de le regretter, mais cela a
amené le ministre à faire quelques déclarations et
l'Opposition peut-être aussi. Je dirai seulement ceci, en conclusion,
parce que le ministre a dit tantôt que les députés
libéraux auraient peut-être de la difficulté à se
faire élire dans l'est la prochaine fois: Moi, je pense que les
électeurs de l'est de Montréal, la prochaine fois, vont juger les
partis selon ce qu'ils ont fait. Ils vont juger le Parti
québécois selon sa gestion des fonds publics, ils vont juger
le
Parti libéral selon le réalisme de ses propositions. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en ce qui concerne le
réveil du député de Laporte quant aux finances du
Québec, il m'apparaît - c'était mon seul point - un peu
tardif. Si la situation actuelle est bien connue, les difficultés
économiques sont bien connues depuis un certain nombre de mois. Comment
explique-t-il que, lorsque c'était le temps de moderniser,
d'intégrer les trains de banlieue, ses collègues - que j'ai bien
reçus, d'ailleurs, à mon bureau - sont venus me porter deux
grands sacs de pétitions réclamant l'intervention du gouvernement
du Québec pour la modernisation, l'intégration, pour absorber le
déficit d'exploitation des deux trains de banlieue et que, quand arrive
le moment d'aller vers l'est, là, tout à coup, le réveil
de Laporte se fait et il dit: On n'a plus les moyens de continuer.
M. le Président, tout ce que je dis, c'est qu'on vise...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Bourbeau: C'est du sophisme, une déformation des
paroles.
M. Clair: Êtes-vous venu ou n'êtes-vous pas venu
à mon bureau?
M. Lincoln: Je suis venu à votre bureau, mais on n'a
jamais dit qu'on était contre l'extension du métro vers
l'est.
Une voix: Ah! lui, il l'a dit!
M. Lincoln: II a dit: Contre les équipements lourds, il
n'a jamais parlé du métro dans l'est, il a parlé du
métro de surface.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Le métro de surface, M. le Président,
le métro de surface...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. S'il vous
plaît: S'il vous plaît: À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Clair: Le député de Laporte a tout à fait
raison, on va arrêter de politiser cela, on va faire des fous d'eux, M.
le Président:
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Clair: Alors, M. le Président, je dis simplement au
député de Nelligan - avec qui j'ai l'habitude d'avoir
d'excellentes relations que c'est vrai que c'est cela qu'on cherche,
l'équité. Mais l'équité, c'est à deux
volets, on ne cherche pas à en faire une barrière entre l'est et
l'ouest. On veut simplement, selon la capacité des intervenants de
payer... On l'a fait le train de banlieue, on était heureux d'avoir une
contribution du gouvernement fédéral pour l'ouest, on serait
très heureux d'en avoir une pour le métro de surface dans l'est,
on serait très heureux de l'avoir, M. le Président. S'ils
acceptaient de contribuer, on accélérerait peut-être les
travaux.
M. Bourbeau: Vous êtes bons pour dépenser l'argent
des autres.
M. Clair: Mais on veut fonctionner au rythme de notre
capacité de payer. On veut que, à terme, l'ensemble de la
Communauté urbaine de Montréal ait les moyens de transport
à moyenne ou haute capacité qui répondent à ses
besoins. C'est le seul objectif que nous poursuivons. Dans ce sens, j'ajouterai
qu'en ce qui concerne l'entente avec le gouvernement fédéral nous
étions très heureux d'obtenir, effectivement, 80 000 000 $. Je
souligne, cependant, qu'ils ne sont nullement impliqués dans les
déficits d'exploitation qui sont supportés uniquement pas la CUM
et le gouvernement de Québec et que cette entente est une entente 80%
par le fédéral et 20% par le gouvernement de Québec en
termes d'immobilisation.
Deuxièmement, je répondrai aux préoccupations du
député de Robert Baldwin, peut-être parce qu'il avait
oublié cela. En ce qui concerne les années, 1977, 1978, 1979,
1980, de janvier à octobre, le député dit: Pendant ce
temps-là, on a payé et on n'avait pas de service. Ce que
j'aimerais lui dire là-dessus, c'est que, pendant cette période,
il y a quelqu'un qui payait pour le déficit; savez-vous qui? C'est le
gouvernement du Québec. Savez-vous combien il a payé pour le
déficit de Métropolitain provincial pendant cette période?
Il a payé 8 000 000 $. Alors, je pense qu'à raison de...
M. O'Gallagher: C'est nous autres aussi, le gouvernement.
M. Lincoln: Le gouvernement du Québec, ce n'est pas vous.
C'est tout le monde.
M. Clair: Oui, mais c'est l'ensemble de la région, c'est
l'ensemble du Québec qui a concentré... Je ne veux pas dire que
vous n'y aviez pas droit, pas du tout, mais simplement rétablir les
faits, dire que cela a été fait en termes
d'équité.
M. le Président, je termine en
regrettant moi aussi un peu que le débat ait pris ce tournant,
mais je pense que cela aura permis de mettre ceci en évidence, en ce qui
concerne ceux qui poursuivent l'équité en matière
d'équipement de transport et en matière de tarification, de
subventions au déficit. Je laisse l'opinion publique juger, je ne
porterai pas de jugement, je laisse l'opinion publique montréalaise
juger de quel côté de cette table l'équité se situe.
Je remercie les gens du Parti québécois de Ville-Marie
d'être venus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: J'ai une question à poser au ministre des
Transports. Il y a eu un protocole d'entente qui a été
signé, c'est-à-dire qu'il y a eu une lettre d'intention de
l'ex-ministre des Transports et il y a eu un protocole d'entente qui a
été mis en application à la suite de la lettre d'intention
qui avait été approuvée par la Communauté urbaine
de Montréal en 1980. Dans ce protocole d'entente, tout était
laissé à l'initiative du ministre des Transports quant à
la détermination des lignes et aux programmes de travaux, à cause
de l'implication à 100% du gouvernement de contribuer aux
immobilisations du métro. Depuis que vous êtes ministre des
Transports, M. le ministre, dans le programme de la ligne no 5 actuelle, qui
est proposée jusqu'à la ville d'Anjou, il n'y a pas de changement
de politique là-dessus. Dans la ligne no 6, où en êtes-vous
rendu actuellement dans vos programmes de travail?
M. Clair: M. le Président, conformément à
l'entente qui était intervenue - en termes des mots exacts, les
ingénieurs les auraient mieux que moi - la phase préliminaire de
préparation du plan d'aménagement du métro de surface
devait être faite par le COTREM; ensuite, cette proposition
préliminaire doit être acheminée au BTM qui va prendre en
charge la rédaction finale des plans et devis pour la
réalisation. Actuellement, donc, le travail préliminaire est en
train de s'effectuer et le BTM a déjà commencé à
s'impliquer en vue d'être prêt à assumer la relève au
moment opportun.
C'est conforme à l'entente qui était intervenue à
ce moment-là, qui devait donner priorité à la ligne no
6.
M. Bissonnet: Quant à la ligne no 5...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance...
M. Bissonnet: Cela ne sera pas long, je veux juste clarifier
ça.
Le Président (M. Boucher): ... je vous ferai remarquer
que...
M. Bissonnet: Je comprends.
Le Président (M. Boucher): ... le mandat de la commission,
c'est d'entendre...
M. Bissonnet: Je suis d'accord, mais ça fait suite...
Le Président (M. Boucher): ... les mémoires des
organismes.
M. Bissonnet: ... c'est une question objective, M. le
Président, pour éclairer ce débat.
Le Président (M. Boucher): Ces questions pourraient
être posées à d'autres moments.
M. Bissonnet: Non, ce ne sera pas long, parce qu'on va être
en Chambre ce jour-là, soit le 9 novembre. Je ne me permets qu'une
petite question. Dans la ligne no 5, entre Saint-Michel et Anjou - parce que
vous nous avez dit hier que vous aviez eu des documents relativement à
votre décision de privilégier la ligne no 6 par rapport à
la ligne no 5 - où en sont rendus les travaux actuellement?
M. Clair: Entre Saint-Michel et Anjou, il n'y a aucun travail de
construction qui s'effectue présentement, c'est la partie entre...
M. Bissonnet: Non, non, au point de vue préliminaire.
M. Clair: Au point de vue préliminaire, je ne pourrais pas
vous répondre, c'est au BTM. Je pourrais avoir l'information et vous la
transmettre, mais vous dire exactement où cela en est rendu, je
l'ignore. Mais, ce qui a été fait, les études auxquelles
je me référais étaient des études comparatives sur
les avantages de donner priorité... Je ne dis pas de ne pas construire
l'une ou l'autre, mais de savoir à laquelle on doit donner
priorité, c'est certainement, vous en conviendrez, à celle qui
est optimale en termes de coût, d'achalandage, d'efficacité, de
raccordement, etc. Alors les études, que je rendrai publiques dès
que j'aurai le temps de retourner à mon bureau, portent sur cela.
M. Bissonnet: Est-ce qu'on aura cela d'ici deux à trois
semaines, M. le ministre?
M. Clair: Oui, oui, certainement.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, au
nom des membres de la commission, je remercie les représentants
de l'Association du Parti québécois de la région de
Montréal-Ville-Marie d'avoir bien voulu présenter leur
mémoire. Merci.
M. Bélanger (André): C'est nous qui vous
remercions.
Union des municipalités du
Québec
Le Président (M. Boucher): Et j'appelle
immédiatement l'Union des municipalités,
représentée par M. Jean Bélanger et M. Francis Oufour,
président.
M. Dufour (Francis): Donc, Francis Dufour, maire de
Jonquière et président de l'Union des municipalités du
Québec, et M. Jean Bélanger, conseiller en fiscalité et en
économie.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, vous comprendrez sûrement que ce seront des commentaires
concernant surtout les questions de principe plutôt que des questions de
détail que nous voulons faire dans notre réaction.
Donc, pour nous, le livre blanc sur le transport en commun constitue, en
fait, une réforme déguisée de la fiscalité
municipale élaborée sans la participation des élus
municipaux et portant atteinte à l'autonomie locale. Je vous
réfère ici aux travaux du Comité conjoint
Québec-municipalités sur la fiscalité
déposés en octobre 1979, donc, un livre ou une position
partagée par le gouvernement du Québec et les
municipalités. (12 h 30)
Lorsqu'on dit "sans la participation des élus municipaux", c'est
qu'au comité conjoint de la fiscalité, on avait mis le travail du
ministère des Transports à l'intérieur de ce comité
qui doit remettre son rapport sous peu. Je veux vous rappeler la position des
municipalités qui rappelaient, en février 1982, leur désir
que le ministère des Transports s'assoie à la même table ou
à la table du comité conjoint pour trouver des solutions aux
problèmes du transport en commun.
Donc, considérant ces faits, l'Union des municipalités
réclame que le gouvernement impose un moratoire sur la mise en place de
nouvelles structures décisionnelles en matière de transport en
commun. Nous considérons que le livre blanc s'appuie sur l'idée
que les automobilistes s'orienteront dorénavant vers le transport
collectif. Or, cet espoir se trouve désavoué tant par l'analyse
théorique que par l'expérience passée. Je vous rappelle le
rapport BART, qui a été préparé par M. J. L.
Migué, sur le prix du transport au Québec.
Au plan institutionnel, l'Union des municipalités s'oppose
surtout à la proposition du livre blanc visant la création d'un
organisme régional ou de conseils locaux de transport. En
héritant d'un pouvoir indirect de taxation et de la
responsabilité d'établir la tarification, ces nouvelles instances
régionales ne pourraient qu'effriter le contrôle exercé
jusqu'à présent par les gouvernements locaux sur les revenus
engendrés par l'utilisation du transport en commun.
De plus, le livre blanc constitue aussi une consécration du
rôle que pourraient jouer les municipalités régionales de
comté en matière de transport en commun. À ce titre, le
projet gouvernemental entre en contradiction avec la volonté municipale
d'effectuer un temps d'arrêt dans l'attribution de nouvelles
compétences au MRC. Je vous réfère en même temps
à la déclaration du ministre délégué
à l'Aménagement et au Développement régional,
François Gendron, qui affirme, dans son exposé, dans ses
propositions, qu'il n'y aurait pas de décentralisation et aussi que les
propositions qui sont déposées et qui pourraient être
déposées sont là pour fins de discussion et aussi
d'amélioration.
En plafonnant la subvention gouvernementale à un pourcentage
égal aux contributions municipales et régionales, le livre blanc
modifie les bases de la réforme de la fiscalité municipale. En
fait, le livre blanc répond plus, à notre point de vue, aux
exigences financières du gouvernement du Québec qu'à
celles des municipalités. Or, si les projections financières du
Québec devaient s'avérer inexactes, il appartiendrait aux
municipalités d'en supporter la facture.
L'Union des municipalités du Québec recommande donc au
gouvernement de s'orienter plutôt vers la bonification de la politique
actuelle d'aide au transport en commun. L'Union des municipalités
déplore le fait que le Québec effectue, morceau par morceau, une
réforme globale de tout le système de transport en demandant au
monde municipal de se prononcer à la pièce sur chacune des
propositions gouvernementales. Il s'agit là, pour l'Union des
municipalités, d'un procédé inacceptable, qui devrait
être remplacé par une discussion approfondie englobant toute la
problématique du transport.
Pour résumer, l'Union des municipalités recommande un
moratoire quant à la mise en place de nouvelles structures
décisionnelles en matière de transport en commun. Lors de la
réforme de la fiscalité municipale, le financement du transport
en commun constituait l'un des principaux volets de ladite réforme;
donc, il n'y a pas lieu de soustraire désormais la problématique
du financement du transport en commun de celle de la fiscalité
municipale en général.
À nos yeux, les municipalités se voient graduellement
confier la responsabilité du
transport des personnes. Ainsi, chronologiquement, en octobre 1981, il
s'agissait de la réforme du système de transport des
écoliers au Québec et puis, en juin 1982, il y eut la
réforme du transport en commun et, finalement, en août 1982, ce
fut l'annonce d'une réforme pour le taxi. Pour l'Union des
municipalités, ce procédé du compte-gouttes est
inacceptable; le dossier du transport doit faire l'objet d'une discussion en
profondeur et élargie.
En somme, on demande aux municipalités de se prononcer à
la pièce sur chacune des propositions gouvernementales lesquelles font
l'objet pourtant d'une seule politique générale au sein du
ministère du Transport. C'est ce que je vous soumets
respectueusement.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie beaucoup, M.
Dufour, pour votre bonne collaboration. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, c'est avec intérêt
qu'on reçoit l'Union des municipalités du Québec sur les
questions de transport parce que je pense qu'effectivement, comme le soulignait
M. Dufour, le président de l'Union des municipalités du
Québec, je pense que de plus en plus toute la question du transport des
personnes va devoir se faire en concertation avec les municipalités,
même en matière de transport scolaire où c'était
demandé, je pense, par des régions d'avoir accès, parce
que la réglementation l'interdisait aux autobus scolaires, au transport
en commun d'appoint. Nous avons ouvert cette possibilité d'utilisation
de la flotte scolaire. On n'a jamais pris d'engagement. On n'a jamais non plus,
demandé aux municipalités de soutenir financièrement
l'organisation d'un transport en commun d'appoint; mais puisque c'était
susceptible de répondre aux besoins de certaines régions qui nous
le demandaient, nous avons mis cette réforme en marche. C'était
déjà en soi un gros morceau que de mettre en marche une
réforme dans le transport scolaire.
D'ailleurs, les dernières réglementations devraient
être adoptées par le Conseil des ministres au cours du mois
d'octobre ou de novembre. C'est une question de semaines avant que les
dernières modalités soient établies. C'est
également vrai que, tant en matière de transport en commun qu'en
matière de transport par taxi collectif, de voies
réservées, de covoiturage, il y a effectivement
nécessité de se concerter avec les municipalités si on
veut qu'effectivement ce soit opérationnel. Je sais qu'il aurait
été préférable, et je ne mets nullement cette
affirmation en cause, de fonctionner avec une politique complète de
transport des personnes discutée dans, je ne sais pas, un sommet sur le
transport des personnes au
Québec; mais à la lumière de l'expérience
vécue dans chacun de ces secteurs, un bon nombre de problèmes
nous apparaissaient très urgent. La demande pour le taxi collectif, par
exemple: on l'a vu au cours des derniers jours, plusieurs municipalités,
groupes d'usagers, etc., réclament que la réglementation à
ce sujet soit adoptée rapidement. On a donc procédé en
trois grands blocs et on en ajoute un quatrième cette année. Une
réforme dans le transport scolaire qui, somme toute, je pense, a
été un succès, finalement, alors que certains craignaient
que cela ne fonctionne pas.
Nous enclenchons, cette année, une réforme dans le secteur
du transport en commun et de l'industrie du taxi qui en a grandement besoin,
parce que la réglementation a tellement vieilli. Le développement
du transport en commun s'est fait par sédimentation et le taxi, qui lui
n'a à peu près pas évolué. On va en ajouter une
quatrième dimension, cette année: j'ai pris l'engagement de
mettre sur pied un groupe de travail pour le transport en commun
intercité, interurbain, le transport privé. Il aurait
été souhaitable, j'en suis convaincu, qu'on fonctionne avec une
seule et unique politique globale de transport des personnes. C'est d'ailleurs
ce qu'est en train de faire la République française avec un cadre
très général, une loi générale sur le
transport des personnes, mais il nous est apparu que ce n'était pas
suffisamment pratique. On a préféré, plutôt, les
prendre par blocs, ce qui explique la méthode retenue.
Au niveau des questions, M. le Président, j'en aurai deux
importantes. La première, c'est l'objection à la mise sur pied
des conseils locaux de transport. Ma question est la suivante, elle est double.
Premièrement, est-ce qu'il y a eu, par l'Union des municipalités
du Québec, une consultation privilégiée des
municipalités situées en périphérie de
Montréal, notamment sur la rive sud, dans les Basses-Laurentides, dans
tout le pourtour de la région de Montréal, sur cette question?
Car il m'apparaît là-dessus que l'Union des municipalités
du Québec est un peu en porte à faux par rapport à ces
municipalités ou l'inverse, les municipalités en
porte-à-faux par rapport à l'Union des municipalités du
Québec, puisqu'on fait face à un problème réel au
niveau du réseau hors territoire de la CTCUM et de la CTRSM, savoir
Métropolitain sud et Métropolitain provincial. Des
municipalités reçoivent des quotes-parts alors qu'elles n'ont
aucun pouvoir décisionnel sur le niveau de service. Cela a
été imposé par une loi en 1978. Personnellement, j'ai eu
l'occasion de rencontrer en juin ou juillet dernier, avec le maire de
Boucherville et président du Conseil des maires de la rive sud, qui
était ici hier, l'ensemble des maires de la rive sud. Nous avons
trouvé une
solution intérimaire à la situation actuelle où des
municipalités reçoivent des quotes-parts. Déjà,
à ce moment-là, j'avais exposé devant eux - ils
étaient une quarantaine - à quoi pourrait ressembler une solution
de regroupement de municipalités pour déterminer le niveau de
service qu'elles désirent, signer des contrats de service avec des
exploitants, et cela a semblé, ma foi, assez bien accueilli. D'ailleurs,
le fait même qu'on ait au moins une demi-douzaine de mémoires qui
ont été présentés par des regroupements de
municipalités atteste, à notre avis, du fait qu'on a besoin de
regroupements, autant que possible par corridors de transport, pour
l'organisation et le bon fonctionnement du transport en commun.
Ma question a donc deux volets: Y a-t-il eu une consultation
privilégiée? Quelles sont les objections fondamentales à
ce qu'on procède de cette façon?
M. Dufour: Y a-t-il eu une consultation? On peut répondre
affirmativement, à savoir que l'Union des municipalités a tenu un
colloque sur la décentralisation où il y avait 350
représentants municipaux. On a demandé unanimement un moratoire
sur toute forme de décentralisation ou de transfert de nouveaux pouvoirs
aux municipalités. Cette consultation que nous faisons actuellement dans
la région et qui a eu lieu, effectivement, à la fin de la semaine
dernière en Abitibi-Témiscamingue, vous allez me dire que c'est
un peu loin... cette constatation que les élus municipaux ont faite en
assemblée ou en colloque de nature provinciale s'est
réitérée avec plus de force en région. Donc,
à ce moment-ci, c'est sûr que si le gouvernement - et là
est notre problème - consulte à la pièce - vous en avez
peut-être le droit et nous ne le contestons pas - cela nous met en
état d'infériorité, parce qu'à ce moment-ci, dans
la réforme proposée, vous attaquez fondamentalement - en tout
cas, à notre point de vue - la réforme fiscale qui a
été faite avec la collaboration gouvernementale où des
consensus très forts ont été dégagés.
Dans la réforme, il y a des points majeurs qui sont
touchés. Par exemple, le palier régional aura-t-il le droit de
taxer dans la municipalité? Pour nous, cela semble un problème
majeur. Les MRC qui représentent actuellement environ 5% des usagers
dans la région de Montréal vont-elles être capables de bien
exprimer leur point de vue? Donc, il y a un problème réel, et on
le constate avec vous. Ce qu'on déplore, c'est que la consultation qui
avait été si bien amorcée avec le Comité conjoint
Québec-municipalités sur la fiscalité, en 1979, ne s'est
pas continuée en 1982. On sera toujours en position de défense,
à mon sens. Je crois que l'Union des municipalités devra aussi
être en position de défense, tant qu'on arrivera avec des morceaux
du casse-tête, si ce n'est pas global. Il y a aussi des dangers que ce
qui se passe dans une région donnée et, en l'occurrence,
Montréal, une région qui regroupe beaucoup de gens, finisse par
aller aussi à l'intérieur des régions. Donc, je
réponds en quelques mots: II y a eu une consultation, mais ce n'est pas
une consultation de chaque individu par rapport à ce qu'il est. Tout
à l'heure, j'ai remarqué qu'un intervenant se rendait compte
qu'il avait peut-être oublié de se prononcer sur l'autonomie de la
municipalité, à savoir si on a le droit d'aller chercher des
revenus dans une autre municipalité pour les transférer au palier
régional. Je pense que vous l'avez pris au dépourvu. Je ne veux
pas le défendre, mais c'est pour dire que dans les municipalités,
on a besoin d'une concertation beaucoup plus grande. Je pense que le
mécanisme existe pour le faire.
M. Clair: Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous,
mais étant donné que le problème, parce que les conseils
locaux de transport... C'était sur cela, sur la dimension
financière. J'y reviendrai tantôt, mais c'était sur la
notion de conseil local de transport, à savoir d'habiliter un
regroupement de municipalités à pouvoir décider de son
niveau de services et de se donner des mécanismes juridiques pour
pouvoir mettre en place un transport dans des corridors qui circulent dans
plusieurs municipalités. Peut-être avons-nous commis une erreur,
mais l'approche que nous avons eue au cours de l'été dernier fut
d'avoir des rencontres avec toutes les municipalités qui ont voulu le
faire, par regroupement... Si je ne me trompe pas, nous avons rencontré
au-delà de 200 élus municipaux, conseillers, maires, etc. afin de
bien les informer de la proposition et de recevoir leurs commentaires. Il
s'agissait d'un problème très ponctuel, le 1er août
dernier, et j'ai reçu une excellente collaboration du président
du Conseil des maires de la rive sud... Si je n'avais pu
bénéficier de cette collaboration, le service de transport en
commun en dehors de la CTRSM, sur la rive sud, était interrompu dans une
cinquantaine de municipalités.
Je pose ma question sur la notion même de regroupement de
municipalités en conseils locaux de transport. Sans parler de la
dimension financière et de l'habileté des gens à pouvoir
prendre des décisions ensemble, avez-vous une objection de principe, ce
que je comprendrais, ou une objection pratique à ce qu'on mette sur pied
de tels conseils locaux de transport? Cela semble, par ailleurs, moyennant des
ajustements, des définitions de mécanismes, etc., recevoir
l'assentiment de nombreuses personnes dans la région.
M. Dufour: II y a une constante qui se dégage de nos
colloques et qui est à l'effet de privilégier l'autonomie locale.
D'une part, vous donnez le pouvoir à l'instance locale et,
immédiatement, celui-ci est transféré au provincial. Nous
connaissons le système actuel. Plusieurs municipalités se sont
entendues entre elles pour travailler d'une façon un peu plus
élargie, soit au plan régional ou intermunicipal. Est-ce qu'on
doit obligatoirement créer une nouvelle structure pour que les
municipalités puissent s'entendre pour faire ce travail? Il y a
peut-être des questions qu'on se pose, quant à la présence
de l'intervenant provincial à l'intérieur d'un comité
régional.
M. Clair: Au niveau de l'ORT, le gouvernement serait
présent, mais au niveau du conseil local de transport cela ne seraient
que des élus. Ce qu'on désirerait leur donner, c'est un
instrument juridique qui faciliterait l'organisation du transport dans des
corridors, parce que le système consensuel ne semble pas
déboucher sur quelque réalisation que ce soit. On comprend que
l'environnement juridique dans lequel ces municipalités évoluent
non seulement ne leur facilite pas, mais leur interdit d'être capables de
prendre en main le transport en commun, comme elles semblent le souhaiter.
M. Dufour: Si on institutionnalise un niveau régional par
rapport à la qualité, il se fera des arbitrages à
l'intérieur. Ne serait-ce pas de nature à pénaliser,
à léser ou à empêcher une forme de travail conjoint
à l'intérieur de ce comité? C'est la question qu'on se
pose actuellement, parce qu'on connaît les systèmes de transport
tels qu'ils existent. Les municipalités délèguent et il ne
reste pas grand-chose que la municipalité puisse décider lorsque
ça arrive à l'instance régionale. Pour le bien commun, on
peut passer beaucoup de choses, mais pour le bien particulier il y a
peut-être d'autres principes qui s'opposeront à ce cheminement.
Pour nous, cela semble une position de fond. Est-ce qu'on doit créer une
instance régionale obligatoire pour décider de la forme de
transport que les gens voudront bien se donner ou celle qui leur sera
imposée?
M. Clair: Vous reconnaissez, M. Dufour, - c'est dans ce sens que
nous nous proposons d'aller - que le transport en commun est de
responsabilité municipale, ce que nous reconnaissons pleinement. C'est
pourquoi nous proposons de modifier les lois constitutives des organismes de
transport de la région de Montréal pour en donner le
contrôle effectif aux élus. En dehors des territoires de Laval, de
l'île de Montréal et de la rive sud, si la proposition que nous
mettons de l'avant était retirée par le gouvernement, parce que
inacceptable pour l'Union des municipalités du Québec, quelle
serait la solution, selon vous? Faudrait-il maintenir le système des
quotes-parts actuel, ou quelle autre solution serait proposée par
l'Union des municipalités du Québec?
M. Dufour: Pour nous, on pourrait peut-être examiner dans
le contexte quelles propositions on pourrait faire. D'abord, cela pourrait
être - et je le donne en vrac, je ne l'élabore pas - des
structures souples et volontaires visant une concertation régionale.
Dans la région de Montréal, on parle de la CUM, on parle du COPEM
et on parle de Laval. En fait, le deuxième point qu'on soulève,
ce serait la révision de la carte d'abonnement mensuel (CAM),
l'utilisation du paracollectif et des techniques souples, l'accroissement de la
contribution des usagers au financement du transport en commun. C'est clair que
ce qu'on donne devrait faire l'objet de discussions conjointes. La mise sur
pied d'un comité conjoint sur la question devrait être
envisagée, si on veut aller un peu plus loin dans cette voie.
M. Clair: La source de revenu régionale. Et là je
profite de l'occasion pour m'adresser au président de l'Union des
municipalités du Québec, qui doit représenter en
même temps la ville de Montréal et aussi bien
Saint-Germain-de-Grantham, dans mon comté, que la ville de
Jonquière. Alors, je m'adresse aux deux, tant au président de
l'Union des municipalités du Québec qu'au maire de
Jonquière. L'objectif qu'on poursuit sur le plan du financement par une
source de revenu régionale - c'est indiqué noir sur blanc dans la
proposition - c'est effectivement de soulager le gouvernement du Québec
dans sa contribution au transport en commun, dans la région de
Montréal; en tout cas, de ralentir la croissance, au moins, de sa
contribution, mais également d'alléger la contribution, par le
biais de la taxe foncière, des municipalités, principalement
celles de la Communauté urbaine de Montréal.
Bien sûr, il y a des mesures de contrôle et on a confiance
que les élus, en contrôlant le transport en commun, pourraient
rationaliser les coûts, mieux intégrer les services, coordonner,
avoir un meilleur contrôle budgétaire. On a confiance en cela et
cela améliorera considérablement le système. On a fait
hier une comparaison entre Laval et la rive sud, qui démontre clairement
les avantages à confier la responsabilité du contrôle
effectif du transport en commun aux élus locaux. Malgré toutes
ces mesures, c'est évident que les coûts du transport en commun
vont continuer de croître. Si on ne modifie rien dans la situation
actuelle, le gouvernement va payer 100% des coûts d'immobilisation, va
donc voir son service de la dette croître jusqu'au
moment où ces immobilisations entreront en service et le
déficit d'exploitation résiduel s'en ira à la charge des
municipalités qui vont avoir à assumer un déficit
résiduel croissant. Donc, sans ne rien changer au système, de
toute façon, la contribution des municipalités via leur taxe
foncière et celle du gouvernement vont aller en s'accroissant
rapidement.
Afin de mieux répartir la contribution au financement du
transport en commun, on propose l'introduction d'une nouvelle source de
financement qui, à notre avis, pour les trois prochaines années -
la ville de Montréal l'a admis en commission - soulagerait de
façon significative la pression sur la taxe foncière et
soulagerait également la pression sur le gouvernement. Dans un premier
temps, j'ai de la difficulté à comprendre comment, malgré
l'argument de la réforme de la fiscalité municipale, sur un
horizon de trois ans on peut refuser de bénéficier d'une pression
sur la taxe foncière. Deuxièmement, l'autre volet de ma question,
rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Ce qui s'est
passé jusqu'à maintenant dans le budget du ministère des
Transports du Québec, c'est que l'augmentation croissante des
coûts du transport en commun s'est traduite, non pas tant par un
accroissement du budget du ministère des Transports, mais par un
transfert de programmes. On a diminué la construction routière et
autoroutière, on a resserré ce budget, et c'est le principe des
vases communiquants. Au fur et à mesure que la construction
routière a diminué, dans une même proportion les budgets
pour le transport en commun, surtout à Montréal - c'est là
que sont concentrés 85%, 90% de notre budget en transport en commun -
ont augmenté et la contribution pour les investissements en
matière de construction routière a diminué.
L'Union des municipalités du Québec, qui à ma
connaissance ne représente pas seulement Montréal, mais
l'ensemble des municipalités, est certainement consciente de ce
phénomène; c'est visible, c'est inscrit dans les crédits
du ministère des Transports depuis les quatre dernières
années. À ce moment-ci, j'ai de la difficulté à
comprendre comment, en même temps, l'Union des municipalités du
Québec peut dire non à une baisse de pression pour trois ans sur
la taxe foncière des villes de la Communauté urbaine de
Montréal et demander au gouvernement de continuer à augmenter
seul sa contribution au financement du transport en commun pénalisant,
dans le fond, immanquablement, toutes les autres municipalités du
Québec qui, elles, ne comptent pas toutes sur du transport en commun,
mais bien davantage sur de la réfection des routes locales,
régionales et même, dans certains coins, en toute taquinerie,
d'autoroutes, comme c'est le cas pour l'autoroute 70. C'est ça que j'ai
de la difficulté à concilier.
M. Dufour: Je félicite en tout cas le ministre des
Transports d'avoir une préoccupation - et je le comprends - pour
Montréal par rapport aux régions. Comme maire représentant
une région éloignée, je sens que tout ce que vous dites a
du sens. Par contre, ce que je m'explique mal, c'est qu'on soit obligé
de le faire aussi rapidement, sans qu'on ait besoin, dans le cadre de la
réforme fiscale, d'une consultation un peu plus élaborée;
car il me semble qu'on avait établi certaines règles du jeu entre
le ministère des Transports et le comité conjoint de la
fiscalité. Cela remet en cause des principes fondamentaux, parce que
là c'est vrai que c'est le ministère des Transports qui est
impliqué dans la réforme du transport. Mais, comme élu
municipal, qu'est-ce qui me dit que, tantôt, un autre ministre ne
déciderait pas lui aussi d'enlever une certaine pression sur les
finances gouvernementales et n'aurait pas l'idée et le goût
d'aller aussi encore vers les municipalités?
Il me semble que ce sont des questions de fond qu'on soulève. On
ne dit pas non à une réforme du transport. On dit oui avec
réserve, dans le sens qu'on devrait - il me semble que le temps est
encore propice à ça - réfléchir là-dessus,
mettre nos ressources en commun. Je pense que jusqu'à maintenant l'Union
des municipalités - en tout cas, depuis quelques années - a fait
la preuve qu'elle est prête à collaborer dans les réformes,
mais elle est prête pour autant que le gouvernement nous donne des
preuves hors de tout doute que c'est fonctionnel. Lorsque vous nous dites: On
va ôter de la pression, il y a des revenus qui sont exploratoires comme
tels, parfois ça ne donne pas les mêmes résultats dans la
pratique et on n'a pas nécessairement le contrôle sur les sources
de revenus.
Pour moi, ce sont des questions de fond qui sont soulevées. C'est
pour ça que l'Union des municipalités demande qu'au lieu d'y
aller rapidement on prenne trois ou quatre mois supplémentaires. Le feu
ne serait pas pris plus qu'il ne l'est là. On peut vivre avec, on est
habitué à ça. En même temps on pourrait essayer de
s'éclairer mutuellement.
L'Union des municipalités considère qu'on a
consulté en partie la région de Montréal, surtout celle
qui était la plus impliquée. On s'appuie sur des colloques
provinciaux et régionaux qui nous disent: Avant d'accepter d'autres
responsabilités, on veut se sentir plus à l'aise dans ces
décisions, parce qu'il s'agit d'engagements fondamentaux qui sont de
nature à changer des règles du jeu. À chaque fois qu'on le
fait... Les municipalités ne sont peut-être
pas un gouvernement, mais c'est certainement une institution qui demande
à travailler plutôt comme partenaire que comme la personne qu'on
veut contrôler ou réglementer seulement. Nous on voudrait
sûrement - c'est réellement la position de l'union - plutôt
faire une démarche en étant beaucoup plus
considérés comme partenaire du gouvernement qu'avoir une
proposition où on a seulement le droit, et non seulement le droit mais
l'obligation, de critiquer.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, nous sommes
à l'heure de la suspension. Est-ce que les membres de la commission
seraient d'accord pour terminer avec l'Union des municipalités avant le
déjeuner? (13 heures)
M. Clair: M. le Président, un dernier commentaire en
terminant, avant de céder la parole à mon collègue, le
député de Laporte. C'est simplement pour dire que le
président de l'Union des municipalités du Québec
souhaiterait avoir un certain temps, peut-être trois ou quatre mois, pour
approfondir la proposition de réforme. Je peux d'ores et
déjà lui dire qu'à moins de changements que je ne peux
prévoir, je ne pense pas qu'il soit faisable de traduire le projet de
réforme dans un projet de loi avant le mois de février, avant
qu'on ait en main un avant-projet de loi. Cela lui donnerait tout le temps.
Est-ce que cela peut prendre la forme d'un comité conjoint
Québec-municipalités? Sur cette question, je ne me prononcerai
aucunement. Puisque c'est certain que le ministre des Transports a beaucoup
d'échanges avec les 1400 municipalités du Québec, cela va
de soi, mais c'est le ministre des Affaires municipales qui est responsable du
dialogue entre les municipalités, l'Union des municipalités et le
gouvernement du Québec.
De notre point de vue, j'ai reçu votre mémoire beaucoup
plus comme un mémoire d'inquiétudes, de craintes, d'objections,
et non pas comme un mémoire - peut-être que vous n'en avez pas eu
le temps - de propositions, d'orientations à prendre, de solutions. Ce
n'est nullement un reproche que je vous fais. Peut-être que le temps
était court pour réagir. Ce n'est nullement un reproche.
Justement, compte tenu qu'il y aura encore du temps disponible, si l'Union des
municipalités du Québec désirait soumettre - ce sera
discuté de façon informelle ou formelle, peu m'importe -fournir
des éléments de solution sur l'ensemble de la
problématique du transport en commun dans la région de
Montréal, vous pouvez être assurés que cela me fera grand
plaisir de recevoir un nouveau mémoire là-dessus, et qu'on en
tiendra compte certainement dans mes recommandations finales au gouvernement en
vue de la préparation d'un projet de loi.
M. Dufour: Le seul problème qu'on soulève à
ce moment-ci, c'est qu'il y a un colloque provincial qui dit: moratoire et pas
de nouvelle façon de procéder jusqu'à la fin de nos
colloques sur la décentralisation, qui vont avoir lieu à la fin
d'avril lors du congrès de l'Union des municipalités 1983. Par
contre, je soumettrai la question au bureau de direction et au conseil
d'administration qui vont siéger la semaine prochaine pour avoir leur
réaction. On ne refuse pas. En tout cas, personnellement, je ne suis pas
porté à refuser cette offre de collaboration que vous nous
faites, mais on croit encore beaucoup - je pense que la preuve a
été évidente - à des comités conjoints
où non seulement on donne notre expérience, mais aussi - je pense
que c'est là le point crucial de notre intervention - où on
amène le gouvernement et ses fonctionnaires, bien sûr, à
partager les préoccupations du monde municipal, également
à échanger et à essayer, d'une façon très
objective, de remettre en cause leur position de temps en temps. La preuve a
été faite surtout dans le dossier de la fiscalité
où, même s'il y avait des gens de bonne volonté, on a pu
faire la preuve que, parfois, il y avait de la place pour échanger
même pour confronter des positions communes. Je pense que la
fiscalité est en voie de donner un meilleur portrait que lorsque cela a
commencé, et que cela va continuer de s'améliorer sûrement
dans le temps. Cela a besoin aussi d'amélioration.
M. Clair: Si jamais vous décidiez de nous fournir de
nouvelles suggestions, je les recevrai avec beaucoup de plaisir.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir
d'accueillir l'Union des municipalités du Québec, ce midi,
à cette commission parlementaire. Je voudrais faire un commentaire en ce
qui concerne une déclaration du ministre, tout à l'heure,
à savoir: Si on retirait la proposition gouvernementale, qu'est-ce que
vous offririez en échange comme solution? Je pense qu'un des points
importants de la réforme que le ministre a d'ailleurs identifié,
c'est qu'en confiant le contrôle des commissions de transport aux
élus municipaux, on pourrait -je pense que le ministre l'a admis
à plusieurs reprises - réaliser des économies importantes
dans la gestion du transport en commun. Je pense que si le gouvernement et le
ministre décidaient de retirer la proposition
gouvernementale, il ne serait pas nécessaire de pénaliser
l'ensemble de la population en retirant aussi le contrôle aux élus
municipaux; on pourrait fort bien, malgré que la proposition
gouvernementale serait retirée, décider d'aller quand même
de l'avant avec un aspect positif à cette réforme qui serait le
contrôle aux élus locaux. Je trouve que ce serait un peu
néfaste de pénaliser les citoyens en disant: Voici, on
était sur le point de vous donner une bonne mesure, mais, si vous ne
prenez pas l'ensemble du paquet, on ne vous donne rien du tout.
Je souligne dans votre rapport que vous faites la distinction,
intéressante, entre le transport urbain collectif et paracollectif et
que vous faites état des techniques souples, des techniques non
dispendieuses comme le covoiturage, les taxis collectifs, etc. Je pense que
c'est une avenue intéressante que vous soulignez et que de très
nombreux autres participants ont soulignée à cette
commission.
Je voudrais poser une seule question. Je pense que votre mémoire
constitue une excellente analyse de la situation et je voudrais revenir
à l'aspect financier. Vous faites un historique de la réforme
fiscale municipale et vous rappelez que vers les années 1979-1980 on a
réformé la fiscalité municipale. Le gouvernement a repris
des municipalités une partie de la taxe de vente et certaines autres
taxes plutôt de type progressif, taxes dont le rendement augmentait
d'année en année avec l'inflation, et, en contrepartie, a
cédé aux municipalités la presque totalité du champ
de l'impôt foncier.
Un des aspects de cette réforme était le financement du
transport en commun, où le gouvernement a aussi modifié les
règles du jeu à ce moment-là en finançant
dorénavant une partie des revenus des commissions de transport - 40% des
revenus autonomes - plutôt qu'en subventionnant les déficits de
fonctionnement comme cela se faisait précédemment.
La réforme a été obtenue après de nombreuses
négociations et elle a été mise en place de cette
façon-là. Subséquemment, précédemment
même, on a formé un comité conjoint
Québec-municipalités qui devait poursuivre le dialogue,
même après la réforme, et faire en sorte que le
gouvernement ne modifie pas la fiscalité, à l'avenir, sans
dialoguer auparavant avec les municipalités et voir comment on pourrait
le faire si jamais il y avait lieu de changer le financement.
Or, vous avez bien souligné dans votre mémoire que le
gouvernement poursuit le dialogue avec le comité
Québec-municipalités, et cela se fait encore. D'une part, on a le
gouvernement qui négocie publiquement avec les municipalités, ou
privément par voie du comité. Je dirais que c'est le volet
"relations publiques" de l'opération. D'autre part, vous avez le
ministre des Finances du Québec qui, sans aucune consultation, vient
modifier unilatéralement les règles du jeu, et avec l'aide du
ministre des Transports, qui est devenu son plus grand allié depuis
quelque temps et qui serait un ardent percepteur de taxes pour le ministre des
Finances. Certains vont même jusqu'à dire qu'il se prend toujours
pour le ministre du Revenu qu'il était avant. Le ministre des Transports
y va avec le gros bout de la cuillère et change les règles du
jeu. En fait il taxe les automobilistes, il taxe un peu partout de façon
à apporter une distorsion dans le régime qui avait
été mis de l'avant. La distorsion est énorme parce que,
effectivement, on vient de changer les règles du jeu. Le gouvernement a
dit unilatéralement: Dorénavant je plafonnerai ma contribution.
Je vais même revenir en arrière sur l'entente qui avait
été signée de subventionner 100% des coûts du
métro. Il dit: Dorénavant je subventionnerai 60% mais
rétroactivement à 1980. Tout cela sans aucune consultation, comme
vous l'avez souligné dans votre rapport.
La conclusion c'est que le gouvernement a employé, pour autant
que je suis concerné, une méthode classique. Il avait mal fait
ses calculs lors de la réforme fiscale en 1979-1980, cela lui a
coûté beaucoup plus cher que prévu. Je pense que c'est un
fait qui est admis.
En ce qui nous concerne, ce n'est pas tellement étonnant parce
que, de toute façon, le ministre des Finances, dans ses budgets des
années précédentes, s'est toujours trompé au moins
de 30%. Donc, qu'il se soit trompé dans la réforme du transport
en commun, cela ne nous étonne pas.
Nous concluons également que le gouvernement n'a plus les moyens
de payer la Cadillac qu'il nous a achetée et dont il veut maintenant
nous transférer les coûts et il veut refiler la note à
quelqu'un.
Tout à l'heure le ministre des Transports nous disait - et je
pense que c'est un aveu du ministre, je dois lui rendre hommage. En droit on
dit que l'aveu c'est la meilleure preuve - que le gouvernement voulait
alléger les coûts du gouvernement. Je pense bien que c'est
évident.
M. Clair: C'est écrit dans le livre blanc.
M. Bourbeau: C'est cela. Il veut également alléger
les coûts des contribuables, des usagers; il nous l'a dit.
Évidemment, si on allège les coûts de tout le monde, qui va
payer la différence? Que je sache, les coûts ne vont pas baisser
même si, dans la proposition gouvernementale, on prétend que
les coûts ne devraient augmenter que de 10% au cours des
années suivantes, des années qui viennent; historiquement, cela a
augmenté de 20% par année au cours des dernières
années. Le ministre des Finances a trouvé qu'on pourrait, par
miracle, réduire les augmentations à 10% par année.
Mais supposons que le ministre des Finances ou son collègue, le
ministre des Transports, se trompe de nouveau et qu'au lieu de subir des
augmentations de coût de 10%, c'était encore 20% dans les
années qui viennent, je pense bien qu'on pourrait faire cette
supposition étant donné que le passé pourrait être
garant de l'avenir, dans ce cas, qui écoperait? À mon avis, ce
seraient les municipalités qui, dans le cadre de l'ORT, se
retrouveraient avec la patate chaude. Dans cette hypothèse, est-ce que
les municipalités que vous représentez accepteraient de financer
l'excédent?
J'ai remarqué qu'à deux endroits dans votre mémoire
vous faites état de vos craintes par rapport aux projections de
coûts. Vous parlez de l'incertitude entourant les prévisions de
revenus et de dépenses à la page 8. À la page 11, vous me
permettrez de faire une citation, c'est très court: "En fait, le livre
blanc répond plus aux exigences financières du gouvernement du
Québec qu'à celles des municipalités. De plus, celles-ci
auront à supporter la facture d'une telle réforme dans
l'éventualité où les projections ne se
concrétiseront pas."
Dans ce cas-là, est-ce que les municipalités vont accepter
de payer la différence, de se faire refiler la note? J'aimerais entendre
vos commentaires à ce propos.
M. Dufour: On constate que de plus en plus les
municipalités ont tendance à tarifer les services donnés
à la population; donc, on refile la note à quelqu'un. Est-ce que
la municipalité va accepter d'augmenter ses quotes-parts sur la taxe
générale lorsque, assez souvent, ce sont des mesures sociales qui
sont mises de l'avant par la politique du ministère des Transports?
Quand on parle de politique sociale de transport, ce n'est pas la
municipalité même qui en bénéficie, c'est un groupe
en particulier, que ce soient des personnes âgées, des personnes
en difficulté, etc. De là découle toute l'importance d'un
comité conjoint où on peut se poser des questions mutuellement
pour explorer les nouvelles sources de revenus, essayer de les quantifier et
savoir quelle est la part de la municipalité par rapport à sa
contribution au transport en commun. Il y a encore beaucoup de
municipalités qui s'interrogent sur le transport en commun. Il ne s'agit
pas uniquement de parler du transport en commun comme tel, savoir si cela
répond à un besoin, si les citoyens sont prêts à
utiliser le transport en commun.
Ce qui est le plus curieux, c'est le rapport BART qui a
été fait à San Francisco. Si tout le monde prenait le
transport en commun et qu'il n'y avait plus d'autres modes de transport, je
répondrais oui, sans aucune hésitation; mais comme il y a
d'autres intervenants dans le transport, je pense que les municipalités
seraient réticentes à augmenter leur quote-part si elles n'ont
pas plus de contrôle direct sur la source de taxation que cela comporte
et, en même temps, sur le transport en commun au point de vue
décisionnel.
M. Bourbeau: Je partage entièrement votre point de
vue.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre,
auriez-vous d'autres commentaires?
M. Clair: Non. S'il n'y a pas d'autres questions, M. le
Président, permettez-moi de remercier de nouveau le président de
l'Union des municipalités du Québec et maire de Jonquière,
M. Francis Dufour, de s'être déplacé ce matin et d'avoir eu
la patience d'attendre puisqu'il devait être le premier à passer
à dix heures ce matin. Je voudrais l'assurer de l'intérêt,
de la part du ministre des Transports du Québec, de maintenir les
meilleures relations possible avec l'ensemble des municipalités du
Québec. C'est évident, que ce soit en matière d'entretien,
de construction de routes, de taxi, d'autobus, de métro, que les
principaux interlocuteurs du ministère des Transports sont toujours les
municipalités. Je dois dire, à ce point de vue, que nous avons
toujours reçu une excellente collaboration de l'ensemble des
municipalités du Québec. (13 h 15)
M. Dufour: M. le ministre, au nom de l'association que je
représente, je voudrais vous remercier et vous dire que cette
collaboration, que vous nous manifestez, nous espérons qu'elle puisse se
transformer dans des faits très précis et qu'elle puisse
répondre à la demande qu'on vous fait de mettre sur pied,
possiblement avec le ministère des Affaires municipales, un
comité conjoint où on pourrait mettre en commun nos ressources
pour le meilleur profit de nos citoyens.
M. Clair: Sur cette question, comme je le disais tantôt, M.
le Président, les relations officielles entre les municipalités
et le gouvernement relèvent du ministère des Affaires
municipales. Quant à la possibilité d'un comité conjoint,
technique ou autre, cela relève de mon collègue, le ministre des
Affaires municipales, avec qui le président de l'Union des
municipalités - j'en suis convaincu - est certainement en relations
fréquentes, peut-être même aussi fréquentes que je le
suis. Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de l'Union des
municipalités pour la présentation de leur mémoire.
J'informerais les membres de la commission qu'à 15 heures nous
entendrons le Syndicat professionnel des ingénieurs de la ville de
Montréal et de la Communauté urbaine de Montréal.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 16)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
Syndicat professionnel des ingénieurs de la
ville de Montréal et de la CUM
À la suspension de nos travaux, à 13 heures, nous en
étions au Syndicat professionnel des ingénieurs de la ville de
Montréal et de la Communauté urbaine de Montréal,
représenté par M. Jean-Paul Senay, président, M.
Louis-Marie Pilote, ingénieur, M. Gilles Lachambre,
ingénieur.
M. Senay (Jean-Paul): II me fait plaisir, M. le Président,
au nom des membres de notre syndicat, de présenter quelques
réflexions sur les grands principes de la proposition gouvernementale.
Pour ce faire, je serai aidé à mes côtés des membres
qui ont élaboré, conçu et réalisé le
mémoire: M. Louis-Marie Pilote, à ma droite, et M. Gilles
Lachambre, à ma gauche.
J'aimerais aussi souligner que le comité de travail s'est
réuni maintes fois avec les ingénieurs du Bureau de transport
métropolitain et nous avons, en comité de consultation, souvent
demandé de l'aide tout au long de la préparation de ce
mémoire.
Je vais donc lire succinctement les points - pas tout le rapport - que
je considère importants de révéler ici devant vous. Notre
syndicat réunit 330 ingénieurs affectés à
différentes spécialités et tous membres actifs de l'Ordre
des ingénieurs du Québec. Quatre-vingts d'entre nous,
spécialisés en transport, sommes employés par le Bureau de
transport métropolitain, le BTM.
Pourquoi ce mémoire? Un grand nombre de nos membres travaillent
donc directement ou indirectement à la conception et à la
réalisation des infrastructures du transport en commun, que ce soit pour
le métro de Montréal, les métros étrangers ou le
métro de surface.
Nos membres ont donc acquis dans ce domaine une expérience
considérable, reconnue tant sur le plan local qu'à travers le
pays, ainsi qu'à l'étranger. Nous pensons que dans le cadre
institutionnel actuel de la CUM, le BTM a très bien réussi
à remplir adéquatement son rôle. Nous nous sentons donc
moralement obligés de partager cette expérience avec les
dirigeants de la société, même si le gouvernement n'a pas
cru opportun de nous consulter lorsqu'il a préparé sa proposition
officielle sur l'organisation et le financement du transport en commun. (15 h
15)
Tel est le motif pour lequel nous avons rédigé ce
mémoire. Il établit notre position sur les modalités
d'opération d'un éventuel organisme régional de transport.
Estimant, même si nous ne sommes pas nécessairement de son avis,
que le gouvernement a étudié cette question en profondeur, nous
ne prenons pas parti sur la nécessité ou l'inutilité de
créer l'ORT. Nous voulons plutôt exprimer l'avis que s'il doit en
exister un, ce devrait être un organisme qui tiendrait compte sans
ambiguïté des structures de transport déjà en place
qui ont très bien fonctionné jusqu'à présent et qui
desservent actuellement plus de 96% des usagers de la zone décrite dans
la proposition gouvernementale.
Voici donc quelques commentaires sur certains aspects de cette
proposition de l'État. Priorité au transport: II convient de
rappeler tout d'abord l'importance primordiale du transport en commun dans
toute société civilisée. En 1975, une enquête Gallup
menée aux États-Unis donne au transport en commun la
priorité dans l'esprit des citoyens. Il est plus important que le
secteur de l'habitation, le chômage, le taux élevé des
taxes, le crime, etc.
Sur le plan sociologique, il est unanimement admis que la qualité
du transport en commun est un facteur essentiel à la qualité de
vie urbaine qui, à son tour, influence tout citoyen dans le choix d'un
lieu de résidence. Les statistiques prouvent que l'activité
socio-économique d'une ville dépend en grande partie de la
qualité de son réseau de transport en commun. Son degré
d'utilisation constitue en quelque sorte le barème de la
prospérité d'une ville, car il permet d'échapper à
l'étouffement causé actuellement par les moyens de transport
privé. D'ailleurs, ce sont sûrement des préoccupations de
cet ordre qui ont incité le ministre à préparer sa
proposition concernant l'organisation et le financement du transport en commun
dans la région de Montréal.
Financement des activités de l'ORT. Dépenses
d'immobilisation. Québec doit assumer à 100% le coût des
dépenses d'immobilisation. Si, comme il le stipule dans sa proposition,
le gouvernement diminue sa participation à 60% du coût des
immobilisations, les municipalités ne pourront pas assumer cette
diminution et ce nouveau fardeau mettra en péril le développement
tout entier du réseau de transport en
commun. En effet, il est à prévoir, surtout dans la
conjoncture économique actuelle, que les municipalités ne
pourront pas accorder dans leur budget une priorité à des
dépenses qui concernent l'expansion du réseau. Est-il
prouvé, par ailleurs, que ces municipalités soient vraiment
intéressées à développer le transport d'une ville
à l'autre et de prendre le risque politique de taxer leurs contribuables
pour payer, même en partie, la construction d'un réseau de
transport hors de leur territoire respectif?
Le gouvernement doit donc demeurer la seule source de financement dans
le domaine des immobilisations et ce, à même le fonds
général de la province. D'ailleurs, le gouvernement du
Québec a déjà, depuis deux ans, accepté le principe
d'assumer entièrement les investissements immobiliers pour le
prolongement du métro. Incidemment, le même
phénomène se produit à l'étranger.
Dépenses d'exploitation. Le gouvernement propose, à ce
sujet, une solution qui nous paraft compliquée et qui, pour ce motif,
pourrait entraîner, entre lui-même, l'ORT et les
municipalités, des malentendus et des discussions onéreuses, dont
le public serait la première victime.
Nous estimons qu'il vaudrait mieux, plutôt, laisser l'ORT assumer
à lui seul la totalité des frais d'exploitation de l'ensemble du
réseau, à la condition que le gouvernement transfère
à l'ORT une partie suffisante des taxes qu'il perçoit
déjà dans la région métropolitaine, que le
gouvernement accorde à l'ORT le droit d'imposer les structures
tarifaires qu'il jugera nécessaire, que le gouvernement assume
lui-même le coût total des mesures d'ordre économique ou
social qu'il impose déjà ou voudrait imposer à l'ORT,
comme la CAM, les billets à prix réduit pour les écoliers
et les personnes âgées.
Pouvoirs et structures de l'ORT: L'ORT doit devenir plus qu'un
coordonnateur des finances et des services aux usagers. Il faut qu'il
possède une autorité entière sur l'ensemble des services
du réseau.
Nous croyons, par conséquent, que l'ORT devrait être
dirigé par un conseil, lequel serait formé de
représentants élus régionaux et d'un certain nombre
d'élus municipaux représentatifs de la densité des
usagers.
Soulignons que les trois commissions de transport, soit la CTCUM, la CTL
et la CTRSM, exploitent actuellement un territoire qui dessert plus de 96% de
tous les usagers prévus dans la limite de l'ORT. Pour respecter cette
situation, regroupons sous l'autorité de l'ORT un service d'exploitation
du réseau (SER) qui, avec les commissions de transport dans leurs
structures actuelles, coordonnerait l'exploitation complète dans le
territoire concerné.
S'y joindraient d'autres services: le service BTM et un service des
finances. Nous croyons que l'ORT pourrait même effectuer les
études de la circulation automobile actuellement sous la
responsabilité du ministère des Transports et des villes
situées dans le territoire englobé par l'ORT. En effet, 63% des
déplacements exécutés dans le territoire de la CUM se font
par automobile. Si la coordination et la planification des réseaux
routiers et de transport en commun ne sont pas placées sous un
même organisme, toute double autorité entraîne un manque
d'intégration et des conflits de développement.
Quant aux limites territoriales de l'ORT données dans la
proposition gouvernementale, elles doivent être ramenées pour le
moment à une dimension qui coïnciderait à peu près
avec les limites du Montréal métropolitain.
Pourquoi conserver intacte la structure du BTM? Dans ce contexte, il
nous semble impératif de garder intacte la structure actuelle du
BTM.
En effet, plusieurs organismes offrent un très bon service aux
citoyens depuis longtemps (CTCUM, CTL, CTRSM, BTM). On devrait les conserver
dans leur entité tout en les intégrant dans une structure
opérationnelle qui respectera leurs caractères
spécifiques. Le respect de ce principe est essentiel à
l'efficacité recherchée.
Les ingénieurs que nous représentons ne pourraient oeuvrer
efficacement s'ils étaient divisés, ne serait-ce que
partiellement. Notre groupe se compose de spécialistes de plusieurs
disciplines nécessaires à la réalisation pratique d'une
infrastructure qui permettra l'exploitation d'un réseau de transport en
commun. En résumé, le BTM est chargé d'aviser la
communauté, d'effectuer toute étude relative au transport urbain,
de porter à l'attention du comité exécutif tout mode
d'opération du système de transport urbain, d'effectuer les
études sur le réseau actuel, d'effectuer les études
d'amélioration des dessertes, d'améliorer les concepts du
métro, de réaliser les projets présentés, de
surveiller les travaux, de procéder aux essais et de remettre les
installations neuves à la commission du transport.
Il est évident que, dans les faits, le BTM est devenu le
maître d'oeuvre de la construction du réseau de transport en
commun. Ce qui fait la force de cet organisme, c'est d'abord la
complémentarité des connaissances maîtrisées par
tous les individus qui le composent et l'esprit d'efficacité dans lequel
le travail s'accomplit.
Le BTM s'est acquis, au prix d'efforts soutenus pendant plusieurs
années, une renommée précieuse dans le domaine de
l'expertise. À titre d'exemples, qu'il nous soit permis de signaler sa
participation, depuis 1971, à des projets de grande envergure
reliés au métro de Montréal, au
métro de Toronto, aux projets de Via Rail, aux divers projets de
Bombardier ainsi qu'à Covitur de Mexico, à la Communauté
urbaine de Lille, à l'Agence canadienne de développement
international. Pour continuer à oeuvrer efficacement le BTM se doit
être monolithique et de garder sa structure actuelle même à
l'intérieur d'un ORT.
De plus, le BTM est mondialement connu par les exploitants et participe
à des échanges d'informations nombreuses et précieuses.
Faire disparaître le BTM dans sa forme actuelle, c'est se priver
d'importantes sources d'informations actuellement disponibles. Même
changer le nom du BTM affecterait la renommée que ce groupe s'est
acquise depuis plusieurs années sous ce nom. En conclusion, nous
recommandons de financer entièrement, à même les sources de
taxation dont le gouvernement dispose, la partie immobilisation,
d'établir les sources de revenus accompagnant les responsabilités
relatives à la partie exploitation, de modifier la composition du
conseil de l'ORT proposé par le gouvernement, de considérer l'ORT
comme un organisme autonome avec tous les pouvoirs requis pour son bon
fonctionnement en tant qu'entité propre, de donner à l'ORT une
structure opérationnelle qui lui assurera une autorité
intégrée sur tous les services d'exploitation, de planification,
de techniques et des finances en tenant compte des entités existantes,
de conserver au BTM le même râle dans l'ORT que celui qu'il joue
actuellement à la CUM et de conserver son nom, BTM, et de modifier les
limites territoriales de l'ORT proposées par le gouvernement.
Conséquemment, si le gouvernement ne modifie pas sa proposition
originale de l'ORT, le BTM, qui s'occupe principalement des immobilisations et
des infrastructures, pourra difficilement jouer son rôle puisque le
développement même sur un territoire agrandi sera
sérieusement menacé.
Nous sommes convaincus que le gouvernement vise à assurer un
développement harmonieux du secteur transport en commun dans la
région métropolitaine. Puisque nous partageons également
ce souci, nous sommes confiants que les propos soulevés dans ce
mémoire recevront de la part du gouvernement une attention très
particulière. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, monsieur. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
le Syndicat professionnel des ingénieurs de la ville de Montréal
et de la Communauté urbaine de Montréal de s'être
présenté en commission parlementaire pour faire valoir le point
de vue des employés, du BTM en particulier. Il s'agit d'un syndicat
d'ingénieurs et mon adjoint parlementaire est justement ingénieur
lui-même et mieux expérimenté que moi en matière
syndicale; il m'a sur les deux plans avec ce groupe. Il a beaucoup plus de
compétences que moi pour discuter avec les gens que nous rencontrons,
tant en matière de génie qu'en matière syndicale. Je vais
donc le laisser prendre la parole. Je n'aurai qu'une seule question très
courte. À la page 10, vous dites: Le BTM est chargé "d'effectuer
à la demande du comité exécutif toute étude
relative au transport urbain susceptible d'assurer à la population un
service de transport urbain le plus efficace possible, au meilleur
coût."
Si je prends l'interprétation que plusieurs groupes qui sont
passés avant vous feraient d'un texte comme celui-là, ils
s'attendraient que le BTM ait étudié la question du taxi
collectif, du covoiturage, des voies réservées. Est-ce que
l'interprétation qui a été donnée de ce texte,
jusqu'à maintenant, s'est limitée à la planification du
métro ou si, effectivement, des choses comme celles que je viens
d'évoquer ont fait l'objet d'études au BTM et si vous verriez la
possibilité que cela - des voies réservées, par exemple,
dont on a beaucoup entendu parler - puisse éventuellement être
étudié par les gens du BTM?
M. Senay: Je vais laisser mon confrère répondre
à cette question.
M. Pilote (Louis-Marie): Écoutez, ce que je peux vous
signaler, c'est qu'au BTM, on n'est pas allé jusqu'à
étudier les modes de transport légers, comme vous venez de le
mentionner. Mais vous pourrez retrouver des choses peut-être
intéressantes à ce sujet dans ce qu'on dit. On pense que dans un
ORT ou dans un regroupement du genre on pourrait faire ce type d'étude.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Clair: C'est un ingénieur qu'il faut pour faire cela,
autrement dit.
M. Senay: Oui. On en a 100 au Bureau de transport
métropolitain, incluant les cadres. Ils sont...
M. Clair: Je ne parlais pas tant en termes de nombre qu'en termes
de... J'ignore les spécialités.
M. Pilote: Disons que le noyau d'ingénieurs - parlons d'un
noyau d'ingénieurs - spécialistes existe au BTM et cela pourra
s'étendre jusque dans...
M. Senay: On fait l'étude pour...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Je voudrais à mon tour remercier mes... je
pense qu'on peut se permettre de les qualifier de collègues, parce qu'on
a été actifs dans des mouvements syndicaux ensemble assez
longtemps. Je voudrais faire part de ma satisfaction de voir qu'un organisme
qui est voué à des intérêts particuliers, qui sont
ceux de ses membres, à l'occasion n'hésite pas cependant à
se retrousser les manches et à participer à un débat
public comme celui qui a cours présentement sur le développement
des transports en commun dans la région de Montréal, lorsqu'il
est en mesure d'apporter une expertise et un point de vue que je qualifierai
d'original. Dans ce que vous nous soumettez, pour avoir participé aux
séances de la commission depuis le début, je pense que vous
êtes en mesure de vous rendre compte que vous allez un peu à
contre-courant de tout ce que nous avons entendu depuis le début de la
commission. Vous prônez un organisme beaucoup plus centralisé,
alors que les élus locaux, en particulier, nous ont dit qu'ils
souhaitaient au contraire une décentralisation - en tout cas en ce qui a
trait au processus décisionnel -de sorte que les élus municipaux
puissent avoir le plein contrôle sur leur organisme de transport. Or, ce
que vous nous proposez dans votre mémoire, c'est exactement le
contraire, c'est-à-dire, à toutes fins utiles, de faire une
commission régionale des transports qui engloberait l'ensemble des
services donnés au moins par les trois commissions actuelles et,
possiblement, de l'étendre un peu au-delà de ce territoire. (15 h
30)
Vous admettrez que c'est, évidemment, un point de vue original,
mais en même temps je me demande si ce n'est pas tomber un peu dans le
travers des ingénieurs ou autres types de même acabit qui
finissent par tomber un peu en amour avec les projets et les structures qu'ils
mettent de l'avant, mais qui semblent peut-être être un peu trop
déphasés par rapport aux souhaits de la population
exprimés par leurs élus locaux finalement. Je pense que ce sont
encore les élus locaux qui sont en mesure de mieux percevoir et de mieux
refléter les points de vue de leur population sur des services comme
ceux-là.
C'est un aspect de votre mémoire qui m'a beaucoup frappé
et j'aimerais cela que, tout à l'heure, vous puissiez expliquer les
raisons qui vous font finalement faire une proposition comme celle-là,
qui est quand même de mettre sur pied une nouvelle structure très
centralisée.
Il y a également un autre aspect de votre mémoire sur
lequel j'aimerais vous interroger. C'est à la page 2. Vous mentionnez
que des enquêtes Gallup ont été faites, d'où il
était ressorti à l'évidence que le transport en commun
était le sujet jugé le plus important par des populations
données. J'aimerais savoir si cette enquête-là s'est
déroulée à Montréal? Sinon, est-ce que vous avez
fait de telles enquêtes ou avez-vous eu connaissance d'enquêtes qui
auraient été faites dans l'agglomération
montréalaise et qui auraient donné des résultats
semblables? Je reviendrai par la suite, si vous me le permettez, à la
question du financement.
M. Senay: Je vous réponds tout de suite à la
deuxième. Disons que les enquêtes dont je fais mention ici sont
des enquêtes qui ont été mandatées par APTA, c'est
l'American Public Transit Association; ce sont des enquêtes concernant
surtout les 13 plus grandes villes américaines et sur ce, nous croyons
que le gouvernement présentement, par sa politique, n'erre pas du tout
en voulant favoriser les infrastructures, la création
d'infrastructures.
Je pense que lorsque le gouvernement américain a
décidé de donner aux immobilisations 4 $ pour 1 $
dépensé par les municipalités, il a favorisé,
à mon sens, un niveau social qui est très important pour la
population. C'est dire que, d'après ces rapports, en 1990, pour les 13
villes américaines, le temps moyen consacré pour aller et revenir
de son travail serait de deux heures et demie. En influençant la
construction d'infrastructures, ce temps de deux heures et demie
consacré, en moyenne, par chaque individu baisserait à une heure
et demie. C'est pour cela que l'investissement est un paramètre
important, on ne pense pas toujours ainsi; l'investissement au point de vue de
l'économie d'énergie d'hommes/heures au travail est très
important c'est-à-dire que si un individu travaille sept ou huit heures
et passe deux heures et demie à voyager, au bout d'un certain temps, on
pense que le travailleur y draine des énergies qui ne sont pas
nécessaires. Il peut le consacrer à autre chose. Donc, c'est
vraiment un secteur qui est très important; c'est un paramètre
qui est très important à long terme de consacrer à
l'investissement des infrastructures une somme d'argent importante.
Le premier volet de votre question: les nouvelles structures. Veux-tu y
répondre?
M. Rodrigue: Sur l'aspect très centralisé de la
structure que vous proposez.
M. Pilote: Oui, on essaie de se partager un peu les
tâches.
Lorsque vous dites "créer toute une nouvelle structure" si vous
regardez l'organigramme qu'on a présenté, il y a très peu
de cases nouvelles à créer. C'est un regroupement de ce qui
existe actuellement, sauf qu'on a placé un service de coordination sur
les entités qui existent actuellement. Cela est sur le plan
régional. Sur le plan local, on n'a pas touché à la
proposition
gouvernementale, il pourrait y avoir des conseils. On dit sur le plan
régional qu'on va ramener pour le moment un peu la zone, ce qui veut
dire que la zone C a baissé; la zone C diminuerait un peu et deviendrait
un peu plus zone D, mais en tout cas... Au niveau de la structure comme telle,
sur le plan régional, je ne pense pas qu'on alourdisse tellement en
parlant comme on le fait dans notre mémoire, à moins que j'aie
mal compris votre question, M. Rodrigue.
M. Rodrigue: En fait, sur le plan de l'exploitation, bien
sûr, vous conservez un certain rôle aux autorités des
commissions de transport actuelles, mais vous chapeautez cela par un organisme
responsable du fonctionnement des réseaux.
M. Pilote: Oui.
M. Rodrigue: Je me pose sincèrement la question suivante:
Est-ce qu'un organisme régional comme cela est l'organisme
approprié pour savoir quelle est la fréquence des passages, par
exemple, qu'on doit effectuer dans Saint-François, à Laval, ou
encore à Boucherville, sur la rive sud? Est-ce que l'organisme local
n'est pas celui qui, finalement, est le mieux placé pour pouvoir
évaluer cela et arriver à une solution qui soit la plus
satisfaisante pour les citoyens et en même temps la moins coûteuse
pour les contribuables?
M. Pilote: Oui, mais si l'organisme local décide de se
donner une structure, ce n'est pas régional. Vous le reconnaissez
d'ailleurs dans le livre blanc, il y a un palier local et un palier
régional.
M. Rodrigue: Cela est au point de vue de la planification,
cependant; au point de vue de l'exploitation, c'est un palier local. Vous
ajoutez un palier régional...
M. Pilote: C'est cela.
M. Rodrigue: ... en ce qui concerne l'exploitation et c'est
à cela que je faisais allusion, lorsque je parlais d'une
centralisation.
Si vous permettez maintenant, j'aimerais passer à l'aspect
financement que vous traitez dans votre mémoire. Vous demandez que le
gouvernement assume 100% des immobilisations et que les dépenses
d'exploitation, au lieu d'être assumées par les commissions de
transport locales dirigées par les autorités municipales locales,
soient assumées par ce nouvel organisme régional, que toutes les
dépenses d'exploitation soient assumées par cet organisme.
Comment peut-on concilier que le gouvernement du Québec, d'une part,
soit appelé à payer l'ensemble des dépenses
d'immobilisation, possiblement en transférant des sources de taxation,
une bonne partie des coûts d'exploitation qui seraient administrés
par l'ORT et qu'en même temps, ce soit à des organismes municipaux
que l'on confie la direction des opérations de cet organisme
régional? En somme, le gouvernement aurait quasiment tout payé,
mais n'aurait aucune voix au chapitre. C'est un peu risqué. Vous
admettrez avec moi que, lorsque c'est un autre organisme qui paie, c'est
toujours facile de vouloir développer des projets qui sont un peu
chromés.
D'autre part, quelles seraient les sources de financement qu'on pourrait
utiliser pour un tel organisme? Je sais que, dans votre mémoire, vous en
mentionnez quelques-uns, mais il me semble que ce serait lui confier beaucoup
de responsabilités et surtout, en particulier, imposer des obligations
au gouvernement qui, par ailleurs, ne serait pas représenté dans
ces instances, donc, n'aurait aucun mot à dire quant aux
dépenses. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Lachambre (Gilles): M. le Président, je crois qu'on n'a
pas oublié l'aspect représentation du gouvernement. Sachant que
le gouvernement doit investir au niveau des immobilisations, nous avons
placé dans l'organigramme la possibilité d'une
représentation régionale. Cependant, nous croyons
également, comme vous et comme les autres intervenants qui sont venus
ici, que les élus locaux ont un grand mot à dire aussi dans la
régionalisation du transport.
Cependant, on doit remarquer - je crois que vous l'avez remarqué
aussi - que ces intervenants, qui ont des intérêts plutôt
locaux, ont tendance à reléguer pour différentes raisons
le problème de la régionalisation véritable du transport.
Quand il s'agit chez eux d'installer des réseaux, de les rendre
très efficaces, de les exploiter, je pense qu'ils sont extrêmement
éloquents mais, lorsqu'il s'agit de faire passer chez eux des trains de
banlieue, certains ont même dit qu'ils voudraient presque se fermer les
yeux lorsqu'ils passent. Cela dénote leur manque d'intérêt
dans ce transport intercité. Ils ne sont pas impliqués, à
mon sens, à ce niveau. C'est pourquoi on pense que le gouvernement doit
intervenir d'une façon prépondérante là-dedans.
Au niveau de l'importance de ces investissements, on pense que la
province et les municipalités impliquées ont investi beaucoup
d'argent dans ce qui existe actuellement. Le réseau du métro, le
réseau lourd qui existe actuellement dans la région de
Montréal est capable de se nourrir d'alimentation
périphérique. Vous le savez très bien et vous avez
pensé à différentes solutions pour amener à ce
moyen de transport lourd d'autres passagers qui viendraient de la
périphérie de Montréal, et
nous en sommes.
Cependant, comme je vous l'ai dit tantôt, il faut
nécessairement qu'un organisme qui ait un intérêt plus
élevé puisse intervenir dans ce débat et ait son mot
à dire pour encourager les investissements à ce niveau de
régionalisation du transport.
Bien sûr, l'investissement ne doit pas se faire en tenant compte
des conditions économiques de n'importe quelle façon. Il doit se
faire en tenant compte de ces considérations et des capacités de
payer des citoyens, mais on ne pense pas non plus et je crois que cela serait
utopique d'y penser -que demain matin on va arrêter les investissements
complètement dans l'immobilisation. Il y a peut-être d'autres
orientations à prendre. On pense à des transports plus
légers, on pense à des trains de banlieue, on pense à
toutes sortes de choses. On a chez nous un groupe de professionnels qui a
l'expérience et qui s'est aguerri dans tous ces travaux de recherches de
civilisations pour faire les études préliminaires d'implantation
ou toutes les simulations qu'on voudra et vous fournir, à vous les
élus, les renseignements suffisants pour que vous puissiez prendre les
décisions à bon escient.
M. Rodrigue: Je voudrais vous dire en passant qu'à la
lecture de votre mémoire... Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Pilote: J'aimerais juste ajouter une chose. Vous vous
souvenez, hier, M. Jean-Guy Parent, le maire de Boucherville, qui est
président des maires de la rive sud, a dit que l'exploitation,
lorsqu'elle était directement reliée aux élus municipaux,
il était capable de la faire de façon plus rentable. Il a
donné des chiffres là-dessus. On peut laisser le soin à la
commission de les apprécier. C'est un petit peu ce qu'on dit. En
substance, on dit: L'exploitation, si elle est directement sous l'ORT qui,
elle, va avoir des représentations locales, on peut la faire de
façon plus rentable, mais on demande au gouvernement de donner aussi les
pouvoirs de taxation à ce niveau. M. Parent donnait comme exemple le
train de banlieue de Beloeil. Il a dit: À Boucherville, ils n'en veulent
pas. Les raisons de Boucherville pour ne pas vouloir le train de banlieue, ils
n'ont jamais su si le train était plein ou à moitié plein,
cela n'est pas entré du tout dans leur esprit. À ce moment, ils
ont dit: On n'en veut pas parce qu'on ne veut pas payer en dehors de notre
territoire, etc. C'est dans ce sens qu'on pense qu'un palier supérieur
doit intervenir au niveau régional pour dire: Nous autres, on va faire
faire cette immobilisation.
M. Rodrigue: Cela m'amène à vous demander une
précision. Quand vous dites que l'ORT doit assumer le coût et la
direction de l'ensemble du réseau, est-ce que vous voulez dire le
réseau régional ou si vous étendez cela aux réseaux
locaux de la CTL, de la CTRSM et de la CTCUM?
M. Pilote: Régional.
M. Senay: C'est le réseau régional.
M. Rodrigue: C'est le réseau régional. Donc, cela
n'englobe pas les réseaux locaux. Très bien.
M. Pilote: Non. M. Senay: Non.
M. Rodrigue: C'est une précision qui est fort importante.
À la lecture de votre mémoire tout à l'heure, vous avez
mentionné le rôle important qu'a joué le BTM autant pour le
développement des infrastructures de transport en commun à
Montréal que sur le plan international. Là-dessus, je voudrais
vous dire qu'au niveau du ministère nous en sommes pleinement conscients
et qu'il n'est certainement pas question de démembrer de quelque
façon que ce soit le BTM. Notre intention, c'est de faire en sorte qu'il
puisse s'intégrer à l'intérieur des organismes qui sont
mis sur pied, quels qu'ils soient, qu'il puisse s'intégrer en bloc pour
profiter justement de l'expertise qui s'est accumulée au fil des
années dans ce bureau. Il est évident que des immobilisations de
l'importance de celles que requerra le développement du transport en
commun à Montréal, cela se planifie et cela se prépare un
peu comme Hydro-Québec le fait pour ses barrages. Ce ne sont pas des
choses qu'on peut réaliser à la dernière minute. Il y a un
long travail de préparation et d'études à faire si on veut
s'assurer de trouver à la fois les solutions les meilleures en termes
d'efficacité et également les moins coûteuses. Si on a un
exemple du contraire à donner pour justifier cela, c'est bien le Stade
olympique de Montréal, qui a coûté les yeux de la
tête et qui n'avait manifestement pas subi les étapes
nécessaires de la planification et d'une conception qui auraient permis
de contrôler les coûts. Je pense bien que le rôle du BTM
n'est pas à démontrer, son utilité non plus. Le
gouvernement compte sur l'expertise que possèdent les membres que vous
représentez pour l'aider à développer un réseau qui
va être efficace et en même temps le moins coûteux possible.
(15 h 45)
En terminant, ma dernière question porte sur le prolongement que
vous aimeriez donner au rôle du BTM concernant la planification et la
coordination des réseaux
routiers et de transport en commun, pour des raisons de coordination et
de développement harmonieux, dites-vous. Pourriez-vous préciser
un peu l'étendue que vous voudriez donner à cela? Jusqu'où
vous iriez dans la planification et la coordination des réseaux
routiers? Cela peut être de la très grande planification comme
cela peut être de la petite planification au jour le jour. J'imagine
qu'il ne s'agit pas de planifier les rues de Montréal, mais plutôt
peut-être de donner une expertise ou des opinions éclairées
sur les réseaux d'autoroutes projetés par rapport aux
réseaux de transport en commun, par exemple. Est-ce cela que vous voulez
dire? J'aimerais savoir jusqu'où vous comptez vous ingérer d'une
certaine façon dans l'étude des réseaux routiers, parce
qu'il y a d'autres organismes qui en font, soit au gouvernement ou dans les
municipalités, de ces études.
M. Pilote: Écoutez, rapidement, on ne compte pas
s'ingérer. On dit qu'on pourrait aller jusque-là. Je ne sais pas
si c'est original comme exemple, mais dans le système du réseau
routier, c'est un groupe qui planifie les routes, disons, dans une ville comme
Montréal et c'est un autre groupe qui planifie le transport en commun.
Il me semble que si ce n'est pas relié sous une même
autorité, il va y avoir des conflits de développement. On dit
conflits de développement, et quand on a dit cela, on a fait la preuve
que cela a pu exister aussi à Montréal.
Quand on vous parle de planifier le réseau routier en même
temps que celui du transport en commun, c'est effectivement pour
peut-être être capable d'en privilégier un. Peut-être
aussi au détriment un peu de l'autre, mais que l'un et l'autre ne soient
pas développés en parallèle; je ne dis pas de façon
inconsidérée, parce que ce n'est pas le cas, mais peut-être
de façon un peu trop développée en ce qui concerne le
transport routier par rapport au transport en commun.
C'est embêtant de vous dire jusqu'où on peut aller dans ce
domaine. Je pense que la phrase en question, dit ce qu'elle veut dire.
M. Senay: En fait, l'ORT qu'on retrouve ici est un peu
calqué sur celui de Paris où le ministère des Transports a
mandaté l'ORT de planifier, de construire les lignes de métro,
les réseaux d'autobus, le RER, et c'est le même schème
qu'on vous présente ici. Depuis 1961, cela fonctionne très bien
dans Paris et son environnement et on pense qu'ici cela peut fonctionner
aussi.
M. Rodrigue: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
J'ai trois questions assez courtes à poser. Je voudrais d'abord
remercier mes confrères ingénieurs de l'Ordre des
ingénieurs du Québec et surtout du Syndicat professionnel des
ingénieurs de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal pour avoir pris l'initiative de présenter ce
rapport. Je trouve un peu regrettable que le ministère ne vous ait pas
consultés à ce moment-ci.
M. Clair: ... aujourd'hui, M. le Président.
M. O'Gallagher: Je pense qu'on aurait peut-être
profité de leur expertise avant cette date-ci. Vous avez
énuméré un peu le curriculum vitae de votre
collectivité. On constate que vous êtes des experts en transport,
que vous apportez votre expertise hors du Québec, au plan national comme
international, et je trouve cela extraordinaire. Il y a là un talent
extraordinaire qu'on devrait utiliser, puis je recommande fortement que le
ministère vous écoute.
Hier, on a écouté un mémoire de Transport 2000
où on a mentionné quelques chiffres, faisant des comparaisons
entre le transport en commun à Montréal, Toronto, Vancouver, etc.
En particulier, on a mentionné l'utilisation des voies
réservées où c'est possible d'augmenter la vitesse des
autobus ou des tramways pour ainsi, baisser les coûts. On a
mentionné un chiffre assez extraordinaire; je ne me rappelle pas le
chiffre, mais il y a une différence très marquée entre les
coûts d'exploitation du transport en commun à Montréal et
celui de Toronto. Dans votre expertise, avez-vous fait des études
comparatives entre ce qui se passe à Montréal et ce qui se passe
ailleurs en Amérique du Nord? Est-ce qu'on peut prendre avantage de ces
comparaisons?
M. Senay: Nécessairement, nous avons des ingénieurs
qui sont demandés à des congrès, qui sont invités
à être membres d'organismes comme APTA pour qu'ils puissent donner
leurs connaissances à ce groupe. Durant ces réunions, ils se
mettent au courant des facilités que les diverses villes mettent sur
pied pour donner un meilleur rendement aux voyageurs. Pour nous, à
Montréal, nous n'avons pas touché cette facette. On pense qu'on
pourrait le faire, on a les hommes qu'il faut, on a des avant-projets, projets,
etc. pour mettre en oeuvre une étude sur cet aspect.
M. O'Gallagher: Cela c'est bien beau, mais n'y a-t-il pas une
manière de... Nous, de l'Opposition, sommes favorables à tout ce
projet de transport régional à Montréal, c'est un projet
de fond et c'est un projet de longue date. Mais, n'y a t-il pas des moyens
dans l'immédiat d'amener des suggestions pour maximiser
l'utilisation des facilités ou des installations qu'on a en main dans le
moment? N'y a-t-il pas possibilité, en attendant d'avoir
réglé nos problèmes financiers à travers la
province, d'être capables de mettre des fonds dans ce beau projet, comme
il a été mentionné aujourd'hui, d'augmenter l'utilisation
d'abord par la population et deuxièmement de trouver des moyens de
maximiser ou de rendre plus efficace le système qu'on a dans le moment.
Je pense qu'il y a un devoir de votre part de rentabiliser le système
qu'on a.
M. Senay: M. le Président, je pense que nous ne sommes pas
habilités à donner notre avis sur les meilleurs moyens à
utiliser dans le réseau de transport à Montréal pour avoir
un meilleur rendement etc. Présentement, le gouvernement, a par ses
subventions, par la carte CAM, etc. tout de même augmenté
l'affluence des voyageurs. 11 est à même de choisir dans les
divers domaines les expériences qu'il peut mettre en train, qu'il peut
mettre en mouvement pour optimaliser son réseau. Ce n'était pas
le but de notre rapport, heureusement.
M. O'Gallagher: Je prends l'occasion de suggérer fortement
au ministre d'utiliser vos talents dans ce domaine et d'essayer de trouver des
moyens à court terme d'améliorer le service et augmenter
l'utilisation des transports publics à Montréal.
Ma deuxième question est à propos de vos commentaires aux
pages 3 et 4. Vous n'avez pas lu au complet votre mémoire.
M. Senay: C'est un résumé.
M. O'Gallagher: Votre mémoire décrit un peu en
détails les dépenses d'immobilisation. Vous suggérez que
le gouvernement subventionne à 100% les immobilisations. Vous vous basez
sur ce qui se passe ailleurs aux États-Unis où le
fédéral subventionne à 80% dans quelques villes le
transport en commun. Est-ce à Paris ou à Bruxelles?
M. Senay: À Bruxelles c'est 100%.
M. O'Gallagher: À Bruxelles, c'est à 100%. Dans
votre expérience, est-ce qu'il y a d'autres endroits dans le monde
où on fait la même chose?
M. Senay: Non, nous sommes confinés à quelques
villes européennes et américaines dans les villes
américaines c'est présentement 4 à 1. Donc, je pense que
descendant en bas de 4, on a l'expérience, qu'en 1964, avec le Federal
Act, le gouvernement central américain a voulu donner pour les
municipalités 2 à 1, c'est-à- dire 2 $ pour chaque dollar
d'immobilisation, et les villes américaines n'ont pas répondu
à cette offre. On pense que lorsque le gouvernement
fédéral s'est ravisé, il a augmenté, en 1973, cette
part jusqu'à 4 à 1 et là, on a vu poindre plusieurs villes
voulant obtenir ce programme. Nous nous disons que si le gouvernement offre
seulement 60%, il est certain que les municipalités ne répondront
pas à cette offre et donc, les immobilisations, les infrastructures
demeureront stables pour fort longtemps.
M. O'Gallagher: Une dernière question. Dans vos
conclusions, à la page 14, vous parlez de modifier les limites
territoriales de l'ORT proposées par le gouvernement. Au paragraphe
suivant, vous dites que le BTM pourra difficilement jouer son rôle
puisque le développement même sur un territoire agrandi sera
sérieusement menacé.
Pourriez-vous m'expliquer cela? Je comprends mal votre conclusion.
M. Pilote: Lorsqu'on parle de modifier les limites territoriales,
c'est un peu une question mathématique. On trouve que cela charge
beaucoup toute la composition de l'ORT. Cet agrandissement de surface, en
dehors des commissions existantes et un peu plus, charge beaucoup l'ORT pour
peut-être 4% à 5% de potentiel de passagers additionnels. C'est
une opération mathématique.
M. Senay: Cette composition, dans le temps, elle est vraie. On
acquiesce à cette proposition gouvernementale, mais peut-être
faudrait-il aller par étapes et englober d'abord le CTL et les limites
des trois commissions de transport, et ensuite, dans cinq ans ou dans quelques
années, agrandir ce domaine comme on l'a fait à Montréal
vis-à-vis de la CUM, on a agrandi et puis, après cela,
l'expérience...
M. Pilote: II y a des facteurs socio-économiques dont on
ne connaît pas encore l'influence, par exemple le zonage agricole, etc.
Est-ce que les banlieues vont continuer de se développer comme cela.
C'est pourquoi on dit, pour le moment, que l'on devrait peut-être ramener
cela, parce qu'il n'y a que 4% à 5%. Et si cela augmente dans ces
territoires, on prendra l'ORT et on l'étendra. C'est ce que notre
proposition veut dire.
M. O'Gallagher: C'est une suggestion très pratique. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Robert Baldwyn.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc: À la lecture de votre rapport, est-ce que c'est
une bonne analyse
de dire que le BTM, c'est utile, il ne faut pas le changer?
Également, il faut peut-être ne rien changer. Vous dites: L'ORT,
c'est peut-être utile, c'est peut-être inutile, cela va très
bien. Les structures actuelles répondent à 96% des usagers.
Est-ce que vous ne voulez pas nous dire que c'est un exercice inutile qu'on
fait et que cela fonctionne très bien tel quel?
M. Senay: Pas du tout. On pense que la proposition
gouvernementale a beaucoup d'intérêt pour nous puisqu'elle va
ordonner d'une façon beaucoup plus parfaite les rapports qui
fonctionnent déjà bien et les rapports entre les diverses
commissions, les rapports aussi entre le BTM et les commissions de transport.
Je pense que quand il y a une autorité intégrée, il est
certain que cela va épargner énormément de voir
paraître à tout instant des travaux qui se font à deux ou
à trois endroits. Je pense que quand c'est centralisé, le groupe
qui s'occupe de la planification, il y a un groupe, il n'y en a pas cinq et
c'est bon pour tous les sujets. Et c'est pour cela qu'on dit que la proposition
gouvernementale a son très bon côté.
M. Leduc: Mais vous reconnaissez que cela va très bien; on
répond aux besoins des usagers.
M. Senay: Cela a été très bien parce qu'on
était confiné sur le territoire de la CUM et si...
M. Leduc: 4%, cela ne vaut peut-être pas la peine.
M. Senay: Non, non. Parce que si on englobe les deux commissions,
cela va quand même de 1980 à 1996.
M. Pilote: S'il reste 4%, c'est en dehors des commissions
existantes.
M. Senay: Après, on fera un autre souffle en avant. On
engloberait dans cinq ans peut-être d'autres secteurs, mais je pense que
de centraliser dans une même source, cela va être
bénéfique pour tout le monde parce qu'on ne dédoublera pas
les services. (16 heures)
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, il me reste à
remercier les représentants du Syndicat professionnel des
ingénieurs de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal - c'est quand même assez long - pour la
contribution importante qu'ils ont apportée aux travaux de cette
commission et à les assurer qu'ils auront sûrement un rôle
important à jouer dans l'avenir pour le développement des
transports en commun dans toute la région métropolitaine de
Montréal.
M. Pilote: Merci beaucoup.
M. O'Gallagher: Je veux remercier ce groupe pour son
initiative.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les représentants d'avoir
présenté leur mémoire.
J'appelle maintenant le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal, représenté par M. Benoît Doyon,
président, M. Serge LeBlanc, M. Gaston Leclerc et M. Claude Hétu.
M. Doyon, à l'instar de ceux qui vous ont précédé,
je vous demanderais d'essayer de résumer le plus rapidement possible
votre mémoire et, par la suite, la période de questions pourra
être plus longue.
Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal
M. Doyon (Benoît): D'accord. M. le Président, M. le
ministre, MM. de la commission, cela nous fait plaisir de venir vous
présenter un mémoire qui va être assez court, parce qu'on
l'a résumé et qui, peut-être, ne soulèvera pas
beaucoup de débats. Je vous présente les gens qui sont avec moi.
À ma gauche, Claude Hétu, permanent du Syndicat canadien de la
fonction publique; à mon extrême droite, Roger Gauthier,
délégué syndical du Bureau de transport
métropolitain et à côté, ici, Serge LeBlanc qui est
membre de notre exécutif syndical.
Je vous dis d'abord que le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal, affilié au SCFP, représente 6000 fonctionnaires
oeuvrant pour la ville de Montréal et la Communauté urbaine de
Montréal. Parmi ces fonctionnaires, nous en avons 175 au Bureau de
transport métropolitain.
Comme première déclaration de principe, nous vous disons
que nous sommes d'accord avec la philosophie générale du projet
gouvernemental. Depuis le début de la commission parlementaire, nous
avons entendu la communauté urbaine venir vous dire que le Bureau de
transport métropolitain doit demeurer sous sa juridiction et elle a
suggéré la création d'un ORT léger. La ville de
Montréal, de son côté, s'oppose carrément au projet
gouvernemental. Là, on tient à vous signaler que la
communauté urbaine et la ville de Montréal, ce sont nos
employeurs. Comme syndicat, j'aurais la tentation de
vous dire, tout comme mes patrons, de conserver le statu quo, de laisser
le BTM à la CUM. Cela pourrait être tentant, parce que cela ne
viendra pas créer de problèmes de relations de travail dont on
veut vous parler ensuite. Cependant, ce n'est pas le mandat qu'on a en tant que
porte-parole des employés du BTM.
Nous sommes conscients que les principaux intervenants de la
région métropolitaine dans le domaine du transport n'ont pas
été à même de régionaliser et de mieux
coordonner leurs services en raison de préoccupations locales, en raison
de conflits politiques locaux. Nous croyons qu'il y a une
nécessité de planifier le développement du transport en
commun et voilà pourquoi, quant à nous, nous sommes d'accord avec
la philosophie générale du projet gouvernemental de créer
un organisme régional qui va prendre en charge le développement
du transport en commun et assurer un développement ordonné et
logique.
Le gouvernement, à la page 19 de son document, affirme sa
volonté de privilégier les transports en commun. Ceci est
important et, à la suite de la question d'hier du député
de Gouin, à savoir qui doit décider si on doit privilégier
le transport routier ou le transport collectif, nous croyons que ce choix ne
peut être laissé à des intérêts locaux, mais
relève du large palier régional. De fait, selon nous, c'est un
choix de société, dans une grande région, l'automobile ou
le transport en commun. On trouve curieux, d'ailleurs, que des intervenants se
préoccupent des coûts énormes des infrastructures en
transport routier et en transport collectif et, en même temps, ne veulent
pas qu'une coordination d'ensemble de notre société vienne
s'assurer que le développement futur soit rationnel et, surtout, vienne
éviter les gaspillages passés pour ne pas avoir su faire des
choix précis d'aménagement de transport urbain.
Quant à nous, comme le gouvernement, nous croyons que de
nombreuses études et expériences à travers le monde ont
démontré que dans les grands centres urbains il faut donner
priorité au transport en commun. Nous répétons que ce
choix en est un de société régionale et ne peut être
laissé aux intérêts particuliers des politiciens locaux.
Notre syndicat ne fait que souhaiter l'unification des nombreux intervenants en
transport afin que leur effort converge vers la réalisation de ce grand
objectif de la régionalisation des transports.
Au sujet du financement, on vous dit brièvement que, s'il est
vrai que le gouvernement contribue pour une part de plus en plus importante au
transport collectif dans la région de Montréal, nous tenons
à lui souligner cependant qu'il y va de l'intérêt de la
collectivité québécoise que cette importante région
continue d'être le reflet du principal moteur économique du
territoire québécois. De plus, parce qu'il est reconnu que le
gouvernement puise à même cette région une partie
importante de ses revenus, il est indéniable que l'activité de
celle-ci doit être soutenue et dynamique et qu'il puisse satisfaire les
attentes légitimes de ceux et celles qui la composent.
L'essentiel de notre mémoire traite de la page 49 de la
proposition gouvernementale où il est dit que "le personnel de l'ORT
serait constitué pour l'essentiel d'un regroupement des effectifs de
deux organismes existants, le COTREM et le BTM." D'abord, je vous
répète que, sur les 250 employés du Bureau de transport
métropolitain, notre accréditation en couvre 175. Dans ce groupe,
nous avons 25 personnes qui font des tâches de bureau ou de soutien
administratif; nous en avons 150 qui exécutent des emplois techniques
spécialisés tels que technologues, dessinateurs, assistants
techniques, surveillants de travaux, etc. Au cours des années, ces
employés du Bureau de transport métropolitain ont, par leur
expertise, leur travail, leur compétence et leurs recherches,
contribué à la formation du seul bureau au Québec
spécialisé dans le transport urbain et ayant acquis une solide
réputation internationale.
Nous sommes heureux que le ministère ait reconnu ces faits autant
dans son document qu'ici à la commission parlementaire. Si on accepte le
principe d'une structure régionale, cela soulève des
problèmes concrets de relations de travail qu'on voudrait vous
souligner. Il ne s'agit pas simplement d'affirmer, comme on le fait dans la
proposition gouvernementale, qu'un transfert ou une fusion d'employés
à l'intérieur d'une nouvelle structure soit assuré
d'être un gage de succès et que rien n'entravera le fonctionnement
du nouvel organisme. Sachez qu'un tel déplacement de salariés
d'un employeur à un autre contribue largement à créer un
climat d'insécurité qui, en étant presque constamment
présent, est néfaste au déroulement de toute entreprise.
Un tel contexte n'est sûrement pas de nature à favoriser la
continuité et la progression des réalisations en matière
de transport.
Il y a quatre formules pour réaliser l'objectif gouvernemental de
regrouper des employés du COTREM et du BTM sous un même organisme.
Je ne vous les expliquerai pas en détail. Je vais vous en donner
seulement les grandes lignes pour vous expliquer plus en détail celles
qu'on préconise. La première formule, c'est l'intégration
générale des employés. La première façon,
c'est d'intégrer tout simplement les employés. Toutes les
expériences en relations de travail ont démontré que
l'intégration massive d'employés chez un nouvel employeur ne
peut
se faire sans difficultés majeures. De fait, une telle
intégration vient remettre en cause les droits fondamentaux des
employés concernés et entraîne des conflits de travail
quasi inévitables et ce, malgré les dispositions du Code du
travail. Nous voulons rappeler ici qu'en 1975 le gouvernement provincial avait
entrepris une longue série de négociations pour intégrer
des employés du Service des affaires sociales de la ville de
Montréal. Notons qu'à cause des dispositions de notre convention
collective le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal doit
participer aux négociations avec le gouvernement provincial pour
déterminer les nouvelles conditions de travail. Cela fait partie de
notre convention. Cette clause est toujours là, d'ailleurs, et
s'appliquerait dans une discussion avec le futur ORT.
L'expérience des négociations de 1975 a
démontré les aspects insurmontables de
transférabilité des employés de la ville ou de la
communauté urbaine à un organisme gouvernemental ou
paragouvernemental. Pourtant, tout était en place pour cette
intégration et les séances de négociation,
extrêmement coûteuses, longues et pénibles, ont
illustré l'impossibilité de réaliser cette
intégration. Devant les nombreux dangers d'une intégration
générale des employés, nous demandons au gouvernement de
l'écarter. Outre qu'elle nuira et retardera gravement
l'élaboration de l'ensemble des projets prévus au livre blanc,
cette intégration fera en sorte que l'organisme sera créé
avec une forte partie d'employés qui auront subi des pertes
irréparables de motivation au travail.
La deuxième formule - je vais être un peu plus court - est
le contrat de services à prescription extinctive. C'est une autre
façon d'intégrer des employés. Ce contrat de services
professionnels serait conclu entre la communauté urbaine et l'ORT et
contiendrait une prescription prévoyant l'extinction graduelle du BTM
par une formule d'attrition. Je ne vous le lirai pas, parce qu'on a
écrit beaucoup dans notre mémoire sur cet aspect. Je vais
seulement vous dire qu'à la fin nous demandons au gouvernement,
d'écarter aussi cette formule car elle va créer un climat
d'insatisfaction au travail. Les facteurs de conditionnement des
employés seront ébranlés. Les facteurs de motivation ne
pourront d'aucune façon trouver terrain où germer. Vous savez que
la motivation exerce une influence considérable sur le rendement du
personnel et, par voie de conséquence, sur la qualité des
services de n'importe quel organisme.
La troisième formule est le prêt de services avec formule
d'attrition. C'est une autre possibilité qui a été
étudiée. En quelques mots, la formule du prêt de services
entraînerait l'abolition pure et simple du BTM. Les employés,
cependant, demeureraient sous la juridiction de la communauté urbaine,
mais seraient prêtés à l'ORT pour poursuivre leur travail
dans le même domaine. Par le procédé de l'attrition,
cependant, les postes devenus vacants parmi les employés du BTM seraient
comblés par des fonctionnaires de l'ORT, entraînant ainsi à
moyen terme l'extinction graduelle des employés du BTM
prêtés à l'ORT. Nous avons un groupe d'employés de
notre syndicat qui vit présentement une telle formule, soit les
infirmières auparavant de la division du nursing du Service des affaires
sociales, maintenant prêtées aux départements de
santé communautaire de quelques centres hospitaliers de la ville de
Montréal. L'expérience vécue par toutes les parties, pas
seulement le syndicat, est loin d'être satisfaisante et soulève
une foule de problèmes quotidiens. On les explique un peu dans le
mémoire. Même si le prêt de services garantit aux
employés dans l'ensemble le maintien de leurs conditions de travail, il
entraîne, cependant, un climat de travail sclérosé,
démotivant et fataliste qui ne pourrait qu'engendrer, encore une fois,
une atteinte à la qualité des services offerts à la
population.
La solution que nous proposons est un contrat général de
services. Face au désir exprimé dans la proposition
gouvernementale, à savoir d'étendre l'organisation du transport
en commun à Montréal sur une base régionale, nous sommes
convaincus que la réussite d'une telle opération nécessite
le maintien de l'expertise humaine du BTM qui pourrait exercer son
activité en fonction de préoccupations régionales plus
étendues. Pour ce faire, il nous apparaît essentiel, voire
même évident, pour les motifs déjà
mentionnés, que le personnel du BTM continue d'être des
salariés de la Communauté urbaine de Montréal afin de
favoriser une permanence qui permettrait de préserver la
stabilité de la ressource humaine qui demeure, à notre avis, la
seule garantie de réussite de la réforme proposée. Cela,
en outre, éliminerait les perturbations inévitables
résultant de l'intégration de groupes d'employés,
exclurait les dédoublements et les périodes de transition
interminables et, surtout, atténuerait le mécontentement
légitime des individus, source de démotivation. Tout cela sans
parler, comme nous l'avons déjà souligné, des pertes
possibles de droits en matière d'ancienneté et des
possibilités de mutation, de promotion, etc.
Pour atteindre l'objectif essentiel d'intégralité du BTM
et du maintien du statut de ses salariés à l'égard de la
communauté urbaine dans l'exercice de la réalisation des
objectifs du transport régional à Montréal, nous proposons
que soit conclu entre l'organisme régional de transport et la
communauté urbaine un contrat général de services à
l'égard du personnel du Bureau de
transport métropolitain. Le contrat général de
services que nous proposons devrait s'apparenter à celui
régissant un autre groupe de membres de notre syndicat, soit les
fonctionnaires de la division de l'aide sociale du Service des affaires
sociales de la ville de Montréal. Par un tel contrat liant la
communauté urbaine et l'ORT, la communauté urbaine consentira,
via ses fonctionnaires, à ce que le Bureau de transport
métropolitain continue d'assumer sa vocation de planification, de
développement et de construction de métro souterrain, de
métro de surface et autres travaux connexes, mais cette fois à
l'intérieur des politiques régionales déterminées
par l'ORT. En contrepartie, l'ORT rembourserait à la Communauté
urbaine de Montréal le coût de gestion du Bureau de transport
métropolitain.
La solution que nous proposons offre les avantages suivants: la
ressource humaine du BTM, qui a fait ses preuves, gardera son entité
à l'avantage de l'ORT; le contrat général de services ne
viendra d'aucune façon modifier le domaine des relations de travail et
évitera toute perturbation pouvant affecter l'efficacité du
Bureau de transport métropolitain; ce contrat évitera aussi tout
le problème d'intégration des employés à
l'égard des caisses de retraite et des déficits actuariels de ces
caisses; en outre, ce contrat évitera de mettre en péril les
droits acquis par les salariés de la communauté urbaine
assignés au BTM, évitant ainsi un mécontentement
compréhensible des individus et une démotivation; de plus, ce
contrat général de services permettra à l'ORT d'avoir
à sa disposition, dès la mise en place de la structure, un
organisme expérimenté et tout à fait opérationnel
en regard de la planification, du développement et de la construction
des infrastructures de transport régional et évitera ainsi
d'interminables périodes de rodage et de transition. Enfin, la solution
proposée, qui assure l'intégralité de la ressource humaine
du BTM, garantira la continuité nécessaire à sa
réalisation. (16 h 15)
En résumé, M. le Président, le Syndicat des
fonctionnaires municipaux de Montréal est favorable à
l'implantation de l'organisme régional de transport, mais il met le
gouvernement en garde contre toute forme d'intégration qui brimerait les
droits de nos membres oeuvrant au Bureau de transport métropolitain. Le
passé étant garant de l'avenir, nous croyons que la solution
proposée est la plus avantageuse, car elle éliminera un
très grand nombre de problèmes administratifs tout en permettant
au gouvernement de réaliser ses objectifs. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Doyon. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je serai très bref dans
mon commentaire puisque, encore ici, mon adjoint parlementaire, le
député de Vimont, se chargera des questions. Je voudrais
simplement remercier le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal de s'être penché sur la proposition de
réforme du transport en commun dans la région de Montréal
et lui dire que je suis fort heureux de constater qu'il partage la vision
gouvernementale, de façon générale, de l'avenir du
transport en commun dans la région de Montréal. La seule chose
que je regrette, c'est que mon collègue, le député de
Laporte, qui est sûrement retenu ailleurs par d'autres obligations, n'ait
quand même pas pu être présent pour vous entendre. Il aurait
vu à quel point c'était faux, ce qu'il affirmait ce matin, soit
que le ministre des Transports était le seul à défendre
l'option que nous proposons. Je sais, comme je le disais, qu'il est
sûrement retenu ailleurs par d'autres occupations et je ne lui en fais
pas de reproche, mais j'aurais aimé ça qu'il soit ici, parce que
je trouve que la façon dont vous avez verbalisé, en tout cas,
votre point de vue sur l'avenir du transport en commun dans la région de
Montréal est réellement une perspective valable. Je suis fort
heureux de voir que nos points de vue coïncident sur cette question. Je
vous remercie.
M. Rodrigue: M. le Président, je veux remercier, d'abord,
les représentants du Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal de leur présentation et, compte tenu des personnes
qu'ils représentent ici, c'est-à-dire les techniciens et
employés de bureau du BTM, j'aimerais peut-être leur donner les
mêmes assurances que celles que nous avons données aux
représentants de? ingénieurs tout à l'heure, à
savoir que pour le gouvernement le BTM est appelé à jouer un
rôle extrêmement important dans Ief développement des
transports en commun dans la région de Montréal au cours des
prochaines années.
Le problème que vous soulevez, finalement, est celui de la
façon d'intégrer les employés dans une nouvelle structure,
alors qu'actuellement ils relèvent de la Communauté urbaine de
Montréal et qu'antérieurement, ils relevaient de la ville de
Montréal. Ils sont passés à la Communauté urbaine
de Montréal et là, aujourd'hui, on s'en va encore les
déranger un peu et leur dire: Vous irez dans un autre organisme. Ils se
demandent un peu ce qui va leur arriver.
J'ai eu personnellement l'occasion, à plusieurs reprises, en
particulier dans le domaine des affaires sociales, de participer à des
transferts de ce genre. De façon générale, je pense qu'on
a réussi à trouver des solutions tout à fait
satisfaisantes pour les salariés qui étaient en place. Certains
ont
choisi de rester avec leur employeur actuel et, à ce
moment-là, d'aller occuper d'autres fonctions, tandis que d'autres, qui
faisaient partie d'un service transféré, ont tout simplement
accepté d'aller travailler dans un nouvel organisme, sous une nouvelle
juridiction.
Quoi qu'il en soit, il y a d'abord le Code du travail qui est
très clair là-dessus et qui protège les droits des
salariés concernés, c'est-à-dire leurs conditions de
travail en particulier. Mais disons que je pense qu'on peut vous assurer qu'il
sera possible d'aller au-delà de l'application des simples dispositions
du Code du travail, du moins de ne pas attendre que les choses soient faites
pour aviser tout le monde, et, s'il doit y avoir transfert, qu'il y aura des
démarches qui s'entreprendront suffisamment à l'avance pour que
vous ayez l'occasion de faire valoir les intérêts de ceux que vous
représentez afin que personne ne soit brimé dans des transferts
comme celui-là.
Vous avez examiné plusieurs formules. À un moment, vous
dites: S'il devait y avoir une partie du personnel transféré et
une autre partie qui serait du personnel embauché directement par l'ORT
ça risque de créer des difficultés. J'ai quelques
réserves là-dessus et je vous les exprime. On a l'exemple de la
Société d'énergie de la Baie-James, qui a quand même
réalisé des choses importantes au Québec au cours des
dernières années, qui est exactement dans cette
situation-là. Une partie du personnel est prêtée par
Hydro-Québec, une autre a été non pas
transférée, mais affectée par des bureaux privés
aux travaux de la Société d'énergie de la Baie-James et
finalement une autre est composée des employés de la
société d'énergie. Finalement, tout ce monde-là
finit par travailler harmonieusement.
D'ailleurs, mon attention a été attirée dans votre
mémoire sur une citation que vous faites à page 16 d'un M. Ernest
Dale qui aurait dit qu'administrer, c'est faire réaliser des choses par
des personnes, "getting things done through other people". Cela veut dire que,
finalement, au-delà des structures administratives qu'on peut mettre en
place, ce qui fait que les gens vont travailler harmonieusement, c'est
peut-être qu'ils partagent un intérêt commun dans le travail
qu'ils sont appelés à faire. Ils y croient, ils sont
motivés pour le faire et, finalement, c'est un moteur qui est
probablement beaucoup plus fort que n'importe quel autre pour faire en sorte
que les travaux effectués par ces personnes soient de qualité et
qu'ils puissent se parachever dans des délais raisonnables. Alors, dans
ce contexte, je voudrais vous donner l'assurance que, quelle que soit la
formule utilisée, nous sommes intéressés à ce que
votre syndicat participe à toutes les démarches de cette
activité de façon que personne ne soit brimé s'il devait y
avoir transfert d'un organisme à l'autre.
Le Président (M. Dussault): M. Doyon.
M. Doyon (Benoît): Oui. J'aimerais peut-être signaler
que la formule dont vous parlez, c'est la formule du prêt de services.
Pour les gens qui le vivent - parce qu'il y en a qui le vivent dans notre
syndicat -c'est très difficile, même pour les gestionnaires.
Peut-être que sur un chantier de construction, c'est moins visible, mais
à l'intérieur d'un bureau, cela peut être difficile, quand
deux personnes travaillent côte à côte et surtout qu'elles
n'ont pas le même horaire de travail, qu'elles n'ont pas les mêmes
formules de congé de maladie, qu'elles n'ont pas la même
convention collective, en somme, qu'elles n'ont pas de négociations qui
se font en même temps, qu'elles n'ont pas d'employeurs qui
décident en même temps comment ils vont appliquer leurs
augmentations.
M. Rodrigue: Quand je vous ai parié de la
Société d'énergie de la Baie James, ce n'est pas
nécessairement ceux qui sont sur les chantiers, en
réalité, ceux-là étaient embauchés par la
société; ce sont ceux qui étaient dans le bureau
d'étude à Montréal. Alors, bien sûr que les
difficultés que vous soulevez sont réelles et il y a une question
d'harmonisation et je ne vois pas cela comme une difficulté très
grave. En tout cas, j'aimerais que ceux que vous représentez soient
rassurés quant à leur avenir à l'intérieur du
BTM.
M. Doyon (Benoît): Parce que vous savez qu'il y a les
conditions de travail, mais il y a aussi le climat de travail qui est
très important pour les employés.
Le Président (M. Dussault): C'est terminé. Alors,
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais, d'abord,
souhaiter la bienvenue à mes ex-collègues. Pour les membres de la
commission, j'ai été un directeur de ce syndicat, un
représentant syndical de 1963 à 1965. C'est la deuxième
fois que le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal soumet un
mémoire à l'Assemblée nationale. Il l'a fait dans le cadre
de la loi 46, pour protéger des employés d'ex-villes, qui
n'étaient pas protégés par les droits acquis qu'ils
avaient étant donné qu'il n'y avait pas eu de protocole d'entente
signé entre les municipalités et la ville de Montréal.
Cette fois, le syndicat, dans un mémoire, nous dit qu'il est favorable
à un ORT, mais il a quand même conscience qu'il y a certaines
difficultés lorsqu'il y a des intégrations
d'employés, que ce soit à un organisme ou à un autre.
À la ville de Montréal, je pense que vous êtes rendus avec
plusieurs de vos employés qui ont fusionné d'autres groupes, mais
vous gardez le contrôle, en tant que syndicat, sur ces
salariés.
Dans votre mémoire, vous dites à la page 9 qu'il vous
apparaît "surprenant que la proposition gouvernementale n'ait pas
davantage tenu compte de l'élément humain dans
l'élaboration de la structure complexe et sophistiquée de
l'organisme de transport régional." La première question que je
voudrais vous poser: Pourriez-vous expliquer davantage comment vous est
apparue, tel que vous le mentionnez dans votre mémoire, cette "structure
complexe et sophistiquée"?
M. Doyon (Benoît): Je dois vous dire que parmi nos membres,
quand ils ont appris, à la suite de la publication du livre blanc,
qu'ils pourraient changer d'employeur tout d'un coup, il y a eu une
réaction de recul et de crainte; c'est compréhensible. On dit
dans notre mémoire qu'on n'a pas tenu compte suffisamment de
l'élément humain. Tout cela est résumé dans un
petit paragraphe. On dit: On va les mettre tous les deux sous le même
chapeau, l'ORT, mais il n'y aucun détail, aucune précision dans
le mémoire du gouvernement. Alors, on a dit: On n'a pas tenu compte de
l'élément humain, parce que le BTM n'est pas seulement
formé de briques ou de bâtisses; ce sont d'abord ses
employés qui font la force du BTM. Lorsqu'on dit qu'on va prendre le BTM
et le mettre avec l'ORT, je pense qu'on devrait tenir compte de
l'élément humain et s'assurer que cela est faisable et de quelle
manière. Ce n'était pas dans le mémoire du gouvernement.
On dit simplement: On fusionne le COTREM et le BTM, advienne que pourra. Alors,
c'est pour cela qu'on met en garde le gouvernement; la façon dont cela
sera fait, c'est extrêmement important. C'est important autant pour nous,
les droits de nos membres, que pour l'avenir de l'ORT, parce que si les gens
adhèrent à ce nouvel organisme de reculons - si vous me passez
l'expression - je crois que cela ne l'aidera pas.
M. Bissonnet: Dans l'étude de votre conseil syndical - je
présume que c'est le conseil syndical qui a étudié le
livre blanc -pour en arriver aux conclusions relatives à la formation de
l'ORT et aux conséquences que vous pouvez prévoir pour
l'intégration de vos employés, en particulier ceux de la section
du BTM, à cet organisme, si jamais il est consacré dans un projet
de loi - vous parlez de vos inquiétudes, oui - est-ce qu'il y a eu de
grandes discussions sur tout le projet du livre blanc qui a été
présenté par le ministre au mois de juin?
M. Doyon (Benoît): D'abord, je dois vous dire que le
mémoire qu'on vous soumet a été présenté non
seulement à notre conseil syndical, mais à l'ensemble des membres
du BTM qui l'ont approuvé, parce qu'un comité a été
formé de gens du BTM pour la rédaction du mémoire et il a
été ensuite approuvé par l'ensemble du BTM.
L'autre partie de votre question, c'était?
M. Bissonnet: Cela va. On avait étudié, en fait,
toute la problématique du transport régional de la grande
région de Montréal.
M. Doyon (Benoît): Nous, vous l'avez vu, on ne se prononce
pas sur la représentation des élus. Il y a des aspects du
mémoire sur lesquels on ne se prononce pas parce que l'on pense que,
comme syndicat et comme employés du BTM, on n'a pas à se
prononcer là-dessus. Chacun peut avoir ses idées personnelles,
mais, comme groupe, on n'a pas à se prononcer là-dessus. On dit
que, pour des raisons de coordination et de planification régionale, on
est d'accord avec l'ORT. Mais je vous ai dit au début que nos
employeurs, la communauté urbaine et la ville de Montréal, disent
qu'ils n'en veulent pas. On dit: S'ils n'en veulent pas et si le gouvernement
décide de ne pas avoir d'organisme régional, nous, on ne sera pas
en désaccord, c'est certain, parce que l'on ne créera pas de
problèmes de relations de travail. On va demeurer comme on est
là, c'est-à-dire des employés de la CUM. À ce
niveau-là, pour nous, il n'y a pas de problème, sauf que si on
pense non pas strictement aux relations de travail, mais au
développement du transport urbain il serait souhaitable qu'il y ait un
organisme régional. Mais vous en déciderez.
M. Bissonnet: À titre de conclusion, si un jour cet
organisme, cet ORT est formé, j'espère que cela ne prendra pas
douze ans pour en arriver à une solution, comme la dernière fois
où vous vous êtes présentés ici.
M. Doyon (Benoît): Je l'espère. M. Bissonnet:
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, justement sur les
dernières paroles de M. Doyon, je voudrais le féliciter, ainsi
que les membres de son syndicat, les employés du BTM, d'avoir
accepté de dépasser une vision à très court terme,
strictement limitée au plan des relations de travail, et d'avoir
envisagé l'ensemble de la problématique du transport en commun
pour toute la région de Montréal, pour l'avenir du transport
urbain. Je pense
que cela mérite d'être souligné.
Dans la société, si chacun se limitait toujours à
ses propres intérêts à très court terme, on
n'avancerait jamais; on passerait notre temps dans des chicanes de clocher et
de chapelle. Alors, je crois que cela mérite d'être
souligné, le fait que le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal ait dépassé cela. C'est remarquable et je pense
que c'est de nature à faire avancer la réflexion sur le transport
en commun dans l'ensemble de la région de Montréal. Je pense que
cela est un acquis. (16 h 30)
M. Doyon (Benoît): J'aimerais peut-être, si vous me
permettez une seconde, vous dire quand même qu'il y a un climat
d'incertitude qui règne actuellement chez les employés du BTM.
Vous nous dites: Soyez assurés qu'on va le faire avec le plus grand
respect des droits des employés. Je vous dis que, même si je
répète cela aux employés du BTM, ils vont peut-être
me dire: Cela en prendrait un peu plus pour qu'on soit rassurés. Voici
ce que je pourrais demander. Après la commission parlementaire, il va y
avoir normalement un projet de loi et cela va suivre son cours. Je rejoins
peut-être M. Bissonnet. Il ne faudra pas que ce climat dure trop
longtemps parce qu'il n'est pas bon pour les employés. S'il y avait
moyen de donner d'autres garanties aux employés du BTM le plus tôt
possible, cela aiderait.
M. Clair: Là-dessus, s'il n'en tenait qu'à ma
conception personnelle de l'avenir du transport en commun pour la grande
région de Montréal, je serais en mesure de donner toutes les
garanties rapidement. Mais comme c'est un travail collectif qu'on essaie de
faire en tenant compte des opinions d'une cinquantaine d'organismes qui
viennent faire valoir leur point de vue, la politique étant l'art du
possible, on va voir après la commission parlementaire jusqu'où
on peut aller, ce qui fait le plus grand consensus, ce qui est tellement
important que le gouvernement devrait forcer un peu la main aux intervenants.
Une chose est certaine, je peux vous assurer que la formule que vous proposez
du contrat général de services, c'est peut-être celle
à retenir. Je l'ignore, je suis incapable aujourd'hui de vous donner une
réponse définitive, mais une chose est certaine, c'est que notre
objectif n'est absolument pas de démanteler le BTM. Nous sommes
parfaitement conscients qu'il y a une dimension d'expertise très
importante au BTM. Si pour des raisons d'intégration, on bousille le
fonctionnement du BTM sur le plan des hommes et des femmes qui y travaillent,
on ne sera pas plus avancés. On est parfaitement conscients de cela.
Quant à mettre fin au climat d'incertitude qui peut effectivement
- je le comprends - être présent chez les employés du BTM,
ce n'est certainement pas dû à ma volonté de ralentir le
déroulement des événements. Je vous remercie.
Une voix: Merci.
M. Bissonnet: M. le Président, en conclusion sur ce que le
ministre a dit, de mon côté...
M. Rodrigue: Non, c'est le ministre qui conclut.
M. Bissonnet: Le ministre conclut, d'accord, mais je peux ajouter
que je surveille avec intérêt ce dossier et que j'ai à
coeur le sort de mes anciens collègues.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je vous remercie pour la présentation de votre
mémoire.
Ville de Châteauguay
J'appellerais maintenant la ville de Châteauguay,
représentée par M. Serge Allen, M. Philippe Bonneau, maire, M.
Fernand Gendron, ingénieur, et M. Pierre Monette. M. le maire, je
présume que c'est vous qui allez présenter le mémoire.
M. Bonneau (Philippe): C'est exact.
Le Président (M. Boucher): À l'instar des autres,
je vous demanderais aussi, pour avoir une période de questions assez
détaillée, de bien vouloir résumer, parce que votre
mémoire semble assez volumineux.
M. Bonneau: En fait, on va essayer d'être le plus bref
possible, tout en étant aussi clair que possible également.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
permettez-moi de saluer notre député de Châteauguay, M.
Dussault. Il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour faire valoir nos
opinions actuelles sur le livre blanc sur le transport en commun.
Premièrement, j'aimerais vous dire que je suis également
mandaté par le préfet de la MRC de Roussillon pour faire part de
la résolution que vous avez déjà reçue, je
présume, à savoir que la MRC de Roussillon, à une
assemblée régulière, a indiqué par
résolution que nous désirions avoir deux représentants au
sein de l'ORT, pour la bonne et simple raison qu'il y a deux pôles tout
à fait différents à l'intérieur de notre MRC, soit
l'est du comté et l'ouest. Vous serez à même de constater
la différence des intérêts lorsque deux
représentants, un de Candiac et un de Saint-Constant, vous
présenteront ce soir leur point de vue sur le livre blanc. M. le
préfet m'a également prié de vous faire remarquer qu'il y
a à
l'intérieur du territoire de notre MRC, mais n'en faisant pas
partie, le territoire de Kahnawake, que le gouvernement inclut ou exclut selon
que cela fait l'affaire. Kahnawake ne fait pas partie de la MRC de Roussillon,
mais, dans le livre blanc, elle fait partie du comité de transport
local. Je me demande de quelle façon on obtiendrait sa participation
financière, par exemple, à supposer qu'elle vienne siéger,
et je me vois très mal desservir Kahnawake si personne ne paie pour ce
territoire. C'est Châteauguay, par exemple, qui desservirait ce
territoire, parce que c'est dans le couloir. Je ne crois pas que, comme maire,
je serais justifié de taxer les contribuables de Châteauguay pour
subventionner la municipalité de Kahnawake. Je ne sais pas si je dois
dire municipalité; c'est peut-être un autre nom qu'on devrait
employer, parce que c'est une juridiction bien particulière. Ma
représentation quant à la MRC se termine là. Je ne sais
pas si vous voulez que je procède immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le maire.
M. Bonneau: Je commence à la page 4 en passant une
réflexion sur le transport en commun que nous avons dans notre
région pour les handicapés. Je dois dire que c'est grâce
à la participation du milieu, parce que le milieu est impliqué,
il a fait une étude, il a préparé le travail de
façon à instaurer un service de transport pour les
handicapés qui fonctionne d'une façon excellente. J'en suis
moi-même très surpris parce qu'on pensait que financer un autobus,
cela prendrait trois ans. À l'intérieur de la première
année, le premier autobus a été payé et on a
déjà un deuxième autobus en service qui dessert
Châteauguay et Mercier, Léry n'ayant pas voulu participer.
Une étude faite à la fin de 1980 par la chambre de
commerce locale montre que 80% de la population active de la région
travaillent dans ITle de Montréal et qu'une grande majorité
utilise les services de ITle de Montréal pour l'achat de ses biens de
consommation.
Le transport en commun est plus qu'important pour la ville de
Châteauguay, car, en plus de sa dépendance de la métropole,
l'évolution de la crise économique actuelle conjuguée
à la crise énergétique oblige les citoyens à
rechercher des moyens économiques et efficaces pour se déplacer.
Si ceux-ci ne trouvent pas ce qu'ils désirent, on pourrait assister
à un exode de la population vers les grands centres urbains et, par
conséquent, à une détérioration
irrémédiable de la vie de notre municipalité.
Analyse de la proposition gouvernementale. La ville de Châteauguay
marque une certaine réserve sur certains points concernant la
représentation à l'intérieur de l'organisme
régional de transport, la délimitation territoriale du conseil
local de transport, le financement des déficits en territoire D, la
mesure de plafonnement des subventions, la tarification de la carte mensuelle
et l'échéancier de la mise en oeuvre.
Actuellement, la ville de Châteauguay est desservie par la CTCUM
par suite de l'acquisition, en 1980, de la compagnie Métropolitain
provincial (1967) Inc. La CTCUM assure, à ce jour, à peu
près le même service à caractère régional
qu'en 1980 sur différents corridors, qui, en plus de desservir
Châteauguay, permet le transport vers Montréal des citoyens
d'autres municipalités. Le niveau de services offert semble satisfaisant
pour les usagers, alors que les quelques problèmes qui existent
relèvent de l'affectation des chauffeurs et du déplacement des
garages locaux vers un garage unique. Encore une fois, dans notre
mémoire, nous faisons la nomenclature des municipalités faisant
partie de la MRC de Roussillon et vous aurez de la facilité à
constater les divergences d'intérêts.
Le corridor Châteauguay-Beauharnois-Valleyfield. Depuis toujours,
il existe un lien très étroit entre Valleyfield et
Châteauguay, que ce soit, aujourd'hui, à cause de liens
historiques (famille), de liens religieux (évêché), de
liens juridiques (palais de justice), de liens éducationnels
(cégep) - soit dit en passant, nous avons à Châteauguay 225
étudiants qui se rendent quotidiennement au cégep de Valleyfield
- de liens gouvernementaux (régie des loyers); cette affirmation a
été confirmée par la mise en place de circuits d'autobus
qui permettaient, en plus, aux gens du territoire desservi d'accéder
à la métropole.
Il est évident que la mise en place de structures enjambant le
fleuve Saint-Laurent a favorisé le développement de la rive sud,
et le pont Mercier est une raison du développement si rapide de la ville
de Châteauguay et de ses environs. L'urbanisation et l'augmentation de la
population ont engendré des problèmes de circulation qui sont une
préoccupation constante des usagers de ce pont, comme en font foi les
commentaires recueillis au cours de la soirée d'information sur la
proposition gouvernementale tenue à Châteauguay le 8 septembre
dernier.
La mise en valeur de la voie réservée pour le transport
est une nécessité et le problème de la police sur cette
route devrait être réglé dans le plus bref délai. Il
y a en place une troisième voie prioritaire pour le transport en commun.
Si nous trouvions une solution au problème complexe, j'en conviens, mais
combien nécessaire de la présence policière sur ce chemin,
ce serait une incitation pour la population de Châteauguay à se
servir du transport en commun puisqu'il
y aurait un accès préférentiel pour les autobus sur
le pont Mercier. Également, pour le retour en direction sud, le COTREM a
présenté, il y a près de deux ans, une solution qui,
à l'époque, était évaluée à 42 000 $
d'investissement et qui permettrait d'éviter une dizaine de minutes
d'attente pour le pont Mercier, parce qu'il y aurait un accès
préférentiel, à ce moment, soit la rue Harley pour ceux
qui connaissent l'endroit.
L'acquisition par la CTCUM du transporteur privé en 1980 et
l'exploitation depuis ce temps du réseau par la commission de transport
ont engendré des coûts à combler par les
municipalités, dont la nature exacte n'a jamais été partie
à la connaissance des municipalités concernées. Celles-ci
ne savent pas à quoi s'en tenir à ce sujet; tout ce que nous
savons, ce ne sont que des rumeurs.
À la page 12, au niveau régional, représentation au
sein de l'ORT, Châteauguay se joint à la MRC de Roussillon pour
demander deux représentants de la MRC de Roussillon au sein de
l'ORT.
Le choix du transporteur. Étant donné que la proposition
gouvernementale nous offre la possibilité de choisir notre transporteur
parce que nous sommes situés à l'extérieur du territoire
juridique des commissions de transport, nous croyons que le gouvernement du
Québec devrait réglementer en ce qui concerne la nature des
permis existants des différents transporteurs publics et privés
pour éviter que les municipalités ne soient aux prises avec des
problèmes de juridiction et de monopole.
De plus, nous suggérons qu'un amendement soit apporté
à la Loi sur les cités et villes afin de favoriser l'octroi de
contrat au meilleur soumissionnaire, répondant à diverses
exigences, plutôt que de se baser seulement sur le critère du plus
faible coût, ou le pouvoir de négocier une entente directement
avec un transporteur public, tel que la CTCUM.
Nous suggérons aussi que le ministère des Transports
assiste techniquement et financièrement les municipalités en vue
de préparer analyse et étude afin de choisir la meilleure
alternative et, par la suite, s'il y a lieu, préparer le cahier des
charges.
La ville de Châteauguay demande, comme préliminaire
à des discussions ultérieures, qu'on étudie comme point de
chute sur l'île de Montréal la station de métro
Lionel-Groulx pour les autobus en provenance de son territoire, ceci à
cause de sa situation géographique dans le réseau souterrain et
des facilités d'accès à partir du pont Mercier. Je veux
apporter une petite correction ici. Par contre, aux heures de pointe, il serait
absolument nécessaire de maintenir des autobus, des express
possiblement, à partir du centre-ville. Il y a des voyages complets qui
partent de Place
Desjardins ou de Place Ville-Marie et il serait nécessaire de
maintenir ce service.
Pont Mercier. Depuis plusieurs années, le cas de la voie
préférentielle d'accès au pont Mercier sur les deux rives
du fleuve fait l'objet de diverses déclarations. L'absence d'une
définition de juridiction policière et l'absence de rampes
d'accès adéquates semblent être les obstacles à
l'aménagement d'une telle voie, sur une rive comme sur l'autre.
La ville de Châteauguay prie fortement les autorités de
trouver des solutions à ces problèmes et ceci, dans les plus
brefs délais possible, surtout dans l'optique de favoriser de plus en
plus le transport en commun dans ce secteur de la rive sud.
Les déficits actuels. La ville de Châteauguay, en accord
avec un regroupement des municipalités desservies, demande au
gouvernement du Québec d'absorber les déficits exigibles aux
municipalités à la suite de l'acquisition de l'ancien
transporteur et des déficits d'exploitation de la CTCUM ou, au plus, de
négocier une note acceptable à toutes les parties. (16 h 45)
Subventions, page 16: La ville de Châteauguay souhaite que le
ministère des Transports maintienne sa politique actuelle en ce qui
concerne les subventions au déficit du transport local, contrairement
à la politique suggérée de plafonnement; ceci afin de
tenir compte de la condition particulière des municipalités du
secteur Châteauguay, principalement à cause de sa situation
géographique et des situations économiques difficiles depuis
quelques années.
Point de rabattement. Selon le modèle de transport que se donnera
le CLT Châteauguay, il est possible d'envisager la mise en place d'un
point de rabattement des autobus à Châteauguay. Ce point de
rabattement peut s'avérer intéressant aussi pour les
municipalités du territoire D qui peuvent considérer ce point
comme le début de leurs services locaux, pour autant que des
mécanismes soient prévus afin de faire une distribution
équitable des frais. Nous croyons, en effet, que cette proposition doit
être sérieusement étudiée et nous demandons de faire
entreprendre les études nécessaires afin de déterminer la
rentabilité d'un tel projet et d'en définir les
caractéristiques.
Corridor Châteauguay-Beauharnois -
Valleyfield. Nous avons signalé précédemment
l'importance de ce corridor autant pour la population de Châteauguay que
pour les municipalités riveraines de ce corridor. Nous croyons qu'une
des solutions à envisager face à ce problème particulier
est de permettre aux gens de ce corridor situé en territoire D une
intégration tarifaire. Cette intégration tarifaire doit
comprendre tout ce qui s'y rattache, tel que la participation
gouvernementale sous forme de subventions.
MRC de Roussillon. Nous avons déjà proposé au sein
de la MRC de Roussillon la formation de deux CLT, mais nous sommes conscients
de l'importance de relier ces deux territoires, ne serait-ce qu'à cause
de l'établissement prochain d'un centre hospitalier sur le territoire de
la ville de Châteauguay. Il nous est difficile à ce stade de
définir un mode de liaison étant donné l'absence
d'information concernant la venue plus ou moins éloignée de
l'autoroute 30 ou de la voie de contournement de Kahnawake et aussi de
l'ignorance du mode et du type de transport en commun que se donneront ces deux
conseils locaux de transport. Nous n'avons point besoin de rappeler que la
construction de l'autoroute 30 est primordiale pour favoriser le transport en
commun sur le territoire de la MRC de Roussillon puisqu'elle favorisera un lien
rapide entre les deux secteurs.
Mise en oeuvre. Nous souhaitons qu'un calendrier précis et
complet de la mise en oeuvre soit établi et connu du public, tout en
tenant compte de délais suffisants pour permettre conjointement au
ministère des Transports et aux municipalités de compléter
leurs analyses et études. Ce calendrier devrait laisser suffisamment de
temps pour permettre la mise en place des structures.
On se posait une question, à savoir ce qu'était le
transport régional et ce qu'était le transport local. Nous avons
eu une définition, et je tiens à le mentionner ici, du
CÛTREM, disant que le transport tel qu'on le connaît actuellement,
le service que l'on connaît actuellement à Châteauguay est
considéré comme du transport régional. Je voulais qu'on
soit tous sur la même longueur d'onde: quand on parle de transport
régional, c'est le service que l'on connaît actuellement.
Conclusion. Nous ne chercherons pas à faire un
résumé de notre mémoire, mais nous voulons souligner qu'un
bon système de transport en commun intégré est prioritaire
pour la ville de Châteauguay, autant à l'intérieur de son
territoire que vers I'île de Montréal et Valleyfield. Le
gouvernement du Québec devra aider techniquement et
financièrement les municipalités dans la recherche et l'analyse
des différentes solutions et alternatives qui s'offrent à la
ville de Châteauguay. Par exemple, en ce qui concerne le choix du
transporteur, le point de chute à Montréal et surtout le point de
rabattement unique à Châteauguay. Ces demandes sont faites dans le
désir de rechercher la meilleure solution aux problèmes de
transport en commun dans la région de Montréal et de donner
à nos citoyens une alternative valable pour leurs déplacements
sans pour cela venir leur imposer un nouveau fardeau fiscal.
En terminant, nous aimerions signaler que tous nos commentaires au cours
de la présentation de ce mémoire sont faits dans le sens que la
proposition gouvernementale constitue à ce jour une solution à ce
problème et que nous nous réservons le droit d'analyser et de
commenter la proposition finale. Je vous remercie, M. le Président et M.
le ministre, pour nous avoir permis de faire valoir notre point de vue et nous
espérons que le ministère apportera autant d'attention à
notre mémoire que nous en avons apporté au livre blanc.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci M. Bonneau. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais remercier M. le
maire de Châteauguay et les gens qui l'accompagnent de nous avoir fait
connaître leur point de vue sur la proposition de réforme du
transport en commun dans la région de Montréal. Je retiens deux
grandes choses du mémoire qui nous est présenté par la
ville de Châteauguay. En ce qui a trait aux grandes orientations, la
ville de Châteauguay est d'accord avec la proposition gouvernementale
moyennant un certain nombre de conditions sur lesquelles je reviendrai. D'une
part, donc, un appui général avec réserve sur certains
points, comme c'est tout à fait normal de le faire, et, d'autre part -
c'est tout à l'honneur des gens qui sont devant nous -toute une
série de recommandations ou de points assez techniques qui sont
soulevés et qui démontrent à quel point la ville de
Châteauguay a suivi ce dossier. Mon collègue, le
député de Châteauguay, est également d'accord j'en
suis sûr, puisque plusieurs des questions qui sont soulevées sont
très pratiques quant à l'organisation et au fonctionnement du
transport en commun.
Je n'entends donc pas, aujourd'hui, répondre point par point
à chacun de ces problèmes ponctuels. On me signale, par exemple,
qu'en ce qui concerne l'accès au pont Mercier le COTREM vient tout juste
de terminer l'étude des accès privilégiés au pont
Mercier. Ce serait possible, semble-t-il, sans trop de coûts, pour une
approximation de 300 000 $. On conclut, aussi, qu'il n'est pas souhaitable de
faire les travaux d'un seul côté du pont. On connaît le
problème que cela présente avec Kahnawake. On va donc essayer de
continuer là-dessus. Je le donne simplement comme exemple pour montrer
à quel point, M. le Président, ces gens-là connaissent
bien leur dossier sur le plan technique. Le député de Laporte dit
que les appuis sont rares, on vient d'en avoir trois, l'un après
l'autre.
M. Bourbeau: J'ai dit que les gens du COTREM sont bons dans les
études, M. le ministre, mais de là à passer aux actes,
c'est autre chose.
M. Clair: C'est parce que les actes doivent passer par d'autres
intervenants. La discussion est toute là. Il s'agit de savoir comment,
comme les employés du BTM le traduisaient fort bien tantôt, on
peut premièrement, avoir une perspective régionale;
deuxièmement, avoir un environnement juridique qui s'assure qu'on est
capable de traduire dans les faits ce qui serait souhaitable et ce qui est
souhaité, d'ailleurs, par à peu près tout le monde.
M. le Président, j'aimerais revenir surtout sur une dimension. En
dehors de ITle de Montréal, ce qui m'apparaft le plus fondamental, c'est
la notion de conseils locaux de transport. Est-ce que je comprends bien qu'en
ce qui concerne la MRC de Roussillon, à cause de la configuration des
lieux, il y aurait lieu d'avoir deux conseils locaux de transport? Je veux
être bien sûr de comprendre votre mémoire là-dessus,
puisque vous faites référence à l'existence de deux
conseils locaux de transport, mais nulle part, il n'est exprimé
clairement que vous appuyez la formule, quitte à ce qu'elle soit plus
précisée à l'occasion d'un avant-projet de loi, par
exemple, ou de toute autre consultation ultérieure.
Ce matin, j'ai eu l'occasion d'entendre le président de l'Union
des municipalités du Québec qui, à bon droit d'ailleurs,
parce que c'est exact, a dit qu'on n'avait pas préparé notre
projet de réforme avec l'Union des municipalités du
Québec, mais davantage à partir de la connaissance qu'on avait de
la réalité régionale, et des rencontres que nous avons
eues depuis plusieurs années, par le biais du ministère ou du
COTREM, avec les élus. Fondamentalement, est-ce qu'il vous
apparaît que c'est une formule qui serait viable, celle d'une
regroupement des municipalités? M. Des Marais, le président de la
communauté urbaine, disait: On devrait utiliser seulement le
découpage des MRC; un découpage, c'est assez. Quant à
nous, cela nous apparaît difficile, comme à vous, de faire
coïncider cela parfaitement avec les limites des MRC. Je vous pose la
question, je vous donne le droit de parole: Est-ce que cela vous
apparaît, tel que vous l'avez vu, une formule viable que celle des
conseils locaux de transport?
M. Bonneau: En fait, si je comprends bien le livre blanc, le
conseil local de transport, c'est pour le transport...
M. Clair: En dehors de ITle.
M. Bonneau: ... en dehors de I'île, mais est-ce qu'on est
encore au niveau du transport régional?
M. Clair: Oui, oui.
M. Bonneau: C'est exact qu'il y a certainement deux
entités au sein de la MRC de Roussillon et, certainement, il faudrait
deux CLT. D'ailleurs, les municipalités de Candiac, Laprairie, Delson,
Saint-Constant, Sainte-Catherine sont du même avis et elles vont
sûrement vous le dire ce soir.
M. Clair: Et toutes ces municipalités, avec deux conseils
locaux de transport, selon vous, sont prêtes et désireuses de
travailler ensemble à la solution des problèmes de transport en
commun que vous connaissez dans votre région?
M. Bonneau: C'est exact. M. Clair: Parfait. Cela me...
M. Bonneau: Cela a d'ailleurs été discuté au
moins à trois ou quatres reprises au sein de la MRC.
M. Clair: Cela m'indique que nous sommes sur la bonne voie.
D'autre part, M. le Président, en ce qui concerne la situation actuelle
avec les quotes-parts de Métropolitain provincial que vous n'avez pas
reçues, je pense qu'après deux ans d'exploitation les
municipalités devraient être informées des quotes-parts
qu'elles auront à défrayer. Je prends l'engagement - vous
êtes le premier groupe à qui je le dis - d'écrire
prochainement au président de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, M. Hanigan - même si ce
n'est qu'un voeu, une pression morale que je peux exercer sur la CTCUM - pour
lui demander de faire connaître aux municipalités, dans les
meilleurs délais, l'état de leurs quotes-parts. Je pense que vous
avez raison de revendiquer. Je comprends qu'il vous soit difficile de
prévoir l'avenir si vous ne connaissez pas ce qu'il en est.
Nous avons eu le même problème sur la rive sud, vous le
connaissez, avec Métropolitain Sud. Je pense que c'est en voie de
règlement. En ce qui concerne le réseau de Métropolitain
provincial, nous trouverons sûrement une façon de régler le
passé. Nous avons trouvé une façon sur la rive sud de
Montréal; on en trouvera sûrement une pour la filiale de la CTCUM,
Métropolitain provincial. Lorsque cela aura été
réglé, si la MRC de Roussillon formait un conseil local de
transport, est-ce que les municipalités seraient prêtes et
désireuses de contribuer au financement du transport en commun, si elles
étaient toutes incluses dans la zone C, à la condition que ce
soit elles qui décident du niveau de services qu'elle sont prêtes
à payer? Vous dites dans votre mémoire qu'actuellement vous ne
voulez rien savoir des quotes-parts de la CTCUM parce que vous ne les
connaissez pas et je comprends que vous soyez "insécures". Est-ce que
passez-moi l'expression - lorsque la situation
aura été "clairée", sur une nouvelle base
juridique, elles seraient prêtes à contribuer
financièrement?
M. Bonneau: En fait, il est bien sûr qu'on
préférerait ne pas y contribuer. Mais je pense qu'en toute
équité on se doit de participer, d'une façon
équitable, au coût du transport en commun que l'on voudra se
donner dans l'avenir. La raison principale de cela est le fait que nous
pourrons participer à l'élaboration et que nous pourrons exprimer
nos besoins et en même temps dire ce dont on n'a pas besoin. C'est un peu
ce qui fait qu'on conteste la facture du passé. On ne participait pas
à la gérance. Pour ne citer qu'un exemple des problèmes
que nous avons eus, il y a deux municipalités, Saint-Etienne et
Saint-Louis-de-Gonzague, qui, par résolution en octobre 1980, ont
demandé d'être exclues du transport en commun. Il s'agissait d'un
bout de ligne, c'était déficitaire. Il y avait deux passagers de
Saint-Louis. Il n'y en avait pas de Saint-Etienne. Elles sont toujours
desservies. Cela ajoute au déficit à payer et je suis convaincu
que ce ne sont pas elles qui paient la totalité du déficit de ce
bout de ligne. Je pense que c'est inéquitable pour nous de payer pour
quelque chose que nous ne voulions pas et que nous avions exprimé. C'est
un exemple et il y en a d'autres.
M. Clair: Personnellement, je souhaite vivement que tout ce
passé soit bientôt liquidé de la meilleure façon
possible. Je vous demanderai de prendre en considération, quant aux
décisions que vous aurez à prendre pour le paiement des
quotes-parts déjà encourues, les deux choses suivantes.
Premièrement, lorsque le gouvernement a agi dans ce cas, comme dans le
cas de Métropolitain Sud, c'était dans un geste ponctuel visant
à empêcher l'interruption du service. Cela aurait pu être
mieux fait si le gouvernement avait eu plus de temps. D'autre part, prenez en
considération le fait qu'on ne vous abandonne pas à votre sort.
On veut, avec vous, trouver des solutions pour l'avenir qui permettent la
représentation, le pouvoir décisionnel des élus en
matière de transport en commun, donc, de mettre un terme au
régime actuel le plus rapidement possible. (17 heures)
M. Bonneau: Est-ce que je dois comprendre, M. le ministre, que
sur réception de la facture on pourra communiquer avec vous et avoir des
négociations ou une discussion?
M. Clair: J'ai l'impression, pour être franc, M. le maire,
que le "pattern", ça vaut pour vous et ça vaut pour moi, parce
que j'ai été autorisé par le Conseil des ministres, le
Conseil du trésor à proposer une formule de règlement qui
a été acceptée par 82% des municipalités de la rive
sud pour le réseau Métropolitain Sud. Je pense que j'aurais de la
difficulté à convaincre le Conseil des ministres et le Conseil du
trésor de faire accepter une proposition autre que celle qui a
déjà été acceptée sur la rive sud et
ailleurs. Si jamais j'en faisais une autre aux municipalités desservies
par Métropolitain provincial, c'est évident que les
municipalités de la rive sud desservies par Métro Sud
reviendraient à la charge.
J'ai l'impression que le "pattern" est pas mal établi et je dois
dire immédiatement, d'ailleurs, que le gouvernement paiera 100% du
coût d'acquisition. Les municipalités se sont engagées
à payer le déficit d'exploitation, parce que le service a quand
même été rendu. En ce qui concerne Métropolitain
provincial, déjà 75% du service de la dette du coût
d'acquisition sont assurés par le gouvernement. Ce que j'attendrai quand
vous recevrez la facture ce sera, j'imagine bien, une demande de passer de 75%
à 100%. Si j'ai la demande, je la prendrai en sérieuse
considération, mais je ne peux pas prendre d'engagement. Je ne connais
pas les quotes-parts. Peut-être qu'on aura des surprises plus
agréables que désagréables, on ne le sait pas.
M. Bonneau: Tout ce qu'on sait actuellement, c'est que pour 1981
la rumeur veut que ce soit 235 000 $. Pour les deux mois et demi
d'exploitation, du 18 octobre 1980 au 1er janvier 1981, c'était 47 000 $
pour le sud-ouest. On parle toujours du secteur sud-ouest seulement. Pour cette
année, on s'enligne vers 470 000 $. Vous comprendrez pourquoi on
conteste la validité de ces chiffres.
M. Clair: Comme je vous le disais tantôt, le pouvoir que
j'ai, c'est un pouvoir moral et je vais demander à M. Hanigan de vous
l'expédier aussi rapidement que possible. C'est la CTCUM qui prendra la
décision, mais je vais faire des pressions dans ce sens-là.
Une dernière question. En ce qui concerne le choix du
transporteur, mon idée n'est vraiment pas faite là-dessus. Il y a
deux grandes possibilités pour le conseil local de transport, soit que
la Commission des transports du Québec, après qu'un conseil local
de transport a demandé à être desservi, tienne des
audiences pour savoir quel transport peut offrir le meilleur coût et
accorde un permis, soit qu'on opte pour un contrat de services avec un
transporteur. Est-ce que je comprends bien votre mémoire qui dit,
à la page 13, que ce que vous préféreriez, c'est que le
conseil local de transport ait pleinement le pouvoir de faire un contrat de
services avec soit un transporteur privé, soit un transporteur
public
au meilleur coût?
M. Bonneau: Si je comprends bien, dans le livre blanc, on disait
qu'on pouvait aller en soumissions, par exemple. S'il n'y a qu'un transporteur
qui a un permis, si on va en soumissions et qu'il n'y en a qu'un qui peut
soumissionner, ce ne sont plus des soumissions, parce que l'entrepreneur est
gras dur, il va avoir un bon prix.
M. Clair: Vous voulez éviter la monopolisation.
M. Bonneau: Exactement. Si on est pour aller en soumissions, on
veut qu'il puisse y avoir un choix, que ce ne soient pas des
exclusivités ou un monopole.
M. Clair: Pour une fois, la concurrence viendrait peut-être
de l'existence d'un service public par rapport à un service
privé, parce que, si des transporteurs privés sont en concurrence
avec un service public, ce sera peut-être simple.
M. Bonneau: Peut-être.
M. Clair: Je vais laisser la chance à mes collègues
de parler. Si j'ai d'autres questions, je reviendrai à la fin. Je vous
remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: II me fait plaisir de saluer nos amis de
Châteauguay et, en particulier, M. le maire, que j'avais jadis la chance
de rencontrer plus souvent qu'aujourd'hui. J'ai une question seulement, car mon
collègue, de Nelligan aimerait aussi vous poser quelques questions.
Une observation, tout d'abord, au sujet de vos problèmes avec la
CTCUM à obtenir des détails relatifs aux factures qu'on vous fait
ou ne vous fait pas parvenir. Je pense que cela confirme encore une fois le
problème dont on a parlé à quelques reprises, soit que les
élus de la CUM ont un problème sérieux à obtenir le
contrôle des dépenses de la CTCUM. Quand on pense aux coûts
qui sont occasionnés aux contribuables de la CUM par le transport en
commun et au fait - on l'a dit à plusieurs reprises depuis le
début de cette commission - que le matériel roulant et les
équipements de la CTCUM sont tellement importants que probablement les
déficits viennent de là, et que les élus locaux n'ont pas
la possibilité de mettre leur nez là-dedans pour voir s'il n'y
aurait pas moyen de couper les dépenses de la CTCUM, on a un autre
exemple du genre de démocratie ou d'absence de démocratie qui
existe à la CTCUM. C'est un argument additionnel que le ministre voudra
bien mettre dans son dossier sur la CTCUM pour le convaincre de permettre aux
élus de prendre le contrôle de cet organisme qui a
échappé jusqu'à aujourd'hui au contrôle des
élus.
Vous venez de faire allusion au fait que vous aimeriez voir une certaine
concurrence lors de l'octroi de contrats entre les transporteurs privés
et les transporteurs publics. Je pense que c'est également très
sain, sauf qu'il faudrait s'assurer, M. le ministre, que, s'il y a un
transporteur public qui soumissionne, ce ne soient pas les fonctionnaires en
place qui fassent la soumission. J'ai vu des cas où une compagnie
publique a soumissionné très en deçà de son
coût dans le but d'obtenir un contrat et d'élargir davantage la
machine et l'ampleur d'une commission de transport. Encore là, si vous
faites confiance aux élus, on aura des soumissions qui seront correctes,
mais si les transporteurs publics font des soumissions uniquement dans le but
d'agrandir encore la machine administrative des commissions de transport, ce ne
sera pas dans l'intérêt des contribuables de ces commissions.
Finalement, je voudrais simplement revenir sur un point. Vous avez fait
part dans vos commentaires de la question du pont Mercier et du fait que vous
souhaitez depuis un certain temps qu'il y ait une voie réservée,
un peu comme celle qui existe sur le pont Champlain. Est-ce qu'il faut
comprendre que les études se poursuivent au COTREM et que d'ici quelques
années on pourra avoir des voies réservées sur le pont
Mercier? J'espère que les études, un bon jour, vont se terminer
et que le ministère, après s'être penché longuement
sur le dossier, va tomber sur la solution à envisager.
Estimez-vous que ces voies réservées serviraient
uniquement aux autobus ou si, comme vous y faites allusion à la page 19
de votre mémoire quand vous parlez de taxis collectifs, de covoiturage,
etc., dans votre esprit, ces formes de transport paracollectif pourraient
également jouir des voies privilégiées qu'il y a sur le
pont Mercier ou sur les voies qui mènent au pont Mercier? Entendez-vous
que ce soit restreint uniquement aux autobus?
M. Bonneau: On entendait le transport en commun et, par la suite,
si cela s'avérait justifié, on pourrait l'étendre au
transport collectif, si vous voulez. Mais, dans un premier temps,
c'était uniquement le transport en commun.
M. Bourbeau: Quand vous dites transport en commun, vous voulez
dire le transport collectif par autobus...
M. Bonneau: Oui.
M. Bourbeau: ... parce que le taxi collectif, c'est aussi un
genre de transport en commun.
M. Bonneau: Nous pensons à l'autobus.
M. Bourbeau: D'accord. Alors, M. le Président, si vous
n'avez pas d'objection, le député de Nelligan...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Merci, M. le Président. Je voulais poser
quelques questions en rapport avec votre mémoire sur l'analyse de la
proposition gouvernementale, aux pages 6, 7 et 8. Je sais que le ministre vous
a questionné au sujet de vos remarques sur l'organisme régional
de transport, mais je n'ai pas tout à fait saisi la conclusion à
laquelle vous voulez arriver, si conclusion il y a. Vous semblez dire que les
conseils locaux de transport dépassent, en fait, les frontières
des MRC et que, pour cette raison même, on ne devrait pas mettre de
limite à leurs représentations.
Pouvez-vous m'expliquer, par rapport aux recommandations
spécifiques du livre blanc où il y a quatorze membres de la CUM
et quatorze membres des MRC, ce que vous envisagez? Envisagez-vous un chiffre
différent, une limite différente ou un chiffre ouvert? Comme le
livre blanc, l'expliquait, si on ouvre cela, cela pourrait arriver à une
centaine parce que, si vous faites valoir le point de vue d'une
municipalité, toutes auront les mêmes raisons.
M. Bonneau: Ce que nous faisons valoir, c'est une
représentation équitable. Si on veut que la région de
Châteauguay soit représentée pour qu'elle fasse valoir ses
problèmes, il faut aussi penser que la région
Candiac-Laprairie-Delson-Saint-Constant, qui est aussi populeuse, puisse
également faire des représentations dans le même sens pour
ce secteur. Il y a deux pôles tout à fait différents avec
des intérêts tout à fait différents. La preuve, par
exemple, c'est qu'environ 90% de la population de Saint-Constant qui a à
se transporter vers Montréal doivent passer par le pont Mercier, mais au
fur et à mesure que vous vous éloignez du pont Mercier, la
variante change. Par exemple, seulement à Delson, la municipalité
voisine, vous êtes rendus à 70-30 utilisant le pont Mercier ou le
pont Champlain. Vous arrivez à Candiac ou à Laprairie et c'est
tout à fait l'inverse.
M. Lincoln: Mais vous avez déjà un conseil
prévu de 31. Si, par exemple, on l'élargissait, sans doute que la
CUM dirait: On est 14-14, on augmente. Est-ce qu'à un moment
donné il n'y a pas de limite? Ne pensez-vous pas que cela deviendrait
trop bureaucratique, que cela ne fonctionnerait plus?
M. Bonneau: Je me risquerais à dire que des organisations
comme la ville de Montréal ou la CUM, de par leur poids, au lieu de
14-14, pourraient peut-être avoir 12-12. Cela permettrait aux autres
entités d'être représentées et cela maintiendrait le
nombre de 31, si on désire le maintenir.
M. Lincoln: Concernant la carte mensuelle, je pense que c'est
quelque chose de tout à fait pratique parce que beaucoup de gens se
posent la même question. On fait des zones, nous sommes d'accord en
principe que c'est tout à fait logique. Mais comment contrôle-t-on
justement le trafic interzones, la carte, etc.? Si je vous ai compris, vous
cherchez une carte globale qui permettrait à des gens de circuler entre
toutes ces zones à certaines heures et vous dites: Excepté les
heures de pointe. Comment identifiez-vous ce contrôle entre les heures de
pointe et les autres heures?
M. Bonneau: La seule chose que j'ai mentionnée, c'est
qu'aux heures de pointe nous désirions que l'autobus régional, au
lieu de se rabattre à Lionel-Groulx, se rende au centre-ville qui est
à peine à un ou deux kilomètres plus loin, soit à
Place Desjardins ou à Place Ville-Marie. À la page 8, nous en
faisons état.
M. Gendron (Femand): Si vous me le permettez, la question du
contrôle est très difficile à établir. On a
tenté de réfléchir à cet élément de
contrôle. On s'est dit, dans le cadre du mémoire qu'on avait
à faire, que ce n'était pas à nous de définir le
contrôle. On pense qu'il existe des organismes, qui sont
supérieurs et qui ont des éléments essentiels, qui peuvent
définir le contrôle. Dans le cadre de la carte mensuelle ou de la
carte à tarif réduit, il faut établir un mécanisme
de contrôle. On laisse le soin au ministère de nous faire des
suggestions à ce sujet.
M. Lincoln: Vous n'avez pas vous-mêmes de suggestions
concrètes, sauf lancer l'idée.
M. Gendron (Fernand): On lance l'idée parce que c'est
très difficile surtout lorsqu'on tient compte que Châteauguay est
en bordure du territoire D, et qu'avec la proposition gouvernementale actuelle
le territoire D n'est pas subventionné. Donc, c'est difficile pour nous
d'identifier les gens qui, toujours selon la proposition gouvernementale, vont
provenir du territoire D. Ils peuvent venir prendre l'autobus à
Châteauguay qui est en territoire C et ils
peuvent se transporter. À ce moment-là, la
municipalité doit participer au déficit, s'il y a lieu: Comment
va-t-on le distribuer aux gens du territoire D? C'est un problème. C'est
pour cela qu'on parle du territoire prioritaire de
Châteauguay-Beauharnois-Valleyfield et qu'on demande qu'il ait une
intégration tarifaire dans ce corridor de transport afin d'éviter
que ce ne soit simplement la municipalité de Châteauguay qui
assume ces coûts excédentaires, ce déficit. (17 h 15)
M. Lincoln: Une dernière question. Je pense que, dans
votre mémoire, vous avez dit: Nous sommes d'accord sur le principe
même du livre blanc, mais on demande plus de temps pour une étude.
On pense que le gouvernement devrait prendre plus de temps pour étudier
toutes les modalités et toutes les techniques, entre autres un point
capital, la question des contrôles et il y en a d'autres beaucoup plus
importants. De votre point de vue, vous pensez à combien de temps?
Qu'est-ce que vous avez en vue?
M. Bonneau: En fait, c'est beaucoup plus dans la mise en
application qu'on prévoyait du temps.
M. Gendron (Fernand): Si vous le remarquez, à
l'intérieur du mémoire - M. le maire l'a mentionné - on
demande certaines études. Le délai, c'est le temps qu'on nous
produise les études et le temps de les analyser pour se faire une
idée du choix à faire au niveau du CLT, du choix à faire
sur divers points qui ont été soulignés au cours du
mémoire. Il y a aussi le temps physique de la mise en application. Peu
importe la décision, il faut un certain temps pour la mettre en
application. Donc, le délai dépend beaucoup plus du temps que les
études prendront à se compléter que de dire que cela
prendra deux ans, trois ans, quatre ans. Ce sera la volonté de la mise
en application qui déterminera ce délai.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
souhaiter la bienvenue à Québec à nos visiteurs de
Châteauguay. J'espère que leur séjour leur sera
agréable. Je constate avec beaucoup de plaisir que les orientations de
base de la position gouvernementale - j'allais dire patronale, c'est sans doute
un relent de mon travail syndical - sont agréées par la ville de
Châteauguay, ce qui facilite les choses maintenant puisque je pense qu'on
pourra travailler très concrètement à chercher des
solutions plus pratiques à certains problèmes.
C'est pour ça que je vais aborder des questions plus
concrètes maintenant, soit la question du tarif et la question des
zones. Vous n'en parlez pas dans votre mémoire, sinon pour aborder la
question de la carte mensuelle, donc par un biais qui ne touche pas le fond de
la question. J'aimerais quand même savoir quel cheminement la ville de
Châteauguay a fait à ce sujet-là. C'est quelque chose qui
m'est particulier. Je ne suis jamais satisfait de ce que j'obtiens pour mon
comté; alors, j'essaie toujours de travailler à obtenir
davantage.
Personnellement, j'ai regardé très attentivement la
question du tarif, la zone à laquelle appartiendrait la ville de
Châteauguay. J'ai, d'ailleurs, parlé au ministre à ce
sujet, il y a de cela plusieurs jours. J'ai encore fait des
représentations cet après-midi dans ce sens-là juste
devant la carte qui est derrière moi et j'aimerais connaître votre
point de vue là-dessus. D'abord, est-ce que vous vous êtes
attardés à regarder très concrètement le
résultat que donnerait l'application de la politique dans
Châteauguay?
On sait que Châteauguay serait traitée de deux
façons. On a beaucoup parlé de la division d'un territoire de
ville en deux pour ce qui est des zones. On vivrait ce problème, si j'ai
bien saisi. On aurait un tarif qui, au total, pour ce qui est de la partie la
plus proche de Montréal, voudrait dire 57 $ par mois. J'aimerais que
vous me disiez ce que vous pensez de cette approche sur le plan du tarif.
M. Bonneau: En fait, M. le Président, les données
que nous avons pour étudier cet aspect de la question sont minimes. Par
exemple, nous avons eu une rencontre avec la CTCUM et avec la CTL et tout cela
semblait contradictoire, un peu flou. Ce n'était pas convaincant pour
nous. On n'avait pas suffisamment d'information pour pouvoir se prononcer pour
ou contre quelque chose ou pour faire des modifications ou des suggestions.
C'est un des aspects que nous aimerions étudier davantage, avec
les données nécessaires. Vous comprendrez que la
municipalité de Châteauguay, par exemple dans les deux derniers
mois, s'est penchée sur le livre blanc de l'éducation parce que
cela va également affecter les MRC. En plus, on travaille sur le
programme d'assainissement qui nous apporte des problèmes de ce
temps-ci. Il y a beaucoup de discussions, en plus de la vie courante de la
municipalité. Nous avons aussi commencé l'étude du budget
de 1983. Le temps et le personnel à notre disposition pour
étudier plus à fond étant limités, nous n'avons pas
pu, malheureusement, étudier cet aspect de la question qui est
très intéressant, je dois l'admettre.
M. Dussault: J'aurais voulu en savoir
davantage. Sans doute qu'on retrouvera l'occasion d'en reparler, M. le
maire. Sur cette question du tarif, est-ce que vous avez la conviction qu'un
rabattement sur Lionel-Groulx plutôt qu'au centre-ville, mais au
centre-ville pour les heures de pointe, si j'ai bien saisi ce que vous avez dit
tout à l'heure, devrait normalement amener un rajustement de ce tarif,
quand même, identifié dans le livre blanc? Il y a un rationnel sur
le plan des tarifs, une interdépendance des sorts réservés
à chacune des villes, à chacun des territoires, à chacune
des zones dans cette politique. Est-ce que vous pensez qu'il faudra rajuster ce
tarif identifié très formellement dans le livre blanc en fonction
de ce que vous nous avez dit tout à l'heure?
M. Bonneau: En fait, si je me reporte en 1977, lors du rapport
Jodoin, on parlait du rabattement au métro Angrignon et même la
CTCUM avait admis que c'était pour rentabiliser la ligne Angrignon. De
fait, si nous choisissons Lionel-Groulx - je fais une parenthèse - c'est
à cause de la flexibilité que cela nous donne.
De plus, au lieu d'avoir sept feux de circulation et cinq arrêts
à faire, nous n'avons que deux feux et aucun arrêt. En sortant de
l'autoroute Ville-Marie, nous sommes rendus à la station Lionel-Groulx.
De là, la population peut se diriger dans quatre directions sans avoir
à transférer, alors que, si les usagers vont à Angrignon,
ils doivent transférer à Lionel-Groulx. C'est une perte de temps
et cela signifie une perte d'achalandage.
Ce que j'allais dire au préalable, c'est qu'en 1977 on avait dit
que, si le rabattement se faisait à la station de métro Angrignon
plutôt qu'à Berri-de-Montigny, cela signifiait à
l'époque une réduction des coûts d'environ 0,42 $ le
billet, de chaque passage sur le billet unique. J'aimerais ajouter ici
également que nous favorisons la carte mensuelle. Nous croyons que c'est
une injustice qui nous a été faite depuis octobre 1980 de ne pas
avoir permis que Châteauguay puisse profiter de la carte mensuelle. On
achète un livret de 20 billets, actuellement, et c'est sans subvention.
Nous ne contribuons pas moins que les gens de Saint-Hubert, par exemple, ou de
Boucherville qui, eux, profitent de cette carte.
M. Dussault: Vous savez pourquoi, M. le maire. Le fonctionnement
du service auquel nous avions droit suivait la loi qui a permis l'achat de
Métropolitain provincial par la CTCUM. Le fonctionnement devait
être celui qu'on connaissait auparavant, le même service, le
même personnel, les mêmes conditions, en fait. C'est ce qui n'a pas
permis qu'on nous donne satisfaction, mais on se reprendra le plus tôt
possible, je l'espère, à partir du moment où on embarquera
dans le grand club de la région.
M. Bonneau: La réponse qu'on nous avait faite à
l'époque, c'était un manque d'argent au ministère. Ce sont
des intermédiaires qui nous avaient donné cette
réponse.
M. Oussault: D'accord. Dans un autre ordre d'idées - on en
a parlé tout à l'heure, c'est une allusion qui a, d'ailleurs,
été faite par vous au début et, ensuite, par quelqu'un du
côté de l'Opposition - relativement à la voie
préférentielle au pont Mercier, particulièrement du
côté sud, en direction de Montréal - vous le savez, je l'ai
souvent répété dans le milieu et je n'ai pas
été le seul, d'ailleurs - le problème et la solution
tournaient autour du fait qu'on avait besoin de la collaboration de la
réserve indienne de Kahnawake et de la bande d'Indiens. Je pense que
vous le savez vous-même puisque vous avez tenté, en rencontrant
les Indiens de Kahnawake, d'avoir satisfaction. Pourriez-vous nous dire si les
pourparlers que vous avez eus avec ces gens vous permettent d'espérer
que la solution soit pour demain ou si on risque d'attendre encore un bout de
temps?
M. Bonneau: Premièrement, quand j'en ai discuté
avec les Amérindiens, ce n'était pas le même chef de
police, ce n'était pas le même chef de bande, non plus;
c'était M. Delisle qui était là. À l'époque,
je sondais le terrain parce que vous m'aviez demandé, justement, de
sonder les possibilités. On nous avait dit qu'on envisageait cela d'un
bon oeil, à l'époque. Qu'en serait-il aujourd'hui? Je ne le sais
pas. Tout ce que je sais, c'est que cela prend une solution. On n'est pas au
tiers-monde, que je sache, on n'est pas dans un secteur qui devrait s'appeler
défavorisé. Si c'est le cas, au point de vue industriel, il
faudrait nous le faire savoir pour qu'on ait des subventions additionnelles. La
population de Châteauguay jusqu'à Valleyfield, en fait, Huntingdon
et tout le secteur, je pense qu'elle est en droit de demander qu'il y ait un
service policier sur les routes provinciales, que ce soit en territoire indien
ou autre. Il y a sûrement une solution au problème. Le territoire
indien est de juridiction fédérale. Si c'est le
fédéral qui doit fournir le service de police, qu'il le
fournisse, mais je crois que la population de Châteauguay est en droit de
s'attendre à une solution et il ne faudrait pas remettre cela aux
calendes grecques. Je pense que c'est urgent et je sais que vous êtes
aussi intéressés que moi à ce que la solution se fasse
sentir dans les plus brefs délais. C'est dans l'intérêt de
tout le monde que cela se fasse.
M. Dussault: Autrement dit, nous sommes condamnés tous les
deux, vous, comme représentant de Châteauguay, et moi comme
représentant de l'ensemble du territoire du comté de
Châteauguay, à vivre le même sentiment d'impuissance,
c'est-à-dire que la solution dépend de quelqu'un d'autre et qu'on
n'y peut rien.
Ceci dit, je voudrais aborder une troisième question, mais
très brièvement. Cela va m'amener à anticiper un peu sur
le mémoire des gens de Roussi lion, Saint-Constant, Delson, etc. On sait
qu'à Delson et à Saint-Constant, particulièrement - cela
nous sera sans doute confirmé tout à l'heure - les
résultats préliminaires du sondage fait particulièrement
à Saint-Constant nous amènent à voir effectivement qu'il y
a une très large portion des usagers qui se dirigent davantage vers
l'ouest de Montréal que vers le centre-ville, ce qui nous amène
nécessairement à chercher une solution du côté de
l'ouest.
Tout à l'heure, on a identifié que le fonctionnement
dorénavant, à partir du moment où on entrera dans le club,
se fera à partir de deux entités, de deux comités locaux
de transport. Ceci veut dire, à toutes fins utiles, qu'on rend
étanches des fonctionnements, alors que, déjà, on peut
identifier qu'il y a lieu de regarder si le problème de Saint-Constant
et de Delson ne trouverait pas sa solution du côté de
Châteauguay, pas nécessairement en se dirigeant vers
Châteauguay parce qu'il y aurait là un grand détour, mais
par rabattement sur le trajet de Châteauguay vers Montréal. Est-ce
que déjà on a commencé à regarder cette solution,
ou quelque chose qui irait dans ce sens? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
penser d'une façon organique à une relation de fonctionnement
entre la partie est et la partie ouest par le biais de la MRC, ce qu'on semble
actuellement rejeter dès le départ?
M. Bonneau: En fait, personne, je crois, n'a dit actuellement que
le CLT devait se répartir de Saint-Constant vers l'est et
Châteauguay, Mercier, Léry vers l'ouest. Dans une discussion que
nous avons eue aujourd'hui, à la suite du rapport, justement, de
l'étude de la circulation-passagers, on s'est dit: Peut-être que
Saint-Constant devrait faire partie du CLT Châteauguay. En tout cas,
toutes les solutions sont à discuter. C'est à voir. Bien
sûr, l'ensemble des municipalités de la section est et l'ensemble
des municipalités de la section ouest ne peuvent pas être dans le
même CLT, mais où est la ligne de démarcation? Cela est
très discutable.
M. Dussault: Cela me rassure. Enfin, je n'avais pas
d'inquiétude, mais je voulais être sûr qu'organiquement on
ne se coupait pas de cette idée que cela puisse fonctionner ensemble. Je
vous remercie, M. le maire. J'ai pris beaucoup de temps, mais je pense que ce
sont des choses qu'il fallait clarifier. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Germain): Ma question était, justement, que je
voulais savoir si vous aviez eu des rencontres avec les autorités de
Kahnawake et ce que cela avait donné. Quel est l'élément
de solution avec Kahnawake?
M. Bonneau: Je crois que c'est très complexe et
personnellement, quant aux discussions avec Kahnawake, je ne crois pas qu'il
soit possible d'en venir à une solution à brève
échéance. Je pense que si Kahnawake doit être dans le
même CLT que nous, il faudrait s'assurer, peut-être par l'entremise
du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial - je laisse
à la discrétion et à la sagesse du gouvernement le soin de
décider -qui va payer. Du moment que Kahnawake aura à payer, du
moment que cela vient de ses fonds, il n'y a pas d'entente possible. C'est
aussi simple que cela. (17 h 30)
M. Clair: Sur cette question, M. le Président, je pense
que le maire et le député de Châteauguay ont bien
démontré qu'effectivement le même sentiment d'impuissance,
jusqu'à un certain point, nous envahit, puisque nous ne pouvons pas
imposer de solution du côté des Amérindiens. Nous sommes en
territoire régi par la loi sur les Indiens. En cette matière, nos
pouvoirs d'intervention sont limités et c'est sur cela, justement, que
cela bloque, mais on ne désespère pas de finir par avoir un
accord. Peut-être trouvera-t-on un moyen de relancer cela d'une autre
façon. Y a-t-il d'autres questions?
Le Président (M. Boucher): Non.
M. Clair: II ne me reste, M. le Président, qu'à
remercier M. le maire de Châteauguay pour la présentation de son
mémoire très concis sur des points précis, à le
remercier également de l'appui général, avec
réserve - c'est tout à fait légitime et normal - qu'il a
donné à la proposition du gouvernement avec ses collègues.
Je vous remercie.
M. Bonneau: Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie M. le maire et ceux qui l'accompagnent pour la
présentation du mémoire de la ville de Châteauguay.
J'appelle maintenant les villes de Beauharnois, Maple Grove,
Melocheville, Saint-Timothée paroisse, Saint-Timothée village et
Salaberry-de-Valleyfield, représentées par Mme Trépanier,
mairesse de Valleyfield, et M. Claude E. Forget, que je voudrais saluer, en
tant que président et au nom des membres de la commission comme ancien
collègue de l'Assemblée nationale.
Municipalités de Beauharnois,
Maple-Grove,
Melocheville, Saint-Timothée village,
Saint-Timothée paroisse et
Salaberry-de-Valleyfield
Mme Trépanier (Marcelle): M. le Président, M. le
ministre, Madame et MM. les membres de la commission élue permanente des
transports, M. Laurent Lavigne, député de Beauharnois, les
municipalités qui se présentent maintenant devant vous sont
toutes des municipalités voisines situées au sud-ouest de la
région métropolitaine de Montréal et toutes exclues du
territoire que chapeautera le futur office régional de transport, soit
celles de Beauharnois, Maple Grove, Melocheville, Saint-Timothée
village, dont le maire est ici, M. Michel Lapierre, Saint-Timothée
paroisse et Salaberry-de-Valleyfield.
Comme nous en sommes exclus, vous pouvez, à bon droit, vous
demander pourquoi nous nous sommes donné la peine de comparaître
devant vous. La raison en est bien simple. Même si la proposition
gouvernementale visant à effectuer une réorganisation du
transport en commun, y compris son financement, dans la région
métropolitaine de Montréal, nous exclut formellement de son champ
d'application, il n'en reste pas moins que nos intérêts et ceux de
nos contribuables sont, de multiples manières, affectés par les
orientations qui nous sont dessinées. Dans un premier temps, je crois
que nous pouvons affirmer que l'ensemble de nos contribuables se réjouit
de la perspective de ne pas avoir à assumer la responsabilité
résiduelle sur le plan financier pour le transport en commun dans la
région métropolitaine de Montréal tant pour ce qui est du
fonctionnement que du service de la dette. Étant donné le petit
nombre de nos citoyens, toutes proportions gardées, qui utilise le
transport en commun en direction du centre-ville de l'agglomération de
Montréal, nous aurions beaucoup de mal à justifier à leurs
yeux que leur soit imposée une telle responsabilité
financière pour des services qui les touchent de si loin et qui
affectent un si petit nombre d'entre eux.
À cet égard, quoique la proposition nous satisfasse, elle
ne nous rassure pas entièrement, malgré tout, pour ce qui est de
l'avenir. En effet, l'expérience passée nous inquiète en
regard de cette question. On se souviendra que, historiquement, les
problèmes financiers aigus du transport en commun dans la région
métropolitaine de Montréal n'ont jamais été
réglés, sauf par un élargissement de l'assiette fiscale
destiné à assumer le fardeau du déficit en
perpétuelle croissance. Ce qui s'est déjà passé
à deux reprises pourrait bien se passer encore et nous voudrions, en
conséquence, que cette perspective soit écartée le plus
formellement possible.
Par exemple, nous voudrions que la loi mettant sur pied cet office
régional de transport prévoie qu'à l'avenir aucun
élargissement de territoire ne sera décrété sans
qu'au préalable chaque municipalité dont le territoire est
visé par un tel élargissement n'en ait accepté le principe
par voie de référendum municipal. Nous voudrions également
qu'il soit précisé, noir sur blanc, que, si jamais un tel
élargissement était décrété par une
modification à la loi, il est bien entendu qu'un tel
élargissement n'interviendrait que pour l'avenir, dans le sens où
les dettes accumulées antérieurement à cet
élargissement continueraient d'être réparties entre les
seules municipalités faisant partie du territoire original.
Si nos contribuables, eu égard à ce qui
précède, ont raison de se réjouir de notre exclusion du
territoire de l'ORT, il en va différemment pour ceux de nos
résidents qui utilisent le transport en commun vers le centre-ville de
Montréal. Pour eux, la proposition gouvernementale constituera une
décision difficile à accepter. En effet, la proposition les
pénalise de multiples manières. D'une part, la nouvelle
tarification selon la distance aurait de toute manière, que nous soyons
inclus ou non, un effet prévisible sur les tarifs passagers qui seraient
pratiqués pour notre liaison avec le centre-ville de Montréal.
D'autre part, l'arrêt de toute subvention provenant du gouvernement du
Québec aggrave encore pour ces personnes l'impact de la proposition.
Enfin, considérant le type de service assuré
jusqu'à maintenant, notre région ne peut escompter
bénéficier que très faiblement de la proposition
d'intégration tarifaire, si même il est vrai qu'elle puisse en
profiter du tout. Pour plusieurs familles, la proposition gouvernementale, si
elle est adoptée telle quelle, entraînera presque
nécessairement une décision de se relocaliser. Il semble, en
effet, que l'augmentation à laquelle il faut se préparer pour les
liaisons avec le centre métropolitain soit de l'ordre de 300% pour ce
qui est des tarifs passagers. Le moins que l'on puisse dire à ce sujet,
sans faire aucune démagogie, c'est qu'il nous semble nécessaire
de prévoir - je dis bien prévoir - une période de
transition suffisamment longue pour permettre aux individus et aux familles de
prendre, sans pertes excessives, des décisions qui s'imposent dans les
nouvelles circonstances.
À l'époque que nous traversons, les décisions de
vendre une maison ou d'en acheter une autre, ou encore de changer d'emploi, ne
sont pas des plus faciles à prendre et, bien sûr, à
exécuter. Il ne nous semble exister aucune urgence qui justifierait de
prendre, pour ainsi dire, les gens à la gorge à
l'intérieur de quelques semaines. Cependant, la disparition de toute
subvention provinciale pour le transport en commun dans nos régions aura
aussi des implications pour les mouvements à l'intérieur
même de notre région. Cette dernière est dotée d'un
cégep et d'un centre hospitalier de soins spécialisés qui,
tous deux, supposent une bonne accessibilité pour tous les citoyens,
mais en particulier pour ceux jouissant de faibles revenus parmi lesquels il
faut compter, bien sûr, les étudiants de tous âges, les
personnes âgées et les assistés sociaux.
À cet égard, permettez-moi de souligner que l'axe
Châteauguay-Valleyfield est plus qu'un lien vers Montréal. C'est
aussi un lien intrarégional qui permet à nos citoyens de
communiquer les uns avec les autres. La disparition de toute subvention
gouvernementale nous amène, à l'égard de ces services
intrarégionaux, à nous poser la question: Que faire? Nous
faudra-t-il créer de toutes pièces et subventionner pour notre
région une commission de transport régionale
Beauharnois-Salaberry? Le voudrions-nous? Le nouveau cadre légal le
permettrait-il?
La nature des questions qui se posent à nous et le temps minimal
nécessaire pour y trouver les réponses adéquates nous
amènent ici, aussi, à invoquer la nécessité d'un
délai, d'une période de transition suffisamment longue pour nous
permettre de bien poser les problèmes et d'y trouver des solutions
acceptables. Quel que soit le délai nécessaire, il
dépasserait sûrement celui des quelques semaines à peine
qui nous séparent du 31 décembre.
La proposition gouvernementale visant à la réorganisation
de la gestion et du financement du transport en commun dans la région de
Montréal n'est pas conçue en fonction des intérêts
de la périphérie de Montréal, cela est bien
évident. Cependant, est-il absolument nécessaire de nous rejeter,
du moins de sembler nous rejeter dans les ténèbres
extérieures? Notre région a été
négligée depuis des années sur le plan de
l'accessibilité et des infrastructures de transport. Soulignons que nous
ne sommes pas encore reliés par l'autoroute au centre-ville de
Montréal ni à la partie sud de la grande région
métropolitaine. Il existe bien des projets, mais la volonté
politique de les faire aboutir semble avoir fait constamment défaut.
D'ailleurs, dans le contexte économique présent, il ne faut pas
se faire d'illusions. J'entendais M. le ministre souligner, il y a quelques
heures, au président de l'Union des municipalités, M.
Dufour, que présentement les efforts fiscaux du gouvernement se
dirigeaient plutôt vers le transport en commun et les investissements en
faveur de la construction des routes.
Plus généralement, nous insistons sur la
nécessité de considérer la situation de notre
région dans une perspective de développement
équilibré, non seulement du noyau urbain que constitue et
Montréal et ses environs immédiats, mais aussi de la
périphérie à laquelle nous appartenons. Notre
région n'est pas unique à se trouver dans cette espèce de
"no man's land". Qu'il suffise de mentionner les autres villes de la
périphérie, telles que Saint-Jean, Saint-Hyacinthe, Joliette et
Saint-Jérôme. À ce sujet, nous attirons l'attention des
membres de la commission permanente des transports sur cette partie de notre
mémoire qui traite spécialement de cette question.
Très concrètement, ce que nous avons à l'esprit est
ceci. La réorganisation du transport en commun dans la région de
Montréal risque de nous faire perdre des citoyens au profit du centre.
N'y a-t-il pas moyen pour le gouvernement du Québec d'envisager d'autres
politiques qui, dans le même souffle, nous donneraient l'espoir d'en
gagner? La proposition gouvernementale contient des dispositions
spécifiques sur une contribution dite régionale, sur la
contribution des non-usagers sur la tarification par zone. Sans aucunement nous
opposer à l'esprit qui anime les concepteurs de cette proposition, nous
croyons que les moyens pris pour le mettre en oeuvre sont souvent inefficaces
ou arbitraires. Il nous semble que ce projet de réorganisation aura
d'autant meilleures chances de réussir et de durer qu'il sera
appliqué avec une certaine rigueur plutôt qu'avec des
approximations. Les à-peu-près dans la répartition des
coûts seront ressentis comme autant d'injustices. À nos yeux, la
plus grossière injustice consiste à affubler de
"régionaux" des prélèvements effectués à
même les recettes du gouvernement du Québec, recettes
elles-mêmes engendrées par des taxes ou des charges
imposées à tous, uniformes dans tout le Québec.
Après s'être vus couper des subventions au transport en commun,
c'est le comble de demander à nos contribuables de payer
désormais plus que leur part de la fiscalité provinciale pour se
prêter à cette charade.
Enfin, soulignons qu'il existe une absence de symétrie frappante
entre les structures envisagées et les pouvoirs qu'on propose de leur
attribuer. En effet, d'une part, les structures décisionnelles de
l'office régional de transport envisagées ne laissent aucune
place aux municipalités de notre région. D'autre part, si une
desserte vers nos régions continue à être assurée
par une des commissions de transport fonctionnant sous l'égide de l'ORT,
il est clair, d'après les
termes mêmes de la proposition, que c'est l'office régional
de transport qui aurait le dernier mot dans la détermination des tarifs
applicables à une telle desserte.
Est-il besoin de dire que nous ne pouvons accepter de nous voir dicter
unilatéralement des tarifs pour desserte éventuelle fournie par
les commissions de transport du territoire de l'ORT en fonction d'objectifs de
financement qui sont les leurs et d'un calcul dont ils auront seuls le
contrôle. À cet égard, la seule solution acceptable
à nos yeux consiste à nous donner un droit d'appel des
décisions de l'ORT devant la Commission des transports du Québec
et de donner à cette dernière les pouvoirs appropriés pour
lui permettre de trancher de tels litiges.
Je remercie, M. le Président, M. le ministre, madame et les
membres de cette commission permanente de nous avoir entendus. (17 h 45)
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, madame. M. le
ministre.
M. Clair: Ma première parole sera pour remercier le
regroupement des municipalités en cause d'être venu s'adresser
à la commission parlementaire.
Je commencerai mes remarques par la lecture d'une note que les gens du
COTREM m'ont préparée. Je la lis telle quelle, cela n'engage
personne, j'ignore même qui l'a préparée. Je sais que les
gens du COTREM ont eu à travailler avec vous. On y lit simplement ceci:
"Le mémoire ne semble pas refléter l'attitude d'ouverture
manifestée par les municipalités lors des rencontres publiques et
privées quant à une participation éventuelle à
l'organisation et au financement du transport en commun. De fait, les
municipalités du corridor Châteauguay-Valleyfield sont
peut-être celles qui ont démontré le plus
d'intérêt pour la cause du transport en commun. Ce mémoire
constitue..." J'arrête là la citation. C'est pour dire que le ton
du mémoire a un peu surpris les gens qui avaient eu l'occasion de
travailler avec le regroupement des municipalités que vous
représentez, Mme Trépanier.
Fondamentalement, après avoir lu attentivement votre
mémoire - cela a été un de ceux sur lesquels je me suis
penché avec attention, en particulier parce que je savais qu'il y avait
eu beaucoup de travail de fait auparavant - je ne parvenais pas à faire
le lien entre ce que mes gens me disaient et le contenu du mémoire. Je
l'ai alors peut-être creusé un peu plus que d'autres. Il y a une
ambiguïté que je ne suis pas parvenu à dissiper. C'est que
dans un premier temps, vous êtes heureux d'être exclus de la zone
C, donc de la zone subventionnable en matière de transport en commun.
Vous faites référence au fait que les subventions au transport en
commun dans la zone C et le reste de l'agglomération vont continuer
à être généreuses; c'est l'expression qui est
employée. Donc, vous êtes heureux de ne pas avoir à
contribuer financièrement, mais, par contre, vous ne voyez pas d'un bon
oeil le fait que le gouvernement, quant à lui, envisage d'aller vers le
transporteur privé avec tout ce que cela comporte. J'ai de la
difficulté à faire le lien. On semble vouloir le service, mais ne
pas vouloir payer.
Ma question est la suivante: D'où vient cette ambigui'té
entre le rapport que j'ai des gens du ministère et du COTREM et ce qui
est devant moi aujourd'hui comme contenu du mémoire? Pouvez-vous me dire
ce qui explique cela?
Mme Trépanier: M. le ministre, en effet, les maires des
municipalités du corridor concerné ont été
fidèlement présents à toutes les réunions qui se
sont tenues. Nous les avons suivies avec beaucoup d'intérêt. Notre
inquiétude, ce sont les inconnue. De plus, les maires des
municipalités concernées avaient beaucoup d'intérêt
à suivre ces rencontres pour avoir toute l'information. Je voudrais
féliciter l'équipe qui s'est rendue dans les différentes
régions pour donner toute l'information. J'aimerais vous dire que nous
suivions les renseignements qui nous étaient donnés à la
suite de plusieurs questions. De là vient aussi l'opinion de
l'équipe, à savoir qu'il y avait beaucoup d'intérêt
de notre part. Nous avons eu, en approfondissant le livre blanc, beaucoup
d'inquiétudes.
M. Clair: J'ai eu l'occasion d'en parler avec mon
collègue, Laurent Lavigne, député de Beauharnois. Je vais
vous dire que ce vers quoi on pensait que vous vous dirigiez, c'était
vers une demande pour être inclus dans le territoire, subventionnable.
J'ai eu l'occasion de dire, avant de vous recevoir, que les limites qui ont
été retenues pour la proposition étaient basées sur
la zone métropolitaine de recensement, parce qu'après avoir
examiné plusieurs délimitations celle-ci nous paraissait la
meilleure. De deux choses l'une, encore une fois, ou votre regroupement de
municipalités et la vôtre, en particulier, désirent
s'impliquer dans le transport en commun - bien sûr, c'est tout à
fait légitime - en voulant connaître les factures de
Métropolitain provincial et le régime proposé... Il me
semble que, si on parvient à avoir une solution pour liquider le
passé et le présent, la formule qu'on propose est de dire
simplement: Les règles d'aide financière au transport en commun
sont les mêmes pour tout le monde dans la grande région
métropolitaine de Montréal. Il n'y a pas de discrimination qui
est faite pour un groupe par rapport à un autre. À ce
moment, l'attente qu'on avait, c'était plutôt de se faire
demander de vous inclure dans le territoire. Ce n'est pas cela du tout
l'orientation. Pouvez-vous m'expliquer?
Mme Trépanier: Vous allez comprendre que nous avons
d'autant plus d'appréhension que, comme mon collègue de
Châteauguay, M. le maire Bonneau, nous savons que nous allons recevoir
des factures de la CTCUM concernant des déficits. Nous ne connaissons
pas encore la portée des déficits accumulés, mais nous
avons énormément d'appréhension. Vous allez comprendre
notre inquiétude, à savoir que si nous sommes
intégrés, chapeautés par l'ORT, nous aimerions en savoir
au préalable la portée financière. Il est toujours
question de la capacité de payer des contribuables. Les maires des
municipalités sont de plus en plus conscients de cette
réalité que nous vivons, surtout au moment de la
préparation des prévisions budgétaires.
M. Clair: Entendons-nous bien, le système actuel a fait en
sorte que la CTCUM va devoir, tôt ou tard - et le plus tôt sera le
mieux, j'ai eu l'occasion de le dire - envoyer l'état de comptes. Si on
ne modifie pas ce système, pendant combien de temps cela va-t-il durer?
La CTCUM va décider à votre place du niveau de services, de la
tarification et, donc, de la facture qu'elle va vous envoyer, sans droit de
parole.
Ce qu'on propose, c'est de modifier ce régime et dire qu'à
compter du 1er janvier -c'est la date que nous proposons; peut-être que
les événements nous forceront à la retarder d'un mois ou
deux, je l'ignore -dorénavant, en dehors du territoire de la CTRSM, de
la CTCUM et de la Commission de transport de Laval, plutôt que d'avoir
une situation où les municipalités reçoivent des
quotes-parts sans n'avoir rien à dire, rien à décider
permettons aux municipalités qui partagent les mêmes corridors de
transport de se regrouper, de déterminer elles-mêmes si, oui ou
non, elles veulent du service, quel niveau de services elles désirent
et, ainsi, de prévoir elles-mêmes les déficits qu'elles
encourront. Dans la mesure où vous seriez inclus dans la zone C, par
hypothèse, le gouvernement appliquerait les règles de
subventions, d'aide financière prévues. Cela devient beaucoup
plus aisé de faire le calcul de l'impact sur la taxe foncière.
Parce que l'autre option, par rapport à notre proposition d'un conseil
local de transport, c'est la situation actuelle, à moins que vous n'en
ayez une autre à proposer.
Mme Trépanier: M. le Président, les questions que
vous vous posez, nous nous les posons nous-mêmes. Voilà pourquoi
nous demandons un délai raisonnable pour étudier, justement
l'équilibre des coûts, pour savoir exactement où nous
allons. Vous allez nous comprendre certainement parce que présentement
ce que le livre blanc apporte, c'est que nous ne pourrons pas
bénéficier de subventions. Que les municipalités entre
elles s'organisent pour se donner un service en constituant, par exemple, un
conseil pour ce faire, c'est fort possible, c'est une solution. Encore
là, il faut avoir le temps d'étudier quelles seraient la
portée financière et les conséquences de cette
organisation.
M. Clair: Je comprends, pour la dimension financière, que
vous vouliez d'abord savoir c'est quoi la quote-part, que vous ayez le temps de
mener des études sur combien cela pourra coûter pour tel niveau de
services. Mais, le principe même de la constitution de conseils locaux de
transport, est-ce que cela ne vous apparaît pas bon actuellement? J'ai
trouvé deux possibilités; la première, c'est le statu quo,
soit de choisir un gros organisme, capable de planifier, de tout faire si l'on
veut, idéalement - du moins bien des gens pensent que la CTCUM
elle-même se voit comme cela - et de dire à la CTCUM: Vous allez
organiser ces municipalités autour de Montréal et puis vous leur
enverrez la facture; quand elles chialeront, ne sera pas plus grave que cela.
C'est une première solution, que nous rejetons.
L'autre possibilité - je n'en vois pas beaucoup d'autres - c'est
sur le plan des principes, de regrouper les municipalités par corridors
de transport et de leur donner un pouvoir décisionnel quant au niveau de
services.
Si vous n'acceptez pas cela - c'est pour cela que je vous pose la
question - c'est quoi votre solution? Je suis incapable d'en imaginer d'autres
qui respectent les principes fondamentaux de l'autonomie locale, du "no
taxation without representation" et de l'efficacité. S'il y a 30
municipalités traversées par un même corridor de transport,
on ne peut pas avoir 30 commissions ou 30 organismes qui décident. Il
faut regrouper les gens et qu'il y ait un mécanisme décisionnel,
sans quoi la solution de rechange, c'est de donner pour un tiers chacun au
gouvernement, à la CTCUM et à la CTRSM le pouvoir de
décider à votre place. Je comprends vos réserves sur le
plan financier et tout cela, mais sur la formule du conseil local de transport,
si vous rejetez la proposition que nous faisons, quelle est la vôtre?
Mme Trépanier: M. le Président, M. le ministre nous
suggère trois choix. J'entérine ce que vous apportez, que la
capacité de payer des contribuables est très importante, mais il
faut aussi assurer la qualité du service. À partir de ces
différents facteurs, ce que nous demandons à la commission,
c'est un délai...
M. Clair: De combien de temps?
Mme Trépanier: ... plus de temps. Le temps
d'étudier, vous savez ce que cela peut donner, et le temps de
présenter les rapports, de consulter. Il faut consulter, parce que nous
travaillons ensemble. Même si toutes les municipalités de la
MRC-Beauharnois-Salaberry ne sont pas représentées ici, toutes
ces municipalités sont concernées de près ou de loin. Il y
a toujours le temps de la consultation. Mais chose certaine, au moins quelques
mois, et même plus que quelques mois.
M. Clair: Est-ce que vous convenez avec moi que nous avons
avantage à ce que ce délai soit le plus court possible parce
qu'entre-temps le compteur, le "meter", comme on dit parfois, continue à
tourner à la CTCUM? Il continue à tourner, le "meter", et la
facture continue de s'accroître. Moi, j'ai, à ce point de vue, la
conviction que le plus rapidement on pourra donner aux municipalités un
pouvoir décisionnel quant au niveau de services qu'elles
désirent, le plus rapidement elles seront en mesure de contrôler
le déficit qui en résultera.
Mme Trépanier: Vous comprendrez, M. le Président,
que nous ne connaissons pas l'importance de la facture. Est-ce que ce sera plus
considérable ou moins considérable que l'alternative que nous
pourrions suggérer? Il y a cela aussi.
M. Clair: Oui, cela, je le comprends.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avant de passer
à d'autres questions, est-ce que les membres de la commission,
étant donné que nous sommes à l'heure de la suspension,
sont d'accord pour continuer? (18 heures)
M. Bissonnet: Je proposerais de suspendre pour la simple
considération que notre porte-parole officiel doit s'absenter
immédiatement et il a des questions à poser à Mme la
mairesse. Donc, je propose qu'on suspende nos travaux jusqu'à 20
heures.
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon, il
reste tellement encore d'organismes à entendre que, même si on
voulait essayer de finir à 19 heures ou 20 heures ou 21 heures, on en
aurait sûrement jusqu'à minuit. Il reste au moins six ou sept
organismes à entendre. Il serait donc illusoire de penser qu'en poussant
encore une demi-heure, une heure ou deux heures, on pourrait finir à 20
heures ou à 21 heures. De toute façon, on en a jusqu'à
minuit; alors, aussi bien prendre le repas du soir et revenir à 20
heures.
M. Clair: Peut-être que si le député me
permettait trois minutes pour terminer.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection, mais, si vous voulez, je
reprendrai à 20 heures.
M. Clair: Oui, vous reprendrez lorsque vous reviendrez à
20 heures, cela va. Je reviens avec ma question principale. Quant à la
dimension financière, on a parlé de la nature institutionnelle.
En termes de principe, je comprends que vous vouliez savoir combien cela va
coûter avant de vous impliquer, avant de répondre de façon
définitive. Mais pour celui qui vous parle, c'est très important
et je suis convaincu que c'est la même chose pour votre
député qui me fait des représentations. Sur le principe,
est-ce que - je comprends que vous réclamez le maintien du service et la
justice pour vos usagers du transport en commun, ce que je partage
complètement - les municipalités que vous représentez et
la vôtre en particulier sont d'accord, oui ou non, pour une contribution
financière au déficit inévitable, probablement, du
transport en commun dans votre région? Est-ce que, oui ou non, les
municipalités sont d'accord, en termes de principe?
Mme Trépanier: Maintenant, par principe, qu'est-ce que
vous voulez dire exactement? Il faudrait comprendre ce que vous voulez dire par
principe.
M. Clair: Ce que je veux dire, c'est qu'au niveau d'un principe
des municipalités sont venues réclamer d'être
impliquées dans le territoire C afin, disent-elles, d'être
admissibles à des subventions du gouvernement pour pouvoir, elles aussi,
participer financièrement aux coûts d'exploitation du transport en
commun sur leur territoire. Dans le territoire D, la proposition, telle qu'elle
est présentement, dit: On va tenter, vu que les municipalités ne
veulent pas payer, de se tourner vers les transporteurs privés et de
l'exploiter sur une base rentable. Si cela devait s'avérer non rentable,
donc s'il était impossible d'aller vers des transporteurs privés,
on se trouverait face à un cul-de-sac. Moi, je vous dire d'ores et
déjà, Mme Trépanier, que le gouvernement n'acceptera pas
de mettre sur pied un programme spécial d'aide financière au
transport en commun pour Valleyfield. Je ne peux pas faire cela et j'imagine
que ce n'est pas ce que vous me demandez. Alors, je me dis: De deux choses
l'une, ou vous voulez être en dehors du territoire C, ne pas payer et que
le gouvernement prenne tous les moyens possibles pour essayer d'avoir une
alternative par des transporteurs privés, sur
une base de rentabilité, ou vous acceptez d'embarquer dans le
territoire C; auquel cas, automatiquement vous devez accepter le principe de
participer au déficit. Sans quoi, vous maintenez une situation
d'ambigul'té qui joue en défaveur de votre région.
Mme Trépanier: M. le Président, vous comprendrez
qu'avant de m'exprimer sur une question de principe il me faut avoir beaucoup
plus d'information sur le sujet. Toute la question, la problématique
présente, c'est d'avoir du temps pour analyser les inconnues: si nous
décidons de demander au gouvernement de nous intégrer dans la
zone C, si c'est plus avantageux pour nous ou non, ou si nous
préférons ne pas avoir de subvention et nous organiser au niveau
des municipalités de la région, quitte à payer le
déficit. Vous comprenez?
M. Clair: Je comprends. Il me semble que nos
intérêts sont communs. Au fond, Mme Trépanier, le plus
facile pour moi serait de vous répondre: Réfléchissez-y,
ma foi, deux ans, trois ans. En attendant, c'est la CTCUM qui offre le service,
qui envoie la quote-part. Le plus longtemps vous y penserez, le plus longtemps
le problème durera. Je comprends que je subventionne vos revenus, mais
je n'oublie pas que vous recevez des déficits. Je vais continuer
à y penser, parce que j'ai l'impression que ce que vous demandez, c'est
d'avoir du temps pour pouvoir continuer à payer aussi longtemps que vous
y réfléchirez.
Mme Trépanier: M. le Président, M. le ministre,
vous comprendrez que nous avons eu très peu de temps. Même si
l'équipe de professionnels, les représentants du ministère
sont venus nous donner beaucoup d'information, c'est un dossier très
complexe. Vous allez le comprendre. Il faut nous donner du temps, sans que cela
soit des années, au moins, quelques mois pour voir clair avant
d'apporter notre opinion sur le sujet. Vous comprendrez que notre région
est drôlement perturbée. Nous sommes isolés. Nous avons
l'impression d'être oubliés.
M. Clair: Au contraire. On ne vous oublie pas. J'étais
réceptif à des possibilités d'élargissement de la
région pour l'inclure dans la zone C. Il y a toutes sortes de
possibilités qui peuvent s'offrir. Ce que j'en conclus, pour terminer -
parce que j'avais un consentement pour cinq minutes, je ne voudrais pas
ambitionner - c'est que je vais demander à mes gens au COTREM de
continuer d'être disponibles pour vous fournir toute l'information
pertinente, afin de s'assurer que le plus rapidement possible on soit en mesure
de s'arrimer. Je vous remercie, madame.
Mme Trépanier: Maintenant, vous permettez que M. Forget
s'exprime sur le sujet.
M. Clair: Oui, j'oubliais.
M. Forget (Claude): M. le Président, le ministre, tout
à l'heure, a parlé d'une ambigul'té. Je pense qu'avant de
considérer le problème de savoir si, dans la région, les
municipalités sont intéressées ou disposées
à mettre sur pied un conseil régional de transport, notre premier
devoir devant la commission était de réagir à la
proposition telle que formulée qui ne porte pas, bien sûr, sur le
transport en commun dans la région de Valleyfield, mais sur le transport
en commun dans la région métropolitaine de Montréal.
À cet égard, il est exact qu'il y a une ambigul'té,
mais l'ambiguïté n'est pas dans la position que nous adoptons. Elle
est dans la proposition gouvernementale elle-même, dans le sens suivant:
c'est que, d'une part, pour les municipalités qui sont situées
dans la zone C, il y a une responsabilité résiduelle qui leur est
dévolue vis-à-vis des déficits du réseau de
transport en commun, et, d'autre part, elles bénéficient de
subventions pour le fonctionnement de ces réseaux. Chaque
municipalité doit donc peser, les uns vis-à-vis des autres, les
avantages et les désavantages. Vous nous demandez, à ce
moment-ci, de prendre une position de principe, comme si on avait dans les
plateaux de la balance les éléments nécessaires pour en
arriver à un jugement, alors qu'ils sont manifestement absents.
Même pour les services passés, ce qui est remarquable, les
municipalités de la région cherchent depuis des années,
tous les ans, au moment de la préparation de leur budget, à
savoir combien il leur en coûtera pour le déficit
déjà encouru par la CTCUM pour les desservir, ce qu'elles sont
incapables d'obtenir. Alors, à plus forte raison, si on leur demande de
se prononcer pour peser les avantages et les désavantages pour l'avenir,
elles sont dans une situation d'incertitude, d'ignorance encore bien plus
grande ceci rend notre position extrêmement difficile, ambiguë,
puisqu'il faut faire des suppositions quant à l'avenir pour trancher le
dilemme. Les suppositions quant à l'avenir que l'on a faites dans le
mémoire sont dans un sens très claires pour nous amener à
conclure qu'il vaut mieux être exclu de la région parce que les
désavantages d'en faire partie nous paraissent plus grands que les
avantages. Autrement dit, le déficit anticipé du transport en
commun dans la grande région de Montréal et ses retombées
sur les municipalités des zones A, B et C représenteront des
coûts bien supérieurs aux avantages que les résidents de la
région de Valleyfield, en particulier, retireraient à titre
d'usagers du transport en commun subventionné.
La conclusion qui s'en dégage, c'est donc qu'il faut se
féliciter d'en être exclus, parce qu'on évite une
responsabilité résiduelle pour un déficit que la
proposition gouvernementale sous-évalue considérablement à
nos yeux. Pourquoi cette affirmation? Elle est simplement tirée de ce
que l'on observe pour le passé. Depuis sept ans, les coûts du
transport en commun dans la grande région métropolitaine de
Montréal s'accroissent de 20%. Magiquement, à partir de 1982 ou
1983, ils sont censés être réduits à un rythme de
10%. Or, il n'y a rien dans la proposition et rien dans le reste de ce qui
entoure les services de transport en commun qui permette d'être aussi
optimiste sur le rythme de croisière des coûts.
Si on est, donc, déçu de ce côté-là,
si l'accroissement des dépenses se maintient à peu près au
rythme passé ou même à un rythme un peu inférieur,
mais de beaucoup supérieur aux 10% que le livre blanc laisse entrevoir,
on doit donc envisager des déficits énormes pour les villes qui
seront membres de l'organisme régional de transport.
Devant cette perspective, qui est aussi certaine ou presque aussi
certaine que les déficits passés encore inconnus, du moins, quant
à leur impact sur notre région, on en arrive à une
conclusion qui n'est pas ambiguë du tout: Bravo de nous exclure de cette
région, parce qu'on n'a pas du tout envie d'imposer à nos
contribuables un fardeau de cet ordre de grandeur! En même temps que les
coûts vont s'accroître plus rapidement que ceux envisagés
dans le livre blanc, le gouvernement du Québec se retire
également - enfin, se retire, toutes choses étant égales,
d'ailleurs, tenant compte des engagements pris depuis 1980 - passant de 100%
à 60% dans le financement du service de la dette.
L'assiette fiscale qui est envisagée pour la nouvelle
région est de 43% plus vaste que l'assiette fiscale qui assume
actuellement le déficit résiduel du transport en commun dans la
région de Montréal. Il nous semble que l'ordre de croissance du
déficit résiduel sera à peu près égal
à celui-là, ce à quoi il faut ajouter les 40% qui ne
seront désormais plus assurés par le gouvernement au titre du
service de la dette.
Alors, la perspective d'avenir, dans la mesure où on a pu
l'extraire des documents et des informations qui nous ont été
fournis, semble assez effrayante pour nous amener à conclure que, sans
l'ombre d'un doute, il vaut mieux se passer des subventions et se
débarrasser de la perspective d'un fardeau fiscal énorme qui
attend toutes les municipalités qui sont incluses dans l'aire de
juridiction de l'ORT. Donc, il n'y a pas d'ambigui'té du tout. Il
demeure, malgré tout, une ambiguïté qu'on ne peut pas
dissiper totalement parce que c'est basé sur des projections de
coûts, mais nos projections de coûts, contrairement à celles
du ministère, sont basées sur l'expérience passée
plutôt que sur des voeux exprimés quant à l'avenir, des
voeux qui sont en rupture complète par rapport à
l'expérience vécue. Il nous semble qu'il est plus certain de
prédire une forte augmentation des déficits que de prédire
une modeste augmentation des déficits.
Se tournant maintenant du côté des modalités en
vertu desquelles les services seraient donnés à la région,
bien sûr, il y a toutes sortes de possibilités. Il y a la
possibilité que l'on s'adresse à une des commissions de transport
pour donner les services, ou il y a la possibilité que l'on s'adresse
à des transporteurs privés. Il est impossible de se prononcer en
principe, là non plus, parce qu'on ne sait pas ce que veulent dire
concrètement les principes de répartition de coûts qui sont
soulevés dans le livre blanc. De quels coûts parle-t-on
exactement? Cela peut faire toute la différence selon que l'on calcule
les coûts d'une façon ou d'une autre.
Comme nous ne serions pas membres de l'organisme qui déciderait
des méthodes à utiliser pour calculer les coûts et les
répartir, et, donc, tarifer les régions qui ne
bénéficient pas de subventions - tout cela fait partie du
même tableau - nous en arrivons à la décision qu'une des
possibilités qu'on pourra considérer, ce sera peut-être
d'être desservis par les commissions de transport, pourvu seulement qu'on
puisse en appeler de la façon dont les normes sont
édictées par le gouvernement lui-même, telles que la
tarification selon les coûts, selon la distance, pour être
sûrs que ces principes qui seront dans le projet de loi seront
appliqués de façon rigoureuse. Comme on ne fera pas partie des
décisions, il n'y a que la Commission des transports du Québec
qui pourra nous donner un droit d'audience pour contester des mesures
arbitraires dans la façon dont ces coûts sont calculés,
dans la façon dont les coûts fixes sont répartis.
Un réseau de transport comprend des coûts fixes
considérables. Il n'y a pas seulement les coûts du personnel
roulant en quelque sorte, les coûts d'énergie, etc., il y a
également l'immense coût fixe d'un réseau entier qui
dessert l'ensemble de la région. Comment va-t-on répartir ce
coût fixe? Comme on le sait, ce sont des principes qui sont à peu
près arbitraires, mais il y a mille façons de le faire. (18 h
15)
Un peu plus tôt durant la journée, le ministre soulignait
que ce seraient finalement, peut-être, seulement des décisions
politiques. Il faut comprendre que ces décisions politiques seront
prises par des organismes dont nous ne ferons pas partie et que, même si
nous en faisions partie, le
poids démographique et le poids économique de la
région représentent environ 4%, je pense, de la masse,
comparé à l'ensemble de la région métropolitaine.
Si ce ne sont que des décisions politiques, autant ne pas parler de
principes de tarification; ce seront les plus forts qui décideront. Il
nous semble que ce n'est pas l'intention du gouvernement. L'intention du
gouvernement est de poser certains principes de tarification et de nous donner
la possibilité, à nous, très minoritaires dans le tableau
d'ensemble, d'en appeler à un arbitre indépendant pour contester
certaines méthodes qui favoriseraient exagérément le
centre-ville par opposition à la périphérie.
Je pense qu'il n'y a pas d'ambigul'té. Il y a, évidemment,
beaucoup d'incertitude et si jamais toutes ces solutions n'étaient pas
optimales pour nous, il faudrait considérer, par exemple,
l'établissement d'un conseil de transport régional, des contrats
avec des transporteurs privés. Mais tout cela ne s'improvise pas. On ne
peut pas, le 1er janvier, avoir un réseau complet qui se substitue
à Métropolitain provincial. Ce n'est pas physiquement possible.
Non seulement ce n'est pas physiquement possible, mais ce n'est pas responsable
vis-à-vis des contribuables de la région de s'engager dans de
telles dépenses sans connaître le coût des solutions de
rechange.
Or, là, je reviens à mon point de départ.
Même pour ce qui est des services passés, on ne connaît pas
encore ce qu'il nous en a coûté depuis 1980 quant à notre
quote-part de la desserte de Métropolitain provincial. À plus
forte raison, si on ne peut pas connaître le passé, M. le
ministre, il sera très difficile de connaître le présent et
encore plus difficile de connaître l'avenir. On ne voit pas comment on
peut prendre des décisions raisonnables quand il n'est même pas
possible de connaître le passé.
M. Clair: II y a des points du diagnostic que je partage
totalement avec vous. C'est évident que le fait de ne pas
connaître la facture de Métropolitain provincial complique la
situation. C'est évident que modifier le régime de fonctionnement
du transport en commun dans votre région... Vous dites que vous ne
représentez que 4%. Moi, je dois vous dire: Ne vous sentez pas
diminués par ce chiffre. En termes de corridor de transport, suivant les
achalandages qu'on donnait tantôt (le corridor Maple-Grove-Valleyfield,
6200 passagers par semaine, la ligne Châteauguay-Mercier, 17 200 par
semaine) on voit que ce corridor de transport, quant à nous, n'est pas
négligeable. Au contraire, c'est l'un des corridors de transport
importants, une des régions importantes qui va vivre un changement
nécessaire.
Si on continue selon le régime actuel, nous sommes dans un
cul-de-sac. Inévitablement, on peut se douter comment cela va se
terminer. Si on ne change rien au régime, cela va se terminer devant les
tribunaux, avec une contestation de la loi -je ne me souviens plus du
numéro - 112 qui a fait de Métropolitain provincial une filiale
de la CTCUM avec les obligations encourues qu'on connaît. À ce
point de vue, ne vous sentez nullement ignorés ne pensez pas qu'on
veuille vous tasser. Au contraire, l'extérieur de Montréal, la
rive sud et Laval, c'est un des gros secteurs qu'il faut organiser
convenablement et je pense que, là-dessus, les gens du COTREM ont fait
preuve de disponibilité. Dans le fond, la seule chose sur laquelle
j'insisterais, ce serait - que ce soit avec M. Forget, s'il agit comme
consultant sur les questions de transport en commun, ou avec les maires - que
l'ensemble de la problématique continue d'être
étudié afin qu'on puisse en venir à une solution aussi
rapidement que possible. Le 1er janvier, comme je le disais tantôt, ce
n'est pas une date irréversible. Il y a peut-être moyen
d'envisager d'autres possibilités, mais une chose est certaine, c'est
qu'on ne peut pas laisser durer indéfiniment la situation actuelle qui
est désavantageuse pour le gouvernement du Québec, qui est
désavantageuse pour les municipalités et qui, à mon humble
avis, ne comporte pas d'avantages réels, non plus, pour la CTCUM. On ne
peut pas laisser un réseau comme celui-là fonctionner comme il
fonctionne présentement.
Je voudrais juste, si vous le permettez, M. Forget, corriger
peut-être une erreur de perception. Vous faisiez référence
tantôt à l'organisme régional de transport. Ce n'est
nullement notre intention - c'est ce que j'ai cru comprendre - de donner la
possibilité à l'organisme régional de transport d'envoyer
des quotes-parts sur la taxe foncière, en aucune façon. Vous
parliez du potentiel fiscal. J'ai cru comprendre que c'était le
potentiel fiscal sur l'impôt foncier. Il n'en est aucunement question.
Nous sommes pleinement conscients que ce serait de la dynamite, que ça
ne pourrait jamais fonctionner politiquement d'envoyer des quotes-parts dans
l'ensemble de la grande région. C'est pourquoi, pour financer des
services de nature régionale, on proposait trois sources nouvelles de
financement afin, justement, d'avoir à éviter de donner à
quelqu'un le pouvoir d'envoyer des quotes-parts sur la taxe foncière
à d'autres municipalités.
Je veux vous réitérer, M. Forget, Mme Trépanier,
toute la disponibilité du ministère des Transports et du COTREM
pour vous aider à préciser les calculs, à préciser
les hypothèses le plus rapidement possible, parce que je pense
qu'effectivement le corridor en question, votre région doit être
desservie
convenablement aux meilleurs coûts dans le respect des principes
fondamentaux de démocratie, de justice et de meilleur contrôle de
l'efficacité. Oui?
M. Forget: Si vous me le permettez, M. le Président,
relativement à cette question du financement du déficit
résiduel de fonctionnement, je me réfère seulement au
tableau 5 du livre blanc, à la page 54, où on dit que, dans le
régime proposé, le déficit résiduel de
fonctionnement relativement aux services régionaux est partageable
à 70% par les municipalités et à 30% par la région.
Vis-à-vis les 70%, si on ne vise pas l'assiette fiscale foncière,
quelle taxe locale municipale vise-t-on? C'est la principale.
M. Clair: Ce n'est pas une taxe imposée par l'organisme
régional de transport. C'est une taxe foncière qui vient de la
municipalité. Par rapport à la situation actuelle, M. Forget, si
vous me le permettez, actuellement, c'est 100% du déficit
résiduel; c'est-à-dire qu'une fois comptabilisés les
revenus et les subventions du gouvernement, 100% du déficit
résiduel sont à la charge des municipalités, donc,
à la charge de la taxe foncière. Afin d'alléger le fardeau
de la taxe foncière à ce chapitre, ce qu'on proposait,
c'était de le réduire, de 100% à la charge des
municipalités, à 70%, en envoyant 30% des factures sur l'ensemble
de la région par le truchement des nouvelles sources de financement.
Cela ne constitue nullement un accroissement du fardeau fiscal pour les
municipalités, mais, au contraire, une réduction de 30%.
M. Forget: Oui, mais il reste que le déficit est
financé à 70% à même l'assiette fiscale que
constitue l'impôt foncier dans le régime proposé. Donc, la
responsabilité en termes municipaux, en termes d'assiette fiscale
continue d'être majoritairement une responsabilité
foncière. Je suis bien d'accord et si j'ai dit quoi que ce soit qui
prête à confusion, je reconnais que ce n'est pas une taxe
qu'impose la région, mais c'est, malgré tout, une taxe à
caractère régional puisqu'on désigne ces services comme
étant des services à caractère régional - qui est
imposée par chaque municipalité.
La perspective que le déficit soit plus élevé que
celui anticipé fait que c'est un fardeau qui n'est pas
négligeable. Je me permets de dire que la proposition n'est pas
absolument limpide, puisqu'on dit que les municipalités seraient
responsables du déficit encouru en fonction des services fournis ou
quelque chose du genre. Mais que veut dire cette expression? Est-ce
mesuré en fonction du nombre de passagers? Est-ce que c'est
mesuré en fonction de la capacité offerte? Comment les
coûts sont-ils répartis, encore une fois, et comment les
coûts fixes sont-ils répartis? Cela peut produire une estimation
du coût à partager qui probablement varie de 1 à 10. Il y a
donc une immense inconnue de ce côté-là. Pour être
sûr, pour ne pas commettre, évidemment, d'imprudence face aux
responsabilités qu'ont les différentes municipalités
vis-à-vis de leurs contribuables, on prend peut-être la pire des
hypothèses, c'est-à-dire que c'est, brutalement, l'assiette de la
taxe foncière et qu'on répartit au prorata l'ensemble du
déficit résiduel.
Maintenant, il n'y a rien dans la proposition qui nous permette de dire
si c'est cette hypothèse qu'il faut retenir ou une autre, ce qui rend,
évidemment, toutes les évaluations et la consultation
elle-même extrêmement aléatoires, parce qu'on ne sait pas si
on parle tous de la même chose.
M. Clair: Si vous le permettez, M. Forget, un conseil local de
transport se réunit, décide de se donner un niveau de services.
C'est à ce moment-là qu'il vient de déterminer
lui-même la quote-part pour l'ensemble des municipalités qui se
trouvent dans le conseil local de transport. Dans la proposition, c'est tout
à fait exact, nous n'avons mis aucune proposition quant à la
façon pour les municipalités à l'intérieur d'un
même conseil local de transport de se répartir la facture en se
disant: Les municipalités verront entre elles à choisir les
meilleurs critères de répartition de l'assiette foncière
en fonction de l'achalandage ou du nombre de kilomètres parcourus,
peut-être d'une composition de ces différents
éléments. Ce qu'il est important de comprendre, fondamentalement,
c'est que ce serait le conseil local de transport qui déciderait
à toutes fins utiles, avec les erreurs de prévision toujours
possibles, de son niveau de services, donc de son niveau de déficit et,
ainsi, le répartirait sur la base souhaitée.
M. Lapierre (Michel): M. le Président... Le
Président (M. Boucher): Oui.
M. Lapierre: ... j'aimerais, à partir de ce qui a
été dit par M. le ministre, à partir de sa proposition,
qu'il nous dise qu'elle serait la meilleure proposition pour nous. Est-ce que
ce serait d'être intégrés à la zone C ou de rester
à l'extérieur de la zone C? Si, à partir de cela, il
pouvait me dire immédiatement: La zone C serait favorable pour vous, on
pourrait peut-être vous répondre immédiatement à la
revendication que vous nous avez faite tout à l'heure.
M. Clair: J'aurais tort de vous influencer indûment.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise de la séance à 20 h 12)
Le Président (M. Boucher): La commission des transports
reprend ses travaux où nous les avions laissés. Je crois que mon
collègue de Laporte avait des questions à poser.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous avons devant
nous Mme la mairesse et les représentants de la ville de
Salaberry-de-Valleyfield qui nous présentent un mémoire qui est
préparé conjointement par la ville de Valleyfield et certaines
autres municipalités environnantes, dont Beauharnois, Maple-Grove,
Melocheville et Saint-Timothée.
En premier lieu, au nom de mes collègues de l'Opposition, je
tiens à vous féliciter, Madame, pour le mémoire que vous
avez présenté devant cette commission. À notre avis, il
s'agit là d'un des meilleurs mémoires qui ont été
présentés jusqu'à maintenant depuis trois jours, sans
vouloir discréditer les autres - il y en a eu de très bons - en
ce que, dans votre mémoire, vous faites un effort particulier pour
tenter de cerner les aspects financiers de la proposition et les
conséquences que pourraient avoir, pour les municipalités de
l'agglomération de Montréal, les conclusions auxquelles en vient
le gouvernement dans sa proposition de réforme. Je pense qu'aucun autre
mémoire n'est allé en profondeur autant que le vôtre,
autant que vous, sur cette question.
Je remarque que vous êtes accompagnée de M. Claude Forget,
qui est un avocat et un économiste émérite. Je
n'étais pas ici tout à l'heure quand M. le ministre a eu le
plaisir d'interroger M. Forget, mais j'aimerais à mon tour, si vous ie
permettez, avoir le privilège de lui poser quelques questions. Est-ce
que cela va? Il n'y a pas de problème. Bon, je vous remercie
beaucoup.
Mme Trépanier: Cela va.
M. Bourbeau: Avant de commencer, toutefois, j'aimerais relever
une remarque qui a été faite au début par le ministre des
Transports, lorsqu'il s'est étonné de voir qu'il semblait y avoir
un changement d'attitude de la part de vos municipalités entre le moment
où vous avez assisté à des réunions avec les
fonctionnaires du COTREM et le ton du mémoire. Quant à moi,
j'interprète cela comme étant, au contraire, une position
très sage de votre part. Enfin, selon ce qu'on m'a rapporté -
parce que nous avions aussi des observateurs - effectivement, les
municipalités que vous représentez ont été
peut-être les plus assidues aux réunions; elles se sont
prêtées à tous les exercices; elles ont tenté de
comprendre la proposition gouvernementale et, en ce sens, évidemment,
vous avez peut-être donné l'impression que vous étiez
d'accord. Mais je pense qu'une fois que vous avez pris connaissance de tous les
arguments, de tous les beaux tableaux qui vous étaient
présentés - en couleur sûrement - par les fonctionnaires,
vous êtes retournés chez vous, vous avez fait vos devoirs et vous
avez étudié en profondeur la proposition. Évidemment,
éventuellement, vous êtes arrivés avec une proposition qui
est, assez critique à l'égard du gouvernement, de la proposition
gouvernementale. Je pense qu'au contraire, c'est une raison additionnelle pour
porter foi à votre mémoire, puis que vous avez pris le temps
d'étudier et d'assister à toutes les réunions; vous ne
vous êtes dérobés en aucun cas à tout ce que les
fonctionnaires avaient à vous faire accepter.
M. Forget, dans le mémoire qui est présenté par les
municipalités en question, un jugement très sévère
est porté sur la méthodologie employée par le gouvernement
pour en arriver à des conclusions d'ordre financier et à des
projections sur les coûts futurs.
Dans le mémoire, entre autres, je note, à la page 7, que
vous prétendez qu'on a estimé ie taux d'augmentation des
coûts à 10% par année, alors qu'historiquement depuis cinq
ans on assiste à une progression de 20% par année. Vous dites que
c'est un artifice regrettable, enfin le mémoire dit qu'il s'agit d'un
artifice regrettable. Un peu plus loin, on emploie même une expression,
on dit que "c'est frôler la tromperie que d'attribuer au régime
proposé un effet sur la croissance des coûts de nature à
rendre cette réforme, pour cette seule raison, plus attrayante que ne
serait le statu quo". C'est un jugement très sévère qui
est porté sur la méthode de calcul employée par les
fonctionnaires du gouvernement et j'aimerais que vous nous expliquiez un peu en
quoi il s'agit d'un artifice regrettable et en quoi cela frôle la
tromperie.
M. Forget: J'aimerais d'abord préciser quant au taux de
20%. On l'obtient si l'on considère la période de 1977 à
1981, comme le fait le livre blanc, et même si nous retournons plus loin
en arrière pour considérer une période de sept ans. Le
taux annuel de 20% d'augmentation est aussi vrai pour la période de
1975-1981 que pour la période de 1977-1981, ce qui indique une
extraordinaire stabilité. Dieu sait que les conditions
économiques et autres ont varié beaucoup pendant l'ensemble d'une
période de sept ans, et cette période en particulier.
Malgré tout, on obtient un pourcentage très élevé
d'augmentation des coûts. Cela on le sait, c'est pour le
passé.
Qu'est-ce qui nous amènerait à supposer que cela va
changer? Nous ne faisons que poser la question sans trouver la réponse
comme telle dans le livre blanc, sauf à un
égard, le livre blanc change les règles du jeu,
malgré tout récentes, relativement au financement des
immobilisations, de l'infrastructure lourde de transport, en se retirant, pour
une part, du financement du service de la dette. Il y a un paragraphe quelque
part dans le livre blanc qui laisse entendre que les municipalités qui
seront désormais mises à contribution pour le service de la dette
adopteront peut-être une attitude plus réservée quant
à l'expansion future du réseau. Cela reste à
démontrer, bien sûr, mais ce qui est remarquable, c'est que,
même si le livre blanc dit cela avec des mots, le tableau no 8, que l'on
retrouve à la fin, indique clairement que cet effet ne sera sensible que
dans une période assez éloignée, c'est-à-dire que
d'ici à 1985 il n'y a aucune différence dans les projections
quant au service de la dette entre le régime actuel et le régime
proposé, ce qui veut dire qu'on suppose que de toute manière le
rythme des immobilisations demeurera inchangé pour les quelques
prochaines années. Ce n'est donc pas là qu'on va voir un
soulagement. Si soulagement il y a, il interviendra après 1985, de
l'aveu même des analystes du ministère des Transports.
Si les coûts d'immobilisations ne se modifient pas, est-ce qu'il y
a d'autres coûts qui vont se modifier? Il semble difficile de voir les
implications pour les relations de travail qui découleraient de
l'adoption du livre blanc. C'est 75% des coûts du régime.
Évidemment, les coûts de la main-d'oeuvre ont été
derrière l'augmentation de 20% des coûts dans une proportion
importante. Il semble qu'il n'y ait pas de changement de ce
côté.
Donc, à tous égards, qu'il s'agisse des coûts de
fonctionnement ou des coûts d'immobilisations, il ne semble pas
qu'à l'horizon des prévisions contenues au livre blanc, il y ait
quoi que ce soit de changé.
On peut bien dire: On prévoit une inflation moindre pour les
prochaines années. Il est dit aussi dans les notes, à la fin du
livre blanc, qu'on prévoit, pour les prochaines années, une
inflation moindre que l'inflation actuelle. Souvenons-nous que ce que nous
comparons, ce sont les quatre prochaines années avec les cinq et
même les sept années antérieures. Si on établit la
moyenne de l'inflation pour les cinq ou les sept années
antérieures, on n'observe pas un taux d'inflation aussi
élevé que celui qu'on est porté à l'imaginer.
Effectivement, pour les quatre années antérieures, le taux
d'inflation moyen est de 9,75%, qu'il faut comparer à 20% d'augmentation
des coûts du transport. Supposez que l'inflation diminue à 8%,
comme le supposent les analystes qui ont rédigé cette partie du
livre blanc, la différence est de 1,75%. Il est difficile de voir que
cela serait suffisant pour faire abaisser le taux d'accroissement de l'ensemble
des dépenses du transport en commun de 20% à 10%. Qu'on analyse
les chiffres d'une façon ou d'une autre, on reste devant un
mystère qui semble dicté par le désir de présenter
les propositions sous le meilleur éclairage possible. Il nous semble que
c'est naturellement et intuitivement plus intéressant de voir des
projections de coûts à 10% que de les voir à 20% et que
c'est peut-être susceptible d'influencer le jugement des gens qu'on
consulte. Cela peut même avoir l'air, sans que ce soit dit... Il n'y a
pas de faute qu'on puisse reprocher au rédacteur du livre blanc, mais
tout cela étant dans le même contexte, les chiffres étant
dans le livre blanc, à l'occasion d'une proposition de réforme,
on a presque inévitablement l'impression que c'est parce qu'il y aurait
une réforme que le taux baisserait de 20% à 10%. Cela est
à la limite de ce qu'il est éthique de faire, à mon avis,
parce que c'est une prémisse qui n'est pas justifiée. Cela
explique le jugement qui apparaît sévère, mais je pense
que, comme c'est un exercice de consultation, il faut faire extrêmement
attention de ne pas promettre plus qu'on n'est raisonnablement sûr de
pouvoir garantir. Comme un des buts de l'exercice est de faire assumer une part
plus grande du déficit résiduel de l'ensemble du réseau
par les municipalités, évidemment, le montant du déficit
résiduel est très important. On se rend compte que, si - et
l'exercice, on s'y livre dans le mémoire - les coûts s'accroissent
à peu près comme dans le passé, de 20% par année,
eh bien, le déficit résiduel d'ici quatre ans fera plus que
doubler. Il passera d'environ 160 000 000 $ cette année, pour ce qui est
de la part municipale, à un chiffre qui peut atteindre les 500 000 000
$. Cela, en soi, constitue une donnée qui est susceptible de faire
craquer n'importe quelle proposition, celle-là, la situation actuelle ou
n'importe quoi. Le problème principal, nous semble-t-il, c'est le
problème de l'accroissement très rapide de ce déficit.
Évidemment, c'est ce qui nous amène à juger, comme on est
exclu de son financement, qu'on l'a échappé belle.
Si, évidemment, c'était un groupe de municipalités
à l'intérieur du territoire de l'ORT, il y a d'autres conclusions
qu'on pourrait en tirer, mais, comme cela ne nous affecte pas, on se dit: Eh
bien, tant mieux! Ouf; parce qu'il y a des chances que cela coûte
terriblement cher à certaines municipalités. Espérons que
non, mais il n'y a rien qui nous prouve que ce pessimisme-là,
relativement au livre blanc, n'est pas justifié.
M. Bourbeau: C'est ce qui nous fait un peu peur. En fait, vous
représentez un groupe de municipalités qui n'est même pas
sujet - enfin, d'après la proposition - à écoper d'une
partie du déficit et, pourtant,
vous devriez vous en laver les mains en disant: Bien, les autres
paieront; nous, on n'écopera pas. Pourtant, vous dites: C'est tellement
important comme erreur de calcul qu'on a peur qu'éventuellement la
facture soit tellement lourde que le gouvernement étende le cercle des
municipalités qui vont se partager le gâteau. C'est pour cela - en
lisant votre mémoire - que déjà, au départ, vous
tenez à émettre des réserves.
Mais, pour revenir à l'erreur de calcul, afin que vous la
déceliez dans la proposition, ce que vous nous dites, c'est que l'indice
des prix pour le transport depuis plusieurs années est à peu
près le double de l'indice des prix à la consommation, 20%.
D'ailleurs, le ministre des Transports l'a admis à plusieurs reprises
quand on questionnait les gens du transport écolier. Il nous faisait
état de sa proposition qui, justement parce que l'indice des transports
est tellement plus élevé que l'indice normal des prix, a
trouvé une formule à mi-chemin entre les deux pour tenter de
baisser les coûts du transport écolier. Donc, le ministère,
je pense bien, est au courant que l'indice des prix de transport est beaucoup
plus élevé que l'indice des prix normal à la consommation.
Comme c'est le double, comme vous dites, je présume que, si jamais
l'indice normal baisse à 8%, cela devrait encore être le double.
À ce moment-là, cela veut dire que les gens qui ont
préparé la proposition se sont trompés
énormément et qu'il va y avoir, à un moment donné,
une facture très lourde à payer qui n'est pas prévue. Ce
que je me dis, c'est que pourtant il ne semble pas, d'après ce que je
lis du livre blanc, qu'on doive tirer les conclusions que vous tirez, parce que
le livre blanc nous dit que le déficit résiduel, le
déficit de la région, qu'il soit peu élevé ou
très élevé - comme vous le laissez présager - ne
sera pas payé de toute façon par les municipalités parce
que le gouvernement a prévu une méthode pour absorber ce
déficit. On appelle cela le fonds régional.
Le fonds régional, actuellement, est prévu à 57 000
000 $ pour la phase initiale. Supposons que le gouvernement s'est trompé
et qu'au lieu d'être de 57 000 000 $, c'est 300 000 000 $ - ce ne serait
pas étonnant, compte tenu des exactitudes de calcul auxquelles nous a
habitués le gouvernement -de toute façon, ce n'est pas important,
ce ne seront pas les municipalités qui vont le payer, d'après le
livre blanc, c'est le fonds régional et le fonds régional, ce ne
sont pas des taxes foncières, semble-t-il, c'est la taxe d'essence que
le gouvernement perçoit, c'est la taxe sur les péages
autoroutiers et c'est la taxe sur le stationnement dans le centre-ville de
Montréal. Donc, pourquoi vous en faites-vous tellement? Ce ne sera pas
une taxe sur les immeubles; donc je ne vois pas pourquoi vous semblez craindre
tellement que ce soit la municipalité de Valleyfield qui
écope.
M. Forget: Oui, c'est une fort bonne question. J'aimerais revenir
sur deux mots que le député de Laporte a utilisés.
N'accusons personne d'avoir fait des erreurs dans les chiffres parce que les
erreurs, on ne saura qu'à la fin de l'histoire où elles sont.
Parce que les erreurs, on ne peut les constater que lorsqu'on a le tableau
réel devant soi. Ce qui nous paraît imprudent, c'est de baser une
partie du raisonnement sur une série de chiffres, parmi une
infinité de chiffres possibles quant aux précisions du rythme
d'accroissement des dépenses. Il serait peut-être plus prudent
d'avoir une hypothèse optimiste et de dire, à l'intérieur
de tout cela, que l'on ne sait pas où on va se situer. On
présente une hypothèse optimiste comme étant la seule et
cela, ce n'est peut-être pas une erreur. C'est peut-être que
l'avenir va être très favorable, mais disons que c'est un pari
énorme sur un avenir inconnu. Donc, il y a une nuance de ce
côté.
Maintenant, avec raison, vous nous demandez pourquoi nous
inquiéter de cette partie du déficit qui serait financée
par la caisse régionale. Cette caisse régionale n'a de
régional que le nom. Ce ne sont pas véritablement des taxes
régionales. Il n'est proposé nulle part que les résidents
de Montréal paient leur essence plus cher que ceux de Valleyfield. Donc,
ils ne sentiront aucun fardeau fiscal particulier pour assumer le
déficit. Ce que le gouvernement offre, c'est de détourner une
partie de ses propres recettes provenant de la taxe d'essence et provenant des
péages autoroutiers et de les faire bénéficier a priori
à la seule région de Montréal. Et cela nous semble une
injustice, parce que les sommes qui seront consacrées à la
région de Montréal pour financer le déficit du transport
en commun ne sont pas disponibles pour financer l'éducation, les
hôpitaux, l'aide sociale à l'ensemble des Québécois
y compris aux résidents de notre région. Comme l'argent doit
venir de quelque part, il faudra donc que d'autres impôts soient
haussés ou que les mêmes impôts soient haussés pour
tout le monde pour compenser le manque à gagner. Ce qui veut dire que
nos résidents, ne faisant pas partie de la région, n'auront pas
de transport en commun subventionné et, d'un autre côté,
vont devoir financer plus que leur part des taxes provinciales puisqu'il y a
une partie des taxes provinciales qui est retournée directement aux
résidents de Montréal, mais qui n'est pas retournée
directement à nos résidents pour financer leur transport en
commun. Le bénéfice net ou le coût net, si vous voulez, des
taxes provinciales sera moindre pour les résidents de Montréal
que pour les résidents de Valleyfield, de
Beauharnois, de Maple-Grove, de notre région et de tout le
Québec. (20 h 30)
C'est une injustice pour tous ces résidents, parce qu'ils ne
bénéficient pas des subventions de transport en commun et qu'une
partie de leur recette fiscale générale du gouvernement est
attribuée d'avance selon une règle inflexible pour le seul
bénéfice des résidents de la zone régie par l'ORT.
Ce n'est pas du financement régional, on peut l'appeler n'importe quoi,
sauf du financement régional. Pour que ce soit vraiment du financement
régional, il faudrait que la taxe sur l'essence soit à un taux
plus élevé pour les résidents de Montréal - on
donne cela à titre d'exemple, ce n'est pas une recommandation, mais cela
illustre ce que je veux dire - que pour les résidents d'ailleurs et que
cette surcharge de la taxe sur l'essence soit décidée par
l'office régional. Qu'est-ce qui nous dit que ce montant que le
gouvernement va distraire de ses recettes fiscales la première
année, la deuxième année ou la troisième
année ne sera pas soudainement supprimé, au moment d'un budget en
1986, ou réduit à zéro ou majoré? À ce
moment, c'est une décision qui demeure à Québec pour des
ressources du gouvernement du Québec.
Nous, comme on n'a pas de subvention dans notre région, il nous
semble que cela serait plus raisonnable que ce qui est véritablement
régional soit payé par la région plutôt que par
nous, comme contribuables québécois. C'est bien cela que le
gouvernement propose, que tout le monde paie pour la région de
Montréal. Comme on est juste à côté, qu'on a
certains services en commun avec la région de Montréal mais qu'on
n'est pas subventionné, cela nous paraît doublement ironique.
C'est ce qui nous apparaît absolument inique dans cette proposition; ce
n'est pas une meilleure répartition du fardeau, c'est une pire
répartition du fardeau parce qu'on taxe plus lourdement, en termes nets,
ceux qui ne bénéficient pas des services de transport en
commun.
M. Bourbeau: Je reviens à vos calculs. L'essentiel de ce
que vous dites au début du mémoire, c'est que le gouvernement ne
vous a pas donné les bonnes projections en ce qui concerne les
coûts du transport en commun. D'après ce que vous dites, il est
impossible que l'augmentation des coûts ne soit que de 10% dans les
prochaines années, si l'on compte l'expérience passée, si
le passé est garant de l'avenir. Au minimum, cela serait 15% ou 16% par
année, donc, une erreur de 5% à 6%, d'après le
mémoire, sur l'estimation des coûts futurs, ce qui se traduit par
une somme importante additionnelle. Quelle est la somme importante
additionnelle, d'après vos calculs à vous?
M. Forget: À la page 11 on a un tableau qui illustre que,
quelle que soit l'hypothèse qu'on fasse, il y a trois hypothèses
mentionnées selon que l'on soit dans le régime actuel de
subventions ou qu'on ait le régime nouveau, qu'on ait une majoration des
tarifs passagers suffisante pour maintenir leur part relative dans des
dépenses qui s'accroîtraient de 20%. On imagine ce que cela veut
dire; si les dépenses s'accroissent de 20%, pour que les usagers
maintiennent leur contribution en termes relatifs dans le financement des
transports, il faut que les tarifs augmentent de 20%. Si les tarifs augmentent
de 20%, il faut s'attendre que le volume de passagers diminue. Il faut alors
que les tarifs augmentent de plus de 20%. C'est une espèce de cercle
vicieux. C'est peut-être 30%, la solution finale d'augmentation des
tarifs pour compenser la perte de clientèle. Si tel était le cas,
quelles que soient les hypothèses, on a un déficit qui, dans la
quatrième année, en 1985, variera de 433 000 000 $ à 487
000 000 $. À comparer au déficit enregistré sous le
régime actuel, tel qu'estimé dans le livre blanc pour 1982 - je
comprends que se sont des chiffres préliminaires mais, comme ordre de
grandeur, c'est valable - l'augmentation du déficit résiduel est
de l'ordre de 40%. Ce sont des estimations qui n'ont peut-être pas tout
le raffinement nécessaire. On n'a pas fait une distinction des cartes
autobus-métro, on prend les chiffres tels qu'ils étaient
disponibles dans le court délai que nous avons eu pour préparer
tout ça. Mais, à l'intérieur de 100 000 000 $, une
vingtaine de millions en plus ou en moins de part et d'autre d'un
demi-milliard, c'est l'ordre de grandeur du déficit alors qu'il est
inférieur à 200 000 000 $. C'est deux fois et demie ce qu'il est
maintenant. 40% par année durant quatre ans, c'est cela que ça
produit.
Cela peut se produire, étant donné que c'est arrivé
déjà lorsqu'on a créé la CUM pour s'occuper d'un
problème financier insoluble au niveau de la ville de Montréal.
Maintenant, on envisage d'élargir encore le territoire pour
élargir l'assiette fiscale parce qu'on ne contrôle pas le
déficit, et on taxera plus de monde pour essayer de le payer. Dans une
autre vague qui viendrait dans cinq ou six ans, on élargirait encore
l'assiette fiscale à d'autres municipalités pour essayer de
boucher le trou, parce que le trou continuerait à s'agrandir. Si c'est
cela, nous ne sommes qu'à la deuxième étape et
bientôt cela sera la troisième. Éventuellement, on en
viendrait probablement à une solution provinciale, et ce sera
directement le trésor public du Québec qui financera le
déficit résiduel. En continuant à élargir le
territoire, on se rendra finalement aux frontières. C'est
peut-être voir un peu loin. Il reste que la tendance des quinze
dernières années a été la fuite en avant. Les
dépenses n'étant pas contrôlées, on va chercher de
plus en plus de contribuables.
Pour l'instant, nous en sommes exclus. Cela ne durera peut-être
pas. Si ces chiffres pessimistes se réalisaient, plutôt que les
chiffres optimistes, ou même quelque chose entre les deux, il se peut que
la pression soit telle que, dans quatre ou cinq ans, notre région,
Saint-Jean, Saint-Jérôme, Joliette, tout ce monde finira par payer
pour le transport en commun dans la région de Montréal. Je
comprends qu'on touche à l'absurde, mais il faudra bien que cela se
paie. C'est probablement là le problème principal.
Pourquoi nous sommes-nous posé le problème puisque l'on en
est exclus? Je terminerai là-dessus. On nous fait perdre des
subventions, c'est-à-dire que nous sommes dans la zone O et qu'on n'a
pas droit aux subventions pour le transport en commun. Pour compenser cette
perte, il fallait bien savoir ce que cela nous coûterait d'être
inclus dans la zone. Ce que cela nous coûterait d'être inclus dans
la zone, ce serait de payer pour le déficit résiduel. Nous
étions forcés d'estimer ce que serait ce déficit
résiduel. D'où cet exercice d'équilibrer les coûts
et les avantages d'être à l'intérieur ou à
l'extérieur. Parce que nous sommes prudents, il vaut mieux, étant
donné ce que l'on sait maintenant, être à
l'extérieur.
On peut peut-être nous donner des assurances. S'il advenait que
notre région soit incluse, les règles de répartition
seraient telles que le coût en taxes foncières serait toujours
inférieur aux bénéfices que l'on retire de la subvention,
eu égard à l'usage que nos résidents font du lien avec
Montréal. Ce n'est pas impossible d'imaginer des répartitions du
déficit résiduel en fonction de l'utilisation, mais on n'a aucune
certitude de cela. À moins que la loi ne vienne le préciser, ce
que le livre blanc ne fait pas dans le moment, on doit supposer la règle
habituelle où c'est une responsabilité municipale et c'est toute
l'assiette fiscale qui est mise à contribution. Encore là, on est
allé au plus prudent, parce qu'on n'avait pas de précision, mais
ce n'est pas impossible. On n'a pas une opposition invincible à faire
partie de l'ORT. On a une opposition conditionnelle étant donné
ce qu'on sait.
M. Bourbeau: On comprend que, pour autant que votre région
est concernée, pour l'instant, vous êtes à l'abri du
cataclysme, mais pour ceux qui tentent de défendre les
intérêts de tous les contribuables, et non pas de ceux de la
région de Valleyfield, je pense que vous nous ouvrez les yeux un peu. Ce
que vous dites est très grave, en fait, je ne sais pas si on prend
conscience de ce que vous dites, mais, d'après vous, économiste
reconnu, le gouvernement n'a pas utilisé des projections
réalistes. Vous en faites la preuve, en nous montrant qu'on a
utilisé un taux de progression de dépenses de 10%, alors que,
depuis cinq ans, c'est 20% chaque année. Par une espèce de
miracle qui viendrait de la bonne gestion de je ne sais qui, on tomberait de
20% à 10% tout à coup. D'autre part, si vous avez raison - je
suis porté à penser que vous avez raison, parce que je n'ai
jamais vu des taux de dépenses diminuer de moitié - cela veut
dire que l'erreur qui est faite dans le livre blanc n'est pas une erreur de
milliers de dollars, même de millions, mais c'est une erreur de centaines
de millions de dollars pour les prochaines années. Je vous crois, parce
que j'ai fait les mêmes calculs que vous et j'en arrive aux mêmes
conclusions. Évidemment, je ne sais peut-être pas compter autant
que le ministre qui est un comptable reconnu et un ancien ministre du Revenu
par surcroît, mais je ne me suis pas souvent trompé non plus dans
mes calculs dans le passé. Je trouve que vous avez raison, parce que les
prémisses que vous utilisez me semblent beaucoup plus rationnels que 10%
au cours des années qui viennent pour l'indice du transport.
Alors, cela veut dire que, effectivement, ou bien les fonctionnaires qui
ont préparé cela sont incompétents, ou bien il y a quelque
part un peu de mauvaise foi. Je trouve qu'effectivement on en est rendu
à se poser cette question très sérieuse. Comme on joue
avec des centaines de millions de dollars, je pense qu'il va falloir que chacun
regarde cela attentivement. Il y en a plusieurs qui ont soulevé des
doutes, vous n'êtes pas le premier, en ce qui concerne les calculs. Le
Parti libéral, d'ailleurs, dans un exposé, l'a fait, mais c'est
la première fois que je le vois en termes de tableau et fait d'une
façon aussi articulée. Je tiens à le souligner, parce que
ça m'apparaît très important.
Maintenant, je voudrais passer à la page 29 de votre
mémoire. À la page 29, vous amenez autre chose qui
m'apparaît capital. Il faut bien penser que le gouvernement, dans son
projet de réforme, modifie substantiellement sa politique de subvention
au transport en commun. Il le fait de plusieurs façons, mais les
principales sont, premièrement, qu'il décide
unilatéralement de ne financer que 60% du coût du métro
à Montréal et rétroactivement à 1980, alors qu'il
s'était engagé à le financer à 100%, ce qui laisse
aux autres partenaires 40% à ramasser des dépenses
déjà engagées. Donc, on parle encore de centaines de
millions de dollars. Deuxièmement, le gouvernement dit:
Dorénavant, je ne paierai pas plus que les
municipalités dans les subventions, alors qu'autrefois, le
gouvernement disait: Je paierai 40% des revenus autonomes. Dans certains cas,
le gouvernement, évidemment, à cause de cette formule, payait
plus cher que les municipalités. Mais ce n'était pas anormal
parce que, lors de la réforme fiscale, les municipalités avaient
cédé au gouvernement leur droit de percevoir la taxe de vente et,
en contrepartie, le gouvernement avait dit: Je paierai 40% des revenus
autonomes aux commissions de transport.
Or, le gouvernement nous dit, dans son livre blanc,
unilatéralement, sans consultation: Dorénavant, je plafonne ma
contribution à celle des municipalités.
Vous nous dites, dans votre mémoire: "Ce que cette mesure de
plafonnement garantit, par contre, c'est que le déficit des commissions
de transport en commun de la région de Montréal que les
commissions de transport auront à payer ne sera jamais moins
élevé qu'à l'heure actuelle - voilà qui est assez
étonnant - quel que soit leur succès à limiter
l'augmentation des dépenses et quel que soit leur courage dans
l'augmentation des tarifs pratiquée."
Vous nous dites donc que, quoi qu'il arrive, même si les
commissions de transport coupaient à la hache dans les dépenses,
ça n'aura jamais pour effet de diminuer le déficit de la part des
municipalités. J'aimerais que vous en parliez un peu plus, parce que
ça va être un facteur de démotivation pour les commissions
de transport. Elles auront beau faire les plus grands sacrifices, tenter de
rationaliser les dépenses, il semble, d'après vous, que ce ne
sont pas les municipalités ou les commissions de transport qui vont
pouvoir faire l'économie. Pourriez-vous en parler un peu plus parce que
ça m'apparaît capital.
M. Forget: Un peu plus tôt aujourd'hui, d'autres
intervenants ont fait allusion à ce problème du plafonnement de
la subvention gouvernementale aux revenus autonomes des commissions de
transport.
Si nous faisons l'hypothèse qui semble réaliste et normale
que les gestionnaires d'une commission de transport vont vouloir maximiser la
subvention gouvernementale, parce que, finalement, pour eux, c'est soit leurs
usagers - et leurs usagers, ce sont leurs résidents - ou leurs
résidents ès qualités de contribuables qui vont payer, si
la subvention municipale n'est pas maximale, alors, c'est bonnet blanc, blanc
bonnet, la subvention provinciale. Alors, ils vont essayer de la rendre
maximale; pour la rendre maximale... J'ai fait les exercices numériques.
Je ne les ai pas reproduits ici, parce que ça aurait été
trop long, mais on découvre que, si on fait des hypothèses
réalistes d'augmentation des dépenses et d'augmentation des
tarifs, il arrive rapidement un moment où ça ne paie plus
d'augmenter les tarifs-usagers, parce que cela a pour seul effet de faire
réduire la subvention gouvernementale. Les tarifs-usagers augmentant, la
subvention gouvernementale augmente, le déficit résiduel diminue
et finit par être inférieur à la subvention
gouvernementale, ce qui fait plafonner la subvention gouvernementale; donc, on
est dans un cercle vicieux dans une perspective locale. D'ailleurs, c'est un
peu l'objectif visé de plafonner la contribution gouvernementale. Je
peux comprendre ça, mais je reviendrai à cet aspect-là
tout à l'heure. (20 h 45)
Alors, dans la perspective d'une région comme la région D,
où nos usagers seront désormais présumés assumer
presque 100% ou même 100% du coût du transport en commun qu'ils
utilisent, il nous semble qu'on devrait peut-être s'attendre que leurs
voisins, de l'autre côté de la frontière - ceux qui sont
à l'intérieur du territoire - paient, eux, 50%, pour que la
disparité ne soit pas trop grande. C'est quand même, malgré
tout, des résidents de la même province. Ce n'est pas une
frontière internationale, c'est quelque chose qui a un certain ordre de
comparabilité. Il nous semble que rien ne devrait venir
décourager les commissions de transport à l'intérieur de
la région et de l'ORT si elles veulent majorer la contribution des
usagers jusqu'à un taux qui nous semble raisonnable - 50% - puisqu'on
demande que nos usagers paient 100%. Je pense que c'est une justice
distributive qui n'est peut-être pas déraisonnable.
Si l'ORT prenait les mesures pour faire cela, en faisant certaines
hypothèses sur l'augmentation des dépenses, etc., il arriverait
un moment où il ne pourrait pas le faire sans perdre un montant
équivalent aux revenus engendrés sous forme de subvention
gouvernementale diminuée. Donc il ne le ferait pas.
Quelle est la solution à cela? Ce pourrait être très
simplement de garder le statu quo, d'éliminer le plafonnement. Mais je
suis sensible aux remarques que le ministre faisait plus tôt dans la
journée. Il semble que la formule actuelle n'incite pas les commissions
de transport à maintenir un bas taux de croissance des dépenses.
Je serais le dernier à vouloir ne pas l'aider dans cette
préoccupation.
Il me semble que, plutôt qu'un plafonnement, il serait possible
d'imaginer d'autres mesures qui seraient liées justement à
l'objectif visé, c'est-à-dire le taux de progression dans les
dépenses où, en deçà d'un certain taux, la
subvention ne serait pas plafonnée et, au-delà d'un certain taux,
la subvention serait diminuée dans une proportion reliée au
dépassement d'un
objectif de "cost containment", de limitation de l'augmentation des
coûts.
Je suis sûr qu'il y a plusieurs formules avec lesquelles on
pourrait jouer pour trouver un compromis entre le désir légitime
du gouvernement de ne pas signer de chèques en blanc, mais aussi de ne
pas freiner le désir légitime de l'ORT et qu'on voudrait
encourager, si jamais il en avait le désir, de majorer la contribution
des usagers au-delà des 32%, ce qu'il fait dans le moment. Je pense
qu'il y a un compromis possible sans sacrifier aucun objectif. Mais, dans le
moment, tel qu'il est présenté, il est clair qu'il y a une
contradiction entre ce qu'on trouve comme principe dans le livre blanc qui
laisse suggérer que la contribution des usagers à Montréal
n'est pas suffisante et un plafonnement de la contribution gouvernementale qui,
effectivement, fera en sorte que cela va rester probablement à 32% ou
pas beaucoup plus.
Je pense qu'il y a des moyens techniques et ce n'est pas le lieu ici de
les préciser. Je pense qu'il est possible, sans grand effort, de trouver
une formule de compromis.
M. Bourbeau: Quand on vous écoute, vous nous brossez un
tableau très sombre de ce qui s'en vient en termes de déficits et
de coûts pour le transport en commun dans les prochaines
années.
On sait que le gouvernement a décidé de se
débarrasser d'une partie de son fardeau; d'ailleurs, c'est écrit
dans le livre blanc et le ministre l'a dit aujourd'hui, cela lui coûte
trop cher. Pourquoi est-ce que cela lui coûte trop cher? C'est une autre
question. On pourrait dire que le gouvernement avait mal fait ses calculs en
1980, lors de la réforme fiscale.
D'autre part, vous nous dites que la capacité de payer des
usagers est limitée, mais, de toute façon, les commissions de
transport n'auront pas d'intérêt à augmenter les tarifs aux
usagers. Bref, cela laisse présager que, si ce n'est pas le gouvernement
qui ramasse la facture et si ce ne sont pas les usagers, il y a de fortes
chances que ce soit l'ensemble des municipalités.
Pour essayer d'être un peu pratique et de mettre à
contribution votre expérience, parce que je pense qu'après avoir
mis l'accent sur le côté négatif, on pourrait
peut-être essayer d'obtenir de vous maintenant un peu d'aide pour tenter
de venir au secours du gouvernement, d'après vous, comment pourrait-on
faire pour réduire les coûts du déficit du transport en
commun dans la région de Montréal? Quelles seraient les avenues
dans lesquelles on devrait s'engager pour tenter de mettre un peu d'ordre
là-dedans?
M. Forget: M. le Président, j'hésite à
m'engager sur ce terrain-là parce qu'il nous amènerait bien loin
de la considération de la proposition. C'est un ordre de
préoccupation légitime, je pense. On soulève le
problème, on a des inquiétudes, mais je ne prétendrais pas
improviser sur le thème du contrôle des coûts du transport
en commun dans la région métropolitaine de Montréal. Il y
a sûrement des choses qui peuvent être faites, mais, encore une
fois, on ne s'est pas préparé à répondre à
cette question. Plutôt que d'improviser sur ce thème... Notre but
était de soulever le problème. On a un problème de
décision. Il y a un risque et on réagit au risque. Maintenant,
comment minimiser le risque? Dans la mesure où, de toute façon,
ça ne serait pas notre risque, il faudrait peut-être plutôt
poser la question à ceux dont ce sera la tâche de le
régler. Tout en ne voulant être désagréable envers
aucun membre de la commission, je pense qu'il ne m'est pas possible de
répondre à cette question-ci ce soir.
M. Bourbeau: De toute façon, si jamais vous aviez des
suggestions intéressantes à faire, peut-être pourriez-vous
prendre le numéro de téléphone du ministre des Transports
pour l'appeler en tout temps. Je suis convaincu qu'il serait très
heureux de recevoir votre appel.
M. Forget: Je suis sûr qu'il ne manque pas de suggestions
de cet ordre.
M. Clair: En ce qui concerne les orientations, les suggestions
faites au gouvernement pour contrôler les coûts, c'est prévu
dans le livre blanc. D'ailleurs, plus tôt dans la journée, le
député reconnaissait lui-même que confier la
responsabilité du transport urbain aux autorités municipales
allait beaucoup contribuer à assurer un meilleur contrôle des
coûts. J'invite M. Forget, si jamais il a des idées, à
plutôt les communiquer à mon collègue, le
député de Laporte, parce qu'il est bon pour poser des questions,
mais il n'a pas encore été bien bon pour amener des
éléments de solution. Il se chargera de me les communiquer.
M. Bourbeau: Si vous me le permettez, M. le Président,
cela ne sera pas long. Les élections auront lieu dans quelques
années et on se chargera d'apporter des solutions à ce
moment-là. Entre-temps...
M. Clair: D'ailleurs, vous avez annoncé que vous aviez
préparé un énoncé de politique; peut-être que
M. Forget pourrait vous servir de consultant.
M. Bourbeau: Le ministre dit qu'on a la solution du
contrôle des coûts dans le livre blanc. Le seul contrôle des
coûts que je vois
dans le livre blanc, c'est un contrôle des coûts que le
gouvernement a à absorber. Il ne parle pas de la façon que les
autres partenaires vont absorber les coûts que le gouvernement entend
leur refiler.
Une autre question, s'il vous plaît, M. Forget. Je ne voudrais pas
prolonger indûment. À votre avis, si on gardait le statu quo, s'il
n'y avait pas de changement, est-ce que la situation serait pire pour les
municipalités ou moins bonne dans les prochaines années?
M. Forget: Le problème est qu'on n'en sait rien. Un des
éléments de la situation actuelle et même de la situation
passée demeure une inconnue. On en a parlé un peu plus tôt.
Le déficit encouru par la CTCUM, à partir du moment où, en
janvier 1980, elle a assumé la desserte par son achat de
Métropolitain provincial, demeure inconnu aux municipalités qui
sont chargées de l'assumer par la loi. Est-ce que ce serait pire? Est-ce
que ce serait mieux? Mystère. Personne, semble-t-il, n'est en mesure de
répondre à cette question aujourd'hui. En soi, cela ne contribue
pas à nous rassurer quand on regarde l'avenir. Comme je le disais avant
qu'on se sépare pour le dfner, si on ne sait pas ce que cela a
coûté dans le passé, imaginez-vous comme on est bien
placé pour évaluer les avantages et les coûts relatifs de
formules alternatives pour l'avenir.
M. Bourbeau: Ce que je retiens de votre mémoire, ce sont
deux choses. Premièrement, il y a des erreurs graves en ce qui concerne
la projection des coûts, le taux de prévision des coûts
utilisé par les fonctionnaires du gouvernement, ce qui se traduira par
des écarts de centaines de millions de dollars de déficit
additionnel dans les prochaines années. Deuxièmement, à
cause du plafonnement de la subvention gouvernementale, ce ne sera certainement
pas le gouvernement qui va écoper de cette facture, ce seront tout
probablement les municipalités. C'est un tableau sombre, je dois
l'avouer.
La seule lueur d'espoir que je vois là-dedans est la suggestion
que vous avez faite tout à l'heure de modifier la formule que le
gouvernement entend utiliser pour plafonner les coûts. Très
sérieusement, M. le ministre, je pense que la suggestion de M. Forget
vaut la peine d'être étudiée. Je dis effectivement, et sans
partisanerie politique, que, si jamais on réussissait à trouver
une formule qui axerait la subvention gouvernementale sur la progression des
coûts, le gouvernement pourrait favoriser un meilleur contrôle des
coûts en disant: Si vous compressez davantage les coûts, on vous
subventionnera davantage. Je ne sais pas si on peut facilement trouver cette
formule, cela me paraît être une formule qui stimulerait beaucoup
plus les commissions de transport, enfin l'ensemble des intervenants dans le
dossier du transport en commun, à couper les coûts parce qu'il y
aurait une prime pour ceux qui couperaient les coûts. Évidemment,
l'inverse serait vrai aussi, il y aurait une surcharge pour ceux qui voudraient
se payer des Cadillac. De cette façon, on en arriverait peut-être
à comprimer réellement les coûts du transport en commun
dans la région de Montréal. Ne serait-ce que pour cette raison,
je pense que la contribution de M. Forget à cette commission aura
été intéressante. Je vous remercie beaucoup, Madame, je
vous remercie, M. Forget, et sûrement qu'on aura l'occasion d'en reparler
encore.
Le Président (M. Boucher): Avant de donner la parole au
député de Beauharnois, je ferai remarquer que nous sommes
à 21 heures pratiquement et qu'il y a encore cinq mémoires
à entendre ce soir. Je demanderais à ceux qui posent des
questions et à ceux qui répondent aussi d'être le plus
concis possible. Merci.
M. Lavigne: M. le Président, j'ai essayé
d'être attentif aux recommandations que vous venez de nous faire. Tout en
étant bref, car l'heure avance, je m'en voudrais de ne pas passer un
bref commentaire et de ne pas poser une courte question à Mme
Trépanier, de Valleyfield, que je félicite, d'ailleurs,
d'être venue nous rencontrer à Québec et d'avoir
participé à cette commission parlementaire pour essayer,
finalement, de trouver ensemble les meilleures solutions au problème du
transport en commun que nous connaissons dans notre région. Comme
premier commentaire, je tiens à remercier le maire de
Saint-Timothée, M. Michel Lapierre, qui a bien voulu accompagner Mme
Trépanier, et M. Forget, qui a été sollicité pour
préparer le mémoire qui nous a été
présenté.
Donc, comme premier commentaire, je pense qu'il faudrait ensemble
essayer de rassurer la population, parce que j'ai eu des appels
téléphoniques, des télégrammes, et toutes sortes de
demandes qui manifestaient des inquiétudes de la part des usagers du
transport en commun, car ils sont un peu aux abois à propos de ce qui va
arriver chez nous dans la région. Il y a quand même des
pères de famille, des mères de famille qui empruntent ce moyen de
transport soir et matin, non pas par plaisir, mais pour aller gagner leur pain
à Montréal. À la suite de toutes les discussions que nous
avons entamées depuis un certain temps, ces gens se demandent si le
transport va être maintenu ou s'il va être discontinué
incessamment. Je voudrais les rassurer, quant à moi. Je leur dis, par la
voie de cette commission, que le député de Beauharnois
fera tout en son possible pour maintenir le transport en commun dans la
région. Je considère que c'est un droit, comme le droit à
l'éducation ou le droit aux services sociaux. Le transport en commun, ce
n'est pas un luxe, c'est une nécessité et particulièrement
pour les personnes âgées, pour les travailleurs, enfin pour
l'ensemble de la population qui a besoin de se déplacer vers d'autres
endroits.
Cela va exactement dans le sens des politiques que préconise le
gouvernement. On parle, depuis un certain temps, de l'économie
d'énergie, je pense que c'est une bonne façon d'économiser
l'énergie. Sur le plan de l'écologie et aussi de l'environnement,
je pense que c'est une bonne façon de diminuer la pollution. Donc, on ne
peut pas être contre le transport en commun. Pour ces raisons, nous
devons être pour, tout faire et tout mettre en oeuvre pour que le service
du transport en commun entre Valleyfield et Montréal se continue. Je
voudrais vous poser cette question, Mme Trépanier et également M.
Lapierre, à savoir si vous êtes d'accord avec moi sur cette prise
de position. Je voudrais vous poser cette première question, Mme
Trépanier. Actuellement, vous vous dites, à partir du rapport que
vous avez présenté, heureuse de ne pas vous voir dans le
territoire de l'ORT. D'après les calculs que nous retrouvons dans votre
rapport, vous trouvez que le plan des coûts vous avantage.
Par ailleurs, il y a encore des chiffres qui demeurent inconnus quant
à la substitution au transport que nous connaissons présentement
d'un nouveau transport qui viendra probablement d'un service privé de
transport ou peut-être même d'un service public à partir
duquel vous aurez négocié des ententes avec des coûts et
des qualités de services. À partir du moment où vous aurez
ces réponses, bien sûr, cela va indiscutablement amener comme on
le sait, un déficit. Est-ce que, comme représentants de la
municipalité de la ville de Valleyfield, vous acceptez de participer
à défrayer ces déficits? Cela est ma première
question.
Mme Trépanier: Oui, nécessairement. Justement,
depuis que je m'exprime devant cette commission, nous voulons trouver les
inconnues pour faire en sorte de minimiser les coûts, tenant compte
toujours de la capacité de payer des contribuables. Je pense que c'est
toujours sur ces prémisses que j'ai fait porter notre discussion. Soyez
assuré, M. le Président, que nous allons travailler ensemble,
étroitement, le député de Beauharnois et les maires des
municipalités concernées, pour faire en sorte d'assurer aux
usagers le transport en commun, mais toujours à un coût qui sera
acceptable et à un minimum de coût. (21 heures)
M. Lavigne: Comme deuxième question,
Mme Trépanier, vous avez, lors de la présentation de votre
mémoire, avant le dîner, parlé d'un
référendum. J'aimerais vous entendre expliciter un peu votre
pensée sur le référendum. Est-ce un
référendum qui irait dans le sens, par exemple, de demander
à l'ensemble des citoyens de la région s'ils sont pour ou contre
le transport en commun? Si c'était ce genre de question qui apparaissait
au référendum, ne courez-vous pas un certain risque? On sait
très bien que c'est quand même une minorité de l'ensemble
de la population qui prend quotidiennement le transport en commun et que
l'autre, qui fait la majorité, risquerait, bien sûr, de voir
défrayer par le truchement du budget municipal les déficits du
transport en commun et risquerait peut-être de dire non à votre
référendum. À partir du moment où vous auriez un
référendum, si c'était là la question et le but
visé, si le référendum, par exemple, était
négatif ou contre le maintien du transport en commun, quelle serait
votre prise de position?
Mme Trépanier: M. le Président, lorsque nous allons
nous adresser à la population... D'ailleurs, mon député,
M. Lavigne, connaît le maire de Valleyfield, qui consulte très
souvent la population avant de prendre des décisions, parce que cela
appartient très souvent aux contribuables de prendre des
décisions en fonction du paiement des notes. Mais une chose est
certaine. Avant de s'adresser à la population, il va y avoir une
étude approfondie qui va être effectuée, à savoir
à quelle entreprise nous allons nous adresser pour assurer des services.
Cela peut être aussi de le demander à la CTCUM ou à une
entreprise publique, mais c'est à la suite des données et des
réponses pour connaître les coûts qu'à ce
moment-là nous penserons à nous adresser à la population
pour savoir si elle est d'accord pour payer la note déficitaire.
Une chose est certaine: il y a un déficit et la population
s'attend à un déficit. J'aimerais vous dire aussi que la
population reconnaît qu'un service aux usagers est absolument essentiel.
Pensez, par exemple, au cégep de Valleyfield, qui a une clientèle
très importante; pensez au centre hospitalier à soins
spécialisés à et caractère régional. Une
chose est certaine. Si, à un moment donné, la population... Si ce
n'est pas l'ensemble qui a besoin de services, un jour ou l'autre, c'est chacun
son tour. Cela peut être un contribuable qui le demande et le lendemain,
c'est un autre. La population est consciente qu'un service en commun est
essentiel. Là-dessus, en ce qui me concerne toujours - et je pense bien
que mon collègue-maire est du même avis - nous n'avons pas
d'appréhension à ce sujet, mais vous allez concevoir qu'il faut
tout d'abord aller à la recherche des inconnus et savoir
exactement quel en serait le coût, après avoir
consulté différentes entreprises à caractère public
ou à caractère privé et compte tenu aussi des services que
nous donnerons à nos usagers.
M. Lavigne: Donc, pour répondre à la demande de
notre président qui nous faisait signe tout à l'heure que le
temps passait rapidement, je me contenterai de terminer mes remarques et mes
questions ici. Je vous remercie encore une fois, Mme Trépanier,
mairesse, M. le maire et M. Forget, d'être venus à cette
commission pour nous présenter votre mémoire. Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je ne serai pas long moi
non plus. Je comprends pourquoi la population de Valleyfield vous appuie,
Madame, parce que vous êtes une administratrice. Vous êtes
prévoyante, également. Il y a une question que je me pose. J'ai
entendu tantôt le ministre des Transports, qui a parlé au maire de
la ville de Châteauguay. Il lui disait qu'il allait écrire au
président de la CTCUM pour lui demander de vous faire part dans les plus
brefs délais de la quote-part du déficit que la
municipalité de Châteauguay a à payer. Je ne peux pas
comprendre, M. le ministre, qu'une commission de transport comme la CTCUM ne
soit pas capable de fournir les chiffres aux municipalités qui font
partie intégrante du système de transport en commun alors que ces
municipalités doivent équilibrer leur budget. Mme la mairesse,
est-ce que vous avez fait des revendications auprès du président
de la CTCUM pour avoir ces chiffres?
Mme Trépanier: Oui, il y a des demandes qui ont
été adressées depuis trois ans.
M. Bissonnet: Et qu'est-ce qu'on vous répond?
Mme Trépanier: La réponse, je pense que le maire de
Châteauguay et moi-même l'avons apportée; c'est qu'au moment
de la préparation des prévisions budgétaires, nous
adressons une demande précise. Notre député fait des
démarches dans le même sens auprès du ministre, et le
ministre auprès du président de la CTCUM, pour connaître
quel sera l'ordre de grandeur du déficit afin de l'inclure dans nos
prévisions budgétaires, et ce depuis 1980. M. le
Président, nous avons beaucoup d'appréhension et
d'inquiétude quant à la préparation de nos
prévisions budgétaires cette année. Ce que nous
appréhendons, c'est que nous ayons à payer un déficit de
façon rétroactive. Dans le contexte économique - j'en
viens toujours à la capacité de payer du contribuable - le compte
de taxe, la facture peut être influencée jusqu'à un certain
point.
M. Bissonnet: Je vous remercie. M. le ministre, je trouve cela
inconcevable.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais, en terminant,
remercier Mme Trépanier et M. le maire de Saint-Timothée
d'être venus présenter leur mémoire et leur
réitérer la disponibilité des gens du COTREM pour
continuer la préparation d'une option à la situation actuelle des
quotes-parts non reçues, inconnues jusqu'à maintenant pour le
service de transport en commun, afin de mettre au point le plus vite possible
une nouvelle formule. Nous en avons proposé une. Elle est sur la table,
elle est discutable, elle est perfectible. Je pense que l'important, comme je
le disais tantôt, c'est d'en venir le plus rapidement possible à
un nouveau régime.
Par ailleurs, étant donné justement que d'autres personnes
sont dans la salle et pourraient être inquiètes des affirmations
du député de Laporte et du député de Saint-Laurent
- pardon, de M. Forget relativement à nos prévisions de la
croissance des coûts, je voudrais simplement indiquer là-dessus
qu'affirmer quelque chose n'est pas nécessairement le démontrer.
En ce qui concerne nos prévisions de dépenses d'exploitation au
cours des prochaines années, les indices que nous avions retenus: indice
des prix à la consommation, indice des prix de l'énergie, indice
des taux d'intérêt également, l'ensemble des indices qui
ont été retenus pour projeter les coûts sur les trois
prochaines années se retrouve dans une note afférente au tableau
VIII, à la page 90, et, jusqu'à maintenant, la seule
démonstration d'erreur qui nous ait été réellement
faite, par-delà les affirmations, l'a été par la ville de
Montréal qu'en ce qui concerne le service de la dette du métro,
la proposition avait pour effet global, selon nous, de réduire la
pression sur la taxe foncière de 13 000 000 $ au cours des trois
prochaines années. La ville de Montréal a effectivement
affirmé et démontré que le bénéfice
réel était plutôt de 18 000 000 $. Je veux simplement
inviter le député de Laporte et M. Forget, s'il y avait lieu, de
modifier les prévisions qui ont été mises là, et
nous serions tout à fait réceptifs. Les gens qui ont
préparé cela se sont basés sur des indices connus. On
aimerait simplement avoir l'ensemble des bases selon lesquelles on peut
affirmer que les prévisions que nous faisons seraient totalement
inexactes, erronées. Nous avons simplement voulu, M. le
Président, nous baser sur des indices connus et nous
sommes réceptifs à la critique et à la
démonstration que nous sommes dans l'erreur. Je vous remercie, M. le
Président, et je remercie M. Forget d'avoir si vaillamment
défendu le mémoire qu'il avait préparé, je
crois.
M. Bourbeau: Un commentaire, M. le Président, s'il vous
plaît!
Mme Trépanier: J'aimerais, M. le Président, d'abord
remercier l'équipe du COTREM pour l'aide qu'elle veut bien nous offrir
dans l'avenir. Nous allons certainement faire appel aux membres de
l'équipe et j'aimerais vous remercier, M. le Président, M. le
ministre, les membres de la commission permanente des transports et M. le
député de Beauharnois. Soyez assurés que nous allons
travailler d'une façon très positive, en collaboration avec le
député, pour assurer aux usagers de la région les
meilleurs services aux meilleurs coûts. C'est la façon dont nous
allons procéder.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie.
M. Clair: Merci.
M. Bourbeau: M. le Président, un seul commentaire avant
que vous... Je veux seulement relever ce que le ministre vient de dire. Il dit
qu'on s'est basé sur des indices connus. Comment pouvez-vous
connaître aujourd'hui l'indice des prix à la consommation et
l'indice des coûts du transport au cours des années 1982, 1983,
1984 et 1985? Ce sont des indices inconnus et non pas des indices connus que
vous avez utilisés.
M. Clair: Le député peut toujours faire cette
nuance. Ce que j'entendais par là, c'est simplement que l'indice des
prix de l'énergie, l'indice des prix du transport...
M. Bourbeau: C'est inconnu aussi.
M. Clair: ... l'IPC, l'indice des prix à la consommation,
les taux d'intérêt...
M. Bourbeau: ... tous inconnus...
M. Clair: II y a des prévisions cependant qui sont
connues, qui sont admises par...
M. Bourbeau: ... par vous...
M. Clair: ... l'ensemble des intervenants et sur lesquelles tant
le gouvernement canadien que le gouvernement du Québec se basent.
Le Président (M. Boucher): On reprendra la discussion une
autre fois. Alors, au nom de tous les membres de la commission, je remercie les
représentants d'avoir présenté leur mémoire.
Municipalité régionale de comté
de Roussillion
J'appelle immédiatement la municipalité régionale
de comté de Roussillon (Candiac, Delson, La Prairie, Sainte-Catherine,
Saint-Constant) représentée par M. Georges Gagné, maire de
Delson et préfet de la MRC Roussillon. Alors, M. Gagné.
Une voix: Disons que j'aimerais faire une mise au point en
partant. C'est que...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît.
Une voix: Nous ne sommes ni l'un ni l'autre M. Gagné. M.
Gagné étant retenu...
Le Président (M. Boucher): Ah bon!
M. Ashby: ... il nous a délégués à sa
place.
Le Président (M. Boucher): Alors, si vous voulez vous
identifier et identifier la personne qui vous accompagne.
M. Gagnon (Fabien): Fabien Gagnon, conseiller de Candiac.
M. Ashby (Daniel): Je suis Daniel Ashby, conseiller de
Saint-Constant.
M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, disons
que nous sommes conscients que nous avons déjà soumis notre
rapport, notre mémoire, le 30 septembre 1982; donc, pour essayer de
réduire les pertes de temps, on va passer immédiatement à
un court résumé de ce mémoire.
Donc, en ce qui a trait à l'organisation, qu'on reconnaît
la nécessité d'une double structure, c'est-à-dire sur le
plan local et sur le plan régional, pour répondre aux besoins
locaux et régionaux. Cependant, nous voulons faire remarquer que la
définition du transport local a été bien
précisée, mais ce n'est pas aussi clair en ce qui concerne le
transport régional. Nous avons quand même compris qu'un
système de transport desservant les usagers d'une ville ou d'un groupe
de villes vers l'île de Montréal est un transport régional.
Nous avons considéré que nos besoins de transport qui ne sont que
pour des déplacements vers Montréal aller-retour, sans
arrêt intermédiaire, sont du type régional, même
s'ils incluent une certaine partie dans nos localités.
Ce qui nous inquiète dans cet état de choses, c'est que,
dans notre cas particulier,
nous devrons faire accepter par un organisme régional, par
l'intermédiaire d'une personne ne nous représentant pas
directement, nos besoins qui ne peuvent être, à notre avis,
déterminés que par un conseil local de transport.
En ce qui a trait à la représentation, la structure
proposée ne permet pas un contrôle absolu des élus locaux
sur l'ensemble des éléments concernant le transport local et le
transport régional. Sur le plan local, les administrateurs municipaux ne
peuvent fixer les tarifs; au niveau régional, notre autorité est
d'autant plus diluée que notre poids est restreint. Même dans la
planification des services régionaux appelés à desservir
nos populations respectives, nous n'aurons qu'un pouvoir de négociation.
Ainsi, pour notre secteur, il apparaît inconcevable d'avoir un seul
représentant à l'organisme régional de transport. Compte
tenu des intérêts divergents de nos municipalités, selon
deux corridors distincts, il serait plus approprié d'avoir au moins deux
représentants, car chacun pourrait faire valoir les attentes
manifestées par chacun des deux groupes. De même la constitution
des conseils locaux de transport devra respecter les frontières de ces
corridors. Dans cette optique, les conseils locaux de transport ne peuvent
être créés que sur la base des municipalités
régionales de comté puisque les frontières de celles-ci ne
correspondent pas à celles des corridors de transport desservant notre
région.
Compte tenu de la situation géographique de la MRC de Roussi
lion, nous savons que les usagers de Châteauguay utiliseront le pont
Mercier comme voie d'entrée vers ITle de Montréal. Il en est de
même pour la majorité des usagers de Delson, Sainte-Catherine,
Saint-Constant. Par contre, les villes de La Prairie et de Candiac se
dirigeront surtout vers le pont Champlain. (21 h 15)
En ce qui concerne le financement, comme le souligne notre
mémoire, nous sommes d'accord pour le mode de financement proposé
et nous sommes disposés à participer financièrement pour
le service direct reçu. Par contre, il n'est pas question que les
municipalités de notre secteur soient impliquées directement dans
les frais ou les déficits encourus par les services régionaux,
tels que métros, trains de banlieue ou quelque autre service
régional, qui ne nous desservent pas directement. Nous sommes d'avis
qu'actuellement un service d'autobus serait suffisant pour desservir nos
populations et assurer leur transport vers Montréal.
Questions sur le contrôle de la perception des billets. Le
système de tarification étant basé sur les distances
parcourues par l'usager, nous nous demandons comment se fera le système
de contrôle en pratique. Comme il faudra contrôler l'entrée
et la sortie des passagers, il faudra prévoir des systèmes de
contrôle humain ou mécanisé, ce qui engendrera des frais de
fonctionnement et d'immobilisation importants. Pourrait-on simplement se fier
à l'honnêteté des usagers? Nous nous demandons quelle
solution vous avez envisagée.
En conclusion, nous considérons que la réforme
proposée est intéressante dans son ensemble. Nous espérons
que les quelques points que nous avons apportés pour tenter de
l'améliorer seront pris en considération. Nous vous remercions de
nous avoir entendus.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M. Ashby. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter les gens qui se sont regroupés, encore une fois un peu
selon le modèle qu'on souhaitait, à savoir par groupes de
municipalités, pour présenter un mémoire faisant valoir
leur point de vue sur l'organisation du transport en commun dans leur
territoire. Je pense que cela mérite d'être souligné,
d'autant plus que le mémoire, comme vous avez pu le voir, porte sur des
points assez précis, des questions d'intérêt
précises pour les gens concernés.
M. le maire, en ce qui concerne l'ambiguVté qui a pu
apparaître dans certains mémoires, à la fin de la page 8,
au début de la page 9, vous affirmez: "Les municipalités membres
de l'ORT (quand on aura révisé les frontières, car
certaines n'ont peut-être pas besoin d'être membres de cet
organisme) auront à payer selon les bénéfices directs
reçus et suivant le mode de transport en vigueur (pas question de payer
pour les coûts du métro si on ne l'utilise pas:)". Je voudrais que
cela soit bien clair. Il n'est absolument pas question de faire payer
l'ensemble de la grande région par le biais de la taxe foncière
pour des immobilisations qui sont consenties dans d'autres
municipalités. Comme j'ai eu l'occasion de le dire au maire de Laval,
par exemple, il n'est pas question de faire payer à Laval le
métro sur l'île de Montréal. Cependant, si un jour le
métro devait aller à Laval, elle paiera, mais encore là
seulement pour la partie des immobilisations situées sur son territoire.
Je veux que cela soit bien clair et vous assurer qu'il n'a aucunement
été question dans la proposition du gouvernement de demander
à des centaines, des dizaines de municipalités autour de
l'île de Montréal de payer pour le métro, le métro
de surface ou les trains pour quelque immobilisation lourde que ce soit qui ne
leur serve pas directement.
En ce qui concerne deux autres questions, à la page 6 du
mémoire, vous dites: Quant à la représentation
gouvernementale au sein de l'ORT, elle nous apparaît
légitime. Je ne vous cache pas que plusieurs intervenants ont remis en
cause cette possibilité que le gouvernement soit
représenté au sein de l'organisme régional de transport.
Est-ce que vous voudriez expliciter un peu cette question? Qu'est-ce qui fait
que, quant à vous, cela vous paraît légitime? Cela,
jusqu'à maintenant, nous paraissait aussi légitime. Compte tenu
du fait que le gouvernement va continuer quand même à être
un très important pourvoyeur de fonds, cela nous paraissait
légitime. Peu d'intervenants jusqu'à maintenant ont
partagé notre point de vue. Qu'est-ce qui a amené votre
adhésion là-dessus?
M. Ashby: Dans un premier temps, je pense que, comme vous l'avez
dit, lors des rencontres qu'on a eues en comité intermunicipal, il en a
été justement question et il semblait normal que le gouvernement
garde quand même un certain lien avec le conseil, l'ORT, étant
donné ses mises de fonds.
Dans un autre temps, je crois que, par contre, les membres
représentant le gouvernement à ce niveau pourraient
éventuellement trancher des questions dans une possibilité de
mésentente ou d'accrochage. Donc, comme il est dit plus loin: Par
ailleurs, le gouvernement pourrait jouer un râle de médiateur si
une impasse surgit au conseil à cause de positions figées d'un
groupe ou de plusieurs.
M. Clair: C'est justement la philosophie qui nous animait quand
on a proposé cela. C'est, d'une part, à cause de l'importance de
la contribution gouvernementale en matière de transport en commun au
niveau de l'organisme régional de transport et, d'autre part, aussi afin
d'éviter des impasses. Peut-être que nous considérions
qu'il y avait avantage, s'il y avait impasse, plutôt que d'attendre trois
mois, six mois avant que le gouvernement intervienne par une loi ou autrement
dans le dossier, étant présent sur place, sa présence et
son pouvoir de médiation agissant, on évite ainsi des
impasses.
Ma deuxième question porte, à la page 9, sur la
participation des bénéficiaires non usagers. Je remarque que vous
êtes d'accord sur le principe de faire participer au financement les
bénéficiaires non usagers. Maintenant, vous soulevez la
possibilité de prévoir une taxe spéciale sur les affaires
plutôt que d'autres sources de taxation. J'aimerais juste savoir ce que
vous entendez par taxe spéciale sur les affaires. Est-ce qu'il s'agit de
ce qu'on appelle communément la taxe sur la masse salariale, le "payroll
tax"? De quoi s'agit-il? Quelle forme cela prendrait-il dans votre esprit?
M. Ashby: Ici, ce qu'on entend surtout, c'est qu'on a
évalué que le transport en commun, surtout dans la région
de Montréal, apporte beaucoup de commercialisation à
l'intérieur de la ville de Montréal. Donc, c'est un impact direct
sur le commerce et sur les chiffres d'affaires des commerces de la ville de
Montréal. C'est dans ce sens qu'il est présenté ici. Il
est évident qu'il aurait peut-être pu être ajouté
à ce point spécifiquement: commerce, région de
Montréal.
M. Clair: Dans votre esprit, cela couvrirait-il l'ensemble de la
grande région ou le coeur de l'agglomération?
M. Ashby: Le coeur, le point de dumping, si on peut dire,
où les gens se dirigent... Parce qu'il est évident aussi que le
transport en commun va prendre des gens des secteurs - parlons de
Saint-Constant, de Sainte-Catherine, de Delson ou des villes qui nous entourent
- pour les transporter vers le centre de Montréal, ce qui fait que le
commerce est transporté vers le centre de Montréal, à mon
avis, dans cette optique.
M. Clair: Autrement dit, vous faites un lien direct avec le
fait...
M. Ashby: Les retombées économiques sur
Montréal.
M. Clair: ... des retombées économiques de la
présence d'un système de transport en commun qui amène
beaucoup d'achalandage, beaucoup de clientèle. Vous dites:
Établissons la relation entre les deux et allons chercher là une
source de revenus.
M. Ashby: C'est cela.
M. Clair: Voilà pour mes deux questions. Je rappellerai
simplement que le COTREM a eu l'occasion de travailler avec les
municipalités qui sont représentées. Je tiens à
souligner, parce qu'on m'indique qu'encore là ils ont eu l'occasion de
suivre de très près l'évolution du dossier, qu'ils ont pu
obtenir une excellente collaboration des municipalités
concernées. Je voudrais les en remercier et leur dire que le COTREM va
continuer à être disponible pour les aider à avancer dans
le dossier du transport en commun pour la région. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Gagnon (Fabien): Est-ce qu'on pourrait ajouter qu'on a
apprécié nous aussi les services vraiment complets du COTREM qui
nous ont aidés dans la préparation d'une première
étape d'un questionnaire pour savoir quels sont nos besoins dans les
services? On
tient à le dire, cela nous a aidés. On commence à
savoir de plus en plus ce qu'on veut avec cela. Cela nous aide
considérablement sans rien nous coûter; en fait, c'est un gros
avantage.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans votre rapport, vous faites
état que vous craignez les débordements de la zone D.
Évidemment, vous avez étudié le livre blanc. Vous
êtes-vous posé la question à savoir s'il n'y aurait pas eu
avantage à ne pas avoir été inclus également? On
nous a dit tantôt qu'on l'avait échappé belle.
Êtes-vous heureux d'être inclus dans le territoire de l'ORT?
M. Gagnon (Fabien): Sans avoir préparé des chiffres
complets, on n'a peut-être pas eu un spécialiste pour travailler
là-dessus des semaines durant, comme la ville de Valleyfield - je ne
veux pas dire que c'étaient des semaines - mais il y a sûrement
passé plusieurs heures. On n'a pas pu faire encore cette
évaluation. Même si un expert n'a pas eu le temps de le faire
à Valleyfield, on a considéré quand même qu'on
n'était pas perdant, même si on n'était pas satisfait du
service qu'on a actuellement à Candiac. En plus, on reçoit des
factures et on n'a même pas un mot à dire sur le service qu'on
souhaite. On ne trouve pas que la réforme est parfaite et qu'elle nous
convient à 100%. Je pense qu'on est conscient qu'avec ce qui est
proposé, en s'y adaptant, on va sûrement en retirer un avantage,
ne serait-ce que de choisir au moins le service qu'on veut et d'être au
courant de la tarification, de savoir ce que cela va nous coûter et
d'établir des budgets. Je pense que c'est un très gros avantage,
bien que le système ne soit pas parfait, et on le mentionne dans notre
mémoire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Avez-vous envisagé une solution
au problème de débordement?
M. Gagnon (Fabien): On demandait dans notre mémoire qu'un
système soit préconisé par le législateur de
façon qu'eux trouvent une solution, un peu au même titre, par
exemple - on n'est pas des experts en transport - qu'on a vu un
problème, à savoir que les gens de la zone D
bénéficieraient du service de transport en commun de la zone C
défrayé par les villes. On considère quand même
que... J'ai perdu le fil de l'idée, je m'excuse. Quelle était
votre question?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je demandais si vous aviez une solution
au problème possible de débordement.
M. Gagnon (Fabien): On n'a pas de solution. On avait
demandé au législateur de trouver la solution; on lui
suggérait d'en trouver une bien qu'on n'en ait pas, mais on voit qu'il y
a un danger. On a proposé un système un peu comme celui de la
perception ou du contrôle des billets. On n'a pas suggéré
une solution précise, mais on pense qu'il y a un problème qui va
être relativement coûteux à l'autre bout. Il faudrait
peut-être le prévoir dans le coût du nouveau système
qui implique quand même une structure de contrôle, soit à
l'entrée ou à la sortie des passagers.
M. Clair: Au fond, ce que vous nous dites, M. Gagnon, c'est que
vos municipalités sont conscientes que les coûts du transport en
commun vont continuer de croître. Elles sont conscientes, par ailleurs,
de la nécessité d'un système de transport en commun
adéquat pour répondre aux besoins, et elles sont prêtes
à s'impliquer dans le contrôle du transport en commun pour
s'assurer du contrôle des coûts. Or, elles préfèrent
se baser sur cela plutôt que d'essayer d'extirper quantité de
chiffres sur ce qui va se produire en 1995 pour prendre leurs
décisions.
M. Gagnon (Fabien): On considère justement que pour
créer un livre pareil bien des gens y ont travaillé. On a
travaillé justement avec le COTREM, qui a travaillé en grande
partie là-dessus. Je pense que sa compétence est évidente.
Il y a des gens qui ont beaucoup étudié là-dessus. On n'a
sûrement pas les fonds nécessaires pour demander à des
experts de discuter d'un document comme celui-là, bien qu'à le
lire il y ait quand même des conclusions ou des points qui nous semblent
un peu obscurs, et c'est ce qu'on s'est limité à dire dans notre
présentation.
M. Clair: J'admets volontiers qu'il y a des points à
préciser. On est tout à fait d'accord. C'est pour cela,
d'ailleurs, qu'on tenait à rencontrer le plus grand nombre de
municipalités, d'organismes afin de nous aider à préparer
une solution pour l'ensemble du transport en commun. Dans ce sens-là,
s'il n'y a pas d'autres questions...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous pourriez faire quelques
commentaires sur les regroupements? Vous dites que ce serait peut-être
plus logique de se regrouper suivant les corridors - vous en mentionnez trois;
c'est peut-être beaucoup, trois corridors - plutôt que selon les
MRC.
M. Gagnon (Fabien): J'aimerais aussi faire une précision
sur ce qui avait été dit lorsque M. Bonneau a parlé,
lorsque M. Clair et M. Dussault ont posé la question: Quelle serait
notre relation? Je pense que, dans notre rapport, il est bien clair qu'on
considère - surtout dans notre cas, en particulier - que la MRC ne
représente pas la structure qu'on a au point de vue du transport. Si on
prend Châteauguay, par exemple, qui a une structure de transport qui se
dirige vers Montréal par le pont Mercier, elle n'a absolument rien en
commun avec une ville comme Candiac qui, elle, se dirige vers Montréal,
pour plus de 80%, par le pont Champlain. Malgré cela, on est
relié ensemble. Je crois qu'il a été précisé
qu'au point de vue des conseils de transport locaux on est prêt à
coopérer avec Châteauguay au même titre qu'avec les gens de
Sainte-Catherine, Saint-Constant, Delson et La Prairie, mais on est
déjà conscient, en ce qui nous concerne - je parle pour Candiac;
peut-être que M. Ashby pourra continuer pour les autres secteurs, mais je
pense que cela revient au même - et La Prairie, on s'aperçoit que,
pour le trajet régional jusqu'à Montréal, on va se
regouper beaucoup plus entre La Prairie et Candiac. Delson, Sainte-Catherine et
Saint-Constant, dont les résidents voyagent surtout par le pont Mercier,
vont avoir beaucoup plus d'affinités avec Châteauguay pour
s'entendre. (21 h 30)
Maintenant, si on décidait d'avoir un conseil local de transport
- on aurait nos conseils locaux - et qu'on voudrait avoir un réseau
d'autobus entre Châteauguay, Candiac et Delson, on va être capable
de discuter et on va très bien s'entendre. Le point où on voulait
insister le plus, c'était en ce qui a trait à la
représentation à l'ORT pour le système de transport
régional. S'il y a un seul représentant pour la MRC et que c'est
quelqu'un, supposons, de Châteauguay, qui a un corridor de transport par
le pont Mercier, Il n'y aura absolument rien à redire pour nous autres,
si on veut passer par le pont Champlain. Alors on voudrait être bien
précis là-dessus. On est prêt à coopérer pour
les transports locaux, mais je crois que cela nous prendrait toujours deux
représentants à l'ORT, un pour le corridor du pont Champlain et
un pour le corridor du pont Mercier. Je ne sais pas si cela a apporté un
éclaircissement.
Le Président (M. Boucher): Merci. Cela va?
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va. M. le ministre, est-ce que
c'est une solution envisageable?
M. Clair: En ce qui concerne la représentation à
l'ORT, plusieurs municipalités ont soulevé le point que,
plutôt que d'avoir une représentation basée sur les MRC, il
serait préférable qu'elle soit basée sur les conseils
locaux de transport. C'est certainement une proposition très
intéressante à examiner, mais je ne peux pas rendre de
décisions aujourd'hui, je veux finir d'entendre les mémoires
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Brièvement, M. le Président. Le milieu
a fait dans les derniers mois une démarche très positive à
l'égard du transport en commun et je constate que le mémoire que
vous êtes venus nous offrir aujourd'hui est tout à fait le reflet
de cette démarche positive qui a été faite. On sent
à travers ce mémoire que vous appuyez fondamentalement les
orientations du plan gouvernemental. Cela me plaît beaucoup. Je voulais
vous féliciter pour cette démarche.
J'avais une question à vous poser, mais le représentant de
Candiac vient de donner la réponse; alors, tout est complet. Je vous
remercie beaucoup et je vous souhaite un bon retour.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de saluer
au passage des voisins de la rive sud, des gens de Candiac, La Prairie, Delson,
Sainte-Catherine et Saint-Constant, qui sont tout près du très
beau comté de Laporte, et de les remercier d'être venus nous
visiter à l'Assemblée nationale. Je vous remercie.
M. Clair: M. le Président, en terminant, je voudrais moi
aussi, comme vient de le faire mon collègue de Châteauguay,
souligner la démarche très importante, positive et probablement
déterminante, j'en suis convaincu, pour l'avenir du transport en commun
dans leur région, des municipalités de Candiac, Delson, La
Prairie, Sainte-Catherine et Saint-Constant. Je pense que c'est effectivement
une démarche remarquable qui a été effectuée. Bien
sûr, le COTREM s'est rendu disponible, leur a aidé à faire
avancer le dossier, mais, sans une collaboration des municipalités,
comme cela a été le cas dans votre région, messieurs, je
pense qu'on ne pourrait pas avancer. Je vous invite à transmettre
à vos maires et à vos conseils municipaux nos remerciements pour
s'assurer ainsi de l'avenir du transport en commun dans votre région et
collaborer avec les instances gouvernementales. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): À mon tour, comme
président, au nom de tous les
membres de la commission, je vous remercie.
Les villes de Saint-Basile-le-Grand,
McMasterville, Otterburn-Park,
Mont-Saint-Hilaire, Beloeil
et Saint-Bruno
J'appelle maintenant les villes de Saint-Basile-le-Grand, McMasterville,
Otterburn-Park, Mont-Saint-Hilaire, Beloeil et Saint-Bruno-de-Montarville,
représentées par Mme Andrée Garon, conseillère; M.
Marcel Dulude, maire de Saint-Bruno; M. Pierre Cloutier, maire de Beloeil; M.
Honorius Charbonneau, maire de Saint-Hilaire; M. Ferdinand Borremans, maire de
McMasterville; M. Claude Bégin, maire de Saint-Basile-le-Grand.
J'ignore, M. le maire, si vos gens sont arrivés.
M. Charbonneau (Honorius): Merci, M. le Président. Mon nom
est Honorius Charbonneau, maire de Saint-Hilaire. Je vous présenterai
mes collègues qui sont, d'abord, le secrétaire, M. Chabot, de
Saint-Basile-le-Grand...
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous, s'il vous
plaît, approcher votre micro?
M. Charbonneau (Honorius): D'habitude, je parle fort, je vais
essayer de continuer. Je voudrais d'abord vous présenter M. Chabot, qui
est trésorier et gérant de Saint-Basile-le-Grand; le maire de
Saint-Basile-le-Grand, M. Bégin; le maire de Saint-Bruno, M. Dulude; le
gérant de la ville de Beloeil, M. Chagnon; le maire de McMasterville, M.
Borremans; le maire de Beloeil, M. Cloutier, et M. Olivier, gérant de la
ville de Saint-Hilaire.
Je voudrais d'abord remercier la commission de nous avoir reçus.
Même s'il fait noir, nous sommes habitués, nous de la rive sud,
depuis que Métropolitain Sud a été exproprié,
à vivre dans la grande noirceur. Nous nous consolons de voir que nous ne
nous appelons pas Deux-Montagnes, mais que nous avons quand même deux
montagnes sur notre territoire et peut-être qu'un jour ou l'autre, on
pourra nous donner ce qu'on a donné ailleurs.
M. le Président, nous essaierons d'être le plus bref
possible et, même avant que cette loi soit déposée, nous
avions déjà formé ce corridor qui était les
municipalités d'Otterburn-Park, Mont-Saint-Hilaire, Beloeil,
McMasterville, Saint-Basile-le-Grand, Saint-Bruno-de-Montarville, face à
la présente proposition gouvernementale concernant l'organisation et le
financement des transports en commun dans la région de
Montréal.
Nos municipalités ont toujours démontré un
très grand intérêt envers la question du transport en
commun. Nous sommes, par exemple, intervenus fréquemment dans le dossier
du train de banlieue de Saint-Hilaire et dans celui de la commission de
transport. La présente proposition gouvernementale va mettre en jeu un
si grand nombre de principes fondamentaux reliés à l'organisation
du transport en commun et à la gestion des services municipaux en
général que nous ne pouvons y rester indifférents. Notre
mémoire concernera surtout ces grandes questions de principe.
La première partie de notre mémoire est la plus
élaborée, étant consacrée au cadre financier
proposé par le gouvernement et aux grands principes de la
réforme. La deuxième et troisième partie traitent
respectivement de l'organisation au niveau local et régional de la
structure. Je me limiterai simplement à regarder quelques phases de
notre schéma et je demanderai à M. Cloutier de nous donner les
conclusions.
Ce matin, M. le ministre, nous avons été un peu inquiets,
lorsque vous avez dit que la loi n'entrera pas en vigueur le 1er janvier. Si je
me rappelle bien, lorsque vous étiez venu nous rencontrer sur la rive
sud, vous nous aviez promis de nous débarrasser de cette loi assez
difficile à observer pour nous, parce que nous n'avons aucun droit de
regard sur la loi et je m'interroge beaucoup sur les modalités que le
ministère des Transports mettra de l'avant si, au 1er janvier, cette loi
n'est pas en vigueur et que nous devions assumer encore pour l'année
1983 ces déficits qui sont passablement difficiles à absorber par
nos municipalités, le corridor que nous représentons.
M. Clair: Si vous me permettez, je trouve la question de M.
Charbonneau tellement importante que je vais y répondre tout de suite.
L'engagement sera tenu. Ce que j'ai indiqué ce matin, c'est que je ne
pense pas qu'on soit capable de traduire la réforme dans une loi avant
le 1er janvier à cause des délais qui sont devant nous. Mais
l'engagement à l'effet de dégager les municipalités de
leur obligation de payer à compter du 1er janvier, cela, je vais le
tenir. J'ai pris un engagement, je sais que c'est sur cette base que les
municipalités ont payé. Les deux seules autres
possibilités, c'est qu'on aille tellement rapidement qu'on soit capable
de faire adopter la loi, ce que je mets en doute. L'autre possibilité
est que le gouvernement devra, pendant quelques mois peut-être, payer
100% du déficit si le service doit continuer d'être
dispensé, mais peu importent les moyens qui seront pris, je pensais
qu'au mois de juin on serait capable d'arriver avec une loi adoptée pour
le 21 décembre. Aujourd'hui, je pense que cela risque d'être
difficile à cause des délais qui sont devant nous. Je croyais que
la commission pourrait se tenir au début de septembre. On est
déjà rendu au 15 octobre,
mais l'engagement sera tenu; je peux vous en donner ma parole.
M. Charbonneau (Honorius): Un autre point, M. le
Président.
M. Bourbeau: Je peux vous dire une chose sur le même point,
étant donné que le ministre vient de vous donner une assurance.
Je peux vous assurer de la collaboration de l'Opposition en ce qui concerne ce
problème. Le gouvernement a commis une erreur il y a deux ou trois ans
et on va l'aider à la corriger dans les meilleurs délais. Je peux
vous l'assurer.
M. Charbonneau (Honorius): Cela se réalisera. Il y a quand
même, M. le ministre, une autre chose, avant la conclusion, sur laquelle
j'aimerais attirer votre attention. C'est le règlement que vous avez
apporté à Deux-Montagnes. Je ne suis pas jaloux de ces gens, j'en
suis même heureux. Mais quand même, lorsque nous regardons les
critères du 1er janvier 1980, nous considérons que, dans notre
région, le train de Saint-Hilaire, qui est depuis longtemps mis de
l'avant par notre corridor, il sera très difficile de le réaliser
dans un avenir rapproché.
Si le gouvernement propose de réduire de 100% à 60% sa
contribution aux immobilisations construites après le 1er janvier 1980,
nos municipalités devront donc faire les frais de plus de cinq ans
d'indécision entre votre gouvernement et le gouvernement
fédéral au sujet du train de banlieue de Saint-Hilaire. Vous avez
contribué, comme je le disais tantôt, à 100% aux
investissements de la ligne de Deux-Montagnes. Par souci
d'équité, nous vous demandons de faire de même pour la
ligne de Saint-Hilaire. Le problème du train à Saint-Hilaire
traîne depuis trop longtemps et il doit être réglé.
Nous n'acceptons pas qu'il soit escamoté dans le cadre de votre
réforme et que 30% de la note nous soit refilée. Je pense que
c'est là une de nos grandes inquiétudes. Pour aller plus
rapidement, je demanderais à mon collègue, le maire de Beloeil,
de bien vouloir lire les conclusions de notre rapport. Nous pourrons
répondre à toutes les questions par la suite.
M. Cloutier (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, en référence, dans le document
qu'on vous a fait parvenir, on pourra aller à la page 19
intitulée Conclusion et Recommandations.
Nous nous sommes attachés au grand principe de la réforme.
Notre argumentation a fait valoir que les systèmes de transport en
commun doivent être administrés selon le schéma de
l'arbitrage local et ce, tant au niveau des systèmes locaux que du
corridor de desserte spécifique à un groupe de
municipalités comme le nôtre. Dans cette perspective, nous croyons
que le cadre financier proposé par le gouvernement ne permettra pas aux
citoyens de faire les choix nécessaires en matière de transport
en commun, car il viendra normaliser le niveau de l'offre de services de
transport en commun tant au niveau local que régional.
Nous recommandons au gouvernement du Québec de modifier le cadre
financier proposé pour qu'il soit en accord avec l'esprit de la
réforme, qui est de redonner aux élus locaux la
responsabilité du développement du transport en commun. Ceci
pourrait se faire en transférant sur les organismes locaux de transport
les ressources financières nécessaires à l'exploitation
des systèmes locaux et régionaux. Cependant, dans un
deuxième temps, quel que soit le cadre financier choisi, nous demandons
au gouvernement de mettre en application les principes suivants: ne plafonner
en aucune façon ses subventions au fonctionnement, car c'est là
une mesure injuste pour les municipalités qui sauront se doter de
systèmes rationnels et économiques; inclure les autobus dans sa
définition des immobilisations d'équipements à
caractère régional admissibles aux subventions; subventionner
à 100% l'amélioration des infrastructures du train de banlieue de
Saint-Hilaire; verser directement aux organismes locaux la subvention
d'immobilisation pour les équipements.
En ce qui concerne le cadre institutionnel, notre mémoire nous
amène à vous formuler les recommandations suivantes: rejeter
définitivement l'hypothèse de la MRC comme base de regroupement
au niveau local, car les besoins en matière de transport en commun n'y
sont pas suffisamment homogènes; répartir les sièges des
représentants locaux au conseil de l'organisme régional de
transport sur la base des corridors de desserte; ne pas permettre à
l'organisme régional de transférer unilatéralement vers
les organismes locaux de transport le mandat d'exploiter un service à
caractère régional sans qu'il y ait une entente sur les
modalités de ce transfert. (21 h 45)
Finalement, notre position sur la structure tarifaire est dictée
par celle que nous avons défendue concernant le financement et les
grands principes de la réforme. Nous croyons qu'il n'est pas possible de
prétendre normaliser la structure tarifaire aux niveaux régional
et local sans affecter directement la qualité de service qui pourrait
être offerte. Nous sommes d'avis que les citoyens de chaque
municipalité ou de municipalités regroupées volontairement
doivent demeurer libres de faire les choix qui s'imposent en matière de
prix, de quantité et de qualité du service.
En résumé, nos recommandations au
chapitre de la tarification sont les suivantes: laisser à chaque
organisme de transport local la responsabilité de déterminer les
tarifs locaux; revoir la structure tarifaire régionale, de façon
à tenir compte de la structure des coûts propres à chaque
corridor de desserte et des économies d'échelle engendrées
par l'achalandage; inscrire dans la loi le principe du transport gratuit pour
les enfants d'âge préscolaire.
En conclusion, nous espérons que nos commantaires sur votre
proposition seront pris en considération car ils mettent en jeu des
principes d'administration publics fondamentaux. Nous souhaitons fortement que
le gouvernement du Québec saisisse l'occasion qui lui est donnée,
dans le cadre de cette réforme, de redonner aux citoyens la
responsabilité complète de faire les choix qui s'imposent en
matière de transport en commun.
Je vous remercie de nous avoir donner l'occasion de vous donner
verbalement un résumé le plus succinct possible d'un document que
nous vous avons déjà fait parvenir et l'occasion d'être en
votre présence ce soir. De ce fait, j'aimerais redonner à M.
Charbonneau, qui est quand même la personne désignée du
groupe qui est représenté dans le corridor, corridor où la
majorité des maires sont présents, à l'exception d'un
seul, probablement à cause de l'heure tardive, mais un groupe de
personnes accompagnées de gérants et de directeurs
généraux de leur municipalité... Ils ont, comme l'a dit le
maire Charbonneau au tout début, pensé à une certaine
concertation du transport en commun dans notre corridor peut-être avant
le projet émis par le gouvernement.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie pour la
concision de votre présentation et je donne la parole au ministre.
M. Clair: M. le Président, je serai très bref. Je
vais revenir plutôt à la fin. Je sais que mon collègue, le
député de Verchères, qui s'intéresse beaucoup
à la question, en particulier du train de banlieue, a plusieurs
questions à poser. Alors, afin d'éviter de dédoubler les
questions, je vais d'abord le laisser poser les siennes et je reviendrai
à la fin. Je ne veux pas non plus voler le tour de mon collègue,
le député de Laporte.
Un premier commentaire, M.
Charbonneau, MM. les maires. L'expérience que vous vivez a pu
largement servir à nous inspirer. Si cela a été possible
chez vous, depuis quelques années, de commencer à vous regrouper
pour vous concerter sur les questions du transport en commun, je ne vois pas
pourquoi cela ne pourrait pas se faire ailleurs. Ce qu'il s'agit de faire
maintenant, je pense, en particulier dans un cas comme le vôtre, c'est de
vous donner les instruments juridiques pour pouvoir agir et passer à
l'action.
Je laisse immédiatement la parole à mon collègue,
le député de Verchères et je reviendrai à la fin,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau (Verchères): Merci, M. le ministre. Je
voudrais peut-être d'abord remercier les maires et les gérants de
la région pour avoir été patients envers les membres de la
commission et avoir attendu aussi longtemps leur tour pour comparaître
devant nous. Je considère que vous avez préparé un
mémoire assez substantiel et qui, à mon avis a la mesure de
l'importance que les municipalités de la région accordent au
dossier du transport en commun. Mais je ne voudrais pas m'étendre sur
les préambules. On l'a souligné, vous vivez une expérience
qui est assez particulière. On est les premiers dans la région
à avoir vécu cette expérience qui date de mars 1981,
où, un comité intermunicipal ad hoc s'est formé entre six
municipalités du corridor Saint-Bruno-Saint-Hilaire. On pourrait penser,
finalement, que la proposition gouvernementale s'est largement inspirée
de votre expérience pilote.
Dans ce sens-là, ce qui serait peut-être intéressant
pour les membres de la commission, c'est de savoir - même si ce
comité intermunicipal n'est pas encore structuré
légalement, juridiquement - qu'est-ce que, dans les faits, cela a
changé par rapport à la situation antérieure. Est-ce que
ce type de regroupement de municipalités a son importance par rapport
à la façon dont vous viviez le problème du transport en
commun, chacun de votre côté, auparavant? Est-ce qu'on peut
élaborer un petit peu sur les effets de ce regroupement de
municipalités?
M. Charbonneau (Honorius): Assez rapidement, il est bien certain
que le but principal qui nous a amenés à nous regrouper,
c'était la loi existante, lorsqu'on a exproprié
Métropolitain Sud. Je pense que je n'ai pas besoin de revenir sur les
inconvénients et les désavantages que notre milieu a subis
à cause de cette loi; c'est une chose du passé, mais qui est
quand même dans le présent. C'est que ça nous a
amenés à nous concerter - les six municipalités qui
étaient dans la même position - et, par le fait même, nous
avons eu l'avantage d'avoir le COTREM qui a travaillé avec nous, qui
s'est joint à notre groupe pour faire une étude assez en
profondeur de nos besoins en ce qui concerne le transport en commun dans notre
région.
Je pense que nous ne pouvons pas nous
donner un transport en commun à des coûts... Je l'ai dit
souvent aux citoyens de ma ville: II y a deux manières de faire partir
nos gens, c'est de leur donner un transport en commun tellement
sophistiqué qu'ils n'ont pas les moyens de le payer ou de ne pas leur en
donner du tout. Ils vont s'en aller des deux manières. Je pense qu'en
leur donnant un transport en commun qui est quand même acceptable, il y a
des possibilités de les garder. Alors, nous avons pensé - il y a
le train de banlieue qui part de Saint-Hilaire et qui se rend à
Montréal, qui passe par les six municipalités qui font partie de
ce corridor - qu'il était important de nous regrouper afin de regarder
ensemble quels étaient les moyens de transport qui nous convenaient le
mieux et à quels coûts nous pouvions nous les donner. Je pense que
c'est important, parce que je me verrais très mal dire à mes
citoyens que ça leur coûtera un certain montant et que, demain
matin, nous leur en demandions le double. Je pense qu'il faut être assez
conscient, qu'il faut donner à nos citoyens l'heure juste, le plus
possible.
C'est venu de cette manière et je peux vous dire que c'est
très enrichissant pour les municipalités. D'ailleurs, ça
nous a tellement fait connaître que nous avons créé notre
MRC et que ces six municipalités sont à l'intérieur de
notre MRC. Cela veut dire que les fréquentations, ça mène
au mariage...
M. Charbonneau (Verchères): Est-ce qu'on peut conclure
que...
M. Charbonneau (Honorius): On ne dit pas quelle sera la
durée du mariage, mais ça nous a menés là.
C'est ce qui nous a motivés à nous regrouper et nous
pensons que, dans notre milieu, nous avons besoin de transport en commun, pas
à n'importe quel prix, mais nous en avons besoin.
M. Charbonneau (Verchères): Est-ce que vous pensez, dans
ce sens, qu'outre le mariage juridique que constitue la MRC, il y aurait lieu
de faire un autre mariage juridique, mais celui-là en fonction du
corridor de desserte? Par exemple, est-ce qu'il y aurait avantage à ce
que le gouvernement, le plus rapidement possible, concrétise
juridiquement l'existence du comité ad hoc qui existe actuellement?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense bien, M. Charbonneau, que
vous connaissez actuellement suffisamment les MRC pour savoir que le transport
en commun n'est pas dans leurs responsabilités. C'est pour cette raison
que nous demandons que la représentation soit au niveau du corridor
plutôt qu'au niveau de la MRC. C'est un premier but.
Deuxièmement, je pense que, comme on l'a dit tantôt, il y
aurait possibilité, lorsque la loi, j'espère, sera en vigueur...
Parce que, ce que nous voulons d'abord, c'est régler le passé, et
quand le passé sera réglé je pense que nous pourrons nous
asseoir ensemble pour travailler vers l'avenir, avec, je l'espère, une
loi qui nous permettra de donner à nos citoyens un transport en commun
dans des conditions efficaces et qui permettra à nos gens de recevoir ce
qu'ils ont le droit de recevoir, comme toutes les autres parties environnantes
de l'île de Montréal.
M. Charbonneau (Verchères): On a parlé du
problème du train de banlieue. On sait que vos municipalités sont
desservies actuellement par une ligne de train de banlieue du CN. C'est la
seule qui ne soit pas intégrée actuellement au réseau de
transport en commun de la grande région de Montréal.
Vous avez exprimé tantôt la demande que la subvention
accordée aux améliorations d'infrastructures soit
équivalente finalement à ce qu'on a donné ailleurs. Je
pense que la première réponse qu'on puisse apporter c'est qu'il y
a actuellement une entente fédérale-provinciale et je pense qu'il
serait inopportun que cette entente se soit appliquée aux autres,
qu'elle ait accordé des avantages aux autres et qu'elle n'en donne pas
dans notre secteur. J'ai l'impression que dans ce sens-là on peut avoir
une certaine garantie, étant donné qu'il y a une entente formelle
pour les municipalités de la région.
Cependant, vous n'étiez peut-être pas ici il y a deux
jours, la Commission de transport de la rive sud de Montréal ainsi que
le Conseil des maires sont venus nous parler, entre autres, de ce
problème de la ligne du train de banlieue de Saint-Hilaire et ils ont
indiqué qu'ils n'étaient pas très chauds finalement
à maintenir ce service, à moins que les municipalités du
corridor Saint-Bruno-Saint-Hilaire acceptent de payer la bonne partie de la
facture.
Je ne sais pas comment vous réagissez à la position du
Conseil des maires de la rive sud, mais...
M. Charbonneau (Honorius): Je pense bien que ces maires de la
rive sud devront considérer, comme nous l'avons fait peut-être
dans le passé, une certaine aide globale, parce que nous avons
payé, depuis trois ou quatre ans, des déficits pour des services
que nous n'avions pas.
Je pense que nous avons été bons princes et que le
gouvernement nous a aidés. Il est encore trop tôt, je pense, pour
déterminer ce soir quelle sera notre proposition face à cette
attitude qu'ils nous soumettront certainement un jour. Il faudra s'asseoir pour
en discuter mais je ne suis pas
prêt à dire ce soir... Tout dépendra des
déficits. Si on nous arrive avec des déficits prohibitifs que nos
citoyens ne peuvent pas payer, il est bien certain que nous devrons regarder
différemment, mais dans le moment nous favorisons le train de banlieue
dans notre milieu. Je pense que c'est clair, mais seulement avec des services
améliorés. Nous ne pensons pas avoir des trains comme ceux que
nous avons le matin et le soir dans des conditions pas mal
démodées. Ce qui serait logique, c'est que nous puissions avoir
au moins deux ou trois trains aux heures de pointe le matin ainsi que le soir,
ce qui donnerait un service certainement plus acceptable à notre
population.
Comme je vous l'ai dit tantôt - j'ai peut-être peur mais
j'espère ne pas avoir raison d'avoir peur - si les montants qui ont
été mis de l'avant pour organiser le transport en commun dans la
région de Deux-Montagnes et dans la région de Saint-Hiiaire ne
sont pas tous dépensés de l'autre côté et s'il nous
en reste un peu pour qu'on puisse s'organiser convenablement, je pense qu'il
est possible de faire quelque chose.
Encore là, il faudra regarder quels seront les coûts dans
la négociation. Nous sommes prêts à avoir du transport en
commun, mais pas à ruiner nos municipalités pour du transport en
commun. Nous sommes prêts à regarder les coûts ensemble.
M. Charbonneau (Verchères): II y a eu, par ailleurs,
d'autres présentations qui nous ont été faites au sujet de
l'organisme régional de transport à l'effet qu'il ne serait pas
utile que des municipalités qui sont dans la zone C, c'est-à-dire
entre autres vos municipalités, participent de plein droit à
l'organisme régional de transport. Elles pourraient simplement avoir un
rôle consultatif mais ne siégeraient pas à cet organisme
régional de transport.
Est-ce que vous considérez que les municipalités de votre
territoire et des municipalités qui sont dans la même position que
vous devraient faire partie de l'organisme régional de transport au
même titre que les autres?
M. Charbonneau (Honorius): De quelles municipalités
voulez-vous parler?
M. Charbonneau (Verchères): Actuellement il y a des gens,
notamment le Conseil des maires de la rive sud et la CTRSM, qui croient qu'il
ne serait pas utile que les municipalités, par exemple du corridor
Saint-Bruno-Saint-Hilaire, soient représentées à
l'organisme régional de transport.
M. Charbonneau (Honorius): Ils ne trouvent pas utile qu'on soit
représenté?
M. Charbonneau (Verchères): C'est ça. Certains
pensent qu'il ne serait pas utile et qu'il serait préférable que
vous ayez simplement un rôle consultatif.
M. Charbonneau (Honorius): Cela ne me surprend pas parce qu'on ne
l'a jamais été et ils semblaient heureux de cela. Cela ne me
surprend pas de leur part. Par contre, je pense que nous n'accepterons jamais
que notre corridor ne soit pas représenté à la commission
régionale de transport. Si nous avons à donner du transport en
commun à nos citoyens, nous sommes prêts à prendre nos
responsabilités, mais pas à n'importe quel prix. S'il n'y a pas
moyen d'être représentés, soyez assurés que nous
ferons des représentations à ce moment-là et que nous ne
serons certainement pas prêts à regarder passer le train sans
être capables d'embarquer.
Une voix: Sans aller à Montréal avec. (22
heures)
M. Charbonneau (Verchères): Juste une dernière
question parce que le temps file. J'aimerais que vous précisiez aussi
comment fonctionnerait, à votre avis, l'exploitation des systèmes
régionaux de transport si on transférait aux organismes locaux de
transport les ressources fiscales.
M. Charbonneau (Honorius): II faudrait quand même qu'on
nous les transfère. Lorsqu'on a transféré de la
fiscalité aux municipalités, on nous a souvent dit, lorsqu'on
nous donnait de nouvelles responsabilités, qu'on nous donnerait les
modalités de taxation qui vont avec ces responsabilités. Il est
bien certain que nous sommes prêts à prendre nos
responsabilités, nous voyons cela comme une chose possible, mais c'est
quelque chose qu'il faut regarder; il faudra se donner les services qui
correspondent à nos possibilités. C'est là que nous
voyons, dans un organisme local, une possibilité additionnelle pour
nous, pour notre corridor, de choisir les services dont nous avons besoin selon
nos possibilités financières. C'est là l'avantage assez
marqué de former un corridor local plutôt qu'un corridor
régional, ce qui nous amènerait peut-être à payer
des déficits que nous n'avons pas faits. Encore là, il est trop
tôt, je pense. Il faudra connaître la loi avant de prendre une
position définitive à ce sujet.
M. Charbonneau (Verchères): Cela termine les questions que
j'avais à vous poser. Je voudrais vous remercier. Je pense que vous avez
présenté un mémoire important, qui soulève des
questions pertinentes. Pour les gens de la région du corridor, il
était important qu'ils sentent que les municipalités
étaient impliquées de plain pied dans le domaine du transport
en
commun. Elles n'ont pas manqué l'occasion d'assister et de
participer activement à cette commission parlementaire. Merci.
M. Charbonneau (Honorius): D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: II me fait plaisir de saluer des ex-collègues
de la rive sud. Je comprends votre étonnement de nous voir travailler
à des heures si tardives; je me suis habitué à ce rythme
depuis que j'ai laissé la fonction municipale. Parfois, on travaille
très tard et parfois moins tard.
Je me réjouis de voir ici le sentiment de coopération et
de solidarité qui anime tous les gens situés dans le corridor:
Saint-Bruno, Saint-Hilaire, etc. Je trouve intéressant de voir que quand
des problèmes importants se posent, un regroupement se produit. Cela
montre qu'il n'est pas toujours vrai de penser que les voisins, en termes de
municipalités, se chicanent toujours. De plus en plus, on voit
plutôt de la coopération que de la discorde.
En ce qui concerne le problème spécifique auquel vous
faisiez allusion tout à l'heure, j'ai été très
sensible à ce que vous disiez puisque j'ai moi-même
participé au malheur, si je peux dire, de Métropolitain Sud,
alors que, à un moment donné, vous vous êtes
embarqués pratiquement sans le voir ou de force dans une galère,
soit l'obligation légale de payer les déficits de la compagnie
Métropolitain Sud alors que vous n'aviez pas un seul mot à dire
dans la gestion de la compagnie.
Je me souviens très bien, ayant été
président de l'organisme responsable de la gestion, que nous
n'étions pas d'accord. Nous trouvions absolument aberrant d'avoir
à gérer une compagnie de transport alors que le territoire
n'était pas du tout chez nous. On était autorisé à
faire des dépenses pour l'autres, pour lesquelles on n'avait pas
à payer. Bref, on nous avait obligés de vous mettre en tutelle et
à agir comme tuteurs. C'est un peu comme si le gouvernement du
Québec, aujourd'hui, se voyait confier la responsabilité
d'administrer le budget de l'Ontario sans que l'Ontario ne soit
consulté. Remarquez que ce serait absolument catastrophique pour
l'Ontario quand on considère la gestion du gouvernement du
Québec.
M. Clair: On a maintenu notre déficit et l'Ontario a
augmenté le sien de 60% en un an.
M. Bourbeau: Je reviens aux corridors en question. Le
problème qui se pose sur la rive sud, en ce qui concerne
Métropolitain Sud, c'est que le transport en commun, sur le grand
territoire de la rive sud, est organisé non pas en fonction des MRC ou
des regroupements de municipalités, mais en fonction de corridors qui
ont tous comme point de départ la station de métro de Longueuil
et qui s'en vont vers Sorel, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean, Farnham, enfin, vers
les grands axes routiers.
Quant à moi, j'appuie entièrement votre suggestion voulant
que pour les fins de l'ORT, vous soyez regroupés en fonction de ces
corridors, ce qui est tout à fait logique, et non pas en fonction de MRC
qui n'ont pas nécessairement toujours les mêmes besoins de
transport et les mêmes intérêts. À ce point de vue,
je pense que c'est tout à fait logique; si vous êtes
regroupés en fonction des corridors naturels de transport, je pense que
ce serait normal aussi que vous soyez représentés à l'ORT
selon la même formule. Un autre point dans votre mémoire, vous
insistez beaucoup sur le contrôle local des dépenses. Je pense que
là-dessus on vous suit entièrement. Je pense que vous avez bien
raison. Vous faisiez allusion au fait que vous insistiez pour être
représentés, à la suite de la question de mon
collègue, le député de Verchères, au conseil
d'administration. Je pense que c'est normal aussi, le principe de "no taxation
without representation".
Finalement, dans votre mémoire, vous parlez de deux autres
choses. Vous parliez tout à l'heure des trains de banlieue. Je voudrais
y revenir, surtout au train de Saint-Hilaire. Effectivement, il semble que les
gens de la CTRSM ne soient pas très chauds à absorber les
déficits éventuels du train de Saint-Hilaire. Le maire de
Boucherville faisait remarquer qu'en ce qui le concerne il aurait de la
difficulté à convaincre les citoyens de Boucherville de payer le
déficit du train de Saint-Hilaire, de la ligne de Saint-Hilaire, puisque
c'est situé assez loin de Boucherville et qu'il n'est pas possible que
les gens de Boucherviile prennent le train de Saint-Hilaire.
Il y a quand même un fait qui subsiste, c'est que le gouvernement
fédéral s'est engagé à verser une subvention
importante pour la modernisation des trains de banlieue et, entre autres, celui
de Saint-Hilaire. Il y a même une obligation, si j'ai bien lu la
convention, de rénover non pas seulement le train de Deux-Montagnes qui
va vers Rigaud, mais aussi celui de Saint-Hilaire. Le ministre me corrigera,
mais je pense que la subvention ne serait même pas disponible si les
trois n'étaient pas modernisés. À mon avis, le
gouvernement n'a pas beaucoup le choix, à moins d'amender sa convention
avec le fédéral - à condition, évidemment, que le
gouvernement et le fédéral se parlent - et il devra
éventuellement moderniser le train de Saint-Hilaire. En principe, je
trouve que c'est normal et que, dans la mesure où l'achalandage le
justifiera, il devra y avoir
un nombre de trains suffisant pour vous donner le service que vous
attendez.
Finalement, je voudrais simplement relever un passage de votre
mémoire qui m'apparaît de plus en plus capital, à mesure
que j'avance dans l'étude du dossier; c'est ce que vous mentionnez
à la page 8 du mémoire. Vous n'êtes pas les seuls,
d'ailleurs, parce que le groupe avant l'a souligné aussi. C'est
étonnant de voir comment deux groupes qui n'ont rien à voir l'un
avec l'autre - enfin, je présume que vous n'avez pas engagé les
mêmes aides ou les mêmes conseillers - en arrivent aux mêmes
conclusions.
Vous dites dans votre mémoire, à la en page 8, que la
croissance moyenne des coûts au cours des dernières années
a été de 20% par année. Je pense que tous les gens du
milieu sont d'accord, même la proposition gouvernementale le dit. Vous
dites ceci, vous me permettrez de vous citer puisque vous n'avez pas lu le
mémoire vous-même: "Le gouvernement nous annonce que la croissance
des coûts sera ramenée au cours des quatre prochaines
années à 12,3% ou même à 11,3% - en fait, c'est ce
qui est contenu dans la proposition gouvernementale - si ia réforme
proposée est adoptée. C'est donc dire qu'il croit - le
gouvernement - que le rythme de croissance des coûts sera réduit
d'au moins 40%. Vous ajoutez: Permettez-nous d'en douter." Je peux ajouter
entre parenthèses que je me joins à vous dans ce doute.
Vous continuez: "Les projections budgétaires contenues dans la
proposition gouvernementale sont nettement insuffisantes pour en permettre un
examen serré de ces prévisions, mais nous semblent
irréalistes, principalement au niveau des hausses d'achalandage et des
coûts d'immobilisation. "Le gouvernement admet lui-même que la note
pourrait dépasser le milliard en 1985 si l'inflation devait se maintenir
à son niveau actuel. Ceci représente un écart
budgétaire de près de 120 000 000 $ par rapport aux
prévisions sur lesquelles a été basée la
répartition des déficits entre les partenaires. Vous ajoutez, en
conclusion: Nous aimerions savoir ce qui arrivera de notre contribution au
financement si pareille éventualité arrivait à se
concrétiser."
Vous citez le chiffre de 120 000 000 $ et, tout à l'heure, les
municipalités qui vous ont précédés, Valleyfield et
les autres, estimaient à 200 000 000 $, 300 000 000 $ l'écart qui
pourrait vraisemblablement se produire si des prévisions
réalistes étaient faites plutôt que des prévisions
fantaisistes. Moi, je peux simplement dire que, nous aussi, nous aimerions
savoir ce qui arrivera si les prévisions ne se réalisent pas. Je
ne sais pas si vous aimeriez ajouter quelque chose, parce que cela me
paraît un aspect important de la réforme. D'après vous,
qu'arrivera-t-il si la facture à payer est beaucoup plus importante que
prévu? Pensez-vous que cela va être ramassé par d'autres
que par vous?
M. Charbonneau (Honorius): M. le Président, si vous me le
permettez, je pourrais peut-être demander à mes collègues
s'ils ont quelque chose à ajouter là-dessus. Nous sommes tous
ensemble et je pense que vous me permettrez de laisser parler mes
collègues s'ils ont quelque chose à répondre
là-dessus.
M. Bourbeau: Ma question est la suivante: Pensez-vous, d'abord,
que la facture va venir et, deuxièmement, êtes-vous disposé
à la payer si cela arrive?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense bien que ce que nous voulons
exprimer, c'est une crainte. Je pense que cette crainte des augmentations assez
substantielles que nous avons vécues depuis quelques années
existe dans notre for intérieur. Ce dont nous avons peur - et, je pense,
à juste titre -c'est que s'il y avait des augmentations -parce qu'on dit
bien que le gouvernement se limite à tant de pourcentage des
déficits -s'il y avait des déficits beaucoup plus
élevés que ceux que nous prévoyons, nous nous demandons de
quelle manière on pourrait arriver à taxer nos citoyens pour
essayer de leur donner un transport en commun d'une qualité acceptable.
C'est là qu'est notre inquiétude. Ce paragraphe transmet notre
inquiétude sur les coûts que nous prévoyons. Nous
espérons que ce sera peut-être cela, 11,3%. Ce sera
peut-être 10% - je l'espère -mais, si cela arrivait à 20%,
mon Dieu! je pense que nous commencerons à être très
inquiets. Si le gouvernement n'augmente pas ses subventions, nous nous verrions
dans l'obligation de taxer nos citoyens d'une façon
démesurée. Nous pensons qu'à ce moment-là les gens
n'auraient peut-être plus les moyens de payer le montant des taxes que
nous leur demanderions. Il faudrait quand même penser que nous sommes
à 25 milles de Montréal et que les gens qui demeurent chez nous,
si nous les taxons sur la même base que Montréal et qu'ils ont
à voyager soir et matin, ce qui arrivera, c'est que nos
municipalités deviendront désertes et on fera des villes qui,
sans être des villes fantômes, auront des difficultés
énormes à maintenir une qualité de vie acceptable. C'est
là qu'est notre inquiétude.
M. Bourbeau: Remarquez que le fait que les municipalités
de banlieue se vident au profit de Montréal, c'est très
près de ce que semble souhaiter le gouvernement puisqu'il
privilégie le retour à Montréal et pénalise tous
ceux qui demeurent en banlieue de façon à les inciter à
retourner à Montréal.
M. Clair: C'est inexact.
M. Bourbeau: Vous dites dans votre proposition que les
projections gouvernementales vous semblent insuffisantes et irréalistes.
C'est donc que vous êtes d'avis que cela va être plus cher que ce
qui est écrit dans le livre blanc. Sinon, vous diriez qu'elles sont
réalistes. L'autre terme que vous employez est "insuffisantes". Vous
dites "insuffisantes et irréalistes". Vous n'avez pas écrit cela
pour le plaisir de l'écrire. Je présume que vous le pensez.
M. Charbonneau (Honorius): Je pense que tout administrateur a le
droit de se questionner sur des prévisions. Il a quand même le
droit de les regarder. Elles nous apparaissent peut-être
présentement réalistes, mais si elles devenaient
irréalistes, dû à l'augmentation de coûts que nous ne
pouvons pas prévoir ou que le gouvernement ne prévoit pas,
qu'arriverait-il? C'est la question qu'on se pose ensemble. C'est exactement ce
qu'on se demande. Comment pourrait-on passer à travers?
M. Bourbeau: Je pense que c'est votre devoir de vous la poser.
Nous aussi, on se la pose et la conclusion à laquelle on en vient, c'est
que ce sont les municipalités qui vont écoper de la facture.
M. Clair: M. le Président, le député de
Saint-Laurent aurait une question à poser.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Une question très courte: Je
voudrais savoir ce que vous pensez de la composition du conseil
d'administration de l'ORT et également du comité exécutif.
Cela vous satisfait-il? Pensez-vous que c'est raisonnable? Croyez-vous que le
gouvernement devrait avoir des représentants à cet organisme?
M. Charbonneau (Honorius): II est très difficile de
répondre affirmativement ou négativement. Premièrement, je
pense qu'au moins, dans cette représentation, nous étions
tellement habitués à ne pas en avoir que, si nous en avons un
pour notre corridor, nous serons heureux d'en avoir un. Cela
réglera-t-il tous les problèmes? Je ne le sais pas. Il est encore
trop tôt pour prévoir ce qui arrivera avec un conseil
d'administration comme celui-là. Il est bien certain que, si nous
regardons le pourcentage de population que nous représentons dans ce
corridor, ce sera simplement une petite goutte d'eau dans un verre, parce que
nous ne représentons qu'environ 1% ou à peu près de la
population transportée dans notre corridor. Je crois que c'est 1,6%. Il
est bien sûr que ce ne sera pas tellement. Par contre, il est sûr
que ce sera peut-être difficile en certaines occasions, toujours en
pensant que ceux qui siégeront à ce comité penseront
régional et n'essaieront pas d'utiliser ceux qui sont de plus petite
taille pour se préserver eux-mêmes. (22 h 15)
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous pensez qu'il pourrait y
avoir des polarisations banlieue - CUM et l'arbitre qui serait le
gouvernement?
M. Charbonneau (Honorius): Je ne le sais pas, il est encore trop
tôt pour le prévoir, mais il pourrait y en avoir. J'espère
qu'il n'y en aura pas, mais ce sera certainement plus facile pour les grandes
villes, une ville comme Montréal, d'avoir une polarisation que cela ne
le sera dans un corridor avec une dimension aussi réduite que
celle-là. Quand même, je crois toujours à la bonne foi des
gens.
M. Cloutier: Est-ce que je pourrais compléter la
première question?
M. Charbonneau: Oui.
M. Cloutier: C'est qu'on n'anticiperait pas de problèmes
si l'organisme local acceptait toutes les décisions de l'ORT.
M. Leduc (Saint-Laurent): Accepter quoi?
M. Cloutier: Si l'organisme local, l'organisme du corridor,
acceptait sans discussion toutes les décisions qui pourraient être
prises par l'ORT.
M. Clair: Vous posez une question?
M. Cloutier: Non, c'est-à-dire que je complétais la
réponse à la première question qui a été
posée: Quelle pourrait être notre perception? Sur la
représentativité, nous avons gagné au moins le droit
d'avoir une personne à l'organisme, mais, encore là, quel sera
notre rôle? Sera-t-il simplement de dire qu'on accepte ce que vous avez
décidé? Nous n'aurons peut-être aucun droit d'arbitrage. On
n'aura peut-être aucun droit acquis avec ça. Ce n'est
peut-être pas suffisant pour nous de dire: Là, vous êtes
contents, vous êtes à la table et vous vouliez y être, mais
nous sommes un sur 31.
Une voix: C'est mieux que de ne pas y être du tout.
M. Cloutier: Ou ce n'est peut-être rien du tout.
M. Clair: Ce qui est le cas présentement.
Le President (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, le député de
Laporte semble accorder beaucoup d'importance aux prévisions qui ont
servi à l'élaboration d'un scénario pour les trois
prochaines années. Je voudrais dire là-dessus que les indices qui
ont été retenus sont des indices utilisés par beaucoup
d'autres. Nous n'avons pas essayé d'y aller avec une boule de cristal.
Ce sont des prévisions dont se servent les gouvernements, dont se
servent les commissions de transport, dont se servent les municipalités
pour essayer de prévoir comment la situation évoluera en termes
de prix de l'énergie, en termes d'indice des prix à la
consommation, de taux d'intérêt, d'évolution des
coûts des salaires. Bien sûr, nous n'avons pas de boule de cristal
du côté du gouvernement. Vous savez, si le député de
Laporte était de ce côté-ci, il aurait exactement les
mêmes analystes, les mêmes gens qui font des prévisions.
Non, ce sont les mêmes, M. le Président. Ce n'est même pas
le gouvernement du Québec qui fait ses propres prévisions sur la
plupart de ces indices, ce sont des indices qui sont des prévisions, qui
sont acceptés d'un bout à l'autre du Canada et dont on se sert
pour essayer d'établir l'avenir.
À partir de ces chiffres, si quelqu'un est en mesure de trouver
des indices qui se sont révélés meilleurs pour
prévoir l'avenir, nous sommes prêts à changer de boule de
cristal, mais nous n'en avons pas, à proprement parler, de boule de
cristal. Ce sont des hommes et des femmes qui, avec la connaissance du
passé et un certain nombre d'indices, essaient de prévoir
l'évolution des coûts. Dans ce sens-là, M. Charbonneau, ce
que je veux dire, ainsi qu'au député de Laporte, c'est que, dans
la situation actuelle aussi, les coûts... Si l'inflation se
révélait hors contrôle au Canada et qu'on se retrouvait
avec une inflation de 25%, je suis incapable de le dire. Peut-être que
des événements peuvent survenir et que, dans trois ans,
l'inflation va être à 25%, bouleversant toutes les
prévisions économiques qui ont pu être faites. Mais
ça, c'est vrai dans le cadre actuel comme ce serait vrai dans un nouveau
cadre. Dans un cas comme ça, ce qu'on doit faire, c'est justement de
faire comme nous avons fait à la page 90 de la proposition,
c'est-à-dire indiquer sur quoi nous nous sommes basés pour faire
les prévisions pour l'avenir. Vu que ces prévisions
évoluent, il est évident que, s'il s'écoule un an avant la
mise en vigueur de l'ensemble de la réforme, les prévisions
devront être révisées. Je pense encore une fois, comme je
le disais tantôt, que s'inquiéter de l'avenir, c'est tout à
fait légitime; affirmer les choses, c'en est une autre; les
démontrer, c'en est une troisième, et démontrer que les
prévisions que nous avons retenues jusqu'à maintenant sont
fausses, inexactes, totalement erronées et préparées par
des incompétents, il n'y a personne qui en a fait la preuve. Pour cela,
je pense qu'on est tous liés un peu par l'avenir. Je n'ai pas de
réponse à faire. Si l'inflation est de 25% au Canada en 1986,
tout ce que je peux dire, c'est que le gouvernement sera aussi mal pris que
vous et que, dans le système actuel comme dans le système
proposé, les factures vont devoir se répartir au prorata des
programmes existants.
Le député de Laporte, également - je tiens à
le faire remarquer - tient deux discours en ce qui concerne le train de
banlieue. Quand la CTRSM est venue, il a semblé - je dis bien
semblé - appuyer une position de rejet à l'égard de la
modernisation et de l'intégration du train de Saint-Hilaire, et
aujourd'hui, il a plutôt une attitude inverse, soit celle de vous dire:
Si cela a de l'allure, vous auriez un service de deux ou trois trains par
jour.
Sur cette question, je vais vous proposer de jouer franc jeu. Vous
êtes constitués en groupes qui se concertent depuis deux ans
déjà; vous avez fait beaucoup de progrès avec le COTREM,
avec les gens du COTREM. Puisque, de toute façon, ce que vous faites va
dans le sens de la proposition du gouvernement à l'effet de
réunir des municipalités et de leur donner des pouvoirs
d'intervention, on n'a pas besoin d'attendre que, juridiquement, vous ayez le
pouvoir de tout faire cela pour vous impliquer immédiatement, dès
que vous le désirerez, par vos représentants, dans des
négociations avec la CTRSM, avec le CN et le gouvernement du
Québec pour non pas essayer de vous embarquer - on n'essaiera pas de
vous embarquer - dans le train et de vous faire payer plus que cela vaut. Le
gouvernement du Québec n'est pas intéressé non plus
à payer si, après des négociations avec le CN, cela devait
se révéler hors de prix que d'intégrer le train.
La démarche que je vous propose, ce soir, c'est, si vous
êtes intéressés à le faire, de nous
déléguer un ou deux représentants. Nous allons mener, avec
le CN, les négociations jusqu'au bout et on fera la comparaison à
la fin sur ce que cela représente comme avantages et
inconvénients; coût et bénéfices,
intégration, modernisation et déficits d'exploitation du train de
Saint-Hilaire, sur quelle base on pourrait répartir la facture du
déficit d'exploitation et on regardera ce que cela coûte, ce que
cela rapporte d'abandonner le train de Saint-Hilaire, ce qui n'est pas le voeu
du gouvernement. Afin de jouer franc jeu sur cette question, on comparera,
à la fin des négociations avec le CN, ce qui est le plus
avantageux: le train ou l'autobus; les coûts. On prendra la
décision ensemble, sans
cachette ni détour, en jouant à jeu ouvert. Je pense que,
de cette façon, on sera à même d'aboutir à des
résultats positifs.
Ce qu'il y a de particulièrement difficile - ce n'est pas un
blâme, je ne veux pas dénigrer le CN, ce n'est pas du tout le cas,
je le fais autant que possible en toute objectivité - à avoir
comme entente avec le CN sur le corridor Saint-Hilaire, c'est qu'au Canada, sur
les voies ferrées, les trains de marchandises ont priorité. Nous
connaissons tous l'importance du corridor de Saint-Hilaire pour les
marchandises, c'est la ligne principale vers l'est du Canada. L'impression que
nous avons jusqu'à maintenant dans les pourparlers que nous avons eus
avec eux, c'est qu'à toutes fins utiles, à l'occasion d'une
intégration des trains, d'une modernisation, d'un niveau de service
équivalant à trois trains par jour, par exemple, ils veulent
faire payer une remise en état des infrastructures, un système de
signalisation, tout cela, à des coûts très
élevés. Mais on ne saura jamais, si on ne négocie pas avec
eux et si vous n'êtes pas impliqués avec nous là-dedans, au
bout de la ligne - c'est le cas de le dire - ce qu'on pourrait vraiment aller
chercher. Le député de Laporte met souvent en cause notre
capacité de s'entendre avec le fédéral, de négocier
et d'administrer. Je lui dirai qu'en ce qui concerne l'entente que nous avons
eue pour l'exploitation des trains de banlieue de CN et de CP, la
différence avec le Go Train à Toronto, c'est de 40% moins
élevé que ce que Toronto a payé. C'est toujours cela de
pris comme négociateur de pouvoir avoir une entente comme
celle-là.
Alors, si on se rend au bout des négociations, on verra, et je
pense qu'à ce moment-là tout deviendra beaucoup plus facile en
termes de répartition du déficit éventuel d'exploitation
et en termes d'immobilisation en fonction de l'entente
fédérale-provinciale qui existe là-dessus. C'est mon
prédécesseur, d'ailleurs, dont je souligne la présence
ici, M. Denis de Belleval, le député de Charlesbourg, qui avait
préparé cette entente avec le fédéral. J'ai eu
l'occasion de signer les derniers documents, si ma mémoire est bonne, en
arrivant. On pourra à ce moment-là savoir non seulement si
l'argent du fédéral prévu dans l'entente et celui du
gouvernement du Québec est bien dépensé, mais on pourra
aussi savoir si le déficit d'exploitation est acceptable par rapport au
service offert.
Je ne sais pas si vous êtes prêts à réagir sur
cette proposition. En résumé, on inviterait la CTRSM, le CN, le
COTREM, sans qu'il y ait comme tel le conseil local de transport
légalement formé, à entreprendre les négociations,
à s'impliquer dans les négociations et à jouer jeu ouvert.
Peut-être désirez-vous vous concerter là-dessus?
M. Dulude (Marcel): La crainte qu'on avait, et une des raisons
pour lesquelles on l'a mise dans nos conclusions, c'est qu'on
préconisait le transport local. Selon les informations que nous avons
eues à ce jour, le train de banlieue qu'on connaît, celui de
Saint-Hilaire et de Montréal, à nous simplement, Saint-Bruno,
nous causerait un déficit d'environ 350 000 $ et, si on l'additionne
à celui de 150 000 $ pour l'autobus, cela nous ferait un déficit
de 500 000 $, ce qui est inacceptable pour une municipalité comme la
nôtre. C'est une des raisons majeures pour lesquelles dans nos
conclusions on mettait le transport local. Je pense bien qu'avant de se payer
un transport de la sorte on y aurait pensé deux fois. Il n'y a aucune
municipalité comme la nôtre qui peut payer une demi-million en
transport en commun lorsqu'on a 1000 personnes qui voyagent sur une population
d'environ 23 000 ou 24 000. Qu'on tienne pour acquis que c'est 1000 foyers; on
a 7000 foyers, cela fait un septième. Imaginez-vous qu'on vienne dire,
après s'être fait élire, qu'on a un nouveau style de
gestion; cela aurait été un nouveau style de gestion
drôlement différent des autres.
Je suis très heureux que vous nous proposiez de faire partie des
négociations avec le CN, cela me rassure.
M. Clair: Comme cela, il n'y aura de cachette pour personne. La
seule règle qu'on se posera, ce sera la même que celle que nous
avons eue avec la CUM et M. Briggs, le maire de Beaconsfield, d'ailleurs, qui
agissait comme observateur lors des négociations avec le CP. Tant que le
résultat final n'est pas connu, c'est la règle de la
confidentialité qui prime. Négocier sur la place publique
comporte toujours un certain nombre de dangers.
M. Charbonneau (Honorius): Je pense, M. le ministre, que nous
serons prêts dans un avenir rapproché, lorsque le comité se
réunira, à la suite de l'offre que vous venez de nous faire, je
peux vous assurer de notre collaboration là-dessus. Si nous pouvons
commencer à négocier avant même que le corridor ne soit
formé officiellement, ce sera un avantage pour nous de connaître
les coûts que nous aurions avec le CN et, s'il n'y a aucune
possibilité - je dis bien aucune, parce que je vous avoue franchement
que dans notre milieu le train est beaucoup plus favorisé que l'autobus
- s'il n'y a aucune possibilité, nous devrons choisir un transport qui
corresponde à nos possibilités.
M. Clair: Parallèlement à cela, en ce qui concerne
Métropolitain Sud comme tel, j'adresse aujourd'hui même une lettre
à M. Molini - elle sera postée demain - le directeur
général de la CTRSM, étant donné
qu'environ 80% des municipalités ont payé ou ont pris
l'engagement de payer les déficits d'exploitation pour les trois
années concernées, même si juridiquement les conseils
locaux de transport ne sont pas constitués. Je lui demande de se mettre
immédiatement en discussion avec les corridors pour voir dans quelle
mesure on peut débloquer rapidement sur des niveaux de services
acceptables par les municipalités situées dans le territoire C,
celui où le gouvernement participerait, subventionnerait les
municipalités, mais définirait le niveau de service
conformément à la proposition que j'avais faite en juin dernier
et au contenu du livre blanc. (22 h 30)
Je voudrais rapidement passer en revue les conclusions des
recommandations, celles qui peuvent poser un problème un petit peu. Vous
recommandez de ne plafonner d'aucune façon ces subventions au
fonctionnement, car ce serait une mesure injuste pour les municipalités
qui sauront se doter de systèmes rationnels et économiques.
Là-dessus, je vous dirai, premièrement, qu'il y a peu de chances
que des municipalités comme les vôtres soient touchées
rapidement par une mesure de plafonnement à 100% de la quote-part des
municipalités. D'autre part, je dirai que c'est plutôt le
contraire, dans le sens que ce n'est pas une mesure injuste pour les
municipalités qui sauront se doter de systèmes rationnels et
économiques. Le but du plafonnement, c'est justement d'éviter que
des commissions de transport n'aient pas une administration serrée de
leur gestion et se contentent d'augmenter les tarifs et de faire payer le
gouvernement à 40% des revenus autonomes. Il nous semble que la mesure,
si elle frappe quelqu'un, frappe plutôt les commissions de transport qui
n'ont pas fait tous les efforts possibles, suffisants et imaginables pour se
doter de systèmes rationnels et économiques.
Quant à la définition des immobilisations
d'équipements à caractère régional éligibles
aux subventions, dans le sens de subventionner à 100% les autobus, je
vous dis d'ores et déjà que cela m'étonnerait bien gros
que le gouvernement accepte de modifier cette règle, parce que, encore
là, ce serait inciter... Des commissions de transport m'ont
déjà fait la représentation que grâce à notre
programme tel que formulé, actuellement, qui subventionne plus
généreusement l'acquisition d'autobus que la rénovation,
la remise en état d'autobus cela coûte moins cher d'acheter des
autobus neufs que d'entretenir des autobus qu'on a déjà ou de
faire 20 000 $ de réparations sur un autobus. C'est quasiment plus
payant d'en acheter un neuf. On va modifier cela aussi pour inciter les
commissions à ne pas acheter inutilement des autobus neufs.
Rejeter définitivement l'hypothèse de la
MRC comme base de regroupement au niveau local et plutôt se servir
des corridors de desserte, dans ma tête, c'est à toutes fins
utiles déjà acquis, même si d'autres intervenants,
notamment la Communauté urbaine de Montréal, nous demandaient de
ne pas utiliser d'autre découpage que celui de la municipalité
régionale de comté. Sur une base pratique, c'est effectivement
davantage en fonction des corridors de transport. J'avais déjà eu
l'occasion de le dire.
Cela passe en revue rapidement les commentaires. En
résumé, sur la question qui vous inquiétait le plus,
à savoir si le gouvernement tiendra son engagement à compter du
1er janvier, la réponse est oui, il le tiendra. J'invite cependant
immédiatement le PDG de la CTRSM à mettre en branle, puisque cela
semble aller dans le sens souhaité par les municipalités, un
processus d'implication, de négociation avec les municipalités
des différents corridors dans le territoire C.
En ce qui concerne le train, je vous fais l'offre de vous impliquer. Une
fois qu'on aura terminé les négociations, on verra bien si, oui
ou non, de façon définitive, il est avantageux ou pas de
moderniser le train et d'en supporter les déficits.
M. Charbonneau (Honorius): M. le ministre, s'il y avait
possibilité de négociation avec le CN, est-ce que le
ministère des Transports serait prêt à financer les
infrastructures nécessaires à la mise en place des trains de
banlieue, comme il l'a fait dans Deux-Montagnes?
M. Clair: Vous entendez en termes d'infrastructures? C'est
déjà prévu dans l'entente entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec. C'est
évident. Encore là, si jamais, à la limite, les
infrastructures devaient coûter - je donne un chiffre purement
hypothétique 100 000 000 $, oublions cela. D'ailleurs, vous ne seriez
probablement pas intéressés vous-mêmes à prendre le
déficit d'exploitation à ce moment. De façon raisonnable
la réponse, c'est oui. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un traitement
différent en vertu de l'entente même avec le gouvernement
fédéral en ce qui concerne le train de Saint-Hilaire si,
après des études concluantes de part et d'autre, on trouve que
c'est acceptable d'y aller.
M. Charbonneau (Verchères): Juste pour ajouter quelque
chose aux paroles du ministre. L'offre qui est faite aujourd'hui et la
réaction positive des municipalités, c'est important pour la
population. On a vu récemment, lorsqu'il y a eu une réunion
organisée par le COTREM sur le plan de transport, que cette
réunion a été presque essentiellement axée sur la
préoccupation des
gens pour le maintien du service de trains. Il y avait beaucoup de gens
dans la région qui craignaient qu'on écarte la possibilité
du train, sans même avoir essayé de négocier, d'isoler des
coûts sur la base simplement d'hypothèses. Je pense qu'ils ne sont
pas allés plus loin que les hypothèses qui ont toujours
été mises de l'avant par différentes personnes,
différents intervenants, mais si on en arrive finalement à des
chiffres fermes, suivant une négociation, j'ai l'impression que cela va
être possible pour les municipalités et la population du secteur
de se faire une meilleure idée et de, finalement, voir dans quelle
orientation on doit aller, s'il faut maintenir l'option du train ou s'il faut
l'abandonner. Autrement, le problème qu'on avait jusqu'à
maintenant, depuis un certain nombre d'années, c'est qu'on passait notre
temps à discuter sur des hypothèses, puis il n'y avait jamais de
chiffres qui étaient pareils et finalement on créait une certaine
anxiété parce qu'on avait l'impression qu'on n'était pas
capable de se payer le train même si on le voulait. Je pense que si on
peut arriver rapidement à entamer ces négociations, ce sera une
des bonnes nouvelles de cette commission parlementaire pour la région de
Beloeil-Saint-Hilaire, sûrement.
M. Charbonneau (Honorius): Vous pouvez être assuré,
M. le ministre, que notre groupe se réunira très prochainement et
nous prendrons une décision; nous vous informerons de la décison
de notre comité le plus tôt possible.
M. Clair: M. le Président, juste pour corriger une
ambiguïté que j'ai pu laisser passer tantôt. Quand je disais
que la mesure de plafonnement pourrait prendre du temps à vous
rejoindre, je veux corriger une chose: la mesure de plafonnement s'appliquerait
effectivement à l'ensemble. Cependant, dans certaines hypothèses,
c'est évident que la mesure de plafonnement pourrait vous rejoindre plus
rapidement, semble-t-il, que ce que j'ai pu laisser entendre. Je voulais
corriger cette question-là. D'ailleurs, les coûts, l'ensemble des
documents de base en rapport avec la proposition concernant le transport, vous
ont été remis le mardi, 10 août 1982. Tantôt, je
comptais les pages de tableaux pour rassurer le député de
Laporte. D'ailleurs, c'étaient 24 pages de tableaux, de chiffres qui
donnent l'ensemble de la problématique sur laquelle on se base. On
n'essaie donc pas de sortir cela de la boule de cristal.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous le permettez. Je
suis content que le ministre revienne sur ce qu'il a dit tout à l'heure.
Je pense que s'il fait une étude attentive du tableau, il va
probablement revenir sur beaucoup d'affirmations qu'il a faites
précédemment. Je voudrais quand même revenir sur une ou
deux affirmations...
M. Clair: Sur toutes.
M. Bourbeau: J'ai averti le ministre à plusieurs reprises
de la grande tentation qu'il a de déformer mes propos et de faire de la
démagogie. Tout à l'heure, il a prétendu que je tiens deux
discours. Ceux qui me connaissent, savent que je ne tiens pas deux discours;
c'est un des défauts que je n'ai pas. Je pense que j'ai
été assez clair tout à l'heure quand j'ai parlé des
trains de banlieue; si cela ne l'a pas été pour le ministre,
probablement que cela l'a été pour vous, mais je veux seulement
préciser ceci, j'ai dit deux choses: premièrement, si jamais
c'est rentable. J'ai parlé d'achalandage. Si l'achalandage le justifie,
si la rentabilité vous le permet, personnellement, je ne verrais pas
d'objection. Deuxièmement, j'ai bien fait état de la
réticence qu'ont les municipalités de la CTRSM à payer.
J'ai même cité le cas de Boucherville, à titre d'exemple.
Je pense que c'était évident que j'endossais dans mes propos
cette réticence de sa part. Ceci étant dit, je ne pense pas que
le ministre disait juste en affirmant que d'une part, je cautionnais une
position de la CTRSM qui aurait été à l'encontre du train
de banlieue et d'autre part, que je donnais une opinion contraire ici. Je pense
que tout cela se tient et que cela a été assez clair. Ceux qui
voulaient comprendre ont compris.
L'autre point que je voudrais relever et c'est peut-être plus
agréable, c'est que je suis heureux de constater qu'enfin, le ministre
des Transports admet qu'il y a moyen de retirer quelque chose du
fédéralisme. Tout à l'heure, il a dit que vraiment, dans
ce cas-ci, il y avait eu moyen de s'entendre avec le gouvernement
fédéral, que le gouvernement avait retiré une subvention
du fédéral, pas dans la modernisation des trains de banlieue,
mais dans la subvention au déficit...
M. Clair: Erreur. Dans la modernisation, justement.
M. Bourbeau: Je m'excuse, dans la modernisation de 40% plus
élevés que pour le Go Train à Toronto.
M. Clair: Non, ce n'est pas du tout cela que j'ai dit. Vous
n'avez rien compris.
M. Bourbeau: M. le ministre, vous venez de me corriger
vous-même. Alors, arrêtez de me corriger et cela va aller bien.
M. Clair: Je vais vous le répéter. Cela va tous
nous éclairer.
M. Bourbeau: Répétez-le donc, M. le ministre.
M. Clair: Ce que je dis c'est qu'effectivement il y eut une
entente avec le gouvernement fédéral pour la modernisation, pour
des immobilisations sur les trains de banlieue; le fédéral ne
contribue aucunement au déficit des trains de banlieue ni sur la CUM ni
en ce qui concerne celui de Saint-Hilaire. Ce que je disais c'est qu'en termes
de contrat de services, de contrat d'exploitation avec le CN et le CP c'est
beaucoup inférieur, de l'ordre de 40% à ce que le gouvernement de
l'Ontario a réussi à négocier avec le CN et le CP. Je peux
vous assurer qu'ils ne nous ont pas fait de cadeau, qu'on l'a eu à
l'arrache-clou.
M. Bourbeau: M. le ministre, c'est exactement ce que j'allais
dire tout à l'heure, j'allais référer au règlement
6313 de la Commission des transports canadienne quand vous m'avez
vous-même interrompu pour me dire que c'était la modernisation des
trains de banlieue. Alors vous m'avez induit en erreur. J'allais justement dire
que sur cette négociation, vous avez réussi, en négociant
de bonne foi, à obtenir du fédéral des conditions beaucoup
plus intéressantes que l'Ontario a obtenues. Je vous en
félicite.
M. Clair: Non, c'est du CN et CP.
M. Bourbeau: Non, c'est du fédéral, parce que le CN
était là-dedans. Vous savez qu'en ce qui concerne le CN, le
gouvernement fédéral est intervenu énergiquement.
M. Clair: Vous connaissiez le dossier.
M. Bourbeau: Bravo, et je vous dis: Continuez ainsi. Parce que si
vous voulez exploiter les avantages du fédéralisme, vous faites
la preuve qu'il y a moyen de le faire. Je trouve cela extraordinaire.
M. Charbonneau (Verchères): M. le Président,
simplement pour ajouter que si...
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on s'éloigne
du débat. Il y a des témoins qui sont ici pour répondre
à des questions et non pas pour écouter des dialogues entre les
collègues. Monsieur... oui?
M. Cloutier: Avec la crainte du plafonnement qui a pris naissance
après vos discussions, si on revenait à une de nos
recommandations dans laquelle on vous demandait la possibilité de
modifier le cadre financier proposé. Si on tient pour acquis que la taxe
foncière est quand même régressive de par sa nature
même et qu'on considère que le citoyen paie suffisamment de cette
taxe, est-ce qu'il est pensable que le gouvernement puisse trouver d'autres
formules pour rentabiliser?
M. Clair: Ce que nous proposons dans la réforme, c'est
d'utiliser trois nouvelles sources de financement régional à
savoir une partie de la taxe sur l'essence, vous connaissez?
M. Cloutier: ... notre corridor, à ce
moment-là?
M. Clair: Oui, au même titre que pour l'ensemble de la
réforme.
M. Cloutier: Les péages?
M. Clair: À raison de 30% du déficit
résiduel des services dits régionaux, dont le train de banlieue
ferait partie, par exemple, en subventionnant - dans ce cas-ci, il y a une
entente avec le fédéral pour les immobilisations - 10% qui serait
payé par... Mais cela s'applique, comme je vous le dis, difficilement
parce que dans le cas du train de Saint-Hilaire, il y a un accord
spécifique là-dessus. Effectivement, les sources de financement
régionales visent justement à soutenir la dimension
régionale du transport en commun pour la grande région de
Montréal. Une chose doit être claire cependant, je pense que lors
de la révision de la fiscalité municipale et lors de toutes les
réunions avec les municipalités, il a toujours été
considéré, entendu, que le transport en commun était une
responsabilité municipale, donc financée dans le cadre des
programmes complexes de subventions que nous avons, d'aide financière,
pour le transport en commun, mais que la partie qui revient aux
municipalités, cela fait partie de ses obligations reconnues, celles de
s'acquitter d'une partie de la facture pour le transport en commun.
M. Cloutier: Nous sommes d'accord à en payer une partie et
peut-être une grande partie, mais à un moment donné, avec
tous les systèmes de subventions possibles, vos sources de financement,
il vient que vous en arrivez au plafonnement, que vous n'en donneriez pas plus.
Mais par notre situation géographique, par le corridor où elle se
trouve, on voit des frais augmenter, des frais qu'on peut considérer
comme exorbitants. Quelle est l'éventualité d'avoir une autre
source de revenu à part de taxer le contribuable sur la taxe
foncière?
M. Clair: Je ne suis pas sûr de comprendre, c'est parce que
le train, comme l'autobus...
M. Cloutier: On a les deux dans notre
corridor.
M. Clair: Les deux, oui, effectivement. Cela va être une
partie du problème, justement.
M. Cloutier: C'est encore plus compliqué.
M. Clair: Il y a d'abord le revenu des usagers,
c'est-à-dire ce que les usagers paient pour l'utilisation du transport
en commun. Le gouvernement subventionne à 40% des revenus autonomes, il
subventionne 110% de la carte d'abonnement mensuel si elle était
prévue, par exemple, pour le train de Saint-Hilaire, comme plafond, le
déficit résiduel se trouve aux frais des municipalités et,
dans ce cas, actuellement, 100% du déficit résiduel est aux frais
des municipalités pour l'ensemble de la région.
Ce que nous proposons maintenant, c'est que seulement 70% du
déficit résiduel d'exploitation des moyens de transport dits
régionaux soient aux frais des municipalités et que 30% soient
répartis sur l'ensemble de la région, payés par les trois
sources de financement: péage, essence et stationnement. C'est complexe,
mais c'est de cette façon que cela fonctionnerait chez vous comme
ailleurs. (10 h 45)
M. Cloutier: On bénéficierait d'une source de
revenus du vieux système de péage qui se trouve assez
éloigné de notre corridor, mais on en bénéficierait
quand même.
M. Clair: Par contre, quand vous consommez de l'essence, quand
vos gens vont stationner à Montréal, ils paieraient indirectement
une partie des coûts.
M. Cloutier: Avec la grille tarifaire proposée dans le
document, est-ce qu'éventuellement il serait possible, pour notre
corridor seulement, de procéder à une augmentation du coût
de cette passe mensuelle?
M. Clair: Pardon?
M. Cloutier: Est-ce qu'il serait possible éventuellement
d'augmenter, simplement dans notre corridor, le coût mensuel du transport
sans que les autres aux alentours ne soient touchés par ce changement de
tarification? Ce serait simplement dans le but de réduire la taxation
foncière. Si je pouvais vous donner un exemple, peut-être que ce
serait plus concret. Au moment où nous vivons, en 1982, la ville de
Saint-Bruno a quand même fait une étude sur le déficit
d'exploitation de la ligne et il s'est avéré que si on avait
exigé seulement 0,25 $ de plus par passage on aurait fait des revenus.
On n'avait aucune possibilité de le faire.
M. Clair: Dans la situation actuelle, vous n'avez pas un mot
à dire là-dessus. Afin de préserver une structure
tarifaire régionale intégrée, ce que nous proposons, c'est
que l'organisme régional de transport prenne des décisions pour
l'ensemble de la région concernant l'ensemble de la tarification, mais
vous y seriez représentés et l'organisme régional de
transport aurait les mêmes intérêts que vous, à
savoir que la tarification soit optimale, c'est-à-dire qu'elle permette
de rapporter les meilleurs revenus possible sans pour autant être
tellement élevée que l'achalandage s'en trouverait tellement
diminué qu'il n'y aurait plus personne à bord. Là, les
autobus ou les trains circuleraient à vide.
M. le Président, je termine. Je ne sais pas si mes
collègues ont d'autres questions. Je termine ici simplement en rappelant
l'offre que je faisais tantôt aux maires du corridor du train de
Saint-Hilaire. Je voulais relever un dernier commentaire du
député de Laporte, mais je ne me souviens plus de ce que je
voulais lui dire.
Le Président (M. Boucher): C'est aussi bien de ne pas
commencer.
M. Clair: Je suis aussi bien de ne pas le faire, M. le
Président, on va faire perdre du temps aux intervenants.
Je vous remercie, M. Charbonneau, MM. les maires, M. le gérant.
La rencontre de ce soir a été très utile. Je suis
convaincu qu'avec un esprit aussi ouvert que celui que vous manifestez on saura
trouver rapidement des solutions permanentes, tant au problème de
Métropolitain Sud qu'au problème du train de banlieue.
M. Charbonneau (Honorius): M. le ministre et M. le
Président, je voudrais vous remercier, au nom du groupe, de la
collaboration que vous nous avez apportée, d'avoir bien voulu nous
recevoir pour nous permettre de présenter ce mémoire qui a
été conçu par les six municipalités faisant partie
du corridor.
Je voudrais de plus remercier tous les membres de cette commission qui
ont bien voulu nous recevoir et vous assurer de notre collaboration, pour
autant que faire se peut. Soyez assurés que nous pourrons vous donner
une réponse sur l'offre que vous nous avez faite, dans les jours qui
viendront. Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je vous remercie.
Ville de Varennes
Ville de Varennes, représentée par M. Roland Dion,
conseiller, le frère Maurice Bouffard et Me Conrad Delisle.
Nous sommes en possession d'un autre mémoire qui vient d'arriver
de la Chambre de commerce de Varennes.
M. Delisle (Conrad): Le mémoire déposé par
la ville de Varennes, au mois de septembre, indique qu'il a été
préparé conjointement avec la Chambre de commerce de Varennes. Je
suis accompagné du représentant de la Chambre de commerce de
Varennes qui a, dans un document séparé, complété
le rapport conjoint. En pratique, la ville de Varennes a soumis un rapport dans
les délais, soit avant le 1er octobre 1982. Ce rapport a
été préparé conjointement. Aujourd'hui, je suis
accompagné du représentant de la chambre de commerce, M. Jean-Guy
Brunet, qui remplace la personne désignée, à ma gauche,
avec un mémoire séparé mais qui comporte les mêmes
conclusions. Il vous donnera d'ailleurs un résumé des
conclusions.
À ma droite est M. Roland Dion, conseiller municipal et
représentant de la ville de Varennes. Il vous soumettra les conclusions
de Varennes.
M. Dion (Roland): Bonsoir.
Premièrement, je voudrais remercier le gouvernement pour la tenue
de cette commission parlementaire qui permettra à la ville de Varennes
de faire connaître sa position. Dû à l'heure tardive, je me
dispenserai de faire la lecture du mémoire, même s'il est assez
bref. Il suffirait de dire qu'il contient quelques opinions sur la
réforme elle-même. Elles ne sont qu'accessoires à la
demande principale de la ville de Varennes qui est d'être exclue du
territoire de l'organisme régional de transport.
Brièvement, voici les raisons qui motivent cette demande. On
comprend que ce qui a été retenu comme périmètre,
c'est la région métropolitaine de recensement. En en lisant la
définition, on se rend compte, à Varennes, qu'on ne répond
en aucune façon à cette définition. On remet donc en
question notre appartenance à la région métropolitaine de
recensement, en premier lieu, et par le fait même au
périmètre de l'ORT. Une autre raison, c'est qu'après
étude d'une simulation financière qui nous avait
été fournie par le ministère des Transports, il nous
apparaît à prime abord que les coûts, à la suite de
notre appartenance à l'ORT, seraient absolument prohibitifs pour la
ville de Varennes à service égal. Me Delisle, tout à
l'heure, vous donnera en détail des précisions
supplémentaires là-dessus et les chiffres concernés. Une
autre des raisons qui motivent notre demande d'exclusion est le fait
qu'à Varennes, on est peut-être dans une situation un petit peu
différente de celle de beaucoup d'autres villes dans les corridors de
transport de Métropolitain Sud; c'est que nos besoins sont moindres que
ce qu'ils sont dans d'autres municipalités.
Ce sont les principales raisons, en gros. On va expliciter cela tout
à l'heure avec l'exposé de Me Delisle, mais je voudrais quand
même prendre quelques minutes pour vous faire lecture - ce n'est pas
tellement long, c'est à peu près une page et demie -des
conclusions du rapport de SECOR déposé en juillet 1981. Ce
rapport s'intitulait: La Commission de transport de la rive sud de
Montréal et Métropolitain Sud, analyse et perspectives de
développement. Ce rapport arrivait à certaines conclusions pour
ce qui touchait la ville de Varennes en particulier. On retrouvera cela
à la page 72 sous la cote 3.2.1. "Le corridor de Sorel. Dans le corridor
de Sorel, il n'y a que Varennes qui est située dans la zone adjacente.
Cette municipalité située dans une zone agricole possède
une vocation industrielle. À cause de sa population réduite et de
sa proximité du territoire de la CTRSM, il n'y a pas de transporteur
urbain. Un service interurbain suffit à répondre aux besoins de
cette municipalité. Du point de vue de l'emploi, Varennes est assez
indépendante de Montréal. En fait, elle fournit même un
certain nombre d'emplois à des résidents du territoire de la
CTRSM. Du strict point de vue de l'analyse, il semblerait que la meilleure
option serait de vendre le permis pour Varennes aux transporteurs privés
qui acquerraient les permis pour les autres municipalités
localisées dans le corridor de Sorel. Cependant, il est possible qu'un
transporteur privé dont la base d'opération serait située
autour de Sorel serait peu intéressé au permis de Varennes,
à cause de son éloignement de l'origine-destination de la
majorité de sa clientèle. Il faudrait donc avoir beaucoup plus
d'informations sur les intentions des transporteurs privés avant de
prendre une décision définitive."
Durant nos consultations, la direction de la CTRSM nous a indiqué
qu'elle croyait préférable que Métropolitain Sud conserve
le permis de Varennes. Cette préférence semble fondée sur
la conviction qu'à plus ou moins long terme, le territoire de Varennes
sera intégré à celui de la CTRSM et qu'il convient de
conserver le permis au sein du secteur public.
Nous ne partageons pas ce point de vue. Premièrement, les
caractéristiques de l'activité industrielle à Varennes et
les besoins du transport en commun diffèrent sensiblement de ceux de
Boucherville, la municipalité la plus rapprochée.
Deuxièmement, les coûts d'exploitation sont tels que la
CTRSM ne peut prétendre réduire son déficit par l'ajout de
l'achalandage de Varennes, c'est plutôt au contraire auquel il faut
s'attendre. Nous croyons qu'en dernière analyse la décision
doit être fondée sur la qualité du service
susceptible d'être offert à la municipalité de Varennes et
une évaluation des coûts qu'il implique.
Afin de déterminer ces variables, nous recommandons au Conseil
des maires de suivre la démarche suivante: premièrement, le
permis pour Varennes devrait être offert de façon optionnelle aux
transporteurs privés. Deuxièmement, si un transporteur
privé soumet une offre raisonnable pour le permis de Varennes et sujet
à l'acceptabilité de la soumission pour le reste du corridor,
nous croyons que le permis de Varennes devrait lui être adjugé. Si
aucune offre n'est soumise ou si les offres des transporteurs privés
sont jugées inacceptables, la CTRSM devrait proposer à la
municipalité de Varennes un contrat de services qui indiquerait de
façon précise le niveau de services qui sera offert, les tarifs,
ainsi qu'une évaluation des coûts qui devront être
supportés par la municipalité. Le permis devrait alors être
conservé par Métropolitain Sud.
Nous voyons plusieurs avantages à recourir à la technique
du contrat de services. Premièrement, cette procédure permet
à la municipalité de Varennes de déterminer le niveau de
services qu'elle juge nécessaire pour répondre à ses
besoins, compte tenu des coûts qu'elle est prête à assumer.
En d'autres mots, elle obtient ainsi une voix au chapitre, sans qu'il soit
nécessaire d'instituer une autre structure de décision.
Deuxièmement, la répartition du déficit
d'exploitation pour le réseau hors territoire de la CTRSM est fait sur
une base correspondant vraiment aux coûts encourus pour desservir cette
partie du réseau.
Troisièmement, elle permet à la CTRSM et aux
municipalités concernées de s'entendre sur le partage des
coûts des services communs aux deux réseaux.
Or, on voit déjà que SECOR considérait la ville de
Varennes comme étant dans une situation un peu particulière par
rapport à d'autres villes dans d'autres corridors. On pense qu'en 1982
la situation n'a pas changé. Nos besoins ne sont pas plus grands qu'ils
étaient en 1980, on n'est pas non plus prêt à accepter une
facture plus élevée que celle qu'on connaît actuellement.
Même s'il a fallu un peu de temps avant de connaître les
coûts exacts, à la suite de la proposition du ministre Clair, on
sait maintenant ce que cela nous a coûté, puisqu'on a payé
la facture pour les trois années qui étaient en suspens. Pour
1982, on a des estimations actuellement, qui sont quand même des
approximations, de notre participation dans le déficit de 1982. Il
suffirait de dire que ces estimations se situent entre 36 000 $ et 38 000 $. On
nous a dit qu'il serait à peu près équivalent à ce
qu'on a eu comme déficit pour les trois années
précédentes.
À partir de là, il y a de très grands écarts
avec la part de la municipalité qui serait prévue si par exemple,
dans l'hypothèse qui avait été proposée par le
ministère et où on aurait fonctionné selon le
système proposé en 1982, la part de la municipalité, sans
compter la part qui vient de la région, c'est-à-dire notre
quote-part municipale, aurait été de 102 000 $, ce qui est tout
près du triple de la facture actuelle.
On conçoit que ce sont des hypothèses, mais ce sont quand
même des coûts qui sont avancés et on s'interroge
très sérieusement. On est réellement inquiet devant
l'ampleur que ces coûts pourraient prendre. Comme on constate que nos
besoins actuels et ceux qu'on pourrait entrevoir dans un avenir immédiat
ne sont pas beaucoup plus grands, on préférerait être exclu
du périmètre de l'ORT.
Je vais laisser Me Delisle apporter peut-être quelques
précisions supplémentaires.
M. Delisle: Simplement quelques points. La proposition
gouvernementale inclut la ville de Varennes dans la zone C dans l'Office
régional de transport. On a essayé de faire ressortir les
principaux critères qui ont été utilisés pour
décider d'inclure ou d'exclure une ville. On en a trouvé six. Les
trois premiers sont purement géographiques. Il s'agit,
premièrement, dans la zone de recensement de Montréal, de la
région de Montréal, deuxièmement, d'un rayon de 40
kilomètres de Montréal ou de la zone, et, troisièmement,
d'être desservi par une filiale d'une commission de transport. C'est le
cas en fait de Varennes pour ces trois critères, mais les principaux
critères qui font le lien socio-économique entre la ville de
Varennes et la région de Montréal étaient qu'une ville
devait être située dans un noyau urbain bâti en continu. Par
définition, "bâti en continu" signifie qu'il ne devait pas y avoir
plus d'un mille entre l'urbanisation de l'une et le début de
l'urbanisation de l'autre. (23 heures)
Dans le cas de Varennes, de la partie urbanisée de Varennes qui
rejoint Boucherville, il y a une distance d'au moins trois milles. Entre les
deux, c'est une zone verte permanente qui a été
décrétée par la commission de contrôle. Si on se
retourne vers la partie urbanisée de Varennes, vis-à-vis de sa
voisine, Sainte-Julie, il y a cinq milles de distance entre les deux; c'est
aussi dans une zone verte décrétée permanente. Le premier
critère, d'être situé dans une zone continue
d'urbanisation, ne s'applique pas à la ville de Varennes, si on prend la
définition qui a été choisie.
Un deuxième critère socio-économique est que plus
de 40% des travailleurs se rendent dans le noyau urbain. Actuellement, selon
l'étude réalisée pour la Commission de
transport de la rive sud de Montréal, préparée par
SECOR en 1980, il y aurait à peu près 37% des travailleurs de
Varennes qui iraient à l'extérieur, mais pas
nécessairement vers le noyau urbain, vers Montréal; ce peut
être aussi bien vers Sorel, Contrecoeur ou Sainte-Julie. Alors, on est en
bas du critère des 40%. Selon les données du ministère des
Transports de 1971, ce serait encore moins, ce serait 34%. Comme
critère, on devrait avoir au moins 40%. On est alors de beaucoup
inférieur sans nécessairement que ces travailleurs se dirigent
vers la région de Montréal.
Un autre facteur socio-économique: au moins 25% des travailleurs
de Varennes viennent du noyau urbain. Selon les documents du ministère
des Transports, le taux d'intégration serait de 0,16% de travailleurs
venant de l'extérieur. Encore là, des 0,16%, il en vient de
Montréal, Longueuil, plusieurs de Sainte-Julie viennent travailler
à l'IREQ, Hydro-Québec, de Contrecoeur, Verchères et
même Sorel. Cela se subdivise. Alors, on croit que le troisième
critère socio-économique ne s'applique pas. Sauf les
critères géographiques décrétant qu'on doit
être situé à telle distance, on considère,
d'après ce qu'on a pu comprendre des définitions données
par le ministère, qu'on ne correspond à aucun des critères
socio-économiques.
Si on en arrive au plan des coûts, on dit que le coût actuel
d'un travailleur de Varennes pour aller dans le noyau urbain est d'environ 75 $
ou 80 $ par mois. La proposition serait de le réduire à peu
près à 54 $, s'il se trouvait dans la zone tarifée. Par
contre, si on regarde l'utilisation actuelle, selon l'étude faite par le
ministère, il y aurait à peu près 150 personnes par jour
qui utiliseraient le système de transport vers Montréal ou vers
Sorel. Selon la simulation du ministère, le gouvernement mettrait dans
le déficit 145 000 $; la quote-part locale de la municipalité
serait de 102 000 $ et la quote-part régionale serait de 44 000 $.
À peu près 150 usagers par mois à 57 $, cela donnerait 100
000 $ par année, ce qui implique qu'annuellement il en coûterait
à peu près 400 000 $ à toutes les instances pour
transporter une moyenne de 150 passagers par jour. Si on va plus loin dans ce
raisonnement, on en arrive à la conclusion qu'un usager paie 57 $ par
mois et que les deux paliers de gouvernement en mettent 150 $ pour ce
même usager. La ville de Varennes, en tout cas, pour sa quote-part,
considère ce fardeau exorbitant. Sur le plan des coûts, on
considère qu'actuellement, à cause du nombre d'usagers, le
coût est exorbitant, du moins en ce qui concerne la ville de Varennes.
Est-ce que le gouvernement a le moyen de payer de 75 $ à 85 $ pour
transporter un usager? Ce n'est pas notre problème.
Un autre facteur est peut-être aussi important. La ville de
Varennes a un immense territoire, elle a au-delà de 40 milles
carrés de territoire. C'est une des grandes municipalités du
Québec en superficie. La partie urbanisée et à urbaniser
est de moins de 10% parce que le reste est une immense zone agricole qui fait
l'objet d'un décret permanent. Sur le plan territorial, la ville de
Varennes ne peut espérer s'agrandir au-delà de la bordure du
fleuve. C'est tout cela qui fait que la ville de Varennes prétend
qu'elle ne devrait pas être incluse dans l'organisme régional de
transport, qu'elle devrait utiliser le projet de loi 31 et fonctionner par
contrats de service avec des transporteurs, mais pas nécessairement avec
Métropolitain Sud.
M. Clair: Comme dirait...
M. Delisle: Comme dirait le maire Charbonneau...
M. Clair: Vous n'avez pas apprécié
l'expérience, quoi.
M. Delisle: Pas encore. Compte tenu du fait que même les
municipalités qui ont des contrats de service avec des transporteurs, le
ministère, je pense, leur accorde certaines subventions pour la partie
locale, les 40% de revenus, et d'autres subventions sont données
ailleurs au Québec pour des cas semblables. C'est la conclusion de la
ville de Varennes et je cède la parole à M. Brunet, le
représentant de la chambre de commerce.
M. Brunet (Jean-Guy): Je vais essayer d'être très
bref. Je n'ai qu'une page et demie à vous lire pour vous donner la
position de la Chambre de commerce de Varennes en ce qui concerne le nouvel
organisme qui nous est présenté.
Par le dépôt de son mémoire, la Chambre de commerce
de Varennes désire souligner certains éléments qui lui
paraissent fondamentaux.
Le nouveau cadre institutionnel. Pour les besoins de la ville de
Varennes, notre chambre de commerce considère qu'une modification du
mandat d'un organisme tel que COTREM ou BTM pourrait répondre aux
besoins de planification, de définition de services, de coordination et
d'information du public. Cet organisme serait consultatif au niveau des villes
et des municipalités et permettrait au gouvernement provincial de
répondre aux besoins des municipalités telles que Varennes.
De nouveaux cadres financiers. La Chambre de commerce de Varennes craint
que le nouveau cadre financier n'augmente le fardeau fiscal de ses concitoyens
par l'intermédiaire de la taxe foncière ce qui, à notre
avis, aura pour effet de toucher les
plus démunis de notre localité sans réellement
répondre aux besoins de nos concitoyens.
La nouvelle structure tarifaire. La Chambre de commerce de Varennes
accepte et considère louable l'effort qui tend à faire payer
à l'usager sa juste part du service reçu. Par contre, nous
dénonçons le désir de transférer aux non-usagers
une partie importante de la facture du transport en commun par
l'intermédiaire de nouvelles taxes.
Le transfert de pouvoirs. La Chambre de commerce de Varennes n'accepte
pas l'augmentation du pouvoir des MRC au détriment des
municipalités par la création de nouveaux organismes
régionaux. Donc, la Chambre de commerce de Varennes appuie la ville de
Varennes dans son désir d'être exclue de l'ORT, considérant
que cette nouvelle structure ne répond pas aux besoins de notre
collectivité. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci beaucoup. Je pense
que je vais demander au ministre...
M. Clair: Oui, M. le Président. On a changé de
président.
Le Président (M. Charbonneau): Ayant dû remplacer le
président au pied levé, je me trouve bâillonné. Je
vais être obligé de céder la parole au ministre de toute
façon.
M. Clair: Je sais, M. le Président, que justement vous
auriez apprécié, compte tenu que Varennes faisait partie de votre
comté, de pouvoir questionner vos anciens électeurs.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Clair: Maintenant, M. le Président, je serai
très bref dans mes remarques parce que je pense que la position de
Varennes et de la chambre de commerce est on ne peut plus claire et limpide.
J'aurais quand même une question et une demande à vous faire.
Ma question est la suivante: Ce qui vous amène à faire le
choix - je comprends, il y a les six critères - mais, dans le fond,
n'est-ce pas à cause de la modification qu'on propose, l'exclusion d'un
certain nombre de municipalités du territoire C du même corridor,
qui ont demandé, d'ailleurs, je pense, elles aussi d'en être
exclues? En tout cas, par leur attitude, on peut le déduire. En
reportant les coûts sur une plus courte distance pour cette ligne,
effectivement, cela donne les chiffres que vous donniez tantôt. Est-ce
que c'est davantage en termes de craintes au plan des coûts ou est-ce
vraiment en termes de principes?
M. Dion: II y a le principe qui est en cause, mais c'est
plutôt un élément technique. Effectivement, ce qui nous
inquiète en premier lieu, ce sont les coûts qui, jusqu'à
maintenant, nous semblent assez incertains. Personne ne peut effectivement
placer le doigt sur un chiffre et dire: Cela va vous coûter ceci telle
année et cela l'année prochaine ou l'année suivante. On
comprend très bien que c'est difficile, mais on a une décision
à prendre dans l'intérêt de nos contribuables et on pense
que cette incertitude vis-à-vis des coûts laisse entrevoir des
possibilités de déficits encore plus grands que ceux qu'on nous
présente dans l'hypothèse actuelle. Il y a le fait,
peut-être aussi important, qu'on ne sent pas chez nous un besoin ou des
demandes de la population pour plus de transport en commun. On a un service
actuellement, un service plutôt de type interurbain. L'autobus passe dans
la ville sur une artère. Les gens se rendent là et il y a une
certaine fréquence de passage à travers la ville. Il est
évident que si on pose la question à chacune des portes, chacun
va vouloir un autobus cinq minutes avant ou dix minutes plus tard, mais, en
gros, en tant que membre du conseil, jusqu'à maintenant, je n'ai eu
aucune plainte de la part de quelque groupe de citoyens que ce soit ou
même de citoyens individuellement qui sont venus se plaindre à la
ville que le transport n'était pas adéquat ou que les coûts
pour les usagers étaient trop importants. On n'a pas eu de plaintes
là-dessus. Il n'y a pas de demandes de faites. Il n'y a pas eu de
groupes de citoyens qui se sont organisés pour faire des pressions dans
le sens d'obtenir plus de transport en commun. Comme on sait qu'actuellement le
développement de la ville se fait quand même à un rythme
assez restreint, à cause d'abord de la situation économique
présente et ensuite peut-être parce qu'on assiste à... On
ne reverra peut-être plus des gens partir de la région de
Montréal et venir s'établir à Varennes. Les gens cherchent
actuellement à résider beaucoup plus près de leur lieu de
travail. Les gens qui se localisent maintenant à Varennes sont surtout
des gens qui ont un emploi dans la région immédiate, surtout
depuis l'augmentation des coûts de transport, des coûts de
l'essence.
On ne pense pas que la situation va changer dans les quelques
années qui viennent. Comme la demande n'est pas plus grande, on ne voit
pas très bien l'avantage que la ville aurait à offrir à la
population un plus grand service ou une accessibilité à d'autres
services qu'elle n'a pas actuellement pour, ensuite lui présenter la
facture. En fait, c'est une question de se limiter à ce dont on pense
avoir besoin actuellement et ne pas se chromer en offrant aux gens des choses
qu'ils n'ont même pas demandées.
M. Delisle: De façon plus précise, M. le
ministre, je pense que vous avez mentionné: Est-ce que ce ne
serait pas le fait que le corridor soit amputé qui crée une
augmentation de coûts? Sur ce point, la facture proposée de la
Commission de transport de la rive sud pour le déficit de 1982, incluant
tout le corridor jusqu'à Sorel, est de l'ordre d'environ 100 000 $. La
simulation du ministère des Transports, si Varennes avait
été incluse dans l'ORT pour 1982, était de 102 000 $.
Donc, il n'y a pas de différence quant à la décision. Je
pense qu'on ne voulait pas de Métropolitain Sud. Pour le même
prix, on ne serait pas prêt à acheter autre chose.
M. Clair: Tant qu'une décision définitive ne sera
pas prise quant à l'inclusion ou l'exclusion de Varennes dans la zone C,
la seule demande que je vous fais, c'est de demeurer quand même ouverts
et en contact avec la CTRSM pour être sûrs qu'au fur et à
mesure de l'évolution du dossier, vous soyez vraiment conscients de
toutes les possibilités et à même de faire un choix aussi
judicieux que possible quant à votre position définitive... Quant
à moi, je m'engage à prendre en sérieuse
considération votre demande d'exclusion.
M. Delisle: II y a un autre point additionnel; c'est la question
des conseils locaux. Par définition, dans le monde municipal, on appelle
conseil local une municipalité locale. Si on examine le mémoire,
les mots "conseil local" désignent un regroupement de
municipalités. Cela a un peu porté à confusion à la
lecture même, parce qu'on n'est pas habitué au terme "conseil
local" dans le sens de municipalité intermunicipale, regroupement
intermunicipal. Pour le monde municipal, un conseil local est un conseil d'une
municipalité, alors que dans le mémoire, il faut toujours avoir
en tête en le lisant que les mots "conseil local" est un regroupement de
plusieurs municipalités locales. À partir de ce problème,
qu'on finit, en fait, après deux ou trois lectures, à distinguer,
la ville de Varennes étant voisine de Boucherville qui est dans la CTRSM
et la seule dans le corridor Sorel-Montréal, quel serait son conseil
local? Doit-elle regarder vers la gauche, vers Saint-Amable et Sainte-Julie qui
sont dans un autre axe? C'est un peu la question qu'on se pose. À quelle
place regarde-t-on?
M. Clair: Cela aurait facilité certainement la
tâche. L'expression "conseil local de transport" aurait pu être une
autre expression. On a cherché à avoir une expression qui ne soit
pas... "Comité local de transport" risquait d'entraîner de la
confusion. "Comité régional de transport", avec la proposition
d'un organisme régional de transport, cela n'aurait pas
désigné la même réalité; tomber dans le
sous-régional serait...
(23 h 15)
M. Delisle: Je voulais mentionner que dans le langage courant
utilisé dans les municipalités, le mot "conseil local" a une
définition non seulement juridique mais aussi usuelle alors qu'ici on
l'utilise dans un autre sens. C'est simplement une remarque que je faisais pour
éviter une confusion. À partir...
M. Clair: Je vous remercie de nous le signaler. Peut-être
qu'on pourra, à un moment donné, si on confirme dans la loi
l'existence de conseils locaux de transport, tels qu'on les a définis,
comme mon collègue de Charlesbourg vient de le signaler, peut-être
qu'on pourrait les appeler les conseils intermunicipaux de transport, ça
pourrait être...
M. Delisle: Non, non...
M. Clair: Dans votre cas, ce ne pourrait pas être un
conseil intermunicipal, vous seriez seuls.
M. Delisle: C'est ça qu'on ne sait pas, parce que,
étant la seule municipalité dans ce corridor, est-ce qu'on
regarde à gauche ou on regarde en avant? Si on regarde en avant, c'est
la Commission de transport de la rive sud qui nous rejoint et si on regarde
à gauche, on s'en va dans un autre corridor. C'est un peu ça qui
est notre... On ne sait pas de quelle façon ça peut être
interprété.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie.
M. Delisle: Un petit peu comme on disait tout à
l'heure...
M. Dion: On ouvre peut-être la porte.
M. Delisle: ... on est vraiment peut-être un petit peu
seuls.
M. Brunet: M. le Président, le député de
Saint-Laurent, je crois, aurait quelques questions à poser
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, comme le
mentionnait M. le ministre, il est évident qu'il n'y a pas de discussion
possible là-dessus. Vous êtes clairs, vous voulez être
exclus. Pourtant, il y a une chose que je relevais. Vous dites que dans la
position de Varennes, on suggérait la modification du mandat du COTREM.
Je pense bien que la vocation du COTREM va changer. Est-ce que vous pensez que
ça pourrait répondre? Est-ce que le COTREM pourrait continuer
à répondre ou jouer le rôle que vous pensez qu'il devrait
jouer?
M. Brunet: C'est que dans l'organisme régional qui
était proposé, les fonctions de planification et d'étude
des services, disons, étaient englobées par la création de
l'ORT. On s'est dit, bien, au niveau des municipalités qui ne font pas
partie de ce type d'organisme, pour répondre à ces besoins, si
ces besoins existent, les organismes existants pourraient donner ce lien de
consultation avec les munincipalités.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau (Verchères): C'est juste une
précision. Vous demandez d'être exclus. Vous demandez aussi que
ça ne vous prive pas de la possibilité d'obtenir des subventions
éventuellement. Ne trouvez-vous pas que c'est un petit peu, je ne dirais
pas contradictoire mais, curieux, finalement? Je pense que le transport en
commun, c'est d'abord une responsabilité municipale locale et dans la
mesure où vous ne voulez pas l'assumer à l'intérieur,
disons, de l'organisme régional et dans la zone de transport
régional, que vous voulez vous occuper de vos affaires, soit par
transporteur privé ou éventuellement avec la Commission de
transport de la rive sud de Montréal, je me demande comment on pourrait
justifier que vous ayez malgré tout droit à des subventions.
Est-ce que ce ne serait pas, finalement, une incitation à des
municipalités à ne rien contribuer au transport en commun et
à s'en remettre au gouvernement, alors que les municipalités
tiennent un discours d'autonomie municipale? Vous laissez au gouvernement le
soin d'assumer la responsabilité tout en ayant...
M. Delisle: C'est-à-dire que la subvention des 40% des
revenus jusqu'à concurrence de 50% de la quote-part des
municipalités n'est pas au niveau du Québec uniquement pour les
municipalités qui seront dans l'organisme régional. C'est ce que
je mentionne. Je pense que, si ma compréhension est bonne, c'est une
politique générale du ministère des Transport qui
s'applique à toutes les municipalités du Québec. On ne
voudrait pas que dans notre cas, parce qu'on n'est pas dans la structure, qu'on
n'a pas la robe nuptiale comme on dit dans le coin, qu'on soit exclus, alors
que toutes les autres municipalités du Québec ont, je pense,
droit à cette subvention de base et non pas à la quote-part
régionale. On comprend bien que si on n'est pas l'ORT on ne peut pas
prétendre avoir la quote-part qui provient des bénéfices
régionaux. De ça on en est conscients, mais on ne veut pas
être exclus de la participation gouvernementale pour la part locale.
M. Charbonneau (Verchères): En fait, vous plaidez en
faveur du maintien du programme de financement actuel, de subvention actuel, si
je comprends bien?
M. Clair: Entendons-nous bien. Une chose doit être claire.
Pour les 40% des revenus autonomes, je n'envisage pas qu'on puisse
élargir ce programme. Autrement dit, on ne peut pas jouer sur les deux
tableaux. Ou bien on embarque et on a l'avantage des programmes d'aide
financière du gouvernement, ou bien on n'embarque pas. Cela
m'étonnerait fort qu'il soit avantageux pour le transport local à
Varennes, sur place même, de constituer une espèce de
minicommission de transport subventionnée à 40% des revenus
autonomes.
M. Delisle: Ce serait du transport d'appoint.
M. Clair: C'est cela.
M. Delisle: Et la loi no 31, avec des contrats de services.
M. Clair: C'est dans ce sens que vous nous référiez
à la loi 31 sur le transport scolaire etc. D'accord.
M. Delisle: C'est cela, c'est du transport d'appoint avec les
mêmes avantages que les autres municipalités qui feront du
transport d'appoint selon le projet de loi qui a été
adopté l'année dernière, je crois.
M. Clair: Sur le transport... Oui, mais entendons-nous bien
là aussi: pour l'utilisation des autobus scolaires, la réforme
proposée permet l'utilisation...
M. Delisle: C'est cela.
M. Clair: ... des autobus scolaires pour du transport en commun
d'appoint et n'oblige ni le gouvernement ni les municipalités à
subventionner le transport en commun d'appoint, mais vise simplement à
libérer, si on veut, de la réglementation qui interdisait les
autobus scolaires.
M. Delisle: C'est dans ce sens, parce que la municipalité
contrôle le déficit lorsqu'elle contrôle le tarif. S'il n'y
a pas de contrôle sur les tarifs, il n'y a pas de contrôle sur le
déficit. Actuellement, dans la proposition, ce n'est pas le conseil
local qui contrôlera les tarifs, alors on revient un peu à la
situation actuelle. Le conseil local contrôlera les tarifs dans ce qu'on
appelle les municipalités locales. Si je regarde la proposition, ce
serait l'organisme régional qui contrôlerait les tarifs. Donc,
à notre avis, c'est celui qui contrôle les tarifs qui
contrôle le déficit.
M. Charbonneau (Verchères): Cela va. En fait, je voulais
faire préciser ce point important. Je vous remercie.
M. Clair: En terminant, M. le Président, je voudrais
simplement remercier les gens de Varennes d'être venus nous donner leur
point de vue.
Des voix: Merci.
Le Président (M. Boucher): Parfait. Au nom des membres de
la commission, je vous remercie.
Corporation municipale de Contrecoeur
et de Verchères et villes de Sorel,
Tracy et Saint-Joseph
J'appelle la Corporation municipale de Contrecoeur et de
Verchères et les villes de Sorel, Tracy et Saint-Joseph-de-Sorel
représentées par M. Pierre Viau. M. Moreau.
M. Moreau (Jean-Marie): M. le Président, M. le ministre,
comme vous voyez, toutes les municipalités que vous avez
énumérées ne sont pas nombreuses. On va parler en leur
nom. Évidemment, avant de commencer, je voudrais remercier le
gouvernement de nous avoir permis de nous exprimer en ce qui concerne la
rénovation ou la restructuration du transport en commun dans la
région de Montréal. Et, comme je vous le disais tout à
l'heure, les villes de Sorel, de Tracy, de Saint-Joseph-de-Sorel et les
municipalités de Contrecoeur et Verchères nous ont
délégués pour parler en leur nom. D'ailleurs,
attachées aux documents que vous avez reçus, vous trouverez les
annexes et les résolutions de ces villes qui ne sont pas
présentes. Je voudrais également présenter Me Viau, le
procureur qui nous a orientés dans la rédaction de ce
mémoire, qui est très court d'ailleurs.
Je vous dirai, M. le Président, qu'on est d'accord sur un point
très important avec le gouvernement, c'est d'être en dehors de la
zone C. Évidemment, dans notre étude de ce projet, cela nous a
amenés à penser à des choses. Je voudrais vous faire
grâce de l'avant-propos et aborder l'introduction.
En présentant sa proposition, le gouvernement du Québec
entend privilégier les transports collectifs et, pour atteindre cet
objectif, il a été amené à repenser le cadre
institutionnel et financier du transport collectif dans la région
métropolitaine.
Dès que l'on parle transport, tous les paliers gouvernementaux
sont évidemment affectés. Aussi, considérons-nous qu'il
appartient précisément au gouvernement d'établir ses
positions, ce qu'il a fait et ce dont nous lui savons gré.
Mais cette proposition a un impact direct et important sur les pouvoirs
locaux.
Repenser le cadre institutionnel, c'est examiner la façon de
modifier des structures existantes. On touche ici à la
décentralisation, sujet fort complexe qui doit faire l'objet
d'études approfondies au cours des prochains mois.
Repenser le cadre financier, c'est revoir tout le système fiscal
local élaboré patiemment depuis plusieurs années
déjà. Sur ce point, nous nous permettons de rappeler au
gouvernement les engagements qu'il a pris au cours de la conférence
Québec-municipalités de 1978. Pas de responsabilité
nouvelle sans sources nouvelles de revenus. La réforme fiscale de 198D
posait d'ailleurs comme premier principe directeur l'autonomie des instances
locales. Si l'on veut maintenant réorganiser les structures et les modes
de financement, il faudra nécessairement passer par la table ronde de la
décentralisation et par le comité tripartite sur la
fiscalité.
Il faudra aussi s'entendre sur les termes. Que veut-on dire lorsque l'on
parle de transport en commun collectif, régional, interurbain,
intermunicipal ou municipal? Une définition précise de ces
expressions nous permettra de mieux connaître les responsabilités
de chaque partie et d'établir ensemble le niveau de service que nous
désirons ainsi que les moyens de financer le transport en commun que
désirent nos populations. Il faudra évidemment une table de
concertation non seulement régionale, mais aussi nationale, car il nous
apparaît bien évident que certaines données établies
pour la région métropolitaine auront des répercussions
dans tout le Québec.
Quelques notes sur la proposition gouvernementale. Premièrement,
organisme régional. Un organisme régional serait
créé dans le but, notamment, de déterminer le niveau de
service des systèmes régionaux dont l'exploitation serait
confiée aux commissions de transport, aux compagnies ferroviaires ou
à des transporteurs privés. Quand on parle d'un système
régional, ne vise-t-on pas non seulement des immeubles, mais aussi des
structures, des rails, du matériel roulant? Les décisions
relatives au niveau de service échapperaient-elles ainsi aux élus
et aux instances locales ou régionales comme les MRC qui, de toute
façon, ne doivent pas empiéter, sur l'autonomie locale?
L'organisme ou le gouvernement pourrait-il décider que la station
de métro, par exemple, de Longueuil et ses aménagements sont des
équipements à caractère régional et que l'ensemble
des contribuables municipaux de la région doivent en assumer les
coûts passés, présents et futurs? Si oui, quel serait
l'impact d'une telle décision sur les quotes-parts des
municipalités de la CTRSM pour les années
1982 et suivantes? Comment cet organisme s'insérerait-il dans la
mise en place de la décentralisation? Comment ses activités
seraient-elles coordonnées avec les MRC et la CUM? Voilà des
questions que l'on nous pose constamment et auxquelles nous n'avons pas de
réponse précise.
Comme, à la fin, on en revient toujours au budget et à
l'efficacité administrative, nous avons de la difficulté à
penser que le système proposé serait celui que souhaitent nos
contribuables. Une bonne coordination des réseaux de transport
interurbain et des ententes intermunicipales constitueraient des mesures fort
intéressantes et sûrement moins onéreuses dans les
circonstances. Nos citoyens comprennent bien, d'ailleurs, que nous ne pouvons
pas, dans la conjoncture actuelle, leur offrir des services de transport trop
coûteux. Nous sommes contraints de vivre selon nos moyens, quitte
à revenir plus tard à des réseaux de transport plus
importants.
Deuxièmement, certains éléments du financement du
système proposé gagneraient à être
précisés. La mesure de plafonnement mentionnée à la
page 2 du document signifie-t-elle, M. le Président, que la subvention
serait de 40% des revenus provenant des réseaux, mais qu'elle ne
dépasserait jamais les contributions municipales? Si oui, pourquoi cette
approche et quelles en seront les répercussions sur les finances
locales? Le gouvernement a sûrement fait des projections
là-dessus. Les mêmes questions se posent pour cette partie de la
proposition en vertu de laquelle les municipalités devront
défrayer 25% du coût des équipements locaux.
Quant à la subvention équivalant à 60% de la
contribution pour les équipements à caractère
régional, ne s'agit-il pas d'une réduction plutôt que d'un
maintien de subvention, notamment, pour les travaux de prolongement du
métro? Puisque l'on inclut dans ce paragraphe le métro, le
métro de surface et les trains de banlieue, vise-t-on tous les
équipements? Pourquoi la date du 1er janvier 1980? Quel serait l'impact
sur cette subvention et sur les budgets municipaux d'une décision de
l'ORT décrétant que certains équipements font partie du
réseau régional? (23 h 30)
Viennent ensuite les taxes nouvelles. Il nous apparaît
nécessaire et urgent de référer toute cette question au
comité tripartite sur la fiscalité. Cela évitera bien des
malentendus et des difficultés aux élus municipaux qui
préparent présentement leur budget pour l'année 1983.
En conclusion, les municipalités précitées
désirent être exclues du système régional
proposé. Les raisons qu'elles invoquent et le fait que ce retrait
n'affecte pas la continuité du service du transport en commun suffisent
pour que leurs demandes soient accueillies favorablement. Elles veulent aussi
que tous les aspects de la proposition affectant les finances locales fassent
l'objet d'études et de recommandations de la part du comité
tripartite sur la réforme de la fiscalité municipale. Elles
souhaitent enfin être libres d'étudier, de négocier et de
conclure, le cas échéant, des ententes avec des entreprises et
organismes susceptibles de fournir les services de transport qu'elles jugent
acceptables pour leurs citoyens.
En terminant, je vous remercie de nous avoir entendus. Nous voulons
assurer le gouvernement, et particulièrement le ministère des
Transports, de notre disponibilité quand il s'agira de questions
strictement régionales. Remarquez bien que ce qui nous inquiète
particulièrement quand on parle de questions régionales et
d'utilisation de transport indépendant ou de conventions avec des
réseaux qui sont déjà existants, c'est cette question
régionale de participation à des installations qui sont
déjà en place et qui peuvent nécessiter des financements.
C'est particulièrement sur cette question que nous voudrions
connaître l'opinion et la position du gouvernement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Moreau.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je vais tâcher
d'être bref, compte tenu de l'heure et de la clarté de la position
des villes qui sont représentées, qui désirent, comme
c'est la proposition gouvernementale d'ailleurs, être exclues de la zone
C. En ce qui concerne la question de référer le tout au
comité sur la fiscalité entre le ministère des Affaires
municipales et les municipalités, comme j'ai eu l'occasion de l'exposer
plus tôt aujourd'hui au président de l'Union des
municipalités du Québec, peut-être aurions-nous dû
procéder ainsi, mais, compte tenu de l'urgence de prendre des
décisions en ce qui concerne le réseau hors territoire de la
CTRSM et de la CTCUM, nous avons préféré avoir une
approche directe avec les élus de la région. Au cours de
l'été, nous avons tenu une centaine de séances de travail,
de rencontres avec les élus qui allaient être directement
concernés par la proposition. Je pense, à ce point de vue,
qu'aujourd'hui, si on référait toute la question au comité
sur la fiscalité, on passerait par une interruption de services ou
encore par le maintien des quotes-parts pendant une année additionnelle
pour les municipalités, ce qui n'est certainement pas l'objectif
souhaité. On a tenté de fonctionner le plus rapidement possible,
par exemple, avec le Conseil des maires de la rive sud. J'ai eu toute la
collaboration du maire de
Boucherville et de mon collègue, le député de
Verchères, pour organiser une rencontre à laguelle ont
participé, si ma mémoire est fidèle, une quarantaine de
maires sur les 50 maires desservis par le réseau Métropolitain
Sud. On a avancé non seulement sur la problématique, mais sur des
éléments de solution qui ont semblé acceptables.
Pour les commentaires, je dirai rapidement ceci en ce qui concerne les
notes à la page 3: L'organisme ou le gouvernement pourrait-il
décider que la station de métro Longueuil et ses
aménagements sont des équipements à caractère
régional - à notre avis, cela en fait certainement partie. C'est
un équipement à caractère régional - et que
l'ensemble des contribuables municipaux de la région doivent en
supporter les coûts passés, présents et futurs? En
théorie, effectivement, le gouvernement aura toujours le pouvoir de
faire cela. En réalité, cependant, la proposition du gouvernement
n'est absolument pas d'envoyer des quotes-parts sur la taxe foncière
à d'autres qu'aux bénéficiaires directs du service de
métro pour le coût des immobilisations, le service de la dette.
C'est une hypothèse que nous avons rejetée. Je vous le confirme.
Nous n'avons nullement l'intention, dans cette proposition, de permettre
à la Communauté urbaine de Montréal ou à qui que ce
soit d'envoyer des quotes-parts sur la taxe foncière pour les
équipements lourds, sauf ceux qui sont desservis. À ce point de
vue là, la position est claire.
En ce qui concerne la mesure de plafonnement mentionnée à
la page 2 du document, signifie-t-elle que la subvention serait de 40% des
revenus provenant des réseaux, mais qu'elle ne dépasserait jamais
les contributions municipales? La réponse est oui, c'est la proposition.
Si oui, pourquoi cette approche et quelles en seront les répercussions
sur les finances locales? La raison de l'approche, c'est que je pense qu'on a
eu raison quand on est passé d'un régime de subventions du
déficit au revenu, mais je pense qu'en ne plafonnant pas la
contribution, on se rend compte à l'usage que la tentation est grande de
se contenter d'augmenter les tarifs, de faire payer le gouvernement et de ne
pas prendre tous les moyens pour contrôler les coûts.
Ce qu'on propose, c'est de resserrer le contrôle des élus
locaux sur le transport en commun et de s'assurer, en plus de cela, d'une
mesure qui va inciter vraiment les commissions de transport à mieux
contrôler la croissance de leurs coûts. Quelles en seront les
répercussions sur les finances locales? On a rendu disponibles, à
peu près à toutes les municipalités qui l'ont
demandé, quelles pouvaient en être les conséquences sur la
contribution gouvernementale aux subventions pour l'exploitation. Voilà
pour les commentaires.
Ma seule question est qu'à la toute fin, vous dites qu'elles
souhaitent enfin pouvoir être libres d'étudier, de négocier
et de conclure, le cas échéant, des ententes avec des entreprises
et organismes susceptibles de fournir les services de transport qu'elles jugent
acceptables pour les citoyens. Ce que j'ai compris de votre position, c'est
que, n'étant pas inclus dans la zone C, on est donc dans un territoire
qui n'est pas subventionna-ble, mais ce que vous voulez vous ménager
comme possibilité, c'est de pouvoir négocier directement soit
avec un transporteur public, soit avec un transporteur privé pour un
niveau de services qui n'entraîne aucun déficit avec une
tarification qui est en équilibre avec les coûts. Est-ce que je
comprends bien que c'est ce que...
M. Moreau: C'est cela. Exactement.
M. Clair: Et vous êtes quand même
intéressés à ce que le service de transport en commun soit
maintenu, mais vous n'entendez pas y contribuer financièrement.
M. Moreau: Si vous le permettez, M. le Président, c'est
bien entendu qu'on ne juge pas que c'est du transport en commun. On juge que
c'est du transport interurbain...
M. Clair: Interurbain.
M. Moreau: Et où l'entreprise privée... Cela
pourrait être aussi négocié avec des services qui,
ailleurs, jouent le rôle de transporteurs en commun. Remarquez bien, on
n'exclut pas la CTRSM non plus, mais ce serait négocié et ce
serait l'usager qui en paierait le coût. Maintenant, si vous me le
permettez, M. le Président, je voudrais justement relier cette partie de
la page 6, à la toute fin, avec la partie de la page 3 où on
parle de la station-métro Longueuil. Ma question va être directe.
Est-ce que, dans l'éventualité où les villes de Sorel,
Saint-Joseph-de-Sorel, Tracy, Contrecoeur et Verchères auraient des
ententes avec un transporteur privé, ces villes, ces
municipalités pourraient être appelées à financer et
à pourvoir aux coûts des bouches de métro où le
transporteur privé va, évidemment, laisser ses...
M. Clair: La réponse est sans aucun doute non. Il n'en est
pas question.
M. Moreau: Remarquez bien, M. le Président, que je suis
très heureux d'entendre cela de la bouche du ministre. J'aurais
préféré - et je pense que je l'ai dit à M. Lussier
quand il est venu à Varennes -pouvoir discuter sur un projet de loi
-évidemment, il n'y a pas de projet de loi -pour savoir si cela va
être inclus dans le projet de loi, parce qu'il va y en avoir un
tout à l'heure. Est-ce que cela va être inclus noir sur
blanc, est-ce que cela va être dans le projet de loi?
M. Clair: Vous êtes méfiant, M. Moreau.
M. Moreau: Tant mieux.
M. Clair: Je ne sais pas comment cela pourrait se traduire dans
un projet de loi, mais je pense que, si on ne donne pas de pouvoir habilitant
quelqu'un à le faire, c'est évident que cela ne se fera pas.
C'est également évident, comme le soulignait M. Lussier, que si,
par exemple, un transporteur privé se rabat sur la station de Longueuil,
cela ne veut pas dire que, compte tenu qu'il ne paie pas au service de la dette
pour les aménagements, il aurait le premier stationnement au bord de la
bouche du métro, mais ce n'est pas non plus ce que vous voulez.
M. Moreau: Cela répond à ma question, M. le
ministre.
M. Clair: Seulement une petite question au cas où vous
auriez l'information: Est-ce que vous avez l'achalandage, par exemple dans le
corridor pour Sorel, combien y a-t-il de passagers hebdomadaires? Je comprends
que ce n'est pas votre municipalité.
M. Moreau: Je ne les ai pas avec moi, on a amené les
derniers, l'autre jour, entre Sorel...
M. Clair: C'est au cas où vous auriez eu les chiffres, de
mémoire, simplement.
M. Moreau: ... je n'ai pas d'idée précise. Je sais
que j'ai déjà buté sur ces statistiques, je n'ai pas la
mémoire des statistiques, M. le Président. Mais je tiens pour
acquis que les services qui pourraient se donner entre Sorel et Longueuil, si
vous voulez... Actuellement, on transporte souvent des voyages de bancs durant
la journée et je pense que cela prend un pays, un État qui a
beaucoup d'argent pour se payer des transports comme ceux-là. Nous, ce
qu'on veut, c'est un transport rationnel qui rende service à la
population qui s'en sert, aux usagers, pour autant que les usagers pourront
prendre conscience qu'ils vont payer pour ces services. J'ai une voiture, M. le
Président, et à un moment donné je voyageais beaucoup et
cela me coûtait 450 $ d'essence par mois. Il n'y a personne qui m'a
aidé à payer cela. Je tiens donc pour acquis que les gens qui
sont intéressés à voyager, qui ont l'obligation de voyager
doivent aussi assumer une certaine responsabilité dans le coût du
transport. Je lisais, dans le journal, au début de vos
délibérations, que le président de la
Communauté urbaine de Montréal avait dit: Je pense qu'il
faudrait hausser les tarifs du transport. Je pense qu'on en est
là-dessus. Cela ne veut pas dire qu'il n'y pas une responsabilité
municipale et une responsabilité gouvernementale dans l'effort collectif
d'une société pour aider les citoyens à se
déplacer, nous sommes d'accord sur cela. Mais je pense aussi qu'on doit
demander aux usagers du transport de faire aussi un effort maximum pour se
transporter.
M. Clair: Je vous remercie, M. Moreau. M. Moreau:
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. Moreau, vous faites état de votre
méfiance à l'égard de la politique gouvernementale et vous
demandez...
M. Clair: Elle ne peut pas être plus grande que celle du
député de Laporte.
M. Bourbeau: Et le ministre me rend hommage en disant cela, parce
que c'est l'expérience qui m'a appris à me méfier. Vous
demandez même que des garanties soient incluses dans un projet de loi en
ce sens que vous ne serez pas embarqué dans le système, je ne
saurais pas vous blâmer sur cela.
Je note, dans les mémoires que vous présentez, qui
proviennent de cinq municipalités: Sorel, Tracy, Saint-Joseph-de-Sorel,
Contrecoeur et Verchères, qu'en principe vous êtes absolument
d'accord sur la proposition gouvernementale, mais dans la mesure où vous
en êtes exclues. C'est à peu près cela. Je pense bien qu'il
faudrait aviser le ministre des Transports qu'il ne pourra pas dire qu'il y a
cinq municipalités qui appuient sa proposition étant donné
que vous faites la réserve importante...
M. Clair: M. le Président...
M. Bourbeau: ... que vous voulez en être exclues.
M. Clair: Absolument, M. le Président, c'est la
proposition du gouvernement de les exclure.
M. Bourbeau: Alors là, il faudrait vous demander, si vous
étiez inclus, M. Moreau, est-ce que vous seriez d'accord sur la
proposition?
M. Clair: Si le gouvernement avait proposé le contraire,
seriez-vous en désaccord? La réponse normale devrait être
oui.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la parole,
jusqu'à nouvel ordre, était au député de Laporte.
Alors, je crois comprendre que si votre municipalité était
incluse, vous seriez contre; d'ailleurs je pense bien que c'est évident
quand on lit votre mémoire. Je pense que dans son pointage, le ministre
devrait vous exclure. S'il ne le fait pas, on se chargera de le lui
rappeler.
M. Moreau: Je m'excuse M. le Président. Je ne voudrais pas
torturer la ville de Varennes, parce que si on était pour, ils seraient
très malheureux, alors on resterait contre.
M. Bourbeau: Cela me fait penser à la phrase de Henry
Ford. Je ne sais pas si vous connaissez Henry Ford qui fabriquait des voitures
de couleur noire seulement, au début. Ses adjoints lui disaient: M.
Ford, il faudrait peut-être commencer à faire des voitures de
couleur, parce que nos concurrents font des voitures de couleur et on ne pourra
plus vendre de voitures. Ce qu'il leur a répondu est ceci: Le client,
dorénavant, pourra avoir la couleur de son choix pour autant qu'elle
sera noire. C'est à peu près, je pense, ce que vous nous dites:
pour autant que vous êtes exclus, vous êtes d'accord. (23 h 45)
D'une façon plus sérieuse, la position que vous prenez
dans votre mémoire rejoint celle des représentants de Valleyfield
qu'on a entendus aujourd'hui et qui nous ont dit, eux aussi qu'ils sont exclus
et ils s'en sont déclarés très heureux. Mais ils sont
allés un peu plus loin que vous en ce sens qu'ils ont fait une
étude financière très sérieuse de la proposition
gouvernementale et ils ont conclu que, contrairement à ce qui est dit
dans la proposition gouvernementale, les déficits des prochaines
années vont être énormes. Ils ont parlé d'une
différence de 200 000 000 $ à 300 000 000 $ entre les projections
gouvernementales et les projections faites par leurs économistes et en
ont conclu que, selon eux, cela va coûter tellement cher que le
gouvernement va être tenté et cédera probablement à
la tentation d'inclure dans le club non seulement les municipalités qui
y sont déjà mais d'autres municipalités, de façon
à pouvoir répartir la charge. Si tel était le cas, est-ce
qu'à ce moment vous accepteriez de payer votre quote-part ou quelle
serait votre position?
M. Moreau: M. le Président, je pense bien que nous
franchirons les ponts, une fois qu'on y sera rendu évidemment. À
ce moment, il est bien entendu que personne ne peut motiver un gouvernement
local ou une municipalité quand on sait que cette municipalité ou
ces municipalités qui sont impliquées vont avoir à faire
face à des déficits monumentaux. Il est bien sûr remarquez
bien que je ne peux pas vous dire ce que Verchères ferait et ce que je
ferais à Verchères, c'est une autre affaire - mais il est bien
sûr, dis-je, que si, à un moment donné, on était
amené par la bande à devenir partenaires pour défrayer des
coûts astronomiques, je pense bien, les municipalités que je
représente ont assez le sens des responsabilités qu'elles s'y
opposeraient et poseraient des conditions formelles.
M. Bourbeau: Quand je parlais de 200 000 000 $ à 300 000
000 $, je ne voulais pas dire que cela va coûter seulement 200 000 000 $
à 300 000 000 $, parce qu'on estime que cela va coûter 1 000 000
000 $ en 1985, même que le gouvernement dans sa proposition le dit; je
voulais dire de 200 000 000 $ à 300 000 000 $ de plus que ce qui est
prévu actuellement, pour la simple raison qu'on a utilisé un
facteur de 10,3% d'inflation sur le transport dans la proposition
gouvernementale alors qu'au cours des cinq dernières années, cela
a été 20% par année. Les économistes de la ville de
Valleyfield ont trouvé irréaliste d'utiliser un facteur qui est
la moitié de ce que cela a été depuis cinq ans, ne
comprenant pas pourquoi tout à coup l'inflation devrait diminuer de
100%. J'ai dit cela pour corriger le député de Charlesbourg, qui
vient de se joindre à nous il n'y a pas tellement longtemps et qui n'est
pas au courant évidemment de tout ce qui s'est dit aujourd'hui.
En terminant, je dirais seulement ceci: la proposition gouvernementale
nous dit que l'inflation dans le transport ne coûtera pas plus que 10%
par année au cours des dix prochaines années. Le ministre a fait
tout à l'heure état d'une série de tableaux qu'il avait et
qui appuieraient cette prétention. J'aimerais demander au ministre s'il
serait prêt à nous communiquer ces études. On aimerait
faire une critique. Il y a une demi-page.
M. Clair: Page 90.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le ministre. Il y a à peu
près 20 lignes dans votre document. Mais vous aviez tantôt une
vingtaine de tableaux.
M. Clair: Beaucoup plus que cela, cela a été
distribué à l'ensemble des municipalités. Je ne sais pas
combien il y en a eu.
M. Bourbeau: Est-ce que ce serait trop vous demander que d'en
communiquer également à l'Opposition, qui n'a pas eu...
M. Clair: À cette heure-ci, je vous dirais oui.
M. Bourbeau: Vous pourrez faire la livraison demain. Ce ne sera
pas un problème, mais on aimerait, nous aussi de l'Opposition, avoir
accès à ces tableaux, M. le ministre.
M. Clair: Vous avez terminé? M. Bourbeau: Oui, j'ai
terminé.
M. Clair: Alors, M. le Président, excusez, mon
collègue, le député de Verchères.
M. Charbonneau (Verchères): Je m'en voudrais de ne pas
souligner l'intérêt que j'ai pris à écouter un des
maires de mon comté. En l'écoutant, j'avais l'impression qu'il ne
représentait pas uniquement les maires ou les municipalités qui
avaient signé le mémoire, mais que c'était peut-être
parfois le président de l'Union des conseils de comté qui
parlait, avec une certaine expérience et peut-être une certaine
méfiance justifiée. Je représente les mêmes citoyens
que vous à Verchères et à Contrecoeur et je pense que
c'est important, la précision que vous avez apportée. Je voudrais
peut-être vous la voir exposer encore plus clairement. C'est qu'il n'est
pas de votre intention d'abandonner complètement, même si vous
faites une entente de service, le service de transport en commun ou
interurbain. On peut se chicaner sur le vocabulaire, mais l'axe
Sorel-Longueuil, le service d'autobus qui dessert actuellement la population,
il n'est pas de votre intention, si j'ai bien compris, de faire en sorte qu'il
n'existe plus, lorsque le plan de transport sera en application, le service
d'autobus sous cet axe.
M. Moreau: Absolument pas, M. le Président. Je pense que
les municipalités que je représente ont l'intention d'assumer
leurs responsabilités en ce qui a trait au transport interurbain. Je
disais tout à l'heure, M. le Président que nous n'avons pas
l'intention de transporter des bancs. Je pense qu'il va falloir rationaliser.
Quand on va négocier avec des transporteurs privés ou des
entreprises déjà existantes, c'est bien sûr qu'on va tenir
compte des besoins de la population. Les municipalités entendent assumer
leurs responsabilités dans ce domaine.
M. Charbonneau (Verchères): C'est ce que je voulais vous
entendre dire.
M. Moreau: On n'a pas l'impression que Parce qu'on est exclus de
la zone D cela dégage les municipalités de leurs
responsabilités vis-à-vis de leurs contribuables, si c'est une
réponse qui peut satisfaire tout le monde.
M. Charbonneau (Verchères): Cela va à la fois me
satisfaire et satisfaire, j'imagine, les concitoyens que nous
représentons mutuellement. Je pense qu'il y a peu de gens qui utilisent
ce service, mais ceux qui l'utilisent c'est parce qu'ils en ont vraiment
besoin. À partir du moment où ils auront la garantie que ce
service va être maintenu, je crois que tout le monde va être
satisfait. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en terminant, le
député de Laporte est revenu sur la question des
prévisions utilisées par le ministère pour établir
l'évolution des coûts du transport en commun au cours des trois
prochaines années, essayant de brandir un épouvantail à
moineaux. Je dirais sur cela qu'en matière de prévisions,
effectivement, les critiques de l'Opposition se suivent et se ressemblent. Je
me souviens, par exemple, d'un critique en matière d'assurance
automobile, qui a été député en cette Chambre dans
une circonscription représentée par quelqu'un ici présent
ce soir à la table; à l'époque, c'était lui qui
représentait le comté. Il nous avait fait les pires
prédictions en ce qui concerne l'avenir de la Régie de
l'assurance automobile, se basant sur des rapports d'experts disant que cela
allait être un échec financier terrible, que les prévisions
actuarielles sur lesquelles le gouvernement se basait ne s'étaient
confirmées nulle part au monde et qu'on s'en allait vers un gouffre sans
fond entraînant tout le Québec avec nous. Je me souviens de
discours prononcés sur cela.
M. Bourbeau: M. le Président, il est 23 h 55, pourrait-on
passer au prochain mémoire?
M. Clair: Je me souviens de discours prononcés sur cela.
Or, dans son dernier rapport annuel, la Régie de l'assurance automobile,
après cinq ans de fonctionnement et une seule augmentation des primes de
12%, avait un surplus actuariel de 180 000 000 $. Je pense que les ballons que
le député de Laporte essaie de souffler ne m'empêcheront
pas de dormir.
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez
sûrement de répondre par un seul mot. Je dirai au ministre des
Transports qu'il est possible qu'en ce qui concerne les quelques millions de
l'assurance automobile le gouvernement ait mieux calculé, mais
parlez-nous donc des budgets du ministre des
Finances depuis cinq ans, alors que régulièrement, chaque
année, il se trompe de 30% dans ses déficits. 30% de 20 000 000
$, c'est pas mal plus que l'assurance-maladie.
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'il est temps de
terminer.
M. Clair: Oui, c'est mieux, parce qu'on va parler d'autres
déficits.
Le Président (M. Boucher): M. Moreau, au nom des membres
de la commission, je vous remercie, ainsi que le monsieur qui vous accompagne,
pour la présentation de votre mémoire.
M. Clair: Merci, M. Moreau.
Le Président (M. Boucher): J'invite immédiatement
des gens qui ont eu la patience d'attendre, le mémoire
présenté par l'Association covoiturage Québec Inc.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter quelque chose, j'ai fait une erreur technique tout à l'heure, je
crois que c'est important pour le débat.
J'ai dit 30% de 20 000 000 $, c'était 30% de 20 000 000 000 $; je
parlais du budget du Québec. Évidemment, la différence est
grande.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Association covoiturage Québec Inc.
L'Association covoiturage Québec Inc., représentée
par Mme Ginette Forgues, directrice générale, et M. Noël
Guilbault, président du conseil d'administration.
M. Noël Guilbault.
M. Guilbault (Noël): M. le ministre, MM. les
députés, je voudrais, au nom du conseil d'administration de
l'Association covoiturage Québec Inc., vous remercier de nous avoir
permis de participer à cette commission parlementaire. Je voudrais de
plus vous souligner que contrairement et un peu différemment de tous les
intervenants qui nous ont précédés nous n'exigerons pas du
ministre de garanties financières mais nous espérons que nous
apporterons certaines solutions à ces garanties qui lui sont
demandées.
L'Association covoiturage Québec Inc., existe depuis à peu
près un an mais fonctionne depuis cinq mois. L'association a pour
objectif de promouvoir le covoiturage dans la province de Québec.
Jusqu'à maintenant, nous avons concentré nos efforts sur
la question de la légalité du covoiturage, chose qui demeure
encore en suspens. Nous aurons l'occasion d'y revenir un peu plus loin. Nous
avons fait un peu de promotion, surtout auprès de grandes entreprises
dans la région de Montréal. La réception a
été des plus encourageantes, mais le problème persiste.
Ces compagnies sont prêtes à promouvoir le covoiturage, mais elles
ne peuvent le faire tant et aussi longtemps que se pose la question de la
légalité. Les signes et les discussions que nous avons eus sont
très encourageants. Nous espérons que nous pourrons, très
prochainement, avancer à grands pas dans cette direction.
Nous avons remis au ministre, ainsi qu'à plusieurs personnes dans
cette salle, une brochure relative au covoiturage. Cette brochure a
été préparée dans les derniers mois et sera
distribuée, dans toute la province, aux organismes et individus qui en
feront la demande.
L'Association covoiturage est un organisme sans but lucratif,
supportée financièrement par les gouvernements
fédéral et provincial. Cet organisme est né de la
préoccupation de l'économie d'énergie. Pour atteindre ce
but, nous avons pensé, il y a un an et demi, créer une
association de covoiturage pour aider la population à trouver des moyens
de transport à moindre coût, tout en économisant
l'énergie. Ainsi est née notre association.
Le mémoire que nous vous présentons exprime les vues de
tous les membres du conseil et a reçu leur appui. Si vous le permettez,
puisque le mémoire n'est pas tellement long, je le lirai. Par la suite,
Mme Forgues, qui depuis cinq mois assume la fonction de directrice
générale de notre association, et moi-même pourrons
répondre à vos questions.
La proposition gouvernementale relative à l'organisation et au
financement du transport en commun dans la région de Montréal
illustre bien la volonté gouvernementale d'harmoniser et d'optimiser les
divers modes de transport en commun présentement disponibles dans cette
région. Malgré certaines lacunes qui vous ont été
exposées par d'autres organismes et individus, on reconnaît, parmi
les experts, que Montréal est plus choyée que d'autres villes
canadiennes et américaines en matière de transport en commun.
Pourtant, si on dresse un portrait des déplacements les plus
fréquents, les plus uniformes et les plus importants de la population,
soit les déplacements entre la résidence et le lieu de travail,
on s'aperçoit que le transport en commun joue encore un rôle
secondaire dans nos grandes villes canadiennes, et Montréal n'est pas
une exception.
En effet, un sondage récent, effectué par Statistique
Canada, révèle que seulement 30% des Montréalais utilisent
le transport en commun pour effectuer le trajet quotidien
entre leur résidence et leur lieu de travail. La même
étude indique que le mode de transport le plus utilisé pour faire
ces déplacements demeure encore, et de loin, l'automobile personnelle.
Ajoutons ici, que 50% des "navetteurs" voyagent seuls dans leur automobile.
Pourquoi un si grand nombre de "navetteurs" préfèrent-ils
l'utilisation de leur voiture personnelle, en solo, pour se rendre au travail,
alors que ce mode de transport est de 5% à 10% plus cher que le
transport en commun? Le conseil des transports de la région de
Montréal a posé cette question à plus de 5000
Montréalais, lors d'une étude effectuée durant l'hiver
1982. En ordre d'importance, ils ont répondu que l'automobile
était un mode de transport plus rapide, plus souple et plus confortable
que le transport en commun. A cela il faut sans doute ajouter une perception
illusoire du coût de l'automobile. L'Association covoiturage
Québec ne désire pas commenter ces informations ou faire le
procès du transport en commun, puisque notre but est de favoriser tous
les transports collectifs et surtout, d'offrir une option aux
irréductibles de la voiture personnelle. (minuit)
Avant de vous présenter notre point de vue sur l'organisation du
transport en commun telle que proposée actuellement, permettez que l'on
se rappelle les conséquences socio-économiques qu'entraîne
actuellement la sous-utilisation des transports collectifs: congestion urbaine
chronique, pollution croissante de l'air, infrastructure routière
saturée, importante superficie urbaine allouée au stationnement
des "navetteurs", transport en commun de plus en plus subventionné,
dépenses gouvernementales de plus en plus importantes pour
étudier le problème et y trouver des solutions.
Notre intervention aujourd'hui ne se situe pas au niveau d'une critique
de la proposition gouvernementale visant à harmoniser les divers modes
de transports collectifs publics et privés dans la région de
Montréal. À ce chapitre, l'Association covoiturage Québec
croit que d'autres organismes sont plus compétents en la
matière.
Notre organisme présente ce mémoire, M. le
Président, dans le but d'attirer l'attention du gouvernement et des
intervenants ici présents, sur un mode de transport collectif qui peut
aider l'organisme régional de transport à rentabiliser ses
opérations, tout en allégeant le problème de la
surutilisation des véhicules privés aux heures de pointe dans la
région de Montréal. Ce mode de transport collectif est le
covoiturage.
Le covoiturage se définit comme un mode de transport collectif
privé par lequel un groupe de personnes habitant et travaillant dans le
même secteur ou le long d'une route commune, voyagent dans un même
véhicule et partagent les frais du trajet en totalité ou en
partie, selon le cas. Deux types de véhicules sont habituellement
utilisés pour faire du covoiturage: l'automobile ou la fourgonnette
à douze ou à quinze places. En Ontario, où ce mode de
transport est privilégié par le ministère du Transport et
des Communications, on juge qu'une unité de covoiturage par automobile
enlève entre deux et quatre automobiles de la route, alors qu'une
unité de covoiturage par fourgonnette élimine environ huit
automobiles.
M. le Président, vous vous demandez sûrement pourquoi
l'organisme régional de transport s'intéresserait au covoiturage.
Pour de nombreuses raisons, dont les trois principales sont:
Premièrement, le covoiturage s'inscrit dans les préoccupations
gouvernementales énoncées dans les six premières lignes de
sa proposition "Le transport en commun: un choix régional" car, il
contribue largement à la consolidation de tissu urbain,
l'amélioration de la qualité de la vie, la diminution de la
consommation énergétique et la priorité que le
gouvernement veut accorder au transport collectif.
Deuxièmement, le covoiturage est un mode de transport collectif
complémentaire au transport en commun conventionnel. Il peut jouer,
d'une part, un rôle bimodal et, encourager ainsi l'utilisation du
transport en commun. Mentionnons l'exemple des parcs de stationnement offerts
par la CTRSM, à Brossard et à Saint-Hubert, pour encourager les
"navetteurs" de longues distances à emprunter le transport en commun.
D'autre part, le covoiturage offre bon nombre d'avantages tels que la
rapidité et le confort, promulgués par les irréductibles
de l'automobile en solo.
Troisièmement, le covoiturage est un mode de transport rentable.
La rentabilité du covoiturage, pour les individus, par rapport à
l'utilisation de leurs voitures personnelles, ainsi que pour la
collectivité, est indiscutable. De plus, pour un organisme chargé
d'offrir du transport en commun équitablement à tous les secteurs
géograpiques d'une région urbaine, le covoiturage est une
solution qui peut s'avérer très profitable et plus pratique dans
certains cas. Par exemple, dans les banlieues éloignées où
il y a une faible densité de population et des grandes distances
à parcourir, l'obligation d'offrir du transport en commun au même
titre que dans les régions à haute densité de population,
contribue au déficit croissant des organismes de transport.
Pour mieux illustrer les avantages du covoiturage pour un organisme
comme l'ORT visant à rentabiliser ses opérations, voyons
l'exemple du Highway and Transportation
Authority du Golden Gate Bridge District dans la région de San
Francisco. Forcé d'offrir des autobus additionnels aux heures de pointe
et d'offrir des services de transport en commun dans des régions
où la densité était faible, cet organisme régional
de transport a effectué une étude de rentabilité de divers
modes de transport dans le but d'identifier les plus rentables.
Sa conclusion a été la suivante pour les trajets
périphériques dont il était question. Il lui en
coûtait 1,47 $ par siège, par voyage, pour mettre un autobus
conventionnel au service de ses "navetteurs" par rapport à 0,35 $ par
siège pour organiser du covoiturage par fourgonnette et 0,25 $ par
siège pour organiser du covoiturage par automobile.
N'oublions pas que, selon cette formule de transport collectif, les
"navetteurs" défrayent eux-mêmes les dépenses de transport
telles que l'essence, l'entretien, la dépréciation de
l'automobile ou de la fourgonnette, alors que l'organisme de transport ne paie
que les coûts afférents à l'organisation de ce mode de
transport. De plus, dans ce cas, le coût du covoiturage pour les
"navetteurs" était égal et parfois inférieur au coût
du transport en commun pour le même trajet.
Pour l'organisme de transport, la rentabilité était
indiscutable. Il a donc acheté 35 fourgonnettes qu'il loue à leur
coût réel, pour une période expérimentale de six
mois, a des groupes de personnes habitant et travaillant dans un même
secteur. Après cette période, ces groupes deviennent autonomes et
louent eux-mêmes un véhicule avec l'aide de l'organisme de
transport. Des 250 groupes ainsi initiés, 170 sont maintenant autonomes
et ce programme connaît un grand succès auprès de la
population et des autorités gouvernementales cherchant à
réduire leurs dépenses. De plus, on considère que cette
initiative de l'organisme de transport a généré, par
simple démonstration, les deux tiers des unités
indépendantes de covoiturage par fourgonnette roulant
présentement dans cette région.
Mentionnons ici que de nombreux autres organismes de transport municipal
et régional aux États-Unis organisent du covoiturage par
automobile ou par fourgonnette.
En conclusion, il faut retenir les éléments suivants
lorsqu'on examine l'organisation et le financement du transport en commun.
Premièrement, les modes conventionnels de transport en commun ne
conviennent pas à tous et ne répondent pas aux exigences
personnelles de tous. Deuxièmement, le covoiturage ne remplace aucun
mode actuel de transport en commun. Il se veut complémentaire des modes
de transport en commun conventionnels et vise à initier les
automobilistes au transport collectif.
Troisièmement, le covoiturage a un impact significatif sur la
circulation urbaine et ses problèmes afférents.
Quatrièmement, le covoiturage, de l'avis des autorités
américaines et ontariennes, offre des avantages sociaux et
économiques prépondérants à tous ceux qui
l'organisent et qui en bénéficient.
À la lumière de ce mémoire, l'Association
covoiturage Québec recommande à la commission parlementaire des
transports de demander au gouvernement: premièrement, d'agrandir le
mandat de l'organisme régional de transport afin qu'il puisse utiliser
le mode de transport collectif qu'est le covoiturage pour desservir certains
secteurs où le transport en commun conventionnel n'est pas rentable;
deuxièmement, d'étudier, en termes de rentabilité, la
possibilité du covoiturage par rapport aux modes de transport
conventionnels, pour les régions à faible densité;
troisièmement, d'appuyer la promotion du covoiturage à titre de
transport collectif auprès de la clientèle que l'ORT ne peut
desservir ou rejoindre.
Une quatrième recommandation assez importante pour l'association:
nous demandons de légaliser, d'ici au début de l'année
1983, le covoiturage. Tout délai dans ce sens occasionne à
l'association des difficultés assez sérieuses auprès des
entreprises et celles-ci, tout en étant prêtes à
démarrer, demandent qu'on légalise la situation ou que le
ministre des Transports puisse leur donner une certaine assurance que, d'ici
à ce que la loi soit promulguée, elles puissent démarrer
dans des projets de covoiturage.
De plus, l'association covoiturage propose au ministre, au moment du
dépôt de la loi, s'il le désire, qu'elle puisse, en tant
qu'association, apporter ses commentaires sur le projet de loi en question.
Je vous remercie beaucoup de nous avoir entendus.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Guilbault. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais d'abord et avant
tout remercier M. Guilbault et Mme Forgues d'avoir été aussi
patients, d'avoir attendu. Ils étaient ici en même temps que nous,
M. le Président, quand on a commencé nos travaux ce matin,
c'est-à-dire hier matin, 10 heures, et ils ont eu la patience
d'attendre. C'est dire à quel point ces gens-là croient au
covoitage. Je pense qu'ils vont être quand même
récompensés, d'une certaine façon, d'avoir attendu et
d'avoir présenté leur mémoire à la commission
parlementaire des transports. Je voudrais leur réitérer la
volonté du gouvernement, qui a été annoncée dans
son énoncé de politique en matière de nouvelles avenues
pour le taxi. On a annoncé notre intention de légaliser le
covoiturage le plus
rapidement possible au Québec. Je réitère cette
intention, cette volonté du gouvernement de légaliser le
covoiturage le plus rapidement possible en tenant compte, bien sûr, par
ailleurs, des intérêts de l'industrie du taxi parce que nous
croyons que l'industrie du taxi, par des assouplissements en termes de
réglementation, peut aller vers le taxi collectif, justement - ce qu'on
appelle les techniques douces au cours de cette commission - en termes
d'infrastructures de transport et que le taxi collectif peut devenir en quelque
sorte le premier à offrir le covoiturage par toutes sortes de mesures
qu'on envisage de mettre de l'avant en matière de taxi pour rajeunir la
réglementation. Notre intention, notre volonté est d'aller le
plus rapidement possible vers la légalisation du covoiturage et
également vers une cure de rajeunissement de la réglementation en
matière de taxi.
Ma seule question sera la suivante. J'ai remarqué qu'à la
fin du mémoire, M. Guilbault a modifié un peu le texte. On
demandait au gouvernement de promouvoir le covoiturage et il a plutôt
employé l'expression "seconder les efforts de promotion du covoiturage".
C'est le sens de ma question. Même si je connais la réponse en
partie - je ne la connais pas au complet j'aimerais savoir si c'est parce que
l'association souhaite se réserver en quelque sorte la promotion.
Surtout, quels sont les moyens que l'Association covoiturage Québec Inc.
entend mettre de l'avant pour en faire la promotion, justement? Quels sont les
moyens que vous envisagez pour sensibiliser les employeurs et l'opinion
publique au potentiel du covoiturage?
M. Guilbault: Je pourrais peut-être répondre
à la première partie, si vous voulez. Le changement que nous
avons fait vient à la suite de commentaires de gens qui nous disaient
que ce n'était pas seulement le rôle du gouvernement de faire la
promotion du covoiturage, que c'était aussi le rôle de
l'association covoiturage. C'est pour cela qu'on a plutôt demandé
que le gouvernement nous "seconde" dans nos efforts de promotion du
covoiturage. C'est strictement le sens du changement.
Maintenant, pour vous dire de quelle façon on va en faire la
promotion, Mme Forgues a déjà commencé à
déployer beaucoup d'efforts dans ce sens; peut-être qu'elle
pourrait donner plus de détails.
Mme Forgues (Ginette): D'une part, on espère n'être
pas les seuls à faire la promotion du covoiturage, on espère que
d'autres organismes comme le gouvernement, comme les commissions de transport,
enfin, tous ceux qui peuvent en bénéficier, vont faire aussi la
promotion du covoiturage. Nous avons d'abord choisi de travailler avec les
entreprises pour plusieurs raisons. D'une part, lorsqu'on travaille avec le
public en général d'abord, 80% des gens qui appellent pour dire
qu'ils sont intéressés au covoiturage demandent à
être des passagers alors que les automobilistes continuent à se
promener en solo. Souvent, c'est la clientèle du transport en commun
qui, elle, voudrait voyager en automobile plutôt qu'en autobus.
Comme ce n'est vraiment pas notre but, on a décidé de
travailler avec les entreprises parce que, d'une part, il n'y a qu'un
regroupement à faire, il n'y a qu'une même origine, l'entreprise,
et, d'autre part, parce que les entreprises en bénéficient. Elles
réduisent ainsi les aires de stationnement, elles réduisent les
coûts d'entretien, elles améliorent la productivité, elles
améliorent les relations employeur-employé, etc.
Ce qu'on offre aux entreprises pour les aider à organiser du
covoiturage, on l'a d'abord fait en utilisant une stratégie de
marketing, des visites personnelles auprès des entreprises. C'est donc
dire qu'on les rencontre personnellement, on leur explique les avantages du
covoiturage et, ensuite, on leur offre des services, on leur offre de faire une
étude de faisabilité chez eux pour voir si le covoiturage est
possible chez eux, s'il y a assez de gens qui habitent dans le même
secteur pour organiser du covoiturage. Ensuite, on les aide à faire un
sondage auprès de leurs employés, on les aide à
sensibiliser les employés et on les aide à les regrouper et
à organiser les unités de covoiturage. C'est la technique que
nous utilisons. Cependant, comme nous sommes un organisme à but non
lucratif et que notre permanence est toute petite, on ne peut prétendre
révolutionner le Québec à nous seuls, il faut que d'autres
gens travaillent aussi dans le covoiturage pour qu'il y ait un mouvement
vraiment intéressant qui soit amorcé au Québec. (0 h
15)
M. Clair: Si je comprends bien, cela fait cinq mois que
l'association fonctionne. Jusqu'à maintenant, j'ignore si c'est
vous-même qui faites les visites chez les employeurs, oui?
Mme Forgues: Oui.
M. Clair: Quel est l'accueil que vous recevez jusqu'à
maintenant?
Mme Forgues: Je n'ai été jetée en dehors
d'aucune entreprise encore;
M. Clair: Je comprends. J'imagine bien mais, dans le sens des
résultats que vous pouvez escompter déjà, à quoi
cela ressemble-t-il?
Mme Forgues: Nous avons déjà recruté des
entreprises qui sont prêtes à faire du covoiturage. Chacune a une
motivation différente. Certaines ont des motivations attachées,
si vous voulez, à leurs limites de stationnement. Nous avons une
compagnie qui va organiser du covoiturage en novembre, mais avec les
automobiles de ses employés, c'est-à-dire qu'elle ne s'implique
pas personnellement, elle fait juste les regrouper, mais elle a un
problème de stationnement, elle n'a pas assez d'espace pour ses
employés. D'autres entreprises sont intéressées par
l'amélioration des relations entre l'entreprise et les employés.
C'est la raison pour laquelle elles organiseraient du covoiturage.
Celles-là veulent s'impliquer beaucoup plus, c'est-à-dire
qu'elles veulent, par exemple, acheter une fourgonnette, la mettre au service
des employés et inscrire leur nom sur la fourgonnette. Celles-là
hésitent à organiser du covoiturage alors que la situation
juridique est ambiguë. On a plus de difficultés. En
général, on a un bon accueil. Il faut vous dire qu'on a quand
même eu des refus, mais en général on a vraiment un bon
accueil. Le moment semble être propice.
M. Clair: Je vous remercie, madame.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer Mme Forgues et M. Guilbault. Je pense qu'il n'y a personne ici qui s'est
fait le propagandiste du covoiturage autant que le député de
Laporte. Je pense que le ministre va le reconnaître. Le covoiturage, pour
autant que nous sommes concernés, est un mode de transport qu'il faut
absolument encourager. La raison est simple, c'est que nous nous sommes
déclarés, à plusieurs reprises, contre les investissements
massifs dans les systèmes de transport lourds, pour autant que l'avenir
est concerné, pour une bonne raison surtout, c'est que nous n'avons plus
les moyens de les financer. Nous disons qu'en ce qui concerne les
systèmes légers ou les systèmes doux, comme disait le
ministre, ce sont des systèmes non dispendieux qui ne coûtent
à peu près rien à la collectivité et qui permettent
aussi de transporter un grand nombre de gens. Voilà une façon
intelligente de réduire les coûts du transport en commun.
Le covoiturage est une forme de transport en commun et c'est une chose
que les gens ne réalisent pas. Évidemment, pour ceux qui veulent
faire de la démagogie, c'est très facile. Ils disent: D'une part,
le transport en commun, d'autre part, l'automobile privée. Si on
préconise le covoiturage, on encourage l'usage de l'automobile, donc on
pollue, on surcharge les ponts, etc. Mais la vérité n'est pas
là. Vous avez raison quand vous dites que le covoiturage est une formule
économique et je pense qu'on doit penser au covoiturage en termes de
transport en commun. Donc, il y a deux formes de transport en commun. Il y a le
transport public, collectif, si vous voulez, qui est l'autobus ou le
métro, et il y a le transport paracollectif, et le covoiturage en est
une des formes. Il y a des obstacles, évidemment, qui peuvent se dresser
sur votre parcours et j'en cite un entre autres. Je voudrais mettre le ministre
en garde.
Il faut bien réaliser que les gens qui administrent les
commissions de transport, les fonctionnaires qui rêvent d'avoir de
grosses commissions de transport et beaucoup de véhicules, cela ne fait
pas toujours leur affaire de voir arriver du covoiturage dans le décor
parce que, souvent, cela risque d'enlever des passagers au transport public.
Donc, cela peut réduire la taille des commissions de transport et il y a
des gens, parfois, qui n'aiment pas ça, qui voudraient grossir toujours
les organismes publics. C'est une tentation qu'on a vue à plusieurs
reprises dans le passé chez les technocrates. Les avantages du
covoiturage, au point de vue économique, sont énormes parce que
l'équipement roulant, plutôt que d'être payé par la
collectivité, est payé par des individus. Donc, ça ne
coûte à peu près rien à la collectivité.
La main-d'oeuvre, plutôt que d'être payée par la
collectivité, est payée par les individus eux-mêmes. C'est
une des composantes importantes du coût du transport. Évidemment,
ce sont les deux composantes les plus importantes, la capitalisation, le
coût d'achat des équipements et la main-d'oeuvre. Donc, on peut en
conclure que chaque fois que le covoiturage se fait, ce sont des sommes
d'argent qu'on dépense en moins, que la collectivité
dépense en moins. Comme le transport en commun collectif coûte
énormément d'argent et fonctionne toujours à perte,
même si on réussit à avoir un achalandage maximum - la
preuve en est faite, on le voit tous les jours dans nos mémoires - le
transport en commun, même s'il est fait avec un achalandage maximum,
fonctionne toujours à perte, la résultante, c'est qu'à
chaque fois qu'on réussit à enlever des passagers dans le
transport en commun public, on épargne évidemment de l'argent. De
cette façon, on pourrait réduire l'importance des commissions de
transport, donc, réduire les déficits sans qu'il n'en coûte
absolument rien à la collectivité. Je pense qu'il faut continuer
à encourager le covoiturage. Je peux dire tout de suite au ministre des
Transports que, si jamais il décidait de vouloir légaliser le
covoiturage, il aurait l'appui entier de l'Opposition. Je me limiterais
à un seul discours - je vous le
promets, M. le ministre - pour accélérer encore davantage
la mesure.
M. Rodrigue: Selon le règlement, vous n'auriez pas le
droit d'en faire plus, de toute façon.
M. Bourbeau: Mais on pourrait en faire un à la
deuxième lecture, à la troisième lecture, etc.
En terminant, je dirais ceci, pour que le ministre ne cède pas
à la tentation de faire encore de la démagogie. Le Parti
libéral du Québec est entièrement en faveur du transport
en commun collectif, mais il croit également que l'usager doit avoir un
choix. Ce choix pourrait être - et on souhaiterait que ce soit ainsi - le
transport en commun paracollectif, soit le covoiturage, une formule qui, je
pense, est très économique pour la collectivité et qu'on
doit encourager autant que possible. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je ne voudrais pas refaire le
coup d'hier soir à mon collègue, le député de
Laporte, mais j'ignorais, effectivement, qu'il était un grand promoteur
du covoiturage au Québec. Je l'ignorais d'autant plus que je n'ai jamais
eu de questions de sa part sur ce sujet à l'Assemblée
nationale.
M. Bourbeau: Vous avez dit cela pour beaucoup d'autres sujets
aussi.
M. Clair: M. le Président, le député de
Laporte - je lui réservais une petite bombe pour la fin - qui met
beaucoup en cause les planificateurs du COTREM qui planifieraient des
systèmes très coûteux de transport en commun qui n'auraient
en vue que des systèmes chromés, le député de
Laporte sera sûrement surpris, mais heureux d'apprendre que le
membre-fondateur et vice-président de l'Association covoiturage
Québec Inc. est M. Paul Lussier, sous-ministre adjoint et
président du COTREM. C'est donc dire que les personnes qui dirigent le
COTREM ne sont pas seulement intéressées à faire la
promotion des équipements de transport lourds à moyenne ou haute
capacité pour la région de Montréal, mais qu'ils
s'intéressent également au covoiturage de façon
très réelle. Je les en félicite, d'ailleurs.
Une voix: Cela prouve qu'il est récupérable.
M. Clair: Oui, effectivement, M. le Président. De ce
côté-là, il y a seulement le député de
Laporte qui n'est pas récupérable, parce qu'il soutient depuis le
début que le transport en commun est déficitaire, comme le
soulignait le député de Charlesbourg tantôt, comme si le
transport privé individuel était rentable, comme s'il n'y avait
pas de dépenses à encourir pour le transport individuel.
M. Bourbeau: Mais le covoiturage n'est pas individuel, M. le
ministre. C'est justement là où vous ne comprenez pas ce qu'est
le covoiturage.
M. Clair: C'est cela. On parlait de transport privé
individuel, justement, et non pas de covoiturage.
Je termine donc à nouveau en remerciant les gens de l'Association
covoiturage Québec Inc. d'avoir été aussi patients. Je
pense qu'ils peuvent repartir heureux, sachant qu'il y a unanimité de
vues sur cette question et qu'aussi rapidement que possible, le covoiturage
sera légalisé au Québec.
M. le Président, si vous le permettez, avant de terminer,
j'aimerais souligner la présence dans la salle de M. Normand Huneault.
M. Huneault a été responsable de la pétition contre les
grèves à la CTCUM, comme vous le savez. Au cours des trois
derniers jours, il a suivi tous les travaux de cette commission de 10 heures le
matin jusqu'à tard le soir. Je voudrais simplement souligner le travail
énorme qu'il a fait. Simple citoyen, prenant sur lui de mener une
pétition comme celle-là, il a suivi les assemblées
publiques sur la Communauté urbaine de Montréal. Il a
passé trois jours à suivre les audiences et il a accepté
de déposer un mémoire personnel. Même si M. Huneault a
accepté de déposer son mémoire et donc de ne pas prendre
la parole, de ne pas faire de présentation de ce mémoire, je
tenais à souligner son intérêt pour la question du
transport en commun et le féliciter de cet intérêt
publiquement.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie.
M. Clair: M. le Président, vous me permettrez
également, à la fin de nos travaux, de remercier tout aussi
sincèrement le personnel de la télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale et le personnel du
secrétariat des commissions qui nous ont suivis au cours de nos longues
journées de travail pendant les trois derniers jours. Je pense
qu'effectivement ils ont fait un travail remarquable et surtout ils ont
été très patients envers les parlementaires.
Mon dernier mot pour remercier également mes collègues,
tant ministériels que de l'Opposition, de l'intérêt qu'ils
ont manifesté au cours de ces trois premiers jours très intenses
de discussions, de rencontres avec des organismes et, bien sûr, comme il
se doit en toute bonne tradition,
en particulier vous remercier, M. le Président, de votre
patience, et mon collègue, le député de Laporte, pour les
quelques bons moments que nous avons passés ensemble.
Je remercie M. le Président sincèrement de la
collaboration qu'il m'a offerte au cours de cette commission. Je pense que cela
été très apprécié par tous les membres.
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de me
joindre au ministre des Transports pour remercier les gens qui ont
participé à cette commission. Les mots du ministre semblaient
indiquer qu'on terminait les travaux de la commission. Est-ce qu'on reprend
encore la semaine prochaine?
M. Clair: Oui, oui.
M. Bourbeau: Ah bon! Je suis heureux que le ministre n'ait pas
procédé à un discours semblable chaque soir de la semaine
parce qu'on aurait eu droit à un discours chaque soir. Si je comprends
bien, on reprend au début de la semaine prochaine. Donc, je veux bien,
moi aussi, remercier tous les gens de la télé et les
collègues et féliciter le ministre de sa disponibilité et
sa grande ouverture d'esprit à l'égard des témoins et des
gens qui se sont présentés ici. Je remercie le président
de sa patience et aussi de la délicatesse avec laquelle il a mené
nos travaux. Ce n'est pas toujours très facile mais je pense qu'il l'a
fait avec un doigté remarquable. Au cours des trois premiers jours de
cette commission, il n'y a à peu près pas eu de périodes
où les caractères ou les tempéraments se sont
échauffés. Donc, on peut dire que le président a fait un
bon travail et, qui sait, peut-être que l'expérience qu'il prend
ici lui permettra un jour d'accéder à un poste de
présidence dans une autre salle plus importante que celle-ci. Merci.
Le Président (M. Boucher): II me reste à remercier
tous les membres de la commission de leur collaboration - je pense que sans
cette collaboration, ma tâche aurait été doublement
difficile - et à remercier tous ceux qui ont travaillé de
près ou de loin à cette commission, pour en arriver à vous
dire que ce n'est pas fini.
La commission ajourne ses travaux à mardi 19 octobre prochain,
à dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 30)