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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports est réunie ce matin aux fins
d'entendre les personnes et les organismes en regard de la proposition
gouvernementale concernant l'organisation et le financement du transport en
commun dans la région de Montréal, déposée à
l'Assemblée nationale le 18 juin 1982.
Les membres de la commission sont: M. Bourbeau (Laporte), M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond), M. Dussault (Châteauguay), Mme
Harel (Maisonneuve), M. Léger (Lafontaine), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Rochefort (Gouin), M. Rodrigue (Vimont) et M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Caron (Verdun), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Tremblay (Chambly), M. Laplante (Bourassa),
M. Fallu (Groulx), M. Maciocia (Viger), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Payne
(Vachon).
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous pourriez
substituer le nom de M. Fortier à celui de M. Vaillancourt comme membre
de la commission pour l'Opposition, s'il vous plaît?
Le Président (M. Boucher): M. Fortier... M. Bourbeau:
Consentement. M. Clair: Consentement
Le Président (M. Boucher): ... remplace M. Vaillancourt
(Orford). Est-ce qu'il y a un rapporteur?
M. Clair: M. le Président, je voudrais proposer que mon
adjoint parlementaire, le député de Vimont, puisse agir comme
rapporteur.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Bourbeau:
Consentement.
Le Président (M. Boucher): L'ordre du jour en ce 12
octobre 1982 est le suivant: la Communauté urbaine de Montréal
représentée par M. Pierre Des Marais II, président du
comité exécutif...
M. Clair: M. le Président, simplement une correction. Je
vois que c'est indiqué au nom de la Communauté urbaine de
Montréal. En fait, il y a un mémoire qui est inscrit au nom du
président de la Communauté urbaine, le maire d'Outremont, M.
Pierre Des Marais II; mais comme tel, il n'y a pas de mémoire, à
ma connaissance, au nom de la Communauté urbaine de Montréal.
C'est simplement pour les fins du journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): D'accord. En deuxième,
la ville de Montréal représentée par M. Yvon Lamarre,
président du comité exécutif; le troisième, la
ville de Laval, représentée par M. Claude Lefebvre, maire, M.
Gaston Chapleau, directeur de la recherche et de la statistique, M.
Jean-François Longpré, chef du cabinet; le quatrième, la
Commission de transport de la rive sud de Montréal,
représentée par M. Jean-Guy Parent, maire de Boucherville et
président du Conseil des maires de la rive sud; M. Georges Molini,
président-directeur général de la CTRSM; M. Bernard
Legaud, directeur des services financier et administratif; M. Armand Champagne,
directeur du service de l'exploitation; M. Michel Goulet, consultant et Mme
Jocelyne Gonthier, chef de cabinet, secrétaire. En cinquième
lieu, l'Association des propriétaires d'autobus du Québec,
représentée par Me Guy Poliquin et en sixième lieu,
l'Association du transport écolier du Québec,
représentée par M. Yvon Saucier, président.
Alors, M. le ministre, pour les commentaires préliminaires.
Remarques préliminaires M. Michel Clair
M. Clair: Merci, M. le Président. Cette commission
parlementaire, qui débute aujourd'hui, constitue un
événement majeur dans le processus que nous avons amorcé
depuis le dépôt de la proposition gouvernementale concernant
l'organisation et le financement du transport en commun, le 18 juin
dernier.
En effet, au cours des derniers mois, une période intense
d'information a permis
aux principaux intéressés de prendre connaissance des
implications de la proposition gouvernementale. Les fonctionnaires de mon
ministère et moi-même avons eu l'occasion d'informer, au cours
d'une centaine de rencontres publiques et de sessions de travail, les
élus locaux de plus de 220 municipalités, des groupes d'usagers,
des syndicats d'employés, des transporteurs privés et publics,
des associations volontaires, des groupes à caractère
économique et technique et de simples citoyens. Nous les avons
informés des grands objectifs de cette réforme et de ses
principales propositions.
Déjà, au cours de ces rencontres, se sont
déroulés des échanges très stimulants avec les
différents milieux concernés. Aujourd'hui, les quelque cinquante
organismes, groupes de municipalités ou individus qui demandent à
être entendus devant cette commission témoignent, à notre
avis, de l'intérêt très vif manifesté et de
l'importance d'un débat public sur cette question de l'organisation et
du fonctionnement institutionnel, financier et organisationnel du transport en
commun dans la région de Montréal. Les jours qui viennent nous
permettront d'approfondir nos points de vue respectifs dans un climat
d'échanges que je veux et souhaite ouverts et constructifs. En soi, la
présentation de plus de cinquante mémoires, dans lesquels on
retrouve toute la gamme des opinions, démontre d'ailleurs la
nécessité d'un débat public qui débouche sur
l'action, mais autant que faire se peut, sur le consensus ou, à
défaut, sur le compromis, mais toujours dans un objectif précis:
l'action. Nous sommes très conscients que la période
d'information et de consultation a été courte pour une
proposition d'aussi grande envergure et que la plupart d'entre vous ont fait
des miracles pour arriver dans les délais de la production des
mémoires. Je dois dire, d'ailleurs, que je procède moi-même
à des miracles pour parvenir à en prendre connaissance aussi
rapidement qu'on le peut.
Je voudrais donc remercier tous les gens qui sont présents ici ce
matin de s'être déplacés à Québec pour
discuter des problèmes concernant la région de Montréal et
ce, malgré les nombreuses obligations professionnelles de tous et de
chacun. Devant le peu de temps alloué, nous redoublerons d'attention
dans l'analyse détaillée des mémoires qui nous ont
été soumis et de prudence dans nos décisions.
La question essentielle que j'aimerais aborder avec vous au début
de ces travaux est la suivante: Pourquoi présenter maintenant une
proposition de réforme du cadre institutionnel et financier du transport
en commun?
Premièrement, le fonctionnement actuel de nos institutions a fait
en sorte que, dans le domaine des transports urbains, la responsabilité
politique de ce secteur est restée diffuse. Le ministre des Transports
reçoit des pétitions des usagers protestant contre des
modifications de circuits d'autobus ou contre des réductions de service,
les élus locaux en reçoivent aussi, les présidents des
commissions de transport également, les députés en sont
saisis et les médias, à travers les courriers du lecteur, servent
de soupapes aux insatisfactions. Cela démontre de la façon la
plus simple, mais aussi peut-être la plus éclatante la nature
éparpillée de la responsabilité politique en
matière de transport en commun.
La responsabilité administrative du transport en commun est,
quant à elle, bien définie et les commissions de transport
s'acquittent de façon autonome de leur tâche. Mais ces
décideurs n'ont pas de comptes à rendre directement à la
population. Par ailleurs, les élus locaux, qui, eux, doivent être
responsables de leurs actions devant leurs citoyens, n'exercent pas dans
l'ensemble de contrôle déterminant sur les principaux
paramètres financiers et organisationnels du transport en commun que
sont, par exemple, la tarification et les niveaux de service.
La situation qui, par ailleurs, prévaut dans les
municipalités desservies par les réseaux dits suburbains des
commissions de transport illustre bien que l'on va à l'encontre de
certains principes élémentaires de la démocratie. Encore
aujourd'hui, le principe du "no taxation without representation" n'est pas
respecté sur une très grande partie du territoire desservi.
À notre avis, la responsabilité politique à
l'égard du transport en commun doit s'exercer non seulement là
où des commissions de transport existent, mais aussi partout où
la mobilité d'une collectivité nécessite qu'un service de
transport en commun public soit offert et que les deniers publics y
contribuent. C'est pourquoi nous proposons que l'organisation du transport en
commun s'effectue sur la base de regroupements de municipalités aux
besoins similaires. Ce que la proposition nomme conseil local de transport fait
référence à cette organisation concertée du
transport entre les municipalités d'un même corridor de transport
ou d'une même MRC, selon le cas.
Je tiens ici à ouvrir une parenthèse afin de souligner
publiquement l'effort immense de certains regroupements de municipalités
qui, justement, dans l'esprit proposé par cette réforme, ont
produit de façon concertée des mémoires. Je les remercie
de cette démarche. En somme, ils ont déjà amorcé
une concertation que l'on souhaitait en juin dernier lors de la publication de
notre proposition.
En résumé, la proposition qui vous est
soumise aujourd'hui veut répondre clairement à une
première question fondamentale: Qui est responsable? La réponse,
qui a déjà été énoncée dans le
rapport conjoint Québec-municipalités en 1979, définissait
cette responsabilité du transport en commun comme étant
municipale. Nous proposons aujourd'hui de donner aux élus de la
région de Montréal les outils nécessaires de
contrôle du transport en commun qui leur manquaient afin qu'ils assument
pleinement cette responsabilité qu'ils sont, croyons-nous, les mieux en
mesure d'exercer.
La deuxième notion centrale à cette proposition est celle
de la préoccupation régionale. La réalité
institutionnelle actuelle ne rend pas compte de la dynamique des
déplacements de la grande région de Montréal. Alors que
les parties de l'agglomération sont devenues interdépendantes au
plan des déplacements, les organismes chargés des services de
transport sont demeurés, quant à eux, cloisonnés dans leur
juridiction propre, sans coordination réelle de leur service. La
vocation carrément régionale de certains modes de transport et la
nécessité d'assurer de façon intégrée la
liaison entre les différentes parties de l'agglomération nous
amènent à reconnaître l'importance d'un palier
régional de décision. Actuellement, aucune table de concertation
n'assure la nécessaire coordination et la planification des
réseaux à l'échelle régionale. L'organisme
régional de transport, ou table de concertation, proposé
constituerait un instrument qui faisait défaut jusqu'à maintenant
et qui permettrait aux élus de prendre des décisions concernant
l'exploitation et le développement du transport en commun dans une
perspective régionale. (10 h 30)
Je sais, d'après les réactions entendues au cours des
derniers mois, que certains mettent en question le râle et les pouvoirs
de cette nouvelle structure régionale, d'autres, son territoire de
juridiction, d'autres encore, le mode de représentation proposé.
Je trouve que ces réactions sont très légitimes et nous
sommes ici aujourd'hui justement pour entendre les commentaires et les
solutions que d'autres pourront proposer. Le gouvernement ne désire, en
effet, nullement imposer une nouvelle structure à la région de
Montréal qui alourdirait inutilement les mécanismes
bureaucratiques existants. Il désire, au contraire, clarifier les
responsabilités des divers intervenants, favoriser l'émergence de
cadres d'intervention plus représentatifs de la dynamique
régionale et permettre une meilleure identification de l'autorité
décisionnelle, de même qu'un meilleur contrôle des
coûts. Comme collectivité, nous ne pouvons plus nous permettre de
payer pour des services publics sans coordination ni intégration. De
plus, les mécanismes de coordination doivent être
décisionnels, sinon ils sont inefficaces. À ce sujet, j'avouerai
avoir été déçu par le simplisme de l'argumentation
de certains intervenants qui admettent la nécessité d'une
meilleure intégration et coordination régionales, rejettent
vivement la mise en place d'une table de concertation régionale et
affirment que les institutions actuelles permettent de faire tout cela. On a
oublié d'expliquer pourquoi cela est vrai en théorie, mais ne
s'est pas réalisé en pratique depuis une dizaine d'années,
disons. En somme, la proposition qui est soumise aujourd'hui veut
répondre à une deuxième question, fondamentale
également: Comment assurer une préoccupation régionale en
matière de transport en commun dans la grande région de
Montréal?
La proposition qui est faite, M. le Président, est celle d'une
table de concertation décisionnelle au niveau régional et
contrôlée par des élus de la région. Elle constitue,
selon nous, une réponse à cette préoccupation et un
défi important pour tous les intervenants, particulièrement les
élus municipaux. La proposition gouvernementale est connue, soumise
à la discussion, sans aucun doute perfectible. Je recevrai donc avec
beaucoup d'intérêt toutes les réponses à cette
question. Quant à ceux qui préfèrent ignorer ou nier
l'existence de cette question, je comprendrai qu'ils ne font tout simplement
pas la même lecture de la réalité, qui pourtant me semble
bien évidente.
La troisième notion centrale à cette proposition est celle
du partage équitable des coûts du transport en commun.
Permettez-moi de vous rappeler que, malgré le contexte économique
difficile, une croissance annuelle moyenne des coûts de l'ordre de 20% au
cours des dernières années, le gouvernement de Québec a
signifié très clairement sa volonté de voir les transports
collectifs reconnus comme un mode de déplacement à part
entière afin d'offrir, dans les grandes agglomérations, une
alternative réelle au transport privé par automobile.
Le plan de transport intégré pour la région de
Montréal, adopté par le gouvernement en 1979, la mise en
application de la réforme de la fiscalité municipale et une
nouvelle politique de subvention ont permis aux municipalités
d'être en partie soulagées de leur fardeau financier à cet
égard. Par ailleurs, l'introduction de la passe mensuelle a
constitué une aide directe aux usagers quotidiens du transport en
commun, mais aussi une aide indirecte très importante aux
municipalités.
De plus, l'accord entre la Communauté urbaine de Montréal
et le gouvernement du Québec concernant l'intégration des trains
de
banlieue constitue le premier jalon d'une utilisation plus rationnelle
et intégrée des infrastructures existantes. Il s'ensuit une offre
de service accrue pour les usagers et à des tarifs raisonnables.
Après quelques mois seulement, d'ailleurs, de l'intégration du
train du CN Deux-Montagnes, on assiste déjà à une
augmentation de l'achalandage de plus de 50%. En somme, depuis 1976, notre
gouvernement a eu l'occasion de démontrer amplement sa volonté de
préconiser le développement du transport en commun; je n'en
reprendrai la démonstration que si quelqu'un remet ce fait en cause.
Toutefois, un dilemme demeure au coeur même de cette
volonté de développer les transports collectifs: c'est celui de
la croissance des coûts et de leur partage équitable. En 1982,
après seulement huit ans de subventions directes au transport en commun,
dans la région de Montréal, le gouvernement supporte 42% du
coût du transport en commun dans cette région, c'est-à-dire
près de deux fois la part supportée par les municipalités.
Selon nous, la participation gouvernementale a atteint un seuil critique qui
dépasse même ce que l'ensemble des citoyens du Québec, en
particulier ceux de l'extérieur de la région de Montréal,
devraient financer compte tenu de deux choses: premièrement, des
bénéfices qu'ils en retirent et, deuxièmement, qu'il
s'agit d'une responsabilité que tous considèrent comme
étant de nature locale, municipale.
Quant aux municipalités, et elles nous l'ont à maintes
reprises communiqué au cours de cette période de consultation,
leur fardeau est déjà lourd et plusieurs affirment même
qu'il est fort mal partagé. Les usagers, quant à eux, principaux
bénéficiaires des services, ont vu leur contribution relative,
par rapport au coût total des services, diminuer très rapidement
jusqu'en 1980, date de l'introduction d'une nouvelle politique de financement
et de rabais sur les cartes d'abonnement mensuel, ce qui a eu le triple
avantage, premièrement, de limiter l'effondrement de la quote-part des
usagers, deuxièmement, de leur fournir un titre de transport très
attrayant qui a accru de façon importante l'achalandage et,
troisièmement, de réduire la quote-part des municipalités
puisque c'est le gouvernement de Québec qui en a assumé
entièrement le coût. Mais la quote-part des usagers a
néanmoins continué de diminuer, même si cela s'est fait
à un rythme peut-être moins rapide. Il y avait donc une
réflexion à faire sur la part que devaient assumer dans l'avenir
le gouvernement, les municipalités et les usagers, ainsi que sur la
contribution de bénéficiaires non usagers du transport en
commun.
La proposition de réforme du cadre financier
réitère le principe que le transport en commun est une
responsabilité partagée. Toutefois, le gouvernement continuerait
à assumer une part majeure du fardeau financier dans la situation
proposée. En effet, cela est normal en vertu de ses
responsabilités en matière de transport des personnes,
d'aménagement du territoire et de développement social ou
économique.
Il ne s'agit donc nullement d'un désengagement financier du
gouvernement par rapport à ce secteur, mais, bien au contraire, de la
recherche d'un nouvel équilibre entre différents partenaires, un
nouvel équilibre qui doit mieux refléter les
bénéfices reçus et permettre de poursuivre la
concrétisation de la priorité au transport en commun, largement
acceptée par l'ensemble des intervenants.
C'est dans cet esprit, donc, qu'il faut comprendre la révision de
la contribution municipale. Les municipalités sont appelées
à contribuer uniquement pour les services qu'elles reçoivent sur
leur territoire. Plusieurs municipalités en périphérie de
la Communauté urbaine de Montréal ont exprimé des craintes
de payer à même leurs taxes foncières des services, tels le
métro ou les trains, dont elles n'étaient pas les
bénéficiaires directes. Il n'est nullement question dans cette
proposition de donner à une entité quelconque un pouvoir de
taxation extra-territorial. Au contraire, les municipalités paieraient
en fonction des services qu'elles voudraient bien se donner et non qu'elles se
verraient imposer.
C'est, d'ailleurs, la raison qui motive la recherche de nouvelles
sources de financement perçues à l'échelle
régionale. En effet, afin d'alléger la contribution
gouvernementale et le fardeau financier des municipalités, nous
proposons qu'une partie des équipements à caractère
régional soit financée par un fonds régional de
développement du transport en commun. Je rappelle les trois sources
proposées pour ce fonds: premièrement, les revenus
générés par les postes de péage de la région
métropolitaine en excédent du tarif de base; deuxièmement,
une partie des revenus provenant de la taxe sur l'essence déjà
prélevée dans la région métropolitaine qui serait
convertie progressivement en taxe régionale; troisièmement, une
taxe sur les stationnements commerciaux dans la partie centrale de
l'agglomération.
La contribution des bénéficiaires non-usagers du transport
en commun, en particulier des automobilistes, apparaît comme une solution
à envisager afin de diversifier les sources de financement du transport
en commun. Certains pourront trouver que les sources identifiées sont
inadéquates ou impropres à atteindre les objectifs visés.
Je suis réceptif aux commentaires et aux alternatives susceptibles de
mieux répartir sur l'ensemble de la région
le coût de la dimension régionale du transport en commun.
Toutefois, permettez-moi d'insister sur le fait qu'il faut préserver,
malgré la situation économique difficile que nous vivons tous,
des choix fondamentaux. Nous ne pouvons pas nous permettre, comme
collectivité, d'abandonner la promotion des transports collectifs dans
la région de Montréal pour des raisons de mauvais partage de
coûts croissants ou de contraintes institutionnelles. Pourtant, si nous
ne révisons pas maintenant le partage des coûts et n'abaissons pas
les contraintes institutionnelles, l'évolution de la situation dans le
cadre actuel bloquera, à mon humble avis, rapidement l'avenir et
peut-être même le présent du transport en commun.
En somme, la proposition qui vous est soumise aujourd'hui veut
répondre à une troisième question: Comment partager
équitablement les coûts pour assurer la pérennité du
transport en commun dans l'agglomération de Montréal? Nous
croyons que la réforme proposée du cadre financier permettrait
à l'ensemble des partenaires actuels et nouveaux une contribution mieux
équilibrée, plus équitable en fonction des
bénéfices qu'ils en retirent, sans pour autant remettre en cause
nos priorités à l'endroit du transport collectif.
J'étudierai donc avec beaucoup de soin toute autre proposition
susceptible d'atteindre cet objectif de la réforme ainsi
résumé, car il s'agit, à mon humble avis, de la question
dont la réponse est la plus urgente pour tous.
Finalement, j'aimerais aborder une quatrième notion que je
considère également au centre de cette proposition, c'est celle
de la contribution des usagers et de la rationalisation tarifaire
proposée. Il nous apparaît inévitable, compte tenu de la
croissance des coûts, que la contribution des usagers augmente
progressivement de manière qu'elle occupe la place qui lui revient par
rapport à celle des autres partenaires. Le problème auquel nous
sommes confrontés est que le régime tarifaire actuel ne permet
pas de redressement modulé de la structure. À mon avis, le tarif
de base doit être raisonnable puisque 80% des usagers du transport en
commun effectuent de courts déplacements qui sont surtout
concentrés au coeur de l'agglomération, c'est-à-dire dans
la ville de Montréal. De plus, la structure tarifaire doit respecter un
certain nombre d'objectifs, entre autres, assurer un niveau de contribution
satisfaisant des usagers, encourager l'utilisation de tous les modes de
transport en commun et respecter les orientations en matière
d'aménagement du territoire.
Le régime tarifaire proposé dans le projet gouvernemental
consiste en une tarification selon la distance parcourue et comporte donc un
certain nombre de zones; de plus, il introduit une différenciation dans
les tarifs selon les grands territoires de service. Cette structure tarifaire
proposée, j'en conviens, est complexe, mais elle comporte un grand
nombre d'avantages dont le plus important est de permettre de maintenir,
à moyen et à long terme, des tarifs plus bas pour ceux qui
effectuent de courts trajets et qui, encore une fois, sont surtout
concentrés au coeur de l'agglomération de Montréal.
Plusieurs intervenants municipaux et également des usagers ont
exprimé leurs préoccupations touchant tour à tour le
contrôle des titres, le découpage du territoire, la
complexité du système pour l'usager. Pourtant, ce principe est
déjà mis en application ailleurs, en Europe et aux
États-Unis; ici même, cette forme de tarification est
appliquée sur les trains de banlieue et sur le réseau d'autobus
suburbains.
J'admets que la tradition de tarif unique sur de grands territoires rend
plus difficile pour certains la compréhension de l'équité
sous-tendant un tel projet. Mais nous nous devons de trouver une solution qui
permettra à la fois de rationaliser les niveaux de tarifs et de les
intégrer tout en permettant des revenus suffisants aux commissions de
transport.
La proposition qui est soumise depuis juin dernier veut donc
répondre à cette quatrième question: Comment rationaliser
les tarifs? Encore là, si tout le monde s'entend sur l'objectif, comment
se fait-il qu'il ne se soit jamais matérialisé? Il faudra bien
qu'on finisse par aboutir. On ne peut pas être d'accord pendant des
décennies sur un objectif sans jamais rien faire.
Notre proposition, quant à nous, au gouvernement, est sur la
table. J'attends celle des intervenants et leurs commentaires sur la
nôtre, avec un seul et unique préjugé en tête, celui
de l'action. Quant à nous, nous croyons qu'une politique tarifaire
modulée sur la distance à parcourir fait contribuer plus
équitablement les usagers aux coûts du transport et permettra dans
le temps un redressement progressif de leur participation sans accroître
indûment ou de façon trop abrupte leur fardeau. Je veux
réitérer ici ma croyance ferme que le transport en commun est un
service collectif à la population dans un domaine vital de la vie
urbaine et que, par conséquent, le prix chargé à l'usager
doit être raisonnable. (10 h 45)
Si l'on veut concrétiser certains choix en termes de
qualité de vie, de préservation du tissu urbain et de
conservation de l'énergie, on ne peut que privilégier une
politique tarifaire favorisant carrément une utilisation accrue des
services de transport collectif par rapport au choix de l'automobile
privée. Sans quoi, nous tous, exploitants, gouvernants, élus
municipaux, aurions, à mon
humble avis, lamentablement failli à la tâche à un
moment où notre société est en mutation profonde quant
à la question des transports et compte sur nous pour ménager
l'avenir.
En conclusion, j'aimerais vous signifier qu'au cours des prochains jours
la place est réellement ouverte à la discussion non seulement sur
les questions fondamentales que je viens de soulever, à savoir qui est
responsable politiquement, comment assurer une préoccupation
régionale, comment partager équitablement les coûts et,
quatrièmement, comment rationaliser les tarifs, mais également
sur toutes les autres dimensions pertinentes que les intervenants jugeront
utile de soulever, notamment sur les échéanciers de mise en place
de cette proposition ou de celle qui sera retenue de façon
définitive par le gouvernement après la commission
parlementaire.
Permettez-moi, d'ailleurs, d'ajouter que cette commission parlementaire
ne marquera pas la fin de nos échanges sur le sujet. Avant l'adoption
d'un projet de loi, vraisemblablement au printemps 1983, je compte, en effet,
poursuivre la discussion avec les principaux intéressés. Ces
échanges pourraient prendre la forme de tables de concertation entre
partenaires ou de tout autre moyen assurant la possibilité aux
intervenants de s'exprimer sur un avant-projet de loi. Je n'écarte pas,
non plus, la possibilité d'agir en deux temps, soit de procéder,
dans un premier temps et rapidement, à un premier train de mesures
législatives sur les questions, beaucoup plus nombreuses qu'on peut le
croire à première vue, où il y a un haut niveau de
consensus et, dans un deuxième temps, d'approfondir nos échanges
et la discussion pour les dimensions plus discutées de la réforme
proposée.
Dans le domaine des transports collectifs, il est nécessaire, je
crois, de réserver une place, un espace, au débat public,
à la démocratie et, par conséquent, aux choix politiques.
C'est dans cet esprit que le ministère des Transports et votre humble
serviteur ont travaillé à ce dossier depuis plus d'un an et demi
et que j'entends continuer à le faire.
La proposition gouvernementale de réforme du cadre institutionnel
et financier qui est soumise à la consultation constitue un moment
privilégié pour tous les intervenants concernés de faire
valoir leur point de vue sur le projet. Par ailleurs, je souhaite
également connaître la vision de l'avenir des transports
collectifs dans la région de Montréal des différents
intervenants et les solutions que ceux-ci entendent proposer pour en garantir
le dynamisme et le développement harmonieux.
En terminant, j'aimerais remercier mes collègues de la deputation
ministérielle qui, comme vous le voyez, participent ce matin fort
nombreux à cette commission parlementaire. Cela témoigne, comme
je le disais tantôt, de l'importance de toute cette question du transport
en commun pour la grande région de Montréal. Vous avez à
la table, du côté ministériel, des députés de
la Communauté urbaine de Montréal, des députés de
la rive sud, des députés de la rive nord de Montréal, de
Laval. Je pense que c'est, à la mesure du nombre de mémoires qui
ont été présentés, démontrer, du
côté de la députation ministérielle, tout
l'intérêt qu'elle porte à cette proposition de
réforme du transport en commun pour la région de Montréal
et aussi, je pense, la possibilité d'avoir un débat public aussi
serein, aussi en profondeur que possible.
Je termine donc mes remarques préliminaires là-dessus. Je
sais qu'après l'intervention de mon collègue et vis-à-vis,
le député de Laporte, certains collègues auront des
remarques préliminaires à faire; quant à moi, je me
réserve la possibilité de revenir à la fin, avant
d'entendre M. Des Marais, président du comité exécutif de
la Communauté urbaine de Montréal, afin que nous puissions
l'entendre le plus rapidement possible.
Je vous remercie, M. le Président.
M. André Bourbeau
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Je
demanderais au député de Laporte, porte-parole de l'Opposition,
ses commentaires préliminaires.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Je voudrais, au
début des travaux de cette commission réunie pour entendre les
personnes et les organismes impliqués par la proposition de
réforme formulée par le gouvernement québécois au
sujet du transport en commun dans la région de Montréal, vous
faire part de quelques remarques d'ordre général.
Je voudrais, d'abord, remercier toutes ces personnes et ces organismes
qui ont scruté le projet gouvernemental et qui ont accepté de
venir se faire entendre devant les membres de la commission. Ce faisant, ils
participent au processus d'adoption d'un éventuel projet de loi. Je suis
persuadé que, pour peu que le gouvernement nous prête une oreille
attentive, il saura améliorer sa proposition de réforme.
La partie gouvernementale avait fait état de la
possibilité que cette commission puisse se réunir à
Montréal plutôt que dans le cadre traditionnel de ses travaux
à l'Assemblée nationale. En raison du caractère
exceptionnel de cette requête, le Parti libéral du Québec a
préféré, dans un premier temps, surseoir à son
consentement, car cette entorse à nos procédures crée
un
précédent dont les implications sont nombreuses. Certes,
il eût été plus facile de se ménager une position
plus confortable au plan politique en approuvant d'emblée le principe du
rapprochement des institutions parlementaires des citoyens. En
réalité, notre souci premier se situe moins au plan des
communications qu'au niveau de la nécessité que le gouvernement
donne suite effectivement aux critiques formulées d'ores et
déjà par la plupart des agents et des groupes impliqués
dans ce débat.
On a vu trop souvent dans le passé le gouvernement se servir du
prétexte des commissions parlementaires comme d'une sorte de soupape
servant d'exutoire à l'opposition formulée contre ses projets et
ne retenir, somme toute, des recommandations qui lui étaient faites que
celles qui s'harmonisaient, à toutes fins utiles, à ses propres
orientations qu'il ne modifiait en rien. En fait, c'est moins le fait que les
travaux de la commission se tiennent ou non à Montréal qui
donnera suite au principe du respect de la volonté populaire qu'en
corrigeant de manière sérieuse les lacunes que les nombreux
mémoires viennent lui souligner. Nous espérons, du
côté de l'Opposition, que l'idée des commissions
parlementaires itinérantes ne soit pas strictement retenue que lorsque
le gouvernement y voit certains bénéfices politiques, mais
qu'elle soit plutôt encadrée dans un processus bien établi
offrant certaines garanties quant à la qualité de la
préparation et de l'organisation.
Dans cette perspective, c'est avec intérêt que l'Opposition
à l'Assemblée nationale entrevoit d'apporter sa contribution
à l'étude du projet de loi no 90, qui porte notamment sur cette
question. Je profiterai de l'occasion pour faire état d'un
communiqué qui a été émis très
récemment par le leader parlementaire de l'Opposition et qui porte sur
cette question. Il se lit comme suit: On a sollicité notre appui pour la
tenue à Montréal des séances de la commission
parlementaire décrite plus haut. Pour obtenir un éclairage le
plus complet possible, voici quelques renseignements et considérations
touchant cette question. Au cours du mois d'août, le président de
l'Assemblée nationale informait officiellement l'Opposition du
désir du gouvernement de voir cette commission se réunir à
Montréal, lui demandait si elle donnait son accord à une telle
expérience. Le président assura alors l'Opposition qu'il
s'agissait avant tout d'une question de principe car, à la suite de
certains arrangements, les coûts inhérents à la tenue de
cette commission à Montréal seraient sensiblement les mêmes
que ceux qu'entraînerait cette commission si elle siégeait
à Québec, le consentement unanime des partis étant requis
parce qu'il n'est pas prévu que l'Assemblée nationale et ses
commissions puissent siéger en dehors de la ville de Québec dans
l'état actuel de nos règles et de nos traditions
parlementaires.
L'Opposition officielle a refusé son consentement en faisant
valoir principalement les quatre points suivants. Premièrement, il n'est
jamais arrivé qu'une commission parlementaire régulière
tienne des séances publiques ailleurs qu'à Québec. Le
président lui-même a reconnu qu'il n'y avait aucun
précédent. Le siège du Parlement et du gouvernement est
à Québec, ce qui crée des contraintes et un environnement
de travail qu'on doit évaluer avant d'en modifier les conditions de
fonctionnement.
Deuxièmement, le seul élément pour appuyer cette
demande était le caractère régional de la question qui
sera étudiée par cette commission. Or, l'Opposition n'est pas
convaincue que le sujet d'une commission parlementaire doive être
l'élément déterminant quant au choix de l'endroit
où elle devrait se réunir et, dans le cas où cet
élément doit entrer en ligne de compte, l'Opposition demande
qu'un cadre de fonctionnement soit établi d'avance quant au choix des
commissions parlementaires qui pourraient, désormais, siéger
ailleurs qu'à Québec et ce, dans le but évident
d'éviter que ce choix ne soit fait uniquement à la
discrétion d'un ministre.
Troisièmement, effectivement, cette demande fait suite à
un voeu exprimé par le ministre des Transports, de bonne foi sans doute,
mais inconscient de toutes les implications d'une telle initiative.
L'Opposition ne croit pas que les réformes parlementaires doivent
être faites sous le signe d'une telle improvisation.
Quatrièmement, en outre, les 19, 20 et 21 octobre 1982, la
commission de l'Assemblée nationale entreprendra l'étude du
projet de loi no 90, Loi sur l'Assemblée nationale, dont un des articles
propose, justement, que l'Assemblée nationale et les commissions
parlementaires puissent siéger à tout endroit du Québec.
Les députés auront alors l'occasion, si le gouvernement le
permet, d'étudier à fond toutes les implications d'une telle
disposition, d'en évaluer les avantages et les inconvénients et
d'adopter, le cas échéant, un tel cadre de fonctionnement de
commissions itinérantes.
Voilà l'état de la question, mais elle pourra, pour la
première fois, être formellement posée lors de
l'étude du projet de loi no 90 et non plus de façon
improvisée et arbitraire, comme c'est le cas actuellement. Et c'est avec
un esprit ouvert que nous l'aborderons afin de trouver la meilleure formule qui
permettra aux élus de consulter la population - car c'est bien de cela
qu'il s'agit - le plus efficacement possible. La porte n'est donc pas
fermée, au contraire. Si le gouvernement est sérieux, il ne
tardera pas à soumettre à l'Opposition
officielle les conditions concrètes d'un tel projet avec des
critères objectifs et un cadre de fonctionnement, et nous
étudierons le tout de façon positive. L'Opposition n'a donc pas
écarté la possibilité de donner son accord à la
tenue éventuelle, à Montréal, de séances de la
commission parlementaire des transports. Mais nous devrons, en prenant une
telle décision, tenir compte des intérêts de l'institution
parlementaire et de l'efficacité de son fonctionnement.
En ce qui concerne la proposition gouvernementale concernant le
transport en commun dans la région de Montréal, le Parti
libérai du Québec a déjà fait connaftre sa
position. Il reconnaît, en particulier, deux des principes de base
proposés par la réforme. Le premier a trait à un meilleur
contrôle, au niveau local, des systèmes de transport en commun et
le deuxième reconnaît, dans l'intégration tarifaire, une
formule qui puisse tendre à une situation plus juste et équitable
pour l'ensemble des usagers de la région. Ces principes, tout aussi
valables qu'ils puissent être, ne doivent pas faire oublier que tant la
décentralisation que l'harmonisation tarifaire ne constituent pas de
garanties qu'effectivement le niveau des tarifs et la qualité des
services seront améliorés. Le gouvernement du Québec
s'est, en effet, engagé dans un processus qui l'a conduit à
reporter sur le niveau municipal une part importante des engagements qu'il
avait contractés ou des responsabilités qu'il avait
jusqu'à présent assumées, avec l'espoir de réduire
le taux de croissance de ses dépenses que l'inopportunité de ses
politiques ou l'inefficacité de sa gestion rendent exorbitant. La
décentralisation peut donc prendre la forme d'une fuite en avant qui, au
niveau des contribuables et des usagers, n'améliore en rien la situation
et qui même ne pourrait constituer qu'un déplacement du
problème.
Le Parti libéral du Québec exprime son profond
désaccord avec quatre aspects de la réforme qu'il souhaite
pouvoir remettre en question tout au long des travaux de la commission. Il
s'agit des pouvoirs étendus et de la taille de l'organisme
régional de transport qui est proposé, des promesses
reniées par le gouvernement quant au financement du métro sur le
territoire de la CUM, des taxes imposées aux automobilistes au chapitre
de la contribution régionale et, enfin, de la représentation
disproportionnée des administrateurs du gouvernement au conseil
d'administration et au comité exécutif de l'organisme
régional de transport. (11 heures)
Nous sommes également déçus du silence du
gouvernement sur le développement des systèmes légers
articulés autour de l'automobile et des infrastructures routières
existantes. Nous souhaitons que l'organisme qui sera éventuellement
créé soit moins un exploitant qu'un agent de concertation dans la
réalisation d'une certaine intégration tarifaire. Dans cette
perspective, le Bureau de transport métropolitain, ou BTM, chargé
de la construction des infrastructures du métro devrait demeurer sous la
responsabilité de la CUM qui en assume largement la note.
Quant au rôle gouvernemental auprès de ces organismes, le
gouvernement doit être conséquent avec la philosophie
décentralisatrice qu'il a adoptée, éliminer sa
représentation au conseil d'administration et laisser le comité
exécutif exécuter ses mandats reçus du conseil
d'administration, sans le contraindre à la surveillance et à
l'intervention constante d'un représentant gouvernemental.
Pour ce qui est du financement des coûts de construction du
métro, il est tout à fait aberrant, surtout dans la conjoncture
économique actuelle, que le gouvernement renie les engagements formels
pris face à la CUM d'en financer les coûts à 100%. En
ramenant sa contribution au niveau de 60%, et ce rétroactivement,
dis-je, au 1er janvier 1980, il reporte sur les épaules des
contribuables de la CUM une part importante de son propre déficit et
diminue d'autant la marge de manoeuvre dont pourrait disposer la
Communauté urbaine de Montréal pour la mise en oeuvre de ses
autres programmes.
En ce qui a trait au sort réservé aux automobilistes, le
gouvernement leur fait subir des augmentations de dépenses dont le
caractère est très régressif, puisqu'il s'applique
à tous les automobilistes indépendamment de leur niveau de
revenu. Si les taxes sur l'essence, les péages autoroutiers et les taxes
sur le stationnement avaient pour conséquence d'améliorer la
qualité des infrastructures mises à leur disposition et que ces
améliorations étaient réclamées par les
automobilistes, on pourrait trouver une certaine justification à
l'attitude du gouvernement. Celui-ci préfère plutôt en
faire les têtes de Turc de sa réforme en les frappant
indistinctement, sans tenir compte de l'existence ou non de solutions de
rechange pour eux.
Enfin, malgré tous les voeux pieux exprimés par le
gouvernement depuis plusieurs années, l'organisation de systèmes
légers de transport, comme le covoiturage, les mini-bus, le taxi
collectif, voies réservées systématisées etc., a
été boudée par les planificateurs gouvernementaux comme si
les citoyens de la région de Montréal ne pouvaient se satisfaire
que d'investissements monumentaux qu'on ne parvient pas à
compléter et, j'ajouterais aussi, à payer.
Tous ces aspects de la réforme, qui nous paraissent contestables,
peuvent être améliorés dans la mesure où le
gouvernement fera preuve d'ouverture. De son côté, l'Opposition
écoutera d'une oreille attentive
les propositions des intervenants et n'hésitera pas à
soutenir les recommandations qui lui apparaîtront judicieuses et à
modifier au besoin ses prises de position.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte. M. le député de Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Seulement quelques mots, M. le Président. Je
n'avais même pas l'intention de prendre la parole; mais étant
donné que M. le député de Laporte a cru bon de faire
valoir les motifs qui ont fait que le Parti libéral n'a pas voulu
acquiescer à la demande du ministre pour que cette commission puisse
siéger à Montréal, je suis dans l'obligation actuellement
de faire une petite rectification dans l'intérêt des
députés de l'Opposition concernant le problème de la
réforme du transport dans la région de Montréal.
Lorsqu'il dit dans ses quatre critères "jamais arrivé", je
dis: Pourquoi ne pas innover? Peut-être que cela aurait aussi
donné la chance aux députés de l'Opposition de ne pas
être deux seulement autour de la table lorsqu'ils ont le droit
d'être six. Où sont les autres députés de
l'Opposition, tel celui de Chomedey - si on va sur la rive nord aussi - les
autres députés de la rive sud, les autres députés
de Montréal, à partir de Viger en montant? On aurait aussi
aimé avoir leurs commentaires sur les mémoires qui seront
donnés par les citoyens de la grande région de Montréal.
Vous doutez du caractère régional dans votre deuxième
argument. Quant à moi, je n'en doute pas parce que, tout au long de la
commission, près de 300 à 400 personnes de la grande
région de Montréal viendront essayer de se faire entendre ici
parmi les 54 mémoires qu'on a déjà reçus, à
part les lettres personnelles de citoyens de la grande région de
Montréal.
Vous dites aussi que le ministre était inconscient face à
une telle demande. Je crois que le ministre a été très
lucide, de voir à Montréal, pour la première fois, se
poser un tel geste, d'entendre pour la grande région de Montréal,
les Montréalais sur un problème qu'ils vivent tous les jours,
à savoir la réforme du transport en commun de la grande
région de Montréal.
On dit aussi, comme quatrième argument, qu'il y a un projet de
loi devant l'Assemblée nationale soit la réforme de la loi no 90.
C'est certain que les députés auraient mieux étudié
le projet de loi no 90 s'ils avaient pu vivre une expérience à
l'extérieur. Nous, ici, députés ministériels,
trouvons regrettable que l'Opposition n'ait pas songé à venir
à Montréal, sur le terrain, pour que le plus de gens possible
puissent venir se faire entendre sur un problème aussi aigu que le
transport dans Montréal. On sait l'importance que cela peut avoir au
point de vue des usagers, des automobilistes et des municipalités parce
que ce projet concernera tout le monde. De plus, on aurait pu avoir des
assistances très nombreuses, on aurait utilisé des salles assez
grandes pour que les gens de toutes les régions puissent venir au moins
écouter ce qui se passe, venir vivre avec nous l'argumentation des
municipalités et de tous les intéressés.
Quant à moi, j'écouterai très attentivement les
mémoires tout au long de la commission et je prendrai bonne note de
toutes les argumentations qu'on fera pour qu'on puisse en faire un projet
humain par lequel les usagers, les administrateurs, les municipalités
pourront s'entendre éventuellement sur une vraie réforme du
transport à Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. M. le député de Viger.
M. Bissonnet: Je m'excuse, le député de
Jeanne-Mance.
Le Président (M. Boucher): De Jeanne-Mance, excusez.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Remarquez bien que c'est un comté qui est
très voisin du mien.
M. le Président, à la suite des propos du
député de Bourassa, je me rappelle très bien que lors de
l'étude du projet de loi no 37 concernant la fusion des villes de
Baie-Comeau et de Hauterive, l'Opposition avait demandé au gouvernement
qu'une commission parlementaire se tienne à Baie-Comeau ou à
Hauterive, pour que 400 à 500 personnes ne viennent pas ici comme elles
l'ont fait. C'est pourquoi nous avons, dans ce cas,
préféré, pour que les règles du jeu soient
objectives entre les deux partis, que cela se fasse par le biais de la loi no
90.
Quant à la députée de Chomedey dont le
député de Bourassa mentionnait l'absence, c'est la seule
députée de Laval, et elle est présentement en
délégation parlementaire à Nassau, avec des membres du
gouvernement. Donc, il était bien difficile, pour elle, d'être ici
ce matin.
Quant aux membres de l'Opposition, d'autres députés se
joindront à nous; je tiens à nommer les députés de
Laporte et de la rive sud. Je suis un ancien maire de la Communauté
urbaine de Montréal. Nous sommes très bien préparés
pour entendre nos collègues de toutes les municipalités et tous
les intervenants. Nous sommes prêts immédiatement à
entendre les mémoires; je pense que nous sommes ici pour cela.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Mme la députée de Maisonneuve. Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, puisqu'on en est à
l'ouverture de nos travaux, effectivement, comme députée d'une
circonscription montréalaise, je déplore, je regrette infiniment
l'absence de consentement du Parti libéral. Mon collègue de
Jeanne-Mance, fait état de Baie-Comeau et de Hauterive. Ce que je trouve
étonnant, c'est que, quand le gouvernement ne tient pas la commission
parlementaire qu'il réclame, il le déplore et, quand il veut la
tenir, il le lui refuse. Il faudrait avoir une ligne de conduite qui soit plus
ordonnée.
Une voix: C'est ce qu'on réclame, exactement.
M. Bissonnet: C'est cela qu'on va faire.
Mme Harel: Tantôt, mon collègue de Laporte
souhaitait la bienvenue, félicitait les intervenants d'être ici.
Je pense bien qu'un bon nombre d'entre eux auraient
préféré venir à cette commission, s'y faire
entendre, mais à Montréal; peut-être pas ceux qui sont avec
nous aujourd'hui parce qu'ils ont l'habitude, je pense, pour la plupart d'entre
eux, de témoigner en commission parlementaire, mais certainement un bon
nombre de ceux qui y seront demain, qui font partie des groupes d'usagers.
C'était certainement parmi les objectifs de ce projet de réforme
de rapprocher le plus possible les premiers intéressés,
c'est-à-dire les usagers. Je sais que nous, les députés du
Parti québécois de Montréal, à l'intérieur
du caucus, avons écrit à nos collègues libéraux de
Montréal pour leur demander de convaincre leur leader d'acquiescer
à cette demande qui, je pense, allait dans le sens des
intérêts des usagers montréalais.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, les membres de la
commission auraient intérêt à se rappeler, en particulier
nos collègues du Parti libéral, qu'il y a déjà eu
une expérience de tentée il n'y a pas tellement longtemps. Cela
n'aurait pas été un précédent d'accorder à
une commission parlementaire élue de l'Assemblée nationale
l'autorisation de se déplacer dans tout le Québec ou encore de
siéger dans une région en particulier.
Je préside actuellement une commission parlementaire
spéciale sur la protection de la jeunesse et c'est cette commission qui
a donné le ton et innové en tenant au cours des derniers mois une
série d'audiences publiques en vertu de notre règlement de
l'Assemblée nationale un peu partout au Québec. Je pense que nos
collègues ici présents du Parti libéral auraient
peut-être eu intérêt à consulter leurs propres
collègues qui ont participé à cette commission
parlementaire spéciale sur la protection de la jeunesse, qui ont
vécu l'expérience d'une commission parlementaire
itinérante, qui ont vu l'importance qu'il y avait maintenant au
Québec de rapprocher l'institution parlementaire des gens dans leurs
milieux respectifs pour que finalement les citoyens puissent avoir accès
plus facilement aux députés, au Parlement et aux institutions qui
composent le parlementarisme québécois.
Je pense que tous et chacun - on le verra dans le rapport de la
commission - ont apprécié cette expérience et je crois que
les gens qui ont pu assister à cette commission parlementaire dans
différentes villes du Québec se sont rendu compte qu'il y avait
intérêt pour les citoyens, pour la population à faire en
sorte que les institutions parlementaires québécoises ne soient
pas confinées dans la capitale.
Par ailleurs, je voudrais souligner aussi, à titre de
député de la rive sud, l'importance des travaux qu'on va faire au
cours des prochains jours. Pour nous, la proposition gouvernementale est
importante parce que, pour beaucoup de municipalités de la rive sud,
l'avenir est un peu lié à la situation du transport en commun.
Dans la mesure où on n'arriverait pas au cours des prochains mois
à trouver des solutions à des problèmes qui existent
actuellement, on va finir par se retrouver dans des situations assez difficiles
dans plusieurs secteurs de la rive sud, en particulier dans le secteur que je
représente, c'est-à-dire un secteur qui est à la limite de
la zone urbaine. Il y a beaucoup de danger pour nous qu'on ne trouve pas des
solutions au problème, par exemple, du train de banlieue, au
problème des structures confuses au niveau des décisions au plan
municipal parce qu'on sait que sur la rive sud de Montréal il y a un
conseil des maires. En fait, il y a un certain nombre de municipalités
qui sont associées entre elles au sein d'une commission de transport qui
est la Commission de transport de la rive sud de Montréal, mais il y a
aussi d'autres municipalités qui sont desservies par la même
commission de transport, mais qui n'ont pas voix au chapitre, qui sont des
municipalités hors territoire et qui, au cours des dernières
années, ont été amenées à payer des factures
sans avoir un seul mot à dire.
Il y a tout le problème de la qualité des services, des
horaires qui sont importants pour des gens qui, même si on peut le
déplorer après coup, sont venus s'installer en banlieue;
maintenant, ils y résident. Donc, ils
y ont fait leur vie et ils travaillent toujours à
Montréal. On pourrait toujours essayer d'amorcer un mouvement de retour
vers la ville, mais la réalité est que ces municipalités
existent actuellement, ces communautés existent et il va falloir aussi
faire en sorte qu'on ne crée pas sur la rive sud des problèmes
qu'on a créés à Montréal il y a quelques
années, parce que l'île de Montréal et la ville de
Montréal ont vu une partie de la population émigrer vers
l'extérieur. Si on amorçait le mouvement inverse, on se
retrouverait avec des problèmes dans nos municipalités qu'on a
déplorés à Montréal.
C'est dans ce sens-là que, comme député de la rive
sud, comme député du comté de Verchères, je pense
que les citoyens de mon comté, de ma région sont
particulièrement intéressés, préoccupés par
les travaux de cette commission parlementaire. On peut dire au ministre que les
gens de mon comté espèrent qu'on va arriver le plus rapidement
possible à des solutions qui vont leur permettre, par exemple, dans la
région de Beloeil-Saint-Hilaire, de retrouver l'usage d'un train de
banlieue qui est disparu. Il y avait deux trains, à deux heures
différentes, le matin et le soir, et, depuis quelques semaines, depuis
le début de septembre, à la suite d'une décision du
gouvernement fédéral, ce train n'est plus disponible pour les
citoyens de Beloeil et de Saint-Hilaire, et de la région de la rive sud.
Les gens actuellement sont obligés de prendre leur auto, donc
d'augmenter les problèmes sur les voies d'accès vers
Montréal, plutôt que de se rabattre sur un train qui ne fait pas
leur affaire, qui est le premier train, qui est à une heure qui est trop
tôt pour leurs besoins. (11 h 15)
C'est dans ce sens que je veux participer le plus activement possible
à cette commission. Je suis heureux déjà de constater,
dans les mémoires qui ont été présentés
devant la commission, qu'il y a un nombre important de mémoires de la
rive sud et, en particulier, des municipalités de mon comté.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je voudrais, non
seulement à titre de député de Châteauguay, mais
aussi à titre de président du conseil des députés
de la région sud, intervenir ce matin pour déplorer que la
formation libérale ait refusé de donner son consentement pour que
la commission parlementaire puisse siéger dans la région de
Montréal. Je pense que les cinq minutes que le député de
Laporte a mises à intervenir sur cette question ont rendu très
suspecte son intervention de ce matin à ce sujet. Il était,
d'ailleurs, dans notre intention à nous, du parti ministériel, de
ne pas faire de plat avec cette affaire, mais puisque le député
de Laporte a pris lui-même le soin ce matin de nous en parler, il faut en
parler, nous aussi. L'esprit de notre règlement veut que, quand toutes
les formations présentes à l'Assemblée nationale donnent
leur consentement pour qu'un geste soit posé, cela devienne possible
à ce moment. M. le député de Laporte et sa formation
politique ont utilisé le règlement pour se cacher, alors qu'en
réalité ils pouvaient utiliser ce règlement pour ouvrir la
porte à cette commission parlementaire pour qu'elle siège dans la
région de Montréal où se trouve la très grande
majorité des intervenants concernés par la réforme que le
ministre veut faire.
La formation libérale avait le pouvoir de nous rapprocher des
gens concernés. Il est tout à fait déplorable qu'elle ait
refusé cela. D'ailleurs, on a cru comprendre que c'était la
décision du chef du Parti libéral de faire en sorte que cela ne
soit pas possible. Aujourd'hui, la formation libérale essaie de cacher
l'ineptie de son chef. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, très
brièvement, une réplique avant de laisser le mot final au
ministre. Je voudrais simplement, durant une minute environ, relever certains
propos dans ce qu'a dit le député de Verchères. Le
député de Verchères a été très subtil
et aussi très prudent quand il a fait état d'un
précédent. Il a dit qu'il présidait une commission
parlementaire spéciale. Évidemment, dans le texte que j'ai lu
tout à l'heure, qui émanait du Parti libéral, on a dit
qu'il n'est jamais arrivé qu'une commission parlementaire
régulière tienne des assemblées. Donc, si je comprends
bien, nous sommes du même avis tous les deux et, en ce qui concerne les
commissions parlementaires régulières, le Parti libéral a
bien dit qu'il n'y avait jamais eu de précédent.
Maintenant, pour ce qui est d'autres points qu'ont soulevés
tantôt le député de Châteauguay et la
députée de Maisonneuve, je signale seulement qu'en ce qui
concerne la députée de Maisonneuve, encore une fois, elle a
décidé de voter avec l'Opposition et qu'elle corrobore les propos
que nous avons tenus, à savoir que cela va prendre des critères
objectifs et un cadre de fonctionnement pour qu'on puisse s'entendre, puisque,
comme on l'a si bien souligné tout à l'heure, quand l'Opposition
ou certains députés de l'Opposition ont demandé de tenir
une commission parlementaire à Baie-Comeau
ce qui ne faisait pas l'affaire du gouvernement - évidemment, le
gouvernement a refusé et, aujourd'hui, quand le gouvernement veut tenir
une commission parlementaire à Montréal, nous disons: Si on est
pour commencer à décider à la pièce, on est aussi
bien de faire comme le suggère la députée de Maisonneuve,
c'est-à-dire trouver des critères objectifs et de s'entendre une
fois pour toutes. Là-dessus, on s'entend. M. le ministre, je vous
cède la parole pour qu'on puisse entendre le plus tôt possible le
président de la CUM.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je serai assez bref sur la
question de la commission parlementaire à Montréal.
Peut-être étais-je inconscient de tout le débat qu'on
allait soulever, mais je croyais simplement que, compte tenu que le transport
en commun dans la région de Montréal concerne à peu
près trois quarts de million d'usagers par jour, il me paraissait que
c'était une idée valable, par-delà les fleurs du tapis
parlementaire, qu'on puisse, sans attendre toute la réforme
parlementaire, faire siéger cette commission à Montréal,
puisque les usagers sont certainement les premiers intéressés et
que, s'ils sont, dans un grand nombre de cas, des usagers captifs du transport
en commun, cela aurait été avantageux pour eux qu'ils puissent
venir se faire entendre à Montréal.
Quoi qu'il en soit, je n'avais pas soulevé moi-même cette
question; je vous dirai simplement que dans ma pratique, j'ai toujours retenu
que, quand quelqu'un se défend sans même être accusé,
comme cela a été le cas lorsque le député de
Laporte a pris la parole, c'est généralement parce qu'il se sent
coupable et qu'il tient à confesser immédiatement une part de
responsabilité.
M. Bourbeau: On avait été accusés à
de nombreuses reprises, M. le ministre.
M. Clair: Sherlock Holmes n'aurait pas besoin de beaucoup plus
d'indices pour trouver qui est le coupable. En tout cas! Sur les quatre points
qui ont été soulevés par le député de
Laporte, rapidement, je voudrais d'abord le remercier de son approche qui
semble très positive sur l'ensemble de la problématique. Je pense
que nous partageons au moins l'analyse des problèmes. Nous verrons en
cours de route si nous pouvons partager l'analyse des solutions.
Je suis content de voir que sur deux des principes fondamentaux il
annonce que son parti appuiera le nôtre. Cela pourra faciliter la mise en
marche, sinon totale du moins partielle, de la réforme si jamais
c'était le cas.
Quant aux quatre points qu'il soulève, je voudrais y aller
très brièvement parce que je pense que c'est plutôt des
points d'information. En ce qui concerne les pouvoirs et la structure de
l'organisme régional de transport, le député de Laporte
dit: On ne voudrait pas que ce soit un exploitant. Réponse du ministre
des Transports: Nous non plus. On veut que ce soit une structure
légère. Réponse du ministre des Transports: Nous aussi.
Tout ce qu'on pourra étudier pour aller dans ce sens-là, nous
sommes disposés à l'examiner. C'est une table de concertation que
nous souhaitons, mais une chose est certaine, c'est que si on veut que cette
table de concertation donne des résultats, il faut cependant, quant
à nous, qu'elle soit décisionnelle, sans quoi, ce qui va se
passer autour de la table de concertation, cela va être du placotage.
C'est très utile pour la conversation, mais cela ne fait pas tellement
avancer les décisions.
En ce qui concerne l'affirmation du député que le
gouvernement reviendrait sur son engagement de défrayer 100% des
coûts du service de la dette du métro, je lui rappelle deux
choses. Premièrement, quant à l'accord qui a été
signé entre la CUM et le gouvernement du Québec, cet engagement
va maintenant pouvoir être tenu puisque c'était conditionnel
à l'intégration des trains de banlieue. Première chose, le
gouvernement n'a pas dit dans la proposition qu'il n'allait pas payer
rétroactivement aux 717 000 000 $ 100% des immobilisations courues
pendant ce temps-là.
Quant à l'avenir, la proposition démontre clairement que,
si l'on prend uniquement le service de la dette du métro, ce que nous
disions dans la proposition gouvernementale, d'après les chiffres dont
on disposait, c'est que cela allait constituer pour les trois prochaines
années une économie d'environ 13 000 000 $ pour les villes de la
Communauté urbaine de Montréal sur la taxation foncière.
Or, les chiffres qui nous sont soumis par la Communauté urbaine de
Montréal et par la ville de Montréal démontrent, si j'ai
b.ien compris les tableaux qui nous sont soumis, une économie de 18 000
000 $ plutôt que de 13 000 000 $ sur le service de la dette du
métro. Donc, dire qu'on veut se décharger de nos
responsabilités sur les municipalités, je pense que c'est
inexact. Ce qu'on veut, c'est un nouvel équilibre des partenaires dans
le transport en commun.
Troisième point, le député de Laporte reprend la
rengaine que les automobilistes seraient la vache à lait du
gouvernement. Là-dessus, je lui dirai simplement que c'est une question
de philosophie et de vision du présent et de l'avenir. On ne veut rien
faire contre les automobilistes, mais nous pensons que c'est notre
responsabilité, à ce moment-
ci du développement de la société et des modes de
transport, de faire à peu près ce qui se fait dans l'ensemble des
grandes agglomérations, c'est-à-dire donner priorité au
transport en commun et, plutôt que de faciliter la construction de
nouvelles infrastructures routières, de faciliter l'utilisation du
transport privé, nous croyons que nous devons faciliter celle du
transport en commun.
Quatrièmement, le député s'intéresse aux
questions de moyens de transport léger en utilisant les infrastructures
existantes. Je lui dirai là-dessus que je ne vois pas le
désaccord qui peut exister entre lui et moi sur cette question-là
puisque c'est justement une volonté clairement affirmée du
gouvernement dans plusieurs énoncés politiques d'aller vers le
covoiturage. C'est déjà annoncé que dès cet
automne, si vous y êtes disposés, la première loi qu'on
pourrait adopter très rapidement, ce serait la légalisation du
covoiturage. Cela prendrait 10 minutes, on va être prêt.
Cinquièmement, en ce qui concerne le taxi collectif, nous avons
une proposition de réforme qui propose d'aller justement vers le taxi
collectif. En ce qui concerne les voies réservées, une voie est
déjà en place sur la rive sud de Montréal et j'ai le
plaisir de rappeler que, grâce à l'initiative du COTREM, de la
commission de transport de Laval et de la ville de Laval, une deuxième
voie réservée pourra être mise en application très
prochainement avec la collaboration aussi de mon collègue, l'adjoint
parlementaire, le député de Vimont. Je pense que sur cela il n'y
a pas de désaccord, au contraire, c'est une question de savoir à
quel rythme on peut introduire ces changements qui sont fondamentaux. Je pense
que les désaccords sont beaucoup moins importants que ceux qu'on peut
laisser voir à première vue.
En terminant, M. le Président, je rappelle simplement que
l'ensemble de la proposition est soumis à la discussion. Ce que je
souhaite le plus au cours des prochains jours, c'est que les intervenants
viennent la critiquer, la modifier par des propositions, de la façon
qu'ils le jugeront à propos. Le seul comportement qui
m'apparaîtrait regrettable, ce serait simplement de nier l'existence des
problèmes, de nier la nécessité de procéder
à certaines réformes. Il y a peu de mémoires, mais il y en
a quelques-uns où la position des intervenants c'est de dire: Ne changez
rien, c'est parfait comme c'est là. Je vous dis, sur ce point de vue,
que ce n'est pas la lecture que nous faisons de la réalité et
j'espère que tous ceux qui viendront seront animés par cette
volonté d'améliorer la situation actuelle; c'est cette
volonté qui nous anime. Maintenant, nous sommes prêts dans cet
esprit à entendre immédiatement M. Des Marais.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Ceci étant dit, nous sommes bien à Québec.
J'inviterais M. Pierre Des Marais II à s'approcher de la table du centre
et à présenter son mémoire. M. Des Marais, est-ce que vous
avez l'intention de le lire au complet ou d'en faire un
résumé?
M. Des Marais II: M. le Président, de le lire en bonne
partie. J'indiquerai le moment où je sortirai du texte pour permettre le
suivi.
Audition de personnes et d'organismes
M. Pierre Des Marais II, à titre
personnel
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
M. Des Marais II: M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs les membres de la commission, je vous remercie d'avoir
accepté de me recevoir dans des circonstances peut-être un peu
délicates vu la position que la Communauté urbaine de
Montréal a prise eu égard à sa représentation ici
devant cette commission. Pour tenter de satisfaire aux besoins de la
commission, j'ai adopté la procédure suivante au comité
exécutif, c'est-à-dire que j'ai formé un groupe de travail
des différents techniciens qui, au cours de l'été, ont
colligé des documents qui ont été remis et
déposés au comité exécutif de façon que les
différents intervenants, en particulier la ville de Montréal et
la Conférence des maires de banlieue, puissent puiser à une
source de haute autorité les renseignements dont ils auraient besoin
pour se présenter devant cette commission.
Aujourd'hui, m'accompagnent, comme membres de ce comité technique
qui a colligé les renseignements, différentes personnes de la
communauté urbaine que je voudrais identifier: M. Joannette, le
trésorier adjoint, M. Gascon du BTM, Me Bourgeois de l'étude
légale de la Communauté urbaine de Montréal, M. Gravel
directeur du service de la planification, M. Jean-Pierre Blais du
secrétariat général et, enfin, M. Gamache qui a
coordonné à l'intérieur de mon bureau les travaux de ce
comité technique, lequel, en passant, a obtenu la collaboration totale
et entière de deux autres organismes: un qui pour le moment
échappe à la Communauté urbaine de Montréal en
partie, la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, et aussi le COTREM où il y a eu une excellente
collaboration.
Le Président (M. Boucher): Si les personnes que vous avez
nommées veulent
prendre place à la table du centre, ce sera à leur
discrétion. Merci.
M. Des Marais II: M. le Président, j'attache d'autant plus
d'importance au fait de pouvoir m'adresser à cette commission qu'au
moment où j'ai été élu président du
comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal j'avais mentionné que la question du transport serait
primordiale et que je tenterais avec l'aide de mes collègues de remettre
en marche les projets qui avaient été, pour toutes sortes de
bonnes raisons, arrêtés; je dois dire que jusqu'à un
certain point, cela s'est fait. Si on se retrouve aujourd'hui avec un projet,
je vois de très bon augure la solution à ces problèmes.
C'est une implication qui a été bien personnelle, mais qui s'est
faite encore une fois après amples consultations. (11 h 30)
Nous poursuivons un but, celui de proposer la création d'une
table de concertation entre les élus municipaux de la région de
Montréal qui sont responsables des réseaux locaux de transport en
commun pour un périmètre de transport donné, à la
condition que soient améliorés les aspects inhérents
à l'industrie du transport en commun, tout en respectant l'autonomie et
la compétence des organismes politiques et administratifs de la
région de Montréal. Cette table pourrait répondre aux
besoins de concertation entre les élus de la région, en
particulier en ce qui a trait à l'intégration tarifaire des
réseaux. Depuis plus d'un an, la création d'un tel organisme fait
l'objet de nombreuses réflexions, lesquelles ont abouti à
d'heureuses initiatives entreprises par le gouvernement du Québec,
telles que la publication d'une "proposition gouvernementale concernant
l'organisation et le financement du transport en commun dans la région
de Montréal" et la présente commission parlementaire.
Ce mémoire s'inscrit dans le contexte de cette réflexion
et présente une analyse sommaire de la proposition gouvernementale. Il
contient certaines informations complémentaires à celle-ci et il
défend plusieurs points de vue, avance certaines mises en garde et,
finalement, appuie la création d'un ORT - organisme régional de
transport - mais d'un ORT léger qui respectera et complétera les
pouvoirs et pratiques des structures politiques et administratives existantes.
Enfin, il a été rédigé dans un contexte positif
à l'égard des travaux entrepris par le gouvernement du
Québec et, par conséquent, se veut une réelle contribution
afin de conserver la présente efficacité de nos systèmes
de transport en commun.
J'ai l'intention, M. le Président, de sauter les pages qui
suivent, le cadre d'analyse, les principes directeurs, l'autonomie locale des
choses que nous connaissons, l'équité fiscale, la participation
volontaire, l'efficacité, pour en venir au point 1.2, la
Communauté urbaine de Montréal. Je voudrais rappeler, même
si on la connaît, quand même pour la situer au début de ces
travaux très importants, que la communauté est avant tout une
forme de gouvernement régional couvrant le territoire de 29
municipalités qui regroupent plus de 60% de la population de la
région métropolitaine de recensement de Montréal. On
retrouve sur le territoire de la communauté 75% de l'activité
économique, 78% des revenus, 78% des emplois, 73% de l'assiette
imposable d'évaluation foncière élargie, 70% des
destinations au centre-ville originent du territoire de la communauté et
92% du transport en commun est effectué par la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Montréal. C'est un organisme
mandataire qui possède toutes les compétences nécessaires
en divers domaines, dont celui du transport en commun, pour réaliser des
économies d'échelle.
La récente loi no 46 modifiant la loi de la communauté a
amélioré et va en améliorer grandement le fonctionnement
général. Par celle-ci, la communauté possédera
d'ici peu des commissions consultatives dont une sur le transport en commun, un
comité exécutif paritaire entre la ville de Montréal et
les autres municipalités membres, des mécanismes de
contrôle accrus. En résumé, la communauté est un
organisme supramunicipal qui possède plus de douze années
d'expérience, des ressources intégrées, surtout en
transport en commun. La communauté urbaine est appelée à
poursuivre un rôle de premier plan dans notre environnement.
Lorsqu'en mai 1981 je soumettais au ministre des Transports le document
intitulé Proposition pour la création d'un organisme
régional de transport, je mettais de l'avant certaines positions qu'il
m'apparaît aujourd'hui nécessaire de rappeler. Je
préconisais alors un ORT dont les compétences et les structures
étaient les suivantes: organisme décisionnel pour la
planification, la réalisation, la gestion, le financement,
l'intégration tarifaire et la tarification du transport en commun
rapide; organisme dirigé par les élus du territoire
(communauté urbaine, ville de Montréal, villes de banlieue, MRC),
délimité par un périmètre de transport; organisme
composé d'un conseil de 20 membres, assisté d'un comité
technique et, particulièrement, un organisme financé par la
région, donc possédant une source de taxation autonome à
partir d'une taxe régionale sur l'essence et les plaques
d'immatriculation.
Il convient de dire ici que, si la proposition soumise par le
gouvernement comporte des points de convergence, elle
compte également plusieurs éléments de
différence avec le document de travail alors proposé. Il serait,
évidemment, souhaitable qu'il existe une concordance parfaite des deux
points de vue, mais, puisqu'il en va tout autrement, je dois faire
connaître mes raisons aux membres de la commission parlementaire
gouvernementale.
En résumé, le but que je poursuivais alors était de
corriger un problème particulier à la communauté, soit les
effets de débordement, c'est-à-dire de tenter de répartir
équitablement le coût des infrastructures entre tous leurs
bénéficiaires, y compris les non-résidents qui profitent
grandement des services disponibles sur la communauté. Il est
intéressant d'ajouter que si cette proposition avait été
acceptée à l'époque, du moins sous ses aspects financiers,
la répartition des coûts de la communauté urbaine à
la ville de Montréal aurait été réduite de 42 000
000 $ par année et de 37 000 000 $ pour les autres municipalités
de la communauté. Ainsi, le taux de la taxe foncière pour le
transport en commun aurait diminué de 0,30 $, environ, par 100 $
d'évaluation pour se situer à un niveau comparable aux
municipalités de Laval et de la rive sud. Cette réduction aurait
donc permis de corriger en partie les problèmes inhérents aux
effets de débordement, par ailleurs toujours existants et tout aussi
aigus aujourd'hui qu'ils l'étaient hier. C'est pourquoi, comme vous le
constaterez à la fin de ce mémoire, je propose encore une fois
certaines solutions dans ce sens.
En terminant, M. le Président, sur cette question, j'insiste pour
souligner que le présent projet gouvernemental de création d'un
ORT est si différent de celui que je proposais en 1981 que je ne me sens
aucunement lié par la proposition que je présentais alors.
L'objectif poursuivi par la proposition gouvernementale est, à ce
qu'il parait, de réformer le cadre financier actuel. Plus
précisément, le gouvernement du Québec désire
réduire sa contribution financière au transport en commun. La
présente conjoncture économique, tout comme l'état
général des finances du Québec conditionnent cette prise
de position à laquelle on ne peut que souscrire et collaborer, pour
autant que le déplacement du fardeau financier du Québec ne se
réalise pas à l'encontre des intérêts de la
population de la Communauté urbaine de Montréal.
Le second objectif vise à souligner la volonté du
gouvernement du Québec de privilégier les transports collectifs
dans la région de Montréal. À cette fin, la proposition
ambitionne d'augmenter l'achalandage dans cette industrie par une
intégration tarifaire entre les différents réseaux. Encore
ici, je souscris à cet objectif, mais je dois rappeler que cette
intégration tarifaire est totalement réalisée entre les
autobus, le métro et les trains de banlieue sur le territoire de la
communauté.
Le troisième objectif poursuivi, ayant trait au cadre
institutionnel, m'apparaît n'être que le prolongement d'une
volonté encore plus grande d'une implantation de la bureaucratie
gouvernementale qui, à ce jour, est déjà non fonctionnelle
dans la région de Montréal en matière de transport en
commun. Celle-ci désire contrôler, à tous les niveaux et
à toutes les étapes, les systèmes politiques et
opérationnels en matière de transport en commun établis
dans la région de Montréal. On ne peut d'aucune façon
souscrire à cette objectif, et ce, au nom des principes reconnus, des
institutions existantes, ainsi que de l'efficacité. Autrement, le
premier objectif, soit la réforme du cadre financier, ne sera jamais
atteint.
Plusieurs autres objectifs se greffent à ces trois premiers, tels
que la diminution de la consommation d'énergie, la consolidation du
tissu urbain et l'amélioration de la qualité de la vie.
La description donnée dans la proposition gouvernementale
décrit assez bien la problématique du développement urbain
dans la région de Montréal. L'analyse de l'évolution
démographique démontre clairement que l'accroissement de la
population pendant les vingt dernières années a eu lieu en dehors
du territoire de la communauté. La différenciation entre les
lieux de résidence et ceux du travail engendre des déplacements
quotidiens de plus en plus nombreux. La majorité de ces
déplacements converge vers la zone centrale considérée
comme la bassin d'emploi de toute la région. L'automobile est la grande
responsable de l'éparpillement urbain, la source de cette
fragmentation.
La partie de la proposition visant à inciter les gens à
s'installer à l'intérieur des limites actuelles du territoire
urbanisé, ceci afin de freiner l'étalement urbain, est conforme
à l'option préférable d'aménagement de la
région montréalaise. Le développement
accéléré et prioritaire de l'île de Montréal
est souhaité par tous. La communauté a exprimé dans le
concept préliminaire du schéma d'aménagement,
déposé au mois de mars 1982, sa priorité de
développer l'île tout en améliorant la qualité de la
vie. Je vous rappelle, à cet effet, que cette fonction correspond
à certains principes correspondant à la loi 125, dont ceux
affirmant que les décisions d'aménagement sont d'abord des gestes
politiques, que la participation des citoyens doit être assurée
tant par l'information que par la consultation, que le schéma
d'aménagement lie le gouvernement du Québec, ses
ministères et mandataires lorsque ces derniers désirent
intervenir par l'implantation
d'un équipement, d'une infrastructure ou par la
réalisation de travaux.
En abritant 80% des emplois tertiaires de toute la région, plus
de 50% des emplois manufacturiers et en recevant plus de 70% de la
main-d'oeuvre totale de celle-ci, les territoires de la communauté
constituent, sans équivoque, la plus importante entité
économique de la région. Certains territoires, Laval et une
partie de la rive sud, à cause de l'existence de noyaux
d'activités économiques, forment des liens importants avec la
communauté. Mais ce qui ne cesse d'étonner, c'est de constater
que plusieurs municipalités ne présentant aucun lien
étroit avec l'île sont incluses dans les territoires de
l'organisme régional de transport, alors que Mirabel, à titre
d'exemple, en est exclus. Il faut, de plus, noter que le territoire
proposé ne respecte pas les limites des MRC pour lesquelles le
gouvernement a consacré des années d'efforts soutenus, efforts
couronnés par une loi créant ces nouveaux organismes.
L'aire d'intervention ainsi affectée par la proposition se
compose donc de plusieurs municipalités se situant dans un
périmètre de 40 kilomètres de Montréal. Ces
municipalités seraient intégrées par des liens à
créer, liens susceptibles de former ainsi une entité
socio-économique. De plus, la proposition raccorde à cette
entité les municipalités éloignées desservies par
l'une des commissions de transport. La région métropolitaine de
recensement a donc été retenue en vue de la répartition
des coûts du transport en commun à un plus grand nombre de
municipalités. À cet égard, signalons qu'il est anormal
que la proposition ne tienne pas compte de la provenance et de la destination
de la majorité des déplacements. Le découpage
proposé ne constitue pas ainsi une entité complète en
termes de territoire urbain pour fins de transport. En somme, ce que je
déplore, c'est la création d'un nouveau découpage qui
ignore tous les autres.
La proposition permet une réduction de tarif appréciable
à toutes les zones desservies en dehors du territoire de la
communauté. Au total, le nombre d'usagers en provenance de la rive sud
et de Laval qui bénéficient d'une baisse de tarif
s'élève à 15 945 et 18 000, soit 30% et 55%, contre
uniquement 5000 en provenance de la communauté, soit 2,2%. Par contre,
111 000 usagers de l'île subissent une hausse contre uniquement 26 000
usagers de la rive sud et 3395 usagers de Laval. D'ores et déjà,
la Communauté urbaine de Montréal est défavorisée
par ce modèle de tarification qui profite au reste de la région.
Ainsi, ceux qui franchissent de courtes distances, généralement
les plus démunis, bénéficient non pas d'une baisse, mais
subventionnent les autres passagers. Cette situation va à l'encontre des
principes énoncés par le gouvernement.
D'une façon concrète, plusieurs villes de la
communauté, en plus d'un morcellement aléatoire par
l'établissement de zones, subissent une augmentation de tarif. Ainsi,
par exemple, les villes de Saint-Pierre, Montréal-Ouest,
Côte-Saint-Luc, Mont-Royal, Saint-Laurent, Saint-Léonard, LaSalle
et le quartier Ahunstic de Montréal, de même qu'une partie de
Lachine augmenteraient de 21 $ à 23 $. Anjou, Montréal-Est,
Dollard-des-Ormeaux, Roxboro, Dorval, une partie de Montréal, de
Montréal-Nord et de Lachine subiraient une augmentation de 4 $, soit de
21 $ à 25 $. Pointe-Claire, Sainte-Geneviève, une partie de
Kirkland, de Beaconsfield, de Pierrefonds et de Dollard-des-Ormeaux, le
quartier de Rivière-des-Prairies et le quartier de Pointe-aux-Trembles
subiraient une hausse de 6 $. Enfin, Sainte-Anne-de-Bellevue, Senneville,
Baie-d'Urfé, une partie de Kirkland, de Beaconsfield, de Pierrefonds, et
l'île-Bizard se verraient infliger une augmentation de 8 $.
De plus, comment peut-on ne pas imaginer les difficultés
opérationnelles créées par ces zones? Elles ne
déboucheront que sur un accroissement de frais engendrés par la
nécessité des contrôles inhérents à la
création de zones.
Cette critique, en plus de s'appuyer sur l'analyse d'aménagement
du territoire, s'appuie surtout sur des principes d'équité
fiscale. Comme vous le savez tous, l'ensemble des municipalités du
territoire de la CTCUM participe, via le potentiel fiscal, aux frais du
transport en commun sur le territoire de la commission et ce,
indépendamment des distances effectuées, des modes
utilisés par leurs contribuables.
Sachant que les coûts de transport ont un impact direct sur la
localisation résidentielle, la structure tarifaire proposée dans
certains secteurs nuirait au développement de ces derniers. Ne pas en
tenir compte, c'est aussi ignorer les efforts et les intentions de la
communauté en matière d'aménagement du territoire. Ces
intentions, conformes à celles du gouvernement, définissent le
concept préliminaire du schéma d'aménagement, lequel a
fait l'objet d'une tournée de consultation dans la majorité des
municipalités membres. Par conséquent, en termes
d'aménagement du territoire et d'équité fiscale, compte
tenu de la structure politique de la communauté, on se doit de soutenir
le maintien d'une seule zone sur le territoire de la communauté,
respectant ainsi l'entité politico-administrative qu'est la
communauté. Aucun secteur n'est augmenté et, par
conséquent, pénalisé. Le tarif unique est
compétitif par rapport au plus bas de la région, 21 $ contre 27 $
pour Longueuil et Saint-Lambert.
Quant à l'organisation des services de
transport en commun, la proposition gouvernementale avance plusieurs
jugements de valeur sur le fonctionnement des services de transport en commun
dans la région de Montréal.
Je vais passer les statistiques du 2.2.1 pour aller, M. le
Président, après les tableaux, à la page 24, sur la
tarification.
Selon la proposition, le système de tarification unique en
vigueur actuellement est en grande partie responsable du mauvais état
financier des transports collectifs. On reproche aussi au système de
financement actuel de ne pas être basé sur la distance parcourue,
de sorte que les usagers se déplaçant sur une courte distance
paient proportionnellement plus que ceux qui parcourent une distance plus
longue. Cette sous-tarification entraînerait ainsi une perte de revenus
pour les exploitants. Rappelons que la plupart des études
démontrent que l'usager est plus sensible à la qualité du
service qu'au tarif. L'élasticité est de l'ordre de 30% en ce qui
concerne la qualité de service, par rapport à une
élasticité des tarifs de l'ordre de 15% à
l'intérieur du territoire de la CTCUM. (11 h 45)
Le système de tarification unique actuellement en vigueur n'est
pas aussi inéquitable que le laisse entendre la proposition. En effet,
l'enquête origine-destination 1978 de la CTCUM démontre que la
majorité des usagers des trois commissions de transport se
déplacent sur une courte distance. La distance moyenne de parcours est
de 6,6 kilomètres et 90% des usagers se déplacent sur une
distance inférieure à 10 kilomètres. Il est
également affirmé que la double tarification actuelle entre les
réseaux inciterait certains usagers à éviter les modes
à grande capacité, tels le métro et les trains,
entraînant ainsi une hausse des coûts d'exploitation. Cette
affirmation fait abstraction du processus de décision rationnel du
consommateur. En effet, ce principe dit que le choix du mode de transport est
basé sur un coût généralisé bien
différent du coût monétaire, soit le tarif.
Pour ce qui du choix modal, cette fonction de coût
généralisé se définit à partir des
paramètres suivants: le tarif, le temps d'attente, le temps de transport
et le confort. Toutes les études sur le sujet démontrent alors
clairement que les paramètres sont beaucoup plus importants aux yeux de
l'usager que le tarif. Par exemple, pourquoi pénaliser par une
augmentation de tarif le petit nombre d'usagers qui se déplacent entre
Sainte-Anne-de-Bellevue et le centre-ville, alors qu'ils le sont
déjà par un temps de déplacement relativement long.
Il est estimé, dans la proposition gouvernementale, que le
système tarifaire proposé entraînerait une hausse
d'achalandage globale de 3%, tout en augmentant légèrement les
revenus. Comme la théorie économique et les études
empiriques démontrent que le taux d'élasticité est
inférieur à l'unité, il est impossible d'en arriver, sans
commettre d'erreur de méthodologie, à une augmentation
simultanée d'achalandage et de revenus.
La structure tarifaire proposée, en plus d'être
fondée sur une mauvaise base analytique, tant au niveau de
l'élaboration qu'au niveau de l'évaluation, entraînerait de
nombreux désavantages pour l'usager, tels que l'implantation d'une
billetterie complexe, pouvant même faire augmenter son coût
généralisé.
La CAM. Les transports collectifs ont connu une hausse d'achalandage
importante au cours des dernières années, hausse causée,
selon la proposition gouvernementale, par l'augmentation du prix de l'essence
et l'introduction des laissez-passer mensuels. Bien que l'effet positif de ces
facteurs pour l'achalandage ne peut être mis en doute, il est cependant
permis de croire que le facteur prédominant est l'introduction du
laissez-passer, contrairement à ce qui est avancé par le
ministère. En effet, on estime que l'introduction de la CAM a fait
augmenter l'achalandage de la CTCUM d'environ 10%. Il est permis de conclure
que la hausse de contribution du gouvernement au financement du transport en
commun a été causée par l'introduction du laissez-passer
mensuel, initiative émanant d'une des politiques de financement du
ministère des Transports du Québec. La structure tarifaire
actuelle n'est aucunement responsable de cette hausse de contribution
gouvernementale, car les déplacements effectués par les usagers
se font généralement sur de courtes distances, comme il a
été souligné.
L'analyse présentée par la proposition et portant sur
l'effet de l'intégration des tarifs et des modes sur les coûts
d'exploitation est très incomplète. En effet, plusieurs
éléments, comme le non-contrôle des voyageurs, le
coût d'équipements supplémentaires (émettrices de
billets et tourniquets sophistiqués) et l'augmentation de la fraude
n'ont pas été évalués. De plus, la mise en place
éventuelle des métros de surface, ainsi que leur
intégration au système actuel, n'entraînerait pas
nécessairement les économies d'échelle anticipées.
Par exemple, la ligne de métro de surface Deux-Montagnes
intégrée entrerait en concurrence directe avec la ligne de
métro 2, la ligne 2 est et la ligne 2 ouest.
Rappelons que les lignes de transport rapide comme les métros de
surface commandent des réseaux de rabattement adéquats, ce qui
représente une augmentation des coûts d'exploitation. Il y aurait
aussi augmentation des coûts d'exploitation causée
par le dédoublement des réseaux de rabattement. Par
exemple, la CTL se verrait dans l'obligation d'offrir un premier réseau
de rabattement orienté sur la ligne Deux-Montagnes et un second
orienté sur la ligne de métro 2. Une partie de la
clientèle de Laval se verrait même dans l'obligation d'utiliser le
métro de surface en dépit de sa préférence
naturelle à utiliser le réseau du métro.
Rapidement, M. le Président, quant aux infrastructures et
à leur historique pour se rappeler que le Bureau du métro, qui
avait été créé par la ville de Montréal
à même une division du Service des travaux publics, en 1961, s'est
vu confier la responsabilité de diriger les études et la
construction du réseau initial du métro, un projet qui, à
ce moment, datait d'une cinquantaine d'années. Adaptant une technique
française au contexte nord-américain, les ingénieurs du
Bureau du métro ont réalisé avec succès leur mandat
et ont particulièrement rencontré l'échéancier qui
était le leur, c'est-à-dire d'ouvrir à temps pour
desservir l'Expo 67.
Les succès obtenus ont mené à des études
additionnelles et, à la suite de la création de la
Communauté urbaine de Montréal en 1970, le bureau devient alors
le Bureau de transport métropolitain, chef de file du transport en
commun sur le territoire de la communauté. Le BTM entreprend
l'implantation des ouvrages dans plusieurs villes membres de la CUM en se
souciant particulièrement de respecter le plan d'aménagement des
villes concernées. Un comité d'aménagement de surface
permet au BTM de réaliser cet objectif sans heurt avec les
autorités locales.
La croissance imprévisible des coûts de construction oblige
le gouvernement à imposer soudainement un moratoire sur la construction
du métro, perturbant le programme établi. Par la suite, le
gouvernement a formé le Comité des transports de la région
de Montréal et ce comité a présenté son rapport en
septembre 1977. Il annonçait son accord avec le plan de transport,
rapport qui s'intitulait Le transport public, un bond en avant, proposé
par le BTM et approuvé par la communauté. Éventuellement,
il y a eu la création du COTREM, le Conseil des transports de la
région Montréal et, en 1978, le BTM complète, à la
demande de la communauté, son plan de transport.
Nous en sommes en décembre 1979, où le plan de transport
de la région est dévoilé par le ministre des Transports du
Québec. Selon la proposition gouvernementale: "Le plan de transport a
été préparé sans une véritable participation
des autorités municipales. Cette lacune est sans doute un des principaux
facteurs qui expliquent certains tiraillements et piétinements dans sa
réalisation." Nous connaissons les données principales du plan de
transport.
M. le Président, un mot du BTM et du BTM International. Au BTM,
qui compte maintenant 300 employés dont une centaine d'ingénieurs
et une dizaine d'architectes, on retrouve toutes les compétences
nécessaires pour répondre aux besoins de planification et de
construction des différents réseaux. C'est une expérience
qui est basée sur la construction d'un réseau très
important. Le BTM, compte tenu de sa compétence, s'est maintenant fait
reconnaître à l'échelle mondiale et le gouvernement du
Québec a accepté la proposition de la communauté de mettre
sur pied une société, BTM International, qui s'occupe de
marketing et de consultation à l'étranger, avec profits pour les
contribuables de la communauté et profits aussi pour les entreprises
québécoises qui oeuvrent dans ce domaine.
La proposition gouvernementale reste à peu près muette
quant à l'avenir du BTM à l'intérieur de l'ORT; elle
mentionne qu'il y aurait regroupement avec les quelques employés du
COTREM.
La première hypothèse se traduirait inévitablement
par une perte importante de l'expertise que le BTM s'est acquise au prix
d'efforts soutenus pendant plusieurs années. Ce qui fait sa force, c'est
d'abord la complémentarité des connaissances
possédées par les individus qui le composent, d'une part, et
l'esprit dans lequel le travail s'accomplit, d'autre part. Ces
éléments, fruits d'un travail commun et de longue haleine, ont
engendré de saines relations sur le plan humain et un réseau de
communications rapide qui crée, à la fois, un climat de
collaboration et de bonne entente, de même qu'une grande
efficacité au niveau des réalisations.
La seconde hypothèse, soit le transfert du BTM à l'ORT
comme une entité monolithique, entraînerait la perte de son nom
et, donc, de son identité. Sa renommée chèrement acquise
et qui est reconnue mondialement mourra aussi avec son nom. Pourtant, c'est
grâce à cette réputation bâtie à coups
d'efforts que des entreprises québécoises ont récemment
décroché d'importants contrats sur le marché
international. Le BTM étant un organisme à vocation
spécialisée, il s'est doté de méthodes de travail
et de gestion axées sur la réalisation concrète des
projets qui lui sont confiés. Contrairement au COTREM, il possède
un personnel qu'il a lui-même aguerri et, partant, accorde peu de mandats
à des entreprises extérieures pour l'aider à
réaliser son travail. Le BTM est sûrement capable d'oeuvrer sur
l'ensemble de la région. Il faut certainement laisser le BTM à la
Communauté urbaine de Montréal qui possède, avec ses
autres services et son organisme mandataire de gestion du service de transport
en commun, la CTCUM un
système opérationnel intégré pour bien
construire les infrastructures nécessaires. À cela, ajoutons que
ce système intégré est largement orienté par les
élus, que ce soit par le conseil, la prochaine commission consultative
sur le transport en commun et le comité exécutif de la
communauté.
Le texte de la proposition conclut, après une analyse sommaire,
que le présent cadre institutionnel en matière de transport en
commun dans la région de Montréal est inadéquat sous
plusieurs volets. C'est également sur cette conclusion qu'est
proposée la création d'un organisme régional de transport
ayant des pouvoirs locaux propres aux municipalités, des pouvoirs
régionaux propres à la Communauté urbaine de
Montréal et aux MRC et, enfin, des pouvoirs suprarégionaux.
La discussion présentée dans la proposition apparaissant
incomplète sous certains angles, permettez-moi d'y apporter quelques
réflexions additionnelles en ce qui a trait aux usagers. À
l'examen de la législation applicable en cette matière, on peut
constater que certaines dispositions favorisent l'exercice, par les usagers, de
représentations ou de suggestions auprès des élus
municipaux, notamment en matière de transport en commun.
En effet, la commission permanente du transport en commun qui sera
créée en vertu de la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal telle qu'amendée par la loi 46 devra, dans l'exercice de
ses compétences, tenir des auditions publiques et recevoir des
mémoires, commentaires et propositions des usagers des systèmes
de transport en commun. D'autre part, en ce qui concerne les usagers
disséminés hors du territoire de la communauté, le
mécanisme prévu à la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme pourrait, à l'occasion des consultations publiques, servir
aux fins de consultations sur le transport en commun. Rappelons que la
même possibilité existe lors des séances des conseils
municipaux à l'occasion de la période de questions.
Ces mécanismes sont souples et surtout efficaces puisque la
population peut intervenir directement, en plus de mettre en pratique
l'énoncé du principe de la valorisation des institutions
municipales mis de l'avant par le gouvernement du Québec au cours des
dernières années. Il existe donc des forums de consultations en
matière de transport en commun et, par conséquent, il n'est
sûrement pas utile de créer une commission consultative
régionale pour la population.
Au niveau des municipalités, la loi actuelle donne juridiction
aux conseils municipaux d'instituer des services de transport en commun
à l'intérieur de leur territoire. Au niveau intermunicipal, il
est possible pour plusieurs municipalités de conclure des ententes
relatives au transport en commun pour desservir plusieurs d'entre elles par un
seul service.
Les municipalités régionales de comté, dans
l'élaboration du schéma d'aménagement, traiteront de la
mise en place des infrastructures et des outils de développement que
sont les services de transport en commun. Il est relativement aisé de
s'apercevoir que la mise en place des politiques de transport en commun dans ce
cadre institutionnel est source de conflits, plus particulièrement dans
la région de Montréal où viennent s'ajouter trois des plus
importants transporteurs au Québec: la CTCUM, la CTL et la CTRSM.
Un survol des dispositions législatives applicables au transport
en commun nous permet de constater qu'il est très important d'en
imbriquer les politiques et leur application avec les structures
déjà mises en place au prix de maints efforts. À titre
d'exemple, je suis d'avis qu'il serait imprudent de laisser de
côté les limites des municipalités régionales de
comté dans l'administration du transport en commun. Autrement, chacun
des organismes concernés aurait peine à cerner le territoire de
l'exercice de sa compétence, problème qui
dégénérerait en conflit de juridiction et donc en une
impossibilité d'agir.
En conclusion, il m'apparaît clair que l'on doive respecter les
organismes déjà existants tant au niveau local qu'au niveau
intermunicipal et supramunicipal.
Quant à la Communauté urbaine de Montréal, elle
dispose de larges pouvoirs en matière de transport en commun. Le conseil
de la communauté a créé le Bureau de transport
métropolitain et, en élaborant son mandat, le conseil a pourvu la
communauté d'un outil efficace et souple en plus de
générer des retombées économiques pour l'ensemble
des manufacturiers d'équipements de transport.
La loi 46 a institué la création d'une commission
permanente appelée la commission du transport en commun et celle-ci
tiendra des séances publiques au cours desquelles elle pourra entendre
les citoyens.
Enfin, à l'article 296.1 de la loi sur la communauté, un
pouvoir d'importance y est souligné: "La communauté peut conclure
une entente avec une entreprise de transport en vue de la fourniture d'un
service de transport en commun à l'intérieur du territoire de la
commission entre un point situé à l'intérieur de ce
territoire et un autre situé hors celui-ci. La communauté a tous
les pouvoirs nécessaires à l'application de cette entente."
En conclusion de ce paragraphe, M. le Président, la
communauté a aujourd'hui tous les pouvoirs nécessaires pour
coordonner les différents services de transport en commun,
répondre aux attentes des citoyens et les
entendre quand elle doit le faire. (12 heures)
Je passe rapidement sur l'industrie du taxi qui fait indirectement
partie du débat actuel. Quant aux transporteurs ferroviaires, nous en
sommes rendus aujourd'hui à des ententes signées et conclues avec
eux. À mon avis, c'est une excellente solution aux problèmes qui
sont devant nous, en particulier en ce qui a trait aux relations de travail
alors qu'on se retrouve avec des organismes qui ont des représentants
syndicaux différents, ce qui nous permet de garder, en cas de conflit,
un minimum de services offerts à une partie de la population.
Enfin, le gouvernement du Québec, par son cadre institutionnel,
surveille les projets de la communauté. Le COTREM est déjà
impliqué depuis quelques années et le ministère des
Affaires municipales, de par les approbations qu'il doit accorder dans le cadre
du programme triennal d'immobilisations, est évidemment un partenaire
important.
Quant à l'environnement politique, en septembre 1980, le
gouvernement a fait connaître sa politique globale d'aide au transport en
commun en octroyant des subventions établies par les revenus
générés par les services réguliers du transport en
commun et d'autres pour l'implantation des laissez-passer. De plus, au chapitre
des immobilisations des organismes de transport, le gouvernement a
établi plusieurs types de subventions: achat d'autobus, contrat
location-acquisition, etc. Quant à la communauté, une subvention
de 60% est maintenue pour le réseau initial du métro de
Montréal, ainsi qu'une subvention de 100% pour les travaux de
prolongement du métro selon un protocole d'entente entre la
communauté et le gouvernement du Québec. Encore là, c'est
une situation qui a évolué ces jours derniers puisque la
subvention à 100%, au moment où on se parle, n'était
payable qu'au moment de la conclusion de certaines ententes. Ces ententes sont
maintenant conclues et nous attendons les approbations gouvernementales qui
doivent suivre. Ces politiques ont été modifiées, il
suffit de le rappeler.
Enfin, le comité conjoint Québec-municipalités, qui
a oeuvré à la réforme qui prévoyait
l'élargissement de l'assiette fiscale municipale et un certain
accroissement des revenus des municipalités par le biais du paiement
d'"en lieu" pour les immeubles du réseau gouvernemental, scolaire ou des
affaires sociales. Cette réforme entraînait, de plus, une
réorganisation complète des politiques d'aide aux
municipalités, notamment en matière de transport en commun. Cette
dernière considération fut l'un des motifs de
l'élaboration de la politique d'aide au transport en commun
mentionnée plus haut. J'insiste sur le lien qui unit la nouvelle
politique fiscale et la politique d'aide au transport en commun qui
était intimement liée au moment de sa mise en application.
Il y a eu aussi la revalorisation des institutions municipales, ce qui
m'amène au cadre institutionnel proposé. Se justifiant des
principes de décentralisation, de concertation régionale et de
représentation démocratique, le ministère des Transports
élabore les grandes lignes d'un nouvel organisme suprarégional
doté de pouvoirs décisionnels relatifs à la planification,
à la définition des niveaux de services de tarification, de
redistribution des revenus, d'information et de coordination.
Un sujet fort important est absent de cet exposé, soit le point
de vue du contribuable à qui il revient le droit de définir
lui-même les services qu'il désire et qu'il défraie en
partie. Afin de bien identifier la mesure de ce besoin au caractère
local ou régional des désirs de l'usager comme du contribuable,
rappelons que 95% des déplacements s'effectuent par les trois
commissions de transport. La CTCUM, à elle seule, véhicule 92% de
ces passagers. Les systèmes de transport collectif rapide à haute
capacité se retrouvent à l'heure actuelle en grande partie sur le
territoire de la communauté. L'étendue du réseau initial,
avant la création de la communauté, correspondait à un
besoin local limité sur ledit territoire. Les prolongements plus
récemment construits et ceux en construction correspondent à ce
même besoin.
À la mesure des besoins régionaux, l'usager requiert un
accès facilité entre les divers réseaux et une
intégration tarifaire; il est à noter que cette
intégration, comme je l'ai déjà mentionné, est
complètement réalisée sur le territoire de la
communauté.
La définition des niveaux de services, ainsi que la planification
des systèmes de transport à haute capacité demeurent dans
ce contexte une responsabilité correspondant à des attentes
locales dont les contribuables défraient une importante proportion des
coûts. Les services offerts par les commissions de transport actuelles
dans leur territoire respectif, de même qu'à l'extérieur de
ceux-ci, en raison de leur nature, ont un caractère municipal ou
intermunicipal. C'est pourquoi je suis d'accord avec la proposition
gouvernementale que le contrôle de ces organismes soit confié aux
élus locaux. C'est, d'ailleurs, là une importante innovation de
la loi 46, à la différence que le conseil de la Communauté
urbaine de Montréal garde aussi la responsabilité de l'adoption
des tarifs. Plus encore, le contrôle de la CTCUM par le conseil et le
comité exécutif de la communauté est essentiel pour une
saine administration; il lui est donc important de
contrôler l'administration du transport en commun en instaurant un
contrôle plus serré par les élus. Ainsi, la CTCUM devrait
être dirigée par des élus tout comme à la CTCUQ,
à la CTRSM et à la Commission de transport du Toronto
métropolitain.
La planification d'un réseau de transport en commun et les
coûts de production qui en résultent sont d'abord fonction des
besoins des usagers qui, nous l'avons vu, revêtent un caractère
à prédominance locale. Aussi, la proposition gouvernementale de
régionaliser certains équipements ne correspond nullement au
caractère local de la prise de décision pour la planification et
le développement des systèmes de transport.
L'élaboration du territoire juridique applicable aux
éléments régionaux des besoins de transport en commun doit
tenir compte des véhicules institutionnels existants. Ainsi, lorsque le
gouvernement arrête son choix sur la région métropolitaine
de recensement comme territoire de l'organisme régional, il met de
côté les territoires organisés des MRC, fruit d'ententes et
de discussions des municipalités qui les constituent. Le rôle
premier de ces organismes étant d'élaborer les schémas
d'aménagement du territoire, il existe un risque énorme de
confier l'étude des puissants outils de développement
d'aménagement que sont les systèmes de transport en commun
à un organisme qui exerce sa juridiction sur un territoire
différent et qui ne respecte pas l'option préférentielle
d'aménagement. Par contre, les MRC constituent des outils fort
précieux de discussion auprès des usagers sur les besoins locaux,
offrant à cette occasion une table de concertation
sous-régionale.
Afin d'éviter, comme le rappelle le gouvernement, la
création de nouveaux organismes de transport, il est souhaitable de
favoriser l'octroi de contrats de services à un transporteur existant,
sous le contrôle du conseil local ou des conseils municipaux locaux
concernés par l'organisation du transport en commun sur leur territoire.
De cette façon, le conseil local garde le plein contrôle (adoption
de tarifs, de niveaux de services, adoption du budget) en lui confiant, de
plus, le soin d'élaborer les plans et devis. Tel qu'énoncé
dans la proposition, la responsabilité financière de ces
réseaux demeurera à un niveau local, selon les priorités
et les moyens des conseils municipaux.
Par contre, il me semble que le gouvernement dénature son option
décentralisatrice en se réservant plusieurs pouvoirs au sein de
l'organisme régional proposé ou en confiant audit organisme des
responsabilités de nature locale ou sous-régionale. La
planification et le développement au sein de cet organisme deviennent
une option régionale dont les décisions d'immobilisation
d'importance sont prises par le gouvernement dans l'exercice de son droit de
veto.
De par sa nature, le COTREM échappe au contrôle des
élus. Au lieu de remédier à ces déficiences pour
améliorer son fonctionnement à un niveau technique, la
proposition amène une nouvelle structure avec l'élargissement du
rang des intervenants. Ce faisant, il éloigne l'usager de son
répondant local et dilue sa représentaton démocratique. Le
mode de représentation de l'organisme proposé ne tient compte ni
du poids démographique de la communauté, ni de son poids
économique malgré les responsabilités financières
d'importance qu'elle assume déjà. La rationalité de ce
mode de représentation est absente comparant les déplacements
pris en charge par son mandataire, la CTCUM. En effet, la
représentativité proposée pour la communauté au
sein du conseil est de 45% pour 92% des déplacements, alors que les MRC
obtiendraient 25% des votes pour 5% des déplacements.
La comparaison, selon les données de la proposition, de la
représentation du conseil versus le population de la communauté
démontre la même faille. La population de la communauté
62,3%, la représentation 45%; Laval, population 9%,
représentation 9%; groupes nord, population 9%, représentation
16%; Charles-Lemoyne, population 10%, représentation 9%; groupes sud,
population 8%, représentation 9% et, enfin, le gouvernement
n'étant pas représenté par la population comme telle ayant
une représentation de 9%. En effet, il est pour le moins étonnant
de constater que les représentants de 18,2% de la population
détiennent la balance du pouvoir dans une situation où la
communauté est confrontée aux votes du gouvernement, de la ville
de Laval et de la MRC Charles-Lemoyne, alors que le développement et la
planification du réseau de transport dit régional se feront
sûrement sur son territoire et à partir d'un réseau lui
appartenant déjà. Il serait inutile de faire une
démonstration plus élaborée sur les possibles situations
conflictuelles au sein du futur organisme.
En confiant la responsabilité de mener des consultations
publiques pour la réalisation de tout projet d'envergure, le
gouvernement prétend compléter le rôle à être
joué par la future commission du transport du conseil de la
communauté. Bien au contraire, la proposition vient substituer
l'organisme à ladite commission sans que celle-ci ait eu la chance de
faire ses preuves ou encore même d'exister.
Aux termes de la proposition, le gouvernement entend retirer à la
communauté les ressources humaines et les compétences techniques
du BTM. Comment la nouvelle commission du conseil pourra-t-elle
fonctionner sans le support technique et les appréciations venant
du personnel de sa constituante? L'organisme proposé est un
décideur supplémentaire s'ingérant dans les affaires de la
communauté, alors que celle-ci s'efforce de faire connaître son
rôle et qu'elle pratique une politique de rapprochement avec la
population du territoire. Qui plus est, il s'agit d'un retrait pur et simple
d'une juridiction de la communauté, juridiction que le gouvernement du
Québec vient tout juste de renforcer.
Quant au financement, la question financière est, comme il a
déjà été mentionné, le problême le
plus urgent à résoudre. Pourquoi? Parce que ce service public
coûte très cher à la population et que les divers
partenaires financiers, le gouvernement du Québec et les
municipalités y contribuent largement. C'est pourquoi un examen attentif
du financement de cette industrie est nécessaire.
La part des contribuables. Le fardeau fiscal, assumé par les
contribuables des municipalités de la Communauté urbaine de
Montréal, a été traditionnellement plus
élevé que celui des autres municipalités du Québec.
Durant la période des quatre années qui précèdent
l'entrée en vigueur de la réforme de la fiscalité
municipale, soit de 1975 à 1979, les municipalités ont
été le partenaire le plus durement touché par les hausses
considérables des coûts qu'ont eues les moyens de transport en
commun. En effet, le fardeau assumé par les municipalités avait
triplé en quatre ans. Durant cette période, le fardeau du
gouvernement s'est aussi accru considérablement, alors que celui des
usagers a diminué dans la même proportion. Les graphiques
apparaissant aux pages suivantes illustrent bien cette
réalité.
Il est souvent mentionné dans la proposition que les
municipalités situées hors de ITle de Montréal profitent
des services de transport de la CUM sans contribuer au coût de ces
services. Nous comprenons très mal que la proposition gouvernementale
n'ait pas donné suite à cette affirmation.
Quant à la part des usagers, l'implantation de la politique
d'aide à l'usager au cours de 1980 a eu pour effet de faire baisser sa
part relative dans le coût du transport en commun. En 1978, les revenus
provenant des usagers couvraient 48,5% des coûts d'opération,
alors qu'en 1982 ce pourcentage n'est que de 41,2%. De plus, celui-ci ne
participe pas au financement des immobilisations du métro.
Quant au gouvernement du Québec, sa part est passée de
26,4% à 36,3% des dépenses d'opération. La cause
principale de cette augmentation substantielle a été la
diminution accentuée de la participation des usagers par l'introduction
du laissez-passer mensuel. Quant à la diminution de la participation des
municipalités, de 25% en 1978 à 22% en 1982, elle s'inscrit
à l'intérieur du cadre prévu par la réforme de la
fisaclité municipale. M. le Président, je pense que les deux
tableaux suivants indiquent bien la différence de répartition
dans les deux cas.
Compte tenu de l'entrée en vigueur de la réforme de la
fiscalité municipale, l'impôt foncier devenait, à toutes
fins utiles, la seule source de financement des municipalités. Le
gouvernement a donc réaménagé sa politique d'aide au
transport en commun. Puisque cette réforme ne corrigeait pas les effets
de débordement, j'ai proposé en 1981 de faire participer
pleinement toute la région montréalaise au déficit et au
service de la dette des réseaux de transport rapide, ainsi qu'au
coût de l'intégration tarifaire. Cette proposition n'a pas
été retenue.
Quant à la réforme de la fiscalité municipale, sur
la base des données de 1979, la politique d'aide au transport en commun
devait procurer à la CTCUM des contributions gouvernementales sup-
plémentaires estimées à 15 000 000 $, tel qu'il
apparaît au tableau VII. Cet objectif n'a pas été atteint
puisque les gains nets ont été de 7 600 000 $ en 1980, de 14 800
000 $ en 1981 et celui estimé pour 1982 est de 5 700 000 $. Compte tenu
de l'inflation depuis 1979, le gain net aurait dû s'élever
à environ 20 000 000 $ en 1982.
En contrepartie, la réduction accordée aux usagers par le
truchement de la subvention relative aux laissez-passer a été
beaucoup plus coûteuse que prévu pour le gouvernement. De 6 600
000 $ qu'elle était estimée par le gouvernement en 1979, elle
passait à 30 000 000 $ en 1982. (12 h 15)
Le gouvernement introduit plusieurs nouvelles mesures en regard du
financement des opérations, mesures qui méritent d'être
examinées attentivement. Mesure de plafonnement. L'analyse des solutions
proposées par le gouvernement nous permet de constater que même
si, au cours de la dernière décennie, la part des usagers a
littéralement fondu la contribution de ces derniers demeurera à
peu près au même niveau. Le total des subventions gouvernementales
pour fins de fonctionnement - et celles qui s'appliquent aux laissez-passer -
sera plafonné au niveau de la contribution des municipalités.
Pour la CTCUM, cette proposition signifie qu'en pratique le gouvernement
assumera à l'avenir 50% du déficit, sans tenir compte du fait que
le manque à gagner occasionné par l'escompte sur les
laissez-passer est une mesure qu'il a introduite lui-même en 1980. Cette
proposition aura donc pour effet de faire absorber par les municipalités
une partie des coûts occasionnés par la politique gouvernementale
de subvention aux laissez-
passer. Il est important de mentionner que seules les
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal devront
faire face à ce coût supplémentaire, tel qu'indiqué
au tableau VIII, soit près de 15 000 000 $.
La subvention pour fins de fonctionnement devient une contribution au
déficit résiduel, ce qui est l'opposé de ce qui
était proposé par le gouvernement dans la réforme de la
fiscalité municipale, et je cite: "Donc, l'aide au déficit
d'exploitation des organismes de transport est remplacée par une
subvention versée en proportion des revenus générés
par les services réguliers de transport en commun des organismes."
Quant à la répartition des revenus, la révision
proposée de la contribution relative des municipalités au
transport en commun avance que la participation financière des
partenaires s'appuiera désormais sur les bénéfices
reçus. Comme le réseau d'autobus urbains de la CTCUM dessert le
territoire de la communauté, les bénéfices qui en
découlent resteront la propriété de la CTCUM. Pour le
réseau du métro, il en sera autrement puisque ce dernier est
considéré, dans la proposition gouvernementale, comme un
réseau régional dont une portion significative des
bénéfices s'étendra à l'ensemble de la
région.
Le problème de la répartition des revenus provenant des
usagers du métro et de l'autobus devient donc majeur. Quelle sera la
base de répartition qui fera l'unanimité parmi les
bénéficiaires? Se servir uniquement des résultats de
l'enquête origine-destination, tel que proposé, enquête
effectuée par le Service de planification de la CTCUM, comme base de
répartition semble dangereux pour les raisons suivantes.
Premièrement, cette enquête n'est effectuée qu'à
tous les quatre ans, ignorant donc les changements survenus entre les
enquêtes. Deuxièmement, l'enquête ne porte que sur un
échantillonnage de 5% alors que 95% des déplacements se font sur
le territoire de la CTCUM, CTRSM et CTL. Troisièmement, on doit assumer
que les usagers qui utilisent à la fois le métro et l'autobus
sont répartis 50-50 pour chacun des modes utilisés.
Plusieurs compilations provenant des résultats réels des
revenus et dépenses du nombre de voyageurs transportés par la
CTCUM, répartis entre le métro et l'autobus pour les
années 1977 à 1981, révèlent une similitude dans
les pourcentages obtenus, soit 70% pour la surface et 30% pour le métro.
Ce résultat est aussi confirmé par l'enquête
origine-destination qui portait sur les modes de transport utilisés par
les voyageurs. La méthode de la répartition des dépenses
encourues entre métro et autobus pourrait donc être
utilisée afin de répartir également les revenus. Cette
méthode repose sur le système d'information uniforme
parrainé par le gouvernement à l'échelle du
Québec.
Quant aux bénéficiaires non-usagers, actuellement ils ne
participent pas directement au financement du transport en commun. Le
gouvernement propose que ces derniers soient comptés parmi les
partenaires devant contribuer au coût du transport en commun. Cette
proposition permettrait aux partenaires présents d'ajuster leur
participation en fonction de leur capacité financière. Cependant,
ces nouvelles formes de paiement devraient être utilisées pour
corriger les effets de débordement car, selon les mesures retenues, la
population de la communauté pourrait être appelée encore
une fois à assumer une bonne partie des nouvelles contributions. Le
tableau IX indique, pour les sources de financement régional à
l'étude, que les recettes perçues sur les taxes sur l'essence et
sur le stationnement seraient défrayées par la population de la
communauté dans la proportion de 62% à 68%. Ceci est
complètement inacceptable. Cependant, si le gouvernement désire
utiliser la taxe sur l'essence pour financer le transport en commun, en
particulier sur le territoire de la communauté, il faudra,
premièrement, qu'il garantisse que le prix de l'essence dans la
région de Montréal n'augmente pas; deuxièmement, que la
proportion des revenus de cette taxe devra excéder la part payée
par les citoyens de la communauté et soit suffisante pour corriger les
effets de débordement.
La mesure qui concerne les poste de péage apparaît beaucoup
plus équitable et c'est pourquoi j'y reviendrai. On espère que
les nouvelles formules de financement qui seront retenues par le gouvernement
ne viendront pas sérieusement diminuer l'unique source de financement
des municipalités, soit l'impôt foncier. Advenant que les
résultats escomptés dans la proposition gouvernementale soient
plus défavorables aux municipalités, la répercussion
automatique d'une telle politique sur les contribuables se ferait sentir au
moment où l'impôt foncier ne permet plus de marge de manoeuvre
supplémentaire.
Quant à la tarification interzonale, il est proposé
d'appliquer dans la région de Montréal une structure tarifaire
interzonale différenciée selon les territoires desservis. Le
non-fondement de ce découpage du territoire de la communauté a
été critiqué au début de ce mémoire en
termes d'aménagement du territoire. Il a été aussi
mentionné à quelques reprises que les contributions relatives des
usagers a baissé de manière significative. Or, il ressort de la
proposition gouvernementale que la participation de l'usager ne sera pas
modifiée en pourcentage des coûts totaux. Ainsi, environ 7% des
usagers verront leur participation augmenter de 10% et 15% subiront une hausse
de tarif de moins de 10%. En contrepartie, 7%
bénéficieront d'une baisse de tarif et, enfin, 71% des
usagers verront leur participation maintenue au présent niveau.
Il est, de plus, étonnant de remarquer que 56% des usagers en
provenance de Laval et 31% en provenance de la rive sud immédiate
jouiront d'une baisse de tarif lors de l'implantation de cette proposition. De
plus, une analyse approfondie des effets des propositions financières
sur les municipalités de la communauté quant à
l'exploitation démontre une perte nette de 1 100 000 $ pour la
communauté lorsqu'on soustrait du gain net les suppléments zonaux
à la charge des citoyens de la communauté, soit 3 100 000 $ et
lorsque les revenus attribués à la CTCUM rive sud sont
ajustés pour corriger un défaut de compilation. Ces
résultats ne tiennent pas compte des coûts d'exploitation
additionnels nécessaires pour l'émission de nombreux titres de
transport différents et des mesures de contrôle qui seraient
à implanter. Soulignons également qu'il serait anormal de
constater qu'un organisme contrôlerait les revenus, un second les
voyageurs et un troisième émettrait les jetons de transport.
Enfin, il est également mentionné dans la proposition que
cette intégration tarifaire interzonale entraînerait des
économies d'échelle et éliminerait la concurrence entre
les modes de transport. Les réseaux des commissions de transport dans la
région de Montréal ne sont aucunement en concurrence,
puisqu'elles desservent des territoires différents. Quant à
l'intégration tarifaire, qui constitue, en définitive, le seul
problème à régler présentement, rappelons, au
passage, qu'il est, à toutes fins utiles, résolu pour la grande
majorité des usagers habitant le territoire de la communauté. En
ce qui concerne les autres usagers, rien n'empêche actuellement les
autorités locales de la région de se concerter pour
élaborer un plan d'intégration tarifaire entre la
communauté et Laval, la communauté et la CTRSM.
Quant aux immobilisations, le gouvernement du Québec, par sa
proposition, change certaines règles de sa politique d'aide au
financement des transports en commun établie en 1980. Je pense que tous
les membres de cette commission sont bien au courant de cette politique et
j'irai à la planification des infrastructures.
La planification des infrastructures dans la région de
Montréal est réalisée par plusieurs intervenants, dont le
COTREM qui tend à imposer immédiatement un modèle de
réseau de transport collectif rapide ne correspondant pas aux besoins de
la population parce qu'il dépasse largement ses besoins
immédiats. Dans cette optique, je crois que la construction de certains
projets devra être remise à plus tard et selon un ordre de
priorités très sévère. Ainsi, la ligne 6,
parallèle à la ligne 5, devrait faire l'objet d'études en
profondeur quant à son coût et à sa nécessité
en fonction des besoins immédiats de la population à desservir et
de son utilisation future par rapport aux coûts de fonctionnement et
d'immobilisations. Il en est de même pour le métro de surface sur
la ligne Deux-Montagnes, dont on aurait également avantage à
retarder les investissements majeurs.
Cette remarque concernant la planification des infrastructures
mérite qu'on s'y arrête puisque ces investissements auraient des
conséquences d'importance car, d'après la proposition, les
coûts engendrés par de telles immobilisations seraient
supportés à 60% par les contribuables du Québec, à
30% par la communauté et à 10% par la région.
C'est pourquoi j'insiste pour que soient révisés les
travaux de planification en cours. Je crois que nous devrions compléter,
dans l'immédiat, le projet du métro actuellement en construction,
dont la ligne 5 vers Anjou, et moderniser les trains de banlieue. Cette
activité de planification devrait également demeurer à la
communauté qui, avec ses services, possède toutes les
compétences voulues en cette discipline.
Quant à la planification des investissements de la
communauté, c'est une compétence que la communauté assume
et qui est vérifiée par le gouvernement du Québec.
Quant aux opérations de financement, le livre blanc ne traite pas
de cette question fondamentale; cependant, il faut se poser des questions
à savoir si l'ORT assumerait maintenant le suivi, d'une part, de la
ville de Montréal, d'autre part, de la communauté dans le
financement des infrastructures.
L'élargissement de la base de la garantie des titres,
évidemment, est importante puisque, aujourd'hui, on a bâti
à la communauté une réputation sur les marchés
nationaux et internationaux qui est importante et qu'il faudrait recommencer,
si on suivait une proposition de transporter à un autre organisme la
responsabilité des opérations de financement, toute cette
communication qui a été faite au cours des années et
où la communauté est vue comme un emprunteur important et valable
sur les marchés.
Quant aux éléments de solution, il y en a plusieurs et je
me permettai d'en souligner quelques-uns qui pourraient être
utilisés, soit exclusivement, soit les uns avec les autres, soit
partiellement.
Au plan financier, les dépenses en matière de transport en
commun sont de deux ordres. Le premier concerne l'exploitation. Plus de 75% des
dépenses sont versés en salaires, ce qui signifie un budget
difficilement compressible. Le second concerne des dépenses
d'immobilisations, où il est possible de réduire le fardeau, soit
en
complétant les travaux de construction du métro tels
qu'actuellement planifiés et en reportant à un moment plus
propice les projets du métro de surface, ne gardant que la modernisation
des trains de banlieue. Quant au financement, le gouvernement a une
flexibilité qui est moindre qu'elle était et nous cherchons,
municipalités et gouvernement, de nouvelles sources de financement.
L'usager, sans doute, doit contribuer davantage au financement du transport en
commun. Une intégration tarifaire entre les réseaux est
souhaitable afin d'encourager une plus grande utilisation de ce mode de
déplacement.
Sur le plan institutionnel, la Communauté urbaine de
Montréal se doit de posséder un meilleur contrôle sur la
gestion de son organisme mandataire qu'est la CTCUM. Une table de concertation
régionale entre élus est nécessaire pour autant qu'elle
respecte les compétences des organismes existants. Conséquemment,
le COTREM, tel qu'il existe, doit disparaître. Cette demande se justifie
à partir de la philosophie du respect de l'autonomie municipale et
résout un problème de duplication quant à la planification
des réseaux de transport en commun.
Enfin, un des problèmes importants à corriger concerne les
effets de débordement et l'étalement de la population dont seule
la population de la communauté défraie les coûts.
Il y a certains faux problèmes. On mentionne, à la page
74, le résultat d'un sondage effectué auprès des usagers
qui indique que les usagers du service de la CTCUM sont, je dirais, très
satisfaits du service qui est le leur, dans les circonstances actuelles. Quant
aux infrastructures, nous pensons que la communauté possède tous
les outils pour régler les problèmes qui sont devant nous.
Quant à ces solutions, elles se veulent des suggestions. Le cadre
institutionnel. La création d'un organisme régional de transport,
s'il est jugé nécessaire de le créer, doit avant tout
être basée sur la notion de besoins, laquelle se divise en besoins
de nature locale et régionale. Les besoins locaux de transport en commun
peuvent se définir à partir d'un service offert à l'usager
qui habite et se déplace sur des territoires organisés en
transport en commun. Cet usager ou contribuable finance ainsi un service de
nature locale selon ses besoins, lesquels s'expriment par son comportement.
Celui-ci s'est également donné une structure conforme à
ses besoins. Dans le cas de la communauté, le comité
exécutif et le conseil approuvent la tarification et les réseaux
d'autobus, le BTM construit les infrastructures et la CTCUM exploite le
réseau. Bref, à un besoin local correspond une structure
intégrée de services locaux.
Quant aux besoins régionaux, la notion de besoins
régionaux est donc absente auprès de l'usager, mais peut
être présente auprès des organismes politiques
supramunicipaux et des transporteurs, soit pour fins de concertation, de
partage de services afin de réaliser des économies
d'échelle et de participation financière. C'est ainsi qu'il peut
être très avantageux pour l'usager que ses représentants
politiques se concertent occasionnellement afin de préparer des
positions communes en matière de transport en commun. D'autre part, il
peut aussi être nécessaire que les différents intervenants
dans le transport en commun puissent se rencontrer afin de mieux coordonner
leurs ressources respectives toujours dans le but de satisfaire les besoins de
l'usager. Enfin, on peut également retenir que tout processus conduisant
à l'intégration des correspondances entre réseaux serait
productif à l'égard des usagers et des transporteurs
impliqués. (12 h 30)
On peut résumer la notion de besoins en matière de
transport en commun dans la région comme suit: au niveau local, des
besoins de systèmes de transport par autobus, de systèmes de
transport collectif rapide, des besoins de contrôler directivement ces
services. Au niveau régional, besoins de coordination des ressources, de
concertation, de correspondance intégrée, de ressources
financières pour les projets communs, telle l'intégration
tarifaire. Or, aux besoins précédents doivent correspondre les
ressources nécessaires pour y répondre. Nous avons vu qu'aux
exigences de nature locale du transport en commun correspondent des services
intégrés et appropriés dans le cas de la
communauté. On doit, d'une part, respecter le statu quo quant aux
compétences exercées par les organismes municipaux en place.
Ceux-ci existent depuis un certain temps. Ils sont complètement
intégrés, jouissent de l'appui et du support de la population.
D'autre part, un organisme régional de transport devrait être
avant tout une table de concertation entre les élus responsables et les
gestionnaires des ressources existantes oeuvrant dans le transport en commun
dans la région de Montréal. Par conséquent, les
compétences de cette table de concertation seraient la concertation
entre élus et gestionnaires, la coordination des ressources,
l'intégration tarifaire, l'utilisation des ressources financières
pour des projets communs. Cet organisme serait un organisme de regroupement
supramunicipal. De par la nature même du domaine de ses
compétences, on comprendra qu'on devra uniquement compter à son
conseil les élus provenant de la région et que les membres du
comité technique seraient les représentants des organismes
concernés par
le transport en commun de la région.
On pourrait se demander, à première vue, s'il faut
réunir un très grand nombre d'élus pour finalement
discuter de responsabilités importantes, mais limitées. Le
tableau XII propose la création d'un conseil minimum de cinq
représentants; d'autres représentants, par exemple ceux des MRC
voisines, pourraient également assister aux réunions si elles le
désirent. Le président du conseil serait choisi parmi les membres
du conseil. Cette table de concertation fonctionnerait en termes de consensus:
il ne serait aucunement nécessaire d'élaborer des
modalités de votation pour fins de décision.
Quant au comité technique, c'est un comité qui
fonctionnerait également par consensus et qui regrouperait au minimum
cinq personnes, dont un représentant du gouvernement du Québec.
Les MRC pourraient y déléguer un représentant. Le
président est choisi parmi les membres en excluant le
représentant du gouvernement du Québec.
En conclusion, M. le Président, le conseil de l'ORT
suggéré serait composé de représentants de la
Communauté urbaine de Montréal, le président du
comité exécutif, le président de la commission du
transport en commun, ainsi que son vice-président, l'un venant de la
ville de Montréal et l'autre des municipalités membres. Pour
Laval, la rive sud et la MRC intéressée, un représentant.
Cet organisme correspondrait aux besoins des élus locaux et des
gestionnaires des ressources impliqués dans le transport en commun dans
la région de Montréal.
Quant à la planification, cette importante fonction correspond
à des règles de base de l'autonomie des municipalités,
soit celles qui soutiennent qu'il revient au contribuable de définir
lui-même les services qu'il désire. De plus, rappelons que, si 95%
des déplacements de personnes en transport en commun s'effectuent par
les trois commissions de transport de la région, la CTCUM, à elle
seule, véhicule 92% de ces usagers. Comme la CUM a toutes les ressources
nécessaires pour planifier, construire et gérer
adéquatement ses réseaux, on comprend alors l'inutilité,
voire les dangers de confier cette importante responsabilité à un
organisme régional de transport.
Quant au comité technique, il est suggéré qu'il
soit composé d'un représentant de la CTCUM, du BTM, de la CTL, de
la CTRSM, de la MRC intéressée et du gouvernement du
Québec.
En résumé, la planification doit demeurer de nature
municipale ou communautaire et non suprarégionale, voire nationale.
Cette constatation amène à reconnaître que le plan de
transport de la région de Montréal ne sera que le reflet de la
Communauté urbaine de Montréal, de
Laval, de la rive sud, ainsi que des MRC impliquées. L'organisme
régional de transport ainsi défini respecterait l'autonomie
politique et gestionnaire des organismes existants dans la région de
Montréal.
Il sera léger, simple et peu coûteux à
administrer.
La légitimité de contrôler par les élus les
services publics à caractère local est admise depuis fort
longtemps au Québec. On reconnaîtra la nécessité
d'appliquer ce principe à la Communauté urbaine de
Montréal en regard du transport en commun. Tel que je l'ai
mentionné à plusieurs reprises, je recommande que le conseil
d'administration de la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Montréal soit composé par les élus provenant de
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal.
Quant au périmètre de transport, j'entends proposer un
périmètre qui engloberait les territoires des trois commissions
de transport de la région de Montréal tels que
reflétés sur la carte au document. Le périmètre
correspond aux critères suivants: il comprend les territoires
urbanisés où la densité de population permet une
organisation des services de transport collectif socialement économique;
il respecte le périmètre de l'option concentration; il correspond
à la meilleure localisation des activités en fonction d'un
équilibre fiscal entre les différentes municipalités de la
région métropolitaine; il permet l'établissement de
politiques intégrées de développement des modes de
transport.
Quant à l'élargissement de la base fiscale, une proportion
importante des déplacements quotidiens provenant de l'extérieur
de la communauté, soit 20%, s'effectue vers l'île de
Montréal. Ces 20% de personnes, environ 200 000, se
déplaçant vers le territoire de la communauté ne sont pas
des contribuables et, pourtant, ils retirent des bénéfices. C'est
pourquoi, comme antérieurement expliqué, il est impératif
de rétablir une justice répartitive du fardeau financier de la
CTCUM. Par conséquent, il est proposé de répartir à
l'ensemble de la région couverte par les trois commissions de transport
les coûts d'exploitation des trains de banlieue, du métro, ainsi
que le service de la dette de ces équipements, lesquels sont à la
charge des municipalités. D'ailleurs, lorsqu'on examine le potentiel
fiscal des municipalités desservies par ces trois commissions, on
observe qu'il correspond approximativement aux mêmes proportions que la
répartition des déplacements de personnes de leur territoire
respectif en direction de celui de la communauté. Par conséquent,
il serait équitable que la population de la communauté, qui
représente environ 80% des déplacements en transport sur le
territoire
de la communauté, défraie 80% des dépenses du
transport collectif rapide.
Il est donc proposé que les dépenses des modes de
transport collectif rapide soient financées par chacune des
municipalités du territoire des trois commissions de transport selon
leur potentiel fiscal respectif. Vous avez trois tableaux qui donnent le
résultat d'une opération de ce genre.
Cette répartition du financement du transport collectif rapide
résout ainsi un problème important en rétablissant un
meilleur équilibre fiscal entre les contribuables de la région
métropolitaine de Montréal. Elle correspond également aux
divers principes d'autonomie locale reconnus en matière de
fiscalité municipale. Les montants à être financés
par les municipalités indiquées pourraient être
réduits si des revenus additionnels provenaient de la région.
Le transport collectif interurbain. Un second aspect du problème
financier du transport en commun concerne les réseaux d'autobus
interurbains exploités tant par la CTCUM, la CTL que la CTRSM. Or, dans
le cas de la CTCUM, les déficits d'exploitation de ces réseaux ne
sont toujours pas financés par les municipalités desservies. Par
conséquent, il devient urgent de rétablir dans ce domaine une
certaine normalité. Rappelons, en premier lieu, que ces réseaux
peuvent être remis à certaines municipalités desservies par
les présentes commissions qui en feraient la demande. En effet, il est
peu logique pour la CTCUM d'offrir un service de transport interurbain aussi
loin du centre de sa région sans recouvrer totalement ses frais
d'exploitation.
Comme ce transport interurbain offre en plus du service du long parcours
un service local, il revient donc aux municipalités concernées de
l'exploiter. Si nous appliquons le raisonnement développé pour le
financement régional du transport collectif rapide, il est donc
souhaitable de répartir les dépenses occasionnées par ces
modes de transport aux régions concernées. Cette position peut
laisser entendre qu'il y a nécessité de constituer des
commissions de transport interurbain. Or, il existe un autre moyen de parvenir
aux fins désirées. Il s'agirait de confier cette
responsabilité à une municipalité régionale de
comté ou, mieux encore, à une association suprarégionale
de MRC. Ainsi, chacune des MRC pourrait être libre de déterminer
la nature des services requis dans son territoire, en plus d'exercer cette
compétence de transport interurbain en association avec les MRC
voisines.
La contribution des différents partenaires. Le pourcentage de
participation des partenaires s'est modifié considérablement au
cours de la dernière décennie, créant ainsi des variations
budgétaires importantes tant au niveau du gouvernement provincial que
des municipalités et de leurs contribuables. Afin d'assurer une
répartition plus stable des coûts, il est recommandé que
des pourcentages fixes soient établis quant à la part de chacun
dans le coût du transport en commun. L'agglomération du Toronto
métropolitain utilise une telle approche et obtient des résultats
concluants.
Depuis l'entrée en vigueur de la réforme de la
fiscalité municipale, l'impôt foncier est devenu, à toutes
fins utiles, la seule source de financement des municipalités. La
tarification s'avère donc un outil privilégié de
répartition des coûts selon les bénéfices
reçus. On est en droit de souhaiter que l'usager supporte
progressivement jusqu'à 50% des frais d'exploitation puisqu'il est le
premier bénéficiaire. Les bénéficiaires non-usagers
devraient contribuer à 20% des mêmes frais. Les
municipalités et le gouvernement verraient alors leur contribution
totale diminuer à 30%, soit 15% chacun. Cette formule aurait l'avantage
de diminuer l'impact des effets de débordement sur les finances
municipales. L'utilisation d'une formule prédéterminée de
pourcentage de participation aura aussi pour effet de diminuer les pressions
qui surgissent de toutes parts lorsqu'il faut réajuster les tarifs.
L'automatisme prévu dans cette formule se compare à celui de la
taxe sur l'essence ou de certains biens de consommation.
On a précédemment identifié la cause de la
diminution de la participation des usagers aux dépens du transport en
commun. L'introduction du laissez-passer est responsable de cette baisse.
Plusieurs analyses démontrent que les tarifs en vigueur sur le
territoire de la communauté se comparent très avantageusement
à la moyenne des tarifs existant dans d'autres grandes villes du monde.
Ces mêmes analyses démontrent même que, par rapport à
ces villes, le prix de la passe mensuelle sur le territoire de la
communauté est nettement inférieur. On voit au tableau suivant
que de 40 $ à Chicago par rapport aux 21 $ de la communauté, on
passe par Calgary à 28 $, Edmonton à 27 $, Cleveland à 24
$, Ottawa à 24 $, Toronto à 30 $ et Vancouver à 30 $.
Il serait également opportun que le gouvernement songe à
réduire l'escompte accordé à l'achat de la carte
mensuelle. Une diminution de 30% à 20%, et même davantage, aurait
pour, effet d'augmenter la participation de l'usager d'environ 2,5% et de
diminuer la participation du gouvernement du Québec de plus de 10 000
000 $. Afin de faciliter la mise en application de cette mesure, les principaux
intéressés pourraient convenir d'une solution globale
d'augmentation de tarifs et d'une diminution
d'escompte qui serait acceptable à l'usager.
Enfin, un fonds régional pourrait être constitué
à partir uniquement du péage aux points d'entrée routiers
du périmètre de transport subdivisé en trois
régions. La mise en avant d'une telle proposition permet de tenir compte
de l'effort financier fourni par chaque administration supportant une
organisation de services collectifs.
Le périmètre de transport proposé comprendrait une
première ceinture à l'intérieur de laquelle les points
d'entrée se situeraient entre deux territoires où le transport
collectif est organisé. Un tarif proposé pourrait être de
0,25 $. La seconde ceinture comprendrait des points d'entrée entre un
territoire où le transport collectif est organisé et un
territoire où il ne l'est pas. Un tarif de 0,50 $ serait applicable. La
carte suivante, qui est annexée, représente le territoire. Cette
proposition, si elle était retenue, pourrait générer des
revenus de l'ordre de 80 000 000 $ pour la première ceinture et des
revenus appréciables, quoique moindres, pour la seconde ceinture. Ces
estimations sont préliminaires et devraient être utilisées
avec prudence. Cette tarification devrait être appliquée aux
heures de pointe uniquement, laissant ainsi les autres heures de la
journée, de même que les fins de semaine, libres de toute
imposition. La proposition contribue à appliquer certains principes
d'économie; de plus, elle a l'avantage de prélever uniquement sur
les utilisateurs l'argent indispensable au bon fonctionnement d'un ORT. Elle a
également le mérite d'être simple dans ses structures.
Cette proposition devrait, à mon avis, être sérieusement
analysée à fond.
En conclusion, la proposition gouvernementale concernant l'organisation
et le financement du transport en commun dans la région de
Montréal contient de nombreux éléments qui affectent
entièrement le cadre législatif, opérationnel et financier
du transport en commun. Par conséquent, je me devais d'analyser tous les
aspects soulevés par cette proposition, de même que les
conséquences qui risquent fort d'en découler. De plus,
étant donné l'approche de certaines positions, je tenais à
apporter des éléments de solution, éléments, me
semblait-il, susceptibles de bien orienter l'important débat du
transport en commun. Ma démarche vise essentiellement à garantir
à la population de la Communauté urbaine de Montréal un
partage financier équitable pour tous les citoyens de la
région.
En terminant, M. le Président, j'espère que les
propositions avancées pourront être considérées par
le gouvernement comme un apport positif à la réforme entreprise.
Je m'excuse de la longueur du document, mais je pense qu'il était
important de le déposer sur la table.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Des Marais. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je commencerai par la fin des
propos du président du comité exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal, qui dit: "En terminant,
j'espère que les propositions avancées pourront être
considérées par le gouvernement comme un apport positif à
la réforme entreprise." J'aimerais, d'ores et déjà, lui
dire que oui, je considère qu'il s'agit là, effectivement, d'une
contribution très positive, puisque, finalement, si on regarde les trois
grands points fondamentaux qui sont en question dans la proposition de
réforme, premièrement, en ce qui concerne la création d'un
organisme régional de transport, je retiens surtout que le
président de la communauté urbaine est d'accord avec
l'idée de créer un organisme régional de transport, mais
qu'il le voit constitué différemment. Quant à la question
d'un nouveau partage financier, il va plus loin que la proposition de la
réforme que nous avons mise de l'avant. Troisièmement, en ce qui
concerne la nécessité d'une intégration tarifaire, je
pense que tout au long de son mémoire il la retient et appuie cette
option du gouvernement du Québec.
M. le Président, la tentation serait grande pour celui qui vous
parle, après avoir consacré tant de temps à la
préparer, de se porter plutôt à la défense de la
proposition gouvernementale. Cela prendrait beaucoup de temps, cela ne ferait
pas nécessairement, non plus, avancer le débat, puisque beaucoup
des questions qui sont soulevées sont techniques et méritent
plutôt d'être traitées par des comités techniques.
Alors, au risque de décevoir mes collègues ou les médias,
je n'ai pas l'intention, tout au cours de cette commission, de défendre
la proposition gouvernementale, mais plutôt de poser des questions sur
les propositions qui sont avancées.
Tout au long du débat - ce qui sera particulièrement
intéressant - on aura l'occasion de voir que les points qui sont
soulevés par certains intervenants, qui sont interprétés
par certains intervenants d'une façon, le seront d'une manière
tout à fait différente par d'autres intervenants. J'en cite
seulement un exemple. Dans l'exposé de M. Des Marais, la question de
retenir des corridors de transport pour fins de représentation des
élus en dehors de la CUM plutôt que les MRC. M. Des Marais
souhaiterait que ce soit plutôt le découpage des MRC qui soit
retenu, alors qu'on verra que, en dehors du territoire de la communauté
urbaine, de la CTRSM, de Laval et de la rive sud immédiate, la plupart
des gens préfèrent, effectivement, l'approche des corridors de
transport, plutôt que le découpage des MRC, à cause de la
réalité
des déplacements, de la réalité des corridors de
transport. Alors, je donne ceci uniquement comme exemple et je pourrais en
reprendre toute une série à ce point de vue.
Sur les interprétations, donc, de la proposition, je ferai
très peu de commentaires. Je ne toucherai qu'un point parce qu'il
m'apparaît fondamental; c'est qu'à la suite de la réforme
de la fiscalité municipale et de l'introduction de la carte d'abonnement
mensuel, il semble qu'on soutient assez vigoureusement que ce soit cela qui ait
occasionné l'effondrement de la contribution relative des usagers, alors
que l'interprétation que nous faisons est totalement différente;
et je m'inspire même d'un tableau qui est compris à la page 52 du
document. Ici, M. Des Marais - je ne sais pas si les autres membres le voient -
à la page 52 du document, on voit la répartition des
dépenses du transport en commun sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal depuis 1970 en pourcentage des
dépenses totales. J'ai tracé deux lignes: une première
à 1975, année d'introduction du programme de subvention du
gouvernement du Québec au transport en commun, et une autre en 1980,
année de la réforme de la fiscalité municipale et du
nouveau programme d'aide au transport en commun. Ce que l'on constate, c'est
que, effectivement, la quote-part relative des usagers s'effondre à un
rythme très rapide de 1970 à 1975; elle se stabilise
légèrement autour de 1976-1977, pour continuer de
décroître rapidement par la suite; et on voit qu'elle a tendance
à se stabiliser, justement, à compter de 1980 même si,
comme je l'ai reconnu dans mes remarques préliminaires, on voit qu'elle
a tendance à continuer de diminuer.
Je veux simplement replacer les choses à ce point de vue, faire
part de notre interprétation très différente de
l'introduction de la CAM qui a contribué, quant à nous, c'est
vrai, à améliorer l'achalandage, c'est vrai à donner un
type de transport plus alléchant, mais c'est sa nature. Quand on dit que
c'est une mesure de nature uniquement "sociale" entre guillemets c'est
certainement une mesure sociale. Elle a été voulue comme telle
par le gouvernement. Mais comme elle comble 110% du manque à gagner,
c'est déjà au moins 10% qui contribuent à améliorer
la situation des municipalités, d'une part, qui a contribué
à stabiliser la quote-part des usagers en accroissant l'achalandage;
deuxièmement, comme le calcul est basé sur cinq ans de voyages
mensuels et qu'on sait qu'il n'y a que les 44 premiers, me dit-on, qui
occasionnent un coût marginal réel aux exploitants, il y a donc,
là encore, une part de cette contribution qui vient améliorer la
situation des municipalités. C'étaient donc mes commentaires sur
les interprétations et celle-là nous apparaissait
particulièrement importante.
Quant à la proposition comme telle, c'est sur cela que j'aimerais
questionner M. Des Marais. Si je comprends bien, ce que vous proposez, c'est
une table de concertation non décisionnelle. Quant aux
responsabilités de l'organisme régional de transport, j'admets
que c'est très discutable de savoir si c'est vraiment nécessaire
que le BTM passe sous le contrôle de l'ORT; est-ce qu'un contrat de
services ne pourrait pas suffire? J'admets que, en termes de contenu, c'est
certainement discutable; on peut donner plus ou moins de responsabilités
à un palier régional de concertation. Mais, là où
le point m'apparaît fondamental, c'est de savoir si cet organisme
régional de transport doit, sur les mandats qui seraient siens, avoir
une responsabilité décisionnelle. À mon avis, il
m'apparaît, à ce moment-ci, avec l'expérience du COTREM,
l'expérience de la réalité vécue depuis une dizaine
d'années, que, s'il s'agit seulement d'une table de concertation sans
pouvoirs décisionnels, à toutes fins utiles, ça risque
fort d'être le statu quo, parce que rien n'empêchait, par exemple,
les élus de Laval, de la rive sud de Montréal de la
Communauté urbaine de Montréal, de procéder à un
objectif que nous avons en commun: l'intégration tarifaire.
Pourquoi l'intégration tarifaire ne peut pas se réaliser?
Parce que, de toute évidence, cela entraîne un changement
important dans les revenus, dans les modes de fonctionnement, dans la
coordination des réseaux; c'est évident qu'il y a quelqu'un qui y
perd un peu et un autre qui y gagne. On parle, depuis longtemps, de la
nécessité que la CTCUM se retire pour les fins d'exploitation du
Vieux-Longueuil parce que je pense qu'il n'est pas souhaitable que, sur un
même territoire, trois réseaux d'autobus différents
circulent: métro sud, CTRSM, CTCUM. Je pense qu'il y a là un
manque d'efficacité important.
Pourquoi cela ne s'est-il pas réalisé de façon
consensuelle? Encore là, parce qu'il y a des questions d'importance qui
sont en jeu, que quelqu'un va devoir trancher. L'essentiel de la proposition,
à cet égard, uniquement en termes de constitution de l'organisme
régional de transport, c'est que, plutôt que de proposer
d'emblée au gouvernement de trancher, le gouvernement aurait pu fort
bien dire: La question de l'intégration tarifaire, nous allons la
décider, forcer le retrait de la CTCUM de Longueuil: la même
chose, le rabattement sur certaines lignes de trains de banlieue
également. On préfère avoir une autre approche et dire:
Confions cette responsabilité à un organisme régional de
transport. Une table de concertation, soit, on s'entend là-dessus, mais
qu'elle soit décisionnelle.
Alors, ma question sur ce premier point
est la suivante: Quelle serait la différence, dans le fond, entre
le statu quo et un ORT, - organisme régional de transport - de type
purement consensuel? Parce que l'expérience ne nous amène pas
à voir la nécessité, quel que soit le mandat de l'ORT - si
on veut le réduire, on peut le réduire - que cet organisme ait un
pouvoir décisionnel.
Le Président (M. Boucher): M. Des
Marais.
M. Des Marais II: M. le Président, je suis d'accord avec
M. le ministre que si l'on était il y a trois ou quatre ans, dans une
situation différente, on pourrait se poser des questions et dire: II y a
plusieurs problèmes auxquels on n'a pas trouvé de solution, mais
je pense que la situation a évolué et elle a évolué
très rapidement. Il suffit de se rappeler qu'avant 1980 il n'y avait pas
dans le décor ce plan de transport; il n'y avait pas cette entente avec
la communauté et le gouvernement du Québec; il n'y avait pas
cette réalisation, par les différents intervenants, qui est
encore plus grande aujourd'hui, au moment où l'on se parle, et qui le
serait encore plus à la suite des travaux de votre commission, de gens
qui ont dû se mettre à table, avec l'aide d'autres. J'ai
mentionné tantôt que le COTREM avait été très
utile, même si j'en propose la disparition, au niveau de la collaboration
et des renseignements pour prendre état de la question.
Je me demande si l'on n'est pas plutôt aujourd'hui très
près de la solution, sans création d'un organisme
décisionnel et sans modification très importante. Je prends l'un
des points que le ministre a soulignés. Le départ du BTM de la
communauté, à notre avis, crée beaucoup plus de
problèmes qu'il n'en solutionne, que ce soit - je l'ai mentionné
- au niveau financier, au niveau humain, au niveau de la planification et aussi
au niveau de ceux chez qui les décisions vont avoir la plus grande
importance, c'est-à-dire le territoire de la Communauté urbaine
de Montréal.
L'intégration tarifaire. Il est vrai de dire que les intervenants
auraient pu, avant aujourd'hui, s'asseoir et déterminer des formules
d'intégration tarifaire. Là encore, je pense que les travaux que
le COTREM a menés et a mis entre les mains des différents
intervenants nous permettraient peut-être plus aujourd'hui, élus
et représentants politiques, de nous asseoir à une table et
d'accepter d'abord le principe de l'intégration tarifaire, ce qui, je
pense, est en train de se faire. Les intervenants sont en train de mentionner:
Oui, sur le principe, cela fonctionne.
Est-ce que, réellement, on ne peut pas s'entendre sur les
modalités? Je dois vous dire, M. le Président, que des rencontres
préliminaires avec, en particulier, le maire de Laval sur cette question
me portent à croire qu'il y aurait avantage et très rapidement,
possiblement, à s'asseoir à une même table et à
déterminer si peut-être, même dans les mois qui viennent,
avant que soit adoptée la législation, on ne peut pas en venir
à une solution de l'intégration tarifaire avec la CTL et je
présume que cela pourrait très bien se faire avec la CTRSM par la
suite.
Le retrait du Vieux-Longueuil, M. le Président - le ministre a
complètement raison - là aussi, j'ai l'impression qu'il y avait
une volonté politique puisque la communauté a pris position
là-dessus et à la simple condition qu'elle a fait parvenir
à la ville de Longueuil, elle a dit: Oui, nous sommes prêts, en
principe, à nous retirer du territoire. Malheureusement, il n'y a pas eu
de négociation; cela n'a pas avancé beaucoup et cela a
mené, éventuellement, à un article de la loi no 46
où le gouvernement s'est maintenant réservé le pouvoir de
soustraire la ville de Longueuil aux services de la CTCUM. À cet
égard, je dois dire que nous sommes prêts, à la
communauté, à nous asseoir avec les gens de Longueuil,
étant d'accord sur le principe, et de la CTRSM pour déterminer
les modalités du retrait du territoire. Chez nous, il n'y a pas de
principes qui nous font penser que nous devrions y rester. En
conséquence, si on élimine ces problèmes qui sont les plus
importants, cela ne vaudrait-il pas la peine de tenter l'exercice - au lieu de
bâtir une autre structure importante pour régler des
problèmes qui appartiennent en particulier à la communauté
- d'asseoir les élus autour de la même table et de voir s'il n'y a
pas moyen de régler ces problèmes?
Je termine, M. le Président, en soulignant que j'avais
déjà suggéré à quelques reprises au
gouvernement - il y a déjà trois ans au moins - de transformer la
composition du conseil d'administration du COTREM pour que les
présidents de commissions de transport qui forment ce conseil avec le
président du COTREM soient remplacés par des élus des
trois territoires pour voir si on ne pourrait pas vivre cette expérience
de concertation et de consultation.
Malheureusement, ma proposition n'a pas été retenue par le
gouvernement et aujourd'hui c'est devenu caduc. Nous sommes dans une situation
différente aujourd'hui de ce que nous étions il y a quelques
années et très différente de ce que c'était
même il y a deux ans, à toutes fins pratiques.
M. Clair: Pour quelqu'un qui nous écoute tous les deux -
vous proposiez l'élargissement du COTREM, vous en demandez aujourd'hui
l'abolition - je pense que ce qu'il est important de clarifier
là-dessus, c'est qu'effectivement de plus en plus
avec le déroulement des événements le COTREM peut
être vu comme un organisme bicéphal puisqu'il avait un mandat de
coordination avec les commissions de transport et, d'autre part, une fonction
de conseil auprès du ministre des Transports. Je pense qu'en tout
état de cause il faudra -peu importe ce qui sera retenu à la fin
de la commission - clarifier les deux râles différents du COTREM,
organisme consultatif partie, à toutes fins pratiques, intégrante
du ministère des Transports, deuxièmement, forum de discussions
ou d'échanges entre les commissions de transport ou à un niveau
politique.
Maintenant, juste pour aller un peu plus loin dans l'hypothèse -
je ne veux pas vous fâcher - d'un organisme consensuel, j'ai en main une
lettre que vous m'adressiez le 29 octobre 1981 concernant, par exemple, le
retrait de la CTCUM de Longueuil. Les conditions - vous aviez raison de dire
que cela a certainement évolué, les mentalités ont
évolué depuis ce temps-là - je les lis: a) les
contributions des villes de la communauté au déficit
d'opération de la CTCUM ne doivent pas augmenter; b) la CTCUM se retire
avec ses biens matériels; c) aucune correspondance entre les
réseaux; d) institution d'une contribution des municipalités de
la rive sud au service de la dette du métro au même titre que les
municipalités de la communauté; e) le règlement - cela va
de soi - du différend en ce qui concerne les coûts de la
réalisation de la station de métro à Longueuil. Je ne vous
mets pas cela sur la table pour vous mettre dans l'embarras - je sais que votre
position a évolué là-dessus et celle de la
communauté probablement - mais simplement à titre d'exemple pour
démontrer à quel point, s'il n'y a pas de caractère
décisionnel au niveau d'un organisme, d'une table de concertation, les
discussions risquent fort d'achopper sur des positions irréductibles de
l'un ou l'autre des intervenants. C'est évident que telles que
présentées certaines conditions apparaîtraient clairement
inacceptables à la rive sud de Montréal. Par contre, s'il
s'agissait d'une position de principe devant laquelle la communauté
urbaine ne se démentirait aucunement, ne s'assouplirait pas, c'est
évident aussi que la table de concertation pourrait durer jusqu'à
nécessité de faire quelque chose.
Le Président (M. Boucher): Alors, mesdames, messieurs, il
est l'heure de la suspension. Est-ce qu'on laisserait M. Des Marais
répondre sur la dernière question ou si...
M. Clair: Je pense qu'il faudrait au moins que M. Des Marais
réponde.
Le Président (M. Boucher): ... on suspend
immédiatement?
M. Clair: Je pense qu'il faudrait au moins qu'il
réponde.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. Des Marais, si vous
voulez répondre. (13 heures)
M. Des Marais II: Oui, M. le Président. Évidemment,
les circonstances ont évolué. Quand on disait au nom de la
communauté -parce que c'est une lettre que j'écrivais au nom du
comité exécutif - qu'il n'y avait aucune correspondance,
c'était avant l'application de la correspondance d'aujourd'hui entre les
différents modes sur le territoire de la communauté et une prise
de position à regarder qui est bien différente. C'est
peut-être le seul point sur lequel il pourrait y avoir achoppement.
D'autre part, nous avons aujourd'hui devant nous le plan de transport. Nous
avons devant nous des propositions qui sont mises en place. Il ne reste plus
à l'ORT tellement de responsabilités. Pour la fixation des tarifs
-j'ai mentionné que, localement, cela devait demeurer là - il
s'agit de déterminer comment va être réparti le
déficit. Cela peut se faire par une table de concertation avec
éventuellement l'approbation du gouvernement.
Le Président (M. Boucher): Merci. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 06)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Lors de la suspension, à 13. heures, nous en étions
à la période des questions sur le mémoire du
président du comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal, M. Des Marais. M. le ministre, vous en étiez
à vos questions.
M. Clair: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, je vous cède la
parole.
M. Clair: Donnez-moi seulement deux petites minutes.
Une voix: Pourrait-on avoir un peu d'ordre, M. le
Président?
M. Clair: M. le Président, si on reprend là
où on en était, à savoir une période
d'échanges avec le président du comité exécutif de
la Communauté urbaine de Montréal, M. Pierre Des Marais, on avait
eu
l'occasion de discuter au cours des dernières minutes de la
constitution d'un organisme régional de transport dit léger,
table consultative plutôt que non décisionnelle. Avant de passer
à une deuxième question, j'aurais une sous-question
là-dessus. On connaît le débat qui a entouré
l'adoption de la loi no 46 concernant la Communauté urbaine de
Montréal et toute la dimension de la parité entre les villes de
banlieue de la CUM et la ville de Montréal. De la même
façon, j'avoue que c'est moins important si l'organisme est seulement
consultatif, mais, s'il devait avoir quelque rôle décisionnel que
ce soit, la question de la représentation devient fondamentale.
J'aimerais entendre le président du comité exécutif
de la communauté urbaine sur cette question-là, à savoir:
Est-ce qu'un organisme régional, décisionnel ou non, mais sans
parité, sans représentation paritaire entre les gens de la CUM et
les gens hors CUM, s'il n'y a pas parité, ne se retrouvera pas dans un
cul-de-sac? Je souligne, en passant, par exemple, que même certains
organismes de promotion économique de l'île de Montréal -
pour le nommer, le COPEM -dans leur mémoire soutiennent que la seule
façon d'envisager un organisme régional de transport
opérationnel, c'est d'accorder la parité à la
représentation des élus de la Communauté urbaine de
Montréal et de la périphérie. J'aimerais entendre les
commentaires de M. Des Marais là-dessus.
M. Des Marais II: M. le Président, il est vrai que, si on
fait le parallèle avec la loi no 46, on peut justement se poser la
question, sauf que, dans la loi no 46, le principe que je défendais ici,
c'est que les villes de banlieue et la ville de Montréal au point de vue
de la population étaient déséquilibrées, la ville
de Montréal en ayant environ 1 000 000 et les villes de banlieue en
ayant 800 000. Comme la Communauté urbaine de Montréal est
particulièrement un organisme de services auquel participent par leurs
taxes les contribuables et les municipalités, que cette contribution est
de 52% à 53% actuellement pour Montréal versus 46%, 47%, 48% pour
les villes de banlieue et que les projections que nous avions indiquaient que
ce serait moitié-moitié très rapidement, et probablement
plus pour les villes de banlieue, c'est sur cette base que je disais
qu'à cause de la nature de l'organisme il devait y avoir
parité.
Quand on revient à l'ORT, cependant, cela est bien
différent. Là, on se retrouve avec 90% et plus des coûts et
de la responsabilité à assumer qui est sur le territoire de la
communauté. À mon avis, de ce côté, l'argument de
parité ne doit pas être retenu, même si dans la proposition,
évidemment, à titre consultatif, j'y voyais six personnes dont
trois de la Communauté urbaine de Montréal et trois des autres
territoires. À titre consultatif, à mon avis, cela n'a pas la
même importance.
M. Clair: À mon avis, si l'on veut obtenir une
contribution positive de la part des intervenants de l'extérieur de la
CUM, si le seul pouvoir qu'on leur donne, c'est le pouvoir de parler et de le
faire minoritairement, il m'apparaît que rapidement cela va conduire
à l'échec. D'autre part, étant donné qu'on est dans
un domaine très sectoriel, limité, à savoir les questions
de transport en commun et, d'autre part, que de toute façon la facture
qui est impartie au gouvernement du Québec va demeurer la plus
importante jusqu'à un certain point, si l'on regarde en termes de
répartition de la facture globale, je pense qu'il pourrait y avoir
avantage à ce qu'un organisme, qu'il soit consultatif ou
décisionnel, comporte la parité.
M. Des Marais II: Sur cela, M. le Président,
personnellement, je n'ai pas d'objection. On a vécu, au conseil de la
sécurité publique, pour des raisons différentes que des
raisons d'ordre financier, la participation d'un représentant du
gouvernement et cela a très bien fonctionné. Cela pourrait fort
bien s'ajouter ici, sauf qu'il faut se rappeler que le gouvernement du
Québec a imposé un train de mesures qui contrôlent,
à toutes fins pratiques, les faits et gestes de cet organisme, de la
Communauté urbaine de Montréal, du BTM, que ce soit par
l'adoption des programmes triennaux de transport, que ce soit par les
échanges qui ont été très nombreux au cours des
dernières années sur ce que devraient être ces plans. Je
pense que le gouvernement du Québec, via le ministère des
Affaires municipales pour le programme triennal, via le ministère des
Transports pour l'approbation du détail du plan d'investissement
à l'intérieur du programme triennal, a aujourd'hui le
contrôle complet; et on l'a vécu. On l'a vécu avec un
contrôle qui était exercé de façon incomplète
jusqu'à dernièrement. Depuis un an, on a tenté d'ajuster
les intérêts des élus et de la communauté avec ceux
du gouvernement, étant donné que c'est un payeur important; et je
pense que cela a fonctionné. Nous en sommes au début. Qu'il y ait
un représentant du gouvernement du Québec à un conseil
comme celui-là, personnellement, je n'y vois pas d'objection.
M. Clair: Sur une autre question, j'aimerais partir d'une phrase
que je retrouve à la page 32 du mémoire, concernant le BTM et,
plus largement que le BTM, l'ensemble de la planification des
équipements de transport dans la région de Montréal. On y
lit au troisième paragraphe: "Le BTM est
définitivement capable d'oeuvrer sur l'ensemble de la
région." À partir de cette affirmation, on voit que vous concevez
qu'il y a une dimension régionale du transport en commun. Or, si on
retourne en arrière, au cours seulement des cinq dernières
années, si on remonte à 1978, en termes de planification, la
capacité, je dirais intellectuelle, du BTM de planifier a
été abondamment démontrée, comme vous en avez fait
la preuve. Il y a une expertise sur le plan international qui est reconnue;
alors, je pense que cela ne fait pas de doute. Maintenant, en termes de
planification pour les besoins de la grande région métropolitaine
de Montréal, la proposition que nous faisions, ce n'est pas du tout
d'aller dans le sens de la destruction du BTM, de son annihilation, de le
détruire; au contraire, c'est non seulement de le maintenir, mais de
l'enrichir si souhaité, si accepté par un certain nombre de
personnes qui sont présentement au COTREM, afin d'avoir une seule
fonction de planification régionale. Je pense que l'objectif d'avoir un
seul endroit où l'on planifie serait à l'avantage de toute la
région. Et dans ce sens, je pense qu'effectivement "le BTM est
définitivement capable d'oeuvrer sur l'ensemble de la région".
Mais s'il doit oeuvrer sur l'ensemble de la région, le contrôle du
BTM, comment pourrait-il relever d'une partie de l'agglomération,
à savoir la Communauté urbaine de Montréal, seulement avec
mandat de planifier pour l'ensemble de la région, sans que l'ensemble de
la région puisse avoir plus qu'un droit de regard, mais de partager un
pouvoir de contrôle sur un organisme très important? (15 h 15)
J'ajouterai que - et non pas en mettant, encore une fois, en cause les
capacités techniques du BTM ou du COTREM, mais simplement en termes de
choix politique - si on regarde au cours des dernières années,
j'ai en main un document de 1978, produit par le BTM, intitulé
Intégration des modes de transport public sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, qui proposait, en termes
d'investissement de métro, par exemple, de prolonger la ligne 5 vers
Montréal-Nord et vers LaSalle. Finalement, ce document a
été, sauf erreur, relégué au second plan. C'est en
1979 que le gouvernement a adopté le plan de transport en commun
intégré qui avait été présenté par
mon prédécesseur, le député de Charlesbourg, M. de
Belleval. Aujourd'hui, en 1982, certains éléments, qui à
ce moment-là avaient passablement reçu l'agrément de
l'ensemble du milieu montréalais, sont remis en cause. Vous parliez
vous-même tantôt du métro de surface vers Deux-Montagnes, du
métro de surface vers Pointe-aux-Trembles et, aujourd'hui encore, de
façon plus immédiate, il y a un dilemme à trancher
tôt ou tard en ce qui concerne le choix au sujet de la ligne 5 ou la
ligne 6.
Ma question est la suivante: Justement, si on a connu tous ces
changements de planification sur le plan politique dans la grande région
de Montréal, est-ce qu'il n'y aurait pas avantage à ce que
celle-ci se fasse sous le contrôle des élus de l'ensemble de la
région métropolitaine de Montréal avec l'expertise
conjointe, fusionnée du BTM et du COTREM, un seul endroit de
planification, sous le contrôle d'élus de toute la grande
région de Montréal? Sans cela - je termine ma question - ma
crainte est qu'il continue à y avoir de la planification qui se fasse,
pour certains cas, à la ville de Montréal, dans d'autres cas,
à la Communauté urbaine de Montréal, à la CTCUM, au
COTREM, au BTM et même en périphérie, ce qui, à mon
avis, n'est à l'avantage de personne. C'est ma question.
M. Des Marais II: M. le Président, que le BTM chapeaute
toute l'opération, je pense qu'on s'entend là-dessus. Là
où j'ai une certaine réserve, cela dépend où on ira
ensuite placer le BTM. J'ai suggéré, dans mon mémoire,
qu'il demeure sous la communauté. M. le ministre des Transports indique
que oui, mais si cela va à l'extérieur, peut-être que les
élus devraient être là et il y a un peu un historique de
planification qui a été modifié. Mais je pense qu'il faut
se rappeler, quand on parle de ces modifications-là, tout d'abord, pour
le prolongement du réseau du métro, qui n'était que sur le
territoire de la communauté que ça s'est fait d'une façon
extrêmement démocratique puisque c'est un plan qui a
été approuvé, après recommandation du comité
exécutif, par le conseil de la communauté, pour autant que je me
rappelle, à peu près unanimement.
Alors, nous sommes partis avec ce plan-là; nous avons
donné le mandat au BTM de procéder. Par la suite, il y a eu
l'implantation ou peut-être en même temps l'obligation pour la
communauté de présenter un programme triennal d'immobilisations
et là, on a vu, pour des raisons qui étaient les siennes et que
je ne discute pas, le gouvernement du Québec approuver notre plan
triennal d'immobilisations, mais en coupant des morceaux. Par exemple, LaSalle
et Lachine, si je me souviens bien, ont été coupées lors
de l'approbation ou de l'adoption par le gouvernement du programme triennal
d'immobilisations. Cela n'a pas fait de bruit parce que, je l'ai
mentionné - vous me pardonnerez cette parenthèse pour la bonne
compréhension, M. le Président - la communauté a
été assujettie à l'adoption d'un programme triennal
d'immobilisations. Contrairement à la plupart des autres
municipalités du Québec, il faut qu'il soit
approuvé officiellement pour qu'il soit en vigueur et que nous
puissions procéder aux travaux et aux emprunts, alors que dans les
autres municipalités on ne fait que déposer le plan triennal et
l'on procède. Les approbations sont revenues de Québec vers la
communauté avec des modifications. Mais la loi ne prévoyait pas
que ces modifications revenaient vraiment au conseil.
En conséquence - j'ai eu l'occasion d'en parler avec eux
privément et publiquement à quelques assemblées du conseil
- la plupart des membres du conseil n'ont jamais su que le programme triennal
qu'ils avaient adopté avait été amputé, pour bonnes
et valables raisons sans doute. Évidemment, du point de vue politique,
cela n'a pas fait beaucoup de vagues, les gens ont pensé que ça
fonctionnait tout le temps. Soudainement, est apparue dans le décor la
possibilité d'un plan de transport pour la région de
Montréal, fort bien. Nous connaissions à ce moment-là les
travaux qui étaient exécutés par le COTREM, encore une
fois, fort bien. Alors, cela a ralenti. Aujourd'hui, on parle d'une
période de peut-être quatre ou cinq ans durant laquelle, sans
l'ombre d'un doute, il y a eu du flottement. Mais où en sommes-nous
aujourd'hui?
L'intégration sur le territoire de la communauté, c'est
fait. Les prolongements à l'extérieur du territoire sont remis
très sérieusement en question, que ce soit pour la ligne 6; il y
a quelques petits problèmes à régler pour le
débordement de la ligne du CN et de la ligne du CP. On pourrait dire
qu'il y a la ligne de Saint-Hilaire - cela a été mentionné
ce matin - sur laquelle il faudrait peut-être se pencher. Il y a
l'intégration tarifaire, j'en ai parlé ce matin. Je me dis que la
plupart des grands problèmes, qui auraient peut-être
nécessité l'input de plusieurs élus sont à peu
près réglés. Le gouvernement du Québec a
assumé un rôle non seulement d'arbitre, mais de leader, indiquant
la direction dans laquelle il voulait que nous allions. À ce que je
sache, les gens se sont astreints à cette direction et, en plus, depuis
un an et demi, deux ans, il s'est colligé, au COTREM en particulier, sur
le plan régional, des travaux, des possibilités de solutions qui
ont été mises d'ailleurs à notre disposition. En
conséquence, je pense que nous sommes rendus plus loin et assez loin
pour ne pas nous engager dans la structure dont on aurait peut-être eu
besoin il y a cinq ans.
M. Clair: Sur le plan du financement maintenant, il y a deux
éléments de proposition en ce qui concerne la restructuration du
financement, à savoir imputer aux municipalités hors CUM ce que
vous appelez les effets de débordement, d'une part, et, d'autre part, la
constitution d'une ceinture de postes de péage dans la région de
Montréal. Une première question fort simple: Est-ce que, dans
votre esprit, ces deux propositions sont alternatives ou si elles
s'additionnent?
M. Des Marais II: L'une ou l'autre. Elles ne s'additionnent pas
nécessairement. Il y en a une qui règle la question des effets de
débordement pour les résidents des deux commissions de transport
adjacentes et l'autre est plutôt un règlement ou une participation
des non-usagers. Alors, je dirais qu'elles sont plus complémentaires,
mais cela peut être l'une ou l'autre, si l'une donne un résultat
assez grand pour compenser.
M. Clair: D'accord. Maintenant, si l'on prend la première
mesure qui est proposée, à savoir, à toutes fins utiles,
des quotes-parts sur la taxe foncière pour les municipalités en
dehors de la Communauté urbaine de Montréal, est-ce que vous avez
fait ou fait faire des évaluations sur l'effet sur la taxation
foncière, en dehors de la Communauté urbaine de Montréal?
D'autre part, est-ce que, finalement, ce n'est pas un idéal qui ne
pourra jamais être atteint à moins qu'on n'envisage la
possibilité d'élargir de beaucoup le périmètre de
la Communauté urbaine de Montréal parce que, à toutes fins
utiles, cela signifierait quelque chose qui, jusqu'à maintenant en tout
cas, dans ma perception, est carrément inacceptable pour les
municipalités hors CUM parce que cela constituerait du "taxation without
representation"? Comment pouvez-vous sortir de ce dilemme de faire accepter
à des gens de la taxation sans représentation si la façon
de répartir ce qu'on appelle les effets de débordement,
c'était de donner le pouvoir à la Communauté urbaine de
Montréal ou à l'ORT ou à qui que ce soit d'envoyer des
quotes-parts. Comment peut-on sortir de ce dilemme?
M. Des Marais II: II est vrai qu'à première vue
c'est une situation sans solution, mais il faut se rappeler que la suggestion
de répartition des quotes-parts est fonction d'un réseau qui est
déjà établi. Ce n'est pas un réseau, pour le
métro, dont on connaît la suite, mais il est raisonnablement
établi. C'est la même chose pour les trains de banlieue, dont on
connaît les coûts qui n'augmentent pas de façon trop
spectaculaire, de toute façon, et qui correspondent à peu
près - c'est par hasard -si on prend le potentiel fiscal comme base de
répartition, au nombre de voyageurs qui viennent de l'extérieur,
ces voyageurs étant, je pense, assez clairement identifiés.
Amener la partie représentation pour une activité qui, à
toutes fins, est mécanique aujourd'hui, je ne vois pas ce que cela
donnerait sauf que de sauver le principe. Je réalise que ce n'est pas
très fort comme argument, mais je
ne vois pas d'autre solution.
M. Clair: Parce que, voyez-vous, le phénomène que
nous vivons - je ne vous en fais pas grief - non pas à la
Communauté urbaine de Montréal, mais à l'extérieur
de la communauté urbaine en ce qui concerne les réseaux
suburbain, métropolitain, provincial qui défraient la manchette
ce matin dans au moins un journal et le réseau métro est le
suivant: On sait que, sur la base du principe "no taxation without
representation", des municipalités étaient prêtes, parce
que c'est, je pense, réglé sur la rive sud de Montréal,
à contester cette question jusque devant la Cour suprême. Cela me
fait dire qu'en théorie, à supposer que je sois d'accord avec
vous, cela pourrait paraître effectivement être une solution
idéale, mais en pratique et en politique, cela conduirait à un
affrontement total à des poursuites judiciaires qui nous
entraîneraient peut-être à interpréter, sur cette
question-là aussi, la nouvelle charte des droits du gouvernement
fédéral, ce qui ne ferait pas avancer, à proprement
parler, le débat.
M. Des Marais II: M. le Président, si vous me permettez,
il y a une amorce de solution que nous avons vécue, à toutes fins
pratiques, depuis le début de la communauté. La ville de
Longueuil pour les matières concernaient le transport avait droit de
vote et était présente, était représentée au
conseil de la communauté. Rien n'empêcherait que, pour les fins
qui les touchent en matière de métro ou de transport - pas
nécessairement transport régional, mais le montant de la
compensation qui viendrait de ces territoires - qu'ils soient
représentés au niveau du conseil de la communauté; cela
pourrait se faire, je pense, assez facilement.
M. Clair: À ce moment-là, cela s'approcherait pas
mal d'un organisme régional.
M. Des Marais II: Non, je suggérerais plutôt que ce
soit directement au niveau du conseil de la communauté et que ces gens,
selon des méthodes à déterminer, puissent être
présents, voter et prendre la parole sur les matières qui les
concernent au conseil de la communauté.
M. Clair: Dans le fond, là où je voulais vous
amener, M. Des Marais, c'est à mieux comprendre ce qui nous a
amenés à proposer les trois sources de financement que nous
proposons. Constatant qu'effectivement cette voie est politiquement, à
mon avis, et juridiquement quasiment sans issue, pour les raisons que je viens
d'exposer, nous nous sommes mis à la recherche de sources de financement
de nature régionale qui pourraient contribuer au financement des
équipements dits régionaux, tant en termes d'immobilisations que
de fonctionnement. Jusqu'à maintenant, on n'a pas pu trouver mieux que
les trois sources que nous proposons et qui nous paraissaient avoir l'avantage
de contribuer à étendre sur une plus grande assiette les
coûts de fonctionnement et d'immobilisations des moyens de transport
régionaux, mais sans embarquer dans la discussion de la taxe
foncière. Autrement dit, on a essayé de prendre une approche
pratique en disant: Oui, peut-être que l'idéal, si les effets de
débordement sont bien ceux que la CUM prétend, alors que les gens
hors CUM prétendent le contraire, serait la taxe foncière. En
pratique, cela ne mène nulle part. On essaie donc d'avoir une approche
pratique et de dire: La seule façon dont on pourra vraiment amener une
contribution régionale au financement du transport en commun, c'est sur
des sources de taxation autres que la taxe foncière, seule source de
revenus des municipalités et à laquelle je comprends qu'elles
tiennent beaucoup parce que c'est l'autonomie municipale qui est en cause.
Ma question est la suivante: Est-ce que, finalement, peu importe celle
qui sera retenue en définitive, si on veut avoir une source de
financement régionale qui tienne compte des effets potentiels de
débordement, mais en même temps tienne compte de la
nécessité de répartir régionalement une partie du
coût du transport en commun de nature régionale, on ne devrait pas
nécessairement se rabattre sur des sources de revenus autres que la
taxation foncière?
M. Des Marais II: M. le Président, sauf que pour au moins
deux de ces trois sources, ce sont les contribuables de la communauté
qui vont y participer en majeure partie par la taxe sur l'essence, d'une
part...
M. Clair: Juste une correction sur la taxe sur l'essence;
là-dessus, je ne me souviens plus des chiffres très exacts. Je
crois que c'est 57% qui sont vendus dans la communauté urbaine. Je
prends vos chiffres.
Une voix: À peu près 60%.
M. Clair: Ce qu'on m'indique, c'est que cette donnée, si
elle est très fiable quant au nombre de gallons vendus sur l'île,
n'est pas du tout fiable quant à savoir qui l'achète, à
savoir que ce n'est pas nécessairement 100% des "Cumois", si on me passe
l'expression, qui achètent l'essence dans la CUM, mais que ce sont
peut-être en plus grand nombre proportionnellement des Lavallois ou des
gens de la rive sud, je ne sais pas comment on les appelle, des
Montérégiens. (15 h 30)
M. Des Marais II: M. le Président, je n'entrerai pas dans
le détail, parce que je n'ai pas les sources et le ministre ne semble
pas les avoir, sauf pour faire une hypothèse. On peut présumer,
de toute façon, qu'un bon nombre de contribuables de l'île de
Montréal achètent quand même de l'essence sur le territoire
et y participeraient. Je ne suis pas entré dans le détail de
l'autre source dans mon mémoire qui est la taxe sur les stationnements.
Je sais que la ville de Montréal fera valoir son point de vue.
Personnellement, je suis opposé à ce genre de taxe que je trouve
discriminatoire, qui est une entrée du gouvernement dans les rares
moyens qui sont restés aux municipalités, à part la taxe
foncière. Mais je sais que la ville de Montréal saura
défendre son point de vue que je partage entièrement.
M. Clair: Je repose ma question: Pour répartir une partie
du coût du transport en commun dans sa dimension régionale sur
l'ensemble de la région, à partir de votre expérience, ne
croyez-vous pas qu'on devra nécessairement avoir recours à
d'autres sources que la taxe foncière de façon pratique?
M. Des Marais II: Possiblement, quoique tout dépend du
point de vue. M. le Président, le ministre a exprimé l'opinion
qu'il craignait des retombées légales d'une part, et
peut-être des retombées politiques. J'ai l'impression que les
retombées légales, en consultant les gens compétents en la
matière, on pourrait faire le tour de cela et ne pas se retrouver dans
des litiges à n'en plus finir. La partie politique: il s'agit de juger
si, du fait que des gens qui ne sont pas des contribuables utilisent le
réseau de la communauté dont une certaine partie du
déficit est assumée par les contribuables de la communauté
et dont on a pu déceler que leur pourcentage du potentiel fiscal
était à peu près égal à leur nombre, il est
juste et équitable qu'ils soient ainsi taxés. Autrement, on
revient à la comparaison fort simple du contribuable qui demeure
à Cartierville et de celui qui demeure à Laval de l'autre
côté; dans un cas, il n'y a pas de contribution. Utilisons
l'hypothèse qu'ils sont tous les deux près d'un pont et que, dans
un cas, il y en a un qui paie une taxe de transport en commun pour un
réseau - dans certains cas, qui n'est même pas à
côté de chez lui: je vais prendre le contribuable qui demeure
près du pont Louis-Joseph Papineau. Ils se trouvent aussi loin du
métro l'un que de l'autre, et l'un paie une taxe de transport importante
tandis que l'autre n'en paie pas. À mon avis, c'est une question
d'équité et de justice et je ne pense pas que ce soit un fardeau
impossible à faire assumer par les municipalités desservies par
les deux commissions de transport. Encore une fois, c'est un jugement, M. le
Président. Je laisse le soin à ceux qui en auront la
responsabilité d'en décider de prendre la meilleure
décision possible.
M. Clair: Merci. Sur d'autres sources de financement, à
savoir les postes de péage qui ceintureraient en double l'île de
Montréal, avec des revenus alléchants au premier abord, dans
votre hypothèse, est-ce qu'à ce moment-là ce serait la
Communauté urbaine de Montréal qui aurait le pouvoir
extraterritorial, si on veut, de les implanter, de percevoir? Est-ce que ce
serait l'organisme régional de transport ou le gouvernement du
Québec? Sur les frêles épaules de qui, vous proposez que
cette responsabilité repose?
M. Des Marais II: M. le Président, ce n'est certainement
pas pour se décharger d'une responsabilité, mais si j'ai
proposé un ORT léger, ce n'est certainement pas à lui. La
communauté, le moins elle déborde de son territoire dans ses
responsabilités, à mon avis, le mieux c'est, et je pense bien que
le gouvernement du Québec à ce moment-là aura à
assumer cette joyeuse responsabilité.
Des voix: Ah! ah!
M. Des Marais II: M. le Président, si vous me le
permettez, je n'ai pas répondu à la première question du
ministre. Est-ce qu'on avait fait des études pour déterminer le
taux de taxes à l'extérieur? Je dis que, si on procédait
à cette répartition, le taux de taxes deviendrait à peu
près le même, baisserait légèrement à la
communauté et augmenterait sur la rive sud et la rive nord.
M. Clair: Cela me permet, d'ailleurs, en passant, d'apporter une
rectification relativement à une affirmation que j'ai faite ce matin
à propos de la diminution de 18 000 000 $ comme contribution de la CUM
au service de la dette du métro pour 1982, 1983 et 1984. En fait, cette
évaluation vient de la ville de Montréal et non pas de la
Communauté urbaine de Montréal; c'est tiré de tableaux de
la ville de Montréal, selon ce qu'on m'indique.
Voici une autre question plus ponctuelle, relativement à la
Communauté urbaine de Montréal. Vous réclamez des
changements quant à la direction de la CTCUM; que le conseil
d'administration soit composé d'élus, si je comprends bien.
J'aimerais vous entendre parler des avantages que vous y verriez puisque,
effectivement, la loi no 46 a déjà modifié beaucoup de
choses à cet égard, quant au contrôle des élus de la
Communauté urbaine de Montréal sur la CTCUM. Dans ce sens,
j'ajoute qu'à notre avis la proposition que nous faisons ne va pas du
tout dans le sens contraire de la loi
no 46, mais va plus loin et y va en séparant deux niveaux
d'intervention, le niveau local et le niveau régional. Sur cette
question précise, qu'est-ce que vous voyez comme avantage à le
faire? Qu'est-ce que vous poursuivez comme objectif?
M. Des Marais II: M. le Président, d'abord, je tiens
à souligner que, sur ce sujet en particulier, c'est une opinion
personnelle, mais que j'ai exprimée à plusieurs reprises et voici
pourquoi et après consultation et réflexion. Les organismes de
transport en commun jusqu'à il y a quelques années,
jusqu'à 1972-1973 en particulier, sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, faisaient leurs frais et
même faisaient des profits dans certains cas. Que la structure
administrative ait été éloignée de la structure
politique, je pense qu'on peut défendre cela en disant que
c'était un service rendu, que peut-être les interventions des
élus se feraient trop pressantes; ce que je n'accepte pas, mais on peut
prétendre cela. À partir du moment où ces organisations
accusent des déficits très importants - on a vu que c'est
passé de zéro à 90 000 000 $ dans la période
d'environ dix ans - il me semble qu'il est normal que les élus que nous
sommes, quand les gens à qui nous envoyons un compte de taxes nous
demandent comment il se fait que cela augmente de 15% ou de 20%, la
répartition du transport en commun, au lieu de dire comme on dit
aujourd'hui que l'on n'a pas de contrôle, puissent dire pourquoi ou
encore qu'ils ont posé des gestes pour empêcher ces
augmentations.
Il est vrai de dire que la loi no 46 a modifié
légèrement les règles du jeu. Cependant, il ne faut pas
non plus, évaluer un règlement de tous les problèmes par
ce changement de règles du jeu. Par exemple, l'approbation des tarifs
par le conseil de la Communauté urbaine de Montréal, c'est une
bonne idée, cela va se faire, mais durant les dernières
années en particulier et j'ai bien l'impression depuis toujours, depuis
le temps que la Communauté urbaine de Montréal existe, la
fixation des tarifs s'est toujours faite en consultation, sinon officieuse,
mais très serrée entre la CTCUM et le comité
exécutif de la Communauté urbaine de Montréal. Je dois
dire que depuis que je suis là, avec celui qui est le président,
mon prédécesseur, il y a eu consultation constante sur cette
question. Que maintenant, officiellement, le conseil puisse se prononcer, tant
mieux, mais cela ne changera pas grand-chose.
Quant à la deuxième disposition que prévoit la loi
no 46, l'adoption des règlements de la commission de transport par le
conseil de la communauté, j'ai eu l'occasion de le mentionner ici, cela
n'est pas tellement important puisque tous les règlements que la
commission a adoptés depuis 1970 ont été approuvés
par le conseil, sauf un, qui était son règlement de régie
interne, qui n'est pas tellement important. Tous les autres, de par la loi,
particulièrement des règlements d'emprunt, il fallait les
adopter.
Où cela s'ouvre un peu, c'est au sujet du budget. Il faut bien
savoir que, lorsqu'on arrive au budget, les élus peuvent en discuter
pendant longtemps, mais les spécialistes qui vivent quotidiennement ces
problèmes préparent le budget, ont des ressources à leur
disposition, sont bien placés pour déterminer quels sont leurs
objectifs à eux et non pas nécessairement les objectifs des
élus. Nous avons vécu, à la Communauté urbaine de
Montréal, une expérience intéressante même si elle a
été modifiée avec le Conseil de la sécurité
publique qui a jeté un coup d'oeil serré sur le budget du corps
policier au cours des dernières années. La prochaine commission
de la sécurité publique va faire de même. S'il n'y avait
pas eu une communication constante à toutes les semaines ou à
toutes les deux semaines, je pense qu'on n'aurait jamais pu arriver au
présent résultat, c'est-à-dire réduire les
augmentations qui étaient beaucoup plus grandes pendant un certain temps
que les augmentations dans les autres services de la communauté.
À mon humble avis, M. le Président, c'est aussi
compliqué, l'administration du transport, sinon plus, que
l'administration policière. Les spécialistes du transport vous
affirment des choses et, à moins d'être un spécialiste
soi-même - ce qui n'est pas souvent le cas - on est obligé
d'accepter et on a vu ce que cela donne. S'il n'y avait pas d'augmentation des
coûts, si la commission de transport faisait ses frais, je n'aurais pas
mis devant vous une proposition de ce genre. Mais c'est à cause de
l'augmentation considérable, pour donner une chance aux élus
d'être plus directement impliqués au niveau du conseil
d'administration.
D'ailleurs, j'avais préconisé dans le temps -
c'était avant la loi 46 - que les membres du comité
exécutif soient les membres du conseil d'administration. Vous aurez
peut-être remarqué que je dis maintenant que ce sont des
élus parce qu'avec la nouvelle composition du comité
exécutif cela pourrait être légèrement
différent. À mon avis, ce n'est pas parce que les gestionnaires
actuels de la CTCUM n'ont pas la compétence nécessaire; c'est
simplement que les objectifs des élus sont mieux transmis dans le
quotidien que lors de l'adoption du budget.
M. Clair: Une dernière question, si je veux permettre
à mes collègues de vous questionner également. Cela touche
deux points à la fois, à savoir, d'abord, le partage
des dépenses d'exploitation, sur lequel vous faites une
proposition: 50% par les usagers, 20% par les bénéficiaires
non-usagers hors CUM, 15% par les municipalités et 15% par le
gouvernement du Québec. À cet égard, je ne sais pas si
vous avez fait des travaux pour voir quel serait le niveau des tarifs, par
exemple, de la carte d'abonnement mensuel en 1983, selon cette proposition. Il
me semble que ce serait très élevé à
première vue.
D'autre part, comment concilier une telle proposition avec votre appui
de principe à l'intégration tarifaire? Comment
l'intégration tarifaire pourrait-elle se réaliser en même
temps ou parallèlement ou peu de temps après? Si on essaie de
réaliser une intégration tarifaire en même temps qu'on
redresserait de façon aussi raide - je pense que c'est le mot qu'on peut
employer - la contribution des usagers, si on augmente les tarifs à un
rythme aussi accéléré sans intégration tarifaire,
à mon humble avis, sans avoir fait les calculs, cela voudrait dire qu'il
y aurait des baisses d'achalandage considérables à cause du
niveau très élevé des tarifs. Cela nécessiterait
donc doublement une intégration tarifaire, si on veut qu'il y ait une
certaine équité dans la structure régionale. Comment
conciliez-vous les deux, votre appui de principe à l'intégration
tarifaire et une proposition de partage comme celle que vous faites? Avez-vous
évalué à quel niveau se situeraient les tarifs, par
exemple, de la carte d'abonnement mensuel, au cas où votre proposition
serait mise en application?
M. Des Marais II: M. le Président, comme je l'ai
mentionné, il y a des suggestions diverses qui ne sont pas exhaustives
et qui ne doivent pas nécessairement être retenues dans leur forme
totale. Dans ce cas, à mon avis, si c'était retenu par le
gouvernement, ce serait un "phasing in" dont il faudrait déterminer la
durée, ce que nous n'avons pas fait. Mais on pourrait probablement
aussi, en étudiant les effets du "phasing in", changer s'il le faut les
pourcentages, le principe suivant devant cependant être retenu, à
savoir que les usagers paient un montant fixe en pourcentage, que les
municipalités et le gouvernement fassent la même chose et que ce
qui restera aille aux non-usagers.
Nous ne sommes pas allés dans le détail de cela parce que
nous avons plutôt pensé que c'était une question de
principe. Il est sûr que la question que le ministre pose est
extrêmement pertinente. On pourrait faire des simulations et
déterminer que cela prendra deux, trois ou quatre ans. Cela a peu
d'importance que cela prenne plus ou moins de temps pour procéder
à cette intégration, dépendant de la façon dont se
fera l'intégration intermodale et interzonale aussi dans tout le plan.
Cela, nous ne l'avons pas fait et cela pourrait être fait assez
rapidement. On pourrait vous fournir des simulations, quoique je sache que vous
avez les moyens de le faire vous-même. (15 h 45)
M. Clair: M. le Président, mon dernier commentaire sur
cette question, à mon avis, c'est très relié,
l'intégration tarifaire et la possibilité de redresser
progressivement la quote-part des usagers. Redresser progressivement la
quote-part des usagers, dans ma tête, cela ne signifie pas seulement une
augmentation pure et simple de la structure tarifaire actuelle, parce qu'il est
loin d'être prouvé qu'elle soit optimale. On a
démontré, par l'introduction de la carte d'abonnement mensuel,
qu'un type de transport peu dispendieux pouvait contribuer à augmenter
l'achalandage, en ne pénalisant pas l'usager et en augmentant la
rentabilité; même si on sait que c'est déficitaire, on
diminue le déficit d'une certaine façon à la charge de
tout le monde. Moi, je pense que - si vous êtes d'opinion contraire,
qu'on m'en fasse la démonstration, parce que cela m'apparaît
évident - tout redressement progressif de la quote-part des usagers
passe préalablement par une nouvelle structure, une intégration
des types de transport dans l'ensemble de la région afin d'en
éliminer les inéquités actuelles qui, si elles
étaient seulement avivées par une augmentation de tarifs,
contribueraient à diminuer l'achalandage, à miner la
rentabilité, à augmenter les déficits, votre contribution
au déficit et celle du gouvernement. Je ne sais pas si vous partagez
cette avis-là, j'aimerais vous entendre là-dessus. En
résumé, ma prétention est qu'avant d'envisager tout
redressement significatif de la quote-part des usagers il faut d'abord
procéder à une rationalisation tarifaire.
M. Des Marais II: M. le Président, je suis
complètement d'accord avec le ministre sur la question. Il s'agit
simplement de déterminer avec quelle rapidité devrait se faire
cette correction-là.
M. Clair: Un dernier petit commentaire, M. le Président.
Si un organisme régional de transport avait un pouvoir
décisionnel en matière de rationalisation tarifaire, cela
pourrait accélérer de beaucoup ce processus-là. Cela
demeure mon opinion et je suis disponible pour entendre, au cours des prochains
jours, des avis là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. Des Marais, dans votre mémoire, vous
faites référence à plusieurs reprises à ce que vous
appelez les "effets de débordement" et, dans ses questions tout
à
l'heure, le ministre, à plusieurs reprises, a utilisé
l'expression. Il semble que tout le monde tienne pour acquis que ce
phénomène apocalyptique existe. Pour ceux d'entre nous qui ne
sont pas des experts en transport, est-ce que vous pourriez nous dire ce que
sont les "effets de débordement" pour qu'on comprenne un peu ce dont il
s'agit?
M. Des Marais II: M. le Président, c'est la disposition
qui fait que les contribuables de la communauté assument, au nom
d'autres contribuables qui ne participent pas tous aux taxes foncières
du territoire, une responsabilité d'une partie des coûts. Les 200
000 passagers dans le réseau ne participent pas à la taxe
foncière de la communauté et, en conséquence, quand on se
retrouve dans le métro avec un résident - je ne dirai pas de
Saint-Lambert - d'une municipalité de la rive sud et un résident
d'Outremont, il y en a un qui a payé plus pour son type de transport, au
total, que l'autre. C'est cela, un effet de débordement; c'est qu'on
donne, et c'est normal, des services à d'autres, mais ce n'est pas
normal qu'ils ne payent pas pour ces services, à mon avis.
M. Bourbeau: Ah bon. Ce seraient donc les coûts qui
seraient occasionnés à la CUM par le fait que certains utilisent
les infrastructures de la CUM et n'ont pas contribué à leurs
coûts, si je comprends bien.
M. Des Marais II: C'est exact, M. le Président.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a eu des études faites dans le
passé, chez vous, pour comptabiliser ces effets de
débordement?
M. Des Marais II: M. le Président, nous connaissons le
déficit de fonctionnement par passager et nous connaissons le nombre de
passagers qui viennent de l'extérieur; multipliez l'un par l'autre.
M. Bourbeau: Oui, mais c'est quand même seulement un des
aspects du problème, si on regarde l'ensemble de ce qu'on pourrait
appeler les effets de débordement. Prenez, par exemple, les
infrastructures de la CUM; elles ont été payées en grande
partie par le gouvernement du Québec. Le gouvernement, dans sa grande
générosité, paie 100% des coûts du métro
depuis deux ans; en fait, on ne sait plus s'il va les payer ou non, mais, de
toute façon, il était censé les payer. Même à
60%, il reste que l'ensemble des contribuables québécois, y
compris les banlieusards, paie les coûts d'infrastructures à la
CUM. À ce moment-là, on ne peut pas dire que ce sont les gens de
la CUM qui, seuls, ont payé les infrastructures, puisqu'une grosse
partie est payée par l'ensemble des contribuables. D'autre part, est-ce
qu'on ne pourrait pas, également - dans le tableau, si on fait la
comptabilité des effets de débordement, il y a un passif et un
actif -dire que la CUM, puisque le déficit est éventuellement
facturé aux contribuables - et c'est ce dont vous vous plaignez, les
propriétaires de maisons qui écopent par la taxe foncière
- subit une hausse de l'évaluation importante à cause de
l'existence même du métro et qu'en conséquence le fait
d'avoir un métro sur le territoire de la CUM ajoute une plus-value
importante à l'évaluation foncière et, donc, permet de
retirer plus d'argent que s'il n'y avait pas de métro? Est-ce que, par
exemple, on pourrait avoir des structures comme la Place Desjardins ou le
Palais des Congrès ou des complexes immobiliers importants s'il n'y
avait pas de métro? Est-ce qu'on ne pourrait pas tenter de
déterminer s'il y aurait des investissements importants qui ne se
feraient pas s'il n'y avait pas de métro? Si tel est le cas, il faudrait
peut-être, dans le bilan des effets de débordement par rapport aux
autres effets contraires, tenter de voir si le métro lui-même
n'apporte pas une plus-value qui profite exclusivement aux gens de la CUM.
M. Des Marais II: M. le Président, sur la deuxième
partie, le député de Laporte a entièrement raison; cela
amène une plus-value foncière d'avoir un métro. Cependant,
si on répartissait les coûts à l'extérieur du
territoire de la communauté, cela aurait une importance, mais, comme les
coûts sont répartis essentiellement à l'intérieur du
territoire, c'est sans effet. Dans la proposition que je fais de
répartir des coûts sur la valeur foncière à
l'extérieur du territoire, je pourrais dire comme vous, si, à un
moment donné, on discutait du quantum: Oui, la communauté en
absorbe plus proportionnellement parce qu'elle en retire des avantages. Mais,
quand' on compare l'assiette fiscale exclusive de la communauté
où se fait seulement la répartition, à mon avis, c'est
sans effet, mais c'est peut-être une question d'opinion.
Quant à la participation des autres citoyens du Québec,
via leurs taxes, aux coûts du métro, il faudrait se rappeler
-malheureusement, je n'ai pas voulu le dire, mais je pense que vous me donnez
l'occasion de le faire - que, quand le gouvernement a accepté de payer
100% des infrastructures, ça s'inscrivait, évidemment, à
l'intérieur de la réforme de la fiscalité, mais ça
s'inscrivait aussi à l'intérieur d'un principe -je me rappelle
que cela a été mentionné à plusieurs reprises
à ce moment-là - selon lequel le gouvernement cessait, sur le
territoire de la communauté, à peu près, à toutes
fins pratiques, son programme de construction routière à grande
densité et qu'il considérait, par la suite, que le
métro
était l'équivalent d'une réseau routier à
haute densité, étant donné qu'on considérait qu'on
avait à peu près terminé ce qui était à
faire, sauf pour quelques bouts d'autoroute, mais qu'à l'avenir
c'était le métro.
Il ne faudrait pas, parce qu'on a changé les 100% pour autre
chose, venir ensuite nous dire: Écoutez, tout le monde paie pour
ça. Les citoyens de la communauté paient aussi pour des
dépenses qui sont encourues par le gouvernement et en proportion
beaucoup plus grande à l'extérieur du territoire.
M. Bourbeau: En fait, le point que je tentais d'établir,
c'est qu'il ne faudrait peut-être pas regarder uniquement les effets de
débordement en termes de déficit d'opération, mais en
termes de revenus additionnels qui pourraient être apportés
à la CUM. À ce titre-là, il y a un exemple qui, je pense,
est excellent; c'est celui de la ville de Longueuil qui a une station de
métro, qui doit donc payer une partie du déficit du métro.
Je pense qu'il y a aussi un montant à payer au chapitre de la
construction de la station, je pense qu'il y a un montant en litige, mais il y
a un coût à tout ça qui est une couple de millions. D'autre
part, on sait qu'avec la sation de métro ça lui a permis de faire
construire ou d'avoir des conciergeries très importantes aux alentours
de la station de métro, ce qui n'aurait jamais été fait
sans celle-ci. Alors, quand on regarde les revenus que la ville retire, les
taxes foncières de ces édifices qui sont là uniquement
parce qu'il y a une station de métro, et qu'on compare ça au
coût de déficit du métro, finalement, le maire de Longueuil
s'est vanté à plusieurs reprises que le métro,
c'était payant. Si cela a été le cas à Longueuil,
est-ce qu'on ne pourrait pas établir le même raisonnement pour la
ville de Montréal? Peut-être que cela diminuerait
singulièrement le poids des arguments quand on parle des effets de
débordement.
M. Des Marais II: M. le Président, je ne le crois pas, et
d'autant plus que, quand on établit la comparaison avec Longueuil,
à mon avis, ça prouve mon argument. C'est que les contribuables
de Longueuil paient plus de taxes, parce qu'ils paient une taxe de transport
qui est plus importante que celle des villes avoisinantes parce que, justement,
eux, ils ont le service, en comparaison avec des villes avoisinantes qui ne
paient pas.
M. Bourbeau: II y a les revenus de l'évaluation
foncière additionnelle aussi, ce qui s'équivaut, en fait.
M. Des Marais II: Chez eux, vis-à-vis de ceux qui ne
paient pas, mais sur le territoire de la communauté, c'est un
résultat neutre, d'une ville à l'autre du territoire, à
mon avis.
M. Bourbeau: Enfin, en ce qui concerne les effets de
débordement, je pense qu'il y a encore des études à faire
avant de pouvoir prouver avec certitude qu'ils existent. Je ne sais pas si vous
êtes d'accord avec cela.
M. Des Marais II: M. le Président, de mon point de vue, on
a prouvé que cela existait, mais on peut continuer à colliger des
arguments additionnels.
M. Bourbeau: Très bien. Dans votre mémoire, M. Des
Marais, vous parlez à plusieurs reprises du métro de surface,
entre autres, à la page 27 et à la page 67, et vous semblez
mettre sérieusement en doute l'opportunité de construire la ligne
de métro de surface no 6 qui doit aller vers Rivière-des-Prairies
et, éventuellement, à
Repentigny. Est-ce que vous pourriez préciser un peu les raisons
qui vous amènent à mettre en doute l'opportunité de
construire cette ligne de métro de surface?
M. Des Marais II: D'abord, je ne remets pas en doute
l'opportunité d'avoir signé un protocole d'entente, la
commmunté avec le gouvernement du Québec, quant à un
programme général qui inclut le métro de surface.
Maintenant, depuis deux ans, la situation évolue et, à mon avis,
tout en gardant dans notre programme les métros de surface, il faut se
demander si on a les moyens de continuer. J'ai raison de croire que, du
côté du gouvernement du Québec, les moyens ne sont pas
aussi grands que, peut-être, il aurait été
nécessaire qu'ils soient dans le temps. D'autre part, il faut se
rappeler que plus on met en service ces réseaux, plus cela coûte
cher; le déficit résiduel est d'autant plus grand. Et je ne dis
pas qu'il faut abandonner la ligne 6 en particulier, et cesser la modernisation
de la ligne du CN et de la ligne du CP, mais je pense qu'avant de s'engager
dans des travaux on devrait peut-être revoir le programme dans son
entier. Je pense que l'heure est venue de se poser la question: Ce plan
sera-t-il celui que nous allons exécuter? Si oui, dans combien de temps?
Et je pense qu'il est anormal - et ce n'est un blâme envers personne,
mais c'est anormal pour nous - de ne pas s'asseoir au moment où on en
parle et dire dire: Combien d'années allons-nous prendre pour installer
ces réseaux? Comme le gouvernement du Québec, jusqu'à
aujourd'hui, en paie 100%, même s'il change sa méthode, à
quel rythme êtes-vous prêts à accepter de payer? À ma
connaissance, cela ne s'est jamais fait. On a fait un petit exercice, un peu
sous le manteau, il y a un an à peu près, mais de façon
officielle, cela ne s'est jamais fait et je pense que le temps
est venu de le faire. Si, à la suite de ces travaux, les
partenaires financiers découvrent qu'ils ont les moyens
nécessaires, le plus vite possible on terminera la 5, la 6, la
modernisation, mieux ce sera. Mais j'ai de très très
sérieuses raisons de croire que les partenaires ne voudront pas, pour
des raisons différentes, mettre autant d'argent sur une aussi courte
période. En conséquence, il faut faire des choix. Mon choix
personnel, c'est qu'on devrait terminer le métro; il est
déjà en marche, cela devrait se terminer. On devrait
réévaluer, parce qu'elle est nécessaire, la ligne 6, pour
le développement, en particulier, de Rivière-des-Prairies du
côté de Montréal, réévaluer si, dans un
premier temps, c'est réellement le grand moyen qu'on doit se donner.
Quant à la modernisation des chemins de fer, il y a
évidemment "l'input" du gouvernement fédéral qu'il faudra
dépenser. Mais en réussissant à épargner l'argent
qui vient de chez eux, est-ce qu'il est nécessaire d'aller plus loin et
est-ce qu'on ne devrait pas peut-être vivre l'expérience d'une
augmentation de trafic de gens qui, à ce que je sache, sont très
heureux parce qu'ils ont un meilleur service, mais qui n'ont pas la Cadillac
qu'on s'apprête à leur offrir?
M. Bourbeau: Si je comprends bien, tant que le gouvernement
investit 100% des fonds, vous n'avez pas d'objection à dépenser
les millions, mais, si ce sont vos propres fonds, vous pensez qu'on devrait
peut-être regarder cela deux fois.
M. Des Marais II: Non, M. le Président, c'est que la
communauté a été le maître d'oeuvre pour la
construction des réseaux de transport en commun, et maître
d'oeuvre, cela veut dire - on l'a fait au commencement - qu'il faut regarder la
totalité du projet. Aujourd'hui, on est obnubilé - et j'en parle
d'aise parce que je n'y crois pas et je l'ai exprimé à plusieurs
reprises - on est obnubilé par le programme triennal d'immobilisations
qui, à mon avis, est une sinistre farce parce que cela nous
empêche quasiment de planifier plus que trois ans en avant. En plus de
cela, cela nous amène dans des situations où il y a des
décisions qui sont prises à deux niveaux: par les élus
municipaux, puis par les élus provinciaux, sans réellement qu'il
y ait une jonction. À mon avis, l'heure est arrivée de regarder
le programme dans son ensemble, pas parce que c'est l'argent de la
communauté ou du gouvernement, mais parce que, comme maître
d'oeuvre, il faut quand même avoir un certain sens des
responsabilités et se rappeler que lorsqu'on met en service ces
puissants réseaux, s'il n'y a pas un achalandage additionnel important,
ça coûte de l'argent à la communauté comme au
gouvernement du Québec.
(16 heures)
M. Bourbeau: Dans le mémoire, vous faites
référence à plusieurs endroits au COTREM. J'ai noté
rapidement quelques endroits. Vous dites, à la page 41, que "le COTREM a
envahi presque toutes les compétences dévolues aux divers
organismes". "Non représentatif et largement dysfonctionnel", ce sont
les épithètes que vous adressez au COTREM. Un peu plus loin vous
dites que "de par sa nature, le COTREM échappe au contrôle des
élus"; ailleurs, "que le COTREM, qui tend à imposer
immédiatement un modèle de réseau de transport collectif
rapide, ne correspond pas aux besoins des populations parce qu'ildépasse largement ses besoins immédiats". Dans cette optique,
je crois que la construction de certains projets doit être remise...
Enfin, vous parlez toujours du COTREM et de son action.
Finalement, en page 73, c'est le "knock-out punch".
"Conséquemment, le COTREM, tel qu'il existe, doit disparaître." On
voit cela se préparer au fur et à mesure des chapitres. Est-ce
que vous pourriez vous étendre un peu sur ce que vous pensez du COTREM
et dire pourquoi vous croyez que le COTREM doit disparaître?
M. Des Marais II: M. le Président, le COTREM, il faut voir
son histoire et ça n'a rien à voir avec les individus qui y
oeuvrent, qui sont compétents, qui font bien leur boulot; c'est un
organisme de consultation auprès du ministre des Transports.
Éventuellement, c'est un organisme qui, tranquillement, de par les
mandats qui lui ont été donnés, est devenu un
planificateur en transport pour la région de Montréal. C'est
l'organisme, à ce que je sache, qui a préparé au point de
vue technique le plan régional de transport.
Jusque-là, pas trop pire, mais à un moment donné il
ne faut pas prétendre, parce que c'est le COTREM, tout aussi
compétent qu'il soit, qui a préparé ces plans-là
que le gouvernement a entérinés, que soudainement
l'autorité et la responsabilité des élus locaux ont
été partie aux travaux et aux résultats. Que les
présidents des commissions de transport en fassent partie à titre
de membres du conseil d'administration, fort bien, mais ce ne sont pas,
à ce que je sache, des élus et, en plus cela, cela fait trois
présidents qui représentent des commissions de grosseur et
d'importance complètement inégales entre la CTCUM, la CTL et la
CTRSM.
À mon avis, en ce qui a trait à la planification sur le
territoire, il y a eu un échange raisonnable avec le BTM, mais, à
mon avis, aujourd'hui, au moment où on se parle, le COTREM tel qu'on le
connaît devrait disparaître, la planification du réseau au
plan régional devrait retomber sur le BTM
avec le personnel du BTM. L'organisme consultatif dont a de besoin le
ministre des Transports, il peut très bien se le donner et continuer ses
travaux, et, à mon avis, les élus, par l'entremise de l'ORT
léger, auront leur mot à dire dans la planification
générale; chacun retombe à sa place là où il
doit être aujourd'hui. Je ne blâme personne pour les
événements qui se sont passés. Je pense qu'on cherchait un
peu chacun sa voie; j'espère qu'on l'aura trouvée.
M. Bourbeau: Une simple question encore au sujet du COTREM.
Est-ce que la CTCUM contribue encore au budget du COTREM ou si c'est maintenant
uniquement le gouvernement? Les commissions de transport à un moment
donné versaient des contributions.
M. Des Marais II: Très peu en proportion.
M. Bourbeau: Vous avez parlé tantôt des postes de
péage et le ministre en a touché un mot. Pour les gens qui
veulent avoir accès au centre-ville ou à la ville de
Montréal, à l'fle de Montréal, le problème des
postes de péage en périphérie des villes, c'est toujours
un problème en ce sens qu'aux heures de pointe cela ajoute à la
congestion sur les routes puisque ça ralentit le trafic -on n'a
qu'à regarder l'autoroute des Laurentides, le pont Champlain ou enfin
les grandes artères d'accès - et, deuxièmement, c'est un
facteur de pollution, forcément, parce que les voitures doivent
arrêter. On prétend qu'on pourrait quantifier les coûts
d'énergie en ce qui concerne l'usure des voitures qui doivent mettre les
freins, repartir, etc. Également, il y a ceux qui avancent qu'en
général il existe très peu de grandes villes au monde
où il y a des ceintures de postes de péage à
l'entrée même des villes. Je pense que c'est un fait qu'au Canada
il n'y a à peu près aucun autre exemple que Montréal. Dans
les plus grands pays, on voit beaucoup de postes de péage sur les
grandes routes entre pays ou entre régions d'un pays, mais à
l'entrée même des grandes villes il est assez rare qu'on "essaime"
les postes de péage de façon à retarder davantage encore
une circulation qui est déjà très lourde. Ne trouvez-vous
pas que c'est un argument important qui va à l'encontre du principe
d'étaler les postes de péage plutôt que de les
multiplier?
M. Des Marais II: Sans doute, ce n'est pas une solution que j'ai
proposée en pensant qu'elle était la meilleure. Elle aurait
été mise en place bien avant si elle ne comportait pas les
nombreux problèmes que vous avez mentionnés à plusieurs
niveaux, sauf que, comme je l'indique, c'est un élément de
solution. Il s'agit de savoir, dans la liste des solutions, si elle est la
première ou la dernière, si elle devrait être retenue ou
non.
M. Bourbeau: Une dernière question, je pense qu'elle est
fondamentale. La proposition gouvernementale concernant la réforme du
transport en commun vient, bien sûr, du fait que les coûts de
transport sont devenus tellement importants que chacun essaie de se lancer la
patate chaude, si je puis dire, pour tenter de voir qui pourra les payer. Il
est bien évident que, si les déficits sont si importants, c'est
qu'on manque un peu de revenus et que, d'autre part, les dépenses de
fonctionnement sont très importantes. Cela amène la question du
contrôle des coûts par les élus ou par d'autres. Vous avez
plaidé d'une façon très éloquente en faveur du
contrôle par les élus. Est-ce qu'on peut dire que maintenant
-c'est ma question - avec la loi 46 - je voudrais revenir un peu
là-dessus, vous en avez parlé un peu tantôt - vous estimez
que vous avez les pouvoirs nécessaires pour contrôler vraiment les
coûts de la CTCUM et, donc, d'assumer la responsabilité de ces
coûts envers les contribuables de la CUM?
M. Des Marais II: M. le Président, j'ai mentionné
tantôt que c'est mieux que c'était, par l'approbation du budget
qui n'est plus automatique. J'ai mentionné aussi que le contrôle
des coûts se fait quotidiennement et qu'il se fait tout au cours d'une
année budgétaire. Cela se fait par des gestes ponctuels qui sont
posés à l'occasion de l'octroi de contrats, de mandats qui sont
donnés, etc. Pour les élus, tout aussi compétents qu'ils
soient, même pour la commission de transport qui va être
créée, c'est très difficile quand on n'est pas
décisionnel, de contrôler ces coûts et de déterminer
quels sont les grands objectifs qu'on veut se donner; parce qu'il est beaucoup
plus facile en transport de rationaliser qu'il faut donner un service à
un coût X à certains endroits que de rationaliser qu'il faut
cesser de donner un service à un endroit ou à l'autre, compte
tenu que, chaque fois qu'il y a retrait de services, il y a habituellement
protestation de la part des usagers et qu'à moins que cela ne se fasse
de façon absolument constante, on ne peut pas contrôler un budget
aussi important que celui-là simplement par son approbation au moment de
l'adoption dudit budget.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir un peu sur la question de la
CTCUM, parce qu'il semble que, lorsqu'on regarde l'ensemble des
mémoires, le grand problème des déficits existe surtout
à la CTCUM, en ce sens que la CTCUM est tellement importante par rapport
aux commissions de transport de
Laval et de la rive sud que c'est là que l'argent se
dépense le plus. Je suis bien sûr que, si le ministre pouvait se
dispenser de payer l'aide gouvernementale à l'une des trois commissions,
c'est bien la CTCUM qu'il choisirait de ne pas subventionner. N'est-ce pas, M.
le ministre?
M. Clair: Non.
M. Bourbeau: Quand on regarde les statistiques - je regarde un
autre mémoire qui n'est pas le vôtre, mais il y a un tableau ici
quelque part - on remarque qu'à la CTCUM il y avait dans les
années soixante à peu près 2000 autobus. Je cherchais le
graphique, mais je ne l'ai pas. À un moment donné, le
métro est arrivé en 1967. Donc, on a installé en plein
centre de Montréal un moyen de transport lourd et important pour
déplacer des gens. Or on constate qu'à la suite de cela, il n'y a
pas eu diminution du nombre d'autobus. Donc, on a ajouté une offre de
transport importante, un parc de véhicules important. On aurait
été porté à penser qu'à cause de cela on
allait retirer un nombre d'autobus, parce que l'achalandage n'a pas
bougé. Ce n'est pas ce qui est arrivé. On a gardé le
même nombre d'autobus et on a ajouté le métro.
Subséquemment, vous avez encore agrandi le métro, prolongé
le métro. Il y a eu la CAM qui a eu pour effet d'augmenter un peu
l'achalandage, mais cela n'a pas encore été le fait qu'on avait
plus d'équipement, c'est parce qu'on avait baissé les tarifs de
façon substantielle qu'il y a eu un achalandage additionnel. Donc, la
conclusion qu'un profane pourrait tirer, c'est qu'à la CTCUM on ajoute
continuellement de l'équipement, puis l'achalandage n'augmente pas en
proportion et, forcément, les déficits sont plus importants.
Est-ce que, d'après vous, ce serait possible qu'à la CTCUM on
souffre de suréquipement et que cela soit l'une des causes importantes
des déficits très lourds que les contribuables de la CUM ont
à supporter?
M. Des Marais II: M. le Président, je ne pourrai pas
répondre à la question aussi directement, mais je reviens
à ce que je disais tantôt. S'il y a un contrôle plus
régulier par les élus, les questions vont peut-être se
poser plus en détail. J'en soulignerai deux qui dépassent
amplement l'étude du budget seulement. Il y a un an ou deux, nous avons
entrepris des conversations avec la commission pour déterminer si elle
possédait une politique de service, c'est-à-dire en fonction de
quoi donne-t-on du service et à qui? À notre grande surprise,
comme élus, on s'est aperçu que c'était assez vague et
j'irais même jusqu'à dire qu'une politique comme telle, bien
structurée, il n'en existe pas. Je pense que ce serait peut-être
une des choses dont il faudrait que la commission se dote.
D'autre part, il y a des opinions de gens qui ne sont pas des
spécialistes en transport qui auraient avantage à être
débattues dans le quotidien avec la commission. Par exemple, vous l'avez
mentionné, le nombre d'autobus ne diminue pas. On devrait se demander si
c'est techniquement nécessaire? Par exemple, avons-nous les moyens de
faire rouler des autobus au-dessus du métro, dans le centre-ville,
particulièrement, sur les boulevards Maisonneuve et Dorchester? Alors
que le service est offert par le métro? Je ne peux pas répondre
à cette question et je ne pense pas que ce soit à l'étude
du budget que cela puisse être débattu bien longuement, mais il me
semble que, s'il y avait des gens qui quotidiennement étaient là,
c'est le genre de questions qu'ils pourraient poser. Maintenant, quelles sont
les économies? Faire faire les études nécessaires en ce
sens. Ce ne sont que deux exemples.
M. Bourbeau: M. Des Marais, toujours sur le même sujet,
parce qu'à mon avis il est capital. Cette année, les chauffeurs
d'autobus ont fait la grève une journée et le métro
fonctionnait. Le lendemain, c'était le métro qui était en
grève, etc. Si j'ai bonne souvenance, les journaux ont rapporté
que, finalement, en autant qu'un des deux systèmes fonctionnait, il ne
semblait pas y avoir de perturbation majeure et que les gens finissaient par se
transporter. Avez-vous des commentaires à faire là-dessus? Est-ce
exact? N'est-ce pas une façon de voir s'il n'y a pas trop d'autobus,
puisque cela semblait marcher lorsque seulement le métro
fonctionnait?
M. Des Marais II: M. le Président, je dois tout d'abord
avouer une chose; cela va être la première fois que je le fais
aussi publiquement, mais je vais le faire parce que je le crois. Je ne crois
pas ce que je lis dans les journaux. Alors, quand vous déclarez que les
journaux ont dit cela, peut-être.
Des voix: Ah! ah!
M. Des Marais II: Selon mon expérience personnelle, en
temps de grève, les citoyens s'accommodent assez rapidement d'un manque
de transport, heureusement ou malheureusement. La première
journée, c'est difficile; la deuxième, c'est un peu moins
difficile, la troisième... Cela ne veut pas dire que cela règle
le problème, mais les citoyens de la communauté, les usagers du
réseau de Montréal ont tellement eu de grèves qu'ils ont
fini par se créer des moyens de défense, si je peux dire, ils
comprennent un peu plus et ils se préparent en conséquence. Je ne
pense pas que ce soit là un moyen de réduire les coûts. Je
ne
pense pas que cela réside là.
M. Bourbeau: Une dernière question en ce qui a trait
toujours à l'équipement ou au suréquipement possible. Un
parc d'autobus est constitué toujours en fonction des besoins aux heures
de pointe. C'est comme une armée, au moment où la guerre
éclate, il faut que l'équipement soit dans le champ de bataille.
On entend dire qu'à la CTCUM, aux heures de pointe, il y a un nombre
important de véhicules qui ne sortent pas. Évidemment, aux heures
hors pointe, c'est encore pire ou encore mieux, il y a encore plus d'autobus
qui ne sont pas utilisés. Mais aux heures de pointe, alors que tout
l'équipement devrait être en usage, êtes-vous en mesure de
nous dire combien d'autobus ne circulent pas à la CTCUM
présentement? (16 h 15)
M. Des Marais II: M. le Président, non, c'est justement
une fonction qui est la responsabilité totale et entière de la
commission. J'aimerais mieux vous répondre: Oui, je vais l'obtenir ou je
l'ai, mais ce n'est pas la responsabilité de celui qui vous parle et je
ne peux pas répondre à la question que vous posez.
M. Bourbeau: Est-ce que ce n'est pas dommage que vous ne soyez
pas en mesure de répondre à une question comme celle-ci? Est-ce
que vous ne vous sentez pas un peu frustré de ne pas pouvoir y
répondre?
M. Clair: M. le Président, pour répondre à
la place de M. Des Marais, cela explique l'appui qu'il m'a accordé
tantôt quant à la dimension de la réforme qui propose de
confier encore plus de pouvoirs aux élus, plus de contrôles.
M. Bourbeau: Est-ce que cela n'aurait pas pu être fait lors
de la loi no 46 justement, M. le ministre?
M. Clair: Cela aurait pu être fait lors de la constitution
de la commission de transport en je ne sais quelle année, mais toujours
est-il qu'on est en 1982 et qu'on s'apprête à le faire.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, pour terminer, M. Des Marais,
je pense qu'on s'entend pour dire que, si vous aviez un meilleur contrôle
des dépenses et de la gestion - je parle de vous, les élus, et
non pas de vous personnellement - de la CTCUM, vous seriez possiblement en
mesure de réduire sensiblement les déficits en rationalisant un
peu mieux les équipements et les coûts en
général.
M. Des Marais II: C'est-à-dire qu'on pourrait mieux
harmoniser les objectifs qui sont les nôtres avec ceux de la
commission.
Que je sache, cela s'est fait dans d'autres agglomérations
où les élus ont été impliqués directement et
cela fonctionne très bien.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte.
M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Vu que M. le ministre
a posé plusieurs questions, on ne reviendra pas en arrière, mais
il y en a une à laquelle je tiens beaucoup concernant une affirmation
que vous faites dans votre mémoire sur le métro de surface. Vous
dites, à un moment donné, d'arrêter les travaux de
planification du métro de surface que vous préconisez, soit la
ligne de Pointe-aux-Trembles passant par Montréal-Nord et
Deux-Montagnes. Vous dites aussi de compléter le métro
actuellement en construction, ce qui veut dire le métro Anjou. Je me
demande comment vous avez pu en arriver à une telle conclusion.
D'abord, la population est supérieure en nombre à la ligne
no 6, passant par Montréal-Nord en allant jusqu'à
Rivière-des-Prairies. Quelles connaissances avez-vous actuellement du
développement, soit l'opération 20 000 logements ou d'autres
développements, qui se fait à Rivière-des-Prairies? La
population de Repentigny peut être comprise à même cela
aussi. Toutes les études démontrent actuellement que la ligne no
6 apporte un avantage énorme, contrairement à la ligne no 5. Je
me demande sur quoi vous vous êtes basé; je ne sais pas si c'est
une décision politique ou si c'est une décision pratique, parce
que vous savez que Montréal-Nord paie aussi des impôts fonciers
sur le déficit du métro depuis près de quatorze ans. On
aimerait nous aussi, du secteur nord-est, avoir notre part du transport public
parce qu'il fait défaut. On a fait le sacrifice du métro pour en
diminuer les coûts, pour qu'il ne s'étende pas dans tout
Montréal-Nord, on a accepté un métro de surface.
Si nos élus de la Communauté urbaine de Montréal en
arrivent à la conclusion, aujourd'hui, que Montréal-Nord sera
encore pénalisée, je vous promets une guerre de quartiers. On a
tous les chiffres qu'il nous faut actuellement pour prouver la
rentabilité, surtout au point de vue des coûts, quand on sait
qu'un métro de surface coûte bien meilleur marché qu'un
métro souterrain tel que vous voulez pour desservir les Galeries
d'Anjou. Il y a des affaires qui se font dans le nord-est aussi, on aimerait
avoir notre part du gâteau, si vous voulez l'appeler comme cela.
J'aimerais savoir sur quoi vous vous êtes basé et j'en arriverai
à une deuxième question.
M. Des Marais II: M. le Président, d'abord, celui qui vous
parle et ceux qui sont
responsables des choix voudraient bien répondre aux besoins de
toute la population en même temps, sauf que ce n'est pas possible. La
raison pour laquelle je dis: Regardons à nouveau la ligne no 6 et
terminons le métro, c'est qu'au point de vue technique il me semble
qu'on ne doit pas arrêter complètement la construction du
métro, à moins qu'on ne change le plan. Mais, en
présupposant que le plan que nous avons devant nous soit un plan qui a
l'approbation de toutes les parties, il faut terminer ce petit bout et,
là, on fermera le chantier du métro.
Parallèlement à cela, je l'ai mentionné
tantôt, j'ai toutes les raisons de croire que l'enveloppe globale de la
participation financière du gouvernement du Québec au paiement
des dettes contractées pour la construction du métro et du
métro de surface est plus limitée que le permettrait la
construction ensemble des deux projets. Que la population de
Rivière-des-Prairies augmente - je l'ai mentionné - je souscris
à cela; que la population de Montréal-Nord soit nombreuse, je
souscris à cela. Quand vous dites, cependant, qu'elle fait des
sacrifices depuis quatorze ans, il y a d'autres municipalités qui ont
fait les mêmes sacrifices. Il s'agit de savoir quand cela doit se
terminer, et vous avez raison de poser la question, à mon avis, comme
représentant du secteur. Je répète que le temps est
arrivé de reprendre le projet dans son ensemble, au point de vue
financier - c'est ma seule motivation - et de ne pas se retrouver dans une
situation où, quand le conseil de la communauté fera parvenir au
gouvernement son programme triennal l'an prochain et qu'il dira par hasard
qu'on construit les lignes 5 et 6, au gouvernement du Québec, des gens
décident de couper soit la ligne 5 ou la ligne 6. J'aime mieux qu'avant
on procède à de la consultation, que le gouvernement dise
à la communauté: On est prêt à rembourser, à
vous autoriser pour 100 000 000 $, 200 000 000 $ de travaux. Là, la
communauté fera son choix, mais en fonction d'un
échéancier pour se rendre à la fin des travaux.
M. Laplante: Je sais que dans le secteur nord, à Ahuntsic
est et Montréal-Nord, on a hâte que les politiciens arrêtent
de jouer à la politique là-dessus et que des décisions se
prennent au niveau du service à donner à cette population. Ce
sont des critiques qu'on entend dans la population depuis de nombreuses
années sur l'indécision. Personne ne peut prendre de
décision, mais cela m'amène aussi à vous poser la question
suivante: Étant donné que vous n'êtes pas actuellement pour
un organisme de décision, que vous n'êtes pas capable dans un
projet bien déterminé de prendre une décision, que vous
vous lancez la balle l'un à l'autre, cela ne renforce-t-il pas la
thèse d'avoir justement cet organisme qui pourra prendre des
décisions?
M. Des Marais II: M. le Président, si cet organisme
décisionnel était créé demain, il ne serait pas
plus en position que nous de mettre en marche un programme qui, par exemple,
prévoirait 500 000 000 $ d'investissements par année durant les
cinq prochaines années à moins que le gouvernement du
Québec n'ait changé d'option quant au montant d'argent dont il
est prêt à disposer. M. le Président, si vous me permettez,
on parle des politiciens, je ne sais pas si on inclut les gens de la
communauté là-dedans, mais il faut se rappeler qu'au niveau du
transport en commun les décisions importantes de retard ont
été imposées à la communauté par le
gouvernement du Québec, quel qu'il soit, à partir du moratoire
qui a été imposé au moment des Olympiques et à la
suite, je l'ai mentionné tantôt, des approbations partielles de
programmes triennaux, d'attentes de programmes comme ceux qu'on a aujourd'hui.
Moi, je pense que ce n'est pas un désastre; c'est un plan qui va
coûter des milliards mais qui va être en place pendant des
centaines d'années, à toutes fins utiles, pour le réseau
du métro. On peut prendre quelques années de plus. Je comprends
la frustration des gens, mais il ne faut pas blâmer ceux qui n'ont pas
pris ces décisions. Ce ne sont pas les élus de la
communauté qui ont pris ces décisions.
M. Laplante: C'est encore une façon de se relancer la
balle, mais on va rester avec ce qu'on pense, que c'est la guerre qui se
continue actuellement à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Montréal. C'est à qui aurait le gros morceau du
gâteau, le gros morceau du métro. C'est l'impression qu'on a,
nous, dans Montréal-Nord et je crois qu'elle est fondée. On a eu
des représentants pour essayer de nous défendre. D'autres sont
arrivés avec des promesses et il n'y a pas de décisions qui se
prennent. Là, actuellement, le métro s'en va jusqu'à
Beaugrand et on veut ajouter une autre aile dans Anjou pour desservir un centre
de commerce et nous, qu'est-ce qu'on fait dans le milieu de cela? On regarde -
je vais reprendre l'expression de M. Parizeau - le train passer. Je pense que
c'est le temps de commencer à prendre...
M. Clair: M. le Président, si vous me permettez, juste une
courte intervention. Je comprends très bien l'impatience de mon
collègue de Bourassa et celle de mes autres collègues de cette
région de Montréal et vers le nord. Peut-être que ce qui
contribuerait le plus à faire avancer le débat sur cette
question-là... Parce que je pense, en
étant de bon compte, M. Des Marais, qu'on doit admettre
qu'actuellement on est un peu dans un cul-de-sac non pas tant quant à
l'enveloppe de 500 000 000 $ ou de 600 000 000 $ sur X ou Y années, mais
davantage en termes d'ordre de priorités. C'est à court terme
qu'il va falloir décider si, oui ou non, la priorité est
accordée à la ligne no 5 vers Anjou ou à la ligne no 6
vers Pointe-aux-Trembles. Je dirai publiquement, pour la première fois
également, qu'en ce qui me concerne les études qui ont
été menées m'ont convaincu du fait qu'on devrait favoriser
la ligne no 6 par rapport à la ligne no 5. C'est la première fois
que je le dis publiquement, parce que j'ai toujours considéré que
cette question-là relevait, au premier chef, de la Communauté
urbaine de Montréal quant à l'établissement des
priorités. Actuellement, le débat dure pendant ce temps. Vous
avez tout à fait raison, M. Des Marais; le BTM prépare des
travaux de planification en ce qui concerne la ligne no 5 et le COTREM fait des
travaux de planification en ce qui concerne la ligne no 6. Je pense que ce qui
pourrait faire avancer le débat sur cette question précise, qui
est quand même isolée parce que c'est une question
d'infrastructures à moyen terme... Entendons-nous, on ne parle pas de
planifier pour 50 ans à l'avance des travaux qui ne seront
peut-être jamais faits, mais des travaux sur lesquels il y a des gens qui
travaillent présentement. Ce que je pourrais prendre comme engagement,
c'est de rendre disponibles à tous ceux qui voudront en prendre
connaissance les études qui ont été menées
là-dessus afin qu'on voie qu'effectivement il y a du pour la no 5, il y
du pour la no 6; il y a du contre la no 5, il y a du contre la no 6.
Tout ce que je dis, c'est qu'à ce moment-ci, s'il doit y avoir un
prolongement d'un système de transport à moyenne ou haute
capacité vers l'est, en ce qui me concerne, les études, à
ce jour, m'ont convaincu du fait que la priorité devrait être
accordée à la ligne no 6. Si les études sont discutables,
je ne les ai pas réalisées moi-même, je me fie aux experts
sur cette question-là. Peut-être que cela satisferait mes
collègues s'ils savaient que, dès que ces documents pourront
être compilés d'une manière convenable, on pourra les
rendre publics. Cela permettra peut-être de faciliter le débat
autour de la question entre les élus de la Communauté urbaine de
Montréal et ceux de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. Des
Marais.
M. Des Marais II: M. le Président, si vous me le
permettez, ce n'est pas pour disculper quelqu'un, mais les faits doivent
être exprimés tels qu'ils sont. La communauté, par son
conseil, de façon démocratique, avait approuvé un plan que
nous avons appelé le plan Gascon, qui était le nom de son auteur
qui est à mes côtés, qui prévoyait que le
métro irait à Montréal-Nord. Le plan de transport
régional nous est revenu et il n'y avait plus de métro à
Montréal-Nord. Je dois dire que mes collègues de la
communauté se sont pliés, et certains pas de gaieté de
coeur, à ce nouveau programme. On a dit qu'on allait exécuter ce
programme et je suis très heureux de l'offre du ministre, parce que vous
avez peut-être entendu dire depuis quelques mois qu'il y a eu un
flottement, mais cela a été un flottement qui est causé,
en partie, par le retard de la mise en application de la loi 46. Nous avons
plus ou moins convenu que le programme triennal 1982-1983-1984, que nous avons
adopté il y a quelques mois en matière de transport, ce serait
quelque chose qu'on étudierait plus en détail en 1983-1984-1985,
incluant, possiblement, une décision quant à la priorité
de la ligne no 5 ou de la ligne no 6, avec les éléments qui nous
seront fournis.
Le Président (Boucher): Merci. M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président. Je me dois de...
Une voix: On accepte les indépendants de ce
côté-ci?
M. Bissonnet: Certainement. M. le Président, je me dois,
comme ex-membre de la Communauté urbaine de Montréal, de
féliciter mon ex-collègue, le président de la
communauté, d'avoir présenté ce mémoire avec autant
de franchise et d'avoir fourni à cette commission des réponses
franches et très précises. Je suis convaincu que le ministre des
Transports devra considérer ce mémoire de façon
très sérieuse avant de présenter un projet de loi à
l'Assemblée nationale.
En 1979, je me rappelle très bien - et mes propos rejoindront
ceux de mon collègue du comté de Bourassa - qu'il y avait un
projet de métro qui était la ligne no 5 qui se dirigeait à
Montréal-Nord et on a soumis au ministère des Transports, le
ministre de Belleval du temps, un programme d'intégration de transport.
À cette époque-là, on changeait les deux lignes, la ligne
no 6 et la ligne no 5. On y est revenu en 1980, période
référendaire, entre autres, et on a proposé encore ce
même système de transport en commun. Sur la ligne no 5 qui
était proposée, la CTCUM avait fait toutes les expropriations de
tous les emplacements possibles pour de nouvelles stations de métro. On
a complètement changé ce système-là. Aujourd'hui,
après trois ans, on remet en
cause ce programme d'investissement, de métro dans l'est de
Montréal. Je suis d'accord avec le député de Bourassa, les
gens du nord-est et de l'est de Montréal, en particulier, paient depuis
longtemps. Il n'y a peut-être plus de gâteau, M. le
député de Bourassa, il ne reste peut-être que de petites
miettes. (16 h 30)
La question que je voudrais poser au président, directement,
c'est qu'à la page 11 de votre mémoire - ce qui m'inquiète
beaucoup, on a, dans ce gouvernement du Québec, tendance à
créer beaucoup d'organismes - vous parlez du troisième objectif
poursuivi par le ministre des Transports ayant trait au cadre institutionnel
qui ne vous apparaît que le prolongement d'une volonté encore plus
grande d'une implantation de la bureaucratie gouvernementale. Ma question:
Selon le rapport qui a été déposé, quelles sont vos
inquiétudes devant cette trop grande implantation de bureaucratie
gouvernementale à l'intérieur des cadres? Combien coûtera
l'ORT, tel que proposé? Vous avez une différence entre ce que
vous avez proposé en 1981 par rapport à ce qui est
proposé. Pourriez-vous faire, pour le bénéfice de ceux qui
nous écoutent, succinctement, la différence entre ce qui est
proposé par le ministre et ce que vous aviez déjà
entamé à titre de proposition en 1981?
M. Des Marais II: M. le Président. Tout d'abord, la
proposition que j'avais faite était pour régler,
premièrement, cette fameuse question des effets de débordement,
faire participer les gens de l'extérieur au financement par une taxe sur
l'essence. Découlait de cette participation financière un
organisme dont j'avais soumis certains paramètres. J'ai indiqué
tantôt, ce matin, et je le répète, que la taxe sur
l'essence étant disparue, je me dissocie entièrement,
complètement de la proposition que j'avais faite puisque sa base
était la taxe sur l'essence. Plus de taxe sur l'essence, l'organisme
comme celui que je proposais n'a plus sa raison d'être, et un organisme
plus léger, à mon avis, peut répondre aux besoins du
jour.
Quand je parle de la bureaucratie gouvernementale, c'est peut-être
avec raison mais je pense que le temps est venu de dire: Attention, il ne faut
pas que cela continue. Peut-être avec raison. Au cours des années,
et je pars de 1967 où on a imposé à la communauté
un moratoire de construction, où par la suite on a tailladé dans
les programmes triennaux d'immobilisation adoptés par le conseil de la
communauté et qui faisaient suite à l'adoption soit de
règlements d'emprunts ou de plans de transport en commun sur le
territoire, cela s'est fait de façon unilatérale, à toutes
fins utiles, pour, enfin, et on l'a vu au cours des années, donner au
COTREM une responsabilité de planification très grande, que le
COTREM, à mon avis, a bien remplie mais qui était en
parallèle avec les travaux ou les responsabilités des élus
locaux. Ce qui a été fait, ne le critiquons point, mais à
partir d'aujourd'hui, faisons attention de ne pas continuer dans cette ligne
qui va permettre à des fonctionnaires et des gens qui ne sont pas les
élus locaux d'assumer, pratiquement, l'entière
responsabilité de la planification et du contrôle du transport en
commun sur le territoire de la communauté, sur le territoire de la
grande région métropolitaine.
M. Bissonnet: Une question relative au changement de plan, en
1979, plan Gascon, plan COTREM. Est-ce qu'il y a eu - c'est une question bien
spéciale que je vous pose, on revient dans le temps - divergence
d'opinions entre le BTM et le COTREM à ce moment-là?
M. Des Marais II: Pas en 1979, parce que le COTREM n'avait pas
déposé, en autant que les dates soient bonnes...
M. Bissonnet: Mais lorsque le plan de COTREM a été
déposé, suite au plan Gascon...
M. Des Marais II: II est bien évident qu'il y avait
divergence d'opinions puisque le plan Gascon prévoyait le métro
jusqu'à Montréal-Nord, ne prévoyait pas utiliser la ligne
6. Encore une fois, s'il y a des documents qui sont à l'intérieur
du ministère et qui nous permettraient de mieux juger des raisons pour
lesquelles on a procédé à ces changements, au moment
où on fait le choix, encore une fois je vous le dis, M. le
Président, la communauté, de façon générale,
ne s'est pas pliée gaiement à ce nouveau plan. Mais nous nous
sommes dit que c'était cela le plan et qu'on essaierait de le faire
fonctionner.
M. Bissonnet: M. le Président, M. Des Marais, toutes les
zones proposées à l'intérieur de la communauté
urbaine. Il faut penser à l'usager. Une ville, une île.
D'après le plan qui est proposé par le ministère à
l'intérieur de la grande île, la communauté urbaine a
évidemment une île, mais six zones. Est-ce qu'à
l'intérieur du BTM il y a eu des expertises ou des enquêtes qui
ont été faites auprès des citoyens, parce qu'on se
retrouve, à titre d'exemple, avec un côté de métro
dans la zone 3 et l'autre côté dans la zone 2? Il me semble que ce
sera un système des plus compliqués où c'est encore
l'usager et le plus petit qui sera pris là-dedans. D'après
l'expertise que vous avez dans votre rapport, de quelle façon
voit-on
cette répartition de zones à l'intérieur de la
communauté urbaine de Montréal? À titre d'exemple, les
gens qui ont été annexés dans Pointe-aux-Trembles sont
rendus dans la zone 5. Quand ils ont été annexés, je suis
convaincu qu'ils s'attendaient à payer le même prix que ceux qui
restent dans la même ville qu'eux.
M. Des Marais II: M. le Président, si on me pose la
question à savoir si le BTM s'est penché sur cette question, je
répondrai que, comme tel, non. D'abord, je rappelle que ce n'est pas une
question à mon avis de zones comme telles et que ça ne devrait
pas exister à cause de l'équité fiscale. Au point de vue
mécanique, quand on voit des zones - mais je ne veux réellement
pas entrer là-dedans - dont la limite se trouve au centre d'une station
de métro, je ne suis pas un spécialiste mais je me pose la
question à savoir comment on va, dans les faits, faire fonctionner cela
et comment les citoyens vont réagir en s'apercevant qu'ils sont à
quinze pieds d'un côté et qu'à quinze pieds de l'autre
c'est une autre zone. Je suis tellement personnellement convaincu qu'il ne doit
pas y avoir de zones que je n'ai pas demandé au BTM d'aller dans les
détails pour déterminer si les zones devaient être
révisées.
M. Bissonnet: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je veux dire d'abord à
M. Des Marais que j'ai beaucoup apprécié le mémoire qu'il
a eu l'amabilité de nous faire parvenir durant le congé de
l'Action de Grâces. Cela nous a permis d'avoir un peu mauvaise conscience
de le lire en arrivant à Québec, hier soir, mais de vous dire
également que j'ai - cela va être assez rapide - des questions
concernant le modèle de tarification. Vous mettez en cause le
modèle de tarification, notamment en évoquant qu'il profite
surtout aux régions qui vont être desservies à
l'extérieur de la communauté urbaine. Vous faites état,
aux pages 14 et 15, des diminutions de tarif pour les usagers à
l'extérieur de la communauté urbaine et des augmentations de
tarif qui pourraient s'ensuivre pour les usagers de la communauté
urbaine. Est-ce qu'il n'y a pas danger, d'une certaine façon, et c'est
un peu à la suite de la question de mon collègue de Jeanne-Mance,
de jeter le bébé avec l'eau du bain, dans le mesure, par exemple,
où vous plaideriez pour qu'il y ait une diminution, je dirais, de la
diminution du tarif des usagers des régions extérieures à
la communauté urbaine, une diminution des écarts qui leur serait
bénéfique avec la réforme, mais tout en maintenant
à l'intérieur de la communauté des zones qui permettent de
pouvoir évaluer un tarif en fonction de la distance parcourue? Vous
invoquez comme motif principal l'équité fiscale quisque
l'ensemble des municipalités de la communauté urbaine participent
au potentiel fiscal, mais c'est tout à fait récent. À ce
que je sache, les villes de l'ouest de la communauté urbaine participent
au financement de l'infrastructure depuis peu. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'envisager une certaine tarification en fonction du passé, donc, des
contribuables à l'intérieur de la communauté urbaine qui,
eux, ont financé des infrastructures?
M. Des Marais II: M. le Président, il est vrai de dire que
cela fait seulement deux ou trois ans, maintenant, que les gens de l'ouest de
l'île participent au déficit du transport en commun, mais tous les
autres contribuables du territoire de la communauté y participent depuis
quatorze ans maintenant, soit depuis le début. Alors je dis: Sur le
territoire, équité fiscale. Qu'il y en ait qui se soient joints
au club il y a seulement trois ans, on pourrait dire que pendant une certaine
période de temps - je ne veux pas retourner sur le passé - ils
n'avaient pas le service, cela aurait peut-être dû être fait
avant. De toute façon aujourd'hui nous sommes dans une situation
où tous les contribuables - que ce soit celui de Pointe-aux-Trembles,
celui de Pointe-Claire, celui de Sainte-Anne-de-Bellevue, celui d'Outremont ou
celui de Westmount - paient la même taxe de transport. Personnellement,
je ne peux pas accepter, au nom de l'équité fiscale, que, sur le
territoire de la communauté il y ait des zones. Ensuite, on
s'aperçoit que, au point de vue technique, les estimations de revenus ne
sont pas tellement importantes et que ça ne vaut peut-être pas la
peine, même à ce niveau-là.
Mme Harel: À ce moment-là, évidemment, il y
a les ouvriers de la douzième heure, ceux qui sont arrivés il y a
deux ans et au nom desquels vous réclamez une certaine
équité fiscale par rapport à ceux qui - par exemple,
Pointe-aux-Trembles - paient depuis quatorze ans, sans avoir pour autant de
service. Il y a certainement à prendre en considération cette
situation de fait, dans la tarification, si on veut rechercher une
équité qui tienne compte des éléments du
passé.
Quand vous parliez de débordement, j'aimerais vous demander - sur
la question des subventions pour fins de fonctionnement, vous en avez fait
état quant à la répartition du fardeau financier de la
CTCUM - dans la mesure où il y a plafonnement de la contribution du
gouvernement du Québec, plafonnement en fonction des contributions
des municipalités, le laissez-passer c'est la carte-métro
qui pourrait être utilisée dans le réseau d'autobus par les
200 000 usagers habitant des territoires extérieurs à la CTCUM
et, à ce moment, ce serait les municipalités de la CTCUM qui se
trouveraient à amortir ce laissez-passer pour ces usagers
extérieurs à la Communauté urbaine de Montréal?
M. Des Marais II: M. le Président, pas
nécessairement. Je suggère - et je sais qu'au moins mon
collègue de Laval peut en discuter avec cette commission - que tout
dépendra de la négociation éventuelle d'un tarif
interzonal ou intercommission - si on retenait un tarif qui serait
intercommission -et comment se répartirait le déficit ou les
coûts de ce laissez-passer, quel en serait le coût à
l'usager; ce qu'on n'a pas fait encore.
Mme Harel: Oui, parce qu'à la page 86, quand vous
mentionnez les municipalités qui sont desservies par le réseau de
la CTCUM, mais qui n'assument pas les déficits d'exploitation. Vous ne
faisiez pas allusion seulement à Longueuil.
M. Des Marais II: Non, je faisais allusion aux
municipalités desservies par le réseau de la CTL et de la CTRSN.
Dans le cas de la CTL, c'est une municipalité, dans le cas de la CTRSN,
c'est un plus grand nombre de municipalités, mais qui couvre plus que
Longueuil.
Mme Harel: Alors, en fait, ce que vous plaidez c'est,
plutôt qu'il y ait intégration interzonale, qu'il y ait entente
entre les différentes commissions.
M. Des Marais II: C'est-à-dire, M. le Président,
qu'il n'y ait pas de zone sur le territoire de la communauté comme telle
et qu'on puisse considérer, si on le veut, les trois zones comme
étant chacune des territoires des trois communautés.
Mme Harel: Dans votre mémoire, vous faites souvent
état des frais qui pourraient être encourus par la billetterie,
par la tarification interzonale. Avez-vous pu évaluer ces frais, par
exemple, en regard d'expériences étrangères?
M. Des Marais II: M. le Président, nous n'avons pas
évalué dans le détail, mais nous avons cependant
évalué le revenu possible, qui était tellement peu
élevé, qu'on s'est dit que le moindrement il y aura des
coûts - on peut présumer qu'il y en aura car, dès qu'on
installe un nouveau système, il y en a toujours - ça ne valait
peut-être pas la peine au niveau financier.
Quant à la comparaison avec les systèmes à
l'extérieur, ce qu'on appelle le "honour system", c'est bien à la
mode dans d'autres pays, mais c'est assorti aussi de mesures de contrôle
qui sont dispendieuses. Nous n'avons pas l'habitude, ici, que je sache, de
fonctionner sous un tel système. On pourrait se poser la question -
quand on a une idée de ce qui se passe lorsque nos policiers
disparaissent des rues ou des problèmes de contrôle que la
commission de transport a, même avec tous les systèmes qu'elle a -
comment ça pourrait fonctionner. C'est peut-être une question de
mentalité, mais je dois vous avouer que c'est une opinion et que je
respecte l'opinion de toute personne qui penserait exactement le contraire. (16
h 45)
Mme Harel: Merci.
M. Clair: Peut-être pour ajouter après ma
collègue... Est-ce qu'elle avait terminé?
Mme Harel: Merci.
M. Clair: Sur la question de la tarification interzonale, si je
prends au pied de la lettre le principe d'équité fiscale et que
je le fais mien, ne serait-il pas équitable que des voyageurs utilisant
le service de transport en commun paient proportionnellement également
la même part du coût qu'ils occasionnent? Je m'explique.
Actuellement un usager qui franchit cinq kilomètres - c'est le cas
à 80% à la Communauté urbaine de Montréal et ces
déplacements sont surtout concentrés dans la ville de
Montréal - défraie 50% des coûts qu'il occasionne, alors
que l'usager franchissant quinze kilomètres en paie actuellement 17%.
Est-ce qu'au principe d'équité fiscale ne devrait pas
correspondre aussi un principe d'équité de répartition du
coût occasionné?
Autrement dit, l'argument utilisé par M. Des Marais vaut, mais je
pense qu'il est réversible. Quant au contrôle technique de ces
choses-là, je veux simplement dire qu'à la Communauté
urbaine de Montréal, par exemple, les trains de banlieue ont une
tarification en fonction de la distance et cela ne présente pas de
problème insurmontable semble-t-il jusqu'à maintenant. Sur les
réseaux hors territoire, cela existe déjà. Dans plusieurs
grandes villes dans le monde, c'est le principe qui a été retenu
non pas parce qu'il occasionnait plus de coût, mais, au contraire, parce
qu'il était plus facile.
On aurait peut-être avantage d'ailleurs à aller sur place
et voir à un moment donné... C'est vrai que les revenus
générés à court terme seraient moins importants,
mais je pense qu'à long terme, l'objectif qui était visé,
c'était une certaine équité entre les voyageurs
eux-mêmes. Celles qui seraient favorisées, ce sont notamment les
personnes
non motorisées, au coeur même de l'agglomération, et
ce que cela assurerait, finalement, à long terme, c'est le maintien
d'une structure tarifaire en forme de cône, je dirais, favorisant des
tarifs plus bas pour de plus courts déplacements, lesquels sont surtout
concentrés au coeur même de l'agglomération.
J'avoue, comme je l'ai dit au début de la commission, que cela
est discutable, mais je veux juste qu'on soit bien conscient de ce a quoi on
dit non si on dit non à un système interzonale pour
l'instant.
M. Des Marais II: M. le Président, je suis d'accord avec
le ministre. On s'engage dans une discussion qui deviendra
éventuellement non seulement fiscale, mais philosophique parce que si on
va voir chez chacun de nos usagers quel prix il devrait payer, on devrait
peut-être avoir un prix de billet différent pour celui qui utilise
l'autobus, qui nous coûte plus cher, que celui qui parcourt la même
distance en métro. Je ne le propose pas, mais on pourrait, au niveau du
contribuable, ne pas exiger de taxe de transport à celui qui ne
l'utilise jamais, ce qui n'est pas possible.
Encore une fois, dans la question des zones - c'est peut-être mon
côté pragmatique qui s'éloignera de la philosophie de ces
choses - si on y avait trouvé 50 000 000 $, 75 000 000 $ ou 100 000 000
$, je dirais: Allons donc un peu plus loin. Mais quand on parle de quelques
millions dans l'ensemble du déficit, je trouve que c'est mettre en place
un système fort complexe avec - on n'a fait que l'effleurer -des
problèmes techniques importants.
Comme vous le dites, peut-être que l'expérience vaudrait
d'ailleurs la peine d'être revue dans plus de détails.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Une dernière remarque avant de passer la
parole. Je pense qu'il n'y a que le ministre qui a parlé. Tout à
l'heure, on a parlé de la ligne no 5 et de la ligne no 6 et nous avons
eu droit à une grande première alors que le ministre nous a
finalement annoncé qu'il allait privilégier la ligne no 6
plutôt que la ligne no 5. C'est la première fois que vous
l'annonciez en public, M. le ministre.
M. Clair: Ce que j'ai dit c'est que même si je ne
l'avais... Afin justement de ne pas influencer indûment les choix
à faire par la Communauté urbaine de Montréal, je
m'étais toujours abstenu de le dire publiquement, le sujet vient sur la
table aujourd'hui à l'occasion d'une proposition de réforme du
cadre institutionnel et financier. Ce que je dis, c'est que les données
que j'ai m'ont amené jusqu'à maintenant, dans ma tête
à moi, à privilégier la ligne no 6 plutôt que la
ligne no 5 et afin de permettre au plus grand nombre possible de partager mon
point de vue, les documents d'information sur lesquels je me suis basé,
je les rendrai publics.
M. Bourbeau: Je ne serai pas beaucoup plus long que le ministre.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est la ligne no 6, c'est un métro de
surface qui devait partir du centre-ville de Montréal, donc, de la gare
centrale, en passant sous le tunnel du mont Royal pour bifurquer au nord en
passant à l'extérieur de la ville de Montréal-Nord. Je dis
bien à l'extérieur parce que c'est sur les voies du CNR, du
Canadien National. Il devait continuer vers l'est toujours en passant à
l'extérieur des municipalités, à la
périphérie, vers Rivière-des-Prairies où, comme on
le sait, il y a des gratte-ciel de vingt étages et plus et bifurquer
vers Pointe-aux-Trembles, toujours en passant à l'extérieur de
Pointe-aux-Trembles, puisqu'on est sur les voies ferrées
installées à l'extérieur des villes, pour finalement aller
aboutir dans le comté de L'Assomption où on avait, semble-t-il,
des intérêts à privilégier.
M. Clair: Je voudrais assurer le député du
contraire.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
M. Bourbeau: On s'est rendu compte subséquemment que,
malheureusement, le tunnel sous le mont Royal ne pouvait pas prendre ce trafic.
C'est assez étonnant qu'on ne s'en soit rendu compte qu'après
avoir annoncé le plan. Plutôt que de mettre le projet de
côté, on a décidé de trouver d'autres raisons pour
garder la ligne no 6. Là, on a dit qu'on pouvait fort bien faire des
contacts ou des correspondances avec la ligne de métro no 2 qui, comme
tout le monde le sait, est déjà surchargée. De toute
façon, la station de métro est à 1000 pieds de la voie
ferrée; donc, il faudra marcher 1000 pieds pour s'y rendre.
Subséquemment, il y aurait une correspondance à l'autre ligne de
métro, à Saint-Laurent.
Évidemment, bien des gens se sont demandé si cela valait
la peine de conserver la ligne no 6, étant donné qu'en plus il y
a toute une série de viaducs à Montréal-Nord et à
Saint-Léonard qui sont déjà en place. Malheureusement, ces
viaducs ont été faits pour une seule ligne, alors qu'avec la
ligne de métro de surface cela prend deux lignes. Donc, il faudrait
refaire la majorité des viaducs. Effectivement, on n'utiliserait
même pas la voie ferrée existante parce que le Canadien National
en a besoin; on ferait d'autres voies ferrées à
côté.
Enfin, je ne veux pas reprendre tout le débat qu'on a fait en
commission parlementaire mais, quant à moi, je trouve assez
étonnant qu'on continue à s'obstiner à vouloir faire,
malgré l'évidence, une ligne de métro de surface qui
n'aurait probablement pas sa justification. Mais là n'est pas encore
vraiment mon propos aujourd'hui.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: C'est juste en passant, M. le ministre.
M. Clair: C'est en passant, comme cela!
M. Bourbeau: C'est en passant.
M. Rochefort: C'est pour la télévision!
M. Bourbeau: Ce qui m'étonne, c'est qu'on parle de projets
qui coûtent des centaines de millions de dollars; on ne parle pas de
petits projets à la Québecair, à 15 000 000 $, on parle de
centaines de millions de dollars! Et voici le ministre qui nous annonce
aujourd'hui qu'après avoir entendu des gens qui trouvaient que le
gâteau n'était pas dans la bonne assiette, là, on va faire
éventuellement la ligne no 6. Je trouve surprenant qu'on parle encore de
métro de surface à 500 000 000 $ ou à 600 000 000 $ ou
même de prolonger le métro encore plus loin, alors qu'on est dans
la situation où on n'a même pas d'argent pour payer le pain et le
beurre.
Quant à moi, je suggérerais qu'on arrête de penser
à un prolongement du métro, à un métro de surface
ou à un système lourd pour commencer à payer les comptes
d'épicerie d'aujourd'hui. Après, dans quelques années,
quand on aura digéré ce qu'on a fait et qu'on aura
consolidé le métro tel qu'il est maintenant, on pourra
peut-être penser un jour, quand les finances publiques seront assainies,
à prendre de l'expansion dans ce domaine. Je dois avouer que je suis
scandalisé, M. le ministre; j'espère que vous allez revenir sur
votre décision et qu'on va faire un arrêt pour digérer ce
qu'on a fait.
Finalement, j'aimerais féliciter le président de la
Communauté urbaine de Montréal pour l'excellent mémoire
qu'il nous a proposé et la brillante défense qu'il en a faite. Je
peux vous dire que les questions qu'on vous a posées n'étaient
pas dans le but de vous mettre en boîte. D'ailleurs, on n'a absolument
pas réussi. C'était surtout pour tenter d'obtenir un peu plus
d'information. Je dois vous dire qu'on n'a que des félicitations
à vous faire pour la qualité du travail que vous avez
déposé. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte.
M. Laplante: Juste quelques mots, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa, je regrette, mais M. le député de Gouin avait
demandé la parole.
M. Laplante: Je m'excuse.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
M. Laplante: Dites-le à ma place.
M. Rochefort: J'aimerais bien connaître l'opinion des
députés montréalais de l'Opposition libérale sur
les affirmations du député de la rive sud. Mais, en tout cas, on
y viendra à un autre moment. J'ai une question à adresser au
président de la Communauté urbaine de Montréal qui touche
le problème de l'étalement urbain. On sait qu'à l'occasion
d'une loi maintenant célèbre, on a longuement discuté de
l'exode de nombreux citoyens de Montréal et de l'ensemble des
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal dans
les municipalités de banlieue tant sur la rive nord que la rive sud au
cours des 10, même des 15 ou 20 dernières années. On sait
qu'à la fois le gouvernement du Québec et les
municipalités concernées, la communauté urbaine, ont
posé un certain nombre de gestes pour essayer de changer ce
phénomène, d'essayer de le corriger et de l'arrêter.
J'aimerais connaître votre opinion en ce qui a trait, d'une part,
à la grille tarifaire, à la nouvelle façon de planifier
les tarifs selon la formule interzonale et, deuxièmement, sur
l'hypothèse que les élus de la Communauté urbaine de
Montréal se retrouvent à parité à l'Office
régional de transport. Croyez-vous que cela risque d'avoir des effets
sur l'étalement urbain? Par exemple, est-ce que cela peut favoriser une
reprise du phénomène de l'étalement urbain? Est-ce que
cela peut freiner les mouvements de retour en ville ou est-ce que vous croyez
que cela n'aura aucun effet sur cette question au cours des prochaines
années si le plan de transport devait être appliqué tel
qu'actuellement prévu dans l'énoncé de politique du
ministère?
M. Des Marais II: M. le Président, si, à mon avis,
le plan de transport annoncé était appliqué - et tel que
la communauté y a souscrit puisque nous avons signé un protocole
avec le gouvernement du Québec -ce serait à l'avantage du retour
sur le territoire ou de la cessation de l'exode de nos concitoyens hors du
territoire de la communauté. Je souligne que ce n'est pas la
première fois que j'en fais personnellement mon cheval de bataille sur
le transport au niveau du territoire de la communauté. Je pense que le
plan de développement qui est
déposé ne peut qu'aider à ce que les gens demeurent
sur le territoire. Est-ce que la tarification proposée va nous aider ou
nous nuire? À mon avis, faisant abstraction des zones sur le territoire
de la communauté, cela peut nous aider. Je pense qu'il va être
intéressant, si on a l'occasion de le faire, de mener des
négociations pour voir quel tarif on peut avoir avec les gens de
l'extérieur, le tarif dit interzonal. Les zones étant les trois
commissions, je pense qu'on peut finir par s'entendre avec nos collègues
des territoires hors zones de la communauté pour en venir à une
tarification qui va être juste, compte tenu des intérêts de
chacun.
Ce plan, à mon avis, au point de vue du développement,
correspond aux grands objectifs que s'est donnés le gouvernement du
Québec pour le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, que partagent les élus de la communauté de
façon générale même si de temps en temps, dans les
moyens, ils divergent d'opinion, ce qui me semble assez normal. Cela nous
permettra d'atteindre les objectifs pour autant que les conditions
économiques et financières nous le permettront.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en terminant, simplement parce
que mon collègue de Laporte me force à le faire par ses propos,
je veux dire que le gouvernement est conscient de la limite de la
capacité financière de payer de la Communauté urbaine de
Montréal, de l'ensemble des contribuables, mais je pense que l'approche
du député de Laporte est fondamentalement différente de la
nôtre. Le gouvernement du Parti québécois s'est
engagé, en 1976, dans une politique qui visait à favoriser le
transport en commun. Nous avons introduit la carte d'abonnement mensuel, nous
avons introduit des réductions pour les personnes âgées,
pour les étudiants, nous avons déposé un plan de transport
en commun en 1979, nous avons réformé la base de la
fiscalité municipale, nous avons déposé en juin dernier
une proposition de réorganisation institutionnelle et financière
avec un objectif très largement connu, celui de favoriser le
développement du transport en commun dans la grande région de
Montréal. Que les échéanciers de réalisation
doivent être remis en cause à certains égards, cela est
d'une évidence des plus éclatantes, à mon avis.
Il s'agit, cependant, de savoir la portion de leur capacité
financière que la CUM, que la ville de Montréal, que la
région métropolitaine, que le gouvernement du Québec
entendent consacrer au développement du transport en commun et que ce
soit dirigé vers ce qui apparaît être les priorités
les plus intéressantes. À ce point de vue, ce n'est pas - je
m'excuse de le dire comme ça, mais je le pense - en parlant à
travers son chapeau sur la question de la ligne 6 plutôt que la ligne 5
qu'on va résoudre le problème. C'est plus en examinant les
arguments techniques, l'expertise de chacun et en le prenant à la valeur
de chacun qu'on pourra déterminer l'avenir du développement du
transport en commun. (17 heures)
Quant à nous, l'objectif qu'on poursuit n'a pas changé.
C'est le même. Qu'on doive réviser nos échéanciers
à l'occasion, la communauté l'a fait sans humiliation. Le
gouvernement doit le faire sans humiliation, mais je pense que vouloir tout
remettre en cause et dire: Moratoire total sur tout développement dans
le transport en commun, inutile de parler de l'avenir du BTM sous l'ORT ou sous
la Communauté urbaine de Montréal, j'annoncerais
immédiatement à M. Gascon qu'il est congédié, qu'on
n'a plus besoin de lui et qu'il aille se trouver un emploi ailleurs.
J'annoncerais également à plusieurs entrepreneurs dans la
région de Montréal que c'est fini et d'oublier cela. On continue
avec notre vieille minoune chacun de notre côté, mais le transport
en commun, on oublie cela. Je pense que c'était peut-être
s'avancer un peu trop vite comme l'a fait le député de
Laporte.
Cependant, en terminant, je voudrais remercier M. Des Marais d'avoir
accepté de se prêter à cet exercice notoirement
démocratique, je pense. On a pu mieux connaître nos positions de
part et d'autre. Je pense que tous les membres de la commission ont
apprécié les éclairages et les points de vue que vous avez
présentés. Je tiens à vous assurer qu'au cours des mois
qui viennent, nous continuerons d'être en contact afin de nous assurer,
quelles que soient les décisions qui seront prises par le gouvernement
lors de la traduction de ces résultats dans un projet de loi, que cela
se fasse, autant que faire se peut, dans la plus parfaite harmonie possible
entre tous les intervenants. Je remercie M. Des Marais au nom de tous mes
collègues et des membres de la commission, je pense.
Le Président (M. Boucher): M. Des
Marais.
M. Des Marais II: Je veux remercier M. le ministre, madame et
messieurs de la commission. Vous m'avez donné de longues heures au
début de travaux très importants et je voudrais
répéter que, même si je suis venu ici à titre
personnel, c'était pour partager beaucoup. En fait, la majeure partie
était des renseignements d'ordre technique pour permettre aux
responsables de prendre les décisions qui s'imposent. Évidemment,
l'occasion m'était donnée d'exprimer des
opinions qui sont personnelles, mais qui sont basées sur
l'expérience de toutes les années de la communauté, une
expérience particulièrement lourde lors des quatre
dernières années à la présidence du comité
exécutif. Je souhaite que, tous ensemble, nous trouvions des solutions
qui, comme on dit à Outremont, visent au mieux-être des citoyens
d'Outremont et, comme on dirait à la communauté, qui visent au
mieux-être des citoyens de l'agglomération de Montréal et
de la communauté urbaine. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission et en mon nom personnel, je remercie M. Des Marais et
les personnes qui l'ont accompagné aujourd'hui de s'être
déplacés pour la présentation de ce mémoire.
J'appelle immédiatement la ville de Montréal
représentée par M. Yvon Lamarre, président du
comité exécutif.
Ville de Montréal
Mme Sentenne (Justine): Je m'excuse, M. le Président. Je
suis Justine Sentenne, membre du comité exécutif, qui remplace M.
Lamarre.
Le Président (M. Boucher): Merci. Je ferais remarquer aux
membres de la commission, compte tenu de l'heure, que nous devons suivre
l'ordre du jour et que nous avons encore six mémoires à entendre
d'ici minuit. S'il y avait possibilité d'accélérer un peu
les questions et d'écourter aussi les réponses... Vous aviez
demandé une suspension?
Une voix: Non, vous pouvez y aller.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez y aller avec la
lecture de votre mémoire, s'il vous plaît.
Mme Sentenne: M. le Président, M. le ministre, chers
membres de la commission parlementaire, il me fait plaisir d'être ici au
nom de la ville de Montréal accompagnée de M. Jean-Claude Le
Lannic qui est assistant-contrôleur général et de Me
Richard Verdon du service du contentieux de la ville. Si nous sommes ici en
nombre réduit, vous comprendrez les raisons qui sous-tendent cette
petite présence. Néanmoins, nous avons beaucoup
apprécié l'invitation du ministre et de la commission
parlementaire et nous estimons qu'il est très important que la ville de
Montréal fasse valoir son point de vue sur un dossier qu'elle estime
majeur, qui peut changer l'orientation de politiques pour longtemps et sur
lequel nous avons des positions précises et claires qui sont
écrites dans le mémoire. Je ne ferai pas la lecture du
mémoire, mais, comme le mémoire vous a été
livré en temps voulu la semaine dernière, comme porte-parole du
comité exécutif de la ville de Montréal et au nom de son
maire, M. Jean Drapeau, qui est le père de ce réseau de
métro que nous sommes tous à étudier, et de son
président, M. Yvon Lamarre. Sans plus tarder, M. le Président, je
vais commencer la lecture.
Je voudrais simplement souligner que ce document a été
soumis pour étude aux organismes concernés, durant
l'été, et à celui de votre commission. C'est à la
suite de son analyse que la ville de Montréal dépose aujourd'hui
le mémoire qui examine les changements institutionnels proposés,
les implications financières qui en découlent et les
conséquences en termes de services et de coûts pour la population
montréalaise.
Le ministère des Transports a fait connaître, durant
l'été, sa proposition concernant l'organisation et le financement
du transport en commun dans la région de Montréal.
Répondant à cela, à l'invitation du gouvernement, la ville
de Montréal a déposé un mémoire dans lequel elle
fait part de ses réserves à l'égard de ce projet. Pour des
raisons d'économie de temps, je ne veux pas vous lire ici tout ce
document, mais j'aimerais cependant profiter de cette occasion pour vous
souligner certains aspects de la proposition gouvernementale qui nous
inquiètent particulièrement.
Lorsque, il y a quelques années, les planificateurs avaient
dressé les plans des infrastructures de la CUM, ils avaient tout
calculé en fonction des besoins d'une population qui atteindrait 3 000
000 en 1985, et même 5 000 000 dans le cas de l'assainissement des eaux.
Nous sommes en 1982 et la CUM n'a même pas 2 000 000 d'habitants. Ceci
signifie que le métro, les autoroutes, les usines de filtration et les
autres infrastructures, au lieu d'être 3 000 000 pour les payer, nous ne
sommes même pas 2 000 000. Je dois dire que la ville de Montréal
est le gros 1 000 000 de ces 2 000 000.
Aussi, avant de songer à élargir le réseau des
services de transport en commun, nous pensons qu'il serait approprié de
commencer par s'assurer que ceux qui existent déjà sont
utilisés de façon optimale et n'hypothèquent pas
financièrement notre avenir. Les trois principales commissions de
transport métropolitaines: CTCUM, CTL et CTRSM assurent à elles
seules 95% des déplacements qui seraient couverts par l'ORT. En d'autres
mots, la réforme proposée se ferait pour 5% des
déplacements puisque les négociations déjà
engagées entre les trois grandes commissions de transport auraient
très bien pu aboutir à une intégration tarifaire dans le
cadre du Conseil des transports de la région de Montréal et cela
sans qu'il soit nécessaire de mettre sur pied
une nouvelle superstructure administrative.
Dans le cadre de la conjoncture économique actuelle, la ville de
Montréal estime qu'il est pour le moins inopportun de songer à
créer un autre niveau de gouvernement, et surtout, elle
s'inquiète de la faible représentativité de
Montréal à l'intérieur de l'organisme
suggéré. Compte tenu, en effet, du mode de représentation
retenu aux conseils d'administration de l'ORT, la CUM, avec 62% de la
population, n'aurait que 45,2% des représentants. La ville de
Montréal, avec 36% de la population, aurait probablement 22% seulement
des représentants. Certaines MRC bénéficieraient d'une
représentation qui, en pourcentage de la population, pourrait être
le double ou le triple de celle accordée aux Montréalais. Les
couronnes nord et sud compteraient pour 25% des voix au conseil de l'ORT, mais
seulement 2% des déplacements origineraient de ces dernières.
Pour la ville de Montréal, la proposition gouvernementale, qui va
d'ailleurs dans la foulée de la loi 46, est parfaitement inacceptable.
À nouveau, dans ce projet, les Montréalais sont réduits au
rang de citoyens de seconde classe et leur vote ne vaut, bien souvent,
même pas la moitié de celui des résidents de la grande
banlieue montréalaise. Quand on se rappelle, par ailleurs, les
difficultés qui ont accompagné les premières années
de la CUM, on ne peut que s'interroger sur les chances de succès d'un
organisme qui essaierait de réconcilier des intérêts aussi
hétérogènes, voire divergents que ceux des MRC de
Vaudreuil-Soulanges ou de Sainte-Thérèse et de
Montréal.
Accepter ce projet équivaudrait, pour les Montréalais,
à soumettre les décisions concernant le transport en commun sur
l'île de Montréal aux besoins et aux priorités des gens qui
vivent, dans certains cas, à 40 ou 50 kilomètres de la
métropole et surtout qui ne représentent qu'un nombre infime des
usagers du transport en commun. Ce projet est d'autant plus inquiétant
que, selon la proposition gouvernementale, toutes les décisions
importantes se prendraient au niveau de l'organisme régional. Les
commissions de transport locales seraient réduites à un simple
rôle d'exécutant. Un changement aussi brutal oblige cependant
à se demander si l'expérience vécue avec ces commissions
de transport justifie un dépouillement aussi radical de leurs pouvoirs
et, surtout, si nous pouvons vraiment nous payer le luxe de chambarder nos
institutions tous les dix ans.
Conformément à l'esprit qui a présidé
à l'élaboration de la loi no 57, le transport en commun devrait
demeurer une responsabilité locale. La proposition gouvernementale tente
de régionaliser cette compétence et elle le fait sans tenir
compte des structures politiques en place. C'est ainsi que les limites de
certaines municipalités régionales de comté ne seront pas
respectées et que Mirabel, entre autres, sera exclue de la
proposition.
À l'heure où le gouvernement parle plus que jamais de
décentralisation, ce projet introduit une dichotomie surprenante entre
le geste et la parole. Le transport constituait, en effet, jusqu'à ce
jour, une responsabilité locale. La proposition gouvernementale, quant
à elle, le transférerait à la région, mais compte
tenu du mode de représentation suggéré le gouvernement
serait probablement le véritable décideur. En d'autres mots, le
gouvernement rapatrierait le pouvoir de décision au niveau central,
mais, comme on le verra plus loin, continuerait à décentraliser
les factures, et tout cela au nom de la décentralisation.
L'administration montréalaise a entrepris, depuis 1978,
d'encourager le retour vers la ville traditionnelle et favorise la
densification des zones déjà aménagées. L'expansion
du réseau de transport en commun en milieu déjà
urbanisé constitue l'une des principales stratégies dans la
réalisation de cette politique. La priorité, pour
Montréal, est de développer le réseau de transport en
commun à l'intérieur de la CUM et non pas de l'étendre
à une grande région métropolitaine qui ne recèle,
en fin de compte, qu'une clientèle marginale. La ville de
Montréal fait actuellement de gros efforts pour développer
certains quartiers, comme Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles,
et elle investit massivement dans l'aménagement de parcs industriels,
dans la revitalisation des artères commerciales et dans la construction
domiciliaire. Il est douteux, cependant, qu'une politique tarifaire qui ferait
qu'il en coûterait aussi cher de voyager de Pointe-aux-Trembles au
centre-ville que de Saint-Lambert ou de Longueuil encouragerait ce retour
à la ville que nous nous efforçons de susciter. Il est
également douteux que l'imposition de nouvelles taxes sur les "parking"
du centre-ville de Montréal accélérerait la revitalisation
de nos artères commerciales, quand, dans le même temps, les
centres commerciaux de Laval, de la rive sud ou de la ville d'Anjou en
seraient, eux, exempts. En d'autres mots, l'organisme régional de
transport en commun proposé par le gouvernement non seulement ne
correspond pas aux besoins des Montréalais, mais, en plus, il
soulève deux nouvelles inquiétudes. La seule raison d'être
de ce projet ne serait-elle pas, en effet, de permettre aux banlieusards de
continuer à résider dans la périphérie urbaine,
tout en bénéficiant d'un accès à un coût
économique au centre-ville? Selon la proposition, il n'en
coûterait, en effet, pas plus cher de vivre à Longueuil ou
à Saint-Lambert qu'à Pointe-aux-Trembles ou à
Rivière-des-Prairies, en termes de tarifs. Et ce résultat
n'est-il pas garanti par le
mode de représentation préconisé dans le document
du ministère des Transports puisqu'il permet de maintenir
Montréal en minorité au sein de l'organisme régional?
La question du transport en commun, et surtout de son financement dans
la région de Montréal, n'est pas nouvelle et a fait l'objet de
longues négociations dans le cadre de la réforme de la
fiscalité municipale. Comme l'écrivaient en effet les ministres
des Finances et des Affaires municipales, en mars 1979, dans un document de
renseignements supplémentaires accompagnant le document
budgétaire, l'intégration à la réforme de
modifications affectant la quote-part des municipalités au financement
des communautés urbaines et du transport en commun a été
rendue nécessaire en raison des effets très localisés,
particulièrement sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, de certaines mesures affectant les revenus autonomes des
municipalités et le document poursuivait un peu plus loin: Les
modifications proposées résulteraient en une augmentation de 62
000 000 $ de quotes-parts des municipalités. Cet accroissement des
dépenses est compensé par les revenus additionnels
découlant des modifications apportées à la réforme
depuis la conférence Québec-municipalités. (17 h 15)
En d'autres mots, ce que le gouvernement nous disait en 1979, c'est que
la réforme de la fiscalité et celle du transport en commun
constituaient un tout et que les modifications introduites dans un secteur
étaient compensées par des changements parallèles dans un
autre secteur. Ce que cela impliquait également pour le futur
était que toute révision des règles régissant le
transport en commun devrait nécessairement se faire dans le cadre d'une
révision globale du régime de la fiscalité municipale. Les
municipalités, comme Montréal, ont en effet accepté de
céder au gouvernement leurs revenus de taxe de vente, de taxe sur les
repas et l'hôtellerie et leur subvention per capita en échange
d'une participation accrue de ce dernier au financement du transport en commun.
Ceci impliquait notamment le financement à 100% des nouveaux
investissements dans le métro.
C'est cet équilibre qui est aujourd'hui sur le point d'être
rompu. Cette attitude est d'autant moins compréhensible que depuis 1980,
le comité conjoint Québec-municipalités a
siégé régulièrement et jusqu'à
récemment un sous-comité technique s'est penché sur la
question du transport en commun. On ne peut donc que s'interroger sur les
raisons pour lesquelles le ministère des Transports n'a jamais
participé à ce comité, alors qu'il était en train
de préparer une politique de transport en commun, qui va obliger les
municipalités à contribuer davantage. L'approche du gouvernement
est d'autant plus difficile à accepter que le problème financier
auquel il fait face dans ce dossier aujourd'hui découle de ses propres
décisions unilatérales concernant les laissez-passer,
l'intégration des trains de banlieue ou l'implantation des tarifs
préférentiels. La réforme n'a en effet
généré aux municipalités que des
bénéfices moindres que ceux qu'elles étaient sensé
recevoir.
Sur la base des données de 1979, la politique d'aide au transport
en commun devait procurer à la commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal des contributions gouvernementales
supplémentaires estimées à 15 000 000 $. Cet objectif n'a
pas été atteint puisque les gains nets ont été de 7
600 000 $, en 1980, de 14 800 000 $ en 1981, et celui estimé pour 1982
est 5 700 000 $. Compte tenu de l'inflation depuis 1979, le gain net aurait
dû s'élever à environ 20 000 000 $ en 1982. Les
dépassements budgétaires qu'encourt le gouvernement aujourd'hui
découlent de ses propres erreurs d'estimation. Ainsi, la
réduction accordée aux usagers via la subvention relative aux
laissez-passer a été beaucoup plus coûteuse que ne l'avait
prévu le gouvernement. De 6 600 000 $ qu'elle avait estimés en
1979, elle passera à plus de 30 000 000 $ en 1982, et le déficit
des trains de banlieue s'annonce lui aussi supérieur aux chiffres qui
avaient été initialement avancés par le gouvernement.
Cette politique d'aide à l'usager a eu évidemment pour
effet de continuer de faire baisser sa part relative dans le coût du
transport en commun. Au cours de l'année 1978, les revenus provenant des
usagers couvraient 48,5% des coûts de fonctionnement, alors qu'en 1982,
ce pourcentage n'est plus que de 41,2%. Aussi, ce que le gouvernement nous
demande d'accepter maintenant, c'est de le dégager du coût de ses
politiques et d'oublier toutes les ententes négociées depuis
quatre ans. Mais, si le gouvernement peut ainsi, au nom de ses
difficultés financières, renier ses engagements et se
dégager de ses obligations, les municipalités ne seraient-elles
pas justifiées de demander, elles aussi, une révision de la loi
no 57 et une remise en cause des ententes qu'elles ont signées dans le
contexte de cette loi? C'est notamment le cas de la ville de Montréal
qui a accepté l'intégration des trains de banlieue parce que la
participation des municipalités avait été limitée
à 6 000 000 $ plus l'indexation et que le gouvernement s'était
engagé à financer 100% du coût des nouveaux investissements
du métro et des trains de banlieue.
En décidant de maintenir sa subvention aux dépenses de
fonctionnement à 40% des revenus générés, mais en
introduisant un plafonnement et en ne finançant pas plus de 60% des
investissements liés aux équipements
régionaux après le 1er janvier 1980, le gouvernement
revient en fait, en ce qui le concerne, à la situation d'avant la
réforme et oblige les municipalités à participer au
coût des laissez-passer qu'il a introduit unilatéralement.
Enfin, non content de réduire sa participation, le gouvernement
demande en plus à la région d'accepter qu'on lui fasse assumer le
coût des employés du COTREM qui, jusqu'à ce jour,
étaient des fonctionnaires gouvernementaux.
Si cette formule avait été appliquée en 1982, le
gouvernement aurait ainsi transféré à d'autres des
coûts de 30 000 000 $ à 40 000 000 $ qu'il s'était
engagé à absorber. Dans ces conditions, il est facile de
comprendre que la ville de Montréal ne peut accepter le projet que nous
soumet le ministère des Transports. Cette opposition est encore
renforcée par le fait que cette proposition suggère que la
contribution des municipalités reflète à l'avenir les
bénéfices reçus et la localisation des services.
La ville de Montréal a toujours insisté pour que les
dépenses à caractère communautaire soient réparties
sur la base du potentiel fiscal. Elle s'est toujours opposée à
une répartition qui soit basée sur autre chose. Elle a
l'intention de continuer à le faire. Il s'agit là en effet
à ses yeux d'une méthode simple, efficace et équitable
parce que représentative de la richesse financière. M. le
ministre, vous l'avez souligné à deux reprises tout à
l'heure.
La comparaison 1982-1985 qu'établit le ministère des
Transports entre le statu quo et son projet de réforme suppose que les
coûts dans le contexte de sa réforme augmenteront moins rapidement
que dans le contexte du statu quo, 9,5% versus 10,3%. Il justifie cette
hypothèse par le fait que l'intégration éliminera les
dédoublements, que la planification régionale facilitera la
coordination entre réseaux et que le contrôle par les élus
accroîtra l'efficacité. Outre le fait qu'il s'agit là de
spéculations non chiffrées, donc pouvant difficilement justifier
une réduction globale de 0,8% dans la facture totale, il est surtout
difficile de les accepter dans la mesure où les expériences
passées de centralisation prouvent surtout le contraire de ce qui est
avancé.
Si les prévisions passées du ministère des
Transports et du COTREM sont également garantes du futur, nos doutes et
notre incertitude sont plus que justifiés.
Selon ces derniers, l'intégration des trains de banlieue ne
devrait pas générer de déficit supérieur à 6
000 000 $, on sait aujourd'hui qu'il en coûtera beaucoup plus.
Lors de l'introduction de la CAM, le ministère avait
estimé que la subvention gouvernementale pour les laissez-passer,
basée sur les données de 1979, lui coûterait 6 600 000 $.
En 1982, le budget de la
CTCUM prévoit que cette subvention atteindra 30 500 000 $.
Les estimations effectuées par la ville de Montréal
montrent également que certains coûts spécifiques seront
nettement plus élevés que ceux prévus par le
ministère des Transports. Ainsi, le service de la dette du métro
évalué par le gouvernement à 153 000 000 $ en 1982 devrait
atteindre 159 000 000 $. Au lieu de 158 500 000 $ en 1983, il devrait
être de 177 000 000 $ et au lieu de 163 800 000 $ en 1984, il devrait
être d'environ 204 000 000 $.
Il est évident, dans ces conditions, que les coûts pour les
municipalités de la CTCUM seront plus élevés que ce qui a
été prévu dans le document gouvernemental. En 1984, la
facture imputée aux municipalités pour le service de la dette du
métro serait de 61 100 000 $ au lieu de 49 100 000 $. L'aspect le plus
inquiétant de ces données réside cependant non pas tant
dans les coûts à court terme que dans le fait qu'ils
croîtront avec le temps et surtout, avec l'expansion du réseau.
Ceci signifie qu'à long terme la réforme deviendra de plus en
plus dispendieuse pour les municipalités.
Si les coûts ont été sous-évalués, les
revenus par contre ont été estimés en supposant que la
nouvelle structure tarifaire générera une progression rapide des
revenus provenant des usagers. Dans la formule du statu quo, les revenus des
usagers croîtront, selon le ministère, en moyenne de 10,3% par
année de 1982 à 1985. Dans le cadre de la réforme, ils
augmenteront de 11,5%, soit 1,2% de plus. Ces chiffres exigent donc une hausse
de 3% de l'achalandage, mais ils oublient complètement certains
éléments restrictifs majeurs. L'intégration tarifaire
suppose, en effet, un système de contrôle dont le coût est
totalement absent dans l'évaluation du ministère et ce dernier
peut varier entre 5% et 10% des revenus. La réduction des tarifs pour
étudiants et personnes âgées serait maintenue, mais quels
sont les âges et surtout les prix qui seraient retenus? On doit se
demander, par ailleurs, sur quelle base les estimations gouvernementales de
fréquentation et de revenus s'appuient, dans la mesure où la
CTCUM elle-même reconnaît qu'il lui est presque impossible de faire
de tels calculs.
Le réaménagement général que propose le
gouvernement signifie, en effet, un changement complet dans la tarification, le
genre de service et le niveau de service. Nous n'avons, en ce moment, aucune
idée de la façon dont la clientèle réagira et,
à nouveau, si l'on se réfère aux projections
gouvernementales passées, il est difficile d'accepter ces
prévisions autrement qu'avec scepticisme. Lors de l'introduction de la
CAM, par exemple, le scénario dit réaliste prévoyait la
vente de 30 000 passes mensuelles et le scénario optimiste, 75 000
passes. Or, il s'est vendu jusqu'à 350 000 passes par mois et
c'est pourquoi, aux heures de pointe, on a besoin d'équipement
additionnel et de personnel additionnel. C'est ce qui coûte très
cher parce qu'effectivement, si vous avez plusieurs usagers de la CAM, c'est
à l'heure de pointe que cela vous coûte cher. En ce qui regarde le
train de Deux-Montagnes, la fréquentation actuelle atteint seulement
entre 60% et 65% de la fréquentation espérée.
Par-delà ces incertitudes générales, il est un
problème précis que le document gouvernemental et les
explications qui nous ont été fournies ne clarifient
guère, c'est celui de la répartition des revenus et des
coûts. La conséquence est qu'il est impossible, dans l'état
actuel des choses, pour les commissions d'estimer le moindrement ce que seront
leurs revenus dans l'hypothèse où l'organisme régional de
transport serait remis en place.
En résumé, ce qui ressort de l'analyse des
prévisions de revenus et de dépenses est que les aspects
financiers sont totalement inconnus. La seule certitude que nous ayons
actuellement est qu'il en coûtera plus cher et aux gouvernements
municipaux et à leurs résidents, mais pour le reste, soit le
partage des revenus et des coûts, les dates de préparation des
budgets, le financement des immobilisations, le partage des coûts
métro-autobus, l'évaluation du potentiel fiscal et autres, il
s'agit là de questions qui ont été oubliées.
L'explication que fait le gouvernement de la nouvelle structure
tarifaire proposée dans son document insiste grandement sur les
variations procentuelles qui auraient découlé de la mise en
application du plan gouvernemental en 1982. 71% des usagers auraient
bénéficié d'une baisse et 22% auraient subi une hausse.
Ces 22% auraient correspondu cette année à 141 700
déplacements quotidiens, mais, de ce total, 111 705 auraient
été en provenance de la CUM. Ceci signifie que, pour assurer
l'intégration tarifaire régionale, ce sont surtout les usagers de
l'île de Montréal qui auraient dû subir une hausse de
tarifs. En d'autres mots, les contributions sont toujours perçues
là où l'on trouve la plus forte densité.
En fait, la tarification utilisée pour parvenir à ces
résultats est simplement une hypothèse de tarification et les
chiffres de revenus et de dépenses utilisés sont eux-mêmes
extrêmement hypothétiques. Le pourcentage des usagers victimes
d'une hausse de tarifs pourrait, en fait, être beaucoup plus
élevé que les 22% mentionnés dans le document du
ministère. (17 h 30)
On peut également se demander si le mode de tarification
proposé est équitable dans la mesure où il traite
différemment les usagers à l'intérieur d'une même
ville et fait abstraction du fait que tous contribuent, par leurs taxes, au
financement du transport en commun, que tous n'ont pas la même
qualité de service et que les villes peuvent elles-mêmes avoir des
objectifs de développement propres qui exigent une tarification
unique.
Dernier point et non le moindre, c'est que, même si la structure
tarifaire proposée tient compte de la variation des coûts par
passager d'un réseau à l'autre, les différences dans les
tarifs ne sont pas fonction de ces différences de coûts et
témoignent à nouveau de l'arbitraire qui a prévalu dans la
plupart des calculs du ministère. Quant à la prétention du
ministère que la réforme permettrait de faire payer ceux qui font
surtout de longs déplacements elle est contredite par les chiffres. Les
vrais bénéficiaires sont non pas les Montréalais mais les
Lavalois dont 55% voient baisser leurs tarifs et seulement 7% subissent une
hausse.
La taxation sur les espaces de stationnement au centre-ville, elle,
affecterait exclusivement la ville de Montréal. Dans la mesure où
cette taxe serait prélevée sur un champ de taxation municipale,
ceci voudrait dire que le gouvernement s'approprierait un champ qui nous
appartient, et ce, malgré tous les engagements qu'il avait pris dans le
cadre de la réforme de la fiscalité municipale. Qui plus est, on
demanderait à la ville de percevoir cette taxe pour un tiers. On peut
d'ailleurs se demander pourquoi cette taxe serait seulement perçue
à Montréal et non pas à Longueuil, à la ville
d'Anjou ou à Montréal-Nord. Pourquoi les artères
commerciales montréalaises seraient-elles pénalisées et
non pas les centres commerciaux de la banlieue? Le gouvernement voudrait
freiner encore davantage l'activité commerciale à Montréal
qu'il ne s'y prendrait pas différemment. Pour illustrer l'effet de la
mesure qu'il propose on peut simplement citer deux exemples. Actuellement, dans
le cas d'un stationnement de 36 places évalué à 92 500 $,
il en coûte au centre-ville de Montréal 14,24 $ par espace, par
mois, en taxes locales. La proposition gouvernementale porterait ce coût
a 24,24 $ soit plus de 70% d'augmentation. Dans le cas d'un stationnement de 45
places évalué à 150 000 $, il en coûte actuellement
à Montréal 21,47 $ en taxes locales; il en coûterait alors
31,47 $. Mieux que tous les discours ces chiffres illustrent ce que ce serait
l'impact d'une telle mesure sur la fréquentation de nos artères
commerciales.
Conclusion. Confronté avec des problèmes financiers
sérieux, le gouvernement se propose de réviser sa participation
au financement du transport en commun dans la région de Montréal
malgré tous les engagements qu'il avait pris en adoptant la
loi no 57, en imposant les laissez-passer et en négociant
l'intégration des trains de banlieue. La révision
unilatérale du régime de financement du transport en commun,
négocié dans le cadre du comité conjoint
Québec-municipalités, est inacceptable, pour la ville de
Montréal. La fiscalité municipale forme un tout et le
gouvernement ne peut décider arbitrairement de changer un
élément sans remettre en cause l'ensemble de la réforme.
En décidant de plafonner sa subvention au fonctionnement, de
réduire sa participation aux investissements et de se retirer du
coût de l'intégration des trains de banlieue, le gouvernement
décide en fait de faire assumer par d'autres le coût de ses
politiques. Il remet ainsi en cause l'équilibre financier des
municipalités qui verront leur quote-part augmentée et il revient
à la situation antérieure à la loi no 57 où il
subventionnait non pas les revenus mais les déficits. La participation
accrue des usagers et des non-usagers qui sera nécessaire pour financer
l'intégration tarifaire sera à nouveau supportée
principalement par les contribuables de l'île et de la ville de
Montréal et par l'invasion d'un champ de taxation de la ville de
Montréal.
Cette approche est d'autant plus incompréhensible que les
résidents de la CUM sont déjà ceux qui supportent
financièrement par leurs taxes un réseau de transport en commun
qui bénéficie à l'ensemble de la région et que la
ville de Montréal est celle qui doit fournir le plus de services
municipaux à des non-résidents. Ici on veut faire une
parenthèse, si la ville de Montréal veut continuer d'être
une capitale internationale, je trouve illogique qu'on songe même et
qu'on fasse allusion à supprimer des services parallèles à
des métros souterrains quand on voit que des villes comme Paris,
Londres, Madrid... Il n'y a pas une capitale qui se respecte où vous
n'avez pas de service de transport en commun qui puisse s'allier avec un
métro souterrain.
La ville de Montréal s'oppose à la mise sur pied d'un
organisme régional de transport en commun qui ne correspond pas aux
besoins des Montréalais, mais qui vise seulement à permettre aux
banlieusards de continuer à résider dans les
périphéries urbaines tout en bénéficiant d'un
accès à coût économique au centre-ville.
L'imposition de cette superstructure gouvernementale n'apporterait aucun
service nouveau à la population, exception faite de l'intégration
tarifaire qui pourrait fort bien être négociée dans le
cadre actuel. Elle introduirait par contre de nouvelles lourdeurs
administratives et de nouveaux coûts. Aussi, il ne saurait être
question pour l'administration montréalaise d'accepter cette proposition
pas plus qu'il ne lui a été possible d'accepter le projet de loi
46 qui lui a été imposé et qui réduisait les
Montréalais au rang des citoyens de seconde classe à
l'intérieur de la CUM.
Si le financement et les modalités du transport en commun doivent
faire l'objet d'une réévaluation, la ville de Montréal
estime que cette démarche doit se dérouler dans le cadre de deux
grandes contraintes. La première est que cette révision se
déroule dans le cadre d'une réévaluation de l'ensemble de
la fiscalité municipale et d'un examen approfondi de la question des
effets de débordement afin qu'une formule soit étudiée,
qui permettrait de faire participer financièrement l'ensemble de la
grande région de Montréal au coût du transport en
commun.
La deuxième est que toute modification au régime actuel
soit non pas imposée aux municipalités, mais fasse l'objet d'une
négociation. La ville de Montréal est en effet parfaitement
consciente des difficultés que vit le gouvernement, mais elle ne saurait
considérer comme une solution raisonnable celle qui consisterait
à transférer aux municipalités les problèmes
financiers du gouvernement.
Cette formule serait d'autant plus injuste que les problèmes
auxquels fait face le gouvernement dans le transport en commun découlent
de ses décisions unilatérales. En attendant que ce processus de
consultation que nous suggérons débute, la ville de
Montréal recommande donc qu'un moratoire soit imposé à
toute modification au régime actuel de financement du transport en
commun de la région de Montréal.
Je vous remercie de votre attention et je suis prête à
répondre à vos questions.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme Sentenne.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, le moins qu'on puisse dire,
c'est que, par son porte-parole, la ville de Montréal ait des propos
choquants. En anglais, ils nous diraient quasiment qu'on nous dit: That is for
the birds et je trouve regrettable, je l'avoue sincèrement,
publiquement, que l'attitude soit uniquement une critique négative
plutôt que d'essayer de voir, par rapport à une situation qui est
compliquée, qui n'est pas facile, qui occasionne des coûts
croissants, comment c'est possible d'améliorer la situation. Nous
n'avons jamais prétendu que notre proposition soit une bible, mais
j'avouerai simplement, M. le Président, qu'il nous semblait qu'elle
méritait un peu plus d'égard.
Ceci étant dit, je voudrais commencer d'abord par une question,
la question de la tarification, à la page 21. D'abord, pour poser une
question, à la page 21, on nous reproche de faire une proposition
tarifaire qui, dans notre esprit, favorise largement et surtout les
résidents de la ville de Montréal,
et les chiffres qu'on donne, je les prends tels qu'ils sont. On nous
reproche de vouloir faire augmenter les tarifs, on dit, à 141 700
déplacements en 1982, ce que cela aurait été, dont 111 705
auraient été en provenance de la Communauté urbaine de
Montréal. Et dans le paragraphe suivant, ce que la ville de
Montréal propose, c'est une augmentation de 21 $ à 24 $ de la
carte d'abonnement mensuel, visant là non pas 111 000 usagers du
transport en commun sur l'île de Montréal, dans la ville de
Montréal, mais 100% des usagers du transport en commun. Je comprends que
la question peut être désagréable au moment où il y
a une élection qui se déroule à Montréal, mais
j'avoue que j'ai beaucoup de difficulté à comprendre quel est
l'esprit qui vous anime de proposer une augmentation de 21 $ à 24 $ de
la carte d'abonnement mensuel de la totalité des usagers du transport en
commun alors que celle que nous faisons présentement n'aurait fait
augmenter, en 1982, que d'une partie, que d'une minorité très
faible des usagers du transport en commun. C'est la première question
que je voulais poser. J'ai de la difficulté à comprendre l'esprit
qui vous anime. Nous savons que 80% des déplacements sont des
déplacements de courte distance, que l'immense majorité d'entre
eux se situent à l'intérieur de la ville de Montréal, que
c'est là qu'est concentré le plus grand nombre de personnes non
motorisées, donc captives du transport en commun. Notre souci
était de préserver, de construire, de mettre en place une
structure tarifaire qui permette de maintenir au coeur de
l'agglomération, donc dans la ville de Montréal, pour le plus
grand nombre d'usagers, une structure tarifaire aussi basse que possible. Alors
j'aimerais que vous m'expliquiez comment vous avez été
amenés à proposer plutôt un redressement de la CAM à
24 $ pour la totalité des usagers?
Mme Sentenne: Premièrement, M. le ministre, ce n'est pas
une proposition, c'est simplement que nous...
M. Clair: Une hypothèse, peut-être, plus
réaliste...
Mme Sentenne: Oui, mais ce n'est pas une proposition.
M. Clair: ...appelons les choses par leur nom.
Mme Sentenne: Nos propositions sont à la fin.
M. Clair: Une hypothèse, peut-être, plus
réaliste de tarification aurait pu, en effet, être un tarif de
base de 24 $ au lieu de 21 $. Si on n'est pas censé écrire pour
ne rien dire, si cela a été écrit, j'imagine que c'est
parce qu'on considérait que cela pouvait être une alternative.
Mme Sentenne: C'est une hypothèse de travail, mais il ne
faut pas, non plus, la dissocier du reste de la phrase où nous parlons
d'une surcharge de 3 $ au lieu de 2 $ pour chaque zone supplémentaire.
C'était pour être conséquent, pour essayer d'évaluer
une formule qui serait plus rentable. D'après les tableaux qui ont
été utilisés, je pense, par M. Des Marais, ce matin, pour
expliquer que la carte mensuelle ailleurs dans le monde ne se chiffrait pas
à un aussi bas niveau, nous estimions que c'était la juste mesure
que de trouver un tarif semblable.
M. Clair: Mais, le fond de la question n'est pas résolu.
À long terme, si on admet - cela, ce sont des chiffres dont vous
disposez tout autant que nous - que l'immense majorité des
déplacements sur la CUM sont des déplacements de courtes
distances, 79,8%, si ma mémoire est fidèle, selon l'enquête
origine-destination 1978, de ces 80% la majorité se concentre dans le
coeur de l'agglomération, donc dans Montréal. Il m'apparaissait,
moi, d'un point de vue de profane, citoyen occasionnel au poste de ministre des
Transports, que mettre en place une structure tarifaire visant à
favoriser les courts déplacements et une tarification aussi basse que
possible pour le coeur de l'agglomération seraient reçus avec
emballement par les représentants élus du coeur de
l'agglomération. Ce que je vois plutôt, c'est une proposition qui
dit: On tient à monter au même niveau que tout le monde sur le
plan de la tarification. J'avoue que j'ai beaucoup de difficultés
à saisir ce qui peut motiver une proposition comme celle-là.
Mme Sentenne: II faut quand même penser à une
solution globale. On ne pensait pas simplement à des citoyens du centre
ville, on essayait de résoudre un problème qui était de
longue haleine et je pense que c'étaient des données qui nous
avaient été suggérées. M. Le Lannic, qui a
travaillé avec le comité Québec-fiscalité, est plus
en mesure de vous donner l'élaboration de ce chiffre de 24 $, parce
qu'il a lui-même travaillé sur ce dossier.
M. Clair: M. Le Lannic. Bonjour.
M. Le Lannic (Jean-Claude): Les 24 $ qui sont mentionnés
ici, ne sont absolument pas une proposition de tarification. Ce que nous avons
dit, c'est ceci: Tous les calculs contenus dans le document du ministère
sont basés sur une hypothèse de 21 $. Les discussions que nous
avons eues avec les gens de la CTCUM qui avaient participé aux travaux
qui ont précédé la rédaction de votre document, ils
nous ont dit: II est
probable qu'une tarification de 24 $, comme c'est le cas
déjà pour les trains de banlieue, serait probablement une
tarification plus réaliste que celle de 21 $ qui a été
utilisée. C'est cela que nous voulions dire. La conclusion que nous en
tirions était la suivante: Si la tarification utilisée, au lieu
d'être 21 $ avait été 24 $, les pourcentages d'usagers qui
auraient subi une hausse de tarif auraient été encore plus
élevés que ceux que l'on a dans vos tableaux.
Deuxième point. Quand vous dites que la tarification que vous
proposez serait basée sur la distance parcourue et favoriserait donc les
Montréalais qui, de façon générale, font des
trajets de courte distance, la question qui nous vient à l'esprit est:
Qui va payer en fin de compte? Puisque, si on regarde vos statistiques, on se
rend compte que les gens de Laval subissent majoritairement une diminution de
tarifs, que les gens de la rive sud ne subissent pas d'augmentation, il y a
quelqu'un qui va subir une augmentation. Vos propres chiffres démontrent
effectivement que la majorité des déplacements victimes d'une
hausse de tarifs sont des déplacements à l'intérieur de la
CUM. (17 h 45)
M. Clair: Là où il y a une erreur fondamentale,
c'est dans le document, dans les lignes qui suivent. À la page 21 on
dit: "Ceci signifie que, pour assurer l'intégration tarifaire
régionale, ce sont surtout les usagers de ITle de Montréal qui
auraient dû subir une hausse de tarifs." Erreur de fait, parce que dans
la proposition, si quelqu'un la lit, on propose de financer le coût de
l'intégration tarifaire à 100% par une taxation régionale,
et non pas par le biais de la tarification. L'objectif étant toujours le
même, à savoir de maintenir au coeur de l'agglomération une
tarification aussi basse que possible, aussi avantageuse.
Je vous donne un deuxième chiffre. On parlait tantôt
d'équité fiscale. Je l'ai donné à M. Des Marais,
peut-être l'avez-vous entendu. Présentement l'usager qui franchit
cinq kilomètres, c'est-à-dire largement, très largement,
les gens que vous représentez, Mme Sentenne, défraient 50% du
coût de leurs déplacements; c'est le quart de
l'agglomération. Par contre, l'usager franchissant quinze
kilomètres ne paie actuellement que 17% du coût qu'il occasionne.
La mise en place d'une structure tarifaire en fonction de la distance a donc
comme avantage, à notre point de vue - c'est pour cela que nous l'avions
soumise, nous pensions que cela avait un certain bon sens - de respecter le
principe de l'équité fiscale et d'y ajouter un nouveau principe
d'équité qui, croyons-nous, bénéficiait largement
aux résidents, aux usagers du transport en commun de l'île de
Montréal, à savoir d'abord une équité dans la
tarification. Comme vous partagez les mêmes chiffres que nous en termes
d'usagers et de longueur des déplacements, je n'ai aucune
difficulté à comprendre que pour les gens de Baie d'Urfé
une tarification en fonction de la distance leur apparaisse moins avantageuse.
Mais au coeur même de l'agglomération, quand on sait que vos gens
défraient 50% des coûts qu'ils occasionnent, que ceux qui voyagent
sur une plus longue distance n'en absorbent que 17%, j'ai beaucoup de
difficulté à comprendre la réaction de dire: Non, on ne
veut pas redresser cela. J'ai beaucoup de difficulté à le
voir.
Mme Sentenne: Si vous me permettez, M. le ministre, comme je vous
le disais tout à l'heure, c'est qu'on ne peut isoler le facteur que vous
soulignez, qui semble être une dichotomie avec la position de la ville,
de l'ensemble des propositions de la ville. Parce que pour nous
l'iniquité foncière c'est que nous n'avons pas la "taxation
without representation". C'est ce que vous avez souligné et je pense que
Montréal - on est quand même la moitié de la facture de la
CUM - devrait avoir plus d'une voix au sein d'un organisme régional qui
regroupe des municipalités régionales de comté au
même titre que la ville de Montréal, dont 1 000 000 de citoyens
composent la forte majorité des résidents qui paient des taxes
pour ce réseau de transport en commun, et depuis longtemps. Les
pénalités encourues par les citoyens de
Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles sont aussi anormales et
même plus anormales à nos yeux, et ne semblent pas justifier la
position complète du document. C'est pourquoi nous avons proposé
une solution alternative en posant certaines hypothèses. Maintenant, si
vous l'isolez, peut-être que cela aura l'air de ce que vous venez de
souligner, mais je ne voudrais pas entrer dans certans détails.
M. Clair: D'accord. Prenons maintenant la dimension justement de
la représentation de la ville de Montréal à l'organisme
régional de transport et de sa contribution par le biais de la taxe
foncière. Je fais peut-être une mauvaise lecture des tableaux qui
nous ont été remis et qui sont en annexe, mais j'ai beaucoup de
difficulté à comprendre l'argumentation à l'effet que
ça va coûter plus cher à la Communauté urbaine de
Montréal et, en particulier à la ville de Montréal. J'ai
beaucoup de difficulté à le comprendre pour plusieurs raisons.
Premièrement, si on regarde au niveau du service de la dette,
après avoir révisé le niveau des coûts, ce sur quoi
nos gens respectifs, les fonctionnaires de la ville de Montréal et du
ministère des Transports s'entendent, nous avions envisagé un
effet positif net pour la Communauté urbaine de Montréal sur le
service de la dette du métro
de 13 000 000 $. Vos propres chiffres nous apprennent que ce serait
plutôt 18 000 000 $. Je me dis à ce moment-là, sur la
participation financière, pour les trois prochaines années sur le
total, quand on dit que le gouvernement veut se désengager, le
gouvernement ne laisse pas la facture sur la table; il propose une autre
façon de la répartir et l'effet net sur la taxe foncière
est d'au moins de l'ordre, sur le seul service de la dette du métro, de
18 000 000 $ selon les tableaux qui sont déposés. Mieux que cela,
si on regarde la proposition telle qu'on la fait présentement, la
situation actuelle est que le gouvernement, avant le 1er janvier 1980, sur une
dette initiale du métro de 717 000 000 $, en payait 60% et la
communauté urbaine 40%. Si on divise entre les banlieues et la ville de
Montréal, c'est à peu près moitié-moitié; ce
qui veut dire que la charge imputée au service de la dette du
métro à la ville de Montréal est de l'ordre de 20% du
coût; nous proposons de réduire ce coût de 20% à 15%,
puisqu'on dit seulement 30% du service de la dette, ancienne et nouvelle,
seront à la charge de la communauté. Donc partage 50/50 ou
à peu près entre les banlieues et la ville de Montréal. On
ramène cela donc à environ 15%.
Quand je relis l'argumentation sur la représentation, cinquante
des cinquante-deux stations de métro sont situées dans la ville
de Montréal. Les immobilisations à venir les plus
prévisibles, et j'ai eu l'occasion de le dire tantôt, de notre
point de vue, jusqu'à ce jour, favorisent un choix que la ville de
Montréal partage, à savoir comme immobilisation lourde, le
prolongement de la ligne no 6. Cinquante stations sur cinquante-deux dans la
ville de Montréal; immobilisation envisageable dans l'éclairage
que je possède actuellement favorisée ou souhaitée par la
ville de Montréal; ensemble de la facture totale sur le service des
immobilisations, 15%. C'est évident que si vous me demandez d'avoir une
répartition, une représentation à l'ORT proportionnelle
à la population, vous êtes tout à fait en droit de
réclamer probablement environ 40% des sièges à l'organisme
régional de transport, pour la seule ville de Montréal. Mais si
on regarde sous l'angle de la facture impartie à chacun, force m'est de
constater que la proposition que nous vous faisons, c'est pour un service de
dette d'un métro dont cinquante stations sur cinquante-deux sont dans la
ville de Montréal, pour des immobilisations à venir, dont on dit
dans le document que tout ce que ça pourrait coûter c'est plus
cher, les plus immédiates à envisager concernent deux territoires
de la ville de Montréal; total de la facture pour la ville de
Montréal: 15% sur le service de la dette. Il me semble que si je regarde
la représentation un peu en fonction du contribuable, il y a
sûrement place à des ajustements. Ce n'est pas la bible, mais il
me semble que rejeter du revers de la main la proposition que nous faisons,
quand elle comporte des bénéfices réels sur la taxe
foncière de la Communauté urbaine de Montréal, selon les
chiffres du service de la dette de 18 000 000 $, sur le plan de la
tarification, plutôt que d'augmenter les tarifs pour tous vos usagers, on
faisait une proposition qui visait à l'augmenter pour une partie d'entre
eux seulement, j'ai de la difficulté à comprendre votre point de
vue. Alors, en termes de capacité foncière de
représentation à l'organisme régional de transport, j'ai
de la difficulté à comprendre ce qui sous-tend votre
position.
Mme Sentenne: J'aimerais mettre une chose au clair. Je ne veux
pas repousser la proposition du gouvernement du revers de la main. Au
contraire, si j'ai brossé un tableau rapide au début
démontrant que la représentation ici n'était pas plus
imposante en personnes, c'est qu'effectivement, comme vous l'avez
souligné, nous sommes en campagne électorale, nous sommes en
période budgétaire et nous avons préparé ce
mémoire avec la conscience que les Montréalais étaient des
gens qui devaient avoir une voix à d'autres niveaux.
Quand on me dit: II y a cinquante stations de métro sur
cinquante-deux sur le territoire de la ville de Montréal, je dis: Oui,
heureusement, parce que je vois mal qu'on implante une station de métro
à Fabreville ou n'importe où, quand c'est la ville de
Montréal qui est le moteur d'activité sur lequel on est en train
de se pencher. Si la ville de Montréal a estimé que la position
était injuste envers la ville de Montréal, ce n'était pas
en fonction des éléments que vous venez de souligner au niveau de
la taxe foncière. Je pense que M. Le Lannic peut poursuivre ce dossier,
mais moi, je voudrais simplement vous parler du côté politique,
pour vous dire que nous avons pris beaucoup de temps pour analyser votre
proposition. Je pense que M. Lamarre vous a rencontré à plusieurs
reprises, ainsi que M. Le Lannic, qui était dans ce comité
Québec-fiscalité. Pour nous, c'est très sérieux,
vous savez, et je pense que, lorsque nous avons siégé avec
certains de vos collègues à la commission parlementaire qui
étudiait le projet de loi no 46, c'était un peu la même
chose.
La ville de Montréal n'est pas une ville comme les autres, c'est
malheureux, mais c'est vrai. C'est une constatation qu'il faut essayer de faire
percer à tous les niveaux. Je pense qu'on se doit, comme administration,
comme comité exécutif, de sonner l'alarme et de faire ce qu'il
faut. Je m'excuse si vous trouvez que c'est dur ou brusque, c'est vrai, mais
nous avions des choses à vous dire et nous avons profité de
l'occasion que vous nous avez donnée pour le faire.
Je demanderais à M. Le Lannic de poursuivre sur les
technicités.
M. Clair: Je vais donner l'occasion à M. Le Lannic de
s'exprimer, mais justement je ne demande pas mieux, madame, que d'être
convaincu que j'ai tort. Il me semble qu'à ce moment-ci les arguments
qui sont soulevés ne vont pas dans le sens des prétentions que
vous avancez. C'est seulement à ce point de vue là.
Comme je l'ai dit tantôt, et je le pense sincèrement, dans
notre proposition -on ne prétend pas que ce soit la bible - on ne
demande qu'à être convaincu qu'il y a lieu de corriger le tir sur
telle chose, un peu plus de ci, un peu moins de ça. La
représentation de la ville de Montréal, l'effet sur la taxe
foncière, si ce n'est pas assez pour soulager les municipalités,
on peut examiner d'autres possibilités, mais je ne les vois pas dans le
document.
M. Le Lannic.
M. Le Lannic: Vous avez mentionné plusieurs choses
tantôt. Vous avez parlé, en particulier, du service de la dette et
vous avez dit qu'à la suite de la transmission de nouveaux chiffres que
nous avions faite à vos fonctionnaires le bénéfice que
nous retirions de votre projet était plus élevé que ce que
vous aviez vous-même prévu. Je l'admets, c'est moi qui ai
préparé ces chiffres, mais l'objectif n'était pas de
prouver que la réforme était plus avantageuse pour
Montréal que ce que vous aviez prévu vous-même.
Il est impossible, en effet, pour nous de conclure que ce projet de
réforme serait avantageux à long terme dans la mesure où,
au lieu de financer 100% des investissements dans le métro et les trains
de banlieue, vous en financerez 60% seulement.
Si on se limite aux trois premières années, comme le fait
le document, c'est effectif, ce que vous avez dit est exact, ça nous
coûte moins cher, mais notre devoir, comme fonctionnaires, est de voir
peut-être un peu plus à long terme. Nous avons une planification
à long terme pour le budget de Montréal et c'est l'exercice
auquel nous nous sommes livrés.
La réforme que vous proposez ne peut pas être avantageuse
pour la ville de Montréal dans la mesure où la subvention aux
dépenses de fonctionnement de la part du gouvernement sera
plafonnée à un montant équivalent à celui des
municipalités et dans la mesure où le financement que vous
assurerez des investissements, au lieu d'être 100% comme prévu
dans la loi 57, sera seulement de 60%. Il y a une réalité
mathématique, on ne peut rien faire contre ça.
M. Clair: Mais il y a également une réalité
politique, M. Le Lannic. Nous aussi, on a essayé de prévoir
autant qu'on a pu. Je sais qu'on pourrait s'échanger
réciproquement toutes sortes d'accusations quant aux prévisions,
aux ordres de grandeur et de chiffres de part et d'autre, mais on a quand
même essayé de se limiter à ce qu'était l'avenir le
plus prévisible, trois ans. Vous conviendrez avec nous que les effets
sur trois ans sont ceux qu'on avait prévus.
D'autre part, dans le document, la ville de Montréal
s'inquiète des immobilisations à venir. Mon collègue, le
député de Laporte, s'en inquiétait il y a quelques
minutes. Le président du comité exécutif de la
communauté urbaine s'en inquiétait également. Si on veut
se donner les meilleures garanties possible en termes de coût
d'exploitation à venir, sans rien modifier à ce qui existe
actuellement, peut-être que ce serait beaucoup moins avantageux pour
vous, au bout des trois ans, pour la ville de Montréal; au bout des
trois ans ou des cinq ans, si nous finançons à 100% les
immobilisations et qu'on vous laisse les déficits d'exploitation,
peut-être que la situation actuelle se révélerait beaucoup
moins avantageuse que ce que nous proposons pour les cinq prochaines
années.
Je pense donc, à ce moment-ci, à moyen terme; pour les
trois et vraisemblablement pour les quatre prochaines années, c'est
assez évident que la Communauté urbaine de Montréal y
trouverait un avantage. Entre-temps, mettre un peu plus de pression sur les
élus municipaux par une contribution de l'ordre de 30% au coût des
immobilisations ne peut, à mon avis, qu'entraîner ce que
souhaitait le député de Laporte tantôt, c'est-à-dire
un meilleur choix des immobilisations, ce qui va entraîner effectivement
et rapidement, au cours des années, une diminution ou, à tout le
moins, un ralentissement de la croissance qu'on pourrait envisager des
déficits d'exploitation. (18 heures)
À ce point de vue, si la réforme est avantageuse pour
trois ans et si on m'avait dit qu'on voulait en être convaincu pour cinq
ans, on aurait pu essayer, ensemble, de voir le résultat sur cinq ans.
Mais je sais que vous savez à quel point cela peut être difficile,
à quel point cela est dépendant des décisions qui seront
prises en matière d'exploitation, bien sûr, en matière de
politiques salariales, évidemment, en matière de choix
d'immobilisations. On nous reproche de ne pas avoir vu cinq ou dix ans à
l'avance; on aurait pu regarder cinq ou dix ans à l'avance.
Peut-être que si on regardait cinq ou dix ans à l'avance, le
scénario le plus intéressant pour le gouvernement serait de se
contenter de payer le service de la dette à 100% mais de vous laisser
avec le
déficit d'exploitation dans le cadre de la situation actuelle.
Plutôt que de savoir qui gagnerait, qui serait le plus fin finaud sur une
période de cinq à dix ans, notre attitude a été
plutôt celle de dire: II y a un problème actuellement, ne nous le
cachons pas. Essayons de trouver les meilleurs moyens qui permettront au
gouvernement de réduire effectivement ou à tout le moins de
ralentir la croissance de sa contribution, mais également de permettre
aux municipalités, non pas dans cinq ans, six ans, non pas après
des tables de discussion à n'en plus finir, mais le plus rapidement
possible, si possible pour la prochaine année budgétaire des
villes de la Communauté urbaine de Montréal, d'avoir pour elles
également un avantage immédiat de la réforme que nous
proposons.
Je pense que c'est dans cet esprit qu'on a avancé. Je ne voudrais
pas que vous pensiez qu'on s'est dit: On va les avoir dans le détour, on
va leur donner quelque chose qui va être avantageux pour trois ans et,
après cela, advienne que pourra, ils s'arrangeront avec la facture.
Mme Sentenne: M. le ministre, ce qui arrive, c'est qu'en
étudiant...
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez bien m'excuser
deux minutes. C'est que nous sommes à l'heure de la suspension. Est-ce
que vous voulez continuer et terminer pour qu'on puisse...
M. Clair: Je pense qu'on en aurait encore pour un bout de temps.
Je m'excuse, M. le Président, je n'avais pas vu qu'il était 18
heures.
M. Bourbeau: J'aimerais faire une remarque avant de partir...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: ... qui est seulement d'ordre général.
C'est qu'on est un peu en retard dans l'échéancier. On n'a pas
encore vu les gens de la ville de Laval, de la Commission de transport de la
rive sud de Montréal, le conseil des maires et deux autres organismes.
Ce matin, le ministre, au tout départ, nous avait dit que sa
façon de procéder, ce serait d'écouter les intervenants,
de ne faire que poser des questions pour avoir des éclaircissements et
qu'en aucun cas, le ministre ne défendrait son propre projet, enfin...
Je remarque que le ministre - je n'ai pas dit un mot depuis le matin
là-dessus - défend continuellement son projet et tente de le
faire accepter. Je n'ai pas d'objection à ce que le ministre continue
à le faire. Je ne veux pas lui dire quoi faire. Je veux simplement faire
remarquer au ministre qu'il ne suit pas ses bonnes intentions de ce matin et
peut-être que, si on veut terminer dans les délais, il serait bon,
à un moment donné, de laisser les intervenants donner leur point
de vue et de se limiter à quelques questions; sans ça, le
ministre va peut-être nous convaincre tous, mais on va être encore
ici à Noël.
M. Clair: Je vais tenter de revenir à mes bonnes
dispositions de ce matin dès 20 heures, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Nous reviendrons à 20
heures pour continuer avec la ville de Montréal et la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 03)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Lors de la suspension de 18 heures,
nous en étions au mémoire de la ville de Montréal. M. le
ministre avait commencé à poser quelques questions. Avez-vous
d'autres questions, M. le ministre?
M. Clair: Oui, M. le Président. Je vais tâcher,
d'ailleurs, d'y aller vraiment avec des questions.
À la page 4 du mémoire, on dit, en parlant de la structure
d'un organisme régional de transport, au deuxième paragraphe:
"C'est d'ailleurs cette procédure qui avait été retenue au
départ par le Conseil des transports de la région de
Montréal et elle avait permis d'atteindre des résultats
prometteurs, mais elle fut ensuite interrompue par le gouvernement
lui-même... " Seulement une petite correction là-dessus. Je ne
pense pas que ce soit le gouvernement qui l'ait interrompue, mais les
événements ont fait que, de part et d'autre, le fonctionnement du
COTREM a commencé à se modifier considérablement,
étant donné que les élus y étaient absents. "Mais
elle fut ensuite interrompue par le gouvernement lui-même qui nous arrive
maintenant avec une proposition totalement différente." Dois-je
comprendre, de la position de la ville de Montréal... Vous semblez dire,
dans un premier temps, que vous n'êtes pas intéressés
à un organisme régional de transport dans lequel vous seriez
minoritaires et, dans un deuxième temps, que les problèmes
pourraient être tranchés différemment. Vous avez entendu ou
lu probablement la proposition du président de la communauté
urbaine, M. Des Marais, concernant la création de ce qu'il a
appelé un organisme régional de transport léger,
c'est-à-dire une
table de concertation régionale non décisionnelle. Peut-on
induire de votre position là-dessus que vous souhaiteriez, par exemple,
que le COTREM, dans sa dimension consultative, soit relancé afin de
pouvoir jouer un rôle au niveau d'un organisme régional de
transport de type consultatif plutôt que décisionnel? Est-ce que
cela s'induit de ça ou pas?
Mme Sentenne: Ce serait plutôt de ce
côté-là, mais il faut peut-être préciser une
chose. Quand M. Des Marais a fait la présentation, comme
président de la communauté urbaine, si la position n'était
pas celle du comité exécutif de la ville, c'est que la ville de
Montréal ne souscrivait pas à tous les énoncés qui
ont été faits par M. Des Marais dans sa présentation. Nous
n'y souscrivons pas parce que nous estimons, M. le ministre, qu'il y a une
question fondamentale à laquelle on ne peut pas répondre:
Qu'est-ce que cela apporte de plus à Montréal, cet ORT? En fin de
compte, cela donne quoi à la ville de Montréal? Cela ne donne pas
de services additionnels et ça privilégie certains
éléments de la banlieue au détriment des
Montréalais qui devront payer plus cher pour le transport. Voilà
pourquoi on est dans cette incertitude et on ne peut répondre.
Effectivement, pour le rôle futur du COTREM, nous serions très
prêts à continuer d'avoir un corps consultatif qui puisse nous
donner un peu de directives en matière de transport pour la
région métropolitaine.
M. Clair: Cela va sur cette question-là. Une autre
question. Au tout début, d'ailleurs, du document, à la page 3, on
dit "Aux yeux du gouvernement, le cadre administratif et institutionnel
présent retarde l'intégration tarifaire, interdit l'utilisation
optimale des réseaux et empêche les élus locaux d'exercer
leur contrôle sur les services de transport en commun." Par la suite,
vous vous attachez à démontrer tout au long des pages
subséquentes qu'effectivement le cadre administratif et institutionnel
ne retarde pas l'intégration tarifaire parce que, dites-vous, on a pu
avoir un accord pour les trains de banlieue, on pourrait donc en
négocier un pour - je ne sais pas, moi - le train du CN, je pense.
L'utilisation optimale des réseaux, vous n'y voyez pas de
problème, et le contrôle des élus locaux sur les services
de transport en commun, vous affirmez qu'il est déjà pas mal
existant, du moins en ce qui concerne la Communauté urbaine de
Montréal.
Néanmoins, ne considérez-vous pas que, s'il est vrai que
ça peut déboucher sur des accords par le biais de la
négociation, l'intégration tarifaire en soi, par exemple, si elle
est souhaitable risque d'être retardée longtemps,
indéfiniment, s'il n'y a pas une autorité décisionnelle
pour la région? D'autre part, quand on dit: "... interdit l'utilisation
optimale des réseaux", vous vous attachez à démontrer que
non. Nous continuons de prétendre, par exemple, qu'en ce qui concerne la
CTCUM dans le vieux Longueuil, il y aurait avantage à ce qu'elle s'en
retire. C'est déjà permis par la loi mais ça ne s'est
jamais fait. L'intégration apparaft souhaitable et possible dans le
cadre actuel mais ça ne s'est jamais fait.
Est-ce que vous ne pensez pas que, sur ces deux questions, il y aurait
quand même nécessité d'avoir une perspective plus
régionale de ces problèmes plutôt que de limiter aux
institutions actuelles la négociation, qui aurait pu avoir lieu, c'est
tout à fait exact, mais qui ne s'est jamais faite? Autrement dit,
qu'est-ce qui vous amène à croire que ce serait plus facile dans
l'avenir que ce ne l'a été dans le passé ou que ce ne
l'est dans le présent?
Mme Sentenne: C'est que, M. le ministre, nous avons quand
même fait l'intégration des trains de banlieue, alors ça
s'est fait. Il y a déjà une étape qui prouve que c'est
faisable, et nous avons une crainte à voir se construire un nouveau
niveau de gouvernement, alors que nous connaissons tout ce qui peut
découler de ces coûts additionnels de créer une structure
dont on ne connaît pas la portée et l'étendue.
M. Clair: Ma dernière question concernera justement les
banlieusards. Je vais commencer par une question très
générale et vous demander - c'est un fait acquis qu'il y a
actuellement, je pense que c'est 200 000 banlieusards qui travaillent à
Montréal et qui y voyagent en automobile, si ma mémoire est
fidèle, c'est à peu près, en automobile et en transport en
commun, 200 000 personnes - comment souhaitez-vous que ces 200 000 personnes se
rendent au coeur de l'agglomération de Montréal? Par quel moyen
de transport vous apparaft-il préférable qu'ils se rendent au
coeur de la métropole, donc, dans la ville de Montréal? Est-ce
que c'est par des moyens de transport collectifs ou si c'est par l'automobile
privée? Qu'est-ce qui vous apparaît le plus souhaitable dans
l'intérêt de la ville de Montréal?
Mme Sentenne: Je pense, M. le ministre, que pour ne pas fausser
ma réponse, parce que je sais là où vous voulez en venir,
nous avons intérêt à continuer de recevoir la population
qui travaille dans le centre-ville par les moyens de transport existants; la
structure est tellement bien établie que le réseau souterrain
donne toutes les possibilités pour ceux qui peuvent emprunter - et je
dis bien peuvent emprunter - un réseau de métro en cours de
route.
Qu'ils viennent de Verdun, qu'ils viennent de Laval ou qu'ils viennent
de n'importe où, ils ont toujours accès à une bouche de
métro pas loin de chez eux. Si, effectivement, vous voulez savoir si
l'on veut éliminer l'automobile du centre-ville, je vous donnerais deux
réponses à cette question: Quant à envahir un champ de
taxation qui est celui de la ville de Montréal et taxer les "parking"
par une politique comme celle qui nous est présentée, nous avons
quand même le sentiment que le centre-ville de Montréal a besoin
de stationnement. C'est inévitable que si vous avez un édifice,
comme la Place Ville - Marie, avec le nombre important de
sociétés qui s'y trouvent, si on veut être réaliste
dans le contexte économique actuel et dire que la ville de
Montréal doit attirer des grosses corporations et continuer d'être
le siège social de plusieurs entreprises, ces sociétés qui
doivent payer, débourser des frais de stationnement pour leurs
directeurs ou pour les personnes qui doivent venir les visiter, vont se poser
la question à savoir: Est-ce que je ne suis pas mieux de
m'établir en banlieue où je n'ai aucun frais de stationnement
additionnel à payer, que de rester dans le centre-ville? On va
démolir complètement la fibre fragile qu'on est en train
d'établir.
M. Clair: Mais, si vous permettez, ma question ne portait sur la
surtaxe sur le stationnement, j'ai compris là-dessus votre position,
c'est très légitime. Je comprends les arguments ils sont clairs
sur ce point; mais c'est plus en termes de migration quotidienne de 200 000
personnes qui entrent et sortent de Montréal. Tenons pour acquis qu'il
ne serait pas question, par hypothèse, de cette surtaxe sur le
stationnement. Vous avez dit: Vous voyez où je veux en venir; je veux en
venir effectivement à la question de savoir comment la ville de
Montréal souhaite-t-elle voir venir les 200 000 banlieusards qui
viennent sur son territoire tous les jours. Est-ce que c'est par le transport
en commun ou en voiture? Parce que de cela découlent des choix
fondamentaux.
Mme Sentenne: Je pense, M. le ministre, que sur ce dossier, on ne
peut quand même pas s'interposer pour les autorités de ces villes
de banlieue ou même pour les usagers du transport des modes de locomotion
qui seraient à ces usagers, mais 200 000 personnes qui viennent de la
banlieue quand nous avons un bassin de population de 1 000 000 de personnes qui
se déplacent, elles aussi, et que ces 200 000 personnes de la banlieue
ne vont pas nécessairement au centre-ville et que les millions de
Montréalais ne restent pas non plus à l'intérieur de la
ville, mais font des migrations à l'intérieur et à
l'extérieur par toutes sortes de moyens, je pense qu'en ce qui concerne
les moyens de transport qui existent actuellement pour desservir l'île de
Montréal, le comité exécutif est en voie de
compléter, à notre avis, ce qui serait souhaitable. Si nous avons
consenti de partager les frais additionnels que nous réclame
l'intégration des trains de banlieue, c'était
précisément parce que nous estimions que c'était une
façon juste et équitable de faire voyager ces gens qui avaient
cette coutume.
Je vous dirai, entre parenthèses, que pour les 5000 usagers des
trains actuellement ou en potentiel, parce que je pense qu'on part de 3500, il
ne faut pas négliger non plus le fait qu'une ligne d'autobus dans un
secteur aussi petit que le mien, à Notre-Dame-de-Grâce, a 5000
usagers par jour.
M. Clair: Vous avez tout à fait raison à cet
égard. D'ailleurs, si on regarde l'ensemble de la problématique
actuelle pour les immobilisations dans le transport en commun - pour les
immobilisations lourdes j'entends - 95%, 96% sont prévues sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Je ne pense pas
que, ni avec la ville de Montréal, ni avec la communauté urbaine
comme telle, cela fasse l'objet de discussions fondamentales quant au choix de
concentrer des équipements lourds de transport sur l'île de
Montréal. On peut avoir des discussions sur les priorités,
l'ordonnancement des priorités, mais non pas sur le fond. (20 h 15)
Ma question vise davantage les gens qui viennent de l'extérieur
de l'île de Montréal. C'est que plusieurs intervenants - je ne le
dis pas pour vous fâcher, mais parce que j'ai eu l'occasion de prendre
connaissance de plusieurs mémoires - reprochent à la proposition
gouvernementale qu'elle ne fasse pas état - mon collègue, le
député de Laporte, me le reprochait un peu ce matin au
départ - de mesures en ce qui concerne la circulation des autobus au
centre-ville. C'est vrai, il n'y a rien de compris dans la proposition en ce
qui concerne l'imposition de voies réservées pour les autobus au
centre-ville. Plusieurs intervenants vont venir à la même table
vous reprocher, la ville de Montréal, et me reprocher, à titre de
ministre des Transports, de ne pas avoir inclus dans notre proposition la
possibilité d'imposer des voies réservées à
l'intérieur de l'île de Montréal. D'autres également
vont nous reprocher à tous les deux de ne pas parler, de ne pas traiter
de la politique de stationnement sur les rues dans la ville de Montréal,
ce qui a pour effet de ralentir davantage la circulation des autobus au
centre-ville, augmentant ainsi la facture de carburant et la durée
d'utilisation du matériel.
Des gens nous reprochent aussi réciproquement les
décisions qui ont été prises au ministère des
Transports, il y a longtemps, concernant la construction de l'autoroute
Ville-Marie qui a entraîné la disparition de plusieurs milliers de
logements, alors que ce n'est toujours pas réglé, il y a des gens
qui nous reprochent d'avoir pris la décision dans le temps - le
gouvernement du Québec, j'entends, c'est bien avant que je sois
là. Il y a des gens qui reprochent aussi à la ville de
Montréal de persister dans le choix de vouloir terminer l'autoroute
est-ouest plutôt que de consacrer davantage d'efforts au financement du
transport en commun.
Si je relie cela à la position qui semble être prise par la
ville de Montréal, ce serait de dire: Les banlieusards, ceux qui
viennent d'en dehors de la Communauté urbaine de Montréal,
faites-les payer et, des moyens de transport en commun, s'ils n'en ont pas,
c'est peut-être aussi bien comme cela, ce sera une bonne façon de
leur apprendre et de les ramener en ville. La question que je pose est la
suivante: Quelle est la politique de circulation de la ville de Montréal
reliée au transport en commun, premièrement?
Deuxièmement, pour la venue des banlieusards, comme mon
collègue, le député de Verchères, le disait ce
matin, que cela fasse l'affaire du gouvernement, de la CUM, de qui cela voudra,
c'est un fait, les banlieues sont là, elles existent. Elles ont besoin
d'être reliées par un mode de transport ou un autre au coeur de
l'agglomération. En voulant refuser le développement du transport
en commun en dehors de la Communauté urbaine de Montréal,
n'avez-vous pas l'impression que si on suivait cela réellement, si Laval
refusait de s'impliquer dans le transport en commun, la rive sud aussi, le
gouvernement également, en termes de qualité de vie, le flot
d'usagers, d'automobilistes qui se rendraient sur l'île de
Montréal rendrait la situation tout à fait invivable pour les
Montréalais. Alors, n'est-ce pas souhaitable, pour les résidents
de la ville de Montréal et, en général, de l'île de
Montréal, qu'ils puissent compter sur, non pas un système
chromé, non pas un système que les Montréalais vont payer
pour eux, mais un système qu'ils vont payer selon notre proposition?
N'est-ce pas souhaitable que le transport en commun se développe aussi
aux abords de Montréal, afin de faciliter cette mutation quotidienne et
qu'elle se fasse en transport en commun plutôt qu'au moyen de centaines
de milliers de véhicules?
Mme Sentenne: M. le ministre, vous me faites penser à
quelqu'un qui dit au grand garçon dans une famille qui vient de gagner
une bourse: Tu ne voudrais pas la donner à ton petit frère qui
n'a pas voulu étudier cette année parce qu'effectivement... M.
Clair: Pourquoi?
Mme Sentenne: ... ce serait plus juste si tout le monde avait un
peu d'argent?
M. Clair: Pourquoi?
Mme Sentenne: Si vous me le permettez, un retour en
arrière au sujet de la banlieue et de la périphérie. Nous
ne voulons pas empêcher ces gens de venir en ville, cela serait ridicule
que de dire que la ville de Montréal repousse cette initiative.
Seulement, il faudrait se rappeler que, quand les banlieues se sont
développées, elles l'ont fait à grands coups d'argent de
plusieurs niveaux de gouvernement avec plusieurs subventions. Si nos rues
commerciales ont périclité et si nos centres commerciaux ont un
peu déchu dernièrement, c'est qu'effectivement les centres
commerciaux ont pris beaucoup d'envergure parce qu'ils avaient eu ce coup de
pouce que les marchands de la ville n'avaient pas.
Alors, si on fait une revitalisation commerciale, qu'on installe des
parcomètres et qu'on fait des flots de verdure - et oui, c'est vrai que
cela retarde la circulation -nous avons la chance de préserver la
qualité de vie de nos quartiers et nous assurons une
sérénité à nos piétons qui devront les
traverser. Je pense que ce n'est pas un phénomène unique à
Montréal; quand vous voyagez partout en Europe ou ailleurs, vous voyez
que les rues piétonnes deviennent de plus en plus la norme.
M. Clair: Les voies réservées aussi.
Mme Sentenne: Les voies réservées sur les ponts, on
n'a aucune sorte d'objection. Si vous vous promenez sur la rue de La
Gauchetière, en face de la Place Bonaventure, il est rare de voir autre
chose que des autobus de la CTRSM et, si vous allez aux environs
d'Henri-Bourassa, nous sommes envahis par les autobus de la CTL. Maintenant,
s'il y a des voies réservées plus spécifiquement, je suis
certaine que notre service de circulation serait plus qu'heureux de collaborer
pour trouver les moyens les plus efficaces parce que cela nous aiderait aussi
bien que lui. Le niveau de pollution très élevé que ces
autobus amènent quand ils entrent dans la ville de Montréal n'est
pas souhaitable pour continuer de préserver la qualité de
l'environnement que nous recherchons par tous les moyens possibles mis à
notre disposition. Je pense que vouloir éliminer cette revitalisation
commerciale que nous sommes en train de mettre sur pied dans 19 secteurs
déterminés, cela ne serait pas une solution de rechange.
M. Clair: Vous admettez que la politique de stationnement, la
politique de voies réservées doit être reliée d'une
façon ou d'une autre à une politique de transport en commun.
Mme Sentenne: Mais oui, nous ne nous sommes jamais opposés
à ces détails. Nous nous sommes attardés, dans notre
mémoire et dans notre présentation, aux grands objectifs de votre
proposition. Mais je suis certaine que les petits arrangements peuvent
sûrement être faits.
M. Clair: Voyez-vous, c'est peut-être une question de
perception, quand vous parlez de détails, par exemple, des gens ont fait
une étude sur la vitesse commerciale des autobus sur l'île de
Montréal. Si l'on augmentait d'un mille à l'heure la vitesse
commerciale des autobus sur l'île de Montréal, cela signifierait
pour tout le monde une réduction de la facture de l'ordre de 20 000 000
$ annuellement. Cela nous apparaît quelque chose d'important et, dans ce
sens, je suis très heureux de l'ouverture que vous manifestez, à
savoir que cela doit être examiné de façon très
reliée à une politique de circulation, de stationnement, de
revitalisation du centre-ville aussi, ce avec quoi nous sommes en parfait
accord.
Mme Sentenne: Mais cela ne peut pas continuer, M. le ministre.
Vous ne pouvez pas avoir les deux parce que, si vous continuez à faire
accélérer votre autobus, les gens n'arrêteront pas dans les
rues commerciales.
M. Clair: Madame, c'est certain qu'à la limite, quand on
m'a donné cette explication, un peu comme vous, j'ai posé la
première question: Pourquoi ne pourrait-on pas les faire rouler, je ne
sais pas, à 40 milles à l'heure, parce que, s'ils roulaient
à 40 milles à l'heure, on ferait du profit, semble-t-il? Mais
cela vaut pour une accélération au départ; à chaque
kilomètre additionnel, c'est évident que cela n'aurait pas le
même impact.
J'ai déjà posé plusieurs questions, je veux laisser
la chance à mes collègues de pouvoir en poser également.
Je terminerai simplement en vous demandant si, sur la question surtout du
partage financier, la proposition que nous faisons quant à un partage
financier... Je comprends facilement les réticences très fortes
que vous pouvez avoir sur le stationnement, mais, quant aux autres sources de
financement, quant à l'ensemble du partage proposé, vu que vos
chiffres et les nôtres démontrent que, pour les trois prochaines
années, il y aurait des avantages réels, palpables, financiers
sur la taxe foncière pour la Communauté urbaine de
Montréal, est-ce que vous seriez prêts à ce que nos gens
puissent revoir les vôtres afin de mieux s'expliquer sur cette position
de la ville de Montréal qui, à mon point de vue, refuse une
baisse de sa contribution par la taxe foncière au coût du
transport en commun? Il me semble qu'il y aurait avantage à ce que nos
gens puissent continuer à se voir afin de s'assurer peut-être d'un
appui éventuel sur cette question du financement. On n'entend pas - et
cela n'a jamais été notre objectif - faire payer plus à la
ville de Montréal et pénaliser les Montréalais. C'est un
esprit tout à fait contraire à celui-là qui nous animait.
J'ai pu paraître un peu fâché; avant six heures, je ne
l'étais pas, mais quand tu cherches à faire du bien à
quelqu'un et que ce quelqu'un te reçoit comme si tu voulais lui faire du
mal, vous comprendrez que c'est un peu choquant. Je ne sais pas si, sur la
dimension financière, vos positions sont très fermes, solides,
inébranlables ou si, comme on dit parfois, vous êtes encore
"parlables".
Mme Sentenne: M. le ministre, vous savez, nous sommes toujours
"parlables". Nous avons accepté, avec la meilleure bonne volonté
du monde, de venir ici, comme nous avions fait pour le projet de loi no 46,
mais vous comprenez un peu notre état d'esprit. Pour ce qui est des
discussions de quote-part et de tout arrangement financier, nous serons
certainement très heureux de participer à un nouveau dialogue,
mais on veut seulement souligner que, pour nous, c'est un tout,
Québec-fiscalité, c'est une chose que la loi 57 a
attaquée. À notre avis, on ne peut modifier en cours de route des
dossiers aussi considérables sans revoir un remaniement parce que, quand
même, on a perdu des champs de taxation qui étaient les
nôtres. La taxe de vente et tout cela, c'est disparu depuis la loi 57.
C'est vrai qu'on ne peut planifier que trois ans à la fois, mais il ne
faut pas se leurrer et se dire que, du jour au lendemain, on va s'inventer une
autre loterie et que quelque chose d'autre va nous tomber des cieux parce que
c'est très difficile. On comprend votre position mais vous comprenez
aussi la nôtre.
M. Clair: On a essayé d'en faire tomber un peu du ciel.
Peut-être qu'on pourra en faire tomber davantage un autre jour.
Mme Sentenne: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Après les remarques paternalistes du ministre
qui nous a assuré qu'il vous voulait du bien, je suis très
heureux de l'entendre. Aux citoyens de Montréal, évidemment, oui.
Je voudrais
simplement dire à mon tour que je suis très heureux de
constater que la ville de Montréal accueillerait avec plaisir la
suggestion d'étudier la possibilité d'avoir des voies
réservées pour permettre aux autobus de circuler plus rapidement.
Je présume que ce serait dans les grands axes de dégagement et
non pas dans les rues commerciales, ce qui aurait pour effet d'entraver le
commerce. Mais, quant à moi, je suis un peu étonné de voir
que cela a pris une commission parlementaire pour que le ministre apprenne de
la bouche de Mme Sentenne que la ville de Montréal était
disposée à permettre des voies réservées et je ne
comprends pas que vous n'ayez pas pu vous parler avant cela. Cela fait des
années qu'on attend que cela se produise. Heureusement...
M. Clair: Vous connaissez la réponse à votre
question.
M. Bourbeau: ... qu'on a eu la commission parlementaire
aujourd'hui parce que peut-être qu'on n'aurait pas su cela avant des
années, avant que le prochain gouvernement soit en place. De toute
façon, Mme Sentenne, je voudrais...
M. Clair: Je pensais qu'à l'époque où vous
étiez maire de Saint-Lambert, vous aviez posé la question et que
vous aviez eu les mêmes réponses.
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'à ce moment,
étant maire de Saint-Lambert, je n'avais pas accès auprès
de gens importants aussi facilement que Mme Sentenne, alors qu'ici c'est plus
facile.
Mme Sentenne, le projet de réforme qui est proposé par le
ministre des Transports consacre, je pense, un principe, celui du coût
des transports et du coût à l'usager en fonction de la distance
parcourue. Est-ce que la ville de Montréal que vous représentez
partage cette opinion, cette philosophie?
Mme Sentenne: Non, parce que nous estimons que le
Montréalais est aussi bien montréalais à
Pointe-aux-Trembles, à Rivière-des-Prairies qu'il l'est sur les
rues Peel et Sainte-Catherine. Alors, pour nous, il paye déjà la
facture du transport dans son compte de taxe foncière; en plus de cela,
si nous lui imposons une surtaxe, nous estimons que c'est là qu'il se
crée une injustice envers le citoyen montréalais. Il n'a pas la
même qualité de service que d'autres usagers qui ne sont
même pas montréalais et qui ne sont même pas dans la
communauté urbaine.
M. Bourbeau: C'est votre opinion que je voulais avoir et je n'ai
pas à vous transmettre la mienne à ce moment-ci. Une autre
question. En ce qui concerne la tarification sur les autoroutes, vous dites
dans votre rapport, à la page 23: "La tarification sur les autoroutes
est, en soi, une bonne idée à condition qu'elle s'accompagne
d'une diminution des taxes générales, ce qui n'est pas le cas, et
surtout qu'elle s'applique également à l'ensemble du
territoire..." Est-ce que vous faites référence à une
tarification sur les autoroutes, à des postes de péage qui
seraient situés à l'entrée de l'île de
Montréal ou à des postes de péage qui seraient en
région ou sur les grandes autoroutes du Québec? Est-ce que vous
avez, à ce sujet-là, une politique dans le sens que vous seriez
d'accord pour que les postes de péage soient à l'entrée de
la CUM ou de l'île de Montréal, ou est-ce que vous
privilégeriez plutôt un système de péage des
autoroutes qui serait distribué dans toute la province? Vous parlez de
l'ensemble du territoire, de quel territoire parlez-vous quand vous employez
cette expression-là?
Mme Sentenne: Je demanderai à M. Le Lannic de vous
répondre.
M. Le Lannic: Je pense que votre question avait plusieurs volets.
En ce qui concerne la tarification, d'abord, lorsque nous négociions les
principes qui devaient régir la loi 57, l'entente avait
été que les municipalités étaient là pour
fournir des services municipaux, et la formule idéale de financement
pour ces services aurait été de faire payer les usagers
directement, non pas d'établir une certaine forme de justice
redistributive. Ce n'est évidemment pas possible de tout tarifer, c'est
pour cela qu'il existe des taxes d'ordre général. La ville de
Montréal, pour sa part, a développé une politique de
tarification puisqu'on va chercher quand même à peu près
10% de nos revenus par le biais des tarifs. (20 h 30)
En ce qui concerne, maintenant, plus spécifiquement les tarifs
sur les autoroutes, il est évident que cela ne concerne pas directement
la ville de Montréal, mais plutôt les gens qui viennent dans la
ville de Montréal. Ce que nous, nous avons dit, c'est que les principes
qui ont prévalu à Montréal devraient prévaloir au
niveau de la province, en ce sens que lorsqu'on recourt à la
tarification, c'est parce qu'on pense que c'est une meilleure politique que la
taxation d'ordre général, parce qu'elle fait payer
véritablement l'usager. Alors, la taxation sur les autoroutes devrait
respecter un peu le même principe, mais si on est pour établir des
tarifs sur les autoroutes, il faudrait qu'en parallèle on diminue les
autres taxes à caractère régional. C'est effectivement ce
que nous avons fait à la ville de Montréal. On a pu baisser les
taux de taxation de la taxe foncière générale, de la taxe
d'affaires, etc., parce qu'on augmentait les tarifs.
Actuellement, ce n'est évidemment pas ce qui existe. Le
caractère difficilement acceptable des tarifs dans la région de
Montréal découle du fait que c'est la seule région, avec
l'autoroute des Cantons de l'Est, où il existe des tarifs sur les
autoroutes. La région de Québec n'en a pas. Alors ce qu'on dit,
nous autres, c'est que si on est pour avoir une tarification sur les
autoroutes, il faudrait que, parallèlement, on diminue les autres taxes
générales et qu'ensuite ces tarifications soient
appliquées à l'ensemble de la province et pas seulement dans la
région de Montréal.
Quant au point spécifique à savoir s'il faut avoir une
tarification autour de Montréal, le comité exécutif de la
ville de Montréal n'a pas pris de position là-dessus. Mais, comme
il a été mentionné lors de la déposition du
président du Comité exécutif de la CUM, je pense que
Montréal serait l'une des rares villes, ou peut-être même la
seule ville, où il faudrait payer pour entrer si une telle mesure
était appliquée. Nous ne savons pas dans l'état actuel des
choses si c'est une bonne mesure ou pas.
M. Bourbeau: Si je comprends bien votre position en ce qui
concerne la tarification immédiatement à l'entrée de
Montréal, vous n'êtes pas tellement en faveur, quoique vos
études ne soient pas concluantes là-dessus. Vous seriez
plutôt pour une redistribution du péage sur toutes les autoroutes
du Québec, d'une façon égale ou plus cohérente que
la façon dont cela se fait maintenant. Est-ce que je vous comprends
bien?
M. Lannic: Oui.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Boucher): Madame la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, en fait j'aimerais
poser une question à Mme Sentenne. Elle a fait état, avec raison
je pense, des politiques gouvernementales, dans le passé, des
gouvernements supérieurs qui ont eu comme incidence l'exode
résidentiel et l'exode industriel. En fait, souvent, ce qui est notre
cas, nous sommes prêts à l'admettre d'autant plus que nous
n'étions pas là au moment où ces grandes décisions
ont été prises... Mais à cette époque, qui est
quand même relativement récente, la ville de Montréal
adhérait à ces politiques. Je le sais pour représenter un
quartier de la ville traditionnelle, le quartier de Maisonneuve, qui a
été littéralement charcuté d'au-delà de 2340
logements pour mettre en place un réseau d'autoroutes. Finalement il y a
eu un moratoire, mais il reste qu'il y a demande maintenant pour poursuivre
l'aménagement d'un boulevard à voies rapides, parce qu'il y a
pression sur les ponts.
Vous nous disiez, tantôt, que les réseaux souterrains sont
suffisants. Mais, il reste qu'il y a pression au pont-tunnel vers Boucherville,
il y a pression au pont Champlain vers Brossard. Il y a donc pression, et les
Montréalais en sont victimes puisqu'ils ont eu, dans le passé,
à subir des politiques de réseaux routiers. Si on n'y met pas
fin, si on ne facilite pas le transport en commun à l'extérieur
de l'île, à l'extérieur de la communauté urbaine, on
ne facilite pas un changement dans le comportement des usagers. Le point que je
veux soulever, c'est que derrière toute réforme il y a un parti
pris. Derrière cette réforme - parce qu'on peut certainement
discuter de bien des modalités - il y a le parti pris du transport en
commun. Quand dans votre mémoire vous dites oui au transport en commun
sur l'île et non à l'extérieur de la communauté
urbaine, vous le remplacez alors par quel mode de transport? Vous le remplacez
par le véhicule automobile, mais les Montréalais en seront
victimes, finalement.
Mme Sentenne: Madame, je ne pense pas qu'on dise non au transport
en commun à l'extérieur de la ville. Tout ce que nous disons, en
ce qui concerne la ville de Montréal, et nous ne voulons pas nous
imposer comme niveau de gouvernement pour juger des politiques des autres
intervenants dans ce dossier, c'est ceci: Qu'est-ce que l'ORT rapporte à
la ville de Montréal? Effectivement, les politiques de transport de la
banlieue, de la périphérie hors de la CUM, devront être
élaborées de façon à ne pas nous nuire. Nous sommes
prêts à collaborer mais, comme vous l'avez si bien
mentionné, nous avons été charcutés par des
autoroutes et maintenant nous sommes envahis par des autobus. Nous sommes bien
prêts à collaborer pour mettre un peu d'ordre dans cela, je pense
que c'est le souhait de M. le ministre. Mais je ne pense pas que ce soit
à nous de décider comment ces personnes, qui habitent ailleurs
qu'à Montréal, devraient entrer en ville si elles le veulent. Je
ne pense pas qu'on veuille faciliter l'exode de la ville vers la
périphérie, en leur accordant des modes de transport tellement
sophistiqués, qu'à la limite on pourrait dire: C'est plus facile
de sortir de la ville pour aller à Deux-Montagnes que d'aller de
Maisonneuve à Notre-Dame-de-Grâce, ce qui est le cas à
l'occasion actuellement.
Mme Harel: Si Montréal ne prend pas avec d'autres
l'initiative d'un certain aménagement de l'accueil, le transport se fera
par automobile. À ce moment-là, quel est le coût? C'est en
fait un peu la question que j'aimerais vous poser également. Vous
posiez la question tantôt, ça donne quoi à
Montréal, cette réforme? Cela coûterait combien à
Montréal qu'il n'y ait pas de réforme? Cela coûte combien
présentement le coût du transport par voiture? J'entendais l'hiver
passé la réflexion des résidents de la rue Jeanne-Mance.
Il y a un coût qui est attaché au fait qu'il y a un choix de
transport par voiture présentement à la ville de Montréal
elle-même et à ses citoyens.
Mme Sentenne: Effectivement, ce coût est un facteur
réel, mais je ne dis pas que la ville de Montréal s'oppose et je
ne vois pas comment on peut à l'intérieur de cela
améliorer les modes de transport qui viennent vers l'intérieur de
la ville. Je dis tout simplement que nous, à la ville, notre souci
premier n'est pas de régler les problèmes de la banlieue et de la
périphérie. On est prêts à collaborer dans un
organisme à titre consultatif ou quoi que ce soit. On ne s'est jamais
opposés à ce que le COTREM oeuvre dans certains dossiers, mais
nous estimons que la CTCUM nous sert bien en tant que commission de transport
pour la communauté urbaine. Certains ne partagent pas cet avis, mais
pour la ville de Montréal, c'est une politique que nous avons à
modifier et je pense que la loi 46 a fait des pas dans cette direction pour
permettre un peu plus d'accès à cet organisme. Effectivement, je
n'ai aucune sorte d'objection et je pense que l'administration municipale ne
veut nuire d'aucune façon aux gens qui sont à Brossard ou
à Deux-Montagnes ou n'importe où ailleurs de venir en ville,
d'alléger la circulation automobile. Vous me demandez les coûts
d'automobile; je n'ai pas ces données-là à vous fournir et
je ne pense pas que nous ayons l'intention d'aller dans ce détail ici
dans notre mémoire.
Mme Harel: Vous permettez, M. le Président. Vous faites
reproche au gouvernement d'amener le transport en commun en dehors de
Montréal, dans votre premier paragraphe, à la page 10, mais vous
ne pensez pas qu'il s'agit finalement de vases communicants dans la mesure
où il y a aménagement dans un réseau de transport
intégré ville et banlieue. Ce sont aussi les Montréalais
qui vont, tout compte fait, en profiter parce qu'il y aura beaucoup moins de
pression pour poursuivre, par exemple, l'aménagement d'un boulevard
à voie rapide dans les quartiers du bas de la ville. Il y aura beaucoup
moins de pollution, de nécessité d'entretien. Il y aura une
qualité de vie qui sera certainement plus avantageuse pour les
Montréalais eux-mêmes.
Mme Sentenne: Je pense qu'à ce moment, on entre dans un
autre dossier. Je ne vois pas à quel moment on peut tuer
carrément l'industrie à Montréal en ne permettant pas
à des fardiers de dix-huit roues - je ne sais pas comment on appelle ces
équipements lourds - de pouvoir emprunter des voies commerciales pour
desservir des secteurs industriels qui, malheureusement, sont
entrecoupés de secteurs résidentiels très fragiles. Vous
vous référez à votre secteur qui est un exemple typique de
ça. Il faut trouver une solution à ce problème et je sais
que vous y travaillez très fort avec M. Lorange, notre
vice-président, mais c'est quand même un dossier très
vaste. On n'a aucune sorte de prétention de dire qu'on peut
résoudre tous ces problèmes, mais je ne voudrais pas non plus
qu'on dise: À Montréal, maintenant, il n'y a aucune
pénétration de véhicules lourds, on va faire le transport
en commun des banlieusards. À la limite, ça voudrait dire que
toute l'industrie serait à l'extérieur et on aurait des secteurs
résidentiels partout en ville.
Mme Harel: Loin de moi cette idée, au contraire. Je ne
sais pas si vous êtes au courant, Mme Sentenne, mais il y a aussi le
dossier de la revitalisation des zones industrielles. Dans la mesure où,
justement, on peut dégager le transport automobile pour permettre un
autre type de transport, parce qu'on l'aura remplacé par le transport en
commun, il me semble que ça peut être avantageux pour tout le
monde.
Mme Sentenne: On est parfaitement d'accord là-dessus, on
ne s'y est jamais opposé, c'est simplement qu'on n'a pas voulu
s'interposer pour prendre des décisions à la place de ces gens
qui sont des banlieusards.
M. Clair: Si je pouvais me permettre, Mme Sentenne, c'est que 130
000 personnes sont sorties de la Communauté urbaine de Montréal
au cours des cinq dernières années. À mon humble avis,
sans engager le gouvernement, deux raisons majeures expliquent cela:
premièrement, la présence d'un grand nombre d'autoroutes qui
facilitaient la sortie et, d'autre part, le niveau de taxation foncière
élevé à la CUM et beaucoup moins élevé en
dehors. C'est un fait, 130 000 personnes sont sorties.
Si on ne fait rien, si on ne change rien, même si la population
globale de la grande région de Montréal n'augmente pas, puisque
130 000 personnes en sortent, un bon nombre d'entre elles continuent, comme vos
statistiques le démontrent, à voyager à Montréal et
hors CUM. Ces personnes accroissent sans cesse la pression sur les ponts par
des automobiles. On a vu, au cours des récentes années, que
l'achalandage sur les trains avait diminué, que l'achalandage sur les
réseaux d'autobus régionaux avait diminué. C'est donc dire
que les gens, de plus en plus nombreux, ont fait le choix de
l'automobile privée.
Il y a donc double conséquence: accroissement de la pression aux
heures de pointe sur les ponts et, deuxièmement, de plus en plus de
véhicules. Même si la population décroît sur
l'île de Montréal, la congestion, elle, continue - vos gens au
service de la circulation pourraient probablement le dire mieux que moi - au
moins à être aussi grave, sinon à s'aggraver parce que de
plus en plus de gens viennent de l'extérieur, engorgent les ponts et
engorgent le centre de l'île de Montréal.
Vous avez tout à fait raison de dire qu'il faut que les fardiers
puissent circuler sur l'île de Montréal; il faut que l'industrie
puisse continuer à se développer sur l'île de
Montréal, mais, quand ma collègue de Maisonneuve dit qu'il faut
faire des choix, voici ce qu'on pense. Plus on pourra amener de gens provenant
de l'extérieur de l'île de Montréal à utiliser le
transport en commun, plus ils vont être intéressés à
continuer de travailler à Montréal, plus les grands employeurs
vont continuer à voir un avantage à aller s'installer à
Montréal, parce qu'il y a des moyens de transport qui le permettent.
Également, plus on pourra dégager la circulation urbaine,
faciliter le transport sans ajouter de nouveaux ponts ou de nouvelles
infrastructures au cours des cinq, dix ou vingt prochaines années, plus
on pourra utiliser les infrastructures existantes à moindre coût
plutôt que de laisser évoluer la situation comme elle va, ce qui
contribuera immanquablement, si on continue à vider l'île de
Montréal de sa population, à accroître la pression sur les
ponts jusqu'à ce qu'on soit dans l'obligation de construire de nouveaux
ponts ou de nouvelles voies d'accès, ce qui ne serait pas à
l'avantage de qui que ce soit, je pense.
Dans le mémoire qui est devant nous, vous dites:
L'intégration tarifaire, oui, on est d'accord, mais à condition
que les banlieusards paient plus. Si les banlieusards payaient beaucoup plus,
de façon très importante par rapport à ce qu'ils paient
sans intégration tarifaire, il y a trois conséquences possibles.
La première, c'est une utilisation accrue de l'automobile parce que, si
ça coûte trop cher, les gens vont utiliser leur automobile;
engorgement aux ponts, engorgement dans l'île. Deuxième
conséquence possible, une incitation aux entreprises à se
localiser en banlieue, parce que la main-d'oeuvre va trouver que ça
coûte trop cher de voyager hors CUM-CUM. Troisième
possibilité, voyant ces coûts de transport très
élevés, les gens vont décider de déménager
à Montréal. Quand on connaît le taux de vacance de
logements dans la ville de Montréal qui, à ce qu'on me dit, n'est
pas très élevé, quand on sait que c'est la dernière
décision qu'un citoyen prendra, il m'apparaît que les deux autres
possibilités risquent de se produire avant la troisième. On est
loin de vouloir aller à l'encontre des objectifs que vous poursuivez,
soit de ramener le développement au centre de l'agglomération, de
décongestionner le centre-ville, de permettre aux camions et à
l'industrie de continuer à se développer. On n'est pas du tout en
désaccord avec les objectifs, on est en parfait accord avec ça.
C'est sur les meilleurs moyens à prendre et les moins coûteux
qu'il y a avantage, je pense, à continuer à discuter.
Je m'excuse, M. le Président, j'ai été plus long
que je l'avais prévu. (20 h 45)
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. le député de Jeanne-Mance.
Mme Sentenne: Je m'excuse, je voudrais faire seulement une petite
intervention.
Je suis d'accord avec vous sur les deux points que vous avez
soulignés qui préconisaient le départ des citoyens de la
ville, mais il y en avait un troisième, à ce moment. Le
coût de l'énergie était beaucoup moindre qu'il ne l'est
aujourd'hui. Si le phénomène qu'on appelle à
Montréal les 20 000 logements connaît le succès qu'il
connaît, un des grands facteurs c'est le coût de l'énergie
qui est maintenant exorbitant et qui fait que les gens doivent changer
d'habitudes. Comme vous l'avez signalé tout à l'heure, les
habitudes ne se changent pas du jour au lendemain, et c'est quand même
important pour une personne qui a une voiture de pouvoir la garder. Qu'est-ce
qu'elle va faire avec? À la minute où vous pouvez lui
démontrer que c'est mieux d'utiliser un autobus pour des raisons
écologiques, économiques ou autres, c'est beaucoup plus rentable
pour tout le système et je suis bien d'accord avec vous.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, avant de poser ma question
à Mme Sentenne, j'aimerais faire un bref commentaire sur la situation du
transport en commun à Montréal. Je me rappelle avoir
demeuré dans le bout d'Auteuil et à Pont-Viau. Ça ne
passait pas et c'était la même chose sur la rive sud.
Je trouve que la situation s'est grandement améliorée.
Lorsque la députée de Maisonneuve dit qu'il y a de la circulation
aux ponts, je tiens à vous souligner que, si vous comparez la
circulation de nos ponts avec celle des ponts de n'importe quelle grande ville,
il n'est pas plus considérable qu'ailleurs, il l'est peut-être
moins.
Je pense qu'il faut que le citoyen ait le choix de prendre le moyen de
transport qui lui convienne. Il est certain qu'à l'extérieur de
la région de la communauté
urbaine il y a eu une très grande amélioration du
transport en commun à la CTL et également au niveau de la CTRSM.
En fait, on roule presque en Cadillac dans le transport en commun dans la
région métropolitaine. On est bien servi. Cela nous coûte
cher ainsi qu'à tous nos propriétaires fonciers quels qu'ils
soient de la région métropolitaine; que ce soit à
Montréal, sur la rive sud ou dans la région de Laval, les taxes
foncières sont déjà au maximum que les gens peuvent
payer.
M. le ministre, madame du comité exécutif de la ville de
Montréal a tenu des propos qui étaient peut-être choquants
pour vous, mais ce sont quand même des propos réels. Cela
crée un autre palier de gouvernement. On n'a qu'à lire beaucoup
d'éditorialistes qui disent qu'il y a trop de régies, trop
d'instances gouvernementales et qu'il faut mettre un arrêt à
ça.
Le président de la CUM nous dit: II est possible de
négocier avec les deux autres commissions. Évidemment il y a le
problème suprarégional où on peut arriver, au niveau des
MRC, avec l'aide du ministère, avec l'aide du COTREM, à apporter
un nouvel horizon et des avenues nouvelles.
On a dit que les prévisions du COTREM n'étaient pas
exactes, ce qui est le cas. On prévoit une augmentation de 3% de plus
d'achalandage pour le système tarifaire central, mais, par contre,
à cause des zones proposées, c'est quasiment un bordel, M. le
Président. Cela va augmenter le coût de perception de 10%. Donc,
on ne gagne pas grand-chose là. Ce sont des pronostics.
On a prévu entre 30 000 $ et 75 000 $ pour la CAM et on a 350 000
$. Mauvaise prévision. Je suis très heureux parce que je suis
pour le transport en commun.
Une voix: ... le résultat.
M. Bissonnet: Tarif uniforme. Les taxes sur le stationnement.
Cela n'a pas de bon sens de faire perdre une compétence municipale
à la ville de Montréal qui sera encore contrôlée par
une institution gouvernementale supérieure. Je ne fais pas de discours,
je suis très au courant de la situation à la communauté
urbaine.
La question que je veux poser touche la loi 57. On dit toujours que ce
qui est signé est signé. Ce qui a été signé
a été signé et ce qui est écrit est écrit,
vous avez raison, M. le ministre. Ce qui a été signé dans
le protocole d'entente entre la communauté urbaine et le gouvernement du
Québec a été signé. Aujourd'hui, on veut changer
les règles du jeu. Bon!
Voici une première question que je veux poser à Mme
Sentenne: Comment voyez-vous cela? Vous représentez la ville de
Montréal, mais, du côté du transport en commun sur
I'île de Montréal, voyez-vous la ville de Montréal
comme une entité ou comme faisant partie d'un tout, de la
communauté urbaine?
Deuxième question. On a parlé tantôt de voies
réservées. N'importe quelle municipalité - on n'a pas
besoin de faire partie d'une commission de transport - peut imposer des voies
réservées sur le réseau routier public d'une
municipalité, que ce soit à Drummondville, à
Montréal, à Saint-Léonard ou à Anjou. Une
municipalité peut le faire de sa propre initiative et c'est pour cela
que je vous pose la question: Comment voyez-vous le contrôle des
élus sur la communauté urbaine? Selon moi, c'est le
problème. Dans le secteur de I'île de Montréal, on est
toujours pris entre la ville de Montréal et les différentes
municipalités de la banlieue. Donc, comment voyez-vous l'application de
la loi 46 quant au contrôle des élus?
M. Rodrigue: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont, question de règlement.
M. Rodrigue: M. le Président, je pense qu'on est ici pour
entendre des mémoires sur le projet de réforme du transport en
commun dans la région de Montréal. Le débat sur la loi 46,
qu'on aime cela ou pas, est terminé et la loi a été
adoptée. Elle est maintenant appliquée et je n'entrerai pas dans
le débat moi-même. Effectivement, M. le Président, je pense
que le député de Jeanne-Mance est en train de reprendre un
débat qui est réglé depuis un bout de temps.
M. Bissonnet: M. le Président, je vais revenir sur le
projet de réforme; cela va?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je repose ma question: Comment voyez-vous le
rôle de la ville de Montréal dans la CTCUM en regard de ses
partenaires? D'autre part, de quelle façon voyez-vous les implications -
au pluriel - des élus dans cette CTCUM?
Mme Sentenne: Pour répondre à votre question, M. le
député, je suis ici comme représentant de la ville de
Montréal, qui est le gros morceau de cette communauté urbaine que
nous connaissons tous et qui touche 1 000 000 de citoyens qui méritent
qu'on défende leur intérêt, ne serait-ce qu'en venant ici,
à Québec, pour répondre à l'invitation du ministre
et se faire entendre.
Nous avons accepté, dans la loi 46, la présentation qu'on
nous a faite de ce nouvel organisme que sera la CTCUM où les
élus
auront une voie pour déterminer le budget qui est quand
même la partie la plus considérable du budget de la CUM. La ville
de Montréal administre un budget de 1 000 000 000 $ et le budget de la
CUM est de 500 000 000 $; effectivement, nous avons, dans ces 500 000 000 $,
les 200 000 000 $ auxquels on se référait cet après-midi
et qui sont de la CTCUM. C'est un très gros morceau. Nous aimons bien
que les élus aient dorénavant une poigne plus ferme sur ce
budget.
Notre présence ici est pour témoigner des
intérêts de la ville de Montréal et je voudrais être
très claire là-dessus. Si on a répondu à la demande
de la commission parlementaire, c'était pour faire valoir la position de
la ville de Montréal à l'endroit de cet organisme régional
de transport qui nous a été proposé.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président, juste une courte
question. Au centre-ville, vous avez environ 30% de terrains vacants et de
stationnements. À vol d'oiseau, en hélicoptère ou
autrement, on voit tous ces beaux emplacements. Ne serait-il pas plus
avantageux de diminuer l'afflux d'automobiles qui vont au centre-ville? On
pourrait construire des parcs, faire des espaces verts car cela manque beaucoup
à Montréal. Il me semble que vous pourriez aller chercher des
impôts nouveaux par l'évaluation, les impôts fonciers.
On parle de décongestionner le flot d'automobiles dans la ville.
Je vous comprends, vous avez raison. On sait ce que cela représente
seulement au niveau du service policier. On dit souvent qu'on pourrait
peut-être épargner les salaires de 100 à 150 policiers.
Vous avez beaucoup d'arguments favorables en somme à développer
pour qu'il entre le moins possible d'automobiles à Montréal. Vous
avez parlé un peu d'Henri-Bourassa. J'ai eu l'honneur, avec M. le
ministre Tardif, de lever une première pelletée de terre sur un
centre qui sera là, mais qui est fait, en somme, pour Laval. À ce
moment, j'ai déclaré que j'étais heureux de voir une
nouvelle bâtisse, une nouvelle évaluation à
Montréal, mais en toute sincérité j'aurais aimé la
prendre à Laval, cette première pelletée de terre, pour
que Laval puisse avoir son métro, en traversant au moins la
rivière pour décongestionner un peu Montréal de ce flot
d'automobiles.
C'est vrai que vous avez fait un mémoire très politique.
Je regrette que vous n'ayez pas oublié la campagne électorale
pour apporter des suggestions constructives. J'aurais aimé que
celle-là fasse partie de votre mémoire parce que Montréal
est un pôle économique. On croit que vos parcs industriels se
développeront si les gens peuvent y avoir accès. Vous ne proposez
rien qui puisse nous donner des avenues nouvelles pour qu'on puisse s'aider
tous ensemble dans ce transport en commun. Vous avez tous les espaces verts qui
manquent dans le centre ville, il ne faut pas se le cacher. C'est comme cela
depuis des dizaines d'années. Il y a eu des gens qui ont quitté.
Des milliards d'infrastructures sont encore là à Montréal
qui sont sous-utilisés. Bravo, l'opération des 20 000 logements.
Ce sont toutes ces choses constructives dont je voudrais vous entendre parler,
nous faire des propositions.
Ce n'est pas pour rien, une commission parlementaire. Ce n'est pas
seulement pour se critiquer d'un côté et de l'autre. C'est pour
essayer d'avoir des visions d'avenir, et Dieu sait qu'en 1982, avec les
années qui s'en viennent jusqu'à l'an 2000, beaucoup de choses
seront bouleversées. On aura de la misère à suivre
à un moment donné, même si vous êtes toute jeune
encore, madame. On aurait aimé avoir quelque chose de constructif, plus
que ce que vous nous avez donné là.
Mme Sentenne: Je suis désolée, M. le
député, si vous estimez que ces politiques sont non
constructives. Je vais réitérer ce que je disais à M. le
ministre tout à l'heure, c'est qu'effectivement, pour commencer par la
fin de votre question, nous suggérons de reprendre la loi 57 sur la
fiscalité afin de pouvoir voir au réaménagement complet de
toute cette question de partage de coûts parce que nous ne pouvons
dissocier les nouvelles quotes-parts du fait que nous nous sommes
engagés dans cette voie de bonne foi en acceptant les modalités
de la loi 57. C'est peut-être raconter la même histoire souvent
aujourd'hui, mais il semble que mon message ne soit pas passé. Nous ne
sommes pas venus ici pour faire la guerre au gouvernement pour une proposition,
nous sommes venus la discuter avec lui. Si nous n'avons pas les mêmes
éléments constructifs que vous aimeriez trouver, c'est que nous
n'avons pas la même perception du dossier. Nous nous appuyons sur le
point de vue de la ville de Montréal qui doit faire face, en 1982,
à des coûts qui sont quand même aussi extraordinaires que
ceux du gouvernement du Québec. Quand vous me parlez des terrains
vacants que vous chiffrez à 30% au centre-ville, j'ai des statistiques
ici sur la valeur des permis de construction émis de 1979 à 1981
où, pour la province de Québec comme telle, nous avons un statu
quo de 2,4% du total de croissance par année. Sur trois ans,
c'était 2%.
À la ville de Montréal, on a connu une croissance de nos
permis de construction émis de 32% en 1978-1979, de 18% en 1979-
1980 et de 96% de 1980 à 1981, et pour 1982, cela va
dépasser ces chiffres et vos espaces vacants dans le centre-ville, vous
allez en voir beaucoup moins. Il suffit de se promener sur le boulevard du
président Kennedy pour constater que les terrains de stationnement qui
s'y trouvaient aussi récemment qu'il y a six mois n'y sont plus. Et
à l'emplacement de ces terrains vacants, nous avons maintenant des
édifices commerciaux. Nous avons même des édifices
résidentiels. On a amené les 20 000 logements à
l'intérieur de la ville parce que les Montréalais,
historiquement, aimaient habiter le centre-ville. Si la ville a un coeur, c'est
parce que les gens ont toujours cru que c'était une ville où il
était agréable de vivre. Je pense qu'on le démontre. (21
heures)
Vous parlez d'espaces verts qui manquent. On en crée, des espaces
verts. On vient de faire un parc en plein centre-ville à l'endroit
où passent le plus grand nombre de piétons dans la ville de
Montréal, à l'intersection de Dorchester et Beever Hall. Ce sera
la Place du Frère-André. C'est un autre espace vert en plein
centre-ville. Nous avons quand même le parc du Mont-Royal qui n'est pas
à dédaigner. Je pense que personne ne peut dire que nous n'avons
pas fait des efforts au niveau de la ville pour améliorer la
qualité de vie quand on voit ce que le programme 3 000 000 de fleurs a
quand même apporté. On nous critique même d'avoir eu le
syndrome de l'arbre de Noël. Je pense qu'on est très conscient des
espaces verts et de tout ce qui se rapporte à l'écologie. On mise
beaucoup là-dessus. Si on n'en a pas parlé dans un mémoire
sur l'organisme régional de transport, c'est parce qu'on voulait
s'attarder à la philosophie et pouvoir discuter avec le ministre des
orientations qui nous préoccupaient.
M. Laplante: Justement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: ...on ne trouve pas d'orientations là-dedans.
C'est ce que je vous reproche.
Mme Sentenne: C'est très clair.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, une courte remarque, pour
faire suite un peu à l'intervention du député de
Jeanne-Mance qui disait: Si les gens veulent utiliser leur automobile, on ne
peut tout de même les empêcher de le faire - ce qui est exact - et
en même temps répondre un peu à la question posée
par les représentants de la ville de Montréal, à savoir:
Qu'est-ce que cette réforme rapporte à la ville de
Montréal? Deux chiffres. Le premier - je vous le répète,
parce que le ministre l'a déjà souligné, mais je pense que
c'est important de revenir là-dessus - c'est que pour la
Communauté urbaine de Montréal, donc, pour la ville de
Montréal pour une bonne moitié de ces coûts, la
réforme représente une diminution des coûts de l'ordre de
18 000 000 $ pour les trois prochaines années, et ce sont vos propres
chiffres. Il y a quand même un élément important à
ce niveau dans la réforme proposée. Un deuxième chiffre
qu'il m'apparaît important de vous souligner également, c'est que
les coûts du transport pour une personne, par le mode du transport en
commun, ce que cela représente comme coût pour l'ensemble des
gouvernements qui interviennent dans ce domaine, ce sont 321 $ par passager,
par année, pour les gouvernements, mais le transport de la même
personne par le réseau routier, c'est-à-dire par automobile, ce
que cela coûte à l'ensemble des gouvernements qui interviennent
dans ce domaine, c'est 563 $ par passager, par année,
c'est-à-dire quelque chose comme 75% de plus si on utilise une
automobile privée que si on utilise les transports en commun. Et c'est
en plus des répercussions sur l'environnement pour une ville comme
Montréal à cause des émanations des véhicules
automobiles. Il y a quand même des éléments de coûts
importants à considérer dans cette réforme, pour la ville
de Montréal, autant dans la diminution des coûts directs du
transport en commun que dans la diminution des coûts de ses
infrastructures routières locales et, en plus, de l'entretien de ces
infrastructures qui, si elles sont moins utilisées, évidemment,
requerront moins d'entretien.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il autre chose?
M. Rodrigue: Non, ça va.
Mme Sentenne: Je déplore le fait qu'à chaque
intervention on souligne ce que la ville de Montréal gagnerait, mais ce
n'est qu'au niveau des immobilisations, quand même. Si on parle de
l'ensemble de toute l'activité de l'organisme régional de
transport, je ne pense pas qu'il y aurait un profit net de 18 000 000 $.
M. Rodrigue: La démonstration n'a pas été
faite là-dessus, parce qu'en plus... Là, vous me parlez des
immobilisations...
Mme Sentenne: C'est ce à quoi vous avez fait allusion tout
à l'heure...
M. Rodrigue: C'est cela.
Mme Sentenne: ...et c'est ce à quoi tous les
députés qui ont attaqué le dossier de la ville de
Montréal se sont attardés. Nous avons démontré cet
élément comme étant profitable, mais nous avons quand
même démontré qu'il y en avait d'autres qui
n'étaient pas profitables. La perte de revenus sur les stationnements,
pour nous, c'est majeur.
M. Rodrigue: Pour ce qui est de la question des immobilisations,
effectivement, les 18 000 000 $ s'appliquent, mais il n'y a pas d'augmentation
non plus pour les frais de fonctionnement. La réforme n'impose pas
d'augmentation...
Mme Sentenne: Le COTREM...
M. Rodrigue: ...pour les frais de fonctionnement à la
ville de Montréal. En ce qui concerne la question spécifique des
stationnements, pour ma part, c'est une question que je veux effectivement
revoir. Votre mémoire a attiré notre attention là-dessus.
Il est évident que cela pourrait possiblement - c'est à
évaluer, mais je pense qu'il va falloir se pencher sérieusement
là-dessus - nuire aux commerces situés à Montréal
dans des quartiers comme la Plaza Saint-Hubert, le quartier Mont-Royal,
etc.
Alors, de ce côté-là, je pense que mes
collègues et moi avons un réexamen de cette question à
faire mais, si on exclut cette question, je pense qu'il y a effectivement, non
pas une augmentation des coûts, mais une réduction sûre dans
le cas des immobilisations; et on est asssuré également qu'il n'y
aura pas d'augmentation dans le cas des frais de fonctionnement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Un seul mot pour répondre un peu au
député de Laval-des-Rapides qui vient de nous faire une
brillante...
M. Rodrigue: Une correction, M. le Président, je suis de
Vimont et j'en suis fier.
M. Bourbeau: Vimont, je m'en excuse.
M. Rodrigue: Je ne voudrais pas qu'on se méprenne.
M. Bourbeau: Avec mes excuses, M. le député de
Vimont. C'est parce que je voyais déjà le ministre... qui a fait
état de la brillante étude, je pense, qui a conclu qu'il en
coûte plus cher au gouvernement de transporter une personne par
automobile que si on la transporte en autobus.
Je pense qu'il réfère à l'étude qui a
été faite par un organisme subventionné par le
gouvernement et qui a conclu dans ce sens-là. Je dois avouer, pour en
avoir pris connaissance, que c'est le genre d'études où, à
mon avis et en toute déférence pour ceux qui l'ont faite, on peut
conclure à peu près ce que l'on veut; cela dépend de ce
qu'on met dans l'appareil. On a brassé 50 000 chiffres et on a dit: Bon,
ça coûte plus cher pour transporter des gens en automobile. Je
pense que si on avait demandé de conclure autre chose, on aurait
probablement pu conclure autre chose. L'organisme en est un qui est
voué, évidemment, au transport en commun et on en conclut que
c'était plus payant pour le gouvernement d'avoir du transport en
commun.
Je ne veux pas reprendre le débat sur la question, aujourd'hui,
mais je veux tout simplement dire que, quand on fait une étude comme
celle-là, c'est tellement subjectif. Est-ce que, par exemple, on tient
compte du fait que les autoroutes sont là de toute façon et que
même si on transportait tout le monde en autobus et personne en
automobile, il faudrait entretenir le réseau routier pour les autobus.
Quand on impute à l'automobiliste le coût de réfection et
de construction de tout le réseau routier du Québec, selon des
pourcentages qu'on va chercher à peu près dans les nuages,
à ce moment-là, on peut conclure à peu près
n'importe quoi. Je ne porte aucune foi à ces études qui sont
tellement, à mon avis, vagues et dont les prémisses sont
tellement subjectives que finalement on peut conclure à peu près
ce qu'on veut. Je m'inscris en faux contre ce genre d'études et n'en
accepte pas les conclusions.
M. Rodrigue: M. le Président, je pense que le
député de Laporte joue un peu le râle de mauvais
élève. Il est évident que le gouvernement n'a pas
l'intention de fermer toutes les autoroutes du fait qu'on a constaté
qu'il y avait des coûta supplémentaires pour le transport d'une
personne par le réseau routier plutôt que par le transport en
commun. D'abord, il est sûr qu'il y a un certain nombre de personnes qui,
nécessairement, à cause de leurs fonctions, devront continuer
à utiliser des automobiles. Ce n'est pas une question de religion
là, ce n'est pas une question d'idéologie, c'est tout simplement
une question d'être tout à fait pragmatiques dans l'approche de ce
problème. Les voyageurs de commerce, les travailleurs de la construction
qui doivent se rendre dans des chantiers qui ne sont pas accessibles par le
transport en commun, il est évident que ces personnes-là vont
devoir continuer à utiliser des automobiles privées.
Cependant, ce dont il est question ici, c'est: est-ce qu'on va favoriser
le transport en commun ou construire de nouvelles autoroutes? C'est là
que la question se pose. Et c'est dans ce sens-là que j'ai soumis
ces
chiffres. Je pense qu'on ne peut pas éviter cette question par
une pirouette comme celle que vous avez faite.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Châteauguay avait demandé la parole.
M. Dussault: M. le Président, brièvement, je
voudrais dire à Mme Sentenne, la représentante de
l'exécutif de la ville de Montréal, que je suis un banlieusard,
un résident de la rive sud, qui est un petit peu surpris de ce qu'il a
entendu ce soir. Nous sommes à la télévision: il y a des
gens de mon comté, de Châteauguay et de la région, qui
écoutent ça. J'ai crainte que l'impression qui restera de cette
entrevue, c'est que la ville de Montréal n'est pas très
très accueillante à l'égard des banlieusards. Vous avez
parlé d'envahissement tout à l'heure, vous l'avez
répété, d'ailleurs, quelques fois. C'est sans doute un
indice significatif d'un état d'esprit. Cela donne nettement
l'impression que, nous, les banlieusards, on est de trop à
Montréal. Pourtant, ça nous plaît beaucoup d'aller à
Montréal. Beaucoup de gens de la banlieue vont à Montréal
pour se distraire, pour aller voir des spectacles, ils font vivre des salles de
théâtre, des salles de cinéma. Beaucoup de ces gens
travaillent à Montréal dans les usines, les entreprises.
Plusieurs profitent de leur travail pour acheter à Montréal et
font vivre beaucoup de commerces à Montréal d'ailleurs au grand
dam des commerçants de notre région qui aimeraient bien mieux que
les gens achètent chez eux.
Devant cet accueil qu'on ne sent pas, qu'on n'a pas vu, à
plusieurs reprises on a posé la question: Comment voyez-vous le
transport des gens des banlieues vers Montréal? On n'a pas toujours
réussi à avoir la réponse, mais il me semble que la
réponse doit être: Principalement par autobus. Vous savez, dans ma
région, on comprend mieux le problème, on a le problème du
pont Mercier, mais il semble que c'est le problème partout dans la
région de Montréal, on aimerait bien mieux, quant à nous,
rester chez nous pour travailler, pour acheter, pour voir les spectacles, mais
on va à Montréal, on fait vivre Montréal. Il y a sans
doute une limite à faire payer le transport en commun par les gens des
banlieues. Je l'ai discuté avec bien des gens dans notre région,
le tarif nouveau qu'on aura à payer, nous. Les gens voient difficilement
comment on pourrait aller au-delà de cela. Mes collègues ici
pourraient en témoigner; je suis de ceux qui pensent qu'on paie trop. Je
l'ai passé ce message à quelques reprises parmi les
députés qui avons discuté de cette question. Il
m'apparaît qu'il y a un équilibre à trouver. Je pense qu'il
faudrait reconnaître que les banlieusards sont un apport important au
développement de Montréal.
Est-ce qu'on devrait tirer la conclusion de ce que vous avez dit, Mme
Sentenne, ce soir, qu'il faudrait que, dorénavant, les banlieusards
demandent au gouvernement d'avoir une politique favorable au
développement d'usines et de manufactures plutôt en banlieue pour
qu'on n'ait pas à traverser les ponts pour aller à
Montréal puisqu'on ne se sent pas tellement bien accueilli? C'est
peut-être cela qu'il faudra faire, mais cela veut dire complément
chambarder cette politique qu'on avait d'une option
préférentielle, préférable pour le
développement de Montréal, parce que cela va dans le même
sens. Alors, est-ce que vous ne pensez pas qu'il faudra que Montréal
mette un peu d'eau dans son vin, comme nous essayons de le faire, pour faire en
sorte que, d'un commun accord, on essaie de partager le mieux possible les
coûts que cela représente, mais pas vraiment de tenter de tout
mettre cela sur le dos des banlieusards, comme on l'a trop senti, je pense, ce
soir? J'aimerais que vous réagissiez à cet égard,
madame.
Mme Sentenne: Je suis très heureuse de réagir, M.
le député, parce que c'est contraire à ce que j'ai dit au
commencement. Mais si ce sentiment a été véhiculé,
c'est peut-être parce que certains de vos collègues m'ont
posé la question de telle façon à laisser croire à
une telle imprécision. Je vous relis le texte que j'ai lu tout à
l'heure pour éclaircir un peu la situation. On disait que les
orientations souhaitables, selon la ville de Montréal, seraient un
examen approfondi de la question des effets de débordement, afin qu'une
formule soit étudiée, qui permettrait de faire participer
financièrement l'ensemble de la grande région de Montréal
aux coûts du transport en commun. Je pense que c'est clair. On ne veut
pas payer tout, mais on ne veut pas que vous payiez tout. Si, ensemble, on peut
étudier une formule qui pourrait nous aider à trouver un partage
équitable, nous serions d'accord. Mais j'aimerais quand même
souligner certaines autres choses qu'on semble oublier quand on est de la
banlieue, on est très satisfaits de venir en ville et la ville ne
réclame pas auprès des habitants de Châteauguay ou de
n'importe où ailleurs des frais pour son service d'incendie, pour son
service de travaux publics, pour déneiger les rues, pour les laver, pour
entretenir l'électricité, pour faire en sorte que la ville soit
accueillante et pour permettre que vos gens puissent y revenir. Je pense que ce
sont tous des coûts additionnels. Si l'on parle ici d'effet de
débordement, bien, on en parle dans le transport, mais cela
s'établit à d'autres niveaux aussi.
M. Dussault: II faut quand même admettre, madame, que les
services dont
vous parlez sont des services, de toute façon, nécessaires
pour les citoyens chez vous. Je ne pense pas que cela...
Mme Sentenne: ... Je pense...
M. Dussault: ... puisse avoir une influence si
considérable sur vos budgets. Il me semble que...
Mme Sentenne: ... Ce n'est pas vrai du tout.
M. Dussault: ... La réforme de la fiscalité
municipale qui vous a donné, si je ne me trompe pas, autour de 60 000
000 $ la dernière fois, vous profite bien puisque vous avez un surplus
de 28 000 000 $ dans votre budget, si j'ai bien lu dans les journaux ce qui se
passe chez vous.
Mme Sentenne: Nous avons 30 000 000 $ et une bonne
administration, M. le député.
M. Dussault: C'est votre réponse. J'ai nettement
l'impression que, en fait, vous tirez comme il le faut votre profit de ce qui
se passe sur le plan des politiques gouvernementales, mais je pense qu'il
aurait été intéressant, ce soir, madame, que vous arriviez
à nous dire que l'idéal, c'est encore d'avoir des politiques qui
vont faire en sorte qu'il y ait le moins possible d'automobiles qui entrent
à Montréal, que les gens entrent à Montréal
davantage par les transports en commun. Plus il y aura de gens dans les
autobus, moins le service sera coûteux pour tout le monde et...
Mme Sentenne: Mais je ne peux pas vous dire cela, M. le
député.
M. Dussault: ...mieux on placera notre argent, comme
contribuable, dans l'ensemble.
Mme Sentenne: C'est cela.
M. Dussault: II me semble que c'est cela qu'on était en
droit de s'attendre de vous et on n'a pas encore eu cette réponse.
Mme Sentenne: Mais je ne vous la donnerai pas non plus...
M. Dussault: Bon, d'accord.
Mme Sentenne: ...parce que je demande qu'une étude soit
faite. Effectivement, il serait présomptueux pour la ville de
Montréal d'aller dire aux banlieusards: Demain, vous laissez vos autos
à la maison et vous prenez l'autobus, c'est ce qui est le plus rentable,
le plus économique, le plus écologique à faire. Je pense
qu'il faut quand même utiliser une formule qui soit acceptable pour tous.
(21 h 15)
M. Dussault: Je vous remercie quand même, madame.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. Clair: En conclusion, assez rapidement, M. le
Président, je voudrais remercier Mme Sentenne, surtout, si j'ai bien
compris, d'avoir remplacé, à cause du déplacement de notre
horaire, à pied levé M. Lamarre à la table des
témoins aujourd'hui, les gens qui venaient présenter l'opinion de
la ville de Montréal.
Je voudrais vous assurer, Mme Sentenne, qu'au moment où je ferai
mes recommandations finales au gouvernement -l'écart entre la position
de la ville de Montréal et celle qui est contenue dans le projet
m'apparaft beaucoup moins grand que ce qui peut paraître à
première vue, puisque c'est sur l'avantage au niveau des moyens et au
niveau des objectifs qu'on peut différer d'opinion - je tiendrai compte
de vos opinions. Je voudrais vous dire aussi et transmettre au comité
exécutif de la ville de Montréal et au conseil l'assurance que
notre proposition visait effectivement et vise toujours à consolider
l'option préférable d'aménagement, à
améliorer la qualité de la vie, l'environnement sur l'île
et en particulier dans le coeur de la ville de Montréal, à
diminuer et non pas à accroître le fardeau fiscal de la ville de
Montréal et de la communauté urbaine et à maintenir une
tarification à long terme aussi basse que possible pour les usagers
captifs surtout du transport en commun qui sont, en termes de nombre,
très largement présents dans la ville de Montréal.
Dans ce sens-là, je peux vous assurer que la position du
gouvernement ne visait aucunement à aggraver le fardeau fiscal de la
ville de Montréal, mais au contraire à le diminuer, ne visait non
pas à pénaliser les Montréalais, mais au contraire
à les favoriser et j'espère encore qu'à une
deuxième lecture de la proposition on pourra se rapprocher davantage du
meilleur moyen à prendre.
Finalement, je pense qu'on souhaite tous poursuivre les mêmes
objectifs que la réforme visait à apporter: la présence
d'un organisme régional de transport, une restructuration
financière organisationnelle. Quels étaient les avantages qu'on y
voyait? Ce sont ceux que je viens d'énumérer. Soyez
assurés qu'au moment de prendre des décisions finales, le
gouvernement sera bien éclairé sur la position de la ville de
Montréal. Je vous remercie.
Mme Sentenne: Merci, M. le ministre, de votre invitation.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les représentants de la ville de
Montréal pour la présentation de leur mémoire.
Simple petit changement au niveau de la commission, M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) remplace M. Mailloux (Charlevoix).
Alors, j'invite immédiatement la ville de Laval,
représentée par M. Claude Lefebvre, maire, M. Gaston Chapleau,
directeur de la recherche et de la statistique, et M. Jean-François
Longpré, chef de cabinet. M. le maire, si vous voulez...
Ville de Laval
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, il y a un changement à la
représentation de Laval; je suis accompagné, à ma droite,
de M. Marc Perron, gérant de la ville de Laval et, à ma gauche,
de M. Gaston Chapleau, directeur de notre service de la recherche et de la
statistique.
Alors, nous représentons la ville de Laval, cette ville qui,
selon les intervenants qui nous ont précédés,
bénéficie largement de nombreux effets de débordement.
M. le Président, le gouvernement nous propose un nouveau cadre
institutionnel et financier pour le transport en commun. Selon lui, cette
réforme constitue une nécessité et elle permettrait de
résoudre certains problèmes fondamentaux tels
l'intégration tarifaire, la modernisation des trains de banlieue, de
réduire la croissance très rapide du coût du transport en
commun et surtout, j'imagine, de réduire l'impact financier
considérable pour le gouvernement de sa politique d'aide au transport en
commun.
Si l'intégration tarifaire nous apparaît plus que
souhaitable pour nous, les Lavallois, la modernisation des trains de banlieue
ne constitue pas, selon nous, un problème à ce point aigu qu'il
faille de toute urgence y pallier, surtout dans la conjoncture
économique actuelle.
De toute évidence, M. le Président, M. le ministre, nous
ne faisons pas face à un problème de transport mais plutôt,
il faut bien l'avouer, à un problème de financement du transport
en commun. Nous reconnaissons donc d'emblée que le problème
auquel nous devons nous attaquer réside dans la croissance trop rapide
du coût du transport en commun et de son impact considérable tant
sur le budget du gouvernement que sur le budget des villes qui assument les
déficits de fonctionnement des commissions de transport existantes. Si
nous voulons ce soir faire oeuvre utile ensemble, il nous faudra d'abord
rechercher les solutions aux problèmes du coût du transport en
commun et de son financement par les divers partenaires du milieu. C'est dans
cette optique que se situera notre intervention auprès de votre
commission.
Établissons d'abord l'état de la situation,
c'est-à-dire le coût du transport en commun. Dans son analyse du
coût du transport en commun, le gouvernement n'a retenu que le coût
global des opérations pour la grande région de Montréal.
En effet, si on se réfère à la page 22 du document
gouvernemental, le coût global du transport en commun dans la grande
région de Montréal, abstraction faite des trains de banlieue,
était de 269 000 000 $ en 1977. Ce coût serait passé
à 557 659 000 $ pour l'année 1981, soit une croissance de 107% en
cinq ans. Il nous paraît important de nuancer l'approche gouvernementale
en disséquant l'augmentation des coûts pour chaque commission de
transport. Il y aurait également lieu de nuancer l'analyse du coût
global en fonction du service offert à la population. Enfin, une analyse
du coût du transport en fonction des kilomètres parcourus nous
semble importante pour bien cerner la situation.
Nous allons, si vous le voulez bien, comparer le coût du transport
en commun à la CTL, à la CTCUM et à la CTRSM. Le
coût global - je vous réfère immédiatement au
tableau 1 de notre mémoire non volumineux qui apparaît à la
page 27 - en 1977, le coût du transport en commun pour le territoire
desservi par la CTL était de 16 829 000 $. En 1981, ce coût est
passé à 30 045 000 $, soit une augmentation de 78% en cinq ans.
Évidemment, dans le dernier chiffre, j'exclus le transport scolaire
exclusif, ce que j'appelle le péril jaune que nous faisions avec
majoration de 10% sur le coût des contrats.
Le coût au kilomètre, qui apparaît au tableau 8. En
1977, le coût pour chaque kilomètre parcouru par un autobus de la
CTL était de 1,16 $; en 1981, il est passé à 1,90 $. Nous
estimons, en 1982, qu'il se situe aux environs de 2 $.
La quantité de services. Les autobus de la CTL ont fourni, en
1977, 14 478 000 kilomètres et, en 1981, n.us avons augmenté de
9%, soit 15 756 000 . La quantité de services est très
importante. Il faudrait la retenir pour fins ultérieures et comparaison
de ces statistiques puisque cela démontre le degré du service
offert à la population. Nous pourrions dans un deuxième temps
analyser le point de saturation de la demande face à l'offre.
À la CTCUM, ce coût qui en 1977 était de 235 934 000
$ est passé en 1981 à 476 568 000 $, soit une augmentation de
102%. Au kilomètre, ce qui en 1977 coûtait 1,95 le
kilomètre parcouru coûte maintenant 3,09 $ le kilomètre
parcouru, soit une augmentation de 58%. Ces données statistiques
tiennent compte du service de la
dette du métro défrayé par la CUM.
Quantité de services. En 1977, la CTCUM, avec son métro et
son réseau d'autobus, a offert 120 935 000 kilomètres. En 1981,
on a offert 154 109 000 kilomètres, soit 27% d'augmentation en
quantité de services. En 1977, à la CTRSM -il faudrait toutefois
se défier de ces statistiques puisqu'en 1977 la CTRSM commençait
ses activités - le coût du transport en commun pour le territoire
desservi était de 8 500 000 $; en 1981, il est passé à 31
500 000 $, soit une croissance de 270%. Le coût qui était
également de 1,16 $ le kilomètre est passé à 1,82
$. Nous voyons que, dans la section nord comme dans la section sud, le
coût au kilomètre est à peu près équivalent
alors qu'à Montréal, le coût au kilomètre parcouru
est beaucoup plus important.
En 1977, les autobus de la CTRSM ont fourni un service de 7 300 000
kilomètres et, en 1981, une augmentation de 135% avec 17 200 000
kilomètres.
Au tableau 7, nous vous montrons un indice d'offre de service puisque,
dans l'analyse du coût global du transport en commun, on doit tenir
compte du service offert à la population. On peut dégager un
indice d'offre de service des commissions de transport en divisant le
kilométrage de service offert par la population du territoire desservi.
En 1981, alors que la CTCUM offre un service de 78 kilomètres par
habitant, la CTL offre 58,7 kilomètres et la CTRSM 55,6
kilomètres. Tout de suite, de là, nous notons qu'avec un service
de 35% supérieur strictement au niveau quantitatif, si on ajoutait la
densité de la population de la région de la CTCUM, nous nous
retrouverions, à Montréal, avec un service deux foix
supérieur dans l'offre à ce que nous avons, tant à Laval
que dans le territoire de la CTRSM.
Le financement du transport en commun, la contribution des partenaires:
Dans un premier tableau portant sur l'évolution de la contribution des
partenaires au financement du transport en commun dans la région de
Montréal, le gouvernement a choisi de regrouper les données des
états financiers des trois commissions de transport existantes ainsi que
certains chiffres imputables aux trains de banlieue. Cette synthèse lui
permet d'attribuer à la région des conclusions qui ne
s'appliquent en réalité qu'à un territoire bien
délimité, soit celui de la Communauté urbaine de
Montréal.
L'analyse détaillée de ces données par commission
de transport, en excluant les sommes attribuables au transport scolaire
exclusif et aux trains de banlieue, révèle pourtant qu'en 1981 le
gouvernement a contribué pour 26,7% au financement du transport en
commun à Laval, pour 28,1% sur la rive sud et pour 43% dans la
Communauté urbaine de Montréal. À l'inverse, les
municipalités de la CUM ont contribué pour 25,1% à ce
financement, celles de la rive sud a 26,1% et la ville de Laval à 33,6%.
Les usagers lavallois et de la rive sud écopent aussi puisqu'ils
financent respectivement leurs services à 39,7% et 45,8% alors que ceux
de la CUM ne contribuent qu'à 31,9% pour un service supérieur en
qualité et en quantité.
Exprimé d'une autre manière, on peut dire que, pour chaque
dollar que le gouvernement du Québec a contribué à la
Commission de transport de la ville de Laval en 1981 pour fins de
fonctionnement et d'immobilisation, l'usager a contribué 1,49 $ et le
contribuable de Laval 1,26 $, alors que les contribuables des 40
municipalités pourtant desservies par la CTL n'ont rien
contribué. Par contre, dans les territoires de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, l'usager, pour
chaque dollar dépensé par le gouvernement, n'a contribué
que 0,74 $ et les municipalités que 0,58 $. Pour la Commission de
transport de la rive sud de Montréal, l'usager a payé 1,63 $ et
les municipalités 0,93 $ pour chaque dollar que le gouvernement y a
dépensé.
Une rétrospective des cinq dernières années
révèle que la contribution des contribuables lavallois et de la
rive sud a augmenté alors que celle des contribuables de la CUM s'est
maintenue en deçà de celle du gouvernement et a diminué
d'une manière marquée depuis la réforme sur la
fiscalité municipale. De même, dans le territoire de la CUM, la
contribution des usagers a constamment diminué pour s'établir,
elle aussi, bien en deçà de la contribution gouvernementale alors
que, dans les autres territoires, elle est maintenue à peu près
stable, bien au-delà de la contribution gouvernementale. La ville de
Laval a été la plus pénalisée par la réforme
sur la fiscalité puisque sa part du financement est passée de
27,8% à 33,6%.
La contribution relative des différents partenaires au
financement du transport en commun, y compris celle du gouvernement,
diffère donc sensiblement, selon les territoires des trois commissions
de transport. Il nous semble inexact de généraliser en
prétendant que la contribution du gouvernement a augmenté
à un rythme deux et même trois fois plus rapide que celle des
autres partenaires. Cette affirmation ne saurait s'appliquer à la ville
de Laval où le gouvernement est devenu le moins important bailleur de
fonds au transport en commun.
L'achalandage/rentabilité: On a souvent tendance à
conclure que l'achalandage d'un service de transport en commun est
proportionnel à l'offre de service et à sa qualité.
Conséquemment, la rentabilité d'un
service de transport en commun, par ses revenus autonomes, devrait
augmenter en proportion des services offerts. Or, rien n'est moins vrai et
c'est là une douloureuse évidence à laquelle nous devons
nous rendre. (21 h 30)
Si nous calculons l'achalandage absolu pour la CTL, malgré une
augmentation de la quantité des services de 9% entre 1977 et 1979,
l'achalandage absolu est passé de 18 450 000 passagers à 18 673
000 passagers, soit une croissance de 1,2%, ce qui signifie, à toutes
fins utiles, un degré de saturation, les résidents ayant
opté pour des moyens de transport qu'ils continuent de
préférer en toute légitimité. Pour la CTCUM,
malgré une augmentation de services de 27,4%, l'achalandage est
passé de 283 446 000 passagers à 339 651 000 passagers, soit une
croissance de 19,8% par rapport à une augmentation de services de 27,4%.
Pour la CTRSM, entre 1977 et 1981, malgré une augmentation de services
de 135%, l'achalandage est passé de 11 208 000 passagers à 19 133
000 passagers, soit une augmentation d'achalandage de seulement 70,7% par
rapport à une augmentation de services de 135%.
Si l'on analyse l'achalandage absolu ou l'achandalage
rentabilité, nous devons nous rendre compte, M. le ministre, que si l'on
continue à augmenter la qualité ou la quantité de
services, il ne sera pas vrai que nous allons retirer des revenus autonomes.
Tout ce que cela veut dire c'est que plus nous allons augmenter, plus le
gouvernement et plus les municipalités vont être appelés
à payer. Si c'est cela un choix politique, acceptons-le, mais il ne
faudra pas tantôt se surprendre si la facture arrive à un montant
supérieur à celle auquelle on s'attend.
En 1977, la CTL avait un achalandage de 1,27 passager par
kilomètre parcouru. En 1981, cet achalandage est diminué à
1,18 passager par kilomètre parcouru. Pour la même période,
l'achalandage de la CTCUM est passé de 2,34 passagers par
kilomètre à 2,20 passagers par kilomètre. À la
CTRSM, l'achalandage est passé de 1,52 passager/kilomètre
à 1,11 passager/kilomètre en 1981. Donc, une diminution
proportionnelle des usagers par rapport à l'offre de services des
commissions de transport. Tout cela malgré une carte mensuelle,
malgré des tarifs préférentiels pour certaines classes
d'usagers.
Nous devons tenir compte, évidemment, et vous pourrez vous
référer au tableau 10 de notre mémoire, des revenus
d'usagers au kilomètre. On compte deux fois plus d'usagers par
kilomètre parcouru à bord des véhicules de la CTCUM, ce
qui normalement devrait engendrer le double de revenus de la part des usagers,
indépendamment de la qualité du service offert. On observe qu'au
contraire la CTL, selon le tableau 10, retire 0,73$ de ses passagers pour
chaque kilomètre parcouru, la CTRSM, en retire 0,78 $, et la CTCUM
seulement 0,96 $, soit 32% de plus, malgré une offre de services deux
fois supérieurs et un achalandage supérieur.
Cette faible différence de revenus au kilomètre parcouru,
compte tenu de la forte différence d'achalandage, suppose une
disparité d'effort, de la part des usagers, imputable, sans doute, pour
une part, à la nature de la clientèle, mais surtout à la
générosité de la politique tarifaire dans le territoire de
la CUM où le passager adulte, qui jouit d'un meilleur service et d'une
correspondance gratuite dans le métro, paye moins que l'usager de Laval
ou de la rive sud, et où étudiants et personnes
âgées ne payent que le tiers du tarif ordinaire, alors qu'à
Laval et sur la rive sud, ils en assument la moitié. Je vous ferai
d'ailleurs remarquer, M. le ministre - probablement qu'à cette
époque vous étiez encore tout jeune - que je me souviens du temps
où on payait les billets d'adulte, à Montréal, 4 pour 0,25
$, et les billets d'étudiant, 7 pour 0,25 $, c'était donc un peu
plus que la moitié, et aujourd'hui on n'en paye que le tiers. Si l'on
continue à subventionner les usagers, il ne faudrait pas que le
gouvernement et les municipalités s'étonnent qu'on paye, nous,
une plus grosse part, puisque, c'est là l'évidence, la facture,
il faut évidemment la payer entre les intervenants.
Le résultat de toutes ces disparités fait qu'en 1981 la
ville de Laval a subventionné la CTL à raison de 0,54 $ par
usager, pour chaque transport, pendant que la CTRSM recevait 0,43 $ des
municipalités de la rive sud et que la CTCUM ne touchait que 0,35 $ des
municipalités de la CUM.
À l'inverse, la CTL n'a reçu du gouvernement du
Québec que 0,43 $ par usager, alors que la CTRSM en recevait 0,46 $ et
la CTCUM 0,60 $. Vous nous pardonnerez la longueur de ces chiffres, M. le
Président, mais il s'agit là de faits réels que nous nous
devions de rappeler pour la bonne compréhension du dossier. Il ne s'agit
évidemment pas d'une approche philosophique mais d'une approche
éminemment pratique qui tente de démontrer que, contrairement aux
annonces sur la saucisse, "plus on en mange, plus elle est fraîche", dans
le cas du transport, plus on en fait, plus on subventionne.
Un sain réalisme s'impose. Si la politique gouvernementale vise
une augmentation de la quantité et de la qualité du transport en
commun, il ne faudra pas se fier à une hypothétique augmentation
de l'achalandage pour en stabiliser les coûts. Bien au contraire, il
faudra faire preuve de réalisme et accepter à l'avance une plus
forte contribution du gouvernement et des municipalités, à moins,
bien sûr, d'augmenter
substantiellement la contribution des usagers.
Une mise au point s'impose. À au moins cinq reprises, le document
gouvernemental fait allusion à l'effort fiscal spécial consenti
par les contribuables de la CUM pour doter son territoire d'équipements
de transport en commun qui servent à l'ensemble de la région. Je
vous fais grâce des citations; vous en avez au moins cinq. Je pourrais en
sortir au moins vingt des deux intervenants qui m'ont
précédé. J'ai même pu rigoler avec mon homologue, M.
Des Marais, sur la facture qu'il nous proposait cet après-midi; en fin
de compte, elle n'était que de 9 000 000 $. Je lui ai dit qu'il faut
l'envoyer mais que je n'ai pas les fonds pour la payer.
Il faut quand même se rendre compte que la CTL dessert aussi les
usagers de la CUM. Évidemment, encore une fois, nous ne nous entendons
pas sur les chiffres. Selon nos statistiques et, en fait, selon les
statistiques de Origine-Destination de 1978 de la CTCUM, il y aurait 17 600
Lavallois qui utiliseraient le réseau de la CTCUM. Sur 606 924
utilisateurs, cela ne représente pour nous que 2,9% de l'achalandage de
la CTCUM. Quand on nous propose une participation avec des effets de
débordement de 9%, évidemment, je vais tout de suite demander
à mon collègue de réduire sa facture au moins des deux
tiers. En contrepartie, sur 35 875 utilisateurs de la CTL, 2112 viennent du
territoire de la CUM, soit 5,9% de notre achalandage. En termes d'efforts
proportionnels, compte tenu de la grosseur des villes concernées ou des
commissions de transport concernées, je pense qu'à Laval nous
faisons notre effort et je suis toujours étonné d'entendre des
gens venir dire qu'on nettoie des rues. Chez nous, tout le monde est le
bienvenu. Qu'on vienne de Drummondville, de la rive sud, de Montréal ou
de Québec, nous allons nettoyer nos rues, nous allons les
éclairer, nous allons les paver, nous allons les payer et vous serez
toujours les bienvenus, chez nous comme dans les centres commerciaux. Nous
n'entendons refiler la facture à personne d'autre. Il nous semble tout
à fait normal, en autonomie municipale et en gens qui vivent dans une
large collectivité - on tente de souder au mieux - de faire chacun chez
nous notre effort. Sinon, aussi bien faire une immense municipalité de
tout le Québec et puis, tant qu'à y être,
débordons-en, mais à ce moment, on va changer de sujet.
Je voudrais aussi vous faire remarquer que la CTL, quant aux effets de
débordement, a silencieusement, au cours des dernières
années, sans rouspéter, desservi aussi 40 autres
municipalités de la rive nord, depuis Terrebonne à l'est
jusqu'à Oka à l'ouest - de St-Jérôme, Lachute, on se
rend même jusqu'à St-Donat - sans qu'aucune de ces
municipalités n'ait participé au déficit d'exploitation de
la CTL. L'effort des Lavallois pour le transport en commun est plus
considérable que celui des gens de la CUM. À cet égard,
les tableaux 1, 2, 4 et 11 sont suffisamment éloquents. Il suffirait de
vous donner le chiffre que nous occasionne le déficit - il va se situer
cette année à tout près de 0,38 $ pour chaque 100 $
d'évaluation - pour voir que notre effort est aussi grand, même
plus grand que celui des gens de la Communauté urbaine de
Montréal.
La contribution du Québec. Le gouvernement du Québec est
devenu le principal bailleur de fonds de la CTCUM, soit 43% du financement par
rapport à 25% pour les municipalités de la CUM, et les Lavallois
ont toujours cette conviction d'être de généreux
contribuables de la province.
Il ne faudrait pas oublier non plus les effets de concentration. Les
profits que tirent les Montréalais de la présence des
banlieusards sur leur territoire et les bénéfices des effets de
concentration, notamment au chapitre de l'évaluation foncière,
par suite de développements commerciaux, industriels et
résidentiels à haute densité, qui se traduisent aussi en
nombre et en qualité d'emplois, compensent largement pour les effets de
débordement des services de transport en commun qui furent
décidés par la CUM, pour les gens de la CUM. D'ailleurs, si je me
référais -veuillez me passer le tableau de mon collègue de
ce matin - à la page 7 du mémoire produit par M. Des Marais, vous
avez une éloquente démonstration des effets de concentration,
où vous avez des statistiques qu'il livre lui-même et qui nous
donnent très bien ce que cela apporte, un métro, ce que cela
apporte, un service d'autobus qui donne deux fois plus de services qu'ailleurs.
Alors, je vous le lis: "Ils ont 75% de l'activité économique, ils
en retirent 78% des revenus. Ils ont également 78% des emplois, ils ont
73% de l'assiette imposable d'évaluation foncière élargie,
70% des destinations au centre-ville, origine du territoire de la CTCUM".
Alors, je pense qu'avec ces évaluations, ces statistiques, les emplois
qu'on crée, les achalandages, je ne vois pas pourquoi on vient se
plaindre aujourd'hui. D'autant qu'on ne nous a jamais demandé la
permission pour construire le métro, pas plus qu'on ne nous l'a
demandé pour construire le Stade olympique que nous devons, nous aussi,
financer à coups de cigarettes et d'impôts.
Vous nous proposez, M. le ministre, un nouveau cadre institutionnel et
je pense que vous avez trouvé une formule originale faisant appel au
sens des responsabilités des élus.
Au palier local, la Commission de transport de la ville de Laval, nous
avons une juridiction territoriale qui se limite au
territoire de la ville de Laval, les services hors territoire de la CTL
proviennent de droits acquis lors de l'expropriation d'un transporteur
privé qui amenait un service de transport tant à Laval que dans
la région nord. Selon la proposition gouvernementale, la CTL passerait
sous le contrôle effectif des élus locaux qui auraient pour
responsabilités d'adopter le budget et de définir le niveau de
service sur le territoire. Toutefois, l'administration du budget et du service
demeurerait la responsabilité de la commission de transport, un corps
politiquement autonome. Et également, il convient de le souligner, la
tarification, selon votre proposition, relèverait de l'ORT qui pourrait
déterminer la tarification.
Nous proposons au gouvernement de municipaliser le service de transport
en commun de Laval, et ce, pour des raisons de contrôle
démocratique et d'économie administrative. Tant qu'à
assumer 100% du déficit de fonctionnement, aussi bien assumer
l'entière responsabilité du fonctionnement. Les élus
devront ainsi répondre de leur gestion de ces services au même
titre que pour les autres services de la communauté. Je vous fais
d'ailleurs remarquer que la commission de transport a eu, en 1981, 30 000 000 $
de services, si j'exclus le service exclusif pour les écoliers, et
qu'à notre département de travaux publics, nous avons un budget
de 40 000 000 $. Alors ce serait tout simplement un autre service.
Nous croyons être en mesure, avec les fonctionnaires que nous
avons et les fonctionnaires de la CTL, d'établir un service parfaitement
adéquat où nous aurions à délimiter
nous-mêmes la quantité de services. Nous voulons,
évidemment, continuer, comme la CTL le fait actuellement, à
déterminer le tarif. Et nous pourrions sans doute tenter d'en diminuer
le coût. C'est bien beau d'essayer de partager au moyen de financement,
de trouver de nouvelles sources de financement, mais tant et aussi longtemps
que les coûts augmentent, cela veut tout simplement dire que la facture
augmente et qu'on devra rechercher, comme je l'ai entendu tantôt, des
gens qui recherchent constamment des nouvelles sources de taxation ou
d'imposition, parce qu'on n'est pas capable d'arriver. Sans doute que cela
coûte trop cher pour nous, suite à des décisions
gouvernementales sur l'aménagement de notre territoire, d'aller
desservir les gens de Saint-François, mais ces gens-là payent une
taxe et ils veulent un service. Eh bien, ils passent par la zone rurale et ils
parcourent au-delà de 20 kilomètres pour se rendre au premier
pont. Il faut continuer à les desservir. Mais il y a peut-être une
façon, avec un transport plus léger, de rendre le même
service à la population à un coût moindre. Quand on est
rendu à payer 2 $ le kilomètre pour le service et qu'on retrouve
un passager au kilomètre de moyenne, c'est bien sûr qu'on
n'arrivera pas, parce que sa contribution est de 0,80 $. Alors, même si
je fais 1,22 kilomètre, je perds automatiquement 1,16 $ par chaque
kilomètre parcouru par un autobus de la CTL. Tentons, soit par le taxi,
soit par le covoiturage, soit par des minibus, mais il nous faudra faire preuve
d'imagination pour assumer un transport qui réponde aux besoins de la
population de Laval qui, je le répète, ne sont pas les besoins de
la population de Montréal. Nous n'avons pas la même
densité, nous n'avons pas les mêmes habitudes de vie. Les gens qui
sont venus à Laval savaient où ils venaient. C'est un choix de
vie, et je ne pense pas qu'une politique de transport en commun, même si
on voulait l'imposer, change quoi que ce soit chez les gens qui ont choisi de
vivre en banlieue. (21 h 45)
Les conseils locaux de transport. Selon la proposition gouvernementale,
les services de transport en commun des municipalités actuellement
desservies par la CTL, hors territoire, deviendraient la responsabilité
de conseils locaux de transport. Le document souligne que les
municipalités régionales de comté pourraient
avantageusement servir de base de regroupement de municipalités pour
former ces conseils.
Laval n'a aucune objection à ce que les municipalités de
la région nord se regroupent pour former un ou plusieurs centres locaux
de transport ou une corporation intermunicipale de transport et exercent plein
contrôle sur le transport en commun dans leur territoire.
Nous considérons toutefois qu'en toute équité pour
les Lavallois, elles devraient d'abord acquérir, à sa valeur
actuelle, par expropriation ou de gré à gré, le
réseau suburbain de la Commission de transport de la ville de Laval, que
nos contribuables ont dû exproprier en même temps que le
réseau urbain et pour lequel nous payons encore des taxes. À
défaut d'acquisition de cette partie du réseau, ces
municipalités devraient être contraintes de négocier un
contrat de service avec Laval, à un prix couvrant la totalité des
frais d'exploitation engendrés, y compris le service de la dette et les
frais administratifs s'appliquant à ce service.
Mais encore une fois, je tiens à le souligner publiquement devant
cette commission, il n'est pas question pour nous, à Laval, si nous
assumons un service pour les municipalités de la rive nord, de tenter,
d'une façon ou d'une autre, de faire un profit. Il n'est pas question
pour nous, en offrant un service, de faire un profit à même les
gens de la rive nord. Si nous pouvons collaborer et faire oeuvre utile dans une
région, nous sommes prêts à assumer pleinement notre
rôle. La seule chose,
comme je ne veux pas que les gens de Sainte-Thérèse, de
Boisbriand ou de Saint-Eustache paient pour les services des Lavallois, je ne
voudrais pas que les Lavallois paient en contrepartie des services pour donner
à l'extérieur de la région.
Nous tenons également à souligner que ces regroupements de
municipalités devraient se faire à partir d'une volonté
locale de regroupement et non pas d'une décision gouvernementale,
obligeant les MRC à pourvoir au transport en commun des
régions.
Les tarifs locaux: Selon la proposition gouvernementale, les tarifs
locaux seraient fixés au palier régional. Quel avantage y a-t-il
à ce faire? Pourquoi des élus locaux ne pourraient-ils pas
s'assurer que l'usager du transport en commun, dans leur territoire, assume sa
juste part des coûts du transport en commun? Des revenus autonomes
devraient représenter une partie importante du budget des revenus. Il ne
faudrait pas que le contrôle des élus locaux devienne symbolique
par suite d'un contrôle régional du tarif applicable au transport
local. C'est pourquoi nous proposons que la détermination des tarifs
locaux demeurent de juridiction locale.
Le palier régional, je me réfère à l'ORT:
l'organisme régional de transport envisagé aurait juridiction sur
un territoire correspondant à la région métropolitaine de
recensement et serait placé sous le contrôle d'un conseil
formé de représentants des municipalités, du gouvernement,
avec la différence que les premiers seraient choisis parmi les
élus locaux, alors que les seconds seraient choisis par le gouvernement,
soit parmi la deputation ou parmi les fonctionnaires.
Outre des pouvoirs de planification, de développement et de
financement des systèmes de transport à caractère
régional, l'organisme déterminerait le niveau de service des
systèmes régionaux dont il confierait l'exploitation aux
commissions de transport ou à d'autres transporteurs. On lui
attribuerait de plus un rôle de coordonnateur de services locaux et
régionaux et il lui reviendrait de déterminer le niveau des
tarifs dans la région, en plus de redistribuer les revenus et les
subventions entre les commissions et les autres organismes locaux de
transport.
Le personnel de cet organisme serait constitué d'un regroupement
des effectifs du BTM et du Conseil des transports de la région de
Montréal. Le document ne le mentionne pas mais, il va de soi qu'il
faudrait aussi doter cet organisme d'un important personnel de soutien, tant
pour les tâches de secrétariat permanent que de gestion ou de
promotion.
En somme, on nous propose une superstructure régionale
susceptible de créer des appétits nouveaux, des nouveaux
modèles de transport avec un coût sans cesse croissant que nous
n'avons pas, aujourd'hui, les moyens d'assumer comme collectivité. Il
n'y a vraiment pas urgence de créer cette nouvelle structure
régionale.
Plutôt que d'assumer un rôle hypothétique dans cette
structure régionale, nous croyons que Laval aurait avantage à
déployer ses efforts, à brève échéance, dans
la réalisation d'une intégration tarifaire avec la CTCUM, ce qui
représenterait pour nous une amélioration souhaitée pour
la population lavallois e.
D'ailleurs, comme le soulignait mon collègue de la CTCUM - nous
avons eu une première rencontre et même une deuxième
à l'heure du souper - il nous semble que nous pourrions trouver si les
élus voulaient bien discuter comme nous l'avons fait entre nous, une
formule simple d'intégration. Il sera toujours temps de compliquer les
choses.
Si je regarde votre proposition gouvernementale, vous disiez: Bon,
provenance de la région A, 27 $ plus 4 $ par zone additionnelle, cela
donnerait quelque chose comme 39 $ par mois pour aller au centre-ville de
Montréal. Pourquoi ne pourrions-nous pas convenir entre nous d'une carte
qui pourrait couvrir et Montréal et Laval, comme cela pourrait couvrir
et la zone de la CTRSM et Montréal. Chez nous, le prix est de 39 $, que
Laval absorbe la différence du coût. Nous allons avoir un fonds
régional, nous pourrons y puiser, puisque nous y contribuerons; cela
peut se faire. Si on calcule même 20 000 passagers par jour, cela ne fait
pas une opération de 5 000 000 $ à 6 000 000 $, cela fait une
opération de 1 200 000 000 $. Pourquoi se doter d'une superstructure
quand l'intégration tarifaire peut se réaliser? À mon
sens, avant de parcourir une longue distance, on serait mieux d'apprendre
à faire entre nous, les élus, des petits pas dans le transport en
commun.
Nous sommes d'avis que COTREM peut continuer à jouer un
rôle utile dans sa présente forme, tant au point de vue de la
planification des transports au niveau régional que de son rôle de
conseiller technique auprès du gouvernement et des administrations
locales. Les difficultés qu'il estime avoir connues jusqu'ici tiennent
surtout à l'absence de dialogue avec les municipalités dans
l'élaboration de ses projets, sans doute à cause de la trop
grande autonomie dont lui-même et les commissions de transport qui en
font partie jouissent vis-à-vis des municipalités responsables
des déficits du transport en commun.
Quant aux travaux d'infrastructure et autres équipements lourds
envisagés, qui auraient pu justifier la mise en place d'un organisme
régional, nous croyons que l'heure de vérité est
arrivée et qu'il nous faut admettre que nous ne pouvons plus nous
permettre de vivre au-dessus de nos moyens.
Les politiques de création d'emplois doivent céder le pas
à notre capacité de payer et le niveau d'endettement actuel, tant
du gouvernement que des municipalités, exige une très grande
parcimonie des investissements dans l'actuel contexte de récession.
Aussi, croyons-nous qu'il serait sage pour le gouvernement d'imposer un
moratoire sur le projet d'intégration et de modernisation des trains de
banlieue dans la région de Montréal, y compris le train CN
Deux-Montagnes, et de développement d'un métro de surface.
Le nouveau cadre financier. La proposition gouvernementale avance cinq
propositions nouvelles: L'introduction d'une mesure de plafonnement aux
subventions gouvernementales et la constitution d'un fonds régional de
financement du transport en commun à partir d'une partie des revenus
produits dans les postes de péage de la région
métropolitaine, d'une taxe spéciale sur certains types de
stationnement et d'une partie de la taxe sur l'essence déjà
prélevée dans la région de Montréal.
Troisièmement, on nous propose une contribution gouvernementale
de 60% pour les équipements à caractère régional
assortie d'une contribution de 30% par les municipalités desservies et
de 10% par de nouvelles sources de financement régional,
c'est-à-dire le financement des non-usagers.
Le financement du déficit d'exploitation des services
régionaux serait fait à 70% par les municipalités et
à 30% par le nouveau fonds régional de financement. Finalement,
le financement à 100% du coût de l'intégration tarifaire
entre les réseaux serait fait par le nouveau fonds régional.
Si nous examinons la première mesure, c'est-à-dire celle
du plafonnement aux subventions gouvernementales - je n'hésite pas
à penser M. le ministre, que c'était là un des buts
visés, je pense, par votre action gouvernementale, puisque les
coûts sans cesse croissants ne sont pas sans vous affecter - le
gouvernement désire plafonner sa contribution au fonctionnement des
services de transport en commun de façon que sa subvention ne puisse
dépasser la contribution municipale, dans le cas des réseaux
locaux, ou le total de la contribution municipale et régionale pour les
réseaux à caractère régional.
Nous comprenons cette préoccupation gouvernementale de tenter de
limiter la croissance de son budget. Les municipalités ont elles aussi
cette préoccupation. Nous avons déjà souligné, dans
nos commentaires sur l'état de la situation, les disparités
locales quant à la contribution de chaque intervenant. Il nous
apparaîtrait souhaitable que le gouvernement établisse par loi ou
par règlement des paramètres à la contribution des
partenaires, incluant la contribution de l'usager, seul
bénéficiaire direct du transport en commun.
Sous réserve des cas spéciaux que constituent la carte
mensuelle, qui a d'ailleurs fait l'objet d'une entente lors de la
fiscalité municipale, l'intégration tarifaire, les tarifs
spéciaux aux étudiants et aux personnes du trosième
âge, ou encore les services spéciaux aux handicapés, selon
nous, l'usager devrait contribuer à 50% du coût de son transport.
La contribution des usagers des grandes villes nord-américaines et
européennes a tendance à dépasser ces 50%. Or, nous avons
noté qu'à Montréal, en particulier, et même chez
nous, il y a une tendance à la diminution et les usagers ne sont
même pas conscients que, pour chaque dollar qu'ils mettent dans la
boîte, il y a plus d'un dollar mis par d'autres intervenants.
Nous estimons souhaitable de partager à parts égales,
entre le gouvernement et les municipalités, les 50% résiduels des
coûts de fonctionnement du transport en commun. La formule que nous
proposons aurait pour avantage de maintenir la constance des efforts respectifs
des intervenants, de stimuler une meilleure gestion des administrateurs locaux,
de rendre les administrateurs locaux vraiment responsables des coûts face
aux usagers, de réduire les appétits et de rendre les usagers
conscients du coût du transport en commun.
La constitution d'un fonds régional de financement. Nous sommes
d'accord avec le gouvernement sur la constitution de ce fonds pour les fins
énoncées au document gouvernemental, mais nous ne partageons pas
entièrement les buts gouvernementaux sur les sources de ce fonds.
Le péage de la région métropolitaine. Cette mesure
demeurera toujours discriminatoire pour la région de Laval et des
Basses-Laurentides. Même si l'augmentation du péage autoroutier
doit servir au transport en commun, le péage constitue une
disparité régionale non justifiable au plan des principes
d'équité. Nous n'entendons pas réactiver le débat
maintenant que le gouvernement a annoncé sa décision de maintenir
l'augmentation en cours. Nous souhaitons vivement toutefois que le gouvernement
rescinde dès à présent sa décision quant aux
augmentations de péage futures déjà annoncées.
Lorsque le gouvernement retient, comme source majeure de financement
régional du transport en commun, une partie des revenus additionnels
générés par la hausse des péages sur les
autoroutes, on s'aperçoit que, sur une somme de 25 500 000 $ ainsi
générée pour le bénéfice de la grande
région de Montréal, les contribuables de Laval et de la
région des Basses-Laurentides fourniront la jolie somme de 20 000 000 $.
C'est pourquoi je n'étais pas étonné, au cours de la
journée,
d'entendre mes collègues, tant de la ville de Montréal que
de la CTCUM, être entièrement d'accord avec péage;
autrement dit: Tout le monde veut aller au ciel, mais il semble que personne ne
veuille mourir.
Malgré cette disparité au niveau des contributions au
fonds régional, nous proposons au gouvernement une formule
généreuse de partage des revenus additionnels
générés par la récente hausse du péage. En
nous basant sur les tableaux de rendement -le tableau 6 qui apparaît
à la page 58 du document gouvernemental - nous proposons que 60% des
revenus additionnels générés par l'augmentation du
péage sur les autoroutes 13 et 15, pour les postes de Laval,
Sainte-Thérèse, Chomedey et Boisbriand, soient remis et à
Laval et aux conseils locaux de transport de la région des
Basses-Laurentides à des fins de financement du transport en commun. La
redistribution entre Laval et les conseil locaux de transport pourrait se faire
géographiquement, suivant les revenus additionnels
générés dans chaque territoire. Que 40% des revenus
additionnels ainsi générés dans la région plus haut
mentionnée - soit une somme équivalente à 8 000 000 $
soient remis au fonds régional de financement. Que les revenus
additionnels générés par le péage dans les autres
régions soient partagés de la même façon, ce qui
apporterait une contribution d'environ 2 800 000 $ au fonds
régional.
Une taxe spéciale sur certains types de stationnement dans les
centre-ville de Montréal. Cette source de financement ne respecte pas,
selon nous, l'autonomie locale en matière de taxation et constitue une
ingérence régionale dans le champ fiscal municipal. Si l'on veut
retenir un financement de la part des non-usagers du transport en commun, on
pourrait opter, comme solution de rechange à la taxe sur le
stationnement, pour un droit additionnel d'immatriculation de 5 $ pour chaque
véhicule de la région, ce qui apporterait un revenu à peu
près équivalent de 6 000 000 $ au fonds régional de
financement.
Une partie de la taxe sur l'essence déjà
prélevée dans la région métropolitaine. Nous sommes
d'accord avec cette source de financement; il faudrait toutefois que la remise
du gouvernement, à ce chef, s'ajoute aux besoins du fonds
régional de financement, compte tenu des contributions au fonds par le
péage et les droits d'immatriculation.
Le partage de la contribution aux dépenses d'immobilisation des
équipements à caractère régional. Tout en
étant d'accord sur cette proposition gouvernementale, nous nous
interrogeons sur la méthode de redistribution entre les
municipalités desservies des 30% des coûts d'immobilisation. Cette
redistribution se ferait-elle sur la base de la population desservie, sur le
kilométrage de la ligne dans chaque territoire ou encore sur
l'évaluation municipale ou sur l'achalandage? Nous croyons que le
gouvernement devrait opter pour un principe d'équité qui tienne
compte de l'utilité de ce service dans la région
concernée.
Quant au financement des déficits d'exploitation, les remarques
que nous venons de faire sur les dépenses d'immobilisation
s'appliqueraient également.
La structure tarifaire interzonale. La proposition gouvernementale, tout
en étant logique dans sa conception, n'apportera, selon nous, que peu de
changement en termes d'équité pour les usagers, dont la
très grande majorité ne circule que sur de très courtes
distances. La complexité du système, le coût
d'émission et de contrôle des titres entraîneraient des
charges administratives qui dépasseraient, selon nous, les
bénéfices que pourraient en recevoir les usagers. (22 heures)
Comment pourrait-on faire comprendre aux contribuables d'une même
ville qui contribuent au même taux au déficit d'exploitation du
transport en commun qu'ils devront payer plus cher que certains autres
contribuables de la même ville pour utiliser le service de transport en
commun?
Nous proposons donc que le gouvernement ne retienne que la formule
d'intégration tarifaire interréseaux qui accorderait une
réduction de prix aux usagers par rapport au système actuel. De
plus, afin de simplifier au maximum l'établissement de cette mesure,
nous estimons que seuls les usagers réguliers, détenteurs de
cartes mensuelles, puissent se prévaloir de ce privilège.
Voilà, M. le ministre, les représentations que nous avions
à vous faire sur un document où nous tenons à souligner
que Laval est prête à assumer sa juste part dans le transport en
commun comme choix régional. Cependant, on ne doit pas nous demander
plus qu'on est capable d'en faire, compte tenu de notre population et compte
tenu de nos moyens financiers.
Je voudrais également souligner à cette commission que,
lors de la dernière assemblée du conseil et peut-être
à votre surprise, M. le ministre, il y a eu unanimité sur cet
élément. Une résolution a été ajoutée
au mémoire, qui se lit comme suit: "Le conseil municipal fait siens les
quatre principes suivants avec, en plus, évidemment, le mémoire:
le respect intégral de l'autonomie municipale de Laval..."
Là-dessus, je ne saurais trop insister, j'ai été un peu
rassuré cet après-midi puisqu'il semble que les visées que
les gens voulaient avoir sur les 4 000 000 000 $ d'évaluation...
Vous savez, on fait partie d'une ligue mineure et nous n'avons aucune
aspiration à cette grande ligue majeure au sud de chez
nous. Nous sommes contents de ce que nous sommes et nous n'avons
aucunement l'intention... Je devrais même vous dire qu'à partir du
moment où nous sentirions que l'autonomie municipale de Laval est
menacée, si on voulait nous faire entrer dans un grand club, je pense
que le lendemain matin la population de Laval serait appelée à se
prononcer. C'est une chose à laquelle nous tenons comme à la
prunelle de nos yeux.
Lorsque les gens sont venus s'établir à Laval, ils ont
fait un choix et nous ne voudrions pas que d'autres personnes fassent un choix
à notre place pour nous réintégrer dans un endroit que
nous avons quitté.
Nous faisons également l'unanimité sur une opposition
à la création du superorganisme régional de transport
quant à sa composition et aux pouvoirs étendus que la proposition
gouvernementale lui confère. Cependant, on pourrait rediscuter de la
proposition d'un ORT léger. Nous demeurons réceptifs, mais
certainement pas à la création d'un superorganisme
régional.
Il nous faudrait également un consentement nécessaire des
autorités municipales de Laval quant à leur participation au
coût des immobilisations à caractère régional et au
partage des déficits d'exploitation ainsi qu'à la structure
tarifaire interzonale. Ce que nous voulons dire, c'est que nous ne voudrions
pas, à un moment donné, à la suite d'un accord entre un
intervenant au sud et un intervenant au nord, être pris pour payer
quelque chose dont on ne veut pas. Autrement dit, s'il fallait arriver à
un ORT, qu'on ait un droit de veto.
Je vous réitère ce que je vous mentionnais sur le train de
CN Deux-Montagnes. Tant qu'on n'aura pas fait la preuve chez nous que cela va
dépasser les 250 ou 300 passagers, est-ce qu'on devrait absorber le
déficit en vertu des 300 passagers ou sur la facture des 4 000 000 000 $
d'évaluation que nous avons? Cela ne tient pas. C'est une chose que le
conseil vous souligne.
Enfin, une révision de la décision gouvernementale de
l'augmentation des péages sur les autoroutes, décision que le
conseil considère discriminatoire et non justifiable et dont il
réclame l'abolition. Il y avait le mot "récente" que nous avons
fait biffer, chacun y tenant, d'autres acceptant celle déjà
faite, d'autres prévoyant l'abolition. Là-dessus, M. le ministre,
vous êtes parfaitement renseigné des différentes positions
qui se manifestent chez nous et cette résolution devait être
ajoutée au mémoire.
Autrement dit, le respect de l'autonomie de Laval, notre
possibilité de dire non si on veut nous imposer une décision; si
un ORT était formé, qu'on puisse avoir un droit de veto pour ne
pas se voir imposer un service dont nous ne voulons pas. Nous croyons avoir
actuellement à Laval un service de transport en commun suffisant pour
convenir à notre population. Nous allons tenter d'en diminuer le
coût tout en maintenant une qualité de service.
Je suis à votre disposition, messieurs, pour répondre
à vos questions.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Lefebvre.
M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président, je voudrais d'abord
remercier le maire de Laval d'avoir accepté de rester avec nous
malgré l'heure tardive. J'aimerais dire, dans un premier temps, que pour
les onze premières pages de son mémoire, il s'agit d'une analyse
très intéressante, comparative des différents
paramètres qu'on utilise à l'occasion pour mesurer le coût
du transport en termes de passager/kilomètre, de contribution à
la taxe foncière, etc. Il y aurait peut-être un certain nombre de
choses qu'on pourrait dire pour remettre un peu plus en perspective les raisons
qui expliquent, tant du côté historique qu'en termes d'achalandage
ou d'effort fiscal consenti pour le service de la dette du métro, pour
l'exploitation des réseaux de transport en commun. Je pense que vous
vous attendiez surtout qu'on le reçoive comme une information et c'est
comme cela que je le reçois, de sorte que je ne le commenterai pas.
Je vais commencer mes questions à la page 11. "Un sain
réalisme s'impose." Un commentaire à la page 11. "Si la politique
gouvernementale vise une augmentation de la quantité et de la
qualité du transport en commun, il ne faudra pas se fier à une
hypothétique augmentation de l'achalandage pour en stabiliser les
coûts." Ce que je veux dire là-dessus, c'est simplement que
l'objectif poursuivi par le gouvernement, en proposant la création d'un
organisme régional de transport, ce n'est ni d'ajouter du personnel au
BTM ou au COTREM, mais simplement de réunir des institutions et du
personnel qui existent déjà et non pas d'aller ajouter de
nouveaux personnels. Il s'agit simplement de savoir si les organismes existants
doivent ou non passer sous le contrôle des élus. Dans notre
esprit, c'est la raison pour laquelle on n'affectait aucun coût à
la mise en place de l'ORT puisque c'était constitué d'organismes
existants.
D'autre part, le but de l'organisme régional de transport ne
serait pas tant de planifier des moyens de transport pour des milliards de
dollars, ni de viser une augmentation d'abord et avant tout, mais une
coordination, une intégration et une rationalisation des réseaux
existants. C'est le premier objectif qu'on poursuivait. Je voulais d'abord
dissiper cette pensée dans l'esprit du
maire de Laval; notre objectif n'est certainement pas que ça
coûte plus cher, d'ajouter au plan de 1979, mais plutôt de
s'assurer que cela puisse se réaliser dans une
coordination-intégration-rationalisation-meilleur contrôle des
coûts.
Ma première question, j'y arrive. Au niveau du palier local, vous
demandez, M. le maire, que la CTL devienne un service municipalisé.
C'est donc dire que vous acceptez d'emblée la proposition de remettre
aux élus le contrôle du transport en commun de la façon la
plus large possible. Sur le plan technique, j'ai de la difficulté
à voir les avantages quotidiens que cela devienne un service municipal.
Que le conseil d'administration soit composé d'élus locaux, cela
peut aller de soi, que le niveau de service soit soumis, dans
l'hypothèse où la tarification ne serait pas fixée
à un niveau régional, que la tarification soit soumise, que les
circuits soient soumis à la décision politique des élus,
on y voit toutes sortes d'avantages, mais en faire un service municipal, est-ce
qu'en termes d'approbation, de résolution du conseil, de décision
quotidienne dans le fonctionnement, vous avez vraiment évalué le
pour et le contre pour en venir à la conclusion qu'un service
municipalisé serait, de toute façon, préférable et
qu'il n'y a pas d'autres moyens d'atteindre le même objectif simplement
en termes opérationnels?
M. Lefebvre: Tout dépend, au niveau strictement politique.
Bien sûr, comme vous l'avez souligné ce matin, si le ministre et
les députés reçoivent les représentations des gens
sur le service du transport, vous pouvez vous imaginez que j'en reçois
également un peu.
M. Clair: Vous en recevez.
M. Lefebvre: Tout le monde et son père voudraient bien
avoir un service d'autobus devant sa porte. Cela s'impose surtout parce qu'ils
paient le déficit du transport en commun; donc, tout le monde a droit au
service à domicile ou à peu près.
On a également des plaintes, que ce soit un chauffeur qui tombe
malade ou l'autobus qui est en retard. De ces choses-là, on en
reçoit constamment. Il y a également une chose qui nous a
frappés. Au niveau de la ville, nous avons un contrôle journalier
des dépenses. On ne peut pas faire une dépense, même
l'exécutif... Malgré tous les pouvoirs que nous confère la
loi, nous devons, selon les directives gouvernementales, avoir des certificats
du trésorier pour avoir à notre disposition les sommes
engagées. Ce n'est pas le cas pour la commission de transport. On
réalise une chose, c'est qu'un budget, c'est un cadre global dans lequel
on doit fonctionner, mais tout comme le gouvernement, nous devons, en cours
d'année, essayer de réaliser des économies
budgétaires pour nous préparer à notre prochain exercice
financier. Si nous décidons d'une politique d'attrition de personnel, on
ne peut pas le faire strictement au niveau du budget, mais on doit le faire en
cours d'année, lentement - c'est de même que cela ne paraît
pas - et se préparer. On peut également, selon la variation de la
conjoncture économique, se rajuster. Je peux vous dire qu'en 1982, on
s'est drôlement rajusté à certains postes parce que, alors
que des agents économiques nous disaient que la reprise devait se faire
à l'automne, elle ne s'est pas faite à l'automne et là on
nous prévoit encore pour un an, un an et demi, une conjoncture
économique défavorable.
Il faut s'ajuster et il faut penser à ces centaines et
peut-être tantôt à ces milliers de gens qui seront en
chômage chez nous et qui n'auront plus les moyens de payer la taxe. C'est
bien sûr qu'à ce moment il faut agir avec rapidité. Au
niveau de la CTM, malgré tout le respect et l'excellente administration
qu'ils veulent bien faire, ce sont des gens qui pensent d'abord au transport.
Quand ils ont un déficit, c'est plus facile que pour une
municipalité, ils le refilent à la municipalité. À
titre d'exemple, les chiffres que je vous donnais tantôt pour 1981, ce
sont des chiffres de budget. Nous avons contribué au déficit
selon le budget, mais nous avons reçu une facture de 1 600 000 $ que je
devrai éponger en 1983. Les méthodes qui existaient, qui sont en
train d'être corrigées, étaient drôlement moins
efficaces que les méthodes de contrôle budgétaire que nous
avons à la ville de Laval. Nous pourrions mettre en commun plusieurs
services.
Enfin, il m'apparaît plus important de contrôler, jour
après jour, l'exécution d'un budget que de voter un budget. Si
les élus peuvent bien adopter... D'ailleurs, on le fait. Remarquez que
l'année dernière, à la CTL, le président nous a
dit: Écoutez, je ne suis pas responsable du budget qui vous est
présenté, c'est mon prédécesseur. On posait des
questions, on ne pouvait pas y répondre. Même si cette
année on peut y répondre il reste que dans le journalier du
budget, c'est lui qui va décider. Comment serons-nous en position
d'analyser et de préparer des prochains budgets si on ne le vit pas? On
nous reproche souvent de dire que c'est trop facile pour nous de dire:
Écoutez un peu, c'est la CTL, ce n'est pas notre chose, c'est le
gouvernement qui l'a imposée, cela va bien. Mais il reste que c'est le
Lavallois qui paie la taxe, et cette année on va être
obligé de subir une augmentation de 0,08 $. Si je veux maintenir le taux
des taxes au même niveau que l'an passé, il va falloir que je
coupe. Comme le service de la dette ne diminue pas chez nous, il faut que je
coupe
dans le jambon qui se trouve dans le milieu des deux tranches de pain,
c'est-à-dire dans les services qu'on accorde aux Lavallois.
En deux ans, la première année on a diminué de
0,235 $. Cette année, à cause d'une augmentation de 0,10 $ qu'on
va devoir faire au niveau du service de la dette et d'une autre de 0,08 $, il
va falloir que je diminue de 0,18 $ au niveau des services
généraux. Jusqu'à quel point on va pouvoir y aller? On
arrive au fond du baril, comme a déjà dit un certain ministre. Je
comprends qu'il avait deux fonds, mais chez nous il n'y a qu'un fond. On est
rendu là. Moi, je me dis: Bon, tant qu'à se faire taper dessus,
aussi bien administrer ce budget. D'ailleurs, en quoi... Cela deviendrait un
service comme un autre.
M. Clair: M. le Président, juste pour bien s'entendre sur
l'objectif du contrôle effectif, réel, complet des élus de
Laval sur la Commission de transport de Laval, je pense que la proposition est
sans détour là-dessus. C'était simplement à partir
de l'expérience vécue à la CTRSM, par exemple, et à
la CTCUQ, où, sans en faire des services municipalises, le
contrôle est quand même beaucoup plus effectif, pour ne pas dire
total, par les élus que sur la CTCUM... C'était simplement en
termes d'exploitation. Je vois les arguments qui sont les vôtres. On va
examiner cela quant à savoir quel est le meilleur moyen. Sur l'objectif,
on s'entend; même sur le plus grand contrôle effectif réel,
on s'entend également là-dessus. C'était simplement, en
termes opérationnels, de savoir s'il y avait avantage à faire
d'un organisme - un transporteur, c'est un exploitant finalement - la CTL, un
service municipal. C'était simplement cela que je voulais soulever parce
que l'expérience vécue...
M. Lefebvre: M. le ministre, vous savez...
M. Clair: Si vous me permettez, -j'aurai peut-être
l'occasion d'en rediscuter dès demain, d'ailleurs, avec les
représentants du conseil des maires de la rive sud -l'expérience
vécue à la CTRSM et à la CTCUQ ici même à
Québec ne semble pas nous indiquer qu'il y ait avantage à en
faire un service municipal. Je pense que la limite entre un service municipal
et le contrôle effectif d'une commission de transport est quand
même ténu puisque le plus important, à mon avis, est de
savoir qui contrôle réellement dans le quotidien, effectivement,
le service de transport en commun, l'évolution de son budget, ses
revenus et ses dépenses, etc. (22 h 15)
M. Lefebvre: En fait, M. le ministre...
M. Clair: Oui.
M. Lefebvre: Si vous me le permettez, M. le ministre, seulement
une réplique là-dessus.
M. Clair: Oui.
M. Lefebvre: La différence entre la CTCUQ et la CTRSM,
c'est que là, vous avez plusieurs municipalités, alors
qu'à Laval nous n'en avons qu'une qui forme également une MRC.
Chez nous, le préfet se réunit, il se consulte et se
décide. C'est à peu près cela, la formule. De toute
façon, on a dit que c'était une responsabilité municipale.
Si c'est une responsabilité municipale comme le service des incendies,
le service de la police et le service des travaux publics, on aura un service
des transports et on va l'assumer. Il y aura une gérance. Enfin! pour
nous. Parce qu'autrement, la commission de transport demeure une entité
juridique qui a des pouvoirs de disposition et des pouvoirs de contracter.
À ce moment-là, si vous les mettez sous la tutelle tous les
jours, c'est aussi bien d'en faire un service. Pourquoi les maintiendrait-on
artificiellement? Autrement, ce serait une tutelle tous les jours de la ville
de Laval. D'un autre côté, je me dis: Aussi bien prendre le
personnel dont on a besoin dans la CTL pour en faire un service. Prenons les
gens du transport. Prenons des spécialistes en la matière. Qu'on
les intègre dans notre fonction publique et qu'on fasse avec le
transport en commun comme on fait avec le service des pompiers.
M. Clair: Vous avez raison qu'en comparant la CTRSM à la
CTCUQ, l'exemple n'est peut-être pas bon, parce qu'il y a plusieurs
municipalités; mais j'aurais pu donner plutôt à ce
moment-ci comme point de comparaison la Corporation municipale de transport de
Sherbrooke qui est, je pense, sur le plan financier - sans vouloir fâcher
personne - la plus performante de toutes les commissions de transport, de tous
les organismes publics de transport, parce qu'il s'agit d'une corporation
municipale, mais je vois qu'on est pas mal sur la même longueur d'onde.
L'important, c'est qu'on s'entende sur le contrôle effectif.
Il y a une autre question relative à la page 15 en ce qui
concerne les services de banlieue de la Commission de transport de Laval. Vous
dites qu'il y a deux possibilités. Une première, c'est qu'on
vende ces réseaux à des conseils locaux de transport et une
autre, c'est qu'on négocie un contrat de service avec la ville de Laval
à un prix couvrant la totalité des frais d'exploitation
engendrés, y compris le service de la dette et les frais administratifs
s'appliquant à ce service. Soit, vous nous donnez deux
possibilités. Je l'apprécie. Vous dites: Pour
nous, on ne préfère pas nécessairement l'un plus
que l'autre. Je vais avoir deux questions: La première, c'est quand vous
dites au paragraphe suivant: "Nous tenons également à souligner
que ce regroupement de municipalités devrait se faire à partir
d'une volonté locale de regroupement et non pas d'une décision
gouvernementale les obligeant à... etc." J'ai deux questions dont la
première est la suivante: Si on attend la spontanéité,
cela veut-il dire que la ville de Laval est prête, s'il y a un
déficit résiduel comme vous semblez le prétendre pour ce
réseau de banlieue, à attacher sa persévérance dans
le paiement de ce déficit à la spontanéité du
milieu des Basses-Laurentides? C'est ma première question. Autrement
dit, si vous dites: Que cela vienne d'eux, cela signifie-t-il qu'en attendant,
vous êtes prêts à continuer à payer s'il y a un
déficit? Ma deuxième question est la suivante: Comment voyez-vous
"l'opé-rationnalisation" de l'implication des municipalités
desservies par le réseau de banlieue? Comment voyez-vous leur
implication opérationnelle à court terme? La voyez-vous faite par
une loi, par une réunion tenue par la ville de Laval avec chacun des
corridors de transport, ce qui pourrait être la solution la plus
souhaitable, pour moi, en tout cas, du point de vue du ministre des Transports,
plutôt que d'imposer quoi que ce soit. Si la ville de Laval dit: Je suis
prête à payer tant que je ne les aurai pas convaincus de se former
en conseils locaux de transport, je trouve cela très confortable pour
moi; mais je ne suis pas sûr que ce soit très confortable pour
vous, parce que j'ai l'impression que cela va être difficile de les
convaincre "d'opérationnaliser" cela.
M. Lefebvre: M. le ministre, le mémoire qu'on vous
présente est global et contient plusieurs propositions. Vous avez sans
doute remarqué qu'il y en a une où on vous suggère de
remettre localement 60% des revenus additionnels produits par l'augmentation du
péage sur les autoroutes 13 et 15. Si le ministre nous dit ce soir que
tant et aussi longtemps - et à compter du 1er juillet dernier, puisque
nous assumons depuis fort longtemps ce transport des 40 municipalités
avoisinantes, - que 60% des revenus additionnels produits seront versés
à la Commission de transport de la ville de Laval ou à la ville
de Laval, quand on municipalisera le service, eh bien oui, on continuera
à assumer le service comme on le fait actuellement sans rien dire
à ces gens-là et on attendra leur spontanéité.
Cependant, j'imagine que ce sont là des gens responsables qui,
face à la proposition gouvernementale, auront aussi une attitude. Ce que
je voulais souligner dans le mémoire, c'est que vous avez dans les MRC,
à un moment donné, des municipalités qui n'ont vraiment
pas un besoin, pour l'ensemble de leur territoire, d'un transport en commun.
C'est plutôt linéaire, si on pense à Saint-Joseph-du-Lac ou
à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Il est bien sûr que ces gens n'ont pas
les mêmes besoins que ceux de Sainte-Thérèse, de
Boisbriand, de Saint-Eustache ou de Deux-Montagnes. C'est pourquoi je dis
plutôt de laisser à ces gens-là, qui ont déjà
une certaine cohérence au niveau des représentations comme vous
avez dû le remarquer, le soin de décider si oui ou non ils veulent
une commission de transport. Enfin, ils se formeront un conseil local de
transport. S'ils veulent s'acheter des autobus, j'en aurai à vendre avec
chauffeurs et ils hériteront de la convention collective, puis ils
feront leur propre transport en commun.
La seule chose qu'on demande: si vous voulez avoir vos lignes et les
exploiter, je ne vous livre rien de bien payant, sauf que nous avons
été obligés d'exproprier en vertu de la loi et nous avons
été obligés de payer quelques millions pour ces franchises
au nord de Montréal pour lesquelles nous n'avons pas été
indemnisés. C'est une situation d'exception. Nous sommes, semble-t-il,
la seule commission de transport du Québec qui ait dû
procéder à des expropriations sans recevoir d'indemnités.
La CTCUQ, la CTRSM, la Commission des transports de la CTCRO en a
reçu.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, dans une communication que j'ai faite au
conseil, et que je vous ai transmise, M. le ministre, de vous le souligner.
J'avais suggéré une façon que vous auriez pu trouver de
nous rembourser, en fait c'est la déclaration que j'avais faite devant
le conseil de ville municipal en disant que les sommes d'argent que le
gouvernement a perçues en trop depuis le 1er juillet, qu'il en passe une
partie à Laval et ça payerait peut-être une partie des
expropriations que nous avons payées pour les gens de la rive nord et
pour lesquelles on n'a jamais été remboursé.
En fait, ce que je vous dis, c'est qu'on serait capable, et d'ailleurs
aujourd'hui on le fait et on n'est pas mort. On trouve, cependant, que quand
des gens nous parlent d'effet de débordement et qui ne font pas de
service chez nous, nous sommes drôlement caves; nous de Laval, de faire
du service ailleurs sans demander de contribuer au déficit. En fin de
semaine, j'allais conduire mon garçon et j'ai vu un autobus de la CTL
arrêté à côté d'un abribus magnifique, en fait
plus beau que celui qui est à côté de chez moi, et je me
disais: Mais ça ne se peut pas, on donne un bon service, et il n'y avait
qu'un passager dans l'autobus. On viendra me dire que c'est payant et vous
comprendrez que je peux grimacer.
Cependant, on conçoit qu'en donnant ce service-là comme
une transaction faite avec Saint-Jérôme que ça nous donne
une plus
grande fréquence sur nos propres lignes. Or, l'examen exact, on
ne l'a pas fait. Mais, si c'est payant, de toute façon, ce serait payant
pour eux, ils pourront l'assumer. Mais oui, on est prêt à assumer
notre... On est équipé actuellement et ce n'est pas à
cause d'un... On va continuer à jouer notre rôle dans la grande
région, parce qu'on a le sentiment de faire partie de cette grande
région de Montréal qui comprend également Laval et les
Basses-Laurentides.
Cependant, si on le fait, je demanderais au ministre de participer en
nous versant une partie des revenus additionnels, provoquée par la
hausse du péage, qui doit, selon le document gouvernemental, être
versée aux transports en commun. Comme c'est produit chez nous et qu'on
y contribue déjà largement, eh bien, ce sera une façon de
payer. J'imagine que, avec les mesures d'économie qu'on pourrait
pratiquer là on pourrait même réduire le déficit de
la CTL et réduire d'autant la participation gouvernementale.
M. Clair: Le seul point que je tiens à souligner
là-dessus, c'est que vous partagez notre point de vue voulant que
tôt ou tard, il va falloir - c'est, semble-t-il, le contenu de la page 15
- avoir une position quant à savoir comment on partage, s'il en est, le
déficit des réseaux de banlieue de la CTR. Quant à
l'utilisation du péage pour contribuer au financement du transport en
commun à Laval, j'ai indiqué effectivement - on a eu l'occasion
d'en discuter - que plutôt que de faire transiter certaines sommes par
l'organisme régional de transport, on pourrait envisager de les utiliser
rapidement pour le transport en commun à Laval, par exemple, pour
l'intégration tarifaire ou d'autres modes de transport plus
légers. Cependant, cela a toujours été dans notre esprit
que la contribution qui provenait des péages des Lavallois... Je
comprends que celle qui provient des gens des Basses-Laurentides pourrait
éventuellement servir aux gens des Basses-Laurentides, mais je voudrais
simplement clarifier cette question. On parlait de la contribution des
Lavallois aux postes de péage pour les Lavallois. Il est certain que
c'est beaucoup plus facile à identifier pour Laval que pour les
municipalités qui pourraient se retrouver dans un corridor de transport
de la CTL banlieue.
Ma dernière question, si vous permettez, concerne le redressement
de la quote-part des usagers à 50%. À la page 20, au dernier
paragraphe, on dit: "Sous réserve des cas spéciaux que
constituent la carte mensuelle, l'intégration tarifaire, les tarifs
spéciaux aux étudiants, aux personnes du troisième
âge, ou encore aux handicapés, l'usager devrait contribuer 50% du
coût." Je peux vous dire que, d'abord, juste avec les cas
spéciaux, on vient de disposer d'une large partie de la facture
puisqu'il resterait, si je comprends bien, seulement le tarif unitaire pour
endosser 50% du global. Avez-vous évalué le tarif auquel cela
vous aurait porté, mettons, pour l'année 1982 ou pour
l'année 1983, le passage simple? C'est parce que...
M. Lefebvre: Non, je pourrais vous donner la réponse
demain, c'est assez facile. Cependant, pour bien nuancer ce que j'ai dit,
à mon sens, la contribution gouvernementale au manque à gagner,
à cause des cartes mensuelles, provient d'un accord sur la
fiscalité municipale. Nous avons cédé des points et vous
nous en avez cédé en contrepartie. Alors, il m'apparaît que
le passager n'a pas à payer deux fois, c'est déjà fait.
C'est une entente que nous entendons vivre avec vous. Je pense que les chiffres
qui avaient été avancés dans le cas de Laval se sont
avérés plus exacts que dans le cas de la CTCUM; cela ne vous
coûte pas plus cher que ce que vous aviez anticipé. Je pense que
là, cela va bien.
Pour les étudiants, on fait remarquer que chez nous ils
contribuent déjà, comme les personnes âgées,
à 50% du tarif, ce qui est déjà supérieur à
ce qui est payé à Montréal. Pour le reste, on pense que
les 50% du coût devraient être payés par le client. De toute
façon, si on regarde le tableau 1, déjà, l'usager à
Laval...
M. Clair: ...payait 49% en 1977...
M. Lefebvre: ...payait 39,7% en 1981. Si vous le mettez à
40% et il paie déjà 0,80 $, vous n'avez qu'à faire le
calcul, ce sont les 4/5. Alors, il faudrait qu'il contribue à peu
près 1 $, ce qui serait un coût beaucoup plus réaliste.
C'est, évidemment, une augmentation et je suis sûr que les usagers
vont bondir en entendant ce mot, mais il y a une chose, chaque fois qu'on leur
cache la vérité et qu'on leur fait accroire que le transport en
commun ne coûte pas cher, il y en a un autre qui paie. Si l'on regardait
les pourcentages d'augmentation qu'ont subis les usagers au cours des
dernières années, alors que l'indice des prix du transport
augmentait de 17% et qu'on augmentait la contribution des usagers de 8% en une
année, les 9% du manque à gagner étaient
transférés et au gouvernement et aux municipalités qui
payaient le déficit. Alors, si l'on continue à maintenir la
participation des usagers en dessous de l'indexation des coûts de
transport, on n'y arrivera pas. Vous savez, juste la taxe additionnelle de 0,06
$, cela a coûté 600 000 $ à la CTL l'année
passée. Les usagers ne l'ont pas payée, il y a quelqu'un qui l'a
payée et cela, c'est à même le budget général
de la ville de Laval puisqu'on l'a pris dans notre déficit
d'exploitation.
M. Clair: D'accord, mais je voulais simplement savoir si vous
aviez extrapolé le...
M. Lefebvre: Cela s'extrapole assez facilement.
M. Clair: D'accord.
M. Lefebvre: Si l'on est à 40% et qu'on veut qu'ils paient
50%, on rajoute 20% de plus. 20% de 0,80 $, c'est à peu près 0,16
$; donc, cela donnerait un tarif d'à peu près 0,96 $, à
moins qu'on ne réduise les coûts, mais c'est là où
on entend agir. On pourrait réduire les coûts de fonctionnement
pour que le montant qu'ils paient n'augmente pas autant, n'augmente pas
à 0,96 $, mais peut-être à 0,85 $ ou 0,86 $, cela
représenterait 50% des coûts, mais, pour cela, il va falloir
s'atteler sérieusement à la tâche et commencer à
enlever le service de Cadillac qu'on donne dans certaines régions chez
nous et qui n'est absolument pas légitime, d'après l'usage qu'on
en fait.
M. Clair: C'est certainement la meilleure façon de...
C'est pour cela qu'on propose des mécanismes qui, nous le croyons,
visent à ralentir la croissance des coûts. (22 h 30)
M. Lefebvre: C'est certain qu'un autobus qui fait 35
kilomètres le soir à vide, cela ne rapporte pas grand-chose
à une commission de transport.
M. Clair: D'accord. Un dernier commentaire que je voudrais
donner.
Quand vous favorisez l'intégration tarifaire entre les
réseaux, je vous dirai que ma première réaction
spontanée c'est de dire: J'en suis fort heureux. Si la tenue de la
commission parlementaire et les travaux qui ont été menés
par le gouvernement peuvent amener la CTCUM, la CTL, la CUM et Laval à
aboutir à une intégration tarifaire avec l'aide du COTREM et du
ministère des Transports, nous en serons fort aise, d'autant plus que
les intervenants qui sont venus avant vous aujourd'hui ont pour le moins mis
beaucoup en doute l'existence même du COTREM. Si, dans ce cas-là,
les services techniques de la partie du ministère des Transports que
constitue dans le fond le COTREM sont appréciés par la ville de
Laval, je suis convaincu que les personnes qui occupent des postes au COTREM
ont été heureuses d'apprendre que leurs services étaient
appréciés à Laval.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le maire, je dois avouer que j'aime bien votre
mémoire, surtout la partie qui donne des statistiques sur le coût
des différents services des trois commissions de transport de la
région de Montréal. Je pense que ces chiffres sont très
révélateurs. On aurait toujours avantage à regarder les
chiffres et à écouter le langage des chiffres beaucoup plus que
la réthorique de certains technocrates. Justement, ce qui me frappe dans
votre document, c'est qu'en page 3 vous dites qu'il vous apparaît
important de nuancer l'approche gouvernementale en disséquant les
coûts pour chaque commission. Vous voulez nuancer l'analyse du coût
global, etc., et au bas de la page 6 vous reprenez encore l'expression, vous
dites: Le gouvernement a choisi de regrouper les données des
états financiers des trois commissions ainsi que certains chiffres
imputables aux trains de banlieue. Cette synthèse lui permet d'attribuer
à la région des conclusions qui ne s'appliquent en
réalité qu'à un territoire bien délimité,
soit celui de la CUM. Donc, vous semblez insinuer qu'il y aurait eu avantage
pour ceux qui ont préparé le document à camoufler un peu
les chiffres de façon à donner un tableau d'ensemble pour la
région. Or, en disséquant les chiffres par commission de
transport, il semble qu'il y ait un problème bien particulier, celui de
la CUM, et que les coûts importants du transport en commun à la
CUM sont beaucoup plus importants que ceux des deux autres commissions de
transport, soit celles de Laval et de la rive sud. Est-ce que vous pourriez
commenter cela?
M. Lefebvre: Je ne ferai certainement pas de procès
d'intention, M. le député. Cependant, j'ai pensé que le
gouvernement avait analysé dans son choix régional la grande
région de Montréal, mais il est important de nous situer, nous,
Laval, là-dedans. Il apparaît évident, si l'on regarde les
états financiers de la CTCUM, de la CTL et de la CTRSM - et, vous n'avez
qu'à regarder les tableaux 1, 2, 3 et 4 de notre mémoire -
qu'indubitablement la participation financière des intervenants varie de
place en place.
Il y a une certaine similitude entre la rive sud et Laval, mais
Montréal bénéficie beaucoup plus de l'aide
gouvernementale. L'usager de Montréal paie moins cher que l'usager de
Laval au niveau de son tarif et ce, pour un service deux fois supérieur;
c'est bien certain que le déficit va être en conséquence et
qu'il y a quelqu'un qui va devoir l'absorber. Comme le gouvernement a pris
à sa charge de l'absorber à un certain moment et de dire qu'il
finance la carte, qu'est-ce que vous voulez? Quand on décide, on a le
droit de décider, mais à un moment donné la facture arrive
et on la paie.
Déjà à Laval, quand le gouvernement a fait un choix
de transport en commun, c'était son privilège, on a dit: On va
en
enlever sur les autoroutes, mais je dois vous faire remarquer que la
440, chez nous, n'est pas encore finie; j'imagine que l'argent a dû
être dépensé ailleurs. L'autoroute 19 n'est pas
terminée non plus. D'accord, on va se contenter de voies plus modestes
et là-dessus je suis prêt à collaborer. Encore une fois, je
me dis: Un gouvernement a le droit, le privilège d'avoir une politique
et les pouvoirs municipaux doivent s'ajuster en conséquence. On va vivre
avec ces politiques, comme on vit avec la politique du zonage agricole chez
nous. On va en tirer le meilleur parti possible. C'est d'être
réaliste dans une administration municipale. Je n'ai pas à faire
de politique provinciale, je dois me contenter de faire de la politique
municipale. Cependant, je tenais à souligner au gouvernement qu'il est
avantageux de nuancer à certaines occasions puisqu'il apparaît
que, dans la CTL et la CTRSM, l'effort des usagers est plus grand, l'effort des
municipalités au déficit est également plus grand
qu'à Montréal et que des effets de retombées, il y en a
aussi parce que les autoroutes, chez nous, nous les payons, nous payons pour
les ponts; eux ne paient pas. On ne paie pas sur Bonaventure, que je sache, ou
sur l'autoroute du centre-ville, ni sur l'autoroute Décarie, ni sur la
route 40, ni sur l'entrée du pont Hippolyte-Lafontaine; chez nous, on
paie pour cela.
En plus de cela, le réseau autoroutier qui était
déjà prévu dans un grand plan global du gouvernement a
été changé pour prendre ces montants et en faire
bénéficier la région de Montréal. En plus de cela,
dans la réforme sur la fiscalité municipale, la ville de Laval
n'en est pas sortie gagnante. En fait, dans les faits - il faut l'admettre et
vivre avec ces faits - la réforme a amené que la taxe de vente de
nos grands centres commerciaux ne nous rapporte plus rien, même si on
avait consenti des investissements énormes pour les créer. Quand
on fait des investissements, en calculant sur une subvention per capita et
qu'on la perd, cela change le jeu de la fiscalité municipale. Alors
qu'on avait 25% de nos revenus qui étaient produits par ces sources,
aujourd'hui, on est rendu à 98%, taxes d'origine locale seulement. Il
faut se rajuster en conséquence. C'est ce que nous sommes en train de
faire chez nous.
M. Bourbeau: M. Lefebvre, ce que je trouve intéressant
dans les tableaux que vous nous présentez, ce sont les statistiques
relatives aux revenus par kilomètre et aux coûts par
kilomètre dans les trois commissions de transport. Vous nous apprenez,
par exemple, qu'au kilomètre, à Laval, vous récoltez 0,73
$, la rive sud 0,78 $ et la commission de transport de Montréal 0,96 $
par kilomètre et que les coûts au kilomètre sont de 1,90 $
à Laval, de 1,82 $ sur la rive sud - c'est pas mal la même chose -
et de 3,09 $ à Montréal. Donc, il y a un déficit, pour
chaque kilomètre qui est parcouru, sur la rive sud, de 1,04 $; à
Laval, de 1,17 $ et, à Montréal, de 2,13 $, soit le double en
fait de l'ensemble des deux autres. Ce qui veut dire qu'en matière de
transport en commun -on le sait déjà, mais il est bon de le
rappeler - plus il y a d'achalandage, plus il y a de kilomètres
parcourus, plus on fait de déficit. Si on multiplie le nombre de
kilomètres, on multiplie encore le déficit. Cela met en doute,
évidemment, la théorie de ceux qui disent qu'on va faire des
économies d'échelle en privilégiant encore plus ou en
tentant de convaincre les gens de prendre le transport en commun. Non pas qu'on
doive s'opposer à ce que les gens prennent le transport en commun ou
peut-être même doit-on le favoriser, mais il ne faut quand
même pas prétendre qu'il y a des économies d'échelle
à faire du transport en commun, puisqu'à chaque fois qu'on fait
un kilomètre de plus, on fait un déficit plus important. Je ne
sais pas si vous êtes d'accord avec cela, je voudrais avoir vos
commentaires.
Également, n'y a-t-il pas lieu de tirer la conclusion, quand on
regarde les chiffres que vous nous présentez, qu'en ce qui concerne la
commission de transport de Montréal, le gouvernement contribue plus
à la CTCUM que sur la rive sud et à Laval, en proportion, en
pourcentage? Â Montréal, l'achalandage est deux fois plus
élevé que dans les deux autres commissions; l'offre de services
à Montréal est 35% plus grande, comme vous le mentionnez. Par
contre, le coût au kilomètre est d'une fois et demie plus
élevé avec le déficit dont je viens de parler,
malgré ces avantages. Quelles conclusions doit-on tirer, d'après
vous, de ces statistiques en ce qui concerne les coûts énormes du
transport à Montréal, malgré ces avantages dont on vient
de parler? D'après vous, quelles sont les raisons qui font qu'à
Montréal, cela coûte plus cher que sur la rive sud ou à
Laval?
M. Lefebvre: Votre question comporte plusieurs volets. D'abord,
quand on parle d'économie d'échelle, on pourrait à
l'occasion parler de perte d'échelle. C'est une chose dont les
industriels sont parfaitement au courant. Si je produis 5000 lames de rasoir
qui me coûtent 0,10 $ et que je vends 0,05 $, la journée où
je déciderai d'en produire 20 000 et si elles me coûtent
toujours... Elles peuvent peut-être me coûter 0,045 $, je fais une
économie d'échelle, c'est-à-dire si elles me coûtent
0,095 $ et si je continue à les vendre 0,05 $, je vais perdre juste un
peu plus. C'est d'ailleurs la cause de plusieurs faillites puisque la
multiplication de profits, entraîne des grands
profits et la multiplication de pertes entraîne des grandes
pertes.
Quant au coût au kilomètre, je pense, pour une chose, que
la vitesse y est pour beaucoup. La vitesse de croisière à
Montréal est sans doute beaucoup plus lente qu'à Laval. C'est
bien sûr que quand on prend notre zone agricole chez nous en venant de
Saint-François, le kilométrage, si on dit qu'on économise
je ne sais combien de millions, si on faisait un mille à l'heure de
plus, je suis sûr que le gars chez nous s'en vient à pleine
vitesse. Il n'a pas de problème, de toute façon, il n'a que des
vaches à rencontrer. Il n'y a pas de problème là-dessus.
Mais, c'est peut-être une des raisons. On a également, dans le
centre-ville, des congestions qu'on ne connaît pas à Laval. Nous,
on connaît une congestion quant aux ponts aux heures de pointe, mais le
reste de la journée, la circulation à Laval, pour ceux qui
connaissent Laval, cela va quand même assez bien. On n'a pas ces
problèmes.
C'est bien sûr, et cela je le maintiendrai toujours, le transport
en commun, quand on parle de rentabilité, cela me fait toujours sourire.
C'est un service qui coûte cher. C'est comme dire aux gens: Vous savez,
on est équipé pour les maladies au Québec puis cela ne
coûte pas cher. Eh bien, plus on va être malade, plus cela va
coûter cher; plus il va y avoir de gens hospitalisés et plus le
ministère va payer pour les hôpitaux; plus on va fournir de
transport en commun, plus cela va nous coûter cher. À partir du
moment où l'usager ne paie pas 100% du coût, qu'on ne fasse pas
d'erreur, plus il va y avoir d'usagers, plus cela va coûter cher. Cela
m'apparaît d'une évidence claire. Vous me permettrez cette
expression, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. Lefebvre, cet après-midi, en questionnant
le président du comité exécutif de la CUM, j'ai
noté qu'il utilisait abondamment l'expression "effet de
débordement". Le ministre également a fait usage de cette
expression-là à quelques reprises et je lui ai demandé une
définition de ce qu'étaient les effets de débordement. Je
vois que dans votre mémoire, vous nous présentez un nouveau
phénomène; personnellement, je n'avais jamais lu cette nouvelle
expression-là. Vous parlez des effets de concentration, et
d'après ce que je peux voir, c'est la contrepartie des effets de
débordement. Alors, je me dois, pour être très
équitable, de vous demander également de nous expliquer ce que
sont les effets de concentration et, d'après vous, est-ce qu'ils
annulent les effets de débordement dont se plaignent les gens de la
CUM?
M. Clair: Ceci étant dit sans aucun préjugé
préalable, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Non, sûrement pas, M. le ministre.
M. Lefebvre: Vous me permettrez de vous rappeler les paroles d'un
collègue de la rive sud, le maire de Longueuil qui, lorsqu'il parle de
sa participation au déficit, de sa contribution au métro, trouve
toujours que c'est trop cher, mais lorsqu'il parle des revenus, il trouve
toujours que le métro est un excellent investissement chez lui. Vous
l'avez d'ailleurs souligné. C'est bien sûr que si on avait dans le
centre-ville de Laval une bouche de métro - et moi, je suis bien
conscient que les gens de Montréal ne sont pas prêts à nous
concéder un métro; on n'est d'ailleurs pas prêt à
l'acheter pour l'amener jusqu'au centre chez nous, remarquez - nos centres
commerciaux prendraient une immense valeur. Pour ceux qui ont connu la ville de
Montréal, et je l'ai connue, je suis un ancien Montréalais,
d'ailleurs, j'étais dans Maisonneuve, madame, que je connais
probablement autant que vous pour y avoir vécu 27 ans de ma vie, on n'a
qu'à voir les développements qui se sont faits à cause du
métro pour comprendre l'augmentation de l'évaluation. Il y a des
choses qui ne seraient pas possibles à Montréal sans ce
métro-là. Il y a des gens qui avaient vu juste.
Vous n'avez qu'à prendre Saint-Denis, vous n'avez qu'à
prendre les grandes bâtisses, vous n'avez qu'à prendre le
centre-ville, cela en est des effets de concentration. Vous n'avez qu'à
prendre les jobs, vous n'avez qu'à prendre les magasins qui
fonctionnent, cela en est des effets de concentration. Malheureusement, M. le
député, je ne suis pas capable des les comptabiliser. Cependant,
je me dis que quand on a pris cette décision de construire un
métro, on devait savoir ce qu'on faisait. Pourquoi vient-on aujourd'hui
demander aux gens qu'on n'a pas consultés d'aider à le payer? De
toute façon, ils payent la publicité: "prends l'autobus, prends
le métro." Que veulent-ils? Que rendus à Henri-Bourassa les gens
de Laval ne puissent pas entrer ni dans le métro ni dans l'autobus?
Qu'ils mentionnent alors dans leur publicité: à l'exception des
gens de Laval, et là on va les comprendre. Quand on ne représente
que 2,9% de l'achalandage du réseau de la CTCUM, je pense que c'est un
effet additionnel. Le réseau sera exactement le même, nous ne
faisons que le rentabiliser. Si, d'ailleurs, des gens de Montréal
pouvaient un jour se décider à venir plus à Laval et
à utiliser plus notre service, je n'ajouterai pas d'autobus, j'aurai un
peu plus de contribution de la part de l'usager et cela réduira d'autant
mon déficit, mais cela demeurera toujours une expérience
déficitaire. (22 h 45)
En fait, ma définition des effets de débordement - c'est
sans doute un bonhomme très intelligent qui a trouvé cette
formule -
c'est faire payer par d'autres des services qu'on se donnait et qu'on ne
voulait pas se payer. On a totalement oublié les effets de
concentration. Bien sûr on est parti de Montréal et on a eu des
effets de débordement sur le territoire de la CUM. Ceci étant
fait, on a calculé "le pot" et on a dépensé en
conséquence et même un peu plus. Aujourd'hui, on regarde si
à côté il n'y en aurait pas. Évidemment! Une
évaluation de 5 000 000 000 $ sur la rive sud et de 4 000 000 000 $ sur
la rive nord, cela devient intéressant.
On aimerait tout simplement qu'on considère que des effets de
débordement il y en a dans bien d'autres choses aussi, il y en a dans
d'autres services. On a un effet de débordement chez nous en purifiant
l'air de Montréal avec notre zone agricole. On a des effets de
débordement parce qu'on leur fournit du brocoli, des carottes, des
patates et des choux; cela ne rapporte pas bien gros à l'hectare en ce
qui concerne l'évaluation. Les gens de Montréal les mangent comme
les nôtres et cela est un effet de débordement. On paye des taxes
comme d'autres et on a les gens les plus en santé à Laval, selon
les statistiques gouvernementales. On devrait demander une ristourne aux gens
de Montréal, j'imagine, parce qu'on est moins malades qu'eux. C'est
à peu près cela les effets de débordement. On va vous
polluer. On a parlé des autobus qui allaient virer là. Je vous
fais remarquer que, quant à la pollution, vous savez qu'il n'y a pas de
mur élevé entre la ville de Laval et la ville de Montréal.
Si j'ai quitté l'est, ma pauvre madame, c'est parce que je connais ce
que c'était la pollution. C'est cela que j'ai décidé de
quitter. C'est un choix de vie, c'est un choix de qualité de vie. Vous
remarquerez, je le dis avec plaisir, qu'à Montréal on est en
train de changer des choses et je suis heureux de le constater. On est en train
de changer la qualité de vie et sans doute à cause de cela y
a-t-il des gens que je ne pourrai pas attacher à Laval. S'ils veulent
retourner à Montréal, ils retourneront de leur plein gré,
c'est un choix d'une personne libre, dans un pays libre, comme le choix du mode
de transport. Avant de parler de transport en commun il faut parler de
transport et celui qui sort de son bungalow, il a sa voiture devant la porte.
On ne pourra pas imposer aux Lavallois, dans des secteurs où ils ont
trois voitures par famille, de prendre le transport en commun, cela ne se fera
pas, il faut être réaliste aussi.
M. Bourbeau: M. Lefebvre, c'est à la mode les
Lévesque, ces temps-ci, ils sont toujours au sommet d'ailleurs. La
représentante de la ville de Montréal, tout à l'heure,
ainsi que le président de la CUM ont parlé de la
possibilité ou de leur souhait de faire un partage des coûts de la
CTCUM, incluant le métro, à la grandeur de la grande
région métropolitaine. Je pense que vous avez
évoqué tout à l'heure cette possibilité. Quelle
serait votre réaction si le ministre nous annonçait qu'il entend
répartir les coûts du métro par exemple, à Laval et
sur la rive sud?
M. Lefebvre: Le lendemain, ce serait certainement un
référendum chez-nous, parce que la jolie facture que mon
collègue m'a laissé entrevoir tantôt - d'ailleurs, on en a
causé: il a dit "on ne blâmera pas un gars de l'essayer" - c'est 9
000 000 $, qui viendraient s'ajouter aux 14 000 000 $ actuels. Vous m'excuserez
l'expression peu parlementaire, mais cela n'a pas d'allure.
M. Bourbeau: La taxe sur l'essence: tout à l'heure, vous y
avez fait allusion. Cela m'a fait sursauter d'ailleurs. Pourriez-vous me
répéter: l'augmentation de la taxe sur l'essence qu'on a connue
à l'automne dernier, cela a occasionné une hausse additionnelle
de combien de dollars chez vous?
M. Lefebvre: CTL, 600 000 $.
M. Bourbeau: Pour une année?
M. Lefebvre: Bien oui, 9 000 000 de litres d'essence, ce qui est
la consommation. C'est marqué dans le rapport financier. Alors,
multipliez cela par 0,06 $, cela donne 54; puis ajoutez les autres coûts
en électricité, cela donne 600 000 $...
M. Bourbeau: II me semblait que, lors de l'étude de la loi
37, on avait dit qu'il n'y avait pas de conséquence pour les commissions
de transport. Peut-être que j'avais mal compris.
M. Clair: On n'a jamais dit cela. On a simplement dit que le
pourcentage représenté... le 600 000 $ sur le budget de la CTL,
c'est combien?
M. Lefebvre: 30 000 000 $.
M. Clair: Alors, dans le cas le plus élevé cela
représentait 1 1/2% du budget total de la commission de transport, de
toutes les commissions de transport. On n'a jamais prétendu que les
commissions de transport... que ça n'avait aucun effet. J'ai d'ailleurs
répondu à des questions que vous m'avez vous-même
posées à l'Assemblée nationale sur ce sujet.
M. Bourbeau: Ma souvenance, c'est que vos réponses avaient
fait paraître le coût comme étant très minime. C'est
peut-être seulement un petit pourcentage du budget de la commission, mais
c'est sûrement un plus
gros pourcentage du coût de l'essence de la commission,
certainement plus. Tout à l'heure, vous avez parlé du partage des
revenus additionnels du péage sur les autoroutes. Vous en parlez
d'ailleurs à la page 22 de votre mémoire et vous demandez au
ministre de vous verser 60% des revenus additionnels
générés par l'augmentation du péage et si je me
souviens bien, à un moment donné, lors d'une conférence de
presse, vous avez évoqué la possibilité que le ministre
vous verse 50% des revenus additionnels. Il y avait eu des tractations, des
négociations, je pense. Ce n'est pas vraiment clair dans mon esprit.
Est-ce que, effectivement, il y a une entente entre le ministre des Transports
et la ville de Laval pour le partage de ce montant?
M. Clair: Je pense que la question s'adresse davantage à
moi qu'au maire de Laval. Ce que j'avais dit à ce moment, c'est que
j'étais et je le suis toujours d'ailleurs, disposé à
envisager qu'une somme correspondante jusqu'à concurrence de 50% de
l'augmentation du péage payé par les Lavallois serve au
financement des transports en commun à Laval, non pas en modifiant le
programme de transport, de subventions, d'aide au transport en commun tel qu'il
existe, mais plutôt pour de nouvelles initiatives et principalement pour
deux d'entre elles: d'abord, l'intégration tarifaire, puisque cela fait
déjà partie de la politique gouvernementale d'aller vers
l'intégration tarifaire, puis, sur des moyens de transport moins
coûteux, cela va faire plaisir, comme par exemple, une expérience
de taxi collectif enclenchée à Laval. Maintenant, j'avais dit:
Jusqu'à concurrence de, je pense que cet après-midi même,
à la suite de cette entente de principe, des gens de Laval et du
ministère des Transports se rencontraient afin d'explorer diverses
possibilités à cet égard.
M. Bourbeau: Comment allez-vous...
M. Clair: Alors que maintenant, si je comprends bien la
proposition du maire de Laval, c'est d'en réclamer 60%, il appelle cela
une généreuse contribution et...
M. Lefebvre: Si vous me permettez une légère
nuance, M. le ministre, c'est que vous aviez parlé, lors de cette
entrevue, d'un généreux partage et on vous avait...
M. Clair: ...
M. Lefebvre: ... demandé ce que c'était pour vous
un généreux partage, vous avez dit: Cela commence à 50%.
Et j'ai lancé un chiffre, si votre adjoint s'en souvient, de 60%. On a
dit: II serait toujours temps de négocier. À cet égard, M.
le député, les 0,25 $ additionnels devaient servir au transport
en commun. Quant à moi, j'avais suggéré qu'une partie
reste pour les Lavallois et que l'autre partie aille pour le transport en
commun de la grande région de Montréal. Si ma mémoire est
exacte et fidèle, c'est cela. C'est pourquoi, je proposais aujourd'hui,
60% demeurant à Laval, de toute l'augmentation du péage, 40%
irait à l'ORT. Maintenant, si on me donne quelque chose de
Montréal... Je pense que les 0,25 $ additionnels - c'est là la
position que j'avais exprimée à M. le ministre - devaient
demeurer pour le transport en commun et j'avais mentionné que ce qui
venait de Laval devrait rester à Laval. On a parlé de partage,
à ce moment je pense que cela pourra se compléter, mais toujours
en disant que quant à nous, cela demeurait une disparité
régionale d'importance.
M. Bourbeau: Moi, je n'ai absolument pas d'objection à ce
que le ministre soit particulièrement généreux envers les
gens de Laval, pour autant que cela n'enlève rien aux autres
contribuables, que cela ne fait pas payer davantage les autres contribuables de
la région métropolitaine. Mais, est-ce que cela veut dire que la
même proposition serait faite à toutes les autres
municipalités où il y des postes de péage, par exemple
à Chambly et sur l'autoroute des Cantons de l'Est? Est-ce que vous avez
l'intention de faire le même...
M. Clair: Non, d'abord, c'est bien indiqué dans la
proposition. C'est parce que le député ne se souvient pas de la
lecture qu'il en a fait. On n'a jamais envisagé l'utilisation de tous
les postes de péage qui existent déjà pour le financement
du transport en commun, il s'agissait essentiellement des postes de
péage situés dans la région métropolitaine de
Montréal. Alors, c'est évident que la réponse à
votre question, c'est non. On n'a jamais envisagé de financer le
transport en commun à Sherbrooke avec le dernier poste de péage
à Granby, à Bromont ou aux environs. La réponse, c'est
non.
M. Bourbeau: Finalement, sur la même question, dans la
proposition gouvernementale, on estimait que les revenus provenant de cette
source, c'est-à-dire le péage autoroutier, plus l'essence, plus
la taxe sur le stationnement, produiraient environ 57 000 000 $ et que
c'étaient les montants requis pour financer l'intégration
tarifaire et les coûts de l'organisme régional. Est-ce que le fait
que vous soyez d'une telle générosité envers la ville de
Laval ne causera pas un manque à gagner dans le plan financier
d'ensemble?
M. Clair: Non, parce que nous finançons
autrement des objectifs déjà inscrits dans le projet de
réforme. Autrement dit, ce que nous proposions, c'était que
l'intégration tarifaire soit financée à 100% par des
sources de revenus régionales. Dans le cas de Laval, puisque c'est une
volonté de l'administration municipale de Laval, du gouvernement du
Québec et du ministre des Transports du Québec d'en venir au plus
tôt à une intégration tarifaire, ce dont nous avons
convenu, plutôt que d'attendre la mise en place d'un organisme
régional de transport qui serait éventuellement mandaté
pour mettre en marche l'intégration tarifaire, c'est d'utiliser
maintenant les sommes disponibles pour la réaliser le plus vite
possible. C'est verser plus tôt et à quelqu'un d'autre des sommes
qui devaient être versées à quelqu'un d'autre, mais pour
exactement les mêmes fins. Alors, cela ne crée pas de
déséquilibre dans notre proposition à ce point de vue
là.
M. Bourbeau: Un dernier point, M. le maire. Vous parlez dans
votre mémoire de la municipalisation du service de transport en commun
à Laval. Je peux vous dire, à titre tout à fait personnel,
que j'endosse votre proposition. Je dois dire à ce sujet que le
ministre, tout à l'heure, a parlé de l'expérience de la
CTRSM et de la CTCUQ. Je ne suis pas très familier avec la CTCUQ, mais,
en ce qui concerne la CTRSM, je ne vois pas pourquoi le ministre a
utilisé cet exemple pour indiquer que cela ne serait peut-être pas
une bonne décision en ce qui concerne Laval. Même si ce n'est pas
une seule municipalité, l'expérience a prouvé qu'à
partir du moment où les élus municipaux ont réussi
à mettre la main dans l'administration courante, si je puis dire, cela
s'est traduit par un redressement sérieux de la situation
financière et du contrôle budgétaire. Si nous suivons cet
exemple et que nous le poussions un cran plus loin, je pense - à plus
forte raison si la municipalité réussit à en faire un
service municipal - que le contrôle sera encore meilleur. L'exemple de la
CTRSM pourrait être encore poussé un échelon plus loin en
donnant un contrôle plus efficace à la municipalité du
transport en commun à Laval.
Quant à moi, je pense à l'exemple de Sherbrooke que le
ministre a évoqué tout à l'heure, qui est une corporation
municipale de transport. Le ministre a dit que c'était la commission la
plus performante - j'emploie ses paroles - effectivement, c'est celle qui
obtient les meilleurs résultats, et pourtant c'est une commission qui
est sous le contrôle très direct de la municipalité de
Sherbrooke. Donc, je pense que la preuve est faite que plus une commission de
transport est sous le contrôle direct des élus, plus elle est
performante et plus ses résultats sont meilleurs. C'est un argument
important pour justifier votre suggestion que la CTL devrait être
municipalisée. Je suis convaincu personnellement, pour avoir une
expérience dans ce domaine, que, si vous réussissiez à
obtenir du ministre cette concession, vous pourriez effectivement obtenir des
résultats intéressants en ce qui concerne les coûts du
transport en commun à Laval pour le plus grand bénéfice de
vos usagers. Enfin, je termine en disant que je tiens à vous
féliciter pour la présentation de votre mémoire et je
demeure à votre disposition, de même que les membres de
l'Opposition, si jamais vous voulez pousser un peu plus loin la
réflexion. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, en premier lieu, j'aimerais
d'abord saluer les dirigeants de ma municipalité, les gens de Laval,
qui, à mon sens, ont présenté un mémoire qui
s'attaque à un certain nombre de problèmes qu'on peut percevoir
dans le domaine du transport en commun. Ils l'ont fait avec un sens pratique
qu'on doit louer. Cela dénote un peu la conscience qu'ils ont de
l'importance du transport en commun à Laval, puisqu'il y a une trentaine
de milliers de nos concitoyens qui, à chaque jour, utilisent ces
services, dont un peu plus de la moitié se dirigent vers Montréal
avec tous les problèmes d'interface que cela peut causer. (23
heures)
J'avais préparé un certain nombre de questions. Le
ministre a déjà touché une partie d'entre elles et,
étant donné l'heure, je me limiterai à un aspect que je
voulais souligner. C'est celui qui a trait au nouveau cadre institutionnel et,
en particulier, à l'introduction d'un palier régional. Vous avez
mentionné qu'un ORT décisionnel, tel que présenté,
vous semble difficilement acceptable pour Laval. D'autant plus que vous semblez
avoir des craintes quant aux intentions du projet de réforme en ce qui a
trait à la dette du métro ou aux prolongements futurs du
métro. Pour cet aspect-là, et c'est une question
particulière sur laquelle je fais une parenthèse, il est
évident, quant à la dette antérieure du métro, que
le projet de réforme ne prévoit aucunement que cette dette puisse
être, en partie, assumée par les Lavallois. Ce métro est
construit et la dette restera sur le territoire de ceux qui l'ont
construit.
Quant aux extensions futures du métro, il n'est pas non plus dans
l'intention du projet de réforme proposé de faire assumer une
partie des coûts par les gens de Laval si le métro ne se rendait
pas à Laval. Les seules circonstances où le projet de
réforme permettrait d'imposer une partie des coûts du métro
à Laval seraient dans le cas où les
autorités de Laval auraient obtenu une extension du métro
sur leur territoire. Et les coûts que Laval aurait à absorber
à ce moment-là, toujours en vertu du projet de réforme,
seraient strictement pour la partie du métro qui aurait
été construite sur son territoire. Je pense que, sur ce sujet, le
projet de réforme est clair et les tableaux qui apparaissent à la
fin me semblent assez explicites sur cette question.
Mais revenons-en à la question de l'ORT. Vous avez
mentionné que vous étiez prêt à discuter d'un ORT
léger; c'est l'expression utilisée par M. Des Marais un peu plus
tôt dans la journée. Quelle serait sa fonction? Selon vous, quel
serait son rôle? Jusqu'où seriez-vous prêt à aller
sur le plan de l'intégration dans un ORT? Enfin, qu'est-ce que c'est,
pour vous, un ORT léger?
M. Lefebvre: Cela veut dire une table à laquelle
viendraient s'asseoir des élus pour discuter valablement des
problèmes auxquels nos populations sont confrontées. Nous
discutions tantôt, M. Des Marais, M. Parent et moi-même,
d'intrégration tarifaire, qu'il y a moyen de décompliquer des
choses. Actuellement, quand c'est la Commission de transport de Laval qui
transige avec la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal et avec la CTRSM, cela veut dire que les élus, à
toutes fins utiles, sont écartés et que, en toute
déférence pour nos fonctionnaires ou pour nos dirigeants, ils
n'ont pas la même perception que celle de nos élus qui, eux, se
doivent de l'avoir d'une façon journalière, sinon notre
sécurité d'emploi en prendra un coup. Cela veut simplement dire
que nous ferons face aux problèmes auxquels nous devons faire face. Quel
est mon problème de transport? Je dois, matin et soir, transporter des
gens de Laval vers Montréal; cela est une réalité. Je dois
également transporter des gens à l'intérieur de Laval et
cela est un problème différent. Dans le courant de la
journée, j'ai des activités de transport qui sont
différentes de mes activités d'heures de pointe puisque nous
sommes une banlieue.
Jusqu'à maintenant, il n'y a pas beaucoup de régional
là-dedans. Sauf l'intégration tarifaire qui, comme vous le savez,
puisque vous êtes député de la région, est
souhaitée par la population. Cela a d'ailleurs été un des
éléments importants de notre programme électoral. On a dit
qu'on prendrait des moyens. On ne prendra pas tout un train de mesures en
même temps. On les digérera une à une. On a commencé
par une voie réservée et, dès le moment où on est
entré en fonction, on s'est attelé à la tâche et,
d'ici quelques jours ou quelques semaines au plus, cela sera une
réalité. On a investi de l'argent, COTREM y a participé,
la CTL y a participé et la ville de Laval y a participé, et nous
serons en mesure de la réaliser.
J'étais bien heureux d'entendre Mme Sentenne, de Montréal,
nous dire qu'on pouvait y aller avec le pont, parce que le pont Viau, si on
pouvait l'utiliser à sens unique le matin et à sens unique de
l'autre côté le soir, si on pouvait se rendre jusqu'à
Henri-Bourassa, ça pourrait dégager drôlement le pont,
puisqu'il y a un minimum de circulation en sens inverse. Cela devient
régional et il me semble qu'on pourrait s'asseoir et discuter
régionalement de ce problème, ce n'est quand même pas
compliqué, c'est un pont et un bout de rue entre Henri-Bourassa et le
pont Viau, et ça dégagerait la circulation. C'est ça un
ORT léger, c'est une table de concertation où des élus
pourraient se rencontrer.
Mais tant qu'on n'aura pas fait la preuve qu'il y a impossibilité
pour les élus de se rencontrer... Il est bien sûr que j'ai peur
d'un gros superorganisme décisionnel où on aurait trois voix sur
trente et une. Voyez-vous, vous nous rassurez sur la non-participation de Laval
au déficit, mais j'ai vu une facture aujourd'hui et j'ai entendu la
représentente de Montréal parler également des effets de
débordement. On commence à être chatouilleux, on a
l'épiderme un peu sensible à ça.
M. Rodrigue: Moi, je vous parle de l'intention du gouvernement
telle que consignée dans son projet de réforme.
M. Lefebvre: Vous ne nous blâmerez pas, M. le
député, d'avoir peur de la convoitise, comme ça pourrait
peut-être être payant pour le maire de Laval, aujourd'hui, de dire:
Bon, d'accord pour les effets de débordement, ce sont des effets de
débordement très nets sur la rive nord, chez nous, et allons
chercher un joyeux 2 000 000 000 $ d'évaluation qui traînent
là, allons-y, payons-nous et je vais diminuer le déficit chez
nous en prétendant des effets de débordement.
M. Rodrigue: Cette table de concertation, est-ce que vous la
voyez comme un organisme institué et permanent, en autant que les choses
peuvent être permanentes dans ce domaine?
M. Lefebvre: II est vrai que je suis un bien jeune politicien,
mais je demeure convaincu que des élus qui se rencontrent et font preuve
de bonne foi peuvent régler assez facilement les problèmes qui
les confrontent.
M. Rodrigue: Est-ce que vous la voyez plutôt sur une base
ad hoc?
M. Lefebvre: On pourrait le faire une fois par mois...
M. Rodrigue: Mais, enfin, je ne parie pas de
fréquence.
M. Lefebvre: Ce n'est pas une question de fréquence, c'est
une question de besoins. Moi, je me sens bien libre, on s'est rencontré
avant aujourd'hui, j'ai rencontré les maires de la rive nord, j'ai
rencontré les maires de la rive sud; on a l'UMQ où on se
rencontre. On peut discuter de nos problèmes et essayer de les
régler ensemble. Il est bien sûr qu'il faut faire preuve d'une
ouverture d'esprit pour voir que le transport en commun n'est pas un
problème unique à Laval, c'est un problème qui touche une
grande région, alors essayons ensemble de régler notre
problème. C'est ça.
M. Rodrigue: Toujours dans l'optique qui est la vôtre,
quels seraient les liens de cette table de concertation avec le COTREM? Parce
que vous nous signalez que le COTREM a joué un rôle utile et vous
semblez souhaiter qu'il continue à jouer ce râle.
M. Lefebvre: C'est un organisme qui nous a servis, nous, gens de
Laval. Chez nous, on n'a pas les moyens de se payer de BTM. Le COTREM se trouve
à être un peu notre petit BTM, il nous aide et il ne nous
coûte pas cher, alors je ne suis pas pour changer ça.
M. Rodrigue: M. le Président, en terminant j'aimerais
souligner au maire en particulier une chose dans le mémoire de la ville
de Laval. Je pense que l'analyse économique qui en a été
faite au tout début - même si c'est toujours un peu fastidieux
quand on aligne les chiffres comme ça les uns après les autres,
en tout cas pour moi -a joué un rôle extrêmement utile. En
ce qui me concerne, ç'a démontré que, dans le domaine du
transport en commun, les Lavallois ne sont à la remorque de personne, et
je pense qu'effectivement tous les chiffres que vous nous avez soumis
démontrent que les Lavallois assument leur quote-part des coûts
dans la région. Cela va nous aider, je pense, dans les discussions qu'on
a avec nos confrères, surtout pour ce qui est de la question des
transports en commun dans la région de Montréal, parce que,
à force de l'entendre répéter par les autorités de
Montréal, il y en a qui avaient fini par se laisser convaincre que
c'était vrai. Mais j'ai l'impression que vous avez quand même,
avec des chiffres bien appuyés, rétabli la situation et
j'espère que le message va être compris en ce qui concerne cet
aspect.
Le député de Laporte, qui représente l'Opposition,
tout à l'heure, nous a un peu chicanés parce que, dans le livre
blanc qui traite du transport en commun, on a, au début, un tableau qui
donne les chiffres, globalement, pour l'ensemble des communautés de
transport et des municipalités concernées dans toute la
région. Il est évident qu'il n'y a pas là une intention de
cachette ou quoi que ce soit. C'est simplement que, s'il avait fallu publier
tous les chiffres qui ont été compilés dans le cadre de
ces analyses, il n'aurait pas eu assez de son bureau pour les emmagasiner. On a
voulu présenter la situation globale telle qu'on la constate, mais il
est évident -j'en informe le député de Laporte s'il
n'était pas au courant, mais je pense qu'il l'était -que les
analyses pour les municipalités particulières ont
été faites et ce n'était pas dans le but de camoufler dans
une espèce de grand chou-fleur la réalité
particulière de Laval ou d'une autre municipalité. Dans un
document comme celui-là il faut présenter, il faut
synthétiser les choses un peu globalement.
Cependant, les analyses avaient été faites et, si je ne
m'abuse, vous y aviez eu accès comme ont eu accès les autres
municipalités aux analyses qui les concernent.
Étant donné l'heure, M. le Président, je vais me
limiter à ces remarques-là malgré que j'en aurais eu bien
d'autres à faire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. Lefebvre, je n'ai pas l'intention de
répéter toutes les louanges qui vous ont été faites
au sujet de votre mémoire admirable. Bravo! Vous vous êtes
présenté avec un rapport assez détaillé et vous
avez répondu avec une mémoire assez détaillée
aussi. J'aimerais cependant vous poser une question peut-être un peu plus
simple: Jusqu'à quel point pensez-vous que la réforme
proposée dans ce document est nécessaire et jusqu'à quel
point pensez-vous que c'est urgent? Je vais m'expliquer très
brièvement. Quand j'ai écouté le ministre parler
tantôt de l'ORT et nous donner l'assurance que la création de cet
organisme n'impliquera aucun coût additionnel, que c'était
simplement une question de rationalisation et de coordination des services,
cela m'a fait penser à la création de la Régie du
logement. J'ai assisté aux débats sur ce projet de loi pendant
onze mois et au cours de ces débats le ministre nous a assurés
que le remplacement de la Commission des loyers par la Régie du logement
n'impliquerait aucun coût additionnel. Deux ou trois ans après, si
vous regardez les chiffres, vous verrez que les coûts de fonctionnement
de la Régie du logement sont trois fois plus élevés que
ceux de la Commission des loyers, et qu'on ne répond plus au
téléphone non plus.
Si vous regardez les budgets prévus au départ pour les
MRC, pour les CSST ou pour
ce qu'on appelle aujourd'hui le zonage agricole, vous verrez que les
coûts de fonctionnement de ces organismes ont dépassé de
loin les prévisions et les assurances des ministres à
l'époque où ces projets de loi ont été
adoptés.
Je ne suis pas assez naïf pour penser que si on crée un
autre organisme par un projet de loi il n'y aura aucun coût additionnel
ou aucune réglementation additionnelle. Cela est inévitable.
Toutes les expériences qu'on a vécues ici à
l'Assemblée nationale depuis six ans prouvent que mon impression est
justifiée.
Il y a aussi au Québec des gens qui prétendent qu'une des
raisons pour lesquelles la crise économique au Québec est
beaucoup plus sévère qu'ailleurs au Canada, c'est justement ce
fait, cette manie de coordination, d'harmonisation, de rationalisation
forcée ainsi que toutes sortes de réglementations et de
structures très lourdes qui ont été instaurées ici
au Québec depuis six ans. Le gouvernement n'est certainement pas
d'accord, mais il y a certaines personnes - qui ne sont même pas des
libéraux - qui sont d'avis que c'est un problème très
aigu.
Personne, soit de notre côté, soit de leur
côté, n'est prêt à prétendre aujourd'hui qu'il
n'existe pas une crise économique très sérieuse ici.
Il y a donc des choix à faire. Je pense que s'il existe un
problème au niveau du transport en commun à Montréal qui
est néfaste pour le développement économique
immédiat, qui crée des problèmes d'injustice sociale
flagrante qu'il faut corriger immédiatement, on devrait peut-être
s'occuper encore d'un autre organisme public. Mais si cela n'est pas
nécessaire et urgent, j'ai l'impression que la grande majorité
des Québécois préféreraient de loin que ce genre de
projet, de création de structures soit retardé un peu, jusqu'au
moment où la santé économique du Québec soit plus
assurée. C'est dans ce contexte que je vous avais posé la
question suivante: Jusqu'à quel point pensez-vous que ce projet est
nécessaire? Jusqu'à quel point pensez-vous que ce projet va
régler les problèmes qui existent aujourd'hui, qui sont
importants? Ne pensez-vous pas que cela va créer une autre série
de problèmes, qu'on ne prévoit pas en ce moment, mais qui sont
aussi aigus que ceux qu'on vit actuellement? Finalement, jusqu'à quel
point pensez-vous que ce problème est urgent? (23 h 15)
M. Clair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le ministre.
M. Clair: Cela fait trois fois que le député pose
la question. J'avais hâte qu'il donne la chance au maire de
répondre.
M. Scowen: M. le Président, j'ai écouté le
ministre pendant une quarantaine de minutes et même s'il s'est
répété au moins cinq fois, je ne l'ai pas interrompu. Je
pense avoir droit à la même politesse.
M. Clair: Je suis tout à fait d'accord et je m'en excuse
auprès de mon collègue, c'est simplement que j'avais l'impression
- et je n'en fais pas reproche à mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, il n'est pas le critique officiel en matière
de transport - qu'il se rattachait uniquement à un élément
de l'ensemble de la proposition gouvernementale. Je pense que ce n'est pas
faire justice à la proposition que de traiter d'un seul
élément. C'est simplement cela.
M. Scowen: M. le Président...
M. Tremblay: J'aurais une question à poser au
député de Notre-Dame-de-Grâce; j'aimerais qu'il explique sa
question.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Chambly, mais si ce n'est pas une question de
règlement, vous aurez un droit de parole sur demande.
M. Tremblay: Oui, c'est une question de règlement. Je
voudrais qu'il précise sa question.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ... je pense qu'il n'est pas nécessaire que je
précise. Dans ma présentation, mon exemple a été
celui du ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le maire.
M. Lefebvre: M. le Président, en réponse à
la question du député de Notre-Dame-de-Grâce, j'ai
indiqué dès le début du mémoire de la ville de
Laval que, selon nous, à partir du moment où nous avons
reçu ce document, nous avons commencé à
réfléchir et, comme on le dit chez nous, à faire nos
devoirs et nos leçons. Le problème que nous avons
identifié, encore une fois, ce n'était pas un problème de
transport, c'était un problème de financement. Je pense que c'est
la première chose que je souligne.
Le ministre a bien candidement, lors d'une rencontre chez nous, à
Laval, avoué que le problème du financement, pour le
gouvernement, était immense. Je lui ai dit que le problème du
financement de la CTL pour Laval était, toutes proportions
gardées,
également immense. À partir de ce moment-là, M. le
député, on a commencé à regarder les coûts et
à jongler avec des statistiques: à voir le rapport qu'on nous
fournit - assez souvent, les administrateurs locaux ne prennent pas le temps de
l'examiner combien ça coûte au kilomètre et combien
ça rapporte au kilomètre, combien ça coûte dans la
région de Montréal, combien ça coûte à Laval
et combien ça coûte sur la rive sud quelle est la
rentabilité au kilomètre d'un service d'autobus.
On s'est rendu compte que plus on offrait de services, plus ça
nous coûtait cher en déficit. Ne serait-ce que pour cela, c'aurait
déjà été un exercice valable. Je dois, en toute
honnêteté, dire que le document gouvernemental dans sa proposition
d'un contrôle par les élus locaux des commissions de transport est
un avancement important dans le domaine du transport. Je pense que nous
pourrons réaliser des économies en vérifiant, jour
après jour, les coûts, en arrêtant les appétits et en
rendant les gens conscients des coûts impliqués dans le transport
en commun.
Au niveau de l'organisme régional, j'ai dit que je ne croyais pas
à sa nécessité actuelle parce qu'on n'avait pas fait la
démonstration de cette nécessité. Je pense que, au
contraire, les élus qui sont dans les grandes commissions de transport,
lesquelles de toute façon assurent 95% ou 98% du transport dans cette
grande région, se limitent à quelques hommes qui peuvent se
rencontrer. Je ne vois pas l'utilité d'un débat à 31
personnes quand 3, 4 ou 5 personnes sont parfaitement responsables de ce
transport. En ce sens, c'est un élément positif, même si je
ne partage pas l'avis du ministre. C'est d'ailleurs pour cela qu'il m'a
invité en commission parlementaire, pour que je lui dise ce que je
pense. Je pense que le document, s'il fallait l'appliquer dans cette
proposition, je l'ai dit à M. le ministre, je ne suis pas d'accord.
Quant à la méthode de financement local, il va falloir que les
gens de la province de Québec apprennent que le transport en commun se
paie et que ce n'est pas gratuit parce que c'est le gouvernement qui donne une
subvention et que ce n'est pas gratuit parce que c'est la municipalité
qui paie. L'usager doit assumer sa juste part du transport en commun comme cela
se produit - c'est à la page 54 de votre mémoire ou dans ce
coin-là - dans les grandes régions et dans les grandes villes.
Qu'est-ce que c'est? Combien cela coûte-t-il? On va jusqu'à 75% et
80%. Chez nous, on est rendu dans des régions à 30% ou 31%. Il me
semble qu'il y a eu un déplacement significatif qu'il est important de
corriger. C'est bien sûr, je ne propose pas au ministre que cela se
corrige demain matin, mais je pense qu'on doit prendre dès aujourd'hui
la décision de le corriger et de l'amener vers une participation de ce
que j'ai appelé des paramètres. On doit tendre vers cela dans un
certain nombre d'années, que cela prenne deux ou trois ans, mais qu'on
en arrive à un paramètre et que la population sache combien cela
va lui coûter. C'est drôle, mais quand on explique à la
population pourquoi on dépense, elle comprend habituellement mieux le
prix de la facture. Cela répond-il à votre question, M.
Scowen?
M. Scowen: Merci. Très bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. D'abord, je vous
félicite à mon tour, M. Lefebvre, de la qualité de votre
mémoire. Je n'irai pas dans le même sens que le
député de Notre-Dame-de-Grâce sur les structures, parce
qu'il faut savoir ce dont on a hérité, nous autres, de Sidbec
où il était fonctionnaire à ce moment-là et de
Marine Industrie. Si on voulait parler de structures, on aurait du "fun" ici ce
soir.
Voici la question que je voudrais vous poser. Vous desservez 40
municipalités. Quand on connaît le territoire, je comprends
pourquoi vos coûts sont énormes. Si vous aviez seulement Laval et
Terrebonne à transporter, cela serait-il rentable, à ce
moment-ci, à la Commission de transport de Lavai? La deuxième
évaluation que je vous poserais aussi - je ne voudrais pas non plus
attaquer mon collègue de Vimont - c'est que lorsque quelqu'un parle de
remorque à Montréal ou ailleurs, je ne pense pas que ce soit
strictement dans le transport, parce qu'à ce moment-là, je dirais
qu'à Montréal-Nord, là où je demeure, on paie, nous
aussi, une part depuis quatorze ans au fonds du transport du déficit et
du métro de Montréal, mais on est obligé de payer nos
billets aussi. La différence qu'il y a entre chez nous et chez vous,
c'est que vous seriez pris dans une double taxation. C'est ce qui est
dangereux. Vous conviendrez avec nous que vous payez déjà une
partie de votre déficit du transport local, mais pour le
débordement de Montréal, vous ne payez rien, contrairement
à nous qui payons là-dessus. C'est la différence. Je ne
croirais pas juste non plus qu'on pénalise les citoyens de Laval par une
double taxation. Je le comprends, mais vous avez aussi apporté un
exemple tout à l'heure du débordement vers Montréal. Vous
avez dit: Peut-être que si on avait un petit ORT, on pourrait s'arranger
aussi sur le pont. Vous conviendrez qu'à cause de l'affluence de Laval
vers Montréal, quand on demande la nécessité d'avoir un
sens unique sur les ponts, cela veut dire que Montréal est
drôlement pénalisée à ce moment-là par la
circulation qui vient de Laval et d'ailleurs, de la rive nord ou de la
rive sud. C'est de là peut-être que proviennent les
coûts engendrés à Montréal, qui seraient fort
discutables là-dedans, mais je me demande aussi s'il n'y aurait pas une
épargne chez vous, si cela a déjà été
comptabilisé du fait que vos autobus sont obligés de traverser
à Montréal dans un achalandage que vous avez avoué
vous-même. Cela prend beaucoup plus de pétrole. Cela prend
beaucoup plus de temps à traverser ces gens pour les amener à
Montréal en autobus. Avez-vous déjà comptabilisé si
cela ne diminuerait pas votre coût au kilomètre? Je vous laisse
là-dessus.
M. Lefebvre: La première chose, vous avez parlé de
la rentabilité d'un service à Laval. Je pense que Laval ne
réussira pas de miracle. Le miracle, au Québec, actuellement,
c'est notre collègue O'Brady de Sherbrooke qui le réalise; mais,
encore là, il y a des déficits. Le transport en commun ne sera
jamais rentable en termes de sous. C'est peut-être rentable en termes
sociaux, mais la rentabilité se calcule de différentes
manières et il faut que nous, politiciens, l'évaluions à
sa juste valeur.
Étant un résident de cette grande communauté, je
peux vous parler de l'abondance des effets de débordement. Il est
entendu que les débordements se voient des deux côtés. Je
ne voudrais pas y revenir. Remarquez que, déjà, les citoyens qui
restent à Saint-Vincent-de-Paul, à moins de 2000 pieds de chez
vous, ont à payer double tarif. C'est là-dessus que nous,
administrateurs de Laval, nous nous penchons de façon à faire
baisser le coût de ce double tarif par une intrégration
tarifaire.
Quand on parlait d'essayer de diminuer, c'est cela; quand on pense
à un choix régional. On a déjà comptabilisé
le nombre de véhicules en provenance de Montréal vers Laval, le
matin, puisqu'il y a aussi des gens de Montréal qui travaillent à
Laval. Le pont Viau est très peu achalandé, ce qui veut dire que
les gens pourraient facilement emprunter le pont Papineau, le matin, vers le
nord et dégager complètement le pont Viau, comme cela se fait
à Ottawa. Cela se faisait il y a trente ans, même il y a plus de
trente ans. Il y avait un pont à sens unique le matin et à sens
unique le soir, mais en sens contraire. On se rend ainsi à
Henri-Bourassa et là on pourrait accélérer grandement,
d'abord, la circulation des autobus, ce qui veut dire moins de pollution, moins
de coût au kilomètre et un meilleur service aux usagers. J'imagine
que cela pourrait se réaliser si on s'assoyait ensemble. Si on veut
rester sur sa juridiction et s'asseoir dessus, je ne peux rien y faire. Cela
relève de la juridiction de Montréal. Je n'ai pas l'intention de
m'en mêler. Je peux leur demander, mais je ne crois pas qu'un ORT puisse
avoir de l'influence sur ce sujet, c'est de la juridiction stricte de
Montréal au niveau de la circulation.
Enfin, je pense qu'en termes régionaux, c'est essayer de penser
qu'il n'y a pas de mur de Chine alentour de chez nous. À Laval, nous
sommes des insulaires comme à Montréal, vous êtes des
insulaires. Ce n'est pas nous qui avons choisi; c'est Maisonneuve. On a
hérité de cette situation et il va nous falloir des ponts. Il
nous faut des ponts pour traverser. On avait des bacs, on a
amélioré, nous en sommes rendus aux ponts. Mais je vous avoue que
je cherche à tous les jours un moyen de faire traverser mes gens sans
prendre l'autobus et sans prendre l'automobile. Je ne sais pas...
M. Laplante: Dans ce cas, M. le maire, on n'aurait pas...
M. Lefebvre: Oui, il y a le métro, mais si vous faites des
calculs - je ne parle pas d'abondance, c'est COTREM qui en a fait l'analyse -
le coût du métro pour se transporter à Montréal ne
se légitime pas par l'achalandage qui est créé. C'est vrai
qu'on a 17 000 passagers, mais sur une période. On nous parlait de 10
000 passagers aux heures de pointe pour le rendre rentable. Alors, chez nous,
il ne serait pas rentable. Autrement dit, avec un arrêt à pont
Viau, de toute façon, on est en pleine zone, c'est la plus grande
concentration urbaine qu'on a. Quant à le monter, il faudrait le monter
à Vimont. Je suis sûr que le député de Vimont serait
parfaitement heureux de cette situation. Mais vous avez cinq kilomètres
et on estimait les coûts, à l'époque, à 20 000 000 $
le kilomètre, si ma mémoire est bonne. Cela donnait 100 000 000
$. Calculez les intérêts de cela, seulement. Je ne vois pas
comment je pourrais légitimer 15 000 000 $ d'intérêts par
année. Je n'ai pas encore commencé à diminuer la
dette.
De toute façon, il y a eu une élection chez nous
là-dessus et la population s'est prononcée d'une façon
catégorique. Je n'ai jamais parlé de métro à Laval.
Je pense que nous n'avons pas la population pour légitimer un
métro. Bien sûr, un métro de surface pourrait
améliorer la situation. C'est un besoin, mais avons-nous la
capacité de payer? Et, dans la conjoncture économique actuelle,
je dois vous dire qu'on a des choses beaucoup plus urgentes. On a un choix plus
urgent à faire, si on pense strictement à l'assainissement des
eaux. Je m'excuse, je déborde peut-être du sujet, mais on doit
faire des choix, établir des priorités et l'assainissement des
eaux, que voulez-vous, notre merde, on l'envoie dans la rivière des
Prairies. C'est cela qu'on est en train de léguer à nos enfants
et ce n'est pas la merde des autres, c'est la nôtre. Il faut y penser et
il va falloir le payer. Quand on parle d'un projet qui est rendu à
200 000 000 $, qu'est ce que vous voulez, un tiers pour la ville de
Laval, je sais ce que cela représente. On est en train de se bâtir
un service d'aqueduc pour 50 000 000 $. C'est beaucoup plus urgent qu'un
transport sur rail. (23 h 30)
Autrement dit, il s'agit d'établir des priorités. Chez
nous, actuellement, les priorités ce n'est pas le métro de
surface et ce n'est sûrement pas le métro souterrain. Si le
gouvernement regorgeait d'argent et décidait d'en distribuer - ce qui ne
semble pas le cas, remarquez bien! - d'accord pour le métro. Ce que je
suis en train de vous dire c'est qu'actuellement ce n'est pas le temps de
parler de ça. C'est bien sûr que ce serait une Cadillac chez nous;
je me vois avec un métro jusqu'à Vimont, je serais élu
pour 20 ans à venir - remarquez que ce n'est peut-être pas un
souhait à faire - mais ce n'est pas le temps, ce n'est pas une
priorité. On a d'autres priorités que ça et on va avoir de
gros sous à dépenser, alors qu'actuellement on se demande si on
va avoir assez d'argent.
M. Laplante: Dans mon esprit ce n'était pas un
métro jusqu'à Vimont. Je vous ai parlé du coût de
vos autobus, seulement pour traverser le pont. La solution que vous apportez
est de faire un sens unique du pont Papineau et du pont Viau; imaginez le
débordement, qui est déjà immense, à tous les
matins au pont Pie-IX, à Montréal-Nord. Oui, il serait sur les
deux sens, mais tout de même.
Ce dont je parlais, c'est d'une station de métro qui arriverait
à Pont-Viau. À ce moment, votre service de transport aurait
beaucoup plus de liberté pour travailler sur place au lieu de se rendre
jusqu'à Vimont. C'est beau avoir une Cadillac, mais il faut
peut-être commencer par les petites Chevelle qu'on fabrique maintenant,
ici, au Québec.
M. Lefebvre: Cette solution a déjà
été envisagée. Je sais qu'un de mes
prédécesseurs a déjà eu à prendre une
décision. Je ne sais pas quelle partie avait un appétit trop
grand, mais, de toute façon, on n'a jamais pu en venir à une
entente. On demandait à Laval de payer non seulement la bouche de
métro, mais de participer au déficit et également au
financement global du métro, ce qui a été refusé
à l'époque. Remarquez que je n'ai pas resorti le dossier pour
l'étudier, mais, de toute façon, on a déjà fait les
garages en dessous de la rivière et je pense que, si on devait reprendre
tout le système, ce serait à un coût pharamineux.
De toute façon, vous savez, le transport léger, quant
à moi, demeure l'option qu'on devrait privilégier autant que
possible. On parle de congestion évidemment on ne parle pas de la
même grandeur, on parle de 2 000 000 - Montréal, même si
c'est bien grand, si vous allez à Paris, à Rome, etc., vous avez
une congestion qui est pas mal... À chaque fois que vous avez une
métropole et que vous concentrez - et Montréal a concentré
sur le bord du fleuve en plus - c'est bien sûr que vous allez avoir une
congestion. À chaque fois que vous êtes un pôle
d'attraction, il est sûr que, si vous voulez attirer du monde, vous allez
avoir du monde et ça va vous créer des problèmes de
circulation. Mais les problèmes - il n'y a pas seulement le
problème du pont - ce sont Beaubien, Saint-Denis, Saint-Laurent et Park
Avenue, c'est achalandé ça aussi, Dorchester, c'est
achalandé et ce ne sont pas nécessairement des citoyens de Laval
qui passent là. Si vous avez une population de 2 000 000 qui s'en va
dans un petit centre, c'est achalandé, bien sûr, et on a choisi,
comme méthode de transport, le véhicule automobile, beaucoup plus
que dans d'autres pays. Peut-être sommes nous paresseux, ne sommes-nous
pas patients, que nous ne voulons pas perdre de temps; je ne le sais pas, mais
c'est un mode de vie. Quand on en est rendu a compter trois voitures par
famille, ce n'est pas le transport en commun qu'ils ont choisi.
M. Laplante: Merci, M. Lefebvre.
Mme Harel: M. le Président, vous ne m'avez pas
oubliée, j'espère!
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. Lefebvre, vous nous avez dit, dans le courant de la
soirée, que, lors de la dernière campagne électorale dans
Laval, vous avez fait campagne sur l'intégration tarifaire. C'est bien
le cas, j'ai bien saisi ce que vous disiez?
M. Lefebvre: C'était un des points que nous avions
amenés.
Mme Harel: Je voudrais savoir si vous êtes en accord avec
la position qui est exprimée par le président de la
communauté urbaine, voulant que le modèle de tarification
proposé, dans le cadre de la réforme, profitait à tous
ceux qui étaient à l'extérieur de la communauté
urbaine, notamment les Lavalois.
M. Lefebvre: En partant du principe où il y a d'abord une
double tarification, chez nous la carte mensuelle coûte 24 $, à
Montréal elle coûte 21 $. Ce qui veut dire qu'un ouvrier de Laval
qui va constamment à son ouvrage à Montréal doit
débourser 45 $ par mois. Si on fait une intégration tarifaire
selon le modèle proposé par le gouvernement et qu'il se rend au
centre-ville de Montréal,
il lui en coûterait 39 $, donc 6 $ de moins. Il reste cependant
qu'en chiffres absolus, 39 $, c'est plus que 21 $.
C'est bien sûr qu'il y en a peut-être un qui n'y gagne pas,
mais il paie déjà 21 $ pour partir de Pointe-aux-Trembles et se
rendre au centre-ville, et il parcourt plus de distance que nous de Laval.
Mme Harel: C'est la nouvelle tarification. Les gens de
Pointe-aux-Trembles paieraient 27 $ ou 29 $ dans le projet proposé.
M. Lefebvre: Ce serait ...
Mme Harel: La moitié des usagers du transport en commun
à Laval sont, en fait, des usagers de la CTCUM. C'est bien le cas?
M. Lefebvre: C'est vrai, oui. 17 000, selon le dernier
recensement.
Mme Harel: J'étais contente de vous entendre expliquer
à mon collègue de Laporte que, parmi les facteurs importants qui
expliquaient le coût au kilomètre, il y avait notamment le fait
qu'il n'y avait pas de congestion, que ce n'était pas un centre-ville de
la même importance qu'une métropole et que les autobus pouvaient y
circuler avec une rapidité qui avait des conséquences sur les
coûts.
Tantôt vous sembliez privilégier le transport léger,
donc, le véhicule automobile. Plusieurs fois durant la soirée,
vous y avez fait allusion en disant que c'est un choix, qu'on ne pouvait pas
forcer les individus, nos concitoyens, à choisir le transport en commun,
mais on peut quand même - c'est effectivement un choix d'avoir une, deux,
trois ou quatre autos dans son garage - dire que c'est un choix de
société de consacrer ou non des sommes importantes au
réseau routier, au stationnement. C'est un choix qu'une
société peut décider de faire, qu'une collectivité
peut décider de ne pas faire.
Vous avez fait un énoncé qui est très juste suivant
lequel plus on offrait de services, plus cela coûtait cher en
déficit. Donc, en fait, plus il y a de services dans une région
donnée, je prends, par exemple, la Communauté urbaine de
Montréal, plus cela peut coûter cher en déficit et on est
face à un service public, je dirais, presque complètement
différent des services publics qu'on connaît habituellement. Si on
pense, par exemple, au service des pompiers dans une ville comme Laval ou
Montréal ou dans n'importe quelle municipalité au Québec,
il sera légitime d'avoir comme objectif de diminuer les risques
d'incendie et on peut faire adhérer l'ensemble d'une collectivité
à un objectif qui est, par exemple, la diminution des incendies dans sa
municipalité, donc, la diminution du service public en vue d'une
rationalisation des dépenses également.
C'est aussi le cas pour la santé. On peut souhaiter
légitimement utiliser le moins possible les services de santé
dans une société, puisque c'est un indice de bonne santé.
C'est la même chose pour les médicaments. Mais, à la
différence de tous ces services dits publics, dans le cas du transport
en commun, c'est exactement l'inverse. On souhaite, contrairement à
l'ensemble des autres services, que les usagers augmentent, que nos concitoyens
l'utilisent. C'est un choix de société ou cela ne l'est pas.
J'ai écouté très attentivement, j'ai aussi
trouvé cela intéressant, mais j'ai l'impression que c'est un
choix différent de société que vous faites à
l'intérieur du mémoire que vous présentez devant la
commission.
M. Lefebvre: Je pense, Mme la députée, que nous ne
nous sommes pas compris. Quand j'ai parlé de transport léger, je
parlais de l'autobus face au métro ou au rail. Je parle du taxi
communautaire face au gros autobus. Je parle du minibus face à
l'autobus. C'est ce que j'entendais par le choix d'un transport léger.
Je ne voulais pas préconiser par là l'utilisation de la voiture
automobile particulière comme mode de transport. Cependant, vous et moi
devrons admettre que, contrairement aux services de la santé ou de
l'éducation qui sont des services à portée universelle, le
transport en commun ne l'est pas.
Je pourrais vous donner rapidement, puisque M. Chapleau pourrait me le
donner, le nombre de personnes qui voyagent à Laval. Je pense que c'est
150 000 et nous n'avons que 30 000 usagers de l'autobus, ce qui veut dire 20%,
un cinquième. C'est donc loin d'être universel. Bon. Que le
gouvernement décide de privilégier, par ses politiques, et
d'amener des gens, bien sûr, c'est son choix, c'est légitime.
Cependant, je vous dis qu'on a du chemin à faire, vous et moi, avant de
convaincre tout ce monde. On a beau augmenter le prix de l'essence, on a beau
augmenter le prix du péage, on a beau augmenter le prix de l'automobile,
il reste que ce sont des habitudes de vie qui ont été
créées, ce sont des choix particuliers. Dans une
société libre, il restera toujours des gens qui
résisteront. C'est un peu comme la taxe imposée aux fumeurs. Que
voulez-vous? À chaque augmentation, je me dis: J'arrête de fumer.
Mais, à 53 ans, je continue de fumer un paquet et demi par jour. Je suis
sûr que dans cette salle il y en a qui se disent: II est imbécile,
il court à sa perte. Que voulez-vous? C'est "ma" perte.
Mme Harel: Une dernière réflexion, M. Lefebvre. Si
toutes ces désincitations ne donnent pas d'effet - vous les avez
énumérées: la taxe sur le transport, le
péage, etc. - pourquoi ne pas penser à inciter à
l'utilisation, par un bon service, bien intégré et bien
adéquat, de transport en commun?
M. Lefebvre: C'est ce que je vous mentionnais dans mon
mémoire, madame. Cette approche est totalement philosophique. On s'y
laisse prendre alors que les faits ne nous donnent pas raison du tout. Vous
n'avez qu'à regarder l'augmentation du kilométrage offert
à Laval, sur la rive sud, ou à Montréal. Même le
métro, à Montréal, n'a pas substantiellement
augmenté sa clientèle. Vous atteignez un point de saturation. Je
pense que l'exemple le plus évident s'est passé sur la rive sud
où, avec une augmentation d'environ 120%, en termes d'offres de
services, on a eu une augmentation des passagers de 70%.
À Montréal, malgré les réductions de la CAM,
le transport aux étudiants qu'on n'a pas augmenté depuis je ne
sais pas combien de temps, ils paient un tiers du prix et on n'a qu'une
légère augmentation de la clientèle. Donc - et c'est
peut-être là l'originalité de mon mémoire - il n'est
pas vrai que, même si on donne un service aux deux minutes plutôt
qu'un service aux cinq minutes, vous aurez des passagers en nombre suffisant
pour compenser les coûts que vous entraînez par votre transport aux
deux minutes. Au contraire, vous allez augmenter votre déficit. Si c'est
ce qu'on recherche -et c'est ce que je dis dans mon mémoire -vous avez
le droit de le faire, mais qu'on ne vienne pas pleurer tantôt pour dire
que ça coûte trop cher.
Il faut, en hommes pratiques, en gens pratiques, regarder les faits et
dire: Plus on va augmenter la qualité des services et la quantité
des services, plus grand sera le déficit, donc, la participation du
gouvernement et la participation des municipalités. Il faut donc que les
contribuables soient bien au courant de cette option. C'est tout ce que je dis.
Je ne fais pas de choix. Si, au lieu d'attendre cinq minutes au coin de la rue
on attend quinze minutes, cela ne changera pas la vie de bien des gens, mais
cela va économiser drôlement. C'est une question de choix.
Où place-t-on nos priorités? Est-ce plus important d'arriver dix
minutes plus tôt à la maison ou de se payer d'autres services dans
notre collectivité? Le transport en commun est une des priorités,
mais ce n'est qu'une des priorités, même si elle est importante,
cela, j'en conviens.
Mme Harel: Si je comprends bien, à choisir entre le
développement d'un réseau routier et le transport en commun, vous
choisiriez le transport en commun.
M. Lefebvre: Ce serait trop facile de faire un choix. De toute
façon, vous me permettrez, encore une fois, de nuancer mon approche. Que
voulez-vous? Quand je regarde la zone industrielle chez nous, je me dis que
ça prend un réseau autoroutier parce que les camions ne peuvent
pas prendre l'autobus. C'est bête de même! j'aurai peut-être
moins de gens sur la 440, mais j'aurai toujours des camions et j'aurai toujours
des gens. Que voulez-vous? Je suis venu à Québec et j'ai pris ma
voiture. J'aurais pu prendre l'autobus, c'est bien sûr; cela aurait bien
fait de dire à la commission: Voyez-vous? J'ai commencé, j'ai
pris le transport en commun. C'est un choix.
Des réseaux autoroutiers, c'est un choix gouvernemental. Vous me
permettrez, tant que je ne me ferai pas élire comme député
-et je n'ai pas l'intention de me présenter demain, je suis pas mal
comme cela - de vous dire: Faites vos choix. Nous allons vivre avec. Bien
sûr, à partir du moment où le gouvernement a
décidé que le territoire agricole de Laval était d'une
importance telle qu'on devait le préserver, cela a changé nos
plans et on va vivre avec cela. (23 h 45)
À partir du moment où le ministre a décidé
d'investir moins dans les autoroutes et plus dans le transport en commun, il
nous a coupé des bouts d'autoroute dans Laval, M. le ministre. Il y a
des choses qui retardent un peu, mais cela ne nous empêchera pas de nous
rendre au 31 décembre en même temps et on va fêter Noël
de la même façon. On a changé d'optique et il y en aura
peut-être d'autres qui changeront d'optique, mais on va vivre avec cela.
C'est le lot des administrateurs municipaux de vivre selon les décisions
gouvernementales. On les critique... Comme avocat, j'ai toujours eu l'habitude
de "sacrer" mon juge pendant 24 heures quand je perdais un procès, mais
le lendemain je l'aimais bien.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, à la fin de cette
brillante performance du jeune politicien de Laval, comme il se
décrivait lui-même - ce que je mets en doute - je voudrais
simplement...
M. Bourbeau: Qu'il soit jeune ou qu'il soit brillant?
M. Clair: Non, non, non. Qu'il soit jeune politicien, par la
présentation qu'il nous a faite.
M. le Président, je voudrais dire que ce que je retiens surtout
de la présentation du maire de Laval, par-delà certains
désaccords quant à certains éléments de la
réforme - et cela peut en même temps répondre au
député de Notre-Dame-de-Grâce et à ses
préoccupations légitimes quant à l'urgence d'agir - ce que
je retiens, c'est que vous êtes d'accord pour dire qu'il y a urgence
d'agir sur un certain nombre de points: le contrôle des élus
locaux, l'intégration tarifaire, un meilleur contrôle des
coûts, ménager des possibilités autres que les moyens de
transport les plus lourds et tendre par tous les moyens de limiter la
croissance des coûts. Je pense qu'on s'entend pour dire que non seulement
cela est souhaitable, mais que c'est même urgent de le faire. Le plus
tôt sera le mieux.
Je voudrais donc vous remercier d'avoir accepté d'être
présent jusqu'à une heure aussi tardive à cette commission
parlementaire et vous assurer également que tous les commentaires que
vous avez faits seront pris en compte dans les recommandations que je ferai au
gouvernement pour la suite des événements. Je vous remercie.
M. Lefebvre: M. le Président, MM. les
députés, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je vous remercie, M. le maire.
J'invite maintenant... Il y a une entente, je crois - si l'Opposition
veut en discuter - pour qu'on entende les gens qui sont ici depuis ce matin. Ce
sont les représentants de l'Association des propriétaires
d'autobus du Québec et aussi ceux de l'Association du transport
écolier du Québec. On m'informe que ces deux groupes ne liront
pas leur mémoire, mais qu'ils pourront peut-être prendre cinq
minutes pour le résumer et qu'à partir de ce moment-là on
pourrait, tout en ayant le consentement des membres de la commission,
dépasser quand même minuit.
M. Bourbeau: Un mot.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Quant à nous, il n'est pas question de
vouloir raccourcir votre temps ou tenter de vous enlever la possibilité
d'exprimer votre point de vue, mais si jamais votre intention était de
lire au complet le mémoire et de faire une très longue
discussion, on suggérerait, quant à nous, d'ajourner à
demain afin de vous donner l'occasion d'être mieux entendus, parce qu'il
est exclu qu'on puisse continuer jusqu'à deux ou trois heures du matin.
La commission doit se réunir demain pour encore douze heures d'audition
et à ce rythme le combat va cesser faute de combattants, à un
moment donné. Si vous êtes d'accord pour faire une
présentation sommaire, nous sommes d'accord aussi pour y aller
rondement. Sinon, on ajourne à demain.
Le Président (M. Boucher): Alors...
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
M. Poliquin (Guy): En fait, le mémoire, quant à
nous, est déjà très court. Je peux peut-être
simplement aller aux éléments principaux. Nous
représentons l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec qui regroupe l'ensemble des transporteurs en commun
privés. C'est tout simplement pour dire que la commission parlementaire
a intéressé grandement l'entreprise privée. Elle a vu
qu'il y a une possibilité pour l'entreprise privée d'être
éventuellement impliquée, entre autres, dans de ce que
prévoit particulièrement la proposition gouvernementale pour
desservir les municipalités du groupe D, en particulier. Si,
éventuellement, les municipalités, les comités de
transport locaux ou les MRC, selon ce qu'on prévoit dans la proposition
gouvernementale... Quoique nous croyons qu'il serait plus facile,
éventuellement, selon les corridors de transport, de rencontrer les
transporteurs en commun qui déjà sont impliqués au niveau
de ces différentes localités.
L'autre point que nous aimerions souligner: étant donné
que la plupart des transporteurs en commun privés sont impliqués,
surtout dans la zone D, si je prends les régions
périphériques de Joliette, Valleyfield ou vers Saint-Jean,
Farnham et Sorel, il y a un grand intérêt chez les transporteurs
privés. On croit que, particulièrement dans le contexte actuel -
on l'a souligné à M. le ministre récemment - il y a
déjà certains problèmes de rentabilité au niveau
des transports interurbains. Nous croyons, à ce niveau-là, qu'il
y a peut-être une formule qui serait intéressante pour en arriver
à rentabiliser certains services qui sont plus ou moins rentables ou qui
offrent des difficultés d'exploitation. Dans ce contexte, nous croyons
que les entreprises privées, sur place, devraient être
privilégiées; tout au moins dans les contacts qui pourraient
s'opérer dans les cas où les comités de transport locaux
ou les corridors impliqués tentent une première approche.
Et là, je rejoins, en tout dernier lieu, une remarque du maire de
Laval, tout à l'heure, que j'ai particulièrement
appréciée à savoir que les élus municipaux, les
municipalités devraient, à un moment donné, pouvoir
évaluer correctement les besoins du transport en commun de leurs
populations.
La dernière remarque que nous faisons dans notre mémoire
est qu'évidemment l'entreprise privée est
intéressée à fournir des services, mais elle le sera dans
la
mesure où les services seront bien déterminés,
où on pourra faire, éventuellement, une évaluation
appropriée des services à donner. Car la proposition
gouvernementale prévoit que, surtout pour les services interurbains,
ceux-ci devraient s'autofinancer; et on dit que cela ne doit pas être
à la charge des contribuables ou des municipalités.
Or, dans ce contexte, il va de soi que l'évaluation des besoins
devra se faire pour permettre à l'entreprise privée d'y trouver
un intérêt valable. Il est certain que si déjà
l'entreprise privée a certaines difficultés, il faudra que les
services puissent arriver à trouver eux-mêmes leur propre
rentabilité. Or, en gros, nous croyons que l'entreprise privée
peut certainement offrir des services valables à la population du
Québec. Elle peut certainement le faire à meilleur coût
qu'une commission de transport qui n'a peut-être pas les systèmes
administratifs que possèdent souvent ces organismes. Pour ce qui est des
régions périphériques, la plupart des transporteurs ont
déjà des infrastructures sur place. Il y avait aujourd'hui au
moins une dizaine de transporteurs privés, des régions que j'ai
mentionnées tout à l'heure, qui étaient présents
ici. Cela démontre, de façon certaine, l'intérêt
pour l'entreprise privée de collaborer à l'entreprise de
transport en commun au Québec.
J'ajoutais justement dans le mémoire à l'effet que nous
sommes heureux qu'il y ait encore une place pour l'entreprise privée au
Québec. Ce sont les principaux éléments sur lesquels nous
avons basé notre mémoire.
Le Président (M. Boucher): Merci, Me Poliquin. M. le
Ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. Je voudrais remercier
l'APAQ et Me Poliquin de leur intérêt à la question du
transport en commun dans l'agglomération montréalaise, de
même que de leur appui, finalement, à au moins une des parties de
la proposition gouvernementale qui les concerne davantage, à savoir
d'avoir recours davantage à l'entreprise de transport en commun
privée pour un territoire qui est actuellement desservi par des
transporteurs publics, mais qui nous apparaît être difficile de
continuer puisque, à toutes fins utiles, on a actuellement une politique
de facto de deux poids deux mesures puisque certains transporteurs dits
publics, assurant du transport interurbain, voient leurs déficits
subventionnés, alors que des transporteurs publics dits privés,
ne connaissent pas de telle formule d'aide financière.
Je vous remercie de votre appui sur cette position. Je voudrais rassurer
des gens qui sont actuellement desservis par Métro Sud ou par
Métropolitain Provincial, en leur disant que l'objectif que le
gouvernement poursuit, ce n'est absolument pas de réduire la
qualité du service ou de les abandonner à leur sort et de faire
disparaître le transport en commun, il est possible d'aller vers les
transporteurs privés pour offrir une aussi bonne et peut-être
même une meilleure qualité de service, en rationalisant des
circuits ou parfois simplement en permettant de desservir des populations sur
le territoire desquelles les autobus privés circulent.
Ma seule et unique question sera la suivante. Cela va présenter
des complications juridiques réelles que de se tourner, pour ces
corridors de transport, vers des transporteurs privés, en termes de
permis, en termes de conventions collectives, vous avez souligné
l'article 45 de la loi, le Code du travail, etc., en tenant pour acquis que ces
dispositions, l'Assemblée nationale devra, si elle accepte la
proposition que je fais, trancher certaines de ces questions. Mais il y en a
une qui demeure dans mon esprit.
Pour "opérationnaliser", de la façon la plus intelligente
possible, le transfert vers l'entreprise privée de certains corridors,
comment pensez-vous qu'il est préférable que cela fonctionne?
Deux grandes possibilités: une première, c'est que la Commission
des transports du Québec, la CTQ, soit mandatée pour tenir des
audiences pour savoir quel est le transporteur privé qui est le plus
apte à offrir le meilleur niveau de service possible entre, supposons,
Saint-Hyacinthe et Montréal; qu'il dépose sa structure tarifaire,
sa structure de coûts, etc. C'est donc une première
possibilité. La CTQ tient des audiences et décide, parmi les
différents transporteurs intéressés à obtenir un
permis lequel offrirait le meilleur service au meilleur coût, dans une
situation financière saine. Ou une autre possibilité, c'est que
les corridors de transport, constitués en conseils locaux de transport
puissent négocier, de par la loi - parce qu'ils y seraient
autorisés -des contrats de service étendus sur cinq, six ou dix
ans, avec les transporteurs privés de leur choix. Voilà deux
possibilités bien différentes d'"opérationnaliser" le
transfert vers l'entreprise privée en contrats de service entre un
groupe de municipalités et un transporteur privé, après
l'établissement d'un devis de transport, savoir ce qu'ils veulent,
à quel prix et à quelle fréquence ou, l'autre avenue, la
Commission des transports du Québec qui tient des audiences.
Est-ce que vous voyez une autre avenue? Et si ce sont les deux
principales, à très grands traits, quelle est celle qui vous
apparaît la plus souhaitable?
M. Poliquin: Nous avons étudié la proposition
gouvernementale récemment en comité, qui impliquait la plupart,
pour ne pas dire tous les transporteurs de la région concernée
ainsi que les deux possibilités que vous soulevez, par un transfert
éventuel de
permis par la CTQ et un contrat de service.
Un élément important pour l'entreprise privée,
c'est de faire en sorte que les coûts qu'elle pourrait investir pour
l'exploitation d'un service quelconque puissent s'amortir sur une
période suffisamment longue pour faire en sorte que l'expérience
soit valable.
À ce propos, les opinions allaient dans le sens que
peut-être le transfert d'un permis est peut-être la meilleure
garantie pour un transporteur d'une certaine pérennité, de la
continuité d'un service et, aussi, de l'amortissement
d'équipements, autant matériel physique que matériel
humain. (minuit)
Évidemment, nous savons déjà que cette approche
est, sinon contestée, contestable, puisqu'on dit dans certains cas: Nous
avons déjà exproprié nombre de ces services, nous ne
voudrions pas nous retrouver à brève échéance dans
une situation qu'on vient de vivre ou qu'on a vécue il y a quelque
temps. Sans engager les transporteurs, à ce moment-là, la
possibilité d'un contrat de service devient peut-être plus
réalisable et plus flexible aussi, d'une certaine façon.
Des transporteurs ont même émis l'idée, parce que
dans l'exploitation d'un service de transport les investissements sont de plus
en plus coûteux... J'ai été présent toute la
journée et on se rend compte qu'à toutes fins utiles les
équipements ne sont vraiment utilisés qu'aux périodes de
pointe. Or, est-ce qu'un transporteur acquerra, surtout dans le cas de
transport interurbain, des équipements qui valent actuellement
approximativement de 175 000 $ à 200 000 $ pour effectuer des services
uniquement aux heures de pointe? Cela semble peu probable.
À ce niveau-là, nous souhaiterions pouvoir rencontrer
peut-être les comités locaux pour pouvoir étudier à
fond les possibilités qui seraient les meilleures à la fois pour
les populations de ces régions et pour les transporteurs, car ceux-ci
seront hésitants à consacrer vraiment des sommes importantes dans
l'implantation, par exemple, d'un service entre Saint-Jean et Montréal.
Ils seraient obligés de mettre plusieurs véhicules pour
répondre vraiment à la demande ou, tout au moins, pour
répondre à la demande qui existe ou au service offert
actuellement.
On ne voit pas de solution qui répondrait de façon
spécifique à la question que vous me posez, mais nous sommes
certainement ouverts à regarder cela avec les municipalités
concernées, si elles désirent effectivement requérir les
services de l'entreprise privée, afin de trouver des façons
pour...
On est même allé - je me souviens très bien de la
présentation qui a été faite du diaporama... On pourrait
ouvrir, à un moment donné, des services à certains
transporteurs qui sont concurrents ou qui ne peuvent pas donner de services sur
certains circuits actuellement. Si on prend, par exemple, le sud de
Montréal, plusieurs transporteurs desservent des régions de
Montréal via Saint-Hyacinthe, etc. Plusieurs transporteurs peuvent
être appelés à passer par les mêmes endroits. Il
pourrait même y avoir des possibilités que ces transporteurs, qui
n'ont pas le droit actuellement de transporter des personnes sur ces parcours,
puissent éventuellement avoir ce droit, mais qu'ils soient
peut-être plusieurs à le faire en même temps. Cela leur
éviterait possiblement d'acquérir de l'équipement
additionnel et leur permettrait de rentabiliser les services qu'ils donnent
actuellement avec une certaine perte ou qui sont plus ou moins rentables.
La proposition que nous vous faisons c'est que - nous n'avons pas eu le
temps, nous avons pris connaissance de la proposition il y a quelques semaines
à peine - nous sommes très intéressés à
pouvoir en discuter avec les interlocuteurs.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Au nom de mon collègue et en mon nom, je veux
vous remercier de ce mémoire qui est très clair. Je n'aurai
qu'une seule question à vous poser et qui touche indirectement votre
mémoire. Vous avez mentionné à plusieurs reprises la
question de la rentabilité. Je veux vous poser une question concernant
un échange qui a eu lieu ce soir entre le maire de Laval et le ministre.
Le maire de Laval a mentionné que cette augmentation de la taxe sur
l'essence va lui coûter 600 000 $ cette année. Le ministre a
répondu: Oui, mais c'est seulement 2% des coûts totaux de
d'exploitation.
Nous avons un grand intérêt dans le fonctionnement des PME
au Québec, dont votre groupe fait certainement partie, et j'ai
été un peu surpris d'entendre qu'une augmentation de 2% du
coût total de fonctionnement des compagnies de transport serait un
coût additionnel négligeable. J'ai une certaine expérience
des PME et je dois vous dire que si je devais encourir une augmentation de 2%
dans mes coûts sur un seul élément, pour moi, ce serait un
coût additionnel très important. Je présume que le ministre
connaît la rentabilité des compagnies de transport et que leurs
profits sont très élevés pour que ces 2% ne soient pas
importants.
Je veux savoir, à votre avis, quelle est la marge de profit
moyenne des compagnies qui font partie de votre groupe. Est-ce très
élevé? Est-ce plus élevé que 2%? Pouvez-vous
accepter de telles augmentations sans problème? Est-ce vraiment une
augmentation négligeable?
M. Clair: M. le Président, je voudrais juste donner un
élément d'information au député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui ne connaît probablement pas le
règlement du transport sur cette question. Si ma mémoire est
fidèle - vous me corrigerez, Me Poliquin les augmentations de l'essence
se répercutent immédiatement dans la tarification en vertu de
l'ordonnance 17, je pense, du transport en commun. Alors, cela n'affecte
pas...
M. Scowen: Je...
M. Clair: Je ne veux pas répondre à la place de M.
Poliquin, ce n'est qu'un point d'information que je voulais donner au
député. En matière de transport en commun public, c'est
effectivement absorbé soit au niveau du déficit, soit au niveau
d'une éventuelle augmentation des tarifs alors que dans le cas des
transporteurs privés - Me Poliquin me corrigera - je pense que c'est
immédiatement transféré dans la tarification.
M. Scowen: Si vous me le permettez, M. le Président, il
faut que je précise davantage ma question. Je comprends très bien
que vous passiez immédiatement ces coûts sur le dos des
consommateurs, cela ne vous coûte rien, cela va de soi. La question que
je pose est de savoir si vous êtes capable d'absorber un coût de
cette envergure, que le ministre a qualifié de négligeable. Je me
demande si c'est vraiment un coût additionnel négligeable quand on
parle de 2% de vos coûts de fonctionnement totaux. Si vous avez le droit
de le passer sur le dos des consommateurs, tant mieux, mais ce n'est pas
là ma question.
M. Poliquin: M. le député, je peux vous dire, dans
le secteur du transport en commun, que nous avons obtenu de la Commission des
transports du Québec, en 1974, une surcharge. Chaque fois qu'il y a une
augmentation du coût du carburant, les transporteurs en commun obtiennent
automatiquement une surcharge de la tarification. Pour vous donner un ordre
d'appréciation de la surcharge sur le carburant, depuis 1974, la
surcharge imposée sur le carburant est maintenant, à partir du
1er octobre, autour de 30%. Il y a donc 30% de plus qui sont chargés au
tarif régulier autorisé par la Commission des transports du
Québec. Cela représente quand même des montants assez
considérables. L'effet qui s'ensuit veut qu'à chaque fois qu'il y
a surcharge du carburant c'est l'effet habituel qui se reproduit dans tous les
modes de transport, cela engendre évidemment une diminution de la
clientèle. On arrive dans une espèce de cercle vicieux. C'est
pourquoi nous réclamions déjà, depuis un certain temps,
une étude sur le transport en commun interurbain, parce que, justement,
à force de demander des augmentations de taux, le service devient de
moins en moins rentable, on perd de plus en plus de passagers, on coupe les
horaires et, finalement, on en arrive à des services qui deviennent de
plus en plus difficiles à faire fonctionner. C'est peut-être dans
ce sens que la proposition gouvernementale peut répondre, tout au moins
dans la région métropolitaine de Montréal pour le secteur
D, à la possibilité d'aller récupérer un certain
nombre de passagers.
M. Scowen: En fait, quant à vous, la déclaration du
ministre dans le sens que ce sont des augmentations négligeables, ce
sont peut-être de petites exagérations, vous les avez
qualifiées de très considérables. Je veux simplement
comprendre, parce qu'on est devant la situation où la vie de nos PME est
en jeu.
M. Clair: Portez donc vos jugements vous-même et laissez
les autres porter les leurs plutôt que d'essayer de...
M. Scowen: C'est exactement ce que je vais faire.
M. Clair: ... leur arracher des choses qu'ils n'ont pas
l'intention de vous dire, de toute façon.
M. Poliquin: M. le député, je pourrais vous
répondre que nous avons demandé récemment, peut-être
pour encourager le transport en commun dans les entreprises privées de
type transport interurbain et, de façon générale,
l'entreprise privée dans le transport en commun, d'être
peut-être exemptés ou d'avoir des allégements au niveau de
la taxe sur le carburant. C'est sûrement une mesure - si on
évitait d'augmenter régulièrement les taux - qui
amènerait probablement un avantage - nous le croyons - au niveau de la
clientèle à transporter.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom des membres de la
commission, je remercie les représentants de l'Association des
propriétaires d'autobus du Québec.
M. Poliquin: On vous remercie de nous avoir entendus.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie et
j'inviterais immédiatement l'Association du transport écolier du
Québec.
Association du transport écolier du
Québec
M. Saucier (Yvon): Yvon Saucier, président. MM. les
membres, ceux qui
m'accompagnent sont le secrétaire général de
l'association, M. Charlebois, et le secrétaire, M. Jean-Paul
Prévost.
Le Président (M. Boucher): Tel qu'entendu, avez-vous
l'intention de résumer votre mémoire?
M. Saucier: Oui, je pense que, compte tenu de l'heure, tout le
monde est un peu fatigué.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu de l'heure.
M. Saucier: On va laisser aux autres le soin de lire le
mémoire qu'on vous a présenté, qui n'est pas tellement
long quand même, mais qui s'appuie sur... D'abord, je tiens à vous
remercier d'avoir bien voulu accepter qu'on vous présente un
mémoire, et dans un esprit positif. Ce que nous disons dans notre
mémoire, en fait, ce que nous résumons, c'est que nous avons 3000
autobus scolaires dans la périphérie de Montréal qui, en
passant - je m'excuse - ne sont pas des périls jaunes. Je pense bien que
tous ces autobus transportent une cargaison, comme il y en a qui disent, mais
je pense plutôt qu'ils transportent ce qu'il y a de plus précieux
chez nous, nos enfants. Ces 3000 véhicules sont disponibles pour appuyer
les organismes publics de transport en commun dans la région. Donc, les
transporteurs d'écoliers sont prêts à discuter de la
proposition que vous venez de soumettre, M. le ministre, mais je déplore
une chose. L'on considère votre proposition, mais je déplore que
le gouvernement ne s'appuie pas autant qu'il le devrait sur l'immense flotte
d'autobus scolaires qui est en service actuellement et qui a
démontré, depuis de nombreuses années, sa
rentabilité au point de vue des services fiables et sécuritaires
qu'elle fournit. Cette flotte d'autobus scolaires qui est au service de nos
enfants, c'est-à-dire des écoliers, pourrait servir en dehors des
heures de transport scolaire pour l'ensemble de la population comme service
d'appoint, comme service de transport en commun d'appoint.
Il est évident qu'on ne pourra jamais la remplacer, entre 7
heures et 9 heures du matin, et souvent la moitié le midi et le soir,
entre 15 heures et 17 heures. Il y en environ 800 000 étudiants au
Québec qui sont transportés à ces heures-là, mais
ce qu'il faut bien regarder dans notre mémoire, c'est que, par le fait
même que c'est un transport exclusif d'écoliers, à
l'extérieur de ces heures, il est certain que les véhicules
pourraient servir à aider le transport en commun et servir comme
transport d'appoint. Je pense que c'est très important. (0 h 15)
On a entendu, tantôt 3,09 $ le kilomètre. Nous autres,
c'est 0,39 $ le kilomètre. Il y a une grande différence. Donc, le
coût pourrait facilement, de notre côté - il faut regarder
du côté des finances, un jour ou l'autre - être plus
rentable dans le sens de nous aider à défrayer le coût
d'immobilisation et de l'autre côté - de votre côté -
ce serait beaucoup moins cher de faire transporter les gens qui, entre 9 heures
et 11 heures ou midi, ont besoin d'un transport d'appoint par un autobus
scolaire. D'ailleurs, cela a été prouvé dans des endroits
où les transporteurs ont pu réussir à faire du transport
d'appoint à un coût bien inférieur à 3,09 $ du
kilomètre. Il est évident qu'un investissement de 30 000 $
contrairement à 100 000 $, etc. est pas mal moins cher.
Dans votre proposition, M. le ministre, on remarque qu'on ne semble pas
vouloir demander l'appui de ces 9000 véhicules dont 3000 dans la
région de Montréal. On ne semble pas demander cet appui pour en
venir réellement à faire qu'on réussisse, ensemble,
à transporter une population qui a besoin d'un moyen de transport. Ils
sont avec vous, mais je pense que la meilleure réforme est de maximiser
l'utilisation des équipements disponibles pour le transport de la
population de la région de Montréal qui va s'étendre
également dans d'autres régions. Nous sommes convaincus que le
gouvernement économisera beaucoup en intégrant le public au
scolaire et non l'inverse, dans le sens qu'on ne peut pas actuellement, aux
mêmes heures, intégrer le public au scolaire, parce qu'au
scolaire, actuellement, les autobus sont pleins. On voyage 800 000
écoliers tous les jours aux heures de pointe. Il y a des heures de
pointe qui sont pour le public et qui sont également pour le scolaire.
Si on dit: On change l'autobus scolaire pour un autobus de ville, cela va
coûter beaucoup plus cher. Donc, cela ne peut pas fonctionner, en tout
cas, au point de vue de la rentabilité. On a donc une clientèle
qu'on voyage à un coût très bas actuellement, mais en
dehors de ces heures, on vous dit: Pourquoi ne pas utiliser nos
véhicules scolaires qui ont fait leurs preuves au point de vue du
fonctionnement et de la sécurité? Je vous pose la question.
C'est l'essentiel de notre mémoire, MM. les membres de la
commission. Je pense qu'il est très important que vous vous attardiez
à faire réellement une utilisation maximale des véhicules
qui sont actuellement prêts à donner un service.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Saucier. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je n'aurai pas de questions, je
n'aurai qu'un commentaire parce que, fondamentalement, en regard des
préoccupations d'utilisation de polyvalence des autobus scolaires, je
pense
que M. Saucier et les membres de l'ATEQ savent à quel point je
les partage. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a eu la publication
d'un livre blanc l'année dernière sur cette question. Les trois
mesures de polyvalence, à savoir le transport en commun d'appoint, la
charte-partie et la possibilité pour les adultes de monter à bord
des autobus scolaires sur les circuits réguliers lorsqu'il y a de la
place, ces trois mesures devraient être en vigueur dans les très
prochaines semaines, compte tenu un peu, d'ailleurs, de la longueur des travaux
de cette commission, puisque je ne peux pas faire avancer tous les dossiers en
même temps. Je partage totalement cet objectif.
La seule raison, dans le fond, pour laquelle on n'a pas traité,
dans le document, de la polyvalence du grand potentiel qui est offert dans la
grande région de Montréal, dans le territoire D, en particulier,
la seule raison pour laquelle on n'en a pas traité, c'est que nous
pensons encore plus grand, dans le sens que ce qui est vrai pour cette
région est vrai pour l'ensemble du Québec. C'est la raison pour
laquelle on a voulu décloisonner le transport scolaire, les
transporteurs scolaires, sur l'ensemble du territoire et non pas se limiter
seulement à la région de Montréal. D'ailleurs, je dois
vous dire qu'à l'occasion de rencontres privées que j'ai eues
avec certaines municipalités de la région de Montréal,
effectivement, certaines municipalités envisagent de recourir à
des transporteurs scolaires pour du transport en commun d'appoint. Je pense que
le plus rapidement on pourra adopter la réglementation
consécutive à la réforme du transport scolaire, le plus
rapidement on pourra maximiser l'utilisation de cette flotte énorme
d'autobus scolaires. C'est la plus importante flotte d'autobus au
Québec, avec au-delà de 8000 autobus. Je pense qu'on aura fait un
pas de géant dans la meilleure utilisation des ressources existantes, ce
qui contribuera, comme M. Saucier le disait, à réduire le
coût du transport scolaire.
Afin de répondre d'avance à la question de mon
collègue, le député de Notre-Dame-de-Grâce, quant
à l'effet de l'augmentation de l'essence, le gouvernement a consenti -
je le fais à titre de commentaire, je ne veux pas lui enlever sa
question, mais je veux juste l'éclairer sur cette question, il semble
s'y intéresser beaucoup - un réajustement sur l'année
1981-1982. Le transport scolaire était payé par le gouvernement.
Pour ce qui est des années 1982-1983, 1983-1984, 1984-1985, le programme
de financement prévoit, pour la première année, l'indice
des prix à la consommation plus l'indice des prix en transport,
divisé par deux, moins 4% pour la première année, IPT plus
IPC divisé par deux moins trois pour la deuxième, IPT plus IPC
divisé par deux moins trois pour la troisième.
Autrement dit, il y a déjà de prévu, dans le
système de financement du transport en commun, l'ensemble de la
réponse à la question que le député posait
tantôt. C'est certain que c'est un niveau de compression dans le
système du transport scolaire, l'objectif du gouvernement, dans ce
secteur, étant, là aussi, de ralentir la croissance du coût
du transport scolaire, mais de compenser aussi par des mesures de polyvalence
visant à faciliter la rentabilisation des entreprises de transport et
scolaire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Juste un point, M. le Président. C'est
simplement pour féliciter le ministre de nous sensibiliser si vite
à ce problème de la taxe sur l'essence. J'espère qu'il va
en profiter...
M. Clair: Je l'étais bien avant qu'il ne le pense.
M. Scowen: ... pour sensibiliser ses collègues dans les
plus brefs délais.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais faire comme le
ministre, je vais faire un commentaire. Je veux simplement corriger un peu ou
tenter de clarifier ce que vient de dire le ministre en ce qui concerne les
compressions qui ont été appliquées au transport scolaire.
Il n'y a pas eu seulement une compression, il y a eu une double compression. En
utilisant l'indice des coûts de transport plus l'indice des prix à
la consommation divisé par deux, c'est déjà une
compression, parce que ces gens sont régis par l'indice des coûts
du transport; donc, en faisant la moyenne des deux indices, déjà,
au départ, il y a une compression, plus la compression de 4% la
première année, vous subissez une compression à chaque
année, à cause de la moyenne des deux indices, donc c'est
inférieur à vos coûts et, après ça, on ajoute
les compressions additionnelles de 4%, 3% et 3% pour chacune des trois
années. Je pense qu'on doit dire qu'il y a une double compression et que
vous la subissez.
Deuxièmement, par ce que vous indiquez dans votre mémoire,
je comprends -je partage votre opinion - que ce serait ridicule que les
commissions de transport publiques ajoutent des autobus de type urbain à
leur flotte pour faire du transport scolaire intégré, alors que
vous pouvez le faire vous-mêmes, avec vos autobus, à des
coûts inférieurs. Par exemple, à Montréal, on sait
que le coût du kilométrage est de 3,09 $, et
vous le faites pour 0,39 $. Moi aussi je partage votre avis que si les
autobus de Montréal ou des commissions scolaires publiques peuvent le
faire à même les flottes existantes, tant mieux, mais si elles
devaient ajouter de nouveaux autobus, là, ça devient suicidaire
que de faire du transport intégré avec des véhicules
nouveaux, alors que les vôtres sont là et qu'ils coûtent
énormément moins cher de fonctionnement.
Je vois seulement un problème en ce qui concerne la proposition
que vous faites. Dans le livre blanc, on parle de confier à l'entreprise
privée le transport en commun dans les régions hors de la zone
subventionnable. Quand on parle de ce transport, c'est du transport public et
cela a les mêmes caractéristiques que tout transport public en ce
sens que la demande principale est aux heures de pointe. Or, vous dites
justement, dans votre mémoire, que vos véhicules, en
général, ne sont pas disponibles aux heures de pointe, puisque ce
sont les mêmes heures de pointe pour le transport scolaire que pour le
transport des travailleurs. Comment peut-on concilier ce
problème-là puisque vos véhicules ne sont pas disponibles
lorsqu'on en a le plus besoin? Est-ce que cela ne rend pas un peu difficile
l'utilisation de votre flotte d'autobus pour le transport public?
Le Président (M. Boucher): M.
Charlebois.
M. Charlebois (Michel): On a justement prévu pour la zone
centrale de Montréal, pas seulement les zones extérieures C ou D,
on a aussi été dans le coeur même des commissions de
transport actuelles où on offre nos autobus en dehors des heures de
pointe. C'est certain que nous faisons aussi de l'heure de pointe. Si les
commissions scolaires et les municipalités s'entendent pour rationaliser
comme il faut la flotte scolaire en dehors des zones du coeur de
Montréal, on pourra en même temps faire du transport en commun
d'appoint et c'est ce qu'on a toujours préconisé d'ailleurs: de
ratisser les rangs avec nos autobus scolaires, d'amener la population sur les
lignes des transports publics qui sont représentées par l'APAQ,
qui est passée avant nous, et ces autobus publics, le transport public
amènerait ces gens-là au système du transport en commun
des grandes corporations municipales de Montréal, rive sud ou Laval,
dans les heures de pointe. En dehors des heures de pointe, le transport
écolier est disponible.
Les autobus sont là, vous les payez. Ils ne font rien et on
demande de les faire travailler partout, y compris dans le coeur de
Montréal, y compris sur les rues Sainte-Catherine ou Sherbrooke. On ne
fait pas de discrimination, les autobus passent partout.
M. Bourbeau: Justement, M. Charlebois, en dehors des heures de
pointe il n'y a pas de problème d'approvisionnement de matériel
roulant. Toutes les commissions de transport ont un surplus de matériel
en dehors des heures de pointe.
Je pense qu'on peut dire qu'une grande partie des flottes d'autobus des
commissions de transport publiques rentrent dans les garages en dehors des
heures de pointe et ne sont pas utilisées. Je ne vois pas à ce
moment-là comment on pourrait utiliser vos véhicules puisque les
commissions n'utilisent même pas les leurs.
M. Charlebois: Nous disons qu'au lieu d'acheter des
véhicules nouveaux et de payer 3 $ ou 3,09 $ du kilomètre, nous
sommes prêts à le faire pour 0,39 $ ou 0,40 $ dépendant de
l'année en question, avec l'inflation, et d'arriver à dire que
des autobus scolaires compenseront le transport en commun, si le transport en
commun en a besoin. On ne peut pas enlever les autobus publics de
Montréal, mais on dit: Au lieu d'acheter un nouvel autobus pour faire du
transport en dehors des heures de pointe, le transport écolier est
là. Les autobus scolaires sont là aussi à Pointe-Claire,
à Saint-Lambert, ou à toutes les places où un petit
autobus pourrait très bien desservir un quartier ou un coin de
l'île ou du sud de Montréal pour les amener soit au métro
ou en d'autres endroits. Au lieu de payer un gros autobus de 140 000 $ ou 150
000 $ on est là, on est disponible.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, en dehors des heures de
pointe, alors que la demande est faible, plutôt que d'utiliser les gros
autobus qui coûtent 125 000 $ chacun et qui sont, de toute façon,
la plupart du temps presque vides, on pourrait simplement les entrer dans les
garages et utiliser vos véhicules qui coûtent moins cher à
opérer et qui sont moins grands.
M. Charlebois: C'est une suggestion qu'on fait.
M. Saucier: C'est ça.
M. Bourbeau: C'est peut-être un point de vue. Je ne sais
pas si les syndicats des commissions de transport public seraient d'accord,
mais c'est un point de vue qui vaut certainement la peine d'être
examiné attentivement. J'espère que le ministre se penchera
là-dessus dans les meilleurs délais.
M. Clair: M. le Président, le ministre l'a
déjà fait. Soyons de bon compte, il est évident que la
flotte d'autobus scolaires ne pourra jamais remplacer la flotte d'autobus
urbains des commissions de transport qui opèrent présentement.
Nous croyons
cependant sincèrement, et c'est la raison pour laquelle nous
avons enclenché une réforme dans ce sens-là l'année
dernière, qu'en décloisonnant la réglementation pour les
autobus scolaires, en permettant de faire trois choses: du transport en commun
d'appoint, de la charte-partie sur les distances de 200 kilomètres et
moins, et de permettre aux personnes autres que des écoliers de monter
à bord sur les circuits où il y a de la place, on pourra faire
une meilleure utilisation de la flotte existante. De combien? 2%? Je ne dirais
pas que c'est négligeable. 5%? 10%? Peu importe le niveau d'utilisation
qu'on pourrait faire des autobus scolaires en transport en commun d'appoint,
charte-partie sur les circuits réguliers; quelque fraction de
pourcentage qu'on obtiendra d'une meilleure utilisation de l'équipement
existant, ce sera toujours cela de pris.
Quant à nous, il nous est apparu jusqu'à maintenant que
c'est certainement très possible de l'utiliser, surtout dans des centres
de moyenne taille, beaucoup moins, je pense, dans la ville de Montréal,
par exemple. C'est certain que, théoriquement, cela peut
représenter des possibilités. Je m'engage à continuer de
les regarder, mais je pense que c'est dans les régions du Québec
et en périphérie de Montréal que cela présente le
plus de possibilités. (0 h 30)
M. Saucier: J'aurais une chose à vous dire. Actuellement,
il y a la tentation très forte de certaines commissions intermunicipales
ou communautés urbaines de vouloir remplacer les autobus scolaires par
des véhicules de transport urbain. On enlève un autobus scolaire
pour le remplacer par un nouvel autobus urbain; autrement dit, c'est un autobus
additionnel et cela coûte terriblement cher au gouvernement de poser ce
geste. On sait qu'actuellement plusieurs ont déjà commencé
à le faire.
M. Clair: Sur ce point, chaque fois que c'est possible,
fournissez-nous des cas. Il nous paraît évident que l'utilisation
qu'on peut faire du transport urbain dans le secteur du transport
écolier, ça doit être en utilisant les capacités
déjà existantes; lorsque, inversement, il y a avantage d'utiliser
le transport urbain pour les écoliers parce que l'autobus voyage surtout
rempli de travailleurs et de travailleuses dans une direction alors que les
écoliers voyagent dans d'autres sens. S'il arrive que vous ayez des cas
à nous signaler, n'hésitez pas à le faire.
M. le Président, je termine là-dessus. Je remercie
sincèrement les représentants de l'Association du transport
écolier du Québec, avec qui le ministère des Transports
entretient, comme avec l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec, d'ailleurs, des relations suivies, d'avoir étudié
la proposition gouvernementale et de venir nous offrir leur collaboration pour
sa mise en application dans la mesure où ce sera possible. Je vous
remercie, M. le Président.
M. Saucier: Nous vous remercions également et nous vous
souhaitons une bonne nuit.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je vous remercie. Ce matin, nous entendrons d'abord la
Commission de transport de la rive sud de Montréal, qui était
à l'ordre du jour d'aujourd'hui, mais qui, compte tenu du temps, n'a pas
pu se faire entendre. L'ordre du jour du 13 octobre comprend neuf
mémoires que je ne nommerai pas compte tenu de l'heure.
La commission ajourne ses travaux à dix heures, ce matin.
(Fin de la séance à 0 h 33)