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(Vingt heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Gratton): La commission permanente des
transports est réunie avec le mandat d'étudier les crédits
du ministère des Transports. Avec le consentement unanime de la
commission, nous présumons avoir quorum.
Les membres de la commission sont: MM. Blouin (Rousseau), Bourbeau
(Laporte), Clair (Drummond), Desbiens (Dubuc), Gauthier (Roberval), Lachance
(Bellechasse), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Mailloux
(Charlevoix), Middlemiss (Pontiac), Ouellette (Beauce-Nord), Vaillancourt
(Orford).
Les intervenants sont: MM. Assad (Papineau), Baril (Arthabaska),
Beaumier (Nicolet), Caron (Verdun), Grégoire (Frontenac), Maciocia
(Viger), Mathieu (Beauce-Sud), Perron (Duplessis), Rodrigue (Vimont).
Est-ce que la commission voudrait suggérer un de ses membres pour
agir à titre de rapporteur?
M. Clair: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais suggérer que le député de Roberval, M. Gauthier,
puisse agir comme rapporteur.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Bourbeau: M. le Président, si je me souviens bien, vous
avez assisté à une commission parlementaire où on avait
décidé que ces motions étaient débattables. Est-ce
que vous n'avez pas déjà...
Le Président (M. Gratton): J'ai même
déjà assisté à des débats qui ont
duré des jours entiers.
M. Bourbeau: Vous avez été proposé
vous-même, je pense, comme rapporteur; vous connaissez les
qualités requises. Pensez-vous que...
M. Clair: C'est ce qui explique d'ailleurs le fait,
peut-être, qu'il soit aujourd'hui lui-même président de la
commission...
M. Bourbeau: Parce qu'on avait trop vanté ses
mérites...
M. Clair: ... après avoir jaugé ses
capacités et tout cela.
M. Bourbeau: On n'a pas d'objection à ce
moment-là.
Le Président (M. Gratton): Adopté? M. Clair:
Adopté.
Le Président (M. Gratton): Je présume donc que M.
le ministre voudrait débuter par une déclaration d'ordre
général.
Exposés préliminaires M. Michel
Clair
M. Clair: M. le Président, avant de faire cette
déclaration d'intérêt général sur les
principales caractéristiques du budget 1982-1983 du ministère des
Transports, je voudrais, dans un premier temps, présenter aux
collègues les principaux collaborateurs qui m'entourent. Je voudrais
d'abord commencer par le sous-ministre des Transports, M. Pierre Michaud, que
vous connaissez sûrement et à sa droite, mon collègue, le
député de Beauce-Nord, qui, comme adjoint parlementaire est
surtout affecté aux dossiers qui concernent la voirie, à savoir
la construction, la conservation et l'entretien du réseau routier. En
arrière de moi, vous voyez mon chef de cabinet, M. Martin Girard, Mme
Claudine Sotiau, présidente-directrice générale de la
Régie de l'assurance-automobile du Québec, M. Chiricota et M.
Laterreur de la direction de la gestion financière, Mme Louise Roy
attachée politique à mon cabinet, suivant surtout les dossiers de
la région de Montréal, notamment les dossiers du transport en
commun; à sa droite, Mme Yolande Plante et le joli noir que vous voyez
à mon extrême droite, Jean-Pierre Gauvreau. Tous deux comme
attachés politiques, s'occupent en particulier du réseau routier
et de l'ensemble des questions de voirie. À la deuxième
rangée, il y a M. Ferland, l'administrateur de la Commission des
transports, M. André Marcil, président de la Commission des
transports du Québec, M. Marcel Baril, sous-ministre adjoint à
l'administration, M. René Vincent, sous-ministre adjoint à la
planification, à la recherche et au développement, M. Demers, de
la direction de la programmation, M. Jacques Charland, sous-ministre adjoint au
génie, M. Roger
Blais, sous-ministre adjoint à la construction, M. Leblanc, de la
Commission des transports du Québec; il y a également M.
Descoteaux, du transport des personnes, M. André Lavigne, de la
direction de la gestion financière et M. Beaulieu, également de
la direction de la gestion financière. Voilà, pour les personnes
qui m'accompagnent et avec qui j'ai le plaisir de travailler comme ministre des
Transports du Québec.
Avant de procéder à l'étude détaillée
des crédits relatifs à chacun des différents programmes,
je voudrais profiter des premières minutes de la présente
séance pour vous tracer un portrait rapide des principales
caractéristiques du budget 1982-1983 du ministère des Transports
et des interventions majeures que celui-ci entend réaliser au cours de
cet exercice financier dans les différents secteurs d'activité
qui sont sous sa responsabilité.
Le ministère des Transports disposera en 1982-1983 de
crédits totalisant 1 498 692 800 $, de 8770 employés permanents
et d'une enveloppe de 2724 personnes-année occasionnelles. Par rapport
à celui de l'exercice financier précédent, ce budget
représente donc une augmentation de 127 945 900 $, soit 9,3%. Un tel
taux de croissance illustre bien la double préoccupation du
ministère, à savoir contribuer à la réalisation de
l'objectif général de ralentissement du rythme de croissance des
dépenses gouvernementales tout en préservant le rôle moteur
que se doit de continuer à jouer l'un des plus importants
ministères à vocation économique du gouvernement du
Québec et ce, particulièrement dans le contexte économique
difficile que nous vivons actuellement. Il importe donc, et c'est l'un de ses
objectifs prioritaires, que le ministère s'assure de maximiser les
effets d'entraînement qui pourront être
générés par les nombreux investissements directs ou
indirects qu'il entend réaliser au cours de l'exercice financier qui
débute.
Les principales interventions peuvent être regroupées sous
deux volets. Ainsi, je voudrais vous entretenir dans un premier temps des
activités prévues dans les différents domaines des
transports, à savoir: le transport terrestre des personnes et des
marchandises ainsi que les secteurs maritimes et aériens.
Au chapitre de la voirie, qui regroupe les activités
reliées à la construction et à la conservation du
réseau routier québécois, je laisserai à mon
collègue et adjoint parlementaire, M. Adrien Ouellette,
député de Beauce-Nord, le soin de nous exposer les principales
priorités que se donnait le ministère en cette matière
pour l'année financière qui débute.
D'abord le transport en commun. En 1982-1983, le ministère des
Transports entend poursuivre ses efforts en vue de développer des
services adéquats de transport en commun dans les principales
agglomérations du Québec, et tout particulièrement dans la
métropole de Montréal et la grande région de
Montréal. Cette volonté se traduirait par l'octroi d'environ 307
000 000 $ en subventions, en majeure partie versées aux cinq commissions
et aux quatre corporations de transport chargées de l'exploitation des
réseaux en milieu urbain. Ces subventions sont octroyées dans le
cadre du programme d'aide au transport en commun en vigueur depuis le
début de 1980 et dont les principaux volets sont, rappelons-le, les
suivants:
Une subvention de fonctionnement correspondant à 40% des revenus
produits par les activités courantes de ces organismes.
Deuxièmement, un remboursement à 110% des
réductions de tarif consenties à la clientèle
régulière du transport en commun par émission de
laissez-passer mensuels.
Troisièmement, une subvention de 75% aux immobilisations de
nature locale, à savoir: l'acquisition d'autobus, la construction de
garages, etc.
Quatrièmement, une subvention de 100% au développement du
métro de Montréal à compter du moment où seront
honorés les engagements du décret du 4 mars 1981, ainsi
qu'à la création d'infrastructures et d'équipements
à caractère régional.
L'importante augmentation des subventions qui seront ainsi
versées par rapport à celles accordées en 1981-1982, soit
67 000 000 $ ou 28%, s'explique par de nombreux facteurs dont les principaux
ont trait aux augmentations prévues de la clientèle et des tarifs
de différents organismes ainsi que le coût toujours croissant du
financement des immobilisations à cause notamment du haut niveau des
taux d'intérêt.
À cet effet, mentionnons que les prévisions des organismes
pour 1982-1983 font état de 425 000 000 de passagers, dont plus de la
moitié, soit 217 000 000, utiliseraient le laissez-passer mensuel comme
mode de paiement, ce qui permet de constater l'influence positive de
l'implication gouvernementale à ce chapitre.
Quant au prolongement du métro, même si les conditions de
financement actuelles appellent à la prudence et obligent à
réviser le rythme prévu des travaux, mon ministère
s'attend que la Communauté urbaine de Montréal procède
à des investissements de l'ordre de 75 000 000 $ qui seront
subventionnés en fonction de la politique que j'ai déjà
rappelée tantôt. Ces sommes seront affectées au
prolongement des lignes 2, pour le tronçon Bonaventure-du
Collège, et 5, pour le tronçon Snowdon-Saint-Michel.
En matière de développement, l'année 1982-1983
devrait par ailleurs être marquée
par une réflexion sérieuse des différents
intervenants impliqués dans le développement des services de
transport en commun dans l'ensemble de la région de Montréal.
Compte tenu de ses caractéristiques démographiques, le
gouvernement porte en effet un intérêt marqué envers la
région métropolitaine en vue d'y assurer le développement
d'un réseau moderne et efficace de transport en commun. En plus d'y
consacrer une large part des subventions versées dans le cadre de son
programme d'aide, son intervention comporte deux autres volets importants. Le
premier concerne la réalisation des travaux d'infrastructures que l'on
désigne maintenant sous le vocable de "plan intégré de
transport de la région de Montréal" et qui implique, outre le
prolongement du métro souterrain, la création de deux lignes de
métro de surface et la modernisation de certaines lignes de trains de
banlieue. Le second consiste en la mise en place des différentes
modalités d'application de l'intégration interzonale et
intermodale.
Sans remettre en question pour autant son choix fondamental de
privilégier le transport collectif en milieu urbain, le gouvernement a
senti le besoin, devant l'importance des moyens à mettre en oeuvre,
d'amorcer au cours des derniers mois une réflexion d'ensemble dans le
but d'inscrire ses interventions dans une perspective à plus long terme.
Cette réflexion a été alimentée par les principaux
éléments de problématique qui caractérisent le
cadre financier et institutionnel propre à ce secteur, savoir:
Premièrement la hausse marquée du coût des
transports au cours des dernières années, laquelle s'est traduite
par une augmentation moyenne annuelle de 16% dans le domaine des transports
collectifs et dont les principaux facteurs explicatifs sont l'augmentation
rapide du coût de l'énergie, les hauts taux
d'intérêt, la croissance de la masse salariale,
l'amélioration des services offerts ainsi que certaines
déficiences au chapitre du contrôle des coûts.
Deuxièmement, la perspective de voir ces coûts atteindre
près de 1 000 000 000 $ en 1985, ce qui exercera une pression
énorme sur les trois partenaires financiers actuels du transport en
commun, soit le gouvernement du Québec, les municipalités et les
usagers, alors que tous trois voient leur capacité financière
déjà fortement sollicitée.
Troisièmement, la présence aussi bien au niveau local que
gouvernemental de plusieurs intervenants se partageant des
responsabilités souvent ambiguës et parfois même
conflictuelles.
Enfin, l'absence d'une véritable structure d'encadrement
permettant d'apporter des solutions régionales à certains
problèmes relatifs à la planification et à l'exploitation
de certains réseaux.
Au cours des prochains mois, le gouvernement entend donc élargir
le débat aux différents intervenants du milieu en leur soumettant
certaines avenues de solution et en espérant dégager les plus
larges consensus possible, de façon à relever le défi que
posent la planification et le développement de cet important secteur au
cours des prochaines années de transport en commun. (20 h 45)
Comme il l'a fait en 1981-1982, mon ministère entend jouer un
rôle actif en ce qui concerne le développement et l'adaptation de
services de transport à l'intention des personnes handicapées. Il
est en effet prévu que des crédits de l'ordre de 9 000 000 $
seront affectés au programme d'aide en vertu duquel le ministère
offre aux organismes publics de transport en commun et aux municipalités
non desservies par un tel organisme, une subvention annuelle correspondant
à 75% des frais encourus pour assurer un service de transport aux
personnes handicapées. La subvention ainsi consentie augmenterait du
double par rapport à celle versée en 1981-1982. Un tel
phénomène s'explique par le fait que tous les organismes de
transport en commun participent maintenant à ce programme et que le
nombre prévu de municipalités qui s'en prévaudront devrait
atteindre la quarantaine.
En matière de transport scolaire, le ministère assume
aussi comme une de ses principales responsabilités, celle de permettre
aux commissions scolaires d'assurer le transport des écoliers. Pour
cette fonction il consacrera en 1982-1983, une somme de 255 000 000 $, laquelle
sera presque entièrement versée directement aux commissions
scolaires. Le fait saillant de l'année budgétaire 1982-1983
consistera très certainement dans le remplacement de l'actuel cadre de
fonctionnement du transport scolaire. En effet, un nouveau cadre, un nouveau
régime, viendra remplacer, pour l'année scolaire 1982-1983, celui
qui est en vigueur depuis 1974. Ce changement sera l'aboutissement de la
publication en octobre 1981 d'un livre blanc sur le sujet, d'une analyse de 80
mémoires présentés durant la période de
consultation, de l'adoption le 19 décembre 1981 par l'Assemblée
nationale de la loi modifiant la Loi sur les transports et d'autres
dispositions législatives et, finalement, d'une discussion en mars 1982,
en commission parlementaire, portant sur les règles
budgétaires.
Dans la foulée des orientations gouvernementales fondamentales,
les principaux objectifs de ce nouveau régime sont d'assouplir la
réglementation en matière de transport scolaire tout en confiant
aux autorités locales, en l'occurrence les commissions scolaires, des
responsabilités accrues et une autonomie plus large en matière
d'organisation des services à la population et d'utilisation des
ressources.
Ces volontés se traduiront, entre autres, dans les faits par
l'introduction d'une enveloppe budgétaire fermée et
entièrement transférable, à l'exception des allocations
spécifiques, à d'autres activités reliées au
fonctionnement de la commission scolaire locale et régionale. La
commission scolaire, sur recommandation du comité de transport, aura la
responsabilité de l'utilisation des ressources ainsi mises à sa
disposition.
En guise de corollaire, les commissions scolaires qui mettront en place
des services de transport dont le coût excédera l'enveloppe
budgétaire allouée par le ministère, devront financer
elles-mêmes cet excédent.
Le cadre financier de ce nouveau régime sera établi selon
un horizon de trois ans, afin d'assurer une continuité du système
permettant ainsi aux entrepreneurs et aux commissions scolaires
d'établir une certaine planification nécessaire à
l'établissement des budgets et au renouvellement des
équipements.
Quant à l'enveloppe budgétaire annuelle, elle se divisera
en trois composantes, qui sont l'allocation de base, les allocations
supplémentaires et les allocations spécifiques.
L'allocation de base vise à couvrir les coûts du transport
quotidien des écoliers. Les allocations supplémentaires
permettront de défrayer le coût de certains services tels que le
programme destiné aux classes d'accueil, le transport
complémentaire, le transport interécole et le programme
maternelle-maison et animation.
Les allocations spécifiques serviront pour leur part à
défrayer le coût des services propres à des situations
particulières et ne pouvant faire l'objet de règles
budgétaires applicables à l'ensemble du Québec. Ces
services sont le transport périodique ainsi que le transport des
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Enfin, le ministère des Transports souhaite également par
le biais de cette réforme élargir le rôle des transporteurs
scolaires en leur permettant de répondre à certains besoins de
transport, qui, jusqu'ici, n'étaient ou ne pouvaient être
comblés efficacement. Trois mesures principales s'inscrivent dans ce
cadre: d'abord, il y a la possibilité qu'une clientèle autre
qu'écolière puisse utiliser les places disponibles sur les
circuits réguliers de transport écolier. Ensuite, les
transporteurs pourront avec le minimum de contraintes effectuer le transport de
groupes sur de courtes et moyennes distances, et, finalement, les
municipalités pourront recourir aux transporteurs scolaires pour fournir
certains services de transport en commun d'appoint.
En ce qui concerne les autres modes de transport terrestre des
personnes, le transport interurbain par autobus, notamment, l'action du
ministère des Transports se résume essentiellement à
l'application des différents règlements qui circonscrivent les
activités des transporteurs, l'exclusivité des permis par
exemple, ou encore le contrôle de la Commission des transports du
Québec sur les hausses de tarifs ou sur les modifications de parcours ou
d'horaires. Il étudie en outre les formes que pourrait prendre une
certaine libéralisation dans ce domaine.
Dans le secteur du transport ferroviaire des personnes, le Québec
a été frappé récemment - en novembre 1981 - en ce
qui concerne l'entrée en vigueur de cette décision par un
décret du gouvernement fédéral qui éliminait
certains services régionaux et réduisait la fréquence
d'autres liens régionaux vers l'Abitibi-Témiscamingue, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean et l'Outaouais notamment. Le ministère des
Transports a alors vivement protesté contre ces coupures, allant
même jusqu'à déposer une requête en injonction contre
le décret fédéral. Si de nouvelles coupures devaient
être annoncées, il pourrait, comme par le passé, s'y
opposer et coordonner la présentation des positions des divers
intervenants régionaux concernés.
Dans le même secteur, le ministère entend en outre
promouvoir le renforcement du corridor Québec-Windsor, projet dans le
cadre duquel il a participé aux études concernant les projets de
gares intermodales.
Enfin, l'ensemble des diverses études déjà
réalisées ou actuellement en cours au ministère devraient
permettre de déboucher à court ou moyen terme sur une politique
globale en matière de transport par véhicule taxi au
Québec. À ce titre, mentionnons celle du groupe de travail sur la
rentabilité du taxi, celle portant sur les services de taxi collectif
ainsi que celle confiée à un groupe de rédaction auquel
j'ai donné un mandat récemment, comme j'ai eu l'occasion de
l'expliquer à l'Assemblée nationale.
Maintenant, le transport terrestre des marchandises. Au cours de 1982,
les efforts de la direction du transport terrestre des marchandises porteront
essentiellement sur les différents éléments suivants: Tout
d'abord la poursuite de la mise en application des recommandations qui ont fait
suite au nettoyage de la réglementation concernant le camionnage, en
conformité avec la décision du Conseil des ministres du 29
octobre 1980. Ces recommandations ont trait à l'abrogation ou à
la modification, en totalité ou en partie, de plusieurs des nombreux
textes réglementaires relatifs à ce secteur. Deuxièmement
l'application progressive de la loi no 5, sanctionnée en juin 1981, qui
permet notamment de mettre en place une procédure de dépôt
de tarifs, de réviser l'organisation et le fonctionnement de la
Commission des transports du Québec et d'instituer un régime
d'amendes plus sévères en vue de combattre plus efficacement le
transport illégal. Troisièmement,
l'organisation du colloque public sur le camionnage qui se tiendra a
Québec les 31 mai et 1er juin prochain. Quatrièmement,
l'approbation d'une politique de réciprocité en matière de
transport par camion, notamment en matière d'immatriculation, avec les
États américains. Cinquièmement, la présentation
d'un projet d'amendement de la loi couvrant les différents aspects de la
sécurité des opérations ferroviaires, et finalement la
poursuite des projets d'amendement concernant le statut juridique des
compagnies de chemin de fer sous juridiction québécoise, la
simplification des procédures de modification des tarifs des compagnies
de chemins de fer, et l'instauration d'une procédure simplifiée
de dépôt de tarifs à la Commission des transports puisque
cette loi n'a pas été modifiée depuis, je crois, 1869.
Enfin, je voudrais souligner la volonté du ministère
d'implanter un programme d'aide technique aux expéditeurs et aux
transporteurs. Cette nouvelle orientation a déjà franchi les
étapes de sensibilisation, de consultation et de conception
générale, de sorte qu'un tel programme pourrait être
opérationnel dès 1982.
Au chapitre du transport maritime maintenant. Des crédits de 31
400 000 $ que le ministère entend consacrer au secteur maritime cette
année, un premier montant de 7 300 000 $ est prévu pour la mise
en place d'infrastructures. Celui-ci permettra de terminer les principaux
travaux amorcés au cours des dernières années, soit la
construction de nouveaux débarcadères à la traverse
Tadoussac-Baie-Sainte-Catherine, la rénovation, de concert avec Via
Rail, de la gare ferroviaire de Lévis, ainsi que la construction d'une
nouvelle gare fluviale à Baie-Comeau.
Bien que toutes les ententes relatives à la réalisation du
projet de construction du débarcadère de Port-Cartier, qui
implique SOCAR, la Compagnie minière Québec-Cartier et COGEMA, ne
soient pas encore complétées, le ministère souhaite
qu'elles se concrétisent à temps pour que les travaux puissent
démarrer en cours d'année. Rappelons que cet important projet
pour l'économie de la région de la Côte-Nord constitue le
second volet du projet de traversier-rail devant relier les chemins de fer de
cette région à l'ensemble du réseau ferroviaire
nord-américain.
Le ministère maintiendra par ailleurs son soutien aux services de
traverses fluviales, dans le but d'assurer la réunion des régions
économiques et le désenclavement des territoires isolés.
Les services subventionnés, au nombre de 11, se partageront ainsi un
montant de 17 900 000 $. La faible croissance du budget affecté à
cette activité tend à démontrer que la phase
d'implantation et de développement de ces services est maintenant
complétée et que s'amorce maintenant une phase de
consolidation.
De la même façon, il continuera à assurer, par
l'intermédiaire de caboteurs privés, la desserte des
Îles-de-la-Madeleine et du Nouveau-Québec, ainsi que celle des
municipalités de la Basse-Côte-Nord. Les déboursés
exigés à ce titre devraient atteindre 4 800 000 $.
En matière de transport aérien, l'intervention directe du
ministère des Transports du Québec continuera de s'exercer sous
différentes formes en 1982-1983. En plus d'administrer et d'exploiter la
douzaine d'aéroports provinciaux existants, il continuera de
s'impliquer, avec ou sans la participation du gouvernement
fédéral, dans le développement d'infrastructures
aéroportuaires régionales. Des crédits de 5 500 000 $ sont
d'ailleurs prévus à cette fin.
Il s'agit essentiellement de compléter la construction de
l'aéroport de Chibougamau -Chapais et de poursuivre certaines
améliorations devant être apportées aux aéroports de
Bonaventure, de Saint-Honoré et de Saint-Méthode - Dolbeau. De
plus, des subventions de 200 000 $ sont prévues dans le cadre du
programme d'aide à l'amélioration des aéroports
nordiques.
Notre direction du transport aérien continuera en outre de
subventionner trois traverses aériennes jugées essentielles pour
assurer le désenclavement de certaines communautés, soit les
liaisons Montmagny -Isle-aux-Grues, Île-Verte -
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs et Île d'Entrée -
Havre-aux-Maisons.
Le service aérien gouvernemental, quant à lui, disposera
de crédits de l'ordre de 17 300 000 $ pour remplir ses diverses
fonctions. De ce montant, 9 900 000 $ seront nécessaires pour assurer
les différents services de transport des personnes, à savoir le
transport des malades par l'avion-ambulance, celui des membres du Conseil des
ministres dans leurs déplacements officiels, des invités de
marque du gouvernement et de groupes de fonctionnaires, ainsi que
l'exploitation du service d'hélicoptères pour le compte de la
Sûreté du Québec et de certains ministères.
Le maintien de l'excellent service de lutte contre les incendies de
forêt, dont la très grande efficacité a été
maintes fois démontrée, exigera, pour sa part, des
déboursés de 7 300 000 $. Je ne voudrais pas aborder ce dernier
sujet sans faire état de la satisfaction du ministère dans le
cadre de sa première expérience concernant la location
d'appareils à l'Argentine au cours de la période d'hiver,
laquelle pourrait s'avérer éventuellement un jalon important vers
une rentabilisation des équipements relatifs à ce service.
En ce qui concerne la construction du réseau routier et son
entretien, de même que sa conservation, j'aimerais maintenant
céder la parole à mon adjoint parlementaire, le
député de Beauce-Nord, qui va vous dresser un portrait de la
situation.
M. Adrien Ouellette
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je remercie le
ministre qui me permet de traiter de la partie budgétaire concernant la
construction et la conservation du réseau routier. Un examen des
programmes 3 et 4 du ministère révèle qu'une somme de
quelque 803 800 000 $ sera consacrée cette année à la
construction et à la conservation du réseau routier, soit une
augmentation de 29 600 000 $ par rapport à l'an dernier. Cette
légère augmentation de l'enveloppe affectée au
réseau routier est plus particulièrement le résultat d'une
politique ministérielle visant à prioriser la protection de notre
patrimoine routier. Ainsi, plus de 411 300 000 $ seront consacrés au
programme de conservation du réseau comparativement à 367 300 000
$ lors du dernier exercice, soit une augmentation d'environ 12%.
Si, d'autre part, l'enveloppe de la construction diminue quelque peu,
passant de 406 700 000 $ à 392 500 000 $, c'est que, compte tenu des
contraintes budgétaires, elle traduit une orientation nouvelle en
matière de construction routière et autoroutière mieux
adaptée aux valeurs, aux besoins et aux ressources d'aujourd'hui.
Puisque la politique gouvernementale favorise depuis quelques années
l'utilisation du transport en commun, il apparaît normal de restreindre
l'effort de développement et d'expansion du réseau autoroutier
urbain en se limitant aux interventions indispensables afin de rentabiliser les
équipements déjà en place. De la même façon,
sur le réseau autoroutier interrégional, les principales raisons
étant déjà fixées, l'action ministérielle ne
portera plus que sur la complétion de projets déjà
initiés ou sur l'ajout tie tronçons jugés essentiels au
bon fonctionnement du réseau existant. Parmi les projets autoroutiers
retenus, mentionnons, entre autres, l'autoroute 40 de Donnacona à
Berthier, l'autoroute Montmorency, l'autoroute 73 de Sainte-Marie à
Saint-Georges et l'autoroute 50 de Hull à Masson. (21 heures)
Si les besoins en développement du réseau vont en
s'amenuisant, les besoins de réhabilitation et d'amélioration
croissent rapidement et constituent une préoccupation majeure pour le
gouvernement. Un effort substantiel sera donc consenti à la
réfection de certains axes importants tels la route 132 en
Gaspésie, la route 138 de Québec vers l'Est, la route 117 entre
l'Abitibi et
Montréal, la route 155 en Mauricie, la route 116 au coeur de la
région des Bois-Francs et de l'Estrie, afin d'améliorer la
qualité des services aux usagers et d'y assurer un niveau de
sécurité suffisant. Quelque 113 100 000 $ seront consacrés
à ce type de réfection.
D'autre part, les impératifs d'amélioration des routes
régionales et locales obligent le gouvernement à consentir un
effort global quasi constant sur ce réseau. À cette fin, la
politique ministérielle a apporté certaines modifications ayant
trait à la planification des interventions sur ce type de routes. En vue
d'une meilleure gestion des crédits, le ministère a
révisé son cadre de planification et ses normes de construction.
Ainsi, en réponse à un souhait maintes fois exprimé par
les députés du gouvernement et de l'Opposition, un nouveau
programme d'action sera initié visant les chemins à faible
circulation. Des travaux de réfection suivant des standards minimaux,
c'est-à-dire exécutés à l'intérieur des
emprises existantes, autant que possible, permettront une meilleure utilisation
des crédits disponibles tout en augmentant le nombre d'interventions sur
le réseau des chemins municipaux.
En terminant, j'ajouterai que les travaux ici entrepris, malgré
une légère diminution de l'enveloppe de construction
routière, continueront d'amener leurs usuelles contributions à
l'activité des entrepreneurs, des fournisseurs, des firmes de
génie-conseil et des camionneurs en vrac d'où leurs
répercussions évidentes sur l'emploi, ce qui ne peut être
négligé en cette période difficile.
En guise de résumé à cette présentation,
j'aimerais tout simplement attirer votre attention sur les principales
données suivantes, lesquelles m'apparaissent être d'excellents
indicateurs pour mesurer les retombées économiques
anticipées de ce budget sur l'économie du Québec et de ses
régions. Ce sont les 500 000 000 $ qui seront investis directement et
indirectement par le ministère en immobilisations; les 570 000 000 $
versés en subventions pour assurer le fonctionnement des importants
réseaux de transport en commun et de transport scolaire et enfin les 410
000 000 $ qui seront consacrés à la conservation du réseau
routier et qui impliqueront en outre l'octroi d'environ 70 000 000 $ en
contrats et 112 000 000 $ en achat de matériel et de fourniture.
M. Clair: Alors, M. le Président, voilà pour les
principales caractéristiques générales du budget du
ministère des Transports pour l'année budgétaire
1982-1983. Alors, j'imagine que mon collègue, le député de
Laporte, doit avoir des remarques générales avant qu'on aborde le
programme 1.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, permettez-moi tout d'abord
de vous féliciter pour votre nomination. Cela a pour effet de priver
l'Opposition d'un valeureux représentant mais enrichit sûrement la
présidence. Le président est reconnu pour ses qualités
d'objectivité et d'impartialité, et je suis content de voir que
le gouvernement a jugé bon de le nommer à ce titre-là.
Le Président (M. Gratton): Attendez, on commence
là.
M. Clair: ... que ce soit enregistré.
M. Bourbeau: II me fait également plaisir de constater la
présence des nombreux adjoints qui accompagnent le ministre, dont
plusieurs ne nous étaient pas connus. J'espère que nous aurons
l'occasion d'avoir recours à leurs lumières et que le ministre ne
se gênera pas pour puiser à même leurs connaissances le cas
échéant.
J'ai l'intention de faire quelques remarques et, comme je n'ai pas comme
le ministre l'avantage d'avoir un adjoint parlementaire, du moins pas encore,
c'est le député de Pontiac, mon collègue, qui va prendre
en charge pour l'Opposition l'étude des programmes 3 et 4. Si le
ministre le veut bien, il pourra faire des remarques demain au moment où
on commencera l'étude de ces programmes-là.
M. Clair: Alors, M. le Président, je voudrais
immédiatement dire au député de Laporte que je suis
heureux de constater que même du côté de l'Opposition, on
juge les transports suffisamment importants pour qu'on se partage la
tâche.
M. Bourbeau: C'est exact. Je constate, après avoir
écouté le ministre, qu'il y a beaucoup d'intentions dans ce qu'il
vient de nous dire. Il y a même un grand nombre de ces
intentions-là qu'on retrouvait dans le discours du ministre l'an
dernier. J'ose espérer que cette fois cela ne restera pas que des voeux
pieux.
Les crédits du ministère des Transports vont passer cette
année de 1 370 346 900 $ à 1 498 292 800 $, soit une augmentation
d'à peu près 9,3%, comme on l'a dit tout à l'heure.
J'aimerais rappeler aux membres de cette commission que si le ministère
des Transports est - d'après le rapport du ministère - le
troisième en importance - et d'après le budget qu'on nous
présente, je vois que c'est le cinquième en importance en ce 'qui
concerne ses crédits, puisque j'ai cru remarquer que les Finances, le
Travail et la
Main-d'Oeuvre également sont plus importants, enfin, entre le
troisième et le cinquième plus important - c'est le premier, en
termes de dépenses en capital, de là, son importance primordiale
pour la promotion du développement économique au
Québec.
Le ministre nous disait l'an dernier, je cite l'étude des
crédits: "74% de toutes les dépenses en capital incluses au
budget du Québec proviennent du ministère des Transports."
Espérons que ces dépenses serviront à maximiser l'effet
des retombées économiques pour le Québec. L'Opposition se
pose des questions sur la pertinence de ces dépenses en capital. Est-ce
qu'on dépense ces montants aux bons endroits? On n'a qu'à
regarder les programmes 3 et 4 du ministère pour s'apercevoir que les
augmentations ne couvrent même pas le taux d'inflation. Ce sont les deux
programmes qui renferment le plus de dépenses en capital. Ce n'est pas
surprenant, car ce gouvernement, depuis quelques années, emprunte, comme
l'admettait le premier ministre récemment, pour payer ses comptes
d'épicerie, de là l'obligation de diminuer ses dépenses en
capital.
J'aimerais aborder le dossier du transport en commun. Nous assistons
à une stagnation de ce dossier dans la région de Montréal.
En ce qui concerne l'intégration tarifaire promise à grands
renforts de publicité lors de la dernière campagne
électorale, rien ne semble avoir avancé. Le ministre nous disait
l'an dernier, je le cite: "C'est certain que la population s'attend, à
mon avis, que cela se mette en marche le plus rapidement possible.
L'intégration tarifaire des réseaux d'autobus et de métro,
sur le plan technique, il semble que ce serait faisable dans un ordre de
grandeur de cinq à six mois." En ce qui concerne plus
particulièrement l'introduction de la carte mensuelle inter-rives, le
ministre souhaitait que cette carte soit en vigueur dès le début
de 1982. Or, rien n'a été fait encore à ce sujet. De plus,
il semble que le ministre soit à la recherche de nouveaux partenaires,
comme il le disait d'ailleurs lui-même tout à l'heure, pour aider
à financer le transport en commun dans le région de
Montréal. En effet, le ministre admet que les coûts de la
participation du gouvernement du Québec dans le transport en commun de
la région de Montréal augmentent à un rythme qui ne pourra
être maintenu sans modifications importantes. Il ajoute que les revenus
provenant des usagers ne pourront, à court ou à moyen terme,
dépasser un certain niveau. C'est extrait du discours du ministre devant
l'AQTR, le 12 mars 1982.
Qui va payer les coûts additionnels? Les automobilistes? Les
entreprises? Est-ce que les études ont été faites à
ce sujet? Quelles entreprises devront contribuer et dans quel ordre de
grandeur? Est-ce qu'on a
les données là-dessus? L'automobiliste, cette vache
à lait du gouvernement ou des gouvernements, devrait-il contribuer
encore? De toute façon, ce serait probablement par voie d'autres taxes
indirectes que ce gouvernement aura décrétées, domaine
où il a acquis une réputation de champion incontestable.
L'automobile est devenue, depuis quelques années, comme le disait
récemment le député de Trois-Rivières, M. Denis
Vaugeois, une nécessité de luxe. On est en train, avec les
politiques du gouvernement actuel, de la faire devenir une
nécessité inaccessible. À ce sujet, nous entendions parler
récemment d'une proposition qui vise à doubler les tarifs sur les
autoroutes du Québec. Je ne sais pas jusqu'à quel point on en est
rendu. Peut-être que le ministre pourrait nous éclairer
là-dessus. Cela aurait pour effet, encore, de pénaliser davantage
les utilisateurs d'automobiles. Nous pensons qu'il serait injuste de taxer
l'automobiliste davantage. Je cite ici un discours, un editorial de M. Jean-Guy
Dubuc dans la Presse: "II n'est pas vrai que dans une société
socio-démocrate, tout le monde doit toujours payer pour tout le monde.
On ne peut constamment pénaliser le tout en faveur de la partie. Dans
certains domaines comme la santé et l'éducation, de telles
mesures sont nécessaires. (Même là, pourtant, il faut
éviter de laisser croire que tout est gratuit dans la
société...)". Nous ne voulons pas remettre en question la
pertinence de favoriser le transport en commun. Toutefois, nous avons de
profondes réserves sur ce que le ministre appelle une nouvelle
conception de la rentabilité, c'est-à-dire une notion de
rentabilité sociale. Ce serait, en fait, peut-être, instaurer la
non-rentabilité de la rentabilité. Est-ce qu'en cette
période de crise financière et économique, on ne devrait
pas plutôt ralentir le programme d'acquisition coûteuse
d'infrastructures?
Le ministre ne se souvient même pas de ses paroles, quoi!
M. Clair: Non; est-ce que vous citez une de mes
déclarations ou si vous citez un éditorialiste? Je croyais que
vous citiez...
M. Bourbeau: Un éditorialiste de la Presse.
M. Clair: C'était juste pour savoir à quelle date
c'était.
M. Bourbeau: Je peux vous la donner. C'est dans la Presse du
mercredi, 9 septembre 1981.
M. Clair: Juste avant...
M. Bourbeau: C'est avant le...
M. Clair: Non, non.
M. Bourbeau: Est-ce qu'en cette période de crise
financière et économique on ne devrait pas ralentir le programme
d'acquisition coûteuse d'infrastructures? Est-ce qu'on n'est pas en train
de se doter d'un système pour lequel on n'a pas les moyens? Le
président du Conseil du trésor affirmait en septembre 1981 qu'au
Québec on s'était habitué à une médecine en
Cadillac mais qu'on devrait s'habituer dorénavant à une
médecine en Volkswagen. Le domaine du transport en commun ne devrait-il
pas, pour l'instant du moins, s'orienter vers ce principe? N'est-il pas
à craindre que nous ne devenions bientôt des quêteux
montés en métro de surface, pour parodier la
célèbre phrase de Gérard Filion? Par sa politique de
financement et de subvention au transport en commun, le gouvernement encourage
le suréquipement et force les commissions de transport en commun
à emprunter. Nous pensons que le gouvernement devrait ralentir le rythme
de ses investissements en ce secteur et tenter d'utiliser davantage les
infrastructures existantes. Après tout, personne ne souhaite qu'on ne se
retrouve avec un éléphant blanc comme le réseau de Bart de
San Francisco. Comment? En mettant l'accent, par exemple, sur des
systèmes alternatifs comme le covoiturage -le ministre parlait
tantôt de taxis collectifs, de taxibus, des voies
réservées, nous allons y revenir tout à l'heure - en
étudiant l'expérience du laissez-passer mensuel au porteur de la
Commission de transport de Sherbrooke, etc. En fait, ce que nous voulons, c'est
améliorer la souplesse qu'on est en droit d'attendre des services
existants qui prétendent satisfaire un besoin essentiel au public.
Avons-nous vraiment besoin d'un système complexe de transport collectif?
Après tout, comme le disait dans son dernier livre une ancienne
collègue du ministre, Mme Lise Payette: "Nous n'avons peut-être
plus les moyens de nos rêves."
M. Clair: ... contexte.
M. Bourbeau: En ce qui concerne plus particulièrement les
voies réservées sur le pont Champlain à Montréal,
c'est une expérience pilote qui dure depuis quelques années
déjà. Quand cela sera-t-il permanent? Où en est l'entente
avec le fédéral là-dessus? Est-ce qu'on ne pourrait pas
penser étendre cette expérience à d'autres ponts? Pour
mieux illustrer la lenteur avec laquelle le gouvernement fait évoluer ce
dossier, je voudrais citer M. Lucien Lessard, le ministre des Transports du
temps, lors de l'étude des crédits de 1979-1980 à la page
B-3018: "On a fait une expérience cette année qui était
extrêmement intéressante. Cela a été la voie
réservée à contre courant, à contre
circulation, la voie réservée sur le pont Champlain, ce
qui a permis d'augmenter - on m'indique, on me parle de 55% -l'achalandage du
transport en commun sur ce circuit. En ce qui concerne le pont Mercier,
actuellement on est en train de considérer avec le COTREM, de voir s'il
n'y aurait pas lieu d'abord de faire des améliorations et ensuite
d'envisager la même chose qu'on a faite pour le pont Champlain, à
savoir, une voie réservée pour l'autobus". (21 h 15)
Or, M. le Président, je me promenais récemment sur le pont
Champlain; on est en 1982 et je constate qu'encore aujourd'hui, à tous
les jours, on a des employés du ministère qui déposent
chaque matin des cônes sur la voie réservée et c'est la
même chose l'après-midi à quatre heures. À la fin de
la période de pointe, ils reprennent les cônes et les remettent
dans le camion, ce qui en plus de créer des dépenses de
main-d'oeuvre pour la mise en place et l'enlèvement des cônes,
j'en suis convaincu, cela a pour effet de créer des dangers additionnels
puisque la signalisation n'est pas adéquate, etc.
Tous les observateurs sont unanimes pour affirmer que
l'expérience a longtemps duré, qu'elle est excellente, qu'elle
est concluante. Je ne vois pas pourquoi on n'en viendrait pas à
institutionnaliser le système de la voie réservée sur le
pont Champlain et sur d'autres ponts, comme par exemple le pont Mercier ou le
pont Jacques-Cartier.
J'aimerais faire quelques observations sur les programmes 3 et 4, bien
que ce soit mon collègue, le député de Pontiac, qui
dirigera les travaux de l'Opposition en ce qui trait a ces programmes. Je
voudrais faire allusion a l'état déplorable du réseau
routier québécois et en particulier du réseau secondaire.
Le ministre disait, dans un Telbec daté du 29 janvier 1982 et
intitulé "Deux nouveaux défis pour les années 1980": Le
transport en commun et la conservation du réseau routier de base.
Environ un tiers des routes numérotées se trouvent actuellement
dans un état déficient du point de vue structural et
géométrique. La priorité sera accordée à la
réhabilitation de la qualité structurale et
géométrique des routes.
Nous nous demandons où elle est cette priorité lorsqu'on
observe les crédits alloués au programme 4. En effet, le
programme de conservation du réseau routier passe de 179 000 000 $
à 199 000 000 $, soit une hausse de 11,9%, incluant l'exploitation
d'hiver. On ne couvre même pas l'inflation et on sait que l'inflation
dans ce domaine est de beaucoup supérieure au taux d'inflation
général. Est-ce qu'on n'aurait pas pu garder une partie de la
surtaxe sur l'essence de l'automne dernier et l'appliquer directement à
la conservation et la construction du réseau routier comme cela se fait
aux États-Unis?
En ce qui concerne la Commission des transports du Québec, le
ministre nous indique qu'elle pourra jouer un rôle de régulateur
économique plutôt que d'un tribunal quasi judiciaire. Est-ce que
ce changement s'effectuera aux dépens de son autonomie? Lorsqu'on
examine la nouvelle composition de la commission, on ne peut que constater
qu'il existe un lien très étroit entre le nouveau
président de la commission et le Parti québécois puisque
le nouveau président a été de 1976 à sa nomination
conseiller économique au cabinet du premier ministre. Il existe
présentement un fouillis dans l'industrie du camionnage. Cette industrie
a à faire face à une surréglementation. J'ai noté
que le ministre disait au dernier congrès de l'ANCAI qu'il envisagerait
la déréglementation si cette réglementation devenait un
catalyseur de violence. Ce qu'il faut à cette industrie, c'est une
réglementation et une tarification qui collent à la
réalité et non pas une réglementation aveugle, comme c'est
quelquefois le cas.
M. Clair: Une réglementation aveugle ou une
déréglementation?
M. Bourbeau: Une réglementation aveugle, comme c'est
quelquefois le cas.
Une des principales revendications de l'ANCAI est que les camionneurs
artisans ont payé 95% des coûts servant à l'implantation
des systèmes de postes et de sous-postes de courtage. Ils veulent une
réglementation mais une réglementation à laquelle tout le
monde sera soumis de façon égale.
Au sujet de l'industrie du taxi, industrie qui est largement
éprouvée par les temps qui courent, nous attendons toujours la
nouvelle réglementation qui est supposée avoir été
soumise au Conseil des ministres le 15 avril dernier. On remarquera que dans ce
dossier plus il y a d'études, plus ça traîne, et ce,
malgré les promesses faites par le Parti québécois
à l'élection de 1976.
Le dossier du transport aérien est probablement un de ceux qui
ont fait parler le plus ces derniers temps. En effet, comment justifier cette
mauvaise décision du gouvernement québécois, qui n'est que
la pénible conséquence d'un mauvais nationalisme
économique? Le ministre disait à cette époque, pour
justifier cet investissement, et je cite: "Quebecair a franchi des pas de
géant pour s'affirmer comme un véritable transporteur
aérien efficace, bien géré, bien équipé et
rentable." C'est un Telbec du ministère des Transports du 27 juillet
1981.
Le ministre ne dirait pas la même chose aujourd'hui. Je tiens
à souligner que 58% du budget supplémentaire du ministère
des Transports déposé l'automne dernier était
imputable à cette malheureuse transaction. Pourtant, le ministre
nous disait, à l'étude des crédits l'an dernier, et je le
cite: "C'est évident que, si on dépasse dans une
catégorie, on va devoir aller en chercher ailleurs dans un autre poste
au ministère, parce qu'on fonctionne avec un budget fermé".
Pourtant, ce n'est pas ce qui est arrivé, on a rouvert le budget
fermé puisque, comme une porte, un budget ne peut être à la
fois fermé et ouvert, la réalité c'est que le budget est
fermé en principe mais qu'en pratique il est ouvert pour les
investissements nationalistes à fonds perdus. On s'aperçoit que
lorsqu'il s'agit de pseudonationalisme, rien n'est trop beau, tout est permis,
aucun principe comptable ne tient. Il n'est pas surprenant de voir dans quel
état sont nos finances publiques aujourd'hui. Acheter un transporteur
aérien est un genre de luxe qu'un gouvernement ne pourrait se permettre
qu'en temps de prospérité économique et non pas en temps
d'austérité budgétaire. Et dire qu'on voulait
ériger Quebecair en monument à la compétence des
francophones dans le domaine aérien! Je ne peux m'empêcher de
citer de nouveau l'ex-collègue du ministre des Transports, Mme Lise
Payette, en répétant avec elle que l'aventure du gouvernement du
Québec dans Quebecair me fait mal à ma fierté.
Compte tenu de la position financière précaire de
Quebecair, la question qui se pose...
M. Clair: Êtes-vous sûr que vous l'avez lu?
M. Bourbeau: C'est la phrase célèbre qu'elle disait
à la télévision qu'elle avait mal à sa
fierté. Ce n'est pas dans son volume, c'était avant cela.
M. Clair: Je pense qu'il y a des bouts que vous n'avez pas
compris.
M. Bourbeau: La question qui se pose maintenant est la suivante:
Combien le gouvernement du Québec devrait-il réinvestir dans
Quebecair et quand? Est-ce que cette aventure rocambolesque n'a pas
coûté assez cher au Québécois? Minute
Québec!
Le ministre nous annonçait récemment la création
d'une société nationale des transports. Est-ce que cette
société - si elle voit le jour - servira à renflouer
Quebecair, à mieux camoufler les voyages en avion des ministres et de
leur famille?
M. Clair: C'est du charriage.
M. Bourbeau: Quelques mots sur
Mirabel. La position du gouvernement du
Québec face aux transferts des vols de
Dorval à Mirabel est en quelque sorte une position de statu quo.
Mais, par cette prise de position, il ne faudrait pas que le gouvernement
oublie ses promesses de prolonger les autoroutes 13 et 50 car les citoyens de
la région, eux, se souviennent très bien de ces deux
promesses.
Nous aimerions aussi avoir une copie du rapport déposé
récemment concernant une étude préliminaire d'un lien
ferroviaire reliant Mirabel, Montréal, Albany et New York, que le
gouvernement a subventionnés pour faire plaisir au maire de
Montréal à la toute veille des élections provinciales
d'avril 1981.
En terminant, j'aimerais souligner que l'industrie du transport est
extrêmement importante puisqu'elle représente 20% du produit
national brut au Canada et qu'un Canadien sur quatre tire sa subsistance d'une
activité reliée directement ou indirectement au transport. Je
suppose que ces statistiques doivent être sensiblement les mêmes
pour le Québec. Or, le ministère des Transports aura, quant
à nous, deux objectifs à réaliser au cours des
années quatre-vingt: la rentabilité et la qualité du
service. Ces deux objectifs ne vont pas nécessairement l'un à
l'encontre de l'autre.
Nous formulons le voeu que, compte tenu de l'austérité
à laquelle le gouvernement devra s'astreindre dans les années
à venir, le ministère des Transports s'attarde longuement
à maximiser l'utilisation des infrastructures existantes, surtout dans
la région de Montréal; rentabilise au maximum ce qui existe
déjà et évite de se lancer dans des aventures
"tricofiliennes" où la fierté de quelques-uns y trouverait
peut-être son compte mais où le trésor
québécois et les finances publiques achèveraient de rendre
l'âme.
J'exhorte le ministre à résister avec
ténacité aux arguments de ceux parmi son entourage qui
l'exhortent à se lancer dans de telles aventures. Il est souvent moins
glorieux mais éminemment plus rentable de rafistoler et de retaper ce
qui existe déjà que de s'engouffrer à la
légère dans des projets ambitieux, coûteux et non
rentables.
Si certains fonctionnaires ne semblent pas trop se préoccuper
parfois de cette dimension du problème, je suis certain que le ministre,
qui semble promis à une carrière fructueuse et pas
nécessairement longue, ne voudrait pas se faire passer un
deuxième "Québec-air" où, justement, on a très mal
évalué la rentabilité des investissements et où on
doit maintenant faire "BAC-arrière" en tentant de ramasser les pots
cassés.
L'Opposition se préoccupe trop de l'état présent et
futur des finances du Québec, pour ne pas veiller au grain et
n'hésitera pas à mettre en garde le ministre et
certainement avec plus de vigueur que son entourage. Espérons qu'elle
saura entendre la voix de la raison et de la mesure, l'avenir
des finances du Québec en dépendra peut-être.
Réplique du ministre
M. Clair: M. le Président, tout au long de l'intervention
du député de Laporte, j'ai pris des notes. Avant d'entamer
l'étude d'un premier programme, je pourrais peut-être tenter, de
façon assez générale, de répondre à ses
principales préoccupations.
Le Président (M. Gratton): Si M. le ministre me le permet,
j'aimerais que la commission m'indique de quelle façon on désire
aborder l'étude des crédits. Est-ce qu'on va faire une discussion
d'ordre général qui pourra s'étaler sur un certain temps,
pour ensuite procéder à l'adoption en bloc des programmes, ou si
la commission préfère, au contraire, procéder programme
par programme?
M. Clair: Dans un premier temps, j'aimerais avoir l'occasion de
répondre aux principales questions du député de Laporte.
Dans un deuxième temps, étant donné que nous avons
commencé la séance à 20 h 30, je pense que l'engagement
des leaders est que nous siégerons pendant 7 h 30. On pourrait
peut-être filer jusqu'à 23 heures ce soir?
M. Bourbeau: Cela m'est égal, il n'y a pas de
problème.
M. Clair: Je sais que le député de Laporte m'a
prévenu de son intérêt pour avoir une discussion
relativement à la Régie de l'assurance automobile du
Québec et au programme 1. Alors, ce que nous pourrions faire, ce serait
d'entamer ce soir le programme 1 et, s'il restait du temps, commencer avec la
Régie de l'assurance-automobile. Comme je l'ai indiqué au
député de Laporte, malheureusement, le président du
COTREM, M. Paul Lussier, est retenu par affaires à Montréal. Je
pense bien que je pourrais lui apporter la plupart des réponses.
Maintenant, s'il advenait que certaines questions ne puissent trouver
réponse chez moi ou chez les gens qui m'accompagnent, on pourrait les
traiter demain matin.
Dans un premier temps, je ferai des commentaires d'ordre
général et, dans un deuxième temps, on s'attaquera au
programme 1, et s'il restait du temps, on commencera avec la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
Le Président (M. Gratton): Cela va? Une voix: Cela
va.
Le Président (M. Gratton): M. le ministre.
M. Clair: Mon premier commentaire sera pour rendre hommage au
recherchiste du Parti libéral, ainsi que, probablement, mon
collègue, le député de Laporte, qui ont suivi a la trace
les principales déclarations que j'ai eu l'occasion de faire, que ce
soit devant l'AQTR, la Conférence des maires de banlieue ou la Chambre
de commerce. Je pense que, finalement, au total, à quelques divergences
près, les commentaires du député de Laporte s'inspirent
pas mal de la même problématique que celle que je vois comme
étant la problématique des transports pour les années
1980. Que ce soit au niveau des dépenses de capital ou encore cette
année, effectivement, c'est à peu près 75%, je n'ai pas
fait les calculs exacts, mais c'est du même ordre de grandeur - cela
pourrait être fait si on disposait d'un peu de temps - en ce qui concerne
les dépenses de capital.
D'autre part, c'est également vrai que la santé des
finances publiques du Québec est en partie reliée à ce
très important ministère qu'est le ministère des
Transports, en termes budgétaires. Les décisions que nous allons
prendre, que ce soit en matière de transport terrestre, de transport en
commun ou de transport privé, de camionnage, et même en
matière de transport aérien, j'assume ces fonctions avec la
certitude morale que les décisions que nous allons prendre au cours des
prochains mois seront déterminantes non seulement pour les années
qui passent mais également pour les années à venir.
Le député a commencé en parlant des programmes 3 et
4, brièvement, en posant la question à savoir si on
dépense aux bons endroits, en matière d'investissements, en
matière de construction routière et d'entretien du réseau
routier. Je ne nierai pas, ce serait nier l'évidence, que le
ministère des Transports est astreint lui aussi à des
restrictions budgétaires importantes. Mais, en même temps qu'il
posait la question de la pertinence des dépenses à savoir si on
dépense aux bons endroits, sur les programmes 3 et 4, je n'ai aucune
hésitation à répondre oui; j'ai la conviction que nous
dépensons effectivement aux bons endroits, puisque, héritier de
20 ans d'histoire au ministère des Transports en matière
d'immobilisations dans le réseau routier et autoroutier du
Québec, il est évident qu'un changement de direction ne peut se
faire en ignorant le passé et qu'on doit s'assurer de la mise en valeur
le plus rapide et le plus réaliste possible aussi des investissements
qui ont été consentis au cours des 20 dernières
années en matière d'autoroutes, mais qu'également, on ne
doit pas oublier - cela n'est pas un jugement qui porte sur un gouvernement en
particulier, il pourrait porter sur tous les gouvernements depuis 15 ou 20 ans
- la négligence ou la mise entre parenthèses d'interventions au
niveau du
réseau routier secondaire, du réseau routier de base. (21
h 30)
C'est évident que ce changement d'orientation ne pourra
s'effectuer sur une courte période d'un an ou deux, ce sera une
entreprise à long terme, mais c'est un choix, je pense, qu'on devait
faire. Dans le fond, la question que posait le député de Laporte,
c'est beaucoup plus une question de volume d'investissements qu'une question de
choix. Je pense qu'en matière de choix, je n'ai pas senti, en tout cas
jusqu'à maintenant, dans les propos que le député de
Laporte a tenus à l'extérieur, dans la mesure où il
déclare toujours la même chose d'un endroit à l'autre
où il va, je n'ai pas de preuve qu'il fait le contraire... Je pense
qu'il partage ce point de vue qu'on doit maximiser l'impact. C'est
intéressant sur le plan des retombées économiques en
matière de voirie régionale pour les routes
numérotées pour l'ensemble du réseau routier, autres que
les autoroutes.
En matière de transport en commun, le député de
Laporte affirme que, actuellement, il y a une stagnation dans le transport en
commun dans la région de Montréal. Il me rappelle notamment mon
engagement à l'égard de l'intégration tarifaire
interzonale et intermodale. C'est exact, M. le Président. Je reconnais
que les délais à mettre en application cette intégration
interzonale et intermodale ont été plus longs que prévus.
J'avoue humblement que j'avais sous-estimé les difficultés
institutionnelles, pas tant les difficultés techniques, mais les
difficultés institutionnelles pour mettre en place une telle
intégration interzonale et intermodale dans la région de
Montréal. La situation, actuellement, sur le plan du transport en commun
au niveau institutionnel, se caractérise surtout par un morcellement,
une fragmentation de l'autorité politique qui est multiple dans la
région de Montréal et également une fragmentation des
réseaux qui est directement le corollaire de cette fragmentation de
l'autorité politique. Les essais que j'ai faits sans tambour ni
trompette pour essayer d'avancer sur une proposition acceptable pour l'ensemble
des intervenants de la région de Montréal m'ont appris
essentiellement deux choses. La première, c'est justement ce
morcellement, cette difficulté de dégager un consensus au niveau
de quelque proposition que ce soit en matière d'intégration
tarifaire, intermodale et interzonale au niveau des réseaux d'autobus et
des autres moyens de transport; première conclusion, donc.
Deuxièmement, ce que cela m'a appris, c'est qu'on ne peut envisager une
intégration tarifaire sans répondre à la question qui nous
est posée dans le fond, à tous, comme élus politiques
à Québec, du cadre institutionnel dans la grande région de
Montréal. Tant qu'on ne répondra pas à ces questions...
Dans le cadre actuel, il aurait fallu, par exemple, probablement une
législation spéciale prévoyant l'imposition d'une
intégration tarifaire interzonale et intermodale. La troisième
chose que j'ai apprise, c'est que la structure tarifaire même, avec une
intégration, avec un laissez-passer interrive comme on l'envisageait
à l'origine, qui en serait sortie n'aurait ressemblé à peu
près à nulle autre du même genre au monde; elle aurait
continué à comporter un certain nombre de distorsions,
d'iniquités ou de privilèges historiques pour certaines parties
de la grande région de Montréal. C'est à un effort de
réflexion beaucoup plus vaste que nous nous sommes astreints. Cela ne
nous a pas empêchés pour autant d'avancer sur le plan des
réalisations dans le transport en commun dans la région de
Montréal. Je cite de mémoire des éléments qui sont
en train de se réaliser, qui faisaient partie de l'ensemble de
l'engagement du gouvernement du Québec, à savoir la construction
d'un tronçon sur l'autoroute Ville-Marie, sur la 125, d'autres travaux
routiers dont je ne me souviens pas du détail. D'autre part, pour la
continuation des travaux du métro souterrain, cette année, si ma
mémoire est fidèle, c'est environ 60 000 000 $ en 1981-1982 qui
ont été investis dans le prolongement du métro. Au niveau
du métro de surface, la solution de référence, dans le
jargon, est en voie d'élaboration surtout en ce qui concerne la partie
de la ligne vers Repentigny qui longe la rivière des Prairies. Si
j'avais avec moi le dictionnaire du parfait petit ingénieur,
peut-être que le député... non justement... J'allais dire
que le député de Gatineau a sûrement eu l'occasion de
rencontrer, de prendre connaissance... La solution de référence,
exclusivement, ce que cela veut dire, c'est l'établissement des premiers
paramètres qui serviront à préparer par la suite les
préliminaires pour l'établissement d'un métro de surface.
Maintenant, si vous voulez une définition technique, je vais le
demander. C'est cela, "plan d'aménagement des voies et autres
paramètres", il semblerait que cela se définit un peu comme
cela.
D'autre part, en ce qui concerne l'intégration des trains de
banlieue, vous savez que les négociations se sont poursuivies. Elles
sont difficiles entre la CTCUM et le CN, d'une part, et le Canadien Pacifique,
d'autre part. La CTCUM en est venue à une entente de principe avec le CN
et, en ce - qui concerne le CP, les négociations se poursuivent.
Là-dessus je vous indique immédiatement que nous avons convenu de
part et d'autre, le CN, la CTCUM, le maire de Beaconsfield, qui agit comme
observateur aux négociations avec le CP, la communauté urbaine
qui suit le dossier de près, le COTREM, le CP - afin de ne pas nuire aux
chances de déboucher sur un accord avec le CP - d'éviter de
commenter publiquement l'état d'avancement de ces
négociations.
La recherche de nouveaux partenaires. J'ai indiqué que j'ai
essayé d'associer la population à cet effort de réflexion
que nous menons. Je parlais tantôt de la fragmentation politique qui est
à nulle autre comparable à peu près dans les grandes
agglomérations du monde. En ce qui concerne la participation de ceux
qu'on appelle les bénéficiaires non usagers, ça aussi
c'est une question à laquelle on pourra répondre positivement ou
négativement. Je pense que le député de Laporte va
admettre avec moi que la capacité financière des
municipalités est déjà sollicitée au niveau du
transport en commun; que celle du gouvernement de Québec est
également très sollicitée; que celle des usagers est
importante aussi, même si elle a diminué considérablement
en termes relatifs au cours des récentes années, en termes de
pourcentage, elle a diminué de façon considérable. Il
suffit de penser, par exemple, à la carte d'abonnement mensuel, la carte
autobus-métro de la Communauté urbaine de Montréal, qui
est à 21 $ présentement. Pour une agglomération de taille
comparable, Toronto - si mes indications sont bonnes - selon les
dernières informations que j'ai, je crois que cela devait être 28
$ et que cela devait être révisé à 30 $, si ce n'est
déjà fait.
Alors, pour la recherche de nouveaux partenaires, il n'y a pas de
cachette là-dessus, ce que j'ai voulu faire, c'est un effort de
réflexion public avec les principaux intéressés aux
questions de transport en commun. Finalement, est-ce qu'on doit se priver d'une
réflexion là-dessus? Chez ceux qui bénéficient du
transport en commun mais qui n'en sont pas les usagers directs, à savoir
les entreprises et les automobilistes, qui contribuent, dans une vingtaine
d'États en Amérique du nord - les États américains
- dans la plupart des pays d'Europe d'une façon ou d'une autre au
coût du transport en commun, est-ce qu'il n'y aurait pas là une
avenue qu'on devrait explorer? Si on devait dire non à cette
possibilité, qu'au moins on soit conscient que, dans d'autres grandes
agglomérations dans le monde, on en est venu à la conclusion que
ceux-là qui sont souvent les plus durement touchés, en tout cas
qui le manifestent très visiblement au moment d'une interruption de
service, manifestent ainsi l'utilité que comporte pour eux la
présence d'un réseau de transport en commun. Est-ce qu'on ne
devrait pas envisager éventuellement une contribution?
En ce qui concerne les tarifs sur les autoroutes, cela fait partie
effectivement de la réflexion globale que je me suis imposée
comme ministre des Transports. Dans certains États américains, ce
sont les contributions des péages sur les ponts; dans d'autres, c'est
une partie de la taxe sur l'essence; dans d'autres, c'est une surcharge sur la
taxe de vente pour les automobiles; dans d'autres, c'est une taxe sur la masse
salariale. Il y a au moins une dizaine de possibilités qui existent;
c'est évident que les tarifs, les péages dans la région de
Montréal pourraient également être un de ces instruments.
Le député citait, en particulier sur ce point, un
éditorial que je vais essayer de retrouver, de M. Jean-Guy Dubuc, en
date du 9 septembre 1981. Ce que j'ai retenu de la citation, c'est qu'il
affirmait qu'on ne peut pas faire payer tout le monde pour un groupe en
particulier tout le temps. C'est peut-être justement un cas où
cette affirmation de l'éditorialiste, M. Dubuc, pourrait être
retenue.
En ce qui concerne le plan de transport intégré et le
rythme des immobilisations, il est évident qu'il y a un facteur de toute
première importance qui est survenu l'été dernier et qui
vient de façon très évidente bouleverser les
possibilités financières au plan des immobilisations tant pour le
gouvernement que pour la communauté urbaine ou pour qui que ce soit qui
doit assumer un service de la dette.
Les critères que le député faisait valoir
tantôt...
M. Bourbeau: J'ai manqué votre dernière phrase.
Quel est le facteur important qui est intervenu l'été
dernier?
M. Clair: La hausse des taux d'intérêt... M.
Bourbeau: Ah oui!
M. Clair: ... qui a un impact très important sur le
service de la dette, que ce soit en termes de renouvellement d'emprunts ou de
nouveaux emprunts. Cela a un impact majeur.
M. Bourbeau: Vous pouvez mentionner aussi la hausse des taux
d'essence à l'automne qui a...
M. Clair: Non, je pourrais le donner au député. Je
ne sais pas si j'ai les chiffres avec moi. Je pourrais donner au
député les chiffres les plus précis dont nous disposons
sur l'impact de la hausse de la taxe sur l'essence sur les réseaux de
transport en commun. Cela se résume à un impact de l'ordre
d'à peu près 1,5%, 2,5%. Je pense qu'il n'y en avait aucun
dépassant 2,5% sur l'ensemble du budget de fonctionnement.
M. Bourbeau: 2% sur des centaines de millions, c'est beaucoup de
cents, c'est important.
M. Clair: Mes gens vont essayer de retrouver cela, je l'avais. Je
vous donnerai les chiffres.
En ce qui concerne le plan d'immobilisations de la région de
Montréal, je pense que les critères que donnait le
député de Laporte, il a dû les prendre dans un de mes
discours, parce que c'est exactement ce qu'on va tenter de faire dans
l'approbation du plan triennal et ce qu'on souhaite que les élus de la
Communauté urbaine de Montréal et l'ensemble des élus dans
tout le Québec fassent, à savoir l'utilisation maximale des
infrastructures existantes. Il s'agit aussi, dans le choix des immobilisations
que nous faisons dans une période de hauts taux d'intérêt,
de conjoncture économique difficile et de capacité limitée
d'investissements et d'emprunts pour le gouvernement comme pour les autres
institutions, d'essayer d'avoir une approche aussi réaliste que
possible, quitte justement à ce que soit étalée dans le
temps la réalisation du plan de transport intégré de la
région de Montréal.
Cependant, ce que je me refuse à faire - cela pourrait être
un point de discorde avec le député de Laporte - comme ministre
des Transports du Québec, c'est d'envisager le transport en commun dans
la région de Montréal avec ce que j'appellerais le nez
collé sur la vitrine. Il faut qu'on soit conscient que les
décisions que nous prenons en matière d'immobilisations, de
financement, en matière d'organisation même du réseau sur
le plan institutionnel et du fonctionnement, vont avoir un impact
déterminant sur l'ensemble du mode de vie en milieu urbain dans la
grande région de Montréal.
Nous devons faire un choix comme société. Je dirais
même que nous n'avons pas le choix dans la grande région de
Montréal. On doit faire le choix du transport en commun, parce que
renier ce choix nous entraînerait irrémédiablement dans des
investissements encore plus importants, au niveau des immobilisations
routières et autoroutières, et contribuerait immanquablement
à diminuer la capacité fiscale de certaines grandes villes,
notamment la Communauté urbaine de Montréal elle-même. Cela
diminuerait donc l'assiette fiscale de la communauté en entraînant
un étalement urbain encore plus grand; cela rendrait encore plus
important le déficit de fonctionnement des réseaux de transport
en commun et, finalement, on pourrait se retrouver au début du prochain
siècle en même temps avec des réseaux autoroutiers qui
demandent de l'entretien et de la conservation à un niveau important, la
nécessité de consentir de nouvelles immobilisations, une
Communauté urbaine de Montréal avec une capacité fiscale
réduite et des réseaux de transport en commun encore plus
déficitaires. (21 h 45)
Je ne veux pas dresser un portrait catastrophique, mais je pense que
c'est une réalité qui fait qu'on doit regarder le
problème, premièrement, dans son ensemble; deuxièmement,
dans une perspective à long terme: à court, à moyen et
à long terme. À court terme, il faut être sûr qu'on
fait les bons choix, qu'on respecte la capacité financière de
l'État, des citoyens, des usagers, des municipalités et, à
moyen terme, être sûr qu'on ne fonctionne pas le nez collé
exclusivement sur la vitrine.
En ce qui concerne les voies réservées, il s'agit
là, certainement, d'une expérience positive, surtout en ce
concerne la voie réservée sur le pont Champlain. Je voudrais dire
au député de Laporte que là-dessus l'entente a
été reconduite pour une autre année. Cependant, la CTRSM a
accepté ou accepterait, selon les dernières informations, de
prendre à sa charge le fonctionnement du système à compter
de décembre 1982. La raison fondamentale pour laquelle nous avons
à agir comme ça, c'est que le gouvernement fédéral
ne permet pas une entente permanente qui aurait pu donner satisfaction, de
sorte qu'on va tâcher d'apporter à la signalisation des
améliorations qui, elles, seront permanentes. Cependant, quant à
avoir une entente définitive, il semble bien que le gouvernement
fédéral, jusqu'à maintenant, a refusé d'avoir une
telle entente permanente. Je dois dire que, là-dessus, ça ne nous
crée pas de difficultés insurmontables, puisque -que voulez-vous?
- dans ce domaine-la comme dans d'autres, il faut bien s'arranger avec le
système, on essaie de tirer le meilleur parti possible de la
situation.
M. Bourbeau: II faut s'entendre pour se rencontrer,
évidemment,
M. Clair: Oh oui! Mais on sait ce que ça donne à
l'occasion de se rencontrer et on sait ce que ça donne parfois de
demander à se rencontrer. On se fait raconter les mêmes choses,
d'année en année.
En ce qui concerne l'autonomie de la Commission des transports du
Québec, le député de Laporte fait référence
à la nomination d'un économiste, M. André Marcil, à
la présidence de cette commission. Je pense que le député
de Laporte n'insistera pas pour qu'on ressorte, comme on dirait dans le milieu,
le vieux stock, l'ensemble des gens qui ont donné, je pense, à
une certaine époque, le meilleur d'eux-mêmes à la
Commission des transports du Québec. Le gouvernement a
décidé de proposer une législation à laquelle,
d'ailleurs, si ma mémoire est fidèle, l'Opposition avait
donné son appui, afin...
M. Bourbeau: L'abolition du Tribunal du transport, au sens
figuré, vous vous en souviendrez, M. le ministre.
M. Clair: Non, vous n'étiez pas d'accord sur l'abolition
du Tribunal du transport.
M. Bourbeau: Non, pas du tout.
M. Clair: Mais, ça, c'était contenu au Code de la
route, non pas à la loi no 5.
M. Bourbeau: C'était incompréhensible, d'ailleurs,
que ce ne soit pas dans l'autre.
M. Clair: Ce sont des questions de synchronisation de
dépôt de lois.
M. Bourbeau: C'était dans la mauvaise loi.
M. Clair: Non, c'était dans la bonne loi.
M. Bourbeau: C'est une question de choix.
M. Clair: En tout cas, toujours est-il que, sur la question de
l'autonomie de la Commission des transports du Québec, je ne voudrais
pas faire état des nominations qui avaient été faites
plusieurs années auparavant, non plus que de la durée des mandats
qui avaient été octroyés. Je vais cependant
répondre au député de Laporte que je trouve pour le moins
inconvenant de soulever cette question-là, surtout quand - je le dis
bien spontanément - on sait que l'un des vice-présidents de la
Commission des transports du Québec faisait déjà partie de
la commission. Il a lui-même été candidat pour le parti
libéral du Canada dans un comté pas très loin dans la
région de Québec; l'autre vice-président,
c'est-à-dire, en l'occurrence, une vice-présidente, était
elle-même associée à un bureau d'avocats qui était
dirigé, je pense, par un ancien député libéral. Je
pense que la recherche que nous avons faite, l'objectif que nous avons
poursuivi, c'est de donner à la Commission des transports du
Québec un nouveau visage et de s'assurer que la Commission des
transports du Québec joue de plus en plus un rôle de
régulateur économique et non pas un rôle de tribunal quasi
judiciaire de plus où c'était devenu pour le moins un
fonctionnement qui n'était plus dans le meilleur intérêt de
l'industrie des transports au Québec. C'était notamment la
multiplication des décisions qui, dans certains cas, n'étaient
pas toutes cohérentes, des décisions qui parfois ont
été contradictoires sur le banc de la Commission des transports
du Québec, et la multiplication de la réglementation qui devait
faire suite à ces décisions pour tenter de corriger et donner des
orientations à la Commission des transports du Québec par voie
réglementaire. Je pense que, loin de mettre en cause l'autonomie de la
Commission des transports du Québec, la nouvelle approche va permettre
à cette Commission des transports du Québec de jouer un
rôle plus productif, plus positif dans le lien nécessaire que doit
avoir l'industrie des transports comme soutien au développement
industriel et économique, à la capacité d'exportation du
Québec.
Le changement que nous prenons, c'est un changement qui, comme dans le
cas des autoroutes, ne pourra se faire en ignorant le passé, ne pourra
pas se faire en bouleversant tout dans ce domaine, qui est un domaine fragile.
Quand on considère qu'il y a des gens qui affirment qu'aujourd'hui, au
moment où on se parle, le camionnage illégal est devenu un
phénomène plus important que le camionnage légal, pour ne
prendre que ce secteur au niveau du transport général, je pense
que le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il était temps que le
gouvernement et que l'Assemblée nationale essaient de doter la
Commission des transports du Québec d'un nouveau leadership en
même temps que d'un nouveau cadre juridique dans lequel elle pourra
évoluer pour, j'en suis certain, le meilleur intérêt de
l'industrie du camionnage.
Sur la question de la Commission des transports du Québec - je
suis un peu déçu que le député soulève cette
question, mais je voudrais lui dire, il l'a soulevée, je lui donne une
réponse, je pourrais lui en donner une plus détaillée - je
peux assurer le député que nous avons tenté lors de ces
nominations de faire les choix les plus judicieux possible en ce qui concerne
les personnes qui sont susceptibles de répondre aux attentes du milieu
des transports au Québec.
En ce qui concerne le camionnage en vrac, ce que j'ai indiqué
lors du dernier congrès de l'ANCAI, ce n'est pas une menace, ni de
réglementation à outrance, ni de déréglementation
totale. Ce que j'ai voulu essayer de faire avec les gens du camionnage en vrac,
c'est simplement de les amener à une certaine réflexion. C'est
l'industrie du camionnage en vrac elle-même qui a demandé au
début des années 1970 un cadre réglementaire qu'elle a
voulu de plus en plus serré, de plus en plus restrictif. Par contre,
dans certaines régions du Québec, et j'insiste sur cela, parce
que c'est un phénomène qui ne se produit actuellement que dans
certaines régions du Québec, en même temps qu'on cherche
à bénéficier de tous les avantages que comporte la
réglementation, la création de postes et de sous-postes
d'affectation, à la suite d'une consultation qu'on pourrait quasi dire
à nulle autre pareille pour un secteur économique présent
au ministère des Transports, que ce soit la Commission des transports du
Québec, l'ancienne comme la nouvelle, tant en ce qui concerne le
rôle de la commission que les personnes qui ont agi dans cette
commission,
alors que les ministres des Transports ont consacré beaucoup de
temps, que les fonctionnaires ont consacré des semaines, voire quasi des
mois, sinon des années à essayer d'améliorer la situation
du camionnage en vrac, dans certaines régions on demande une
réglementation et en même temps on voudrait
bénéficier de tous les avantages que comporterait une
règle de marché qui serait la jungle à laquelle on
voudrait revenir. Ce que j'ai voulu indiquer à ces gens de certains
régions, c'est d'y penser deux fois avant de remettre en cause
l'existence d'une réglementation qu'ils ont eux-mêmes
souhaitée. Si on devait en venir à une situation où la
réglementation dans certaines régions du Québec
deviendrait cause de violence, de chantage et d'une attitude qui n'est pas
normale dans une société civilisée, on devrait se poser la
question. Je ne voudrais pas, comme je l'ai dit devant l'ANCAI, que la
réglementation en matière de transport en vrac devienne un
catalyseur de violence. Je l'ai dit et je le répète sans aucune
hésitation.
M. Bourbeau: Je ne contredis pas cela du tout.
M. Clair: C'est ce que je dis au député. Le
député lit mes discours, il reprend ce que je dis, ce qui va
faire que cela va être une discussion positive, j'en suis sûr.
En matière de taxi...
M. Bourbeau: Que le ministre arrête de faire tous ses
discours des six derniers mois. Si cela continue, on n'aura même pas le
temps de parler d'autre chose.
M. Clair: Je vais essayer d'accélérer. En
matière de taxi...
M. Bourbeau: De toute façon, je souligne au ministre qu'on
les a tous lus.
Cela ne donne rien de les reprendre, on les a lus.
M. Clair: Oui, et je suis étonné par la
capacité d'assimilation du député. Je ne pensais pas
que...
M. Bourbeau: On apprend vite.
M. Clair: En ce qui concerne le taxi, le député va
dire que le ministre ne tient pas ses engagements, encore une fois, qu'il est
en retard. Je voudrais simplement lui dire là-dessus qu'en ce qui
concerne une proposition de réforme en matière de taxi,
réforme qui, je pense, sera importante pour, justement, essayer de
considérer ce secteur de l'économie des transports, on l'a faite
depuis plusieurs années sous l'angle exclusif d'une industrie de
transport par taxi, alors que l'approche nouvelle que je pense
développer dans l'intérêt tant des passagers, des
propriétaires, des chauffeurs, des associations, etc., est une approche
qui sera beaucoup plus concentrée sur un mode de transport des personnes
qui a droit à sa place, qui a droit de s'épanouir et d'être
utile dans le transport des personnes, le taxi.
J'ai du retard, je donne des informations que même des
collègues n'ont pas encore. Le comité de rédaction d'une
proposition a, à toutes fins utiles, terminé son travail. La
semaine dernière, j'ai participé, pendant tout un
après-midi et toute une soirée, à mettre la
dernière main à un document qui sera soumis aux organismes
centraux du gouvernement, à savoir le Conseil du trésor, le
comité ministériel permanent et le Conseil des ministres. Mais
j'espère bien - en tout cas, c'est un objectif que je souhaite
être en mesure d'atteindre - le 1er juillet de l'année 1982,
être en mesure de le déposer.
En matière de transport aérien, le dada du
député de Laporte, je voudrais simplement lui dire
là-dessus qu'à un moment donné il a réussi à
susciter des interrogations dans mon for intérieur quant à savoir
si le gouvernement avait bien fait. J'en ai parlé à bien des
hommes d'affaires, justement, j'en ai parlé à bien des gens qui
travaillent dans le secteur du transport aérien, dans d'autres domaines
du transport. J'en ai parlé avec des députés de
région, avec des hommes d'affaires de région, avec bien des gens.
Finalement, ce qui ressort le plus dans la discussion en matière de
transport aérien, ce n'est aucunement un geste qui a été
posé par le gouvernement du Québec et cela va être le seul
cas où je vais parler du gouvernement fédéral, à
moins que j'embarque dans Mirabel. Le seul reproche qui vient de l'ensemble du
monde intéressé au transport aérien au Québec,
c'est essentiellement deux choses. La première, ce sont les engagements
non tenus du gouvernement du Canada à l'égard d'une
éventuelle fusion Quebecair-Nordair que nous poursuivons toujours et, la
deuxième, c'est le cul-de-sac dans lequel se trouvent les transporteurs
aériens locaux et nos deux transporteurs aériens
régionaux, Quebecair et Nordair, devant l'indécision du ministre
fédéral des Transports en matière de politique
aérienne au Québec. D'ailleurs, le député de
Laporte a eu sur ce point le démenti le plus inattendu, jusqu'à
un certain point, de ma part quand les députés
fédéraux libéraux eux-mêmes, le député
de Laprairie, son voisin de comté au fédéral ou son chef
-je ne sais quelle est la hiérarchie, qui se rapporte à qui -
quand le député Deniger de Laprairie a dit textuellement ce que
j'écrivais à Jean-Luc Pepin au mois de novembre ou
décembre dernier: "Votre politique aérienne, c'est une photo du
statu
quo". Quand le député de Laporte défendait l'autre
fois, à l'Assemblée nationale du Québec, la politique
aérienne de Jean-Luc Pepin, je me suis dit: Est-ce assez
épouvantable, les voilà rendus...
M. Bourbeau: Je m'élève contre ce que dit le
ministre, je ne défendais pas du tout la politique du gouvernement
fédéral, je ne faisais que rectifier des propos erronés
que le ministre prononçait à l'égard de cette politique.
Il y a une différence importante.
M. Clair: Là-dessus, M. le Président, si jamais le
député veut revenir, je le mets au défi, je vais
déposer - vous faire lire à vous-même, M. le
Président - l'énoncé de politique du ministre
fédéral des Transports et le rapport du comité des
transports du Canada sur cette question. C'est un démenti complet
à l'égard des affirmations du député de Laporte.
D'ailleurs, cela m'a surpris, parce que je me suis dit: Franchement, il a une
belle qualité, le député de Laporte; comme fidèle
partisan du Parti libéral du Canada, il est plus fidèle que les
députés libéraux fédéraux eux-mêmes et
c'est une qualité qui mérite d'être signalée. Comme
membre d'un parti politique, je ne peux faire autrement qu'admirer la
fidélité, le caractère de bon soldat d'un
député.
M. Bourbeau: La fidélité et la loyauté sont
des qualités importantes.
Une voix: ... Ottawa à Québec.
M. Clair: Avez-vous eu une invitation...
M. Bourbeau: Je regrette, j'étais en voyage, alors, on ne
m'a pas invité.
Le Président (M. Gratton): Je peux vous fournir la
liste.
M. Clair: J'apprécierais.
M. Bourbeau: À moins que le ministre n'ait voulu m'envoyer
chercher par Quebecair là où j'étais, il m'aurait
été impossible de m'y rendre. (22 heures)
M. Clair: En ce qui concerne le dossier Mirabel-Dorval, je n'ai
rien à ajouter à ce que j'ai déjà
déclaré sur cette question. Il nous apparaît - et ce n'est
pas un caprice du ministère des Transports du Québec, c'est
simplement à la lumière de l'ensemble des informations dont nous
avons pu disposer -que là aussi les décisions qui vont être
prises par le gouvernement fédéral vont être
déterminantes pour l'avenir de Montréal, centre international de
transport, plaque tournante du transport. Comme je l'ai déjà
indiqué, la construction de la 13, il nous fera plaisir d'y contribuer
dans la mesure où on pourra en venir à une entente satisfaisante
sur le plan du financement de cette autoroute, notamment, à cause du
fait qu'elle circule selon un tracé que nous avons proposé
à l'intérieur du territoire de Mirabel, et en ce qui concerne
aussi le développement des activités aéroportuaires de
Montréal.
En ce qui concerne le lien Mirabel-New-York, je voudrais dire au
député là-dessus que je ne peux pas lui donner
d'information, je n'ai pas encore eu l'occasion de prendre connaissance du
premier rapport. J'aurai l'occasion de le faire prochainement, mais,
malheureusement, c'est un sujet sur lequel je ne peux pas lui donner
d'indication tout de suite.
Le Président (M. Gratton): Alors, je constate qu'il est 22
heures. Je pense qu'il y a consentement unanime pour que la commission continue
ses travaux pendant un certain temps. Mais si cela était le souhait de
la commission, plutôt que de nous engager à siéger
jusqu'à une heure précise, pourrions-nous nous entendre à
la commission pour faire en sorte que nous siégions le temps
nécessaire pour assurer que l'étude de l'ensemble des
crédits du ministère, soit terminée avant 18 heures
demain? Ce qui éviterait de devoir convoquer une séance
supplémentaire et ce qui permettrait, ce soir, d'ajourner soit à
22 h 30 ou plus tard, selon le bon vouloir des membres de la commission.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection, mais il faudrait savoir
à quelle heure on peut recommencer demain. Est-ce qu'on commence...
Le Président (M. Gratton): C'est 10 heures demain matin,
jusqu'à 13 heures.
M. Clair: On commence à 10 heures. Maintenant, j'ai des
dossiers normalement inscrits à l'ordre du jour du Conseil des ministres
demain. Remarquez que ce sont des dossiers qui pourraient être
reportés, mais si jamais demain je pouvais terminer à 12 h 30 au
lieu de 13 heures, en filant jusqu'à 11 heures ce soir, cela
m'irait.
M. Bourbeau: Moi, cela m'est égal.
Le Président (M. Gratton): Nous disposerions donc de 2 h
30 demain matin et d'environ 2 heures demain après-midi.
M. Clair: Avec 3 heures ce soir.
Le Président (M. Gratton): Avec 3 heures ou le nombre
d'heures que les membres de la commission jugeront approprié ce
soir.
M. Bourbeau: À ce moment-là, il
faudrait faire 3 heures ce soir. On a commencé à 8 h 30,
il faudrait aller jusqu'à 11 h 30.
M. Clair: Allons-y, on verra où on en sera.
M. Bourbeau: On va voir comment cela va aller...
M. Clair: De toute façon, il y a une entente pour
continuer plus tard que 10 heures.
M. Bourbeau: Demain soir, est-ce qu'on ne pourrait pas aller
jusqu'à 6 h 30, si jamais on était coincé vers la fin?
Le Président (M. Gratton): J'imagine. À condition
de ne pas devoir faire convoquer une quatrième séance.
M. Bourbeau: Non, je suis d'accord, enfin, je n'aimerais pas en
faire une jeudi matin, à moins que vous vouliez en faire une. Alors, on
va essayer de se dépêcher, je suis bien d'accord.
Le Président (M. Gratton): Programme 1, systèmes de
transports terrestres.
Systèmes de transports terrestres
M. Bourbeau: M. le Président, seulement un mot avant
d'aborder cela. Je ne veux pas faire de réplique aux répliques du
ministre, parce qu'on n'en finira plus. Ce qui arrive, c'est que le ministre a
toujours le dernier mot dans ces affaires, et il y a une foule de choses qu'il
a dites que je n'accepte pas du tout. Je vais simplement prendre deux minutes,
M. le Président, je vous promets que cela ne prendra pas plus de deux
minutes. Je ne veux pas engager de débat, mais tout à l'heure le
ministre disait que je lisais ses discours et que je plagiais ses discours. Je
dirai simplement au ministre que la source du discours dont je lui parlais,
c'était une intervention de M. André Bourbeau, maire de
Saint-Lambert, lors du congrès de 1980 de l'Union des
municipalités. Alors, ce n'était pas dans les discours du
ministre que j'avais pris mes déclarations.
En ce qui concerne Quebecair, on ne s'entendra jamais, il est
évident qu'on ne consulte pas les mêmes personnes. Je constate,
cependant, que vous ne consultez jamais le député de Laporte
quand vous voulez avoir des éclairages sur le dossier de Quebecair.
M. Clair: Ma mère m'a élevé en me disant:
Méfie-toi toujours des mauvais compagnons.
M. Bourbeau: D'accord. Alors, là-dessus, on ne s'entendra
certainement pas.
En ce qui concerne la Commission des transports du Québec et son
président, je voudrais quand même préciser qu'en aucune
façon je ne mets en doute ou en cause la compétence ou
l'intégrité du président de la Commission des transports
du Québec. Je n'ai fait que plaider pour l'autonomie de la Commission
des transports du Québec, et le ministre me faisait remarquer que ce
n'était pas la première fois que des individus qui sont proches
d'un parti politique au pouvoir sont nommés à des postes
semblables. Alors, je ne peux que constater que plus cela change, plus c'est
pareil. Que le ministre ne vienne pas blâmer les anciens gouvernements
d'avoir fait certaines choses, puisque le gouvernement actuel fait la
même chose. Disons que c'est égal de part et d'autre.
Finalement, le ministre a parlé du problème de la
région de Montréal et des choix qu'on doit faire. Cela est plus
sérieux; c'était sérieux tantôt aussi, mais vraiment
là on parle de gros sous. Je cite ces mots en disant qu'on doit faire un
choix et un bon choix en ce qui concerne la question d'opter pour le transport
en commun versus l'automobile. Je dois avouer que là-dessus -on en a
tellement parlé - je ne comprends pas pourquoi il faut
nécessairement dire qu'on doive faire un choix, peut-être par
déformation; quant à moi, j'aime bien la citation de Sacha Guitry
qui disait que la nécessité de l'option lui fut toujours
intolérable. J'hésite toujours à opter pour quelque chose
parce que quand on opte pour quelque chose, on met nécessairement
quelque chose de côté.
M. Clair: Je pensais que vous aviez opté pour le
fédéralisme.
M. Bourbeau: Non, justement, je suis en train de vous
expliquer...
M. Clair: Vous êtes encore ouvert à l'idée de
la souveraineté du Québec?
M. Bourbeau: ... que, quand on opte pour un côté, on
met quelque chose de côté. Or, dans la plupart des cas, on fait
une erreur quand on opte pour quelque chose et qu'on met une autre chose de
côté, parce que l'expérience nous enseigne que ce qui a
pris des années et, parfois, des décennies à se construire
n'est pas toujours mauvais. La plupart du temps, d'ailleurs, ce n'est pas
mauvais, que ce soit dans le domaine de l'éducation, des commissions
scolaires, des municipalités ou du transport en commun. Le fait de dire
qu'on opte pour le transport en commun plutôt que pour le transport
automobile, cela implique que l'on considère que dorénavant c'est
terminé pour le transport automobile et que tous ceux qui vont utiliser
leur automobile seront des
mauvais citoyens ou des gens antisociaux. Je pense que c'est justement
là qu'est l'erreur, et je voudrais qu'on y revienne. On ne doit pas
penser qu'il faille nécessairement aller dans une direction à
bride abattue avec des investissements importants et constater après
coup, quelques mois après, quelques années après, que la
superstructure autoroutière qu'on avait construite à un
coût de centaines de millions de dollars, dans les années 1960 et
1970, est sous-utilisée parce que, justement, on canalise tous les
efforts et tous les fonds vers une nouvelle forme de transport. Ce que je
faisais tout à l'heure dans mon allocution du début, c'est mettre
en garde le ministre contre ces décisions qu'on rencontre souvent,
surtout dans la gestion gouvernementale, de balancier qui se promène
d'un bout à l'autre de l'horloge et qui fait qu'on met de
côté parfois des choses qui sont excellentes parce qu'il y a un
"fad" nouveau qui s'installe et qu'on décide qu'on est rendu dans les
années du transport lourd. Je faisais évidemment
référence au système de transport lourd, chromé,
etc., qu'on veut mettre en vigueur et qui aura pour effet de dégager les
autoroutes. Je pense qu'avant de se lancer là-dedans à bride
abattue, il faudra y regarder à deux fois et ne pas, justement, choisir
l'un aux dépens de l'autre. Je pense qu'on devrait plutôt
maximiser les infrastructures qu'on possède présentement et
ajouter, évidemment s'il y a besoin d'ajouter - et je n'admets pas
nécessairement qu'il y a actuellement un besoin - des modes de transport
additionnels dans la région de Montréal. On pourra en rediscuter
tout à l'heure. J'ai déterminé...
M. Clair: M. le Président, on pourrait peut-être
considérer que, par son intervention, le député a couvert
d'une façon générale le programme 1 puisque, finalement,
cela touche le transport en commun. J'aimerais lui répliquer.
Si la responsabilité des gouvernants est de soutenir toutes les
initiatives dans toutes les directions en même temps, j'avoue qu'il y a
là une différence fondamentale d'interprétation en ce qui
concerne le rôle des gouvernants et les choix que la
société elle-même est en train de faire.
Il ne s'agit pas de - comment dirais-je - partir sur une mode du
transport en commun. Il s'agit simplement de s'assurer que nous allons
être en mesure, pour une région qui compte près de 3 000
000 d'habitants, de répondre à leurs besoins de
déplacement, surtout pour les fins de leur travail, les fins de vaquer
à leurs occupations ordinaires; d'être certain que dans cinq, dix,
quinze et vingt ans, on va être en mesure de répondre à
leurs attentes en matière de déplacement.
L'interprétation que le député fait de la crise
énergétique actuelle, je l'ignore, mais toutes les indications
que nous avons, puisque là-dessus on peut bénéficier de
l'expérience des autres, c'est qu'on sait, sans faire de procès
à quiconque, que la crise énergétique, au Canada et au
Québec également, nous rattrape avec quelques années de
retard, mais aura, j'en suis certain, les mêmes effets permanents sur les
habitudes des gens en ce qui concerne leurs déplacements en milieu
urbain. On peut bien essayer de se voiler le visage et de ne pas
reconnaître ce fait, mais c'est un fait, à mon avis,
indéniable. Seulement une statistique dont je me souvienne et que je
donne au député: Savez-vous que, par exemple, la consommation
d'essence dans des pays européens comme l'Allemagne, la France,
l'Angleterre, la consommation par habitant d'essence est six fois moins
élevée que celle que l'on connaît actuellement au
Québec et au Canada en général?
Je sais qu'il y a des habitudes de taille de voiture et des habitudes,
des questions...
M. Bourbeau: De distance.
M. Clair: ... des questions de distance dont on doit tenir
compte, mais une chose est certaine, c'est que les impacts de la crise
énergétique vont être considérables, les effets vont
être permanents et, si on néglige de faire face à cette
réalité, on risque comme gouvernants et comme
société dans son ensemble de se retrouver face à des
décisions qui n'auront pas été prises et à un vide
au niveau de la capacité de déplacement des personnes dans la
grande région de Montréal.
Le député dit: Je ne veux pas faire de choix. Je pense que
c'est justement l'erreur qu'on pourrait commettre actuellement. C'est sûr
qu'en immobilisant davantage dans le transport en commun plutôt que dans
les infrastructures autoroutières dans la région de
Montréal on fait un choix. C'est certain. Cela ne veut pas dire qu'on ne
fera rien pour rendre utile le boulevard Sainte-Marie, la partie qui est
déjà faite, qu'on ne continuera pas les travaux
nécessaires...
M. Bourbeau: Ce n'est pas exact, ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le ministre m'a mal...
M. Clair: Qu'est-ce que vous avez dit? Je veux être certain
de vous comprendre parce que je trouve que c'est fondamental...
M. Bourbeau: Justement, je ne veux pas dire qu'on doive faire un
choix en faveur de la construction d'autoroutes ou d'infrastructures
routières par rapport aux investissements en matière de
système de transport en commun lourd. Je dis qu'on possède
déjà un réseau routier, qu'on a investi
énormément dans ce réseau routier au
cours des années, je demande pourquoi ne pas utiliser ce
réseau routier qui est là et qui va devenir sous-utilisé
si on continue à investir des centaines de millions de dollars dans des
systèmes de transport lourd. On va se retrouver probablement d'ici
à quelque temps avec une situation assez ridicule où on aura
déboursé cinq ou six cents autres millions ou un autre milliard
de dollars en système lourd de transport en commun pour réaliser
que le système routier est sous-utilisé. C'est cela que je
disais. Je demandais plutôt au ministre d'économiser de l'argent
et non pas de dépenser ailleurs.
M. Clair: Alors, à ce moment-là, la
problématique que soulève le député, c'est
essentiellement, si je comprends bien, le choix entre l'autobus et, par
exemple, un métro de surface ou des trains de banlieue.
M. Bourbeau: Voilà.
M. Clair: Là-dessus, sur le choix entre l'autobus et les
moyens de transport à moyenne et à haute capacité, les
coûts comparatifs des autobus et des trains dépendent
essentiellement de l'achalandage prévisible sur certains réseaux.
Prenons par exemple les trains de banlieue du CN et du CP vers Rigaud. Je cite
de mémoire, je ne donne pas le chiffre comme étant absolu, mais
l'abandon des services de façon définitive par le CN et le CP des
trains de banlieue entraînerait la nécessité
d'acquérir, je pense que c'est 160 autobus à peu près, 130
autobus, et est-ce que vous avez pensé à ce qu'il en
coûterait? La durée de vie, premièrement, de ces
immobilisations...
M. Bourbeau: Le ministre ne comprend pas encore.
M. Clair: ... est très différente, les coûts
d'exploitation, un chauffeur d'autobus par rapport à un chauffeur de
train...
M. Bourbeau: Le ministre ne comprend pas.
M. Clair: L'ensemble de ces considérations-là, on
doit en tenir compte.
M. Bourbeau: C'est ce que je dis exactement, il faut utiliser les
infrastructures existantes; le ministre dit la même chose que moi.
M. Clair: Mais est-ce que les trains de banlieue ne sont pas
justement des infrastructures déjà existantes?
M. Bourbeau: Absolument, et je suis entièrement d'accord
qu'on les utilise, je parle des systèmes lourds.
M. Clair: Ah bon! Là, j'avais peur d'une nouvelle
dissension.
M. Bourbeau: Absolument pas.
M. Clair: J'ai reçu ses collègues du caucus de
l'ouest de l'île de Montréal...
M. Bourbeau: Absolument pas, j'ai fait référence,
par exemple, au métro de surface. Si vous voulez qu'on en discute, on
pourrait peut-être passer à cela parce que c'est évidemment
ça que je vise depuis le début.
M. Clair: D'accord.
Métro de surface
M. Bourbeau: D'ailleurs, je l'ai mentionné à une
couple de reprises, le métro de surface, les systèmes sur rails,
légers ou lourds, qu'on veut installer dans la région de
Montréal. Peut-être qu'on pourrait venir à cela parce que
c'est une question fondamentale, en fait, les investissements dans le domaine
du transport. (22 h 15)
Je constate, et je ne suis pas le seul, les études l'ont
prouvé, que depuis 20 ans dans la région de Montréal, et
je pense que je l'ai dit au ministre l'an dernier, le taux d'utilisation du
transport en commun n'a pas varié sensiblement. Les statistiques que
j'avais l'an dernier indiquaient que, de 1959 à 1980, pratiquement, le
nombre d'utilisateurs du transport en commun sur l'île de Montréal
n'avait à peu près pas varié sur une période de
vingt ans, malgré que l'offre de transport ait plus que doublé.
On avait deux fois plus d'autobus et de wagons de métro, etc., et
malgré tous ces investissements absolument fantastiques, il n'y avait
pas plus d'utilisateurs. Je concède qu'avec l'instauration de la passe
mensuelle, il y a eu une légère augmentation. Mais un article que
je lis dans la Presse du 19 avril 1982, de Guy Pinard, parle encore d'une
stagnation dans l'achalandage des commissions de transport dans la
région de Montréal, malgré tous ces efforts qu'on fait
pour baisser les prix. Et malgré le fait qu'on offre aujourd'hui un
métro - ce qu'il n'y avait pas il y a dix ans - on ne réussit pas
à augmenter l'achalandage sensiblement, enfin, jamais d'une façon
comparable à l'offre de transport et évidemment au
coût.
Autre those qui est fantastique, c'est que, malgré tout cela, il
semble qu'il y ait moins d'achalandage sur les ponts, dans la région de
Montréal. Je le sais, je voyage plus souvent sur les ponts, ce que je ne
faisais pas avant. Il n'y a plus de problèmes, j'en parle avec des gens.
Sur le pont Victoria, le pont Champlain, les gens trouvent qu'il y a de moins
en moins de problèmes. Or, jusqu'à maintenant, il n'y a
pas de systèmes lourds qui ont été
instaurés. On n'a même pas encore les trains de banlieue. Je dis
au ministre que depuis qu'on diminue la grosseur des automobiles, depuis qu'on
est passé des Cadillac aux Honda, depuis que les gens ont pris
conscience des coûts du transport et font effectivement du covoiturage,
même si ce n'est pas du covoiturage organisé d'une façon
systématique, les gens ont pris l'habitude d'économiser et de
rationaliser leur transport.
Je me pose de sérieuses questions sur la politique du
gouvernement d'investir d'une façon massive dans les systèmes
lourds, dans la région de Montréal. Ce n'est pas parce que je ne
veux pas que la rive sud de Montréal ou les autres aient du bon
transport, mais j'ai peur qu'une fois qu'on aura investi toutes ces sommes
d'argent, on se rende compte que peut-être, on n'en avait pas besoin, et
qu'on aurait peut-être pu avoir un système plus souple - c'est ce
dont je parlais tout à l'heure dans mon introduction en faisant preuve
d'un peu plus d'ingéniosité, en utilisant les autoroutes
existantes, des autobus articulés pour les heures de pointe. On pourrait
peut-être faire une meilleure utilisation du covoiturage, des voies
réservées, des "jitneys", enfin tous ces systèmes qui
existent, en utilisant le réseau routier peut-être. On pourrait
économiser des centaines et des millions, je pense qu'on parle d'un
milliard de dollars, d'ici à quelques années, dans les
systèmes de transport en commun dans la région de
Montréal. C'est cela qui me préoccupe, parce que les finances du
Québec vont en prendre pour leur rhume si on instaure les
systèmes qu'on veut instaurer. Je ne suis absolument pas convaincu que
les citoyens vont suivre.
Si le ministre a lu les études qui ont été faites
aux États-Unis, il y a quelques années, ce n'est pas la
première fois qu'on tente, par des moyens importants, de convaincre les
gens d'utiliser le transport en commun. Cela s'est fait plusieurs fois au cours
des cinquante dernières années, aux États-Unis. Il y a eu
des périodes, dans le temps de la crise, dans les années 1920,
où on a mis sur pied des systèmes publics. Au début,
c'étaient des tramways tirés par des chevaux. Il y a eu les
autobus électriques, les trolleybus. Il y a plusieurs gouvernements qui
ont investi massivement, et toujours, dans le passé, l'expérience
a prouvé que l'automobile a survécu. C'est une expérience
constante. Vous avez une experte derrière vous, je pense que c'est 5%
des déplacements qui se font en automobile encore aujourd'hui. Enfin,
c'était la réalité il y a deux ans, 5% de tous les
déplacements. Pour les fins du travail, cela montait à 15% en
Amérique du Nord - vous avez les statistiques - et malgré les
centaines de millions de dollars qu'on a investis.
L'expérience passée - je le sais parce que j'ai fait des
études dans ce domaine il y a deux ou trois ans, mes chiffres sont
approximatifs, mais c'est de cet ordre - a prouvé qu'on n'a jamais
réussi à déloger l'automobile. Je ne veux pas mettre en
doute la politique du transport en commun, j'en suis. C'est évident que
j'en suis. Mais il ne faudrait quand même pas oublier le fait que les
gens auront toujours une automobile, même s'ils prennent les transports
en commun. Il est impossible, aujourd'hui, de penser que la majorité des
gens n'aura pas au moins une automobile sauf ceux qui ne peuvent pas se le
permettre, parce que, ne serait-ce que les week-ends, les gens ont besoin de se
déplacer en dehors des heures de travail. Alors, ceux qui ont
déjà une voiture parfois l'utiliseront. C'est l'épouse qui
viendra reconduire son mari, c'est une personne qui utilisera sa voiture pour
aller travailler avec d'autres compagnons de travail une semaine et on
s'échangera des services comme ça. Je pense, pour être
réaliste, malgré tous les efforts qu'on fera, qu'il y aura
toujours une très large partie de la population qui continuera
d'utiliser les automobiles, des automobiles peut-être plus petites,
peut-être plus économiques, moins polluantes, etc... Alors, je
mets en doute, et je le ferai avec beaucoup de sincérité, la
problématique qui dit qu'on doive nécessairement donner un coup
de barre tous azimuts aux transports collectifs lourds. Je le fais vraiment
dans un esprit constructif. Je voudrais être bien certain qu'avant de se
lancer là-dedans on soit certain qu'il n'y a pas de solutions de
rechance beaucoup plus économiques, beaucoup plus souples et qui
permettraient au Québec de faire des économies dont on a bien
besoin.
M. Clair: M. le Président, l'accroissement de
l'achalandage, le député dit lui-même que, sur les ponts,
la pression des automobiles a baissé. Je n'ai pas entendu parler d'une
hécatombe sur la rive sud de Montréal non plus qu'à Laval.
Mais les mêmes statistiques du même article de M. Pinard qu'il le
citait, si ma mémoire est bonne, parce que je n'ai pas l'article en
main, soulignaient qu'en particulier depuis le mois de septembre dernier les
accroissements d'achalandage sont importants notamment au niveau de la CTCUM
où c'est difficile, maintenant, avec l'introduction de la carte
d'abonnement mensuel, la carte autobus-métro, d'avoir des chiffres qui
sont très précis.
Moi, ce que je voudrais vous dire, avec la même
sincérité que le député de Laporte dit avoir, c'est
que les pressions que nous recevons présentement, notamment sur la rive
sud de Montréal, notamment à Laval et en dehors de l'île de
Montréal comme telle, même sur l'île, la pression de
l'opinion
publique veut que les circuits soient bondés, que les autobus
laissent des gens sur le trottoir et que l'accroissement de l'achalandage soit
considérable. C'est certain que l'achalandage est fonction aussi de
l'offre de services. S'il n'y a pas de services disponibles, c'est
évident que les gens se rabattent sur l'automobile privée. Les
chiffres qu'il donnait, d'ailleurs, en ce qui concerne les pourcentages pour
l'Amérique, je n'ai pas de statistiques là-dessus en tout cas, on
n'en n'a pas à la portée de la main, mais en 1980, pour la grande
région de Montréal, il y avait encore 63% des déplacements
quotidiens qui se faisaient en automobile. Ce qu'on peut souligner aussi...
M. Bourbeau: Aux fins du travail. M. Clair: Oui, oui.
M. Bourbeau: Parce que les déplacements
généraux, c'est beaucoup plus que ça, pour toutes
fins.
M. Clair: Ce qu'on peut souligner aussi au niveau de la moins
grande pression sur les ponts, c'est qu'il n'y a pas de réparations
cette année notamment sur le pont Jacques-Cartier, ce qui a tendance
aussi à jouer un rôle sur la pression aux ponts. Mais de
façon plus globale j'ai de la difficulté à comprendre la
position du député. C'est certain que des mesures comme le taxi
collectif que soulignait le député, le covoiturage, les voies
réservées, etc., c'est certain qu'il peut y avoir des choses
à faire là-dessus. Je lui souligne, en passant, qu'en ce qui
concerne la circulation, notamment sur l'île de Montréal, les
pouvoirs n'appartiennent pas au gouvernement du Québec mais aux
municipalités. Il y a des décisions qui ont été
prises notamment au niveau du stationnement sur rue. Les évaluations
dont on dispose présentement en ce qui concerne seulement l'ajout de
stationnement sur certaines artères commerciales de Montréal ont
entraîné une facture additionnelle qui se chiffre à
plusieurs centaines de milliers de dollars, voire même en millions de
dollars, en termes de moins grande efficacité, moins grande
productivité des autobus.
Sur les réseaux à moyenne et à haute
capacité, maintenant, il y a des trains de banlieue. Est-ce que le
député, oui ou non, remet en cause la modernisation des trains de
banlieue? J'aimerais ça l'entendre là-dessus.
M. Bourbeau: Je le lui ai dit tout à l'heure, c'est
évident que non. Les équipements sont déjà sur
place, les infrastructures sont là. Alors, je parle uniquement des
nouvelles infrastructures qu'on prétend vouloir installer.
M. Clair: D'accord. Oublions pour l'instant les trains de
banlieue. En ce qui concerne la ligne Deux-Montagnes, qui sera
éventuellement convertie en métro de surface, c'est une question
qui, dans le temps - cela en est une, décision - qui pourrait se
réaliser sur un échéancier plus long, vu qu'il y aura un
train de banlieue intégré. Alors la conversion de cette partie en
métro de surface fait partie des décisions qu'on doit prendre en
fonction de la meilleure utilisation possible des infrastructures
déjà existantes.
Il reste maintenant une seule et unique question: le métro de
surface vers Rivière-des-Prairies et la ligne de métro no 5.
J'aimerais que le député m'indique si on devrait refuser les
deux, à son avis, parce qu'il me dit qu'il veut que je considère
sa proposition comme constructive. J'aimerais qu'il m'indique ce qu'il aimerait
qu'on fasse, avec son expérience. Est-ce que c'est refuser et le
prolongement de la ligne no 5 et la construction du métro de surface?
Refuser les deux? S'il favorise un des deux projets, j'aimerais qu'il me
l'indique.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre a oublié autre chose. Il y a un
autre projet aussi à l'étude.
M. Clair: Sur cette question j'aimerais avoir votre opinion.
M. Bourbeau: Puisqu'on parle du métro de surface
relativement aux systèmes lourds, il y a aussi l'étude qui
tendrait éventuellement à doter la rive sud d'un système
sur rail. Le COTREM est en train d'étudier ces choses. On n'a
qu'à regarder le rapport du ministère des Transports, c'est une
des études du COTREM...
M. Clair: Sur cela, je voudrais simplement dire au
député qu'il n'y a pas de décision de prise.
M. Bourbeau: Non, non. Je suis d'accord.
M. Clair: Vous êtes bien au courant.
M. Bourbeau: On en a déjà parlé à Mme
Roy, elle est déjà venue sur la rive sud quand j'étais
là, on parlait de la possibilité éventuelle d'instaurer
sur la rive sud un système léger sur rail, entre autres. Cela a
été abandonné?
M. Clair: Oui, cela a été abandonné.
M. Bourbeau: Tant mieux j'en suis ravi pour l'instant. Non pas
que ça n'aurait pas été agréable mais je ne pense
que ça aurait
été rentable pour le gouvernement.
J'aimerais qu'on discute de la ligne de métro de surface no 6,
vers Repentigny. Je pense c'est comme cela que vous l'appelez?
M. Clair: Rivière-des-Prairies,
Repentigny.
M. Bourbeau: Rivière-des-Prairies et Repentigny. J'aurais
des questions à poser. On est surtout ici pour poser des questions et
non pas pour donner des réponses.
M. Clair: C'est une question fondamentale qu'il pose, à
savoir la "priorisation" des immobilisations à moyenne et à haute
capacité. On s'entend sur la nécessité de moderniser les
trains de banlieue. On s'entend sur la non-opportunité d'un SLR sur la
rive sud. Il reste un dossier: le choix entre - si tant est qu'il doit y avoir
un choix, tantôt il ne voulait pas en faire -la ligne no 6, la ligne no
5, l'une ou l'autre des deux ou les deux sont refusées. Il me dit qu'il
a de l'expérience dans ce domaine, je le crois et j'aimerais qu'il me
fasse profiter de son expérience.
M. Bourbeau: Je ne fais pas état de mon expérience
du tout. J'ai dit simplement qu'il faut éviter d'investir des fonds, des
centaines de millions de dollars quand ce n'est pas essentiel de le faire.
C'est tout ce que j'ai dit.
Pour ce qui est de la ligne de métro de surface no 6, lorsqu'elle
a été conçue, est-ce que le ministre pourrait nous dire
à quel moment on a commencé à concevoir les lignes de
métro de surface? Cela date de quelle période, ces projets?
M. Clair: Je pense que les premières études
remontent au début du COTREM, en 1978.
M. Bourbeau: À ma connaissance, ça remonte à
beaucoup plus loin que cela, il y avait eu des études de faites
même avant l'arrivée du gouvernement actuel. On avait
demandé l'expertise de Douglas Fullerton, d'Ottawa, si je me souviens
bien, dans les années 1975-1976. On parlait déjà
d'utiliser les voies ferroviaires.
M. Clair: Cela se passait avant moi, mais il semble que le BAREM,
c'est comme cela qu'il s'appelait, faisait surtout faire des études sur
la desserte de Mirabel. Une des conclusions de cette étude aurait
été une recommandation d'examiner la possibilité
d'utiliser les entreprises ferroviaires existantes. (22 h 30)
M. Bourbeau: Lors de la présentation du plan de transport,
en décembre 1979, on faisait état de la ligne no 6 comme devant
aller éventuellement jusqu'à Repentigny. Je crois comprendre
maintenant qu'on veut l'arrêter à Rivière-des-Prairies.
Est-ce qu'on a abandonné l'idée d'aller jusqu'à
Rivière-des-Prairies ou...
M. Clair: En 1979, le dépôt du plan de transport
intégré de la région de Montréal comportait -
comment pourrais-je dire cela? - une proposition qui devait tenir compte du
court, du moyen, du long et même du très long terme. Alors,
actuellement il n'y. a pas de décision définitive de prise et
d'ailleurs, cela se relie directement au cadre institutionnel et financier dans
lequel évolue le transport en commun de la région de
Montréal. Cela m'apparaît assez évident que pour l'instant,
ce serait prématuré de planifier jusqu'à Repentigny; qu'on
s'arrête à Pointe-aux-Trembles.
M. Bourbeau: C'est parce que récemment, voyez-vous, -
c'est pour cela d'ailleurs que l'Opposition fait des critiques -le plan a
été déposé comme devant aller jusqu'à
Repentigny. D'ailleurs, le ministre voit la carte qui est devant lui.
Jusqu'à maintenant, on n'a jamais entendu dire qu'il y avait eu abandon
d'une partie et on a même entendu dire récemment qu'il y avait eu
des montants importants alloués pour des études
préliminaires. Enfin, le gouvernement fédéral a
subventionné récemment, d'une façon importante, les plans
ou les devis... Le ministre pourrait peut-être nous dire exactement
où on en est dans la préparation de ce projet et quelles sont les
contraintes qui sont rencontrées actuellement parce que ce que je
voudrais dire, ce qui nous perturbe un peu, c'est que quand on a annoncé
le plan en décembre 1979, il semblait que la raison fondamentale de
l'instauration de ce métro de surface c'était pour permettre aux
citoyens de Rivière-des-Prairies et Montréal-Nord en particulier,
d'accéder d'une façon rapide, puisque c'est un système
rapide, au centre-ville de Montréal. Je pense que c'est vraiment
l'objectif no 1.
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: Or, à ce moment, je ne comprends pas comment
il se fait que subséquemment on ait décidé que
dorénavant - je sais pourquoi - le métro de surface n'irait plus
vers le centre-ville de Montréal, mais irait faire un contact avec la
ligne de métro no 5...
M. Clair: No 2
M. Bourbeau: No 2. La raison, c'est que le tunnel sous le mont
Royal, semble-t-il, ne pouvait pas prendre ce trafic additionnel. Donc, on a
enlevé à la ligne no 6 sa raison d'être primordiale qui
était de donner du
service rapide vers le centre-ville de Montréal pour se rabattre
sur une solution de rechange qui enlève énormément
d'attrait, à mon sens, à la ligne de métro de surface no
6, puisque dorénavant, les gens de Rivière-des-Prairies - et le
ministre pourrait peut-être penser à cela un peu - ou les gens de
Montréal-Nord qui voudront se rendre dans le centre-ville de
Montréal, devront partir de chez eux... Parce que le ministre ne doit
pas oublier non plus que la ligne ne passe pas au centre-ville de
Montréal-Nord, qui est la ville la plus populeuse, mais à
l'extérieur de la ville complètement, le long de la voie
ferrée puisqu'on va utiliser les voies ferrées. Les gens devront
se rendre soit à pied, soit en automobile à la station de
métro de surface, stationner là, attendre le métro de
surface, prendre le métro de surface, se rendre à la station de
métro, descendre, attendre le métro, prendre le métro
normal, s'en aller vers le centre-ville de Montréal. Ceci, à
notre avis, rend la nécessité du métro de surface vraiment
problématique. Je pense que le métro de surface a perdu sa raison
d'être quand on a réalisé tout à coup qu'il ne
pouvait pas utiliser le tunnel sous le mont Royal.
Je dirais ceci au ministre: Si le ministre fait une enquête, il va
peut-être réaliser que dès 1975-1976 les experts avaient
prévenu le ministère que le tunnel sous le mont Royal ne pouvait
pas prendre ce volume additionnel. Les informations que j'ai, c'est que
déjà à ce moment on le savait. Je pose la question:
Pourquoi - en décembre 1979 on a dit qu'on instaurait un métro de
surface, la ligne no 6 pour se rendre dans le centre-ville de Montréal -
a-t-on lancé ce ballon qu'on pourrait se rendre dans le centre-ville
avec cette ligne alors qu'on savait déjà ou on aurait dû
savoir que le tunnel ne pouvait pas prendre le volume? Il y a des gens à
ce moment qui n'ont pas dit la vérité au ministre. Ou bien on l'a
mal renseigné ou bien il était au courant, mais j'ai bien
l'impression qu'il ne l'était pas. En fait, ce n'était pas le
ministre actuel, bien sûr, et à ce moment-là, tout le
projet lui-même, depuis le début, était faussé.
C'était une première question, j'aimerais bien avoir une
réponse là-dessus.
M. Clair: Je voudrais dire deux choses au député
là-dessus. D'abord, la correspondance du circuit no 6 se fera à
trois endroits, c'est-à-dire à Sauvé, à
Côte-Vertu et à la station du Collège. Il y aura donc trois
possibilités de correspondance vers le centre-ville, le centre le plus
rapproché étant Sauvé.
Deuxièmement, je n'ai pas avec moi l'ensemble des enquêtes
qui ont été faites là-dessus, mais je voudrais assurer le
député qu'on n'agit pas à l'oeil là-dedans, il y a
toutes sortes d'études qui ont été faites et c'est ce qui
donne souvent d'ailleurs l'impression aux citoyens qu'on étudie pour
étudier. C'est un peu comme lorsque les gens voient les employés
du ministère des Transports poser des baguettes, ils pensent que les
élections s'en viennent. Cela ne veut pas dire qu'on pose des baguettes
pour rien, des piquets. Il en est de même des nombreuses études
qui ont été menées sur la ligne no 6. J'ai voulu me
rassurer là-dessus, je ne me souviens plus par coeur, c'est bien
évident, du paquet de statistiques que j'ai vues, mais la plus
importante est probablement celle-ci, que de 60% à 70% des
déplacements dans le secteur qui serait desservi par le métro de
surface se sont faits dans l'axe est-ouest, alors que c'est seulement environ
le reste, soit 30% des déplacements, qui se fait vers le centre-ville.
M. le Président, la question du député de Laporte, je la
lui retourne encore une fois. Le principal choix qui se pose en matière
d'équipement à moyenne et à haute capacité, surtout
en termes de priorité d'utilisation, en vertu même des
critères qu'il me donnait tantôt, d'aller au moins cher, d'aller
vers l'utilisation des infrastructures déjà existantes et qui
mettaient en cause les investissements les plus coûteux, j'aimerais que
le député de Laporte m'indique sa préférence
personnelle entre la ligne no 5 et la ligne no 6.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre était au courant
qu'à la station Sauvé, qui est la première, quand les gens
vont arriver dans le métro de surface et vont vouloir faire la
correspondance avec le métro, ils vont devoir marcher 1000 pieds
à l'extérieur pour se rendre du chemin de fer à la station
de métro, parce que, malheureusement, le métro de surface suit le
circuit de chemin de fer existant qui passe à 1000 pieds de la station
de métro Sauvé. C'est tout à fait irréaliste de
penser que les gens vont marcher 1000 pieds après avoir
déjà attendu pour prendre le métro de surface; ils vont
arriver à la station Sauvé et ils vont sortir dehors l'hiver - je
ne sais pas si on va faire un tunnel ou quoi - pour se rendre à une
station de métro située à 1000 pieds. Par ailleurs, la
ligne no 2 est déjà surchargée actuellement. Il est donc
illusoire de penser qu'on va pouvoir correspondre à la station
Sauvé.
Deuxièmement, à Côte-Vertu, on parle d'une voie
ferrée, d'une ligne qui n'est pas encore rénovée. Est-ce
qu'on va faire oui ou non un autre métro de surface à cet
endroit? Cela peut prendre plusieurs années. Cela peut donc attendre
très longtemps avant de savoir si oui ou non il va y avoir une
correspondance valable. Si jamais le métro de surface est fait pour la
ligne Deux-Montagnes, à ce moment-là, il est possible que cela se
fasse. Pour ce qui est
de la station du Collège, on pourra éventuellement aussi
aller à du Collège, mais il faut bien réaliser que, pour
se rendre dans le centre-ville, on va passer par Snowdon, Westmount, on fait la
boucle complètement et on revient à l'envers. Cela me semble
très peu pratique, parce que, en fait, le but initial et le seul but
était de permettre aux gens - et c'est ce qu'on avait dit dans le temps
- de se rendre dans le centre-ville rapidement, c'est un transport rapide. La
ligne no 6 a perdu toute sa raison d'être, à mon avis, à
partir du moment où on a réalisé après coup, c'est
impardonnable d'ailleurs, qu'on ne pouvait utiliser le tunnel sous le mont
Royal pour se rendre dans le centre-ville d'un seul coup. C'est vraiment,
à mon avis, une erreur absolument incroyable, que cette ligne doive
coûter des centaines de millions de dollars et je ne vois vraiment pas
pourquoi on continue à la planifier.
Mais, il y a autre chose. Est-ce que le ministre peut nous dire si oui
ou non on va utiliser la voie du CN existante ou si on va faire d'autres voies,
car, d'ailleurs cela prend deux voies, si j'ai bien compris. Or il y a une
seule voie actuellement; donc, au mieux, on va construire une deuxième
voie. Si mes informations sont bonnes, ce sont deux nouvelles voies qu'on va
construire à côté de la voie existante dans l'emprise du
CN. Est-ce que c'est exact?
M. Clair: M. le Président, je me suis fait expliquer cela
par...
M. Bourbeau: C'est un peu malheureux que le président du
COTREM ne soit pas ici.
M. Clair: ... les ingénieurs. C'est une réponse que
je peux donner. Ce sont deux voies, effectivement, dans l'emprise ferroviaire
existante.
M. Bourbeau: Deux nouvelles voies ou...
M. Clair: C'est certain que les... Il y a des endroits où
je me souviens d'avoir vu environ dix voies ferroviaires côte à
côte. C'est évident que cela nécessite un
réaménagement dans les endroits où les voies sont
tassées; dans d'autres endroits, c'est presque l'utilisation d'une voie
existante, dans d'autres bouts... C'est très complexe. C'est très
très complexe. C'est l'une des contraintes importantes de cette
hypothèse d'un métro de surface, mais ce que je veux dire au
député là-dessus, c'est que la faisabilité
technique du métro de surface n'a pas été mise en cause
jusqu'à maintenant. C'est certain que la construction de deux voies
ferroviaires dans une emprise où il y a déjà des voies
ferrées existantes fait en sorte que sur certains tronçons on
pourrait probablement affirmer que oui, on utilise une voie ferroviaire qui est
à toutes fins utiles déjà existante, alors que sur
d'autres parties du tronçon, c'est de la construction
complètement nouvelle, si...
M. Bourbeau: Oui, mais le CN a actuellement une voie et, à
ma connaissance, il en a absolument besoin pour son transport de
marchandise.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Donc, vous ne pouvez pas utiliser la voie du CN
actuelle et donc, vous devez construire au moins deux voies, vous en avez
besoin de deux.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Bon, alors, c'est cela la réponse.
M. Clair: Oui, mais ce que je disais au député,
c'est que, si ma mémoire est fidèle, dans la présentation
technique du programme qu'on m'a faite, dans certains endroits où il y a
des voies qui ne servent pour ainsi dire plus, des parties de voie, des bouts
pour des embranchements ferroviaires ou... C'est certain que deux nouvelles
voies doivent être construites, qu'elles seront construites dans une
emprise ferroviaire déjà existante. Sur la question même du
choix, l'idée de construire la ligne no 6, je pense que si on regarde
les déplacements dans cette région, si on regarde
l'intérêt qu'a manifesté notamment la ville de
Montréal - oui, ce sont des élus comme nous, ils ont droit
à leur opinion à moins que le député de...
M. Bourbeau: On reviendra là-dessus tout à l'heure,
si le ministre veut bien. J'aimerais, si le ministre n'a pas d'objection,
revenir aux points techniques pour conclure ensuite sur les... Je voudrais
terminer sur les points techniques. Il y a deux nouvelles voies qui seront en
parallèle, je présume, avec la voie existante. Je soulignerais
que lors du dépôt du plan de transport, on laissait entendre qu'on
utiliserait des voies existantes, c'était...
M. Clair: ... l'emprise ferroviaire existante.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, mais pour ceux qui lisaient cela
rapidement, cela donnait l'impression aux journalistes que c'étaient les
voies existantes. Est-ce qu'on va construire les deux nouvelles voies en
surélevé, comme c'est le cas actuellement pour les voies
existantes - je présume que oui - et surélever les nouvelles
voies comme les voies existantes?
M. Clair: À la dernière rencontre que j'ai eue avec
les gens qui travaillent là-
dessus, l'établissement de la solution de
référence, c'est justement ce en quoi ça consiste,
l'aménagement des voies et des viaducs, les conflits avec les trains de
marchandise. C'est tout cela qui est en train d'être établi, si
l'on veut, la solution de...
M. Bourbeau: Vous n'avez pas le choix, il faut que vous alliez
à la même hauteur que les voies existantes. Vous ne pouvez pas
avoir une voie existante qui est haute, à dix, quinze pieds de hauteur,
c'est un monticule assez important, les voies existantes... Vous allez devoir
avoir la même hauteur, je présume.
M. Clair: Écoutez, M. le Président,
là-dessus, je pense que la meilleure réponse, ce serait de dire
au député que quand viendra le moment de rendre publique ce qu'on
appelle la solution de référence... Ce sont des questions
techniques pour ingénieurs: par endroit, on me dit que cela va devoir
être en surélevé, ailleurs, non.
M. Bourbeau: C'est pour cela que j'aurais aimé que le
président du COTREM soit là. Enfin, je vais passer à autre
chose. Il y a des viaducs tout le long de cette voie, évidemment, parce
que nous sommes à Montréal-Nord, dans un milieu, près de
Montréal-Nord, très urbanisé. Or les viaducs ont
été faits pour une voie. Est-ce que cela veut dire qu'il faudra
refaire tous les viaducs? (22 h 45)
M. Clair: Pas tous les viaducs, à certains endroits; et
là-dessus il y a eu des rencontres avec toutes les municipalités
concernées pour voir comment cela pouvait s'imbriquer, si on veut,
s'introduire dans...
M. Bourbeau: Mais, quand un viaduc a été fait pour
une voie et qu'il y en a trois, comment peut-on penser que le même viaduc
peut prendre trois voies ferrées quand il a été
fabriqué pour une seule? Alors, c'est bien évident qu'il va
falloir refaire...
M. Clair: M. le Président, je suis seulement avocat, je ne
suis pas ingénieur, mais cela dépend bien de la largeur du
tunnel.
M. Bourbeau: Oui, mais c'est justement, je ne pense pas qu'on ait
jamais fabriqué des...
M. Clair: Puis, comme je ne les ai pas tous visités un par
un moi-même, en personne, j'aurais de la difficulté à
répondre au député de Laporte.
M. Bourbeau: Alors, le ministre aurait peut-être
intérêt à passer dans l'Opposition et aller faire des
visites plus fréquentes.
M. Clair: On a l'air à y passer pas mal de temps.
M. Bourbeau: Là où je veux en venir avec tout cela,
M. le ministre - évidemment ce n'est pas parce que je veux vous coincer
avec des questions techniques - c'est qu'il s'agit en fait d'un travail majeur,
d'investissements absolument importants, qui sont peut-être beaucoup plus
importants d'ailleurs que ce qui avait été prévu
originellement, et je mets le ministre en garde là-dessus, pour aller
faire quoi? Pour aller en réalité desservir
Rivière-des-Prairies. Il ne faut pas se le cacher; d'ailleurs, je pense
que vous avez à toutes fins utiles abandonné l'idée
d'aller plus loin que Rivière-des-Prairies pour un temps
indéfini.
Alors, Rivière-des-Prairies, c'est un quartier de la ville de
Montréal qui n'est absolument pas peuplé, qui a été
fusionné à la ville de Montréal il y a très peu
d'années, qui est absolument détaché de la ville de
Montréal, qui n'a aucun lien physique avec la ville de Montréal.
C'est un peu comme le Pakistan qui a une section de son pays qui est à
mille milles du reste.
M. Clair: Les îles Malouines.
M. Bourbeau: Les îles Malouines et l'Angleterre exactement.
La ville de Montréal tente désespérément
évidemment parce qu'elle tient probablement à garder la
majorité à la CUM, tient à peupler ce territoire-là
dans les meilleurs délais, et pour le faire elle doit avoir...
M. Clair: Vous n'êtes pas d'accord avec cet
objectif-là?
M. Bourbeau: Je ne dis pas cela.
M. Clair: Vous refusez de faire le choix encore.
M. Bourbeau: Le ministre fait de la démagogie. Je ne dis
pas que la ville de Montréal n'a pas raison de vouloir peupler ses
quartiers, mais ce que je dis c'est: Est-ce que c'est raisonnable d'amener
à frais énormes des systèmes lourds de transport dans un
endroit où il n'y a personne? Depuis quand les systèmes de
transport lourds précèdent-ils la population? Est-ce que ce n'est
pas le contraire qu'on fait ordinairement? Est-ce que c'est une sage politique
que d'amener des autoroutes dans des endroits où il n'y a personne ou
des lignes de chemins de fer ou des métros de surface où il n'y a
personne?
Je pense que la ville de Montréal devrait peupler ses territoires
en premier lieu et après cela, on lui donnera ses transports. Je ne veux
pas faire de politique, mais je pense que le ministre devrait penser
que le maire de Montréal, la ville de Montréal a
exercé des pressions énormes sur le gouvernement pour avoir son
métro de surface pour aller peupler sa Rivière-des-Prairies. Et,
évidemment, tout cela se fait aux dépens des contribuables de
partout qui vont dépenser des centaines de millions de dollars pour un
projet qui n'a plus de raison d'être. Enfin, si on parle d'un
système rapide parce qu'il n'est plus rapide du tout puisqu'il ne peut
plus utiliser le tunnel sous le mont Royal, il y a des contraintes techniques
énormes qui avaient plus ou moins été prévues au
départ, si mes renseignements ont été fidèles, et
il y a autre chose là-dedans, c'est que la seule population importante
là-dedans, c'est la ville de Montréal-Nord.
La ville de Montréal-Nord est la deuxième plus grosse
ville sur l'île de Montréal après la ville de
Montréal, si mes renseignements sont bons; je pense que c'est la plus
grosse après Montréal et la ligne de chemin de fer passe en
dehors de son territoire au sud. Ce n'est vraiment pas pratique pour la ville
de Montréal-Nord, ce train de surface parce que ce n'est pas au centre,
c'est complètement en périphérie; d'un côté
il y a la ville de Montréal-Nord et d'un autre côté, ce
sont les champs. Il y a seulement un côté de la ligne qui va
servir, contrairement à un métro qui arrive en plein centre.
Or, originellement, on avait prévu que le métro de
Montréal irait à la ville de Montréal-Nord, la ligne no 5,
c'est le no 5 qui va jusqu'à la ville d'Anjou? Bon, no 5. J'ai ici le
rapport annuel de la CUM pour l'année 1980 et c'est très
étrange parce qu'il y a deux plans, le plan du métro original, la
ligne no 5 qui, à partir de la station Provencher, boulevard
Métropolitain & Provencher, bifurquait pour aller desservir
Montréal-Nord, et subséquemment, dans le même plan, dans un
plan à côté dans le même programme on nous montre la
ligne de métro qui tout à coup ne bifurque plus et s'en va
à la ville d'Anjou.
C'est assez paradoxal que dans une même publication, on montre la
même ligne de métro qui ne suit pas le même parcours. Je ne
sais pas ce qui s'est passé, ou enfin, j'ai une petite idée de ce
qui s'est passé. À un moment donné, on a
décidé, pour des raisons que je ne comprends pas, d'inventer
littéralement le métro de surface, la ligne no 6, vers
Rivière-des-Prairies pour faire plaisir à M. Untel, et vers
Repentigny pour faire plaisir au ministre Untel. Cela ne justifiait plus le
métro qui allait à Montréal-Nord. Donc, le métro
n'ayant plus de place où aller, on a dit: II va aller à Anjou.
Évidemment, le maire d'Anjou était très heureux de le
recevoir chez lui, je ne le blâme pas non plus. Je me demande si,
vraiment, il n'y aurait pas lieu de remettre tout cela en question. Il est bien
sûr que le vrai métro ordinaire est un mode de transport qui est
beaucoup plus adapté a notre climat que des métros de surface,
surtout l'hiver.
M. Clair: Beaucoup plus coûteux.
M. Bourbeau: Beaucoup plus coûteux, je suis d'accord.
M. Clair: Cela se compare à peu près à 10
000 000 $ le kilomètre pour le métro de surface par rapport
à 37 000 000 $ le kilomètre pour le métro.
M. Bourbeau: Je dirai au ministre qu'on sait ce que coûte
un métro, parce qu'on en a fait, mais on n'a pas encore fait de
métro de surface.
M. Clair: Oui, mais on ne peut pas mettre en cause comme cela des
expériences qui ont eu lieu...
M. Bourbeau: II n'y a pas eu d'expériences.
M. Clair: II y a d'autres places dans le monde que
Montréal.
M. Bourbeau: Montréal est spécial, M. le ministre.
Je vous prie de croire que...
M. Clair: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Bourbeau: ... ce qu'on fait à Montréal, on ne
peut pas prendre les coûts d'ailleurs pour les appliquer à
Montréal.
M. Clair: Je pourrais vous donner l'exemple d'Edmonton où
les conditions climatiques, jusqu'à nouvel ordre, ressemblent un tant
soit peu aux nôtres.
M. Bourbeau: J'ai expliqué tout à l'heure les
contraintes qu'il y a avec le métro de surface, qui sont très
importantes sur la ligne no 6. Je ne dis pas qu'on devrait immédiatement
construire le métro jusqu'à Montréal-Nord, mais une chose
est certaine, c'est que pour se rendre à Montréal-Nord, on n'a
qu'une très petite distance, il est déjà rendu à la
porte de Montréal-Nord. Si le ministre veut regarder sur la carte, le
métro est ici, Montréal-Nord est là. C'est sûr que
cela coûte plus cher de faire un métro, mais faire un métro
qui coûte deux fois plus cher sur une distance d'un kilomètre,
cela coûte encore moins cher que de faire un métro de surface qui
coûte deux fois moins cher, mais sur 25 kilomètres. Le ministre
n'est peut-être pas un mathématicien, mais il est capable de
compter comme moi assez rapidement. Si on doit faire un métro de surface
qui part de là et qui vient jusqu'ici,
et si on compare ces coûts avec les coûts pour construire un
métro ordinaire qui couvre une très petite distance, je pense
qu'on devrait regarder encore très sérieusement la
possibilité de mettre de côté complètement la
fameuse ligne numéro 6 qui n'a plus sa raison d'être, je le
répète, et peut-être éventuellement, dans un
délai un peu plus éloigné, de donner à la ville de
Montréal-Nord un vrai métro qui serait un investissement,
à mon avis, beaucoup plus intelligent dans les circonstances et qui
pourra éventuellement, quand la ville de Montréal aura fait la
preuve que sa population est importante dans Rivière-des-Prairies,
être prolongé jusqu'à Rivière-des-Prairies dans les
années et les siècles à venir. Enfin, c'est une solution
qui me paraîtrait beaucoup plus raisonnable et peut-être moins
coûteuse aussi, dans l'état actuel des choses.
M. Clair: Si je comprends bien, le député dit non
à la ligne no 6, à savoir le métro de surface. Il dit
également non au prolongement du métro vers Anjou. Il veut
revenir à l'ancienne proposition...
M. Bourbeau: Non, je regrette...
M. Clair: ... ou en tout cas souhaiterait qu'on réexamine
tout cela pour éventuellement faire un métro souterrain vers
Montréal-Nord. C'est ce que vous avez dit.
M. Bourbeau: Non, je regrette, M. le ministre, il y a une
nuance.
M. Clair: Allez-y. Nuancez.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit qu'on ne devrait pas aller à
Anjou, je n'ai pas dit cela.
M. Clair: Vous voulez le Y? M. Bourbeau: Oui.
M. Clair: Vous voulez le métro souterrain vers Anjou et le
métro souterrain vers Montréal-Nord. C'est ce que vous voulez?
C'est en contradiction parfaite avec votre énoncé du
départ, à savoir que vous vouliez qu'on utilise au maximum les
infrastructures existantes, qu'on prenne les moyens les moins coûteux
pour répondre aux besoins. Non seulement vous ne choisissez pas, mais
vous compromettez même l'avenir. Voulez-vous qu'on fasse les calculs? Je
vais vous prendre au mot.
M. Bourbeau: Non, je prierais le ministre de garder un ton
très serein...
M. Clair: On va faire faire les calculs de coûts à
40 000 000 $ le kilomètre pour un métro qui se rendrait à
Montréal-Nord et un métro qui se rendrait à Anjou.
M. Bourbeau: Ce que le ministre ne peut pas faire, c'est me
donner le coût du métro de surface. Il ne peut pas comparer cela,
parce qu'on ne le connaît pas. Il y a tellement de contraintes qu'on ne
sait pas ce que cela va coûter, alors qu'on sait combien coûterait
le métro. Je ne dis pas au ministre et je le répète
encore, parce que le ministre parfois fait de la projection, je ne dis pas
qu'on devrait maintenant faire le métro ordinaire vers
Montréal-Nord. Je pense qu'on devrait laisser aller le métro
jusqu'à la ville d'Anjou, parce que cela semble être maintenant la
décision, quitte à se garder des options pour aller plus tard
à Montréal-Nord. Si j'avais mon mot à dire, ma
préférence serait, il me semble, en regardant la carte, qu'on
devrait aller à Montréal-Nord avant Anjou, quoique,
éventuellement, on pourrait faire les deux. Si le ministre veut regarder
la carte encore, il va se rendre compte d'une chose, c'est que, quand on
regarde les trois systèmes - ça ne sert à rien de les
montrer s'il ne regarde pas -vous avez ici l'île de Montréal, qui
est une île qui va se rétrécissant vers l'est, vous avez
trois lignes qui poussent vers l'est et, à un moment donné, les
trois lignes sont parallèles. Il me semble que c'est beaucoup d'argent
d'investi dans un territoire assez restreint. Si on prenait le plan original
qui est ici et où il n'y a pas de métro de surface, on avait une
ligne de métro qui poussait vers l'est et une autre qui remontait vers
Montréal-Nord. Il me semble qu'on couvre à bien meilleur
coût, évidemment -peut-être pas aussi bien qu'ici, c'est
bien sûr, parce qu'il y a trois lignes - mais d'une façon plus
rationnelle le territoire. Il n'y a rien qui empêcherait,
éventuellement, plus tard de pousser le métro vers la ville
d'Anjou. Ce que je dis, c'est que de cette façon-là on reste avec
un système de métro existant, on ne crée pas une nouvelle
structure, un métro de surface pour lequel il va y avoir des
problèmes. L'hiver, entre autres, un métro de surface, cela ne
sera pas très facile à entretenir et cela ne sera pas très
pratique non plus pour les gens, alors que le métro, qui coûte
plus cher mais qui est rendu à la porte de Montréal-Nord, est une
formule, je pense, beaucoup plus adaptée à notre climat. Je
laisse ça au ministre pour réflexion, j'aurai peut-être
réussi à l'ébranler, j'espère.
M. Clair: Ce que je voudrais dire en terminant, c'est que
justement, sur le choix de la ligne 6 par rapport à la ligne 5, il y a
une étude de l'OPDQ qui a démontré que la ligne 6 passe
dans un territoire plus dense avec des cartes de densité à
l'appui,
chiffres, statistiques, etc. Je voudrais assurer le
député...
M. Bourbeau: La ligne 6? M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: La ligne du métro de surface?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre a regardé sur
une...
Une voix: Saint-Léonard, Anjou?
M. Bourbeau: Je suis prêt à faire la preuve au
ministre - je ne sais pas si je peux le faire demain - que la ligne 6 passe
dans un territoire où il n'y a absolument personne. C'est vraiment
incroyable de voir comme la ligne 6 passe dans des champs. Je vais dire
pourquoi au ministre s'il veut m'écouter. C'est qu'à partir de
Montréal-Nord, là où elle passe, dès qu'elle sort,
enfin, elle ne sort plus du tunnel maintenant, c'est vrai, j'ai fait mes
études dans le temps où je croyais encore au tunnel, mais elle
s'engage dans Montréal-Nord là où il n'y a absolument
personne sur un côté. Il y a Montréal-Nord d'un
côté et des champs vacants de l'autre côté.
Dès après Montréal-Nord, ce sont les champs les plus
complets. Il pourrait y avoir des vaches à perte de vue. Il n'y a
absolument aucune population. On se dirige vers Rivière-des-Prairies
où il n'y a personne. Après ça, si on continue selon le
programme original, on bifurque vers Pointe-aux-Trembles où il n'y a
encore personne mais on ne passe même pas à Pointe-aux-Trembles,
on passe à l'extérieur où il n'y a personne.
Effectivement, c'est une ligne de chemin de fer qui existe depuis toujours et
les villes se sont toujours éloignées des lignes de chemin de
fer. Donc, il n'y a pas de population près des lignes de chemin de fer.
Vous le savez comme moi, les gens essaient de s'éloigner des lignes de
chemin de fer. Je l'ai faite, moi, l'étude sur une carte où la
population est montrée. J'ai suivi la ligne. Je le montrerai au ministre
s'il veut le voir. Il n'y a vraiment personne.
M. Clair: On amènera chacun, de part et d'autre, nos
cartes de densité.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Clair: Maintenant, ce que je retiens essentiellement de la
part du député, je comprends qu'il est bien intentionné
quand il veut remettre ça en cause, mais, vous savez, il y a bien du
monde qui avant moi s'est penché là-dessus, bien des
techniciens...
M. Bourbeau: Des ingénieurs.
M. Clair: Des ingénieurs, des démographes, des
sociologues.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a des comptables aussi qui ont
regardé ça un peu?
M. Clair: Oui, certainement, même des notaires, en grand
nombre, se sont penchés là-dessus.
M. Bourbeau: Mais est-ce que l'important...
M. Clair: Ce que je voudrais dire...
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a des économistes qui l'ont
regardé aussi?
M. Clair: Est-ce qu'il y avait des économistes?
M. Bourbeau: Je pense que cela a manqué.
M. Clair: Sûrement. Pas celui qu'on a ici avec nous
mais...
M. Bourbeau: C'est peut-être ça qu'on aurait
dû engager en premier lieu.
M. Clair: Écoutez, quand même, le 4 mars 1981 un
accord a été signé avec la Communauté urbaine de
Montréal. Ces gens-là n'ont pas dû signer à
l'aveuglette, de façon irresponsable. Que ce soit au niveau du COTREM,
au niveau des gens du ministère des Transports du Québec, des
services de planification, de tous ceux qui planifient dans ces
affaires-là, je ne pense pas que les gens aient voulu agir de
façon irresponsable. C'est certainement une des hypothèses encore
à retenir. Je voudrais assurer le député que, quand je
suis arrivé, j'ai essayé d'être critique à
l'égard des grandes orientations du ministère des Transports.
Jusqu'à maintenant, on ne m'a pas convaincu qu'il fallait remettre en
cause l'éventualité de la construction de la ligne 6. (23
heures)
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre pourrait demander à
ses fonctionnaires, quand il sera seul avec eux, pourquoi, en décembre
1979, on ne savait pas que le tunnel ne pouvait pas prendre le volume? Si on le
savait, pourquoi a-t-on annoncé que la ligne 6 passerait en-dessous du
tunnel à ce moment? Est-ce que le ministre pourrait se renseigner
à ce sujet? Lors du dépôt du plan de Belleval, on a dit que
le métro de surface, la ligne no 6, irait directement dans le
centre-ville de Montréal. C'était un point de vente vraiment
important. Est-ce que le ministre a demandé à ses fonctionnaires
de lui expliquer comment il se fait qu'à ce
moment on ne savait pas ce que tout le monde savait depuis longtemps,
non pas tout le monde, mais les experts, que le tunnel ne pouvait pas prendre
cette ligne? Est-ce qu'à ce moment ça ne remet pas en cause la
justification de la ligne? Est-ce qu'on ne devrait pas arrêter de
s'entêter à vouloir mettre sur pied une ligne dont la
justification originale a disparu? C'est ça qui est le problème.
Je me poserais de sérieuses questions, enfin, j'en poserais autour de
moi. Je me demanderais comment il se fait que, maintenant que l'avantage
principal de cette ligne a disparu, on n'a pas remis en question toute la
ligne.
M. Clair: Je pense que l'avantage principal de la ligne n'a pas
disparu en fonction des statistiques de déplacements qui sont de 60%
à 70% en direction est-ouest et de 30% vers le centre-ville. Ce qu'il a
pu y avoir, c'est l'avantage que ça comporte que de continuer à
mener des études sur l'ensemble de la problématique du transport
en commun dans la région de Montréal. Les conditions
d'exploitation du tunnel ont probablement changé considérablement
depuis 1976. Il y a toutes sortes de décisions qui sont reliées
à des sujets aussi lointains que la gare intermodale de Québec.
L'éventualité de la mise en service de la gare intermodale
à Québec a une influence directe sur l'utilisation du tunnel du
mont Royal parce que les trains de Via Rail passeraient sur la rive nord
plutôt que sur la rive sud et entreraient précisément en
conflit avec les trains qui viennent de Deux-Montagnes, l'éventuel
métro de surface qui aurait pu engager ça. C'est d'une
complexité très grande. Je pense que, vu les principaux
éléments que je donnais tantôt, à savoir que les
études menées démontrent qu'en termes d'utilisation la
ligne no 6 se justifie pleinement, tant en termes de direction des placements
qu'en termes de nombre de déplacements... Je pense que ce sont les deux
données fondamentales du dossier.
S'il advenait que le métro de surface se révèle un
atout majeur pour développer le quartier de
Rivière-des-Prairies... Quand on regarde le dépeuplement de
l'île de Montréal, 130 000 habitants de moins sur l'île de
Montréal en cinq ans, c'est un phénomène non
négligeable. L'introduction... Je ne veux pas dire que c'est pour cela
qu'on le fait, mais si ça donnait cela comme résultat, je pense
que ça aurait permis d'atteindre un objectif très souhaitable,
à savoir le repeuplement, le changement de direction dans les mouvements
démographiques dans la région de Montréal.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre me permettrait de lui citer
le plan de transport de décembre 1979, deux lignes? Aménagement
immédiat d'une ligne de métro régionale dans l'emprise
existante du CN depuis la gare centrale sous le mont Royal, décembre
1979. Alors, que déjà, en 1975-1976, le ministère
savait...
M. Clair: Quelles sont vos sources pour dire qu'en 1975-1976 on
le savait déjà?
M. Bourbeau: Écoutez, je ne suis pas obligé
d'énoncer mes sources...
M. Clair: Cela pourrait m'être utile.
M. Bourbeau: ... M. le ministre, mais j'ai déjà
tout à l'heure nommé M. Douglas Fullerton qui avait
été engagé dans le temps. On le savait déjà.
Si le ministre s'informe auprès du ministère, il va apprendre que
déjà on savait qu'il était impossible d'utiliser le
tunnel. Ce que je dis, et le ministre en fera ce qu'il voudra, le ministre
aurait intérêt à relire les paroles de mon introduction
tout à l'heure qui s'avéreront peut-être
prophétiques. J'ai dit au ministre qu'il faisait une grave erreur s'il
ne mettait pas en cause la ligne no 6 au complet. Je pense que...
M. Clair: Ce que je dis au député de Laporte, c'est
qu'il ferait une grave erreur s'il nous entraînait dans la construction
d'une ligne 5 telle que prévue et d'un éventuel prolongement vers
Montréal-Nord, parce que tôt ou tard je suis convaincu que vers
l'est de Montréal, chacun a sa perspective, mais investir dans le
métro souterrain en direction d'Anjou et en même temps envisager
d'aller desservir Montréal-Nord, c'est la solution la plus
coûteuse, j'en suis convaincu.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que vous me permettez de
vous faire remarquer qu'on va tous faire une grave erreur si on ne termine pas
bientôt, parce qu'il est 23 h 05?
Est-ce que la commission veut continuer ses travaux ou permettra-t-elle
qu'on ajourne à demain?
M. Clair: Est-ce qu'on adopte le programme no 1?
M. Bourbeau: Écoutez, il y a encore bien des choses
à discuter sur la question de transport des personnes. On n'a pas encore
discuté de...
Le Président (M. Gratton): Alors, on reviendra demain au
programme 1.
M. Bourbeau: Je ne voudrais quand même pas prolonger
indéfiniment, je pense que c'est inutile d'aller plus loin, le point que
je voulais faire a été suffisamment exposé. Je pense que
j'ai semé assez de doutes dans l'esprit du ministre pour qu'il commence
à poser des questions; peut-être
qu'on pourrait se rencontrer et je pourrais lui dire autre chose.
Demain, j'aimerais, si possible, finir le programme 1, M. le
Président, en accélérant, bien sûr; on pourrait
peut-être dire quelques mots du métro. Les trains de banlieue, on
en a parlé un peu; l'intégration tarifaire, je pense que le
ministre en a parlé un peu, on pourrait peut-être aller assez
rapidement là-dessus. Il y a la question du COTREM, quelques points sur
le COTREM. Enfin, j'en aurais peut-être pour une demi-heure, trois quarts
d'heure demain matin pour terminer le programme 1, si le ministre veut.
M. Clair: Si vous me donniez vos questions sur le COTREM
immédiatement, cela me permettrait de savoir si je dois demander
à M. Lussier qui, comme je vous le disais, s'acquitte de
fonctions...
M. Bourbeau: Non, je pense que les seules craintes que j'avais
étaient des craintes techniques et le ministre, tout à l'heure,
s'en est tiré assez bien avec l'aide de ses très
compétents adjoints. Le reste, ce sont des questions d'ordre
général et je suis convaincu que le ministre est parfaitement au
courant de cela.
Après, on pourrait peut-être aborder le programme 2 avec
Mme Sotiau. On essaiera de faire les programmes 3 et 4 tout de suite
après, si le ministre le veut bien.
Le Président (M. Gratton): Sur ce, la commission ajourne
ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 07)