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(Dix heures quatre minutes)
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bonjour. Je déclare la séance de la commission des
transports ouverte.
Donc, la commission des transports est réunie aujourd'hui pour
entendre la question avec débat sur les problèmes de l'industrie
du taxi.
Les membres de cette commission sont: M. Blouin (Rousseau), M. Bourbeau
(Laporte), M. Clair (Drummond), M. Desbiens (Dubuc), M. Gauthier (Roberval), M.
Lachance (Bellechasse), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Baril (Arthabaska), M.
Beaumier (Nicolet), M. Caron (Verdun), M. Grégoire (Frontenac), M.
Maciocia (Viger), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue
(Vimont).
Est-ce qu'il y a une proposition pour inclure madame la
députée de Dorion?
M. Clair: Étant donné que, dans notre caucus, dans
le caucus de notre parti, la députée de Dorion s'intéresse
activement au dossier du taxi, si mes collègues n'ont pas d'opposition,
je demanderais qu'elle puisse agir comme membre suppléant ou comme
membre.
M. Bissonnet: Je suis bien d'accord, de toute façon, le
député de Sainte-Anne et moi-même ne sommes pas membres de
la commission des transports et nous nous y intéressons de façon
très particulière également.
M. Clair: Alors, si je comprends, M. le Président, si je
veux que le débat cesse dès maintenant, il n'y aura pas de
problème.
M. Bissonnet: II n'y aura pas de problème, disons, M. le
Président, à mettre le député de Sainte-Anne et
moi-même et la députée de Dorion comme remplaçants
de membres de la commission qui ne sont pas présents ce matin.
Le Président (M. Rancourt): Donc, le député
de Sainte-Anne remplace le député Caron de Verdun.
M. Bissonnet: Et Michel Bissonnet remplace le
député de Charlevoix, M. Mailloux.
Le Président (M. Rancourt): Les députés de
Charlevoix et Verdun, d'accord. Madame...
M. Clair: Pourrait remplacer mon adjoint parlementaire, le
député de Beauce-Nord, M. Ouellette.
Le Président (M. Rancourt): Madame la
députée de Dorion remplace le député de
Beauce-Nord. D'accord?
M. Maciocia: M. le Président, moi je suis intervenant
dans... Est-ce que cela va quand même, il n'y a pas de
problème?
Le Président (M. Rancourt): II n'y a aucun problème
pour vous, vous êtes déjà inscrit.
J'aimerais vous rappeler les paramètres de la rencontre
d'aujourd'hui, cela veut dire que la personne qui a fait la demande de la
question avec débat est la première à intervenir. Donc,
c'est le député de... Je m'excuse, mais votre comté?
M. Bissonnet: De Jeanne-Mance.
Le Président (M. Rancourt): ...Jeanne-Mance qui a droit
à intervenir le premier et vous avez droit à vingt minutes. Le
ministre, en deuxième, a droit à vingt minutes aussi. Ensuite, de
chaque côté de la salle, les questions et les
interprétations qui peuvent être données par les
députés pourront être faites, mais en considérant
que chaque député ne peut avoir plus que vingt minutes au total
durant la séance qui, en principe, doit se terminer à 13 heures.
J'espère qu'on s'est bien entendu là-dessus et qu'on est
prêt à commencer.
M. le député de Jeanne-Mance.
Exposé du sujet M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: M. le Président, M. le ministre, messieurs
les membres du gouvernement, je voudrais remercier tout d'abord le
député de Sainte-Anne, M. Polak, et le député de
Viger, M. Maciocia, de m'assister dans ce dossier.
Le 11 novembre, à la suite d'un débrayage des chauffeurs
de taxi de la
région de Québec, j'ai posé la question au ministre
des Transports pour qu'il convoque une commission parlementaire sur le sujet
afin d'entendre les intervenants dans le domaine du taxi pour faire valoir leur
grief à l'endroit des règlements qui les régissent. Le
ministre m'a indiqué qu'il ne voulait pas faire une commission
parlementaire. Alors, j'ai inscrit la question avec débat, qui
était, à ce moment, le seul moyen pour moi que cette Chambre
puisse discuter des problèmes du taxi dans la province de
Québec.
J'aurais trouvé plus avantageux qu'une commission parlementaire
soit tenue pour pouvoir entendre les intervenants compte tenu que, depuis 1970,
nous avons eu le rapport Rossé qui a fait suite à une
étude des problèmes du taxi; nous avons eu également un
service de plan de carrière, analyse de la profession des chauffeurs de
taxi en octobre 1976, il y a eu un autre rapport qui a été fait
sur le transport des personnes, rapport du comité des transports de la
région de Montréal en septembre 1977; l'industrie du taxi par
CGGL, conseillers en gestion en 1977; le prix du transport au Québec en
1978; l'analyse de la réglementation du taxi au Québec, une
thèse qui a été présentée à
l'Université Laval par M. Papillon, et le rapport CONTAX sur la
tournée provinciale de consultation sur le règlement du taxi no 6
dans la province de Québec en mars 1979 et il y a un groupe de travail
sur la rentabilité du taxi sur l'île de Montréal dont un
rapport d'étapes a été déposé en juin
1980.
Lorsque j'ai été élu député du
comté de Jeanne-Mance à l'Assemblée nationale, à
l'intérieur du caucus de mon parti, j'ai sollicité auprès
de mon chef que je sois le responsable du dossier du taxi, car j'ai
travaillé comme chauffeur de taxi de 1966 à 1971, ce qui m'a
permis de connaître véritablement les problèmes que chaque
chauffeur de taxi rencontre quotidiennement.
Dans un premier temps, permettez-moi de souligner qu'il y a un
problème particulier dans la région de Montréal sur la
qualité des chauffeurs de taxi. Je pense que le gouvernement est
conscient de cela. Deuxièmement, il y a trop de permis de chauffeur de
taxi, en particulier dans la région de l'île de Montréal et
également dans la région de Québec.
Donc, je voudrais, dans un premier temps, exposer au ministre les
problèmes que connaît un chauffeur de taxi dans l'exécution
de ses fonctions. Je peux vous informer qu'en 1966, un chauffeur de taxi avait
les mêmes revenus qu'aujourd'hui. En 1966, il en coûtait, pour
louer une voiture à Montréal, 9 $ par quart de douze heures, 10 $
par quart de nuit, et la gazoline pouvait coûter environ 6 $ pour un
plein d'essence après douze heures de travail.
Actuellement, les coûts de location sont de 24 $ pour un quart de
jour, 27 $ pour un quart de nuit et 35 $ pour un quart "single",
c'est-à-dire 24 heures. Selon les informations que j'ai recueillies des
chauffeurs de taxi de la région de Québec et de la région
de Montréal également, on peut dire qu'actuellement la moyenne du
coût d'un plein d'essence après douze heures de travail, c'est
d'environ 32 $ à 40 $ selon la voiture. Il est évident que les
petites voitures, c'est en bas de 32 $.
Donc, en 1966, un chauffeur qui faisait douze heures de taxi avait, en
travaillant très fort - parce que faire du taxi, c'est un travail qui,
lorsqu'on a des taux de location à payer, demande beaucoup de
persévérance, l'attente sur les stands, surtout dans la
région de Montréal où il y a trop de taxis, c'est presque
une course dans les rues principales pour héler un client - une moyenne
de 40 $ de revenu pour une journée de douze heures. En 1966, cela
donnait à un chauffeur de taxi un revenu de l'ordre de 25 $.
Aujourd'hui, il en coûte 24 $ de location pour un chauffeur de taxi - on
va prendre la formule de location et ensuite, la formule propriétaire
chauffeur de taxi - et une moyenne de 35 $, ce qui fait 59 $,
Les chauffeurs de taxi que j'ai rencontrés durant les trois
dernières semaines me disent qu'ils font en moyenne un revenu de 80 $
à 90 $ pour une durée de travail de douze heures. Dans une
journée exceptionnelle, un chauffeur de taxi peut faire, en douze
heures, un montant de 100 $, comme aujourd'hui, c'est favorable aux chauffeurs
de taxi compte tenu du temps qu'il fait.
Donc on considère qu'en 1981, un chauffeur de taxi qui paie 59 $
de location et en essence, a un excédent de l'ordre de 20 $ à 30
$ par jour. Il faut considérer qu'il n'a pas de journée de
maladie, pas de vacances. (10 h 15)
Le propriétaire, qui conduit son auto doit payer un minimum de 26
$ par jour de frais d'administration. L'essence coûte entre 32 $ et 40 $.
Pourquoi 26 $ par jour? L'assurance: 1500 $ au minimum. (Plus tard, au cours de
cette question avec débat, je vous donnerai des cas particuliers
d'individus pour expliquer combien il en coûte pour un
propriétaire de taxi de Québec comme ceux que nous avons
rencontrés hier.)
II en coûte donc une moyenne de 1500 $ d'assurance. L'année
dernière, chaque propriétaire avait une franchise de 300 $. Que
le propriétaire soit responsable ou non de l'accident, les compagnies
d'assurance n'en tiennent pas compte. Il y a 250 $ d'assurance pour l'assurance
gouvernementale, 52 $ pour le permis à la Commission des transports du
Québec et 50 $ pour la plaque d'immatriculation; il y aura une
augmentation cette année.
Supposons qu'un chauffeur de taxi propriétaire change de voiture
a tous les trois ans - ce qui est un maximum, beaucoup le font à
l'intérieur de deux ans - et supposons un montant de 3000 $ par
année. Cela fait 9000 $ en trois ans, ce qui est plus que
modéré comme chiffre, compte tenu des taux d'intérêt
de l'ordre de plus de 20% que le propriétaire doit financer pour acheter
une nouvelle voiture. Les frais sont de l'ordre de 2000 $ pour les
réparations, l'entretien annuellement. Ce qui donne une moyenne de 7000
$ par année pour les frais, en étant très
modéré. Cela représente un montant de 131 $ par semaine;
divisé par 5 jours ouvrables de douze heures par jour, ça donne
une moyenne de 26 $ par jour plus l'essence de 35 $, ce qui fait 61 $.
À ce moment-là, il est certain que le propriétaire
artisan chauffeur de taxi va travailler plus de 12 heures par jour. Il va
travailler plus de 60 heures par semaine et travaillera aux heures de pointe
s'il est seul conducteur de sa voiture.
Cela n'inclut pas le propriétaire artisan qui fait partie d'une
association de services. À titre d'exemple, le type qui fait partie
d'une compagnie comme l'Association de taxis LaSalle, à Montréal,
doit débourser à cette association un montant additionnel de 1000
$ par année pour être membre de cette association de services.
Donc, c'est la situation actuelle des chauffeurs qui louent et des
propriétaires qui sont à leur compte. Selon les informations que
j'ai - parce que j'ai pris des taxis, à Québec, cette semaine, et
à Montréal également - la moyenne actuelle, dans le mois
de novembre, c'est à peu près 75 $ de "way bills", moins les
dépenses en tant que propriétaire, et l'essence.
Évidemment, l'augmentation sur l'essence qui a été
décrétée dans le discours sur le budget et qui est en
vigueur est une augmentation assez extraordinaire pour les chauffeurs de
taxi.
Dans le Journal de Québec, ce matin, il y avait un article
intitulé "S.O.S. Taxis." On dit: Plusieurs propriétaires de taxis
devront envisager la faillite ou la cessation de leurs activités si le
gouvernement du Québec ne compense pas les pertes que va entraîner
la nouvelle surtaxe sur l'essence. "Tel est du moins le cri d'alarme
lancé hier par le vice-président de la Ligue de taxi de
Montréal... La ligue, qui regroupe des propriétaires de plus de
5200 permis de taxi sur l'île de Montréal, soutient que la surtaxe
occasionnera des déboursés annuels de plus de 2000 $ par
année à chacun de ses membres."
À titre d'exemple, dans la région de Québec, la
compagnie de taxi Co-Op, l'association coopérative, numéro de
téléphone - parce qu'il y a deux associations et deux
numéros de téléphone différents -525-5191, en 1979,
recevait 1 921 000 appels, pour des services de taxi à domicile. En
1980, l'association coopérative a reçu 1 371 000 appels,
comparativement à 1 921 000, soit une diminution de 29%, des gens de la
région de Québec qui font affaires avec cette coopérative,
une réduction de 29% d'appels, ce qui est une diminution importante.
Donc, dans l'industrie du taxi, évidemment, dans la région
de Québec, selon les chauffeurs de taxi, il y aurait à peu
près une cinquantaine de permis qui sont des permis de trop. Dans la
région de Montréal, on parle de 1000 à 1500 permis. Au
cours du débat, nous vous soulignerons notre point de vue sur le nombre
de permis dans ces deux régions. Il demeure qu'ayant trop de permis, les
revenus de chaque chauffeur de taxi sont moindres. Il n'y a aucune
sécurité pour ces gens, pas de journée de maladie, pas de
journée de vacances. Donc, le chauffeur propriétaire doit faire
des semaines très longues pour pouvoir penser à prendre des
vacances, comme tout citoyen du Québec. Si on calcule le revenu horaire,
on est bien en dessous du salaire minimum. Je rencontrais hier des chauffeurs
de taxi qui travaillent depuis 28 ans ou 30 ans. Ce matin, j'ai pris un taxi
à l'hôtel Hilton, le type a attendu une heure avant de prendre son
premier client qui était moi. Il me disait que la situation du taxi,
pour lui, c'est très difficile, il pense à quitter ce travail.
Mais où va-t-il aller? Ça fait 30 ans qu'il fait du taxi, il ne
peut pas se lancer dans d'autres domaines.
Évidemment, les propriétaires de taxi et les chauffeurs,
locataires ou propriétaires, ont beaucoup de difficulté, comme
dans la région de Montréal. J'ai remarqué qu'il y avait un
certain harcèlement de la part des policiers, je dois le dire, pour des
raisons que je ne peux pas expliquer. Le fait demeure que lorsqu'un chauffeur
de taxi doit payer avant de commencer son travail, doit faire face à un
objectif d'un minimum de 55 $ de revenus, c'est bien sûr qu'il y a de la
nervosité. Souvent, il doit aller vite et lorsqu'il a une contravention
ou un billet de vitesse, sa journée est finie. Il travaille, à ce
moment, toute la journée pour payer cette contravention.
Un article dans le Journal de Montréal disait que les chauffeurs
de taxi sont en colère. Ils sont d'ailleurs venus ici, à la suite
de la décision du gouvernement d'augmenter la taxe sur l'essence. Tous
les chauffeurs de taxi font face à des difficultés et,
actuellement beaucoup de personnes parlent d'augmentation des tarifs, mais
c'est la clientèle que le taxi doit avoir pour survivre. Donc, dans un
premier temps, il est important que le ministère des Transports
étudie la question parce qu'il y a eu sept ou huit rapports ayant trait
aux taxi depuis 1976. Il y a eu un groupe de travail sur la
rentabilité du taxi sur l'île de Montréal qui a
été déposé le 30 juin 1980. Je demande au ministre
où il en est rendu avec ce rapport. Je sais qu'il y a eu deux ou trois
réunions en ce qui concerne l'aéroport de Dorval depuis. Est-ce
que c'est un rapport d'étapes? Est-ce que le ministre peut nous dire
où nous en sommes rendus, à la suite de ce rapport
d'étapes? Il y a également le rapport CONTAX sur le
règlement no 6. Il y a eu une consultation auprès de 250
chauffeurs de taxi dans la plupart des régions de Québec.
Selon les recommandations du rapport CONTAX, je veux juste souligner
qu'il s'agit d'un groupe de la firme Cerhu, qui a été
engagée par le gouvernement pour faire une étude sur la situation
du taxi, en particulier en ce qui a trait au règlement no 6. Je voudrais
attirer l'attention du ministre sur le fait qu'après des contacts et des
recherches la firme Cerhu dit ceci:
Nous avons dégagé quelques facteurs conditionnant
positivement ou négativement les chances de succès de la
tournée de consultation projetée. Le taxi semble en mauvaise
posture économique. Le seuil de rentabilité est apparemment non
atteint. Les chauffeurs et les propriétaires sont
sous-rémunérés par rapport au nombre d'heures
travaillées. Rendu à sa dixième refonte interne en cinq
ans, le règlement 6 sur le transport par taxi semble connaître
moult difficultés à être adapté aux besoins des
travailleurs de la base. Cette observation pourrait en fait cacher un conflit
latent ou manifeste entre les travailleurs à la base de l'industrie et
le ministère des Transports. Ce sont les informations que la firme Cerhu
fournit dans son rapport soumis au ministère en 1979.
D'un autre côté, approchés avec tact et
honnêteté, nous croyons que les travailleurs de la base seraient
prêts à collaborer, s'il sentaient une réelle ouverture de
la part du ministère. La firme a trouvé qu'il y avait
peut-être un manque de collaboration. Je vous pose la question, M. le
ministre, à savoir évidemment, si ceci existe. Lorsque les
chauffeurs de taxi ont été consultés par cette firme, la
plupart des chauffeurs étaient très inquiets, craignant de ne pas
être consultés. Voici quelques questions qu'on posait:
Êtes-vous du ministère des Transports? Est-il prêt à
nous aider vraiment? Qui nous dit que cette enquête n'ira pas rejoindre
les tablettes encore une fois? Comme je vous ai dit tantôt, beaucoup
d'études ont été faites, mais nous, nous sommes trois
nouveaux députés de ce côté-ci, élus en 1981,
et nous savons qu'il y a eu le rapport Bossé, fait en 1970, et le
règlement no 6, en 1973, mais nous, nous voulons vraiment donner les
informations que nous possédons au ministre afin qu'il prenne des
décisions pour que les chauffeurs de taxi puissent gagner leur vie de
façon aussi décente que les travailleurs ordinaires. On a fait
une analyse de la profession de chauffeur de taxi et j'y reviendrai
tantôt.
Je pense qu'il y a 30 000 travailleurs dans le taxi et la situation y
est actuellement vraiment cruciale, tel que je vais le démontrer plus
tard.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
Réponse du ministre M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, je remercie mes
collègues, le député de Bellechasse et le
député de Dorion, de s'intéresser aux questions du taxi et
de m'accompagner ce matin. Je voudrais également indiquer aux membres de
la commission ici présents ce matin que des personnes du
ministère des Transports m'accompagnent. Il s'agit d'abord à ma
gauche de mon chef de cabinet, M. Martin Girard; à ma gauche, à
l'arrière, de Me Luc Leblanc, du contentieux; en arrière de moi,
de M. Jean-Jacques Lemieux, du groupe de travail sur la rentabilité du
taxi dans la région de Montréal, et de M. Claude Rodrigue, agent
de recherche au ministère des Transports. Pardon, je n'avais pas
remarqué la présence de mon collègue, le
député de Vimont, M. Jean-Guy Rodrigue.
M. le Président, plusieurs des questions qui ont
été soulevées par le député de Jeanne-Mance
ont fait, effectivement, l'objet de considération depuis plusieurs
années. Plutôt que de prendre ces différentes questions une
à une - on aura l'occasion d'y revenir au cours de la discussion - je
voudrais essayer de situer dans une perspective d'avenir, si on veut, et sur
une période de temps suffisamment longue la situation dans l'industrie
du taxi pour essayer de voir d'où on vient et où on peut aller
dans cette industrie qui connaît effectivement des
difficultés.
Il y a déjà dix ans qui séparent les deux
dernières réflexions majeures sur la question de la
rentabilité du taxi. Le groupe de travail qui avait été
formé en 1970, le rapport Bossé, a été suivi depuis
ce temps-là de diverses interventions, de diverses études. Je
pense qu'il n'y a pas eu d'intervention aussi majeure jusqu'à la
constitution en 1980 du groupe de travail sur la rentabilité du taxi sur
l'île de Montréal. (10 h 30)
II a fallu, cependant, attendre trois ans avant que ne survienne ce
qu'on appelle suite au rapport Bossé, la provincialisation de la
réglementation du taxi, avec l'adoption du règlement no 6 sur le
transport par véhicule-taxi en 1973 qui avait été
précédée, en 1972, de la Loi des transports et du
règlement no 4 sur les permis de conduire.
Le rapport Bossé, dans le mesure où il a contribué
à introduire une juridiction provinciale du taxi, a en quelque sorte
entraîné un bouleversement, débordant son cadre
géographique initial qui ne s'appliquait qu'à la région de
Montréal et le niveau d'application de cette réglementation.
Notons que le rapport Bossé ne proposait pas une prise en charge aussi
complète du taxi par le gouvernement du Québec et proposait
plutôt de donner un rôle important aux communautés
urbaines.
L'établissement d'une nouvelle Loi sur les transports en 1972 a
certainement été un autre élément qui a
contribué à cette provincialisation, car la
complémentarité des modes de transport était l'un des buts
fixés dans cette Loi sur les transports en vertu du règlement no
6 qui a été édicté. Cette objectif
d'intégration, de complémentarité n'a certainement pas
été atteint dans le secteur du taxi puisqu'on a très peu
intégré aux autres politiques du ministère, aux autres
moyens de transport le transport des personnes par taxi.
En pratique, au niveau des régions des centres urbains, le taxi
est régi, réglementé par le règlement no 6 d'une
manière "provinciale" entre guillemets, alors que bien des questions
concernent davantage le niveau local. Malgré les écarts
notés entre le rapport Bossé et la législation et la
réglementation de cette période, les territoires de travail des
taxis ont été agrandis et rendus plus rentables. Les
réglementations municipales disparates ont été
uniformisées, ce qui, semble-t-il, a eu au moins comme effet dans la
région de Montréal de mettre fin au problème des taxis
fantômes ou, à tout le moins, de les diminuer
considérablement.
Avant de traiter de la période actuelle, il est important, pour
la compréhension de la situation du transport des personnes par
véhicule-taxi, de réaliser que bien d'autres rapports et
enquêtes sur le sujet ont émis des recommandations
différentes de ce qui a été mis en application au
début des années soixante-dix, notamment au sujet des territoires
de travail et des organismes de contrôle.
Dès 1946, le rapport Asselin mentionne la nécessité
d'appliquer sur tout le territoire métropolitain la solution au
problème du taxi et parle d'un organisme responsable dans cette zone.
Les rapports Wilson, en 1952, Dawson, en 1961, proposent la mise sur pied d'un
permis métropolitain, tandis que le rapport Harold, en 1963, recommande
un contrôle provincial des services de taxi entre les
municipalités.
Enfin, au Canada, tous les gouvernements provinciaux, sauf le
Québec depuis 1973 et le Manitoba, dans le cas de Winnipeg, ont
jugé bon de transférer ce domaine de juridiction presque en
totalité, dans la plupart des cas, aux gouvernements locaux, aux
autorités municipales. C'est ainsi qu'à l'intérieur des
lois générales ou chartes particulières créant les
villes, les municipalités ou les communautés urbaines et
définissant les rôles de ces autorités locales, nous
retrouvons une section particulière portant sur la réglementation
du transport par taxi comme tel ou sur la réglementation des commerces
locaux dans laquelle sont incluses les activités de
véhicules-taxi. Aux État-Unis, les municipalités ont
généralement la responsabilité du transport par taxi.
Il est à noter que, depuis 1973, la situation de la
centralisation dans un même règlement, le règlement no 6, a
entraîné des modifications 17 fois au règlement no 6, et
que ces 17 modifications ont porté sur une cinquantaine d'articles. On
voit donc qu'il a fallu beaucoup d'efforts, de souplesse de la part du
ministère des Transports pour essayer d'amender un règlement qui,
dès l'origine, s'est révélé avoir besoin de
modifications assez régulières. En 1980, il était
évident que tous les problèmes reliés au transport des
personnes par véhicule-taxi n'avaient pas été
réglés et que les modifications à la pièce
effectuées depuis 1970 démontraient la difficulté de
l'approche adoptée tant par l'administration centrale que par les gens
du taxi eux-mêmes jusqu'à ce moment-là.
En effet, l'application au jour le jour de toute cette
réglementation, où le réglementaire est très loin
du réglementé, a indiqué les dangers de perdre de vue
l'ensemble du problème pour se limiter à réagir de part et
d'autre à des problèmes d'espèce souvent camouflés
par toutes sortes d'autres considérations.
De plus, les diverses études et enquêtes recensées
depuis 1940 sont généralement axées sur l'industrie du
taxi comme industrie et non pas comme un moyen de transport
intégré et parfaitement intégrable aux autres moyens de
transport.
En 1980, donc, mon prédécesseur, le député
de Charlesbourg, a confié un mandat à un groupe de travail sur la
rentabilité du taxi sur l'île de Montréal comportant trois
objectifs: proposer les moyens propres à assurer le développement
de cette industrie, dans le contexte d'un système multimodal de
transport urbain; l'intérêt et la protection du public
consommateur, et l'intérêt et la protection du professionnel du
taxi. C'était, à ma connaissance, la première fois qu'un
mandat de nature urbaine et de transport des personnes était
donné à un groupe de travail sur le taxi.
La raison en est que le transport urbain des personnes inclut un
éventail de modes de transport, privé et public, qui va de
l'automobile, quand on ne commence pas par les piétons et les
bicyclettes, au transport à haute capacité, comme le métro
et le train de banlieue.
De plus, le transport des personnes par taxi est essentiellement de
nature locale par son fonctionnement et sa clientèle et s'insère
dans cet éventail de modes. Enfin, que ce soit sous l'aspect du
transport individuel où sous l'aspect du transport semi-collectif, il
est étroitement lié aux aspects intermodaux du transport urbain
des personnes ainsi qu'à tout ce qui touche la circulation, le
stationnement, tout autant de questions qui sont de compétence locale.
La composition du groupe de travail était également une
première car, pour la première fois, elle associait
officiellement à une telle étude des représentants des
propriétaires de taxi. Sur neuf membres du groupe de travail incluant le
président et le secrétaire, quatre membres représentaient
les ligues de taxi.
Ce groupe de travail est devenu un lieu privilégié
d'études et de discussions des problèmes institutionnels et
économiques du taxi entre représentants du ministère et du
taxi. On retrouve, dans le texte d'orientation que le groupe de travail a
adopté, certains éléments de base aux études qu'il
a entreprises et que l'on peut résumer ainsi. Le taxi est un mode de
transport et il assure un service de transport public et urbain exploité
par l'entreprise privée et réglementé par l'État.
Deuxièmement, il peut avoir de l'avenir comme mode de transport
semi-collectif. Troisièmement, il doit être favorisé dans
la mesure du possible comme complément au transport urbain collectif et
comme substitut à ce dernier.
Quatrièmement, la concurrence a une place importante dans le
fonctionnement de ce service.
Le groupe de travail a également approuvé 18 mandats
d'études, les uns servant souvent de base aux autres. Il s'est
réuni douze fois en séance régulière et
générale, en plus de tenir plusieurs réunions
spéciales dont quatre uniquement sur le problème de Dorval. Il
s'est réuni surtout dans les bureaux du ministère, mais
également au bureau de la Ligue A-11 et à l'aéroport de
Dorval.
Quelques mois après le début de son mandat, soit en juin
1980, le groupe faisait effectivement le point par un rapport
préliminaire sur ses travaux et ses constatations. Il y citait les
principales constatations qu'il faisait à ce moment-là. La
première grande constatation, c'est, malheureusement, le mangue de
données. C'est un fait qui est pourtant réel et admis que
l'industrie du taxi est très mal connue au plan économique et au
plan des données. Le caractère très
décentralisé et mouvant, tant des usagers que des producteurs de
ce service de transport, fait qu'il est difficile d'en avoir une image
précise, que ce soit au niveau de la qualité du service offert,
de la mesure du volume de cette activité de transport ou de la
rentabilité de l'industrie comme telle.
La deuxième grande constatation du groupe de travail a
été le particularisme encore plus prononcé qu'on ne se
l'imaginait de l'île de Montréal. En effet, la grande taille de la
conurbation de Montréal, tant au niveau de l'activité
économique, du volume de transport que du bassin de la population
impliquée, crée une situation particulière: 5818 permis de
propriétaires émis au 31 mars 1981, environ 18 000 permis de
chauffeurs de taxi en circulation, présence de l'aéroport de
Dorval et de Mirabel dans la région de Montréal. Depuis quelques
années, environ 3800 taxis artisans et 2000 voitures
contrôlées par des propriétaires de flotte, service surtout
fourni par hélage à cause de celui fourni dans la A-11 où
85% du service s'effectue de cette façon, comparativement, par exemple,
à 15% dans la A-5 et la A-12 et, probablement, 0,01% dans des villes
comme Drummondville, Victoriaville, Shawinigan.
La troisième constatation qui était faite par le groupe de
travail a été un regroupement d'inputs qui ont été
fournis par les membres du groupe représentant les propriétaires
de taxi. Les constatations suivantes ont été listées:
l'absence d'intégration du taxi comme mode de transport dans la
planification globale du transport des personnes de la région de
Montréal et dans l'offre de service qui en découle.
Deuxièmement, l'absence de privilège de circulation pour les
taxis alors que les véhicules de transport en commun commencent à
en bénéficier. Troisièmement, la dualité de
juridiction relative à la circulation et au stationnement.
Quatrièmement, l'absence de politique pour l'établissement
de postes de taxis en commun. Cinquièmement, le manque de
flexibilité dans la tarification. Par exemple, l'impossibilité
pour les taxis de faire des offres de services à la suite de soumissions
publiques. Sixièmement, le problème de disponibilité des
compagnies d'assurance. Septièmement, les problèmes liés
au contenu de la réglementation actuelle et à son contrôle.
Enfin, les délais d'émission des permis de chauffeur et de
transfert de permis.
Les principales constatations du groupe et de ses membres, du mois de
juin 1980, touchent donc aux principales caractéristiques du
problème du transport des personnes par véhicule-taxi, soit:
Premièrement, le manque de données statistiques
disponibles valables sur le fonctionnement de ce mode de transport.
Deuxièmement, les aspects urbains et locaux, la dimension transport de
personnes, et, enfin, les éléments de l'offre et de la demande de
services.
À ce jour le groupe de travail a terminé six mandats, est
en fonction sur huit
autres, soit quatorze des dix-huit mandats de travail qu'il s'est
donnés, et prévoit en faire le point avec les membres d'ici la
fin de 1981.
Les travaux du groupe de travail sont pour beaucoup à l'origine
de l'approche actuelle du ministère des Transports à la solution
du taxi. Des exemples précis seront fournis plus loin.
Il est à noter que le ministère, concurremment aux travaux
du groupe de travail, est à analyser une volumineuse étude du
Bureau de la statistique du Québec entreprise à la demande du
ministère et portant sur les principaux éléments de
l'offre de services, de la demande et des coûts requis pour la
satisfaire.
Il s'agit là de la première étude statistique
scientifique faite sur le sujet au Québec. Elle nous fournit un
éclairage nouveau et important sur le problème du transport des
personnes par taxi et permettra sans doute de régler plusieurs
problèmes auxquels le ministère et le groupe de travail, aussi
bien que l'industrie elle-même, ont été confrontés
dans le passé sans pouvoir y apporter des réponses et des
solutions précises justement parce qu'on connaissait mal ce secteur de
l'économie des transports. On n'avait jamais eu d'étude
statistique, on n'avait jamais eu d'étude précise. Avec
l'étude du Bureau de la statistique du Québec on espère
avoir enfin un instrument de mesure plus précis sur la situation
réelle dans l'industrie du taxi.
Quelle est maintenant l'approche du ministère des Transports
à la solution du problème de l'industrie du taxi? La description
qui vient d'être faite des principaux problèmes du taxi, des
solutions proposées, du comportement des parties en cause, des
recherches de solutions apportées tant par le ministère que par
le groupe de travail permet au ministère des Transports d'approcher,
pour les années quatre-vingt, d'une solution au problème de
transport des personnes par véhicule-taxi, axée sur deux volets:
le rapprochement du réglementeur du réglementé, ou
l'approche locale, et, deuxièmement, l'ouverture de nouveaux
marchés pour le transport des personnes par véhicule-taxi.
Premièrement, le rapprochement du réglementeur du
réglementé. Les leçons de l'expérience des dix
dernières années au Québec, ainsi que l'expérience
canadienne et américaine seront appliquées d'abord au
Québec au début de 1982 dans un cas précis et particulier,
celui de l'aéroport de Dorval. C'est un des endroits difficiles pour les
taxis et c'est également la principale source unique de travail pour eux
dans l'île de Montréal. (10 h 45)
À la suite de plusieurs rencontres de travail à ce sujet
au sein du groupe de travail et avec les administrateurs de l'aéroport,
une solution opérationelle a été arrêtée
entre tous les intéressés, soit le ministère des
Transports, les représentants des ligues et l'administration de
l'aéroport. Cette solution est un exemple du rapprochement du
réglementeur et du réglementé. Le ministère des
Transports va modifier le règlement no 6 pour rendre cette
opération possible et la gestion courante du projet va être faite
par l'administration de l'aéroport de Dorval. Les amendements
nécessaires au règlement no 6 devraient normalement être en
vigueur pour le 1er février prochain.
De plus, la solution apportée à l'aéroport de
Dorval n'est qu'une des solutions possibles que le ministère des
Transports va mettre en application dans les mois à venir. Le
ministère a commencé effectivement à élaborer,
à partir des principes énoncés plus haut - nature de ce
transport et ses relations avec d'autres modes de transport - des
hypothèses de solution de type local ou régional aux divers
problèmes de transport par taxi.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'ouverture des nouveaux
marchés, personnellement, ma conviction est ferme. La plus grande partie
des solutions qu'on peut apporter dans l'industrie du taxi ne réside pas
seulement dans une augmentation de la tarification et ne réside surtout
pas dans l'élimination de permis, mais bien davantage dans l'ouverture
de nouveaux marchés. Le député de Jeanne-Mance donnait
tantôt des chiffres qui tendaient à démontrer que les
revenus d'un chauffeur de taxi n'avaient pas augmenté de façon
satisfaisante au cours des dernières années. Pourtant, selon des
comparaisons faites entre l'indice du prix du taxi, à Montréal,
comparé à l'indice du prix du taxi de 1975 à 1980 pour
l'ensemble du Canada, pour des régions particulières au Canada ou
pour l'indice des prix à la consommation pour l'ensemble du pays,
l'indice du prix du transport par taxi à Montréal a
été plus élevé que tous ces indices que je viens de
citer.
C'est donc dire que ce n'est pas à cause d'une augmentation trop
lente de la tarification que l'industrie se retrouve avec certains
problèmes, puisque, en comparant l'indice d'augmentation des prix du
taxi, dans la région de Montréal, cet indice est plus
élevé que tout ce qu'on peut trouver à peu près
comme indice comparable au Canada. Le fonctionnement du transport des personnes
par taxi est réglementé presque partout en Amérique. Dans
cette condition, il est donc essentiel de bien comprendre que, pour traiter de
la rentabilité de ce mode de transport, il ne peut être question
uniquement d'économique, pas plus qu'il ne peut être question
uniquement de réglementation. Dans de tels cas,
l'économique passe par l'institutionnel. L'objectif à
atteindre est une balance efficace entre l'institutionnel et
l'économique.
C'est ainsi qu'après examen des diverses solutions
appliquées en Amérique du Nord et proposées de temps
à autre au Québec, le moyen le plus adéquat semble
être l'ouverture de nouveaux marchés ou de nouvelles sources de
revenus pour ceux qui oeuvrent dans ce domaine. Il s'agit concrètement
de permettre, par exemple, des choses comme le transport semi-collectif par
véhicule-taxi, d'autoriser la tarification per capita, de permettre
à des groupes de détenteurs de permis de taxis d'effectuer du
transport sur une base contractuelle. Ces propositions exigeraient une nouvelle
définition du transport des personnes par véhicule-taxi, ce
à quoi le ministère travaille actuellement.
J'espère donc qu'on pourra en arriver, en .1982, à des
modifications majeures au cadre réglementaire du transport des personnes
par véhicule-taxi et à l'économique de son fonctionnement.
Le MTQ pourrait ainsi donner suite efficacement aux principales constatations
faites dans le passé et réorienter ce mode de transport dans le
domaine du transport urbain des personnes où, avec une
réglementation provinciale plus souple, des interlocuteurs plus
près de ses opérations et une plus grande possibilité
d'intermodalité des sources de revenus supplémentaires, il me
semble qu'à ce moment-là, le chemin de la rentabilité
serait sûrement plus court qu'il ne l'est actuellement.
En terminant, M. le Président, je voudrais parler
brièvement - je pense que mon temps est écoulé...
Le Président (M. Rancourt): II vous reste une minute.
M. Clair: ... de la question de la taxe sur l'essence. Le
député soulevait tantôt que bien des gens sont inquiets de
savoir ce qui va arriver dans l'industrie du taxi, à la suite de cette
augmentation de l'essence.
Vendredi dernier, le Conseil des ministres, sur ma proposition, a
adopté un règlement qui vient modifier les règles de
pratique de la Commission des transports de la façon suivante.
Normalement - le processus normal, à la suite d'une augmentation du
coût de l'essence, donc du coût de fonctionnement des taxis -
l'industrie aurait dû présenter une demande de révision
prenant plusieurs mois de considération par la Commission des transports
du Québec qui aurait analysé, reçu des oppositions, etc.
J'ai donc décidé de proposer au Conseil des ministres une
procédure très expéditive qui permette à la
Commission des transports du Québec, de façon instanter, sans
formalité, autant que possible avec consultation auprès de
l'industrie du transport, d'augmenter les taux et tarifs dans l'industrie du
transport et, notamment, le taxi, de la façon la plus rapide possible,
mais en tenant compte uniquement de l'augmentation du prix de l'essence.
Actuellement, la Commission des transports du Québec est au
courant que ce règlement a été adopté par le
gouvernement vendredi dernier. Si je ne fais pas erreur, est-ce que cela a
été publié? Le règlement, pour entrer en vigueur,
devait être publié, il a été publié mercredi,
dans un numéro spécial de la Gazette officielle du Québec
et, au moment même où on se parle, la Commission des transports
étudie quelle serait la hausse opportune, consécutive à
l'augmentation de la taxe sur le carburant. Dans la mesure où
l'industrie du taxi s'entendra avec la Commission des transports pour une
hausse, soit sur le départ, sur le tarif de chute qu'on appelle, au
moment du départ, soit que ce soit répercuté sur la partie
du tarif au kilomètre, on saura, au cours des prochains jours, s'il y
aura une augmentation ou non des tarifs.
Je termine là-dessus, M. le Président, en disant qu'il est
loin d'être évident que l'ensemble de l'industrie, même
à la suite de l'augmentation du prix sur le carburant, souhaite et est
unanime pour obtenir une augmentation de tarifs consécutive à
cela. La Commission des transports va consulter, et non pas entendre de
façon formelle, le milieu de l'industrie du taxi et rendra, au cours des
prochains jours, je l'espère, une décision qui saura satisfaire
le plus grand nombre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président...
M. Bissonnet: Juste une minute, M. le député. Le
député de Sainte-Anne prendra dix minutes et je poursuivrai pour
le reste des dix minutes.
Le Président (M. Rancourt): C'est votre choix.
Argumentation M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, j'espère que ce ne sera
pas enlevé sur mes vingt minutes, parce que j'ai beaucoup à dire,
il faut que je parle vite, j'ai seulement vingt minutes.
Le Président (M. Rancourt): Vous avez vingt minutes pour
toute votre intervention.
M. Polak: Merci. Je suis un peu déçu
des paroles du ministre, M. le Président, parce qu'il commence
par un historique; c'est toujours la même chose, quand on n'a pas de
solution, on commence à donner l'historique des problèmes. Ce qui
est arrivé depuis 1976, en cinq ans, il n'y a pas grand-chose qui a
été fait. Il termine en disant qu'on cherche de nouveaux
marchés, de nouvelles sources de revenus pour l'industrie du taxi, que
le ministère travaille actuellement là-dessus. Qu'est-ce que le
ministère a fait depuis 1976, en cinq ans? L'affaire la plus
drôle, c'est que son parti - parce que nous appartenons à un parti
politique, et le ministre appartient à un parti politique qui s'appelle
le Parti québécois - en 1976, justement aux élections,
envoyait de la littérature aux chauffeurs de taxi et l'équipe du
Parti québécois a été élue sur la base de ce
programme.
Le programme dit ce qui suit: Taxi: Une solution globale au
problème du taxi -même pas locale, globale, pour tout le
problème, qu'en pensez-vous? Le Parti québécois... Je vais
vous lire ce qui a été dit, en 1976, il y a cinq ans, page 3:
"Malheureusement, plus il y a eu d'études, moins il y a eu de
solutions." Je suis d'accord avec le Parti québécois
là-dessus, parce que vous avez fait des études, vous en avez fait
encore une en 1980, groupe de travail. Je ne sais pas combien a
coûté ce groupe, mais je sais une chose, je connais beaucoup de
chauffeurs de taxi, parce qu'avant d'être député,
j'étais avocat à Montréal et je représentais
souvent des chauffeurs de taxi. Ils nous l'ont dit. Ils m'ont appelé
encore cette semaine, parce qu'ils savaient qu'il y avait cette commission
aujourd'hui, ils m'ont dit: Maximilien, on nous étudie à mort.
Parlez donc de solutions concrètes.
Je vais continuer, parce que j'ai seulement vingt minutes, il faut que
je parle vite. Le Parti québécois, en 1976, dit: "II faut une
restructuration complète de l'industrie du taxi, dans les grandes
villes. Cette restructuration doit se faire autour du chauffeur de taxi." Je
suis tout à fait d'accord, mais je n'ai pas vu le résultat en
cinq ans. Ensuite, on parle de la diminution du nombre de permis, dans le
programme du parti, et on dit ici que pour exploiter un taxi et pour avoir une
rentabilité acceptable, comme norme, il faut qu'il y ait un taxi pour
800 personnes. Cela a été dit dans le rapport Bossé dans
le temps. On accepte cela dans le programme, je suis d'accord avec cela aussi,
mais ce n'est la situation actuelle ni à Québec ni à
Montréal.
Ensuite, on continue à parler. Toujours le rapport, toujours le
programme du Parti québécois dans le cadre d'une solution globale
au problème des taxis. Les réponses sont là. En 1976, ils
disent: Tout d'abord, s'il y a des annulations de permis, il faut que ce soit
un permis de flotte et que la compensation soit réservée aux
propriétaires artisans qui perdent leur gagne-pain. Je cite encore: "Une
grande part de l'instabilité des conditions de travail du taxi origine
des statuts très divers des chauffeurs: à pourcentage, chauffeurs
louant une voiture, certains liés à des flottes, d'autres
à des associations." Rien n'a été changé. Les
mêmes problèmes existent encore. C'était en 1976, nous
sommes maintenant en 1981. Ils disent ici: "À notre avis, on ne s'est
pas assez préoccupé d'augmenter la part du revenu qui devrait
revenir au chauffeur à la suite d'une meilleure structuration de
l'industrie." Ce sont encore les mêmes paroles qu'en 1976.
Dans une autre page, on dit que toute rentabilisation de l'industrie du
taxi doit profiter aux chauffeurs et à eux seuls. C'est le Parti
québécois en 1976 qui s'est présenté avec le
manifeste devant les chauffeurs de taxi en disant: Voici ce qu'on va faire.
Il n'y a pas seulement cela. Le PQ a invité ce monde à
venir pour écouter... C'est marqué: Réunion
spéciale, 23 février. Invités: Charles Tremblay - je ne
sais pas qui il est René Lévesque, Jacques Parizeau, candidats.
Charles Tremblay, c'est l'ancien député de Sainte-Marie dans le
temps. Ils sont venus à cette réunion publique. Voyez-vous, cela
me déçoit. En 1976, on proposait un programme, des solutions.
Nous sommes en 1981 et le ministre nous dit: On travaille actuellement
là-dessus, sur de nouveaux marchés et de nouvelles sources de
revenus.
Je pourrais continuer mes citations, mais je n'ai pas tellement de
temps, je sais que cela va vite. Je ne veux pas cependant rater l'occasion de
citer un autre document en date du 1er novembre 1976. Candidat du PQ,
comté de Bourget, le Dr Camille Laurin. On le connaît. Voici ce
qu'il dit aux artisans du taxi du comté de Bourget. Il y a beaucoup de
chauffeurs de taxi qui demeurent là. Je cite sa lettre du 1er novembre
1976: "II faut une adaptation du nombre de permis aux besoins réels de
chacune des agglomérations urbaines." Ce qui signifiait à
l'époque une réduction effective du nombre de permis en
circulation, particulièrement à Montréal. Je
m'étais aussi élevé à l'époque contre le
trafic des permis. Ensuite, je cite, de la page 2 de la lettre du Dr Laurin,
maintenant, ministre, ce passage: "II est possible également d'envisager
que les permis puissent être rachetés selon une contribution
variable des intéressés." C'est ce qu'il a suggéré
dans le temps. Je suis d'accord qu'il faut abolir les concessions
privées et établir un bureau de placement qui contrôlerait
et normaliserait cette industrie. Il termine ainsi sa lettre: "II me fera
plaisir de poursuivre en temps et lieu avec vous - il parle aux chauffeurs de
taxi de son comté - ces diverses questions, -
c'est en 1976 - et je défendrai évidemment avec vigueur la
position que je viens d'énoncer et qui exprime notre commune opinion."
C'est une belle lettre. Je suis tout à fait d'accord avec beaucoup de ce
qui se trouve là-dedans au point de vue des solutions, mais -
c'était écrit en 1976. Il est ministre depuis ce temps. Qu'est-ce
qu'il a fait de 1976 à 1981 pour améliorer le sort des chauffeurs
de taxi qui se plaignent et qui disent: Nous sommes "étudiés"
à mort?
Pour terminer ma première intervention, je ne voudrais pas que le
ministre me réponde en disant: Vous autres, vous jouez bien votre
rôle d'Opposition. Vous n'avez jamais une suggestion positive. Vous
critiquez, vous n'avez rien à dire de positif. J'ai quelque chose
à dire de positif sur ce qu'on pourrait faire, sur ce que vos
fonctionnaires peuvent étudier, vos fonctionnaires qui gagnent des
salaires tels que, si les chauffeurs de taxi pensaient à des salaires
comme cela, ils ne seraient même plus capables de conduire leur
automobile, ils seraient trop nerveux. Par exemple, est-ce que le ministre a
pensé à la possibilité d'un rabais sur la surtaxe de
l'essence, comme cela a été fait dans d'autres juridictions?
C'est bien beau de dire: On va accorder une augmentation des tarifs, mais,
à un moment donné, les passagers n'accepteront plus cela. Si un
voyage qui coûte maintenant 3 $ ou 4 $ va coûter 5 $ ou 6 $, les
gens vont dire: Nous ne prenons plus de taxi. Donc, cela ne va pas
bénéficier aux chauffeurs de taxi, non plus. Il faut
peut-être envisager de donner un rabais spécial à cette
industrie du taxi. Par exemple, une autre possibilité - je suis certain
que le député de Jeanne-Mance pourrait apporter plus de
précisions là-dessus - serait l'abolition ou un rabais sur la
taxe de vente en cas d'achat d'une automobile qui servirait comme taxi. C'est
une possibilité à étudier. Il ne faut pas être
négatif là-dessus. (11 heures)
Le ministre a fait allusion au transport collectif. Cela nous
intéresse beaucoup. Je suis certain que le député de
Jeanne-Mance peut parler là-dessus et qu'il a des suggestions positives
à faire.
Un autre point, l'abolition de certains circuits d'autobus. Par exemple,
certains circuits d'autobus fonctionnent à perte dans certains districts
à Montréal. C'est bien connu, il n'y a pas beaucoup de gens qui
prennent cet autobus, le fonctionnement de l'autobus coûte cher, etc. Le
transport collectif pourrait être un remède à cette
situation.
Il y a ensuite la possibilité d'étudier l'abolition des
concessions à des associations privées de taxi, par exemple, dans
le secteur des hôpitaux. En d'autres termes, cela pourrait être
ouvert plus largement aux chauffeurs de taxi.
Je vais terminer, M. le Président, en disant qu'on ne devrait par
prendre cinq ans pour étudier cela. Encore ce matin, on nous dit: On
étudie. En 1982, on va faire quelque chose à Dorval. On ne
spécifie pas quoi. Est-ce que vous allez ouvrir Dorval
complètement pour que n'importe quel chauffeur de taxi puisse prendre
quelqu'un à Dorval? Dites-le. Au moins, on pourra retourner
auprès des chauffeurs de taxi pour le leur expliquer, mais on n'a pas de
détails. M. le Président, je terminerai là-dessus, parce
que je ne sais pas combien de minutes j'ai perdues ou prises.
M. Clair: Ou que vous avez fait perdre. M. Polak:
Combien?
Le Président (M. Rancourt): De 10 h 54 à 11 h 06
minutes.
M. Polak: 6 minutes. Il m'en reste 14 que je veux me
réserver. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, à la suite de
l'intervention du député de Sainte-Anne, qui relève des
propositions qui avaient été faites par le Parti
québécois de la région de Montréal en 1976, je lui
dirai bien simplement que, s'il veut entrer dans un débat partisan,
l'immense majorité des problèmes que nous connaissons aujourd'hui
dans l'industrie du taxi est consécutive aux décisions qui ont
été prises par le gouvernement libéral autour des
années 1972-1973, quand il a décidé de provincialiser
l'ensemble de l'activité de l'industrie du taxi, ce qui ne se fait
à peu près nulle part ailleurs au monde. Dans la plupart des pays
du monde, dans toutes les provinces canadiennes ou à peu près,
aux États-Unis, l'industrie du taxi relève de l'autorité
locale. En 1972-1973, pour essayer de régler un certain nombre de
problèmes, on a pris à la hâte des décisions qui ont
compliqué le règlement des problèmes dans l'industrie du
taxi et, notamment, au niveau de la rentabilité en amenant tout cela
entre les mains du ministère des Transports du Québec contre la
volonté d'un grand nombre de municipalités qui s'arrangeaient
fort bien avec l'industrie du taxi dans leur localité.
Le taxi, c'est d'abord et avant tout du transport local, M. le
Président. En essayant de résoudre le problème simplement
en amenant toute l'industrie du taxi dans une réglementation, le
règlement no 6, on a aggravé la situation. Les propositions
constructives que faisait le député de Bourget, que faisait le
Parti québécois aux alentours de 1976, c'était pour
essayer de résoudre les problèmes qui avaient été
créés
par l'administration libérale précédente et, c'est
vrai, ce qu'on n'a pas réussi à faire en cinq ans, cela a
été de réparer l'ensemble du gâchis qui a
été fait à ce moment-là. C'est cela qu'on n'a pas
réussi à faire.
Je voudrais, de façon plus particulière -on y reviendra
tantôt - parler de points très précis, parce que je
voudrais qu'on ait la chance de parler de problèmes précis. Au
niveau, par exemple, des mesures concrètes qu'on est à examiner,
sur lesquelles on est à travailler présentement, d'abord au
niveau de l'assurance pour dommages matériels, c'est une des
revendications précises des chauffeurs de taxi, de l'industrie du taxi,
que les primes d'assurance pour dommages matériels ayant augmenté
de façon considérable ils considèrent actuellement qu'ils
sont victimes d'un abus de la part des compagnies d'assurances.
J'ai demandé au ministre des Institutions financières de
s'adresser lui-même au Surintendant des assurances du Québec pour
faire une vérification de l'état actuel des primes d'assurance
pour dommages matériels dans l'industrie du taxi.
M. Bissonnet: Je m'excuse, M. le ministre, je ne voudrais pas
qu'on commence à se couper la parole. On a 20 minutes, on a parlé
6 minutes, on veut vous laisser parler tout le temps dont vous avez de besoin
à l'intérieur de vos 20 minutes, mais là vous êtes
parti pour prendre peut-être 20 minutes additionnelles sans que nous, on
ait terminé nos 20 minutes. Je vous demanderais...
M. Polak: Traitez-nous pas comme les chauffeurs de taxi!
M. Bissonnet: S'il vous plaît! Je vous demanderais, si
c'était possible, M. le ministre, de nous laisser terminer nos 20
minutes et de donner votre réplique à la suite de nos 20 minutes
pour qu'on puisse fonctionner à l'intérieur des blocs de 20
minutes de chaque côté de façon positive.
M. Clair: Ecoutez, M. le Président...
M. Bissonnet! Je pensais que vous vouliez répondre. Vous avez
dit: Pas de débat partisan. Je pensais que vous alliez arrêter
là, et moi j'aurais continué à la suite de l'intervention
du député de Sainte-Anne. Là, vous êtes reparti
encore.
M. Clair: Écoutez, M. le Président, on pourra
revenir sur les cas un par un, mais ce que je veux bien signaler au
député de Sainte-Anne - cela, les chauffeurs de taxi le savent -
c'est que ce qu'on essaie de faire, depuis 1976, c'est de réparer le
gâchis qui a été fait préalablement. Les autres
commentaires, je vais les garder, point par point, pour, après
l'intervention du député.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, en 1981, le 19 mars, dans
le journal La Presse paraissait un article intitulé comme ceci:
"Péquistes et libéraux courtisent l'industrie montréalaise
du taxi", signé par Michel Girard. C'est un fait, M. le
Président, que les libéraux et les péquistes courtisent
les chauffeurs de taxi. Mais depuis 1970, de 1970 à 1976, les
libéraux n'ont pas réglé le problème des chauffeurs
de taxi et de 1976 à 1981, les péquistes n'ont pas
réglé le problème des chauffeurs de taxi. Aujourd'hui, le
27 novembre, libéraux et péquistes doivent régler le
problème des chauffeurs de taxi.
Je vais vous lire l'article, M. le Président: "Même si les
moyens qu'ils entendent utiliser diffèrent beaucoup, le Parti
québécois et le Parti libéral promettent tous les deux
d'aider l'industrie montréalaise du taxi - je tiens à dire aussi
qu'il n'y a pas seulement l'industrie montréalaise, il y l'industrie de
Québec - se sortir du marasme économique dans lequel elle est
plongée depuis plus de quinze ans. "Les solutions
préconisées par le Parti libéral correspondent presque en
tous points à celles suggérées par les dirigeants de la
Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de Montréal, la ligue
A-11, qui fait présentement l'objet d'une enquête de la part de la
Commission des transports du Québec. "De son côté, le Parti
québécois entend mettre en vigueur des solutions répondant
davantage aux attentes du groupe des propriétaires de taxis qui
contestent avec force les orientations prises par les dirigeants de la ligue
A-11. Selon le député libéral de Maisonneuve et critique
du PLQ en matière de transport, Georges Lalande, un gouvernement
libéral diminuerait l'achalandage des taxis en imposant comme norme: un
chauffeur, un taxi." Je sais que dans votre ministère, vous devez
étudier cela, la norme un chauffeur, un taxi. "Cela revient à
dire que les flottes de taxis n'auront plus le droit de louer quotidiennement
leurs voitures à plus d'un chauffeur de taxi, contrairement à ce
qui se passe présentement." Je tiens à dire au ministre qu'il y a
des flottes de 20 à 28 taxis qui font une maudite bonne job à
Montréal. Il y a en a, je pourrais vous en citer. "Les libéraux
veulent agrandir le champ d'action des chauffeurs de taxi en leur permettant de
faire la livraison du courrier, de certaines marchandises." Je pense que
là, il y a un marché pour les chauffeurs de taxi, mais souvent
lorsqu'on livre un colis, ça coûte plus cher que le prix de la
course. C'est là qu'interviennent les surveillants routiers à
l'intérieur de votre ministère. Je vais en parler plus tard. Vous
avez 157
surveillants routiers. Ce n'est pas assez pour surveiller l'industrie du
taxi, l'industrie du camionnage, il y a un manque de ce côté. Je
veux vous arriver avec des choses positives, M. le ministre. "Au niveau du
transport collectif, a précisé M. Lalande, il s'agit de
remplacer, en dehors des heures de pointe, les autobus de certaines lignes
desservies par le transport en commun par des taxibus." Avez-vous le rapport
qui a été fait par votre ministère?
M. Clair: On le sait.
M. Bissonnet: Cela est un rapport qui est très bien fait.
"Les services de taxi collectifs, quelques expériences et des
perspectives d'implantation au Québec." Cela est bien fait. Il y a
quelque chose là-dedans, M. le ministre, pour aider l'industrie du taxi.
Mais qu'on tente donc quelque chose d'expérimental, comme cela a
été fait à Scarborough et comme cela a été
fait à Chapel Hill en Caroline du Nord! Je m'en viens connaissant dans
le taxi, M. le Président.
Je continue l'article en question: "Un gouvernement libéral
créerait un fonds spécial qui servirait à retirer de la
circulation quelque 500 permis de taxi, moyennant compensation
financière pour les détenteurs. "Ce sont tous les
propriétaires de taxis (3700 à Montréal) qui seraient
obligés de verser une partie de leurs revenus pour constituer ce fonds
spécial. "L'émission des permis de poche des chauffeurs de taxi
serait confiée non plus au Bureau des véhicules automobiles, mais
aux municipalités. Les ligues de taxis se verraient accorder pour leur
part beaucoup plus de pouvoir que présentement et elles seraient
mandatées pour pouvoir appliquer un code d'éthique
professionnelle sévère à l'endroit des
propriétaires et des chauffeurs de taxi. "Selon le député
Lalande, un gouvernement libéral se montrerait beaucoup plus
sévère au niveau des normes de sécurité pour les
voitures-taxi. "Pour permettre aux propriétaires et chauffeurs de taxi
d'augmenter leur revenu annuel, le Parti québécois a l'intention
de réduire de 1000 le nombre de permis de taxi présentement en
circulation dans le territoire de la ville de Montréal (ligue A-11). Un
gouvernement péquiste serait prêt à investir près de
10 000 000 $ pour racheter ces 1000 permis, ce qui réduirait le nombre
total à quelque 4000 - on va vous faire faire une copie de l'article M.
le ministre - afin de permettre aux vrais travailleurs de l'industrie du taxi
de gagner plus décemment leur vie, le Parti québécois
n'accorderait des permis de poche qu'aux chauffeurs de taxi ayant à leur
crédit 1000 heures de travail par année. "Tous les chauffeurs de
taxi seraient obligés d'enregistrer leur nom à un registre
central d'affectation contrôlé par le gouvernement, ce qui
permettrait d'assurer un meilleur contrôle sur les "qualifications" des
chauffeurs de taxi. Les nouveaux chauffeurs de taxi seraient obligés de
suivre un cours obligatoire avec base mécanique afin de recevoir leur
permis de poche", le "pocket number". Dans l'industrie du taxi, un permis de
poche, on appelle cela un "pocket number", pour ceux qui nous écoutent.
"Pour éliminer toute forme de favoritisme, le Parti
québécois - M. le ministre, écoutez bien cela - abolirait
les concessions que certaines compagnies de taxi détiennent à
certains endroits (hôpitaux, hôtels, gare, etc.).
Un gars qui fait du taxi, que ce soit à Montréal, à
Québec, à Joliette, n'importe où, il paie son
immatriculation, il paie son assurance, il paie son permis à la
Commission des transports du Québec.
La ville de Montréal, en 1964, a décidé que dans la
rue il n'y avait plus de stands privilégiés pour des associations
de services, mais des stands en commun pour tout le monde; tout le monde
était sur le même pied.
Quant aux hôpitaux qui appartiennent au ministère des
Affaires sociales, les informations que j'ai, c'est que le ministre des
Affaires sociales - parce que lui aussi a des chauffeurs de taxi dans son
comté, comme on en a tous dans nos comtés, et je dis cela sous
toute réserve, parce que je ne lui en ai pas parlé - aurait
promis que les endroits de stationnement pour les taxis, pour fins d'aller
chercher la clientèle, seraient à l'usage commun des autos-taxi
de Montréal, de la région métropolitaine et de
Québec.
À Montréal, à titre d'exemple, il y a trois
semaines, M. le ministre, on a négocié - selon les informations
que j'ai - avec l'Association de taxis Boisjoli un contrat de l'ordre de 30 500
$ pour permettre à cette seule association - qui en passant donne de
l'excellent service; je n'ai pas travaillé pour elle mais c'est une
bonne compagnie d'avoir la clientèle de l'hôpital Maisonneuve.
Je pense, M. le ministre, qu'à chaque hôpital à
Montréal tous les chauffeurs de taxi doivent être traités
sur le même pied, tous les propriétaires et toutes les voitures
qui sont en circulation. Je comprends qu'il peut y avoir des stands
privilégiés qui favorisent certaines compagnies moyennant argent,
et c'est le chauffeur de taxi qui paie, c'est le propriétaire
même, c'est l'association de services, parce que l'association de
services payant cela, le montant annuel est en conséquence des
coûts à défrayer à l'intérieur de cela. (11 h
15)
Je pense que le ministère des Affaires sociales et tous les
ministères du gouvernement qui utilisent des taxis... Je sais
qu'à Québec on privilégie une certaine coopérative
par rapport à l'autre, au ministère des Affaires sociales. J'ai
d'ailleurs informé le ministre qu'on devrait traiter également
les coopératives de Québec; celle qui n'est pas
privilégiée actuellement par le ministère des Affaires
sociales veut offrir ses services aussi.
Donc, je pense qu'on pourrait alléger, et c'est un montant de 500
000 $ par année qui est en jeu. Le gouvernement reçoit 500 000 $
par année pour les stands privilégiés des associations.
À titre d'exemple, je cite l'hôpital de Cartierville,
l'hôpital du Sacré-Coeur où j'ai été
hospitalisé. À cet hôpital, c'est la compagnie SOS.
À l'hôpital Notre-Dame, c'est la compagnie La Salle.
M. le ministre, à partir d'aujourd'hui, ce serait
déjà un avantage que le ministère des Affaires sociales
ouvre immédiatement à tous les chauffeurs de taxi les stands en
commun, les stands privilégiés aux endroits qui desservent les
propriétés appartenant au gouvernement. Les chauffeurs de taxi et
les propriétaires sont tous dans la même ligue. Je sais qu'il y a
des problèmes dans la ligue; je n'y toucherai pas ce matin; je vous en
reparlerai, c'est certain. Mais je pense que, là aussi, il faut que le
ministère règle ce problème parce que, à un moment
donné, des décisions ont été prises par l'ancien
ministre de Belleval qui apportent de la confusion. Je reviendrai avec mon
propos. Je pense que, déjà - c'est un exemple - on verrait un
effort immédiat du gouvernement pour aider les chauffeurs de taxi.
Tantôt, dans votre exposé, M. le ministre - c'était
très bien fait - vous nous avez parlé, évidemment, de
l'étude qui a été faite sur l'industrie du taxi. Depuis
trois semaines, je ne pense qu'au taxi. Je ne lis que sur le taxi. J'ai
remarqué que les problèmes que vous nous avez soulignés
ont déjà été mentionnés dans la brochure
"L'industrie du taxi". On y parle également de la tarification. Je
reviendrai tantôt sur les services de taxi collectifs. Combien me
reste-t-il de minutes, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): Vous avez droit à 20
minutes.
M. Bissonnet: J'ai droit à 20 minutes. Après ces
six minutes, je vais prendre quatorze minutes pour qu'on soit traités
équitablement de chaque côté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Jeanne-Mance, vous avez droit aussi, pour la bonne compréhension et la
bonne marche de ce débat, à des questions et des
réponses.
M. Bissonnet: D'accord. On est ici pour parler du problème
du taxi.
Le Président (M. Rancourt): Pour bien travailler.
M. Bissonnet: C'est un problème qui est immédiat,
M. le Président. Je pense que, là, on a un exemple où le
gouvernement peut agir immédiatement, la semaine prochaine.
Évidemment, des contrats ont été signés avec ces
associations, mais les contrats qui viennent à terme, je vous
demanderais de ne pas les renouveler et d'ouvrir - je dirais, la transparence,
M. le ministre - les stands à tous les propriétaires et
chauffeurs de taxi qui paient tous le même montant de cotisation à
la Commission des transports du Québec.
Je voudrais vous parler de la taxe fédérale, M. le
ministre. Je vous entends souvent parler d'Ottawa et là je vais vous en
parler un peu. À Ottawa, au fédéral, saviez-vous, M. le
ministre - il n'y a pas beaucoup de députés qui savent cela - que
chaque utilisateur, chauffeur, propriétaire, celui qui loue le taxi,
celui qui oeuvre dans l'industrie du taxi, a un remboursement de 0,015 $ pour
chaque litre d'essence utilisé dans l'exercice de sa fonction de
chauffeur de taxi? Actuellement, le fédéral donne un
crédit de 0,015 $ le litre d'essence acheté, ce qui est
payé deux fois par année à chaque utilisateur. M. le
ministre, à l'intérieur de votre ministère et du
gouvernement, je pense qu'on a déjà une solution à
apporter immédiatement. On parle de tarifs. Je ne veux pas entrer dans
le débat des tarifs. Je pense, personnellement, que ce n'est pas une
augmentation de tarifs, peut-être une augmentation normale, mais
si on augmente les tarifs... C'est bien beau augmenter les tarifs, mais il n'y
aura plus personne dans les taxis et c'est un transport en commun, c'est un
transport public.
Il y a beaucoup de personnes qui prennent le taxi et qui sont des
handicapés, des assistés sociaux; elles n'ont pas d'auto et
prennent le taxi. Nous, de l'Opposition, disons au gouvernement: Une des
solutions au problème du taxi, c'est, premièrement, l'abolition
des concessions, ainsi que vous l'avez annoncé en 1981.
Deuxièmement, c'est de donner un abattement fiscal, une réduction
de taxe sur l'essence directement aux chauffeurs de taxi.
Si vous le faites, cela va vous permettre au moins de savoir - on manque
de statistiques, M. le ministre, et je suis d'accord avec vous - combien chaque
chauffeur de taxi achète de gallons par année. Vous pourriez
envoyer cela au ministère du Revenu, cela va l'aider.
M. le Président, je pense que c'est une solution. Le ministre des
Finances a dit: Prenez de petites autos pour faire du taxi,
changez vos autos. Je vais vous dire ce qu'il a dit dans sa
conférence de presse: En second lieu, pour l'essence, on tire d'un an un
processus dont on savait qu'il était inévitable, dans la mesure
où on avait besoin d'argent, ce qui est le cas. Ce sont les paroles de
M. Parizeau. C'est tiré d'une conférence de presse qu'il a
donnée - le député de L'Assomption - le 17 novembre 1981.
Cela me paraît anti-social-démocrate. D'ailleurs, des propos ont
été tenus au sujet de l'essence par le conseil régional de
l'Estrie de votre parti, le Parti québécois. J'ai
écouté cela au canal 7 et j'ai trouvé cela scandaleux pour
le propriétaire artisan d'un camion, ou d'un taxi, pour le laitier, le
boulanger, en fait, pour tous ceux qui ont besoin de leur véhicule pour
gagner leur vie.
Ce qui s'est passé aux États-Unis et ce qui va se passer
au Canada c'est que dans un an ou deux, il y a pas mal de gens qui vont prendre
des voitures plus petites et cela va se faire un peu plus vite au
Québec. Les changements dans la consommation d'essence vont aussi se
faire un peu plus vite au Québec. Il va y avoir des déplacements.
On a d'ailleurs tenu compte clairement de cela dans nos projections et c'est
retenu dans nos recommandations.
Vous savez qu'on consomme deux fois plus d'essence super au
Québec que dans le reste du Canada.
M. le ministre, lorsque vous avez de la visite à Québec,
selon le protocole, vous appelez des taxis. Savez-vous que, lorsque vous
appelez des taxis, vous ne voulez que de grosses voitures? Vous n'en voulez pas
de petites. Vous voulez avoir des Buick, des Chrysler...
M. Clair: M. le Président...
M. Bissonnet: Oui.
M. Clair: ... question de règlement.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Clair: C'est un journaliste qui a rapporté cela dans un
article...
M. Bissonnet: Non.
M. Clair: ... que le service de protocole exigerait de grosses
voitures. Je voudrais simplement dire là-dessus que cette information
n'a jamais été vérifiée et confirmée par le
service du protocole.
M. Bissonnet: M. le Président, pour vous répondre,
ce matin, j'ai pris un taxi. Je parlais au chauffeur et il me disait qu'avant
il avait une grosse auto et qu'il l'a changée. Quand il va au
Château Frontenac et se place en avant, un gars arrive et prend le
deuxième taxi, parce que notre chauffeur avait une petite Lada. À
un moment donné, il perd des clients. Il est revenu à une grosse
Ford 357. Cela lui coûte certainement quelque 40 $ par jour pour son
essence. Il m'a dit: Les chauffeurs de taxi de la coopérative de
Québec connaissent les adresses du gouvernement et, quand vous demandez
des taxis, on annonce au micro: Cela prend cinq grosses voitures au parlement,
cinq grosses voitures pour tel ministère. Écoutez, les gars de
taxi ne sont pas des fous...
M. Clair: Mais ça peut tout aussi bien être une
décision prise par le dispatching, que par le service du
protocole...
M. Bissonnet: Peut-être.
M. Clair: II pense que cela appelle nécessairement de
grosses voitures.
M. Bissonnet: En tout cas, je souhaite que le ministre des
Finances dise aux chauffeurs de taxi: Prenez tous de petites voitures. Ce qui
arrive actuellement, c'est qu'il y en a de petites et de grosses. Au prix des
petites, on s'en vient avec bien des Lada dans le taxi.
Hier, j'ai pris un taxi, je suis parti de Sainte-Foy pour venir à
Québec; j'ai pris un chauffeur qui avait une Lada. Ce sont des voitures
qui prennent trois personnes. On dit que la moyenne est de une à trois,
mais que l'utilisateur du taxi, depuis l'avènement des petites
voitures... Il y en a aussi qui pensent, vous devriez peut-être regarder
ça, M. le ministre, qu'il y a un tarif pour les petites voitures et un
tarif pour les grosses. Je ne suis pas de ceux-là, je vous dis tout
simplement qu'il y a des gens qui pensent cela actuellement, qu'il y a deux
tarifs pour les taxis. Je ne suis pas d'accord avec ça, parce qu'on va
apporter plus de confusion et il y en a déjà trop. M. le
ministre, j'ai terminé. On va revenir dans vingt minutes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, est-ce que le
député de Jeanne-Mance me permettrait de lui poser une
question?
M. Bissonnet: Avec un grand plaisir, mon cher
collègue.
M. Lachance: M. le député, je sais que vous avez
été intimement lié au monde municipal durant quelques
années.
M. Bissonnet: Oui.
M. Lachance: Je ne crois pas avoir entendu votre opinion sur
l'implication du
monde municipal, en particulier les municipalités, dans le
domaine du taxi. Quand on connaît les disparités qui existent
présentement à travers tout le Québec, c'est
évident que le problème majeur est à Québec et dans
la région de Montréal, mais il y a beaucoup de disparités
à travers le Québec, selon le chiffre et la densité de la
population.
J'aimerais donc savoir, M. le député de
Jeanne-Mance...
M. Bissonnet: Cela va être bien intéressant, ce que
je vais vous dire.
M. Lachance: Oui, d'accord.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: S'il vous plaît. Ce que je peux vous dire,
c'est que j'ai été maire d'une belle ville, Saint-Léonard
et que je n'ai pas eu de problème de taxi. Quand je suis arrivé
là comme maire, il y avait le règlement no 6 et c'était
une agglomération. Mais, pensez-vous, vous autres qu'à
Saint-Léonard... En 1960, il y avait 4200 habitants et, en 1981, on est
85 000. On a grossi comme Sainte-Foy. On parle de permis de taxi, et c'est pour
ça que je dis qu'il faut que ce soit provincial, selon moi. Le
problème qu'on a eu avec les permis de taxi, c'est parce que, dans une
ville comme Saint-Léonard, en 1956-1957, il devait y avoir deux permis
de taxi. Ces permis de taxi coûtaient 25 $. Or, les permis de taxis... Et
bien, la population a augmenté... Le maire, dans ce temps-là,
devait être populaire avec ces gars-là, ça devait
être terrible. Un gars va voir le maire et quand le maire est majoritaire
- ce n'était pas mon cas, j'étais minoritaire, je ne
décidais pas grand chose, j'aidais tout le monde - à ce
moment-là, il porte le nombre des taxis de deux à huit, à
quinze, à vingt-cinq, jusqu'à la limite, selon la population
prévue par la Loi sur les transports.
Dans Saint-Léonard, il y a eu environ 40 à 50 permis qui
ont été vendus 25 $ le permis, et la valeur marchande du permis
de taxi qui était vendu 25 $ était, le lendemain matin, de 4000 $
à 5000 $. Un gars est content, quand il a un permis de taxi qu'il paie
25 $ et qui vaut 5000 $ le lendemain matin. Les municipalités, cela a
été... Il n'y a pas eu de planification générale du
taxi au Québec. Je ne parle pas de 1970 à 1976, mais, avant
ça, s'il y avait eu de la planification dans le temps de Maurice
Duplessis et si on avait planifié le taxi de façon provinciale,
il n'y aurait pas eu les problèmes qu'on a vus sur l'augmentation des
permis de taxi dans chaque ville.
À ce moment-ci, on est rendu à une période de gel.
La ville d'Outremont et la ville de Mont-Royal sont des villes "open", parce
qu'il n'y avait pas de permis de taxi dans ces deux villes. Ce qui arrivait, le
gars faisait du taxi, il mettait un T en arrière de sa voiture. Il
allait faire du taxi dans la ville de Mont-Royal et dans Outremont, mais il
était souvent à Montréal. Il y a treize policiers qui
travaillent sur trois équipes, à Montréal, pour s'occuper
du taxi et il y a 157 surveillants routiers sur trois équipes pour la
province de Québec, pour le camionnage et le taxi. J'en ai
rencontré, M. le ministre, ils viennent me voir; ils viennent me
raconter qu'ils ne peuvent pas surveiller les taxis. Cela fait de la peine aux
gars, M. le ministre. Ils voudraient surveiller la situation pour que le taxi
soit plus profitable pour les chauffeurs artisans. Les municipalités, M.
le député, je pense que c'est provincial pour moi, pour avoir une
meilleure planification, et je ne voudrais pas personnellement qu'on retourne
aux municipalités le contrôle des permis de taxi.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît,
j'aimerais faire remarquer à ce point-ci une chose dont je viens de
m'apercevoir; on s'est tutoyé et ici, à l'Assemblée
nationale, on doit vouvoyer les gens, en principe. (11 h 30)
M. Bissonnet: Quand je faisais du taxi, je disais tu à
tout le monde.
Le Président (M. Rancourt): J'avais reconnu le
député de Viger qui m'avait demandé la parole auparavant.
M. le ministre, vous voulez répondre?
M. Clair: Si on veut qu'on ait l'occasion de fournir une
contrepartie...
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que vous permettez, M.
le député? Je vous reconnaîtrai par la suite, M. le
député de Viger.
M. Clair: C'était une question?
M. Maciocia: Non, un ensemble de questions.
M. Clair: J'en ai accumulé un certain nombre.
Le Président (M. Rancourt): D'accord, je
reconnaîtrai le député de Viger par la suite.
M. Clair: M. le Président, dans l'industrie du taxi face
aux problèmes qui confrontent cette industrie présentement, j'ai
identifié tantôt ce qui me paraît être l'un des
problèmes les plus importants, à savoir
le manque de données. C'est vrai qu'il y a eu plusieurs
études, mais ces études ont rarement pu porter sur la situation
réelle de l'industrie du taxi parce qu'il n'y avait pas de
données statistiques valides, fiables. Avant de proposer quelque
remède que ce soit dans un segment de l'économie, la
première chose dont on a besoin, c'est de données statistiques
fiables. Sans ça, on émet des voeux pieux, sans ça, on
essaie des choses, on propose des hypothèses, mais on n'est pas certain
du résultat qu'on va obtenir. C'est, à mon humble avis, le
premier problème.
Il y a une étude qui a été réalisée
par le Bureau de la statistique du Québec, qui est présentement
sous analyse au ministère des Transports. On examine la
possibilité que dorénavant le Bureau de la statistique du
Québec fasse une série sur l'industrie du taxi, de telle
façon qu'on soit en mesure d'avoir des données annuelles fiables,
solides sur l'industrie du taxi.
Le deuxième problème dont on n'a pas réellement
parlé jusqu'à maintenant, qui est réel aussi, c'est qu'il
n'y a pas de vis-à-vis, si on veut, au ministère des Transports
du côté de l'ensemble des ligues de taxis du Québec. Il y a
un bon nombre de problèmes dans l'industrie du taxi qui sont
particuliers à chacune des régions, mais il y en a un bon nombre
aussi qui sont généraux, qui sont les mêmes à
travers le Québec.
L'une des difficultés que rencontre le ministre des Transports,
quel qu'il soit, dans l'élaboration d'une politique articulée de
développement, de rentabilité de l'industrie du taxi, c'est le
fait qu'il n'y ait pas, à proprement parler, d'interlocuteur. Je donne
un exemple, dans l'industrie du camionnage, du bois de sciage, dans n'importe
quel segment de l'économie, dans la plupart des cas, ces transporteurs
se sont réunis dans une association et font des représentations
qui reçoivent l'adhésion de la majorité des membres, des
exploitants dans ce segment de l'économie. Or, dans l'industrie du taxi,
jusqu'à maintenant, il n'y avait pas d'interlocuteur
représentatif, si on veut, de la majorité des intervenants dans
cette industrie. Cela fait qu'un groupe réclame une chose, un autre
groupe en réclame une autre. L'un et l'autre s'opposent souvent quant
à la nécessité, par exemple, d'avoir tel ou tel type de
tarification.
Je pense qu'un événement important est en train de se
produire actuellement avec la Fédération des ligues de taxis.
Cette fédération, qui existe depuis plusieurs années, mais
qui n'avait jamais connu une ampleur très grande, a décidé
d'essayer de jouer un rôle, à mon avis, très positif dans
l'industrie du taxi, soit essayer de regrouper dans une
fédération de ligues le plus grand nombre de ligues possible afin
de solutionner par l'industrie elle-même les problèmes qui peuvent
être solutionnés par l'industrie elle- même et, d'autre
part, essayer d'avoir une position qui ne soit pas diffuse quant aux demandes
de l'industrie du taxi, mais d'avoir une position qui rencontre aussi
l'adhésion du plus grand nombre possible de chauffeurs de taxi.
Pas plus tard qu'hier, M. le Président, j'avais une rencontre
à mon bureau avec la Ligue de taxis de Québec et son
président, M. Jos Cloutier, qui est présent aujourd'hui dans les
galeries, avec également les représentants de la
Fédération des ligues de taxis. Je pense qu'on est sur une bonne
piste parce qu'il y a d'abord un excellent climat de relations entre le
titulaire, le ministère des Transports et la Fédération
des ligues de taxis et les ligues de taxis qui se sont adressées
à nous jusqu'à maintenant. On est en train d'essayer de voir dans
quelle mesure, pour l'ensemble de ces problèmes qui confrontent
l'industrie du taxi, on pourrait, par le biais d'une fédération,
avoir un point de vue aussi unique que possible, pour l'industrie du taxi, sur
chacun des problèmes et essayer aussi d'avoir une collaboration suivie
dans les solutions à apporter à chacun de ces problèmes.
J'ai d'ores et déjà dit à la Fédération des
ligues de taxis que, dans la mesure où elle serait représentative
d'une majorité des ligues de taxis au Québec, dans la mesure
où elle irait chercher elle-même une crédibilité, et
dans la mesure où elle acceptait le fait qu'un grand nombre des
solutions à apporter aux problèmes de l'industrie du taxi passe
par une prise en main de l'industrie du taxi par elle-même, sur cette
base, il me ferait plaisir de collaborer avec cette fédération,
sans exclure nullement des possibilités de rencontres ou de travail avec
des ligues en particulier, afin d'essayer d'apporter justement des solutions
concrètes aux principaux problèmes qui sont actuellement ceux de
l'industrie du taxi.
Je voudrais énumérer une série de sujets et dire ce
que le ministre des Transports a fait jusqu'à maintenant. D'abord, au
point de vue de la représentation de l'ensemble de l'industrie du taxi,
le ministre des Transports a, en quelque sorte, donné une reconnaissance
de facto à la Fédération des ligues de taxis afin d'avoir
un interlocuteur qui soit le plus représentatif possible. C'était
déjà un pas immense de franchi que de donner une reconnaissance
tacite, si on veut, à la Fédération des ligues de taxis du
Québec.
La deuxième mesure concrète qui a été
déjà prise par l'actuel titulaire du ministère des
Transports, a été - on en parlait tantôt - en ce qui
concerne les voitures plus petites, les voitures compactes. Le règlement
no 6, jusqu'à juin dernier, si ma mémoire est fidèle, ne
permettait pas l'utilisation des voitures compactes dans l'industrie du taxi.
Il était devenu évident qu'il fallait libéraliser cela.
Dès le mois de juin dernier, il y a eu
un amendement au règlement no 6 afin de permettre l'utilisation
de véhicules automobiles plus petits. Cela est déjà fait
et cela se remarque tous les jours dans les rues. Au fur et à mesure que
les voitures qui servent au transport par taxi sont remplacées, elles
sont remplacées de plus en plus par des voitures qui sont moins
coûteuses à faire fonctionner, moins coûteuses à
l'achat, souvent, et qui permettent de diminuer les frais d'opération
d'un véhicule taxi.
Quant au problème soulevé à savoir que les gens, au
service du protocole, ou les gens qui se tiennent au Château Frontenac ou
des gens capricieux exigent des véhicules automobiles plus importants,
cela se peut fort bien. Pour ces gens qui ont été habitués
à se promener en Lincoln ou en Buick ou en Pontiac ou dans des grosses
voitures, à l'époque, effectivement, c'était normal que le
véhicule taxi soit une grosse voiture. Je pense qu'il y a sûrement
encore des gens qui ont cette habitude. Cela va changer, mais cette vieille
mentalité va durer chez certains pour le temps que va durer la
présence des grosses voitures.
Un autre sujet qui préoccupe les propriétaires de taxi,
d'après les rencontres que j'ai eues, et c'est peut-être un des
sujets de mécontentement les plus importants: le coût des
assurances pour dommages matériels. On sait qu'en ce qui concerne les
blessures corporelles, les chauffeurs de taxi sont maintenant couverts par la
Loi sur l'assurance-automobile du Québec avec une prime qui, si ma
mémoire est fidèle, est de 255 $ ou environ. Hier, dans une
rencontre avec la Fédération des ligues de taxis, l'un des
intervenants me dit: Jusqu'en 1978, lors de l'entrée en vigueur de la
Loi sur l'assurance-automobile, les compagnies d'assurances nous disaient: Ce
sont les dommages corporels qui coûtent terriblement cher. On est
obligé de vous imposer des primes importantes et des augmentations,
parce que le gros bloc, selon cette personne, c'est le coût des blessures
corporelles. L'intervenant disait: Au lendemain du 1er mars 1978, quand la
Régie de l'assurance automobile est entrée en fonction pour les
blessures corporelles - ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est cette personne -
la ritournelle a changé. On s'est mis à nous dire que les
blessures corporelles, dans le fond, ce n'était pas si pire, que ce
n'était pas cela qui était le gros bloc, que c'étaient les
dommages matériels. On comprendra donc l'indignation et le
mécontentement des propriétaires de taxis.
Devant cette plainte, sans porter de jugement quant à savoir si
elle est bien ou mal fondée, y a-t-il, oui ou non, abus des compagnies
d'assurances en ce qui concerne la tarification des véhicules-taxis? Je
ne suis pas en mesure d'affirmer quoi que ce soit
Mais, afin d'aller au fond des choses une fois pour toutes, j'ai
demandé deux choses. J'ai demandé formellement au ministre des
Institutions financières et Coopératives de demander au
Surintendant des assurances, qui relève de lui, de me produire un
rapport sur la situation dans l'assurance pour les véhicules-taxis de
façon à savoir si, oui ou non, il y a exagération. S'il y
a exagération, j'ignore quel mécanisme il faudra, mais une chose
est certaine, s'il v a exagération des compagnies d'assurances, celui
qui vous parle va prendre les moyens pour que cet abus cesse. Est-ce que ce
sera par législation? Est-ce que ce sera par des directives, par du
regroupement de risques? Je dis que, s'il y a - je ne suis pas en mesure de
l'affirmer; il faudra voir le rapport du Surintendant des assurances - abus des
compagnies d'assurances, il va falloir agir et rapidement.
La deuxième chose que j'ai demandée, afin d'être en
mesure d'avoir un éclairage de la compagnie d'assurances publique, si
vous voulez, qu'est la Régie de l'assurance automobile, non pas pour
contrevérifier le rapport que nous produira le Surintendant des
assurances, mais dans le but de voir ce qu'il en est, à la Régie
de l'assurance automobile, qui elle aussi a des renseignements
là-dessus, c'est un rapport sur l'état de la situation du point
de vue de la Régie de l'assurance automobile du Québec en ce qui
concerne l'assurance tant pour les blessures corporelles que pour les dommages
matériels. Il est bien évident que l'expertise de la régie
porte surtout sur les blessures corporelles, mais c'est afin de voir quel type
de risque représente l'industrie du taxi.
Ce qu'il y a de difficile, c'est qu'on sait tous qu'il y a deux types de
chauffeurs de taxi. Il y a l'artisan propriétaire de son véhicule
qui fait attention à son véhicule, comme tous et chacun d'entre
nous faisons attention à notre véhicule automobile et il y a
celui qui travaille parfois quelques heures par jour à peine,
occasionnellement, avec un véhicule-taxi qu'il a loué en quelque
sorte et qui est moins préoccupé de conserver en bon état
le véhicule en cause.
Sur le plan statistique, c'est certainement difficile à isoler
quant à savoir quel genre de risque représentent le
propriétaire artisan qui prend grand soin de son véhicule
automobile, parce que c'est son seul moyen de gagner sa vie, et celui qui est
un chauffeur occasionnel - si on veut, appelons-le comme cela - qui est
peut-être moins préoccupé par le bon état du
véhicule et d'éviter des accidents.
Il va donc falloir essayer de gratter cette dimension afin de voir si
les coûts facturés par les compagnies d'assurances pour l'ensemble
des propriétaires de taxis ne font pas porter au propriétaire
artisan une partie trop élevée de la prime par rapport à
ceux qui représentent un risque plus important.
Deuxième point, deuxième mesure concrète - les
députés me demandaient des mesures concrètes, ce que le
ministre a fait la hausse des tarifs à la suite de l'augmentation du
coût de l'essence. Ce n'est pas la solution idéale, c'est certain.
C'est certain que la solution idéale, ce serait qu'il neige toute
l'année, qu'il fasse mauvais tout le temps, que le prix de départ
soit un peu plus élevé pour éviter les courtes courses et
que le tarif soit ce que certains ont proposé, que le tarif au
kilomètre n'augmente pas, mais qu'il baisse afin d'être plus
concurrentiel avec l'autobus, par exemple, avec le métro.
Je pense que, là-dessus, le moins qu'on pouvait faire rapidement,
c'était de permettre à la Commission des transports de pouvoir,
de façon expéditive, instanter, sans formalité, rajuster
les tarifs si tant est que c'est la solution souhaitable dans les circonstances
par l'industrie du taxi. (11 h 45)
Moi je pense qu'effectivement, compte tenu de l'augmentation de
l'essence, il serait avantageux qu'il y ait une augmentation qui, somme toute,
ne se répercutera pas par une augmentation de 0,20 $ le
kilomètre. Le coût de l'essence représente environ 22% de
ce que cela coûte pour exploiter un taxi et, avec l'augmentation de
l'essence, si cette augmentation de l'essence se transpose sur les tarifs au
kilomètre, cela représente environ 0,026 $, 0,025 $, quelque part
entre 0,023 $ et 0,027 $ le kilomètre. Alors, cela aussi a
été une mesure concrète.
En ce qui concerne le règlement no 6, on est actuellement
à travailler pour le dépoussiérer. J'espère qu'on
sera en mesure, d'ici le mois d'avril ou mai, d'arriver avec un
règlement. Sans changer l'ensemble de la structure, au moins
dépoussiérer ce règlement qui comporte toutes sortes
d'exigences, comme, j'en mentionne une, le fait d'avoir le moteur du
véhicule automobile propre, ce qui peut constituer une infraction, si le
moteur n'est pas propre. Vous comprendrez qu'il y a des choses comme cela qui
méritent d'être dépoussiérées.
Une autre chose qu'on est à examiner, en ce qui concerne la
région de Québec ici en particulier, c'est: Est-ce que, oui ou
non, il faudrait décréter un gel des permis des TR, des taxis
régionaux, dans la région de Québec? Il est évident
qu'on ne peut pas décréter un gel à travers le
Québec au niveau des taxis régionaux, mais la question a
été soulevée par la Ligue de taxis de Québec et
j'espère que, sur cette question, d'ici le 15 janvier prochain, on sera
en mesure de prendre une décision.
Un problème important auquel la solution a été
trouvée, à toutes fins utiles, et qu'il ne reste qu'à
mettre en application, c'est le problème de Dorval. On sait tous que
Dorval constitue la principale source de voyageurs dans la région de
Montréal. On me demandait tantôt quelle est la solution retenue,
je peux vous en donner les grandes lignes. Il y a eu une entente d'abord entre
les parties et, là-dessus, je peux dire au député de
Jeanne-Mance et au député de Sainte-Anne en particulier, qui
disaient être en très bonnes relations avec les gens de
l'industrie du taxi de la région de Montréal, qu'ils
connaissaient tous ces gens-là - ce que je vais dire n'est rien de
secret puisque cela a été entendu entre les parties - que, si ces
informations étaient aussi bonnes qu'ils le prétendaient,
peut-être seraient-ils déjà au courant. Mais je pense
qu'ils voulaient simplement me donner l'occasion de dire ce qu'est le contenu
du projet qui a été mis au point grâce au groupe de travail
sur la rentabilité du taxi dans la région de Montréal.
Il y aura un avis public dans les journaux qui sera publié par
l'administration de Dorval. Une formule de demande sera expédiée
à chaque propriétaire et par voiture-taxi à ceux-là
qui en feront la demande. Il faudra, bien sûr, que cette proposition d'un
propriétaire de taxi soit validée, réponde aux normes
habituelles de la Commission des transports du Québec; même chose
en ce qui concerne l'inspection du véhicule et du taximètre par
la Régie de l'assurance automobile du Québec.
Une fois que l'administration aura reçu des propositions, des
demandes d'admissibilité des propriétaires pour desservir Dorval,
il y aurait un tirage au sort qui se ferait, un tirage par ligue et, au total,
ce seraient 225 permis d'aéroport qui seraient en vigueur pour une
période de deux ans. Il y aurait 185 permis qui viendraient de la ligue
A-11, 15 de la ligue A-5, 25 de la ligue A-12, et la liste d'attente aurait
lieu selon le tirage pour les autres.
Ce qui serait modifié aussi, c'est qu'il y aurait deux lignes
d'attente à Dorval et non plus une seule, tel que prévu
actuellement dans le règlement no 6. Tout cela est entendu entre les
parties. Deux lignes d'attente, une pour la A-11 et la A-5 et une pour la A-12.
Le territoire de desserte serait celui prévu selon l'entente du 18 mars
1981. Les permis d'aéroport ne seraient pas transférables, sauf
en cas de décès, et seraient valides pour deux ans.
Les conditions de fonctionnement. Le véhicule devrait être
inspecté par la Régie de l'assurance automobile à tous les
six mois; il devrait avoir un âge déterminé; le
propriétaire devrait garder un registre d'utilisation. Le coût,
pour le propriétaire de desserte, pour obtenir le service de
l'administration et desservir ainsi Dorval, serait de 1200 $ par an. Il y
aurait un système de points de démérite avec suspension ou
annulation après douze points. Le propriétaire lui-même
serait responsable
de son ou de ses chauffeurs et les points de démérite du
chauffeur s'appliqueraient au propriétaire. Il y aurait enfin un
comité de révision pour l'annulation ou la suspension des permis
d'aéroport. Oui?
Le Président (M. Rancourt): Je m'excuse, M. le ministre.
Votre temps est terminé. Est-ce qu'il y aurait consentement pour que
vous puissiez terminer?
M. Bissonnet: Juste pour terminer cette partie-là.
M. Clair: Oui, juste pour terminer sur Dorval. Je pourrai revenir
sur...
Une voix: Juste cela.
M. Clair: C'est parce qu'on a fait un certain nombre de
choses...
Une voix: Pas de problème!
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Sur Dorval, ce sont des notes, mais je pourrai remettre
un document là-dessus au député de Jeanne-Mance au cours
des prochains jours.
Ce que cela changerait, en substance, M. le Président, c'est que
sous le système actuel l'aéroport de Dorval est desservi par 300
ou 400 propriétaires, un maximum de 250 à la fois, et on sait
tous qu'il y a là un problème. Avec le nouveau système, il
y aurait 225 personnes qui, dans un encadrement plus fonctionnel, pourraient
desservir Dorval et ainsi assurer une meilleure rentabilité pour ceux
qui desservent l'aéroport de Dorval avec une entente à laquelle
participent les trois ligues de taxis de la région de
Montréal.
M. le Président, on a travaillé là-dessus tout cela
est entendu jusqu'à maintenant, mais on a un petit problème:
Comment articuler sur le plan juridique cette entente-là? Jusqu'à
maintenant, cela semblait présenter des problèmes, étant
donné que l'aéroport de Dorval est sous juridiction
fédérale et que les ligues de taxis, le taxi comme tel,
relèvent de la juridiction provinciale. Les avocats du contentieux du
ministère des Transports ont trouvé une solution, on est à
la préparer, à la mettre en forme, ce serait par un amendement au
règlement no 6 qu'on pourrait appliquer cette solution et on
espère que cela pourra être en vigueur dès le 1er
février prochain, au niveau de la réglementation. Il faut que
cela passe par la législation déléguée et le temps
que le processus suive son cours, ce serait en vigueur le 1er février
1982.
Le Président (M. Rancourt): Merci, M. le ministre.
M. Bissonnet: À la période de questions, au mois de
mars, si ce n'est pas en vigueur, on va vous poser la question.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Viger, vous avez la parole.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
Je pense que tout le monde était d'accord ici, ce matin, sur le
fait qu'il existe un problème de taxi dans la région de
Québec, de Montréal et partout dans le Québec.
On est ici ce matin, j'imagine, pour essayer de trouver des solutions
à ces problèmes. Actuellement, je pense que le ministre nous a
dit que des études étaient faites sur les statistiques et qu'on
avait besoin de cela pour trouver certaines solutions à ce
problème de taxi.
Si je reviens juste un peu, disons, au programme du Parti
québécois en 1976, comme l'a mentionné le
député de Sainte-Anne, il disait que c'était malheureux
qu'il y ait eu des études mais qu'il n'y ait pas eu de solution. Alors,
on se retrouve au point de départ de 1976. Aujourd'hui, après
cinq ans, on est encore en train d'étudier ce problème pour
trouver des solutions.
Je me pose la question. Le ministre tout à l'heure a parlé
de l'assurance matérielle, mais il a seulement donné un petit
accent sur l'assurance pour blessures corporelles. Tout à l'heure, le
ministre a dit que, probablement - il n'était pas au courant - des
études étaient faites pour voir s'il y avait des abus de la part
des compagnies d'assurances sur les dommages matériels. Probablement
qu'il y en a, je ne veux pas l'exclure en partant, probablement qu'il y en
a.
Mais il y a une autre question qu'il faut se poser à ce
moment-ci: Est-ce qu'il y a oui ou non, des abus de la part du gouvernement sur
les tarifs d'assurance pour blessures corporelles? Parce que pour une voiture
de promenade, je pense que la prime, à ce jour et jusqu'à
l'année dernière - cette année, il y a une augmentation -
était de 85 $, tandis que la prime d'assurance pour blessures
corporelles de la part du gouvernement dans le cas d'accidents d'automobiles,
c'était de 250 $ à 255 $. Cette différence est
causée par quoi? Il faut aussi se poser cette question.
En même temps, le ministre disait tout à l'heure qu'il
fallait trouver des solutions aux problèmes du taxi en se regroupant ou
en créant probablement une ligue ou une fédération des
taxis. Je pense qu'à ce moment-là, le Parti
québécois, en 1976, justement à l'article 3, faisait
référence au
recours à une formule coopérative. Dans le programme, on
disait: "Pour résoudre le problème du taxi dans les grandes
villes, il n'est pas suffisant de réduire le nombre de taxis et
d'unifier le territoire et la réglementation. Il faut beaucoup plus. En
réalité, il faut établir une saine structure de travail
pour organiser les postes d'attente, les réseaux de communication,
engager les chauffeurs à des conditions uniformes, concentrer les sommes
et, surtout, distribuer le travail également, de façon à
assurer la rentabilité maximale de cette industrie aux besoins de chacun
de ces travailleurs."
Après, on proposait des solutions et on disait: "C'est pourquoi
nous croyons que tous les chauffeurs de taxi devraient
bénéficier: a) d'une centralisation du pouvoir d'achat des
automobiles pour en diminuer le prix de revient; b) d'une assurance-groupe
unique et uniforme pour abaisser les primes actuelles; c) de garages et
stations-service fonctionnant sans profit pour l'achat d'essence, le
débosselage et la mécanique; d) d'une centrale
téléphonique unique desservant tous les territoires et
distribuant les clients à tous les chauffeurs à un taux
universel; e) de conditions d'admission contrôlées et uniformes;
f) de l'abolition du profit réalisé par les propriétaires
de flotte ou de la spéculation sur les permis."
Vous aviez des solutions à ce moment-là. Je pense
qu'actuellement, comme je l'ai dit tout à l'heure, on est encore en
train de faire des études, d'obtenir des statistiques. On va encore
retourner à 1976. Vous avez dit, tout à l'heure, M. le ministre,
que si le problème existe, c'est à cause du gouvernement
antérieur. Depuis 1972, c'était le gouvernement libéral
qui était au pouvoir. Mais, en 1976, vous aviez des solutions à
ce problème. Aujourd'hui, en 1981, je dirais même 1982, ces
problèmes sont encore les mêmes.
Vous savez très bien, M. le ministre, que l'industrie du taxi, ce
n'est pas absolument - je pense que tout le monde ici en convient - un luxe.
C'est un moyen de transport dont tout le monde a besoin. Il dessert les
handicapés, les assistés sociaux, les classes ouvrières.
Ces gens-la ont vraiment besoin de vivre comme n'importe quel autre travailleur
au Québec. Vous avez dit, tout à l'heure: "Je ne suis pas tout
à fait convaincu qu'une augmentation des tarifs peut être la
solution." Vous avez dit que ce n'était probablement pas la solution
idéale. Moi non plus, je ne suis pas convaincu de cela parce qu'une
augmentation des tarifs peut réduire, j'imagine, le travail ou le nombre
de personnes qui seront prêtes à prendre encore le taxi. À
ce moment-là...
M. Clair: Je voudrais dire quelque chose au député,
s'il me le permet.
M. Maciocia: Oui. Allez-y.
M. Clair: Je ne veux pas l'interrompre. Je le laisserai
continuer. Quand je dis que ce n'est pas la solution idéale, c'est
à long terme. À court terme, dans la mesure où il y a une
augmentation de l'essence pour l'ensemble de la population, si l'augmentation
des tarifs des taximètres correspond à peu près à
l'augmentation du prix de l'essence, de la façon la plus proche qu'on
pourra y arriver, je pense qu'à ce moment-là, on ne modifie pas
la place du taxi comme moyen de transport par rapport aux autres moyens de
transport. L'automobile continue elle aussi. L'automobiliste doit subir une
augmentation et la place relative, dans le choix des moyens de transport pour
une personne, ne serait pas modifiée pour autant. Cela ne règle
pas, c'est évident, le problème à long terme de la
structure de tarification de l'industrie du taxi. Mais, à très
court terme, dans la mesure où il y aurait effectivement une
augmentation du prix de l'essence, je pense que cela ne déplacerait pas
l'industrie du taxi par rapport aux autres modes de transport. C'était
juste cela. (12 heures)
M. Maciocia: Oui, je vous comprends très bien.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Viger, vous pouvez continuer.
M. Maciocia: Je l'avais bien compris, M. le ministre, mais il y a
probablement d'autres façons de venir en aide à ces chauffeurs de
taxi ou à l'industrie du taxi. Par exemple, sur l'augmentation de
l'essence, pourquoi pénaliser encore ces mêmes gens qui sont,
comme on le sait et vous l'admettez, défavorisés à un
certain moment? Un chauffeur de taxi qui gagne aujourd'hui 30 $ ou 35 $ par
jour, je trouve qu'il gagne à peine le salaire minimum.
Je pense donc qu'il y aurait d'autres façons d'aider ces
gens-là, par exemple un rabattement sur le prix de l'essence comme
Ottawa le fait. Il y a encore une autre raison - et je ne vois pas pourquoi
vous ne l'avez pas étudiée à un certain moment
-l'augmentation du tarif d'immatriculation et l'augmentation du tarif de
l'assurance automobile de la part du gouvernement. C'était clair
à un certain moment et je l'ai dit dans mon discours l'autre soir... Mme
Claudine Sotiau disait: "Rien dans le contexte actuel ne justifie pour la
régie une telle augmentation, d'autant plus que le nombre d'accidents
avec blessés ou morts a diminué au cours des dernières
années." Et là, vous êtes en train d'augmenter...
M. Clair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Question de règlement.
M. le ministre.
M. Clair: J'aimerais que le député, s'il a un
document en main... Je le fais au nom de la présidente de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, parce qu'à la
suite de ce qu'on appelle une "cut" qui a été faite par certains
médias de télévision on a fait dire à Mme Claudine
Sotiau, la présidente de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, des choses. On a pris juste un bout de sa phrase et Mme Sotiau
a, d'ailleurs, adressé au ministre des Finances, M. Jacques Parizeau,
une lettre dans laquelle elle explique ses déclarations. Mme Sotiau n'a
jamais déclaré que l'augmentation des primes d'assurance
automobile n'était pas justifiée. Au contraire, c'est la
Régie de l'assurance automobile qui a demandé, d'abord, au
ministre des Transports et, dans un deuxième temps, au gouvernement
d'augmenter la tarification afin de répondre aux besoins de la
Régie de l'assurance automobile du Québec de conserver une
réserve intéressante. En ce qui concerne les droits
d'immatriculation, ce que Mme Sotiau disait, simplement, c'est qu'il s'agissait
d'une décision du gouvernement, que la régie là-dessus ne
fait qu'agir comme agent de perception et qu'il n'appartient pas à la
régie de formuler des commentaires sur cela publiquement. La mise au
point que je voulais faire, c'était simplement celle-là.
M. Maciocia: Exactement dans ce sens-là...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Comme nous fonctionnons d'une façon très
souple, j'apprécie votre collaboration de donner des réponses
à des questions et je les prends comme telles. Si vous voulez bien
continuer, M. le député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, ce n'est pas parce que je
voulais absolument que le ministre me réponde. J'ai posé des
questions auxquelles le ministre aurait pu répondre à la fin de
mon discours, mais il en a fait des questions de règlement et de
privilège. J'ai dit tout à l'heure, à un certain moment,
que j'étais beaucoup plus calme que mes collègues et que le
ministre.
M. Clair: Nous sommes tous très calmes.
M. Maciocia: Je pense qu'actuellement on est ici, comme on l'a
dit au commencement, pour essayer de trouver des solutions aux problèmes
de l'industrie du taxi. Pour revenir sur ce sujet, est-ce que vous êtes
d'accord, M. le ministre, qu'il y a eu, au cours de la dernière
année, une diminution des morts et des blessés à
l'intérieur de l'année 1980-1981, et il y a quand même une
augmentation venant de la Régie de l'assurance automobile?
Comme je le disais, il y a probablement des moyens pour trouver des
solutions pour l'industrie du taxi. Vous avez parlé tout à
l'heure des coopératives semi-collectives...
M. Clair: Transport semi-collectif.
M. Maciocia: ... de transport semi-collectif. Est-ce que ce
n'était pas déjà une solution envisagée depuis
1976? En 1982, on est encore à étudier cette possibilité
de transport semi-collectif. Je pense que, dans votre rapport du
ministère des Transports de 1980, on parle aussi de services de taxi
collectifs. Vous dites, à un certain moment, dans une étude: Les
options de transport semi-collectif comprennent les voitures de location, les
voitures banalisées, les taxis ordinaires. Quand on arrive au taxi
ordinaire, on dit: Les services de taxi ordinaire consistent dans la location
de véhicules automobiles avec chauffeur par un ou plusieurs usagers
ayant une origine et une destination commune. Ce service est offert à la
demande et comporte une desserte de porte à porte. Plus loin, dans le
même document, on dit: Ainsi, le véhicule utilisé pour le
covoiturage pourrait être un taxi, si les usagers réservaient sur
une base régulière les services d'un exploitant pour leur navette
quotidienne. De même, une entreprise pourra desservir un ou plusieurs
taxis pour le ramassage de ses employés. Le taxi pourrait
également remplacer adéquatement des autobus sur certains
parcours peu fréquentés ou en dehors des heures de pointe.
La question que je me pose: est-ce que, actuellement, vous envisagez la
possibilité de remplacer à certaines heures les autobus par des
taxis ou, comme vous dites, à un certain moment, des taxibus?
Après les réponses que vous allez me donner, j'aurais deux
petites questions à vous poser plus tard, toujours sur la même
question du semi-collectif.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en ce qui concerne la
Régie de l'assurance automobile du Québec, il y a eu une
augmentation de l'ordre de 11% ou 12%, je ne me souviens pas exactement. La
première augmentation en cinq ans de fonctionnement du Régime de
l'assurance automobile du Québec. On sait tous qu'au moment où la
Régie de l'assurance automobile du Québec a été
formée, la tarification des différents moyens de transport, si on
veut, a été faite en fonction des études de
statistiques
actuarielles disponibles à ce moment-là. La Régie
de l'assurance automobile du Québec proposait, pour la première
fois cette année, au gouvernement, d'augmenter les primes d'assurance
automobile. La régie a hérité, on le sait, de
l'administration du Bureau des véhicules automobiles. Elle a quatre ans
d'expérience de fonctionnement. Il est apparu qu'il était trop
tôt pour modifier la structure de tarification de la Régie de
l'assurance automobile dès cette année. C'est donc la raison pour
laquelle, au niveau de la prime d'assurance automobile, la régie n'a pas
proposé de modifier la structure pour quelque groupe de risque que ce
soit. Cela n'a pas été modifié pour l'industrie du
camionnage, ça n'a pas été modifié pour les
autobus, ni pour les automobilistes. On a gardé la même structure
tarifaire et on a simplement augmenté de 11 et quelque pour cent.
Je rencontrais hier soir le conseil d'administration de la Régie
de l'assurance automobile du Québec. Elle s'est fixée, pour les
trois prochaines années, un certain nombre d'objectifs à
atteindre. L'un d'entre eux, c'est de revoir - à la lumière de
l'expérience acquise au cours des trois dernières années,
presque quatre années maintenant - la structure de tarification. C'est
donc à ce moment-là que, du côté de la Régie
de l'assurance automobile du Québec, il y aura révision de la
structure tarifaire. La régie examinera, au même titre que les
autres secteurs de transport, s'il y a lieu, oui ou non, de modifier la
structure tarifaire pour l'industrie du taxi.
En ce qui concerne les plaques d'immatriculation pour le véhicule
taxi, au moment où le gouvernement a décidé d'augmenter
les droits d'immatriculation, le véhicule taxi n'a pas été
augmenté aussi considérablement que certains autres secteurs,
notamment le véhicule de promenade. C'était la première
fois depuis 1976, si ma mémoire est fidèle, qu'on augmentait les
droits d'immatriculation, alors que l'Ontario, par exemple, les avait
augmentés chaque année, à peu près
régulièrement en tout cas. On a décidé, compte tenu
de la situation de l'industrie du taxi, de n'augmenter les droits
d'immatriculation que de 15%, si ma mémoire est fidèle - je n'ai
pas les chiffres avec moi, mais c'est de cet ordre de grandeur - alors que
d'autres véhicules automobiles ont vu les droits d'immatriculation
augmenter de façon beaucoup plus importante.
Le député de Viger parlait au début de son
intervention de certaines choses qui pouvaient être faites, comme se
regrouper au moment de l'achat de véhicules-taxis, regrouper les
demandes au niveau de l'assurance automobile, dommages matériels, en
venir à regrouper les risques et faire une proposition à une
compagnie d'assurance ou examiner la possibilité de former une
association coopérative d'assurance. C'est vrai que ce sont des choses
à regarder, c'est vrai, mais on revient à ce que je disais
tantôt, que ces problèmes, dans le fond, pour une bonne part
d'entre eux, relèvent bien davantage de l'industrie elle-même que
de la gérance, si on veut, de la responsabilité du
ministère des Transports du Québec.
S'il doit y avoir un regroupement au moment de l'achat de
véhicules-taxis, ça ne doit pas être le gouvernement qui
s'occupe de cela. Étant donné qu'il n'y a pas, comme je l'ai dit
tantôt, de regroupement représentatif de l'ensemble de l'industrie
du taxi, au Québec, des propositions comme celles que le
député de Viger a faites sont difficilement applicables. C'est
pour ça, je l'ai dit et je le répète, que je suis heureux
de voir - ce n'est pas par favoritisme envers quelque groupe que ce soit dans
le monde du taxi - qu'une fédération des ligues de taxis est en
train de se mettre sur pied, qui a comme leitmotiv, si on veut, que, pour
régler les problèmes de l'industrie du taxi, un bon nombre de
solutions passent par l'industrie du taxi, par une prise en charge de
l'industrie elle-même, pour solutionner des problèmes comme ceux
auxquels faisait allusion le député de Viger.
Quant au transport collectif, effectivement, il y a eu un rapport qui a
été rendu public il y a quelques mois, sur les services de taxi
collectifs, quelques expériences et des perspectives d'implantation au
Québec. Il faut dire, pour être honnête envers l'industrie
du taxi et les auditeurs, que ce document de travail n'est pas allé
aussi loin que de proposer de voir où, dans le concret, très
spécifiquement, une expérience pilote, à tel endroit,
pourrait mener, quelle serait la réglementation nécessaire,
quelles seraient les contingences d'une telle expérience.
Sur cette base, dans le transport collectif, le député
demandait tantôt pourquoi on ne remplacerait pas les autobus sur certains
circuits moins achalandés, la nuit ou au bout de la ligne, si on veut.
Je le ramène, à ce moment-là, à la situation
actuelle; le transport par autobus relève des autorités locales,
alors que le transport par taxi relève du gouvernement du Québec,
du ministère des Transports. Est-ce que ceci ne serait pas plus logique
- je ne fais pas d'affirmation, je pose la question - si on veut qu'une telle
possibilité soit appliquée? Est-ce que ce ne serait pas beaucoup
plus simple, beaucoup plus facile, si la Communauté urbaine de
Montréal, par exemple, qui a un droit de regard au moins sur le
fonctionnement de la CTCUM... Est-ce que ce ne serait pas avantageux et normal,
si on veut vraiment intégrer les véhicules-taxis dans le
réseau comme complément au réseau d'autobus ou de
transport en commun,
que ce soit une même juridiction qui s'occupe de ces deux
dimensions? (12 h 15)
Quoiqu'il en soit, pour l'instant, ça va être un
problème très difficile à régler. Il va falloir
qu'il y ait une volonté locale de fonctionner, une volonté des
chauffeurs de taxi, premièrement - ils sont au premier chef
concernés - une volonté des élus locaux, une
volonté des organismes de transport en commun d'intégrer le
véhicule-taxi dans l'opération du transport en commun, comme
complémentaire au transport en commun. C'est une très grosse
question, je ne me fais pas d'illusion là-dessus. Ce n'est pas demain
qu'on va pouvoir régler cela à la satisfaction de tous les
intervenants. Ce qu'on peut faire cependant, et ce que j'ai demandé
à mon ministère d'examiner pour me faire une proposition
là-dessus dans les meilleurs délais, au niveau du transport
collectif, c'est d'ouvrir, par réglementation, la possibilité
pour quatre ou cinq personnes qui désirent avoir un service
régulier par taxi de pouvoir contracter, si on veut, en quelque sorte
avoir un abonnement par lequel, par exemple, à la sortie d'une usine,
trois ou quatre travailleurs - cela dépend de l'auto, il y a des normes
sur le nombre de personnes à bord d'un véhicule-taxi, je ne veux
encourager personne à commettre des illégalités - en
fonction du nombre de places disponibles dans un véhicule-taxi, pour que
des contrats, des abonnements en quelque sorte puissent être pris par un
groupe de personnes de façon assez régulière et qu'on
puisse dire: On finit de travailler à telle usine à telle heure.
Tu viens nous chercher pour nous reconduire chez nous à un prix qui est
différent de celui qui est prévu par la tarification actuelle.
Ouvrir sur cette possibilité de regrouper des gens qui veulent se servir
d'un véhicule-taxi plutôt que d'un autre moyen de transport, qui
désireraient abandonner leur véhicule automobile, ouvrir sur
cette possibilité. J'ai demandé à mon ministère
qu'on me prépare quelque chose de particulier là-dessus...
M. Maciocia: Le ministre est un peu trop long dans ses
réponses. On est rendu déjà à 12 h 15.
M. Clair: J'essaie de donner...
M. Maciocia: II y a deux questions que je désire...
M. Clair: Je termine rapidement là-dessus. En ce qui
concerne le transport collectif, les deux possibilités qu'on examine
actuellement, c'est une tarification per capita et ce qu'on pourrait appeler
une possibilité de contrat entre des gens qui désirent avoir un
service régulier, non pas un service occasionnel, d'ouvrir
là-dessus au cours des prochains mois. Ce sont les deux principales
possibilités qui sont ouvertes à court terme, parce que, comme je
le disais, je ne me fais pas d'illusion en ce qui concerne le taxi
semi-collectif en prolongement de l'autobus et du métro. Il y a beaucoup
d'embûches sur notre chemin là-dessus. Je pense que cela ne doit
pas nous empêcher d'ouvrir sur d'autre chose pour l'instant.
Le Président (M. Rancourt): Comme j'ai le devoir de
réserver en principe vingt minutes au député de
Jeanne-Mance et au ministre, s'il y a consentement, comme j'ai d'autres
questions - on m'a dit que la députée de Dorion, le
député de Viger -voulait poser des questions est-ce qu'on
pourrait en arriver à une entente? Est-ce que vous accepteriez de part
et d'autre de réduire vos interventions?
M. Bissonnet: M. le Président, disons qu'on va donner dix
minutes à la députée de Dorion et les dix minutes qui
restent au député de Sainte-Anne; le ministre et moi, nous
prendrons également chacun dix minutes. Je compte sur... Êtes-vous
d'accord avec cela?
M. Clair: J'aimerais cependant... Je ne sais pas si ma
collègue de Dorion va en avoir assez, parce que le moins qu'on puisse
dire, c'est qu'elle n'a pas abusé et que cela fait déjà un
bout de temps qu'elle voulait intervenir.
M. Bissonnet: Pas de problème. Monsieur suivra
après, ensuite, ce sera vous et moi. Nous pourrons peut-être
partir par avion.
M. Clair: Oui, M. le Président, parce qu'on a convenu, mes
collègues et moi, que, si l'avion gouvernemental pouvait partir vers
Montréal, étant donné que je devais être à
Montréal très tôt cet après-midi, j'avais
nolisé l'avion du gouvernement...
M. Polak: Pourquoi n'y va-t-on pas en taxi?
M. Clair: ... et les trois députés de l'Opposition
pourront monter à bord avec moi.
M. Bissonnet: Si vous avez de la place, cela nous fera plaisir.
On pourra discuter encore davantage des problèmes du taxi.
Le Président (M. Rancourt): J'aimerais vous faire savoir
qu'actuellement, le parti ministériel a pris environ 67 minutes et le
Parti libéral, environ 65 minutes, en gros, ce qui veut dire que,
maintenant, j'aimerais donner la parole à la députée de
Dorion et,
par la suite, au député de Sainte-Anne. Mme Huguette
Lachapelle
Mme Lachapelle: Étant une des dernières à
parler, je vous avoue qu'il y en a plusieurs qui ont posé les
mêmes questions que moi. Tout d'abord, je voudrais vous dire qu'avant de
trouver des solutions, je voudrais surtout revenir sur ce que le
député de Sainte-Anne a dit, c'est-à-dire qu'il faut faire
des études, parce que les gouvernements changent et les personnes aussi.
J'en suis à ma première expérience. Je m'intéresse
au taxi, surtout dans la ville de Montréal, parce que j'y habite. J'ai
dû faire une étude et j'ai rencontré plus de 30 chauffeurs
de taxi individuellement.
Je voudrais vous dire que le premier problème auquel j'ai fait
face, c'est la rentabilité du taxi. Cependant, quand on a parlé
dans les journaux dernièrement d'une ristourne sur l'essence qui
pourrait être payée nécessairement par le gouvernement, je
trouve que ce n'est pas une bonne solution, parce que cela créerait des
précédents pour tous ceux qui utilisent leur voiture pour
n'importe quel travail qu'ils pourraient faire. Ce seraient des exigences un
peu trop abusives.
J'ai décrété aussi qu'il y avait beaucoup trop de
permis à Montréal, mais ce que je peux dire c'est que le
gouvernement est mieux de ne pas promettre de grandes choses, mais de faire de
petites choses doucement. Entre autres, je trouve le règlement no 6
désuet et vieux jeu et qu'on s'occupe beaucoup plus du côté
esthétique que de la sécurité des passagers. Je pense que
le ministre a déjà dit qu'on devrait étudier le
règlement no 6 pour pouvoir l'alléger au maximum.
Ce qui me fatigue - je voudrais poser une question au ministre - ce sont
les assurances. Attendez un peu, je me perds dans mes papiers. On me dit que
plusieurs compagnies telles que Diamond ou La Salle -entre autres, je nomme
celles-là - souvent, quand les propriétaires ont des
problèmes d'assurance, les renvoient à la compagnie d'assurance
de leur association. Cela constitue une clientèle très captive.
On m'a dit qu'une enquête a été institué pour que
cela ne semble pas constituer un cartel des compagnies d'assurance automobile.
C'est une des questions que je me pose.
Concernant encore l'assurance automobile, je me demandais si ce ne
serait pas une solution que, pour alléger les tarifs des chauffeurs de
taxi, on garde un dossier des bons conducteurs, c'est-à-dire que pendant
un certain nombre d'années, si les chauffeurs n'ont pas eu beaucoup
d'accidents, leurs tarifs soient réduits.
Le transport collectif m'intéresse aussi beaucoup. Je sais que
des études ont été entreprises. Comment cela pourrait-il
être mis en application? J'aimerais en entendre parler un peu plus
clairement.
Personnellement, je pense qu'on devrait municipaliser le taxi au
même titre que l'autobus. Cela pourrait être une section autobus,
une section métro, une section taxi. Ce serait pris en main par les
municipalités telles que Montréal, entre autres. Je vous laisse
répondre et j'aurai sûrement d'autres questions.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, voulez-vous
répondre tout de suite ou dans votre réplique?
M. Clair: Je peux le faire rapidement tout de suite.
Le Président (M. Rancourt):
Rapidement.
M. Polak: M. le Président, je n'ai pas d'objection,
à condition que le ministre réponde très brièvement
aux questions, parce qu'il a l'habitude de répondre longuement. Il mange
notre temps, savez-vous.
Mme Lachapelle: Mais, vu que je n'ai pas fini, j'aimerais...
M. Polak: Mes chauffeurs à Montréal...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Clair: 67 ou 65 minutes, M. le Président, je ne pense
pas qu'on ait exagéré.
M. Polak: On va vous observer.
Le Président (M. Rancourt):
Rapidement, M. le ministre.
M. Clair: Rapidement. Pour ce qui concerne la possibilité
d'un cartel dans l'assurance et la situation monopolistique qu'il pourrait y
avoir dans ce secteur, c'est justement pour examiner ce genre de question - je
ne fais pas d'affirmation disant qu'il y en aurait un, pas du tout - que j'ai
demandé au ministre des Coopératives et Institutions
financières de demander au Surintendant des assurances de regarder ce
qui se passe dans le domaine de l'assurance pour les chauffeurs de taxi.
Maintenant, la prime de l'assurance automobile fixée en fonction
du dossier du conducteur, effectivement, pour la partie qui nous concerne en
tout cas, l'assurance pour blessures corporelles, la Régie de
l'assurance automobile devrait être en mesure, l'année prochaine,
de faire une proposition au gouvernement au niveau de la tarification pour
fixer la prime en fonction du nombre de points de démérite
accumulés par les
personnes, par les conducteurs et, évidemment, cela
s'appliquerait également à l'assurance automobile pour les
chauffeurs de taxi. Celui qui aurait plus de points de démérite
paierait plus; celui qui en aurait moins paierait moins.
M. Lachapelle: J'ai encore une petite question à poser. Je
ne voulais pas les poser toutes d'un coup.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît.
Mme Lachapelle: Tout à l'heure, M. le ministre, vous avez
parlé de la Fédération des ligues de taxis. Est-ce que
vous avez l'intention de reconnaître officiellement la
Fédération des ligues de taxis, parce que cette
fédération semble devenir de plus en plus
représentative?
M. Clair: Là-dessus, pour ce qui concerne une
reconnaissance officielle, légale, en bonne et due forme, je n'ai pas
l'intention pour l'instant d'ouvrir la loi ou les règlements pour
reconnaître la Fédération des ligues de taxis.
Cependant, d'un point de vue pratique, j'ai d'ores et déjà
dit à la Fédération des ligues de taxis du Québec
que, dans la mesure où elle était représentative,
où elle deviendrait de plus en plus représentative de la
majorité des ligues de taxis du Québec, elle pourrait compter sur
une reconnaissance tacite et, d'ores et déjà, on a
commencé à travailler sur un certain nombre de choses ensemble;
la reconnaissance tacite du ministre des Transports est donc déjà
acquise.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci M. le Président, juste quelques
commentaires sur ce qui a été dit par le ministre. En
réponse à ma première intervention, il a dit que
c'était la faute de l'ancien régime libéral, celui qui a
précédé le régime du Parti québécois
jusqu'en 1976. Ma réponse à cela, c'est que, quand on n'a plus de
réponse positive à donner, on commence à blâmer ceux
qui étaient là avant. Je peux comprendre que, dans la
première année d'un mandat, on peut encore blâmer l'ancien
régime, mais nous sommes maintenant en 1981, il s'agit de cinq ans
d'administration, il faut que le ministre prenne ses responsabilités,
que le gouvernement prenne ses responsabilités et il ne faut plus
retourner en arrière.
À part cela, en ce qui nous concerne, les trois
députés de l'Opposition ici ce matin, nous avons
été élus pour la toute première fois le 13 avril
1981, et on se fout de 1976, on se fout de 1972, de 1970, on pense à
1981 et aux problèmes à régler tout de suite.
Le ministre a fait une autre petite allusion aux amis que j'ai parmi les
chauffeurs de taxi de Montréal. Je ne représente pas du tout les
associations, je ne connais pas le grand chef de l'industrie, j'ai parlé
seulement de faits que je connais sur le plan personnel et comme avocat, du
fait que j'ai, dans ma pratique, aidé les chauffeurs de taxi, les
individus, les travailleurs et même les travailleuses, parce qu'il y a
aussi des femmes à Montréal qui maintenant conduisent des
taxis.
Ce que je voudrais dire, sur le plan positif, c'est qu'il y a des
suggestions ont été faites au ministre ce matin, par exemple
l'abolition de concessions accordées, le problème des stands
privilégiés. Rien n'empêche le ministre, comme le
député de Jeanne-Mance l'a dit, du moment qu'un contrat se
termine, de faire une déclaration, peut-être pas aujourd'hui,
parce qu'il ne veut pas nous donner le crédit tout de suite, je
comprends bien cela. Il peut dire la semaine prochaine: Nous, on a
décidé, moi, comme ministre, j'ai décidé qu'il n'y
a pas de renouvellement de ce contrat, les stands vont être ouverts, il
n'y a plus de privilège à ce point de vue. Cela ne prend pas de
statistique, cela ne prend rien, cela prend juste une simple déclaration
ministérielle, cela règle ce point. On a parlé...
M. Clair: Cela prend la juridiction sur les hôpitaux, M. le
Président.
M. Polak: Parlez donc avec votre collègue des Affaires
sociales. Si vous n'êtes pas capable d'avoir son appui, vous irez voir le
docteur Laurin, parce qu'en 1976 il voulait bien cela.
M. Clair: Les hôpitaux sont des corporations autonomes.
M. Polak: Est-ce que je pourrais continuer, M. le
Président, parce que, de même, je ne veux pas me faire voler mon
temps, savez-vous?
Ensuite, on a parlé du transport collectif par taxi, le ministre
a dit: Cela me dérange un peu. Cela, c'est la Communauté urbaine
de Montréal, elle a la juridiction exclusive du transport, et moi je
m'occupe du taxi. On appelle cela en anglais "to pass the buck" je pense que ce
n'est pas bon. C'est à vous de le dire. Je siège à la
Communauté urbaine de Montréal et je sais que la structure va en
être réorganisée, prenez donc votre responsabilité
comme ministre responsable pour le dossier du taxi, vous êtes là,
vous avez le gouvernement en arrière de vous, vous avez les
fonctionnaires, trouvez donc la solution qui vous permettra de tordre un peu le
bras à la Communauté
urbaine de Montréal; commencez par le transport collectif. Si
vous dites que ça prend des usagers, que ça prend de la
population, vous savez très bien que c'est impossible d'organiser cela.
Je pense que c'est une responsabilité qui relève du
gouvernement.
En ce qui concerne le rabais sur la taxe additionnelle sur l'essence, le
ministre dit dans sa réponse: Savez-vous, on avait pensé de
donner une statistique fiable et valable. Je peux vous dire une chose, une
statistique qui est bien connue, ça ne prend pas le Bureau de
statistique de Québec pour savoir que la gazoline, l'essence coûte
0.065 $ de plus par litre et, pour la plupart des taxis, parce qu'ils se
servent de l'essence sans plomb, c'est 0.07 $. Donc, ils le savent, cela est
bien connu, il faut faire quelque chose à ce point de vue.
Pourquoi ne pas étudier la possibilité d'un rabais sur
cette augmentation de la taxe? Cela existe, dans le domaine agricole par
exemple, c'est bien connu, on n'y paie pas la taxe sur l'essence, donc pourquoi
ne pas considérer ceux qui travaillent pour une moyenne de 150 $ par
semaine à douze heures par jour, même en dessous du salaire
minimum? Pourquoi ne pas considérer les hommes et les femmes qui
travaillent dans cette industrie comme des personnes qui méritent une
attention toute spéciale? Cela n'a rien à faire avec le transport
écolier et l'autobus, je comprends que cela est un problème
aussi, mais cette industrie, considérez-la donc comme un problème
spécial et faites une exception. Je pense que la population va bien
apprécier ne va pas critiquer une telle décision. J'en ai
déjà vu des gaspillages de fonds publics. Hier, nous
étions à la commission des engagements financiers quand on a
donné une subvention de 500 000 $ à une agence de percepteurs
pour aider les auteurs québécois. Une telle organisation existe
sur le plan canadien, mais on veut avoir notre solution
québécoise; 500 000 $. Le gouvernement a des fonds pour cela.
Pensez bien à cette affaire-là, de considérer un rabais,
de ne pas exiger de ces gens 0,07 $, mais peut-être 0,035 $ ou 0,04 $
pour cette industrie-là. Vous avez de bons arguments parce que, dans ce
secteur, ce n'est pas "des problèmes" qu'on aurait dû inscrire,
mais la catastrophe des taxis. On en est rendu là. (12 h 30)
Rapidement, j'ai encore trois minutes. Le ministre a dit qu'il n'y avait
pas d'interlocuteur représentatif dans le domaine du taxi et qu'il
était en communication avec la fédération. Je suis tout
à fait d'accord avec cela, c'est très important. Cela
m'inquiète aussi parce qu'en 1976, on a dit exactement la même
chose. En 1976, vous avez dit, pas vous, mais le Parti québécois:
"Les détails et modalités de fonctionnement, de
propriété et d'administration de cette coopérative -
à ce moment, il parlait de coopératives pour tout le monde -
devraient être déterminés par les chauffeurs de taxi avec
la collaboration technique des ministères impliqués." Le
programme dit clairement, en 1976, il y a cinq ans, exactement la même
chose. On a, de la part du ministère, nos personnes techniques, on va
s'asseoir autour d'une table avec la fédération, avec les
représentants. Là, vous êtes encore, comme vous dites, sur
la bonne piste. C'est à peu près le temps que cela se
règle, après cinq ans. J'ai peur que ce soit remis aux calendes
grecques. C'est pour cela que nous sommes venus ici aujourd'hui. C'est pour
cela que le député de Jeanne-Mance a demandé une
commission parlementaire justement sur ce problème, parce que vous
seriez surpris de voir combien de personnes dans l'industrie peuvent vous
donner des arguments qui ont de la valeur et de l'importance et qui peuvent
solutionner des problèmes.
Deux petits problèmes qui restent. On a parlé de Dorval.
Je suis content qu'on change le système à Dorval et je vous
félicite. Je trouve un peu bizarre le tirage au sort; moi, j'appelle
cela loto-Dorval. Donc, à l'avenir, les gars vont tirer au sort et celui
qui est chanceux pourra y aller. À tout événement, c'est
mieux que le système présent. Cela, c'est vrai, mais
peut-être qu'on aurait dû considérer la possibilité
de garder les standards d'opération. Vous avez parfaitement raison
d'avoir certaines exigences, mais peut-être qu'au lieu de laisser cela
tiré au sort, loto-Dorval, on pourrait ouvrir cela plus
généralement.
Maintenant, un petit point qui est important aussi. On a parlé
beaucoup de Dorval, de Montréal, mais il y a un problème à
Québec, apparemment, parce que les chauffeurs de taxi sont venus ici et,
quand le premier ministre est revenu de la conférence d'Ottawa, il
n'était même pas capable de sortir de l'avion; il n'y avait pas de
taxi et il a été transporté par hélicoptère.
Donc, apparemment, les gars étaient assez fatigués; d'ailleurs,
ils étaient ici la semaine dernière, ou il y a deux semaines pour
protester. Je n'ai pas entendu beaucoup de solutions concernant la ville de
Québec même. On n'a pas parlé, non plus, des
problèmes dans les petites localités, parce que ce n'est pas
juste à Montréal et Québec qu'il y a des chauffeurs de
taxi; il y en a même dans votre comté à Drummondville.
L'autre soir, en retournant à Montréal, on est
arrêté là, on a vu des chauffeurs de taxi et on a
parlé avec eux. Je peux vous assurer qu'ils n'étaient pas
contents des 0,07 $ le litre de plus qu'ils ont sur leur dos maintenant.
Je termine là-dessus, M. le Président, en disant qu'on est
venu ici pour faire des
suggestions positives en 1981. On ne veut pas attendre encore des mois,
des mois parce que les créanciers sont à la porte des chauffeurs
de taxi; il n'y a pas de doute, ils sont là. Les gars sont en graves
difficultés, c'est un désastre, c'est une catastrophe, il faut
prendre des mesures rapidement. Il y en a des mesures que vous pouvez prendre
sans conseillers juridiques, sans consultation avec les fonctionnaires, sans la
paperasse et sans le fonctionnarisme. Allez vite et commencez à montrer
que vous avez vraiment à coeur leurs problèmes.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît, comme
nous nous sommes entendus tantôt, est-ce qu'on partage le temps qui reste
pour la réplique? Dans ce cas-là, en tout et partout il vous
reste environ huit minutes chacun si vous voulez.
M. Bissonnet: On va prendre 10 minutes chacun.
M. Clair: Non, c'est moi qui termine, en vertu du
règlement.
Le Président (M. Rancourt): En principe, vous pouvez poser
des questions qui pourraient laisser la dernière réplique au
ministre.
M Bissonnet: En vertu de l'article 162 du règlement, je
pense que...
M. Clair: Question de règlement.
Le Président (M. Rancourt): Question de règlement,
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas avec moi le
règlement, mais c'est tout à fait normal, il me semble, puisque
c'est lui qui a eu le privilège de commencer, que ce soit moi qui
termine.
M. Bissonnet: Nous allons lui donner l'occasion de conclure
après moi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Jeanne-Mance, je crois que justement, si vous avez des questions à
poser, M. le ministre pourrait terminer.
Conclusions M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: Pas de problèmes. M. le Président,
l'objectif que l'Opposition souhaite ce matin, comme l'ont dit mon
collègue, le député de Sainte- Anne, et mon
collègue, le député de Viger, qu'on est là pour
vous aider à solutionner le problème du taxi au Québec, en
particulier dans la ville de Québec et dans la ville de
Montréal.
Je ne vous ai pas parlé, parce que je n'ai pas eu le temps, de la
compagnie Samson Limousine. Cette compagnie va à l'aéroport, mais
elle fait du taxi à Montréal aussi. Elle fait des voyages dans la
ville. Contrairement à l'article 31, sous réserve du
règlement no 6, d'après les informations que j'ai, un chauffeur
qui travaille pour la compagnie Samson Limousine doit avoir un contrat de
franchise de 20 000 $, qui était de l'ordre de 10 000 $ il y a trois
mois. L'auto demeure toujours au nom de la compagnie Samson Limousine et le
chauffeur qui a un contrat de franchise de deux ans peut le transférer
à une autre personne, en vertu de ce contrat de franchise - que je n'ai
pas, malheureusement - et il doit payer en plus 50 $ par quart pour travailler
pour la compagnie Samson Limousine. Il y a ce problème-là.
Il y a aussi le problème des surveillants routiers. Je sais que
le gouvernement veut faire des coupures, mais s'il veut que ces
règlements de taxi, ces règlements de transport soient
respectés, il faut qu'il ait le personnel voulu et nécessaire
à cette fin.
Vous disiez tantôt qu'il y avait une augmentation de 0,07 $ le
litre d'essence. Vous parliez aussi des tarifs. Je peux vous dire qu'en 1966,
pour remplir un réservoir d'essence, cela coûtait 6 $ et,
aujourd'hui, cela coûte cinq fois et demi plus cher. Je peux vous dire
que les tarifs en 1966, c'était de 0,40 $ en partant et de 0,35 $ le
mille. Si on regarde aujourd'hui, l'augmentation de l'essence est cinq fois
plus élevée par rapport à l'augmentation des tarifs au
millage de deux fois.
Donc, il est évident, autant pour l'Opposition que pour le parti
ministériel, qu'il y a trop de permis de chauffeurs de taxi dans la
région de Montréal et qu'il y en a trop également dans la
région de Québec.
Un exemple: un propriétaire de taxi de Québec a une
Pontiac Laurentien 1978 et son permis lui a coûté 52 $, son radio
1200 $, son "meter" 500 $. Cela lui a coûté 15 000 $ quand il a
acheté son permis. Ses dépenses, par mois, sont: paiements
à la banque, 362 $; essence, 300 $; contributions à la COOP, 85
$; réparations, 125 $; radio, 30 $; assurances, 100 $, pour un total des
dépenses de 1002 $ par mois. Ses revenus, comme chauffeur de taxi, sont:
1273,25 $ plus 140 $ de pourboires. Cela lui fait un revenu de 1413,25 $ pour
cinq jours. Quand il travaille sept jours, cela lui donne 1673,25 $, soit un
revenu net de 411,25 $ ou 671,25 $. C'est la situation, M. le ministre.
Vous allez vous demander comment il se fait que des chauffeurs de taxi
continuent à travailler à ce salaire. On est dans une
période de chômage très élevé. Quand cela
fait 25 ans qu'un gars fait du taxi, je vais
vous dire quelque chose, je pense qu'il ne peut pas aller ailleurs. Il
peut peut-être y aller, mais il est habitué et il est fier de son
métier. Être chauffeur de taxi, c'est rendre service à la
population. Et le chauffeur de taxi, c'est notre premier ambassadeur pour le
tourisme au Québec. Cela est très important. C'est pour cela que
cela nous prend des chauffeurs qualifiés. Je pense que le
ministère des Transports devrait regarder de ce côté pour
ce qui est des mécanismes afin qu'on ait des chauffeurs qui connaissent
plus la municipalité dans laquelle ils travaillent. J'attire votre
attention là-dessus, pas sur la ville de Québec parce que les
chauffeurs... Je ne connais pas la ville, mais eux la connaissent. Mais
à Montréal, on a des chauffeurs de taxi qui, souvent, ne
connaissent pas la ville. Il faut jeter un coup d'oeil pour avoir vraiment des
chauffeurs qualifiés, avec des conditions intéressantes.
Au niveau du transport collectif, je pense que c'est une avenue
très intéressante pour enlever un nombre de permis dans la ville
de Montréal et dans la ville de Québec. C'est une avenue qui ne
coûterait rien au gouvernement et qui serait faite sur une base
volontaire pour les chauffeurs de taxi qui veulent opter... On parle de formule
de "opting out" dans la constitution, on pourrait en parler dans le taxi.
M. le ministre, je dois quand même faire une correction. Le
document que nous avons ici, "Une solution globale au problème du taxi,
qu'en pensez-vous?", cela n'a pas été fait en 1976. On m'a
transmis une information quand j'ai quitté les lieux il y a quelques
instants, c'est en 1973, ça fait huit ans. Vous êtes le nouveau
ministre des Transports...
M. Clair: Cela a donc été fait immédiatement
après que l'erreur eut été commise.
M. Bissonnet: Non, s'il vous plaît! Je vous le dis,
écoutez, je tiens à corriger que c'était en 1973. Il n'y a
pas de date sur le document que j'ai en main, mais on en a eu un autre qui
était daté. La lettre du député de Bourget aux
chauffeurs de taxi est effectivement datée de 1976. L'article du journal
La Presse que je vous ai cité, de M. Girard, est daté de
1981.
De votre côté cela fait huit ans que vous êtes au
courant qu'il y a un problème dans l'industrie du taxi. Le Parti
libéral sait depuis 1970 qu'il y a un problème dans l'industrie
du taxi. En 1973 on a conclu un règlement. Il faut le
dépoussiérer. Je suis content d'entendre cela. Je me demande si
le groupe de travail sur la rentabilité du taxi va être plus
opérationnel. On s'en vient avec une solution à Dorval. Bravo! Ce
sont les utilisateurs, les chauffeurs de taxi qui vont en
bénéficier et je pense qu'il faut continuer à travailler
au niveau de ce groupe de travail sur la rentabilité.
Les informations que j'ai sont que depuis le 30 juin on se réunit
moins souvent qu'avant. Ce sont les informations que j'ai, M. le
Président. Je pense que ça fait huit ans et nous, on vient
d'être élus. Vous êtes le nouveau ministre, et il y a 30 000
chauffeurs de taxi. C'est du monde, ils ont des problèmes. Je sais que
vous avez une limousine, M. le ministre, mais prenez des taxis de temps en
temps, parlez avec les gars. Ils vont vous écouter, je vous le dis.
Peut-être qu'ils n'écouteront pas le ministre des Finances, parce
qu'ils me parlent de lui et ce n'est pas en termes élogieux. Je ne vous
dirai pas ce qu'ils disent de lui, M. le ministre. Vous êtes un nouveau
ministre et vous avez ma confiance en tant que responsable du dossier du taxi
pour trouver des solutions immédiates. Si vous n'en trouvez pas, M. le
ministre, vous allez me trouver bien fatigant au cours de la prochaine
session.
Je tiens à remercier le ministre en terminant pour nous avoir
permis d'avoir cette question avec débat qui, pour ma collègue de
Dorion et moi-même, est une première expérience. J'invite
le ministre à bien y penser, c'est depuis 1970 que les chauffeurs de
taxi ne sont pas venus nous dire publiquement, pour que cela soit
enregistré au journal des Débats, leurs problèmes. On le
sait tous, mais j'aimerais que vous convoquiez la commission parlementaire des
transports pour écouter ce que nos gars du taxi ont à nous dire.
Ils vont nous le dire, ne soyez pas inquiet, ils ne sont pas
gênés. Je pense que ce pourrait être au cours du mois de
mars. Si vous pouviez mettre à la disposition de tous les artisans, les
associations, ceux qui ont des flottes, il y en a qui sont propriétaires
de flottes, qui ont 20 à 27 taxis, ils font également un bon
travail... Ce serait peut-être une occasion pour nous, élus,
d'avoir nos commettants pour qu'ils nous disent ce qu'ils ont à nous
dire en pleine face, pour ne pas nous manquer, et pour nous autres, ce sera une
occasion de travailler et d'agir pour régler le problème du taxi
une fois pour toutes, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre. (12 h 45)
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, d'abord, en ce qui concerne la
question de la tenue éventuellement d'une commission parlementaire, je
voudrais dire au député de Jeanne-Mance que, jusqu'à
maintenant - en tout cas, j'ai été en contact avec un grand
nombre d'intervenants dans l'industrie du taxi
- il n'y a personne qui a réclamé la tenue d'une
commission parlementaire ou qui m'a saisi d'une telle demande. Je ne ferme pas
la porte définitivement à la tenue d'une commission parlementaire
à un moment donné, mais je pense qu'il ne faut pas non plus voir
une solution miracle dans la tenue d'une commission parlementaire pour
écouter et pour entendre les représentants de l'industrie du
taxi. Je pense que la plupart des problèmes de l'industrie du taxi sont
connus quant à leurs sujets. Quant à leur dimension
réelle, comme je l'ai dit précédemment, les chiffres, les
statistiques et les données sont peu nombreux et souvent plus
qualitatifs que quantitatifs. Alors, qu'est-ce que donnerait la tenue d'une
commission parlementaire où on entendrait des choses qu'on sait
déjà? Je ne ferme pas la porte définitivement, mais je
suis plutôt porté actuellement à dire que ce qu'il faut
faire, c'est d'essayer au plus vite et au maximum d'en venir à des
solutions concrètes. On a parlé tantôt de l'assurance
automobile, j'ai dit que j'avais pris une mesure; j'ai demandé au
Surintendant des assurances de vérifier ce que c'est.
En avril dernier, le ministre fédéral, André
Ouellet, essayant d'intervenir dans la campagne électorale - j'ai le
document ici de la Ligue de taxis A-11, taximètre, je pense que c'est
effectivement la A-11 - où il y avait eu - on ne reviendra pas
là-dessus - une prise de position en faveur du Parti libéral
et...
M. Bissonnet: J'ai vu ça.
M. Clair: ... il y avait... D'ailleurs, quand on regarde les
résultats de l'élection et à qui les chauffeurs de taxi
ont fait confiance, finalement, le 13 avril dernier, on voit...
M. Bissonnet: Pour entendre dire ça.
M. Clair: ... qu'ils ont préféré faire
confiance au Parti québécois plutôt qu'au Parti
libéral.
M. Polak: M. le Président...
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député, j'ai eu envie de le faire à plusieurs
reprises...
M. Bissonnet: Ce n'était pas sûr, vous ne le savez
pas.
Le Président (Rancourt): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Clair: ... je voudrais pouvoir terminer. Le ministre
fédéral, André Ouellet, était intervenu pour dire
qu'il prenait sur lui de demander aux enquêteurs fédéraux
une enquête, en vertu de la Loi sur les coalitions, pour voir s'il y
avait un monopole. Moi, on n'a jamais porté à ma connaissance les
résultats de cette enquête, si elle a eu lieu.
Si on constate qu'effectivement, il y a des problèmes dans
l'industrie du taxi, je ne pense pas que la tenue d'une commission
parlementaire, pour l'instant, nous apprendrait beaucoup plus de choses. Je
préfère consacrer mes énergies à essayer d'apporter
au plus tôt un certain nombre de solutions. Là-dessus, d'ailleurs,
le député de Jeanne-Mance et moi-même sommes passablement
sur la même longueur d'onde, parce qu'on identifie à peu
près les mêmes problèmes, on identifie à peu
près les mêmes solutions. J'ai dit, au niveau de la tarification,
par exemple, que l'augmentation des tarifs pouvait être une solution
à court terme, parce que ça ne déplaçait pas
l'industrie du taxi par rapport aux autres moyens de transport et que ça
évitait de dégrader la situation, à mon humble avis. Quant
au reste, effectivement, le député dit: L'augmentation des
tarifs, ce n'est pas la solution miracle. C'est ce que je dis moi aussi, la
solution n'est pas miraculeuse, mais la solution d'avenir, à mon avis,
c'est d'ouvrir sur des nouveaux marchés. C'est à ça qu'on
travaille actuellement, tout en essayant, en même temps, de régler
des problèmes comme celui de Dorval, de régler des
problèmes comme celui de l'assurance automobile, d'examiner s'il y
aurait lieu de geler les permis régionaux autour de
l'agglomération de Québec.
On pose des gestes concrets pour essayer d'améliorer, à
court terme, la situation: permettre l'utilisation de véhicules
automobiles plus petits, cela a été fait;
dépoussiérer le règlement no 6, c'est en marche, il y a
une équipe qui travaille là-dessus. Mais la principale solution,
à mon avis, c'est d'essayer d'en venir à avoir de nouveaux
marchés. Le transport semi-collectif peut être une solution, mais
encore là il faudra avancer prudemment et en collaboration avec
l'industrie elle-même, mais je pense que c'est par des nouveaux
marchés qu'on pourra effectivement essayer d'améliorer la
situation.
Je dois dire aussi que je ne crois pas beaucoup à la solution de
racheter, d'éliminer des permis de taxi. Cela ressemble...
M. Bissonnet: Je n'ai pas dit ça.
M. Clair: ... à une solution qui pourrait comporter
certains avantages, à court terme. Je ne dis pas qu'il n'y en aurait
aucun, mais il faut bien voir ce qui se passerait si le gouvernement
contribuait à racheter des permis de taxi. Cela donnerait une plus-value
immédiate aux autres permis, ce qui
augmenterait immédiatement, du même coup, le coût de
fonctionnement des taxis.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Polak: Jusqu'à maintenant, la question de rachat des
permis n'a pas été soulevée, ni par nous, ni par vous. Je
ne sais comment ça se fait que le ministre commence à parler de
ça, c'est tout à fait nouveau...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: ... cela n'a rien à faire dans le débat
d'aujourd'hui.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Clair: M. le Président, le député de
Sainte-Anne s'énerve. Il était supposé rester calme.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, vous pouvez
continuer votre...
M. Clair: M. le Président, oui ou non, est-ce que l'un ou
l'autre des députés n'a pas affirmé qu'il y avait trop de
permis?
M. Bissonnet: C'est officiel.
M. Clair: On affirme qu'il y a trop de permis. L'une des
solutions qui ont été avancées par des intervenants - je
ne dis pas que le député de Sainte-Anne la défend
personnellement, mais c'est l'une des solutions qui ont été
avancées - c'est que, quand on dit qu'il y a trop de permis, il faut
chercher à en éliminer. Comme on ne peut pas priver les gens d'un
droit acquis et les exproprier, en quelque sorte, leur retirer les permis, si
on voulait en diminuer le nombre, il n'y a pas beaucoup d'autre choix que de
les racheter et l'une des demandes a déjà été que
le gouvernement rachète des permis. Si le gouvernement rachetait les
permis, cela donnerait immédiatement une plus-value aux permis qui
demeureraient en circulation et, à ce moment-là, la valeur des
permis pourrait augmenter considérablement, faisant en sorte que les
coûts de fonctionnement d'un taxi augmenteraient eux aussi
considérablement.
Je pense que l'avenir, c'est plutôt dans le transport
semi-collectif, voir comment on peut essayer, sans créer de situations
incontrôlables et revenir avec des taxis fantômes, d'ouvrir sur le
transport collectif.
Une autre possibilité, c'est le transport des petits colis, on en
a parlé, mais, encore là, cela présente des
difficultés considérables parce qu'il y a déjà des
gens qui sont détenteurs de permis pour le transport de petits colis. La
Commission des transports a rendu une décision, à un moment
donné, dans laquelle elle a déterminé, semble-t-il, qu'il
n'était pas nécessaire de détenir un permis pour le
transport des petits colis, alors qu'il y a déjà des gens qui
sont détenteurs de permis pour le transport des petits colis. Que dirait
l'Association du camionnage? Que diraient ceux qui détiennent de tels
permis? La situation n'est pas simple.
Une autre avenue qu'on explore présentement, et qu'on a
l'intention de soumettre aux intervenants qui sont concernés, pas
seulement par l'industrie du taxi, mais par le transport des petits colis,
c'est la possibilité d'une ouverture formelle, officielle sur le
transport des petits colis dans des conditions qui soient acceptables pour tous
ceux qui sont concernés par ce secteur d'activité.
M. le Président, un mot sur Limousine Samson. Il existe des
droits acquis pour des permis - je n'en connais pas exactement le nombre - mais
l'ancienne Régie des transports du Québec a octroyé des
permis très larges en ce qui concerne le transport par limousine
à Dorval et Montréal. L'un de ces permis est actuellement
détenu par Limousine Samson. Sauf erreur, il y avait très peu de
balises quant à ces permis qui étaient très larges. Une
chose est certaine, c'est que ces permis ont été alloués
et qu'ils existent. On doit composer avec une réalité qui n'est
pas facile, qui n'est pas simple. Actuellement, à Dorval, il y aurait
une cinquantaine de limousines. L'administration de Dorval aurait
contractuellement convenu qu'il n'y avait que 50 limousines pour desservir
Dorval. Sans vouloir jeter de pierres dans le jardin de qui que ce soit, il
serait important que l'administration de l'aéroport de Dorval limite
effectivement, conformément à l'entente qu'elle est censée
avoir, à un nombre convenable de 50 le nombre de limousines en service
pour desservir l'aéroport de Dorval.
En terminant, je voudrais dire ceci. Le député de
Jeanne-Mance dit: J'arrive ici et je veux travailler de bonne foi pour essayer
d'améliorer le sort de l'industrie du taxi. Ni lui, ni moi, ni personne
n'est directement responsable, et seul responsable de la situation difficile
qui existe. Je ne dirai pas qu'elle est catastrophique, comme le
député de Sainte-Anne l'a laissé entendre, mais il est
exact que la situation de l'industrie du taxi est difficile, qu'elle
connaît de nombreux problèmes. Je pense qu'il faut essayer de les
prendre un par un et de les résoudre concrètement. C'est ce que
j'essaie de faire depuis mon arrivée au ministère. Les
problèmes sont nombreux et ce n'est que par une concertation entre le
milieu du taxi,
qui a une responsabilité à se prendre en charge
lui-même... C'est une conviction profonde chez moi qu'un bon nombre de
mesures pourraient être prises par l'industrie du taxi elle-même;
que ce soit au niveau du regroupement des risques en assurance, que ce soit au
niveau de l'achat en commun de véhicules automobiles, d'essence, de
frais d'entretien, il y a toute une panoplie de mesures qui pourraient
être prises par l'industrie elle-même pour améliorer son
sort. Je dis là-dessus que l'industrie peut compter sur le support du
ministère des Transports du Québec, mais elle ne peut pas compter
sur le fait que le ministère des Transports pourrait remplacer
l'industrie du taxi.
Quand il y a des difficultés, par exemple, au niveau du
fonctionnement de la ligue A-11, à Montréal, ce n'est pas facile
pour le ministère des Transports d'aller résoudre ces
problèmes, parce que c'est l'industrie elle-même qui connaît
des difficultés au niveau du fonctionnement de la ligue A-11. Le
rôle du ministre des Transports, c'est d'essayer d'avoir une
réglementation et d'avoir une perspective d'avenir qui soit prometteuse
de développements.
Actuellement, l'axe majeur que j'essaie de suivre, c'est d'essayer de
voir, bien sûr, à prendre des mesures ponctuelles, comme
dépoussiérer le règlement, essayer de voir au niveau de
l'assurance, mais je pense que c'est d'abord et avant tout au niveau de
nouveaux marchés qu'il faut travailler. Même si c'est difficile,
même si c'est parsemé d'embûches et de difficultés,
et qu'il va falloir se concerter avec d'autres segments de l'économie,
je pense que c'est vers cela qu'il faut aller.
Je n'ai pas de décision définitive de prise
là-dessus, mais, quand je disais, au début de mon intervention,
que la décision de 1973 avait causé un grand nombre de
problèmes, il faut être juste là-dessus. Le fait de
regrouper uniquement au niveau du ministère des Transports la
gérance, si on veut, de cette industrie a eu un certain nombre
d'avantages. Au niveau de la délimitation des territoires, au niveau de
la normalisation quant à la sécurité, quant aux tarifs, il
y a eu certainement un certain nombre d'avantages. Mais je pense
sérieusement qu'en confiant au gouvernement du Québec, au
ministère des Transports une responsabilité très large
à ce niveau, cela constitue des difficultés additionnelles
à la solution des problèmes dans l'industrie du taxi. Grand Dieu!
Cela fonctionne en Amérique et dans le reste du Canada sous juridiction
municipale. Je pense que c'est loin d'être écrit dans le ciel
qu'au Québec, ça doive rester au niveau du gouvernement du
Québec. Le fait d'amener cela au niveau du gouvernement du Québec
a permis de régler deux ou trois problèmes, mais ce fait a
aggravé d'autres problèmes cependant. Il faut regarder
très sérieusement la possibilité d'avoir des normes
provinciales, pour le Québec, quant à la sécurité,
quant à la surveillance, quant au bon ordre en général de
cette industrie, mais il n'est pas exclu du tout qu'il serait avantageux pour
l'industrie elle-même de retourner pour une bonne part sous juridiction
des autorités locales.
M. le Président, en terminant, je remercie mes collègues
qui s'intéressent à cette industrie. Personnellement, j'y
consacre beaucoup de temps depuis mon arrivée. Les problèmes sont
nombreux, sont complexes et j'espère que je pourrai compter sur l'appui
des députés ministériels comme des députés
de l'Opposition qui s'y occupent, qui s'y intéressent. Je voudrais
souligner notamment l'intérêt très marqué que porte
la députée de Dorion, ma collègue qui m'accompagne
aujourd'hui. Elle essaie, pour moi qui ne peux pas toujours avoir le temps - un
ministre n'a pas toujours le temps de rencontrer les individus un par un,
d'aller écouter et voir comment cela se traduit dans le concret -pour la
région de Montréal, d'assurer une présence et une oreille
ministérielle continue auprès de l'industrie du taxi. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Merci.
M. Bissonnet: Ce n'est pas pour intervenir, c'est seulement pour
souligner la présence de directeurs de ligues de taxis qui se sont
dérangés, ce matin, malgré le mauvais temps, pour venir
voir ce que leurs élus veulent faire dans l'industrie du taxi.
Le Président (M. Rancourt): Cela a déjà
été fait par M. le ministre et de chaque côté de la
Chambre.
M. Clair: Alors, M. le Président, je profite de l'occasion
pour les saluer et les assurer que j'ai l'intention de continuer à
travailler en collaboration avec eux.
Le Président (M. Rancourt): Donc, fin de la commission
permanente des transports pour étudier la question avec débat sur
les problèmes de l'industrie de taxi.
Merci de votre collaboration.
(Fin de la séance à 13 heures)