Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, April 18, 2024
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Vol. 47 N° 73
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Santé et des Services sociaux, volet Services sociaux
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Bonjour à tous. Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services
sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Services sociaux des crédits budgétaires du portefeuille
Santé et Services sociaux pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe de
4 h a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Poulet (Laporte) est remplacée par Mme Picard (Soulanges);
M. Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Prass
(D'Arcy-McGee); et M. Morin (Acadie) est remplacé par Mme Garceau
(Robert-Baldwin).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous allons procéder
à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la
fin du temps qui leur est alloué, soit cet après-midi vers 16 h 30.
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Alors, Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole est à vous.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. M. le ministre, Mme la sous-ministre. Je vois que vous avez un
bel entourage aujourd'hui, et donc j'espère que nous allons avoir un échange,
durant cette période de crédits, productif.
Je vais commencer, M. le ministre, avec le
projet de loi n° 37, parce qu'évidemment la nomination d'un commissaire au
bien-être et aux droits des enfants était ou est une des recommandations-phares
de la commission Laurent, incluant l'adoption d'une charte des droits de l'enfant.
Et vous avez déposé le projet de loi, là depuis le 22 février environ, on est
en suspension de l'étude détaillée, mais vous avez pris une décision, votre
gouvernement a pris une décision...
Mme Garceau : ...d'écarter une
recommandation qui était au cœur des pouvoirs et des responsabilités du
commissaire, et ça, c'était le transfert de tous les pouvoirs de la CDPDJ, le
volet jeunesse, au commissaire. Vous avez pris une décision, et je dois vous
avouer... et je veux prendre une période, un certain temps ici en crédits,
parce que je ne suis pas la seule à ne pas comprendre le pourquoi de cette décision.
Parce que, si on regarde la situation actuelle, le système de la protection de
la jeunesse actuel, les reportages après reportages de signalement, le taux de
signalement au Sommet, le taux, si je peux dire, des lésions de droits des
enfants au Sommet, on a des cas particuliers de lésion de droits, je ne veux
pas entrer dans les détails, mais c'est des cas aberrants. Et, depuis des mois
et des mois, on voit dans les médias, dans les articles, tout le monde
véhicule.... qui sont dans le domaine de la protection de la jeunesse, même
André Lebon, ancien vice-président de la commission, les avocats, tout le monde
est en train de poser la même question : Qui porte la voix des enfants les
plus vulnérables? Et il est là, le problème, parce qu'en ce moment il n'y en a
pas vraiment, une personne qui porte la voix, qui est à la défense des droits
des enfants, surtout ceux et celles où les droits des enfants sont brimés par
le système.
• (11 h 30) •
Et là, j'aimerais comprendre, parce qu'on
a eu la commission Laurent, on a passé deux ans, parce qu'il y avait des
lacunes, il y avait... Les problèmes que nous avons aujourd'hui, on les avait
il y a trois, quatre, cinq ans, et on a mis en place des recommandations qui
n'ont pas encore atterri sur le terrain. Mais ce qu'on remarque, c'est :
la situation est pire aujourd'hui, M. le ministre, qu'elle était au moment même
du dépôt du rapport. Et donc là, j'aimerais que... et surtout avec les sorties,
et je vais les reprendre, les sorties, surtout, de la CDPDJ récemment. Est-ce
que vous allez reconsidérer cette prise de position concernant le transfert des
pouvoirs afin de vraiment implanter ici au Québec un régime, un régime qui va
être à la défense des droits des enfants, de tous les enfants, et surtout ceux
qui sont dans le système de la protection de la jeunesse? C'est ça, le... Le
vrai chien de garde, là, qui avait été envisagé dans la commission. Laurent, ce
n'est pas la CDPDJ. On en a besoin, d'un vrai chien de garde, les personnes
concernées, même les éducateurs, les intervenants qui sont dans le domaine
veulent un chien de garde. Est-ce que vous allez démontrer le courage de
légiférer puis qu'on ait un vrai chien de garde dans le p.l. n° 37?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
écoutez, je vais réitérer... Premièrement, je tiens à remercier aussi mes
collègues puis tous les gens du ministère qui sont ici aujourd'hui, là, en
appui pour les crédits, une étape importante, puis je vais... tu sais, comme
d'habitude, je vais être tout à fait transparent avec vous.
Je ne reculerai pas, parce que pour moi
c'est important que tous les enfants du Québec aient quelqu'un qui porte leur
voix. Je ne sais pas si vous avez lu l'article du Dr Julien, ce matin, qui dit que
la souffrance, là, elle est partout, elle est dans les milieux que l'on ne
suspecte pas, des milieux privilégiés, des milieux de classe moyenne et
évidemment chez nos plus vulnérables. Donc, moi, je pense que l'idée... Puis
les experts qui sont venus présenter en commission, là, si on exclut les
avocats puis les amis d'avocats puis les... qui travaillent à la Protection de
la jeunesse et qui, je sens, ont une problématique avec la CDPDJ - ça, on va
venir tantôt - la plupart des gens nous ont dit que c'est important que le
commissaire soit le commissaire de tous les enfants. On a 1,8 million
d'enfants au Québec, on veut tous qu'ils aient un porte... une porte... un
porte-voix.
Quant à la problématique de la CDPDJ,
là...
11 h 30 (version non révisée)
M. Carmant : ...ces gens-là
ont une expertise qu'ils ont développé au cours des années qui est importante
de respecter. Puis moi, je pense que Me Toussaint... Me Tessier et sa collègue
Maître Arpin font un travail quand même très bon, ils ont augmenté leur nombre
d'investigations, etc. Mais j'ai également entendu la problématique de
communication où... avec les avocats puis leur absence en cour. Donc, nous, ce
qu'on a travaillé avec le ministre de la Justice, c'est qu'on a mis sur pied la
table jeunesse Justice qui devait regarder les délais judiciaires à la DPJ. Et
moi, je leur ai donné le mandat de régler cette problématique où les avocats
nous disent que les lésions de droits des enfants ne sont pas défendues. Parce
que tout le monde le dit aussi, que la CDPDJ a tous les pouvoirs requis pour
intervenir. Donc, réglons le problème à la base au lieu de déplacer une
problématique en créant une nouvelle... une nouvelle institution permettant au
commissaire de faire son plein travail et réglant le problème de la CDPDJ. On
va vous revenir rapidement avec les conclusions de la Table Justice Jeunesse.
Mme Garceau : ...Justice, je
comprends, il y a une question, puis ça, on l'a soulevée souvent, la question
des délais devant les tribunaux parce que les délais sont beaucoup trop longs
et on a des dossiers qui sont reportés, et tout ça. Ça, c'est une autre chose, M.
le ministre, mais, avec respect, la question de la CDPDJ, là, et on a juste à
regarder, malheureusement, on... il y a un manque de volonté. C'est comme si on
est en train de dire, et j'ai regardé, là, les récentes... l'entrevue avec Me
Tessier, là, qui... de la semaine dernière, et puis on a décidé, pour des
raisons d'efficacité, d'encadrer nos interventions... on a déterminé que, ah,
pour les dossiers de... systémique de lésion de droit, on va intervenir, mais
les cas particuliers, non. Chambre de jeunesse, on va intervenir quand c'est
des causes graves. Donc, quand c'est moins grave, on n'y va pas, à la chambre
de la jeunesse. Puis on le sait, dans la dernière année, ça a été très limité,
leurs interventions devant la chambre de la jeunesse, et on a décidé dans sa
gouverne qu'on ne sera pas... ce n'est pas nous qui va porter la voix des
enfants publiquement. Donc, à un moment donné, quand il y a un organisme qui
prend des décisions, que oui, a tous les pouvoirs, mais décide de ne pas les
exercer, il est là, le problème, ils n'exercent pas tous les pouvoirs conférés
dans la loi.
Et c'est pour ça, la commission, quand on
a recommandé le transfert, on ne l'a pas fait pour rien, il y avait les mêmes
critiques dans... à cette époque-là, donc, à un moment donné, on a décidé qu'on
voulait un, puis Mme Laurent l'a dit... on voulait un encadrement législatif,
on voulait avoir un nouvel encadrement législatif pour la défense des droits
des enfants comme dans des provinces, comme dans d'autres provinces. C'est une
réforme importante. Et on en a besoin, de cette réforme-là, parce qu'on a
besoin du chien de garde qui va, hein... il va être sous la mêlée de tout, de
toutes les interventions, incluant la DPJ. Parce que moi, quand j'ai un
président de la CDPDJ qui dit : Oh, bien là, quand on a une entente avec
la protection de la jeunesse, bien, c'est à eux autres de les respecter, puis
qu'ils ne font pas de suivi. Puis on sait que c'est un problème, qu'ils ne font
pas de suivi, et c'est... Ultérieurement, c'est les enfants qui paient le prix
du manque d'intervention. Ça fait qu'à un moment donné pourquoi est-ce qu'on
entend... on est en train de défendre une commission avec toutes ses lacunes,
qui n'exercent pas tous ces pouvoirs et qu'on ne dise pas : Savez-vous,
vous dédiez 10 % de votre temps aux jeunes? Bien, regardez, nous, là, qu'est-ce
qui est important, c'est la protection, la défense des droits de tous les
jeunes, donc on va tout transférer parce que ça mérite une personne, un bureau
qui va dédier 100 % de son temps, 100 % de son temps, qui va faire
les interventions dans des cas particuliers devant les tribunaux, qui vont être
là, qui vont écouter les enfants puis qui vont être là pour défendre leurs
droits? C'est ça, qu'on a besoin, M. le ministre.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Mais, Mme la
députée de Robert-Baldwin...
M. Carmant : ...le Barreau est
assis à cette table, la Cour du Québec est assise à cette table, tous les
membres sont assis à la Table justice jeunesse pour s'assurer que les lacunes
soient mises... soient corrigées. Maintenant, si j'avais voulu... si, comme
gouvernement, on avait choisi que la priorité pour le commissaire soit vraiment
les enjeux avec la DPJ puis qu'on voulait plus de surveillance de la DPJ, on
aurait mis le commissaire au ministère de la Justice avec la commission. Tu
sais, la raison pourquoi j'ai voulu l'amener aux services sociaux, parce que
j'ai besoin d'un commissaire pour 1,8 million d'enfants pour s'occuper de
tous les enfants.
• (11 h 40) •
Et, tu sais, grâce à des changements que
vous avez vous-même soulevés en commission parlementaire, on sait que le
commissaire va pouvoir être présent au niveau des centres jeunesse. Puis j'ai
très bien entendu les ex-placés de la DPJ qui m'ont dit que : On veut
avoir des comités de jeunes dans tous les centres jeunesse, puis ça, je vais
pousser pour ça. En fait, légalement, c'est déjà permis qu'il y ait des comités
d'usagers dans tous les centres jeunesse. Donc, dès qu'on va avoir adopté la
loi ensemble, on va mettre en branle ce processus pour qu'il y ait des comités
de jeunes dans chaque... dans chaque centre jeunesse, qu'il y ait des comités
régionaux de jeunes avec des représentants des centres jeunesse et que ce
comité soit comité national autour du commissaire. Ça fait qu'on va s'assurer
que le commissaire soit présent dans les centres jeunesse, mais il n'y a rien
de garanti qu'en transférant un... de la CDPDJ au commissaire qu'on va changer
les choses. Moi, je dis : Réglons le problème de la CDPDJ, puis on a tout
le monde d'assis à cette Table justice jeunesse pour le faire.
Mme Garceau : Moi, je vais
vous parler... Je vous écoute, M. le ministre, mais vous ne m'avez pas
convaincu. Vous ne m'avez pas convaincu. Et j'ai l'impression qu'il y en a
plusieurs qui sont très, très déçus parce que ça fait longtemps qu'ils
attendent le chien de garde, puis on n'en a pas un. Et c'est vraiment
regrettable compte tenu aussi de toutes les situations qu'on voit dans les
médias, surtout concernant la lésion de droits des enfants. Mais j'aimerais
savoir... Vous aviez, dans les cahiers de crédits... Et j'ai vu qu'il y a eu
des rencontres avec la sous-ministre et la directrice nationale avec la CDPDJ.
Il y a eu quatre rencontres. Et quand on a demandé si vous aviez, M. le
ministre, rencontré la CDPDJ dans la dernière année, on nous a dit que ce
n'était pas pertinent. Donc, moi, j'aimerais savoir si vous avez eu des
rencontres avec Me Tessier ou des membres de la CDPDJ depuis la dernière année.
M. Carmant : Mais, bien sûr,
je les ai même rencontrés avec vous. Tu sais, moi aussi, ça m'a choqué, là, ce
que j'ai entendu en commission parlementaire, tu sais d'entendre des avocats
qui disent : Bien, on a besoin d'aide puis on n'a pas l'aide qu'on
réclame. Ça fait qu'immédiatement, tu sais, on a demandé à Me Arpin puis à Me
Tessier, qui était en visioconférence, vous vous en souvenez, de nous expliquer
la problématique. Puis, en fait, il y avait un collègue du député des Îles-de-la-Madeleine
qui était là également, le député de Jean-Talon, puis il y a clairement un
problème de communication dans le rôle de la CDPDJ. Puis, tu sais, c'est ça que
la Table justice jeunesse doit régler. Ça fait que moi, je les ai rencontrés,
évidemment.
Mme Garceau : Oui. Mais,
malheureusement, M. le ministre... J'aimerais bien pouvoir confirmer que c'est
un problème de communication. Ce n'est pas un problème de communication, c'est
un problème de volonté. C'est un problème que les... que ce soit Me Tessier,
que ça soit la vice-présidente, la commission a pris une décision de comment
gérer les dossiers volet jeunesse. Et, malheureusement, dans cette prise de
décision, ils n'exercent pas tous les pouvoirs qui sont conférés dans la loi.
Et ça, c'est au détriment des droits des enfants. Et je ne suis pas la seule à
le soulever. Et c'est pour ça que la recommandation de la commission Laurent
était de transférer tous les droits et tous les pouvoirs, toutes les
responsabilités au commissaire. Parce que, vous savez, M. le ministre, j'ai lu
que vous étiez... il y avait une entrevue la semaine passée, puis vous avez
mentionné le commissaire, on va avoir des bureaux dans toutes les régions, dans
six...
Mme Garceau : ...six mois
ça, ça m'a surpris, je dois vous dire que dans six mois, suite à l'adoption du
projet de loi, on va nommer le commissaire, parce que ce n'était pas si court
que ça comme délais lors de nos discussions en commission parlementaire, et
que, là, on va... on va le véhiculer, on va avoir, partout à travers la
province, le numéro de téléphone du commissaire, les enfants vont pouvoir
l'appeler. Mais je comprends qu'il y a 1,8 million d'enfants, mais ce
n'est pas tous ces enfants-là qui vont appeler le commissaire, là. C'est ceux
qui sont dans des situations de vulnérabilité, comme une fille de 12 ans
qui a fait cinq tentatives de suicide parce qu'elle veut rester avec sa mère,
puis la DPJ la force à rester en centre jeunesse. Ça, là, M. le... on va en
parler un petit peu plus tard. Mais ça, cette situation-là, elle est aberrante.
Puis c'est dans des conditions comme ça, des situations comme ça, qu'on a
besoin d'un commissaire.
M. Carmant : Merci quand
même. Mais encore une fois, est-ce que c'est... Est-ce que c'est en transférant
le rôle de la CDPDJ de la Justice aux Services sociaux qu'on va améliorer cet
enjeu-là? Moi, j'ai une belle collaboration avec mon collègue ministre de la
Justice qui... qui veut régler la problématique. On a une table où tous les
participants dans le système judiciaire en lien avec la protection de la
jeunesse sont autour de la table. Ne mettons pas un plasteur, puis réglons le
problème de fond. Et réglons le problème à cette table jeunesse justice. Puis
sincèrement, tout le monde, quand on a lancé la table, était très motivé à
régler la problématique. Puis encore une fois, tu sais, je ne vois pas comment,
en déplaçant les avocats de la CDPDJ aux services sociaux, ça réglerait la
problématique. Je pense qu'il faut aller au fond des choses. Puis on a tout le
monde qui travaille là-dessus à cette table-là.
Mme Garceau : On... On
doit... On doit implanter une réforme, M. le ministre. C'est ça qu'on doit
faire. On doit implanter une réforme de la défense des droits, ici, au Québec.
Et cette réforme-là, c'était le commissaire avec tous les pouvoirs et les
responsabilités pour faire cette défense de droits des enfants. C'est ça qu'on
devrait faire. Et c'est ça que la commission Laurent voulait faire.
Là, je voulais voir avec vous, compte tenu
de... Parce que la commission Laurent, il y a trois phases au niveau de la mise
en œuvre des recommandations, et le comité de suivi, le comité de suivi concernant
la mise en œuvre des recommandations, et je comprends que, lors des derniers
crédits, vous aviez pris un engagement de travailler avec le comité de suivi,
de transmettre les informations et tout ça pour les aider dans leurs travaux.
Est-ce que vous l'avez fait depuis les derniers crédits? Est-ce que vous avez
échangé des documents, des informations avec le comité de suivi? Si vous
pourriez me dire quelles mesures concrètes est-ce que vous avez faites à cet
égard.
M. Carmant : Bien, oui,
je les ai rencontrés, le comité de suivi, à une reprise. Et ils nous ont
demandé les documents démontrant l'évolution de... En fait, le fait qu'on a...
qu'on dit qu'on a complété la phase 1, puis qu'on est en train de
travailler sur la phase 2. Et on leur a... On leur a transféré tous les
documents en lien avec cette affirmation-là. Puis on attend leur prochain
rapport.
Mme Garceau : Ils ont eu
une rencontre?
M. Carmant : Avec moi,
mais plusieurs avec mon cabinet.
Mme Garceau : O.K. Et ça,
c'était quand?
M. Carmant : Quand
est-ce que je les ai rencontrés? On va vous trouver la réponse, là. Je me...
Mon agenda est bien rempli.
Mme Garceau : O.K. Et
aussi, M. le ministre, concernant le groupe d'action interministériel, parce
que je vois qu'il n'y a pas eu de rencontres depuis la dernière année
concernant ce groupe d'action. Ça, ça m'a surpris.
M. Carmant : Oui, comme
moi aussi, c'est...
Mme Garceau : Est-ce
qu'il y a une raison pour laquelle il n'y a pas eu de rencontre?
M. Carmant : Je suis
surpris, M. le Président. Est-ce que je pourrais passer la parole à la
directrice nationale...
Le Président (M. Provençal)
:Alors, consentement pour permettre à
la directrice.
Mme Garceau : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, Mme Lemay, je vous cède
la parole.
Mme Lemay (Catherine) : Bonjour,
Catherine Lemay, directrice nationale de la protection de la jeunesse et
sous-ministre associée aux services sociaux. Alors, la rencontre officielle,
parce qu'il y a eu plusieurs rencontres des comités opérationnels qui découlent
de chacun des projets qu'il y a, autant dans la phase 1 que dans la
phase...
Mme Lemay (Catherine) : ...mais
pour répondre à votre question spécifique, M. le Président, la... le groupe
s'est rencontré officiellement la semaine dernière en présence de l'ensemble
des sous-ministres associés pour rappeler... Dans le fond, il y avait plusieurs
nouveaux, donc on a choisi de faire cette rencontre-là, là, parce qu'il y avait
plusieurs... il y a eu plusieurs changements de chaises dans la dernière année.
Donc, on est venus réitérer la cueillette d'informations pour mettre à jour la
phase un qui sera déposée en juin, là, l'avancée des résultats depuis la
dernière mise à jour et recueillir également les projets à enrichir pour la
phase deux, ceux qui étaient déjà déposés et les nouveaux qui pouvaient
constituer une opportunité pour la prochaine année.
• (11 h 50) •
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Non, il reste à peine moins de
10 secondes.
Mme Garceau : Ah! O.K. Donc,
si je comprends bien, il y a juste eu une rencontre avec le... un groupe, et le
comité de suivi, une autre rencontre. Deux rencontres pendant une année
complète?
Mme Lemay (Catherine) : Je
m'excuse, probablement que je me suis mal exprimée. Dans le fond, c'est les
groupes opérationnels, soit à l'intérieur du ministère de la Santé et des
Services sociaux ou les groupes interministériels, qui se sont rencontrés de
façon régulière pour faire avancer les projets. L'année passée, je vous avais
expliqué qu'on fonctionnait par gestion de projet, donc davantage axée sur les
opérations, les actions pour porter des résultats, et le... et que le comité
interministériel assurait une vigie à haut niveau pour chacun de ces projets.
Mais, effectivement, une fois par année, on fait le point tout le monde
ensemble.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Lemay. Alors, on
va poursuivre avec le député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Et vous avez
14 minutes 40 secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Merci, M. le ministre, merci à ses équipes, merci à la
collègue... les collègues d'opposition. Je reviendrai sur le volet Jeunesse DPJ
dans le deuxième bloc. On commencerait avec d'autres choses, volet PSOC,
financement des organismes.
J'aimerais aborder quelques cas
spécifiques. Je vais vous parler du monde communautaire, un milieu sans lequel
nos services publics ne tiendraient pas debout. Moi, j'ai un... reçu un
témoignage très récemment d'une directrice d'un organisme. En fait, hier, là,
on la recontactait. Elle nous dit : «Comme organisme communautaire qui
offre des services en répit et des activités d'apprentissage à la... à la vie
autonome à des adultes ayant une déficience intellectuelle, nous sommes
confrontés à faire 16 demandes, 16, de soutien financier annuellement pour
essayer de poursuivre notre mission, 16 rédactions de projet, 16 Budgets,
16 redditions de comptes. Elle nous dit : les gouvernements se
désengageant de plus en plus et nous laissant, nous, les familles et les
personnes vulnérables avec ce poids, elle dit, c'est une jambette à la foi. Et
je n'ai pas besoin de dire que les gens du communautaire sont sous-payés et que
nous avons de grands enjeux de rétention de personnel. Ce sont ses mots. On se
fait donner de plus en plus de travail dans le communautaire parce que le
gouvernement se désengage et en plus on coupe de plus en plus dans les
ressources. J'ai réellement l'impression que le gouvernement souhaite la mort
du communautaire. C'est ce qu'elle dit. Si le gouvernement souhaite qu'on fasse
le job, il faudra à tout le moins investir dans ce qu'on fait.»
M. le ministre, le budget prévoit
1.27 % d'augmentation, si je ne m'abuse, de financement à la mission, au
PSOC. Est-ce que vous pensez que c'est suffisant pour notre milieu
communautaire?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Je remercie le député de Saint-Henri-Sainte-Anne pour sa question.
En fait, cette année... Je vais commencer par cette année, puis ensuite, on ira
sur ce qu'on a fait dans le passé. Le rehaussement... Il va y avoir une
indexation de... du PSOC qui équivaut à peu près à 28 millions de dollars.
Et en plus, dans le budget, on a... on a parlé d'un 10 millions de
dollars. Donc, c'est 38 millions de dollars en tout.
Et ce qui est important de savoir, c'est
que cette indexation est maintenant significative parce qu'on a augmenté de
façon majeure, là, le PSOC au cours des différentes années. Donc, ici, on voit
qu'en 2018-2019 on était à la mission globale autour de
500 millions de dollars, et maintenant on est à 900 millions de
dollars à la mission globale. Et, si vous vous souvenez, à l'époque, on nous
demandait une augmentation de 350 millions, et on a dépassé celle-ci.
Maintenant, c'est sûr qu'on nous demande
encore plus dans le contexte, mais ce qui est important de dire, c'est que, de
2012 à 2017, là, c'est là qu'on a pris un grand retard. Parce que de 2012 à
2017, il n'y a eu aucun argent additionnel déposé à la mission globale. Nous,
chaque année, on a fait... on s'est assuré d'ajouter, en plus de l'indexation,
de l'argent à la mission globale.
M. Cliche-Rivard : Merci. M.
le Président, si on peut s'engager à déposer le tableau, ce serait utile pour
nous.
M. Carmant : Oui, absolument.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Merci.
M. Carmant : Plaisir.
M. Cliche-Rivard : Deuxième
question. On a beaucoup parlé de l'accueil Bonneau en ce début d'année.
J'aimerais ça qu'on fasse le point, là. Le 3 janvier, nous apprenions que
les services...
M. Cliche-Rivard : ...le
service de l'Accueil Bonneau était maintenu par le biais d'une aide d'urgence
jusqu'au 31 mars 2024. Vous avez parlé de développer aussi des
services 24/7, mais l'organisme était en déficit pour les trois dernières
années. Pouvez-vous nous confirmer la récurrence de l'aide afin qu'on ne vive
pas cette crise encore cette année? Et comment avance le projet 24/7?
M. Carmant : Oui. Donc, le
récurrencement du 400 millions est officiel, là.
M. Cliche-Rivard : Sur
combien de...
M. Carmant : C'est pour
l'année... pour l'année en cours, pour 2024-2025, pour 2024-2025.
M. Cliche-Rivard : Et à moyen
terme, est-ce que...
M. Carmant : Donc, on
travaille, le CIUSSS Centre-Sud travaille avec l'Accueil Bonneau. L'Accueil
Bonneau fait beaucoup de... de choses, là, de l'aide alimentaire à un peu
d'accompagnement à l'hébergement. Donc, ils sont... c'est eux qui sont
représentants pour la fiducie également dans notre plan d'action
interministériel en itinérance pour la région de Montréal. Donc, ils ont
plusieurs dossiers. Et ce que le CIUSSS nous a demandé de faire, c'est de leur
donner un temps pour travailler avec l'organisme, pour clarifier un peu le...
le financement et la reddition de comptes. Et par la suite on verra ce qu'il
faut faire pour le moyen, long terme.
M. Cliche-Rivard : Ça fait
que 400 millions, on termine l'année, si j'ai bien compris, c'est ça?
M. Carmant : Pas... Le
400 000 $ additionnel pour 2024-2025.
M. Cliche-Rivard : 400 000 $?
M. Carmant : Oui.
M. Cliche-Rivard : O.K. Pour
terminer. Puis, sur le volet 24/7, c'est en discussion ou...
M. Carmant : Oui, ça aussi,
c'est est-ce que... Mais ils avaient déjà un volet hébergement, ils nous
demandaient de le transformer en... en logement de transition qui... qui vient
dans notre mission, tout à fait, là. Donc, ça, oui, on continue à travailler
avec eux là-dessus.
M. Cliche-Rivard : Donc, on
s'attend au courant de l'année à avoir une annonce où on aura quelque chose à
moyen terme, là, pas jusqu'à la fin de l'année à chaque fois. Je comprends que
là il y avait une procédure d'urgence.
M. Carmant : Non, non, c'est
ça, le plan, c'est d'avoir une entente à long terme. Quand est-ce que ça va
arriver, je ne peux pas vous le... m'avancer.
M. Cliche-Rivard : Après
trois ans de déficit, c'est difficile, évidemment, pour les organismes, ça fait
que si on peut avoir quelque chose de pérenne, ce sera utile pour tout le
monde.
M. Carmant : Pérenne, oui.
M. Cliche-Rivard : Oui, de
pérenne, hein. Les arches, un petit peu les mêmes discussions. Je vais vous
laisser répondre. Il semble qu'on a évité la catastrophe de près pour le
financement. Est-ce que vous avez un... un commentaire sur ce volet-là?
M. Carmant : Oui, les arches,
ça me demande beaucoup de travail, M. le député.
M. Cliche-Rivard : O.K.
Informez-nous.
M. Carmant : Donc, la... Vous
nous laissez aller un petit peu. La petite histoire des arches, là, c'est que
c'était un organisme... O.K., c'est un organisme qui est vraiment...
travaillait sur la mission globale, mais avait toutes sortes d'individus sous
sa responsabilité, dans toutes sortes de régions. Donc, il y avait des gens qui
étaient hébergés là et qui n'étaient même pas connus du réseau. Ils avaient un
système où des bénévoles européens venaient les aider avec comme seul système
de paye du logement. La CNESST est rentrée dans le tableau. Ils ont dû changer
leur modèle. Et là, évidemment, leur demande salariale a beaucoup augmenté.
Donc, moi, je suis en train de travailler avec une arche à la fois pour régler
la problématique et s'assurer que ces gens-là demeurent en... en hébergement.
Donc, j'ai... j'ai expliqué aux arches qu'une augmentation du PSOC national,
là, ce ne sera pas la solution. On va y aller, région par région, mais je
m'étais promis à la députée de D'Arcy-McGee de les aider puis c'est ce que je
vais faire.
M. Cliche-Rivard : Mais on ne
perdra pas de services, on va être en restructuration, mais...
M. Carmant : On va tout faire
pour ne pas perdre de services. Mais, tu sais, il y avait des endroits il y
avait des Alzheimer errants, là, qui étaient non supervisés, là. Tu sais, il y
avait des choses pas correctes qui se passaient là.
M. Cliche-Rivard : Puis ça,
bien, je... je les laisserai commenter, évidemment, là. J'ai une question. Je
sais que vous êtes en discussion active quand même avec le groupe Portage, mais
ça m'inquiète quand même. Je sais que, pas plus tard qu'hier, si je ne m'abuse,
vous aviez des discussions. N'empêche que ça va faire ou ça fait plus d'une
année que le dossier est en discussion. Il y a d'énormes inquiétudes de
l'organisme. Est-ce que vous avez un message d'encouragement ou un message
positif pour les utilisateurs mais aussi pour l'organisme, là, qui... qui est
un petit peu, je vous dirais, inquiet quand même, pour être franc, là, de
l'évolution des choses, de comment ça se passe, est-ce que vous avez un
message?
M. Carmant : Mais il y a deux
choses dans le dossier Portage, un, ils ont une entente... bien, ils ont une
entente très bien financée, là, on parle de 16 millions de dollars,
là, donc, c'est... c'est difficile de dire aux autres organismes qu'on va
augmenter le PSOC de Portage, mais une... une entente qui, pour des raisons qui
ne sont pas encore claires pour moi, là, mais on est en train de regarder ça au
niveau du ministère, n'est pas indexée au même niveau que les autres. Donc, une
des pistes de solution, c'est de s'assurer que ces ententes particulières
puissent être indexées, puis ça, on est en train de regarder ça au niveau des
finances. Puis l'impact de si on change l'entente avec Portage, qu'est-ce que
ça a à voir sur notre environnement, des organismes communautaires en général.
Puis, deux, on a... on travaille sur une piste de solution également avec le
CIUSSS Centre-Sud, le ministère, pour voir si on ne peut pas trouver un autre
mode de financement pour leurs activités en leur donnant une possibilité que
j'avais déjà...
M. Carmant : ...discuté avec
eux il y a quelques années, dans la transition à l'itinérance également,
surtout ceux qui ont des antécédents de toxicomanie, un endroit où on a besoin
d'aide, le logement de transition. Et eux, ils ont des... ils ont des disponibilités.
Donc, on en a discuté hier puis on s'est quittés en bons termes avec un
prochain rendez-vous bientôt.
M. Cliche-Rivard : J'entends,
je suis sûr que vous y travaillez, mais vous savez que ça... ce n'est pas
nécessairement votre faute à vous, mais ça s'étire quand même en longueur, et
je les sens inquiets quand même. Donc, si on peut faire un blitz de négo de
votre part, de leur part, je pense que tout le monde y serait gagnant. C'est le
message que j'envoie aujourd'hui. Qu'on puisse annoncer quelque chose de beau,
portage rapidement, c'est mon souhait.
Un autre thème, M. le ministre,
l'employabilité inclusive. Je voulais en fait une description de tâches, qu'on
a trouvée dans une cafétéria de cégep : débarrasser les assiettes et jeter
le reste dans la poubelle ou dans les bacs de compostage, tirer la... trier la
vaisselle et les verres à déposer... les ustensiles, dans le bac de trempage,
rincer les assiettes, laver et ranger les cabarets, vider les poubelles. Ma
première question est assez toute simple : Vous pensez que ça vaut combien
de l'heure, ce genre de travail là, selon vous?
• (12 heures) •
M. Carmant : Pardon?
M. Cliche-Rivard : Combien ça
devrait valoir de l'heure être rémunéré pour faire ce genre de tâches là dans
nos cégeps?
M. Carmant : Avec quel genre
de formation ça prend?
M. Cliche-Rivard : Bien, on
parle de vider les poubelles, rincer, débarrasser. À votre avis?
M. Carmant : 17 $
l'heure, 20 $ l'heure, je ne sais pas, moi.
M. Cliche-Rivard : Parce que
nous, on a rencontré un jeune, on va l'appeler Jérôme, là, il travaille dans un
cégep de la région de Québec et il effectue des tâches que j'ai nommées, en
fait, les tâches, il les effectue quatre fois par semaine, mais, parce qu'il
vit avec une déficience intellectuelle, ce qu'on appelle un plateau de travail,
Jérôme gagne 5 $ par jour pour faire ces tâches-là quatre fois par semaine
depuis un long moment. Et moi, je ne trouve pas ça normal puis je me demande si
vous, vous trouvez ça normal, que quatre fois par semaine, pour une longue
période, Jérôme fasse 5 $ par jour.
M. Carmant : Est-ce que...
Mais est-ce qu'il a de l'accompagnement? Est-ce que... Ça dépend de... du cadre
dans lequel ça se passe, là. Parce qu'une des choses que je suis quand même
très, très fière, là, c'est de l'augmentation des opportunités d'activités
socioprofessionnelles qu'on a mises dans le réseau depuis notre arrivée, un
investissement de 16,5 millions de dollars. Ce que les groupes m'ont
dit, cependant, puis ça, on est en train de regarder ça, on est en train de
s'assurer que ces tâches-là, ces activités-là soient... soient comblées par des
gens qui... dont le profil est en adéquation avec la tâche. Donc, l'enjeu,
c'est, si... Ce qui nous inquiète un peu, c'est que certaines personnes avec
des déficiences plus légères font des... ce qui ressemble être un travail
régulier, tandis que nous, ce qu'on... nous, les activités
socioprofessionnelles qu'on a développées, c'est évidemment pour ce qui... ce
qui regarde le ministère de la Santé et des Services sociaux, c'est-à-dire ceux
qui ont des déficiences modérées à sévères. Donc, c'est parce que la phase un
et deux, la déficience légère, c'est beaucoup plus au niveau du ministère du
Travail. Nous, le ministère des Services sociaux, c'est... c'est les plus...
c'est plus modéré et sévère.
M. Cliche-Rivard : J'entends
ce que vous dites. Nous, ce que le terrain nous dit, là, c'est
qu'effectivement, malheureusement, il y a une pérennisation de ce qui devrait
être temporaire. Puis on voit aussi que les plateaux reçoivent 30 fois
plus ou 30 fois le montant que les programmes d'intégration. Donc, il y a
un enjeu-là.
En 2020, vous le savez, la Vérificatrice
générale a fait des constats accablants sur l'intégration et le maintien en
emploi des jeunes personnes handicapées, mais le manque de leadership
gouvernemental et du sous-financement maintient ces jeunes en précarité, c'est
ce que les groupes me disent. Et on a même eu... Cette année, on en a parlé
beaucoup au niveau de l'immigration, mais le Rapporteur spécial des Nations
unies a aussi dénoncé ces éléments-là dans son rapport. Il dit : Dans les
centres occupationnels, les personnes avec une D.I. travaillent pour des
entreprises privées tout en étant payées moins que le salaire minimum. C'est ce
que le rapporteur spécial dit, là. Ceci est permis grâce à des exceptions
législatives sur la base d'un diagnostic. Le Rapporteur spécial, lui, il
considère cette pratique comme hautement discriminatoire. Est-ce que vous avez
l'intention d'intervenir pour que cessent ces pratiques discriminatoires, M. le
ministre?
M. Carmant : Mais nous, on a
créé un poste, en fait, dans chaque région pour justement que le ministère du
Travail puis le ministère des Services sociaux se parlent et qu'il y ait une
fluidité dans cette employabilité-là. Puis, tu sais, moi, j'ai des... j'ai des
anciens patients autistes qui sont des... qui travaillent pour des compagnies
de T.I., là, puis on s'entend que, s'il arrive quelque chose, ils peuvent
régresser et avoir besoin des services plus de... au niveau de la santé et
services sociaux et, quand ils s'améliorent, ils peuvent retourner vers le
travail régulier. Donc, on a... on travaille sur cette intégration puis cette
fluidité-là, mais, comme je l'ai dit aux différents groupes que j'ai
rencontrés, ça va quand même prendre un certain temps. Mais... mais... mais
j'avoue qu'il ne faut pas que les gens demeurent dans...
12 h (version non révisée)
M. Carmant : ...des travaux
qui sont sous-rémunérés pour leurs capacités, et souvent les... les employeurs
ont cette tendance-là, quand ils ont quelqu'un de très performant, à le garder.
M. Cliche-Rivard : Je peux
comprendre au niveau de l'intégration, je peux comprendre au niveau du début,
ensuite, il faut qu'on passe à l'emploi régulier...
M. Carmant : Exact.
M. Cliche-Rivard : ...et qu'on
quitte les exceptions. Je suis content de vous entendre dire que vous parlez avec
votre collègue au travail. Je pense que c'est quelque chose qu'il va falloir qu'on
évalue, parce que là, malheureusement, des jeunes comme Jérôme, il y en a
plusieurs, qui seraient capables... en fait, qui mériteraient, qui méritent
100 % la rémunération auxquels ils ont droit par nos normes de travail de
base. Et ça devrait se passer, je comprends que ça va nécessiter peut-être des
adaptations, des investissements, mais je pense que c'est un champ qu'on doit
intégrer rapidement. Et... le fait que les Nations unies, quand même, viennent
nous rappeler à l'ordre, d'une certaine façon, c'est quand même... on l'a vu
dans le dossier de l'immigration, mais là on le voit dans celui-là aussi, c'est
quand même assez notoire. Et quand un rapporteur spécial vient faire une
enquête terrain, puis ce n'est pas qu'au Québec, là, il dénonce ça. Nous, on a
le devoir de répondre. Puis je suis content de vous entendre aujourd'hui nous
dire que... Vous ne me dites pas demain matin, là, mais vous me dites que vous
travaillez avec votre collègue à le sensibiliser, puis qu'on pourrait s'attendre
à quelque chose de mieux dans les prochains mois, dans les prochaines...
M. Chassin :...pour ma gouverne, le document que le collègue a lu, je
ne sais pas si c'est possible de le transmettre au secrétariat?
M. Cliche-Rivard : Sans
problème.
M. Chassin :Je comprends que c'est public, là, c'est juste... ça nous
épargne de le chercher.
M. Cliche-Rivard : Sans
problème.
M. Chassin :Merci.
M. Cliche-Rivard : C'est un
rapport des Nations unies. C'est assez simple à trouver, mais on va le déposer.
M. Carmant : ...comme on a
créé beaucoup de place depuis qu'on est au gouvernement. Puis je comprends la
problématique, c'était...
(Interruption)
M. Carmant : Je me dépêche, M.
le Président. C'est ça. Les postes ont été comblés par une clientèle qui est,
je l'avoue, au-dessus de ce qu'on voulait...
Le Président (M. Provençal)
:Le signal a confirmé que...
M. Carmant : Donnez-moi un
peu de temps, quelques... année en année, oui.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous, pour 14 minutes, 40 secondes.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, M. le ministre, chers collègues, membres de l'équipe
ministérielle. Merci d'être là pour cet exercice annuel fort important, et j'allais
dire, c'est agréable quand même à chaque année.
Je voudrais d'abord poser une question
concernant la Direction de la protection de la jeunesse. Mais, en fait, juste
avant, faire le point sur le projet de loi n° 37, dont l'étude est suspendue
depuis un certain nombre de semaines. Est-ce qu'on a un calendrier pour la
reprise des travaux? Et est-ce qu'on peut nous expliquer ce qui se passe
présentement en attendant le retour en commission?
M. Carmant : Bien, écoutez,
la dernière, une des dernières journées, on était rendus à certains des
amendements et qui incluaient les amendements au sujet des Premières nations et
Inuits. On avait entendu leurs demandes face à la reconnaissance de ces 92 et
des changements importants par rapport, justement, au commissaire adjoint dont
on avait parlé à ce moment-là. Donc, on est en train de modifier ces règlements-là,
ces points-là. Puis, pour respecter ce que je leur avais dit en Chambre, bien,
on a fait ça de façon conjointe. Donc, j'ai eu plusieurs discussions avec
Makivik, avec le Nunavik, avec l'APNQL, avec les centres d'amitié autochtones,
pour voir... pour arriver à ce que je considère être des amendements qui vont
être raisonnables à leurs yeux. Donc, dès qu'on aura le feu vert de nos
collègues des Premières Nations, on se remet au travail.
M. Arseneau : Est-ce que vous
allez jusqu'à jusqu'à dire que vous êtes en train de co-construire cette partie
du...
M. Carmant : Mais on ne peut
pas leur dire exactement qu'est-ce qui est... à cause... pour des raisons de
parlementarisme, mais oui, on est en train de co-construire pour la suite.
M. Arseneau : Est-ce que
ça... Est-ce que vos... Parce qu'on peut s'attendre, donc, à des amendements
qui seront déposés, vous êtes en train d'en convenir avec certains groupes.
Est-ce que le volet rôle de la CDPDJ est également dans votre collimateur à l'heure
actuelle, fait l'objet de travaux?
M. Carmant : Alors, on va
redéposer aussi rapidement que possible. Puis, au niveau de la CDPDJ, comme je
mentionnais tantôt, non, on a plutôt créé la table jeunesse justice avec mon
collègue de la justice, parce que la CDPDJ est sous la gouverne du ministre de
la Justice. Et on a créé une table où le ministère de la Santé est là, les DPJ
sont là, la chambre du... la chambre jeunesse est là, la chambre du Québec est
là, la commission...
M. Carmant : ...de la
direction juridique, tous les... le Barreau est là, donc tous les acteurs clés
qui peuvent gérer cette problématique, on les a assis à la même table.
Initialement, c'était juste pour gérer les délais judiciaires, mais là on leur
a dit : Réglez ce problème d'interprétation du rôle de la CDPDJ,
principalement l'article 23.b, là, qui revient souvent par rapport aux
lésions de droits.
• (12 h 10) •
M. Arseneau : Mais cela n'a
pas d'incidence sur le retour de la commission au projet de loi?
M. Carmant : Non.
M. Arseneau : C'est une autre
table qui va avoir ce travail là à faire dans le moyen long terme?
M. Carmant : Oui. Je pense
que c'est... on va les laisser gérer ça.
M. Arseneau : Donc, j'avais
posé une question, je ne suis pas sûr si vous avez répondu, votre échéancier,
ce serait d'ici?
M. Carmant : C'est le plus
vite possible.
M. Arseneau : D'accord.
M. Carmant : Dès que... on
doit déposer les amendements, là... et puis, dès que possible, là, on revient
en commission parlementaire, là. On parle de semaines, là, tu sais, pas plus.
M. Arseneau : D'ici quelques
semaines.
M. Carmant : Moi, j'ai bien
hâte de recommencer aussi.
M. Arseneau : Excellent,
merci. Merci pour la mise à jour, j'apprécie. Je voulais revenir sur,
évidemment, le rapport Laurent, on en parle à chaque année et plus souvent
encore, sur les 60, 65 recommandations qui étaient faites et le plan de
match que le gouvernement s'était donné en trois phases. Qu'est ce que vous
pouvez nous dire aujourd'hui sur l'avancement, justement, de la mise en œuvre?
En mai dernier, il y a eu un rapport qui a été... de mise à jour qui a été
faite. Est-ce qu'on peut avoir une nouvelle mise à jour, là, sur là où on est
rendu dans l'actuel?
M. Carmant : Mais écoutez, je
pourrais y aller point par point, mais ça prendrait quand même pas mal de
temps. Mais pour vous dire que la phase 1, nous, on considère qu'elle est
complétée à 99 %.
M. Arseneau : 99 %.
M. Carmant : Oui. Et on
travaille vraiment dans la phase 2 et on est bien avancé sur la plupart
des points au niveau de la phase... au niveau de la phase 2. Évidemment,
le commissaire est un des points les plus importants. Un autre point des plus
importants, c'est la formation des intervenants et un programme d'accueil
orientation intégration en rétention qu'on est en train de mettre sur pied
également. Donc ça, c'est les principaux... les principales choses qu'on travaille.
M. Arseneau : Comme vous
dites, vous êtes en train de le mettre sur pied, il n'est pas... ces
programmes-là ne sont pas encore en vigueur. C'est l'élaboration à laquelle
vous travaillez.
M. Carmant : Exactement.
M. Arseneau : Est-ce que vous
avez un échéancier pour les mises en œuvre de ces programmes?
M. Carmant : Ça devrait se
faire dans les prochains mois, j'espère.
M. Arseneau : Dans les
prochains mois.
M. Carmant : Oui.
M. Arseneau : Donc, peut-être
d'ici l'automne.
M. Carmant : Oui. Je pense
que d'ici l'automne serait quelque chose de très raisonnable. Puis, comme vous
le savez, on s'était donné deux ans pour la phase 1, deux ans pour la
phase 2. Donc, pour nous, on est dans les lignes du temps qu'on s'était
mis de l'avant.
M. Arseneau : Parce que la
phase 2 se complétait en 2025 ou en 2024? Je...
M. Carmant : 2025.
M. Arseneau : En 2025.
M. Carmant : Oui.
M. Arseneau : D'accord, d'accord.
Puis ensuite, c'est ça, la phase 3, c'est jusqu'en 2027, mais j'avais
l'impression que c'était 2023, mais enfin. Mais bon, vous nous dites que...
M. Carmant : 2021-2023,
2023-2025, 2025-2027.
M. Arseneau : À l'heure
actuelle, ne voyez pas d'obstacle ou d'écueil, là, pour respecter les délais
que vous vous êtes fixés.
M. Carmant : Non, on avance
très bien, en fait.
M. Arseneau : Merci. Je
voudrais attirer votre attention sur un élément que j'ai amené dans l'étude de crédits
avec votre collègue ministre de la Santé, concernant certaines données qui
figurent au tableau de bord du ministre, un tableau j'imagine que vous
consultez également assez régulièrement, puisqu'il y a des éléments qui
recoupent vos responsabilités. Et le ministre de la Santé m'a référé à vous
pour certaines questions. Alors, j'irai d'emblée avec le questionnement sur
justement le temps d'attente pour une évaluation, une première évaluation à la
DPJ, et j'aimerais avoir votre opinion là-dessus. Je cherche, là, mon onglet.
Je ne sais pas si vous avez accès au tableau. Puis je n'irai pas de façon très,
très technique, mais j'ai fait le plaidoyer puis je veux juste rappeler que je
trouve étonnant, mais ce n'est pas une critique, que l'on identifie l'onglet
Protection de la jeunesse avec une attente moyenne pour obtenir une évaluation
de 34,95 jours, donc on peut parler de 35 jours, et on a un bandeau
vert comme si les choses allaient bien. On me dit : Bien, c'est une
variation périodique, les choses s'améliorent. Les choses s'améliorent
peut-être par rapport à la période précédente...
M. Arseneau : L'enjeu,
c'est que la cible qui est fixée déjà, qui existe depuis déjà nombre d'années,
cible à atteindre, là, de délai d'attente moyen, est de 21 jours,
21,4 jours. Ça, c'est la cible que se fixe le ministère depuis nombre
d'années. Et lorsqu'on a mis en ligne le tableau de bord en mai 2022, le temps
d'attente, et il y avait un bandeau rouge comme quoi ça n'allait pas très bien,
on était à 28 jours et... 28 quelques jours. Aujourd'hui, on est à
35 jours. La période qu'on vient de traverser, on était à 43 jours.
Donc, il y a effectivement une amélioration par rapport à la période
précédente, mais vous voyez que, pour le citoyen qui regarde ces tableaux-là,
je veux dire, est-ce que les choses s'améliorent? Bien, on dit oui, ça
s'améliore par rapport à la période précédente, mais on est encore loin de la
cible.
Ma question est la suivante. Avec ces
fluctuations-là qui sont quand même largement au-delà de la cible de
21 jours, quels sont les moyens concrets et réalistes qu'on peut mettre en
place pour espérer véritablement, d'ici la fin du plan stratégique, d'ici deux
ans et demi, qu'on puisse véritablement ramener ça? Parce que sur le long
terme, ça ne s'améliore pas. 21, 28, 42, 35, on se... on ne s'améliore pas.
Est-ce qu'il y a des moyens concrets que vous pouvez nous... nous révéler, nous
indiquer, qui peuvent nous permettre d'espérer que 21 jours, 21 jours
est déjà un long délai?
M. Carmant : Oui,
mais... Merci beaucoup pour la question. Je pense, ce qu'il faut comprendre,
c'est qu'il y a trois types de signalements, là, les... les niveaux 1, là,
les P1, puis les niveaux deux, P2, qui ont des délais très courts, là. P1,
c'est immédiat, P2, c'est 24 heures. Puis eux, ils sont pris en charge
tout le temps dans les délais requis. Maintenant... Maintenant, le gros enjeu,
c'est les P3 qui souvent sont des... Puis c'est ça que j'essaie d'amener, là,
quand je dis qu'il faut que la première ligne en fasse plus puis qu'on... qu'on
utilise moins la DPJ, c'est que les P3, c'est souvent des solutions... C'est
des conditions plus chroniques et qui... et qui sont le gros, gros, gros, des
signalements, là, comme sur 43 000 signalements retenus par année, il
y en a 10 000 qui sont des P1, P2 puis 33 000 qui sont des P3.
Mais chaque fois qu'on fait des avancées,
puis c'est ça, un peu, le paradoxe, c'est qu'on évalue plus de P3 pour diminuer
nos listes d'attente, mais nos chiffres de délai moyen d'attente augmentent en
paradoxe, là. Donc, même quand on fait un bon travail, ça ne paraît pas parce
que, quand on diminue nos listes d'attente, bien, nos délais d'attente, vu
qu'on voit plus de gens qui attendaient depuis longtemps, augmentent. Donc
nous, ce qu'on vise, c'est vraiment à modifier l'approche qui était une de
blitz, là, ce qu'ils appelaient des blitz où, pendant une fin de semaine ou une
semaine, tout le monde est appelé à venir aider la DPJ pour avoir, avec les...
suite aux dernières négociations et la reconnaissance que plusieurs des
employés de la DPJ sont... font du 24/7, donc vont mériter toutes les primes
qui sont associées à la tâche 24/7, qu'on puisse avoir une plus grande
prévisibilité de l'horaire et vraiment étaler, comme la santé physique, le
travail à la DPJ sur une période de sept jours semaine ou sur une base
volontaire, les gens qui font du temps supplément... du temps... qui
travaillent la fin de semaine, qui font du temps supplémentaire aient accès à
toutes les primes puisqu'ils sont nécessaires?
Donc, avec ce volontariat-là, on espère
vraiment diminuer les listes d'attente de façon significative. Et en plus, dans
le contexte de Santé Québec, une des... une des alternatives qui nous aidait
beaucoup, c'est que des équipes où ça allait bien, dans des régions où ça va
bien, qui n'ont pas de délais d'attente ou de listes d'attente significatives,
allaient aider les régions plus en difficulté. On a eu des demandes syndicales
qui nous ont fait arrêter cette pratique-là, mais dans le contexte de Santé Québec
et d'un employeur unique, l'équipe mobile va pouvoir revoir le jour
éventuellement.
M. Arseneau : Mais si on
veut résumer pour les citoyens qui nous écoutent, puis quand on regarde,
justement, les tableaux sur une période d'un peu plus d'un an, en fait de deux,
presque trois ans, on s'aperçoit que grosso modo, là, l'attente est
peut-être... varie en... autour de 40 jours par rapport à l'objectif qui
est de 20 jours. Est-ce que malgré les ressources que l'on consacre,
est-ce que vous jugez que... En fait, ma question est, est-ce que ce sont les
ressources qui sont en jeu ou le nombre de signalements qui... qui sont à la
hausse...
M. Arseneau : ...quelle est la
part, en fait, du défi qui relève des ressources humaines et, par ailleurs, du
nombre de signalements...
• (12 h 20) •
M. Carmant : Bien, je pense,
c'est vraiment les deux. La bonne nouvelle, c'est qu'avec les investissements
qu'on a faits en première ligne, vous savez, l'an dernier, on disait qu'on
avait augmenté de 1 % ou 2 % le nombre de signalements, là, c'était
la première fois que ça arrêtait d'augmenter de 5 % à 10 % par année,
bien, cette année, on va avoir plafonné puis même diminué le nombre de
signalements cette année. Des chiffres qui devraient sortir bientôt, là, avec
le bilan des DPJ. Donc, on disait meilleur service en première ligne, on est en
train de renverser la courbe, également, il y a moins de... le pourcentage de
signalements retenus est en train de diminuer parce qu'il n'y a plus de
première ligne dans les dossiers.
M. Arseneau : Justement,
c'est important. Vous dites : Les chiffres vont être révélés bientôt, mais
il y a déjà des chiffres qui sont disponibles. Dans le tableau de bord, on nous
dit que les signalements reçus, là, pour... au 6 avril, sont en diminution
de 13,28 %.
M. Carmant : Ça, c'est
beaucoup, ça.
M. Arseneau : Ça, le nombre
de signalements reçus, oui. Et le nombre de signalements retenus sont aussi en
baisse de 11 %. Donc, le bilan annuel, ça devrait être... Bien, peut-être
que vous pouvez préciser, là. Je veux bien interpréter les données qui sont
disponibles.
M. Carmant : Alors, sur
l'année, ce n'est pas ça. Je pense que ça... Pour la même... Pour la période
équivalente l'an dernier, c'est ça, les chiffres qui sont sur le tableau de
bord. Mais nous, ce qu'on... ce que je vous parle, c'est sur la... sur la base
de l'année 23-24. Puis ça, ça va être plus autour de quelques points de
pourcentage, la diminution.
M. Arseneau : Quelques points
de pourcentage. Donc, diminution de signalements et diminution de cas retenus.
M. Carmant : Rétention de
signalements. Puis ce qui est...
M. Arseneau : Et augmentation
de ressources, vous nous dites.
M. Carmant : Et augmentation
de ressources. Et ce qui est important aussi, c'est que la raison pourquoi les
signalements ne sont pas retenus, c'est parce que, dans les dossiers où ce
n'est pas retenu, c'est qu'il y a déjà quelqu'un en première ligne qui
accompagne la famille et qui fait le suivi.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Carmant : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Nous allons revenir avec la députée
de Robert-Baldwin pour les 22 prochaines minutes.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. M. le ministre, parlons maintenant d'un autre sujet fort important,
puisque nous avons été informés dans les derniers mois de l'état des centres
jeunesse. Vétusté. Une installation sur cinq est vétuste. Et même, je sais,
lors d'une entrevue avec Nathalie Collard, vous avez mentionné : Les
travaux sont faits quand ça sort dans les médias.
Je tente de comprendre, M. le ministre,
compte tenu qu'on parle de... des environnements, les lieux de vie, des
conditions de vie des enfants qui sont vraiment, vous le savez, dans certaines
installations, c'est pitoyable, il n'y a personne qui devrait rester dans ces
établissements-là, surtout, on va parler du mont Saint-Antoine, avec
moisissures, champignons, bains condamnés, infiltrations d'eau, et j'en passe,
comment se fait-il que cette situation-là, on n'a pas attaqué le problème il y
a comme des années? C'est ça, ma question : Comment se fait-il que c'est
aujourd'hui, avec un taux élevé de vétusté de nos établissements?
M. Carmant : Écoutez, notre
gouvernement a augmenté le PQI de façon significative, là, de 50 %, de,
c'est quoi, 100 milliards à 150 milliards de dollars, là, celui
de la santé a augmenté de façon significative, de 18 à 24 milliards de
dollars, et on a des projets du centre jeunesse au niveau du PQI, trois, qui
sont très actifs. Maintenant, les frais d'entretien, on les donne aux
établissements année après année, quand est-ce que la décision d'effectuer les
travaux est vraiment locale. Puis c'est ça que je voulais dire, que je trouve
ça extrêmement dommage que c'est quand on entend qu'il y a un enjeu médiatique
que là ils utilisent l'argent qu'ils ont déjà pour faire ces rénovations-là.
Maintenant, on est en train de... Ce qu'on
a demandé actuellement, la directrice nationale est en train de faire le... de
faire le tour des différents centres jeunesse pour regarder la situation. J'ai
demandé au... également à M. Desbiens de nous faire une classification
fonctionnelle, parce qu'on a une classification technique, là, celle que vous
mentionnez, des centres jeunesse, mais... classification fonctionnelle de...
des différents établissements. Et...
M. Carmant : ...quelqu'un va
nous donner une classification et à partir de là, on verra si on doit utiliser
un autre modèle pour faire le suivi de cette vétusté des différents centres
jeunesse, là, mais, pour le moment, on se fiait beaucoup à nos... à nos
établissements. Puis, tu sais, quand j'entends le CIUSSS nous dire : Bien,
on a déjà remis un projet, mais c'est le projet qu'ils nous ont remis, ils
l'ont priorisé troisième dans la liste de leurs projets, quand on a des choix à
faire gouvernementaux, on va au premier et deuxième choix avant de faire le
troisième choix. Donc, il va falloir voir si... est-ce qu'on fait... gestion
locale centre jeunesse où est-ce que... comment on va modifier notre approche?
C'est parce que... je suis conscient qu'il faut faire des changements.
Mme Garceau : Est-ce que tout
ça va devenir public en termes de classification?
M. Carmant : Laissez-moi
m'informer, là, donnez-moi une minute.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce que vous réussissez à
comprendre? Parce que moi, je ne comprends pas bien. Consentement. Alors, Mme,
vous allez vous nommer et votre fonction, pour répondre répond après.
Mme Pradet (Isabelle) : Isabelle
Pradet, architecte, directrice des projets immobiliers au ministère de la
Santé. Donc, l'état de vétusté est déjà public au secrétariat du Conseil du
trésor dans le Plan québécois des infrastructures, puis le plan de gestion des
infrastructures, le PAGI qu'on appelle. Donc, on a toutes les informations
globales sur les infrastructures. Donc, cette information-là est déjà publique
pour les infrastructures.
Mme Garceau : ...juste aller
directement au point, parce que M. le ministre a parlé de classification. C'est
cet aspect-là qu'on veut savoir, si ça, ça va être public.
Mme Pradet (Isabelle) : Oui,
la classification, vous avez les chiffres, a, b, c, d, e. Donc, ça, c'est déjà
public dans PAGI... Ah! la nouvelle démarche, oui
Une voix : ...
Mme Garceau : ...merci, Mme.
Mme Pradet (Isabelle) : Je
suis désolée, pardon.
Le Président (M. Provençal)
:On finit par se comprendre.
Mme Garceau : ...oui, oui.
Donc, oui, ça va être public, O.K..
Le Président (M. Provençal)
:Merci.
Mme Garceau : Quand est-ce
que vous, vous avez visité, M. le ministre, le Mont Saint Antoine?
M. Carmant : Oui, ça fait...
là, je n'ai pas la date, là, on peut essayer de regarder dans mon agenda la
date, mais j'ai déjà visité le mont Saint-Antoine.
Mme Garceau : Mais dans la
dernière année, est-ce que vous avez visité?
M. Carmant : Oui, je dirais
que oui, dans la dernière année, mais... en train de chercher la date. Ah!
bien, je suis allé, je suis même allé deux fois. Je suis allé une fois pour une
activité de la fondation, puis une fois pour visiter les lieux. Ça, je peux
vous le dire, mais les dates...
Mme Garceau : La visite des
lieux, est-ce que c'était récent? Est-ce que c'était cette année?
M. Carmant : Moi, je vous
dirais l'été 2023, là, mais ils sont en train de chercher la date, là. Et
c'est suite à cette visite-là qu'on avait insisté pour que les changements...
les rénovations soient faites, puis il y a toutes sortes d'incidents qui ont
été rapportés par le CIUSSS qui ont retardé les rénovations.
Mme Garceau : Parce que...
Oui, parce que je présume que quand vous êtes allés visiter, admettons, si
c'est été dernier, vous avez quand même témoigné de l'état pitoyable des lieux?
M. Carmant : 8 mai 2023.
Mme Garceau : Donc, lorsque
vous êtes... vous êtes allés visiter...
M. Carmant : ...millions de
dollars pour rénover les lieux.
Mme Garceau : Mais quelle a
été votre impression quand vous êtes allé visiter les lieux?
M. Carmant : Bien,
premièrement...
Mme Garceau : C'était
pitoyable.
M. Carmant : Bien... oui, je
ne dirais pas pitoyable. Tu sais, c'est un immense site Le Mont Saint Antoine,
là. Ma première réaction, c'est pourquoi pas faire quelque chose de moderne sur
place, là, mais c'est sûr que les... c'est vétuste, là, je... C'est vétuste,
mais tu sais...
Mme Garceau : ...O.K. Parce
que j'ai eu récemment un entretien avec Mme Gallo qui nous disait que les
photos qui avaient été publiées dans le soleil, c'étaient des photos qui
dataient il y avait... de deux ans. C'est ça qu'on nous a dit. Et nous, on a
obtenu des photos très...
Mme Garceau : ...très récentes
qui démontrent encore... et, je dois vous dire, c'est pas mal préoccupant.
Donc, elle, d'après elle, ce n'était pas si pire que ça, et qu'ils avaient fait
des rénovations. Et là nous, on a obtenu des photos, puis je vais vous les
montrer, mais là on... Mont-Saint-Antoine, amiante, danger. Ça, c'est dans la
salle de bain parce que... Et voici encore, là, salle de bain, qu'on ne peut
pas utiliser. Et ça continue. On a des files à l'extérieur. On a encore de
l'eau qui coule. C'est pas mal abominable. Donc, j'ai été surprise que la
P.D.G. me dise que tout est beau, on fait des rénovations, mais semble-t-il que
c'est pire qu'elle... elle m'avait mentionnée. Et moi, je voulais savoir, en
termes de budget, est-ce qu'il y a un budget qui va être alloué. Est-ce qu'il y
a un budget additionnel ou est-ce que les fonds sont déjà déployés? Est-ce que
tous les établissements qui doivent faire des rénovations ont déjà l'argent?
• (12 h 30) •
M. Carmant : Mais, pour le
Mont-Saint-Antoine, ils ont encore beaucoup d'argent pour faire les rénovations
requises. Ils n'ont pas dépensé tout leur budget. Mais nous, c'est pour ça
qu'on fait... on refait ce travail de visite et de classification pour voir
quelle... quelle doit être l'approche, est-ce que c'est... est-ce qu'on...
est-ce qu'il va falloir qu'on réserve un... dans une partie du PQI Santé pour
nos... pour nos centres jeunesse si on voit que les établissements ne les
priorisent pas, est-ce que c'est... Il faut qu'on obtienne les données, puis on
va analyser les choses.
Mme Garceau : Donc, c'est
quoi, l'échéancier pour faire une visite, si je peux dire, l'état des lieux et
pour déterminer?
M. Carmant : Mais nous, on
veut que ce soit le plus rapidement possible et avant cet automne, c'est sûr,
parce que nous, on commence à réfléchir au budget à partir du mois de novembre,
donc... tu sais, au plus tard, il faut en... il faut qu'on ait les données pour
septembre.
Mme Garceau : Et après ça
est-ce qu'il y a quelqu'un qui va être responsable au niveau d'un suivi auprès
des établissements pour assurer que, oui, les rénovations sont faites dans un
temps raisonnable, que les choses se poursuivent?
M. Carmant : Oui, oui, on...
C'est sûr que c'est une chose qui est importante. Et justement, si on demande
aux services techniques de faire cette évaluation-là, ce sera... ce sera eux
qui vont faire les suivis, évidemment.
Mme Garceau : Parlons... On
a... bien, on a parlé de l'état vétuste des établissements, mais, comme nous le
savons tous, il y a aussi le problème des conditions, des conditions, si je
peux dire, de vie dans ces établissements-là. Et les salles d'isolement qui
sont utilisées, il y en a plusieurs, on a vu des photos, c'est comme des
cellules de prison. C'est vraiment abominable tant qu'à moi. Je ne sais pas
vous, de votre côté, comment vous voyez ça, parce que je pense qu'on l'a appris
en même temps, lorsque je vous ai posé la question concernant l'enfant de neuf
ans à Cartier qui avait été, parce qu'il avait été tannant... avait été mis
dans une salle d'isolement. Pour moi, je dois vous dire, j'ai été en choc et je
sais que la plupart des gens aussi. Les gens trouvent ça que c'est aberrant,
que c'est vraiment inhumain puis c'est même des pratiques qu'on pourrait dire
barbares. Et on a le... Cartier, en particulier, une augmentation de 72 %,
72 % au recours aux mesures de retrait et de contrôle. On a, M. André
Lebon qui a mentionné l'autre jour... qui a remarqué... Il a fait le
commentaire que des intervenants sont en train de dire que c'est comme ci nous,
on est là... c'est comme des prisons dans certains établissements. On est en
train de créer des...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...les
intervenantes, les éducateurs qui ont dénoncé les conditions, ils sont allés
aux médias pour dénoncer les conditions dans lesquelles on met ces enfants-là.
Il y a un manque de formation également concernant... et ça, on va en discuter.
Mais moi, j'aimerais... Moi, je ne sais pas, M. le ministre, mais ça me touche
énormément, comme citoyenne, comme parent, en termes de... et comme juriste
aussi, parce que ces enfants-là, là, c'est des lésions de droit. C'est des
détentions illégales. Il y a une violation flagrante à leur droit d'être placé
dans ces... dans ces genres de cellules. Est-ce que vous allez changer ce
système-là? Est-ce que vous allez le revoir?
M. Carmant : ...je pense que
le travail qu'on fait principalement, c'est... c'est au niveau de la formation.
Puis, en formant mieux nos éducateurs, avec la formation qu'ils appellent ARC,
là, attachement, régulation, compétence, partout où ça, ça a été implanté, on a
vu une diminution du nombre de contentions et d'isolements. Donc, c'est...
nous... moi, je pense que l'important, c'est d'améliorer la qualité des soins
de nos... pour nos jeunes. C'est là un peu qu'effectivement l'enjeu de la
main-d'oeuvre indépendante en est un, là, parce qu'on veut que ce soit... qu'il
y ait une certaine stabilité autour de nos jeunes, surtout qu'on a de plus en
plus de jeunes à besoins particuliers dans nos... dans nos centres de
réadaptation. Puis, eux, il faut les mettre dans des endroits où ils sont
pleinement équipés pour prendre soin d'eux. Mais je pense que la meilleure
formation des éducateurs, c'est... c'est la clé. Et, comme je mentionnais
tantôt, on est en train de mettre sur pied un programme Accueil, orientation,
intégration, rétention, qui est vraiment une formation qui va... puis qui fait
partie de la phase deux, là, qui est vraiment une formation qui va être dédiée
aux intervenants de la protection de la jeunesse et qui va inclure ces
formations au niveau du trouble de l'attachement et également, évidemment, la
violence conjugale, dont... on va parler tantôt, mais... Donc, ça, c'est
important pour nous, que tous nos intervenants et tous nos éducateurs soient
formés avec ce type d'approche là, qui, on voit, a un impact significatif sur
la diminution de... justement, des contentions et puis des isolements chez
nos... chez nos jeunes.
Mme Garceau : Dans le rapport
de la commission Laurent, une des recommandations, c'était de faire une vigie
des mesures de contrôle, de revoir ces mesures-là. Est-ce qu'on... on ne pourrait...
Est-ce qu'on ne pourrait pas changer cette façon de faire? Surtout, en 2024, M.
le ministre, là, on en a vu, des photos. Puis même j'ai... j'ai tenté d'aller
voir le Mont Saint-Antoine. J'attends encore, là. Ça fait trois semaines que j'ai
fait une demande pour aller visiter. J'espère que vous allez pouvoir faciliter
cette rencontre pour moi, et dans d'autres établissements également. Parce que,
pour moi, des salles d'isolement comme j'ai vu dans les photos, là, ça ne
devrait pas exister. Ça ne devrait pas exister. Les mesures de contrôle, de
laisser des enfants dans... L'impact psychologique. Puis je ne suis pas la
seule à le dire, là. Il y en a, des psychologues, il y en a, des anciens, des
ex, même, qui sont venus en commission parlementaire. On le fait aux adultes,
puis ils nous racontent les histoires de comment ça les a affectés d'être en
salle d'isolement, puis on fait ça à des enfants de neuf ans, des enfants de
sept ans. Il y a un petit garçon de sept ans dans les Laurentides, 300 mesures
de contrôle dans un an. Ça n'a pas de bon sens. Et c'est pour ça, pour moi, c'est
une situation de lésion de droit. On ne devrait pas mettre des enfants de cet
âge-là dans des... l'équivalent de cellules de prison. Il est là, mon point.
Est-ce que vous, vous êtes d'accord de
laisser ces salles d'isolement telles quelles, qu'on continue cette pratique,
ces mesures de contrôle de mettre des enfants aussi jeunes dans ce genre d'environnement
là? On est...
Mme Garceau : ...ça, là,
c'est comme une détention illégale. C'est en violation de leurs droits. Puis
ils ne peuvent pas... ils ne peuvent pas appeler quelqu'un, là. Ils sont là
tout seuls. L'impact psychologique est néfaste, et pas juste à court terme, à
long terme. On parle de nos enfants. Il me semble qu'il y a une meilleure
façon, moins inhumaine, moins barbare de pouvoir aider. Parce que ces
enfants-là, là, sont là pour une raison. Ils sont déjà des victimes, hein, soit
de la violence conjugale et toute autre raison. Et là, c'est comme si, je vais
utiliser le terme de Nancy Audet, la violence institutionnelle. C'est ça
qu'elle a dit. C'est une forme de violence institutionnelle. C'est ça
l'isolement. Il faut que ça change, M. le ministre. On ne peut pas laisser nos
enfants vivre dans des conditions comme ça. On est dans un système, système de
protection de jeunesse pour protéger nos enfants, pas... On n'est pas là à leur
détriment. On n'est pas là pour brimer leurs droits, on est là pour les aider.
Pouvez-vous, s'il vous plaît, vous engager à revoir ce système-là?
• (12 h 40) •
M. Carmant : Bien, comme
je vous dis, je m'engage à ce que nos éducateurs soient mieux formés. Puis de
s'éloigner de ce modèle-là, je suis tout à fait d'accord avec vous. Je veux
juste vous donner quelques chiffres qu'on... pour vous montrer quand même qu'on
s'améliore. 2022-2023, pour l'isolement, c'était 6 021. Donc, il y a une
vigie. Cette année, 4 588. Même chose pour les contentions, on aurait
diminué de 18 780 en 2022-2023 à 16 299 en 2023-2024. Puis même... Donc,
il y a des programmes de formation. On travaille avec Boscoville aussi pour...
pour ses enfants plus problématiques. Mais c'est ça. Donc, moi, je pense que ce
qu'il faut, il faut s'assurer de bien former nos éducateurs. J'imagine qu'ils
prennent ces mesures-là quand ils ont peur que l'enfant se blesse ou... Mais je
suis d'accord avec vous, tu sais, il faut... Il faut s'éloigner de ça. Est-ce
que j'ai fait une... Puis on va travailler pour ça.
Mme Garceau : Il faut...
Mais c'est ça M. le... Il faut revoir... J'aimerais, si vous le permettez, M.
le Président, pour... Parce que dans le cahier qu'on a reçu, on n'avait pas ces
données-là. On avait demandé les données, et malheureusement, il n'y avait pas
de données. Le... Votre ministère ne détient pas les données sur le nombre de
mesures d'empêchement mises en place dans les établissements. Donc, si vous
pourriez vous engager pour qu'on puisse avoir ces données-là, s'il vous plaît.
Oui? Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va?
Mme Garceau : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Nous en sommes maintenant à la partie
gouvernementale. Alors, Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à tous les collègues ici présents des deux
côtés de la salle. Salutations à M. le ministre et son impressionnante équipe
aussi. Vous êtes nombreux quand même, il faut le souligner. Et je vais
continuer avec un sujet qui est très cher pour le ministre. En fait, je vais
parler à nouveau de nos enfants. Je pense que plusieurs d'entre nous, ici,
avons des enfants. Et je pense aussi qu'on s'entend pour dire que leur bon
développement, surtout en bas âge, est vraiment crucial pour leur réussite
future. Et je pense particulièrement à la période 0-5 ans, donc qui, très
certainement, comporte son lot de défis pour la plupart des parents. Mais on
est aussi conscients que, durant cette période-là, il y a plusieurs aspects
très importants qui vont se développer. C'est là où les enfants vont apprendre
à marcher, à penser, à parler, à interagir aussi avec leur environnement. Sauf
que certains enfants peuvent aussi présenter des retards de développement. Et
ça, ça peut aussi entraîner des conséquences vraiment importantes à long terme
sur leur vie.
Donc, c'est exactement pour ça que, lors
du précédent mandat, notre gouvernement a lancé le programme Agir tôt,
c'est-à-dire pour dépister vraiment en amont certains troubles de développement
qui peuvent survenir chez les enfants. Prenons par exemple les retards de développement
en matière de langage. Ça peut entraîner bien sûr des conséquences sur
l'apprentissage, sur les relations sociales et même sur la santé mentale des
enfants. Alors, ça demande... ça démontre vraiment toute l'importance de
détecter, mais surtout de traiter ces retards dès que possible. C'est un
processus évidemment qui est complexe, le développement des enfants. On va
parler de motricité fine, globale, de la cognition, de la communication, des
interactions sociales, de l'autonomie, donc des retards vraiment dans l'un ou
dans plusieurs de ces domaines-là, ça peut, comme je le disais, entraîner
vraiment des conséquences qui sont super importantes. Et je parlais de retard
de langage...
Mme Blouin : ...tout à
l'heure, mais un retard de motricité aussi, ça peut vraiment limiter, par
exemple, la participation de l'enfant aux activités quotidiennes, donc vraiment
des impacts qui sont super importants. Ceci dit, les retards de développement,
par contre, ne sont pas toujours évidents à détecter, ça peut être très, très
difficile, particulièrement pour des nouveaux parents. Alors, c'est exactement
pour ça, en fait, que les professionnels de la santé jouent un rôle déterminant
dans la détection précoce des retards de développement. Et récemment, on a
appris dans les médias qu'il y a un projet pilote qui a été un franc succès du
côté de Saint-Jérôme, avec les équipes d'évaluation diagnostiques qui vont
faire partie intégrante, justement, d'Agir tôt. Alors, j'ai quelques questions
pour le ministre en lien avec ça. D'abord, est-ce que c'est possible pour vous
de nous parler de ce projet pilote là et de nous dire pourquoi ça a été un
franc succès?
M. Carmant : ...pour la
question. Mme la députée de Bonaventure, écoutez, Agir tôt, c'est un changement
important qu'on a fait dans la façon de voir les retards de développement. Puis
ce qu'il faut savoir, en lien avec toute la discussion qu'on a eue ce matin,
c'est que, parmi ces signalements P3, là, il y en a beaucoup qui sont pour
des troubles d'apprentissage, retards scolaires puis négligence parentale en
lien avec ça. Parce que ce qui est important de savoir, c'est que beaucoup de
ces problèmes d'apprentissage sont aussi transgénérationnels. Donc, un parent
qui a un retard de langage, une déficience intellectuelle légère a plus de
chances d'avoir un enfant qui a la même problématique et souvent a moins
tendance à consulter pour cette problématique. Donc, quand on a intégré Agir
tôt, on a ajouté 800 professionnels pour la réadaptation, soit des ergos,
des orthophonistes, des éducatrices spécialisées, des psychoéducatrices pour
aider le développement de nos jeunes. Mais initialement, quand on a ajouté ces
intervenantes-là, mon but c'était de s'assurer qu'on voit les enfants avant
leur entrée à l'école. Mais avec le... quand le drapeau diagnostic est levé,
mais c'est souvent autour de quatre, quatre ans, quatre ans et quelques. Donc,
l'intervention, selon moi, se faisait encore trop tard.
Donc, ce qu'on a fait pour changer les
choses, c'est... on a introduit une visite de dépistage à l'âge de 18 mois
lors de la vaccination par l'infirmière à Agir tôt qui fait un bilan du
développement de l'enfant et qui décide s'il y a des signes de retard de
développement à ce moment-là, retard de développement qui corrèle très bien
avec le retard d'apprentissage, les troubles d'apprentissage à l'école. En
fait, c'est assez surprenant de voir que le nombre d'enfants qui échoue
l'évaluation de vaccination de 18 mois, c'est à peu près 25 %,
26 %. Puis on sait que nos élèves EHDAA, là, ceux qui ont des troubles
d'apprentissage, c'est exactement le même chiffre, 25 % à 27 % de nos
jeunes. Et en plus, dans les deux groupes, il y a une surreprésentation de
garçons, quelque chose qui est très important parce que souvent on avait
tendance à dire : Ah! c'est un petit gars, il marche tard ou il parle
tard, t'inquiètes pas, il va récupérer. Mais non, même eux, ils ont besoin de
stimulation précoce.
Donc, on donne cette stimulation... On a
réussi à donner... Notre première intervention, ça a été de donner cette
stimulation précoce suite au dépistage par l'infirmière. Et ça, on a réussi à
baisser l'âge d'intervention vers quatre ans, quatre ans et demi plus vers deux
ans, huit mois, trois ans. Mais encore on voulait continuer à s'améliorer, et
l'enjeu qu'on avait, c'est que, dans certaines régions, puis c'était quelque
chose qu'on connaissait tous avant, mais avant de faire l'intervention plus
spécialisée... l'intervention en première ligne, on était capable de la donner
avec l'évaluation Agir tôt, une intervention plus spécialisée par des
orthophonistes qui sont associées, qui sont connues, avec les troubles de
communication sévères, avec le TSL, etc., ça se donnait dans les CRDI. Et pour
ça, pour avoir accès à un CRDI auparavant au Québec, avant notre gouvernement,
ça prenait un diagnostic. Nous, on a... pour essayer de rendre ça plus fluide
et d'enlever ce besoin de diagnostic, on a créé des équipes d'évaluation
diagnostique.
Donc, maintenant, à travers le Québec, on
est en train d'établir... puis avec l'aide des pédiatres aussi, on est en train
d'établir des équipes d'évaluation diagnostique dans toutes les régions du
Québec où le pédiatre vient se joindre à l'équipe Agir tôt en CLSC, hein,
quelque chose qu'on est en train de remettre en vie, les CLSC, pour faire cette
évaluation diagnostique avec les intervenantes qui connaissent déjà l'enfant,
faciliter le diagnostic et s'assurer d'une fluidité du suivi. Donc, maintenant,
s'il y un enfant qui a un retard de langage, bien, on dira : C'est
probablement un trouble du spectre de l'autisme. Bien, l'intervenant en CRDI
peut venir aider cette équipe-là, donner des conseils et poursuivre...
M. Carmant : ...cette
intervention-là. Donc, le déploiement des équipes d'évaluation diagnostique,
là, c'est un autre moment-phare dans l'évolution du programme Agir tôt, on en
veut partout. Les pédiatres nous ont... nous accompagnent là-dedans. En fait,
ils ont même... nous ont même aidés en investissant dans le programme de
l'IPAM, là, sur la pertinence des actes médicaux, parce qu'ils disent :
Bien, plus on va avoir d'évaluations diagnostiques rapidement, plus on va avoir
d'équipes sur le terrain pour nous aider avec les jeunes, bien, meilleur ça va
faciliter notre travail puis le pronostic de ces jeunes-là, parce que tout le
monde, on veut que ces jeunes puissent intégrer l'école régulière le plus
possible à la maternelle cinq ans, et, pour ceux qui auront des besoins plus
spécifiques, bien, le milieu scolaire pourra les reconnaître d'avance et
s'organiser avant leur arrivée à l'école.
Mme Blouin : Merci. Merci
beaucoup, M....
M. Carmant : Je ne sais pas
si j'ai été clair.
• (12 h 50) •
Mme Blouin : Oui, oui,
absolument, très, très clair. Merci. Et on sait aussi qu'Agir tôt est un peu...
très populaire, en fait, un peu victime de son succès. Il peut y avoir des
délais d'attente pour avoir accès à un premier service d'Agir tôt, mais
récemment vous avez aussi annoncé un montant de 20 millions qui va justement
venir s'attaquer à réduire les délais. Et je sais qu'il y a un lien aussi avec
l'Institut de la pertinence des actes médicaux, qu'on connaît aussi sous
l'acronyme IPAM. Peut-être nous rappeler, dans un premier temps, la raison
d'être de l'IPAM et nous dire aussi comment cette somme-là de 20 millions
qui... va venir aider à réduire les délais d'attente.
M. Carmant : Bien, l'IPAM
vient des surplus qui avaient été accordés dans les... par les anciens
gouvernements, là, aux médecins spécialistes, que notre collègue ministre de la
Santé, quand il était au Trésor, est allé rechercher, pour justement éliminer
des actes qui étaient moins pertinents puis mettre le focus sur les actes qui
sont beaucoup plus pertinents, et, au niveau de la trajectoire des jeunes en...
avec des problèmes de développement, bien, cette intervention précoce là, c'est
vraiment l'acte le plus pertinent. Donc, même si initialement les fonds de
l'IPAM étaient réservés pour des actes médicaux, bien, les pédiatres ont eu
le... tu sais, ont eu l'instinct de nous dire que : Bien, nous, on veut
vraiment améliorer le pronostic de nos jeunes, et on veut investir dans ces
cliniques d'évaluation diagnostique, et on veut investir aussi en amont de ces
cliniques d'évaluation diagnostique là en permettant à plus de professionnels
de la santé de faire les interventions en première ligne et de lever un drapeau
au besoin encore plus rapidement. Donc, on est très contents de cet
investissement de 20 millions de dollars là, qui, je l'espère, va nous
permettre de diminuer de quatre ans à 2,8, à 2,3, à peut-être avant l'âge de
deux ans.
Puis, tu sais... Puis je le sais que
beaucoup de ces équipes... Je les entends, là, qui nous disaient : Bien,
c'est difficile pour nous, professionnels, de savoir que, tu sais, les enfants
attendent pour avoir leurs services, puis ils sentaient une certaine pression.
Mais, encore une fois, je leur dis : Avant, ils passaient inaperçus, puis
c'était à l'âge scolaire, puis souvent il était trop tard pour intervenir.
Donc, déjà, ce qu'on fait, c'est très bien, puis c'est le fun de voir qu'on a
encore le désir de s'améliorer puis d'intervenir encore plus vite.
Mme Blouin : Bien, merci.
Vraiment, je pense que là, on le fait, le bien pour nos enfants, vraiment.
Puis là, je vois que le temps file. Je
vous emmène ailleurs, mais on va rester quand même connectés à nos enfants,
c'est-à-dire qu'on a mis en place, notre gouvernement, le programme Ma famille,
ma communauté, qui est, on le rappelle, une initiative qui va vraiment viser à
renforcir, là, le tissu social, à favoriser aussi l'intégration harmonieuse des
communautés. C'est...
Ce projet-là, c'est vraiment un engagement
de notre gouvernement envers la promotion de l'inclusion, de la diversité puis
de la cohésion sociale. Aussi, on fournit un soutien qui est ciblé, donc le
programme va aussi permettre de créer un environnement qui est accueillant, qui
est propice à l'épanouissement vraiment de tout le monde, et, à travers Ma
famille, ma communauté, on reconnaît l'importance des familles comme piliers de
société, mais on reconnaît aussi le rôle central des communautés dans le
processus d'intégration. Et ce qui est beau avec Ma famille, ma communauté,
c'est que ça repose sur une collaboration étroite entre différents acteurs. Je pense
notamment aux établissements du réseau de la santé, aux organismes
communautaires, aux établissements scolaires aussi, entre autres choses. Et ça
m'a particulièrement marquée, cette approche collaborative là, quand j'ai
annoncé le déploiement de Ma famille, ma communauté en Gaspésie au nom du
ministre. Donc, chez nous, vraiment, c'était superbeau à voir, cette
approche-là, qui permet de maximiser l'efficacité des interventions, mais de
garantir une prise en charge globale des besoins des familles. On va aussi
favoriser le développement d'une culture inclusive et participative au sein de
la société.
Et je sais que vous avez déployé beaucoup
de Ma famille, ma communauté depuis quelques années, c'est difficile de tenir
le compte. Je pense, si je ne me trompe pas, qu'on est rendu peut-être à une
vingtaine. C'est une très belle avancée pour nos familles, alors je pense que
c'est important de le souligner. Et, dans cette lignée-là, l'automne dernier,
M. le ministre, vous avez annoncé le projet pilote Agir ensemble. Donc, on...
Mme Blouin : ...on voit
peut-être une intégration d'un beau concept ici, ça a été annoncé en Estrie,
alors, et en très peu de temps, ça a eu beaucoup de succès. Est-ce que vous
pouvez nous expliquer c'est quoi, ce projet-là? Et peut-être c'est quoi aussi,
son lien avec ma famille, ma communauté?
M. Carmant : Oui, absolument.
Merci beaucoup, députée de Bonaventure, de qui je reconnais l'âme
communautaire. Je sais que vous êtes issue de ce milieu-là puis j'apprécie
beaucoup. Bien, en fait, c'est important ici de faire le lien avec la
protection de la jeunesse quand on parle de Ma famille, ma communauté. Puis ça
aussi, je vais en déployer partout au Québec.
Ce que... Ma famille, ma communauté fait,
c'est de regrouper les intervenants de première ligne, les intervenants de la
protection de la jeunesse et tous les intervenants qui gravitaient autour de
l'enfant et de la famille pour donner une option autre que le placement de
l'enfant quand... quand il y a un bris au niveau du fonctionnement. Donc, c'est
superimportant de... parce que... ce que ça vient, c'est que ça vient diminuer
le nombre de placements à travers le Québec. Et eux, ils appellent ça le
processus d'évaluation en équipe. C'est beaucoup plus facile pour la famille,
parce que c'est... c'est souvent amené par... par un organisme communautaire à
la famille, souvent la Maison des familles qui parle de ça aux parents. Donc,
les parents sont beaucoup plus volontaires. Les parents sont présents. Les parents
peuvent amener n'importe quel membre de leur famille ou de leurs amis à la
table également, qui peuvent contribuer.
Puis ça, ça permet ce processus
d'évaluation en équipe, là, dans plus de 90 %, de garder l'enfant dans son
milieu. Donc, ça... ça évite un placement à la DPJ dans des... on les a souvent
placés dans des endroits où il y a peu de ressources, soit des familles... peu
de familles d'accueil, ou le centre jeunesse est à distance, donc ils sont
déracinés de leur milieu. Puis ça, l'efficacité est vraiment très, très, très
élevée. Donc, on en veut partout, des Ma famille, ma communauté.
Il y en avait une dizaine, là, dans... qui
avait été subventionnée par un projet de la Fondation Chagnon à l'époque, là,
plus le... 15... 15 à 20 qu'on a annoncés, mais on en voudrait dans chaque
RLS, puis il y a 90 RLS au Québec. Heureusement, il y a du momentum, parce
que c'est difficile d'asseoir tout le monde à la table, puis d'avoir un
grand... tu sais, d'organiser tout ça, mais vraiment de plus en plus, on en
voit. Puis de Ma famille, ma communauté Granby, donc les organismes qui
s'assoyaient ensemble, bien... Agir ensemble. Puis je pense que c'est vraiment
beau de voir que ça vient de Granby où on connaît tous l'histoire triste. Et
eux, ce qu'ils font, c'est qu'en amont de la DPJ, ils s'assoient tous ensemble,
une fois ou deux par mois, pour discuter des enfants problématiques.
Parce que, souvent, les services
scolaires, la première ligne qui signale les enfants, bien, ils attendent au
dernier moment, puis là ils appellent la DPJ quand ils sont à bout. En fait, la
majorité des signalements viennent de la police, de la première ligne et du
service... et des services scolaires, une minorité de la population. Et ça,
c'est important de le dire, parce que maintenant qu'ils ont Agir ensemble,
bien, le réflexe, à Granby, c'est de... c'est d'avoir une rencontre Agir
ensemble pour les enfants problématiques. Donc, j'étais là il y a une ou deux
semaines et ils m'ont dit que la première ligne ne signale plus, le centre de
services scolaire... des cas de négligence, là, ne signalent plus de cas de
négligence, qui sont les P3, en général. La... les centres de services
scolaires aussi soumettent les discussions au... à la table Agir ensemble. Donc
là, on est en train d'avoir un impact majeur parce que, comme je vous dis,
33 % des signalements sont des... sont des cas de... de négligence. Ce
sont des... Et c'est... la majorité des cas qui sont retenus sont des P3, et
souvent c'est de la négligence éducative, alimentaire, vestimentaire, scolaire.
Puis le message ici, là, c'est qu'il faut que l'on transforme le Québec d'une
société bienveillante à une société bien traitante. Il faut arrêter de prendre
le téléphone et signaler, puis il faut aider nos jeunes puis nos familles
vulnérables.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, compte tenu de l'heure, la
commission va suspendre ses travaux jusqu'à 14 h. Merci. Et je veux
mentionner qu'il y a eu un dépôt sur le greffier de reddition de
comptes 2022-2023 du Fonds de prévention et de recherche en matière de
cannabis, qui est sur greffier pour la consultation des membres.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Provençal)
:Rebonjour à tous. Nous allons
reprendre nos travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude du volet santé et services sociaux des crédits budgétaires
du portefeuille Santé et Services sociaux pour l'exercice financier 2024-2025.
Nous en sommes maintenant à un bloc d'interventions
de l'opposition officielle. Dans un premier temps, c'est Mme la députée de
Roberval-Baldwin qui va prendre la parole et, par la suite, sa collègue, Mme la
députée D'Arcy-McGee, va prendre le relais. Alors, Mme la députée.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. M. le ministre, j'aimerais parler pour quelques minutes du
déploiement... du déploiement des formations en violence conjugale et,
évidemment, l'aliénation parentale. On en avait discuté l'année passée,
exactement, les crédits, qu'il y avait un retard dans le déploiement des
formations en violence conjugale, que ce n'était pas suffisant, 1 h en ligne.
Vous étiez d'accord avec moi. J'avais mentionné même le nom de Simon Lapierre
comme étant l'expert en domaine en termes de formation. Et j'avais fait... On
en avait discuté, parce que je vous avais... on avait parlé de l'aliénation
parentale, vous aviez dit, à ce moment-là, que ça n'existait pas parce que ce n'était
pas dans la loi. Donc là, je comprends que vous êtes contre l'utilisation de l'aliénation
parentale, de ce concept.
Et évidemment nous connaissons très bien
qu'est-ce qui s'est passé depuis les derniers mois dans les reportages de
Florence Lamoureux et Yasmine Abdelfadel, de QUB, concernant un nombre
important de mères qui ont perdu la garde de leurs enfants suite au fait qu'ils
ont dénoncé la violence conjugale lors des évaluations avec la protection de la
jeunesse. Et on les a, je vais le dire, faussement accusées d'être des mères
aliénantes, ils ont perdu la garde. Et ça fait en sorte que je reviens sur
cette question. Deux choses. Parce que, lors de l'émission, l'entrevue sur QUB,
vous aviez mentionné que vous étiez pour vérifier les données auprès, là, des
établissements concernant ces dossiers d'aliénation parentale. Donc,
premièrement, j'aimerais savoir si ça a été fait.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Oui, l'évaluation a été faite. D'ailleurs, la journaliste Émilie
Dubreuil nous a contactés et la directrice nationale de la protection de la
jeunesse a donné ses chiffres. Juste pour clarifier, moi, ce que je disais, c'est
que ce qu'on voulait éliminer avec la loi, c'est que... dans un contexte de
violence conjugale, qu'on ne puisse pas utiliser l'aliénation parentale pour
retirer l'enfant à la personne victime de violence conjugale, parce qu'on ne
peut pas parler d'aliénation parentale dans ce contexte-là de violence
conjugale. Puis on avait changé la loi pour, justement, s'assurer que, dans ce
contexte de violence conjugale là, cet argument ne soit pas utilisé.
Donc, nous, au cabinet, on a fait une
vérification des jugements et, depuis le changement de la loi, on a vraiment
vu... on n'a pas trouvé de cas où le juge disait : On va retirer l'enfant
puis le placer chez le parent violent dans un contexte de violence conjugale.
Maintenant, je passerais la parole, M. le Président, à la directrice nationale
de la protection de la jeunesse, qui elle était...
Le Président (M. Provençal)
:Allez-y, Mme.
Mme Garceau : ...là, vous me
dites... vous dites que vous avez fait une vérification dans tous les dossiers
où il y a eu des...
14 h (version non révisée)
Mme Garceau : ...des constats
d'aliénation parentale, depuis la dernière année, il y a eu des constats d'aliénation
parentale, et vous en avez fait une révision de tous ces dossiers-là, c'est ça
votre témoignage aujourd'hui.
M. Carmant : On a regardé
au... on a regardé les jugements au plumitif pour voir si le retrait de l'enfant
était lié à de la... dans un... dans les contextes de violence conjugale, à de
l'aliénation parentale, mais ça, c'était... bon, j'avoue que c'est... ça a été
fait par le cabinet, mais on a également demandé à la directrice nationale la
protection de la jeunesse d'aller regarder dans les établissements pour voir ce
qui s'était passé, parce qu'on en trouvait avant le changement législatif puis
on en trouve également beaucoup à la... à la Cour du Québec dans les contextes
familial, là, justice familiale, mais au niveau des centres... au niveau de la
Cour de jeunesse, la Chambre de la jeunesse, au niveau du plumitif, on n'avait
rien trouvé, donc on a demandé à la directrice nationale d'aller plus loin,
puis je la lui laisserais vous expliquer les démarches qu'elle a faites.
Mme Garceau : O.K. s'il vous
plaît.
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce que je passe la parole à votre
collègue ou Mme Lemay? Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : Bonjour.
Je n'ai pas besoin de me représenter à nouveau, hein?
Le Président (M. Provençal)
:Non, ça a été fait.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
tel que l'a dit M. le ministre, on a fait une recension, puis là je tiens à
préciser que ce n'est pas une recension faite avec les données informatiques, c'est
une recension de chacun des dossiers qui ont été retenus en 38, c.1 à travers l'ensemble
des établissements du Québec. Donc, c'est une compilation manuelle, ça a
demandé d'aller ouvrir chacune... chacun des signalements et de voir le contenu
pour avoir un état des lieux puis surtout avoir une première rétroaction sur ce
que nous dit l'application de la loi depuis le changement législatif.
Alors, dans le fond, ce qu'il faut
retenir, puis là je ne donnerai pas toutes les statistiques, mais deux choses
qui, moi, m'ont... me sont apparues importantes à retenir, c'est que dans
94,7 % des cas recensés... pardon, la majorité des enfants, soit
94,7 % des enfants ne vivent pas uniquement avec leur père. Et si je peux
donner un cas de figure d'une région, et ça s'illustre comme ça dans l'ensemble
des régions du Québec, la majorité des enfants où il y a eu un contexte où
les... les enfants ont été confiés à leur père, c'est dans le contexte où c'est
le conjoint de la mère, donc pas le père des enfants, qui exprime encore de la
violence et pour lesquels les DPJ ont choisi d'intervenir.
Donc, l'ordre chose qui est importante à
souligner, c'est que l'aliénation parentale en termes de syndrome tel que c'était
reconnu de façon scientifique il y a 20, 30 ans de ça, n'est plus en
application et ne fait plus école sur le plan scientifique. Ce qu'on peut
retrouver à l'occasion, ce sont des comportements ou des propos aliénants, c'est-à-dire
un parent qui parle en dénigrant l'autre parent qui avec lesquels ils ne sont
plus auprès des enfants, et ça, même M. Lapierre peut témoigner, de même
que les autres chercheurs. On parle beaucoup de M. Lapierre, mais il y a
quelques autres chercheurs qui s'intéressent à la chose.
Et enfin, un dernier point, outre la... la
formation qu'on donne sur un plan général, parce qu'il faut comprendre que les
intervenants en protection de la jeunesse doivent être des généralistes en
premier lieu, puisqu'ils ne savent pas, quand ils arrivent dans une maison,
quel sera le motif de compromission sur lesquels ils auront à intervenir, donc
on a donné une formation générale à tous. Depuis un an, on a un aide-mémoire
qui a été développé pour que les intervenants puissent littéralement avoir un
document qui tient sur une page pour repérer les comportements. Et il y a aussi
un guide de pratique qui est en expérimentation autant auprès des intervenants
jeunesse, qui a été soumis d'ailleurs aux... aux maisons pour... pour femmes
victimes de violence qui ont validé le contenu également. Et ce guide-là pourra
faire l'objet d'une application plus formelle une fois qu'il aura été testé. Et
tout... la formation de base, l'aide-mémoire et le guide de pratique sont tous
alignés sur les contenus scientifiques que nous ont livrés les principaux
chercheurs sur le domaine. Alors, c'est ce que je vous dirais.
• (14 h 10) •
Mme Garceau : Donc, deux
questions. Est-ce que vous allez légiférer? Est-ce que vous allez... est-ce que
vous avez l'intention d'amender la Loi sur la protection de la jeunesse pour
inclure que ça ne sera pas retenu comme motif, toutes ces questions d'aliénation
parentales là, lorsque, parce que c'était très clair, les cas qui avaient
été... dont les mères avaient...
Mme Garceau : ...dénoncé, là,
c'est lorsqu'ils dénoncent qu'ils sont des victimes de violence conjugale à la
protection de la jeunesse, c'est là où on revient avec le constat que, ah,
c'est une mère aliénante, donc...
M. Carmant : Mais les
chiffres nous montrent que ça n'arrive presque plus ou ça n'arrive plus... là,
je ne dirais pas plus, mais ça ne semble plus arriver. Puis, en plus, tu sais,
nous, on s'était fiés sur les jugements et on... je n'étais pas sûr pour ceux
qui utilisent des mesures volontaires, mais les études que la directrice
nationale ont faites, c'était sur tous les dossiers, mesures volontaires ou
jugements, et ce qui est important, c'est que, comme l'exposition à la violence
conjugale en soi est un motif de compromission, nous, le message est clair,
puis toutes les intervenantes le... tu sais, on... la formation le dit, on ne
veut pas laisser les enfants dans des environnements violents. Donc, tu sais,
je pense qu'il n'y a rien à ajouter à la loi. Puis peut-être que ce n'est pas
tous les changements qui se font à 100 % partout, mais je pense qu'on
évolue vraiment vers la bonne direction. Hier, j'étais assise... assis avec
trois regroupements de maisons, et tous les trois ont dit que ça va de...
vraiment de mieux en mieux. Ils veulent continuer à travailler avec nous. Puis,
pour la formation PEVC, ils m'ont dit que tout le monde a levé la main. Donc,
il y en a six de faits, mais, dans les... dans le futur, ils vont tous, tous...
Mme Garceau : Donc, est-ce
que... Je veux juste... Est-ce que toutes les intervenantes du réseau vont
suivre la formation PEVC?
M. Carmant : Bien, je ne peux
pas vous garantir que les... que tous, mais tout le monde va avoir
l'opportunité de le faire. Et, en plus, dans chaque région, avec le kit de
détection, on a formé des formateurs qui eux également supervisent les équipes,
forment les nouveaux intervenants. Donc, ça a une vie, tout ça. Puis, même, on
parlait de mettre une communauté de pratique.
Mme Garceau : Si je pourrais
avoir le document dont la sous-ministre a référé, là, concernant le sommaire de
la situation, au niveau de l'aliénation parentale...
Mme Lemay (Catherine) : Vous
voulez parler de l'aide... de l'aide-mémoire à l'usage des...
Mme Garceau : Non, pas
l'aide-mémoire, mais... dont vous avez parlé, là, pour les statistiques, et
tout ça, que vous avez vérifiées concernant les jugements et les dossiers à la
protection de la jeunesse.
M. Carmant : C'est un
document de travail. Je pense qu'il n'y a pas de... On ne pourrait pas vous le
soumettre, je pense.
Mme Garceau : Bien, on...
C'est parce qu'on avait demandé les données. On n'a pas eu les données. Vous
étiez supposé de nous remettre les données concernant tout cet aspect-là, de
l'aliénation parentale. Donc, vous les avez, les données.
M. Carmant : Bien, on peut...
Ce qu'on peut faire, c'est un résumé, alors. On va... vous fera un résumé.
Mme Garceau : S'il vous
plaît. S'il vous plaît.
M. Carmant : D'accord.
Mme Garceau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Donc, je comprends que vous allez
faire un résumé des... de ces données-là et vous les ferez parvenir à la...
M. Carmant : Parfait, on va
les déposer.
Le Président (M. Provençal)
:...au secrétaire... à la secrétaire
de la commission pour qu'on puisse vous les... les distribuer, excusez-moi, à
l'ensemble des membres.
Mme Garceau : S'il vous
plaît.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va?
Mme Garceau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Est-ce que... Je cède la
parole maintenant à la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, M. le Président.
M. le ministre, au mois de février, l'Assemblée nationale a voté unanimement
pour une motion suite à des articles à propos du Fonds de prévention et de
recherche en matière de cannabis et de la ventilation des dépenses, parce que
là, il y avait des questionnements justement que l'argent qui provenait de ce
fonds-là n'allait pas nécessairement pour les activités en lien avec le
cannabis. Et donc, au mois de février... Je vous lis le dernier alinéa :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement caquiste qu'il rende publique
une reddition de comptes détaillée des mesures, initiatives et projets financés
via le Fonds de prévention et de recherche en matière de cannabis et si... et
ce, d'ici les études de crédits budgétaires 2024-2025.»
On est aux crédits. On n'a rien reçu. Il y
a une feuille, mais on n'a rien reçu. Il y a une feuille dans le cahier des
crédits à propos des sommes en prévention, et on nous indique une reddition de
comptes détaillée des mesures, initiatives et projets financés par le FPRMC
pour 2025. 2023 sera déposé en suivi de la motion adoptée à l'Assemblée le 24
février. On n'a rien.
M. Carmant : Mais il est
déposé, là...
Mme Prass : Où?
M. Carmant : ...puis
apparemment ça a été fait aujourd'hui, là, mais...
Mme Prass : On a vérifié cet
après-midi, il n'y avait rien. Si vous pouvez nous indiquer c'est où.
M. Carmant : On va vous
indiquer. Je suis surpris.
Mme Prass : O.K. Parce que...
C'est ça. Et disons, aujourd'hui, c'est les crédits. Si ça a été déposé
aujourd'hui, on se comprend, ça ne nous donne pas énormément de temps pour
passer à travers. En attendant qu'on le trouve... Parce que, comme vous le
savez peut-être, bien là, il y a des articles qui font en sorte de nous... de
dire que l'argent n'a pas été dépensé... bien, l'argent est dépensé autre que
juste pour le cannabis...
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée, on m'informe qu'on
l'a déposé, ce document-là, ce matin sur le site. Je pourrais demander à Mme la
secrétaire à quel endroit. Oui, on va vous...
Mme Prass : Parfait.
Le Président (M. Provençal)
:...on va vous...
Le Président (M. Provençal)
:...
Mme Prass : Donc, en
attendant, je vous parlerais, par exemple, de l'Association québécoise des
centres d'intervention en dépendance, qui sont, entre autres, responsables pour
faire la prévention dans les écoles. Cette organisation reçoit
15 millions de dollars par année pour une période... à chaque année,
pour une période de cinq ans sans indexation. Même si, par exemple, eux, la
façon dont le... la formule qu'on utilise pour les financer, c'est par tranche
de 1 000 élèves, depuis qu'ils ont commencé leur travail, la
population d'élèves a augmenté de 13 % et eux n'ont jamais reçu
d'augmentation pour pouvoir justement aller dans toutes ces écoles-là. Eux, ils
voudraient... Ils disent qu'avec 20 millions de dollars par année,
ils pourront faire... pas seulement être présents dans toutes les écoles, mais
même faire de la détection auprès des jeunes et ensuite les référer dans le
système public. Est-ce que vous serez prêt à vous engager que, de ce fonds-là,
de plusieurs centaines de millions de dollars, que vous ajoutez
5 millions de dollars par année à cette organisation pour qu'ils
puissent vraiment rejoindre tous les élèves au Québec et ensuite même faire...
pas du dépistage, mais de la détection, puis ensuite les référer au bon
endroit?
M. Carmant : O.K. Bien, je
vais me permettre de dire que c'est quand même moi qui ai parti ce
programme-là, donc j'y tiens beaucoup, là. Puis j'en ai tout de suite parlé au
ministre pour savoir pourquoi c'était... ils ne recevaient pas d'indexation. Le
ministère me dit que les sommes qui sont envoyées dans le réseau sont indexées.
Alors, moi, j'ai demandé à l'AQCID d'aller parler aux différents
établissements. Parce qu'en plus ils m'ont dit qu'il y a certaines régions où
ils reçoivent des sommes indexées puis d'autres qui ne reçoivent pas des sommes
indexées. Donc, il faut vraiment qu'ils aillent parler aux établissements et...
qui sont supposés leur donner l'argent, les sommes qui leur... de façon
indexée. Mais éventuellement, écoutez, c'est sûr que si des besoins sont, on va
l'étudier. Mais, tu sais, je ne veux pas m'engager actuellement parce qu'une
partie des sommes, ils doivent la recevoir des établissements.
Mme Prass : Parce que d'après
eux, ils ont... ils ont été dit qu'il n'y aurait pas d'indexation sur ces cinq
années là. C'est 15 millions, 15 millions, 15 millions,
15 millions. C'est l'engagement que le gouvernement a pris. Donc...
M. Carmant : Non. Il y a
même... Il y a... Ils m'ont... Je leur ai parlé à l'AQCID. Il y a même des
endroits où... des régions où la somme a été indexée. Puis au ministère, la
somme... Bien, je peux parler la... passer la parole au directeur de la santé
publique, là, au ministère, les sommes sont indexées. Tu sais, moi, je contrôle
le ministère. Est-ce qu'on passe la parole, si vous... si vous acceptez?
Mme Prass : Oui, parce que ce
n'est pas ce qu'ils m'ont dit de vive voix. Donc, oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
:Donc, consentement pour permettre
à... Oui?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, si... Ça va être M. Boileau.
M. Boileau, s'il vous plaît, pour répondre à la question de la députée de
D'Arcy-McGee, à savoir est-ce que les sommes ont été indexées.
M. Boileau (Luc) : Oui.
Excusez-moi, est-ce que je dois me présenter puis... Je suis-tu rendu là?
Le Président (M. Provençal)
:Oui, s'il vous plaît.
M. Boileau (Luc) : Oui.
Alors, Luc Boileau, je suis le directeur national de la santé publique,
sous-ministre adjoint à la Santé publique. Alors, ça me fait plaisir.
Les informations que nous avons, c'est
qu'effectivement les sommes sont transférées à partir du fonds cannabis sur
plusieurs objets dans les régions. Et puis il y a à peu près plus de la moitié
de tous les organismes qui en sont bénéficiaires qui ont connu une indexation.
On travaille avec les établissements pour nous assurer que ces indexations-là
soient mises d'une façon plus régulière pour tout le monde, mais c'est au moins
plus que la moitié qui ont reçu l'indexation pour les sommes l'année passée.
Mme Prass : O.K., d'accord. Parce
que, comme vous dites, M. le ministre, vous avez mettre ça... vous avez mis ça
en place, et je suis sûre que vous voulez que le maximum de jeunes soit
rejoint, donc il faut juste s'assurer qu'ils ont les moyens, avec
l'augmentation de la population étudiante, la population des élèves dans les
dernières années.
Aussi, dans un des articles à propos du
fonds, on nous révèle que seulement 5 % a été dédié à la recherche. Moi,
j'ai rencontré des chercheurs de l'Université de Laval il y a quelques
semaines, qui vous ont écrit également, qui ont mis en place un groupe de
30 chercheurs du Québec, Canada et de l'international, pour mettre de
l'avant un projet d'envergure, la première feuille de route mondiale de la
recherche sur le cannabis, un projet qui coûterait 50 millions de
dollars sur 10 ans. Et ils vous ont écrit, je n'ai pas la date exacte,
mais ils vous ont écrit cette année avec leur plan. Également, ils... quand ils
ont fait une approche initiale, on leur a dit : non, il faudrait plutôt
vous tourner vers le Fonds de recherche du Québec. Ils se sont retournés vers
le FRQ qui leur a dit : Bien non, ce n'est pas nous qui allons financer
des projets comme ça. Alors, le nom du fonds en tant que tel est la prévention
et de recherche en matière de cannabis, alors pourquoi est-ce que des projets
comme, ça qui donneraient au Québec... qui feraient du Québec un...
Mme Prass : ...chef de file
dans la recherche sur le cannabis, ne sont pas soutenus de ce fonds-là, quand
il y a seulement 5 % du fonds qui est dédié à la recherche.
• (14 h 20) •
M. Carmant : Bien, on a fait
un choix quand même de privilégier les services cliniques. Puis j'avoue que,
dans le contexte de la crise des dépendances, là, c'est... c'est quand même une
des deux orientations que j'ai données de soutenir le plus possible les
activités cliniques en lien avec la dépendance. Puis on sait que le cannabis,
c'est la porte d'entrée de nos jeunes vers toutes sortes de dépendances et de
toutes sortes de toxicité. Donc, je pense que c'est un choix que j'ai fait...
au niveau du ministère, puis je pense que c'est un choix que notre gouvernement
appuie, parce que, vraiment, avec la légalisation de l'utilisation du cannabis,
on est... tu sais, on est dans une crainte importante, là, d'augmentation des
dépendances à toutes sortes de drogues. Donc, les sommes qui sont dans le fond
du cannabis sont quand même impressionnantes, là. C'était important pour nous
que la vaste majorité serve à... à du... à de l'aide clinique au niveau de la
dépendance.
Mme Prass : Bien,
premièrement, on voit, d'après les chiffres que, justement, vous avez envoyés,
qu'il y a 32 millions de dollars qui n'ont pas été dépensés dans le
fonds. Donc, de ce 32 millions là, est-ce qu'on n'aurait pas pu,
justement, pour une année, financer un projet qui ferait en sorte... Parce que
le projet qu'ils vous proposent, c'est très intéressant, c'est de faire
l'analyse des différentes espèces de cannabis. Parce que pas toutes les plantes
de cannabis... on réagit de la même façon. Donc, eux, c'est vraiment pour aller
en détail, puis ça serait quelque chose, encore une fois, qui mettrait le Québec
de l'avant sur le... sur cette recherche-là. Alors, avec 32 millions qui
sont restés sur la table, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi
5 millions pour une année n'auraient pas été accordés pour faire ce
travail important.
M. Carmant : Bien, pour une
année, j'avoue que... d'habitude, quand les chercheurs nous demandent des
fonds, c'est de façon récurrente, là, d'habitude, c'est sur 3 à 5 ans.
Donc, c'est pour ça qu'on hésite toujours d'engager. Puis il faut comprendre
que la complexité, avec le fonds cannabis, bien que... comme vous dites, il y a
quand même une certaine marge, c'est qu'on n'est jamais sur des revenus de ce
fonds-là. Donc, ça peut être très variable d'une année à l'autre, là, mais...
mais j'avoue que 5 millions, ça... il faudrait que j'en discute avec le
ministère puis la Santé publique, là.
Mme Prass : Puis, je pense,
on peut dire, il y a une certaine stabilité avec les revenus qui va vous
revenir de la SQDC, comme ça l'est pour l'alcool ou quoi que ce soit. Donc, il y
a... quand même une certaine prévisibilité. Il n'y aura pas de grand... il n'y
aurait pas grande différence d'une année à l'autre.
M. Carmant : Mais si vous
envoyez l'information... envoyez l'information, je vais regarder.
Mme Prass : Oui. Également,
parce que, là, on dit par exemple, dans l'article, qu'il y a de l'argent de ce
fonds-là qui est dédié aux sports amateurs, la Société canadienne du cancer, le
Conseil québécois sur le tabac, entre autres. Pouvez-vous expliquer la
justification, la raison pour laquelle l'argent du Fonds de recherche sur le
cannabis irait dans des... pour des organisations, des enjeux, des secteurs qui
ne sont pas liés au cannabis en tant que tel?
M. Carmant : Bien, cancer,
c'est quand même... cancer du poumon, là, qui est quand même une des causes de
mortalité principale, cannabis, la plupart du temps, on le fume. Donc, il y a
des risques. Pour le scolaire, c'est la prévention de l'utilisation des drogues
et puis la prévention des dépendances. Donc, c'est pour ça que la liste est
très, très variée, mais toutes ont... tous ont en lien avec la consommation et
puis les conséquences de la consommation.
Mme Prass : Et, par exemple
pour le cannabis... pour le tabac, excusez-moi, il y a déjà un fonds qui existe
pour le tabac, il y a déjà un fonds qui existe au gouvernement, justement, des
revenus du tabac. Alors, pourquoi, est-ce que ça... c'est nécessaire d'aller
piger également dans le Fonds de prévention et de recherche en matière de
cannabis pour financer des initiatives ou des organisations en lien avec le
tabac?
M. Carmant : Bien, en
général, c'est pour complémenter des initiatives qui ont déjà lieu, pour avoir
des budgets supplémentaires.
Mme Prass : Et est-ce que
c'est de l'argent... Est-ce que tous les investissements que vous faites de ce
fonds-là... est-ce que c'est de l'argent qui vient remplacer des programmes qui
existaient auparavant?
M. Carmant : Non, ça ne
remplace pas des programmes qui existaient auparavant, ça vient... ça vient
compléter des programmes.
Mme Prass : Parce que, je
vous donne un exemple ici, on dit, que... j'imagine ça, c'est 2023-2024, que le
volet... le volet soins curatifs en lien avec l'usage du cannabis, il y a
26 millions qui ont été dédiés. On se comprend que vous avez dit : Le
cannabis est souvent la drogue qui ouvre la porte aux autres, mais il n'y a pas
beaucoup de gens qui ont besoin de soins curatifs pour le cannabis. Alors,
26 millions de dollars, comment est-ce que vous justifiez ça?
M. Carmant : Bien, M. le
Président, ça, c'est un détail que je... Je passerais la parole au directeur de
la santé publique, là...
Le Président (M. Provençal)
:...docteur...
Mme Prass : ...77 millions
qui ont été dédiés à la prévention. On sait que, pour les écoles, c'est 15
millions de dollars par année. C'est un écart de 62 millions de
dollars. On voudrait savoir comment ça a été dépensé.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, docteur...
M. Carmant : O.K. Bien, je ne
gère pas ces fins détails là. Je passerais la parole à la Santé publique.
Le Président (M. Provençal)
:Dr Boileau, est-ce que vous êtes en
mesure de nous fournir la réponse? Allez-y.
M. Boileau (Luc) : Est-ce que
je peux, M. le Président, juste apporter quelques petits éclaircissements
préalables? La première des... qui me semble pertinente ici, c'est d'indiquer
que la consommation de cannabis est en baisse au Québec. Le modèle québécois
est vu comme un modèle très innovant, particulier, sans doute le meilleur,
actuellement, qu'on connaît dans les juridictions nord-américaines, sinon
européennes. Et ça nous a mis à l'avantage d'une croissance modérée, mais qui
est actuellement en baisse au niveau de la consommation de cannabis à travers
la province pour les différents groupes d'âge. Même si les gens avisent qu'ils
consomment... mettons, 14 % des femmes annuellement qui ont consommé ou
21 % des hommes, ça reste la plupart du temps très négligeable comme
consommation. En plus, plus de la moitié le consomme moins d'une fois par mois.
Il reste des gens qui consomment plus, mais la tendance va dans le bon sens.
Un.
Deuxièmement, en ce qui a trait aux
initiatives de recherche, c'est tout à fait engagé que les sommes sont
justement disposées à travers les grands fonds québécois de recherche pour
qu'eux autres puissent mieux manœuvrer sur les différents projets qui peuvent
leur être soumis. Mais c'est quand même 13 millions qui étaient programmés en
2022-2023. C'est 9 % de l'enveloppe. Et donc c'est une masse qui est quand
même considérable. Quand on regarde les autres secteurs de recherche en santé
ou en santé publique ou en santé et services sociaux, c'est une masse
importante d'argent.
Enfin, pour la question sur les... la
distribution des sommes qui ne va pas tous dans des services de prévention,
mais il y en a qui vont pour des services, justement, de dépendance, ce n'est
pas la majorité. La majorité de nos sommes vont vraiment dans l'axe de
prévention, de réduction des méfaits. Et, pour la question des services, d'une
façon générale, là, pour les services touchant les... la prise en charge des
dépendances, d'une façon générale, on y accorde à peu près 25 %, ce qui
n'est pas négligeable, mais qui donne une offre de service qui est, oui, fixée
sur le cannabis au point de départ, mais ce ne sont pas les seules
consommations qui nous préoccupent, et elles sont souvent mixées avec d'autres
consommations plus difficiles. Donc, c'est tout à fait correct pour nous
d'avoir dans la programmation des sommes qui sont distribuées pour les centres
de dépendance et pour les appuis de ce côté.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous allons donner le relais
au député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. M. le ministre, des petites questions volet DPJ, là, je vous
disais tout à l'heure. Je voudrais savoir si on sait actuellement s'il y a des
jeunes, s'il y a des enfants qui sont hébergés dans des gymnases actuellement
au Québec.
M. Carmant : Bien, comme je
vous disais, il y a des gens qui sont hébergés dans des... dans du débordement.
S'ils sont dans des gymnases, je ne suis pas... je ne peux pas être au courant
à 100 %. Mais, quand ils sont hébergés dans... quand ça s'est déjà
produit, on s'est toujours arrangé pour que ça ait une similitude d'un aspect
plutôt chambre que dans un gymnase, là, comme on peut se l'imaginer à première
vue. Est-ce qu'on a plus d'information? Je peux...
Mme Lemay (Catherine) : Ça
s'en vient.
M. Carmant : Je... Parfait.
M. Cliche-Rivard : ...l'information
est recherchée. Si oui, là, je posais la question s'il y en a, j'entends que
probablement, est-ce qu'on sait à peu près combien? Puis est-ce qu'on sait, en
moyenne, le temps de durée en gymnase? Ce serait l'information qu'on
chercherait à avoir, Mme la directrice. Je peux vous laisser faire cette
recherche-là, puis on peut revenir par la suite.
M. Carmant : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:...autre question.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
J'ai une question analogue puis je vais le... la soumettre elle aussi. Est-ce
qu'on sait combien d'enfants sont hébergés dans des pièces sans fenêtre? Ça,
c'est une question qu'on voudrait savoir aussi. Est-ce que la donnée existe? Si
elle existe, on aimerait bien la savoir. Donc, je le... je la pose, celle-là
aussi, M. le Président. Juste m'assurer que ça a été bien compris, là, mais...
Mme la directrice, oui, je vous en envoie beaucoup en même temps, hein? Je
comprends. Parfait.
J'avais aussi une...
Mme Lemay (Catherine) : ...mon
quotidien.
M. Cliche-Rivard : Pardon?
Mme Lemay (Catherine) : C'est
mon quotidien.
• (14 h 30) •
M. Cliche-Rivard : Oui, je
devine, je devine. Je vais m'attarder aussi sur l'encadrement intensif. Donc,
je reste un petit peu dans les mêmes champs. La CDPDJ les décrit comme ça, je
vous donne une citation : «Les unités d'encadrement comme... sont comme
des endroits où les enfants sont gardés dans des conditions restrictives de leur
liberté...
14 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...qui s'apparentent
plutôt à des conditions de détention, incluant des portes de chambre fermées à
clé, une surveillance stricte, l'interdiction de porter des effets personnels,
y compris des sous-vêtements. Ça, c'est la définition que nous en fait la
CDPDJ, et l'âge minimal pour l'unité d'encadrement intensif est de 14 ans,
à moins d'autorisation de la DNPJ. Alors, ma question est la suivante :
est-ce qu'on sait combien d'autorisations ont été données l'année dernière par
la DNPJ pour les enfants de moins de 14 ans?
Des voix : ...
M. Carmant : Je passerais la
parole, M. le Président, si elle a des chiffres.
Le Président (M. Provençal)
:Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
le règlement sur l'encadrement intensif donne la responsabilité au DPJ de
chacune des régions d'autoriser pour héberger un jeune de 14 ans et moins,
et non pas directement à la DNPJ.
M. Cliche-Rivard : Et non pas
vous à vous directement. Est-ce qu'on a les chiffres par DPJ?
Mme Lemay (Catherine) : Les
données sur l'encadrement intensif font l'objet d'une reddition de comptes aux
trois mois au conseil d'administration de chacun des établissements. Et à la
fois la loi mais les politiques qui encadrent l'encadrement intensif dans
chacun des établissements, ça fait l'objet, là, de... d'une reddition de
comptes similaire au conseil d'administration des établissements et non pas à
la DNPJ.
M. Cliche-Rivard : Et est-ce
qu'on peut rendre ces chiffres-là publics?
Mme Lemay (Catherine) : Est-ce
que ces chiffres sont publics? Je ne...
Le Président (M. Provençal)
:...rapport annuel, selon vous?
Mme Lemay (Catherine) : Je
vais m'assurer avant de répondre n'importe quoi.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Donc, dans la mesure où ça ne le serait pas, si ça... Je ne vois pas pourquoi
on ne pourrait pas savoir ça au Québec, là, de combien d'autorisations sont
fournies. Je parle d'un chiffre, là, je ne demande pas le nom de personne, je
ne demande pas à savoir des motifs de promission de confidentialité, mais on
devrait pouvoir savoir. Alors, c'est un... une demande que je formule aussi, M.
le ministre. Parfait.
Et Mme la directrice, est-ce que vous,
vous savez dans... quels critères sont évalués ou quel avis doit être... c'est
quoi, les cadres d'analyse pour accorder, finalement, ou accepter qu'un enfant
de moins de 14 ans soit mis en encadrement intensif?
Le Président (M. Provençal)
:Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
le recours à l'encadrement intensif fait l'objet d'une complétion d'une grille
validée de façon scientifique par les chercheurs qui se sont intéressés à la
question. Et, pour les enfants de 14 ans et moins, c'est une grille
similaire qui est utilisée à... au... à ceux de 14 ans et plus, sauf qu'il
doit... la grille doit être accompagnée de motifs justifiant la demande. Et c'est
le ou la DPJ elle-même qui doit prendre la décision et justifier par écrit les
motifs pour lesquels elle accorde ce recours, de même que les modalités qui s'y
rattachent.
M. Cliche-Rivard : ...par la
suite, un avis est transféré à la CDPDJ, à savoir quand, qui, comment?
Mme Lemay (Catherine) : L'avis
transféré à la CDPDJ, c'est pour tous les enfants qui ont recours, c'est...
comme reddition de comptes, au conseil d'administration et à la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse. Cette reddition de comptes
se fait de façon bilatérale.
M. Cliche-Rivard : Je vous
pose la question, parce que, bon, la loi a été modifiée, là vous avez parlé
puis vous m'avez corrigé sur ce n'est pas la DNPJ mais bien les DPJ qui font
cette veille-là ou cette validation-là. Et il y a un dépliant qui a été conçu à
l'intention des jeunes en centre jeunesse, qui dit : «Ton hébergement dans
une unité d'encadrement intensif ne peut être utilisé pour te punir ou t'isoler,
tout en précisant que la mesure doit être employée uniquement parce que tu as
des comportements ou que tu poses des gestes graves qui nuisent à ta sécurité
ou celle des autres.» Donc, c'est comme ça que c'est prévu. Par contre, puis là
je vous remets dans un contexte plus récent, ce n'est pas tout à fait ça qu'on
a lu et qu'on a entendu dans le centre Cartier. Et j'ai entendu, on a lu, puis
on a vu plusieurs témoignages sur des enfants de neuf ans où on semblait de
loin dépasser le cadre qui est prévu, puis des exemples que je vous ai donnés
là. Et je me demandais si vous, M. le ministre, vous aviez un commentaire à
faire entre ce qui est prévu dans la loi et dans les directives et ce qu'on a
lu de manière publique dans les journaux.
M. Carmant : Bien, c'est ça.
Moi, ce que j'ai lu, puis, tu sais, ça fait quand même quelques semaines, là,
mais ce que j'ai lu au niveau de Cartier, c'était de l'isolement avec une porte
ouverte et un surveillant qui était à l'entrée de la... de la... de la place.
M. Cliche-Rivard : Ce n'est
ça qu'on a lu à Cartier, là.
M. Carmant : C'est... Ce n'est
pas ce que... ce que vous décrivez, là.
M. Cliche-Rivard : À Cartier,
on a entendu des encadrements intensifs, on les a lus, avec la porte fermée,
avec pas de matelas, avec pas de chaise. On l'a lu, ça, très clairement, pour
des enfants de moins de 14 ans, et non pas... Si ce n'était que la porte
ouverte, j'entendrais, là. Mais ce qu'on a vécu puis ce qu'on a entendu, c'est
des choses beaucoup plus graves que ça.
Une voix : ...
M. Carmant : Bien, M. le
Président, je n'ai pas cette notion-là.
Le Président (M. Provençal)
:Mme Lemay.
M. Carmant : Donc, je
passerais la parole à la directrice.
M. Cliche-Rivard : Avec
plaisir.
Le Président (M. Provençal)
:Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : ...sur
l'implication de l'encadrement intensif et le... les politiques sur les mesures
de contrôle que sont l'isolement, la contention, c'est deux choses différentes.
Et là, je...
Mme Lemay (Catherine) : ...je
n'entrerai pas dans le détail des... des situations, mais je vais vous
expliquer, de façon générale, comment les choses sont appliquées. Alors, le
règlement sur l'encadrement intensif, l'encadrement intensif, ça se fait dans
un lieu qui est désigné dans l'établissement, ce n'est pas n'importe quelle
unité qui peut faire ça, c'est des unités désignées, dites encadrement intensif
à l'intérieur duquel des éléments de nature statique, donc les portes,
l'environnement sont plus sécurisés que dans un milieu dit ouvert où les
enfants peuvent circuler librement. La mesure de contrôle, c'est une mesure de
sécurité qui s'applique sur... de façon exceptionnelle, le plus court temps
possible et qui fait l'objet d'une... d'un suivi de mesures particulières dans
le dossier du jeune. Une...
M. Cliche-Rivard : La
violation de privation de libertés, elle est la même. Puis les salles dont on a
entendu parler, fermées à double tour, pas de chaise, pas de porte... Je veux
dire, je comprends qu'on peut jouer avec la terminologie...
Mme Lemay (Catherine) : Non,
je ne veux pas jouer avec... loin de là. Parce qu'une unité, c'est une unité
qui comporte des infrastructures, une chambre, la chambre du jeune, aménagée,
aménagée de façon sécuritaire, qui a une cuisine, qui a un salon, qui a des
aires de vie commune, ça, c'est un milieu d'encadrement intensif. Les... le...
l'environnement, le local où se fait de l'isolement, c'est un lieu qui est
aussi sécurisé, mais qui n'est pas une unité de vie, là, qui est une petite
pièce qui est... qui est sécuritaire, c'est-à-dire qu'un enfant ne peut pas se
blesser s'il arrache des morceaux à l'intérieur de la...
M. Cliche-Rivard : Et ça, il
n'y a pas d'autorisation à aller chercher du DPJ?
Mme Lemay (Catherine) : Pas
du DPJ, mais le... le recours à l'isolement fait l'objet d'une politique et
d'un règlement, et les niveaux d'autorisation, c'est balisé clairement, et
l'ensemble des établissements doivent s'y conformer.
M. Cliche-Rivard : Donc, le
DPJ ne sait pas si les jeunes de moins de 14 ans, dans un centre duquel il
a le contrôle ou en tout cas l'autorité, est détenu en isolement. Là, on va
s'obstiner sur la terminologie de détention, mais, disons en isolement ou pas,
le centre... le DPJ ne le sait pas.
Mme Lemay (Catherine) : Il ne
le sait pas. Ce n'est pas lui qui donne l'autorisation la journée même pour
l'application.
M. Cliche-Rivard : Puis,
avec, dans le contexte, ou ce qu'on vient de... de lire et d'entendre et des
révélations récentes sur Cartier et autres, est-ce que ça fait partie des
réflexions que de vérifier ou de s'assurer un peu comme on le fait dans un
encadrement intensif? Parce que finalement les limitations de libertés
individuelles sont quand même similaires? Est-ce qu'on peut avoir une réflexion
à l'effet que peut-être qu'il faudrait qu'il y ait une validation du DPJ avant
d'autoriser un... un isolement?
Mme Lemay (Catherine) : En
fait ce qui sera fait dans la prochaine année puis dans le cadre de ce que le
ministre a parlé un peu plus tôt, c'est deux choses, c'est d'abord un audit sur
les infrastructures techniques, donc les bâtiments, et il y aura un audit
également de fait sur les dispositions cliniques, donc l'ensemble de
l'application des différents règlements, protocoles, et ça, cette portion là,
c'est moi comme DNPJ qui va m'assurer de... de ça. Donc, un audit auprès des
établissements et un suivi physique, ma présence là-dessus.
M. Cliche-Rivard : Et ça,
c'est important. C'est important parce que là, j'entends qu'il y a deux régimes
qui sont différents, là, vous avez bien fait de le préciser, mais qui, dans les
faits, pour le jeune, dans sa limitation de liberté au moment même, je soumets,
n'est pas tout à fait différent, mais il y en a un qui requiert l'autorisation
quand même à haut niveau, surtout pour un enfant de moins de 14 ans, puis
qu'on a émis des balises assez claires. Pour l'autre, j'entends que l'audit
sera fait puis les vérifications cliniques seront faites. Moi, je vous soumets
que, quand il y a des privations de liberté pour des jeunes de moins de
14 ans, ça devrait quand même devoir monter jusqu'au... jusqu'au PDJ,
c'est ce que je vous soumets. Évidemment, ce n'est pas mon expertise, mais je
pense que vous ferez les... les travaux nécessaires, j'en suis convaincu.
N'empêche que, Québécois, Québécoises, les parents ont quand même été secoués
par ce qu'ils ont lu ou ce qu'ils ont entendu au début janvier. Vous aussi M.
le ministre, je le sais, là. Personne n'était heureux de lire ce qu'on a lu.
Donc, je pense que c'est bien d'entendre que l'audit est fait puis qu'une
réflexion sera faite complètement sur les procédures puis les méthodes, parce
qu'on ne voudrait pas retomber sur une autre histoire du genre, je pense que
vous non plus, là, j'en suis convaincu. Est-ce que vous avez eu le temps
d'obtenir les informations précédentes? Où là je vous questionnais en même
temps, là, je sais que... Sinon, je vais avancer sur...
Mme Lemay (Catherine) : Je
m'excuse, j'étais attentive à ce que vous disiez, alors...
Le Président (M. Provençal)
:Mme Lemay va me faire signe
aussitôt qu'elle va avoir...
M. Cliche-Rivard : Excellent.
Elle nous fait signe, je pense. Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Vous les avez? Alors, allez-y.
• (14 h 40) •
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
je... je me souvenais, mais je ne voulais pas me fier à ma seule mémoire. Alors,
actuellement, le seul lieu physique qui est utilisé dans... parce qu'on
répertorie les lieux non conventionnels pour... pour accueillir les jeunes en
surpopulation, c'est en Abitibi, ils ont fait des... des divisions temporaires
pour les chambres où est ce que les jeunes ne vont que pour coucher et ils ont
des aires communes...
Mme Lemay (Catherine) : ...devis
salon cuisine, salon de loisirs et fréquentation scolaire à l'extérieur de
ce... de ces lieux-là où ils vont coucher, mais ils ont chacun leur espace
indépendant.
M. Cliche-Rivard : Puis ça,
juste pour être sûr, c'est pour la réponse au gymnase, c'est ça?
Mme Lemay (Catherine) : Réponse
au gymnase...
M. Cliche-Rivard : ...lieux
conventionnés. Je comprends.
Mme Lemay (Catherine) : ...aux
lieux qui s'apparentent à un gymnase. Je ne suis pas sûre, exactement, que
c'est un gymnase...
M. Cliche-Rivard : Puis on
parle de combien de jeunes?
Mme Lemay (Catherine) : ...mais
c'est une grande salle commune. Et, à l'intérieur de ce local-là, les lieux où
dorment les enfants, il n'y a pas de fenêtre.
M. Cliche-Rivard : Pardon?
Mme Lemay (Catherine) : J'ai
dit : À... Je réponds à vos deux questions. Pas de fenêtre et lieu non
conventionnel qui s'apparente à un gymnase. Donc, à l'intérieur de ces lieux
physiques là, il n'y a pas de fenêtre.
M. Cliche-Rivard : Je
comprends. Puis on parle de combien de jeunes dans ce complexe d'Abitibi?
Mme Lemay (Catherine) : Je
n'ai pas la réponse précise.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Je vous la soumets. Puis là vous disiez : Là, évidemment, dans ce lieu-là,
il n'y a pas de fenêtre, mais il y a d'autres lieux outre que ceux non
conventionnels qui n'ont pas de fenêtres, j'imagine. Il y a plusieurs chambres
qui n'ont pas de fenêtre, ou...
Mme Lemay (Catherine) : À ma
connaissance, c'est le seul lieu...
M. Cliche-Rivard : C'est le
seul.
Mme Lemay (Catherine) : ...non
conventionnel qui n'est pas une unité régulière qui n'a pas de fenêtre.
M. Cliche-Rivard : Mais dans
les lieux conventionnels... peut y avoir des chambres qui ne sont pas normées
ou qui ne répondent pas aux normes...
Mme Lemay (Catherine) : À ma
connaissance, il n'y a pas de chambres de jeunes qui n'ont pas de fenêtres.
M. Cliche-Rivard : O.K.. Dans
l'ensemble...
Mme Lemay (Catherine) : À ma
connaissance...
M. Cliche-Rivard : Oui, dans
l'ensemble du réseau.
Mme Lemay (Catherine) : ...dans
l'ensemble du parc d'hébergement jeunesse.
M. Cliche-Rivard : Parfait.
Parfait. Bien, si ça vient à notre information que oui, on les communiquera à
vous puis à l'équipe du ministre pour que les vérifications nécessaires soient
faites. Ça, c'est un engagement que nous-mêmes, on se prend.
Agir tôt, M. le ministre. En fait, dans
Agir tôt, on en a parlé tantôt, mais moi, je veux vous amener sur un des
volets, vous parliez de l'accès à un milieu de garde comme un point essentiel
ou important dans les 10 facteurs de protection de l'enfant. Je cite, là,
ça dit : «Les enfants profitent avantageusement de la fréquentation
assidue d'un milieu de garde de qualité, à tout le moins sur le plan cognitif
et langagier, et cette fréquentation exerce un effet protecteur à l'égard de la
maturité scolaire et de la réussite éducative ultérieure.» J'en suis. Le
Québec, vous le savez, offre une diversité de milieux de garde, milieux
familiaux, milieux privés, CPE. La littérature abonde évidemment sur le sujet,
mais j'aimerais savoir, vous, en votre qualité d'expert de la petite enfance,
ministre des Services sociaux, pour vous, c'est quoi, le meilleur type de
milieu de garde qui a le plus de potentiel d'offrir un service éducatif de
qualité supérieure à un enfant?
M. Carmant : Quand on compare
privé, versus un CPE?
M. Cliche-Rivard : CPE,
milieu familial.
M. Carmant : Bien, c'est sûr
que le modèle qu'on privilégie, c'est modèle des CPE, mais ce qui est important
de dire, c'est que nous, avec Agir tôt, on appartient à un modèle dans... où
les intervenantes vont dans les milieux de garde, quels qu'ils soient. Et ça,
ça permet de combler grandement les milieux où ils sont peut-être moins bien
encadrés. Et même, il y a un projet pilote dans cinq régions où les
intervenantes Agit tôt vont faire de la... du repérage. Donc, elles vont aider
les intervenantes en services de garde où... Et, si jamais il y a un enfant qui
les inquiète, avant qu'il se rende à la période de 18 mois, bien,
l'intervenante Agir tôt peut intervenir dès ce moment-là.
M. Cliche-Rivard : Ça reste
donc dans votre priorité, puis dans votre décision de maintenir la complétion
de réseau, puis de maintenir le modèle CPE comme le modèle clé, le modèle phare
du développement des jeunes.
M. Carmant : Moi, je
m'arrange pour que les intervenantes Agir tôt se rendent dans nos services de
garde.
M. Cliche-Rivard : O.K., mais
vous avez quand même dit que c'était le meilleur modèle. Alors, je pense qu'on
peut ensemble viser pour le meilleur modèle pour nos jeunes.
M. Carmant : Je pense que
tous les Québécois aiment le modèle CPE.
M. Cliche-Rivard : Il y a par
contre 30 000 enfants
qui attendent une place en service éducatif. Est-ce que ça, ça vous inquiète,
les 30 000 qui n'ont pas,
eux, accès à un des facteurs de protection de l'enfant?
M. Carmant : Mais écoutez, ça
dépend. Tout dépend du milieu familial. Il y a... il y a beaucoup d'autres
facteurs de protection, on le sait bien, là.
M. Cliche-Rivard : Mais on
devine que, parmi ces 30 000 là, malheureusement, par la statistique, il y en
aura qui auraient dû ou pu bénéficier d'un meilleur encadrement, CPE, le cas
échéant.
M. Carmant : Puis on
s'assure, bien sûr, avec les places protocoles, que cela soit... soit priorisé.
M. Cliche-Rivard : Donc, vous
n'êtes pas inquiets qu'il y en ait 30 000
qui n'aient pas de place?
M. Carmant : Je ne dirais pas
ça, mais je dis qu'on fait tout pour s'assurer que les bons enfants se trouvent
au bon endroit.
M. Cliche-Rivard : O.K. Moi,
ça m'inquiète. Moi, je suis capable de le dire. Je souhaiterais une complétion
de réseau. Je pense que vous aussi, vous souhaitez une complétion de réseau.
Votre gouvernement le souhaite aussi. Alors, évidemment, on va continuer de
mettre une pression en ce sens de notre côté.
On reste sur Agir tôt. Il y a des enjeux,
évidemment. Je pense que le programme est fantastique, mais là, entre le moment
où on dépiste, où on fait une référence, là, ça a été beaucoup discuté, puis du
moment où on reçoit une évaluation, puis finalement qu'on reçoit les services,
il y a quand même un parcours qui n'est pas tout à fait linéaire, là, qui n'est
pas tout à fait direct. J'ai en tête l'Observatoire des tout petits qui nous
dit que 21 % des enfants souffrant d'un retard ne reçoivent pas de suivi
dans les délais prescrits. Est-ce que vous pouvez nous faire un point sur ça?
Je vous laisse quand même la question ouverte, mais j'ai confiance que vous
souhaitez que ces gens-là, ces...
M. Cliche-Rivard : ...enfants-là
aient tout le service, mais reste qu'il y a un entonnoir, là, il y a un... il y
a un bouchon qui se cause à quelque part, puis de les dépister, c'est bien,
mais... puis je sais que vous travaillez sur l'étape un, qui est la stimulation
de l'enfant, l'étape deux, qui est le groupe, mais au final, le parent cherche
à voir l'orthophoniste et cherche à voir l'ergo, cherche à savoir finalement,
mon enfant, comment... comment on va avancer. Puis, avec respect, les conseils
pour stimuler l'enfant sont importants, là, mais ce n'est pas souvent ça qu'on
attend comme parent nécessairement. Alors, j'aimerais ça vous donner
l'opportunité de répondre à cette réflexion-là.
M. Carmant : Oui, absolument.
Puis, tu sais, il faut comprendre que ces critères-là sont là depuis longtemps
et ils sont là à l'époque où les enfants étaient référés souvent à l'entrée à
l'école. Ça fait que c'est sûr qu'il y avait une extrême urgence d'agir, pour
ne pas dire qu'on était un peu trop tard. Puis sincèrement, c'est pour ça que moi,
j'ai... j'ai quitté le réseau, pour venir l'implanter Agir tôt aussi au niveau
du gouvernement. Maintenant, ce qu'il faut savoir, c'est que, comme j'avais
expliqué tantôt à la députée de Bonaventure, le premier mouvement qu'on a fait
avec Agir tôt, c'était vraiment de juste ajouter des intervenantes. On avait
ajouté 400 la première année, 400 l'année suivante. C'est bon?
Une voix : ...
M. Carmant : Oui. Puis ça, ça
n'a pas tellement diminué l'âge de référence. On était encore vers quatre ans,
puis quand les... quand les parents sont inquiets puis que le médecin est
inquiet, etc. C'est pour ça qu'on a mis le repérage universel à 18 mois, à
la vaccination.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
M. Carmant : Puis le... Puis
ça, je l'assume complètement, le... l'effet secondaire de ça, ça a été une
explosion des demandes, explosion des demandes. Puis je comprends les
intervenantes, là, de... puis les parents de dire, tu sais, attendre un an, un
an et demi, c'est... c'est... c'est très long, mais on est en train de
s'améliorer. Comme je disais, l'an dernier, on était à deux ans, huit mois pour
la première intervention, puis cette année, je suis très fier de dire qu'on est
à deux ans, trois mois, puis on va continuer à s'améliorer. Puis le... J'ai le
nombre d'interventions ici, là, de repérages qui ont été faits, et ça n'a pas
augmenté entre les deux années... bien, même... même, je dirais même un peu...
non, un peu augmenté.
M. Cliche-Rivard : Les
dépistages?
M. Carmant : 47 852 en
2022-2023, 48 547 en 2023-2024.
M. Cliche-Rivard : Puis je
l'entends et puis je trouve que c'est... c'est essentiel, mais il faut qu'on
œuvre. Puis je comprends que vous y continuez d'y oeuvrer, mais il faut
qu'on... il faut que le service soit là, en bout de piste. Parce que de
dépister puis de finalement attendre pour recevoir un service, on n'est pas
gagnant-gagnant.
M. Carmant : Mais il faut
quand même m'aider à passer le message que les éducateurs, là, ça joue un rôle
important. Puis c'est sûr que tout le monde voit l'orthophoniste,
l'ergothérapeute, etc. Mais le premier travail, c'est important. Puis le
travail de l'infirmière à la vaccination aussi. Quand on est une bonne
infirmière à la vaccination, Agir tôt, qui va rassurer la famille, donner des
conseils à la famille, ça change vraiment tout, là.
M. Cliche-Rivard : J'entends
ce que vous dites. Je veux dire, je suis père d'un jeune garçon, là, j'ai passé
par ce 18 mois là, cette évaluation-là, puis, je veux dire, l'infirmière,
elle a le temps qu'elle a aussi, là, avec égard, tu sais. Puis elle fait
l'abécédaire, elle fait ce qu'elle a à faire, mais après, elle te donne une
référence ou elle ne t'en donne pas. Puis, je veux dire, ça s'arrête
manifestement un petit peu là. Bien sûr qu'il y a des conseils, mais ce n'est
pas six minutes nécessairement dans le bureau de l'infirmière ou
10 minutes qui... bien, ou quelque chose de très rapide.
M. Carmant : ...
M. Cliche-Rivard : Non, mais
une heure, c'est le rendez-vous au complet, M. le ministre. On fait beaucoup de
choses dans le rendez-vous d'une heure, ne serait-ce que de tenir l'enfant pour
le peser, c'est... c'est déjà... c'est déjà une partie...
M. Carmant : Ça ne compte pas
dans l'heure, ça.
M. Cliche-Rivard : Ça ne
prend pas 1 h, mais je veux dire que selon la vivacité et le... de
certains enfants, ça peut prendre un brin. Ça fait que, bref, je vous dis ça
dans le sens où pour le parent, là, avec égard, de lui dire : oui mais l'infirmière
vous donne... oui, on... je ne suis pas contre le fait de dire que c'est
l'étape un, mais ce que les parents cherchent, puis je pense que vous le savez,
c'est... c'est la référence puis d'être capables d'avoir le service.
M. Carmant : ...terminer, tu
sais, il y a encore un enjeu de garder nos professionnels partout. Parce que
les postes d'Agir tôt sont vraiment très, très populaires. Quand on en ouvre,
ça se comble.
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
ça vous poser une question sur l'itinérance. On n'a pas eu beaucoup de temps,
mais je fais ce que je fais avec le temps que j'ai. En septembre 2023, vous
aviez promis un nouveau décompte de l'itinérance au Québec et que ce serait
fait en 2024. On connaît les chiffres d'octobre 2023. Est-ce que le projet de
décompte avance pour 2024, là? J'aimerais ça vous entendre sur est-ce que c'est
toujours dans les plans, est-ce qu'on va avoir les chiffres au courant de
l'année, l'année prochaine. Où est-ce qu'on est sur ce projet-là, de votre
part?
• (14 h 50) •
M. Carmant : ...une
énumération, là, en avril 2024, qui va permettre de... d'avoir le nombre
d'itinérants dans les différents sites. Le... Deux différences avec le
dénombrement, là, où c'était juste trop intense avec les organismes puis avec
le ministère, pour... de faire, puis il faut le savoir, là, puis...
transparent, là, c'est qu'il n'y aura pas les questionnaires ni notre décompte
à ciel ouvert non plus. Mais, encore une fois, il faut savoir que le nombre
de... d'itinérants à ciel ouvert était de 800 en 2018, plus de 1 300 en
2022. Ce n'est pas négligeable, mais c'est une minorité des 10 000...
M. Carmant : ...donc... Puis
on me dit que les actuaires vont pouvoir faire une...
M. Cliche-Rivard : Une
proportion.
M. Carmant : Une proportion,
oui.
M. Cliche-Rivard : En vertu
de ce que les organismes, qui, eux, connaissent les gens en situation des
séances, vont pouvoir vous modéliser, là, on va pouvoir savoir l'augmentation,
on devine, là, on le voit à tous les jours. Je veux dire...
M. Carmant : Puis le
dénombrement 2025, ça, on garde aussi le...
M. Cliche-Rivard : Le
dénombrement 2025... O.K., il n'y aura pas de dénombrement en 2024, on le
pousse à 2025, mais on va faire une modélisation en 2024. C'est ce que je
comprends.
Dernière question, décriminalisation,
possession simple, j'aimerais ça vous entendre sur la question. Vous avez dit
en septembre que vous n'étiez pas tout à fait rendus là, mais que l'évolution
de la situation, notamment au niveau de, bon, la réduction des méfaits, la
crise des opioïdes, et tout ça faisait en sorte que, vous-même, vous étiez, je
pense, en évolution ou en réflexion de penser. Est-ce qu'on est à la même
place, de votre côté, ou s'il y a une ouverture?
M. Carmant : Oui. Bien, ce
que je vois en Colombie-Britannique, là, ça ne me porte pas à changer d'idée.
La situation se détériore là-bas puis encore plus vite que chez nous, là. Donc,
tu sais, je ne vois vraiment pas le... rien qui nous pousse à aller vers...
plus en faveur de ça dans le cas de la déjudiciarisation. Puis, pour le moment,
on ne bougera pas.
M. Cliche-Rivard : Donc, le
modèle... Oui.
Une voix : Trois jeunes.
M. Cliche-Rivard : Trois
jeunes? O.K., parfait. Trois jeunes dans l'unité de gymnase. Parfait. Non, mais
c'est important, c'est bien.
Le Président (M. Provençal)
:20 secondes.
M. Cliche-Rivard : 20 secondes?
On vient d'avoir des statistiques comme quoi 37 % des gens qui étaient
classés finissaient avec un DES, un diplôme d'études secondaires, versus
86 % pour la population générale. J'imagine que vous avez un commentaire,
M. le ministre.
M. Carmant : Phase II,
on y travaille.
M. Cliche-Rivard : Phase II.
Bon. Merci, M. le Président.
M. Carmant : On veut
améliorer ça.
M. Cliche-Rivard : Il faut
l'améliorer. On le doit à nos jeunes.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. Alors,
je reviens avec Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. M. le ministre, mardi, nous avons, encore une fois, voté de façon
unanime pour une motion qui demandait au gouvernement du Québec de mettre en
place toute mesure additionnelle susceptible de protéger la population contre
le fléau des opioïdes. Comme vous le savez, les surdoses, les morts, les décès
dans les dernières années ont énormément augmenté et il y a quand même certains
moyens qui peuvent être mis de l'avant pour offrir une certaine protection, si
vous voulez. Alors, d'après l'INSPQ, qui reconnaît qu'il y a une
sous-représentation de la population itinérante parmi les individus qui font
des surdoses involontaires, on remarque qu'il faut considérer que, parmi ces
personnes, peu possèdent une trousse de Naloxone, ce qui les rend
nécessairement plus vulnérables à un décès sur les surdoses.
Également, on vous a posé la question dans
le cahier des crédits à propos des machines d'analyse de drogues pour prévenir
les surdoses quand on était en consultation ensemble pour le projet de loi n° 37. Justement, ça a été une mention. Et alors là, dans
le cahier des crédits, on nous dit que le ministère des Services sociaux ne
détient pas d'informations sur le montant alloué spécifiquement à l'achat de
spectromètres et qu'en mars 2024 il y en avait 11 qui étaient disponibles dans
les services de vérification de drogues du Québec.
Premièrement, je trouve ça un petit peu
gênant qu'on n'ait pas le chiffre en tant que tel, et ça a été juste 11 qui ont
été... qui sont disponibles au Québec. Est-ce que vous seriez prêt... Puis on
nous a dit, lors des consultations, que c'est à peu près 15 000 $ par
machine. Et on se comprend, avec le nombre de décès qu'on voit, bien,
15 000 $... une vie vaut beaucoup plus que 15 000 $. Alors,
est-ce que vous seriez prêts à vous engagez, que les spectromètres soient
disponibles de façon plus large au Québec, dans les centres d'injection ou
autres organismes qui...
M. Carmant : Mais ce qu'il
faut comprendre, c'est que les spectromètres sont en général idéalement même
dans des unités mobiles, donc elles couvrent quand même beaucoup plus que juste
un site d'injection. Puis on a donné un rehaussement financier significatif
cette année, là, je pense, 6,5 millions récurrents qui a été distribué à
travers le Québec pour justement rehausser l'équipement puis les... Et l'argent
est allé vraiment aux organismes communautaires. Donc, tu sais, dans les
modèles où on leur laisse faire leur choix de priorités, moi, je ne veux pas
m'engager à dire que chacun doit s'acheter un spectromètre puis de développer
la technique. Mais d'un autre côté, par exemple, pour Sherbrooke, où l'argent
n'avez pas été dépensé, je leur ai fortement suggéré d'aller dans ce sens-là.
Puis, évidemment, ça prend 15 000 $, mais ça prend également tout
l'équipement, tous les réactifs. Et je pense que la meilleure façon de
l'installer, c'est dans des minivans, comme c'est à Gatineau, comme c'est à
Québec, comme ça à Montréal...
M. Carmant : ...donc, ça, oui,
on va les encourager, mais je ne peux pas, tu sais, m'engager à 100 %, là,
parce que c'est vraiment à travers les organismes communautaires qu'on fait ces
acquisitions-là.
Mme Prass : Mais ne
pensez-vous pas que ça serait nécessaire, justement, quand il y a un site
d'injection, que vous insistez, justement, qu'il y en ait? Parce qu'il n'y a
pas... on voit qu'il n'y a pas beaucoup de façons pour éviter, disons, ces
surdoses, et c'est une façon concrète de le faire. Et les organismes, encore
une fois, lors des consultations, nous dit qu'ils en veulent plus parce que ça
fait toute la différence. Donc, est-ce que ça ne devrait pas être une
complicité que, quand il y a un site d'injection, bien, il faut également qu'il
y ait un spectromètre, par exemple?
M. Carmant : Oui, oui, c'est
sûr que ça... il aurait son utilité. Mais, tu sais, le... ce qu'on essaie de
faire, c'est... surtout, c'est ceux qui s'injectent sans personne autour d'eux,
là, qui ont besoin vraiment de tester leurs drogues. Puis, tu sais, on sait que
la plupart des gens qui décèdent d'une surdose décèdent à domicile.
Puis d'ailleurs, hier, j'ai rencontré
l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires. On a fait une campagne
télévision, là, sur le... la naloxone, mais on va encore aller dans les
pharmacies pour que tout le monde soit sensibilisé à l'utilisation de la
naloxone. Puis, même de façon préventive, là, je pense que tout parent qui a un
adolescent, là, devrait s'équiper, là, de naloxone puis savoir qu'est-ce que c'est
puis savoir que, si son petit ne se réveille pas le matin, là, bien, tu sais,
il faut... il faut vraiment qu'au Québec puis dans... à travers le Canada, en
Amérique du Nord, tout le monde sache qu'est-ce que c'est, la naloxone, puis
qu'est-ce que c'est, les surdoses.
Mme Prass : Et, dans ce même
sens là, est-ce que vous ne pensez pas que ça serait une priorité justement que
les centres d'injection supervisée soient ouverts 24/7, comme ils le demandent?
Parce que justement ça ferait en sorte que les gens ne se retrouveraient pas
seuls. Et ça a un effet également sur toute la question de «pas dans ma cour».
Les personnes sont... ont quelque part 24 h par 7, 365 jours l'année pour aller
à l'intérieur, pour les protéger à un certain point, si vous voulez.
M. Carmant : Sincèrement, là,
quand on a fait le... l'annonce à Montréal, moi, ma priorité, ça aurait été que
le site avec l'unité mobile, là... je pense, c'est le cas de Dopamine...
c'est...
Une voix : ...
M. Carmant : Anonyme, c'est
ça. Dopamine... Ça joue sur la dopamine. Anonyme, ce soit elle qui ait la
majorité des sommes pour rester en circulation 24/7. Les organismes, encore une
fois... après discussion avec nous, on a préféré aider un peu tout le monde. Je
pense, c'était un choix qui était également logique parce que tout le monde
avait besoin d'aide. Mais je ne peux pas dire : Je suis en désaccord avec
vous, là, que, tu sais, une présence 24/7, c'est important, parce que les gens
consomment en sortant des clubs, les gens consomment à n'importe quel moment du
jour et de la nuit, là.
Mme Prass : Et, juste pour
renchérir sur ce que vous venez de dire, la directrice de l'organisme Spectre
de rue, spécifiquement parlant de l'autobus Anonyme, dit qu'il ne peut pas être
partout non plus en même temps. Donc, ce n'est pas une solution, si vous
voulez.
Là, on va se pencher plutôt sur la santé
mentale. Comme vous le savez, dans les dernières années, les enjeux de santé
mentale, surtout pour les jeunes, ont beaucoup augmenté, que ça soit les
attentats de suicide, que ça soit les demandes pour un psychologue qui... leurs
noms qui se rajoutent dans les listes d'attente. Je sais que vous, votre
vision, ça a été justement celle des Aires ouvertes. Alors, je voudrais
entendre, en une ou deux minutes, quelle est votre... quelle est votre vision
pour les Aires ouvertes pour répondre à ces enjeux de santé mentale de ces
jeunes-là et comment est-ce que vous voyez la composition des Aires ouvertes.
M. Carmant : O.K., mais Aire
ouverte, ça aussi, c'est un... un projet que j'adore, là. Quand on est arrivés,
il y avait un projet pilote dans trois sites. On est rendus à 40 Aires ouvertes
si on inclut les Aires ouvertes satellites. Puis c'est grâce à ça qu'on a
diminué nos listes d'attente en jeunesse, là, du tiers depuis qu'on... depuis
qu'on déploie partout. Ce que ça fait, c'est que ça permet aux jeunes d'arriver
sans rendez-vous et ça leur permet d'avoir accès à... aux professionnels de
santé mentale. Puis on a... ce que j'aime aussi dans Aire ouverte, c'est qu'on
a intégré des nouveaux types de professionnels, sexologues, pour tous les
problèmes de dysphorie de genre et de questionnement là-dessus, on a des
sexologues, des kinésiothérapeutes, donc vraiment un groupe varié, qui en plus vont
à la rencontre de nos... de nos jeunes. Donc, moi aussi, ça, c'est un projet,
là, un peu comme Ma famille, ma communauté, que j'aimerais avoir dans tous les
RLS du Québec.
• (15 heures) •
Mme Prass : Et, suite au
projet pilote qui a mené au déploiement, est-ce que... on comprend qu'il n'y a
pas eu d'évaluation qui a été faite. Parce que, nous, ce qu'on entend sur le
terrain, c'est qu'il y a un certain dédoublement, si vous voulez, avec
certaines Aires ouvertes et des centres... des maisons de jeunes, des milieux
de vie versus des milieux de services, par exemple. Alors, il y en a... c'est
ça, il y en a qui ressentent qu'il y a un certain dédoublement. Puis moi, je
vais vous...
15 h (version non révisée)
Mme Prass : ...un exemple,
dans mon comté, il y a aire ouverte qui est... qui a ouvert il y a quelques
mois et on s'est fait dire par l'arrondissement qu'avant que l'aire ouverte ne
s'installe ils n'ont fait aucun effort pour contacter les organismes
communautaires sur le terrain. C'est la ville qui m'a dit ça. C'est la ville
Côte-des-Neiges, Notre-Dame-de-Grâce qui m'a dit ça, qu'ils n'ont fait aucun
travail... préalablement. Donc, quand ils se sont implantés, ils n'avaient pas
les relations avec les organismes qui sont justement supposés leur référer ces
jeunes-là. Donc, est-ce que vous ne pensez pas qu'il devrait y avoir un travail
qui doit être fait justement en amont pour s'assurer qu'une fois que l'aire
ouverte arrive, bien ils font partie de la communauté et pas juste à part, si
vous voulez?
M. Carmant : Bien, je suis
extrêmement surpris, là, je pense que c'est désolant d'entendre ça parce que
chaque aire ouverte... dans son budget, un 200 000 $
pour la concertation communautaire jeunesse. Puis l'enjeu d'ouvrir une aire
ouverte, c'est justement s'assurer que le milieu communautaire jeunesse appuie.
Puis il y a toutes sortes de modèles. Il y a des aires ouvertes où les équipes
vont dans les centres, maisons des jeunes, centres jeunesse emploi. Donc, ça, c'est...
bien, en tout cas, c'est décevant d'entendre que ça n'a pas été fait, parce que
c'est intrinsèque au modèle d'aire ouverte. D'ailleurs, moi, je vous dirais qu'en
Montérégie Est, à Saint-Hyacinthe par exemple, il a été décidé de ne pas ouvrir
d'aire ouverte parce qu'ils n'arrivaient pas à avoir ce consensus communautaire
qu'il y avait un besoin additionnel. Donc, nous, on ne s'impose nulle part.
Puis donc, je suis très, très surpris d'entendre ça. Puis, pourtant, quand je
suis allé à l'annonce, on a vu, il y avait... il y avait quand même plusieurs
groupes communautaires, comme quand je suis allé ouvrir l'aire ouverte
Côte-des-Neiges, là, qui est une très belle aire ouverte en plus, là.
Mme Prass : Parce qu'aussi,
quand nous étions, je pense, la semaine dernière ou il y a deux semaines,
ensemble, à la Coalition Inter jeunes, vous avez posé la question aux jeunes
dans la salle, combien connaissaient Aire ouverte, puis il y en avait deux qui
ont répondu. Est-ce que vous ne pensez pas justement que... que ça soit une
campagne de sensibilisation ou quoi que ce soit, qu'il y ait un meilleur
travail à faire pour qu'ils sachent que cette ressource est là pour eux,
justement?
M. Carmant : Oui, tout le
monde devrait faire une meilleure campagne. Je pense que c'est un de nos
enjeux, c'est de mieux faire connaître ce qu'on développe au niveau du
gouvernement et du ministère. Ça, je... c'est un défi de tous les jours.
Mme Prass : Et là, on vous a
demandé, dans le cahier des crédits, la composition justement du personnel dans
les aires ouvertes. Et je vous avoue que j'ai été énormément étonnée de voir
que, dans les 16 aires ouvertes à travers le...
Une voix : ...
Mme Prass : ...oui, dans les
régions, il y a un 1,6 psychologues qui sont dédiés dans toutes ces aires
ouvertes là. Il y en a un de façon permanente dans l'ouest de l'île, il y a
0,6... un psychologue présent, 0,6 dans le centre sud et 0,2, je pense, dans la
Mauricie. Est-ce que vous ne pensez pas justement... Parce que moi, quand vous
parlez des aires ouvertes et vous parlez que c'est un petit peu une des
solutions pour répondre aux enjeux de la santé mentale des jeunes... bien, moi,
je me serais attendue qu'il y ait un psychologue dans chacun. Parce que, oui,
il y a des sexologues, il y a des éducateurs spécialisés, mais il y a
certains... des jeunes, des fois, on a un besoin particulier. Et le fait qu'il
y en ait encore une fois 1,8 disponible à travers les aires ouvertes,
comment est-ce que vous expliquez ça? Qu'est-ce que... Que doit faire ce jeune
s'il doit voir un psychologue, puis il n'y a pas de psychologue à l'aire
ouverte?
M. Carmant : Mais l'aire
ouverte devient une entrée pour accélérer l'accès à des... à des services plus spécialisés.
Puis je pense que, si on était... si on envoie un psychologue dans chaque aire
ouverte, nous... ce que j'essaie de transmettre, là, depuis... depuis que je
suis... depuis cinq... depuis que je m'occupe du dossier, c'est vraiment de s'assurer
que tous les professionnels puissent participer aux services en santé mentale.
Il faut un peu sortir de ce... de ce mode de pensée qui dit santé mentale égale
psychologue ou psychiatre.
Donc, nous, ce qu'on veut, dans les...
dans les aires ouvertes, c'est vraiment la première ligne santé mentale. Et, s'il
y a vraiment besoin d'un psychologue ou de psychothérapie, là, on peut
accélérer l'accès à ce jeune-là à la psychothérapie. Donc, c'est un peu normal
qu'il ne soit pas directement dans les... dans les aires ouvertes. Même que,
là, avec le... ce qu'on est en train de faire au niveau du mécanisme d'accès en
santé mentale, on commence à réfléchir au... Un peu comme le psychiatre
répondant, on commence à réfléchir au modèle de psychologue répondante. Il y
aurait une psychologue qui pourrait évaluer les demandes de tout le monde et
dire : Bien, ça, c'est pour moi, ça, ce n'est pas pour moi, etc. Parce que
nos psychologues et psychiatres sont débordés dans le réseau, puis il faut
les... il faut qu'ils voient les bons patients.
Mme Prass : Et que
dites-vous, par exemple, il y a une aire ouverte qui a fait une demande à son
CIUSSS pour avoir un psychologue, ça a été refusé. Si l'aire ouverte lui-même
fait la demande, parce qu'il voit qu'il y a un besoin sur le territoire parmi
leur clientèle. et que le...
Mme Prass : ...leur dit non.
Vous ne trouvez pas que ça manque un petit peu le coup?
M. Carmant : Mais je pense
qu'ils doivent... Tu sais, il faut... Eux, ils ont quand même l'image plus
globale de... des besoins sur le territoire, puis s'ils ne peuvent pas donner
une demi-journée-semaine de psychologue, bien, il faut... il faut qu'on
respecte ça au niveau du ministère. L'important, c'est que, quand il y a un
besoin de psychologue, que l'enfant soit... soit... soit plus rapidement référé
vers ce psychologue-là.
Mme Prass : Parce qu'aussi ce
qu'on entend, c'est que, si un jeune se présente dans une aire ouverte, disons,
pour voir un psychologue, un sexologue, ils ont droit à trois séances de
thérapie, et ensuite, ce jeune-là ne se fait pas référer dans le système
public.
M. Carmant : Non. Bien,
peut-être, ça, c'est un problème de pratique, là. Peut-être le directeur
national de la santé mentale pourrait répondre à ça. Mais... Parce que nous, on
n'a pas de limitation, là, dans le... dans le nombre de séances, là.
Mme Prass : C'est ce que les
jeunes se disent dans certaines aires ouvertes.
M. Carmant : Puis, s'ils
sont... s'ils ont des besoins cliniques, tu sais, ce n'est pas possible qu'ils
ne soient pas référés. Mais il n'y a pas... il n'y a pas de directives, tu
sais, c'est pour ça, je vous passerais le directeur national, si vous voulez.
Mme Prass : Oui, s'il vous
plaît, oui, quelques minutes.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:On va demander de parler un petit peu
plus fort.
M. Bleau (Pierre) : ...directeur
national des services en santé mentale et psychiatrie légale au ministère. Ça
va?
D'abord, il n'y a pas de limitations pour
l'accès à des services psychologiques au Québec lorsqu'on voit un
professionnel. J'aimerais juste avoir en préambule le fait que quand vous dites
les jeunes se présentent pour voir un psychologue, bien, les jeunes n'ont pas
la capacité d'évaluer nécessairement les services dont ils ont besoin. Puis
quand vous faites référence à la psychologie, j'imagine, vous faites référence
à la psychothérapie. Il y a quand même 10 ordres professionnels où des
professionnels sont aptes à donner de la psychothérapie. Donc, ce n'est pas
un... ce n'est pas un acte exclusif aux psychologues. Donc, il peut y avoir des
modèles de variation, dépendamment des besoins des régions, selon les aires
ouvertes, ou, si on a un peu plus de besoins psychosociaux, bien, on va avoir
les ordres professionnels qui sont alignés avec ça.
Maintenant, il existe ce mythe-là, qu'on a
limité l'accès à des services de psychothérapie. Vous parlez de trois, moi j'ai
entendu du six. Ce qu'on dit en recherche, c'est que normalement, si on se
présente en première ligne, et quelqu'un a besoin d'un suivi en psychologie,
que ça soit des autosoins ou de la psychothérapie, normalement la recherche
nous dit que six séances vont suffire. Ça ne veut pas dire que c'est un modèle
où on applique six séances partout, mais il n'a jamais été donné, en tout cas
depuis que je suis là, de directives au réseau, à l'effet qu'on doit limiter le
nombre de séances. Comme le docteur Carmant l'a dit, l'aire ouverte est une
aire où le jeune peut se présenter là sans rendez-vous. On le prend tel qu'il
est. Il y a plusieurs professionnels qui évaluent les besoins. Et, s'il a
besoin de plus, bien, nous, on a des programmes de soins par étapes où le
requis professionnel va être donné par la bonne personne au bon moment. Et s'il
a besoin de référence ou de continuer sa trajectoire de soins avec d'autres
partenaires de soins, bien, c'est ce qui est le... c'est ce qui est le modèle.
Mme Prass : Alors, quand vous
dites, M. le ministre, que les aires ouvertes aident à réduire les listes
d'attente, mais ce n'est pas le cas pour ceux qui ont besoin de psychothérapie.
On se comprend?
M. Carmant : Absolument.
Mais, encore une fois, le... l'avantage de l'aire ouverte, c'est que, quand on
peut consulter rapidement dès que... avant que le problème se chronicise, on
peut réussir à le régler beaucoup plus facilement. Et ça, il y a beaucoup de
professionnels qui peuvent... qui peuvent aider. C'est sûr que dans des
contextes sévères, là, où la personne d'emblée a besoin d'un... de
psychothérapie, le but, c'est de la référer vers la bonne personne le plus
rapidement possible.
• (15 h 10) •
Mme Prass : Parce que, comme
vous le savez aussi, dans la dernière année, plusieurs articles ont démontré
que le... il y a vraiment une... un enjeu de surprescription, pour les jeunes,
d'antidépresseurs, etc. Et je voudrais juste une citation que j'ai trouvée très
intéressante d'Alain Lesage, un psychiatre chercheur à l'Institut universitaire
en santé mentale de Montréal, qui dit : «Grâce à l'assurance médicaments,
il n'y a pas d'obstacle de financer à utiliser les médicaments, ce qui n'est
pas le cas avec la psychothérapie, une situation absolument inéquitable.»
Alors, parce qu'on sait aussi, les jeunes, on leur... on leur prescrit des
antidépresseurs sans qu'il y ait d'accompagnement, sans qu'il y ait de suivi,
sans qu'il y ait une date de fin. Il y a des problèmes de... ils peuvent avoir
des problèmes de sevrage par la suite. Puis ça fait en sorte que des fois,
bien, c'est plus endommageant pour le jeune que s'il aurait pu suivre,
justement, des... de la psychothérapie, etc. Donc, je pense qu'on voudrait voir
que les jeunes soient plutôt orientés vers les services...
Mme Prass : ...plutôt que vers
les médicaments parce que c'est... ça va faire... ça va... ils auraient des
séquelles, cette génération-là, à cet égard.
M. Carmant : Et moi aussi je
suis tout à fait d'accord avec ça. Puis c'est pour ça que c'est important pour
moi de bâtir des équipes interdisciplinaires qui vont prendre l'enfant dès le
début. Puis on fait la même chose avec le TDAH aussi, on est en train de bâtir
des cliniques avec des professionnels pour accompagner les médecins, pour
qu'ils n'aient pas juste le choix de... de prescrire. Donc, on est à la même
voie, au même endroit. Et je pense qu'avec ce modèle-là, on va faciliter
l'accès à la psychothérapie qui... qui est publique actuellement, mais il faut
juste... c'est les délais d'attente, le problème, puis là on est en train vraiment
de les diminuer au niveau de la santé mentale jeunesse.
Mme Prass : ...que votre
gouvernement a mandaté Hélène David avec votre collègue Pascale Déry,
justement, pour mettre sur pied un comité, des bourses pour les étudiants en
psychologie doctorat qui vont intégrer le réseau de la santé scolaire. Par
contre, ce qu'on entend des universités, c'est que l'argent n'est pas là pour
qu'ils puissent aller engager des professeurs, parce que l'argent n'est pas
récurrent et l'argent n'est pas à la hauteur des besoins. Que ça soit pour
l'embauche, que ça soit pour créer plus de places, il y a... dans le budget de
cette année, il y a un 2,7 millions qui a été consacré. Mme David
avait suggéré 4 millions. Université Laval, sur leur comité, au BCI,
suggère plutôt 8 à 9 millions de dollars par année, et comme j'ai
dit, de façon récurrente, pour qu'ils puissent aller engager des professeurs,
etc. Est ce que vous êtes... n'êtes-vous pas d'accord que votre collègue à
l'Enseignement supérieur devrait bonifier ce montant là juste pour... justement
pour s'assurer que la pénurie qu'on vit aujourd'hui ne soit pas permanente?
M. Carmant : Bien, tout ce
que je vais dire, c'est que ma collègue est très sensible à la situation. Cette
année, on attend 25, un ajout de 25 psychologues grâce à ces programmes,
40 l'an prochain. Puis, si on regarde les chiffres du... du ministère, pour la
première fois, à... dans... à partir de 2026-2027, on va avoir une augmentation
du nombre de psychologues dans le réseau année après année. Et je travaille
avec la Coalition des psychologues pour m'assurer de... de revaloriser leur
rôle. Ma collègue du Trésor a revalorisé leur rémunération, mais, je pense, il
faut revaloriser leur rôle dans le... ce que je parlais tantôt, là, de psychologues
répondantes.
Mme Prass : Là, on va aller
sur l'itinérance. Comme mon collègue a mentionné, dénombrement de cette année a
montré une augmentation de 44 % et une augmentation parmi la population de
femmes et la population d'aînés parmi les itinérants. On a fait des demandes
d'accès d'informations au CIUSSS sur le territoire du Québec et plusieurs... et
encore une fois, je vous donne l'exemple de mon comté, j'ai été... j'avais une
rencontre avec le CIUSSS, à un moment donné, on avait des rencontres
mensuelles, je leur posais la question sur... et ça, c'est l'automne dernier,
donc automne 2023, peu de temps après où quand... après le dénombrement a été
publié, pour leur demander combien de personnes itinérantes ils identifiaient
sur le territoire Côte-des-Neiges, Notre-Dame-de-Grâce, et ils nous ont dit
zéro, et ils nous l'ont répété. Deux semaines plus tard, j'ai rencontré un
organisme qui a pu me dire : Il y a un minimum de 7 à 12 qu'il
pouvait repérer. Et dans la dernière année, il y a un refuge qui a été ouvert
dans multiCaf banque alimentaire à Côte-des-Neiges. On a fait une demande
d'accès à l'information pour demander aussi combien de personnes itinérantes
sont repérées sur leur territoire. Et la grande, grande, grande majorité nous
disait : Bien, il faut regarder le dénombrement, nous on n'a pas ces
informations. Comment est-ce qu'ils sont supposés planifier les ressources, le
financement, s'ils ne sont même pas au courant? Et je peux vous... je peux vous
envoyer les demandes d'accès à l'information qu'on a reçues, justement, avec
ces réponses là. On a pris tous les chiffres qu'on a reçus, ceux qui nous ont
fourni des chiffres, ça a totalisé 2 437, puis on sait que c'est
10 000. Comment est-ce que les CIUSSS sont supposés planifier, avoir les
ressources en main, s'ils ne peuvent même pas identifier le nombre de personnes
itinérantes sur leur territoire?
M. Carmant : Non, non, les
établissements ont leurs chiffres, là, c'est...
Mme Prass : Ça me ferait
plaisir de vous envoyer les réponses qu'ils nous ont envoyées parce que ce
n'était pas le cas.
M. Carmant : Avec plaisir.
Mme Prass : Et encore une
fois, comme j'ai dit, dans mon propre comté, quand mon CIUSSS me dit qu'il y a
zéro personne itinérante sur mon territoire, mais qu'un refuge ouvre quelques
mois plus tard, on comprend qu'il y a quelqu'un qui ne dit pas vrai, là.
M. Carmant : Il va y avoir Dr
Rosenberg, mais je suis sûr que les établissements ont les chiffres.
Envoyez-moi la liste, et puis on va regarder ça.
Mme Prass : O.K. Alors, ce
qu'on a vu avec le dénombrement, c'est il y a une nouvelle réalité en...
Une voix : ...
Mme Prass : ...une nouvelle
réalité en itinérance postpandémie, inflation, crise du logement, et on dirait
que le gouvernement continue d'approcher cet enjeu de la même façon comme si
c'était...
Mme Prass : ...avant la
pandémie : toujours des mesures d'urgence, toujours des mesures qui font
en sorte que... bien, c'est ça, ça ne répond plus aux réalités d'aujourd'hui.
Alors, je voudrais vous entendre sur cette idée de nouvelle réalité en
itinérance, par exemple, là.
M. Carmant : Bien, on a fait
deux choses, on a doublé... Par exemple, pour l'île de Montréal, on a doublé le
nombre de refuges puis on les a faits 24/7, mais qu'on a encore des enjeux, là,
quelques endroits où ils disent que ce n'est pas 24/7, mais le financement est
pour 24/7. Puis moi, je pense qu'avec 1 800 places, là, on devrait...
on en a assez. Ce qu'on a besoin, puis surtout, là, parce qu'il y a des gens
qui restent très longtemps en refuge, c'est de la transition puis le logement
supervisé, puis on pousse beaucoup pour ça.
Il y a beaucoup de travail à faire au
niveau de sortir les immeubles de terre. Mais ce n'est pas nécessairement
simple, parce qu'on regarde Le Christin, qu'on est allés inaugurer il y a
quelques mois, et encore, au Christin, je pense qu'il y a... tu sais, ils ont
80 sur les 120 appartements qui sont occupés actuellement. Donc, il
faut... tu sais, les organismes ont quand même un travail pour trouver les
personnes qui sont prêtes à retrouver cette autonomie-là. L'itinérance, c'est
un long processus, avec des hauts puis des bas. Donc, nous, on travaille.
L'important, c'est de continuer d'augmenter l'offre de logements de transition
puis de logements supervisés, puis c'est ça, ma priorité pour les prochaines
années.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Maintenant, nous allons
poursuivre avec M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. J'aimerais parler avec le ministre de santé mentale et des listes
d'attente. Vous avez mentionné tout à l'heure être fier de la diminution de la
liste d'attente chez les jeunes, une baisse du tiers environ. Malheureusement,
chez les adultes, l'augmentation est à peu près de la même proportion, ce qui
fait qu'au final, grosso modo, il y a 2 000 personnes de plus sur les
listes d'attente que l'an dernier. Comment vous expliquez ce phénomène-là,
qu'on peut réduire les listes d'attente chez les jeunes, mais les augmenter
chez les adultes, de sorte qu'au total la liste augmente plutôt que diminuer?
M. Carmant : Bien, une chose
est claire, c'est que la demande a augmenté dans les deux groupes, d'accord.
Des choses qu'on n'a pas encore faites, mais qu'on est en train de débuter chez
les adultes, un, c'est la prévention. Tu sais, on est dans les écoles pour nos
jeunes, puis là on commence avec la CNESST, puis on a un projet pilote en cours
en Montérégie, à faire de la prévention dans le milieu du travail, puis ça,
c'est important, de sensibiliser les gens au problème de santé mentale et faire
du repérage, d'avoir des sentinelles dans nos milieux de travail, puis ça, on
commence à le faire. Donc, ça, c'est une des choses, qui n'est pas encore
présente.
La deuxième chose, puis c'est ça qu'on
parlait avec les aires ouvertes, c'est l'accès sans rendez-vous, l'accès
de : quand tu as un besoin, tu es capable de lever la main. Nous, on a
misé beaucoup sur le 8-1-1 Info-Social, comme vous le savez, puis ça, c'est
spectaculaire, là, on est passé de 300 000 appels en 2018-2019 à
600 000 appels l'an dernier. Mais il y a encore beaucoup de gens qui
ne sont pas encore prêts à utiliser le téléphone et qui vont à l'urgence. Donc,
ce qu'on va, ce qu'on... le travail qu'on fait, avec mon adjointe
parlementaire, la députée de Marie-Victorin, c'est qu'on va commencer à
relancer le CLSC sans rendez-vous avec l'AOR. En même temps, avec le ministère,
on est en train de travailler sur le mécanisme d'accès en santé mentale, le
guichet, disons, puis nous, on va les relier, ces deux services-là, en même
temps. Donc, tous les individus, là, le message, ça va être : Si vous avez
besoin d'aide, mais vous n'êtes pas prêt à prendre le téléphone, appeler 8-1-1
Info-Social, présentez-vous à votre CLSC. On va identifier les CLSC où ces
mécanismes-là sont bien rodés, puis là je pense qu'on va commencer à avoir une
amélioration.
Il faut quand même donner aux équipes que,
si on regarde le délai des gens qui sont vus dans les délais, là, dans les
30 jours, nos équipes font un excellent travail à travers le Québec, parce
que c'est... on le met aussi sur le tableau de bord pour montrer le travail de
nos équipes.
• (15 h 20) •
M. Arseneau : Oui, parce que
j'avais justement fait un examen du tableau de bord de l'indicateur des
personnes en attente, et je constatais que lorsque le tableau de bord a été
lancé, en mai 2022, on avait la liste d'attente globale, puis c'était aussi ce
qu'on avait également dans le plan stratégique du ministère, et, dans le
rapport annuel de gestion, on indiquait justement, là, le rapport 2022-2023,
que les résultats étaient de 20 685 personnes en attente, l'objectif était
de 13 000. Donc, on avait déjà des objectifs très ambitieux, puis on ne
les...
M. Arseneau : ...on ne les a
pas atteints. Mais sur le tableau, on a des chiffres qui s'apparentent au
13 261 maintenant, mais c'est tout simplement parce qu'on a divisé la
catégorie en deux. On a ceux qui attendent moins et ceux qui attendent hors
délai. Et c'est les hors délai maintenant qu'on affiche. Je trouvais décevant
qu'on n'ait pas les deux indicateurs, parce que si on veut comparer sur le plan
historique, évidemment, on est un peu mêlé dans les chiffres. On a l'impression
que la liste a fondu de moitié, alors qu'on a divisé la catégorie en deux.
M. Carmant : Mais ce qu'il
faut comprendre, c'est qu'avant, là... puis... avant, on avait ceux qui
attendaient pour des services professionnels puis ceux qui attendaient pour les
psychiatres, là, les services spécialisés, là. Puis le message qui était
dans... c'est qu'il y avait 20 000 personnes en attente pour un
psychologue. Puis ça, tu sais, j'avais beau vouloir l'expliquer, là, les gens,
ils ne décollaient pas de : Il y a 20 000 personnes en attente pour
voir un psychologue. Donc, ce qu'on a décidé de faire, c'est de séparer les
consultations de psychiatres, qui sont dans le volet CRDS, et puis tous ceux
qui attendaient pour tous les professionnels en santé mentale, ce que ce que
vous voyez actuellement.
Maintenant, on a des enjeux, parce que,
comme les psychiatres sont au CRDS, puis nous, on a permis à tout le monde
d'envoyer une consultation aux psychiatres, pas juste le médecin de famille,
les données sont un peu sous-évaluées, puis ça, on est en train de le corriger.
Puis la façon dont on va le corriger, c'est qu'on est en train de travailler
avec les équipes pour que la donnée, elle vienne du mécanisme d'accès en santé
mentale. Donc là, on va avoir toutes les données regroupées, ceux qui attendent
pour une consultation en psychiatrie et ceux qui attendent pour des
consultations avec les professionnels.
Puis, ce qu'il faut savoir aussi, c'est
que, dans notre réorganisation du PQPTM, comme disait Dr Bleau, maintenant...
puis c'est ce qui fait qu'on arrive à garder les chiffres pour une attente en
psychiatre bas, maintenant qu'on a un psychiatre répondant, si quelqu'un est
référé vers le psychiatre mais que ses besoins, c'est de voir une travailleuse
sociale ou un autre professionnel, le psychiatre peut le référer vers le
professionnel correct. Puis c'est pour ça qu'on veut bâtir ce même modèle-là
avec les psychologues, comme ça, si un patient est référé vers un psychologue,
mais la psychologue juge qu'un autre professionnel peut prendre l'usager en
charge, on va leur permettre de faire ça aussi.
M. Arseneau : Donc, si je
comprends bien, à l'heure actuelle, on a deux catégories, personnes en attente,
première ligne, près de 16 000 personnes. Ça, ce sont les gens qui
attendent un service professionnel, mais ça n'inclut pas ceux qui attendent
pour un service en psychiatrie.
M. Carmant : Psychiatre, pour
un psychiatre.
M. Arseneau : C'est ça, un
psychiatre.
M. Carmant : Un médecin
psychiatre.
M. Arseneau : Donc, c'est un
professionnel, incluant évidemment les psychologues. C'est ça?
M. Carmant : Oui, incluant
les psychologues. On n'arrive pas à voir juste ceux qui attendent pour une
psychothérapie, malheureusement.
M. Arseneau : Exact, tout à
fait.
M. Carmant : Mais une fois
que ça va être regroupé au guichet d'accès, là, on va être capable.
M. Arseneau : D'accord. Et
pour ce qui est des personnes en attente hors délai, à l'heure actuelle, on a
9 421 personnes. Ça, c'est également pour les professionnels et ça exclut
les psychiatres parce qu'on est en train de...
M. Carmant : Oui.
M. Arseneau : D'accord.
M. Carmant : Mais ça, c'est
ceux qui attendent plus de 30 jours.
M. Arseneau : Plus de 30
jours. Bien entendu. D'accord. Maintenant, j'essaie juste... puis c'est une
suggestion que je vous fais parce qu'on a ces données-là, on n'a pas de cible
dans les... par rapport à ces indicateurs-là. Dans d'autres... pour d'autres
indicateurs, on a des cibles, celui-là, moi, je n'en vois pas, du moins, là, on
a une variation périodique. Alors, on se dit : Quelle est la cible du
ministère? Est-ce que c'est de rentrer dans les délais, des 30 jours pour tout
le monde? Peut-être, mais ce n'est pas indiqué. Si on se réfère... puis ce
n'est pas pour... ce n'est pas pour faire du temps, là, c'est vraiment pour
essayer de trouver une cohérence là-dedans. Dans le plan stratégique, je me
suis dit : On va trouver les cibles du ministère. Et pour ce qui est des
services en santé mentale, en fait, l'enjeu III, l'objectif ou
l'indicateur XV, c'est encore une autre façon de voir les choses,
c'est : Proportion des usagers ayant reçu des soins et services en santé
mentale dans les délais prescrits. Et là c'est un c'est un taux, si on veut,
une proportion d'usagers. Et on dit que la cible pour 2023-2024 était de
60 %. Ma question... Deux questions. Ma première : est-ce que le
60 %, selon l'information qui vous est disponible aujourd'hui, est ce
qu'il est atteint pour l'année qui vient de se terminer? Et quelle était la
mesure de départ? Est-ce qu'on a fait des gains au cours de la dernière année?
Parce que c'est l'un des rares indicateurs où on n'a pas de cible de départ, on
n'a qu'une cible à atteindre.
M. Carmant : On est soit à
60 % soit à 58 %, entre 58 et 60 %, là. Ça, c'est de mémoire,
là. Quelle était la cible au départ? Est-ce qu'on a ce chiffre-là?
M. Arseneau : En fait, la
mesure de départ.
M. Carmant : La mesure de
départ.
M. Arseneau : C'est ça, c'est
ça. Est-ce qu'on a fait un gain de 5 %, de 2 %...
M. Arseneau : ...de 1 %?
Si on avait l'information, ça nous aiderait à comprendre si on s'améliore. Et
la petite suggestion que je vous ferais, c'est que si, dans le plan
stratégique, on a justement des cibles à atteindre, peut-être que ça serait
bien aussi qu'on ait cet indicateur-là dans le tableau pour voir si on se
rapproche des cibles. Parce que je vous dis qu'on fait beaucoup de travail de
contre-vérification pour voir si la situation s'améliore, puis on a l'occasion
de s'en parler plus en détail qu'une fois par année. Alors, ce serait bien si
vous pouvez noter la suggestion qu'on puisse suivre ça en temps... presque en
temps réel, essentiellement.
Donc, pour finir là-dessus, les moyens que
vous avez énumérés tout à l'heure vous laissent penser qu'on pourrait atteindre
le taux ou la proportion d'usagers qui ont un service dans les temps prescrits
à hauteur de 75 % pour 2027. C'est ce que je dois comprendre?
M. Carmant : C'est bien ça.
M. Arseneau : Malgré le fait
que ces dernières années, on n'a pas vu d'améliorations, vous restez confiants
sans nécessairement qu'il y ait de nouvelles mesures ou de nouveaux
financements qui soient consentis?
M. Carmant : Ah, O.K.! Alors,
cette année, on ajoute à peu près 14 millions, mais ça va être surtout sur
l'hébergement, je n'en ai pas parlé pour les autres sujets, mais notre gros
besoin, là, dans le réseau de la santé, c'est rehausser l'hébergement. Mais il
faut savoir aussi que l'Institut de la pertinence, depuis l'an dernier, nous
finance pour trois choses qui sont importantes, c'est amener les services dans
la communauté. Puis une grosse partie, là, des consultations qui sont mises
dans le réseau en santé mentale, c'est souvent après les visites à l'urgence.
Tu te présentes à l'urgence, problème de santé mentale, tu attends 15,
24 heures assis sur une chaise, tu repars après avoir vu l'urgentologue
puis tu as trois consultations, là, une pour voir le psychologue, une pour voir
le psychiatre puis une pour voir le CLSC. Donc, ce qu'on est en train de bâtir.
Puis on est dans plusieurs régions du
Québec, c'est la première mesure de l'IPAM, qui est l'équipe ABC,
accompagnement bref en communauté, où tous les gens qui partent de l'urgence ou
qui partent d'une suite à une hospitalisation vont avoir une équipe qui va les
suivre et qui va faire un relais personnalisé à la prochaine étape, que ce soit
le CLSC ou le psychologue ou le psychiatre. Donc, les gens, ils ne tomberont
plus entre deux chaises puis ils ne partiront plus avec juste des consultes, il
va y avoir un suivi. Puis ça, je pense que ça, ça va être une des choses qui va
nous aider beaucoup, beaucoup, beaucoup à baisser ces listes d'attente là, en
évitant les multiplications de consultations.
M. Arseneau : Maintenant, je
retiens que, même s'il y a eu une augmentation durant la dernière année, on
sait que, chez les jeunes, ça s'améliore chez les personnes adultes, vraiment
pas. Puis j'essaie de faire un lien comme la plupart des citoyens le font et
certains de nos commettants qui viennent nous voir en disant que c'est
difficile d'obtenir un rendez-vous avec la situation du nombre de psychologues
dans le réseau public. L'an dernier, je vous avais posé la question, à savoir
si l'effectif était en diminution. Vous m'aviez parlé d'une diminution, mais
qui était quand même un peu moindre que ce qu'on a vu dans le passé. Vous parliez
de 27, 29 de moins dans le réseau. Pouvez-vous nous faire un état de situation?
Parce qu'on a tenté d'avoir des chiffres dans nos questions préalables à
l'étude des crédits et on n'a pas pu obtenir de tableau comparatif sur les
trois dernières années. C'est ce qu'on aurait aimé. Est-ce que le nombre de
psychologues augmente ou continue de diminuer dans le réseau?
M. Carmant : Non. Alors, en
fait, on est en train de renverser la tendance. Ce que je mentionnais, en fait,
ce n'est pas en 2027, mais en 2026 qu'on va avoir plus de psychologues. Année
après année, là, on en perd un petit peu chaque année, mais à partir de 2026,
avec les programmes qu'on a mis sur pied, les bourses, les rehaussements dans
les cohortes, à partir de 2026, on s'attend à ce qu'il y ait plus de
psychologues que l'année précédente, 49 de plus. Puis 2027, ça fait 293 de
plus.
M. Arseneau : O.K. Mais là,
moi, je vous posais la question pour... Vous projetez, j'imagine, sur la base
de gens qui se sont inscrits dans des programmes. Ma question plus pointue,
c'est : Au jour d'aujourd'hui, si on compare à l'année passée et l'année
d'avant, est-ce que la tendance d'une trentaine de psychologues de moins par
année s'est maintenue?
M. Carmant : Donc, cette
année, 156 embauches, 165 départs. Donc on est rendus à neuf de
moins.
M. Arseneau : D'accord. Donc,
ça, c'est par rapport à l'année passée.
M. Carmant : Par rapport à
l'année passée, oui.
• (15 h 30) •
M. Arseneau : Mais à combien évaluez-vous
la masse critique de psychologues nécessaires pour qu'on puisse...
15 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...justement
gérer la demande, parce que ce que j'avais comme chiffre, c'est qu'il y avait
essentiellement 20 % des membres de l'Ordre qui étaient dans le réseau de
la santé, et ça semblait évidemment diminuer à chaque année, là. Est-ce... J'ai
deux chiffres, je ne sais pas lequel est valide, peut-être que ni l'un ni l'autre
n'est valide, mais on calculait entre 1650 et 1850 psychologues dans le réseau.
Est-ce que vous avez un chiffre plus précis à me donner à l'heure actuelle?
M. Carmant : Moi, j'ai 2271.
M. Arseneau : Combien?
M. Carmant : J'ai 2261 comme
chiffre.
M. Arseneau : J'imagine que
vous avez les bons chiffres.
M. Carmant : Et le besoin est
de 2340 cette année. Et on sait que le Québec est la province avec le plus de
psychologues, là, près de 7000.
M. Arseneau : Donc, j'ai un
petit peu de la difficulté à...
M. Carmant : Donc, le Québec
est la province avec le plus de psychologues, là, au Canada, avec 7000...
M. Arseneau : ...
M. Carmant : Oui, c'est ça.
Donc, nous, on estime...
M. Arseneau : D'accord. Par
100 000 habitants,
genre, c'est ça?
M. Carmant : Il y a 7000 psychologues
au Québec, et on en...
M. Arseneau : Est-ce qu'on a
le plus grand nombre de psychologues en chiffre absolu ou par rapport à la
population?
M. Carmant : Non, les deux.
M. Arseneau : Les deux.
M. Carmant : Et de loin. Et
le besoin pour le réseau est estimé à 2340.
M. Arseneau : Et ça, vous
pensez obtenir ce chiffre magique d'ici combien d'années?
M. Carmant : La première
année où on va avoir comblé nos postes, c'est 2026.
M. Arseneau : 2026. O.K. C'est...
c'est là où vous... Vous estimez, donc, si je comprends bien, que suite à la
mise en place de votre mesure de bourse d'études, de mémoire, c'était
25 000 $... Est-ce que c'est... c'est ce à quoi on fait référence, là?
M. Carmant : Oui.
M. Arseneau : Vous voyez déjà
une augmentation des inscriptions? Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus,
sur les résultats de cette mesure-là?
M. Carmant : De mémoire, je
vous disais que, cette année, il y en avait 25 qui se joindront au réseau, 40,
l'an prochain, de plus, par ce programme de bourses, là, de... pour la
psychothérapie.
M. Arseneau : Mais les 25 qui
se joignent au réseau cette année, est-ce qu'ils ont bénéficié de la bourse?
M. Carmant : C'est ça...
M. Arseneau : Les deux
dernières années, c'est ça?
M. Carmant : Par le
programme... Oui, depuis, 2021-2022, il y en a 25 qui sortent cette année puis
40, l'an prochain.
M. Arseneau : Donc, ce sont
les premiers résultats de la mise en place de ces bourses-là. Donc, un résultat
de 25, ensuite 40 l'an prochain.
M. Carmant : Puis on espère
les garder maintenant qu'on a augmenté leur salaire de 30 % aussi.
M. Arseneau : Bien, c'était
exactement la question que j'allais vous poser, vous... vous devancez mes
questions. On se comprend là-dessus, parce que l'inquiétude, c'était l'engagement
des psychologues. Si je me souviens bien, là, encore, il y a un engagement à
demeurer dans le réseau public une fois qu'on a bénéficié de la bourse pour
deux ans.
M. Carmant : Exact.
M. Arseneau : Donc, le défi
de la rétention va demeurer, parce qu'à moins que je me trompe les conditions d'exercice
en matière d'autonomie ne sont pas réglées à la faveur des psychologues du
réseau, selon ce qu'on entend, et les conditions salariales ne sont pas
nécessairement à la hauteur de ce qu'on peut faire au privé. Est-ce que ça ne
représente pas un défi important pour le réseau?
M. Carmant : Bien, encore une
fois, je pense que c'est... en tout cas, au niveau des professionnels de la
santé, les psychologues ont été les grands... tu sais, ceux qui ont eu le plus.
Ils ont eu une augmentation en salaires à terme de 30 %, qui est... tu
sais, extrêmement significatif. Ils ont des bénéfices secondaires qui sont
importants également, tu sais, dans... versus être au privé, versus être au
réseau. Puis...
M. Arseneau : Bien, on a
rétréci l'écart, c'est ça.
M. Carmant : Oui. C'est sûr
qu'on ne l'a pas enlevé complètement, mais encore une fois, tu sais, la chance
de travailler en équipe, la chance de voir des dossiers plus... tu sais, plus
complexes, c'est tous des bénéfices du réseau. Puis, encore une fois, moi, je
me bats puis je le dis haut et fort partout où je passe, elles ont leur
autonomie professionnelle. Puis tout le monde au ministère vont appuyer ça, tu
sais, il faut casser ça, ce sentiment qu'elles n'ont pas leur autonomie. Puis
les quelques gestionnaires qui maintiennent ça, nous, c'est important pour
nos... que nos professionnels aient leur autonomie professionnelle, c'est des
doctorantes, là, souvent des postdocs, en plus, là. Donc, moi, je vais
continuer à marteler le même message.
M. Arseneau : Merci. Juste
une dernière question, question de validation, dans les cahiers de crédits qu'on
a obtenus, les besoins minimaux de main-d'œuvre pour les principaux types d'emplois
dans la catégorie quatre, lorsqu'on parlait des psychologues, on disait que,
pour 2023-2024, le besoin était de 154. Ça correspond aux chiffres que vous
nous avez donnés tout à l'heure, là, sur les 2200 quelques, et puis... C'est
ce... est-ce que c'est...
M. Carmant : ...
M. Arseneau : C'est ça. D'accord.
Et c'est ce qui devrait être résorbé d'ici 2026. Excellent! Je change de sujet
pour...
M. Arseneau : ...parler des
agences de placement. Il y a des médias qui ont rapporté, pas plus tard que
cette semaine, là, qu'on avait deux fois et demie plus recours à des agences de
placement pour des éducateurs spécialisés, des agents d'intervention dans le
réseau. Je constate que ça va dans la direction opposée à ce qui est souhaité
par rapport au sevrage des agences. Comment espérez-vous inverser la tendance?
Puisque j'imagine que vous comme moi ne voulez pas... ne voulons pas que le
service ne soit pas offert...
M. Carmant : Tout à fait.
M. Arseneau : ...ou diminué.
M. Carmant : J'avais préparé
des tableaux, là.
M. Arseneau : Et vous vous
engagez à le déposer à la commission, j'imagine.
M. Carmant : Absolument.
Alors, ça fait cinq ans qu'on parle de pénurie de main-d'oeuvre. Nous, on a...
en jeunesse, on a toujours réussi à augmenter notre nombre d'intervenants en
jeunesse, puis ça, j'en suis très fier. Puis la raison, c'est parce qu'on a
beaucoup de programmes innovants pour améliorer les... pour... qui attirent
nos... les professionnels vers le secteur jeunesse.
Ce qu'on vit, là, actuellement, dans les
centres jeunesse, c'est postpandémie, il y a beaucoup de... chez ceux qui ont
des enfants à besoins particuliers, il y en a beaucoup qui ont demandé l'aide
de l'État pour gérer des enfants qui sont souvent très difficiles, puis ça, ça
a créé un débordement dans nos... dans les centres jeunesse. Il faut qu'on
s'occupe de ces enfants-là. On ne peut pas les renvoyer à la maison. Les
parents ne sont plus capables. Donc, pour gérer tous ces... de débordement...
Les chiffres, c'est : on est passés de 36 000 enfants par année
qui passent dans un centre jeunesse à 43 000 par année. Donc, ça prend des
gens pour gérer ça puis...
M. Arseneau : Est-ce que vous
nous dites qu'on va continuer d'avoir recours aux agences privées de placement
au-delà des échéances?
M. Carmant : Non. On fait
un... On fait le même travail que les autres pour recruter... pour les ramener
dans le privé et évidemment on fait beaucoup d'effort pour diminuer les
placements d'enfants, donc on les... pour ouvrir des postes... des services qui
sont adaptés à leurs besoins.
M. Arseneau : Mais est-ce que
vous ne pensez pas qu'il y avait un effort à faire au moment de la négociation
de la convention collective, alors qu'on leur promettait et vous avez... vous
aviez élevé les attentes en disant qu'on aurait des bonus de... ou des primes?
Et, encore une fois, là, récemment, on dit que la prime... bien, en fait, la
différence entre le traitement précédent et le traitement actuel est de
3 %, que ça ne permettra pas la rétention ou le... ou l'attraction.
M. Carmant : Merci d'en
parler. Deux choses importantes. La... Le bond de 3 %, c'est pour une
minorité des intervenants qui étaient déjà à 7 %. Quand je faisais ma
tournée, tout le monde me disait : N'oubliez pas tous les autres
professionnels. Là, c'est tout le monde en centre jeunesse qui a le 10 %.
Puis l'autre chose qui est importante aussi pour nos éducateurs, c'est qu'ils
vont être considérés comme des gens qui travaillent dans des emplois 24/7, et
toutes les autres primes qu'on a parlé, d'heures défavorables, ils vont
également y avoir droit. Donc, je parlais à l'APTS récemment, puis ils disaient
que les gens n'ont pas encore vu la différence. Mais ce qui a été fait dans les
négociations, ça va faire une vraie différence.
M. Arseneau : D'accord. Je
vais.... J'ai peu de temps. Je vais aborder deux autres sujets de façon un peu
plus rapide, si vous le permettez, M. le ministre. J'aimerais parler du PSOC.
Des organismes avaient beaucoup d'espoir sur les annonces qui avaient été
faites en 2022 et voient que, lorsqu'on parle de rehaussement des budgets au
PSOC, il y a toujours une partie qui va à la mission mais qui est quand même
moindre que... on parle de 10 millions de dollars, là, par rapport à
29 millions qui, lui, est attribué pour, selon les documents, là,
consolider les services en santé mentale, en services sociaux, en déficience,
des organismes communautaires, pour Agir tôt, et ainsi de suite, sans
nécessairement qu'on comprenne quels sont les critères.
Alors, la question que je vais vous poser,
c'est : Les sommes à chaque année qui sont ajoutées, est-ce qu'elles sont
récurrentes à la mission? Parce que c'est toujours la question qu'on nous pose.
Celles qui sont attribuées à la mission, elles sont acquises?
M. Carmant : Oui.
M. Arseneau : Pourquoi vous
vous obstinez à ne pas investir les 40 millions à la mission, alors que
les organismes nous disent constamment qu'ils passent un temps fou à monter des
projets et à faire de la reddition de comptes plutôt que faire leur travail
auprès des citoyens?
• (15 h 40) •
M. Carmant : O.K. Puis
j'ajouterais que les sommes d'indexation, que, cette année, c'est à peu près
28 millions, sont également récurrentes. Puis mon petit tableau didactique
qui montre que de 2012 à 2017...
M. Carmant : ...globale n'a
pas été augmentée, mais que depuis qu'on est arrivés, elle est passée de
500 millions à 900 millions. Donc, on a fait des efforts
significatifs cette année avec un déficit de 11 milliards. Il y avait des
choix à faire. L'an dernier, on avait dit... on avait dit que j'avais... on
avait mis trop d'argent dans le PSOC, pas assez santé mentale. Cette année, on
me dit le contraire, j'ai mis trop en santé mentale, pas assez en... dans le
PSOC. On essaie de garder l'équilibre.
M. Arseneau : Je vais vous
poser... parce que le temps file, j'ai encore... J'aimerais avoir, si vous
pouviez vous engager avec les gens de votre ministère, à nous... à nous
transférer les règles d'attribution entre les régions. Parce que la région
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine voit que le budget a augmenté sur les sommes
dévolues pour l'ensemble du Québec, mais leur portion, elle, a été réduite. Et
ils trouvent évidemment que c'est inéquitable, et ils essaient de comprendre,
alors, s'il était possible qu'on se reparle de ça parce que je sais qu'on
manque de temps, puis ne comprennent pas pourquoi il y a 2 millions plus
dans le budget de 2022 à 2023, mais qu'eux reçoivent quelques dizaines de
milliers de dollars de moins, alors qu'évidemment les espoirs étaient...
étaient très grands.
Le Président (M. Provençal)
:C'est noté, M....
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Je n'ai plus de temps? J'avais une autre question, mais je n'ai plus de temps.
On s'en reparlera en coulisses. Merci beaucoup, le M. le ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Je dois vous dire même que vous avez
grugé... vous avez grugé du temps. Alors, on va revenir avec la députée de
D'Arcy-McGee, qui sera secondée par la députée de La Pinière.
Mme Prass : ...Président.
Donc, on va parler d'itinérance et du dénombrement qui a été publié à l'automne
et qui montre que, comme j'ai dit, je parlais d'une nouvelle réalité en
itinérance, pas seulement, là c'est... la première raison, c'est des
expulsions, des évictions d'appartements, plus de femmes, plus de personnes
aînées. Mais on voit vraiment une différente réalité en région aussi, tandis
qu'avant c'était plus dans les centres. Et d'après le dénombrement du
gouvernement, vous avez des régions comme en Outaouais où il y a une
augmentation de 268 %, en Montérégie, 98 %, dans les Laurentides,
109 %. Alors, là, je voudrais... parce qu'on a aussi vu durant les
derniers mois plusieurs articles à travers le Québec qui faisaient en sorte
qu'il y avait des ressources en itinérance qui fermaient en raison de manque de
financement. Je vous donne un exemple. Ici dans les Laurentides, un organisme
qui dit : «Pour l'instant le gouvernement du Québec...» Excusez-moi. «Pour
répondre à l'augmentation de 110 % du nombre de personnes itinérantes dans
la région, le gouvernement du Québec a plutôt coupé dans les services, même
s'il reconnaît qu'il y a une crise d'itinérance.» Est-ce que, par exemple, les
augmentations que vous voyez, avez-vous l'intention d'augmenter les budgets en
conséquence? Alors, s'il y a eu une augmentation de 110 % dans les
Laurentides, allez-vous augmenter le budget alloué pour les refuges,
haltes-chaleur, etc., du même montant?
M. Carmant : Il y a deux
choses qu'il faut comprendre. Premièrement, avec la mise à jour de novembre, on
a ajouté 15 millions, et cette... Il va y avoir encore un... dans la mise
à jour, il y avait un autre 7 millions de plus pour cette... pour cette...
ce printemps. Donc, ça, ça va être... ça, ça va faire partie d'un ajout au
niveau des sommes en itinérance.
Ce qui s'est passé, on est les
Laurentides, là, j'ai été... j'ai eu... ils m'ont... j'ai eu un suivi avec eux,
les sommes n'ont pas été coupées. Ce qui arrive souvent avec le dossier de l'itinérance,
c'est qu'il y a des organismes communautaires qui n'offraient pas de services
en itinérance, qui s'ajoutent à l'offre de services en itinérance. Et, comme il
y a plus d'organismes, dans ce cas-là, le CISSS des Laurentides a réduit le
financement à quelques organismes et il l'a augmenté à d'autres qui, selon eux,
étaient plus performants. Donc, moi, je me... je me fie vraiment à l'expertise
locale du CISSS. Je ne peux pas aller renverser leur décision. Puis, tu sais,
je travaille avec les organismes par la suite. Mais, tu sais, moi, je respecte
la décision du CISSS, qui était très justifiable dans les... dans les
explications qu'ils m'ont données.
Mme Prass : Mais la question
que je vous ai posée spécifiquement, c'est : Est-ce que vous allez
augmenter les investissements en itinérance dans les régions en conséquence de
l'augmentation de l'itinérance qu'ils ont vécue dans les... dans les cinq
dernières années?
M. Carmant : Oui. Mais nous,
on est obligés aussi d'avoir un... Puis c'est peut-être pour ça que sa réponse,
là. On a été obligés d'aller sur une base populationnelle de base, là, sinon on
va être dans le trouble avec la Vérificatrice générale, mais on a des
ajustements par rapport aux vulnérabilités locales. Ça fait que ça, c'est déjà
fait. Comme Gatineau, ils ont eu beaucoup plus que ce qui leur était dû, là,
sur une base...
Mme Prass : Et...
M. Carmant : Juste que je
finisse ma phrase avant de faire un...
Mme Prass : Ah non, c'est
parfait. Je ne veux pas perdre de temps non plus.
M. Carmant : Faire une vidéo.
Mme Prass : Et justement,
comme je disais avant, on a une nouvelle réalité en l'itinérance mais le
gouvernement semble faire les choses de la même façon qu'avant. Alors, par exemple,
les refuges temporaires ou les haltes-chaleur, qui, là, le printemps arrive, il
y a...
Mme Prass : ...plusieurs qui
vont fermer ou qui ont fermé au 31 mars, ces gens-là qui vont se retrouver
dans les rues, dans les parcs, dans l'espace public. Et nous, ce qu'on entend
sur le terrain, c'est eux ils voudraient que ça ne soit pas des mesures
d'urgence, des... et que ça soit des mesures permanentes. Donc, des haltes
chaleur qui sont... des haltes qui sont ouvertes toute l'année, qui sont ouvertes
24 heures sur sept, plutôt que 6 heures du soir jusqu'à 6 heures
du matin, encore avec tout l'aspect du phénomène «pas dans ma cour», mais ça
leur donnerait un endroit permanent plutôt que six mois de l'année, sept mois
d'années, devoir se retrouver dans l'espace public pour vivre. Et je voudrais
vous lire justement une lettre qui vous a été envoyée au mois de novembre de
cette année par le Regroupement pour l'aide aux itinérants et itinérantes de
Québec qui disent : «Vous demandez aux organismes communautaires de
déployer des mesures d'urgence dans un échéancier insoutenable avec un
financement insuffisant dont la récurrence n'est pas garantie au-delà du
31 mars 2023. Il est impossible de développer une offre de services
structurante et pérenne dans un contexte où la planification est à recommencer
chaque année». Qu'est-ce que vous répondez justement à ces organismes qui, à
chaque année, il n'y a pas de stabilité, il n'y a pas de prévisibilité, que,
bien là, il va faire moins 50 dehors, donc on les contacte pour qu'ils ouvrent
quelque chose d'urgence. Qu'est-ce que vous répondez aux organismes qui vivent
cette réalité-là?
M. Carmant : Mais c'est...
c'est notre gouvernement qui a mis les services 24/7, 12 mois par
année. Puis quand... tout l'argent du PAII, il est récurrent, tu sais, c'est de
l'argent récurrent. Il y a peut-être un enjeu dans certaines régions avec
l'argent VCS qui lui est sur des bases de deux ans. Puis là on... là, ça vient
d'arriver, là, 2024-2026, là, les prochains budgets, qui expliquent pourquoi il
y a des appels d'offres qui sont refaits. Mais... mais, tu sais, comme tout ce
qu'on a investi, les... les, quoi, les quatre... 200 ou 400... à
400 places qu'on a investies pour le... à l'automne, le... le but, c'est
de les avoir permanentes, là. Ça fait que, moi, j'entends que, des fois, que
les organismes ne sont plus capables, que les organismes doivent changer de
place. Puis le changement de place, c'est vraiment parce que, là, la demande
qu'on fait aux municipalités dans le... dans leur responsabilité première,
c'est de nous aider à trouver des sites. Parce que, moi, je ne peux... tu sais,
au ministère, on ne peut pas trouver des sites pour installer les refuges, pour
installer les organismes communautaires, donc on demande l'aide de la... des
municipalités. Puis je sais qu'à Montréal ils ont... ça arrive des fois qu'ils
doivent se déplacer, ou dans d'autres régions, c'est les organismes qui ne...
qui sont épuisés, mais le but, c'est vraiment de tout avoir 12 mois par
année.
Mme Prass : Donc, si je vous
arrive...
M. Carmant : Puis ce n'est
pas du budget.
Mme Prass : ...avec des
organismes qui sont prêts à être ouverts... excusez-moi, 300... 12 mois de
l'année, vous seriez ouverts à les... bien, à les écouter et analyser leurs
projets pour que, justement, ça soit 24 heures sur sept, 365 jours
l'année.
M. Carmant : Je suis prêt à
l'étudier. Absolument.
Mme Prass : D'accord. Je vais
revenir là-dessus dans les prochaines semaines. O.K. Parce que c'est ça, c'est
parce qu'on dirait c'est des solutions d'urgence à un problème qui est
permanent, c'est des solutions saisonnières. Et encore une fois, on lisait il y
a quelques jours, bien là, il y a une halte qui a fermé, je ne me rappelle pas
où dans la province, et la personne s'est retrouvée dans un parc et la police
est venue le voir... les voir pour leur dire : Bien, vous devez vous
débarquer d'ici. Mais il aurait dit : Où voulez-vous que j'aille? Là où
j'étais couché, où j'avais un endroit semi-permanent, si vous voulez, là il est
fermé, et je me retrouve dans la rue parce que je suis un sans-abri. Donc, il
faut vraiment... tu sais, toute la question de la prévention, je pense que ça
aussi, c'est un élément sur lequel le gouvernement doit se pencher davantage,
de trouver les gens qui sont susceptibles, justement, de se trouver dans des
situations précaires, parce que c'est beaucoup plus difficile... c'est beaucoup
moins... c'est beaucoup plus difficile de sortir une personne de la rue plutôt
que de prévenir qu'ils arrivent à ce point-là. Donc, je pense que c'est un
élément. Puis il y a plusieurs organismes qui vous ont... qui ont... lors du
dépôt de leur mémoire prébudgétaire ont demandé justement qu'il y ait un plan
de prévention en itinérance de la part du gouvernement. Est-ce que vous avez
l'intention d'élaborer quelque chose à cet égard?
M. Carmant : J'y travaille.
Absolument. Puis c'était intéressant parce que, quand on aller au congrès de
l'UMQ, vous souvenez, ils avaient montré que, si on fait juste faire des
refuges, ça continue à monter, mais si on veut vraiment casser la courbe, il
faut aller dans la prévention. Donc, je vous dirais que même nos priorités,
c'est pour le... sorties carcérales et jeunesse. Donc, on y travaille activement.
• (15 h 50) •
Mme Prass : Parce que vous
avez, par exemple, les Auberges du cœur qui peuvent être une solution, qui
justement ont des jeunes vulnérables, qui viennent de la DPJ, en situation
d'itinérance, mais qui ont aussi beaucoup de difficultés à se faire financer à
hauteur de leurs besoins pour la population dont ils desservent. Alors, c'est
une conversation qu'on pourrait avoir un autre moment donné.
Deux autres petits points sur les...
Mme Prass : ...itinérance.
L'itinérance féminine représente presque 30 % de la population itinérante,
mais seulement 13 % des lits d'urgence sont dédiés aux femmes. 25 000
refus l'an passé, de refus de refuges qui sont spécifiquement pour les femmes,
donc 25 000 refus. Et, en région, bien, on voit que le... l'enjeu est
encore plus difficile et on entend des femmes qui disent : Bien, moi, je
parcours la ville la nuit parce que je ne veux pas aller dans un refuge mixte.
Qu'est-ce que vous... Avez-vous l'intention de mettre davantage de ressources
justement pour cette population qui est doublement vulnérable?
M. Carmant : Bien, tu sais,
d'un côté, on ne veut pas faire plus de refuges, nécessairement. Mais, s'il y
avait une exception, je vous dirais que c'est des refuges au féminin. Parce que
ça, je pense, tu sais, moi, j'ai visité le Chaînon, là, puis c'est comme...
c'est un coup de cœur, cet endroit-là, là, où, vraiment, des femmes qui avaient
essayé multiples autres refuges différents ont réussi à s'en sortir dans un
environnement beaucoup plus sécuritaire. Ça fait que c'est sûr que s'il y avait
une exception à faire plus de refuges versus du logement supervisé, ce serait
du... ou peut-être une deuxième exception aussi, c'est la LGBTQ2+, là, où ces
individus-là ont... ont également beaucoup de difficulté à se faire accepter
dans les refuges.
Mme Prass : Je vous
reviendrai là-dessus dans les prochaines semaines également. Dernier élément
pour l'itinérance. On a lu récemment que le refuge qui était ouvert à
l'Hôtel-Dieu, qu'il y avait des personnes itinérantes qui leur étaient référées
par les CIUSSS qui avaient des problèmes de santé, et que le CIUSSS les
référait à l'Hôtel-Dieu, mais sans leur offrir les services de santé
nécessaires dont ils avaient besoin. Comment est-ce que vous réconciliez que
c'est le CIUSSS lui-même qui envoie des gens qui ont des maladies, etc., qui
ont besoin de soins dans un refuge où il n'y a pas de tels services et ne font
pas l'effort d'envoyer les spécialistes, les infirmières, quoi que ce soit,
nécessaires pour traiter les conditions de santé de ces personnes-là?
M. Carmant : Bien, on leur a
demandé de mettre fin à cette pratique-là, là, premièrement. Puis, je veux
rassurer tout le monde, là, la fermeture de l'Hôtel-Dieu, c'est vraiment
quelque chose qui est bien coordonné. On est en contact régulièrement avec le
CIUSSS puis la région de Montréal pour s'assurer que personne, là, dans la
fermeture de ces services-là ne se retrouve à la rue, là. C'est très, très
important.
Mme Prass : O.K. Là, je vais
vous amener sur l'enjeu du répit. Et justement, on a Mme Caroline Lavoie qui
est avec nous de Répit Québec. Plusieurs éléments. Je vais commencer au début.
Lors de l'élection, le premier ministre s'était engagé à investir
100 millions de dollars sur quatre ans pour créer 500 places.
M. Carmant : ...
Mme Prass : Oui, j'ai
l'article. Si vous voulez voir, sur quatre ans. Et vous avez annoncé
50 millions sur cinq ans. Encore une fois, comment est-ce que vous
réconciliez ces deux vérités?
M. Carmant : Bien, c'est un
programme qui n'existait pas, je vous l'ai dit plusieurs fois. C'est qu'à notre
grande surprise, quand on est arrivés pour ajouter de l'argent au répit, les
équipes du ministère m'ont dit : Bien, il n'y a pas de programme déjà
organisé pour financer le répit à travers le Québec. Alors, justement, à ce
moment-là, on a parlé à Mme Lavoie pour lui dire : Bien, est-ce qu'on peut
travailler ensemble pour essayer d'organiser les choses et s'assurer que les
endroits où... qui ont déjà une grande... bien, pas une expertise, là, mais qui
ont... qui sont... Qui sont peut-être plus en lien avec les établissements, et
surtout dans les... dans les métropoles, soient plus financés que dans d'autres
régions du Québec. Donc, on a... on a travaillé avec Répit Québec sur un
modèle, où les différents établissements se sont entendus avec les différents
organismes qui font du répit localement. Puis, comme vous l'avez mentionné,
puis que je n'ai pas d'autre chose que... choix que d'acquiescer, ce... cet
appariement-là s'est fait vraiment à une vitesse très variée. Donc, ça a pris
du temps à sortir le 10 millions, ça fait que c'est pour ça qu'on ne peut
pas l'augmenter cette année, parce qu'il n'a même pas été tout utilisé. Mais, pour
l'an prochain, le 10 millions, il est... il est... il est bien placé dans
les différents organismes qui offrent du répit. Puis il nous reste encore deux
années ou quelques budgets pour pouvoir rattraper ce... cette promesse
électorale. Puis vous savez que, le premier ministre, il tient à toutes ses
promesses électorales.
Mme Prass : Parce qu'on fait
le calcul, 50 millions sur cinq ans, 100 millions sur quatre ans, un
mandat, c'est quatre ans.
M. Carmant : ...
Mme Prass : O.K. J'espère
que... qu'on va le voir, parce qu'il y a des familles, des organismes qui
comptent sur vous à cet égard-là.
Vous venez de mentionner le fait que vous
ne pas vous n'avez... vous n'avez pas dépensé en entièreté le 10 millions
qui était consacré à cette année. Est-ce que l'argent que vous n'avez pas
dépensé va être réinvesti pour les années à venir ou est-ce que l'argent est
perdu?
M. Carmant : C'est... Ça...
Bien, ce n'est jamais perdu, là...
M. Carmant : ...ça va au fond
consolidé, mais, tu sais, c'est un autre... c'est un autre cycle de
10 millions qui commence à partir du mois d'avril.
Mme Prass : Mais vous venez
de... dire vous-même également qu'il y a eu des problèmes à établir le
programme, le temps que ça a pris pour faire des appels... des demandes
d'offres, des appels d'offres, plutôt, à Montréal, c'est... Votre annonce a été
en avril 2023. À Montréal, les organismes ont été contactés en décembre 2023.
Donc, est-ce que si... Là, vous êtes... vous allez pénaliser les organisations,
parce que tout le 10 millions n'a pas été dépensé cette année, ce qui n'a
pas été dépensé, bien, est retourné dans le fonds consolidé, mais ce n'est pas
la faute des organismes qui n'ont pas eu nécessairement le temps de déposer
leur projet. Donc, eux, ils vont... eux, ils vont être... C'est eux qui vont
écoper de cet enjeu administratif.
M. Carmant : Oui, je
comprends. Mais, tu sais, si on leur donnait 15 millions, puis l'année
d'après, juste 10 millions, bien, il y aurait quand même des enjeux. C'est
pour ça qu'on donne... bien oui, c'est sûr. Donc, c'est... la raison... comme
ça que ça fonctionne au niveau du ministère des Finances et le Conseil du
trésor, c'est s'assurer que les sommes récurrentes soient stables. Mais, comme
je vous dis, ça va être 100 millions sur quatre ans, la promesse. Donc, on
a du rattrapage à faire.
Mme Prass : Et quelle est la
proportion de cette... de l'enveloppe du 10 millions qui a été engagée?
Bien, vous venez de dire que ça n'a pas tout été dépensé.
M. Carmant : Ah! O.K., pour
cette année. Alors, c'est deux point quelques millions, mais...
Mme Prass : O.K., donc c'est
quand même... plus de 20 % de cet argent qui n'a pas été dépensé, qui
aurait pu, justement, aider ces familles, ces organisations. Et quels gestes
concrets entendez-vous poser pour vous assurer que l'argent se rende aux
organismes? Parce que, quand je vous ai posé la question, et ce qu'on a entendu
de Répit Québec, c'est : O.K. L'argent était parti du ministère, était
entre les mains des CIUSSS, mais n'arrivait pas sur le terrain, aux organismes.
Est-ce que vous avez donné des directives ou est-ce que, dans le futur, vous
allez vous assurer justement que ce travail se fasse de façon plus... bien,
d'une meilleure façon?
M. Carmant : Moi, on m'a dit
qu'à travers le Québec, puis si Mme... les ententes sont signées, là. On m'a
dit qu'à travers le Québec, les ententes sont signées. Si ce n'est pas le cas,
laissez-nous savoir. Et puis c'est de... c'est de l'argent récurrent, là. Donc,
les sommes vont partir dès que les crédits vont être approuvés.
Mme Prass : O.K. Parce que,
juste, Mme Lavoie, quand vous avez dit : Ça a tout été... toutes les
ententes, la réponse était ceci. Ça fait que c'est sûr qu'on va nous revenir
également dans les prochains jours. Et comment est-ce que votre ministère
détermine les barèmes pour les montants que vous donnez pour le répit? Parce
que ça varie, ça peut varier, mais quel est le barème? Quel est le... C'est ça,
comment est-ce que vous avez déterminé ces montants-là? Parce qu'ils ne
reflètent pas nécessairement la réalité du coût pour les centres de répit pour
offrir leurs services.
M. Carmant : Ça fait que ça
varie de 40 à 280, selon la lourdeur clinique. Mais, encore une fois, c'est ça,
le message, il n'a peut-être pas été clair au début, mais on l'a corrigé. C'est
la contribution du ministère à l'hébergement, au répit. Et on a bien entendu
également le fait que certains projets de... de rehaussement n'étaient pas approuvés
parce qu'ils dépassaient ce qui avait été dit par le ministère. Et on a corrigé
le fait avec les établissements pour leur dire : Non, non, non, ça, c'est
la contribution du ministère, mais le coût, on le sait, est... peut être
supérieur à ces chiffres-là.
Mme Prass : O.K. Comment se
fait-il que les sommes dédiées à la consolidation aient été utilisées pour
rembourser les CIUSSS de Montréal qui avaient payé des places à des prix plus
chers que ceux que... que ce que leur permettait leurs budgets pendant
l'année 2023-2024? Parce que ça, c'est une réalité, justement, qui vient
de la part de Répit Québec.
M. Carmant : Je ne suis pas
au courant. Je vais voir si on peut passer la parole. On est en train de
chercher. Je n'étais pas conscient de cette réalité.
• (16 heures) •
Mme Prass : Avant que je cède
la parole à ma collègue, je voudrais vous parler dernièrement de ce qu'on a su
dans les... Malheureusement, ce qu'on a su dernièrement dans les dernières
journées à propos de la maltraitance de ce petit garçon de neuf ans dans Jardin
Laval. Quelques questions. Premièrement, pourquoi est-ce qu'il n'a... les
parents n'ont pas été permis d'aller visiter sa chambre? La DPJ qui, les deux
premières... les deux premières fois qu'ils ont été contactés, d'après ce que
j'ai lu, je ne sais pas, mais d'après l'article, on dirait qu'ils ont contacté
le CIUSSS, le CIUSSS leur a dit : Ah! nous, on s'en occupe, on a mis des
nouveaux... une nouvelle administration, ou quoi que ce soit. La DPJ n'a pas
vraiment fait enquête par la suite jusqu'au troisième signalement. Et
finalement est-ce que vous... Est-ce que vous avez l'intention d'encadrer
justement... Malheureusement, l'été dernier...
16 h (version non révisée)
Mme Prass : ...on a... il y
avait plusieurs articles sur la maltraitance de ces personnes-là dans
différentes résidences. Avez-vous l'intention de faire un encadrement justement
pour assurer leur sécurité davantage?
M. Carmant : Je ne peux pas
commenter le cas parce qu'il est judiciarisé, il y a des enquêtes, etc., là,
mais c'est inacceptable. Ça, là-dessus, là, on s'entend. La réponse face à ça,
c'est : On travaille sur des... les projets d'unités de réadaptation
comportementale intensive, qui viennent remplacer les RAC, là, qui est un
modèle que je n'aime pas, là, avec des duplex, avec des trous dans les murs
puis... bien qu'il y ait des meilleures... des régions où ça se passe mieux,
mais nous, ce qu'on veut, c'est vraiment des URCI, là, qui sont... dont l'architecture
est faite de façon sécuritaire. Les intervenants ont la formation, là, de la
SQETGC, là, les spécialistes... la société québécoise d'expertise en troubles
graves du comportement, qui les forme de façon adéquate. Et là les trois sites,
et même le quatrième, qu'on a ouverts, on a des résultats très probants, là,
où, après 6 à 24 mois, les jeunes peuvent même... puis les adultes, il y
en a même pour adultes, peuvent être réintégrés dans leur milieu de vie.
Donc, nous, à long terme, c'est vraiment
de déployer des URCI dans toutes les régions du Québec. Il y en a une en
Montérégie, à Longueuil, Bas-Saint-Laurent, une également à Québec, et la
quatrième, qu'on devrait cocher bientôt, c'est à Trois-Rivières. Donc, tu sais,
c'est trouver un nouveau modèle pour ces jeunes qui ont des troubles du
comportement... graves du comportement.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Je pense que Mme la députée de
La Pinière...
Mme Prass : J'ai une
miniquestion.
Le Président (M. Provençal)
:Ah!
Mme Prass : Excusez-moi.
Encore une dernière. L'an dernier, nous étions... lors des crédits, on se
parlait de soutien aux familles, et vous vous êtes engagé à faire la mise à
jour. On est un an plus tard. Je voudrais savoir on est rendu où dans le
processus.
M. Carmant : Bien, écoutez,
on veut vraiment... bien, en fait, c'est... le dossier est presque réglé, il
reste deux petites choses à attacher, mais on va passer au financement sur une
base annuelle. Donc, il n'y aura plus de 5 $ de l'heure pour les services
de garde. Puis je vous remercie de m'avoir alerté de ce problème-là, qu'on a
réussi à régler et qui va faire une grande différence. D'autres changements.
Apparemment, en fouillant le dossier, on s'était rendu compte, par exemple, que
certains jeunes avec un trouble du spectre de l'autisme n'étaient pas inclus.
Maintenant, tout le monde est inclus. Donc, je pense, ça va être une belle
annonce.
Mme Prass : O.K. J'ai hâte.
Merci.
M. Carmant : Merci.
Mme Prass : À ma collègue.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de la La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, est-ce qu'il reste environ quatre minutes, c'est ça?
Le Président (M. Provençal)
:Trois minutes 40.
Mme Caron : Bon. Alors, je
vais essayer d'y aller rapidement, M. le ministre. Je veux vous parler d'un
seul sujet : les ressources intermédiaires. On a déjà eu un débat de fin
de séance... une période de questions là-dessus.
Alors, juste pour les gens qui nous
écoutent, simplement pour dire que les ressources intermédiaires accueillent
60 % de personnes aînées en perte d'autonomie et 40 % de clientèles
différentes, c'est-à-dire des personnes qui ont une déficience intellectuelle,
qui peuvent avoir un problème de santé mentale, handicap physique, même
toxicomanie ou un trouble du spectre de l'autisme. Et il y a environ... un peu
plus de 19 000 personnes qui sont hébergées dans ces... dans ces
ressources, donc des personnes vulnérables.
Et, à l'automne 2023, il y a eu zéro
soumission, zéro preneur aux appels d'offres qui ont été lancés pour faire de
nouvelles places en ressources intermédiaires. Et, sachant que, de manière
réaliste, ça prend environ trois ans entre le moment où une soumission est
acceptée et où un premier résident entre dans la... dans la ressource, il s'écoule
environ trois ans, ce qui veut dire qu'avec zéro preneur à l'automne 2023 pour
construire une RI, il y aura zéro nouvelle place trois ans plus tard, donc à l'automne
2026.
L'entente nationale qui régit les RI,
comme vous le savez, est... porte sur 2020-2025, et, si elle n'est pas rouverte
ou qu'il n'y a pas de lettre d'entente qui est faite, qu'on garde les mêmes...
le même financement qui est devenu adéquat, qui était adéquat au moment de la
signature, j'insiste pour le dire, mais qui ne l'est plus, ça veut dire que le
scénario de zéro preneur aux appels d'offres va se poursuivre, donc on aura
zéro nouvelle place en 2027 et zéro encore en 2028. Et les raisons pour ça, c'est
que les institutions financières ne veulent plus financer les... la
construction parce que le financement n'est plus adéquat pour la construction
et il ne l'est pas non plus pour l'opération.
Alors, ce que je demande au ministre :
D'une part, est-ce qu'il va ouvrir l'entente qui régit... l'entente nationale
qui régit les ressources intermédiaires pour pouvoir adapter le financement?
Sinon, est-ce qu'il peut faire une...
Mme Caron : ...lettre
d'entente pour adapter le financement. Sinon, est-ce qu'il peut répondre aux
demandes prébudgétaires de l'Association des ressources intermédiaires en
hébergement du Québec, demandes qui ont été faites, comme le nom l'indique,
avant le budget? Mais on ne retrouve rien dans le budget à ce propos-là. Alors,
j'aimerais savoir quelles sont vos intentions, parce que c'est important
d'avoir des places.
M. Carmant : Oui, d'accord.
Bien, j'ai... Bien, je vais répondre comme je le fais depuis tantôt. Donc,
nous, ce qu'on regarde, c'est la mesure VIII avec eux, la composante
immobilière, qui était dans leur demande prébudgétaire, parce que ça, ça peut
se faire hors négo, parce qu'on n'ouvrira pas l'entente, là, mais ça, on peut
le faire hors négos puis ça peut venir vraiment — et ils sont
d'accord, là — améliorer beaucoup leur situation. Donc, on travaille
avec l'ARIHQ, mais également toutes les tous les regroupements en ressources
intermédiaires pour venir bonifier ou pour essayer de travailler là-dessus. Une
autre piste de solution également, c'est au niveau de la paperasse, là, essayer
de leur libérer des ressources, et puis même ils parlent que ça causerait
peut-être un allègement financier, là, des réévaluations qu'ils font, là, sans
arrêt de la lourdeur des cas des patients, alors qu'ils font déjà... puis ils
doivent faire un autre outil, là, qui est lié à l'argent. Donc, on regarde ces
deux points-là. Et on a nommé quelqu'un spécifiquement pour travailler
là-dessus et à faire avancer le dossier le plus rapidement possible.
Mme Caron : Alors, votre
prochaine rencontre avec l'ARIHQ, ça se passe quand pour faire avancer ça?
M. Carmant : on n'a pas
déterminé de date quand on s'est parlé, mais on va faire ça dans les... tu
sais, le plus rapidement possible, là. On veut vraiment accélérer les choses,
là. Ça fait qu'il va falloir qu'ils se rencontrent sur une base mensuelle, je
vous dirais, là, mais...
Mme Caron : Donc, la
composante immobilière pour développer de nouvelles places, c'est ce sur quoi
vous allez travailler. Est-ce qu'on peut espérer, sans qu'il y ait d'échéancier
précis, que ce soit d'ici la fin de la session parlementaire?
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée, j'ai été très
généreux. Votre temps est écoulé. Je m'excuse.
Mme Caron : On ne voit pas
temps passer.
Le Président (M. Provençal)
:Nous allons maintenant compléter
cette séance de travail avec la partie gouvernementale, et je vais céder la
parole à la députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Merci, M. le
Président. Bonjour à tous les collègues de l'opposition et du gouvernement et à
toute l'équipe, bonjour. J'aimerais parler de la santé mentale des nouveaux
parents parce qu'on sait que la période périnatale, ça englobe la période
allant de la grossesse jusqu'à l'âge de deux ans chez l'enfant, et c'est
vraiment une période cruciale pour le développement de l'enfant. Et je pense
qu'on a un rôle à jouer pour les nouveaux parents, mais aussi pour le
développement de l'enfant, car on sait que les changements peuvent être
physiques, émotionnels et sociaux pour toute la famille. C'est pourquoi aussi
il est important que les parents fournissent un environnement sûr, stimulant et
aimant pour leurs enfants. Les soins périnatals et postnatals sont également essentiels
pour la santé de la mère et de l'enfant, ainsi que pour prévenir les
complications. Je vais répéter puis je ne lâcherai pas ce mot-là. La
prévention, on le fait énormément, puis il faut apprendre à le faire et il faut
aussi que la population comprenne c'est quoi, la prévention. Ils doivent
apprendre à prendre soin des nouveau-nés, à gérer des changements physiques,
émotionnels durant la grossesse, l'accouchement, puis ainsi aussi s'adapter
comme un nouveau rôle de parent. Les parents peuvent bénéficier aussi de
soutien émotionnel, d'information sur les soins des nouveau-nés et d'autres
ressources pour les aider à s'ajuster à leur nouveau rôle.
• (16 h 10) •
J'aimerais maintenant m'entretenir avec le
ministre sur le sujet très particulier que j'ai eu la chance de participer avec
vous, bien sûr. L'an passé, le ministre a tenu une journée de réflexion
justement sur cette thématique, c'était le 10 février 2023, se tenait la
Journée santé mentale des nouveaux parents : Prendre soin plutôt que
soigner, qui a réuni sous le même toit de nombreux intervenants oeuvrant en
périnatalité notamment, et ce, dans tous les côtés cliniques que
communautaires, CLSC, des partenaires comme on connaît Préma Québec, il y avait
aussi des personnes qui travaillaient dans les hôpitaux, dans les centres
d'activité post-partum. Bien, suite à cette journée-là, le gouvernement...
Mme Dorismond : ...gouvernement
a proposé... non, a annoncé, annoncé 5 millions, n'est-ce pas,
5 millions. J'aimerais savoir plus sur comment ça s'est traduit sur le
terrain. Il faut que la population soit au courant des services qui sont
offerts et où ils peuvent aller chercher cette information.
M. Carmant : Bien, merci
beaucoup pour la question. Moi aussi, c'est un programme qui était très
important pour moi, un, parce qu'il faut savoir que beaucoup de parents après
la naissance de l'enfant, qui est un... tu sais, la grossesse puis
l'accouchement, c'est quelque chose qui est souvent regardé avec des lunettes
roses, mais qui pour plusieurs n'est pas si simple que ça, puis cette journée
dont vous parlez, ma chère adjointe... adjointe parlementaire, m'a ouvert les
yeux sur l'impact de... pour certains parents. Donc, on a... on a ouvert
différents programmes. Le premier, c'était, je vous dirais, c'est avec
Préma-Québec, où on est venus vraiment supporter les parents d'enfants
prématurés. Pour ceux qui ne le savent pas, moi, je suis grand-papa, d'un
enfant prématuré, et l'impact sur la vie de la famille a été majeur, tant au
niveau des parents que des grands-parents. Puis il faut vraiment réaliser que
ça prend du soutien psychologique pour les familles, puis du soutien
psychosocial pour les familles quand ils ont un enjeu à ce niveau-là. Donc, on
a soutenu l'organisme Préma-Québec, qui fait un travail fantastique pour ces
parents, que ce soit des... en général des grands prématurés et qui sont dans
nos... dans nos différents hôpitaux où il y a... de néonatologie niveau...
niveau trois, je pense, là, pour les prématurés de moins de 28 semaines.
La deuxième chose aussi qui m'a... qui m'a
grandement surpris puis qui met beaucoup de détresse sur les parents, c'est la
perte d'un fœtus, un avortement. Puis, tu sais, le côté scientifique nous
dit : bien, la plupart des avortements, c'est des... c'est des problèmes
chromosomiques, puis des enfants qui de toute façon allaient avoir des
difficultés. Mais on se rend compte... je me suis rendu compte cette journée-là
de l'impact sur la famille d'une perte foetale. Puis on a... on a reparti un programme
pour enseigner aux infirmières des urgences, aux infirmières dans le réseau
comment travailler avec ces familles. Puis je sais que c'est quelque chose qui
vous tient à cœur. Donc, pour moi, c'était... c'était... c'est fondamental.
Puis je pense que c'est... c'est un programme qui va faire un grand changement.
Ainsi qu'on est en train de développer une ligne pour les gens qui ont besoin
d'aide ou qui ont... qui... même les professionnels qui ont besoin d'un soutien
dans ce... dans ce contexte... dans ce contexte-là.
Puis, le fleuron de ce programme-là, je
vous dirais, ça va être le déploiement du projet Grande Ourse, où on a une
infirmière clinicienne qui fait un travail spectaculaire avec les parents dans
la... dans le dépistage, un peu comme on fait dans d'autres programmes, de...
des enjeux de santé mentale pendant la grossesse. Puis on avait même une
inquiétude au début que si on mettait ça, ça allait demander encore plus de
ressources, et tout ça, mais tantôt, je parlais de l'infirmière Agir tôt, là,
mais l'infirmière Grande Ourse, elle a clairement démontré avec ces données
qu'en en parlant, on est capables de diminuer en fait les besoins. Parce que
beaucoup de parents garde ça, internalise ça, comme je disais, des parents
qui... que l'on attendrait vivre de façon tout à fait très positive la
grossesse, qui ont des anxiétés. Puis c'est normal d'avoir de l'anxiété dans un
contexte nouveau, mais en en parlant avec les parents, les sécurisant, en leur
donnant les ressources qui sont disponibles, bien, l'infirmière de la clinique
est capable de s'assurer que ces parents soient... soient sécurisés et n'ont
pas de... n'ont pas besoin d'être référés vers des services additionnels. Donc,
c'est un programme qui a été lancé cette année et qui déjà montre des avantages
significatifs et évidemment qu'on veut déployer un peu partout.
La dernière chose qu'on a faite également,
c'est... puis ça aussi j'en suis très fier, c'est qu'on a reparti les visites
prénatales. Dans le...
M. Carmant : ...le réseau
public de CLSC, quelque chose qui avait été enlevé dans plusieurs régions du
Québec. Bien, maintenant, les parents peuvent avoir accès aux visites de la
clinique prénatale.
Mme Dorismond : C'est bon.
Merci beaucoup. Mais maintenant je vais vous amener dans le... dans le Plan
d'action interministériel en santé mentale qui a marqué depuis 2022... que
notre gouvernement priorisait la santé mentale. Et ce plan d'action là avait
comme résultat de plusieurs consultations des organismes communautaires au
niveau des employés du ministère, du Réseau de la santé, tout à travers le
Québec, puis c'est à peu près 43 actions, si je ne me trompe pas,
signifiantes... qui sont vraiment signifiantes et porteuses pour améliorer
l'accès en santé mentale, surtout en première ligne. Le plan représente à peu
près 1,15 milliard de dollars. On peut dire clairement que notre
gouvernement a priorisé la santé mentale. On parle d'une personne sur cinq qui
vivra un problème de santé mentale au courant de sa vie, comme on peut lire
dans le Plan d'action interministériel en santé mentale, c'est pour des
personnes qu'on doit continuer à travailler dans le réseau et aussi continuer à
améliorer les approches en santé mentale dans les services du réseau de la
santé.
Aussi, on pourrait parler que le plan
d'action répond adéquatement à l'ensemble des besoins des personnes, favorisant
à la fois la santé... santé mentale physique, mais aussi la qualité de vie des
personnes et les conditions socioéconomiques. Moi, je me réjouis vraiment que,
depuis qu'on est... en... depuis 2022, excusez-moi, on a été ensemble sur le
terrain et on a... et on a beaucoup fait des avancées, comme on peut parler de
la création des aires ouvertes. C'est à peu près une dizaine d'aires ouvertes
qui a été créée depuis 2022. Il y a aussi l'envol du 8-1-1 infosocial. Il y a
aussi la campagne de sensibilisation à grand déploiement qui encourage les gens
à mieux comprendre la santé mentale. Il y a aussi la création des services de
proximité qui rejoignent les gens là où ils sont. Et on peut parler de
l'équipe... que moi, j'ai eu la chance de voir et de rencontrer. Et vous, vous
avez participé à une tournée avec eux. Moi, j'ai participé aussi à une tournée
avec les Zip qui est plus en Montérégie, et ça, c'est un policier avec un
intervenant sociaux ou avec une infirmière qui... qui donnent des services de
proximité.
Il y a aussi une grande opération pour
réduire nos listes d'attente en santé mentale, comme celle annoncée lundi avec
l'Institut de pertinence des actes médicaux. On parle de
20 millions de dollars. Il y a aussi la mise en place des mesures
alternatives à l'hospitalisation partout au Québec. Et moi aussi, dans les
tournées des CISSS et des CIUSSS, Centre-Mauricie... du Québec, qui a été les
premiers à lancer à l'hôpital à la maison en santé mentale. Je les félicite
d'ailleurs.
Il y a aussi des actions concrètes avec le
ministre de l'Enseignement supérieur pour former et recruter davantage de
psychologues dans le réseau. Il y a aussi des soutiens accrus à nos partenaires
précieux du communautaire, comme le centre de crise et les autres organismes en
santé mentale. Et il y a aussi mon bébé, c'est la tournée des CLSC, améliorer
puis à valoriser les services en santé mentale. Mais ce qui est important pour
moi aussi, c'est la reconnaissance qu'il est important de travailler en équipe
multi pour améliorer la santé physique et mentale, et de tous... de tous les
professionnels de la santé qui travaillent ensemble en CLSC pour vraiment
renforcer la première ligne. Donc, on est rendus où, à cette étape-ci
maintenant, en 2024? On est rendus où dans le plan interministériel? Qu'est-ce
qu'on s'en va faire lundi?
• (16 h 20) •
M. Carmant : ...du matériel
pour 10 minutes, mais plusieurs choses. Moi, je pense que la première
chose que... dont j'aimerais parler, c'est de l'investissement, plus de
40 % a été fait pour les jeunes. Je pense que c'est un petit peu ce qui
reflète aussi, le fait qu'on a amélioré beaucoup la situation de nos jeunes.
Des choses dont je n'ai pas parlé aujourd'hui, là, c'est le volet TDAH, pour
lequel on dit qu'on ne travaille pas beaucoup, mais c'est... ce n'est pas le
cas. On a lancé des projets pilotes pour les jeunes avec un TDHA, parce qu'on a
un enjeu de surmédicalisation versus surdiagnostic. Puis, nous, ce qu'on veut,
c'est vraiment que le... les bons enfants...
M. Carmant : ...les bons
traitements soient donnés aux bons individus. Et ce qu'on a fait, c'est
qu'encore une fois, comme tu le mentionnes, les... on a créé des équipes
interdisciplinaires. Donc, autour du médecin pédiatre, on a mis une infirmière
clinicienne, un autre type d'intervenant qui est spécifique, le
kinésiothérapeute, là, où il n'y en avait pas beaucoup dans le réseau, mais on
a ajouté dans ces cliniques-là des kinésithérapeutes, psychoéducateurs
également, qui aident beaucoup pour les troubles de comportement, et puis on
sait que les TDAH, ça peut être une problématique. Et eux, c'est eux qui font
l'évaluation initiale du patient, puis ça leur permet de voir si, un, est-ce
qu'il y a d'autres facteurs qui pourraient expliquer le TDAH, environnementaux
ou autre, ou immaturité dans... parce qu'on sait que ceux qui sont nés au
début, dans le mois de septembre, sont plus souvent mis l'étiquette de TDAH. Et
ensuite, le médecin peut décider, si oui, il faut lui donner un traitement
approprié ou pas. Donc, on a ouvert deux cliniques en Chaudière-Appalaches, une
est en train de voir le jour à... au... à Saguenay, bientôt une à Saint-Jérôme.
Mais encore une fois, on aimerait aller plus vite, mais les enjeux de
ressources professionnelles nous limitent, parce qu'on ne veut pas, avec les
affichages de poste, déplacer, puis on respecte les priorités de chacun des
établissements. Mais ça, je pense que c'est un autre très beau projet qui va
être diffusé partout au Québec sous peu.
Avant de parler CLSC, j'aimerais quand
même expliquer c'est quoi, les mesures de réduction à l'hospitalisation. J'ai
expliqué tantôt les équipes ABC, là, qui vont faire la transition entre
l'urgence et la... et le... soit le CLSC, le psychologue ou le psychiatre, qui
vont faire le suivi en externe. On a deux autres très belles mesures, là, qui
viennent de notre plan d'action en santé mentale. La deuxième, c'est l'unité
d'interventions brèves en psychiatrie, où avant, on savait que pour ceux qui
venaient à l'urgence, c'est souvent quelque chose de stigmatisant, d'être
hospitalisé, ils avaient une réticence à rester à l'hôpital où ils étaient
hospitalisés pendant des périodes qui sont excessivement longues, là, les
durées de séjour en psychiatrie, c'est parmi les plus longues... c'est les plus
longues du réseau, mais là, on a un traitement intensif sur 48 à 72 h qui
se donne pour ces individus-là dans un environnement sécuritaire. Et la plupart
sont capables de quitter l'hôpital après cette durée de... même il y en a
beaucoup qui disent que même après 24 h, ils sont capables de quitter les
installations. Et par la suite, ils peuvent aussi bénéficier de... du suivi de
l'équipe d'accompagnement brève en... bref en communauté et s'assurer de ne pas
tomber entre deux chaises.
Finalement, la troisième mesure, celle que
je trouve la plus spectaculaire, là, c'est vraiment l'hospitalisation à
domicile, où des patients qui sont jugés aptes mais qui auraient besoin d'une
hospitalisation peuvent la faire dans leur milieu de vie où ça va faciliter de
beaucoup la récupération. Ça va permettre à nos intervenants de voir leur
milieu de vie, de voir comment ça se passe et également ça va permettre... ça
va permettre à la famille d'avoir un meilleur contact avec l'équipe traitante.
Puis ça, c'est un sujet que je sais qui vous tient à cœur également, là, le
rôle de la famille dans les... dans les soins en santé mentale, puis à beaucoup
de... à tout le monde ici. Et ça, dans ce modèle-là, les familles sont beaucoup
plus satisfaites du suivi et des soins qui sont offerts. Et la... Et la
communication se fait beaucoup mieux. Et ça, on est déjà... on a... on est
installés dans plusieurs régions du Québec. Et nous, ce qu'on dit, c'est que
tous ceux qui lèvent la main pour ces projets-là de prévention de
l'hospitalisation, on va les accompagner.
Puis donc, pour relier ça avec le contexte
de l'itinérance, par exemple, dans certains C.H.U. des centres-villes de
Montréal, eux, une de leurs plus grosses difficultés, c'est suivre les patients
en situation d'itinérance qui présentent des problèmes de santé mentale. Mais,
là aussi, il va... on va développer des programmes spécifiques. La
sous-ministre ainsi que le Directeur national de santé mentale vont travailler
sur un programme spécifique pour les C.H.U. qui va leur permettre d'offrir ce
programme-là.
Donc, moi, si on m'avait dit, quand j'ai
quitté le réseau, que mes collègues psychiatres allaient être heureux comme ça
d'aller dans... offrir des services à domicile, je pense qu'on doit remercier
l'équipe de la Capitale-Nationale d'avoir montré l'exemple depuis maintenant
10 ans, puis l'équipe de santé mentale du ministère d'avoir été de l'avant
avec un projet si ambitieux, puis d'avoir... d'avoir eu confiance dans cette
idée-là.
Les CLSC. Moi, je pense que c'est...
M. Carmant : ... — je
vais finir avec ça, là — c'est vraiment la pièce manquante du
casse-tête, puis je dois vous remercier de toutes les visites que vous avez faites
puis tout le démarchage que vous avez fait jusqu'à présent pour vraiment
évaluer la capacité des CLSC à réoffrir du sans rendez-vous. On sait que... je
pense, le plus gros changement en 2015, ça a été de vouloir amener les services
en GMF. Mais, dans ce contexte-là, on a beaucoup délaissé les CLSC, CLSC où il
y avait un potentiel énorme puis qu'on veut réactiver, qu'on veut capitaliser,
optimiser. Et ce qu'on veut mettre sur place, c'est vraiment de repartir les
équipes de l'AOR, là, de l'accueil- orientation pour les patients qui se
présentent sans rendez-vous avec un problème psychosocial en général, où
l'évaluation peut être faite dans toutes les salles d'urgence, puis on a la
liste complète des endroits où l'AOR est présent, et ceux qui avaient transféré
tous leurs services vers le 8-1-1 Info-Social sont en train de réouvrir des
intervenants AOR sur place.
Parce qu'il faut se rendre compte que,
bien que le service de 8-1-1 Info-Social a explosé, a doublé, puis les gens
sont très satisfaits, là, de leur service, hein, 8-1-1 Info-Social, il y a
quand même un... il y a deux phénomènes : il y a... il y en a qui n'osent
pas appeler au téléphone, puis il y a un phénomène particulier du 8-1-1
Info-Social, c'est que beaucoup de gens qui appellent pour un problème de santé
mentale raccrochent à l'intérieur de quelques secondes quand ils n'ont pas la
ligne tout de suite. Donc, quand... les gens, quand ils ont... quand ils lèvent
la main pour un problème de santé mentale, ils ont vraiment besoin d'être écoutés,
et je pense que d'ouvrir les CLSC qu'il y a dans toutes les communautés, ça va
faire une vraiment grande différence.
Maintenant, comme le but, c'est de ne pas
leur offrir un premier service puis les mettre en attente sur une liste
d'attente, le travail que vous avez à effectuer, c'est de s'assurer que, là où
on va aller ouvrir ce service de sans rendez-vous à l'AOR, c'est que ce soit en
lien avec le mécanisme d'accès en santé mentale. Puis ça, ça va permettre de
réorienter tout de suite le patient vers les services du mécanisme d'accès, où
là il y a vraiment des... toutes sortes... tous les professionnels en santé
mentale qui peuvent offrir des services rapidement et référer vers le bon
intervenant, puis là, ça, ça inclut toute la gamme de services, puis c'est là
également qu'on veut finalement insérer le fameux psychologue répondant, parce
qu'on entend souvent la...le commentaire que le psychologue, c'est juste en
bout de ligne qu'on se rend à lui. Donc, si on a un psychologue répondant qui,
avec le psychiatre ou l'IPS en santé mentale répondante, vont regarder les
dossiers, bien, on va s'assurer que les services sont vraiment donnés le plus
rapidement possible. Puis je pense qu'en combinant ces deux services-là, d'AOR
et de mécanisme d'accès en santé mentale, bien, on va être capable de, un,
diminuer les listes d'attente de façon significative.
Puis on se base beaucoup sur le modèle de
l'est de l'île de Montréal, où il y avait à un moment donné
2 000 personnes en attente, là, sur la liste de santé mentale
première ligne, et, en rehaussant les services du mécanisme d'accès, ils sont
depuis des mois autour de 200 personnes en attente... qui est très
raisonnable, avec un délai d'accès qui est très raisonnable également.
Donc, le...
Le Président (M. Provençal)
:Une minute.
M. Carmant : Une minute? O.K.
Le fameux projet de l'IPAM, où on va rehausser de façon ponctuelle les services
au mécanisme d'accès en santé mentale, bien, se base justement de cette
expérience-là du CIUSSS de l'Est-de-l'Île, où les intervenantes en... qui sont
à temps partiel ou les intervenantes qui décident... faire du temps
supplémentaire pourront lever la main sur une base volontaire et venir nous
aider au niveau de nos listes d'attente, puis on espère que partout au Québec
on va voir le même... le même... la même réponse que dans l'est de l'île.
• (16 h 30) •
Puis la beauté de la chose, c'est que ça
va être un blitz ponctuel, mais, entre ça, on est en train de mettre tout ce
qu'il faut autour pour s'assurer que la prise en charge soit fluide et que le
PQPTM soit une réussite dans tout le Québec, avec un patient qui peut être
référé à un médecin psychiatre sans aller voir son médecin de famille, là, qui
est vraiment un grand avantage, un guichet d'accès en santé mentale qui peut
référer directement aux psychiatres, aux psychologues ou dans un organisme
communautaire puis des organismes communautaires qui se sentent vraiment...
16 h 30 (version non révisée)
M. Carmant : ...un partenaire
du réseau de la santé au niveau de la santé mentale. Ça fait que je pense que c'est
une histoire qui va bien s'écrire au cours des prochaines années, M. le
Président, si j'ai terminé mon temps.
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
M. Carmant : Parfait.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, le temps alloué à l'étude du volet Services sociaux, des crédits
budgétaires du portefeuille Santé et Services sociaux étant presque écoulé,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme I, intitulé Fonctions de
coordination, est-il adopté?
Des voix : Adopté sur
division.
Le Président (M. Provençal)
:Sur division.
Le programme II, intitulé Services
dispensés à la population, est-il adopté?
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Provençal)
:Sur division.
Le programme III, intitulé Office des
personnes handicapées du Québec, est-il adopté?
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Provençal)
:Sur division.
Et le programme IV, intitulé Régie de
l'assurance maladie du Québec, est-il adopté?
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Provençal)
:Sur division.
Alors, merci à tous de votre collaboration
et de votre contribution. Compte tenu de l'heure, la commission ayant accompli
son mandat ajourne ses travaux, sine die. Et bon retour dans vos
circonscriptions. Soyez prudents et prudentes. Merci beaucoup, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire : Merci.
(Fin de la séance à 16 h 31)