(Onze heures cinquante-huit
minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je
souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 28, Loi visant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Ce matin, nous
entendrons les groupes suivants : la Confédération des syndicats
nationaux et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
Comme la séance a commencé avec 45 minutes
de retard, il y aura un dépassement de 45 minutes. Alors, consentement?
Merci.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Confédération des syndicats nationaux. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter puis à débuter votre exposé. La parole est à vous. Merci.
Confédération des
syndicats nationaux (CSN)
Mme Senneville (Caroline) : Merci.
Donc, oui, les présentations ont déjà été faites. Mme Senneville,
présidente de la CSN. Je suis accompagnée de MM. Leclerc et Roy, qui sont
respectivement présidents de chacune des fédérations de la CSN qui sont
présentes dans le secteur de la santé et des services sociaux.
• (12 heures) •
Alors, nous sommes réunis aujourd'hui pour
discuter d'un projet de loi veillant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire.
Peut-être que ça vaut la peine de revenir sur les débuts de l'état d'urgence
sanitaire. C'était... en tout cas, de mémoire, j'allais dire d'homme, mais
peut-être que devrais-je dire de femme, il n'y avait pas eu d'état d'urgence
sanitaire depuis fort longtemps, et cet état d'urgence là a été renouvelé plus
d'une centaine de fois, de 10 jours en 10 jours. Donc, c'est un état
d'urgence qui s'inscrit vraiment dans la durée, puis je tiens à le mentionner
parce que ça fait partie des réflexions qu'on va mettre de l'avant. Et c'est
aussi... comme il a été reporté, là, plusieurs... comme je le disais, plus de
100 fois par le gouvernement, il n'a jamais fait l'objet de débats démocratiques
ou de débats à l'Assemblée nationale. Ça aussi, on tient à le mentionner. On
est d'autant plus heureux de pouvoir participer à la présente commission
parlementaire, qui vise à mettre fin à cet état d'urgence là.
On va se le dire, la pandémie nous a, bien sûr,
frappés par sa soudaineté, son ampleur, ses dégâts, sa durée aussi, mais on
pense que la pandémie a servi de révélateur pour bien des choses. Et, bon, à
quelque chose malheur est bon. On peut se servir de ce qu'on a vécu des
dernières... les deux dernières années pour se projeter dans l'avenir et
s'améliorer, et c'est vraiment en ce sens-là que la CSN participe à la présente
commission parlementaire.
Donc, nous avons un projet de loi qui vise à
mettre fin à l'état d'urgence d'ici la fin de cette année, donc en décembre
2022, et donc après presque trois ans. Rendus à cette époque-là, ça va faire
presque trois ans qu'on va avoir été en état d'urgence. La première remarque
qu'on veut vous faire, et je pense qu'on n'est pas les seuls à la faire, c'est
que l'état d'urgence sanitaire c'est un oui ou un non, un «on» ou un «off». Il
n'y a pas de période transitoire. Il n'y a rien qui prévoit un retour à la
normale, qu'on souhaite tous le plus rapide possible, mais par... mettons, par
paliers, avec des mesures qui sont prévisibles, et qui sont transparentes, et
qui permettraient, à notre avis, une plus grande adhésion de la population.
Alors, nous, peut-être, notre première remarque irait en ce sens-là. Pourquoi — on a
le temps — pourquoi
ne pas prévoir des périodes transitoires pour quand on aura à vivre des...
d'autres solutions... d'autres situations comme celle-ci, et des mesures
transitoires qui sont basées sur des critères précis, et connus d'avance, et
scientifiques, et qui font que les gens comprennent comment on chemine d'un
état à l'autre, d'un palier à l'autre, et de mesures à d'autres?
On se penche,
bien sûr, sur ce projet de loi, mais aussi sur un amendement qui a été proposé
dès le début des travaux, amendement
qui vise à rassembler, dans cinq arrêtés ministériels, les mesures qui
resteraient en place, là, jusqu'en décembre 2022... Je me corrige, à la fin de l'état d'urgence, à l'adoption de la
loi, cinq arrêtés jusqu'en 2022. Et le lapsus, je pense, est significatif, parce que ces cinq arrêtés là
couvrent beaucoup de sujets, et ratissent assez large, et des sujets, aussi,
très importants.
J'aimerais m'attarder d'abord sur celui qui
traite de l'éducation, parce que le ministre... le ministère a aussi indiqué,
dans un communiqué de presse, qu'il n'était pas de son intention, malgré qu'il
y avait un arrêté ministériel qui permet d'avoir des
situations particulières en éducation jusqu'à la fin du mois de décembre, qu'il
n'avait pas l'intention que ça se poursuive au-delà de la présente année
scolaire, donc le 30 juin de cette année. Si c'est le cas, bien, ce serait
une autre suggestion qu'on fasse, en plus d'avoir des mesures transitoires,
c'est de dire, bien, en éducation, si notre intention, c'est de faire en sorte
qu'il n'y a rien qui se poursuive d'ici la fin de l'année scolaire, bien,
effectivement ce serait intéressant de le mettre directement dans le projet de
loi.
Dans les cinq arrêtés qui restent, on reconnaît
quand même, par ailleurs, que ça a un effet... comme ils sont regroupés par
thèmes, par thématiques, ça permet de clarifier. Parce qu'on doit le dire, là,
les arrêtés se sont multipliés, une chatte n'y retrouvait plus ses petits, là.
Ils étaient gérés petit à petit. Alors, l'idée de les rassembler et de
clarifier le tout, c'est bien important, et c'est salué de façon positive,
mais, outre la remarque que j'ai faite pour l'éducation, on note qu'il y a
beaucoup, dans les arrêtés qui restent et qui vont rester jusqu'à la fin de
l'année, beaucoup de choses qui touchent l'organisation du travail, la gestion
des ressources humaines. Et là, vous parlez à la CSN, vous parlez à un
syndicat. C'est quelque chose qu'on connaît. Et je vais vous dire, d'entrée de
jeu, que nous, on va souhaiter que ces arrêtés-là, en termes de ressources
humaines, en termes de conditions de travail, qu'ils puissent être... faire
l'objet de négociations et non pas d'arrêtés unilatéraux.
Donc, comme je suis accompagnée des présidences
de fédérations, qui sont les... vraiment sur le terrain, en termes
d'organisation du travail, je vais leur céder la parole sur ce sujet-là.
M. Leclerc (Réjean) : Merci,
Mme la présidente. Merci à tous de nous accueillir. Effectivement, le projet de
loi vient remettre en question, encore une fois, et vient statuer sur le déni
de notre droit à négocier, donc, sous prétexte, peut-être, que nous n'avons pas
le temps de faire de telles négociations, ce à quoi... nous contestons, depuis
le début, cet argument. Nous contestons le fait qu'on nous refuse de négocier
les mesures quelles qu'elles soient, qu'elles soient temporaires, qu'elles
soient transitoires ou, même, permanentes. Nous sommes présents pour, lorsque
c'est le temps, convenir de particularités, compte tenu de la situation, compte
tenu de l'urgence. Et sachez que le réseau de la santé est sous pression depuis
plusieurs années, et ce, même si certains pourraient en douter. La pandémie a
permis de bien mettre en lumière cette faiblesse au niveau du réseau, notamment
au niveau du personnel.
Il y a aussi... Ce qui est clair pour nous,
c'est qu'on conteste depuis le début, que les mesures n'ont jamais été
convenues. Et la particularité — et j'entends déjà le ministre de la Santé
adhérer à cette idée — que
nous étions présents lors de la période des fêtes de 2021, là, jusqu'au
début 2022, à l'approche de la vague qui a débuté en 2022. Nous avons
répondu présent, nous avons participé à plusieurs rencontres, et, sans qu'il y
ait eu d'entente, nous avons pu quand même échanger sur des idées, sur des
pistes de solutions, qui ont permis au ministre à développer certaines mesures
qui se retrouvent dans les arrêtés, mais jamais on n'a convenu par entente...
Et c'est ce qui nous apparaît difficile, après ça, de vendre des idées ou
vendre des intentions du gouvernement lorsqu'on nous n'avons pas d'entente,
donc l'adhésion est plus difficile.
Et aussi, nous, on est gardien de l'équité entre
les individus, entre les groupes d'emplois. Et est-ce à dire, dans le fond, que
l'appareil est tellement rendu gros, est-ce que la centralisation est telle
qu'on ne pouvait plus négocier à d'autres niveaux, bien que je sais qu'il y a
des organismes gouvernementaux qui ont pu passer à travers la COVID sans qu'il
y ait d'arrêté, que ça s'est fait par négociation?
M. Roy (Danny) : M. le
Président, membres de la commission, vous vous posez sûrement la question à ce
moment-ci : S'il y a consultation, est-ce que vous allez être au
rendez-vous, les organisations syndicales? Bien, je vous poserais aussi la
question. Pour que les syndicats soient au rendez-vous, il faut aussi qu'il y
ait des incitatifs à la consultation pour le ministère. Quel intérêt y a-t-il
présentement, pour le ministère, de négocier quand le ministère a les deux mains
dans le plat de bonbons de la gestion sans consultation?
Puis, à titre d'exemple, puis qui va être assez
éloquent, pas plus tard qu'hier, la direction générale du bien-être et de la
protection de la jeunesse nous présentait un projet visant l'objectif, très
louable, de diminuer les listes d'attente en DPJ, projet qui était sur la table
à dessin depuis l'été dernier. Il faut savoir, pour tout le monde, que chaque
organisation syndicale a des tables, présentement, qui discutent des centres
jeunesse, et qu'ils n'avaient jamais entendu parler de ce projet-là. On nous
présente, hier, le projet, pour qu'il soit exécuté dans 10 jours, soit le
15 avril. Ce projet-là a d'importantes conséquences sur les équipes et sur
les familles, mais avec le p.l., avec le projet de loi, le ministère n'a pas besoin de nous parler, il a juste à
utiliser les arrêtés pour arriver à pouvoir déplacer les personnes de... en
interétablissement. Pourtant, ce projet-là n'a rien à voir avec la pandémie.
Consulter les organisations syndicales en amont, dès l'été dernier, aurait
probablement apporté une meilleure adhésion puis une meilleure adéquation avec
la réalité du terrain.
Cette expérience nous démontre, aux
organisations syndicales, qu'il est plus qu'urgent que le ministère revienne à un
mode de discussion puis de négociation respectueux des travailleurs et
travailleuses puis qu'il faut, dès maintenant, négocier une transition vers une
gestion plus adéquate, sans arrêtés. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, merci beaucoup pour votre exposé. Je pense
que, M. le ministre, vous êtes prêt à débuter cet échange.
M. Dubé :
Bien oui, avec plaisir, M. le Président. Et, en commençant, je voudrais
saluer les trois personnes qui ont pris le temps de venir ici aujourd'hui,
parce que je trouve ça... il y a beaucoup de choses avec lesquelles...
Mme Senneville, M. Leclerc, M. Roy, avec lesquelles... plusieurs
de vos propos avec lesquels je suis non seulement d'accord, mais je pense que la collaboration que nous avons eue au cours
des derniers mois, puis, je dirais, particulièrement après la deuxième moitié de cette crise-là, est un
excellent départ, puis j'apprécie beaucoup que vous y ayez fait
référence. Parce que je me souviens très bien, lorsque,
pour la première fois, notre gouvernement a décidé, avec mes deux collègues, là, la présidente du Conseil du trésor
et le ministre du Travail... Tous les trois ensemble, on s'est vus, entre
autres, au mois de décembre, puis on a dit : On a vraiment une situation
qui est difficile. Et je dois saluer l'ouverture d'esprit que vous avez eue
qu'on ait ces rencontres-là.
• (12 h 10) •
Je comprends très
bien puis je pense que les Québécois comprennent le rôle du syndicat et le rôle
de la partie patronale, et, même si on n'est pas toujours d'accord, je vais
l'appeler comme ça, ce début de collaboration là qu'on a eue... Notamment,
lorsqu'on avait des discussions pour trouver des solutions à des programmes
d'attraction et de rétention, je dois vous dire que vous avez été là. Vous avez
raison de dire que ça n'a pas été une négociation, et ça, je le respecte, parce
que ce que vous voulez, c'est de la négociation.
J'ai quand même eu de
très bons apprentissages à apprendre à vous connaître quand on a eu ces
rencontres-là. Et je pense que le... Je vais le dire dans des mots, là, que,
vous savez, qui me tiennent à coeur, toute la question du dialogue social, que
je pense qu'on a commencé à faire dans les derniers mois, pour moi, il est
important d'en tenir compte au cours de nos prochaines discussions. Mon
collègue M. Boulet parle beaucoup de paritarisme. Je sais que c'est
important pour vous. On l'a vu avec la CNESST, on l'a vu que c'est des systèmes
qui sont paritaires, et je pense que ça devrait nous guider dans nos futures
négociations.
Vous avez aussi
raison, et ça, j'en ai parlé beaucoup avec ma collègue, qu'effectivement les
problèmes du réseau de santé étaient bien avant la pandémie. Ça, on est tous
d'accord avec ça, on est tributaires de ce qui est arrivé avant nous. Mais,
maintenant, on doit agir, on doit agir. On a dû agir rapidement. Il n'y a
personne, puis je vais être d'accord avec vous, il n'y a personne qui est
d'accord à toujours travailler par décrets. Nous, on croyait que la situation
l'exigeait, puis on le voit que, malheureusement, encore, tant qu'on ne se sera
pas entendus sur le projet de loi n° 28. Il y a un équilibre à garder
entre les mesures qui ont été mises en place, parce que, comme le disait si
bien le Dr Boileau hier, il y a un danger, en ce moment, de ne pas mettre en
place des mesures transitoires au moment où on veut lever l'urgence sanitaire.
Bon, maintenant, je vais
faire une précision sur une de vos questions, puis je vais être rapide, parce
que je voudrais vous laisser le temps de répondre à quelques points.
Premièrement, sur la question de l'éducation, vous avez absolument raison,
parce que, je l'ai dit, j'en avais discuté avec le ministre Roberge, l'objectif
des mesures en éducation, c'est pour la fin de l'été, et je pense qu'on aura le
temps nécessaire après les élections, si les Québécois nous ont fait confiance,
d'être capables de clarifier cette question-là de télé-éducation, et on le
fera, on précisera, au besoin, dans le projet de loi, que les mesures en
éducation se terminent avec la fin de l'année scolaire. Puis je vous remercie
de l'avoir soulevé, parce que je dois vous avouer que, dans ma tête à moi, c'était
réglé, alors, si on doit le préciser... Encore une fois, vous êtes sur le
terrain, puis je l'apprécie. C'est comme ça qu'on travaille.
Est-ce qu'il y a des
arrêtés... Parce qu'on a fait un travail, je dois dire... Puis on en avait
discuté, puis même, vous l'avez mentionné aujourd'hui, il y en a eu, des
arrêtés, on ne cachera pas le fait qu'il y en a eu plusieurs. Nos légistes ont
fait un travail, je dirais, remarquable, au cours des dernières semaines, pour
ramener ça à cinq thèmes. Vous connaissez l'épaisseur de nos conventions
collectives, hein, vous les connaissez. Alors, quand on a voulu résumer ça,
puis surtout celles qui se rapportent aux ressources humaines, je pense que les
gens comprennent qu'il a fallu bien décrire les tâches, bien décrire les
primes, etc. Alors donc, j'arrête là-dessus, mais j'apprécie, encore une fois,
le ton que vous avez aujourd'hui, de reconnaître qu'on a voulu faire cette
clarification-là.
Maintenant, sur
l'arrêté, lui-même, des ressources humaines, j'aimerais ça vous entendre de
façon plus précise. Comment vous pouvez nous aider? Parce que les discussions
qu'on a eues, je le dis, là, depuis l'automne dernier, ont été excessivement
constructives. Alors, quand vous prenez acte des précisions qu'on a données
dans l'arrêté la semaine dernière, lorsqu'on a déposé l'amendement, lesquelles,
selon vous, ne sont plus nécessaires? Parce que le plus rapidement on peut les
enlever, les plus heureux on va être, parce que... Prenons un exemple. Puis là
je ne veux pas jouer dans des zones un peu difficiles, mais vous savez qu'on
devait enlever...
Une voix :
Je compléterai, au pire.
M. Dubé :
Pardon?
Une voix :
...
M. Dubé :
On devait enlever les primes à compter du 16 avril, et, pour des raisons
évidentes, on a décidé... on vous a appelés, on vous a dit : Écoutez, je
pense que vous allez comprendre qu'on doit les prolonger, malgré les coûts
astronomiques de cette prolongation-là. J'aimerais vous entendre. Qu'est-ce
qui... Dans ces primes-là, qu'est-ce qu'on devrait enlever peut-être plus
rapidement? Je veux vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
M. Leclerc
(Réjean) : J'apprécie la question, M. le ministre. Bien, je vais vous
répondre : Tout. Il faut enlever toutes les mesures,
sans exception, pour la simple et bonne raison que, si vous les soumettez à
une table de négociation, puis qu'on en convient, on va savoir exactement, de
part et d'autre... Parce que, souvenez-vous, quand... lorsqu'on fait un...
lorsque vous promulguez un arrêté, puis qu'on vous revient, une semaine, deux
semaines après, puis on vous dit : M.
le ministre, vous avez oublié telle affaire, puis là le réseau réagit de telle
façon, puis là on vous donnait de l'information, qui ne venait pas
nécessairement de votre appareil, mais qui venait du terrain... Parce que les
deux... Nous, on présume qu'en ayant les deux informations des deux canaux,
bien, vous êtes capable de constater qu'il y a des ajustements à faire. Et vous
en avez fait, des ajustements, on les a constatés, il y a des arrêtés. Ça fait
que moi, je vais vous répondre...
M.
Dubé : M. Leclerc, M. Leclerc, c'est parce que je n'ai pas
beaucoup de temps puis je veux qu'on se comprenne bien.
M. Leclerc
(Réjean) : Ah! Excusez, oui.
M. Dubé : Non,
non. Regardez, là, il faut mettre dans le contexte la question que je vous ai
posée, puis être sûr que je comprends bien votre réponse. Parce que vous me
dites : J'enlève tous les décrets, j'enlève les arrêtés. Je fais quoi avec
les...
M. Leclerc
(Réjean) : On les négocie.
M. Dubé : Non,
mais juste qu'on se comprenne bien, là. Demain matin, là, on enlève les
décrets, et je n'ai pas de personnel pour faire de la vaccination, je n'ai pas
de personnel pour faire de dépistage. Vous avez entendu le témoignage des
P.D.G. hier, là. Les députés de l'opposition n'ont pas voulu leur poser des
questions, mais vous, vous les avez écoutés. Je suis sûr que vous avez compris
qu'il nous manque du personnel pour faire de la vaccination, il nous manque du
personnel pour faire du dépistage, il nous manque du personnel pour gérer notre
réseau. Je suis d'accord qu'il va falloir les enlever, les arrêtés, mais on
fait quoi en attendant? Parce que Je contribue a été fait par arrêté.
Je comprends ce que
vous me dites, mais, quand... Il faut avoir, dans la même phrase... Oui, on
veut arrêter l'urgence sanitaire, mais lesquelles mesures vous pensez qu'on a
besoin pour continuer à travailler ensemble pendant qu'on a une sixième vague
et qu'il faut vacciner des gens? Il faut poser la question ensemble, dans la
même phrase.
M. Leclerc
(Réjean) : Oui...
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, si vous pouvez me permettre... Excuse-moi, Réjean,
je vais...
M. Leclerc
(Réjean) : Oui, vas-y.
Mme Senneville
(Caroline) : On n'est pas à une table de négociation, là, puis on ne
mettra pas, sur la place publique, telle mesure, telle autre mesure. Deux
choses. Nous, ce qu'on dit, là, c'est qu'on a des arrêtés puis ça va durer
jusqu'au mois de décembre. Bon, d'ici le mois de décembre, on peut-tu...
M. Dubé : Ah!
pas tous. On s'entend, pas tous.
Mme Senneville
(Caroline) : Pas tous, non, je sais.
M. Dubé : L'éducation
arrête en juin...
Mme Senneville
(Caroline) : Oui, puis merci...
M. Dubé :
...les mesures... les primes vont arrêter au mois de mai.
Mme Senneville
(Caroline) : C'est ça.
M. Dubé :
Ce n'est pas... En tout cas, je vous laisse continuer, excusez-moi.
M. Leclerc
(Réjean) : Oui, puis merci pour l'éducation. Puis, je vous dirais, si
vous permettez — pause
pub — c'est
ça qui est intéressant, travailler avec des centrales syndicales, parce qu'on a
le portrait, vraiment, de partout. Mais,
bon, fin de la pause pub. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut s'asseoir... Il y a
beaucoup d'argents qui sont là-dedans. Ça crée, hein... Est-ce qu'on
peut s'assurer que l'argent est bien dépensé? Bien, si l'argent est bien
dépensé, il faut qu'on soit partie prenante,
il faut qu'on soit capable de dire : Nos membres, c'est plus ça... À
argent égal, on aime mieux ça là que là. Là, ça crée des sentiments
d'iniquité. Alors, nous, quand on dit : On veut garder des mesures
transitoires, assoyons-nous, regardons ce qui peut se faire de façon
transitoire, puis, le mois prochain, ce sera ça, dans deux mois, ce sera ça,
dans trois mois, ce sera ça. Puis, vous l'avez dit vous-même, on est très
disponibles, on peut faire ça très rapidement. Puis donc c'est ce qu'on
propose.
M. Dubé : Mais ce que... Je veux juste qu'on se comprenne
puis... tous les trois, parce qu'on a eu ces discussions-là plusieurs
fois dans les derniers mois, on est tous d'accord qu'on doit avoir ces
discussions-là. L'enjeu que je veux juste
que les Québécois comprennent de notre conversation aujourd'hui, c'est qu'on ne
peut pas lever des mesures sanitaires tant qu'on n'a pas les mesures
transitoires pour protéger la population. Ça, vous êtes d'accord avec ça.
M. Roy
(Danny) : Mais une partie importante qu'il faut tenir compte,
c'est : il n'y a pas besoin de prolonger jusqu'au mois de décembre les
arrêtés ministériels. On peut s'asseoir dès maintenant. Et on a toujours fait
preuve d'ouverture pour toutes les situations que vous nous présentez. Mais on
doit s'asseoir dès maintenant pour négocier la transition vers plus d'arrêtés
ministériels, mais des éléments qui sont négociés. C'est ça qui est important.
M.
Dubé : M. Roy, on s'est parlé plusieurs fois. Parlez-moi du thème
sur les... la main-d'oeuvre indépendante. Bon, c'est une demande qui est très
claire de la part des syndicats depuis des années, même, même avant notre
gouvernement, là. Ça n'a jamais été réglé. Dites-moi comment on règle ça, par
négociation, dans les prochaines semaines, avant la convention collective...
expliquez-moi ça, là... en temps de pandémie. Expliquez ça, là.
M. Roy
(Danny) : Bien, ça, ce sera des discussions qu'on pourrait avoir.
Mais, présentement...
• (12 h 20) •
M. Dubé : Non,
mais, M. Roy, je vous demande : maintenant, là. On est en pandémie en
ce moment, on a besoin de vaccinateurs, on doit encadrer les agences
indépendantes que vous nous avez demandé de faire, on l'a fait. Moi, je vous dis, là : Pas dans trois mois,
là, demain matin. Si l'opposition accepte le projet de loi — avec
des amendements, je suis d'accord — qu'est-ce qu'on fait avec ces
mesures-là s'il faut le faire rapidement?
M. Roy
(Danny) : Vous nous êtes arrivés, le 23 décembre, avec un défi
beaucoup plus grand que celui-là, et, en deux semaines, l'ensemble des
organisations syndicales, on a été capables de trouver des solutions, puis
d'arriver à des solutions qui faisaient vraiment l'affaire de tous. On est
capables de le faire pour la main-d'oeuvre indépendante, comme pour tous les
arrêtés ministériels.
M. Dubé :
Bien, c'est excellent, parce que ce que je veux vous demander... Puis que
les gens comprennent pourquoi qu'il y a différentes dates. Lorsqu'on a pris les
primes, il y a des primes, comme vous savez, qui vont arrêter le 14 mai.
On les a extensionnées d'un mois, mais il y a des primes qu'on a données à la
rétention et à l'attraction, des primes de long terme, qui sont... ont été
signées avec vos membres pour un an. Est-ce que vous pensez qu'on devrait
renier notre parole, et ne pas donner ces primes-là pour un an?
M. Leclerc
(Réjean) : L'enjeu n'est pas de savoir si les mesures doivent être
dans... exister ou pas. L'enjeu, c'est que nous, on dit : Il faut les
négocier. Elles doivent exister à travers une négociation pour y adhérer, parce
qu'on a le temps de le faire, puis parce qu'au final c'est notre travail,
mutuellement, de négocier ce genre de choses là, ça fait partie du droit. Et,
dans un contexte d'urgence, il peut y avoir des moments où il faut prendre des
décisions rapides, exemple, le verglas, exemple, d'autres situations, mais ça
ne peut pas durer autant de temps sans qu'on soit impliqués, pas seulement à
recevoir ce qui est écrit dans l'arrêté, parce que tout le monde peut le lire
sur Internet. Moi, je vous dis qu'il faut les négocier, convenir puis les
appliquer. C'est comme ça que ça fonctionne, pour notre côté.
M. Dubé :
Et c'est pour ça, M. Leclerc... Puis je pense que ça va être vraiment
intéressant, parce que là, avec Mme LeBel et M. Boulet, comme j'ai
expliqué tout à l'heure, je pense qu'on a commencé un climat de discussion qui
est différent de ce qui existait avant, beaucoup moins, je dirais,
confrontationnel de ce qui s'est fait avant. Je pense que vous en êtes d'accord.
Ça a été une situation difficile pour la pandémie.
Il me reste à peu
près quoi?
Le Président
(M. Provençal)
: 1 min 40 s.
M. Dubé :
Ce n'est pas long, hein? Excusez-moi, là, on aura le temps de se reparler
d'autres fois. Mais ce que j'aimerais que les Québécois retiennent,
aujourd'hui, de notre conversation, c'est que cette discussion-là, cette
collaboration sociale là dont on parle, ce besoin de travailler ensemble, nous,
on lève la main puis on dit : On veut être là. Vous avez levé la main pour
le faire. Je veux juste vous dire que je l'apprécie beaucoup. Je pense qu'on
doit remercier, moi, je dis toujours, vos membres, nos employés, hein — c'est
comme ça que je pense qu'on doit voir cette relation-là — de
tout le travail qui a été fait durant la pandémie. Et je vous dirais que les
prochaines négociations qui s'en viennent, hein... vous allez faire vos
demandes cet automne, ce n'est pas loin, là, on parle de l'automne... on va
attendre vos demandes, puis vous allez voir qu'on va avoir un climat de
négociation qui va être excessivement intéressant. Merci, encore une fois,
d'être venus aujourd'hui, à vous trois. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup, M. le ministre. Nous allons poursuivre cet échange avec le député de
Nelligan.
M. Derraji :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Senneville, bonjour,
M. Leclerc et M. Roy, merci pour votre présentation. Je n'ai pas le
même temps que le ministre, donc je vais poser des questions courtes, s'il vous
plaît, des réponses courtes, parce que je veux vraiment profiter de votre
passage.
Vous avez dit, dans
votre mémoire, et je vais le lire : «La Confédération des syndicats
nationaux dénonce le projet de loi sous sa forme actuelle, car les syndicats et
travailleurs voient leurs droits bafoués six mois de plus. Cette situation,
inscrite au projet de loi, est insoutenable.» Moi, ce que je veux avec vous
aujourd'hui, pour les Québécois qui nous écoutent et nous suivent, est-ce que
vous pouvez expliquer pourquoi vous sentez aujourd'hui que les droits de vos
membres sont bafoués pour encore six mois? Expliquez comment. Parce que j'ai
l'impression que l'échange de tout à l'heure, tout est beau. Si c'est «tout est
beau, c'est excellent», bien, pourquoi vous pensez que vos... les droits de vos
membres sont bafoués?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
écoutez, d'abord, le droit de se syndiquer, le droit d'association, est
enchâssé dans toutes les chartes québécoises et canadiennes, et ça inclut, par
jugement de la Cour suprême, le droit de négocier ses
conditions de travail. Pour beaucoup de gens qu'on représente dans la santé,
puis on l'a vu un petit peu aussi dans l'éducation tout à l'heure, bien, ça, ça
n'existe plus depuis mars 2020. On peut voir notre horaire bouleversé, allongé,
changer d'établissement, ne pas être en vacances, en même temps que, comme
citoyens, on est frappés par la pandémie. Souvenez-vous, au début, on nageait,
là, vraiment, dans l'incertitude, les équipements n'étaient pas toujours
présents, alors... Et, pendant tout ce... Et on dit à des gens : Toi, tu
as une prime, toi, tu n'en as pas, et c'est unilatéral. Et ça, ça crée
énormément d'insatisfaction sur le terrain.
Là, bon, la crise perdure, ou la situation
pandémique, elle n'est peut-être pas à l'état de crise, mais elle perdure.
Nous, ce qu'on dit, c'est que, O.K., des mesures transitoires, mettons en place
des mesures en disant : C'est ça qui a eu lieu jusqu'à tant qu'on négocie
d'autres choses avec les syndicats. On va répondre présent et on va répondre
présent très rapidement. Et ça, ça a, comme avantage, de... on connaît le
terrain, on n'a pas toutes les solutions, mais on en a plusieurs. On est
capables de parler à nos membres, on est capables de leur dire : Voici
pourquoi ça, ça a été mis en place, plutôt que de dire : Bien, ça, c'est
un arrêté ministériel, mets ça dans ta poche, puis ton mouchoir par-dessus,
puis tu n'as rien à dire. Donc, c'est aussi une cohésion sur le terrain. Et là,
on le sait, pénurie de main-d'oeuvre, problèmes d'attraction et de rétention.
Les arrêtés ministériels ont un effet délétère sur les relations de travail.
M. Derraji : Oui, mais... Je vous
comprends et je partage votre inquiétude, mais, de l'autre côté, vous venez
d'entendre les propos du gouvernement que tout va bien, il y a un dialogue
social et tout va bien. Moi, j'avais l'impression que, lors de votre échange,
que ça va vraiment bien. Donc, aujourd'hui, ce que j'entends avec vous, que vos
droits... que vous pensez que vos membres, leurs droits bafoués six mois de
plus, ça n'envoie pas le bon message.
M. Leclerc (Réjean) : Si vous me
permettez, je vais peut-être répondre avec un exemple concret. Dans mon
ancienne vie, au début de la pandémie, j'étais président d'un syndicat de
paramédics à Montréal, et sans arrêtés ministériels, et vous comprendrez que
les paramédics à Montréal ont vécu de plein fouet la pandémie, parce qu'ils
transportent des gens, puis ils vivent l'inconnu. Le syndicat a lancé le
message à l'employeur qu'au lieu de procéder par arrêtés le syndicat se rendait
disponible pour répondre aux besoins de la population. Nous nous sommes
entendus au fur et à mesure des événements, et ce, sans arrêter. C'est ce qu'on
dit aujourd'hui, la chose est possible.
Donc, bafouer les droits, qu'est-ce que ça veut
dire concrètement? C'est que notre intervention devient futile, parce que tout
est déjà décidé, avec des pénalités à la clé si on ne respecte pas tel ou tel
paramètre d'un arrêté. Et ça, ça nous empêche d'échanger, d'interagir avec nos
membres sur des solutions qui, peut-être, sont plus novatrices, parce qu'elles
viennent du terrain.
M. Derraji : Et je partage votre
préoccupation. Mais, de l'autre côté, ce qu'ils disent, c'est qu'ils ont besoin
de ces arrêtés pour assurer le plein contrôle sur l'état d'urgence, sur la
pandémie. Et vous savez que ça ne prend pas... ça ne prend pas ...supérieur
pour voir qu'il y a une élection au mois de septembre... au mois d'octobre,
septembre, l'automne. Vous avez des négociations, probablement, en cours, ou
des échanges. C'est quoi, le sentiment que vous avez que le gouvernement a
choisi cette voie facile de gouverner le réseau par arrêtés? Est-ce que c'est
vraiment l'obligation de l'urgence sanitaire ou l'obligation... ou la volonté
de continuer à gouverner par décrets, parce que c'est devenu un mode de
gouvernance de ce gouvernement depuis mars 2020? C'est quoi, la lecture que
vous faites?
M. Roy (Danny) : Bien, à cette
étape-ci, la lecture qu'on dit, c'est que ce n'est plus nécessaire, et...
M. Derraji : Donc, le projet de
loi... Désolé, je vous interromps. Est-ce que le projet de loi, tel que
présenté aujourd'hui, vous êtes pour ou contre?
M. Roy (Danny) : On est tout à fait
contre. On veut avoir des... négocier rapidement des mesures transitoires pour
éviter...
M. Derraji : Si on vous dit...
M. Roy
(Danny) : ...pour éviter, si vous me permettez de terminer,
pour éviter que le ministère et le gouvernement se gouvernent comme dans
l'exemple que je vous ai donné tantôt. Ils sont dans le plat de bonbons présentement.
M. Derraji : C'est important, parce
que... C'est important, ce que vous dites, et, moi, j'aimerais bien que les Québécois vous écoutent aujourd'hui. Là, je vais
poser une question directe : Vous, au nom de vos membres, si,
aujourd'hui, il y avait une volonté réelle de négocier avec vous les mesures
transitoires, en combien de temps vous allez négocier les mesures transitoires?
M. Roy (Danny) : On sera
disponibles.
Mme Senneville (Caroline) : Le plus
rapidement possible.
M. Derraji : Désolé, vous avez parlé
au même moment. Quoi?
Mme Senneville (Caroline) : Vas-y,
Danny.
M. Roy (Danny) : On
va être disponibles. Il faut que vous sachiez, là, que, du 23 décembre...
les deux premières semaines, on a été disponibles jour, soir, nuit pour
pouvoir faire des négociations. On sera dans la même disposition pour négocier
les mesures transitoires.
M. Derraji : Je vous remercie pour votre franchise et la clarté
de la réponse. Donc, vous êtes prêts à négocier pour les mesures transitoires. C'est pour cela que vous
venez de répondre que vous êtes contre ce projet de loi. Mais comment...
M. Roy
(Danny) : Tout à fait.
M. Derraji :
Hein?
M. Roy
(Danny) : Tout à fait, tout à fait.
• (12 h 30) •
M. Derraji : Donc,
contre le projet de loi. Je l'ai bien... j'ai bien compris. Je vais revenir sur
quelque chose que vous avez soulevé, M. Roy, par rapport à la DPJ.
J'aimerais bien que vous expliquiez l'exemple que vous vivez, parce que,
parfois, les citoyens québécois, quand on pose des questions en commission
parlementaire, ils n'arrivent pas à comprendre pourquoi c'est un peu dangereux,
continuer avec les arrêtés. Expliquez la situation avec la DPJ, et qu'on vous
demande d'agir en bas de 10 jours. Très rapidement, brièvement, s'il vous
plaît.
M. Roy
(Danny) : Bien, déjà, une erreur : on ne nous demande pas d'agir,
on nous avise que ce projet-là va arriver. Mais je vous explique, depuis le
début de l'été, il y a des problématiques qui sont nobles... pas nobles, mais
il y a une problématique importante, dans les DPJ, de liste d'attente à
l'évaluation. Depuis l'été... on nous a dit hier que, depuis l'été, on
tablait... il y avait une planche à dessin où il y avait un projet qui était
mis en oeuvre pour réduire les listes d'attente, et vous me direz si je manque de
temps, là, et ce projet-là nous a été présenté hier pour une application dans
10 jours.
C'est évident pour
nous que, là, le ministère avait les deux mains dans le plat de bonbons de la
gestion sans consultation. Et, quand on a parlé de consultation, bien, on est à
peu près certain qu'ils vont utiliser l'arrêté ministériel pour les
déplacements, ils n'ont pas besoin de nous consulter. Pourquoi le faire?
M. Derraji :
Oui. Une dernière question, donc, vous pensez que la lecture du ministre
est biaisée, du réseau, parce qu'il gouverne par arrêté depuis mars 2020?
Parce que juste expliquer aux gens qui nous suivent, il y a des règles, il y a
des conventions collectives, il y a des négociations avec l'autre partie qui
est très importante dans le réseau, mais il y a un mode de gouvernance actuel
qui, depuis le début... c'est des arrêtés ministériels et des décrets. Dans un
monde idéal, est-ce que c'est gouverner par
décret et arrêté qui est bon ou bien revenir à la normale avec les conventions
collectives?
M. Roy
(Danny) : Et je vous dirais, au surplus, que le mode de négociation
enracine le ministère et les politiciens dans la réalité vécue au terrain,
c'est-à-dire que ça connecte... Vas-y.
M. Leclerc
(Réjean) : Non, mais, moi, je voulais renchérir, puis, rapidement, ce
mode-là tend à... de nos membres, ça les braque. Pour certains, ça les braque,
parce que d'imposer et de négocier, c'est deux approches complètement
différentes pour la même mesure. Il y a des mesures qui sont inspirées de nos
discussions, mais, parce qu'elles sont dans
des arrêtés, les gens ont de la misère à y adhérer. Puis, pour nous, ça nous
discarte parce que... Est-ce que c'est pour un bénéfice politique de
dire : Voici les milliards? Penser à l'extérieur de la boîte, ça a des
conséquences. Et cette façon de gérer comme celle-là, bien, pour nous...
M. Derraji : Comment
vous qualifiez... Comment vous qualifiez cette façon de gérer?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, écoutez, on va apprendre de ce qui s'est passé puis
on peut... Je sais que les conventions collectives sont épaisses, là,
M. Dubé, mais on peut déjà mettre dans la convention collective :
s'il y a une situation d'urgence, voici ce qui peut s'appliquer et prévoir.
Quand on parle de mesures transitoires, quand on parle de se saisir des leçons
de la pandémie, tout se négocie dans la vie, donc, et là, à ce moment-là, quand
il y aura une autre situation urgente, on va souhaiter le plus tard possible et
le moins grave possible, on aura déjà les outils et on aura besoin de moins
d'arrêtés et moins de décrets.
M. Derraji :
Merci, Mme Senneville. Une dernière question à vous trois :
Comment vous qualifiez cette façon de procéder, de ne pas mettre sur table la
négociation et continuer à gouverner par arrêté, en un mot?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, disons que ça ne met pas de l'avant le dialogue
social.
M. Derraji :
Ah! merci. Vous, M. Roy, M. Leclerc.
M. Roy
(Danny) : Je... Bien, on souhaiterait avoir, effectivement, cette
négociation-là, mais présentement je ne vois pas le ministère... un ministère
qui est... qui le souhaite.
M. Derraji : Bravo!
M. Leclerc
(Réjean) : Je trouve que c'est mal avisé.
M. Derraji : Mal avisé.
M. Leclerc
(Réjean) : Je trouve que c'est mal avisé parce qu'il y a un
décalage entre la réalité puis les intentions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. Leclerc.
M. Leclerc (Réjean) : Bienvenue.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, la suite de cet échange va
appartenir au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Mme Senneville, MM. Roy et Leclerc, merci d'être là. Moi,
j'ai encore moins de temps que les deux autres avant, alors je vais vraiment
faire court. D'abord, petite mise à jour, puisqu'on a l'occasion de vous avoir, les primes, là, qui étaient en retard, qui
devaient être versées, ça va, là, ça rentre? C'est-tu réglé?
M. Leclerc (Réjean) : Il y a
encore, comme on dit en bon québécois, il y a du millage à faire.
M. Marissal : C'est-à-dire?
M. Leclerc (Réjean) : Y compris
l'équité salariale. C'est nébuleux, quant à l'équité. Puis, pour ce qui est des
autres mesures, bien, il y a des tableaux qui nous ont été présentés avec des
échéances, mais c'est à mouvance, des fois... à géométrie variable.
M. Marissal : O.K. Mais ça ne
devait pas être réglé le 10 mars, ça? On est le 7 avril aujourd'hui.
M. Leclerc (Réjean) : C'était
une intention qui était noble, mais l'intention... la réalité... la réalité
n'est pas...
Mme Senneville (Caroline) : ...partout,
oui.
M. Marissal : «The check is in the mail», comme on dit. Patientez, ça s'en
vient peut-être. Rapidement, vous dites : les décrets, ça a un effet
délétère. Comment ça se traduit, notamment par la rétention du personnel? Je ne
parlerais même pas d'attractivité, là, mais une fois qu'ils sont là, là,
comment ça se traduit pour vos membres, sur le terrain, l'effet délétère dont
vous parlez ici?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
ils ont l'impression de ne pas être considérés. Ils ont souvent l'impression
d'être corvéables à merci. Ils ont l'impression de ne pas être écoutés, de ne
pas... Puis il y a, et c'est ça qui est dommage parce qu'il y a des mesures
intéressantes, tu sais, les primes, là, mais la façon dont elles ont été
distribuées, ça a créé à certains endroits des sentiments d'injustice, donc,
parce qu'il y a certains... les primes ne sont pas appliquées partout, ce n'est
pas le même niveau de primes partout. Donc, c'est tous les sentiments qui sont
sur... qui sont partagés par nos membres, là, par rapport à ça.
Le Président (M. Provençal)
: M. Roy.
Mme Senneville (Caroline) : Vas-y,
Danny, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, monsieur... de Rosemont.
M. Marissal : Non, c'est bon,
allez-y. Allez-y, M. Roy, je vous en prie.
M. Roy (Danny) : Il y a aussi
un effet important, entre autres, avec toute l'application des primes. On n'a
pas compris les critères qui étaient appliqués, mais ça a un effet important
aussi sur les clientèles, je vous dirais, là. Allez voir, là, les clientèles
qui ont une déficience intellectuelle, malheureusement, ils ne peuvent pas
beaucoup protester, les troubles du spectre de l'autisme, la déficience
physique, qui ont été négligés pendant la pandémie. Les intervenants de ces
clientèles-là ont... se sont vu... il n'y avait pas de... ils n'ont pas eu de
reconnaissance jusqu'à la toute fin. Bien, ça amène...
Le Président (M. Provençal)
: M. Roy... M. Roy, je pense
que M. le député de Rosemont a un temps très court, aurait probablement voulu
formuler une autre question.
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Je vais vous engager comme mon agent quand je ferai autre
chose dans la vie.
M. Roy (Danny) : Excusez-moi.
M. Marissal :
Oui. Non, non, je vous en prie. Mais vous avez une recommandation ici qui
dit : Nous recommandons que les mesures transitoires et les critères de
retrait des mesures soient négociés avec les organisations syndicales dès
maintenant.
M. Roy
(Danny) : Oui.
M. Marissal :
Ça, on nous dit ici, par le gouvernement, que ce n'est pas vraiment
possible, ce serait trop long, ce serait trop lourd.
M. Leclerc
(Réjean) : Bien, j'ai peur que ça entretienne un mythe. Vous savez,
les syndicats ont le dos large pour leur mettre bien des choses sur le dos.
Puis, dans un contexte où la pandémie justifie des mesures exceptionnelles,
lorsqu'on arrive puis on fait l'analyse... y compris nos membres font l'analyse
que c'est la pénurie de personnel qui devient la justification, bien, vous
comprendrez que nous, on ressent cette pression puis on a de la misère à
justifier certaines décisions, pas toutes, mais certaines décisions, on a de la
misère à... Puis nous, on est prêts, là, immédiatement, à négocier.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup,
M. Leclerc. Je m'excuse de vous interrompre. Je vais maintenant
céder la parole au député des Îles-de-la-Madeleine, 2 min 37 s.
M. Arseneau :
2 min 37 s, trois petites questions, Mme Senneville,
MM. Roy et Leclerc. La première, c'est dans le même sens que mon collègue
de Rosemont. Je voudrais que vous nous expliquiez s'il est réaliste de penser
que, dans un court laps de temps, vous puissiez négocier avec le gouvernement
des ententes qui puissent permettre, justement, de conserver certaines mesures,
certaines primes, par exemple, permettre la vaccination, le dépistage, encadrer
la main-d'oeuvre indépendante. Parce que ce que les gens vont croire, c'est que
si on se fie aux négociations de conventions collectives qui durent souvent
plus qu'un an, on se dit : Est-ce qu'on peut faire ça dans deux semaines?
M. Leclerc
(Réjean) : Je vais me permettre de répondre... Oui, vas-y.
Mme Senneville
(Caroline) : La réponse, c'est oui, c'est réaliste, puis qu'on le
tente, donc, qu'on le tente. Avant de dire que ce n'est pas possible, donc
qu'on ne le fera pas, pourquoi on ne le tente pas d'abord?
M. Leclerc
(Réjean) : Dans le préhospitalier, on l'a réussi. Dans le
préhospitalier, ça a été quelque chose qui a été négocié en temps réel et on
n'a pas eu besoin de décret, d'une part, puis, d'autre part, ça entretient...
D'après nous, c'est un faux prétexte. Il
faut l'essayer, puis ce qui ne marche pas, on le décrétera. Sinon, ce qui
marche, faisons-le.
M. Arseneau :
D'accord. Puis pour bien clarifier les choses, parce que vous avez contesté
le processus, la façon de faire, et ainsi de suite, et pas la mesure en tant
que telle, par exemple, les primes, ce qu'il faut comprendre, c'est que depuis
le début de la pandémie, il n'y a jamais eu de négociation, là, pour clarifier
les choses.
Mme Senneville
(Caroline) : Non. On était en négociation de convention collective, il
y avait des tables de négo ouvertes, et puis ils ont tassé ça puis ils ont
dit : Non, les primes, on va les mettre de l'avant. Puis je le dis comme
ça, là, il y a eu beaucoup d'argent de dépensé dans les primes, puis peut-être
que l'argent aurait pu être mieux dépensé.
M. Arseneau :
Et donc vous n'avez pas été consultés. On vous a toujours imposé ces
mesures-là, jamais en concertation, jamais en collaboration. Mais là,
aujourd'hui, le ministre semble ouvrir la porte, j'espère qu'il saisira
l'occasion.
Dernière question,
vous avez parlé de peut-être prévoir pour une future pandémie, une future
crise, des mesures dans la convention collective. Ça, vous ne parlez pas de le
négocier maintenant, mais dans la prochaine négociation de convention
collective. Est-ce que c'est ce qu'on doit comprendre?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, c'est-à-dire que, si on négocie quelque chose
maintenant, à un moment donné, ça peut être dans la convention collective, et
vice versa. Et je veux quand même dire, et c'est important, le ministre a raison,
il y a eu évolution. Ça a duré deux ans, là, alors... puis on l'a dit, en
décembre dernier, on s'est assis puis on a été capables d'arriver à des
solutions ensemble, donc ça serait le fun si on pouvait continuer dans ce
sens-là.
Le Président (M. Provençal)
: 10 secondes.
• (12 h 40) •
M. Arseneau :
J'ai 10 secondes, bien, j'en profite pour vous remercier beaucoup de
votre point de vue, et bonne continuation.
Le Président (M.
Provençal)
: Nous terminons notre échange
avec la Confédération des syndicats nationaux. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Merci, M. le Président.
Bonjour, madame, bonjour, messieurs. Écoutez, je suis contente, ravie, même, de
vous entendre dire que vous êtes prêts à négocier rapidement. Et je suis
désolée, d'un autre côté, de devoir péter votre balloune,
parce que ça n'arrivera pas. Le gouvernement a fait son lit, il préfère gérer
et gouverner par décret en imposant les règles, c'est moins compliqué. Et, de
toute façon, même s'il s'assoyait demain matin pour négocier avec vous, il va
répéter le décret à chaque mercredi, comme d'habitude. Et en septembre, quand
il va y avoir une septième vague ou une 308e vague, on va peut-être se
rendre à 500 vagues, on ne le sait pas, il y aura toujours une bonne
raison pour maintenir les mesures d'urgence sans consulter.
Et moi, une des choses que vous avez
mentionnées, c'est l'équité. Ça, je pense que c'est un aspect de tout ce
dossier-là dont on ne parle pas, c'est l'équité au sein des différents travailleurs
du système, là, autant de la santé que de l'éducation. Mais moi, je n'ai plus
de temps, là, naturellement.
Le Président (M. Provençal)
: Non, mais je pense que M. Roy
voulait peut-être vous donner un élément.
Mme Samson : Oui. Allez-y,
M. Roy.
M. Roy (Danny) : Puis peut-être un
élément qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'au 31 décembre, quand le
projet de loi va prendre fin, on va être exactement dans la même situation
parce qu'on n'aura pas négocié de mesures transitoires.
Mme Samson : Exact. Et, si le
gouvernement avait voulu en négocier, il aurait déjà commencé, là, il n'aurait
pas attendu que vous veniez lui annoncer ça aujourd'hui, là, avec une bouteille
de champagne, là. O.K. Je vous remercie infiniment, madame, messieurs. Ça
répond à mes questions, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, je tiens à
remercier Mme la présidente et les deux présidents pour leur
contribution et leur collaboration à nos travaux. Je vous souhaite une bonne
fin de journée et je vous remercie encore du temps que vous nous avez consacré.
Je vais suspendre pour accueillir le prochain
groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
(Reprise à 12 h 46)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, j'accueille maintenant les représentants de la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec. Trois représentants sont présents.
Alors, je vais les... ils auront 10 minutes pour leur exposé. Je vous
invite à vous présenter et à débuter votre exposé. Je vous cède la parole.
Merci.
Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
M. Boyer (Daniel) : Merci, M. le Président. M. le ministre, bonjour. Mmes, MM.
les députés, bonjour. Daniel Boyer, je suis le président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec. Je suis accompagné de Frédéric
Brisson, secrétaire général au SCFP-Québec, et de Jennifer Genest, qui est
vice-présidente au syndicat québécois des employés de service.
Vous savez que la FTQ est la centrale syndicale
la plus importante au Québec, qui regroupe, là, plus de
600 000 travailleurs, travailleuses dans l'ensemble des secteurs
d'activité économique. Dans les secteurs... Dans le secteur public, là, santé
et éducation, on représente 55 000 travailleuses et travailleurs dans
la plupart des types d'emploi. On en conviendra, là, toutes les personnes de
nos deux grands réseaux ont travaillé d'arrache-pied pendant la pandémie puis
ont donné le meilleur d'elles-mêmes, comme elles le font toujours, d'ailleurs.
Rappelons que les conditions de travail, dans
les réseaux publics, ont connu, à la suite de plus d'une décennie d'austérité,
là, et plus qu'une décennie de sous-financement, une détérioration constante.
La pandémie a démontré à quel point le travail de celles qui se consacrent à
assurer des soins et des services essentiels à la population est indispensable,
exigeant, parfois risqué, mais trop souvent faiblement rémunéré et peu
valorisé.
La pandémie a considérablement bousculé les
milieux de travail. Plusieurs avantages liés aux conventions collectives ont
été restreints, sinon suspendus au nom de l'urgence sanitaire. Là, on se parle
des droits prévus aux conventions collectives, mais on pourrait aussi se
parler, là, des conditions d'exercice d'emploi. Ce qu'on a exigé d'elles, les
travailleuses de nos grands réseaux, là, c'est presque inhumain. Après deux ans
de ce régime, il est grand temps de démontrer qu'on se préoccupe de ces
travailleuses par la reconnaissance de la valeur de leur travail. Il est
également temps de reconnaître le rôle d'agent négociateur des syndicats dans
la détermination de leurs conditions de travail et d'exercice d'emploi.
Avec le projet de loi n° 28, le
gouvernement annonce la fin de l'urgence sanitaire et il se donne tous les
pouvoirs d'intervention en maintenant un certain nombre de décrets et d'arrêtés
ministériels jusqu'au 31 décembre prochain. L'idée même de conserver des
pouvoirs de gestion par décret, qu'il s'accorde de manière non démocratique, va
à l'encontre de l'esprit de la levée de l'état d'urgence.
Il faut se rappeler
que la déclaration de l'état d'urgence sanitaire a introduit des changements
majeurs dans la gestion gouvernementale. Elle octroie au gouvernement des
pouvoirs exceptionnels sans qu'il n'ait à consulter au préalable les partis
d'opposition ou la population civile. Ce régime d'exception a permis au
gouvernement de contourner les exigences de certaines
lois, notamment la Loi sur les contrats des organismes publics, et d'octroyer
des contrats de gré à gré. L'octroi de contrats souvent faramineux, sans appel
d'offres, n'ajoute en rien à la transparence gouvernementale et nuit grandement
au fonctionnement démocratique.
La FTQ est consciente
qu'au début de la pandémie l'urgence de la situation imposait d'agir rapidement
afin d'assurer la santé et la sécurité de la population. Cependant...
Le Président
(M. Provençal)
: M. Boyer...
M. Boyer, je m'excuse de vous interrompre. On n'enlèvera pas votre temps.
On me demande de suspendre parce qu'il y a un vote au salon bleu. Et on nous
demande de se déplacer au salon bleu pour un vote.
M. Boyer
(Daniel) : Parfait.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
on s'excuse de ce contretemps-là et on vous revient.
(Suspension de la séance à
12 h 50)
(Reprise à 13 h 07)
Le Président
(M. Provençal)
: Donc,
nous reprenons nos travaux. Alors, nous avons dû les interrompre pour un vote.
M. Boyer, je vous recède la parole pour votre présentation.
M. Boyer
(Daniel) : Merci, M. le Président. La FTQ,
là, on est conscients qu'au début de la pandémie l'urgence de la situation
imposait d'agir rapidement afin d'assurer, là, la santé et la sécurité de la
population. Cependant, le gouvernement prolonge par voie législative, là,
depuis deux ans maintenant, l'état d'urgence. L'urgence sanitaire ne doit
prévaloir que pendant la période où elle est nécessaire. Aujourd'hui, on estime
que le gouvernement n'a pas fait la démonstration que cette mesure
exceptionnelle qui suspend les débats démocratiques doit être maintenue et
réponde à cette exigence.
On est d'avis que les
mesures de lutte à la pandémie nécessaires au bien-être de la population
peuvent être mises en oeuvre en limitant les atteintes aux droits et libertés
de tous et toutes, et en particulier des travailleuses. On souhaite la fin de
l'état d'urgence sanitaire tel que stipulé à l'article 1 du projet de loi.
La levée de ce régime d'exception doit être totale et il est grand temps de
permettre à l'Assemblée nationale de débattre des mesures liées à la pandémie, de rétablir le rayon d'action des
institutions démocratiques, afin de notamment réintroduire de la
transparence et de la démocratie dans les affaires de l'État.
Le gouvernement
maintient certaines dispositions comme si l'opposition n'était qu'empêcheur de
tourner en rond et qu'elle n'était pas capable de mesurer toute l'importance
d'agir et de décider rapidement. Rappelons que c'est avec consternation qu'on a
reçu le premier décret dans le secteur de la santé qui permettait de suspendre
et d'annuler les congés, réaffecter le
personnel à d'autres points de service et modifier unilatéralement les horaires
de travail afin de permettre à l'employeur de disposer des ressources
nécessaires, comme si les parties étaient incapables de trouver des solutions
négociées dans le but de maintenir des services dont la population avait besoin
en ce contexte très particulier.
Depuis le début de la
pandémie, plus de 200 arrêtés ministériels ont été déposés, une
soixantaine qui visaient les travailleuses de la santé, quelques-uns
concernaient les travailleuses de l'éducation. De ce lot, une bonne douzaine viennent restreindre, voire carrément abolir
plusieurs droits prévus aux conventions collectives. Certains arrêtés
prévoyant de nombreuses primes temporaires
ont également été adoptées. Aucune de ces primes n'a fait l'objet de
négociation ou de consultations
auprès des syndicats, bien qu'ils soient des agents négociateurs des conditions
de travail de leurs membres.
Pire, elles ont été
décrétées au moment des négociations dans le secteur public, alors que la
présidente du Conseil du trésor estimait ne
pas avoir les budgets nécessaires pour répondre adéquatement aux besoins des
travailleuses en matière de conditions de travail et de rémunération. Ces
primes ont suscité beaucoup de grogne dans les milieux de travail. Certains titres exclus auraient dû y être
assujettis. C'est un exemple flagrant d'une gestion inéquitable qui
démontre une méconnaissance du terrain, qui a engendré plus de problèmes
qu'elle n'en a réglés.
• (13 h 10) •
En principe, le dépôt
du projet de loi n° 28 mettant fin à l'état d'urgence sanitaire aurait dû
mettre aussi fin aux arrêtés et aux décrets dictant les conditions de travail
et permettre un retour à l'application intégrale et équitable des conventions
collectives. Toutefois, le ministre continue d'imposer des conditions de
travail en réorganisant les arrêtés. Autrement dit, même si l'urgence... même
si l'état d'urgence sanitaire prend fin, le gouvernement maintient son emprise
sur les relations de travail et détourne l'application intégrale des
conventions collectives.
Comment on peut
justifier de tels arrêtés ministériels dans une société libre et démocratique?
On aimerait que le gouvernement nous explique où est l'urgence sanitaire, alors
qu'il a laissé tomber ou est sur le point de laisser tomber toutes les mesures
restrictives de prévention de la pandémie. Pourquoi les travailleuses de la
santé et de l'éducation, dont on reconnaît le caractère essentiel,
seraient-elles les seules à vivre l'urgence sanitaire? À notre avis, le
gouvernement échoue à justifier le maintien d'un État de droit exceptionnel et
temporaire uniquement pour les personnels de ces deux réseaux. Est-ce que le
gouvernement a pris goût à la gestion par arrêté ministériel au point d'en
faire sa façon de gérer les activités courantes de nos deux grands réseaux?
La FTQ est donc fortement en désaccord avec une
gestion des relations de travail à coups d'arrêtés ministériels qui met sur la
voie d'évitement les syndicats, représentants légitimes des travailleurs et
travailleuses. Le gouvernement, à titre d'employeur et
signataire de conventions collectives, a des obligations au même titre que tout
autre employeur au Québec. Lors de la crise sanitaire, il s'est libéré de ses
obligations en décrétant de manière unilatérale les conditions de travail des
milliers de travailleuses du secteur de la santé et de l'éducation, puis cela
fait maintenant deux ans que cette situation
perdure. Le gouvernement maintient certaines dispositions comme si les
syndicats n'étaient qu'empêcheurs de tourner en rond et qu'ils n'étaient
pas capables de mesurer toute l'importance d'agir et de décider rapidement. Le
fait d'exclure les organisations syndicales ne peut que jeter de l'huile sur le
feu.
Pourtant, au pic de la cinquième vague, en
pleine période des fêtes, les syndicats ont fait preuve de solidarité et de
créativité. Confronté à une grave pénurie de personnel parce que bon nombre de
travailleuses étaient atteintes de la COVID, alors que les hospitalisations
montaient en flèche, le ministre de la Santé a convoqué une réunion
extraordinaire des syndicats composant le comité intersyndical avec pour
objectif de trouver des solutions à la crise du réseau. On a trouvé des
solutions, plusieurs ont été mises en place, et efficaces. Voilà la preuve que
le dialogue social et la négociation collective sont des moyens éprouvés pour trouver
des solutions concrètes à des problèmes complexes, voire urgents. À l'inverse,
les solutions unilatérales, déconnectées du terrain, en particulier dans des
structures hypercentralisées comme la santé et l'éducation, obtiennent un
succès mitigé car peu ancrées dans la réalité.
C'est pourquoi la FTQ demande que les décrets et
arrêtés ministériels qui modifient les conditions de travail négociées dans les
conventions collectives soient abrogés car ils constituent une entrave aux
droits fondamentaux des travailleurs et des travailleuses. On est inquiets que
l'arrêt, du jour au lendemain, du versement des primes et autres incitatifs ait
pour effet déplorable de décourager et démobiliser les personnels. Il faut
reconnaître que les conditions de travail bonifiées ont agi comme un facteur de
rétention auprès de certaines travailleuses. On craint que, sans ces
bonifications, plusieurs quittent le réseau. Cette situation serait désastreuse
pour le réseau alors que le Québec affronte la sixième vague de la pandémie.
Pour éviter un tel écueil, la FTQ propose et insiste pour que le ministre de la
Santé planifie promptement une période de transition, laquelle serait négociée
avec les acteurs syndicaux.
Et je termine en disant : Conséquemment,
des négociations de bonne foi doivent s'amorcer rapidement afin de permettre de
convenir par lettre d'entente de dispositions assurant que les sommes déjà
budgétées par le gouvernement pour assurer l'attraction et la rétention de la
main-d'oeuvre soient utilisées afin d'améliorer la rémunération des conditions
d'exercice sur le terrain. Alors, voilà.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup, M. Boyer,
pour votre présentation. Je tiens encore à m'excuser, là, pour...
d'avoir dû interrompre votre envolée durant votre exposé. Alors, M. le
ministre, je vous cède la parole.
M. Dubé : Bonjour, M. le
Président. Merci beaucoup. Puis bonjour, M. Boyer, et à vos deux
collègues, là, maître... Mme Genest et M. Brisson.
M. Boyer, ça fait quand même un certain
temps qu'on se connaît, puis j'ai beaucoup de respect pour le travail syndical.
Vous savez qu'on a eu déjà de nombreuses discussions, puis je suis très heureux
aujourd'hui que vous fassiez référence aux discussions que nous avons eues avec
votre centrale et avec les autres membres de l'intersyndicale en décembre. Je
pense que c'est important de reconnaître le changement de ton, mais aussi le
changement de culture qui est nécessaire dans notre réseau de la santé, je
dirais, en tout cas, de notre côté, au niveau patronal, pour s'assurer qu'il y
aura un meilleur dialogue social dans l'avenir.
Je comprends très bien... Je comprends très bien
votre discours aujourd'hui. J'aimerais vous dire que le ton de nos discussions
des derniers mois, pour moi, est très encourageant. Je sais faire la
différence, M. Boyer, entre ce que nous avons dû faire durant la pandémie
pour des raisons pas évidentes... de la différence qu'il faut faire avec la
négociation. Ma collègue... Et je pense que vous l'avez entendue, et vous... je
vous laisserai commenter là-dessus, mais ma collègue, Mme LeBel, qui mène
des négociations qui vont commencer très bientôt, à l'automne, quand vous
déposerez vos demandes, là, pour le renouvellement de la convention
collective... Pour moi, c'est vraiment deux choses,
de négocier une convention collective, puis, ça, je pense qu'on le reconnaît,
versus des mesures qui sont transitoires et temporaires. Je pense que
tout le monde le reconnaît.
Est-ce qu'on
est capables, dans un contexte de pandémie, d'avoir des négociations qui mènent
à des conclusions? On va se donner le défi d'en discuter, parce que,
comme vous l'avez bien dit, M. Boyer... puis je me souviens très bien des
discussions qu'on a eues au mois de décembre, vous avez dit : On peut en
parler, mais ce n'est pas une négociation parce que, dans une négociation, il
faut que vous ayez le temps de retourner à vos instances, d'avoir le... On
comprend très bien, mais, moi, ce que je veux que les Québécois comprennent
bien aujourd'hui, c'est qu'il y a une grande différence entre des mesures
transitoires, qui sont temporaires, qui sont énumérées dans le projet de loi,
versus une négociation de convention collective pour deux, trois, quatre ans, qui
pourra être faite par ma collègue. Le principe que j'aimerais mettre
aujourd'hui et je pense que... avec mon autre collègue, M. Jean Boulet,
qui est ministre du Travail, c'est de reconnaître ce besoin-là d'avoir un
dialogue social. Je pense qu'on l'a commencé l'automne dernier et je suis,
encore une fois, je le répète, très heureux que vous le mentionniez.
Maintenant,
j'aimerais ça aussi vous entendre, parce que vous avez... Je ne sais pas si
vous avez eu la chance d'écouter nos P.D.G., hier, qui sont venus parler
justement des problèmes qu'ils ont. Si on n'est pas capables, en même temps qu'on enlève les mesures d'urgence... être capable
de mettre en place des mesures transitoires, mesures transitoires, par
exemple, qui sont au niveau des primes, mesures transitoires qui sont là parce
qu'il y a des arrangements qui sont faits avec différentes catégories de
professionnels pour être capables de vacciner les gens, des ententes qui sont
faites en ce moment au niveau des ressources humaines, je pense, simplement,
avec l'encadrement qu'on a fait avec les agences...
Moi, je vous demande encore une fois de bien
faire la différence entre une négociation et une discussion pour être capables
d'avoir ces mesures-là qui soient applicables pour ne pas que nos Québécois se
retrouvent dans une situation où on enlèverait les
mesures d'urgence et on ne serait plus capables de vacciner nos gens.
Malheureusement, on aimerait ça, que cette pandémie-là soit derrière nous,
comme vous le savez, mais ce n'est pas le cas, hein? On le reconnaît tous, que
nous sommes dans une sixième vague. On a besoin de vacciner nos plus
vulnérables, nos personnes, maintenant, de 60 ans et plus.
Alors, moi, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Je comprends très bien que vous vouliez en arriver à une négociation, on l'est
aussi... C'est ce qu'on fera dans la convention collective. Mais je veux bien
aussi qu'on reconnaisse que les besoins que nous avons, ils sont urgents,
d'être capables de continuer à faire ce qui est nécessaire pour la population.
Puis j'aimerais vous entendre là-dessus, M. Boyer, s'il vous plaît.
M. Boyer (Daniel) : Merci, M. le ministre. Bien, écoutez, je peux répondre
assez, assez facilement. Moi aussi, je fais
une distinction entre la négociation de la convention collective, qui se
produit à tous les trois, quatre ou cinq ans tel que prévu à la loi sur
la négociation dans le secteur public... mais ça n'empêche pas les parties,
comme ça se fait aussi dans le privé, ça n'empêche pas les parties d'amender
certaines dispositions et de revoir de façon particulière certaines
dispositions dans des contextes particuliers. Puis, écoutez, on l'a déjà fait
même dans le secteur public, là. Ça va trahir mon âge, mais on a réussi à
fermer 10 hôpitaux dans la région de Montréal en 1995, là, on a réussi en
modifiant les dispositions de la convention et en s'entendant sur certaines
lettres d'entente pour le faire.
• (13 h 20) •
Donc, on est capables de faire ça, puis la
preuve, c'est ce que vous... quand vous nous avez convoqués durant le temps des
fêtes, on a réussi à vous proposer, dans un temps record, des solutions, puis,
en plus de ça, vous en avez retenu quelques-unes, puis elles ont été efficaces.
Ça fait que je pense qu'on aurait pu... Déjà, là, depuis le début, là, on
aurait pu s'asseoir puis, au lieu de se faire dicter les arrêtés ministériels,
qui ont été imposés aux travailleurs et aux travailleuses, on aurait pu
s'asseoir et discuter ensemble quelles sont les meilleures mesures justement
pour faire face à cette problématique qui était la crise de la pandémie puis on
aurait probablement pu convenir ensemble de certaines solutions qui, à notre
avis, auraient été plus appropriées.
Puis, vous savez, vous nous donnez... Je pense
que je vous l'ai déjà dit, là, quand vous faites ça puis que vous décidez de
façon unilatérale des dispositions, vous nous donnez la job facile parce qu'il
nous reste juste à chialer, M. Dubé. On n'a pas à convaincre nos membres. On a
juste à chialer. Pourquoi on chiale? Parce que nos membres ne sont pas contents
aussi. C'est beaucoup plus difficile...
M. Dubé : C'est un bon point, je
pense. M. Boyer, je vous connais assez depuis longtemps dans différentes
situations que je le sais que vous n'aimez pas ça, chialer. Je le sais, alors,
puis, en plus, quand vous le dites avec un si beau sourire, alors, je suis
d'accord avec vous. Mais, comme vous l'avez bien dit lorsqu'on a eu nos
discussions en décembre... Et, je le répète, ce que vous avez fait, vous et
votre centrale, dans le cadre de cette discussion-là, était exemplaire. Je l'ai
mentionné, on s'entend là-dessus, mais vous l'aviez bien dit, on ne s'est pas
entendu sur tout, hein? On a eu des discussions.
Et c'est là
qu'il devient, le caractère... parce que je veux être très concret, là, pour
que les Québécois comprennent, M. Boyer, que, quand on a une
discussion sur des éléments, puis on présente des faits, puis on dit :
Écoutez, voici ce qu'on a comme
problématique... On vous a écoutés. Vous l'avez dit, on a mis plusieurs mesures
que vous avez demandées, qui ont été présentées à vos membres, qui fait
que... Je vais vous le dire, les primes qui ont été payées, vous le savez, là,
depuis les deux dernières années, c'est des montants astronomiques, que vos
membres méritaient, mais, je dis, vous avez bien dit aussi, qu'on ne s'est pas
entendu sur tout.
Et, lorsqu'on arrive dans un cadre de
négociation de convention collective, on s'entend tous que ce n'est jamais le
cadre idéal pour avoir des négociations. Moi, je vous ai rencontré,
M. Boyer, dans le temps où j'étais au Conseil du trésor, avec le premier
ministre, et ça, c'est bien avant la pandémie, et on a dit : Maintenant
qu'il y a une pandémie qui s'en vient avec nous, est-ce qu'on est capables
d'avoir une négociation plus rapide, plus rapide, pour en arriver à des
résultats? Puis vous savez comment ça a pris de temps, avoir une négociation.
Alors, je veux juste qu'on s'entende bien, que
les gens comprennent qu'il y a une différence très importante entre une
négociation qui doit être pilotée par le Conseil du trésor pour en arriver à
des ententes qui sont à long terme, comme vous dites, de deux, trois, quatre
ans, versus des besoins qui sont à court terme. Et c'est ça que je veux être
capable de bien expliquer, mais je comprends votre point que, dans un monde
idéal, et on l'a montré, puis je pense qu'on peut continuer de le montrer, dans
ce nouveau contexte de collaboration sociale qu'on peut faire ensemble...
Alors, moi, je vous redemande : Est-ce
qu'il y a des choses en ce moment qui vous permettraient de dire... Je
comprends que ce n'est pas facile, mais il y a-tu des choses que vous pouvez
accepter pour qu'on ne se retrouve pas dans une situation où... Parce qu'on
veut avoir des mesures qui sont jugées nécessaires, notamment par la Santé
publique. Vous l'avez entendu, hier, le Dr Boileau, là on est dans une
situation critique. On a besoin d'avoir nos employés de Je contribue qui
continuent à vacciner. On a besoin d'avoir du dépistage. On a besoin d'avoir
tous ces employés-là. Il y a trois P.D.G. qui sont venus nous dire hier ils ont
besoin de combien de ces gens-là. La journée qu'on enlève ces arrêtés-là, on
perd ces gens-là.
Alors, j'aimerais vous entendre. C'est quoi, les
solutions que vous nous apportez pour qu'on soit capables de protéger les
Québécois tout en enlevant l'urgence sanitaire?
M. Boyer (Daniel) : M. Dubé, je vais passer de la parole à ma collègue,
Jennifer Genest, mais, juste avant, j'aimerais juste mentionner... On est
capables de s'asseoir puis de convenir, M. Dubé, là, on est capables de
s'asseoir, puis on l'a démontré, puis c'est ce qu'on vous dit, on veut
s'asseoir et de convenir... Puis moi, je vous le dis, là, les mesures transitoires, là... Je suis inquiet depuis plusieurs
mois déjà parce que je me suis dit : À un moment donné, ces primes-là vont
arrêter, puis quel impact que ça va avoir? Je pense que ce serait important
qu'on en discute ensemble puis qu'on tente de trouver des solutions communes
par entente, mais je vais laisser à Jennifer, là...
Mme Genest (Jennifer) : Bonjour, M.
le ministre. Vous savez, la fin de l'état d'urgence sanitaire, elle était
prévisible, et souhaitable, souhaitée, et on aurait pu s'asseoir déjà, il y a
plusieurs semaines, pour prévoir ce qui allait suivre après la fin de l'état
d'urgence sanitaire. Donc, vous l'avez dit, effectivement, on ne s'entend pas
toujours, mais, pour avoir participé aux discussions en décembre et en janvier,
on s'est entendus sur beaucoup de choses en très, très peu de temps. Donc, s'il
avait été possible de s'asseoir avec les représentants du ministère du Trésor
pour envisager la fin de l'état d'urgence sanitaire et voir les besoins qui
étaient réels pour la poursuite...
M. Dubé : Donnez-moi un exemple.
Qu'est-ce qu'on fait avec Je contribue? Qu'est-ce qu'on fait avec les
20 000 personnes qui ont été engagées pendant qu'on manque de
50 000 employés? Puis, en date d'aujourd'hui, là, j'ai
12 000 employés absents pour raisons de maladie COVID. Qu'est-ce que
je fais avec Je contribue demain matin?
Mme Genest (Jennifer) : Bien, c'est
clair, M. Dubé, dans mon esprit, en tout cas, qu'il faut faire une... oui,
qu'il faut faire... oui, c'est clair qu'il faut faire une distinction entre les
vaccinateurs... entre, peut-être, les gens assignés au dépistage... On est
conscients que le réseau n'est pas capable à ce moment-ci d'assumer cette
charge-là en plus des besoins quotidiens réguliers.
M. Dubé : ...que ce soit reconnu.
Merci beaucoup de le dire, parce qu'il faut reconnaître que le réseau n'est pas
capable d'avoir la perte de ces gens-là. On le reconnaît tous. On est d'accord.
Mme Genest (Jennifer) : Oui, on le
reconnaît, puis il faut trouver des solutions maintenant, mais il faut trouver
des solutions pérennes aussi, parce que ce n'est pas vrai qu'au
31 décembre 2022 tout sera parfait, parce que le réseau était déjà mis à
mal avant la pandémie, et pas, d'un coup de baguette magique, parce que le
31 décembre arrive, que tout ira mieux.
Donc, c'est pour ça qu'on doit s'asseoir rapidement en urgence et trouver des
mesures pérennes au-delà du 31 décembre pour assurer au réseau une
survie.
M. Dubé : Si je peux me permettre,
votre point est excellent, et c'est pour ça qu'on s'est donné comme date butoir le 31 décembre, pour avoir le temps de
faire ces discussions-là. Comme vous le savez, quand ça prend deux ans
pour faire une négociation de convention collective, puis qu'on pense qu'on
doit trouver la façon de s'entendre avec les offices
professionnels, de s'entendre avec les syndicats pour trouver de la pérennité,
je pense que c'est raisonnable de se donner
un temps comme le 31 décembre pour arriver à ces ententes-là. Mais c'est
toute une question de temps, et j'apprécie énormément que vous nous... Je ne sais pas combien il nous reste de
temps, mais je vous laisse continuer, puis peut-être...
M. Brisson (Frédéric) : Bien,
j'aurais un petit mot à dire peut-être à M. Dubé. Dans Je contribue, comme
ma collègue Jennifer vient de le dire, pour ce qui est des cliniques de
vaccination, de dépistage, on est très conscients de ça, mais, dans les Je
contribue qui font le travail qui est effectué par les travailleurs du réseau
de la santé, on vient de créer deux classes, là. Eux, ils n'ont pas le droit à
notre convention collective. Ça pourrait faire partie de nos négociations,
hein? On est d'accord avec vous que ces gens-là, vous en avez besoin pour les
cliniques de vaccination et dépistage, mais, quand ils viennent faire le
travail de nos membres sur le plancher, ils doivent avoir droit à la convention
collective, eux aussi. Ça, c'est un bel exemple. Mais, pour ce qui est des
négociations, tu sais, on est capables de faire la différence entre des
négociations de convention collective... Mais, il y a une chose aussi, se faire
dire... se faire donner des décrets... se faire expliquer des décrets la veille
qu'ils vont être mis en application, je n'appelle ça de la négociation. Vous
pourriez parler avec nous avant.
M. Dubé : Moi, je regarde... Puis,
M. Brisson, vous avez absolument raison. Moi, je ne regarde pas en
arrière. Là, je regarde comment on va faire pour, dans l'avenir, mieux
s'entendre; cette collaboration-là. Puis je l'ai dit à M. Boyer, je vous
le dis, on est là pour ça. On va faire ce changement-là, de culture, ensemble.
Ça ne sera pas un climat de confrontation. Ça va être un climat de
consultation. Et j'y crois beaucoup, à la collaboration qu'on a commencée, puis
merci beaucoup de votre présence aujourd'hui, très apprécié.
M. Brisson (Frédéric) : Vous avez eu
un bel exemple au mois de décembre.
M. Dubé : Effectivement. Merci
beaucoup à vous trois.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. On va
poursuivre avec le député de Nelligan.
• (13 h 30) •
M. Derraji : Bonjour. Merci pour
votre présentation. Je tiens à saluer mon ancien — qu'est-ce que je peux
dire? — camarade,
collègue dans une commission, la Commission des partenaires du marché du
travail. Donc, mes salutations à vos trois. Merci pour le rapport.
Écoutez, au fait, votre discours fait écho aussi
à pas mal d'autres interventions. On va revenir à la base. Il y a un discours,
de la part du gouvernement, qui est sur la place publique et il y a le discours
des partenaires. La semaine dernière, il y avait les
représentants de l'APTS. Il y avait les représentants de la FIQ. Avant vous, il
y avait la CSN, aujourd'hui. Maintenant, j'ai en face de moi la FTQ. J'aimerais
bien que vous expliquiez aux Québécois qui nous écoutent et qui nous suivent
s'il y a un danger de continuer à gouverner par décret et arrêté, en quoi ça
influence vos membres et en quoi ce mode de
gouvernance que vous décriez aujourd'hui, il n'est pas bon pour une société
démocratique.
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, si je peux... Quand les conditions sont
imposées, là, aussi bonnes qu'elles peuvent être, là, elles sont mal perçues
par les travailleurs puis les travailleuses, tu sais. Moi, je pense qu'avec...
Je ne sais pas où on est rendus, là, avec les primes, et tout ça, là. On était
à plus de 5 milliards de dollars. Moi, je pense qu'on aurait pu utiliser
ces sous-là à meilleur escient, avoir des solutions plus efficaces si on
s'était mis, tout le monde, autour de la table, incluant les représentants
syndicaux, puis qu'on avait réussi à trouver des solutions favorables aux
milieux, autant en éducation qu'en santé. Moi, je pense que c'est la solution,
là. Je pense que c'est la solution, qu'on se parle. On le dit depuis le début.
Puis je ne sais pas si vous avez eu la chance...
On a annoncé, là, en fin de semaine, un front commun en vue des prochaines
négociations des trois centrales syndicales. On a insisté sur l'aspect du
dialogue social. C'est important, le dialogue social. C'est éminemment
important. On n'est pas juste des empêcheurs de tourner en rond. Et je suis
convaincu que votre rôle, dans l'opposition, ce n'est pas, justement, de mettre
des bâtons dans les roues du gouvernement, puis surtout, surtout dans une
période de crise sanitaire comme on vit, surtout comme on l'a vécu, entre
autres, dans la première vague, avec la catastrophe qu'on a vécue. Je pense
qu'on est capables de tous mettre l'épaule à la roue et de trouver des
solutions intelligentes.
Et là le gouvernement s'est approprié tous les
droits. Puis, comme je l'ai dit, on peut comprendre, au début de la période, on ne savait pas c'était quoi. On
avait certaines craintes, on avait certaines peurs. On peut comprendre ça,
au début. Mais là ça fait deux ans. Ça fait
deux ans. Il est temps qu'on y mette fin. Et il était temps qu'on y mette fin
avant, là.
M. Derraji : M. Boyer, je
partage votre point et je l'ai dit, c'est assez. Le gouvernement, hier, a
renouvelé pour la 107e fois un autre décret pour une autre semaine. On se
connaît assez, et je connais votre franc-parler. Il y a des gens qui nous
écoutent maintenant. Sur la table, on a un projet de loi pour lever l'état
d'urgence — je
dis bien «lever l'état d'urgence». Est-ce que vous êtes pour ou contre ce
projet de loi?
M. Boyer (Daniel) : On est contre ce projet de loi là parce que ce projet de
loi là maintient les décrets, arrêtés ministériels... plusieurs décrets et
arrêtés ministériels jusqu'au 31 décembre. Puis je vous l'ai dit, je l'ai
dit, là, j'ai une certaine inquiétude sur la fin des fameuses primes. Mais, en
même temps, il faudrait peut-être en jaser ensemble pour trouver des solutions.
Comment on fait cette transition-là? Ce n'est pas tout de donner un préavis,
là.
M. Derraji : Oui, oui, mais on vous
sert le dialogue social comme élément. On vous dit qu'on aime ça, le dialogue
social, on aime ça, le dialogue social, on est bon dans le dialogue social.
C'est comme s'il n'y avait pas de dialogue social. Vous répondez quoi à cette affirmation?
Un dialogue social, ça nécessite deux parties, pas uniquement une seule partie.
Ce n'est pas uniquement unilatéral. Pensez-vous réellement qu'il y a un
dialogue social avec les arrêtés et les décrets jusqu'au 31 décembre?
M. Boyer (Daniel) : Écoutez, on est dans une... on est quand même dans une
certaine paix industrielle en matière de relations de travail au Québec. Il y
aura un dialogue, il y a un certain dialogue social. Mais concernant ce qui
nous concerne aujourd'hui, là, l'état d'urgence sanitaire avec les arrêtés
qu'on connaît depuis maintenant deux ans, on ne peut pas se parler de dialogue
social, là. On n'a pas été consultés. On a été informés, puis je pense que
c'est Frédéric qui l'a mentionné tantôt, là, on a été informés que les conditions
de travail de ces gens-là, des travailleuses et des travailleurs dans la santé
et dans l'éducation, pouvaient être suspendues demain matin.
M. Derraji : Mais je vous comprends
parce qu'au Parlement on vit presque la même chose. La plupart des mesures du
gouvernement, il les a implantées, il les a... Il n'y avait pas de débat, hein?
Parce que, vous le savez, la Loi sur la santé publique, qui gouverne l'état
d'urgence, il y a deux choix, soit venir aux 30 jours au Parlement... Ils
l'ont exclu. C'est un choix. C'est un choix que le gouvernement... Les
Québécois jugeront ce choix. Ils ont choisi le renouvellement hebdomadaire.
Quand je lis quelque chose qui est très
important... Vous dites, et c'est important que les Québécois qui nous suivent
écoutent ça : «Le syndicat, un acteur qui fait partie de la solution.»
Donc, aujourd'hui, ce que vous dites aux Québécois : On veut partir de la
solution. Le gouvernement gouverne par décret depuis 2020, et il s'est habitué
à ce mode de gouvernance. Mais je vais vous lire un extrait de votre
mémoire : «Le fait d'exclure les organisations syndicales ne peut que
jeter de l'huile sur le feu.» Ça, c'est vos propos, ce n'est pas mes propos.
Pouvez-vous expliquer aux Québécois qui nous écoutent aujourd'hui pourquoi
l'attitude gouvernementale de vous exclure des discussions jette de l'huile sur
le feu?
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, je l'ai mentionné un peu tantôt, hein, on
nous réduit à notre rôle de chialeur, là, puis ça, c'est la job facile. Puis
pourquoi on chiale? Parce que nos membres, justement, nos membres nous disent
qu'ils ne sont pas contents de certaines mesures, alors que, si on avait
convenu, on aurait fait un minimum de consultation. Puis là je ne vous dis pas
des consultations comme dans le cadre d'un renouvellement de convention
collective, là. Des instances moins larges qui nous donnent certains mandats et
où on aurait pu mettre de l'avant certaines solutions.
Puis, quand ces solutions-là sont convenues et expliquées par des représentants
syndicaux, les représentants des travailleurs et des travailleuses, bien, elles
sont bien plus faciles d'être mises en place, puis bien plus efficaces, puis ça
démotive bien moins les travailleurs puis les travailleuses qui ont à
travailler dans des conditions qui ne sont pas faciles en situation d'urgence
sanitaire.
Une voix : Je vais faire du pouce...
M. Derraji : Juste une seconde.
J'ai un détail technique. M. le Président, je veux qu'on sépare le temps
restant entre moi et le collègue de Rosemont.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Il n'y a pas de consentement.
M. Derraji : Pas de
consentement pour prendre le temps du collègue?
Le Président (M. Provençal)
: C'est ce que je viens de...
M. Dubé : C'est ce qu'il vient
de dire par «pas de consentement».
Le Président (M. Provençal)
: Pas de consentement. Je m'excuse.
M. Derraji : O.K. C'est bon.
Donc, pas de consentement pour...
Le Président (M. Provençal)
: Non, ça veut dire qu'il n'y a
personne qui va avoir le temps restant. Excusez.
M. Derraji : Ni moi ni le
collègue de Rosemont?
Le Président (M. Provençal)
: C'est ce que je viens de comprendre.
Merci.
M. Derraji : Pas de problème.
Pas de problème. Merci. Désolé, parce qu'on a un enjeu technique. Merci
beaucoup pour l'explication.
Vous avez dit aussi : «La levée de ce
régime d'exception doit être totale.» Là, vous représentez et le secteur de
l'éducation et la santé. Ce qu'on nous dit, hein, la partie gouvernementale, ce
qu'il nous dit, que c'est impossible qu'on gère la pandémie avec le réseau de
la santé actuel sans cet état d'urgence. Vous, représentants des travailleurs,
vous dites aujourd'hui : Oui, c'est possible. C'est possible qu'on lève
l'état d'urgence, et qu'on revienne à la table de négociation, et on est prêts
à collaborer.
M. Boyer (Daniel) : Écoutez, tout à fait, tout à fait. Puis j'ai exprimé
certaines craintes sur les mesures transitoires, là, mettant fin à certaines
primes, mais je suis convaincu que, si on s'assoit à une table de négociation
ou de discussion puis qu'on est... moi, je suis convaincu qu'on est capables de
s'entendre sur comment on va faire atterrir la fin de ces mesures
exceptionnelles là qui ont été mises en place.
Puis, écoutez, je vous dis la fin, mais, en même
temps, je vous dis qu'il y a un sérieux problème d'attraction et de rétention
dans nos deux grands réseaux, et il va falloir s'y attarder. On s'y attardera à
la prochaine négociation, bien évidemment, là, mais il y a un sérieux problème
d'attraction et de rétention, et il faudra y voir. Et ce n'est pas juste une
condition... Oui, c'est des conditions salariales, parce qu'il y a un retard
salarial dans le secteur public par rapport... mais il y a aussi des conditions
d'exercice d'emploi qui ne sont pas faciles.
M. Derraji : Oui. Mais votre
message aux Québécois aujourd'hui, c'est très important, parce que les gens
suivent la commission parlementaire. Je vous le dis, je suis... j'ai reçu des
milliers et des milliers de messages. Votre message aux Québécois
aujourd'hui : Les syndicats sont prêts à collaborer et ils ne veulent plus
d'un gouvernement qui gère par décret et arrêté. Ça, c'est clair aujourd'hui
pour vous.
M. Boyer (Daniel) : Tout à fait. Tout à fait. Et on pense qu'on est capables,
en s'assoyant à une table de négociation, de trouver les mesures appropriées
qui vont être encore plus favorables aux problèmes d'attraction et de rétention
du personnel dans nos deux grands réseaux.
M. Derraji : Oui. Vous voulez ajouter?
M. Brisson
(Frédéric) : J'aimerais répondre à votre première question, un peu...
bien, ça va dans l'ensemble : Comment qu'ils se sentent, nos travailleurs,
quand ils se font imposer des mesures comme ça? Tu sais, si on... Chaque
personne dans la population, là, que ce soient des bonnes mères, pères de
famille, des enfants, qu'on soit un couple, personne
n'aime se faire imposer des choses. Ils ne se sentent pas écoutés, ils ne se
sentent pas considérés, ils ne se sentent pas compris, et ça n'aide en rien.
Je pense qu'une des
meilleures solutions, c'est la discussion, hein? Si on prend la vie en général,
discuter puis avoir des échanges, c'est comme ça qu'on règle les choses.
Et présentement ce
n'est pas ce que le gouvernement fait avec nous. Il nous impose des choses. On
veut négocier, et les travailleurs veulent se sentir écoutés aussi. Ça, c'est
important.
M. Derraji :
Oui. C'est très clair. Donc, si j'ai bien compris, la lecture, elle est
biaisée, du réseau de la santé, parce que n'importe quel ministre de la Santé
aimerait avoir tous les pouvoirs, avec les arrêtés et les décrets, et ne pas
naviguer dans un système avec des conventions collectives. Je vois le sourire
de M. Boyer. Allez-y, allez-y, allez-y. Je vois votre sourire.
M. Boyer
(Daniel) : Bien, non, mais je...
Le Président
(M. Provençal)
: M. Boyer, une
réponse très rapide, s'il vous plaît.
M. Boyer
(Daniel) : Oui, mais je l'ai dit au
départ, c'est comme si le gouvernement avait pris... c'était maintenant sa
façon de gérer, dans nos deux grands réseaux, à coup d'arrêtés ministériels. Je
veux dire, c'est... Mais ça démotive les gens, là. Ce n'est pas ça qui règle
des problèmes d'attraction puis de rétention, là. Nous...
Le Président (M.
Provençal)
: Merci.
M. Derraji :
Merci beaucoup. Très clair. Merci à vous trois.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup, M. Boyer. Alors, la suite appartient au député de Rosemont.
• (13 h 40) •
M. Marissal :
Oui. Bonjour à vous trois. J'ai failli avoir 123 secondes de plus, mais
il semblerait que nous ne nous entendons pas pour une si grande générosité.
C'est de valeur. Ça fait que je vais prendre mes 183 secondes pour vous
poser une question. Sur la négociation, c'est clair, là, que ça prend... il
faut être deux pour danser, là, comme on dit, là. Puis, les négos, ça peut être
long, ça peut bloquer un bord ou de l'autre. Tout à l'heure, le ministre a dit,
et si je l'ai bien compris, mais là je ne peux pas lui poser de questions là,
ce n'est pas le temps là, mais je vous demande qu'est-ce que vous, vous avez
compris quand il dit : D'ici le 31 décembre 2022, c'est le temps dont
on a besoin pour s'entendre. Qu'est-ce que vous comprenez de ça?
M. Boyer
(Daniel) : Bien, moi, je ne pense pas que
c'est le temps qu'on a besoin pour s'entendre. Quand je veux faire... Le
ministre a tout à fait raison quand il fait une distinction entre la
négociation des conventions collectives et des négociations particulières, dans
un contexte particulier d'urgence, il y a une distinction à faire. Dans un
contexte de renouvellement de conventions collectives, là, il n'y a personne
qui est nécessairement pressé par le temps. Il faut prendre le temps de bien
faire les affaires. Dans un contexte d'urgence, il faut trouver une façon
rapide, des solutions dans le but, justement, de pallier aux problématiques. Ça
fait qu'on est capables, à mon avis, on est capables...
Puis je vous l'ai
dit, là, je vous l'ai dit : moi, ça fait un méchant bout de temps que je
suis inquiet de la fin des primes. Je suis inquiet personnellement. Je
dis : Comment ça va finir, tout ça? Bien, je pense qu'il faudrait
s'asseoir, puis discuter, puis convenir de comment ça va finir. Je pense que ce
serait éminemment important.
M. Marissal :
Oui. La CSN, tout à l'heure, avant vous, a donné, quand même, un exemple
assez précis, là, notamment d'un projet pilote ou d'une réforme dans les
centres jeunesse, là, qui leur a été comme imposé, ils ont comme 10 jours
pour le faire. Ça se fait en période de décret, donc hors convention. Vous avez
aussi ce genre d'exemples précis qui nous aiderait à mieux comprendre l'effet.
Je comprends l'effet psychologique, là, je suis assez en contact avec le réseau
pour bien comprendre ça, mais il n'y a rien comme un bon exemple humain pour
comprendre les effets, parfois, de décisions qu'on prend ici.
Mme Genest
(Jennifer) : Bien, c'est clair, c'est clair que l'iniquité aussi dans
l'application des primes et dans ce qui a été imposé par les arrêtés a créé des
tensions immenses en milieu de travail. Ça a été un des impacts importants,
particulièrement depuis janvier. Parce que, vous savez, tout le monde travaille
également fort, tout le monde est soumis à la même pression et aux horaires de
travail parfois indécents, et certains travailleurs ont été complètement exclus
de l'application des primes qui les privaient, parfois, d'un montant d'argent
très important par rapport à leurs collègues qui effectuaient des tâches
parfaitement semblables. Donc, ça, c'est un impact réel. Si on veut créer
l'adhésion des travailleurs et des travailleuses, si on veut s'assurer que tout
le monde soit solidaire et que le réseau progresse dans ça, il faut s'assurer
d'une équité et d'une égalité entre les travailleuses et les travailleurs des
deux réseaux.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup aux représentants de
la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec pour leur
contribution et leur participation à nos travaux. Merci beaucoup d'avoir été
patients pour le délai.
Mémoires
déposés
Avant de conclure les auditions, je procède au
dépôt des mémoires des organismes et des personnes qui n'ont pas été entendus
lors des auditions publiques. Sur ce, je veux remercier tout le monde de leur
collaboration.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
14 heures, où elle poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 13 h 44)