Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, April 7, 2022
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Vol. 46 N° 24
Special consultations and public hearings on Bill 28, An Act to terminate the public health emergency
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Derraji, Monsef
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Derraji, Monsef
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Provençal, Luc
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Samson, Claire
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Derraji, Monsef
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Derraji, Monsef
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Marissal, Vincent
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures cinquante-huit minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je
souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 28, Loi visant à mettre fin à l'état
d'urgence sanitaire.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Auditions (suite)
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Ce matin, nous
entendrons les groupes suivants : la Confédération des syndicats nationaux
et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
Comme la séance a commencé avec 45 minutes
de retard, il y aura un dépassement de 45 minutes. Alors, consentement?
Merci.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Confédération des syndicats nationaux. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter puis à débuter votre exposé. La parole est à vous. Merci.
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Mme Senneville (Caroline) : Merci.
Donc, oui, les présentations ont déjà été faites. Mme Senneville,
présidente de la CSN. Je suis accompagnée de MM. Leclerc et Roy, qui sont
respectivement présidents de chacune des fédérations de la CSN qui sont
présentes dans le secteur de la santé et des services sociaux.
• (12 heures) •
Alors, nous sommes réunis aujourd'hui pour
discuter d'un projet de loi veillant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire.
Peut-être que ça vaut la peine de revenir sur les débuts de l'état d'urgence
sanitaire. C'était... en tout cas, de mémoire, j'allais dire d'homme, mais peut-être
que devrais-je dire de femme, il n'y avait pas eu d'état d'urgence sanitaire
depuis fort longtemps, et cet état d'urgence là a été renouvelé plus d'une
centaine de fois, de 10 jours en 10 jours. Donc, c'est un état d'urgence
qui s'inscrit vraiment dans la durée, puis je tiens à le mentionner parce que
ça fait partie des réflexions qu'on va mettre de l'avant. Et c'est aussi...
comme il a été reporté, là, plusieurs... comme je le disais, plus de 100 fois
par le gouvernement, il n'a jamais fait l'objet de débats démocratiques ou de
débats à l'Assemblée <nationale...
>
12 h (version révisée)
< Mme Senneville (Caroline) :
...jamais fait l'objet de débats démocratiques ou de débats à
l'Assemblée >nationale. Ça aussi, on tient à le mentionner. On est d'autant
plus heureux de pouvoir participer à la présente commission parlementaire, qui
vise à mettre fin à cet état d'urgence là.
On va se le dire, la pandémie nous a, bien
sûr, frappés par sa soudaineté, son ampleur, ses dégâts, sa durée aussi, mais
on pense que la pandémie a servi de révélateur pour bien des choses. Et, bon, à
quelque chose malheur est bon. On peut se servir de ce qu'on a vécu des
dernières... les deux dernières années pour se projeter dans l'avenir et s'améliorer,
et c'est vraiment en ce sens-là que la CSN participe à la présente commission
parlementaire.
Donc, nous avons un projet de loi qui vise
à mettre fin à l'état d'urgence d'ici la fin de cette année, donc en décembre
2022, et donc après presque trois ans. Rendus à cette époque-là, ça va faire
presque trois ans qu'on va avoir été en état d'urgence. La première remarque
qu'on veut vous faire, et je pense qu'on n'est pas les seuls à la faire, c'est
que l'état d'urgence sanitaire c'est un oui ou un non, un «on» ou un «off». Il
n'y a pas de période transitoire. Il n'y a rien qui prévoit un retour à la
normale, qu'on souhaite tous le plus rapide possible, mais par... mettons, par
paliers, avec des mesures qui sont prévisibles, et qui sont transparentes, et
qui permettraient, à notre avis, une plus grande adhésion de la population. Alors,
nous, peut-être, notre première remarque irait en ce sens-là. Pourquoi — on
a le temps — pourquoi ne pas prévoir des périodes transitoires pour
quand on aura à vivre des... d'autres solutions... d'autres situations comme
celle-ci, et des mesures transitoires qui sont basées sur des critères précis,
et connus d'avance, et scientifiques, et qui font que les gens comprennent
comment on chemine d'un état à l'autre, d'un palier à l'autre, et de mesures à
d'autres?
On se penche, bien sûr, sur ce projet de
loi, mais aussi sur un amendement qui a été proposé dès le début des travaux,
amendement qui vise à rassembler, dans cinq arrêtés ministériels, les mesures
qui resteraient en place, là, jusqu'en décembre 2022... Je me corrige, à la fin
de l'état d'urgence, à l'adoption de la loi, cinq arrêtés jusqu'en 2022. Et le
lapsus, je pense, est significatif, parce que ces cinq arrêtés là couvrent
beaucoup de sujets, et ratissent assez large, et des sujets, aussi, très
importants.
J'aimerais m'attarder d'abord sur celui
qui traite de l'éducation, parce que le ministre... le ministère a aussi
indiqué, dans un communiqué de presse, qu'il n'était pas de son intention,
malgré qu'il y avait un arrêté ministériel qui permet d'avoir des situations
particulières en éducation jusqu'à la fin du mois de décembre, qu'il n'avait
pas l'intention que ça se poursuive au-delà de la présente année scolaire, donc
le 30 juin de cette année. Si c'est le cas, bien, ce serait une autre
suggestion qu'on fasse, en plus d'avoir des mesures transitoires, c'est de
dire, bien, en éducation, si notre intention, c'est de faire en sorte qu'il n'y
a rien qui se poursuive d'ici la fin de l'année scolaire, bien, effectivement
ce serait intéressant de le mettre directement dans le projet de loi.
Dans les cinq arrêtés qui restent, on
reconnaît quand même, par ailleurs, que ça a un effet... comme ils sont
regroupés par thèmes, par thématiques, ça permet de clarifier. Parce qu'on doit
le dire, là, les arrêtés se sont multipliés, une chatte n'y retrouvait plus ses
petits, là. Ils étaient gérés petit à petit. Alors, l'idée de les rassembler et
de clarifier le tout, c'est bien important, et c'est salué de façon positive, mais,
outre la remarque que j'ai faite pour l'éducation, on note qu'il y a beaucoup,
dans les arrêtés qui restent et qui vont rester jusqu'à la fin de l'année,
beaucoup de choses qui touchent l'organisation du travail, la gestion des
ressources humaines. Et là, vous parlez à la CSN, vous parlez à un syndicat. C'est
quelque chose qu'on connaît. Et je vais vous dire, d'entrée de jeu, que nous,
on va souhaiter que ces arrêtés-là, en termes de ressources humaines, en termes
de conditions de travail, qu'ils puissent être... faire l'objet de négociations
et non pas d'arrêtés unilatéraux.
Donc, comme je suis accompagnée des
présidences de fédérations, qui sont les... vraiment sur le terrain, en termes
d'organisation du travail, je vais leur céder la parole sur ce sujet-là.
M. Leclerc (Réjean) : Merci,
Mme la présidente. Merci à tous de nous accueillir. Effectivement, le projet de
loi vient remettre en question, encore une fois, et vient statuer sur le déni
de notre droit à négocier, donc, sous prétexte, peut-être, que nous n'avons pas
le temps de faire de telles négociations, ce à quoi... nous contestons, depuis
le début, cet argument. Nous contestons le fait qu'on nous refuse de négocier
les mesures quelles qu'elles soient, qu'elles soient temporaires, qu'elles
soient transitoires ou, même, permanentes. Nous sommes présents pour, lorsque c'est
le temps, convenir de particularités, compte tenu de la situation, compte tenu
de l'urgence. Et sachez que le réseau de la santé est sous pression depuis plusieurs
années, et ce, même si certains pourraient en douter. La pandémie a permis de
bien mettre en <lumière...
M. Leclerc (Réjean) :
...plusieurs
années, et ce, même si certains pourraient en douter. La pandémie a permis de
bien mettre en >lumière cette faiblesse au niveau du réseau, notamment
au niveau du personnel.
Il y a aussi... Ce qui est clair pour
nous, c'est qu'on conteste depuis le début, que les mesures n'ont jamais été
convenues. Et la particularité — et j'entends déjà le ministre de la
Santé adhérer à cette idée — que nous étions présents lors de la
période des fêtes de 2021, là, jusqu'au début 2022, à l'approche de la
vague qui a débuté en 2022. Nous avons répondu présent, nous avons participé à
plusieurs rencontres, et, sans qu'il y ait eu d'entente, nous avons pu quand
même échanger sur des idées, sur des pistes de solutions, qui ont permis au
ministre à développer certaines mesures qui se retrouvent dans les arrêtés,
mais jamais on n'a convenu par entente... Et c'est ce qui nous apparaît
difficile, après ça, de vendre des idées ou vendre des intentions du
gouvernement lorsqu'on nous n'avons pas d'entente, donc l'adhésion est plus
difficile.
Et aussi, nous, on est gardien de l'équité
entre les individus, entre les groupes d'emplois. Et est-ce à dire, dans le
fond, que l'appareil est tellement rendu gros, est-ce que la centralisation est
telle qu'on ne pouvait plus négocier à d'autres niveaux, bien que je sais qu'il
y a des organismes gouvernementaux qui ont pu passer à travers la COVID sans
qu'il y ait d'arrêté, que ça s'est fait par négociation?
M. Roy (Danny) : M. le Président,
membres de la commission, vous vous posez sûrement la question à ce moment-ci :
S'il y a consultation, est-ce que vous allez être au rendez-vous, les
organisations syndicales? Bien, je vous poserais aussi la question. Pour que
les syndicats soient au rendez-vous, il faut aussi qu'il y ait des incitatifs à
la consultation pour le ministère. Quel intérêt y a-t-il présentement, pour le
ministère, de négocier quand le ministère a les deux mains dans le plat de
bonbons de la gestion sans consultation?
Puis, à titre d'exemple, puis qui va être
assez éloquent, pas plus tard qu'hier, la direction générale du bien-être et de
la protection de la jeunesse nous présentait un projet visant l'objectif, très
louable, de diminuer les listes d'attente en DPJ, projet qui était sur la table
à dessin depuis l'été dernier. Il faut savoir, pour tout le monde, que chaque
organisation syndicale a des tables, présentement, qui discutent des centres
jeunesse, et qu'ils n'avaient jamais entendu parler de ce projet-là. On nous
présente, hier, le projet, pour qu'il soit exécuté dans 10 jours, soit le
15 avril. Ce projet-là a d'importantes conséquences sur les équipes et sur
les familles, mais avec le p.l., avec le projet de loi, le ministère n'a pas
besoin de nous parler, il a juste à utiliser les arrêtés pour arriver à pouvoir
déplacer les personnes de... en interétablissement. Pourtant, ce projet-là n'a
rien à voir avec la pandémie. Consulter les organisations syndicales en amont,
dès l'été dernier, aurait probablement apporté une meilleure adhésion puis une
meilleure adéquation avec la réalité du terrain.
Cette expérience nous démontre, aux
organisations syndicales, qu'il est plus qu'urgent que le ministère revienne à
un mode de discussion puis de négociation respectueux des travailleurs et
travailleuses puis qu'il faut, dès maintenant, négocier une transition vers une
gestion plus adéquate, sans arrêtés. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Alors, merci beaucoup pour
votre exposé. Je pense que, M. le ministre, vous êtes prêt à débuter cet
échange.
M. Dubé : Bien oui, avec
plaisir, M. le Président. Et, en commençant, je voudrais saluer les trois
personnes qui ont pris le temps de venir ici aujourd'hui, parce que je trouve
ça... il y a beaucoup de choses avec lesquelles... Mme Senneville,
M. Leclerc, M. Roy, avec lesquelles... plusieurs de vos propos avec
lesquels je suis non seulement d'accord, mais je pense que la collaboration que
nous avons eue au cours des derniers mois, puis, je dirais, particulièrement
après la deuxième moitié de cette crise-là, est un excellent départ, puis
j'apprécie beaucoup que vous y ayez fait référence. Parce que je me souviens
très bien, lorsque, pour la première fois, notre gouvernement a décidé, avec
mes deux collègues, là, la présidente du Conseil du trésor et le ministre du
Travail... Tous les trois ensemble, on s'est vus, entre autres, au mois de
décembre, puis on a dit : On a vraiment une situation qui est difficile.
Et je dois saluer l'ouverture d'esprit que vous avez eue qu'on ait ces
rencontres-là.
• (12 h 10) •
Je comprends très bien puis je pense que
les Québécois comprennent le rôle du syndicat et le rôle de la partie patronale,
et, même si on n'est pas toujours d'accord, je vais l'appeler comme ça, ce
début de collaboration là qu'on a eue... Notamment, lorsqu'on avait des
discussions pour trouver des solutions à des programmes d'attraction et de <rétention...
M. Dubé :
...qu'on a
eue... Notamment, lorsqu'on avait des discussions pour trouver des solutions à
des programmes d'attraction et de >rétention, je dois vous dire que vous
avez été là. Vous avez raison de dire que ça n'a pas été une négociation, et
ça, je le respecte, parce que ce que vous voulez, c'est de la négociation.
J'ai quand même eu de très bons
apprentissages à apprendre à vous connaître quand on a eu ces rencontres-là. Et
je pense que le... Je vais le dire dans des mots, là, que, vous savez, qui me
tiennent à coeur, toute la question du dialogue social, que je pense qu'on a
commencé à faire dans les derniers mois, pour moi, il est important d'en tenir
compte au cours de nos prochaines discussions. Mon collègue M. Boulet
parle beaucoup de paritarisme. Je sais que c'est important pour vous. On l'a vu
avec la CNESST, on l'a vu que c'est des systèmes qui sont paritaires, et je
pense que ça devrait nous guider dans nos futures négociations.
Vous avez aussi raison, et ça, j'en ai
parlé beaucoup avec ma collègue, qu'effectivement les problèmes du réseau de
santé étaient bien avant la pandémie. Ça, on est tous d'accord avec ça, on est
tributaires de ce qui est arrivé avant nous. Mais, maintenant, on doit agir, on
doit agir. On a dû agir rapidement. Il n'y a personne, puis je vais être d'accord
avec vous, il n'y a personne qui est d'accord à toujours travailler par
décrets. Nous, on croyait que la situation l'exigeait, puis on le voit que,
malheureusement, encore, tant qu'on ne se sera pas entendus sur le projet de
loi n° 28. Il y a un équilibre à garder entre les mesures qui ont été
mises en place, parce que, comme le disait si bien le Dr Boileau hier, il y a
un danger, en ce moment, de ne pas mettre en place des mesures transitoires au
moment où on veut lever l'urgence sanitaire.
Bon, maintenant, je vais faire une
précision sur une de vos questions, puis je vais être rapide, parce que je
voudrais vous laisser le temps de répondre à quelques points. Premièrement, sur
la question de l'éducation, vous avez absolument raison, parce que, je l'ai
dit, j'en avais discuté avec le ministre Roberge, l'objectif des mesures en
éducation, c'est pour la fin de l'été, et je pense qu'on aura le temps
nécessaire après les élections, si les Québécois nous ont fait confiance, d'être
capables de clarifier cette question-là de télé-éducation, et on le fera, on
précisera, au besoin, dans le projet de loi, que les mesures en éducation se
terminent avec la fin de l'année scolaire. Puis je vous remercie de l'avoir
soulevé, parce que je dois vous avouer que, dans ma tête à moi, c'était réglé,
alors, si on doit le préciser... Encore une fois, vous êtes sur le terrain,
puis je l'apprécie. C'est comme ça qu'on travaille.
Est-ce qu'il y a des arrêtés... Parce qu'on
a fait un travail, je dois dire... Puis on en avait discuté, puis même, vous l'avez
mentionné aujourd'hui, il y en a eu, des arrêtés, on ne cachera pas le fait qu'il
y en a eu plusieurs. Nos légistes ont fait un travail, je dirais, remarquable,
au cours des dernières semaines, pour ramener ça à cinq thèmes. Vous connaissez
l'épaisseur de nos conventions collectives, hein, vous les connaissez. Alors,
quand on a voulu résumer ça, puis surtout celles qui se rapportent aux
ressources humaines, je pense que les gens comprennent qu'il a fallu bien
décrire les tâches, bien décrire les primes, etc. Alors donc, j'arrête
là-dessus, mais j'apprécie, encore une fois, le ton que vous avez aujourd'hui,
de reconnaître qu'on a voulu faire cette clarification-là.
Maintenant, sur l'arrêté, lui-même, des
ressources humaines, j'aimerais ça vous entendre de façon plus précise. Comment
vous pouvez nous aider? Parce que les discussions qu'on a eues, je le dis, là,
depuis l'automne dernier, ont été excessivement constructives. Alors, quand
vous prenez acte des précisions qu'on a données dans l'arrêté la semaine
dernière, lorsqu'on a déposé l'amendement, lesquelles, selon vous, ne sont plus
nécessaires? Parce que le plus rapidement on peut les enlever, les plus heureux
on va être, parce que... Prenons un exemple. Puis là je ne veux pas jouer dans
des zones un peu difficiles, mais vous savez qu'on devait enlever...
Une voix : Je compléterai, au
pire.
M. Dubé : Pardon?
Une voix : ...
M. Dubé : On devait enlever
les primes à compter du 16 avril, et, pour des raisons évidentes, on a
décidé... on vous a appelés, on vous a dit : Écoutez, je pense que vous
allez comprendre qu'on doit les prolonger, malgré les coûts astronomiques de
cette prolongation-là. J'aimerais vous entendre. Qu'est-ce qui... Dans ces
primes-là, qu'est-ce qu'on devrait enlever peut-être plus rapidement? Je veux
vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
M. Leclerc (Réjean) : J'apprécie
la question, M. le ministre. Bien, je vais vous répondre : Tout. Il faut
enlever toutes les <mesures...
M. Dubé :
...s'il vous plaît.
M. Leclerc (Réjean) :
J'apprécie
la question, M. le ministre. Bien, je vais vous répondre : Tout. Il faut
enlever toutes les >mesures, sans exception, pour la simple et bonne
raison que, si vous les soumettez à une table de négociation, puis qu'on en
convient, on va savoir exactement, de part et d'autre... Parce que,
souvenez-vous, quand... lorsqu'on fait un... lorsque vous promulguez un arrêté,
puis qu'on vous revient, une semaine, deux semaines après, puis on vous dit :
M. le ministre, vous avez oublié telle affaire, puis là le réseau réagit de
telle façon, puis là on vous donnait de l'information, qui ne venait pas
nécessairement de votre appareil, mais qui venait du terrain... Parce que les
deux... Nous, on présume qu'en ayant les deux informations des deux canaux,
bien, vous êtes capable de constater qu'il y a des ajustements à faire. Et vous
en avez fait, des ajustements, on les a constatés, il y a des arrêtés. Ça fait
que moi, je vais vous répondre...
M. Dubé : M. Leclerc, M. Leclerc,
c'est parce que je n'ai pas beaucoup de temps puis je veux qu'on se comprenne
bien.
M. Leclerc (Réjean) : Ah! Excusez,
oui.
M. Dubé : Non, non. Regardez,
là, il faut mettre dans le contexte la question que je vous ai posée, puis être
sûr que je comprends bien votre réponse. Parce que vous me dites :
J'enlève tous les décrets, j'enlève les arrêtés. Je fais quoi avec les...
M. Leclerc (Réjean) : On les
négocie.
M. Dubé : Non, mais juste
qu'on se comprenne bien, là. Demain matin, là, on enlève les décrets, et je
n'ai pas de personnel pour faire de la vaccination, je n'ai pas de personnel
pour faire de dépistage. Vous avez entendu le témoignage des P.D.G. hier, là.
Les députés de l'opposition n'ont pas voulu leur poser des questions, mais
vous, vous les avez écoutés. Je suis sûr que vous avez compris qu'il nous
manque du personnel pour faire de la vaccination, il nous manque du personnel
pour faire du dépistage, il nous manque du personnel pour gérer notre réseau.
Je suis d'accord qu'il va falloir les enlever, les arrêtés, mais on fait quoi
en attendant? Parce que Je contribue a été fait par arrêté.
Je comprends ce que vous me dites, mais,
quand... Il faut avoir, dans la même phrase... Oui, on veut arrêter l'urgence
sanitaire, mais lesquelles mesures vous pensez qu'on a besoin pour continuer à
travailler ensemble pendant qu'on a une sixième vague et qu'il faut vacciner
des gens? Il faut poser la question ensemble, dans la même phrase.
M. Leclerc (Réjean) : Oui...
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
si vous pouvez me permettre... Excuse-moi, Réjean, je vais...
M. Leclerc (Réjean) : Oui,
vas-y.
Mme Senneville (Caroline) : On
n'est pas à une table de négociation, là, puis on ne mettra pas, sur la place
publique, telle mesure, telle autre mesure. Deux choses. Nous, ce qu'on dit,
là, c'est qu'on a des arrêtés puis ça va durer jusqu'au mois de décembre. Bon,
d'ici le mois de décembre, on peut-tu...
M. Dubé : Ah! pas tous. On
s'entend, pas tous.
Mme Senneville (Caroline) : Pas
tous, non, je sais.
M. Dubé : L'éducation arrête
en juin...
Mme Senneville (Caroline) :
Oui, puis merci...
M. Dubé : ...les mesures...
les primes vont arrêter au mois de mai.
Mme Senneville (Caroline) : C'est
ça.
M. Dubé : Ce n'est pas... En
tout cas, je vous laisse continuer, excusez-moi.
M. Leclerc (Réjean) : Oui,
puis merci pour l'éducation. Puis, je vous dirais, si vous permettez — pause
pub — c'est ça qui est intéressant, travailler avec des centrales
syndicales, parce qu'on a le portrait, vraiment, de partout. Mais, bon, fin de
la pause pub. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut s'asseoir... Il y a beaucoup
d'argents qui sont là-dedans. Ça crée, hein... Est-ce qu'on peut s'assurer que
l'argent est bien dépensé? Bien, si l'argent est bien dépensé, il faut qu'on
soit partie prenante, il faut qu'on soit capable de dire : Nos membres,
c'est plus ça... À argent égal, on aime mieux ça là que là. Là, ça crée des
sentiments d'iniquité. Alors, nous, quand on dit : On veut garder des
mesures transitoires, assoyons-nous, regardons ce qui peut se faire de façon
transitoire, puis, le mois prochain, ce sera ça, dans deux mois, ce sera ça,
dans trois mois, ce sera ça. Puis, vous l'avez dit vous-même, on est très
disponibles, on peut faire ça très rapidement. Puis donc c'est ce qu'on
propose.
M. Dubé : Mais ce que... Je
veux juste qu'on se comprenne puis... tous les trois, parce qu'on a eu ces
discussions-là plusieurs fois dans les derniers mois, on est tous d'accord
qu'on doit avoir ces discussions-là. L'enjeu que je veux juste que les
Québécois comprennent de notre conversation aujourd'hui, c'est qu'on ne peut
pas lever des mesures sanitaires tant qu'on n'a pas les mesures transitoires
pour protéger la population. Ça, vous êtes d'accord avec ça.
M. Roy (Danny) : Mais une
partie importante qu'il faut tenir compte, c'est : il n'y a pas besoin de
prolonger jusqu'au mois de décembre les arrêtés ministériels. On peut s'asseoir
dès maintenant. Et on a toujours fait preuve d'ouverture pour toutes les
situations que vous nous présentez. Mais on doit s'asseoir dès maintenant pour négocier
la transition vers plus d'arrêtés ministériels, mais des éléments qui sont
négociés. C'est ça qui est important.
M. Dubé : M. Roy, on
s'est parlé plusieurs fois. Parlez-moi du thème sur les... la main-d'oeuvre
indépendante. Bon, c'est une demande qui est très claire de la part des
syndicats depuis des années, même, même avant notre gouvernement, là. Ça n'a
jamais été réglé. Dites-moi comment on règle ça, par négociation, dans les
prochaines semaines, avant la convention collective... expliquez-moi ça, là...
en temps de pandémie. Expliquez ça, là.
M. Roy (Danny) : Bien, ça, ce
sera des discussions qu'on pourrait avoir. Mais, présentement...
• (12 h 20) •
M. Dubé : Non, mais, M. Roy,
je vous demande : maintenant, là. On est en pandémie en ce moment, on a
besoin de vaccinateurs, on doit encadrer les agences indépendantes que vous
nous avez demandé de faire, on l'a fait. Moi, je vous dis, là : Pas dans
trois mois, là, demain <matin...
M. Dubé :
...Pas
dans trois mois, là, demain >matin. Si l'opposition accepte le projet de
loi — avec des amendements, je suis d'accord — qu'est-ce qu'on
fait avec ces mesures-là s'il faut le faire rapidement?
M. Roy (Danny) : Vous nous
êtes arrivés, le 23 décembre, avec un défi beaucoup plus grand que
celui-là, et, en deux semaines, l'ensemble des organisations syndicales, on a
été capables de trouver des solutions, puis d'arriver à des solutions qui
faisaient vraiment l'affaire de tous. On est capables de le faire pour la
main-d'oeuvre indépendante, comme pour tous les arrêtés ministériels.
M. Dubé : Bien, c'est
excellent, parce que ce que je veux vous demander... Puis que les gens
comprennent pourquoi qu'il y a différentes dates. Lorsqu'on a pris les primes,
il y a des primes, comme vous savez, qui vont arrêter le 14 mai. On les a
extensionnées d'un mois, mais il y a des primes qu'on a données à la rétention
et à l'attraction, des primes de long terme, qui sont... ont été signées avec
vos membres pour un an. Est-ce que vous pensez qu'on devrait renier notre
parole, et ne pas donner ces primes-là pour un an?
M. Leclerc (Réjean) : L'enjeu
n'est pas de savoir si les mesures doivent être dans... exister ou pas. L'enjeu,
c'est que nous, on dit : Il faut les négocier. Elles doivent exister à
travers une négociation pour y adhérer, parce qu'on a le temps de le faire,
puis parce qu'au final c'est notre travail, mutuellement, de négocier ce genre
de choses là, ça fait partie du droit. Et, dans un contexte d'urgence, il peut
y avoir des moments où il faut prendre des décisions rapides, exemple, le
verglas, exemple, d'autres situations, mais ça ne peut pas durer autant de
temps sans qu'on soit impliqués, pas seulement à recevoir ce qui est écrit dans
l'arrêté, parce que tout le monde peut le lire sur Internet. Moi, je vous dis
qu'il faut les négocier, convenir puis les appliquer. C'est comme ça que ça
fonctionne, pour notre côté.
M. Dubé : Et c'est pour
ça, M. Leclerc... Puis je pense que ça va être vraiment intéressant, parce
que là, avec Mme LeBel et M. Boulet, comme j'ai expliqué tout à l'heure,
je pense qu'on a commencé un climat de discussion qui est différent de ce qui
existait avant, beaucoup moins, je dirais, confrontationnel de ce qui s'est
fait avant. Je pense que vous en êtes d'accord. Ça a été une situation
difficile pour la pandémie.
Il me reste à peu près quoi?
Le Président (M. Provençal)
:1 min 40 s.
M. Dubé : Ce n'est pas
long, hein? Excusez-moi, là, on aura le temps de se reparler d'autres fois.
Mais ce que j'aimerais que les Québécois retiennent, aujourd'hui, de notre
conversation, c'est que cette discussion-là, cette collaboration sociale là
dont on parle, ce besoin de travailler ensemble, nous, on lève la main puis on
dit : On veut être là. Vous avez levé la main pour le faire. Je veux juste
vous dire que je l'apprécie beaucoup. Je pense qu'on doit remercier, moi, je
dis toujours, vos membres, nos employés, hein — c'est comme ça que je
pense qu'on doit voir cette relation-là — de tout le travail qui a
été fait durant la pandémie. Et je vous dirais que les prochaines négociations
qui s'en viennent, hein... vous allez faire vos demandes cet automne, ce n'est
pas loin, là, on parle de l'automne... on va attendre vos demandes, puis vous
allez voir qu'on va avoir un climat de négociation qui va être excessivement
intéressant. Merci, encore une fois, d'être venus aujourd'hui, à vous trois.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre. Nous
allons poursuivre cet échange avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M.
le Président. Bonjour, Mme Senneville, bonjour, M. Leclerc et
M. Roy, merci pour votre présentation. Je n'ai pas le même temps que le
ministre, donc je vais poser des questions courtes, s'il vous plaît, des
réponses courtes, parce que je veux vraiment profiter de votre passage.
Vous avez dit, dans votre mémoire, et je
vais le lire : «La Confédération des syndicats nationaux dénonce le projet
de loi sous sa forme actuelle, car les syndicats et travailleurs voient leurs
droits bafoués six mois de plus. Cette situation, inscrite au projet de loi,
est insoutenable.» Moi, ce que je veux avec vous aujourd'hui, pour les
Québécois qui nous écoutent et nous suivent, est-ce que vous pouvez expliquer
pourquoi vous sentez aujourd'hui que les droits de vos membres sont bafoués
pour encore six mois? Expliquez comment. Parce que j'ai l'impression que l'échange
de tout à l'heure, tout est beau. Si c'est «tout est beau, c'est excellent»,
bien, pourquoi vous pensez que vos... les droits de vos membres sont bafoués?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
écoutez, d'abord, le droit de se syndiquer, le droit d'association, est
enchâssé dans toutes les chartes québécoises et canadiennes, et ça inclut, par
jugement de la Cour suprême, le droit de négocier ses conditions de travail. Pour
beaucoup de gens qu'on représente dans la santé, puis on l'a vu un petit peu aussi
dans l'éducation tout à l'heure, bien, ça, ça n'existe plus depuis mars 2020.
On peut voir notre horaire bouleversé, allongé, changer d'établissement, ne pas
être en vacances, en même temps que, comme citoyens, on est frappés par la
pandémie. Souvenez-vous, au début, on nageait, là, vraiment, dans l'incertitude,
les équipements n'étaient pas toujours présents, alors... Et, pendant tout
ce... Et on dit à des gens : Toi, tu as une prime, toi, tu n'en as pas, et
c'est unilatéral. Et ça, ça crée énormément d'insatisfaction sur le terrain.
Là, bon, la crise perdure, ou la situation
<pandémique...
Mme Senneville (Caroline) :
...ça
crée énormément d'insatisfaction sur le terrain.
Là, bon, la crise perdure, ou la
situation >pandémique, elle n'est peut-être pas à l'état de crise, mais
elle perdure. Nous, ce qu'on dit, c'est que, O.K., des mesures transitoires,
mettons en place des mesures en disant : C'est ça qui a eu lieu jusqu'à
tant qu'on négocie d'autres choses avec les syndicats. On va répondre présent
et on va répondre présent très rapidement. Et ça, ça a, comme avantage, de... on
connaît le terrain, on n'a pas toutes les solutions, mais on en a plusieurs. On
est capables de parler à nos membres, on est capables de leur dire : Voici
pourquoi ça, ça a été mis en place, plutôt que de dire : Bien, ça, c'est
un arrêté ministériel, mets ça dans ta poche, puis ton mouchoir par-dessus,
puis tu n'as rien à dire. Donc, c'est aussi une cohésion sur le terrain. Et là,
on le sait, pénurie de main-d'œuvre, problèmes d'attraction et de rétention. Les
arrêtés ministériels ont un effet délétère sur les relations de travail.
M. Derraji : Oui, mais... Je
vous comprends et je partage votre inquiétude, mais, de l'autre côté, vous
venez d'entendre les propos du gouvernement que tout va bien, il y a un
dialogue social et tout va bien. Moi, j'avais l'impression que, lors de votre
échange, que ça va vraiment bien. Donc, aujourd'hui, ce que j'entends avec
vous, que vos droits... que vous pensez que vos membres, leurs droits bafoués
six mois de plus, ça n'envoie pas le bon message.
M. Leclerc (Réjean) : Si vous
me permettez, je vais peut-être répondre avec un exemple concret. Dans mon
ancienne vie, au début de la pandémie, j'étais président d'un syndicat de paramédics
à Montréal, et sans arrêtés ministériels, et vous comprendrez que les
paramédics à Montréal ont vécu de plein fouet la pandémie, parce qu'ils
transportent des gens, puis ils vivent l'inconnu. Le syndicat a lancé le
message à l'employeur qu'au lieu de procéder par arrêtés le syndicat se rendait
disponible pour répondre aux besoins de la population. Nous nous sommes
entendus au fur et à mesure des événements, et ce, sans arrêter. C'est ce qu'on
dit aujourd'hui, la chose est possible.
Donc, bafouer les droits, qu'est-ce que ça
veut dire concrètement? C'est que notre intervention devient futile, parce que
tout est déjà décidé, avec des pénalités à la clé si on ne respecte pas tel ou
tel paramètre d'un arrêté. Et ça, ça nous empêche d'échanger, d'interagir avec
nos membres sur des solutions qui, peut-être, sont plus novatrices, parce
qu'elles viennent du terrain.
M. Derraji : Et je partage
votre préoccupation. Mais, de l'autre côté, ce qu'ils disent, c'est qu'ils ont
besoin de ces arrêtés pour assurer le plein contrôle sur l'état d'urgence, sur
la pandémie. Et vous savez que ça ne prend pas... ça ne prend pas ...supérieur
pour voir qu'il y a une élection au mois de septembre... au mois d'octobre,
septembre, l'automne. Vous avez des négociations, probablement, en cours, ou
des échanges. C'est quoi, le sentiment que vous avez que le gouvernement a
choisi cette voie facile de gouverner le réseau par arrêtés? Est-ce que c'est
vraiment l'obligation de l'urgence sanitaire ou l'obligation... ou la volonté
de continuer à gouverner par décrets, parce que c'est devenu un mode de
gouvernance de ce gouvernement depuis mars 2020? C'est quoi, la lecture que
vous faites?
M. Roy (Danny) : Bien, à
cette étape-ci, la lecture qu'on dit, c'est que ce n'est plus nécessaire, et...
M. Derraji : Donc, le projet
de loi... Désolé, je vous interromps. Est-ce que le projet de loi, tel que
présenté aujourd'hui, vous êtes pour ou contre?
M. Roy (Danny) : On est tout
à fait contre. On veut avoir des... négocier rapidement des mesures
transitoires pour éviter...
M. Derraji : Si on vous
dit...
M. Roy (Danny) : ...pour
éviter, si vous me permettez de terminer, pour éviter que le ministère et le
gouvernement se gouvernent comme dans l'exemple que je vous ai donné tantôt.
Ils sont dans le plat de bonbons présentement.
M. Derraji : C'est important,
parce que... C'est important, ce que vous dites, et, moi, j'aimerais bien que les
Québécois vous écoutent aujourd'hui. Là, je vais poser une question directe :
Vous, au nom de vos membres, si, aujourd'hui, il y avait une volonté réelle de
négocier avec vous les mesures transitoires, en combien de temps vous allez
négocier les mesures transitoires?
M. Roy (Danny) : On sera
disponibles.
Mme Senneville (Caroline) : Le
plus rapidement possible.
M. Derraji : Désolé, vous
avez parlé au même moment. Quoi?
Mme Senneville (Caroline) :
Vas-y, Danny.
M. Roy (Danny) : On va être disponibles.
Il faut que vous sachiez, là, que, du 23 décembre... les deux premières
semaines, on a été disponibles jour, soir, nuit pour pouvoir faire des
négociations. On sera dans la même disposition pour négocier les mesures
transitoires.
M. Derraji : Je vous remercie
pour votre franchise et la clarté de la réponse. Donc, vous êtes prêts à
négocier pour les mesures transitoires. C'est pour cela que vous venez de
répondre que vous êtes contre ce projet de loi. Mais comment...
M. Roy (Danny) : Tout à fait.
M. Derraji : Hein?
M. Roy (Danny) : Tout à fait,
tout à fait.
• (12 h 30) •
M. Derraji : Donc, contre le
projet de loi. Je l'ai bien... j'ai bien compris. Je vais revenir sur quelque
chose que vous avez soulevé, M. Roy, par rapport à la DPJ. J'aimerais bien
que vous expliquiez l'exemple que vous vivez, parce que, parfois, les citoyens
québécois, quand on pose des questions en commission parlementaire, ils
n'arrivent pas à comprendre pourquoi c'est un peu dangereux, continuer avec les
arrêtés. Expliquez la situation avec la DPJ, et qu'on vous demande d'agir en
bas de 10 jours. Très rapidement, brièvement, s'il vous plaît.
M. Roy (Danny) : Bien, déjà,
une erreur : on ne nous demande pas d'agir, on nous avise que ce projet-là
va <arriver...
>
12 h 30 (version révisée)
<
M. Roy (Danny) :
...déjà,
une erreur : on ne nous demande pas d'agir, on nous avise que ce projet-là va >arriver.
Mais je vous explique, depuis le début de l'été, il y a des problématiques qui sont
nobles... pas nobles, mais il y a une problématique importante, dans les DPJ,
de liste d'attente à l'évaluation. Depuis l'été... on nous a dit hier que,
depuis l'été, on tablait... il y avait une planche à dessin où il y avait un
projet qui était mis en oeuvre pour réduire les listes d'attente, et vous me direz
si je manque de temps, là, et ce projet-là nous a été présenté hier pour une
application dans 10 jours.
C'est évident pour nous que, là, le
ministère avait les deux mains dans le plat de bonbons de la gestion sans
consultation. Et, quand on a parlé de consultation, bien, on est à peu près
certain qu'ils vont utiliser l'arrêté ministériel pour les déplacements, ils n'ont
pas besoin de nous consulter. Pourquoi le faire?
M. Derraji : Oui. Une
dernière question, donc, vous pensez que la lecture du ministre est biaisée, du
réseau, parce qu'il gouverne par arrêté depuis mars 2020? Parce que juste
expliquer aux gens qui nous suivent, il y a des règles, il y a des conventions
collectives, il y a des négociations avec l'autre partie qui est très
importante dans le réseau, mais il y a un mode de gouvernance actuel qui,
depuis le début... c'est des arrêtés ministériels et des décrets. Dans un monde
idéal, est-ce que c'est gouverner par décret et arrêté qui est bon ou bien
revenir à la normale avec les conventions collectives?
M. Roy (Danny) : Et je
vous dirais, au surplus, que le mode de négociation enracine le ministère et
les politiciens dans la réalité vécue au terrain, c'est-à-dire que ça
connecte... Vas-y.
M. Leclerc (Réjean) : Non,
mais, moi, je voulais renchérir, puis, rapidement, ce mode-là tend à... de nos
membres, ça les braque. Pour certains, ça les braque, parce que d'imposer et de
négocier, c'est deux approches complètement différentes pour la même mesure. Il
y a des mesures qui sont inspirées de nos discussions, mais, parce qu'elles
sont dans des arrêtés, les gens ont de la misère à y adhérer. Puis, pour nous,
ça nous discarte parce que... Est-ce que c'est pour un bénéfice politique de
dire : Voici les milliards? Penser à l'extérieur de la boîte, ça a des
conséquences. Et cette façon de gérer comme celle-là, bien, pour nous...
M. Derraji : Comment vous
qualifiez... Comment vous qualifiez cette façon de gérer?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
écoutez, on va apprendre de ce qui s'est passé puis on peut... Je sais que les
conventions collectives sont épaisses, là, M. Dubé, mais on peut déjà
mettre dans la convention collective : s'il y a une situation d'urgence,
voici ce qui peut s'appliquer et prévoir. Quand on parle de mesures
transitoires, quand on parle de se saisir des leçons de la pandémie, tout se
négocie dans la vie, donc, et là, à ce moment-là, quand il y aura une autre
situation urgente, on va souhaiter le plus tard possible et le moins grave
possible, on aura déjà les outils et on aura besoin de moins d'arrêtés et moins
de décrets.
M. Derraji : Merci, Mme Senneville.
Une dernière question à vous trois : Comment vous qualifiez cette façon de
procéder, de ne pas mettre sur table la négociation et continuer à gouverner
par arrêté, en un mot?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
disons que ça ne met pas de l'avant le dialogue social.
M. Derraji : Ah! merci.
Vous, M. Roy, M. Leclerc.
M. Roy (Danny) : Je...
Bien, on souhaiterait avoir, effectivement, cette négociation-là, mais
présentement je ne vois pas le ministère... un ministère qui est... qui le
souhaite.
M. Derraji : Bravo!
M. Leclerc (Réjean) : Je
trouve que c'est mal avisé.
M. Derraji : Mal avisé.
M. Leclerc (Réjean) : Je
trouve que c'est mal avisé parce qu'il y a un décalage entre la réalité puis
les intentions.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Leclerc.
M. Leclerc (Réjean) : Bienvenue.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, la suite de cet échange va
appartenir au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Mme Senneville, MM. Roy et Leclerc, merci d'être là.
Moi, j'ai encore moins de temps que les deux autres avant, alors je vais
vraiment faire court. D'abord, petite mise à jour, puisqu'on a l'occasion de vous
avoir, les primes, là, qui étaient en retard, qui devaient être versées, ça va,
là, ça rentre? C'est-tu réglé?
M. Leclerc (Réjean) : Il
y a encore, comme on dit en bon québécois, il y a du millage à faire.
M. Marissal : C'est-à-dire?
M. Leclerc (Réjean) : Y
compris l'équité salariale. C'est nébuleux, quant à l'équité. Puis, pour ce qui
est des autres mesures, bien, il y a des tableaux qui nous ont été présentés
avec des échéances, mais c'est à mouvance, des fois... à géométrie variable.
M. Marissal : O.K. Mais
ça ne devait pas être réglé le 10 mars, ça? On est le 7 avril aujourd'hui.
M. Leclerc (Réjean) : C'était
une intention qui était noble, mais l'intention... la réalité... la réalité n'est
pas...
Mme Senneville (Caroline) : ...partout,
oui.
M. Marissal : «The check is in the mail», comme on dit. Patientez, ça s'en
vient peut-être. Rapidement, vous dites : les décrets, ça a un effet
délétère. Comment ça se traduit, notamment par la rétention du personnel? Je ne
parlerais même pas d'attractivité, là, mais une fois qu'ils sont là, là, comment
ça se traduit pour vos membres, sur le terrain, l'effet délétère dont vous
parlez ici?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
ils ont l'impression de ne pas être considérés. Ils ont souvent l'impression
d'être <corvéables...
Mme Senneville (Caroline) :
...Bien, ils ont l'impression de ne pas être considérés. Ils ont
souvent l'impression d'être >corvéables à merci. Ils ont l'impression de
ne pas être écoutés, de ne pas... Puis il y a, et c'est ça qui est dommage parce
qu'il y a des mesures intéressantes, tu sais, les primes, là, mais la façon
dont elles ont été distribuées, ça a créé à certains endroits des sentiments d'injustice,
donc, parce qu'il y a certains... les primes ne sont pas appliquées partout, ce
n'est pas le même niveau de primes partout. Donc, c'est tous les sentiments qui
sont sur... qui sont partagés par nos membres, là, par rapport à ça.
Le Président (M. Provençal)
: M. Roy.
Mme Senneville (Caroline) : Vas-y,
Danny, oui.
Le Président (M. Provençal)
:Bien, monsieur... de Rosemont.
M. Marissal : Non, c'est
bon, allez-y. Allez-y, M. Roy, je vous en prie.
M. Roy (Danny) : Il y a
aussi un effet important, entre autres, avec toute l'application des primes. On
n'a pas compris les critères qui étaient appliqués, mais ça a un effet
important aussi sur les clientèles, je vous dirais, là. Allez voir, là, les
clientèles qui ont une déficience intellectuelle, malheureusement, ils ne
peuvent pas beaucoup protester, les troubles du spectre de l'autisme, la
déficience physique, qui ont été négligés pendant la pandémie. Les intervenants
de ces clientèles-là ont... se sont vu... il n'y avait pas de... ils n'ont pas
eu de reconnaissance jusqu'à la toute fin. Bien, ça amène...
Le Président (M. Provençal)
:M. Roy... M. Roy, je pense
que M. le député de Rosemont a un temps très court, aurait probablement voulu
formuler une autre question.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Je vais vous engager comme mon agent quand je ferai autre chose
dans la vie.
M. Roy (Danny) :
Excusez-moi.
M. Marissal : Oui. Non,
non, je vous en prie. Mais vous avez une recommandation ici qui dit : Nous
recommandons que les mesures transitoires et les critères de retrait des
mesures soient négociés avec les organisations syndicales dès maintenant.
M. Roy (Danny) : Oui.
M. Marissal : Ça, on
nous dit ici, par le gouvernement, que ce n'est pas vraiment possible, ce
serait trop long, ce serait trop lourd.
M. Leclerc (Réjean) : Bien,
j'ai peur que ça entretienne un mythe. Vous savez, les syndicats ont le dos
large pour leur mettre bien des choses sur le dos. Puis, dans un contexte où la
pandémie justifie des mesures exceptionnelles, lorsqu'on arrive puis on fait l'analyse...
y compris nos membres font l'analyse que c'est la pénurie de personnel qui
devient la justification, bien, vous comprendrez que nous, on ressent cette
pression puis on a de la misère à justifier certaines décisions, pas toutes,
mais certaines décisions, on a de la misère à... Puis nous, on est prêts, là,
immédiatement, à négocier.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Leclerc. Je m'excuse
de vous interrompre. Je vais maintenant céder la parole au député des Îles-de-la-Madeleine,
2 min 37 s.
M. Arseneau : 2 min 37 s,
trois petites questions, Mme Senneville, MM. Roy et Leclerc. La
première, c'est dans le même sens que mon collègue de Rosemont. Je voudrais que
vous nous expliquiez s'il est réaliste de penser que, dans un court laps de
temps, vous puissiez négocier avec le gouvernement des ententes qui puissent
permettre, justement, de conserver certaines mesures, certaines primes, par
exemple, permettre la vaccination, le dépistage, encadrer la main-d'œuvre
indépendante. Parce que ce que les gens vont croire, c'est que si on se fie aux
négociations de conventions collectives qui durent souvent plus qu'un an, on se
dit : Est-ce qu'on peut faire ça dans deux semaines?
M. Leclerc (Réjean) : Je
vais me permettre de répondre... Oui, vas-y.
Mme Senneville (Caroline) : La
réponse, c'est oui, c'est réaliste, puis qu'on le tente, donc, qu'on le tente.
Avant de dire que ce n'est pas possible, donc qu'on ne le fera pas, pourquoi on
ne le tente pas d'abord?
M. Leclerc (Réjean) : Dans
le préhospitalier, on l'a réussi. Dans le préhospitalier, ça a été quelque
chose qui a été négocié en temps réel et on n'a pas eu besoin de décret, d'une
part, puis, d'autre part, ça entretient... D'après nous, c'est un faux
prétexte. Il faut l'essayer, puis ce qui ne marche pas, on le décrétera. Sinon,
ce qui marche, faisons-le.
M. Arseneau : D'accord.
Puis pour bien clarifier les choses, parce que vous avez contesté le processus,
la façon de faire, et ainsi de suite, et pas la mesure en tant que telle, par
exemple, les primes, ce qu'il faut comprendre, c'est que depuis le début de la
pandémie, il n'y a jamais eu de négociation, là, pour clarifier les choses.
Mme Senneville (Caroline) : Non.
On était en négociation de convention collective, il y avait des tables de négo
ouvertes, et puis ils ont tassé ça puis ils ont dit : Non, les primes, on
va les mettre de l'avant. Puis je le dis comme ça, là, il y a eu beaucoup d'argent
de dépensé dans les primes, puis peut-être que l'argent aurait pu être mieux
dépensé.
M. Arseneau : Et donc
vous n'avez pas été consultés. On vous a toujours imposé ces mesures-là, jamais
en concertation, jamais en collaboration. Mais là, aujourd'hui, le ministre
semble ouvrir la porte, j'espère qu'il saisira l'occasion.
Dernière question, vous avez parlé de
peut-être prévoir pour une future pandémie, une future crise, des mesures dans
la convention collective. Ça, vous ne parlez pas de le négocier maintenant,
mais dans la prochaine négociation de convention collective. Est-ce que c'est
ce qu'on doit comprendre?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
c'est-à-dire que, si on négocie quelque chose maintenant, à un moment donné, ça
peut être dans la convention collective, et vice versa. Et je veux quand même
dire, et c'est important, le ministre a raison, il y a eu évolution. Ça a duré
deux ans, là, alors... puis on l'a dit, en décembre dernier, on s'est assis
puis on a été capables d'arriver à des solutions ensemble, donc ça serait le
fun si on pouvait continuer dans ce sens-là.
Le Président (M. Provençal)
:10 secondes.
• (12 h 40) •
M. Arseneau : J'ai
10 secondes, bien, j'en profite pour vous remercier beaucoup de votre
point de vue, et bonne continuation.
Le Président (M. Provençal)
: Nous terminons notre échange avec la Confédération des
syndicats <nationaux...
M. Arseneau :
...et
bonne continuation.
Le Président (M. Provençal)
:
Nous terminons notre échange avec la
Confédération
des syndicats >nationaux. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Merci, M. le
Président. Bonjour, madame, bonjour, messieurs. Écoutez, je suis contente,
ravie, même, de vous entendre dire que vous êtes prêts à négocier rapidement.
Et je suis désolée, d'un autre côté, de devoir péter votre balloune, parce que
ça n'arrivera pas. Le gouvernement a fait son lit, il préfère gérer et
gouverner par décret en imposant les règles, c'est moins compliqué. Et, de
toute façon, même s'il s'assoyait demain matin pour négocier avec vous, il va
répéter le décret à chaque mercredi, comme d'habitude. Et en septembre, quand
il va y avoir une septième vague ou une 308e vague, on va peut-être se
rendre à 500 vagues, on ne le sait pas, il y aura toujours une bonne
raison pour maintenir les mesures d'urgence sans consulter.
Et moi, une des choses que vous avez
mentionnées, c'est l'équité. Ça, je pense que c'est un aspect de tout ce
dossier-là dont on ne parle pas, c'est l'équité au sein des différents
travailleurs du système, là, autant de la santé que de l'éducation. Mais moi,
je n'ai plus de temps, là, naturellement.
Le Président (M. Provençal)
:Non, mais je pense que M. Roy
voulait peut-être vous donner un élément.
Mme Samson : Oui. Allez-y, M. Roy.
M. Roy (Danny) : Puis
peut-être un élément qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'au 31 décembre,
quand le projet de loi va prendre fin, on va être exactement dans la même
situation parce qu'on n'aura pas négocié de mesures transitoires.
Mme Samson : Exact. Et, si le
gouvernement avait voulu en négocier, il aurait déjà commencé, là, il n'aurait
pas attendu que vous veniez lui annoncer ça aujourd'hui, là, avec une bouteille
de champagne, là. O.K. Je vous remercie infiniment, madame, messieurs. Ça
répond à mes questions, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme la députée.
Alors, je tiens à remercier Mme la présidente et les deux présidents pour leur
contribution et leur collaboration à nos travaux. Je vous souhaite une bonne
fin de journée et je vous remercie encore du temps que vous nous avez consacré.
Je vais suspendre pour accueillir le
prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
(Reprise à 12 h 46)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, j'accueille maintenant les représentants de la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec. Trois représentants sont présents.
Alors, je vais les... ils auront 10 minutes pour leur exposé. Je vous
invite à vous présenter et à débuter votre exposé. Je vous cède la parole.
Merci.
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec (FTQ)
M. Boyer (Daniel) :Merci, M. le Président. M. le ministre, bonjour. Mmes, MM.
les députés, bonjour. Daniel Boyer, je suis le président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec. Je suis accompagné de Frédéric
Brisson, secrétaire général au SCFP-Québec, et de Jennifer Genest, qui est
vice-présidente au syndicat québécois des employés de service.
Vous savez que la FTQ est la centrale
syndicale la plus importante au Québec, qui regroupe, là, plus de
600 000 travailleurs, travailleuses dans l'ensemble des secteurs
d'activité économique. Dans les secteurs... Dans le secteur public, là, santé
et éducation, on représente 55 000 travailleuses et travailleurs dans
la plupart des types d'emploi. On en conviendra, là, toutes les personnes de
nos deux grands réseaux ont travaillé d'arrache-pied pendant la pandémie puis
ont donné le meilleur d'elles-mêmes, comme elles le font toujours, d'ailleurs.
Rappelons que les conditions de travail,
dans les réseaux publics, ont connu, à la suite de plus d'une décennie
d'austérité, là, et plus qu'une décennie de sous-financement, une détérioration
constante. La pandémie a démontré à quel point le travail de celles qui se
consacrent à assurer des soins et des services essentiels à la population est
indispensable, exigeant, parfois risqué, mais trop souvent faiblement rémunéré
et peu valorisé.
La pandémie a considérablement bousculé
les milieux de travail. Plusieurs avantages liés aux conventions collectives
ont été restreints, sinon suspendus au nom de l'urgence sanitaire. Là, on se
parle des droits prévus aux conventions collectives, mais on pourrait aussi se
parler, là, des conditions d'exercice d'emploi. Ce qu'on a exigé d'elles, les
travailleuses de nos grands réseaux, là, c'est presque inhumain. Après deux ans
de ce régime, il est grand temps de démontrer qu'on se préoccupe de ces
travailleuses par la reconnaissance de la valeur de leur travail. Il est également
temps de reconnaître le rôle d'agent négociateur des syndicats dans la
détermination de leurs conditions de travail et d'exercice d'emploi.
Avec le projet de loi n° 28, le
gouvernement annonce la fin de l'urgence sanitaire et il se donne tous les pouvoirs
d'intervention en maintenant un certain nombre de décrets et d'arrêtés
ministériels jusqu'au 31 décembre prochain. L'idée même de conserver des
pouvoirs de gestion par décret, qu'il s'accorde de manière non démocratique, va
à l'encontre de l'esprit de la levée de l'état d'urgence.
Il faut se rappeler que la déclaration de
l'état d'urgence sanitaire a introduit des changements majeurs dans la gestion
gouvernementale. Elle octroie au gouvernement des pouvoirs exceptionnels sans
qu'il n'ait à consulter au préalable les partis d'opposition ou la population
civile. Ce régime d'exception a permis au gouvernement de contourner les
exigences de certaines lois, notamment la Loi sur les contrats des organismes
publics, et d'octroyer des contrats de gré à gré. L'octroi de contrats souvent
faramineux, sans appel d'offres, n'ajoute en rien à la transparence
gouvernementale et nuit grandement au fonctionnement démocratique.
La FTQ est consciente qu'au début de la
pandémie l'urgence de la situation imposait d'agir rapidement afin d'assurer la
santé et la sécurité de la population. Cependant...
Le Président (M. Provençal)
:M. Boyer... M. Boyer, je
m'excuse de vous interrompre. On n'enlèvera pas votre temps. On me demande de
suspendre parce qu'il y a un vote au salon bleu. Et on nous demande de se
déplacer au salon bleu pour un vote.
M. Boyer (Daniel) :Parfait.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, on s'excuse de ce
contretemps-là et on vous revient.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
13 h (version révisée)
(Reprise à 13 h 07)
Le Président (M. Provençal)
:Donc, nous reprenons nos travaux.
Alors, nous avons dû les interrompre pour un vote. M. Boyer, je vous recède
la parole pour votre présentation.
M. Boyer (Daniel) :Merci, M. le Président. La FTQ, là, on est conscients qu'au
début de la pandémie l'urgence de la situation imposait d'agir rapidement afin
d'assurer, là, la santé et la sécurité de la population. Cependant, le
gouvernement prolonge par voie législative, là, depuis deux ans maintenant, l'état
d'urgence. L'urgence sanitaire ne doit prévaloir que pendant la période où elle
est nécessaire. Aujourd'hui, on estime que le gouvernement n'a pas fait la
démonstration que cette mesure exceptionnelle qui suspend les débats
démocratiques doit être maintenue et réponde à cette exigence.
On est d'avis que les mesures de lutte à
la pandémie nécessaires au bien-être de la population peuvent être mises en
oeuvre en limitant les atteintes aux droits et libertés de tous et toutes, et
en particulier des travailleuses. On souhaite la fin de l'état d'urgence
sanitaire tel que stipulé à l'article 1 du projet de loi. La levée de ce
régime d'exception doit être totale et il est grand temps de permettre à l'Assemblée
nationale de débattre des mesures liées à la pandémie, de rétablir le rayon d'action
des institutions démocratiques, afin de notamment réintroduire de la
transparence et de la démocratie dans les affaires de l'État.
Le gouvernement maintient certaines
dispositions comme si l'opposition n'était qu'empêcheur de tourner en rond et
qu'elle n'était pas capable de mesurer toute l'importance d'agir et de décider
rapidement. Rappelons que c'est avec consternation qu'on a reçu le premier
décret dans le secteur de la santé qui permettait de suspendre et d'annuler les
congés, réaffecter le personnel à d'autres points de service et modifier
unilatéralement les horaires de travail afin de permettre à l'employeur de
disposer des ressources nécessaires, comme si les parties étaient incapables de
trouver des solutions négociées dans le but de maintenir des services dont la
population avait besoin en ce contexte très particulier.
Depuis le début de la pandémie, plus de
200 arrêtés ministériels ont été déposés, une soixantaine qui visaient les
travailleuses de la santé, quelques-uns concernaient les travailleuses de l'éducation.
De ce lot, une bonne douzaine viennent restreindre, voire carrément abolir
plusieurs droits prévus aux conventions collectives. Certains arrêtés prévoyant
de nombreuses primes temporaires ont également été adoptées. Aucune de ces
primes n'a fait l'objet de négociation ou de consultations auprès des
syndicats, bien qu'ils soient des agents négociateurs des conditions de travail
de leurs membres.
Pire, elles ont été décrétées au moment des
négociations dans le secteur public, alors que la présidente du Conseil du
trésor estimait ne pas avoir les budgets nécessaires pour répondre adéquatement
aux besoins des travailleuses en matière de conditions de travail et de
rémunération. Ces primes ont suscité beaucoup de grogne dans les milieux de
travail. Certains titres exclus auraient dû y être assujettis. C'est un exemple
flagrant d'une gestion inéquitable qui démontre une méconnaissance du terrain,
qui a engendré plus de problèmes qu'elle n'en a réglés.
• (13 h 10) •
En principe, le dépôt du projet de loi n° 28
mettant fin à l'état d'urgence sanitaire aurait dû mettre aussi fin aux arrêtés
et aux décrets dictant les conditions de travail et permettre un retour à l'application
intégrale et équitable des conventions collectives. Toutefois, le ministre
continue d'imposer des conditions de travail en réorganisant les arrêtés.
Autrement dit, même si l'urgence... même si l'état d'urgence sanitaire prend
fin, le gouvernement maintient son emprise sur les relations de travail et
détourne l'application intégrale des conventions collectives.
Comment on peut justifier de tels arrêtés
ministériels dans une société libre et démocratique? On aimerait que le
gouvernement nous explique où est l'urgence sanitaire, alors qu'il a laissé
tomber ou est sur le point de laisser tomber toutes les mesures <restrictives...
M. Boyer (Daniel) :
...tomber ou est sur le point de laisser tomber
toutes les mesures >restrictives de prévention de la pandémie. Pourquoi
les travailleuses de la santé et de l'éducation, dont on reconnaît le caractère
essentiel, seraient-elles les seules à vivre l'urgence sanitaire? À notre avis,
le gouvernement échoue à justifier le maintien d'un État de droit exceptionnel
et temporaire uniquement pour les personnels de ces deux réseaux. Est-ce que le
gouvernement a pris goût à la gestion par arrêté ministériel au point d'en
faire sa façon de gérer les activités courantes de nos deux grands réseaux?
La FTQ est donc fortement en désaccord
avec une gestion des relations de travail à coups d'arrêtés ministériels qui
met sur la voie d'évitement les syndicats, représentants légitimes des
travailleurs et travailleuses. Le gouvernement, à titre d'employeur et
signataire de conventions collectives, a des obligations au même titre que tout
autre employeur au Québec. Lors de la crise sanitaire, il s'est libéré de ses
obligations en décrétant de manière unilatérale les conditions de travail des
milliers de travailleuses du secteur de la santé et de l'éducation, puis cela
fait maintenant deux ans que cette situation perdure. Le gouvernement maintient
certaines dispositions comme si les syndicats n'étaient qu'empêcheurs de
tourner en rond et qu'ils n'étaient pas capables de mesurer toute l'importance
d'agir et de décider rapidement. Le fait d'exclure les organisations syndicales
ne peut que jeter de l'huile sur le feu.
Pourtant, au pic de la cinquième vague, en
pleine période des fêtes, les syndicats ont fait preuve de solidarité et de
créativité. Confronté à une grave pénurie de personnel parce que bon nombre de
travailleuses étaient atteintes de la COVID, alors que les hospitalisations
montaient en flèche, le ministre de la Santé a convoqué une réunion
extraordinaire des syndicats composant le comité intersyndical avec pour
objectif de trouver des solutions à la crise du réseau. On a trouvé des
solutions, plusieurs ont été mises en place, et efficaces. Voilà la preuve que
le dialogue social et la négociation collective sont des moyens éprouvés pour
trouver des solutions concrètes à des problèmes complexes, voire urgents. À
l'inverse, les solutions unilatérales, déconnectées du terrain, en particulier
dans des structures hypercentralisées comme la santé et l'éducation, obtiennent
un succès mitigé car peu ancrées dans la réalité.
C'est pourquoi la FTQ demande que les
décrets et arrêtés ministériels qui modifient les conditions de travail
négociées dans les conventions collectives soient abrogés car ils constituent
une entrave aux droits fondamentaux des travailleurs et des travailleuses. On
est inquiets que l'arrêt, du jour au lendemain, du versement des primes et
autres incitatifs ait pour effet déplorable de décourager et démobiliser les
personnels. Il faut reconnaître que les conditions de travail bonifiées ont agi
comme un facteur de rétention auprès de certaines travailleuses. On craint que,
sans ces bonifications, plusieurs quittent le réseau. Cette situation serait
désastreuse pour le réseau alors que le Québec affronte la sixième vague de la
pandémie. Pour éviter un tel écueil, la FTQ propose et insiste pour que le
ministre de la Santé planifie promptement une période de transition, laquelle
serait négociée avec les acteurs syndicaux.
Et je termine en disant : Conséquemment,
des négociations de bonne foi doivent s'amorcer rapidement afin de permettre de
convenir par lettre d'entente de dispositions assurant que les sommes déjà
budgétées par le gouvernement pour assurer l'attraction et la rétention de la
main-d'oeuvre soient utilisées afin d'améliorer la rémunération des conditions
d'exercice sur le terrain. Alors, voilà.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Boyer, pour
votre présentation. Je tiens encore à m'excuser, là, pour... d'avoir dû
interrompre votre envolée durant votre exposé. Alors, M. le ministre, je vous
cède la parole.
M. Dubé : Bonjour, M. le
Président. Merci beaucoup. Puis bonjour, M. Boyer, et à vos deux
collègues, là, maître... Mme Genest et M. Brisson.
M. Boyer, ça fait quand même un
certain temps qu'on se connaît, puis j'ai beaucoup de respect pour le travail
syndical. Vous savez qu'on a eu déjà de nombreuses discussions, puis je suis
très heureux aujourd'hui que vous fassiez référence aux discussions que nous
avons eues avec votre centrale et avec les autres membres de l'intersyndicale
en décembre. Je pense que c'est important de reconnaître le changement de ton,
mais aussi le changement de culture qui est nécessaire dans notre réseau de la
santé, je dirais, en tout cas, de notre côté, au niveau patronal, pour s'assurer
qu'il y aura un meilleur dialogue social dans l'avenir.
Je comprends très bien... Je comprends
très bien votre discours aujourd'hui. J'aimerais vous dire que le ton de nos
discussions des derniers mois, pour moi, est très encourageant. Je sais faire
la différence, M. Boyer, entre ce que nous avons dû faire durant la
pandémie pour des <raisons...
M. Dubé :
...pour
des >raisons pas évidentes... de la différence qu'il faut faire avec la
négociation. Ma collègue... Et je pense que vous l'avez entendue, et vous... je
vous laisserai commenter là-dessus, mais ma collègue, Mme LeBel, qui mène
des négociations qui vont commencer très bientôt, à l'automne, quand vous
déposerez vos demandes, là, pour le renouvellement de la convention collective...
Pour moi, c'est vraiment deux choses, de négocier une convention collective,
puis, ça, je pense qu'on le reconnaît, versus des mesures qui sont transitoires
et temporaires. Je pense que tout le monde le reconnaît.
Est-ce qu'on est capables, dans un
contexte de pandémie, d'avoir des négociations qui mènent à des conclusions? On
va se donner le défi d'en discuter, parce que, comme vous l'avez bien dit, M. Boyer...
puis je me souviens très bien des discussions qu'on a eues au mois de décembre,
vous avez dit : On peut en parler, mais ce n'est pas une négociation parce
que, dans une négociation, il faut que vous ayez le temps de retourner à vos
instances, d'avoir le... On comprend très bien, mais, moi, ce que je veux que
les Québécois comprennent bien aujourd'hui, c'est qu'il y a une grande
différence entre des mesures transitoires, qui sont temporaires, qui sont
énumérées dans le projet de loi, versus une négociation de convention
collective pour deux, trois, quatre ans, qui pourra être faite par ma collègue.
Le principe que j'aimerais mettre aujourd'hui et je pense que... avec mon autre
collègue, M. Jean Boulet, qui est ministre du Travail, c'est de
reconnaître ce besoin-là d'avoir un dialogue social. Je pense qu'on l'a
commencé l'automne dernier et je suis, encore une fois, je le répète, très
heureux que vous le mentionniez.
Maintenant, j'aimerais ça aussi vous
entendre, parce que vous avez... Je ne sais pas si vous avez eu la chance
d'écouter nos P.D.G., hier, qui sont venus parler justement des problèmes
qu'ils ont. Si on n'est pas capables, en même temps qu'on enlève les mesures
d'urgence... être capable de mettre en place des mesures transitoires, mesures
transitoires, par exemple, qui sont au niveau des primes, mesures transitoires
qui sont là parce qu'il y a des arrangements qui sont faits avec différentes
catégories de professionnels pour être capables de vacciner les gens, des
ententes qui sont faites en ce moment au niveau des ressources humaines, je
pense, simplement, avec l'encadrement qu'on a fait avec les agences...
Moi, je vous demande encore une fois de
bien faire la différence entre une négociation et une discussion pour être
capables d'avoir ces mesures-là qui soient applicables pour ne pas que nos
Québécois se retrouvent dans une situation où on enlèverait les mesures
d'urgence et on ne serait plus capables de vacciner nos gens. Malheureusement,
on aimerait ça, que cette pandémie-là soit derrière nous, comme vous le savez,
mais ce n'est pas le cas, hein? On le reconnaît tous, que nous sommes dans une
sixième vague. On a besoin de vacciner nos plus vulnérables, nos personnes,
maintenant, de 60 ans et plus.
Alors, moi, j'aimerais vous entendre
là-dessus. Je comprends très bien que vous vouliez en arriver à une négociation,
on l'est aussi... C'est ce qu'on fera dans la convention collective. Mais je
veux bien aussi qu'on reconnaisse que les besoins que nous avons, ils sont
urgents, d'être capables de continuer à faire ce qui est nécessaire pour la
population. Puis j'aimerais vous entendre là-dessus, M. Boyer, s'il vous
plaît.
M. Boyer (Daniel) :Merci, M. le ministre. Bien, écoutez, je peux répondre
assez, assez facilement. Moi aussi, je fais une distinction entre la
négociation de la convention collective, qui se produit à tous les trois, quatre
ou cinq ans tel que prévu à la loi sur la négociation dans le secteur public...
mais ça n'empêche pas les parties, comme ça se fait aussi dans le privé, ça
n'empêche pas les parties d'amender certaines dispositions et de revoir de
façon particulière certaines dispositions dans des contextes particuliers. Puis,
écoutez, on l'a déjà fait même dans le secteur public, là. Ça va trahir mon
âge, mais on a réussi à fermer 10 hôpitaux dans la région de Montréal en
1995, là, on a réussi en modifiant les dispositions de la convention et en
s'entendant sur certaines lettres d'entente pour le faire.
• (13 h 20) •
Donc, on est capables de faire ça, puis la
preuve, c'est ce que vous... quand vous nous avez convoqués durant le temps des
fêtes, on a réussi à vous proposer, dans un temps record, des solutions, puis,
en plus de ça, vous en avez retenu quelques-unes, puis elles ont été efficaces.
Ça fait que je pense qu'on aurait pu... Déjà, là, depuis le début, là, on
aurait pu s'asseoir puis, au lieu de se faire dicter les arrêtés ministériels,
qui ont été <imposés...
M. Boyer (Daniel) :
...qui ont été >imposés aux travailleurs et
aux travailleuses, on aurait pu s'asseoir et discuter ensemble quelles sont les
meilleures mesures justement pour faire face à cette problématique qui était la
crise de la pandémie puis on aurait probablement pu convenir ensemble de
certaines solutions qui, à notre avis, auraient été plus appropriées.
Puis, vous savez, vous nous donnez... Je
pense que je vous l'ai déjà dit, là, quand vous faites ça puis que vous décidez
de façon unilatérale des dispositions, vous nous donnez la job facile parce
qu'il nous reste juste à chialer, M. Dubé. On n'a pas à convaincre nos membres.
On a juste à chialer. Pourquoi on chiale? Parce que nos membres ne sont pas
contents aussi. C'est beaucoup plus difficile...
M. Dubé : C'est un bon point,
je pense. M. Boyer, je vous connais assez depuis longtemps dans
différentes situations que je le sais que vous n'aimez pas ça, chialer. Je le
sais, alors, puis, en plus, quand vous le dites avec un si beau sourire, alors,
je suis d'accord avec vous. Mais, comme vous l'avez bien dit lorsqu'on a eu nos
discussions en décembre... Et, je le répète, ce que vous avez fait, vous et
votre centrale, dans le cadre de cette discussion-là, était exemplaire. Je l'ai
mentionné, on s'entend là-dessus, mais vous l'aviez bien dit, on ne s'est pas
entendu sur tout, hein? On a eu des discussions.
Et c'est là qu'il devient, le caractère...
parce que je veux être très concret, là, pour que les Québécois comprennent, M. Boyer,
que, quand on a une discussion sur des éléments, puis on présente des faits,
puis on dit : Écoutez, voici ce qu'on a comme problématique... On vous a
écoutés. Vous l'avez dit, on a mis plusieurs mesures que vous avez demandées,
qui ont été présentées à vos membres, qui fait que... Je vais vous le dire, les
primes qui ont été payées, vous le savez, là, depuis les deux dernières années,
c'est des montants astronomiques, que vos membres méritaient, mais, je dis, vous
avez bien dit aussi, qu'on ne s'est pas entendu sur tout.
Et, lorsqu'on arrive dans un cadre de
négociation de convention collective, on s'entend tous que ce n'est jamais le
cadre idéal pour avoir des négociations. Moi, je vous ai rencontré, M. Boyer,
dans le temps où j'étais au Conseil du trésor, avec le premier ministre, et ça,
c'est bien avant la pandémie, et on a dit : Maintenant qu'il y a une
pandémie qui s'en vient avec nous, est-ce qu'on est capables d'avoir une
négociation plus rapide, plus rapide, pour en arriver à des résultats? Puis
vous savez comment ça a pris de temps, avoir une négociation.
Alors, je veux juste qu'on s'entende bien,
que les gens comprennent qu'il y a une différence très importante entre une
négociation qui doit être pilotée par le Conseil du trésor pour en arriver à
des ententes qui sont à long terme, comme vous dites, de deux, trois, quatre
ans, versus des besoins qui sont à court terme. Et c'est ça que je veux être
capable de bien expliquer, mais je comprends votre point que, dans un monde
idéal, et on l'a montré, puis je pense qu'on peut continuer de le montrer, dans
ce nouveau contexte de collaboration sociale qu'on peut faire ensemble...
Alors, moi, je vous redemande :
Est-ce qu'il y a des choses en ce moment qui vous permettraient de dire... Je
comprends que ce n'est pas facile, mais il y a-tu des choses que vous pouvez
accepter pour qu'on ne se retrouve pas dans une situation où... Parce qu'on
veut avoir des mesures qui sont jugées nécessaires, notamment par la Santé publique.
Vous l'avez entendu, hier, le Dr Boileau, là on est dans une situation
critique. On a besoin d'avoir nos employés de Je contribue qui continuent à
vacciner. On a besoin d'avoir du dépistage. On a besoin d'avoir tous ces
employés-là. Il y a trois P.D.G. qui sont venus nous dire hier ils ont besoin
de combien de ces gens-là. La journée qu'on enlève ces arrêtés-là, on perd ces
gens-là.
Alors, j'aimerais vous entendre. C'est
quoi, les solutions que vous nous apportez pour qu'on soit capables de protéger
les Québécois tout en enlevant l'urgence sanitaire?
M. Boyer (Daniel) :M. Dubé, je vais passer de la parole à ma collègue,
Jennifer Genest, mais, juste avant, j'aimerais juste mentionner... On est
capables de s'asseoir puis de convenir, M. Dubé, là, on est capables de
s'asseoir, puis on l'a démontré, puis c'est ce qu'on vous dit, on veut
s'asseoir et de convenir... Puis moi, je vous le dis, là, les mesures
transitoires, là... Je suis inquiet depuis plusieurs mois déjà parce que je me
suis dit : À un moment donné, ces primes-là vont arrêter, puis quel impact
que ça va avoir? Je pense que ce serait important qu'on en discute ensemble
puis qu'on tente de trouver des solutions communes par entente, mais je vais
laisser à Jennifer, là...
Mme Genest (Jennifer) : Bonjour,
M. le ministre. Vous savez, la fin de l'état d'urgence sanitaire, elle était
prévisible, et souhaitable, souhaitée, et on aurait pu s'asseoir déjà, il y a
plusieurs semaines, pour prévoir ce qui allait suivre après la fin de l'état
d'urgence sanitaire. Donc, vous l'avez dit, effectivement, on ne s'entend pas
toujours, mais, pour avoir <participé...
Mme Genest (Jennifer) :
...vous
l'avez dit, effectivement, on ne s'entend pas toujours, mais, pour avoir >participé
aux discussions en décembre et en janvier, on s'est entendus sur beaucoup de
choses en très, très peu de temps. Donc, s'il avait été possible de s'asseoir
avec les représentants du ministère du Trésor pour envisager la fin de l'état
d'urgence sanitaire et voir les besoins qui étaient réels pour la poursuite...
M. Dubé : Donnez-moi un
exemple. Qu'est-ce qu'on fait avec Je contribue? Qu'est-ce qu'on fait avec les
20 000 personnes qui ont été engagées pendant qu'on manque de 50 000 employés?
Puis, en date d'aujourd'hui, là, j'ai 12 000 employés absents pour
raisons de maladie COVID. Qu'est-ce que je fais avec Je contribue demain matin?
Mme Genest (Jennifer) : Bien,
c'est clair, M. Dubé, dans mon esprit, en tout cas, qu'il faut faire une...
oui, qu'il faut faire... oui, c'est clair qu'il faut faire une distinction
entre les vaccinateurs... entre, peut-être, les gens assignés au dépistage...
On est conscients que le réseau n'est pas capable à ce moment-ci d'assumer
cette charge-là en plus des besoins quotidiens réguliers.
M. Dubé : ...que ce soit
reconnu. Merci beaucoup de le dire, parce qu'il faut reconnaître que le réseau
n'est pas capable d'avoir la perte de ces gens-là. On le reconnaît tous. On est
d'accord.
Mme Genest (Jennifer) : Oui,
on le reconnaît, puis il faut trouver des solutions maintenant, mais il faut
trouver des solutions pérennes aussi, parce que ce n'est pas vrai qu'au
31 décembre 2022 tout sera parfait, parce que le réseau était déjà mis à
mal avant la pandémie, et pas, d'un coup de baguette magique, parce que le
31 décembre arrive, que tout ira mieux. Donc, c'est pour ça qu'on doit
s'asseoir rapidement en urgence et trouver des mesures pérennes au-delà du
31 décembre pour assurer au réseau une survie.
M. Dubé : Si je peux me
permettre, votre point est excellent, et c'est pour ça qu'on s'est donné comme
date butoir le 31 décembre, pour avoir le temps de faire ces
discussions-là. Comme vous le savez, quand ça prend deux ans pour faire
une négociation de convention collective, puis qu'on pense qu'on doit trouver
la façon de s'entendre avec les offices professionnels, de s'entendre avec les
syndicats pour trouver de la pérennité, je pense que c'est raisonnable de se
donner un temps comme le 31 décembre pour arriver à ces ententes-là. Mais
c'est toute une question de temps, et j'apprécie énormément que vous nous... Je
ne sais pas combien il nous reste de temps, mais je vous laisse continuer, puis
peut-être...
M. Brisson (Frédéric) : Bien,
j'aurais un petit mot à dire peut-être à M. Dubé. Dans Je contribue, comme
ma collègue Jennifer vient de le dire, pour ce qui est des cliniques de
vaccination, de dépistage, on est très conscients de ça, mais, dans les Je
contribue qui font le travail qui est effectué par les travailleurs du réseau
de la santé, on vient de créer deux classes, là. Eux, ils n'ont pas le droit à
notre convention collective. Ça pourrait faire partie de nos négociations, hein?
On est d'accord avec vous que ces gens-là, vous en avez besoin pour les
cliniques de vaccination et dépistage, mais, quand ils viennent faire le
travail de nos membres sur le plancher, ils doivent avoir droit à la convention
collective, eux aussi. Ça, c'est un bel exemple. Mais, pour ce qui est des
négociations, tu sais, on est capables de faire la différence entre des
négociations de convention collective... Mais, il y a une chose aussi, se faire
dire... se faire donner des décrets... se faire expliquer des décrets la veille
qu'ils vont être mis en application, je n'appelle ça de la négociation. Vous
pourriez parler avec nous avant.
M. Dubé : Moi, je regarde... Puis,
M. Brisson, vous avez absolument raison. Moi, je ne regarde pas en
arrière. Là, je regarde comment on va faire pour, dans l'avenir, mieux
s'entendre; cette collaboration-là. Puis je l'ai dit à M. Boyer, je vous
le dis, on est là pour ça. On va faire ce changement-là, de culture, ensemble.
Ça ne sera pas un climat de confrontation. Ça va être un climat de consultation.
Et j'y crois beaucoup, à la collaboration qu'on a commencée, puis merci
beaucoup de votre présence aujourd'hui, très apprécié.
M. Brisson (Frédéric) : Vous
avez eu un bel exemple au mois de décembre.
M. Dubé : Effectivement. Merci
beaucoup à vous trois.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. On va
poursuivre avec le député de Nelligan.
• (13 h 30) •
M. Derraji : Bonjour. Merci
pour votre présentation. Je tiens à saluer mon ancien — qu'est-ce que
je peux dire? — camarade, collègue dans une commission, la Commission
des partenaires du marché du travail. Donc, mes salutations à vos trois. Merci
pour le rapport.
Écoutez, au fait, votre discours fait écho
aussi à pas mal d'autres interventions. On va revenir à la base. Il y a un
discours, de la part du gouvernement, qui est sur la place publique et il y a
le discours des partenaires. La semaine dernière, il y avait les représentants
de l'APTS. Il y avait les représentants de la FIQ. Avant vous, il y avait la
CSN, aujourd'hui. Maintenant, j'ai en face de moi la FTQ. J'aimerais bien que
vous expliquiez aux Québécois qui nous écoutent et qui nous suivent s'il y a un
danger de continuer à gouverner par décret et arrêté, en quoi ça influence vos
membres et en quoi ce mode de gouvernance que vous décriez <aujourd'hui...
>
13 h 30 (version révisée)
<17923
M.
Derraji :
...ce mode de gouvernance que vous décriez >aujourd'hui,
il n'est pas bon pour une société démocratique.
M. Boyer (Daniel) :Bien, écoutez, si je peux... Quand les conditions sont
imposées, là, aussi bonnes qu'elles peuvent être, là, elles sont mal perçues
par les travailleurs puis les travailleuses, tu sais. Moi, je pense qu'avec...
Je ne sais pas où on est rendus, là, avec les primes, et tout ça, là. On était
à plus de 5 milliards de dollars. Moi, je pense qu'on aurait pu utiliser
ces sous-là à meilleur escient, avoir des solutions plus efficaces si on s'était
mis, tout le monde, autour de la table, incluant les représentants syndicaux,
puis qu'on avait réussi à trouver des solutions favorables aux milieux, autant
en éducation qu'en santé. Moi, je pense que c'est la solution, là. Je pense que
c'est la solution, qu'on se parle. On le dit depuis le début.
Puis je ne sais pas si vous avez eu la
chance... On a annoncé, là, en fin de semaine, un front commun en vue des
prochaines négociations des trois centrales syndicales. On a insisté sur l'aspect
du dialogue social. C'est important, le dialogue social. C'est éminemment
important. On n'est pas juste des empêcheurs de tourner en rond. Et je suis
convaincu que votre rôle, dans l'opposition, ce n'est pas, justement, de mettre
des bâtons dans les roues du gouvernement, puis surtout, surtout dans une
période de crise sanitaire comme on vit, surtout comme on l'a vécu, entre
autres, dans la première vague, avec la catastrophe qu'on a vécue. Je pense qu'on
est capables de tous mettre l'épaule à la roue et de trouver des solutions
intelligentes.
Et là le gouvernement s'est approprié tous
les droits. Puis, comme je l'ai dit, on peut comprendre, au début de la
période, on ne savait pas c'était quoi. On avait certaines craintes, on avait
certaines peurs. On peut comprendre ça, au début. Mais là ça fait deux ans. Ça
fait deux ans. Il est temps qu'on y mette fin. Et il était temps qu'on y mette
fin avant, là.
M. Derraji : M. Boyer,
je partage votre point et je l'ai dit, c'est assez. Le gouvernement, hier, a
renouvelé pour la 107e fois un autre décret pour une autre semaine. On se
connaît assez, et je connais votre franc-parler. Il y a des gens qui nous
écoutent maintenant. Sur la table, on a un projet de loi pour lever l'état d'urgence — je
dis bien «lever l'état d'urgence». Est-ce que vous êtes pour ou contre ce
projet de loi?
M. Boyer (Daniel) :On est contre ce projet de loi là parce que ce projet de
loi là maintient les décrets, arrêtés ministériels... plusieurs décrets et
arrêtés ministériels jusqu'au 31 décembre. Puis je vous l'ai dit, je l'ai
dit, là, j'ai une certaine inquiétude sur la fin des fameuses primes. Mais, en
même temps, il faudrait peut-être en jaser ensemble pour trouver des solutions.
Comment on fait cette transition-là? Ce n'est pas tout de donner un préavis,
là.
M. Derraji : Oui, oui, mais
on vous sert le dialogue social comme élément. On vous dit qu'on aime ça, le
dialogue social, on aime ça, le dialogue social, on est bon dans le dialogue
social. C'est comme s'il n'y avait pas de dialogue social. Vous répondez quoi à
cette affirmation? Un dialogue social, ça nécessite deux parties, pas
uniquement une seule partie. Ce n'est pas uniquement unilatéral. Pensez-vous
réellement qu'il y a un dialogue social avec les arrêtés et les décrets jusqu'au
31 décembre?
M. Boyer (Daniel) :Écoutez, on est dans une... on est quand même dans une
certaine paix industrielle en matière de relations de travail au Québec. Il y
aura un dialogue, il y a un certain dialogue social. Mais concernant ce qui
nous concerne aujourd'hui, là, l'état d'urgence sanitaire avec les arrêtés qu'on
connaît depuis maintenant deux ans, on ne peut pas se parler de dialogue social,
là. On n'a pas été consultés. On a été informés, puis je pense que c'est
Frédéric qui l'a mentionné tantôt, là, on a été informés que les conditions de
travail de ces gens-là, des travailleuses et des travailleurs dans la santé et
dans l'éducation, pouvaient être suspendues demain matin.
M. Derraji : Mais je vous
comprends parce qu'au Parlement on vit presque la même chose. La plupart des
mesures du gouvernement, il les a implantées, il les a... Il n'y avait pas de
débat, hein? Parce que, vous le savez, la Loi sur la santé publique, qui
gouverne l'état d'urgence, il y a deux choix, soit venir aux 30 jours au
Parlement... Ils l'ont exclu. C'est un choix. C'est un choix que le
gouvernement... Les Québécois jugeront ce choix. Ils ont choisi le
renouvellement hebdomadaire.
Quand je lis quelque chose qui est très
important... Vous dites, et c'est important que les Québécois qui nous suivent
écoutent ça : «Le syndicat, un acteur qui fait partie de la solution.»
Donc, aujourd'hui, ce que vous dites aux Québécois : On veut partir de la
solution. Le gouvernement gouverne par décret depuis 2020, et il s'est habitué
à ce mode de gouvernance. Mais je vais vous lire un extrait de votre mémoire :
«Le fait d'exclure les organisations syndicales ne peut que jeter de l'huile
sur le feu.» Ça, c'est vos propos, ce n'est pas mes propos. Pouvez-vous
expliquer aux Québécois qui nous écoutent aujourd'hui pourquoi l'attitude
gouvernementale de vous exclure des discussions jette de l'huile sur le feu?
M. Boyer (Daniel) :Bien, écoutez, je l'ai mentionné un peu tantôt, hein, on
nous réduit à notre rôle de chialeur, là, puis ça, c'est la job facile. Puis
pourquoi on chiale? Parce que nos membres, <justement...
M. Boyer
(Daniel) :
...ça, c'est la job facile. Puis pourquoi on
chiale? Parce que nos membres, >justement, nos membres nous disent
qu'ils ne sont pas contents de certaines mesures, alors que, si on avait
convenu, on aurait fait un minimum de consultation. Puis là je ne vous dis pas
des consultations comme dans le cadre d'un renouvellement de convention
collective, là. Des instances moins larges qui nous donnent certains mandats et
où on aurait pu mettre de l'avant certaines solutions. Puis, quand ces
solutions-là sont convenues et expliquées par des représentants syndicaux, les
représentants des travailleurs et des travailleuses, bien, elles sont bien plus
faciles d'être mises en place, puis bien plus efficaces, puis ça démotive bien
moins les travailleurs puis les travailleuses qui ont à travailler dans des
conditions qui ne sont pas faciles en situation d'urgence sanitaire.
Une voix : Je vais faire du
pouce...
M. Derraji : Juste une
seconde. J'ai un détail technique. M. le Président, je veux qu'on sépare le
temps restant entre moi et le collègue de Rosemont.
Le Président (M. Provençal)
:Consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Il n'y a pas de consentement.
M. Derraji : Pas de
consentement pour prendre le temps du collègue?
Le Président (M. Provençal)
:C'est ce que je viens de...
M. Dubé : C'est ce qu'il
vient de dire par «pas de consentement».
Le Président (M. Provençal)
:Pas de consentement. Je m'excuse.
M. Derraji : O.K. C'est
bon. Donc, pas de consentement pour...
Le Président (M. Provençal)
:Non, ça veut dire qu'il n'y a
personne qui va avoir le temps restant. Excusez.
M. Derraji : Ni moi ni
le collègue de Rosemont?
Le Président (M. Provençal)
:C'est ce que je viens de comprendre.
Merci.
M. Derraji : Pas de
problème. Pas de problème. Merci. Désolé, parce qu'on a un enjeu technique.
Merci beaucoup pour l'explication.
Vous avez dit aussi : «La levée de ce
régime d'exception doit être totale.» Là, vous représentez et le secteur de l'éducation
et la santé. Ce qu'on nous dit, hein, la partie gouvernementale, ce qu'il nous
dit, que c'est impossible qu'on gère la pandémie avec le réseau de la santé actuel
sans cet état d'urgence. Vous, représentants des travailleurs, vous dites
aujourd'hui : Oui, c'est possible. C'est possible qu'on lève l'état d'urgence,
et qu'on revienne à la table de négociation, et on est prêts à collaborer.
M. Boyer (Daniel) :Écoutez, tout à fait, tout à fait. Puis j'ai exprimé
certaines craintes sur les mesures transitoires, là, mettant fin à certaines
primes, mais je suis convaincu que, si on s'assoit à une table de négociation
ou de discussion puis qu'on est... moi, je suis convaincu qu'on est capables de
s'entendre sur comment on va faire atterrir la fin de ces mesures
exceptionnelles là qui ont été mises en place.
Puis, écoutez, je vous dis la fin, mais,
en même temps, je vous dis qu'il y a un sérieux problème d'attraction et de
rétention dans nos deux grands réseaux, et il va falloir s'y attarder. On s'y
attardera à la prochaine négociation, bien évidemment, là, mais il y a un
sérieux problème d'attraction et de rétention, et il faudra y voir. Et ce n'est
pas juste une condition... Oui, c'est des conditions salariales, parce qu'il y
a un retard salarial dans le secteur public par rapport... mais il y a aussi
des conditions d'exercice d'emploi qui ne sont pas faciles.
M. Derraji : Oui. Mais
votre message aux Québécois aujourd'hui, c'est très important, parce que les
gens suivent la commission parlementaire. Je vous le dis, je suis... j'ai reçu
des milliers et des milliers de messages. Votre message aux Québécois aujourd'hui :
Les syndicats sont prêts à collaborer et ils ne veulent plus d'un gouvernement
qui gère par décret et arrêté. Ça, c'est clair aujourd'hui pour vous.
M. Boyer (Daniel) :Tout à fait. Tout à fait. Et on pense qu'on est capables,
en s'assoyant à une table de négociation, de trouver les mesures appropriées
qui vont être encore plus favorables aux problèmes d'attraction et de rétention
du personnel dans nos deux grands réseaux.
M. Derraji :Oui. Vous voulez ajouter?
M. Brisson (Frédéric) : J'aimerais
répondre à votre première question, un peu... bien, ça va dans l'ensemble :
Comment qu'ils se sentent, nos travailleurs, quand ils se font imposer des
mesures comme ça? Tu sais, si on... Chaque personne dans la population, là, que
ce soient des bonnes mères, pères de famille, des enfants, qu'on soit un
couple, personne n'aime se faire imposer des choses. Ils ne se sentent pas
écoutés, ils ne se sentent pas considérés, ils ne se sentent pas compris, et ça
n'aide en rien.
Je pense qu'une des meilleures solutions,
c'est la discussion, hein? Si on prend la vie en général, discuter puis avoir
des échanges, c'est comme ça qu'on règle les choses.
Et présentement ce n'est pas ce que le
gouvernement fait avec nous. Il nous impose des choses. On veut négocier, et
les travailleurs veulent se sentir écoutés aussi. Ça, c'est important.
M. Derraji : Oui. C'est
très clair. Donc, si j'ai bien compris, la lecture, elle est biaisée, du réseau
de la santé, parce que n'importe quel ministre de la Santé aimerait avoir tous
les pouvoirs, avec les arrêtés et les décrets, et ne pas naviguer dans un
système avec des conventions collectives. Je vois le sourire de M. Boyer.
Allez-y, allez-y, allez-y. Je vois votre sourire.
M. Boyer (Daniel) :Bien, non, mais je...
Le Président (M. Provençal)
: M. Boyer, une réponse très rapide, s'il vous plaît.
M. Boyer (Daniel) :Oui, mais je l'ai dit au départ, c'est comme si le
gouvernement avait pris... c'était maintenant sa façon de gérer, dans nos deux
grands réseaux, à coup d'arrêtés ministériels. Je veux dire, c'est... Mais ça
démotive les gens, là. Ce n'est pas ça qui règle des problèmes d'attraction
puis de rétention, là. Nous...
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Derraji : Merci
beaucoup. Très clair. Merci à vous trois.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Boyer. Alors,
la suite appartient au député de Rosemont.
• (13 h 40) •
M. Marissal : Oui. Bonjour
à vous trois. J'ai failli avoir 123 secondes de plus, mais il semblerait
que nous ne nous entendons pas pour une si grande générosité. C'est de valeur.
Ça fait que je vais <prendre...
M. Marissal :
...nous
ne nous entendons pas pour une si grande générosité. C'est de valeur. Ça fait
que je vais >prendre mes 183 secondes pour vous poser une question.
Sur la négociation, c'est clair, là, que ça prend... il faut être deux pour
danser, là, comme on dit, là. Puis, les négos, ça peut être long, ça peut
bloquer un bord ou de l'autre. Tout à l'heure, le ministre a dit, et si je l'ai
bien compris, mais là je ne peux pas lui poser de questions là, ce n'est pas le
temps là, mais je vous demande qu'est-ce que vous, vous avez compris quand il
dit : D'ici le 31 décembre 2022, c'est le temps dont on a besoin pour
s'entendre. Qu'est-ce que vous comprenez de ça?
M. Boyer (Daniel) :Bien, moi, je ne pense pas que c'est le temps qu'on a
besoin pour s'entendre. Quand je veux faire... Le ministre a tout à fait raison
quand il fait une distinction entre la négociation des conventions collectives
et des négociations particulières, dans un contexte particulier d'urgence, il y
a une distinction à faire. Dans un contexte de renouvellement de conventions
collectives, là, il n'y a personne qui est nécessairement pressé par le temps.
Il faut prendre le temps de bien faire les affaires. Dans un contexte
d'urgence, il faut trouver une façon rapide, des solutions dans le but,
justement, de pallier aux problématiques. Ça fait qu'on est capables, à mon
avis, on est capables...
Puis je vous l'ai dit, là, je vous l'ai
dit : moi, ça fait un méchant bout de temps que je suis inquiet de la fin
des primes. Je suis inquiet personnellement. Je dis : Comment ça va finir,
tout ça? Bien, je pense qu'il faudrait s'asseoir, puis discuter, puis convenir
de comment ça va finir. Je pense que ce serait éminemment important.
M. Marissal : Oui. La
CSN, tout à l'heure, avant vous, a donné, quand même, un exemple assez précis,
là, notamment d'un projet pilote ou d'une réforme dans les centres jeunesse,
là, qui leur a été comme imposé, ils ont comme 10 jours pour le faire. Ça
se fait en période de décret, donc hors convention. Vous avez aussi ce genre
d'exemples précis qui nous aiderait à mieux comprendre l'effet. Je comprends
l'effet psychologique, là, je suis assez en contact avec le réseau pour bien
comprendre ça, mais il n'y a rien comme un bon exemple humain pour comprendre
les effets, parfois, de décisions qu'on prend ici.
Mme Genest (Jennifer) : Bien,
c'est clair, c'est clair que l'iniquité aussi dans l'application des primes et
dans ce qui a été imposé par les arrêtés a créé des tensions immenses en milieu
de travail. Ça a été un des impacts importants, particulièrement depuis
janvier. Parce que, vous savez, tout le monde travaille également fort, tout le
monde est soumis à la même pression et aux horaires de travail parfois
indécents, et certains travailleurs ont été complètement exclus de
l'application des primes qui les privaient, parfois, d'un montant d'argent très
important par rapport à leurs collègues qui effectuaient des tâches
parfaitement semblables. Donc, ça, c'est un impact réel. Si on veut créer
l'adhésion des travailleurs et des travailleuses, si on veut s'assurer que tout
le monde soit solidaire et que le réseau progresse dans ça, il faut s'assurer
d'une équité et d'une égalité entre les travailleuses et les travailleurs des
deux réseaux.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup aux représentants de
la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec pour leur
contribution et leur participation à nos travaux. Merci beaucoup d'avoir été
patients pour le délai.
Documents déposés
Avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des organismes et des personnes qui n'ont pas été
entendus lors des auditions publiques. Sur ce, je veux remercier tout le monde
de leur collaboration.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
14 heures, où elle poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 13 h 44)