(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi n° 15, loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
légales.
Je souligne que cette séance se déroulera à la
fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve, et dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. D'ailleurs, j'en profite pour saluer les
députés qui sont dans l'autre salle, à savoir le député de Vanier-Les Rivières,
Rousseau, Lotbinière-Frontenac et Dubuc. Et, compte tenu de... du salut que
j'ai vu, ça signifie que vous m'entendez bien. Excellent.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Thouin
(Rousseau); Mme Picard (Soulanges) est remplacée par Mme Jeannotte
(Labelle); M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce); Mme Sauvé (Fabre) est remplacée par Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé); M. Marissal (Rosemont) est remplacé par M. Zanetti
(Jean-Lesage); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Ouellet
(René-Lévesque).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le secrétaire.
Lors de la suspension de nos travaux, hier, nous
étions rendus à l'étude de l'article 5. Je vais céder immédiatement la
parole au député de Jean-Lesage puisque, lorsqu'on s'est quittés, on était en
attente du libellé de votre amendement. Nous avons tous maintenant votre
amendement, et ce dernier est sur Greffier. Alors, je vous invite à nous en
faire la lecture et à nous donner vos commentaires. À vous la parole.
M. Zanetti : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, je ne sais pas si on peut le projeter. O.K., c'est en
train d'ouvrir. Formidable. Alors, je fais la lecture de l'amendement et je
commenterai par la suite.
L'article 5 est modifié par l'insertion,
après le deuxième paragraphe, du passage suivant :
«Dans l'évaluation de l'intérêt de l'enfant et
des capacités parentales des parents, ne peuvent être pris en considération les
concepts associés à la théorie de l'aliénation parentale ni les évaluations à
l'effet que l'enfant serait aliéné ou placé dans un conflit de loyauté.»
Alors, ça fait, bon, référence directement à des
témoignages qu'on a eus durant les audiences publiques et particulièrement la présentation de la chercheuse
Suzanne Zaccour. L'idée, comme le mentionnait... Là, je nous remets en
contexte. Mme Zaccour, qui est une chercheuse en études féministes, très
intéressée par les enjeux de violence
conjugale, disait... elle disait même qu'au Québec, encore plus qu'ailleurs, la
théorie de l'aliénation parentale, qui est une théorie sans fondement
scientifique, sert à dire essentiellement... à invalider souvent le discours de
la mère qui dénonce, en fait, une situation de violence conjugale. Et puis ça
peut faire en sorte, justement, des fois, qu'on enlève l'enfant pour le mettre
sous la garde et sous la responsabilité d'un parent violent, et ce n'est pas
dans l'intérêt de l'enfant de faire ça, évidemment.
Donc, je pense que tout le monde avait été, là,
très sensible à ces arguments-là. Puis je pense... je me souviens aussi que la
chercheuse, Mme Zaccour, disait que plusieurs pays avaient fait... étaient
en train ou avaient fait des législations pour justement interdire le recours à
la théorie, là, de l'aliénation parentale parce que c'est un phénomène qui est
mondial. Donc, je pense que c'est pour cela... non seulement une bonne façon de
fonctionner, parce que comme ça, quand il va
y avoir déjudiciarisation ou des conflits, bien, on va... on ne pourra pas se
baser là-dessus puis on va avoir... Ça va être une façon aussi de
prendre en compte davantage les problèmes de violence conjugale dans les
situations, de prendre des décisions en faveur de l'intérêt de l'enfant, qui
sont plus éclairées que ça l'est dans le cas présent. Alors, c'est pour ça que
je pense que c'est intéressant de le mettre dans le projet de loi, tel que ça a
été recommandé par plusieurs intervenants.
Alors, voilà, évidemment, ça, c'est... Bien,
voilà, je vais voir quels sont vos commentaires ou si vous êtes ouvert à y
aller avec cette modification.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, interventions, M. le ministre,
sur l'amendement?
M. Carmant : Oui, bien, merci, M. le
Président. Donc, j'aimerais dire au député de Jean-Lesage, suite au témoignage
de Mme Zaccour, on a quand même eu des réponses de certains, tu sais, comme des
chercheurs... des recherches qui ont été faites par d'autres chercheurs, là,
sur l'aliénation parentale, qui est un concept qui... Tu sais, elle, elle disait que ce n'était pas juste... en fait, elle
disait que, dès qu'il y avait de l'aliénation parentale, il y avait de la
violence conjugale, ce qui est un peu incertain, selon moi. Elle disait
également que le concept était éliminé de partout ailleurs. Je pense qu'elle
parlait du syndrome d'aliénation parentale et non pas de l'aliénation
parentale.
Donc, tu sais, est-ce que c'est le bon endroit
pour introduire ça? Actuellement, je ne suis vraiment pas sûr. Je pense que
c'est une question qui est très clinique aussi, là. Nous, on a des... par
exemple, des programmes qu'on a établis
sur... conflit sévère de séparation. Ça, ça fonctionne très bien avec la
médiation, puis elle, elle disait qu'il ne devrait pas y avoir de
médiation du tout dans ce cas là. Donc, tu sais, les résultats sont un petit
peu... paradoxal par rapport au tableau qu'elle, elle peignait. Peut-être que,
M. le Président, tu sais, j'aimerais peut-être que la directrice nationale
puisse commenter là-dessus aussi, là. C'est vraiment très clinique, là, comme
sujet.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement pour que madame puisse
s'exprimer? Alors, consentement aussi dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je vais vous demander
de vous nommer, de mentionner votre fonction et, par la suite, de donner vos
commentaires.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
Catherine Lemay, sous-ministre adjointe... pardon, Catherine Lemay, sous-ministre adjointe au ministère de la Santé et
des Services sociaux et directrice nationale de la protection de la
jeunesse.
Alors, effectivement, pendant les consultations
particulières, on a entendu des points de vue concernant l'effet de la violence conjugale et familiale sur
les enfants. Effectivement, tel que le disait M. le ministre délégué, il y
a des chercheurs au Québec, des chercheurs émérites qui ont procédé à faire
avancer la science sur les notions d'aliénation parentale et de conflit sévère
de séparation en lien avec la coparentalité. En fait, ce qu'il faut s'assurer, puisqu'on est dans l'intérêt de l'enfant, c'est
que, quand on est face à une problématique... et on en a discuté
largement hier, vous en avez discuté
largement hier, à l'effet que vous souhaitiez reconnaître, de façon spécifique,
l'effet de la violence familiale ou conjugale sur les enfants, certes,
et le ministre délégué s'est engagé à travailler là-dessus. Il reste que, dans différentes problématiques d'enfants, il faut
assurer qu'on n'ait pas juste la lunette sur un type de problématique,
mais qu'on est capable d'adresser plusieurs problématiques.
Et de dire que, quand des parents sont en
conflit et qu'un enfant se retrouve pris entre deux chaises... Puis je vous
donne un exemple. Papa qui attend son enfant pour la fin de semaine, maman qui
veut s'assurer que les vêtements qu'elle a achetés ne s'en aillent pas chez le
père, on laisse l'enfant en situation de dire : O.K., je vais me mettre les vêtements que c'est papa qui met. Ou
encore un papa qui dit : Ta maman, elle ne veut pas que tu viennes
chez nous, ou c'est la maman qui dit : Ton papa ne veut pas que tu aimes
sa nouvelle blonde ou son nouveau conjoint, peu importe, il y a des effets réels sur les enfants quand ces choses-là
arrivent. Et il faut que les intervenants, quand il n'y a pas de
violence conjugale, et ça, c'est bien important de distinguer... il faut
pouvoir adresser ces problématiques-là auprès des enfants. Les chercheurs
auxquels je faisais référence tantôt ont développé des guides de pratique pour
former les intervenants pour accompagner les conflits sévères de séparation.
Et d'ailleurs on s'apprête, dans un esprit de
médiation, et là il faut bien distinguer contexte de violence ou non-contexte
de violence, à déployer des interventions pour venir centrer les parents
sur la réponse aux besoins de leurs enfants
et non pas sur leurs conflits respectifs de couple. Et ça, c'est quand même
reconnu sur le plan scientifique. Et comme on a parlé... comme on en a
discuté hier pour les signalements, à l'effet qu'il était risqué d'introduire
dans la loi une certaine définition, puisque
la pratique peut nous faire avancer, il en est de même pour des notions qui...
où la science continue d'évoluer. De
venir camper, dans la loi, une pratique clinique qui est constamment remise en
amélioration continue par les chercheurs, ça risque de nous mettre des angles
morts et d'empêcher, finalement, la réponse aux besoins des enfants.
• (11 h 40) •
M. Zanetti : Bien,c'est
que... En fait, ce qui est problématique ici, c'est la théorie de l'aliénation
parentale dans le contexte de violence conjugale, et c'est ça que je pense
qu'il faut absolument baliser. Puis c'est plus qu'un enjeu clinique, parce que
c'est utilisé par des avocats, et les juges se sentent les mains liées avec ça,
puis ils prennent une décision en fonction de ça. Donc, c'est un enjeu légal,
donc il faut le régler, je pense, dans la législature.
Ça fait que moi, je suis bien ouvert à ce qu'on
trouve des façons qui conviennent à tout le monde, puis qu'on évite certains
écueils, puis qu'on peaufine la formulation, mais il m'apparaît important, en
fonction de ce qui nous a été dit, qu'on fasse quelque chose dans cette loi
pour la question de l'aliénation parentale, la théorie de l'aliénation
parentale, lorsqu'elle est utilisée en contexte de violence conjugale pour
invalider la parole des mères, finalement, le plus souvent, là.
M. Carmant : Alors là, je suis
beaucoup plus à l'aise. Tu sais, quand on va s'attaquer à la violence conjugale
à l'article 38, là, on pourra introduire le concept d'aliénation
parentale. C'est que là, ici, il semble, vous l'introduisez
de façon très générale, puis ça, ça viendrait invalider nos initiatives dans
beaucoup d'autres problématiques. Comme, tu sais, elle a dit : Le
conflit sévère de... parental, ça n'existe pas. Il y a toujours de la violence
cachée... Je trouve, c'était un argument qui
était un peu trop fort, parce que les études de médiation, les travaux en
médiation qu'on fait ont d'excellents résultats. Puis on ne veut pas
annuler ces travaux... ce projet-là, au contraire, on veut l'étendre au reste
du Québec, parce que ça nous... ça allège beaucoup le processus.
Donc,
si, dans le concept de violence conjugale, on vient baliser le concept
d'aliénation parentale, là, je vais être plus en accord avec ça.
M. Zanetti : Donc,
dans le fond, ça serait de dire... Vous êtes ouvert à ce qu'on mette le terme,
là, de la théorie de l'aliénation parentale pour dire qu'il ne peut pas être
utilisé, mais qu'on spécifie que ça soit dans le cas de la violence conjugale
et que ce soit plutôt fait à l'article 38. C'est ça? O.K. Peut-être que je
demanderais une suspension pour analyser ça, parce que, bon, moi, mon analyse
première, c'était que ça allait à l'article 5. J'aurais besoin de me
remettre en tête, là, l'article 38 pour voir comment est-ce qu'on serait
capable de pluguer ça avant de, tout simplement, passer à un autre article
puis... d'un coup que je réalise, à la fin, que c'était une erreur puis que
c'était absolument là. Ça fait que, si vous acceptez, je prendrais quelques
minutes.
Le Président (M.
Provençal)
: Avant de
faire cette suspension, M. le député, j'aimerais donner la parole au député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui,
je vais prendre la parole un peu. Le collègue de Jean-Lesage va pouvoir
effectivement approfondir, peut-être, ses recherches à ce moment-là, parce que
j'ai les mêmes questions, les mêmes préoccupations que lui.
La présentation de
Mme Zaccour sur l'aliénation parentale nous amène effectivement à se poser des
questions, ici, dans cette commission. On rouvre la Loi sur la protection de la
jeunesse. Je pense qu'on doit faire l'effort de faire un 360 sur toutes les
situations qui nous permettraient d'améliorer le sort des enfants. Donc, ce que
j'entends, M. le ministre, c'est que vous ne semblez pas fermé à introduire,
dans la loi, ce concept d'aliénation... parentale — pardon, pas mentale,
parentale, pardon — dans
un contexte de violence conjugale. Ce que vous nous dites ce matin, c'est que
ce n'est peut-être pas l'endroit. Le collègue de Jean-Lesage... et moi aussi,
je vais regarder, à l'article 38, là, comment on pourrait... je ne veux
pas dire amalgamer, mais bien intégrer le concept que le collègue de
Jean-Lesage a mis sur la table hier soir et qu'on discute ce matin, pour lequel
on a aussi des préoccupations.
Donc,
je suis d'accord pour, peut-être, une courte suspension, M. le Président, juste
pour voir... Puis peut-être même, à micro fermé, M. le ministre,
peut-être nous indiquer aussi comment, vous, vous le voyez à l'article 38,
de quelle façon. Ça va nous aider à nous faire la réflexion légistique sur la
façon de bien faire les choses. Merci.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Alors, je joins ma voix. Je pense qu'on a tous
été, cette année... bien, l'année passée... les dernières années, en fait, et ça continue... par la violence
conjugale et les matricides ou féminicides et qui laissent, en fait, les
enfants sans... souvent, sans parents et,
enfin... Il y a eu le... Et donc, on a parlé de créer un chapitre, mais ici,
moi, je trouvais que l'amendement, il avait une pertinence, mais
vraiment dans le coeur... On commence l'intérêt de l'enfant et comment on fait
cette évaluation.
On
pourra voir éventuellement, mais il y a eu quand même le mémoire de L'Alliance
des maisons d'hébergement qui parle
de cet enjeu-là, à quel point... et l'impact sur la femme et que, souvent, on
interprète. Donc : «Considérant que la non-prise en compte de — ce
qu'ils appellent — la
VCPS — la
violence conjugale post-séparation — a des impacts néfastes et
irréversibles dans la vie des femmes et des enfants qui en sont victimes, il
est impératif que la DPJ en tienne compte dès le moment de l'évaluation et que
cela perdure tout au long des interventions jusqu'à la décision de fermer les
dossiers. La violence conjugale post-séparation doit être intégrée dans le
vocable des intervenants puisque, bien
souvent, les termes "conflit sévère de séparation" et
"aliénation parentale" vont être utilisés alors qu'il peut
s'agir de situations — qu'eux
appellent VCPS, donc, je comprends qu'il y aura des recherches là-dessus — et
donc nécessaire de reconnaître le phénomène de violence.»
Donc, ils donnent
comme exemple dans... c'est dans leur mémoire, page 16 : «Les
signalements ont été faits par la police ou par les mères elles-mêmes. Les
éléments de compromission étaient en lien avec la situation de violence
conjugale, mais aussi de voies de fait sur les enfants et le père. Et, si les
signalements sont retenus, cela démontre une
certaine reconnaissance d'une forme de violence. Malheureusement, les
glissements, voire les dérapages, ne
sont pas loin. On parlera alors de conflit sévère de séparation et,
éventuellement, d'aliénation parentale : vengeance, manipulation,
problématiques de santé mentale.» Et pourtant, le dossier est à l'opposition
officielle depuis déjà un certain temps. Le nombre de personnes qui m'en
parlent... Au début, je ne comprenais pas exactement de quoi il s'agissait, et
là on voit, dans les jugements, l'aliénation parentale. Ça revient souvent.
Donc, je rajoute ma
voix, dans le sens qu'on parle de l'intérêt de l'enfant et on parle de...
l'intérêt de l'enfant est une considération
primordiale... sont prises en considération. Donc, on a ici un paragraphe qui
est en train de dire : O.K.,
voici ce que vous devriez regarder outre les besoins moraux, intellectuels,
affectifs et physiques de l'enfant, son âge, sa santé, son caractère, son milieu familial, les autres aspects de sa
situation. On est en plein dedans, dans un sens. Il faut prendre en
considération ce phénomène-là aussi. Est-ce que c'est... il y a une autre façon
que de rajouter... bien, en tout cas, ça
pourrait être ailleurs, mais quand on... parce qu'on... c'est ouvert, la
discussion, actuellement. Le député a fait un amendement pour qu'on proscrit ce mot et ce concept. On est tous, je
pense, d'accord avec ça. Évidemment, on a eu des présentations
extraordinaires, mais même peut-être regarder... Ce que j'aime, c'est qu'on est
dans ce paragraphe-là d'intérêt de l'enfant
et on a tous évolué quant à cette notion, et certainement depuis qu'il y a eu
les derniers amendements à la loi même de la DPJ. C'est un concept qu'on
va vraiment développer, et donc, on est dans l'évaluation.
Alors,
c'est... on pourra en discuter, peut-être, voir comment le ministre voit ça,
est-ce qu'il y a une façon... mais là on est sur l'amendement. Je ne veux pas
m'avancer, on est sur l'amendement de mon collègue. Alors, je voulais juste
rajouter ma voix à sa préoccupation, évidemment, c'est notre préoccupation
collective, je crois bien.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, nous allons suspendre à la
demande du député de Jean-Lesage.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
(Reprise à 12 h 04)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Nous
avons eu une suspension qui avait été demandée par le député de Jean-Lesage,
alors... et j'ai d'autres députés qui ont demandé d'intervenir sur
l'article 5. Maintenant, on était en train de traiter l'amendement du
député de Jean-Lesage. M. le député de Jean-Lesage, je vais vous donner la
parole.
M. Zanetti : Oui, merci. Alors, je
voulais... bon, suite à ce que le ministre proposait, de traiter davantage la
question et de la violence conjugale et aussi de la théorie de l'aliénation
parentale à l'article 38, dans la suspension, j'ai analysé la situation
pour voir si notre intention, là, de... d'amendement, ça pouvait aussi trouver
sa place à 38. Je pense que c'est possible.
Cela dit, ce que je proposerais, c'est de
suspendre l'étude de mon amendement actuel, donc pas de le retirer mais de le
suspendre, pour qu'ensuite on... bien, on puisse peut-être discuter, si
d'autres députés veulent discuter de l'article 5, mais qu'on le laisse...
on n'adopte pas tout de suite l'article 5 avant d'avoir analysé et adopté
l'article 38. Comme ça, si jamais, disons, les modifications à
l'article 38 n'étaient pas à notre satisfaction, il y aura une possibilité de revenir sur l'article 5 pour
en débattre, proposer des amendements et puis peut-être faire des
modifications.
Donc, pour résumer, je propose de suspendre la
discussion sur mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va... Consentement pour
suspendre l'amendement du député de Jean-Lesage?
M.
Carmant : ...venir appuyer le choix du député de Jean-Lesage
et, encore une fois, m'engager qu'à l'article 38
on fasse un... comme on a parlé avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce hier et le député de René-Lévesque, qu'on fasse un paragraphe élaboré
sur la violence conjugale et toutes les conséquences, incluant l'aliénation
parentale. Donc, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Maintenant,
nous sommes toujours à l'article 5, et le député de René-Lévesque veut
réaliser une intervention sur l'article 5. Alors, je vous cède la parole.
M.
Ouellet : D'entrée de jeu, j'aimerais, juste un petit
30 secondes, revenir sur la suspension de l'amendement du collègue
de Jean-Lesage. Je pense que j'appuie la suspension. Le ministre vient
effectivement de confirmer au micro que son équipe va travailler à une solution
qui pourrait être satisfaisante pas juste pour les partis d'opposition, mais
aussi pour les groupes qu'on a entendus lors des commissions parlementaires.
Ils ont besoin d'un peu de temps, ce à quoi on a acquiescé. Donc, on pourrait
revoir, M. le Président, lors du retour des semaines en circonscription, après
la deuxième semaine de reprise des travaux... probablement que le ministre
pourrait effectivement nous soumettre les amendements, et j'offre notre pleine
collaboration.
Vous nous avez entendus un peu hier. Il y a des
groupes qui sont touchés par la violence conjugale. Donc, je réitère la
possibilité, si l'équipe du ministre le juge pertinent, de consulter,
effectivement, les groupes de femmes qui avaient une intention particulière de
discuter... pas une intention particulière, mais une intention soutenue,
pardon, de discuter du paragraphe sur la... l'introduction de la violence
conjugale. Et donc c'est un peu la chose à faire, et le collègue de Jean-Lesage
a raison, si, au final, 38 point... à l'article 38, lorsque les
amendements seront déposés, il n'y a pas satisfaction, à notre évaluation,
bien, évidemment, le collègue pourra revenir à l'article 5, et on pourra
continuer le débat sur cet article.
Donc, j'appuie la demande de suspension et je
souligne l'approche du ministre de prendre le temps de bien faire les choses et
de consulter avant de nous revenir avec quelque chose de plus complet, de plus
substantiel, qui va nous permettre de faire une différence dans la vie de
l'enfant.
Cela étant
dit, vous aviez raison, j'avais une intervention courte, cette fois-ci, sur
l'article 5. J'aimerais peut-être attirer l'attention du ministre à
une recommandation des anciens commissaires de la commission Laurent, qui nous disaient... qui nous suggèrent, plutôt, puis
j'aimerais savoir qu'est-ce que le ministre en pense, qu'on
ajoute, à l'article 3, que toute... pardon, qu'on ajoute, à
l'article 3 de la loi, que «chaque décision, tant sociale que judiciaire,
soit obligatoirement accompagnée d'une analyse rigoureuse de l'intérêt
supérieur de l'enfant. Nous recommandons que l'article 3...» Donc, c'est
ça.
Donc, au
final, ce que les commissaires sont venus nous dire : Est-ce qu'on
pourrait préciser que, lorsqu'il y a une décision, tant sociale et
judiciaire, elle soit obligatoirement accompagnée d'une analyse rigoureuse de
l'intérêt supérieur de l'enfant, donc que ça soit appuyé et documenté? Alors,
c'est une recommandation des ex-commissaires. J'aimerais savoir qu'est-ce que
le ministre délégué en pense. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant : M.
le Président, je passerais la parole à la juriste.
Le Président (M. Provençal)
: ...consentement pour que
Mme la juriste puisse répondre? J'ai le consentement? Est-ce que j'ai le
consentement dans l'autre salle? Merci beaucoup. Alors, Mme la juriste.
• (12 h 10) •
Mme Mathieu
(Jessica) : Jessica Mathieu, direction des affaires juridiques du
ministère de la Santé.
Donc, pour répondre à
votre question, l'article 3 n'est pas vraiment l'endroit pour parler de ça
non plus, parce qu'ici on est vraiment dans le principe de l'intérêt de
l'enfant. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième point,
c'est qu'on peut se questionner sur qu'est-ce que ça implique, une analyse qui
est rigoureuse. Normalement, l'article 3, là, à la base, vise déjà tant
les décisions, là, sociales que judiciaires, on couvre les deux volets tel
qu'il est rédigé, même actuellement, sans la modification qui est proposée.
Mais c'est ça, «analyse rigoureuse», qu'est-ce que ça implique? Entre autres,
quand on pense... quand le DPJ doit prendre des mesures de protection immédiates... Donc, parfois, il arrive
dans une situation en urgence, il doit prendre une décision, par
exemple, retirer l'enfant du milieu, les confier à quelqu'un, et le temps est
compté. Donc, quel serait l'impact d'une telle analyse rigoureuse, par exemple,
sur ça? Est-ce que ça voudrait limiter le DPJ dans sa flexibilité, dans sa
souplesse de pouvoir agir auprès des enfants?
Donc, ça peut poser des enjeux sur le terrain, cette question d'analyse
rigoureuse là.
Quoi qu'il en soit,
c'est sûr que, comme c'est rédigé là, il faut qu'il se pose la question, il
faut qu'il y ait une réflexion, il faut que ce soit aussi documenté, cette
question-là de l'intérêt de l'enfant. Il y a toutes sortes de rapports, là, qui
sont faits, là, au cours d'un suivi en protection de la jeunesse, où que ces
éléments-là peuvent apparaître. Mais ici, ce n'est pas approprié et ça pose des
enjeux, là, sur le caractère rigoureux, entre autres, là.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
député.
M. Ouellet : Ce
que vous nous dites, c'est : Il faut faire attention, ça peut être
pertinent si, effectivement, on a du temps. Mais ce que vous m'indiquez, c'est
que, si on est pour prendre une décision rapidement, parce qu'il y a
effectivement des enjeux quant à la sécurité de l'enfant et c'est évident que
sa vie est en danger, on n'a pas... il n'est pas obligatoire d'avoir une
analyse rigoureuse pour prendre action.
Donc, si je comprends
bien, c'est que, si on vient inscrire ça, ça viendrait limiter le champ
d'action ou la rapidité d'action dans le cas d'une action où l'enfant est
vraiment à risque et qu'il faut agir rapidement. C'est ça que vous nous dites?
C'est-à-dire qu'il y a des analyses qui sont faites mais que, si on
rajouterait, de façon obligatoire, qu'elles soient faites et de façon
rigoureuse, peut-être que, dans ce cas-là, on ne serait pas capable d'agir
rapidement pour sortir un enfant d'un milieu problématique pour voir à sa
sécurité et à sa protection.
Mme Mathieu (Jessica) : ...des enjeux par rapport
à ça et aussi toute la question de la lourdeur que ça pourrait peut-être apporter. Est-ce que... Qu'est-ce qu'on
implique par une analyse rigoureuse? Est-ce que c'est des rapports écrits,
est-ce que c'est... alors que le DPJ
doit déjà en produire. Donc, ça emmène plein de questionnements, là, plutôt que
de réponses, là.
Le Président (M.
Provençal)
: ...est-ce
que... Mais c'est parce que... Oui, vous allez avoir...
M. Ouellet :
...
Le Président (M.
Provençal)
: Oui, parce que M. le député
de Jean-Lesage voudrait poursuivre.
M. Ouellet : Parfait.
Donc, ce que vous nous dites, c'est que ça serait bon, si c'était fait de façon
qui nous amène à avoir le temps de prendre une bonne décision dans l'intérêt
supérieur de l'enfant, mais, lorsque c'est évident que cette décision soit
prise, l'analyse rigoureuse obligatoire n'est pas nécessaire dans le moment
pour prendre action et elle serait donc un frein à la capacité d'action de
l'intervenante en question pour sortir le jeune d'un milieu non sécuritaire
pour lui, où sa santé et sa sécurité est en... est en danger, là. C'est ce que
je comprends?
Mme Mathieu
(Jessica) : Exactement.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va?
M. Ouellet :
...oui. Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, une intervention sur l'article 5, Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce?
Mme
Weil : Bien,
honnêtement, c'est que j'ai beaucoup
de misère à entendre dans cette salle, on est habitués aux autres, et je
n'ai pas compris s'il y avait un amendement qui avait été déposé ou c'était
juste de pouvoir en discuter.
Le Président (M. Provençal)
: Non, c'étaient des
demandes de clarification. M. le député de René-Lévesque avait des interrogations, et Mme la légiste a
clarifié ou, en tout cas, a répondu... semble avoir répondu à la
satisfaction du député de René-Lévesque.
Mme Weil : Est-ce
que je peux demander quel aspect de la... quelle classification dont... de quoi
on parlait exactement dans l'article 3? Parce que d'ici, là, honnêtement,
le son n'est pas extraordinaire.
Le Président (M. Provençal)
: Je confirme que, pour le son, c'est
un petit peu difficile à certains...
Mme Weil : On est choyés en bas,
parce qu'on est plus proches et puis on s'habitue à ça, mais...
Le Président (M. Provençal)
: Il y a quand même une série
d'obstacles pour se rendre...
Mme Weil : Est-ce que je pourrai
demander, peut-être, au député de répéter? Oui? Puis, comme ça, je serais dans
la conversation. Merci, M. le Président.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, la question que je cherchais à savoir, c'est que les commissaires...
les ex-commissaires nous faisaient une suggestion de rajouter, à
l'article 5, qui touche l'article 3, une obligation d'avoir une
analyse rigoureuse pour toute décision sociale ou judiciaire. Et la légiste me
faisait mention que, si on met cette obligation-là, à première vue, ça peut
être bon, mais ça a une capacité d'action limitée, si on doit prendre une
action rapidement pour le bien et la sécurité de l'enfant.
Donc, quand que c'est évident que l'enfant a
subi des préjudices et qu'on doit le sortir, est-ce que cette analyse
rigoureuse là, qui prend du temps et qui serait obligatoire dans ce cas-là, ne
serait pas un frein à la sortie d'un enfant dans un milieu jugé non
sécuritaire? Excusez-moi, le micro fait des... fait des «free games».
Une voix : ...
M. Ouellet : Oui, c'est ça, c'est
moi qui bouge, qui avance. Excusez.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : ...parce que nous aussi,
on avait préparé un amendement, parce que c'est quand même un ex-commissaire,
alors ça a beaucoup de poids. Je vais peut-être parler plus fort. Donc,
l'inquiétude, c'est par rapport au temps? Mais l'analyse rigoureuse, c'est sûr
qu'une fois qu'on a... L'analyse rigoureuse, moi, je ne pense pas que c'est une
question de temps, c'est une question de : est-ce qu'on a tout ce qu'il
faut? Mais je fais l'argument, là, parce qu'on est en train d'essayer de
comprendre la proposition des ex-commissaires.
L'idée, c'est qu'on a déjà des... on aura déjà
des barèmes parce qu'on... l'intérêt de l'enfant, c'est tellement une notion centrale que le ministère va travailler,
donc, la formation, les critères, etc. Moi, je voyais ça, cette recommandation... et, en plus, parce qu'ils
disent «tant judiciaire que sociale». Donc, déjà, ils sont en train de
dire quels sont les éléments. Et, une fois qu'on a cette façon de faire,
c'est plus une analyse... bien, rigoureuse et profonde mais qui,
nécessairement... ce n'est pas nécessairement que ça va prendre du temps, on va
tout de suite mettre en application les orientations. Donc, moi, je trouvais
qu'il y avait quelque chose d'intéressant et valable dans la recommandation des
commissaires.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, M. le ministre.
M. Carmant : ...moi, de mon côté, en
plus de l'aspect temps et puis, tu sais, de tâches additionnelles de nos
intervenantes, moi, je pense qu'il y a l'aspect déontologique aussi qu'il faut
regarder, là. C'est quand même tous des professionnels et de dire qu'ils ne font
pas une analyse... tu sais, de sous-entendre qu'ils ne font pas une analyse
rigoureuse, j'ai un certain malaise à appuyer ça, là. Tu sais, je pense que
tout le monde fait son travail du mieux qu'ils le peuvent, et ça, ça inclut une
évaluation rigoureuse.
Puis, en plus, dans... au niveau administratif,
on est en train de réfléchir à comment s'assurer... comment inclure, tu sais,
comme une case ou une partie «analyse de l'intérêt de l'enfant» dans les
rapports. Ça, ça pourrait être fait, mais,
tu sais, de... moi, je pense qu'il y a le côté aussi déontologique qu'il faut
regarder. C'est tous des professionnels membres d'un ordre ou membres d'un... d'une profession. Donc, moi, je
n'étais pas très enclin à aller de ce côté-là, là, de...
Mme Weil : Peut-être, ailleurs, on
pourra trouver une façon, mais, suite à leurs auditions, ils ont entendu
beaucoup, beaucoup de choses. Et il y avait non seulement manque d'uniformité,
il y avait des décisions qui... qu'on pourrait, avec un peu de recul,
dire : Ce n'était peut-être pas dans l'intérêt de l'enfant. Sinon, on ne
serait pas ici en train d'en parler, hein? Donc, beaucoup de situations de
manque de clarté puis finalement une analyse qui devenait un peu
systématique... ou, c'est-à-dire, un jugement, une conclusion, un peu comme on
a discuté avec l'aliénation, là, donc. Et moi, je ne voudrais pas interpréter
cette recommandation qu'ils font comme : Ah! bien, on est en train de
sous-entendre qu'il n'y avait rien de... Ce n'est pas ça. C'est qu'on décide
maintenant de mettre tout l'accent... bien, c'est-à-dire, de... mais on a
toujours mis l'intérêt de l'enfant... ça aussi, c'est depuis toujours, mais on
va le regarder d'une autre façon pour être sûrs, et c'est tous les changements
qui vont venir avec le projet de loi, et éventuellement un règlement, et les
pratiques, et tout. Sinon, on ne serait pas conviés.
Donc, j'ai de la misère à comprendre
l'inquiétude. Peut-être qu'on... c'est trop détaillé, ça, c'est autre chose,
mais je ne vois pas de sous-entendus qui sont néfastes dans ça. Au contraire,
je pense que ça vient confirmer que chacun a son opinion.
D'ailleurs, ils le disent, hein, dans son mémoire. Il a dit : L'intérêt de
l'enfant, ça s'interprète différemment par les uns et les autres et ses propres
valeurs, ses propres... son propre vécu, en fait. Donc, l'idée, c'est qu'on ne
veut pas avoir ce manque de flou, peut-être, à quelque part : pour toi,
l'intérêt, c'est ça; pour toi, l'intérêt de l'enfant, c'est ça. Et, en fait,
c'est le constat, un peu, que tout le monde semble avoir transmis, tous ceux
qui ont eu cette expérience.
Alors, je pense, c'est plus à ça qu'il touche,
mais l'argument que je vois... je verrais peut-être un argument autre,
peut-être plus légistique qu'autre chose, dans le sens de mettre ce détail-là,
mais il faudrait que cette idée se retrouve ailleurs. Moi, je pense qu'on est
conviés à ça dans l'exercice, la commission... de la commission Laurent. C'est retourner toutes les pierres, là, vraiment,
pour être sûrs qu'on sait où on s'en va pour ne pas commettre, peut-être,
des... parfois des injustices ou peut-être pas la bonne décision. Tu sais,
c'est sûr que même les DPJ le reconnaissent. Ils en parlent très ouvertement.
Eux, ils ont besoin d'être guidés. Ils n'aiment pas prendre une décision qui
pourrait être néfaste parce qu'ils n'ont peut-être pas eu la formation,
l'appui, etc. C'est déchirant pour eux. C'est peut-être plus déchirant pour eux
que tout le monde, sauf la famille.
• (12 h 20) •
Alors, si le ministre... Donc, je ne suis pas à
l'aise avec l'explication. Je peux être à l'aise, mais ce n'est vraiment pas... ce n'est pas mon... mais moi, j'ai
aussi... je peux le ramener, et puis vous pourriez répondre, peut-être, aussi à moi, là, je ne sais pas s'il y a des
différences entre les amendements... on pourrait s'essayer, mais je vous
dirais que ça prend une autre réponse... Bien, je ne peux pas vous dire...
j'essaie d'expliquer l'angle... moi, en le lisant, comment je l'ai interprété,
je n'ai pas vu ça comme une critique. J'ai compris que, O.K., là, on va
vraiment faire un travail sur l'intérêt de l'enfant pour qu'on se comprenne, et
là, tu sais, c'est vraiment la recommandation qu'on met beaucoup d'emphase
là-dessus. Donc, j'avais une inquiétude par rapport aux explications qu'on
donnait pour ne pas inclure cet amendement.
Bien, moi, je
pourrais déposer mon amendement, mais ça semble... je vous le dis, là,
ouvertement, ça ressemble à l'amendement de mon collègue, qui reflète
l'opinion des ex-commissaires, disons ça comme ça.
M. Carmant : Mais moi, mon opinion,
ce n'était pas juste là-dessus, c'était en plus de tout ce qui a été dit au
niveau... par la juriste. Donc, je pense que... à moins que vous vouliez
qu'elle répète son argument.
Mme Weil : ...je n'avais pas
entendu, hein?
M. Carmant : O.K., d'accord.
Mme Weil : Oui, non, c'est sûr. Mais
tout ce que j'ai compris, c'est que ça pourrait sous-entendre...
M. Carmant : Ça aurait des effets
négatif, si on inclut ça.
Mme Weil : O.K., les effets négatifs.
Mme Mathieu (Jessica) : Je pense
qu'il y a deux volets. Le premier volet, c'est celui qu'on a abordé avec votre
collègue sur les effets néfastes, c'est-à-dire que, si on impose ça, «analyse
rigoureuse», qu'est-ce que ça veut dire? Quelles vont être les attentes?
Qu'est-ce que ça implique? Et, par exemple, en mesure de protection immédiate,
où on doit agir rapidement, on n'a pas le temps de réfléchir très longuement,
on doit agir vite pour protéger un enfant dont la sécurité est menacée. Donc, il
y a ce volet-là. Ça pourrait créer des enjeux par rapport à ça.
Ensuite, par rapport à ce qui est nommé,
c'est... proposé, en fait, par les ex-commissaires, il faut aussi réfléchir à
quelle est la problématique qu'on cherche à régler. Ce que j'entends, c'est des
problèmes d'uniformité dans les pratiques, de dire que les DPJ ont besoin
d'être guidés pour savoir, justement, c'est quoi, l'intérêt de l'enfant,
comment qu'on l'analyse, ça. Et ce n'est pas en mettant un élément sur une
analyse rigoureuse... qui va nous permettre de régler cette problématique-là.
Cette problématique-là, on va la régler avec notre DNPJ, notre directrice
nationale, qui, elle, va... a, dans son rôle, là... Son rôle-phare, c'est ça,
c'est l'harmonisation des pratiques avec, justement, le travail des directeurs
mais aussi de d'autres acteurs qui peuvent aussi être consultés, on le verra.
Donc, ça, c'est important, puis je pense que
c'est comme ça qu'on règle le problème plutôt qu'en introduisant, à
l'article 3, un concept d'analyse rigoureuse, qui est, par ailleurs, flou
et qu'on ne saisit pas bien quelle est la portée et qu'est-ce que ça implique
comme travail, alors qu'avec la directrice nationale on pourra faire des
balises. On a un manuel de référence aussi qui peut guider les DPJ. Donc, la
solution par rapport à la problématique apparaît... apparaît meilleure avec la
directrice nationale.
Mme Weil : Est-ce que je pourrais,
M. le Président, juste pour... comment dire, pour la suite des choses,
peut-être bien expliquer comment ils ont vu ça, pour s'assurer qu'on ne perde
pas, quand même, l'analyse et, un peu, mise en garde que les commissaires font?
Et c'est tout à fait associé, donc, à cet article, l'intérêt de l'enfant. Et,
dans ce cas-là, je ne vais pas déposer d'amendement, là, parce que j'ai déjà la
réponse, mais moi, ce que je voulais faire en déposant l'amendement, c'est de
vraiment retourner là-dessus. Donc, je vous lirais... Donc :
«L'analyse de l'intérêt de l'enfant.
«L'intérêt de l'enfant est un concept qui peut
varier grandement selon les valeurs et les convictions des parties prenantes.
Ces valeurs et convictions peuvent teinter les décisions sociales et
judiciaires et refléter davantage les croyances des acteurs qui les prennent plutôt que de s'appuyer sur
une analyse sérieuse des véritables enjeux pour l'enfant.
«Or, les connaissances scientifiques sur les
considérations essentielles pour assurer le bon développement de l'enfant sont
établies : son attachement, son développement global, son bien-être
physique et psychoaffectif. Il est aussi
nécessaire de tenir compte de ce que l'enfant exprime, tant verbalement que
dans ses réactions et ses comportements.
«Ces éléments sont déterminants dans
l'appréciation de l'intérêt de l'enfant, et ce, au-delà des valeurs de chacun.
Souvent, ils ne sont pas pris en compte à leur juste mesure, selon nombre de
témoignages reçus devant la commission. Trop souvent, l'intérêt de l'enfant est
invoqué dans une décision sans qu'il soit possible de comprendre en quoi
celle-ci reflète son véritable intérêt.
«Comme la loi, par les modifications introduites
dans le projet de loi n° 15, établit que l'intérêt de
l'enfant est une considération primordiale devant guider toute décision...» Et
là ils font leur recommandation.
Alors, ma question, parce qu'on est quand même
sur ce sujet, tout ce qui a été dit ici, sachant que, oui, les gens sont
professionnels, etc... C'est vrai que les gens ne comprennent pas, quand on
parle de l'intérêt de l'enfant à gauche, à droite, là... mais quelles ont été les
considérations. Donc, à quelque part, il y aura une analyse rigoureuse. Vous,
ce que vous dites, c'est : Ça sera dans nos normes, on va établir tout ça,
et ça sera une analyse... donc ce n'est pas chacun qui a son interprétation, ça
va être objectif, en autant que ça puisse être le plus objectif possible, mais
qu'on va revenir à quelque part. Je ne sais pas si on revient là-dessus, sur
cette question, en fait, pour nous rassurer qu'on peut peut-être trouver une
façon d'exprimer cet enjeu qui est fondamental. On parle toujours de l'intérêt
de l'enfant, et c'est central, et on nous convie à ce rendez-vous aussi.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, alors, moi, je
voyais deux choses. Quand ils avaient parlé de ça... Un, au niveau de la
pratique — je
pense que je passerais la parole, tout à l'heure, à la directrice nationale — nous,
on travaille sur les standards de pratique, etc. Moi, ce que j'avais compris
quand ils avaient mentionné ça, c'est qu'ils voulaient, dans le rapport, plus
au niveau du chapitre 91, là, dans le rapport final du juge... qu'il
fallait démontrer que l'intérêt de l'enfant avait été pris en cause. Donc, moi,
je voyais plus ça dans ce... à ce niveau-là qu'au niveau du chapitre III.
Mais peut-être laisser la...
Le Président (M. Provençal)
: ...Mme Lemay, s'il vous plaît.
M. Carmant : ...avec votre
permission, parce qu'on fait beaucoup de choses sur le standard de pratique.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
d'abord, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je comprends votre
préoccupation, et moi aussi, quand j'ai lu le rapport Laurent, où les
commissaires ont évoqué l'importance de bien avoir la lunette harmonisée
partout au Québec avec le souci que, tous les enfants, leur situation soit
interprétée de la même façon puis selon les cadres scientifiques où... d'où est
rendue la pratique sociale...
Alors, pour faire écho à ce que M. le ministre
disait, effectivement, c'est tout chaud, là, dans les dernières semaines, le
cadre de standards de pratique en protection de la jeunesse basé sur une revue
de littérature, basé sur la consultation de larges groupes d'intervenants, de
DPJ, de directeurs, de personnes d'organismes communautaires, bref tous les
standards dans chacune des étapes du processus, et le premier principe, c'est
l'intérêt de l'enfant, qui est très bien documenté.
Et ce qu'on va faire pour s'assurer que c'est
ancré non seulement pour les directeurs de protection de la jeunesse, mais pour
tous les intervenants et le milieu judiciaire qui ont à incarner ça dans leurs
décisions... on va s'assurer d'abord qu'on offre la formation requise. Puis, à
travers chacun des rapports... parce que tout ce qui est fait en analyse, c'est
formalisé dans des rapports. Donc, à chacun des rapports, que ce soit un
rapport pour le tribunal ou que ce soit un rapport pour conclure une entente
sur les mesures volontaires, il y aura une section «analyse de l'intérêt de
l'enfant», et on donnera aux intervenants, par un hyperlien, les critères sur
lesquels on s'attend qu'ils positionnent leur analyse.
Donc, ça, ça va venir garantir qu'à chaque fois
qu'on a une décision déterminante à prendre pour un enfant on va avoir des
concepts scientifiques en pratiques sociales sur lesquels se baser pour prendre
ces décisions-là.
Mme Weil : Et vous ne voyez pas...
donc, vous, M. le ministre... Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: ...
• (12 h 30) •
Mme Weil : Puis-je prendre la
parole? Merci. Selon vous, on a... il n'y a pas... ou peut-être... il n'y a pas
de précision ou de nuance à apporter dans cette phrase qu'elle traduit un
changement? Est-ce que ça traduit vraiment un changement? Et c'est drôle quand
je dis «changement», dans le sens que, oui, ça fait depuis toujours que
l'intérêt de l'enfant était central, mais on... appelons ça des dérapages ou
inégalités dans l'interprétation, toutes sortes de choses qui ont fait qu'on
est ici aujourd'hui en train d'adopter le projet de loi n° 15.
En quoi vous voyez, cette formulation, que ça amène quelque chose de plus
substantiel que ce qui était dans... ce qui est dans la loi actuelle?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M.
Carmant : Bien, vraiment, c'est au niveau de... que l'intérêt de
l'enfant est une considération primordiale dans l'application de la loi, et je
pense que de nombreux témoins ont signalé l'importance de donner cette
préséance à l'intérêt de l'enfant, puis on vient vraiment l'encadrer ici. Je
pense que, même dans le rapport des ex-commissaires, on nous parle également
qu'à l'article 91.1... que celui-ci pourrait également être modifié
comme... pour que le seul motif d'exception permettant le dépassement des
durées maximales d'hébergement soit l'intérêt de l'enfant dans le cas d'une
analyse rigoureuse de celui-ci. Donc, tu sais, le concept peut aussi être ancré
là, mais là je pense que, vraiment, à
l'article 3, comme la juriste l'a mentionné, on risque d'avoir trop
d'effets néfastes sur le processus global.
Mme Weil : Et
là le ministre a dit quelque chose d'intéressant. Donc, cette notion-là... Je
comprends ce que le ministre dit. Si on met trop de détails, on dilue le propos
principal. Puis on est vraiment dans les premiers articles, mais je trouvais,
cette deuxième partie, qui trouve... quelque part dans le projet de loi, qu'on
puisse voir si ce concept peut être repris puis que là, quand les gens vont
regarder cet article-là, ils vont être obligés de regarder aussi l'autre, que
les avocats, tous ceux qui travaillent dans ce domaine... Est-ce que c'est ça
que j'ai compris, qu'on... cette notion-là, on le retrouve dans un autre
article éventuellement ou qu'il est déjà là?
M. Carmant : Non,
il n'y est pas.Ils nous suggéraient de le mettre là.
Mme Weil : O.K.
Et quel article?
M. Carmant : 91.1.
Mme Weil : Ah
oui! O.K. Donc, on pourra y revenir?
M. Carmant : Oui,
c'est un des sujets qu'on veut aborder, là, les changements à
l'article 91.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va?
Mme Weil :
Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a
pas d'autre intervention, je vais
demander votre consentement pour suspendre l'article 5. Consentement?
Consentement. Dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant, au
niveau de l'article 6, moi, je vais suggérer qu'on y aille par
blocs, alors... par sections, c'est-à-dire. Alors, on va commencer par traiter
la section 4 avec chacun des quatre alinéas. Je vais demander à M. le
ministre de nous lire le point 4. Je sais qu'à l'article 4 il y a
aussi des amendements qui ont été déposés. Donc, on va traiter cette
section-là. Par la suite, on fera 4.1, 4.2 et suivants, mais, bien entendu, si
vous avez des amendements à déposer vous aussi, vous pourrez les déposer. Ça
va? Mais pour être sûrs qu'on y va de façon systématique, on va procéder de
cette façon. Alors, M. le ministre, je vous demanderais de nous lire
l'article 6, mais seulement la section 4 avec les quatre alinéas. Ça
devient un petit peu compliqué, mais c'est ça.
M. Carmant : ...beaucoup
de quatre.
Le Président (M.
Provençal)
: Oui.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Donc, l'article 4 de cette loi est remplacé par ce qui
suit :
«Toute décision prise
en vertu de la présente loi doit viser la continuité des soins ainsi que la
stabilité des liens d'un enfant et des conditions de vie appropriés à ses
besoins et à son âge. En conséquence, le maintien de l'enfant dans son milieu
familial doit être privilégié à condition qu'il soit dans l'intérêt de cet enfant.
«Lorsque, dans
l'intérêt de l'enfant, un tel maintien dans son milieu familial n'est pas
possible, la décision doit tendre à confier l'enfant à des personnes qui lui
sont les plus significatives, notamment les grands-parents et les autres
membres de la famille élargie.
«Lorsque, dans
l'intérêt de l'enfant, il n'est pas possible de confier l'enfant à ces
personnes, la décision doit alors tendre à le confier à un milieu de vie se
rapprochant le plus d'un milieu familial.
«Lorsque, dans
l'intérêt de l'enfant, le retour dans son milieu familial n'est pas possible,
la décision doit de façon permanente assurer la continuité des soins et la
stabilité des liens et des conditions de vie appropriées à ses besoins et à son
âge.»
L'objectif de la
révision de l'article 4 de la Loi sur la protection de la jeunesse est de
clarifier que la stabilité de l'enfant est
un déterminant majeur pour son développement, son sain développement.
Également, bien que le maintien ou le retour de l'enfant dans son milieu
familial soit privilégié pour assurer cette stabilité, cela est conditionnel à
ce que ce maintien ou ce retour soit dans l'intérêt de cet enfant. Ainsi, dans
certains cas, la stabilité d'un enfant peut être assurée
par d'autres moyens que le maintien ou le retour dans son milieu familial. La
révision de l'article 4 de la Loi sur la protection de la jeunesse vient
appuyer que cette décision se... doit être dans l'intérêt de l'enfant.
Alors, ici, à ce moment-ci, M. le Président,
j'aimerais introduire un amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous invite à en faire lecture et
à commenter.
M. Zanetti : Une question, pour
l'analyse bloc par bloc, est-ce qu'on a 20 minutes par bloc ou
20 minutes pour l'ensemble de l'article?
Le Président (M. Provençal)
: Il faut vraiment traiter le
point 4 en incluant les quatre alinéas qui font partie du point 4.
Par la suite, on ira au 4.1, 4.2.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Pourriez-vous le dire, parce
qu'avec... pour que tous les gens comprennent.
Le Secrétaire : C'est
20 minutes par article introduit, 20 minutes pour le 4,
20 minutes pour le 4.1...
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça. Est-ce que ça répond à
votre interrogation, M. le député? Merci. Alors, M. le ministre, la lecture de
votre amendement, s'il vous plaît.
M. Carmant : D'accord. Donc,
l'amendement se lit comme suit :
À l'article 4 de la Loi sur la protection
de la jeunesse proposé par l'article 6 du projet de loi :
1° remplacer, dans le deuxième alinéa «Lorsque,
dans l'intérêt de l'enfant, un tel maintien dans son milieu familial n'est pas
possible, la décision doit tendre à confier l'enfant» par «Lorsque le maintien
de l'enfant dans son milieu familial n'est pas dans son intérêt, l'enfant doit
être confié en priorité»;
2° remplacer, dans le troisième alinéa,
«Lorsque, dans l'intérêt de l'enfant, il n'est pas possible de confier l'enfant
à ces personnes, la décision doit alors tendre à le confier» par «Lorsqu'il
n'est pas dans l'intérêt de l'enfant qu'il soit confié à ces personnes,
l'enfant doit être alors confié»;
3° remplacer, dans le quatrième alinéa,
«Lorsque, dans l'intérêt de l'enfant, le retour dans son milieu familial n'est
pas possible,» par «Lorsque le retour de l'enfant dans son milieu familial
n'est pas dans son intérêt,».
Cet amendement vise à clarifier les deuxième,
troisième et quatrième alinéas en retirant la notion «il n'est pas possible»,
en mettant l'accent sur l'intérêt de l'enfant. De plus, il vise également à
mettre en évidence l'ordre de priorité pour choisir un milieu de vie substitut.
Cette modification vise à répondre à des préoccupations soulevées lors des
consultations particulières.
Donc, juste pour que ce soit plus fluide,
l'article 6 modifié se lirait ainsi :
6. L'article 4 de cette loi est remplacé
par ce qui suit :
«4. Toute décision prise en vertu de la présente
loi doit viser la continuité des soins ainsi que la stabilité des liens d'un
enfant et des conditions de vie appropriées à ses besoins et à son âge. En
conséquence, le maintien de l'enfant dans son milieu familial doit être
privilégié à condition qu'il soit dans l'intérêt de cet enfant.
«Lorsque le maintien de l'enfant dans son milieu
familial n'est pas dans son intérêt, l'enfant doit être confié en priorité à
des personnes qui lui sont les plus significatives, notamment les
grands-parents et les autres membres de la famille élargie.
«Lorsqu'il n'est pas dans l'intérêt de l'enfant
qu'il soit confié à ces personnes, l'enfant doit alors être confié à un milieu
de vie se rapprochant le plus d'un milieu familial.
«Lorsque le
retour de l'enfant dans son milieu familial n'est pas dans son intérêt, la
décision doit de façon permanente assurer la continuité des soins et la
stabilité des liens et des conditions de vie appropriées à ses besoins et à son
âge.»
Encore une fois, M. le Président, je tiens à
rappeler qu'ici encore une fois on parle vraiment de l'intérêt de l'enfant.
Puis je l'ai dit hier, je l'ai dit à plusieurs reprises, le but du projet de
loi, quand même, demeure que... avec la prémisse initiale que le parent est la
meilleure personne pour prendre soin de ses enfants et qu'on parle ici d'une
loi d'exception. Donc, ce que je viens de dire doit s'assurer dans des... doit
être présenté dans des conditions exceptionnelles. Et je tiens à rassurer aussi
tous les parents qui nous écoutent, là, c'est vraiment une mesure... une loi
qui est pour des mesures exceptionnelles.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions concernant l'amendement? Alors, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
• (12 h 40) •
Mme Weil : Oui, c'est le premier
alinéa, donc : «Toute décision prise en vertu de la présente loi doit
viser la continuité des soins ainsi que la stabilité des liens de l'enfant et
des conditions de vie... à ses besoins et à son âge. En conséquence, le
maintien de l'enfant dans son milieu familial doit être privilégié à condition
qu'il soit dans l'intérêt de cet enfant.» Camil Bouchard, vous l'avez
certainement vu, lui, il trouvait que le mot «privilégié» n'était pas neutre et
il proposait, donc, «soit pris en compte». Peut-être juste avoir votre opinion
sur cette recommandation de Camil Bouchard, qui est quand même une sommité dans
le domaine. Il y a des nuances... Il y a des nuances dans les deux mots... de
bien saisir la vision ici.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
juriste, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui. En
fait, c'est que «pris en compte», ça apparaît trop faible, parce que, lorsqu'on
lit, là, entre autres, la convention, là, sur les droits des enfants qu'on a
fait mention dans le préambule, on en a parlé hier, c'est vraiment nommé, dans
cette convention-là, entre autres, que, pour qu'un enfant soit retiré de son milieu, il faut que ce soit par des autorités
compétentes, il faut que ce soit dans des situations exceptionnelles,
comme ça a été nommé par M. le ministre. Donc, c'est le premier point. Donc,
«pris en compte», c'est faible par rapport à ça.
Aussi, par rapport au début de la phrase à 4,
quand on parle de «toute décision doit viser la continuité des soins ainsi que
la stabilité des liens», dans bien des cas, cette stabilité-là va être assurée
en gardant l'enfant avec ses parents et en leur offrant l'aide et le soutien
dont ils ont besoin. Par contre, ça se peut que ce ne soit pas dans son
intérêt, et c'est ce qu'on vient préciser avec le «à condition qu'il soit dans
l'intérêt de cet enfant». Donc, si ce n'est pas
dans son intérêt, cette stabilité-là et cette continuité-là peut être assurée
autrement, en le confiant à la famille élargie, la grand-mère, une tante
ou en famille d'accueil. Ça peut être aussi... On assure quand même une
stabilité de l'enfant avec des contacts, par exemple, avec ses parents.
Donc, il faut faire attention, parce que «pris
en compte», ça apparaît, à cet égard-là, trop fragile. Peut-être qu'il y a des
implications cliniques qui voudraient être nommées, là. Je le lance comme ça,
je ne le sais pas, mais, au niveau juridique, c'est vraiment «privilégié» qui
convenait à ce moment-là.
Mme Weil : ...question-là parce
qu'on est vraiment dans l'essence même du travail qu'on a à faire. Et c'est sûr
que la dernière partie vient... est essentielle, en autant que ça soit dans l'intérêt
de cet enfant. En même temps, ce que vous
évoquez, ça évoque aussi tout le travail qu'il faut faire en amont, dans un
sens, là, qu'on pourra éventuellement lier à tout le travail, donc pas...
Nécessairement, il y a un signalement, c'est même avant qu'il y ait un
signalement, c'est tout ce travail de prévention qui est précurseur...
Évidemment, ici, on est dans la décision de maintenir l'enfant, oui ou non.
Donc, je trouve... ce que vous dites, là, en fait, c'est le dernier bout de
phrase qui vient nuancer... Donc, c'est le mot «privilège» avec... en autant
que ça soit dans l'intérêt de l'enfant. Donc, on ne va pas le privilégier si ce
n'est pas dans l'intérêt de l'enfant. Tout revient à ça en bout de ligne.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que... Oui, M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui, merci beaucoup, M.
le Président. L'amendement proposé par le ministre me satisfait, et surtout
c'est... Il faut se rappeler que, lors des consultations, le syndicat de l'APTS
était venu d'ailleurs nous sensibiliser à ces nuances qu'on devait plutôt
apporter et cette différence fondamentale qu'on devait changer, à savoir que
«n'était pas possible» laissait place à une interprétation, en tout cas, de mon
point de vue, à des tentations pour essayer de trouver cette possibilité-là. Et
là on renverse ça par «lorsqu'il est dans l'intérêt de l'enfant», et donc c'est
vraiment plus clair. Donc, je salue les amendements. Ça répond aux
représentations qui nous ont été faites par l'APTS. Donc, on va voter en
faveur, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement déposé par M. le ministre... Oh! excusez-moi, M. le
député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : J'aurais peut-être une
proposition de modification de l'amendement, si c'est possible, comme un
sous-amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, ce que je vais vous proposer, M. le
député de Jean-Lesage... Considérant l'heure, il reste à peu près une minute,
je vous suggère de rédiger votre sous-amendement, de l'envoyer au Greffier pour
qu'on puisse en prendre connaissance d'ici à la reprise de nos travaux.
M. Zanetti : Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Zanetti : Mais ça voudrait dire
qu'après on suspend la séance?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, parce que c'est toujours la
petite phrase, hein?
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, bonjour. La Commission de la
santé et des services sociaux reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 15, Loi modifiant la
Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions législatives.
Je vous rappelle que cette séance se déroulera à
la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau, où je me trouve, et dans la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. D'ailleurs, je resalue mes... les collègues
qui se trouvent dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, et ça nous
confirme que le son est correct.
Lors de la suspension de nos travaux, je vous
rappelle que nous étions à l'étape de prendre le vote sur l'amendement qui
avait été déposé par M. le ministre sur le point 4. Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention... Oui, M. le... Et, avant toute chose, merci de lever la
main, je vais avoir besoin du consentement pour permettre au député de Laurier-Dorion
de remplacer le député de Jean-Lesage. Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
: Consentement. Dans la salle Papineau, c'est bon?
Merci. Alors, je peux y aller maintenant, merci beaucoup, M. le député.
Donc, nous sommes à prendre le vote sur l'amendement déposé par M. le ministre
sur le point 4 de l'article 6 du projet de loi. Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Dans l'autre salle? Adopté,
merci.
Maintenant, l'amendement étant adopté, je
reviens à la section IV et je demande : Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article? Oui, alors, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Je salue le ministre, les collègues, là. Je m'ajoute à ce projet de
loi qui m'intéresse tout particulièrement, quand même. Donc, on est dans
l'article 4, qui concerne la continuité des soins ainsi que la stabilité
des liens de l'enfant et des conditions de vie appropriées à ses besoins et à
son âge. C'est un élément essentiel pour l'épanouissement et la stabilité d'un
enfant ou d'un jeune.
Dans ce sens-là, on a constaté, dans les travaux
de la commission Laurent, et plusieurs personnes sont venues... sont venues
nous en informer... sur des situations où les enfants, ne pouvant plus, pour
différentes raisons, rester dans le domicile familial biologique, là, doivent
être placés dans des familles d'accueil, en général. Et c'est des familles d'accueil qui ne correspondent pas, dans
le cas de plusieurs enfants, là, aux réalités... à l'origine
ethnoculturelle de ces enfants-là. Cela est
manifeste de... ça se manifeste beaucoup dans les communautés autochtones, des
Premières Nations, où des enfants, faute de familles d'accueil, entre autres,
il y a des raisons qui expliquent cette situation-là, doivent être placés dans
des familles d'accueil à l'extérieur des communautés, chez des familles
allochtones.
Cela se confirme aussi dans les cas d'enfants
issus des communautés culturelles, où ces enfants-là doivent être placés dans
des familles qui ne correspondent pas à la... qui sont loin, là, qui ne font
pas partie de la même communauté ethnoculturelle, là. Donc, il y a une sorte de
déracinement des enfants, là, déracinement culturel des enfants, là. Et plus la
durée du placement perdure dans le temps, là, plus il y a un risque de perte
des racines ethnoculturelles, là, de ces
enfants-là. Et cela a été... comment dire? Ça a été dénoncé par le témoignage
des personnes autochtones, des Premières Nations, là, qui considèrent
cette situation-là comme une sorte de deuxième... comme si on reproduisait une
deuxième fois une sorte de situation qui était, à l'origine, initiée par des
pensionnats.
Donc, des enfants qui sont déracinés, et,
lorsqu'ils reviennent dans les communautés, souvent après quelques... souvent
après plusieurs années, là, ces enfants ont perdu même la langue de leurs
parents, là. Et cela, c'est une situation qui doit être évitée autant que
possible. Des fois, ce n'est pas possible, mais autant que possible, les
services de la direction de la protection de la jeunesse devraient viser à
placer ces enfants-là dans des familles qui partagent les mêmes racines ethnoculturelles
que ces enfants-là.
Dans ce sens-là, j'aimerais introduire un
article, M. le Président, là, qui va vous être envoyé, n'est-ce pas, à
l'instant même. Donc, je dépose un amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Vous déposez un amendement à
l'article 6, paragraphe 4°, qui va apporter une modification, c'est
ça?
M. Fontecilla : Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: O.K.Alors, on va suspendre
quelques minutes, le temps qu'on le reçoive sur Greffier et qu'on puisse le projeter
à l'écran. Et, par la suite, je vous redonne la parole, M. le député.
(Suspension de la séance à 15 h 16)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, M.
le député de Laurier-Dorion avait signifié son intention de déposer un
amendement. Il y a eu des discussions qui se sont faites. Alors, je vous cède
la parole, M. le député.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. En effet, suite à des discussions
avec M. le ministre, les collègues députés, nous avons... nous sommes arrivés à
la conclusion qu'il serait mieux de déplacer l'amendement que j'ai l'intention
de... en tout cas, l'esprit, de déplacer l'amendement à un autre article où il
va être plus approprié, en fait, et je reviendrai donc à l'article 4.3d
avec cet amendement-là. Je retire mon amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Donc,
vous retirez votre amendement. Donc, consentement pour le retrait de
l'amendement? Il avait été présenté? Non? O.K. Alors, ça va. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant le point 4? Mme la...
Mme Weil : 4.3,
là...
Le Président (M.
Provençal)
: Non, on
est toujours en 4, madame. Par la suite, on y va dans l'ordre. Oui, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Robitaille : Bien, oui, bien, je voulais juste que... je veux juste
avoir une petite discussion «on the record», comme on dit, sur, justement, ce
qui a été discuté à micro fermé. Le collègue de Laurier-Dorion amène toute
l'idée... la prise de conscience, là... Quand on cherche une famille substitut,
ils doivent absolument prendre en considération le milieu ethnoculturel. On a
eu des discussions relativement au fait qu'on pourrait probablement inclure ça
à 4.3, ce qui est logique, mais moi, je sentais le besoin d'en parler et de le
dire, là, sur l'enregistrement, justement, l'importance de prendre en
considération... Ça, on le fait pour... on en a discuté, là, pour les
communautés autochtones, les nations autochtones. Je pense aussi que, dans des
comtés comme le mien, comme celui de Laurier-Dorion,
dans Bourassa-Sauvé, Montréal-Nord, où, justement, on a beaucoup de
communautés... une grande communauté haïtienne, marocaine, algérienne,
et tout ça, je pense que la logique veut qu'on prenne en considération
l'origine ethnique de la famille substitut ou du milieu substitut. Donc, c'est
très important, justement, bien, évidemment, dans l'intérêt de l'enfant, que...
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, mais j'ai cru
comprendre que M. le ministre avait cette préoccupation-là aussi.Mais, M. le ministre, si vous voulez intervenir...
M. Carmant : Oui. Je veux juste dire que tout à fait... puis
c'est clairement ce que le député de Laurier-Dorion avait soulevé à ma
présence, puis je suis très sensible à son point. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur la section 4? S'il n'y a pas d'autre
intervention sur la section 4, je vais demander à M. le ministre de nous
lire la section 4.1 avec les commentaires.
M. Carmant : Avec
plaisir, M. le Président. Donc, la section 4.1 se lit comme suit :
«Lorsque l'enfant est
retiré de son milieu familial, l'implication des parents doit toujours être
favorisée dans la perspective de les amener ou de les aider à exercer leurs
responsabilités parentales.
«Dans ces
circonstances, le directeur doit planifier, outre son retour dans ce milieu, un
projet alternatif visant à assurer sans délai la continuité des soins et la
stabilité des liens de cet enfant et de ses conditions de vie de façon
permanente dans l'éventualité où ce retour ne serait pas dans l'intérêt de cet
enfant.»
M. le Président,
j'aimerais introduire un amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Oui.
Alors, vous pouvez lire votre amendement, M. le ministre.
M. Carmant : Et, peut-être, j'avais un commentaire... oui, le
commentaire, désolé, ce serait : Le premier alinéa de ce nouvel
article portant sur l'implication des parents reprend un élément qui est
actuellement au deuxième alinéa de l'article 4
de la Loi sur la protection de la jeunesse. Pour alléger cet article, cet
élément est déplacé dans un article distinct.
Le second alinéa vise
à introduire... dès que le maintien d'un enfant dans son milieu familial n'est
pas possible, le directeur de la protection de la jeunesse devra prévoir un
projet alternatif pour celui-ci. Ainsi, s'il s'avère que son retour dans son
milieu familial n'est pas possible, un projet aura déjà été élaboré, l'objectif
étant de prévoir ainsi un outil pour s'assurer de respecter les délais maximaux
de placement.
Donc, l'amendement se
lit comme suit : Insérer, à la fin du premier alinéa de l'article 4.1
de la Loi sur la protection de la jeunesse proposé par l'article 6 du
projet de loi, «, à condition qu'elle soit dans l'intérêt de l'enfant».
Cet amendement vise à
préciser que l'implication des parents doit être favorisée si cela est dans
l'intérêt de l'enfant. Cette modification vise à répondre à des préoccupations
soulevées lors des consultations particulières.
L'article 4.1
modifié se lira donc comme suit : «Lorsque l'enfant est retiré de son
milieu familial, l'implication des
parents doit toujours être favorisée dans la perspective de les amener ou de
les aider à exercer leurs responsabilités parentales, à condition
qu'elle soit dans l'intérêt de l'enfant.»
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Provençal)
: Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions concernant l'amendement déposé par
M. le ministre? Oui, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui. Bien, à prime
abord, je salue l'amendement du ministre. C'est aussi l'occasion pour moi... J'ai reçu, là... Depuis hier, depuis qu'on
a commencé l'étude détaillée, j'ai reçu beaucoup, beaucoup, beaucoup de courriels, là, de gens d'un peu partout au Québec, de
leurs inquiétudes, et je pense qu'il faut voir que tout ça... et on l'a dit
tout à l'heure, mais je pense que c'est important de le répéter que c'est bien
exceptionnel quand on retire un enfant du milieu familial. Et je suis heureuse de
voir que, dans les modifications, on va toujours favoriser... On parle de
l'article juste avant, là, mais on parlait de toujours favoriser les
grands-parents ou les autres membres de la famille élargie. Et, dans cette modification-là aussi, encore une fois, on tient
compte de l'intérêt de l'enfant et aussi de travailler avec les parents
pour justement faire en sorte que ça soit exceptionnel quand on retire un
enfant de ses parents.
Donc, moi, l'article 4.1... En tout cas,
l'amendement que le ministre s'apprête à... bien, nous a soumis, bien, ça va
dans ce sens-là, finalement, de donner des outils aux parents par le biais de
la DPJ pour les aider puis, si ça ne fonctionne pas, bien, travailler ensemble
sur un plan pour, ultimement, espérons-le tous, que l'enfant revienne au sein du milieu familial, tout ça dans son intérêt.
Donc, je pense que c'est important de le dire parce que je pense qu'il y
a des gens qui nous suivent qui sont
inquiets. Je cherche à les rassurer. Et la loi... la nouvelle loi... En tout
cas, ce projet de loi là, nous, on le travaille pour que, justement, on
ait... les parents aient tous les outils, et les enfants aussi, et
qu'ultimement, bien, ça soit l'intérêt de l'enfant qui soit privilégié.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
interventions? Oui, Mme la députée.
Mme
Weil : Oui, merci, M. le Président. Oui, en effet, je
pense qu'on a tous reçu une certaine correspondance et qu'on souhaite que tout le monde puisse comprendre
l'intention de cette loi. Puis c'est souvent répété dans le projet de
loi qu'évidemment l'intérêt de la société, de l'enfant, c'est... et évidemment
que l'enfant puisse retrouver sa famille.
Donc, je voulais voir si le ministre pourrait...
il y a son texte explicatif, mais, juste en ses mots, qu'est-ce qu'on vient changer? Parce que je pense que c'est
un article important. Il est important pour beaucoup de gens
actuellement, on le voit dans la correspondance qu'on reçoit, que les familles
soient rassurées par rapport à la philosophie, si on veut, qu'on a, et pourquoi
le ministre, donc, et pourquoi le projet de loi vient spécifier ou clarifier...
Donc, qu'est-ce qu'on a changé pour que les gens qui nous écoutent puissent
comprendre... Donc, je sais que ça a toujours été là, de favoriser, mais les
mots ont un sens. On est dans une nouvelle version. Est-ce qu'il y a quelque
chose que le ministre voudrait souligner par rapport à ce qui existe
actuellement... qu'il vient bonifier, si on veut, l'intention?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui, absolument. Puis
moi, je joins ma voix à celle des deux autres députées. On est bien conscients... Moi aussi, j'ai reçu de nombreuses
correspondances. Et, je le répète pour tout le monde, ce projet de
loi... On veut que la loi de la DPJ soit une loi d'exception. Nos
interventions, on veut les faire en amont de la DPJ, plus de prévention, moins de signalements. C'est ce qui
guide tous nos travaux et ici, ce qu'on vient réaffirmer, c'est
l'intérêt principal de l'enfant et aussi que
toutes les décisions soient prises dans cet intérêt-là. Donc, on veut vraiment
renforcer ça et c'est pour ça qu'on a fait
cet amendement, pour enlever tout flou que nos décisions sont prises dans
l'intérêt de l'enfant.
Mme Weil : Et, M. le ministre, là
aussi, c'est une occasion, et il y en aura d'autres... Je pense que ça va être
important... À la lumière d'une préoccupation qui a été, comment dire, rendue
publique et qui semble être assez vaste, beaucoup de collègues m'en parlent
personnellement, je n'ai pas eu un citoyen de mon comté qui m'a écrit, mais on
tente de répondre aussi à leurs préoccupations, mais je me suis dit :
C'est l'endroit parfait pour avoir cette discussion. Et je sais que c'est
surtout, je pense, dans le napperon du ministre, mais j'aimerais entendre le
ministre... Il a évoqué tout le travail qui
se fera... qui est déjà fait, mais qui va se faire de façon plus pointue, plus
organisée avec...
Et d'ailleurs ça va faire partie d'une partie du
mandat de la nouvelle directrice nationale de protection de la jeunesse, c'est
de faire ce lien avec le communautaire qui va arriver là avant que ça ne
s'aggrave, que la situation se dépérisse, et
tout de suite pouvoir accompagner. Souvent, c'est l'enfant qui est dans son
milieu scolaire. Le signalement est venu de l'école. Les parents passent
ou c'est peut-être... Souvent, c'est un parent, je l'ai vu souvent, c'est la
mère, toutes sortes de problèmes... et je l'ai vu. Donc, j'aimerais ça, si le
ministre pouvait expliquer un peu cette vision puis qu'est-ce qu'on fait
globalement, parce qu'on est dans, peut-être, l'article... un des articles les
plus importants, et je ne veux pas rater l'occasion qu'on puisse en parler
ensemble pour les gens qui nous écoutent.
M. Carmant : Écoutez, je vais en
profiter... Merci beaucoup d'ouvrir la porte. Moi, je pense qu'une chose qui
est importante... puis un message que j'avais beaucoup discuté quand la
fédération des directeurs d'école était venue, c'est tous les programmes qu'on
met de l'avant en première ligne et que l'on n'utilise pas assez, comme vous
mentionnez, que ce soit au niveau des services de garde, de l'école et même de
l'environnement autour de l'enfant.
Par exemple, le programme SIPPE pour les
services intégrés en périnatalité et petite enfance, d'ailleurs, que la
commission Laurent nous avait demandé de rehausser lors des premières
recommandations prédépôt du rapport final, qu'il faut utiliser quand les
parents... quand les intervenants ou les gens qui sont proches du milieu de vie
de l'enfant ont des inquiétudes par rapport aux capacités parentales, au suivi
familial... Donc, on peut intervenir même en amont de la naissance de l'enfant,
et, encore là, ce n'est pas pour retirer l'enfant du milieu, c'est vraiment
pour aider les parents et les soutenir dans leur parentalité.
Même chose quand on parle de l'avis de
grossesse, une fois que le CLSC... les gens du réseau de la santé sont au
courant qu'une famille vulnérable est à risque dans le sens qu'un enfant va...
ils vont avoir un enfant puis qu'il y ait des chances que les parents ont
besoin d'aide, si les parents vont notamment... disent qu'ils ont besoin
d'aide, bien, on peut aller les soutenir grâce à l'avis de grossesse, qui va
être informatisé bientôt.
Même
chose pour quand l'enfant naît, on a beaucoup de signalements pour négligence
alimentaire, négligence vestimentaire, tout ça. Donc, on a mis sur pied
un programme négligence, un programme où on a donné du financement spécifique aux organismes communautaires pour venir
supporter les familles dans ces aspects-là de l'enfant.
Un autre programme qui est sous-utilisé, et, en
plus, il n'y a aucune attente, là, c'est le programme Crise-Ado-Famille-Enfant.
Beaucoup d'enfants sont signalés parce que, les parents, ils trouvent que
l'enfant fait des crises, il est incontrôlable, je ne suis plus capable...
Quand on n'est plus capable, ce n'est pas la DPJ, nécessairement, qu'il faut appeler. Il faut appeler le
Crise-Ado-Famille-Enfant. Ça, ça peut... L'intervenant peut venir chez vous à
l'intérieur de deux heures, là, entre 8 heures le matin et 10 heures
le soir. C'est un programme qui même était... quand on est arrivés, était fermé
entre 9 et 4 heures. Quand l'enfant est à l'école, tu sais, le parent
n'a pas besoin d'appeler, c'est à l'extérieur des heures de... Donc, on a
élargi les heures d'ouverture pour que les parents s'en servent, pour que les
urgences s'en servent. Moi, je suis toujours épaté d'entendre... un enfant qui
consulte à l'urgence pour un service de psychiatrie, le psychiatre dit :
On ne garde pas l'enfant, l'urgence appelle la DPJ, là, et il y a le service
CAFE qui est là. Les parents sont volontaires, les parents sont prêts à se
faire aider, allons-y.
Puis, en plus, pour le retard de développement,
l'absence de services spécialisés, on a mis sur pied Agir tôt, zéro à cinq ans.
S'il y a un retard de développement, on pense qu'il y a un retard de langage
par sous-stimulation, ce n'est pas d'une travailleuse sociale que cet enfant a
besoin en premier, c'est d'une orthophoniste. Donc, utilisons Agir tôt, et même qu'il y a une... J'ai mis un
règlement qui fait qu'Agir tôt... les services professionnels, dans un
contexte de protection de la jeunesse, doivent être fournis dans les
30 jours, donc, tant pour les parents que pour les enfants.
Donc, il y a plusieurs services en amont qu'on a
développés, et il faut les utiliser, si on veut alléger la surcharge de travail
que vivent nos intervenantes. Et, encore une fois, gardons la Loi de la
protection de la jeunesse comme une loi d'exception.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la ministre.
Mme Weil : Quand on lit le premier
paragraphe, l'alinéa, donc, «dans la perspective de les amener et de les aider
à exercer leurs responsabilités parentales», donc, il y a les parents, d'une
part, il y a l'enfant, d'autre part, et ici, est-ce que les programmes que vous
mentionnez... ou est-ce que vous avez d'autres stratégies qui répondent, si on
veut, à cette notion d'amener et aider, donc, des services plus spécialisés
pour les parents qui sont souvent, là, dans un désarroi total quand ça arrive,
ne comprennent pas, ne s'expliquent pas... c'est peut-être au niveau santé
mentale, peut-être, ou autre... Peut-être de
vous entendre un peu sur ces concepts d'amener et d'aider les adultes, donc,
les parents...
M. Carmant : Oui, deux autres
programmes qu'on a mis sur pied pour justement... bien, pas mis sur pied, mais
comme pour accélérer, dans un délai de moins de 30 jours, pour ces enfants
qui sont à risque de la protection de la jeunesse... c'est, par exemple, les
programmes de toxicomanie, dépendance ou les programmes de santé mentale pour
les parents, parce qu'encore une fois, si la raison du signalement est liée
avec une vulnérabilité du parent pour des
dépendances de toxicomanie ou problèmes de santé mentale, c'est à ça qu'il faut
s'attaquer d'abord et avant tout. Et également
on travaille sur des programmes de parentalité. Certaines régions, par exemple,
comme la Capitale-Nationale, ont des programmes de parentalité, et ça
aussi, c'est superimportant, et on veut les déployer à travers le Québec, ces
programmes de soutien à la parentalité.
Mme Weil : Par expérience, et dans
votre vision pour l'avenir, le temps de l'enfant, comment vous voyez... Ça peut
prendre un certain temps pour ces parents de se remettre sur pied ou de se
mettre sur pied carrément, mais toujours avec de l'optimisme, une perspective
qu'avec les services qu'on a ils vont pouvoir reprendre... surtout quand on voit le déchirement et l'amour qu'ils
peuvent avoir, hein, les deux, l'enfant pour ses parents et ses parents
pour l'enfant, mais toutes sortes de
raisons... les circonstances font en sorte que c'est des circonstances
difficiles pour l'enfant.
Comment vous intégrez... ou c'est quoi, la
perspective ou les perspectives que vous avez dans ce sens, d'urgence, si on
veut, à cause de cette notion du temps de l'enfant? On met beaucoup d'accent
sur le temps de l'enfant, et je pense aussi... C'est là qu'on... Je ressens...
Dans les lettres qu'on reçoit, il y a ça aussi peut-être qui fait peur, dans le sens que comment ça... Est-ce qu'on
parle de semaines? Est-ce qu'on parle de mois? C'est quoi, ce temps?
Parce que c'est peut-être un parent rempli d'amour, mais peut-être qu'il a vécu
lui-même ou elle-même des enjeux. Vous avez
sûrement eu l'occasion de discuter... parce que j'imagine que chaque mot
reflète une... pas un virage, mais peut-être une accentuation suite à la
commission Laurent, mais j'ai besoin de comprendre un peu toute la réflexion
qu'il y a eu dans ces articles, parce qu'on est dans le coeur, je pense, du
projet de loi, à quelque part.
M. Carmant : Moi, je pense que ce
qui est rassurant puis ce qui doit rassurer les parents, c'est que, tant que le
parent est volontaire, il n'y en aura pas, d'enjeu. Quand ils collaborent,
qu'ils participent comme... le mieux pour son enfant, il n'y a même pas
d'enjeu. Le changement de culture... Puis là je vais passer peut-être la parole
à la directrice nationale, mais le
changement de culture que j'essaie d'amener, c'est au niveau de la première
ligne, où il y a une tendance à ne pas aller vers le citoyen. Tu sais,
l'important, là, c'est... Quand on a une famille vulnérable, il faut amener le
service vers les gens. On ne peut pas dire : Ah! j'ai appelé trois fois,
puis ça n'a pas fonctionné, là, puis je ferme le dossier, puis là, ensuite, la
prochaine fois, ça va aller à la protection de la jeunesse. Moi, partout où je
passe, là, je dis : Si vous travaillez en première ligne puis vous avez
une famille qui est vulnérable, il y a plein d'autres enjeux que ce problème-là
que cette famille-là vit. Il faut que vous alliez vers la famille, puis une
façon de faire ça, c'est la co-intervention. Des fois, ça peut être... On peut
amener quelqu'un de la DPJ, en même temps quelqu'un de la
première ligne, ou on peut aller porter le service puis agir tous. C'est en
plein ça, là. On va dans les milieux de vie, on va dans les milieux familiaux,
on va aider les parents chez eux.
Donc, ça, je pense que... Bon, quand est-ce...
Comment on définit volontaire, non volontaire? Ça, j'aimerais mieux que ce soit
la directrice nationale qui vous l'explique, là, mais je pense qu'il faut
amener les services aux gens, puis c'est un changement de culture important
pour moi.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, si vous aimeriez
ajouter... allez-y, madame.
Mme Lemay (Catherine) : C'est vous
qui ouvrez le micro. Merci. Alors, en fait, pour les familles les plus
vulnérables qui représentent la minorité, hein, de ceux qui sont suivis en
protection de la jeunesse... Puis vous faites écho aux parents qui sont nerveux
de dire : Bien, si je n'ai pas le temps de me reprendre, le temps va
avancer pour mon enfant, puis, quand les
délais maximaux vont être atteints, est-ce qu'on va m'enlever mon enfant? Alors
là, il y a une partie de ça qui est
dans la réponse. Avant qu'on se retrouve en protection, comment on peut aller
faire intervenir la pédiatrie sociale
qui s'est développée partout au Québec, les organismes communautaires dont vous
parliez tantôt? Les gens qui sont frileux, qui, des fois, eux-mêmes, ont
reçu, quand ils étaient enfants, des services de la protection de la jeunesse, qui sont restés soit avec une empreinte
positive, mais, des fois, avec une empreinte négative, ils sont
craintifs de venir demander des services parce qu'ils ont ça en arrière de la
tête.
Donc, il faut être capable de travailler
ensemble, autant les institutions, que les initiatives citoyennes, que les
milieux communautaires, qui sont moins menaçants pour les familles. Et plus on
est capables de venir reconnaître l'expertise, reconnaître qu'eux, des fois,
ont la clé pour venir rejoindre ces familles-là... Parce que, tant qu'ils
restent isolés puis qu'on ne sait pas qu'il y a un enfant dans le besoin, on ne
peut pas intervenir, et la protection de la jeunesse est là de façon
exceptionnelle pour venir dire, et je pense que c'est ce que M. le ministre
veut... est venu dire clairement avec la loi : Quand on se retrouve à un
carrefour où on a donné tout ce qu'il fallait à un parent pour se reprendre et
que, malgré tout ce qui est là, le parent ne se reprend pas, quand on a un
choix à faire, il faut regarder l'analyse en fonction de l'intérêt de l'enfant.
Et ça ne veut pas nécessairement dire que le parent n'est plus... ne peut plus
être parent. Ça veut juste dire qu'il ne peut plus s'en occuper.
Et, dans des cas encore plus extrêmes, quand
c'est avéré, reconnu que le parent n'est pas capable d'être un parent, bien, oui, pour une minorité d'enfants, il
y aura des projets de vie alternatifs, solides, structurés, robustes,
idéalement de nouveaux parents ou un nouveau tuteur qui pourront prendre le
relais, mais tout ça, on parle de l'exception. Quand M. le ministre dit :
Plus on va être capables de prendre les problèmes quand ils sont petits, peu
importe qui le prend en charge, bien, on va avoir une inflexion, ultimement,
sur le nombre d'enfants qui vont se retrouver dans la minorité, qui ne pourront
pas demeurer avec leurs parents. Et, dans l'esprit d'être capables d'avoir une
action en parentalité, M. le ministre y faisait référence, on est en train de
confier le mandat, là, il est pratiquement conclu, à un institut universitaire qui va être capable de venir développer un
programme de pratiques parentales positives, allant des interventions
pour tous les parents du Québec et jusqu'à la pointe de parents qui ont encore
plus besoin de soutien.
Donc, on pense qu'avec ce programme-là on va
être capables non seulement de rejoindre plus largement des parents qui
deviennent parents... C'est un choc pour tous les parents de devenir parents,
que tu aies des difficultés ou pas. Il faut être capable de donner le soutien
où il est, puis on pense qu'en faisant ça, bien, on va être capables de mieux
protéger nos enfants.
Mme Weil : ...si j'ai le temps.
Le Président (M. Provençal)
: Ce n'est pas juste une question de
temps. Je sais que votre collègue en a aussi à poser, mais allez-y.
Mme Weil : O.K., c'est ma dernière
dans cette... Ici, on est vraiment au moment où l'enfant est retiré, hein? Donc
là, on est dans l'enfant... lorsque l'enfant est retiré. Mais, juste avant ça,
et je ne sais pas si c'est dans cet article, le ministre l'évoque souvent, moi,
je l'évoque souvent, c'est cette première ligne, puis qu'on voudrait... Moi, je
voudrais qu'on voie cette première ligne aussi, c'est-à-dire le communautaire
qui joue un rôle tellement important. Je sais que certaines DPJ l'ont vu aussi
puis travaillent déjà ensemble.
Comment peut-on l'intégrer? Puis ce n'est
peut-être pas maintenant, là, mais c'est de voir où, dans la loi, on peut l'intégrer. C'est tellement important de le
voir dans la continuité. Et, on me l'a expliqué, il y avait un
signalement, la DPJ a dit : Moi, je pense qu'on est capables de faire
mieux. Il a appelé l'organisme communautaire, qui a dit : Écoute, peux-tu
m'aider avec ce dossier-là? Comme ça, là, ce contact... et ils m'ont dit :
Ça marche, ça marche.
Alors donc, est-ce qu'on est... Est-ce que ça
peut... parce que, là, je comprends, ici, on est au moment où l'enfant est
retiré. Où est-ce qu'on peut... Où est-ce qu'on va trouver cette première ligne
dans la législation? Est-ce que c'est...
• (16 heures) •
Mme Mathieu (Jessica) : ...voit
cette collaboration-là. Je vous invite à voir 4.4b, qui est dans les articles
modifiés, là, dans votre cahier, donc, à 6, là, toujours à 6, si vous descendez
plus bas, 4.4b, où on parle, là, que les établissements, les organismes doivent
collaborer entre eux. Puis, quand il y a collaboration, on doit même... Puis ça
va plus loin, là. On doit essayer de se concerter pour avoir une intervention,
là, qui va être la plus efficace possible.
Donc, ça, c'est l'article... Ça, c'est nouveau.
Ça n'existe pas actuellement. On l'ajoute à 4.4b. Sinon, vous avez aussi un
article qui existe, qui est 38.2, dans la loi actuelle. Je peux vous en lire
peut-être les grandes lignes parce que, là, vous ne
l'avez peut-être pas sous les yeux, là, mais, ça, on dit en gros, là, que,
quand on doit décider si on retient un signalement, on doit prendre en
compte...
Mme Weil : ...celui-là.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui, bien,
ce n'est pas dans... C'est dans la loi actuelle, là, donc, 38.2 actuel,
oui. Donc, quand on a un signalement, on doit évaluer certaines choses, dont,
entre autres, les ressources du milieu qui peuvent venir en aide, là, à l'enfant
et à ses parents. Donc, on doit avoir ça à l'esprit dans notre décision de
retenir ou non le signalement, qu'il y a déjà des ressources qui existent qui
pourraient aider les parents. Donc, il y a ça aussi, là, qui en fait partie.
Mme
Weil : Et on pourra en parler après, donc, comment...
Donc, ça, il est toujours là, mais, dans la séquence, il est... Bon, j'imagine, il y a une cohérence. Donc,
il vient après ces articles... Il reste là, parce que c'est... mais c'est
plus loin. Donc, il faut regarder toujours,
peut-être, le chapitre sécurité et développement d'un enfant. Donc, ce
chapitre-là est toujours là. En tout
cas, c'est... essentiellement, c'est de voir, une fois que tout ça aura été
regardé, la structure... peut-être même
on pourra discuter, à un moment donné, la structure de la loi, comment vous
l'avez intégrée, puis comment vous... dans
la nouvelle loi éventuelle, on va voir, comment dire, ce continuum de
services... pas évident quand on fait un projet de loi, mais j'aime ça regarder les têtes de chapitre
parce que ça permet de voir où on s'en va. Merci, M. le Président.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, madame... Oui, vouliez-vous
intervenir, M. le ministre, avant que je cède la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé?
M. Carmant : Je dirais à la députée
de Notre-Dame-de-Grâce qu'on en a souvent discuté et que moi, je voulais... Un
des buts de la loi, aussi, c'est que tout le monde ait des services de première
ligne avant d'avoir affaire à la DPJ, c'est fondamental. Ça, je vous appuie, je
suis... on est sur la même ligne. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui, merci.
Écoutez, je veux juste relire, là, l'article sur lequel on travaille, recentrer
un peu par rapport aux conditions. On dit : Lorsque l'enfant est retiré,
hein, c'est une exception, quand... lorsque l'enfant est retiré de son milieu
familial, l'implication des parents doit toujours être favorisée dans la perspective
de les amener ou de les aider à exercer leurs responsabilités parentales, à
condition, et c'est là que je vais avoir des questions, à condition qu'elles
soient dans l'intérêt de l'enfant.
Moi, j'ai beaucoup de citoyens qui me
disent : Oui, mais c'est quoi, les balises? À partir de quel moment
l'enfant est retiré du milieu familial? Je ne sais pas si vous pouvez être un
peu plus précis, donner peut-être une idée d'où, finalement... à partir de
quand on jette la serviette. Il y a... dans mon comté, il y a évidemment des...
comment je pourrais dire? On vient avec nos... avec notre bagage culturel,
notre façon de faire chez nous, dans le milieu familial de cette culture-là.
Les punitions corporelles, par exemple, des fois, ça fait partie de ce dans
quoi on a été élevé, puis, bon, c'est des choses qui peuvent arriver.
Alors, comment on fait, là? Parce que les
parents doivent se dire... doivent dire à la DPJ : Bien, écoutez, non,
non, on est capables, là, laissez-nous gérer ça, on est capables. Mais à partir
de quel moment les conditions sont là, là, pour que ça soit dans l'intérêt de
l'enfant de le retirer? Avez-vous des exemples concrets de ça?
M. Carmant : Je passerais la parole
à la directrice, s'il vous plaît...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Bon, la loi
est faite, depuis le début, en se disant : C'est d'abord l'intérêt de
l'enfant. Donc, quand vous posez la question : Qu'est-ce qui doit guider
la décision de dire à partir de quand je me tourne vers le projet de vie
alternatif davantage que dans le milieu... dans l'investissement dans le milieu
familial...
D'abord, chaque cas est unique, et c'est pour ça
que, quand les ex-commissaires ont présenté l'importance de l'analyse rigoureuse
de l'intérêt de l'enfant et qu'on a... on va en faire écho dans les pratiques
cliniques, c'est pour ça que c'est si important. C'est qu'on doit prendre le
temps, dans la situation spécifique de cet enfant-là, d'évaluer, avec ce qu'il est comme enfant, avec le contexte
familial, avec les possibilités de développement de ces parents-là, qu'est-ce
qui est en mesure de soutenir l'intérêt de l'enfant.
Si l'intervenant qui se rend compte que...
Exemple, un bébé qui est pris en charge par une famille d'accueil... et, à
chaque fois que le... et pour lequel le juge a ordonné des visites supervisées
avec les parents, trois fois par semaine — pour donner un exemple, là, vous
voulez un exemple concret — et
que, quand le bébé revient dans sa famille d'accueil, suite à la visite
supervisée, il est plusieurs nuits à ne pas dormir, à se réveiller, à avoir des
comportements colériques, on va chercher à aller identifier spécifiquement
qu'est-ce qui se passe. Et, si on voit que c'est...
il y a des liens à faire que, quand le parent voit son enfant, il y a des
signes de... physiques, des indications, quand les enfants sont plus
vieux, hein, des fois, les enfants parlent et expriment des choses. C'est à
partir des indications qu'on voit, des
comportements de l'enfant ou des verbalisations de l'enfant qu'on est capable
de dire : Voici son intérêt ou pas, en fonction de critères.
Parce que vous vous
rappelez, ce matin, je vous ai expliqué qu'en fonction du cadre de pratique,
des standards de pratique, on était venu camper les éléments qui font en sorte
de... la grille d'analyse que les intervenants ont pour justifier l'intérêt de
l'enfant, là, qui est le cadre d'analyse avec lequel ils vont travailler. Donc,
tous ces éléments-là, de façon individuelle, pour chacune des... pour chacun
des enfants, dans le contexte qu'ils vivent, c'est comme ça que c'est évalué.
Et, je me répète, dans des cas d'exception, il arrive qu'on se rend compte que,
malgré tout ce qui est fait pour soutenir le développement des capacités
parentales, certains parents n'y arrivent pas. Certains sont capables de le
reconnaître, d'autres n'arrivent pas à le reconnaître, mais les intervenants de
la protection de la jeunesse, et les juristes, et les juges, leur
responsabilité, c'est de s'assurer de venir tracer la ligne et
d'identifier : Là, la limite est atteinte, et on doit penser au projet de
vie alternatif pour l'enfant. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Donc là, c'est le Barreau
du Québec qui a un questionnement, donc on... c'est d'avoir l'analyse juridique
que... vous en avez, de leurs commentaires. Alors, je vais le lire.
Donc : «En ce qui concerne le nouvel
article 4.1 de la LPJ proposé, nous accueillons favorablement l'idée d'une
plus grande implication des parents lorsque l'enfant est retiré du milieu
familial. Bien que le principe nous semble louable, nous nous interrogeons sur
la manière dont il pourrait être mis en oeuvre dans la pratique et sur la façon
dont on pourra évaluer l'existence d'une telle implication de la part des
parents.
«Aussi, il nous semble que les deux paragraphes
de ces dispositions sont contradictoires. L'expression "dans ces
circonstances" est équivoque. Réfère-t-on à la situation pour laquelle
l'enfant est retiré de son milieu familial ou encore à l'implication des
parents qui doit être favorisée afin de leur permettre d'exercer leurs
responsabilités parentales? Nous comprenons qu'il s'agit de la première option.
En conséquence, cet article devrait plutôt mentionner la possibilité pour le
DPJ d'analyser la nécessité de prévoir un projet de vie alternatif. Dans un tel
cas, le DPJ devrait être tenu d'en informer les parents et les enfants
lorsqu'ils sont en âge de le comprendre.»
Donc, vous avez certainement vu, évidemment,
cette analyse. Est-ce que je pourrais avoir une réaction, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Mme la juriste.
• (16 h 10) •
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.Donc...
excusez, je suis prise dans mes lunettes. Concernant le premier point sur
l'implication des parents, ce n'est pas quelque chose de nouveau. C'est quelque
chose qui existait déjà dans la loi. Si vous allez à l'article 4 actuel,
c'était là, je vais dire... pointer l'alinéa, deux petites secondes. Donc,
c'était dans... à la fin du deuxième alinéa de l'article 4 actuel, il se
terminait par : «de plus, l'implication des parents doit toujours être
favorisée». C'est la même chose, on ne l'a que déplacé. Pourquoi? Pour alléger
4 qui était déjà très costaud, et on l'a mis dans un article à part.
Donc, ce n'est pas quelque chose de nouveau et
ce n'est pas quelque chose qui a suscité des problématiques particulières, que
ce soit lors de la commission Laurent, entre autres, là. On n'a pas eu de
commentaire par rapport à l'implication des
parents, par rapport... que c'était problématique ou que c'était dur
d'application. Donc, à ce stade-ci...
Mme Weil : ...juste avant qu'on
coupe par rapport à l'autre commentaire, parce qu'on est là-dessus, donc, la question, c'est... Aussi, il nous semble... Donc,
c'est comment est-ce qu'on évalue l'existence d'une telle implication de
la part des parents? Donc, puisque c'est
déjà là, cette pratique, cette question d'évaluer cette implication, comment
est-ce que...
Mme Mathieu (Jessica) : Ici, on
n'évalue pas l'implication des parents. Ici, on dit au DPJ : Vous devez
favoriser l'implication des parents. Donc, même si l'enfant n'est plus dans son
milieu familial parce qu'il a été retiré, vous devez favoriser l'implication
des parents pour... et mettre en oeuvre des moyens pour les amener à exercer
leurs responsabilités parentales. Donc, c'est dans cet angle-là qu'on doit voir
l'article.
Mme Weil : Mais la question est
quand même légitime, dans le sens que, bon, à un moment donné, vous dites...
pas marché. Donc, la question, c'est : Comment vous faites l'évaluation
pour dire : O.K., ça n'a pas marché? Je pense... c'est comme ça que je
comprends la question.
Mme Mathieu (Jessica) : Bien, moi,
je ne la comprends pas, la question, dans ce sens-là, parce que ce que
l'article dit... on ne parle pas d'une évaluation ici, on dit que... on est
dans les faits. On a un fai qui est que l'enfant n'est plus chez ses parents,
il a été confié chez sa grand-mère, en famille d'accueil, en centre de
réadaptation. Ça, c'est un fait, c'est notre circonstance, c'est notre
«lorsque».
Une fois qu'on est dans cette situation de fait
là, on dit : Attention! Vous devez favoriser quand même l'implication des
parents. Ce n'est pas parce que l'enfant n'est plus chez ses parents que le
parent est forcément dépossédé de ses responsabilités. Donc, on doit continuer
de l'impliquer dans la vie de l'enfant. C'est ce qu'on vient dire. Donc, je ne
vois pas vraiment la question de l'évaluation ou de... Je ne comprends pas le
sens de la question.
Mme Weil : Bien,
dans le sens que c'est mis dans le premier paragraphe, dans le sens de les
amener... et aider à exercer leurs responsabilités parentales. Donc, j'avais...
moi, j'avais interprété ça... c'est-à-dire que l'enfant... ils pourront assumer
pleinement le rôle et de garder l'enfant, donc, une fois qu'il y a eu cette
période de temps. Je pense que le Barreau le voit comme
ça, peut-être, aussi. Mais est-ce que c'est des responsabilités parentales sans
que ça soit l'autorité parentale? Est-ce que c'est une... il y a une
distinction ici?
Mme Mathieu
(Jessica) : Bien oui, il faut faire attention, O.K.? Ce n'est pas
parce que l'enfant est retiré de son milieu familial que les parents ont perdu
leur autorité parentale. Elle est maintenue. Ils n'ont plus la garde de leur
enfant, mais ils ont toujours l'autorité parentale, à moins que le tribunal en
ait décidé autrement, et qu'il ait retiré des attributs de l'autorité
parentale, par exemple. Ça, c'est possible, mais le simple fait que l'enfant
soit retiré de son milieu, c'est... ça
n'amène pas que les parents ont perdu leur autorité parentale. Donc, ils ont
toujours des responsabilités parentales à assumer.
L'objectif, c'est de
dire : Ces parents-là, justement, n'en sont pas dégagés. On doit les aider
à continuer puis à pouvoir, comme disait la directrice nationale, peut-être
cheminer vers un moment où l'enfant va pouvoir retourner, même, chez ses
parents.
Mme Weil : Donc,
eux, ils voient une contradiction, mais ce que vous dites, c'est : Non, il
n'y a pas de contradiction. Ce n'est pas une
question d'évaluer, c'est juste de toujours les aider, les accompagner en
toutes circonstances, finalement.
Peut-être qu'ils vont revenir, l'enfant pourra revenir, peut être que non.
Peut-être, ce sera des visites, peut-être ce sera modulé, etc.
Donc, c'est dans ce
sens-là, alors que le Barreau, selon vous, ils... bien, je vous pose la
question, ils l'ont vu... s'ils disent
«contradictoire», c'est qu'ils l'ont vu comme : O.K., une fois qu'on a
fait ça, puis on les a accompagnés, on devrait pouvoir... Et puis on
fait une évaluation : Est-ce que les parents peuvent reprendre? Est-ce que
l'enfant peut revenir... ou ils seraient... devraient venir...
C'est comme ça que
j'interprète la question, mais parce que c'est le Barreau, ils ont quand même
une division importante sur la protection de la jeunesse, ils ont beaucoup
d'avocats qui pratiquent dans ce domaine. Je voulais essayer de comprendre leur
préoccupation puis peut-être une divergence de compréhension ou...
Mme Mathieu
(Jessica) : Mais je pense que le focus qui est mis dans cet
article-là, puis, je pense, c'est ça qu'il est important de retenir... puis
peut-être que, sur la question de l'évaluation qui est faite par la suite, la
directrice nationale pourrait compléter, mais ce que l'article dit, c'est que
le DPJ doit favoriser l'implication des parents. Et pourquoi qu'il doit
favoriser cette implication-là? C'est pour les amener à exercer leurs
responsabilités parentales, parce qu'ils les ont toujours, ces
responsabilités-là. Donc, c'est l'essence du premier alinéa de cet article-là.
Mme Weil : Et
la pratique actuellement.
Mme Mathieu
(Jessica) : Oui.
Mme Weil :
O.K., merci.
Le Président (M.
Provençal)
: ...pour
compléter?
Mme Lemay
(Catherine) : Oui, pour compléter. En fait, les intervenants sont
accompagnés dans un cadre de référence qui s'appelle Un projet de vie, des
racines pour la vie, qui vient sensiblement cadrer dans quel cas on
investit le projet prioritaire qui est celui de la famille. Dans certaines
circonstances, ça ne sera pas le projet de la famille et c'est un projet de vie
alternatif, mais ce qu'on dit aux intervenants, compte tenu du temps qui avance
pour les enfants : Vous devez prévoir le projet de vie alternatif pour un
enfant quand vous avez... selon l'appréciation des réactions de l'enfant. Comme
je l'expliquais tantôt, certains enfants ont vécu des grands traumatismes, qui
fait que, s'ils se retrouvent en situation
de contact avec leurs parents, on va voir des réactions particulières de leur
part, et c'est pour ça qu'il faut se
laisser guider par l'intérêt de l'enfant, comment il réagit, comment lui est
capable de s'adapter à tout ça.
Mais je reviens au
projet de vie. On doit prévoir le projet de vie alternatif, même si on continue
à travailler avec les enfants. Et c'est vrai que c'est un double défi pour les
intervenants. Ils doivent s'assurer qu'ils font tout ce qui est en leur pouvoir
pour que les parents puissent assurer leurs responsabilités, mais toujours
avoir en tête que, si ça ne marche pas, bien, l'enfant, lui, il a le droit
d'avoir un projet de vie stable, sécurisant, qui va... dans lequel il va
pouvoir investir pour le restant de ses jours. C'est superimportant, ces deux
concepts-là.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, je pense que vous m'aviez demandé de prendre la
parole.
Mme
Robitaille : Oui. Je sais
qu'on va revenir un petit peu plus loin, là, à toute la question
ethnoculturelle, mais, puisqu'on met
la table par l'article 4.1, et on parle de retirer l'enfant... Là,
c'est... évidemment, on le répète toujours, c'est toujours dans des cas d'exception, mais ça m'amène
au questionnement suivant. En fait, tout ça fait partie de la façon
d'éduquer nos enfants, les limites, et tout ça. Ça fait... au Québec, c'est
particulier, ça fait partie de l'intégration d'un nouvel arrivant. Et, quand un
intervenant travaille, quand un intervenant de la DPJ travaille avec une famille, une famille immigrante, est-ce que
l'intervenant a, en ce moment, une formation relative au milieu
ethnoculturel de la famille avec laquelle
elle travaille, pour justement mieux faire comprendre les façons de faire chez
nous et, ultimement, éviter que
l'enfant soit retiré et qu'on soit dans des... qu'on ait des conditions, là, où
ça ne soit pas dans l'intérêt de l'enfant de le laisser là?
Alors, est-ce qu'il y a
des formations spécifiques des intervenants, par exemple, dans Montréal-Nord ou
dans l'est, là, de... dans mon coin, là,
dans mon comté? Est-ce que c'est du mur-à-mur? On parlait de mur-à-mur, là, à
un moment donné, plus tôt dans les consultations. Est-ce que, pour les
travailleurs de la DPJ, il y a vraiment des formations très ciblées à certains
milieux en ce moment?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
pour répondre à votre question de façon directe, oui. Maintenant, dans les nuances, vous avez raison qu'on ne donne pas une
formation sur chacune des communautés culturelles qu'il peut y avoir, par exemple, dans Montréal. Par ailleurs,
ce qui est beaucoup développé, puis qui est très apprécié des
intervenants, et qui... pour lesquels on va investir davantage, dans les
prochaines années, parce que ça donne des résultats probants, notamment sur le
fait de ne pas nécessairement retenir un signalement... Dans le cas d'un
signalement d'un jeune qui serait d'une
communauté culturelle, c'est de faire... de travailler en co-intervention avec
un membre de la communauté culturelle qui est capable de mettre le
décodeur et les nuances requises pour mieux accompagner l'intervenant de la
protection de la jeunesse à bien interpréter ce qu'il a devant lui au niveau de
la famille, au niveau de l'enfant, la réponse à ses besoins. Et ça donne de
très bons résultats.
Tout d'abord, ça permet aux parents de mieux...
de baisser ses défenses, je dirais, de bien comprendre dans quel contexte on
est, qu'est-ce qui est acceptable, qu'est-ce qui ne l'est pas, et à
l'intervenant de la DPJ, bien, lui aussi, d'avoir une lunette différente et de
s'assurer qu'il est centré sur ce dont l'enfant a besoin et ce que le parent a
besoin d'avoir comme accompagnement supplémentaire ou simplement comme
compréhension, de la part de la DPJ, pour mieux exercer ses... les
responsabilités parentales. Et ultimement, ce qu'on vise, c'est que la famille
soit capable de continuer par elle-même sans l'intervention de la DPJ. Donc,
oui.
• (16 h 20) •
Mme Robitaille : Mais est-ce
que vous dites que ça se fait, mais que ça va se faire encore plus, c'est ça?
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, ce qu'on a réalisé, dans le fond, c'est que,
oui, il y a déjà des expériences. Puis effectivement Montréal est un
terreau fertile, puisque vous connaissez, là, la configuration multiculturelle
de l'île de Montréal, mais c'est le cas, et cette réalité-là se retrouve
davantage en région. Donc, l'investissement, là, qui est fait pour s'assurer
qu'on accompagne, on éduque, entre guillemets... ce n'est peut-être pas le bon
terme, mais on forme les intervenants à cette réalité-là de devoir mettre un
décodeur pour comprendre qu'est-ce qui se passe, pour mieux rejoindre les familles et, ultimement, mieux
protéger les enfants. Ça se fait, là, de façon... de plus en plus, je vous
dirais.
Mme Robitaille : Mais où les
intervenants de la DPJ vont-ils puiser les ressources? Dans les organismes
communautaires?
Mme Lemay (Catherine) : Exact.
Les organismes communautaires qui sont spécialisés dans l'accueil des nouveaux
arrivants, là, c'est quelque chose qu'on a travaillé, notamment avec le MIFI,
pour assurer, là, qu'on met ça... je devrais dire, le ministère...
Mme Robitaille : ...de
l'Immigration...
Mme Lemay (Catherine) : Oui,
c'est ça, oui, merci. Oui.
Mme Robitaille : Bien, c'est
ça. Donc, il va falloir, justement, penser à équiper, à épauler nos organismes
communautaires pour justement donner plus. Donc, encore une fois, je lance au
ministre... je réitère l'importance de mettre le paquet, là, pour le
communautaire. Ils sont... Il y a des grèves rotatives, cette semaine,
justement, pour nous faire prendre conscience de l'importance du
communautaire... et donc de ne pas se gêner et d'aller de l'avant pour
renforcer le financement de nos organismes communautaires. Et je sais que le
ministre est sensible à ça et je sais qu'il sera bien capable de faire les
demandes... en tout cas, de mettre les pressions qu'il faut, là, sur les
collègues qu'il faut au Conseil des ministres. Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de M. le ministre? Oui, M. le député de
Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Merci, M. le ministre. En effet, je pense que le
ministre s'est prononcé dans ce sens-là, toute la philosophie, en tout
cas, du rapport Laurent, là, c'est de considérer la direction de la protection
de la jeunesse comme l'équivalent d'une
urgence d'un hôpital. Et malheureusement, et même dans le cas d'une urgence, on
doit se rendre pour des petits bobos,
mais ce n'est pas de la fonction d'une urgence. Ce n'est pas de la fonction non
plus de la DPJ de recevoir tous les
signalements qui peuvent être faits, au Québec, et souvent c'est le cas. Et on
doit construire dans ce sens-là, et pour le système de santé, et pour le système... pour la direction de la
protection de la DPJ, une première ligne très forte en mesure de recevoir les multiples demandes concernant, en
tout cas, les problèmes de parentalité, les problèmes de... avec les
enfants, là, et c'est vital. Et je suis très
satisfait d'entendre le ministre, là, d'avoir la volonté politique d'avancer
dans ce sens-là.
Et évidemment, la réalité étant ce qu'elle est,
on se retrouve avec des problématiques, avec des situations familiales qui
dépassent, malheureusement, la capacité de la première ligne à traiter ces
problèmes-là. La capacité du communautaire, je réitère,
c'est la nécessité de mieux... je ne veux pas dire «intégrer», parce que le
communautaire n'est pas complémentaire aux
services étatiques, là, mais d'approfondir la collaboration entre le secteur
communautaire et le système de protection de la jeunesse, en tout cas. Mais il
arrive des cas où les... des enfants se rendent dans la protection de la
jeunesse, et il est important, à cause de la notion du temps, là,
effectivement, de préparer un milieu de vie alternatif, là, mais tout cela doit
être fait en fonction de l'intérêt de l'enfant.
Vous l'avez nommé, cela suscite des craintes
dans un certain nombre de familles au Québec, là. On doit... il doit y avoir un travail d'information, un travail
de pédagogie, d'informer ces familles-là que ce n'est pas... on n'est
pas en train d'étudier un projet de loi qui vise à déposséder des parents, là,
mais surtout à protéger les enfants, là. C'est ça, l'objectif principal, là, et
il arrive, je pense que tout le monde va être en mesure de le comprendre, que
certains parents, malheureusement, là, pour toutes sortes de raisons, sont
incapables de prendre soin... de prendre soin tout court, je ne dirai pas «correctement» ou «moins correctement» ou...
parce qu'il n'y a pas de parent parfait, là, on s'entend, là, mais ne
sont pas en mesure de prendre soin de leurs enfants, là. Et c'est
l'intervention exceptionnelle, encore une fois, là, de la direction de la
protection de la jeunesse, là, qui vise à protéger ces enfants-là.
Donc, cet article-là vient confirmer, encore une
fois, cette orientation-là, que toutes les décisions doivent être prises en
fonction des intérêts de l'enfant, là. Et cela n'implique pas nécessairement
que cette décision-là vise à déposséder l'ensemble des parents du Québec, là,
de leurs... comment... prérogatives parentales. Je n'utiliserai pas le terme
«autorité parentale», là, mais, de façon plus générale, là, la capacité des
parents à s'occuper de leurs enfants, des
capacités qu'on doit soutenir et qu'on doit appuyer par la première ligne,
justement, tel que l'a mentionné le premier ministre, parce que ça
n'appartient pas à un service spécialisé comme... et d'exception, comme la
direction de la protection de la jeunesse. Donc, moi, je vais voter pour cet
amendement-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons mettre aux... faire la mise aux
voix de l'amendement. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
: Adopté. Dans la salle La Fontaine? Adopté, merci. Alors, le 4.1, l'amendement étant adopté, est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur le libellé du 4.1, amendé, bien entendu?
Sinon, M. le ministre, je vous demanderais
de faire la lecture du 4.2 et de nous donner les commentaires qui lui sont
associés.
M. Carmant : Merci, M. le Président.
À l'article... l'article 4.2 se lit : «Toute intervention auprès d'un
enfant et de ses parents en vertu de la présente loi doit privilégier, lorsque
les circonstances sont appropriées, les moyens qui permettent à l'enfant et à
ses parents de participer activement à la prise de décision et au choix des
mesures qui les concernent.»
Ce nouvel article reprend ce qui est
actuellement énoncé au paragraphe b de l'article 2.3 de la Loi sur la
protection de la jeunesse puis, encore une fois, vient valoriser l'importance,
là, de l'enfant et de ses parents.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions sur le
4.2? Oui, Mme la députée.
Mme Weil : Donc, juste pour...
Donc, ce nouvel article reprend ce qui est actuellement énoncé. Et qu'est-ce
qu'on... c'est quoi, la modification, donc?
M. Carmant : Ça a été déplacé
de 2.3 à 4.2.
Mme Weil : Ah! Bon, d'accord.
Excusez-moi, cette disposition est là depuis combien d'années? Est-ce que...
C'est parce qu'il y a eu plusieurs modifications à la loi.
M. Carmant : Alors, je ne
connais pas l'historique, je passerais la parole à la juriste, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la juriste.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui, je
vais juste vérifier les versions antérieures de l'article. Donc là, on est à b,
donc ça existe... privilégier les... depuis 1984.
Mme Weil : Et donc, qu'est-ce
que... qu'est-ce qu'on comprend ici par «des moyens»? Toute intervention auprès d'un enfant et de ses parents en vertu de
la présente... doit privilégier lorsque les circonstances... les moyens
qui permettent, dans la pratique, dans l'exercice... l'application de cet
article, qu'est-ce qu'on entend par «les moyens»? Qu'est-ce qu'on utilise comme
moyens pour qu'ils puissent participer activement à la prise de décision?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je pense que, Mme Lemay,
vous êtes bien placée pour donner la réponse, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
Mme Lemay
(Catherine) : En fait, on doit s'assurer de suivre l'âge...
selon l'âge de l'enfant, selon ses capacités, selon ses difficultés également, mais on doit prendre tous les moyens
possibles pour l'impliquer, le mettre à contribution. Donc,
prendre les mots qu'il faut pour... dans un langage accessible, autant pour les
enfants que pour les parents, pour bien comprendre dans quoi ils sont. La Loi
de la protection de la jeunesse, c'est une loi complexe, donc il faut être en
mesure de tout expliquer qu'est-ce qu'on est en train de faire, comment eux
perçoivent ça, et s'assurer, là, qu'on est bien en phase avec où l'enfant est rendu
dans son développement, et qu'est-ce qu'il comprend.
Et, des fois, bien, prendre des moyens
diversifiés, des fois, ce n'est pas par le langage; des fois, c'est par le
dessin; des fois, c'est de le faire exprimer par un dessin également; des fois,
c'est d'avoir une discussion avec un intervenant sans que ses parents soient
là; des fois... vous voyez, là? C'est ce genre de stratégies là, toujours en
fonction d'où sont les parents, où sont les enfants dans leurs capacités et
dans leur...
Mme Weil : Donc... excusez-moi,
M. le Président. Donc, dans les recommandations et l'analyse de la commission
Laurent, l'idée d'une charte de l'enfant, d'un commissaire, et tout... Et
Mme Laurent, quand elle est venue, bien, c'était la toute première
invitée, on a parlé d'entendre aussi la voix des enfants. Donc, ça, en
pratique, c'est là depuis, quand même, les années 90. Donc, l'enfant avait
droit au chapitre, c'est-à-dire on... si je comprends bien, si on le lit, les
parents aussi, mais... «sont appropriés les moyens qui permettent à l'enfant de
participer activement à la prise de décision et au choix des mesures qui...»
Donc, c'est là depuis quand même longtemps.
Mme Lemay (Catherine) : Oui,
bien, en fait, un des angles de la commission Laurent, c'était de venir
dire : Écoutez, c'est là, mais ce n'est pas nécessairement compris et
décodé de cette façon-là. Donc, pouvez-vous arriver, soit en changeant les articles, ce qu'on a fait avec certains articles,
soit en venant préciser certains concepts, de pouvoir clarifier les
choses, pour qu'autant ceux qui appliquent la loi que ceux qui sont visés par
la loi puissent comprendre?
Et, du côté des intervenants... et ça, je dois
dire, là, qu'il y a un effort qui est fait pour s'assurer que les parents comprennent, que les enfants comprennent,
et accompagner tout ça. Et d'ailleurs, dans l'esprit, là, de proposer
que les enfants soient représentés par avocat, c'est aussi une façon de donner
une voix à certains enfants qui seraient plus malhabiles ou qui seraient trop
jeunes pour faire valoir leur point. Alors, ça, c'est un élément important
aussi pour faire entendre sa voix, là. Il y a différentes stratégies.
Mme Weil : Bien, ça, c'est
vraiment intéressant. Oui, c'est intéressant. Donc, c'était là. C'était déjà
là. D'un point de vue légistique, qu'est-ce
qu'on a fait dans le réaménagement pour que le déplacement... et cet
article-là, où est-ce que c'était?
Mais là vous avez changé, peut-être, la structure du projet loi. Évidemment, il
y a des éléments importants comme ça qui sont mis en valeur, peut-être,
en le mettant ici, dans cette section-là.
Mme Mathieu (Jessica) : Tout à
fait. En fait, on a suivi la recommandation Laurent... nous demandait de
conserver les principes qui étaient énoncés à l'article 2.3, mais de les
reformuler en articles distincts. Donc, ici, c'est ce qu'on a fait, on a pris
le paragraphe b et on l'a mis dans cet article-là. Pourquoi qu'il est
rendu plus bas, parce qu'avant il était à 2.3, là, on est rendu à 4? C'est
qu'on commence maintenant le chapitre II avec une section sur les
principes généraux. C'est ce qu'on a vu hier, là, on avait introduit ça, mais
on commence avec l'intérêt de l'enfant. C'est l'article 3 qui va commencer
la section sur les principes, et, par après, on ramène les autres principes,
dont ceux qui étaient à 2.3 et à 2.4, on les ramène par après.
Mme Weil : Et, comme vous
dites, le fait d'avoir droit à un avocat, ça vient, encore une fois, renforcer
cette notion d'une personne dédiée exclusivement à ses droits. C'est sûr qu'il
y a d'autres choses qu'on pourrait mettre dans le projet de loi pour renforcer
cette notion, une charte des droits, puis moi, je ne lâche pas là-dessus, et un
commissaire qui... Et d'ailleurs Mme Laurent l'a bien décrit parce qu'on
parle de chien de garde. Elle n'aimait pas l'expression «chien de garde», elle
dit, c'est plutôt une voix pour l'enfant, puis ça demeure très, très pertinent.
Il y a quand même tous ces éléments qui font partie de ce portrait de respect
de l'enfant et de sa volonté. C'est comme ça que je vois ça. O.K. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre... Est-ce que
vous vouliez ajouter... Non. Ça va? Alors, oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, bonjour,
monsieur... Merci, M. le Président. Donc, on est à favoriser la compréhension,
la participation, la collaboration des parents et des enfants, là. La
commission Laurent a fait quand même quelques recommandations à cet égard, et
je me posais la question plus particulièrement sur le système judiciaire. Bon,
tout d'abord, il y a la direction de la protection de la jeunesse qui a un
travail en soi auprès des enfants — je m'entends fort — et
ensuite il y a une partie importante qui se déroule aussi en lien avec les
tribunaux. Et là, devant les tribunaux, voilà, on travaille avec des
avocats dans un monde complètement... assez particulier, avec son jargon
propre, sa façon de fonctionner, où les parents et, en particulier, les
enfants, là, sont comme complètement laissés de côté.
D'une part, c'est un système qui privilégie les
conflits, et donc les parents peuvent être amenés à se placer carrément en
situation, comment dire, contradictoire par rapport à la direction de la DPJ.
Et on a entendu plusieurs témoignages à la commission Laurent, là, où les
enfants sont largués, en quelque sorte, en termes de compréhension et de
participation à un processus qui les concerne directement.
Donc, j'aimerais savoir dans quelle mesure
cet article-là introduit ou favorise des nouvelles pratiques ou des nouvelles
approches, dans les tribunaux spécialisés, sur les questions de la jeunesse,
là, pour favoriser, justement, la participation des parents et des enfants.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : ...juste pour
l'information du député, on... les blocs justice sont plus loin. Donc, vraiment,
ici, on est dans les blocs qui sont liés à la LPJ. On va aborder les aspects
justice dans d'autres articles.
M. Fontecilla : Donc, je garde
ma question pour tantôt.
M. Carmant : Beaucoup plus
tard. Je ne pense pas que c'est tantôt.
M. Fontecilla : Parfait. Merci,
M. le ministre.
Le Président (M. Provençal)
: Oui,Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui, bien, je
veux juste avoir une précision. Ma collègue parlait tout à l'heure d'avocat auprès de l'enfant. Est-ce que ce paragraphe-là...
Est-ce que, justement, dans les discussions par rapport à son avenir, et
tout ça, est-ce que... 4.2, est-ce que
l'enfant pourra être accompagné d'un avocat, ou est-ce que ça, c'est maintenant
une possibilité?
M. Carmant : Bien, ça fait
partie des choses qu'on va apporter au projet de loi, mais, encore une fois, ce
sera regardé plus tard. Je ne sais pas si vous savez à quel article, là,
mais...
Le Président (M. Provençal)
: Madame...
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
Donc, ici, on est plus, comme M. le ministre l'a dit, dans l'intervention. Par contre, il y a quand même l'article 5 de la
LPJ actuelle, qui prévoit le droit de consulter un avocat... bien, qui rappelle, en fait, ce droit-là de consulter
un avocat. Et plus tard, dans le bloc justice, c'est autour de l'article, là,
46 du projet de loi où il y a des modifications à l'article 78 de la LPJ,
où là on parle, là, vraiment plus devant le tribunal avec le droit d'être
représenté par avocat, où là il y a des modifications, là, qui sont envisagées.
Mme Robitaille : Mais justement,
dans l'intervention, là, même à ce stade-là, est-ce qu'on prévoit que l'enfant
peut être représenté, accompagné d'un tiers, pour faire valoir ses droits dans
la discussion avec les parents? Je pense à un adolescent, par exemple, ou...
Mme Mathieu (Jessica) : Je crois que
c'est plus loin, si vous me laissez vérifier, mais, à 5, on a le droit de
consulter l'avocat, mais on a aussi le droit d'être accompagné, qui est
peut-être un peu plus loin...
Le Président (M. Provençal)
: Je pense que Mme Lemay pourrait
peut-êtrevous venir en support.
Mme Lemay (Catherine) : Bien, en
fait, dans l'intervention, puis surtout à des moments charnières, soit de
conclusion d'entente ou de représentation pour avoir une rencontre, là, le
parent et l'enfant peuvent être accompagnés, en tout temps, par une personne de
leur choix, là, qui n'est pas nécessairement un avocat. Mais ils peuvent être
accompagnés par quelqu'un d'autre pour... en termes de soutien, en termes de
compréhension. Ça fait que ça, c'est toujours possible.
Mme
Robitaille : Ça peut être un oncle, par exemple, ou une tante,
tu sais, qui peut plaider leur cause. Donc, à ce stade-là, donc, même à ce
stade-là, participer activement, là, ça veut dire même avec l'oncle qui
pourrait représenter l'enfant.
• (16 h 40) •
Mme Lemay (Catherine) : ...favorise
que l'enfant soit entouré de personnes significatives qui peuvent lui venir en
aide, que ce soit dans l'intervention ou que ce soit dans son développement en
général, là. C'est vraiment une approche inclusive.
Mme Robitaille : Est-ce que ça se
fait en ce moment, ça, ou...
Mme Lemay (Catherine) : Ça se fait
en ce moment, c'est déjà des... D'ailleurs, dans la loi, c'est déjà la
disposition prévue, là. Peut-être que Me Mathieu pourrait préciser.
Mme Mathieu (Jessica) : À 2.3b, là,
c'était le contenu qu'on avait déjà ici, là, qu'on est en train d'étudier, là,
mot pour mot, là. Donc, c'est... Il n'y a pas de changement, là, au niveau de
l'application, là. Ça ne devrait pas... Ce n'est pas de droit nouveau, là,
qu'on est en train de faire, là, c'est vraiment juste un déplacement.
Mme Robitaille : Vous mettez en
mots, là... vous mettez à jour, finalement, les pratiques à travers ça.
Mme Mathieu (Jessica) : On change
juste l'ordre des dispositions, là. En le mettant à 4.2, là, on ne change
vraiment pas le contenu, le contenu n'est pas touché. C'est vraiment, comme,
l'ordre des dispositions qui a été bougé puis on l'a sorti d'un article.
Mme
Robitaille : Si je peux me permettre, on n'a pas parlé du deuxième
paragraphe de 4.1, là, mais à 4.1, si je peux me permettre une petite question,
vous parlez de projet alternatif visant à assurer sans délai la continuité des
soins. Sans délai, ça ne doit pas être évident, ça, sans délai. Vous voulez
dire quoi par là? Parce que ça semble très laborieux, là, quand la DPJ s'en
mêle, donc, sans délai...
Mme Lemay
(Catherine) : En fait, ça fait écho à ce que j'expliquais tantôt.
Malgré le fait qu'on travaille sur la reprise des responsabilités des parents
ou la continuité de la responsabilité exercée par les parents à l'égard de
leurs enfants, la DPJ... l'intervenant qui agit au nom de la DPJ doit, sans
délai, planifier le projet de vie alternatif, parce que si le projet de vie
familial ne fonctionne pas, il faut que le plan B soit prêt parce que
l'enfant ne peut pas se permettre d'attendre, là.
Mme
Robitaille : ...préparer en amont.
Mme Lemay
(Catherine) : On prépare les choses, on travaille avec les parents,
mais on travaille le plan b également, qui est le projet de vie
alternatif.
Mme
Robitaille : Mais, pour le 4.2, là, ça revient à ce qu'on disait tout
à l'heure, l'importance d'avoir des intervenants sensibles aux milieux
ethnoculturels, là, je pense, encore une fois, à mon comté, parce que, pour
faire la négociation entre parents, enfants, on doit essayer de trouver des
solutions. Il faut nécessairement, là, dans certaines situations, être bien au
fait de comment ça marche chez une famille haïtienne, par exemple, ou... bon,
pour bien se faire comprendre. Donc, il va falloir qu'il y ait beaucoup plus de
ressources dans ce sens-là pour avoir un meilleur accompagnement, là, puis
pouvoir mettre à profit 4.2.
Mme Lemay (Catherine) : Il faut être capable de
garder les gens qui sont là, qui ont la compétence, l'expertise, puis il
faut être capable d'attirer des nouveaux jeunes qui ont envie de s'engager puis
qui veulent changer le monde.
Mme Robitaille :
Puis engager du monde des communautés... qui soit représentatif du milieu,
là.
Mme Lemay (Catherine) : Absolument. Mais ça, je
peux vous dire que, notamment dans la région de Montréal, autant du côté
de l'établissement qui s'occupe des communautés anglophones et des communautés,
de l'autre partie de Montréal, là, de la DPJ
de Montréal, c'est déjà le cas, là. Il y a des gens de différentes communautés
ethnoculturelles. C'est aussi le cas en région, mais, disons, dans une moins
grande proportion.
Mme Robitaille :
Puis, bien, je veux juste ajouter, tu sais, ça participe vraiment à
l'intégration des nouveaux arrivants d'être
capables, justement... L'intervenant est superimportant, parce qu'il fait
vraiment la courroie de transmission entre, bon, la culture de
l'immigrant puis, ultimement, la culture dans laquelle... ou le monde dans
lequel ces gens-là vont devoir s'intégrer. Et donc il faut absolument que nos
intervenants soient extrêmement bien formés.
Mme Lemay
(Catherine) : Dans mon jeune temps, j'ai travaillé 12 ans à
Montréal, donc je sais de quoi vous parlez.
Mme Robitaille :
O.K., vous êtes très sensible à ça, je n'en doute pas.
Mme Lemay
(Catherine) : C'est ça, absolument, il faut avoir le souci et
l'humilité de dire que, des fois, on ne comprend pas la situation qu'on a
devant nous, puis il faut aller se faire épauler par des gens compétents, que
ce soit des organismes communautaires ou
même des intervenants qui ont développé une expertise dans
l'accompagnement de collègues sur le plan de
l'interprétation culturelle. C'est essentiel d'avoir ça, mais c'est déjà le
cas, je peux vous l'assurer.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant le 4.2? Oui, M. le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. Pour aller dans la même veine que ma collègue de
Bourassa-Sauvé, là, 4.2, donc, «privilégier les moyens qui permettent à l'enfant
et à ses parents de participer activement à la prise de décision et au choix
des mesures qui les concernent», vous avez... Mme Lemay a nommé quelques
exemples, donc, par exemple, de permettre la participation d'une personne
significative à certains moments de prise de décision, là. Mais, de façon plus
générale, j'aimerais savoir si la DPJ privilégie, par exemple, d'autres moyens,
d'autres façons de favoriser la
participation des enfants et des parents, mais, en particulier, des enfants,
peut-être, dans la prise de décision, là.
Par exemple, on a
entendu des témoignages dans la commission Laurent, là, où les jeunes disaient
qu'ils n'étaient pas assez entendus par rapport à leur orientation sexuelle ou
leur orientation religieuse, par rapport à certains interdits alimentaires, par
exemple, etc. Donc, j'aimerais savoir s'il y a une politique ou une vision, une
volonté de, plus largement, là, de faire
participer les jeunes, plus particulièrement, là, aux décisions qui les
concernent.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : Alors, comme je le disais tantôt, c'est déjà le cas dans
les pratiques, mais effectivement, les groupes de jeunes sont venus nous
dire : On veut être davantage impliqués. Alors, c'est entendu, mais ce n'est
pas tant une réponse législative. Je pense davantage à une réponse dans les
pratiques cliniques sur lesquelles on va s'assurer, là, qu'à toutes les étapes
importantes pour les enfants, on va introduire ce genre d'écoute et de souci
d'entendre la voix des jeunes et des parents.
M. Fontecilla : Parce que,
justement, l'article de loi ouvre la porte à cet... et même, le prescrit. Il y
aura une obligation, là, de consulter davantage, de faire participer davantage
les parents et les enfants, là.
Mme Lemay (Catherine) : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'alinéa 4.2? Alors, M. le ministre, je vous
invite maintenant à nous lire l'alinéa 4.3 et les commentaires qui y sont
associés. Est-ce que... je n'ai pas... les commentaires... est-ce que vous avez
un commentaire pour l'alinéa 4.3, après ça, 4.3a, 4.3b?
M. Carmant : Non.
Le Président (M. Provençal)
: Non. Il est global?
M. Carmant : Je vais lire 4.3
en son entièreté.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Allez-y, puis, après ça, quand
on va le traiter, on le traitera par alinéa pour être sûrs que ça va bien.
Alors, je vous invite à le lire puis à le commenter.
M. Carmant : D'accord. Merci,
M. le Président.
«4.3. Les personnes à qui la présente loi confie
des responsabilités envers l'enfant ainsi que celles appelées à prendre des
décisions à son sujet en vertu de cette loi doivent, lors de leurs
interventions :
a) traiter l'enfant et ses parents avec
courtoisie, équité et compréhension, dans le respect de leur dignité et de leur
autonomie;
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant, compte tenu que la notion de temps chez l'enfant est
différente de celle des adultes;
«c) prendre en considération la proximité de la
ressource choisie;
«d) tenir compte des caractéristiques des
minorités ethnoculturelles.»
Ce nouvel article reprend plusieurs éléments qui
sont actuellement à l'article 2.4 de la Loi sur la protection de la
jeunesse, c'est-à-dire ceux prévus aux paragraphes 1° et 5°. Cela permet
de simplifier la lecture des principes qui y sont énoncés. Cette modification
est l'application d'une recommandation de la commission Laurent, qu'elle
suggérait de conserver les principes énoncés à l'article 2.4 de la loi,
mais en les formulant dans des articles distincts.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant, afin de bien
favoriser les échanges, dans un premier temps, est-ce qu'il y a des
interventions sur l'alinéa 4.3a? Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'alinéa 4.3b? Oui, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui, il y aurait un
amendement qui vient reprendre une recommandation de l'Ordre des psychologues.
Donc, c'est :
Modifier l'article 4.3 de la Loi sur la
protection de la jeunesse, proposé par l'article 6 du projet de loi, par
le remplacement du paragraphe b, par :
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant, compte tenu de l'impact, chez l'enfant, du temps qui
passe sans prendre actions pour modifier ses conditions de vie;».
Alors, c'est dans... c'est la page 4 de
leur mémoire, où c'est le chapitre de la notion du temps chez l'enfant.
Le
Président (M. Provençal)
: Je vous demanderais une pause parce que j'aimerais
projeter votre amendement à l'écran.
Mme Weil : Ah! oui, oui. Parfait.
• (16 h 50) •
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, l'amendement est à l'écran
et il est sur Greffier aussi.
Alors, je vous demanderais de relire votre
amendement, s'il vous plaît, Mme la députée, et, après ça, de nous donner vos
commentaires, s'il vous plaît.
Mme Weil : Donc, c'est ça,
c'est : Modifier l'article 4.3 de la Loi sur la protection de la
jeunesse, proposé par l'article 6 du projet loi, par le remplacement du
paragraphe b, par :
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant, compte tenu de l'impact, chez l'enfant, du temps qui
passe sans prendre actions pour modifier ses conditions de vie;».
Donc, l'article tel que proposé :
«Les personnes à qui la
présente loi confie des responsabilités envers l'enfant ainsi que celles
appelées à prendre des décisions à son sujet en vertu de cette loi doivent,
lors de leurs interventions :
«a) traiter l'enfant et ses parents avec
courtoisie, équité et compréhension, dans le respect de leur dignité et de leur
autonomie;
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant, compte tenu de l'impact chez l'enfant, du temps qui passe sans prendre actions pour modifier
ses conditions de vie — et
évidemment l'article c et d, le sous-paragraphe :
«c) prendre en considération la proximité de la
ressource choisie; et
«d) tenir compte des caractéristiques des
minorités ethnoculturelles.»
Alors donc, l'Ordre des psychologues... l'Ordre
des psychologues, donc, ils disent qu'«il importe de formuler quelques
commentaires sur la notion du temps, dont il est question dans la section qui
présente les considérants, et à l'article 4.3b, mais souligne que la notion du
temps des enfants est différente de celle des adultes...» «Nous sommes d'avis
que l'expression "notion du temps" n'est pas la plus juste pour
illustrer le grand danger pour le développement de l'enfant de ne pas agir en
temps opportun ou de retarder une prise de décision difficile. De fait, ce
n'est pas que l'enfant évaluerait mal ou différemment de l'adulte la durée du
temps qui passe ou que l'enfant aurait des capacités cognitives encore limitées
sur ce plan, c'est plutôt que l'enfant en bas âge traverse des étapes de vie
cruciales et que si l'on manque de vigilance, les fenêtres d'opportunité, pour
développer ses capacités fondamentales sur les plans intellectuel,
neurocognitif, affectif et relationnel, se refermeront pour ne plus se rouvrir
ensuite.
«Bref, c'est l'impact du temps qui passe qui
n'est pas le même pour l'enfant. Ce dernier peut souffrir considérablement de se voir imposer des délais,
alors que l'adulte pourra les percevoir comme étant supportables et même
raisonnables, sans autre conséquence que de ressentir une possible frustration.
Par conséquent, nos recommandations sur ce point sont les suivantes...»
Voilà, ils ont fait cette recommandation. Je
vous rappelle l'échange qu'on avait eu là-dessus. En fait, moi, je trouvais que c'est exactement ça, ce n'est pas une
question de temps abstrait, là, bon, le temps est long, le temps est
court ou ça prend trop longtemps. C'est vraiment... le temps affecte son
développement. Donc, le temps passe vite pour un enfant. Puis on avait donné
l'exemple, un bébé, il y a un moment, donc, qu'il commence à sourire, qu'il
commence à regarder dans les yeux. Ensuite, il commence à rire et là il
commence à vouloir se lever, ramper, et c'est tellement vite, et c'est dans
l'espace d'un an. Puis on avait comme évoqué cette notion de temps dans ce
sens-là. Le temps est précieux dans le
développement de l'enfant, mais... C'est ça. Donc, moi, je trouvais cette
recommandation très bonne.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M.
Carmant : Bien, moi, je suis d'accord avec le concept
d'introduire... de réintroduire l'aspect du développement. Cependant,
quand je lis l'amendement, je ne suis pas sûr de retrouver cet aspect-là. Je ne
sais pas si la juriste aurait des propositions à nous faire si...
Mme Weil : ...compte tenu de
l'impact.
M. Carmant : L'impact sur le développement?
Parce que l'impact...
Mme Weil : C'est ça, l'impact, chez
l'enfant, du temps qui passe sans prendre action. Oui, on pourrait dire
l'impact sur le développement.
Mme Mathieu (Jessica) : Il y a deux
problèmes avec la proposition d'amendement, comme on en a parlé dans le
préambule, là.
Mme Weil : ...mais j'aimerais vous
écouter d'abord.
Mme Mathieu (Jessica) : Sur la
notion de temps versus le temps qui passe, la notion du temps, c'est plus
inclusif, c'était plus général. Et c'est pour ça que ça avait été conservé dans
le préambule lorsqu'on en a discuté, plutôt que parler du temps qui passe.
Donc, il y a cet élément-là.
Le deuxième élément, c'est que, le temps, il
passe même quand on prend des actions et il a un impact, alors qu'ici on parle
du temps qui passe sans prendre des actions uniquement, alors que la
proposition, à l'origine, elle parle de la notion de temps en général, peu
importe si on a pris des actions ou pas. Parce que, même si on prend des
actions, elles peuvent échouer, et ça a quand même un... le temps a quand même
passé, et ça a eu un impact sur l'enfant et sur son développement.
Donc, on se retrouve, avec cette proposition-là,
à être beaucoup plus restrictif, dans le fond, avec ce qu'on cherche à viser,
qui est de dire que la notion du temps est importante parce que l'enfant est en
développement, et ça a des impacts. Donc...
Mme Weil : Est-ce qu'on pourrait
suspendre?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 17 h 02)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. La
députée de Notre-Dame-de-Grâce avait déposé un amendement à l'article 6,
mais en lien avec l'alinéa 4.3b. Maintenant, je comprends que vous
désireriez retirer cet amendement pour pouvoir en déposer un nouveau.
Mme Weil : C'est bien ça, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement pour le retrait
de cet amendement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
: Consentement. Dans la salle La Fontaine, consentement? Merci. Alors, vous...
Mme Weil : ...ils sont en train de
formuler le nouvel amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va suspendre quelques
minutes, le temps que le Greffier le reçoive et qu'on puisse le distribuer.
Alors, suspension, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 03)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Lorsqu'on
a suspendu, nous avions des discussions concernant l'alinéa 4.3b de
l'article 6.
Alors, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je
vais vous laisser nous faire part de votre amendement et des commentaires qui y
sont associés.
Mme Weil : Merci, M. le Président.
Donc : Modifier le paragraphe b de l'article 4.3 de la Loi sur
la protection de la jeunesse proposé par l'article 6 du projet de loi par
l'insertion, après les mots «l'enfant», des mots «et son développement».
Article tel que proposé :
«4.3. Les personnes à qui la présente loi confie
des responsabilités envers l'enfant ainsi que celles appelées à prendre des
décisions à son sujet en vertu de cette loi doivent, lors de leurs
interventions :
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant et son développement, compte tenu de la notion du temps
chez l'enfant...»
Ah! Il manquait quelque chose... qui est
différente, «compte tenu que la notion du temps chez l'enfant — ah
oui! Non, excusez-moi — est
différente de celle des adultes;».
Le
Président (M. Provençal)
: Ça va. Est-ce que vous voulez émettre des
commentaires ou... M. le ministre ou...
Mme Weil : Bien, ça a été fait... Je
remercie l'équipe du ministre. C'est fort agréable de travailler avec cette équipe. On a les réponses rapides sur les enjeux
juridiques, et autres, et ensuite, on a ceux qui sont capables de nous
aider à faire l'amendement. Alors, j'apprécie beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Excellent. M. le ministre.
M. Carmant : Moi, je vais dire à la
députée de Notre-Dame-de-Grâce que je partage son intérêt pour le développement
des enfants, puis ça, j'apprécie beaucoup également.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des interventions
concernant l'amendement déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce? Oui, M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Une toute petite
observation, M. le Président, là... «de l'enfant et de son développement»,
quelque chose comme ça...
Le Président (M. Provençal)
: «...la protection de l'enfant et son
développement», ça veut dire un et l'autre.
Mme Weil : Bien, c'est de l'enfant
et son développement...
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça.
Mme Weil : ...ils vont
ensemble. Bien, est-ce qu'il faut répéter le «de»? Est-ce qu'il faut répéter...
Mme Mathieu
(Jessica) : En fait, c'est qu'on doit le... Est-ce que je peux...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, madame.
Mme Mathieu (Jessica) : Bien, en
fait, c'est qu'on doit lire : agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant, agir avec diligence pour assurer son développement...»
Donc, ça coule, là, ça fonctionne.
Mme Weil : ...
Mme Mathieu (Jessica) : C'est
ça.Donc...et assurer son développement.
Mme Weil : C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: La notion de diligence s'applique aux
deux volets.
Mme Mathieu (Jessica) : Exact.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Laurier-Dorion, ça
va?
M. Fontecilla : Tout me convient.
Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui. Je
voulais juste porter ma voix, moi aussi, pour appuyer... bien, pour dire que
l'amendement de ma collègue est très pertinent. Parce qu'on se rappelle, là, au
début de l'étude détaillée, on l'a dit, on... la DPJ est là pour aussi
accompagner cet enfant-là et ultimement faire en sorte que cet enfant-là soit
un citoyen à part entière, qui contribue à la société québécoise. Donc, son
développement, par le fait même, il faut s'assurer d'un bon... de son
développement et donner toutes les conditions pour que le développement soit
adéquat. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Et j'ajouterais que c'est en
cohérence avec le préambule, de toute manière, le sixième considérant.
Alors, est-ce qu'il y a des interventions
concernant l'amendement déposé par Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement 4.3 de l'alinéa c est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Dans la salle La Fontaine,
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Maintenant, est-ce
qu'il y a des interventions concernant l'alinéa 4.3c? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui. Peut-être un
mot sur le sens de «prendre en considération la proximité de la ressource
choisie», le sens de ça. Qu'est-ce qu'on recherche ici?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, est-ce que... ou M.
le ministre.Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
ici, ce qui est recherché, c'est que... autant que faire se peut et de la disponibilité, que, quand on a un milieu de vie
substitut à trouver, par exemple, une famille d'accueil, il faut
s'assurer de proximité géographique, notamment pour éviter le déracinement de
l'enfant au maximum. Maintenant, je mets des guillemets là-dedans parce que,
vous le savez, là, vous l'avez entendu, quelquefois, trouver la bonne famille
d'accueil et le bon pairage, ça ne se fait pas toujours à proximité.
Bien que M. le ministre vous en a parlé hier,
avec des approches, Ma famille, ma communauté, qui visent à asseoir toutes les
personnes significatives, les adultes significatifs pour trouver une option
pour les enfants, souvent, on arrive à trouver des milieux de proximité avec
cette façon de faire là. Donc, c'est une pratique, là, qui va soutenir la
proximité des milieux substituts.
Mme Weil : Oui, je comprends
bien.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions
concernant l'alinéa 4.3c? À ce moment-là, j'irai à l'alinéa 4.3d, et,
à l'alinéa 4.3d, le député de Laurier-Dorion nous avait déjà signifié
qu'il voulait déposer un amendement. Alors, je débuterais... puis je vous reviendrai, Mme la
députée, là. C'est parce que le député de Laurier-Dorion nous avait déjà
souligné qu'il voulait déposer un amendement. Alors, M. le député, je vous cède
la parole.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Donc, ça fait suite à nos... à des discussions et à
l'ouverture du ministre à recevoir un amendement dans ce sens-là.
Donc, je le lis très rapidement, et ça va être
déposé incessamment, je suppose, à l'article... à l'alinéa d, «tenir compte des
caractéristiques des minorités ethnoculturelles — et ce que j'ajoute
comme amendement — notamment
dans le choix du milieu de vie substitut de l'enfant.»
Donc, ça va apparaître dans les écrans, là, et,
très brièvement, c'est pour insister sur la nécessité d'éviter, autant que
possible, autant que possible, le déracinement culturel des enfants qui
viennent... On sait qu'on vit dans une société quand même qui comporte
plusieurs minorités, qui proviennent d'un peu partout à travers le monde. Donc, c'est important que, lorsqu'on place un
enfant dans un milieu substitut, ce milieu-là corresponde, si c'est
possible, le plus possible, aux caractéristiques ethnoculturelles de sa famille
biologique, sa famille d'origine.
Donc, vous le savez, M. le Président, moi, je
suis né au Chili. Je vais utiliser cet exemple-là. Si j'avais été un enfant qui
avait besoin d'être placé dans un milieu substitut, de préférence, ça aurait
été dans une famille d'origine chilienne ou latino-américaine, de façon plus
générale, donc proche de ma culture afin d'éviter, justement, le déracinement
ethnoculturel. Je crois que le ministre a accepté cette vision et je l'en
remercie pour son ouverture d'esprit. Voilà, donc, c'est ça mon amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. M. le
ministre.
M.
Carmant : Oui. Juste pour mentionner au député de
Laurier-Dorion que j'appuie entièrement son amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des... Oui, madame...
Mme Weil : Moi aussi, je trouve que
c'est un amendement bien important. Il y a une sensibilité qu'on... surtout
dans les milieux de diversité culturelle. On a toute cette sensibilité et on
comprend le bienfait que ça peut avoir, évidemment, cette familiarité avec
certaines coutumes, etc. On se sent un peu chez soi. Même si la société
québécoise évolue beaucoup, puis la diversité... Je pense qu'il y a beaucoup
de... Les jeunes, les enfants, maintenant, dans nos écoles, il y a tellement de
diversité, surtout... beaucoup à Montréal, qui sont à l'aise, mais, quand on
pense de déplacer un enfant de sa famille, c'est... ça a toute son importance
qu'on recherche ce milieu qui lui ressemble, dans le sens des... de la culture
plus qu'autre chose. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Oui. Bien, moi
aussi, je veux prêter ma voix, là. Je pense que c'est un amendement important. Je l'ai dit tout à l'heure, évidemment,
tout ça sont des cas d'exception, hein? Mais si... et c'est déjà
tellement traumatisant. Donc, la moindre des choses, c'est que, si on peut tout
faire pour que cet enfant-là soit dans un milieu qui ressemble au sien, bien,
il faut le faire. Donc, j'accueille, moi aussi, cet amendement-là. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'alinéa 4.3d, qui concerne l'amendement du
député de Laurier-Dorion? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement du député de
Laurier-Dorion sur l'alinéa 4.3d est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Dans la salle La Fontaine,
adopté?
• (17 h 20) •
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Maintenant, M. le
ministre, nous en serions au point 4.4.
Mme Weil : ...excusez-moi. J'ai un
amendement, en fait, à cet article-là. C'est ça que je vous disais tantôt.
Excusez-moi.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. À 4.3, donc, vous introduisez un
nouvel élément.
Mme Weil : C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, excusez-moi, Mme la députée.
Mme Weil : Excusez-moi. Bien...
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que votre...
Mme Weil : Oui,
mais, vous allez voir, c'est une technicalité, là. Donc...
Le Président (M. Provençal)
: Avant, excusez-moi, est-ce qu'il est
sur Greffier?
Mme Weil : Est-ce qu'il est sur le
Greffier?
Le Président (M. Provençal)
: On me demande une... On va suspendre
quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 46)
Le
Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Il y a eu des
discussions concernant un amendement possible qui soit déposé par la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, oui.
Mme Weil : Donc, ce serait de
modifier l'article 4.3 tel qu'amendé proposé par l'article 6 du projet
de loi par le remplacement, dans son paragraphe d, du mot «minorité» par le mot
«communauté».
Commentaires, article tel que proposé :
«Les personnes à qui la présente loi confie des
responsabilités envers l'enfant ainsi que celles appelées à prendre des
décisions à ce sujet en vertu de cette loi doivent, lors de leurs
interventions :
«a) traiter l'enfant et ses parents avec
courtoisie, équité et compréhension, dans le respect de leur dignité et de leur
autonomie;
«b) agir avec diligence pour assurer la
protection de l'enfant et son développement, compte tenu que la notion du temps
chez l'enfant est différente de celle des adultes;
«c) prendre en considération la proximité de la
ressource choisie;
«d) tenir compte des caractéristiques des communautés
ethnoculturelles notamment dans le choix du milieu de vie substitut de
l'enfant.»
Alors, la discussion... puis on a décidé de
suspendre parce que le ministre va vérifier s'il y a une expression qui est
consacrée pour la législation. Donc, on trouve beaucoup l'expression
«communauté ethnoculturelle», qui est un peu plus inclusif que «minorité», et
même le MSSS, dans certains de leurs documents, parle de communautés ethnoculturelles. Alors, on s'est entendus pour
suspendre, et le gouvernement va regarder pour voir s'il y a une
expression consacrée pour la législation ou s'il y a différentes expressions
qui sont peut-être utilisées dans la législation québécoise et s'il y a, comment dire, une formalité aux mots qu'on
utilise qui fait en sorte qu'on ne peut pas modifier...
Quand on regarde ailleurs, et même dans des
documents du gouvernement, je l'ai dit, on voit l'expression «communautés
ethnoculturelles». Et, dans le cas qui nous occupe, c'est l'ethnoculturel qui
est important, ce n'est pas le statut minoritaire, parce que, dès qu'on est
ethnoculturel, c'est sûr qu'il y a un enjeu d'adaptation. C'est l'ethnoculturel
qui est important. Le fait qu'ils ont un statut minoritaire, selon moi, n'est
pas important. Je pense qu'on va laisser les
gens faire leurs examens puis leurs recherches pour voir quelle est... s'il y a
possibilité d'utiliser... Si on nous revient que, oui, c'est tout à fait
possible d'utiliser «communautés ethnoculturelles»... Avant, le ministère de
l'Immigration s'appelait d'ailleurs le ministère de l'Immigration et des
Communautés culturelles. Donc, ils étaient déjà dans le mot «communauté», mais
apparemment, ils ont trouvé dans un document du ministère de l'Immigration le
mot «minorité». Le mot «minorité» est certainement encore utilisé dans certains
contextes, mais, de plus en plus, on utilise l'expression «communauté
culturelle». Quand on regarde un peu ailleurs au Canada aussi, on parle de
«communities». C'est qu'avec le temps les gens issus de la diversité trouvent
que le mot «communauté» est juste un peu plus rassembleur que de dire
«minorité», hein? Il y a une sensibilité par rapport à ce mot, mais on va se
rallier au mot qui est désigné comme le plus... comment dire, exigé, peut-être,
par la législation.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, étant donné que vous
avez déposé votre amendement, je vais demander le consentement pour qu'on
puisse le suspendre. Consentement? Consentement. Dans la salle La Fontaine, consentement? Merci. M. le ministre, je vous
invite à lire le 4.4, s'il vous plaît, et les commentaires qui lui sont
associés.
M. Carmant : 4.5?
Le Président (M. Provençal)
: 4.5.
• (17 h 50) •
M. Carmant : J'ai perdu le compte un
peu. Je m'excuse, M. le Président. Donc, l'alinéa 4.5 se lit comme
suit : «Les conditions prévues...»
Le Président (M. Provençal)
: Allez-y.
M. Carmant : 4.4?
Le Président (M. Provençal)
: C'est 4.4, parce qu'on ne l'avait pas
fait.
M.
Carmant : O.K., d'accord.
«Les établissements, les organismes et les personnes à qui la présente loi
confie des responsabilités envers l'enfant
ainsi que celles appelées à prendre des décisions à son sujet en vertu de cette
loi doivent :
«a) favoriser la participation de l'enfant et de
ses parents ainsi que l'implication de la communauté;
«b) collaborer entre eux et voir à obtenir la
collaboration des ressources du milieu; ils se concertent avec celles de ces
ressources qui leur offrent leur collaboration, afin que leurs interventions
s'accordent.»
Le paragraphe a de ce nouvel article reprend le
deuxième alinéa de l'article 2.3 actuel de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Le paragraphe b de ce nouvel article vise à insister sur l'importance
de la collaboration entre tous les acteurs qui sont appelés à jouer un rôle
dans l'intervention auprès de l'enfant. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Y a-t-il des interventions?
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui, mais j'aurais besoin
de quelques minutes pour... parce que j'avais un amendement, mais je voulais
juste le...
Le Président (M. Provençal)
: ...sera à l'alinéa 4.4a ou 4.4b?
Mme Weil : Ce serait de rajouter un
c. Ce serait de faire un rajout.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Donc, vous allez faire un nouvel
alinéa.
Alors, on va suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
(Reprise à 18 h 05)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, nous allons reprendre nos travaux.
Nous sommes rendus au point 4.4 de l'article 6. Au départ, avant
de... parce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce nous a informés qu'elle avait
un amendement à l'alinéa 4.4b à déposer, mais je voudrais savoir : est-ce
qu'à l'alinéa 4.4a il y a des interventions? O.K., oui, non, peut-être?
Mme Weil : Oui, c'est très
important. L'alinéa est très important. La participation de l'enfant, c'est la
voix de l'enfant. On écoute l'enfant,
évidemment les parents, c'est sûr, et l'implication de la communauté... que
celles appelées à prendre des décisions à son sujet en vertu de cette
loi doivent... Donc, il y a... et la communauté, je pense, ça vaut la peine de
dire un mot... que le ministre dise un mot... C'est quand même important, cette
clause-là. C'est sûr qu'on est dans les amendements et tout... d'autres
articles, mais favoriser l'implication... On voit, donc, le filet de sécurité,
hein, autour de l'enfant et... parce qu'on implique les parents, mais aussi la
communauté. Puis on en parle beaucoup, le ministre et moi, on en parle beaucoup
de cette première ligne. Moi, je pense, ça serait intéressant que le ministre
dise un mot sur la vision qu'on met de l'avant ici, de la communauté.
M. Carmant : ...M. le Président, je
pense que tout ce qu'on veut, c'est vraiment avoir un filet social autour de
l'enfant, puis je pense que ça représente bien notre point de vue. Merci.
Mme Weil : ...on exprime une
obligation, «doivent». Donc, «doivent», ça veut dire que le ministre doit avoir
les outils pour... «doivent». Et, quand on parle de l'implication de la
communauté, donc, est-ce que vous y voyez là... Donc, comment dire, il faut
comprendre les outils que vous avez pour impliquer la communauté, parce qu'il y
a une obligation ici. Est-ce que le ministre voudrait s'adresser à ça,
c'est-à-dire, de façon récurrente et de façon prévisible, d'impliquer la
communauté?
M.
Carmant : Alors, comme j'ai déjà expliqué, dans le programme
négligence, on a mis l'obligation d'impliquer les organismes communautaires
pour prévenir le... dans le programme négligence. Et aussi on est en train de
mettre sur pied le programme Ma famille, ma communauté, où, un peu plus
tardivement dans le processus, on va développer une plateforme où, avant de
judiciariser ou au moment de judiciariser, on demande qui veut lever la main
pour venir en aide à cet enfant et sa famille soit dans son cercle familial,
dans son cercle communautaire ou dans tous les gens qui entourent leur enfant.
Donc, pour moi, c'est une évolution importante,
là, de l'intervention en protection de la jeunesse de stimuler cette
participation communautaire du filet social de chaque enfant.
Mme Weil : ...le mot «doivent»,
c'est nouveau ou c'était déjà dans la loi?
M. Carmant : Je passerais la parole à
la juriste, monsieur...
Mme Mathieu (Jessica) : Oui, je vais
vérifier. Donnez-moi un petit instant, je vais aller dans la loi actuelle. De
mémoire, c'était pareil là, mais... Oui, c'était exactement la même chose.
Mme Weil : Et
donc cette obligation... Comment est-ce que cette obligation... comment dire,
ce n'est pas... Qui est-ce qu'on inclut, là, donc, dans «favoriser la
participation de la communauté»? Donc, c'est l'école, peut-être, c'est les
CSSS, les CLSC. Bien, souvent, en fait, nous, on remarque que les travailleuses
sociales des CLSC sont souvent impliquées localement, et siègent à différentes
tables, et, bon... Qui vous voyez, donc, dans ce... quand vous parlez de
communautés, des organismes communautaires aussi?
Est-ce que vous avez une obligation... Donc,
vous, vous avez l'obligation de les impliquer. Si les possibilités, comment
dire, ne sont pas là dans certaines communautés, parce qu'il n'y a pas
nécessairement... Il y aurait l'école, évidemment, il y aurait CLSC, mais il
n'y aurait peut-être pas d'organismes communautaires qui seraient aptes à prendre ça. Est-ce que vous... Est-ce qu'il y a
une obligation dans le sens de tout simplement se prévaloir des
ressources qui sont là sur le terrain et pas plus que ça? Il n'y a pas un
financement associé à ça.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président, je
passerais la parole à la directrice nationale qui connaît plus la situation sur
le terrain que moi.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
• (18 h 10) •
Mme Lemay (Catherine) : En fait,
c'est déjà une disposition qui est là dans la loi, on l'a dit, et le «doivent»
doit s'accorder avec le premier verbe du paragraphe a. Donc, «favoriser autant
la participation», ce n'est pas juste de la communauté, mais d'abord des
enfants, des parents et de la communauté élargie. Et là-dedans, il faut voir,
là, tout ce qui est proche et significatif pour l'enfant, qui peut contribuer à
sa protection. Et à travers... Là, c'est ce qu'on met dans la loi, mais, à
travers les différents dispositifs cliniques, il y a des actions qui sont
prises pour venir s'assurer, là, que ça se concrétise sur le terrain. Et, dans
le fond, on n'est pas venus changer rien de spécifique là-dedans parce que la
commission Laurent a insisté sur le fait que c'était important, c'était déjà
dans la loi. Il faut s'assurer qu'on procède. Et, bien entendu, différents
intervenants qu'on a entendus la semaine passée sont venus nous dire à quel
point c'est important d'agir en amont. Mais, quand il est question ici des
services, il est vraiment question d'une fois qu'on est dans le processus de
protection de la jeunesse. Donc, voilà.
Mme Weil : Qui a la responsabilité
de mobiliser tout ce monde-là? Est-ce que c'est la DPJ ou c'est une
responsabilité collective?
Mme Lemay (Catherine) : Bien, en
fonction de la loi, la DPJ doit s'assurer que ceux qui peuvent contribuer le font, se mettent à contribution. Donc, lui, il
est garant des moyens à utiliser. Les résultats, ce n'est pas lui qui peut
tout le temps agir sur tout, là. Donc, il doit s'assurer que, quand les
ressources ne sont pas autour de l'enfant, il doit pouvoir aller les chercher, mettre les gens à
contribution, mais c'est une responsabilité partagée dans la dispensation des
services. Mais la DPJ doit s'assurer qu'il prend les moyens requis pour mettre
fin à la situation de compromission de l'enfant.
Mme
Weil : Et qui seraient les établissements, dans un
premier temps, qui auraient ces responsabilités envers l'enfant? Il y a
l'école, ça, c'est une évidence. Sinon, formellement...
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, dépendamment de l'âge de l'enfant,
évidemment, quand c'est un plus petit, bien, les milieux de garde
peuvent être mis à contribution, la voisine qui a un lien significatif avec la
maman.
Mme
Weil : Mais ils parlent ici juste... «établissements».
J'essaie de voir, dans la structure gouvernementale, un peu... Donc, les
écoles, les garderies, je vois bien, DPJ, certainement, les écoles...
Mme Lemay
(Catherine) : Établissements et organismes, dans le fond, ça vient définir plus largement tout
ce qui est institution formelle, ou
organisme communautaire, ou autre milieu. Dans le fond, il faut le voir avec
une vision large, là, dans l'esprit du filet de sécurité à mettre auprès
des enfants. Donc, écoles, organismes communautaires, pédiatrie sociale,
milieux de garde.
Mme Weil : Et qui sont appelés à
prendre des décisions. C'est sûr qu'il y en a... Beaucoup d'entre eux, ils ne
sont pas appelés à prendre des décisions, surtout les organismes
communautaires, et c'est leur mission, mais ils n'ont pas d'obligation, les
écoles, oui, le milieu de la santé, oui, les garderies, oui. Je vois ça comme
ça, mais les autres, c'est plus par mission, puis parce que c'est un intérêt,
et ils n'ont pas une obligation normalement. Ils ne sont pas appelés à prendre
des décisions, à moins d'offrir des...
Mme Lemay (Catherine) : Les
établissements, les organismes et les personnes qui sont chargées d'agir.
Mme Weil : C'est ça, mais ce que je
dis, c'est que les organismes communautaires, dans son sens commun, est-ce qu'ils ont des obligations? Bon, ceux...
Disons, si c'est un camp d'été, oui, il y a certaines obligations qui viennent
avec ça. J'essaie de voir comment on lie ça
aux organismes sur le terrain parce que ça va toucher... Par la suite,
quand on revient sur le rôle de cette première ligne, cette notion de «doivent»
est quand même intéressante, mais vous la...
Mme
Lemay (Catherine) : En fait, c'est le DPJ qui doit s'assurer que les
services sont rendus à l'enfant et les... Il peut mettre d'autres personnes à
contribution, mais c'est lui, selon la loi, qui est responsable.
Mme Weil : O.K.,
de mobiliser tout ce monde-là.
Mme Lemay
(Catherine) : Oui, d'abord, mais il faut qu'il mette à contribution
les ressources qu'il a autour de lui, là. Mais, en vertu de la loi, c'est lui
qui doit rendre des comptes.
Mme Weil : D'accord.
Le Président (M.
Provençal)
: ...Bourassa-Sauvé,
vous aviez demandé la parole.
Mme
Robitaille : Oui, oui. Bien, c'est pour aller... c'est pour continuer
un peu la prise de parole de ma collègue,
les enjeux relevés par ma collègue. Oui, c'est ça, donc, si je comprends bien, ce
serait la DPJ qui rassemble, donc, mais vous me dites que, par le passé,
cet article-là était là et c'était... c'est la même chose. On veut juste
réitérer l'importance de travailler ensemble. Mais, par «organisme», ma
collègue posait la question que... à quoi vous faites référence, mais on avait
redéfini un «organisme» dans la définition.
Donc, est-ce que je
me trompe en disant que, finalement, «organisme», c'est beaucoup plus général
que l'application qu'on en faisait avant, que la définition d'avant? Par
«organisme», vous parliez même de... ils parlaient d'organisation scoute, par
exemple, d'autres organismes de loisir, en fait, tous les organismes, là, qui
gravitent autour d'une famille, d'un enfant, et donc c'était beaucoup plus
large.
Donc, est-ce qu'on
doit comprendre que, dans le système qui sera mis en place, là, par cette
nouvelle loi de la DPJ... que, finalement, les gens qui sont impliqués dans le
processus, là, et qui sont indiqués à l'article 4.4... bien, en fait, les
groupes... Finalement, c'est beaucoup plus large. On cherche à aller à... On
cherche un plus grand consensus ou, en tout
cas, on cherche à impliquer peut-être... ne pas en manquer, là, impliquer le
plus de monde possible qui serait impliqué, là, dans le futur de
l'enfant.
Mme Lemay
(Catherine) : Par rapport à «organisme», peut-être que je... Jessica,
pardon...
Mme Robitaille : Parce que, c'est ça,
l'organisme... la définition de l'organisme a été élargie dans le
nouveau... dans le projet de loi.
Mme Mathieu
(Jessica) : Ici, on parle quand même des organismes à qui la présente
loi confie des responsabilités. Donc, pour ce qui est du a, on ne devrait pas
capter l'exemple que vous donnez, par exemple, les organisations scoutes ou
d'autres organismes. Par contre, c'est à b, là, qu'on va voir peut-être par
après, où que là on va rechercher plus les ressources du milieu, et tout ça, et
de collaborer avec ces ressources-là. Donc, c'est plus là qu'on capte ces
autres ressources là qui ne sont pas nécessairement directement liées à la
protection de la jeunesse parce qu'en général ils n'ont pas de problématique,
mais que, dans des situations, ils peuvent devenir impliqués parce qu'il est
arrivé une situation. Donc...
Mme Robitaille : Mais moi, je veux savoir
est-ce qu'en ce moment, dans la présente loi, on a une
application un peu plus restrictive des organismes ou des entités qui peuvent
être appelés à participer, là.
Mme Mathieu
(Jessica) : Oui, parce que, dans la présente loi, on a simplement
«ainsi que l'implication de la communauté» et on a aussi notre définition
d'«organisme», qui est plus restrictive, alors que, là, ce qu'on fait, on
ajoute le paragraphe b qui nous permet d'aller capter ces autres acteurs qui
peuvent avoir une importance dans le rôle,
là, qui va être joué auprès de la famille. Donc, c'est surtout avec b, et, oui,
la définition d'«organisme», aussi, on l'élargit, comme vous dites.
Donc, ça va aider à capter encore plus d'organismes qui peuvent aider la
famille, mais c'est... Je vous dirais que c'est plus à b que ça va se
matérialiser qu'au paragraphe a qu'on regarde actuellement.
Mme
Robitaille : O.K., parfait.
Le Président (M.
Provençal)
: Est-ce
que ça va, Mme la députée?
Mme
Robitaille : Merci, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'alinéa 4.4a? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons maintenant aller à l'amendement de la députée de
Notre-Dame-de-Grâce au 4.4b. Et je vous signale que, sur l'amendement qui a été
déposé, il y a le 4.4b qui est modifié, et il y aura un ajout aussi, un autre
amendement qui... mais il a été donné au même moment, là, qui est le c, parce
que le c n'existe pas présentement. Je dois le comprendre comme ça, Mme la
députée?
Mme Weil : C'est
bien ça.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, moi, je vous
invite à travailler l'alinéa 4.4b qui amène une modification. On va
se prononcer sur ce dernier, et, par la suite, nous irons à l'alinéa... au
nouvel alinéa 4.4c. Alors, on commence par le b, Mme la députée.
Mme Weil : Oui. Alors, hier, on parlait avec les légistes qui
nous ont dit qu'il fallait... c'était anciennement... En tout cas, avec
tous les articles qui ont disparu, là, 2.4, là, ça devenait 4.4, cet
amendement. Donc, je vous lis...
Modifier
l'article 4.4 de la Loi sur la protection de la jeunesse proposé par
l'article 6 du projet de loi... l'ajout, à son paragraphe b, après les
mots «ressources du milieu» des mots «de façon optimale».
Donc, les
commentaires, l'article tel que proposé :
«Les établissements,
les organismes et les personnes à qui la présente loi confie des
responsabilités envers l'enfant ainsi que celles appelées à prendre des
décisions à son sujet en vertu de ces lois doivent :
«a) favoriser la
participation de l'enfant et de ses parents ainsi que l'implication de la
communauté;
«b) collaborer entre
eux et voir à obtenir la collaboration des ressources du milieu de façon
optimale; ils se concertent avec celles de ces ressources qui leur offrent leur
collaboration, afin que leurs interventions s'accordent.»
C'est la
recommandation de Jean-Pierre Hotte, essentiellement. Donc, il explique qu'il
faut mettre vraiment l'accent là-dessus parce que la collaboration n'est pas
toujours nécessairement facile, évidente, pour toutes sortes de raisons, donc,
de façon optimale. Alors, nous, on l'a inclus, évidemment, parce que c'est un
homme avec beaucoup, beaucoup d'expérience, et nous, on pense que ça donne une
orientation à cette collaboration. C'est qu'on veut vraiment que ça fonctionne,
puis on mobilise essentiellement le milieu autour de l'enfant.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant : M.
le Président, j'aimerais peut-être entendre la directrice nationale, voir si
elle a... ce qu'elle pense de ce... d'ajouter... l'impact d'ajouter «de façon
optimale» à l'amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Aviez-vous
terminé ou vouliez-vous ajouter d'autre chose?
M. Carmant : Non,
c'est tout.
Le Président (M.
Provençal)
: D'accord.
Alors, Mme Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, je pense qu'effectivement, dans un contexte où les
ressources sont rares, où les besoins sont
grands, de s'assurer qu'on met à contribution pour optimiser non seulement le
rôle, mais l'efficacité de ce que chacun fait, bien, ça ajoute un
élément important.
Mme Weil : Bien,
d'ailleurs, c'est drôle, je suis en train de lire son... le paragraphe qui
précède, puis c'est exactement la discussion qu'on a eue quand on parlait de
qui sont ces organismes. Il dit : «Pour y arriver, devant la complexité
des problématiques sociales nécessitant le recours au DPJ, il faut pouvoir
miser sur la contribution de plusieurs directions concernées dans les CISSS,
CIUSSS, mais aussi sur l'appui des organismes communautaires, des milieux
scolaires, des centres de la pédiatrie sociale, des services de garde éducatifs
et autres. Des approches telles que Ma
famille, ma communauté ont démontré l'efficacité de telles pratiques. Par conséquent, je propose
un ajout.»
Donc, c'est de là que
ça vient.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la légiste,
est-ce que vous avez des commentaires à nous donner concernant cette...
Mme Mathieu
(Jessica) : Oui, c'est plus technique, là, c'est de savoir sur quoi
vous voulez insister. Est-ce que c'est plus
sur «collaborer entre eux» ou c'est quand on voit... obtenir la collaboration
qui doit être de façon optimale? Je cherche juste à voir est-ce qu'il
est au bon endroit, là, selon ce que vous souhaitez, là, insister.
Mme Weil : Obtenir
la collaboration du milieu de façon optimale, c'est comme ça qu'il le dit, de
façon... de favoriser de façon optimale.
Une voix :
...
Le Président (M.
Provençal)
: Oui, on
va suspendre.
Mme Weil : ...et
c'est comme ça que Jean-Pierre Hotte, d'ailleurs, le dit, c'est la
collaboration de façon optimale. Est-ce que ça..
Le Président (M.
Provençal)
: Il faudrait...
Une voix :
...
Le Président (M.
Provençal)
: Oui.
Alors, on va suspendre pour... Moi, je vous suggère d'en discuter avec les
légistes pour s'assurer que la formulation va être conforme.
(Suspension de la séance à 18 h 25)
(Reprise à 18 h 33)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, la députée de
Notre-Dame-de-Grâce avait déposé un amendement, sauf qu'elle désire le retirer
pour en déposer un nouveau. Alors, c'est ce que je dois comprendre, Mme la
députée?
Mme Weil : Oui, c'est bien ça,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement pour le retrait
de l'amendement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Dans la salle La Fontaine?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement.Merci.
Maintenant, Mme la députée, vous déposez un nouvel amendement à
l'article 4, alinéa b. Alors...
Mme Weil : Oui. Je vais juste
lire l'alinéa b, avec votre permission.
Le Président (M. Provençal)
: On va commencer par celui-ci, s'il
vous plaît.
Mme Weil : Merci. Donc :
«b) collaborer entre eux et voir à obtenir de façon optimale la collaboration
des ressources du milieu; ils se concertent avec celles de ces ressources qui
leur offrent leur collaboration, afin que leurs interventions s'accordent.»
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions concernant
cette modification à l'alinéa 4b? S'il n'y a pas d'intervention... Ah!
excusez-moi.
Mme Robitaille : Non, mais je
voulais juste renchérir sur les propos de ma collègue. Évidemment, ça envoie le
message, hein, de collaborer d'une façon optimale. Donc, je pense que c'est ce
que ça envoie, c'est le message que ça envoie, qui est primordial. Alors,
j'accueille cette modification-là.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux... Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aurais une
question, M. le Président, là, concernant la définition des ressources du
milieu. Donc, on comprend aisément que «ressources du milieu», c'est toute
entité, là, que ce soit une école, un CLSC, un organisme communautaire, un
organisme sportif, les scouts, etc., là, c'est les ressources du milieu.
Tantôt, Mme Lemay a parlé de la voisine qui peut être une ressource
significative, et j'en conviens, là, et c'est très souvent le cas, avec qui on
pourrait collaborer. Donc, ça pourrait être compris comme une ressource du
milieu.
La question que je me pose, là, est-ce qu'il
pourrait... Étant donné l'absence de définition exacte de ce que c'est,
«ressources du milieu», il ne pourrait pas y avoir une contestation? Par
exemple, on ne pourrait pas envisager une contestation juridique pour justement
dire que la voisine d'à côté n'est pas une ressource, c'est une personne? Et
donc, à cette idée-là, la loi ne dit pas qu'on peut se concerter avec des
personnes, mais avec des ressources. Je voudrais juste clarifier cet aspect-là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
ce n'est pas parce qu'on est dans une loi d'exception qu'on ne recherche pas
d'abord le consentement des parents et de l'enfant à aller chercher du soutien.
Et dans... Quand on est dans ce processus là, par exemple, je fais écho à Ma
famille, ma communauté, dont on parle... qu'on a évoqué à quelques reprises,
bien, comment la voisine est mise à contribution? On propose à la mère :
Regardez, vous avez une bonne relation, elle accepterait de prendre l'enfant
après l'école. Vous, ça vous permettrait d'avoir du soutien, de l'appui, d'être
plus reposée pour prendre votre enfant le soir puis...
Alors voilà, la
voisine est mise à contribution quand il y a une acceptation et qu'il y a un
consentement aux parents à recevoir de l'aide et à l'enfant, évidemment, bien,
on peut mettre les ressources comme ça. Et, oui, une voisine
peut être une personne significative qui contribue à resserrer le filet de
sécurité autour de l'enfant en venant porter appui à la mère.
M. Fontecilla :
Cela me convient tout à fait, j'en suis convaincu. C'est une personne
significative qui peut aider grandement, d'ailleurs, là. Mais est-ce qu'on peut
la qualifier, une personne, on peut la qualifier de ressource, une personne...
non pas une personne physique, là, au même titre qu'un organisme communautaire?
Mme Lemay
(Catherine) : Là, c'est une question davantage juridique, mais je peux
vous dire que, dans la pratique, actuellement, des personnes sont mises à
contribution comme faisant partie du filet de sécurité d'un enfant, dont une
voisine.
Le Président
(M. Provençal)
: On
pourrait demander, complémentaire, à la juriste de compléter la réponse de
Mme Lemay.
Mme Mathieu
(Jessica) : Il n'y a effectivement pas de définition de «ressources du
milieu» précise. Par contre, quand on parle de termes de risque de poursuite,
ce serait difficile, là. Ici, on est dans un article qui est vraiment sur les
principes, de dire qu'on collabore, tout ça. Donc, il n'y a pas vraiment
d'enjeu ici, là, particulier. Par contre, ça n'empêcherait pas de collaborer,
quand même, avec, par exemple, la voisine, transmettre de l'information, parce que, comme on le verra sans doute plus loin
dans le projet, il y a des dispositions qui prévoient de la
communication de
renseignements, justement, pour
s'assurer que tout le monde ait la bonne information. C'est possible de
communiquer ces informations-là à des gens
aussi dans l'entourage de l'enfant quand ça va pouvoir aider à assurer sa
sécurité, tout ça.
Donc, il faut faire
attention, là, tu sais, ce n'est pas parce que... ressources du milieu fait
peut-être plus appel à, peut-être, des organismes communautaires ou des...
comme les exemples que Mme Lemay a nommés, mais ça ne veut pas dire que ça
nous empêche de collaborer avec d'autres gens non plus, là.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
allez-y, M. le député.
M. Fontecilla :
Donc, le présent projet de loi
prévoit expressément la possibilité d'échanger des informations
confidentielles, considérées dans un cadre normal... avec des personnes
significatives, là, qui ne sont pas... C'est la voisine, ce n'est pas une
entité, ce n'est pas une directrice, un directeur, quelqu'un qui est attitré à
un emploi, là, mais une personne physique,
là. Ça permet l'échange d'informations avec les personnes physiques, là, si
c'est nécessaire.
M. Carmant :
...
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre, pouvez-vous répéter? Parce que je ne suis pas sûr qu'on a bien
saisi ce que vous venez de mentionner.
M. Carmant : Oui. Si c'est dans
l'intérêt de l'enfant, ça fait partie des changements qu'on veut mettre à la
loi.
Mme Mathieu
(Jessica) : Tout à fait. Puis on va le voir à l'article, si vous
voulez le regarder plus tard, là, 72.6, là, de la loi actuelle où on prévoit
déjà que c'est possible de communiquer des renseignements à une personne. Il y
a des conditions, c'est sûr, là, on ne peut pas communiquer n'importe quelle
information sensible, mais c'est possible quand, par exemple, ça assure la
sécurité d'un enfant.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va? Y a-t-il d'autres interventions concernant l'alinéa 4.4a? Maintenant,
4.4b, on était... je demandais... Il ne semblait pas y avoir d'intervention.
Alors, est-ce... On va passer à la mise aux voix. Est-ce que l'alinéa 4.4b
est adopté?
• (18 h 40) •
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Dans la salle La Fontaine?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Maintenant, Mme la députée de...
Mme Weil :
Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président
(M. Provençal)
: ...le
temps est en train de faire son oeuvre, Notre Dame-de-Grâce. Vous avez un
amendement à déposer, qui introduirait un nouvel alinéa, c'est-à-dire
l'alinéa 4.4c.
Mme Weil :
C'est bien ça. Donc, je vous lis : Modifier l'article 4.4 de la
Loi sur la protection de la jeunesse, proposé par l'article 6 du projet de
loi, par :
1° l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant :
«c) prévenir les situations de compromission en
regard de la sécurité et du développement de l'enfant.»
Et
c'est un argument de Jean-Pierre Hotte, qui m'a beaucoup frappée, puis je
trouvais que c'était vraiment logique. Alors, je vous lis son paragraphe :
«De fait, ce
recadrage — donc,
tout ce dont on parle, on parle de travailler ensemble, etc. — ce
recadrage de la dynamique interactive — et d'ailleurs il est très
enthousiaste, hein, par rapport à cette dimension, je ne sais pas si vous
l'avez remarqué — de
la dynamique interactive entre le DPJ et les acteurs clés de la communauté,
constitue, sans aucun doute, un des piliers sur lesquels construire cette
société bienveillante à l'égard des enfants. Ce à quoi nous convie ardemment le
rapport de la commission spéciale. L'énoncé proposé, inscrit en préambule,
contribuerait également à renforcer une meilleure compréhension du rôle du DPJ,
notamment saisir que celui-ci ne prend pas en charge l'enfant, mais bel et bien
la situation de l'enfant.
«Or, pour ce faire,
le DPJ doit faire équipe avec toutes les ressources pouvant prévenir une
situation de compromission ou contribuer
très activement à y mettre fin, le cas échéant. C'est la force de l'équipe,
composée de tous les acteurs clés de
la communauté, qui devient la condition sine qua non pour réduire le nombre
d'enfants qui devront se retrouver
aux soins intensifs de la protection. C'est pourquoi nous croyons nécessaire,
la recommandation 1 formulée ci-haut.»
Donc, c'est... tout
ça, là, on fait tout ça pour éviter une situation de compromission. Moi, je
trouvais que c'était vraiment cohérent. Ça a donné... Donc, on prend l'objectif
de cette mission de travailler en collaboration. Alors, c'est ce... je trouvais
ça intéressant. Alors, j'en fais un amendement... une proposition d'amendement.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
Oui, je pense qu'il faut regarder les aspects juridiques. Donc, je
passerais la parole à la juriste. si vous me... avec votre...
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la juriste, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) :
Donc, la problématique avec cet ajout-là, c'est que ça ne cadre pas avec
l'objet de la loi. L'objet de la loi, on se concentre sur la protection des
enfants. Donc, on... c'est une loi d'exception, une loi qui s'applique vraiment
à des situations exceptionnelles, où on doit avoir des motifs de compromission
qui nous permettent d'avancer, alors qu'ici, lorsqu'on parle de prévention, de
prévenir des situations de compromission, ça ne cadre pas avec l'objet de la
loi. Donc, c'est pour cette raison que ça peut... ça ne fonctionne pas.
Mme Weil : Mais
sauf que c'est dans un... ça suit l'article qui parle, justement, de réunir
toutes ces forces autour de l'enfant.
Mme Mathieu
(Jessica) : Bien, c'est une chose, là, de réunir ces forces pour l'enfant...
Mme Weil : Mais
un enfant qui...
Mme Mathieu
(Jessica) : ...on est dans l'application de la loi et, justement, on
est dans une situation qui permet
l'application de la loi. Mais, lorsqu'on parle de prévention, on est en dehors,
On couvre la prévention par certains éléments.
Par exemple, le fait de collaborer avec les ressources, ça peut nous amener à
éviter de retenir un signalement.
Donc, quand on
parlait tantôt de l'article 38.2 où, justement, on doit se poser la
question : Quelles sont les ressources du milieu qui peuvent venir en aide
et peut-être éviter une prise en charge par la DPJ, en raison de la présence de
ces services-là?, bien, à ce moment-là, on est dans une forme, un peu, de
prévention, mais on ne peut pas prévoir dans la loi une obligation d'agir pour
prévenir, parce qu'on est en amont, même, de l'objet de la loi, alors qu'à
d'autres articles, on prévoit des ponts, justement, pour éviter cette prise en
charge là.
Mme Weil : O.K. Donc, on est vraiment, ici, dans cet article-là,
dans une situation où on travaille tous ensemble, vraiment, en prévention, là. On n'est pas dans une
situation de vulnérabilité ou autre chose. Il n'y a pas d'indice qu'il y
a un problème, c'est qu'on... Mais pourquoi la DPJ serait le mobilisateur autour
de ça, s'il n'y a pas des enfants qui seraient à risque ou... J'essaie de
comprendre la philosophie, là.
Mme Mathieu
(Jessica) : On est dans les... On est vraiment dans les principes de
la loi, mais on est quand même dans des situations où la loi s'applique, et son
objet s'applique à des situations où on veut protéger un enfant qui a une
situation x. Donc, quand on parle de favoriser la participation de l'enfant et
de ses parents, ce n'est pas de tous les enfants du Québec. C'est des enfants
qui sont en processus de protection de la jeunesse, donc il faut faire
attention, alors que le c, on est en dehors de ça, on est en dehors de cette
situation-là de l'objet de la loi.
Mme Weil : Mais
c'est pour prévenir qu'on mobilise tout ce milieu, parce que c'était une
prévention secondaire dans un sens, parce que vous dites : Il y a déjà un
enjeu.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée, je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 24 février, à
13 heures, où elle se réunira en séance de travail.
(Fin de la séance à 18 h 46)