(Neuf heures cinquante-huit
minutes)
Le Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions publiques sur la vaccination obligatoire contre
la COVID-19 du personnel soignant du réseau de la santé et d'autres catégories
de travailleurs qui sont en contact prolongé avec les citoyens.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blais
(Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin (Jean-Talon); Mme Guillemette
(Roberval), par M. Lévesque (Chauveau); M. Ciccone
(Marquette), par M. Derraji (Nelligan); M. Nadeau-Dubois (Gouin), par M. Marissal
(Rosemont).
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous débuterons, ce matin, par les remarques préliminaires. Puis nous entendrons, par la suite, les
personnes et organismes suivants : le ministre de la Santé et des Services
sociaux, le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique, et
la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.
J'ai besoin maintenant
de deux consentements. Nous avons débuté à 9 h 56. Alors, je
vous demande qu'il y ait un consentement pour poursuivre au-delà de
l'heure prévue qui était de 12 h 20. Consentement? Merci.
Je demande aussi... la députée d'Iberville...
Oui, je demande le consentement pour que la députée d'Iberville puisse avoir un
30 secondes dans les remarques préliminaires. Et c'est un temps qui est
ajouté, il n'est pas retranché à personne. Est-ce qu'il y a consentement?
J'aimerais ça qu'on me dise consentement. Oui?
Des voix : Consentement.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. J'invite maintenant la députée de Soulanges à faire
ses remarques préliminaires. Mme la députée, vous disposez de six minutes. La
parole est à vous.
Mme Marilyne Picard
Mme Picard :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais faire ça un petit peu plus court,
comme on a commencé plus tard aujourd'hui. Je voulais saluer, tout
d'abord, les collègues de l'opposition et les collègues aussi de la partie
gouvernementale. Je pense que cette commission est ici pour qu'on écoute les
18 intervenants. Et c'est un exercice démocratique
très important sur un enjeu qui l'est tout autant. On l'a vu, que la
vaccination obligatoire a des implications sur l'intégrité physique et
aussi sur le droit au travail.
Donc, je tiens à remercier particulièrement tous
les groupes qui vont être devant nous aujourd'hui et demain. Nous allons entendre vos préoccupations et vos suggestions. Nous le prendrons tous
en considération, tous les groupes
parlementaires ici. Merci, M. le Président.
• (10 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. J'invite maintenant
la porte-parole de l'opposition officielle et
députée de Maurice-Richard à faire ses remarques préliminaires pour une
durée de quatre minutes. La parole est à vous.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Bonjour,
bonjour à tous. On se réunit, bien entendu, aujourd'hui, pour aborder un sujet
important et sensible, celui de la vaccination obligatoire,
mais ultimement ce qui nous réunit et ce qui doit guider
nos discussions, c'est par quel moyen on va revenir à une vie normale. Si le gouvernement
souhaite éviter de reconfiner de nouveau, de faire de nouveau des couvre-feux,
ce qu'on veut savoir, c'est quel moyen supplémentaire va-t-il prendre pour
qu'on parvienne à un taux de vaccination qui va enfin nous permettre de sortir
de cette crise et de la mettre derrière nous.
La vaccination obligatoire des employés de la
santé est une demande que le Parti libéral a fait au mois de janvier. On est rendu à la fin du mois d'août.
Devant la montée de la quatrième vague, il est clair, pour nous, qu'on doit
aller beaucoup plus loin. La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique
Anglade, a demandé, dimanche dernier, au gouvernement
d'exiger la vaccination de tous les employés du gouvernement, de l'éducation,
des services de garde en installation ainsi que de l'Assemblée nationale et
pour toutes les personnes qui fréquentent les campus collégiaux et
universitaires.
Ce qui devrait guider nos actions, à l'heure
actuelle, durant cette pandémie, c'est la science. Qu'est-ce qu'on sait de la
science? C'est que les vaccins, ils sont sécuritaires. C'est notre seule voie
de sortir de cette pandémie. Les vaccins sont une protection pour faire face à
la quatrième vague et aux autres vagues qui pourraient suivre. Les vaccins nous
protègent de potentiels reconfinements et les vaccins sont la façon de revenir
à une vie normale.
Je vais en
profiter aussi pour remercier tous les Québécois qui se sont faits vaccinés à
ce jour et souligner combien leur choix aussi fait une différence pour
toute la société. Certains ont hésité, certains ont eu des préoccupations, ont eu des questionnements mais ont finalement fait le
choix de se faire vacciner pour se protéger, pour protéger les autres
mais aussi pour protéger toute la société. Et ça, c'est une grande marque de
solidarité.
En janvier dernier, comme je le disais, notre
formation politique demandait la vaccination obligatoire pour le personnel de
la santé. Et nous sommes certains que, si ça avait été fait à l'époque, on
aurait pu éviter des éclosions, notamment, on se rappellera, dans le CHSLD
Lionel-Émond où il y a eu des éclosions dues au fait qu'il y avait un taux de
vaccination des employés qui étaient très bas, et éclosions qui se sont suivies
par des décès.
Donc, je suis
heureuse, aujourd'hui, que le gouvernement prenne enfin cette voie,
tardivement, mais au moins il la prend. On souhaite qu'il la prenne de
façon aussi complète, on pourra y revenir, et nous espérons aussi qu'il va élargir la portée de l'annonce qu'il a faite.
J'espère que cette commission va nous amener à une réelle réflexion. J'invite,
en ce sens, le gouvernement à faire preuve
d'ouverture et d'écoute. J'ai entendu, d'ailleurs, hier, la présidente du
Conseil du trésor fermer la porte à la vaccination obligatoire des
employés de l'État, un peu comme son collègue, le ministre de la Santé l'avait
fait il y a quelques mois pour les travailleurs du réseau de la santé.
On ne peut
pas se permettre encore de se réveiller en retard, parce que, soyons sérieux,
la commission qui nous réunit aujourd'hui, elle se réunit beaucoup trop
tard. Le gouvernement aurait dû profiter de la dernière session, aurait dû profiter de l'été pour faire les discussions
que nous allons faire aujourd'hui pour être sûr, justement, d'être prêt à faire
face à la quatrième vague, qui est déjà débutée.
J'ajoute aussi qu'on se réunit avec assez peu
d'information sur le plan de match du gouvernement en matière de vaccination
obligatoire. Peut-être pourra-t-il nous l'expliquer tantôt, mais le ministre a
été assez avare de détails sur l'échéancier et sur les modalités. On espère que
les réflexions ont été faites en amont, justement, de l'annonce qui a été faite
également. C'est important, parce que, rappelons-le, si ce n'est pas la
vaccination, les outils que le gouvernement utilise à ce jour, c'est le
reconfinement et c'est le couvre-feu. Donc, on doit faire ces débats-là avec respect, avec ouverture, mais, une chose est
claire, il faut être clair sur les enjeux. Les décisions qui seront prises par
le gouvernement ou le délai à les prendre pourront retarder un retour à
une vie normale, et c'est pour ça qu'on souhaite de façon très, très claire que
la vaccination obligatoire soit élargie, et le soit rapidement. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. J'invite maintenant le porte-parole du
deuxième groupe d'opposition et député de
Rosemont à faire ses remarques préliminaires pour une durée d'une minute. À
vous la parole.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Chers collègues, c'est pour moi un début dans le bain du domaine de
la santé. Je peux dire que l'eau est assez chaude pour arriver. Tant mieux,
parce qu'on a beaucoup de choses à discuter. La pandémie, depuis 18 mois,
nous a amenés en terrain inconnu, nous amène à prendre des solutions inusitées,
voire exceptionnelles. C'est certainement le cas quand on force, par exemple,
la vaccination d'un groupe ou qu'on demande un passeport vaccinal pour des
activités courantes auxquelles on est habitué.
Je précise là-dessus que nous avions demandé, ma
formation politique, une commission parlementaire aussi sur le passeport
vaccinal. À constater les contradictions, depuis quelques jours, de la part du
gouvernement, je pense que c'est toujours nécessaire d'avoir une commission
parlementaire pour cette chose inusitée. Malheureusement, on ne nous l'a pas
accordée. On va quand même faire celle sur la vaccination obligatoire. Parce
que je pense que la clé ici, le maître mot ici, ça doit être la cohérence,
parce que, sans cohérence, il n'y aura pas d'adhésion. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. J'invite maintenant le porte-parole
du troisième groupe d'opposition et député des Îles-de-la-Madeleine à faire ses
remarques préliminaires pour une durée d'une minute. La parole est à vous.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci à tous les participants. En fait, nous, pour entrer dans le
vif du sujet, au Parti québécois, on estime que cette mesure inédite a besoin,
évidemment... être discutée en profondeur, comme l'est aussi la mesure du
passeport sanitaire, qui, malheureusement, n'a pas fait l'objet d'un tel débat,
un tel débat qui est absolument essentiel, parce qu'on parle maintenant non
plus d'une vaccination, à laquelle, évidemment, on souscrit, une vaccination
non pas, là, qui est encouragée mais qui est obligée par la contrainte.
Donc, on a de nombreuses questions et des
attentes à savoir pourquoi le gouvernement, aujourd'hui, estime que c'est le
seul moyen d'atteindre les objectifs de vaccination souhaités pour sortir de
cette pandémie, comme on le souhaite tous. On déplore que l'on procède à
l'envers, avec une décision qui est déjà prise, en amont des discussions avec les experts, avec les juristes, avec les éthiciens,
avec les représentants des différentes catégories d'emploi qui seront en jeu.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. J'invite maintenant
la députée d'Iberville à faire ses remarques préliminaires pour une durée de
30 secondes.
Mme Claire Samson
Mme Samson : Merci, M. le
Président. M. le Président, je dois vous dire que je déplore sincèrement que cette commission ne soit pas habilitée à formuler des recommandations, encore moins à voter. Je pense que la commission aurait dû pouvoir
jouer pleinement son rôle. Et l'idée d'être une figurante dans une activité de
marketing du gouvernement ne me plaît pas tellement. D'entendre... De
prétendre entendre des intervenants sans les écouter, c'est beaucoup mépriser
ces intervenants-là et les élus. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée, pour ces remarques préliminaires.
Auditions
Nous allons maintenant débuter les auditions. Je
souhaite la bienvenue au ministre de la Santé et des Services sociaux. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite à commencer votre exposé. À vous la parole.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. On est en séance de commission parlementaire pour
étudier une question qui est très cruciale à ce stade-ci de nos efforts de la
lutte contre la COVID au Québec. Je tiens à
saluer mes collègues parlementaires des deux côtés de la Chambre, qui vont
siéger sur cette commission, puis j'apprécie à l'avance votre travail, mais je
suis aussi accompagné de ma sous-ministre à la Santé, Mme Dominique
Savoie, qui fait un travail colossal depuis le début de la pandémie.
Depuis le début de la pandémie, on a toujours gardé le même objectif, à savoir
de protéger les clientèles les plus vulnérables contre le virus pour limiter
les hospitalisations puis, ultimement, les décès.
Il faut peut-être faire très rapidement un petit
portrait de la situation des vagues précédentes. En fait, dans les vagues
précédentes, c'est plus de 380 000 cas qui ont été déclarés depuis la
pandémie. Parmi ceux-ci, 45 000 étaient chez les travailleurs de la santé,
soit plus de 10 % des cas. Seulement lors de la première vague, ce
pourcentage était encore plus élevé avec
25 % des cas. Soulignons, à titre d'exemple, que le risque d'infection des
travailleurs de la santé, lors de la première vague, était neuf fois
plus élevé que chez les adultes en général.
Maintenant, au niveau de la quatrième vague, en
ce début de quatrième vague, nous sommes confrontés à une hausse, qui est préoccupante, des nouveaux cas et à une tendance à
la hausse des hospitalisations. La situation dans nos milieux de soins
est fragile et les intervenants de la santé sont au coeur de nos
préoccupations. En ce moment, alors que plus de 10 000 cas de la
COVID ont été déclarés en six semaines, 5 % sont des travailleurs de la
santé. En date du 23 août dernier, plus
de 2 500 employés étaient encore absents du travail en lien avec la
COVID, dont plus de 130 étaient absents parce qu'ils avaient contracté
la COVID et plus de 1 500 étaient en retrait préventif. La situation est très préoccupante,
et surtout avec les effets de la rentrée et du retour au travail, qui ne se
sont pas encore fait sentir, avec le variant Delta, qui gagne en plus du
terrain. Nous devons, donc, redoubler de vigilance.
• (10 h 10) •
Maintenant, quelques mots sur la vaccination. La
vaccination, la bonne nouvelle, c'est que notre couverture vaccinale continue
d'augmenter chaque jour. Le Québec affiche, d'ailleurs, l'un des meilleurs taux
de vaccination au monde. En date du
26 août, la couverture vaccinale avait atteint 86 % chez les 12 ans et plus pour la
première dose et 77 % pour la
deuxième dose, pour un total de plus de 12 millions de doses qui ont été
administrées dans les derniers mois. J'en profite pour remercier encore
une fois tous les Québécois qui sont allés se faire vacciner.
Maintenant, pour la vaccination des travailleurs
de la santé, la campagne de vaccination est un succès à bien des égards, notamment
auprès des travailleurs de la santé, dont 91 % avaient reçu une première
dose en date du 25 août et 86 %
avaient reçu leur deuxième dose. Cela
démontre l'accueil favorable de la vaccination chez ces personnes et
témoigne de la culture de protection des travailleuses et travailleurs de la
santé déjà bien implantée dans le réseau de
la santé et des services sociaux. Les travailleurs de la santé ont été parmi
les premiers groupes priorisés lors du début de la vaccination en
décembre dernier, en même temps que les personnes les plus vulnérables.
Par contre, nous étions quand même inquiets du
taux de vaccination des travailleurs de la santé et, pour augmenter ce taux,
nous avons, d'ailleurs, adopté, le 9 avril dernier, un arrêté ministériel
pour rendre les tests de dépistage obligatoires trois fois par semaine pour les
travailleurs de la santé qui n'avaient pas reçu de première dose. Cette mesure
nous a permis d'atteindre de nouveaux objectifs, mais son effet ne se fait plus
ressentir. J'aimerais rappeler que le 91 % ne touche que le personnel du
réseau de la santé publique. La balance du 9 %, c'est environ
30 000 employés qui ne sont pas vaccinés et qui côtoient toujours des
populations vulnérables.
Pour ce qui est du personnel de la santé privée,
nous n'avons pas les données exactes au privé puisqu'ils sont des employés
d'entreprises privées. Par contre, on note, dans le réseau privé conventionné,
des taux légèrement inférieurs
à ceux du public. De plus, nous avons des indications des propriétaires et des
comités d'usagers que, dans le réseau privé en général, le taux de
vaccination des employés serait légèrement inférieur à ceux du public.
Rappelons aussi que ce qu'on veut éviter, c'est
des infections de travailleurs dans les milieux de vie et de soins, qu'ils soient publics ou privés, et qui
peuvent entraîner encore d'autres bris de services. Dans un contexte où les ressources
sont extrêmement sollicitées, nous ne pouvons pas nous permettre de retirer
davantage de personnel pour des raisons qui auraient pu être évitées grâce à
une vaccination adéquate.
Depuis le début de la campagne de vaccination,
nous avons mis tout en oeuvre pour assurer l'accessibilité de la vaccination à
un maximum de citoyens dans toutes les régions du Québec. Des efforts
particuliers ont été déployés pour rejoindre des groupes ciblés, de nombreuses
campagnes de publicité ont été faites pour cibler les différents groupes d'âge, les différentes communautés, pour
informer et inciter à... la population à la vaccination. Et, tout récemment,
nous avons annoncé l'implantation du
passeport vaccinal pour les activités non essentielles, à compter du
1er septembre, pour éviter que certains lieux deviennent des foyers
d'éclosion et conserver une certaine normalité pour la population qui est
adéquatement vaccinée. Et toutes ces actions ont permis d'augmenter notre
couverture vaccinale.
Maintenant, après les clientèles vulnérables,
qui étaient, comme tout le monde se rappelle, notre groupe numéro un, nous avons toujours
mis une priorité sur les travailleurs de la santé et leur protection, qui est
notre groupe numéro deux. De plus, dans cette optique de protéger le
personnel, nous avons maintenu une discussion constante avec les syndicats des
employés de la santé, et il a été convenu, en mars dernier, de communiquer
l'importance de la vaccination à tous leurs membres, et nous tenons à remercier
les syndicats pour avoir fait cette collaboration avec nous, qui est si
importante.
Mais, malgré les chiffres exceptionnels, nous
voulons continuer d'augmenter notre taux de vaccination pour les employés de la
santé. Aujourd'hui, nous franchissons une étape de plus en voulant rendre la
vaccination obligatoire auprès de tous les intervenants en santé. Notre
objectif avec cette mesure est de protéger nos personnes plus vulnérables mais
aussi de maintenir la capacité hospitalière et maintenir notre niveau de
services et de soins, notamment en réduisant l'absentéisme.
Notre proposition, qui suit la recommandation de
la Santé publique, est, donc, de rendre la vaccination obligatoire pour tous
les intervenants en santé et services sociaux qui sont en contact rapproché
pendant plus de 15 minutes avec les usagers sur une base quotidienne, et
ce, à compter du 15 octobre prochain. Cela concerne les intervenants des
milieux publics et privés, les CLSC, les centres hospitaliers de soins généraux
et spécialisés et psychiatriques, les CHSLD, les centres de protection de
l'enfance et de la jeunesse, les centres de réadaptation, les établissements
privés non conventionnés, les entreprises d'économie sociale en aide à
domicile, ce qu'on appelle les EESAD, les RI, les RTF et les résidences privées
pour aînés, les RPA.
Cela inclut les intervenants du réseau, par
exemple le personnel en soins infirmiers et cardiorespiratoires, les préposés aux bénéficiaires, les services
auxiliaires et métiers, le personnel de bureau, les techniciens et professionnels
de l'administration, les techniciens et professionnels de la santé et des
services sociaux mais aussi les stagiaires, les médecins et le personnel
d'encadrement. Ça inclut également les intervenants du privé qui sont hors
réseau comme les GMF, les bénévoles, les
proches aidants et le personnel des milieux de vie, tout comme les techniciens
ambulanciers paramédics, les
chirurgiens dentistes, les spécialistes en chirurgie buccale et maxillo-faciale
et les optométristes oeuvrant dans un établissement.
Tous ces intervenants devront fournir à leurs
employeurs une preuve de vaccination complète. S'ils refusent de fournir cette preuve, ils devront être
réaffectés à d'autres tâches visées par leur type d'emploi lorsque cela sera
possible. S'ils refusent une réaffectation ou si celle-ci n'est pas
possible, ils ne pourront réintégrer leur travail et seront sans rémunération.
Je suis très conscient que la vaccination
obligatoire des travailleurs de la santé n'est pas une décision facile, mais
nous croyons fermement qu'elle est nécessaire. J'en profite pour souligner, au
nom de tous les Québécois, le travail exceptionnel de notre personnel de la
santé depuis le début de la pandémie.
Maintenant,
puisque cette mesure s'inscrit dans une démarche globale visant à protéger la
population québécoise mais aussi parce que la vaccination obligatoire
touche à l'intégrité physique des personnes et au droit du travail, il nous
apparaît légitime de débattre de la question pour dégager un consensus dont
bénéficiera l'ensemble de notre collectivité de même que nos équipes
d'intervenants.
Je remercie encore une fois les membres de la
commission et tous les intervenants qui viendront témoigner au cours des deux prochains jours. Je remercie...
je vous remercie pour votre collaboration, qui sera, j'en suis certain, des
plus fructueuse et constructive. Et, en terminant, j'aimerais aussi remercier
le travail du Dr Massé dans ce dossier mais aussi pour tout le travail
qu'il a fait au cours des derniers mois. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour votre exposé.
Nous allons maintenant initier la période d'échange. Alors, Mme la députée de Soulanges,
la parole est à vous.
Mme Picard : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci pour votre présence ici, en commission. Votre apport va
être très important pour nous. J'aimerais savoir sur quoi vous vous basez pour
prendre cette décision d'obliger les travailleurs de la santé à la vaccination obligatoire.
On le voit dans plusieurs juridictions dans le monde qui imposent la
vaccination obligatoire, et c'est surtout pour le personnel soignant comme
c'est le cas en France et en Italie, au Royaume-Uni
et en Grèce la vaccination est obligatoire pour les employés des maisons de
retraite y compris le personnel non
médical, et parfois ça suscite des incompréhensions. Pouvez-vous nous donner
les détails sur le processus décisionnel qui vous a amené à envisager
cette mesure?
M. Dubé :
Très bien. Premièrement, bonjour. En fait, je vous dirais que, comme toutes les
grandes décisions qui ont été prises depuis le début de la pandémie, ça nous
prend un avis de la Santé publique pour être capable d'agir sur ces grandes
questions là, parce que le gouvernement agit en réaction à des propositions de
la Santé publique.
Dans le cas, ici, qui
nous concerne, étant donné les différents points que j'ai expliqués, étant
donné l'impact sur l'intégrité physique des
personnes, ce que... l'avis de la Santé publique a été un avis préliminaire, un
avis préliminaire parce qu'on a pris la décision, lorsqu'on a pris tous les
éléments en cause, de dire que je pense que, dans le cas de cette
décision-là, il était important pour nous d'avoir une réflexion avec nos
collègues de l'Assemblée nationale. Donc, je vous dirais, comme à l'habitude,
Santé publique, mais, dans ce cas-ci, un avis préliminaire plutôt qu'un avis
définitif sur lequel on peut prendre une décision. Alors donc, on a maintenant
cet avis préliminaire là qui le recommande.
Je crois aussi que
vous pouvez très bien suivre, Mme la députée, puis je vais y aller rapidement,
que la situation évolue très, très
rapidement. Puis c'est certain que, dans les dernières semaines, étant donné
les prévisions que le ministre fait à toutes les semaines puis qu'on a
vues dans les journaux, je pense qu'il faut voir l'importance de régler ça
rapidement.
Dernier point. Je
pense qu'on s'est entendu clairement, puis je vous donnerais quelques exemples
de critères qui ont guidé non seulement la Santé publique, vous pourrez en
discuter avec le Dr Arruda et le Dr Massé, mais je dirais que le
principal argument, c'est la vulnérabilité de la clientèle, ça, c'est le
principal argument. Mais aussi il faut regarder les historiques d'éclosions que
nous avons eues dans le domaine de la santé, dans nos milieux de vie, la
relation de cause à effet des employés de la santé mais aussi versus des
usagers. Et je pense que c'est important de dire
que les effets positifs d'une vaccination obligatoire sont beaucoup plus grands
que les préjudices qu'il pourrait y avoir.
Maintenant, je pense
qu'il est important, puis je conclus là-dessus, Mme la députée, qu'il faut
maintenir la confiance du public dans son réseau de la santé. Et, dans ce
contexte-là, il faut limiter au maximum les risques qui nous viennent par les travailleurs de la santé et par l'ensemble du
réseau. Donc, c'est pour ça qu'on en est arrivés à cette
recommandation-là.
• (10 h 20) •
Mme Picard :
Merci beaucoup. Vous avez récemment publié des données qui démontraient que la
deuxième dose a un impact significatif sur
la baisse des hospitalisations. Est-ce qu'on voit vraiment une différence entre
la deuxième et la quatrième vague en termes d'impact de la vaccination?
Les chiffres publiés
hier sont nettement en hausse avec 550 nouveaux cas, et les
hospitalisations montent aussi, un plus huit, pour un total de 110 lits.
Mais je pense qu'aujourd'hui ça a monté aussi, surtout au niveau des cas que
j'ai vus. Quand qu'on compare les chiffres de la rentrée cette année par
rapport à ceux de l'année passée alors qu'il
y a des personnes qui n'étaient pas vaccinées, on voit que c'est beaucoup plus
élevé. Pouvez-vous nous donner des exemples de l'efficacité de la
vaccination?
M. Dubé : Bien, écoutez, j'ai publié... puis je ne veux pas
prendre trop de votre temps pour aller dans le détail des chiffres, mais
j'ai publié, la semaine passée, là, quand on regardait les trois premières
semaines d'août, qu'on voyait que les cas avaient triplé par rapport à l'an
dernier. La bonne nouvelle, puis il faut regarder où sont les bonnes nouvelles, il n'y a pas eu le même... du taux de
croissance au niveau des cas des hospitalisations. Donc, ça, c'est la bonne
nouvelle, donc c'est la preuve que la
vaccination fonctionne malgré un variant beaucoup plus fort. Ça, c'est le
premier point.
Mais, en même temps,
et c'est pour ça qu'on le voit, il y a une différence très importante pour ceux
qui ne sont pas vaccinés. Puis je prends.... Et c'est pour ça qu'on a demandé,
ce matin, aux gens d'accélérer la publication des
chiffres. Ce matin, on a déjà plus de 600 cas dans la... qui sont les cas
d'hier, en fait, et on voit maintenant de façon très claire, à chaque jour...
et malheureusement c'est très clair que les personnes qui rentent à l'hôpital
ou qui vont aux soins intensifs sont à 90 % et plus des gens qui
sont non vaccinés ou non adéquatement vaccinés.
Donc, le lien entre
la vaccination puis la limitation des cas est de plus en plus clair, puis je pense
que c'est pour ça qu'incluant les
travailleurs de la santé il faut faire l'effort qu'on est en train de faire.
Parce que, je le répète, les neuf personnes... les 9 % du réseau de
la santé qui n'est pas vacciné, c'est quand même 30 000 personnes,
c'est 30 000 personnes qui sont en contact avec des personnes
vulnérables et qui ne sont pas vaccinés.
Mme Picard :
Merci. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
:
Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre, de votre
présence en commission aujourd'hui, ainsi que Mme Savoie. Merci
infiniment.
J'ai deux brèves
questions que vous avez abordées un peu dans votre présentation, d'ailleurs.
Est-ce que vous voyez une incidence ou une corrélation directe entre la
vaccination des usagers et des travailleurs de la santé sur la chute des
éclosions dans les milieux de vie?
M. Dubé : Mon Dieu! Si j'avais la chance de vous montrer un
tableau, je vous le ferais. Parce que Mme Savoie sait que j'aime
beaucoup les tableaux avec les équipes au ministère de la Santé. Mais il est
très, très clair...
Une voix :
...
M. Dubé : En fait, c'est des choses qu'on regarde. Mais
rapidement, là, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, lorsqu'on
regarde, par exemple, dans la troisième vague, là, qui est celle où on a
commencé à avoir le bénéfice de la vaccination, on avait, à un moment donné, au plus haut de la vague, environ 30 000 cas actifs. Et on a suivi, là, avec
des courbes, maintenant, l'effet de
la vaccination. Puis on est passé... seulement en allant dans les CHSLD et les
RPA, qui sont nos principaux groupes,
on a vu les cas dans les CHSLD passer de 4 % des cas, c'est-à-dire aux
30 000 cas actifs, à 1 % à l'intérieur de six semaines.
C'est majeur. C'est-à-dire que les cas ont baissé de 20 000 à 10 000,
mais les éclosions dans les CHSLD et les principaux sites ont baissé
rapidement.
Ce qu'on a vu, par contre, puis je l'ai expliqué
tout à l'heure... c'est qu'on a vu, après ça, une stabilisation des cas mais de
la vaccination, et c'est pour ça qu'on a décidé, au mois de mars, de faire un
effort supplémentaire puis de dire aux gens on était rendus à peu près à
60 % de taux de vaccination. Et on a fait l'effort supplémentaire mais
toujours en respect des gens pour dire : Bien, écoutez, au moins ajoutez
un test pour être capable d'avoir des tests pour être capable de... ceux qui
n'étaient pas vaccinés. Ce qu'il est arrivé, c'est qu'on a monté jusqu'à
90 %. Et, dans la quatrième vague, on le voit très bien que ce 90 %
des gens qui sont vaccinés a encore plus d'impact. Parce que, moi, la bonne
nouvelle que je vois pour le moment, c'est qu'en ce moment on a beaucoup de
cas, mais on en a très, très peu dans nos milieux de vie puis dans nos milieux
de soins.
Donc, la vaccination, pour moi, non seulement
elle fonctionne en termes d'impact, mais elle fonctionne aussi autant pour les
employés que pour les usagers qui sont en contact avec... les employés qui sont
en contact avec les usagers. Donc, on est certain que ça fonctionne et on a
l'exemple de la troisième et la quatrième vague qui est très, très frappant.
Mme Boutin : Dans la même veine,
bon, depuis le début de la campagne de vaccination, on a vu aussi que... on a
constaté que, pour des patients qui étaient plus âgés ou plus fragiles, il y
avait une baisse de l'efficacité des vaccins
dans le temps, bien que, bon, oui, ça a eu un impact, là, comme vous venez de
le mentionner, sur les éclosions. Mais est-ce
que vous pourriez... on pourrait
revenir un petit peu dans le temps pour revenir dans le contexte
de la troisième vague au printemps dernier? Vous avez mentionné brièvement, là,
lorsque vous parliez avec ma collègue de Soulanges, un historique concernant
les éclosions et les dates clés concernant la vaccination des employés, l'effet
de la vaccination. Est-ce que vous avez eu des moments charnières dans la troisième
vague?
M. Dubé : Bien, peut-être pour
reprendre, ce que je vous dirais, moment charnière, on a commencé à vacciner
les usagers et les employés en même temps. Rappelez-vous, là, on était contents
de commencer à faire ça au début de janvier. Et tout de suite on a vu, après
six semaines, parce que c'est à peu près ça que ça nous a pris pour vacciner notamment
dans les CHSLD... Et c'est pour ça qu'on vaccinait et les usagers et les
employés. Alors, ça, c'est une date clé.
Comme j'ai dit, après avoir réalisé que ça allait
bien de ce côté-là puis qu'on commençait à avoir plus de vaccins,
rappelez-vous, parce qu'au début on n'en avait pas, de vaccin, il a fallu...
Après ça, je pense qu'on est au mois de mars, là, j'essaie de vous donner des
dates générales, c'est là qu'on a pu accélérer la vaccination dans nos
travailleurs de la santé, parce que, là, on commençait à avoir de plus en... Ça
peut paraître surprenant, mais, dans ce temps-là, on était contents de vacciner
10 000 personnes par jour, vous vous en rappelez.
Alors, c'est pour ça que je pense que dates
clés : début janvier; mars, on commence à avoir plus de vaccins pour nos
employés de la santé; puis, maintenant, je vous dirais, durant l'été, on a été
capable de compléter tout le monde pour arriver au 90 %, 91 % qu'on
est aujourd'hui. Mais, en même temps, 91 % avec une clientèle vulnérable,
moi, pour moi, ce n'est pas assez.
Mme Boutin : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Merci beaucoup.
Merci, M. le ministre, de prendre le temps de venir nous parler. Vous en
avez probablement entendu parler, du médecin... de la médecin intensiviste qui
travaille dans un hôpital de ma région, qui fait plusieurs sorties dans les
tribunes publiques pour nous parler de ce qu'il se passe dans le réseau. Et
elle nous partage les constats qu'elle fait à l'effet qu'actuellement c'est
beaucoup de jeunes qui se retrouvent en soins à l'hôpital et c'est des jeunes
qui n'ont pas nécessairement d'antécédents médicaux mais qu'ils ont un point en
commun, c'est qu'ils sont non vaccinés. Et elle rappelle... puis je la
remercie, parce qu'elle rappelle notamment l'importance de la vaccination, qui
est une mesure importante de protection.
Mais, du côté du personnel soignant, y a-t-il eu
des conséquences de manque de vaccination d'employés dans certaines unités? Et
avez-vous des exemples?
• (10 h 30) •
M. Dubé : Oui, bien,
malheureusement, la députée de Maurice-Richard a donné un
bon exemple tantôt, là, que je peux reprendre, là. Je pense, entre autres, à
l'unité des soins de cancérologie du CHU à Sherbrooke, là. On est au mois de juin, on est au mois de juin, puis il y
a une éclosion qui est survenue dans la... au niveau de la cancérologie.
Puis, écoutez, encore une fois, là, ce n'est pas pour accuser personne, mais
l'éclosion, ce qu'on nous explique, aurait été déclenchée par un employé qui
était contaminé — où
il aurait été contaminé, on ne le sait pas — mais entraînant le décès de
quatre patients. Et il y a eu 16 usagers qui ont été infectés par la
suite, dont quatre décès.
Alors donc, quand on regarde ces cas-là... Je le
répète, il y a eu un effort incroyable qui a été fait dans l'ensemble du réseau
sur les travailleurs de la santé, mais, étant donné l'impact de ce nouveau
variant là, qui était très peu présent au début, on l'a vu comment il a
augmenté, je pense qu'en ce moment même... et je le répète, même à 91 %, étant donné le contexte, les clientèles très
vulnérables, pour moi, on ne peut plus se permettre ce genre d'événement là et
on est rendu à cette étape-là. On avait un plan très clair où on suivait le
plan, mais je crois... et les gens comprennent très bien aujourd'hui qu'on
s'est ajustés.
Maintenant, ce qui m'inquiète encore plus, c'est
que je vous ai dit : On sait que c'est 91 % dans le réseau public,
mais on n'a pas ces statistiques-là dans le réseau privé. Puis on en a, des RI,
on en a, des RTF. Ma mère est dans une RPA. On en a partout, des gens qui font
affaire avec le réseau privé, où il n'y a pas cette obligation-là parce que ce
ne sont pas nos employés. Alors, c'est sûr que je le redis, c'est une décision
qui est difficile, je pense aux EESAD, je pense à tout ça. Alors, pour nous,
pour... Il y a des exemples malheureux, très malheureux, mais je pense qu'il
faut faire un effort encore plus, malgré tous les efforts qui ont été faits
jusqu'à maintenant.
Mme Lavallée : Je vous
remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, Mme la sous-ministre, chers collègues, merci. Je suis très heureux
d'être là, ce matin, pour discuter de ce sujet-là superimportant. Et, M. le
ministre, on le sait, là, il y a beaucoup de personnes présentement dans
les... personnel du ministère de la Santé qui sont quand même en arrêt de travail pour toutes sortes de
raisons, épuisement. On l'a vu, ça a bougé, beaucoup brassé, hein, on voit
même des manifestations arriver où est-ce que les gens disent : On
est à bout de souffle. Nos anges gardiens sont fatigués.
Moi, j'entends bien votre désir de vouloir
améliorer la situation, protéger les vulnérables, les personnes les plus vulnérables, puis c'est très, très louable,
mais la crainte que je peux avoir, là, quand on va imposer la vaccination
obligatoire... Est-ce que ça pourrait entraîner certains bris de service à
l'intérieur? Parce qu'il y a des gens, peut-être,
qui vont être réfractaires, qui vont refuser. Vous l'avez nommé dans vos
objectifs tout à l'heure, là. Est-ce que vous craignez certains bris de service
à l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux?
M. Dubé : La réponse, c'est
oui. Je pense que c'est pour ça qu'on a retardé cette décision-là le plus
possible. Encore une fois, on est avec... Puis je pense que c'est une très
bonne question, M. Lévesque, M. le député, parce que... Puis je dirais que c'est pour ça qu'on a pris vraiment le temps
de dire : Est-ce qu'on a fait tout ce qu'il fallait faire avant
d'aller à la vaccination obligatoire? Ça, c'est la première chose. Puis c'est
sûr que ça peut... ça nous inquiète, parce qu'on le voit comment notre
personnel a été surmené dans... Puis c'est pour ça que je les en remercie tous
les jours que le bon Dieu amène, parce
qu'ils ont fait un travail merveilleux. On ne fait pas ça par plaisir
aujourd'hui, là, donc on se comprend bien.
Par contre, on sait, puis on l'a vu, que, dans
les derniers mois, plus on avançait dans la vaccination, plus les gens
appréciaient l'environnement sécuritaire qu'on leur donnait. Parce qu'il n'y a
rien de pire, pour un employé de la santé
qui est vacciné, de savoir qu'un de ses collègues, dans le même milieu de
travail, n'est pas vacciné. Alors donc, je pense qu'il y a un équilibre
entre : oui, il y a peut-être un risque d'en perdre quelques-uns, mais il
y a aussi un risque de fournir... et
l'objectif de fournir un meilleur environnement. Puis il n'y a pas personne,
dans le domaine de la santé, qui ne pense pas, à chaque soir, en
rentrant à la maison, à ses enfants ou à sa famille, puis de dire : Est-ce
que j'ai contracté le virus? Non seulement
c'est triste pour moi, mais pour ma famille. Puis on l'a vu, et vice versa,
comment ça arrive, c'est souvent peut-être à la maison avec les enfants
que les gens contractent le virus puis reviennent dans le milieu de la santé.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, nous allons maintenant
céder la parole à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, Mme Savoie. Heureuse d'avoir l'occasion
d'échanger avec vous aujourd'hui.
D'entrée de jeu, M. le ministre, vous avez fait
référence à un avis de la Santé publique. J'imagine que, par souci de
transparence, vous pouvez partager ça avec les membres de la commission,
aujourd'hui, et le rendre public?
M. Dubé : Je pense qu'il est encore
un avis préliminaire. Je vous laisserai en discuter avec le Dr Arruda.
Mme Montpetit :
Bien, vous avez souvent fait référence à la transparence. C'est une décision
qui est importante, la vaccination.
M. Dubé : Tout à fait, tout à
fait, tout à fait.
Mme Montpetit : Je vous invite
à le partager pour qu'on puisse faire les échanges que l'on souhaite.
M. Dubé :
Vous aurez amplement le temps de le discuter avec le Dr Arruda, qui sera
ici dans quelques minutes.
Mme Montpetit : Parfait. Donc,
j'entends que vous n'avez pas la volonté de le partager. C'est parfait, ça
commence bien.
M. Dubé :
Ce n'est pas ça que j'ai dit, j'ai dit que vous pouvez le discuter avec le
Dr Arruda.
Mme Montpetit : Mais c'est
votre décision de le rendre disponible ou pas.
M. Dubé : Très bien, très bien.
Mme Montpetit : Parfait. Moi,
j'aimerais ça savoir... Parce que, bon, vous faites référence, encore là, à un
avis de la Santé publique, alors que la Loi sur la santé publique, elle est
quand même assez claire avec l'article 123, que je vous lis pour rappel,
qu'au cours d'une urgence sanitaire, le ministre peut «ordonner la vaccination
obligatoire de toute la population ou d'une certaine partie de celle-ci» sans
délai et sans formalité.
Pourquoi avoir fait le choix d'attendre? On a eu
ces échanges-là au mois de janvier, vous y avez fait référence vous-même, il y a eu... Bon, je ne suis pas sûre que j'aurais
qualifié ça d'exemples malheureux, mais il y a eu des éclosions, il y a
eu des décès, il y a des gens, aujourd'hui, qui ont des proches... qui ont
perdu des proches dans des CHSLD, effectivement, et au CHU, en cancérologie,
parce que, justement, il y a des employés qui n'étaient pas vaccinés, parce
qu'on les a laissés dans des milieux de soins. Pourquoi ne pas avoir pris cette
décision-là plus tôt? Et pourquoi aujourd'hui le faire? Et est-ce que ça va
être la même logique pour les autres secteurs aussi, d'attendre encore?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
pense qu'on ne peut pas nous reprocher, là, de suivre les recommandations de la
Santé publique, c'est ce qu'on fait depuis
le début, puis je pense que vous êtes en accord avec ça que c'est ce qu'on fait
depuis le début.
Maintenant,
il faut faire une différence. Quand vous parlez de l'article 123 ou 126,
qui est corollaire à ça, il y a une grande différence entre obliger la
vaccination, c'est de dire de forcer quelqu'un à le piquer. C'est ça que la loi
peut permettre jusqu'à l'extrême dans certains cas. Ce n'est pas de ça
qu'on parle ici. Ce qu'on parle ici, c'est de dire aux gens : Si jamais vous ne voulez pas être vacciné, vous ne
pourrez plus travailler. Il y a une grande, grande différence ici. Parce que
je pense, et ça sera au Dr Arruda de vous expliquer, là, ce que la loi
nous permet puis les mesures d'urgence nous permettent,
on pourrait aller obliger quelqu'un
de dire : Vous êtes... vous travaillez, et je vous pique. Ce n'est pas de
ça qu'on parle ici.
Alors, pour répondre à votre question, je
pense... puis j'ai bien expliqué, dans mon texte, un peu plus tôt, Mme la
députée, puis j'apprécie votre question... j'ai expliqué qu'on a suivi plusieurs
étapes, plusieurs étapes depuis le début,
tout en trouvant l'équilibre entre respectant le droit des employés, leur vie personnelle,
la façon dont on les traite, on
traite leur intégrité mais aussi d'être capable d'avoir le plus de volontariat
possible. L'arrivée de la quatrième vague nous met devant cette situation-là,
puis on va agir.
Mais on croyait qu'il était important, pour une
décision aussi cruciale, de venir consulter nos collègues et les experts. Il y aura plus de 15 experts qui
seront ici au cours des deux prochains jours. Je pense que c'est la bonne façon
de travailler.
Mme Montpetit : Vous avez...
D'entrée de jeu, dans votre allocution, vous avez dit que la vaccination
obligatoire aux travailleurs de la santé allait s'appliquer à tous les employés
et, par la suite, vous avez nuancé en disant
qu'elle allait s'appliquer seulement aux employés, aux travailleurs de la santé
qui sont dans un contact rapproché pendant plus de 15 minutes avec
la clientèle. Je vous laisserai certainement expliquer plus clairement ce
qu'est un contact rapproché dans d'autres circonstances que cette commission.
Moi, ce que je veux savoir plus précisément,
c'est pourquoi vous avez fait le choix d'exclure certains patients. Ce qu'on a
appris dans les trois dernières vagues, c'est qu'il y a eu de la transmission
entre les employés. Il y a eu de la transmission notamment dans les salles de
pause, dans les cafétérias, dans les couloirs. Et là vous prenez la décision...
Ça fait un peu demi-mesure d'exclure du personnel qui, lui, pourrait se
retrouver en contact avec des soignants qui,
eux, sont en contact avec des patients. Donc, j'aimerais savoir pourquoi vous
prenez ce risque, pourquoi vous prenez le risque d'exclure des patients
et de ne pas inclure... des travailleurs de la santé, pourquoi ne pas inclure
tous les travailleurs de la santé qui sont dans un milieu de soins, notamment.
M. Dubé : O.K. Bien, en fait,
ça a été une discussion qu'on a eue avec... encore une fois, je m'excuse de me répéter, mais c'est la logique qu'on a suivie,
c'est de regarder l'équilibre entre les différents critères que j'ai expliqués
tout à l'heure, le critère, entre autres, de vulnérabilité. C'est sûr qu'il n'y
a pas la même vulnérabilité d'un employé qui est en administration ou dans un
bureau puis quelqu'un qui est dans une salle de chirurgie.
Mais ce qu'on
a fait, c'est qu'on a demandé à l'équipe du Dr Arruda... Puis c'est pour
ça qu'encore une fois je remercie le
Dr Massé, avec toute son équipe, qui ont fait un travail... C'est eux qui
sont arrivés avec la recommandation, Mme la députée, là, qui sont
arrivés puis qui ont dit : Écoutez, on veut que ce soient tous les
travailleurs de la santé, mais le principe,
c'est d'avoir un contact important avec le patient. Et, ce contact-là, ils
l'ont défini par un contact de plus de
15 minutes avec un patient. Moi, je vous dis, avec les premiers calculs
qu'on a faits, ça rejoint à peu près 500 000 personnes.
Mais 300 000 personnes du réseau
public, 300 000 personnes qui sont vaccinées à 90 %, 91 %,
ça fait quand même 30 000 personnes, dans le public, qui ne sont pas
vaccinées. Et, dans le privé, si on prenait les mêmes pourcentages, puis je
pense qu'ils sont un peu plus bas, on a...
Une voix : ...
M. Dubé :
Non, mais juste pour terminer... Non, mais juste pour terminer...
Mme Montpetit : Est-ce que vous
pouvez nous confirmer qu'il n'y a eu aucune éclosion qui est venue du personnel
que vous allez exclure de votre directive?
• (10 h 40) •
M. Dubé : Je ne peux pas vous
confirmer ça, madame, parce qu'on a... Mais ce que j'aimerais vous dire, juste
pour terminer mon point, on parle ici, là, de 30 000 personnes qui ne
sont pas vaccinées dans le réseau public et on parle d'au moins la même chose
du côté du réseau privé. Alors, quand on pense aux RPA, on pense aux RI, du
personnel, des employés, des patients vulnérables qui sont souvent handicapés,
etc., je pense qu'il y a une décision importante de prendre par rapport à
50 000, 60 000, 70 000 personnes qui ne sont pas vaccinées
et qui sont en contact avec les patients, et c'est pour ça qu'on prend cette
décision-là. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour. J'ai vu que vous aimez les tableaux, donc, moi aussi, j'aime
aussi les tableaux. Donc, on parle d'un plan
de réaffectation d'un minimum de 60 000 employés.
Donc, il y a 30 000 dans le secteur public, 30 000 dans le
secteur privé. Donc, j'ai entendu que vous allez proposer la réaffectation. Si
c'est un refus, c'est un congé sans solde. C'est quoi, vos prévisions par
rapport aux prochains trois mois au niveau de la réaffectation des employés?
M. Dubé : C'est pour ça, tout à
l'heure, que je répondais à la question du député de Vanier, moi, je crois...
et c'est pour ça qu'on a donné une date d'application, M. le député, du
15 octobre. En fait, ce qu'on dit aux employés de la santé, là : Il
vous reste une chance, au cours des deux prochains mois, pour être capable
d'aller chercher non seulement votre première dose, mais d'aller chercher votre
deuxième dose aussi, parce qu'on sait que l'intervalle minimum est de quatre
semaines. Donc, c'est sûr qu'on sent qu'il va y avoir un certain dérangement
s'il y a des gens qui continuent de prendre cette décision-là.
Mais je vous
rappellerais, en même temps, qu'au pire, au pire de la première vague, on avait
12 000 personnes du réseau de la santé qui étaient absentes
pour toutes sortes de raisons, on est à 2 000 présentement. Alors, c'est
sûr qu'on a un peu plus de flexibilité qu'on en avait dans la première vague.
Mais c'est sûr, encore une fois, et c'est pour ça qu'on donne... Et les
discussions que vous aurez de par votre commission avec les représentants
syndicaux, puis je suis excessivement content de la collaboration qu'on a eue
avec eux, posez-leur leurs questions.
Parce que je
pense qu'on a vu une augmentation des taux. On était à 85 % il y a un
mois, on est rendu à 91 %. Donc,
il a continué d'avoir une augmentation. Puis je pense qu'en expliquant bien les
choses je serais pas mal surpris, surtout en donnant un environnement de
meilleure qualité à nos employés, pour leurs familles, qu'on va avoir une...
M. Derraji : ...vous
expliquez... Comment vous expliquez qu'à l'intérieur du réseau de santé, où
vous êtes responsable, il y a 30 000 personnes qui, jusqu'à
maintenant, elles, n'ont pas eu ni la première ni la deuxième dose,
qu'aujourd'hui, vu que vous allez passer au mode obligation, ils vont aller se
précipiter pour la première et la deuxième dose et respecter le délai du
15 octobre?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
vous ai dit, on prend des moyens qu'on trouve excessivement difficiles. On va réaffecter, mais comme vous avez dit, si on n'est
pas capable de réaffecter un certain nombre de personnes, ces gens-là
devront prendre un congé sans solde. Alors, c'est triste, mais c'est ça. Ce
n'est pas notre objectif. Alors...
M. Derraji : C'est quoi, le
profil...
M. Dubé :
...je pense qu'il faut... Mais je veux juste terminer. Il faut être capable de
comparer des désavantages. C'en est un, on est très conscients de ça.
M. Derraji : C'est quoi, le
profil des employés, les 30 000 qui refusent, jusqu'à maintenant, la
vaccination? Est-ce qu'on parle des médecins? Est-ce qu'on parle de
pharmaciens? Est-ce qu'on parle d'infirmières? Est-ce qu'on parle de préposés
aux bénéficiaires? C'est quoi, le profil?
M. Dubé : Le profil, il est
variable, il est variable par profession, il est variable par expertise, il est
variable par région. On a des régions, par
exemple, comme à Montréal, où le taux de vaccination des employés est beaucoup
plus bas. On a des types de
professions qui sont un peu plus bas. Je vous dirais que c'est généralisé mais
avec des pourcentages qui varient. Et c'est pour ça que je crois, selon
moi, qu'une bonne discussion comme on va avoir dans les prochains jours, notamment avec le travail... puis je le
répète que le syndicat nous a... les différents syndicats nous ont aidés, je
pense qu'il y a encore de la place pour convaincre des gens de bien les
informer et de monter le taux de participation.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au
député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, M. le Président. M. le ministre, ce n'est pas que je suis impoli, mais
je n'ai pas de temps, alors je vais couper les mondanités. J'ai 2 min 30 s
puis j'ai deux questions.
D'après certaines
statistiques, là, il peut y avoir jusqu'à 30 % de personnel non
adéquatement vacciné même dans certains
hôpitaux. Vous avez parlé de Montréal, c'est le cas, effectivement. C'est quoi,
votre plan de contingence? Parce que vous admettez vous-même qu'il y en
a une partie qui vont partir, effectivement, et vous admettez qu'il peut y avoir bris de service, ce qui n'est quand
même pas rien dans des hôpitaux qui sont déjà à l'extrême limite de ce
qu'ils peuvent faire.
Et, par ailleurs, est-ce qu'il y a toujours
cette fameuse mobilité du personnel d'un établissement à l'autre, en
particulier du personnel qui vient des agences privées et qui contribue aussi à
la propagation et à la contamination?
M. Dubé :
Bon, comme vous n'avez pas beaucoup de temps, je vais aller à l'essentiel. Deux
choses. Vous me demandez quelles vont
être les bris de service. On l'a vu dans les vagues précédentes, quand on
manque de personnel, qu'est-ce qu'on fait? Malheureusement, on coupe
dans les chirurgies, on coupe dans les chirurgies, on coupe dans des services qui sont essentiels. C'est sûr que,
s'il y a beaucoup de personnes qui partent, il va y avoir un impact. En ce
moment, on a réussi à revenir à 100 % de nos chirurgies. On ne rattrape
pas le retard, mais au moins on est revenus à 100 %.
La pire nouvelle qu'on pourrait annoncer aux Québécois, c'est que... s'il y a
beaucoup de personnes du réseau qui
s'en vont, c'est qu'on va être obligé de baisser encore une fois les chirurgies.
C'est ça qui va être notre choix, puis ce n'est pas notre premier choix,
et c'est pour ça qu'on donne jusqu'au 15 octobre à nos employés pour le
faire.
Maintenant, spécifiquement à votre question dans
certaines régions, pour moi, la différence dans certaines régions s'explique aussi peut-être par une
communication plus grande qu'on devrait faire dans certaines régions. Parce
qu'il y a des... j'ai des secteurs où on est
à 95 %, 96 % dans le secteur de la santé aussi. Alors, c'est pour ça,
M. le député, puis je termine
là-dessus, qu'on se donne jusqu'au 15 octobre pour donner aux gens le
temps, ceux qui n'ont pas encore été convaincus, de le faire.
M. Marissal : Si on est à
70 % dans certains hôpitaux, là, donc 30 % de personnel non vacciné,
vous venez d'admettre que vous avez raté votre programme de communication.
Parce que, 18 mois plus tard, il est un peu tard, M. le ministre, pour
venir nous dire : Ah! bien, on va faire de la sensibilisation.
M. Dubé : Vous pouvez commenter
ça. Moi, je vous dirais qu'avec toute la collaboration qu'on a eue de nos
syndicats, de nos P.D.G. qui ont fait un travail incroyable, de... tout le
monde a fait un travail, il y a encore des endroits où on peut mieux faire.
Puis je pense que c'est ça qu'on va continuer à faire dans les prochains jours.
On le fait chaque jour. On a demandé à nos employés d'être disponibles, on leur
a donné toutes sortes de façons de le faire.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
M. Dubé : On va continuer à le
faire, M. le député.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, par manque de temps, je vais aller droit au but
également avec quelques courtes questions. M. le ministre, quand vous
faites référence à un avis public dont on ne peut
pas avoir copie pour l'instant, est-ce qu'il s'agit bel et bien d'un avis du
Comité d'éthique de la santé publique ou d'une autre organisation?
M. Dubé : Non, premièrement, ce
n'est pas un avis public, là, ce que j'ai parlé tout à l'heure, puis ce n'est
pas l'avis du comité d'éthique, c'est un avis qu'on a demandé à la Santé
publique, que j'ai qualifié d'un avis préliminaire, et cet avis-là n'est pas
encore disponible de façon publique.
M. Arseneau : Mais vous êtes
bien conscient que le seul avis que le public a, que les gens de la santé ont,
c'est celui du Comité d'éthique en santé publique, qui mise sur les valeurs de
réciprocité et de solidarité pour une vaccination volontaire.
M. Dubé : Oui. Et c'est pour
ça, d'ailleurs... M. le député, votre question est très pertinente. C'est pour
ça qu'on a demandé au Dr Arruda, à son équipe, de nous dire...
émettez-nous un avis, parce qu'on est tous d'accord qu'on a besoin de la vaccination obligation pour la santé. Puis, étant
donné qu'on décidait de passer par une commission, je pense qu'il aurait
été prématuré, pour faire un avis final avant d'entendre tout le monde qui va
être ici, autant les députés que les experts qui sont consultés.
M. Arseneau : Vous avez parlé,
tout à l'heure, de quelques semaines encore pour convaincre les gens qui n'ont
pas été se faire vacciner adéquatement, mais on utilise la contrainte, en fait.
Pourquoi utiliser seulement la contrainte à ce stade-ci?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
pense que poser la question, c'est y répondre, M. le député.
M. Arseneau : Est-ce que vous
ne craignez pas, à ce moment-là, que ce soit contre-productif puis qu'on ait
des fameux bris de service auxquels vous avez fait référence? Et est-ce que
vous les avez mesurés? Parce que vous êtes... vous dites que vous êtes un amant des
tableaux, mais vous l'êtes aussi, en tout cas du moins votre gouvernement,
des sondages. Quelle est la perception que
vous avez sur l'effet de la contrainte sur le personnel de la santé? Quels
seront les résultats?
M. Dubé :
Écoutez, on l'a vu... M. le député, on l'a vu dans plusieurs cas qu'il y a des
gens, puis pour toutes sortes de raisons personnelles, culturelles, etc., qui
ont besoin de prendre plus de temps pour être convaincus de ce qu'il faut faire, et, dans ce sens-là... Puis j'ai
expliqué, là, j'ai pris le temps, tout à l'heure, d'expliquer toutes les étapes,
comment on a fait pour en arriver avec un consensus pour que les gens
comprennent que c'était important dans la santé. On est passé de 40 à 60...
M. Arseneau :
L'objectif final, c'est quoi, 100 %?
M. Dubé :
Bien, c'est sûr qu'il faut aller chercher... Parce qu'on a dit — il y
a un objectif précis dans la santé — que chaque cas est dangereux.
On a donné des exemples, la députée de Maurice-Richard en a donnés. On peut vous en
donner plusieurs, exemples, où, malheureusement, un seul employé non vacciné
peut causer un tort important. On ne dit pas que c'est...
M. Arseneau :
...peuvent aussi transmettre le virus.
Le Président (M. Provençal)
: Merci
beaucoup. Le temps étant déjà écoulé,
je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
• (10 h 50) •
Mme Samson :
Merci, M. le Président. Bon, on parle ici de 30 000, 50 000,
60 000 employés du service de la santé qui ne sont pas vaccinés. M.
le ministre, de combien de ceux-ci le système est-il capable de se passer avant
de s'écrouler?
M. Dubé :
Écoutez, Mme la députée, j'ai expliqué, tout à l'heure, que... Alors, on a eu,
au pire de la première vague, 12 000 employés qui étaient en absence
de travail. On en a présentement un petit peu plus que 2 000. C'est
sûr qu'on ne veut pas retourner là, et je pense que c'est pour ça qu'on s'est
donné un délai et qu'on veut être capable de le respecter. Et on va être
capable de convaincre nos employés que c'est la bonne chose à faire étant donné
l'urgence de la situation.
Mme Samson :
Les employés qui ne sont pas complètement vaccinés aujourd'hui doivent passer
trois tests négatifs par semaine, si je ne m'abuse. À partir du moment où le
vaccin est efficace contre le Delta à 66 %, là, c'est les derniers
chiffres qui sont sortis, est-ce que les gens qui se font vacciner sont moins
bien protégés que ceux qui passent les trois tests négatifs par semaine?
M. Dubé :
Écoutez, il faut faire attention avec les études qui sont sorties, c'est des
études aux États-Unis et en Angleterre qui ne tiennent pas compte de
l'intervalle entre la première dose et la deuxième dose. On parle de temps
d'intervalle, dans ces pays-là, qui a été de quatre semaines. Nous, on a
eu un intervalle beaucoup plus long grâce à une excellente recommandation du
Dr Arruda, qui a demandé à avoir un intervalle beaucoup plus long entre la
première puis deuxième dose, donc ces études-là ne s'appliquent pas à nos
statistiques à nous. Puis on le verra, dans les prochaines semaines, comment ça
se développe.
Le Président
(M. Provençal)
:
15 secondes.
C'est beau? Merci. Je vous remercie, M. le ministre, pour votre
collaboration et votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir le prochain témoin.
(Suspension de la séance à
10 h 52)
(Reprise à 11 heures)
Le Président
(M. Provençal)
: Je souhaite la
bienvenue au Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé
publique. Je vous rappelle que vous disposez 10 minutes pour votre exposé,
après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite à vous présenter et à commencer votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite à vous présenter et à commencer votre exposé. À vous la parole.
M. Horacio Arruda
M. Arruda
(Horacio) : Bonjour,
M. le Président. Bonjour, M. le
ministre, chers élus, mesdames et messieurs. Je me présente, je
suis le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique et sous-ministre
adjoint à la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Je suis accompagné de mon collègue, qui va se présenter, le Dr Richard
Massé. Vas-y, Richard.
M. Massé
(Richard) : Bonjour. Je suis conseiller médical stratégique auprès du directeur
national de santé publique. Je suis présent depuis le mois de mars 2020 aux
côtés du Dr Arruda.
M. Arruda
(Horacio) : Merci.
Donc, permettez-moi de vous faire encore mes salutations, et je vous remercie
de nous permettre d'être entendus à cette commission, qui est très importante,
pour cet objet très particulier, qui se prend dans un contexte de mesures
d'urgence.
Mesdames et messieurs, nous sommes plus que
jamais à un point crucial de nos efforts de lutte contre la COVID-19. Au Québec,
comme par les campagnes passées, la réponse de la population québécoise à
l'invitation du gouvernement avec... à la vaccination contre la COVID-19 a été
un grand succès, particulièrement quand l'on se compare avec les taux qui ont
été atteints aux niveaux international et national. Même si la vaccination
demeure le meilleur outil de lutte contre la pandémie, l'arrivée du variant
Delta accentue encore notre défi. Nous sommes encore loin de pouvoir abandonner la vigilance qui nous a si bien servis ces
derniers mois. M. le ministre a bien raison d'affirmer que la prudence est de mise. Dans ce
contexte particulier d'urgence sanitaire, de l'arrivée du variant Delta et
surtout après tous les efforts qui ont été consentis pour promouvoir et rendre
accessible la vaccination à toute la population, l'adoption d'une mesure
obligeant la vaccination adéquate des intervenants de santé et des services
sociaux s'avère nécessaire au point où nous en sommes.
Par ailleurs, c'est important de le mentionner,
que nous continuerons certes tous les efforts pour convaincre la population à
se faire vacciner par des approches habituelles qui sont les pierres angulaires
de nos programmes de vaccination. C'est
ainsi que nous pourrons limiter la propagation du virus de manière stratégique là où les conséquences sont les plus grandes, soit dans nos installations
du réseau et dans les milieux qui accueillent les clientèles les plus
vulnérables.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'obliger tout le
monde mais plutôt les personnes qui sont en contact rapproché, pendant plus de
15 minutes, avec les usagers sur une base quotidienne. Les milieux ciblés
sont les CLSC, les centres hospitaliers, les
CHSLD, les centres qui accueillent les jeunes en difficulté, les milieux de vie accueillant des personnes ayant une perte d'autonomie, les entreprises
qui offrent des services de soutien à
domicile, le milieu des services
préhospitaliers d'urgence. Je n'en fais pas une liste exhaustive, car nous
aurons le temps, en commission, de regarder cela de plus près, mais vous
comprenez le principe. Cela concerne les intervenants qui ont un contact direct
avec les usagers pendant assez longtemps
pour présenter un risque réel de contamination. Ces intervenants sont de
différents types. Cela inclut le personnel soignant, dont les médecins,
les stagiaires, les sages-femmes, mais aussi, entre autres, les bénévoles, le
personnel enseignant oeuvrant au sein du réseau de même que les responsables
des milieux de vie et leur personnel.
Évidemment, il y aura des exceptions, car
certaines personnes ont des contre-indications à la vaccination. Je tiens
toutefois à rappeler que ces contre-indications sont très rares et qu'elles
sont, en général, applicables à un seul type de vaccin, il y a presque toujours
possibilité d'offrir un type de vaccin ou un autre.
L'adoption d'une telle mesure n'est pas unique
au Québec. Cette option s'inscrit en cohérence avec la position de nombreuses
juridictions à travers le monde qui ont opté pour cette solution. Ailleurs dans
le monde aussi, les autorités de santé
publique font des recommandations en ce sens. En France, par exemple, le
personnel des hôpitaux, des cliniques et des maisons de retraite ainsi
que les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées ont jusqu'au
15 septembre 2021 pour se faire vacciner. L'Italie et la Grèce ont pris
des mesures similaires.
La vaccination obligatoire doit être utilisée en
ajout des autres mesures de protection recommandées. Et, rappelons-le, le
vaccin est la solution la plus efficace pour venir à bout de cette pandémie,
et, si nous voulons en finir avec une telle crise, il faut nous assurer que plus
de gens possible soient immunisés. Avec l'émergence des variants et la
recrudescence des cas que nous observons en ce moment, c'est le choix le plus
sensé à faire, et le but de cette commission est de voir comment nous allons adapter cette
mesure au contexte québécois et à la volonté de la population.
Merci à vous,
chers élus de l'Assemblée nationale, de nous partager vos suggestions
et vos préoccupations afin de soutenir le gouvernement dans sa
décision. Je vous remercie et je vous souhaite une bonne commission.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons débuter la période d'échange avec Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux d'être présents pour la commission aujourd'hui. Un merci tout spécial à Dr Massé pour toutes
vos années de contribution à la fonction
publique et surtout votre grande
contribution pour la pandémie actuelle.
J'ai une question vraiment toute simple pour
vous : Sur quoi vous vous êtes basés pour rendre cette décision, pour
prendre cette décision?
M. Arruda (Horacio) : Je
pourrais commencer, et Dr Massé pourra compléter. Il faut comprendre qu'on
s'est basés sur le fait que, premièrement, on a offert la vaccination, on a
fait plusieurs démarches antérieures, je vous dirais, là, pour promouvoir la
vaccination, diminuer les barrières, expliquer, promouvoir, aller vacciner sur
les sites et sur les lieux, mais
malheureusement, avec l'arrivée du Delta comme tel, compte tenu aussi du fait
qu'il existe encore un risque
important pour les personnes vulnérables et pour les... pour un certain
sous-groupe de travailleurs de la santé et dans le contexte où, avec la quatrième vague, oui, on va avoir plus
de cas, mais on risque d'avoir des hospitalisations aussi chez des plus jeunes, des besoins pour le
système de soins, bien, dans les faits, comme stratégie complémentaire à
ce qu'on a déjà fait, compte tenu qu'on a
quand même mis des efforts assez intenses, on considère maintenant, compte tenu du variant Delta, compte tenu qu'il y a encore un
bassin important de personnes vulnérables, compte tenu qu'on veut protéger les travailleurs de la santé aussi
de la transmission entre eux et les maintenir au travail... parce que chaque
travailleur de la santé qui est absent est une ressource de moins, qui va avoir
un impact non pas seulement sur les gens qu'on traite, en termes de COVID-19,
mais aussi sur les soins en général, des infarctus, d'autres urgences qui
pourraient, à mon avis, être impactées.
Et, dans ce contexte-là, aussi on s'est basés
sur la connaissance qu'on a eue des éclosions antérieures. On sait que les
travailleurs de la santé ont été une très forte proportion des cas, notamment
en première vague, et même en deuxième, et encore vrai tout récemment. À chaque
jour, on a au moins une vingtaine, même jusqu'à 40 travailleurs de la santé qui s'infectent et on a besoin de ces
personnes-là pour maintenir les soins. Donc, ce sont des milieux à haut risque. C'est basé sur notre expérience
antérieure, sur le désir, un, de protéger les vulnérables, deux, de protéger
notre système de soins mais aussi les travailleurs de la santé.
Je ne sais pas si Dr Massé veut ajouter
quelque chose.
M. Massé (Richard) : Bien, je
pense, vous avez fait le tour des arguments, mais j'ajouterais le fait d'avoir un rôle exemplaire vis-à-vis de l'ensemble de la
société. Donc, c'est moins un enjeu épidémiologique que le fait de dire :
Bien, tout le monde devrait aller chercher la vaccination. Mais, si les
travailleurs de la santé y vont complètement, ça montre le signal que c'est
essentiel pour tout le monde d'aller chercher la vaccination.
M. Arruda (Horacio) :
Merci, Richard, de parler de cette exemplarité-là qui est importante, et ça
fait un peu partie de nos processus déontologiques, de ne pas mettre à risque
nos patients.
Mme Picard : Merci...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci beaucoup, M. le Président. Merci,
Dr Massé, merci, Dr Arruda, d'être aujourd'hui présents en commission
pour répondre à nos questions. Écoutez, j'ai deux questions qui sont en
complémentarité avec celle de ma... la
députée de Soulanges. Vous savez, le gouvernement, jusqu'à maintenant, a
toujours suivi les avis, les recommandations de la Santé publique, et puis là, bon, vous venez de recommander
que la vaccination obligatoire soit faite
pour les travailleurs de la santé. J'aimerais savoir quels sont les
critères qui vous guident dans la décision pour définir, décider qu'un corps d'emploi particulier se qualifie ou devrait,
justement, se faire vacciner
de manière... obligatoirement.
• (11 h 10) •
M. Arruda (Horacio) : Je
vous remercie. Il faut comprendre que notre avis est préliminaire actuellement,
d'ailleurs les travaux de la commission vont peut-être nous aider à cerner
aussi certains sous-groupes qui n'auraient été pas nécessairement identifiés
dans la liste, mais le principe général, là, c'est un intervenant, une personne
qui peut être à la fois un professionnel de la santé ou une personne, par exemple en hygiène et salubrité, qui va être en contact avec des personnes en milieu vulnérable pour un
minimum de 15 minutes. La raison pour laquelle on fait ça, dans le fond, c'est qu'on... c'est que les gens doivent avoir un contact physique ou
dans la même pièce qu'une personne qui est malade et
qui est très vulnérable. Ça, c'est un des critères majeurs, je vous dirais,
c'est celui qui définit l'intervenant de
santé. Après ça, il y a toute une série d'analyses qui sont faites, notamment
avec nos équipes de ressources humaines, qui connaissent bien les corps
d'emploi, etc.
Nous, on n'est pas rentrés dans la définition
précise des corps d'emploi, on en a quelques-uns, mais, dans les faits, le principe principal, c'est : Vous
êtes un intervenant de soins de santé ou vous travaillez dans un milieu de
santé où vous êtes en contact avec
des personnes vulnérables, habituellement pour un temps qu'on calcule de 15
minutes, donc vous devez être protégé, à la fois pour vous protéger
vous, pour rester en fonction, et aussi protéger la population. Dr Massé?
M. Massé (Richard) : On fait
attention aussi pour ne pas déborder pour des gens qui n'auraient pas ces
contacts avec les personnes vulnérables, parce que peut-être que vous nous
poserez la question : Mais pourquoi pas telle autre, pourquoi pas telle
autre? Puis c'est là l'enjeu important de dire : On s'en tient à ces
critères-là, parce qu'on a toujours
maintenu que ce n'était pas l'option numéro un d'avoir la vaccination
obligatoire mais que, dans certains cas, et c'est le cas maintenant, on
est obligés de le prendre et on doit vraiment le... bien le cercler, bien le
confiner.
Mme Boutin : ...complémentaire,
là. Considérant qu'on a fait beaucoup d'efforts de sensibilisation pour
encourager les gens à se faire vacciner, encourager tous les travailleurs à se
faire vacciner également, est-ce que, selon
vous, on devrait, à terme, quand on va être au maximum des efforts, là, de sensibilisation... est-ce que, selon vous, à terme, on devrait obliger, forcer
la vaccination obligatoire à tous les travailleurs qui sont en contact direct
avec des personnes que vous jugez vulnérables selon vos critères?
M. Arruda
(Horacio) : Il faut
comprendre que, comme on le dit, là, la mesure principale qu'on fait habituellement... et qu'on va continuer à faire, hein? Ce n'est pas parce qu'on va
implanter cette mesure de vaccination obligatoire
auprès de certains travailleurs qu'on va arrêter nos efforts de faire comprendre
et de convaincre, hein, ça va
continuer. C'est un élément qui s'ajoute aussi sur un autre élément qui est
très important, il faut garder nos mesures de protection qu'on utilise, mesures de protection
personnelle, et les guides de pratiques qui vont être là, là. Ce n'est pas
parce qu'on est vaccinés deux doses qu'il faut automatiquement tout libérer
avec le variant Delta.
Donc, je pense qu'actuellement ce qu'on a
convenu, là, où on en est en date d'aujourd'hui, puis on va entendre, bien entendu, les travaux de la
commission, c'est qu'on veut protéger les gens vulnérables. Où sont-ils? Ils
sont dans les milieux de soins, ils
sont dans les CHSLD, ils sont dans des résidences pour personnes âgées. Et la
catégorie de personnel qui est en
contact suffisant avec la personne pour l'exposer, c'est eux qui sont visés par
la recommandation préliminaire qu'on a mise en place.
Maintenant, pour ce qui est de l'avenir, je
pense que je ne veux pas fermer aucune porte, mais actuellement c'est
véritablement là-dessus, parce qu'on considère que ces personnes-là sont à
risque, ces personnes-là peuvent contaminer leurs... les patients, et puis,
trois, ils sont absolument essentiels au maintien des services de santé. Et ce n'est pas seulement la COVID-19, mais toutes les
autres opérations urgentes ou moins urgentes qui pourraient être impactées
par un système de soins qui est surchargé.
Mme Boutin : Merci beaucoup. Je
pense que ma collègue de Repentigny à quelques questions également.
Le Président (M. Provençal)
: ...je vous cède la parole.
Mme Lavallée :
Merci beaucoup. Merci à vous deux d'être présents et partager vos
connaissances. Ma question, c'est que vous avez retenu le critère des personnes
qui travaillent dans le régime de santé mais qui sont en contact pour...
sur une base de 15 minutes avec des patients.
Est-ce qu'il devrait y avoir d'autres critères à être envisagés pour certaines
catégories de travailleurs du réseau?
M. Arruda (Horacio) :
Bien, dans les faits, c'est... ce critère-là englobe déjà une très grande
proportion. Premièrement, il faut se le
dire, il y a une bonne... quand même relative bonne couverture des travailleurs
de la santé, là. Là, ce qu'on va
aller chercher, c'est un noyau plus, je dirais, minimal, qui, pour toutes
sortes de raisons, des fois, c'est de l'hésitation,
attendent un peu plus tard. Donc, c'est une mesure qui va s'ajouter encore à
celle qu'on convainc, comme tel, par rapport à ça.
Dr Massé, voulez-vous ajouter?
M. Massé
(Richard) : Bien, dans le fond, vous ouvrez la porte à dire : S'il arrivait quelque chose de différent dans le futur, est-ce
qu'on pourrait évoluer? Par exemple, si on avait un variant différent qui se
présentait puis que la situation
épidémiologique changeait, c'est évident qu'il pourrait y avoir une révision de
l'avis du Dr Arruda puis dire : Bien, peut-être que, compte tenu de la situation, on doit maintenant
revoir les critères qui ont été utilisés pour dire qui devrait être
vacciné de façon obligatoire.
Mme Lavallée : Puis mon autre question, ça serait : Est-ce que
la nature du travail des gens qui travaillent dans le réseau devrait
déterminer si elle est visée ou non par l'obligation d'être vacciné?
M. Arruda (Horacio) :
Oui, dans le sens où la nature du travail que les gens font, c'est : il
faut qu'ils soient en contact physique avec la personne. Prenons un exemple,
quelqu'un qui est dans un secrétariat administratif, qui n'a pas de contact avec les patients, n'est pas
nécessairement plus à risque qu'un autre individu dans un bureau qui n'est
pas dans un centre hospitalier. Ça fait que c'est véritablement la question du
soignant.
Prenons, par
exemple, quelqu'un qui fait de l'hygiène et de la salubrité, hein, qui vient
désinfecter des chambres, des fois, il y a des chambres multiples, pendant qu'il
fait une désinfection, il est dans le même espace physique, et ça peut
prendre plus que 15 minutes, une bonne désinfection de chambre, donc, à ce
moment-là, ces personnes-là, c'est par... à travers le type de contacts qu'ils
ont avec la clientèle qui est l'élément particulier.
Mme Lavallée : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Dr Arruda, Dr Massé, merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Ma collègue de Jean-Talon
vous a parlé des corps d'emploi, la façon, là... votre processus
décisionnel. Moi, de mon côté, ce qui... On va le reconnaître, là, la
proposition sur la table, c'est quand même assez contraignant, c'est du
rarement-vu, même peut-être jamais-vu au Québec, là. Peut-être, historiquement,
ça s'est passé il y a fort longtemps, mais, de mémoire d'homme, moi, je ne m'en
souviens pas, là.
J'aimerais ça comprendre vos étapes pour faire
une... prendre une décision, faire une proposition comme ça. Comment vous fonctionnez pour prendre cette
décision-là, votre processus décisionnel, là, les étapes que vous avez passé
au travers? Parce que c'est quand même assez
contraignant ce que vous proposez aujourd'hui au ministre de la Santé.
M. Arruda (Horacio) :
C'est clair qu'en santé publique je tiens à vous dire que la vaccination
obligatoire, c'est quelque chose qui est permis dans la loi, mais il faut avoir
fait certaines conditions, parce qu'on vient brimer et un petit peu même aller contre certains principes de la charte des droits et libertés. Mais il faut comprendre que les juges
peuvent comprendre que, si une menace est présente et qu'on a mis en place
toutes les autres stratégies d'effort qui sont faites, il
faut avoir une bonne raison pour le justifier. Bon, l'arrivée du variant Delta,
hein, le fait qu'on a fait des efforts... Puis on va continuer à les faire,
hein, je ne sais pas si vous comprenez, là. Ça, je tiens à le dire, là, d'ici
le moment où ça va être obligatoire,
appliqué, on ne va pas dire : On attend, on va continuer à aller
convaincre des gens, parce que chaque personne vaccinée première dose,
un, et deuxième dose, se protège elle-même, donc ça ne devient pas un patient.
Et, dans les faits, on a absolument besoin de ces gens-là pour les maintenir.
Et on sait que la capacité du réseau de la
santé, par rapport à la première vague, elle a beaucoup diminué de par le fait
qu'il y a beaucoup plus de gens qui ont été absents, il y a plusieurs
travailleurs de la santé qui, pour des raisons d'immunité ou autres, ne sont
pas au travail. On a dû prendre des ressources, aussi, pour les utiliser pour
les campagnes de vaccination, pour les centres de dépistage. On a demandé la
contribution de Je contribue, là, mais on est dans un niveau, actuellement, où,
à la veille d'une quatrième vague, qui a été exponentielle ailleurs, avec des
impacts importants sur les hospitalisations et les soins intensifs... on
arrive, à ce stade-ci, après avoir fait des efforts, à prendre une mesure
d'exception auprès d'un sous-groupe de la population, qu'on pense qui est
majeur parce qu'il est en contact avec les plus vulnérables, parce qu'il est
essentiel qu'il puisse continuer à donner des soins. Et ce personnel-là, aussi,
quelque part, va nous permettre de maintenir le système de soins, je vous
dirais, en fonction sans mettre en péril, je vous dirais, des retards qu'on a déjà
faits par rapport à des délestages mais aussi parce que les lits de soins intensifs sont occupés par des jeunes patients
atteints, ne sont pas accessibles pour des chirurgies semi-urgentes ou
autres.
Donc, il faut comprendre le contexte, et je vais
laisser Dr Massé ajouter, on arrive à un moment charnière, si vous permettez, parce qu'aussi, plus tard, avec la
vaccination des enfants et des plus jeunes, on va avoir cette immunité
collective qui va probablement nous ramener, espérons-le, vers un mode plus
normal. Dr Massé?
M. Massé (Richard) : En plus de
l'effort de promotion puis d'accessibilité puis renforcer dans chacun des
milieux, on a fait quelque chose qu'on ne fait pas si souvent que ça, c'est de
demander, obliger, dans le fond, à ce que tous les travailleurs qui ne sont pas
vaccinés, qui n'ont pas une dose au moins de vaccin soient dépistés trois fois
par semaine. Ça aussi, c'est déjà un niveau de contrainte qui est un peu
spécial, mais ça tenait compte de la situation à ce moment-là.
Puis là, comme M. le ministre l'a exprimé
en début de session ce matin, on voit que ça a plafonné. Depuis le mois de
juillet, on avait une baisse du nombre de personnes qui venaient chercher leur
vaccination. Donc, on doit passer à une étape supérieure, complémentaire aux
autres, comme Dr Arruda l'a mentionné.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Autres questions? Oui, Mme la députée de Lotbinière...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: ...Frontenac.
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Bonjour, M. Arruda, Dr Massé. Pouvez-vous nous dire si c'est une situation
inusitée de former... de forcer, excusez-moi, la vaccination au Québec? Puis est-ce
que vous pouvez nous faire un bref historique de la vaccination?
Le Président (M. Provençal)
: ...secondes.
M. Arruda (Horacio) :
Bien, rapidement, je suis très légèrement plus jeune que le Dr Massé,
mais, de mémoire d'homme ou de... du moment où moi, je suis au Québec, on n'a
pas utilisé la vaccination obligatoire. Ça a toujours été quelque chose où on
est allés par le «convaincre» plutôt que le
«contraindre». Et je tiens à vous dire que c'est le principe qu'on essaie de
faire habituellement, justement pour respecter les droits de la personne. Pour,
par contre, en arriver à ça... Il y a des situations, par exemple, où, pour
pouvoir faire un stage en médecine, vous devez être vacciné contre telle, telle maladie parce que, si vous n'êtes pas vacciné contre telle, telle
maladie, vous ne pourrez pas faire votre stage dans tel département.
Donc, ce n'est pas une vaccination obligatoire, mais c'est une condition
administrative pour... Mais la vaccination obligatoire d'une population, même
dans la H1N1, ça n'a pas été une chose qu'on a utilisée. Il faut vraiment avoir
de bonnes raisons. On est rendus quand même à une quatrième vague.
Le Président (M. Provençal)
: Docteur...
M. Arruda (Horacio) : On
voit l'impact que ça a sur...
Le Président (M. Provençal)
: Je dois vous remercier...
M. Arruda (Horacio) : ...
Le Président (M. Provençal)
: Le temps est écoulé. Je vais céder la parole maintenant à
la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Bonjour, Dr Arruda. Bonjour,
Dr Massé. Bien contente de vous voir. Merci beaucoup de prendre le temps
aujourd'hui d'être avec nous, de répondre à vos questions, on sait combien vos
avis sont toujours très éclairants. Merci énormément.
D'entrée de jeu, Dr Arruda, le ministre,
tout à l'heure, dans son audition, nous disait qu'il vous a demandé un avis.
Pourriez-vous m'indiquer à quel moment cet avis sur la vaccination obligatoire
vous a été demandé, à quel moment il a été transféré, aussi, au ministre et sur
quel secteur la demande a été faite?
M. Arruda (Horacio) : Si
vous me permettez... Là, je vais vous dire, moi, j'ai une très mauvaise mémoire
de ce qui s'est passé hier, il se passe tellement de choses. J'ai de la misère
même des fois à définir quelle année je suis, puis ce n'est pas pour vous
mentir, je vous dis bien honnêtement. Dr Massé, qui travaillait avec
l'équipe d'immunisation... Ce qu'il faut que vous compreniez, c'est que, bon,
il y a eu une demande, mais nous, on a fait une proposition en disant :
Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer le statut vaccinal...
Mme Montpetit : Je m'excuse,
Dr Arruda...
M. Arruda (Horacio) :
Mais, je vous dirais, c'est à peu près... c'est arrivé au courant... Richard,
peux-tu mentionner quand est-ce qu'on a commencé à soulever la question de la
vaccination obligatoire, s'il te plaît?
M. Massé (Richard) : Bon, en
fait, ça fait longtemps que cette option-là est connue. On l'a mise dans la loi
il y a 20 ans, là, donc on savait que
c'était une option éventuelle potentielle. Au mois de juin, quand on a vu qu'il
y avait un plafonnement de la vaccination chez les intervenants de santé
puis qu'il y avait encore une proportion quand même significative de personnes
qui n'étaient pas vaccinées, on pensait qu'on devait aller plus loin, puis on a
eu les discussions avec les autorités ministérielles et avec le conseil
exécutif, puis là, après, on a documenté, travaillé à regarder toutes les options, comme Dr Arruda l'a mentionné, et puis
on a, à ce moment-là, cheminé dans la recommandation qui est dans l'avis
préliminaire du directeur national.
Mme Montpetit : Donc, ce que
vous me confirmez aussi, c'est que vous vous appuyez, justement, sur la Loi sur
la santé publique pour prendre cette direction-là?
M. Massé (Richard) : C'est une
chose qui était prévue dans la Loi sur la santé publique mais qui n'a pas été appliquée parce qu'il n'y avait pas des
circonstances qui permettaient de le faire, sauf qu'il y avait déjà certaines
vaccinations, par exemple pour l'hépatite B, qui étaient des mesures... je
vais les qualifier, comme Dr Arruda, de plus administratives, là, dans lesquelles les gens
devaient avoir cette vaccination-là pour faire leurs stages, ce qui correspond
à faire vacciner toutes les personnes qui rentraient dans le réseau de santé.
Mme Montpetit : Parfait.
M. Massé (Richard) : Mais je ne
veux pas diverger, là, c'est une autre chose un petit peu différente.
Mme Montpetit :
Non, pas du tout. Bien non, je... C'est parce que ça nous permet de clarifier
le commentaire qui a été fait par le
ministre tout à l'heure sur l'article 123 de la Loi sur la santé publique,
où il disait : Ce n'était pas cet article-là
qui s'applique dans le contexte, mais ça met la table, en fait. Puis, si vous
pouvez nous revenir plus précisément sur le moment, sur les dates, ce serait
bien apprécié. Et vous avez émis un avis sur quel...
Une voix : ...
Mme Montpetit : Vous avez émis
un avis sur quel secteur précisément? Est-ce que c'est seulement sur les
travailleurs de la santé ou c'est plus largement?
M. Arruda (Horacio) :
Oui, notre avis préliminaire, actuellement, comporte seulement sur les
travailleurs de la santé parce que c'est là
qu'on pense que le maximum de critères, bon, nécessaires pour en arriver à une
vaccination obligatoire peut être défendable...
Mme Montpetit : Parfait.
M. Arruda (Horacio) :
...actuellement.
Mme Montpetit :
Je m'excuse, je... Vous savez, on n'a jamais beaucoup de temps dans ces
exercices-là. Donc, ce n'est pas...
M. Arruda
(Horacio) : Non, je comprends. Je vais essayer de... Réponses
courtes. Réponses courtes et directes.
Mme Montpetit : Voilà. Merci.
Pas dans un souci d'impolitesse, de vous couper. Vous avez... Dr Arruda, aussi, vous avez fait référence, dans les
dernières semaines, au fait qu'il fallait atteindre un 95 % de taux de
vaccination pour arriver à une immunité
collective. Déjà, je voudrais préciser, parce qu'il y a différents éléments qui
ont été cités. On parle bien de 95 % de l'ensemble de la population et non
pas de 95 % des gens qui sont admissibles à la vaccination présentement?
M. Arruda (Horacio) :
Actuellement... Bien, il faut comprendre... Si vous me permettez, premièrement,
je tiens à dire, le succès de la campagne de vaccination au Québec, les taux
qu'on a atteints sont exceptionnels, je veux dire, c'est des bons taux. Le
variant Delta, ce qu'il amène, par contre, c'est une protection moins grande,
une plus grande transmissibilité, ce qui fait que l'immunité collective qu'on
avait identifiée ou le chiffre qu'on avait identifié antérieurement de
75 % ou 80 %, maintenant, avec le variant Delta, n'est probablement
pas suffisant. La vaccination des tout-petits... des cinq à 11 ans et
éventuellement des tout-petits va nous amener, à ce moment-là, à des niveaux d'immunité collective qui vont probablement
empêcher le virus. Mais actuellement, là, le 95 %, c'est un rêve, mais
c'est... j'avais dit 90 % et peut-être potentiellement 95 %, c'était
sur la population, je vous dirais, admissible actuellement.
Mme Montpetit : Parfait. Quel
délai on se donne pour atteindre cet objectif-là?
M. Arruda (Horacio) :
Bien là, il faut comprendre aussi une chose, c'est qu'on est... si vous me
permettez, on est... comment je pourrais dire, on doit attendre l'arrivée du
vaccin pour les 12... cinq à 12 ans et pour les plus petits. D'après les
informations qu'on a eues, ça devait être début octobre, mais là il semblerait
qu'on va pouvoir le faire entre octobre et novembre... entre... autour de
novembre, décembre et, pour les plus petits en bas de cinq ans, en janvier
2022. Mais je dois vous dire, cette... Et on est déjà en travail avec nos
établissements scolaires pour augmenter cette vaccination-là qui, elle, va
venir diminuer de façon importante le nombre de susceptibles dans la population
québécoise.
Mme Montpetit : Est-ce que vous
avez, et je comprends, avec ce que vous dites, une certaine certitude... puis
là vous pourrez modérer le mot «certitude», mais qu'une fois qu'on aura des
vaccins qui pourraient être homologués pour
les moins de 12 ans on atteindrait, donc, d'office ce 95 % sans
ajouter de mesures supplémentaires?
M. Arruda (Horacio) :
Bien, je pense que... Est-ce que c'est 95 % ou 90 %, ou 92 %,
là, ça va être difficile pour moi, mais je pense que, compte tenu,
habituellement, du succès qu'on a auprès de ces clientèles et des parents, de l'approche qu'on va faire en milieu scolaire pour aller chercher ces clientèles-là... Habituellement, on atteint des bons taux de couverture vaccinale, effectivement,
auprès de ces populations-là.
Mais, vous savez, avec la COVID-19, un
élément : les nouveaux variants. Donc, vous comprenez que je n'ose pas
rien garantir ou promettre dans le contexte où, s'il y avait un nouveau
variant, on serait peut-être obligés d'utiliser un autre type de vaccin, elle
va retarder cet élément-là, et puis il y a toute la question potentielle de la
troisième dose.
Mme Montpetit : Et, si on... Présentement,
pouvez-vous me rappeler, là, sur la population générale, on est à quel pourcentage
de taux de vaccination?
M. Arruda (Horacio) : Il
me semble que, sur la population générale... attendez, il faudrait que je
revérifie, il me semble, c'est... Je vais regarder, vérifier, attendez une
seconde. Je ne sais pas si tu l'as, Richard, de mémoire. Je vois tellement de
chiffres.
M. Massé (Richard) : On a 76 %
des gens admissibles, là, qui...
M. Arruda (Horacio) :
Une dose.
M. Massé (Richard) : ...qui ont
reçu une dose.
Mme Montpetit : ...population
générale?
M. Massé (Richard) : Non, mais
population générale, là, c'est ça, oui, si on prend toute la population, O.K.,
mais, chez les gens admissibles, c'est plus de 80 % qui ont reçu une dose.
Deux doses, on est en bas de 70 %, là, 69 % actuellement. Mais, comme
Dr Arruda dit, les populations les plus jeunes, c'est plus de 12 %
des gens. Et donc, comme on les rejoint d'habitude de façon très efficace, les
parents sont très sensibles aussi à la protection de leurs enfants, à ce
moment-là, si on vaccine une très grande majorité de ces gens-là, vous voyez
tout de suite l'augmentation au niveau des taux, qui vont amener une diminution
de la transmission mais pas cesser complètement la transmission, mais assez
pour éviter une transmission soutenue.
Mme Montpetit : Et pouvez-vous
nous exprimer qu'est-ce qui va arriver, justement, si on ne l'atteint pas, ce
95 % ou 90 %, si on ne l'atteint pas, cette immunité collective?
M. Arruda
(Horacio) : Bien, il
va y avoir des éclosions, il va y avoir des cas. Puis là il faut aussi
comprendre, par contre, en quatrième vague, un des éléments importants,
c'est le maintien des systèmes hospitaliers. Compte tenu qu'une
bonne proportion de gens sont vaccinés, compte tenu qu'on a vacciné aussi nos
plus vulnérables, l'impact, en termes de mortalité puis de morbidité, va être
moindre, mais ça va être beaucoup plus, je vous dirais, la relation d'impact
sur le système de soins qui va devenir notre indicateur pour voir si on doit
intervenir.
Mais il faut aussi
comprendre que, même avec la vaccination à double dose, on doit maintenir
certaines mesures de prévention en milieu de soins et ailleurs dans le milieu
de travail par les guides qui sont mis en place avec la CNESST, comme tel, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
atteint ces immunités collectives, les méthodes barrières. Mais notre
objectif n'est pas de reconfiner, je vous dirais, la population ou de fermer
des secteurs d'activité complètement, comme tel, d'où aussi l'utilisation du
passeport vaccinal pour diminuer... plutôt que de fermer certains secteurs, de
maintenir des secteurs ouverts.
• (11 h 30) •
Mme Montpetit :
Malheureusement, ce n'est pas à vous que je vais apprendre, Dr Arruda, que
le virus a déjoué bien des objectifs qu'on avait ou que le gouvernement avait
dans les trois premières vagues. Je suis... J'aimerais vous entendre quand même
davantage sur pourquoi vous ne, je ne sais pas, recommandez pas ou pourquoi
attendre, en fait, pour élargir la vaccination obligatoire à d'autres secteurs
quand on voit que plusieurs d'autres sociétés, dont autres provinces près de
nous, ont engendré ce pas-là, justement, pour s'assurer d'augmenter le taux de
vaccination mais aussi de limiter les éclosions, garder les écoles ouvertes,
s'assurer, dans le fond, de freiner la transmission le plus possible, là.
Pourquoi vous ne le recommandez pas à ce stade-ci?
M. Arruda
(Horacio) : Les discussions qu'on a eues en Santé publique,
entre collègues de santé publique et notamment avec Dr Massé, puis etc.,
c'est que c'est à un endroit où on trouve, actuellement, où le plus grand gain,
et bénéfice, et impact vont avoir lieu. Parce qu'il ne faut pas oublier que la
vaccination obligatoire, c'est véritablement une mesure d'exception. Il faut
avoir véritablement une logique très solide. Et je pense qu'on commence par ça,
mais on va être à l'écoute, si vous me permettez, des débats. Ce n'est pas
parce qu'on ne sera pas présents avec vous... mais on va vous écouter pour voir
aussi où en est la société québécoise par rapport à...
Le Président
(M. Provençal)
: Merci beaucoup,
Dr Arruda. On va céder maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal :
Oui. Bonjour, messieurs. Merci d'être là. J'ai très, très peu de temps, je
continue là-dessus. Est-ce qu'il y a... Là-dessus, sur élargir, éventuellement,
la vaccination obligatoire à d'autres secteurs, puisque ça semble être assez
réglé pour le réseau de la santé. Voyez-vous, là, comme spécialistes de la
santé publique, des bénéfices et des indications de bénéfices, je parle
d'indications scientifiques, évidemment, là, pas de feeling de population, là, à
élargir notamment dans le réseau de l'éducation? Puis c'est d'actualité parce
que les enfants puis les ados rentrent à l'école là, là.
M. Arruda
(Horacio) : Je considère... Puis je fais toujours attention à
ce que je dis, parce que je l'ai dit le 13 mars, l'année dernière, ce que je
vous dis aujourd'hui peut changer demain, là, pour toutes sortes de raisons,
mais actuellement je considère que le système de santé, les travailleurs de la
santé qui sont... qui exposent les personnes vulnérables sont dans un contexte
complètement différent de celui qui peut se passer au niveau scolaire. Parce
que les complications au niveau scolaire pour les enfants... oui, il va y avoir
des cas, mais les complications ne sont pas de
la même nature. Oui, ça contribue à diminuer la transmission puis aux effets
indirects, mais je pense que le bénéfice n'est pas de la même nature que
celui des travailleurs de la santé. Et, dans le contexte qu'il faut peser le
bénéfice contre les droits des individus aussi, quelque part, je vous dirais
qu'à ce stade-ci on n'en est pas là.
D'ailleurs, on a
introduit des éléments pour la rentrée scolaire, comme le masque, pour diminuer
notamment la transmission dans le milieu. Mais je pense que, là, quand on
arrive à extensionner, on arrive vers une cascade qui nous amènerait vers la
vaccination obligatoire de tous. Et, nous, en tout cas, en termes de santé
publique, par rapport au principe
d'équilibre entre le fait de violer une liberté de quelqu'un versus le gain de
santé publique, on pense que c'est véritablement au niveau du soin, mais
on va être à l'écoute de vos délibérations.
M. Marissal :
Bien, vous avez vu comme moi qu'à Montréal en particulier les 12-17 ans
ont un taux assez faible de vaccination adéquate de 54 %. Évidemment, on
ne peut pas prendre tous les ados puis les forcer à se faire vacciner, là, je
comprends, la mesure est liberticide, là, mais on a quand même un sacré
problème là, non?
M. Arruda
(Horacio) : Écoutez, on a une... Écoutez, dans une perspective
purement santé, je pourrais vous dire qu'on
a un problème, effectivement, quand les taux de vaccination ne sont pas élevés.
Mais on va continuer les efforts. Je veux juste vous dire qu'à la
rentrée scolaire, là, c'est bien important, il va y avoir des efforts
supplémentaires pour vacciner ces
clientèles-là, au niveau scolaire, dans des quartiers ciblés, permettre même
aux parents de se faire vacciner. On
ne lâchera pas les approches, je vous dirais, là, agressives de diminution des
barrières, d'explications, puis etc. Et...
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup, Dr Arruda. Je dois céder maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Bonjour, docteur. J'y vais directement avec quelques
questions courtes. Tout d'abord, l'avis préliminaire, effectivement, on
aimerait en avoir copie, enfin, quand elle sera définitive. Et quand
pensez-vous pouvoir remettre cet avis définitif?
M. Arruda
(Horacio) : Il faut comprendre que l'avis est préliminaire.
Comme je vous l'ai dit, je savais que la
commission allait avoir lieu puis je voulais être à l'écoute. Vous savez, le directeur
national doit prendre en compte ce que la population veut, vous êtes les
élus et représentants de ce qu'ils sont. Ça fait que je vais vous dire :
Assez rapidement, là, mais je ne peux pas vous donner une date précise, mais,
un, il faut prendre état de ce que vous allez faire en termes de commission,
puis on va peaufiner l'avis, qui va devenir final, et il sera rendu public dès
qu'il sera rendu final probablement.
M. Arseneau : Et ce sera avant
le 1er septembre, l'entrée en vigueur de la mesure?
M. Arruda
(Horacio) : Quelle
date sommes-nous? Je veux juste... 26 août. Très près. Parce que
je ne veux pas... il y a, des fois, des processus...
M. Arseneau : D'accord. Je
voulais savoir, dans votre façon de voir les choses, quelle est la durée
d'application de cette mesure. Est-ce que c'est jusqu'à l'éradication complète
de la COVID-19? Est-ce que c'est jusqu'à ce
qu'on atteigne une certaine immunité collective? Est-ce que vous avez fait une
recommandation à cet égard? Puisque des gens pourraient refuser, être en congé
sans solde, ce qui équivaudrait à une perte d'emploi éventuellement.
M. Arruda (Horacio) :
Nous, on considère que c'est une mesure temporaire, O.K.? Mais, compte tenu de
ce qui va se passer au cours des prochaines
semaines, la rentrée scolaire, là, la rentrée tout court va amener une
augmentation des contacts qui vont avoir plus ou moins d'impacts sur
notre système de soins. Ça fait que je vous dirais que, pour nous, c'est une
mesure temporaire. Ça ne veut pas dire qu'il faudra attendre complètement un...
On va voir le niveau qu'on va être capable d'atteindre, on va évaluer la
situation, mais ce n'est pas une mesure ad vitam aeternam et ça ne sera surtout
pas une mesure qu'on va réappliquer à chaque fois qu'il va y avoir un nouveau
virus qui va apparaître dès le départ.
M. Arseneau : D'accord. Vous
êtes évidemment conscient que le seul avis qu'on a en main, c'est celui du Comité d'éthique de la santé publique de l'INSPQ
qui va à l'encontre de vos conclusions. Comment est-ce qu'on peut, nous,
en tirer des conclusions?
M. Arruda
(Horacio) : Bon, je sais que l'avis de... du comité d'éthique,
parce que c'est un comité indépendant, est
en train de se faire mettre à jour. Quand ils ont su qu'il allait y avoir une commission...
Ils vont mettre à jour l'avis. Mais il faut aussi comprendre, puis
Dr Massé pourra compléter, qu'il a été pris dans un contexte qui était
complètement différent, hein? Je veux dire, l'avis a été fait à une
période où on n'avait pas de données sur l'efficacité du vaccin...
Le Président (M. Provençal)
: Je dois vous interrompre, Dr Arruda.
M. Arruda (Horacio) :
...on n'avait pas de variant Delta.
Le Président (M. Provençal)
: Dr Arruda, je dois vous interrompre.
M. Arruda (Horacio) :
Donc, je pense que c'était complètement un autre contexte.
Le Président (M. Provençal)
: Et je vais céder maintenant la parole à la députée
d'Iberville.
Mme Samson :
Bonjour, messieurs. Dr Arruda, une mesure temporaire, mais je n'ai jamais
entendu parler d'une dévaccination dans l'histoire des peuples, là, mais
enfin...
M. Arruda (Horacio) :
Non, mais je vous dirais, il y a... vous comprendrez que les travailleurs de la
santé qui arrivent de plus en plus... il y a toutes sortes de travailleurs de
la santé qui... des cohortes de travailleurs de la santé qui sont gradués à chaque année, là. Une fois qu'ils vont avoir
été vaccinés, oui, ils vont avoir été vaccinés, on l'espère, s'il y a
besoin d'un rappel plus tard...
Mme Samson : D'accord. Je vais vous poser ma question,
Dr Arruda, si vous le permettez. À
partir du moment... et c'est
un peu la même question que j'ai posée au ministre ce matin, à partir du moment
où le vaccin est efficace dans à peu près 66 % contre le Delta, que les
employés qui ne sont pas vaccinés aujourd'hui doivent subir trois tests par
semaine, à partir du moment où on apprend également que les gens vaccinés sont
plus asymptomatiques que les non-vaccinés, est-ce que les gens vaccinés ne
sont-ils pas plus un risque pour eux-mêmes et pour les autres? Alors, pourquoi
ne pas permettre au personnel de la santé qui ne veut pas être vacciné de
continuer de se prêter à l'exercice des trois tests négatifs par semaine?
M. Arruda (Horacio) :
Bon, il faut comprendre que le 66 % dont vous parlez, là, c'est la
question de faire l'infection mais pas nécessairement les complications. Quand
on parle d'hospitalisation ou de faire une maladie grave qui va se retrouver aux soins intensifs, on est dans l'ordre de
95 % et plus. Ça, c'est un élément très important. Une réduction
même de 66 % des infections, c'est assez significatif pour avoir un impact
sur les éléments.
Et on veut protéger nos
travailleurs de la santé. Je veux dire, un travailleur de la santé qui va faire
l'infection, qui va être peu symptomatique,
qui pourrait la transmettre, c'est une chose, mais lui-même est protégé d'une
maladie importante, et on ne veut pas qu'il soit hospitalisé, qu'il soit...
qu'il ait des soins intensifs et qu'on manque de personnel au niveau du réseau.
Donc,
il est encore très clair que la vaccination, malgré le variant Delta, même si
ce n'est pas parfait, est un gain très significatif, et toutes les autorités de
santé publique vont dans ce sens-là.
Je ne sais pas, Dr Massé, si vous voulez
ajouter.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, je suis obligé de vous remercier, Dr Arruda et
Dr Massé, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 44)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour. Bienvenue à la Commission de la santé et des
services sociaux. Alors, je vais maintenant souhaiter la bienvenue aux représentants
de la Fédération interprofessionnelle de la santé. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Après quoi,
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite à vous présenter et à débuter votre exposé. Merci.
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
(FIQ)
Mme Bédard (Nancy) :
Donc, bonjour, M. le Président, Mmes, MM. les parlementaires. Merci de nous
accueillir aujourd'hui. Je me présente, Nancy Bédard, je suis présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé
du Québec et je représente
76 000 professionnels en soins, dont des infirmières, infirmières
auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques. Et je suis
accompagnée de Mme Marie-Anne Laramée, conseillère syndicale au secteur
sociopolitique.
D'entrée de jeu, je tiens à réitérer la position
des fédérations. Nous sommes résolument en faveur de la vaccination et nous
partageons l'objectif que le plus grand nombre possible de professionnelles en
soins soit vacciné. Cependant, nous estimons qu'il est nécessaire de vous
exposer nos réserves en ce qui a trait au caractère obligatoire de la
vaccination. Nous avons donc un objectif partagé, mais nous nous questionnons
sur le moyen retenu.
Les fédérations considèrent qu'il est de leur
devoir de vous faire part de nos préoccupations et des effets pervers qui pourraient
survenir si le gouvernement maintient sa décision de recourir à la vaccination
obligatoire pour les professionnelles en
soins. Nous comprenons que les décisions relatives à la pandémie ont un
caractère parfois urgent et qu'elles peuvent évoluer rapidement. Cependant,
nous déplorons que cette consultation se tienne alors que la décision
d'imposer la vaccination est déjà prise et que nous n'avons toujours pas accès
aux bases scientifiques qui guident le gouvernement, notamment les dernières
données et conclusions de la Santé publique.
Alors que le gouvernement veut imposer la
vaccination aux travailleuses de la santé du réseau, le ministère de la Santé et des Services sociaux est en mode
allègement des mesures dans nos établissements. Dans une directive du
6 août dernier, on met fin aux zones chaudes et tièdes, on réautorise la
mobilité du personnel, et les patients seront à nouveau plusieurs dans la même
chambre. À moins qu'un rehaussement des mesures soit en cours de préparation,
il va falloir nous l'expliquer, et, encore
une fois, ces contradictions n'aident en rien. Notamment, dans cette directive,
on mentionne notamment le taux élevé
de vaccination des travailleurs de la santé pour justifier ces allègements des
mesures.
Dès le début
de la campagne de vaccination contre la COVID-19, la FIQ et la FIQP ont
recommandé fortement la vaccination à
leurs membres. Nous souhaitons bien évidemment que le plus grand nombre
possible de professionnelles en soins soit vacciné. Depuis avril
dernier, avec l'arrêté ministériel 024, les professionnelles en soins
visées ont des tests de dépistage trois fois
par semaine minimum pour effectuer leur travail, et les fédérations n'ont pas
remis en question cet arrêté. La
campagne de vaccination volontaire donne des résultats nettement supérieurs à
la population en général. Selon les taux publiés par l'INSPQ le
22 août, 92,1 % du personnel de la catégorie 1 des
établissements publics et des ETC ont reçu une première dose de vaccin et près
de 88 % sont déjà pleinement vaccinés de façon volontaire, et ces taux ne
cessent de monter actuellement. Notons que les données publiées ne reflètent
pas la réalité d'aujourd'hui puisque les délais de traitement sont de trois à
cinq semaines.
Ces taux ont été obtenus par l'encouragement,
l'information et la collaboration. On n'est pas face à un faible taux et à un faible pourcentage de vaccination
devant lequel tout aurait été tenté. Les fédérations croient que le gouvernement aurait avantage à saluer l'engagement
professionnel des professionnels en soins en faveur de la vaccination, à reconnaître
leurs efforts, à s'appuyer sur l'expérience positive et les résultats
impressionnants de leur campagne de vaccination.
En pandémie, malgré le contexte difficile et le
manque évident de personnel, qui existait bien avant l'urgence sanitaire, les
professionnelles en soins adoptent les recommandations et ont des comportements
exemplaires. Elles jouent un rôle essentiel pour sensibiliser la population et
contrer l'hésitation à recourir à l'ensemble des mesures sanitaires, dont le
masque, le lavage de mains, la distanciation et la vaccination, en plus de leur
présence de tous les instants auprès de
leurs patients. On ne peut en aucun cas remettre en doute l'engagement des professionnelles en soins dans la lutte contre la COVID-19.
Si
le gouvernement maintient sa décision de recourir à la vaccination obligatoire
pour les professionnelles en soins, cette façon de faire pourrait impliquer certains effets pervers. L'obligation vaccinale pourrait affecter davantage
la confiance des professionnelles en soins envers les autorités de santé. La
littérature nous dit qu'en général c'est un élément déterminant dans la volonté
des travailleurs de la santé de recommander la vaccination. Le gouvernement tient, à l'endroit des professionnelles
en soins, un discours de protection, mais elles se souviennent, et elles le
vivent encore trop aujourd'hui, de bien des incohérences et des batailles à
mener pour assurer leur protection et celle des patients. Si l'obligation
vaccinale était perçue comme une nouvelle manifestation de gestion autoritaire,
on peut anticiper que cela puisse affecter davantage certaines professionnelles
en soins.
• (11 h 50) •
Deuxièmement, en
mettant l'accent sur un seul moyen dans son discours, le gouvernement pourrait
bien malgré lui diminuer l'adhésion à l'ensemble
des mesures. Les autres moyens de prévention de santé et sécurité au travail
restent tout aussi importants pour diminuer la propagation dans nos milieux.
Troisièmement, on
doit tenir compte de l'état actuel du réseau de la santé, qui est fortement
ébranlé par une très grave pénurie, et ce, sans précédent. Faute d'obtenir
une adhésion volontaire à la vaccination, certaines travailleuses de la santé pourraient cesser de travailler ou
être réaffectées, et cela pourrait aggraver davantage la pénurie de
main-d'oeuvre et déstabiliser encore plus les équipes de travail.
Les fédérations
croient fermement qu'on doit avoir un portrait précis de la situation des professionnelles
en soins non vaccinées. Sont-elles enceintes, en retrait préventif,
immunosupprimées, en arrêt de travail? Ont-elles des contraintes médicales ou font-elles partie de cette infime portion qui
hésite toujours en raison d'un contexte particulier?
Sont-elles en contact prolongé avec les patients? Ce portrait est nécessaire
pour que le gouvernement puisse déployer des stratégies pertinentes et
poursuivre la sensibilisation.
Ce qui est tout aussi
important pour les fédérations, c'est qu'on doit continuer de mettre en oeuvre
un ensemble de mesures pour assurer la protection des professionnelles en soins
et de leurs patients, et certainement pas d'alléger les mesures, il faut les
maintenir. La vaccination est un moyen de prévention crucial, certes, dans cet ensemble de moyens, mais elle ne doit pas devenir
le seul sur lequel reposerait la stratégie pour freiner la propagation
de la COVID-19 et éviter la transmission dans nos lieux de travail.
La FIQ et la FIQP
suggèrent donc de continuer d'appliquer et de mettre en oeuvre les mesures de
prévention suivantes. Les fédérations sont convaincues qu'il est impératif
d'améliorer la qualité de l'air dans les établissements du réseau de santé en
augmentant le changement d'air à l'heure. Plusieurs CHSLD, au Québec, n'ont
aucune ventilation mécanique et, lorsqu'il y en a de disponibles, elles sont
souvent vétustes.
On doit poursuivre
aussi le dépistage et augmenter l'accès aux tests rapides. Le dépistage est une
mesure peu invasive pour les professionnelles en soins et il permet de retirer,
en temps opportun, du milieu de travail toute personne porteuse du virus.
On doit maintenir la
vigilance en ce qui concerne la prévention et le contrôle des infections. Il
s'agit d'un élément sur lequel il y a eu des lacunes. Les professionnelles en
soins ont besoin de mises à jour fréquentes pour appliquer les méthodes de
travail les plus sécuritaires possibles et le soutien doit être sur tous les
quarts de travail. Certains employeurs ont recommencé à recourir aux
déplacements à outrance du personnel pour toutes sortes de raisons. Une des importantes leçons de la première
vague, c'est qu'on doit continuer à limiter la mobilité du personnel, et
la directive à cet effet doit être établie et appliquée de façon stricte. Les
masques N95 doivent continuer d'être fournis aux professionnelles en soins qui
travaillent en zones chaudes et tièdes. Vous savez que les fédérations ont dû
se battre devant les tribunaux pour y avoir accès.
Le bon taux de
vaccination des professionnelles en soins provient aussi d'initiatives
paritaires, mais les fédérations pensent que, de ce côté, il faut poursuivre en
ce sens. Cela implique un travail étroit du gouvernement et du ministère avec
les syndicats. Nous sommes des partenaires en santé et sécurité au travail, on
devrait avoir accès aux données les plus à jour possibles. Sans les
informations pertinentes, le syndicat ne peut remplir pleinement son rôle de
représentation et d'information auprès de ses membres. La confiance entre les
professionnelles en soins et le gouvernement
s'est effritée au cours de la pandémie en raison de l'approche et du choix des
moyens du gouvernement. On a demandé aux professionnelles en soins de
faire des quarantaines réduites pour retourner le plus rapidement au travail.
Elles ont été requises au travail même si elles avaient des symptômes de la COVID.
Elles ont dû se battre jusque devant les tribunaux pour être protégées
adéquatement.
L'imposition de la
vaccination obligatoire s'ajoute à cette série de mesures où le moyen n'a rien
à voir avec la collaboration et l'adhésion. Dans l'éventualité où certaines de
nos membres étaient visées par différentes mesures découlant de la
non-vaccination, je veux que ce soit clair que la FIQ et la FIQP les
représenteront en vertu de nos obligations prévues au Code du travail.
Depuis le début de la
pandémie, nous avons été présentes et nous avons soutenu certaines directives.
Nous avons aussi prévenu le gouvernement des effets dévastateurs de son
approche autoritaire face à d'autres directives. Nous avons levé des drapeaux jaunes et des drapeaux rouges. Aujourd'hui,
les professionnelles en soins sont nombreuses à avoir démissionné, à
être parties pour des retraites prématurées. Certaines parlent d'exode,
certaines parlent d'hémorragie. Les bris de service se multiplient et la
perspective de voir d'autres travailleuses quitter le réseau de la santé est
extrêmement difficile à envisager. L'état fragile du réseau couplé à cette
confiance effritée nous fait conclure que,
même si la vaccination et sa nécessité pour tous sont des consensus forts,
l'obligation vaccinale pourrait avoir
des effets néfastes qui doivent être évités à tout prix. C'est le drapeau rouge
que nous vous levons aujourd'hui. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange avec la députée de Soulanges.
Mme Picard :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup, mesdames, d'être parmi nous
aujourd'hui pour nos travaux de la commission. Vous avez soutenu qu'il y a
certaines infirmières et d'autres professionnels en santé qui sont en arrêt de
travail ou qui sont enceintes dans le pourcentage des personnes non vaccinées.
Est-ce que vous avez une idée du pourcentage
de ces personnes-là? Et surtout avez-vous une idée du pourcentage des membres
qui sont non vaccinés qui travaillent actuellement dans le réseau?
Mme Bédard (Nancy) :
Malheureusement, non. Alors, c'est des données qui nous manquent actuellement,
et c'est les questions qu'on pose... alors c'est les questions qu'on pose
aujourd'hui. Dans les travailleuses qui ne sont pas vaccinées, bien, c'est toutes ces séries-là de savoir, bien,
lesquelles. Est-ce qu'on en a un gros pourcentage? Parce qu'on va se le dire, on a un très grand
pourcentage qui sont vaccinés. C'est exemplaire, là, on est près de 90 %
qui sont vaccinés, et ça, c'est les
données qui datent de plusieurs semaines. Donc, si je regarde pour nous,
76 000 membres, il y a peut-être
un 6 000 professionnels en soins, actuellement, qui ne seraient pas
vaccinés. Sur ces 6 000, on en a
quelques milliers qui sont en absence pour diverses raisons. Donc, c'est
ces données qu'on aurait apprécié avoir pour être capable de voir qu'est-ce
qu'on a à faire de plus? Où il faut
aller? Comment comprendre qu'elles ne sont pas vaccinées actuellement?
Mme Picard : Et vous avez mentionné aussi d'attendre, de
patienter avant de prendre peut-être cette mesure-là. Est-ce que vous ne pensez pas,
comme la quatrième vague est en montée actuellement, que d'attendre
peut jouer contre nous?
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, il nous manque énormément d'éléments. Vous savez, on avait énormément de
rencontres aller jusqu'au mois de juin. Puis, aller jusqu'au mois de juin, avec
l'équipe du ministre Dubé, tout le monde était satisfait. On avait des
éléments, le variant Delta avait commencé, tout était en contrôle. Et la
directive que je vous ai parlé, du 6 août, qui a été envoyée aux
directions, je vous parle du 6 août, disait qu'effectivement, parce que
les professionnels en soins étaient fortement vaccinés, on pouvait aller dans l'allègement
de toutes autres mesures qui, depuis le début des vagues qu'on a eues,
faisaient en sorte qu'on pouvait commencer à baisser la garde sur certains
éléments.
Donc, c'est ces incohérences-là ou ces
incompréhensions-là qu'on apporte comme questionnement et qui, aujourd'hui,
font en sorte qu'on est restés un peu surpris, tout à coup, de cette sortie et
de cette approche face aux travailleurs de la santé quand, les dernières
rencontres qu'on a eues, on n'était pas du tout dans ce contexte-là et les directives
et les incohérences, actuellement, qui sont appliquées dans les établissements.
Mme Picard : Merci, M. le
Président. J'ai d'autres collègues qui veulent poser des questions.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, Mme Bédard, d'être aujourd'hui en commission
avec nous, c'est très apprécié. Et je tiens également à remercier, là, vos
membres qui ont fait un... et qui continuent de faire un travail exceptionnel
dans le réseau de la santé, là. Je pense que, sans vos membres, on serait bien
mal en point au Québec.
Vous l'avez dit à plusieurs reprises, et on est
quand même conscients, là, de la situation, le contexte pandémique a accentué
la pression qu'il y a actuellement sur les travailleurs de la santé, puis ça,
c'est... ça s'ajoute aux enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, là, qu'on connaît
actuellement. Puis la pression s'est accentuée notamment lorsqu'il y a eu des
retraits préventifs, des retraits parce qu'il y a des gens qui ont eu des cas
de COVID. J'en connais particulièrement, là, dans mon réseau d'amis, là,
plusieurs infirmières qui ont vécu ça, que ces retraits-là, cette pression-là a
mis encore plus de pression à ceux qui restaient, les équipes tactiques, là,
qui prenaient le relais.
Dans cette optique-là et dans également
l'optique que la Santé publique, bon, fait la recommandation de la vaccination
obligatoire afin de limiter l'absentéisme, est-ce que vous croyez... ne
croyez-vous pas que la vaccination obligatoire pourrait diminuer la pression
sur le personnel soignant? Comment est-ce que vous expliquez, là, votre réserve
face à cette recommandation de la Santé publique aujourd'hui?
• (12 heures) •
Mme Bédard (Nancy) :
Je vais vous le dire en deux phases. C'est-à-dire que, quand vous me parlez de
professionnels en soins qui ont eu la COVID, et tout ça, il faut regarder les
phases où on était. Au jour où on est là, avec le taux de vaccination qu'on a
dans les derniers mois, le contexte de contamination des professionnels de la
santé à la COVID, on ne nous a pas exposé ces éléments-là. Puis même, les
éclosions dans les établissements, depuis que les forts taux de vaccination des
professionnels en soins sont là, on n'a eu aucune donnée, puis, même jusqu'aux
rencontres à la fin juin, on n'en avait plus.
Donc, c'est sûr qu'on peut dire qu'on a eu des
expériences de la première vague. La première vague, on s'est battus pour que
nos professionnels en soins puissent avoir des masques, des protections, vous
le savez, je vous l'ai dit tout à l'heure. Donc, c'est sûr qu'on peut se
référer à la première, la deuxième vague, où, là, on n'était pas encore dans la
vaccination. Mais ce qu'on a eu comme tableau, c'est qu'on n'était plus dans
cet espace-là depuis les hauts taux de vaccination.
Le deuxième élément, si j'avais mes
professionnelles en soins autour de moi pour répondre au fait que, bien, la
pression est sur celles qui restent, bien, celles qui sont parties, depuis un
an et demi, c'est l'approche autoritaire qui les a fait partir, c'est la
surcharge, c'est le temps supplémentaire obligatoire, c'est les services qu'on
donne, et on n'a plus assez de professionnelles en soins
pour les donner, on ne module pas assez les services sur leur dos. Et c'est ce
qu'elles vous diraient. Ça, là, c'est ce qui est le pire, actuellement, qui
empêche les patients d'avoir des soins, d'être capable de donner l'ensemble des
soins, et ce n'est pas la contamination de la COVID dans les milieux de travail
et le fait que les patients ne soient pas... que nos membres ne soient pas
vaccinés. Alors, si j'avais l'ensemble des professionnels en soins autour de
moi, ils vous donneraient une série d'éléments qui fait que ça n'a plus de
sens, la charge de travail.
Et ça, c'est un aspect
de non-qualité, non-sécurité, et ça a été un aspect de non-précaution pour nos
travailleuses de la santé actuellement, et c'est pour ça qu'elles tombent au
combat, qu'elles partent, et ça n'a aucun rapport, pour l'instant, avec le
petit taux qui reste et la contamination de COVID. Je serais préoccupée par beaucoup
d'autres éléments qu'on ne met pas l'emphase actuellement pour faire le lien
entre la capacité du réseau de donner des soins que celle des travailleurs...
qu'il me manque encore beaucoup de données pour savoir le nombre qui reste qui
ne sont pas vaccinés.
Mme Boutin :
Mais vous, actuellement, vous n'avez pas ces chiffres-là, là, les gens qui sont
en retrait ou les taux d'absentéisme dus, justement, à la COVID?
Mme Bédard
(Nancy) : Non.
Mme Boutin :
O.K. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée :
Oui. Bonjour, Mme Bédard. Intéressants, les éléments que vous apportez
ici, mais... Puis je salue aussi tous vos membres qui se sont fait vacciner,
parce que je pense que c'est le moyen le plus fort pour combattre cette
maladie-là, ce microbe-là qui affecte... On ne se le cachera pas, c'est une
pandémie mondiale, donc c'est un problème qui n'est pas au juste au Québec, et
moi, je trouve ça préoccupant.
Et, devant cet effort
collectif là, puis comme on est déjà dans la quatrième vague, de quelle façon
on pourrait s'y prendre? Vous dites qu'on ne peut pas obliger les... celles qui
n'ont pas été vaccinées à... ça serait mal reçu que celles qui ne sont pas
vaccinées, on les oblige, mais quelle autre solution vous envisagez? Parce
qu'il reste que vous avez quand même un fort
pourcentage de vos membres qui a accepté de se faire vacciner, étant
conscientes des risques qu'elles prenaient pour leur santé, en
travaillant dans un milieu qui est... où on a accès avec beaucoup de personnes
vulnérables aussi, là.
Mme Bédard
(Nancy) : Donc, votre question est tout à fait pertinente. Et,
considérant le faible taux qu'il nous reste
à vacciner, c'est pour ça que les données à savoir est-ce qu'elles sont
vraiment au travail, ces personnes-là, comment il nous en reste qui sont
vraiment au travail et qui correspondent, là, aux 15 minutes et au fait
qu'elles ne seraient pas vaccinées, c'est des données qu'on n'a pas. Elles se
retrouvent où? Et quelle approche on pourrait avoir, individuelle, un peu comme l'approche de l'Ontario, avec ces gens-là
pour voir quelle raison qui fait en sorte qu'elles ne sont pas
vaccinées? Et on pense qu'encore la sensibilisation, l'encouragement, peut-être
qu'il y a des éléments en discutant avec
elles qui pourraient aller chercher le taux, qu'on ne connaît pas, là, réel de
nos professionnelles en soin qui sont
actuellement dans le contexte du travail et plus de 15 minutes auprès des
patients... qui fait en sorte que c'est, pour nous, le meilleur moyen.
Puis, pour tout le
reste, je le redis... Puis, ce matin, j'écoutais, justement,
Dre Mylène Drouin, de Montréal, qui, dans une entrevue, disait que
les gens qui sont doublement vaccinés, ça diminue de 50 %, donc, pour le
taux de propagation probable. Donc, ce n'est pas non plus un moyen universel, et
de se dire que, si tout le monde est doublement vacciné, et les professionnels
en soins doublement vaccinées... on est presque à quasi la totalité, on va se
le dire, mais que c'est le message qu'il faut envoyer...
Il reste qu'une
professionnelle en soins, quand elle rentre, elle doit faire toutes les autres
mesures, mettre à la disposition toutes les autres mesures, de continuer toutes
les mesures de protection, s'assurer que l'environnement est protégé, pas aller
dans le sens de la directive du 6 août qui a été envoyée par le ministère.
C'est tous ces éléments-là qu'il faut bien appliquer pour s'assurer que la
barrière auprès de notre patient va être efficace.
Donc, oui, le vaccin,
on l'encourage encore. Il faut travailler sur continuer de sensibiliser. C'est
pour ça qu'on demande les données. Mais
toutes les autres mesures, tous les autres éléments organisationnels doivent
s'assurer d'être en place pour faire en sorte qu'on va s'assurer de
protéger bien nos patients.
La vaccination seule
en soi, on le sait, puis avec ce que je vous dis que j'ai entendu de
Mylène Drouin ce matin, ce serait
difficile de penser que, si tout le monde est doublement vacciné dans le...
bien, si c'est ça, le seul élément qu'on dit, le double vaccin, oui, le
vaccin, je suis d'accord, et c'est l'élément crucial, cependant, dans
l'établissement de santé, ce n'est certainement pas le seul et les
professionnelles en soins doivent continuer l'ensemble des mesures pour
s'assurer de bien protéger les patients, et c'est ce qu'elles font
actuellement.
Mme Lavallée :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député de
Chauveau.
M. Lévesque
(Chauveau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président.
Mme Bédard, Mme Laramée, beaucoup... merci beaucoup d'être avec nous.
Puis évidemment ça vaut la peine de saluer tous les efforts et le travail que
vous faites, mes collègues l'ont souligné. Le ministre, ce matin, lors de son
allocution, a souligné également tout l'apport. Et, dans mon comté comme dans
tous les comtés du Québec, je suis convaincu qu'on est très fier du travail et
des efforts que vous faites et, évidemment, je vous encourage à continuer.
Merci aussi pour la promotion que vous avez faite auprès de vos membres pour
inviter à la vaccination, c'est un taux élevé. Puis on n'a pas tout le temps
des petites données, et tout, c'est bien clair.
Mais, ce matin, on est quand même réunis pour
parler de cette proposition, qui est sur la table, d'arriver à la vaccination obligatoire. Puis il y a un élément
qui n'a pas été abordé, c'est la manière de l'appliquer, cette vaccination
obligatoire, mais aussi, je vous dirais, sur
la manière de l'appliquer aux salariés. Est-ce que vous avez eu une réflexion
sur la façon d'appliquer les... peut-être
des conséquences, éventuellement, sur les membres? Est-ce que vous avez des
propositions à faire sur une mécanique qui pourrait être adressée sur
l'applicabilité de la mesure qui est sur la table?
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, à ce chapitre-là, c'est sûr que le fait de pouvoir penser qu'on aurait
des professionnelles en soins qui pourraient avoir soit des mesures
disciplinaires ou qui seraient contraintes à ne plus pouvoir travailler, je vous dirais que, là-dessus, pour nous, c'est très
clair qu'on va regarder les cas par cas et qu'on va défendre nos
salariées à ce chapitre-là.
Et, bon, là, j'ai entendu... Parce qu'on n'a pas
eu, malheureusement, de rencontre, là. Je ne comprends pas le comportement du
gouvernement entre le mois de juin où, à chaque semaine, on avait des
rencontres, et là on a une directive le 6 août, et, tout à coup, on voit
une conférence de presse que la vaccination est obligatoire, donc on était
vraiment surpris de ça.
Donc, il nous manque énormément de suivis de la
part du gouvernement, ce qui fait en sorte que, pour nous, il est clair que l'approche... Puis là, tantôt, le
ministre Dubé a dit : Bien, finalement, là, c'est le 15 octobre,
puis, d'ici ce temps-là, là,
l'approche va être encore de collaboration, de sensibilisation, d'encouragement
pour mieux comprendre. Et je pense
que c'est l'avenue qu'il faut privilégier, et c'est ça qu'on aurait dû faire,
c'est ça qu'on aurait dû annoncer, puis, après ça, regarder c'est quoi,
le portait, et de se dire : Bien, qu'est-ce qu'on fait avec les quelques
personnes qui pourraient rester? Et qu'est-ce qu'aura l'impact sur le réseau
dépendamment du portrait au final? Alors, ça, ça aurait été ce que moi, j'aurais privilégié comme approche pour faire le dernier
tour de piste qu'il nous reste à faire, notamment sur ce moyen qui est
la vaccination.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Provençal)
:
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, Mme la députée de Lotbinière-Frontenac.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Bonjour, Mme Bédard. Moi, j'aimerais ça
savoir... Vous vous êtes dit surprise de
l'avis de la Santé publique sur la vaccination obligatoire, mais, depuis le
début de la pandémie, on voit, là, qu'on est à la remorque de l'Europe, des États-Unis, puis, là-bas,
la question... la situation est assez catastrophique. Donc, j'aimerais
savoir d'où vient votre surprise.
• (12 h 10) •
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, d'abord, parce qu'on a travaillé en étroite collaboration avec le
ministère, avec des rencontres fréquentes, comme je le disais tout à l'heure, à
toutes les semaines depuis l'hiver dernier. Donc, il y a eu l'arrêté 024, qu'on n'a pas contesté, qu'on a été très
collaboratifs aussi dans cette application-là. Et les données à venir,
jusqu'à ce que les rencontres cessent en début d'été, ne portaient en rien avec
l'aspect où on devrait aller dans l'obligation.
Puis il y avait aussi un avis, en janvier dernier, sur le fait que, le
caractère obligatoire, au Québec, on n'irait pas dans ce sens-là.
Et, pour nous, toutes les données qu'on avait
avec le ministère, puis je vous parle d'il y a quelques semaines, là, n'étaient
pas du tout le portrait qui faisait en sorte qu'on irait vers ce caractère-là.
Au contraire, toutes les données qu'on avait, le Québec s'en sortait avec
fierté, on était capable de voir que tout ce qu'on avait appliqué avait donné
et atteint les objectifs qu'on avait
partagés. Alors, c'est là qu'est venue la surprise de cette conférence de
presse soudaine qui est sortie avec cette annonce.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vais maintenant céder la parole à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme Bédard, contente de vous revoir. Merci d'être avec nous aujourd'hui. C'est
important de vous entendre et d'entendre la voix de vos membres aussi. J'avais beaucoup de questions, j'en ai encore
beaucoup, mais j'en ai encore plus après votre... vos réponses et votre
audition.
Dans un premier temps, ce que j'entends, dans le
fond, c'est qu'à l'heure actuelle vous n'avez pas un portrait... puis là je ne
veux pas mal vous citer, mais vous n'avez pas un portrait exact des membres qui
ne sont pas vaccinés. Puis, quand vous dites... vous n'avez pas un portrait
exact, c'est au niveau du nombre ou c'est au niveau de la répartition dans les
milieux? Vous n'avez pas ces informations-là.
Mme Bédard (Nancy) :
Effectivement, j'ai les mêmes tableaux qui sont disponibles pour tous, là.
Donc, les pourcentages par région, oui, j'ai
certains types d'emploi, mais les données qu'on n'a pas, c'est... Parce que,
là, on va se le dire, on a parlé de
30 000, là, mais, moi, quand je
regarde puis je fais une petite équation, pour mes professionnelles
en soins, ça
pourrait représenter 6 000 personnes. Alors, là-dessus, j'en ai peut-être déjà quelques centaines ou des... quelques
milliers qui sont déjà en...
qui ne sont pas au travail pour plusieurs raisons. On sait que nos
immunosupprimés ne sont pas revenus
au travail, on sait que nos travailleuses enceintes ne sont pas au travail,
j'ai des gens en maladie, en CNESST, alors j'ai des absences, ces
données-là.
Alors, qui
qui reste, dans le réseau, qui n'est pas vacciné? Où sont-elles? Et qu'est-ce
qu'on peut faire comme intervention ciblée? Et c'est quoi, les raisons?
Ont-elles des raisons médicales? Ont-elles des contextes particuliers qui fait qu'il faudrait peut-être
déboulonner un peu des mythes ou les rassurer encore sur ce... à ce
chapitre-là? Et après on serait plus en mesure de se dire : Bien, peut-être
que, là... On a-tu un réel problème ou n'en a pas? Alors, c'est ces
éléments-là qui, actuellement, nous manquent pour continuer de faire notre
travail, parce que je le redis encore, nous sommes fortement pour la
vaccination auprès des professionnels en soins.
Mme Montpetit : Oui, puis je
n'en doute pas, puis c'est pour ça que je voulais vous entendre là-dessus, parce que c'est quand même... ça détone un peu du
discours qu'on a entendu le gouvernement faire à plusieurs reprises, puis le ministre de la Santé qui nous rappelle à
chaque fois qu'il est question de vaccination, ou qu'il y a des éclosions,
ou qu'il y a du dépistage qu'il travaille en étroite collaboration avec les
syndicats, justement, pour faire de la sensibilisation,
pour augmenter les taux de vaccination. Donc, c'est quand même assez détonant,
ce que vous nous dites, par rapport au discours gouvernemental dans la
collaboration qui est faite avec les syndicats pour sensibiliser auprès de
leurs membres, justement, la vaccination, là.
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, ça adonne qu'il est vrai qu'on a eu notre collaboration exceptionnelle.
Ce que je dis, c'est qu'entre la dernière
rencontre que nous avons eue en début d'été et la sortie du premier ministre il
n'y a eu aucune... il n'y a rien qui... Parce que, de tous les temps, le
ministère nous a envoyé des demandes et nous invitait à des rencontres, et on nous faisait vraiment l'état des lieux, on nous
expliquait ce qui avait changé, les préoccupations, qu'est-ce qu'il allait
amener, et il nous avisait de vers où on s'en allait, puis il nous demandait
ensemble : Est-ce qu'on fait autre
chose? Qu'est-ce qu'on peut faire? Et, pour une première fois, il n'y a pas eu
ça dans les dernières semaines.
Puis on va se le dire, c'était quand même une
sortie extrêmement importante, là, la vaccination au niveau des professionnels
en soins. Alors, je m'explique mal qu'est-ce qui fait qu'en début d'été on
était là, puis, tout d'un coup, bien, on a
décidé, cette fois-ci, de ne pas s'asseoir avec nous pour discuter, de nous
mettre au fait de certains éléments, qui fait qu'on aurait peut-être pu
analyser autrement certaines données.
Mme
Montpetit : Vous avez fait
référence aussi au décret du 6 août, où vous mentionnez, justement, qu'il
y a... je vais le résumer comme ça, mais, dans le fond, une baisse de
certaines mesures de protection qui avaient été mises en place lors des
différentes vagues, donc, justement, les zones chaudes, les zones froides,
qu'il y a une reprise aussi de la mobilité
du personnel. Est-ce que ce n'est pas un peu contradictoire, justement, dans le
contexte actuel? J'aimerais ça vous entendre, sur le terrain, qu'est-ce
que ça peut vouloir dire dans un contexte où tous les experts sont en train de nous mettre en garde sur la transmissibilité du
virus Delta, sur les hausses d'hospitalisations que ça pourrait entraîner,
la pression sur notre réseau de la santé, etc., là. Donc, j'aimerais ça
profiter que vous êtes là pour vous entendre sur ces décisions-là qui ont été
prises.
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, écoutez, exactement. Quand je dis que ça n'aide en rien à... parfois, les
professionnelles en soins, comment la confiance envers les autorités de la
santé actuellement est effritée... Parce que, des directives contradictoires,
on en a eu plein, à coup de dizaines par jour depuis le début de la pandémie,
que ce soit en prévention des infections, que ce soit sur les mesures, que ce
soit en termes de soutien. Et, bien, celle-là du 6 août, vous comprenez
qu'elle était en ligne droite avec les discussions qu'on avait eues puis où on
en était rendu au début de l'été. Et je n'ai
pas eu d'autre directive, il n'y a pas eu d'autre élément. Donc, tout ce qu'on a...
Alors donc, les professionnelles en soins ont écouté le premier ministre
faire son annonce, puis elles, ce qu'il y avait dans la semaine d'avant, c'est
une directive assouplissant, effectivement, toutes ces mesures.
Donc, toutes ces contradictions-là font aussi en
sorte que nos professionnelles en soins, à un moment donné, dans cette approche
autoritaire là, qui n'est pas soutenue par de la cohérence, bien... on
s'explique un peu parfois des éléments d'incompréhension, parfois, que la
population ou vous-mêmes vous pouvez vous demander. Vous avez certains questionnements. Et, oui, c'est
contradictoire, oui, c'est incohérent, et ça n'aide en rien, effectivement, ce
que nos professionnelles en soins peuvent penser parfois des décisions qui sont
prises par les autorités de santé actuellement.
Mme Montpetit : J'aurais une
dernière question avant de céder la parole à mon collègue de Nelligan, donc
assez rapidement. Je vous entendais parler de la question des tests rapides
aussi. Vous m'avez sûrement souvent entendue, dans les 10 derniers mois,
plaider pour un déploiement massif de ces millions de tests qui sont toujours entreposés. J'aurais aimé ça vous entendre,
justement, sur la différence que ça peut faire sur le terrain et à quel point
ça devrait être une mesure qui devrait être favorisée encore davantage,
là, dans le cadre de la quatrième vague.
Mme Bédard (Nancy) :
Bien, absolument. Moi, j'ai certaines personnes qui m'ont même dit, même
moi : Tu sais, si on est doublement
vaccinés et qu'à un moment donné les données donnent... font en sorte qu'on
pourrait quand même être porteurs du virus, c'est quand même une voie
qui est importante. Toutes les professionnelles en soins sont d'accord de ne pas être des vecteurs de
propagation. Et, pour elles aussi, ce test de dépistage là, quand c'est arrivé
avec l'arrêté 024, sur le coup, elles se sont un peu questionnées
pour toutes les raisons que je vous ai dites tout à l'heure. Mais,
aujourd'hui, elles se plient trois fois par semaine à cet élément, et, pour
elles, c'est important, et ça donne, effectivement, la protection importante.
Là, ça donne une indication, quand quelqu'un pourrait être porteur du virus,
qu'il doit retourner chez eux. Alors, on privilégie de continuer, nous, cette
approche.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député de
Nelligan.
M. Derraji :
Merci, M. le Président. J'ai deux questions, il reste trois minutes. Merci,
Mme Bédard. La première, vous avez bien dit : On vous impose la
vaccination, mais on baisse les règles. Est-ce que vous ne voyez pas qu'il y a
une contradiction?
Mme Bédard
(Nancy) : Tout à fait. Alors... Et c'est des contradictions que
les professionnels en soins vivent depuis plus d'un an et demi. Et celle-ci,
bien, à la veille d'une annonce du premier ministre sur cette... sur la
vaccination obligatoire, elle est tout à fait particulière. Donc, c'est pour ça
qu'on voulait le soulever ce matin dans nos questionnements. Et juste se dire
que mettre l'emphase, pour le gouvernement, sur la vaccination obligatoire,
c'est là qu'on voit qu'on baisse la garde sur plusieurs éléments, et ça nous
soulève des réelles questions au niveau des établissements de santé. Ça ne fait
pas sens pour les professionnels en soins.
M. Derraji :
Oui, mais on fait quoi avec les zones chaudes et froides ainsi que la mobilité?
C'est des choses qu'on vit depuis la première vague, la deuxième, la troisième.
Sûrement, on va les vivre au courant des prochains jours. Donc, le ministre
parle de 30 000, il va y avoir des mesures pour certains employés qui vont
refuser, donc aller jusqu'à un congé sans solde. Comment vous voyez la
quatrième vague et le refus de certains employés? Et comment le réseau doit se
comporter dans des zones où... on le sait depuis le début, les zones chaudes et
froides, et la mobilité du personnel?
• (12 h 20) •
Mme Bédard
(Nancy) : Il est clair que ce n'est pas le temps de baisser la
garde sur l'ensemble des mesures et les apprentissages des premières vagues,
notamment sur les éléments de directives comme étant le fait... oui, les zones
chaudes, les zones tièdes, la protection en termes des N95, de donner le
soutien avec les professionnels en prévention des infections sur l'ensemble des
quarts de travail aussi. Ça, c'est les éléments les plus importants pour les
professionnels en soins.
Puis je vous dirais
qu'actuellement ce qui est le plus préoccupant pour les professionnels en
soins, c'est le temps supplémentaire obligatoire qui fait qu'après
16 heures... Puis là, hier, j'étais à Saint-Jérôme, là, j'en avais...
j'avais une infirmière en obstétrique qui était à son troisième 16 heures,
elle était fatiguée. Vous savez, quand qu'on a les facultés affaiblies, dans...
pour n'importe quel humain, les risques qu'il y ait des failles, ils sont là.
Donc, ce qu'il faut,
c'est s'assurer que, la mobilité du personnel, la directive revienne le plus
rapidement possible, qu'on garde le cadre de l'environnement sécuritaire et
qu'on se préoccupe de la professionnelle en soins aussi dans sa surcharge de
travail. Quand on est en surcharge de travail, qu'on a les facultés affaiblies,
je m'excuse, mais les failles peuvent
arriver, et il peut arriver énormément d'éléments qui ne sont pas souhaitables
en termes de qualité et de sécurité des soins au niveau des patients. Et ça,
c'est pour l'ensemble des soins, et ça inclut aussi la COVID-19.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je dois céder
maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Rebonjour, Mme Bédard. On s'est vus la semaine
dernière à la commission sur les soins de fin de vie. C'est un plaisir
de vous revoir, mais vous êtes rompue à l'exercice, vous savez que je n'ai pas
beaucoup de temps, ça fait que je parle vite puis j'ai une question.
Tout à l'heure, les
Drs Arruda et Massé nous ont dit essentiellement que la décision de la vaccination
obligatoire tient plus à l'exemplarité du
milieu, que vous représentez en grande partie, qu'à des raisons
épidémiologiques. Vous avez dit, par
ailleurs, que vous n'avez pas été consultés, vous l'avez appris comme tout le
monde en entendant le premier ministre.
(Interruption)
M. Marissal :
Excusez-moi, il y a un chien ou quelque chose qui jappe ici. Je ne sais pas ce
que c'est, mais c'est vraiment dérangeant. J'espère que ça ne sera pas pris sur
mon temps.
Donc, tout ça dit,
là, avez-vous l'impression d'être instrumentalisés, dans cette affaire-là,
considérant ce que les Drs Arruda et Massé viennent de dire et le fait que
vous n'avez pas été consultés et qu'en plus vous nommez des directives
contradictoires qui vous ont été imposées la veille du point de presse du
premier ministre?
Mme Bédard (Nancy) : Honnêtement, c'est sûr que j'ai eu beaucoup
d'impressions, hein? Vous savez qu'on a entendu le... on a entendu
M. Trudeau, on a entendu Mme Anglade, on a entendu bien des gens.
Oui, à certains égards, on a entendu qu'au départ il n'y avait pas de
commission, c'était une décision unilatérale. Là, on a une commission mais une commission où on n'a pas eu de
document, une commission où on n'a pas de donnée, où il n'y aura pas de recommandation. Alors, ma réponse est
peut-être floue, mais je veux juste vous dire que j'ai eu beaucoup
d'impressions. Et surtout, l'approche de cette façon-là, je trouvais qu'elle
n'était pas bonne pour les professionnels en soins. Et, oui, c'est
populaire, oui, la vaccination a un consensus fort actuellement. Donc, j'ai eu
beaucoup d'impressions, effectivement, qui n'étaient peut-être pas celles
qu'habituellement je suis habituée d'avoir et que ce soit assez clair.
M. Marissal :
On va rester sur cette impression. Merci, Mme Bédard.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je cède
maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Alors, effectivement, moi non plus, je n'ai pas
beaucoup de temps. Alors, ma question porte aussi sur les affirmations du
Dr Arruda, qui a parlé, essentiellement, du fait que, selon sa perception,
le pourcentage de professionnels en soins vaccinés plafonne. Et il a parlé
d'hésitation. Peut-être que certaines ou certains ont besoin de temps. Et,
comme résultante, on propose la contrainte. Est-ce que vos pensez que cette
approche est contre-productive?
Mme Bédard
(Nancy) : Tout à fait. Ce que Dr Arruda a dit sur soit
qu'il y en a qui aient des hésitations ou un certain pourcentage, bien, c'est
des données que lui a et qu'on n'a pas eues, comme, on n'a pas... on ne nous a
pas partagées. Alors, je le répète, l'idée, c'est qu'on aurait aimé avoir les
données que Dr Arruda a eues dans les dernières semaines. Et ce que je
souhaite quand même vous dire, c'est qu'entre ce que Dr Arruda... et les
données qu'on a eues, moi, ce que je sais, c'est que ça monte à tous les jours.
Donc, il y a différents éléments, l'arrivée du... plus officiellement, là, du
variant fait en sorte que peut-être celles qui hésitaient ou peut-être celles
qui étaient soit en maladie qui reviennent au travail se font vacciner. Donc,
pour plein de raisons et d'indicateurs qu'on n'a pas, à tous les jours, le taux
de vaccination augmente, mais je ne les ai pas actuellement, puis je n'ai pas
les données pour savoir où sont les efforts qui nous restent à faire et où il
faut cibler nos interventions dans les prochaines semaines.
M. Arseneau :
Vous avez nommé plusieurs politiciens de différents paliers de gouvernance,
est-ce que vous pensez que cet élément-là de la vaccination obligatoire au
personnel de la santé a été trop politisé par rapport à la situation que vous
vivez?
Mme Bédard (Nancy) : C'est sûr que j'aurais bien apprécié faire partie
des discussions et de mieux comprendre ce qu'apportait le gouvernement.
Alors, habituellement, il y a des éléments qui peuvent faire du sens pour eux,
où nous, on apporte certaines nuances dans nos discussions qu'on avait à chaque
semaine. Donc, pourquoi ils ne l'ont pas fait cette fois-là? Pourquoi il y a eu
une décision politique? On peut dire que c'est une décision scientifique, on
peut dire que... mais habituellement, quand c'était le cas, on était au
courant, on nous donnait les suivis. Alors, tout l'aspect politique du dossier,
bien sûr qu'on le voit comme vous, et on pense que c'est un élément qui a énormément
de réflexions à avoir avant d'aller là pour les professionnelles en soins, notamment,
et pour le personnel de santé. Et, si c'est un aspect politique, bien, on va se
le dire, on ne devrait pas
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup, Mme Bédard. Je cède maintenant
la parole à la députée
d'Iberville.
Mme Samson :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Bédard. Mme Bédard, j'avais une
question très rapide. Qu'est-ce qui, selon
vous et vos membres, est le plus efficace : une double vaccination ou les
trois tests négatifs par semaine, ou c'est pareil selon vous?
Mme Bédard
(Nancy) : C'est l'ensemble des mesures, l'ensemble des mesures
depuis la première vague, nos apprentissages
qu'on a faits. Alors, c'est une panoplie de mesures qui font en sorte qu'on va
contrer la COVID-19 et ce n'est certainement pas en mettant la lunette
seulement sur une qui pourrait apporter des effets pervers et de risque de
baisse de garde sur d'autres. Et toutes ces mesures-là ensemble sont très, très
importantes dans le réseau de la santé pour nos membres.
Mme Samson :
Donc, vous supportez davantage le statu quo que l'obligation d'être vacciné.
Mme Bédard
(Nancy) : Tout à fait.
Mme Samson :
O.K. Je vous remercie. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend
ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 27)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M. Provençal)
: À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la santé et des services sociaux...
Des voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Excusez-moi. Merci.
Des voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je me rends compte qu'on a quelques délinquants
dans la salle.
La Commission de la santé et des services
sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et aux auditions publiques sur la vaccination obligatoire contre la COVID-19 du
personnel soignant du réseau de la santé et d'autres catégories de travailleurs
qui sont en contact prolongé avec les citoyens.
Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : la Fédération de la santé et des
services sociaux, Confédération des
syndicats nationaux, la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec et l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des services sociaux.
Je souhaite la bienvenue aux représentants de la
Fédération de la santé et des services sociaux, Confédération des syndicats nationaux. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter
puis à débuter votre exposé. Je vous cède la parole.
Fédération de la santé et des services
sociaux de la CSN (FSSS-CSN)
Mme Senneville (Caroline) :
Oui. Bonjour, tout le monde. Alors, mon nom est Caroline Senneville, je suis présidente de la CSN. C'est l'acronyme de la Confédération des syndicats nationaux. Je suis accompagnée de Jeff Begley, qui,
lui, est le président de la Fédération de la santé et des services sociaux.
Alors, merci de nous recevoir.
J'aimerais... La CSN aimerait indiquer, dans un
premier temps, qu'il est important de tenir cette commission parlementaire.
Nous sommes en état d'urgence depuis 18 mois bientôt maintenant, puis,
certes, urgence il y a eu, urgence il y a,
mais il y a encore démocratie, et on trouve très important
que, malgré l'urgence, malgré l'état sanitaire... ou, en fait, à cause
de l'état sanitaire, qu'il puisse continuer à y avoir un débat social et politique
dans les décisions difficiles qu'on a à prendre. Le dialogue social, c'est
aussi un moyen, comme société, de nous donner les moyens de faire face aux
défis de la pandémie, parce que le dialogue amène la... doit se faire dans la
transparence. Ça amène la confiance et ça amène aussi l'adhésion des gens aux
différentes mesures qui sont prises, et ça, ça nous aide à passer à travers la
pandémie.
En fait, je tiens à souligner que c'était la
Fédération de la santé et des services sociaux qui était initialement invitée.
Elle a eu la gentillesse de m'inclure, parce qu'au-delà des travailleurs de la
santé que la FSSS représente, et je laisserai Jeff parler de ça, bien, la CSN
représente une foule, aussi, de salariés, de syndiqués qui pourraient
éventuellement être touchés par des mesures comme ça, je les nomme
rapidement : le personnel de soutien dans les écoles et dans les cégeps,
notamment dans les services de garde dans les écoles; le transport scolaire;
les groupes communautaires; on a des établissements privés en éducation et en
santé; on a du personnel d'université, professeurs, chargés de cours,
professionnels; on a des sages-femmes; on a des agents de la paix dans des
services correctionnels. Alors, il y a seulement deux jours de commission, on a
fait une journée santé, on va faire une journée éducation, mais, si ceci n'est qu'une première étape de
d'autres débats, bien, on trouvait ça important que nous puissions accompagner
la FSSS pour donner ce son de cloche là. Je tiens aussi à dire — vous
le savez, mais je veux le préciser — la situation de la pandémie
est, le moins qu'on puisse dire, évolutive. Donc, ce que nous allons dire
aujourd'hui, bien, ça va pour l'état des lieux de la pandémie aujourd'hui et,
bien sûr, pour l'ensemble de nos salariés.
La CSN et ses affiliés a toujours été pour la
vaccination, puis, je vous le dis, on a travaillé et on continue de travailler
très fort avec notre monde, dans tous les secteurs, pour que les gens se
fassent vacciner, et cela a porté fruit, les taux de vaccination dans nos
secteurs sont plus élevés que ceux de la population en général. Bien sûr, il
reste des exceptions, et le projet de loi sur lequel on se penche va traiter... j'imagine, va traiter de ces
exceptions-là, mais ça sera aux milieux de travail de gérer ces
exceptions-là, des milieux de travail qui ont déjà été passablement taxés
depuis 18 mois de pandémie.
Vous savez que, oui, il y a un décret d'urgence
sanitaire, mais il y a des dizaines de décrets qui sont... qui ont été faits depuis le début de la pandémie, qui
viennent encadrer et décréter unilatéralement les conditions de travail. Vous
savez aussi que le personnel a été présent,
a répondu présent. Vous savez qu'il y a des gens qui ont manqué... qui n'ont
pas eu beaucoup de vacances pour gérer tout ça.
Donc, le projet de loi qui est sur la table va
faire en sorte que les exceptions des gens qui ne sont pas vaccinés devront être traitées dans les milieux de travail
qui sont déjà... comme je le disais, déjà
fortement taxés. Puis les syndicats, eux,
vont avoir la difficile tâche de jongler avec des analyses juridiques, hein,
parce qu'on est dans une société démocratique, une société de droit, des analyses juridiques qui ne sont pas simples,
qui sont incertaines, on est dans du droit nouveau, et qui sont même changeantes, hein, parce que
l'état de la pandémie change. Le variant, on ne l'avait pas vu venir. Et ça,
bien, les gens sur le terrain, ils devront
le faire en conciliant, du mieux possible, le bien-être collectif mais aussi
les droits individuels, qui ne
cessent pas d'exister, le tout en préservant un climat de travail sain et
solidaire entre leurs membres et sur les lieux de travail, bien sûr, au
bénéfice de la population.
Et, face à ça, bien, il y a des écueils qui se
présentent à nous, on a une position, et je vais céder la parole à
M. Begley, là, qui va vous en parler plus concrètement.
Le Président (M. Provençal)
: Votre micro, s'il vous plaît.
M. Begley
(Jeff) : Oui, voilà. Merci. Bien apprécié. C'est la phrase de
l'année.
Donc, voilà, dans un premier temps, nous
poursuivons le même objectif : Comment s'assurer que le plus de monde
possible soit vacciné? Le gouvernement semble aujourd'hui privilégier un moyen
coercitif pour y arriver. Nous, nous avons des préoccupations.
Le gouvernement, sans beaucoup de succès, a
annoncé, au début du mois du mois d'août, cette idée de faire un moyen
coercitif. C'était une surprise, on ne voyait pas venir ça. Que ça soit l'avis
de l'INSPQ, que ça soit les travaux qu'on faisait avec le ministère, c'était toujours
une approche pour inciter le monde puis faire en sorte que... être capable de
répondre aux questions, et ça marche, ça marchait. D'ailleurs, très largement,
le nombre de personnes vaccinées dans santé et services sociaux, c'est pas mal
plus que dans le public en général.
D'ailleurs, nous avons eu des critiques vis-à-vis
la gestion de la pandémie, particulièrement au niveau des moyens de protection, mais, sur la question
de la gestion de la vaccination, depuis la fin du mois de mars, moi, je peux vous dire que je n'ai que des... vraiment, j'aurais des... tendance à lancer des
fleurs. Je trouvais que le travail de collaboration ministère-employeurs-syndicats
pour vraiment faire quelque chose pour augmenter la vaccination, ça
fonctionnait. Maintenant, il choisit un autre moyen. Il y aura des
contestations, c'est clair, si le gouvernement continue dans ce moyen-là.
• (14 h 10) •
Mais je veux insister, dans les une ou deux
minutes qu'il reste, aussi pour dire qu'il y a des risques. Le monde a donné le
maximum, puis on travaille des moyens coercitifs. Il y a des dizaines d'arrêtés
ministériels depuis le début, et le monde répond chaque fois présent, mais, à
un moment donné, ça va craquer, puis, oui, il y a beaucoup de nos membres qui sont déjà
vaccinés et qui aimeraient ça que le monde soit vacciné. Puis le ministre,
ce matin, il a dit : On a une marge de manoeuvre, parce qu'au pire on était 12 000
qui étaient en congé, puis maintenant il y en a juste 2 000, congé
à cause soit de COVID, des congés maladie, etc. Le problème, c'est
l'accumulation de la fatigue. Que ça soit via
le COVID, avoir vécu dans des places
où il y a eu des éclosions importantes et des décès, etc., la fatigue, ça
s'accumule aussi. Et moi, je vous
dis, le ministre aussi l'a dit ce
matin, le risque de bris de service est réel. Ça va-tu être important? On va voir, si vous continuez dans ce sens-là,
mais le risque est réel. Il y a du monde qui va dire : C'est la mesure qui
fait en sorte... c'est la goutte qui fait déborder le vase.
Puis je termine en disant... on en a parlé ce
matin aussi, en disant : Le taux de vaccination, ça a ralenti. C'est la
période des vacances, puis, malgré ça, ça a continué, la vaccination. Puis, si
on avait des données fiables pour être capables
d'identifier qui ne se vaccine pas puis pourquoi, les femmes enceintes, des
femmes qui allaitent, des immunosupprimés, etc., puis regarder vraiment
les problèmes... Moi, je pense qu'on peut faire encore un bon bout.
Et là, dans mes questions, j'ose espérer, on
aura peut-être une place aussi pour souligner les problèmes au niveau de la
continuation des mesures de protection. Ça nous préoccupe au plus haut point.
Mais, comme le temps, il passe, aussi juste vous dire : Les contestations,
c'est clair qu'il y en aura, puis on va les évaluer une à une, mais c'est clair
qu'il y en aura, puis je pense qu'il faut considérer tout ça, mais,
particulièrement le bris de service...
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
M. Begley (Jeff) :
...moi, je trouve ça préoccupant.
Le
Président (M. Provençal)
: Je
m'excuse de vous couper, mais le temps est écoulé. Je vous remercie pour votre
exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. Mme la députée de Soulanges,
je vous cède la parole.
Mme Picard : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Merci pour votre présence ici aujourd'hui. Mme Senneville, vous avez vraiment raison, je
pense que cette commission-là est très importante, ce débat devait avoir
lieu, puis c'est un exercice démocratique qu'on fait aujourd'hui. Donc, merci
pour votre présence.
M. Begley, vous évoquez des moyens
coercitifs alternatifs dans votre mémoire. Avez-vous des idées? Avez-vous pensé
à d'autres options que vous suggéreriez pour aller chercher...
M. Begley (Jeff) :
Bien, moi, je trouve que les moyens d'incitation fonctionnent. Il y a eu
vraiment, entre le mois de mars... lorsqu'on constatait que la vaccination,
ça... dans le réseau de la santé et services sociaux, ce n'était pas à la
hauteur que tout le monde souhaitait, puis il y avait des raisons qui
l'expliquaient, on a pris des démarches pour
l'améliorer, puis ça... entre la fin du mois de mars puis maintenant,
c'est le jour et la nuit. Moi, je... C'est parce que... Moi, ce que je dis : Avec l'accumulation des
mesures coercitives, il y a une fatigue. Moi, je pense que le monde, ils ont
besoin beaucoup plus d'une tape dans
le dos pour dire : Écoute, là, on peut-tu comprendre pourquoi vous ne
voulez pas faire vacciner? À partir
du moment où on sait c'est où, on est
capables de jaser avec le monde, on est capables de continuer.
Mme Senneville (Caroline) : Si
je peux me permettre, on parle beaucoup de vaccination obligatoire, hein, mais
«obligatoire» n'a pas le même sens pour tout le monde, parce qu'en ce moment
elle est un peu obligatoire, la vaccination, dans le domaine de la santé, les
gens qui ne se font pas vacciner se font tester trois fois par semaine. Alors, effectivement, il y a le testage, il y a
des tests rapides, il y a moyen de tester les gens rapidement sans que ça ait
un impact sur le travail.
Il faut
trouver aussi qui ne se fait pas vacciner, c'est combien, c'est pour quelles
raisons, puis avoir des mesures ciblées et efficaces pour travailler dans un
travail de confiance et de conviction. Puis ce qu'on vous dit, c'est que... Puis
évidemment, tu sais, on ne vaccinera pas les
immunosupprimés, ceux qui ont des conditions médicales. Nous, on dit :
On le sait, que le risque... Ce n'est pas nécessairement pas recommandé pour
les femmes enceintes, mais on peut comprendre qu'il y a
plus de risques, on peut comprendre l'inquiétude des femmes enceintes et qui
allaitent, on sait que c'est une situation temporaire. On pense qu'on devrait
laisser les femmes qui allaitent... respecter leur choix et ne pas les obliger à se faire vacciner. Puis, pour
les autres, bien, tester, convaincre, déplacer le travail, dans aucun cas le
congédiement. Pour nous, c'est une situation sine qua non. On a le droit de
refuser d'être vacciné au Québec, quelqu'un ne devrait pas perdre son emploi.
Congé sans solde... Bien, la pandémie, ça fait 18 mois qu'elle existe. Bien fin qui saura quand est-ce qu'elle prendra
fin. Donc, un congé sans solde qui s'étire sur des semaines et sur des mois,
bien, ça peut ressembler aussi à des congédiements.
Alors, on vous dit deux choses par rapport à ça.
Sur le terrain, ça va être l'enfer, parce que ça fait moins de monde, qu'on le
veuille ou non, puis ceux qui vont rester, bien, c'est ceux qui vont avoir une
surcharge de travail. Il n'y a plus de place
pour ça. Deuxième chose qu'on vous dit, c'est qu'il y aura contestation
juridique. Il y a un membre, sur...
Quelque part, sur les 300 000 membres de la CSN, il y a quelqu'un qui
va se retrouver dans une situation qu'il ne souhaitera pas. Il va
dire : Je suis discriminé, ce n'est pas ça qui était dans mon contrat de
travail. Il va vouloir déposer un grief. Et nous, on n'a pas le choix de
défendre les griefs de notre monde. Si on ne défend pas les griefs de notre
monde, on est poursuivis comme syndicat, donc... Et là on verra ce que
l'arbitre de griefs fera, et cet arbitre-là aura à soupeser les droits
collectifs des droits individuels. Parce qu'on est pour les droits collectifs,
on est pour la vaccination, mais il y a des
exceptions. Et, on vous le dit, aller dans ce chemin-là, bien, ça va faire en
sorte qu'il y aura contestation juridique, et là, bien, je ne suis pas
sûre qu'on s'aide mutuellement.
Mme Picard : Merci beaucoup.
J'ai des collègues qui ont des questions, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci beaucoup, M. le Président. Merci,
M. Begley, Mme Senneville, d'être ici, à la commission. Je trouve ça vraiment très intéressant, là, la
conversation, là, que vous avez actuellement, là. Puis d'emblée j'aimerais
vous remercier pour le travail exceptionnel que vos membres, là, font dans le
domaine de la santé. Je pense que, cette année,
plus que jamais, on s'en est rendu compte, à quel point vous êtes importants
dans la société. J'aimerais également vous remercier d'avoir participé de manière très active
à la promotion pour la vaccination. Je pense que vous êtes... vous avez été partie
prenante puis des joueurs clés en cette matière-là.
Puis, dans
cette veine-là, j'aimerais savoir : Est-ce que vous avez des
données, vous, à savoir le nombre... bien, le pourcentage, mais surtout le nombre de vos membres qui sont adéquatement vaccinés, qui ont les deux doses? Puis je serais intéressée à
connaître aussi ceux qui ne sont pas vaccinés et ceux qui ne peuvent pas être
vaccinés, pour des raisons de santé surtout. Je ne sais pas si vous avez ces
données-là, vous.
M. Begley (Jeff) : Justement, ça... à un moment donné, au mois d'avril, là, on a
eu des données globales, on a même eu des données par établissement, mais,
depuis le mois d'avril, c'est juste des données par catégorie. Donc, c'est difficile à vraiment pointer qui, par type d'emploi
ou par... peu importe, y compris, même, par les établissements... On n'a
plus ces données-là. Moi, je pense que ça aiderait à finir le travail d'inciter
le monde si on avait ces choses-là.
Puis, sur la
question de qui ne pourra pas être vacciné... Mais, bien sûr, j'ai vu un peu
les réactions quand Caroline a mentionné, par exemple, quelqu'un en
maternité. La procédure pour quelqu'un qui est en maternité, lorsqu'elle veut
se faire vacciner... bien, un médecin a une responsabilité supérieure à expliquer
la chose à quelqu'un qui est en maternité.
Il doit y avoir une raison pour ça. Ça doit faire poser des questions. Est-ce
qu'on va dire à ces personnes-là : Bien, «just too bad»,
vaccine-toi, sinon...
• (14 h 20) •
Mme Boutin : Si je comprends bien, si vous aviez des données
beaucoup plus ciblées sur les raisons et sur les... justement, les gens qui ne sont pas vaccinés, pour
quelles raisons, est-ce que c'est la santé, ce serait plus facile peut-être d'avoir des mesures plus ciblées, dans le
fond?
M. Begley (Jeff) :
Exact.
Mme Boutin : O.K. Merci.
Madame... Ma collègue...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Repentigny.
Mme Lavallée : Merci. Bienvenue
à la commission. Tout à l'heure, vous avez dit que le taux de vaccination était
plus élevé parmi vos membres que le taux dans la population. Donc, il y a
beaucoup de personnes qui ont compris l'importance d'être vacciné pour se
protéger contre la COVID, et c'est tout à votre honneur aussi d'avoir défendu
cette importance-là, là. Je pense que vous avez toujours manifesté que vous
étiez pour la vaccination. Et, dans la perspective où la vaccination s'avère le
meilleur moyen de prévention contre la COVID, ne pensez-vous pas qu'actuellement celle-ci devrait être obligatoire pour les personnes salariées pour qui le vaccin n'est pas
contre-indiqué? On est dans la quatrième vague.
Mme Senneville (Caroline) :
...vais vous donner des éléments de réponse. Vous savez, reportons-nous au
début de la pandémie, là, on manquait de masques, hein? Il y a des gens, là,
qui sont rentrés dans des CHSLD avec leur propre masque, à qui on leur a
interdit de le porter. On leur a dit : Vous enlevez votre masque. Il y a
des gens qui sont rentrés au travail avec pas de protection.
Ils mettaient un sarrau puis une serviette dans le cou. Il a fallu déposer des
griefs pour faire reconnaître qu'il y avait une transmission par aérosols puis
que, quand on était en contact avec les patients, ça prenait un
masque N95, parce que ce n'était pas ça qui était souhaité au début.
Alors, tous les
moyens sont bons pour lutter contre la pandémie. Puis je pense qu'un des pièges
qui nous guettent avec le vaccin, c'est de dire que, maintenant que le vaccin
existe, tout le reste, on peut laisser tomber. Non, le vaccin, c'est une corde
de plus à notre... à notre arc, et il y a des données qu'on ne sait pas, là. Ça
dure combien de temps, l'effet du vaccin, hein? Ce qu'on sait, là, c'est que le
vaccin est superbon pour empêcher les gens de mourir puis d'aller à l'hôpital,
puis ça, nos membres, ils sont contents de ça parce que c'est eux autres qui
travaillent à l'hôpital. C'est moins sûr sur comment il transmet, comment il ne
transmet pas.
Alors, nous, ce qu'on
dit, c'est : Oui, le vaccin, c'est une arme de plus. Il ne faut absolument
pas laisser tomber les autres armes. Ça pourrait... Ça pourrait, comme je
disais, être un piège puis faire en sorte que... Puis on ne les connaît pas
tous, les variants. On est rendus au Delta, puis il y aura peut-être un Epsilon
et un... etc. là. Donc, il va vraiment falloir s'assurer que tout est là.
Alors... Et on le sait, on le sait, qu'il y a des personnes vaccinées qui peuvent
être porteuses, même si elles sont asymptomatiques.
Donc, oui, c'est le
meilleur moyen, travaillons le plus possible, mais, nous, ce qu'on vous dit,
ça... Tu sais, si on avait... Moi, si j'avais une baguette magique, là, je
vaccinerais tout le monde, mais je n'ai pas une baguette magique. On vit dans
une société de droit, puis le vaccin, c'est un choix. On a le droit à
l'intégrité physique de notre personne. Puis il y a des gens qui peuvent, pour
des bonnes... Puis il y en a qu'on le sait, que ça sera pour peut-être de moins
bonnes raisons, mais ça fait partie de leurs droits. Alors, comment on conjugue
ces droits-là? Parce que, comme je le disais, bien, il faut... on vit en société,
puis il faut protéger... il faut protéger les deux.
Puis nous, on a toutes
sortes de membres, hein? Sur 300 000 membres, à la CSN, il y a des
gens qui vont nous dire : Bien, j'aimerais ça que tout le monde soit
vacciné, puis il y en a d'autres qui ont peur. On vit un temps de pandémie, les
gens sont insécures, les gens sont craintifs, puis ceux qui refusent le vaccin,
ce ne sont pas tous des antivax. Je pense qu'il faut continuer notre travail
de... il faut continuer notre travail de conviction parce que... Est-ce que le
remède va être pire que le mal? C'est ça aussi qu'il faut se poser quand on
pose... Ou, tu sais, si ça fait en sorte qu'il y a moins de monde sur le
plancher, si ça fait en sorte que le personnel est surutilisé...
Puis je vais vous
dire une autre affaire, hein, la Santé publique, là, elle avait dit, au début
de la pandémie : Pas de roulement de personnel. Il y en a eu, roulement de
personnel. Pourquoi il y en a eu, roulement de personnel? Parce que c'était ça
ou avoir des bris de service. Alors, est-ce qu'on va se retrouver dans une
situation où tu n'es plus capable de faire rentrer de monde parce que tu as un
petit pourcentage de gens qui n'était pas vacciné? On va faire quoi, bris de service ou on va faire rentrer la
personne pareil, tu sais? Alors, on a voulu encadrer le travail des agences,
puis, moi aussi, je vais lancer une fleur au
gouvernement, là. On sait que le gouvernement est préoccupé par le travail
des agences, mais, à un moment donné, quand,
sur le terrain, il n'y en a pas, de service, bien, il faut trouver du monde.
Mme Lavallée :
Alors que... Je vous entends quand vous parlez du vaccin, mais on a des données
qui sortent actuellement où on a plus de cas à l'heure actuelle qu'à la même
période l'année passée et où on se rend compte que la vaccination a ses effets,
donc... au niveau de l'entrée des gens à l'hôpital, donc c'est... Oui, il y a
peut-être d'autres façons, mais il reste que les résultats sont là, ils sont
parlants, et votre rôle à vous est important.
Vous voulez prévenir
les problèmes de santé parmi vos membres puis, Dieu merci, vous avez une grosse
majorité de vos membres qui ont accepté de se faire vacciner, mais ne
croyez-vous pas qu'à partir du moment où on est dans la quatrième vague c'est
d'autant plus important que les personnes qui sont réticentes puis qui n'ont pas
de raison de ne pas se faire vacciner, pas
de raison médicale... qu'ils devraient se faire vacciner et que ça devrait
peut-être être obligatoire? Je repose
ma question. Est-ce que vous pensez que, dans l'état actuel, la situation
actuelle où on essaie de lutter contre une... et c'est une pandémie qui
est mondiale... que vous avez un rôle à jouer là-dedans?
Mme Senneville
(Caroline) : Tout à fait, mais ce qu'on vous dit, c'est que, si vous
la rendez obligatoire puis que des gens subissent des conséquences par rapport
à leurs conditions de travail, il va y avoir contestation juridique. Moi, je ne
suis pas arbitre de griefs, je ne suis pas juge. C'est le genre de dossier qui
peut monter jusqu'à la Cour suprême, puis peut-être qu'au bout du compte, là,
la réponse qu'on va avoir, juridique, c'est : Bien, dans l'équilibre des
droits, vous pouvez inciter fortement une personne à être vaccinée, vous pouvez
mettre toutes les conditions en place, mais vous ne pouvez pas, par exemple, la
congédier, vous ne pouvez pas la mettre sans solde pendant des mois parce que c'est considéré comme étant un congédiement déguisé, parce que... quand tu ne
travailles pas pendant plusieurs
mois. Donc, on ne le sait pas. L'état du droit... C'est une pandémie nouvelle,
là, la dernière fois, c'était il y a 100 ans. Le droit a beaucoup
évolué en 100 ans, surtout le droit du travail.
Alors, nous, ce qu'on
vous dit, c'est qu'il y a quelqu'un quelque part qui va contester, et ça sera
porté devant les lieux où ça devra être porté. Alors, est-ce qu'on est capables
de trouver d'autres solutions que des solutions, je dirais, très fortes, en termes de relations de travail, qui seraient des
suspensions très prolongées ou des congédiements?
Mme Lavallée :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député de
Chauveau.
M. Lévesque
(Chauveau) : ...combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: 1 min 50 s.
M. Lévesque
(Chauveau) : Parfait. Mme Senneville, M. Begley, merci
beaucoup pour votre beau travail. Je veux saluer, évidemment, les efforts que
vous avez faits, puis l'ensemble de vos membres, la très vaste majorité se sont vaccinés, puis, je pense, c'est un effort,
puis, nos anges gardiens, on y tient, mais je vais quand même me faire un peu
l'avocat du diable. Parce que j'entends ce que vous dites au niveau des
syndicats. Le personnel, il en manque, le personnel est épuisé, le personnel...
les cas augmentent aussi, puis ça fait que le personnel est surchargé, et ce
n'est pas d'hier.
Justement, vous ne pensez pas que, par respect
pour toutes ces personnes qui ont posé ce geste civique de se faire vacciner...
puis là je ne parle pas des gens qui ont des conditions médicales particulières,
qui... effectivement, ça pourrait être dangereux pour leur santé, je ne parle
pas de ces cas-là, mais je parle que, pour l'augmentation des cas potentiels
dans les hôpitaux, dans les CHSLD, dans les résidences de personnes âgées...
d'autant plus que le ministre, ce matin, a dit que, dépendamment des vagues, on
est passés à 45 000 cas parmi les travailleurs de la santé, ça a déjà
été 10 % des cas, 20 %, 25 % de l'ensemble des cas qu'on a de COVID,
vous ne pensez pas, ne serait-ce que pour... par respect pour les autres
personnes qui travaillent à côté d'eux, que ce ne serait pas pertinent que tous
les travailleurs de la santé puissent être vaccinés et que, justement, on ne
vienne pas alourdir leur fardeau par le fait que les travailleurs tombent au combat, donc on va augmenter la charge, et
qu'il y ait encore plus, peut-être, de gens malades, pour vos membres, à
traiter?
Mme Senneville (Caroline) : Je
vais être courte. Ce n'est pas ce que je pense... ce n'est pas ce que moi, je
pense qui est important. Parce que, oui, je crois en la vaccination, puis, oui,
on le dit à nos membres.
Ce qu'on vous dit, c'est que, dans l'état du
droit actuel, une obligation, tu sais, qui fait en sorte que les conséquences
sont graves en termes de droit au travail, les gens vont utiliser les
mécanismes prévus dans les lois des relations de travail, puis ça va arriver,
que je sois d'accord ou que je ne sois pas d'accord. Moi, comme présidente de la CSN, il n'y a aucun des
300 000 membres que je représente à qui je peux dire : Tu n'as
pas le droit de déposer un grief.
Le
Président (M. Provençal)
: Je
m'excuse, je dois vous couper la parole et la céder à... au député de Nelligan pour la suite.
• (14 h 30) •
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Merci pour le mémoire et merci pour votre
présentation. Je sens, entre les lignes, et je comprends que vous insistez
beaucoup sur le mot «risque réel», et vous avez mentionné le bris de service.
Donc, j'imagine que vous avez fait vos devoirs avant la commission, et vous
êtes en mesure, aujourd'hui, de nous donner des exemples de bris de service et
les risques réels que, si on va de l'avant avec
la vaccination obligatoire, c'est quoi les risques réels qu'on risque d'avoir,
et ils se manifestent sous quelles formes.
M. Begley (Jeff) :
Bien, nous avons vu, lors des premiers, là, et maintenant avec la quatrième
vague qui s'en vient... je peux vous donner un ou deux exemples très concrets
où nous sommes déjà en pénurie du personnel. Justement, hier soir, on parlait
avec nos délégués, là, il y en avait une de Granby, dans une petite résidence,
elle a indiqué très clairement, là, qu'il y a un risque certain d'un bris de
service chez eux à cause de la situation. Puis moi, je n'ai pas demandé le
pourquoi du membre qui travaille la nuit qui ne voudra pas se faire vacciner.
M. Derraji : Le ministre, ce
matin...
M. Begley (Jeff) :
Et... Oui?
M. Derraji :
Le ministre, ce matin, nous parlait de 30 000 employés dans le
secteur public. Vous, vous avez... vous représentez quand même une bonne
partie de ces membres. Pensez-vous que 30 000 reflètent vraiment le nombre
de personnes affectées par cette mesure ou vous pensez qu'il y aura plus que
30 000 personnes affectées?
M. Begley (Jeff) :
Bien, moi, ce que j'ai compris, c'est qu'il y a 30 000 personnes, au
moment où on se parle, qui ne sont pas vaccinées. Donc, c'est le pourcentage de
membres dans le réseau de la santé et des services sociaux. Chez nous, on représente
peut-être près de 35 %, 40 % des membres qui travaillent dans le
réseau, là. Bien, ça voudrait dire, sur ce 30 000 là, c'est autour de
10 000, mettons, mais moi, je ne pense pas qu'il y a
10 000 personnes qui vont partir, mais ce ne sera pas 10 personnes
non plus, là. Regarde, à un moment donné, le membre dit : On n'en peut
plus.
M. Derraji : Je comprends. Vous
avez aussi des membres au niveau des écoles, au niveau des services de garde.
Est-ce que vous craignez une extension de la vaccination que ce soit dans les
écoles ou les garderies? Et quel impact cela pourrait avoir?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, si tu permets, Jeff, je l'ai dit d'entrée de jeu, là, notre position vaut...
c'est le même impact. On ne connaît pas... La situation, dans les écoles, elle
est moins... voyons, documentée que celle dans le réseau de la santé, mais ce
n'est pas... ce ne sont pas des emplois faciles, là, surtout dans les services
de garde, hein, tu es mis à pied tous les étés, tu as des horaires brisés, il y
a une grave pénurie, donc... Et ce n'est pas mieux s'il n'y a pas de personnel
pour être en service de garde puis que tu mets tout le monde... tous les jeunes
ensemble. Alors, ça peut... effectivement, ça peut occasionner des bris de
service à ce moment-là.
Mais moi, je le répète, tu
sais, c'est comme s'il fallait... quand on parle de vaccination obligatoire,
c'est comme s'il fallait partir le bazooka tout de suite. À partir du
1er septembre, le passeport sanitaire va avoir effet. Tous nos membres,
là... je suis sûre que tous nos membres, là, ils vont dans des restaurants,
vont dans des cinémas, vont dans des gyms. Ils ne pourront plus, là. Ça, ça va
avoir un effet sur le personnel qui travaille et en santé et en éducation. Ça
commence le 1er septembre, on n'a même pas vu ça agir. Il nous manque des
données. Est-ce qu'il y a une région en particulier, un corps d'emploi en
particulier où on a des problèmes, sur lesquels on pourrait avoir des plans
d'action ciblés pour faire en sorte que ça augmente la vaccination?
Alors, on peut bien rendre la vaccination
obligatoire, on peut bien mettre des mesures coercitives, tu sais, déplacer les
gens, pas de problème, les faire tester, pas de problème, puis évidemment on va
gérer les exceptions médicales, mais, nous, ce qu'on vous dit, c'est qu'il y a
des gens qui ne le feront pas. Puis qu'est-ce qu'on fait avec ces gens-là? Puis
c'est quoi, la balance des inconvénients entre les droits individuels, les droits
collectifs? C'est ça qu'il faut examiner. Puis, s'il y a des gens qui devront
faire le choix entre être vaccinés puis garder leur emploi, dans l'état de
pénurie de main-d'oeuvre actuel, disons que...
M. Derraji : Je vous entends,
je vous remercie. Il y a un autre point qui a été soulevé aujourd'hui par un
autre groupe, c'est à savoir... Parce qu'au fait il y a un parallèle par
rapport à ça, je pense, ça commence à être... à faire consensus, ce point, vous
l'avez très bien mentionné, c'est la baisse de mesures de protection. Si je
vous pose la question aujourd'hui, vous représentez quand même beaucoup de
membres, est-ce que vous pensez que le gouvernement fait fausse route en
diminuant les mesures de protection? Ou bien, selon vous, la vaccination, il
faut pousser la vaccination, mais il ne faut pas baisser la garde par rapport
aux mesures de protection? Parce qu'au bout de la ligne, vous l'avez très bien
dit tout à l'heure, il y a le taux d'efficacité du vaccin, mais ce n'est
surtout pas le moment qu'on baisse les gardes et qu'on baisse les mesures de
protection. Est-ce que vous partagez ce constat? Et, si c'est oui, avez-vous
des exemples à nous partager aujourd'hui?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien oui, je partage ce constat-là très certainement pour les milieux de
travail — je
vais laisser au gouvernement puis à l'INSPQ dans la société en général, là — mais
il faut que les équipements de protection individuelle soient disponibles en
grand nombre pour tout le monde. Un exemple : la ventilation dans les
écoles. Alors, on ne sait pas ce que ça va donner, la vaccination dans les
écoles. Puis, pour l'instant, on ne vaccine pas les 0-12 ans.
Alors, il faut trouver... il faut que tout...
Puis les variants, on ne connaît pas ce que sera le prochain variant, quel sera
son degré de contagiosité, l'efficacité. Alors, il faut... on est face à
quelque chose de gigantesque, d'inconnu, qui perdure dans le temps, et il faut
que toutes les mesures soient là, puis il faut que nous-mêmes, comme personnes
puis comme travailleurs, travailleuses, on n'oublie pas de se laver les mains
puis qu'on respecte la distanciation sociale. C'est... Je le répète, on est 100 %
pour le vaccin, c'est essentiel dans la lutte qu'on mène contre la pandémie,
mais le vaccin à lui seul ne fera pas la job.
M. Begley
(Jeff) : Puis je... Si je pourrais peut-être ajouter quelques exemples
très concrets. Mme Bédard, ce matin, vous avez raison, elle a mentionné
quelques-uns, j'en ajoute un autre. Auparavant, on faisait des tests qui
avaient... Mettons, quelqu'un qui fait une intervention qui est à haut risque,
puis il y a eu une défaillance de son équipement de protection individuel, on
n'attendra pas des symptômes, automatiquement un test. Là, maintenant, on
dit : Si vous êtes double vacciné, ce n'est pas nécessaire. Grave erreur,
grave erreur. Puis j'ajoute les exemples que Mme Bédard a donnés ce matin,
on partage cette analyse-là.
M. Derraji : Donc, vous
partagez... au fait, vous mentionnez, c'est une grave erreur, mais vous
partagez... Au fait, vous arrivez à la même
conclusion que le groupe de Mme Bédard, ce matin, au niveau des mesures de
sécurité.
M. Begley (Jeff) :
Tout à fait. Il faut les renforcer, surtout avec le Delta. C'est... On nous dit
que c'est encore plus contagieux, là, ce n'est pas le temps de lâcher, au
contraire, c'est le temps de renforcer. Les masques N95, il faut les
sortir quand il faut. Bref, absolument, absolument.
M. Derraji : Si je comprends
votre logique, au lieu d'aller à la vaccination obligatoire, le gouvernement
n'aurait dû pas baisser les règles des mesures de sécurité, au contraire, les
amplifier, surtout le fait que le Delta est très
contagieux, et probablement laisser le temps faire, en fait, son effet, et on
va atteindre le pourcentage d'immunité qu'on espère tous de 95 %.
Est-ce que c'est ce que je peux comprendre en... lors de votre présentation?
M. Begley (Jeff) :
Ça résume assez bien, je trouve, en termes de dire... Incitation avec des
mesures renforcées, là, c'est ça, l'objectif. Ça fait qu'on pense que comme
cela... mieux que l'obligation.
M. Derraji : J'ai entendu le
N95. Pour moi, quatrième vague, pour moi, ce n'est même pas une question qu'on doit se poser aujourd'hui. Rassurez-nous,
s'il vous plaît, vous pensez que vos membres n'ont pas à leur disposition
le masque N95?
M. Begley
(Jeff) : Il y a des problèmes qui se pointent de temps en temps. Ce
n'est pas le majeur, mais ça reste quand même un problème, oui.
Mme Senneville
(Caroline) : Puis moi, je pense que, pour reprendre votre phrase, on
peut aider le temps. Tu sais, quand M. Begley dit : Bien, des mesures
incitatives, là, ça ne veut pas dire attendre, tout, tu sais... Je veux dire,
on peut être actif et travailler sans tomber dans le coercitif.
• (14 h 40) •
M. Derraji : ...éviter le
coercitif, il faut commencer par garder les mesures de sécurité, c'est ce que
je peux comprendre de votre intervention, y compris les masques, y compris les
tests, que vous constatez que le protocole des tests n'est plus à l'ordre du
jour.
Mme Senneville (Caroline) :
Absolument.
M. Derraji : O.K. Je vous
remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. M. Begley, Mme Senneville, bonjour. Merci d'être là. Selon
vous, là, vous dites que c'est une grave erreur de cesser les tests de
dépistage systématiques. Selon vous, combien de gens ont été détectés et donc
retirés du réseau en raison d'un test positif? Avez-vous des données là-dessus
par mois ou sur une période, là, que vous auriez?
M. Begley (Jeff) :
Non. Des données spécifiques pour le monde retiré, non, non.
M. Marissal : C'est bon. J'ai
très, très peu de temps, alors, si la réponse est non, on va mettre fin à cette
question-ci. Je vous fais une petite charade, là. C'était non de la part du
gouvernement il y a un mois, c'est devenu oui. C'est basé sur un avis
préliminaire. Il y a un risque de bris de service, le ministre l'a dit
lui-même. Vous, vous dites : C'est exagéré. Je suis assez d'accord avec
vous. Et vous dites, et là encore je suis assez d'accord avec vous, qu'il y
aura contestation. Alors, la question, là : Pourquoi le gouvernement va là
selon vous?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, écoutez, il y a le bout où c'est la pandémie, puis on cherche par tous
les moyens de faire augmenter le taux de vaccination. Puis, pour nous, ce n'est
pas une mesure gouvernementale, ça. Pour nous, c'est une mesure d'un employeur.
Parce qu'une mesure gouvernementale, ça s'appliquerait à l'ensemble des milieux
de travail, ça s'appliquerait à l'ensemble de la situation. Moi, ce que je dis,
c'est que, par rapport à la santé puis aux services publics, le rendre
obligatoire de façon très coercitive, ça risque de mettre des bris de service, ça risque d'être contesté, et surtout ça fait
porter aux milieux de travail la gestion de la vaccination obligatoire. Est-ce
que c'est une question sociétale qu'on devrait se poser, évidemment, s'appuyer
sur l'INSPQ? Il faudra voir. Alors, peut-être, tu sais, il y a... Et là, pour
nous, tu sais, je pense que c'est ça qu'il faut voir.
M. Marissal : La FIQ, avant
vous, parlait d'une décision politique. Êtes-vous d'accord avec l'impression ou
la conclusion de Mme Bédard?
M. Begley
(Jeff) : Mais, si je
pourrais... Puis ça ferait bien avec votre dernière question
aussi. Moi, je trouvais que le docteur... Massé... J'oublie son nom.
M. Marissal : Massé.
M. Begley (Jeff) :
Je m'excuse, Massé, pardon. Il y a une phrase que j'ai écrite qu'il a dite, il
a dit : Au-delà de la question de...
M. Marissal : Épidémiologique,
c'est... Oui, je comprends.
M. Begley (Jeff) : Exactement, il y a la question de donner un exemple au reste de
la population. Ça, c'est politique, ça.
M. Marissal : Donc, vous êtes
d'accord avec Mme Bédard de la FIQ?
M. Begley
(Jeff) : Donc, je pense, il m'apparaît que oui.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Je vais maintenant céder la parole au député de Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup, M.
le Président. Mme Senneville, M. Begley, merci d'être là. Rapidement,
si je comprends bien l'argument du gouvernement selon lequel on met... on veut
mettre cette mesure en place de la vaccination
obligatoire pour soulager les hôpitaux puis éviter que les professionnels en
soins tombent malades, vous n'achetez pas cet argumentaire. Pourquoi?
Mme Senneville
(Caroline) : Ouf! Ce n'est pas... Plus il y a de gens de vaccinés,
mieux c'est pour tout le monde, y compris les gens dans les hôpitaux, hein?
Alors, le diable étant dans les détails, c'est quel chemin on prend pour les
faire vacciner. Nous, ce qu'on dit, c'est que, dans la société de droit dans
laquelle on est, on ne peut pas enfermer les gens dans une pièce puis les
vacciner de force. Ces gens-là ont des droits individuels, ils ont des droits
liés au droit du travail, ils vont les exercer. Donc... Et moi, je vais être
très claire là-dessus, s'il y a des membres de la CSN qui nous écoute en ce
moment, là, qui nous écoute en télédifféré, allez-vous faire vacciner. Ça va
vous aider vous, votre famille, puis, si vous êtes dans un hôpital, ça va
alléger votre tâche. Je vais aller jusqu'au bout dans mon travail de conviction
pour ça, mais...
M. Arseneau :
Mais je comprends que... Si vous me permettez, j'ai peu de temps. Est-ce que
vous dites qu'on pourrait atteindre le même objectif
de vaccination sans mesure coercitive, c'est-à-dire qu'on pourrait convaincre plutôt que contraindre? Et, si c'est le cas, que
faites-vous de l'urgence qui est invoquée par plusieurs, par le gouvernement surtout, là, l'urgence, la quatrième
vague, il faut faire vite? Est-ce que vous pensez qu'on ait un peu de temps
pour le faire, pour convaincre et arriver aux mêmes objectifs?
Mme Senneville
(Caroline) : On a commencé, on va continuer. Puis, je vous dirais, le système
qui est en marche actuellement, là, où si tu n'es pas vacciné, tu es testé trois fois par semaine, je pense que ça a fait ses preuves. Il n'y a pas eu d'éclosion dans les
hôpitaux, donc il y a des... On peut mettre... On peut être très actif tout en
n'étant pas coercitif. Donc, il faut mettre tous les moyens en oeuvre. Puis
c'est quoi, l'objectif, aussi? Est-ce que l'objectif, c'est 100 % du monde
partout?
M. Arseneau :
On se pose la même question, effectivement.
Mme Senneville
(Caroline) : Nous, on ne sait pas c'est quoi, l'objectif.
M. Arseneau :
Est-ce que vous pensez qu'on peut l'atteindre? Est-ce que c'est futile de
penser qu'on puisse atteindre 100 %?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, juste avec les cas médicaux puis les personnes
enceintes, par exemple, ça ne sera pas possible.
M. Arseneau :
D'accord. C'est tout le temps qu'on avait. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je cède
maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Samson :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame. Bonjour, monsieur. Votre propos est on
ne peut plus clair : continuons de tenter de convaincre les gens et non
pas de les contraindre. Je pense que votre plus grosse préoccupation, c'est
aussi le bris de service. Moi, c'est ce qui me préoccupe beaucoup, c'est
l'exode des travailleurs. On sait que tous
les milieux du travail sont en pénurie de main-d'oeuvre, il y a des
opportunités pour tout le monde. Et, moi, ma crainte, c'est ça, c'est
qu'on affaiblisse encore davantage le système, ce qui pourrait être plus
catastrophique que le COVID encore, là. S'il fallait qu'on ne soit plus capable
de soigner les gens dans nos hôpitaux ou dans nos centres de séjour, ce serait
bien terrible.
Alors, je vous
remercie. Bravo pour l'effort que vous avez fait et que vous continuez de faire
auprès de vos membres, en espérant que le gouvernement écoute. Merci.
Mme Senneville
(Caroline) : Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Je vous remercie de
votre contribution aux travaux de la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir le
prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
14 h 46)
(Reprise à 14 h 58)
Le Président
(M. Provençal)
: Je souhaite la
bienvenue aux représentants de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la
période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter puis à débuter votre présentation. À vous la parole.
Fédération des médecins
spécialistes du Québec (FMSQ)
M. Oliva
(Vincent) : Parfait. Bonjour. Merci, M. le Président. Mmes et MM. les
parlementaires, bonjour à tous et à toutes.
Donc, je suis accompagné du Dr Karl Weiss, qui est président de
l'association des médecins infectiologues, et je suis moi-même
radiologiste d'intervention et président de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec.
Donc, on vous
remercie d'abord de nous avoir invités. Nous représentons 10 000 médecins
spécialistes de 59 spécialités de toutes les disciplines médicales,
chirurgicales, de laboratoire. Et puis il m'apparaît important de souligner
d'entrée de jeu que les médecins sont les travailleurs de la santé avec le plus
haut taux de vaccination, soit 97 % qui ont reçu au moins une dose et
presque 96 % qui ont reçu deux doses, donc qui sont pleinement vaccinés.
Donc, nous avons donné l'exemple.
Nous croyons
cependant qu'il faut aller un peu plus loin encore et que l'ensemble du
personnel d'un milieu de soins devrait être vacciné, peu importe son niveau de
contact avec les patients. Cette position est justifiée par le fait qu'il faut
éviter les éclosions et les transmissions dans les milieux de soins. Cette
position est aussi celle qui est privilégiée par l'Association médicale
canadienne. Elle rejoint celle de nombreux autres pays, comme la Belgique, la France, l'Italie, la Hongrie, la Grèce, des
provinces canadiennes, comme la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick.
• (15 heures) •
Dans toutes ces
juridictions, si le cadre juridique diffère, ce qui ressort, c'est que, dans le
contexte particulier de la lutte à la COVID, les droits collectifs priment sur
les libertés individuelles. À l'étranger, nous remarquons que, dans le cadre mis en place qui prévoit souvent un
délai raisonnable pour se faire vacciner et... il y a une possibilité d'un transfert ou d'une
mesure afin d'éviter les contacts avec la population et, enfin, le cas échéant, une suspension administrative.
Rappelez-vous que, dans plusieurs
pays, le débat sur une politique de vaccination obligatoire n'a pas commencé
en 2021, car, au siècle dernier, il y a eu une obligation liée à soumettre la population
à la vaccination contre la variole. Il s'est
poursuivi un débat sur la vaccination contre la poliomyélite entre les
années 50 et 60. Mais, peu importe la perspective historique, une chose est claire, la seule façon de
lutter et d'éradiquer une maladie avec un fort potentiel infectieux,
c'est d'avoir une forte couverture vaccinale de la population.
Un patient doit
pouvoir aller se faire soigner sans craindre d'être infecté, un point, c'est
tout. Nous ne voulons pas revivre le scénario du printemps 2020, alors
que, dans les CHSLD et les résidences pour personnes âgées, certains hôpitaux
et des plus petits centres ont été aux prises avec des éclosions majeures et
funestes. Nous demandons aux parlementaires et au gouvernement de ne pas
limiter l'obligation au personnel soignant pour le bien des patients. Nous
demandons des modalités d'application qui soient simples et faciles de
compréhension pour les médecins, le personnel et les patients.
Notre réseau de la
santé est fragile, nous l'avons vu. Des éclosions ont créé des ruptures de
service dans plusieurs régions du Québec faute de personnels soignants, qui ont
dû s'isoler. L'heure n'est plus aux demi-mesures, il faut protéger nos milieux
de soins pour nous permettre de soigner la population sur l'ensemble du
territoire québécois dans toutes les spécialités. C'est d'ailleurs ce principe
qui a toujours été mis en application dans le cadre de l'immunisation des travailleurs de la santé, des stagiaires et de
leurs professeurs. Le législateur a d'ailleurs toujours recommandé aux
professionnels de la santé de prendre les mesures nécessaires pour protéger
leur santé et veiller à ne pas mettre en danger la santé des autres personnes
qui se trouvent sur les lieux de travail.
Donc, des impacts non
négligeables de l'absence de socialisation et de contact vont marquer une
génération, et ça, c'est nos confrères pédiatres qui nous l'ont rappelé, et
donc ce sont des effets collatéraux qu'il ne faut pas non plus à négliger.
Mais, pour ceux qui nous diraient qu'ils sont résistants à la vaccination, on
va leur répondre que les effets secondaires de la vaccination sont bien
moindres que les effets de la maladie. À ceux qui sont inquiets des effets
allergologiques, nous disons : Il est possible de vous faire vacciner en
toute sécurité. À ceux qui brandissent le libre choix, nous disons : Nos
patients, nos malades, nos compatriotes ont aussi des droits.
L'accès à la médecine
spécialisée a été grandement affecté par la COVID. Les activités médicales qui n'étaient pas jugées urgentes ont dû être
délestées, elles n'étaient pas pour le moins importantes. Des chirurgies
orthopédiques, des activités de dépistage du cancer, des chirurgies
électives ont dû être déplacées, reportées ou annulées. Au plus fort de la
crise, c'est près de 200 000 patients qui étaient en attente. Pendant
ce temps, nous ne pouvions faire ce que nous devions faire : soigner nos
patients, les opérer, les suivre, tout faire pour les guérir.
Pour toutes ces
raisons, la fédération appuie sans réserve la vaccination obligatoire du personnel
soignant tout en demandant de l'étendre à l'ensemble du personnel des milieux
de soins. Donc, je vais maintenant passer la parole à Dr Weiss, qui va
faire des commentaires complémentaires. Dr Weiss.
M. Weiss
(Karl) : Oui. Merci beaucoup, Dr Oliva. Mmes et MM. les
parlementaires, merci de me recevoir. Je suis désolé pour les inconvénients
logistiques. Alors, je suis Karl Weiss, président de l'Association des médecins
microbiologistes infectiologues du Québec, nous sommes 225, à peu près, spécialistes
en maladies infectieuses au Québec, chef de la division des maladies
infectieuses à l'Hôpital général juif de Montréal.
J'aimerais partager
avec vous les points suivants. Le premier point, c'est que l'épidémiologie
mondiale actuelle nous montre qu'environ seulement 10 % de la population
mondiale est vaccinée et qu'on est en présence d'un virus qui est difficilement contrôlable et avec lequel on risque de
vivre pour plusieurs années encore. Donc, ce qui est important pour
nous, au Québec, c'est d'avoir et de créer une espèce de bulle québécoise, qui
s'harmoniserait dans une bulle canadienne, pour pouvoir continuer à avoir une
vie normale à l'échelle sociétale mais aussi à l'échelle de notre système de
santé, où l'on puisse continuer de donner les soins qu'on a continué de donner.
L'efficacité de la vaccination actuelle, au
Québec, où plus de 75 % de la population de 12 ans et plus a reçu
deux doses de vaccin, démontre qu'on est un des endroits, actuellement, les
mieux vaccinés au monde. Et, dans ce contexte-là, je pense que c'est important de
pouvoir continuer sur cette lancée et de pouvoir conserver les acquis au sein
de notre société, d'où l'importance, dans un
contexte mondial de manque de vaccins, de difficulté à vacciner, de problèmes
logistiques, de problèmes politiques, d'avoir, à l'intérieur de notre société,
la capacité de continuer de fonctionner.
Le
deuxième point, dans le combat contre la COVID-19, il est important de
se rappeler que c'est un agrégat de mesures,
et non pas une mesure unique, qui est fondamental, mais la vaccination est la
clé de voûte du succès de tout, tout comme le masque, tout comme une
ventilation adéquate et tout comme le dépistage et le traçage.
Dans un troisième
point, j'aimerais rappeler que les données canadiennes de surveillance à
l'échelle du Canada nous démontrent que,
depuis le mois de janvier, environ 91 % des gens hospitalisés et 93 %
des gens admis dans les unités de
soins intensifs sont des gens qui ne sont pas vaccinés. Et on s'aperçoit que
l'âge moyen des gens hospitalisés diminue
de façon très importante. Alors qu'au
début les gens étaient âgés d'environ 68 ans, ils le sont à peu près de
55, ce qui démontre que la population
hospitalisée et malade devient de plus en plus jeune. Et donc c'est des gens
qui utilisent beaucoup plus souvent
et beaucoup plus longtemps les soins intensifs avec comme impact une diminution
de capacité d'avoir des soins intensifs disponibles pour un ensemble de
soins à la population québécoise.
Dans un troisième
point, on voit qu'à peu près, quand on regarde les gens de 18 à 65 ans,
environ 4 % à 5 % de ces gens-là hospitalisés sont des travailleurs
de la santé et que ces travailleurs de la santé ont nécessité parfois des
intubations, des soins... ou des séjours aux soins intensifs, etc. On se
rappelle également qu'au cours de la première vague, où de nombreux Québécois
sont malheureusement décédés, les chevaux de Troie ont été les travailleurs de
la santé qui ont introduit le virus dans les milieux de vie, qui étaient les
CHSLD à ce moment-là.
On
n'a plus, je dirais, de doute au sujet de l'efficacité de la vaccination. Les
études qui ont été faites en Israël, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, le
document publié par le CDC, aux États-Unis, en date du
29 juillet 2021 démontrent que
la vaccination diminue de huit fois l'incidence de l'infection, 25 fois
l'incidence de l'hospitalisation, 25 fois l'incidence de la
mortalité. Une étude qui vient d'être publiée dans la région de
Los Angeles, hier, démontre que les patients non vaccinés ont cinq fois plus de chances de tomber malades et
29,2 fois plus de chances d'être hospitalisés. La vaccination a été
donnée à plus de 1,3 milliard de personnes sur la planète, et l'efficacité
du vaccin, comme sa sécurité, n'est plus à prouver.
Je dirais que, dans l'histoire, jamais un vaccin n'a été autant étudié que ce
vaccin-là. Et donc, en ce qui concerne la
sécurité vaccinale, on n'a plus de doute même si, bien sûr, sur le nombre, il
peut y avoir à l'occasion des effets secondaires qu'il ne faut pas
minimiser.
Il ne faut pas non
plus oublier que de plus en plus de données montrent que la COVID longue, elle,
devient un problème important. Des données
aux États-Unis ont démontré qu'un tiers des patients jeunes en bonne santé qui
avaient fait une COVID légère, et je tiens à souligner le mot «légère»... qu'un
tiers de ces patients-là, six mois plus tard, restaient avec des
plaintes et des séquelles qui vont augmenter l'utilisation des ressources du
milieu de la santé.
Donc,
dans ces conditions-là, pour des raisons qui sont éthiques, pour des raisons
logistiques, pour des raisons pratiques, pour des raisons de support et de
droit des Québécois à recevoir des soins sécuritaires et aussi pour pouvoir
continuer à offrir toutes sortes de soins
sécuritaires à la population, l'Association des médecins microbiologistes
infectiologues, qui fait partie de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec, supporte le fait d'avoir une vaccination obligatoire et
universelle pour l'ensemble des travailleurs de la santé. Et je tiens à
souligner que, comme beaucoup de travailleurs de la santé, lorsqu'un je suis
rentré en médecine, on m'a demandé d'être vacciné.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci beaucoup,
Dr Weiss.
M. Weiss
(Karl) : Merci. Je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Excellente présentation de
votre part. Alors, nous débutons cet échange avec la députée de Soulanges.
• (15 h 10) •
Mme Picard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui. Selon vous,
quelle activité devrait se limiter la pratique d'un médecin qui ne
présente pas de preuve de vaccination?
M. Oliva (Vincent) : Bien, je peux peut-être vous répondre. En
fait, votre question, c'est : Un médecin qui ne serait pas
vacciné, qu'est-ce qu'on fait avec?
Mme Picard :
Exact.
M. Oliva (Vincent) : C'est ça, c'est ça, la question.
Bien, écoutez, j'ai dit tantôt qu'on n'était pas aux
demi-mesures. Et puis je pense que, comme médecins, on a la responsabilité
de donner l'exemple et d'être vacciné, puis je ne pense pas qu'un médecin qui
n'est pas vacciné devrait pratiquer, tout simplement.
Mme Picard :
Merci beaucoup.
M. Oliva
(Vincent) : S'il n'est pas vacciné à cause d'une contre-indication
médicale, à ce moment-là, je pense qu'il faut
qu'il y ait des assouplissements puis peut-être qu'il soit testé, peut-être qu'il pourrait être
en télétravail, mais, quelqu'un
qui refuse de se faire vacciner puis qui n'a pas de raison médicale de ne pas
se faire vacciner, je pense
qu'il devrait tout simplement se mettre en pause et ne pas pratiquer la
médecine.
Mme Picard : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Provençal)
: ...Jean-Talon.
Mme Boutin :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, Dr Oliva et Dr Weiss, de
votre présentation, et qui a le mérite
d'être très claire par rapport à votre position. Écoutez, bien, ma question
va un petit peu dans le même sens que la dernière intervention du
Dr Weiss, une question d'un point de vue éthique. Ne croyez-vous pas qu'il
est de la responsabilité morale que les travailleurs de la santé, parce qu'ils
sont en contact avec des populations vulnérables au quotidien, aillent se faire
vacciner? C'est ma première question.
M. Oliva (Vincent) : Oui,
absolument. On est, en fait, exactement
sur la même page que vous sur cette question-là.
Mme Boutin :
J'aimerais avoir une petite clarification par rapport à quelque chose que vous
avez dit. Vous avez dit que, oui, vous vouliez et vous recommandiez... vous
étiez pour la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé mais
que vous souhaitiez la voir étendue un petit peu à tous les travailleurs qui
sont du réseau de la santé. Est-ce que... Ma
question, c'est : Est-ce que vous pourriez clarifier
ce point-là, savoir de quels travailleurs? Est-ce qu'on parle des adjointes administratives
ou tous les gens qui sont en contact dans le réseau? Puis est-ce que... Tant
qu'à ça, seriez-vous pour l'obliger à un plus large éventail de travailleurs
qui seraient en contact avec des populations vulnérables?
M. Oliva
(Vincent) : Bien, je vous dirais que tous les travailleurs qui sont
dans des milieux de soins, que ce soient des hôpitaux, des cliniques... disons,
des cliniques de médecine, alors peu importent la clientèle et les patients,
oui, on pense que tout le personnel devrait être vacciné. Même s'ils ont des
postes administratifs, c'est aussi des gens qui
sont en contact avec d'autres travailleurs, ils se croisent dans des cafétérias, dans des couloirs. Et donc le
risque zéro n'existe pas. Et statistiquement ils vont contaminer des
patients parce qu'ils vont contaminer d'autre personnel, c'est statistique,
surtout que ce variant-là est très contagieux.
Donc, nous, on n'est
pas dans les demi-mesures, on se range du côté de la science. On ne voit pas de
bonne raison de ne pas se faire vacciner et on pense que tout le personnel qui
sont en contact avec des patients ou avec des milieux de soins devrait être
vacciné.
Mme Boutin :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la députée
de Repentigny.
Mme Lavallée :
Merci. Merci beaucoup pour votre présence ici. Tout à l'heure, je pense que
c'est Dr Weiss qui a parlé des séquelles du COVID chez des jeunes. Donc,
on voit que, bon, il n'y a pas juste le moment où on attrape le COVID, mais il
y a des séquelles à long terme. Est-ce que vous êtes capables de nommer
certaines séquelles que vous constatez, actuellement, chez les personnes qui
ont eu le COVID?
M. Oliva
(Vincent) : J'inviterais peut-être Dr Weiss à répondre à cette
question-là. Dr Weiss.
M. Weiss
(Karl) : Oui, bien sûr. Écoutez, c'est des séquelles... D'abord, je
tiens à souligner que, souvent, il y a des séquelles chez des gens qui sont
jeunes et en bonne santé, donc en pleine force de l'âge, des gens qui
travaillent, qui sont sur le milieu du travail et qui peuvent être aussi des
travailleurs de la santé.
Donc, souvent, ce
sont des séquelles qui sont difficiles à bien délimiter parce que ce ne sont
pas des choses qui empêchent les gens d'avoir une vie, on va dire, relativement
normale. Mais je vous donne un exemple de patient qu'on voit, quelqu'un qui a
été capable de faire de l'exercice de façon intense, qui disait : Vous
savez, je courrais 10 kilomètres, et là je ne suis plus capable d'en
courir deux ou trois, je suis fatigué. Des gens qui se disent : Écoutez, à
4 heures de l'après-midi, je ne suis plus capable de travailler, je ne suis
plus capable de me concentrer, j'ai des problèmes de concentration. Des gens
qui se plaignent de fatigue qui est disproportionnée par rapport à ce qu'ils
avaient auparavant.
Donc, c'est toutes
sortes de symptômes qui vont... qui sont très, très, je vous dirais, larges, qui
touchent à la fois le système locomoteur, donc des douleurs articulaires mais
souvent des problèmes, je dirais, de... problèmes de trouble de concentration,
de problèmes d'allure presque neurologique à l'occasion, peut-être, ou des
problèmes d'essoufflement, de problèmes de fatigue. Et donc c'est un ensemble
de facteurs qu'il ne faut pas négliger.
Et d'ailleurs un
article, aux États-Unis, vient d'être publié, dans le New England, il y
a environ une semaine, qui montrait qu'aux États-Unis environ un tiers, comme
je disais, des gens relativement jeunes qui avaient contracté la COVID, pas
très malades, se plaignaient six mois plus tard de ne pas être revenus à
leur état normal prémaladie. Et ça, je pense qu'il ne faut pas négliger cet
aspect-là, surtout pour des jeunes, et il ne faut pas oublier que nos
travailleurs de la santé sont des gens relativement jeunes qui pourraient faire
partie de ce groupe-là. Et évidemment tomber malade, ça veut dire qu'ils ne
sont pas plus disponibles non plus pour le réseau, ça veut dire que ces gens-là
devront devenir des gens qui ne seront plus capables de fournir des services à
la population ou d'en fournir moins.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui, M. le député de
Chauveau.
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Dr Oliva,
Dr Weiss, merci beaucoup pour votre présentation. Moi, j'apprécie beaucoup
quand des gens prennent position, qu'ils soient contre, qu'ils soient pour mais
qu'ils soient clairs, qu'ils soient directs. Puis je pense qu'on a un devoir,
tous, aujourd'hui, là, on fouille, on cherche la meilleure stratégie
possible... mais de trouver la bonne manière de faire mais d'avoir une position
claire. Quand on souffle le chaud, le froid, on est pour, on est contre, ni
pour ni contre, mais, bien au contraire, disaient certains... Vous avez une
position claire, je vous en félicite.
Vous avez nommé deux éléments majeurs, tout
d'abord... qui me plaisent énormément. Le patient doit se rendre sans crainte
d'être infecté lorsqu'il se rend à l'intérieur des services de santé et
services sociaux. Ça, c'est un élément majeur que vous avez nommé. Et vous avez
aussi nommé le fait que les travailleurs de la santé, malheureusement... puis
ce n'était pas un souhait de personne, mais ont joué le rôle de cheval de Troie
à l'intérieur des établissements, notamment nos CHSLD, résidences pour
personnes âgées mais également dans les hôpitaux du Québec. Vous l'avez nommé,
cet élément-là.
Alors,
quand vous parlez, là, qu'il reste quand
même quelques médecins qui ont
refusé... Je vais avoir deux questions. Il y a
encore quelques médecins qui refusent... Est-ce qu'ils refusent de se faire
vacciner? Présentement, c'est-tu des médecins qui, idéologiquement, refusent de
le faire ou c'est pour des raisons, on l'a vu tout à l'heure, là, qu'il pourrait y avoir des situations où les personnes
ne peuvent pas se faire vacciner? Est-ce que vous avez cette statistique-là
sur les 3 %, 4 % qui n'ont pas été vaccinés à ce jour chez vos
membres?
M. Oliva (Vincent) : Je vais
répondre ce que je peux répondre et je lasserai Dr Weiss, disons,
compléter si jamais il y a des éléments à compléter. Bon, c'est des
statistiques qui ne viennent pas de nous, O.K., mais ce qu'on en sait, c'est que ces médecins-là, premièrement,
ne sont pas tous des médecins spécialistes, parce que c'est un amalgame
des médecins omnipraticiens et spécialistes, puis on n'a pas, disons, la
séparation. Alors, je ne sais pas si... quelle proportion de ces membres-là
sont des membres de la Fédération des médecins spécialistes. Ça fait que ça, je
le dis pour précision.
Autre chose, puis Dr Weiss pourra peut-être
corroborer, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de ces médecins-là... qu'il y
ait des raisons médicales de ne pas se faire vacciner, parce que c'est un
pourcentage qui est symbolique, c'est
extrêmement symbolique. Les gens qui ne peuvent pas se faire vacciner, puis
c'est principalement des causes
d'allergies qui sont majeures, c'est extrêmement rare, et ça ne compose pas... ça n'explique pas le pourcentage
dont on parle ici.
Donc, je crois que, dans ça, il y a certains
médecins qui sont résistants pour cause de croyances. Ça fait que, ça, je sais
qu'il y en a une, proportion certaine. C'est à peu près ça que je peux vous
dire de plus précis. Je ne sais pas si Dr Weiss a des éléments de
précision.
M. Weiss (Karl) : Non. Seulement
peut-être pour renforcer ce qui vient d'être dit par mon collègue, en réalité, la contre-indication à être vacciné est
un phénomène exceptionnel. Souvent, c'est des gens qui ont été
vaccinés une première fois et que, lors du premier... l'administration
du premier vaccin, vont faire une réaction allergique très sévère. Ces gens-là peuvent toujours
être évalués par nos collègues allergistes qui ont l'expertise pour le faire.
Et c'est un phénomène qui est extrêmement rare. Donc, quand on regarde
ce genre de cas là, au Québec, hein, on parle de quelques peut-être dizaines de
personnes tout au plus. Donc, on ne peut pas... ça ne peut pas expliquer des
pourcentages qui peuvent être de l'ordre qu'on voit parmi les différents
groupes des travailleurs de la santé.
Puis la deuxième chose, ce qu'il faut savoir,
c'est qu'en tout cas, dans les données canadiennes, qui sont très, je dirais,
préliminaires, sur le nombre de personnels de santé qui ont été hospitalisés,
les médecins représentent quand même un très petit pourcentage des gens
hospitalisés dans le groupe des 18 à 65 ans. Donc, c'est un groupe qui est
extrêmement petit. Donc, c'est... Le nombre de médecins qui, je vous dirais,
est contre la vaccination est très faible,
d'autant plus qu'on sait que les gens, les médecins ont été très exposés, pour
beaucoup en tout cas, aux patients COVID, là, en tout cas, certainement
pour les médecins spécialistes. Et on l'a vu durant les première, deuxième et
troisième vagues. Donc, s'il y a quelques, je dirais, irréductibles, c'est bien
sûr fort possible dans une société, mais je ne pense pas qu'en tout cas
l'allergie expliquerait le pourcentage restant.
• (15 h 20) •
M. Oliva
(Vincent) : Si vous
permettez, M. le député, si je peux juste ajouter quelque chose, c'est que
j'insisterais pour dire que ces médecins-là, ceux qui sont résistants
pour cause de croyances, je les inviterais à reconsidérer leurs positions puis
à aller se faire vacciner.
M. Lévesque (Chauveau) : Très
sage de votre part, M. Oliva... Dr Oliva. Peut-être rapidement,
j'aimerais ça qu'on entende les conséquences que la... les premières vagues,
première, deuxième, troisième vague, ont pu avoir de votre côté, considérant que le ministre de la Santé, tout à l'heure, a
nommé qu'il y a eu 380 000 cas environ, au Québec, à date, et qu'on pourrait attribuer au réseau de la
santé, là, des travailleurs, des personnes qui travaillent dans le milieu de la
santé et services sociaux environ 45 000 cas. C'est ce que j'ai
entendu, ce matin, en tout cas, jusqu'à preuve du contraire.
Ça a apporté, vous l'avez mentionné tout à
l'heure, des conséquences sur d'autres types d'intervention. Puis je répète
encore une fois, vous avez mentionné que, malheureusement, les travailleurs de
la santé ont joué le rôle de cheval de
Troie, de diffuseurs du virus, malheureusement.
Ce n'était pas leur but, ce n'était pas leur souhait, mais c'est quand
même le cas. J'aimerais que vous nous parliez rapidement des quelques
conséquences, parce qu'évidemment les
médecins spécialistes procèdent à de nombreuses interventions à chaque année.
Et je vous en remercie infiniment pour votre travail, d'ailleurs.
M. Oliva
(Vincent) : Bien, je vous dirais que, premièrement, il y a eu du
délestage. Malheureusement, il y a eu du délestage, on a dû faire de la place
dans les hôpitaux pour accueillir des patients qui souffraient de la COVID. On
a dû monopoliser des soins intensifs, ce qui fait que ça a, évidemment, retardé
et annulé de nombreuses chirurgies. Le délestage a été au-delà des activités
chirurgicales, il a été dans à peu près toutes les spécialités, dans des
consultations médicales, dans du dépistage, dans des tests diagnostics, ce qui
fait qu'il y a eu des cancers non diagnostiqués, il y a eu aussi des cancers
qu'on a tous vus dans notre pratique, là... des patients qui se présentaient
avec des stades de cancer plus avancés, donc avec un niveau de guérison qui
était plus difficile à obtenir. Donc... Et ça, je pense qu'on va payer,
médicalement, de la... les patients, dans le fond, vont payer un petit peu de
leur santé, et on va tous payer pour ça collectivement pour des années,
plusieurs années, parce que ça va avoir un effet sur, si on veut, les résultats
à long terme de traitement du cancer.
Donc... Puis là je parle de cancérologie, mais
c'est beaucoup plus large que cela, parce qu'évidemment des patients qui ont
des maladies de l'appareil locomoteur qui devaient avoir des chirurgies
orthopédiques, évidemment, ils deviennent moins mobiles à cause de ça, ils sont
moins actifs, ils ne peuvent pas travailler, des problèmes de cataracte, etc.
Donc, tout le retard accumulé, ça va être un effort colossal pour le rattraper.
Puis, chose certaine, on ne veut pas retourner là, parce que c'est une facture
qui est beaucoup trop onéreuse, là, pour ce qu'on peut se payer sur un système
de santé qui est déjà, à la base, fragile. On avait déjà une attente qui
n'était pas optimale, on essayait d'améliorer les choses puis on était en train
d'y parvenir, mais là ça nous a drôlement freinés, puis on ne veut certainement
pas retourner à la situation qu'on a vécue lors des vagues précédentes.
Donc, je ne sais pas, Dr Weiss, si vous
avez quelque chose à ajouter de particulier sur ce point-là.
M. Weiss (Karl) : Oui, peut-être
je rajouterai la chose suivante. Je vous dirais juste que la première vague a
en effet été une transmission des travailleurs de la santé vers les patients,
pour toutes sortes de raisons, mais que, par la suite, avec l'arrivée de toutes
les mesures, le masque, les mesures de prévention, contrôle des infections qui
ont été mises en place dans les installations et la vaccination... Et ça vous
montre d'ailleurs que toutes ces mesures-là mises ensemble, ce dont je vous
parlais, les agrégats, fonctionnent. Quand vous avez environ plus de 85 %
des travailleurs de la santé qui ont reçu au moins une dose de vaccin, ça vous
montre que, là, on est revenus à des activités relativement normales, et la
transmission de la COVID à l'intérieur du réseau hospitalier n'a plus rien à
voir avec ce qu'elle était à ses débuts.
Et ça vous montre donc que c'est très
encourageant lorsque vous avez des mesures importantes en place, lorsque vous
avez un haut... un fort taux de gens vaccinés. Et on le voit dans la proportion
de personnes âgées qui, elles aussi, bien sûr, sont vaccinées. Mais, lorsqu'on
voit le nombre de personnes âgées, aujourd'hui, qui est hospitalisé, les gens qui viennent des CHSLD, c'est beaucoup moins que
ce qu'on avait dans le passé. Et c'est un... je vous dirais, un reflet éclatant
que les politiques de vaccination massive et de mise en place de précautions
ont fonctionné.
Donc, il faut le poursuivre, il faut le
continuer pour rester sur cette lancée, et surtout pas mettre en péril un
système de santé où on veut revenir à une vie normale, où on puisse donner des
soins, et qu'on ne soit pas pris à remettre en place toutes les mesures qu'on a
connues dans le passé.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Je vais maintenant céder la parole à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Merci, M. le
Président. Bonjour, Dr Oliva. Bonjour, Dr Weiss. Merci de prendre le
temps, dans vos agendas certainement bien chargés, d'être avec nous
aujourd'hui.
Dr Oliva, je voudrais revenir sur ce que vous
avez abordé, sur la question des travailleurs, dans la directive, en fait, dans
les intentions du ministre qui ont été communiquées d'inclure seulement les
travailleurs qui sont en contact rapproché avec des patients pendant une
période de plus de 15 minutes. Vous avez parlé de demi-mesures, parce que,
justement, ça vient exclure certains travailleurs qui sont dans des milieux de
soins. Vous êtes certainement aux premières loges, hein, comme médecins
spécialistes, de ce qui se passe dans les hôpitaux, sur les chaînes de
transmission notamment.
Ce que j'entends... Quand vous nous parlez de
demi-mesures, ce que j'entends, c'est que ce ne serait pas prudent. Il n'y a
pas d'argument, il n'y a pas de raison d'exclure certains travailleurs dans ces
milieux, parce que ça pourrait, justement, entraîner de nouveau des
transmissions vers d'autres travailleurs de la santé, vers des soignants qui
sont en contact aussi avec des patients, là. C'est bien ce que j'entends, là.
M. Oliva (Vincent) : C'est bien
ce que j'ai exprimé. Puis je pense que notre position est claire. Dans le fond,
on comprend qu'il y a des... disons, des décisions qui peuvent être d'ordre
politique ou organisationnel. Et nous, on se... disons, on se rattache le plus
possible à la science. Et la science, ce qu'elle nous dit, c'est que le risque
zéro n'existe pas. Donc, on ne... disons, si on veut... sur une base
statistique, on veut réduire le risque le plus possible, et donc c'est pour ça qu'on ne fait pas de
distinction. Nous, ce qu'on appuie, ce qu'on... Bien, premièrement, on salue la
décision du gouvernement et... mais on l'étend, si on veut, on est un petit peu
plus large, un peu plus inclusif dans notre position.
Donc, je ne sais pas si Dr Weiss veut
ajouter quelque chose.
M. Weiss (Karl) : Non, tout à
fait. Je pense que c'est une décision qu'on supporte pleinement sur le fait
surtout qu'il faut savoir qu'on parlait d'une notion, à un moment donné, de
15 minutes mais qui est inapplicable et irréaliste
dans un contexte de soins de santé. Il ne faut pas oublier aussi parfois qu'il
y a des interactions du personnel de support clérical et
du personnel clinique, donc les gens pourraient, par exemple, aller ensemble à
leur lieu de travail, pourraient
aller dîner, sur l'heure du midi, ensemble, etc. Donc, cette coupure-là, dans
la vraie vie, elle n'existe pas. Donc, pour nous, je pense qu'il faut
avoir un aspect universel.
D'ailleurs, quand on
parle, par exemple, de vaccination des employés de la santé, quand on rentre au
niveau du système de santé, même quelqu'un
qui travaille comme assistante administrative, on lui fait les mêmes tests et
on peut lui demander les mêmes
vaccins qu'à quelqu'un d'autre, parce qu'elle est au... elle court un certain
risque dépendamment aussi des besoins
qui peuvent changer à un moment donné. Donc, je pense qu'on devrait garder cet
aspect de couverture universelle, ne
pas se préoccuper des types d'emploi ou de la durée d'exposition potentielle à
des patients, parce que c'est une création artificielle.
Mme Montpetit :
Je vous remercie. Également, toujours en restant, justement, sur des
considérations, et j'entends bien, scientifiques plutôt que politiques, puis ma
question, Dr Oliva, s'adressera peut-être plus à Dr Weiss comme
microbiologiste et infectiologue, est-ce que, justement, on devrait... Parce
que, bon, la discussion qu'on a aujourd'hui, oui, concerne les travailleurs de
la santé mais aussi l'élargissement à d'autres secteurs. Est-ce que, dans le
contexte actuel, avec tous les impondérables, avec tous les imprévus aussi,
avec la transmission que l'on sait qui est
augmentée au niveau de la présence du variant du Delta... est-ce qu'on devrait,
justement... est-ce que le gouvernement devrait envisager d'élargir la
vaccination obligatoire non seulement aux travailleurs de la santé, mais aussi
à des travailleurs d'autres secteurs, notamment dans les écoles qui... auprès
du personnel éducatif?
M. Weiss
(Karl) : Bien, écoutez...
M. Oliva (Vincent) : Oui, je vais laisser Dr Weiss répondre à
cette question-là, parce que c'est une opinion d'expert.
Mme Montpetit :
Absolument.
M. Oliva
(Vincent) : C'est lui, l'expert.
Mme Montpetit :
C'est exactement ce que je cherchais. Merci.
M. Oliva
(Vincent) : Parfait.
• (15 h 30) •
M. Weiss (Karl) :
Écoutez, moi, je pense que l'objectif initial de tout ce qui a été mis en place
au Québec, c'était de protéger le système de santé pour ne pas qu'il soit
inondé et pour qu'on puisse continuer de fonctionner normalement comme une
société. Donc, le coeur de... je vous dirais, de nos activités, c'est d'abord
de protéger le système de santé et donc de
mettre l'emphase sur cet aspect-là, avec aussi la capacité de pouvoir appliquer
les mesures, parce que c'est une
chose de dire qu'on veut une vaccination universelle, ça devient un deuxième
point de savoir est-ce qu'on peut
l'appliquer ou pas. Donc, vraiment, il faut mettre l'emphase et il faut avoir,
vraiment, la capacité d'application de la mesure sur l'ensemble du
système de la santé.
Pour moi, le système
de santé, comme vous l'a mentionné Dr Oliva, c'est plus vaste
qu'uniquement les soins aigus ou les CHSLD,
mais ça peut comprendre aussi un ensemble d'installations, de personnels qui
travaillent avec les gens du milieu de la santé. Je prends l'exemple,
par exemple, à la limite, des gens qui seraient dentistes, qui seraient à
l'extérieur d'un système de santé, mais qui sont quand même reliés au système
de santé.
Dans un deuxième
temps, si on veut essayer de faire un parallèle avec ce qu'on a pu faire dans
le passé, après ça, ça devient un choix de
société, un choix moral, un choix éthique, mais aussi un choix de société.
Est-ce qu'on devrait vacciner des travailleurs qu'on considérerait
essentiels pour le fonctionnement d'une société? Et, à ce moment-là, bien, par exemple, pour le H1N1, lorsqu'on avait
pensé à des catégories particulières, on pensait aux policiers, aux pompiers,
donc aux gens qui pourraient avoir un rôle important à jouer pour le
fonctionnement de la société. Le problème de l'étendre après ça, je vous
dirais, à plus de monde, c'est qu'on est déjà, au Québec, dans une capacité de
vaccination qui est très élevée. On a, au
Québec, 85 % des gens qui ont reçu une dose, de plus de 12 ans, ce
qui signifie que 85 % de la population québécoise est déjà prête et
apte à être vaccinée. Puis c'est un des taux les plus forts sur la planète, sur
lequel je pense qu'en termes de société on peut être fier. Une fois que j'ai
dit ça, il y a un autre peut-être 5 % à 8 % de la population qui peut être convaincue, d'un côté ou de l'autre,
selon les circonstances, à aller se faire vacciner. Puis il y a un
certain groupe après ça qui, je dirais, est irréductible et sur lequel je n'ai
pas d'idée intelligente sur comment aborder le sujet.
Donc, moi, en ce qui
me concerne, je pense que, dans un premier temps, il y avait encore des
découvertures importantes de vaccination pour les travailleurs de la santé et
je pense que l'effort et l'emphase initiale urgente, dans le contexte actuel de
préserver notre système, pour préserver notre société doit, d'abord et avant
tout, être mis à ce niveau-là. Puis, sur le reste, on voit que la proportion de
gens vaccinés est déjà extrêmement élevée. Va s'ajouter à ça des considérations
logistiques, il ne faut pas s'en cacher. Vous savez que beaucoup de pays dans
le monde, avec succès, en tout cas, des pays qui sont en avance sur nous sur la
vaccination, ont déjà commencé les troisièmes doses. Et je pense
qu'inévitablement on va devoir administrer à certains groupes de la population
québécoise une troisième dose d'ici, on va dire, quelques mois. Donc, ça va
rajouter une couche de difficulté. Et, dans ce contexte-là, il va falloir
choisir ses priorités et ses batailles.
Mme Montpetit :
Si je peux renchérir sur la question de la troisième dose, Dr Weiss, c'est
un privilège de vous avoir aussi ici comme expert dans cette discussion-là, on
a vu que certaines sociétés sont déjà avancées sur la troisième dose justement pour aller protéger des clientèles vulnérables,
les plus de 60 ans, les personnes immunosupprimées, les greffés, par exemple, les gens en
chimiothérapie. Est-ce que vous
croyez qu'assez rapidement il va falloir aussi qu'une décision soit
prise en ce sens pour protéger certaines clientèles?
M. Weiss
(Karl) : Oui, alors, tout à fait. Je pense que le meilleur exemple est
Israël. Israël, vous savez, a vacciné à une vitesse effrénée sa population.
Donc, quasiment au mois de février 2021, quasiment plus de 90 % des
gens de plus de 60 ans avaient reçu leurs deux doses. Et ce que ça a
montré, c'est que l'efficacité, et c'est connu, ça, les vaccins... les virus
contre les... les virus à ARN, lorsqu'on donne des vaccins comme la COVID, la
durée de protection, ce n'est pas une protection qui va durer pendant des
années. Donc, ça prend des doses-rappels. Et donc, on a vu qu'avec l'augmentation du variant Delta dans leur population,
ils ont dû se lancer dans une campagne de troisième dose chez les plus
de 60 ans. Et deux millions de personnes ont déjà été vaccinées, ont reçu
leur troisième dose.
Et les dernières
données scientifiques qu'on voit commencent à montrer un impact sur la
diminution des hospitalisations, etc. Donc, on sait, par exemple, que
l'Allemagne a commencé sa troisième dose, que la France devrait commencer, je pense, le 12 septembre dans les...
l'équivalent des CHSLD, à administrer des troisièmes doses. Et les
États-Unis ont aussi commencé une troisième dose pour des populations à risque,
c'est une recommandation qui est sortie du CDC.
Donc, il est clair
qu'au Québec on devra penser que les gens de plus de 60 ans, tout à fait,
comme vous l'avez très bien souligné, que
les populations à risque, donc les greffés, les hémodialysés, les gens qui ont
des maladies sous-jacentes, etc., et possiblement, après ça, les
travailleurs de la santé et les groupes de travailleurs essentiels devront également recevoir une troisième dose.
Donc, il est clair que d'ici, on va dire, une échéance de six à huit mois,
toutes ces catégories-là de travailleurs risquent de se retrouver dans un contexte
de troisième dose.
Mme Montpetit :
Parfait. Je pense qu'il ne me reste plus de temps. Alors, je vous remercie
beaucoup, à tous les deux, pour vos réponses. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je cède
maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Bonjour, MM. Oliva et Weiss. Comme j'ai très,
très peu de temps, je vais aller directement au coeur de ma première question.
Vous avez dit, tout à l'heure, Dr Oliva, qu'un médecin qui n'est pas
vacciné devrait... ne devrait pas pratiquer la médecine. Vous avez même élargi,
ou je pense que c'est M. Weiss,
Dr Weiss, qui vient d'élargir aux dentistes. Je pense que ça va de soi
parce qu'ils ont une certaine proximité, notamment, avec la bouche des
patients. Mais comment les tester? Comment les détecter?
Donc,
deux questions, là-dessus. Est-ce que, de un, ils devraient être soumis au
même régime que les autres employés de la santé? C'est-à-dire : Tu n'es
pas vacciné, tu ne pratiques pas, tu es... tu t'en vas chez toi en attendant,
sans solde, il va sans dire. Et sinon, dans le cas, par exemple, des médecins
qui sont plus au privé, il y en a plusieurs, et les dentistes en particulier,
est-ce que, par mesure de réciprocité, les patients pourraient-ils exiger de
voir la preuve vaccinale de quelqu'un qui s'apprête à leur jouer dans la
bouche?
M. Oliva
(Vincent) : Bien, écoutez, je vais réitérer notre position, là,
fédérative qui est claire, à savoir qu'effectivement un médecin qui refuse de
se faire vacciner et qui n'a pas de preuve vaccinale ne devrait pas pratiquer.
Et oui, il devrait être en pause sans solde. Puis c'est notre position, puis
elle est claire. Donc, par ailleurs, pour les questions d'ordre logistique, parce
qu'il y a de l'organisation dans ça, là, que comment c'est appliqué, etc. Écoutez,
moi, j'ai une preuve vaccinale, j'ai «downloadé» mon code, et puis je l'ai mis
dans l'application, puis j'ai ma preuve vaccinale. Alors, je m'attendrais à ce
que l'institution me demande une preuve vaccinale pour pratiquer la médecine, tout
simplement.
M. Marissal :
Oui, mais vous savez comme moi qu'un dentiste, par exemple, parce que
Dr Weiss ouvrait à ça, puis effectivement, là, ce n'est pas couvert, notamment,
dans le réseau de la santé, mais c'est de la santé, là, la bouche fait partie
de mon corps, c'est un entrepreneur, là, privé, là. Alors, il se surveille lui-même.
Moi, si je veux aller au restaurant, il faut que je montre ma passe vaccinale.
Lui, il peut me traiter puis jouer dans ma bouche, puis je ne peux pas lui
demander la preuve qu'il est bien traité, qu'il est bien vacciné?
M. Oliva
(Vincent) : Je ne vous dis pas ça. En fait, moi, évidemment, je ne
représente pas les dentistes.
M. Marissal :
Non. Bien sûr.
M. Oliva
(Vincent) : Et donc c'est difficile pour moi de répondre à la question
comme vous la posez. Si vous me demandez, est-ce que je crois que les dentistes
devraient être vaccinés? Absolument, les dentistes devraient être vaccinés.
M. Marissal :
Comme tout le monde.
M. Oliva
(Vincent) : Après ça, comment c'est appliqué, quels sont les
conséquences s'ils ne sont pas vaccinés, ça, c'est des considérations d'ordre
organisationnel, si on veut, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
M. Oliva
(Vincent) : Voilà.
Le Président
(M. Provençal)
: Je vais devoir...
M. Oliva
(Vincent) : Mais ma position est claire.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Alors, je
cède la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
M. le Président. Drs Oliva et Weiss, merci d'être là. D'entrée de jeu,
j'aimerais savoir... revenir sur vos propos concernant le fait qu'il n'y a pas
de raison de refuser la vaccination, si j'ai bien compris, là. Mais, en même temps, vous parliez peut-être de
possibilité d'exemption médicale pour certains de vos membres ou pour du personnel de la santé. Je voudrais clarifier
les choses, parce que s'il y a... Une des objections qu'on entend souvent,
c'est le fait que, bien, enfin, on affirme qu'il n'y a pas suffisamment de
données sur l'effet à long terme des vaccins ou...
Ce discours-là revient constamment. Qu'est-ce que vous leur répondez à ces
gens-là qui se disent : Il n'y a pas assez de données?
M. Oliva (Vincent) :
Je peux faire peut-être un petit bout de chemin, puis laisser Dr Weiss
compléter, parce qu'évidemment il a une expertise pointue, mais ce que je vous
dirais, c'est que... Puis le commentaire que j'ai fait, c'est par rapport à
quelqu'un qui ne pourrait pas se faire vacciner pour une contre-indication
médicale. Alors, évidemment, tu sais, puis Dr Weiss pourra compléter, je
sais qu'il y a des allergies sévères qui existent, et puis c'est rarissime,
comme on dit. Alors, ça s'applique à une petite poignée de personnes. Donc, je
ne voudrais pas qu'on généralise puis qu'on commence à s'imaginer qu'il va y
avoir des exemptions importantes, parce que c'est vraiment symbolique. Ça, je
tiens à le dire. Cependant, pour cette petite poignée de personnes, s'il y a un
expert médical qui nous dit : Tel, tel citoyen, tel... évidemment, qu'il
soit médecin ou autre, mais en particulier un médecin, tel médecin ne peut pas
médicalement se faire vacciner parce que ça met sa vie en danger, bien là,
évidemment, je pense qu'il faut être, disons, logique et souple. Ce n'est pas
un problème d'intention, c'est vraiment un problème d'incapacité, puis, à ce moment-là, ce serait envisageable, là,
de penser que ce médecin-là pourrait montrer une... tu sais, se faire tester
ou se mettre plutôt en télétravail, quelque
chose comme ça. C'est une suggestion, mais encore une fois, ça s'appliquerait
vraiment à une toute petite poignée de personnes. Je ne sais pas si
Dr Weiss a des choses à ajouter là-dessus.
• (15 h 40) •
M. Weiss
(Karl) : Bien, écoutez, si vous voulez parler de la sécurité, juste
pour vous donner un ordre de grandeur, dans
l'Union européenne, j'ai regardé hier, 522 millions de doses
administrées, aux États-Unis, 364 millions de doses, au Canada,
52 millions de doses. Donc, si vous regardez ça et vous rajoutez quelques
autres pays qui ont utilisé ces différents
vaccins, on n'est pas loin du milliard de doses de vaccin à ARN administrées
sur la planète. Il y a rarement eu dans l'histoire des vaccins qui ont
été administrés en aussi grande quantité et qui, en plus, étaient suivis d'une
façon aussi serrée et avec autant, je vous dirais, de sécurité autour d'eux.
Donc, s'il y avait eu
des effets secondaires très majeurs des vaccins à long terme, avec une
technologie où on nous parle beaucoup des vaccins ARN, il faut savoir que c'est
une technologie qui date des années 90, donc ce n'est pas quelque chose de
nouveau, c'est une technologie nouvelle comme pour les vaccins virus, mais qui
a déjà été utilisée à d'autres effets. Donc, l'aspect sécuritaire n'a jamais
été étudié autant que ça, et habituellement, je vous dirais, avec des données
qui auraient été 100 fois moindres, dans un environnement normal, un autre
vaccin aurait été accepté par la plupart des agences de sécurité médicamenteuse
dans le monde avec des données qui seraient 10 % de ce qu'on a pour ce
vaccin. Donc, l'aspect que...
Le Président
(M. Provençal)
: Je vous...
M. Weiss
(Karl) : Cet aspect-là est quand même... remet en perspective.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci beaucoup pour
votre collaboration à nos travaux.
Je
suspends les travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir le
prochain groupe. Merci à vous deux.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président
(M. Provençal)
: Je souhaite la
bienvenue aux représentants de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période
d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter puis à commencer
votre exposé. Je vous cède la parole.
Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec (FMOQ)
M. Godin (Louis) : Merci,
M. le Président. Bonjour, mesdames et messieurs les députés. Je suis Louis Godin, président de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec. Je suis
accompagné aujourd'hui du Dr Marc-André Amyot, qui est président de
l'Association des médecins de Laurentides-Lanaudière et premier vice-président
de la fédération.
Nous avons transmis, au cours des dernières
heures, un court mémoire qui fait état de la position de la Fédération de la...
de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, et je vous remercie de
nous permettre... de nous recevoir aujourd'hui pour discuter de l'enjeu de la
vaccination obligatoire chez les gens oeuvrant dans le réseau de la santé, un
enjeu qui est primordial, mais qui est aussi à la fois très sensible. On est
conscients que ça peut amener des discussions difficiles, que ça vient toucher
le principe... souvent les principes de droits et libertés et de consentement
au traitement. Mais, pour nous, la situation actuellement l'exige.
D'entrée de jeu, on doit vous préciser que,
comme médecins, notre présentation sera basée essentiellement sur des aspects
scientifiques et sur les différentes recommandations qui sont faites par les
sociétés savantes et notamment à Santé publique. Vous comprendrez que, tenant
compte de cela, nous sommes les fervents promoteurs de la vaccination, surtout
quand on parle d'un vaccin qui a été amplement distribué et administré aujourd'hui
dans le monde à plus d'une centaine de millions de doses, avec des résultats
clairs en termes de sécurité et d'efficacité. Il est clair pour nous que, sans la vaccination, il deviendra impossible de freiner l'évolution de la COVID-19. On est actuellement en présence du variant Delta, qui, malgré un
succès de notre campagne de vaccination volontaire actuellement au Québec, nous met dans une situation où on doit
aller un petit peu plus loin. Il est effectivement impératif, si l'on veut
contrôler cette pandémie-là et en même temps diminuer la pression sur notre système
de santé pour nous permettre de continuer à bien traiter nos concitoyens québécois
qui attraperont la COVID, mais aussi pour nous permettre de continuer à
prodiguer les soins pour toutes les autres pathologies auxquelles nos concitoyens
ont à faire face, il est impératif que le
plus grand nombre de Québécois doivent être vaccinés. J'entendais ce matin le
Dr Arruda mentionner qu'un taux de vaccination pouvant aller à 90 %,
95 % serait probablement une cible idéale à atteindre. Donc, vous comprenez que, pour nous, la vaccination est la
pièce majeure de tout ce qu'on peut faire pour contrôler cette pandémie.
• (15 h 50) •
Donc, dans ce contexte, il est clair que nous
croyons que tous les médecins exerçant au Québec et qui ont des contacts avec des patients devraient
obligatoirement être vaccinés. On sait que la quasi-totalité des médecins
omnipraticiens actuellement exerçant
au Québec sont déjà vaccinés, et les médecins qui ne le seraient pas
demeurent... sont probablement un
nombre anecdotique. La vaccination des médecins doit être un acte non
négociable pour nous. Les seules exceptions nous apparaissent... sont
pour nous les médecins qui, sur une base personnelle, ont une contre-indication
médicale reconnue et documentée. Dans de
tels cas, on convient que des mesures d'accommodement pourraient et devraient
être déterminées pour les médecins qui se retrouvent dans cette
situation-là.
De plus, selon nous, le principe de vaccination
obligatoire devrait s'appliquer à tous les professionnels et travailleurs de la
santé de même que l'ensemble du personnel administratif qui les accompagne dans
leurs tâches. Tous ceux qui ont des contacts
directs ou indirects avec des patients, par exemple en partageant des espaces
communs, devraient être obligatoirement vaccinés.
Notre
position s'inclut dans une vision globale du réseau. Dans cette perspective,
notre soutien à la vaccination signifie que nous ciblons tous les
milieux où des soins de santé sont prodigués, que ce soit en établissement,
clinique médicale, résidence privée pour aînés, etc.
On s'entend que la vaccination obligatoire du
plus grand nombre d'individus dans le réseau de la santé peut contribuer de façon très importante à
vaincre le virus. Les raisons légitimes justifiant le fait de ne pas se faire
vacciner sont très rares. Donc, même si c'est une situation qui est
difficile, qui vient bousculer certains des principes qui sont chers à la société québécoise,
nous pensons qu'il faut aller au bout de l'exercice dans l'ensemble du réseau de la santé et rendre la vaccination
obligatoire. La médecine est claire, personne n'est à l'abri du virus. Et il
est capital que les travailleurs
de la santé minimisent le risque qu'ils peuvent représenter tant à l'égard de
la clientèle du réseau qu'à l'endroit de leurs collègues de travail. Les
capacités hospitalières du Québec n'étant pas sans limites, le personnel
affecté aux soins de santé des Québécois doit impérativement être vacciné, et
ce, le plus rapidement possible.
Cela posé, nous sommes cependant conscients, et
on doit vous le signaler, que la vaccination obligatoire pourrait avoir des
répercussions sur l'état des ressources humaines au sein du réseau de la santé.
Ça pourrait avoir un certain impact négatif sur l'organisation des services, notamment
en première ligne dans les cliniques médicales, qu'elles soient GMF ou non, par le fait que certains membres du
personnel pourraient décider de ne pas être vaccinés et quitter. Mais nous
pensons que le risque que nos travailleurs de la santé et que nos médecins
soient infectés et que nos patients soient infectés par nos
interventions valent largement cet inconvénient-là.
En résumé, nous recommandons : que tous les
médecins québécois ayant des contacts avec des patients se fassent
obligatoirement vacciner; qu'en plus des médecins, toutes les personnes qui
travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux et qui ont des
contacts directs ou indirects avec des soignants ou des patients se fassent
obligatoirement vacciner; que la vaccination obligatoire s'applique à tous les
milieux où des soins sont donnés à la population, que ce soit en établissement
ou hors établissement, incluant les cliniques médicales.
En conclusion, nous tenons à vous préciser que
nous ne prenons nullement à la légère comme citoyens le fait de rendre obligatoire la vaccination pour un bon
nombre de nos concitoyens. Nous sommes conscients de la portée très
importante d'une telle mesure, mais l'analyse que nous faisons, à titre de
médecins, de l'état actuel de la situation nous
oblige à plaider pour la vaccination obligatoire dans le réseau de la santé et des services sociaux. Voilà, M. le Président, essentiellement,
un court résumé de l'avis que nous avions à vous soumettre. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons débuter la période
d'échange avec la députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci, M. le
Président. Bonjour et merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui. Ma question
est somme toute assez simple, là. J'aimerais savoir si vous pensez qu'il y a
d'autres milieux professionnels où cette
mesure serait pertinente. Je pense entre autres aux écoles spécialisées où il y
a des petits cocos qui sont un peu plus
fragiles, où les intervenants sont proches des enfants qui n'ont souvent pas de
masque. Donc, je veux savoir votre opinion là-dessus.
M. Godin (Louis) : C'est sûr
qu'on est en faveur qu'il y ait le plus grand nombre de personnes qui soient
vaccinées. C'est utopique, mais idéalement 100 % des gens devraient être
vaccinés à l'intérieur de ça. Mais on sait la culture québécoise que l'on a, je
veux dire, on est une société qui, tu sais, est beaucoup en faveur, je veux
dire, des droits et des libertés. On est très, très jaloux de ce concept-là,
mais en même temps on sait que c'est... On sait qu'on a des objectifs que l'on
doit atteindre. On parle de 90 %, 95 % de la population. Donc, il est
clair pour nous que, si jamais ce n'était pas suffisant que l'on oblige les
gens du secteur de la santé, ça deviendra probablement un message très clair à
l'ensemble de la société et peut-être un exemple à donner aux autres citoyens,
de dire : Bien, regardez, allez vous faire vacciner.
Mais advenant le cas qu'on s'apercevrait que ce
n'est pas suffisant pour atteindre le 90 %, 95 % nécessaire pour
contrôler la pandémie, notamment avec l'arrivée du variant Delta, je pense
qu'on devra penser sérieusement à étendre la vaccination à d'autres groupes,
que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. Et naturellement
des groupes comme celui-là, où on sait, je veux dire, qu'on a une exposition,
comme le réseau de l'éducation ou des garderies, c'est des choses, je veux
dire, auxquelles on devra penser, mais nous pensons qu'on doit faire le domaine
de la santé dans un premier temps. On regardera rapidement où ça va nous mener,
mais si on ne va pas à la cible que l'on veut atteindre, je veux dire, on devra
aller plus loin. On doit se donner une immunité communautaire solide pour faire
face à cette pandémie-là. C'est notre seule façon de s'en sortir.
Mme Picard : Merci beaucoup...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci, Dr Godin et Dr Amyot, pour votre présentation.
Et votre position a le mérite d'être claire.
On aime ça, c'est assez concis et clair. Vous savez, l'objectif de cette
commission, c'est d'entendre divers groupes, d'entendre les
préoccupations, puis on a entendu toutes sortes de groupes jusqu'à maintenant,
on en a 18 au total, mais aussi de mieux cerner dans le fond les modalités
d'application de la vaccination obligatoire, les accommodements qui pourraient
être applicables pour, justement, les cas d'exemption, et vous l'avez mentionné un
petit peu, mais également
les sanctions qui pourraient être mises en place, là, advenant le cas que des
gens refusent catégoriquement d'être vaccinés, malgré qu'ils
puissent être vaccinés. J'aimerais vous entendre un petit peu plus sur
ça, parce que je trouve qu'on n'en a pas tant parlé.
M. Godin (Louis) : Bien,
écoutez, je le diviserais en deux groupes, là. On aura les médecins qui ne
peuvent pas être vaccinés pour une raison médicale. Et là je dis bien une
raison médicale, là. Ce n'est pas parce que ça ne me tente pas ou j'ai lu qu'à
quelque part c'était peut-être dangereux, là. C'est bien documenté, quand
est-ce qu'on peut ou qu'on ne peut pas
vacciner. C'est sûr que, ces gens-là, il faudra, soit dans un premier temps,
essayer de les réaffecter, je vous dirais, à un secteur qui leur permet
de continuer à faire certaines activités médicales. Et si ce n'est pas le cas,
bien, je vais dire, il faudra trouver une façon de les compenser.
Chez les médecins qui auraient... qui feraient
le choix de ne pas se faire vacciner quand même, bien, je veux dire, ils devront d'eux-mêmes se trouver un
endroit pour pouvoir continuer à travailler où ils ne seraient pas dans une situation où ils devraient être
vaccinés et, si ce n'est pas le cas, bien, ils en subiront les conséquences,
c'est-à-dire qu'ils ne pourront plus exercer le travail qu'ils faisaient
usuellement.
Vous savez, déontologiquement, on doit, comme
médecins, travailler selon les règles de la science. Et la science nous dit
actuellement : On est en pandémie, on a un virus qui a fait des ravages
énormes. On n'a pas d'autre choix d'utiliser tous les moyens, puis le meilleur
que l'on a, c'est d'être vacciné. Donc, si on pousse la réflexion un peu plus
loin, sur un plan déontologique, on n'a pas le choix, comme médecins. Et si on
ne le fait pas, bien, c'est comme si j'adoptais un comportement qui n'est pas
selon ce que la science médicale me dit d'avoir comme individu.
Et ça peut paraître une position qui est relativement
dure puis, au demeurant, c'était... Je vous dirais, c'est un sujet qu'on a
longuement discuté. Pour des représentants de médecins, dont une des
principales activités est de négocier leurs conditions de travail, ça peut
paraître dur de dire : Bien, tu trouveras un autre travail où tu n'as pas
besoin d'être vacciné ou tu devras faire autrement. C'est sûr qu'il pourra y
avoir des conséquences sur certains patients à l'intérieur de ça. Mais qu'un
médecin qui n'est pas vacciné, qui est à risque de s'infecter, dans l'état de situation,
il y a un risque aussi pour les patients. Donc, c'est la position que l'on a
prise par rapport à ça.
• (16 heures) •
Mme Boutin : Je comprends que
vous représentez les médecins omnipraticiens. Puis on a eu une discussion un
peu similaire avec les médecins spécialistes. Ça ne semble pas être vraiment un
enjeu, dans le sens que vous avez un immense taux de vaccination, là, vous êtes
presque à 100 %, là. Peut-être que les préoccupations viennent plus des autres travailleurs de la santé où est-ce que les taux
sont un petit peu moindres. Est-ce que vous pensez qu'un code déontologique ou
cette responsabilité morale là devrait s'appliquer à eux aussi?
M. Godin
(Louis) : Bien, moi, écoutez, je ne connais pas dans le détail le code
de déontologie de tous les autres professionnels
de la santé, mais il m'apparaît que, quand tu es un professionnel
de la santé, tu dois te comporter selon ce que la science te dit, et
c'est ce qui base notre position. Toutes les études montrent l'efficacité du
vaccin, même si on a certaines données... sur le vaccin Delta, ça serait un peu
moins efficace, mais, lorsqu'on regarde pour les complications sérieuses, les hospitalisations,
les décès, on a encore un taux d'efficacité qui frise les 100 %. Donc, je
ne peux pas comprendre scientifiquement que l'on ait une position qui soit
autre que celle-là.
Puis peut-être que le
Dr Amyot peut rajouter là-dessus, parce que Dr Amyot est encore un
clinicien qui évolue dans une salle d'urgence, des CDE, il en a vu, des
patients. Puis, je veux dire, face à ce que l'on a vu, je ne vois pas comment
on peut agir autrement.
M. Amyot (Marc-André) : Bien, effectivement, comme disait Dr Godin, notre position est
basée sur la science. Vous avez fait référence à des sanctions ou... Ça,
vraiment, ça dépasse les compétences, disons, de la médecine comme telle, là,
mais eux aussi ont des ordres professionnels, et ces ordres professionnels là,
ils ont un code de déontologie, qui doit ressembler un peu au nôtre. Et effectivement,
là, la vaccination, c'est un geste qui protège les patients avec lesquels on a
des contacts, là, effectivement. On en a vu beaucoup, là, des patients qui
étaient très affectés, très malades, là, puis dans l'entourage près, là. Moi,
je travaille à la salle d'urgence, là, il y a beaucoup, beaucoup de personnel,
la majorité du personnel est vaccinée et comprend ça.
Mme Boutin :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée de Repentigny.
Mme Lavallée :
Merci. Merci beaucoup pour les éclairages que vous nous apportez aujourd'hui. Tout
à l'heure... Je veux juste vérifier votre position là-dessus. C'est que, tout à
l'heure, Dr Oliva avait mentionné qu'il était favorable à une vaccination
obligatoire au personnel de la santé, peu importe son niveau de contact, et
puis il mentionnait aussi ne pas limiter la vaccination au personnel soignant. Est-ce
que je comprends que, pour vous, c'est aussi la même chose?
M. Godin
(Louis) : Oui, oui, c'est aussi la même chose. On a signifié à un
endroit : Tout le personnel qui a des contacts indirects avec les
patients. Pour vous illustrer, vous pouvez très bien avoir du personnel
administratif qui n'a aucun contact avec les patients, ils sont au poste de
garde, mais ils n'ont pas de contact avec les patients, sauf qu'ils ont des contacts avec les soignants, et
c'est la chaîne de contagiosité que l'on veut réduire au minimum. Souvent,
ces gens-là, même s'ils n'ont pas de contact avec les patients, vont
partager les mêmes locaux administratifs, les mêmes aires de repas, etc. Donc,
pour nous, tous ces gens-là doivent être vaccinés. Les seules exceptions que
l'on pourrait voir, c'est quelqu'un qui serait, et là ça sera très
exceptionnel, dans une partie de l'établissement où on est sûr qu'il travaille tout seul, isolé, puis il n'a
pas de contact avec personne. Mais, dans les faits, tout le monde qui travaille dans un établissement de santé, pour nous, devrait
être vacciné.
Mme Lavallée :
Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le député de Chauveau.
M. Lévesque
(Chauveau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Dr Godin,
Dr Amyot, merci beaucoup de votre présence aujourd'hui parmi nous. Très
apprécié. Vos éclairages sont intéressants et, en plus — encore
une fois, comme j'ai dit au président de la Fédération des médecins spécialistes
tout à l'heure — sans
équivoque, et ce que j'aime, c'est d'avoir des gens qui sont clairs, précis. On
sait sur quel pied danser.
Maintenant, loin de
moi l'idée de vouloir faire de la division quelque part, parce qu'on doit être
tous unis face à cette pandémie-là, mais, tout à l'heure, lorsque j'écoutais
deux des représentants syndicaux qu'on a eus avec nous, notamment au niveau des infirmières, notamment au niveau de la CSN
aussi, qui représente plusieurs personnes du milieu de la santé, ce qu'on nous disait... on nous a beaucoup
avertis entre l'enjeu des droits individuels par rapport à l'enjeu des
droits collectifs. Visiblement, de votre côté, il n'y a pas ce dilemme moral là
entre les deux. Alors, ça a été... ça semble avoir été résolu assez rapidement
pour vous, puis j'aimerais comprendre votre cheminement un peu, parce que ça...
ils ont insisté fortement sur cet aspect-là des droits individuels par rapport
aux droits collectifs. Et, je vous le dis, là, comme élu, dans ma
circonscription, puis j'ose imaginer que l'ensemble de mes collègues vivent la
même chose, là, quand on reçoit des messages qui sont contre, c'est souvent ça
qu'on reçoit, bon : Mes droits individuels, mes droits personnels, vous
m'empêchez de faire des choses, je ne veux pas. Mais comment on fait pour
résoudre ce dilemme moral là?
M. Godin
(Louis) : Écoutez, c'est sûr qu'on a eu le même questionnement, hein,
parce que, comme je vous le mentionnais,
c'est une décision... c'est une position importante que l'on prend, parce que je
ne sais pas le nombre de médecins, probablement qu'on en aura peu, du moins
j'espère qu'on n'en aurait aucun,
mais il y en aura probablement quelques-uns qui vont refuser de se faire
vacciner, puis ils vont plaider le droit individuel à ne pas se faire vacciner.
Cependant, nous, notre
réflexion là-dedans, c'est : quand je refuse de me faire vacciner, si la
seule personne que je mettais en danger, c'était celui qui refuse de se faire
vacciner, je vous dirais : On va respecter ça, parce que c'est ton choix.
Je veux dire, tu ne veux pas te faire vacciner, tu auras peut-être la COVID, tu
vas peut-être te retrouver aux soins
intensifs pendant 20, 25 jours, intubé, avec beaucoup de séquelles suite
de ça, puis tu vas peut-être avoir la malchance, je veux dire, d'en
décéder.
Mais le problème, c'est que ça ne s'arrête pas
là. Si tu ne te fais pas vacciner, tu peux contaminer ton voisin. Dans le cas d'un travailleur de la santé, tu peux
contaminer ton patient, tu peux contaminer un confrère de travail, et là,
à partir de ce moment-là, on doit mettre...
on serait obligés de mettre sur pied encore d'autres mesures, que l'on veut
éviter.
Et on a vu,
avant que l'on ait les vaccins, qu'est-ce que ça a eu comme impact sur le
système de santé. On a dû mobiliser toutes nos forces médicales pour s'occuper
des gens qui avaient la COVID. On a dû déplacer nos gens de nos cabinets, nous,
pour aller travailler à l'hôpital, dans les CHSLD, parce que c'était dramatique
ce qui se passait là.
Donc, quand
tu es dans une situation comme ça, bien, tu dois dire : On n'a pas d'autre
choix de mettre de côté un peu notre liberté individuelle, parce que,
là, c'est le bien-être collectif qui va être touché.
Et ce que l'on sait, c'est qu'au niveau de
vaccination que l'on a actuellement on est encore à risque par rapport à notre
situation collective et tous les effets que ça a, que ce soit à court terme,
parce que, si on remplit à nouveau nos hôpitaux puis nos soins intensifs de
gens qui ont la COVID, bien, il y a d'autres gens qu'on ne soigne pas, puis, si on pousse un peu plus loin, parce
qu'on l'a vu, ça, dans nos cabinets, si ça nous amenait à devoir reconfiner,
refermer notre société, regardons tous les
impacts que ça a, ne serait-ce sur la santé mentale de l'ensemble des citoyens.
Donc, quand on analyse tout ça, on se dit :
Bien là, regarde, on n'a pas le choix, là. Ce n'est pas de gaieté de coeur, on
sait que c'est des principes fondamentaux, là, qu'on va bousculer, mais la COVID,
là, c'est quelque chose de vraiment très inhabituel... et amène, je veux dire,
une réaction qui va hors de ce que l'on fait normalement.
M. Lévesque (Chauveau) : Petite
question rapide en terminant. Dr Godin, Dr Amyot, vous avez mentionné
tout à l'heure que, bon, c'est sûr que ça risque de provoquer certains impacts
négatifs à l'intérieur, bon, du personnel soignant,
peut-être des GMF. J'ai posé la question au ministre de la Santé, ce matin, qui
me répondait : Effectivement, on a des craintes à ce niveau-là. De
votre côté, bien, c'est une question de balance d'inconvénients aussi, là,
c'est de trouver qu'est-ce qui est le moins pire des deux. On n'est pas dans
une situation toujours gagnant-gagnant, puis vous en avez parlé tout à l'heure. Moi, l'Hôpital Chauveau, dans ma
circonscription, ils ont dû fermer l'urgence, déplacer des médecins, les
concentrer au Concorde, à Québec. Évidemment, ça a réduit les services de
proximité, on a réorienté les patients, puis
c'est tannant, là. Mais, de votre côté, à l'intérieur de votre groupe, là,
qu'est-ce que vous vous attendez un peu comme impact dans la balance des
inconvénients là-dedans?
• (16 h 10) •
M. Godin (Louis) : Nous, on ne
s'attend pas, je veux dire, à ce que ça soit un grand nombre de médecins qui, en bout de ligne, refusent de se faire
vacciner. Ça sera vraiment à la marge, on est convaincus de ça. Bon, ça peut
avoir peut-être un peu plus d'impact chez les autres travailleurs
de la santé, de ce que l'on entend, et ça... Naturellement, on travaille
avec ces autres professionnels là, donc ça peut avoir indirectement un impact
sur notre travail, mais j'ai autant d'impact lorsqu'on doit retirer de nos
médecins ou de nos professionnels de la santé soit parce qu'ils ont eu la
COVID, soit parce qu'ils ont développé des complications suite à une infection,
et ça a encore des impacts beaucoup plus grands. Mais il faut être conscient de
ce risque-là, et ça n'aurait pas été correct de ne pas le mentionner. Je pense
que c'est un élément qu'on devait... qu'on avait à vous mentionner comme
parlementaires.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vais maintenant céder la parole à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Merci, M. le
Président. Bonjour, Dr Godin. Bonjour, Dr Amyot. Très
contente d'être avec... que vous soyez avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup.
Je voudrais revenir sur la question qui a été abordée par la partie
gouvernementale, sur la question de ne pas exclure certains travailleurs qui
sont dans le continuum de soins du patient. Je voulais juste clarifier quelque
chose, parce que, dans la réponse que vous avez donnée, puis je présume que
c'est plus large que ça, vous avez dit : Tout travailleur qui est en
hôpitaux, je crois, mais j'imagine que vous faites référence... GMF, cliniques...
M. Godin (Louis) : GMF,
cliniques, et, je vous dirais, même, on va plus loin, même tous les médecins
qui travailleraient à l'extérieur du régime d'assurance maladie mais qui
auraient des contacts avec les patients, tous ces gens-là doivent être touchés et
doivent être vaccinés.
Mme Montpetit : Et tout
travailleur, donc, qui est aussi en contact, comme vous le disiez, indirect.
M. Godin (Louis) : Tout à fait,
parce qu'il y a un risque de contamination. On le sait, qu'on a eu beaucoup
d'éclosions dans le milieu de la santé qui ont pris origine là. Retenons
l'expérience de la première, deuxième et troisième vague. Donc, il faut tenir
compte de ça.
Mme Montpetit : Bien, c'est ce
que j'allais vous demander. Encore là, on a eu l'échange avec vos... votre
fédération soeur, comme on l'appelle souvent, avec Dr Weiss et
Dr Oliva, sur le fait que ça peut s'apparenter à une demi-mesure,
dans le fond, si ce ne sont pas tous les travailleurs dans un espace qui sont
inclus. Est-ce que, de votre point de vue... c'est ça, pouvez-vous nous en dire
davantage sur les risques que ça pourrait impliquer de ne pas corriger, dans le
fond, la directive actuelle qui a été mise de l'avant, là, par le gouvernement,
s'il ne devait pas la réviser pour inclure tous les travailleurs?
M. Godin
(Louis) : Bien, en fait, le... c'est qu'on... nous, ce qu'on
recherche, c'est d'arriver au risque le plus infime possible, en sachant que le
risque zéro n'existera pas. Donc, naturellement, les choses à corriger le plus,
c'est ceux qui sont directement en contact avec le personnel soignant. Mais, lorsqu'on
va un petit peu plus loin, tous les contacts que l'on a indirectement avec du
personnel soignant... C'est-à-dire, quelqu'un qui peut entrer dans l'établissement
ou dans la clinique, qui n'est pas vacciné, peut, à la rigueur, infecter un
vacciné. On sait qu'il va être en général beaucoup moins malade, il va être
contagieux beaucoup moins longtemps, mais je ne minimise pas mon risque autant
que je pourrais le faire si je vaccine aussi cette personne-là, qui n'a peut-être
pas un contact direct avec le patient mais qui en a un indirectement.
Donc, c'est pour ça
que, pour nous, tant qu'à le faire, bien, faisons-le le plus possible. Il faut
aller le plus près possible du risque zéro, en sachant qu'il n'existera cependant
jamais, le risque zéro. On devra vivre avec la COVID pendant encore plusieurs
mois, voire plusieurs années, on devra adapter nos comportements à l'intérieur
de ça, mais, à très court terme, servons-nous des moyens les plus efficaces que
l'on a. Puis on a la chance d'avoir des vaccins développés dans un temps record
puis on a eu une bonne campagne dont on peut être fiers, mais il faut aller
jusqu'au bout de l'exercice.
Mme Montpetit :
Parfait. Je vais aborder aussi la question de la vaccination obligatoire en
dehors du réseau de la santé et des services
sociaux. Je me permets de le faire comme vous l'avez abordé d'entrée de jeu non
seulement dans votre mémoire, mais
aussi dans votre présentation au départ. Vous dites que vous êtes favorables,
ce serait légitime... je ne
veux pas vous mettre des mots en bouche, mais que ce serait légitime que le
gouvernement envisage et... aille de l'avant, dans le fond, pour une... pour
l'élargissement d'une vaccination obligatoire à certains secteurs.
M. Godin
(Louis) : Bien, en fait, ce que l'on...
Mme Montpetit :
Bien, je voyais... Allez-y. Allez-y. J'avais deux questions, mais j'irai par la
suite.
M. Godin
(Louis) : Bien, ce que l'on dit, là, c'est que commençons par le
secteur de la santé, mais, en arrière de ça, il faut atteindre une cible
minimale de vaccination en fonction de l'état épidémique dans lequel on est.
Si, pour se rendre là... puis que toutes les autres mesures qu'on a mises de
l'avant pour convaincre... puis on a fait des loteries, sensibilisation, des
testages trois fois semaine... qu'on n'est pas capables de se rendre là, bien,
faisons l'exercice jusqu'au bout là aussi. On verra les groupes les plus
importants à vacciner. C'est sûr qu'actuellement, si on prend la situation, on
sait que nos enfants de moins de 12 ans ne sont pas vaccinés. Donc, il y
aura là, c'est sûr, je veux dire, un taux de contagion important à très, très
court terme. Ce serait probablement un des groupes qui seraient principalement
à privilégier en termes de vaccination. Mais, compte tenu qu'on touche un
principe fondamental de la liberté de choix puis qu'on est sensibles à ça,
bien, on se dit : Regardons qu'est-ce qui va se passer très rapidement
avec les travailleurs de la santé. Peut-être que les gens des autres secteurs,
en voyant qu'on fait ça pour tous les travailleurs de la santé, se
diront : Bien, regarde, peut-être aussi bien que je me protège, moi, d'abord,
un, là, puis ça va m'éviter, je veux dire, qu'on m'oblige de le faire parce que
je me serai déjà fait vacciner. Mais ultimement on ne ferme pas la porte à ça.
Mme Montpetit : Puis, quand vous dites... très rapidement,
c'est la question que je voulais vous poser : C'est quoi, le
délai qu'on se donne, justement, pour aller de l'avant avec un élargissement?
Parce que vous avez entendu certainement
Dr Arruda, ce matin, justement, qui parle du 92 %, 90 %,
95 % d'immunité. Le plan pour y arriver n'est pas extrêmement clair... ou, en tout cas, le délai dans lequel on va y
arriver non plus n'est pas très clair, là. Donc, on se donne quoi comme
délai pour avancer dans cette voie-là?
M. Godin
(Louis) : Bien, écoutez, c'est difficile pour moi de vous donner une
réponse très, très précise, là, mais on parle d'un délai, là, de quelques
semaines, là, pour nous, voire peut-être quelques mois, mais on n'est pas là en
termes d'années, là. Nous, notre scénario idéal, ce serait qu'on puisse avoir
une autorisation rapide des autorités pour qu'on puisse vacciner nos enfants de
moins de 12 ans, ce qui serait déjà, je veux dire, un coup de pouce
incroyable par rapport à ça. Et, une fois qu'on aura fait ça, on sera capables
d'extrapoler rapidement, voir où on va être rendus. À partir du moment où on
oblige les gens dans le milieu de la santé d'être vaccinés, on aura déjà... on
sera déjà capables de projeter où on va être rendus à l'intérieur de ça.
On sait
qu'actuellement, depuis l'adoption du passeport vaccinal, qui va rentrer en
vigueur bientôt... on sait qu'on a une... il y a une recrudescence des
premières doses qui se donnent. Bon, jusqu'où on va aller? Peut-être que ça sera suffisant, en sachant qu'il y aura
probablement toujours quelques pourcentages d'irréductibles dans notre société,
mais disons que, pour nous, là, plus vite on
s'en va vers cette immunité collective là, mieux c'est. On a juste à se
rappeler ce qui s'est passé depuis 18 mois.
Mme Montpetit : Ah! bien, on
espère qu'on a tiré des enseignements de ces 18 mois là, justement, pour s'améliorer dans nos pratiques. À cet effet-là
d'ailleurs, vous m'amenez à ma prochaine question, qui... Puis, si vous avez suivi un peu les échanges
depuis ce matin, on a abordé la question des annonces qui ont été faites par le
gouvernement au début du mois d'août,
là, le décret qui vient diminuer certaines mesures de protection dans les
milieux hospitaliers, au niveau des
zones chaudes, des zones froides, de repermettre du transfert de personnel, aussi, entre les différents établissements.
J'aimerais bien vous entendre à ce niveau-là. Est-ce que ce n'est pas un peu
contradictoire aussi, dans le contexte où on dit que le variant est plus
transmissible?
M. Godin (Louis) : Oui, mais je
vous dirais que, parallèlement au fait que, par un geste quand même simple, qui
est celui de se faire vacciner, on peut améliorer rapidement notre immunité
collective, il faut aussi réussir à remettre notre système de santé le plus
rapidement possible vers ce qui est normal, il faut que notre système de santé
reprenne un peu sa façon de fonctionner qu'il avait avant. On a hypothéqué
beaucoup notre système de santé à lutter contre la COVID. On a fermé des
étages, on a presque dû dédier nos soins intensifs à des cas COVID seulement,
parce qu'on en avait besoin. Là, il faut recommencer à fonctionner le plus
normalement possible, et, pour moi...
Mme Montpetit : Je me permets
de vous interrompre, Dr Godin. Je m'excuse. Le temps file. Mais ça, je le
comprends bien, là, je... C'est plus dans le contexte actuel, où il y a quand
même beaucoup d'inquiétude par rapport à la
transmissibilité du variant Delta. On ne sait pas... Je veux dire, les experts,
les épidémiologistes, les microbiologistes ont des inquiétudes, justement, sur les conséquences de ce variant-là
qu'on ne connaît pas encore suffisamment. Est-ce que ce n'est pas un
contexte un peu questionnable? Je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire
éventuellement, mais c'est au niveau du contexte, là.
• (16 h 20) •
M. Godin (Louis) : Ça, c'est
toujours ce qui est difficile dans la situation actuelle, là. Je vais vous
faire... pas une comparaison mais un autre fait. On va fermer les centres
d'évaluation au début septembre pour retourner l'activité dans nos cabinets, à
l'intérieur de ça. C'est sûr, on va être dans une période où probablement on va
en avoir plus. À un moment donné, là, je
veux dire, on peut se dire : On va retarder ça de 15 jours, mais il
va se passer quoi dans 15 jours? Il faut être capable d'être le
plus agile possible, se réajuster selon la situation, mais, en même temps, il
faut s'assurer qu'on a l'accès aux soins le
plus grand possible, là, pour les différentes pathologies, là. Je ne sais
pas... Dr Amyot?
M. Amyot (Marc-André) : Oui, si
vous permettez, je peux peut-être intervenir, là. On traite toutes sortes
d'infections patients qui ont du Clostridium difficile, de la tuberculose, de
la rougeole — des
épidémies de rougeole, on en a eu — donc il faut apprendre à
vivre avec ces pathologies infectieuses là. Puis on ne dédie pas nécessairement
du personnel pour le patient qui a une tuberculose. On prend des mesures dans
nos urgences, dans nos cabinets, là. On continue d'avoir des de protection et
pour nous et pour les autres patients, mais on les voit quand même, ces
patients-là, là. Il y a toutes sortes de pathologies infectieuses auxquelles on
est confrontés dans les salles d'urgence, dans
les hôpitaux, dans les cabinets. Alors, il faut... comme
disait Dr Godin, là, il faut effectivement effectuer un retour à la normale. Et les gens
sont vaccinés, la majorité des gens sont vaccinés. La majorité
du personnel est vaccinée.
Donc, on n'est plus dans la situation où on
avait, là, un nombre important de patients qui se présentaient, où le risque de
ces patients-là était très important. Là, on parle de zones tièdes, c'est-à-dire
vous arrivez à l'hôpital, à la salle d'urgence, vous êtes hospitalisé, vous
faites de la fièvre, on ne sait pas trop si vous avez la COVID. La probabilité,
maintenant, que vous ayez la COVID est plutôt faible, là, mais on prend quand
même toutes les mesures puis les précautions
nécessaires, que ce soit la COVID, la tuberculose ou toute autre...
l'influenza... L'influenza, c'est la même chose, là, mais là on n'en a
pas eu cette...
Le Président
(M. Provençal)
: Je vous remercie. Je
vais devoir céder la parole maintenant au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Drs Godin et
Amyot, bonjour. Merci d'être là, de nous éclairer de vos lanternes.
Justement, vous avez dit tout à l'heure, je
crois, vous êtes unanimes là-dessus, là, tous les deux : Quiconque
travaille dans un établissement de santé devrait être vacciné, puisqu'ils sont
réputés être vecteurs potentiels. Je suis assez d'accord avec vous, puisque la
bibitte se promène encore. Mais, à ce compte-là, pourquoi ne pas exiger le
passeport vaccinal chez les visiteurs, qui peuvent entrer à l'hôpital, y passer
littéralement des heures? Il n'y a pas de limite
de temps dans un hôpital, ils vont fréquenter plein de monde, ils vont tripoter
plein de trucs. Pourquoi pas aussi les visiteurs, à ce moment-là?
M. Godin (Louis) : Je... Vous
me... C'est une question sur laquelle on n'avait pas réfléchi directement, mais
rapidement, M. Marissal, je vous dirais que, personnellement, je pense
qu'on pourrait l'exiger, parce que...
M. Marissal : Donc, exiger le
passeport vaccinal à l'entrée de l'hôpital.
M. Godin (Louis) : Le passeport
vaccinal, et je mettrais certaines exceptions, là, je dirais, humanitaires, là,
en ce sens que vous avez un patient, là, qui est vraiment en fin de vie, la
famille veut y aller, là. Je veux dire, il ne faut pas tomber dans le piège...
bien, pas dans le piège mais dans la situation qu'on a vécue au début de la
pandémie. Mais, en dehors de ça, regarde, tu
le visiteras quand il sera sorti de l'hôpital,
là, parce qu'effectivement tu rentres un vecteur potentiel entre les
murs de l'établissement puis tu peux contaminer des gens.
M. Marissal : Comme en France, donc fin de vie ou urgences. Quelqu'un
arrive en ambulance, vous le suivez...
M. Godin
(Louis) : ...urgences, ces choses-là.
M. Marissal : O.K., très bien.
C'est très clair aussi de votre part.
Comment s'assurer de protéger le personnel qui
ne veut pas se faire vacciner, qui va se faire renvoyer à la maison mais qui travaille dans une clinique privée
avec certains de vos membres? C'est facile dans le réseau, là, public, ils sont syndiqués, ils sont suivis, mais vos
membres, là, qui sont même désaffiliés parfois ou dans des cliniques privées,
disent à l'infirmière auxiliaire ou à quelqu'un qui travaille... même la
secrétaire : Tu ne veux pas te faire vacciner? Au revoir. Comment
s'assurer que cette personne-là ne se fait pas congédier, dans les faits?
M. Godin (Louis) : Bien, nous,
ce que l'on pense, c'est que, comme employeur, il devra chercher à avoir
certains accommodements, mais celui dans la mesure du possible, en ce sens qu'écoutez,
là, tu travailles dans un milieu de santé,
il faut que tu te fasses vacciner. Et probablement qu'on devra envisager, comme on le voit dans
certaines entreprises privées, ça commence à sortir, que ça devienne des
conditions à l'embauche.
Vous savez, moi, comme...
M. Marissal : Donc, c'est une
condition... c'est une condition au congédiement aussi, donc...
M. Godin
(Louis) : Bien, tu sais, à un moment donné, là, tu arrives... tu amènes avec toi, à ton travail, un risque
énorme pour les gens que tu dessers. C'est une situation, je veux dire, qui
peut difficilement être acceptable.
M. Marissal : Je vous remercie.
Je crois que je n'ai plus de temps.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, la parole est au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Drs Godin, Amyot, merci d'être là, de votre disponibilité.
J'aimerais poser deux questions. Vous
parlez, évidemment, du fait qu'il faut protéger l'ensemble des Québécois qui
vont requérir des soins auprès des médecins et dans les hôpitaux. Vous
dites que la vaccination sur une base volontaire a bien fonctionné mais qu'il
faut aller au bout de l'exercice parce que les niveaux atteints ne sont pas
jugés nécessaires. Des groupes qui nous ont rencontrés ce matin, qui
représentent d'autres professionnels de la santé, ont dit, effectivement, qu'il fallait... au bout de l'exercice, mais au
bout de l'exercice volontaire. Pourquoi pensez-vous que, maintenant, il faut utiliser la contrainte, alors qu'eux nous disent
qu'on pourrait obtenir les mêmes résultats en continuant encore quelques
moments?
M. Godin (Louis) : Bien, écoutez,
je pense qu'il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits pour inciter à la vaccination. Quelqu'un qui n'a pas entendu
parler de la nécessité de se faire vacciner, là, de façon très régulière au
cours des derniers mois, il n'a probablement pas vécu au Québec, là.
C'est clair.
Donc, comme je le mentionnais en début, on
aurait aimé ça, puis... comme groupe et comme médecins, de dire : Vous
n'avez pas... On n'a pas besoin de rendre ça obligatoire, mais, où on en est et
dû au fait qu'en plus on a une menace qui exacerbe la situation avec le Delta,
on n'a pas le choix, là, je veux dire, d'aller plus rapidement. On ne peut pas
se permettre d'arriver avec une nouvelle flambée de cas, d'autant plus qu'on
sait qu'actuellement on a un sous-groupe qu'on ne peut pas vacciner, parce que
ce n'est pas homologué, là. Là, il y a le retour en classe, là, qui s'installe
chez les moins de 12 ans. On sait qu'on va en avoir, des infections, là.
Puis ça, ça va être amené à la maison, puis cette personne-là peut se retrouver
dans le réseau de la santé. Donc, on est rendus là.
M. Arseneau : Donc, pour vous,
je comprends bien qu'il y a urgence d'agir rapidement. Mais, quand on nous dit
aussi que, pour soutenir le réseau... parce que, là, on a parlé des cas
individuels, il faut protéger les patients, mais
on veut aussi soutenir le réseau, et, quand on nous dit que... et je cite
Mme Senneville, qui dit : On a l'impression que le remède peut
être pire que le mal, qu'en pensez-vous?
M. Godin (Louis) : Bien,
regardons ce qui s'est passé, je vous dirais, durant la première vague, et la
deuxième, et la troisième, le nombre de gens que l'on a dû retirer du réseau de
la santé soit parce qu'ils étaient infectés, soit parce qu'ils étaient en
contact, soit parce qu'ils étaient épuisés d'avoir à donner ces soins-là à des
gens qui étaient très malades, qui exigeaient beaucoup d'effort de la part du
personnel soignant. Il y a ce risque-là aussi. Et c'est... on a... comme je le mentionnais, on n'est jamais au risque
zéro, mais on pense, personnellement, que le risque qu'il y ait des gens
qui quittent le réseau de la santé, pour toutes sortes de raisons, est moins...
impacte moins que de faire... de se retrouver avec un taux de vaccination qui
n'atteindrait pas les niveaux qui sont recherchés.
M. Arseneau : Et quel est, pour
vous, le chiffre magique qu'il faut atteindre?
M. Godin (Louis) : Bien,
écoutez, moi, je ne suis pas le... je ne suis pas un scientifique, là, je ne me
prétends pas être un scientifique, mais j'entendais certains des intervenants
aujourd'hui, on parle de 90 %, 95 %, j'entendais 92 % ce matin à
la radio, probablement que ça tourne autour de ça.
M. Arseneau : Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Je remercie les
Drs Godin et Amyot pour leur contribution à nos travaux.
Je suspends temporairement les travaux pour que
nous puissions accueillir notre prochain groupe.
Merci beaucoup de votre contribution et de votre
participation.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M. Provençal)
: Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Alliance
du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Après
quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite à vous présenter et à débuter votre exposé. Je vous cède la
parole.
Alliance du personnel professionnel et technique
de la santé et des services sociaux (APTS)
M. Comeau (Robert) : Merci, M.
le Président. Alors, Mmes, MM. les députés, je suis Robert Comeau, président
par intérim de l'APTS, qui est l'Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services sociaux, et je suis accompagné de
Mme Josée Fréchette, cinquième vice-présidente de l'APTS.
Écoutez,
c'est avec une organisation syndicale, qui est avec vous aujourd'hui, qui représente 60 000 membres,
une organisation syndicale qui regroupe
exclusivement des professionnels et les techniciens du réseau de la santé et
des services sociaux... Nous pratiquons exclusivement dans le réseau
public, nous sommes composés à 86 % de femmes, et l'APTS travaille aussi
tant dans les centres hospitaliers, dans les CLSC, les CHSLD, les centres
jeunesse, les centres de réadaptation
physique, les centres de réadaptation en déficience intellectuelle, trouble du
spectre de l'autisme et en dépendances. Notre organisation a donc en
vue... a donc une vue à la fois globale et spécifique sur l'ensemble du réseau
de la santé et des services sociaux.
Depuis le début de la pandémie, l'APTS a suivi
de près les enjeux auxquels font face ses membres ainsi que les mesures de
gestion de crise prises par le gouvernement, le tout dans une optique de
soutien, de défense mais aussi de
sensibilisation du personnel qu'elle représente. C'est donc forte de cette
connaissance de ses membres, des services, des milieux et de la
situation épidémiologique actuelle que l'APTS a mené sa réflexion que nous vous
partageons aujourd'hui.
Bien, d'entrée de jeu, il est clair pour nous
que nous voulons remercier le gouvernement de l'écoute qu'il porte à... en nous
invitant dans cette commission, nous en sommes très, très heureux. J'aimerais
profiter de cette tribune pour l'inviter à réintégrer le débat démocratique
dans sa gestion de la pandémie en levant sans tarder l'état d'urgence. Comme nous le constatons avec l'annonce
de la vaccination obligatoire des travailleuses et travailleurs de la santé, la suspension des mécanismes d'imputabilité
politique peut avoir des conséquences importantes en matière de droits
et libertés de nos concitoyennes et de nos
concitoyens. Rappelons que c'est à elles et c'est à eux également
qu'appartiennent les instances
politiques et qu'il est alarmant que leur sort soit décidé derrière les portes
closes du pouvoir. Ça m'attriste de le dire également, mais, après
18 mois de pandémie, il est temps d'envisager que ce qui nous semblait à
première vue être une crise puisse, hélas,
devenir une nouvelle normalité. Il est donc temps de laisser derrière nous la
gouvernance par décrets et de réinviter l'ensemble de la société civile
à se prononcer sur les enjeux auxquels nous faisons collectivement face. Voilà
une chose qui est dite et qui est importante à notre organisation de vous
livrer.
Maintenant, en regard du sujet qui nous
intéresse aujourd'hui, je veux mentionner d'emblée que la position de notre
organisation est claire et elle l'a toujours été depuis le départ, la sortie de
crise et le retour vers la vie normale passeront par la vaccination du plus
grand nombre de personnes possible. Je tiens d'ailleurs à remercier les membres
de l'APTS, qui ont répondu de manière très positive à la campagne de vaccination.
Je veux vous souligner qu'il y a près de 94 % de nos membres qui étaient vaccinés en première dose en date du
17 août dernier et près de 89 % ont reçu la deuxième dose du vaccin. Et on est quand même assez heureux
de vous dire qu'on est... nous avons le taux de vaccination, pardon, le
plus élevé chez les salariés du réseau.
Je veux aussi rappeler, c'est important, qu'il y
a beaucoup de nos membres, professionnels et techniciens, je pense à des
psychologues, technologues en imagerie médicale, des hygiénistes dentaires, des
nutritionnistes, qui ont répondu à l'appel du gouvernement d'octobre dernier,
c'est-à-dire de participer à l'effort collectif de vaccination. Moi-même,
personnellement, j'ai offert quelques fins de semaine et soirées pour prêter
main-forte à l'effort collectif. Et j'ai été
très heureux de constater que beaucoup de nos membres ont répondu à l'appel, et
c'est grâce à eux, grâce à elles, entre autres, qu'on peut avoir un
bilan, au Québec, quand même très intéressant aujourd'hui.
Mme Fréchette (Josée) : Alors,
avant d'ordonner celle-ci, je pense qu'il est important qu'on s'interroge collectivement sur le résultat qu'on espère
obtenir. C'est d'autant plus fondamental qu'appliquer cette mesure
unilatéralement va impliquer
des ressources non négligeables, ressources qui pourraient être mieux allouées
en sensibilisation et en amélioration de l'accès à la vaccination dans le
réseau comme ailleurs.
Quatre questions pour commencer, et, croyez-moi,
on va en avoir d'autres, à l'attention du ministre. Avant de recourir à la manière forte, avez-vous ventilé
les statistiques concernant les travailleurs et travailleuses non vaccinés?
Avez-vous évalué la proportion d'entre elles
et eux qui pourraient être en arrêt de travail, avoir des contre-indications
médicales, être en
retrait préventif pour grossesse ou allaitement, ou en congé de maternité? En
bref, est-ce que nos efforts sont mis à la bonne place pour lutter
contre cette pandémie?
Je crois que ces questions sont très
importantes, parce qu'il ne faut surtout pas perdre de vue que notre réseau
n'évolue pas en vase clos en regard de l'évolution... j'avais de la misère...
épidémiologique, pardon. Il s'inscrit dans un système
d'interdépendance généralisé où chaque acteur humain comme institutionnel peut,
à tout moment, devenir un vecteur de propagation s'il ne fait pas
l'objet d'une attention suffisante de la part du gouvernement et matière de
sensibilisation, d'éducation et d'amélioration à l'accès à la vaccination.
Je vous soumets donc de nouvelles questions. Que
vaudra... voyons, l'immunisation totale des travailleurs et travailleuses du
réseau si le coronavirus se propage par l'intermédiaire des familles d'usagers
en visite, des aidants naturels, du
personnel des agences de placement, au sein des milieux de soins privés, dans d'autres divisions d'activités?
Personnellement, je m'étonne et m'inquiète que le gouvernement s'entête à
cibler un réseau qui a déjà répondu très positivement
à la vaccination, alors que d'autres acteurs, d'autres secteurs, d'autres
groupes sociodémographiques pourraient bénéficier d'un effort plus
soutenu en la matière.
• (16 h 40) •
On se pose d'autant plus ces questions, à
l'APTS, que ces mesures d'importantes... des mesures importantes de prévention, de contrôle et de gestion des
éclosions ont été adoptées de manière rigoureuse dans les milieux de soins
suite aux directives de la CNESST. Pensez aux équipements de protection
individuelle, à la distanciation physique, au
questionnaire des symptômes, aux plexiglas qui ont été fournis, etc. Compte
tenu que toutes ces mesures, qui s'ajoutent à la couverture vaccinale
très élevée du personnel... est-ce qu'on a évalué ce que ça nous ferait gagner
en termes de protection de la hausser à 100 %? Est-ce qu'on a évalué le
coût marginal que ça représente?
Et puis, enfin, et là on aurait vraiment besoin
que le gouvernement nous éclaire, éclaire nos chandelles, pourquoi, je répète,
pourquoi est-ce que l'alternative des trois tests de dépistage par semaine
n'est plus viable pour les personnes non vaccinées? C'était un accommodement qui
permettait, un, de prévenir rapidement et efficacement les éclosions dans les
milieux, deux, de respecter la volonté du personnel et, trois, d'éviter les
réaffectations et les potentiels bris de service. Et c'est d'ailleurs vers ça
que l'Ontario et le Nouveau-Brunswick s'enlignent.
M. Comeau (Robert) : Bien, on
vous a fait part, jusqu'ici, de certaines réserves et questionnements qu'on avait en tant qu'organisation à savoir si les
efforts du gouvernement étaient mis à la bonne place et on a hâte d'entendre
le ministre à ce sujet-là, ou les représentants du gouvernement.
On voudrait maintenant aborder le sujet des
modalités de l'application de cette mesure, qui, si elles étaient floues, ce
matin, sont devenues très préoccupantes à nos yeux suite aux précisions du
ministre Dubé. Celui-ci nous a donc
expliqué, ce matin, qu'à défaut de vouloir ou de pouvoir se faire vacciner, les
travailleuses et travailleurs en santé pourraient être réaffectés à d'autres
tâches et que, si... la réaffectation, pardon, n'est pas possible, qu'ils ou
elles seraient suspendus sans solde.
Sans vouloir se lancer dans un débat de droit,
notre organisation aimerait attirer l'attention du gouvernement sur le fait que
certaines dispositions législatives pourraient faire que les tribunaux en
soient saisis. Il faudrait alors que le
gouvernement démontre que sa mesure poursuit un objectif légitime et que
l'atteinte aux droits est minimale. Les organisations syndicales, quant à
elles, n'auront d'autre choix que de représenter légalement leurs membres et de
faire... faire faire les recours habituels pour faire reconnaître ces
droits-là.
Nos questions au gouvernement sont donc les
suivantes. Dans un contexte de crise sanitaire qui commande une administration avancée et prévoyante des
ressources, est-ce qu'on veut vraiment s'engager dans ce bras de fer là?
Ou, à l'inverse, est-ce qu'on ne ferait pas mieux de travailler main dans la
main pour trouver des solutions efficaces pour lutter contre la COVID-19, pour fédérer les travailleurs et travailleuses
de la santé autour de solutions sans polariser le débat et sans susciter la méfiance du personnel,
là, qui a déjà été largement éprouvé par 18 mois de lutte de pandémie?
Ce matin, notre ministre Dubé précisait aussi
que l'ensemble du personnel de la santé et des services sociaux en contact prolongé avec des citoyens était visé
par cette mesure. C'est très inquiétant pour certaines missions prioritaires
que le gouvernement a probablement oublié de
prendre en considération, tout obnubilé qu'il est par la gestion de la crise
de la COVID-19. Alors, sans minimiser
d'aucune façon l'importance de cette crise, il faut se rappeler que la
pandémie... la pandémie, pardon, n'est pas le seul enjeu auquel font
face les Québécois aujourd'hui.
Et, s'il est évident que le gouvernement doit
s'intéresser de près aux impacts de sa mesure sur l'évolution de la situation
épidémiologique, il doit aussi impérativement élargir sa réflexion aux impacts
qu'elle aura sur d'autres problématiques reliées à la santé, au bien-être et à
la protection des citoyens et citoyennes. Pensons, par exemple, à la santé
mentale, qui constituait déjà un enjeu...
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Le temps est écoulé.
M. Comeau (Robert) : Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons maintenant commencer la période de questions.
Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre apport aux travaux. On va très
certainement en tenir compte. Sur votre site Web, dans le volet prévention de
la santé et la sécurité au travail de vos membres, il est indiqué que la
prévention consiste à mettre en place des mesures ayant pour but d'éliminer ou
de réduire les risques présents dans les milieux de
travail qui ont un impact sur la santé physique. Dans cette optique, ne
croyez-vous pas que la vaccination devrait être obligatoire pour les personnes
qui n'ont pas de contre-indication médicale?
M. Comeau (Robert) : La
prévention peut passer aussi par un volet quand même important en éducation
puis en sensibilisation des gens. C'est sûr qu'imposer quelque chose, quand on
ne comprend pas trop pourquoi on veut l'imposer, c'est moins durable, selon
nous, que de donner de la formation, que d'avoir une approche plus
collaborative avec les gens qui, habituellement, répondent d'une façon plus
durable à ces enjeux-là. Alors, l'APTS, à travers
les membres qu'elle représente, beaucoup font de la prévention. Et c'est
vraiment cet axe-là qu'elle privilégie, plus que de décréter une mesure
particulière.
Mme Picard : Merci.
Mme Fréchette (Josée) : Si je
peux ajouter aussi, c'est que, nous, ce qu'on souhaite, c'est de passer le
message d'une façon positive et pas d'y aller d'une façon coercitive. Alors, on
encourage et on a toujours encouragé les
gens, là, à la vaccination, mais il faudrait peut-être plus y aller vers
une façon... encourager les gens et non de punir les gens qui refusent.
Puis souvent les gens ont peut-être des raisons pour refuser la vaccination.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci, M. le
Président. Merci, M. Comeau et Mme Fréchette, pour votre
présentation. Vous soulevez plusieurs préoccupations, et c'est le propre de
cette commission, justement, d'entendre divers groupes, justement, pour mieux
comprendre les préoccupations, les modalités d'application advenant le cas que
la vaccination obligatoire va de l'avant.
Vous avez fait plusieurs constats, puis moi,
j'imagine que vous avez consulté vos membres pour en venir à ces constats-là
sur... Puis là je me demandais si vous aviez consulté vos membres
spécifiquement sur la vaccination obligatoire. Sinon, pourquoi? Et, si oui,
est-ce que vous connaissez un petit peu le pourcentage de vos membres qui se positionnent contre la vaccination obligatoire
ainsi que les raisons pourquoi elles se positionnent contre la vaccination
obligatoire?
M. Comeau (Robert) : Nous
n'avons pas consulté nos membres étant donné les délais qui sont quand même
très, très courts. Le gouvernement a émis, quand même, ce souhait-là il n'y a
vraiment pas beaucoup de temps. Les gens sont en période de vacances. Nous, on
se fie vraiment sur la réponse que nos membres ont eue à la vaccination tout
court. Alors, quand je vous parlais, tantôt, 94 %, pour nous, on pense que
ces gens, en plus de participer à l'effort, se sont eux-mêmes fait vacciner,
donc on pense que la proportion plus de gens qui ne désirent pas se faire
vacciner est vraiment minimale. Mais c'est vraiment... selon nous, c'est
vraiment la réponse à la vaccination qu'ils ont reçue, là, qui constitue, là,
la... ce qu'on peut vous apporter, en fait, comme statistiques, là, aujourd'hui,
mais on n'a pas consulté nos gens spécifiquement, vraiment, c'est un enjeu de
temps.
Mme Boutin : Bien, en fait,
moi, ce que je constate... parce que tous les groupes nous ont un petit peu
partagé leurs taux de vaccination, puis vous êtes très élevés, là, pour la
première dose. Donc, même si c'est 86 %, la deuxième dose, 89 %,
j'imagine que les gens sont en attente de leur deuxième rendez-vous. Puis peut-être
que vous êtes au courant à savoir, le 11 % restant... parfois, il y a des
gens qui sont juste un peu tardifs. Moi, j'en ai dans mon environnement, des gens qui viennent de prendre
leur rendez-vous parce que, finalement, ont décidé d'y aller de l'avant.
Est-ce que vous pensez que votre... vos membres vont être près du 100 %
bientôt?
M. Comeau (Robert) : Nous
sommes convaincus que la vaccination de deuxième dose va atteindre celui de la
première dose sans... pour nous, sans aucun doute. C'est une question, vraiment,
d'organisation d'horaire, retour de vacances, mais on pense que les gens ont
pris leur rendez-vous, on en est à peu près certain sans avoir consulté
formellement. Mais, pour avoir personnellement vacciné des gens, je vous dirais
que les raisons qu'ils nous donnaient, c'est vraiment une question
d'organisation de temps, pas eu le temps de prendre le rendez-vous, c'était trop compliqué, je veux y aller avec ma famille.
Donc, je pense qu'on va... ça sera assez minimum... assez minimal, plutôt,
le nombre de membres que nous aurons qui ne
voudront pas se faire vacciner, ça, pour nous, on est assez convaincus de ça.
Mme Boutin : Bien, je vous remercie infiniment, c'est très
encourageant. Puis j'imagine que vous avez joué un rôle très positif pour
encourager vos membres, là, pour aller se faire vacciner, puis je vous remercie
en ce sens-là. Merci.
M. Comeau (Robert) : Je vous remercie,
Mme la députée.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Chauveau.
M. Lévesque
(Chauveau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. M. Comeau, Mme Fréchette, merci de
votre présence parmi nous aujourd'hui. Effectivement, je pense que le pourcentage
de personnes, de vos membres qui sont vaccinés, c'est très, très bon, puis il
faut continuer à encourager ces gens-là. Et vous avez raison aussi, je pense qu'il
y a des gens de dernière minute aussi, les vacances ne
sont pas terminées. J'en connais, dans mon entourage, qui ont le désir d'être
vaccinés et le feront, évidemment.
Vous mentionnez beaucoup, par contre... Je vais
jouer un peu à l'avocat du diable avec vous aujourd'hui, là. Vous parlez de,
bon, continuer à faire de l'éducation, de la sensibilisation, inciter les gens davantage
à aller se faire vacciner. Puis, écoutez, j'en suis, là, je pense que, si on
veut être totalement objectif, c'est ce que fait... bien, le gouvernement, l'ensemble
des acteurs de la société civile, depuis plusieurs, plusieurs mois, avec toutes
les publicités à la radio, les publicités dans les médias, des groupes comme
vous, des représentants qui faites les efforts, on l'a vu avec tous les groupes
qu'on a rencontrés aujourd'hui, ça fait qu'il faut continuer à le faire.
Mais là on tombe dans une étape où il y a encore
des gens qui, là, refusent de se faire vacciner de toute évidence.
Et vous avez souligné un point, je
pense, c'est Mme Fréchette qui
l'a nommé, il y a certainement des bonnes raisons pour refuser. Je
comprends qu'il peut y a voir des raisons médicales. Tout à l'heure, on a
rencontré les représentants de la Fédération des médecins spécialistes et la fédération
des omnipraticiens du Québec qui disaient : Oui, mais c'est quand même très, très,
très faible, les raisons médicales.
Pour vous, pourriez-vous me définir... Parce que vous auriez peut-être
un 11 % de vos membres qui ne
seraient pas vaccinés puis que... je ne veux pas prêter d'intention,
c'est fort possible qu'il y en ait qui prennent la décision de le faire dans
les prochaines semaines, là, mais, parmi les membres que vous avez, qu'est-ce
que vous jugez comme étant de bonnes raisons pour refuser d'être vacciné?
• (16 h 50) •
Mme Fréchette (Josée) : Oui.
Bien, bon, vous l'avez nommé tantôt, il y a des gens qui ont des raisons
médicales, mais il y a aussi des gens qui sont en absence, dont on n'a pas
nécessairement le taux puis on n'a pas... ils ne font pas partie des
statistiques. Alors, il y a des gens qui sont en absence pour x raison,
maladie, etc. Est-ce qu'ils sont vaccinés? On n'a pas... les employeurs n'ont
pas nécessairement eu la preuve qu'ils ont été ou pas, parce qu'ils sont absents du travail. C'est vraiment une petite
minorité, là, des gens qui, pour des raisons personnelles, refusent le vaccin.
Mais je dois vous dire que nos membres sont très
sensibles à cette réalité-là et puis souhaitent sortir de la pandémie, parce que toute cette pandémie-là a
causé, chez nos membres, de la surcharge de travail, de la réaffectation,
des problématiques au niveau de la santé mentale aussi, des bris de service
dans certains secteurs, donc... et des listes d'attente dans les centres
jeunesse assez incroyables. Alors, ce sont nos membres qui vivent avec ces
réalités-là. Donc, soyez sans crainte qu'ils
sont conscients de ce que la pandémie a apporté et aimeraient... souhaitent
ardemment que cette pandémie se termine. Et une des façons, bien, c'est
aussi la vaccination pour mettre fin à cette pandémie.
M. Lévesque (Chauveau) :
Parfait.
Une voix : ...
M. Lévesque (Chauveau) : Oui,
pardonnez-moi, M. Comeau, oui?
M. Comeau (Robert) : Non, non,
il n'y a aucun problème. Je voulais peut-être focusser un petit peu plus sur l'enjeu du risque de bris de service si... Parce que,
nous, l'inquiétude est vraiment à ce niveau-là. Ce n'est pas beaucoup de
gens, on ne parle pas de beaucoup de gens, mais ils sont quand même assez
concentrés sur certains groupes, des groupes qui sont déjà, je vous dirais, en
pénurie, en forte pénurie depuis beaucoup d'années, donc avant la pandémie.
Je pense aux centres jeunesse. On n'est pas sans
savoir ce qui se passe dans les centres jeunesse, c'est difficile de recruter,
de retenir nos professionnels, nos techniciens. Alors, ne serait-ce qu'envoyer
sans solde à la maison quelques professionnels, quelques techniciens, on vient
accentuer ce bris de service là. Et, pour nous, ça nous inquiète, parce que,
bien, on est programmés, nous, pour offrir des services à la population et pour
que la population ait accès à ces services-là et on craint qu'il y ait vraiment
une rupture de service. C'est ce qu'on voulait... un message qu'on voulait vous
dire ce matin... cet après-midi.
M. Lévesque (Chauveau) : Votre
point est très intéressant, et je pense que c'est une bonne partie du débat
qu'on a aujourd'hui. J'ai posé cette question-là au ministre ce matin, je l'ai
posée à quelques autres intervenants, effectivement, le risque de perte...
d'avoir des bris de service, les gens qui quittent parce qu'ils refuseraient
systématiquement un vaccin, effectivement. Mais je me fais l'avocat du diable
encore une fois, en sachant que vous avez 89 % de vos membres qui ont
contribué à cet effort-là de façon volontaire grâce à l'éducation et à la
sensibilisation, votre travail comme représentants syndicaux, vous ne trouvez
pas, là, qu'il y a un peu un manque de solidarité à côté? Parce que ça a été
dit, tout à l'heure, par d'autres spécialistes de la santé, du monde qui
sont... c'est des médecins, là, ce qu'ils nous disent, c'est qu'il y a des
chevaux de Troie, des gens qui ont importé, malheureusement, le virus à
l'intérieur de milieux, tels que des milieux de santé, des gens vulnérables,
CHSLD, etc.
Vous ne
pensez pas, là, qu'il y a comme le travailleur que lui a fait l'effort, puis,
de son côté, à côté de lui, il y a quelqu'un qui, malheureusement, va peut-être
potentiellement... je le souhaite que non, mais qui pourrait importer le
virus à l'intérieur du milieu de travail, qui pourrait infecter ce collègue-là,
qui pourrait infecter d'autres personnes et qui vient accroître la quantité de
travail pour tous ceux et celles qui sont déjà débordés dans leur milieu de
travail. Vous ne pensez pas que, justement, dans la balance des
inconvénients... je suis conscient que c'est un moment difficile, mais dans la
balance des inconvénients, ce ne serait pas un élément positif à envisager.
Mme Fréchette (Josée) :
Écoutez, on a vraiment travaillé avec nos membres et nos personnes salariées,
là, à encourager la vaccination. Il y a une partie que... c'est vraiment un
minimum, là, qui ne sont pas vaccinés ou qui refusent,
mais les vecteurs de transmission ne sont pas que par nos membres, ils sont
aussi par les gens qui arrivent de l'extérieur. Je l'ai énuméré tantôt, là, il
y a tous les gens qui arrivent dans les établissements, qui vont chercher des
services, et tout ça. Donc, eux aussi peuvent être des vecteurs de
transmission. Mais nous n'avons pas tant de personnes, là, qui refusent vraiment
de façon catégorique, là, la vaccination. Au contraire, les gens veulent se
faire vacciner et puis veulent cesser cette pandémie-là.
Il y a aussi tous les
équipements de protection individuelle qui sont fournis aussi par les
employeurs. On a eu un peu de difficulté, au départ, les N95, là, les avoir,
mais là, maintenant, ils ont accès, et on a fait la démonstration que les
masques N95 pouvaient aussi protéger. Alors, il y a d'autres façons qu'on peut
aussi encourager puis éviter aussi la propagation, mais ce n'est pas seulement
le vaccin. Parce que vous savez qu'on peut être asymptomatique, vacciné et
asymptomatique, et on peut aussi le transmettre. Donc, il ne faut pas
oublier... puis il ne faut pas que les mesures de protection individuelle non
plus... qu'on recule dans ces mesures-là, c'est important que ça demeure.
C'est sûr que, tu
sais, notre rôle n'est pas nécessairement de s'assurer que tout le monde soit
vacciné, là. C'est aussi le rôle de l'employeur ou du législateur, mais on veut
faire attention aussi à nos membres et on veut aussi être dans le constructif,
parce qu'on veut aussi... Vous savez, nos gens ont contribué énormément à la
pandémie. On pense aux gens des laboratoires qui ont fait tous les tests, puis
c'était parfois des 25 000 par jour, hein, des tests... les gens en imagerie
médicale qui ont fait aussi les examens pour les poumons et toutes les
radiographies qu'on devait faire et qui n'ont pas nécessairement eu toute la
reconnaissance qu'ils auraient dû avoir, ces gens-là ont travaillé fort et ont
tenu à bout de bras le réseau.
Donc, croyez-moi
qu'on prend ça vraiment au sérieux et puis que nos membres aussi prennent la
pandémie au sérieux.
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui, la députée de
Lotbinière-Frontenac, à vous.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Bonjour. Tout à l'heure, vous avez parlé que
vous n'aviez pas consulté vos membres avant
de venir nous voir, mais vous dites qu'il n'y a pas beaucoup de membres... de
vos membres qui sont contre la vaccination. J'ai un petit peu de misère
à comprendre ça. Puis là vous dites que... tu sais, vous dites que vous être contre la vaccination obligatoire.
J'aimerais vous entendre sur les solutions. Qu'est-ce que vous proposez?
Nous, en tant que gouvernement, on fait de
la prévention depuis plus d'un an pour essayer de rejoindre le personnel en
santé puis pour qu'ils puissent se faire vacciner. Donc, c'est quoi, vos
solutions? Merci.
M. Comeau
(Robert) : Alors, nos gens, non, on ne les a pas consultés directement,
mais, par contre, on a beaucoup de gens... on a tous nos représentants
nationaux qui sont déployés partout au Québec, qui eux-mêmes sont en contact
avec chacun de nos exécutifs dans chacune des régions du Québec, dont eux ont
le pouls direct. Mais on n'a pas de statistique proprement dite, cause du délai
que je vous parlais tantôt.
Les gens, là, ce
qu'ils nous soulignent, puis les courriels que je reçois, là, ils ont un petit
peu de difficulté à vivre, des fois, avec l'incohérence du gouvernement dans le
déploiement depuis le début de la crise. Donc, au début, les masques n'étaient pas obligatoires. Ils le
sont devenus plus tard. Pourquoi? Parce
qu'on a su, plus tard, qu'il n'y en avait... puis on comprend ces
raisons-là, là, on n'est pas dans... on comprend, il n'y avait pas de masque,
donc on a priorisé à qui on donne les masques en premier. Mais il y a des gens
qui analysent ça en premier lieu et qui font une analyse, et ils additionnent
toutes, selon leurs croyances, ces incohérences-là. Et, à la fin, l'addition de
tout ça fait qu'ils ne croient pas aux vaccins, ils ne croient pas... ça, si on
additionne toutes les publications à gauche et à droite, ça leur appartient, on
ne veut pas rentrer dans ça avec eux.
Mais ce qu'on sait, par
contre, c'est que, comme organisation syndicale, nous, on a l'obligation de
défendre ces gens-là. On vient porter atteinte à ces droits-là, là. Je
pense qu'il y a d'autres organisations qui vous l'ont démontré, aujourd'hui,
qu'on atteint un peu les droits fondamentaux de ces gens-là. Mais c'est clair
que nous, on n'aura pas le choix de déposer des recours quand ces gens-là vont
se sentir brimés si on impose la vaccination obligatoire. Comme organisation syndicale, nous, on doit défendre ce
qui nous semble... qui porte atteinte aux droits tout en étant favorable.
Et on fait quand même de la sensibilisation, on fait des campagnes tout comme
vous. Vous en faites beaucoup, mais nous aussi, on tente d'en faire le plus
possible. Nos gens ont des formations scientifiques. La vaccination, c'est la
porte de sortie, c'est ce qui va nous faire sortir de cette crise-là.
Mais, du moment où...
Tu sais, on n'a pas d'ascendant sur nos gens qui n'y croient pas. Ils ont leurs
responsabilités, on a les nôtres. Ça fait que, vous voyez, ce n'est pas
toujours évident de naviguer dans tout ça, là, mais je pense que l'effort conjugué du gouvernement, des organisations
syndicales, des relations un à un qu'on a entre nous, de discuter avec
des gens qui sont plus résistants, qui ont des questions... C'est pour ça que
l'approche préventive, l'approche de sensibilisation, de formation et de
sensibilisation, pour nous, est très importante dans cette démarche-là. On a
atteint quand même 94 %, là, c'est quand même beaucoup, là. Et,
comparativement à la société en général, on est quand même assez contents.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : C'est 94 % en première dose ou deuxième
dose?
M. Comeau
(Robert) : Exact, première dose. 88 %, deuxième.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : O.K. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Provençal)
: Non, ça va? Alors, merci. Je vais céder maintenant la parole au député
de Nelligan.
• (17 heures) •
M. Derraji :
Merci, M. le Président. Merci à M. Comeau et Mme Fréchette
pour votre présence et votre rapport. J'ai plusieurs questions. Je vais
commencer, premièrement, par féliciter vos membres. Entendre 94 % première
dose, 88 % deuxième dose, bravo, félicitations à l'ensemble de vos
membres.
Ma première question,
ça va aller sur les mesures de protection et de prévention. Je présume que vous
avez suivi un peu les échanges depuis ce
matin. Vous avez fait référence à quelques remarques de M. le ministre tout à
l'heure. Mais j'aimerais vous
entendre par rapport aux mesures de protection et de prévention. La FIIQ et la
CSN constataient qu'il y a eu une baisse des règles de protection.
Est-ce que vous partagez le même point de vue? Et est-ce que vous partagez que
c'est le moment pour le gouvernement de baisser les règles de protection en
pleine quatrième vague?
Mme Fréchette
(Josée) : Non, ce n'est pas le moment de baisser les mesures de
protection par rapport aux équipements de
protection individuelle. Au départ, au début de la pandémie, on a fait beaucoup
d'interventions auprès des employeurs
parce que c'était assez difficile de protéger les gens. Et je peux vous en
donner plusieurs exemples, là, dans
les établissements, où les gens demandaient d'avoir des équipements de
protection, et c'était très difficile d'y avoir accès. Vous le savez, il y a eu
quand même des difficultés par rapport au N95. Et maintenant on en a accès.
Puis il y a même des employeurs qui
ont trouvé des façons de les désinfecter pour les réutiliser. Ils ont été très
créatifs. Et ça, on salue ces initiatives-là.
Mais ce n'est pas le
moment de lâcher les mesures de protection. On est encore en pandémie puis, là,
on parle du Delta. Alors, on continue. Et puis, je vais répéter encore, le
souhait, c'est de sortir de cette pandémie-là. Donc, il faut prendre les mesures, il faut continuer à protéger les
gens, à protéger nos travailleurs, mais protéger aussi la clientèle, les
patients, les usagers, là, du réseau de la santé et des services sociaux. Et ça
passe aussi par l'équipement de protection individuelle. Donc, il faut
maintenir ce qu'on a acquis depuis la dernière année, là, en matière de toutes
les protections.
M. Derraji :
Mais avez-vous constaté un recul ou vous pensez que c'est la même chose? C'est
bon? Vos membres ne vous disent pas,
ils ne vous partagent pas qu'il y a un recul par rapport aux mesures de
protection et de prévention?
Mme Fréchette
(Josée) : Non. On n'a pas entendu. Au contraire, il y a eu beaucoup
d'améliorations, là, au niveau des mesures de protection. Nos gens, ils sont
très conscients qu'il faut respecter ces mesures-là. Et puis, pour l'instant,
nous, on pense que c'est acquis, là, par rapport à nos membres et puis qu'ils
sont très favorables à continuer à se protéger. Puis ce qu'on remarque, c'est
que les gens continuent à le faire.
M. Derraji :
O.K. Vous avez mentionné au début que c'est le moment pour le gouvernement
d'arrêter la gouvernance par décrets et de lever l'état d'urgence. C'est quand
même... Vous venez nous dire que nous sommes encore en pandémie, quatrième
vague, et votre première affirmation au tout début de l'ouverture de votre exposé,
vous avez dit qui faut arrêter la gouvernance par décrets et la levée de l'état
d'urgence. C'est quoi, le raisonnement qui vous a conduit aujourd'hui à
affirmer cette affirmation?
M. Comeau
(Robert) : Bien, au départ, la pandémie, c'est sûr que le Québec et le
gouvernement étaient devant quelque chose qui était inconnu, qui se développait
plus sur le continent européen, qui s'en venait par ici. Donc, on était plus dans l'inconnu, et c'était quand même...
il fallait prendre des décisions rapidement. Là, maintenant,
il y a beaucoup de choses qui sont mises en place, les équipements de
protection individuelle, il y a beaucoup de sensibilisation qui a été faite, il
y a beaucoup de publicité, on est rendu à la vaccination, des bons taux au Québec,
on est quand même dans les meilleurs au monde, je vous dirais, dans ça. Bien,
je trouve qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites. Là, on roule plus
sur des choses qui ont déjà été bien établies. On croit que, maintenant, le gouvernement
et les partis d'opposition qui ont été dûment élus par la population prennent
le flambeau, questionnent le gouvernement, amènent des solutions alternatives.
Et je crois que c'est le rôle de l'Assemblée nationale de le faire, de tous
partis confondus. On pense que la gestion par décrets...
Je vous amène un
exemple. Cet été, devant la pénurie de travailleurs en centre jeunesse, on a
émis une directive qui vient donner un certain montant à certains travailleurs
du centre jeunesse pour ne pas qu'ils s'en aillent, pour les retenir dans le
réseau. Bien, si on nous avait consultés avant, si les partis d'opposition
avaient eu la chance de questionner le gouvernement, on lui aurait dit que ce
n'était pas une bonne idée de faire ça. Ce qui aurait été une bonne idée de
faire, ça aurait été de le donner à tous les travailleurs du centre jeunesse,
parce que ça a créé une division, ça a créé une scission. Et là on n'a pas du
tout réglé le problème, on l'a augmenté. On aurait aimé ça, être consultés,
puis on aurait aimé ça que nos représentants à l'Assemblée nationale posent des
questions. Mais là, non, on doit toujours être en réaction. Ça fait que c'est
pour ça qu'on pense qu'on devrait passer à autre chose.
M. Derraji :
Mais, monsieur...
Mme Fréchette
(Josée) : Et, si je peux ajouter aussi, c'est que, quand on gère par
décrets puis qu'on ne consulte pas... Nous,
on a quand même certaines solutions et du vécu sur le terrain, et
parfois on peut oublier certaines personnes,
certains départements, et on... il y
a des... On peut aussi vous aider à
relever certains angles morts importants, là, comme on le fait en ce
moment, ou on peut vous diriger dans certaines directions — là,
je me répète — mais
pour pouvoir reconnaître les gens, nos membres, là, qui tiennent encore le
réseau à bout de bras.
M. Derraji :
Mais c'est très intéressant, M. Comeau et Mme Fréchette, ce que vous
ramenez, et je tiens à vous rassurer que je
ne suis pas porte-parole en santé, c'est ma collègue députée de Maurice-Richard qui est porte-parole. Je vais répondre à sa place, je vais me permettre.
Mais sa porte, elle est grande ouverte par rapport aux questions de la santé, donc n'hésitez pas. Je sais que le
gouvernement gère par décrets, mais n'hésitez pas à soulever ces
problématiques, parce que c'est préoccupant, ce que vous venez de
soulever, surtout que l'utilisation du décret a un certain... a un but. Ce que
je viens d'entendre de votre bouche, surtout que vous êtes des gens de terrain,
est tout à fait le contraire de ce qu'on espère d'une bonne et saine
gouvernance. Donc, merci pour ces clarifications.
L'autre point que
vous avez soulevé, et ça rejoint un peu ce que nous avons entendu ce matin de
la part du ministre par rapport au refus, le refus d'un de vos membres, de ne
pas accepter, pour une question qui lui revient en toute légitimité, d'avoir
son vaccin. Vous avez dit que ni la réaffectation ni le congé sans solde ne
vont pas régler le problème. Selon vous, si les deux options... les trois
options que le ministre a exposées ce matin ne fonctionnent pas, est-ce que
vous pensez qu'il va y avoir une fuite de, je dirais, de personnes du réseau
qui vont aller chercher ailleurs, ou bien pensez-vous qu'il y a une solution
pour pouvoir encourager ces gens à aller chercher leur vaccin?
Mme Fréchette
(Josée) : Écoutez, il y a déjà une fuite de nos personnes salariées
vers le privé ou vers ailleurs. Quand on pense aux psychologues, où il y a une
pénurie importante et puis qui sont attirés énormément vers le privé parce que
souvent, bien, les salaires sont quand même supérieurs, on a des craintes à ce
niveau-là. Alors, si on force des gens à se faire vacciner ou on les envoie à
la maison sans solde, bien, ces gens-là risquent de quitter le réseau, risquent
de se trouver une autre place, et on est déjà en manque, on est déjà en pénurie
de personnel.
Quand on n'avait pas
le vaccin, au début de la pandémie, qu'est-ce qu'on faisait? On réaménageait
les horaires ou on réaménageait le travail des gens pour soit faire du
télétravail ou ne pas être en contact avec la clientèle. On a trouvé des
solutions à ce moment-là. Alors, je ne vois pas pourquoi qu'on ne pourrait pas
trouver de solutions, encore maintenant, pour maintenir le plus possible les
gens dans le réseau et aussi de ne pas donner le fardeau sur les gens qui sont
là et qui restent. Parce que c'est ce qui se passe, nos gens sont en surcharge
de travail. Déjà, en ce moment, il y a beaucoup de difficulté à aller... à
recruter. Alors, la rétention, l'attraction, elle est difficile. Et en prenant
des mesures comme ça, bien, on risque encore de perdre des gens et puis de soit
aller vers le privé, et nous, c'est sûr que ce n'est pas la voie qu'on
encourage, et de perdre des gens, et puis de retourner encore dans le temps
supplémentaire obligatoire, et toutes ces mesures qui découragent, et puis qui
envoient souvent les gens en maladie. Donc, on n'est pas plus gagnants de cette
façon-là.
M. Derraji :
Oui. Je comprends vos préoccupations. Vous avez entendu, avant vous, la FMOQ et
la FMSQ qui disaient que le Québec ne
devrait pas limiter la vaccination obligatoire aux travailleurs de la santé. Et
ils sont très... en fait, très clairs par rapport à ce point, donc, que ce soit
en GMF, en clinique et autres. Comment vous interprétez, vous, cette prise de
position de ces deux organisations qui représentent des médecins spécialistes
et généralistes?
M. Comeau
(Robert) : C'est sûr que c'est une prise de position professionnelle
de leur formation médicale qui les oblige, là, puis c'est normal, on comprend
tout à fait ça, là, à voir... à protéger au maximum la santé de la population québécoise. Mais nous, comme
organisation syndicale, on ne peut pas adhérer à la vaccination obligatoire.
On va adhérer, nous, par contre, à des mesures qui favorisent, comme je disais
précédemment, la formation, l'information et la sensibilisation parce qu'on a
le devoir de représentation. Alors, nos gens, comme vous le disiez, certaines
personnes qui ne désirent pas, pour des raisons qui leur appartiennent, se
faire vacciner, on devra les défendre, c'est notre rôle, et on va... ça va
automatiquement se judiciariser. Ça, c'est presque écrit dans le ciel. Et les tribunaux décideront par la suite comment ça sera
évacué. Mais notre rôle à nous, oui, on en fait, de la sensibilisation,
de la prévention, mais c'est d'abord et avant tout de défendre les droits de
nos membres.
• (17 h 10) •
M. Derraji :
Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Alors, je
vais passer maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, M. le Président. M. Comeau, Mme Fréchette, merci de votre
témoignage. Je ne pourrais pas être plus d'accord avec vous quand vous dites
que la gouvernance par décrets a bien vécu, puis il serait peut-être temps de
passer à autre chose. D'ailleurs, c'est doublement vrai ici, ironiquement,
parce qu'en fait, la décision, elle est déjà prise, même si on en discute, et
il n'y a pas de date de fin, ce qui est généralement le cas. Ça, c'est malheureux. D'ailleurs, j'ai souri
intérieurement tout à l'heure quand j'ai entendu l'estimé collègue de Jean-Talon nous dire : Advenant que
l'on aille de l'avant avec la vaccination obligatoire. Je pense qu'on peut
enlever l'adverbe puis le conditionnel. Nous y irons de toute évidence. Le
ministre nous a même donné une date de début. Alors, ça, c'était l'éditorial du
jour, gracieuseté du député de Rosemont.
Vous avez dit :
Il y aura certainement des contestations, compte tenu des contrats de travail
et du Code du travail. Pouvez-vous, parce que je n'ai pas... j'ai quasiment
mangé tout mon temps, pouvez-vous rapidement nous dire de quelle contestation
et qu'est-ce que vous envisagez, puisque vous avez le devoir de défendre vos
membres?
M. Comeau
(Robert) : Bien, quand on oblige la vaccination, on vient un peu
attaquer l'intégrité physique de la personne. Alors, sur cette base-là, sur
cette liberté de ne pas se faire vacciner là, selon nos analyses, bien, c'est
sur ça qu'on va contester, en fait. Ça veut dire que l'employeur ne peut pas
exiger quelque chose qui est contraire aux chartes, actuellement. C'est sûr
qu'il y a une jurisprudence d'un côté comme de l'autre, là, c'est un débat
juridique, ça va suivre son cours, mais il est évident
pour nous que ça va être judiciarisé, il y a des membres qui vont nous demander
de les défendre. C'est notre rôle, le Code du travail nous y oblige, et nous
allons le faire sans aucun problème. C'est pour ça que c'est difficile pour
nous de prendre position sur : on est faveur ou non de la vaccination
obligatoire. Là, on est plus sur : on avise le gouvernement qu'il y a des
risques très importants de rupture de services, CRDI, centres jeunesse, je vous
dirais, c'est très, très inquiétant, là. Et, bien, c'est plus dans ce sens-là,
là, qu'on voulait apporter le débat avec vous aujourd'hui.
M. Marissal :
Pour le commun des mortels, le CRDI, c'est...
M. Comeau
(Robert) : Centre de réadaptation en déficience intellectuelle.
Désolé, c'est le jargon santé et services sociaux.
M. Marissal :
C'est bon. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors, merci...
Mme Fréchette
(Josée) : Si je peux me permettre, il faut aussi évaluer le contexte,
hein, on n'a pas encore vu, on entend qu'il y a une proposition sur la table,
mais on n'a pas encore vu tout ce qui vient avec, et le contexte, et les
écrits, là. Donc, on doit aussi faire des évaluations par nos experts, à voir
qu'est-ce... ça va être quoi quand on parle de suspension. Mais là ce n'est pas
encore déterminé. Donc, aussi, il faut voir qu'est-ce que le gouvernement va
imposer avec cette mesure-là.
M. Marissal :
Je vous remercie.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant
la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Merci, M. Comeau, Mme Fréchette, d'avoir
abordé la question de l'urgence sanitaire d'entrée de jeu, parce qu'il faut
bien comprendre que l'exercice que l'on mène actuellement, il est vicié fondamentalement
par le fait qu'on ne sait pas précisément de quoi on discute. Habituellement,
lorsqu'on se réunit en consultations particulières, c'est sur un projet de loi,
sur un mandat d'initiative. On a des documents sur lesquels on peut se
prononcer, alors que là, évidemment, on sait que la décision est prise, mais on
ne sait pas en quoi elle va être constituée exactement. Et la surprise viendra
éventuellement suite à l'adoption d'un décret.
Maintenant,
sur votre point de vue, en tant que tel, sur la vaccination obligatoire, en
quelques mots, j'aimerais que vous
reveniez sur le fait que vous doutez de l'efficacité de la vaccination
obligatoire, vous dites que l'argumentaire fait défaut. Est-ce que vous
pouvez ajouter là-dessus un peu?
M. Comeau
(Robert) : Bien, on a un taux quand même important de vaccination. Si
on déploie un effort important pour augmenter de quelques points de pourcentage
alors que, comme on disait précédemment, dans un centre hospitalier, la clientèle entre librement, les fournisseurs
entrent librement, les aidants naturels entrent librement et en sortent,
est-ce que convaincre ce 2 % ou 3 % là de gens est
significativement... est un effort significatif qu'on doit déployer pour
atteindre ça? Un aidant naturel passe plus que 15 minutes auprès d'un
patient, il peut passer des heures pour l'accompagner et tout ça. Le risque est
quand même là. Alors, c'est un peu les incohérences qu'on soulevait, un petit peu, précédemment. Alors, on
veut encore une fois imposer des choses aux techniciens professionnels
de la santé. D'ailleurs, on sent qu'on se sert de ce groupe-là pour pouvoir
l'imposer plus largement à la population.
Vous savez, on a
déployé des efforts immenses pendant les 18 derniers mois. Nos gens sont à
bout. Et ça, se faire faire ça, c'est comme dire : Bien, vous n'avez pas
assez l'esprit professionnel et vous n'avez pas assez l'esprit scientifique
pour y penser vous-mêmes, là, tu sais, on vous oblige à le faire. C'est comme
mal pris, là, je vous dirais, là, par une bonne partie de nos membres. Ils le
font, ils le font, ce sont des professionnels. Ce sont des gens scientifiques
qui ont une bonne formation, mais ils sont un petit peu tannés, là, je vous
dirais.
Et, en plus de la négociation
qu'on n'a pas vraiment... On n'a pas d'entente de principe avec le gouvernement
encore, là. Tout ça s'ajoute. Et nos gens, moi, je salue leur professionnalisme
dans tout ça, de rester près de la clientèle et de rester la tête haute dans
ça, parce que ce n'est pas le gouvernement, je vous dirais, actuellement, qui
nous pousse dans le dos à donner d'excellents services, là. On est plus dans la
contrainte, là.
Mme Fréchette
(Josée) : Et si je peux ajouter, on n'a pas eu le temps de terminer,
mais on avait une question très importante, là, à la fin de notre élection,
c'est : On veut être rassurés par le gouvernement. On veut savoir c'est
quoi leur plan de contingence.
M. Marissal :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie M. Comeau et Mme Fréchette, pour leur
contribution à nos travaux.
Compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au vendredi 27 août 2021 à
8 h 35, où elle poursuivra son mandat. Merci à tous.
(Fin de la séance à
17 h 16)