(Dix heures)
Le
Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de la santé et des services
sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée
de Maurice-Richard au ministre de la Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant : La gestion et la
préparation du gouvernement caquiste face à la deuxième vague de la
pandémie de COVID-19.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blais
(Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré); Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), par M. Poulin (Beauce-Sud); M. Tremblay
(Dubuc), par M. Lévesque (Chapleau).
Le Président (M. Provençal)
: Merci, madame. Je comprends qu'il y a une entente à
l'effet que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième
série d'interventions alors que le troisième groupe d'opposition interviendra
lors de la cinquième série d'interventions.
Mme la députée de Maurice-Richard,
vous avez maintenant la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Bonjour, bonjour à vous. Bonjour à
M. le ministre ainsi qu'à vos
collègues de la banquette parlementaire qui sont présents ici aujourd'hui.
C'est important de se réunir, dans le contexte. Il y a eu plusieurs échanges cette semaine, mais il demeure encore de
nombreuses questions sur la préparation du gouvernement pour cette
deuxième vague de la pandémie dans laquelle on est.
Vous me
permettrez, M. le Président, peut-être juste de faire un très court
aparté, avant de se lancer dans le vif du sujet, pour faire un très court suivi sur nos crédits du 20 août
dernier, dans lequel le ministre s'était engagé à nous faire... nous
revenir sur plusieurs éléments sur lesquels il n'avait pas... pour lesquels il
n'avait pas les réponses au moment où il y
avait eu les échanges. Il s'était engagé à déposer... à nous revenir avec des
réponses. Ça fait déjà plus d'un mois que ces échanges ont eu lieu, donc
on souhaiterait... si le secrétariat peut faire un suivi, mais la collaboration
du ministre, également, pour... dans une
question de rigueur et de transparence, de nous faire suivre ces éléments-là ainsi
que, si je peux me permettre...
encore là, c'est peut-être un message au niveau du secrétariat, mais la
Commissaire à la santé et au bien-être aussi,
Mme Castonguay, qui venait d'être nommée pour son mandat, était dans
l'impossibilité de répondre à plusieurs questions qu'on lui a posées, ce qu'on comprenait dans le contexte, mais
elle s'était engagée aussi à nous revenir avec précision sur certains éléments, dont la nature de ses pouvoirs dans le
cadre du mandat qui lui a été confié. Je comprends qu'un mois plus tard on n'a toujours pas les
réponses, donc on souhaiterait vraiment qu'il y ait un suivi qui soit fait
avec beaucoup de diligence sur ces enjeux-là.
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Montpetit :
Je vous remercie. Je commencerai, M. le Président, sur... On a vu, là, sur
les reportages qui ont eu lieu hier, tant à TVA qu'à Radio-Canada, d'Enquête et de J.E., qui sont revenus sur la
gestion du gouvernement dans
les CHSLD au printemps dernier... j'aurais
envie de vous dire, bien, que ce sont deux reportages extrêmement pertinents qui ont été faits et qui sont venus mettre en lumière
plusieurs situations qu'on avait décriées, nous, au printemps. On a... j'ai moi-même
sonné la sonnette d'alarme à plusieurs
reprises au printemps auprès des autorités, auprès du gouvernement sur ce qui se passait dans les CHSLD. Et les
décisions, souvent, ne sont pas venues, malheureusement, à temps de la part
du gouvernement, et souvent il y avait une déconnexion totale entre le discours
du premier ministre et ce qui se passait réellement sur le terrain, et ces deux
reportages sont venus illustrer exactement ces éléments.
On se
rappellera qu'il y a eu plus de 4 000 décès dans les CHSLD. Et, à
l'heure actuelle, moi, je suis inquiète et préoccupée de ce qui est en train de se reproduire dans nos résidences
pour personnes aînées et dans les CHSLD également. À l'époque, tout ce qui a été soulevé dans ces
deux reportages, le fond des commentaires qui ont été faits porte sur le
fait que c'étaient des situations qui
auraient dû... c'est des enjeux qui auraient dû être anticipés et qui auraient
pu être anticipés, et je fais
référence, par exemple, entre autres, à la question du matériel de protection.
Je l'ai dit et je vais continuer de le redire, il y a eu une déconnexion entre les points de presse du premier
ministre, qui rappelait tous les jours qu'il y avait du matériel disponible dans les... pour tous les travailleurs
de la santé, alors que — tous ces travailleurs-là pourront vous le redire — il manquait de matériel dans
plusieurs CHSLD, je l'ai moi-même vécu. Il y avait un rationnement qui a été
fait, aussi, et qui obligeait les
travailleurs de la santé à utiliser les mêmes jaquettes pour passer d'une zone
chaude à une zone froide, pour passer
d'une chambre d'un patient avec COVID à un patient pas COVID. Malheureusement,
il n'y a rien de surprenant que, dans
ce genre de situation là, le virus se soit propagé aussi rapidement et aussi
agressivement. Mais, quand le premier ministre ne veut pas entendre son
réseau, ne veut pas entendre les travailleurs de la santé, malheureusement,
c'est ce que ça donne.
Et, quand je
parle d'anticipation, on a vu la ministre des Aînés, hier, qui a été incapable
de répondre à la journaliste qui lui
a demandé la raison pour laquelle il n'y avait pas de comité des aînés qui
avait été mis en place dès le départ. On se rappellera qu'il a fallu
attendre plus d'un mois entre la formation des premiers comités et le comité
des aînés. À ce moment-là, il y avait plus de 400 foyers d'éclosion dans des
CHSLD, situation absolument dramatique et irrécupérable. Comme on l'a vu, une fois que le virus entre, il
ne peut pas ressortir, ce n'est pas un robinet que l'on referme. Et elle
a été incapable, comme ministre
des Aînés, hier, de répondre à une simple question, qui était : Pourquoi
avoir attendu un mois avant de former
ce comité? Et il n'y aura jamais une justification acceptable de dire : On ne
savait pas, parce que c'est
faux de dire qu'au mois de mars on ne savait
pas que les gens les plus vulnérables de la société à la COVID-19 étaient
les aînés. On le savait, à ce moment-là, on l'avait vu par ce qui se passait en Asie, par ce qui se passait en Europe.
On le savait très bien, épidémiologiquement, que ces personnes les plus
vulnérables allaient être nos aînés, et les aînés sont concentrés... il y a
une clientèle encore plus vulnérable qui se retrouve en CHSLD, donc il n'y avait
aucune raison de ne pas mettre un comité sur pied à ce niveau-là. Donc,
je pense que ça a été une très... c'est inconcevable pour moi, c'est une très,
très mauvaise lecture du gouvernement qui a été faite à ce moment-là.
Et ce qui me
préoccupe, à l'heure actuelle, c'est de voir qu'il y a encore des éclosions, à
l'heure où on se parle, qui reprennent
dans des CHSLD et dans des résidences pour personnes aînées. En ce moment, on
est à près de... pas à près, mais à
20 CHSLD qui ont des cas, à 40 résidences pour personnes aînées qui
ont des cas, et ces nombres sont en progression depuis quelques jours. Et ça, c'est très préoccupant, parce
qu'effectivement, avec toutes les mesures qui ont été mises en place et qui devraient être mises en place, on
devrait avoir appris de la première vague, et ce genre de situations ne
devraient pas se reproduire. Et le
gouvernement devrait être encore plus préoccupé, s'il ne l'avait pas compris la
première fois, que les plus
vulnérables sont les aînés, notamment ceux qui se retrouvent en résidence et en
CHSLD, parce qu'il y a une concentration, justement, physique, et là
c'est très propice, justement, à la contamination.
Donc, dans ce
contexte-là, moi, ce que je souhaiterais demander au ministre... Il a déposé un
plan, à la fin du mois d'août, avec certains
éléments qu'il souhaite atteindre d'ici... bien, le 30 septembre, c'est
dans cinq jours, donc je présume qu'il
a progressé dans ces objectifs-là et qu'il pourra nous en faire part. Si ce
n'est pas aujourd'hui, ce sera la semaine prochaine, s'il veut attendre vraiment au 1er octobre pour nous
faire un bilan. Mais, deux choses, s'il pouvait déposer la liste des directeurs généraux — il s'était engagé à mettre des directeurs en
place dans tous les CHSLD, c'est une liste de plus de 400 noms — s'il pouvait s'engager à nous la déposer ou
à nous déposer une progression — je présume qu'il sait est-ce qu'il
est rendu à 60 %, 40 %, 80 % — s'il peut nous informer
là-dessus.
• (10 h 10) •
L'autre
élément auquel j'aimerais qu'il réponde... On a parlé beaucoup de mobilité de
personnel dans les derniers jours, on
sait à quel point, au printemps, ça a été un problème. Moi, je le répète, je
l'ai vécu, de mes yeux vu, il n'y avait pas de test de dépistage lorsqu'on était un nouveau venu dans un CHSLD,
ce que je trouve absolument scandaleux, je le répète. J'en avais parlé au chef de cabinet du ministre, à l'époque.
Même moi, je l'ai demandé, j'ai dit : Je veux être testée avant de rentrer dans le CHSLD et à la fin du
moment où j'y serai pour s'assurer, justement, de ne pas être un
vecteur. Les employés ne se faisaient pas
tester. Les employés changeaient de CHSLD, les travailleurs changeaient de
CHSLD et donc sont devenus propagateurs malgré eux. À l'heure actuelle, il y a
une interdiction de mobilité des préposés aux bénéficiaires,
on a parlé aussi de la question de la mobilité des infirmières. Mais j'aimerais
que le ministre nous réponde bien
précisément sur une chose : dans son plan, il parle d'interdire la
mobilité, bon, des bénéficiaires puis de maintenir au minimum la mobilité des infirmières, infirmières
auxiliaires et autres professionnels de la santé, il ne fait pas
référence, dans le plan, aux autres
employés. Puis je m'explique, on l'a vu cette semaine, entre autres dans les
médias, des cuisinières qui
disent : Dans la même journée, je peux faire trois, quatre CHSLD. Je
voudrais savoir pourquoi cette mobilité-là n'a pas été interdite. Puis
je vous l'explique bien simplement : un cuisinier va être en contact avec
le nutritionniste, le nutritionniste est la
personne qui va monter les cabarets sur les étages, qui va les donner aux
préposés aux bénéficiaires qui vont
nourrir les résidents, donc la chaîne de la contamination, elle est toujours
présente. Donc là, je parle des cuisiniers, des gens en cuisine, mais il y a les concierges, il y a toutes sortes de
gens. J'aimerais savoir pourquoi le ministre n'a pas... ne s'assure pas qu'il n'y ait pas aucune mobilité.
Je comprends qu'en termes d'infirmières il a fait référence à la pénurie
de personnel, mais je voudrais savoir pourquoi il n'interdit pas toute mobilité
de personnel autre. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, je vous cède
la parole.
Réponse du ministre
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, aujourd'hui, la
députée de la circonscription de Maurice-Richard nous propose
de parler de la préparation de la deuxième vague. Je vais en profiter,
M. le Président, pour parler du contexte de cette nouvelle vague et
de nos actions qui sont soit en préparation, en cours ou qui sont déjà complétées, une deuxième vague, je pense qu'il est
important de mentionner, qui est différente de la première. La première vague que nous avons vécue, elle était forte dans la
Communauté métropolitaine de Montréal, elle était concentrée principalement dans les CHSLD. La nouvelle vague,
celle que l'on commence à vivre présentement, touche beaucoup plus fortement les régions qui ont été notamment épargnées par la première vague. Les jeunes sont beaucoup
plus touchés que ce qu'on a connu au
printemps. Il y a une différence importante, c'est qu'on n'a pas un Québec qui
est en pause, contrairement à la
première vague, puis ça, je pense que c'est la bonne nouvelle. Il y a plus de contacts.
En contrepartie, on a réussi à
convaincre les Québécois de suivre, de façon générale... la grande
majorité, très grande majorité des Québécois suivent les conseils
sanitaires. Alors, je pense que la nouvelle vague, elle est différente, un environnement
différent.
Par contre,
je pense qu'on le réalise tous les jours, qu'on a à
travailler avec un réseau de la santé qui est affaibli. Il était affaibli avant. La première vague, ça a été
des moments très difficiles pour tout notre réseau de la santé. J'en
profite pour les remercier parce que ces
gens-là ont fait un boulot assez incroyable — mais, malheureusement, on est déjà dans la deuxième vague — et je
les en remercie.
Bon, maintenant, il est important de revenir sur
les consignes de santé publique. J'en profite ce matin, M. le Président,
pour faire un peu état des points que j'ai mentionnés hier, au
dernier point de presse, parce que je
pense que le meilleur plan d'action
qu'on peut avoir, c'est d'avoir la collaboration des citoyens. Et, comme je vous l'ai expliqué
hier, M. le Président, on a besoin de faire un effort supplémentaire au
cours des prochaines semaines pour s'assurer qu'on minimise le plus possible la contagion communautaire. Puis souvent, pour
nous, c'est un mot qui ne veut peut-être
pas dire grand-chose, quand on parle de
contagion communautaire, mais la contagion communautaire, c'est ce qui nous arrive lorsqu'on est avec nos amis, avec nos parents et avec les gens pour
qui... et puis c'est peut-être par réflexe, qu'on a le moins de gardes,
mais c'est peut-être là que sont les plus grands dangers parce que c'est là
qu'on se rapproche, puis il peut y avoir quelqu'un qui... un ami ou un parent
qui, lui aussi, a été en contact, et c'est là que le danger et la chaîne de
contamination commencent. Alors, j'aimerais le rappeler, en profiter, de ces
quelques moments, pour rappeler à la population
comment c'est important de suivre les consignes et de faire un effort
supplémentaire pour limiter, comme je l'ai expliqué hier, les contacts
sociaux, parce que, dans les prochains jours, on aimerait bien voir la
différence, parce que, malheureusement, la propagation de la pandémie continue
en ce moment.
J'aimerais
dire, aussi, que nous avons beaucoup appris de la première vague, beaucoup
appris. C'est un examen difficile,
mais c'est un examen qui peut nous donner des grandes leçons. Je peux donner à
penser, par exemple, le rapport
Montréal. J'ai la chance d'avoir une sous-ministre, Mme Dominique Savoie, qui est en place
depuis... un peu comme moi, là, depuis quelques mois avant moi, et qui a
ce qu'on a appelé le rapport de Montréal, qui a été un rapport qui a été préparé pour voir et faire état de tous les enjeux
de gouvernance qu'il y
avait au niveau de la Santé
publique, et ça depuis, malheureusement, la réforme libérale. Avant la réforme libérale,
la Santé publique avait un rôle régional puis avait une gouvernance qui était régionale. Après la réforme, la Santé publique était... le
rôle était difficile à savoir qui faisait quoi. Puis, on l'a vu à Montréal
avec le nombre de centres régionaux, là, qu'on appelle des CISSS et des CIUSSS,
autant universitaires et autres, c'était excessivement difficile de coordonner les activités et de... je ne dirais pas de
faire travailler les gens en silo,
mais c'était un peu ça. Alors, on a appris beaucoup de ça. Et le rapport Montréal...
je vous dirais que l'essentiel des recommandations qui ont été faites
par le groupe de travail ont été appliquées.
Bon, maintenant, j'aimerais aussi rappeler aux gens qui nous écoutent qu'on a pris, et
je l'ai expliqué tout à
l'heure, le réseau de la santé dans un
état pitoyable lorsque nous sommes arrivés au gouvernement. Puis ça, ça
vient des années libérales, qui n'ont peut-être pas eu la priorité autre
que sur celle des médecins, de payer largement les médecins. Mais peut-être qu'en santé publique il y a
eu... et j'aimerais vous présenter un graphique, là, qu'il me fera plaisir de
déposer, mais je voulais le présenter aux
gens qui nous regardent, là, ça, c'est le budget en santé publique en
2016, avant les coupures libérales,
et des coupures... je vais le monter un
petit peu plus haut — merci, merci, M. le Président — parce
que c'est important que les gens le voient, les coupures qui ont été
faites au cours des dernières années, puis regardez ce qu'on a dû
inverser pour revenir à un niveau un peu plus élevé que c'était par le Parti
libéral. Et ça, ce n'est pas des dépenses en... ce n'est pas dans des camps de
chasse, là, c'est en santé publique.
Alors, j'ai
très hâte de continuer à avoir une discussion avec la
députée de Maurice-Richard pour qu'elle nous explique
c'est quoi, notre plan. Parce que nous, on en a un, plan, mais je voudrais
savoir c'était quoi, le plan de couper 40 millions en santé
publique il y a quelques années. Alors, ça sera intéressant qu'elle puisse nous
l'expliquer aussi, M. le Président.
Je vais
continuer. Les ressources humaines... C'est évident que, dans l'état où on a pris
autant la Santé publique, je viens de le mentionner, avec les coupures importantes
qui ont été faites — et
nous, on a fait un investissement d'une cinquantaine
de millions, juste à notre première année — c'est sûr que la pénurie de main-d'oeuvre est un
enjeu majeur pour nous, que ce soit
au niveau des infirmières, que ce soit au niveau des préposés aux bénéficiaires, mais des médecins aussi. Les médecins sont bien payés, mais c'est
difficile, toujours, d'avoir le bon médecin au bon endroit. Et on l'a vu, on a
eu un enjeu majeur avec les médecins,
notamment, de la FMOQ, des médecins qui n'étaient pas dans les CHSLD, et qui a
été... qui a eu un impact assez important
durant la pandémie. Alors, dans le contexte dans lequel nous avons travaillé,
je pense qu'il... étant donné les
coupures qui ont été faites, je viens de l'expliquer, étant donné la réforme
que nous avions à faire sur la
gouvernance, la pénurie de main-d'oeuvre à laquelle le précédent gouvernement
ne s'est pas attaqué avec sérieux, nous avons vécu, je dirais, une
première vague qui a été excessivement difficile.
• (10 h 20) •
Maintenant,
qu'est-ce que nous avons fait, nous, depuis ce temps-là? Bien, nous avons fait
une préparation importante depuis la
fin de la première vague, entre autres au niveau des services qu'on appelle
médicaux qui sont spécialisés, puis je pourrais
vous en faire une énumération. Ce qu'on a fait en avril, on a mis en place les
recommandations pour la reprise des activités dans le secteur de
l'imagerie médicale, on a mis en place un plan d'adaptation des niveaux
d'activités en cancérologie, au mois de mai, le ministère a mis à jour les
directives concernant toute la publication de la reprise des activités spécialisées, au mois de mai, le
ministère a mis à jour aussi le guide des activités de reprises spécialisées,
au mois de juin, on a publié un plan
de reprise — dont
j'ai parlé — des
activités de dépistage pour le cancer du sein et au mois de juin, en
fait, on a fait le plan global pour la reprise des chirurgies.
Tout ça, M. le Président, est sur notre site
Internet du ministère de la Santé, puis je pense que c'est important de le dire
aux gens qui nous regardent, parce qu'on
entend souvent toutes sortes de choses qui nous viennent de l'opposition — «manque de transparence», c'est un
mot que j'entends souvent — puis
je pense que j'aimerais... je le redis, puis j'espère que la députée de Maurice-Richard, un jour,
pourra comprendre que c'est important, c'est très important d'avoir une
approche constructive lorsque nous vivons la
crise que nous vivons présentement, M. le Président. Alors, moi, j'aimerais
dire que nous allons continuer à
faire le maximum. Je pense que les gens doivent être rassurés que, notamment,
nous avons un plan, nous sommes en
train de l'exécuter. Pas plus tard qu'il y a quelques minutes j'étais en
discussion avec les représentants de trois fédérations de médecins
spécialistes — en
oncologie, en imagerie, en chirurgie — pour discuter avec eux comment nous pouvons maintenant travailler au cours des
prochains mois dans cette nouvelle vague. Et je pense que... je ne pense pas qu'il y a beaucoup,
beaucoup de citoyens, ici, ce matin, qui nous écoutent, qui pensent que
nous n'avons pas un plan qui va fonctionner pour passer à travers la deuxième
vague. Merci, M. le Président.
Argumentation
Le
Président (M. Provençal)
: Je
vous remercie. Nous allons initier la période
d'échange. Mme la députée de Maurice-Richard,
vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. C'est
intéressant de voir l'évolution du discours du ministre de la Santé,
qui passe en mode attaque, faute d'avoir des réponses. Parce que
je sais, il me l'a mentionné à quelques reprises dans les dernières semaines, qu'il est un peu las qu'on lui repose les
mêmes questions, mais, quand il ne donne pas de réponse, bien, c'est la
raison pour laquelle on repose des questions.
Donc, ma
question, elle était fort simple : Pourquoi n'interdit-il pas la mobilité
de l'ensemble du personnel non professionnel
dans les CHSLD? Je ne l'ai même pas entendu aborder cette question-là,
donc je vais lui reposer la question. Puis
je vais revenir sur le fait qu'il faut... Je l'entends refaire l'histoire puis
aborder certains éléments, là, mais ce qui...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: S'il vous plaît!
Mme Montpetit : ...ce qui est
la réalité, là, c'est que le constat qui est fait, les 4 000 décès,
c'est une vaste improvisation du gouvernement à cette époque-là. C'est... On voyait, hier, la ministre
des Aînés qui dit : Je n'ai pas été écoutée, je n'ai rien pu faire, c'est la faute au premier ministre, c'est la faute au directeur de la santé publique. On a le ministre
de la... le premier ministre qui a démotionné l'ex-ministre de la Santé ainsi
que son sous-ministre, ce n'est certainement
pas à cause des années libérales, ça, et ce n'est certainement pas parce qu'il
était satisfait du travail qui a été fait et du bilan, qui, je le
rappelle, est de plus de 4 000 morts dans les CHSLD.
Et j'en
reviens à ma question, puis j'espère que le ministre
y répondra, s'il a la réponse, évidemment, mais ça a été une vaste improvisation qui a été faite dans les CHSLD, et ils ont
échoué à protéger le personnel et les travailleurs de la santé, et c'est la raison pour laquelle on s'est
retrouvés, justement, avec une pénurie encore plus exacerbée dans un
contexte de santé... de pandémie. Je vous le
rappelle, c'est plus de 15 000 travailleurs de la santé qui ont été
infectés par la COVID. Et pourquoi
ces gens-là ont été infectés? Ils ont été infectés par le manque de réactivité
du gouvernement, par le manque de... la pénurie de matériel médical. Ce n'est pas moi
qui l'invente, là, il y a eu pénurie de matériel médical. Quoiqu'en
dise le premier ministre sur la place, plein de travailleurs de la santé
pourront vous le confirmer. Ça a été exacerbé par des directives puis des protocoles qui ont changé de jour en jour puis par
le manque de préparation du gouvernement. C'est ça, la réalité. Ça a été une vaste improvisation qui a fait que les
travailleurs de la santé dans les CHSLD se sont retrouvés contaminés et ils ont propagé le virus d'un CHSLD
à l'autre, d'un résident à l'autre. Il
y a une rupture de confiance,
donc le premier ministre doit... le premier ministre et le ministre de la Santé
doivent regagner cette confiance-là avec les travailleurs de la santé et
doivent être clairs dans les directives qui sont prises.
Donc, ma question
au ministre, elle était fort simple : Pourquoi
est-ce qu'il ne vient pas encadrer la mobilité de personnel qui est non professionnel? Parce qu'en ce moment il l'a simplement limitée au
personnel professionnel. Ça, c'est une question, qu'il la prenne en
note, j'aimerais ça avoir une réponse.
Je voudrais
profiter du temps qu'il me reste pour aborder la question des chirurgies, puis
on pourra y revenir au bloc d'après,
je sais que le temps va toujours un peu vite. On a commencé à l'aborder. Le
ministre, mercredi, nous a bien confirmé
que le réseau, en ce moment, fonctionne seulement à 86 % pour les
chirurgies et qu'il va falloir augmenter à 110 %, 115 % pour être sûrs de rattraper toutes les chirurgies
qui ont été reportées. Là, on est à près de 140 000. Moi, je vais lui poser des questions bien simples là-dessus,
là. À quel moment on va arriver à ce niveau-là? Est-ce que c'est en
2021, 2022, 2023? Comment il va prioriser les différents cas? Est-ce que les
gens qui ont une chirurgie de genou, à l'heure actuelle, là, ils peuvent
s'attendre à avoir une chirurgie dans la prochaine année ou dans deux ans?
Et aussi,
s'il peut nous répondre clairement à ça, parce qu'on a plusieurs questions sur
ces éléments-là, et aussi il nous a
parlé des ententes avec les centres médicaux spécialisés, et j'aimerais, encore
là, par transparence — je le sais que c'est
quelque chose qui est important pour lui — qu'il nous dépose la liste du nombre de
centres médicaux spécialisés avec lesquels il y a eu des ententes, mais
aussi surtout le niveau d'activité, à l'heure actuelle, dans ces différents
centres.
Et
également, ma troisième question, il y a un tableau... il nous réfère souvent à
son plan de juin, il y a un tableau qui
avait été déposé sur les priorités et les livrables, je vais le redéposer en
cette Chambre pour fins de discussion. Au mois de juin, on était dans des indicateurs rouges partout. Je voudrais
savoir, aujourd'hui, à la fin septembre, comment ce tableau a évolué.
Donc, s'il pouvait refaire un dépôt de la progression des activités de
chirurgie, ce serait apprécié. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, je vais vous céder la parole pour
votre droit de réplique, cinq minutes.
M. Dubé : Très bien. Alors,
j'aimerais, M. le Président, profiter de ces quelques minutes là pour,
justement, redonner un petit peu de détails
à ceux qui nous écoutent sur le plan, effectivement, que nous avons déposé, ce
qu'on a appelé le Plan d'action pour
la deuxième vague. Je pense que les gens... Encore une fois, par souci de
transparence, ce plan-là, qui est en
neuf axes, là... puis là je vais m'assurer que je le mets à la bonne hauteur
pour que les caméras puissent le voir... Il faut que je monte encore un
peu? Oui, bien, voilà. Alors, ça, c'est une représentation du plan que nous
avons préparé, que nous avons déposé au mois
de juin, puis je vais en faire l'énumération, des principales composantes.
J'ai dit qu'il y avait neuf axes parce
que c'était justement
ce que... Je parlais, tout à l'heure, de l'examen qu'il y avait eu dans
la première vague pour s'assurer que nous pouvions avoir un plan d'action très
clair pour la deuxième vague. On était prêts au mois de juin.
Alors, je
vais commencer par les milieux de vie, les milieux de vie pour aînés. Donc,
c'est évident que, lorsqu'on parle de
deuxième vague, étant donné ce qui est arrivé dans les CHSLD, il fallait nous
assurer... puis je pense qu'il y a des recommandations
qui sont très claires qui ont été discutées, et chacun des points que je vais
présenter, M. le Président, a été discuté
amplement avec les P.D.G. de chacun des centres régionaux, qu'on appelle les
CISSS et les CIUSSS. Donc, milieux de
vie, pour maintenir un accès sécuritaire dans les CHSLD et les RPA, qu'on
appelle, les résidences pour aînés, pour les proches aidants, puis non seulement ça, mais d'avoir un gestionnaire
responsable par CHSLD, ça, c'est un engagement ferme que nous avons
pris.
Le deuxième
point, c'est d'offrir des services de soutien à domicile adaptés aux besoins
des usagers. On le sait que, pour les
clientèles vulnérables, dans la mesure du possible, si on est capables de faire
du soutien à domicile, c'est mieux. En termes de main-d'oeuvre, je pense
que les gens ne douteront pas des efforts qu'on a faits, même dans le courant
de la première vague, en engageant près,
maintenant, de 7 000 préposés. Il y a une deuxième cohorte qui est en
formation déjà pour qu'on puisse
monter jusqu'à 10 000, l'engagement qu'on avait pris, et notamment la mobilité de main-d'oeuvre dont j'ai parlé plusieurs fois et
dont les détails sont expliqués dans le plan.
Un plan de
dépistage très clair pour réduire les délais de l'ensemble du processus de
dépistage. Je prenais note, en regardant
mes notes, là, que j'ai de disponibles le matin, qu'hier on a eu
36 000 tests, 36 000 tests, M. le Président.
Alors, je veux remercier, encore une fois,
tout le personnel de la santé qui nous aide à faire de cette stratégie de
dépistage un succès, par les temps difficiles que nous vivons.
Le cinquième
axe, c'est la prévention et la gestion des éclosions. Alors, je pense qu'on a
mis en place ce qu'on appelle un PCI,
là, plan... puis vous allez m'entendre souvent parler de PCI parce que... c'est
ça, c'est la prévention et le contrôle des éclosions, qui a été mis en
place au mois de juin.
Le sixième
axe, c'est l'organisation clinique. Ça, c'est très important, c'est pour
soutenir une offre de services qui est optimale en chirurgie, etc., en
oncologie.
• (10 h 30) •
L'approvisionnement. L'approvisionnement, ce
sont — encore,
il y a beaucoup d'acronymes — les EPI, les équipements de protection individuelle. On sait que l'approvisionnement
a été difficile à la première vague parce que tous les pays, tous les États américains voulaient avoir
les mêmes équipements de protection. On a fait un système
d'approvisionnement beaucoup plus centralisé.
La
gouvernance, hein, la gouvernance, j'en ai glissé un mot tout à l'heure, c'est
le huitième élément du plan, pour s'assurer
qu'on précise des cibles et les tâches de chacun des acteurs du réseau. J'ai
parlé, tout à l'heure, de la gouvernance pour l'île de Montréal, mais il faut aussi s'assurer qu'il y a une
meilleure gouvernance entre notre ministère et le réseau. Maintenant, nous avons des appels à toutes les
semaines avec nos P.D.G. Je participe à ces appels-là pour sentir
vraiment ce qui se passe sur le terrain.
Puis, en
dernier lieu, bien, tout l'aspect des communications, qui est le neuvième axe,
c'est de rejoindre l'ensemble de la
population. Vous avez vu que le gouvernement a mis énormément de transparence.
Je vous l'ai dit, sur notre site Web, on
ajoute de l'information à tous les jours pour que les gens soient informés.
Puis j'en profite aussi pour dire que, ceux qui veulent voir les centres de dépistage, nous avons, sur notre site
Web, maintenant, les temps d'attente pour tous les centres de dépistage.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Beauce-Sud,
cinq minutes.
M. Poulin :
Merci beaucoup, M. le Président. Content de vous retrouver, collègue,
d'ailleurs, de la circonscription de
Chaudière-Appalaches. Nos comtés sont limitrophes, bien content de vous
retrouver à votre commission parlementaire, parce que je n'ai pas
souvent la chance de pouvoir y être, à la Commission de la santé et des
services sociaux, mais c'est un plaisir.
Je veux saluer, évidemment, M. le ministre, qui
fait un travail exceptionnel ces jours-ci. Je sais qu'il passe de nombreuses
heures au travail et qu'il fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire en
sorte qu'on puisse retrouver une vie normale le plus rapidement possible, alors je veux le saluer, aussi
ses équipes. Mes collègues, M. le député de Chapleau, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, l'une des plus belles régions au
monde, alors, je vous salue. Je veux saluer la députée de Crémazie,
également, porte-parole de l'opposition officielle en matière se santé...
Une voix : ...
M. Poulin :
...Maurice-Richard, oui,
excusez-moi — je sais
qu'elle s'est battue très fort pour son changement de circonscription,
alors c'est bien de le prononcer — M. le député de Jean-Lesage également,
ainsi que les gens qui les accompagnent.
Je pense que
les 125 députés de l'Assemblée nationale, on n'est pas venus en
politique... et quand on s'est présenté le 1er octobre 2018, on
n'est pas venus en politique en s'attendant à gérer cette pandémie-là et en se
disant qu'il pourrait y avoir une situation aussi exceptionnelle que celle-là.
Évidemment qu'on a été surpris de l'ampleur de cette pandémie, qui est mondiale, faut-il le rappeler, qui touche plusieurs
pays à travers le monde. Évidemment, on a les yeux rivés vers le Québec et on tente de voir de quelle
façon on peut faire pour que ça puisse se passer le mieux possible, mais
évidemment qu'on va se souvenir toute notre
vie de ces moments-là, comme parlementaires, dans le cadre de cette pandémie.
Malgré tout
ça, il y a des aspects positifs, je pense, entre autres le travail exceptionnel qui a été accompli par
le premier ministre à faire en sorte qu'on puisse accélérer la mise
en place de préposés aux
bénéficiaires. M. le Président, je me suis rendu au
CFP Pozer, centre de formation professionnelle Pozer, chez nous, dans mon
comté, où on forme actuellement plus de 60 préposés. Ils ont terminé la
semaine dernière. Je veux saluer le directeur du centre de services,
Normand Lessard, la directrice générale, Lucie, et l'enseignante, Sonia
Rodrigue, que j'ai rencontrés.
Et, avec ce
qu'on est en train de faire là, de former 7 000 préposés qui sont maintenant dans le réseau de la
santé, on change des vies, littéralement. On
ne change pas juste des vies pour, évidemment, les gens qui recevront les
services des préposés aux
bénéficiaires, mais j'ai rencontré des hommes, des femmes qui ne sont pas là
pour le salaire, qui ne sont pas là pour ce qu'on est en train de leur
offrir, qui sont vraiment là pour pouvoir prendre soin de nos aînés en CHSLD.
J'ai rencontré une dame dont sa grand-mère
est décédée de la COVID-19, et elle, elle travaillait pour Postes Canada toute
sa vie, puis elle a mis de côté Postes
Canada, puis elle a dit : Moi, je m'en viens travailler comme préposée aux
bénéficiaires. Alors, je pense qu'on marque l'histoire en formant ces
7 000 préposés là.
Puis faut-il le rappeler, que, quand on est
arrivés en fonction, il en manquait? Il en manquait depuis plusieurs années, du
personnel dans le milieu hospitalier. Puis on ne peut pas les inventer, il faut
les former, il faut mettre les ressources en place. Et, avec la formation
accélérée de trois mois, je pense qu'on fait littéralement la différence.
Puis je veux
saluer les préposés qui s'y engagent ces jours-ci, qui sont à leurs premiers
jours. Puis, vous savez, quand on
débute un emploi, les premiers jours, comment ça peut être stressant, énervant,
alors il faut avoir des pensées pour eux.
Puis je sais que les enseignants font un travail formidable dans la préparation
de ces préposés aux bénéficiaires là. Puis ça, ça ne portera pas la signature du Parti libéral du Québec, ça va
porter la signature de la Coalition avenir Québec, sous l'impulsion de François Legault. Et le premier
ministre a déjà dit : Si j'ai juste fait ça, là, bien, j'aurai réussi
quelque chose de grand, et je suis entièrement d'accord avec lui. Puis
j'invite les collègues à aller rencontrer ces nouveaux préposés là et à
discuter avec eux.
On a parlé,
tout à l'heure, de la santé publique, qui était un mot qu'on prononçait moins
au Québec depuis plusieurs années. La
santé publique, là, on le prononce plusieurs fois par jour. On fait des
enquêtes épidémiologiques, ces jours-ci. On recherche des gens,
d'ailleurs, pour mener ces enquêtes épidémiologiques là, mais il n'y a rien de
mieux que d'être bien préparé à une crise.
Il faut savoir que la santé publique, bien, il y a eu des coupures dans les
dernières années. Ça, c'est l'histoire,
là, qui nous le dit. Le ministre y a fait allusion : 2015‑2016, des
coupures de 44 millions de dollars. On ne savait plus, là, qui s'occupait de la santé publique. Ça
relève-tu de la Santé publique nationale? Ça relève-tu des CISSS? Et on
est en train... et le gouvernement est en
train de faire en sorte que la santé publique puisse retrouver ses lettres de
noblesse qui ont été enlevées. On a investi près de 50 millions de dollars
auprès de la santé publique, et, à terme, bien, ça va nous permettre de mieux sensibiliser, de mieux faire
comprendre les mesures, de mieux faire en sorte qu'on puisse faire les enquêtes épidémiologiques. Puis, encore une fois,
ce sont des hommes et des femmes qui se dédient, présentement, au Québec, à faire en sorte qu'on puisse combattre le
virus. Alors, je veux les saluer pour le travail qu'ils font, et ça va
se poursuivre dans les prochains jours, dans
les prochaines semaines, puis on sera aux côtés de la Santé publique,
évidemment. Alors, je pense qu'on fait notre possible dans les circonstances,
et on en est très heureux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. Nous en revenons à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Puis, à défaut de me répéter, ça aiderait
beaucoup la collaboration, les échanges si le ministre pouvait répondre
aux questions qu'on lui pose, parce que ça fait plusieurs interventions qu'on fait au cours du dernier mois
et dans lequel on n'a pas de réponse. Donc, je lui réitère ma question.
S'il n'a pas de réponse, il aura été
informé. Je lui redemande la raison pour laquelle, dans son plan d'action, il
n'a pas interdit la mobilité du
personnel non professionnel. Ça va être un problème. Je l'invite fortement à se
pencher sur cette question et à nous revenir avec un élément de réponse
aussi.
Même chose,
il n'a pas répondu à la question à quel moment il pense que le réseau va
rattraper tous les délais de chirurgie,
et non plus... Je sais que c'est un homme d'indicateurs, c'est un homme de
chiffres, c'est des données qu'il devrait avoir, à l'heure actuelle, avec lui et qu'il devrait nous déposer :
le nombre de centres médicaux spécialisés avec lesquels des ententes ont été signées, le niveau d'activité
quotidien dans ces CMS, combien il y a de chirurgies qui sont faites par
jour, combien il y en a qui ont été faites
depuis que les ententes ont été signées. Parce que, si on veut être capables
d'avoir un tableau
indicateur et de savoir comment les choses progressent et comment on peut
rassurer les 140 000 personnes qui sont en attente d'une chirurgie, encore faut-il avoir ces informations.
Donc, de deux choses l'une, soit le ministre ne les a pas, soit il ne les partage pas. Donc, je
l'invite... je présume qu'il doit avoir ces chiffres, je l'invite à nous en
informer.
Je voudrais revenir sur la question de
l'oncologie, on y a fait référence cette semaine. De mars à juin dernier, il y a 26... il y a 74 % des tests de... il y
a une diminution de 74 % des tests de dépistage du cancer colorectal, il y
a une diminution de 66 % des
coloscopies. Il y a eu énormément de... il y a eu une mise sur pause, dans le
fond, de tout ce qui était dépistage.
On le sait, au Québec, c'est plus de 50 000 personnes, chaque année,
qui vont recevoir un diagnostic de cancer,
et c'est près de... un peu moins de la moitié qui vont, tristement, en décéder.
Et l'inquiétude, à l'heure actuelle, c'est
qu'en ayant mis sur pause le dépistage... l'inquiétude des hémato-oncologues,
elle est la suivante, c'est à savoir que les gens vont être dépistés de plus en plus tardivement, et les gens,
donc, vont avoir leurs chances de
guérison compromises parce que leur cancer va être pris à un stade beaucoup
plus avancé, hein, on le sait, le cancer, c'est une course contre la montre.
Et j'entendais, mercredi, en période de
questions, le ministre délégué à la Santé me répondre, grosso modo : Quand on aura géré la deuxième vague, on pourra
être plus précis sur le plan en oncologie. Ça, je pense que c'est venu augmenter encore davantage le niveau
d'inquiétude de la population. On ne peut pas mettre sur pause le dépistage en
oncologie parce qu'on est en train de faire face à une pandémie, l'un
n'exclut pas l'autre. Et j'ai eu plusieurs réactions de citoyens qui sont extrêmement
inquiets, à l'heure actuelle, mais aussi des organisations de défense des
patients avec le cancer qui militent et qui demandent un plan national de
rattrapage du dépistage et qui veulent vraiment avoir des précisions sur ces
éléments-là.
Le ministre
doit nous... doit être très, très clair aussi sur comment il entend reprendre,
rattraper le dépistage. À l'heure
actuelle, il n'y a pas de plan précis à ce niveau-là. On a entendu à plusieurs
reprises le Dr Champagne, le président des hémato-oncologues, dans les derniers jours, qui est venu sonner la
sonnette d'alarme... tirer la sonnette d'alarme en rappelant à quel
point ça allait être dramatique, les conséquences. On parle de vies humaines, à
l'heure actuelle, donc j'aimerais que le ministre soit très clair à ce
niveau-là. Je sais qu'il y a des documents, il peut me référer à tous les documents du printemps; moi, je lui parle
d'aujourd'hui, à la lumière de la situation où on sait qu'il y a
probablement plus de 5 000 Québécois dont le diagnostic n'aura pas été fait de...
auraient un cancer non diagnostiqué — ce
sera plus parce que c'est des données qui datent déjà du mois de juin — il y
a deux enjeux qui sont très clairs : il y a le dépistage des nouveaux cas
et il y a le suivi des patients qui ont déjà un cancer.
Donc,
j'aimerais qu'il puisse répondre à ces organismes-là
qui demandent un plan national très, très clair et qu'il vienne rassurer, aussi, les patients. Je veux
vraiment qu'il nous explique clairement ses intentions et qu'il nous
dépose des documents à cet effet-là, qu'on puisse savoir où il s'en va comme
ministre, parce qu'à l'heure actuelle on ne le sait toujours pas, malgré les
nombreuses questions qui ont été posées.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci, madame. Alors, M. le ministre, c'est à vous.
M. Dubé :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais peut-être revenir sur toute
la question des aînés, parce que,
comme je l'ai expliqué tout à l'heure, dans notre plan qui est en cours en ce
moment, j'ai bien expliqué que, dans la deuxième vague, on allait mettre
vraiment la priorité sur les aînés. Et je voudrais peut-être qu'on revoie
quelques mesures qui sont importantes, je vais en présenter quelques-unes, M.
le Président.
Bon, j'ai expliqué, premièrement, que l'accès
sécuritaire aux milieux de vie pour les proches aidants est très important. On l'a vu dans la première vague, pour
des bonnes raisons à ce moment-là et du niveau de connaissances qu'on avait du
virus, il y avait une décision qui avait été prise de retirer
les proches aidants, et ça a été une décision non seulement très difficile à ce moment-là, mais qui a eu un impact sur les résidents. Et, à ce moment-là, on a... suite à, peut-être,
un meilleur contrôle de prévention et le
contrôle des infections... être capable de ramener nos proches aidants, et on a
appris énormément de cet épisode-là, puis maintenant
on est capables d'avoir... de permettre aux proches aidants de venir
visiter leurs proches, parce que, on le sait, tout le monde a vécu des situations excessivement
difficiles. Donc, je reviens souvent avec
le système de PCI, là, de protection et de contrôle des
infections, je reviens souvent à ça, mais de l'avoir mis en place nous
permet de ramener les proches aidants pour rencontrer les leurs.
Deuxièmement, s'assurer d'une imputabilité qui est accrue. Qu'est-ce que ça veut dire, ça, imputabilité? Le mot simple, c'est d'avoir un gestionnaire responsable
localement. Ça, pour moi, c'est majeur. Ces personnes-là, j'en ai
reparlé hier lors de mon appel hebdomadaire
avec les P.D.G., les choses sont en place, et je suis très, très content de
pouvoir avoir cet engagement-là au
niveau des CHSLD. Mais il y a aussi d'avoir un responsable de toute la question
des PCI, j'y reviens, parce que c'est
beau, avoir un gestionnaire responsable, mais ce gestionnaire-là, il s'occupe
des horaires, il s'occupe de plusieurs
choses, mais nous avons demandé à avoir, par établissement, un responsable du
PCI pour s'assurer que l'équipement de protection, il est là mais qu'il
est porté par le personnel, etc. Donc, pour moi, ça, c'est un point très
important.
Bon,
maintenant, sur la question de la mobilité, je l'ai bien expliqué dans le plan
lorsque nous l'avons déposé, qu'il y
avait un enjeu de personnel. Bon, on en a réglé un important, c'étaient les
préposés aux bénéficiaires. J'ai expliqué, et on le sait, je pense que
les gens en sont conscients, que nous avons un enjeu avec les infirmières et
les infirmières auxiliaires. Et, comme
l'enjeu de main-d'oeuvre demeure toujours, présentement, nous avons demandé aux
P.D.G. de limiter au minimum la mobilité du personnel mais, je le
répète, tout en s'assurant que les normes de prévention et de contrôle des infections sont respectées. Et ça, ce
que ça veut dire, M. le Président, et ça s'applique, en fait, pour tout
le personnel des établissements, il faut
s'assurer... et on a demandé que,
lorsque le... si, dans le cas où il y
avait un CHSLD qui avait une zone chaude, c'est-à-dire où il y a eu des cas, où il y a eu une éclosion puis
qu'on a isolé un certain groupe, bien, que...
Le personnel peut passer d'une zone froide à une zone froide, ça, il n'y a pas
de danger, mais, lorsqu'on devrait passer... s'il y avait une obligation
de prendre ce choix-là et que le personnel puisse passer de la zone chaude à
une zone froide, bien, il va devoir y
avoir une signature, un engagement du P.D.G. qui nous confirme que ça a été fait et que
c'était la solution extrême. Et ça, pour
moi, c'est un engagement des P.D.G. qu'ils ont pris, et c'est très, très, très différent de ce que nous avons connu dans la première vague.
Parce que... Pourquoi, M. le Président, que nous
devons faire cette organisation-là? Parce qu'on manque de personnel. On manque de personnel, M. le Président, puis, je le répète à chaque jour, si on a à faire un choix entre
laisser des gens seuls, d'avoir un bris de
service, j'aime mieux avoir de la mobilité de personnel, parce que ce qu'on
veut, c'est servir nos gens. Puis des
histoires d'horreur comme il est arrivé à Herron, comme il est arrivé à
Sainte-Dorothée, bien... Moi, je pense
qu'on fait le bon choix, de permettre une mobilité du personnel, mais en autant
qu'elle se fasse dans les règles de la prévention et contrôle des
infections. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Alors, je vais maintenant donner la
parole au député de Chapleau.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, M. le Président. J'en profite pour vous saluer également, M. le
ministre, les collègues
de la banquette gouvernementale, Mme
la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, également M. le
député de Beauce-Sud, également
collègues de l'opposition, la
députée de Maurice-Richard, le député de Jean-Lesage, plaisir d'être ici avec vous ce matin.
Justement,
si on est ici ce matin, c'est parce que la population québécoise
de même que le gouvernement du
Québec font face, tout comme plusieurs
autres États dans le monde, à une résurgence des cas de COVID-19. Déjà,
comme on le sait, hein, la première
vague a été vraiment une épreuve difficile pour tous les citoyens.
La perturbation de la vie quotidienne a été très, très importante, mais aussi difficiles qu'aient été les mesures
de confinement, ceux qui ont été en première ligne ont été témoins de
toute la virulence de cette maladie.
Je tiens d'ailleurs
à prendre l'occasion qui se présente ici pour saluer le travail de l'ensemble
du personnel du réseau de la santé, et je le fais particulièrement pour
les gens de Chapleau, de Gatineau et de l'Outaouais. Les préposés aux bénéficiaires, les médecins, les infirmières, tout comme l'ensemble des techniciens
ou le personnel de soutien, le travail de chacun de vous est un rouage essentiel du système de santé. Et, bien
entendu, je crois qu'il est important de souligner que votre engagement est non seulement
exemplaire, mais qu'il est indispensable. Ce sont des métiers aussi nobles que difficiles que vous pratiquez, et c'est la moindre
des choses de prendre un petit peu de temps qui m'est imparti ce matin pour vous en faire part, en mon nom, au nom du gouvernement et surtout au nom des citoyens de la circonscription de Chapleau, de tout mon respect et de
toute ma gratitude.
Ceci étant dit, le travail et le dévouement du personnel de la santé doivent être
encadrés par une politique
rigoureuse et un plan d'action adapté à la
réalité particulière de la deuxième vague, comme en faisait part le ministre, à
laquelle nous faisons officiellement
face depuis quelques jours. Si nous
connaissons un peu mieux le virus qu'au printemps dernier, ce n'est pas une raison pour prendre la pandémie à la
légère. C'est pourquoi nous avons redoublé d'efforts pour mettre en
place les meilleures conditions pour limiter
autant que possible la propagation du virus, la multiplication des hospitalisations et, bien sûr, très
tristement, les décès.
Pour ceux qui
seront malheureusement atteints des symptômes aigus de la COVID-19, sachez que
le ministère a travaillé sans relâche
dans les derniers mois et les dernières semaines afin d'être prêt à faire face
à une forte hausse des besoins d'hospitalisation. Cela s'est fait, entre
autres, en optimisant la capacité hospitalière et en réorganisant les activités
de laboratoire, de pharmacologie et les services de première ligne. Le comité
directeur clinique a, en étroite collaboration avec les acteurs du réseau de la santé, élaboré
un ensemble de directives cliniques basées sur les évidences disponibles, notamment par des mandats
urgents donnés à l'Institut national
d'excellence en santé et en services sociaux.
Mais, bien en
amont des hospitalisations, outre les mesures de prévention sanitaire
habituelles, comme le port du masque,
le lavage de mains et la distanciation physique, le véritable nerf de la guerre
reste le dépistage. Actuellement, les autorités gouvernementales
émettent des balises et établissent des priorités pour l'ensemble du territoire
permettant l'identification rapide des cas afin de prévenir la transmission
dans les milieux et les communautés touchées par des éclosions. Ces mesures permettent à la fois l'utilisation judicieuse de
la capacité du réseau ainsi que l'optimisation des efforts de
coordination, bien entendu.
Par contre,
pour garder une essentielle flexibilité dans l'action sur le terrain, chaque direction
régionale de santé publique peut
ajouter à ces balises des critères qui lui sont spécifiques au contexte de son territoire, toujours pour cibler
les situations à risque. C'est d'ailleurs ce
sur quoi travaillent l'équipe et les gens dévoués du Centre intégré de santé et
de services sociaux de l'Outaouais. L'ensemble des intervenants s'affairent à
élaborer et à mettre en place des solutions répondant
aux besoins spécifiques pour les gens de Chapleau, de Gatineau et de
l'Outaouais pour endiguer cette pandémie. C'est l'objectif, je le répète.
Je les félicite et je les remercie de cet excellent travail.
Encore une
fois, cette stratégie a été élaborée sur la base des connaissances et des
pratiques épidémiologiques les plus à
jour, mais il faut garder en tête que la véritable clé résidera dans la
capacité d'adaptation du modèle en fonction de l'évolution de la
situation pandémique dans chacune des régions du Québec.
Plusieurs facteurs sont évolués... évalués,
pardon, pour déterminer les priorités des activités de dépistage, notamment. Bien entendu, la présence ou non de
symptômes subjectifs de la COVID-19 est un critère. Il y a également la question de la vulnérabilité de la personne, son
âge, l'immunodépression, etc. Les
contacts avec un cas confirmé ou suspecté est un autre critère, les milieux et les risques associés, donc tout ce
qui est question d'hébergement, d'industrie, de refuge, des milieux carcéraux, également sont pris en
considération, la nécessité de recevoir des soins médicaux, soit qu'il
s'agisse de chirurgie, d'obstétrique ou d'autres, la présence d'une éclosion
dans un milieu ou dans une communauté.
De plus, le ministère
identifie pour chaque région, selon la situation épidémiologique, des cibles de tests à
effectuer. Des mécanismes
de reddition de comptes ont ainsi été implantés pour permettre de mieux
connaître l'état de la situation sur l'ensemble du territoire et à une
fréquence déterminée, bien entendu.
Je
suis conscient que cette dynamique est fort complexe et que la structure
organisationnelle du réseau est appelée à s'adapter à des situations très volatiles. Par contre, je suis absolument
convaincu que, grâce à ses qualités de gestionnaire et son leadership
affirmé, le ministre de la Santé de même que le premier ministre ont toute la
confiance du peuple québécois et surtout du réseau de la santé. Merci.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède, à cette étape, la parole au député de la deuxième opposition, le député de
Jean-Lesage. À vous.
M. Zanetti :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre de la Santé, je suis très
inquiet de l'émergence des théories du complot liées à la pandémie, à la
fois mondialement et au Québec. C'est quelque chose qui apparaît sans précédent, une espèce de méfiance qui n'est pas
généralisée mais qui prend trop d'ampleur et qui, vous serez d'accord
avec moi, risque énormément de nuire au
respect des mesures sanitaires essentielles pour contenir la pandémie et sauver
des vies. C'est inquiétant. Ce n'est
évidemment pas le gouvernement qui en est la source, là. Et il y a beaucoup de
désinformations qui circulent sur les
réseaux sociaux que certaines gens méprennent pour des réalités puis qui les
font embarquer dans des théories, et après ça, bon, ça entraîne des
choses dramatiques.
Il
n'y a pas... C'est difficile de savoir qu'est-ce qu'un gouvernement peut faire
pour contenir ça, pour lutter contre cette
désinformation et cette méfiance, mais il y a une chose qui est claire, c'est
que la transparence est importante. Et la transparence pas dans n'importe quel domaine, la transparence et,
disons, la... disons... je dirais, l'indépendance marquée, là, face aux compagnies pharmaceutiques. En ce moment,
il y a un projet sur la table que je crains qui nourrisse la méfiance,
et c'est le projet de loi de partage des
données médicales des Québécoises et des Québécois à des compagnies
pharmaceutiques. On a déjà eu
l'occasion d'en parler, mais là il y a des éléments nouveaux, et je veux avoir
une garantie et une assurance de votre part par rapport à ça.
En
ce moment, il y a un projet, qui a été initié sous le gouvernement libéral, qui
est mis sur pied pour orchestrer le partage
des données médicales des Québécoises et des Québécois à des grosses compagnies
pharmaceutiques pour faire de la recherche. Il n'y a aucune preuve qu'on
est capables de faire ça en respectant l'anonymat des données. Beaucoup d'experts disent que ce n'est pas possible, qu'on
peut revenir en arrière sur l'anonymisation et avoir des gros problèmes avec la vie privée des gens. Le conseil d'éthique
de l'organisation, là, qui mène ça, sur ce conseil-là, bien, il y a Pierre Anctil,
qui est un ingénieur, ancien militant libéral aussi, qui a avoué aux policiers
avoir fait du financement illégal auprès du Parti libéral en leur donnant de l'argent de SNC-Lavalin, là,
une compagnie d'infrastructure qui espérait, évidemment, avoir des retours d'ascenseur et des contrats publics
avec ça. Puis c'est une personne comme ça qui est le gardien de
l'éthique de cette patente-là.
On
nous a dit... On a réclamé une
commission parlementaire, on nous a dit : Ah! avant d'établir... de
partager des données publiques à des compagnies pharmaceutiques privées,
il faudra qu'il y ait un changement législatif, ne vous inquiétez pas, il y
aura une commission parlementaire. On a dit : Bon, super, est-ce qu'on
peut avoir l'assurance qu'il n'y aura pas de partage avant ça? Et là c'est le
leader du gouvernement, hier, qui disait, en Chambre : Bien, il y a une commission parlementaire là-dessus, dans le fond,
on ne vous l'avait pas dit, mais il y a ça, il y a le projet de loi
n° 64, et c'est le lieu parfait pour
discuter de ces enjeux-là. Mais le projet de loi n° 64, la commission
parlementaire, elle est déjà commencée. Il est trop tard pour y inviter
les groupes pertinents à la question du partage des données médicales de la RAMQ à des compagnies privées. Et le projet de loi
n° 64, quand il a été mis de l'avant, il n'a pas été présenté comme
étant le projet qui allait permettre le
partage des données médicales des Québécoises et Québécois à des compagnies
pharmaceutiques. Là, les audiences sont commencées, trop tard pour inviter des
groupes pertinents. Dans les groupes pertinents,
il manque beaucoup d'experts en cybersécurité qui ont émis des inquiétudes
publiquement par rapport au projet de
Precinomics en particulier. Il manque l'AGISQ, qui est l'Association des
gestionnaires de l'information en santé du Québec, ceux qui gèrent les données médicales, ils ne sont même pas
invités aux audiences publiques du projet de loi n° 64. Puis c'est
supposé être ça, le changement législatif qui va permettre le partage de nos
données.
Il
y a un problème très grave. Il y a un problème grave de transparence, et je
pense que ce n'est rien pour rassurer les
gens. Il faut que vous fassiez les actions nécessaires. Il faut qu'il y ait une
commission parlementaire précisément sur le partage des données médicales des Québécoises et Québécois à des
compagnies privées pharmaceutiques et qu'on puisse faire venir les experts pertinents, parce qu'en ce
moment cette consultation publique là, elle n'a pas lieu, et on doit la
mettre de l'avant. Alors, j'aimerais savoir si le ministre va pouvoir s'engager
à ce qu'on ait une commission parlementaire précisément
sur ce sujet-là, qu'elle soit présentée comme telle et qu'on l'ait dans les
plus brefs délais. Parce qu'entre-temps, là, on a un ministre de
l'Économie qui nous a dit : Ça pourrait se faire dans trois jours, trois
semaines, trois mois.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. M. le
ministre.
M. Dubé :
Alors, merci, M. le Président. Je comprends très bien les interrogations du
député de Jean-Lesage, mais je vais
quand même dire qu'en ce moment il y a une commission parlementaire qui est
menée par le ministre de la
Justice, qui a aussi la responsabilité de la protection des données. Alors donc, j'aimerais lui dire que je
suis très, très sensible à cette cause-là, surtout que la Régie
de l'assurance maladie relève de la Santé. Donc, moi, je vous suggérerais de
continuer à suivre cette commission-là de très proche, parce que c'est
le projet de loi n° 64 qui en traite, mais je vous
dirais aussi que je crois qu'il y a
plusieurs autres projets de loi qui pourront être apportés si celui-là ne vous
permet pas d'accomplir vos objectifs.
Parce
qu'on a besoin, en santé, d'être beaucoup plus efficaces au niveau de la
gestion de nos données. Alors, je pense
qu'on aura l'occasion, M. le député... Puis je vois beaucoup votre intérêt par
rapport à la protection des données personnelles, que je respecte
beaucoup, je dois vous dire. Alors, au cours des prochains mois, là, dépendant
comment l'agenda législatif sera... ou
évoluera, je pense qu'il y aura probablement d'autres projets de loi qui viendront
adresser peut-être certains enjeux ou préoccupations que vous avez et que l'on
a tous.
Je pense
qu'on l'a vu, je vous donne juste, à titre d'exemple, la commission qui a été
faite pour discuter, entre autres, de
l'application COVID Shield, vous savez, vous avez vu comment ce n'est pas
facile d'obtenir un consensus de tout
le monde, pas juste de l'opposition, là, mais du gouvernement, sur... la minute
qu'on met... je ne dirais pas «en doute», mais qu'on met en jeu des informations personnelles. Puis, moi, ça me
préoccupe un petit peu, en ce moment, M. le député, parce qu'on a besoin, en ce moment, d'à peu près
tous les outils qu'on pourrait avoir besoin pour faire du traçage, puis
il y a encore une réaction, je dirais, négative à utiliser ce genre d'outil là,
malgré le besoin que nous avons.
• (11 heures) •
Alors, je
partage votre préoccupation, mais je vous donne juste que... À l'extrême, ce
qu'on vit, en ce moment, dans le cas
de la COVID-19, la deuxième vague, est-ce qu'un outil comme cette application-là,
là, qui a été faite par le... qui a été appuyée par le gouvernement fédéral... Je sais que vous n'aimez pas ça
quand je réfère au gouvernement fédéral, mais je vous dis, au moins, cette application-là, elle est disponible, nous
pouvons la considérer, mais ce serait important qu'on ait une discussion avec l'opposition, dans les
prochains jours, pour voir, si jamais on décidait d'y aller avec ça, si on
pouvait avoir leur support, parce que je
pense qu'on peut trouver une façon, selon moi, de bien expliquer que cette
application-là ne met pas en danger des informations personnelles. Mais je vous
dis juste que j'ai la même préoccupation que vous de comment trouver cet équilibre-là entre être moderne puis utiliser nos
données. Puis c'est pour ça que je vous fais le parallèle, peut-être
un peu simpliste, avec une application, parce que je comprends bien
que cette application-là n'a pas du tout le même impact sur les données personnelles. On parle de technologie
Bluetooth, etc., on n'est pas dans des renseignements personnels qui
transigeraient sur une ligne d'information. Alors, je suis très sensible à
votre point de vue puis je vous inviterais à
continuer à faire vos commentaires avec le ministre de la Justice, parce que
je pense qu'il est très sensible à ça.
J'aurais aimé
vous mentionner, en termes de transparence... Je fais peut-être
un aparté avec le plan que nous avons, je vois qu'il ne me reste pas beaucoup
de temps, puis peut-être que je pourrai revenir sur ce point-là un peu
plus tard, mais je pense qu'en matière de transparence on a été excessivement transparents dans les dernières semaines, derniers mois sur l'état de la situation de la crise. Et, je
vous dirais... puis j'ai beaucoup apprécié le ton de vos interventions. C'est ce
que je m'attends, qu'on puisse avoir ces
discussions-là lorsqu'on est ici, au Parlement. Puis je voulais vous remercier
de la teneur ou du fond de vos questions
lorsqu'on a la chance d'avoir des interventions ensemble. Alors, je vous
résumerais que je vais avoir besoin
d'avoir ces discussions-là encore avec vous. Puis, l'application en question
dont je parlais tout à l'heure, c'est un sujet que je voudrais qu'on
puisse trouver... ou avoir le temps d'en parler dans les prochaines semaines.
Merci.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, M. le ministre. Alors, maintenant, c'est au tour de la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré
à prendre la parole.
Mme Foster : Merci
beaucoup, M. le Président. Ce matin, je voudrais d'abord prendre quelques instants pour saluer les
députés de l'opposition, Mme la députée de Maurice-Richard,
M. le député de Jean-Lesage, également mes députés
de la banquette ministérielle ici présents, M. le député de Beauce-Sud,
M. le député de Chapleau. Alors, un beau bonjour. Et surtout je voudrais prendre quelques minutes pour saluer
notre ministre de la Santé, vraiment, qui fait un
travail exceptionnel avec toute son équipe, que je salue, ici, ce matin. À
l'heure où on entre dans une deuxième vague, c'est tout un rôle que celui de ministre
de la Santé, et je sais que le ministre
est totalement dévoué, ainsi que son équipe, fait un
excellent travail, un excellent boulot pour nous permettre d'être très solides
dans cette deuxième vague, dans notre mesure, comme gouvernement, à la CAQ.
Également,
bien, je dis un merci à la députée de Maurice-Richard pour nous permettre, ce matin, de pouvoir
parler santé, de pouvoir parler de cette deuxième vague. Bien sûr, ça nous permet d'exposer et d'expliquer un peu plus nos mesures.
Quand on
parle de deuxième vague, on parle, bien sûr, du traitement des
patients de la COVID-19, mais on parle également
de prendre soin des autres patients du réseau, parce qu'on sait que, pendant ce
temps-là, les gens n'arrêtent pas d'être
malades parce que la COVID existe, donc il faut prendre soin des autres
patients dans le réseau. On est prêts, on a un plan provincial de reprise des activités cliniques qui a été déposé le
4 juin dernier, le ministre en a brièvement parlé tantôt dans ses échanges. On l'a fait parce que, dans la
première vague, les activités spécialisées, bien sûr, ont pris du
retard. Ce n'était pas évident. On gérait ce
qu'on peut appeler, je crois, raisonnablement, la crise sanitaire du siècle, ce
n'était pas évident. En juin, on
était à 28,3 % de la production annuelle des chirurgies. Donc, le
4 juin, ce plan-là a été mis en place, et maintenant, aujourd'hui,
on est à 83 % de la production annuelle de chirurgies. Donc, on voit que,
définitivement, il y a eu une grosse amélioration.
D'ailleurs, j'en profite pour saluer, remercier
le personnel médical, parce que ce n'est pas une époque facile pour le
personnel médical. Ce sont nos héros, qui, chaque jour, oeuvrent auprès des
malades. Je salue, bien sûr, plus particulièrement
ceux de ma circonscription, Charlevoix—Côte-de-Beaupré, mais tout le monde au Québec qui
sont à pied d'oeuvre dans le système
pour prendre soin de nos gens, prendre soin de notre population. Je salue leur
dévouement, mais leur adaptabilité
également, parce que ça a pris beaucoup d'adaptation dans les derniers mois,
pour eux, pour s'adapter et pour continuer de développer des moyens de
bien traiter nos malades.
J'y vais maintenant sur notre plan. Je vous
disais qu'on avait déposé le plan le 4 juin. Il y a quelques mesures
là-dedans qui sont très, très intéressantes, qui nous permettent de maintenir,
vraiment, une offre de services optimale. Première mesure qui a été mise de
l'avant : on a autorisé les établissements à faire appel aux cliniques
médicales spécialisées
qui ont un bloc opératoire. Il y a 14 ententes qui ont été signées et il y
en a plusieurs qui sont en pourparlers encore aujourd'hui. À date, ça
nous a permis de réaliser, ces ententes-là, 5 500 chirurgies.
Autre action
qui a été mise de l'avant : prolongement des heures aux blocs opératoires.
Donc, on fait des chirurgies plus tôt le matin, plus tard en après-midi,
en fin de journée, également on ouvre les blocs opératoires durant la fin de
semaine. Donc, ça aussi, ça nous permet de rattraper des retards.
Dernière
action, c'est la mise en place de l'utilisation des plateaux techniques du
réseau. Et ça, c'est important parce qu'on offre aux patients
l'opportunité d'être opérés selon d'autres modalités qui étaient... que celles
qui étaient préalablement prévues pour passer plus rapidement. Donc, ça veut
dire quoi? Ça veut dire qu'on leur propose des alternatives comme changer de chirurgien, être opéré dans un autre
hôpital que celui de sa région ou encore, bon, se faire opérer ailleurs. Bref, on en convient, ce ne sont
pas les façons de faire habituelles, mais ça nous permet, dans le
contexte actuel, d'avoir une agilité supplémentaire pour opérer davantage de
patients.
Donc, c'est
un plan, certainement, qui nous permet de maintenir une offre de services,
comme je le disais un peu plus tôt, qui est optimale et sécuritaire dans
une situation qui, certainement, n'est pas parfaite parce qu'on est dans un contexte de COVID-19. Ce plan-là, vous pouvez le
retrouver à la page 83, là. Les actions que j'ai dites un peu plus
tôt, c'est à la page 83 pour être plus précis. Donc, ça montre qu'on est
quand même prêts.
Bien sûr, la
situation n'est pas idéale, mais c'est clair, net et précis que notre ministre
de la Santé est à pied d'oeuvre pour
réaliser ce plan de seconde vague, même si ce n'est pas évident. Mais c'est
clair que, comme gouvernement, nous sommes prêts et les chirurgies à
d'autres patients que ceux de la COVID vont être réalisées au Québec. Je pense
que les patients n'ont pas à avoir peur, nous continuerons de prendre soin d'eux.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Nous poursuivons cette interpellation avec la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Oui, je vous remercie, M. le Président. J'entendais le ministre faire référence
à la question de la transparence.
C'est un mot, effectivement, qu'on a utilisé beaucoup dans les dernières
semaines, parce que, quand on voit, justement,
que l'adhésion des Québécois aux messages du gouvernement est en train de
s'effriter, c'est une des raisons, ça et
la grande confusion des messages du gouvernement qui peuvent se multiplier dans
une journée par le même intervenant ou
par un ministre et son collègue... Et, s'il y a une chose qui est importante
dans une pandémie, puis on l'a répété souvent, c'est, oui, la question
de la transparence, mais de la cohérence et de la rigueur aussi.
On a demandé
à plusieurs reprises au ministre, dans les dernières semaines... Puis des fois
je ne sais pas s'il ne comprend pas ce qu'on lui demande. J'ai pourtant
l'impression d'être bien claire...
Une voix : ...
• (11 h 10) •
Mme Montpetit :
...j'ai l'impression d'être bien claire, mais on n'a pas le retour espéré entre
ce qui est demandé et ce qui revient.
On a demandé à plusieurs reprises, dans les dernières semaines, que le ministre
dépose des projections des scénarios
épidémiques. Je pense que vous m'avez bien entendue le demander à quelques
reprises, que ce soit publiquement, que
ce soit au salon bleu, que ce soit dans la période des crédits qu'on a faite il
y a deux semaines. Et la raison, elle est fort simple, il y a des projections qui étaient fournies jusqu'au mois de
juin, qui étaient rendues publiques jusqu'au mois de juin et qui permettaient au gouvernement, déjà, dans un
premier temps, de voir comment la situation pouvait évoluer et aux Québécois aussi de prendre la mesure de ce qui nous attend. On le voit aujourd'hui, 737 cas encore aujourd'hui.
Donc, la tendance continue d'augmenter, c'est préoccupant.
Et de deux
choses l'une... J'en reviens à la question des projections. Il y a
deux semaines, on s'est retrouvés au salon rouge, juste à côté, un mercredi, le ministre m'a dit : Ça va
être publié sur le site de l'INESSS d'ici la fin de la journée. Ce n'est jamais arrivé. On lui a reposé la question ici, en cette
Chambre, la cheffe du Parti libéral du Québec lui a demandé : Est-ce que
vous allez publier des projections? Il a dit : Oui, il va y avoir un
briefing technique, auquel, d'ailleurs, on n'a pas été invités, je le rappelle,
hein? Quand il est question de transparence, entendre le ministre de la Santé
dire : Vous l'apprendrez via les médias qui assisteront au briefing
technique, ce n'est pas particulièrement ce que j'appelle de la projection... de la transparence. Et, pendant ce
temps-là, on a aussi un premier ministre qui, lui, a dit : Non, il n'y a
eu aucune nouvelle projection de scénarios
épidémiques qui a été publiée depuis le mois de juin, nous n'en avons pas
demandé.
Donc là, je
pense que c'est assez clair qu'il y a un enjeu important de confusion entre les
différents scénarios, les différentes
réponses que le ministre nous fait dans les différentes interventions. Le premier ministre dit : Il n'y en a
pas, de projection. Le ministre
dit : Je vais en déposer, il ne les dépose pas. Après ça, il dit que ça va
être rendu public dans un briefing
technique. Je veux juste vous mentionner, M. le Président, que ce qui a
été présenté dans ledit briefing, c'est des analyses prévisionnelles et des projections des besoins hospitaliers. Ça n'a
rien à voir, mais rien à voir avec les projections de scénarios
épidémiques dont il est question.
Donc, moi, je
suis très inconfortable d'avoir des réponses un peu de coin de table où on me
dit : Oui, oui, je vais vous les
déposer, et non seulement ce n'est pas déposé quand on me le dit, après ça
on me dit qu'on va avoir des scénarios, ce n'est pas du tout les
scénarios auxquels on fait référence. Et là je continue d'attendre d'avoir une
réponse de est-ce qu'il y a des scénarios qui ont été élaborés depuis le
mois de juin ou est-ce que le gouvernement pilote complètement
à l'aveugle parce qu'il n'y a pas de
scénario. Puis on ne leur demande pas d'être des devins, on ne leur demande pas
d'avoir de boule de cristal, mais il y a
des épidémiologistes, il y a des experts en santé publique qui ont toujours
fait ce genre de scénario là, qu'ils ont fait au printemps et qui
devraient continuer de les faire.
Donc, s'ils veulent souhaiter d'arrêter d'être constamment
en réaction, comme ils le font maintenant, et qu'ils
veulent être un petit peu plus en prévision, il faudrait qu'ils aient ces
scénarios-là. Et les scénarios qui devaient être déposés, présentés en briefing technique ne sont
pas du tout les scénarios auxquels le ministre s'était engagé de les
déposer. Donc, je lui redemande, soit il n'a pas de scénario ou soit il nous
les dépose. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je veux rappeler, quand même, que le ministre est
le gestionnaire des informations qu'il possède, et c'est lui qui décide de ce
qu'il en fait. Maintenant, M. le ministre.
M. Dubé :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, je vais continuer dans le thème de
la transparence pour bien expliquer aux Québécois où nous en sommes dans
la crise.
Le Président (M. Provençal)
: ...
M. Dubé :
C'est parce que c'est rendu que je ne m'en rends même plus compte, que j'ai le
masque, M. le Président, alors je m'en excuse. C'est peut-être un
réflexe, là, des dernières semaines. Merci de l'avoir noté.
Alors, en
termes de transparence — puis je reviens sur ce thème-là parce que c'est souvent
évoqué — j'aimerais en profiter, ce matin, pour parler avec la population puis revenir sur
notre système d'alerte régional que nous avons déposé il y a quelques semaines. Et, une des raisons pour
laquelle nous avons préparé ce plan-là et déposé ce système d'alerte
régional là, notre gouvernement, M. le Président, avait deux objectifs :
tout d'abord, d'expliquer à la population... d'avoir une meilleure prévisibilité de ce qui pouvait arriver,
mais aussi d'avoir une responsabilisation ou d'aider la population dans
une plus grande responsabilisation, donc un outil pour la prévisibilité et pour
la responsabilisation.
En fait, je
remercie beaucoup les gens de la Santé publique, une très, très belle équipe
avec le Dr Arruda, mais particulièrement
le médecin spécialiste qui a développé ce système-là, le Dr Éric Litvak a
fait un travail incroyable. Puis d'ailleurs,
en parlant aux gens de la Santé... du ministère de la Santé en Ontario, ils
sont en train de reprendre la même formule
d'un système d'alerte à paliers avec les codes de couleur. Donc, je pense que
notre collègue de Santé publique a fait un excellent travail.
Maintenant,
je pense que le système, puis je veux l'expliquer rapidement, que les paliers
verts, les paliers jaunes, les paliers
orange, les paliers rouges... on l'a vu, on l'a expliqué, on a encore
aujourd'hui, malgré l'augmentation du nombre de cas que nous avons eus, M. le Président, dans les dernières semaines, au
moins huit régions qui sont dans le palier vert. Ça, c'est la bonne nouvelle, parce que c'était là où on était il n'y a
pas si longtemps, il y a quelques semaines, ce qu'on appelle la nouvelle normalité. Mais
malheureusement, au cours des dernières semaines, plusieurs régions ont dû
passer au code jaune, et la principale raison d'être passés au code jaune, puis
là les gens le comprennent bien, c'est que c'est la transmission communautaire qui
commence. Et, je le répète souvent mais je vais le redire, la transmission
communautaire, ce n'est pas un terme
complexe, c'est lorsqu'on prend le contact avec des gens qui sont proches.
Alors donc, il faut le dire, c'est ce qui a fait passer plusieurs de ces
régions-là au code jaune.
Malheureusement,
malheureusement, lorsqu'on commence à restreindre la socialisation, c'est parce
que, là, la contamination communautaire est beaucoup plus forte. Et, on
l'a vu dans la dernière semaine, nous avons dû mettre plusieurs régions, dont la Capitale-Nationale, dont Montréal, dont
l'Outaouais et Chaudière-Appalaches, par exemple, que vous connaissez bien, malheureusement, dans le
code orange parce que, là, les éclosions étaient beaucoup plus
importantes. Et c'est pour ça que — là, je parle en termes de transparence — nous avons décidé, au cours de la dernière
semaine... pas pour épeurer les gens, mais
pour bien leur expliquer que ce n'est pas uniquement le nombre de cas que l'on
donne chaque jour, mais quelle est la
tendance qui s'en vient. Quand je parlais de prévisibilité, tout à l'heure,
alors, nous commençons maintenant,
depuis une semaine, à donner le nombre d'éclosions qui se passent dans... au
total au Québec. Et malheureusement, au
cours des dernières semaines, derniers jours, le nombre d'éclosions est passé,
en quelques jours, de 175, à 250, à 300. Puis, tout à l'heure, dans le
point de presse, je pourrai refaire le point sur où nous en sommes
présentement.
Donc, je
pense qu'on a bien expliqué, grâce au Dr Litvak, qu'il y avait un système
où les critères étaient très, très bien
compris maintenant, je pense, par la population. Je pense aussi que la
situation va continuer d'évoluer très rapidement parce que les conditions changent. On a publié, il y a quelques minutes,
que nous avions 637 cas aujourd'hui, qui est quand même une
augmentation appréciable avec la journée d'hier. Alors, je pense que les gens
vont continuer à suivre le système. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Nous allons poursuivre maintenant
avec le député de Chapleau.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion, justement,
tout à l'heure, de parler, là, des défis
auxquels on va être confrontés durant la deuxième vague, puis, comme vous le
savez, ils vont être nombreux, M. le Président. Mais force est d'admettre que,
justement, au mois de mars dernier, le réseau de la santé commençait à peine à
se remettre, hein, des décennies de réformes
structurelles bâclées. On se souviendra, bien entendu, de
l'ultracentralisation en santé du député de
La Pinière et l'abolition de nombreux postes de gestionnaires et de cadres
en région. La population du Québec de
même que les gens de Chapleau, de Gatineau et de l'Outaouais se souviennent
encore des réformes libérales sous
l'ancien ministre de la Santé, qui ont mis à mal notre réseau de la santé, en
particulier en Outaouais, toujours une région qui a été négligée et prise pour acquise par les libéraux pendant des
décennies. Puis les gens de l'Outaouais nous en parlent encore,
d'ailleurs, sur le terrain, de toute cette situation-là déplorable.
Malgré cela,
le réseau a démontré une résilience hors du commun. S'il faut prendre
conscience du chemin parcouru et en
tirer les constats nécessaires, il est à présent impératif de regarder vers
notre avenir à court et moyen terme et de se montrer à la hauteur de la
tâche. Et, même si elle s'avère colossale, elle n'est pas impossible.
Par exemple, nous savons que tout le
dossier de l'approvisionnement en matériel médical a été un enjeu majeur
dans les derniers mois, on en a fait mention à plusieurs reprises. Avec
beaucoup de travail et de débrouillardise, les différents problèmes rencontrés
lors du début de la pandémie ont pu être graduellement réglés. Par contre, tous
les indicateurs nous montrent que la demande mondiale pour certains produits se
maintient à des niveaux inégalés. La compétitivité
du marché force les États à innover afin de sécuriser l'approvisionnement
stratégique de certains produits et répondre,
bien entendu, aux besoins de leur population. Le Québec n'y fait pas exception
et y travaille. Afin d'éviter cet écueil
important, nous nous sommes affairés à mettre sur pied un inventaire équivalent
à une période de quatre à six mois en équipements de protection
individuelle à partir des chiffres de consommation estimée en temps de
pandémie. Cette démarche est déjà complétée
pour plusieurs catégories d'équipements et elle est en voie d'être finalisée
pour ce qui est des gants et des masques N95, les fameux
masques N95.
Nous
avons priorisé, bien entendu, une approche basée sur l'audace, la
responsabilité et l'esprit d'entreprise qui nous caractérise ,au gouvernement. En collaboration avec le ministère de
l'Économie et de l'Innovation, nous avons su accompagner le milieu des affaires du Québec pour l'aider à se démarquer
dans le contexte économique particulier. Nous avons offert notre soutien au développement d'entreprises québécoises
pour nous assurer un meilleur approvisionnement en matériel médical. Ça
fait aussi partie de l'esprit d'achat local.
• (11 h 20) •
Je
crois que cette pandémie nous aura enseigné d'importantes leçons, notamment
qu'il est impératif que soient fabriqués
localement certains produits stratégiques. On pense, bien entendu, aux masques
N95, les blouses lavables et les visières.
Nous avons d'ailleurs pour objectif d'atteindre une autosuffisance québécoise
d'ici la fin de l'année dans plusieurs de ces catégories-là. Je faisais
mention des visières, donc, celle-ci est déjà atteinte. Pour les blouses,
l'objectif est pratiquement atteint, à près
de 80 % de nos besoins. Pour les masques de procédure, le pourcentage est
difficile à prévoir, mais la
stabilité de l'approvisionnement est assurée par nos liens d'affaires avec
trois fournisseurs indépendants. Pour les masques N95, l'objectif d'autosuffisance est sur la bonne voie
d'être assuré. Les contrats d'approvisionnement débutent sous peu.
M.
le Président, il est vrai que, par les temps qui courent, les bonnes nouvelles
se font plus rares, mais je crois que cette
atteinte imminente de l'autosuffisance dans l'approvisionnement de matériel,
d'équipement médical, en ces temps d'incertitude,
s'inscrit dans cette catégorie, une très bonne nouvelle, une bonne réussite.
D'ailleurs, les Québécoises et les Québécois
savent qu'ils sont appuyés, dans cette bataille, par une équipe dévouée. Ils
savent aussi qu'ils peuvent compter sur un gouvernement ouvert et
transparent, un gouvernement qui sait travailler en collégialité avec ses
partenaires et surtout un gouvernement qui a su rester à l'écoute afin de
s'adapter rapidement à l'évolution des connaissances épidémiologiques de la
maladie.
D'ailleurs,
à propos de dévouement et d'engagement, je tiens à souligner le travail exceptionnel
de nos travailleurs de première ligne
dans Chapleau, à Gatineau et en Outaouais ainsi que tous les intervenants du
milieu et du CISSSO. Ces derniers appuient la population dans cette
lutte contre le virus. Bravo à vous! Je souligne et je lève mon chapeau.
Je
tiens à remercier particulièrement les gens de mon comté de Chapleau pour leur
discipline et, bien entendu, leur collaboration.
D'ailleurs, leurs efforts ont permis et permettent de freiner la propagation de
la pandémie et de sauver des vies. Ils continuent à le faire, et ça,
c'est très louable.
J'ai aussi constaté
des beaux gestes de solidarité, de générosité et d'entraide qui ont eu lieu
dans le comté. Certains se sont impliqués
comme bénévoles auprès d'organismes, d'autres ont fait des dons de sang ou des
dons à des banques alimentaires pour aider les plus démunis. Je les
félicite et je les remercie. Et je suis certain que, lors de la deuxième vague,
ils vont continuer à être engagés et à être présents pour les gens de Chapleau.
Et
moi, je m'engage à être là pour la population, bien entendu, comme toujours,
être à l'écoute, autant au bureau de comté que sur le terrain,
évidemment en respectant les consignes sanitaires.
Je
félicite aussi le travail acharné, hein, du CISSSO — on parlait hier, 700 dépistages qui ont
été faits — donc, un engagement constant sur le
terrain, et tous nos intervenants en santé. Donc, merci et félicitations à
vous!
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède la parole au député du troisième groupe d'opposition. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci de l'opportunité de discuter de la
gestion de la deuxième vague de la pandémie. J'ai cinq petites minutes
pour tracer un portrait de la situation de notre point de vue.
Premièrement,
qui dit gérer la pandémie dit se préparer, dit anticiper. Alors, je vais
présenter mon point de vue en quelques
points. Tout d'abord, un bilan de la première vague s'impose si on veut se
préparer pour la deuxième vague, et, de là, il est absolument nécessaire d'avoir des projections, des chiffres,
une idée de ce qui peut se passer. Je voudrais parler également de la question du personnel, du
personnel dont on vante les mérites sur le terrain, mais de quelle façon on
gère le personnel et on le déploie; toute la
question du dépistage est fondamentale pour ce qui est de la gestion d'une
deuxième vague, comme elle l'était aussi
dans la première vague, et, à plusieurs égards, on l'a échappé dans la première
vague; toute la question de la
communication avec les citoyens, avec le public, la conscientisation, les
directives, les consignes qu'on donne,
également, à la population parce qu'on mise effectivement sur elle pour
amenuiser les effets de la deuxième vague.
Alors,
tout d'abord, la question du bilan de la première vague. Malheureusement, on le
sait, on a le pire bilan, au Québec,
à travers l'ensemble du pays.
80 % des 5 800 morts, vous le savez, se sont
produits dans les CHSLD, dans les RPA.
Quelles sont les leçons qu'on a tirées de cette réalité, des conditions de
vie — on l'a
vu encore dans les reportages hier,
là — absolument
désastreuses pour la fin de vie de nos personnes aînées : malnutrition,
déshydratation, peur, solitude, anxiété,
des gens laissés à eux-mêmes, qui ont été littéralement abandonnés dans
plusieurs milieux, des milieux qu'on appelait des milieux de vie, alors
que, comme l'ont dit certains parents, c'était plutôt l'antichambre de la mort?
Alors, alors qu'on entreprend la
deuxième vague, la question s'impose encore une fois : Qu'est-ce qu'on a
appris de cette situation et quels sont les moyens qu'on met en place pour
éviter la répétition d'une telle hécatombe? Et moi, je pense que le fait de lancer une enquête est absolument
essentiel, une enquête indépendante, et avoir les résultats rapidement
aurait été dans l'ordre des choses. D'imiter, pour une fois, l'Ontario dans une
pratique, qui a été encensée et qui est courageuse,
d'aller jusqu'au fond des choses pour pouvoir corriger le tir dans la deuxième
vague était absolument
essentiel, nécessaire, et l'est toujours.
Pour
planifier, donc, il faut également pouvoir avoir une idée de ce qui s'en vient. Et,
ce qui renverse les gens en général, c'est de savoir qu'on se lance dans une deuxième
vague absolument sans savoir ce qui nous pend au bout du nez, sans qu'on ait demandé, semble-t-il, des
projections. On avait déposé des projections en avril, on a déposé des
projections en mai. Dès ce moment-là, on a
dit : Bien, on voudrait avoir des projections à chaque mois. Comment se
fait-il que, pendant l'été, on ait
baissé les bras à ce point, sans exercer une veille stratégique, sans vouloir
voir venir la deuxième vague? Comment peut-on se préparer si on ne peut
pas anticiper ce qui s'en vient?
Les
déplacements de personnel — je
vais y aller rapidement — sont encore courants aujourd'hui, alors que
la façon d'endiguer la propagation de la COVID-19, on le sait depuis janvier
dernier, elle a été appliquée avec succès en Colombie-Britannique, ça a été
d'empêcher les mouvements de personnel. Les résultats parlent d'eux-mêmes pour
la Colombie-Britannique. Pourquoi n'a-t-on
pas adopté, en première vague, cette mesure? Pourquoi, dans la deuxième
vague qui est en cours présentement, n'applique-t-on pas cette mesure?
Le
dépistage, enquête épidémiologique, c'est essentiel. Les délais d'attente, les
délais d'analyse, les délais et la difficulté de mener des enquêtes, jusqu'à
la région de Montréal, encore hier, qui annonçait avoir mis de côté les
enquêtes par manque de personnel, c'est absolument incroyable.
Maintenant,
pour ce qui est du personnel, plutôt que d'avoir mobilisé le
personnel de la santé, les infirmières en particulier, on voit encore aujourd'hui
ces gens qui quittent le milieu, alors ce n'est pas de bon augure.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup, M. le
député. Alors, M. le ministre, vous avez la suite.
• (11 h 30) •
M. Dubé : Très
bien. Alors, justement,
M. le Président, j'apprécie l'intervention du député, ça va me
permettre de parler un peu de la stratégie
de dépistage, qui est, comme on le sait, vraiment le nerf de la guerre,
et de parler aussi des enquêtes, parce que je voudrais parler de ces
deux composantes-là, importantes dans notre stratégie de dépistage.
Pour ce qui est du dépistage, je pense que les gens réalisent les efforts qui ont été
faits depuis le début de l'été. Je rappelle
aux gens qui nous écoutent qu'on était... au mois de juillet, on avait des journées
où on était à 5 000,
6 000 tests par jour. On a monté
tranquillement en capacité avec la formation du personnel dans nos différents
laboratoires mais aussi dans les
équipes des différents centres régionaux de nos CISSS et de nos CIUSSS, à
10 000, 12 000, 15 000 tests. Et je pense qu'on a réussi quand même un tour de force d'être
capables d'augmenter nos tests sur une base journalière pour atteindre,
dans les moyennes hebdomadaires des deux dernières semaines, 20 000 à
25 000 tests.
Je
rappelle que — cette
donnée-là, là, m'est rentrée tôt ce matin — nous avons accompli, dans tout le réseau,
hier, 36 000 tests, alors... et
ça, je vous dirais que c'est sans les bénéfices d'augmentation de capacité,
parce qu'on est en train d'acheter de
l'équipement qui rentre tranquillement, mais c'est vraiment parce qu'on étire
le système. Ce qui explique aussi qu'étant
donné qu'il y a beaucoup de personnes qui veulent se faire tester, on a subi,
je dirais, les mauvaises nouvelles des bonnes
nouvelles. Plus il y a de personnes qui veulent se faire tester, on le sait, on
l'a dit, qu'il y avait un enjeu du côté des laboratoires, qui constituent la pièce centrale du processus. Mais on
avait, au début, rappelez-vous, des enjeux de gestion de la file d'attente. Bon, la file d'attente, on se
disait : Bon, bien, ça, on peut l'améliorer assez rapidement, puis on a demandé à tous nos présidents et directeurs généraux de nos centres régionaux de
trouver les meilleures pratiques, puis une de ces pratiques-là a été de
faire une gestion de file beaucoup plus active.
Puis
ce qu'on a lancé cette semaine, je pense que les gens l'ont beaucoup apprécié,
c'est le délai d'attente sur notre site
Web. Alors, maintenant les gens peuvent aller sur notre site Web, quebec.ca, et
consulter les centres de dépistage, et de voir les délais d'attente, qui sont en moyenne, maintenant, entre 30 et
90 minutes, parce que ça permet à quelqu'un de prendre la décision
d'aller dans un centre de dépistage qui est moins occupé, donc ça permet de
donner un meilleur service aux patients.
Bon,
maintenant, pour ce qui en est de ce qu'on appelle le traçage, on est très
conscients que, lorsqu'on faisait 5 000, 7 000 tests par
jour puis que, maintenant, on en fait 25 000, 30 000,
35 000, tests par jour, qu'on a besoin maintenant... surtout avec le nombre d'éclosions que nous avons connu au
cours des deux dernières semaines, puis là je parle, ici, M. le Président, de, je l'ai mentionné tout à l'heure, plus
de 300 éclosions par jour, bien, chaque éclosion peut impliquer une analyse de cas, de cinq cas,
10 cas, puis on l'a vu, même, dans certains... malheureusement, dans
certains événements qui sont arrivés
notamment dans la région de Québec, où un cas peut amener à faire
300 personnes. Alors donc, imaginez-vous la pression que ça donne
sur nos équipes de traçage, de suivre ces éclosions-là.
Alors,
c'est pour ça que, cette semaine, encore une fois, on a fait appel à la
population pour que les gens... des spécialistes,
là, puis je pense à des audiologistes, des dentistes, des diététistes, des
hygiénistes, des ophtalmologistes, des psychothérapeutes,
des infirmières auxiliaires, c'est évident, mais des technologies... et même
des sages-femmes pour venir nous
aider dans la partie où on pourrait nous aider à dépister mais aussi avec
d'autres personnes qui peuvent nous aider à venir faire des enquêtes
pour nous, justement pour compléter le traçage.
Donc,
ce que j'aimerais vous dire, premièrement, M. le Président, je profite de cette
tribune-là pour demander à la population
s'il y a d'autres personnes qui sont intéressées. On a plus de
4 000 personnes qui se sont inscrites. S'il y en a d'autres qui veulent venir nous aider, de ne pas
s'inquiéter, il reste de la place, on peut encore utiliser vos bons
services. Je pense entre autres à ces
experts-là qui sont peut-être à la retraite aujourd'hui et qui voudraient venir
nous donner un coup de main, ce serait très apprécié. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci, M. le
ministre. On poursuit avec le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Très intéressant comme échange qu'on a depuis ce matin. Et j'entendais mes collègues revenir beaucoup sur le
travail de la Santé publique, qui est essentiel dans cette sortie de
crise là, évidemment, et, tout à l'heure, on parlait des coupures qui ont été faites par le
précédent gouvernement, parce qu'il
faut se rappeler d'où on partait, là, 2015‑2016,
une coupure de 44 millions de dollars, on a baissé le budget à
418 millions. On l'a remis à 467
avec des investissements supplémentaires de 49 millions. Et ça, bien, les
chiffres sont têtus, ça fait partie de l'histoire du Québec, ces
coupures en santé publique.
Il n'en demeure pas moins que le réseau de la
santé, qui, on le dit, est grand, est impressionnant, concerne évidemment la santé publique mais l'ensemble du
réseau pour lequel il y a eu des modifications importantes au cours des dernières années. En fait, dans les dernières
années, chaque gouvernement arrivait avec une réforme, une nouvelle
façon de voir, une nouvelle façon
d'accélérer les choses. Et nous, de notre côté, bien, on l'avait dit en
campagne électorale, on ne rejouera
pas nécessairement dans les structures, mais on va trouver façon de pouvoir
être plus efficace comme gouvernement.
Et je me
souviens, à un moment donné, d'une image que le ministre de la Santé avait dite
lors de l'étude des crédits, parce
que, souvent, pendant la pandémie, on a dit : Les consignes partent d'en
haut puis elles ne descendent pas en bas, et le ministre de la Santé
avait dit : Bien, c'est parce qu'il n'y a personne en bas, comment
voulez-vous qu'on reçoive les consignes? Et
j'avais trouvé cette image-là probante, qui rappelait l'importance qu'on puisse
être plus efficace dans notre réseau et dans nos structures, d'où
l'importance de mettre des patrons à l'intérieur des CHSLD et, évidemment, à
l'intérieur de nos hôpitaux.
Il n'en demeure pas moins que, quand on parle du
réseau de la santé, c'est important de le rappeler... je cite La Presse
en septembre 2019, où on disait : «Le réseau de la santé publique du
Québec, [qui est] l'un des plus performants au Canada, a été frappé de plein fouet par la réforme de la santé
pilotée par l'ex-ministre [le député de La Pinière]», et c'est la conclusion d'une étude qui avait été menée dans
tout le Québec par quatre chercheurs de l'Institut national de la santé
publique. Et j'invite les gens qui nous écoutent à aller relire ce rapport-là.
Et je cite Louis-Philippe Viens, qui est un conseiller
scientifique, qui dit : «Ça a été une réforme assez complexe. [...]Il y
avait une perte de repères incroyable, une coupe de budget, et un rythme de travail qui ne changeait pas. [Et] tout
ça a amené énormément de confusion.» Et ça, c'est le bilan du précédent
gouvernement lorsqu'on parle de la santé.
Alors, il y a
un mois, le ministre de la Santé a annoncé, donc, 106 millions
supplémentaires pour la Santé publique, pour se donner des outils pour
être efficace, pour retracer rapidement tous les cas de la COVID-19. Et je
pense que le ministre l'a répété depuis déjà
plus d'une semaine, il est important, lorsqu'on est appelé par la Santé
publique, de répondre, de collaborer
aux enquêtes épidémiologiques, même si on pense avoir vu une personne de la
COVID-19 pendant seulement quelques
minutes. Et je pense que la publicité gouvernementale qui a été lancée par
notre gouvernement cette semaine, qui est
assez émotive et qui est assez probante, démontre que ça ne prend pas
beaucoup de temps pour faire en sorte qu'une personne puisse avoir un
diagnostic positif de la COVID-19. Alors, collaborons à ces enquêtes
épidémiologiques, qui sont si importantes.
Évidemment,
quand on investit des sommes comme celles-là, bien, on veut prévenir et mieux
gérer les éclosions dans les
différents lieux. On parle des
écoles, dont on ne souhaite pas la fermeture, on le rappelle, et, à chaque
jour, on se lève en se disant :
Il ne faut pas fermer les écoles. On est conscients également
des bars, qui font partie de l'économie du Québec, et évidemment,
on en a parlé abondamment, les CHSLD
et les résidences pour personnes âgées, qui... jusqu'à présent, et je touche du bois, je suis chanceux,
il y en a beaucoup ici, somme toute, le diagnostic n'est pas si élevé
que lors de la première vague en termes de
personnes atteintes dans les CHSLD et dans les RPA, mais on ne prend rien pour
acquis, M. le Président, on reste vigilants.
On permet
malgré tout aux aidants naturels qui aident nos aînés — je devrais dire «proches aidants», comme
me le rappellerait notre excellente ministre
des Aînés et des Proches aidants, de qualifier les proches aidants comme
n'étant pas des aidants naturels parce
qu'ils font un travail assez exceptionnel — de pouvoir avoir accès, malgré tout, aux
RPA. Donc, on maintien des mesures qui, oui, sont strictes, sont sévères
mais qui vont permettre de pouvoir protéger nos aînés à travers le Québec.
Et en même
temps, bien, je dirais, M. le Président, que l'ensemble des professionnels du
réseau de la santé ont compris mieux
aussi le travail de la Santé publique, ont compris mieux le travail des
préposés aux bénéficiaires, qui sont si importants puis qui font la différence au quotidien. Et, dans toute la
reconnaissance qu'on a mise en place pour les préposés aux
bénéficiaires, je pense qu'on a réussi également à assurer une meilleure cohésion
entre les infirmières, entre les médecins, entre les préposés et, évidemment,
avec les consignes de la Santé publique, qui sont si importantes.
Puis je vous
rappellerais, M. le Président, et je salue le travail de la ministre
responsable des Aînés, regardez le projet de loi n° 66, c'est plus
d'une quarantaine de maisons des aînés qu'on va construire dans les prochaines
années, on peut en être fiers.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, la parole appartient maintenant à la députée de Maurice-Richard
pour deux minutes.
• (11 h 40) •
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Bon, bien, je vais être brève, compte tenu du temps
qui m'est imparti pour cet échange. On le voit, je le mentionnais tout à
l'heure, le nombre de cas est en hausse encore aujourd'hui. Décidément, l'évolution n'a rien de rassurant. Le ministre
parlait, tout à l'heure, des régions qui sont en zone jaune. Ils ont
évoqué, au début de la semaine, la possibilité que certaines régions soient en
zone rouge, notamment, peut-être, Montréal.
Il
y a eu beaucoup, beaucoup de confusion, dans les deux dernières semaines,
sur... puis je ne veux pas refaire l'histoire,
là, sur la question des niveaux d'alerte, ce que ça voulait dire vert, jaune,
orange, rouge. Encore aujourd'hui, je pense
qu'il n'y a personne qui le comprend, malheureusement. Je pense, ça partait
d'une bonne intention, d'indiquer aux gens le niveau de leur région,
mais, je l'ai déjà dit, si ça ne se traduit pas avec des mesures qui sont
précises, les gens ne peuvent pas savoir ce qui s'en vient.
Donc, ma
question, elle est vraiment très simple : S'il y a des régions qui
basculent vers le rouge, qu'est-ce que ça veut dire, exactement, pour ces gens-là? Qu'est-ce que le ministre
va faire pour protéger l'habitant des régions dont le niveau d'alerte va augmenter encore davantage,
va aller en rouge? Quelles mesures vont être mises en place? Qu'est-ce que ça veut dire dans le
quotidien des gens? Est-ce que c'est des bars qui vont être fermés? Est-ce que
c'est des restaurants qui vont être fermés? Qu'est-ce qui va arriver avec les
écoles? Qu'est-ce qui va arriver avec les rassemblements?
Je comprends
que ce n'est pas une recette parfaite, mais, à quelques jours d'une
possibilité... peut-être à quelques heures, je ne le sais pas, c'est le
ministre qui pourra nous le dire, mais certainement à quelques jours que des
régions basculent dans le rouge, malgré le
fait que ce ne soit pas une recette parfaite, j'imagine qu'il sait ce qu'il va
annoncer et quelles mesures il va mettre en place pour ces régions-là,
et les gens ont besoin d'anticiper, les gens ont besoin de prévisibilité, les
gens ont besoin de réponses par rapport à ça. Merci.
Conclusions
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, M. le ministre, vous avez une dernière intervention, pour
10 minutes.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Oui, très bien, M. le Président, merci beaucoup. Et j'aimerais remercier la
députée de Maurice-Richard, là, de nous avoir
permis de montrer que nous avons préparé... que nous avons bien préparé cette
deuxième vague, puis j'aimerais aussi
remercier les autres collègues de l'opposition dans le même temps. J'aimerais
aussi remercier mes collègues qui ont
participé, notamment la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, mon excellent collègue député de
Beauce-Sud — je le dis aussi pour la députée de
Charlevoix — et mon
collègue le député de Chapleau, avec qui j'ai eu la chance de prendre un petit-déjeuner. Est-ce que c'est notre
dernier petit-déjeuner que nous avons pris ensemble, étant donné les restrictions que nous avons imposées? Alors, ça a
été probablement un très bon déjeuner cette semaine. Puis merci à vous
trois de m'avoir accompagné dans cette interpellation.
J'aimerais faire peut-être aussi, M. le
Président, quelques rappels. Et j'insiste, là, parce que mon collègue de Beauce-Sud a bien parlé des coupures en santé
publique du gouvernement libéral précédent, puis ça, je pense qu'à
chaque fois que nous allons entendre de leur
part... je pense que je vais garder le tableau dans mon bureau, je vais le
garder dans mon bureau juste pour être
certain que les gens comprennent qu'est-ce qui est arrivé dans les dernières
années du gouvernement libéral et
dans quel état nous avons pris le groupe de Santé publique pour faire face à la
pandémie dans les derniers mois. Je
pense que c'est important, à la population, de rappeler ce qui s'est vraiment
passé dans l'ère libérale de la santé.
C'est une réforme qui a fait excessivement mal, on a sabré dans le personnel.
Il y a eu des commentaires, il y a eu énormément
de personnes qui ont commenté. Ce n'est pas un commentaire partisan, mais je
pense que les gens de l'ancien gouvernement
doivent prendre leurs responsabilités de la situation qu'ils nous ont laissée
et que nous essayons de corriger, comme mon collègue l'a si bien dit.
Maintenant,
pour la préparation à la deuxième vague, j'ai discuté, je pense, amplement de
notre plan. Puis je le rappelle à
ceux qui nous regardent ce matin puis qui veulent être réassurés, qui veulent
être réassurés et non apeurés, et qui veulent
être réassurés, que nous avons déposé un plan complet — je remonte encore — au cours des derniers mois, pour
s'assurer notamment que nous avions plusieurs axes d'intervention pour prendre
acte de ce qui était arrivé dans la première
vague. Puis je pense entre autres aux équipements de protection, de s'assurer
que non seulement maintenant nous avons
un inventaire suffisant... J'ai expliqué, dans plusieurs points, qu'il y en
avait, des enjeux, toujours. C'est toujours aussi difficile de se
procurer des gants parce que, les gants, il y a une source d'approvisionnement
à un seul endroit dans le monde, mais il faut
faire des efforts. Nous avons fait des efforts, depuis plusieurs mois, pour
nous assurer d'un approvisionnement suffisant.
Un
approvisionnement en médicaments aussi, il est important de... on pense souvent
aux protections individuelles, mais
il faut penser aux médicaments. Et nous avons justement, cette semaine,
autorisé un nouveau médicament qui... En fait, c'est l'INESSS, l'institut national, qui a autorisé le médicament, donc,
qui peut être payé ou remboursé aux patients qui souffrent, en ce moment, de la COVID pour, justement, réduire le temps
qu'ils sont en hospitalisation. Ce médicament-là s'appelle le résemvidir, un nom très facile à prononcer, et... mais je
pense que c'est un élément, aussi, que l'on suit très proche pour rendre disponible la médication, pour
rendre le séjour à l'hôpital moins douloureux. Parce qu'on sait que... comment ça peut être difficile, on a vu beaucoup
d'exemples, dans les dernières semaines, dans les différents médias, de
ce que peut représenter une hospitalisation pour cause de COVID.
Maintenant, un autre élément sur lequel je veux
revenir, c'est le fameux plan pour... le plan des contrôles des infections. J'aime mieux, moi, être excessivement
transparent avec la population. Le virus, c'est vraiment un virus qui
est très sournois, et on a beau prendre
toutes les mesures nécessaires, toutes les mesures appropriées, il y aura
toujours une certaine infiltration du
virus, soit dans nos résidences mais particulièrement dans des milieux de soins
ou des milieux de vie. Puis je pense
que ce qu'on a mis en place avec le système de protection, avec la formation
que nous avons donnée à nos gens...
oui, il y aura encore des infections dans certains de nos établissements, mais
le deuxième élément, une fois qu'on a mis
un bon plan en place, c'est de s'assurer
que nous avons une équipe dans des... puis je vais le dire, des équipes
d'action, on peut
penser à des «SWAT teams», qui ont été mises en place par les différents
centres régionaux, là, qu'on appelle les CISSS et les CIUSSS, d'être capables d'intervenir lorsqu'un CHSLD ou
lorsqu'une RPA qui est dans le système privé... puisse être capable de
venir compléter les équipes. Parce que ce n'est pas tous les jours que ces
infections-là arrivent, il n'y a pas tout le
personnel sur place pour pouvoir lutter contre le virus, donc il y a des
expertises qui ont été rassemblées ensemble par ces équipes-là pour
pouvoir le faire.
Maintenant,
on le sait, que la solution, c'est d'avoir plus de personnel. Alors, on a mis
en place... grâce à un sous-ministre, maintenant, au niveau de la Santé,
un sous-ministre associé, qui est venu se joindre à notre équipe, qui est
maintenant responsable, justement, du PCI à l'intérieur du réseau.... sa
responsabilité première, c'est de s'assurer de l'implantation du système de protection et de contrôle des infections.
Et ça, c'est une grande différence avec ce qu'on avait dans la première
vague, parce que ce n'était pas en place. Et, grâce à ça, c'est lui, qui fait
le lien... donc, ce sous-ministre-là, qui
fait le lien du ministère avec tout le réseau. Donc, à chaque semaine, il
s'assure, avec les différents présidents
ou présidentes des CISSS et des CIUSSS, de s'assurer que le plan de PCI qui a
été mis en place est suivi pour s'assurer, justement, qu'on ne rejoue
pas dans le même film.
Puis je
terminerais sur ce point-là, en termes de formation. Nous avons identifié à peu
près 15 000 champions, dans le
système, qui sont en formation, justement, pour s'assurer que non seulement le
programme de PCI a été expliqué, mais qu'il
est mis en application. Parce qu'on l'a vu souvent, M. le Président... Puis je
pense que les gens doivent comprendre comment
c'est facile de baisser la garde. Moi, je me suis promené pas mal sur le
terrain, au cours des trois derniers mois, pour aller dans des CHSLD ou aller dans des centres hospitaliers, puis,
malheureusement, souvent je vois un infirmier, ou un aide, ou un préposé qui parle à un collègue à
l'heure du midi, et c'est là, des fois, que la garde baisse, et c'est ça
qu'il faut faire attention. Donc, le
personnel, ces champions-là dont je parle, vont s'assurer que, le plus
possible, ces règles-là soient respectées par tout le monde, et ça, je
pense que c'est important.
Maintenant, j'ai parlé aussi de gouvernance,
puis, pour moi, la gouvernance est importante. On l'a vu, je l'ai expliqué un peu plus tôt ce matin, la
gouvernance... on a eu des enjeux de gouvernance pour l'ensemble de la région
de Montréal, parce que ce n'est pas facile. Puis, peut-être, est-ce qu'on
améliorera cette gouvernance-là dans la vague actuelle?
La réponse, c'est oui. Mme Bélanger, qui est une de nos excellentes P.D.G., prend un
peu ce rôle-là de coordination,
maintenant, depuis plusieurs semaines, puis je pense qu'elle fait un excellent
travail pour, justement, permettre, lorsqu'il y a un besoin spécifique dans une
installation, ou dans un hôpital, ou un CHSLD qui n'ont pas l'expertise, d'envoyer les bonnes ressources. On a
des... pensez au CHUM, pensez au CUSM, des grands hôpitaux qui ont des... qui font de la protection des infections
depuis de nombreuses années, ce qu'on n'avait pas en milieu de vie.
Donc, le transfert de cette... et la
coordination de cette expertise-là se fait par... entre autres par la
connaissance de cette dame-là, Mme Bélanger, qui fait un excellent
travail.
Bon, j'ai
parlé du plan de deuxième vague. Je crois que le plan d'action, il est clair.
Est-ce qu'il sera mis à jour? La
réponse, c'est oui. Il va être mis à jour à chaque fois qu'on va avoir besoin
de le faire, je le répète aux gens qui nous écoutent, avec l'excellente
collaboration de Mme Dominique Savoie, qui est la sous-ministre, là, qui
s'est jointe au ministère, là, il y a
plusieurs mois. On a une communication régulière avec les P.D.G. des CISSS et
des CIUSSS. Tout le monde comprend leur responsabilité et l'imputabilité
qu'ils ont de livrer la marchandise dans un environnement, je le répète, qui va
être difficile dans les prochains mois.
On a vu
l'augmentation des cas. Cette augmentation-là des cas va se répercuter en
augmentation d'hospitalisations. On a
15 hospitalisations de plus ce matin en raison de l'augmentation des cas
des dernières semaines. Ça s'en vient, on le sait, il faut être prêts. Et je pense que la collaboration que l'on a de
tous les... de l'ensemble du réseau, elle est importante, mais la
population doit être rassurée. Merci beaucoup, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, M. le ministre. Avant de céder la parole à la députée de Maurice-Richard,
je veux faire un rappel que, pour autoriser
le dépôt d'un document, il faut qu'il soit transmis avant la fin de la séance
à la boîte publique de la commission.
Maintenant, la conclusion appartient à la
députée de Maurice-Richard pour les 10 prochaines
minutes.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Je vais me permettre de vous lire quelque
chose, un article qui a été publié
dans La Presse samedi dernier, qui faisait état de ce qui
s'est passé au printemps dans différents CHSLD, donc un article qui faisait mention du CHSLD où je suis
allée travailler pendant quelques jours. Je ne sais pas si le ministre a
eu l'occasion de prendre connaissance de cet
article, mais, quand je lui dis que je suis inquiète, je l'étais à l'époque,
j'avais tiré la sonnette d'alarme, je le suis encore pour nos résidences de
personnes âgées.
Alors, ça
dit : «Il fait noir lorsque la gestionnaire Geneviève Angers quitte le
CHSLD Berthiaume-Du Tremblay à Montréal pour rentrer chez elle.
«Comme chaque
soir depuis quelques semaines, elle ressent un immense décalage entre sa
réalité dans le réseau de la santé et le reste de la
société.
«Alors
qu'elle peine à trouver le sommeil, hantée par le nombre de résidents qui sont
morts, tous les employés malades,
le manque d'équipements de protection, sans aucun signe d'embellie à l'horizon,
elle voit sur les réseaux sociaux les gens fabriquer leur pain et
cuisiner des tartelettes portugaises.
«"J'ai l'impression qu'on vit
sur deux planètes", observe-t-elle[...].
«Les employés tombent comme des
mouches. Et il manque d'équipements pour protéger ceux qui restent. "On
était en pénurie. On n'arrivait pas à se faire approvisionner par nos
fournisseurs. Il a fallu étirer le stock"[...].
«[...]Les morts qui s'accumulent plombent le moral des troupes.
«[...]Le
personnel vit deuil après deuil après deuil. "Un résident pouvait nous
sourire le matin et mourir dans nos bras l'après-midi"...»
On parle, ici, de ce qui s'est passé au printemps. On parle
de disponibilité du matériel. Moi... Le ministre pourra revenir
avec son tableau tant et aussi longtemps qu'il le
voudra, la réserve de matériel n'a pas été renflouée parce
qu'il y a eu une décision de son gouvernement de ne pas renflouer cette réserve. On a déjà eu des échanges sur cette situation-là, et c'est ce que ça a donné dans les CHSLD et dans notre réseau.
Moi, je l'ai vécu, M. le Président,
rentrer le matin dans un CHSLD et, effectivement, nourrir
un patient, un résident, puis
revenir le lendemain, puis qu'il soit décédé. Les travailleurs de la santé ont
été extrêmement ébranlés, on l'a vu
dans les reportages qui ont été diffusés
hier. Ils le sont encore, ils sont inquiets. Et l'obligation morale du gouvernement, c'est de répondre à ces
inquiétudes et de rassurer, et, à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas. Je ne
doute pas de la bonne foi du gouvernement, je vais le répéter. Je ne leur demande pas, dès demain, d'avoir une
boule de cristal, mais ils ont une responsabilité d'être clairs, d'être rigoureux, d'être transparents, et, à l'heure
actuelle, ce n'est pas ce que l'on vit.
Quand on voit le ministre qui est
incapable d'expliquer quelque
chose d'aussi simple que
qu'est-ce que ça veut dire, être six personnes dans un rassemblement privé, je suis certaine que ce n'est pas la consigne la plus difficile qu'il va avoir à expliquer aux Québécois au cours des prochaines semaines.
Quand, comme ministre responsable de la Santé, alors que c'est
lui qui prend cette décision-là et qui a la responsabilité de l'expliquer, il induit... il crée de la
confusion parce qu'il vient dire une chose en
disant : Vous ne pouvez pas inviter cinq personnes chez vous, alors que la
consigne, ce n'est pas celle-là, c'est :
Oui, vous pouvez être six personnes... Donc, on est passés de 250, à six, à 50,
à 25 dans certains endroits. Hier, finalement, le ministre nous disait : Oubliez le six, oubliez le six, alors que c'est quand même ça, la mesure, oubliez le six, finalement, évitez les
contacts, évitez les contacts sociaux.
Puis je
ne remets pas en question la dernière
version qu'il donne, c'est la chose à dire, mais il faut qu'il comprenne qu'à chaque fois qu'il va faire un point de presse il
ajoute de la confusion parce que les différentes directives qui sont données, non seulement elles ne sont pas
cohérentes avec celles qui sont en application,
en plus de ça elles sont mal expliquées,
en plus de ça elles sont contredites par la même personne ou par des membres du
gouvernement. Et ça, ça suffit. Ça, il faut que ça arrête.
Sa
responsabilité, comme ministre, puis la responsabilité des membres du
gouvernement, le minimum, à l'heure actuelle,
c'est d'être capable de venir donner des explications qui sont claires, parce
que le risque, il est celui auquel on assiste
à l'heure actuelle, c'est que les gens sont en train de décrocher, faute d'être
capables de comprendre ce qui s'applique.
Donc, je le redis au ministre, il a une responsabilité ministérielle, il a une
responsabilité morale, il a l'obligation d'être clair lorsqu'il donne des indications. Il y a des zones qui
passeront certainement en zone orange dans les prochains jours, d'autres qui vont passer en zone rouge, il
doit expliquer clairement et réitérer son message pour qu'il soit entendu
et compris de tous, et, à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas.
Et,
quand on lui pose des questions, on lui demande, nous aussi, comme la
population, comme les journalistes,
d'avoir des réponses qui sont claires. Quand on lui demande des projections
épidémiques, des scénarios et qu'il nous dit : Oui, oui, l'INESSS a émis des scénarios de
projection, on parle de projection hospitalière qui a été fournie par
l'INESSS, je lui parle de scénarios de
projection épidémiologique, ça n'a rien à voir. Donc, s'il veut arrêter de
semer la confusion, il faut que ses réponses soient précises, et
qu'elles soient claires, et qu'elles soient aussi disponibles.
Donc,
s'il a effectivement les scénarios auxquels il fait référence, et j'imagine
que, si c'était le cas, ils seraient publiés,
bien, qu'il les dépose, mais moi, je vais me fier à la parole du premier
ministre, qui a dit publiquement que ces scénarios-là n'avaient pas été
demandés depuis le mois de juin. Et donc, je le répète, ce que ça me dit, c'est
que le gouvernement, en ce moment, navigue à
l'aveugle et n'a pas l'information sur ce qui s'en vient. Et je comprends
qu'on ne peut pas savoir exactement avec certitude comment ça va évoluer, mais
ça s'appelle de l'épidémiologie, ça s'appelle faire
des scénarios. Donc, j'espère que cette demande-là, elle a été faite de façon
urgente depuis qu'on en a parlé il y a deux semaines.
Et
c'est la même chose sur l'ensemble des éléments qu'on lui a posés aujourd'hui.
Qu'il ne se surprenne pas si, dans les
prochains jours, je lui refais ce genre de demande à savoir pourquoi la
mobilité du personnel non professionnel n'a pas été interdite dans les CHSLD. Il doit absolument se pencher sur cet
élément-là. La même chose pour tout ce qui est chirurgie en attente. C'est quoi, le niveau d'activité, à
l'heure actuelle, dans les ententes qui ont été signées avec les centres
médicaux spécialisés? À quelle vitesse il va
rattraper aussi les 140 000 chirurgies? Et ça, c'est sans compter les chirurgies qui, fort probablement, vont s'ajouter dans les prochaines semaines, et elles vont être
retardées parce qu'il y a déjà des
CIUSSS qui parlent de faire du délestage.
Comment il va s'assurer de faire un rattrapage dans le dépistage du cancer? Ce
sont tous des éléments que l'on veut savoir.
Et,
pour le... Je le répète, là, il a un point de presse cet après-midi, il va en
avoir d'autres dans les prochains jours, il a une responsabilité de venir... d'assurer une certaine prévisibilité
pour les Québécois. Il n'y a personne qui veut revivre un confinement comme il a été fait au printemps, où
le premier ministre, du jour au lendemain, a confiné tout le Québec
parce qu'il a réagi... il a été un des
derniers à réagir à la situation. Je le répète, pas de comité des aînés, les
CHSLD ont été fermés beaucoup plus tard que dans d'autres provinces du
Québec... du Canada, alors qu'on savait très bien ce qui se passait en Europe.
On
a une certaine visibilité sur le fait que la situation évolue ailleurs dans le
monde, donc il faut être capables de faire
cette prévision-là, mais il a une responsabilité, pour aider la population à
s'organiser et à prévoir, de nous dire ce qu'il va faire en sachant
comment ça évolue et de le dire un peu à l'avance. On ne parle pas de quatre
semaines à l'avance, parce que ce n'est pas réaliste comme demande, mais je
pense que, quelques jours à l'avance, il doit être capable de dire : Quand certaines régions passeront en
rouge, voici ce qui arrivera. Il doit être transparent, au niveau de la
population, sur la situation, sur où on en est.
Et,
dans les messages, je le répète, non seulement dans les réponses, mais dans la
lecture de la situation, on passe d'une situation, mardi dernier, où la
situation était critique, dramatique, deux jours après on se fait dire, en
pleine période de questions : Non, on
n'est pas en deuxième vague, l'opposition erre. On fait de la dérision avec des
vidéos en faisant un montage, et
24 heures plus tard, bien là, finalement, changement, directeur de la
Santé publique... parce que le Scientifique
en chef du Québec a dit : On est bien dans la deuxième vague, là il y a un
changement du ton, un changement des messages. Donc, ça, ça ne marche
pas.
Moi, je
demande au ministre de la Santé de se ressaisir, au gouvernement de se
ressaisir. Il est question de vies humaines,
ici. C'est leur responsabilité de s'assurer de bien gérer la deuxième vague et
surtout de la gérer mieux qu'elle n'a été gérée durant la première.
Merci.
Documents déposés
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, Mme la députée. Je veux signaler que nous avons reçu trois
documents du ministre. Alors, j'autorise le
dépôt de ces documents, qui seront éventuellement disponibles sur Greffier.
Merci à tous de votre collaboration, de votre contribution.
Compte tenu
de l'heure, je lève la séance. Et la commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au mardi 29 septembre,
où elle se réunira en séance de travail. Je vous souhaite un agréable week-end à tous, et merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 heures)