(Neuf heures trente et une minutes)
Le
Président (M. Provençal)
:
Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je vous prie de
bien vouloir éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques et vos
microphones.
La commission
est réunie virtuellement afin de permettre aux députés d'opposition d'échanger avec la ministre
de la Santé et des Services sociaux au sujet de la pandémie de COVID-19.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Alors, Mme David
(Marguerite-Bourgeoys) est remplacée
par Mme Sauvé (Fabre).
Organisation
des travaux
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la
secrétaire. En complément, je veux
vous mentionner que les membres suivants sont présents : Mme Blais
(Abitibi-Ouest), Mme Guillemette (Roberval), M. Lafrenière (Vachon),
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), Mme Picard (Soulanges), M. Tremblay
(Dubuc), M. Fortin (Pontiac), M. Zanetti (Jean-Lesage), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) et Mme Fournier (Marie-Victorin).
Conformément à l'entente conclue, je vous
rappelle qu'il n'y a pas de remarques préliminaires. La période d'échange
avec la ministre, d'une durée de deux heures, se divise en plusieurs
blocs, incluant les questions et les réponses, en alternance entre les
groupes d'opposition. De façon plus précise, les temps d'échange sont répartis
comme suit : deux blocs de
19 min 32 s ainsi qu'un bloc de 19 min 31 s pour l'opposition officielle, deux blocs de 14 min 39 s pour
le deuxième
groupe d'opposition, deux blocs de
14 min 39 s pour le troisième
groupe d'opposition et un bloc de
2 min 51 s pour les députés indépendants.
Discussion
générale (suite)
Nous allons
débuter la période d'échange avec une intervention de l'opposition officielle
pour un premier bloc. M. le député de Pontiac, vous disposez de
19 min 32 s. La parole est à vous pour discuter avec Mme la
ministre.
M. Fortin :
Oui, merci. Bonjour, M. le Président. Ça fait du bien de vous voir, de vous
retrouver. Mme la ministre, bonjour, à tous les collègues également.
M. le
Président, d'abord, d'entrée de jeu, là, comme on le fait toujours, là, je
tiens à saluer, bien évidemment, la mémoire de tous les Québécois qui
sont décédés de la COVID-19 depuis le début de la crise et à tous les autres également, toutes les victimes collatérales de la
COVID, là, qui, malheureusement, n'ont pas pu obtenir les soins à temps.
M. le Président, les questions qu'on va poser
aujourd'hui, on vise deux choses en particulier : d'abord, à comprendre comment on en est arrivés à la
situation actuelle, comment on est arrivés au fait que le Québec a plus de
décès par habitant que tout le reste du Canada, et donc comment Montréal
est la septième ville avec le plus haut taux de mortalité au monde. Et ce qu'on veut savoir, M. le Président,
c'est : Est-ce qu'on pose des bonnes actions maintenant pour
s'assurer qu'un minimum de Québécois contractent la COVID aujourd'hui et lors
d'une deuxième vague éventuelle?
Alors, à ce
niveau-là, j'aimerais que la ministre nous explique, tout simplement, là...
qu'elle revienne sur la situation présente
et qu'elle nous explique comment le Québec est arrivé à la situation actuelle,
pourquoi on a tellement plus de décès
qu'ailleurs. À 23 % de la population canadienne, là, on a plus de la
moitié des décès et encore plus en CHSLD. Alors, j'aimerais entendre les
explications de la ministre à ce sujet-là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann : Oui, M. le
Président. Alors, évidemment, je veux saluer tout le monde. Je veux saluer les collègues, là, du gouvernement puis je veux saluer
aussi les collègues de l'opposition officielle. C'est toujours un moment
où c'est important de partager, là, des
informations ensemble. Et effectivement, sur la question de fond que pose le
député de Pontiac, la première chose
qu'on doit dire, c'est vraiment, encore une fois, d'offrir nos sympathies aux
familles qui ont perdu un être cher.
C'est une situation extrêmement tragique. Moi, j'ai parlé d'une crise
humanitaire et je continue d'en parler.
Alors,
évidemment, de donner les raisons pour lesquelles ça se passe comme ça au
Québec, il va falloir faire des enquêtes épidémiologiques, par exemple.
Il faut faire une enquête épidémiologique là-dessus. On est toujours dans la
gestion de la crise. Il faut faire également un bilan, comment on a géré cette
crise. Il demeure qu'au moment où cette pandémie
s'est révélée nous avions un réseau de la santé et des services sociaux en
difficulté, où est-ce qu'il manquait du personnel, dans les CHSLD par
exemple, ce qui n'a véritablement pas aidé.
C'est
également un virus qu'on ne connaît pas, à l'époque, là, quand ça a débuté. Et
on s'est aperçu, à la fin mars, début avril, que les personnes
asymptomatiques pouvaient propager le virus, ce qui a été une donne qui a
changé vraiment le cours des choses. Alors, on avait pris des mesures, cesser
les visiteurs, cesser les personnes qui étaient symptomatiques dans les CHSLD, mais là on s'est aperçu que même les
personnes asymptomatiques pouvaient propager le virus. Il faut dire qu'au Québec on est une province où il y a
énormément de CHSLD, contrairement à
d'autres endroits au Canada.
Et là il faut se poser la question pour le futur, et déjà on
est à l'oeuvre, au niveau du
gouvernement. Moi, je pense que les
personnes veulent rester à domicile le plus possible, et on travaille déjà, au
gouvernement, à prendre un virage maintien
à domicile dans la communauté. Ce sera certainement une des actions les plus
importantes du gouvernement pour le futur, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Fortin : Oui, merci. Merci, M. le Président. J'apprécie
les explications de la ministre, mais j'ai une question bien particulière par
rapport aux explications qu'elle nous donne parce que la ministre déléguée...
la ministre responsable des Aînés
nous a essentiellement donné la même explication que la ministre, elle nous a
dit : Bien, une partie de l'enjeu, c'est qu'on ne savait pas qu'il
y avait transmission asymptomatique, que les personnes asymptomatiques
pouvaient transmettre le virus. Et c'est
exactement ce que la ministre de la Santé vient de nous dire, là, elle nous a
dit : On a découvert ça à la fin mars.
Je veux
porter l'attention de la ministre sur un article de CNN daté du 31 janvier
2020 — et on va
le faire parvenir à la commission à
l'instant, M. le Président — où Anthony Fauci, le directeur national de
l'Institut sur les allergies et les maladies infectieuses,
affirme : «There's no doubt [...] that asymptomatic transmission is
occuring. This study — et
il fait référence à une étude allemande,
là — lays the
question to rest.» Donc, essentiellement, le numéro un américain sur ces questions-là dit : Il n'y a aucun
doute que la transmission asymptomatique a lieu, l'étude allemande élimine tout
doute sur cet enjeu.
Est-ce que la
ministre est en train de nous dire qu'au Québec, à la fin mars, on n'avait pas
cette information-là, on n'était pas d'accord avec l'affirmation du
Dr Fauci?
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Oui. M. le Président, la question du collègue député de Pontiac me donne
l'opportunité de dire que nous avons
toujours suivi les avis de la Santé publique quant à la prévention des
infections. Alors, effectivement, nous avions des avis de la Santé publique à
partir, là, du mois de janvier, même, mais beaucoup au niveau du mois de
mars. Nous avons appliqué toutes les mesures
que nous a demandées la Santé publique. Alors, ça, c'est une chose très
importante, parce que les avis de la Santé publique doivent être suivis.
L'autre élément que j'apporterais, c'est que la
difficulté que nous avons eue, le manque de personnel, le fait également que, dans nos CHSLD, il n'y avait non
pas des équipes dédiées, mais des personnes qui se promenaient beaucoup,
au niveau des travailleurs, entre différents
établissements, ça a été vraiment un facteur qui n'a pas aidé, qui a favorisé
la propagation du virus, en plus de
la semaine de relâche que nous avons eue en début mars, beaucoup plus tôt que d'autres provinces du Canada. Alors, ça
aussi, ce sont des facteurs qui ont joué beaucoup dans la propagation du virus.
L'ampleur de nos CHSLD également,
le nombre important de résidents, nous avons de gros CHSLD, notamment
à Montréal, c'est beaucoup plus difficile à contrôler. Alors, les petits
milieux, ça, ça va être quelque chose aussi sur lequel on va plancher. Les
projets de maisons des aînés de la ministre responsable des Aînés vont dans ce
sens-là.
Alors,
effectivement, M. le Président, nous avons suivi les avis de la Santé publique quant aux directives pour
nos intervenants.
• (9 h 40) •
M. Fortin : M. le Président, je n'ai aucun doute que la
ministre a suivi les directives de la Santé publique, mais ma question
n'est pas là et ma question n'était pas non plus sur tous les autres facteurs,
sur les déplacements du personnel. Sur tout le reste, là, la ministre a
peut-être bien raison que ça a tout contribué, mais une des raisons qui est évoquée par la ministre, une des raisons qui est
évoquée par la ministre déléguée aux Aînés, c'est qu'on ne savait pas, au
Québec, qu'il y avait transmission par les
personnes asymptomatiques. Pourtant, aux États-Unis, on le savait en janvier,
c'était rapporté dans les médias.
Est-ce
qu'elle savait, est-ce que les gens de la Santé publique au Québec, est-ce que
quelqu'un au ministère savait qu'il y avait transmission de la part des
personnes asymptomatiques?
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Encore une fois, M. le Président, je ne peux que réitérer que nous l'avons su à
la fin mars, que les personnes asymptomatiques pouvaient propager le
virus, M. le Président.
M. Fortin : Donc, je
veux juste bien comprendre, M. le Président. Alors, il n'y a personne au gouvernement du Québec, personne au ministère de la Santé, la ministre de la Santé non plus, qui avait pris
connaissance des études, qui avait
pris connaissance des propos très publics, là, de la part du Dr Fauci, qui
avait pris connaissance de ces articles-là rapportés très largement dans les
médias américains et à travers le monde? Je veux juste bien comprendre. C'était
un fait qui était inconnu à la ministre de la Santé, c'est ça?
Mme McCann :
Alors, M. le Président, deux choses. Il faut rappeler que la Direction de
la santé publique au Québec est très en lien
avec la direction de la santé publique pancanadienne, alors fédérale, et les
directives qui nous sont données
viennent de la Santé publique du Québec, mais toujours en lien avec la
direction de la santé publique fédérale.
Le collègue
député de Pontiac parle d'une étude. Habituellement, il faut beaucoup plus
qu'une étude pour avoir des certitudes dans le domaine. Alors, encore
une fois M. le Président, la Santé publique fédérale et la Santé publique
québécoise nous ont donné des directives là-dessus à la fin mars.
M. Fortin :
Très bien. Très bien, M. le Président. Juste peut-être rappeler, en terminant,
là, à la ministre qu'effectivement, des
fois, une étude ne fait pas portrait global, mais en même temps le
Dr Fauci nous a dit : «[It] lays the question to rest», ça met fin à la question, question que tout le monde se posait, là, dans le monde de la santé publique, depuis longtemps.
En tout cas, on va passer à autre chose, si vous le permettez, parce que
la ministre a amené beaucoup d'autres enjeux dans sa réponse. Elle nous a parlé du déplacement de personnel. Effectivement, là, c'est un enjeu, ça a été un enjeu majeur tout au long de la
pandémie, le déplacement de personnel d'un établissement à un autre, d'une zone
à une autre. Aujourd'hui, là, aujourd'hui, on est le 22 mai, ça fait deux mois
et demi, trois mois qu'on est dans cette crise-là, aujourd'hui, puisque le déplacement de personnel, c'est connu, c'est
un facteur important dans la transmission du virus, est-ce
qu'il y a encore déplacement de personnel dans le réseau de la santé?
Mme McCann :
Oui, M. le Président. Alors, ce que je veux dire là-dessus, c'est que, quand la
pandémie a débuté, nous avions une situation dans les CISSS et les CIUSSS où, à
cause de l'organisation du travail et les ententes qu'il y avait eu entre les établissements et les
unités d'accréditation syndicale, suite à la réforme de l'ancien ministre de la
Santé créant ces grandes structures, le
personnel pouvait se déplacer beaucoup entre établissements. Alors, nous avons
dû très rapidement revoir l'ensemble de l'organisation des services au niveau
des CHSLD, et c'est ce qu'on a fait, notamment
avec l'arrêté ministériel 007, pour nous permettre de faire en sorte qu'il y
ait des équipes dédiées. Alors, ce travail de fond, qui a demandé
beaucoup, beaucoup d'énergie, a été fait.
Mais, pour répondre à la question du collègue,
nous avons toujours une problématique au niveau du personnel. Il nous manque
encore du personnel dans le réseau, M. le Président. Quand on a débuté au
niveau de la pandémie, on avait déjà une
pénurie de personnel, et actuellement on a encore autour de 10 000
personnes qui sont absentes dans le réseau. On a eu de l'aide, mais on a
encore des besoins.
Et
malheureusement, actuellement, notamment au niveau des CHSLD, les infirmières
de nuit, c'est vraiment dans ces quarts de travail qu'on a de la
difficulté à combler tous nos besoins, et on y travaille vraiment
quotidiennement, actuellement. Nous allons
avoir besoin d'équipes additionnelles pour les quarts de nuit dans les CHSLD de
Montréal au niveau des infirmières.
C'est ce que nous avons circonscrit à ce moment-ci pour juguler vraiment le
phénomène, et je pense qu'on va y arriver certainement avec les mesures
qu'on va prendre, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Fortin :
Est-ce que la ministre a... avec toutes les mesures qu'elle peut prendre, là,
est-ce que la ministre pense... est-ce
qu'elle a une date précise en tête à laquelle elle va y arriver? Parce que, là,
ça fait deux mois et quelques, là,
est-ce qu'elle peut nous dire : D'ici
un mois, ça va être terminé, il n'y en aura plus? Est-ce qu'il y a
une date précise à laquelle elle pense, là, que ça va être terminé, il
n'y en aura plus, de déplacements?
Mme McCann : Bien, M. le
Président, ce que j'aimerais dire à mon collègue, on a fait en deux mois ce
que, normalement, le réseau fait en deux
ans. Je pense qu'il faut réaliser ça, là. C'est une grosse réorganisation
qu'on est en train de faire. Et je
n'ai pas de date précise, mais, M. le
Président, je vais vous dire que, ma
collègue ministre responsable des
Aînés et moi-même, c'est notre grande priorité parce que nous
voulons vraiment que cessent les risques de propagation.
C'est clair, M. le Président, que nos intervenants sont très responsables dans
le dossier, nos gestionnaires aussi.
Donc, si quelqu'un
est obligé d'aller d'un établissement à l'autre ou d'une zone chaude à une zone froide — et
ça, c'est vraiment
exceptionnel — les
mesures de précaution sont très grandes, l'équipement de protection est utilisé
de façon systématique, mais nous voulons que ça cesse complètement, notamment au niveau des infirmières aux quarts de nuit
dans les CHSLD de Montréal.
M. Fortin : M.
le Président, la ministre a utilisé
un mot... et, dans nos questions, là, on n'est pas en train de remettre en cause le fait qu'il y a des gens qui font du
travail extraordinaire. Il y a, de
toute évidence, des gens qui font du
travail extraordinaire sur le terrain. Mais la ministre a utilisé le mot
«extraordinaire» et elle nous a dit : C'est des situations extraordinaires
quand un personnel se déplace d'une zone à l'autre. Pourtant, ce qu'on entend
du personnel en ce moment, là, dans les
CHSLD, c'est le quotidien du monde. Ça se passe quotidiennement que quelqu'un
passe d'une zone chaude à une zone froide. Alors, l'extraordinaire, là,
c'est... peut-être, dans ses directives, ça doit être fait de façon extraordinaire,
mais est-ce qu'elle peut reconnaître que ça se passe au quotidien dans nos
CHSLD en ce moment?
Mme McCann : Bien, M.
le Président, il faut être précis quand on parle de ça, hein, M. le
Président, il faut donner vraiment les endroits, les moments où ça peut
se passer, et nous, c'est ce qu'on fait. Quand on en entend parler... D'ailleurs,
on a mis des moyens additionnels pour savoir où ça se passe pour qu'on puisse
aider ces gens-là, et il faut qu'on sache
où est-ce que ça se passe et pourquoi ça se passe. Et c'est pour ça, M. le Président, que je suis en mesure de dire aujourd'hui que c'est beaucoup... évidemment, exceptionnellement, mais ce sont les quarts de
nuit en CHSLD dans la grande région de Montréal au niveau des infirmières où ça se passe encore,
et nous allons le régler le plus vite possible, M. le Président.
M. Fortin : O.K. M. le
Président, j'imagine qu'une des
choses que la ministre a dû vouloir faire également, c'est de
s'assurer... puisqu'elle nous dit, là : On veut s'assurer que les gens ne
se déplacent pas d'un établissement à
l'autre, particulièrement en CHSLD,
ne se déplacent pas d'une zone à l'autre, c'est notre directive, c'est notre
volonté, à tout le moins. Elle sait
qu'il y a des postes de préposé, des postes d'infirmière auxiliaire dans le
réseau, des postes d'infirmière en CHSLD
qui sont attitrés à des équipes volantes. Elle sait qu'il y a des postes qui
sont multi-installations, hein, un poste qui est désigné pour travailler dans plus qu'un établissement. Alors,
aujourd'hui, là, si on fait le tour des postes qui sont affichés, est-ce que vous affichez encore, dans le
réseau de la santé, des postes qui font partie d'équipes volantes en CHSLD,
des postes qui sont multi-installations en CHSLD?
• (9 h 50) •
Mme
McCann : Ah! bien, M. le Président, c'est sûr que des postes
multisites, là, et des postes multizones, c'est ce qui se passait avant la pandémie, mais c'est clair que, pendant la
pandémie, il n'est pas question d'avoir des gens qui se promènent d'un établissement à l'autre. Il y a un
arrêté ministériel, qui est le 007, qui existe justement pour nous permettre,
heureusement, de faire en sorte que les gens ne se promènent plus.
Alors, M. le
Président, ce qu'il va falloir faire, là, et là j'annonce quelque chose, là,
maintenant il va falloir penser à l'après-pandémie. Pendant la pandémie,
M. le Président, on a l'arrêté ministériel 007 qui nous permet d'organiser
ces équipes dédiées, mais comment c'était
organisé avant, là... Bien, il va falloir trouver une voie de passage, on ne
peut pas revenir à ce qui existait avant, des postes multisites, des
équipes volantes, non. Il va falloir embaucher plus de personnel et organiser ces équipes dédiées parce que, M. le Président,
d'abord, le virus, la COVID-19 est avec nous pour un bon bout de temps, pour des mois, peut-être une
couple d'années avant qu'on trouve un vaccin, et même après on n'est pas à l'abri d'autres virus. Il va falloir
maintenir ces façons de faire en prévention des infections, et consolider nos
équipes comme on le fait maintenant,
et les garder, nos équipes de prévention des infections, M. le Président, ça
n'arrêtera pas.
M. Fortin : Je vois que la ministre, M. le Président, là, à
ma question très spécifique de : Est-ce qu'on affiche encore des postes multi-installations?, n'a pas
répondu à la question. Mais, puisque la ministre nous amène sur un autre
terrain, elle nous dit : Il va falloir
garder les gens qui sont spécialistes en infections... Là, on apprend dans le
journal ce matin, il y a des gens, des spécialistes en infections qui,
parce qu'ils ne peuvent pas se trouver de résidence au Québec, s'en vont en Ontario. Est-ce que, Mme la ministre, vous allez
trouver façon de garder ces gens-là au Québec ou est-ce que, simplement,
on va les laisser partir vers l'Ontario en leur disant : «Good luck in
Toronto»?
Le Président (M. Provençal)
: Une minute pour répondre.
Mme McCann : M. le
Président, d'abord,
quand je faisais référence aux équipes de prévention des infections, je faisais référence aux équipes qui ont été
comprimées, qui ont été coupées par l'ancien gouvernement. J'ai vu l'article aussi.
Alors, ces équipes-là, on les remet, on doit les remettre. Les conseillères
aussi en soins infirmiers, on doit les remettre dans tous les CHSLD et
dans tous les établissements.
Et j'ai vu l'article sur les microbiologistes,
et justement on est en train de regarder la planification pour les spécialistes pour les années futures, M. le Président. Alors là, on va se pencher sur cette question au même titre qu'il va falloir ajouter, par exemple, des gériatres au Québec.
Alors, on est tout à fait dans cet exercice actuellement avec la table
nationale, là, de planification des effectifs médicaux. Alors, on fait cet exercice, actuellement, et on va prêter une attention particulière aux microbiologistes
aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons maintenant commencer le premier bloc
d'intervention du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Jean-Lesage, vous disposez de 14 min 39 s. La
parole est à vous pour un premier échange avec la ministre.
M. Zanetti : Oui. Je
vous remercie, M. le Président. D'abord, je veux commencer par manifester ma solidarité
envers toutes les personnes qui sont
atteintes, là, de la COVID-19, aux proches endeuillés, au personnel soignant,
aux personnes qui... à tout
l'ensemble de la population, les
Québécoises et les Québécois qui
luttent, qui participent à l'effort collectif de lutte contre la
pandémie.
Je voulais
faire remarquer d'entrée de jeu, en réagissant à ce qu'a fait un peu... soulevé
mon collègue précédent, le fait que, finalement,
si on a su en retard le fait que la maladie pouvait être transmise par des gens
asymptomatiques, c'est en
partie à cause du fait qu'on se fie beaucoup sur la Santé publique canadienne, et donc on
pourrait y voir là un argument de plus pour acquérir davantage d'indépendance
en ce domaine.
Ma question
va porter sur la question de la deuxième vague. On l'a vu, les scientifiques le
disent, il va y avoir une deuxième
vague. Il faut se préparer à ça. On a peu de temps, mais on a beaucoup
plus de temps que ce qu'on avait avant
que tout ça nous éclate au visage. Et ma question est la suivante : Est-ce que
la ministre peut nous assurer que le personnel de la santé va être systématiquement, quotidiennement et à chaque semaine, dépisté avant l'automne,
avant l'arrivée de la deuxième vague?
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Oui. M. le Président, on a actuellement un exercice très important de dépistage du
personnel. 48 000 personnes, intervenants qui travaillent
dans les CHSLD vont être, dans les prochaines semaines, complètement dépistés. Alors, ça, c'est un exercice très
important parce qu'on sait que le phénomène, c'est beaucoup plus dans les
CHSLD.
J'en profite
aussi, M. le Président, comme mon collègue l'a fait, de saluer les intervenants
qui travaillent, là, dans le réseau,
actuellement, et qui sont à pied d'oeuvre pour s'occuper des personnes malades
et des personnes en CHSLD.
Donc, M. le
Président — et ce
n'est pas seulement le dépistage, là, quoique le dépistage est majeur — on se prépare pour la deuxième vague
potentielle qui pourrait arriver à l'automne de différentes façons, notamment
en faisant beaucoup d'embauche de personnel,
en ajoutant le personnel de façon très systématique et le plus possible — alors, là aussi, il y a des efforts considérables — former le personnel aussi, parce que, M. le
Président, on a ajouté du personnel avec
Je contribue et donc on doit les former pour qu'ils deviennent des aides de
service, des préposés aux bénéficiaires, on l'espère, dans le futur, et également pour agrandir des espaces parce
que ça prend plus d'espace, maintenant, pour s'occuper des gens qui ont la COVID-19, c'est toute une
grande réorganisation du réseau. Alors, on est en train d'organiser des espaces
additionnels, notamment au niveau de
modulaires, au niveau des hôpitaux puis au niveau d'espaces additionnels dans
la communauté pour aider au niveau des CHSLD et des hôpitaux.
Alors donc,
au niveau du dépistage, oui, et on va continuer d'augmenter notre capacité en
dépistage au niveau des travailleurs et au niveau de la communauté
également.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti :
Alors, j'ai une autre réponse... une question courte qui demande une réponse
très courte et très simple aussi. Est-ce que tous les CHSLD vont être
visités et inspectés en personne d'ici l'automne?
Mme McCann :
M. le Président, il y a tout un exercice de vigie des CHSLD qui est en train de
se faire. Tous les CHSLD ont été déjà
visités par cet exercice de vigie, et pas seulement les CHSLD publics, les
CHSLD privés, également, et privés conventionnés. Alors, ils ont déjà
été visités tous, et il pourrait y avoir certainement un autre exercice d'ici
l'automne, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti : Merci beaucoup.
Alors, j'aimerais savoir aussi, étant donné que ça a été un facteur, dans le déplacement de personnel, important puis un
facteur aussi de coûts important pour le système, est-ce que la ministre va
avoir encore recours aux agences privées de placement de personnel à
l'automne, lorsque la deuxième vague va arriver.
Mme McCann : C'est sûr, M. le Président, qu'on préfère
avoir des employés qui relèvent de nous. Donc, on peut penser que l'utilisation des agences va diminuer
avec les mesures qu'on prend actuellement. On a un arrêté ministériel là-dessus,
d'ailleurs, où on encadre beaucoup ce que font les
agences. D'abord, on encadre et on cesse la surenchère. On a mis un plafond sur le montant qu'on peut... être
facturé pour des services qui viennent des agences. Ça, c'est primordial.
Deuxièmement, on a mis des règles au niveau de la mobilité du personnel. Donc, on ne pourra pas avoir des gens
d'agences qui vont venir d'autres établissements. Il va falloir avoir des
équipes dévolues dans les zones et dans les établissements. Alors, cet arrêté ministériel est très, très
important. Et on ne pourra plus non plus avoir des agences
qui maraudent nos employés, donc, et on va pouvoir cesser des contrats
qu'on a faits avec certaines agences pendant la pandémie pour embaucher le
personnel.
Donc, cet
arrêté ministériel nous donne des moyens additionnels pour faire en sorte que, d'abord, c'est fait dans les règles de l'art quand on embauche
des agences et aussi qu'on diminue l'utilisation des agences. C'est sûr que...
Le
Président (M. Provençal)
: Mme la ministre, je vais vous demander d'avoir des réponses un petit peu plus concises aux questions
qui vous sont posées, s'il vous plaît.
Mme McCann : Oui, mais ça me permet aussi, M. le Président, je dois vous dire, d'expliquer... je pense que c'est important
d'expliquer parce que les agences, c'est un volet bien important.
C'est une question importante de mon collègue,
mais je vais faire attention, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie beaucoup, madame.
M. Zanetti.
M. Zanetti : Oui, je
vous remercie. Alors, la dernière
fois qu'on s'est retrouvés en commission virtuelle, vous avez dit : Bon, la loi du silence, c'est terminé. Vous avez,
depuis, mis sur pied une adresse courriel à laquelle vous invitez le personnel soignant, là, à écrire pour dire
quelles sont les situations inacceptables dont ils sont témoins. Combien de
courriels ont été reçus jusqu'ici?
Et est-ce que vous allez rendre ces informations-là
publiques et disponibles aux journalistes?
• (10 heures) •
Mme McCann : Bon, alors, on a reçu 1 791 courriels à ce jour.
Donc, on peut penser que ça répond à un besoin et on va traiter le plus rapidement possible les dossiers ou les demandes qui sont, à notre avis, très prioritaires, à savoir, par
exemple, là où il manque encore
d'équipement de protection — ce
n'est pas la majeure des demandes, là, mais il y en a un peu encore — et
aussi là où il y a des gens qui se préoccupent de personnes qui vont
d'une zone chaude à une zone froide, par
exemple. On veut régler ça, là, on
l'a dit tout à l'heure, le plus tôt possible. Ce n'est pas la majeure
des courriels, il y a beaucoup
de courriels sur les relations de travail, par exemple. On va traiter ça
avec les syndicats, avec les établissements, et je le redis, c'est important, M. le
Président, de le dire, que ce travail va se faire avec les établissements.
Alors, oui,
moi, je suis bien prête à donner de l'information à mes collègues du gouvernement et de
l'opposition officielle, des oppositions officielles sur qu'est-ce qu'on
reçoit comme besoins, comme signaux du terrain, et je vais certainement vouloir, et ça va être fait en continu, informer les établissements pour que les établissements prennent charge également des besoins de leurs
employés. Alors, ça va se faire en continu, c'est un gros exercice, mais ce que
je veux redire, c'est un signal fort pour mettre fin à l'omerta, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti : Est-ce que les journalistes vont pouvoir avoir
accès à ces courriels-là, ou vont-ils devoir utiliser la loi de l'accès à
l'information, ou est-ce qu'ils pourront y avoir accès pour donner à la
population un portrait immédiat de ce qui se passe qui est objectif?
Mme McCann : Bien, M.
le Président, c'est un gros exercice,
j'ai parlé de 1 791 courriels. Je pense que, d'abord, une opération,
là, de bien, bien analyser et surtout d'agir sur certains dossiers là-dedans
qui sont majeurs puis sur l'ensemble
des demandes, alors, on va commencer par faire ça, et on va certainement
vouloir être transparents. Quelle formule on va prendre? Je ne l'ai pas définie
encore, mais certainement qu'on va donner des informations aux journalistes et à la population là-dessus, certainement.
M. Zanetti : Merci. Alors, j'ai une autre question. Je vais
vous lire, en fait, un témoignage daté du 19 mai qui a été déposé
sur la plateforme Je dénonce de la FIQ. Je cite : «...nous sommes deux
infirmières auxiliaires laissées à nous-mêmes,
sans aucune aide-infirmière, et ce, avec 19 patients COVID [...] cordés
dans deux grandes salles communautaires.
Nous appelons à plusieurs reprises pour recevoir de l'aide sans avoir de
réponse au bout de la ligne. On tombe
sur des répondeurs des assistantes et de la chef du centre, sans Ativan avec un
patient confus qui tente de nous frapper
avec un bâton de métal, sans contention pour tenter de nous protéger... juste
nos mains et nos espoirs.» Est-ce que
la ministre pense que ce genre de témoignage là, c'est d'intérêt public puis ça
devrait être partagé aux journalistes directement?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, à cette question puis à la précédente, ce que je vais
répondre, c'est qu'on a assuré les
gens qui nous feraient signe, là, sur On vous écoute, que ce serait
confidentiel, donc on ne pourra pas donner d'informations nominatives, là, c'est clair. Mais il demeure que nous,
on va vouloir agir sur le terrain. La
situation que décrit
mon collègue, j'espère qu'on nous l'a transmise par On vous écoute, parce qu'on
va vouloir agir très, très rapidement
là-dessus. Vous savez, M. le Président, là, il
y a des endroits comme ça où on vit
de la détresse, et avec les grosses structures, là, qu'on a mises en place par le précédent gouvernement, là, ce n'est pas simple, dans ces établissements-là, d'avoir ce
qui se passe sur le terrain.
L'autre problème,
M. le Président, puis là je vais devoir le dire, là, même si
ça allonge ma réponse, je dois vous le dire, mais c'est important
de le dire, c'est qu'il n'y a pas toujours un gestionnaire dans ces établissements-là qui est en pouvoir de
régler les choses, un directeur, là, qui est capable de régler et de prendre en
charge cet établissement-là, ce CHSLD là. Ça, c'est un problème,
M. le Président. On va le régler, on a déjà
remis en place des gestionnaires, mais la
réforme dont on parle, c'est aussi de mettre des gens en responsabilité dans chacun de ces établissements-là pour régler la situation.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti : Je suis content de
voir la ministre critiquer la réforme du gouvernement libéral précédent. J'aimerais quand même rappeler qu'elle
avait écrit une lettre qui appuyait cette réforme-là à un moment donné. Je suis content de voir qu'elle a changé d'idée, par contre.
Sur la
question de parler aux médias et le personnel soignant, est-ce que la ministre
peut prendre l'engagement de faire
en sorte de remplacer, là, l'engagement... pas de confidentialité, mais le devoir de loyauté de ne pas parler,
là, de ne pas parler aux médias auquel sont soumis, en ce moment, là, le
personnel soignant, de remplacer ça par une reconnaissance explicite de leur droit de parler aux médias
lorsqu'il y a des choses qui ne bougent pas dans les canons internes et
qu'ils ont des situations inacceptables à dénoncer?
Mme McCann : M. le Président,
j'ai combien de temps pour répondre?
Le Président (M. Provençal)
: Deux minutes.
Mme McCann : Bon, je veux juste prendre le temps de répondre
bien à ces deux commentaires, vous me permettrez, M. le Président. La lettre à laquelle fait référence mon collègue... M. le Président, moi, j'ai été dans le réseau plusieurs années et je connais
comment ça fonctionne. Quand j'ai écrit cette lettre, il n'était pas question
de faire les compressions budgétaires
qu'a faites l'ancien gouvernement. C'est ça qui a mis aussi le réseau en grandes difficultés,
comprimer des postes de gestionnaire. Il y a 2 500 gestionnaires de moins qu'en
2015... 2014, M. le Président. Couper, en santé publique, 30 % du budget, M. le
Président, non, ça, je n'aurais jamais appuyé une réforme comme celle-là. Alors,
voilà ma réponse sur la lettre, M. le Président.
Deuxièmement,
par rapport à ces ententes de confidentialité, bien, on va tout revoir, M. le
Président, parce que la loi donne des obligations aux employés, au personnel.
Il y a des obligations de confidentialité pour tous les employés du réseau, et les employés doivent les connaître,
c'est dans la loi. On ne peut pas divulguer de l'information, par exemple,
par rapport à des usagers. Mais les ententes de confidentialité qui sont
signées dans certains établissements, on veut revoir
ça parce que ça va au-delà, et on va arriver avec une proposition cet automne,
et ça, ça va être très important, pour libérer
la parole du personnel dans le réseau, donc une révision importante pour
continuer notre exercice de libération de la parole des employés du
réseau.
Puis moi, je
vais vous dire en terminant, M. le Président, que l'objectif de libérer la
parole, là, des intervenants, c'est
pour améliorer le réseau, c'est pour régler les problèmes. Ce sont beaucoup les
intervenants et les gestionnaires terrain, en passant, là, qui peuvent nous
écrire aussi, qui ont les solutions, M. le Président. C'est ça qu'on veut
avoir et c'est avec ça qu'on va travailler dans le futur, M. le
Président, avec aussi les directions des établissements.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, merci. Nous allons maintenant commencer le premier bloc d'intervention
du troisième groupe d'opposition. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, vous disposez de 14 min 39 s.
La parole est à vous pour un échange avec la ministre.
M. Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Je vous salue,
je salue la ministre et tous les collègues. J'en profite également à mon tour
pour saluer tous les gens qui sont au front au jour le jour, au quotidien pour
soigner les gens, particulièrement ceux qui sont atteints de la COVID-19. Puis
je salue également les familles éplorées et toutes les victimes, là,
dans cette période de pandémie. On pense à eux, et c'est pour eux qu'on
travaille au quotidien, là, tous collectivement,
et qu'on cherche les solutions pour avoir un réseau beaucoup plus efficace. Et
c'est dans ce sens-là que mes questions vont se poser aujourd'hui, non
seulement pour le réseau de la santé, mais également pour les directives,
en ce qui concerne les directives que doivent observer les gens dans la
population.
Mon premier
sujet, M. le Président, c'est celui du port du couvre-visage dans la
communauté. Je veux quand même que la ministre nous précise quelles sont
les orientations actuelles et celles à venir parce qu'il faut quand même reconnaître que, depuis le début, là, on a
tergiversé. Il y a quand même un rapport, qui date de 2007, de l'INSPQ qui dit
très clairement qu'il faut recommander le port du masque en cas de pandémie.
Dès le début, le 19 mars, le premier ministre
et le responsable... le directeur national de la santé publique ont dit
exactement le contraire, ils ont exhorté les Québécois à ne pas utiliser
les masques pour se protéger. Ils ont beaucoup insisté sur les autres
directives, ce qui est correct, mais ça leur
a pris un mois à finalement admettre que le masque pouvait être utile là où on
ne pouvait respecter la distanciation physique, notamment dans les
transports en commun.
Nous avons
posé des questions lors de la dernière commission virtuelle — encore là, une certaine du masque sera obligatoire, particulièrement à
Montréal, et si on pouvait soutenir également la ville de Montréal. Bon,
finalement, après avoir dit qu'il y avait
des enjeux liés au respect des droits et libertés de la personne, on a
finalement admis qu'il était question
de la capacité à fournir les masques. Est-ce que la ministre peut reconnaître
qu'on a donné les directives qui encouragent le port du masque deux mois
trop tard et nous préciser ce qui s'en vient à cet égard?
• (10 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Bien, je pense que c'est clair dans nos dernières communications, toujours en
suivant l'avis de la Santé publique,
qu'on recommande fortement le port du masque, et spécialement quand on est à
moins de deux mètres, on ne pourra pas garder le deux mètres de distanciation
physique. Donc, le port du masque va devenir de plus en plus quelque chose qui va être utilisé, là, par
l'ensemble de la population, je pense qu'on appuie fortement sur ce message.
C'est une responsabilité collective parce
que, quand on porte le masque, on protège l'autre, alors je pense qu'on a tous
une responsabilité de le porter. Puis
d'ailleurs, comme vous le savez, on a financé Laval et Montréal pour qu'ils
puissent donner accès à davantage de
masques, notamment dans les populations vulnérables, hein, qu'on connaît à
Montréal et à Laval. Alors, on préconise le couvre-visage artisanal, là,
pour la population en général et on l'encourage fortement, notamment, dans les
transports collectifs.
Et pour un
complément d'information, M. le Président, je peux donner la parole, si c'est
consenti, au directeur adjoint en santé publique, le Dr Jalbert,
qui est avec nous aujourd'hui.
Le
Président (M. Provençal)
:
Pour pouvoir donner la parole, ça me prend le consentement des personnes, alors
je vais nommer les gens. M. Lafrenière (Vachon)?
M. Lafrenière : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: M. Fortin (Pontiac)?
M. Fortin :
Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti :
Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Oui, consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Fournier?
Mme Fournier : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, on va demander à M. Yves Jalbert, directeur général adjoint de la protection
de la santé publique au ministère, de prendre la parole, rapidement
par exemple, parce
qu'il ne faudrait pas laisser
couler tout le temps à la question qui a été posée par le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Jalbert
(Yves) : Oui. Bonjour à
tous. Je vais y aller rapidement. En fait, le risque d'arriver rapidement
avec la directive du couvre-visage ou
du masque artisanal, comme on l'appelle souvent... Si on était arrivés avec ça,
disons, en janvier ou en février, on
aurait probablement eu plus de difficultés à faire accepter à
la population la notion de distanciation physique, et le masque
demeure quand même un moyen de protection qui est secondaire à tout
ce qu'on a implanté au niveau de la distanciation physique. Notre crainte a toujours
été que l'un remplace l'autre, alors, dans nos messages, on insiste beaucoup sur le fait que le couvre-visage ne doit pas
remplacer les autres mesures. Et à ce
moment-là, une fois que la population a bien acquis le comportement de distanciation
physique, on amène le couvre-visage comme une arme supplémentaire dans
notre démarche.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui, merci. Mais en voulant insister sur les
directives, les autres directives, on a aussi un peu lancé le message que le masque n'était pas nécessaire, et aujourd'hui on s'emploie à l'encourager. Je ne veux pas
revenir là-dessus, mais je voudrais poser la question à la ministre,
M. le Président : Est-ce
qu'on envisage de l'imposer, le
masque, dans les lieux publics et dans les transports en commun, comme
ça a été fait en France, par exemple?
Mme McCann : Bien, on n'est pas rendus là, mais, écoutez,
c'est sûr qu'on en discute avec la Santé publique, et ce n'est pas exclu. Mais,
pour le moment, on n'est pas rendus là, et on va voir comment les choses
évoluent au Québec. Mais je veux appuyer, M. le Président, sur qu'est-ce que vient de dire le directeur national en santé
publique. Il faut le répéter, qu'il
faut continuer de se laver les mains de façon soutenue et il faut continuer de
garder le deux mètres de distance. Ce
sont les mesures, là, très, très importantes pour vraiment nous protéger du virus de la COVID-19. Mais, pour
le masque, on continue nos discussions. Puis
je réitère qu'on a soutenu la ville de Montréal, 6 millions de dollars
pour 1,5 million de masques, là, pour les populations vulnérables. Je
pense que ça va de plus en plus faire partie de nos coutumes au Québec.
Le Président (M. Provençal)
: M. Arseneau.
M. Arseneau : Oui, merci. Maintenant, bon, le masque,
c'est un des outils pour la population. Moi, je voudrais revenir maintenant, dans une autre thématique, sur les directives
gouvernementales et le matériel de protection du personnel soignant. Il semble encore y avoir des problèmes à
ce que les directives du gouvernement, d'en haut, descendent sur le terrain et soient appliquées correctement, j'en
veux pour preuve certains témoignages qui ont été partagés sur la plateforme
Je dénonce et qui font état, notamment,
là, du manque d'équipement ou d'une gestion déficiente dans la répartition des
équipements et des ressources. Et ça, ça date d'il y a quelques jours
seulement, une infirmière qui parle de son travail à l'Hôtel-Dieu sur une unité
tiède, qui dit qu'elle n'a toujours aucun uniforme fourni par l'employeur.
Pourtant, les directives ont été claires à
l'effet que les étages de médecine, chirurgie par exemple, doivent avoir des
uniformes fournis et que le port du
masque doit l'être aussi, alors qu'elle dénonce n'avoir que le masque pour se
protéger auprès des patients de la COVID-19.
Est-ce que la ministre trouve que cette situation est acceptable après
deux mois et demi de pandémie?
Mme McCann :
M. le Président, c'est sûr qu'on a affaire à des très grosses organisations, puis, comme je le disais précédemment, on a fait des efforts vraiment
colossaux pour, d'ailleurs, d'abord nous approvisionner suffisamment, et là on peut dire aujourd'hui qu'on a suffisamment de matériel pour en avoir pour tout le monde. Et là, vraiment, on parle encore d'une situation qui n'est
pas la situation générale, de toute évidence, là, et c'est pour ça que les
établissements, évidemment, veulent vraiment régler ces situations. Mais nous aussi,
on veut les aider, alors on veut savoir où sont ces situations, puis on invite les personnes dont on
parle aujourd'hui de nous écrire sur On vous écoute parce que
c'est vraiment des situations
très prioritaires sur lesquelles on va travailler, là, et qu'on veut régler.
Alors donc, encore une fois, je pense que la plupart des endroits dans le réseau, c'est
réglé. Mais, s'il reste encore des poches où on a de la difficulté, on
veut le savoir puis on va les régler rapidement, M. le Président.
M. Arseneau : M. le
Président, moi, j'aimerais savoir si
la ministre est au courant, là, que... Est-ce qu'on lui
apprend ce matin ou elle est au
courant qu'il y a, justement, encore des failles et que le principe
de précaution pour la protection de l'ensemble du
personnel soignant, là, n'est pas appliqué de façon uniforme partout? Et, dans
un processus de déconfinement qu'on
entreprend, on va continuer d'avoir un nombre quand même important
de cas, est-ce qu'on peut régler
cette situation-là de
façon définitive? Les stocks de
matériel, est-ce que les projections pour leur utilisation et les
directives sont suffisamment claires et appuyées pour qu'on soit sécurisés sur
le terrain?
Mme McCann :
Oui, M. le Président, oui, on va les régler, ces situations-là, et le plus tôt
sera le mieux. Les directives sont très claires, M. le Président. J'ai devant
moi un tableau, là, d'ailleurs, que je pourrais fournir aux membres de la commission, qui est très
clair. Partout au Québec, dans tous les établissements — CHSLD,
RIRTF, RPA, centres hospitaliers — on
doit porter le masque médical et la protection oculaire partout, sauf dans les
zones froides hors CMM. Ça ne peut pas être plus clair que ça.
Alors,
ça, là, ce sont des directives simples à comprendre. Et ça
comprend aussi les proches aidants, en passant, non seulement le personnel,
c'est transmis à tout le monde. Ça inclut les mesures d'hygiène, hein, le lavage
des mains, l'hygiène respiratoire, bien entendu, alors c'est clair.
Puis,
au niveau de l'approvisionnement, on a réglé beaucoup
de problèmes de logistique. Mais, à la marge, je pense, et je suis au
courant, je sais qu'on nous a écrit sur On vous écoute, ce sont des cas que je
qualifierais... plus exceptionnels, mais
certainement très importants à régler, alors on va les régler
le plus rapidement possible, M. le Président. La situation s'améliore.
• (10 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Mme la
ministre, vous avez mentionné que
vous étiez prête à déposer un document.
Est-ce que c'est toujours votre intention de le déposer à la commission?
Si oui, je vais vous demander de le transmettre à Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
Mme McCann : Oui. Et j'ajouterais, M. le Président, si vous me permettez, dans les zones froides, le masque médical
est recommandé. C'est une information importante. Et, oui, on va le déposer, M.
le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Vous allez déposer,
et, une fois qu'il sera déposé, il sera rendu public automatiquement parce
qu'il va être sur notre site, c'est ça?
Mme McCann :
Oui, oui, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Excellent. Je voulais être sûr que ça soit clair. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
deux minutes encore.
M. Arseneau :
Oui, M. le Président. On a parlé, tout à l'heure, des déplacements entre zones
froides et zones chaudes. J'ai compris de la
part de la ministre que des cas de déplacement étaient encore possibles mais
exceptionnels. Bon, on espère que ces
choses-là vont se régulariser, mais il y a quand même, au-delà du déplacement
du personnel soignant, encore une fois, des gens sur le terrain qui
constatent — et
ça date du 19 mai, tiré de la plateforme, encore une fois, Je
dénonce — non
seulement du personnel soignant qui se déplace, mais des cas de patients qui
ont été admis... étant COVID négatif admis
dans une zone chaude, une zone rouge. Est-ce que Mme la ministre juge qu'il est
normal, à cette époque-ci, là, de la pandémie, que ce genre de situation
là se produise?
Mme McCann :
M. le Président...
Le Président
(M. Provençal)
: Une minute.
Mme McCann :
Oui. Je vais dire à mon collègue qu'il faut être très prudent. Je n'ai pas
toutes les informations sur qu'est-ce que mon collègue amène, mais il est clair
que nos règles, qui sont aussi très claires, dans le réseau... un patient qui est COVID-19 négatif ne devrait pas
aller dans une zone chaude, donc devrait aller dans une zone froide, en
autant qu'on est sûr qu'il est négatif, et même il va devoir avoir, s'il vient
d'un centre hospitalier, une période de quarantaine,
ça peut être dans une zone tampon également. Alors, cette personne-là ne
devrait pas aller dans une zone chaude. Mais j'aurais besoin de plus
d'information, M. le Président, évidemment, pour pouvoir bien voir à cette situation. Dans quel contexte? Est-ce que c'est
vraiment quand on sort d'un centre hospitalier? Est-ce que c'est quand on s'en va dans un CHSLD? Il y a vraiment plus
d'information à avoir. Mais, sur le principe, sur le principe, c'est clair
que, quand on est négatif, on ne s'en va pas dans une zone chaude.
Document déposé
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. J'ai pris connaissance du document qui a été
transmis par M. le député de Pontiac.
Alors, j'autorise le dépôt de ce document. Il sera disponible sur le site
Internet prochainement, il sera transmis aux membres de la commission
sous peu. Merci.
Maintenant, nous allons commencer le bloc
d'intervention de Mme la députée de Marie-Victorin. Vous disposez de
2 min 51 s. La parole est à vous pour échanger avec la ministre.
Mme Fournier :
Merci, M. le Président. Mme la ministre, lors de la séance virtuelle de cette
semaine avec la ministre responsable des
Aînés, on a appris que ce sont les CIUSSS et les CISSS qui seraient apparemment
responsables de
transmettre les données sur l'état de situation de la COVID dans les différents
CHSLD du Québec à votre ministère. Quand
on interroge les CIUSSS et les CISSS toutefois, on renvoie la balle à la Santé publique,
ce qui fait en sorte que tout le
monde, en fait, se relance la responsabilité, puis, pendant ce temps-là, on a
des listes sur les éclosions dans les CHSLD qui sont bourrées d'erreurs.
Donc,
ma question, c'est : Comment est-ce que vous et le premier ministre pouvez
prendre les bonnes décisions si vous
ne disposez pas des portraits qui sont fidèles de la réalité? Et pouvez-vous
nous dire clairement qui est responsable de faire remonter l'information
jusqu'à vous?
Mme McCann :
Oui. Ça, c'est un défi quotidien, puis je
reconnais qu'on est loin de la perfection là-dessus, je le reconnais. C'est vraiment des données qui
doivent être regardées, analysées par la Santé publique, mais aussi transmises
par les établissements. Mais la façon
dont on prend les décisions, c'est aussi sur une tendance, M. le Président, ça, il faut le dire. Par exemple, au niveau des hospitalisations, on voit que les hospitalisations
baissent, mais on regarde la tendance sur sept jours. On a
120 hospitalisations de moins sur sept jours, bien, ça, c'est un
indicateur, là. Les décès, c'est la même
chose. On a trop de décès, bien évidemment, et chaque décès est de trop au Québec
comme ailleurs, mais on voit que la tendance baisse.
Donc,
c'est sûr que, d'un point de vue journalier, les données peuvent fluctuer, on le
reconnaît, parce que... et c'est pour ça qu'on regarde un horizon de
sept jours, souvent, pour voir vraiment si la courbe descend ou si elle est en
plateau. Et c'est pour ça qu'on dit que la situation au Québec, actuellement,
s'améliore parce qu'on voit qu'il y a une tendance à la baisse au niveau de ces
indicateurs, M. le Président.
Mme Fournier : Oui. Mme
la ministre, ça, évidemment,
je le comprends très bien. Par contre, quand on regarde de façon plus particulière
la situation de certains CHSLD, si on n'a pas les bonnes informations par rapport au nombre de décès, par exemple, qui seraient
survenus dans les deux, trois derniers jours, bien, il me semble que votre ministère
n'a pas les ressources nécessaires pour prendre la décision, par exemple, d'envoyer davantage de personnel dans ces CHSLD là. Donc, il me
semble que cette problématique de transfert des données peut faire en sorte
d'avoir davantage, justement, de problèmes dans certains
CHSLD parce que l'aide ne vient pas à temps.
Mme McCann :
Bien, là-dessus je peux...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la
ministre, je ne pourrai pas vous
donner la parole pour répondre, mais je suis sûr que vous en avez pris
très bonne note et que vous pourrez communiquer avec la députée de Marie-Victorin.
Nous
allons maintenant entreprendre la période d'échange avec une
intervention de l'opposition
officielle pour un deuxième
bloc. Alors, je cède la parole à Mme la députée de Fabre. À vous la parole, madame.
Mme Sauvé :
Merci, M. le Président, c'est toujours un plaisir de vous retrouver. Je veux
saluer, bien sûr, la ministre, le collègue de Pontiac et les collègues. Moi
aussi, dans mes premiers mots, encore une fois, puisqu'il ne faut jamais
oublier de le faire, je veux saluer le
courage des familles qui vivent un deuil et aussi le courage de tous ceux qui
travaillent présentement, entre autres auprès de nos aînés.
M. le Président, dans un premier temps, je vais me permettre une petite introduction.
Hier, nous avons eu, à Laval, la
visite du premier ministre du Québec. C'était évidemment une bonne nouvelle,
mais je vous dirais que j'ai bien été attentive aux mots du premier
ministre en point de presse lorsqu'il a parlé de travail d'équipe. J'aimerais rassurer la ministre de la Santé, M. le Président, si vous me le permettez, qu'effectivement, à Laval, il y a un véritable travail
d'équipe. Et, à ce titre, nous aurions souhaité, les collègues et moi, de l'opposition
officielle, de pouvoir avoir un dialogue
aussi avec le premier ministre pour deux raisons : premièrement, parce qu'il y a ce travail d'équipe, et aussi parce
que ce sont nos citoyens dans nos comtés qui sont les plus touchés par le COVID
sur l'île de Laval.
Alors, j'aimerais, M.
le Président, si vous me le permettez, demander à la ministre de la Santé de
transmettre au premier ministre notre volonté, aux collègues de l'opposition
officielle, de pouvoir partager nos préoccupations de nos citoyens dans nos comtés et de lui dire aussi que nous avons des
propositions à lui faire. Et la première proposition que j'aimerais qu'elle lui transmettre, c'est de
dire que, face à la revue de presse de ce matin, où on constate que les
cliniques de dépistage n'ont pas un
grand succès sur l'île de Laval... lui dire de transmettre au premier ministre
la volonté de continuer à surveiller de près la situation à Laval, de
sensibiliser la population de Laval, qui mérite de prendre connaissance de l'ampleur de la crise. On parle beaucoup de la
grande région métropolitaine, la CMM, Montréal, bien sûr, mais, à Laval,
il y a une situation de crise, c'est la région la plus touchée au Québec. Et
vous me permettrez de faire cette demande, M. le Président, à la ministre de la
Santé dans un premier point.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Oui, M. le Président. Je pense que la députée de Fabre a raison de dire que
Laval a été durement touchée, et qu'on doit faire des efforts soutenus
pour supporter Laval, puis j'apprécie son offre de collaboration. Évidemment, on va certainement en tenir compte, M.
le Président. Et il faut vraiment susciter l'intérêt des citoyens à aller
se faire dépister. Je pense qu'avec le beau
temps on s'aperçoit que les gens vont peut-être un peu moins dans les cliniques
de dépistage, même à Montréal aussi. Alors, on veut dire aux citoyens que c'est
fondamental. Si vous avez des symptômes
ou si vous avez eu des contacts avec quelqu'un qui a eu des symptômes, qui a
des symptômes, venez vous faire
dépister, on est là pour vous. Et c'est la clé, le dépistage, pour qu'on puisse
vraiment bien comprendre qu'est-ce qui se passe, là, dans la communauté
de Laval comme dans celle de Montréal, bien entendu, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
• (10 h 30) •
Mme Sauvé : Merci, M. le
Président. Merci pour la réponse de la ministre.
J'aimerais
maintenant aborder... On a beaucoup parlé de la gestion de la crise dans les
CHSLD au Québec, et il faudra
continuer d'en parler parce que la crise n'est pas terminée, mais j'aimerais
profiter du temps que j'ai ce matin pour vous parler des aînés qui sont autonomes, qui sont à la maison et dont on doit se soucier parce qu'ils sont fort nombreux. Et là je
veux parler particulièrement des aînés qui sont à faibles revenus et qui peuvent
bénéficier d'un service essentiel qui est le soutien à domicile.
J'entends
souvent la ministre, M. le
Président, et le gouvernement parler de l'importance du soutien à domicile, les investissements dans les deux derniers budgets.
Alors, j'aimerais, dans un premier temps, dans une question plus globale,
demander à la ministre... Parce qu'il y a ces acteurs de première ligne essentiels au soutien à domicile que sont les EESAD. Alors, on
est toujours face à des acronymes, les EESAD, c'est donc le
Réseau de coopération des entreprises d'économie
sociale en soutien à domicile, 100 organismes
à travers le Québec. Donc,
j'ai les chiffres ici, c'est 100 000 personnes qui sont aidées à chaque année, 10 000 employés.
Alors, j'aimerais entendre la ministre un peu sur sa lecture de la contribution
des EESAD en soutien à domicile au moment où on se parle.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Bien, M. le Président, moi, je veux remercier la députée de Fabre pour sa
question parce que ça me permet de
parler du maintien à domicile. Et, M. le Président, c'est sûr — et la députée de Fabre, évidemment, est tout
à fait consciente, complètement consciente
de ça — que nous
devons faire une grosse réforme au niveau des CHSLD. Et je rassure... D'ailleurs, on est venus à l'aide de
beaucoup de CHSLD, malgré des données inexactes sur le terrain. On est très
conscients, pour répondre à la question
précédente, de ce qui se passe dans les CISSS et les CIUSSS et on vient aider
de façon considérable, donc, sur le terrain, on est très, très au courant.
Pour le
maintien à domicile, s'il y a un autre gros virage à prendre, là, c'est le
maintien à domicile. M. le Président, si
on veut vraiment que nos citoyens aient les services nécessaires, il faut
qu'ils demeurent à domicile le plus possible parce qu'on ne pourra pas
vraiment aller avec seulement les CHSLD pour répondre aux besoins des
personnes. D'ailleurs, nos citoyens veulent
rester à domicile. Les EESAD, là, jouent un rôle important, c'est ce que je
vais répondre à la députée de Fabre,
mais il va falloir que ce virage, et on travaille déjà sur ce dossier, M. le
Président, ça soit vraiment impliqué
dans les communautés, avec les municipalités, les centres de jour, avec les
EESAD aussi. Donc, ils vont jouer un rôle fondamental, M. le Président,
et ce virage va être aussi fondamental que celui qu'on veut faire au niveau des
CHSLD. On a déjà 2 600 ou 2 900
personnes qui attendent sur une liste d'attente des CHSLD. On va en avoir
autant à chaque année dans les 10 prochaines années.
Écoutez, il
va falloir qu'on investisse encore plus, parce qu'on est un gouvernement qui a
beaucoup investi en maintien à domicile, déjà 280 millions dans la
première année, mais il va falloir encore plus investir. Et la collègue de
Fabre a raison de soulever les EESAD. On
travaille avec eux, on va continuer de travailler avec eux. Et ça va être un
des virages les plus importants, dans
les deux prochaines années, M. le Président, qu'on va faire au niveau du
Québec, et la population va être, je pense, heureuse parce que les gens
veulent rester à domicile le plus possible, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. Alors, je suis très
contente et heureuse d'entendre la réponse de la ministre, l'importance
qu'elle attribue à la contribution des EESAD sur le terrain auprès de nos aînés
fragiles, seuls. Donc, je soupçonne qu'elle sera très attentive à l'enjeu
complètement désastreux qui les touche présentement et je veux m'assurer qu'elle a la lecture de cet enjeu-là.
Alors, si je nomme à la ministre, M. le Président, prime COVID de 8 % et
EESAD, qu'est-ce que ça lui dit?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, les EESAD ont droit au 8 % dans les services de
maintien à domicile. Ce qui s'est passé, puis je pense que je vais
répondre aussi, peut-être, à la sous-question ou la question en filigrane de la
députée de Fabre, c'est qu'il y a eu un
délestage d'activités, là, au début de la pandémie parce qu'on voulait diminuer
les contacts avec les usagers pour
les protéger. Et effectivement l'aide domestique pouvait être délestée dans
certains cas, ce qui a évidemment fait en sorte que les EESAD ont été
moins impliquées.
Mais là, à ce
moment-ci de la pandémie, parce qu'on est dans une nouvelle vie, je vous
dirais, on a appris, tout le monde, à
garder notre distanciation, à utiliser aussi, pour les intervenants, des
équipements de protection, bien, on va revenir à davantage d'aide domestique
parce qu'il y a des gens qui attendent, là, puis qui ont besoin, là, qu'on les
aide au niveau de l'aide domestique.
Ça fait deux mois, là. Évidemment, on l'a donnée pour des gens où c'était absolument
essentiel, mais on va en donner davantage
puis on va mettre davantage de services — c'est la clé — en nous assurant que les principes de
santé publique sont respectés, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée.
• (10 h 40) •
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. Alors, à la réponse de la ministre, je
comprends bien qu'elle n'est pas au courant de l'enjeu que je vais souligner,
alors c'est pour mon plus grand plaisir que je vais lui apporter cet éclairage
aujourd'hui. Alors, la prime COVID de 8 %, il y a eu cette annonce qui a
été faite par le président du Conseil du trésor avec la ministre de la Santé le 17 avril
dernier. On s'entend très bien que le travail essentiel qui a été souligné par
la ministre de la Santé, il est réel, et que
les aides à domicile méritent qu'on puisse rehausser leur salaire. Donc, le 17
avril, annonce gouvernementale, on offre le 8 % à tous les préposés en
aide à domicile. Et je vais lire l'extrait du communiqué, qui est
limpide, vraiment limpide. Alors, ça dit la chose suivante : «Les sommes
octroyées se déclinent comme suit : [...]0,9 million
[...] pour faire bénéficier de la prime de 8 % les employés des EESAD qui
offriront des services en résidence privée
pour aînés ou à domicile.» C'est très clair. Alors donc, la prime de 8 % a
été versée aux préposés en aide à domicile.
Un
mois plus tard, un mois plus tard, soit la semaine dernière, le ministère a
communiqué au réseau des EESAD l'information suivante — ce
n'est plus aussi clair que cela : ce n'est plus 8 % pour tous les
services offerts par les EESAD aux aînés
fragiles dans leur maison, c'est plutôt le 8 % pour les services offerts
qui sont achetés par les CISSS et les
CIUSSS, c'est 8 % pour les services référés par les CISSS et les CIUSSS.
Savez-vous, M. le Président, ce que ça représente en termes d'heures offertes à
nos aînés? Seulement 50 %. Alors, au moment où on se parle, là, un mois
plus tard, sans directive claire, via des courriels simplement, on est
en train de dire : Ce n'était pas ça, là, ce qui a été annoncé le 17 avril, il y a des précisions qui
arrivent, et on ne doit plus donner 8 %. Mais le 8 %, il a été donné,
les préposés en aide à domicile ont reçu la prime, respectueusement, de
l'annonce qui a été faite le 17 avril.
Alors,
M. le Président, j'implore la ministre de la Santé de régler rapidement avec le
président du Conseil du trésor... S'il
vous plaît, ne réclamez pas les sous des poches de ces préposés en aide à
domicile, ça représente plus de 300 000 $. S'il vous plaît, assumez
l'erreur qu'il y a eu, s'il y en a eu. Mais, chose certaine, la consigne du 17
avril, elle était limpide. Réglez la situation. Je le demande à la
ministre de la Santé, M. le Président.
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je pense que le point de la députée de Fabre illustre
très bien la complexité de l'application de ces primes et des directives en
général, là. C'est vraiment d'une complexité... Alors, certainement
qu'on va faire les vérifications, M. le
Président, et qu'on aura une réponse certainement plus spécifique sur ce
dossier-là. Alors, on va faire toutes les vérifications nécessaires, M.
le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Sauvé : M. le Président, j'aimerais vraiment entendre... Je vais être un peu
tenace sur la question, mais on parle de préposés en aide à domicile, des anges
gardiens, des services essentiels. Je souhaite que la réponse de la ministre
aille un peu plus loin, honnêtement. On
parle de 300 000 $, on parle d'une directive très claire le 17 avril.
Alors, j'aimerais vraiment entendre
aujourd'hui de la part de la ministre de la Santé qu'elle va régler la
situation pour nos préposés en aide à domicile.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la ministre.
Mme McCann :
Oui. Bien, M. le Président, je pense que je vais rassurer la collègue parce
que, sur le principe d'aller rechercher 300 000 $, là, je
pense que, non, ce n'est pas l'orientation du gouvernement, là. Et je pense
qu'on a démontré, d'ailleurs, notre volonté
de soutenir ces personnes qui sont essentielles, hein? C'est là qu'on découvre
qui est essentiel dans notre
population, là, qui donne des services essentiels. Alors, non, on n'ira pas
rechercher le 300 000 $, là, je peux rassurer la députée de
Fabre. Mais ce qu'on veut, c'est clarifier la consigne, là, bien entendu, M. le
Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Mme Sauvé : M. le Président, je remercie la ministre pour sa réponse. Je vais
continuer encore avec la situation de l'aide à domicile. Vous savez, il y a
plusieurs aînés qui sont, disons, un peu inquiets, je vais le dire comme
ça, qui ont besoin d'être rassurés parce
qu'évidemment ils suivent les points de presse, suivent l'information, et il y
en a beaucoup, ils sont seuls. Il ne faut jamais oublier que les aînés,
seulement 10 % sont entourés de proches aidants. Donc, il y a beaucoup d'aînés qui sont chez eux, qui perdent un
peu d'autonomie, et qui sont seuls, et qui ont peur de faire à nouveau
confiance aux services de soutien à domicile, entre autres les services offerts
par les EESAD.
Alors, encore une
fois, en tout esprit de collaboration, M. le Président, j'aimerais demander à
la ministre de la Santé si elle pouvait
demander au premier ministre de rassurer ces aînés qui sont, souvent, seuls
chez eux et qui ont peur de faire
appel aux services de soutien à domicile qui sont, évidemment, essentiels pour
leur qualité de vie, et rassurer aussi
les aînés que les services des EESAD, ils sont sécuritaires, ils ont le
matériel de protection, ils connaissent bien les consignes sanitaires et
de sécurité.
Mme McCann :
Bien, M. le Président, d'abord, je vais dire, là, puis peut-être que la députée
de Fabre peut clarifier pour moi aussi, mais le 10 % dont la
députée de Fabre parle, c'est vraiment 10 % des aînés qui sont en CHSLD
qui recevaient, avant la pandémie, des
visites. Je pense, c'est à ça que la députée de Fabre fait référence si je ne
me trompe pas, mais elle me le dira.
Par
rapport aux aînés à domicile, oui, je pense que c'est un phénomène qui existe
dans la population en général. Je
pense que ce de quoi parle la députée de Fabre, c'est important parce qu'on
s'aperçoit que les citoyens
ont un peu plus de craintes
de faire appel à des services. Et là ce que je veux dire là-dessus — merci
aussi pour la question — c'est
de rassurer et de dire à la population,
incluant les aînés qui sont à domicile, que, maintenant, là, on a vraiment
bien réorganisé nos services. On a appris beaucoup, on sait comment
utiliser le matériel de protection, la distanciation physique. Alors, vraiment,
il y a eu un gros apprentissage. Bon, on en avait une partie avant, mais là on
a vraiment dû, avec un virus qu'on connaît, vraiment
s'aguerrir et être complètement rigoureux.
Donc, pour les aînés qui sont à
domicile, on les appelle. D'ailleurs, ça, c'est l'autre chose, M. le Président, qui est importante de dire,
c'est qu'ils ont tous été appelés, ils sont tous appelés par nos services de
maintien à domicile. Ils ont reçu
aussi des services pendant la pandémie. D'ailleurs, on peut dire que les
services à domicile ont beaucoup augmenté dans
la dernière année par rapport à l'année précédente. Donc, comme je le disais
précédemment, c'est un focus important
de notre gouvernement, on va s'assurer
que nos aînés ont tous les services à domicile nécessaires pour y rester le
plus possible.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée.
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. Comme il me reste peu de temps, je vais aller
sur une autre question, les préposés
aux bénéficiaires. Vous savez, la situation
de la pandémie touche, bien sûr, l'économie au Québec. Et on a vu les
derniers chiffres de l'emploi qui témoignent d'un taux de chômage de 17 %
au Québec, donc c'est évidemment dramatique. En même temps, cette réalité fait
en sorte qu'il y a un nouveau bassin de main-d'oeuvre, et je pense au
recrutement de nos préposés aux bénéficiaires. Avant la pandémie, nous étions
dans une situation de plein-emploi au Québec, et là on est dans une situation
avec un taux de chômage de 17 %.
Alors,
j'aimerais demander à la ministre : Dans le contexte où elle nomme
l'après-crise, et qu'il faut se préparer, et qu'on a et en place des équipes qui sont épuisées et toujours une
pénurie de préposés aux bénéficiaires, est-ce qu'elle peut nous déposer
rapidement des mesures concrètes pour rendre attractif le métier de préposé aux
bénéficiaires? Je sais qu'il y a la question
du salaire, mais je parle de stratégie d'attractivité plus globale. Est-ce
qu'elle pourra nous déposer rapidement des mesures concrètes
opérationnelles pour faire en sorte qu'elle puisse se donner l'accès à ce
bassin de main-d'oeuvre, et donc combler les postes de préposés aux
bénéficiaires?
Mme McCann :
Oui, M. le Président. Oui, il y a la question de la rémunération qui a été
vraiment beaucoup exposée par le premier
ministre. Évidemment, on sait que ça, c'est un élément très important de
rehausser la rémunération des
préposés aux bénéficiaires, il y a beaucoup de discussions avec les syndicats
là-dessus. C'est fondamental parce qu'on s'est aperçus... avant la pandémie, on avait affiché des postes, et ils
n'ont pas été comblés en partie, et donc on était dans une situation extrêmement problématique. Mais il y
a aussi l'ensemble des conditions de travail. Et ce qu'on est en train de faire...
Actuellement, écoutez, on a un bassin, effectivement, de personnes qui sont au chômage
actuellement et qu'on va vouloir tenter d'attirer. Parallèlement, il y a
Je contribue, hein, où est-ce qu'on a au-delà de 10 000 personnes qui
travaillent dans le réseau actuellement
comme aides de service, mais on est déjà en train de les former, pour ceux qui
le souhaitent, pour devenir préposés aux bénéficiaires.
Alors,
ça, c'est bien important de dire que nous sommes déjà en action. Alors, le plan
est déjà appliqué. Il y aura d'autres
volets, sûrement, qui vont s'ajouter. Donc, le fer de lance, là, c'est d'avoir
encore plus de préposés aux bénéficiaires, c'est là-dessus qu'on
travaille actuellement, et d'en attirer auprès des bassins de personnes qui
sont au chômage actuellement et qui pourraient souhaiter venir travailler avec
nous comme préposés aux bénéficiaires.
Document déposé
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Avant de céder la parole au deuxième groupe
d'opposition, j'ai pris connaissance
du document qui a été transmis par Mme la ministre. Alors, j'autorise le dépôt
de ce document. Il sera disponible sur le site prochainement, il sera
transmis aux membres de la commission sous peu. Merci.
Maintenant, nous
allons commencer le deuxième bloc d'intervention du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Jean-Lesage, vous disposez de
14 min 39 s. La parole est à vous.
M. Zanetti :
Merci, M. le Président. Je suis très inquiet de la question des vaccins et de
la course mondiale aux vaccins à l'heure actuelle. On sait que, pour en finir
avec les mesures de confinement, de distanciation sociale, pour que les enfants retournent à l'école de façon normale
et qu'on puisse retourner travailler, tout le monde, il va falloir qu'il y ait
une stratégie de vaccination. Pour avoir une
stratégie de vaccination, il faut des vaccins. Et là les vaccins, là, la
capacité de production mondiale des vaccins, on ne sait pas s'il va y en
avoir assez pour tout le monde. Il faut se préparer à ce qu'il n'y ait pas des vaccins pour tout le monde
sur la terre. Alors, moi, ce que je voudrais savoir, c'est : Est-ce que le
gouvernement du Québec, à l'heure actuelle, a des capacités de production de
vaccins?
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Bien, écoutez, je pense qu'il faut d'abord le trouver, ce vaccin-là. Et ça,
c'est vraiment une recherche ou des
recherches, puis on en entend parler à travers le monde, qui sont très
intenses, actuellement. Évidemment,
pour mettre au point un vaccin, ça peut
prendre des mois, une année, 18 mois. Alors, ça va être important de
suivre ces recherches de façon soutenue.
Évidemment,
quant à la production, il faut qu'on soit prêts. Et l'Organisation mondiale de la santé l'a bien dit, comme principe, qu'il faut
qu'il y ait une équité au niveau mondial si quelqu'un trouve un vaccin qui est
efficace. Puis on sait qu'il y a des
recherches qui sont très prometteuses actuellement, bon, par
exemple en Angleterre et ailleurs.
Donc, on a des industries ici, au Québec, de vaccins qui peuvent développer,
là, ces produits-là contre la COVID-19. Donc,
je pense qu'on est quand même en bonne position pour nous assurer que notre
population va avoir accès à des vaccins.
Mais je me permets, en quelques secondes, M. le
Président, de mentionner aussi qu'on a des recherches sur des traitements, des traitements, des médicaments
qui pourraient être efficaces au niveau de la COVID-19. Mais c'est sûr qu'il n'y a pas de
garantie actuellement. Mais, au Québec, on a une recherche qui
s'appelle le ColCorona, qui est faite par l'Institut de cardiologie, sur la colchicine. Et évidemment
on invite régulièrement la
population... en fait, ce sont pour les
patients qui ont déjà la COVID-19, qu'ils peuvent s'inscrire. C'est vraiment
une recherche intéressante. Et évidemment on a besoin de patients qui
ont la COVID-19 pour pouvoir continuer cette recherche et la mener à bon port.
Donc, les traitements pourraient arriver
avant le vaccin, et là aussi il y a des recherches prometteuses, actuellement,
M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti :
Merci beaucoup, M. le Président. Je trouve que la ministre, par rapport à la
question des vaccins, tombe un peu
dans le jovialisme, là. L'Organisation mondiale de la santé a beau dire :
Il faut qu'il y ait de l'équité, quand on regarde le mépris qu'exprime
le président américain, Donald Trump, envers l'OMS, je veux dire, et qui, lui,
a probablement une des capacités de payer
des vaccins puis d'en acheter qui est la plus grosse au monde, je pense qu'il
faut se préparer au pire et surtout
ne pas se fier sur le fait que les États-Unis vont respecter les principes
d'équité universelle et de répartition, hein? C'est «America First» pour
eux autres.
Ça
fait que, là, moi, je constate qu'on n'a pas de capacité de production de
vaccins. On est voisins d'un État qui a
une capacité d'offrir et de payer énorme et puis on s'enligne vers une
production insuffisante de vaccins, probablement, pour répondre à tout le monde sur la planète. Ce
n'est vraiment pas rassurant. Combien de sommes le gouvernement a-t-il prévu pour acheter des vaccins?
Mme McCann : Bon, M.
le Président, je veux être claire,
là, on a une capacité de production de vaccins sur le territoire
québécois. Alors, on a des compagnies pharmaceutiques qui
sont bien en mesure de produire un vaccin à forte échelle quand on va en
trouver un, si on en trouve un, mais il
y a des chances qu'on en trouve un, évidemment.
Alors, on est en bonne position, sur
le territoire québécois, pour faire en sorte que notre population
ait accès à des vaccins. Et les considérations
budgétaires dont parle le collègue ne seront pas une embûche pour le gouvernement québécois. Quand on
a une urgence sanitaire comme on a actuellement, quand on sait qu'un vaccin
peut faire en sorte que notre population
revienne à la normale, que notre population, aussi, au niveau de sa vie économique,
revienne à la normale, mais surtout qu'on
protège la santé des Québécois, bien, M. le Président, le budget n'est pas une
embûche, nous allons investir ce qu'il faut, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti :
Oui, merci, M. le Président. Écoutez, je comprends qu'il y a des compagnies,
sur le territoire québécois, qui peuvent produire des vaccins et les vendre à
l'étranger, mais le gouvernement n'a pas de capacité de production. Ma question est la suivante, elle est simple, c'est :
Est-ce qu'on va forcer ces compagnies-là à faire du Québec le premier
client? Quelles contraintes on va donner à ces compagnies-là exactement?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je peux seulement faire le parallèle avec les médicaments,
par exemple. Vous vous souvenez, M. le Président, il y a quelques semaines, on
avait des difficultés au niveau des médicaments de sédation. Il y a tout un travail qui a été fait
par notre équipe du ministère, avec les compagnies pharmaceutiques aussi. Il
y a un travail aussi de processus à l'intérieur, là, du ministère, mais il y a
un travail qui a été fait avec les compagnies pharmaceutiques.
Et, vraiment, on peut vous dire, actuellement, qu'on est en meilleure position.
On est toujours dans une gestion serrée, mais on est en bien meilleure
position. Alors, je pense que nous, au niveau du Québec, on a des liens privilégiés avec nos compagnies pharmaceutiques et
je pense qu'on peut certainement s'assurer avec elles que, pour le Québec, on va avoir ce qu'il faut en termes de
disponibilité de vaccins, M. le Président. C'est fondamental, c'est absolument
fondamental, et on a déjà des discussions avec ces compagnies actuellement.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci. M. le député.
M. Zanetti : Merci. Écoutez, je veux dire, il faut se rendre
aux faits, là, même si on dit : Pour le gouvernement, l'argent ne
sera pas un obstacle, on va mettre l'argent qu'il faut pour les vaccins, je
veux dire, l'argent n'est pas quelque chose
d'infini. On ne sera jamais capables de mettre autant que les États-Unis pour
acheter des vaccins, jamais. Et ce que je comprends de ce que nous dit
la ministre, c'est que les compagnies québécoises qui vont faire des vaccins, bien, quand les États-Unis vont arriver
avec quatre fois plus ou 10 fois plus — je ne saurais même pas le quantifier — énormément plus de fois notre capacité de
payer, bien, il n'y a rien qui va les empêcher de vendre au plus offrant... et, au Québec, de devoir maintenir
encore plus longtemps des mesures de confinement, de distanciation sociale,
avec tout ce qu'on sait que ça a comme conséquences sur la santé publique à
long terme, dont la santé mentale.
Ça
fait que, là, en ce moment, là, ce que je comprends dans mon échange avec la
ministre, c'est que le Québec est
extrêmement vulnérable parce qu'il n'a pas de capacité de production de
vaccins, puis bientôt, là, ça va être au plus fort la poche, puis nos poches ne seront pas les plus profondes. Et là,
en ce moment, le gouvernement ne fait absolument rien pour prévenir
notre vulnérabilité dans cette situation-là.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme McCann :
Alors, M. le Président, écoutez, là, je vais être claire, là, parce que mon
collègue sème la crainte, là, dans la population, et ce n'est pas le cas, M. le
Président. Je vais faire un autre parallèle : on avait des enjeux au
niveau des équipements de protection, on l'a réglé
et on a toujours le même voisin au Sud, M. le Président. On a réglé l'approvisionnement en masques N95, en
masques de procédure. M. le Président, nos preuves sont faites, et ce sera la même chose au niveau des vaccins, M. le Président.
Alors, notre gouvernement va être en mesure — et, encore une fois, les budgets ne seront jamais une embûche — d'approvisionner le Québec sur les vaccins,
M. le Président. Il ne faut pas faire peur à la population comme ça, là,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Zanetti :
Écoutez, moi, je n'essaie pas de faire peur à la population, Mme la ministre,
je pense que ce n'est vraiment pas
juste de dire ça. Moi, je veux que vous vous réveilliez par rapport à cet
enjeu-là parce qu'en ce moment notre inaction collective, elle nous
amène dans un état de vulnérabilité extrême.
Et, par
rapport à la production de masques, moi, jusqu'à très récemment, là... c'est
difficile d'avoir un portrait au jour
le jour, mais, jusqu'à très récemment, il y a des gens qui disent : Moi,
je devrais avoir un N95 pour faire ce que je fais sur le terrain puis je ne l'ai pas parce qu'il n'y en a pas
assez, d'une part. Et, d'autre part, si on avait eu les masques plus tôt
et si on avait eu tout le matériel ou la capacité de produire nous-mêmes avant,
bien, on aurait peut-être évité énormément
de souffrance. Alors, on ne peut pas dire : C'est formidable, on n'a
jamais eu de problème de dépendance au
matériel médical à l'extérieur puis on n'en aura pas plus avec les vaccins, je
pense que c'est imprudent. Je pense que c'est très imprudent.
Alors, je
vais vous poser une dernière question. Il y a à peu près 800 personnes venues d'Haïti qui travaillent dans le réseau
de la santé, principalement à Montréal, et qui sont en attente d'un statut d'immigration. Ma question est vraiment
simple. Je ne tiens pas à ce qu'on rentre dans les détails parce qu'on n'a plus
vraiment le temps, mais est-ce que vous trouveriez juste qu'elles soient
expulsées du pays une fois la pandémie passée?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je vais prendre 30 secondes pour dire à nouveau, pour
les vaccins, qu'on a vécu le virus
H1N1 il n'y a pas longtemps, il y a quelques années, et on a eu tous les
vaccins, pour la population, qui étaient nécessaires au Québec, M. le Président. Alors, voilà, M. le
Président, une autre preuve qu'on aura la disponibilité, avec nos
compagnies pharmaceutiques, pour donner les vaccins à la population, M. le
Président.
Pour ce qui
est des personnes qui travaillent avec nous, et je les salue d'ailleurs parce
qu'elles font une grande différence
dans le réseau, les personnes auxquelles fait référence mon collègue, nous
allons examiner toutes les avenues, M.
le Président. J'en parle d'ailleurs avec le ministre de l'Immigration,
M. Simon Jolin-Barrette, et on va voir tout ce qui peut être fait.
On sait que le fédéral a aussi son mot à dire, là, mais on va voir si on peut
trouver des voies de passage, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : Oui. Je vous amènerais dans un autre sujet, la
question des soins psychologiques, parce
qu'on sait qu'en ce
moment les mesures de confinement,
c'est difficile à soutenir pour beaucoup de monde, ça crée de la détresse
psychologique dans plusieurs milieux. Je n'en ferai pas la liste parce que ce
serait long. Il y a déjà et il y a depuis longtemps un manque de couverture en santé
mentale au Québec, on va se le dire. Maintenant, on pense qu'après la pandémie ça va être exacerbé, que ça va avoir
laissé des traces chez beaucoup de personnes. Est-ce
que vous comptez élargir massivement les fonds alloués aux services
de santé mentale et à la couverture des soins de santé mentale par la RAMQ?
• (11 heures) •
Mme McCann : J'aimerais, M. le Président, demander une clarification à mon collègue pour le comprendre
parce qu'au contraire moi, je pense
qu'on a investi de façon considérable en santé mentale. On vient d'investir
31 millions de dollars pour
donner accès aux personnes qui en ont besoin aux services de santé mentale. On
a appelé tout le monde sur les listes d'attente, on va acheter des services
de professionnels qui travaillent dans le privé si on n'a pas assez d'intervenants puis on a même mis sur pied un
service particulier pour les personnes endeuillées, qui sont très touchées
actuellement, au niveau des familles qui ont
perdu un être cher, un programme, là, qui, j'espère, va être beaucoup
utilisé par les familles, ils en ont besoin. Puis on a aussi investi
auprès de Tel-Jeunes pour nos adolescents qui peuvent avoir certains problèmes
d'anxiété, puis au niveau de nos organismes communautaires aussi, 20 millions
au niveau de nos organismes communautaires, puis là-dedans il y a des organismes
communautaires qui s'occupent de santé mentale. Alors, moi, je vous dirais, M. le Président, qu'on a beaucoup
fait pour donner accès à des services en santé mentale pour les personnes qui
en ont besoin.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : Alors, la FSSS
estime ces besoins-là à 350 millions, l'INESSS chiffre le prix d'une
assurance psychologie à 400 millions. Alors, les 31 millions qui ont été... par le gouvernement, c'est moins de 10 % des
sommes qui sont estimées pour avoir
une vraie couverture par la RAMQ des soins psychologiques au Québec, donc,
c'était en ce sens-là, ma question.
Est-ce qu'on pense revoir ce projet-là et faire un investissement qui soit
conséquent non pas avec ce qui s'est fait avant, parce que ça, c'est
facile à dépasser, mais avec les besoins réels sur le terrain?
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
Mme McCann : Bien, il
faut voir aussi qu'est-ce qui est déjà investi puis l'ensemble des acteurs qui
donnent ces services. Je pense qu'il
faut faire vraiment un travail, là, d'analyse rigoureuse sur qu'est-ce qui a
été proposé par l'INESSS, entre autres. Donc, M. le Président, c'est un volet
majeur, et on sait comment la pandémie peut avoir occasionné certains
problèmes de santé mentale, et on y voit.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons maintenant passer au deuxième bloc d'intervention pour le troisième groupe d'opposition. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, je vous cède la parole. Votre micro, s'il vous plaît.
M. Arseneau : Absolument. Merci,
M. le Président. Alors, je voulais
revenir sur le témoignage de tout à
l'heure. Je pense
que ça vaut la peine, là, que Mme la
ministre ait l'ensemble
du portrait de la situation que je voulais lui exposer.
Voici
le témoignage tiré du site de la FIQ Je dénonce et écrit il y a trois
jours : «Je suis assistante infirmière-chef sur un département de
médecine sur l'unité COVID rouge. Depuis quelques jours, les coordonnateurs
d'activité nous montent des admissions de patients étant COVID négatif dans la
zone rouge! Des patients qui n'ont pas la COVID le deviennent, car ils sont ciblés dans la mauvaise unité. [Ce sont] des personnes âgées ayant plusieurs comorbidités, donc
très à risque de le contracter. [...]on a
beau leur dire et [leur] redire, mais on se fait pratiquement envoyer promener.
[...]ils nous donnent des consignes
de ne pas les accepter [quand on en parle aux chefs d'unité], mais, lorsqu'on
en informe les coordonnateurs, ils usent de leur autorité pour nous
faire fermer la trappe.»
Alors, voilà le
commentaire écrit il y a trois jours. Est-ce que vous trouvez ça normal, Mme la
ministre?
Mme McCann : Absolument pas, ce n'est pas normal. Et on veut... Il
faudrait nous communiquer aussitôt que possible où ça se passe. Moi, je
présume... Comme mon collègue le dit, c'est sur Je dénonce. Je réitère que mon
chef de cabinet rencontre les
syndicats, incluant la FIQ, aux deux jours. Alors, si ça fait trois jours,
j'aurais présumé que ça lui aurait été
communiqué, cette situation-là, et pour qu'on travaille avec le ministère
à la régler. Alors, ce n'est pas normal, et il faut nous communiquer où
ça se passe actuellement.
M. Arseneau : Ça nous amène un peu sur le dossier des lanceurs
d'alerte qu'on avait abordé lors de la dernière commission. Et, depuis, vous
aviez mis en place le site On vous écoute, mais, avec les
1 791 courriels que vous avez reçus, vous avez mentionné tout
à l'heure, puis le témoignage que je viens de vous lire fait un peu référence à
ça, «on nous fait fermer la
trappe»... Vous dites vouloir mettre fin à l'omerta, mais je suis obligé de
vous avouer que les explications données
tout à l'heure dans un premier bloc à l'effet que vous allez vouloir analyser
l'ensemble des courriels, vous ne saviez
pas exactement comment on va les traiter, ça donne à penser que le système
pourrait être similaire à celui qu'on a mis en place pour aller recruter de la main-d'oeuvre, Je contribue, et
ça, ce n'est pas rassurant pour les gens qui sont sur le terrain et qui sentent
l'urgence d'agir. Qu'avez-vous à leur dire pour un traitement rapide de ces
commentaires-là du terrain qui
semblent, encore une fois, là, s'empêtrer dans une lourdeur administrative que
votre site Web ou votre adresse courriel ne semblent pas dénouer, là,
comme impasse?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, je pense que mon collègue ne m'a pas bien comprise dans
ma première intervention où j'ai bien dit que les situations où est-ce
qu'il y a, justement, là, des contacts zones chaudes-zones froides, donc toute la question de la prévention
des infections et la disponibilité du matériel de protection, ce serait
priorisé. Donc, ce sont des
situations sur lesquelles on va travailler plus rapidement, parce qu'elles sont
très prioritaires, que toutes les autres.
Alors, sur les 1 791, je n'ai pas le
pourcentage, là, exact, mais ça peut se situer autour de 10 %, 15 %.
Donc, on va travailler sur ces demandes-là en grande, grande priorité et on va
aller le plus rapidement possible, M. le Président, mais il demeure que c'est un changement de culture
organisationnelle fondamental que nous faisons actuellement et qui ne se
fera pas en quelques jours, il faut être réaliste.
M. Arseneau :
Mais quelle garantie la ministre peut-elle donner, M. le Président, que le
traitement sera suffisamment rapide pour empêcher un trop grand nombre de
victimes par des procédures qui seraient inadéquates? On sait que, si l'on dénonce une situation dans les médias,
dans les 24 heures, la ministre va en entendre parler. Et les gens du terrain n'ont pas la certitude que, s'ils
écrivent à l'adresse On vous écoute, ils auront la même rapidité de traitement
pour sauver des vies, pour secourir des gens.
Quelle garantie la ministre peut-elle donner que le traitement est fait, par exemple, dans les 12 heures ou
dans les 24 heures?
• (11 h 10) •
Mme McCann :
Bon, M. le Président, j'en parlais encore hier avec la sous-ministre qui est en
charge de ce volet-là d'On vous écoute,
Mme Savoie, Dominique Savoie, qui en prend la responsabilité, et elle me confirmait que son équipe
devait prioriser ces situations et y répondre le plus rapidement possible.
Donc, j'aurai un rapport, parce que moi, je vais être tenue au courant, je
vais avoir un rapport là-dessus. Et il y a une équipe d'une dizaine de
personnes, huit personnes, là, qui surveille ces travaux, c'est une grosse
opération. Mais c'est clair... Et, si mon collègue veut nous transmettre... me transmettre où ça se passe, la situation
qu'il dénonce, j'aimerais le savoir personnellement,
on va la traiter très rapidement.
M. Arseneau : Et, si un travailleur de la santé décide
de confier cette information-là aux médias, si les lanceurs d'alerte se tournent vers les
médias, est-ce que la ministre s'engage à les protéger?
Mme McCann : Bien, écoutez, je vais vous répondre, là, que je comprends que,
si toutes les avenues n'ont pas été fructueuses, à un moment donné quelqu'un
peut décider que les médias est une avenue. Mais je vais vous dire, M. le
Président, que moi, j'ai travaillé dans le réseau, là, dans le passé, et ce qui
est fondamental, c'est que cette communication se fasse de façon efficace à l'intérieur des établissements, qu'il
y ait cette ouverture.
Mais ce que je m'aperçois, c'est que,
dans le précédent cycle, il n'y avait pas cette ouverture, c'était l'omerta,
et c'est ça qu'on va changer.
Et, vous savez, je dis ça aussi à tous les collègues,
c'est ça, le principe fondamental qu'il faut instaurer dès maintenant
pour le futur. C'est comme ça que notre réseau va fonctionner beaucoup
mieux puis que nos patients vont être protégés,
nos intervenants vont être protégés, c'est quand on va prêter oreille aux
intervenants sur le terrain qu'on va régler rapidement. Alors, moi, c'est ce que je réitère. Nous, il faut qu'on
règle, on a la responsabilité, au niveau du ministère, de la ministre, de
régler ces situations-là et que ce soit de façon pérenne, permanente, qu'on ait
ce dialogue, cet échange d'information.
M. Arseneau :
Merci. M. le Président, on veut aussi non seulement aider le personnel de la
santé, là, à avoir de l'aide puis de la protection pour qu'ils puissent
à leur tour aider les malades, mais on veut aussi leur donner un peu d'oxygène, leur donner du repos. Et, vous savez,
l'arrêté ministériel sur les conventions collectives des travailleurs du
réseau de la santé donne le pouvoir aux directions de ne pas accorder des
vacances, des congés, ça fait l'objet d'une préoccupation. Le 20 mai
dernier, la vice-première ministre a assuré, en point de presse, que les
travailleurs de la santé allaient avoir le
droit à un congé minimal de deux semaines cet été. Est-ce que vous pouvez nous
rassurer sur les modalités? Parce qu'on parle quand même, là, suite à l'été, de
la possibilité d'une deuxième vague. Qu'est-ce que vous avez à dire au personnel de la santé sur la
capacité du ministère à exiger de la part des directions d'établissement qu'ils
donnent des congés mérités aux travailleurs de la santé?
Mme McCann :
Oui. Oui, moi, je veux rassurer les intervenants parce qu'ils ont besoin de
repos, c'est clair qu'ils ont besoin
de repos, et effectivement on va donner deux semaines, certainement, à tout le
monde qui le veut, avoir un repos de
deux semaines. Il demeure que ça ne sera pas comme les étés précédents parce
que, dans le passé, on pouvait prendre plus que deux semaines pendant l'été. Je
ne suis pas sûre qu'on va être capables d'en donner davantage, même dans
les zones froides.
M. Arseneau : Mais quelles
mesures seront prises pour s'assurer du respect de cette directive-là auprès
des directions d'établissement?
Mme McCann :
Ah! mais il y a des échanges, actuellement, avec les directions, puis je pense
que le principe est clair. C'est sûr
qu'au niveau des règles on est obligés de dire que ça se peut qu'on ne soit pas
capables d'aller au-delà du deux
semaines, même dans les zones froides. Mais, au niveau du deux semaines, je
pense que les établissements sont au clair là-dessus, et même les
syndicats sont au courant. Donc, ça va être fondamental de le faire, puis on va
demander probablement, encore une fois, à
des gens d'autres établissements de venir aider dans certains établissements
pour que, justement, des gens puissent prendre deux semaines de
vacances.
M. Arseneau : D'accord. Merci.
Donc, on prend votre parole là-dessus.
Maintenant, toujours pour ce qui est du personnel
soignant puis particulièrement les... on en a parlé tout à l'heure, d'ailleurs, la députée de Fabre a défendu
le travail des EESAD, de ceux qui sont des préposés d'aide à domicile, préposés aux bénéficiaires qui travaillent dans les
soins à domicile, on a entendu, la semaine dernière, la ministre Blais dire que c'était effectivement une priorité. Vous
l'avez réitéré, Mme la ministre, tout à l'heure, mais on sait que 80 %
des ressources en soins à domicile proviennent du privé et sont payées à très
bas salaires. Est-ce que la ministre peut envisager la possibilité dès
maintenant, compte tenu que la crise n'est pas terminée, dès maintenant de
rehausser les salaires de ces préposés? On
peut le faire par décret. Le gouvernement a la possibilité de s'assurer du
maintien en emploi de ceux qui le font actuellement et d'attirer les
gens vers ce domaine qui est plus que nécessaire à l'heure actuelle.
Mme McCann :
Oui. Alors, on parle des services d'aide à domicile, là, des... on dit les
préposés, mais c'est aussi les auxiliaires familiales et sociales, hein? Et je
suis un petit peu en questionnement par rapport au 80 % parce qu'on
a quand même beaucoup d'auxiliaires
familiales et sociales qui relèvent du réseau de la santé et des services
sociaux, donc, ça, c'est peut-être à
valider, là. Mais il demeure, comme le dit mon collègue, qu'il y a une partie
des services qui est donnée par les EESAD et par des gens qui viennent
du privé.
Alors, ça me permet, encore une fois, M. le
Président, de dire à quel point le virage maintien à domicile est fondamental, autant que celui des CHSLD, est
fondamental pour la suite des choses, pour que les gens restent de plus en plus à domicile. Donc, on va regarder ce qu'on
peut faire au niveau, là, des services qui viennent du privé. On doit faire
une réflexion là-dessus, au même titre qu'on en a fait une par rapport aux
CHSLD privés.
M. Arseneau :
O.K., mais vous avez la capacité d'agir maintenant. Est-ce que vous envisagez
d'agir à court terme?
Mme McCann :
On regarde tout ça, M. le Président. On est obligés de le regarder parce que
les services de soutien à domicile, là, on a augmenté — je
vais le mentionner, là, c'est important — cette année de 30 % le
nombre d'heures données en maintien à
domicile au Québec, 30 % plus d'heures. Donc, on va regarder tout ce qu'on
peut faire pour nous assurer qu'on va continuer d'augmenter ces heures
non seulement avec le privé, mais aussi avec les organismes communautaires, avec les EESAD. Alors, j'accueille
la question de mon collègue, et ça va faire partie de l'analyse qu'on
fait actuellement.
M. Arseneau :
Dans le même ordre d'idées, M. le Président, pour agir rapidement, les CHSLD,
on a déploré, le premier ministre l'a fait lui-même, le fait qu'il n'y ait pas
de direction propre à chacun des CHSLD. Est-ce que vous pouvez envisager actuellement, sans faire de grand
brassage de structures, de nommer des personnes responsables des CHSLD pour la suite des choses, du moins sur une
base temporaire? Est-ce que la chose est envisagée et envisageable d'avoir des gens qui soient responsables, qui soient nommés responsables à court
terme par arrêté ministériel ou par
décret, par une mesure qui pourrait être efficace à court terme?
Mme McCann :
Bien, on a déjà agi en ajoutant plus de 400 cadres dans le réseau de la santé
et des services sociaux. Vous voyez que, déjà, on agit, là. Par rapport
aux CHSLD, il y en a une partie qui est en CHSLD, bien entendu, et certainement dans la grande région de Montréal.
Donc, on a des discussions à cet effet-là, c'est une grande priorité, avec
la ministre responsable des Aînés et des
Proches aidants. Puis, mon collègue a raison de le soulever, c'est une mesure
prioritaire, alors on va le faire dans les
meilleurs délais parce qu'on sait que ça, c'est un maillon faible dans le
réseau, actuellement.
M. Arseneau :
D'accord. Merci. M. le Président, je veux remercier la ministre de ses réponses
courtes. Je vais continuer rapidement. Je voulais parler de deux autres
sujets. D'abord, le dépistage. La ministre a mentionné, tout à l'heure, vouloir continuer d'augmenter la capacité
de dépistage, mais force est d'admettre que, depuis le début, on n'atteint
pas les objectifs. On voulait passer de
6 000 à 15 000, on disait qu'on aurait une capacité de 20 000 à
30 000. Où en est-on aujourd'hui
dans la capacité de dépistage et dans l'efficacité sur la dernière semaine?
Est-ce qu'on peut avoir les chiffres des dépistages moyens quotidiens,
ce qui constitue une condition minimale pour continuer dans le déconfinement?
Le Président (M. Provençal)
: Il ne reste plus de temps pour la réponse. Mme la ministre, si c'était
possible de faire parvenir cette réponse-là au député des Îles-de-la-Madeleine.
Mme McCann :
Oui, oui, oui, on va le faire, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous terminons cet échange d'aujourd'hui avec
l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. En fait, si c'est possible de nous la transmettre à la
commission cette réponse-là, je pense que
tout le monde serait intéressé, M. le Président. Merci, Mme la ministre, je
vous vois hocher de la tête. Très bien.
Le Président
(M. Provençal)
: Donc, Mme la
ministre, je considère que c'est un engagement de votre part.
Mme McCann :
Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
M. Fortin : Merci. J'étais satisfait, disons, d'apprendre que le chef de cabinet de
la ministre rencontre la FIQ à tous les deux jours, c'est une bonne chose.
Cependant, ça n'a pas empêché plusieurs infirmières d'aller manifester devant
le bureau du premier ministre cette semaine,
entre autres pour parler de la question des ratios. Et j'ai entendu le premier
ministre en réaction, on l'a tous entendu,
M. le Président, nous dire qu'avant la question des ratios, bien, il va falloir
que les infirmières acceptent plus de postes à temps plein. C'est bien
ça, la position du gouvernement, Mme la ministre?
Mme McCann :
Bien, il y a plus que ça, là, dans la position du gouvernement, mais c'est
clair que, le premier ministre a raison, il faut qu'il y ait davantage
d'infirmières qui travaillent à temps plein pour aider le réseau. Mais on comprend, M. le Président, qu'il y a tout un
dialogue à avoir avec nos
infirmières, nos instances syndicales, les instances syndicales là-dessus, à savoir quelles
sont les conditions, justement, pour que nos infirmières travaillent davantage à
temps plein, puis on est en période de négociation.
En
attendant, on a offert des primes, hein, des primes pour les gens qui vont
faire du temps plein pendant un mois. Et ça, on attend un rapport la semaine
prochaine là-dessus, on veut voir si ça a eu de l'effet. Mais, vous savez, M.
le Président, mon collègue le sait, 50 % qui sont à temps partiel,
c'est sûr que ça n'aide pas, là, au
niveau du réseau, alors on veut travailler avec les infirmières pour
qu'elles travaillent plus à temps plein.
M. Fortin :
Je comprends cette position-là, puis c'est un peu la même que le premier
ministre expliquait l'autre jour, M. le Président, où il nous a dit, et
je vais le citer, là : «Quand on pense à ça, il n'y a pas une organisation
publique ou privée qui pourrait fonctionner
comme on le fait actuellement, avec la moitié de ses effectifs qui sont à temps
plein.» Bien, la ministre vient un peu de répéter la même chose. Mais
essentiellement, là, et je suis d'accord avec ça, plus il y a de gens à temps plein, plus on va pouvoir
desservir un plus grand nombre de besoins. Mais, si c'est le cas, M. le Président, si c'est le cas qu'on ne peut pas
fonctionner avec la moitié des effectifs à temps plein, est-ce que la ministre
peut nous dire pourquoi, dans certaines régions, on affiche encore la moitié
des postes à temps partiel?
Mme McCann :
Ah! ça, bien, M. le Président, c'est ce qu'il faut régler. Mais je peux vous dire,
M. le Président, que moi, je sais
aussi, et je le dis à mon collègue, dans plusieurs endroits, on a affiché des
postes avant la pandémie, on a
affiché des postes à temps complet qui n'ont jamais trouvé preneur. Alors,
vraiment, là, il faut régler ça et à la satisfaction de tous. On sait comment le travail est
fondamental, le travail des infirmières. Alors, c'est une question majeure et
c'est pour ça qu'il faut continuer nos dialogues, notre dialogue avec
les infirmières pour régler...
Puis, vous savez, là, je fais une nuance. On
peut comprendre qu'il y a certaines personnes qui ne peuvent pas travailler à temps plein parce qu'ils ont des
responsabilités, il y a un contexte, mais 50 %, c'est beaucoup et c'est ça
qu'il faut régler, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. Mais tantôt j'ai posé la question à la ministre,
parce qu'elle nous dit, là... depuis quelque temps, là, le gouvernement
nous dit deux choses : un, il faut limiter le déplacement, mais il
continue d'afficher des postes pour des multi-installations en CHSLD, il
continue d'afficher des postes pour des équipes volantes, et là, aujourd'hui, on nous dit : Bien, on ne peut pas
avoir 50 % de monde qui sont à temps partiel, mais on continue d'afficher 50 % de postes à temps partiel.
Alors, est-ce que la ministre va prendre des actions pour changer ces postes-là
qui sont affichés pour ne pas que ce soient 50 % de postes à temps partiel
ou ne pas qu'on ait des postes multi-installations? Est-ce que ces mesures-là
ont été prises ou est-ce qu'on va les prendre?
Mme McCann :
Oui, on va devoir les prendre. Mais, vous savez, il va falloir, encore une
fois, faire un travail de fond parce
que la façon dont le réseau a été organisé par l'ancien gouvernement, bien,
c'est ça. Et effectivement il y a aussi une question de gestion. C'était
peut-être plus facile de gérer avec du temps partiel à l'époque pour avoir
cette flexibilité, mais là on ne peut plus se permettre ça, il faut avoir des
équipes dédiées. Il faut avoir des équipes dédiées pour prévenir des infections. Alors, on va, évidemment, s'atteler à la
tâche. Là, au niveau de la situation d'urgence sanitaire, on est capables, là, de s'organiser avec nos
équipes, avec nos établissements, mais il va falloir avoir des discussions
de fond avec nos syndicats pour l'après-pandémie pour nous assurer qu'on ne
revienne pas à la situation antérieure à la pandémie, on ne peut pas se le
permettre.
M. Fortin : Bien, c'est l'exemple parfait, M. le Président, de «les bottines ne suivent pas les babines», là. C'est l'exemple parfait du gouvernement qui nous
dit : On va devoir faire ça, c'est
ça, le problème, sauf qu'on continue
à appliquer la même solution qu'on nous dit qui est problématique.
Je vais
enchaîner et je veux poursuivre par
rapport à ce qu'avançait le député
des Îles-de-la-Madeleine par
rapport aux vacances, hein, le gouvernement a fait une grande annonce cette semaine, là, la vice-première ministre
a pris la tribune quotidienne pour
dire : Il va y avoir des vacances. La ministre de la Santé vient de
le répéter : Il va y avoir des vacances pour tout le monde. Mais ce qui
m'intéresse, moi, c'est de savoir comment on va faire parce qu'aujourd'hui, là, avec personne en vacances, avec des médecins
qui travaillent en CHSLD comme préposés encore, avec l'armée qui est présente, avec des bénévoles, des gens qui vont
devoir retourner travailler, on n'arrive pas à limiter les déplacements, on est
encore en dessous des ratios qu'on devrait vouloir avoir dans plusieurs centres
de soins longue durée, entre autres. Encore aujourd'hui, là, il y a
10 453 employés du réseau de la santé qui ne sont pas présents, et ça
augmente, c'est environ plus 40 à partir
d'hier. Alors, comment on va s'y prendre pour donner des vacances à tout le
monde? Et c'est une bonne chose, là.
Comprenez-moi bien, là, Mme la ministre, là, c'est une bonne chose, ces gens-là
ont mérité leur ciel. Peut-être que vous n'êtes pas en mesure de leur
donner leur ciel, mais peut-être que vous pouvez leur donner des vacances.
Alors, comment vous allez vous prendre pour y arriver?
Mme McCann : Si j'étais en
mesure de leur donner leur ciel, je le ferais, M. le Président, parce qu'ils...
M. Fortin : Bien, il y en a qui se contenteraient d'un statut
de réfugié, mais... d'un statut d'immigration, mais quand même.
Mme McCann :
Mais, M. le Président, ce que je veux dire d'entrée de jeu, c'est que l'arrêté
ministériel 007, là, actuellement,
nous permet d'avoir des équipes dédiées, hein, puis il faut se rappeler de ça...
nous assurer de ça. Au-delà d'affichages
de postes, là, etc., l'arrêté ministériel fait en sorte qu'on a des équipes
dédiées, et on ne flanche pas là-dessus, c'est nécessaire.
Les médecins
dont le député de Pontiac parle, bon, évidemment, il faut qu'ils retournent à
leurs activités médicales parce
qu'elles reprennent dans les hôpitaux et il faut qu'on ait nos médecins de
famille dans les CHSLD, et ça, je pense que c'est en cours aussi.
Une des
stratégies qu'on va implanter, c'est l'étalement des vacances. C'est un gros
défi, hein, cette année, là, je pense qu'on le réalise tous. Ça ne sera
pas facile de donner deux semaines de vacances à tout le monde, même si on sait
que c'est la chose à faire, parce qu'on n'a pas tout le monde dont on a besoin.
Mais il y a un ralentissement d'activité, pendant l'été, qui va nous aider, et
il va falloir qu'on planifie bien et qu'on étale.
Tu sais, habituellement, là, les vacances, ça
commence à la mi-juin, ça finit à la mi-septembre, mais là ça va commencer au
1er juin, ça va se terminer à la fin septembre. Il y a des gens aussi qui vont
décider de monnayer leurs vacances, donc de
ne pas les prendre, ça, ça va arriver aussi. Donc, même l'étalement, là, va
nous aider. Et on compte aussi sur le retour de travailleurs, on en a
10 000, actuellement, qui sont absents, puis là-dessus il y en a au moins 5 000 qui ont été
infectés ou qui sont en attente de dépistage. On a pris des mesures
d'accompagnement pour des retours de personnes, de travailleurs dans les
milieux, puis on a encore des travailleurs de Je contribue qui nous aident
beaucoup — je
les salue, d'ailleurs — qui
sont venus nous aider.
M. Fortin :
Juste bien comprendre, là, la ministre nous a dit qu'il y a des gens qui vont
avoir des vacances la semaine prochaine, on nous a dit, à partir du
1er juin?
Mme McCann :
Il pourrait, oui, y en avoir.
M. Fortin : O.K. Et la ministre fait référence à un ralentissement dans les
activités qui va nous permettre d'offrir des vacances. Mais là, en ce
moment, là, le ralentissement, il va
être où? Parce que, déjà, on est au bas dans les chirurgies, là, à plusieurs
endroits. Il va venir d'où, ce ralentissement-là cet été?
Mme McCann : Oui, bien, écoutez, c'est sûr qu'il y a une reprise, mais ce n'est pas une reprise à
100 %. On sait que, dans huit régions froides, là, du Québec, où est-ce
qu'il n'y a eu pratiquement pas de cas, la reprise va se faire de façon
plus soutenue, puis on va tendre vers le 100 % pour des chirurgies. Mais,
dans d'autres régions comme le Grand
Montréal, on parle de 40 %, donc ce n'est pas une reprise, là, qui est à
100 %, loin de là. Et, au niveau aussi de trois régions mitoyennes, on les
a nommées, là, l'Outaouais, la Capitale-Nationale et Mauricie—Centre-du-Québec, on parle d'à peu près
70 % des activités en chirurgie.
Il
y a d'autres activités aussi qui ralentissent pendant l'été, des activités au
niveau d'autres secteurs, là, notamment de la première ligne, qui ralentissent,
donc les écoles, hein, qui, déjà, sont au ralenti. On a des gens en santé, hein,
qui sont dans les écoles, donc, ça aussi, c'est
au ralenti. Donc, on mise un peu là-dessus, mais on mise aussi sur l'étalement et sur la contribution de nouveaux travailleurs qui sont venus nous aider. On en a plus de 10 000, au niveau de Je contribue, qui
nous aident.
M. Fortin : O.K. Mme la
ministre, dans un autre ordre
d'idées, vous le savez, on a de très bons journalistes au Québec,
puis il y en a plusieurs qui couvrent la pandémie religieusement depuis le
début de la crise, ils donnent de l'information
de qualité aux Québécois. Puis un de ces journalistes-là, c'est Aaron Derfel,
de la Gazette. Hier matin, il y avait
une histoire, dans la Gazette, qui parlait de l'achalandage aux urgences, et ça,
on aura le temps, j'espère, d'en retraiter. Mais, dans son texte, il
parlait de l'Hôpital de St. Mary's, où il y a eu deux éclosions et probablement
qu'il y en a une troisième. À
St. Mary's, ce qu'on apprend, c'est qu'ils testent tous les nouveaux
patients à l'urgence. Donc, tu arrives,
tu reçois un test puis, pendant qu'on analyse tes résultats, bien, tu ne sors
pas de l'urgence, c'est-à-dire on ne t'envoie pas à l'étage, et tu ne
retournes pas à la maison. Est-ce que c'est une bonne mesure à prendre, ça, Mme
la ministre?
Mme McCann :
Oui, moi, je pense que St. Mary's fait la bonne chose, et c'est fait
partout dans les urgences, M. le Président. C'est une mesure importante parce qu'on le sait maintenant, les gens peuvent être asymptomatiques et porter le virus. On ne veut pas contaminer, alors c'est fait
dans toutes les urgences, M. le Président.
M. Fortin : Bien, si c'est une bonne chose de le faire pour les urgences, pourquoi
on ne le fait pas pour les chirurgies, les gens qui se présentent en chirurgie
et qui reçoivent une chirurgie? Là, on apprend aujourd'hui, de la part de
l'association des anesthésistes, que, parce qu'on ne teste pas tout le monde qui se
présente en chirurgie, bien, ça prend beaucoup
plus de temps, donc on perd du temps de bloc opératoire. Alors, si on le fait
aux urgences, pourquoi on ne le fait pas en chirurgie?
Mme McCann :
Bien, j'ai pris connaissance du même article, puis, justement, il y a des
discussions à la Santé publique là-dessus. Alors, vous savez, M. le Président,
on est très agiles, au fur et à mesure, on règle les situations et,
effectivement, on prend ça au sérieux. Puis la Santé publique est en train de
plancher sur cette question. On attend un avis
de la Direction de la santé publique. C'est déjà fait dans certains secteurs
comme en oncologie, la bronchoscopie, c'est déjà fait, mais il faudrait
probablement l'élargir, M. le Président, c'est un très bon point.
M. Fortin : Bien, les anesthésistes disent que ça fait deux mois qu'ils vous
demandent de procéder ainsi. Vous nous
dites que vous apprenez la nouvelle, là, ce matin dans le journal. Est-ce qu'on
ne vous a pas rapporté cette situation-là au cours des derniers mois?
Mme McCann :
Non, en fait, ce que je dis, c'est que j'ai pris connaissance de l'article
parce que je fais ma revue de presse à tous les jours avec beaucoup d'intérêt.
C'est important parce qu'on a des sons de cloche très importants de spécialistes, on les prend au sérieux, et de toute
la population, d'ailleurs. Alors, ce que je dis, c'est que c'est un — excusez le terme anglais, là — «work
in progress», c'est quelque chose sur lequel la Santé publique se penche depuis
un certain temps.
• (11 h 30) •
M. Fortin :
Mais vous êtes favorable? Vous pensez que c'est quelque chose qu'il faut faire?
Mme McCann :
Bien, écoutez, il faut faire attention parce que, vous savez, depuis le début,
on écoute les avis de la Santé
publique, ce sont eux, les experts, les scientifiques. Alors, moi, ce que je
peux dire, c'est que je vais écouter la Santé publique là-dessus.
M. Fortin : O.K., mais, entre vous et moi, là, c'est quoi, la
différence entre le faire en oncologie et le faire dans une autre spécialité
quand on nous dit qu'on doit prendre du temps additionnel? Et ça, ce n'est pas
un enjeu de santé publique, là, c'est un enjeu d'organisation du travail
dans l'hôpital. On nous dit : On doit prendre du temps additionnel dans
nos blocs opératoires pour désinfecter, etc. Bien, ce n'est pas la Santé
publique, là, qui gère le bloc opératoire.
Alors, est-ce que c'est une bonne mesure à prendre, de tester ces patients-là
pour sauver du temps dans nos blocs opératoires?
Mme McCann :
Bien, c'est un travail conjoint, M. le Président. On travaille l'organisation
de services avec la Santé publique,
et il faut prendre ces décisions en bonne connaissance de cause. Mais moi, je
vais vous dire, M. le Président, on a
tout réorganisé au niveau du secteur hospitalier et des autres, là. Moi, j'en
ai des échos sur le terrain. Puis toutes ces précautions-là sont essentielles, puis on s'ajuste au fur et à mesure.
Donc, M. le Président, cette question-là, on va arriver avec un avis de la
Santé publique clair puis on va appliquer la meilleure mesure possible, M. le
Président, c'est important puis c'est pour ça qu'il faut continuer à travailler
là-dessus.
M. Fortin : Il y a des régions, M. le Président, où, en ce moment, là, il y a eu
très peu de cas, disons, de la COVID, je pense au Bas-Saint-Laurent, à
la Gaspésie, entre autres, là, et on nous rapporte... bien, en fait, les spécialistes
rapportent qu'on devrait être à 80 %,
90 % dans nos salles d'opération, mais qu'on est juste à 40 %. Est-ce
que la ministre peut nous dire pourquoi on n'a pas repris plus
rapidement dans ces régions-là?
Mme McCann :
Bien, ce que je peux vous dire, c'est que, quand j'ai fait l'annonce il y a
quelques jours, évidemment, le ministère
avait déjà envoyé une demande aux établissements pour faire leur plan
spécifique, et ce plan-là, avec
volumes, etc., on devrait l'avoir dans les prochains jours. Il y a beaucoup,
beaucoup de changements, j'y faisais allusion dans ma précédente réponse, là. Imaginez-vous, là, un bloc opératoire,
il ne fonctionnera pas comme avant la pandémie, alors il y a un gros ajustement. Comment on fait pour opérer des gens
qui ont la COVID-19? Ça peut arriver, hein, des situations qui le
demandent. Il faut avoir aussi une organisation où on protège tout le monde,
incluant ceux qui n'ont pas la COVID-19.
Donc, c'est pour ça que ça a pris plus de temps, M. le Président, c'est une
réorganisation totale du secteur hospitalier
et ça se fait partout. Et ce n'est pas parce qu'on est une zone froide qu'on
n'a pas à le faire. On a à le faire autant parce qu'on veut protéger de
la contamination les gens qui viennent à l'hôpital.
M. Fortin : En terminant, M. le Président, je veux revenir au déconfinement deux
minutes, là. Le PM nous avoue que
c'est un pari risqué, puis il y a beaucoup de monde qui se pose la question : Est-ce que
c'est un pari qui est trop risqué? Parce que
le pari, là, si on le perd, il mène à la perte de vies. Alors, si on regarde ça
un peu froidement, Mme la
ministre, dans le Grand Montréal, disons de L'Assomption à Châteauguay, là, les
dernières projections de l'INSPQ qu'on a
eues, qui ont été dévoilées publiquement, nous disent que, si on augmente les
contacts humains de 10 % à
20 %, bien, les courbes, là, les
courbes pour les cas, les hospitalisations, elles vont aller de façon
exponentielle. Et on a même parlé d'un scénario de 100 à 150 décès
par jour en augmentant les contacts humains de 10 % à 20 %.
Alors,
l'INSPQ nous a avertis : Augmentez les contacts humains dans le Grand
Montréal, vous pourriez avoir 100 à 150 décès par jour. Mais,
depuis le début juste de cette semaine, là, le gouvernement a annoncé la réouverture
des rassemblements à partir d'aujourd'hui, des commerces à partir de lundi, des
garderies à partir du 1er juin, des dentistes,
des physiothérapistes, des soins de santé privés, des sports extérieurs, des
camps de jour. La ville a annoncé l'ouverture des parcs. Aujourd'hui, vous vous
apprêtez à annoncer l'ouverture des musées, des bibliothèques. Est-ce que
toutes ces activités-là, ça va augmenter de 10 % à 20 % les contacts
humains?
Mme McCann :
Bien, M. le Président, ce qu'il faut réitérer, c'est qu'on le fait de façon
très graduelle, et on fait des distinctions pour la Communauté
métropolitaine de Montréal, hein, vous avez vu, pour les soins personnels...
M. Fortin :
Une précision, M. le Président, une précision : tout ce que je viens de
mentionner, c'est pour la Communauté métropolitaine de Montréal, là, toutes ces
choses-là, c'est pour le Grand Montréal. Alors, je veux juste comprendre, est-ce qu'avec tout ce que le
gouvernement est en train de faire on ne risque pas, justement, d'augmenter
ces contacts-là de 10 % à 20 % et donc de tomber dans le scénario qui
a été préconisé par l'INSPQ?
Mme McCann :
Bien, c'est un équilibre, M. le Président. C'est ce qu'on se dit à tous les
jours, c'est un équilibre parce qu'il
faut en même temps penser à la santé mentale des gens, au besoin, hein, de
sortir, d'avoir certaines activités, quand on pense aux rassemblements. Mais
n'oublions pas que notre population, puis ça, c'est un critère de
l'Organisation mondiale de la santé,
notre population, ça a été, d'ailleurs, une des meilleures au niveau du
confinement, elle a appris, nous avons tous appris que les mesures à prendre
ne cessent pas, même quand on... surtout quand on déconfine. Le deux mètres de
distance, le lavage des mains, tousser dans le coude, porter le masque, ça, là,
c'est fondamental, M. le Président. Ces
mesures sont essentielles, quand on déconfine, justement pour qu'on n'ait pas
cette augmentation de cas et
d'hospitalisations. Alors, on compte sur notre population qui est très, très
sensibilisée. Ça, c'est un critère fondamental de l'Organisation
mondiale de la santé pour du déconfinement, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: M. Fortin.
M. Fortin : Oui, M. le Président. Mais est-ce que la ministre a d'autres chiffres
de l'INSPQ? Parce que la projection de
l'INSPQ, là, elle est claire, elle dit : Augmentez de 10 % à
20 % les contacts, et ça peut
très... il y a beaucoup de chances, là, que ça mène
à un scénario où on a 100 à 150 décès par jour dans la communauté
dans le Grand Montréal. Alors,
le gouvernement choisit de déconfiner, donc, naturellement, d'augmenter les contacts, là. Est-ce
que le scénario de l'INSPQ,
c'est encore celui sur lequel vous vous basez pour prendre ces décisions-là?
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
Mme McCann : Bien, c'est parce que mon collègue
oublie un élément fondamental : cette projection a été faite si on ne respecte pas les consignes, M. le Président. Or, c'est ça qu'il faut faire, respecter les consignes, et on ne se
rendra pas là.
Le Président (M. Provençal)
: Je tiens à vous remercier pour votre collaboration.
La commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Ceci met fin à
cette séance virtuelle. Je vous invite à raccrocher pour mettre fin à la
visioconférence. Merci à tous et bon week-end à tous.
(Fin de la séance à 11 h 37)