(Quinze
heures trente-neuf minutes)
Le
Président (M. Merlini) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons débuter. Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine de bien vouloir éteindre toute sonnerie de tout
avertisseur et de tout appareil électronique.
La
commission est réunie aujourd'hui afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi
n° 157, Loi constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et
modifiant diverses dispositions en matière de sécurité routière.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements aujourd'hui?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Vallières (Richmond) sera remplacée par M. H. Plante
(Maskinongé); M. Turcotte (Saint-Jean) sera
remplacé par M. Bourcier (Saint-Jérôme); et M. Paradis (Lévis) sera remplacé
par M. Jolin-Barrette (Borduas).
Le Président (M.
Merlini) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire.
Mémoires
déposés
Avant
de débuter les remarques préliminaires, je dépose les documents suivants reçus
depuis la fin des consultations particulières et que vous avez reçus par
courriel. Ils sont déposés.
Remarques
préliminaires
Nous
débutons donc notre étude détaillée avec les remarques préliminaires. Mme la ministre
déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie
et ministre responsable de la
Montérégie, en plus d'être, plus important, la députée de Soulanges, vous
disposez de 20 minutes, à vous la parole.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Oui.
Vous avez tout à fait raison. Tout ce qu'il y a de plus important,
c'est notre rôle de député, M. le
Président. Et je veux saluer la
participation de nombreux députés, tant de la partie gouvernementale que des
partis d'opposition, l'opposition
officielle, la deuxième opposition et
les indépendants. Honnêtement, le projet de loi n° 157 suscite beaucoup d'intérêt, et moi, je suis très
heureuse qu'on amorce aujourd'hui l'étude détaillée du projet de loi
n° 157 qui constitue la Société
québécoise du cannabis, et édictant la Loi encadrant le cannabis, et modifiant
diverses dispositions en matière de sécurité routière.
• (15 h 40) •
D'entrée de jeu, M.
le Président, je rappelle que ce projet de loi donne suite au dépôt par le
gouvernement fédéral — hein, parce que la légalisation, c'est
l'affaire du gouvernement fédéral — du projet de loi C-45 qui, comme
je le disais, vise la légalisation du
cannabis au plus tard le 1er juillet 2018. Et là, M. le Président, je
prends la peine de vous le dire, tous
les documents que nous avons pu prendre, sur lesquels nous avons... avec
lesquels nous avons travaillé, plutôt, nous
faisaient part de mentions que ce serait au plus tard le
1er juillet 2018. Alors, dans cette foulée-là, nous nous préparons
ici, au Québec.
Alors,
dans la foulée des démarches qui entourent le projet de loi n° 157 — je vais me calmer — je tiens à souligner l'implication de tous les parlementaires lors des
consultations et dans le cheminement du projet de loi. Parce qu'honnêtement
je pense qu'on a tous à coeur la santé et la
sécurité des Québécoises et Québécois. Cette volonté commune va nous permettre de compléter nos travaux en vue de
définir au Québec un cadre législatif rigoureux et robuste, et ce, pour
faire face à cet important changement de société. Nos consultations et les
travaux menés, qui nous ont permis de constater qu'il y a un consensus sur la majorité des mesures proposées dans le
projet de loi, alors, j'en suis ravie parce que tout ça nous mène vers
un projet de loi qui est viable, mais qui aura besoin d'améliorations.
Nous
sommes également confiants que nos travaux se dérouleront rondement, toujours
dans le meilleur intérêt des
Québécoises et Québécois. En ce sens, M. le Président, j'aimerais rappeler que
le but ultime est d'offrir le meilleur encadrement
possible à cette substance sur notre territoire québécois, compte tenu des
enjeux qu'il comporte. Les mesures proposées
dans le projet de loi ont comme objectif de prévenir et réduire les méfaits du
cannabis afin de protéger la santé et
la sécurité de la population, particulièrement nos jeunes. Elles visent aussi à
préserver l'intégrité du marché légal du cannabis. Elles servent également à lutter contre la banalisation de la
substance, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes, de même que chez les personnes les plus vulnérables de
notre société. Nous l'avons déjà affirmé, ce sont nos priorités, et
elles le demeurent.
Afin de protéger la santé
des Québécoises et Québécois, particulièrement celle des générations futures,
nous avons poursuivi notre réflexion et
amorcerons aujourd'hui cette nouvelle étape dans le cheminement du projet de
loi. Nous allons débattre au cours des
prochaines heures, voire les prochains jours et, peut-être, semaines du projet
de loi n° 157 dans la perspective de l'améliorer.
Amendements déposés
À cet effet,
M. le Président, je dépose maintenant une série de propositions d'amendement...
Je dépose ici une série de
propositions d'amendement et je suis certaine que, tout comme moi, vous
constaterez que ces amendements sont sérieux, robustes et importants. Je
veux aussi souligner que ces amendements ne sont pas limitatifs et que, dans
une perspective constante de vouloir améliorer le projet de loi, nous, ainsi
que mes collègues, aurons assurément d'autres propositions.
Alors, vous comprenez qu'il y aura d'autres amendements à venir. En effet,
devant ce nouveau phénomène qu'est la
légalisation du cannabis, nous devons assurer un suivi continu de l'évolution
de la situation au cours des prochaines années. Nous devrons, lorsque
cela sera requis, apporter les ajustements nécessaires.
C'est donc
avec ouverture que je compte étudier le projet de loi avec l'ensemble de mes
collègues parlementaires. Je suis
convaincue que nous parviendrons à peaufiner l'ensemble du projet de loi de
manière à pouvoir relever le défi que représente
la légalisation du cannabis, et ce, je le répète, dans une perspective, M. le
Président, de santé et de sécurité de notre population.
Sur ce, M. le
Président, je vous laisse la parole et, après avoir entendu mes collègues des
oppositions, bien entendu, je serai
prête, disposée, tout comme mes collègues du gouvernement, à travailler à
l'étude article par article du projet de loi.
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, Mme la ministre, pour vos remarques préliminaires. J'invite maintenant le député de Labelle, qui est
porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé publique et de
prévention, à prendre la parole pour ses remarques préliminaires. Vous disposez
de 20 minutes. À vous la parole.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
Merci, M. le Président. Alors, j'annonce tout de suite, je n'ai pas l'intention
de prendre 20 minutes, mais quand
même faire quelques mots. Vous saluer, M. le Président, saluer Mme la ministre,
les gens qui vous entourent, nos précieux partenaires qui sont autour de
vous, les collègues autour de cette table.
Alors, on se lance aujourd'hui dans un grand
débat. On l'attend depuis déjà quelques mois. Alors, ça sera les premières
heures de ce débat qui est fort important. On écrit un droit nouveau. On écrit
un droit nouveau. Quand on a légalisé
l'alcool en 1921, si ma mémoire est bonne, je vais vous dire, entre 1921 et
98 ans... et 97 ans plus tard, il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts, pour ne pas dire
beaucoup d'alcool dans les maisons. Et probablement qu'un jour les gens,
à rebours, verront et liront ce que nous
avons fait aujourd'hui et diront : Ah! Est-ce qu'ils ont bien fait les
choses? Et c'est justement dans cette perspective que nous abordons le
projet de loi n° 158.
Dès le
départ, nous l'avions dit, nous souhaitons que la population du Québec soit
consultée afin d'aller chercher le pouls de la population, bien
comprendre quel était le modèle québécois souhaité par notre population. Et on
était très heureux quand la ministre et le
gouvernement avaient accepté de faire ces consultations. On a fait six régions,
je pense. Malheureusement, j'ai dû en manquer une. Sept.
Une voix : Huit.
M. Pagé :
Sept ou huit. En fait, il y a eu Montréal où on l'a fait sur deux jours, plus
aussi les consultations auprès des
experts le 19 et le 20 juin dernier à Montréal. Ça, il y a peut-être
autour de 200 personnes qui ont participé, avec la participation
aussi d'experts d'un peu partout dans le monde, de l'Uruguay, de l'État de
Washington, la Californie, le Colorado, bien
sûr, qui sont venus nous dire comment on devrait être guidé dans cette grande
démarche pour bien faire les choses.
La ministre l'a dit, ce n'est pas parce que c'est légal que c'est banal. Il ne
faut pas que légalisation soit synonyme de banalisation. Et c'est vraiment sous cet angle, sous cet aspect que nous
abordons la chose, afin de se donner un modèle québécois. Moi, je l'ai
entendu à quelques occasions, donnons-nous un modèle québécois.
Et, à cet égard, je suis heureux, je le dis
encore, de voir jusqu'à quel point on a progressé entre les premiers commentaires qu'on a entendus sur la chose il y a
peut-être un an et aujourd'hui. Je pense que nous avons progressé. Il n'y avait peut-être pas une très grande volonté
gouvernementale au début d'aller vers une société d'État, hein? On ne
s'en cachera pas, les premiers commentaires
allaient dans ce sens-là. Mais à force d'entendre la population, à force
d'entendre les experts, bien, je pense qu'on
a convenu, un peu tout le monde, que, si on voulait faire les choses le plus
correctement possible, et l'encadrer, et
faire surtout de la prévention, de la sensibilisation, bien, il fallait sortir
toute notion de profit de la vente de
cannabis, donc sortir le privé. Et c'est vraiment sous cet angle-là que l'on
aborde le projet de loi et tout ce qui va encadrer la vente. La vente.
Bien sûr, on
aurait pu parler aussi de la production, mais, ce volet-là, pour l'instant, on
le laisse plutôt à... Les permis vont
toujours être du côté du fédéral. Est-ce qu'éventuellement on abordera le sujet
plus de front? On verra plus loin lors du
projet de loi. La ministre nous dépose en même temps, aujourd'hui, une série
d'amendements. Je ne sais pas combien il y en a, mais il semble y en
avoir une certaine quantité. Alors, au fur et à mesure... Évidemment, nous
souhaiterions prendre tout le temps
nécessaire pour bien... Comme je le disais tantôt, on écrit un droit nouveau.
Alors, si on veut prendre le temps de
bien analyser la portée de chacun des mots qui est écrit dans cette loi
n° 157 et chacun des amendements qui vont venir impacter le projet de loi n° 157, il
faut prendre le temps de bien faire les choses. Alors, c'est vraiment dans cet
esprit-là que nous l'abordons.
D'ailleurs,
je dis tout de suite, là, que nous allons faire appel à l'article 245 de
notre règlement afin, et ça, on le dit tout de suite, d'étudier le
projet de loi article par article, alinéa par alinéa, paragraphe par
paragraphe, afin d'être sûr qu'il n'y ait
rien qui nous échappe dans le projet de loi. Je pense que c'est à ce moment-ci,
M. le Président, que je devais le mentionner.
• (15 h 50) •
Je me réjouis de voir qu'on a adopté le principe
tantôt — je
dis «tantôt», il y a à peine une demi-heure — à l'unanimité, à l'unanimité au salon bleu. Alors, comme quoi toutes les
consultations et tout le débat que nous avons faits jusqu'ici nous a
amenés à faire un consensus. Est-ce que le projet de loi est parfait? Je ne
pense pas qu'il soit parfait. Évidemment, ça
dépend de quel côté de la Chambre et qui vous parle, parce qu'il y a des gens
qui sont venus dans les consultations
nous dire qu'ils ne souhaitaient que le privé, d'autres nous ont dit
complètement autre chose. Mais,
somme toute, nous allons tenter de bonifier le projet de loi au mieux de nos
connaissances et de nos compétences.
Il y a des
aspects qui nous inquiètent. Un des aspects... deux particulièrement qui
m'inquiètent, et je vous le
partage, je l'ai dit lors de mon allocution sur le principe la semaine dernière,
notamment la vente en ligne, M. le Président. Nous savons jusqu'à quel point les jeunes ont
facilement accès maintenant, via l'Internet, à tout ce qui s'appelle vente en
ligne et jusqu'à quel point ils sont habiles
à cet égard-là. Et, si on ne veut pas perdre contact avec les jeunes avec cette
vente en ligne, je pense qu'il faut
s'assurer d'avoir le meilleur modus operandi, là, pour qu'on puisse, je dirais,
avoir le meilleur contrôle possible, pour qu'on puisse continuer à faire
de la prévention et de la sensibilisation auprès de ces jeunes qui vont acheter
en ligne.
Je pense
qu'il faut qu'il soit inscrit aussi, quelque
part dans le projet de loi, que 100 % des profits doivent être...
ces profits doivent être réinvestis dans
tout ce qui s'appelle santé publique, prévention, dépendance, contrer la dépendance, à l'égard des municipalités aussi. Alors, bien sûr, nous y tenons. Et il y a même, je
le rappelle encore, l'État de Washington qui nous avait dit, là, par vidéoconférence : Prenez la peine de
l'écrire dans votre loi parce que nous, on ne l'a pas fait, dans l'État de Washington, mais aujourd'hui on fait des routes avec les profits du cannabis.
Alors, si on ne veut pas que cette
tentation-là arrive un jour, il m'apparaît important que ça soit inscrit
dans la loi. Alors, c'est un des éléments qui nous préoccupent.
Puis il y en
a d'autres aussi. Bien sûr, l'article 55 où on fait appel à... en fait, où
on fait référence à des projets pilotes.
Quels seront ces projets pilotes? C'est encore difficile de comprendre jusqu'où
on veut aller à cet égard-là. Peut-être lorsqu'on aura des explications et qu'on pourra mieux clarifier
l'article 55, on en arrivera au compromis qui sera acceptable pour nous. Mais, tel que libellé à ce moment-ci,
vous comprendrez qu'il n'est pas souhaitable, à ce moment-ci, en ce qui nous concerne, d'aller de l'avant avec
l'article 55, qui pourrait ouvrir la porte à du privé, et pourtant la
création de la société d'État, c'est
justement de ne pas ouvrir la porte à du privé. Pourquoi? Parce que le privé a
une notion de profit, et le propre d'une
entreprise... Je pense que la ministre a déjà eu une entreprise, j'en ai eu une
pendant 17 ans, on ne peut pas fonctionner en entreprise si on ne fait pas de profit. Et la seule façon de faire du
profit, bien, c'est d'en vendre plus. Et est-ce que c'est ça que nous voulons avec le cannabis? Ce n'est pas ça
que nous voulons. Alors, vous comprendrez qu'il faudra clarifier, à tout le moins essayer d'amender cet article, ou
tout simplement l'enlever du projet de loi pour que la loi devienne à
nos yeux encore beaucoup plus acceptable.
À ce
moment-ci, M. le Président, je vais me limiter dans mes commentaires, mais je
me dois, semble-t-il, c'est ce que
mes conseillers me disent, dans notre façon de fonctionner, de vous faire la
lecture... C'est à ce moment-ci que je dois faire la lecture de... Parce
que je voudrai faire appel éventuellement à l'article 244. Est-ce que je
dois le faire à ce moment-ci ou je pense que c'est à la fin des...
Le Président (M. Merlini) : À
la fin des remarques préliminaires.
M. Pagé : À la fin des
remarques préliminaires.
Le Président (M. Merlini) :
Oui.
M. Pagé :
Alors, voilà, à ce moment-ci, je vais compléter mes remarques préliminaires, et
nous aurons largement le temps de continuer à discuter.
Mais je veux saluer l'ensemble des collègues,
jusqu'à maintenant, de la deuxième opposition, les collègues indépendants, et Mme la ministre, la partie
gouvernementale. Nous abordons ce projet de loi, autant que faire se
peut, sans partisanerie, en ayant en tête la
santé et la sécurité de la population, et c'est vraiment sous cet angle-là que
nous allons travailler. Alors, merci, M. le Président.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, M. le député de Labelle,
pour vos remarques préliminaires. Nous allons
maintenant du côté du porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Borduas, la parole est à vous. Vous disposez de
20 minutes.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. À mon tour de vous
saluer, de saluer Mme la ministre, de saluer le collègue de Maskinongé,
le collègue d'Argenteuil, ainsi que le collègue des Îles-de-la-Madeleine, mon
collègue de l'opposition
officielle — le
député de Labelle — et ma
collègue de Repentigny, qui travaille... — dans le fond, c'est un travail d'équipe, M. le Président, la collègue de
Repentigny, on travaille ensemble pour énoncer la position de notre
parti, puis à date je pense qu'on a bien
fait ça, et on va continuer de travailler sérieusement durant l'étude détaillée
du projet de loi — ma
collègue de Vachon également, ainsi que mon collègue de Mercier.
M. le
Président, d'entrée de jeu, je dois vous dire que ma formation politique
n'était pas favorable à la légalisation du cannabis. C'est une décision unilatérale du gouvernement fédéral qui
s'est effectuée. On l'a combattue durant un certain temps, M. le Président. On a demandé à l'Assemblée
nationale, et ça a été accepté par l'Assemblée nationale, de reporter l'entrée en vigueur du projet de loi fédéral d'au
moins une année. Ça a reçu l'assentiment de l'Assemblée nationale. On a
posé plusieurs questions à la ministre cet automne relativement à son plan pour
le cannabis, qu'elle a déposé au mois de novembre.
Notre formation politique, la CAQ, on a été le
premier parti à déposer un cadre responsable et restrictif, le 13 septembre 2017, en compagnie de ma
collègue de Repentigny, parce qu'on a entendu les gens, on a entendu la
population du Québec et on a entendu
leurs préoccupations, à savoir qu'est-ce que la population québécoise
souhaitait, comment est-ce qu'on
allait gérer ça sur le territoire québécois, notamment pour l'achat de
cannabis, la vente de cannabis, et comment est-ce qu'on allait faire en sorte d'établir de nouvelles règles, parce que
c'est une substance qui est illicite à ce jour et qui deviendra licite dans les prochains mois, si l'on
se fie au gouvernement, aux intentions, aux orientations du gouvernement
fédéral.
Alors, quelle
est notre responsabilité, M. le Président, comme parlementaires québécois, à
partir du moment où le gouvernement fédéral décide de prendre un produit
qui était interdit en vertu de la loi sur certaines drogues et autres substances, qui était proscrit dans le Code
criminel, et de le rendre désormais licite? Bien, il faut prendre nos
responsabilités, il faut légiférer relativement
à ce nouvel élément, cette drogue qui est maintenant légalisée. Alors, c'est ce
qu'on va faire, on le fait en collaboration avec les collègues.
D'ailleurs,
on remercie la ministre de nous avoir invités aux consultations, auxquelles on
a participé très souvent. On remercie
les experts qui sont venus durant le forum d'experts à Montréal, mais aussi
tous les gens qui sont venus en commission parlementaire depuis avant
Noël, en fait depuis le mois de novembre, décembre. Et ceux-ci ont porté un éclairage sur le cannabis en fonction de leurs
domaines d'expertise. On a eu des gens du domaine de la santé, du
domaine médical. On a eu des utilisateurs, des gens qui sont en matière de
prévention. Mais ce qu'on a surtout constaté, M. le Président, c'est que tout
le monde est préoccupé. Et il y a différentes visions qui se mettent en oeuvre.
Mais surtout,
pour nous, les parlementaires, on est face à un choix de société. Qu'est-ce
qu'on veut faire par rapport à la
vente, par rapport à la légalisation du cannabis sur le territoire québécois?
Il y a différentes visions qui s'opposent. Et, du point de vue de ma formation politique, on a choisi le point de vue
de la santé, on a choisi le point de vue de faire en sorte que... Cette substance-là a des conséquences
lorsqu'on la consomme, notamment chez les jeunes. Et on a adopté cette position-là, à savoir il vaut mieux protéger la
santé de la population, protéger la santé des jeunes et de tout mettre en
oeuvre d'une façon... en utilisant le
principe de précaution, pour dire : Bien, prévoyons à l'avance et allons-y
à pas de bébé pour voir quelles
seront la conséquence d'une consommation licite de cette drogue-là et la
conséquence aussi d'une consommation à grandeur
de la population québécoise. Alors, vous savez, c'est un nouveau produit qu'on
légalise, on ne sait pas quelles vont être
les conséquences, alors c'est important d'y aller de façon progressive et
d'être plus restrictif dès le départ. C'est pour ça que, le
13 septembre dernier, on a déposé un plan qui se veut responsable et
restrictif, afin de ne pas banaliser la consommation
de cannabis, afin de ne pas banaliser cette substance, et d'expliquer les
conséquences à une consommation, et y aller beaucoup en matière de
prévention.
• (16 heures) •
Alors, c'est pour ça que, du côté de notre
formation politique, on souhaite véritablement que la loi qui sera amendée, qui sera étudiée dans les prochaines
semaines reflète le consensus québécois de la population, mais surtout
que celle-ci réponde aux préoccupations des
gens, notamment en ce qui concerne l'âge. On en a beaucoup discuté. On a
eu l'occasion d'échanger au salon bleu, la
ministre et moi, à ce sujet-là. Et ce que nous proposons, en fonction de ce que
les experts du domaine de la santé nous ont dit, c'est que l'âge soit fixé à
21 ans, M. le Président.
Actuellement,
dans le projet de loi, c'est fixé à 18 ans. Il y a des éléments... il y a
des arguments en matière de santé publique
qui ont été entendus. Mais il en revient au gouvernement de faire le choix. Et
actuellement ils ont choisi l'âge de 18 ans.
Respectueusement, on est en profond désaccord avec cette position-là. Parce que
les psychiatres sont venus nous le dire, il y a plusieurs corps médicaux
qui nous le disent, que la consommation, si elle est précoce, peut avoir des
conséquences à vie pour les gens qui consomment. Idéalement, il ne faudrait pas
consommer pour ne pas avoir de problématiques
et de risques liés à cette consommation-là pour la santé. Mais,
particulièrement chez les jeunes, ça peut devancer des épisodes de
psychose, ça peut être un facteur déclencheur de maladies mentales, un facteur
aggravant, pardon, de déclencheur de maladies mentales. Alors, vous savez, il y
a vraiment des préoccupations.
Et, surtout pour les gens qui vivent ces
réalités-là dans la vie quotidienne, bien, ça a un impact. Surtout si on devance le risque de psychose au cours de... suite
à une consommation, bien, les psychiatres, ce qu'ils nous ont dit, c'est
qu'écoutez, les outils que vous avez, si
vous faites votre psychose à 18 ans, au lieu, supposons, de la faire à 21,
22 ans, bien, le bagage de votre vie que vous avez, vous n'avez pas pu
l'acquérir durant ces années-là. Et on doit penser, lorsqu'on légifère, à ces gens-là aussi qui sont à risque.
Il y a une partie de la population qui est à risque. Ça ne veut pas dire
qu'ils vont en avoir une, mais ils sont
quand même à risque, et on doit se
soucier de la protection du public dans un cas comme ça, la protection de la santé mentale de la population.
Dernièrement, il y avait la journée, justement, de sensibilisation pour la santé mentale.
Et ça a des impacts concrets dans la population québécoise, et, vous savez,
c'est une roue qui tourne.
Donc, les
épisodes de maladie mentale, ça peut provoquer différentes conséquences pour la
population. Il
faut soutenir cette population-là.
Donc, notamment, notre position sur l'âge est basée sur les
risques associés notamment à
cette consommation-là,
particulièrement chez les jeunes. Et, je l'ai dit lors de l'adoption de
principe à la ministre, pour nous, c'est un enjeu qui est
fondamental que l'âge soit fixé à 21 ans pour l'achat de cannabis sur le territoire
québécois.
J'entends déjà
certains contre-arguments pour dire que les provinces ont arrimé l'âge légal
pour acheter du cannabis à celle pour
acheter de l'alcool. Eh bien, il y a certains autres précédents dans les autres
provinces canadiennes, notamment le Manitoba, où, eux, pour acheter de l'alcool,
c'est 18 ans, mais, pour acheter du cannabis, ça va être
19 ans. Donc, il y a certaines autres législatures provinciales qui vont
faire ce choix-là, cette distinction.
Et je vous rappellerais également qu'à
l'exception de l'Alberta le Québec sera la province où l'âge légal pour acheter du cannabis sera la plus jeune, M. le Président, à l'âge de 18 ans. Dans toutes les autres provinces
canadiennes, à l'exception de l'Alberta, ça
sera un minimum de 19 ans. Donc, je vous invite à la réflexion. Est-ce que
le simple fait de dire : Nous,
l'alcool, c'est 18 ans, on devrait le fixer à 18 ans également...
J'invite la ministre à y réfléchir, parce qu'il y a des
conséquences aussi, et, si on peut gagner une année avec les jeunes au niveau
de la consommation...
C'est le
message qu'on envoie aussi pour ne pas banaliser cette consommation-là. Je
pense qu'on doit y porter attention. Mais notre position demeure tout de
même à 21 ans. D'autant plus, M. le Président, que la substance, le cannabis... Bien, écoutez, on lutte et on a
lutté ardemment contre le tabagisme, et vous savez que la ministre est également responsable de l'application de la loi qui vise
à lutter contre le tabagisme, bien, on cherche toujours des moyens de
renforcir cette loi-là pour décourager les gens de consommer du cannabis.
Alors, dans
certaines autres provinces canadiennes, ils étudient également
la possibilité de faire passer l'âge légal pour acheter du cannabis de 18 à 21 ans, notamment...
pardon, le tabac, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique.
Dans certains États américains également,
ils pensent que, pour acheter du tabac, maintenant ça devrait être
21 ans au lieu de 18 ans.
Alors, vous voyez, il y a un processus de réflexion, parce que la santé, les
recherches scientifiques démontrent que,
bon, bien, le fait de consommer du tabac, ça a des impacts sur la santé. Alors,
ils réfléchissent à hausser l'âge légal pour en acheter. Et, M. le
Président, vous conviendrez avec moi
que les effets du tabac ont été démontrés, le cannabis, c'est une
nouvelle substance licite, et il n'y a pas toutes les études en main pour
savoir les impacts populationnels sur cette consommation, là. Alors, je nous
invite à avoir davantage de prudence et à fixer l'âge à 21 ans.
Un autre élément, M. le Président — et on
a entendu en commission parlementaire... — c'est les effets qu'il y a entre nos voisins et... entre le Québec
et l'Ontario, parce que, certaines personnes peuvent en
témoigner, le fait que l'alcool au Québec
soit à 18 ans et qu'en Ontario ça soit 19 ans, bien, ça a des conséquences
aussi de part et d'autre de la rivière
Outaouais. Et je pense que tout le
monde ici, on en est conscients. Et
d'autant plus que le gouvernement avait dit à la base... Bien, lorsque le fédéral avait indiqué son intention de
légiférer, il avait indiqué qu'il souhaitait s'arrimer avec son voisin ontarien. La semaine dernière, on recevait
une délégation de parlementaires ontariens, et ils nous ont entretenus
des réalités, pour l'Ontario,
de la légalisation du cannabis et de la réalité, et eux ont fait le choix
suivant : ils ont fait le choix de fixer l'âge à 19 ans, donc un an plus vieux que le Québec,
mais surtout d'interdire la consommation dans les lieux publics. Et là
j'y arrive, à mon deuxième point, M. le Président, relativement à la
consommation dans les lieux publics.
Si l'Ontario l'interdit dans les lieux publics, je
pense que le Québec devrait s'inspirer de cette option, de cette possibilité. Et d'ailleurs, actuellement, dans le projet de loi, bien on permet de consommer dans les lieux
publics. Il y a certaines exceptions
où supposons les enfants sont présents, où il y a des aires de jeu prévues pour
les enfants, mais ce n'est pas dans
tous les parcs qu'il y a des aires de jeu qui... dont on prévoit les jeux pour
enfants. Alors, on pourrait se retrouver avec des enfants qui sont dans des parcs, mais qui seraient emboucanés
ou qui recevraient les effluves de cannabis. Alors, vous voyez, il y a certaines difficultés d'application avec le texte actuel qu'on a et notre formation politique, la CAQ, on propose d'interdire la
consommation de cannabis dans les lieux publics, tel que le propose l'Ontario.
Alors, là-dessus aussi, on va proposer des
amendements à la ministre, parce que c'est fondamental de dire, bien, quel type de société on veut, et surtout, dans les
cas d'alcool, bien, c'est rarement permis de pouvoir consommer de
l'alcool dans les lieux publics, alors le
cannabis devrait être traité comme un produit... comme l'alcool, notamment, et
actuellement il est traité comme du tabac.
Donc, voyez-vous, ça a des conséquences lorsque vous consommez du cannabis, le
tout devrait être la même chose, assimilé à de l'alcool, et non pas
comme du tabac.
Sur cet
élément-là aussi, il faut dire que les municipalités réclament un
règlement-cadre aussi qui va s'appliquer sur l'ensemble du territoire québécois. Alors, on invite la ministre aussi à
réfléchir à cet aspect-là, pour dire : Bien, dans les lieux publics, ça devrait être interdit sur
l'ensemble du territoire québécois, de façon à ce que l'application de la loi
puisse être réalisable, parce que, pour les
corps de police, que ce soit la SQ, ou pour les régies intermunicipales de
police, bien, ça peut représenter une
difficulté sur la possibilité de faire appliquer la loi si, dans chacune des
municipalités, dans chacun des parcs,
c'est différent. Alors, il faut faire en sorte de donner les outils aux corps
policiers pour qu'ils puissent véritablement
appliquer la loi puis aussi pour que la population sache où ils peuvent
consommer, où ils ne peuvent pas consommer
du cannabis. Je pense que, dans un souci de prévisibilité, de prédictibilité,
c'est important d'avoir une législation qui est claire, et donc j'invite
la ministre à réfléchir sur l'aspect des lieux publics, de réglementer les
lieux publics.
Un autre
élément qui est fort important pour nous dans le projet de loi, M. le
Président, ça concerne la quantité qu'il
est permis de posséder en ce qui concerne le nombre de grammes de cannabis.
Actuellement, on prévoit 30 grammes dans les lieux publics et
150 grammes à la maison, par adulte. Ça représente une quantité qui est
considérable, nous proposons de fixer à 15 grammes, M. le Président.
Un autre
point important, également, dans le projet de loi, sur lequel on déposera des
amendements, ça concerne l'utilisation des revenus du cannabis. Donc,
dans le projet de loi, actuellement il y a deux fonds, et on constate qu'il y a 25 millions par année qui seront portés
au crédit de la Société québécoise du cannabis pour financer, dans le
fond, en matière de prévention, mais le
restant des revenus ira au fonds géré par le ministre du Revenu. Nous invitons
à ce que tous les revenus associés à
la vente de cannabis servent à financer des activités en lien avec la sécurité
publique, la santé et la prévention.
Un
élément qui est important aussi, M. le Président, ça concerne les lieux
d'établissement de la Société québécoise du cannabis, notamment en ce qui concerne le corridor scolaire et une
distance minimale des établissements scolaires. On va proposer des amendements à ce niveau-là aussi,
puisque le projet de loi prévoit uniquement une disposition par voie
réglementaire, alors on considère que ce serait important de l'inscrire dans le
projet de loi.
Un autre
élément qui est fort important, M. le projet de loi, ça concerne une entente
administrative avec le gouvernement
fédéral. Vous savez, dans certains secteurs, le gouvernement du Québec prend
une entente, même lorsque c'est de
juridiction fédérale, avec son homologue fédéral pour dire que l'application va
relever du Québec, exemple les permis
de production. Nous considérons, ma formation politique, que c'est important
que le cannabis qui soit acheté par la Société
québécoise du cannabis soit produit au Québec et donc que les permis de
production devraient être octroyés par le gouvernement du Québec. Actuellement, c'est octroyé par Santé Canada,
mais, dans certains domaines, il y a des ententes fédérales-provinciales à ce niveau-là, et on
invite la ministre à faire une démarche avec le gouvernement fédéral afin
que le Québec ait la pleine juridiction, de
manière administrative, sur son territoire en ce qui concerne la production, et
les lieux de production, et
l'approvisionnement, notamment pour favoriser les producteurs québécois qui
voudront se lancer dans cette activité de culture de cannabis.
Autre point,
M. le Président, au niveau de la vente en ligne, nous sommes résolument contre,
pour une question de contrôle, et nous aurons l'occasion de déposer des
amendements à ce sujet-là.
Les lieux de
travail aussi, M. le Président, il y aura des amendements à apporter
relativement à la définition de lieu de
travail. Parce que, vous savez, la légalisation du cannabis va entraîner des
conséquences à la fois pour les travailleurs, mais à la fois pour les employeurs aussi, c'est important, dans le fond,
que les employeurs soient outillés afin de sensibiliser leurs employés à l'impact d'une consommation. Et
on ne veut pas que les individus se blessent ou se retrouvent dans une situation particulière créée par la consommation
de cannabis, donc il faudra, un, mettre en place des balises, mais aussi
faire de la prévention. Et je pense que la Loi sur la santé et la sécurité au
travail devra être revue à ce niveau-là.
• (16 h 10) •
Les taux de THC, également, pour le cannabis qui
sera vendu dans les magasins de la Société québécoise du cannabis devront faire
l'objet également d'une disposition, et on travaillera avec la ministre à ce
niveau-là.
Au niveau de la publicité, M. le Président. Dans
le projet de loi, on permet de faire de la publicité, pour les producteurs, relativement au cannabis. Nous,
on pense qu'il ne devrait pas y avoir de publicité commerciale, même de nature informative, parce que pourquoi favoriser
un producteur plutôt qu'un autre, surtout si on est en matière de
prévention? Surtout, on est en matière de sensibilisation, on ne doit pas avoir un message qui va à l'encontre... qui va faire en sorte que la banalisation du cannabis soit présente, que ce soit par le biais de revues, destinées à
des publications pour adultes seulement ou, à 85 %, destinées aux
adultes.
Alors, M. le Président, notre formation
politique est également contre les projets pilotes qui sont prévus à l'article 55. On est au démarrage de la
Société québécoise du cannabis, on doit faire en sorte d'y aller
progressivement. On devrait réviser la loi dans trois ans. Si, dans trois ans,
la ministre, suite à l'expérience qu'on aura connue, serait favorable à mettre des projets pilotes, peut-être.
Mais, pour l'instant, on doit y aller à pas de bébé, M. le Président, on
doit y aller avec un principe de précaution
et on doit être prudents. On doit être responsables et restrictifs pour la
première approche par rapport à la légalisation du cannabis.
Donc, M. le
Président, ce sera des points sur lesquels ma collègue de Repentigny et moi
interviendrons relativement au projet
de loi. Vous pouvez être sûr que nos interventions seront guidées par l'intérêt
public, toujours en considération que cette légalisation-là n'était pas
un choix du gouvernement du Québec, n'était pas un choix des Québécois. On doit
le réglementer, et on doit avoir une
approche responsable et restrictive, et on va s'appliquer à proposer des
amendements qui iront en ce sens-là.
Alors, M. le
Président, je vous remercie, et soyez certain de notre entière collaboration
pour la poursuite des travaux de la commission. Je vous remercie.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, M. le député de Borduas, pour
ces remarques préliminaires. Est-ce qu'il
y a d'autres membres qui souhaitent faire des remarques préliminaires à ce
stade-ci? Mme la députée de Vachon, à vous la parole. Vous avez, comme
tous les députés, 20 minutes. À vous la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Parfait. Merci, M. le
Président. Donc, je veux saluer aussi les collègues du gouvernement qui sont
là, les collègues des oppositions. Je pense qu'effectivement c'est un sujet
très important, très discuté, le sujet du cannabis,
et, je dois vous avouer, un sujet très transparlementaire. Donc, on l'a dit, il
y a un projet de loi, au gouvernement canadien,
qui est actuellement... je ne sais pas si j'oserais dire bloqué, mais, en tout
cas, au Sénat canadien. On sait que, le Sénat canadien, on aimerait bien ça qu'il n'existe plus, mais je pense
que ce serait le fun qu'il puisse justement travailler à ce que ce soit retardé. Parce que, oui, c'est vrai
qu'ils ont fixé la date au 1er juillet, mais il y a une motion unanime
de l'Assemblée nationale, et je crois que ce serait important qu'il y ait une
écoute de la part de Justin Trudeau et du gouvernement
libéral, pour reporter. Il n'y a aucune raison de ne pas reporter cette
date-là. Le Québec le demande, il n'est pas tout seul, d'autres provinces le demandent également, et il n'y a
rien, là... il n'y a pas le feu, il n'y a rien qui justifie une
précipitation comme celle-là.
C'est
certain qu'on en a beaucoup parlé, le volet santé a été beaucoup, beaucoup
abordé, plusieurs intervenants sont venus
en commission parlementaire et plusieurs ont déposé aussi des mémoires
lorsqu'il y a eu des consultations, là, hors Assemblée nationale, là, par la ministre. D'ailleurs, j'avais eu
l'occasion moi-même de déposer, là, un mémoire à titre de députée de l'Assemblée
nationale, mais également de cheffe du Bloc québécois, lors de cette
tournée-là. Il y a le volet de la conduite automobile qu'on a beaucoup
entendu parlé, et je sais que, ces volets-là, les préoccupations sont vraiment partagées. Il y a des consensus qui sont en train
de s'établir sur ces volets-là, et je pense qu'il y a tout un travail, là...
J'ai assez confiance que le travail va être mené rondement sur ces volets-là.
Il
y a le volet distribution où il y aura... on a eu plusieurs représentations, je
pense qu'il y a des amendements à apporter.
Mais, encore là, et je veux le souligner, je veux féliciter la ministre d'avoir
accepté — parce
que je sais que ce n'était pas le premier avis, en tout cas, de son
collègue des Finances — de
faire une société d'État. Donc, je suis bien contente,
là, que, du côté du gouvernement, ils se soient ravisés et qu'ils se soient
orientés vers une société d'État. Mais, très clairement, les projets pilotes ressemblent beaucoup trop à... de
pouvoir faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Donc, c'est sûr qu'il y aura, de ce
côté-là, des amendements qui seront proposés. J'ai entendu des collègues
aussi et j'aurai l'occasion d'ajouter mon grain de sel.
Mais
il y a un volet qui passe beaucoup sous le radar, qui est le volet de la
production. Et, vous savez, quand ça passe
sous le radar puis qu'il n'y a pas d'éclairage, bien, c'est là qu'à un moment donné
on a des problèmes. On l'a vu dans d'autres
secteurs. Et le volet de la production, ça a été dit par plusieurs
intervenants, c'est de la grosse, grosse argent. Et, quand on parle de grosse, grosse, grosse argent,
bien là, il faut être extrêmement, extrêmement prudent, parce que,
sinon, il peut y avoir des problèmes de
collusion, des problèmes de corruption, des problèmes de petits amis. Et,
lorsqu'on parle d'un marché où les
profits, profits espérés, sont de 100 %, 200 %, M. le Président...
N'importe quelle entreprise qui démarre actuellement et qui a des profits autour de 10 %, 15 %,
20 %, c'est extraordinaire. Je viens de regarder les obligations
d'épargne du Québec, là, c'est entre 1,55 % et 3 %. Ça fait que
100 %, 200 % de profit, là, c'est mirobolant, là. C'est quasiment... ce n'est pas quasiment, c'est
indécent comme niveau de profit. Donc, ça, ça attire des spéculateurs, ça
attire toute sorte de monde, et je pense qu'il faut être très, très vigilant.
On a plusieurs articles qui sont sortis où on a déjà actuellement des compagnies de cannabis thérapeutique où les cours
d'actions en bourse sont en train de flamber, M. le Président. Ça, là, on parle de grosse spéculation,
et, quand il y a de la spéculation, tout de suite la sonnette d'alarme
devrait sonner. Et ça, c'est tout le volet production.
Et,
le volet production, je sais bien que, dans le projet de loi canadien, le
gouvernement canadien, Justin Trudeau, s'est
gardé l'émission des permis de production. D'ailleurs, j'aimerais ça qu'on se
demande ensemble : Pourquoi? Pourquoi est-ce qu'il s'est gardé ce
volet-là? Et là il y aura peut-être des choses à clarifier, peut-être que les
experts du côté du gouvernement pourront
nous clarifier... Parce que, du côté du cannabis thérapeutique, actuellement c'est
la ministre de la Santé canadienne
qui émet des permis. Mais, du côté du cannabis dit récréatif, ce qu'on peut
lire, puis ce qu'on interprète de la
loi, ça serait le ministre de la Justice du Canada. Que c'est qu'il vient faire
là-dedans, le ministre de la Justice du Canada? Le cannabis, c'est une plante qui pousse, selon plusieurs experts,
relativement bien, même, je dirais, c'est de l'agriculture. Les permis
devraient être émis par le MAPAQ. Pourquoi donc Justin Trudeau se garde la
mainmise sur les permis de production?
Bien
là, il faut fouiller un petit peu. Et, M. le Président, on n'a pas été tout
seul à faire le travail. Il y a du côté des journalistes qu'ils ont sorti certaines informations. Et là on se rend
compte que la promesse de Justin Trudeau de légaliser le cannabis... Puis, lorsqu'on parle de légalisation,
ce n'est pas décriminaliser. Décriminaliser, c'est : ceux qui en
consomment n'aient plus de dossier criminel.
Ça, c'est une chose. Mais, quand on décide de ne pas juste décriminaliser, mais
de légaliser, ça veut dire qu'on crée
un marché. Donc, ce qui est illégal, on crée un marché légal, un tout nouveau
marché, inexploré pour l'instant. Et ça, c'est extrêmement intéressant
pour ceux qui sont dans ce marché-là.
Et
là on a déjà des compagnies de cannabis thérapeutique qui disent : Eh! on
a déjà tout ce qu'il faut, et qui ont fait beaucoup de lobby, ils continuent à faire des lobbys. D'ailleurs, il y
eut des gros soupers de financement du côté du Parti libéral du Canada. Et on voit que cette promesse
électorale là... Chuck Rifici, qui a été trésorier du PLC au moment, là,
de l'élection de Justin Trudeau et qui était
son responsable financier lors de sa course à la chefferie, bien, il a été un
fondateur de la principale compagnie de
cannabis thérapeutique au Canada, il en a été un des administrateurs pendant
longtemps et là il fonde une nouvelle
compagnie de cannabis thérapeutique qui va avoir une usine ici, au Québec. On a
dans les conseils d'administration
Pierre Pettigrew, ancien ministre du côté du Parti libéral, Mark Zekulin,
conseiller sénior du ministre libéral
des Finances de l'Ontario, Herb Dhaliwal, ancien ministre sous Jean Chrétien,
George Smitherman, un des piliers du Parti libéral de l'Ontario pendant des années, Adam Miron, ancien directeur
national du Parti libéral du Canada, les deux enfants de l'ancien ministre Allan Rock, lié au Parti
libéral, donc des gens sur les conseils d'administration du cannabis
thérapeutique.
• (16 h 20) •
On a vu aussi
dernièrement, dans un article du Journal de Montréal concernant les
paradis fiscaux, que les compagnies de
cannabis, actuellement au Canada, qui sont des compagnies de cannabis
thérapeutique, mais qui veulent avoir
le marché du récréatif, bien, auraient reçu du financement, on parle de quelque
chose comme 165 millions de dollars, des paradis fiscaux, provenant des paradis fiscaux. Donc, on sait que
les paradis fiscaux, c'est une façon détournée de ne pas payer d'impôt. Donc, ça permet à des ultrariches
de ne pas payer d'impôt, alors que la classe moyenne — et là le temps de l'impôt commence de
ce temps-ci, M. le Président — doit payer sa juste part.
Chacun doit faire son rapport d'impôt et payer sa
juste part. Et c'est correct. Moi, je pense, pour les services qu'on veut s'offrir, c'est normal. Mais ce qui n'est pas
normal, M. le Président, c'est que ceux qui ont encore plus les
moyens, eux autres passent à côté et utilisent les paradis fiscaux.
Et
là les paradis fiscaux financeraient la production de cannabis, les compagnies
privées? Et, dans ces compagnies-là,
bien... de financement, qui utilisent les paradis fiscaux, une serait liée à
Martin Cauchon, et l'autre serait liée à Alain Dubuc. Et, quand je vous dis que la production passe sous le radar,
qu'on n'en parle pas beaucoup dans les médias, bien, peut-être qu'on commence à avoir une explication,
M. le Président. Et ça m'inquiète énormément, moi, comme citoyenne, parce que c'est maintenant que les décisions se
prennent, et c'est notre rôle, comme élus, ici, à l'Assemblée nationale,
de s'assurer que les choses se fassent correctement.
Et
pourquoi on ferait en sorte, du côté de la production, de faire en... Parce
qu'on veut enlever l'argent à des groupes criminels. Mais pourquoi est-ce qu'on ferait en sorte d'enlever l'argent
à des groupes criminels pour la mettre dans les mains d'entreprises qui utilisent des paradis fiscaux — c'est immoral — qui font de la spéculation, et dans la main
de quelques actionnaires seulement? Pourquoi est-ce qu'on ferait ça? Pourquoi
est-ce qu'on ne ferait pas en sorte que ça bénéficie
à l'ensemble de la population du Québec, pour payer, oui, de la prévention,
pour payer, oui, de la sensibilisation, mais aussi, M. le Président... Parce qu'on parle, pour la production
seulement — je ne
vous parle pas de la distribution, de
la production seulement — de revenus de milliards de dollars par année et de profits de
centaines de millions, voire de milliards
par année juste pour le Québec. C'est beaucoup d'argent. Donc, pourquoi, à ce
moment-là, ne pas utiliser ces revenus-là
pour financer les écoles? On a de la moisissure dans nos écoles. On n'arrête
pas de nous dire qu'il n'y a pas d'argent,
qu'il n'y a pas d'argent, mais là, quand il y a une source d'argent, c'est
drôle, on ne veut pas aller la chercher.
Et donc on va
proposer que la société d'État s'occupe de distribution, mais pas seulement que
de distribution, mais aussi de
s'assurer de la production, en collaboration avec les producteurs de serre du
Québec, donc de faire en sorte que la production,
pour la consommation au Québec, se fasse au Québec. Et ce n'est pas une idée,
là, complètement déconnectée, ça, M.
le Président, et on n'est pas tout seuls à penser à ça, on n'est pas tout seuls
à penser à ça. Le Nouveau-Brunswick, lui aussi, a trouvé une autre formule. Lui, au lieu de dire : Bien, ça
va être les producteurs agricoles, producteurs de serre du
Nouveau-Brunswick, il a fait affaire avec une entreprise de
Colombie-Britannique, qui fera la production chez lui.
Moi, je pense
qu'on est capable au Québec, on n'a pas besoin de faire affaire avec une
compagnie de production de la
Colombie-Britannique, et qu'on devrait s'assurer que c'est une société d'État.
Et, si on ne prend pas cette décision-là aujourd'hui, on dit : On va réfléchir, on la prendra plus tard,
bien, M. le Président, plus tard, il va y avoir déjà des acteurs qui vont être dans le marché, et là ce ne sera plus de
donner à une société d'État la production, ça va être de nationaliser,
et là ça va coûter vraiment, là...
Une voix : Les yeux de la
tête.
Mme
Ouellet : ...les yeux de la
tête. Et donc pourquoi est-ce qu'on laisserait des compagnies privées
spéculatives et seulement quelques
actionnaires aller chercher le jackpot, sans vouloir faire de mauvais jeux de
mots, et non pas s'assurer que l'ensemble de l'argent revienne au
gouvernement, aux citoyens, pour des services publics, que ce soit la santé, le
maintien à domicile, que ce soit l'éducation, que ce soient des professeurs
spécialisés, que ce soit la prévention, la sensibilisation
pour diminuer la consommation de cannabis? Donc, je pense qu'on a vraiment une
réflexion importante à faire.
Et, quand on
regarde la date du 1er juillet 2018... Pourquoi est-ce qu'il y a une
fin de non-recevoir de la part de Justin
Trudeau? Écoutez, là, le cannabis est illégal depuis pas mal longtemps, là.
Quand même que ça prendrait quelques mois,
un an de plus, ça va changer quoi, là? Pourquoi cette précipitation-là? Et on
le dit, là, c'est improvisé, il y a plein de choses sur lesquelles on n'a pas d'information. Pourquoi maintenir cette
précipitation-là? Moi, l'explication que je peux trouver, M. le Président, c'est qu'il y a des amis du parti qui ont hâte
de mettre la main dans le marché récréatif, des amis du parti qui ont hâte de faire de l'argent puis qui
ne veulent pas attendre un an. Parce que, sinon, je ne suis pas capable
de m'expliquer la fin de non-recevoir de
Justin Trudeau. Je n'arrive pas à trouver d'autres explications. Tout le monde
le dit, que son projet de loi, c'était improvisé.
Donc, je crois qu'ici on doit être très, très,
très sérieux dans notre analyse. On doit regarder l'ensemble des volets
et on doit continuer à demander un report
d'un an. Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas accepté. Puis je pense
que, quand on agit comme gouvernement, on doit agir pour le bien-être de l'ensemble des citoyens et des citoyennes, et
non pas réfléchir en termes de retour d'ascenseur. Ça n'a pas de bon
sens. Et ça, c'est notre responsabilité parce que c'est un dossier
transparlementaire, parce que, lorsqu'on décide que la légalisation va être le
1er juillet, ça a des conséquences.
Et l'émission
des permis, bien, je crois, ça doit revenir au gouvernement du Québec, et le
gouvernement du Québec doit utiliser
ce pouvoir-là pour favoriser l'agriculture au Québec. Les producteurs de serre
sont venus nous rencontrer en commission
parlementaire et ils nous l'ont dit, qu'ils avaient la capacité de produire
l'ensemble des besoins du Québec. Parce
qu'il y avait une inquiétude de la part du gouvernement à savoir si
effectivement on avait la capacité au Québec de produire l'ensemble de la demande. Ils nous ont dit : Oui, tout à
fait, on est capables de produire l'ensemble de la demande. Et ça représente une infime partie de leur
production. Si ma mémoire est bonne, il faudrait revérifier, là, je pense
qu'ils parlaient de 6 % de la production en serre.
On reviendra
aussi sur la production, bon, pas... oui, à la maison, là, jusqu'à quatre
plants. J'ai l'impression que se dessine
à l'horizon, éventuellement, des poursuites ou, en tout cas...
constitutionnelles, donc un gros enjeu constitutionnel de ce côté-là. J'aimerais avoir un petit peu plus
d'informations de la part de la ministre sur ces enjeux-là. Et je dirai
comme mon collègue de Labelle, j'aimerais qu'on puisse faire une étude article
par article, alinéa par alinéa, paragraphe par paragraphe, je ne sais pas si je suis dans le bon ordre ou dans le
désordre, là, mais vous comprenez ce que je veux dire. Donc, je pense que c'est important parce qu'il y a
des éléments, dans ce projet de loi là, qui sont vraiment... qui vont
avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup d'impact
sur l'avenir, et on a l'occasion à ce moment-ci de prendre les bonnes
décisions et, plus tard, de pouvoir être fiers des décisions qu'on aura prises.
Dans le
passé, quand, au Québec, on a décidé que, du côté de l'alcool, ce serait une
société d'État, je crois qu'on a fait
le bon choix. Quand, au Québec, on a décidé que, du côté de la loterie, au lieu
de laisser ça dans les mains des groupes criminels, ce serait une société d'État, je crois qu'on a fait le bon
choix. Et le cannabis est une substance qui a beaucoup d'impact sur la santé et est une substance qui, au
niveau de la production, n'est pas très complexe, et donc je crois que,
si on prenait la décision de faire en sorte
que ce soit une société d'État qui s'occupe de la production en collaboration
avec les producteurs de serre du Québec et qui s'occupe ensuite de faire
la transformation et la distribution... Je pense, M. le Président, que, dans quelques années, nous pourrions être très fiers de
la décision que nous prendrions de s'assurer que ça soit géré, tant au niveau de la production, de la
transformation, de la distribution, dans une perspective complète de
santé publique, de précaution, de
prévention... et de s'assurer qu'on n'enrichira pas seulement que certains
actionnaires qui font de la spéculation, mais qu'on pourra s'assurer que
les revenus vont revenir à l'ensemble de l'État. Parce que, M. le Président, les compagnies privées, puis c'est tout
à fait légitime de leur part, leur objectif, c'est toujours de maximiser
les profits, c'est toujours de maximiser les
profits, tandis qu'une société d'État, son objectif, c'est de pouvoir servir la
population du Québec, et dans ce cas-ci, en
termes de santé, en termes de prévention, tout en s'assurant de ne pas
faire de déficit.
Donc, je
pense que c'est la deuxième option qui est clairement la plus intéressante pour
le gouvernement du Québec et pour l'ensemble des parlementaires au
Québec.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, Mme la députée de Vachon,
pour vos remarques préliminaires. M. le député de Mercier, vous avez
indiqué que vous vouliez faire de remarques préliminaires. Alors, vous disposez
également de 20 minutes. À vous la parole.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci. Je vais essayer de ne pas
trop abuser de la patience de mes collègues, mais je pense que c'est un sujet très important. En particulier, j'attire
l'attention du ministre et des collègues de l'opposition sur les
préoccupations très importantes qui ont été
soulevées par ma collègue de Vachon. Au cours de la semaine dernière, Québec
solidaire a eu l'occasion aussi à
maintes reprises de signaler l'importance de prévoir quelque chose pour ça,
parce que c'est effectivement très alarmant de voir comment toute la
question de la production se produit, se déroule.
Mais avant je
voudrais, en guise d'introduction, parler un peu d'une vision d'ensemble. C'est
sûr que, comme médecin, je suis un
des appuis, depuis de nombreuses années, comme médecin, comme politicien,
d'associations qui, au Québec comme au Canada, font la lutte à la
consommation du tabac. Alors je ne peux pas souhaiter, suivant la même logique,
la consommation par inhalation de toute autre substance qui cause des dommages
aux organismes.
Mais est-ce
que le fait que moi ou le député de Borduas, on soit contre, au nombre des
députés, à la fois chez nos collègues libéraux et chez les collègues
de la CAQ, ou d'autres... sur un plan personnel, souhaitent, j'imagine, même
jusqu'à la disparition de ce genre de
drogue. Que ce soit ce type de drogue ou le tabac, hein? Il y a
bien des gens, chez nous, qui souhaiteraient
qu'on ne rende plus disponible même le tabac à notre population.
Donc, quand on réfléchit comme ça, c'est sûr que la première chose qui vient à l'esprit, c'est la prohibition.
Comment on s'arrange pour éviter que les gens consomment, donc on met en place une structure de prohibition.
On sait que, dans l'histoire, il y a certaines sociétés qui, à un moment donné, ont choisi même de
prohiber la consommation d'alcool. La dure réalité, M. le Président, c'est que,
malgré le bien-fondé de ce désir d'empêcher
les dégâts occasionnés par ces drogues, d'en limiter le plus possible... voire
même de voir disparaître ces
drogues-là, la prohibition n'est ni efficace... et peut même être néfaste à une
approche de réduction des méfaits, à
une approche et une vision de prévention des conséquences nuisibles des
produits qui sont associés à ces drogues.
Donc, il faut
comprendre que, tous ceux qui ont milité, ou l'essentiel, évidemment,
pas tous ceux, je ne peux pas généraliser,
mais nombre de personnes qui ont milité depuis des années, dont certains
sénateurs libéraux qui, j'espère, au moment
où ils ont fait ça, n'étaient pas motivés par des intérêts
pécuniers, et je suis persuadé que non, qui, pendant des années, ont parlé de ça, dont des gens, des
acteurs de la santé, d'enlever la prohibition, leur premier motif était un
motif de santé publique, de faire en sorte
qu'on puisse plus adéquatement lutter de manière organisée, en société, contre les méfaits occasionnés par
le cannabis, comme par d'autres drogues.
Donc, à
partir du moment où, collectivement, notre société, ses institutions, le Parlement canadien... Et ici je
pense que la plupart d'entre nous, y compris
mon ami le député de Borduas et sa formation politique, on est d'accord qu'il
faut changer ça, là, qu'on ne peut pas
continuer le système qu'il y avait avant, qui est tout à fait inefficace, qui
cause un tas de problèmes, notamment
l'embourbement du système judiciaire, d'accord? Donc, on a décidé
collectivement d'enlever la prohibition.
Là, on ne peut pas faire ça, vouloir faire ça puis en même temps, parce qu'on
fait ce qu'on veut faire par la main
droite, venir complètement le neutraliser par la main gauche. On le
décriminalise d'abord, on le légalise ensuite, mais ensuite, par la main
gauche, on vient, par une série de dispositions, en fait, instaurer une autre
sorte de prohibition... Prohibition, ici,
prohibition... Je le dis parce que je suis sûr que mon collègue de Borduas est
sincère, il cherche un moyen de faire
en sorte que, socialement, cette transition-là se fasse d'une manière qui soit
le moins possible nuisible à la société, le moins possible nuisible aux générations qui nous suivent surtout, parce
que, les dommages, on le sait, sont beaucoup plus importants chez les jeunes, lorsque la
consommation est débutée à un jeune âge. Mais il ne faut pas... lorsqu'on veut
faire ça, il faut éviter de s'embourber dans une espèce de spirale de contrôle
excessif et étouffant de la population.
Et la réalité
est que le cannabis ne fera pas exception à toute autre substance qui a une
vertu récréative. Parce que, comme n'importe quelle drogue, oui, il y a
bien des méfaits, mais il y a aussi des vertus. C'est pour ça que des gens s'y adonnent, n'est-ce pas? Les gens ne s'adonnent
pas au cannabis ou à toute autre drogue pour ses méfaits, mais pour certains attributs, notamment ses attributs
récréatifs. Donc, il faut relever que, dans l'histoire, à chaque fois qu'on a
voulu prohiber quelque chose qui avait un
caractère récréatif, ça ne marche juste pas, ça ne marche pas, ce n'est pas
efficace.
Mais là où il
y a un énorme problème lorsqu'on est en train de faire ça, et la chef du Bloc
québécois, la députée de Vachon, l'a mentionné tout à l'heure...
Des voix : ...
M. Khadir : Pourquoi ça faire
rire? Je ne comprends pas. Moi, je ne fais juste que relever la...
Le Président
(M. Merlini) : C'est factuel. C'est factuel.
M. Khadir : J'observe un fait. Heureusement, ces choses-là ne
sont pas encore interdites en langage parlementaire, de nommer la chef
du Bloc québécois.
Donc, lorsque
la chef du Bloc québécois, qui se penche sur un sujet qui touche aussi la
sphère fédérale des décisions publiques,
relève le caractère inacceptable, proprement révoltant d'apprendre aujourd'hui qu'on est en train
d'enlever le cannabis des mains d'un cartel,
qui est le crime organisé, qui contrôle le marché actuellement de la drogue,
pour ensuite le remettre entre les
mains d'un autre cartel, cette fois d'hommes d'affaires et d'hommes politiques
peu scrupuleux, qui n'ont aucun
problème à faire affaire avec une autre forme de crime organisé, qui est les
paradis fiscaux... Les paradis fiscaux, c'est un crime économique contre notre économie. Et il y a des gens sans
scrupule, d'anciens politiciens et leurs amis, qui sont prêts, sans vergogne, à faire... à recevoir des
investissements d'une structure financière criminelle organisée, parce
que, quand on ne paie pas son impôt, c'est
un crime contre l'État, il ne faut pas l'oublier. Ces gens-là seraient ceux à
qui on remettrait le cartel qu'on a
enlevé au crime organisé. Ça n'a juste pas de bon sens. Et je crois que la
ministre et les collègues libéraux sont tout aussi dérangés par cet
aspect des choses, qui ne relève pas de nous. Ce n'est pas de leur décision.
Donc,
ensemble, moi, j'invite la ministre de solliciter la pleine collaboration des
députés de l'opposition. Je n'ai pas entendu
mon collègue de Borduas, mais je crois que sa formation a une position
là-dessus aussi. Je ne l'ai pas, peut-être, entendu assez souvent, mais je crois que, d'un commun élan, avec la
ministre, avec les députés libéraux, on devrait s'en remettre à des solutions très simples qui
existent. La première des solutions, puis ça serait compatible avec le plan de
lutte à l'évasion fiscale sur lequel une autre commission, la Commission des
finances, a tablé, le ministère est venu avec des propositions, ça ressemble à ce qu'on fait en matière de collusion dans
la construction : les entreprises qui font affaire avec des paradis
fiscaux devraient être simplement bannies de la liste des producteurs avec
lesquels fait affaire la nouvelle Société québécoise du cannabis.
Je pense que
la ministre, c'est très simple, on peut introduire ça, que, conformément à la
volonté, exprimée maintes fois par le gouvernement, de lutter
efficacement contre l'évasion fiscale, toute entreprise, petite ou grande, dans
ce domaine... Ça serait un geste qui
montrerait comment on peut faire ailleurs. Hydro-Québec devrait faire la même
chose. Loto-Québec devrait le faire. Toutes
les sociétés d'État devraient faire la même chose. Le ministère des Transports
devrait faire la même chose dans l'octroi
des contrats publics. Mais commençons par cette nouvelle société. On a
l'occasion d'en discuter puis on se
préoccupe de ce qui a été rendu public. Là, on ne peut pas faire semblant qu'on
ne le sait pas. On le sait. Donc, on
introduit quelque chose de très fort, très digne : la Société québécoise
du cannabis ne fera affaire avec aucune entreprise qui aura été financée
par des sources provenant de paradis fiscaux.
Par ailleurs,
un autre moyen de lutter contre ce monopole et ce cartel, c'est de rendre
possible la culture. Je sais que là-dessus
on ne s'entend pas avec la ministre. Au cours des discussions qu'on va avoir,
j'espère qu'on pourra aborder ce sujet-là,
parce que ça va alléger... de la même manière qu'on parle de la prohibition,
là, la question de ne pas tomber dans une
spirale prohibitionniste dans la place publique, comme le proposent certains de
mes collègues avec la meilleure des intentions,
d'accord? Tomber dans l'autre piège qui serait d'interdire aux simples
consommateurs de produire ce qu'ils ont besoin, je pense que c'est
erroné.
• (16 h 40) •
Et je pense
qu'on devrait permettre... Est-ce que c'est quatre plants? Je ne le sais pas.
Mais on devrait permettre que le
public, les citoyens, les citoyennes puissent, pour leur propre usage, comme on
l'autorise pour les tomates, comme on l'autorise
pour tout ce qui est possible, hein, la production de miel, la production de
volaille, des oeufs... C'est sûr, ce n'est pas la même chose, je le comprends. Mais, si ça permet de faire en sorte
que les gens soient moins dépendants dans leurs dépenses de quelque chose qui leur est vendu par des gros cartels, que
les gens puissent avoir un accès à un produit dont ils ont un meilleur contrôle eux-mêmes... C'est eux
qui l'ont fait pousser. Donc, s'ils
sont soucieux pour leur santé, et la plupart des gens le sont, ils vont faire attention, justement,
à la qualité, peut-être choisir, justement, des plants reconnus pour leur plus faible taux en THC, pas les taux toxiques
qu'on voit parfois sur le marché, qui sont rendus disponibles pour
augmenter le pouvoir de dépendance de ces
produits-là, exactement comme on le fait pour d'autres types de drogues,
de substances récréatives : la bière, l'alcool, hein, le vin.
On n'interdit
pas aux gens, s'ils ne veulent pas en faire un commerce, d'en produire dans
leur propre sous-sol, bien qu'on ne
voudrait pas que ça se répande puis qu'ils en fassent une activité
commerciale, lucrative, c'est certain, mais pour leur propre usage. À la
fois ça aurait des vertus de meilleure protection et de prévention des méfaits,
les gens choisiraient des produits moins
toxiques. Deuxièmement, ils seraient moins dépendants économiquement.
Troisièmement, ça rendrait l'ensemble
de la société moins dépendante de ces cartels qui voudraient...
parce qu'ils ne sont pas tous... Ce n'est pas vrai que
tous les cartels qui se sont constitués pour vendre de la drogue aux sociétés
d'État qui vont faire la distribution du
cannabis sont financés par des paradis
fiscaux. Il y en a
qui opèrent dans un cadre qui n'est pas, disons, contestable sur ce plan-là. Donc, ça permettrait à la Société québécoise du cannabis, si le gouvernement
ne veut pas aller aussi loin que
Québec solidaire le propose, c'est-à-dire une société d'État... exactement
comme ma collègue de Vachon a suggéré,
moi, je serais tout à fait d'accord avec ça. Mais, si, à la limite, le Parti
libéral ne veut pas aller là parce que ce n'est pas conforme avec sa vision libérale de l'économie, d'accord. Mais
au moins, en permettant ces deux approches-là, on l'a dit, interdire à toute société qui vend... à
la Société québécoise du cannabis d'acheter à des sociétés qui ont des
intérêts dans les paradis fiscaux et, deux,
permettre une production à usage personnel, ça serait deux outils partiels pour
limiter les dégâts.
M. le
Président, je m'en tiens à ça parce que, le reste de nos discussions, on pourra
le faire au fur et à mesure qu'on va discuter de nos propositions. Merci
de l'attention de mes collègues. Et j'espère que la ministre est ouverte à nos propositions tout à fait constructives. Je suis
sûr que la ministre est ouverte à nos propositions tout à fait
constructives.
Le Président
(M. Merlini) : Merci beaucoup, M. le député de Mercier, pour ces
remarques préliminaires. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui
souhaitent faire des remarques préliminaires à ce stade-ci?
Alors, à ce
moment-là, à titre de président de la commission, j'entends bien les échos des
membres de cette commission, c'est-à-dire le
sérieux que vous allez faire à l'étude détaillée de ce projet de loi. Il a été
dit par la ministre et par le député
de Labelle, entre autres, que nous créons ici un droit nouveau avec ce projet
de loi, le projet de loi n° 157, et le travail le plus important que nous avons à faire, puisqu'il s'agit de
droit nouveau, c'est notre étude détaillée article par article. J'entends l'appel à l'étude par
paragraphes et par alinéas en vertu de l'article 245, et je ne m'attendais
pas à autre chose que ça, étant donné
l'importance que revêt le projet de loi, et je suis certain aussi que la
ministre aussi partage cette opinion-là.
Je
vous rappelle que le projet de loi n° 157 compte 152 articles à
étudier, et nous aurons tout le temps nécessaire à le faire. Je vous assure que je vais m'assurer que
le temps sera utilisé de façon judicieuse et respectueuse, et évidemment
des échanges comme il a été constaté dans
les remarques préliminaires. Il y aura des échanges, il y aura des
discussions, comme vous l'avez dit dans
votre discours sur l'adoption du principe. Il y aura des discussions,
effectivement, et je souhaite qu'elles soient
empreintes de civilité. Malgré les points de vue qui sont différents, je suis
certain que nous serons à la hauteur de la tâche et nous aurons, en bout de ligne, comme la ministre l'a dit dans
ses remarques préliminaires, un projet de loi dont tous les Québécoises
et les Québécois seront fiers d'avoir pour encadrer cette substance qu'est le
cannabis.
M. le député de
Labelle, vous avez dit dans vos remarques préliminaires que vous vouliez vous
prévaloir de l'article 244, alors vous avez une motion à nous faire. Je
vous prie d'en faire la lecture, et nous ferons la distribution à la suite.
M. Pagé :
Alors, j'en fais la lecture et ensuite je vais pouvoir...
Le Président
(M. Merlini) : Oui, oui.
Motion
proposant d'entendre le Mouvement Santé mentale Québec,
l'Association des pharmacies de quartier et Camping Québec
M. Pagé :
...vous expliquer pour quelle raison. Alors, bon, donc, c'est une motion qui
est en vertu de l'article 244. Il est proposé :
«Qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure, la Commission de la
santé et des services sociaux tienne, avant
[le début de] l'étude détaillée du projet de loi n° 157, loi constituant
la Société [d'État] du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de
sécurité routière, des consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende dès que
possible — trois
organisations, là — [un,] le
Mouvement Santé mentale Québec, [deux,] l'Association canadienne des pharmacies
de quartier, et, [trois,] Camping Québec pour une durée de 45 minutes chacun.»
Le Président (M.
Merlini) : Merci pour...
M. Pagé :
Alors, je pense qu'on va distribuer...
Le Président (M.
Merlini) : Oui.
M. Pagé :
... et ensuite je vais pouvoir vous l'expliquer.
Le
Président (M. Merlini) : On
fait la distribution. Pendant que la distribution se fait, je vous informe que
l'auteur de la motion et les représentants des chefs des groupes parlementaires
ont de 30 minutes chacun de droit de parole et de 10 minutes pour les
autres intervenants sur la motion qui est présentée par le député. Mme la
députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui. À titre d'indication, est-ce que
c'est possible de faire des amendements à une motion comme ça?
Le Président (M.
Merlini) : Non.
Mme Ouellet :
O.K.
Le
Président (M. Merlini) :
Alors, la motion est donc distribuée. M.
le député de Labelle,
la parole est à vous. Vous disposez d'un maximum de 30 minutes.
M. Pagé :
Oui. Bien, écoutez...
Le
Président (M. Merlini) :
Excusez, je dois aussi indiquer que c'est une seule intervention que vous avez
sur la motion. Il n'y a aucun droit de réplique aux interventions. M. le député
de Labelle, la parole est à vous.
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : Oui. Merci, M. le Président. En fait, peut-être pour répondre un peu
à ma collègue, non, je pense qu'on ne peut pas modifier la motion. Par
contre, par consentement, si nous adoptions la motion, on pourrait apporter des
modifications par consentement unanime, là, autour de la table, et je tenais à le
dire immédiatement. Pour quelle raison? Parce que
nous avons été obligés de présenter la motion de la façon dont elle est écrite présentement. C'est notre règlement qui
nous oblige à présenter la motion en disant que nous souhaitons que les groupes
soient entendus avant le début de l'étude
détaillée du projet de loi n° 157.
Quand? Si nous acceptions la motion, nous pourrions, d'un commun accord,
si tous les parlementaires étaient d'accord — et là vous pourrez vous
exprimer sur le sujet — convenir
qu'effectivement nous pourrions entendre les
groupes à l'intérieur de notre débat article par article. Donc, nous pourrions
convenir de commencer nos travaux
aujourd'hui, adopter un, deux, trois, quatre articles et convenir que, dans
quelques jours, nous pourrions les entendre.
Parce qu'effectivement, les groupes qui sont proposés, Mouvement Santé mentale
Québec, bien, avec les premiers articles,
là, même si on les entendait maintenant ou dans deux ou trois jours,
honnêtement, je ne pense pas que ça changerait tant de choses que cela, l'Association canadienne des pharmacies de
quartier également, Camping Québec également. Alors, nous pourrions effectivement
convenir d'adopter et ensuite, par consentement, modifier la motion, en fait,
de convenir que l'«avant» pourrait être
«pendant». Je pense que, par consentement, de toute façon, normalement, là, s'il y a un
consentement unanime, on peut le faire, on peut le faire.
Je rappelle
que la procédure que nous déposons, ce n'est pas une procédure qui est
irrégulière, là. Quand on a adopté le
projet de loi n° 10 ou n° 20... le projet
de loi n° 20, avec le ministre de la Santé, effectivement il y a un de mes collègues, le député
de Rosemont, qui avait déposé le
même genre d'amendement, qui finalement, après débat, avait été accepté par le ministre
de la Santé, d'écouter certains groupes.
Pourquoi
on propose ces trois groupes-là? C'est trois groupes qui n'ont pas eu le temps
de déposer des mémoires, qui n'ont
pas eu le temps d'être entendus et qui auraient voulu être entendus. Et, depuis
le début, j'entends ici, autour de la table, jusqu'à quel point nous
avons profité... le fait d'avoir eu des consultations dans la population, le
fait d'avoir eu ensuite des consultations une fois que le projet de loi a été déposé — 45 minutes chaque groupe — qui
sont venues bonifier le projet de loi. Et la raison pour laquelle on a déjà une série d'amendements qui nous est proposée, c'est beaucoup
parce qu'on a entendu plein de groupes qui sont venus nous dire : Attention,
vous devriez bonifier votre loi avec telle ou telle disposition, peut-être, pour lesquelles vous
n'avez pas eu le temps de réfléchir correctement. Alors, ces groupes,
c'est des groupes qui n'ont pas été
entendus, c'est des groupes, je
pense, qui pourraient apporter un éclairage nouveau, parce que, dans les 55 ou quelques groupes que nous avons entendus, je pense qu'il n'y a pas un groupe où on n'a pas appris quelque chose de différent.
• (16 h 50) •
Et je tiens à
dire une chose qui est très importante, M. le Président, je n'ai
aucune idée de ce que ces groupes-là veulent
dire, je n'ai aucune idée de leurs positions. Est-ce que Mouvement Santé
mentale Québec, qui regroupe des gens... mouvement santé Québec «est la force d'un
réseau, un regroupement d'organismes communautaires
ayant le mandat en promotion et [la]
prévention [de] santé mentale». Mais est-ce que ces groupes-là sont pour le
18 ans, le 21 ans? Je n'en ai aucune espèce d'idée. Ce n'est pas sur la base d'est-ce que ce sont des
groupes qui sont favorables à ce que nous souhaitons. Ce n'est pas du
tout, du tout sur cette base-là. C'est tout simplement que nous pensons que ces
groupes-là pourraient apporter un éclairage
nouveau, un point de vue différent. Ils n'ont pas été entendus. Et on pourrait
les entendre, comme je le dis, là, si
tout le monde était d'accord, pendant que nous faisons nos travaux. On pourrait
très bien décider : bien, mardi matin,
la semaine prochaine, entendons les trois groupes. On pourrait aussi, même,
s'entendre que le 45 minutes pourrait peut-être être un peu moins
de temps, mais qu'on pourrait entendre ces groupes-là. Donc, Mouvement Santé
mentale Québec, qui regroupe des organismes
communautaires qui sont en lien avec ce sujet-là, vous comprendrez que,
compte tenu de ce que nous discutons, je pense que ça aurait été très
intéressant que nous les entendions.
L'Association
canadienne des pharmacies de quartier. On sait que le projet de loi ne touche
pas au volet médical. Je pense, j'anticipe que nous allons en parler.
Parce qu'on crée une loi en fonction du non-médical, ce qu'on appelle le récréatif, mais il me semble que notre loi devrait
aborder aussi le volet médical, à savoir à quel endroit on devrait
vendre le médical. Vous vous souvenez, M. le
Président — vous
étiez là — l'Ordre
des pharmaciens du Québec comme l'association des pharmaciens indépendants du Québec sont venus nous dire : Hé,
attention, là! Vous n'en parlez pas dans votre projet de loi. Et, à partir du moment où on parle du
cannabis pour des fins médicales, on n'est plus dans le récréatif. Et à quel
endroit nous allons le... pas le distribuer,
mais le vendre? Et, à partir du moment où on parle de médical, il faut
s'adresser à des spécialistes de la santé, à des professionnels de la
santé. Et, à cet égard-là, nous, nous sommes convaincus que cette distribution, cette vente doit se faire dans des
lieux où il y a des professionnels de la santé, donc des pharmaciens. Et
cette association n'a pas été entendue. Et
on a eu bien peu de propos à cet égard-là. Pourquoi? Parce que ce n'est pas
traité dans le projet de loi. Mais il
y a quand même des gens qui sont venus nous dire : Oh! vous avez oublié
cela, vous avez oublié cela. Et Dieu
sait que... Présentement, de quelle façon c'est fait? Bien, présentement, là,
depuis 2001, depuis que c'est légal d'acheter du cannabis pour des fins
médicales, c'est de la vente en ligne. Alors, il n'y a pas un contact direct
avec un professionnel de la santé, à part le médecin qui va écrire la
prescription. Donc, on trouvait important que ces gens qui souhaitent être
entendus puissent être entendus.
La même chose
pour Camping Québec, qui, semble-t-il, ont beaucoup d'inquiétudes parce que le
projet de loi ouvre la porte à une
consommation dans passablement de lieux publics. Et, à cet égard-là, Camping
Québec souhaitait se faire entendre.
Et, compte tenu qu'il pourrait amener un volet différent, nouveau que nous
n'avons pas entendu, c'est la raison pour laquelle nous avons déposé cet
amendement.
Comme je le
dis, je sais que je n'aurai pas l'occasion de revenir, puis je n'en ferai pas,
là... Ce ne sera pas la cause de ma
vie, là, je vous le dis, là, M. le Président. Mais il m'apparaît que... Compte
tenu que, depuis le début, nous avons consulté,
écouté et modifié notre façon de voir les choses, et ensuite modifié énormément
le projet de loi, parce que nous avons
entendu beaucoup de monde, bien, pourquoi ne pas compléter avec les trois
derniers groupes qui voudraient se faire entendre, et sans retarder nos travaux, là? Je tiens à le dire, c'est
sans retarder les travaux. Ça serait avant une prochaine séance, avant ou après une prochaine séance, sur
lequel nous pourrions nous mettre d'accord, tout le monde ensemble.
Alors,
voilà, M. le Président, c'est la raison pour laquelle je tenais à déposer cette
motion qui fait appel à l'article 244. Je ne prendrai pas plus de temps.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, M. le député de Labelle.
Est-ce que j'ai des interventions sur la motion qui a été déposée par le
député de Labelle? Madame...
Mme
Charlebois :
Bien, moi, je vais voir s'il y a d'autres députés qui sont intéressés, mais je
pourrai donner mon point de vue...
Le Président (M. Merlini) :
Mme la députée de Vachon, vous disposez de 10 minutes.
Mme
Martine Ouellet
Mme Ouellet : Oui. Bien, rapidement, M. le Président. Moi, je pense que ce qu'apporte
mon collègue de Labelle, c'est
intéressant. Je pense qu'effectivement ça serait un éclairage additionnel à
apporter à l'étude du projet de loi dans certains éléments quand même importants à prendre en considération sur
ces trois groupes qui sont ajoutés du côté de la santé mentale, des pharmacies de quartier et le Camping Québec. En fait,
j'ai été surprise de voir ça, Camping Québec, mais, en y repensant comme il faut, effectivement, il y a une
cohabitation là. Ce n'est pas évident
et c'est pour ça que ce dossier-là
fait autant parler, parce que ça va venir nous toucher dans notre quotidien, et
je pense qu'on est mieux d'être... On est
mieux de faire de la prévention que d'avoir des problèmes plus tard. Et donc,
pour un changement aussi important, c'est quoi que de prendre
45 minutes supplémentaires pour écouter des gens qui ont des choses à nous
apprendre?
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, Mme la députée de Vachon. M. le
député de Mercier, vous avez également
10 minutes.
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
Je crois que c'est tout à fait approprié. Pour ce qui est des pharmacies,
actuellement, il y a des produits, quand même... il y a aux cannabinoïdes qui
sont déjà, également, vendus par les pharmacies, mais, comme il y a un arrimage à faire maintenant que l'usage
pourrait être mieux accepté, plus répandu dans le public, d'apporter des
éclaircissements. Parce que, même pour un
médecin, actuellement, ce n'est pas évident. Est-ce qu'on réfère les gens
à Santé Cannabis, à des boutiques
spécialisées au sein de la Société québécoise du cannabis ou simplement les
pharmacies. Je pense que ce serait
vraiment pertinent, et puis les autres éléments qui ont été mentionnés, de la
même manière. Si le camping en plus n'est pas très beau, il me semble
que l'usage du cannabis pourrait être plus justifié encore.
Le
Président (M. Merlini) : Merci, M. le député de Mercier. Est-ce que
j'ai d'autres interventions sur la motion? M. le député de Borduas, vous
disposez de 30 minutes.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Bien, écoutez, nous, on n'a pas d'objection à
entendre les trois groupes proposés par mon collègue de Labelle. La
consultation, ça permet toujours d'offrir un éclairage. Alors, si la ministre
souhaite les entendre, on va être heureux de prendre leurs points de vue
relativement au projet de loi n° 157.
Le Président (M. Merlini) : Merci, M. le député de Borduas. Est-ce que j'ai
d'autres interventions? Mme la ministre?
Mme
Charlebois :
Bien sûr.
Le Président (M.
Merlini) : Vous disposez de 30 minutes.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Ah! je n'irai pas jusque-là, M. le Président. D'abord, j'entends bien. Ces
groupes-là ont demandé à être entendus une
fois que l'horaire était tout ficelé, M.
le Président. Alors, on les a invités
à déposer un mémoire, comme beaucoup d'autres groupes que vous avez
mentionnés, qui ont déposé un mémoire. Et juste leur dire qu'ils vont être entendus, ils vont être lus. On va tenir
en compte leurs opinions, mais, à ce
moment-ci, les consultations sont terminées.
Juste
vous rappeler, M. le Président, qu'avant de rédiger le projet de loi n° 157 on a entendu des experts qui sont venus
nous parler... puis ce n'est pas moi qui le dis, même le député de Labelle l'a
dit. Le 19 et 20 juin, où il y avait 200
intervenants dans la salle, où on a pu entendre plusieurs opinions... Toujours
avant de rédiger le projet de loi, on a fait sept régions au Québec, et on a eu une consultation citoyenne en
ligne, et on a pu entendre des organisations, des groupes de citoyens,
des citoyens eux-mêmes, et par la consultation en ligne, M. le Président,
12 600 personnes. Ces organismes-là, ils avaient la chance de
pouvoir émettre des opinions là.
Bon,
une fois qu'on a rédigé le projet de
loi, on se dit : Bien, on a
manqué les consultations, on aurait pu être là, dans les consultations particulières qui se sont tenues du
30 novembre au 17 janvier. M.
le Président, les groupes
m'ont soumis leurs intérêts
à être là alors que l'horaire était tout ficelé. On a entendu quand même
55 groupes. 63 mémoires ont été déposés. Alors, je suis
désolée de dire, en toute collégialité, à mon collègue de Labelle que malheureusement
j'invite ces groupes-là, là, l'Association canadienne des pharmacies de
quartier — d'ailleurs,
on en a entendu, des pharmaciens — Camping
Québec et Mouvement Santé mentale Québec, à bien vouloir nous envoyer leurs
mémoires. Et, pour l'instant, bien, nous, on
n'est pas intéressés, la partie gouvernementale, à avoir d'autres auditions puisque nous
avons clos ce pan-là et nous sommes prêts à étudier l'article par article. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mise aux voix
Je vais donc mettre la motion aux voix. Est-ce
que la motion déposée par le député de Labelle en vertu de l'article... Oui?
Une voix : ...
Le
Président (M. Merlini) : Le
vote par appel nominal est demandé. Alors, Mme la secrétaire, allons-y pour un appel... un vote nominal.
La Secrétaire : Oui. M. Pagé
(Labelle)?
M. Pagé : Pour.
La Secrétaire : Mme
Charlebois (Soulanges)?
Mme
Charlebois : Contre.
La Secrétaire : M. H. Plante
(Maskinongé)?
M. Plante : Contre.
La Secrétaire : Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
La Secrétaire : M. St-Denis
(Argenteuil)?
M. St-Denis : Contre.
La Secrétaire : M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Chevarie : Contre.
La Secrétaire : M.
Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire : M. Merlini
(La Prairie)?
Le Président (M. Merlini) :
Abstention.
Alors, la motion est donc rejetée. Nous allons
donc débuter l'étude détaillée.
Une voix : ...
Le Président (M. Merlini) : Oui,
madame... Oui, excusez-moi. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Je m'excuse, j'ai eu
un petit moment d'inattention, mais, comme je ne pouvais pas faire d'amendement,
vous m'avez suggéré que je pouvais déposer également le même genre de motion.
• (17 heures) •
Le
Président (M. Merlini) :
Oui, effectivement. C'est mon erreur de ne pas avoir demandé s'il y avait
d'autres motions préliminaires à ce stade-ci. Vous en avez une? Faites-en la
lecture, on va suspendre pour faire la copie et la distribution. Allez-y.
Motion
proposant d'entendre la Société des alcools du Québec
Mme Ouellet : Donc, en vertu de
l'article 244, il est proposé :
«Qu'en vertu
de l'article 244 de nos règles de procédure, la commission [...] tienne, avant [le début de] l'étude détaillée du projet de loi n° 157[...], des consultations particulières et
qu'à cette fin, elle entende dès que possible la Société des alcools du
Québec pour une durée de 45 minutes.»
Le Président (M. Merlini) : Merci.
Je vais suspendre quelques instants pour permettre la photocopie et la
distribution aux membres de la commission.
Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 17 h 1)
(Reprise à 17 h 4)
Le
Président (M. Merlini) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons donc reprendre nos travaux. Nous
avons fait la distribution, tous les membres de la commission ont pris connaissance de la motion préliminaire
de Mme la députée de Vachon. Alors, je vous demande, Mme la députée de Vachon, de nous expliquer les bien-fondés de votre motion.
Vous disposez d'un temps de 30 minutes. À vous la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Ça ne devrait pas
être aussi long, M. le Président. En fait, on avait déjà eu l'occasion
d'échanger, là, avec le gouvernement, lorsque... les échanges, là, pour l'invitation des différents groupes
en consultations particulières.
Et, à cette époque-là, j'avais demandé, là, plusieurs
groupes, mais dont la Société des
alcools du Québec, la SAQ, et,
après quelques échanges, finalement la partie gouvernementale avait accepté.
Ils ont été invités, ils avaient accepté, ils étaient à l'horaire, mais, j'imagine, là, comme peut-être
plusieurs groupes, parce que les consultations ont été convoquées très, très rapidement, dans un très court
délai, peut-être que finalement ils n'avaient plus le temps, là, de pouvoir
produire leur mémoire ou n'étaient plus disponibles pour venir à la plage
horaire où ils avaient été convoqués, ils n'ont pas pu se présenter. Donc, nous
ne les avons pas reçus en commission parlementaire.
Et, M. le Président, la Société des alcools du
Québec est au coeur de ce projet de loi là. Donc, moi, je pense qu'il est essentiel, incontournable qu'on puisse
rencontrer la Société des alcools du Québec, qu'ils puissent nous faire part
de leurs préoccupations, qu'ils puissent
nous faire part, parce que c'est vraiment... étant donné que, dans la loi, on
crée une nouvelle filiale de la Société des alcools du Québec.
D'ailleurs, on le voit, là, tout de suite avant l'article 1,
chapitre I, c'est : Modifications
à la Loi sur la Société des alcools du Québec, pour créer, là, la nouvelle
société du cannabis Québec, qui sera donc intégrée directement, là, dans
la Société des alcools du Québec.
Et donc moi,
je pense qu'il est important, premièrement, qu'ils puissent venir nous exposer
leur point de vue, s'ils ont des
recommandations, là, sur le projet de loi, mais également que les
parlementaires, les différents parlementaires aient l'occasion de pouvoir leur poser des questions,
des préoccupations et des précisions sur ce projet de loi là et comment
la Société des alcools du Québec entend gérer la nouvelle société cannabis du
Québec. Et je sais qu'on a eu plusieurs discussions
lors des commissions parlementaires, je sais qu'il y a eu de l'ouverture de la
part de la ministre sur, par exemple, la
question des employés. On verra, là, ce que ça donnera dans les amendements. Je
n'ai pas eu le temps de prendre encore connaissance des amendements qui
viennent tout juste d'être déposés. Elle nous avait annoncé, là, qu'il y aurait
des modifications qui seraient en
conséquence. Ça fait qu'il y a toute la partie gestion du personnel, il y a
aussi toute la partie de vente au détail de magasin, je pense que ce
serait important qu'on puisse avoir une idée de leur vision au niveau des magasins. On a une annonce qui a été faite, dans
le projet de loi, et là je ne me rappelle plus exactement, mais d'un
certain nombre de magasins pour le
1er juillet, je crois que c'est 15, mais c'est sûr que ça va évoluer.
Donc, on ne peut pas, là, juste
s'arrêter au 1er juillet. C'est
quoi, leur vision pour dans... six mois après le 1er juillet, ou si c'est plus
tard, si on réussit à retarder la date,
ou un an, deux ans, trois ans plus tard? Je pense que c'est important
d'avoir une idée de comment ils entendent, là, faire la distribution de
ce produit-là.
Et c'est
certain que, de mon côté, j'aimerais aussi pouvoir leur poser des
questions sur leur capacité à gérer des contrats de sous-traitance du côté
de la production, donc contrats de sous-traitance qui pourraient être donnés,
là, par exemple, aux producteurs de serre du Québec
pour le volet de la production, et les capacités qu'ils pourraient avoir,
là, du côté de la transformation.
Donc, moi, je
crois que c'est essentiel qu'on puisse les recevoir, la Société des alcools du Québec, elle est au coeur de ce projet de loi là, et je
pense que c'est assez incontournable que les parlementaires, on puisse
avoir l'occasion de leur poser ces
questions-là. Et, comme ils avaient déjà prévu de venir et, pour je ne sais
quelle raison, finalement, l'agenda... l'horaire
a changé, ils n'ont pas pu se présenter. Étant donné que c'est possible, là, je
pense qu'on devrait les reconvoquer, et
faire des consultations particulières pour la Société des alcools du Québec, et
prendre le 45 minutes, comme je vous
dis. J'avais la même réflexion pour les autres groupes, un 45 minutes pour
pouvoir mieux comprendre la situation peut nous éviter beaucoup de problèmes par la suite. Je crois que c'est du
temps bien investi, et on pourrait avoir probablement plusieurs clarifications directement de la part de
la Société des alcools du Québec, qui d'ailleurs ne relève pas
directement du ministère de la ministre,
hein, c'est complètement séparé, la Société des alcools du Québec. Et ce seront
probablement des amendements proposés, moi, je pense que
la société du cannabis Québec, et là il faudra voir comment ça pourra s'articuler, mais ne devrait pas relever du
ministère des Finances. Et donc c'est sûr que la ministre n'est pas en
contact direct avec la Société des alcools du Québec, étant donné que la
société relève du ministre des Finances.
Donc, moi, je
pense que, pour toutes ces raisons, ce serait vraiment important qu'il y ait un
appui de l'ensemble des parlementaires
ici pour qu'on puisse recevoir la SAQ, puis on pourra... là, il est déjà rendu
5 h 10, là, donc je pense qu'on pourra commencer tranquillement différents éléments, mais on pourra la
recevoir dans les prochains jours, cette semaine. De toute façon, elle doit être assez au fait de ce
dossier-là étant donné qu'elle était censée se présenter en commission
parlementaire devant nous, mais qu'elle s'est désistée, encore là, pour je ne
sais pas pour quelle raison, là, à la dernière minute.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, Mme la députée de Vachon.
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur la motion? M. le député de
Labelle, vous disposez de 30 minutes.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé : Oui. Non, je n'ai
pas l'intention de parler 30 minutes...
• (17 h 10) •
Le Président (M. Merlini) : Mais je
dois vous le dire, je dois vous l'offrir quand même, je dois vous le dire.
M. Pagé : Non... Mais, oui, je le sais. Je sais que c'est
votre devoir de nous en faire part, mais... Bien, écoutez, j'abonde tout
à fait dans le sens de ma collègue
de Vachon, parce
qu'effectivement la SAQ est au coeur de notre débat, elle est au coeur de notre débat. On crée une filiale
de la SAQ. Donc, les liens avec la SAQ, ils vont être évidents, là. Et
pourtant, bien, ils se sont désistés. Puis
pour quelles raisons ils se sont désistés? Moi, en tout cas, je ne le sais pas.
Est-ce que la ministre, elle, est au
courant? Je n'ai aucune idée. Est-ce qu'on leur a demandé de ne pas venir? Je
n'ai aucune espèce d'idée, mais...
Puis le plus drôle, c'est comme... On me faisait remarquer que, le
31 décembre dernier, le P.D.G., Alain Brunet, Alain Brunet...
Une voix : Janvier.
M. Pagé : Janvier, le
31. J'ai dit...
Une voix : ...
M. Pagé :
Oui. Alors, le 31 janvier, il donnait une entrevue aux Francs-tireurs
pour justement parler de ce qui s'en venait.
Alors, s'il est allé s'exprimer à une télé publique sur le dossier du cannabis
puis la filiale avec laquelle il devra composer, bien, il me semble
qu'il devrait venir s'exprimer devant les parlementaires. Tu sais, tantôt, on a
dit : Bon, il y a des groupes un peu
similaires aux pharmacies, parce qu'il y a eu l'ordre des professionnels, des
pharmaciens, qui sont venus
s'exprimer, et il y a l'association des propriétaires indépendants des
pharmacies qui sont venus s'exprimer, donc ce n'est peut-être pas nécessaire d'en avoir un troisième. Parfait,
j'entends ça. C'est un argument. Mais il n'y a pas d'autres SAQ qui sont venues s'exprimer sur le projet de
loi n° 157. Alors, je n'ai pas de comparable pour être capable
d'essayer de poser des questions puis
comprendre ce qu'on est en train de faire, là. Vous autres, vous êtes au
premier chef, SAQ, là. Comment vous
voyez ça? Il y a-tu des choses là-dedans que vous souhaiteriez porter à notre
attention pour bonifier le projet de loi et qu'on fasse notre travail le
plus correctement possible?
Oui. Oui,
oui, oui. Je dis oui, M. le Président, il faut que nous les entendions.
D'autant plus que le président va s'exprimer
dans des entrevues télé. Il me semble, il y a quelque chose là-dedans qui
cloche un peu, là. Je pense que, par respect
pour les parlementaires, il me semble, le P.D.G. aurait pu venir s'exprimer
devant nous. Peut-être qu'il a eu des raisons
que je ne connais pas. Et ça lui appartient. Et d'ailleurs, s'il s'est désisté
à la dernière minute, j'imagine qu'il devait avoir déjà un mémoire qui devait être prêt. Donc, je pense que ça peut
se faire aussi tôt que d'ici jeudi. Donc, on pourrait trouver un 45 minutes. Puis moi, je suis prêt
à le faire très tôt le matin, n'importe quand. Alors, moi, je pense
qu'effectivement on pourrait le faire.
Tu sais,
tantôt, on disait : Bon, il y a des groupes que... on a des groupes un peu
similaires qui sont venus. Mais le Mouvement Santé mentale Québec, ils
voulaient être entendus. Ils ont réagi le 6 décembre, mais c'est juste
qu'ils voulaient être entendus en janvier, mais il n'y avait pas de place en
janvier pour les entendre. Mais c'est ça, mais il n'y avait pas de place en janvier, donc on aurait pu prolonger. Alors,
on dit maintenant : Est-ce que ça pourrait... Bon, on ne reviendra
pas là-dessus, mais il y a... Les deux autres groupes que j'ai mentionnés,
c'est des groupes qui n'ont tout simplement
pas été retenus. Et pourtant ils avaient manifesté leur désir d'être entendus
le 11 décembre et le 14 décembre. Mais, bon, O.K., je comprends, là, c'est des groupes où il peut y avoir,
bon, certaines similitudes. Mais la SAQ? Puis, même si on les entendait, M. le Président, je vous
dirais que... Je pense que, si jamais la ministre acceptait, il faudrait que
l'on se vote une motion unanime pour se dire : Bien, c'est
peut-être un groupe qu'on devrait entendre plus longtemps que 45 minutes, parce que je pense qu'on aurait
beaucoup de questions à leur poser. Et moi, j'aimerais bien qu'ils viennent
réagir.
Puis
juste, je le dis vraiment amicalement... Puis elle le sait, la ministre, je la
respecte beaucoup. Sincèrement, je la respecte
beaucoup. Mais, quand elle nous dit : «On a fait des consultations, 19,
20 juin, puis on a fait des consultations auprès du public», j'étais présent; «on a fait des consultations en
ligne», mais c'était avant le dépôt du projet de loi. Ces consultations-là, c'était pour nous dire, vous
savez : Il devrait ressembler à quoi, le projet de loi, hein, il devrait
ressembler à quoi, le projet de loi? Et, quand il a été
déposé, on nous proposait juste 11 groupes. Nous, on en avait une
centaine. Finalement, on s'est entendu pour
une soixantaine. Et force est de constater que ça valait la peine. La
démonstration est faite. Regardez,
ici, la liasse d'amendements. Puis c'est juste pour le début du projet de loi.
Alors, imaginez si on n'avait pas entendu des groupes. Je ne pense pas
qu'on aurait autant d'amendements pour bonifier le projet de loi.
Puis la SAQ, ils sont au coeur du projet de loi, ils sont au coeur du projet
de loi, puis on ne les entendrait
pas. Alors, oui, je n'y avais pas pensé, moi, je remercie la députée de
Vachon, effectivement, d'y avoir pensé, de faire appel à l'article 244 pour que nous puissions les
entendre. Oui, c'est libellé qu'on devrait les entendre avant de commencer
les travaux, mais, une fois que cela est
adopté, on peut aussi s'entendre, d'un commun accord, pour qu'ils viennent
jeudi matin, 8 heures,
7 h 30, on peut convoquer la Chambre quand on veut, et qu'on fasse ça
en dehors de nos heures régulières, donc on n'empiéterait pas sur nos heures régulières, mais ça nous permettrait
d'avoir un éclairage qui m'apparaît fort important. Voilà.
Le
Président (M. Merlini) :
Merci, M. le député de Labelle. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur la motion de la députée de Vachon? M. le député de Borduas,
vous disposez de 30 minutes également.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Écoutez, comme je le disais avec la motion préliminaire
précédente, c'est toujours
intéressant d'entendre les différents groupes, alors, bien
entendu, considérant l'impact que ça va avoir, un, sur l'organisation de
la Société des alcools du Québec, mais aussi sur la façon dont ils entrevoient
la gestion de cette nouvelle filiale, il nous apparaît approprié de les
entendre.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, M. le député de Borduas. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme la ministre, vous disposez de 30 minutes.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Ah,
ça va être court, M. le Président. Oui, on a entendu beaucoup de groupes avant de
rédiger le projet de loi, et, une fois rédigé, même parmi tout ce qu'on a
entendu, on a continué à travailler... Parce qu'on voulait le déposer, le projet de loi, mais on a
continué à travailler, puis il y a des amendements qui sont nés avant même d'avoir des consultations,
ici, particulières.
Je
le répète pour le bénéfice de la population,
63 mémoires déposés,
55 groupes, l'ensemble des parlementaires étaient là pendant les consultations
préalables à la rédaction du projet de loi. Je ne peux pas en dire autant de
tout le monde qui est assis ici. Même
que, pendant les consultations, parmi tous ceux qui sont ici, il y en avait qui
n'étaient pas là, on les a vus, au maximum, trois fois, puis je le sais,
que je n'ai pas le droit de le dire, mais ça me fait du bien.
Une voix :
...
Le
Président (M. Merlini) : Oui, Mme la députée de Vachon. Excusez-moi,
Mme la ministre. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet :
Je fais juste un rappel au règlement, M. le Président.
Le Président (M.
Merlini) : Effectivement, on ne peut pas...
Mme
Charlebois :
Mais je ne vous ai pas nommée.
Le Président (M.
Merlini) : Non, non, non...
Mme
Charlebois :
Je n'ai pas nommé personne, j'ai dit qu'il y en a qui étaient absents. Je n'ai
pas nommé aucun député.
Le Président (M.
Merlini) : Vous n'avez pas nommé, effectivement...
Mme
Charlebois :
Si elle se sent visée, là, ce n'est pas mon problème.
Le Président (M.
Merlini) : Non, non, non, mais, écoutez, soyez vigilants dans
l'utilisation de vos propos.
Mme
Charlebois : Bien,
c'est ça, il y avait des gens qui n'étaient pas là, je n'ai pas
nommé personne. Alors, ces mêmes personnes là qui veulent entendre aujourd'hui la SAQ, je veux
vous dire qu'on est en train de faire un projet de loi qui va faire en
sorte justement que la SAQ puisse avoir une filiale, qui va
s'appeler la Société québécoise du
cannabis, qui aura l'autorisation de faire tous les aménagements nécessaires. Ceci
étant dit, ces gens-là étaient
invités, ils se sont désistés, je n'ai aucune idée pourquoi ils se sont
désistés, il faudrait leur demander à eux.
Ceci
étant, moi, je sais qu'au plus tard le 1er juillet, M. le Président, ce projet de loi là devra être adopté. Alors, la députée
de Vachon le disait elle-même que, hein, le temps qui nous est imparti compte beaucoup.
Alors, on peut faire encore des motions pendant quelques jours pour entendre 143 groupes de plus, ça
va toujours être non, parce qu'on est prêts à passer à l'article par article et aux amendements pour entrer dans le contenu et faire en sorte
que nos Québécois puissent avoir un projet de loi qui leur ressemble.
Merci, M. le Président, passons au vote.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Est-ce que j'ai d'autres interventions sur la
motion préliminaire? Je n'en vois pas, je mets donc la motion aux voix.
Mise
aux voix
Est-ce que la motion
de Mme la députée de Vachon est adoptée?
Des voix :
Rejeté.
Le Président (M.
Merlini) : Rejeté. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires à
ce stade-ci?
M.
Jolin-Barrette : Si vous permettez, je vais demander un vote par appel
nominal.
Le
Président (M. Merlini) : Le
vote a été enregistré, M. le député. Il faut demander le vote par appel nominal avant l'appel au vote, comme l'a fait d'ailleurs le député
de Labelle tantôt, quand il a présenté sa motion
préliminaire.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, si vous voulez appliquer le règlement
d'une façon stricte et rigide... C'est la conduite que vous allez
adopter?
Le Président (M.
Merlini) : Pardon, M. le député?
M.
Jolin-Barrette : Est-ce que c'est la conduite que vous allez adopter
sur l'interprétation du règlement?
Le Président (M.
Merlini) : Toujours. Toujours.
M.
Jolin-Barrette : Parfait, on sera guidés pour le reste de la commission.
Le Président (M.
Merlini) : Tout à fait.
M.
Jolin-Barrette : Alors, je vais vous inviter, éventuellement, lorsqu'il
y aura une question de règlement, à spécifier, à motiver le contenu de votre
décision.
Le Président (M.
Merlini) : Très bien, pas de problème. Est-ce que j'ai d'autres
motions préliminaires? Je n'en vois pas.
Étude
détaillée
Alors,
nous allons commencer l'étude
détaillée. Mme la ministre, je vous enjoins de lire l'article 1 du projet
de loi.
Mme
Charlebois : Alors, à l'article 1 — ça va, je peux continuer? — l'intitulé de la section II de la Loi
sur la Société des alcools du Québec (chapitre
S-13) est remplacé par le suivant... Nous avions au texte actuel «Fonctions
et pouvoirs», ce que nous proposons comme
texte, c'est «Mission et pouvoirs». Et pourquoi nous faisons ça? Est-ce
que je le dis tout de suite, M. le Président?
Le Président (M.
Merlini) : Allez-y, Mme la ministre.
• (17 h 20) •
Mme
Charlebois : Alors, à l'article 1 du projet de loi, on
vise à substituer le terme «fonctions» à «mission» parce que ce dernier étant d'usage plus commun et
adéquat pour désigner la raison d'être des personnes morales constituées
par la loi. Il s'agit d'un changement terminologique
assurant la cohérence avec la terminologie utilisée pour désigner
l'ajout de vente de cannabis par le biais de
la Société québécoise du cannabis aux responsabilités confiées à la Société des
alcools du Québec et de même que la raison
d'être de la Société québécoise du cannabis, elle-même désignée sous le terme
de «mission».
Le
Président (M. Merlini) : Merci, Mme la ministre. Est-ce que j'ai des
interventions sur l'article 1? M. le député de Labelle, à vous la
parole.
M.
Pagé : Oui. Bien, écoutez, c'est un peu drôle parce qu'on vient
de refuser d'entendre la SAQ, mais là, dès le premier article, on joue dans la loi constituante de la SAQ, hein, parce
que l'intitulé de la section II de la Loi sur la Société des alcools du Québec... parce qu'effectivement
ça... Sur 157, on vient modifier la loi qui constitue la loi de la SAQ.
Mais là on a une démonstration patente que,
dès le premier article, on vient changer ce qui concerne la loi de la SAQ, et
pourtant le principal intéressé, malheureusement, n'aura jamais été entendu.
Mais, bon, ça va, M. le Président. En ce qui me concerne, là, ce n'est pas
quelque chose de majeur. C'est bon.
Le
Président (M. Merlini) : Merci, M. le député de Labelle. Mme la
députée de Vachon.
Mme Ouellet :
Oui. J'aimerais savoir de la part de la ministre si le fait de changer la
sémantique, de changer «fonctions» par «mission», ça avait un impact légal.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : C'est un changement de terminologie qui assure
une certaine cohérence. C'est un changement, comme je l'ai expliqué tantôt, au projet de loi, qui vient substituer
les «fonctions» à celui de «mission», parce que c'est d'usage plus
commun pour désigner la raison d'être des personnes morales constituées par la
loi.
Le Président (M.
Merlini) : Ça va?
Mme Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. Oui, j'ai... merci. Puis on a le texte, on
a le commentaire, là. J'ai bien entendu ce que vous nous avez dit, mais
on sait que... Lorsqu'on change, pour des entreprises, des noms comme ça, «fonctions» par «mission», est-ce que... — et, dans le fond, la réponse est assez
claire, c'est oui ou non, là — est-ce qu'il y a un impact légal? Peut-être que la ministre ne le sait pas, peut-être
que son personnel le sait, mais est-ce qu'il y a un impact légal de
changer «fonctions» par «mission», et est-ce que ça, ça a un impact, le fait de
changer le mot, sur les responsabilités ou les pouvoirs de la SAQ?
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Non.
Le Président (M.
Merlini) : La réponse, c'est non. Est-ce que j'ai d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Merci, M. le Président. Alors, je comprends
qu'on change «mission»... en fait, «fonctions»
par «mission». Dans la Loi sur la Société des alcools du Québec, à
l'article 2, on voit que la compagnie... bien, en fait, la Société des alcools, c'est une compagnie
à fonds social, et ma question est un petit peu plus large, là, que
l'article, mais ça va nous guider pour la
suite du projet de loi. Alors, on comprend que, dans les compagnies à fonds
social, maintenant vous venez mettre
«mission». Je comprends que l'objectif visé, c'est la terminologie, mais est-ce
que ça a un impact au niveau de
l'application pour les compagnies à fonds social ou si, à l'époque, quand ça
avait été rédigé, c'était uniquement «fonctions» qu'on avait mis, mais
ça n'a pas d'impact sur les compagnies à fonds social?
Mme
Charlebois : Selon mes juristes, non, c'est vraiment un
changement terminologique, là, pour assurer de la cohérence, c'est tout.
M. Jolin-Barrette : O.K. Puis, dans les autres compagnies à fonds social du gouvernement,
est-ce que c'est indiqué également «mission» ou c'est «fonctions»?
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Est-ce que vous me permettez de faire répondre mon juriste, à ma droite, s'il
vous plaît?
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que j'ai le consentement des membres
de la commission pour permettre au juriste
de répondre? Alors, le consentement est donné. S'il vous plaît, vous identifier
pour les fins de l'enregistrement et répondre à la question.
M. Roy(Gabriel) :
Oui. Gabriel Roy, avocat pour le ministère des Finances.
En
fait, on retrouve «fonctions», on retrouve «mission», puis ça varie, mais c'est
simplement que, dans les lois les plus
récentes, on utilise le terme de «mission» parce qu'on considère que
c'est davantage représentatif de l'importance de la
création d'une nouvelle personne morale par la loi.
M. Jolin-Barrette : Donc, à l'époque, lorsque ça a été rédigé, dans le fond, le législateur considérait que, pour une compagnie
du gouvernement, bien, on lui attribuait des fonctions dans le terme
utilitaire, tandis que, maintenant pour les véhicules corporatifs, on dit,
bien : Vous avez une mission à remplir au sein de l'appareil québécois.
C'est un peu le raisonnement juridique que vous avez derrière ça?
M. Roy
(Gabriel) : On peut dire ça.
M.
Jolin-Barrette : O.K. Je comprends que...
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que la réponse a été bien
enregistrée? Excusez, M. le... ça a été bien enregistré? O.K., merci. Continuez,
M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : O.K. Je
comprends, dans le fond, que la rédaction du projet de loi s'est fait
probablement avec... Vous êtes juriste au ministère des Finances?
M. Roy (Gabriel) : Oui.
M. Jolin-Barrette : O.K. Et
j'imagine que l'autre partie du projet de loi... Est-ce que, dans le fond,
c'est les Finances qui a rédigé la totalité ou ça a été séparé avec les
juristes?
M. Roy (Gabriel) : Non, non.
M.
Jolin-Barrette : Ça fait
que, pour la loi sur les sociétés d'alcool, ça a été rédigé par le ministère
des Finances?
Mme
Charlebois : Tout à
fait. Il y a plusieurs
juristes qui ont contribué à la rédaction du projet de loi, et ça
dépend des sections, effectivement. Vous avez tout à fait raison.
M. Jolin-Barrette : O.K. Ça va pour
l'instant.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup. Est-ce que j'ai d'autres interventions à l'article 1? Je n'en vois pas, je mets donc
l'article 1 aux voix. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Merlini) : Adopté.
Merci. Mme la ministre, article 2.
Mme
Charlebois :
Alors, l'article 2, M. le Président : L'article 16 de cette loi
est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa, de
«fonctions» par «mission»; et
2° par le
remplacement, dans le deuxième alinéa, de «exercer ses fonctions et» par
«accomplir sa mission et exercer».
Le Président (M. Merlini) : Pour vos
commentaires et explications, Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Oui, j'y arrive. Puis je pourrais même vous lire
le texte au complet, si ça peut satisfaire mes collègues. C'est
préférable? Je vais le faire.
Le Président (M. Merlini) : Allez-y.
Mme
Charlebois : Alors, le texte qui est proposé, c'est : «La
société a pour mission de faire le commerce des boissons alcooliques; elle peut en outre, fournir des services reliés à
son savoir-faire et à l'expérience qu'elle a acquise dans ce domaine et,
avec l'autorisation du gouvernement, établir et exploiter des usines ou autres établissements
pour la fabrication de boissons alcooliques.
«La société
peut accomplir sa mission et exercer ses pouvoirs hors du Québec, à l'exception
de la vente au détail en magasin de boissons alcooliques.»
Alors, ici,
les commentaires sont que l'article 2 du projet de loi vise à
substituer au terme «fonctions» celui de «mission», ce dernier étant d'usage plus commun, comme je le disais
précédemment, et adéquat pour désigner la raison d'être des personnes morales constituées par la loi. En fait, comme à l'article 1,
c'est un changement terminologique qui assure
la cohérence interne avec la terminologie étudiée pour désigner l'ajout de la
vente de cannabis par le biais de la Société
québécoise du cannabis aux
responsabilités confiées à la Société
des alcools du Québec de même que la
raison d'être de la Société québécoise du cannabis, elle-même désignée sous le
terme de «mission».
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup. Est-ce que j'ai des interventions à l'article 2? M. le député de
Labelle?
M. Pagé : Bon. Là, est-ce
qu'on est aussi dans le réseau de
distribution? Parce que, bon, là, je comprends qu'on change des
trucs à la loi constituante de la Société
des alcools du Québec, mais j'essaie
de voir clairement, là, quels seront les impacts. Est-ce que la Société
des alcools a été consultée par rapport à ces changements-là au départ? Je ne sais pas.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois : Bien, sincèrement, je ne saurais vous répondre, parce que
c'est nous qui rédigeons la loi, nous sommes
les parlementaires, et on a édicté les grands principes, et là les
juristes nous donnent selon ce qu'on veut avoir. Est-ce que vous avez
consulté la SAQ?
M. Roy (Gabriel) : Pas sur cet
aspect-là précisément. Mais ils ont clairement vu le projet de loi.
M. Pagé : Pardon, je
n'entends pas ce que le...
Mme
Charlebois : Ils
n'ont pas été consultés sur cet article-là, mais ils ont clairement
vu le projet de loi, là. S'il y avait eu des problématiques,
là... Il était déposé, le projet de loi. Il est public, hein?
Le Président (M. Merlini) : Effectivement.
M. le député de Labelle.
Mme
Charlebois : Je
comprends que vous voulez revenir aux consultations, mais ils ont tout le
loisir de nous déposer un mémoire, là.
M. Pagé :
Non, non, mais c'est parce que disons que ça aurait été utile de savoir ce que
la SAQ pense de cela. Parce que, bon,
on modifie leur loi constituante, alors... Et j'aurais aimé ça avoir leur avis
sur, quand on change des mots dans leur loi constituante, bien, comment ils voient cet impact-là. Alors, ça fait
que je reviens à la question que je posais : Est-ce que, lorsque l'on écrit cela, l'impact est
seulement pour la SAQ vente détail ou ça comprend SAQ aussi au niveau de
la distribution, entreposage, distribution, et tout le reste?
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
• (17 h 30) •
Mme
Charlebois :
Mais, en fait, là, on parle ici... On n'est pas dans toute l'exécution de
chacune des missions, là. On parle
ici de la mission globale de la Société des alcools du Québec. Et juste pour
renchérir sur les premiers propos, là,
M. le Président, quand le ministère des Finances rédige une partie du projet de
loi, premièrement, ce sont les parlementaires
qui décident, qui font... qui donnent les directives sur ce qu'ils veulent
avoir. Ce n'est pas les sociétés d'État qui décident pour les parlementaires. On est élus pour ça. Puis la
deuxième des choses que j'ai le goût de vous dire, c'est que, oui, ils
sont consultés, évidemment, parce qu'on ne peut pas se mettre à jouer dans des
lois sans que les parties intéressées soient à tout le moins consultées. Bon.
Pour ce qui
en est, de la distribution, ici on est toujours dans la mission de la Société
des alcools du Québec et on est toujours
dans la mission qui va se décliner vers la Société québécoise du cannabis. Ça
fait qu'on est dans le général. On n'est pas encore dans chacun des
aspects, là. On est vraiment dans la loi constitutive de la Société des alcools
du Québec. On vient y faire les amendements
pour nous permettre de bien faire la filiale en dessous de la Société des
alcools du Québec. Tout ce qu'on veut, c'est pouvoir profiter de leur
savoir-faire.
Le Président (M. Merlini) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Labelle.
M. Pagé : Mais, tu sais,
on comprend que la mission de la SAQ n'est pas la même que la mission de la
SQC.
Mme Charlebois :
Oui, mais c'est une modification de forme et non de fond. On me l'indique. Le
côté juridique me l'indique. Alors,
il n'y a pas de... on ne change pas, là, dans... On va y arriver plus tard,
dans la technicalité pour la Société québécoise du cannabis, mais c'est
vraiment de la forme qu'on fait, là.
M. Pagé : O.K. Ça va.
Le Président (M. Merlini) : Ça
va, M. le député de Labelle? Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M.
le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mais, M. le Président, dans le fond, on va
le voir plus tard, là, mais c'est parce que vous venez dire : La SAQ, elle a pour mission, avec sa filiale, de faire
la prévention et de faire... «d'assurer la vente de cannabis dans une
perspective de protection de la santé». Dans le fond, moi, de la façon que je
le comprends...
Mme Charlebois :
La Société québécoise du cannabis, vous voulez dire.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
la SAQ aussi, dans le fond.
Mme Charlebois :
O.K. Bien, la SAQ va constituer la Société québécoise du cannabis. C'est la
Société québécoise du cannabis qui est une autre personne morale qui va,
elle, avoir une mission différente. C'est ça, la loi qu'on est en train
d'étudier.
M. Jolin-Barrette : Mais, au
risque de vous corriger, Mme la ministre, à votre article 3, qu'on va voir
tout à l'heure, dans le fond on dote la
Société des alcools du Québec d'une mission supplémentaire. Alors, sa mission
principale, ce que je comprends, maintenant,
à la SAQ, c'est de faire le commerce des boissons alcooliques, puis sa mission
originelle qui... autrefois, c'étaient ses
fonctions. Et là on vient lui rajouter une mission supplémentaire, donc de
faire la vente de...
Mme Charlebois :
La Société québécoise du cannabis.
M. Jolin-Barrette : Non, non. Dans le fond, l'article 3 venait
le dire, on ne la crée... oui, on va la créer, mais elle va avoir
également cette mission-là. Donc, la mission, moi, je la vois comme un
objectif. Dans le fond, quels sont les deux
principaux objectifs de la SAQ maintenant dans son corps principal, dans sa
compagnie à fonds social qui a été créée en 1971, c'est : vous faites la vente de
boissons alcooliques, vous faites le commerce des boissons alcooliques.
Avant, c'était une fonction utilitaire.
Maintenant, c'est votre objectif par le biais d'une mission. Puis,
deuxièmement, vous avez l'autre mission de vendre du cannabis par le
biais de la filiale. Juste pour qu'on suive...
Mme Charlebois :
Mais là on est à l'article 2. Mais je vais quand même le lire,
l'article 3, ça vaut la peine : «Cette loi est modifiée par l'insertion, [à] l'article 16, du suivant», et
16.1, c'est : «La société a également — parce
que vous voulez aller à la 3 tout de suite, mais on est à la 2 — pour
mission d'assurer la vente [de] cannabis dans une perspective de protection de [...] santé, afin d'intégrer les
consommateurs au marché licite du cannabis et de les y maintenir, sans
favoriser la consommation de cannabis.»
Et
là arrive l'autre phrase intéressante : «Elle exerce cette mission exclusivement
par l'entremise de la Société québécoise du cannabis constituée en vertu
de l'article 23.1.»
Donc,
la mission va être faite par la Société
québécoise du cannabis, qui est une
filiale de la société. On dit la
même chose, je pense, en des mots différents, mais ça va être exclusivement
effectué par la Société québécoise du cannabis.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ça, je suis d'accord
avec vous, M. le Président, pour Mme
la ministre. Le simple fait que je relevais, dans le fond, c'est sur
l'aspect utilitaire de la chose. Dans
le fond, la fonction, c'était de dire à la SAQ : C'est ça que tu fais. Maintenant, la mission, c'est
comme sous forme d'objectif, tu sais, dans la sémantique, là, dans la terminologie, moi, je le vois comme ça. Ça fait que je veux juste qu'on soit sur la même page là-dessus.
Mais c'est sûr...
Mme
Charlebois : Mais
je veux juste vous clarifier ça, là, parce
que la SAQ n'aura pas la même
mission que la Société québécoise
du cannabis. Parce que la Société
québécoise du cannabis a pour mission
de ramener les gens du marché illégal
ou illicite vers un marché licite sans promouvoir, alors que la SAQ peut en
faire la promotion, de ses produits, là. On est dans des eaux totalement
différentes.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
comprends ce que vous me dites, Mme la ministre, mais, moi, quand je lis le texte, ce n'est pas ça que je lis. Donc, si je reprends, là, dans le fond, vous
avez la SAQ, maintenant on change «fonctions» pour «mission». Donc, sa mission, supposons, principale
ou originelle qu'elle avait, c'était de faire le commerce des boissons alcooliques, et on vient lui joindre, et on va le
voir à l'article 3, une seconde mission par le biais de cette
filiale-là. Donc, maintenant, la SAQ se retrouve avec deux missions, dont une
qui va être exercée par sa filiale. Donc, sa mission de vendre du cannabis avec un aspect de prévention,
bien, ça, c'est destiné uniquement à
sa filiale, mais la SAQ, comme compagnie mère, comme compagnie
principale, c'est elle qui exerce ces deux missions-là.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
(Consultation)
Mme
Charlebois : Il faut faire un amendement à la mission, parce
que, pour pouvoir créer la filiale, ça prend la correction, sinon on ne
peut pas créer la filiale, on créerait une compagnie indépendante.
M.
Jolin-Barrette : Donc, une nouvelle société d'État. Ça fait que vous
le rattachez de cette façon-là. Mais maintenant la SAQ se retrouve avec deux
missions.
Mme
Charlebois : Mais elle va l'exercer, comme vous le dites,
article 3, exclusivement par la Société québécoise du cannabis. La
SAQ ne pourra pas se mettre à vendre du cannabis ou du pot dans ses tablettes,
avec le vin, O.K.?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ça, je suis d'accord avec vous, mais le conseil
d'administration de la SAQ... puis le P.D.G.,
là, M. Brunet, quand il est assis derrière son bureau avec son chapeau de
président-directeur général, il dit : Moi, ma job, c'est de faire deux choses. C'est de vendre
des bouteilles de vin, vendre du fort, vendre d'autres produits
alcooliques, en faire le commerce sur le
territoire québécois ou ailleurs, sauf pas en magasin si c'est ailleurs; et en
même temps, bien, j'ai pour mission
de vendre du cannabis sur le territoire québécois par le biais de ma filiale.
Ça va être ses deux missions quand il est assis derrière son bureau. Son
mandat, c'est ça, qui est donné par le gouvernement du Québec.
Mme
Charlebois : Je ne comprends pas où vous voulez aller.
Honnêtement, je ne le saisis pas. Je ne sais pas si vous pouvez lui
répondre parce que je ne saisis pas ce qu'il...
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, c'est qu'on amène une seconde mission, et, je voulais juste
me faire confirmer ça, on passe du côté utilitaire, de fonction vers la
mission. Donc, maintenant, c'est deux missions principales pour la Société des
alcools.
Mme
Charlebois :
Oui, mais M. Brunet... Il y a un autre conseil d'administration à la Société
québécoise du cannabis. Je comprends que
vous vouliez qu'il y ait deux missions, oui, mais il n'en demeure pas moins
qu'il y aura un autre conseil d'administration qui va s'occuper de la
gestion de la Société québécoise du cannabis.
M. Jolin-Barrette : Ça, je suis d'accord avec vous, mais, ultimement,
le responsable ultime, c'est le P.D.G. de la Société des alcools du Québec, parce que c'est une filiale. C'est comme
Hydro-Québec, supposons. Bien, M. Martel...
Mme
Charlebois : Bien, c'est une filiale, oui.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça. Mais le répondant ultime, qui est le boss
de toutes les filiales, c'est le patron, c'est le P.D.G.
Mme
Charlebois :
Oui, oui, c'est...
M.
Jolin-Barrette : Donc, on a deux missions. On rajoute une mission.
Mme
Charlebois :
Oui. C'est soit ça ou bien on partait une autre compagnie, mais on a décidé de
profiter du savoir-faire de la Société des
alcools du Québec parce qu'on a déjà une expertise. Alors, on s'est dit :
Pourquoi doubler l'expertise, pourquoi augmenter la charge
administrative alors qu'on a déjà un appareil qui fonctionne? Puis c'est
normalement votre philosophie.
M. Jolin-Barrette : Je ne critique pas le choix, M. le Président. D'ailleurs, c'était dans
notre proposition qu'on a déposée le 13 septembre dernier.
Mme
Charlebois :
Ah oui? Ah! une chance que vous étiez là.
M. Jolin-Barrette : Et je suis convaincu que la ministre en a pris connaissance, parce
qu'elle a eu deux mois pour le consulter, le document.
Mme
Charlebois :
Et pourtant!
M.
Jolin-Barrette : Et pourtant?
Mme
Charlebois :
La CAQ n'est pas venue faire... Ah non, c'était une farce!
Le
Président (M. Merlini) : ...Mme la ministre. Ça va, M. le député de
Borduas? Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui. Pendant qu'on est en train d'éclaircir ça, puis je pense que ça va
être bon pour l'ensemble de la
consultation... de la commission parlementaire, juste pour m'assurer de bien comprendre...
Parce qu'effectivement c'est une
filiale à l'intérieur de la SAQ. Donc, la SAQ a une deuxième mission. Là, vous
me dites qu'il va y avoir, pour la société de cannabis du Québec, un conseil d'administration. Ça fait qu'il va y
avoir un conseil d'administration en dessous d'un autre conseil d'administration, et j'aimerais
savoir comment vont fonctionner les rapports annuels. Est-ce qu'il y
aura deux rapports annuels qui vont être déposés ou il va y avoir un seul
rapport annuel?
Mme
Charlebois :
Oui. Il va y avoir deux rapports annuels.
Mme Ouellet : O.K. Et est-ce que dans le rapport annuel de la SAQ seront intégrés
l'ensemble des chiffres, des revenus de la filiale?
Mme
Charlebois :
Une bonne question. On vous revient, ça ne sera pas long.
Le Président (M.
Merlini) : Je vais suspendre quelques instants les travaux.
(Suspension de la séance à
17 h 40)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M.
Merlini) : Nous reprenons donc nos travaux après cette brève suspension.
J'aimerais juste rappeler que l'article 2
ne fait pas mention pour l'instant de la Société québécoise du cannabis.
Je permets une extension vers l'article 3,
mais il ne faudrait pas non plus... Parce
qu'il y a des articles à venir où on va rentrer dans le plus de détails possible sur les questions que vous avez
soulevées, qui sont très pertinentes, mais on va essayer le plus possible de
rester à l'intérieur des ces articles-là,
quitte à reprendre vos questions lorsque l'article vraiment viendra répondre à
la discussion.
Alors, Mme la
ministre a la réponse à la question de Mme la députée de Vachon.
Mme
Charlebois : Oui, puis je pense que ça va permettre
d'adopter peut-être quasiment deux en deux, hein? La comptabilité de la Société québécoise du cannabis,
ça va être une chose, et la Société des alcools du Québec, elle, aura
une comptabilité en elle-même, où il y aura
une ligne où il sera mentionné ce que sera le résultat de la Société québécoise
du cannabis, mais ça ne viendra pas interférer
dans les chiffres de la Société des alcools du Québec, jamais. On se
comprend? Non, hein? C'est des règles comptables.
Mme Ouellet : Oui, oui, tout à fait.
Tout à fait.
Mme
Charlebois :
Non, bien, c'est parce que vos yeux me disaient non.
Mme Ouellet : Non, non, mais c'est parce
que j'ai...
Le Président (M. Merlini) : Vous
avez une complémentaire, Mme la députée de Vachon?
Mme
Ouellet : En fait, oui, ça
va venir interférer, sauf que l'information va être distincte, et on va avoir
toute l'information détaillée sur la mission alcool. Mais on va quand même,
dans les revenus de la Société des alcools du Québec... je ne sais pas ils sont
à exactement combien aujourd'hui. Je pense qu'ils sont à 3 milliards...
Mme
Charlebois : Bien,
c'est parce que, les revenus, on va le voir plus loin, puis c'est là...
Mme
Ouellet : Non, non, mais
c'est parce que, quand je parle de rapports annuels, c'est ça, là. Dans
les rapports annuels...
Mme
Charlebois : Oui. Non, mais les revenus vont tomber à zéro du
fait qu'on fait des fontes, puis tout ça, mais ça, on va le voir plus
tard. C'est ça que j'essaie de vous expliquer.
Mme
Ouellet : Oui, mais un
rapport annuel, il y a les dépenses et des revenus, grosso modo, là. Il
y a des actifs et des passifs.
Mme
Charlebois : Oui, mais, sur la ligne «Société québécoise du cannabis», vous allez le voir à zéro tout le temps parce qu'on va avoir
redistribué les sommes dans deux fonds.
Mme
Ouellet : Oui, mais ils
peuvent être redistribués, mais on va quand même voir les revenus parce que, si
on voit zéro comme revenus, ça veut dire qu'il y aurait zéro revenu. Ça, ce
n'est pas pensable, là. Ça fait que...
Mme
Charlebois :
Vous allez voir les revenus dans la filière elle-même mais pas dans le rapport
de la Société des alcools du Québec,
parce que c'est deux comptabilités séparées. On ne veut pas qu'une ait un
impact sur l'autre. Ce n'est pas ça, le but. Ce n'est pas l'objectif
visé.
Mme
Ouellet : O.K. Ça fait que
ça veut dire qu'à chaque année les revenus vont être vidés pour aller dans le
fonds.
Mme
Charlebois : Dans
deux fonds. Ce n'est même pas un.
Mme Ouellet : Ça fait que ça va
toujours être zéro au niveau de la Société des alcools...
Mme
Charlebois : Mais
ça, on va le voir plus tard.
Mme Ouellet : Non, non, mais je
comprends, mais c'est parce que...
Mme
Charlebois : C'est
une gymnastique complexe.
Mme
Ouellet : Oui, je comprends
l'intervention du président, sauf... Si vous me permettez, M. le Président, on pourrait être très, très
stricts sur le fonctionnement et on pourrait demander la suspension de tous les
articles qu'on discute jusqu'à tant
qu'on ait eu nos explications. Mais, au lieu de faire ça, on procède de façon
un peu ouverte, ce qui va nous permettre
de répondre à un certain nombre d'articles, et de diminuer, à ce moment-là, les
interventions sur les autres articles, puis
d'avoir une compréhension de ce qu'on est en train de voter. Parce que,
sinon, la compréhension de ce qu'on est en train de voter, ça ne veut
rien dire, là.
Donc, c'est
important d'avoir la compréhension globale. Donc, c'est un petit peu normal,
comme ça, qu'au début on cherche à
mieux comprendre, là, le fonctionnement. On aura des questions beaucoup
plus détaillées dans les articles plus
spécifiques. Mais je pense qu'à ce
stade-ci... de bien comprendre, là,
le fonctionnement, je pense que c'est essentiel pour notre
compréhension, ici, commune, mais pour les gens qui nous écoutent aussi.
Donc, O.K.,
donc je comprends qu'on aura le rapport annuel à peu près...
comme on voit actuellement de la Société des alcools du Québec. Il y aura
une ligne qui s'ajoutera pour la société du cannabis du Québec, qui sera à zéro.
Mais, dans le rapport annuel de la société du cannabis du Québec...
Mme
Charlebois : Tout
va être là.
Mme
Ouellet : ...on aura
l'ensemble des revenus, on aura l'ensemble des dépenses puis le transfert de
fonds dans le fonds de prévention.
Mme
Charlebois :
Tout à fait. Mais il n'y aura pas juste le fonds de prévention, parce que, vous
allez voir plus tard, il y a deux fonds, là.
Mme Ouellet :
En tout cas, les autres affaires.
Mme
Charlebois : Mais
vous allez voir.
Mme
Ouellet : O.K. Et toujours
pour m'assurer de la compréhension, donc, si jamais il ne changeait pas, le
P.D.G. actuel, M. Brunet, de la Société des
alcools du Québec se retrouverait être le boss, le patron du P.D.G. de la
société de cannabis du Québec?
(Consultation)
Mme
Charlebois : Je
vais demander à mon juriste de répondre à Mme la députée de Vachon.
Le Président (M. Merlini) : Allez-y.
Allez-y, maître.
M. Roy
(Gabriel) : En fait, le
rapport de droit entre une personne morale et sa filiale, c'est un rapport de
détention de contrôle. Donc, grosso modo, ça
signifie qu'ils vont... c'est la SAQ qui va voter pour élire les
administrateurs. Sur le plan juridique,
c'est ce que ça signifie. Donc, c'est leur pouvoir, en tant qu'actionnaires de
contrôle, d'élire les administrateurs de la Société québécoise du
cannabis.
Mme
Charlebois : Les
autres sont autonomes.
M. Roy
(Gabriel) : Oui, les
administrateurs agissent toujours de façon... pour les fins de leur propre
personne morale pour laquelle ils sont nommés administrateurs, là.
Mme Ouellet : Donc, en dehors de la
nomination par le conseil d'administration de la Société des alcools du Québec
des administrateurs de la société du cannabis du Québec, le P.D.G. — je ne sais pas si ça sera un P.D.G. ou
un D.G., mais, en tout cas, mettons le
P.D.G. — n'aura
pas aucune, zéro, là, aucune, zéro directive à prendre du P.D.G. de la
Société des alcools du Québec?
M. Roy (Gabriel) : Bien, ce n'est
pas prévu. Non, le projet de loi ne prévoit rien de ça.
Mme
Ouellet : O.K. Non, mais
c'est une question de compréhension, là. C'est oui, c'est non, là. Puis ce
n'est pas ni bien ni mal, là, c'est une question de compréhension. Il n'y a pas
d'attrape dans ça, là.
M. Roy (Gabriel) : C'est beau.
Mme
Ouellet : Et je reviens un
petit peu au questionnement de mon collègue de Labelle sur la consultation,
parce que, là, il y a quand même des
modifications, on le voit avec l'article 1, 2, 3, à la Société des alcools
du Québec, on a eu deux réponses différentes, là. On a eu que, non, la
Société des alcools du Québec n'avait pas été consultée, mais que, oui, elle avait été consultée. Est-ce que ce
serait possible de nous indiquer sur quels éléments la Société des alcools
du Québec a été consultée et sur quels éléments la Société des alcools du
Québec n'a pas été consultée dans ce qu'on va discuter.
Parce que je comprends tout à fait ce que la ministre a dit : C'est nous,
le gouvernement, qui décidons, et on a le pouvoir de décider, et on peut
décider. Mais M. le Président...
Mme Charlebois :
...parlementaire.
Mme Ouellet : Bon, parlementaire. Mais, le gouvernement étant
majoritaire, donc je pense que c'est assez clair. Mais, M. le Président, c'est tout à fait normal
qu'on consulte les sociétés d'État touchées. Je veux dire, je n'ai jamais
vu des modifications importantes qui
touchaient les sociétés d'État sans qu'elles ne soient minimalement consultées.
On peut être d'accord ou pas d'accord
avec elles. On peut ne pas retenir leurs recommandations. Mais qu'elles ne
soient pas consultées? Je suis assez
surprise, là, d'apprendre ça ce soir, de voir que la Société des alcools du
Québec, en tout cas pour certains articles, n'ait pas été consultée.
Donc, c'est
pour ça que je demande, j'aimerais ça savoir pour quels articles elle a été
consultée et pour quels articles elle
n'a pas été consultée dans l'élaboration du projet de loi. Et est-ce qu'elle a
été consultée, à ce moment-là, par les gens du ministère des Finances ou elle a été consultée par les gens du
ministère... Je m'excuse, je ne connais pas le nom du ministère exact,
là. Santé et Services sociaux, oui?
Mme Charlebois :
Santé et Services sociaux. Moi, je suis aux Services sociaux, oui. On ne
prendra pas le long titre, là.
Mme Ouellet : O.K. Services sociaux.
Le Président (M. Merlini) : Mme
la ministre.
• (17 h 50) •
Mme Charlebois :
En fait, ce n'est pas tranché comme ça, les consultations. Ce n'est pas article
par article. C'est sur la vision
d'ensemble. Comme vous le dites, les sociétés d'État sont consultées pour la
vision d'ensemble, tout ça. Mais là on
est dans la sémantique. Ça fait que c'est clair que, la sémantique, je ne pense
pas qu'ils ont été consultés. Mais, pour le reste, pour l'ensemble de l'esprit de la chose, notamment de faire une
filiale, c'est clair qu'on leur a parlé, là, c'est clair qu'ils ont eu... ils ont, comment dire, contribué à notre réflexion. Mais, vous dire,
dans la sémantique... Parce qu'on est toujours dans le début, on n'est même pas dans le contenu
encore, on est vraiment juste dans des titres et dans des... Là,
on parle de la mission, à l'article 2
puis à l'article 3, on l'a dit tantôt, mais on n'est pas encore dans le corpus, là, de
ce que fera la Société québécoise du cannabis. Alors, ils sont consultés sur l'ensemble de
l'oeuvre mais pas sur chacun des articles. Je ne sais pas si ça répond à
votre question, là, mais c'est comme ça.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui. Bien, je suis surprise de l'apprendre, qu'il n'y a pas eu de consultation spécifique sur des choses qui
les touchent quand même fondamentalement. Parce que, vous le savez... Et
ce n'est pas pour rien qu'on fait l'étude
article par article, paragraphe par paragraphe, alinéa par alinéa, puis qu'on regarde chacun des
mots, parce que, dans les projets de loi, les mots ont de l'importance,
le détail a de l'importance. Même, dans certains cas, M. le Président,
des virgules peuvent faire la différence! Donc, je suis assez surprise de ça.
J'ai
une question d'information à demander, là, à la ministre, peut-être son
personnel : Est-ce que ce serait possible, parce qu'on a entendu
plusieurs intervenants... Moi, je dois vous avouer, j'ai un gros problème à ce
que la Société québécoise du cannabis relève
du ministère des Finances. Je trouve que ce n'est vraiment pas le bon
ministère. Je trouve qu'il y a un
conflit d'intérêts, parce que le ministère des Finances cherche toujours à
avoir plus de revenus, et je pense que ce
n'est vraiment pas la vision... même si on l'écrit, là, ce n'est vraiment pas
la vision qui doit animer la Société québécoise du cannabis. Donc, étant donné qu'ils sont dans deux filiales
différentes, avec deux conseils d'administration différents et que, dans le fond, le P.D.G. de la Société
québécoise du cannabis n'a aucun rendre compte à faire au P.D.G. de la
Société des alcools du Québec une fois qu'il
a été nommé, est-ce que ce serait possible légalement, techniquement de faire
en sorte que la Société québécoise du
cannabis relève du ministère de la ministre, donc des Services sociaux, plutôt
que de relever du ministère des Finances?
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Bien, en fait, du fait que c'est une filiale de
la Société des alcools du Québec, non, parce que la Société des alcools du Québec relève du ministère
des Finances. Et c'est pour ça que, quand on fait la loi... La Société québécoise du cannabis, on lui donne pour mission
de... là, je le cherche, l'article, ce ne sera pas long, je vais vous
arriver avec, mais, dans sa mission... La
Société québécoise du cannabis, elle n'a pas la même mission que la Société des
alcools du Québec justement parce qu'on sait que ça relève du ministre des
Finances. Et d'autant plus qu'il y a un comité de vigilance qui va faire rapport au ministre de la Santé annuellement pour
nous dire comment ça fonctionne, et le rapport va être rendu public. Alors, tout le monde, toute la
population... 30 jours après que le ministre de la Santé l'a dans les
mains, là, il est obligé de le rendre
public. Alors, tout le monde va savoir ce qui se passe dans la Société
québécoise du cannabis. Ça fait qu'on ne pourra pas, comme vous le
dites, là...
Je
comprends que c'est mal vu que ce soit le ministère des Finances, mais le
ministère des Finances se doit de respecter
la mission qu'aura la Société québécoise du cannabis dans son ensemble. Et,
comme je vous le dis, il y aura un comité
de vigilance qui va faire rapport au ministre de la Santé. Puis je vous ramène
à pourquoi on a fait ça, parce qu'on veut... Puis, vous vous souvenez,
M. Létourneau, du syndicat, il était là puis il vous parlait, là...
Mme Ouellet :
Oui, j'étais là.
Mme
Charlebois : Bien, je le sais! Cette fois-là, vous étiez là,
effectivement. Et M. Létourneau nous a fait part de ses préoccupations, dans le sens où ce qu'il souhaitait, c'est qu'on
puisse profiter de l'expertise de la Société des alcools du Québec.
C'est exactement ça qu'on fait, là, exactement ça qu'on fait.
Le Président (M.
Merlini) : D'autres questions à l'article 2, Mme la députée?
Mme Ouellet : Oui. Je comprends que ce n'est pas prévu par la loi, mais je voudrais
juste avoir une confirmation : Est-ce
que c'est impossible de le faire? Je comprends que ce n'est pas prévu qu'ils
l'ont fait, mais j'aimerais ça — parce que, là, nous autres, on fait ce travail-là. Il y
a des galées, hein, il y a des choses qui restent, là, pour la postérité — donc,
juste m'assurer qu'effectivement est-ce que
c'est impossible de le faire ou ce serait... Mais je sais que ce n'est pas
prévu, mais est-ce que c'est impossible de faire en sorte que la Société
québécoise du cannabis relève, elle, du ministère des Services sociaux, ou de n'importe quel autre ministère, et que la
Société des alcools du Québec relève du ministère de la Santé? Est-ce
que c'est impossible de faire ça?
Mme
Charlebois : Bien, en fait, c'est parce que c'est une
société au même titre que la Société des alcools. C'est une filiale de la Société des alcools, et toutes
les sociétés qui ont... Je vais demander à mon juriste de vous répondre,
parce qu'il a les mots appropriés pour le faire.
Le Président (M. Merlini) : Me Roy.
M.
Roy (Gabriel) : Oui, merci, M. le Président. En fait, c'est que le
ministre des Finances va détenir une action qui donne droit aux dividendes de la filiale de la Société québécoise du cannabis,
et, à ce titre-là, c'est une fonction qui fait en sorte... Puis il y a juste le ministre des
Finances qui détient des actions. C'est son rôle, un peu. Ça rentre dans son
rôle. Donc, à ce titre-là, c'est pour ça que
ce ne serait pas juridiquement faisable d'attribuer la responsabilité de cette
section-là de la Loi sur la SAQ à un ministre Santé et Services sociaux.
Le Président (M. Merlini) : Oui, Mme
la ministre.
Mme
Charlebois :
Mais là on n'est plus dans l'article. M. le Président, on n'est plus dans
l'article 2 et 3, là. On est
vraiment loin en avant. Puis je veux juste dire à la députée de Vachon, là, à
l'article 3... Puis on fait 2 et 3 ensemble, mais moi, je ne veux pas qu'on fasse tout le
cahier dans la même soirée, là. Finissons 2 et 3. Puis on est dans les
missions et pouvoirs, justement, puis, à
l'article 3, on dit que «la société a également pour mission d'assurer la
vente du cannabis dans une perspective
de protection de la santé afin d'intégrer les consommateurs au marché licite du
cannabis et de les y maintenir, sans favoriser la consommation de
cannabis». Alors, la mission est explicite là, là.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Oui, on est
exactement sur les questions de mission puis de fonctions de la SAQ et de la
Société québécoise du cannabis. On est
exactement au coeur de ça. Et ce que je comprends... Quand vous dites que c'est
le ministère des Finances qui détient les actions, et donc les
dividendes, et que ça ne peut être que lui, vous m'excuserez d'être en désaccord avec vous. Parce que ça ne peut pas être
que le ministère des Finances qui peut recevoir des dividendes, et ce n'est pas pour cette raison-là qu'il est responsable
de la Société des alcools du Québec, étant donné que le ministère des Ressources naturelles est responsable
d'Hydro-Québec, et Hydro-Québec verse quand même des dividendes au
gouvernement. Donc, ça ne peut pas être à cause de cette raison-là que ça ne
peut pas se faire.
Moi, ce que
je vous demande... Puis je sais que c'est, au niveau juridique, très précis.
Peut-être que vous n'avez pas la
réponse ce soir, peut-être que vous pouvez le prendre en délibéré. Parce que
c'est un élément très important, qui nous a été demandé par plusieurs personnes. Et, dans le fond, j'essaie de voir,
là, est-ce que ce serait... Puis, si vous me dites que c'est impossible techniquement, juridiquement,
j'aimerais ça savoir pourquoi. Est-ce que c'est possible que la SAQ
relève du ministère des Finances mais que la
SCQ relève de la ministre des Affaires... Services sociaux, excusez, Services
sociaux? Et, de toute façon, actuellement,
il n'y aura pas de dividendes. C'est déjà prévu que les dividendes vont être
zéro. Ça fait que la question des
dividendes, en principe, dans le cas de la SCQ, ne devrait pas être un enjeu.
Les dividendes vont être zéro, et ça va être déjà versé dans des fonds.
Est-ce que c'est possible de faire ça?
Mme
Charlebois :
Mais, en principes comptables, M. le Président — juste pour répondre à la députée de Vachon — on ne peut pas être une filiale d'un, puis
relever d'un ministre, puis relever de l'autre pour la filiale. C'est
toute la même... hein? La Société des
alcools a une filiale. Deuxième élément, le ministre va être lié par cet
article-là. Troisième élément, si
vous tenez à votre point de vue, déposez un amendement. On va voter dessus puis
on va pouvoir passer à d'autre chose. Parce que je pense qu'on a fait
notre idée là-dessus. J'ai émis les commentaires que j'avais à émettre, là,
puis c'est assez clair, là.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Oui, justement,
j'allais chercher les informations — parce que nous ne sommes pas aussi
équipés que la ministre, avec son cabinet,
et le gouvernement — donc
pour être sûre de faire des amendements qui sont pertinents, parce
qu'effectivement il pourrait y avoir des amendements. Mais ça ne me sert à rien
de faire un amendement qui, légalement, techniquement, ne fait pas de sens.
Donc, c'est important d'avoir l'information.
Donc, vous me
confirmez — puis je
regarde le légiste, là — que c'est impossible de relever de deux personnes différentes. Donc, à ce moment-là, si on voulait
faire en sorte que la Société québécoise du cannabis relève du ministère
de la Santé et des Services sociaux, il
faudrait faire en sorte aussi que la Société des alcools du Québec relève du
ministère de la Santé et des Services
sociaux et, à ce moment-là, s'assurer que les dividendes soient versés au
gouvernement, comme c'est tout à fait le cas.
Le Président (M. Merlini) : Me Roy.
M. Roy
(Gabriel) : Merci, M. le Président. En fait, la Loi sur Hydro-Québec attribue
aussi les actions au ministre des
Finances. C'est sûr qu'ultimement les dividendes sont versés au gouvernement,
puis le ministre des Finances, tu sais, représente le gouvernement, mais
c'est pour certaines fonctions précises. Puis les fonctions relatives à la
gestion des finances, comme celle d'être
actionnaire avec des droits aux dividendes, bien, c'est celles du ministre des
Finances. Donc, c'est pour ça que ce ne serait pas adéquat
juridiquement, là, de commencer à renverser ces principes-là, là.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée.
Mme Ouellet : Oui, je pense qu'en fait ça pourrait être... On pourrait avoir une
divergence d'opinions politiques, parce
qu'on pourrait souhaiter que ce soit plus le ministre des Finances qui gère la
Société des alcools du Québec. Mais ce n'est pas juridiquement que ce n'est pas adéquat,
étant donné que c'est déjà possible pour Hydro-Québec, qui est quand
même la plus grosse société d'État au Québec.
Une voix :
...
Mme Ouellet : Non, non. Là, je parle de l'ensemble de la Société des alcools du
Québec. Parce qu'il y a quand même
une perception, qui peut être erronée ou non, je ne me prononcerai pas sur
ça, qu'il ne faut pas pousser non plus la vente d'alcool et que le ministère des Finances pourrait — puis je vais mettre bien des
conditionnels — des
fois, pousser un peu ses sociétés d'État pour avoir des revenus
additionnels...
Le
Président (M. Merlini) : Mme la députée de Vachon, malheureusement, je
dois vous interrompre, car, compte tenu
de l'heure, il est 18 heures, je dois ajourner les... pas ajourner,
excusez-moi — merci,
Mme la secrétaire — je
suspends les travaux jusqu'à 19 h 30. Nous nous retrouverons ici à
19 h 30 pour la suite de nos travaux.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 35)
Le
Président (M. Merlini) : À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend donc ses travaux.
Je vous rappelle que
le mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 157, Loi constituant la Société
québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant
diverses dispositions en matière de sécurité routière.
Mme la ministre... Je
demande à toutes les personnes de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques pour le bon déroulement de nos travaux ce soir dans la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Lors de la suspension, avant la pause de nos travaux, nous étions rendus à l'étude
de l'article 2, et c'était Mme la députée de Vachon qui avait la
parole. Il vous reste 29 minutes. À vous la parole.
Mme Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Je n'aurai pas besoin des 29 minutes. En
fait, on était en train de discuter, juste
pour qu'on se rappelle, avant la période du souper... Actuellement, la Société
des alcools du Québec relève du ministère
des Finances, et plusieurs intervenants nous ont fait la représentation que la
Société québécoise du cannabis puisse
relever du ministère de la Santé pour s'assurer qu'il n'y aura pas de pressions
indues du ministère des Finances pour faire
entrer des revenus. Et, après discussion, consultation de la partie
gouvernementale, il s'avère qu'il n'est pas possible d'avoir deux relevants différents, étant donné que
la Société québécoise du cannabis est une filiale de la Société des
alcools du Québec. Donc, la solution serait
de faire en sorte que la Société des alcools du Québec, on pourrait décider ça,
relève donc du ministère de la Santé. Ce qui
ne serait peut-être pas une mauvaise chose, parce que peut-être qu'à ce
moment-là ils feraient plus de prévention, parce que l'alcool étant aussi une
substance créant des problèmes et, dans certains cas, des mauvaises habitudes.
Donc, je sais que ce
n'est pas à l'article 2 que ce sera possible, mais, comme on est dans les
missions et les pouvoirs, c'est quand même
un élément important de savoir de quel ministère cela relève, et donc je vais
valider, là, pendant le fil de nos
travaux, à l'intérieur de la loi constituant la Société des alcools du Québec,
savoir, là, où on devrait faire cette modification-là.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, Mme la députée de Vachon.
Est-ce que j'ai d'autres interventions à l'article 2? Je crois que le député de Labelle... Si vous me
permettez, M. le député de Borduas, le député de Labelle m'avait demandé la parole aussi, avant. Alors, je vais
passer... C'est comme vous voulez, M. le député de Labelle, si vous...
Allez-y.
M. Pagé :
Bien, en fait, bon, il y a plusieurs questions soulevées par ma collègue de
Vachon qui sont fort pertinentes, mais qu'on
va voir au fur et à mesure que le projet de loi va avancer, mais c'est
effectivement des questions qui, je
pense, méritent déjà d'être soulevées, parce que nous sommes nombreux à
souhaiter que ces divers éléments mentionnés soient clarifiés dans le projet de loi. On comprend qu'à ce stade-ci on
est plus dans la forme que sur le fond, parce que, quand je lis les explications, les commentaires,
on nous dit, bon, qu'il s'agit de changements terminologiques. Alors,
quand on nous dit ça, et que ça s'adresse...
parce que ces changements-là, c'est sur la Loi de la SAQ, moi, la question que
je me pose, c'est : Est-ce qu'on
avait besoin d'inclure ça dans le projet de loi n° 157? En fait, est-ce
que le projet de loi n° 157 pourrait
vivre sans ce changement-là, parce que, dans le fond, c'est un changement qui
est à la SAQ? Mais j'essaie de voir quel lien qu'il y a avec notre loi
pour la gestion du cannabis, la vente, et tout cela.
Alors,
ma question est fort simple : Dans le fond, est-ce qu'on aurait pu se
passer de ce projet de loi là ou bien c'est tout simplement qu'on s'est dit : Bien, on va profiter de
l'occasion du projet de loi créant la filiale puis en même temps on va en profiter pour changer la terminologie au
niveau de la SAQ? Dans le fond, est-ce que c'est ça qu'on fait
présentement? Est-ce qu'on aurait pu carrément se passer de cet article-là?
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Bien, en fait, c'est fait pour bonifier le projet de loi, M. le Président.
C'est pour déterminer que, dans la
mission de la SAQ, il peut y avoir une filiale qui a une mission différente.
Maintenant, ils se trouvent avec, comme
on l'a dit précédemment, deux missions. Vous avez les explications dans les
commentaires. Je n'ai pas vraiment d'autre
réponse à vous donner à ce moment-ci pour ce qui concerne l'article 2 du
projet de loi, sauf que de vous dire que c'est vraiment un changement
terminologique — on
peut chercher la signification du mot «terminologique» dans le dictionnaire — et tout ça pour assurer la cohérence, avec
les liens à faire, entre la société d'État qu'est la Société des alcools
du Québec et la Société québécoise du cannabis.
Mais
on n'est même pas dans le fond du projet de loi, là, on est vraiment dans les
titres, la sémantique, et on peut botcher,
mais on peut faire bien notre travail. Excusez le mot, là, mais les Québécois
comprennent très bien ce que ça veut dire.
Alors, plutôt que de parler de fonction... Parce que c'est plus qu'une
fonction, c'est une mission qu'on vient donner à la Société québécoise
du cannabis, et par conséquent, donc, on donne une mission à la Société des
alcools du Québec.
Le Président (M.
Merlini) : Merci. M. le député de Labelle.
M. Pagé :
Non, bien, écoutez, dans le fond, c'est tout simplement... Étant donné qu'on
crée quelque chose de nouveau et qu'on veut
avoir une appellation différente, différenciée pour la filiale, alors, du coup,
on en profite pour aller modifier l'appellation, la terminologie de la
SAQ. Dans le fond, ce n'est que cela, là. C'est bien cela?
Mme
Charlebois :
Là, on vient la bonifier, effectivement.
M. Pagé :
C'est bon. Ça me va.
Le Président (M.
Merlini) : Ça va? M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, M. le Président. Deux points d'information, M. le
Président, pour Mme la ministre suite
aux échanges qu'elle a eus avec la collègue de Vachon. Le premier élément — et je sais qu'on y reviendra un peu
plus tard, mais ça a été discuté tout à l'heure — au niveau du rapport
annuel, dans le fond la ministre nous disait : Il va y avoir un rapport annuel distinct pour la Société québécoise du
cannabis et, dans le rapport consolidé de la Société des alcools du Québec, il va y avoir une ligne
destinée à la filiale Société québécoise du cannabis. Je vais juste référer la
ministre à l'article 23.40 et suivants
jusqu'à 23.43, qu'on aura la chance d'étudier éventuellement, mais moi, dans
ces dispositions-là, où on vise
comptes et rapports, je ne vois pas de rapport public qui sera soumis par la
Société québécoise du cannabis, je vois simplement que le rapport va
être...
Le Président (M.
Merlini) : Excusez, M. le député de Borduas. M. le député de
Maskinongé, vous avez une question de règlement.
M.
Plante : Oui. Merci, M. le Président. Alors, M. le Président,
j'aimerais rappeler qu'on est à l'article 2, à l'étude de
l'article 2. La ministre a été très généreuse tantôt et a permis des questions
plus globales, plus larges. Mais, selon l'article 197,
on doit concerner justement le même sujet, qui est l'article 2, et se
baser justement sur le règlement, qui nous ramène à l'article 2, où il n'y a pas question de rapport annuel et
de gestion de rapport annuel. Et, si on va justement en l'ordre, comme vous avez mentionné au départ, si
on suit l'ordre des articles, on va y arriver, de toute façon, à la
question du député de Borduas à l'article 23. Donc, à l'article 2, je
pense que sa question n'a pas sa place pour le moment.
Le Président (M.
Merlini) : Très bien. M. le député de Borduas, oui, je vous permets
de... Vous utilisez les articles, je présume, pour illustrer le point que vous
voulez parler à l'article 2.
M.
Jolin-Barrette : Oui, tout à fait. Alors, ça touche nécessairement la
mission, M. le Président. Alors, je comprends la question du collègue. Mais,
nécessairement, si on veut bien démarrer le projet de loi, il faut avoir cette discussion-là dès le départ, surtout que ça fait
partie des discussions par les explications qui ont été données par la
ministre. Alors, je l'informe à l'avance
que, par rapport à ses explications, ça ne concorde pas tout à fait avec ce
qu'on voit dans le projet de loi, et donc ça va toucher la mission,
qu'on étudie à l'article 2. Alors, vous me permettrez de...
Mme
Charlebois :
En fait, M. le Président...
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
...je ne veux pas contredire le député de Borduas, mais, à l'article 6, il
est stipulé que l'article 59... Puis là je ne veux pas aller là-dedans,
parce que, comme le disait mon collègue de Maskinongé,
on est rendus à la page 87 de
notre cahier, alors qu'on est encore à l'article 2 depuis le début de l'après-midi. Mais, ceci étant, pour le bénéfice du député de Borduas, on
parle ici, à l'article 59, que — si vous allez à votre
page 86 — les
états financiers doivent être présentés
distincts, rapport d'activité, le cas échéant, plan stratégique de la société
du cannabis. Alors, ça va être présenté distinctement, mais
aussi inclus à la SAQ. Mais rappelons-nous, là, qu'on n'est pas rendus là, là,
on est à l'article 2, où on est en train d'établir la mission de toutes
nos sociétés d'État, les deux sociétés d'État.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Je suis
d'accord avec la ministre, mais ça va être important de spécifier que le
rapport doit être rendu public également, là-dessus.
Mme
Charlebois :
Tantôt, oui. On va y arriver.
• (19 h 40) •
M. Jolin-Barrette : L'autre élément,
au niveau... On parlait de la structure, dans le fond, tout à l'heure, avec la collègue de Vachon, à savoir : Est-ce que
le conseil d'administration est indépendant de l'autre conseil
d'administration? Et votre juriste nous
disait : Bon, dans le fond, c'est une détention d'une action de la part du
ministre des Finances, puis, dans le
fond, il exerce son contrôle par le biais de la nomination des administrateurs
parce que c'est lui, l'actionnaire de contrôle de la compagnie à fonds
social, la filiale de compagnie à fonds social qui est créée.
Est-ce que, dans la Loi sur la Société des
alcools du Québec, il y a une délégation de pouvoirs du conseil
d'administration vers le P.D.G. ou est-ce qu'il y a un règlement interne qui
est prévu?
Mme Charlebois :
Est-ce qu'on va voir ça dans les articles subséquents?
Le Président (M. Merlini) :
Me Roy.
M. Roy (Gabriel) : Bien, on ne
traite pas des règles corporatives de la SAQ dans le projet de loi.
M. Jolin-Barrette : Oui, ça, je suis conscient qu'on ne traite pas de
ces règles corporatives là, de la conduite entre le conseil d'administration et le P.D.G. Mais ce que je veux
savoir : Dans le cadre de la Loi sur la Société des alcools du Québec, ou par le biais d'un règlement qui a été
adopté par le conseil d'administration, est-ce qu'il y a eu une
délégation de pouvoirs du conseil d'administration vers le P.D.G. de la Société
des alcools dans les règles de régie interne?
Mme Charlebois :
C'est deux sociétés d'État.
M. Jolin-Barrette : Bien, pas tout à fait. Parce que, tout à l'heure,
la collègue de Vachon vous a dit : Dans le fond, qui va être le répondant
ultime de la Société québécoise du cannabis? On va voir que, dans la Société
québécoise du cannabis, il va y avoir un P.D.G. qui va être nommé.
Mme Charlebois :
À quel article vous référez, là? Est-ce que ça fait partie de l'article 2?
M. Jolin-Barrette : Dans le
projet de loi...
Mme Charlebois :
Est-ce que vous avez un article où on mentionne ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Charlebois :
À quel numéro? Est-ce que c'est plus loin que l'article 2?
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est
plus loin que l'article 2.
Mme
Charlebois :
Est-ce qu'on peut en traiter quand on va arriver à cet article-là? Ça va me
faire un grand plaisir de vous répondre.
Mais là est-ce que nous pourrions traiter de l'article 2 et en disposer?
Ça me fera un énorme plaisir, quand on arrivera au moment où vous
poserez votre question à l'article qui est concerné, de vous répondre.
M. Jolin-Barrette : Je comprends, Mme la ministre, mais moi, ce que
je vous dis, pour l'article 2, avec la mission je tiens à faire le lien avec la nomination du
P.D.G. et avec les règles qui vont s'appliquer. Tout à l'heure, la collègue
de Vachon vous disait : Qui est l'ultime responsable de l'application des
décisions? Vous avez dit : C'est une entité complètement distincte. La filiale, ça a son propre conseil
d'administration. Ce que je demande, dans le fond, c'est : Est-ce qu'il existe, dans le fond, des règlements
internes à la SAQ qui confèrent des pouvoirs au P.D.G.? Parce
qu'ultimement, même s'il y a un P.D.G. à la
SQC, l'actionnaire de contrôle demeure la SAQ. Alors, ma question, elle est
simple : Est-ce qu'il existe une délégation de pouvoirs vers le
P.D.G.?
Le Président (M. Merlini) : M.
le député de Maskinongé, vous avez une autre question de règlement?
M. Plante :
Oui, question. Bien, premièrement, 211 ou question de directive, M. le
Président, on l'a dit dès le départ — et je trouve ça important de le mentionner
pour les gens qui écoutent — effectivement, c'est du droit
nouveau, c'est une nouvelle loi. Et je suis
convaincu de la bonne foi de l'ensemble de mes collègues, tant le député de
Borduas que la députée de Vachon, que le député...
Une voix : De Labelle.
M. Plante :
...de Labelle, dans les Laurentides, bien sûr, et le député de Saint-Jérôme. La
seule chose qui est importante, et je
rappellerai, M. le Président, votre bonne foi que je suis convaincu... Ce qui
est important, c'est de ne pas vouloir... Je sens qu'on veut aller vite,
rapidement, qu'on veut aller à l'ensemble des articles, puis je comprends...
Mme Charlebois :
C'est souvent avec de la bonne volonté.
M. Plante :
C'est avec de la très bonne volonté, M. le Président. Mais ce qui est
important... Comme c'est du droit nouveau,
et comme on sait que les paroles de la ministre et les propos de la ministre
pourront être pris en cause dans des causes
juridiques, je pense qu'il est important de suivre la bonne procédure, de
suivre le processus du projet de loi, donc article par article. C'est ce qui a été demandé d'ailleurs par le député
de Labelle, article par article, alinéa par alinéa. Et ça nous fait un
grand plaisir de le faire. Mais je pense que ce qui est important... et autant
pour les juristes, parce que, comme on l'a
mentionné tantôt, plusieurs juristes ont collaboré à la mise en oeuvre du
projet de loi, plusieurs juristes ont collaboré
avec l'équipe de la ministre pour mettre en oeuvre ce projet de loi là, qui, je
le rappelle, est involontaire suite à la décision du gouvernement fédéral, il faut bien le dire. Mais ce qui est
important, M. le Président, c'est de suivre l'ordre du projet de loi
pour permettre justement aux juristes concernés par les sections de projet de
loi de répondre aux bonnes questions des collègues députés, qui sont
d'excellentes questions.
Alors, M. le
Président, je vous demanderais de revenir à l'article 2 qui, je pense, est
étudié par tout le monde ce soir et continuer le processus législatif.
Merci.
Le
Président (M. Merlini) : Oui. Effectivement, j'entends bien votre
question de règlement et que... Oui, vous avez utilisé en exemple les articles qui arriveront éventuellement à
l'étude dans l'article 23. Et là, à ce moment-là, il faudrait revenir à l'esprit de l'article 2, qui est
vraiment la mission dans laquelle, dans l'article 2, on ne parle pas
nécessairement... Je comprends le bien-fondé de votre question. Je comprends la
question de règlement que M. le député de Maskinongé apporte, qu'effectivement ça amène à ces questions-là. Mais il y a des
articles qui vont traiter de ça, et Mme la ministre a fait le point
là-dessus exactement, qu'on va y arriver. Alors, si on pouvait rester le plus
possible dans les tenants et aboutissants,
je vais le dire comme ça, de l'article 2, nous pourrions avancer et arriver à ces articles-là,
où les questions seraient plus pertinentes à ce moment-là. M. le député
de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Je
comprends, M. le Président. Néanmoins, vous savez, quand, au début de l'étude d'un
projet de loi, on crée une nouvelle filiale d'une société d'État, et nécessairement
lorsqu'on vient modifier, bien, l'objectif de la société d'État mère, il y a
des questions qui se posent au niveau, un, de la gouvernance de la société
d'État mère, mais, par la suite, de la filiale.
Alors, respectueusement pour le collègue de Maskinongé,
je pense que les articles sur lesquels je pose des questions relèvent du ministère des Finances et relèvent des
juristes du ministère des Finances. Alors, je pense que les questions
que je pose sont en droite ligne avec, un,
l'objectif. Parce que, dans le fond, ce qu'on vise, là, c'est la SAQ
présentement. On change sa mission
puis on l'élargit, sa mission. Alors, je demande comment ça fonctionne à la
SAQ, le «indoor management», comment ça fonctionne, et, ultimement,
est-ce qu'il va y avoir un lien qui s'applique entre le P.D.G. de la SAQ et la conduite de la Société québécoise du cannabis,
parce que ça arrive que, dans des entreprises, le conseil
d'administration délègue certains pouvoirs au président-directeur général.
Donc, ça, ça peut être prévu.
Alors,
c'était le sens de ma question, M. le Président. Mais j'aurai tout le loisir de
les reposer à de multiples reprises, mais
on peut faire oeuvre efficace aussi, et, lorsqu'on aborde un projet de loi,
dans les premiers articles, ça nous permet d'avoir une compréhension globale de comment la structure fonctionne et
de comment la nouvelle structure va fonctionner aussi, la Société
québécoise du cannabis.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Alors, M. le Président, juste pour nous replacer dans le contexte, je veux
signaler aux députés des oppositions,
là, tant l'opposition officielle que la deuxième opposition, que les
indépendants : moi, je suis très ouverte à répondre à toutes les questions, mais dans l'ordre des choses, article
par article. Ici, ramenons-nous à l'article 2. On parle de l'article 16 qui est modifié, là, on
remplace le mot «fonctions» par le mot «mission». On vient, ici, dire, le texte
qui est proposé tel quel, M. le Président :
«La société a
pour mission — plutôt que
"a pour fonction" — de faire le commerce des boissons
alcooliques — d'après
moi, c'est la même chose que pour la SAQ; elle peut en outre, fournir des
services reliés à son savoir-faire — ça, c'est quand je faisais référence à
l'expertise — et à
l'expérience qu'elle a acquise dans ce domaine et, avec l'autorisation du gouvernement, établir et
exploiter des usines ou autres établissements pour la fabrication de
boissons alcooliques.» Là, on est toujours, toujours, toujours dans la
Société des alcools du Québec.
«La société
peut accomplir sa mission et — au lieu d'exercer ses fonctions, bien, on
lui donne une mission — et exercer ses pouvoirs hors du Québec, à l'exception de la
vente au détail en magasin de boissons alcooliques.» On est toujours dans la
Société des alcools. On vient enlever le mot «fonctions» pour le mot «mission».
Et
pourquoi on a fait ça? Bien, on substitue le terme, puis c'est ce que je dis
depuis le début, étant d'usage plus commun
et adéquat pour désigner la raison d'être des personnes morales. Parce que la
Société des alcools du Québec, c'est une personne morale. Et cette
personne morale là a un actionnaire — c'est-u de même qu'on appelle
ça? — qui
est le ministère des Finances. Il s'agit
d'un changement terminologique assurant la cohérence interne avec la
terminologie utilisée pour la... pour désigner, voyons, excusez-moi,
l'ajout de la vente de cannabis par le biais de la Société québécoise du cannabis aux
responsabilités confiées à la SAQ, de même que la raison d'être de la Société
québécoise, elle-même, du cannabis,
désignée sous le terme de «mission». Alors, ce n'est pas compliqué. C'est juste
un changement de terme. C'est de la terminologie. Vous qui êtes juriste,
vous comprenez très bien ça.
Concernant
vos questions plus pointues, avec grand plaisir, M. le député de Borduas, je
vais y répondre quand on va arriver à ces articles-là. Puis on va pouvoir
analyser ça ensemble, avec grand plaisir.
Le Président
(M. Merlini) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Borduas.
Alors, ça convient?
M. Jolin-Barrette :
Bien, je vais poser la suite de mes questions aux articles suivants, M. le Président.
Le Président
(M. Merlini) : Très bien. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mme la députée de Vachon.
• (19 h 50) •
Mme Ouellet : Oui. J'ai une question de directive pour vous, M. le Président. Parce
que, suite aux interventions du député de Maskinongé qui disait qu'il
voulait qu'on procède dans l'ordre, on est rendus à l'article 2.
L'article 2 vient modifier
l'article 16 de la Loi sur la Société des alcools du Québec. Et tantôt je
vous disais que j'avais l'intention d'arriver avec un amendement pour modifier, là, de qui relève la Société des
alcools du Québec. J'ai fait une révision assez rapide de la Loi sur la Société des alcools du Québec, mais je veux juste m'assurer qu'on va procéder dans l'ordre puis je veux
juste m'assurer de vos décisions, éventuellement, ultérieures.
Là,
c'est l'article 16 qu'on vient modifier. Si jamais, plus tard... Parce
qu'elle nous dit «plus tard», dans les autres articles de ce projet de
loi, mais là on modifie l'article 16 de la Loi de la SAQ. Si, plus tard,
je voulais modifier, par exemple, l'article 13, est-ce que ce sera
possible ou on va me dire : Il est trop tard parce que, là, on est déjà
rendus à l'article 16, et donc vous ne
pourrez plus modifier les autres articles qui ont été faits avant parce qu'on
suit l'ordre? Je veux juste... c'est juste une question... Vous
comprenez ma question? C'est une question de directive.
Le
Président (M. Merlini) : Oui, je la comprends très bien. L'ordre qui
est suivi, Mme la députée, c'est l'ordre des articles du projet de loi n° 157. Un article peut modifier... une
proposition d'article ici peut modifier un article dans une autre loi mais pas dans l'ordre de l'autre loi.
Autrement dit, s'il arrivait un autre article plus loin... je lance un chiffre
comme ça, l'article 37 dit qu'on modifie l'article 13 de la Loi de la
Société des alcools, c'est parfaitement correct. Et aussi les membres de la commission ont toujours la
possibilité de demander la réouverture de l'étude par consentement unanime...
Mme Ouellet :
Ça prend un consentement?
Le
Président (M. Merlini) : ... — ça prend le consentement unanime,
effectivement — de
revenir dire : Bien, puisqu'on a
amendé l'article 13, peut-on revenir à l'article qui a amendé
l'article 16 de la loi? Alors, vous avez toujours ce loisir-là,
mais, par consentement, on pourrait y revenir.
Mais
l'ordre que fait référence la ministre et que moi, je fais référence, que le
député de Maskinongé aussi, c'est l'ordre des articles tels qu'ils sont
écrits dans le projet de loi, et non les articles qui sont modifiés dans les
autres lois, incluant la Loi sur la Société des alcools.
Mme Ouellet :
Donc, juste pour m'assurer que j'ai bien compris, je pourrais arriver... parce
que, même dans la section II, on est
toujours en train de modifier la Loi de la SAQ, je pourrais arriver à
l'article 23.11 puis venir modifier l'article 3 de la Loi sur
la SAQ.
Le Président (M.
Merlini) : Tout à fait.
Mme Ouellet :
Ce serait recevable de votre part?
Le Président (M.
Merlini) : Tout à fait.
Mme Ouellet :
Parfait.
Le Président (M.
Merlini) : Si l'amendement respecte les paramètres de notre règlement
pour l'article qui est dans le projet
de loi. Si vous proposez un amendement à 23.1, je prends votre exemple, qui
vient modifier l'article 3 de la
loi, vous pouvez le faire, il n'y a pas de problème tant que ça respecte les
paramètres du règlement par rapport au projet de loi à l'étude.
Mme Ouellet : Oui, mais je veux juste m'assurer... Par exemple, si je veux ajouter un
nouvel élément qui est en lien avec
ce qu'on discute, par exemple de modifier le ministre responsable, la ministre
responsable de la Société des alcools du Québec, qui n'est pas du tout
dans...
Le Président (M.
Merlini) : Dans le projet de loi n° 157, oui.
Mme Ouellet :
...ce n'est pas prévu, mais c'est lié, il faudrait que j'ajoute donc un nouvel
article.
Le Président (M. Merlini) : Tout à
fait.
Mme
Ouellet : Donc, ce ne serait
pas à l'intérieur d'un article existant, là, j'ajouterais un nouvel article. Et
je pourrais faire cet ajout-là n'importe quand?
Le Président (M. Merlini) : C'est
une proposition d'amendement, en effet.
Mme
Ouellet : N'importe quand,
tant qu'on est dans la Loi sur la Société des alcools du Québec. Une fois
qu'on va avoir fini les dispositions concernant cette loi-là, là je ne pourrai
pas revenir rouvrir la Loi sur la SAQ?
Le
Président (M. Merlini) : Non, vous pourriez le faire si un article
subséquent, dans une autre section du projet de loi... que vous voulez introduire un nouvel article dans une autre
section du projet de loi qui affecte la Loi sur la Société des alcools, vous pouvez le faire quand même. Ce n'est
pas parce qu'on termine la partie I et le chapitre I, qui est la
modification à la Loi sur la Société des alcools du Québec, qu'on ne peut pas,
que vous ne pouvez pas proposer un amendement qui va revenir modifier la Loi
sur la Société des alcools du Québec. C'est ça que je vous dis.
Une voix :...
Le
Président (M. Merlini) : Quand on est dans le projet de loi
n° 157, vous pouvez arriver ailleurs dans le projet de loi, faire une proposition d'amendement qui
viendrait modifier la Loi sur la Société des alcools du Québec. Ce n'est
pas parce qu'on aurait terminé le chapitre I qu'on ne peut pas revenir à
la Loi sur la Société des alcools.
Mme
Ouellet : O.K. Ça fait que
je pourrais arriver à peu près n'importe quand lors de l'étude du projet de
loi avec une proposition, avec un nouvel article qui viendrait amender... Puis
là, c'est ça, il va falloir que j'étudie un peu, là... je pense que c'est l'article 61 de la Loi sur la SAQ qu'il faudrait
que je vienne modifier. Mais j'ai 58, 59 qui est touché aussi, mais, en
tout cas, je pense que c'est plus 61.
Le Président (M. Merlini) : O.K. Pas
de problème.
Mme
Ouellet : Ça fait que je
pourrais arriver avec une proposition de cet ordre-là n'importe où dans le
projet de loi.
Le Président (M. Merlini) : Bien, à
un endroit qui conviendrait, où l'amendement aurait un sens.
Mme Ouellet : Oui, mais l'amendement
a un sens en soi.
Mme
Charlebois :
...puis ça... oui. Oui, oui, on n'est pas...
Mme
Ouellet : Parce que c'est
quelque chose de nouveau, là, ça fait que ce n'est pas quelque chose qui est
lié à un article déjà écrit. C'est un
élément nouveau qui vient en ajout, ça fait que ce n'est pas nécessairement lié
à ce qui est déjà écrit. Ça fait qu'en fait je pourrais le mettre
n'importe où, là.
Mme
Charlebois : C'est
ça.
Le Président (M. Merlini) : Oui,
oui.
Mme
Ouellet : O.K. Parfait. Je
voulais juste m'assurer de ça, parce que, comme on est dans les articles, puis
c'est pour suivre la bonne procédure, c'est
pour ça aussi qu'on pose des questions, on veut être sûrs qu'on va être à la
bonne place. Et là, bien, tranquillement, on est rendus à l'article 16 de
la SAQ, puis, tranquillement, on va être rendus à l'article 17. Ça fait que, si vous me dites qu'on peut toujours
revenir sur les articles précédents de la SAQ, à ce moment-là...
Le
Président (M. Merlini) : Oui, oui. Vous faites un article qui... Vous
introduiriez un nouvel article au projet de loi n° 157, qui modifierait la Loi sur la Société des alcools du
Québec, et là vous auriez la liberté
de faire votre proposition à ce moment-là. Il n'y a pas de problème.
Mme Ouellet : Parfait.
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que
j'ai d'autres interventions sur l'article 2? Je n'en vois pas. Je le mets donc
aux voix. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Merlini) : Adopté.
Merci. Mme la ministre. Article 3.
Mme
Charlebois : J'arrive, M. le Président. À l'article 3 : Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 16, du suivant :
«16.1.
La société a également pour mission d'assurer la vente du cannabis dans une
perspective de protection de la santé,
afin d'intégrer les consommateurs au marché licite du cannabis et de les y
maintenir, sans favoriser la consommation de cannabis.
«Elle exerce cette mission exclusivement par
l'entremise de la Société québécoise du cannabis constituée en vertu de
l'article 23.1.»
Ici, bien, il
n'y a pas de texte, le texte qui est proposé, je viens de vous en faire
mention, et le but de tout ça, c'est de faire en sorte que l'article
3 vient ajouter 16.1 pour prévoir et
définir la nouvelle mission pour la Société des alcools du Québec, soit celle d'assurer la vente du cannabis
dans une perspective de protection de la santé. Il affirme également le double objectif qui sous-tend cette mission, d'une
part, l'intégration et le maintien des consommateurs actuels de cannabis
au marché licite et, d'autre part, celui de ne pas favoriser la consommation de
cannabis.
Alors, le
deuxième alinéa de cet article confirme que cette mission ne peut être exercée
par le biais... ne peut qu'être, excusez-moi,
exercée par le biais de la Société québécoise du cannabis et précise que cette
société est constituée en vertu de la Loi sur la Société des alcools du
Québec.
Le Président (M. Merlini) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de Labelle.
M. Pagé : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, je souhaiterais immédiatement déposer un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Merlini) : Alors,
faites-en la lecture, et ensuite on fera la distribution habituelle.
M. Pagé : Voilà. Exact. Alors
donc, ça se lirait de la façon suivante :
Modifier
l'article 16.1 de la Loi sur la Société des alcools du Québec (chapitre
S-13) inséré par l'article 3 du présent projet de loi :
1° par
l'insertion, dans le premier alinéa, après «vente du cannabis», de «à des fins
autres que médicales et de ses produits dérivés»;
2° par l'insertion, à la fin du premier alinéa,
de «sans objectif de profit».
Alors, on peut faire...
Le Président (M. Merlini) : Très
bien.
Je suspends quelques instants, on va faire les
copies et la distribution.
(Suspension de la séance à
19 h 58)
(Reprise à 20 h 5)
Le
Président (M. Merlini) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous allons donc reprendre nos travaux suite au
dépôt de la proposition d'amendement du député de Labelle. Alors, M. le député de Labelle, à vous la parole pour vos explications.
M. Pagé : Oui.
Le
Président (M. Merlini) : Ah
oui! Excusez-moi. Lors de notre pause, on va faire un petit ajout manuscrit.
Dans la partie b, il manque le mot
«et». Alors, ce serait : Par l'insertion, à la fin du premier alinéa,
de «et sans objet de profit».
Alors, M. le député de Labelle, à vous la
parole.
M. Pagé : Oui, effectivement. Merci, M.
le Président, d'avoir pris le temps
de le mentionner. On avait oublié un «et» avant le «sans», alors
s-a-n-s. Bon.
Donc, si je
reviens au projet de loi initial, la façon dont il est écrit, il
mentionne, 16.1 à l'article 3, que «la société a également pour mission — on comprend que, "la société", la
SAQ a également pour mission via sa filiale — d'assurer
la vente de cannabis». Bon.
Donc, si on
se limite seulement à la vente de cannabis, c'est très large et il y a peu de
définitions. Et vous le savez comme
moi qu'il y a le cannabis médical, il y a
le cannabis récréatif. Et, compte tenu qu'on doute qu'on va vouloir que
le cannabis médical soit vendu ailleurs qu'à
la SQC, on comprend, je pense, qu'il
faille spécifier dès maintenant et très clairement que le cannabis qu'on veut qu'il soit vendu pour
des fins autres que médicales, ce sera celui qui sera vendu à la SQC.
Donc, c'est
la raison pour laquelle on introduit immédiatement cette notion du médical.
Donc, «la société a également pour mission d'assurer la vente de
cannabis» avec l'insertion «à des fins autres que médicales», et on ajouterait
aussi «et de ses produits dérivés». Parce
que, quand on dit «cannabis», on sait que, très bientôt, il y aura une notion
de produits dérivés et qu'il faudra encadrer également. Alors, c'est
pour ça qu'on tenait à le spécifier immédiatement.
C'est la première partie de l'amendement.
Alors, si je
reprends : «La société a également pour mission d'assurer la vente de
cannabis à des fins autres que médicales
et de ses produits dérivés dans une perspective de protection de la santé, afin
d'intégrer les consommateurs au marché
licite du cannabis et de les maintenir, sans favoriser la consommation de
cannabis», et c'est là qu'on ajoute «et sans objectif de profit».
Cette notion, qui nous a
été présentée par un très grand nombre de gens que nous avons entendus lors des
consultations, et je fais juste une courte
liste ici, là, qu'on me soumettait, là, et je suis convaincu que les gens de la
deuxième opposition vont être heureux parce
que là-dedans il y a des gens... il y avait des pro-18 ans, mais il y
avait des pro-21 ans, alors
indépendamment... mais vous allez voir que c'est surtout des gens qui sont très
liés à la santé, et cette notion de profit était très importante pour eux : Fédération des médecins
spécialistes, l'Association des médecins psychiatres, l'Institut universitaire sur les dépendances, directeurs
régionaux de santé publique, Association pour la santé publique,
association des centres d'intervention en dépendance, l'Association des
intervenants en dépendance, le groupe Portage, et autres groupes. Donc, les groupes qui sont très liés à la
santé publique, à la santé physique, santé mentale, ces gens-là ont
insisté beaucoup sur cette notion du
non-profit de la société d'État, et il nous apparaissait important, parce que,
là, nous sommes vraiment dans la définition de la mission, de le dire
très clairement dans la mission qu'il n'y aurait pas de notion de profit.
Alors, à ce moment-ci, c'est ce qui justifie l'amendement que nous proposons,
M. le Président.
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, M. le député de Labelle. Est-ce que j'ai des interventions sur l'amendement
du député de Labelle? Mme la ministre.
• (20 h 10) •
Mme
Charlebois :
Je pensais que mes collègues allaient dire quelque chose. Mais ce que je peux
dire au député de Labelle,
c'est : Je le remercie pour son amendement. Je vois son souci et sa
préoccupation pour essayer de spécifier des choses. Mais il y a des choses qu'on avait déjà pensé, notamment quand
on parle... quand il nous mentionne la section, après l'alinéa, «vendre du cannabis à des fins autres que
médicales». Un, je veux juste lui rappeler que c'est la loi fédérale qui
prévoit la vente de cannabis à des fins
médicales, ce n'est pas dans le projet de loi n° 157, et que tout ça, si
vous allez à l'article 3 de la
partie II, c'est explicitement écrit : «Ne s'applique pas au cannabis
dont la production et la possession sont autorisées pour des fins médicales», alors on a déjà prévu ça à la
partie II, et vous dire que, quand vous nous mentionnez en b que la
Société québécoise du cannabis...
Honnêtement,
je ne comprends pas comment on veut que notre Société québécoise du cannabis ne
soit pas efficace, qu'on ne lui
permette pas... Imaginez-vous la gestion, M. le Président, là, deux secondes.
Le matin, là, le D.G. va se lever, là, puis il faut qu'il aille checker
le marché, combien il paie ses salaires, combien ça coûte, son loyer, le
chauffage a-tu augmenté, parce qu'il ne faut
pas qu'il fasse de profit du tout, du tout. Alors que ce qu'on veut, ce n'est
pas faire de l'argent avec la Société
québécoise du cannabis, on va ramener les gens... puis ça le dit dans l'article
qu'on vient d'avoir, là, c'est d'intégrer
les consommateurs, et qui sont déjà
consommateurs de cannabis illégal, là, on va se dire la vérité, mais les
intégrer sur un marché licite et de les y maintenir, sans
favoriser leur consommation. Mais il est clair que, si le crime organisé
et/ou les criminels qui vendent du cannabis
en ce moment, qui est illégal... S'ils ne faisaient pas d'argent,
là, je pense qu'ils auraient
choisi d'autre chose de leur vie.
Est-ce que
notre Société québécoise du cannabis fera des profits? Peut-être, peut-être
pas, on ne le sait pas. Mais on va-tu faire la gestion à la petite
journée de ça, d'une part? Puis, d'autre part, si on fait de l'argent, par
aventure, parce qu'il y a plusieurs consommateurs... Savez-vous quoi, M. le Président? Pas parce qu'on veut en
faire la promotion, pas parce qu'on
veut promouvoir la vente, pas parce que... On a tous les articles qui viennent
prendre précaution de tout ça, puis qui vient, pour la publicité, encadrer ça puis tout ce qu'on a à faire. On
l'a dit où irait cet argent-là : en prévention, etc. On ne va pas
gérer à la petite demi-heure, à la petite journée, à la petite semaine.
Je trouve
qu'on vient, honnêtement, là, par l'insertion «sans objectif de profit»... De
la façon dont il est libellé en ce
moment, «a pour mission d'assurer la vente du cannabis dans une perspective de
protection de la santé, afin d'intégrer les consommateurs au marché licite [...] de les y maintenir, sans favoriser
la consommation de cannabis», on ne veut pas en ajouter, des clients, on veut juste prendre ceux qui sont sur un marché
illégal en ce moment puis les ramener. On va se dire la vérité, là, M. le Président, le député de
Labelle sait ça comme moi, puis les autres députés aussi, là : On ne va
pas tous les ramener la même journée,
là. On a espérance qu'on va en rayer le plus possible, là, de ce marché illégal
là, mais il faut faire attention, là.
Et les cibles que l'on se donne... Tu sais, il faut toujours bien engranger nos
frais, il faut faire notre 25 millions de prévention, puis, s'il y en a plus, par aventure, qu'il y a plus de
clients que ce qu'on supposait qui était sur le marché illégal, bien,
cet argent-là va aller dans les fonds dédiés, majoritairement prévus pour la
prévention.
Et je le
rappelle, là, concernant tout ce qui est à des fins médicales, c'est déjà prévu
dans la partie II, puis, tout ce qui est pour les fins des produits dérivés, aussi on vient expliquer ça, il
y a des articles qui viennent déjà expliciter ça. Ici, on vient carrément, à l'article 16.1, là,
expliciter davantage la mission de la société et pourquoi on fait ce qu'on est
en train de faire. C'est juste ça
qu'on vient faire. Mais je trouve que d'encadrer ça aussi serré, alors qu'on a
déjà d'autres articles qui s'en viennent... Peut-être que le député n'a
pas eu le temps d'aller les voir, mais, je lui indique, là, page 103, là,
dans la section II, il y a déjà des
amendements. Les produits dérivés, je peux lui trouver l'article. On va y
arriver, mais là c'est prématuré de l'insérer à l'article 3. Je
comprends sa bonne volonté, je l'entends, mais ça ne va pas là.
Le Président (M. Merlini) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de Labelle.
M. Pagé :
Bon. Je comprends que, dans l'amendement que nous proposons, il y a trois
volets différents. On va les prendre
un par un. Parce que je ne pense pas que l'amendement vient dénaturer le sens
de la mission qui est expliquée à cet article,
et nous croyons plutôt qu'il vient préciser la mission et qu'il vient confirmer
la volonté gouvernementale et la volonté de tout ce que nous avons
entendu aussi.
Alors, le
premier volet est celui de dire que le cannabis qui va être vendu à la SQC, là,
c'est du cannabis qui va être non
médical. Alors, si on y allait juste avec ce volet-là, parce qu'il y a trois
volets, est-ce qu'il y a un problème à ce que l'on dise que... Parce qu'on peut les prendre un par un. En fait, on
aurait pu déposer trois amendements parce qu'il y a trois volets. Alors, pour le volet, si on
dit : «La société a également pour mission d'assurer la vente de cannabis
non médical, à des fins autres que
médicales», est-ce que ça, c'est conforme à la volonté de la SQC? Est-ce que
c'est ça? Ou, bien, à moins que la
ministre me dise : Oui, mais il est possible peut-être que l'on vende du
cannabis à des fins médicales. Ah! si c'est
ça, bien, qu'on nous le dise. Mais, si ce n'est pas ça, je ne vois pas ce que
ça vient enlever. Même, au contraire, je trouve que ça permet de préciser puis de clarifier les choses. Alors,
est-ce qu'elle peut me dire, pour ce premier volet là, qui dit «à des
fins autres que médicales», est-ce qu'il y a un problème avec ce volet-là?
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Ce que je dis au député de Labelle, c'est que c'est déjà prévu dans d'autres
articles à un autre chapitre et que
ce serait inutile de l'ajouter là, parce qu'on est toujours dans la mission,
puis notre texte est très, très clair. Puis ce n'est pas parce que je ne
veux pas, là, concéder au député de Labelle... Parce qu'il y aura certainement
des amendements que je vais concéder, là. Si ce n'était pas déjà
prévu, je lui dirais : On va
trouver une façon de le formuler aux bons articles. Mais c'est déjà
prévu un petit peu plus loin.
Le Président (M. Merlini) :
Merci. M. le député.
M. Pagé : Bien, juste pour me rassurer, à ce moment-là, peut-elle me dire à quel article précisément que c'est inscrit aussi clairement?
Mme Charlebois :
«À l'exception», à la page 103, à l'article 3 de...
Des voix : ...
Mme Charlebois : Alors: «3. À l'exception du chapitre IV, la
présente loi ne s'applique pas au cannabis dont la production et la
possession sont autorisées pour des fins médicales...»
Mme Ouellet : C'est quel article?
Le
Président (M. Merlini) :
C'est dans l'article 12 de la loi. C'est l'article 3
qui est dans l'article 12, à la page 17 du projet de
loi.
Des voix : ...
Le Président (M. Merlini) :
Dans le cahier, c'est page 103.
M. Pagé : Écoutez, moi, c'est le cahier que vous nous avez fourni
ce matin. Bien, c'est bien ce matin qu'on l'a eu.
Mme Charlebois :
Bien, je viens de l'avoir en même temps que vous autres.
M. Pagé : C'est ça.
Alors, le cahier qu'on nous a fourni ce matin, quand je vais à la
page 103, commentaire : «L'article 5
donne au gouvernement la possibilité de prévoir des normes applicables à la possession
de cannabis dans un lieu public par un majeur.» Mais, écoutez...
Une voix : ...
M. Pagé : Mais c'est la
page 103, alors donc on n'a pas le même document.
Des voix : ...
M. Pagé : Pardon?
(Consultation)
Le Président (M. Merlini) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 18)
(Reprise à 20 h 26)
Le
Président (M. Merlini) :
Nous reprenons donc nos travaux. Pendant la pause, il y a
eu discussion autour de la proposition d'amendement du député
de Labelle, et des explications d'ordre plus technique ont été données. Alors,
M. le député de Labelle, à vous la parole.
M.
Pagé : Oui, bien, en fait, pour que les gens qui nous écoutent...
et en même temps pour les verbatims, là, pour qu'on puisse bien se souvenir de quoi nous parlons et de pourquoi on
arrive à tel ou tel résultat, donc je reprends... Je ne reprendrai pas... je ne ferai pas la lecture de
tout l'amendement, là, je ne veux pas faire du temps de façon inutile,
mais je répète qu'il y avait trois volets.
Le premier
volet, qui nous apparaît comme un des deux plus importants, qui est le volet de
bien spécifier que ce qui sera vendu
à la SQC... Dans sa mission, ce n'est pas de vendre du cannabis à des fins
médicales. Parce que de ne pas le spécifier
dès le départ, ça nous paraît comme ouvrir la porte à toutes sortes de choses,
puis de ne pas clarifier la volonté et la mission de cette société
d'État... Parce que du cannabis pour des fins récréatives, non médicales, et du
médical, c'est très différent. Ça ne
s'adresse pas du tout à la même clientèle. Ce n'est pas pour les mêmes fins. Et
de ne pas l'inscrire immédiatement
dans la mission, il me semble qu'on fait erreur, je le dis de façon très
respectueuse, même si on me dit qu'un
peu plus loin on va venir compenser pour ce qu'on n'aura pas dit là. Mais
pourquoi ne pas le dire immédiatement?
Alors, sur le
premier volet, je ne sais pas si la volonté ministérielle a changé depuis
tantôt, mais est-ce que, sur le premier volet, d'inscrire la partie où
nous disons que... je vais revenir à la façon que c'était libellé au départ...
(Consultation)
M. Pagé : Ah oui! Bon. Alors, quand on décrit la
mission, «la société a également pour mission d'assurer la vente de cannabis à des fins autres que médicales», sur
ce volet-là, alors j'aimerais entendre la ministre un peu nous dire
où est-ce qu'elle est rendue dans sa réflexion par rapport à ça.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois : Moi,
j'aimerais ça, M. le Président... Parce qu'il nous dit, le député de Labelle,
qu'il y a trois volets. Il fait une
proposition d'amendement. J'aimerais ça qu'il nous explique ses trois volets.
Je vais répondre à ses trois volets
dans le même ordre qu'il va me les présenter. Je vais y aller très
respectueusement. Puis après ça on pourra statuer comme bon nous
semblera après échange.
• (20 h 30) •
M. Pagé :
Oui. Alors, le deuxième volet, c'est la partie où on ajoute «à des fins
autres que médicales et de ses produits
dérivés». Parce qu'effectivement, ce volet-là, on peut le retrouver ailleurs,
mais on pensait que ça aurait été plus clair de l'indiquer immédiatement.
Pour ce volet-là, effectivement, on serait plus négociables, disons, mais...
Le troisième
volet, c'est d'ajouter «et sans objectif de profit». Parce que, comme je l'ai
expliqué tantôt, il y a une foule
d'organisations et des gens très sérieux qui sont venus nous le dire :
Inscrivez-le en amont, très clairement, dès le début, pour être sûr qu'il n'y aura pas, justement, ces objectifs, cette
notion de profit de la part des gestionnaires de la SQC. Cela ne veut pas dire que la SQC ne doit pas
faire ses frais. Quand la ministre nous disait tantôt : Oui, mais là
on ne va pas gérer à la petite semaine, je
ne comprends vraiment pas, là. On n'est pas du tout là-dedans, là. Bien non!
Que la Société québécoise du cannabis
n'ait aucun objectif de profit ne veut pas dire qu'elle ne doit pas faire ses
frais, hein? C'est qu'on ne doit pas
avoir des obligations de rendement. En fait, c'est un peu ce que ça vient dire.
On aurait pu le dire autrement, «sans obligation
de rendement». Parce que, justement, l'expérience de la SAQ fait en sorte
qu'aujourd'hui notre société d'État est de plus en plus critiquée. Même
qu'à force de discuter de cannabis et d'entendre des experts venir nous parler
lors des commissions, on est même rendu à se poser la question : Est-ce qu'on est allé trop loin avec la SAQ? Est-ce que c'est correct qu'à chaque année le ministre
des Finances dit à sa société d'État : Tu dois me livrer 1,1 milliard, 1,2 milliard, 1,3 milliard de rendement? Et là on se retrouve à toutes les fins de semaine avec des circulaires pour nous vendre plus de boisson. Sinon, c'est sur notre cellulaire
avec notre carte Inspire, on nous envoie des spéciaux à tous les jours. Alors,
ce n'est pas ce que l'on veut. Et il y a une foule d'organisations qui sont
venues nous dire : Dites-le clairement.
Alors, si on
veut que ça soit clair, il me semble que de l'inscrire dans la mission ferait
en sorte qu'on clarifierait les
choses une fois pour toutes dès le départ. Alors, si c'est vraiment
cela, il me semble qu'on n'aura pas peur de le dire. Au contraire, on va
l'affirmer très clairement en partant. Mais, encore là, ça n'a rien à voir avec
la gestion à la petite semaine, là. Ce n'est
pas ça du tout, là. La gestion, il va y avoir un plan stratégique. Il va y
avoir une organisation. Il va y
avoir une gestion de personnel. Il va y avoir une gestion des ressources
immobilières, puis des locaux, puis
tout le reste. Puis tout ça va se
faire dans une planification. Puis on va essayer de faire nos frais
correctement, mais pas en ayant un objectif
de rendement, de payer des dividendes. Alors, disons-le dès le départ. Et, si
c'est inscrit aussi clairement dans la mission,
il me semble qu'il n'y aura pas d'ambiguïté pour personne. Et on va répondre
dès le départ à ce qu'une foule d'experts
sont venus nous dire lors des consultations. Parce que je pense qu'il y a
beaucoup de monde qui a entendu la même chose que moi.
Le Président (M. Merlini) :
Merci, M. le député de Labelle. Mme la ministre.
Mme Charlebois :
Alors, en ce qui concerne le premier volet, concernant le... donnez-moi
une seconde, là...
Une voix : ...
Mme
Charlebois :
... — oui,
merci — la
vente de cannabis à des fins autres que médicales, pour le préciser, je comprends la volonté du député de Labelle, mais
je lui rappelle qu'à l'article 3, dans notre partie II, on vient le
spécifier. Deuxième élément, dans la loi
fédérale, il est stipulé à C-45 qu'ils viennent préciser que, justement, ça
n'inclut pas... Le cannabis non thérapeutique n'est pas dans les mêmes parties de loi que
le cannabis thérapeutique. Eux autres ont gardé ça là-bas. Et ce n'est
pas dans le projet de loi n° 157. Alors, je lui indique qu'à
l'article 3, la partie II, c'est déjà spécifié.
Pour
ce qui est du deuxième volet, quand on parle des produits dérivés, je l'invite
à aller voir la page 23. Si qu'on écrit
ça là, là... Parce que ce qu'il faut comprendre, là, c'est qu'on est en train
de créer une personne, là. Une société d'État, là, c'est une personne au sens de la loi, là. On est en train de créer
la personne. On est en train de faire notre bébé qui va grandir. Mais après on va lui donner
l'encadrement. On va lui dire : La personne, c'est ça, mais cette
personne-là devra faire ci, ça, ça, ça. Alors, ça, c'est prévu dans la
partie II.
Puis,
pour ce qui est du troisième volet, je comprends, encore là, la bonne intention
du député de Labelle, là. Je ne lui
dis pas que c'est... Je le sais, là, qu'il ne fait pas ça pour faire du temps,
là. Je vous ai entendu puis je le sais, que vous êtes convaincu par votre point. Mais, quand on dit,
là : Intégrer les consommateurs vers un marché licite, les y maintenir,
mais sans favoriser la consommation de
cannabis... Et de plus, vous le savez, là, plus loin dans le projet de loi,
tout l'encadrement autour de la
publicité qui est faite, tout ce qui est fait pour justement interdire à des
mineurs, tout ce qui est fait en prévention, tout ce qui est fait autre
que ça, ce n'est certainement pas pour promouvoir la vente.
Alors, moi, je vous
entends. Je veux juste vous dire que, si on part d'un coût de production puis
on envoie ça à la Société québécoise du
cannabis, qui vend du cannabis, puis qui n'a pas les mêmes buts, puis qui n'a
pas le choix de ne pas faire d'Inspire, soupire, respire, puis toutes
les autres affaires, là, honnêtement, quand on regarde ça comme ça, là, il y a peu de possibilités. Parce que le gars
qui est sur le marché noir en ce moment, là, on va se dire les vraies
affaires, il fait de l'argent. Ça fait que
la société du cannabis, un coup qu'elle va acheter du producteur, qu'elle va le
revendre, en ayant payé ses frais, il
se peut qu'il reste des profits, dépendamment des prix du marché. Mais ça, ça
va être volatile puis ça va être jugé
par la Société québécoise du cannabis, comment ajuster ses prix. Moi, je ne
serai pas la bonne personne pour leur indiquer
ça, parce que je n'en consomme pas, du cannabis. Mais il y a quelqu'un qui va
vérifier ça, les prix du marché sur le marché
noir versus, bon... puis les coûts, tu sais, d'achat, et tout ça. Mais,
d'aventure, s'il en restait, parce que mettons qu'on aurait mal estimé le nombre de consommateurs sur
le marché noir, puis ça, ça peut arriver, là... Ça se peut que, quand on
ait des boutiques, là, quand ça va être
légal, on voit des gens apparaître
qui vont être moins gênés de le dire, qu'ils achètent du cannabis. Ça se peut. Ça se peut que ça arrive.
Ça se peut qu'on ait un... On peut penser qu'il y a une augmentation,
mais elle est déjà là, mais elle est sur le
marché noir, puis ils ne nous donnent pas leur chiffre d'affaires, hein, le
marché noir, ils ne nous disent pas
pantoute comment ça marche, leur affaire. On ne le sait pas. Ils ne nous disent
pas combien qu'ils en vendent, à qui qu'ils les vendent, comment ça se
passe.
Alors, si d'aventure c'était le cas, vous le
savez, plus loin, c'est prévu que la majorité va aller au fonds de prévention,
et le restant va aller pour des matières...
oui, mais on va le spécifier, M. le
député de Labelle,
on va le spécifier. Mais le but, de
par la mission qu'on lui donne, là, «sans favoriser la consommation de
cannabis», et tout l'encadrement qui suit, fait en sorte que ce n'est
pas pour faire de l'argent, là. La mission de la SAQ et de la SQC est bien
différente. Voilà.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Labelle.
M. Pagé :
Bien, en fait, avoir su, j'aurais présenté trois amendements distincts, mais
allons-y sur la première partie. La ministre,
quand elle me dit... Bien, plus loin, là, quand on arrive à l'article 3... Puis là j'ai une définition à la page 100 : «Cet article prévoit que la loi ne s'applique pas
au cannabis médical, qui est déjà régi par des règles fédérales.» Donc,
c'est en vertu des règles fédérales.
Bien
là, nous, on risque d'adopter notre loi avant les règles fédérales, hein? Donc,
vous prétendez, vous imaginez que la
loi C-45 va être adoptée de telle façon. Alors, moi, je dis :
Attachons-nous sur notre loi à nous, et non en référence à la loi du fédéral. Comme ça, au moins, on sera
blindés. Parce qu'en cours de route la loi fédérale pourrait très
bien ne pas être adoptée
ou être adoptée d'une façon différente, hein? Alors, à partir de
ce moment-là, si nous, on a défini cela de façon très claire, je pense qu'il n'y aura pas d'ambiguïté. Parce que, quand
on dit : «Cet article prévoit que la loi ne s'applique pas au cannabis médical, qui est déjà
régi par les règles fédérales», mais c'est des règles fédérales qui ne sont pas
adoptées! M. le Président, c'est ça. C'est des règles fédérales qui ne sont
pas adoptées. Alors, on présume qu'ils vont être adoptés
puis qu'ils vont dire cela. Alors, moi,
d'aller me référer à un autre Parlement puis à une autre loi quand je ne suis
pas certain de la finalité, puis
comment ça va être adopté, puis si ça va être adopté, il me semble que le gros bon sens, ça serait de clarifier nos affaires chez
nous, en fonction de notre mission à nous.
Alors,
j'aimerais juste qu'on s'en tienne sur le premier volet. Parce que je suis prêt
à amender le reste. Je suis prêt à proposer
de retirer et de ramener l'amendement en y allant un par un, là. Mais, sur le premier
volet, je ne vois pas pourquoi on ne
pourrait pas se mettre d'accord immédiatement sur ce volet-là qui, dans le fond, ne vient rien enlever soit à la mission ou à la loi de la ministre. Alors, étant donné que ça ne lui enlève rien, je
ne vois pas où est le problème de venir préciser cela.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, M. le député de Labelle. Mme la ministre.
Mme
Charlebois : M. le Président, ce qu'on m'indique ici, c'est que le cannabis à des fins médicales, il
est déjà réglementé par une loi qui
s'appelle... Je n'ai pas le titre exact, en vertu des drogues
fédérales, là. Bien, pas des drogues fédérales, mais en vertu...
Des voix :
...
Mme
Charlebois : Sur
les substances et autres drogues. Un règlement découlant de la loi sur certaines drogues
et autres substances — il
est 8 h 40, M. le
Président — voilà, je l'ai dit. Alors, c'est déjà là,
et c'est déjà en place, et c'est déjà
contrôlé par le fédéral. Il n'y a pas personne d'autre qu'eux autres qui peuvent
encadrer ça. Puis ce n'est pas en
vertu d'une loi à venir, là, ce n'est pas en
vertu de C-45. C-45 confirme le modèle de vente de cannabis thérapeutique
actuel, mais il est déjà existant. Ce n'est
pas quelque chose qui va être nouveau, là. C'est déjà là, là. Quelqu'un qui a
une prescription en ce moment... Vous
le savez, vous avez même mentionné vous-même qu'il y avait des gens qui s'en
étaient procuré, patati, patata, puis, bon...
Une voix :
Sans prescription.
• (20 h 40) •
Mme
Charlebois : Oui. Ça, c'est autre chose. Mais, pour le
cannabis médical, on l'a entendu d'ailleurs à plusieurs endroits, que les gens qui ont des prescriptions
peuvent se procurer chez les producteurs autorisés par le gouvernement fédéral, en vertu de la loi sur les drogues et autres substances et du règlement
qui en découle, du cannabis thérapeutique, et c'est déjà existant. Alors, c'est pour ça qu'à l'article 3 on dit qu'«à l'exception du
chapitre IV, la présente loi ne s'applique pas au cannabis dont la
production et la possession sont autorisées pour des fins médicales». 157 ne
touche pas à ça du tout — je comprends votre inquiétude — parce qu'on ne peut pas mélanger les deux,
là. Ça ne peut pas se tenir, là. Ça ne pourrait pas se vendre dans une
boutique... Il faut qu'il y ait des connaissances rattachées à ça, puis ça
prend une prescription. Je vous comprends,
mais c'est déjà là en vertu de l'article 3, partie II, là. Puis je vous le
dis, ce n'est pas en vertu de 145... pas 145, C-45 vient confirmer le
modèle qui existe déjà.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, Mme la ministre. M. le député.
M.
Pagé : Je vais prendre la chose autrement. Est-ce que la loi n° 157 précise à quel endroit on devrait vendre le cannabis médical?
Mme
Charlebois :
157 ne traite pas du cannabis médical. Ce n'est pas le mandat de la Société
québécoise du cannabis.
M. Pagé :
Ce n'est pas le mandat, mais est-ce que nous avons l'intention, est-ce que vous
avez l'intention éventuellement de le
préciser? Parce que vous avez entendu comme moi, là, il y a passablement de
gens, des gens surtout qui sont des
spécialistes de la santé, qui sont venus nous dire : À partir du moment où
c'est des médicaments, là, profitez donc
de la loi pour envoyer ça à la bonne place. Le médical, ça devrait aller là où
il y a des spécialistes de la santé, et non vendu par Internet à partir
d'une prescription, sans que la personne qui achète et qui consomme puisse
avoir les bons conseils d'un spécialiste de
la santé. M. le Président, j'imagine que vous comme moi, si on a une
prescription médicale, on ne s'en va
pas sur Internet puis on fait venir notre prescription, hein? On va voir notre
pharmacien, qui va nous dire : Bien,
il y a des contre-indications, ne prenez pas le volant, ne faites pas ça en
consommant de l'alcool, faites attention si vous prenez déjà d'autres médicaments. Alors, à partir du moment où
c'est du médical, on se dit : Il faut que ça soit acheté dans un
endroit où on connaît ça, puis on va pouvoir nous donner les bons
renseignements.
Alors, nous, notre
intention à l'intérieur de la loi, puis ça nous a été mentionné à plusieurs
occasions, c'est de s'assurer que le volet
médical... Profitons-en pour qu'il soit vendu à la bonne place. Et fermons la
porte à ce qu'il soit vendu à la SQC.
Fermons la porte. Et, à partir du moment où on l'ajoute dans la mission... On
n'enlève rien à la mission. On n'enlève
rien à la mission. Est-ce qu'on enlève quelque chose à la mission de dire que,
bien, le cannabis qui va être vendu à la SQC, c'est du cannabis qui est
non médical? Est-ce que ça enlève quelque chose à la mission?
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Écoutez, M. le Président, je comprends que le député de Labelle tient à son
idée, moi, je tiens à la mienne. Je
dis : 157, ce n'est pas ici pour traiter du cannabis médical, c'est pour
le cannabis non thérapeutique. Article
3 va le spécifier, que ça «ne s'applique pas au cannabis dont la production et
la possession sont autorisées pour des fins
médicales en vertu [de la] loi fédérale», loi qui existe déjà. Les
consommateurs qui veulent consommer du cannabis thérapeutique peuvent le faire en ce moment, en ayant une prescription,
et l'acheter à des endroits réglementés, directement chez le producteur et qui est autorisé à vendre
pour des fins thérapeutiques. C'est déjà là et c'est déjà réglementé par
la loi fédérale. Mais nous, on vient le spécifier à l'article 3. Ça ne peut pas
être plus clair que ça.
Le Président (M.
Merlini) : M. le député de Labelle, il vous reste trois minutes.
M.
Pagé : Est-ce que le projet de loi n° 157 indique à quel
endroit les gens, dorénavant, devront acheter le cannabis médical?
Est-ce qu'on le spécifie?
Mme
Charlebois :
Non, parce qu'on ne traite pas du cannabis thérapeutique.
M.
Pagé : O.K. Est-ce qu'il y a des intentions de le spécifier
plus tard dans la loi via un amendement ou autrement?
Mme
Charlebois : Non, M. le Président, parce que nous ne
traitons pas du cannabis thérapeutique. Le projet de loi n° 157 ne
touche pas le cannabis thérapeutique, et on vient le dire à l'article 3.
M. Pagé : O.K.
Alors, qu'est-ce que ça vient enlever à la mission de le dire, de le nommer que
la SQC ne vendra pas de cannabis médical? Ça enlève quoi?
Mme
Charlebois : C'est dit à l'article 3 : «Ne
s'applique pas au cannabis dont la production et la possession sont
autorisées pour des fins médicales...» C'est clair. C'est exactement ce que
vous voulez, mais plus loin.
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur la
proposition d'amendement du député de Labelle? M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le Président, je comprends ce que souhaite le député de
Labelle puis je comprends les explications de la ministre également,
mais je dois dire que, sur l'aspect d'indiquer dans la Loi de la Société des alcools du Québec que ce qui est vendu à la SAQ, c'est autre que médical, je dois me
ranger avec l'argument du confrère qu'honnêtement ça ne vous enlève
rien. Puis c'est peut-être une répétition avec votre projet de loi... Parce que
c'est deux projets de loi concordants, là. Ça n'enlève rien de l'indiquer.
Honnêtement, ça n'enlève rien de l'indiquer.
Mme Charlebois :
Deux projets de loi concordants?
M. Jolin-Barrette : Dans le fond, vous avez la Loi sur la Société des
alcools du Québec puis vous avez votre autre projet de loi, Loi
encadrant le cannabis.
Mme Charlebois :
Mais c'est de ça qu'on parle.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Mais, dans le fond, c'est la réplique
miroir que vous allez retrouver dans votre projet de loi encadrant le cannabis qui se retrouverait
dans la Loi sur la Société des alcools. Alors, de notre côté, on n'y voit
pas de problème, de spécifier que ça soit autre que des fins médicales.
Mme Charlebois :
Bien, c'est parce que la Société des alcools ne vendra pas de cannabis. C'est
sa filiale qui va vendre le cannabis. Or, c'est pour ça qu'on le met
dans la partie II, à l'article 3.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Mme la ministre...
Mme Charlebois :
Bien, vous me comprenez dans ce que je veux dire.
M. Jolin-Barrette : Je comprends, sauf qu'avez 16.1, là, que vous
insérez, là, au niveau de la mission, là, c'est le véhicule corporatif que vous créez. Ça fait que,
quand vous dites que vous créez votre véhicule corporatif, vous pouvez
bien dire c'est quoi, ses limites, puis il
est constitué pourquoi. Il va vendre du cannabis. Il va vendre quel type de
cannabis? Du cannabis non médicinal. Ça fait que vous l'indiquez, on passe à un
autre appel, puis ça n'enlève rien.
Mme Charlebois :
Bien, à 16.1, là, on dit, à la fin de l'article : «Elle exerce cette
mission exclusivement par l'entremise de la
Société québécoise du cannabis constituée en vertu de [...] 23.1.» Et, comme je
vous disais, à la partie II, article 3, étant donné que c'est
la Société québécoise du cannabis...
M. Jolin-Barrette :
Je suis d'accord avec vous, Mme la ministre...
Mme Charlebois :
Bon. On vient le spécifier.
M. Jolin-Barrette :
...ce que je vous dis...
Mme Charlebois :
Vous qui êtes juriste, là, vous savez très bien qu'il faut faire attention à ce
qu'on peut intégrer, pas intégrer.
Moi, je ne suis pas juriste, mais j'en ai toute une armée en arrière de moi,
là, puis on m'indique que ce n'est pas souhaitable.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est une duplication.
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que j'ai d'autres interventions
sur la proposition d'amendement du député de Labelle? Mme la députée de
Vachon.
Mme Ouellet : Donc, moi, je comprends du député de Labelle, quand qu'il met son point
b — je vais
commencer par le point b, qui, pour moi, est
plus simple — il dit
«sans objectif de profit», en fait, c'est qu'il ne veut pas qu'il y ait
un objectif qui soit donné à la société
d'État. Parce que, quand la ministre nous dit... Elle nous a dit plus tôt, et
je répète ses paroles, que, du côté de... Lorsqu'elle parlait de profit,
elle disait : «La mission de la SAQ et de la SQC, c'est bien différent.» Bien, M. le Président, dans la mission
de la Société des alcools du Québec, il n'y a aucun objectif de profit. Est-ce que ça fait en sorte qu'ils n'ont pas
d'objectifs qui sont donnés par certains ministres des fois? Non. Donc,
c'est pour ça qu'il y a un besoin et qu'on
sent le besoin de l'ajouter, parce que, des fois, il y a des ministres qui, ça
arrive, donnent des objectifs de profit qui se retrouve en dividendes
dans les coffres du gouvernement.
Mais, si vous lisez, là, dans... Parce
que maintenant c'est «fonctions» dans la Loi sur la Société des alcools
du Québec, «fonctions et pouvoirs». Je vous
lis le texte textuellement, là : «La société a pour fonctions de faire le
commerce des boissons alcooliques; elle peut
en outre, fournir des services reliés à son savoir-faire et à l'expérience
qu'elle a acquise dans ce domaine et,
avec l'autorisation du gouvernement, établir [ou] exploiter des usines ou
autres établissements pour la fabrication
de boissons alcooliques.» Donc, il n'y a aucune notion de profit qui est écrite
dans sa fonction. Ça n'empêche pas.
Donc,
je pense que la mission de la SAQ non plus n'est pas une mission de profit,
malgré ce qu'en dit la ministre, là.
Donc, c'est pour ça qu'on... mais ça ne veut pas dire... Parce qu'on sait qu'il
peut y avoir des profits, parce que, si on met les prix trop bas, ça va favoriser la consommation. On ne veut pas
favoriser la consommation. Il peut y avoir des profits. Ces profits-là
sont versés dans les fonds. Mais il n'y a pas d'objectif. Parce que, souvent,
là, il y a des gouvernements qui peuvent...
des ministres des Finances qui peuvent donner des objectifs pour rentrer une
certaine quantité de revenus d'une société
d'État. Et ce qu'on dit par ça, c'est que, non, ils ne pourront pas. Ça fait
que moi, je pense que ce n'est pas inutile de le mettre. Je pense que ça
vient spécifier. Ça fait que je suis d'accord avec cette partie-là.
Dans
la partie a, j'ai un petit peu plus de questions, par exemple. Et là je
référerais probablement aux experts de la ministre, là, qui ont probablement plus étudié ces éléments-là. Mais c'est vrai qu'actuellement le Canada a des lois, mais surtout des règlements, sur le cannabis thérapeutique. Je
vais commencer par ma première série de questions. J'aurai une deuxième série. Mais est-ce que
ces lois et règlements-là, que je n'ai pas lus dans tout le détail, est-ce qu'ils empêcheraient la nouvelle société du cannabis Québec de vendre? Parce que, là, ça encadre qui peut
avoir du cannabis thérapeutique, comment
les ordonnances doivent être faites, qu'est-ce que ça peut être, etc., ça donne
des permis de production aussi. Mais est-ce que ça empêcherait... Parce
que, comme la loi sur le cannabis dit récréatif, bien, le Québec peut décider
que la distribution soit faite par une
société d'État. Est-ce que le Québec pourrait décider que le cannabis
thérapeutique serait vendu également par la société d'État?
Puis
là on pourrait peut-être m'expliquer, là... Je ne sais pas trop, moi, en termes
de produit, c'est quoi, la différence entre
du cannabis thérapeutique puis du cannabis récréatif. Parce qu'une fois qu'on
fait du cannabis ou qu'on distribue du cannabis,
moi, j'ai l'impression que le cannabis, c'est le cannabis puis qu'il peut avoir
une série de produits différents. Mais que ce soit pour des fins
thérapeutiques ou pour des fins récréatives... En fait, je ne sais pas trop à
quoi vont servir les prescriptions une fois que les gens pourront aller se le
procurer directement dans le récréatif.
Ça
fait que j'aimerais ça peut-être avoir un peu une explication de cet
élément-là, mais une réponse à la question : Est-ce que la société
d'État pourrait être la distributrice exclusive du cannabis thérapeutique?
• (20 h 50) •
Le Président (M.
Merlini) : Merci. M. le député de Maskinongé.
M. Plante :
On prendrait un ajournement, de notre côté, à peu près cinq minutes pour...
Mme
Charlebois :
Même pas.
Le Président (M.
Merlini) : Une suspension.
M. Plante :
Une suspension, c'est mieux de même.
Le Président (M.
Merlini) : Pas un ajournement.
M. Plante :
Excusez. C'était le même mot, mais moi, j'ai hâte de tomber en congé, c'est
pour ça. Mais une suspension, ça va être suffisant. Merci.
Le Président (M. Merlini) :
Alors, je suspends donc les travaux cinq minutes.
(Suspension de la séance à
20 h 52)
(Reprise à 20 h 58)
Le Président (M.
Merlini) : Nous reprenons donc nos travaux après cette brève suspension
où on a eu des échanges entre le député de
Labelle, la ministre et le personnel qui l'entoure pour l'étude détaillée. M. le député de Labelle, à vous la parole.
M.
Pagé : Oui. Bon,
suite aux échanges, M. le Président, avec le consentement, je retirerais l'amendement que nous avons déposé, dans lequel il y a
trois volets. Je sais que la ministre, avec son équipe, a travaillé plutôt sur une
proposition qui va chercher, je pense, la
partie a de notre amendement. Donc, je lui laisserais déposer l'amendement, qui pourrait répondre à la
première partie et qui ferait notre affaire, là. En fait, nous, on aurait
préféré le dire autrement, mais je comprends qu'avec l'équipe de juristes, pour différentes raisons, on
souhaite le libeller de la façon suivante. Alors, je vais laisser la ministre...
Le
Président (M. Merlini) : Est-ce que
j'ai le consentement pour le retrait de la proposition d'amendement du député de Labelle?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Merlini) : Consentement. Alors, l'amendement est donc... la proposition d'amendement
est donc retirée. Mme la ministre, à vous la parole pour votre proposition d'amendement. Nous allons en faire la distribution.
Allez-y pour la lecture.
Mme
Charlebois :
Là, c'est l'amendement à ce que j'ai déjà proposé. C'est ça?
Le Président (M.
Merlini) : Non, c'est l'amendement que vous proposez à l'article 3.
Une voix :
...
Mme
Charlebois :
C'est ça, hein?
Le Président (M.
Merlini) : C'est ça, vous proposez un amendement à l'article 3.
Mme
Charlebois :
Juste pour m'assurer que je suis.
Alors,
nous ajouterions au texte, dans le premier alinéa et après «vente de cannabis»,
de «conformément à la Loi
encadrant le cannabis», ce qui ferait que le texte se lirait comme suit... Ça
vous va-tu jusque-là?
• (21 heures) •
Le Président (M.
Merlini) : Ça va.
Mme
Charlebois : Le texte se lirait comme suit : «La société a
également pour mission...» Parce que, là, on parle
de l'article 3(16.1), où on vient donner... spécifier à
la société une mission pour assurer la vente de cannabis,
bon, à la Société des alcools du Québec.
Alors,
l'article se lirait à la toute fin : «La société a également
pour mission d'assurer la vente du cannabis conformément à la Loi
encadrant le cannabis», et ici ça vient référer... puis ce n'est pas dans le
texte, là, M. le Président, mais ça
va venir nous référer à l'article 3
du chapitre II. Alors : «...conformément
à la Loi encadrant le cannabis dans
une perspective de protection de la santé,
afin d'intégrer les consommateurs au marché licite du cannabis et de les y
maintenir, sans favoriser la consommation de cannabis.
«Elle exerce cette
mission exclusivement par l'entremise de la Société québécoise du cannabis
constituée en vertu de l'article 23.1.»
Alors, vous comprenez
qu'on a ajouté, là, «conformément à la Loi encadrant le cannabis».
Le Président (M.
Merlini) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Est-ce que j'ai...
Mme
Charlebois :
Ça vient répondre un peu aux préoccupations du député de Labelle, je crois.
Le Président (M.
Merlini) : Des interventions à la proposition de l'amendement? M. le
député de Labelle.
M.
Pagé : Bien, écoutez,
là, je pense que c'est le compromis qui nous ralliait tous les
deux. Alors, moi, ça m'irait pour le
premier volet de l'amendement que nous avions proposé, et c'est la raison
d'ailleurs pour laquelle on l'a retiré à ce moment-ci. Alors, moi, ça me
va.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la députée de Vachon...
M. Pagé :
Et je remercie la ministre, d'ailleurs.
Le Président (M.
Merlini) : Excusez-moi, M. le député de Labelle. M. le député de
Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, M. le Président, on est favorables à l'amendement. On souligne
l'ouverture de la ministre. C'est une procédure de renvoi qui fait référence
à la disposition dans l'autre loi, alors c'est conforme, je pense, aux
objectifs visés.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Lorsque vous êtes allés en suspension, j'étais
en train de poser une question. Et on
est allés en suspension et là les discussions ont repris, et c'est tout à fait
correct. Mais la discussion portait sur
le fait qu'est-ce que... Parce
que, là, on est dans la mission de la
Société des alcools du Québec, qui a pour objectif... Donc, est-ce que
la Société québécoise de cannabis pourrait... pas «est-ce qu'on veut», mais est-ce qu'elle pourrait légalement...
Malgré qu'il y a une loi canadienne sur le cannabis thérapeutique, est-ce
qu'elle pourrait légalement s'occuper de la distribution
également de cannabis thérapeutique? Je vais aller une question à la fois. J'en
ai toute une série, là, qui sont toutes autour de la même chose. On va
essayer de...
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Ce
qu'on m'indique, c'est que non, en vertu des lois fédérales.
Mme Ouellet : Oui, mais est-ce qu'on peut me dire plus
précisément en vertu de quel article de quelle loi que ce ne serait pas possible de faire la distribution?
Parce que moi, j'aimerais ça aller vérifier. Donc, j'aimerais vraiment
aller valider... Là, on est dans le secteur
de la santé, et, en principe, la santé, c'est de compétence du Québec. Donc,
j'aimerais ça...
Mme
Charlebois :
Pas la drogue. Pas la drogue. La preuve, c'est que, pour les sites d'injection
supervisée, exemple, on doit demander une exemption pour permettre aux gens
d'avoir des services d'injection supervisée.
Mme Ouellet : O.K. Mais est-ce que vous pouvez quand même m'indiquer... je pourrais
aller me valider, là, mais est-ce que vous pouvez m'indiquer l'article
qui fait en sorte qu'on n'aurait pas le droit, dans la loi canadienne?
Mme
Charlebois :
Donnez-moi une seconde.
Mme Ouellet :
Mais vous pouvez le prendre en délibéré puis...
Le
Président (M. Merlini) : Oui. Mme la ministre? Mme la ministre ce
qu'on va faire, on va prendre les autres questions pendant que les juristes cherchent l'information demandée,
parce que Mme la députée de Vachon a d'autres questions.
Mme Ouellet :
Oui. Deuxième question...
Mme
Charlebois :
Est-ce que ça concerne toujours le Parlement fédéral ou le nôtre?
Mme Ouellet :
Non, mais c'est les deux.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme Ouellet : Parce qu'on est dans du transparlementaire, là, il y a deux lois à deux
places. Donc, j'aimerais ça savoir : Est-ce que votre équipe, parce
que je n'ai pas cette connaissance-là... Est-ce qu'il y a une différence entre
du cannabis thérapeutique puis du cannabis récréatif en termes de produit?
Mme
Charlebois : Bien, vous savez, depuis le début... Ça fait
longtemps que tous les parlementaires qui sont assis à la table, ici,
n'utilisent plus le terme cannabis «récréatif». Je vous explique pourquoi.
Mme Ouellet :
Dit récréatif.
Mme
Charlebois : Oui, bien, non, on ne dit plus ça. On dit ici,
à la table, puis on essaie de changer le vocabulaire... Puis je le dis en toute amitié, là, je ne vous le
dis pas pour vous faire une remontrance, là, ce n'est pas ça pantoute, là.
C'est juste qu'on essaie de ne plus utiliser ce terme-là pour ne pas banaliser
le produit justement pour nos jeunes. On dit du cannabis «non thérapeutique». Je n'ai pas trouvé rien de plus... Mais
c'est parce que, l'autre appellation, je trouve que ça appelle les jeunes à faire : Bon, bien, c'est
récréatif, c'est un party, tu sais. Puis ce n'est pas ça qu'on veut, on ne veut
pas banaliser le produit.
Bon. Votre question
maintenant. Rappelez-moi...
Mme Ouellet :
Est-ce qu'il y a une différence...
Mme
Charlebois :
Excusez, je suis fatiguée, là.
Mme Ouellet : ...dans les produits, entre le thérapeutique et
le non-thérapeutique. Si vous préférez ce vocabulaire-là, je n'ai aucun
problème.
Mme
Charlebois :
Oui!
Mme Ouellet : Puis, plus précisément, est-ce qu'il y a des catégories de produits
thérapeutiques qui ne pourraient pas
légalement être en vente dans le non-thérapeutique ou dit... C'est pour ça que
je dis «dit récréatif», là, parce que c'est ce qui est utilisé dans... On est encore malheureusement rien qu'une
province, on dépend encore du Canada. Un jour, on sera indépendant, on pourra prendre nos propres
décisions, notre propre vocabulaire, mais, en tout cas, actuellement on s'en fait imposer un. Donc, dans ce qui est dit
récréatif, est-ce qu'il y a des choses qui ne pourraient pas être vendues
dans le non-thérapeutique qui pourraient être vendues dans le thérapeutique?
Mme
Charlebois :
Dans le non-thérapeutique qui pourraient être vendues...
Mme Ouellet :
Bien, dans ledit récréatif, parce que c'est compliqué, «non-thérapeutique», là.
Mme
Charlebois :
Honnêtement, honnêtement, le cannabis thérapeutique est sujet à avoir une
prescription, et la prescription que donne
le médecin... puis moi, je ne suis pas médecin, mais j'imagine que c'est en fonction de ce que le patient a besoin, puis il y a
le THC, le cannabinoïde, puis normalement, quand tu es dans le thérapeutique, tu
recherches moins l'effet THC puis plus le
cannabinoïde pour enlever de la douleur, que je sais, mais je ne suis pas
médecin. Alors, je m'arrête là, parce que je n'ai pas d'autre
explication, puis ça dépend probablement... — le CBD, oui, c'est ça — les
maladies, et tout ça, mais, comme je ne suis pas médecin, je ne veux pas vous
induire en erreur à ce niveau-là.
Ceci
étant dit, est-ce que les produits vont être si différents? Je ne peux pas vous
répondre, honnêtement, parce que ça
va dépendre de ce que le client va rechercher. À la boutique qui sera là pour
le cannabis non thérapeutique, sous la Société
québécoise du cannabis, il y aura différents produits où on va indiquer la
teneur en THC, la teneur en cannabinoïde, quelles sont les propriétés, qui le produit. Ça va
être informatif, mais ça, on va voir ça plus loin. Mais de me demander,
dans le contenu du cannabis thérapeutique,
si nous autres, on va vendre des affaires identiques et/ou différentes... Ça se
peut qu'ils soient pareils, ça se peut, mais
ce n'est pas... La personne qui va aller à la boutique n'y va pas avec une
prescription puis elle ne va pas demander au
commis : Bien, moi, en fonction de telle maladie, je voudrais avoir telle
affaire, parce que ce n'est pas ça que la personne qui va travailler à
la Société québécoise du cannabis aura pour mission, pas du tout. Ça va être de
donner des informations sur le produit, mais pas de faire de
l'interaction avec d'autres maladies. S'il
y a quelque chose et qu'il
y a quelqu'un qui vient demander
des choses particulières, ils vont le référer, justement, vers des
médecins, vers des spécialistes de ça pour
les amener vers le cannabis thérapeutique. Mais la différence entre les
produits? Ça se peut qu'on ait les mêmes
produits puis ça se peut qu'on ait des produits différents, même que
je pense que le cannabis non thérapeutique, il y aura peut-être une plus
grande variété.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Donc, M. le Président, j'en déduis, j'en déduis qu'il n'y a pas de disposition légale qui empêcherait, dans ledit récréatif, d'avoir exactement
les mêmes types de produits que dans le thérapeutique. Donc, on va se
retrouver... Puis je suis un peu surprise
que, du côté du cabinet de la ministre, ils n'aient pas
regardé ce genre de chose là. On va se retrouver
avec, dans le fond... Même si quelqu'un a une prescription, il pourrait quand même
aller acheter ça à la Société québécoise
de cannabis, parce que,
si c'est le même produit qu'il peut retrouver sur les deux
tablettes... là, je m'excuse, là, ce
ne sera peut-être pas juste des tablettes, mais, sur les deux
tablettes, il pourra aller acheter son produit, puis je ne sais pas comment ça fonctionne, moi non plus, là, mais c'est
avec tel pourcentage de THC ou de... je ne sais pas quoi, là,
cannabinoïde, là.
Une voix :
CBD.
Mme Ouellet :
CBD. Bon. CBD, c'est plus facile, hein, puis que c'est aussi sur les tablettes
de la Société québécoise de cannabis, donc, si c'est la même chose, pourquoi, à
ce moment-là, on ne permettrait pas aux gens de pouvoir... Pourquoi qu'on dit
que c'est seulement tout ce qui est non médical? Parce que comment vous allez
faire la différence de ce qui est médical de
ce qui est non médical si c'est le même produit? Une fois qu'on a décidé qu'on
légalisait puis qu'il n'y avait plus de
restriction, bien, à ce moment-là, si c'est le même produit, c'est le même
produit. Donc, je ne comprends pas...
Mme
Charlebois :
À la Société québécoise du cannabis, on ne vendra pas sous prescription, on va
avoir des produits, puis les gens vont
choisir leurs produits, alors que, quand on a une prescription, on peut acheter
directement du producteur, et c'est le producteur qui est autorisé par
le fédéral. C'est la nuance.
Mme Ouellet :
Oui, mais ça, c'est parce que c'était avant, parce que ce n'était pas légalisé,
mais, maintenant qu'on légalise, pourquoi...
Mme
Charlebois :
Mais le client aura toujours le choix d'aller où il voudra, là.
Mme Ouellet :
Oui, mais là on est le gouvernement puis, vous l'avez dit tantôt, on décide,
hein, puis c'est la législation, puis c'est...
• (21 h 10) •
Mme
Charlebois : Oui, oui, mais on ne décide pas de faire du
cannabis thérapeutique. Parce qu'on n'a pas la science puis les médecins ne veulent pas prescrire ici, au Québec, en ce
moment, vous savez ça, vous avez été à toutes les commissions. Alors, les médecins québécois ne
veulent pas prescrire parce qu'il y a différentes choses. Un, l'ordre
des médecins, ça ne leur satisfait pas, et,
deux, il n'y a pas suffisamment de recherche scientifique. Trois, c'est des
médecins d'ailleurs qui font des prescriptions souvent, on a entendu ça en
commission parlementaire et...
Une voix :
...
Mme
Charlebois : En consultations, merci, M. le Président.
Alors, c'est pour ça qu'on n'offre pas du cannabis thérapeutique, d'une part, et, d'autre part, c'est
sous la loi fédérale, et ce n'est pas notre champ de compétence. Nous,
on vient ici puis on fait la loi sur le
cannabis non thérapeutique. Ça fait que je ne comprends pas. Si la personne ne
veut pas l'acheter de son producteur
direct, bien, ça sera son affaire. Il ira l'acheter puis, sa prescription, il
se la mettra dans les poches, il va acheter ce qu'il y a sur son papier,
puis il va l'acheter, puis ça va finir là.
Mme
Ouellet : Non, mais,
regarde, là, vous mélangez deux choses, là. La prescription, c'est les médecins
qui vont les faire, puis ça, ça ne changera
jamais. Peu importe, là, c'est les médecins qui peuvent faire des
prescriptions. Ça fait qu'on ne touche pas aux prescriptions, là. Je
parle juste de la partie de la vente et de la distribution.
Donc, pourquoi quelqu'un qui a une prescription
puis que c'est le même produit qui est en vente à la Société québécoise du
cannabis, pourquoi qu'il ne pourrait pas aller à la Société québécoise du
cannabis puis il dit : Moi, mon médecin, là, il me dit, là :
Catégorie A-2...
Le
Président (M. Merlini) : Mme la députée de Vachon, je dois vous
interrompre. M. le député de Maskinongé a une question de règlement.
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Avec tout le respect que
j'ai pour ma collègue de Vachon, qui a d'excellentes
questions, soit dit en passant... Et je suis très rassuré, M. le Président, des
réponses de Mme la ministre, qui est tout
de même très généreuse de vouloir répondre, mais, comme on a déjà mentionné, je
pense que personne ici n'est un spécialiste
de la teneur du cannabis, qu'il soit médical ou non, et présentement on va
faire une loi, et on est sur l'article 3 de cette loi-là, qui est sur l'encadrement de la légalisation du cannabis
dit non thérapeutique en vue d'une loi fédérale qui va légaliser cette
drogue-là, qui va devenir légale.
Donc, je
pense que ça serait important... Et je comprends la députée de Vachon de
vouloir poser des questions sur le
Parlement fédéral — on
comprend qu'elle est chef du Bloc québécois, et je l'en félicite
d'ailleurs — mais par
contre, ici, M. le Président, je pense qu'on étudie l'article 3 de la loi,
et on devrait revenir à l'article 3 pour permettre le bon déroulement de
l'étude de notre loi. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Merlini) : Merci, M. le député de Maskinongé. Mme la
députée de Vachon, si vous voulez bien revenir à l'amendement qui est
proposé par la ministre à l'article 3. Vous étiez bien partie...
Mme Ouellet : Bien, je suis tout à
fait...
Le Président (M. Merlini) : Là, on
s'en va trop loin, là.
Mme
Ouellet : Non, non, je suis
tout à fait sur l'amendement, parce que l'amendement vient remplacer ce
qui avait été déposé par mon collègue, qui
parle à des fins autres que médicales. Donc, je suis exactement sur le bon
sujet, c'est du cannabis. Puis je
suis désolée, moi, ce n'est pas de ma faute si, dans le cannabis, il y a des
affaires de THT puis de CBD.
Écoutez, ça fait partie intégrante du produit
et, qu'il soit thérapeutique ou non thérapeutique, il va y avoir ces catégories-là. Donc, moi, ce que je demande comme
question, et je suis surprise que la réflexion n'ait pas été faite, ce
que je demande comme question, c'est : Pourquoi
est-ce que quelqu'un qui a une prescription d'un médecin ne pourrait pas
arriver avec sa prescription et — j'invente une catégorie, mettons la
A-2 — dire :
Moi, je veux du cannabis catégorie A-2, qui est vendu par la SCQ, que son médecin lui a prescrit? C'est A-2 que
tu veux, puis ça adonne que la SCQ a du A-2 aussi. Pourquoi est-ce qu'il ne pourrait pas arriver avec sa
prescription à la SCQ en disant : Mon médecin m'a dit A-2, je m'en
viens acheter du A-2? Pourquoi est-ce que ça ne serait pas possible? Qu'est-ce
qui empêche ça?
Le Président (M. Merlini) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
En ce moment, il y a des lois, des dispositifs qui disent... Bien,
premièrement, la science nous dit que
c'est difficile d'être reconnu comme un produit... Même Santé Canada... C'est
le plus drôle de l'histoire, on avait entendu
parler de ça, il y a, oui, le cannabis thérapeutique, mais Santé Canada ne
reconnaît pas les prescriptions. Ça fait qu'essayons de comprendre ensemble. Je n'ai pas la réponse à ça. Vous
serez bien placée, quand vous irez la semaine prochaine au parlement fédéral, pour poser cette question-là :
pourquoi Santé Canada ne reconnaît pas les prescriptions, pendant que... Parce que c'est ça qui fait qu'on
n'est pas capables d'avoir des prescriptions reconnues, qui fait qu'on
n'est pas capables de l'intégrer... Les
pharmaciens, les médecins ne veulent pas prescrire à cause de ça, ici, au
Québec. C'est précisément à cause de
ça. Ce n'est pas juste l'ordre des médecins, là, c'est parce que ce n'est pas
quelque chose qui est reconnu, ils n'ont pas de preuves scientifiques.
Une fois que je vous ai dit ça, quelqu'un vient
à bout d'avoir une prescription d'un médecin ontarien, de Saskatchewan ou ailleurs, là, Manitoba, nommez-moi
la place que vous voulez, là, il est libre d'aller acheter son cannabis où il veut. Il y en a, en ce moment, qui
l'achètent même sur le marché noir. S'il veut, avec sa prescription,
dire : Moi, je veux la catégorie 2,
puis il veut aller à la boutique puis dire : Bien, je veux la
catégorie 2, il va avoir la catégorie 2, mais ça va arrêter là. Mais ce n'est pas nous qui va lui
indiquer qu'il y a un avantage à avoir une prescription. Il va choisir un
cannabis puis il ne va pas... Ça ne va rien
changer. Ça va juste peut-être faire en sorte qu'il prend un détour, parce
qu'il peut l'acheter directement du producteur.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée.
Mme
Ouellet : Oui. Donc, il peut
l'acheter directement du producteur, mais on ne saura pas quels seront les
prix, mais il pourrait l'acheter aussi
directement de la SCQ, parce qu'on ne pourra plus faire de distinction. Les
produits seront les mêmes, ça fait
que la distinction va devenir non utile, hein, du thérapeutique et du
non-thérapeutique, parce que, si c'est le même produit... Quand vous dites : Ça ne touchera pas le cannabis
thérapeutique, on ne pourra pas dire ça parce que, si vous me dites : Il peut aller l'acheter où il veut, bien, il
pourra aussi aller l'acheter à la Société québécoise du cannabis, comment... Sinon, ça veut dire que vous allez
empêcher... Est-ce que c'est l'objectif? Puis j'aimerais ça le savoir
parce que je n'ai pas vu ça nulle part dans
le projet de loi. Est-ce que vous avez l'intention d'empêcher quelqu'un qui a
une prescription d'aller acheter son produit à la SCQ?
Mme
Charlebois : Les
personnes qui vendront du cannabis n'ont pas les qualifications pour répondre à
une prescription, ils ne seront pas formés
pour ça. Ce sont les pharmaciens qui reçoivent les prescriptions, et non un
agent dans une boutique de cannabis. D'autre
part, il n'y a pas un consommateur qui aura, probablement, la même
prescription. Est-ce que nous aurons
la variété qui répondra à l'attente de la personne qui a une prescription pour
tel ou tel produit? Je ne peux pas
vous répondre. On n'ira pas chercher l'éventail de ce qui va se vendre
directement, en ce moment, comme cannabis thérapeutique, là. Nous, à la
Société québécoise du cannabis, on va aller chercher les gens du marché
illicite pour les amener sur un marché licite.
Alors, je ne vois pas c'est quoi, votre point,
du tout, du tout, du tout, qu'est-ce que ça va changer.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée de Vachon.
Mme
Ouellet : Bien, ça va
changer que, maintenant qu'il va y avoir du cannabis qui va être vendu par la
SCQ, bien, les gens n'auront plus de besoin
d'aller à un producteur. Puis, quand vous dites : C'est un pharmacien, ce
ne sera pas le pharmacien parce que
les gens n'achètent pas ça à la pharmacie, là, le cannabis thérapeutique, ce
n'est pas en vente... en tout cas, à
moins que je me trompe, là, ce n'est pas en vente à la pharmacie. Ça fait qu'il
s'en va directement à un producteur, et, au lieu d'aller à un
producteur, il pourrait... Ça fait qu'on ne peut plus vraiment faire la
distinction si c'est les mêmes produits.
Puis je suis assez surprise quand la ministre, elle me dit : On n'a pas
fait du tout un inventaire de ce qui est fait par le cannabis thérapeutique. Pour un ministère qui
crée la Société québécoise du cannabis, qui n'a pas fait un inventaire
de ce qui est déjà existant comme produits au Québec, moi, je suis assez
surprise de ça, là, moi, je me serais...
Mme
Charlebois : On n'a pas ici... On ne légifère pas sur le
cannabis thérapeutique, ça fait que je ne sais pas c'est quoi, votre point. Là, on vient ici encadrer le
cannabis non thérapeutique. Si les personnes ne désirent pas acheter directement
du producteur, mais ils veulent venir à la Société québécoise du cannabis, ils
le feront. Mais on ne va pas changer le projet de loi parce que, nous, ici... je le sais, où vous voulez
m'amener, vous voulez qu'on encadre le cannabis thérapeutique, puis on
ne le fera pas, C'est-u assez clair?
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui, M. le Président.
C'est parce que, par les questions que je pose, ce que je suis en train de découvrir, c'est qu'il n'y aura pas de
différence entre du cannabis thérapeutique puis du cannabis dit récréatif, ça va être pareil. Donc, s'il n'y a pas de différence de produits, comment vous allez
pouvoir les distinguer? Ça fait que je ne suis pas en train de dire que je veux qu'on encadre le
cannabis thérapeutique, je suis en train de dire que ça devient caduc de
faire cette distinction-là, parce qu'avec les questions que j'ai posées et les
réponses que j'ai reçues... et je ne le sais pas, moi, mais les
réponses...
Le Président
(M. Merlini) : M. le député de Maskinongé. Excusez-moi, Mme la députée
de Vachon. M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Merci.
Mme
Charlebois : Mais, juste avant, juste avant mon collègue, me
permettez-vous juste une petite intervention?
Le Président (M. Merlini) : Non,
j'ai une intervention sur une question de règlement.
M.
Plante : Mais je voulais
juste en venir sur la question de la
députée de Vachon, M. le Président. La députée de Vachon,
de un, ne pose plus de question sur l'amendement, ça, c'est clair, ni sur l'article 3.
Ce qu'il faut en revenir, c'est que la
députée de Vachon
demande à la ministre de lui faire la formule chimique ou la composition
chimique d'une prescription médicale de cannabis thérapeutique...
Le
Président (M. Merlini) : Malheureusement, M. le député, ce n'est pas une question de règlement que
vous invoquez présentement. La députée de Vachon
reste à l'intérieur de la question de la vente du cannabis et l'amendement
qui est proposé, qui dit de rajouter «conformément à la Loi encadrant le cannabis». Elle pose la question
et elle ajoute à sa question... Elle
pose la question à savoir quelle est la différence entre le
thérapeutique et le non-thérapeutique. La ministre répond aux questions, la députée
de Vachon a des questions complémentaires. Mme la ministre, vous voulez
intervenir?
Mme
Charlebois : Oui, bien, tout ce que je peux dire à la députée de Vachon, et ce sera ma dernière intervention, on n'a pas les habilités pour gérer le cannabis
thérapeutique, et ce n'est pas le but de la Société québécoise du cannabis, ce n'est pas dans sa mission. Et on vient d'ajouter «conformément à la Loi encadrant le cannabis», et ça, c'est dans l'article 16.1,
puis, dans la loi, on dit que «ce ne sera pas autorisé pour des fins
médicales».
Nous,
à la Société québécoise du cannabis, M. le Président, les gens ne viendront pas
nous montrer leurs prescriptions, puis on ne
veut pas non plus interférer là-dedans. Les pharmaciens nous ont expliqué à quel point
c'était complexe, et, si les gens ont des
prescriptions, il faut qu'ils communiquent avec les gens qui seront
qualifiés, et ça ne sera pas la Société québécoise du cannabis, et ce
n'est pas prévu dans l'article de loi. Mes commentaires s'arrêtent là.
• (21 h 20) •
Le Président (M.
Merlini) : Merci. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet : Oui. M. le Président, je suis vraiment surprise des commentaires de la ministre.
Parce qu'avec mes premières
questions je lui ai demandé : Est-ce qu'il y a une distinction entre les
produits? Si elle me dit qu'il y a une distinction
entre les produits, à ce moment-là on peut avoir deux catégories. Mais, s'il
n'y a pas de distinction entre les produits,
ça devient caduc de faire cette catégorisation-là, et je suis surprise que le
ministère n'ait pas réfléchi à ça. Et, quand elles disent : Quelqu'un ne pourra pas arriver avec ma prescription à la
Société québécoise du cannabis, alors que le produit, elle m'a dit, pourrait être vendu là, elle l'a dit
tantôt, là, pourrait être vendu là, est-ce qu'il y a, donc, des interdictions
qui feraient en sorte que quelqu'un qui
arrive avec sa prescription... Puis elle ne peut pas me dire : C'est la
pharmacie, parce que les gens ne vont
pas s'approvisionner en cannabis thérapeutique dans les pharmacies. Je pense
que ce n'est pas le cas. Moi, je ne me suis jamais approvisionnée en...
Le Président (M.
Merlini) : Non.
Mme Ouellet :
Bon. Ça fait que ce n'est pas les pharmaciens. Ça fait que c'est les médecins
qui donnent une prescription, puis après ça
ils s'en vont directement chez un producteur. Bien, au lieu d'aller chez un
producteur, moi, ce que je pose comme
question, puis c'est concret, là, c'est un vrai cas, puis ça va arriver, est-ce
qu'ils vont avoir le droit d'aller avec
leurs prescriptions à la SCQ? La ministre, elle ne répond pas à ma question,
elle dit : Quelqu'un ne pourra pas venir avec une prescription...
Mme
Charlebois :
Bien oui, j'y réponds! Un instant, là.
Le Président (M.
Merlini) : Vous ne pouvez pas interrompre...
Mme
Charlebois :
Ce n'est pas vrai que je n'y réponds pas, là.
Le Président (M.
Merlini) : Non, Mme la députée a la parole, Mme la ministre. Finissez
votre question.
Mme
Charlebois :
Bien oui, qu'elle finisse.
Mme Ouellet : Donc, est-ce que quelqu'un qui a une prescription pour un produit qui
est vendu à la SCQ, est-ce qu'il va se faire refuser l'achat de ce produit-là?
Je ne pense pas.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Non, parce qu'on n'a pas les compétences ni pour accorder selon une
prescription ni pour l'interdire. Ce que je veux dire à la dame, là, ici, là,
qui est la députée de Vachon...
Le Président (M.
Merlini) : La députée de Vachon, vous l'appelez par son titre.
Mme
Charlebois : ... — bien, c'est ça — il n'y a pas de normes dans le cannabis
thérapeutique. Qu'elle aille voir la loi fédérale, elle est députée du
Bloc québécois... pas députée, mais...
Le Président (M.
Merlini) : Chef.
Mme
Charlebois : ...chef du Bloc québécois. Elle y va, au
parlement fédéral, une fois par semaine. Posez-les, vos questions, là-bas,
parce qu'il y en a un, comité qui siège là-dessus. Premier élément.
Deuxième
élément, ce n'est pas compliqué, là, si la personne arrive puis elle dit :
Je veux la catégorie 2, nous autres, on
n'est pas équipés pour lui dire : Prescription, pas prescription. On n'est
pas des médecins, puis ça ne sera pas ça, les médecins, puis ça ne sera pas des pharmaciens dans la boutique. Je ne
sais pas dans quelle langue il faut que je lui explique ça, là. Regarde, les gens vont être là. Tu veux la
catégorie 2? Dans quelle quantité? Puis ils vont lui vendre. C'est tout.
On ne fera pas d'interaction avec d'autres médicaments. Ça fait que je ne sais
pas c'est quoi, son point.
Du
pot, c'est du pot, M. le Président! Voyons donc, du cannabis, c'est du
cannabis, puis il n'y a pas de normes à ça. Tu sais, je veux dire, allez dans le champ, puis il y en a. Moi, j'en ai
même, des agriculteurs, qui en plantent. Faites un petit peu de visites,
vous allez en trouver. Puis, je veux dire... Non, mais...
Mme Ouellet :
...
Mme
Charlebois :
Oui, bien, c'est parce que vous avez les yeux fermés, parce qu'il y en a
partout dans le Québec, notamment en
Montérégie. Bon. Alors, c'est ça, M. le Président, il n'y a pas de normes pour
le cannabis thérapeutique.
Là, on est à l'article 3, puis
moi, je parle de la Société québécoise du cannabis. Si quelqu'un, d'aventure,
vient avec une prescription dans ses poches
puis il dit : Moi, je veux tel type de produit, bien, la personne va être
là pour lui vendre tel type de
produit. C'est comme quand moi, je vais à la Société des alcools du Québec puis
je dis : Je veux un pinot grigio, bien,
je ne veux pas d'autre chose. Je ne veux pas un pineau des Charentes, je veux
un pinot grigio. C'est un vin blanc, puis avec une marque spécifique. Mais la personne qui va arriver avec une
demande spécifique de tel type de cannabis, bien, il va l'avoir. Ça va
finir dret là. Mais ça ne donne rien de...
Moi,
je ne comprends pas son point. Je vais même dire aux gens, là : Si vous
avez une prescription de cannabis thérapeutique,
allez l'acheter chez le producteur, ça va vous coûter moins cher que passer par
la Société québécoise du cannabis, on
va l'acheter des producteurs, nous autres aussi. C'est-u clair, ça? On vient de
dire aux Québécois quoi faire, là. Non,
mais c'est ça, là. Le cannabis thérapeutique, tu peux l'acheter direct du
producteur, selon la loi fédérale. Ce n'est pas ça qu'on fait avec la Société québécoise du cannabis. Elle, elle va
acheter le cannabis puis elle va le revendre aux consommateurs. Or, la personne qui va avoir une prescription ou qui en a
une actuellement puis qui peut s'approvisionner, elle n'a pas besoin de la Société québécoise du cannabis. Ce n'est pas
dur à comprendre, là. Pas d'autre commentaire, M. le Président. Je suis prête
à voter.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Vachon.
Mme Ouellet :
Beaucoup de choses s'est dites, puis ce n'est pas tout cohérent.
Mme
Charlebois :
Bien, voyons.
Mme Ouellet : Donc, ce que je comprends, ce que la ministre, elle dit : Si
quelqu'un a une prescription, il peut aller
directement au producteur, ça va lui coûter moins cher. Bien là, on ne le sait
pas encore, parce que ce qu'on a vu comme
chiffres, c'est qu'actuellement les producteurs, pour toutes sortes de raisons,
ils vendent plus cher que ce qu'on a entendu des chiffres potentiels de
la Société québécoise de cannabis, et on a vu que leurs coûts de production
étaient beaucoup plus élevés que, par
exemple, le producteur de serre du Québec. Donc, on ne le sait pas, là, ça va
être quoi, les coûts de production.
Puis, si effectivement ils ont le choix d'aller dans les deux places, ils vont
aller chercher à la place moins chère, mais ce n'est pas sûr que ça va
être les producteurs.
Donc,
ce que je comprends de la ministre, c'est que la... Puis là il ne faut pas
mélanger, là. Les médecins... de toute façon, les pharmaciens, ils ne
sont pas là-dedans, à ce que je sache, donc, les médecins, eux autres, vont
faire les prescriptions, il n'y a personne
d'autre que les médecins, puis ça, on s'entend là-dessus, qui vont faire les
prescriptions. Donc, ça veut dire que la
personne aura le choix, si elle a une prescription, d'aller soit directement au
producteur soit à la Société québécoise
de cannabis. Moi, c'est ce que je comprends de ce que la ministre m'a dit. Je
comprends de moins en moins comment
on va pouvoir arriver avec une distinction entre les deux types de cannabis,
étant donné que c'est le même produit,
je pense que ça va nous créer un problème quand on va avancer dans les
dispositions qu'elle a mises, mais on aura le temps d'aller valider.
Mais
je lui avais posé une question au préalable, puis je prendrai donc le temps
d'aller vérifier à cette lecture-là : Est-ce que les gens du ministère peuvent m'indiquer... Quand ils me
disaient que c'était impossible que le Québec puisse faire la distribution et la vente à travers la SCQ
pour le cannabis thérapeutique, que c'était interdit par la loi
canadienne, j'aimerais ça savoir sur quel article ils se basent pour pouvoir
dire que c'est interdit.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, Mme la députée de Vachon. Mme la ministre.
Mme
Charlebois : C'est sur le Règlement sur l'accès au cannabis
à des fins médicales, sous la Loi réglementant certaines drogues et
autres substances.
Mme Ouellet :
Quel article? Parce que c'est plein de pages, là, ce règlement-là.
Mme
Charlebois :
C'est le Règlement sur l'accès au cannabis à des fins médicales, la vente par
Internet.
Mme Ouellet :
La quoi?
Mme
Charlebois : La
vente par Internet, le Règlement pour l'accès au cannabis à des fins médicales,
qui permet... par la vente Internet, là, mais...
Une voix :
...
Mme
Charlebois :
Uniquement la vente Internet.
Mme Ouellet : O.K., puis ça, ça interdit à la SCQ de pouvoir faire
de la vente pour ce type de... Puis il y a-tu un article spécifique qui
le dit? Il doit y en avoir un, là, je ne peux pas croire, là.
Une voix :
...
Mme Ouellet : Tout le chapitre? On
va aller regarder.
Le Président (M.
Merlini) : M. le député de Labelle.
M. Pagé : Oui. Est-ce que
l'échange est...
Le Président (M. Merlini) : Il
semblerait que oui. M. le député de Labelle, à vous la parole.
M. Pagé : Bien, en fait, bon, il reste deux minutes, M. le Président, mais le message que je voudrais passer à la ministre
ce soir... Moi, je viens d'avoir la démonstration ce soir qu'il y a
un vide important dans la loi, qui est tout l'aspect de la vente de cannabis médical. Quand on me
dit : Bien, il ira l'acheter chez le producteur, il ira l'acheter en
ligne, il est libre de l'acheter où il veut, et là je cite, là, parce
que c'est...
Une voix : ...
M. Pagé : Oui, mais, quand une personne
a une prescription, donc c'est une prescription médicale, les
pharmaciens et des spécialistes sont venus
ici puis sont venus nous le dire : Si c'est pour des fins médicales, il
faut que ce soit vendu par un
spécialiste de la santé. C'est clair comme de l'eau de roche, ça. C'est une
prescription médicale, et le spécialiste de la santé va être capable de
faire toute la prévention nécessaire pour dire : Ne consommez pas en même
temps que vous consommez tel truc, ne consommez pas avec de l'alcool, va faire
toute la prévention nécessaire parce que c'est un spécialiste de la santé. Le producteur, là, ce n'est pas un spécialiste
de la santé. Selon vous, M. le
Président, est-ce que le producteur, c'est un spécialiste de la santé? Évidemment,
bien, la réponse, c'est non. Est-ce que, la vente en ligne, vous
consultez un spécialiste de la santé? Bien, la réponse, c'est non.
Alors, clairement,
il y a un vide dans la loi, et je nous invite, on va suspendre dans une
minute, je nous invite, avec le temps
que nous aurons d'ici la prochaine séance de travail — c'est quand, M. le Président? C'est demain,
je pense, hein, probablement
demain — je nous
invite à commencer à réfléchir à cet aspect qui m'apparaît comme très
important, parce que, sinon, on va se retrouver, bon... Puis le député — je ne
me souviens plus...
Le Président (M. Merlini) : De
Maskinongé.
M. Pagé :
... — de
Maskinongé disait : Bon, il n'y a personne ici de spécialiste. Bien, c'est
vrai, et c'est justement parce que
nous ne sommes pas des spécialistes qu'il faut envoyer les gens qui auront
besoin de cannabis pour des fins médicales...
les envoyer à la bonne enseigne, il faut les envoyer à la bonne place. Et c'est
exactement ce que les spécialistes de la santé sont venus nous dire.
Alors, c'est
la raison pour laquelle que, même si on n'en parle pas dans le projet de loi
n° 157, j'invite l'équipe de la ministre
à y réfléchir et à nous revenir avec des amendements, éventuellement, qui nous
permettront d'encadrer cela. Parce que,
manifestement, on est présentement devant un vide, et ça serait triste que les
gens qui partiraient avec une prescription iraient acheter à la SQC, aux producteurs sans avoir toute l'information
nécessaire pour faire la prévention, et que les gens consomment
intelligemment et correctement... Je vois que le temps...
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, M. le député de Labelle.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
donc ses travaux sine die. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 21 h 30)