(Onze
heures trente et une minutes)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je demande
à toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de votre téléphone cellulaire.
Le mandat de la commission
est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 20, Loi édictant
la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine
spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de
procréation assistée.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Iracà (Papineau) est
remplacé par M. Hardy (Saint-François); M. Habel (Sainte-Rose) est remplacé par
M. Rousselle (Vimont); Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Drolet (Jean-Lesage); Mme Hivon (Joliette) est
remplacée par M. Rochon (Richelieu); Mme Richard (Duplessis) est
remplacée par M. LeBel (Rimouski).
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Chers collègues, on
m'informe — et
vous allez me détromper si j'ai tort — qu'il y a consentement pour que nous terminions nos travaux à
12 h 50. Y a-t-il consentement? Consentement.
Alors, nous terminerons à 12 h 50.
Étude détaillée (suite)
Lors
de l'ajournement de nos travaux du 7 octobre dernier, donc
hier, une question de règlement a été soulevée par le ministre de la Santé et
des Services sociaux sur l'amendement déposé par la collègue de Taillon à l'article 25.4. Je
suis maintenant prêt à rendre ma décision sur la recevabilité de l'amendement présenté par la collègue de Taillon
à 25.4, introduit par l'article 1 du projet de loi.
L'amendement en question prévoit que les frais facturés en vertu de 25.2 et transmis à la RAMQ seront déduits de l'enveloppe de rémunération des médecins. On m'a notamment
fait valoir, du côté ministériel de la commission, que cet amendement, sur le fond, est exactement le même que le sous-amendement présenté le 5 octobre
dernier à l'article 25.2 par
le député de Richelieu qui a été déclaré irrecevable. D'autre part, les
députés de l'opposition ont fait valoir que, si le sous-amendement du 5 octobre dernier
élargissait la portée de l'amendement introduisant 25.2, l'amendement déposé
hier vise plutôt à introduire un nouvel article 25.4, ce qui serait tout à
fait recevable.
Le
5 octobre dernier, j'ai déclaré le sous-amendement du député de Richelieu
irrecevable, car il élargissait la portée de l'amendement, et je vous ai, à ce moment, invité à aller lire
la décision 200/8 de notre jurisprudence des commissions qui date du 15 février 2012, et je vous
invite toujours à vous y référer. Or, il est important
de rappeler que les critères de recevabilité
pour un sous-amendement sont beaucoup plus limitatifs que pour un amendement. C'est la phrase clé de ce que
j'ai à vous livrer ce matin, il est important de rappeler que les critères de recevabilité pour un sous-amendement sont beaucoup plus limitatifs que pour un amendement.
Il est possible qu'une même motion présentée comme sous-amendement et déclarée irrecevable — ce
qui est notre cas — pour
avoir élargi la portée d'un amendement puisse être présentée ultérieurement
sous forme d'amendement. Et je vous réfère à la décision du 10 novembre
1988 dans notre recueil des décisions des commissions, à 200/2.
En effet,
un sous-amendement doit se rapporter à l'amendement, alors qu'un amendement doit se rapporter au projet de loi. Quant à savoir maintenant si l'amendement déposé par la députée de Taillon,
le 25.4, contredit le projet de loi
en vertu notamment de l'article 197, il
est important ici d'analyser celui-ci à la lumière des critères généraux
reconnus par la jurisprudence
découlant de ce même article 197, à savoir qu'un amendement ne peut
introduire un nouveau principe, contredire
ou dénaturer ceux contenus dans le projet de loi. En l'espèce, l'amendement introduit
par 25.4 par la collègue de Taillon
n'introduit pas un nouveau principe au projet de loi, pas plus qu'il ne
dénature ou contredit ceux contenus dans le projet de loi. Il constitue
plutôt une modalité relative aux frais facturés prévus par l'article 25.2.
Je
déclare donc l'amendement recevable, puisqu'il
satisfait aux critères. Il reviendra ensuite aux membres de la
commission de débattre du fond de la question et de statuer sur ledit amendement.
Alors,
collègues, l'objet de notre débat est donc l'amendement déposé par la
collègue de Taillon proposant d'introduire un nouvel article 25.4.
Y a-t-il des interventions? M. le ministre.
M.
Barrette : Oui, M. le Président. D'abord, vous remercier pour la réflexion que vous avez
faite sur la demande d'irrecevabilité que j'ai posée, et je prends acte
de votre décision, que je respecte, évidemment.
Maintenant,
je ferai des commentaires sur le fond de l'amendement, M. le Président, en commençant ainsi. Dans l'actualité
courante, M. le Président, il y a eu récemment un jugement de la Cour suprême sur une directive du gouvernement
à l'effet qu'une personne pouvait ou ne pouvait pas porter un niqab lors d'une
assermentation, et, dans l'opinion
publique, il y a
bien des gens qui ont pensé qu'on s'adressait au port dudit vêtement, alors que
c'est la directive qui a été renversée par
la Cour suprême. Je fais un parallèle, M. le Président, j'arrête là parce qu'ici
vous avez, dans ma compréhension, décrété que l'amendement était recevable sur une base jurisprudentielle,
technique, mais vous n'avez pas, évidemment, statué sur la valeur de l'amendement. C'est important, pour
les gens qui nous écoutent, que la recevabilité, ici, est une décision d'ordre
technique, et non d'ordre de valeur ou de
validité du fond de l'amendement. C'est important, M. le Président, parce
que, lorsqu'il y a maintenant trois
jours — vous y
avez fait référence vous-même — j'avais soulevé l'irrecevabilité du même
amendement — parce que c'était le même texte — déposé par la députée de Taillon, j'avais fait une plaidoirie que je vais
refaire sommairement.
J'avais clairement
exprimé, M. le Président, que l'esprit de ce texte allait à l'encontre du projet de loi dans sa finalité. Et c'est encore aussi évident, et la députée
de Taillon, à ce moment-là, revient avec un texte dans une formule qui est techniquement recevable, mais pour le fond duquel
elle sait très bien que nous allons refuser de lui donner suite, elle
le sait. Alors, évidemment,
je fais le lien ici avec les commentaires qui ont été faits par le député de
Marie-Victorin il y a
quelques minutes en Chambre, qui veut me
porter un blâme sur des commentaires que j'ai faits à l'effet
que j'avais suggéré qu'il y avait une obstruction ici. Alors, M. le Président, je laisse les gens juger de l'effet et de l'intention de déposer un
texte dont on sait qu'il va être refusé à la
base et dont on sait que nos règles parlementaires permettent à chaque député de parler au minimum 20 minutes par personne.
Je compte les personnes présentes ici devant nous, M. le Président, il y en a cinq. Alors, potentiellement, sur cet amendement
dont on sait qu'il sera, pour moi, totalement irrecevable, on sait qu'on a potentiellement une utilisation de 100 minutes de temps parlementaire. Et ce que je constate dans nos travaux, c'est
que, quand ça ne fait pas, il y a
un sous-amendement. Et là ça recommence, il y a
un autre 100 minutes. Je laisse les gens qui nous écoutent juger de
la manoeuvre.
Maintenant,
pour ce qui est du fond, à proprement parler, de l'amendement, je vais relire l'amendement, M. le
Président, si vous me le permettez, puisqu'on va mettre les gens qui nous écoutent à jour. On
dit ici : «Un reçu doit être produit
pour chaque frais facturé en vertu de l'article 25.2 — celui, là, qui permet ces frais — et transmis par les médecins à la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui
déduit à chaque année les montants de l'enveloppe de rémunération des
médecins selon qu'ils ont été facturés par un médecin de famille [...] ou un
spécialiste...» Ce que ça dit, M. le Président,
ça vient annuler la finalité de ce qui a été proposé à 25.2, ça vient l'annuler
dans l'effet. Ça veut dire qu'on permet,
à 25.2, de facturer, mais on dit à la
régie : Bien là, vous allez couper le médecin du même
montant à la fin de l'année. Alors, d'abord,
ça demande à un médecin de faire un geste totalement inutile, puisqu'il
sait que, s'il le facture, il va être coupé.
• (11 h 40) •
Alors, M. le Président, d'un côté, on veut le
permettre dans un cadre qui évite les abus et les illégalités, et le Parti québécois, la députée de Taillon arrive avec un amendement qui le rend, dans
les faits, obsolète. C'est son droit. Techniquement,
vous avez statué qu'elle a le droit de faire ça, mais j'avais déjà
plaidé ça la dernière fois, ça va exactement
dans le sens contraire. Et, pendant les 100 prochaines
minutes, on va essayer de nous présenter un argumentaire qui voudrait que ça ne soit pas ça, comme la députée de
Taillon l'a fait hier en essayant de justifier son amendement
en disant : Ça va permettre un monitoring. Il n'y aura
rien à monitorer, M. le Président. Si cet amendement-là est dans la loi, évidemment qu'il n'y a personne qui va
facturer des frais, ce que recherche la députée de Taillon.
Alors, on est encore dans l'opposition
de nos positions, ce qui est tout à fait correct, mais on est dans une
manoeuvre qui a, évidemment, une autre finalité.
Et je le
rappelle, M. le Président, voilà un amendement qui est déposé,
qui, dans l'esprit de 25.2, est totalement
contradictoire, vient annuler l'effet dans
les faits et qui va faire en sorte que les cinq personnes qui sont devant moi vont
utiliser 100 minutes, plus d'une heure
et demie, pour plaider cette chose-là qui va être rejetée. Et il est possible — et
j'irais même jusqu'à dire probable — qu'il y
ait des sous-amendements pendant lesquels on prendra encore 100 minutes pour débattre de la chose. M. le Président, j'ai presque terminé mon intervention. Je pourrais même
dire qu'il pourrait y avoir un sous-sous-amendement qui prendra un
autre 100 minutes. Et je pense que les gens qui nous écoutent comprennent
l'effet de la démarche de la députée de
Taillon, à qui je laisse tout le plancher, M. le Président, à partir de maintenant.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon, la parole est à vous.
Mme Lamarre : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci aussi pour les démarches qui ont été faites pour confirmer la recevabilité de cet amendement, qui n'est pas déposé sous forme de sous-amendement, mais qui est
déposé sous forme d'amendement, et vous avez bien défini les différences
entre les deux. Il faut comprendre que, dans cet amendement-là, il y a
deux éléments. Il y a d'abord la portion de rendre transparente la facturation
qui va avoir été demandée aux citoyens,
et la deuxième partie qui déduit à chaque année les montants de l'enveloppe de la rémunération, donc ce montant-là.
Ce qui me
frappe, M. le Président, c'est que le ministre ne fasse pas la
différence entre les deux. Il dit : Si les gens dénoncent ou officialisent leur reçu, ça va
couper leur remboursement. Moi, je dis : Pas nécessairement.
Ce que je dis, c'est que, si le
médecin transmet son reçu... D'ailleurs, je vais vouloir entendre le ministre,
il nous a parlé qu'il y avait un
mécanisme qui permettrait aux citoyens d'aller voir les montants qui étaient facturés.
Mais la transmission de ce reçu pour un acte précis, quand elle va être
remise dans l'ensemble de l'enveloppe des médecins, elle permet justement ce qu'on a défendu depuis le début, c'est-à-dire qu'à l'intérieur de cette grande enveloppe de 2 milliards, ou 3 milliards, ou 4 milliards de dollars — c'est
4,6 milliards pour les spécialistes puis c'est 2,2 milliards pour les médecins de
famille — on peut
répartir ces montants-là, on peut dire : Ah! on a été obligés de
rembourser... Il y a eu, dans
le fond, 20 $ qui a été chargé là, 200 $ qui a été chargé là. On voit
qu'il y a plus de demandes du côté des ophtalmologistes que du côté de d'autres
médecins, et ça va permettre ce que les
ententes de la FMSQ et de la FMOQ permettent, de répartir dans leur enveloppe
des honoraires différents pour des actes différents posés par des spécialistes
ou des médecins différents.
Alors, on pourra très bien dire, par
exemple : Ah! on constate que les ophtalmologistes ont besoin de recourir à un nouvel appareil qui coûte plus cher et on
avait prévu que la consultation... Parce que tout ça, là, ça se détermine à
l'intérieur de l'entente, par exemple, de la
FMSQ. On dit 40 $ pour un acte fait par un ophtalmologiste à
l'hôpital, on dit 70 $ pour le
même acte posé en cabinet privé, et là on se rend compte que, systématiquement,
il y a des factures de 200 $ qui
s'ajoutent parce qu'il y a un équipement spécialisé qui est nécessaire. Alors,
on peut très bien dire : O.K. Alors, on va mutualiser ces frais-là et on va faire en sorte que, pour les
ophtalmologistes, ce ne soit pas 70 $, mais ce soit 100 $ qui
soient versés lorsqu'ils ont à faire cette activité-là dans leur cabinet compte
tenu des investissements.
C'est exactement le principe qui est appliqué
dans l'ensemble des provinces canadiennes actuellement parce que les autres — les autres qu'ailleurs au Québec — ont accès à des technologies, ont accès aux
nouveaux appareils, aux nouvelles
évaluations, mais c'est assumé à l'intérieur des enveloppes des médecins, et
les citoyens du reste du Canada ne
paient pas de frais accessoires. Comment ça se fait qu'au Québec on a instauré
ça comme normal et que, là, on le légalise alors que le ministre
lui-même a dit que c'était illégal?
Donc,
l'amendement est très pertinent, et la façon dont on l'a libellé donne,
justement, la latitude aux deux fédérations de bien prendre conscience, d'une part, de comment les frais accessoires
sont facturés aux patients. Peut-être qu'effectivement la FMOQ et la FMSQ ne savaient pas, n'avaient pas
une valeur précise du montant des frais accessoires qui étaient facturés
par différents spécialistes, par exemple
entre les ophtalmologistes, puis les radiologistes, puis d'autres spécialistes,
les urologues qui font les
vasectomies, et là on va avoir un portrait plus juste, plus précis, et on va
être capables de dire : Ah! bien,
ça se peut que notre façon de répartir les honoraires puisse être bonifiée
pour, justement, tenir compte de ça, mais faire en sorte surtout que ce ne soient plus les patients qui paient pour ça.
Et ça, je pense que c'est tout à fait, tout à fait dans l'esprit de cet
amendement-là.
Et je redis
aussi que, dans 25.2, quand on le lit, 25.2, il comporte un, deux, trois,
quatre, cinq, six paragraphes, là, les
alinéas, qu'on appelle, dans un... et, évidemment, il y en a cinq sur les six
qui disent qu'il n'y en aura pas, de paiement, qu'«aucun paiement ne peut être réclamé ou reçu d'une personne assurée,
directement ou indirectement, pour des frais engagés aux fins de la dispensation de services assurés». C'est ça qu'on
dit. Et on précise : Aucun paiement ne peut être réclamé au fonctionnement d'un cabinet privé Aucun
paiement ne peut être réclamé aux services, fournitures, médicaments.
Aucun paiement, donc. Et ne constituent pas de tels frais ceux liés... Il est
interdit de plus de rendre, directement ou indirectement, l'accès à ce service
assuré conditionnel à un paiement.
Alors, la
grande partie, la majeure partie de ce qui est énoncé, affirmé, mis dans la loi
en 25.2 dit : On n'en veut plus,
de ça. On veut exceptionnellement dans le dernier paragraphe, ça devrait être
l'exception... «Malgré les interdictions énoncées aux neuvième et onzième alinéas, le gouvernement peut, par
règlement, prescrire des cas et des conditions dans lesquels un paiement est autorisé.» Donc, le
règlement, il ne peut pas non plus contredire l'esprit de la loi. Et la loi,
elle dit «aucun paiement». Donc,
on s'attend à ce que, quand cette loi va être acceptée, ce soit exceptionnel
qu'il y ait des frais accessoires, que ce ne soit pas la norme, que ce
ne soit pas pour l'ensemble des activités.
Alors, moi,
je pense que d'avoir ces reçus, ça va nous confirmer publiquement, on va savoir
tous qui a facturé des frais accessoires.
Le fait de les légaliser, ça va peut-être donner envie à des médecins qui n'en
facturaient pas d'en facturer, ça va
peut-être élargir énormément le nombre de médecins et le nombre de
circonstances où les Québécois vont se
faire demander de contribuer, de sortir leurs cartes de crédit. Alors, d'une
part, on va avoir cette transparence-là. Et, d'autre part, on va... Pour les cas exceptionnels, les quelques
spécialités qui auront droit de toucher à ce règlement, les quelques
activités des médecins de famille qui seront éligibles pour pouvoir facturer
des frais accessoires, ce qui devrait être
l'exception, je le répète, bien, à ce moment-là, ça devra être déduit chaque
année, ça sera compris et ça donnera un
message clair qu'il faut rééquilibrer à l'intérieur de l'enveloppe l'argent
qu'on donne sur une activité par rapport à une autre. Et on va vraiment le régler, le problème des frais accessoires,
on va vraiment rendre ça tout à fait transparent, clair et très honnête
pour les Québécois à ce moment-ci.
Alors, moi,
je pense que c'est un amendement qui va vraiment compléter celui du ministre.
Parce que son esprit, c'était
vraiment qu'il n'y en ait pas, et, dans les quelques cas où il y en aura, bien,
il y aura des instruments qui seront
mis à la disposition des fédérations pour qu'elles puissent mieux répartir l'enveloppe et faire en
sorte que ce ne soient pas les
citoyens qui soient pénalisés.
Alors, peut-être
ma première question, M. le
Président, au ministre,
ce serait : Pour la première partie, il nous a parlé d'un mécanisme qui ferait que les gens
pourraient avoir accès aux reçus. Est-ce
qu'il peut nous en parler davantage?
• (11 h 50) •
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Je ne sais pas à quoi
fait référence la députée de Taillon, elle devrait préciser sa question.
Mme
Lamarre : Bien, le ministre, hier, nous a dit que ce serait possible
pour les patients de voir de quelle façon les frais facturés étaient... Est-ce que ce serait disponible à la
régie, là, que c'était clair, clair, clair, au niveau de la Régie de l'assurance maladie, qu'on pouvait aller voir
les reçus? Alors, j'ai peut-être mal compris, mais moi, j'avais compris
qu'il avait prévu déjà une forme de mécanisme, alors je voudrais qu'il nous en
parle.
M. Barrette : M. le Président, j'ai
répondu à cette question-là, qui a été posée par le député de Rosemont. Je
l'invite à poser la question à son collègue.
Le
Président (M. Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre :
M. le Président, je pense que c'est...
M. Lisée :
Il a juste parlé de «toute transparence», il n'a pas dit dans...
M. Barrette :
Je crois que le député de Rosemont est en train d'éclairer la députée de
Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, je vais laisser le député de Rosemont
donner... Il était là et il était attentif à sa réponse. Et le ministre peut très bien nous donner une information
parfois mieux précisée parce que, là, ce n'était pas une réponse aussi
claire que celle que je lui pose. Quel est le mécanisme? Peut-il nous en parler
plus longuement, de ce mécanisme de transparence au niveau des reçus qui seront
transmis à la RAMQ?
M. Barrette :
J'ai été très clair dans ma réponse hier, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre :
Les gens jugeront de l'attitude du ministre. Moi, j'ai énormément de
commentaires qui me reviennent sur son
attitude, alors l'obstruction... Quand le ministre collabore... Hier, on l'a vu,
on a eu un sous-amendement qu'on a
déposé, il a réagi rapidement, en trois minutes on a adopté et on est passés à
autre chose. Quand on essaie d'avoir de
l'information, c'est très hermétique. Alors, on est obligés de prendre,
effectivement, plusieurs minutes pour essayer d'obtenir l'information au
nom des citoyens.
Le Président (M.
Tanguay) : Y a-t-il d'autres interventions? M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, la députée me pose une question sur un
élément potentiel contre lequel je vais voter. Ça s'appelle consommer du
temps.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Rosemont, la parole est à vous.
M.
Lisée : Oui. Bien, pour rebondir sur ce que disait la collègue
de Taillon, effectivement, hier, dans la discussion sur comment on pourra juger de la qualité de la
ventilation des frais accessoires que le ministre a décidé d'imposer aux
Québécois, il nous disait : Ce sera
fait en toute transparence, ce sera fait en toute transparence. Très bien.
Alors, aujourd'hui, on lui pose la question : Est-ce qu'il peut
nous préciser le mécanisme par lequel ce sera fait en toute transparence? Et est-ce que ce sera sur le site du ministère de la
Santé? Est-ce que ce sera sur le site de la Régie de l'assurance maladie?
Est-ce que ce sera sur le site de l'INESSS?
Est-ce que ce sera sur le site de la compagnie de comptables privée qu'il veut
embaucher? Comment est-ce qu'on va pouvoir
avoir accès à ces informations? Et quel niveau de détail y aura-t-il par ces
informations?
M. Barrette :
M. le Président, de quelles informations parle-t-il?
M.
Lisée : ...il parle, le député de Rosemont, de l'information du
calcul qui est fait pour dire aux Québécois : Bien, voici le frais
accessoire qui est autorisé par le ministre pour tel frais, et tel frais, et
tel frais. Hier, on a parlé assez longuement
de qui serait responsable de la détermination du coût. On a réussi à faire en
sorte d'avoir un amendement qui permette
qu'un institut public de très grande réputation en professionnalisme puisse
participer à cette détermination-là qui
est l'INESSS. Maintenant, je lui demande comment entend-il faire en sorte que
cette information-là... Le frais accessoire, dans ce cas-là, il est de
112,82 $, voici comment on arrive à ce chiffre-là. Où est-ce qu'on va voir
ça?
M. Barrette :
M. le Président, j'ai dit clairement hier qu'il serait rendu public. Je ne me
suis pas adressé au véhicule. Alors, je n'ai pas défini encore le véhicule,
mais l'information sera publique.
M.
Lisée : O.K. Bien, c'était exactement le sens de la question de
ma collègue. Donc, il était inexact de lui dire qu'il lui avait donné la réponse hier parce qu'aujourd'hui on veut avoir
un peu plus d'information, et il nous dit : Je n'y ai pas encore pensé. Donc, il n'a pas déterminé quel
serait le mécanisme. Il pourrait nous dire s'il envisage quelques options, ce serait ceci ou cela.
M.
Barrette : M. le Président, je ne veux pas avoir un échange qui va nous faire perdre du temps,
puis j'imagine que le député de
Rosemont, non plus. Mais ce n'était pas le sens de la question
qui a été posée. Hier, j'ai dit quelque
chose qui était clair, qui est tout aussi clair aujourd'hui.
M. Lisée :
Bien, c'est clair qu'il ne le sait pas. C'est clair que le ministre ne sait pas
de quelle façon, par quel véhicule, sur quel
site Internet cette information-là va être donnée. Alors, je prends note, je
prends bonne note du fait que le ministre ne peut pas dire aujourd'hui
de quelle façon la transparence sera exercée dans ce cas.
L'amendement que ma collègue de Taillon a déposé fait, effectivement... Je comprends que le ministre ne veut pas passer du temps là-dessus,
mais nous, on est prêts à en passer encore un petit peu parce qu'on n'arrive
juste pas à admettre que
cette Assemblée nationale va, tout simplement, décider de faire une brèche au
principe de gratuité des services publics
et que les frais accessoires sont maintenant... sans autre forme de procès,
font partie de la société québécoise, on trouve que c'est une décision
tellement dommageable, tellement rejetée par la Protectrice du citoyen sur le
fond, sur la forme. Le ministre nous a même
refusé le fait qu'on puisse revenir pour discuter de chacun des règlements
lorsque ce bris de gratuité légalisé, formalisé, avec les risques de
dérive qui ont été plusieurs fois notés ici... Parce qu'on savait qu'il y avait un grand nombre de médecins qui
résistaient à l'idée de charger ces frais parce qu'ils n'étaient pas sûrs ni
de leur éthique ni de leur légalité, mais qu'à
partir de maintenant ils vont dire : Bien là, j'ai la bénédiction du
ministre de la Santé, il me dit que c'est légal, et donc, bien, je vais
y aller.
Alors,
ma question là-dessus : Pourquoi on propose qu'un reçu doit être produit
pour chaque frais facturé en vertu de
l'article 25 et transmis par les médecins à la régie, qui déduira ce
montant de l'enveloppe de rémunération? Pourquoi on dit ça là? C'est parce qu'on veut freiner au maximum l'existence de
ces frais accessoires. Et je voudrais poser la question au ministre — l'argument a été fait devant lui plusieurs
fois, alors je pense qu'il a eu le temps d'y réfléchir — il nous dit : Mon évaluation, jusqu'à mieux informé, c'est que
ça va coûter 50 millions par année aux patients, y compris quand j'aurai
aboli les abus, c'est ce qui va rester...
• (12 heures) •
M. Barrette :
Y compris... Pardon?
M.
Lisée : Y compris lorsque j'aurai aboli les abus. Mais
l'argument lui a été fait : Oui, mais très bien, mais, à partir du moment où c'est légal pour tous,
beaucoup de médecins qui ne le facturaient pas vont se mettre à le facturer.
Alors, je ne l'ai jamais entendu répondre à cet argument et nous dire :
Oui, effectivement, mon évaluation, c'est que l'augmentation
du nombre de médecins qui vont faire les frais accessoires va faire varier ce
chiffre-là, va le faire passer de
50 millions à, quoi, 60 millions, 75 millions,
100 millions. En ce moment, on sait qu'il y a juste 1 000 médecins
sur 20 000 qui en facturent. On
comprend que les 20 000 ne seront pas en position de les facturer parce
qu'il y en a beaucoup qui ne sont pas
en clinique médicale privée, mais est-ce qu'il a fait l'évaluation du risque de
dépenses supplémentaires pour les patients du fait de légaliser et
normaliser les frais accessoires?
M.
Barrette : M. le Président, toute la prémisse, toute la base du
raisonnement du député de Rosemont et de la députée de Taillon, de toute la formation politique du Parti québécois
repose sur ceci : Les médecins vont se mettre à facturer des frais accessoires par appât du gain. Or,
l'appât du gain, c'est aujourd'hui, M. le Président. C'est aujourd'hui parce
que nos règles sont tellement floues qu'on
constate des abus et des frais illégaux. À partir du moment, M. le Président,
où on abolit ça et qu'on détermine le prix
du coûtant, cette motivation-là disparaît. Donc, non, je ne prévois pas de
flambée dans ce secteur d'activité là. M. le Président, ceux qui le
font, dans bien des cas c'est pour un intérêt pécuniaire qui va disparaître, ça va disparaître. L'incitatif ne
sera plus là, et peut-être même qu'on va voir une réduction spontanée de la
chose.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Rosemont.
M. Lisée :
Je comprends le ministre quand il dit : Les abus seront limités par sa
réglementation...
M. Barrette :
Seront éradiqués par la réglementation.
M.
Lisée : J'aime beaucoup
le mot «éradiqués» que le ministre vient d'utiliser parce que c'était la proposition de la Protectrice du citoyen
d'éradiquer les frais accessoires, que c'était la première chose à faire. Alors
donc, il veut éradiquer les abus,
très bien. Et donc, des médecins qui utilisaient les frais accessoires de façon
abusive, je comprends bien qu'il a l'intention
de les mettre hors jeu sur ce plan. Cependant, nous savons aussi qu'un certain
nombre de médecins ne facturaient pas
les frais accessoires parce qu'ils pensaient que c'était contraire à l'éthique
ou que c'était contraire à la loi — et, d'ailleurs, il y a un recours collectif qui a été couronné de
succès, il y en a un autre qui est en cour, mais là... — et qui, donc, assumaient dans leur enveloppe de rémunération ces frais-là,
décidaient : Bien, je prends la perte parce que je considère, d'abord,
que je suis assez bien payé, puis ce n'est
pas au patient de le payer, puis c'est probablement illégal. Mais maintenant il
va se faire dire : C'est légal,
puis le ministre vient de donner son imprimatur aux frais que tu peux charger.
Alors, ce que le ministre me dit,
qu'en aucun cas des médecins qui assumaient avant parce qu'ils pensaient que
c'était illégal ne décideront pas de facturer. Ça devrait amener une
augmentation mécaniquement, non?
M. Barrette :
La réponse, c'est non, M. le Président.
M.
Lisée : Pourquoi est-ce que, maintenant que c'est autorisé, des
médecins qui ne le faisaient pas ne se mettront pas à le faire?
M.
Barrette : Pourquoi des gens qui ne le faisaient pas pour des raisons
morales changeraient leur morale après?
M.
Lisée : Si les gens ne le faisaient pas pour des raisons
légales et que, maintenant, ils ont la permission du ministre?
M. Barrette :
Pourquoi, M. le Président, s'ils ne le faisaient pas de façon morale...
D'abord, légalement, ils pouvaient, compte tenu du flou reconnu dans le marché,
dans le milieu, ils pouvaient le faire.
M.
Lisée : Bien, ils pouvaient le faire, et il y avait des recours
collectifs. C'était un débat important, et ils pouvaient penser, comme la Protectrice du citoyen et bien
d'autres, que c'était illégal. Donc, ils pouvaient se mettre dans l'illégalité.
Et, d'ailleurs, des patients s'en
plaignaient à la RAMQ, et la RAMQ revenait, en un certain nombre de cas, pour
leur enlever cet argent-là. Alors, il
y a sûrement un certain nombre de médecins qui se disaient : Bien là, ça
m'a l'air pas mal illégal. Même s'il
y a du monde qui le font puis il y a un flou, etc., ça m'a l'air illégal, je ne
le fais pas. Mais là le ministre me dit :
Bien, c'est légal, j'ai fait voter la loi, je vous donne les règlements. Alors,
il me semble que, juste à sa face même, on va avoir beaucoup plus de médecins qui, couverts, vont... On est
d'accord, le ministre et moi, que ceux pour qui c'est immoral, ne le feront pas. Mais ceux pour qui c'était
illégal ou qui craignaient la poursuite, bien, eux, maintenant, ils ne
craignent plus rien et ils vont pouvoir le faire.
M.
Barrette : M. le Président, il y a eu des recours collectifs parce
qu'il y avait clairement des abus. Et j'ai constaté moi-même qu'il y avait des abus, et c'était ça qui
était la motivation première des gens qui ont fait un recours collectif, les
abus.
M. Lisée :
Alors, le ministre nous dit aujourd'hui, là, que, quand on va se revoir l'an
prochain, nous ne trouverons aucun
cas de médecins qui ne facturaient pas qui se mettent à facturer parce que
maintenant le ministre dit que c'est légal. Aucun?
M. Barrette : M. le Président, je
n'ai pas à répondre à des hypothèses.
M. Lisée :
Bien, le ministre vient de répondre à des hypothèses en disant que ça
n'arriverait pas. Alors, je veux juste
qu'il précise sa pensée. Si ça n'arrive pas, ça n'arrive pas. Donc, si on
arrive avec un cas, ou cinq, ou 10, ou 20, ça démontrera que le ministre
a eu une mauvaise évaluation.
M. Barrette : Bien. Et le député de
Rosemont fera ses commentaires.
M. Lisée : Donc, je note
simplement que le ministre dit à cette commission que, selon lui, le fait de
légaliser quelque chose qui était considéré
comme illégal auparavant n'augmentera pas le nombre de gens qui vont se
prévaloir de la capacité de faire des
sous dans le milieu médical. Je veux qu'on inscrive ça, qu'on en prenne bonne
note, et on va voir ce qui va se passer.
Je n'ai pas
fini dans mes questions, mais le whip de notre parti et responsable des
questions de pauvreté a quelques questions.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : C'est toujours intéressant. Encore une fois, le député de
Rosemont l'a dit, dans son introduction, on va faire du temps, on va
prendre du temps encore pour en débattre, hein? C'est fait, là. Il est passé, l'amendement. Mais il veut faire du temps
sur l'ancien débat, alors que notons avec le public que le député
de Rosemont veut faire du temps, il l'a dit. C'est
passé, on va en faire pareil, du temps, même si ça a déjà été débattu.
Et là son dernier commentaire : Ils vont
faire des sous. Ils n'en feront pas, de sous. Toujours l'insinuation qu'il y
a une malversation, il y a
une intention de faire des profits, c'est juste ça, les médecins. Ça ne peut
pas être le coûtant, toujours le négatif. Le PQ, c'est le parti, M. le
Président, le plus négatif que j'ai vu dans ma vie personnelle. Mais c'est
correct, il y a un positif, c'est comme une
batterie... On fait avancer le Québec. Là-bas, c'est le pôle négatif et, ici,
c'est le pôle positif.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Rosemont.
M. Lisée : Tout cet
échange... D'abord, nous, on est dans le camp du Oui, alors on est très
positifs.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Lisée :
On est très positifs. Et, de l'autre côté, ils sont dans le camp du Non.
Maintenant, écoutez, le ministre, c'est
presque amusant parce qu'il vient de nous dire : Il y a des abus, il y a des
abus, il y a des abus. Il y a eu un recours collectif contre les abus, mais comment osez-vous dire qu'il y a des
médecins qui voudraient faire de l'argent? C'est ça qu'il vient de dire, là. Il dit : Ah! vous,
vous pensez toujours que les médecins veulent faire de l'argent, mais je me
battrai contre les abus que des
médecins ont faits. Bien là, on ne pense même pas dans nos questions qu'ils
vont faire des abus, on pense que, maintenant qu'il a légalisé le fait
de faire les frais accessoires, y compris au prix coûtant, ça va coûter davantage aux patients parce qu'ils vont faire le
calcul que : Bien, avant, je ne faisais pas rembourser des choses que je
prenais moi-même pour des raisons... je
pensais que c'était illégal. Maintenant que c'est légal, je vais le faire
rembourser.
Puis là il
dit : Le coûtant. Bien, on se souvient quand même que, même si sa pensée
semble avoir évolué là-dessus, il a
commencé cette discussion en juin en disant qu'il allait accorder un
profit — c'était
son terme — de
10 % à 15 %. Là, il parle du coûtant. Ensuite, il a dit que
c'était une marge. Ensuite, il a dit qu'elle serait microscopique. On sait que
son prédécesseur Yves Bolduc s'était vanté
d'avoir donné un profit de 15 % aux cliniques de procréation assistée.
Alors, disons, c'est dans le champ,
là, c'est dans son univers, là, de faire en sorte qu'il y ait une marge ou un
profit pour les médecins.
Et, sur le fait que oui, même s'il a
réussi à faire voter son amendement, nous, on va continuer à se battre pour la
gratuité du système de santé. On va
continuer à se battre avec la Protectrice du citoyen, puis avec l'Association
médicale, puis avec les médecins pour un service public, puis avec tous
les contribuables, puis avec la CAQ, puis avec Québec solidaire, puis ça ne passera pas comme une lettre à la poste qui ne
peut même plus se rendre dans nos foyers à cause du gouvernement canadien. On est dans un pays qui est
assez timbré pour ne pas pouvoir livrer le courrier à domicile. Alors,
ça ne passera pas comme une lettre à la poste. Je pense que le ministre s'en
rend compte, là.
Puis,
depuis le début, on lui dit : Ça serait tellement plus simple de les
éradiquer. 50 millions, ça serait tellement plus simple. Puis, si le ministre trouve que c'est contre-productif de
prendre du temps, le ministre, pour voir l'opposition se battre en faveur des patients, bien, peut-être
que ça vaut 50 millions, puis que le ministre devrait s'occuper de
d'autres choses plutôt que d'essayer
de proposer quelque chose qui est tellement contraire à l'éthique et,
probablement, à la légalité puis à
l'intérêt public que oui, ça suscite, de notre côté, une volonté de se battre.
De se battre. Alors, on continue à se battre. Il n'aime pas ça, c'est long parce qu'on se bat longtemps, hein? On ne se
couche pas, on se lève puis on se bat. C'est tout pour l'instant, M. le
Président.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
Je n'ai rien à rajouter, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Rimouski, la parole est à vous.
• (12 h 10) •
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je suis content d'être ici, puis je
m'excuse déjà devant le ministre, là. Je ne le sais pas, il va peut-être dire que je suis hors d'ordre ou que les
questions que j'ai posées ont déjà été posées, mais je le fais de bonne
foi, et je participe à cette commission de bonne foi, et je vais poser des
questions de bonne foi.
Je
comprends, le ministre légalise les frais accessoires, c'est 50 millions
qu'il va aller chercher dans les poches des patients. Ici, à l'Assemblée nationale, au gouvernement, il y a une
loi qui a été adoptée à l'unanimité par les parlementaires, une loi qui vise à lutter contre la pauvreté et
l'exclusion. Dans cette loi-là, M. le ministre, il y a une clause
importante, qu'on appelle la clause d'impact, qui fait que chaque ministre,
dans chaque projet de loi qu'il dépose au Conseil
des ministres, il doit faire étudier
par ses collègues de la Solidarité sociale l'impact sur la
pauvreté de son projet de loi.
J'imagine, M. le ministre, que votre projet de loi a passé et, dans
votre mémoire au Conseil des ministres, il y
a eu la clause d'impact sur la
pauvreté, l'impact a été analysé, j'imagine. Ça a été fait?
M. Barrette :
Oui.
M.
LeBel : Puis je sais, bon,
que ça ne peut pas être public, là, c'est un document pour déposer... Mais
je serais curieux de voir, mais on ne peut pas voir. J'imagine, quelqu'un
qui est à l'aide sociale puis qui vit la pauvreté, puis, aujourd'hui, on en vit beaucoup, le climat d'austérité du gouvernement frappe beaucoup de personnes, on
les... les banques alimentaires sont
débordées de gens qui vont chercher des paniers, des... Dans chacun de nos
comtés, de nos villes, on voit...
puis chacun peut le... Je sais que vous le voyez, vous autres aussi, les gens
qui vivent cette pauvreté-là, qui sont à l'aide sociale, selon le régime d'aide sociale, leurs médicaments sont
remboursés. J'imagine que quelqu'un qui est à l'aide sociale, qui va chez le médecin et qui se fait
charger des frais accessoires devrait être remboursé. Et, pour ça, il devrait
avoir un reçu entre les mains pour aller chercher son remboursement. J'imagine
que c'est prévu, M. le ministre?
M.
Barrette : M. le Président, je rappelle au député de... Rimouski —excusez-moi, là, j'ai failli dire Matane, mais
c'est l'autre — au député de Rimouski, M. le Président, que
les activités dont on parle sont extrêmement marginales en volume, et les soins sont d'abord, en immense
majorité, donnés à l'hôpital. Et, à l'hôpital, il n'y a pas de frais, les soins
sont gratuits. Et, à la marge, il y a ces situations-là.
M.
LeBel : De ce que je comprends, quelqu'un qui se fait charger des
frais accessoires, puis il y a une facture en quelque part, puis là on ne sait pas trop elle est où, la facture, le
reçu va se faire comment, bien, cette personne-là qui est à l'aide sociale, qui a besoin d'être
remboursée, elle fait... comment ça va fonctionner, est-ce qu'elle peut avoir
un reçu? Est-ce qu'elle sait les
montants? Comme quand tu vas acheter des médicaments, tu sais qu'est-ce que tu
achètes comme médicaments. Comment ça fonctionne? Est-ce que vous avez
discuté de ça avec votre collègue à la sécurité sociale ou est-ce que vous avez prévu... C'est pour ça que c'est
important, l'idée du reçu et l'idée de la transparence. Pour ces gens-là qui vivent déjà la pauvreté, qui,
souvent, vont se priver de médicaments, ils ont... C'est une question honnête,
une question... J'aimerais avoir une réponse, comment ça va fonctionner?
M.
Barrette : M. le Président, les lois sont claires. Ce n'est pas un
amendement sur la délivrance d'un reçu. Dans tous les services payants, il doit y avoir un reçu. Alors, il ne se fait
pas d'exception, là. La personne qui a à recevoir le service aura à
choisir où elle va. Et la personne, si elle ne veut pas avoir à payer, va aller
à l'hôpital.
M.
LeBel : Je comprends, mais expliquez-moi, quelqu'un... Les frais
accessoires, là, c'est facturé à des gens, à du monde. Ça fait que les personnes qui vont aller chez le médecin, puis
ils vont se faire charger des frais accessoires... Moi, si ça m'arrive, je vais
être obligé de les payer, ces frais accessoires là. Mais quelqu'un qui vit sur
la pauvreté, la pauvreté extrême, il
est à l'aide sociale, puis le régime lui dit qu'il a le droit au remboursement
de médicaments, dans ce cas-là, mécaniquement, comment ça va se faire?
M.
Barrette : C'est exactement comme maintenant, il n'y a rien qui
change, M. le Président.
M.
LeBel : Mais est-ce qu'il va avoir un reçu? C'est là qu'on
demande : «Un reçu doit être produit pour chaque frais facturé...»
Est-ce qu'il va avoir un reçu de produit pour ses frais facturés?
M. Barrette :
Monsieur le...
M.
LeBel : Bien, M. le ministre, je comprends... Ça a l'air à
l'impatienter, mais c'est une question de bonne foi que des personnes peuvent se poser. Puis je vous
le dis, là, je pose la question de bonne foi, puis j'aimerais ça, juste avoir
une réponse. Je ne veux pas étirer le temps,
je ne veux pas rien faire de ça, j'ai besoin d'une réponse honnête pour des
gens qui se posent des questions.
M.
Barrette : M. le Président, à chaque fois... Ils sont vraiment
négatifs, l'autre bord, M. le Président. Je veux lui répondre rapidement, puis il pense que ça m'impatiente. Ça ne
m'impatiente pas du tout, je veux lui sauver du temps. Alors, écoutez, M. le Président, on tourne en
rond. La loi, aujourd'hui, elle est claire, il n'y a rien qui change par
rapport à aujourd'hui, quand un
service est chargé, il doit y avoir un reçu. C'est comme ça aujourd'hui, ça va
être comme ça demain et après-demain.
M.
LeBel : Regardez, ce que je veux savoir, est-ce qu'on... L'amendement
dit qu'un reçu doit être produit pour chaque
frais facturé, ça va être ça? Quelqu'un qui est à l'aide sociale, qui va chez
le médecin, qui sera obligé de payer des
frais accessoires, il y aura un reçu produit pour chaque frais facturé, c'est
comme ça, il pourra partir avec un reçu de ce que ça lui a coûté comme
frais accessoires? C'est ce que vous me dites?
M.
Barrette : Bien, M. le Président, c'est ça, comme ça maintenant, ça va
être comme ça après. Il n'y a rien de nouveau
sous le soleil, là. M. le Président, si le député de Rimouski ne connaît pas la
réalité d'aujourd'hui, c'est une chose, mais ce n'est pas mon problème,
là. C'est comme ça aujourd'hui, là...
M. LeBel :
M. le Président, je...
Le Président (M.
Tanguay) : Oui. Rappel au règlement?
M.
LeBel : Sincèrement, là, j'ai posé la question de bonne foi, ça ne me tente pas de me faire
accuser de ne pas savoir comment ça
fonctionne. Ce que je sais, moi, c'est que, quand des gens à l'aide sociale
viennent à mon bureau puis qu'ils ont de la misère à arriver, puis
qu'ils tassent des médicaments, puis ils ne paient pas leurs médicaments parce qu'ils n'arrivent pas, moi, ça, là, je le sais.
Comme député, je le sais, puis tout le monde ici qui ont des bureaux de comté,
qui font un petit peu de bureau de comté le savent.
Ça
fait que ma question, là, elle est très claire, puis je ne n'ai pas de
procès d'intention, puis je ne veux pas que le ministre m'en porte aussi. Est-ce que la personne qui est
à l'aide sociale, qui vit la pauvreté, qui a un reçu, est-ce qu'elle va être remboursée? Puis
est-ce que c'est attaché avec... C'est tout ce que je veux savoir, puis je...
M. Barrette :
Bien, M. le Président...
M. LeBel :
Tout ce que je veux savoir.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
...c'est parce que, là, la question a changé, et là je constate que c'est le
député de Rimouski qui s'impatiente.
M. LeBel :
...
M.
Barrette : Non, pas moi. Moi, je ne m'impatiente pas, moi. Alors, à
ses questions j'ai répondu. Ses questions étaient : Il va-tu y
avoir un reçu? La réponse, c'est oui, c'est comme aujourd'hui.
M. LeBel :
Puis il va être remboursé?
Le Président (M. Tanguay) :
M. le député de Rimouski.
M.
Barrette : Bien, aujourd'hui, là, à ma connaissance, ils ne sont pas
remboursés, mais il faudrait que je vérifie, par exemple, ça. Ça, il faut que je vérifie, aujourd'hui, si, en
cabinet, pour les médicaments, les personnes de l'aide sociale sont
remboursées, mais je pense que non. Il faudrait que je vérifie.
Le Président (M.
Tanguay) : O.K. Collègue de Rimouski.
M. LeBel : Ma question était
pertinente, il faut croire.
M. Barrette :
...les autres étaient ce qu'elles étaient.
Le
Président (M. Tanguay) : D'accord. Y a-t-il d'autres interventions?
Collègue de Rosemont, la parole est à vous.
M. Lisée :
O.K. Bon, très bien. Je suis content d'entendre la réponse du ministre à mon
collègue de Rimouski. Donc, il va
vérifier, effectivement, dans les cas où des personnes à l'aide sociale vont
dans des cliniques médicales privées, mais
assurées et qu'elles se font remettre un reçu pour des frais accessoires — non pas seulement les médicaments, les
frais accessoires — est-ce que ces reçus seront ouverts à
remboursement ou non. C'est une question. Puis, effectivement, le député
a raison, dans l'évaluation de l'impact sur la pauvreté à laquelle est soumis
chaque mémoire au Conseil des ministres, ces
choses-là doivent être discutées. Alors, peut-être que ça a déjà été vu. Mais
donc on attendra la réponse du ministre lors de nos prochaines
rencontres là-dessus, c'est important.
Maintenant,
sur cette question de la facturation, le rapport de la Protectrice du citoyen
est très large et va sur les frais accessoires, dont elle demande
l'éradication comme première mesure à prendre, mais aussi elle parle d'autres
problématiques qui, je suis certain, intéressent le ministre où il y a un
certain nombre de traitements qui commencent à
l'hôpital, mais ne sont pas faits dans l'hospitalisation, qui suscitent des
frais, même si c'est assuré, ou dans des cas où la première ligne, c'est
un cabinet privé qui, lui, charge des frais, même si c'est assuré.
Alors, c'est
dans les pages, là, 14, 15, 16, 17 du rapport de la protectrice, et elle
dit : Écoutez, c'est un problème qui
va à l'encontre de l'idée de la gratuité, de l'universalité et de problèmes de
continuum de services, et elle propose dans sa recommandation
R-7 «que le Règlement d'application de la Loi sur l'assurance maladie soit
modifié afin que les services suivants
soient considérés comme assurés — peu importe qu'ils soient donnés à l'hôpital
ou en clinique privée, et là elle
fait la liste : l'ultrasonographie[...], l'imagerie par résonance
magnétique, la tomodensitométrie, la thermographie, la mammographie,
l'usage des radionucléides in vivo, la tomographie optique du globe oculaire et
l'ophtalmoscopie confocale, l'ablation
chirurgicale d'une dent ou d'un fragment dentaire et l'injection de substances
sclérosantes dans les veines variqueuses».
Et ça, elle
dit : Ça, c'est ma liste pour maintenant, là, parce que je vois que c'est
une tangente qui fait en sorte que le
patient qui pense qu'il peut passer de l'hôpital ou d'être un patient de jour à
l'hôpital... parce qu'il est de jour, il se rend compte qu'il va devoir payer quelque chose qui n'est pas couvert,
etc. Ça commence à être un casse-tête auquel le patient du système de santé québécois ne devrait pas être confronté, et
donc il se retrouve avec des factures, des factures qui ne sont pas
remboursées.
Alors, est-ce
que le ministre est d'accord avec cette recommandation de la Protectrice du
citoyen, de dire : Bien, à partir
du moment où un service est assuré, il devrait être assuré, et non pas lié au
fait que la personne est hospitalisée ou n'est pas hospitalisée, ou se
fait renvoyer à une clinique médicale, où, dans un cas, l'optométrie ou
l'ophtalmologie, l'hôpital renvoie en
première ligne, ça, c'est la première ligne, la première ligne change? Est-ce qu'il
est d'accord avec la protectrice que c'est un problème?
Est-ce qu'il compte le régler?
• (12 h 20) •
M. Barrette :
M. le Président, l'objet du débat est l'amendement 25.4. Je me suis abondamment
étendu sur le rapport de la
protectrice. Je n'ai pas l'intention, puisque ce n'est pas l'objet de notre
commission, de faire une dissertation sur le rapport de la protectrice,
qui n'est pas l'objet du débat.
M. Lisée :
Bien, M. le Président, l'objet du débat, c'est les reçus qui doivent être
produits pour chaque frais facturé. Alors,
on peut dire : Bien oui, mais c'est seulement dans le cadre du frais
accessoire. Mais, dans son rapport sur les frais accessoires et sur les factures qui sont données, la protectrice
dit : Bien, le problème ne s'arrête pas là, il est plus général.
Et,
d'ailleurs, la directrice de notre très vaste centre de recherche en santé et
services sociaux attire mon attention sur
une déclaration, une promesse de campagne électorale du premier ministre actuel
qui avait promis que les scans et l'imagerie médicale seraient payés
pour tous, peu importe que ce soit en clinique ou à l'hôpital.
Et je vois même une dépêche où on dit : «Le
candidat libéral dans La Pinière — un certain docteur qui est
maintenant ministre — a
indiqué que l'imagerie médicale gratuite coûterait 50 millions de dollars
sur trois ans.» 50 millions, c'est un
chiffre intéressant, mais que ce serait couvert. Alors, qu'est-ce qui s'est
passé avec cette promesse?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, l'objet du débat, c'est un amendement. Le
député de Rosemont veut faire diversion. Sur la question des chiffres, je lui rappellerai — et des écrits — qu'ils voulaient faire la même chose à la
dernière élection, qu'ils ont déposé
un budget sans crédits parce qu'il sait très bien qu'il n'avait pas les moyens,
lui non plus, de tout faire. Fin du commentaire, revenons à 25.4.
M. Lisée :
Il y a une chanson country, là, dont je vais envoyer le MP3 au ministre, et on
entend : «You can almost hear
the promises break.» On entend presque le son des promesses qui se brisent. Et
d'ailleurs, si quelqu'un veut s'adonner à une activité à la fois amusante et navrante, c'est de lire les promesses
électorales du Parti libéral du début 2014 et leur cadre financier, c'est vraiment... c'est le
festival des promesses brisées. Et donc celle-là, où le candidat dans
La Pinière s'était engagé, ça fait partie de cette longue liste.
Ici, on
demande que la facture soit produite et que la RAMQ reprenne ces fonds sur la
rémunération. Parce que l'autre
argument, c'est que c'est comme ça dans les autres provinces canadiennes. Et le
ministre sait que mon intérêt pour les autres provinces canadiennes est
aussi grand que pour les États américains ou les autres pays dans le monde,
j'ai beaucoup de respect pour elles. Mais je sais que,
lui, ça l'intéresse beaucoup parce qu'il a voulu que les médecins spécialistes
aient le même niveau de rémunération que dans les autres provinces, et il y a
réussi. Mais, dans les autres provinces, il
n'y en a pas, de frais accessoires qui sont versés aux médecins. Pourquoi
est-ce qu'il y a un genre de «double dipping», là? Pourquoi ils doivent
avoir à la fois la rémunération équivalente à celle des autres provinces et les
frais accessoires?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je comprends que le député de Rosemont,
séparatiste dans sa pensée, voudrait nous amener sur un débat avec le
Canada. Moi, je l'invite à rester sur l'amendement à 25.4.
M. Lisée :
L'amendement à 25.4 fait en sorte que les médecins spécialistes du Québec
fassent... C'est une façon de faire
en sorte que les frais accessoires fassent partie de leur rémunération. C'est
le cas au Canada. Et pourquoi c'est pertinent?
C'est que le ministre a fait en sorte que les médecins du Québec soient payés
autant que ceux du Canada. Alors, pourquoi
sont-ils payés davantage, puisqu'ils ont à la fois le beurre, le salaire du
Canada, et l'argent du beurre, c'est-à-dire les frais accessoires?
Pourquoi?
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, j'invite le député... Je
n'irai pas là-dedans, M. le Président, ce n'est pas l'objet du débat.
Mais, juste pour l'informer, ce n'est pas le cas au moment où on se parle.
Et,
deuxièmement, M. le Président, ce n'est pas l'objet du débat, et, à la
prochaine fois, M. le Président, je vais soulever la question de la pertinence. On n'est pas dans l'amendement,
on est rendus dans le Canada, la rémunération des médecins dans le Canada, rien à voir... Le député de Rosemont, M. le
Président, fait ses interventions à chaque fois en disant : C'est un amendement qui ne donnerait que des reçus.
Alors, faites-moi le lien entre les reçus, M. le Président, là, et la
rémunération des médecins du reste du Canada.
M. Lisée :
Je vais vous le faire, M. le Président. L'amendement fait en sorte d'amener le
système québécois au niveau du reste
du Canada. Il fait en sorte d'intégrer dans la rémunération des médecins les
frais accessoires. Et on parle du
Canada parce que la rémunération des médecins du Québec est équivalente à celle
du Canada ou est sur le point de le devenir...
M. Barrette : Question de
pertinence, 211...
M. Lisée : Je suis en train
de parler, M. le Président.
Le
Président (M. Tanguay) : Oui. Il y a un rappel au règlement, collègue
de Rosemont. Quand il y a un rappel au règlement, on doit donner suite.
M. Barrette : Alors, 211.
Le
Président (M. Tanguay) : En vertu de la pertinence, M. le ministre, on
a beaucoup appris ensemble puis on continue
beaucoup à apprendre au niveau des limites et de l'application de 211. Ici,
force est de constater que l'on parle, à 25.4, de frais, frais facturés dans le domaine de la santé, la
pertinence est aussi large que cela. Je fais appel, par contre, à notre collègue de Rosemont pour, lorsqu'il prend
des exemples hors Québec, de revenir et de la rattacher, évidemment, à
25.4. Alors, je fais appel à votre collaboration là-dessus. La parole est à
vous.
M. Lisée :
Bien respectueusement, je considère que c'est exactement dans la rémunération.
Pourquoi propose-t-on cela? C'est parce que c'est ce qui se fait dans le
reste du Canada et que la rémunération de nos médecins est en train d'atteindre celle du Canada. En principe, le
gouvernement est d'accord avec ça, ça va se faire. Alors, pourquoi faut-il
aller plus loin que le reste du
Canada? Est-ce qu'on est tellement plus riches que le reste du Canada qu'on
peut payer deux fois? Notre
amendement rétablirait l'équité entre le Québec et le reste du Canada. C'est ce
que demandait le ministre dans sa fonction antérieure pendant des
années, mais là il veut plus que l'équité. Je demande : Pourquoi?
M.
Barrette : Alors, M. le Président, je vais lui donner un élément de
réponse qui... Je ne sais pas si ça va être à sa portée.
M. Lisée : Bon, M. le
Président...
M. Barrette : Bien, quoi?
Le Président (M. Tanguay) : Vous
savez, il y a plusieurs sens à l'expression...
M. Lisée : Non, je pense que
c'est...
Le Président (M. Tanguay) : Faites
attention, M. le ministre.
M. Barrette : Oui, mais
vous allez comprendre, M. le Président, pourquoi je dis ça. Je n'ai pas dit à
sa portée intellectuelle, j'ai dit à sa portée politique.
M. Lisée :
C'est juste une variation dans le mépris, M. le Président.
M. Barrette :
Pas du tout, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Je...
M. Barrette :
Mon Dieu!
Le Président (M.
Tanguay) : Oui, mais vous constaterez qu'il pourra y avoir un aspect
positif, et j'invite le ministre à s'y engager.
M.
Barrette : Tout à fait. Alors, je constate qu'il y a de l'impatience à
Rimouski et il y a un épiderme sensible dans Rosemont. C'est correct.
M.
le Président, le Québec fait des choix, des choix transparents, clairs, on les
a déjà faits. Ce n'est pas dans la portée,
manifestement, politique de la politique du Parti québécois, ce n'est
clairement pas ça. Le Québec, par exemple, M. le Président, a choisi d'avoir un régime général d'assurance
médicaments — gé-né-ral — qu'aucune province n'a. Aucune, zéro, pas une. Rien au Canada, que chérit
tellement et surprenamment le député de Rosemont, personne, rien n'existe qui s'approche, dans le Canada, à notre
régime. Il coûte cher, il coûte 4,2, 4,3 milliards de dollars. Mais nous
avons, nous aussi, avec le Canada, la
problématique d'une enveloppe budgétaire qui n'est pas infiniment extensible,
des choix doivent être faits. Faire
des choix en toute transparence, ce n'est pas nécessairement à la portée — du moins, dans l'histoire récente — du Parti québécois, ça ne l'est pas. On fait
des choix. Alors, quand le député de Rosemont, comme toujours, prend un
argument, il prend les éléments qui font son affaire puis oublie ceux qui ne
font pas son affaire.
M. Lisée :
Jamais je ne fais ça.
M.
Barrette : Il ne fait jamais ça, c'est sûr. M. le Président, c'est
sûr, il n'y a personne qui a remarqué ça, là, dans les dernières heures. Alors, c'est tout, M. le
Président, là. Il y a une enveloppe globale, il y a des choix qui doivent être
faits. C'est des choix que l'on fait pour
donner les services les plus pertinents à la population en fonction de la
capacité de payer et dans la forme la plus appropriée à la population.
C'est tout...
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Richelieu, la parole est à vous.
• (12 h 30) •
M. Rochon :
Oui. M. le Président, nous continuons sur la question des frais accessoires
parce que c'est une question extrêmement
importante, centrale, pas banale du tout, relevée dans un rapport par la Protectrice du citoyen : «...il
est à souligner, dit-elle, que la
facturation des services sujets à [la] tarification fait de
plus en plus partie d'une nouvelle philosophie de pratique commerciale qui tend à se
développer en clinique médicale et en cabinet de médecins participant au
régime public.» À titre d'exemple, elle nous parle d'un article publié en
juillet 2008 dans la revue...
Une voix :
...c'est bon.
M. Rochon :
Oui, ça, c'est bon. Ça, c'est bon parce que ça illustre ce phénomène-là.
Alors,
je reviens à ce qui est bon, là... qui est très mauvais, mais qui est bon pour
illustrer la problématique : «...en juillet 2008 [...] la revue Santé inc. propose — écoutez ça, M. le Président — aux médecins spécialistes et généralistes
d'augmenter leurs revenus de 30 % grâce à la facturation des services non
assurés. À l'opposé, le regroupement des Médecins
québécois pour le régime public dénonce ce qu'il qualifie de pratiques
déviantes — "déviantes",
ce n'est pas léger, là, puis c'est la
Protectrice du citoyen, là, qui rappelle ça — de la médecine et de marchandisation de la
santé dans un rapport portant sur la
facturation aux patients.» Marchandisation de la santé, ça existe bel et bien,
et il faut s'y attaquer, s'y adresser, comme on entend souvent.
«Les
enjeux éthiques et déontologiques ressortent clairement dans ces positions
diamétralement opposées — auxquelles on réfère souvent ici — sur
une même problématique, laquelle se situe au coeur de la réforme clarifiant le
Code de déontologie des médecins. Nous en
sommes aujourd'hui à la détermination des enjeux légaux entourant les services
non couverts par le régime public, lesquels doivent faire l'objet de
changements législatifs et réglementaires.»
Bien, voilà pourquoi
nous arrivons avec cet amendement à 25.4 :
«Un
reçu doit être produit pour chaque frais facturé en vertu de
l'article 25.2 et transmis par les médecins à la Régie de
l'assurance maladie du Québec, qui déduit à chaque année les montants de
l'enveloppe de rémunération des médecins selon qu'ils ont été facturés par un
médecin de famille [...] ou un spécialiste...»
«Le
Protecteur du citoyen est conscient que freiner cette tendance lourde du
glissement graduel vers le financement privé
est une tâche exigeante. Toutefois, il soutient qu'ignorer le problème aurait des
conséquences encore plus grandes à
long terme.» Nous enjoignons, depuis des heures effectivement, depuis des jours
effectivement — puis on
est fiers de ça, puis on va
continuer — le
ministre à en tenir compte. «Il est [...] temps d'agir — écrit la Protectrice du citoyen — [...] plus on attendra, plus il sera difficile de corriger cette tendance et plus
l'effort financier de redressement vers l'équité dans l'accès sera important.»
C'est de ça que mon collègue de Rimouski parlait brillamment tantôt, là, l'équité
dans l'accès.
«Ne rien faire revient à
tolérer la perpétuation d'un système de santé et services sociaux de moins en
moins équitable. L'éradication des frais
accessoires pour les services assurés constitue la première solution à
implanter, notamment parce que
l'enjeu de financement — les estimés sont de l'ordre de 50 millions de dollars — est nettement moindre que pour les services médicalement requis [...] qui ne
sont pas couverts en dehors du milieu hospitalier. Certes, 50 millions
de dollars — écrit la Protectrice du citoyen — constituent une somme importante. Toutefois,
elle demeure gérable — c'est notre point de vue
aussi — eu égard
à l'enveloppe globale des dépenses publiques pour la mission santé et services
sociaux, laquelle se chiffre à près de 33 milliards de dollars en
2015-2016.»
50 millions,
33 milliards. Jamais je ne croirai qu'on ne peut pas régler ça sans
refiler une facture aux patients. J'ai dit
maintes fois ici que les aînés n'avaient pas les moyens de payer pour des frais
accessoires, n'avaient pas les moyens de
devoir se rendre au cabinet de leur médecin avec, en plus de leur carte
d'assurance maladie, leur carte de crédit. Ça n'a pas d'allure, ils sont
nombreux à m'écrire ça. Déjà qu'ils doivent payer dans le cas de services non
assurés.
Et j'ai un
exemple de ça, c'est ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve qui me transférait un
courriel reçu d'un de ses citoyens,
c'était au sujet... Lui, il écrivait à sa députée au sujet des questionnaires
médicaux envoyés par la SAAQ aux
détenteurs de permis de conduire, aux détenteurs âgés de permis de conduire.
Ces questionnaires doivent être remplis par deux médecins, nécessitant deux visites, à un médecin généraliste et
à un médecin spécialiste, ophtalmologiste. Les frais associés à cette opération ne sont pas assumés par la RAMQ, hein?
C'est ça, on est dans les services non assurés, je le sais bien, et ça a coûté au citoyen en question 80 $. Alors,
lui, il dit : Coudon, j'ai déjà ces affaires-là à payer — il le regrette — je
vais avoir en plus des frais accessoires...
M. Barrette : M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Rappel au règlement. Collègue de Richelieu, j'ai un rappel au règlement.
M. Barrette : 211, pertinence.
Le Président
(M. Tanguay) : Oui. Peut-être juste, quand j'essaie de vous donner la
parole, de ne pas embarquer par-dessus moi, là, de part et d'autre.
Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Barrette : 211, pertinence. Le député de Richelieu traite de frais de
services non assurés. L'objet de la loi, c'est les services assurés.
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, sur la pertinence, encore une fois, on
peut toujours y aller par analogie, ce qui
est couvert, ce qui n'est pas couvert. Alors, je me dois, évidemment, de le
souligner, évidemment, la pertinence est très large. C'est l'essence de notre règle, de notre règlement, qui
permet au collègue d'intervenir tant qu'il demeure dans le sujet, qui
est les frais en matière de santé. C'est la règle que je me dois de reconnaître
et de faire appliquer.
Alors,
collègue de Richelieu. Toujours aussi, je vous invite, tout le monde, quand on
fait des analogies, oui, on peut
sortir du Québec et y aller sur des frais non assurés, mais de revenir. J'imagine,
c'est des arguments par analogie, entre autres.
M.
Rochon : J'étais tout à fait
conscient que je faisais, dans ce cas précis, en donnant lecture de cette
lettre d'un citoyen âgé
d'Hochelaga-Maisonneuve, référence à des frais non assurés. Je le savais, je
l'ai même dit, hein, je l'ai même dit. Mais la démonstration que je
voulais faire au ministre, c'est que les aînés ont bien assez de devoir payer
pour ces services non assurés sans qu'on en
rajoute. Ce monsieur — puis je termine rapidement le courriel qu'il adressait à ma
collègue — il dit : «À moins qu'on me fasse la
démonstration du contraire, je considère abusive cette opération dirigée
uniquement vers les vieux. Les conducteurs
âgés — dit ce
monsieur — ne
constituent pas un risque plus grand de faire un accident routier que
les autres groupes d'âge. Alors, pourquoi viser les vieux?» Bon, c'est tout.
Alors, je
réitère que le ministre doit faire preuve d'ouverture à l'égard de cet
amendement soumis par la députée de
Taillon à l'effet qu'un reçu doive être produit pour chaque frais facturé en
vertu de l'article 25.2 et transmis par les médecins à la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui déduit à chaque
année les montants de l'enveloppe de rémunération
des médecins selon qu'ils ont été facturés par un médecin de famille ou un
spécialiste. Nous avons donné de
l'ampleur... le ministre a donné de l'ampleur à ces enveloppes de rémunération
des médecins de famille et spécialistes, il y a de la marge là en masse — plusieurs médecins, d'ailleurs, le
reconnaissent, l'écrivent, le disent — pour que les frais accessoires en
soient imputés.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Je n'ai vraiment rien
à ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : Y a-t-il
d'autres interventions sur l'amendement 25.4? S'il n'y a pas d'autre
intervention... Collègue de Lévis, la parole est à vous.
• (12 h 40) •
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
faut-il le rappeler, je pense qu'on a tous... Et là je saisis, je comprends,
j'essaie de voir un peu la façon de
procéder, puis l'objectif à la base est le même, je veux dire, c'est-à-dire de
faire en sorte que les frais accessoires n'existent plus. Je pense qu'on
est tous d'accord là-dessus, on s'est tous battus pour ça avec des chemins différents. Avec
des chemins différents. D'ailleurs, dans la proposition énoncée par notre
formation politique, l'objectif était celui-là aussi, je le rappellerai. Il
était, au départ, de faire en sorte qu'on puisse convenir d'un forum où nous aurions pu, ensemble, entendre davantage de
perceptions, de réactions, de solutions potentielles. Et il y en aurait eu assurément, puis le but de l'exercice, c'était
de bonifier notre travail commun, faire en sorte qu'on travaille pour le patient. Pas besoin de
rappeler que, manifestement, on n'a pas pu se rendre jusque-là.
Je fais ce préambule parce qu'on va revenir à l'amendement
des collègues de l'opposition. Et notre vision de l'objectif à atteindre,
ensuite, bien, devant les faits, on a tenté, communément aussi, de faire en
sorte que ces règlements qui
détermineront les frais accessoires acceptables soient aussi présentés et
discutés. Et, là aussi, bien, ça n'a pas fonctionné. Et pourtant, bien, je veux dire, il y avait
encore un objectif là, dans ma tête à moi, très constructif. En tout cas, pour moi, manifestement très
constructif, c'était d'être en mesure qu'on sache encore une fois... puis peut-être qu'on modifie pour le citoyen une décision qui ne va pas dans le sens que celle
que l'on souhaite, que les frais accessoires ne soient plus là.
De notre côté, il y a
un élément très important, puis on l'a fait valoir publiquement, puis ce n'est
pas la première fois, et ça rejoint
en ce sens-là dans certaines de nos propositions qui sont articulées
différemment de celles de nos collègues, mais
qui visent un objectif commun, mais le chemin n'est pas toujours
le même... C'est drôle parce qu'hier on en parlait notamment dans les
discussions, on disait qu'on peut toujours rejoindre un endroit, pas
nécessairement par le même chemin, mais on
finit toujours par y arriver. Alors, l'objectif... puis la destination, elle
est commune. Comme on dit, on ne veut
pas de frais accessoires, puis on souhaiterait que, dans une entente, dans
l'entente à être négociée sur la rémunération globale des médecins, on puisse prévoir systématiquement une enveloppe
concernant les frais accessoires, comprenant que, dans cette négociation-là, à partir du moment où on négocie ces
frais-là faisant partie de la rémunération globale, on arrivera à notre
objectif commun de faire en sorte qu'il n'y ait pas de frais accessoires.
Et là, bien, c'est là qu'on tombe sur la notion
des moyens. Dans notre tête à nous, il faut revoir le mode de rémunération des médecins. C'était une de nos
premières demandes. Ça rejoint plusieurs demandes formulées par plusieurs
groupes. Ça rejoint également ce que l'on lit à travers les propos de la
Protectrice du citoyen. Ça rejoint également, beaucoup
plus avant ça, les propos de Claude Castonguay. Ça rejoint aussi les
inquiétudes, les avis exprimés par Me Jean-Pierre
Ménard. Alors, cette enveloppe-là doit être négociée. Je pense que c'est une
occasion unique d'inclure les frais accessoires dans la rémunération
globale des médecins, c'est exactement ce que l'on propose.
Les
négociations avec les médecins, soit dit en passant, parce que c'est assez...
Parce que, là, il y a une espèce de
mélange de genres, là, les gens pensent que l'étalement de l'augmentation
accordée aux médecins sur une période de temps fait en sorte qu'on n'ait plus à négocier la rémunération des
médecins. Et, si je me trompe, on me corrigera, mais je pense que, de fait, l'entente sur la
rémunération des médecins est à échéance, là, elle est complétée, là. La
négociation devrait
éventuellement — je
présume, en tout cas — se faire si elle n'est pas déjà entamée. Mais on est dedans, on
est là-dedans.
L'action la
plus simple, c'est, bien sûr, une négociation qui marche rondement parce que
tous les médecins décident de mettre l'épaule à la roue et de faire en
sorte que notre système de santé soit meilleur que ce qu'il est présentement à
tous les chapitres. Et, si ça se règle rapidement, bien, on n'en a plus, de
problème, ça se réglerait très vite.
Dans
l'amendement de nos collègues, je comprends la notion du reçu, c'est important.
Alors, c'est important. Puis, à moins
que je me trompe encore une fois, mais, en fouillant un peu, je pense que, dans
le code de déontologie révisé du Collège
des médecins, à être appliqué, il y a une notion là-dessus. Je pense qu'il y a
un élément très, très précis — on me corrigera, mais, en tout cas, ce que j'en sais — sur la facturation aux patients puis la
trace tangible et papier ou électronique de cette même facturation. Ça
fait que, sur la notion du reçu, je comprends.
Il y a une
question posée par le collègue aussi qui était bonne. Parce que, juste avant
qu'il la pose, qu'on arrive à une
non-réponse qui amènerait une réponse éventuellement, là, je veux dire, je ne
le savais pas plus. Bien, puis ça aussi, ça sert. Cette commission-là nous permet de faire en sorte qu'on puisse
avoir des réponses à des questions qu'on n'a pas, puis c'est normal qu'à
un moment donné on s'en pose.
D'ailleurs,
ceci dit, parenthèse avant que je continue, mais, M. le Président, j'en aurais
une, question. Je ne le sais pas, je la pose comme ça. Elle semble
peut-être... mais, à même enseigne, quand le collègue de l'opposition demande
si les frais accessoires seraient remboursés à quelqu'un qui bénéficie de l'aide
sociale... Bon, quand il y a des frais accessoires — très,
très mathématique — y a-tu de la TPS puis de la TVQ? Y
a-tu de la TVQ là-dessus?
Sur ces frais-là, est-ce qu'il y a des taxes qui sont également imposées
ou pas? Et là je la pose très candidement, là, parce que, là...
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je vais vous avouer que ça, c'est un grand litige juridique avec Revenu Québec qui, à mon sens, n'est pas encore résolu. À l'hôpital,
il n'y a pas de taxes, là, il y a un remboursement de taxes. Et, dans les
cliniques, au moment où on se parle, il n'y en a pas. O.K.? Mais
il y a des questionnements qui ont été soulevés dans la dernière année et demie, là, je dirais, par Revenu Québec, et honnêtement, là, cet élément-là, cette question-là
n'a pas été — à
ma connaissance, là, parce
que je ne peux pas parler pour Revenu Québec, là — résolue.
Au moment où on se parle,
c'est non. Mais Revenu Québec a questionné la chose. Mais il n'y a
pas eu de... Je ne suis plus dans la pratique, alors je ne sais pas ce
que Revenu Québec a pu conclure à cette date-ci.
M. Paradis
(Lévis) : Ça n'a l'air de
rien, mais c'est quand même important. Parce que, dans la notion de
frais accessoires, le but de
l'exercice, c'est de n'enrichir personne. C'est ça, le but de l'exercice. C'est
ce qu'on s'est fait dire. Mais là, si
on est en train d'étudier la
possibilité de taxer ce qui semble être quelque chose d'essentiel — là, je veux dire, c'est un service essentiel, hein, c'est un frais
essentiel, je m'en vais puis je paie pour avoir le traitement puis les soins me
permettant de... — alors, ça voudrait dire que, quelque part,
hypothétiquement, sur ces questionnements-là de Revenu Québec, le
gouvernement, si on taxait les frais accessoires, bien, ferait un peu de profit
sur les frais accessoires.
M. Barrette : Le gouvernement?
M. Paradis (Lévis) : Bien, je veux
dire, par le biais des taxes, inévitablement. Je veux dire, l'essence même d'une taxe est celle-là, c'est qu'il y ait un
revenu quelque part. Ce qui serait quand même assez étonnant, et c'est ironique
quand on parle de frais aussi essentiels que
ceux-là, qui, dans... Et là je ne veux pas qu'on fasse le débat pour Revenu
Québec, là, je présume qu'ils sont
nombreux à réfléchir à la question. Mais avouons ensemble que ce serait un peu
ironique que le gouvernement puisse aller chercher des revenus sur des frais
accessoires que l'on souhaiterait ne pas voir imposés, puis dans la
notion de profit ou quoi que ce soit, ceci dit. Et on pourra s'informer
davantage pour avoir d'autres réponses là-dessus.
M. Barrette : ...
M. Paradis (Lévis) : O.K. M. le
Président, ceci dit, là — puis
ça pose plein de questions — je
ne sais pas si l'amendement de nos
collègues, très honnêtement, utilise le bon moyen. Moi, dans ma tête à moi, M.
le Président, le bon moyen, c'est de
faire en sorte que, dans la rémunération qui doit... puis dans la négociation
qui va se faire là, là... Elle se fait là, y a-tu possibilité que, déjà,
on aborde ce thème-là, c'est-à-dire de voir une enveloppe particulière dans la négociation prévue pour les frais accessoires, ce
qui règle bien des affaires? Alors, je ne sais pas si le moyen est bon de
dire : Sur reçu, réception de la RAMQ,
c'est correct. Que la Régie de l'assurance maladie ait compilation de ces
montants-là, je pense que ça va de
soi parce qu'il faut, quelque part, être en mesure de juger collectivement de
ce que ça aura coûté. Le ministre a toujours parlé de 50 millions,
c'est-u 50? Ça pourrait-u être 25? Si c'est 150, qu'est-ce c'est qu'on fait?
Alors, on
pourra valider le fait que certains craignent que des médecins décident
d'emboîter le pas, ce qu'ils ne faisaient
pas auparavant, parce qu'auparavant on parlait de 113 cliniques. Si
admettons... C'est sûr que c'est de l'hypothèse, mais il faut les prendre en compte. C'est comme ça qu'on fait puis c'est
comme ça qu'on avance, c'est comme ça qu'on crée quelque chose. Si, quelque part, on prend pour acquis que des
médecins décident, parce qu'on a validé certains actes... frais accessoires avec cette majoration
calculée — puis le
processus a été savamment expliqué hier — que ça coûte plus cher, il faut le savoir parce qu'on devra, à ce
moment-là, légitimement se questionner sur ce que ça nous coûtera
collectivement.
Alors, en
10 secondes, bien, je veux dire... Et on continuera probablement la
discussion cet après-midi, mais, de fait, moi, j'imagine, et j'aimerais savoir,
puis je demanderai au ministre au retour est-ce que la négociation est entamée
actuellement. Je ne veux pas entrer... je ne
veux pas qu'on la fasse ici, il n'y a pas de fédération ou quoi que ce soit,
mais est-ce qu'il est dans les
projets, les objectifs du ministre, dans cette ronde-là qui doit s'entamer, de
faire en sorte qu'on puisse prévoir
ce dossier-là faisant partie de la rémunération globale des médecins? Je me
demande si ce chemin-là, entre la 20 puis le chemin du Roy, n'est pas
plus facile pour atteindre le même objectif.
Le Président (M. Tanguay) : Chers
collègues, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 15 h 46)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. La commission reprend ses travaux, et je vous
rappelle que le mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée.
Je demande à
toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de votre téléphone cellulaire.
Avant la suspension de nos travaux, nous étions
rendus à l'amendement de la députée de Taillon introduisant
l'article 25.4, et je suis prêt à reconnaître celles et ceux qui
voudraient intervenir. Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Oui. Oui, oui. Merci, M. le Président. Donc, effectivement, l'amendement, c'est — pour
que les gens qui se joignent à nous le
conçoivent bien : «Un reçu doit être produit pour chaque frais facturé en
vertu de l'article 25.2 et
transmis par les médecins à la Régie
de l'assurance maladie du Québec, qui
déduit à chaque année les montants de
l'enveloppe de rémunération des médecins selon qu'ils ont été
facturés par un médecin de famille, FMOQ, ou un spécialiste, FMSQ.»
Moi, ce que
je voulais vérifier, c'est comment on va, à travers notre situation
actuelle qu'on va autoriser, estimer la
valeur de ces frais accessoires là. Là, actuellement, on l'estime
approximativement à 50 millions.
J'ai entendu d'autres chiffres, qui pouvaient aller à 70 millions, hier. Comment on va savoir, dans un an, combien les Québécois
ont été facturés en frais accessoires?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, hier, j'ai eu la question exactement similaire à celle-ci, mais là la même, vraiment la même, et j'y ai répondu très
précisément.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : M. le Président, le ministre
a dit que ça serait complètement transparent, mais je n'ai pas entendu de quelle façon ça va être transparent
pour un citoyen d'aller voir, par exemple, combien son
médecin a chargé de frais accessoires
ou combien une clinique médicale a chargé de frais accessoires. Un patient
pourrait, par exemple, dire,
puisque ce n'est pas obligatoire que
les gens s'en prévalent, il pourrait dire : Moi, je vais choisir une
clinique médicale où les médecins ne
m'en chargent pas, de frais accessoires, pour mon soin ophtalmologique, et puis
il pourrait avoir besoin d'aller voir ça.
J'ai même
reçu pendant l'heure du dîner un courriel de quelqu'un qui me présentait...
un médecin, en fait, qui m'expliquait
que lui avait eu la chance d'avoir des examens, puis il n'avait pas eu à payer
pour aucuns frais de coloscopie pour
des coloscopies qu'il a passées. Donc, je
pense que c'est une information d'intérêt public, et ça pourrait créer quelque part un équilibre au niveau des
choix. Donc, est-ce que ce sera possible pour les citoyens de savoir quelles
cliniques chargent et quelles seront les charges qui seront prévues?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, juste comme ça, je doute fort que quelqu'un ait eu une
colonoscopie sans frais, là, mais ça, c'est... Ça m'étonne, j'exprime
mon étonnement, M. le Président.
Maintenant, le Code de déontologie du Collège des médecins, comme le sait sans aucun
doute la députée de Taillon, qui a déjà été
présidente d'ordre... elle sait très bien, parce que
les ordres se parlent, particulièrement ces deux ordres-là, que les professionnels
ont l'obligation d'afficher leurs listes de prix.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : Mais la liste de
prix ne veut pas dire qu'ils vont nécessairement le facturer. Dans un cas, dans une
clinique médicale, la clinique pourrait convenir... puis un des médecins
pourrait dire : Moi, je ne charge pas.
Moi,
l'objectif, là, c'est pour faire le lien avec l'amendement, c'est : Est-ce qu'il y a un mécanisme transparent qui
permet de savoir qui a facturé quoi en frais accessoires? Pas sur ses
honoraires de base, là, en frais accessoires, est-ce qu'on va avoir ça?
• (15 h 50) •
M. Barrette : M. le Président, la
réponse...
M. le Président, le but de l'amendement, là,
ultime, à mon avis, n'est pas ce que décrit la députée de Taillon, ça m'apparaît très clair. Et, pour ce qui est du
patient, j'ai dit que le patient peut très bien avoir l'information. Et, pour
ce qui est d'avoir l'information, savoir qui facture quoi et qui ne le
facture pas, il pourrait être assez facile d'avoir cette information-là en imposant un code dans le cas de
la facturation de frais accessoires. On peut faire ça, on va avoir une
donnée directe.
Mme
Lamarre : Oui. Bien, ça, je pense que ça serait tout à fait positif.
Même, ça serait aidant pour le ministre, vous en l'occurrence, dans les premières années, à tout le moins. Et
n'importe quel ministre pourrait vouloir avoir une idée précise des
tendances de ces frais accessoires là et de... Je trouve que c'est quelque
chose qui est un indicateur intéressant de
savoir où ça se situe, où c'est le plus important. Donc, le reçu, il va être
transmis par les médecins à la Régie de l'assurance maladie. Donc, est-ce
qu'il y a une collecte de cette information-là qui va être demandée?
M.
Barrette : M. le Président, la réponse, c'est non parce que le tarif,
ce n'est pas nécessaire. Si je fais un code, hein, si je fais un code, je sais qui facture, qui ne facture pas, je
détermine ce qui est facturé, il n'y a pas de variation possible. Je
sais donc, dans les statistiques, ce qui a été facturé au total, dans l'absolu.
Mais la finalité de l'amendement de la députée
de Taillon, ce n'est pas ça, c'est de couper le docteur après. Alors, si je
fais un code, je sais ce qui a été facturé. Je pourrais le couper. Mais,
si je le coupe, bien là je... à 180 degrés, là, dans le contraire de ce que je
veux faire.
Mais la vraie
finalité... La députée de Taillon, M. le Président, utilise beaucoup de
questions, fait beaucoup de commentaires
qui ont l'air vertueux, puis, à certains égards, ils le sont, mais la finalité,
c'est de couper le docteur. C'est ça, la
finalité, et pour qu'il y ait zéro coût. C'est ça qu'elle veut, elle veut ça,
là, elle veut que l'amendement qui a été déposé soit contrecarré complètement, annihilé dans son effet, puis c'est la
raison pour laquelle, M. le Président, je pensais qu'il était irrecevable. Mais je ne remets pas en cause
votre jugement, qui était technique, et je le comprends très bien, mais, M. le
Président, on voit bien ici, là, que — je l'ai dit puis je vais répéter ce que j'ai
dit en introduction — on passe
du temps pour un amendement qui ne passera
pas parce qu'il est contraire à l'esprit de ce qui est déposé dans le projet de
loi. Et, quand bien même on l'enroberait de la façon dont on le fait,
bien, ça devient de l'utilisation du temps.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, j'invite les gens à reculer juste de
quelques secondes la vidéo, s'ils l'écoutent sur un préenregistrement, et de voir de quelle façon le ministre se
préoccupe du fait que ça va couper le docteur, ça va couper le docteur, c'est ça que la députée de
Taillon veut, c'est couper le docteur. C'est ça qu'elle veut, là, couper le
docteur, couper le docteur. Moi, je ne veux pas couper le docteur, je
veux protéger le patient, la population et l'argent de la population. C'est ça que je veux et c'est ça que
je pense que les gens voudraient entendre de la bouche de leur ministre.
Parce que c'est leur ministre, et, si lui ne
parle pas en leur nom et continue de parler au nom du docteur, on n'y arrivera
pas. On n'y arrivera pas, à améliorer l'accès,
on n'y arrivera pas, à faire en sorte que les gens en aient pour leur argent
avec tout ce qu'ils investissent dans la
santé au Québec. Mais, on le voit, là, quand on arrive dans une situation plus
corsée, couper le docteur, c'est impensable pour le ministre
actuellement. Alors, je laisse les gens le revisionner à satiété.
Moi,
ce que je demande, c'est qu'on puisse l'apprécier correctement, ce montant-là,
puis qu'on puisse juger de ce
montant-là, est-ce qu'il est justifié, justifiable, et qui doit le payer, qui
doit vraiment le payer. Le ministre nous dit, parce que, dans son... il faut revenir, là, à
l'amendement. Puis, ce matin, je l'ai redit, M. le Président, mais
l'amendement, il prévoit qu'il n'y en a pas, aucun paiement. Si on est
cohérent, là... Regardez toute l'énergie que le ministre dépense à nous expliquer comment il va faire plein de
modalités pour que les médecins puissent en facturer, mais il devrait nous
rassurer en nous disant : Faites-vous-en
pas, inquiétez-vous pas avec ça parce qu'il n'y en aura presque pas, de ça.
C'est des règlements, ça va être
exceptionnel. Je vous le dis, là, je vais utiliser cette prérogative-là de
façon vraiment parcimonieuse, et ça
va arriver pour quelques situations, avec quelques catégories de médecins, pour
quelques patients. C'est ça qu'il devrait dire s'il parlait au nom des
patients. Mais ce n'est pas ça qu'il dit, il laisse présager que ça va vraiment
être ouvert et qu'il va y en avoir, il va y
en avoir beaucoup, des frais accessoires,
ça va être... À chaque fois qu'on va partir pour aller voir un médecin, là, on va se demander : Y a-tu quelque chose qui m'attend derrière la porte qui va faire que je vais me faire
facturer un frais accessoire?
Je
ne l'entends pas, ça, du ministre de dire : Fiez-vous sur moi, là, je vais
faire attention, puis il n'y en aura pas beaucoup, des frais accessoires, ça va être
vraiment une situation exceptionnelle. Parce que le titre de l'amendement que j'ai déposé, c'est :
Aucun paiement ne peut être exigé pour des frais de bureau, pour des frais
d'équipement puis pour des tests
diagnostiques, sauf dans les rares cas exceptionnels où je vais le formuler par
voie de règlement. Rassurez-nous. Rassurez-nous, M. le
Président, je pense que la population a besoin d'être rassurée par le ministre à
ce moment-ci.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, juste pour revenir sur l'intervention de la députée de
Taillon, là, et que le public qui nous écoute comprenne bien l'état
d'esprit de la députée de Taillon, qui est pharmacienne propriétaire de sa profession,
son amendement, là, ce qu'il dit, M. le Président, là, il
dit : Envoyez les factures à la RAMQ, qui déduit chaque année les montants de l'enveloppe de rémunération des médecins. Elle me reproche de dire que la députée de
Taillon veut couper les docteurs,
elle écrit un texte qui coupe les docteurs, M. le Président. Là, à un moment donné, là, tu sais, il faut être
fort, là, pour essayer de construire une image du ministre de la Santé qui protège les docteurs. Il protège le public, le système de
santé au complet, ce que le Parti québécois a refusé de faire.
Je vais vous donner
un exemple de l'état d'esprit de la députée de Taillon, M. le Président.
Mme Lamarre :
...M. le Président...
M. Barrette :
Bien là, monsieur...
Mme Lamarre :
...d'intention. Comment peut-il être capable de définir...
M. Barrette :
Quelle intention?
Mme Lamarre :
...mon état d'esprit?
Le
Président (M. Tanguay) : Je
vous demanderais votre collaboration, faites juste attention où vous allez, là.
M.
Barrette : O.K. Je
vais rapporter des échanges que j'ai eus avec la députée de Taillon
qui, peut-être, vont éclairer les gens sur le sens de la démarche. Quand il y a
eu récemment, M. le
Président, la question
des pharmaciens propriétaires, les
collègues de la députée de Taillon, qui ont eu à faire face à une coupure de
plusieurs dizaines, même plus de 100 millions
de dollars, la députée de Taillon,
pharmacienne propriétaire de son état, propriétaire de deux pharmacies qu'elle
opère encore aujourd'hui, elle est
venue, là, ici, dans le couloir de l'Assemblée nationale, avec le député de
Rosemont me faire des représentations
pour ne pas frapper trop durement les pharmaciens. Elle-même, elle ne voulait
pas — le
député de Rosemont l'appuyait — qu'on frappe trop fort financièrement les
pharmaciens, dont elle-même, ça allait être dur. C'est drôle, hein, les conflits d'intérêts, là, c'est
facile, les insinuer, là, quand c'est moi, mais, quand c'est la députée de
Taillon et ses collègues professionnels...
M. Lisée :
...
M. Barrette :
...là il n'y a pas de problème. C'est ça qui se passe.
Le Président (M. Tanguay) :
Oui. Rappel au règlement, collègue de Rosemont.
Une voix : ...
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre. Collègue de Rosemont, rappel au règlement.
M. Lisée :
Oui. Bien, je pense que le ministre, là, vient de tenir des propos blessants
envers la députée de Taillon en insinuant qu'elle était en conflit
d'intérêts.
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, de part et d'autre, vous le savez,
pour ce qui est des insinuations quant aux conflits d'intérêts, tant d'un côté que de l'autre, mettons ça de côté,
je fais appel à votre collaboration. Et je veux l'appliquer également de
part et d'autre, tant pour les pharmaciens que les médecins, et vice versa.
M.
Barrette : Très bien, M. le Président. Je peux quand même faire noter
à la population que la députée de Taillon a déjà fait des interventions avec le député de Rosemont qui traitaient
des pharmaciens propriétaires, dont elle fait partie. Et moi, je ne l'ai pas accusée, M. le Président, à
ce moment-là, je ne l'ai pas accusée de quoi que ce soit. Je n'ai pas dit
qu'elle était la députée des pharmaciens, je
n'ai pas dit qu'elle avait un désintérêt pour les patients. Je n'ai pas dit ça.
Je n'ai pas dit ça, j'ai reçu la
demande et les commentaires, tout simplement. Mais, ici, M. le Président, on
peut peut-être constater, apprécier
qu'il y a toujours eu, historiquement, une certaine compétition entre des
catégories de professionnels, et
peut-être que ça se reflète dans les propos. Je dis que peut-être que ça se
reflète dans les propos, je laisse les gens en juger.
Mme Lamarre : ...continue
d'insinuer...
Le Président (M. Tanguay) : Faites
attention, j'appelle à votre collaboration.
M.
Barrette : Mais je n'ai rien à rajouter, M. le Président, à cette
étape-ci, là. Je pense que les gens ont compris la portée et le sens de
mes propos.
Le
Président (M. Tanguay) : Je vous rappelle, chers collègues, que
l'objet de notre débat est l'amendement de la collègue de Taillon,
l'article 25.4. Y a-t-il d'autres interventions? Collègue de Taillon, la parole
est à vous.
• (16 heures) •
Mme
Lamarre : Oui. Alors, M. le Président, je vais simplement dire que le
ministre doit vraiment être à court d'arguments pour arriver à des
arguments comme ceux-là en sachant très bien que j'ai fait preuve d'énormément
de discrétion par rapport à tout cet enjeu-là et que c'est mon collègue de Rosemont
qui a toujours pris la parole dans les discours
autant au salon rouge qu'au salon bleu concernant tous les enjeux qui
touchaient les pharmaciens. Alors, je pense que le ministre sait très
bien qu'il n'a pas de leçon à donner,
et que j'ai fait preuve de beaucoup,
beaucoup, beaucoup de discrétion, et que j'ai été toujours très
attentive à ce potentiel conflit d'intérêts.
Ceci étant
dit, il aime bien utiliser, il a utilisé les mots «pharmacienne commerçante»,
«pharmacienne propriétaire». J'ai eu
de la difficulté à l'obtenir. Moi, je vais quand même lui dire que, comme pharmacienne
propriétaire, je suis contente parce
que j'ai créé des emplois, j'ai créé une vingtaine d'emplois en 25 ans. Et je
pense que ce sont des emplois stables, des
emplois qui contribuent à l'économie du Québec, et je pense que ça, ça mérite
aussi d'être noté. Alors, je n'ai pas honte de ma condition de pharmacienne propriétaire. Je sais que je l'exerce
correctement et que je... Je pense que ce qu'on demande actuellement est vraiment pour l'intérêt des
patients et je pense que la population qui nous écoute le comprend bien aussi.
Alors, je
reviens à l'amendement. Le reçu qu'on demande de rendre disponible au
niveau de la Régie de l'assurance
maladie du Québec, qui déduit à chaque année les montants de l'enveloppe de rémunération des médecins, c'est sûr que notre objectif, c'est de faire en sorte que la facture soit la
plus faible possible pour les patients. C'est ça, notre objectif. Oui,
je vous le dis. Puis ça, je n'ai pas du tout de problème à ça, puis je
pense que ça devrait être notre objectif commun à
tout le monde ici, dans cette salle-là, aujourd'hui, c'est que
la facture, que déjà nous, on considère non justifiée dans le contexte de l'assurance maladie
universelle, bien, qu'elle soit la plus faible possible. Donc, mon objectif,
c'est d'obtenir des précisions et peut-être
certaines formes d'engagement du ministre à
l'effet qu'on va essayer de prendre
des mesures collectivement pour que ces frais-là soient les moins
difficiles à subir pour les patients.
Le Président (M. Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, on aura remarqué que la députée
de Taillon n'a pas nié le fait
qu'elle a fait des représentations
dans son intérêt et l'intérêt de ses collègues, ce que je comprends. Ce n'est
pas malsain, ça, M. le Président, ça
fait juste relativiser les choses dans le discours de la députée de
Taillon. C'est un discours, dans la coulisse, qui est d'un ordre, mais qui est d'un autre ordre lorsqu'il
est devant la caméra, M. le Président. Alors, moi, je trouve ça intéressant, je
trouve que c'est intéressant pour les gens de le savoir.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président,
je veux juste vous dire que c'est le ministre qui a demandé des informations. Le ministre a demandé des précisions une fois dans le
corridor, et on a répondu à ses demandes. Alors, à ce moment-ci, je
n'irai pas plus loin parce que ça serait jouer le jeu du ministre, et je pense
que les gens me connaissent depuis très longtemps par rapport à ma rigueur et
ont été en mesure d'apprécier ce que j'ai fait.
Je vais donc
faire en sorte que... Moi, ce que j'aurais aimé, c'est qu'on déduise à chaque
année les montants de l'enveloppe de rémunération des médecins pour qu'on puisse faire en sorte
qu'on ait le plus possible l'information. Mais je vais demander le vote à ce moment-ci parce que je vois bien que le ministre
ne veut pas aller plus loin dans ce dossier-là, il... Je continue de penser que les questions qu'on a posées étaient tout à fait pertinentes, et on doit produire chaque frais facturé en vertu... un reçu. Moi, j'aurais aimé
ça, qu'on puisse convenir de ça, qu'on puisse cumuler et être capables de
dire aux Québécois dans un
an : L'ensemble de tous les frais accessoires que vous avez payés est
moindre que l'année passée, ou est
plus que l'année passée, ou se porte surtout sur certains sous-types d'activités, et on aurait pu réallouer des sommes pour certains équipements peut-être,
faire en sorte que, dans une région donnée, si tel service est demandé plusieurs
fois, qu'on se dise : Ah! bien, c'est peut-être l'hôpital
qui a besoin d'avoir un appareil supplémentaire. Alors, je demande le
vote, M. le Président.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, dernier commentaire, de clôture, peut-être.
Je rappellerai à la députée de
Taillon et au député de Rosemont qu'ils ont sollicité une rencontre qui a eu
lieu au pied de l'escalier de l'Assemblée nationale au sortir du salon bleu,
les deux ensemble, en diagonale entre l'escalier et le poste du gardien de
sécurité, M. le Président. Évidemment que la députée de Taillon
va choisir d'avoir un oubli sélectif, et c'est correct, mais la réalité,
elle est celle-là. Voilà qu'est exposée la situation dans laquelle on fait nos
débats, M. le Président.
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, sur l'amendement à 25.4 de la collègue de Taillon, y
a-t-il d'autres interventions? S'il
n'y en a pas, nous allons procéder au vote. Alors, l'amendement de la collègue
de Taillon est-il adopté?
M. Lisée : Adopté.
M. Barrette : L'amendement de la députée...
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : Adopté.
M. Barrette : Rejeté.
Le
Président (M. Tanguay) :
Rejeté. Alors, il est rejeté. Alors, chers collègues, pour la suite des
choses, collègue de Rosemont.
M. Lisée : Oui, je voudrais
déposer un amendement.
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Alors, nous allons suspendre, le temps d'en faire des photocopies.
(Suspension de la séance à 16 h 6)
(Reprise à 16 h 9)
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
nous sommes de retour. Je cède la parole au collègue de Rosemont.
M. Lisée : Merci, M.
le Président. L'amendement que nous déposons maintenant se lit comme suit : Insérer, après
l'article 25.3, introduit par l'article 1 du projet de loi, l'article
suivant :
«25.4. Les
frais facturés conformément au règlement pris en vertu de l'article 25.2
seront, à compter de 2016, inclus à même les enveloppes de rémunération
des médecins.» Fin de citation.
• (16 h 10) •
Alors, je sais que la recevabilité va être
plaidée. Je tiens à vous dire simplement que, comme l'amendement précédent, qui était recevable, celui-ci tente
d'indiquer au gouvernement et à l'État comment moduler ces frais ou comment
trouver la source de remboursement des
frais. Donc, la tentative précédente
passait par la Régie de l'assurance
maladie, il y a eu une majorité contre.
Nous faisons une autre tentative, qui est conforme à la recommandation du
Protecteur du citoyen mais décalée
dans le temps. Nous sommes en 2015. Le ministre ne veut pas, cette année,
inclure ces frais à même la
rémunération des médecins. Nos collègues de la CAQ proposaient aussi un délai
avant de le faire. Donc, nous incluons cette
idée de délai à compter de l'an prochain. La négociation est soit permanente,
soit devra se rouvrir, de toute façon, sur
ce sujet, et donc, ici, nous donnons un délai au ministre pour faire en sorte
d'avoir le temps de soit négocier ou soit de décider, de décréter de
l'inclure à même les enveloppes de rémunération des médecins.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Juste un petit instant,
M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) :
Voulez-vous qu'on suspende?
M. Barrette : Oui, juste un petit
instant.
Le Président (M.
Tanguay) : Oui. O.K. Pardon. Oui. Alors, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 12)
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, après cette pause salutaire, nous
sommes de retour en ondes, et je cède la parole au ministre.
M.
Barrette : Oui, M. le Président. Écoute, je questionne, évidemment, la
recevabilité de l'amendement pour un certain
nombre de raisons. La première raison, c'est qu'il vient, évidemment, ici de
faire la même chose que l'amendement précédent
qui a été débattu et battu. Alors, dans l'article 25.4 qui vient d'être battu,
on s'adressait aussi à l'enveloppe de rémunération comme dans le nouvel
amendement. Alors, dans l'article 25.4 qu'on vient de battre, on soustrayait de
l'enveloppe des montants facturés au
patient. Ici, dans 25.4, bien là on ne facture plus au patient implicitement,
on les prévoit à l'intérieur de
l'enveloppe. Et en plus, M. le Président, on vient imposer, selon les dires du
député de Rosemont, une obligation de
résultat de la prochaine négociation. Ce qu'il nous dit, là, il l'a dit, il y a
un instant, là : On va laisser le
temps au ministre de négocier. Bien là, ce n'est pas ça qui écrit, là, on ne va
pas négocier, là. À partir de 2016, on ne négocie rien, on l'impose.
Alors, dans
l'ancien 25.4, on imposait le non-effet de 25.2. C'est ça qu'on a débattu,
qu'on a battu. Et la résultante aurait
été : Bien, c'est coupé, là. Ça veut dire que le patient, il n'a rien. Et
là on arrive à 25.4, le patient n'a toujours rien parce que, là, on vient prévoir les frais dans
l'enveloppe puis, en plus, on m'oblige à le faire. Parce que, là, on m'oblige
à le faire, là, ils sont là en 2016. Ce
n'est pas de la négociation, ça. D'abord, on s'en va dans un territoire qui n'a
pas de sens au sens légal, on me
demande d'imposer une chose. Alors, ça, ce n'est certainement pas de la
négociation, comme le député de
Rosemont a proposé dans son argumentaire, et la résultante est la même que ce
qu'on a discuté dans son premier 25.4.
Et je
soumettrai, M. le Président, qu'après avoir passé deux heures et demie, alors
que j'avais annoncé qu'on allait le battre... Et là je vais vous
annoncer tout de suite qu'on va le battre, celui-là. Et là le député de
Marie-Victorin me reprochait de parler
d'obstruction, mais on a compris que le député de Rosemont, dans son
commentaire ce matin, il nous avait
dit : Bien, nous autres, on veut qu'on en parle encore, quitte à faire du
temps puis de déposer des amendements qu'on sait qu'ils vont être rejetés. Bien là, c'est ça qui se passe, M. le
Président, on continue. Alors, recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : O.K. Sur
la recevabilité.
M. Lisée :
Bien, d'abord, je n'ai pas dit ce que le ministre vient de dire. Je ne l'ai pas
interrompu sur une question de règlement, j'ai dit qu'on allait se
battre. Et donc je comprends que ce que le ministre pense d'une commission parlementaire, c'est que, comme on sait qu'il est
majoritaire, on devrait juste rien faire et que donc, puisqu'on sait qu'il
est majoritaire, on ne devrait pas proposer,
on ne devrait pas discuter, on ne devrait pas amender, et donc toute la... Pour
lui, de l'obstruction, c'est le travail
normal d'une commission parlementaire, c'est ça. Donc, le député de
Marie-Victorin avait bien raison de le rappeler à l'ordre tout à l'heure
à l'Assemblée.
Maintenant,
je comprends qu'il n'aime pas cet amendement-là, mais il est différent du
précédent, en ce sens que, dans le précédent, ma collègue disait : Bon, le
médecin, individuellement, va facturer, va envoyer une copie de sa facture
à la Régie de l'assurance maladie, qui va,
individuellement, soustraire à ce médecin-là une somme équivalente. Il était
contre, il a eu une majorité. Ce débat-là,
il est derrière nous, on ne le recommence pas. Puis on
disait immédiatement. Mais là on
dit pas immédiatement, c'est-à-dire à compter de 2016. Ce ne sera pas
individuellement, ça va être collectivement, dans le cadre de l'entente
ou, sinon, du décret.
Oui, oui, le
ministre veut nous attendrir en disant : Imposer quelque chose au système
de santé? Jamais. Voyons! C'est ce qu'il fait depuis qu'il est arrivé,
il impose ses vues au système de santé. Il l'impose. Il a imposé le projet de loi n° 10. Là, il veut imposer le projet de
loi n° 20, qui est une énorme épée de Damoclès si sa négociation qu'il a
imposée, finalement, grâce à l'épée de Damoclès n'arrive pas aux fins
qu'il souhaite. Alors, on est dans l'imposition avec ce ministre, là. Donc, on est dans son univers mental, on dit : Oui,
oui, il faut faire des changements, il faut imposer. Il devrait être content qu'enfin on soit dans son univers
mental, on dit : O.K. on va imposer... D'ailleurs, la Protectrice du
citoyen voulait éradiquer... On sent qu'il a, de lui-même, par son
influence, fait bouger, disons, le point d'équilibre du vocabulaire de la
réforme de la santé parce qu'on est à éradiquer et à imposer.
Alors donc,
dans ce cas-là, on n'est plus, M. le Président, sur la pertinence et la
recevabilité. On n'est plus sur l'individuel, on est sur le collectif,
les enveloppes de rémunération des médecins. Et on sait qu'il y a un processus permanent et, parfois, encore plus intense au
moment de la renégociation des éléments de rémunération, et, dans cette entente comme dans les autres, le gouvernement
peut décréter s'il n'est pas content de la négociation... Et il veut donner
le même pouvoir aux municipalités,
d'ailleurs. Alors, on sous-entend, par négociation ou décret, c'est ce que le
législateur ordonne pour 2016. Donc, je pense que cet amendement est
parfaitement recevable.
M. Barrette : ...M. le Président...
Le
Président (M. Tanguay) : Peut-être juste entendre... Collègue du
deuxième groupe d'opposition, si vous avez des remarques particulières.
M.
Paradis (Lévis) : Mais je
comprends bien, et je saisis fort bien la logique et la suite des choses, et je
vous dirai qu'à la lumière de nos propos de ce matin, en tout cas de la
position exprimée concernant le fait qu'éventuellement et globalement, à l'avantage des patients, on
devrait, dans une enveloppe de rémunération, prévoir les frais accessoires et
pour faire en sorte... Parce que j'entends
aussi la réplique du ministre, nous sommes à concocter un sous-amendement
allant dans ce sens-là. Alors, nous aurons,
possiblement dans quelques instants, un sous-amendement à proposer dans le
cadre des discussions qu'on a.
Le Président (M. Tanguay) : O.K.
Alors, remarques finales?
M.
Barrette : M. le Président, je vous invite à prendre en considération
l'argumentaire que vient de faire le député de Rosemont, qui est très bon en français, qui a une formation d'avocat,
qui s'exprime vraiment avec éloquence et qui ne peut pas avoir dit ce qu'il dit par ignorance, il ne peut pas. Mais
il vient de vous dire, M. le Président, que, dans le nouvel amendement, c'est l'enveloppe qui est visée dans
la coupure, alors que, dans l'amendement précédent, c'est individuellement.
Il a insisté, j'ai même pris ses intonations.
Bien, je regarde 25.4, le précédent, qu'on a battu, je cherche le mot «individuellement». C'est drôle, il n'est pas là.
Puis savez-vous pourquoi qu'il n'est pas là? Parce que c'est écrit qu'il
déduit à chaque année les montants de l'enveloppe de rémunération.
M. le
Président, le député de Rosemont s'est mélangé dans ses concepts parce qu'il
voulait se trouver une raison qui
allait passer dans la mite d'une personne qui ne connaît pas comment ça marche.
Son concept de 25.4 nouveau, qui est
exactement le même que le concept d'avant, il nous a fait la démonstration
qu'il redéposait le même amendement pour faire du temps. Mais, M. le Président, moi, c'était en finale, là, je
vais vous laisser faire votre réflexion et prendre votre décision.
Le Président (M. Tanguay) : ...remarques
finales.
• (16 h 20) •
M. Lisée :
Juste en réplique à cet argument qu'il pourrait passer à la mite de quelqu'un
qui ne connaît pas ça, dans l'amendement
de ma collègue, on disait : «Un reçu doit être produit pour chaque frais
facturé.» Alors, moi, j'ai dit «individuellement»,
ce qui est un synonyme de «chaque frais facturé», et la régie devait déduire
chaque année les montants de l'enveloppe de rémunération des médecins,
des médecins qui ont envoyé le frais.
Moi, c'est
l'interprétation que j'en ai faite et que nous en avons faite en l'écrivant. Peut-être
que le ministre ne l'avait
pas compris comme ça, quoique je pensais qu'il était à sa portée. Mais peut-être
ne l'avait-il pas compris comme ça.
Mais c'est comme ça qu'on l'avait... L'intention du législateur ici, c'était «chaque» et qu'il facture
à des médecins, donc ceux qui l'ont
fait, ce qui montre bien la différence entre les deux. Mais je vais vous
laisser, évidemment, apprécier, et nous serons contents de votre
décision.
M.
Barrette : M. le Président, sachez qu'il n'y a pas d'enveloppe dans la
négociation par médecin, et il le sait très bien. Il n'y a pas une
négociation par médecin, mais...
M. Lisée : Il y a des chèques
par médecin.
Le Président (M. Tanguay) : Merci,
chers collègues. Remarques finales, collègue de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
votre décision fera foi de tout. Je me demandais simplement, sur le plan
de la procédure, est-ce qu'il est préférable
que vous jugiez de la recevabilité du sous-amendement ou que nous proposions
un sous-amendement? C'est mieux de... Alors, je vous laisse aller, M. le
Président, vous êtes...
Le Président (M. Tanguay) : Une
chose à la fois, oui. Merci beaucoup.
Alors, je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 36)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, chers collègues, nous
reprenons nos travaux avec, évidemment, l'aide — et je les salue et remercie — des gens du secrétariat aux commissions qui
suivent nos travaux, avec l'aide de notre secrétaire. Et, pour avoir lu, moi également, comme président,
la jurisprudence applicable plus d'une fois — et plus d'une fois étant un euphémisme, et ça me remplit de bonheur à
toutes les fois — c'est
mon rôle, je suis prêt à rendre ma décision sur la recevabilité de
l'amendement déposé par le collègue de Rosemont, qui introduit un nouvel
article, 25.4.
D'abord, pour vous dire qu'en matière de
recevabilité, sur un amendement ou un sous-amendement qui a été débattu et qui est rejeté... Et la question qui
nous est posée, nous avons débattu, que ce soit un amendement ou un
sous-amendement, il a été rejeté, on revient avec un texte dont on plaide
l'irrecevabilité parce qu'il aurait le même objet
et viserait les mêmes buts, il n'y a pas d'article de notre code qui nous le
dit, c'est la jurisprudence qui nous enseigne à départager et à rendre
la décision. Donc, c'est une jurisprudence en vertu de l'article 185
qui... Je paraphrase, essentiellement l'article 185 nous dit qu'un député
peut faire des propositions par motion. C'est aussi large que ça. 197 nous dit ce qu'est un
amendement et ce qui est recevable, mais il n'y a pas de réponse directe,
codifiée dans notre règlement de
l'Assemblée nationale qui nous dit : Bien, voici la grille d'analyse quand
une chose a été débattue et jugée et
qu'on tente de représenter, c'est purement, exclusivement jurisprudentiel. La
jurisprudence qui s'applique découle de l'interprétation — je viens de vous en faire état — des articles 185 et 197. Donc, les
critères viennent de la jurisprudence.
La
jurisprudence rendue et celle que je vais vous citer... Je vais en citer
uniquement deux rendues dans le petit cahier
de jurisprudence, autrement dit jurisprudences qui ont été rendues en
commission parlementaire. À 185/5, l'on dit qu'un amendement ou une motion, une proposition doit suffisamment
différer... diffère-t-elle suffisamment de ce qui a été préalablement rejeté?
Puis je ne le ferai pas, mais je vous invite à aller lire l'exemple qui est
donné par la jurisprudence à 185/5, où là, évidemment, c'est du cas par
cas. Puis je tiens à vous le souligner, c'est réellement du cas par cas.
Et ce que je
vais juger ici, je vous mets en garde de faire du copier-coller et, encore une
fois, d'essayer de faire du millage. Et ce n'est pas dit de façon
négative, là, c'est réellement du cas par cas en l'espèce. On a déjà traité ici
d'une jurisprudence qui nous enseignait que les mots peuvent être différents,
mais, en bout de piste, on pouvait vouloir dire exactement la même chose. Et il y a des cas de jurisprudence où les mots
étaient différents, mais ça avait été jugé recevable parce qu'en
substance c'était exactement la même chose, et ça avait été jugé... les mêmes
objectifs ne différaient pas suffisamment. Et, au-delà des mots utilisés, il
faut réellement y aller au cas par cas.
• (16 h 40) •
185/5, ici et
à la lumière de cette jurisprudence-là, je vous dirais que, bien que
l'amendement déposé par le collègue de
Rosemont vise le même sujet, à savoir, bon, les enveloppes de rémunération des
médecins, je considère dans ce cas-ci, encore
une fois, que son objet diffère suffisamment. Et, en ce sens-là, il y a des concepts... ce n'est pas limitatif, mais des
concepts tels que celui de reçu,
d'intervention de la Régie de l'assurance
maladie du Québec, le concept également
de 2016... Encore une fois, c'est du cas par cas, il ne faut pas prendre ces concepts-là de façon
isolée, mais je juge qu'ils diffèrent suffisamment. Je suis assez, évidemment... et celles et
ceux qui m'épaulent dans mon travail, nous sommes assez sereins et à l'aise avec cette décision-là. Assez n'étant
pas limitatif, nous sommes sereins et à l'aise avec cette décision-là dans
ce cas-ci.
J'ajoute un
commentaire qui est superfétatoire après ce que je viens de vous dire, mais, je pense,
qui est pertinent, c'est la deuxième jurisprudence que j'avais dit que
j'allais vous citer. Donc, celle de 185/5, c'est une décision du 1er juin 2006, celle de 197 que je veux vous
citer, 197/6 du 13 juin 1986. Si d'aventure, ce qui n'est pas le cas ici — mais
je pense que c'est pertinent — il y avait un doute, le doute doit jouer en faveur du motionnaire. Donc, le doute
devrait être interprété — le doute raisonnable — en
faveur de recevoir la motion. Mais ici, je vous le dis, je tenais à faire le
commentaire afin de favoriser le débat, je juge, dans le cas d'espèce, qu'il y
a suffisamment de différence.
Évidemment,
là, une fois que j'ai dit ça, va s'engager un débat sur lequel moi, je n'ai
pas... puis je ne ferais pas mon
rôle, puis ça serait contradictoire à mon rôle, que je n'ai pas à commenter ou
à évaluer sur, évidemment, l'intention, de part et d'autre, du législateur, qu'est-ce qu'on veut faire là.
Là, je laisserai, évidemment, aux parties impliquées à ma gauche et à ma droite faire le débat de fond.
Mais, encore une fois, je termine là-dessus, sur un aspect
procédural, force nous est de
constater — et
je rends cette décision-là — qu'il y a suffisamment de différences dans ce cas bien précis là
pour le juger recevable.
Alors, chers collègues,
l'objet de notre débat est l'amendement du collègue de Rosemont introduisant un nouvel article 25.4. Y
a-t-il des interventions?
M. Barrette : Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Alors, je vais faire
un commentaire du même ordre que celui que j'ai fait lorsque le précédent amendement
a été déposé. Et, lorsque le précédent amendement a été déposé, j'avais expliqué
que, pour nous, c'était, évidemment, impossible d'en débattre et de l'accepter, il
allait totalement dans le sens contraire de ce que nous mettons
sur la table et qui a été adopté à
date, là, M. le Président. Et j'avais fait remarquer que vous l'aviez jugé
recevable non pas sur le fond, mais
sur le fait que techniquement il pouvait l'être. Et j'avais dit, et j'avais
prédit qu'on allait passer un minimum de 100 minutes sur cet
élément-là, sachant à l'avance, parce qu'on en avait débattu il y a trois jours,
que ça n'allait pas passer. Et j'avais donc
conclu que ça allait dans le sens des commentaires qu'on me reproche, le député
de Marie-Victorin se plaint que j'ai évoqué l'obstruction. Bon, j'ai
laissé les gens en juger.
Actuellement, le précédent amendement, qui était similaire à un autre déposé quelques
jours auparavant, bien, après avoir
été battu, on arrive encore avec un amendement. Il y a eu un argumentaire qui a été fait par le député
de Rosemont, qui nous a dit hors d'ondes qu'il avait allumé la
mèche et qu'il avait choisi de ne plus intervenir dans la suite du débat
aujourd'hui — c'est
son choix — mais
qu'il avait allumé la mèche. Bon. Il nous avait dit aussi cet après-midi
précédemment qu'il voulait continuer
à débattre, même si ça avait été adopté. Il veut débattre, même s'il sait... Il l'a dit,
là, même s'il sait, là, que ça ne
passera pas, il veut débattre. Là, je laisse les gens juger de ce que ça veut
dire quand on veut débattre quand on sait à l'avance que ça ne passera
pas.
Alors, pour
la troisième fois, M. le Président, on reconstruit un amendement pour arriver à la
même fin, la fin étant : Ou bien
on empêche les frais accessoires, ou bien on permet de les facturer, mais on
oblige d'envoyer une facture à la RAMQ
qui coupe le médecin, ou bien on oblige le ministre à ne pas facturer et
d'inclure dans la rémunération, dans les enveloppes de rémunération, les fameux frais accessoires. C'est toujours la même
affaire. Au bout de la ligne, M. le
Président, les amendements présentés par la députée de Taillon
visent à ce que, dans son effet, dans la réalité, il n'y en ait pas, alors que 25.2 a été
déposé pour qu'il y en ait. Alors, on lit quoi ici, là? Les frais facturés
conformément au règlement pris en
vertu de 25.2, seront,
à compter de 2016, inclus à même les enveloppes de rémunération des médecins.
L'amendement précédent,
c'était : Les frais facturés seront déduits de l'enveloppe. Dans un cas,
on les facture puis on les enlève. Puis, dans ce cas-là, on ne les
facture pas puis on les met.
Là, M. le Président, ça s'appelle tourner en
rond. Mais on a le droit, les règles parlementaires donnent aux parlementaires
un droit de parole, et on peut tourner en rond. On me rapporte, M. le
Président, que, dans l'histoire du Parlement,
il y a des gens, pour faire du temps, qui lisaient l'annuaire téléphonique. Je
ne sais pas si c'est vrai, là, je ne sais
pas si les travaux étaient enregistrés à cette époque-là, mais apparemment que
ça s'est vu, il y a des gens pour... Et on me dit, de l'opposition — c'est intéressant que ce soit l'opposition
qui me le confirme — on me
dit qu'il y a des gens qui ont déjà
lu l'annuaire pour faire du temps. Mais ça, je pense que, quand on lit
l'annuaire sur un amendement, c'est perdre
du temps, là. Bon, bien, alors, voilà, l'opposition, là, actuellement, qui, je
pense, fait du temps, me confirme que ça
s'est déjà fait. Alors, M. le Président, je vous annonce, M. le Président, que...
Et d'ailleurs on me rapporte ici que c'était l'ADQ, là, qui a fait ça sur un projet de loi en droit municipal. Mais
ça, je ne lance le blâme à personne, je dis simplement, M. le Président,
qu'il s'agit d'une manoeuvre connue et rendue possible par nos règles.
Alors là,
ici, on nous propose un amendement qui est le même que les deux autres qui ont
été débattus et battus. Alors, je
compte devant moi, M. le Président, il y a actuellement quatre députés qui, à
ce moment-ci, ont le droit de parole. Et
je rappelle aux citoyens que le droit de parole, par amendement, est de 20
minutes. Alors, nous savons, M. le Président, qu'on va discuter de ça, pour en arriver à un amendement battu, pendant
80 minutes, plus les minutes où on va demander de me répondre. Parce que la députée de Taillon aime ça, finir ses
interventions en me posant une question, puis, après ça, je dis : Bien là, je l'ai déjà dit parce
que ça va être encore ça. Puis elle va me dire : Bien là, le ministre
refuse de répondre. Ça fait que, là,
elle va me dire après ça : Bien là, il est là, le ministre, puis il
protège les médecins parce qu'il ne répond pas aux questions, parce que
c'est ça, la tactique d'avoir une tactique de définir l'image de quelqu'un.
Mais je pense
que les gens qui nous écoutent comprennent, cet après-midi, que ce que l'on
veut vraiment, là, c'est faire des éditoriaux
en faisant du temps, sachant qu'on va battre l'amendement. Alors, c'est la
deuxième fois aujourd'hui, M. le
Président. À date, là, on a passé plus de deux heures, deux heures et demie,
sur un amendement qu'on savait qu'on allait
battre en exigeant des réponses, puis à la suite d'éditoriaux. Là, bien là, un,
deux, trois, quatre, il y aura au moins 80 minutes... probablement, on
va dire, 90, 100, parce qu'il va falloir que je réponde à un moment donné, pour
un amendement qui est le même que le précédent
qui a été battu, qui était le même que le précédent qui a été battu, qui ont
été acceptés, reçus sur une base technique, que je ne critique pas, M. le
Président.
Je pense que vous faites votre travail très
correctement. Votre rôle est d'appliquer des règles qui sont claires. Il y a une jurisprudence, je le comprends très
bien. Mais que l'on sache tous, et que le public qui nous écoute le reconnaisse,
nous faisons du temps, nous dépensons des
impôts des citoyens, des taxes pour mettre dans une salle des gens qui
pourraient travailler aux affaires de
l'État de façon beaucoup plus efficace dans leur environnement. Mais on a
besoin d'avoir des séances
télédiffusées où on fait des éditoriaux, alors je suis prêt, M. le Président, à
embarquer dans notre prochaine période éditoriale.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Lévis, vous avez demandé la parole.
M. Paradis (Lévis) : Oui, M. le
Président. Merci. C'était intéressant. On a fait quand même...
Une voix : ...
• (16 h 50) •
M. Paradis
(Lévis) : Alors, votre
portion est comme faite, nous dites-vous. J'ai l'impression que vous aurez
autre chose à dire.
Effectivement,
avant de vous annoncer, M. le Président, que nous aurons un sous-amendement à
présenter, je veux rien que réagir un peu aux propos du ministre. Vous savez,
de discuter comme ça avec un objectif commun... Et c'est clair, hein, puis le ministre, je comprends bien ce qu'il
dit, il dit : Vous avez un... Et, M. le Président, dans vos exemples, vous
disiez : Il y a un objectif à atteindre. Le ministre lui-même... Hier, on
paraphrasait, puis on s'amusait à se rappeler certaines
conversations, puis il l'a dit lui-même, on peut atteindre un objectif, puis il
y a des chemins différents. Pendant
une partie de l'après-midi, M. le Président, nous étions dans une annonce importante, le ministre y était, j'y étais. Le ministre est revenu par la route, j'ai pris
le traversier. Bien, on est, tous les deux, assis ici aujourd'hui. On a pris
des chemins différents, on est à la même place.
Alors donc,
on a un objectif à atteindre, oui, puis on est là pour ça. Puis
c'est vrai que la logique mathématique,
le poids du nombre a fait en sorte que, si
on prenait pour acquis, sachant pertinemment qu'au bout de l'exercice le ministre, qui
est la partie gouvernementale, peut dire non à tout ce qu'on pourrait proposer... D'ailleurs,
ça ressemble pas mal à ça. Alors, si
on suit cette logique-là puis qu'on dit : Bon, bien oui, mais ils sont
capables de tout battre, bien, arrêtons là, je veux dire, on va l'adopter, ça
va prendre 22 minutes. Tu sais, il reste combien d'articles? Une minute par article... Puis, je veux dire, on va se dire : Bien, ne parlons
plus, ça ne donne rien. De toute
façon, on va, finalement, aboutir aux décisions puis à la décision du ministre et de son
équipe. Alors, c'est une réalité, et les mathématiques, c'est comme ça.
Mais je pense
qu'il y a moyen, à
un moment donné, de bonifier à
travers ces discussions-là... Puis on l'a vécu pas plus tard qu'hier, puis on l'a vécu aussi sur
d'autres amendements, puis on l'a vécu difficilement dans le projet de loi n° 10, lorsqu'il était en étude, de faire en
sorte qu'à jaser, en interrompant, en suspendant, en continuant à converser ou
à micro ouvert, soudainement le ministre
a dit — c'est
arrivé à quelques reprises : Bien, écoutez, moi, j'ai peut-être quelque chose
qui va faire qu'on va satisfaire tout le monde parce que je comprends votre
objectif. Et il l'a fait à telle enseigne qu'il l'a fait aussi dans cette longue discussion qu'on a eue concernant
les heures défavorables pour les groupes de médecine familiale, jours, soirs, fins de semaine. Alors,
le ministre nous dit : Je comprends puis je vais aller... Je me rappelle
ses propos, il a dit : Je veux
aller le plus loin que je peux aller en fonction de la possibilité d'appliquer
ce que vous souhaiteriez. Et là,
bien, il a eu recours à son équipe, à Me Lapointe, qui est venu nous expliquer
comment ça se gérait légalement, et tout ça.
Alors, je pense que,
quand on discute, on peut arriver à quelque chose. Le ministre, il connaît la
position des oppositions. Il sait
pertinemment qu'au départ, dans le meilleur des mondes — et j'en ai parlé ce matin — on n'en veut pas, de frais accessoires pour les citoyens. Puis je l'ai réexpliqué ce
matin, il y a peut-être moyen de faire autrement. Puis la Protectrice du citoyen l'explique aussi, puis elle
abonde dans ce sens-là, puis elle donne même des objectifs. À un certain
moment donné, là, elle fait la nomenclature de comment faire pour
réussir à avoir des pistes de solution pour permettre des économies
permettant d'éviter que les citoyens puissent avoir ce qui serait inéquitable,
des frais accessoires.
Alors,
c'est sûr qu'à un moment donné on va continuer dans la même logique. Puis, dans
le meilleur des mondes, au terme de
cette logique-là, le but de l'exercice... Parce que le ministre
dit : On a déjà adopté quelque
chose faisant en sorte qu'il
y aura donc, par règlement,
des frais accessoires décidés. Hier, on a travaillé sur qui déciderait de quoi,
mais nous, on ne veut pas qu'ils
soient éternels. Il peut y avoir des frais accessoires, le ministre
a gagné cet amendement-là, mais
il y a peut-être moyen qu'ils ne soient pas éternels, ces frais
accessoires là, qu'ils ne s'inscrivent pas pour l'éternité, qu'ils
puissent être prévus dans un laps de temps puis qu'on puisse trouver un moyen
pour faire en sorte qu'ils soient retirés par la suite parce qu'on n'en aura
plus besoin.
Alors,
je pense et je vous dis tout simplement que, dans la
logique du ministre et en
vertu de celle-ci, je pense
que c'est important de continuer de faire ce qu'on fait là parce
qu'éventuellement le ministre pourrait être sensible à un argument puis modifier sa position, puis c'est
déjà arrivé. À un moment donné, bien, tu as beau ne pas être bon pâtissier,
mais, si tu fais un gâteau, ça se peut qu'il
lève, puis, s'il ne lève pas, bien, tu peux recommencer pour en faire un autre.
Bien, on fait ça. Là, on fait de la
pâtisserie ensemble en espérant que le soufflé sera beau, appétissant, qu'on
pourra en profiter en fin de semaine.
J'ai un
sous-amendement, M. le Président, à présenter à ce moment-ci.
Le Président (M.
Tanguay) : Vous avez un sous-amendement? Oui, vous avez le...
M.
Barrette : ...j'inviterais le député de Lévis à arrêter de parler de
soufflé parce que je n'ai pas dîné, puis ça me met en appétit. Non,
c'est une plaisanterie, mais...
Une voix :
...
M. Barrette :
C'est une plaisanterie, là, on comprend. M. le Président, j'ai accepté tous les
amendements qui amélioraient le projet de loi, je les ai tous acceptés. Mais
c'étaient des amendements qui amélioraient le projet de loi. Quand on arrive
avec un amendement qui défait à sa source, dans son principe, le projet de loi,
quand bien même on présente des
sous-amendements, ça défait le projet de loi tel qu'il est voulu. Alors, quand bien même on débattrait pendant 25 heures, quand on a répétitivement le même amendement
qui vient défaire 25.2, quand bien même on le sous-amende et on le sous-sous-amende, ça défait 25.2
complètement.
Alors,
moi, je suis ouvert — et je
vais continuer à l'être — à améliorer le projet de loi. Et j'en ai accepté parce que c'était le cas. J'en ai même déposé moi-même,
hein? J'en ai même déposé moi-même. Mais les amendements que moi, j'ai déposés et que j'ai acceptés, pour ceux
qui ont été proposés par les oppositions, bien, ils ne défaisaient pas le
principe du projet de loi. Alors, quand on passe
des heures à essayer de le défaire, bien, c'est parce que l'objectif, ce n'est
pas améliorer le projet de loi, mais bien de passer des heures. Et ça arrive en
plus qu'on passe des heures.
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, collègue de Lévis, vous aviez un
sous-amendement. Le temps d'en faire des copies...
M. Paradis
(Lévis) : Oui. On peut suspendre quelques secondes, le temps qu'on en
fasse...
Le Président (M.
Tanguay) : ...nous allons suspendre une minute.
Alors, nous suspendons.
(Suspension de la séance à
16 h 56)
(Reprise à 17 h 7)
Le Président (M.
Tanguay) : ...travaux, chers collègues. Et je cède la parole au collègue
de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Donc, un sous-amendement que nous
déposons. J'en fais la lecture?
Le Président (M.
Tanguay) : Oui, s'il vous plaît. Après, vous pourrez donner les
explications.
M. Paradis
(Lévis) : Oui. Alors, article
1 (article 25.4) : Remplacer dans l'amendement les mots «facturés» par «qui
peuvent être exigés» et les mots «à compter de 2016» par «après les prochaines négociations sur le renouvellement des enveloppes de la rémunération des
médecins».
Et, si vous me permettez de
l'expliquer, en fait de juxtaposer tout ça et d'en faire une phrase complète,
histoire de mieux comprendre, ça se
lirait ainsi. Donnez-moi deux secondes, M. le Président. «Les frais
qui peuvent être exigés au règlement
en vertu de l'article 25.2 seront, après les prochaines négociations sur le renouvellement des enveloppes de la rémunération des
médecins, inclus à même ces enveloppes.»
Une voix :
...
M. Paradis (Lévis) : Non, mais j'ai juxtaposé nos mots aux vôtres. En tout cas, je ne sais pas si c'est clair, s'il en manque un, s'il n'en
manque pas, là, mais, je veux dire, ça me semble assez clair.
En
fait, M. le Président, l'objectif est celui-ci. Et je reviens au fait qu'on tente
de faire en sorte d'arriver à un objectif commun et de bonifier
une position, puis je démontre encore
une fois — et je le dis très ouvertement — mon
ouverture à ce que le ministre
puisse éventuellement, évidemment, me faire part de ses commentaires, mais aussi et davantage nous permettre
d'être suffisamment clairs pour que
ce soit applicable comme solution. Ce
qu'il y a de différent ici, c'est qu'on amène un
principe de négociation.
Là,
je comprends que, souvent, le ministre, dans ses arguments, a dit : Ça défait ce
qu'on a prévu. Puis, en même temps, il y avait
toute la notion d'imposition. Bien là, ça ne défait pas ce qui a été fait. Ce
qui a été fait est fait, ça a été adopté, l'amendement tient. Ce qu'on tente à ce moment-ci, c'est de faire en sorte que ces frais accessoires, que décidera le ministre en comité de la façon dont on l'a expliqué et que
ça a été adopté... fasse en sorte que ça ne soit pas — et
je le rappelle — des
frais chargés aux patients qui seront éternels dans le temps. C'est-à-dire, notre volonté, notre souhait à travers
un amendement comme celui-ci, c'est qu'éventuellement les patients du Québec soient exemptés de frais accessoires parce qu'on aura négocié avec les principaux intéressés, les professionnels
de la santé, omnipraticiens et spécialistes, pour inclure dans l'entente — parce qu'on est en négociation — dans
leur entente des enveloppes de rémunération qui tiendront compte des frais accessoires, permettant à ce moment-ci d'éviter de faire en sorte qu'on puisse ne plus avoir à appliquer des frais accessoires par
règlement, tel que le ministre le fera éventuellement.
Alors, la notion,
elle est celle-là, une notion de négociation. Il y a un objectif à atteindre
par le biais de la négociation, ce n'est pas
une imposition. Le ministre disait : On ne peut pas défaire ce qui a été
fait. Je pense qu'on est dans un
processus qui est évolutif avec un objectif à atteindre, celui de faire en
sorte que les Québécois et les Québécoises puissent éventuellement être exemptés de payer des frais accessoires.
Évidemment, il y a une notion, là, de négociation avec un objectif à atteindre, et là, bien, je le
propose comme voie de solution nous permettant d'avancer et de faire en sorte qu'on puisse se rendre à destination. Si des
processus de négociation m'échappent, je suis convaincu que le ministre sera en mesure de commenter et de m'éclairer. Mais
on a amené une dimension là, je pense, qui est différente et qui fait en
sorte qu'on puisse atteindre un objectif souhaitable.
• (17 h 10) •
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, si c'était dans un autre contexte,
j'expliquerais au député de Lévis que son texte ne fonctionne pas légalement parce qu'on me demande d'imposer la
couverture des frais accessoires après la négociation. C'est une imposition quand même parce que c'est après les
prochaines négociations et le renouvellement, ce n'est pas résultant de la négociation. Bon. Mais, M. le Président, la
finalité demeure la même. Alors, c'est un sous-amendement qui vise une finalité qui est opposée complètement — pas partiellement, complètement — à 25.2. Et, le député de Lévis, je pense qu'il sait, là, que la finalité, c'est de
faire en sorte que l'effet de 25.2 soit nul, qu'il n'y en ait pas, de
facturation effective, il n'y en ait pas. Alors, c'est donc opposé,
comme la députée de Taillon le fait depuis le début.
Alors
là, que les choses soient claires, M. le Président, la résultante du
sous-amendement, qui ne peut pas être reçu
par principe, là, je ne peux pas
l'accepter... Même amendé, il fait le contraire de ce que je propose. Alors là,
compte tenu de nos règles parlementaires — je
compte les gens devant nous, il y en
a toujours quatre — on
vient de s'engager dans
80 minutes de débat dont on sait le résultat — je ne
peux pas l'accepter — qui
viennent s'additionner aux 80 minutes du sous-amendement de la
députée de Taillon nouveau que vous avez déclaré recevable — et je
ne conteste pas votre décision — qui viennent s'ajouter aux 100 minutes
de ce matin, mais qui ont été, en réalité, 120, 130 minutes. Alors là, on va être rendus, là, sur cette manoeuvre-là,
bientôt — bien,
pas aujourd'hui parce qu'on va en parler encore pendant des jours — à 240, 250, 260 minutes de débat sur des
choses qui ne peuvent pas être acceptées, ça défait ce qui a été adopté.
Mais
les règles nous le permettent. Alors, nous nous engageons sciemment, à dessein,
à faire 250, 200... plus de quatre
heures de débat sur un texte qui, par définition, ne peut pas être recevable,
ça serait comme, pour moi, de dire, pour notre formation : Bien, on l'a adopté, là, puis là on accepte, dans
l'amendement suivant, de le défaire complètement. C'est irréaliste, c'est déraisonnable, mais ça permet
d'entretenir la flamme et de faire aussi peut-être — je dis bien peut-être, M. le Président, je ne prête aucune intention à
qui que ce soit — peut-être
ce que me reproche le député de Marie-Victorin en Chambre, c'est-à-dire
d'évoquer l'obstruction.
Encore
une fois, pour la troisième fois aujourd'hui, M. le Président, je laisse les
gens juger. Ça ne peut pas être accepté, ça voudrait dire que je défais
moi-même ce que j'ai fait. C'est impossible. Mais on dépose quand même des amendements qui visent à défaire ce que j'ai fait.
Quel est l'objectif de la manoeuvre si on sait que ça serait déraisonnable
de ma part de défaire ce que j'ai fait? Quel est alors l'objectif, M. le
Président? Je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Lévis, sur le même échange?
M. Paradis
(Lévis) : Oui, M. le Président. Puis c'est dommage, puis je ne voudrais pas que, M. le Président, le ministre de la Santé ait l'impression que je m'amuse à faire du temps
parce que, moi, il y a une notion dans la vie qui est bien importante, c'est
celle de l'efficacité. Puis je vous
dirai qu'à l'occasion, effectivement, j'imagine puis j'entrevois certains travaux qui sont plus longs que d'autres
en disant : Est-ce qu'on est vraiment efficaces? Mais mon objectif sera
toujours d'atteindre cette efficacité-là
puis de faire en sorte qu'on puisse bonifier quelque chose qui a une incidence pour les
citoyens et les citoyennes. Et nos positions sont largement connues et ont été
exprimées à peu près partout, et le ministre les connaît.
Ce que je comprends, là, le ministre me dit... Suis-je naïf? Peut-être,
mais c'est de la bonne naïveté, comme du bon stress. M. le
Président, là, je comprends que le ministre dit : On a un 25.2 où il est indiqué à la
toute fin : «Malgré les interdictions
énoncées au neuvième et onzième alinéas, le gouvernement peut, par
règlement, prescrire des cas et des conditions
dans lesquelles un paiement est autorisé.» C'est ça que le ministre
dit que je suis en train de défaire, hein, il dit : Là, vous êtes
en train... vous me demandez de défaire ce que j'ai adopté puis décidé de
faire, prescrire des cas et des conditions dans lesquelles un paiement est
autorisé.
J'ai une
lecture différente. Est-ce que je dois comprendre, M. le Président, que, pour le ministre, dans ce projet
de loi là, des frais accessoires qu'il aura décidés par règlement après tout ce
que l'on a dit sur la façon non
seulement de les appliquer,
mais de les établir... Je comprends que, là, c'est sans retour, là. Ça veut
dire que, là, on pourrait, à la limite,
là... Pour les 50 prochaines années, là, on ne fait rien, là, il va y
avoir des frais accessoires tout le
temps, peu importent les conditions, peu importe ce qui se passera, peu
importe combien gagnent les médecins, peu importe si l'économie
du Québec coule, peu importe si les gens sont en faillite
sur la planète à la grandeur. Moi, il
n'y a pas une finalité... En tout cas, moi, j'ai cette vision-là, je me dis : Est-ce que
ce que l'on décide là, c'est en fonction de l'éternité? Est-ce qu'on ne peut pas...
Puis j'en reviens à la Protectrice du citoyen, M. le
Président, qui, dans son document — puis c'est assez bien expliqué — dans
sa lettre explicative qui nous a été remise en début de semaine pour clarifier encore une fois sa position, alors qu'elle
considère que les frais accessoires, ce n'est pas équitable, puis elle dira à un moment donné : Il y a des pistes nombreuses suggérées par des
comités d'experts pour faire qu'on puisse, par exemple, découvrir de l'argent
nous permettant d'éviter ce fardeau-là aux citoyens...
Puis elle en donne, elle dit : À
un moment donné, là, il y a peut-être
moyen... Il y a d'autres pistes qui demeurent porteuses d'économies
importantes. Moi, je me dis, si on fait de l'économie... Tu sais, ça, ça s'appelle investir aux bons endroits. Si on
fait des économies, il y
a peut-être moyen de faire en
sorte qu'on puisse retirer le fardeau
des patients et patientes des frais accessoires. Si ce n'est pas faisable là,
il y a-tu moyen de trouver un moyen
qui fasse que, dans un laps de temps x, on puisse y arriver? Puis elle en
donne, elle dit : Un meilleur encadrement de la pharmacothérapie.
Je pense que, ce matin, le ministre, là... Il me
corrigera parce que je ne l'ai pas suivi à l'écran puis je n'ai peut-être
pas le mot à mot, mais je crois avoir entendu le ministre
présenter des pistes d'économies potentielles. Parce qu'on parle de nouvelles coupures dans le domaine de la
santé, dans le système de la santé, puis de nouvelles coupures, puis il devra s'attarder à aller chercher de l'argent
supplémentaire, il a parlé des médicaments. Il en a parlé, des médicaments.
On m'a rapporté, puis je... Je veux dire, regarde, il y a des choses à faire
là.
Puis je vais
vous lire un titre. On l'écrit, là, c'est Radio-Canada, et là, M. le Président, je lis. Alors, normalement,
je dirais «le ministre de la Santé», mais c'est écrit comme ça. Alors, il y a
un nom...
Le Président (M. Tanguay) : On peut
l'inclure... On va vous comprendre, incluons...
• (17 h 20) •
M. Paradis
(Lévis) : «[Le ministre] — alors,
le ministre de la Santé, nommément, on sait c'est qui — mise sur la réduction des prix des médicaments pour maintenir les services en
santé.» Non, mais c'est parce que là, tu sais, c'est drôle, là, il dit : Moi, là, je vais jouer là-dessus,
entre autres choses, pour faire en sorte qu'on puisse avoir un système de santé
qui roule malgré ce qu'on me demande comme effort supplémentaire.
«Le ministre
de la Santé croit qu'il y a probablement près de 100 millions de dollars
d'économie à faire au niveau de la
pertinence des actes médicaux.» Ah! on parlait récemment — puis c'est drôle, parce que la Protectrice
du citoyen l'aborde aussi — l'examen rigoureux des situations de
surdiagnostic, c'est une autre option à dire qu'on peut peut-être aller chercher de l'argent. Alors donc, le
ministre de la Santé croit qu'il y a probablement près de 100 millions de
dollars d'économie à faire au niveau de la pertinence des actes
médicaux. Et là j'ouvre les guillemets : «"C'est connu, nous prescrivons trop", soutient-il.
M. Barrette dit avoir mis sur pied un comité de travail avec le Collège de
médecins pour revoir les guides de
pratiques et faire en sorte que les médecins prescrivent adéquatement.» Bon, un
médicament, 100 millions à aller chercher.
Ça fait qu'à
la lumière de ce qu'il rapporte lui-même puis de ce que la Protectrice du
citoyen suggère, dans mon optique à
moi, c'est que la finalité du 25.2... Le ministre dit : Là, là, je vais
faire par règlement des cas où il va y avoir des paiements de frais accessoires. Moi, je dis : Est-ce qu'on peut
aller chercher des économies et investir de façon à ce que les citoyens et citoyennes du Québec n'aient
pas à supporter ces frais-là? Là, faisons-le pas demain parce que ce n'est
pas faisable.
Alors, je me range du côté du ministre. Je veux dire, à ce moment-là, faisons-le
autrement, faisons-le par négociation pour qu'éventuellement, dans une
enveloppe globale, on puisse aller chercher l'argent nécessaire pour modifier, faire
en sorte que ce fardeau-là pas facile pour tout le monde... C'est des frais
accessoires, là. Décider au coûtant plus 10 %
à 15 % pour des gens, c'est
important. Il y a des gens qui n'ont pas cette capacité-là. Alors, si on veut
parler d'universalité et d'équité...
Le ministre
dit — encore
dans cet article, Radio-Canada : «Les économies passent par une meilleure
gestion, selon le ministre. "Il y a plein d'endroits où on peut
faire des économies sans couper les services"[...].
«M. Barrette
soutient avoir signé la semaine dernière, grâce aux nouveaux pouvoirs que
permet la loi n° 28, une entente
confidentielle avec une compagnie qui a permis d'économiser 35 millions
sur le coup d'un seul médicament.»
On
vient de mettre 35 millions dans nos poches. Saine gestion, bravo!
J'applaudis. C'est extraordinaire, bravo! 35 millions, là. Mais collectivement est-ce qu'on peut faire en
sorte... et comprendre que cette économie-là peut servir à donner des services que réclament les citoyens
sans leur charger des frais accessoires qui, depuis les années 70, ont dérapé
à un point tel qu'aujourd'hui on est obligé
de s'adresser à cette question-là pour faire en sorte qu'au niveau de l'abus on
revienne là-dessus? Puis, au niveau de l'imposition, on se questionne
également. Alors, elle est là, la différence.
Et là je me
dis... Et là le ministre me dit, M. le Président : Bien, écoutez, là, ce
n'est pas écrit correctement parce que...
Et je n'en veux pas au ministre, j'en conviens. Je lui demande son expertise et
celle de son équipe. Le ministre dit... Vous me dites : Après les négociations. Donc, on négocie, puis,
après ça, je décide pour eux. Alors, le mot «après» n'est probablement pas le bon. «Au renouvellement»,
«pendant le renouvellement», «en cours de renouvellement», je ne le sais
pas.
Mais, je veux dire, l'objectif est celui-là
quand même, qu'on se donne la possibilité de faire en sorte que la disposition du 25.2 puisse éventuellement faire en
sorte que le ministre décide qu'il n'y en aura plus, de frais accessoires,
parce que les médecins, dans leur enveloppe
négociée, auront prévu... dans l'enveloppe et dans les montants qui seront...
Puis, à moins que je me trompe, on est
dedans, là, les négociations, qu'on puisse éventuellement aller chercher des
sommes supplémentaires et des
économies supplémentaires. Oui, des économies supplémentaires, tel que le
prescrit le ministre lui-même — et il nous en parle ce
matin — faisant
en sorte qu'on ne soit pas obligés de vivre ça tout le temps.
Alors, je ne pense pas qu'on fait du temps pour
faire du temps. Moi, dans ma tête, on améliore quelque chose puis on fait en sorte que le ministre puisse dire
aussi aux citoyens à travers un texte que l'on comprend que ça se pourrait
bien, là, si on fait de bonnes économies,
qu'à un moment donné, bien, il n'y en ait plus, de frais accessoires. Parce que
la volonté, ce n'est pas
nécessairement de faire payer des gens tout le temps, même si on a établi avec
un comité, puis d'une façon commune, les frais à être appliqués et le
montant qui sera chargé.
S'il est
d'accord avec le fond, ça se peut qu'il ne soit pas d'accord avec la forme. Et
ça aussi, je lui concède ça. On peut
ne pas être d'accord avec la forme, mais globalement il y a un fond, puis on
dit : Oui, ça tient la route, mais ce n'est pas comme ça. Bien, travaillons ensemble. Puis, encore une fois,
si on travaille ensemble, ça sera dans l'objectif que rappelle le ministre depuis plusieurs minutes
déjà, l'objectif d'être plus efficaces. Alors, c'est dans ce sens-là que
je continue à plaider qu'il y a peut-être
moyen, en changeant un mot ou deux, à la convenance du ministre, en fonction
des gens qui l'entourent et de
l'expérience qu'ils ont, d'arriver à une finalité qui ne fait pas briser ce
qu'on a décidé ensemble, qui fait
que, pour demain, on améliore quelque chose et on allège le fardeau des
citoyens dans un contexte où ce n'est pas facile pour tout le monde.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M.
Barrette : Bien, comme je n'ai pas de question, normalement je ne
ferais pas de commentaire, mais je vais en faire un.
M. Paradis (Lévis) : Ah! j'aurais
pu...
M. Barrette : Non, ça va, ça va. Je
vais en faire un.
M. Paradis (Lévis) : Mais il y en a
une, elle est implicite, là, mais il y a une collaboration.
M.
Barrette : Le député de Lévis a un argumentaire intéressant, mais qui
est basé sur un amendement qui vient annihiler
légalement l'amendement précédent. Alors là, je ne peux rien faire. Il m'invite
à négocier pour qu'il n'y en ait plus.
Là, on tombe dans le territoire de la difficulté gouvernementale qui est celle
décrite à 66 par la protectrice, qui dit : Le panier de services est plus grand que les
ressources financières. Alors, on tourne en rond. Puis là je ne dis pas ça
péjorativement, M. le Président,
là. Ici, je le dis vraiment, là, factuellement, c'est une boucle qui revient
toujours à la case départ. Je veux bien, moi, M. le Président,
avoir tout, la capacité de tout faire, tout payer, mais il faut faire des
choix.
La prémisse
de base, l'amendement et le sous-amendement annihilent légalement le mien, me forcent à mettre des objectifs de négociation, puis ce n'est pas le rôle d'une loi de
faire ça. On va s'entendre, là, une loi ne détermine pas les paramètres de négociation futurs. Une loi ne fait
pas ça. Ça, c'est une prérogative gouvernementale. Donc, deux éléments
qui sont problématiques.
Maintenant, pour ce qui est de la vertu — puis
je dis ça dans le sens vertueux du terme — bien, on est tous d'accord. C'est juste que, quand on boucle la
boucle et quand on revient à la case départ, là, la case départ, c'est le
panier de services, et on n'a pas les
ressources pour tout faire. Il faut faire des choix, on a fait un choix. Le
sous-amendement défait mon choix,
l'amendement défait mon choix. Et, même si le député de Lévis veut faire un
vrai débat intellectuel, il n'en
reste pas moins que ça ne peut pas être recevable pour les raisons que j'ai
dites au début de ce sous-amendement, au début du premier amendement et
au début de l'amendement de ce matin. Alors, la conséquence, peut-être non
intentionnelle, du côté de la formation politique que représente le député de
Lévis, c'est de faire du temps.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Oui, M. le
Président...
M. Barrette : ...
M.
Paradis (Lévis) :
Effectivement, mais circonstanciellement le ministre vient d'en faire
également, là. Je veux dire, à un
moment donné, c'est sûr que les secondes s'égrènent, là. Et puis on prendrait
un café ensemble, puis on ferait probablement
du temps aussi, là. Mais, je veux dire, dans un contexte où on avance, là, je
veux dire, je pense que c'est du temps bien investi. Et ça ne peut pas
être éternel non plus que ces discussions-là, le ministre le sait très bien.
Mais
admettons que le ministre, soudainement, là, parce que c'est congé lundi, c'est
congé pour tout le monde, puis que ça
sera une journée où tous pourront se reposer, réfléchir, le ministre
pourrait... Bien, écoutez, M. le Président — je le dis, là, mais je m'attends déjà à un sourire — avec son consentement, le ministre pourrait,
là, fort bien retirer son 25.2. Sous consentement, on peut tout faire...
Une voix : ...
M. Paradis
(Lévis) : ... — oui, je savais que je provoquerais un
sourire — et
recommencer parce qu'on a une volonté
commune de faire en sorte qu'on puisse avancer puis faire en sorte d'atteindre
l'objectif qui est commun. Parce que vertueusement, l'a dit le ministre,
on est tous d'accord, mais, je veux dire, ça, c'est comme pas jouable. Moi, je
continue à penser qu'il y a peut-être moyen de faire autrement.
Et le ministre, je dirai... Là, je m'immisce
dans quelque chose qu'il connaît probablement mieux que moi, les négociations, parce qu'il était partie prenante.
Le ministre dit : On ne peut pas, dans une négociation, arriver avec, bon,
je ne sais pas... décrire ou... par une loi,
déterminer l'objectif à atteindre. Je comprends aussi, là. Le principe de négociation,
c'est bien sûr que, si tu joues une partie
de hockey, tu décides avant de jouer qu'il faut que ça finisse 3-0, ce n'est
peut-être pas évident pour ceux qui sont sur la glace. Je comprends,
pour prendre une image. Mais, si le ministre exprimait sa volonté morale,
publique de faire en sorte que, dans les négociations avec les médecins, il ait
à coeur d'atteindre cet objectif-là, ça serait aussi un bon pas. C'est un pas
dans la bonne direction, là, il y a un engagement moral, public, à travers nos travaux lui permettant, probablement
sans rien imposer, d'atteindre encore une fois ce qui nous permettrait
de nous rendre à la destination commune.
M. Barrette : M. le Président, je...
M. Paradis (Lévis) : Vous retirez?
M.
Barrette : Vous serez surpris que je n'aie rien à rajouter à cet
argumentaire. Mais je souligne que le député de Lévis montre bien quand même
son intention finale, qui est de retirer l'amendement, puisqu'il me propose de
l'enlever.
M. Paradis
(Lévis) : ...comme ça. Je
vous offre des possibilités, M. le ministre. C'est seulement histoire de
regarder le paysage au complet.
M. Barrette : Ah! je le vois.
Le Président (M. Tanguay) : Y a-t-il
d'autres interventions? Oui, collègue de Taillon. La parole est à vous.
Mme
Lamarre : Oui. Merci, M. le Président. D'abord, je suis prête à
considérer... Moi, quand quelqu'un dépose un sous-amendement à un amendement, je prends le temps de le regarder.
Je remarque que c'est le premier amendement de la CAQ qui est déposé, là, depuis nos travaux sur le dossier des
frais accessoires. On en a déposé plusieurs de notre côté, mais j'apprécie ce sous-amendement et je me
dis : Bon, il y a peut-être effectivement quelque chose qui ouvre une
porte au ministre dans une
perspective de revoir la... dans les prochaines négociations, si on peut
intégrer ces frais-là. Donc, il y a
une possibilité de donner une forme de compromis. Je souligne quand même que,
si le ministre est vraiment très, très préoccupé
par le temps, en soulevant systématiquement le potentiel d'irrecevabilité de
chacun des amendements qu'on dépose,
bien, il y a du temps, il y a du temps, et souvent, avec toute la diligence
dont vous faites preuve, M. le Président, ça demande du temps pour
analyser la recevabilité.
Et l'autre
chose qui m'étonne, c'est quand le ministre dit que, dès le dépôt d'un
amendement, avant même d'avoir entendu
les arguments, d'avoir peut-être pris le temps de se questionner sur... il y a
peut-être un élément nouveau auquel je
n'ai pas pensé, il dit d'avance qu'il va voter contre. Et j'en prends pour
exemple hier, où on a déposé un amendement qui prévoyait l'implication de l'INESSS dans le processus, dans le
comité qui va travailler sur la détermination des prix, l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux, et, au tout début, le ministre a dit : Non, non, non, ce
n'est pas possible, ce n'est pas dans
leur mandat, ce n'est pas... Mais après il a proposé quelque chose qui,
sincèrement, adoucissait, rendait beaucoup
moins présente la présence, l'influence de l'INESSS, mais, par compromis, j'ai
accepté rapidement... en l'espace de
deux minutes, on a accepté l'amendement qu'il nous a déposé, et je pense
sincèrement que c'est un atout qui
est tout à fait intéressant, un ajout qui va donner une dimension
supplémentaire. Puis j'ai remercié le ministre de l'avoir reçu, et, en même temps, on a été prêts, de notre
côté, de l'opposition, à faire un compromis pour que ça puisse donner
les résultats.
Donc, je
pense que c'est un bel exemple qu'à travers les amendements qu'on dépose il y a
des bons coups qu'on peut aller chercher mutuellement, tous ensemble,
pour mieux protéger la population et pour faire en sorte que notre projet de
loi soit meilleur. C'est l'objectif de l'étude article par article.
M. le
Président, je vois que l'heure file et je voudrais juste prendre une minute...
Le ministre nous avait promis qu'on
aurait les taux d'assiduité qui nous seraient déposés. Et là je prends du
temps, mais je pense que je dois prendre ce temps-là dans les interventions. On avait
convenu qu'il y aurait une plus grande ventilation au niveau des taux
d'assiduité qui découlaient de
l'article 3, alors j'aimerais savoir si on peut déposer, tel que
convenu... On avait donné une période qui,
je pense, est terminée même depuis quelques jours. Donc, j'aimerais bien qu'on
puisse avoir ces taux d'assiduité qui vont
nous permettre de voir, au niveau des GMF, où on en est actuellement, le
portrait actuel du taux d'assiduité des GMF pour voir comment les mesures vont avoir un impact sur l'amélioration de
ces taux d'assiduité là et donc sur un meilleur accès à la population.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : On va les distribuer,
M. le Président. On les a avec nous, on va les distribuer.
Maintenant, un commentaire, court commentaire.
La députée de Taillon, pour tenter de miner ma position, en invoquant qu'on a adopté en deux minutes un
amendement... C'est moi qui l'ai déposé, l'amendement, M. le Président, et l'amendement ne défaisait pas la finalité du
projet de loi. C'est un amendement que j'ai déposé parce que les siens, disons, ne faisaient pas le travail visé ou
acceptable. J'en ai déposé un qui bonifiait le projet de loi, alors que les amendements qu'elle dépose, elle, défont le projet
de loi. Alors, l'argument de l'INESSS, là, c'était un amendement qui traitait de la mécanique, et non du fond, la
finalité, là. Et ça, quand on sait ça et qu'on l'argumente, bien, on utilise du
temps parlementaire. Alors, M. le Président, je n'ai rien d'autre à dire.
Le Président (M. Tanguay) : Y a-t-il
d'autres commentaires? Collègue de Taillon.
Mme Lamarre : Alors, on est obligés
d'arriver à la conclusion que le ministre, dans l'imposition des frais accessoires, c'est vraiment quelque chose de
définitif pour lui et qu'il n'y aura jamais d'autre issue, d'autre façon de
voir des aménagements dans la
rémunération pour éviter que ce soient les patients qui aient à payer sur ces
frais-là. Et je me dis : Bien,
il y a quand même, ailleurs dans le monde, des façons de le faire pour que ça
ne soit pas les patients qui le paient quand
on préserve l'universalité. On a réussi à la préserver, cette universalité-là,
pendant plusieurs années. Je suis d'accord avec le ministre, il y avait
vraiment des dérives.
Parmi ces
dérives-là, on n'a pas eu l'occasion d'en parler, mais je relisais le mémoire
de Me Ménard, et il y a les forfaits
annuels illégaux. Donc, il y a eu des situations où des patients se faisaient demander une forme
d'abonnement à un forfait, et je
voulais entendre le ministre pour voir si ce genre de forfait là pouvait
entrer dans les règlements d'exception ou si, dans son esprit, c'était déjà clair que c'était plus dans le... aucun, aucun
paiement, donc ça sera complètement banni, ce genre de forfait annuel, ou si
ça rentre dans les potentiels règlements.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Il n'est pas question
de permettre ce genre de frais.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : Je remercie le ministre.
C'est une réponse...
M. Barrette : ...sont illégaux.
Mme
Lamarre : Alors, je remercie
le ministre. C'est une réponse claire, précise, et je pense
que ça rassure une partie de la population, certainement.
Maintenant, je reviens à l'amendement déposé par le député de
Lévis, et «facturés» ou «qui peuvent être exigés», c'est vraiment, effectivement, semblable, mais je pense que le contexte des négociations peut permettre de trouver une voie
de passage pour tout le monde qui ferait en sorte que... Il y a peut-être
des éléments, effectivement, dans la rémunération
des médecins qui doivent être modulés ou qui
doivent prendre en compte certaines de ces choses-là, mais j'ai entendu d'autres options. Par exemple, j'ai entendu des
options où on disait : Les équipements qui sont dans les hôpitaux
actuellement, peut-être
qu'ils pourraient être mis à la disposition des patients externes les soirs et les fins de semaine, alors que, là, la façon dont on
s'enligne au niveau des frais accessoires, c'est qu'on va vraiment faire en
sorte que des médecins dans des
cliniques médicales privées vont faire l'acquisition de ces installations-là et
vont, quelque part, partager les frais avec la population sous forme de
frais accessoires.
Alors, c'est sûr qu'il y a peut-être des gains
d'efficience qui sont possibles. Si on utilise les équipements qui sont dans les hôpitaux les soirs, les fins de
semaine, peut-être qu'on permettrait à un plus grand nombre de patients d'avoir
accès à des soins sans multiplier le nombre
d'appareils dans des cliniques privées. Alors, c'est un exemple de choses qui
pourraient, dans une négociation, faire en sorte que... Ah! les médecins
diraient : Bien là, écoutez, c'est vrai, moi, je pensais faire l'acquisition d'un appareil, mais, si j'ai facilement
accès à celui de l'hôpital, je peux facilement offrir les services les soirs et les fins de semaine, par
exemple, et je n'ai pas besoin d'investir avec cet appareil ou ces
équipements-là dans ma clinique médicale.
Alors, sinon,
ce qu'on comprend, c'est qu'au niveau... Moi, ma grande préoccupation avec ce
qu'on a entendu au niveau des coupures, on a déjà 450 millions qu'on a
demandés à tous les hôpitaux, aux CLSC, aux institutions publiques. Donc, tout le réseau doit couper 450 millions
depuis le 1er avril, et là on ajoute un autre 400 millions. Ce qu'on
comprend, c'est qu'on déshabille
Pierre pour habiller Paul. On déshabille le système public, on lui enlève ses
ressources, on coupe dans l'argent qui est essentiel pour qu'il soit fonctionnel et on va,
par ailleurs, demander aux citoyens de payer quelque chose supplémentaire pour des services qui sont
donnés à l'extérieur du réseau, dans les cliniques privées. Donc, je me
dis : Il y a une possibilité, à travers des négociations, de faire ça.
Et, dans ce
sens-là, moi, je pense qu'il y a quelque chose de positif au sous-amendement
qui est proposé et qui, vraiment, là...
C'est sûr que c'est beaucoup moins exigeant que ce que nous, on disait. On
disait : 2016, inclus à même les
enveloppes de rémunération. Donc, si 2016 n'est pas le bon moment, bien, la
prochaine négociation est certainement un
moment approprié pour ouvrir ces négociations-là. Alors, est-ce que le ministre
envisage qu'au cours de négociations prochaines
il puisse remettre en question les frais accessoires tels qu'ils sont prévus au
niveau du règlement? Est-ce que c'est quelque chose qui est
envisageable?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
• (17 h 40) •
M.
Barrette : M. le Président, pour paraphraser des commentaires qui sont
faits régulièrement ici de votre part, ici,
dans cette enceinte, soit avec consentement, soit pour un gouvernement, tout
est possible. Alors, ce qu'on me demande, c'est de répondre s'il est possible qu'un jour que... Bien, oui, la
réponse, c'est oui. Mais vous comprendrez, M. le Président, que, manifestement, là, on est pas mal loin du
thème et du fond de l'amendement ou du sous-amendement, là on est dans
la futurologie, là.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : Bien, M. le Président, le ministre est encore ministre pour
trois ans, on le sait, dans notre nouveau système. Donc, on sait aussi qu'il a des habiletés démontrées en négociation.
Et donc, dans ces trois prochaines années là, il peut déjà nous dire est-ce qu'il entrevoit que, si, après un an ou
deux, ça fonctionne bien, qu'il y a quelque chose qui fait qu'on a
peut-être trouvé d'autres solutions, d'autres options, que, finalement, on
réussit à récupérer beaucoup de sommes
d'argent de d'autres façons, est-ce qu'on pourrait arriver avec la conclusion
qu'on n'aurait pas besoin de ça et que,
dans... La négociation dans trois ans, là, à la fin, avant la réélection, là,
est-ce qu'on pourrait penser qu'on pourrait, dans une perspective d'annoncer une bonne nouvelle à la population,
faire en sorte que les frais accessoires soient inclus dans la négociation?
Parce que, si c'est le cas, je pense que ça rend l'amendement intéressant.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : M. le Président, il y a une chose qui est certaine — et
je vais aller dans le sens des deux oppositions — je
pense que tous les gouvernements ont comme objectif, ont
comme intérêt de prendre les meilleures décisions possible pour les patients dans le cadre budgétaire qui
leur est imparti. Alors, ces décisions-là pourraient être d'aller dans ce
sens-là, pourraient être d'aller dans un autre sens. Mais la question ici est
qu'à moyen terme, à court terme, à long terme on a à prendre des décisions, et là je ne peux présumer
de ce que serait la situation dans trois ans, dans quatre ans, dans cinq ans,
dans un mois. Quoique, dans un mois, je peux le présumer, là, mais peut-être
pas dans trois ans, à ce point-là, là.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : Moi, je me dis que, si on l'avait déjà sous forme d'article
dans le projet de loi, bien, ça donnerait un signal, ça donnerait un signal qu'on est prêt à revoir ça. C'est un
amendement que je crois comprendre que le ministre prend parce qu'il n'a
pas d'autre choix. Moi, je le perçois comme un amendement qui est très douloureux
pour les citoyens du Québec, mais en plus
qui crée vraiment un précédent, qui légalise un précédent qui, jusqu'à
maintenant, est considéré comme illégal.
Donc, je me
dis : De se mettre comme objectif que, dans les prochaines négociations,
ce sera un enjeu important dont il
faudra débattre et éventuellement arriver à la conclusion que peut-être qu'il y
a d'autres options que celle-là, ça m'apparaît
être quelque chose qui répondrait... en tout cas, qui atténuerait l'onde de
choc, là, qui suit le fait que les gens ont appris cette semaine qu'il y
aurait des frais maintenant.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Je n'ai rien à
rajouter, M. le Président, là.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : Je n'ai rien à
rajouter.
Le Président (M. Tanguay) : Y a-t-il
d'autres interventions sur le sous-amendement du collègue de Lévis? Collègue de
Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : ...je compléterai.
Non, mais il y a quand même, là, M. le Président, à travers ce qui se dit, là,
puis la volonté commune de faire en sorte
que tout ne soit peut-être pas éternel à ce chapitre-là la volonté... En tout
cas, la députée de Taillon a repris,
en quelque sorte, ce que je demandais au ministre, là, de... Si on pouvait,
moralement, en tout
cas... et exprimer cet objectif-là qu'il sous-tend, là, de faire en sorte qu'on
prenne les meilleures décisions pour les citoyens, mais dont celle-là particulièrement concernant les frais
accessoires... Parce qu'on serait... Je pense que le ministre le sait, hein? Je veux dire, à la lumière de cette
décision-là, de cette première décision là et de ce qu'on tente de faire aujourd'hui, il y a quand même des conséquences,
puis il y a des gens qui... Effectivement, il y a des gens pour qui cette
décision-là est douloureuse, celle du ministre de cet amendement adopté, du
25.2, à tel point...
Et je lirai un
paragraphe d'un texte qu'écrit Michel Hébert aujourd'hui, qu'il vient d'écrire.
Et Michel Hébert écrit : «Impossible de
ne pas éprouver un malaise devant cette décision du ministre Barrette de
permettre aux médecins de collecter
des frais accessoires à leurs patients. Il dit vouloir encadrer cette pratique
vieille déjà de plusieurs années. Il aurait
dû l'interdire, un temps du moins. Imposer une sorte de moratoire. Le temps
qu'on en finisse avec les négociations du secteur public. Le temps qu'on
en finisse avec la reddition des comptes publics.
«Nos
médecins n'auraient pas déclaré faillite. Quand on gagne en moyenne entre
6 000 $ et 8 000 $ par semaine, on peut faire sa part, injuste ou pas, sa petite
part de plus pour soutenir le retour à l'équilibre budgétaire. Surtout dans une
province aussi pauvre que le Québec.»
Et
je fais seulement le lire pour signifier qu'effectivement, pour bien des gens,
ce n'est pas évident, cette décision-là qui a été prise et ses conséquences. Et, en ce sens-là, bien, que le
ministre... Puis je rappelle, M. le Président, au ministre que la volonté, à travers nos discussions, c'est
de faire en sorte qu'on amoindrisse, qu'on rende moins douloureuse une décision puis surtout qu'on ne la fige pas dans le
temps. Et c'était, et c'est toujours l'objectif de ce sous-amendement,
et je complète là-dessus, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
...M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Oui. Je veux juste
donner une image au ministre. Ce matin, le député de Rimouski
a fait référence à la pauvreté de certains secteurs, à la pauvreté de...
et le collègue de Lévis vient faire référence aussi à la pauvreté. Moi, je veux juste... Le ministre
est dans la circonscription de La Pinière, c'est sur la Rive-Sud de Montréal.
Puis, quand on dit Rive-Sud de Montréal, normalement on a une certaine
perception que c'est une région, la Rive-Sud, qui est relativement favorisée, qui est
assez à l'aise. Dans ma circonscription de Taillon, à Longueuil, actuellement il y a 10 000 familles ou individus qui, à chaque
mois, ont besoin d'avoir recours à des banques alimentaires, 10 000 à
Longueuil. Quand on fait des
moyennes, ça donne un revenu moyen intéressant, il y a des secteurs de
Longueuil qui sont très favorisés, mais il y a 10 000 personnes et
familles qui ont besoin de banques alimentaires à Longueuil. À Longueuil.
Alors,
pour ces gens-là, les frais accessoires deviennent vraiment un obstacle aux
soins, et c'est ça qu'on veut que le ministre réalise, que ce n'est vraiment
pas banal, ce qui a été introduit cette semaine, et que ce n'est pas pour
faire du temps ou ce n'est pas pour faire
des... Vraiment, là, les gens, je pense, qui nous entendent voient qu'on parle
avec nos tripes puis avec notre
coeur, mais moi, je parle au nom de ces 10 000 familles là qui ont recours
à des banques alimentaires bien
malgré elles. Il y a, parmi ces gens-là, là... Quand je côtoie les gens des
banques alimentaires, on me dit : Il y a des gens qui étaient
donateurs l'année passée et qui, cette année, viennent pour en chercher. Et il
y a dans ces banques alimentaires là des
critères de sélection qui sont rigoureux, qui font que les gens, même, donnent
un montant, donnent 10 $ pour
avoir un panier d'épicerie de 200 $, pour être sûr qu'il n'y ait pas
d'abus. Le 200 $ dans le panier alimentaire, il comporte les quatre
catégories d'aliments pour être sûr que les gens prennent une alimentation
adéquate.
Alors,
ça permet juste de prendre la portée de ce qu'imposer des frais accessoires a
comme impact sur l'accès, a comme impact négatif pour des gens qui sont
totalement démunis actuellement, qui, vraiment, essaient de joindre les deux bouts, qui ont de la difficulté à payer les
frais d'équipement scolaire pour les enfants quand ils entrent, à l'automne,
à l'école. Et le fait de dire : Ça va
peut-être me coûter 50 $ si je dois aller chez le dermatologiste pour
faire enlever une verrue plantaire à
mon enfant, bien, je ne l'ai pas, je ne l'ai pas, ce 50 $ là, donc je
pense que ça mérite d'être requestionné le plus rapidement possible, le
plus rigoureusement possible et d'être évacué.
On
l'a vu, la taxe santé, elle a été introduite par le gouvernement libéral. Nous,
nous avons essayé de l'enlever. Le
gouvernement, actuellement, essaie de l'enlever. On peut faire des allers-retours
dans des décisions difficiles qu'on a
à prendre. Puis je ne blâme pas personne dans ce dossier-là, les gens ont
essayé de le faire, puis c'était peut-être une option qu'il y avait à ce moment-là. Mais là, vraiment, on est dans
quelque chose qui vient diminuer réellement l'accès à énormément de gens démunis. Et c'est ça qu'on
essaie de dire au ministre, si vous avez été contraint, aujourd'hui, de prendre cette décision-là, on peut-u faire en
sorte, tous ensemble, qu'on la remette en question, cette décision-là? Il faut
être capables de la remettre en question.
Les
frais illégaux, on est d'accord, on les enlève. Les frais abusifs, on les
contrôle. Mais ce n'est pas ça. La notion de panier de services, à travers ça il y a des services essentiels, il y
a des services importants, et les gens démunis, les gens vulnérables
vont être privés de soins, vont avoir des délais tellement longs qu'il peut y
avoir des complications plus grandes qui
vont être... On le voit avec la
prévalence du cancer actuellement, décaler un examen radiologique ou un scan
de six mois, un an, c'est parfois la
différence entre la vie et la mort. Alors, moi, j'invite le ministre
à garder une ouverture par rapport à la remise en question de ces
frais-là.
• (17 h 50) •
M. Barrette :
...
Le Président (M. Tanguay) : Rappel
au règlement, M. le ministre.
M. Barrette : Je vais mettre ça dans la catégorie
pertinence, M. le Président. Je trouve qu'on va loin, là, dans les commentaires,
là. On est rendu, là, vraiment, dans un territoire qui n'a rien à voir avec l'amendement.
Un scan, c'est à l'hôpital,
ce n'est pas payé en cabinet, ça ne l'a pas été, aujourd'hui, là. Et, quand on
est rendu à s'adresser à la caméra et
de dire aux gens : Vous savez, là, mesdames et messieurs, là, un mois,
six mois, là, ça peut être la différence entre la vie et la mort, je trouve que ce n'est pas
prudent, comme parlementaire, de mettre le public dans une situation
stressante en prenant des arguments
qui ne tiennent pas la route en plus. Puis je ne veux pas faire un débat
médical, là, je trouve que, là, on dépasse les bornes. Mais, sur la base juste
de la pertinence, là, un scan, là, au
moment où on se parle, c'est à l'hôpital,
c'est assuré. Et de prendre ce chemin-là
pour défaire mon argumentaire, je trouve que, comme parlementaire, ce n'est pas très élégant.
Le
Président (M. Tanguay) : O.K.
Bon, chacun est responsable de ses paroles et de ses actes. Pour ce qui est
de la pertinence, bien, je fais appel à
votre collaboration à tous. L'objet du débat est le sous-amendement du collègue de Lévis, qui vise à remplacer les mots «facturés» par «qui
peuvent être exigés» et les mots «à compter de 2016» par «après la
prochaine négociation sur le renouvellement des enveloppes de la rémunération
des médecins». Alors, c'est large, mais je fais appel à chacun et chacune
d'entre vous autour de la table, chers collègues. Alors...
M. Barrette :
...vous poser une question?
Le Président (M.
Tanguay) : Une question?
M. Barrette :
Une question.
Le Président (M.
Tanguay) : Oui. Alors, ceci...
M. Barrette :
De directive, là.
Le Président (M.
Tanguay) : De directive. Mais pas à ce stade-ci, on reviendra tout à
l'heure.
M. Barrette :
Ah bon! O.K. Plus tard.
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, voilà, je fais appel à votre collaboration sur la pertinence. Merci beaucoup.
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. Je pense que notre volonté commune aux oppositions
actuellement, c'est tout
simplement... Bon, on s'est résignés,
là, à ce que ça se passe comme ça aujourd'hui. Ce qu'on essaie d'obtenir du ministre — et
je pense que c'est très en règle avec l'amendement — c'est
de le sensibiliser au fait que, dans des prochaines négociations, ce serait pertinent de remettre ça en question. Et les exemples que je donne sont des exemples réels. Et je
n'ai pas dit un mois à six mois, même
si, dans certains cas, effectivement, des diagnostics... mais j'ai parlé de six
mois à un an. Mais,
effectivement, il y a des examens qui sont vraiment avec de longs délais pour
les patients. Ces délais-là, on essaie tous de les raccourcir au
maximum.
Mais
je pense que ce qu'on veut surtout assurer, ce qu'on aimerait entendre du
ministre, c'est une ouverture à dire : Ce n'est pas de façon permanente,
et je vais enlever les illégaux, je vais contrôler les abusifs. Puis le panier
de services, bien, ça, ça se peut
que, quand on va avoir enlevé les illégaux puis les abusifs, on soit capables
de travailler dans notre panier de services aux prochaines négociations
pour faire en sorte qu'on supprime ces frais. Un peu comme il a été question souvent d'avoir des tickets modérateurs, puis
finalement on ne l'a pas fait. Il a été question... La taxe santé, elle est là,
puis elle est prévue pour être enlevée.
Bien, c'est exactement dans le même contexte que je fais mon intervention, et
je pense que l'amendement va dans ce sens-là aussi.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, la question que je voulais vous
poser : Est-ce qu'il serait possible pour vous, pour que l'on puisse se préparer dans notre
documentation, et autres, de nous indiquer le temps restant de débat pour
chacun des députés pour le sous-amendement et l'amendement?
Le Président (M.
Tanguay) : On va faire la vérification. Chose certaine, pour
aujourd'hui, nous terminons à 6 heures,
donc il nous reste un peu plus de cinq minutes. Du reste, je pourrai y revenir
quand j'aurai les... Donc, vous voulez avoir le temps restant pour le
sous-amendement et l'amendement.
M. Barrette :
Oui, de chacun des députés. Et d'ailleurs...
Le Président (M.
Tanguay) : O.K. Donnez-nous une minute.
M.
Barrette : Oui. Et j'imagine qu'on peut... Parfois, ils sont
remplacés, là. Si un député revient, est-ce qu'il... son compteur... Il
a son temps?
Le Président (M. Tanguay) : Il «step
in the shoes», comme on dit.
M. Barrette :
Exactement, avec son temps.
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
il prend le temps du collègue qu'il remplace.
M. Barrette : O.K. Mais, dans le cas
où un député n'est pas présent aujourd'hui parce qu'il a des activités à
l'extérieur, il récupère son temps.
Le Président (M. Tanguay) : Son
20 minutes demeure intact.
M. Barrette : Parfait.
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, je vous reviens avant 6 heures là-dessus. Y a-t-il
d'autres interventions sur le sous-amendement? Collègue de Richelieu.
M.
Rochon : M. le Président, je pense qu'on est à se demander qui a les moyens de payer
les frais accessoires et qui ne les a
pas. La députée de Taillon nous a expliqué au cours des dernières minutes
que les citoyens de la circonscription du ministre ne les ont, pour beaucoup,
pas...
Mme Lamarre : Non, ce n'est pas
celle du ministre, c'est la mienne.
M. Rochon : Les citoyens de sa
propre circonscription ne les ont pas, pour beaucoup d'entre eux.
Les médecins spécialistes, avec leur nouvelle enveloppe
de rémunération, les ont sans doute. Les médecins spécialistes et les autres médecins. Rémunération moyenne d'un médecin
spécialiste par spécialité — c'est
intéressant de jeter un coup d'oeil à ça : spécialité
allergies, par exemple, revenu moyen brut, 339 743 $, frais de cabinet, 56 925 $;
cardiologue : 470 024 $,
revenu annuel brut, frais de cabinet, 17 363 $; dermatologie, une
autre spécialité, revenu moyen brut
annuellement, 381 777 $, frais de cabinet, 90 333 $; autre
spécialité, gastroentérologie — je suis sûr que les gens trouvent ça intéressant — revenu moyen brut, 473 640 $,
frais de cabinet, 17 460 $ — on est loin de vos gens en difficulté
dans Taillon, là; pneumologie : 409 997 $, revenu moyen annuel,
frais de cabinet, 9 749 $.
Et puis je
pourrais continuer comme ça, là, pendant longtemps, longtemps, radio-oncologie,
434 489 $, frais de cabinet,
69 $; rhumatologie : 344 029 $, revenu moyen brut
annuellement, frais de cabinet, 58 618 $. On peut peut-être parler, tiens, de la radiologie, revenu moyen brut
par année, 652 995 $, frais de cabinet, 130 253 $. Et je ne
vais pas lire le bottin au complet.
M. le ministre, comment allez-vous distinguer...
M. le Président, comment le ministre distinguera-t-il frais de cabinet et frais
accessoires?
Le Président
(M. Tanguay) : Juste avant, M. le ministre, de vous céder la parole,
je vais vous donner la réponse à la
question. Alors, sur le sous-amendement, il reste au collègue de Richelieu
18 minutes, à la collègue de Taillon 1 min 45 s, au collègue de Lévis
4 min 10 s et aux autres collègues 20 minutes. Sur
l'amendement, il reste au collègue de Rosemont 16 minutes, au
collègue de Lévis 14 min 50 s et aux autres collègues
20 minutes. Voilà.
Alors, la parole est à vous, M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, je constate que nous en avons encore pour un certain
nombre d'heures. La question que le député
de Richelieu vient de me poser, vous comprendrez, M. le Président, que... Je ne
veux pas reprendre l'exemple de la tourtière,
qui, maintenant, devient de plus en plus célèbre, surtout que, là, on n'a pas
dîné. Mais j'ai quand même clairement répondu
à ça avec des images, des exemples qui étaient très graphiques, très près de la
réalité. J'en ai pris des compliqués et
j'en ai pris des simples. Et là je constate que, dans les deux cas, le député
de Richelieu ne semble pas avoir acquis ou métabolisé l'information que je lui ai donnée, alors il me demande donc
de répondre à nouveau à la question, qui, essentiellement, était la même. Alors, M. le Président, compte tenu de
l'heure — j'aime
bien cette expression-là — je vais donc me réserver
la réponse, si elle est encore nécessaire, à la prochaine séance. Et je
souhaite à tous les collègues une bonne fin de semaine de l'Action de
grâce, M. le Président, où il y aura de la dinde.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup.
Alors, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 20 octobre
2015, où elle poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 20. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 heures)