(Quinze heures huit minutes)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes
présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
Santé
publique
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Santé publique des crédits budgétaires du portefeuille Santé
et Services sociaux pour l'exercice financier 2015-2016
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M.
le Président. M. Habel (Sainte-Rose) est remplacé par M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine).
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Chers collègues, j'aimerais
recevoir deux consentements de votre part.
Le premier, vous savez, l'horaire fait en sorte que nous sommes réunis pour
l'étude de ces crédits de 15 heures à 18 heures, d'une
part, et, d'autre part, de 19 h 30 à 20 h 30, ai-je le
consentement des collègues pour que, plutôt que de faire un bloc de trois
heures et un bloc d'une heure, nous fassions un bloc de quatre heures qui
serait à partir de maintenant jusqu'à 19 heures? Y a-t-il consentement?
Des voix : Consentement.
• (15 h 10) •
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Deuxième consentement que
j'aimerais recevoir de votre part, considérant,
donc, que nos travaux auront débuté à 15 h 8, y a-t-il consentement
pour que nous les terminions à 19 h 8?
Des voix : ...
Le
Président (M. Tanguay) : Oui, consentement. Merci beaucoup. Et je vous
annonce d'entrée de jeu que nous aurons,
un peu passé après la moitié de nos travaux, une pause santé, donc, qui nous
permettra d'être encore plus efficaces.
Remarques préliminaires
Alors, nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes incluant les questions. Alors, sans plus
tarder, pour les remarques
préliminaires, pour une période de 12 minutes, Mme la ministre, je vous
cède la parole.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Merci beaucoup, M. le Président. Je tiens à vous
saluer, vous dire qu'on va avoir certainement un beau quatre heures
d'échange. Je veux saluer mes collègues du gouvernement qui sont ici, qui vont
aussi nous formuler d'excellentes questions, les collègues des groupes
d'opposition ainsi que... Vous allez me permettre, M. le Président,
de vraiment saluer les équipes du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui, jour
après jour, travaillent pour le bien-être des gens, des Québécoises et des Québécois,
et je veux vraiment les remercier pour leur travail au quotidien. Ils le savent, combien je les apprécie,
mais je prends encore un peu de temps pour leur dire que, pour moi, ils
sont importants, mais ils sont importants pour la population du Québec. Les
gens, souvent, ne savent pas à quel point ces gens-là
travaillent et combien nous avons une fonction
publique compétente, et je profite de
la tribune pour les remercier.
Je veux aussi saluer le personnel de mon cabinet
qui m'accompagne et les remercier aussi parce qu'ils sont à l'image de leur ministre,
des gens passionnés, et je veux les remercier d'être aussi dédiés au travail
que nous avons à faire pour les clientèles
vulnérables. Vous me permettez, M. le
Président, de vous présenter ma chef
de cabinet, Mme Natacha Joncas-Boudreau, qui est à ma gauche. Il y a le sous-ministre
qui nous accompagne, M. Michel Fontaine, qui est assis là-bas confortablement
et que j'apprécie beaucoup, à ma droite. Il y a aussi mon sous-ministre associé,
M. Sylvain Gagnon, qui est tout près de moi, à ma droite, qui est un
sous-ministre hors pair, Mme Jobin, qui est
à la Direction de la santé publique et sur qui je peux compter. Évidemment, je
répète, l'équipe magnifique du ministère.
M.
le Président, j'ai le privilège, depuis maintenant un an, d'être ministre
déléguée à la Réadaptation, Protection de la jeunesse et à la Santé publique, et c'est vraiment un privilège. Ce
titre accordé par notre premier ministre témoigne de toute l'importance accordée par notre gouvernement
au fait de soutenir et de protéger les personnes les plus vulnérables,
et cette mission guide chacune de mes
décisions. J'ai le devoir de m'assurer que certaines personnes parmi les plus
vulnérables de notre
société aient accès à des soins et des services de qualité et sécuritaires, qui
seront adaptés à leurs besoins, des services,
comme je vous le disais, de qualité. Je suis d'ailleurs heureuse de m'adresser
à vous aujourd'hui pour avoir la chance
de vous exposer les nombreuses actions que nous avons faites au ministère de la
Santé et des Services sociaux depuis les derniers mois.
L'une de mes
premières annonces a été, au mois de juillet, M. le Président, la réouverture
du foyer de groupe de Roberval, à côté de
notre premier ministre. Notre priorité a toujours été d'offrir des services de
qualité adaptés aux besoins de la réalité des jeunes de la région. C'est
pour cette raison que nous avons mis en place un comité pour nous assurer de bien cibler les besoins des jeunes de
la région là-bas. J'ai confiance que ces jeunes ainsi que leur famille
pourront compter sur une équipe de
professionnels dévoués et qui les soutiennent et les accompagnent, ce qui va
faire une véritable différence dans la vie des jeunes qui sont dans le
foyer de groupe.
À la lumière des
analyses réalisées, l'Agence de santé — de l'époque — et
des services sociaux du Saguenay—Lac-Saint-Jean nous a recommandé l'ouverture de la
ressource d'hébergement, et celle-ci peut accueillir et accueille jusqu'à six jeunes garçons âgés entre 13
et 18 ans présentant des... des troubles graves — j'ai inversé ça, M. le
Président — des
troubles graves de comportement et ayant une déficience intellectuelle ou un
trouble envahissant du développement qui
nécessitent un accompagnement constant. Je me réjouis grandement pour les
jeunes et les familles de la région qui peuvent dorénavant profiter à
nouveau des services de cette ressource d'hébergement. Je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont participé
au groupe de travail et qui ont contribué à rendre cette réouverture
possible.
Au
courant de la dernière année, j'ai eu la chance d'aller à la rencontre de
plusieurs établissements dans le réseau et de les visiter. Je le
rappelle, à plusieurs reprises j'ai répété : Nous devons voir comment
fonctionnent les intervenants du milieu et quels sont leurs besoins dans le but
de toujours nous améliorer.
Comme
je vous le disais, j'ai aussi visité plusieurs régions, des centres jeunesse,
plusieurs CRDITED, bref, centres de
réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du
développement, des centres de réadaptation, des établissements de réadaptation, des refuges, des centres pour personnes
en situation d'itinérance. Bref, M. le Président, vous me connaissez très bien et vous le savez, je
suis une femme de terrain dans mon comté, mais je le suis aussi à titre
de ministre.
Comme vous le savez,
de nombreux efforts ont été déployés au cours de la dernière année afin
d'améliorer l'accessibilité des services diagnostiques
et d'intervention en matière de trouble du spectre de l'autisme. La partie
n'est toutefois pas gagnée, puisque de nombreuses
personnes ayant un trouble du spectre de l'autisme... le nombre de
personnes double tous les quatre ans, M. le Président. Cette situation me
touche beaucoup, et j'en fais l'une de mes grandes priorités comme ministre. Dès mon arrivée en poste, nous avons analysé
différentes alternatives pour venir en aide aux enfants souffrant du trouble du spectre de l'autisme. En juin dernier,
j'ai eu mes premières discussions avec les intervenants du centre de la
Fondation Miriam et la Fédération québécoise des centres de réadaptation en
déficience intellectuelle, troubles envahissants du développement.
Le
22 novembre 2014, à Montréal, nous avons pu annoncer un merveilleux
partenariat qui a été conclu entre la Fondation Miriam, le ministère et
la Fédération québécoise des centres de réadaptation en déficience
intellectuelle et en troubles envahissants
du développement. Vous voyez qu'il s'est déroulé peu de temps, et nous étions
en action. Je sais que le projet de
partenariat annoncé a des bénéfices réels dans la vie de plusieurs
familles québécoises, puisqu'il
permet de réduire les délais pour obtenir un
diagnostic, de mieux informer et soutenir les parents et d'assurer une prise en
charge précoce qui favorisera le développement de leur enfant.
Une initiative comme
celle-ci, M. le Président, mérite des éloges, tout comme les nombreuses
personnes qui lui ont permis de voir le
jour. J'aimerais donc, encore une fois, remercier chaleureusement les gens et
les intervenants de la Fondation Miriam et souligner l'engagement
indéfectible des membres de son équipe. Nous devons poursuivre nos efforts dans le but d'améliorer la vie et d'offrir
les services les mieux adaptés aux enfants, aux familles et à leurs
proches.
De plus, j'ai
participé au lancement du centre d'activités de jour La Passerelle, pour
adultes autistes, dans la Capitale-Nationale. L'accès à des ressources et à des services
adaptés aux jeunes adultes autistes représente un sérieux défi au terme de leur scolarité. Leurs parents, M. le Président, sont souvent confrontés à des choix difficiles comme de se tourner vers une ressource résidentielle,
d'engager une personne-ressource à la maison ou carrément de quitter le marché du travail pour s'occuper de leur jeune
adulte. Pour mon coeur de mère et de grand-mère, cela représente des
choix qui sont tous lourds de conséquences, tant sur le développement de leur
enfant que financièrement.
Le nouveau centre de
jour La Passerelle offre à ces jeunes le milieu stimulant dont ils ont besoin à
cette étape de leur vie. Ce projet de centre
d'activités de jour m'a touchée particulièrement, d'une part, parce qu'il se
réalise dans un champ d'action que
j'ai élevé au rang de mes priorités en raison de l'importance de l'augmentation
du taux de prévalence du trouble du
spectre de l'autisme, mais, d'autre part, parce que ce projet a été entrepris à
la base par des parents, pour des jeunes adultes autistes. Cette prise
en charge par les principales personnes concernées est un gage, pour moi, d'un
projet parfaitement adapté à leur réalité, sans oublier qu'ils sont les mieux
placés pour susciter la mobilisation de la communauté
tout entière. Je les remercie donc pour leur engagement parce que ce projet,
c'est non seulement un milieu propice au développement qu'ils offrent à
leur enfant, mais c'est aussi un projet de vie et collectif pour notre société.
Le travail à accomplir pour cette cause est grand, et je compte bien poursuivre
le travail amorcé, M. le Président.
Maintenant,
laissez-moi vous parler de la mission dans le Nord-du-Québec. Un moment
marquant pour moi cette année a été,
évidemment, ma mission dans le Nord, dans la région du Nunavik, en octobre dernier.
J'ai pu mieux comprendre et connaître les défis à relever afin de
soutenir le mieux possible la population avec des services qui sont adaptés à leur réalité. Le vaste programme de
relance que notre gouvernement a entrepris dans le Nord québécois vise à
soutenir le développement des nombreuses
communautés qui habitent ce territoire tant sur le plan social
qu'économique. C'est
pourquoi il était très important pour moi de me rendre sur place pour échanger
avec les gens sur les enjeux locaux, particulièrement en ce qui concerne
les services offerts aux jeunes de la région.
Au
cours de cette tournée sur le territoire de la Régie régionale de la santé et
des services sociaux du Nunavik, j'ai rencontré l'équipe de santé
Inuulitsivik à Puvirnituq — j'ai
un peu de misère avec la prononciation, M. le Président, mais les gens ont bien
senti que j'étais avec eux autres — puis celle du Centre de santé
de Tulattavik de l'Ungava, à Kuujjuaq aussi, afin de discuter de l'organisation
des services jeunesse, d'aborder différents dossiers et de visiter les
installations des établissements.
• (15 h 20) •
J'ai profité de mon
passage à Puvirnituq pour procéder à l'inauguration de nouveaux locaux de la
direction de la protection de la jeunesse.
Ce projet est le fruit d'une belle collaboration entre le ministère de la Santé
et des Services sociaux, la Régie
régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik et celle du Centre de
santé Inuulitsivik... On va dire que
c'est comme ça, je suis certaine qu'ils me comprennent. Les nouveaux locaux de
la direction de la protection de la
jeunesse ont été conçus et pensés de manière à optimiser la qualité des
services fournis aux jeunes des sept communautés de la Baie-d'Hudson et à leurs familles. Pour ce faire, plusieurs
consultations ont été réalisées auprès des centres jeunesse et de différents experts. L'objectif est d'assurer
une réponse mieux adaptée aux besoins des enfants, des jeunes et de
leurs parents. L'édifice regroupe de nombreux services. Cet appui montre que le
mieux-être des jeunes et des familles du Nunavik
est une préoccupation constante pour notre gouvernement et des dirigeants des
communautés inuites. Plusieurs défis
sont à relever, et nous avons à coeur de travailler à leur offrir des services adaptés
à leurs besoins afin de favoriser leur plein épanouissement.
Comme vous le savez,
le réseau de la santé et des services sociaux traverse actuellement une période
de réorganisation. Avec l'abolition des
agences de la santé et des services sociaux et la loi modernisant
l'organisation de la gouvernance du
réseau de la santé et des services sociaux adoptée en février dernier, mon
collègue le ministre de la Santé a posé
des gestes concrets pour toute la population du Québec. D'ailleurs, les
Québécoises et Québécois attendaient un tel changement dans la gestion du réseau. Je profite de l'occasion pour vous
dire que le ministre de la Santé et moi désirons offrir les services les
mieux adaptés possible à la réalité et aux besoins de la population.
Dans
ce processus, M. le Président, on s'est assurés que les ressources financières
pour les soins et les services soient
protégées, que l'expertise soit préservée. C'était pour moi, là, une question
très importante. C'est dans cet esprit que
je me suis assurée que l'expertise développée au fil des années dans le domaine
des services sociaux par les différentes associations d'établissements soit préservée et se poursuive dorénavant
sous l'égide de l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux. Les centres intégrés de
santé et de services sociaux offrent aussi un accès simplifié aux
services et un parcours plus fluide.
D'ailleurs, M. le
président, je tiens à profiter de ce moment qui m'est accordé pour vous donner
quelques exemples concrets des bienfaits de cette nouvelle loi. En intégrant la
première, deuxième ligne, dans certains cas la troisième ligne, au sein d'un même établissement, on va arrêter de
dédoubler les évaluations, on va prendre les jeunes, leur offrir le
niveau de soins dont ils ont besoin et auquel ils ont droit. Les gens et les
intervenants vont devoir se parler. Comme
dans le cas des centres jeunesse, le regroupement permet d'éviter à un parent
de répéter quatre ou cinq fois, peut-être même plus, la même histoire
d'un établissement à un autre. Le continuum de services n'est plus divisé, M.
le Président, entre les CISSS et les centres
spécialisés, mais intégré au sein d'une même équipe. L'usager a un dossier
dans sa région, dans son CISSS, centre intégré de santé et de services sociaux.
Il faut arrêter, M. le Président, de dissocier la santé curative des services
sociaux, puisqu'un être humain peut avoir besoin des deux à la fois. Ce n'est
pas vrai qu'il faut séparer ça.
Je veux... Ça achève,
M. le Président?
Le Président (M.
Tanguay) : Oui, nous sommes rendus sur le temps du bloc des députés de
la banquette ministérielle. Alors...
Mme
Charlebois :
Est-ce que mes collègues me permettent de terminer?
Le
Président (M. Tanguay) : Peut-être encore 30 secondes, pour qu'on
puisse respecter l'équilibre des blocs, et vous pourrez peut-être, lors des réponses, nous informer de ce qui
ferait la suite de vos remarques préliminaires. Alors, encore une
trentaine de secondes, nous avons déjà excédé de 1 min 30 s.
Mme
Charlebois : En une trentaine de secondes, M. le Président.
Il y aura plusieurs sujets qui vont être abordés, notamment la lutte à
l'itinérance. On aura sûrement l'occasion de parler des organismes
communautaires. On aura sûrement l'occasion
de parler de santé publique, et j'aurai l'occasion de rectifier certaines
choses, M. le Président. Mais sachez
que la ministre déléguée à la Réadaptation, Protection de la jeunesse et Santé
publique... Et ce n'est pas pour rien que les trois missions sont mentionnées dans mon titre, ce n'est pas un
hasard, c'est parce que le premier ministre y accorde une grande importance, ainsi que moi. Vous avez une
ministre passionnée, vous avez une ministre dévouée et à l'écoute des gens, et sachez que... Je sais que tout n'est pas
parfait, mais on a amélioré grandement dans la dernière année et on est
en mouvance pour améliorer encore nos
services pour la population du Québec. C'est tout ce qui m'anime, M. le
Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, je cède maintenant
la parole au collègue de Rosemont pour des remarques préliminaires d'une durée
de sept minutes.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président,
d'abord, je vous salue, salue l'équipe, Mme la ministre, ses collaborateurs, M.
le sous-ministre, sous-ministre associé,
toute l'équipe de la Santé publique qui est là. Merci d'être là. Merci de
travailler pour le bien des Québécois. Je
souligne également la présence parmi nous des représentants du Mouvement
citoyen pour la santé publique, également d'une table régionale sur des
organismes communautaires qui sont ici.
M. le
Président, c'est tout ce que je dirai parce que j'aime tellement dialoguer avec
la ministre que je voudrais que toutes mes minutes y soient consacrées.
Le Président (M. Tanguay) : Et nous
le savions, ça paraît dans vos échanges. Alors, elles vous seront conservées, je vous en donne la garantie. Merci
beaucoup. Pour une période de cinq minutes, un bloc de cinq minutes, je
cède maintenant la parole au collègue de Lévis pour ses remarques
préliminaires.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Évidemment qu'on abordera ici des questions absolument
fondamentales parce que tout passe par la prévention, tout passe par la santé
publique. On aurait tort de penser qu'il faut
toujours agir dans le curatif, il faut agir aussi dans le préventif. Alors, on
abordera beaucoup de thèmes dans le cadre de cette discussion, que
j'anticipe fort intéressante et instructive.
Mais je me
limiterai, comme mon collègue de l'opposition, à d'abord saluer la ministre.
Merci pour sa présence. Évidemment,
son équipe rapprochée, tous ceux et celles qui s'intéressent aussi à la santé
publique et qui sont là pour être attentifs
à ce qui se dira, merci de votre présence. Les collègues également de la partie
ministérielle, alors merci d'être là également.
Mais je ferai
comme mon collègue, je garderai le reste de ce temps pour bonifier la
discussion avec la ministre sur le dossier de la santé publique, M. le
Président.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, nous le ferons.
Discussion générale
Alors, sans plus tarder, au collègue de
Rosemont, place à l'échange avec la ministre, pour un bloc révisé de
21 min 20 s. La parole est à vous.
M. Lisée :
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur notre discussion d'hier sur les
modifications à l'aide sociale qui
ont été apportées pour les centres de toxicomanie. J'avais indiqué que, d'une
part, la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse avait recommandé de ne pas agir dans la direction
souhaitée par le gouvernement. Le
gouvernement a quand même agi. Il y avait deux raisons fortes qui laissaient
craindre pour cette réforme. D'une part, sur la survie des centres de traitement de la toxicomanie, qui sont déjà des
organismes à but non lucratif qui vivent des moments très difficiles et qui sont maintenant mis à mal
de façon plus importante. Et, deuxièmement, et peut-être de façon plus
importante, puisque le but de... L'ensemble de l'exercice, c'est de permettre à
des gens qui sont sur l'aide sociale, mais
qui ont des problèmes de dépendance de prendre la décision de faire un
traitement de désintoxication pour se réinsérer. Et le ministère lui-même, dans un avis, avait indiqué que la réforme
proposée pourrait dissuader des gens de prendre cette décision, compte tenu de la perte monétaire que la
réforme allait induire, et la ministre et son collègue de la Solidarité
sociale ont dit : Non, non, non, ça n'arrivera pas.
Or,
l'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance a fait un
sondage auprès de ses 40 centres pour
demander s'il y avait eu une réduction de l'achalandage, du nombre de gens en
date d'il y a deux semaines, et ils ont révélé aujourd'hui ces
chiffres : 34 personnes ont refusé de se faire évaluer une fois informées
des diminutions de la prestation, 91
personnes ont annulé leur entrée en thérapie suite à l'annonce des diminutions
de la prestation et 168 personnes qui
étaient en thérapie ont mis fin à leur thérapie suite à la décision du
gouvernement. Et, conséquemment, 44
emplois ont été coupés dans le réseau des centres d'intervention en dépendance.
Donc, la mesure sera en vigueur après-demain, vendredi, mais juste
l'annonce à ces gens-là, dire : Vous vouliez prendre la décision difficile
de votre vie d'aller dans un centre, d'essayer de vous désintoxiquer, mais on
va vous enlever l'essentiel de votre prestation, et là on a plus de 200 personnes
qui se sont retirées ou qui ne sont pas allées. Exactement ce qu'avaient prévu
à la fois le ministère, l'association, les gens qui vous ont dit de ne pas le
faire.
Et là il y a
également la deuxième question, c'est : Dans quelle situation de précarité
cela met les centres eux-mêmes? Eh
bien, deux questions leur ont été posées : Y aura-t-il une réduction de
services? Est-ce qu'il y a un risque de fermeture pour votre organisme? Et, parmi les réponses obtenues au cours
de ces dernières semaines, les centres disent, bon, par exemple :
Les transports, on en assumait les frais avant, aller chercher les personnes.
Les déplacements à la cour — parce qu'il y a des déplacements à la
cour — sont
coupés ou très réduits, 100 heures de coupées. Les médicaments non
couverts par la RAMQ qu'ils couvraient, maintenant c'est terminé.
• (15 h 30) •
Un autre qui dit : Il sera impossible à nos résidents de
faire une réinsertion sociale avec cette loi, car 200 $ est
insuffisant pour acheter une passe d'autobus, faire des entrevues d'emploi,
chercher un logement, se réintégrer progressivement.
Il y a un autre qui dit : Nous devions offrir un service de réinsertion
sociale, mais, dans le contexte, non. Un autre qui dit : Le risque de fermeture est
important de notre service de réinsertion sociale. Les clients
mentionnent qu'ils ne participeront pas au
programme d'employabilité avec seulement 200 $ par mois. Il y en a un
autre qui dit : Annulation de l'atelier
de danse-thérapie, manque de ressources, coupure du poste d'infirmière
auxiliaire et d'un employé de soutien. Risque de fermeture, oui, nous
sommes dans une véritable impasse financière après sept ans de saine gestion.
Et la ministre dit : Bien, a
posteriori, on va regarder leurs chiffres et on va regarder si ça peut marcher
ou non. Mais eux, ils ne vivent pas a
posteriori, ils vivent dans le présent, puis ils vivent avec l'argent qu'ils
n'auront pas à partir d'après-demain. Ils ne peuvent pas payer ces gens-là, et en plus il y a 200 personnes qui se
désistent. Et, dans ces conditions-là, on n'y va pas.
Alors, est-ce
que la ministre va continuer à affirmer que c'est une bonne mesure qui donne
les résultats qu'elle escomptait ou
ne va-t-elle pas devoir faire un plan d'intervention d'urgence, d'urgence, dans
les semaines qui viennent pour éviter la dégradation de ces centres en
toxicomanie?
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Tout d'abord, vous me permettrez de vous manifester mon
étonnement, puisque la mesure va entrer en
vigueur le 1er mai. Comment se fait-il que, déjà, il y a des gens qui
étaient en thérapie qui ont cancellé alors qu'il n'y a rien de changé en ce
moment? Comment se fait-il que des gens cancellent malgré le fait que j'ai affirmé qu'il y aurait un accompagnement pour
les organismes communautaires? Moi, je veux, un petit peu, faire la
correction du préambule de mon collègue de Rosemont, M. le Président, et vous
dire à quel point...
Premièrement, le règlement a été fait par le
ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, c'est là qu'il aurait dû poser l'essence de ses
questions. Mais, pour ce qui concerne les clientèles vulnérables, M. le
Président, je vais répondre avec grand
plaisir parce que vous savez quoi? On ne peut pas rester impassible devant la
souffrance des gens qui vont dans ces centres avoir des soins
spécialisés en réadaptation. Les gens vont continuer de bénéficier des services
qu'ils auront besoin.
On a annoncé, mon collègue et moi, une mesure
transitoire. Transitoire, ça veut dire qu'on va faire les deux, la couverture des périodes entre l'ancienne façon
de faire puis la nouvelle façon de faire. Il y a des transitions, des
mesures transitoires d'accompagnement et de
soutien aux centres qui offrent, justement, les services en toxicomanie et
hébergement. Les centres qui ont des difficultés financières en raison des
modifications réglementaires, à compter du 1er
mai, pourront se voir offrir les services d'un spécialiste en gestion qui
posera un diagnostic, les aidera à rétablir leur situation financière en vue de retrouver leur viabilité économique, M.
le Président. Une fois le diagnostic réalisé, une aide financière
transitoire — vous
avez entendu les mots, là, M. le Président — une aide financière
transitoire pourrait être versée aux ressources qui auront démontré qu'elles
sont à risque de fermeture et qu'elles ont besoin d'un soutien financier, le temps de mettre en oeuvre les
ajustements nécessaires à la poursuite des activités. La mesure transitoire
serait d'une durée de 18 mois, et elle permettra d'effectuer un portrait
de la situation des centres.
Alors, dès le
1er mai, les centres pourront communiquer avec une personne-ressource au
ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour
obtenir des informations détaillées sur la mesure transitoire. Ils vont pouvoir
déposer une lettre d'intention, avoir fourni
les services, etc., on va pouvoir les accompagner là-dedans. Mais, en
aucun temps, M. le Président, il n'est question de diminuer l'accessibilité à
des services qui sont offerts à une population qui a grandement besoin.
Moi, j'apprécierais que nous puissions tous
travailler ensemble à faire en sorte que ces gens-là puissent continuer
d'obtenir des services, et non pas de continuer à semer certaines craintes qui
n'ont pas lieu d'être. Les prestataires, là, M. le Président, auront toujours
droit à un montant qui va pouvoir aller jusqu'à 1 490 $ pour payer gîte et couvert en centre de réadaptation. C'est
comme ça maintenant, ça va être comme ça après, et ça ne va pas changer.
Les personnes sans domicile fixe qui se trouvent dans un centre d'intervention
dont le plan d'intervention — puis ça, je l'ai dit hier — prévoit la recherche d'un logement, bien, ils vont avoir une aide
financière qui correspond à la prestation spéciale pour frais de
logement. Elle va pouvoir leur être versée, et ils vont pouvoir aller faire la
démarche.
Ceux qui ont déjà des logements, il n'est
nullement question de couper cette partie de leur chèque. Ce qu'on dit ici, c'est qu'il y a un changement au règlement,
il y aura une somme qui a été versée. Puis, pour ce qui est des mesures
exactes au montant financier payé sur le chèque d'aide sociale, j'invite le
député à aller rencontrer le ministre du Travail,
de l'Emploi et de la Solidarité sociale, aller à ses crédits. Moi, la partie
qui me concerne ici, M. le Président, c'est de m'assurer que les gens qui ont des dépendances, qui ont besoin de
réhabilitation, de réadaptation, qui ont besoin d'avoir un séjour...
moi, ma job, là, c'est de m'assurer qu'ils ont des services de qualité et que
l'accès ne soit pas compromis.
M. Lisée :
M. le Président, je suis très heureux d'entendre la ministre dire ça parce que,
donc, son principal travail, ce
serait d'aller voir son collègue ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale puis lui dire que sa réforme a déjà un impact négatif
significatif sur l'accès aux soins et sur la décision de gens d'avoir accès aux
soins. La commission de protection des droits de la personne et de la jeunesse
avait avisé que ces personnes-là sont extrêmement fragiles et que
l'introduction de la mesure allait les fragiliser davantage, et nous avons déjà
les résultats.
Et vous
pouvez dire à votre collègue aussi — puis je serai content de vous renforcer
votre message — que de
dire à des organisations sans but lucratif qui travaillent à la cent près
qu'ils ont la certitude de ne plus pouvoir facturer les prestataires à partir du 1er mai en échange de la possibilité qu'un
spécialiste en gestion vienne leur dire comment couper plus tard, ça
donne déjà 44 mises à pied. Alors, je compte sur vous, on va faire ça
ensemble.
Alors, j'ai un autre sujet à aborder qu'on a
déjà discuté...
Mme
Charlebois : ...
Le Président (M.
Tanguay) : Juste, rapidement, je vais laisser la ministre répondre sur
le sujet. Oui, Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Bien, c'est ce que j'ai le goût de lui dire, je suis allée le voir, puis c'est
pour ça qu'il y a des mesures transitoires d'accompagnement, c'est pour
ça que je vous dis que les gens... Parce qu'hier il y a eu une petite confusion, là. Il y a eu une
prépublication, il y a eu des remarques, il y a eu des changements d'apportés
au règlement, on a publié le
règlement final. C'est pour ça qu'il y a des mesures de transition, c'est pour
ça que les gens qui ont un logement puis
qui vont pouvoir le maintenir qu'ils vont conserver leur 416 $ par mois.
Moi, j'invite les gens à communiquer avec nous. Il n'est nullement question, M. le Président, de réduire
l'accessibilité pour ces personnes vulnérables là. On en connaît tous,
puis on sait à quel point c'est essentiel, ces services-là. Moi, je vais
accompagner le ministre de l'Emploi et de la Solidarité. Nos deux ministères
ont travaillé ensemble, hein, en passant.
M. Lisée : ...semblait dire
que c'est plutôt son collègue, mais moi, je sais que l'association des centres d'intervention se plaignait amèrement d'avoir été
très peu rencontrée, à peine informée, qu'ils avaient des choses à dire,
des solutions à apporter et que,
contrairement à l'ancien gouvernement, ils n'avaient pas été écoutés, ils
n'avaient pas fait partie de la
solution. Et, quoi qu'on puisse dire des mesures transitoires, il y a deux
certitudes absolues. Avant, le prestataire recevait jusqu'à 600 $ ou un peu plus. Maintenant, c'est
200 $. Ça, c'est une certitude. Il reçoit moins qu'avant, c'est sûr
qu'il reçoit moins qu'avant. Et,
deuxièmement, les centres savent qu'à partir du 1er mai ils perçoivent
moins qu'avant. Ça, c'est deux certitudes, et c'est deux certitudes qui
provoquent ce qui avait été annoncé.
Santé publique. On en a discuté ce matin un peu
à la période de questions, et on ne se chicanera pas sur l'ampleur de la coupure, 24 millions l'an
dernier, 5 millions cette année, 7 %, 7,3 % dit la ministre.
Nous, on utilise le chiffre de
30 % parce que ce sont les directions de la Santé publique qui sont
coupées, mais peu importe l'ampleur de la coupe. Je connais quelqu'un
qui disait avec beaucoup de justesse, il y a un tout petit peu plus qu'un an,
que de penser d'augmenter le budget de la
Santé de seulement 3 %, c'était irréaliste, c'était irréaliste, et les
gens devraient voter contre un parti
qui ne proposait qu'une augmentation de 3 %. Ça, c'est le Parti québécois,
on proposait juste 3 %, et cette personne-là, qui est devenue premier ministre du Québec,
dit : Il faut augmenter d'au moins 4 %. Votez pour les libéraux,
nous, on va augmenter d'au moins
4 %. Donc, comme vous savez, cette année, ils augmentent seulement de
1,4 %, et la moitié de cette somme va aux salaires des médecins
spécialistes. Alors, si c'était irréaliste pour le chef du Parti libéral, ça
doit être irréaliste pour le premier ministre du Québec et certainement pour sa
ministre responsable de la Santé publique.
Mais, pour la
Santé publique, ce n'est ni 3 %, ni 4 %,
ni 1,4 %, c'est moins 7 %, moins 7 %,
moins 9 %, moins 10 %, moins 30 % si on prend
juste la direction. Alors là, on n'est plus dans le domaine du réalisme, on est
dans le domaine de l'irréalisme si on veut
donner des services de santé publique. Alors, la ministre aimerait bien — et
j'aimerais tellement qu'elle ait raison — elle aimerait que ce soient
juste des cadres, de l'optimisation, des gens qui travaillent toute la journée
sur des fichiers Excel puis des colonnes de chiffres.
Je lui ai
donné quelques exemples ce matin puis je vais lui en redonner encore plus cet
après-midi. Parmi les gens qui
perdent leur emploi à Montréal, alors
un pharmacien qui faisait
l'intégration des pratiques cliniques préventives liées aux maladies chroniques dans les pharmacies
communautaires, c'est fini, cette personne-là ne travaille plus;
une infirmière qui était de l'équipe
infections et intoxications, ce n'est pas une comptable; une
infirmière qui faisait l'enquête épidémiologique pour les maladies à
déclaration obligatoire, elle ne faisait pas de comptabilité; une
infirmière qui s'occupait d'immunisation,
elle ne faisait pas de gestion humaine;
la sexologue qui faisait de la
prévention des maladies transmises sexuellement; une autre sexologue qui
faisait la promotion d'une sexualité saine et responsable mise à la porte;
la bibliothécaire, elle faisait la gestion des connaissances, elle est
mise à la porte.
Vous n'allez
pas me dire, Mme la ministre, que ces gens-là, c'est des cadres qui n'avaient
pas un travail concret pour la santé publique, les citoyens de Montréal,
ou de l'Estrie, ou d'ailleurs.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois : Bon, M.
le Président, on va refaire un peu d'histoire. Je pense que ça va être nécessaire
ici pour les auditeurs qui sont à l'écoute
et pour les personnes qui nous accompagnent. Il faut resituer le contexte, là.
Quand on est arrivés au gouvernement, honnêtement, là, on n'avait pas idée qu'on se ramasserait avec une impasse
budgétaire de plus de 7 milliards de
dollars. C'est de l'argent, pas à peu près. Les citoyens nous ont élus, justement,
parce qu'ils étaient tannés de ce
genre de gestion là, et ils nous ont demandé de voir à optimiser les services.
C'est ce qu'on fait tout en ayant une
gestion avec rigueur budgétaire incommensurable, de faire en sorte que nous
puissions revoir nos façons de faire, optimiser nos services sans nécessairement...
Puis c'est
sûr que, quand on décide, M. le
Président, d'optimiser, il y a des
changements à faire. Alors, quand on est arrivés, on avait annoncé, nous autres... c'était clair dans nos
couleurs qu'on allait abolir les agences. C'est ce qu'on a fait. Il y
avait des sous de consacrés dans les agences, il y a un palier en moins, là, M.
le Président. Ça, ce n'est pas dur à comprendre, là, il y a tout un palier en
moins. On a mis le projet de loi n° 10, qui visait à abolir les agences,
on l'a adopté en février. Le palier de moins fait en sorte qu'une réorganisation
administrative s'impose puis qu'il y a un regroupement
d'activités. C'est clair, ça, M. le
Président. Je pense
qu'on n'a pas besoin, là, d'avoir un cours universitaire pour comprendre
ça, si j'élimine un palier, là, c'est clair qu'il y a une réorganisation qui se
fait dans le réseau.
C'est
vrai aussi pour le réseau de la santé publique. Effectivement, toute cette
réorganisation-là autour du projet de
loi n° 10, ça permet
d'économiser 220 millions, et tout le monde doit faire son effort, la Santé
publique aussi. Alors, ce qui nous permet d'arriver à ces choses-là,
c'est, entre autres, la révision du programme national de santé publique qui est en cours. Et je veux
vous rassurer, M. le Président, les quatre missions qu'on a en santé publique non seulement vont être protégées, mais améliorées, soit la surveillance, la prévention, la
promotion et la protection. La révision qu'on va faire s'inscrit en
droite ligne avec l'objectif du projet de loi n° 10, c'est-à-dire revoir
nos façons de faire. La révision dans le
Programme national de santé publique, on la fait exactement dans ce sens-là.
Tous les services, M. le Président, vont être protégés, mais il est clair
qu'il faut faire différemment et il faut faire plus efficacement.
Moi, là, je fais
partie d'un gouvernement qui a été élu, M. le Président, et qui a pris un engagement
avec la population, on a dit qu'on allait revenir à l'équilibre
budgétaire. Et vous savez quoi? On va le faire en ne coupant pas de services, en changeant nos façons de fonctionner.
Il est clair que j'ai le même souci que mon collègue de Rosemont,
c'est d'investir en prévention. Ça, c'est
clair. Puis je ne pense pas qu'ici, dans la salle, il n'y a aucun élu, honnêtement, qui ne veut pas agir en
prévention, et c'est pour ça qu'on travaille à une politique
de prévention en santé. Et, dans les semaines qui viennent, le député de Rosemont
saura sûrement applaudir des gestes qu'on va faire, qu'on va présenter, et ça
va représenter très bien mon engagement
en prévention. Malheureusement, je ne peux pas lui dire tout ça aujourd'hui parce qu'on travaille encore
sur la finalité de certains projets, mais, M. le Président, je souhaite
qu'il puisse applaudir quand on aura la chance de lui rendre compte de
ce que nous avons l'intention de faire dans les semaines qui viennent.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. Collègue de Rosemont, pour
encore 2 min 25 s.
M.
Lisée : J'applaudirai
à chaque réinvestissement dans la santé publique. Ça, je peux vous assurer
de ça, mais je ne peux pas applaudir
quand vous mettez à la porte des infirmières, des sexologues, des
nutritionnistes, des kinésiologues et des bibliothécaires, et ce sont
des gens qui donnaient des services.
Maintenant,
Le Devoir nous apprenait récemment qu'il y avait, dans le nombre
des réformes que le ministre de la Santé
veut apporter, disait-il, un travail juridique d'envergure sur la Loi de la
santé publique. Et, dans la Loi de la santé publique, l'article 373 dit que le directeur de la santé publique est
responsable dans sa région d'informer la population de l'état de santé général, des problèmes de santé
prioritaires, les groupes vulnérables, les facteurs de risque, identifier les situations susceptibles de
mettre en danger la santé. C'est ce qui fait qu'ils ont le droit de dire qu'un
casino, ça va avoir des impacts de santé, puis qu'un oléoduc, ça va
avoir des impacts de santé ou de l'amiante, ça a des impacts de santé,
puis, des fois, les gouvernements n'aiment pas entendre ça. Alors, je suppose
que c'est pourquoi, en plus des infirmières, des sexologues et des
politologues, des psychologues, des urbanistes qui sont mis à la porte aussi parce
qu'ils écrivaient ce genre de rapports là.
Alors,
la question que j'ai à vous poser dans les secondes qu'il reste, c'est :
Avez-vous l'intention de modifier le mandat
du directeur de la santé publique pour restreindre, encadrer, baliser sa
capacité de donner des avis publics sur la santé publique?
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
M. le Président, il n'est aucunement question de restreindre d'aucune façon que
ce soit le travail des directeurs de santé
publique. Et, à preuve, vous irez voir ce que j'ai annoncé pour le Plan Nord,
le projet, là, qu'on a annoncé d'évaluation d'impact sur la santé. Si je n'avais pas l'intention d'entendre ce que
les directeurs de santé publique et
les analystes peuvent nous fournir comme documentation, je n'aurais certainement pas mis en place ce projet
pilote là, qui me tient grandement à coeur, pour les populations nordiques.
Ce que j'ai le goût
aussi de faire, M. le Président, parce que, dans le précédent préambule... Peut-être
que j'ai mal compris, j'ai sûrement
mal compris, mais j'ai entendu le député
de Rosemont parler
de 24 millions coupés l'année dernière. Je veux juste lui dire
qu'il n'y a eu aucune coupure en santé publique l'année dernière.
Je veux aussi lui
dire qu'aucunement la mission de la santé publique n'a été changée, et ce qu'on
fait, c'est vraiment une restructuration, une façon différente de travailler.
Je veux vous donner un exemple. Je lui ai parlé du dépliant de l'allaitement,
ça fait une couple de fois, bien, je vais lui en donner un autre. Ici, au Québec...
Le
Président (M. Tanguay) :
...pour préciser que nous sommes sur le temps, donc, du gouvernement juste pour que ce soit clair pour tout le monde.
Mme
Charlebois :
Oui. Ça va être vite fait, là, je vais laisser mes collègues parler.
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, poursuivez, je pense que j'ai le consentement des
collègues. Merci.
Mme
Charlebois : Mais,
juste ici, pour votre gouverne, j'ai un dépliant sur les punaises de lit, de la
région de la Capitale-Nationale, qui
a été conçu par un fonctionnaire, qui a été imprimé à grand déploiement. Ici,
j'ai un autre dépliant sur les punaises de lit qui a été conçu par
l'Agence de la santé et services sociaux de Montréal. Mais, d'après moi, les
punaises de lit sont pareilles à Montréal qu'à Québec, là, mais... Il y a un
autre dépliant qui a été conçu par un autre fonctionnaire
imprimé à grand déploiement. Bien, savez-vous quoi? J'en ai un autre. Et c'est
comme ça pour toutes les informations qui peuvent être transmises, M. le Président. Ça, là, à travers toutes les mesures, que ce soit
l'allaitement... Là, je vous parle de
punaises de lit, puis je pourrais vous parler de multiples autres choses, ces
choses-là, administrativement parlant, vont être faites au national,
distribuées à travers tous les centres de santé publique. Mais aucunement, M.
le Président, il n'est question de museler des directeurs de santé publique et de ne
pas les laisser faire leur travail, leur travail qui est de la prévention, leur travail qui est de fournir des avis. Il
n'est aucunement question de faire des changements dans
leur mission, je n'ai aucune intention à ce niveau-là.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole
à notre collègue de Crémazie pour le bloc
dévolu aux collègues de la banquette ministérielle, pour encore un bloc de 17 minutes. Alors,
à vous, Mme la députée de Crémazie.
• (15 h 50) •
Mme
Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Je vais débuter moi
aussi, également, en saluant la ministre, mais également mes collègues de la banquette ministérielle, le député de Rosemont, le député
de Lévis, la députée de Saint-Hyacinthe.
Et
je suis très heureuse de prendre la parole dans le cadre de cette commission
qui aborde des enjeux extrêmement importants
au niveau des services sociaux, qui sont importants pour tout le Québec,
mais... Pardon, j'en profiterai aussi pour saluer le député de Mercier qui arrive. Bien le bonjour. Donc, bien heureuse
d'aborder des enjeux qui sont importants pour tout le Québec, mais qui,
pour certains, revêtent aussi des enjeux bien spécifiques pour Montréal. Donc,
à titre de députée de Montréal, je suis bien
contente que la commission me donne l'occasion d'aborder certaines questions,
dont notamment la question de l'itinérance.
Et on le sait, là, c'est un énorme enjeu pour la société québécoise, qui est
récurrent, qui est toujours présent, c'est
un phénomène qui découle de multitudes... réalités complexes, et personne n'est
à l'abri de l'itinérance.
Les visages de
l'itinérance sont nombreux, là. Moi, j'ai été à même de le constater dans une
vie antérieure où je collaborais à des études en psychologie avec la Mission
Old Brewery, et on voyait bien à quel point il y avait des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des
gens aussi de toutes les strates économiques qui, pour une raison x,
avaient eu une rupture dans leur
cheminement. À un moment donné, ils s'étaient... et ils se retrouvaient en
situation d'itinérance. Et, à cet
effet-là, je pense qu'on peut dire qu'on partage tous une certaine
responsabilité collective de non seulement prévenir l'itinérance, mais
aussi démontrer qu'il est possible de s'en sortir.
Et je me sens, bon,
particulièrement, comme députée de Montréal, interpelée par cette
problématique, puis je suis certaine que c'est le cas de l'ensemble des
collègues ici. Et on a eu l'occasion, avec la ministre, de déposer, il n'y a pas très longtemps, dernièrement, un plan
d'action contre l'itinérance, il y a deux ou trois mois au maximum. Et, depuis le dépôt, bon, il y a plusieurs annonces
qui ont été faites dans le cadre de ce plan d'action, et, bon,
notamment, là, plusieurs mesures qui ont été annoncées sur le logement, sur le
revenu, sur l'insertion sociale et professionnelle, et ce que j'entends, moi,
sur le terrain, c'est que ces mesures ont déjà plusieurs retombées qui sont
observables.
Et
j'en viens... je ne m'étirerai pas plus que ça dans mon préambule pour vous
laisser le temps de répondre bien abondamment parce que je pense
qu'effectivement ça nous interpelle tous, et j'aimerais ça si vous pouviez,
dans le fond, au niveau du plan
interministériel, là, 2015-2020, qui est très complet, qui revêt de nombreuses
mesures, là, de divers calibres aussi... s'il est possible de nous les
expliquer de façon plus concrète, dans le fond, comment ça se déroule, comment
ça s'expose, comment ça s'applique.
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. D'abord, saluer le
député de Mercier qui vient de se joindre à nous. Merci de vous joindre à nos discussions, et vous
aurez sûrement des bonnes questions. Je veux aussi saluer mon adjointe
parlementaire, M. le Président, qui me pose des questions. Je sais qu'elle est
très, très, très sensible aux causes qui touchent
la population. La députée de Crémazie est non seulement compétente, mais a
beaucoup de coeur puis elle est beaucoup
sensible aux enjeux qui touchent les humains, et je me considère
particulièrement privilégiée de l'avoir à mes côtés parce qu'elle m'épaule sérieusement, elle me donne un grand coup
de main, et ça fait qu'on est une équipe encore plus forte au ministère.
Ceci étant, pour
revenir à l'itinérance, effectivement, on a déposé un plan d'action. Elle était
avec nous cette journée-là, et on était très fières, toutes les deux, de
pouvoir le déposer. C'est un plan d'action qui est basé sur une approche qui est vraiment préventive et qui est
audacieuse, qui propose des actions à mettre en place, M. le Président,
comme je le mentionnais hier soir, dès l'enfance. Et il s'articule autour de
grands enjeux, que ce soit le logement, les services
de santé et services sociaux, le revenu, l'éducation, l'insertion sociale et
socioprofessionnelle, la cohabitation sociale, les enjeux liés à la
judiciarisation, la recherche et la formation.
Le plan d'action, M.
le Président, a été élaboré pas juste au ministère de la Santé, là. Ça concerne
tout le monde, l'itinérance. Alors, ce plan
d'action là a été élaboré par plusieurs ministères et organismes
gouvernementaux, et laissez-moi vous
en citer : la Société d'habitation du Québec — Société d'habitation du Québec, c'est
certainement pour parler de logement,
je crois — le ministère
des Affaires municipales, et des Régions, et de l'Occupation du territoire,
le ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité publique, le ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. le Président, le ministère de l'Éducation, du Loisir, du Sport, le
ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, le Secrétariat à la jeunesse, Secrétariat aux
affaires autochtones, le ministère de la Santé et des Services sociaux,
évidemment.
Alors, vous pouvez
voir qu'on a ratissé large, on a eu de l'information qui venait de plusieurs
ministères sur le comment on peut faire pour
aider les personnes qui sont en situation d'itinérance, et ça a donné un plan
d'action qui prévoit des mesures spécifiques pour les hommes, les
femmes, les jeunes. Notamment, les jeunes, là, qu'on puisse assurer une bonne transition, exemple, pour ceux
qui sont en centre jeunesse, quand
ils en sortent, comment on peut faire pour
assurer une bonne transition dans la vie, comment on fait pour leur permettre
d'arriver dans la vie d'adulte sans qu'ils se trouvent démunis, seuls face à la vie. Pour les jeunes aussi, des
méthodes alternatives de formation, de raccrochage, insertion à
l'emploi. Pour les jeunes en difficulté, comment on peut aider les jeunes des
milieux défavorisés vers la réussite scolaire. On a eu quelques échanges avec
notre collègue de Maskinongé.
Pour les adultes et les aînés, bien, on a
parlé... dans le plan d'action, vous allez trouver des mesures pour des centres
d'intervention de crise 24/7. On parle de faciliter l'obtention — vous
allez trouver ça banal, M. le Président, mais ça ne l'est pas — de la carte d'assurance-maladie. Ces gens-là, quand
ils sont dans la rue, perdent leur carte d'assurance-maladie. Dès qu'ils
ont besoin de soins, ils se retrouvent avec un réel problème. Bien là, il y a
des accès pour leur faciliter la chose.
Améliorer le soutien auprès des aînés
vulnérables pour leur éviter de passer à la rue. Parce que, vous savez, il y en a
qui sont hospitalisés, perdent leur logement, et là, tout à coup, quand les traitements sont terminés, ils se retrouvent... Ça
fait que, comment on fait pour les aider, c'est... déjà des mesures de prévues.
Les Premières Nations, qui sont en situation d'itinérance
de plus en plus à Montréal. Alors, on a accordé un soutien financier aux centres d'amitié autochtone. Il y a
des centres d'éducation pour adultes autochtones, et on travaille
pour prévenir l'itinérance dans ces populations-là.
Pour les villes, une mesure particulière pour Montréal,
où le phénomène est plus important, c'est clair, parce qu'il y a beaucoup
plus d'itinérance, de personnes en situation d'itinérance là-bas. Et il
y a aussi des mesures pour les
différentes régions, que ça soit l'Outaouais, la Mauricie, le Centre-du-Québec,
Laval, Laurentides, Montérégie, bref, Québec dans son entièreté.
Ce que j'ai
le goût de dire à ceux qui nous écoutent, M. le Président — et mon adjointe parlementaire le sait — on
a continué, on poursuit les investissements de 8,1 millions de dollars
annuels. À cela, on a ajouté, parce que c'est une priorité pour nous, 4,6 millions récurrents. Ça veut dire que ça va
revenir année à année, ça s'est ajouté au 8,1 de sommes réaménagées à travers le réseau de la santé. Puis
on a investi un 2,1 millions pour du financement de projets spéciaux qui laissent un peu... élaborer des guides, faire de
la formation, et tout. Alors, je ne veux pas prendre plus de temps, je
sais que ma collègue a d'autres questions pour moi.
Le Président (M. Chevarie) : Mme la
députée de Crémazie, c'est à vous. Il vous reste 8 min 45 s.
Mme
Montpetit : Parfait. Je vous remercie beaucoup. Bien, dans la même veine, sur le même sujet en
fait, je poursuivrais sur la question
de l'itinérance. On a assisté, au cours des dernières semaines, à
plusieurs échanges en Chambre sur, bon, ce qu'on
appelle communément la SPLI, la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance.
Il y a de nombreux articles
qui se sont écrits dans les journaux qui disent un peu tout et son contraire.
Ça a fait couler beaucoup d'encre,
fait énormément parler. Donc, j'aimerais ça qu'on profite de la
tribune qui nous est offerte, dans le
fond, pour que, comme ministre, vous puissiez donner l'heure juste, dans le fond, sur cette stratégie de partenariat de la lutte contre l'itinérance.
Le Président (M. Chevarie) : Mme la
ministre.
• (16 heures) •
Mme
Charlebois : Oui. Merci,
M. le Président. Effectivement, on a eu beaucoup de discussions en Chambre là-dessus, et je pense que ça va être bien de pouvoir rétablir les messages. Quand
on a bâti le plan d'action, là, on s'est inspiré de la Politique
nationale de lutte à l'itinérance. Dans la politique nationale, il était question
du logement, puis c'est ça qui a fait
l'objet de beaucoup de discussions, le logement. Et il est clair qu'il y avait déjà dans la politique
nationale une intention d'aider les gens qui
avaient besoin de logement, c'était clairement écrit. Quand on a fait le plan d'action, on l'a repris, on l'a mentionné pour ceux qui sont dans des situations...
C'est clair que ce n'est pas nécessairement pour tout le monde, mais ceux qui sont à ce
stade-là, qui ont besoin d'un logement avec accompagnement... Parce que
le logement ne règle pas tout pour
les personnes en situation d'itinérance, il faut visiter des lieux, il faut aller échanger
avec ces gens-là pour comprendre qu'avoir un toit, c'est une chose, mais
il faut d'autres services qui accompagnent ces gens-là. Et c'est ça qu'on fait,
c'est ça qu'il y a dans l'entente qu'on a signée avec le gouvernement fédéral.
D'ailleurs,
les activités admissibles au financement consacré à la
SPLI, il y a déjà le logement, mais il y a aussi la prise en
charge et l'évaluation des clients. Il y a toutes sortes de services qui sont rattachés, les activités admissibles qui ne visent pas que l'approche logement d'abord. Il y a
du service de soutien, il y a des dépenses en immobilisations, il y a toutes sortes de choses que les gens
peuvent présenter, mais il n'y a pas que la SPLI.
La SPLI, c'est un outil dont je suis fière parce
qu'on peut aider des gens qui sont dans des grands besoins. Honnêtement, là, quand il fait moins 40°, là, puis
que les gens sont dehors, là, puis qu'on constate à quel point ils sont vulnérables... On a juste à marcher ici, à Québec,
là. Moi, le soir, je prends mes marches, là, souvent je fais une heure
de marche puis, honnêtement, je rencontre
plein de gens, puis je les regarde dans les yeux, je les salue. Juste ça, ça
fait une différence dans leur vie. Mais savez-vous quoi? Avoir un toit,
ça les aide pour ceux qui sont rendus à ce niveau-là. On ne force pas personne,
mais, quand il y a un besoin, puis que le besoin est rendu à ce stade-là, je
pense que c'est important, M. le Président, de pouvoir rendre le service.
Et, à la
SPLI, comme je vous dis, c'est une approche qui est globale, cohérente et
durable, qui est centrée sur le parcours de vie des personnes, et,
honnêtement, la SPLI fait le travail. C'est un outil additionnel pour le
Québec, qui respecte les orientations du
Québec. Oui, le logement, c'est un pilier nécessaire de lutte à l'itinérance,
on ne peut pas passer à côté de ça. Et on est conscients que ça prend d'autres
mesures, puis c'est ce qu'on travaille à développer à travers tout le plan
d'action. Mais, entre autres, aussi avec la SPLI, ce qu'on vise, là, c'est
réduire l'itinérance, c'est clair.
Mme Montpetit : Je vous remercie.
Moi, ça complète mes questions.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Alors, je cède maintenant la
parole au collègue de Maskinongé.
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, je vous
demanderais : Combien reste-t-il de temps?
Le Président (M.
Tanguay) : Un peu moins de cinq minutes.
M. Plante : O.K. On veut faire ça
rapidement, mais c'est une question très importante. Vous savez, Mme la ministre, je suis un député d'une région, une
région centrale, tout de même, qui est la Mauricie. Mais on sait que les
soins de santé et l'appariement des services de santé et de services sociaux
sont très différents d'une région à l'autre, et la configuration de nos régions fait que, souvent... Exemple, je vais vous
donner un exemple, une personne d'Amqui qui doit se déplacer à Rimouski,
bon, ça prend une heure d'auto, tandis que, dans la grande région
métropolitaine, c'est quatre stations de métro, ce qui est très différent pour
passer un examen. Mais on voit la différence et la ... des soins.
Tantôt, vous
avez fait allusion au Nord-du-Québec, puis à votre attachement, puis à
l'importance des soins dans cette
région. On sait qu'il est difficile de comparer une région comme le Nunavik
avec toutes les autres régions du Québec. C'est particulier, c'est une grande région, c'est immense. Il y a 14
villages : sept sur la côte de la baie d'Hudson, sept sur la côte de la baie d'Ungava. Ils ne sont accessibles
que par avion. Même lorsqu'on souhaite se déplacer d'un village à
l'autre, on ne peut le faire que par avion,
car il n'existe aucun lien routier entre ces villages nordiques, ce qui n'est
pas comparable à aucune autre région. Pour construire des maisons... Il
y a le bateau qui passe parfois. À chaque année, on doit prévoir longtemps à l'avance les besoins de cette
communauté. Parfois, on oublie que le Nunavik n'est pas une région
administrative, mais bien un territoire dirigé par la Convention de la
Baie James. Contrairement aux Premières Nations, les Inuits n'ont pas la
soumission sur la Loi des Indiens.
Vous savez,
Mme la ministre, je sais que vous avez une grande préoccupation pour les gens
du Nord-du-Québec, et il y a des
problématiques particulières dans ces territoires. Et je sais que vous avez
fait des démarches et des interventions, alors j'aimerais, aujourd'hui,
que vous nous disiez ce que vous avez fait pour améliorer la situation et les
conditions de vie des habitants du Nunavik.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre, pour 2 min 40 s.
Mme
Charlebois : Pour
2 min 40 s?
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Mme
Charlebois : Je
peux commencer, M. le Président, puis je finirai dans le prochain bloc.
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Mme
Charlebois :
Effectivement, à l'automne 2014, j'ai effectué une visite dans le
Nord-du-Québec et je me suis rendue sur les deux côtes, soit dans le
village de Puvirnituq et le village de Kuujjuaq. Et, lorsque j'ai fait cette
visite-là, j'ai pu voir de nombreux lieux, rencontrer
de nombreuses personnes. J'ai procédé à l'inauguration, comme je vous le
disais dans mon discours d'ouverture, de
nouveaux locaux pour la direction de la protection de la jeunesse à
Puvirnituq, en plus de rencontrer les
équipes, visiter les installations du Centre de santé Inuulitsivik et j'ai eu
aussi la chance de visiter un foyer
de groupe. À Kuujjuaq, j'ai visité le Centre
de santé Tulattavik de l'Ungava, en plus de visiter un «foster home», un
foyer de groupe, et une famille d'accueil.
Ça m'a permis
vraiment, M. le
Président, de mieux apprivoiser la situation
parce qu'honnêtement, sans
l'avoir vu, sans le vivre avec eux, c'est difficile à comprendre. Je dois
avouer bien honnêtement, j'ai eu un choc. J'en ai parlé pendant un certain temps quand
je suis revenue, j'en parle encore d'ailleurs,
c'est vraiment des réalités
auxquelles ces populations, là-bas, font face et qu'il faut qu'on
adresse, et qu'il faut... Il faut améliorer leur milieu de vie, il faut les
aider. Moi, honnêtement, je ne peux pas rester impassible devant ce qu'ils
vivent.
Un des
aspects importants, à mon sens, qui est à améliorer, c'est le service de
protection de la jeunesse. D'ailleurs, la Régie régionale de la santé et
des services sociaux au Nunavik possède un plan d'action en vue de corriger la situation
à l'égard des services de la protection de la jeunesse, et,
à cet effet, M. le Président, pour les années 2011-2012 à 2014-2015, plusieurs mesures ont déjà été mises en
place. Prenons, par exemple, la mise en place de ressources spécialisées pour
les enfants de six à 12 ans de Kuujjuarapik et Kuujjuaq en 2011-2012. On a
procédé à l'embauche d'éducateurs en 2011-2012.
Il y a un soutien récurrent, M. le
Président, de 444 000 $ au Centre de réadaptation
Sapummivik de Salluit, et nous avons aussi implanté un environnement
informatique pour le Projet Intégration Jeunesse. Ça, c'est une base de données
régionale qui permet une meilleure intervention à ceux qui travaillent là-bas.
Il y a aussi eu l'augmentation de l'enveloppe
des Jeunes en difficulté pour le Nunavik. On a ajouté des postes récurrents à la direction de la protection de la
jeunesse. On a fait en sorte qu'il y ait un soutien d'avocats dans la
préparation des dossiers qui doivent être
présentés au tribunal. On a mis en place la visioconférence pour certaines
auditions au tribunal. On a procédé à l'ouverture d'une maison de la
famille...
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup.
Mme
Charlebois :
Une dernière ligne, s'il vous plaît, l'ouverture d'une maison de la Famille à
Kujjuarapik avec un volet «safe house». Mais je reviendrai pour la
suite.
Le
Président (M. Tanguay) : Oui, tout à fait. Je vous remercie beaucoup.
Alors, je cède maintenant la parole au collègue de Lévis pour un bloc de
16 min 10 s.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Voyez-vous comment on est gentils,
Mme la ministre, hein? Vos quelques secondes, je vous les ai données.
Mme
Charlebois : Bien
oui, vous êtes gentil, merci.
M. Paradis
(Lévis) : Il n'y a pas de
problème, c'est un investissement comme la santé publique. Et d'ailleurs
je serai un peu plus global au départ sur
cette notion de santé publique, et la question que les gens pourront peut-être
se poser : Pourquoi le budget consacré à la santé publique est-il
si faible au Québec? Il faut comprendre que c'est à peu près 2 % du budget total de la santé et des
services sociaux, un budget majeur, un mégabudget de plus de 30 milliards
de dollars. Donc, le gouvernement
coupe cette année 24 millions dans les directions régionales de santé
publique, c'est 33 %. 33 % d'un
budget totalisant 72 millions, c'est beaucoup, c'est énorme. Dans
certaines régions, on le sait — les gens le savent probablement, ils nous écoutent d'un peu
partout — les
coupes sont sévères. Et là on parle de missions qui sont touchées :
la protection, la prévention, la surveillance, la promotion de la santé.
Il faut
comprendre que les dépenses en santé publique, ce sont des investissements un
peu bizarres à comprendre, puis, finalement,
pas si compliqués que ça. Ça peut, à moyen terme, entraîner des économies
importantes, et importantes pour le réseau. Par contre, bien, ce n'est
pas à court terme, il faut voir long terme. C'est de la prévention qu'on fait,
il faut prendre du temps, et il y a de la
vision. L'investissement en santé publique, ça se traduit par des coûts pour
l'État liés aux maladies chroniques. Si on
ne le fait pas, les maladies chroniques coûtent cher, le tabagisme, l'obésité,
par exemple. Et là je n'apprendrai
probablement rien à la ministre ni non plus à ceux qui l'accompagnent, mais,
notamment en ce qui concerne le
tabagisme, les coûts sont majeurs, hein? Une diminution de 50 % du taux de
tabagisme, ça pourrait générer des économies de 1 milliard de
dollars pour le gouvernement. Alors, toute action faite en prévention est un
gain. Alors, c'est un investissement.
Et ça, ce n'est pas d'hier, hein, c'est écrit
dans un mémoire qui était intitulé Voir plus loin que le bout de son nez :la contribution de
l'investissement en prévention au financement de la santé. Ce sont les économistes Luc Godbout et Pierre Fortin qui ont
publié ça en 2007, alors la recette n'est pas nouvelle. Il y a des avantages à
la prévention, et ce n'est pas
seulement une meilleure santé à moyen terme, mais l'économie plus dynamique
découlant de cette même santé là. Selon tous les experts, la prévention
à la santé publique, c'est une solution face à l'engorgement du système de
santé. Et on y est, dans l'engorgement du
système de santé, on travaille sur des projets de loi relativement à ça puis on
tente de trouver les méthodes qui vont faire en sorte que cet
engorgement-là diminue, ce n'est pas gagné d'avance.
Je
suis persuadé que la ministre est consciente et croit au bienfait collectif de
la prévention de la santé publique et j'aimerais l'entendre tout à l'heure sur les
efforts qu'elle a déployés auprès de ses collègues du Conseil des ministres
pour faire en sorte que cette notion-là
passe, comment elle a pu sensibiliser directement notamment le ministre
responsable du Conseil du trésor pour éviter des coupes que plusieurs décrient
et qui en inquiètent plusieurs.
• (16 h 10) •
Je vous donne des données de
Statistique Canada pour 2014. Le nombre de jours perdus au travail pour cause de
maladie — et là on exclut la maternité, là — par des employés à
temps plein, 41 % plus élevé au Québec que dans l'ensemble des autres provinces canadiennes. La santé publique, c'est
aussi la santé au travail. Il y a la directrice de la santé publique de
l'Estrie, Dre Mélissa Généreux, qui croit la même chose, qui disait qu'une
meilleure collaboration entre les régions du
Québec est possible, qu'il y a des gains à faire. Il y a évidemment des façons
d'optimiser l'efficience et l'efficacité, mais il faut trouver
l'équilibre — ce
n'est pas évident à atteindre — entre la révision des façons de faire et
les conséquences directes et indirectes dans ces coupures-là.
Vous comprendrez que les gens soient inquiets,
hein, à la lumière de tout ce qui se passe présentement, et légitimement. Les gens, plusieurs personnes sur le
terrain considèrent que les coupures vont se faire, et ne pourront se
faire sans affecter les services et l'expertise en santé publique. La ministre
nous dit depuis tout à l'heure, depuis le début, qu'il s'agit uniquement de coupes administratives, mais, sur le terrain,
il y a des exemples. Il y a des gens qui perdent leur emploi — mon collègue de l'opposition en a parlé il y
a quelques instants — des
kinésiologues, des nutritionnistes, des infirmières, des sexologues, et
j'en passe. La ministre sait qu'il y a des services directs aux patients qui
sont coupés. Ce que j'aimerais, c'est qu'elle nous démontre le contraire.
Alors,
comment la ministre peut-elle garantir — parce qu'elle en parle depuis le début — que ces coupures dans les directions régionales de santé publique ne vont
pas affecter la protection, la prévention, la surveillance et la
promotion de la santé? Est-ce qu'elle peut nous faire la démonstration — ça
serait agréable — avec
des données que ces coupures ne toucheront
que les services administratifs? Parce que, dans les faits et légitimement, les
gens nous rapportent des coupures de
personnes qui, sur le terrain, donnent des services directs, est-ce qu'on
pourrait avoir davantage d'information pour rassurer la population et
ces travailleurs, qui, pour plusieurs d'entre eux, Mme la ministre, ont perdu
leur emploi?
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, le député de Lévis me demandait si je
croyais en la prévention. Je ne sais pas, il
n'était pas ici il y a un an, je crois, quand on a été élus. Si vous m'aviez
vue, vous auriez compris à quel point
je crois en la prévention. J'en suis un exemple probant sur deux pattes :
85 livres de moins parce que je mange mieux et je m'active plus. Alors,
oui, j'ai beaucoup confiance en la prévention et je crois que la prévention devrait
être là dès le tout jeune âge, et ce que je m'active à faire avec mes
petits-enfants. Alors, pour ce qui est de ma croyance,
vous pouvez compter sur moi, oui, je crois beaucoup aux activités de
prévention. Je crois que c'est un investissement dans notre santé
individuelle, mais collective. Honnêtement, nous formons une société, nous
avons un bagage de
productivité — je vais
le dire comme ça — mais
aussi d'énergie que nous déployons au Québec, et je pense que tout le
monde y gagne quand la santé au Québec est en bonne forme.
Ceci étant, les
actions qu'on pose, notamment en prévention, mais aussi dans la santé publique,
ça concerne aussi le ministère de
l'Éducation, le ministère du Travail, le ministère de la Famille dans les
services de garde. Ça concerne plusieurs ministères, ça ne concerne pas
seulement le ministère de la Santé.
Pour ce qui est des
emplois dont vous m'avez fait mention un peu plus tôt, certains cadres qui ont
été visés par l'optimisation en santé publique ont pu ou pourront voir leur
poste aboli, auquel cas ils ont droit à des mesures de stabilité d'emploi. Le personnel syndiqué n'est pas prioritairement
visé, mais, dans le processus d'optimisation, certaines fonctions
pourraient être abolies, auquel cas les employés titulaires de postes auront
droit à des mesures de sécurité d'emploi ou de remplacement, on a prévu des
sommes pour ça. Je veux vous rassurer parce qu'effectivement c'est important
que nous puissions éliminer cette crainte, là, de gens qui perdent leur emploi
comme ça, au gré du vent.
Au
chapitre de l'optimisation, de la révision des fonctions et des postes de
chacun des établissements, certains contractuels ou occasionnels
pourraient ne pas être renouvelés selon les besoins. La transformation s'opère
a priori sur la base de départ à la retraite
dans l'année qui vient ou encore de remplacement dans des fonctions connexes.
Il n'y a pas de but visé de faire
perdre des emplois. Certains départs à la retraite sont déjà annoncés pour les
deux prochaines années, il y a un budget de transition qui permet de
maintenir ces postes jusqu'au départ à la retraite.
Alors,
ce que je veux vous dire, c'est qu'il n'est nullement question de couper les
services. C'est ce que j'ai dit au député
de Rosemont tantôt. Et, M. le Président, si le député de Lévis me permet, je
pourrais demander ici à mon sous-ministre de bien expliquer la partie
argent, qui vous permettra de bien comprendre ce que nous avons provisionné
pour faire en sorte, justement, d'accompagner ces personnes-là et de faire le
7 % d'optimisation sur deux ans, 7,3 %.
Le
Président (M. Tanguay) : Nous allons y aller en deux étapes. D'abord,
y a-t-il consentement pour entendre M. le sous-ministre, dans un premier
temps?
Des voix :
Consentement.
Le
Président (M. Tanguay) : Il y a consentement. Dans un deuxième temps,
nous vous demandons de bien vouloir vous nommer, nous préciser vos
responsabilités, et la parole est à vous.
M. Dion (François) : Alors, François Dion, sous-ministre adjoint au financement,
immobilisations et au budget. Alors,
M. le Président, le rendement qui est prévu de 23,7 millions prévoit,
naturellement, là, une réorganisation, donc, naturellement, ça peut toucher les postes à proprement dit. Or, ce qu'on
a fait, c'est qu'on a prévu, en raison des délais qui sont prévus aux
conventions collectives et dans le respect du temps où on va redéployer ce
personnel-là... Parce que le personnel qui a
des conventions collectives a la sécurité d'emploi, donc on a des délais pour
replacer le personnel. Et, étant donné qu'au cours de l'année on prévoit, pour l'ensemble
du réseau, plus de 8 000
départs, on croit sincèrement qu'on va avoir la capacité de redéployer
ce personnel-là à l'intérieur d'autres fonctions qui sont apparentées, disons,
aux expériences professionnelles des personnes.
Donc, le temps de
replacer le personnel, alors on a prévu une provision qui vous a été
mentionnée, qui est de l'ordre, pour le
présent exercice, de 18,7 millions. Alors, au cours de cette année-là,
donc, l'effet net qu'on prévoit, c'est de l'ordre de 5 millions. Mais l'année prochaine, au fur et à mesure
que ce personnel-là va être replacé, les économies vont se dégager sur
une base de deux ans. C'est la raison pour laquelle on a prévu ces sommes-là
pour le présent exercice.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. Collègue de Lévis.
Mme
Charlebois :
Et merci de nous avoir posé la question pour rassurer ces personnes-là.
M. Paradis
(Lévis) : Je comprends donc que vous avez convenu d'une méthode... en
tout cas, une pratique de transition pour
éviter des chocs ou, en tout cas, des pertes qui pourraient avoir des
conséquences directes et sur ceux qui sont
touchés et sur ceux qui ont besoin de ces services-là. On peut parler de
remplacement de personnel. Est-ce que ça ne démontre pas, de fait, que vous devez les remplacer... Vous me parlez
que ceux qui quitteront, par attrition, ces postes-là seront redéployés,
si vous voulez?
M. Dion (François) : Alors, oui, dans la mesure... Je prends un exemple juste pour situer.
Une infirmière qui avait un emploi,
disons, à l'intérieur de la Santé publique, a des expériences, a déjà fait un
vécu à l'intérieur, disons, d'un volet CLSC
ou à l'intérieur même de la Santé publique. Il y a d'autres postes qui sont...
qui quittent au niveau professionnel, au niveau infirmier, mais, pour
être redéplacée à l'intérieur de ces postes-là, qui sont jugés encore
essentiels, alors c'est pour ça qu'on prévoit juste une période latente pour
assurer le financement, le temps que, la personne, on retrouve un emploi
similaire ou qui s'apparente aux expériences de la personne qui aura été
identifiée.
M. Paradis
(Lévis) : On s'inquiète ici beaucoup de l'effet sur la clientèle. Bien
sûr, on parle de prévention, et, vous l'avez
dit depuis le début, je veux dire, il ne peut pas y avoir en prévention,
idéalement, de coupures, c'est-à-dire que
le message doit continuer à être diffusé et à passer. Ce déploiement sur cette
période de temps risque d'affecter les services je veux dire, dans sa
forme même, je veux dire, ce n'est pas un automatisme.
Mme
Charlebois :
M. le Président, ce qu'on vise, là, c'est revoir les façons de faire, notamment
dans les services administratifs, que ce soit dans les dépenses de
fonctionnement, mais aussi dans les services régionaux optimisés. On l'a dit, on revoit la réorganisation avec le
projet de loi n° 10. Il est clair qu'où il y aura eu des dédoublements il
va y avoir une centralisation. C'est clair, ça.
Mais
il n'est pas question de couper les services, il n'y a aucune diminution des
services directs à la population. Que
ce soit en services intégrés, en périnatalité pour les femmes enceintes de
milieux défavorisés, ça demeure. Que ce soit pour la vaccination, ça demeure. Que ce soit pour le
dépistage, le traitement et l'intervention éducative en matière d'ITSS,
ça demeure. Les services de prévention en
milieu scolaire demeurent via les infirmières en réseau scolaire. Les services
de prévention du suicide, en santé au
travail, en promotion de saines habitudes de vie, en lien avec les partenaires
locaux, demeurent. Le financement de base des organismes communautaires via le
soutien des organismes communautaires, pas touché par l'optimisation de la Santé
publique.
Il
n'est aucunement question de toucher aux services à la population. Tout ce
qu'on veut, c'est... Honnêtement, si on
n'avait pas eu cette impasse budgétaire là, on ne serait pas en train de parler
de ça. Mais savez-vous quoi? Pour le bien-être de la population, ça nous rend plus créatifs, et on garde les mêmes
services à la population, sauf qu'on change nos façons de faire. Pour
qui? Pour le bénéfice de la population.
• (16 h 20) •
M. Paradis (Lévis) : ...la ministre sur un élément qui a été abordé par le collègue de
l'opposition ce matin quand on parle de coupures effectives. Je
comprends, là, ce que vous avez mis en place, les transitions, les provisions,
le fait qu'il n'y ait pas de coupures, que
les services soient maintenus. Il reste que, dans les faits, il est rapporté
par des gens de terrain que ces
postes-là disparaissent, que ces gens-là ne seront plus là, que ces gens-là ont
perdu leur emploi et que ces gens-là sont en contact direct avec la population
dans un but de prévention et de santé publique.
Êtes-vous
consciente et savez-vous... De fait, êtes-vous capable de me confirmer et de me
dire ici qu'aucune de ces personnes
dont on parle n'aura perdu son emploi et ne sera plus en contact direct avec la
population qui a besoin de ces services-là?
Parce que ces informations-là nous parviennent et vous parviennent
probablement, Mme la ministre, également.
Mme
Charlebois :
M. le Président, coupures de postes, je me répète, n'égalent pas coupures de
services. On va faire différent, mais les
services vont être rendus à la population. On va changer nos façons de faire et
on va être plus efficients. Alors,
moi, mon rôle, c'est de m'assurer que
les services soient rendus à la population, on va les rendre. Et je vous rappelle que le projet de loi n° 10
a éliminé un niveau, il n'y a plus d'agences. N'ayant plus d'agences, il y a certainement une réorganisation qui
s'opère, mais il n'est pas question de réduire les services à la population. Ce
qu'on fait, c'est optimiser le travail, prioriser les services administratifs
comme première cible de diminution budgétaire.
Comme vous l'a dit M.
Dion, on fait ça sur deux ans, on a provisionné des sommes, on va resserrer
l'offre de services en santé publique autour des interventions les plus
pertinentes, en cohérence avec les travaux de révision du Programme national de santé publique. Et, je vous
le dis, là, d'ici quelques semaines, vous allez voir tellement
de beaux gestes en santé, en prévention. Et j'espère que vous allez
m'accompagner là-dedans et vous allez nous féliciter parce qu'honnêtement j'y
crois, à la prévention, puis je crois beaucoup à travailler avant plutôt
qu'après.
M. Paradis
(Lévis) : Vous auriez pu prendre les devants, Mme la ministre, on
aurait pu se lever et applaudir maintenant. Vous auriez dû nous donner des
éléments maintenant. C'était l'occasion, la belle et bonne occasion.
Mme
Charlebois : J'aurais aimé ça, M. le député. Mais vous savez
quoi? Plutôt que de bâcler les affaires, il faut retourner toutes les
pierres avant de produire des choses.
M. Paradis (Lévis) : Mme la ministre, il y a une autre étude — je vous parlais d'une étude il y a deux
instants, il y en a une autre — parue à la mi-décembre où on dit que le
Québec est la province qui dépense le moins en santé publique, et là il
y a des chiffres, hein? C'est C.D. Howe qui nous le présente, la dépense au
Québec est de 117 $ par habitant,
379 $ en Colombie-Britannique, 264 $ en Ontario, 245 $ dans l'ensemble
canadien. Encore une fois, les gens craignent
que ces compressions se traduisent à terme par une hausse des coûts de santé
plutôt qu'une baisse des coûts de santé en fonction d'un investissement
qui est moindre ici.
Quand on considère
tout le potentiel pour la santé des Québécois puis des économies pour les
finances publiques — et on en a parlé, on en a fait la
démonstration — c'est
quoi, le plan, quel est votre plan, Mme la ministre, pour améliorer les habitudes de vie des Québécois?
Quels sont vos objectifs, les objectifs que vous voulez atteindre, vous
et votre gouvernement, d'ici la fin de votre
mandat? Avez-vous un plan clair? Et quels sont les moyens que vous déploierez
pour arriver à ces fins-là?
Mme
Charlebois :
Eh, mon Dieu! Il y aura la politique de prévention que nous travaillons, que
nous allons déposer, qui va vous donner des
indications. Il y a aussi notre Programme national de santé publique qui est en
cours, que nous allons aussi déposer.
Et, M. le Président, ce qu'on vise, là, c'est organiser, réaliser des activités
sur une base nationale, suprarégionale pour plus d'efficience, et je
m'attends à ce que la directive soit respectée sans équivoque par les milieux.
Au cours de l'année 2015-2016, on va s'assurer de l'efficience de toutes les
activités de santé publique. On va
considérer les opportunités que représente l'intégration des ressources
régionales et locales dans un même établissement. C'est ce qui va nous
permettre d'arriver à terme sans couper de services à la population.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Ceci met fin à ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole au
collègue de Maskinongé pour un bloc de 20 min 40 s.
M. Plante : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, avant la fin du précédent bloc du
gouvernement, la ministre nous
faisait part de ses actions suite à sa visite au Nunavik depuis sa nomination.
Donc, je demanderais à la ministre si elle veut continuer à élaborer sur
les actions prises suite à cette visite.
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Merci. Et je veux juste ajouter, M. le
Président, si mon collègue de Maskinongé me le permet, en réaction à...
J'ai oublié un élément dans la question de mon collègue de Lévis, qui nous
parlait d'un autre système de santé
ailleurs. Et je ne me souviens plus de la région, là, mais ce qu'on m'indique,
c'est que les systèmes de santé ne sont pas comparables, en ce sens que,
quand on fait de la prévention ici, tous les ministères sont concernés, et non
pas seulement le ministère de la Santé,
comparativement à ailleurs, qu'ils n'ont pas ce genre de pratique là. Alors, je
voulais aussi vous donner cet élément-là à
garder en tête parce qu'il est clair que nous, on déploie de la prévention à
travers les services de garde, en
éducation, partout, alors que l'endroit où vous m'avez nommé, ce n'était pas le
cas. Alors, je voulais juste vous apporter cette clarification-là.
Pour revenir à la
question du député de Maskinongé, mon collègue, effectivement on parlait de la
situation au Nord-du-Québec et des problèmes
sociaux qui y sont vécus, et, M. le Président, je veux compléter ma réponse
parce que j'avais commencé à dire ce que nous faisions. Je donnais des
exemples, là, de moyens, de mesures que nous avons déployés. Je ne pense pas que j'ai besoin de répéter les mesures,
puisqu'on peut toujours se référer au verbatim, mais je veux vous assurer qu'on continue à travailler avec
la communauté du Nunavik pour améliorer constamment la situation de la
protection de la jeunesse.
Mais, si on veut
vraiment faire une différence à long terme, là, M. le Président, on doit avoir
une approche globale. Il y a
plusieurs problèmes sociaux importants là-bas — et,
entre autres, des problèmes de surpopulation, il y a de la
toxicomanie — qui
ont un impact... La surpopulation et la toxicomanie ont un impact non
négligeable sur les jeunes. Moi, j'ai
été étonnée de voir combien il pouvait y avoir de personnes dans une même résidence
et les enfants qui... Dans une même habitation, il peut y avoir 15, 18
personnes qui y habitent. Alors, ça a un impact sur la vie de ces enfants-là.
Heureusement, M. le
Président, il y a bon espoir. Moi, je vois toujours le bon côté des choses quand
les gens veulent s'aider. Heureusement, les gens de la communauté souhaitent, là-bas, améliorer les choses et
travailler pour leur communauté, et moi, je pense que c'est là la recette pour
faire une différence. Il y a en ce moment un projet qui s'appelle Saqijuq,
entre autres, qui signifie, en inuktitut, «changement de la direction du vent».
Ça illustre bien ce qu'on veut faire, ce
projet-là vise à comprendre... et à lutter contre la toxicomanie au Nunavik
et les problèmes qui en découlent. Parce que c'est clair que, quand on parle de toxicomanie, il y a
des conséquences autour. Ce n'est pas les seules problématiques, il y a la
violence domestique, la négligence des enfants, qui sont des problématiques
aussi très importantes qui découlent de la toxicomanie.
Les objectifs
généraux du projet sont donc de favoriser une diminution de la consommation
abusive d'alcool ou de drogue et... conséquemment — je vais essayer de
parler moins vite, M. le Président — de réduire les multiples dommages physiques et physiologiques qui en
découlent ainsi que la surjudiciarisation et le nombre de Nunavimmiuts — en tout
cas, les personnes qui vivent au Nunavik — détenus. Effectivement, là-bas, il y a
beaucoup, beaucoup de problèmes auxquels on doit adresser... La seule façon
dont sont adressés les problèmes en ce moment, ou presque, c'est par la
judiciarisation. Mais savez-vous quoi? Ça ne change rien à leur situation.
Saqijuq, c'est d'abord une initiative de la communauté
qui est appuyée par le gouvernement du Québec. On est là pour les accompagner
et aider au renforcement de ce qu'ils veulent faire. Les actions prévues
dans ce projet ont donc pour objectif d'agir sur les causes de certaines des
principales problématiques sociales que connaît la région, notamment en favorisant
le soutien de toutes les personnes affectées : victimes, contrevenants,
familles, collectivité.
Il
est à noter que les actions prévues dans le cadre de ce projet auront des
impacts fort significatifs à l'endroit des jeunes. J'ai d'ailleurs la
chance de coprésider, M. le Président, le bureau de gouvernance de la Table de
coordination de Saqijuq Nunavik-Québec avec
Mme Minnie Grey, une femme de qualité qui est directrice générale à la Régie
régionale de la santé et des services
sociaux du Nunavik, une dame que je me plais maintenant à appeler mon amie, et
on a beaucoup de plaisir à travailler ensemble pour le bien-être de ces
populations là-bas. On doit s'attaquer, d'abord et avant tout, M. le Président, aux racines des problèmes si on
veut régler vraiment les problèmes de façon durable. Ce n'est pas avec
les solutions du Sud qu'on va régler les problèmes au Nord. On a des réalités
différentes et on doit aborder les choses différemment.
Les gens de la communauté doivent s'approprier les problématiques et les
solutions à mettre en place. Tout doit émaner de la communauté,
l'initiative Saqijuq est un bel exemple.
Il
est important de rappeler que le Plan Nord comporte un important volet social
qui a pour but d'améliorer la vie de tous les habitants du Nord-du-Québec.
Ce n'est pas qu'un projet économique, c'est aussi un projet social. Le Plan Nord vise à mettre en valeur le potentiel
économique, minier, énergétique, social, culturel, touristique du territoire
québécois situé au 49e parallèle. En équilibrant les aspects économique, social
et environnemental sur lesquels repose le Plan Nord, le gouvernement du Québec, notre gouvernement, souhaite en faire
une référence en matière de développement nordique responsable et
durable ainsi qu'un projet rassembleur pour la société québécoise. Le Plan Nord
créera des emplois et de la richesse tant
pour les communautés nordiques — c'est vraiment un aspect positif — que pour l'ensemble des Québécois
dans le respect de l'environnement et des populations du Nord.
Je
sais que tous mes collègues sont également au travail dans leurs missions.
L'ensemble du gouvernement est dédié et travaille à améliorer la
situation des habitants du Nunavik de façon durable. De plus, nous souhaitons
mettre en place des mesures pour nous assurer que tout se fait dans le respect
des habitants du Nord. Et j'ai participé à cette annonce, et je n'en étais pas peu fière. Nous voulons aussi nous assurer
que ce développement, M. le Président, se fasse en harmonie avec les
besoins de la population en matière de santé et de mieux-être.
Une
des mesures qui va être mise en place pour atteindre cet objectif, c'est
l'évaluation d'impacts sur la santé. Je vous en ai glissé un mot tantôt, c'est quelque chose de novateur qui va
nous permettre d'avoir exactement les avantages, les répercussions positives et les risques potentiels
d'un projet sur la santé de la population et de la distribution sociale de ses effets. L'objectif, c'est de favoriser une prise
de décision, M. le Président, éclairée, et ce, dès l'étape de la planification.
Pas une fois que toutes les affaires sont
commencées ou après, voir les conséquences, non, non, dès l'étape de la planification
avec les partenaires pour minimiser les
effets négatifs, mais maximiser les effets positifs des projets sur la santé et
le bien-être des populations nordiques. Les poursuites du dialogue avec les
partenaires des territoires nordiques témoignent de la volonté ferme de notre gouvernement de maintenir et de renforcer la relation privilégiée et dynamique qui a
été établie avec le milieu. L'évaluation d'impacts sur la santé va être un outil important pour assurer un développement harmonieux et cohérent avec le Nord-du-Québec.
Et, M. le Président, je vous le dis, il faut aller là-bas pour voir à quel point il y a
des réels besoins là-bas. Les coûts des produits sont plus chers. Oui, il
y a beaucoup de ressources nécessaires, mais il faut protéger les enfants.
Mais, les enfants, on ne peut pas faire
juste les enfants, en silo, il faut faire l'ensemble de l'oeuvre, et le projet
Saqijuq est un excellent projet pour
nous amener à voir la problématique dans son ensemble et faire en sorte que
nous puissions faire une différence
avec eux. Pas nous, faire la différence, mais eux qui se prennent en main, qui
décident de leur moyen qui leur convient selon leur réalité, et nous
allons les accompagner là-dedans.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Maskinongé.
M.
Plante : Oui. Merci beaucoup,
Mme la ministre. Vous nous avez fait la démonstration d'une
démarche globale, rigoureuse et cohérente et au bien de la population, effectivement.
Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais qu'on revienne sur la préoccupation de certains groupes lors de la présentation du projet de loi n° 10. On se rappelle
tous, en commission parlementaire, que les représentants de diverses missions en services sociaux, soit
l'Association des centres jeunesse, la Fédération québécoise des centres
de réadaptation en déficience intellectuelle
et en troubles envahissants du développement, l'Association des
établissements de réadaptation en déficience
physique du Québec et, bien sûr, l'association des centres, d'établissements en
dépendance du Québec, nous avaient fait part
de quelques préoccupations. On sait et on est tous conscients que leurs
missions ont toutes un point en
commun. La première est de rassembler les intervenants, de représenter et de
soutenir les différents centres dans toutes les régions du Québec, ce
qui est très important, M. le Président, afin d'améliorer la performance des
réseaux qui veulent se spécialiser.
M. le
Président, on a, tous ensemble, entendu lors de la présentation du projet de
loi n° 10 leurs certaines craintes ou leur inquiétude à maintenir l'expertise des différents intervenants au bénéfice,
dans le fond, des personnes qui reçoivent des services. Vous savez, M. le Président, ils nous avaient fait part lors
des consultations d'une grande recommandation, ils avaient donné une recommandation aux deux
ministres, soit à la ministre déléguée ainsi qu'au ministre de la Santé.
Je peux vous lire, là, eux-mêmes, ils nous
écrivaient : «Nous recommandons que le MSSS assure un soutien financier
récurrent suffisant afin qu'une plateforme à portée provinciale poursuive sa
contribution essentielle : premièrement, à soutenir l'implantation des
meilleures pratiques; à la standardisation des offres de services; au soutien à
la performance et à l'optimisation; au réseautage et au partage de l'expertise;
ainsi qu'au maintien ou au développement de l'expertise et des compétences.»
Je sais que
la ministre a entendu leur appel et je sais aussi qu'elle a agi concrètement
dans le but de bonifier le projet de
loi n° 10 afin que l'ensemble de la population québécoise ait les
bénéfices. On connaît tous l'attachement profond de la ministre pour la
qualité du travail et l'ensemble des intervenants du réseau, ainsi que les
services rendus à sa clientèle. Vous savez,
cet aspect du projet de loi n° 10 et les mémoires des différents
intervenants nous ont rappelé à quel point
l'expertise pouvait être importante dans la dispensation de services. Alors,
considérant l'expertise qui a été développée et considérant les préoccupations des différents groupes, j'aimerais
savoir si la ministre peut nous parler davantage des mesures qui ont été
faites afin de conserver l'expertise si essentielle à la clientèle.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Alors, effectivement, d'entrée de jeu, je tiens à
réaffirmer que j'ai bien saisi
l'importance des messages que les associations sont venues nous livrer. Mais je
peux vous dire que je les ai rencontrées à multiples reprises, et nous
avons vraiment eu un travail d'équipe et de concertation pour arriver à la
meilleure solution possible et faire en sorte que nous puissions maintenir
l'expertise, mais la préserver et pouvoir continuer d'améliorer nos pratiques.
Ce n'est pas juste préserver, là, c'est que ces associations-là étaient en mode
continu et permettaient d'améliorer toujours leurs pratiques. Alors, ce n'est pas peu dire que
j'ai eu une écoute assez importante, et le ministre de la Santé aussi.
J'étais contente de le voir à l'écoute constamment des préoccupations qu'ont eues ces groupes. Et on
doit avoir cette attention-là quand les gens nous interpellent parce qu'on travaille pour la population, et ces
gens-là aussi, ils ont les mêmes
préoccupations, c'est qu'on veut bien servir la population. Alors, on a pris le
temps d'écouter le message de chacune des associations et de travailler
en partenariat avec eux, les quatre ensemble.
Je peux déjà
vous certifier que l'expertise va être préservée, comme vous le savez, et cette
importante mission va relever de l'Institut national d'excellence de
santé et services sociaux. Et l'expertise des quatre associations va être regroupée là, au sein de la direction des services
sociaux à l'INESSS — je vais
faire le raccourci. Et on va refaire un petit peu l'histoire, vous avez raison, au départ, le projet de loi n° 10
mettait fin au rôle des quatre associations, mais on les a entendues. Et
ils m'ont exposé ça, chacun sur leur côté, mais, à un moment donné, on s'est
rencontrés, tout le monde ensemble, et, tout au long du
processus qui a mené à l'adoption du projet de loi n° 10, on a entendu en
commission parlementaire... on a vu les
défis à relever par les différentes associations, les défis qu'ils ont relevés,
qu'ils relèvent toujours et qu'ils
ont relevés au fil des ans. Leur rôle va bien au-delà de la simple
représentation, comme certains pourraient le penser. Ils ont un développement de l'expertise via la collaboration de
guides pratiques cliniques et d'outils d'intervention qui sont des
exemples les meilleurs, en fait. C'est des exemples incontestables.
À la lumière
des informations, il n'y avait aucun doute qu'il s'agissait d'une expertise
exceptionnelle et extrêmement précieuse qu'on ne pouvait perdre. Mon
collègue de la Santé, le ministre de la Santé et moi avons donc pris l'engagement ferme de conserver cette
expertise-là, de ne pas la laisser s'échapper. Alors, chose promise, chose
faite, les masses critiques nécessaires pour
conserver l'expertise et lui permettre de se développer encore seront présentes
au sein de l'INESSS, l'Institut national d'excellence en santé et services
sociaux, et l'ensemble du réseau bénéficiera du regroupement de l'expertise des
connaissances et des recherches développées par les quatre associations au sein
d'un même milieu.
Cette
mobilisation des connaissances permettra une meilleure diffusion et un plus grand
partage des connaissances issues de
la recherche ou des résultats de recherche qui mènent à moyen terme et à long
terme à l'action et à un changement qui répond à des préoccupations,
besoins ou problèmes des organismes, collectivités, milieu et/ou de la société.
Non seulement les centres jeunesse pourront bénéficier de l'expertise
développée par les autres centres de protection de l'enfance, mais ils pourront aussi bénéficier des meilleures pratiques
développées au sein des centres de réadaptation, par exemple. Chacun,
dans son champ d'expertise, a des choses à partager avec les autres.
En terminant, je vous mentionne que la
directrice a été nommée au sein de l'INESSS. Il s'agit de Mme Anne Lauzon, ex-directrice générale de l'Association
des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec. Je suis très heureuse, c'est une bonne nouvelle
qu'elle ait accepté le mandat. Il s'agit d'une nouvelle preuve de
l'importance qu'on accorde à la préservation
de l'expertise pour le bénéfice de la population. Il ne faut pas retourner
10 ans en arrière, il faut s'améliorer. C'est pour ça qu'on a fait
le projet de loi n° 10, mais il fallait s'assurer que tout était mis en
place pour conserver cette expertise.
Le Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup.
Collègue de Maskinongé, pour encore cinq minutes.
• (16 h 40) •
M.
Plante : Oui. Bien, merci beaucoup, M. le Président. Bien, merci, Mme
la ministre, pour votre réponse. Et merci d'avoir entendu la préoccupation de ces groupes. Vous savez, vous avez
travaillé très, très fort, et je crois que la clientèle va vous en
remercier durant de nombreuses années.
Mme la
ministre, maintenant, je vous parlerais d'un autre sujet. Et, comme vous savez,
dans ma circonscription, je vous ai
amenée visiter une coopérative qui s'appelle la coopérative Adirondak, qui est
un organisme qui se donne comme mission
de permettre aux personnes vivant soit avec des déficiences intellectuelles ou
le trouble du spectre de l'autisme d'intégrer
le marché du travail, de travailler parce qu'on sait que ces personnes-là, s'il
n'y avait pas des endroits comme Adirondak ou autres coopératives, ils
ne pourraient pas intégrer le marché du travail.
La
problématique est simple, ne pouvant pas intégrer le marché du travail, n'étant
pas valorisés... On sait tous, chacun ici d'entre nous, que notre
travail, notre implication bénévole ou, bien souvent, nos activités sociales
font de nous qu'on se valorise, qu'on se
rend actifs ou essentiels à la société. Et, dans cette optique, on regarde les
personnes chez Adirondak, qui sont
fières de leurs journées, qui sont fières de contribuer à la vie économique et
qui sont aussi fières de pouvoir
dire : Je suis essentiel et utile toute la journée. Et vous avez pu le
constater quand vous êtes venus visiter. Vous savez que l'intégration des activités socioprofessionnelles et
communautaires... sont à chaque instant des préoccupations de plusieurs
d'entre nous ou de plusieurs personnes. Nous avons vu dans les yeux de chacun
des travailleurs, de chaque personne que
nous avons rencontrée chez Adirondak... Et j'en suis très, très fier, Mme la
ministre, parce que, dans mon passé,
tant d'attaché politique que de directeur général de chambre de commerce, j'ai
collaboré avec eux depuis plus de 10 ans, et on a vu le travail
qu'ils font sur le terrain pour ces personnes-là.
Moi, j'ai le privilège, dans ma circonscription,
d'avoir cet endroit-là de travail et d'avoir aussi les logements Premier Envol, où est-ce que c'est un milieu de
vie et où ils travaillent très, très... qu'ils ont une continuité, dans le
fond, de la vie, de leur réseau social, et
tout ça. Et on sait que les personnes qui y travaillent sont des passionnés, un
peu comme vous, Mme la ministre, ce
sont des passionnés qui aiment les gens, qui aiment leur clientèle, et ça a été
pour moi une grande fierté, et pour l'organisme aussi, de vous recevoir
et de vous présenter leur réalité.
Bon, au
regard de cette réalité, Mme la ministre, j'aimerais savoir quels services,
pour les personnes de 21 ans et plus ayant une déficience
intellectuelle ou un trouble autiste, la ministre peut-elle développer ou
qu'est-ce que nous pouvons faire pour ces
personnes-là. Car, comme vous avez pu le constater, c'est des personnes à part
entière, c'est des personnes qu'il nous fait plaisir de travailler pour,
et j'aimerais vous entendre parler de ce sujet.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Pour un peu plus de deux minutes.
Mme
Charlebois :
Alors, je vais faire ma réponse en deux temps, M. le Président, parce que j'ai
beaucoup de choses à dire sur la
coopérative Adirondak. Et, effectivement, ça a été un moment très fort, cette
visite avec le député de Maskinongé, tout d'abord parce que la question
dont il nous fait mention me touche beaucoup. Et je veux vous dire que, M. le député, j'ai grandement apprécié notre
visite, j'y ai rencontré des intervenants passionnés, j'y ai rencontré
des gens qui y travaillent, des employés
épanouis, des gens qui sentaient que leur implication, leur travail étaient
importants. Puis je veux vous dire que j'ai
ressenti toute la fierté non seulement des gens qui accompagnent les personnes
qui y travaillent, mais des personnes
elles-mêmes qui bénéficient de ces services-là. Alors, c'est des visites qui
nous enrichissent tellement, M. le Président, qui nous permettent de constater
sur le terrain à quel point ces personnes-là ont besoin de nous, ont
besoin de notre écoute pour faire en sorte d'améliorer leur vie.
Et, avant
d'entrer dans toute la partie explications, non seulement j'ai été
impressionnée, mais je veux vous dire qu'il
reste quelques ficelles à attacher, mais j'aurai des bonnes nouvelles pour
Adirondak dans les prochaines semaines. Vous pourrez leur transmettre
déjà la nouvelle, mais il nous reste quelques affaires à travailler. Mais mon
intention est certainement de faire en sorte que ces personnes-là puissent
continuer d'aider efficacement les personnes pour qui elles travaillent.
Alors, M. le Président, pour soutenir les
personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle dans leur cheminement vers la réalisation de leur projet de
vie, il y a le réseau de l'éducation, de la santé et des services
sociaux ainsi que l'emploi et la solidarité
sociale qui ont un rôle prépondérant à assumer et il y a aussi le réseau de
transport, du loisir et de la famille
qui sont appelés à collaborer. C'est tous ensemble qu'on peut faire une
différence dans leur vie. Par conséquent, l'accessibilité, la continuité, la complémentarité et la coordination
des interventions des différents partenaires constituent un atout
vraiment important pour soutenir la personne dans la réalisation de son projet
de vie. Et, je vous le répète, M. le Président, vraiment, là, de voir les
regards épanouis, ça fait toute une différence. Mais je reviendrai pour vous
donner davantage d'explications.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, pour un bloc de 21 minutes, je cède la parole à notre
collègue de Rosemont.
M. Lisée :
Merci, M. le Président. Ma collègue de Crémazie, tout à l'heure, a parlé de la
SPLI, donc je voudrais en parler
pendant quelques secondes. Peut-être indiquer aux gens qui nous suivent que,
pour lutter contre l'itinérance, on a un grand consensus au Québec. Une politique nationale d'itinérance a été
adoptée, applaudie par tous, sous le gouvernement de Mme Marois, des principes ont été repris par le
gouvernement actuel. La ministre actuelle a déposé un plan, un plan de
mise en oeuvre d'un certain nombre de ses éléments récemment sur lequel nous
sommes d'accord, nous avons applaudi.
Et il y a un
autre financement, qui vient du gouvernement fédéral, qu'on appelle la SPLI, à
peu près 20 millions par année.
Jusqu'à l'an dernier, il appartenait aux Québécois de décider comment dépenser
cet argent. Mais le gouvernement
fédéral a décidé qu'il savait mieux que les Québécois quoi faire avec cet
argent et a imposé au gouvernement du
Québec de canaliser une partie de cet argent selon les régions — ça va
de 50 % à 65 % — pour
un cadre particulier qui est le logement. Évidemment, on est d'accord avec la
ministre, plus il y aura de logements, accompagnés en plus, mieux ce sera. Mais là ce n'est pas de l'argent
supplémentaire, c'est à la place de. C'est-à-dire que les 20 millions qui
étaient utilisés jusqu'à l'an dernier
pour l'ensemble des interventions en itinérance, la moitié — et à Montréal 65 % — doit être utilisée seulement pour le
programme chéri par le fédéral qui est le logement. Alors, la ministre disait
toujours : La SPLI est un outil dont je suis fière. Bien sûr, s'il
s'additionnait. Mais, puisqu'il ne s'additionne pas, il y a des conséquences
sur les services qui étaient rendus jusqu'à maintenant.
Alors, dans la ville de Québec, sur
25 projets qui étaient financés, entre autres, par la SPLI et qui ne le
sont plus, 19 perdent un poste ou un
demi-poste. Ça, c'est la réalité telle qu'elle est vécue par les gens de la
ville de Québec. À Montréal, on voit
que, pour les 68 projets d'intervention actuellement soutenus, travail de
rue, accueil et accompagnement dans
les hébergements et centres de jour, ressources en toxicomanie et en
réinsertion, sur les 68, seulement une dizaine conserveront leur financement antérieur, 10 sur 68 ne sont pas affectés
par le déplacement de cet argent fédéral. 22 groupes sur 68 verront, 2015-2016, leur aide coupée à
100 %. 22 groupes qui recevaient une partie de ce 20 millions
par année, maintenant ils ne l'ont plus. Et plus de 30 organismes
subiront une réduction de leur aide de 30 % à 75 %.
Donc, je
comprends que la ministre, lorsqu'elle a négocié avec le fédéral, elle n'avait
pas le choix. Comme disait son ancien
chef Robert Bourassa, c'est un féminisme... c'est un féminisme... ce n'est pas
un féminisme, c'est un fédéralisme dominateur.
Harper a dit : Soit tu signes, soit tu ne l'as pas, le 20 millions.
Ça fait que la ministre a signé. On comprend cette dynamique-là. On n'est pas souverains, on ne fait pas ce qu'on
veut avec notre argent. Mais elle devrait admettre que ça a un impact
significatif, négatif non seulement sur les organisations, mais également sur
les services. Oui, il y aura plus de
logements qu'avant, mais il y aura moins de travailleurs de rue, il y aura
moins d'accueil puis d'accompagnement dans les hébergements, il y aura moins de centres de jour, il y aura moins de
ressources en toxicomanie et en réinsertion. Et, puisque c'est le cas, je lui demande, parce que je ne doute pas de son
engagement sur l'itinérance, comment va-t-elle faire pour compenser ces
pertes pour les organisations qui mettent des gens à pied et pour, évidemment,
les services qui étaient rendus aux itinérants et qui maintenant ne le seront
plus.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
• (16 h 50) •
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Et je veux remercier le député de Rosemont de revenir
sur cette entente qui est la Stratégie de partenariats de lutte à l'itinérance,
et je pense qu'on va devoir refaire l'histoire. Prenons donc la politique qui a été écrite par son propre gouvernement
et sur laquelle beaucoup de gens ont travaillé. Et j'imagine qu'ils ont
conçu cette politique, c'était pour venir en aide aux personnes itinérantes.
J'imagine que c'est ça qui était le but de
l'histoire. À la page 35... Ça, je n'ai pas inventé ça, M. le Président,
là, la politique, c'était Ensemble, pour éviter la rue et en sortir. Dans les axes d'intervention prioritaires — je vous le montre, M. le Président, parce
que c'est écrit en gros caractères, Axes
d'intervention prioritaires — l'axe 1, savez-vous c'est quoi, M. le
Président? Le logement. Ça, ça a été écrit
par son gouvernement alors qu'ils ont été là 18 mois. Ils ont présenté ça,
cette politique-là, pendant qu'ils étaient là.
Dans
l'axe 1, M. le Président, savez-vous quoi? Il est écrit : «Faciliter
l'accès à un logement constitue un enjeu central, tant pour la prévention de l'itinérance — ici, on parle de prévention — que pour aider les personnes
concernées à sortir de
la rue de façon définitive, particulièrement dans les milieux où les logements
sociaux demeurent peu disponibles et où les logements locatifs les plus
abordables demeurent trop dispendieux.»
Ça, là, ça a
été écrit dans la politique nationale déposée par un gouvernement du Parti
québécois. Moi, je me souviens que,
quand je suis arrivée, là, autant eux autres, qui sont devenus à l'opposition,
mes collègues, que les groupes communautaires sont venus me
demander : Mme la ministre, est-ce que vous allez recommencer de zéro?
Allez-vous mettre aux poubelles la politique
qu'a rendue publique le précédent gouvernement qui a été là 18 mois? J'ai
dit : Non, on ne va pas
recommencer le travail, là, il y a déjà une politique nationale de déposée,
repartons... Parce que ça a été fait par plusieurs personnes, il y a plusieurs personnes qui ont collaboré
là-dedans. J'imagine que ces personnes-là savaient de quoi elles parlaient, là. Tout le monde a été consulté,
il y a même eu des groupes communautaires qui étaient là. J'ai dit :
On va partir de ça. Je vous rassure, on ne va pas recommencer à refaire le même
travail qui a été déjà fait.
De cela, nous avons rendu public en décembre dernier Mobilisés
et engagés pour prévenir et réduire l'itinérance, qui est le
plan d'action en lien direct avec la politique nationale Ensemble, pour éviter
la rue et en sortir. Et, dans le plan
d'action, à la page — attendez
un peu — 18 et
19... Savez-vous quoi, M. le Président, c'est le plan d'action
québécois, là, québécois, c'est nous, puis qui correspond toujours à la
politique nationale. À l'orientation 11, c'est écrit noir sur blanc, là — je vous invite et j'invite les gens à aller
consulter ça, c'est public, hein, ça ne tient pas seulement dans les
mains de la ministre : «Offrir des logements abordables, sécuritaires et
salubres avec accompagnement», parce qu'on est conscients que le logement ne
réglera pas tout.
Là-dedans, M. le Président, on avait pris un engagement,
nous, comme gouvernement, et on l'a livré la première année de notre arrivée. 500 unités, dans la
programmation 2014-2015, que nous avons livrées, c'est 42 millions.
Nous avons, à l'orientation 11.5 :
«Soutenir la mise en oeuvre de l'approche "logement d'abord" auprès
des personnes à qui cette formule
convient le mieux, et ce, de façon intégrée.» Il y a une aide financière au
logement, un accompagnement dans le milieu de vie, le soutien d'une
l'équipe, tout ça...
M. Lisée :
Excusez-moi, M. le Président...
Mme
Charlebois :
Bien, M. le Président, j'achève.
Le Président (M.
Tanguay) : Est-ce que c'est un appel au règlement, M. le député de...
M. Lisée :
Non, je veux juste dire à la ministre que, comme je l'ai dit dans mon
préambule, on est d'accord avec tout ça. On
parle d'autre chose, on parle du financement fédéral et comment il déplace des
sommes qui, avant, allaient à
l'ensemble des interventions. Et, d'ailleurs, sur le logement, nous sommes
d'accord, M. le Président, Mme la ministre et moi, c'est un élément important, mais est-ce qu'elle nie le fait que de
donner une grande part du 20 millions fédéral au logement, tel que le voit le gouvernement
fédéral... Et, d'ailleurs, la part de l'aide fédérale consacrée aux
immobilisations de logement social a baissé, ce qui menace la réalisation de
plusieurs projets de logements à Montréal, c'est de moins de 10 % par
rapport à ce que c'était avant parce qu'ils ont leur propre approche de
logement.
Mais est-ce que vous niez le fait que ce déplacement
d'argent provoque une réduction significative du financement des organismes à Montréal et à Québec ou est-ce
que vous dites que ces organismes-là, ils inventent le fait qu'ils
mettent des gens à la porte, ils inventent
le fait qu'ils réduisent leurs services, ils inventent le fait qu'ils ne
fassent plus de logement social? Est-ce que vous mettez en doute la
parole des organisations qui travaillent au quotidien sur l'itinérance et qui
disent qu'il y a des impacts? Est-ce que ces gens-là ne sont pas dignes de
confiance, leur parole ne porte pas?
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : M. le Président,
c'est un ensemble de gestes qui font la différence dans la vie des
personnes qui sont en situation d'itinérance. Et je reviens, les documents dont
je parle, le plan d'action, la politique nationale, vous convenez avec moi que
nous avions inscrit, autant votre gouvernement que le nôtre, le logement. C'est
des orientations du Québec, ce n'est pas des
orientations du gouvernement fédéral. Et je veux vous dire que, dans
l'ensemble du Québec, nous avons tenu
compte, selon les volumes d'itinérance, selon les régions, de faire en sorte
que ceux qui ont besoin, comme je vous l'ai lu dans la politique, ceux
qui ont besoin d'avoir l'approche logement d'abord, mais ceux à qui ça convient
le mieux et de façon intégrée... C'est ce que nous avons convenu au Québec.
Vous savez, il y a eu des plans communautaires qui ont été
approuvés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, et ça, ça a été déposé par toutes les
régions. Il s'agissait de déposer des projets intégrés qui répondent aux
besoins des personnes, ces plans-là ont été approuvés. Nous sommes maintenant à
l'étape, honnêtement, d'approuver ces projets-là,
et je veux vous rappeler qu'ils ont été élaborés avec les régions et... M.
le Président, je ne comprends pas,
là, je ne comprends vraiment pas.
M. Lisée : Je vais vous
l'expliquer. M. le Président...
Mme
Charlebois : Si on
travaille vraiment pour les personnes qui sont en situation d'itinérance...
M. Lisée : Mme la ministre...
Le Président (M. Tanguay) : Une
personne à la fois.
Mme
Charlebois : ...il faut travailler à réduire l'itinérance.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le député de Rosemont.
M. Lisée :
Oui. Bien, écoutez, donc, comme vous le savez, les tables régionales étaient — enfin,
jusqu'à maintenant parce qu'il semble y avoir un autre projet — constituées
aussi des organisations communautaires, qui travaillaient
ensemble avec le ministère à établir quelles étaient les priorités locales,
et c'est d'ailleurs pourquoi, deux fois, l'Assemblée nationale,
unanimement, avec votre vote et conjointement avec vous, a établi que ça devait
rester des priorités québécoises,
des orientations québécoises. Mais je
comprends que vous êtes satisfaite du
fait que la façon dont les plans sont
maintenant mis en oeuvre fait en sorte que 22 groupes
sur 68 n'ont plus du tout d'aide qui vient de la SPLI cette année à Montréal, vous êtes contente avec ça, 30 organismes
subiront une réduction de leur aide de 30 % à 75 %, ça vous va, et, à Québec,
19 organismes mettent des gens à pied, c'est dans votre plan, ça va bien.
Bon. Donc, vous assumez totalement le fait que ça se passe comme ça. Donc, très
bien.
Je vais passer à un
autre sujet, M. le ministre. Vous avez la responsabilité de l'enveloppe...
Mme
Charlebois : M. le Président, je ne peux pas laisser des
affirmations comme ça passer, là, parce que, moi, honnêtement, là, c'est
comme s'il était en train de me dire que je ne travaille pas pour les personnes
en situation d'itinérance, et c'est tout à
fait le contraire. S'il y a quelqu'un qui a le coeur à la bonne place ici,
c'est moi. Je travaille à la
réduction de l'itinérance, je travaille à l'amélioration de l'autonomie des
personnes, je travaille à la préservation et à l'accroissement des
ressources pour ces personnes-là, puis tout ça, c'est dans la Stratégie de
partenariats de lutte à l'itinérance. Je comprends qu'il ne veut pas qu'on
s'entende sur les moyens, puis il veut une chicane avec le fédéral, mais ce que
je lui dis, ce n'est pas les orientations fédérales, c'est dans le plan
d'action.
M. Lisée :
M. le Président...
Le Président (M.
Tanguay) : Une personne à la fois. Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Alors, cessez d'être alarmiste, s'il vous plaît, M. le député de Rosemont.
Le Président (M.
Tanguay) : O.K.
M.
Lisée : M. le Président, là, moi, j'aimerais vous dire
aujourd'hui que tout va bien, que les organisations d'aide aux
itinérants sont contentes, elles ont leur financement, elles ne mettent
personne à pied, il y a même davantage de financement. J'aimerais ça, vous dire
ça, mais c'est le contraire, les organisations...
Mme
Charlebois :
...plus ou moins d'itinérance?
M.
Lisée : ...disent le contraire, disent qu'elles peuvent faire
moins pour l'itinérance qu'avant. Alors, soit que vous ne les croyez pas, soit que vous pensez que c'est
une bonne chose qu'ils ne fassent plus ça parce que vous trouvez
important de mettre l'argent ailleurs, et
vous l'assumez. Mais c'est bien, mais, moi, je ne mets pas en doute la parole
des organisations d'aide à l'itinérance.
Mme
Charlebois :
M. le Président.
Le
Président (M. Tanguay) : Oui. Peut-être, je vais accorder à la
ministre quelques secondes pour l'échange...
Mme
Charlebois : Si je n'étais pas à l'écoute des organismes,
là, dans mon plan d'action je n'aurais certainement pas annoncé, là, ici, là, des sommes assez
substantielles pour les organismes communautaires comme Patricia
MacKenzie, La Rue des femmes, Le Chaînon, Auberge Madeleine, Maison Marguerite,
il y a eu un petit 300 000 $ qui a été là. Mission Old Brewery, il y a eu un 100 000 $ qui a été là. Chez
Doris, un 80 000 $ qu'on leur a versé. Urgence
psychosociale-Justice, rehaussement du financement de l'équipe psychosociale.
C'est certainement des services à la population
en itinérance, Chaudrée de l'Estrie, partage St-François, l'organisme Transit
de Sept-Îles, les fleurs Macadam...
M. Lisée :
Très bien. J'admets, Mme la ministre, qu'il y a des chèques qui se font...
Le Président (M.
Tanguay) : M. le député de Rosemont, juste une personne à la fois.
Mme
Charlebois : Puis vous savez quoi? J'ai une liste
d'organismes communautaires, M. le Président, ici, là, qui ont participé
à la sélection, à la présentation des projets intégrés. Et savez-vous quoi? Ils
sont là, là.
M. Lisée :
Bien, qui ont participé...
Mme
Charlebois :
Mission Old Brewery, est-ce que leur opinion compte pour rien?
M. Lisée : Madame, madame...
Mme
Charlebois :
Est-ce qu'on dit qu'Auberge Madeleine, leur opinion ne compte pour rien?
M. Lisée : M. le Président...
Mme
Charlebois :
Est-ce qu'on dit que, la fédération des OSBL, leur opinion ne compte pour rien?
Ils ont tous travaillé au plan
communautaire. Ça, c'est à Montréal, mais il y en a dans toutes les régions, M.
le Président. Alors, je ne vois pas du tout où on veut en venir.
M. Lisée : M. le Président...
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
M. le député de Rosemont.
M. Lisée :
...ils n'ont pas le choix. Ils n'ont pas le choix. Je veux dire, les
organisations communautaires vont aux tables régionales, se font
dire : Maintenant, il y aura moins d'argent pour la totalité des
interventions, est-ce que vous déposez des
projets quand même? Ils disent : Oui, on aime mieux travailler avec
30 % du budget qu'on avait l'an dernier que de ne pas travailler. Alors, ils signent, puis ils reçoivent le
chèque, mais ils mettent des gens à la porte et ils donnent moins de
services.
Le PSOC, le PSOC...
Mme
Charlebois : Le
4,6 millions que j'ai annoncé, M. le député, ce n'est certainement pas
pour rien.
M. Lisée : Écoutez, donc vous
viendrez avec moi aux manifs où les gens disent qu'ils ne peuvent pas faire ce
qu'ils faisaient avant que vous signiez l'entente fédérale.
Mme
Charlebois :
...déjà sur le terrain, soyez sans crainte.
• (17 heures) •
M. Lisée : Alors, je
comprends que vous l'intégrez et vous l'admettez. C'est bien.
Maintenant,
vous êtes responsable du PSOC, hein, le financement des organismes
communautaires. Bon, vous avez augmenté de 1 % leur financement
cette année, vous pensez que l'inflation, c'est 1 %. Vous aviez admis avec
toute l'Assemblée nationale qu'ils étaient
en sous-financement, mais vous n'avez pas augmenté leur financement. J'espère
qu'un jour vous le ferez, puisque vous étiez
d'accord pour dire qu'ils étaient déjà sous-financés. Mais, au moins, vous
donnez 1 % parce que, pour vous, peu importe ce que dit Statistique
Canada, c'est 1 %.
Maintenant,
on a été très échaudés par la réforme, le projet de loi n° 10 sur la
fusion de l'ensemble des structures, en
se disant : Mais ce serait dangereux qu'il y ait une tentation du ministre
de la Santé ou de la ministre déléguée, à un moment donné, de prendre
l'argent qui va aux organisations communautaires dans le PSOC puis de le donner
aux services de santé. On ne voudrait pas
que ça arrive puis on a posé beaucoup de questions en commission parlementaire.
Les groupes sont venus : Rassurez-nous, rassurez-nous. Et la
ministre nous a rassurés. Le 6 novembre dernier, elle a dit, et je la cite : «...il va falloir des mosus de bonnes
raisons pour qu'une autorisation — de transférer des sommes — soit demandée au ministre [ou] à la ministre déléguée.» Des mosus de bonnes raisons.
Et le ministre de la Santé, lui, est encore mieux, il a dit le 6
décembre : «Il faudrait qu'il y ait une situation de méchante urgence pour
déplacer un budget[...]. On peut imaginer un scénario catastrophique, là, on
pourrait avoir une épidémie d'Ebola au Québec.» Fin de la citation.
Bien, ça,
j'ai aimé ça parce qu'on avait un critère. O.K.? Dans un cas d'épidémie d'Ebola,
on pourrait prendre l'argent dans le
PSOC pour le mettre sur l'Ebola, puis on serait tous d'accord, tout le monde,
les organisations... oui, prenez tout
l'argent parce qu'on ne veut pas mourir d'Ebola. Bien, M. le Président, vous
n'êtes pas au courant, mais il y a eu une épidémie d'Ebola à Gatineau ces derniers mois parce que la ministre a
pris 1,2 million de dollars dans le PSOC pour le donner au CSSS. Elle n'était pas satisfaite d'un
service qui était donné par un organisme, peut-être. Mais elle avait dit...
son ministre : Ebola, puis elle l'a pris, 1,2 million, elle l'a donné
au CSSS, puis, pourtant moi, je n'étais pas au courant qu'il y avait une
épidémie d'Ebola à Gatineau.
À partir du moment où la ministre définit
elle-même les mosus de bonnes raisons... qui pense qu'on peut prendre de l'argent dans le PSOC puis le mettre
ailleurs, pourquoi ne peut... Tu sais, c'est quoi, le critère,
maintenant, puisque ce n'est plus
sacro-saint? Elle n'était pas contente de la façon dont un groupe communautaire
s'occupait d'un service. Ce que j'ai
devant moi, là, c'est tous les courriels de gens — puis ce n'est pas une feuille par personne,
là, c'est des listes de
personnes — de
Gatineau qui disaient : Nous, on était contents, puis on aurait aimé ça
que ça dure. Mais, même si elle avait
eu raison puis qu'elle n'était pas contente, pourquoi le 1,2 million, elle
ne l'a pas laissé dans le PSOC pour d'autres groupes communautaires si
c'était sacro-saint? Alors, le précédent que vous avez créé, Mme la ministre...
Comment maintenant peut-on croire quand vous dites que vous ne le referez pas,
à chaque fois que ça vous tente, de prendre de l'argent dans les groupes
communautaires puis de le donner aux CISSS ou aux CIUSSS? Si ce n'est plus le
critère d'Ebola, quel est le critère maintenant?
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
Mme la ministre, il reste 2 min 20 s environ au bloc.
Mme
Charlebois : M. le Président, je comprends que le député de
Rosemont a une approche... En tout cas, je vais lui laisser, son approche, là, je ne la qualifierai même pas. Ce
n'est pas compliqué, là, les organismes communautaires, ils le savent, leur meilleur allié, c'est moi.
Leur meilleur allié, non seulement c'est moi, mais ils savent qu'ils
peuvent compter sur
moi. Et je vous dirai que ce à quoi il fait référence, c'est un cas, une
situation d'exception à laquelle nous avons dû prendre une solution
exceptionnelle pour un problème exceptionnel.
Depuis que le
gouvernement libéral a eu le pouvoir, de 2003 à 2012, M. le Président, 80 %
de hausse de financement pour les organismes
communautaires. Ce n'est pas tout à fait ce qu'avait fait le Parti québécois.
Puis je vous dirai que, quand ils ont
eu des années difficiles, ce n'est certainement pas ce que je fais en ce
moment, ce qu'ont vécu les organismes communautaires. Quand on est
arrivés, je vous rappellerai qu'il y a eu un rapport du Vérificateur général qui nous a indiqué, malheureusement, que ce
gouvernement qui nous a précédés a présenté un budget sans les crédits
et qui ne nous a pas permis de savoir qu'il y avait une impasse budgétaire de
plus de 7 milliards. Mais non seulement ça, qu'il avait pris des
engagements...
M. Lisée :
...M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir une réponse à la question?
Le Président (M.
Tanguay) : Un instant, une personne à la fois.
Mme
Charlebois :
Oui, j'y vais à la question, M. le Président.
M. Lisée :
Je lui ai demandé quel critère, maintenant, elle allait appliquer pour enlever
de l'argent du PSOC.
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre, à vous.
Mme
Charlebois : J'arrive à la question de M. le député. Et il
faut absolument que la population sache que non seulement on ne savait pas ça, mais ce ne sera plus possible depuis
qu'on a adopté 28 parce qu'il y aura des vérifications de chiffres. Mais non seulement on ne savait pas
cette impasse qui était là, mais, avec le projet de loi n° 10, là, qu'on a
voté, il n'y aura plus de permutation de budgets possible.
Alors,
je reviens à la situation qui nous préoccupe à 24/7. Moi, ce qui m'anime dans
ma vie de tous les jours, je vous
l'ai dit d'entrée de jeu, M. le Président, c'est les gens pour qui on
travaille, c'est les gens qui sont dans leur maison, les gens qui sont dans la vraie vie, et c'est ça qui
m'anime en ce moment. Moi, quand j'entends qu'il y avait des taux de
réponse absolument effarants dans le centre 24/7, là, il y avait un taux de non-réponse
à la ligne 1-866, là... Savez-vous quoi? 72 % des appels étaient non
répondus. M. le Président, je ne pouvais pas laisser continuer, perdurer cette
situation-là.
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, merci beaucoup.
M. Lisée :
La ministre avait le choix...
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, ceci met fin au bloc, chers collègues... met fin au
bloc...
M. Lisée :
La ministre avait le choix de laisser l'argent dans le PSOC.
Le
Président (M. Tanguay) : M. le député de Rosemont, ceci met fin au
bloc. Je vous remercie beaucoup de votre collaboration. Je cède
maintenant la parole à notre collègue de Mercier pour un bloc de
12 minutes.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Mme la ministre, chers collègues. Je m'associe quand
même à plusieurs des interrogations
de mes collègues de l'opposition, que ce soit le collègue de Rosemont, le
collègue de Lévis, mais je crois que la
ministre, je pense, a les meilleures intentions du monde, mais est quand même
contrainte à travailler dans le cadre fixé par le président du Conseil du trésor, que certains appellent le ministre de
l'Austérité, parce qu'il y a un problème, disons, de conception des
orientations politiques qui entraîne le gouvernement à couper, à couper et à
emprunter une voie que d'autres ont empruntée avant nous.
Je
rappelle à M. le Président, je rappelle aussi à la ministre que l'Europe vit
des politiques de l'austérité depuis plusieurs
années à des degrés variables de pays en pays, des politiques qui ont entraîné
des problèmes, en fait, de marasme économique, de ruine, parfois, des
peuples européens tout entiers, tant et si bien qu'il y a un professeur
d'université de Bruxelles... J'essaie de
trouver l'article que j'avais, oui, trouvé dans une revue européenne. C'est
Laurent de Sutter, professeur de théorie de droit, qui parle de la
raison délirante de l'Europe, en parlant de l'austérité, puis qui explique comment des politiciens sont amenés parfois... En
raison de la dissociation entre les politiques qui se disent pour
améliorer le sort de la population puis les
résultats sur le terrain, ça amène des personnes de toute bonne foi en position
d'autorité, de décision comme la ministre à parfois nier la réalité.
Pourquoi
je dis ça? C'est parce que les gens viennent nous dire, des groupes
communautaires, qu'ils sont dans une situation
de coupures, de décote, de baisse de leurs capacités. On voit ici — ils sont derrière vous, Mme la
ministre — des
gens du milieu de la santé, de la santé publique, qui viennent nous dire qu'il
va y avoir des coupures de postes, près d'une
soixantaine à Montréal, 25 en Montérégie. Il y en a qui ont déjà été coupés. Au
total, on prévoit plusieurs dizaines de coupures de postes à travers toute la province, à travers tout le
Québec, dans des domaines où on a une intervention à faire, dans des domaines où l'intervention, chaque
dollar... Il y a des données statistiques, des études qui le démontrent — je
vais vous le montrer, tant américaines
qu'européennes — que
chaque dollar investi dans certains de ces secteurs-là, par exemple en toxicomanie — votre sous-ministre doit être bien au
courant de ces études — peut aller chercher jusqu'à 10 $ d'économies en traitements ultérieurs. Autrement
dit, on dépense 1 $, on permet de moins dépenser 10 $ après. Ça
fait une économie de 9 $ dans la balance.
Donc, il faut éviter de tomber dans
cette raison délirante qui nous amène à nier la réalité. Et je pense que les
gens qui sont ici sont de bonne foi et
connaissent bien leur terrain, et je pense qu'on doit partir de ce constat que
le budget que vous avez annoncé, les
coupures que vous avez annoncées vont entraîner des coupures de postes qui vont
avoir un impact direct sur le terrain, ce n'est juste dans la
publication, là — j'espère
que vous ne reviendrez pas là-dessus — de certaines recommandations et campagnes publiques qui
pourraient être faites... Parce que, nommez-les tous si vous voulez,
donnez-leur la valeur monétaire que ça incombe, moi, j'ai demandé à quelques
personnes impliquées dans ces campagnes nationales,
ça monte à quelques centaines de milliers de dollars, au maximum 1, 2 millions
de dollars, mais vous avez coupé au-delà de 20 millions de dollars
dans leurs budgets.
Maintenant, moi,
j'aimerais aider. Je propose quelque chose et j'espère que la ministre va...
J'aimerais ça que ça soit distribué, je
pensais que le secrétariat de la commission allait le distribuer. C'est un
document, M. le Président, destiné à
la commission de la santé, c'est pour comprendre ensemble les données, comment
on peut, par une analyse des coûts-bénéfices
d'un investissement en santé publique, aider la ministre, plutôt que de couper,
avec ses collègues et avec son adjointe parlementaire, aller voir le
président du Conseil du trésor, de dire : Écoutez, si on veut balancer le
budget, la meilleure chose à faire, c'est d'augmenter les budgets en santé
publique et en prévention, d'augmenter les budgets, de les augmenter
substantiellement.
• (17 h 10) •
En
fait, on parlait tout à l'heure de 2 % de dépenses. Moi, je vous accorde
que le Québec, en fait, dépense, si on calcule
tout, là, 3 %. Je me fie là-dessus, sur l'institut canadien des
statistiques en santé, suivant leur rapport d'octobre 2014, le Québec a consacré en 2012 3 % à la
santé publique. D'accord? Selon l'OMS, selon certains experts, l'idéal
serait de 8 %. Moi, je dis, l'idéal...
Prenons le chiffre de l'OMS, 5 %. Ça voudrait dire que le Québec devrait,
si on tend vers l'idéal, dépenser
5 % de son budget de la santé pour la santé publique en prévention. Ça
fait une différence de 2 % par rapport
à ce que vous faites, 2 % du budget total de la santé. 2 % du budget
total de la santé, qui se chiffre à à peu près 33 milliards de
dollars, c'est 660 millions.
Or, les rapports
coût-bénéfice qui existent, là, je vous ai soumis... Regardez à la page
suivante, là, il y a à peu près, au total,
là, plus d'une centaine d'études, mais je prends juste la colonne où on a isolé
les coûts médicaux. J'enlève l'absentéisme,
la productivité au travail, juste lorsqu'il y a des études qui se sont
penchées... Les coûts médicaux, il y a 28 études
internationales. Ça, ça a été recensé par une étude américaine, d'accord, qui a
été publiée dans ce qu'on appelle, quoi...
un livre blanc sur la question de l'investissement en santé préventive. Donc,
chaque dollar investi permet d'aller chercher
4 $ d'économies. Je n'ai même pas pris ce chiffre-là. J'ai pris ce qui est
la base, en fait, de la plupart des études depuis 20 ans, c'est une étude de la US... si vous revenez en
arrière, US Institute... non, le US Department of Health and Services, c'est ça? Health and Human Services.
C'est les ressources humaines et soins. Selon cette étude-là, si on ne
prend pas les détails, c'est-à-dire certains
secteurs, ça peut aller chercher plus, jusqu'à 6 $, 10 $ par dollar
investi. Mais, si on prend le coût...
le médian, dans les études, là, le niveau médian, chaque dollar investi va
chercher 3,14 $, d'accord, en coûts
moindres, en économies dans la médecine curative, dans ce qu'on doit, après,
dépenser pour ramasser les problèmes. Ça, ça pourrait rapporter.
Autrement dit, si
vous investissez 660 millions de dollars de plus que ce que vous faites,
c'est-à-dire si vous ramenez le budget de
dépenses en santé publique à 5 %, ça permet d'aller chercher
2 milliards de dollars en économies. Donc, la différence avec ce qui est investi, ça veut dire que vous allez
aider le Conseil du trésor et votre gouvernement à épargner 1,4 milliard de dollars dans le
budget de la santé. Vous serez la première des ministres des récentes années,
des 20 dernières années, à diminuer
effectivement... Vous me suivez, Mme la ministre? Je ne sais pas si Mme la
ministre...
Mme
Charlebois :
Non, non, j'écoute. Soyez sans crainte, j'écoute.
M. Khadir :
Vous serez vraiment la première. Vous aurez acquis, conquis quelque chose, vous
serez... Pour la première fois au
Québec depuis 30 ans, un ministre, quel qu'il soit, aura réussi à diminuer
les coûts en santé. Pourquoi est-ce qu'on ne travaillerait pas ensemble
à aller là, Mme la ministre? Toute la science médicale, toutes les données
probantes sont là pour nous aider.
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre, il reste un peu plus de quatre minutes au
bloc.
Mme
Charlebois : D'accord. Merci beaucoup. Je veux remercier le
député. Officiellement, là, tout le monde est d'accord ici que faire de la prévention, c'est ce qu'il y a de mieux à
faire. Il n'y a personne qui est en désaccord avec vous, ni moi ni qui que ce soit qui est élu ici qui va dire
que la prévention, ce n'est pas important. Ce qu'il faut, là, comprendre...
C'est que vous avez utilisé le mot
«austérité», mais je vais me permettre de vous dire qu'«austérité», là, c'est
quand vous avez un certain budget
donné... Exemple, 523 millions pour les organismes communautaires, si
j'étais arrivée pour leur dire qu'il leur restera l'année prochaine
450 millions, ça, c'est de l'austérité comme il y a eu en Grèce, c'est des
coupures faramineuses de budgets. Nous, ce
qu'on vise, c'est contrôler la croissance de nos dépenses. Parce que nos
dépenses n'ont pas arrêté de croître,
c'est qu'on vise à réduire la croissance de nos dépenses. Pour qui on fait ça,
M. le Président — puis je reviens à la prévention, ce ne sera
pas long, ne soyez pas inquiet — pour qui on fait ça? Bien, c'est pour nos
enfants et nos petits-enfants.
Puis pourquoi
on a dû faire ça, vous le savez très bien. Quand on est arrivés, il y avait des
chiffres qui nous ont été présentés par le Vérificateur général qui,
malheureusement, nous ont indiqué qu'il y avait un trou à venir de plus de 7 milliards de dollars, il fallait agir. Moi,
ce que je me suis assurée, M. le député... M. le Président, je m'excuse, je
suis un peu trop
passionnée, puis on est près l'un de l'autre. Alors, ce que je me suis assurée,
c'est qu'il n'y ait pas de coupures, comme
il l'a dit, mais bien de l'optimisation en santé publique. Ce qu'il faut
savoir, c'est qu'il y a 80 % des argents qui sont au local, il y a
20 % — c'est
là qu'on optimise — au
régional. Puis c'est le régional sur lequel on a travaillé au projet de loi n° 10, vous vous souvenez, qu'on a
aboli les agences de santé, et c'est là qu'on a travaillé pour faire en sorte
de réduire la croissance des dépenses.
Ceci étant,
quand je vous ai parlé publication ce matin, c'est sûr que c'était un exemple,
il n'y a pas que ça. Mais je veux
vous rassurer, les médecins et les dentistes de la RAMQ ne seront pas touchés
par ces mesures-là. Mais il faut savoir que la prévention s'adresse à
plusieurs ministères, pas seulement au ministère de la Santé. Nous travaillons
sur une politique de prévention. Je veux
vous rassurer, là, vraiment, s'il y a quelqu'un qui croit à la prévention, M.
le Président, c'est moi, je suis l'exemple sur deux pattes. Il le sait
très bien, c'est un médecin, il m'a vue l'année passée.
Le Président (M. Tanguay) : Pour un
peu moins de deux minutes, collègue de Mercier.
M. Khadir : Oui, Mme la ministre, là, oublions «austérité» parce que
les définitions, là... Tout ralentissement, c'est de l'austérité,
suivant les définitions économistes. Mais, bon, ça vous ennuie, je comprends, parce
que ça fait très mal à l'Europe.
Mme
Charlebois : ...ce
n'est pas vrai.
M. Khadir : Mais moi, je vous aide, justement,
je suis en train de dire : Il
n'est pas question ici de rajouter quoi que ce soit, il est question
de retrancher aux dépenses publiques au Québec. Si vous investissez 660 millions,
si vous atteignez, donc, le 5 % dont fait la promotion Québec solidaire...
Depuis qu'on existe, on dit : 5 % du budget total de la Santé
doit être consacré à la prévention et à la santé publique, et parce qu'on se
fie sur des données probantes. Et ça, il y a
des preuves, et j'ai pris vraiment le chiffre le plus bas disponible, le plus
fiable parce que ça peut aller jusqu'à des indicateurs de cinq fois plus, six fois plus, même 10 fois plus. Mais
mettons que chaque dollar investi rapporte seulement 3 $, ce que je
vous dis, c'est que ce que vous allez pouvoir faire, c'est réduire la dette du
Québec, réduire le déficit budgétaire, diminuer
les dépenses de la Santé, et vous serez la première femme, la première ministre
de l'histoire récente du Québec à pouvoir le faire. Pourquoi est-ce
qu'on ne le ferait pas ensemble, Mme la ministre?
Le Président (M. Tanguay) : Il reste
40 secondes.
Mme
Charlebois :
M. le Président, j'ai le goût de lui demander : Son 600 millions, il
va le couper à qui dans le réseau de la santé pour pouvoir le mettre en
prévention? C'est clair qu'il faut le prendre en quelque part.
M. Khadir : Oui, médicaments.
Médicaments trop chers, tout est...
Mme
Charlebois : Bien, il
y a déjà des gens qui travaillent là-dessus. Puis je vais être la première à adopter une politique de
prévention qui va être nationale, mais audacieuse. Et je veux vous ramener au
fait que, savez-vous quoi, la politique
de prévention puis les gestes qu'on pose en prévention en ce moment ne relèvent
pas que du ministère de la
Santé. Vous voyez le 2 % du ministère de la Santé, mais il faut voir les
chiffres qui sont investis autant à la Famille, en Éducation, aux Affaires municipales. Il y a beaucoup de gestes qui
sont posés, qui travaillent pour la prévention en santé. Quand on met le monde en activité physique,
quand le réseau cyclable est développé par
les Affaires municipales, c'en est, un geste de prévention.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, ceci met fin à l'échange.
Et, tel qu'annoncé un peu plus tôt, je suspends
quelques instants nos travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 17 h 29)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! J'invite
chaque personne à prendre place. Merci beaucoup. Alors, nous allons
poursuivre nos débats, nos travaux.
Des voix : ...
Le
Président (M. Tanguay) : À l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que je peux avoir l'ordre, s'il vous plaît? Merci beaucoup. Nous allons reprendre nos travaux. Je cède maintenant
la parole au collègue député de Saint-Maurice pour un bloc de 21 minutes.
M.
Giguère : Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais commencer par saluer mes collègues,
puis vous aussi, M. le Président, ainsi que toute l'équipe du ministère,
là, qui accompagne, là, Mme la
ministre, donc, qui font un
travail, puis qui sont... qui suivent la commission
avec intérêt et qui aident la ministre, là, dans ses réponses. Et j'en
profiterais aussi pour
saluer ma collègue la ministre, qui est une personne qui est connectée à la
réalité du terrain, et puis qu'elle a aussi un esprit ouvert. Donc, ça,
c'est très apprécié.
• (17 h 30) •
Moi,
j'aimerais ça, M. le Président, si vous me permettez... Le sujet que j'aimerais
parler, c'est l'augmentation des cas
d'autisme. Donc, ça nous préoccupe tous. On entend parler beaucoup
de cela présentement dans les médias, aussi dans le milieu de l'éducation. En tant qu'élus,
nous devons être sensibles aux nombreux enjeux vécus par les parents dans
le cheminement d'un enfant autiste. Les
besoins de ces parents et de ces enfants sont, en effet, importants,
et nous devons les soutenir. Le
premier défi est bien souvent celui de détecter les indices initiaux qui
mèneront possiblement à un diagnostic. Nous
devons admettre que ce n'est pas toujours évident pour les parents d'y arriver, puis, M. le Président, comme vous le savez, il y a plusieurs études qui concluent que
la détection précoce du trouble de l'autisme est déterminante dans le
cheminement d'un enfant autiste.
J'aimerais,
si vous me le permettez, vous faire pas une histoire, mais vous expliquer mon
vécu que j'ai avec... l'expérience
que j'ai avec les enfants autistes. Étant parent de deux enfants qui sont
rendus ados aujourd'hui, ma première fois que j'ai été en contact avec des parents avec enfants autistes,
c'est quand que mes enfants étaient au primaire, très bas âge. On voyait
que ces parents-là, ils étaient dans l'incertitude, ils étaient, là, inquiets parce
qu'ils savaient que leurs enfants avaient de
quoi de différent des autres enfants, mais sans le savoir, quoi. Et puis, par
après, donc j'ai appris que ces... entre autres, ces enfants-là... Mes
enfants revenaient chez moi et me disaient durant l'année : Papa...
C'était la première fois que j'ai entendu le mot «autiste», qu'est-ce c'est que
ça voulait dire puis...
Mais je l'ai
vécu par après en étant bénévole comme instructeur au hockey, donc avec surtout
des petits bouts de choux, et puis, à un moment donné, j'ai eu un petit jeune, il
avait... un enfant d'à peu près huit ans, c'est huit ou neuf ans, et puis cet enfant-là, il était vraiment isolé, à part des autres, il ne se faisait pas
d'amis. Mais, au début, bien, on a dit : On va le prendre sous
notre aile, on va essayer de l'intégrer. Il manquait de concentration, il
manquait aussi de vigueur au hockey. Et puis
j'avais la chance, avec moi, d'avoir un ami qui est médecin, et puis il a pris
cet enfant-là, puis, avec le cheminement,
ils ont découvert qu'il était autiste. Mais, moi, qu'est-ce qui m'a marqué dans tout ça, oui, il y a
l'enfant, puis il y a tous les symptômes.
Les symptômes, au début, on parle beaucoup le langage, que c'est le langage
d'un enfant qui est en... il y a un
retard, mais il y a d'autres symptômes que moi, j'ai découverts. C'est des
enfants qui ont peu d'amis, qui ne socialisent
pas. Et aussi, au niveau alimentaire, ces enfants-là, ils deviennent un petit
peu, bien, capricieux qu'on pourrait dire. Donc, quand qu'ils font des
activités, ça amène des problématiques.
Donc, c'est
un petit peu, là... Mon ami médecin m'expliquait tout ça, puis c'était
intéressant, mais, en même temps, c'était
de voir les parents, dans tout ça aussi, qui sont un petit peu dépourvus, qui
ne savent pas où aller. Donc là, ça a été, là, toute une expérience. Il
faut savoir aussi que les problèmes majeurs avec l'autisme, c'est qu'ils ne se
dissipent pas au fil du temps. Au contraire,
il ne fait que se confirmer. Puis, vous savez, ces enfants-là, ce n'est pas
écrit dans leur front, dans leur face qu'ils sont autistes. Donc, quand
qu'on est en contact avec ces... on cherche le pourquoi puis, des fois, on a de
la misère à comprendre. Donc, pour surtout les personnes de ma génération,
que... Moi, j'ai 50 ans, on n'a pas été habitués à être en contact avec ces
personnes-là.
Puis, c'est ça, les parents sont beaucoup
inquiets, sont impuissants, puis, quand que le diagnostic tombe, c'est comme toute autre chose, c'est très difficile à
accepter, surtout quand c'est nos enfants. Et, dans ce cas-là aussi où
est-ce que je me suis rendu compte... J'étais très près, moi, des
grands-parents, et les grands-parents aussi, ça les avait affectés beaucoup de voir leurs enfants et leurs
petits-enfants, comment que ça les affectait. Mais c'est de savoir quoi faire
par la suite. Dans ce cas-là, bien, ils
avaient la chance d'avoir notre ami qui était médecin qui les a pris sous son
aile, puis ils l'ont accompagné.
Mais, pour ces parents-là, c'est d'accepter et s'adapter aussi à la réalité.
Dans tout ça, il y a des hauts, puis
surtout des bas, donc, qu'il faut franchir, ce n'est pas évident. Comme qu'on
dit, ces parents, ils veulent le meilleur pour leurs enfants, ils
veulent les meilleurs services.
Vous êtes, Mme la ministre, parent, grand-mère
aussi. On veut tous les meilleurs services pour nos enfants, nos petits-enfants, mais nous apprenons aussi que
depuis... au Québec, depuis les années 2000, début des années 2000, la prévalence du trouble de l'autisme double à tous les quatre ans. C'est
énorme quand qu'on y pense. Comme les parents sont habituellement les premiers à déceler une anomalie chez l'enfant, je crois qu'ils
doivent être informés des services qui sont offerts, qui doivent-ils
consulter dès qu'ils ont des inquiétudes concernant le développement de leurs
enfants.
Parce qu'il
faut savoir que, vu que ça double aussi à tous les quatre ans, tous ceux qui
sont dans le milieu médical savent
que ça met une énorme pression sur le système de la santé. Et même, peu importent les gouvernements, même si tout ce qui a été fait pour améliorer... il y a
encore beaucoup de travail à faire, puis il ne faut pas arrêter parce que
ça demande beaucoup d'examens puis d'observations qui sont nécessaires,
puis les délais aussi sont plus longs, ça, c'est normal, en ayant plus de
jeunes.
Donc, dans ma
communauté aussi, il
y a des parents qui ont des enfants
avec un trouble de spectre de l'autisme qui me questionnent, qu'est-ce qu'on fait, nous, comme gouvernement. Parce que, quand j'ai parlé tantôt de quand j'étais instructeur de hockey, je recule de, je dirais, à peu près
10 ans, 12 ans en arrière, mais, comme un nouvel élu, depuis
un an, donc, j'ai été interpelé par deux grands-parents qui sont venus, deux
cas différents, pour savoir le... Puis c'est ça qui m'avait surpris, parce que c'étaient des grands-parents, ils sont
venus me voir, ils m'ont interpelé pour savoir qu'est-ce c'est que nous, on faisait en tant que gouvernement.
Donc, M. le Président, si vous me le permettez, ma question, c'est : Dans un souci de répondre plus
adéquatement et dans de meilleurs délais aux demandes grandissantes en milieu
avec les troubles de spectre de l'autisme, Mme la ministre peut-elle m'éclairer
sur les mesures qui ont été mises en place?
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. J'ai écouté avec beaucoup
d'attention ce que nous racontait notre collègue,
et effectivement, quand on rencontre des gens qui ont des enfants
avec eux qui souffrent du trouble du spectre de l'autisme, on se rend compte à quel point ils traversent des périodes
difficiles, puis ce n'est pas nécessairement évident où on doit s'adresser, qu'est-ce
qu'on doit faire, comment on fait
pour avoir les diagnostics, et tout ça. Alors, je veux dire au député que je
comprends très bien
de quoi il me parle, puisque, dans mon comté, Soulanges, il y a une
croissance phénoménale d'enfants qui
sont atteints du trouble du spectre de l'autisme. Et je suis portée à vous dire
qu'il y a trois régions où on peut constater une croissance assez importante, il y a la
Montérégie, il y a Laval et Montréal où il y
a une croissance fulgurante
des cas de trouble du spectre de l'autisme, et je suis vraiment préoccupée par
cette problématique-là de jeunes qui sont atteints de ce problème-là.
Et,
dès mon arrivée en poste, parce qu'étant consciente, dans mon comté, de ce qui
se passait, mais aussi, quand on a eu
ce qu'on appelle en bon québécois les briefings quand on arrive en poste comme
ministre, on est renseignés, bien, moi, c'étaient des questions qui retenaient mon attention beaucoup, et j'ai
demandé à ce qu'on pose des actions concrètes dès qu'on le pourrait pour
améliorer le sort de ces familles qui vivent ces réalités-là. Et vous avez tout
à fait raison, M. le Président, notre
collègue a tout à fait raison... Excusez-moi, des fois, je m'adresse
directement au député, mais c'est...
Le Président (M.
Tanguay) : Pas de problème.
• (17 h 40) •
Mme
Charlebois : ...j'essaie d'éviter ça. Mais le collègue a
tout à fait raison parce qu'effectivement ça double depuis le début des années 2000, la prévalence au
trouble du spectre de l'autisme. Alors, dès mon arrivée, j'ai demandé à
ce qu'on porte une attention particulière
parce que c'est des situations qui me préoccupaient beaucoup, et, le 25 juin,
j'ai entamé des discussions avec les gens de la Fondation Miriam avec objectif
de créer un partenariat avec eux. Cette fondation-là
avait déjà des connaissances sur le trouble du spectre de l'autisme et voulait
grandement collaborer avec nous pour faire en sorte de désengorger les
listes d'attente pour le diagnostic.
Alors,
à force de travail et de persévérance, nos gens du ministère et les gens de la
fondation, avec la Fédération québécoise
des centres de réadaptation en déficience intellectuelle, troubles envahissants
du développement, on est parvenus à
une entente que nous avons signée le 26 novembre, et cette entente-là visait
l'amélioration de l'accès à l'évaluation aux services, pour les enfants
de 0-5 ans, du trouble du spectre de l'autisme. Pourquoi on a ciblé cette
clientèle-là, M. le Président? C'est parce
que, quand on agit plus tôt dans la vie des enfants, on a de bonnes chances
d'avoir des résultats et éviter que la problématique s'aggrave.
Alors, le partenariat
qu'on a conclu avec la Fondation Miriam va permettre la mise en place d'un
service d'évaluation diagnostique, comme je vous le mentionnais, pour le
trouble du spectre de l'autisme destiné aux enfants qui sont actuellement sur une liste d'attente dans les centres
hospitaliers de la région montréalaise. Évidemment que les périphéries
vont s'y greffer, mais les périphéries immédiates.
On le sait tous, pour
les jeunes enfants qui présentent cette caractéristique qu'on nomme TSA,
trouble du spectre de l'autisme, il est
essentiel d'obtenir, comme je vous le disais, le diagnostic le plus rapidement
possible et leur permettre d'acquérir
le plus d'autonomie — en tout
cas, de ce qu'ils peuvent acquérir — et de mieux les préparer à l'entrée à l'école, et évidemment, incidemment, à la vie
d'adulte. Alors, la Fondation Miriam est devenue une véritable référence
en matière de dépistage et de traitement du trouble du spectre de l'autisme et
des déficiences intellectuelles.
Grâce à l'entente
qu'on a signée, M. le Président, ça va être 700 enfants et leurs parents
qui pourront profiter de ces services chaque
année, ce qui contribuera, par la même occasion, à réduire les listes d'attente
des centres hospitaliers de la région. L'entente annoncée aura des
bénéfices réels dans la vie de plusieurs familles québécoises, et j'en suis très heureuse. Pour moi et pour tous les acteurs
impliqués, le développement et la consolidation des services pour les
jeunes et les adultes ayant un trouble du spectre de l'autisme demeurent
toujours un défi, surtout dans le contexte d'une augmentation importante du nombre de cas. Je veux rassurer le député, M.
le Président, je compte suivre de près cette situation afin de m'assurer que ces enfants et leurs parents aient accès
à des services qui répondent à leurs besoins, et ce, dans les meilleurs délais possible. Ce que je
souhaite, M. le Président, c'est que les parents qui en ont besoin
reçoivent des services de qualité le plus rapidement possible et le plus près
de leur domicile.
Il me fait plaisir
de rappeler que, grâce à notre ancien ministre de la Santé, aujourd'hui notre
actuel premier ministre, le ministère de la
Santé et des Services sociaux avait lancé le Plan d'accès aux services pour les
personnes ayant une déficience et, à cet effet, il a octroyé un budget
de 110 millions récurrents répartis ainsi. Bref, sur trois années budgétaires, il y a eu 40 millions qui ont
été investis en 2007-2008, 35 millions en 2008-2009 et, en 2009-2010,
35 millions, ce qui donnait un
110 millions récurrent. Mais les investissements ne se sont pas arrêtés
là, et il y a eu un investissement additionnel
de 8 millions qui a été octroyé pour l'année 2011-2012 et 2012-2013, et ce
sont donc 35 millions qui ont été ajoutés
pour améliorer l'accès aux services. Il y a eu aussi un financement additionnel
de 10 millions récurrent, réparti entre cinq régions, qui a été
annoncé pendant l'année 2013-2014, notamment pour améliorer l'accès à des
activités de jour pour la clientèle ayant un trouble du spectre de l'autisme.
Alors,
le plan d'accès mis en place en 2008 comprend des standards pour l'accès aux
services et leur continuité, des mécanismes pour améliorer
l'organisation des services. Il faut savoir que les standards d'accès sont
déterminés selon le niveau de priorité et
qu'il y a des délais maximums de prise en charge qui sont prescrits. Cependant,
il est important, pour notre collègue, M. le Président, de rappeler que
90 % des enfants reçoivent les services dans les délais prescrits.
Alors,
pour améliorer, comme je vous disais, la continuité de services, un intervenant
pivot élabore et met en oeuvre un
plan de services individualisés pour coordonner l'ensemble des services, pour
répondre aux besoins de la personne, mais aussi de sa famille parce que ça touche toute la famille, M. le
Président. Il y a une personne qui a le trouble du spectre de l'autisme, mais il y a plusieurs personnes dans la
même famille qui vivent avec cette personne et qui vivent la réalité
tous les jours de ce que ça peut engendrer comme complexité. De plus, chaque
établissement est responsable d'implanter des mécanismes
pour s'assurer d'une bonne organisation des services. Et ce qu'on vise, c'est
travailler à développer un meilleur accès
aux services, soutenir les familles, développer des places en activités de jour
et de répit, améliorer l'accès aux services spécialisés en réadaptation.
Mais,
je veux vous dire, M. le Président, j'ai, avec la personne à notre ministère
qui s'occupe de ces dossiers-là et mon
attaché politique... nous avons rencontré des chercheurs dans ce domaine-là qui
effectuent des travaux fort importants et
sur lesquels ces dames-là vont continuer de travailler. Au Québec, il y a
beaucoup, beaucoup de travail qui se fait dans le domaine de l'autisme.
Et même, la semaine dernière, je suis allée à une conférence qui avait lieu à
Laval, organisée par... je me souviens...
Une voix :
...
Mme
Charlebois : C'était TED Sans Frontières, effectivement, et
il y avait du partage de connaissances
de partout à travers le monde qui s'est effectué là, ça a été de toute
beauté, et je me suis permis de leur lire un article de journal, que j'avais vu dans mon journal, d'un père de
famille qui vivait avec deux enfants autistes, deux garçons, qui disait à
quel point, quand ses enfants sont venus au
monde, il voyait tous les rêves, les perspectives, il voyait toutes sortes de
choses, comme il les voyait grandir, il les
voyait devenir des adultes, acquérir leur première voiture, etc., et, quand le
diagnostic est tombé, M. le Président, pour lui, ça avait été une étape
tellement importante, il s'est trouvé abasourdi.
En tout cas, c'est dommage que je n'aie pas l'article, j'aurais pu vous le
lire, mais c'était vraiment touchant. Et ce qu'il nous disait à la fin, c'est que... à la fin de cet article-là,
c'est qu'il a été malade, cet homme-là, puis il disait qu'il faisait ses combats pour rester avec ses enfants.
Mais il dit : Je me rends compte que ce n'était pas les bonnes
raisons, que mes rêves étaient démolis. Mais
il dit : Aujourd'hui, à force de vivre avec ces enfants-là qui ont
grandi, il dit, c'est sûr que votre
réalité n'est pas la même que nous. Il dit : C'est sûr que vous vivez des
choses particulières, mais c'est vous
qui n'avez pas d'obstacles devant les yeux,
c'est vous qui êtes très sincères dans vos cheminements, c'est vous qui
accomplissez des belles réalisations. Vous avez les vôtres. Nous autres,
on a les nôtres. Alors, ce qu'il disait à la fin de son témoignage dans la lettre — puis, si j'ai une chance de la retrouver
avant la fin de cette commission, je vous le transmettrai ou je vous le transmettrai par après par votre biais, M. le
Président, cet article-là — à la fin de l'article, il disait : Maintenant,
j'entame mon combat — parce que j'ai compris que le monsieur était
malade — pour la
vie pour les bonnes raisons, je suis fier de vous. Il était fier d'avoir ses deux garçons avec lui,
puis il a réalisé à quel point ils avaient leur cheminement, mais ils
avaient un cheminement, ça leur a permis de se dépasser.
Mais
ce que je veux vous dire, M. le Président, il faut faire en sorte qu'on améliore
les services, mais surtout le diagnostic
précoce pour ces enfants-là pour permettre qu'il y ait des services rapidement
dans leur vie, pour intervenir au bon
moment et éviter que des troubles graves de comportement arrivent dans leur
vie, pour éviter que les dynamiques autour
d'eux s'aggravent. C'est prouvé que, quand on intervient rapidement, on peut
faire une différence dans leur vie.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère :
Oui. Merci beaucoup. Je suis heureux d'entendre ça, Mme la ministre, qu'il y a
des actions qui sont posées. Oui, il y a une
entente qui est faite pour la région de Montréal, mais aussi à la grandeur du
Québec. Parce que ces enfants-là,
c'est comme mes enfants, c'est des trésors, puis il faut, ces trésors-là, il
faut les accompagner dans la vie. Ils sont capables aussi d'apporter à
la société, il faut prendre qu'est-ce c'est qu'ils sont capables d'apporter à
la société. Donc, oui, ces familles-là,
elles ont besoin de support. Moi, je suis très heureux des actions que vous
avez posées et surtout aussi que
c'est à la grandeur du Québec, ce n'est pas juste à Montréal, aussi en région.
C'est important, ça, de lancer ce message-là qu'il y a des actions qui
sont posées, puis pas juste à Montréal.
Mme
Charlebois :
Me permettez-vous d'ajouter un complément, M. le Président, à ce que mon
collègue dit? Effectivement, là on a démarré
là, et j'étais très fière de l'entente de partenariat, mais, effectivement, je
suis préoccupée par l'ensemble de la situation et l'ensemble du Québec,
et soyez assuré que nous continuons de mijoter au ministère... Éventuellement, il y aura certainement des choses
qui pourront vous être transmises. À ce moment-ci, c'est prématuré, mais
j'ai l'intention... Puis, à travers le
projet de loi n° 10, la fluidité, la continuité, l'accès aux services va
être de plus en plus facile et
déployé adéquatement, alors les diagnostics vont venir plus tôt dans leurs vies
que tard. Ça, ça va aider grandement pour arriver aux services
secondaires. Puis il y a aussi les adultes de 21 ans et plus, sur lesquels
je veux porter une attention particulière, et soyez sans crainte, c'est quelque
chose qui, vraiment, vient tous nous chercher, hein, on veut aider au maximum
et intervenir le plus rapidement possible dans leurs vies.
M.
Giguère : Oui. Et puis, étant élus, c'est notre devoir d'améliorer la
qualité de vie de ces personnes-là et de ces familles-là et d'enlever de
la pression sur ces parents-là. Donc, moi, j'ai complété. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Il reste encore une minute
pour l'échange. On peut la reporter au prochain bloc et, ainsi, être
plus efficaces dans nos échanges.
Mme
Charlebois : On va la reporter, si vous voulez, M. le
Président, avec le consentement de mes collègues.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Tanguay) : Parfait. Je vous remercie beaucoup. Maintenant, sans plus
tarder, je cède là parole à un représentant
du deuxième groupe d'opposition pour une période de 16 min 2 s,
et, à cet effet, je reconnais le collègue de Deux-Montagnes. Merci
beaucoup.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Mme la ministre, c'est un plaisir de vous rencontrer cet après-midi.
Je vais me faire le porte-parole des
parents d'un organisme de la MRC de Deux-Montagnes, l'organisme La Chacunière.
Je vous parle rapidement de l'organisme. Il est composé de parents dont
les enfants sont atteints ou victimes d'une déficience intellectuelle, qui sont adultes, par contre, et qui habitent toujours
à la maison, donc avec leurs parents. Et ces parents, il y a quelques
années, ont mis sur pied cet organisme qui est maintenant dûment reconnu par
l'agence, qui est dûment reconnu par le Florès local également, et ils ont pour
mandat et pour mission de réunir les fonds nécessaires pour, éventuellement, faire construire un immeuble de 12 appartements, donc des
appartements supervisés qui accueilleraient, une fois la construction
complétée, leurs enfants. Ce sont des parents qui, depuis des années,
travaillent à faire de l'autofinancement parce que, vous le savez mieux que
quiconque, Mme la ministre, pour se qualifier aux différents programmes, que ce soit l'OMH, la SHQ, le PSL, il
doit y avoir de l'autofinancement de fait à hauteur, essentiellement, de
30 %
de la valeur du projet. Ils s'en
rapprochent, à ce point où les membres du conseil d'administration sont
à regarder actuellement pour l'achat d'un terrain. Ils travaillent également
avec un architecte pour la construction. Bref, il y a de l'espoir, ils ont
amassé au fil des ans plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Mais
ce qui les inquiète au plus haut point, c'est qu'ils ont appris récemment
qu'une entente pourtant dûment signée entre le CSSS et, naturellement,
l'organisme serait compromise. Cette entente-là, ce qu'elle stipulait, c'est
qu'il allait y avoir un montant déterminé
d'un minimum de 25 000 $
qui allait être assuré pour le salaire de ce que l'on appelle des vigies, une vigilance dans l'immeuble, étant donné
que les enfants en question n'ont pas la capacité de subvenir seuls à
leurs besoins, et c'est cette subvention qui
serait aujourd'hui compromise. On s'entend pour dire que la construction,
l'ouverture n'est pas pour demain, mais n'empêche que, sans ces sommes-là, le
projet perd toute sa valeur.
Donc,
Mme la ministre, question bien simple cet après-midi : Pouvez-vous assurer
ces parents que l'entente, qui est pourtant
bel et bien signée, a toujours pleine valeur aujourd'hui et qu'il n'y a pas de
date de péremption? C'est bel et bien mentionné dans l'entente qu'une
fois l'immeuble construit les parents, l'organisme et, donc, les jeunes en
question pourront compter sur les sommes promises pour assurer une vigie dans
l'immeuble en question.
Mme
Charlebois : M. le Président, est-ce que vous me permettez de demander au collègue le nom
de l'organisme en question? Je ne l'ai pas bien saisi.
M. Charette :
Oui, volontiers, La Chacunière.
Mme
Charlebois :
La Chacunière?
M. Charette :
Effectivement.
Mme
Charlebois :
Écoutez, c'est un cas spécifique, et... Ne vous gênez pas, hein? Quand il y a
des dossiers spécifiques comme ça, en
Chambre, souvent, les collègues viennent me voir, ils me parlent de leurs
dossiers de comté, puis ça me fait toujours
un grand plaisir de répondre, autant aux collègues de l'opposition qu'aux collègues du gouvernement. Et c'est un cas qui n'a pas été porté à mon attention, je suis désolée,
mais on va faire les vérifications, et je vais vous revenir sans problème. Je vais vérifier de quoi il s'agit parce que même les gens du ministère ne
savent pas, là, de quoi on parle.
M.
Charette : Je comprends bien. Donc, ce sera un plaisir d'entendre
votre réponse lorsqu'elle vous parviendra, mais déjà peut-être les
rassurer, une entente signée, normalement ça a pleine valeur encore
aujourd'hui?
Mme
Charlebois : Bien, on va prendre le temps de bien vérifier
le dossier. C'est évident qu'on ne va pas les laisser en blanc, les parents. On va prendre le temps de
bien vérifier le dossier, je vais vous revenir. Et vous pourrez vous-même
les rassurer avec grand plaisir, ce sont de vos électeurs. Ça va me faire
plaisir.
Le Président (M.
Tanguay) : Vous me permettrez de préciser, pour le bénéfice de tous les
membres de la commission...
Mme
Charlebois :
Oui, excusez-moi.
Le Président (M.
Tanguay) : ...donc, de communiquer, le cas échéant, tout document au
secrétariat de la commission, qui veillera à en faire la distribution à tous.
Mme
Charlebois :
Oui, d'accord.
Le
Président (M. Tanguay) : M.
le collègue de Deux-Montagnes, merci bien. M. le collègue de Lévis,
la parole est à vous.
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Je vais revenir sur un élément très, très
précis de prévention, et les gens
comprendront si je dis que ça nous coûte collectivement 4 milliards par année,
que c'est responsable de 30 % de
tous les cancers. Vous aurez compris que je
parle de loi sur le tabac et de révision de la Loi sur le tabac. Ça fait 10 ans, ça fait 10 ans, Mme la ministre, M. le Président, que la loi n'a pas été révisée. Je pense qu'il
est temps d'agir, tous le réclament. L'industrie du tabac, pendant ce temps-là, elle, continue à avancer, gagne du
terrain, alors que nous étions au Québec les fers de lance dans ce domaine quand on
parle de prévention contre le tabagisme.
La CAQ a demandé à la ministre — c'était
lors de l'étude des crédits, c'était en juin dernier, il s'est passé du temps — quand allait-elle procéder à la révision de
la loi. Puis, depuis ce temps-là,
bien, à travers ça, il y a les fameuses cigarettes électroniques,
puis j'y reviendrai également, parce que les gens s'inquiètent et se
questionnent.
Le taux de
tabagisme au Québec, il stagne actuellement depuis quelques
années. Il faut poursuivre la lutte, c'est bien sûr. Il y a
d'autres pays qui ont avancé pendant ce temps-là. L'Australie a avancé, c'est maintenant
un bel exemple. Davantage que ça également, la Nouvelle-Écosse est
devenue la première province canadienne à interdire la vente de tabac aromatisé et de cigarettes au menthol. Ça
sera en vigueur, bon, le 31 mai prochain. Le Parlement français
qui s'est doté d'une loi imposant
l'emballage neutre et standardisé à partir de mai 2016. Alors, les gens avancent,
et nous, pendant ce temps-là, bien, on est en attente. Ça fait 10 ans
qu'on attend, les gens commencent à être un peu impatients.
Je dis les
gens, pas seulement les adultes, les jeunes également. Un sondage Léger-De
Facto qui nous indique que des jeunes
de 12 à 24 ans — 12
à 24 ans alors qu'on parle d'une population qui est ciblée par l'Industrie — réclament
des modifications : 82 % demandent
la standardisation des emballages, 77 % souhaitent l'interdiction du
développement de nouveaux produits du
tabac. Il y a une espèce de volonté commune. Il est temps d'en parler, il est
temps de prendre position.
Et, vous
savez, le ministre de la Santé... Bien, il y a des projets de loi qui sont importants, on le comprend. Le n° 10, s'est terminé en bâillon. Le n° 20,
on l'entreprendra sous peu si la tendance se maintient. On verra ce qui va se
passer. Mais le ministre
entend bien également présenter, déposer à l'automne un gros projet de loi, un important projet de loi
pour réformer le financement des hôpitaux à l'activité. C'est
important, ça aussi, c'est sur la table. Est-ce qu'il faut comprendre que, si le ministre de la Santé dépose ce projet
de loi à l'automne... est-ce que la révision de la Loi sur le tabac sera
encore reportée? Parce que la ministre
s'était elle-même commise en disant qu'elle voulait que ce soit fait rapidement
et qu'on avait trop attendu, et je
pourrai vous citer dans un article du Devoir, je vous rappellerai des
propos que vous rappelez probablement déjà. Est-ce que la ministre
s'engage aujourd'hui à déposer ce projet de loi avant la fin de la session
parlementaire?
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Un autre sujet qui me passionne. C'est le fun, hein,
j'ai un ministère qui... plein de
sujets qui me passionnent. Et, pour nous tous ici présents, particulièrement
celle qui vous parle, qui a déjà fumé...
Ça fait déjà 10 ans que j'ai arrêté de fumer, et savez-vous quoi? J'ai arrêté
quand on a adopté en 2005 la Loi sur le tabac, honnêtement, pour la réduction du tabagisme. Je me souviens que
le ministre de la Santé de l'époque était l'actuel premier ministre. J'en ai tellement entendu
parler, M. le député de Lévis, que j'ai décidé d'arrêter de fumer et je n'ai
jamais refumé depuis ce temps-là. Et ça ne
fait pas 10 ans qu'on attend, ça fait 10 ans que j'ai arrêté, puis la loi s'est
faite il y a 10 ans. Ça fait que oui,
je comprends que vous êtes impatients, puis je vous l'accorde, oui, j'ai dit
que nous allions agir rapidement,
mais rapidement, il y a un espace-temps, il faut quand même prendre le temps de
faire bien les choses. On est à faire
la touche finale au projet de loi, et ce que je veux surtout, c'est de
m'assurer que nous aurons mis toutes les dispositions en place comme il se doit dans ce projet de loi
là. J'ai aussi hâte que vous de travailler sur ce projet de loi là, et soyez
assuré de mon engagement indéfectible à cet égard-là.
Juste faire
un peu d'histoire si le député me le permet. C'est en 1998 qu'on a vu la
première Loi sur le tabac, 2005 où on
a eu la révision de la Loi sur le tabac. Et il y a eu une évolution importante
des mentalités parce que je me souviens qu'à cette époque-là, un petit peu avant 2005, honnêtement, le monde
fumait partout, là. Même au parlement, ça fumait partout, partout.
Depuis 2005, ce n'est plus le cas, il y a eu une importante évolution des
mentalités.
Et ce qu'on
souhaite, c'est réduire la prévalence au tabac, notamment chez les jeunes. Vous
avez raison, il faut absolument faire
quelque chose dans cette voie-là, et sachez que j'entends agir rapidement. Je
vous vois impatient de me reposer une
autre question, mais je veux vous dire que j'ai déjà pris connaissance de
plusieurs documents, notamment de celui
de l'Organisation mondiale de la santé, celui des recommandations de la
Commission de santé et services sociaux, qui nous a fait des recommandations pour nous dire sur quoi ils
souhaitaient, les députés... Puis ça a été un rapport qui a été adopté à
l'unanimité, alors ça a été pris en considération aussi. On travaille fort pour
vous arriver le plus rapidement possible avec quelque chose là-dessus.
M. Paradis
(Lévis) : Impatient, bien
sûr, Mme la ministre. Impatient parce que les gens le réclament, parce
que ça fait neuf, 10 ans. On s'entend que, pendant ce temps-là, bien, il y a
encore des gens qui sont attirés par un produit qui évolue. Vous venez de
parler de jeunes...
Mme
Charlebois : Vous
savez, M. le député, qu'à tous les cinq ans on doit revoir la mise en oeuvre de
cette loi, hein?
M. Paradis
(Lévis) : Assurément. Mais
vous le savez aussi que de nouvelles mesures sont réclamées et
demandées, qu'elles devront faire partie de
ce que vous souhaitez présenter, bon, dites-vous au moment opportun. Je vous
repose la question, histoire d'être bien précis : Est-ce que vous
déposerez avant la fin de la session parlementaire ce que vous nous promettez?
Mme
Charlebois :
Je veux vous garder un peu de surprise parce que vous allez être tellement
content quand on va déposer. Ce que
je veux vous dire, c'est que ça va être le plus rapidement possible, et,
vous-même, j'espère que vous allez collaborer
et travailler étroitement avec nous au moment du dépôt. J'aimerais pouvoir vous
confirmer une date, mais vous le savez
que je ne peux pas faire ça, législativement parlant. Il faut d'abord que
j'arrive à l'Assemblée nationale avec le projet de loi, et je vais
respecter les règles qui sont dans notre Parlement.
M. Paradis
(Lévis) : Nous aurions souhaité que ce soit fait avant la fin de la
présente session, vous le savez, Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Moi
aussi. Moi aussi.
M. Paradis
(Lévis) : Mais je comprends
également que la table au ministère de la Santé risque de vous enlever
un peu de place à ce chapitre-là, bien que les gens réclament depuis déjà un
bout de temps...
Mme
Charlebois : Ne
doutez pas de mes capacités.
M. Paradis
(Lévis) : Ceci dit, vous me
dites une surprise. Je n'ai pas entendu la fin de votre réponse. Vous
dites que c'est une surprise que vous me réservez. La vie me surprend tous les
jours, sachez-le.
Mme
Charlebois : Ah!
c'est bien.
• (18 heures) •
M. Paradis
(Lévis) : D'ailleurs, en
prévention, vous venez de me le dire — et on l'aura appris — vous
avez perdu beaucoup de poids en fonction de la prévention...
Mme
Charlebois :
85 livres.
M. Paradis
(Lévis) : ...vous avez
arrêté de fumer en fonction de la prévention. Alors, ça va quand même bien. Ma troisième question, je
ne sais pas si...
Mme
Charlebois : Je
vais être une femme parfaite dans quelques années.
M. Paradis
(Lévis) : La perfection, c'est
dur à atteindre. Mme la ministre, revenons sur le dossier. Vous le savez, il
y a une autre particularité, c'est les fameuses cigarettes électroniques.
Pendant qu'on attend, il y a des gens qui se posent des questions, puis il y a
de la confusion actuellement. Je connais des gens qui fument et qui se
questionnent également. A-t-on le droit? N'a-t-on pas le droit? À Montréal
seulement, il y a une vingtaine de commerces qui vendent sans aucune contrainte des cigarettes
électroniques, certaines contenant de la nicotine, d'autres pas. Vous avez
vous-même dit :«Il faut serrer la vis à ces établissements qui
vendent "des produits attrayants dont on ignore — et là
je vous cite carrément — la
composition chimique et la concentration en nicotine".» C'est ce que vous
avez affirmé.
La Direction
de la santé publique de Montréal, elle, presse les autorités d'encadrer la
cigarette électronique pour qu'on
comprenne un peu de quoi il s'agit, un produit qui, on le sait, connaît un
essor fulgurant, mais qui est en pleine zone grise. Il y a un document de travail interne où l'organisme
émet cinq recommandations pour réglementer ce produit. Vous avez fait du chemin. Vous l'avez dit : On a
réfléchi sur la question, on sera prêts bientôt, et j'espère que vous
m'accompagnerez dans ce processus.
Actuellement, elles sont en vente libre dans une vingtaine de
commerces de Montréal, elles sont en vente libre également dans
la région de Québec.
Est-ce que vous pouvez nous présenter les
recommandations qui vous ont été faites et nous dire lesquelles se retrouveront
un jour dans le projet de loi, pour le moins d'avancer sur vos réflexions
concernant ce produit-là parce qu'encore une fois les gens se questionnent?
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président, avant même que vous me passiez la parole, je vous
remercie.
Le Président (M. Tanguay) : ...
Mme
Charlebois : C'est
bon, hein? Alors, je vais d'abord commencer par expliquer pour le bénéfice des gens qui nous écoutent — parce que je suis convaincue que le député
de Lévis est déjà au courant — il y a des champs de compétence sur lesquels chacun des gouvernements
peut agir. Et, pour ce qui est de la composition des produits, ça relève
de Santé Canada et du gouvernement fédéral
de légiférer en cette matière. Mais, pour ce qui est de l'encadrement
d'où on consomme ces produits-là, qui peut
les consommer, toutes les règles qui entourent un peu, on peut dire, ce qui
concerne la cigarette actuelle, toutes ces
règles-là, c'est de compétence provinciale. Alors, ça va certainement faire
partie de ma réflexion.
Est-ce que
vous voulez savoir exactement ce que je vais faire dans le projet de loi? Je
comprends que vous avez...
M. Paradis (Lévis) : Bien,
faites-nous une surprise, Mme la ministre, dites-en un petit peu.
Mme
Charlebois :
Bien, je vous réserve une autre surprise parce que je sais que vous allez
adorer. Tant qu'à avoir des
surprises, plus il y en a, plus c'est le fun. Mais je ne peux vraiment pas
divulguer avant le dépôt du projet de loi ce que contiendra le projet de
loi. Mais ce que je veux vous dire, c'est que la cigarette électronique fait
certainement partie de mes réflexions,
comment on va l'encadrer, etc. Mais, écoutez, ce qu'il faut tenir compte dans cette
réflexion-là, c'est qu'il y a deux pans à considérer. Il y a le pan de
ceux qui arrêtent de fumer, pour qui c'est extrêmement important de pouvoir avoir accès à ces cigarettes-là et ces
produits-là de cigarettes électroniques, mais il y a le pan aussi où des
services... pas des services, ce n'est pas
le bon mot, où des jeunes pourraient devenir des habitués de ça pour transférer
ensuite au tabac, et c'est ce qu'on veut éviter aussi, hein? Alors, moi,
je prends en considération qu'on ne veut pas augmenter la prévalence au tabac, mais, en même temps, je ne
veux pas empêcher que des gens qui veulent arrêter de fumer et qui se servent de ce moyen-là puissent le faire. Tout ça
fait partie de ma réflexion. Comment on va le faire, ça va faire partie
du lot de surprises quand on va déposer le projet de loi rapidement.
M. Paradis
(Lévis) : Mme la ministre,
M. le Président... Mme la ministre, actuellement, vous savez qu'il y a
des gens qui tolèrent et d'autres qui ne tolèrent pas. Je reviens encore sur la
cigarette électronique, en certains endroits on associe l'utilisation de la cigarette électronique à la consommation de
produits du tabac, alors on expulse, on interdit. À d'autres endroits,
on tolère. Et il y a une zone grise, pour ne pas dire une zone pleine de fumée.
On fait quoi, Mme la ministre, on expulse ou on tolère actuellement?
Mme
Charlebois :
On espère que la ministre va déposer rapidement son projet de loi puis qu'il va
encadrer tout ça. Mais, M. le député
de Lévis, soyez rassuré, oui, je comprends, puis vous avez raison, qu'il y a
une zone grise actuellement. Et ça ne
fait pas tant longtemps que ça que les cigarettes électroniques existent. Parce
que vous disiez : Maintenant, depuis quelques années, ça progresse. Oui, ça progresse, et on en est
conscients. Ce qu'on veut, c'est travailler à la... La Santé publique fait aussi ça, on veut travailler à
protéger la population, puis on va prendre le meilleur encadrement possible
pour s'assurer que ceux qui veulent arrêter
de fumer puissent le faire avec ces outils-là. Mais, en même temps, on va
travailler à faire en sorte qu'on ne
développe pas plus dépendance à la nicotine. Alors, on est dans tout ça, mais
je suis certaine que ce qu'on va vous
présenter va vous satisfaire, et vous allez travailler en collaboration intensive avec nous pour bonifier ce projet
de loi là. Le député de Rosemont en est jaloux, d'ailleurs.
M. Paradis
(Lévis) : Mme la ministre, soyez assurée qu'on va collaborer parce que
c'est un dossier extrêmement important.
Mais je vous dirai qu'on a hâte d'avoir les surprises que vous nous promettez,
je pense que c'est la deuxième...
Mme
Charlebois : J'ai
hâte de vous en faire une, surprise.
M. Paradis
(Lévis) : ...ou troisième
surprise de la soirée. Alors, bientôt, ce sera la joie. Merci, Mme la ministre.
Mme
Charlebois : Oui.
J'ai hâte de vous faire des surprises.
Le Président (M. Tanguay) : Vous
avez terminé?
M. Paradis (Lévis) : ...oui.
Le Président (M. Tanguay) : Parfait.
Merci...
Mme
Charlebois : On
s'applaudira.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole aux députés formant la banquette ministérielle
pour 21 minutes. Et je cède la parole à la collègue de Crémazie. La parole
est à vous.
Mme
Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Je souhaiterais aborder dans le cadre de nos
discussions les questions de prévention en santé, qu'on n'a pas beaucoup
abordées encore jusqu'à maintenant. Vous savez, M. le Président, j'ai
travaillé fort longtemps dans le réseau de la santé et j'ai eu l'occasion notamment,
bon, de travailler en première
ligne, de travailler en prévention, en amont
des maladies de la santé et de, notamment, faire une maîtrise en tout ce qui
est santé environnementale, donc l'impact de l'environnement au sens
très large, dont l'environnement physique, dont l'alimentation, dont la qualité
de l'air, sur la santé des populations.
Et je lisais
dernièrement un article de La Presse qui parle de la récente étude
du Conference Board où on vient chiffrer
les effets des bonnes habitudes de vie des patients sur les coûts du système de
santé au Québec, et ils soulignaient, dans
le fond, dans cette étude-là que, si une partie de la population changeait ses
habitudes de vie, c'est plus de 800 millions de dollars par année que le Québec pourrait faire
en termes d'économies. Bon, il s'agit évidemment, là, d'approximation, d'estimation à long terme, les résultats sont
approximatifs, mais on disait dans cette étude-là que les conclusions
reposaient sur des hypothèses prudentes.
Et on sait, là, l'OMS l'a mentionné à plusieurs
reprises, là, que la prévalence de six maladies chroniques, l'hypertension, le
diabète, les maladies pulmonaires obstructives, cancer du poumon, maladies du
coeur, maladies cérébrovasculaires, sont
évitables par les habitudes notamment, bon, de vie, mais dont alimentaires,
mais les habitudes de vie de façon
large, dont le tabagisme, l'embonpoint, l'inactivité physique, qui ont un
impact majeur et bien démontré sur ces maladies.
Et, en réduisant les coûts directs, médicaments, soins médicaux, et coûts
indirects, donc pertes de production et de revenus qui sont imputables
aux maladies, on estime que c'est 813 millions de dollars, grosso modo,
qui pourraient être économisés ici, au Québec, d'ici 2030.
Et, plus
spécifiquement, je veux porter ma question, dans le fond, sur la question de,
bon, l'obésité, qui est une des manifestations les plus évidentes et les
plus documentées, à savoir que c'est 60 % des adultes et un enfant sur
quatre qui sont touchés par l'obésité ou l'embonpoint. Et l'agence canadienne,
à ce sujet, bon, mentionne — je
la cite avec exactitude — que «c'est un phénomène complexe qui met en
jeu un éventail étendu et interactif de facteurs biologiques,
comportementaux et sociétaux». C'est sûr qu'il y a le facteur de la génétique
qui joue un rôle sur la question de l'embonpoint et de l'obésité, mais l'Organisation
mondiale de la santé soutient que l'obésité, particulièrement chez les enfants, est essentiellement associée à des
questions d'alimentation ou de manque d'activité physique. Et, bon, bien,
comme maman d'une petite fille qui, en ce
moment, cumule ses petits cubes d'énergie dans le cadre du Défi Pierre-Lavoie,
c'est la bonne semaine pour vous poser la question, Mme la ministre, à savoir
comment vous pensez renforcer vos actions en matière de prévention en santé.
• (18 h 10) •
Mme
Charlebois :
M. le Président, vous constatez à quel point j'ai une adjointe parlementaire
compétente. Je vous l'avais dit
d'entrée de jeu, mais vous allez être d'accord avec moi, M. le Président.
Imaginez-vous donc qu'elle va travailler intensivement avec moi à la politique de prévention en santé. Je suis
très, très, très privilégiée de pouvoir bénéficier de son expertise et de pouvoir travailler à cette
politique de prévention en santé avec elle, puisqu'elle a des connaissances
qui sont non discutables. On va dire ça comme ça, mais je suis... Et elle le
sait, que j'apprécie beaucoup son travail, et on aura l'occasion de faire un
bon travail sur cette politique de prévention, que j'ai pu parler un petit peu
au collègue, tantôt, de l'opposition.
Et, vous
savez, la santé de la population, M. le Président, c'est ma priorité, elle
constitue une ressource essentielle pour notre société. La prévention et
la promotion des saines habitudes de vie sont des priorités que le gouvernement
libéral soutient activement, mais ça, depuis plusieurs années. On ne vient pas
de s'improviser là-dedans comme ça, là, ça fait longtemps qu'on travaille à
cette promotion-là. Je veux vous rappeler qu'on avait mis en place le Fonds de
promotion des saines habitudes de vie, et, à la suite d'une entente conclue
entre le gouvernement du Québec et la Fondation Lucie-et-André-Chagnon, des
projets destinés aux jeunes Québécois de 17 ans ou moins sont soutenus de
façon paritaire.
En vertu de
cette entente, le gouvernement et la fondation versent chacun à la société de
gestion du Fonds pour la promotion
des saines habitudes de vie la somme de 20 millions de dollars par
année pendant 10 ans. Les projets doivent favoriser une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif,
promouvoir des normes sociales encourageant ces habitudes de vie,
soutenir l'innovation, l'acquisition et le transfert de connaissances en ces
matières et s'inscrire en complémentarité avec les actions du plan gouvernemental.
Vous voyez que ce n'est pas peu dire, il y a beaucoup de gestes qui sont posés.
Je veux faire
un petit clin d'oeil au député de Lévis, tant qu'à faire à Mme la députée de Crémazie,
et dire que c'est notre gouvernement qui avait renforcé la Loi sur le tabac, et les résultats ont été
concluants. Et on va se rappeler que le projet de loi n° 112 du ministre de la Santé de l'époque,
qui est maintenant notre premier ministre, comme je l'avais mentionné un
peu plus tôt, était considéré comme l'une des lois antitabac globales les plus
vastes et ambitieuses au monde. Peu de gouvernements
avaient enchâssé autant de mesures dans leur législation antitabac et, encore
moins, avaient été aussi loin que le
Québec sur certains aspects tels que le contrôle des points de vente de tabac
et l'élimination de l'étalage des paquets de cigarettes, et il est certain que la loi du Québec avait servi de modèle
à de nombreux autres gouvernements. Je comprends l'impatience du député de Lévis parce qu'il a hâte qu'on reprenne notre
position de tête de peloton, et on va y arriver, on va travailler ça
ensemble.
Finalement, nous avons interdit l'accès aux
salons de bronzage aussi, Mme la députée de Crémazie, pour les moins de 18 ans, et cette loi, qui avait
comme objectif de prévenir les cancers de la peau, interdit l'offre ou la vente
de services de bronzage artificiel par des
rayons ultraviolets aux mineurs. L'entrée en vigueur de la loi, c'était,
évidemment, accompagné d'un travail de sensibilisation et d'information tant
auprès de la population en général qu'auprès des exploitants de salons de
bronzage. Vous savez, la santé n'est pas souvent le fait du hasard ou d'un
destin génomique prédéterminé, plusieurs
maladies sont causées par des habitudes de vie néfastes ou des nuisances en
environnement. Et je peux vous en
parler personnellement, puisque — j'ai fait quelques confidences ici, en
commission parlementaire — il y a 10 ans, je fumais et j'ai fait de
l'embonpoint après mon arrêt de tabac. Mais tout ça est maintenant chose du
passé, puisque la prévention est venue à bout de mes mauvaises habitudes. Donc,
la prévention permettrait, dans l'avenir, de réduire graduellement la pression
sur le système de santé.
J'ai déjà
mentionné que mon intention est d'aller de l'avant avec une politique
gouvernementale de prévention en santé, et cette politique vise à
améliorer l'état de santé et la qualité de vie de la population du Québec par
une action ciblée et efficace sur des
facteurs individuels et environnementaux qui les influencent. Ce projet est
fondé sur l'idée que la santé
constitue une ressource individuelle, M. le Président, et collective
essentielle au plein développement de la société québécoise, permettant
d'assurer son dynamisme et sa prospérité.
C'est super
important, ce que je viens de dire là. C'est que non seulement ça permet un
bien-être personnel, ça permet un
développement individuel, mais toute la société québécoise peut en bénéficier.
Cette politique serait structurée autour
de quatre grands volets : bref, les capacités des personnes en matière de
santé; les milieux de vie, de garde, scolaire, municipal, travail et communauté; les conditions de vie : l'accès à
une saine alimentation, la pratique d'activités physiques, le logement, les conditions, les groupes les plus
vulnérables de la population; le rôle du réseau de la santé et des
services sociaux en matière de prévention, le déploiement des stratégies de
prévention, la détection précoce des problèmes de première ligne. Il s'agit là d'un grand chantier, d'un grand travail de
collaboration, car les leviers pour ce faire se trouvent dans un ensemble de secteurs d'activité, famille,
éducation, solidarité sociale, travail, aménagement du territoire,
transport, environnement, agroalimentaire, santé et services sociaux.
Alors, je
poursuis le travail avec vous, nous allons réaliser ce beau chantier. Plusieurs
autres actions seront prises pour sensibiliser nos jeunes à l'importance
d'adopter des saines habitudes de vie. D'ailleurs, vous avez parlé tantôt des cubes d'énergie, il y a Le Grand Défi
Pierre-Lavoie auquel je compte bien participer. C'est l'une des stratégies
pour promouvoir l'activité physique et la
saine alimentation. Le Grand Défi Pierre-Lavoie est une initiative de
l'organisme sans but lucratif Go Le Grand Défi, dont la mission est
d'encourager les jeunes à adopter un mode de vie physiquement actif ainsi qu'une saine alimentation. D'ailleurs, pour atteindre
cet objectif, le Grand Défi s'emploie à mobiliser le milieu scolaire québécois et d'amener les jeunes à choisir un mode de vie
plus sain sur une base régulière de façon à ce que ces habitudes
deviennent la norme pour les générations de demain. Parallèlement, il cherche à
sensibiliser les parents à l'importance d'un mode de vie plus sain pour la
santé de leur enfant et, forcément, pour leur propre santé.
J'ai même le
goût de vous dire, Mme la députée de Crémazie, que je me suis prise en main moi-même, vous
savez pourquoi? Parce que
mes petits-enfants grandissent. La plus vieille, qui se prénomme Summer,
a trois ans et demi. Je la voyais me
demander dans quelques années : Grand-maman, est-ce que tu viens jouer au
badminton avec moi? Grand-maman,
est-ce que tu viens jouer au ballon avec moi dans le parc? Grand-maman, dans la
situation dans laquelle elle était, n'aurait pas pu, dans quelques années, profiter de
ces beaux moments avec ses petits-enfants. Alors, c'est ce qui fait que
je me suis prise en main, mais tout ça parce que des gens comme Pierre Lavoie
ont sensibilisé... comme la Fondation Lucie-et-André-Chagnon, ça m'a rejointe.
Ce n'est pas le fruit du hasard que j'ai été sensibilisée à tout ça.
La santé de la population est une priorité et
elle constitue une ressource essentielle pour notre société. Il est démontré que les mesures préventives génératrices
de santé et d'économies sont une valeur ajoutée pour le système de santé et des services sociaux
et pour la société entière. En 2006, le Québec
s'était doté d'un plan d'action gouvernemental et de promotion des
saines habitudes de vie et de prévention des problèmes reliés au poids où
plusieurs organismes et ministères ont collaboré dans le même but.
M. le Président, je suis très, très fière de pouvoir travailler à l'élaboration d'une politique de prévention avec mon adjointe parlementaire. Nous allons faire une équipe du tonnerre et nous
allons déposer quelque chose qui saura éblouir le député de Lévis,
le député de Rosemont et l'ensemble de nos collègues parlementaires.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Pour encore neuf minutes...
Mme
Montpetit : Je vous remercie
pour une réponse avec autant d'éloquence. M. le Président, juste avant
de commencer, combien reste-t-il de temps?
Le Président (M. Tanguay) : Un peu
plus de neuf minutes.
Mme
Montpetit : Un peu plus de neuf minutes. Parfait. Bien, j'enchaînerai avec une autre question
sur — tant
qu'à être sur le sujet des questions de
santé publique — un
sujet qui a fait l'actualité pas seulement au cours des derniers mois, mais je dirais même au cours des dernières années,
toute la question de la vaccination. Et je pense que ce serait important
qu'on profite de l'occasion
pour faire des petites mises à jour, mises au point des connaissances par rapport à ce dossier-là, entre autres. Et on sait que la vaccination demeure le
meilleur moyen de protection face à de nombreuses maladies, et, selon le
Guide canadien — puis
je le cite, là, pour m'y référer — d'immunisation, l'incidence de maladies
évitables par la vaccination a grandement
été réduite au cours des 50 dernières années dans les pays où les programmes
d'immunisation sont efficaces. À titre d'exemple, la variole a été éradiquée à
l'échelle mondiale.
Par contre,
en 2011, donc il n'y a pas très longtemps, le Québec était aux prises avec
une éclosion de rougeole, qu'on
considérait éliminée des Amériques depuis 2002, et ça a été une des plus
importantes éclosions survenues dans la province. À l'époque, bon, une importante campagne de vaccination de
rattrapage a été organisée dans toutes les écoles, mais ça a été l'occasion de resoulever toute
la question de la désinformation par
rapport à la vaccination. De
nombreuses croyances erronées circulaient et
circulent encore aujourd'hui, puis là j'en témoigne encore comme jeune maman,
où on se pose plein de questions
quand on a un bébé, quand on a un jeune enfant, et on a peut-être
la bonne ou la très mauvaise habitude d'aller sur des forums de
discussion, et là on lit tout et son contraire sur ce genre de sujet là, dont
sur la vaccination.
Et, à cet
effet, je citerais un article, qui était bien intéressant, de Paul Journet le
23 mars dernier. Puis je veux le citer
parce qu'il met vraiment en exergue
une des problématiques par rapport à la question de la vaccination, il
dit — ça va ainsi, là : «Chaque tête est un
champ de bataille où la raison et l'intuition s'affrontent.
«Et la raison est désavantagée par sa lourdeur.
Elle emploie la mémoire de travail et le raisonnement abstrait. Une tâche à la fois. De son côté, l'intuition est
rapide, parfois inconsciente, jongle avec plusieurs tâches et trace des liens,
réels ou imaginés. Par paresse, elle utilise des raccourcis qui mènent à un
cul-de-sac.
«Des
exemples? Chercher ce qui confirme nos préjugés et ignorer le reste.
Sous-estimer les risques à long terme, comme celui d'être éventuellement
infecté. Et surestimer les risques à court terme ou les événements peu
probables, comme un effet secondaire du vaccin. Google aide ensuite à pêcher
ces cas extrêmes dans l'océan du Web. Surtout si ce sont [ceux] qu'on
[recherche]...
• (18 h 20) •
«Dans ce
combat, la science a une main attachée derrière le dos. Il est plus difficile
de démontrer qu'un danger n'existe pas que d'avancer qu'il existe. Pour
paraphraser le sociologue Gérald Bronner, les antivaccins cuisinent un ragoût argumentatif. Des informations disparates
sont rapiécées de façon confuse.
Elles ne prouvent pas la vérité de leur théorie mais donnent une
impression de vraisemblance. Que tout cela ne peut pas être faux.»
Et
je trouvais que cet article-là... en fait, cet extrait d'article, là, représentait bien, justement, le débat qu'on
peut avoir comme parent, quand vient le
temps de prendre une décision si on fait vacciner ou non notre enfant, entre,
justement, l'intuitif, l'argumentaire... Je
ne sais pas si on appellerait ça l'argumentaire social ou populaire, en fait.
Et je crois, justement, que c'est
l'occasion, aujourd'hui, de remettre les faits et les réelles raisons qui
guident la promotion de la vaccination, les avantages, et je souhaiterais redonner l'occasion, comme ministre, de
remettre de l'avant les explications justes, fiables et crédibles qui sous-tendent, en fait, ces campagnes
de vaccination, pourquoi, justement, la population doit comprendre qu'il
y a bien des maladies évitables par la vaccination. Bon,
elles sont très rares de nos jours, mais les bienfaits qui sont reliés aux vaccins l'emportent, contredit, sur les
faibles risques reliés à la vaccination, et donc je souhaiterais, Mme la
ministre, là... c'est une question très,
très large, là, mais que vous nous fassiez état de ce qui est de la vaccination
et que vous nous alimentiez sur ce dossier qui a fait les manchettes à
plusieurs reprises.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci beaucoup. Mme la ministre.
Mme
Charlebois : M. le Président, merci. Ça me fait plaisir de
pouvoir expliquer davantage les bienfaits de la vaccination. Puis, effectivement, la science a démontré que c'est la
meilleure immunisation qu'on peut avoir que d'être vacciné. Il y a
beaucoup de maladies — vous
l'avez fait allusion dans votre préambule — qui sont disparues de notre connaissance, et, parce qu'elles sont disparues,
on assume ça. Mais non, c'est la vaccination qui nous a permis de faire
en sorte que nous n'ayons plus les maladies
dont vous avez fait mention à l'agenda, et c'en est une, forme de
prévention, honnêtement.
Et on a juste à
convenir ensemble... Vous avez vu certainement, il y a quelque temps, dans
Lanaudière, on a eu un épisode de rougeole.
Bien, c'était un ensemble de gens qui n'avaient pas été vaccinés, et ça nous a
permis de dire que... La Santé publique a suivi le dossier de près, et
je veux les saluer, d'ailleurs, parce qu'ils ont réagi rapidement, ils ont posé les gestes appropriés, et on a dû
aller jusqu'à faire une politique de retrait en milieu scolaire pour éviter
la propagation du virus.
Mais
essentiellement, là, ce qu'il est important de dire, c'est que c'est une
responsabilité des parents que de faire vacciner. Il n'y a aucun lien scientifiquement prouvé qui nous amène à
croire que la vaccination peut déclencher toutes sortes d'autres conséquences. C'est le meilleur moyen de se prémunir
contre des maladies qui sont graves, hein? Je prends la rougeole en exemple, c'est une maladie qui
peut, dans un cas sur 5 000, si je ne m'abuse, faire en sorte que les
gens peuvent mourir. Il y a d'autres conséquences graves qui peuvent arriver
dans la vie des jeunes, et pourquoi se priver de
cette opportunité de vaccination? La tuberculose, par exemple, on n'en entend à
peu près plus parler. La vaccination nous a permis, entre autres comme
la rougeole... d'être éradiquée.
Si
je peux vous donner l'exemple — c'est ce que je viens de me faire donner,
là — les
complications qui peuvent arriver
avec cette maladie qui est très contagieuse qu'est la rougeole... «peut
occasionner des complications, dont certaines graves comme une encéphalite, un cas sur 1 000 — c'est beaucoup, là — et même un décès, un cas sur 3 000.»
C'est ce que je disais, alors, et
10 % de ces jeunes peuvent nécessiter une hospitalisation. Pourquoi avoir
besoin de se rendre là? Et la position
de la Santé publique, il y a eu des recherches de faites... Puis, vous savez,
les experts en santé publique, quand ils émettent une opinion, là, c'est vraiment documenté, c'est vraiment
analysé, puis ce sont des experts, et leur position sur la vaccination a été claire, là, les vaccins sont
sécuritaires, efficaces et nous permettent de nous prémunir contre des
maladies graves et contagieuses.
Alors,
dans le cas de Lanaudière, je veux vous rassurer en vous disant que la
situation s'est résorbée. Mais ce qu'on incite à faire, c'est de dire aux parents que c'est de leur
responsabilité de faire vacciner leurs enfants pour leur éviter des
complications graves. J'invite les gens à vraiment prendre conscience qu'il y a
des maladies qui sont graves qu'on n'entendait
plus parler, que, là, si on laisse aller la vaccination, on va revoir
apparaître ces maladies-là, et il y aura des conséquences importantes, alors, comme la rougeole, notamment. Alors, je
vous reviens en vous disant que les vaccins sont sécuritaires,
efficaces. J'incite la population à se faire vacciner.
Et,
en terminant, plusieurs activités sont prévues, dont un documentaire cette semaine
à Explora. On invite les gens à
l'écouter. C'est justement la Semaine mondiale de la vaccination, il y aura beaucoup
de choses qui vont être dites dans ce documentaire-là
qui peuvent faire en sorte de renseigner mieux les parents. Mais, honnêtement, on ne peut pas se priver de cet
aspect-là, de faire en sorte de protéger nos enfants au maximum. Et c'est
protéger les autres aussi. Ce n'est pas juste se protéger, soi, c'est protéger l'ensemble de la population. Je ne sais pas si ça vous convient comme réponse
ou si vous voulez qu'on aille un
petit peu plus loin.
Mme
Montpetit : Non, je pense que ça permet de remettre en perspective, effectivement,
la nécessité de la vaccination. Je pense
que, comme gouvernement, ce serait probablement une bonne optique
de penser renforcer le discours de façon générale sur la vaccination
aussi souvent qu'on pourra le faire parce que les épidémies qu'on a vues, effectivement,
dernièrement, dans les dernières années, dans les derniers mois, je pense que c'est
non seulement pas souhaitable, là, c'est... et il faudrait éviter qu'il puisse
y avoir une tendance en ce sens, des inquiétudes et... C'est un phénomène,
hein? Plus les gens se parlent, plus on aura des gens qui prendront une
direction ou l'autre. Donc, simplement s'assurer, dans le fond, de taper
sur le clou, de renforcer ce message-là le plus souvent qu'on pourra le faire
dans le discours gouvernemental, dans le discours public, dans le discours de
la santé publique également.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. 10 secondes.
Mme
Charlebois :
...les éclosions. Il n'y a pas eu d'épidémie, mais grâce, justement,
à une vigilance active du département de santé publique à Lanaudière
puis ailleurs.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci beaucoup. Alors, maintenant, je cède la parole à
notre collègue de Rosemont pour un bloc de 20 minutes.
M. Lisée : Merci,
M. le Président. Alors, simplement
aviser la ministre qu'à la fin je lui remettrai ces documents
envoyés par les citoyens de Gatineau à son intention.
Je
vais vous parler d'autisme. Et, comme je vais parler d'argent et comme je sais
que... Parce qu'on commence à
se connaître, la ministre et moi, M. le Président, je sais que la ministre
dit : Ah oui! Mais, si on n'avait pas eu un trou de 7,2 milliards, peut-être
qu'on en aurait, de l'argent. Alors, je veux simplement dire rapidement que ce
chiffre, M. le Président, de 7 milliards n'apparaît pas dans un rapport ni du Vérificateur général ni le rapport Godbout-Montmarquette qui avait été demandé par le
premier ministre. Ce chiffre est apparu récemment dans des documents libéraux,
c'est une nouveauté. Sept économistes québécois ont déclaré dans une lettre
ouverte aux journaux que le gouvernement du Québec a entrepris une
campagne de désinformation quant à l'ampleur de son déficit, tente de
convaincre les Québécois que l'État a atteint une taille insoutenable et qu'en
conséquence il est urgent de l'amincir.
De la même
façon, Gérald Fillion, qui est le chroniqueur économique à Radio-Canada,
parlant du 7 milliards, il dit : «Ces chiffres n'existent pas
dans la réalité. Ce sont des projections qui sont faites et qui sont utilisées
dans la communication politique du
gouvernement...» Et il appelle le gouvernement Couillard... Je m'excuse d'avoir
utilisé le mot. «...le gouvernement
[libéral] gagnerait en pertinence en parlant des vrais chiffres», dit ce
communicateur reconnu.
Et même le
Vérificateur général, qui n'utilisait jamais ce chiffre, disait : Les résultats
réels seront différents des informations
présentées dans mon rapport. Alors, on peut continuer à dire que c'est
7 milliards, mais c'est un chiffre libéral qui n'existe dans aucune
autre note économique indépendante, quelle qu'elle soit.
Mais il y en
a, de l'argent. Malgré ce déficit inventé, il y a eu 210 millions de
dollars pour des gens qui n'étaient pas malades cette année, 210 millions de dollars pour les médecins
spécialistes en augmentation de rémunération. Ils n'étaient pas
autistes, ils n'étaient pas itinérants, ils n'étaient pas malades, il y a un
choix politique qui a été fait de leur verser cette somme.
Maintenant,
les autistes. J'ai entendu la ministre dire tout à l'heure que c'est une
priorité pour elle, et je la crois, et je crois que c'est une situation qui la préoccupe, et je crois qu'elle
aimerait faire mieux. Elle sera d'accord avec moi, les chiffres montrent
qu'au 31 mars 2013 — peut-être qu'elle a des chiffres encore
plus récents — le
nombre d'enfants autistes de zéro à quatre ans
en attente de services était de 849, une augmentation de 150 en un an. Le
nombre d'enfants de 0-17 ans en
attente était de 1 430, c'est à peu près 200 de plus que l'année
précédente. Et, comme la ministre l'a dit, l'augmentation est
fulgurante. C'est son terme, son terme exact sur le taux de prévalence de
l'autisme. La ministre précédente, du
gouvernement du Parti québécois, avait utilisé le terme de tsunami, on est
devant un tsunami. Alors, pourquoi n'y
a-t-il pas d'augmentation des sommes investies par ce
gouvernement pour la déficience intellectuelle et le trouble du spectre
de l'autisme?
On voit, dans
le budget de dépenses de cette année, comparativement à l'an dernier, une
augmentation de 0,7 %. Alors, la
ministre elle-même considère que l'inflation est de 1 %, et le reste de la
société considère que l'inflation est plus importante. Et donc,
lorsqu'on augmente de 0,7 % le budget pour déficience intellectuelle et
trouble du spectre de l'autisme, on réduit,
on réduit. Alors qu'on est en augmentation fulgurante des cas, alors qu'il y a
une augmentation de l'attente, du
nombre d'attente, pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de ne pas augmenter
et, en fait, de réduire légèrement ces budgets-là si c'est, pour la
ministre, une priorité?
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
• (18 h 30) •
Mme
Charlebois :
Tout d'abord, je vais reprendre le préambule de mon collègue avec beaucoup de
gentillesse et lui dire que, si on avait eu
les crédits quand ils ont déposé leur budget, ça nous aurait permis de le
constater. Effectivement, c'est sur
des projections, sur des engagements que leur gouvernement avait pris qui fait
qu'on était à 7 milliards et plus. C'est ce qu'on a défait depuis qu'on est là, effectivement, pour arriver
à l'équilibre budgétaire. Là-dessus, on ne s'entendra pas. On va arrêter
de parler de ça, puis on va y aller sur les enfants autistes, je pense que ça
va être plus constructif.
Une fois
qu'on a parlé de ce que je viens de vous dire, oui, c'est ma grande priorité,
les enfants autistes. En fait, j'en ai
plus qu'une, mais celle-là aussi me préoccupe grandement, et c'est la raison
pour laquelle, quand on a fait le projet de loi n° 10, on a rencontré les organismes en réadaptation et on
s'est assurés de maintenir, protéger l'expertise et continuer de la
développer. C'est pour ça que les intervenants de cette association-là se
retrouvent à l'INESSS, à l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux.
Je veux aussi
vous dire que c'est pour ça qu'il se poursuit de la recherche, c'est pour ça
qu'on a fait une entente avec Miriam,
la Fondation Miriam, et c'est aussi pour ça qu'on a fait le projet de loi
n° 10, pour nous assurer d'une meilleure accessibilité aux services, première, deuxième ligne, augmenter la capacité
du nombre de diagnostics. Est-ce qu'il y a plus à faire? Oui. Est-ce que
je m'engage à travailler dans ce sens-là? Oui. Est-ce que tout est réglé? Non.
Je peux vous
dire qu'on a des choses qu'on a travaillées dans la dernière année. Un an, ça
passe vite, mais on a déjà... Parce
que ça double à tous les quatre ans, oui, il y a une augmentation de cas sur la
liste d'attente en diagnostic, c'est pour ça qu'on a fait une entente
avec la Fondation Miriam. Mais j'ai le goût de vous dire qu'on va aller chercher
une expertise là qu'on va pouvoir
retransposer dans le Québec. Mais, au-delà de tout ça, il y a beaucoup plus de
cas qui sont... parce que ça double
tous les quatre ans, oui, il y a une liste d'attente au diagnostic, mais il y a
plus de gens qui reçoivent des services
aussi. Parce que ce n'est pas peu dire, M. le Président. Quand on dit que ça
double tous les quatre ans, là, c'est un dossier qui est préoccupant, puis je comprends que le député de Rosemont
s'en préoccupe aussi. Il faut tout faire, mettre en oeuvre des moyens
pour aider ces familles-là qui vivent avec des enfants...
Il connaît
certainement l'intervention comportementale intensive, ce qu'on appelle le
programme ICI, qui est une approche
reconnue qui est en application à travers tout le réseau de la santé pour,
justement, ces enfants-là. Puis, comme je
le disais un petit peu plus tôt, plus on agit tôt dans la vie des enfants qui
souffrent du trouble du spectre de l'autisme, ce qu'on appelait anciennement les TED — ça marche encore, les TED, mais, en fait, la
vraie appellation, c'est «troubles du spectre
de l'autisme» — plus on
intervient tôt, plus on peut se prémunir d'une bonne défense et réduire des
comportements ou des
cas graves, bref, réduire les risques de beaucoup, faire en sorte qu'ils
puissent adopter une vie plus facile plus tôt. Et ça va nous permettre d'aussi intervenir auprès de
plus de jeunes si on les a moins longtemps en traitement. Vous comprenez?
M.
Lisée : Nous sommes d'accord, M. le Président, la ministre et
moi, sur le fait que ça double aux quatre ans. Mais, si ça double aux quatre ans, ça ne se peut pas qu'on réussisse à
répondre à la demande, même en optimisant, si on n'indexe même pas le
budget. Le budget n'est même pas indexé à l'inflation. J'ai eu, dans mon bureau
de comté récemment, des témoignages de gens qui disent : Écoutez,
qu'est-ce qu'ils font localement sur la première ligne pour s'adapter à la non-augmentation de leur budget,
puisqu'il y a une augmentation de demandes? Alors, maintenant, il y a les
dossiers fermés. Ils ouvrent un dossier d'autisme, et là ils le ferment. Parce que,
dans la statistique, le dossier est fermé, donc on peut passer à une
autre intervention. Et là, puisque rien n'a été fait que d'ouvrir et de fermer
un dossier, la famille doit recommencer pour rouvrir un dossier. Ça, c'est ce
qui se passe en ce moment, là, pour essayer de justifier des statistiques alors
qu'il n'y a pas de ressources supplémentaires.
Il y a
deux rapports qui ont été rendus au cours des derniers mois. Décembre 2010,
un rapport qui a été remis sur les actions à prendre pour les autistes
de 21 ans et plus et les gens qui ont une déficience parce qu'ils tombent
dans un trou. Alors, le rapport a été remis,
le ministère a fait un certain nombre de recommandations, mais, comme le dit l'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées, le ministère
n'a présenté aucun caractère concret
dans ses recommandations, aucun
échéancier n'y est indiqué, aucun engagement financier pour soutenir les services pour les clientèles actuelles. Je
comprends la ministre, le président du Conseil du trésor ne lui donne pas
de sous. Un rapport qui dit : Pour 21 ans et plus, il faut faire
quelque chose. Ils disent : Bien, écoutez, on n'a pas de sous.
La Protectrice du
citoyen a remis son ixième rapport. Ça fait des années — et là
bien avant la ministre actuelle — qu'on dit qu'il faut faire plus, qu'il faut
faire mieux, et elle fait une série de recommandations, en particulier avoir un intervenant pivot qui va suivre, de
l'enfance pendant toute sa vie, la personne, justement pour qu'il ne se
perde pas constamment, dossier ouvert,
dossier fermé, on ne sait pas ce qui se passe. Bien, les recommandations de la
Protectrice du citoyen demandent un plan d'action d'ici le 19 juin. Alors,
je demande à la ministre si ça va être prêt pour le 19 juin.
Et, deuxièmement, il
est évident qu'il est impossible d'appliquer ces recommandations de la
Protectrice du citoyen sans avoir des sommes
supplémentaires, c'est impossible. Alors, est-ce que la ministre va être
capable, dans l'année fiscale qui
s'ouvre, d'avoir des sommes supplémentaires pour ne pas seulement indexer, mais
augmenter les services offerts à une population qui est de plus en plus
nombreuse et qui a des besoins qui sont clairement non satisfaits selon les
rapports qu'elle a en main?
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
Le rapport faisait allusion à quelle année, déjà?
Une voix :
2014.
M. Lisée :
Le rapport qui a été rendu public en décembre 2014.
Mme
Charlebois : Il a été rendu public en 2014 sur les services
qui ont été donnés antérieurement, n'est-ce pas?
M. Lisée :
Alors, le rapport...
• (18 h 40) •
Mme
Charlebois : Alors, tout ça pour vous dire que ça datait
aussi dans votre temps. Mais ça ne va pas donner une réponse de services
aux gens. Alors, je ne vais pas me tenir là-dessus, mais on pourrait jouer
là-dessus aussi.
Alors, oui, je
comprends votre préoccupation et je veux vous confirmer que le plan d'action
qu'a demandé la Protectrice du citoyen va
être déposé pour le mois de juin. On est en action là-dessus, puis ce n'est pas
des farces quand je vous dis que je suis vraiment préoccupée par la
situation. Il n'y a pas que l'argent qui va donner des services, la réorganisation... Je sais que vous ne comprenez
pas ça, là, mais il y a des gros changements qui s'opèrent dans le
réseau de la santé, première ligne, deuxième
ligne... excusez, M. le Président, je devrais m'adresser à vous, première
ligne, deuxième ligne et, au besoin,
la troisième ligne vont être en réseau, un dossier pour une personne. Je l'ai
entendu parler, de votre dynamique où
il y a des gens qui se faisaient fermer leur dossier. S'il vous plaît, prenez
en note ça parce que je veux être mise au fait. Parce que le projet de
loi n° 10 nous fait voir ces choses-là, mais va nous permettre d'éviter
ça, d'éviter de travailler en silo.
Ce
qu'on veut, c'est un plan d'action intégré pour les personnes qui souffrent du
trouble du spectre de l'autisme, mais
aussi pour leurs familles. Et j'ai le goût de vous dire qu'il y a les jeunes,
mais il y a les adultes, c'est des problématiques différentes. C'est pour ça qu'il faut donner des
services le plus rapidement possible pour les jeunes, pour éviter que
leur situation s'aggrave, qu'ils puissent
s'intégrer facilement dans la vie avec des mesures qui leur permettent d'être
des citoyens à part entière. Mais aussi il faut qu'on aide ceux qui sont
déjà là, qui sont déjà à 21 ans, et, croyez-moi, il y aura un plan
d'action qui va être déposé pour juin, et on travaille activement à trouver des
solutions.
Est-ce
qu'on peut faire mieux? Je vous le concède. Est-ce que c'est toujours par
l'argent? On a promis un retour à l'équilibre
budgétaire, on va y arriver, mais pas en coupant les services aux gens. Je vous
rassure, il y a une réorganisation du
réseau de la santé. Au lieu que tout le monde travaille dans son silo, ferme
les dossiers pour aller chercher un autre service, c'est terminé, chaque citoyen, chaque usager, chaque enfant,
chaque adulte aura un dossier par région, pourra obtenir une multitude de services. Et ce qui est merveilleux et majeur,
c'est que chaque professionnel va voir ce que l'autre a fait dans son
dossier. Alors, ils vont pouvoir être en complémentarité, en continuité, M. le
Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. M. le député de Rosemont.
M. Lisée : Mme la ministre,
encore une fois, je ne doute pas de votre bonne volonté, mais je regarde, donc
il y a deux rapports dont il est question.
Et celui que vous avez reçu en décembre, vous avez la synthèse du rapport,
donc, qui a été validé par vos services.
Qu'est-ce qu'ils disent? Ça, c'est clair que c'est écrit par des gens à qui on
a dit : Il n'y en a pas, d'argent. Alors, ils ont dit : Mettre
en place un comité interministériel, rédiger un document qui explique les trajectoires, diffuser le document, concevoir un
guide de soutien, diffuser le guide, transmettre l'information. Ça ne
coûte rien, mais ça ne fait rien. Je veux
dire, c'est mieux d'avoir le guide, puis le document, puis le comité, mais ce
que ça prend, c'est des intervenants
qui rendent des services, hein, qui font l'ICI pour... C'est ça. Ça, ça coûte
des sous. Ce n'est pas vrai qu'en n'indexant même pas le budget on va
réussir à rendre des services.
Je crois tout à fait qu'on peut faire mieux avec
l'optimisation puis avec la réforme de structure, mais je vous rappelle que le ministre de la Santé a bien dit
que les 200 millions qui vont être économisés, pense-t-il, par le projet
de loi n° 10, il va remettre le chèque
au Conseil du trésor. Il n'y a pas un dollar qui va être réinvesti ni pour les
autistes ni pour qui que ce soit
d'autre. Les seuls qui sont certains d'avoir une augmentation, c'est les
médecins spécialistes, 210 millions.
Maintenant, je veux juste...
Mme
Charlebois : ...chose
là-dessus?
M. Lisée : Allez-y.
Le Président (M. Tanguay) : Oui, Mme
la ministre.
Mme
Charlebois :
Ce que j'ai aussi le goût de vous dire par l'intermédiaire du président, c'est
que je comprends votre préoccupation,
mais, avant de mettre de l'argent, il faut s'organiser, il faut voir à ce que
tout le réseau s'organise et il faut
voir, pour les services dans cette clientèle spécifique là, qu'il y ait une
organisation au préalable parce qu'en ce moment on ne peut pas dire que c'est le cas. Et, si vous en doutez, vous
pourrez demander à celle qui est ma prédécesseure, qui était à votre gouvernement, elle pourra certainement
vous confirmer le tout, il y a du travail de réorganisation à faire dans
tout ce qui est les services pour ces personnes-là avant d'injecter de l'argent
de plus.
Et je veux
vous dire qu'au-delà de l'argent de plus la réorganisation du réseau de santé
va faire qu'ils auront des moyens de plus. Mais, avant tout ça, il faut
vraiment réorganiser les services autour de ces gens-là parce que c'est
complètement... En tout cas, je n'utiliserai pas le mot.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
député de Rosemont.
M. Lisée : Mme la ministre
doit savoir que c'est bien de faire des comités interministériels puis c'est
bien de faire tout ça, mais, s'il y avait immédiatement l'indexation ou une
augmentation de 5 %, 10 %, 15 %... Un chiffre par hasard, s'il y avait 210 millions de plus à
mettre cette année en déficience intellectuelle et en trouble du spectre de
l'autisme, on saurait quoi faire avec. Il y
a des listes d'attente, il y a des gens qui pourraient être embauchés. Les
infirmières, là, qui ont été virées à la Direction de la santé publique
de Montréal, on pourrait peut-être les embaucher pour faire ce que la Protectrice du citoyen dit de faire : Un
intervenant pivot responsable pour coordonner le parcours individuel, faire
une norme standard de continuité au bénéfice des usagers qui auront à se
déplacer d'une région à une autre, assurer que chaque usager présentant une
déficience requérant la coordination des services de plus d'un dispensateur de
services bénéficie d'un plan de services individualisé adéquat coordonné par un
intervenant pivot.
Ça, là, ça prend des sous. C'est une meilleure
organisation, mais ça prend des sous parce qu'il n'y a pas assez d'intervenants pivots en ce moment pour ceux qui
sont là, qui attendent. Et le fait que ça double aux quatre ans...
Alors, ce que la ministre me dit
aujourd'hui, que, lorsqu'elle va répondre à ces recommandations de la
Protectrice du citoyen, elle n'aura pas un sou supplémentaire à mettre
dans l'année fiscale qui commence et que, donc, ce seront des comités interministériels, puis la rédaction de documents,
puis la diffusion de documents, et pas des intervenants pivots
supplémentaires dont les gens ont besoin pour les accompagner dans leur vie.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
Mme
Charlebois :
Bien, ce que je comprends, M. le Président, c'est que le député dénigre le
travail qui a été fait par son propre
gouvernement qui a mis ce comité-là en place, et il trouve que ce n'est pas
important. Moi, ce que j'ai le goût de
lui dire, là, c'est qu'on a pris acte des recommandations de la Protectrice du
citoyen, M. le Président, et je ne prends pas ça à la légère, et, oui, on va favoriser la continuité des services,
l'accès à des services professionnels, la complémentarité, hein? Puis
c'est superimportant, ce que je suis en train de dire là, c'est un ensemble de
gestes qui va faire qu'on va pouvoir aider ces gens-là.
Et il n'y a
pas que l'argent qui peut faire ça. Je comprends que, eux autres, leur réponse
à tout... C'est pour ça qu'on arrivait
à 7 virgule quelques milliards, parce que leur réponse à tout, c'était toujours
l'argent. Ce n'était pas de s'organiser, c'était l'argent. Moi, je vous
dis qu'il faut organiser mieux nos services dans tout ce qui concerne le
sociopro et tout ce qui concerne les autistes de 21 ans et plus. Il le
sait très bien. D'ailleurs, le groupe de travail a été mis en place en avril 2013. Nous, on a continué le travail parce qu'on juge que c'est suffisamment important pour ne pas interrompre puis recommencer
d'autres choses. On a dit : On va prendre ça d'où c'est.
Et on prend en note... Je
prends très au sérieux les recommandations qu'a faites la Protectrice du
citoyen. Et savez-vous quoi? Encore là, il aura certainement le loisir de voir
les choses que nous mettrons en place au cours des prochains mois. Je ne vais pas ralentir mes efforts et mes ardeurs, mais
je vous répète, M. le Président, que je vais tout faire pour m'assurer que
ces gens-là obtiennent les services adéquats. Et il y a, oui, une
problématique. Est-ce qu'on peut s'améliorer? Oui. Est-ce qu'on y veille et est-ce
que les gens du ministère y veillent? Oui.
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
Pour encore 50 secondes.
M. Lisée : Simplement dire, donc, qu'il y a deux rapports. Il y a un
rapport que nous avions commandé, que vous avez reçu et dont l'Alliance québécoise
des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées considère que ce que vous avez fait avec le
rapport, c'est le tabletter — c'est
les mots qu'ils utilisent — tabletter
ce rapport et compromettre les services socioprofessionnels parce que
vous n'aviez pas un sou de plus.
Et là il y a
un deuxième rapport, de la Protectrice
du citoyen, vous devez y répondre d'ici
juin, vous allez le faire. Mais ce que
vous me dites en ne répondant pas à ma question,
c'est qu'il n'y aura pas un sou de plus. Alors, on va brasser du papier, on va brasser du papier sur des
tablettes, on va... Je vous donne que sûrement qu'on va mieux organiser
certaines choses, mais, s'il n'y a pas un
sou de plus — ce que
vous me dites, puis il y a des sous de moins cette année parce que vous
n'indexez pas — on
ne peut pas avoir des services de plus si on ne met pas un sou de plus.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Alors, ceci met fin à cet échange, et je cède
maintenant la parole pour 8 min 48 s au collègue de Lévis.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Je vais revenir sur un autre élément de la prévention
extrêmement important. On a parlé tout à
l'heure de tabagisme, et je reprends le thème abordé par la députée de
Crémazie, dont celui de la petite
fille qui amasse des cubes d'énergie pour éviter de vivre un surplus de poids
ou des problématiques, des maladies chroniques
reliées à l'obésité, le diabète, l'hypertension. Ce n'est pas léger, ce qu'on
dit, hein, le diabète, l'hypertension, les problèmes cardiovasculaires,
les maux de dos, etc., vous le savez.
En mars,
c'est tout récent, le gouvernement a déposé le bilan des réalisations et des
retombées du Plan d'action gouvernemental de promotion des saines
habitudes de vie et de prévention des problèmes reliés au poids. Très long, mais il y a plein de choses là-dedans. L'étude
démontre que l'obésité, c'est un des pires facteurs pour la santé au
Québec. Le surplus de poids entraîne des
coûts annuels de 1,5 milliard de dollars en frais d'hospitalisation, en
consultations médicales. C'est la
première fois qu'on dispose d'estimations comme celles-là. Le coût réel est
encore plus élevé, probablement, parce qu'il y a des valeurs dont on n'a
pas tenu compte.
L'étude
démontre aussi... Là, c'est un peu problématique, et on s'en ira vers la
question, mais l'étude démontre aussi
que le gouvernement du Québec a raté son objectif de lutte contre l'obésité
parce qu'il y a des chiffres qui le prouvent, ça continue de progresser
dans la province. Les objectifs visant la réduction de l'obésité et de
l'embonpoint n'ont pas été atteints. Et là,
bien, je vous donne un exemple, période 2006-2012, Québec s'était donné
l'objectif de réduire de 2 % le taux
d'obésité et 5 % l'embonpoint chez les jeunes et les adultes.
Manifestement, ça n'a pas cessé d'augmenter. Il y a des prévisions qui démontrent même que la situation ne
cessera d'empirer d'ici 2030, et pourtant il me semble qu'il y a des efforts qui sont faits. Et tous sont très
conscients de l'importance de faire de la prévention puis de modifier ses
habitudes de vie, bien sûr, et le bilan
réalisé démontre que, de 2005 à 2010, la prévalence du surplus de poids a
augmenté de plus de 3 % chez les
adultes. C'est des conséquences importantes, des conséquences parce que, je
vous le disais il y a deux instants, il y a davantage de visites chez le
médecin, surtout plus d'hospitalisations. C'est deux conséquences directes, et
ça, ça explique, évidemment, le fardeau
économique de l'obésité. C'est calculé par les chercheurs de l'Institut
national de santé publique du Québec, ça a été rendu public mardi, ça
représente 10 % des coûts totaux de ces deux postes budgétaires. C'est
beaucoup d'argent.
Pire encore,
j'en ajoute, de 1987 à 2010, on constate que la proportion des adultes
québécois âgés de 18 ans et plus ayant
un surplus de poids est passée d'un adulte sur trois à plus d'un adulte sur
deux, et pourtant, bien, on tente de faire de la prévention à ce chapitre-là. Et on salue les initiatives, évidemment, de
gens que vous avez cités, M. Lavoie, que je connais bien. Puis j'en
profite pour saluer des gens qui sont aussi des citoyens, qui nous écoutent. Je
salue — et
je donne les prénoms parce que j'en ai
rencontré cette semaine — Steve, Denis, Jean, Michel. Ce sont des gens qui sont passés
par une opération, la chirurgie bariatrique.
Vous savez que Steve, lorsque je l'ai rencontré la première fois pour faire un
grand reportage sur une problématique de
poids parce qu'il était soucieux de ça, on a dû se rendre au garage municipal
pour le peser, il pesait 750 livres,
Mme la ministre, 750 livres. Il a réussi à baisser à 400 quelques. Il ne
baissera jamais en bas de ça parce
qu'à un moment donné c'est dangereux pour la santé. Et Steve, malgré ce poids
important, mais une perte phénoménale, souhaite
qu'on fasse davantage pour éviter que d'autres traversent ce qu'il a traversé.
Alors, c'est la pointe de l'iceberg dont je vous parle. Au Québec, il y a 2 000 personnes qui sont en
attente — et vous
le savez — d'une
chirurgie bariatrique, et les attentes sont longues.
• (18 h 50) •
Si on
reconnaît, donc, ensemble, tout le monde ici, la rentabilité d'investir dans ce
domaine-là, la prévention, ça demeure
l'un des domaines les moins bien financés. On en a parlé depuis le début, on se
dit, on vous a dit : Avez-vous réussi
à convaincre vos collègues du Conseil des ministres, le président du Conseil du
trésor que vous aviez besoin d'argent? Parce
qu'à chaque dollar investi on récupère. Ce n'est pas des dépenses, c'est de
l'investissement. Et, on le répète ensemble et on souhaiterait que vous en ayez davantage, il faut
prendre un virage, un virage prévention plus ambitieux. Il faut
encourager les jeunes, il faut encourager les adultes, il faut créer des
environnements plus faciles, bien manger, être actif. Ça fait longtemps que les fonctionnaires du gouvernement travaillent
sur la politique nationale de prévention. Pourquoi la ministre déléguée,
consciente de tous ces problèmes, les chiffres étant là, ils sont tout
récents... Pourquoi la ministre déléguée à
la Santé publique n'a-t-elle pas encore rendu publique la politique nationale
de prévention? Et quels sont les mandats
qu'elle se donne pour lutter contre l'obésité? Parce que, manifestement, les
chiffres sont encore extrêmement inquiétants.
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois : M. le Président, effectivement, nous
travaillons sur une politique nationale de prévention, et c'est une priorité. Puis, comme je le mentionnais
tantôt, on va faire ça ensemble, mon adjointe parlementaire la députée
de Crémazie et moi. Et il a tout à fait
raison, le député de Lévis, il faut faire la promotion des saines habitudes de
vie, et c'est ce qu'on a toujours
fait, nous, comme gouvernement, et je n'ai pas de mal à continuer de faire ça
parce que, vous avez raison, l'obésité, il y a un coût rattaché à ça, et
il faut faire en sorte que nous puissions aider nos concitoyens à faire en
sorte qu'ils n'aient pas à vivre ce problème-là.
Et
je veux saluer Steve, dont vous faites mention, parce qu'honnêtement il fait
preuve de courage, et je le sais, moi,
pour avoir perdu 85 livres. C'est moins que Steve, mais il n'en demeure
pas moins qu'il faut... À quelque moment que je fais mon exercice physique... Moi aussi, là, j'ai mon entraînement,
mais il y a certains moments où ça ne me tente pas trop, tu sais, puis il faut que je me parle, puis,
en bon québécois, que je me donne un petit coup de pied pour y aller et
faire qu'est-ce que j'ai à faire. Puis c'est ça qui incite, je me rends compte
que l'exemple qu'on donne fait beaucoup de résultats
aussi. Et, vous avez raison, des gens comme Pierre Lavoie, des gens comme la
fondation Chagnon peuvent faire une différence, mais tout ça peut
s'intégrer dans une politique de prévention en santé.
Et
je veux vous rappeler que les leviers ne vont pas se faire seulement par le ministère
de la Santé, ça va se faire à travers tous les ministères. Que ce soit
dans les secteurs d'activité Famille, Éducation, Solidarité sociale, Travail, Aménagement
du territoire, Transport, Environnement, en Agroalimentaire, en Santé et
Services sociaux, c'est tous ensemble qu'on va réussir à avoir une bonne
politique de prévention en santé. Et le travail que nous effectuons en ce moment, mon adjointe parlementaire et moi, il faut
qu'on puisse sensibiliser les jeunes à adopter des saines habitudes de
vie, à cumuler des cubes d'énergie, comme la fille de notre collègue la députée
de Crémazie. Il faut faire en sorte que les jeunes,
de plus en plus, adhèrent à ça. C'est des organisations comme le défi 5/30, que
nous supportons. L'exemple que nous
donnons, nous, comme adultes peut faire une différence dans la vie de ces
gens-là. Mais, au-delà de tout ça, une bonne politique de prévention en
santé va nous permettre, justement, de faire une différence et d'améliorer la
qualité de vie de nos concitoyens et de faire de la prévention.
Le Président (M.
Tanguay) : 2 min 10 s.
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, merci. Mme la ministre, soyons concrets. L'analyse de
l'Institut national de santé publique
montre que la présence de cas d'obésité, d'embonpoint, c'est lié à deux grands
phénomènes, ils sont encore là, là,
la diminution de l'activité physique, hein, c'est encore un fait, puis la
transformation du système alimentaire. Puis on le sait, là, il y a plein de choses là-dedans, les boissons énergisantes,
le faible prix des aliments très caloriques, vous le savez, vous êtes consciente de tout ça. Mais soyons
concrets. Plus que de dire qu'on va présenter des choses puis qu'on va
avoir une autre surprise bientôt, là — ça en fait pas mal — alors qu'est-ce qu'on va avoir comme moyens?
Et vous pensez à quels moyens
concrets? Donnez-nous des pistes, des moyens concrets outre le fait qu'on ait
déjà le défi 5/30, puis Pierre Lavoie, qui va réaliser encore quelque
chose de fantastique l'année prochaine, là, parce qu'il y a les médecins qui
s'associent maintenant, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
s'associe à Pierre Lavoie.
Mme
Charlebois : J'aurais souhaité participer à la conférence de
presse, mais apparemment que ça m'a été interdit.
M. Paradis (Lévis) : Bien, j'espère que vos interdictions vous seront levées un jour, mais
quels moyens concrets souhaitez-vous
déployer ou allez-vous déployer pour parvenir à atteindre les objectifs qu'on
s'était donnés et qu'on a ratés?
Le Président (M.
Tanguay) : Mme la ministre.
Mme
Charlebois :
La politique de prévention en santé va pouvoir vous donner quel axe, comment on
va travailler ça et quels moyens on va
déployer. Parce qu'il y aura la politique, mais c'est un peu comme avec
l'itinérance, hein, il y aura une politique
nationale et, ensuite, il y aura un plan d'action déployé. Tu sais, je pense
que mon comportement parle de lui-même, et vous avez une convaincue
devant vous, et soyez assuré qu'ensemble on pourra travailler à faire en sorte
que nous aurons les moyens concrets. Et je pourrai vous en donner davantage, une
fois la politique déposée, on va travailler sur le plan d'action ensemble.
Mais
déjà il y a des moyens, hein, je veux juste vous ramener...
Tu sais, quand on parle de pistes cyclables, quand on parle de l'environnement municipal,
quand on parle, dans les services de garde, ils ne peuvent pas donner
n'importe quelle sorte d'aliments aux enfants, quand on parle, dans les écoles
secondaires, qu'on a radié la malbouffe, là, vous venez d'allumer quelque chose en moi, puis je ne sais pas si vous constatez,
mais il y a déjà des moyens en place. Est-ce qu'ils sont suffisants? Non. C'est pour ça qu'on
veut déposer une politique nationale de prévention en santé, et c'est
pour ça qu'on va déposer aussi par la suite un plan d'action qui va donner les
moyens concrets sur lesquels on veut agir.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Cinq secondes. Merci
beaucoup. Ceci met fin, donc, à
l'échange, je vous remercie. Et, pour le dernier bloc de
9 min 10 s, je cède la parole au collègue de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Merci, M. le Président. J'aimerais aborder un sujet plutôt délicat,
celui du suicide. Encore beaucoup trop
de gens décèdent par suicide, et, comme l'ensemble des parlementaires, je crois
que chaque suicide est un suicide de trop,
pour l'avoir vécu dans ma famille proche. Donc, lorsque nous regardons les
statistiques, on voit qu'il y a un
petit peu plus que 1 000 décès par année reliés au suicide. Ça semble
énorme, mais il faut savoir aussi qu'en 1999 ils étaient à peu près 1 620
par année, donc il y a une diminution.
Ces
statistiques d'aujourd'hui rejoignent le taux de suicide observé il y a
40 ans. Le suicide demeure toutefois la seconde cause de décès
traumatiques tout en étant une source majeure de décès prématurés. En
approfondissant cette statistique, on se
rend compte également que les suicides demeurent plus fréquents chez les hommes
que chez les femmes. Nous savons que le suicide est une problématique
complexe et que chaque situation est unique. Cependant, il faut comprendre la situation d'une personne dans le
besoin et essayer de dépister davantage les situations de détresse chez
nos proches afin de pouvoir aider notre prochain le mieux possible.
Vous savez,
l'histoire de vie de chaque personne fait en sorte qu'elle possède plus ou
moins les outils en elle pour faire
face à ses difficultés. Souvent, un événement survient et déstabilise la
personne, déclenchant ainsi un déséquilibre. Lorsque la personne rencontre des difficultés, elle tente par elle-même
de passer au travers de différentes façons avec les outils qu'elle a. Ainsi, une personne qui vit des
difficultés cherche constamment à trouver des moyens afin de gérer sa souffrance et de trouver son équilibre pour s'en
sortir. Dans certaines situations, les moyens identifiés par la personne
en détresse ne suffisent plus à faire
diminuer sa souffrance ou encore ils ne sont pas adaptés à cette situation. La
personne n'arrive alors plus à gérer sa
détresse, elle a fait le tour de ses ressources personnelles et a épuisé tous
les moyens qu'elle voyait à sa
disposition. Dans ce cas, il arrive que la personne se sente davantage envahie
par ses difficultés, par sa souffrance.
Au même titre qu'une personne ayant consommé de
l'alcool, la personne en détresse se retrouve, elle aussi, avec des facultés affaiblies, mais ce, par sa
souffrance. Par conséquent, cette dernière l'empêche de réfléchir
clairement sur la situation. Par ailleurs,
ne sachant plus comment se sortir de cette situation, elle cherche
désespérément un moyen pour faire
diminuer sa détresse, et donc cesser de souffrir. Nous savons qu'il existe
plusieurs façons d'obtenir de l'aide. Donc, j'invite ces personnes-là et ces familles à contacter les centres de
prévention au suicide, les centres d'aide 24/7 et aussi à faire appel à
la ligne d'aide 1 866 appelle.
Ma question, Mme la ministre... Je le répète, je
sais que la question du suicide est délicate et complexe, mais j'aimerais savoir
ce que compte mettre en place la ministre pour améliorer la situation au Québec
face au suicide.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
ministre.
• (19 heures) •
Mme
Charlebois : Merci,
M. le Président. Alors, le collègue touche un sujet très sensible, il a raison,
et c'est un phénomène qui est vraiment
préoccupant. Chaque cas de suicide, M.
le Président, c'est un cas de trop.
J'ai des gens dans ma propre famille
à qui c'est arrivé, pour qui la famille vit encore les séquelles. Et ce n'est, honnêtement, pas facile, je peux comprendre que les gens se trouvent un peu
désemparés face à cette problématique.
Bien que le taux de suicide ait diminué au Québec
depuis quelques années, il faut persévérer et continuer la lutte contre ce malheureux phénomène
qui affecte encore un trop grand nombre de Québécoises et de Québécois.
On doit continuer à sensibiliser la population
et les intervenants et leur fournir les outils nécessaires pour une bonne
prévention, M. le Président.
Vous allez me
permettre d'utiliser la tribune qui m'est offerte aujourd'hui pour rappeler qu'il y a plusieurs
façons d'obtenir de l'aide. Je veux vous les
mentionner parce qu'on ne le répétera
jamais assez. Alors, il y a les centres de crise 24/7, il y a la ligne 1 866 appelle, il y a les centres de
prévention du suicide. Tout ça, c'est des ressources qui sont à la
disposition des gens.
Une des
ressources qui est à la disposition des gens est la ligne 1 866 appelle,
et d'ailleurs, M. le Président, j'invite toute personne qui a besoin
d'aide pour elle-même ou pour un proche à contacter cette ligne. Il ne faut pas
se gêner. Cette ligne d'aide est en lien
direct avec l'un des objectifs de la Stratégie québécoise d'action face au
suicide qui est l'accessibilité à une intervention téléphonique. Depuis
que cette ligne d'intervention est en place, on a constaté que le taux de réponse provincial associé à la ligne
1 866 appelle était de 81 %, sauf pour quelques centres, chez
qui on a corrigé la situation.
Cependant, certaines régions avaient des taux de
réponse qui étaient nettement inférieurs — comme je viens de vous le dire — à la moyenne provinciale. Pour ces raisons,
le ministère a développé des standards d'accès, de continuité, de qualité, d'efficacité et d'efficience relatifs
à la ligne 1 866 appelle afin de mieux répondre aux besoins des
personnes en crise et s'assurer que la
population reçoive les services auxquels elle a droit. Ces standards font en
sorte que 100 % des appels
devront être répondus, et ce, sans délai, 24 heures par jour, sept jours
par semaine, 365 jours par année, et ce, dans toutes les régions du
Québec.
Également, les premiers résultats issus de la
banque de données pour le suicide devraient être diffusés au cours de l'année 2015. Cette banque de données,
qui contiendra des renseignements personnels sur les personnes décédées par suicide... Ces renseignements proviendront
d'activités de jumelage des banques de données de la Régie de
l'assurance maladie du Québec, du ministère
de la Santé et des Services sociaux et du Bureau du coroner du Québec, et cette
banque de données va servir à effectuer une surveillance continue sur le
suicide en dressant un portrait plus exhaustif du suicide afin d'en avoir une
meilleure compréhension et être en mesure de développer des interventions et
des programmes de prévention au suicide
adéquats. L'exploitation des données de cette banque va permettre de
documenter, suivre l'évolution dans le temps et l'espace des principaux
déterminants ou facteurs de risque du suicide, et de grands indicateurs de
morbidité, de mortalité, et de consommation
de soins de santé et de services sociaux. Cette intervention est capitale pour
améliorer nos connaissances et pour être en mesure de développer des interventions
aptes à contenir, voire même à réduire le suicide au Québec.
À l'automne
2006, le ministère de la Santé et des Services sociaux a confié au Centre de
santé et services sociaux, Institut universitaire de gériatrie de
Sherbrooke le mandat d'élaborer deux guides de bonnes pratiques en prévention du suicide, l'un s'adressant aux gestionnaires,
l'autre aux intervenants des centres de santé et services sociaux du
réseau communautaire. Préalablement à la
production des guides, une analyse des besoins a été effectuée auprès des
intervenants, des gestionnaires des centres
de santé et services sociaux et des centres de prévention du suicide. Cette
analyse a notamment mis en lumière la nécessité d'améliorer les
pratiques en matière de prévention du suicide dans les établissements de santé. Le contenu des guides et des outils s'y
rattachant a donc été réalisé dans le souci de concilier les données
probantes, les meilleures pratiques et les
besoins des intervenants et des gestionnaires, et ce, dans le but de mieux
soutenir dans leur rôle auprès des
personnes suicidaires, d'informer davantage... les pratiques, d'adopter un
langage commun. Et, depuis l'automne 2010, les guides ont été diffusés à
l'échelle provinciale.
Par ailleurs, une formation, Intervenir auprès
des personnes suicidaires, a été élaborée, à ce jour a été offerte à plus de 10 000 intervenants qui oeuvrent
auprès des clientèles suicidaires. Cette formation est dispensée par
l'association québécoise de prévention des
suicides, et plus de 40 formateurs sont dispersés à travers la province
pour répondre à cette importante demande.
En terminant,
M. le Président, je veux vous rappeler qu'on continue de sensibiliser la
population et les intervenants et on
leur fournit les outils nécessaires, mais chaque personne qui a connaissance
qu'il y a quelqu'un qui a des intentions devrait contacter le
1 866 appelle.
Maintenant,
si vous me le permettez, M. le Président, et, si mes collègues du parti
ministériel me le permettent, je
veux, en terminant, vous dire que l'étude des crédits s'est bien déroulée, à
mon sens, et je veux adresser quelques remerciements, d'abord à mes
collègues députés formant le gouvernement, le député de Maskinongé, la députée
de Crémazie, le député de Saint-Maurice, la
députée de Charlevoix, le député de Vimont et le député de Sainte-Rose,
qui était là hier, les groupes d'opposition,
pour leurs questions pertinentes et qui, enfin, nous permettent d'avoir des
échanges des plus fructueux. Et je suis heureuse de la richesse des
échanges et des discussions qui nous avons tenus dans un climat respectueux
dans lequel j'aime beaucoup travailler.
Je veux
rappeler aux collègues, mais à toute la population, mon écoute au
cours du mandat. Et je veux, comme vous le savez, M. le Président, vous dire que la préparation de l'exercice
d'étude des crédits ne se fait pas seule. C'est moi qui ai le micro, mais je ne fais pas ça toute seule. Je
veux remercier toute l'équipe qui m'entoure, ma directrice, et ma
précieuse directrice de cabinet, Natacha Joncas-Boudreau, de qui je ne me
séparerai pas. Je veux aussi remercier mes attachés politiques, Isabelle, Bernard,
Kim, Alexandra au carré parce qu'on
en a deux. Je veux aussi remercier notre sous-ministre, M. Michel
Fontaine. Je veux remercier mon sous-ministre associé, mon précieux
sous-ministre associé, M. Sylvain Gagnon,
avec qui je me sens en très grande sécurité quand il est là, Mme Jobin. Je
veux aussi remercier le sous-ministre adjoint, M. Lafleur,
M. Thibault, M. Luc Boileau, Mme Hébert, M. François Dion,
et je veux aussi... Mme Nicole Damestoy... M. le Président, je finis, j'ai
presque fini.
Le Président (M. Tanguay) : Là, la
musique a commencé à jouer, hein, comme dans les...
Mme
Charlebois :
Mais je veux vous dire que, depuis un an, vous avez pu constater... Mes
collègues ont sûrement constaté que
mes premiers crédits étaient un petit peu plus dans l'incertitude, mais, depuis
un an, j'ai constaté la solide compétence
et le dévouement exemplaire des équipes. Je suis fière de pouvoir compter sur
eux. Sachez que, si j'ai appris autant
de choses, c'est grâce à leur savoir. Je veux remercier l'entièreté de l'équipe
du ministère, que je n'ai pas nommée, et vous-même, M. le Président, et
l'équipe de l'Assemblée nationale. Merci.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Merci à vous.
Alors, juste
avant le générique, compte tenu de l'heure, je lève la séance, et les travaux
de la commission sont ajournés au
jeudi 30 avril 2015, après les affaires courantes, où nous entreprendrons
alors l'étude du portefeuille Santé, Services sociaux. Merci, bonsoir.
(Fin de la séance à 19
h 7)