(Dix heures quatre minutes)
Le
Président (M. Turcotte) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de La Peltrie au
ministre de la Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant :
L'accès aux soins dans le réseau de la santé et des services sociaux et le
bilan libéral des 10 dernières années.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M.
le Président. M. Tanguay (LaFontaine)
est remplacé par M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Turcotte) : Je vous
rappelle brièvement le déroulement de l'interpellation.
Dans un premier temps, le député de La Peltrie
aura un temps de parole de 10 minutes, suivi du ministre pour également
10 minutes. Par la suite, des périodes de cinq minutes seront allouées
selon la séquence suivante : d'abord, un député du deuxième groupe opposition,
ensuite le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement, et ainsi
de suite. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que l'opposition
officielle interviendra lors de la troisième et de la sixième série
d'interventions. 20 minutes avant midi, j'accorderai 10 minutes de
conclusion au ministre et un temps de réplique égal au député de
La Peltrie.
Enfin, je vous rappelle que le débat ne peut, à
moins d'un consentement, dépasser midi. Ainsi, comme la séance a débuté à
10 h 3, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de
midi, soit jusqu'à 12 h 3?
Une voix : ...
Le Président (M. Turcotte) :
Consentement.
Donc, nous pouvons débuter, et je cède la parole
au député de La Peltrie pour... la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M.
le Président. Vous me permettrez d'abord de saluer le ministre et ses
collaborateurs, ainsi que ma collègue de l'opposition officielle, et vous-même,
M. le Président.
Donc, M. le Président, une première
interpellation avec le ministre de la Santé sur un sujet qui, à mon avis, est au coeur de nos problèmes, et ce, depuis très
longtemps, c'est-à-dire l'accessibilité aux soins. M. le Président, l'accessibilité aux soins est un problème à
plusieurs niveaux, je devrais dire, et c'est important, je pense, de bien cadrer ça, parce que souvent on va
dire : Le problème du système de santé, c'est de rencontrer un
médecin, mais, après ça tout va bien, on a
une qualité de soins qui est exceptionnelle. Je pense qu'il faut nuancer ces
affirmations-là. Non pas que je doute de la
qualité, M. le Président, des professionnels de la santé qui composent notre
réseau, au contraire je pense effectivement que ce sont des personnes
extrêmement qualifiées et extrêmement compétentes.
Ceci étant dit, et là je fais référence aussi à
une conclusion du rapport Thomson, M. le Président, où l'on dit que
«l'accessibilité joue sur la qualité des soins», c'est une composante intégrale
de la qualité des soins. Et donc, s'il y a manque au niveau de l'accessibilité,
or, nécessairement, on diminue la qualité de nos soins. Ça, je pense que c'est
important de le préciser, M. le Président, parce que ça donne l'impression
sinon qu'il y a moins d'impacts à ne pas rencontrer un professionnel de la
santé dans les délais requis. Il y a évidemment toute la question de l'angoisse
qui est liée avec le fait, M. le Président, d'être malade. Et, même si on n'est
pas dans une situation d'urgence, le fait de vivre
avec une maladie x, un problème de santé y et de ne pas avoir accès à un
médecin ou même de ne pas savoir à quel moment on va pouvoir avoir accès à un médecin ou à un professionnel de
la santé, ça amène différents facteurs de stress pour la personne qui le subit. Ça amène aussi, M. le Président, des
problèmes économiques. Il y a des pertes économiques à l'attente. Il y a des pertes économiques au fait
d'avoir un problème d'accessibilité. On n'a qu'à penser aux gens qui
prennent des journées de congé pour aller à
l'urgence, qui attendent, qui attendent, qui attendent. Bien, évidemment, ces
gens-là ne sont pas au travail, ne
sont pas en train de produire quelque chose, et ça a des conséquences sur
l'ensemble de notre économie.
Ceci étant dit, M. le Président, je le souligne,
mais ça ne m'apparaît pas être le point essentiel parce que, comme le ministre l'a mentionné récemment, je pense
que c'est le patient qui doit être au coeur de notre préoccupation et
c'est lui qui doit avoir toute notre attention.
Donc,
M. le Président, un problème d'accès qui amène des conséquences à plusieurs
niveaux. Ce problème-là n'est pas récent. Et un des indicateurs
du réseau de la santé, c'est les urgences. L'attente aux urgences, l'attente
sur les listes pour
une chirurgie, c'est généralement la façon dont on va mesurer la qualité ou non
de l'accès à nos soins de santé. Et, de ce côté-là, le Québec
sous-performe, et, encore là, j'utilise les mots du ministre, «sous-performe
depuis quelques décennies». Donc, ce n'est pas un problème qui est récent.
Je
vais me permettre, M. le Président, de vous lire un texte que j'ai retrouvé et que
j'ai beaucoup aimé, peut-être
juste quelques paragraphes
parce que je ne veux pas en mettre trop non plus, mais simplement
vous dire qu'a été écrit, au Québec, ce qui suit : «Nous voilà donc
replongés dans le psychodrame annuel du débordement des salles d'urgence. Chaque jour, on nous montre à satiété des
corridors encombrés par les civières sur lesquelles reposent les citoyens
d'un des pays les plus riches de la planète.
La "solution" est toute tracée d'avance : on annoncera
l'injection de nouveaux millions qui viendront
s'ajouter aux milliards que notre pays dépense déjà en soins de santé. L'année
prochaine, on recommence!»
• (10 h 10) •
M. le Président, je pense qu'on est en train, dans ce texte-là, de décrire
ce que nous vivons au Québec effectivement
année après année, après année. Maintenant, qui a écrit ça? C'est l'actuel premier
ministre. En quelle année? Le 13 février
1999. Et pourquoi je voulais vous lire ça, M. le Président? Parce qu'entre 1999 et
surtout en 2003 est arrivé quelque
chose d'important au Québec : l'auteur de ce texte est devenu ministre de
la Santé. Et, comme ministre de la Santé, on peut comprendre, à la lecture de ce texte-là... et il se continue, M.
le Président, mais on peut comprendre à la lecture de ce texte-là que
l'actuel premier ministre avait une connaissance très fine des problèmes du
réseau de la santé. Et je vais peut-être continuer ma lecture parce que le
deuxième paragraphe est intéressant aussi. Ce qu'il disait, donc : «Le
problème d'encombrement de nos salles d'urgence est multifactoriel et ne se
réglera que lorsque l'on décidera d'en corriger
toutes les facettes dans une solution globale : manque de disponibilité de
lits de moyen et de long séjour, conditions de travail d'un personnel infirmier épuisé, rémunération des
urgentologues, soins à domicile encore insuffisants, CLSC incapables d'assumer leur rôle de porte d'entrée
du système et non intégrés au réseau de cliniques privées. Il existe une
autre facette au problème, d'importance au
moins égale aux précédentes : la rémunération des spécialistes en pratique
hospitalière.»
Alors, M. le
Président, on est face à un nouveau ministre de la Santé qui connaît le réseau,
qui en connaît les problèmes et qui connaît les solutions. Il les connaît,
les solutions, à tel point que son gouvernement s'engage à éliminer l'attente dans les
urgences et à éliminer l'attente en chirurgie, pas réduire, pas améliorer,
éliminer, M. le Président. Et qu'est-ce qu'il nous propose? Une grande réforme
du réseau, une réforme globale. Ah! il est conséquent avec ce qu'il a
écrit en 1999 : abolition des régies régionales; regroupements, en entités
administratives, des différentes composantes du réseau; introduction de
cliniques-réseaux dans le système de santé; même été négocier des ententes avec
différentes cliniques privées pour augmenter
le volume de soins, M. le Président. La recette, elle est bonne, puis ça, j'en ai
convenu avec le ministre de la Santé, la recette, elle est bonne.
La recette est bonne,
les résultats ne le sont pas. Et je vous dirais qu'un des critiques les plus
virulents de la performance du gouvernement libéral a été l'actuel ministre de la
Santé à l'époque où il était
président de la Fédération des médecins
spécialistes. Il était vitriolique à l'endroit de celui qui est actuellement premier ministre et il l'a été encore plus à l'endroit de celui qui est actuellement ministre de l'Éducation. Juste vous lire un court texte pour
mémoire : «Lorsque l'actuel premier ministre parle de réduire la
taille du ministère de la Santé, il faut aussi se pincer. Rappelons que le Parti libéral du Québec, dont il était le candidat-vedette en 2003,
souhaitait abolir les régies régionales. Or, que s'est-il passé sitôt arrivé en poste? Exactement
le contraire.» Exactement le contraire. Alors, on ne parle pas ici d'un
homme qui n'avait pas les moyens de
ses ambitions, on parle de quelqu'un qui connaissait la recette mais qui n'a pas livré
la marchandise.
Or,
à travers les échanges qu'on va avoir avec le ministre, et je lui ai posé la question hier, il va être
fondamental, M. le Président, que le
ministre de la Santé soit capable de nous dire qu'est-ce qui n'a pas
fonctionné, pourquoi l'actuel premier ministre, pourquoi celui qui est
actuellement ministre de l'Éducation, alors qu'ils étaient ministres de la Santé, ont aussi lamentablement échoué. Parce
qu'il y a eu injection de personnel, hein? On a augmenté le nombre de médecins. Puis on a dit longtemps que c'était de
la faute du Parti québécois parce qu'il y avait eu plein de départs à la
retraite. On a augmenté le nombre de
médecins dans le réseau, on a augmenté le nombre d'infirmières. La part du
budget qui est maintenant dévolue à la santé
a crû de façon importante dans les
dernières années. Donc, malgré une augmentation des ressources humaines et financières, on a une accessibilité qui a diminué. Donc, le système
sous-performe : augmentation du temps
d'attente pour l'urgence ambulatoire; augmentation du temps d'attente pour les urgences sur civière;
un nombre faramineux... Et, M. le Président, juste vous donner un
chiffre. À ce jour, nous avons comptabilisé les résultats pour 51 hôpitaux
au Québec, donc pas la totalité, 51 seulement,
et on est déjà à 162 000
patients qui, en 2013‑2014, ont quitté l'urgence avant de voir un
médecin, puis bon nombre, nous dit le Commissaire à la santé, sont des gens qui
ont un code 4 et 5, qui auraient dû... ou
qui auraient pu être vus ailleurs. Et là ce que le Dr Dufresne nous dit, de
l'association des spécialistes en médecine d'urgence, c'est qu'on ne sait pas
où ils s'en vont. On ne sait pas s'ils sont soignés, on ne sait pas si quelqu'un
les a pris en charge.
Donc,
si le ministre actuel est incapable d'identifier les erreurs du
passé, comment croire qu'il va réussir, M. le Président? Comment croire qu'il va réussir là où deux de
ses prédécesseurs ont échoué avec la même recette?
Le Président (M.
Turcotte) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole
au ministre pour une période de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, merci de me passer la parole. Alors, vous me permettrez, M. le
Président, d'abord, évidemment, de saluer le député de La Peltrie ainsi que la présence de la députée
de Taillon à cette
interpellation et
ainsi de nous permettre d'avoir de premiers échanges directs et plus élaborés
sur non seulement le passé, mais sur ce qui s'en vient.
Alors, M. le
Président, vous me permettrez aussi de saluer la présence de mes collègues les députés
des Îles-de-la-Madeleine, de Sainte-Rose et de Saint-Maurice, pour lequel je souligne l'anniversaire aujourd'hui. Bon anniversaire! Et on ne divulguera pas son âge vénérable.
Alors donc, je suis
très content d'être ici aujourd'hui pour aborder cette question. Je rappellerai
par contre, M. le Président, au député
de La Peltrie que le thème
qu'il a choisi pour cette interpellation est, d'abord et avant tout, le bilan de la gouvernance libérale en santé, donc, essentiellement de 2003 à 2012. Et, je vous dis tout de suite, M. le Président, et j'en avise les deux députés
de l'opposition critiques
officiels en matière de santé
et de services sociaux, je ne ferai
pas aujourd'hui, évidemment, la commission parlementaire, et nous n'entrerons
pas dans ce débat-là article par article comme semble vouloir m'inviter le député
de La Peltrie. Par contre, je vais aborder de plein front notre bilan dans
la période en question pour justement
faire l'histoire et rappeler exactement ce qui s'est passé parce que c'est très important,
M. le Président, de remettre les choses en perspective de façon à
ce que, comme le dit le député de La Peltrie, on puisse faire en sorte que, dans le
futur, nos actions soient les plus imprégnées de succès possible.
Alors,
quelle était la situation en 2003, M.
le Président? On ne peut faire
autrement que de rappeler l'état des faits, l'état des lieux lorsque le
gouvernement libéral est arrivé au pouvoir en 2003. Et on dit souvent qu'il
faut arrêter de revenir sur le passé, mais
aujourd'hui on m'invite à le faire, et je ne peux pas ne pas le faire parce que
c'est essentiel. Alors, quand on regarde le bilan d'une organisation
comme le gouvernement libéral, il faut bien prendre en considération le matériau, le substrat avec lesquels le
gouvernement avait à travailler, d'où il partait pour arriver à des jours
meilleurs au bénéfice de la population du Québec. Et on se rappelle tous
l'état catastrophique, catastrophique de l'état du réseau de la santé au sortir du gouvernement péquiste à
l'époque. D'ailleurs, ce n'est pas sans rappeler l'état catastrophique
des finances publiques au sortir du
gouvernement péquiste suivant, et un observateur externe pourrait conclure qu'à
chaque fois que le Parti québécois est au pouvoir ça finit par une catastrophe.
Alors, rappelons, à
l'époque, quelle était la situation du Québec. On sortait d'une période
économique absolument infernale. On se
rappelle la façon dont a été géré le retour à l'équilibre zéro... pardon, au
déficit zéro par le gouvernement du
Parti québécois et les conséquences que ça a eues en santé. On se rappelle les
fermetures d'hôpitaux, on se rappelle
les mises à la retraite du personnel, on se rappelle, et rappelons-la, on se
rappelle une période où le Québec, en santé,
envoyait ses patients aux États-Unis pour se faire traiter. C'était sous un
gouvernement péquiste. On se rappelle les patients qui, malheureusement,
décédaient dans les urgences, faute de présence de médecins. Et on se rappelle
que le ministre de la Santé sortant, M. le
Président, était le chef actuel de la deuxième opposition. C'était lui. C'est
lui qui était là.
• (10 h 20) •
Et, quand j'écoute le
plaidoyer du député de La Peltrie, qui ne se rappelle pas que, de 1999 à
2003, ce n'était pas l'actuel premier
ministre qui était ministre de la Santé, mais c'était bien le Parti québécois
qui était au pouvoir, avec, comme
ministre de la Santé, à la fin de cette période, le chef actuel de la deuxième
opposition... et je comprends donc que, le réquisitoire que fait le député de La Peltrie aujourd'hui, il le
fait aussi contre son propre chef. Et
ça serait intéressant, c'est dommage qu'il ne soit pas là, il pourrait,
lui aussi, prendre part à la discussion et nous faire part de comment ça s'est passé et pourquoi le Québec est tombé si bas dans
cette période-là, M. le Président. On sait aujourd'hui qu'est-ce qui
s'est passé avec le dernier gouvernement
péquiste, et pourquoi on est tombé si bas en termes de finances publiques, et
pourquoi on n'a pas avancé en termes de santé. On le sait, on vient de le
vivre. Mais je suis content que le député de La Peltrie me donne
l'occasion de revenir sur un passé qu'on a tendance à oublier, qui n'était pas
très glorieux. Et c'était ça, la substance,
le substrat avec lesquels le gouvernement libéral a dû compter pour faire en
sorte de ramener les choses dans le droit chemin, M. le Président, et le
gouvernement libéral l'a fait.
Alors,
est-ce que la deuxième opposition officielle, le député de La Peltrie va
nous dire aujourd'hui que les actions qui ont été posées par le
gouvernement libéral n'étaient pas dans l'intérêt de la population et n'ont pas
donné les effets escomptés... pas tous les
effets escomptés, mais une grande partie des effets escomptés, M. le Président?
Ça, ça m'apparaît surprenant. Ça m'apparaît très surprenant. J'aimerais
ça, moi, que le député de La Peltrie nous dise : Ce n'était pas une
bonne idée, dans une période de pénurie de médecins, d'augmenter les effectifs
médicaux, les entrées en faculté de
médecine. J'aimerais ça qu'il nous dise ça parce que c'est ce qu'il semble
dire. Il semble nous dire, lui, là, que
10 ans de gouvernement libéral, c'est le noir foncé. Alors, qu'il commente. Ça
m'intéresse. Était-il une bonne idée que l'actuel premier ministre,
lorsqu'il était ministre de la Santé, prenne la décision d'augmenter
massivement les entrées en faculté de
médecine? On les a presque doublées, M. le Président, et on n'a pas pu aller
plus loin parce qu'on n'était pas capable d'en prendre plus, M. le
Président, on n'était pas capable. Les universités ont dit à un moment donné : C'est trop, la qualité de la
formation va s'en ressentir. Alors, on a fait le maximum. Et non seulement on a
fait le maximum, par exemple, en entrées en faculté de médecine, mais on a eu
une excellente idée, et c'est démontré, parce que
le député de La Peltrie faisait référence à des choses qui n'étaient pas
démontrées, c'est démontré que la délocalisation de l'enseignement en
médecine en région a fait en sorte... et le fait encore, le fait encore — aux
dernières nouvelles, le Parti québécois n'a pas défait ça, aux dernières
nouvelles, en tout cas moi, je n'ai pas vu ça — a démontré que la formation en région faisait en sorte que les
finissants avaient une forte tendance majoritaire à s'établir en région, là
où est la population, là où sont les
services. Bien sûr, M. le Président, on ne pouvait pas s'attendre d'avoir les
effets bénéfiques d'une telle mesure deux ans après l'application de
ladite mesure. Ça prend entre sept et 10 ans et même 12 ans pour former un médecin soit de famille soit spécialisé,
dépendamment de son type de spécialité. Alors, aujourd'hui, on récolte ça.
Et je pense que, par exemple... c'est le premier exemple que je donne, j'en
donnerai d'autres au fur et à mesure de cette interpellation-là, mais c'est un
effet bénéfique extraordinaire qui est tangible aujourd'hui et qui va continuer
à l'être.
Alors, ça, c'est un exemple concret de ce que
l'on a fait pour le bénéfice de la population. C'était la réponse à la
situation catastrophique qui avait été générée par le Parti québécois dans la
fin des années 90. On se rappelle, on avait baissé de façon substantielle le nombre
d'entrées... pas le nombre d'entrées, mais le nombre de médecins
pratiquants et d'infirmières. C'est quand même
aussi le Parti libéral, M. le
Président, qui a déployé le plus
grand nombre, de l'histoire du Québec, à date, de groupes de médecine de
famille. C'est quand même nous. Et l'effet bénéfique de ça, il doit être
tangible, puisque tous les gens réclament plus de GMF et plus d'accès aux GMF.
Alors, voilà
deux exemples qui font en sorte que le bilan du Parti libéral dans cette
période-là est loin d'être négatif. Il est extraordinairement positif, M.
le Président. Dans les minutes qui suivent, je m'adresserai à la situation des urgences, parce
qu'encore une fois il faut regarder les faits. Il ne faut simplement pas
dire : Il n'y a pas suffisamment eu d'amélioration. Encore une fois, il faut regarder précisément le
contexte, et, le contexte, quel est-il? Nous avons maintenu le fort, M. le Président, pendant cette période-là.
Le fort, c'est quoi? C'est l'achalandage dans les urgences, qui, lui, est
basé sur la population, et j'y reviendrai,
M. le Président. Je ferai la démonstration qu'à cet égard nous avons été bien
meilleurs que ce qu'évoque le député de La Peltrie.
Argumentation
Le
Président (M. Turcotte) : Merci beaucoup, M. le ministre. On va
débuter la période d'échange. Donc, je cède de nouveau la parole au
député de La Peltrie pour une période de cinq minutes.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Ce que je trouve dommage, extrêmement dommage dans le
réquisitoire du ministre de la Santé, c'est qu'il a fait sienne la
doctrine... ou il a fait sienne la doctrine libérale intégrale. Il fait juste
peut-être oublier un peu vite que le ministre de la Santé, c'est un homme qui
aime s'exprimer publiquement. Il le fait avec véhémence et avec toute la fougue
qu'on lui connaît, et ça, ça laisse des traces. Ça laisse des traces.
Dans un premier temps, le ministre de la Santé
tourne les coins rond, on s'entend? En attaquant le chef de la deuxième opposition, il fait des erreurs de
chronologie qui ont déjà été expliquées, dans le passé, à de nombreuses
reprises. Il fait aussi une petite erreur.
Il oublie qu'en 2012 lui, il était aux côtés de ce pathétique gestionnaire et
qu'il souhaitait devenir son ministre
de la Santé. Bon, il faut croire qu'il n'était pas si mauvais que ça, hein?
Mais, ceci étant dit, comment peut-il expliquer décembre 2011? Yves
Bolduc n'a pas fait la job, au Québec. Ça, ça ne laisse pas beaucoup de place à
interprétation. Puis là il parlait du ministre de la Santé qui est actuellement
ministre de l'Éducation. Comment il explique
qu'en 2012... Jean Charest devait faire de la santé sa priorité quand il a pris
le pouvoir en 2003. Neuf ans plus tard,
le CHUM est encore à l'état de chantier, les attentes dans les urgences
persistent, des milliers de familles québécoises n'ont toujours pas de
médecin. Ça c'était le bilan qu'il dressait de l'extraordinaire gouvernement
libéral qu'il défend aujourd'hui. Et il récidivait. Écoutez, ça fait neuf ans
qu'on attend des changements. Là, il parlait du bilan libéral de 2003 à 2012.
Or là, je
m'explique mal cette espèce de conversion à la foi libérale. Je comprends, M.
le Président, là, puis ce que je lui demande, ce n'est pas de détruire
systématiquement tout ce qui a été fait, parce que je vais reconnaître avec lui
qu'effectivement il y a des bonnes choses
qui ont été faites par l'ancien gouvernement libéral. C'est vrai. Mais, au
final, la moyenne au bâton n'est pas bonne.
C'est ça que je dis. Au final, le bilan, là, puis ce n'est pas moi qui le fais,
le bilan, là, c'est le Commissaire à
la santé qui fait le bilan, c'est les statistiques. Ça, ça ne ment pas. On peut
faire de la rhétorique, de la sémantique.
Puis je comprends, là, qu'il est dans une position où il doit défendre ce qu'il
attaquait il n'y a pas si longtemps encore.
Mais la véritable question, M. le Président,
c'est que, au-delà des débats partisans puis
des débats politiques, si le ministre de la Santé, qui nous propose exactement
la même recette que son patron, recette qu'il a lui-même qualifiée
d'échec, recette où lui-même nous dit... nous amener dans un système de santé
qui est sous-performant... C'est lui qui disait ça : Le système de santé
au Québec est sous-performant. Il a rajouté : Les Québécois n'en ont pas pour leur argent. Alors, moi, je veux bien, là,
qu'il nous parle d'une année ou deux en 1999, mais là on parle de 10 ans de gouvernance libérale où ils
auraient eu l'opportunité de corriger la situation sans aucune
difficulté. Mais il va convenir avec moi... je suis d'accord, identifions les
bons coups et répétons-les. Pas de problème, je suis avec lui là-dessus. Mais,
s'il est incapable de nous dire ce qui n'a pas fonctionné dans l'application de
la recette, il va admettre avec moi... Et là
je l'entends reprendre la doctrine libérale mot à mot, là. Ce qu'il me fait
craindre, c'est qu'il reprenne aussi
les erreurs libérales pas à pas, et qu'il nous conduise vers les mêmes échecs
libéraux, et que, dans 10 ans, un autre député s'assoie devant un autre
ministre de la Santé en disant : Vous avez échoué, vous avez échoué. Je ne
pense pas que ce soit son objectif.
Et, vous savez, M. le Président, j'ai dit tout à
l'heure, le ministre de la Santé, dans sa réforme, va avoir suffisamment
d'ennemis qu'il aurait, je pense, tout intérêt à se faire quelques alliés. Et
je lui dis : Je suis tout à fait disponible
pour l'épauler dans sa réforme, mais il faut qu'il me prouve, il faut qu'il me
fasse la démonstration que c'est du
sérieux, que ce n'est pas, comment je dirais ça, une autre promesse qui ne sera
jamais atteinte, que ce n'est pas un
autre scénario dans lequel on va jouer comme figurants puis qui va nous
conduire à un autre échec. Parce que ce que je lui dis, c'est que son patron, il a échoué. Le ministre de l'Éducation a
échoué. Et, si lui veut nous faire la démonstration qu'il est capable de
réussir, pour ça il doit nous dire où ont-ils trébuché.
• (10 h 30) •
Le
Président (M. Turcotte) : Merci beaucoup, M. le député. M. le
ministre, pour une période de cinq minutes.
M. Barrette : Bien, M. le Président,
je suis content à date parce qu'et dans son discours d'ouverture ou sa présentation en ouverture, le député de
La Peltrie a, à plusieurs reprises, comme maintenant il vient de le faire,
mentionné qu'il était d'accord essentiellement avec notre plan. Il nous
reproche...
Une voix :
...
M.
Barrette : Il nous reproche de ne pas l'avoir suffisamment détaillé à
cette étape-ci, M. le Président, mais c'est tout à fait normal parce que, dans le processus de l'adoption d'un
projet de loi, il y a des séquences à suivre qui passent, entre autres,
par les commissions parlementaires. Et je suis très heureux de voir que le
député de La Peltrie ainsi que probablement
tous les membres de sa formation viendront nous appuyer et nous suggérer des
améliorations à apporter au projet de
loi, puisque, comme il l'a dit à plusieurs reprises, il est d'accord avec et il
soutient le fond de la chose et la finalité du projet de loi. Et c'est
de la musique à mes oreilles que d'entendre qu'on va pouvoir collaborer
là-dedans.
Ceci dit,
lorsqu'il fait référence à mon passé, M. le Président, je me permettrai de lui
rappeler qu'à la CAQ il fut un temps où le plan du parti, en santé,
était essentiellement, comme l'actuel chef de la deuxième opposition l'a dit, de mettre un homme d'affaires en santé, viser une
certaine privatisation — d'ailleurs, lorsqu'on m'a recruté chez eux, le député de La Peltrie m'en faisait part assez
régulièrement — et que,
le plan de 2012, bien je connais très bien la personne qui l'a écrit. Et, sur ce plan-là, je peux vous dire
qu'avec le passé je suis très cohérent, M. le Président. Mais je suis
heureux aujourd'hui de constater que le
député de La Peltrie est en synchronisme avec notre pensée et
qu'aujourd'hui il exprime un certain appétit pour avoir plus
d'informations. Je pensais que les briefings techniques que nous avions donnés
aux députés des deux oppositions étaient
assez détaillés. Manifestement, ils ne l'étaient pas. Je prends ça comme étant
un appétit enthousiasmé vers le projet, mais je le reçois favorablement
et j'ai hâte aux commissions parlementaires.
Je reviens à
notre bilan des 10 ans de gouvernement libéral, qui, encore une fois, est
l'objet de cette interpellation. Je
parlais, tout à l'heure, M. le Président, des urgences et je parlais du
contexte. Je rappelle, c'est nécessaire de le faire, que, lorsqu'on met sur la table une information,
il faut la prendre évidemment dans son entièreté, donc avec le contexte.
Quand le Commissaire à la santé et au
bien-être dit que, dans les urgences, on a encore telle hauteur d'achalandage,
qu'on a encore telle durée d'attente, qu'on
a encore telle situation qui est imparfaite, on en convient tous, là, bien le
Commissaire à la santé et au bien-être
dit : Vous avez réussi à faire ça malgré une augmentation, dans la
période, de 8 % de la population et une augmentation encore plus
grande de la population vieillissante. C'est un fait, ça, M. le Président. Et,
si on avait si mal agi, comme l'a dit le
député de La Peltrie, ces chiffres-là auraient dû se détériorer. Or, ils
ont été contenus. Je ne dis pas aujourd'hui, M. le Président, que c'est
parfait, là. Ce n'est pas ça que je dis du tout, je dis : Au contraire. Et
je l'ai dit à plusieurs reprises avant et
après, dans mon parcours politique, qu'on pouvait faire mieux, et une des choses
que l'on doit améliorer, évidemment ce sont les éléments qui vont faire
en sorte que les patients n'auront plus à aller en première ligne. Alors, à partir du moment, M. le Président, où on
augmente les entrées en médecine, où on déploie les GMF, où on contient les activités à l'urgence, où
on déploie sur tout le réseau, sur tout notre territoire, plus de
médecins et qu'on arrive à contenir, c'est déjà un plus. Ce n'est pas parfait.
Il y a des
choses qui ont été mises en place, M. le Président, et je n'ai jamais entendu
dire la CAQ qu'ils étaient contre ça.
Quand, par exemple, il y a eu certains arrangements administratifs qui ont été
mis en place avec les deux groupes de médecins pour améliorer l'accès,
tout le monde voulait ça, tout le monde était d'accord, tout le monde voyait un
effet positif, il était donc normal pour les
gens qui étaient en place d'aller de l'avant avec certaines mesures. Jamais
je n'ai entendu la CAQ dire que ces mesures-là étaient de mauvais aloi. Mais on
a constaté, M. le Président, que ça n'avait pas
fonctionné à la hauteur. C'est là-dessus qu'on va se baser pour corriger les
choses. M. le Président, j'y reviendrai.
Le
Président (M. Turcotte) : ...M. le ministre. Je cède la parole
maintenant au député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. D'abord, permettez-moi de saluer le
ministre de la Santé, mes collègues députés du gouvernement et de
l'opposition.
C'est
réellement un plaisir pour moi de participer à cette interpellation aujourd'hui
sur l'accès aux services et sur le bilan des 10 dernières années du
gouvernement libéral. C'est d'autant plus d'intérêt pour moi parce que j'ai
fait carrière dans le réseau de la santé pendant de nombreuses années à titre
de directeur général, la grande part exercée aux Îles-de-la-Madeleine, et c'est
un milieu de travail que j'ai adoré, dont je peux témoigner beaucoup
d'admiration. J'ai trouvé des gens extraordinaires dans le réseau, des gens
ayant de l'expertise et très dévoués à leurs professions.
Maintenant,
pour l'ensemble de mes interventions, je vais cibler plus particulièrement les services aux aînés. Et, d'entrée de jeu, je n'hésite pas du
tout à mentionner que notre gouvernement peut être fier des actions posées pour
le bien-être, la sécurité, la dignité des aînés et l'amélioration dans la qualité
des services. Et, pour exposer ce bilan ou parler des améliorations, il
faut nécessairement que je parle d'où on est partis. Et on se rappellera que,
de 1998 à 2003, c'était un gouvernement péquiste qui était au pouvoir et qui nous a laissé un héritage assez
difficile. Et je vais faire sept constats avec vous pour vous démontrer
comment, de loin, on est partis pour renverser la situation par rapport aux
services, sept constats qui touchent particulièrement les services aux aînés.
Je ne vais pas dans les autres secteurs d'activité.
Première chose : les soins en centre
d'hébergement se sont dégradés. Et j'ai particulièrement un article ici du
Devoir signé par Robert Dutrisac, le 2 septembre 1999, qui
dit : Les soins aux personnes âgées se dégradent en centre d'hébergement. «Le personnel des 143 centres d'hébergement de soins de longue durée
[...] du réseau public n'arrive plus à fournir que les deux tiers des soins infirmiers et d'assistance [...] que
requièrent les personnes âgées.» On se rappelle qu'à ce moment-là on
avait 28 500 lits. Aujourd'hui, en 2014, on est près de 40 000 lits
pour les services aux personnes âgées. On mentionnait également que les aînés
avaient peur d'être malades.
Mme Lisette Lapointe, dans un article qui a
été mentionné par Michel Hébert à La Presse canadienne,
disait ceci : «L'épouse de l'ex-premier
ministre Jacques Parizeau, Lisette Lapointe, juge que le réseau de la santé a
souffert de "trop de coupures, de trop de mises à la retraite.
Voilà qu'on a peur d'être malade."»
• (10 h 40) •
Troisième
constat. Le Soleil souligne la présence de résidences privées
clandestines. Pierre April, dans un article
du 17 mars 2000 : Les personnes âgées sont «des victimes de plus en
plus abandonnées, marginalisées [...] carrément martyrisées, estime le
Protecteur du citoyen, Daniel Jacoby.» Le rapport a été rendu public hier. «M.
Jacoby fait état d'une exploitation éhontée des personnes âgées — et je
pourrais en ajouter plus encore.»
Le 1er décembre
2000, une photo du Journal de Québec avec Mme Marois. À ce moment-là, on
faisait dire à Mme Marois : «On donne les soins de base.» Mais l'article
citait «deux ans sans un bain». Alors, dans une éventuelle intervention, je
pourrai compléter sur le sujet.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède la parole de nouveau
au député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Je vais revenir sur quelques
affirmations du ministre. Quand il dit qu'il est heureux de m'entendre dire qu'on est prêts à
l'appuyer dans ce qu'il appelle son plan, juste lui rappeler, puis on
pourrait faire des recherches dans les
verbatims de l'Assemblée nationale, combien de fois et l'actuel premier ministre mais surtout l'actuel ministre de l'Éducation ont refusé de
s'engager dans la voie de l'abolition des agences de santé et de services sociaux.
Donc, dire que c'est le plan du Parti
libéral, je veux dire... Moi, je peux faire la démonstration par contre que ça a été des
positions que j'ai défendues autant à la CAQ que dans l'autre formation politique, l'Action démocratique du
Québec, dont j'étais membre et porte-parole de l'opposition officielle depuis
fort longtemps.
Il y a un autre
élément. Je vais juste lui rappeler que le Parti libéral a voté contre une
motion qui demandait d'introduire le financement à l'activité dans le réseau
de la santé. Il pourra aller voir le
long verbatim de l'actuel ministre de l'Éducation pour dire à quel point c'était une mauvaise idée,
à quel point ça n'engendrait aucun résultat, c'était même dangereux, dangereux, M. le Président. Donc, dire que... alors que, nous, c'est des éléments qu'on préconise
depuis 2003, soit dit en passant. Le financement à l'activité et l'abolition des agences, nous, depuis 2003, là, qu'on plaide là-dessus. Et je pense que c'est important parce
que, si tant est que le ministre a envie qu'on collabore, bien, je veux dire,
la vérité a ses droits, là, tu sais, il faut que ce soit mutuel.
L'autre
élément que le ministre a amené : il dit que je défends la
privatisation. Je le vois sourire, M.
le Président, puis je reconnais ça
comme un aveu de culpabilité. J'ai toujours favorisé la mixité de la pratique, mais la
privatisation... Et c'est le ministre lui-même qui, à plusieurs reprises, a
amené les gens à dire : Je vais corriger les faits, je vais corriger les faits, je vais corriger la définition. La
mixité de la pratique et la privatisation, c'est deux choses bien différentes.
Je veux juste lui rappeler qu'il était un
farouche défenseur de ce concept-là, de la mixité de la pratique, et lui et
moi, il se souviendra, avons participé à de nombreux événements où il
était question de ça et où nous faisions partie des gens favorables à cette idée-là. Il a lui-même défendu le programme
de la coalition, qui propose des projets
pilotes sur cette question-là.
Donc, là-dessus, encore une fois, je pense qu'il faut juste être factuel, il
faut juste être factuel.
Il nous dit, le ministre :
Bon, bien, écoutez, le député de La Peltrie veut que je lui dévoile le
plan avant qu'il soit conçu. D'une part,
j'espère que, son plan d'ensemble, il le connaît déjà. J'espère qu'il ne nous
lance pas, là, dans des réformes sans avoir une vision globale de ce
qu'il veut faire avec le réseau de la santé. Et, d'autre part, comme en témoigne ce document qui n'est pas, non,
le document du briefing qu'il a eu lorsqu'il
a déposé le projet de loi n° 10, mais bel
et bien un document interne développé par sa propre Direction des
communications... et le document fait clairement état, là : «Voir tableau
transmis au cabinet par M. Fontaine, présentant ces chiffres — les
chiffres étant les économies anticipées par la réduction des structures
dans le réseau.»
À
plusieurs reprises, on lui a demandé de déposer ce tableau-là,
puis ça va nous permettre justement de vérifier quelles sont les projections de son ministère.
Et j'aurai l'occasion d'en reparler, parce que je ne veux pas faire
le débat sur le projet de loi n° 10 avant qu'on le commence, mais
j'aurai l'occasion de lui dire ce que j'aime et ce que je n'aime pas là-dedans.
Mais, je le rassure, il y a plus de choses que j'aime que je n'aime pas. Mais
il y a des choses que je n'aime pas, notamment le fait qu'il est flou.
Il est extrêmement flou, le plan. Et, je lui ai dit, je le répète, il va se
faire beaucoup d'adversaires avec ce projet-là, ce ne serait pas inutile d'avoir
quelques alliés. Mais, si on maintient tout le monde dans le flou existentiel, comment puis-je appuyer une
démarche sans savoir où le premier responsable de la démarche nous
amène? Ça, ça m'apparaît assez essentiel.
Puis,
en terminant sur ce bloc, je veux juste lui signaler que, quand il nous dit que
les urgences... globalement, la population
a augmenté, donc les chiffres auraient dû être plus catastrophiques, ce n'est
pas vrai. Le nombre de médecins a augmenté
de façon plus importante que la population. Le budget a augmenté de façon plus
importante que la population. Et, au
prorata, ce que le Commissaire à la santé nous dit, c'est que globalement la
demande dans les urgences, elle est stable. Plus d'argent, plus de
médecins, pas plus de demande, moins de performance; c'est ça, le bilan
libéral. C'est ça, le bilan libéral, M. le Président.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède de nouveau la parole
au ministre de la Santé et des Services sociaux.
M.
Barrette : Merci, M. le Président. M. le
député, permettez-moi de vous
réorienter, là, dans vos calculs, là. En médecine, là, la quantité de maladies est proportionnelle à la quantité
de population, M. le
Président. Alors, si la population
augmente, inévitablement on va avoir, malheureusement, plus de gens malades en nombre, mais avec la même proportion. Alors, si on arrive à
garder le même achalandage avec une population qui augmente, c'est qu'on a
réussi à contenir les choses. C'est ce que le Commissaire à la santé et au bien-être
a essentiellement dit dans son rapport.
Vous me permettrez, M.
le Président, là, pour clarifier une affaire tout de suite, là, et c'est important,
compte tenu des propos qu'a tenus le député de La Peltrie. J'ai toujours
dit une chose : Peu importe le siège sur lequel j'ai été assis dans ma vie, le
privé existe exclusivement parce que le public ne livre pas la marchandise. Alors,
notre objectif est de faire en sorte
que le public fonctionne, et après,
bien, arrivera ce qui arrivera ultérieurement. Nous sommes propublics, M. le Président. Maintenant, pour ce qui est de la
compréhension des chiffres, je comprends que ça peut être mélangeant
pour le député de La Peltrie, mais, si les séances d'information que l'on
a données, formelles, aux députés de l'opposition — au pluriel, là — ont
été insuffisantes, je suis tout à fait disposé à mettre les gens de mon équipe
à sa disposition pour une deuxième séance ou
une troisième au moment qui lui conviendra, le plus tôt possible. Alors, je
pense que les chiffres m'apparaissaient
clairs, d'une part. J'ai fait plusieurs points de presse ou mêlées de presse
qui éclaircissaient la chose là-dessus, et manifestement il y a eu une
incompréhension. Je l'invite à contacter mon cabinet. On sera à sa disposition
pour lui donner des explications plus précises, M. le Président.
Maintenant, revenons
encore à notre bilan, parce qu'encore une fois c'est une interpellation sur
notre bilan. Laissez-moi aborder la question, M. le Président, des équipements
médicaux spécialisés. Et là je vais me faire le plaisir de parler, parce que ça
me fait chaud au coeur, de ma spécialité parce que j'ai été très heureux à
pratiquer ma spécialité. Alors, sous un
gouvernement libéral, M. le Président, on est passé d'une situation, là aussi,
catastrophique en termes d'accès à
certains examens au Québec et en termes de vétusté d'équipements, de 2003 à
2012... On est arrivés avec une
situation où, statistiques à l'appui parce que ces statistiques-là existaient,
on était les derniers en tout. On était les derniers en
tomodensitométrie, en «scan». On était les derniers en échographie. On était les
derniers, presque, dans l'Occident, en résonance magnétique. Et, avec les
actions qui ont été posées par le Parti libéral dans cette période-là, M. le Président, non seulement le parc
d'équipements, et donc l'accès à la population à ces services médicaux
spécialisés là, a été amélioré, mais on a
renouvelé, M. le Président, plus de 60 % du parc d'équipements du Québec
existants, et augmenté le nombre d'équipements, et distribué, dans
toutes les régions du Québec, certains équipements.
M.
le Président, à l'époque, là, avant le Parti libéral, il n'y avait pas de
«scan», de tomodensitomètre, à Notre-Dame-du-Lac. Sous le gouvernement
libéral, il y en a eu un. Il y avait à peu près trois appareils de résonance magnétique au Québec, cinq peut-être; il y en a eu
partout au Québec. C'est sous un gouvernement libéral qu'un appareil de résonance magnétique a été installé à
Sept-Îles, qu'il a été installé à Chicoutimi, qu'il a été installé à
Sherbrooke, qu'il a été installé dans
toutes les régions du Québec, à un point tel, M. le Président, qu'à la fin de
cet exercice-là le Québec a été le numéro un en termes d'accès, au
Canada, à ces équipements-là. Et ces équipements-là sont le pain quotidien de
l'investigation en médecine. Et, quand on dit ça, là, on parle de patients qui
n'avaient pas accès au bon examen, à la bonne
investigation avant qu'on fasse ça. On est passé, dans un mandat libéral, M. le
Président, d'envoyer des patients aux États-Unis
pour se faire traiter à une situation qui est la situation actuelle, où on est
aujourd'hui parmi les meilleurs, sinon
les meilleurs, au Canada. En TEP, là, un examen de médecine nucléaire
hyperspécialisé, personne au Canada n'a une densité d'appareils aussi grande que celle qu'a le Québec,
et ces appareils-là ont été mis en place sous un gouvernement libéral.
Alors, d'un côté, on
a maintenu, contenu les besoins dans les urgences, ce qui est une amélioration;
de l'autre, on a augmenté le nombre de médecins finissants au Québec. Leurs
outils de pratique qu'on leur a donnés, on est parmi... sinon les meilleurs au
Canada. Et on nous dit que c'est un bilan négatif, M. le Président? J'ai de la
difficulté à comprendre le député de La Peltrie.
• (10 h 50) •
Le Président (M.
Turcotte) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au
député de Sainte-Rose pour cinq minutes.
M. Habel :
Parfait. Merci, M. le Président. Premièrement, je tiens à saluer le ministre de
la Santé. Je salue aussi les groupes de l'opposition officielle et de la
deuxième opposition. Je veux saluer aussi les gens de la banquette ministérielle, le député des Îles-de-la-Madeleine
et je souhaite aussi au député de Saint-Maurice un très bel
anniversaire. Je suis sûr qu'il aimerait
mieux être à Shawinigan aujourd'hui qu'en interpellation, mais, que voulez-vous,
c'est le lot de notre travail.
Je sais que
l'interpellation est très large pour l'accès aux soins de la santé et
l'interpellation du député de La Peltrie
sur le bilan des 10 années antérieures, mais je pense que c'est une belle
opportunité de parler de la santé puis des services sociaux. Je suis sûr
que, dans toutes les circonscriptions qu'on parcourt au Québec, on entend
beaucoup parler de la santé parce que le
poste budgétaire le plus important du gouvernement, c'est la santé. Puis je
pense que vous connaissez la réalité budgétaire qu'en arrivant au
pouvoir on a héritée du gouvernement précédent, le gouvernement péquiste, qui a raté, cible après cible, ses
visions économiques puis qui a amené à devoir redresser les finances
publiques tout en maintenant la qualité des services que nous devons donner
collectivement, au Québec. Les Québécois puis les Canadiens sont très attachés à leur système de santé. Il y a
un récent sondage qui disait en 2012, auprès de 2 200 personnes fait par
Léger Marketing, que l'assurance maladie universelle était la fierté la plus
grande au Canada et au Québec. Donc, de
la Colombie-Britannique à Terre-Neuve, c'était la plus grande fierté des
Canadiens, l'assurance maladie collective.
Mais,
vous le savez, la santé, c'est un poste budgétaire qui est important. Puis des
fois on trouve déplorable que l'opposition officielle, la deuxième
opposition aient toujours l'impression de faire peur aux gens de la population
en disant que tout va mal, alors que moi, je
les invite à collaborer, au lieu de critiquer, pour améliorer le système de
santé. Avec le projet de loi n° 10
qu'on va présenter, on a eu le courage de prendre des décisions au bénéfice des
patients. Puis le passé aussi a été très bénéfique pour la population
entière. Les actions du ministre de la Santé de l'époque, actuel premier ministre, Philippe Couillard, et également
son successeur, M. Bolduc, ont réussi à inverser la tendance depuis
2002. Les listes d'attente ont fondu d'une baisse de 20 %, puis le temps
d'attente a diminué. En 2012, le nombre de chirurgies effectuées a bondi,
surtout pour les cataractes : une augmentation de 75 %; le genou, une
augmentation de 192,8 % d'augmentation
du nombre de chirurgies; et, la hanche, 63,2 % d'augmentation en 2012.
Parce que, lorsque le gouvernement a
terminé son mandat en 2012, la situation s'était tellement améliorée que le
rapport de l'Institut Fraser plaçait le Québec en deuxième position à
l'échelle du pays pour le temps d'attente en chirurgie.
Pourquoi 2012 a été aussi performante?
2012 moins 2002 égalent 10 ans. Ça prend 10 ans pour former un médecin, 10 ans, et, en 2002, qui était le ministre de la
Santé? L'actuel chef de la deuxième opposition, qui a participé au
processus décisionnel de mettre le départ massif à la retraite des gens du
système de la santé, de la réduction du personnel et du contingentement de l'admission des facultés en médecine. Ça, c'est le
chef de la deuxième opposition qui a fait ça, là. Donc, ça prend
10 ans pour former un médecin, donc faites le calcul. On a amélioré les
choses en 2012 de façon très importante,
parce qu'en 2002 il y a eu des départs à la retraite. Et ça prend 10 ans
pour former un médecin. Les mathématiques ne font pas de politique. Puis
on a amélioré le modèle en quelques années avec le contexte qui était bien
connu des oppositions.
Je
tiens à dire aussi que le philosophe Anaxagore, à l'origine de la formule «Rien
ne naît, rien ne périt, mais des choses
déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau», reprise plus tard par
M. Lavoisier, qui a dit à travers sa phrase bien connue, «Rien ne se
perd, rien ne se crée, tout se transforme»... force est de constater que M.
Lavoisier avait bien raison au plan de la
chimie. Mais, avec le départ hâtif et massif de la retraite, la réduction du
personnel et le contingentement des
admissions en faculté de médecine antérieurs au gouvernement, le gouvernement
de 2003 a dû subir la transformation
du système de santé du PQ et refaire la maxime de Lavoisier comme suit :
Beaucoup d'emplois perdus, tout doit être créé. Puis on se demande
pourquoi le PQ l'a transformé. Les gens m'en parlent toujours dans la campagne
électorale de 2014, du fiasco de 2002. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à la
députée de Taillon.
Mme Lamarre :
Merci, M. le Président. Bonjour à tous mes collègues.
Écoutez,
je pense que le constat qu'on doit faire, c'est qu'il n'existe pas de système
de santé parfait sur la
planète, et par contre il y a des modèles qui sont plus gagnants que d'autres.
Et ce qu'on voit comme bilan, c'est qu'on a une grande capacité, au Québec, à inventer des structures, à générer, avec chaque
ministre qui arrive, des structures, mais on n'a pas toujours le courage de demander la reddition de comptes qui va avec l'instauration de ces mesures-là. Et je pense que c'est ça, le constat qu'on doit faire. Moi, je
peux vous dire qu'au nom des patients les patients, là... si, dans cette
Chambre, on est capables de se dire que les citoyens du Québec
sont contents de leur bilan, de leur système
de santé et de l'accessibilité
qu'ils ont, s'il y a quelqu'un qui est capable de me dire ça ici aujourd'hui,
on a un réel problème de connexion avec nos concitoyens.
Alors,
les gens reprochent la carence, l'obstruction, parfois, à l'accès. Et c'est là-dessus
qu'il faut travailler. Pour ça, ça prend de la reddition de comptes, ça
prend de la compétitivité et ça prend des mécanismes de rémunération qui valorisent la performance, l'efficience. Alors,
moi, je peux vous dire que, dans la création des GMF, on a n'a pas eu le
courage, pendant les années du Parti libéral, de demander une reddition de
comptes au niveau
des GMF. C'est quand le Parti québécois a été au pouvoir qu'on a réussi
à l'obtenir. Il y a une dimension exceptionnelle : le nombre d'heures de médecins. Les gens, dans le fond, ne s'en préoccupent pas
beaucoup s'il y en a plus ou moins. Ce qu'ils veulent, c'est que, quand eux ont mal, quand ils ont une bosse au sein qui apparaît, il
faut qu'ils puissent en voir un, médecin. Alors, nos calculs à nous, là, ce n'est pas ça qui les
préoccupe, c'est est-ce qu'il y a un médecin qui est disponible pour moi
quand j'ai une situation importante. Alors, trois niveaux où vraiment le Parti
québécois, en 18 mois, a compensé beaucoup de manques de reddition de comptes
des années libérales. En 18 mois, on a diminué le temps d'attente, à l'urgence,
de 48 minutes, ce qui ne s'était jamais fait depuis 10 ans. On a donné un médecin
de famille à 330 000 Québécois et on a
demandé aux GMF de respecter leurs ententes au niveau des heures d'ouverture et
de fermeture. C'est ça qu'on attend d'un gouvernement, pas de jouer
toujours dans toutes les structures, mais de demander les redditions de comptes
des ententes qui ont été conclues entre les professionnels et différents
intervenants. Et ça, c'est gagnant pour le patient.
Alors, moi je peux
vous dire que la création des agences en 2005, elle a eu une période de chaos
pendant au moins cinq ans. Et tout le monde
va nous le dire, là, ça a pris cinq ans avant que ça devienne fonctionnel. Ce
qu'on s'apprête à vivre, ce n'est pas
juste une réforme, c'est un littéral renversement de l'organisation,
c'est-à-dire qu'au lieu de déployer et de
se rapprocher des citoyens, on reconcentre tout le pouvoir au niveau du
gouvernement. Alors, ça, ça va nous donner encore un cinq ans de chaos, alors que, dans notre système actuel, il y
avait des moyens de continuer à travailler. Et je pense qu'on va le travailler très fort encore
parce qu'on n'a pas du tout abdiqué sur cette volonté de faire reconnaître
que les indicateurs de compétitivité, des indicateurs de performance, des
suivis, c'est ça qui va nous donner un bon système de santé et qui va apporter
à la population les éléments dont elle a besoin.
• (11 heures) •
Alors,
moi, j'aurais trois questions à poser au ministre, puisque j'ai seulement cinq
minutes. D'abord, des questions précises. Est-ce que tous les GMF vont
respecter leurs obligations, comme vous nous l'avez dit à l'étude des crédits? Est-ce que les pharmaciens vont pouvoir appliquer
les possibilités de la loi n° 41 — prolonger des prescriptions, traiter
des conditions mineures, collaborer selon leurs compétences — avant
la fin de 2014? Et quel est budget qui a été octroyé en éducation pour augmenter les cohortes d'IPS l'an prochain, comme vous en avez parlé hier, comme il a été dit
hier, pour les faire passer de 50 à 200?
Alors,
moi, ce qui me préoccupe, c'est qu'on ait une vision physique, presque mathématique
de notre système de santé. Les parcs d'équipements, c'est quelque chose, mais ce qui évolue beaucoup, ce sont les problèmes de santé mentale, les problèmes de déficience physique chroniques,
de déficit cognitif, et ça, ça prend du temps et ça prend des personnes
qui ont une vision aussi des enjeux sociaux
et des besoins de patient particuliers. Donc, le système de santé, ce n'est pas
qu'un parc d'équipements, c'est beaucoup du temps auprès des patients, et je
pense que c'est comme ça qu'on doit vérifier. L'accessibilité est l'indicateur
premier avec la performance pour les patients.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci, Mme la députée. Je vais céder la parole au ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Barrette : M. le Président, il y
a un principe en physique qui est assez connu, là : on ne peut pas vivre
le passé, le présent et le futur dans la
même seconde. Et, quand j'entends la députée
de Taillon, c'est un peu ce
qu'elle tente de faire, là, alors, on
essaie de faire et la commission
parlementaire, et le mandat du Parti libéral au complet, et résoudre le passé dans un même discours. Je pense
qu'on ne peut pas faire ça.
Ceci dit,
vous allez me permettre quelques commentaires sur les prises de position que la
députée de Taillon
vient de prendre. Elle parle de chaos, là.
J'essaie d'imaginer ce qui serait arrivé au Québec avec le Parti québécois en référendum, avec le député de
Saint-Jérôme comme chef pendant cinq ans. Si ça, ça n'avait
pas été du chaos, du moins, généré par les déficiences économiques du Québec,
je ne sais pas qu'est-ce qu'on aurait eu.
Alors, elle
fait référence aux 18 mois de pouvoir du Parti québécois, qui auraient
été paradisiaques et avec des succès absolument
effarants en santé. Bien, écoutez, M.
le Président, là, 48 minutes d'amélioration à l'urgence, c'est presque une erreur statistique, là, il n'y a
pas de quoi nécessairement se vanter de ça, à mon avis. Moi, je me garderais
une petite gêne, là. Pour ce qui est des 330 000 Québécois qui
ont un médecin de famille, ils sont
inscrits, M. le Président, là.
Ils n'arrivent pas à voir leur médecin, et c'est bien connu. Et ça, c'était
réglable. On le réglera d'une certaine manière en temps et lieu. Et, pour ce qui
est des contrats de GMF, bien il me
semble qu'en 18 mois on avait amplement, suffisamment, de temps pour
faire respecter 100 % des contrats, ce qui n'a pas été le cas.
Je suis
content que la députée de Taillon fasse référence à la loi n° 41,
puisqu'il s'agit d'une loi qui a été mise en place et adoptée par le Parti
libéral. Alors, le Parti libéral a mis en place une loi qui n'a pas été mise en application parce
que la mise en application devait se faire par le Parti québécois. Et la députée
de Taillon elle-même, avant qu'elle entre en
politique, critiquait son propre parti actuel pour sa
proverbiale lenteur, que tous comprenaient évidemment, parce que l'attention du Parti québécois,
pendant 18 mois, était évidemment dévolue entièrement au masquage d'un éventuel
référendum qui allait arriver dans un bain d'agitation populaire, chartien.
Alors, moi, je suis un peu amusé de voir la position de la députée de Taillon
aujourd'hui, qui, il n'y a même pas 19 mois, était... même pas, sept mois,
critiquait allègrement son propre parti sur la loi n° 41 et qui
aujourd'hui nous reproche de n'être pas rendus à destination, alors que nous
sommes en négociation intensive sur ce sujet.
Maintenant,
M. le Président, je reprends où j'ai laissé tout à l'heure. Je parlais de l'échographie, M. le
Président. Le Parti libéral, au déclenchement des élections... Et, on le sait,
M. le Président, on le sait, la médecine de famille, là, l'examen, là, qu'ils demandent le plus souvent en
termes d'investigation, à part la prise de sang, là, c'est
l'échographie. Le Parti libéral avait écrit
un projet de règlement qui faisait en sorte... Il était écrit, là, il était
prêt à aller à la Gazette officielle au mois d'août 2012. Et il était prêt, il était
négocié avec les fédérations. Et l'échographie pouvait, dans les cabinets
dans le réseau en entier, devenir payable par la RAMQ. Le Parti québécois,
qu'est-ce qu'il a fait avec ça? Rien, rien, parce qu'au Parti québécois, là, ce qui est important, là, c'est l'idéologie
hospitalocentriste. Et le ministre de l'époque l'a dit, là : Ça,
là, c'est des cabinets, puis des cabinets, quand bien même c'est public, c'est
un péché mortel.
Alors, le
Parti québécois a choisi de ne pas augmenter l'augmentation à l'échographie,
l'examen qui est le plus demandé par la médecine de famille. C'est
tellement demandé, là, que tout le monde qui nous écoute actuellement, là, savent, malgré que ce soit un terme
scientifique, ce qu'est l'échographie. Tout le monde sait ça, tout le monde, et
tout le monde veut y avoir accès. Et,
pendant 18 mois, quelque chose qui était réglable dans les premiers 45 jours,
M. le Président, là... Il était rendu
à la Gazette officielle. Le ministre de la Santé d'alors a dit non. Et
d'ailleurs, à plusieurs reprises, la députée de Taillon a repris ces
propos-là depuis qu'elle est élue : Les cabinets, là, on ne met pas
d'argent là-dedans parce que, même si c'est
public, ce n'est pas bon. Alors, où est l'intérêt du public dans la politique
du Parti québécois?
Le Président (M. Turcotte) : ...la
parole au député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Merci, M. le Président. Mes salutations. Je voudrais saluer
mes collègues de tous les partis. Et aussi merci pour les souhaits. Je
commence une nouvelle décennie aujourd'hui, donc ma cinquième décennie.
Au cours des
10 ans du gouvernement libéral, il s'en est passé, des choses, en santé. Le
député de La Peltrie sait déjà
que c'est au cours de cette période que le réseau québécois a dû composer avec
de graves pénuries d'effectif, gracieuseté des gestes posés par Pauline Marois et son collègue d'alors François
Legault. C'est aussi pendant cette période que nous avons créé l'INESSS, la Direction québécoise en
cancérologie et le programme Vieillir chez soi. C'est sous le règne
libéral qu'on a décidé d'ériger, au coeur de
Montréal, un centre de recherche et un hôpital universitaire de classe
mondiale, un haut lieu de la recherche médicale en français. Mais le
gouvernement libéral a également posé des gestes de moins grande visibilité
mais des gestes qui font preuve de sens des responsabilités. Je parle, M. le
Président, des investissements consentis à
l'entretien de nos infrastructures. Vous savez, M. le Président, quiconque est
propriétaire de sa maison sait de quoi
je parle, quand on prend un budget familial pour faire l'entretien de notre
maison, ce n'est pas toujours agréable, mais il faut le faire. C'est néanmoins la chose responsable à faire, car, si
on laisse passer ça, ça va être des travaux qui vont être très
dispendieux dans l'avenir.
Comme on sait
tous, dans les années 90, le Parti québécois était au pouvoir, puis ils n'ont
pas fait ça. Plutôt que de s'interroger sur la pertinence des
programmes, la lourdeur des structures, la portée de la protection sociale, ils
ont fait des économies en poussant des
milliers de médecins et d'infirmières à la retraite et aussi en négligeant le
maintien de nos actifs. Cette
négligence, M. le Président, n'a pas duré un an, deux ans; tout près de 10 ans.
Une décennie de négligences, une décennie de détériorations. N'importe quel
propriétaire de maison vous dira à quel point que ça finit par coûter
cher quand on entretient plus ou moins nos infrastructures pendant 10 ans.
Néanmoins,
en 2003, au retour, le gouvernement
libéral a pris le taureau par les
cornes et a investi massivement. Il s'est
donné un plan, un plan sur 10 ans, un plan qui prévoyait de quantifier le
déficit d'entretien de chaque immeuble, un plan qui garantirait désormais aux autorités locales des sommes dédiées,
prévisibles et protégées, années après année, à consacrer au maintien
des actifs et à l'entretien préventif. L'idée est simple, M. le Président, et
c'est de consacrer, bon an... 2 % de la valeur des actifs à ces travaux.
C'est simple à expliquer mais combien difficile à appliquer. Pourquoi? Parce que ça signifie faire du maintien d'actifs
une partie incompressible du budget d'immobilisations. Ça prend du
courage, ça prend de la vision et ça fait partie de l'héritage de la gouverne
libérale.
Jusqu'au
début des années 2000, M. le Président, l'enveloppe dédiée au maintien des
actifs s'élevait à 40,5 millions de
dollars par année. C'était nettement insuffisant. Ce n'est pas mon avis mais
celui du Vérificateur général du Québec, qui a déposé un rapport sur la question à la fin de l'année 2000. C'est
pourquoi le gouvernement libéral nouvellement élu a agi sans tarder, M.
le Président, et a fait passer le montant de l'investissement à
110 millions dès notre premier budget. À la fin de la décennie 2008‑2009,
ce montant annuel avait atteint la somme de 335 millions.
En tout et
partout, 3 250 000 000 $ ont été consacrés au maintien
des actifs entre 2004 et... Donc, mon collègue de La Peltrie sait que cela a permis de remettre
aux normes nos hôpitaux, d'aménager davantage nos salles de bains dans
les unités de soins puis aussi de faire
entrer la lumière dans certains bâtiments. Tous ces investissements-là ont été
importants. Mais, comme vous le savez, le gouvernement du Parti québécois a été
au pouvoir pendant 18 mois. Ils ont fait un PQI pour 2013‑2023. Et eux, ils avaient prévu une réduction pas de
2 %, pas de 5 %, M. le Président, mais une réduction de 25 %. Donc, aujourd'hui, on réinvestit, nous.
Cette coupure-là de 25 %, si on avait continué, nos bâtiments seraient
en état lamentable aujourd'hui. Donc, c'est
très important d'entretenir nos infrastructures, et le gouvernement libéral
présentement le fait. Merci.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Turcotte) : Merci,
M. le député. Je cède la parole au député de La Peltrie.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Écoutez, depuis tout à l'heure, j'entends mes collègues
du Parti libéral nous dire à quel
point les 10 ans du régime libéral ont été fantastiques. Juste rappeler ce
que j'ai dit d'entrée de jeu, les citations qui sont attribuables au
ministre de la Santé actuel. Quand il dit en décembre 2011 : «Yves Bolduc
ne fait pas la job au Québec», ça ne prête
pas beaucoup à interprétation. Jean Charest devait faire de la santé sa
priorité quand il a pris le pouvoir en
2003. Neuf ans plus tard, le CHUM, dont on vient de parler, était encore
seulement à l'état de chantier, les attentes dans les urgences persistent, et des milliers de
familles québécoises n'ont toujours pas de médecin. Écoutez, ça fait neuf
ans que l'on attend pour des changements. Il disait ça en 2012, là. En 2012, on
attendait pour des changements. Puis là, en 2014, woups, là, tout ça est devenu
un extraordinaire bilan de performance.
Mais,
M. le Président, soyons factuels. Le ministre de la Santé tantôt a
dit : Le député de La Peltrie, il a de la misère avec ses
calculs. Bien, on va les refaire. Alors, la population a augmenté de 8 %.
Et, pendant ce temps-là, le nombre d'omnipraticiens
a augmenté de 13 %; le nombre de médecins spécialistes a augmenté de
24 %; le nombre de pharmaciens, de
23 %. Et je pourrais continuer, ainsi de suite. Le budget de la santé a
crû de 64 %, 64 %. M. le Président, il y a une autre chose aussi qui a augmenté, c'est
l'attente : elle a augmenté de deux heures sur civière, elle a augmenté d'une
heure et demie en ambulatoire; des taux
d'occupation au-delà de 100 % dans les urgences, M. le Président,
l'occupation des civières.
Alors, je
veux juste vous lire une petite citation, encore une fois, de l'actuel premier
ministre : «L'une des raisons pour lesquelles je suis venu en
politique, entre autres, c'est cette question de l'engorgement des salles
d'urgence. Force est de constater que,
malgré d'autres améliorations dans le réseau, cette question demeure largement
la même qu'elle était il y a quelques
années.» Le premier ministre, il a admis en 2011 que ça n'avait pas marché.
Alors, je ne demande pas au ministre de la Santé de se faire une
césarienne, là, je lui demande juste de dire qu'est-ce qui n'a pas fonctionné. Puis l'objectif, M. le Président, là, ce n'est pas
de faire des exécutions publiques. Je pense que l'objectif — le ministre, j'espère qu'il l'a compris, là — c'est de dire comment on fait pour ne pas
répéter ces erreurs-là. Or, si, M. le Président, la prémisse de base, c'est : Tout va bien,
Madame la Marquise, tout ce qu'on a fait était magique... Puis, je l'ai
reconnu, le gouvernement libéral a fait des bonnes choses. Effectivement,
l'introduction des GMF, c'était une bonne chose, recommandation du rapport
Clair. Oui, c'était une bonne chose. Le regroupement des CSSS, je pense que
c'était une bonne chose. Et j'ai dit que le
premier ministre actuel avait laissé un héritage important au Québec par sa loi
antitabac. Je l'ai dit. Puis il y a des citations en masse. Puis je ne me
démens pas. C'est une bonne chose.
Par contre,
quand on regarde les indicateurs neutres... Parce que tantôt le député de
Sainte-Rose nous parlait de genoux,
hanches, cataractes. Bien oui, je veux dire, il y avait des enveloppes dédiées
dans toutes les agences parce qu'on en avait
fait une priorité puis on tassait toutes les autres chirurgies pour ne faire
que celles-là. Ce n'est pas un indicateur neutre. Mais parlons des indicateurs neutres : sur 51
urgences compilées, 2013‑2014, 162 000 patients qui rentrent à
l'urgence puis qui repartent sans avoir vu
de médecin. Pourquoi? Le Dr François Dufresne, M. le Président, nous dit, qui
est le président de l'Association des spécialistes en médecine
d'urgence : «La plupart des gens qui partent sont tannés d'attendre après
plusieurs heures.» Et ces gens-là ne sont pas comptabilisés, là, dans les
délais d'attente. Ils ne font pas partie, là, de l'augmentation, ils ne sont
pas comptabilisés.
Une voix : ...
M.
Caire : Oui, je le
sais. On va parler des chirurgies parce que mon collègue de Sainte-Rose les
abordait. Alors, au moment où on se parle,
20 000 personnes attendent depuis plus de six mois — ça, ils sont hors délai, ces gens-là; 6 500, depuis plus d'un an; 900, depuis
plus de deux ans, sont en attente d'une chirurgie. M. le Président, je peux
vous parler de Maroun Kassab. Sa chirurgie a été reportée cinq fois. Cinq fois,
sa chirurgie a été reportée. Qu'est-ce qu'on lui répond,
M. le Président, pour expliquer ça? «Je ne vois pas le pourcentage de report de
chirurgies comme un gros problème, parce que ces chirurgies-là ne sont pas
toujours des urgences.»
Le Président (M. Turcotte) : En
terminant.
M.
Caire :
«Vous n'allez peut-être pas aimer ma réponse — non, je pense que non — mais c'est le patient d'abord, selon
nos moyens et nos ressources. Et c'est la réalité de tout le monde.»
Le
Président (M. Turcotte) : Merci, M. le député. Je vais céder la parole
au ministre de la Santé et des Services sociaux.
M.
Barrette : M. le Président, bien que la technologie médicale aujourd'hui me permettrait de m'auto-opérer, je peux vous dire que les chances que je me fasse une
césarienne sont très faibles, mais extrêmement faibles, M.
le Président.
Ceci dit, M. le Président, je comprends les commentaires que fait le député de La Peltrie et j'ose avancer la réponse incomplète
pour le moment qu'il aimerait avoir. La question ici n'est pas de
savoir si le système fonctionne parfaitement. Il ne fonctionne
pas parfaitement. La question ici est de savoir si, de l'ère péquiste jusqu'à aujourd'hui,
il y a eu des améliorations, et la réponse, c'est oui. J'y ai fait référence
amplement puis je vais en donner un autre exemple dans un instant. Est-ce
que c'est parfait? Non. Est-ce que
maintenant on sait que les essais qui ont été faits, qui
n'ont pas été idéaux comme résultats
mais qui visaient des résultats plutôt idéaux... est-ce qu'on sait maintenant
pourquoi il y a des éléments qui n'ont pas marché? La
réponse, c'est oui. J'ai donné un exemple, là, tantôt, là, j'ai donné un
exemple à la députée de Taillon, qui évoquait avec fierté le fait que 330 000 patients, citoyens du Québec, soient
maintenant inscrits chez un médecin de
famille, et je lui répondais que c'est beau, là, mais c'est parce qu'une
inscription, ça ne fait pas une visite chez le médecin. C'est comme l'hirondelle qui ne fait pas le
printemps ou l'électron qui ne fait pas le courant. Une inscription ne fait
pas une visite. Alors,
le Parti québécois, par exemple, l'opposition officielle, peut se targuer
d'avoir inscrit des patients, elle ne peut pas se targuer d'avoir donné
des résultats pertinents qui sont évidemment la visite.
Maintenant,
revenons encore une fois sur notre bilan, M. le Président, parce qu'encore une
fois c'est l'objet de notre interpellation, et parlons des services à
domicile, M. le Président. On sait, là, que les services à domicile, c'est quelque chose qui est important, c'est
probablement la voie de l'avenir. Et, M. le Président, est-ce que notre
gouvernement, dans ses 10 années de pouvoir,
a été performant à cet égard? Et je pense que oui. On sait, et on savait, là...
c'était prévisible, ce sont des
données démographiques connues, on sait que le Québec est le deuxième endroit
dans le monde où la population vieillit
le plus vite, et, dès nos gouvernements précédents, on a mis en place des
politiques qui favorisaient le maintien à domicile et les soins à domicile, et on en avait fait une priorité, et
ces priorités-là se sont traduites par des investissements tangibles.
Alors, par
exemple, de 2002 à 2003, M. le Président, on a augmenté... je m'excuse, de 2002
à 2011-2012, on a augmenté le
financement, M. le Président, en soins à domicile de 88 %. Quand on est
arrivés au pouvoir, M. le Président, on a maintenu le financement, tel
qu'existant, à 287 millions de dollars et on a ajouté 45 millions de
dollars récurrents en 2011 en sommes d'argent qui étaient dédiées
spécifiquement aux services intégrés pour les personnes âgées.
En 2012, ces efforts-là, là, de 2003 à 2012 ont
non seulement porté fruit, mais nous ont amenés, comme gouvernement, à mettre en place la politique qui s'appelait à l'époque
vivre et vieillir ensemble, et la politique vivre et vieillir ensemble a
simplement changé de nom et d'attitude avec le Parti québécois, hein? Pour des raisons
que je ne qualifierai pas, on a changé le
nom, on a appelé ça assurance
autonomie. Mais ce qu'on a fait, par exemple, de différent, c'est qu'on a annoncé un financement qui était
inexistant. Et ça, pour nous, je le répète, là, c'est quelque chose qui
est impensable, là. Nous n'annoncerons pas des choses qu'on ne sera pas
capables de faire, là, nous autres, là, puis on ne dira pas aux personnes âgées, qui sont des personnes vulnérables :
Nous allons mettre jusqu'à 4 milliards de dollars qu'on n'a pas dans un programme, aussi bien intentionné
soit-il. Mais il n'en reste pas moins que ce programme-là, il venait du
Parti libéral, il s'appelait vivre et vieillir ensemble.
Alors, nous avons à gérer les finances publiques
d'une façon responsable et nous avons à diriger des sommes d'argent et bien les gérer, et c'est ce que nous
faisons actuellement. Et c'est ce qui n'a pas été fait dans les 18
derniers mois, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Président (M. Turcotte) : Merci, M. le ministre. Je vais céder la
parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie : Merci, M. le
Président. À ma dernière intervention, j'étais à faire le bilan du gouvernement
péquiste 1998‑2003 sur les services aux
aînés. J'étais rendu à mon quatrième constat des années de pouvoir : «Sans
pouvoir prendre un bain», et je vous montrais la photo, la première page du Journal
du Québec avec l'ex-première ministre.
Cinquième
constat : l'inertie de l'État dénoncée sous la gouvernance péquiste dans
les soins dans les CHSLD. Sixième
constat : la Vérificatrice générale qualifie de fiasco l'hébergement pour
aînés, 2002, toujours la Parti québécois au pouvoir. L'ex-première ministre mentionnait également qu'elle ne
regrettait rien des coupures aveugles qui avaient été faites avec son
ancien gouvernement, fin des années 90, qui a coûté extrêmement cher au réseau
tant au niveau des ressources financières, tant au niveau des mises à pied,
tant au niveau du personnel. La députée de Taillon évoquait tantôt... puis c'est avec respect que je le dis,
est très mal placée pour parler que le gouvernement ne devrait pas jouer
dans les structures. Son gouvernement a joué
non seulement dans les structures, mais dans les services directs à la
clientèle. Le ministre de la Santé évoquait
tantôt aussi que, sous son gouvernement, j'étais directeur général, aux
Îles-de-la-Madeleine, d'un hôpital. On devait envoyer des patients à
Plattsburgh, imaginez-vous : Les Îles-Québec; Québec, en autobus, jusqu'à Plattsburgh. Non seulement ça, les services directs
aux patients, mais également on a envoyé à la retraite des gens de 50 ans avec
de l'expertise, avec une culture organisationnelle, avec une culture de soins.
C'est presque une génération qui a manqué, à un moment donné, dans le réseau en
termes de transmission de connaissances, et ça, on peut considérer que c'est
grave.
Donc, depuis
l'arrivée de notre gouvernement en 2003, beaucoup d'actions ont été mises en
place. Une des premières mesures qui a été mise en place, c'est des
orientations ministérielles, un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD, une nouvelle vision
qui s'est installée graduellement sur la qualité des soins s'appuyant sur les droits des usagers. D'autres investissements
importants ont été faits au niveau des infrastructures :
rénovations des CHSLD, les rendre plus fonctionnels, plus sécuritaires. Aux
Îles-de-la-Madeleine, on a construit un CHSLD neuf, on en a fait l'inauguration
en 2011.
D'autres mesures
aussi furent implantées, qui touchent directement à la qualité des services,
entre autres les fameuses visites
d'évaluation en CHSLD, pas pour faire la police, pour être des collaborateurs
dans l'amélioration continue de la
qualité. Et là un ensemble d'éléments ont été rattachés à ces évaluations-là.
On a également installé aussi une approche adaptée pour les aînés
hospitalisés pour faire en sorte qu'ils puissent sortir et maintenir leur
autonomie une fois le congé donné par
l'hôpital ou par un médecin. On a également mis en place la certification des
résidences privées pour aînés, une excellente mesure qui a été mise en
place par notre gouvernement. La certification a été une première en Amérique du Nord. Dans les autres provinces
canadiennes, on se limite à des permis. On a également augmenté les
budgets, mis en place des mesures au niveau de la maltraitance.
Ce
sont toutes des actions mises de l'avant par le gouvernement libéral, et ces
améliorations ont eu de l'impact sur la
prévention, sur la qualité par la politique Vieillir et vivre ensemble, par des
mesures de certification, par l'augmentation des soins et des services
en CHSLD, par les soins à domicile également. Merci.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci, M. le député. M. le député de La Peltrie maintenant
pour cinq minutes.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Si je ne m'abuse, M. le
Président, c'est mon dernier bloc de cinq minutes. Or, je voudrais aborder avec le ministre, peut-être,
la dernière question qui me turlupine, c'est le manque d'ambition que je
perçois dans le projet de loi n° 10. Et
je ne sais pas si c'est un manque d'ambition ou si le ministre décide de mettre
les attentes plus basses en se disant : Bien, je suis mieux de promettre
moins, puis livrer plus. Puis c'est un peu ça que je veux voir avec lui parce que, visiblement, je n'aurai pas de sa part un
constat des erreurs du passé. Et donc, comme lui, nous naviguerons à
vue, là, dans l'évolution du projet de loi n° 10 et en fonction de ce qui
nous sera proposé.
Je
tiens à souligner, M. le Président, que le ministre tantôt me disait : Si,
le député de La Peltrie, il y a des choses qu'il n'a pas comprises
sur les chiffres, on peut lui refaire un briefing. Juste lui dire que, le
fameux tableau de Michel Fontaine, à deux
reprises on l'a demandé aux fonctionnaires, à deux reprises on s'est fait dire,
visiblement très mal à l'aise : Bien là, on ne sait pas si on peut
le donner. Puis, le fameux tableau, on ne l'a toujours pas. Donc, je n'ai pas
besoin d'un nouveau briefing, j'aurais besoin d'un petit peu de transparence et
j'aurais besoin qu'on nous communique ces prévisions-là qui ont été faites par
son sous-ministre en titre.
Je parlais du manque
d'ambition, M. le Président, parce qu'à plusieurs reprises, depuis qu'il a été
élu, j'ai eu l'occasion d'interroger le
ministre de la Santé sur des économies potentielles si on procédait à
l'abolition des agences. La première
fois, il a un peu ri de moi parce que moi, je parlais de 600 millions en
disant : Voyons donc! Le budget est de 94 millions, comment
est-ce que ça pourrait se transformer en 600 millions d'économies? On en a
reparlé aux études de crédits, puis, aux
études de crédits, bien, force a été de constater que le ministre avait évolué
dans sa pensée en disant que, oui, on
pouvait aller chercher des économies de cette fourchette-là. Et visiblement, au
niveau des communications, on s'est
dit : Tabarouette, le ministre
s'est avancé, il faut vraiment récupérer le coup. Alors, on a pondu un beau
document ici que je lui ai présenté, qui
n'a, je le redis, rien à voir avec le briefing technique. C'est bel et bien un
document interne intitulé Questions médiatiques potentielles — et,
comme ça concerne le projet de loi n° 10, j'ai beaucoup de difficultés à penser
que le ministre de la Santé n'en a pas eu connaissance, d'autant plus que c'est
signé par la Direction des communications du ministère de la Santé et des
Services sociaux — dans
lequel on nous ventile, là, le 600 millions en parlant de 25 millions qui a déjà été amorcé en 2013, là, dans
des mesures de restriction au niveau des établissements. Entre autres, on parle d'un 200 millions,
220 millions qui est livrable à terme. Il y a un autre 220 millions,
là — vous
me permettrez de faire la recherche dans le
document — qui
était... moi, la ventilation, qui était des efforts budgétaires associés à la révision de la gouverne. Or, M. le Président,
quand on... D'ailleurs, je l'invite à relire cet excellent magazine, Le
Spécialiste, dans lequel il se prononçait sur les économies qu'il y avait à
faire au moment où on abolissait les agences, magazine de 2012, où, là,
il était assez convaincu que c'était la chose à faire et c'étaient les
économies qui étaient escomptées.
• (11 h 30) •
Et
ce qui est intéressant quand on lit le document, qui est un document du
gouvernement, là... Je ne l'invente pas, c'est le gouvernement, Raymond Bachand — j'imagine que Raymond Bachand savait
compter, j'ose croire que ça, ça n'a pas changé dans l'opinion du Parti
libéral — qui
était quand même accompagné de quelques personnes de renom, dont Luc Godbout, entre autres, et d'autres,
Claude Montmarquette, qui ont participé à ce document-là, et d'autres
qui sont maintenant à la commission de la
révision des programmes, et leur conclusion était : «Cette double structure — alors là, on parle du ministère et
des agences, pas des établissements, on parle du ministère et des agences — a un
coût direct non négligeable, estimé en 2009
à [...] 600 millions de dollars par année — par année.» Et là on nous propose, à
terme, des économies de 220 millions.
Donc, au budget du 31 mars 2018, qui sera visiblement une année électorale si
on respecte la loi, ce sera un budget électoral, donc là on aura des
économies de 220 millions.
Je pense qu'il serait extrêmement pertinent
qu'on puisse avoir le tableau de Michel Fontaine pour voir le détail de ces prévisions-là et de savoir pourquoi
dans les faits on passe de 600 millions d'économies... ou de cette fourchette-là, aux dires
du ministre, au mois de juin, là... Pas plus tard qu'au mois de juin, il nous
disait qu'on était dans cette fourchette-là, et là on parle d'économies
de 220 millions. Quand je dis : Il ne faut pas répéter les erreurs du
passé, ça fait aussi partie de ça.
Le
Président (M. Turcotte) : Merci, M. le député. Je cède la parole au
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Barrette : C'est mon dernier
aussi avant la clôture, M. le Président, c'est ça?
Le Président (M. Turcotte) : Oui.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, je vais simplement faire quelques
commentaires. J'aurais aimé pouvoir le dire une fois pour toutes, mais j'ai l'impression que ça ne pourra pas
l'être. Mais je vais quand même les faire, malgré tout. Amicalement, si on se rappelle nos... En tout cas,
moi, je me rappelle que, quand j'étais l'université, je n'avais pas
besoin nécessairement d'avoir des... là, j'étais capable de prendre en note ce
qui était dit. Mais je pense que vous avez eu l'information,
mais, encore une fois, là, je le réitère, je vous invite à revenir nous voir,
on vous fournira les documents appropriés.
Je reviens au
rapport de M. Bachand. Le rapport de M. Bachand disait qu'il y avait, pour
cause de dédoublement, un potentiel
d'économies récurrentes de 600 millions de dollars. L'agence, à proprement
dit, là... Ça ne peut pas venir de l'agence
elle-même ou des agences. Le budget des agences, c'est moins de
100 millions de dollars, pour arrondir,
là. Alors, évidemment, ce sont des coûts induits par les dédoublements
structuraux. Et je sais qu'à la CAQ vous êtes d'accord que les dédoublements, un, sont des problèmes, deux,
induisent des coûts qui sont inutiles.
Alors, j'ai
acquiescé à ça à l'étude des crédits et j'y acquiesce encore. Mais ce que j'ai
dit, et je le redis aujourd'hui, c'est
que le 600 millions de dollars a été évalué d'abord sur un rapport de
2009, ce n'est pas un rapport, là, de maintenant, là, et je dis aussi que... commandé en 2009, je
m'excuse, là. Alors, c'est un rapport que je ne démens pas d'aucune manière,
mais je dis aussi que, depuis cette période-là, là, le gouvernement libéral, en
2012, avait commencé à mettre en place des mesures dites d'optimisation qui ont
généré dans cette période-là, de 2012 à maintenant, M. le Président, environ 200 millions de dollars, et un peu plus,
d'économies. Nous, cette année, avec ce que l'on met en place, il y a
effectivement des économies potentielles, à
terme, récurrentes de 220 millions, mais par-dessus ça on a demandé des
efforts, cette année, de 225. Quand on additionne, il est là, le
600 millions. Et, je vous cite, M. le député, par année, c'est des
économies récurrentes totalisant 600 millions mais récoltées par phases.
Alors, on est cohérents. Et moi, particulièrement, je suis cohérent avec ce que j'ai dit dans le passé,
particulièrement sur la base du fait que ces économies-là, elles sont
induites. Là, ce n'est pas juste les
agences, mais c'est clair que la restructuration passe par cette étape-là,
comme les économies qui vont être
induites, bien elles vont l'être aussi, puisque la dépense est induite. Alors,
on ne change pas de position à cet égard-là.
Pour ce qui est du passé, M. le Président, moi,
je trouve ça un peu dommage, là, que le député de La Peltrie constamment fasse référence à des erreurs, alors qu'encore
une fois, là, ce qui a été proposé sous un gouvernement libéral comme
mesures pour améliorer le système de santé, là, je ne me rappelle pas avoir
entendu qui que ce soit avoir... politiquement
parlant, là, je parle de la CAQ, de son prédécesseur et du Parti québécois,
s'épancher sur la place publique pour
dire que c'étaient des mauvaises idées. Je n'ai pas vu ça, moi, je n'ai pas
entendu ça. Maintenant, je suis d'accord que le résultat n'ait pas été
optimal et je suis surtout conscient que les causes de ces résultats qui ont
été insuffisants sont maintenant connues. Et
c'est la raison pour laquelle, dans le projet de loi n° 10, il y a
certaines provisions, dont certaines provisions en termes de pouvoirs
conférés au ministre pour la période de transition, qui fassent en sorte qu'on
ait le pouvoir d'éviter certains écueils.
Un des
premiers écueils, et vous le savez, je sais que vous le savez, puis vous êtes
d'accord avec ça... je ne suis pas
sûr que le Parti québécois l'est, là, mais on sait que, dans la période en
question, le système a agi d'une telle manière que les économies qui
devaient venir de la diminution de l'encadrement ne se sont pas réalisées parce
que le système avait la possibilité légale
de passer par la porte d'en arrière et de réengager le monde sous différentes
manières, un autre titre : un consultant. Vous avez entendu cette
semaine, là, mon collègue président du Conseil du trésor, il a été très ferme,
là, il y a des provisions qui vont empêcher de faire ça. Et c'est ça qu'on doit
faire, M. le Président, et je suis sûr que vous êtes d'accord.
Le Président (M. Turcotte) : Merci,
M. le ministre. Je cède la parole au député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui. Merci, M. le
Président. Tout comme le ministre, j'ai de grands doutes quant à la capacité
d'un médecin à faire une césarienne au ministre de la Santé. J'invite le député
de La Peltrie à peut-être revoir sa littérature médicale à ce sujet.
Je l'invite
aussi à revoir le rapport de l'Institut Fraser, instance neutre, qui plaçait le
Québec en deuxième position à l'échelle du pays pour les temps
d'attente en chirurgie en 2012. J'ai fait le calcul très simple : 2012
moins 2002, c'est 10 ans. En 2002, qui était le ministre de la Santé? Le chef
du deuxième groupe d'opposition, qui, lui, a mis un départ massif à la retraite des personnes, une réduction
du personnel et qui a contingenté des admissions en faculté de médecine.
Pour le chef de la CAQ, lui, c'est :
abolition, compressions et ensuite élaborer une vision. Nous, on a dû rectifier
le tir, et on s'est empressés de le faire, de 2003 à 2012 en augmentant
le nombre de nouvelles inscriptions régulières autorisées dans les programmes
de formation médicale doctorale en médecine. Entre la période de 2003 et de
2012, le nombre d'inscriptions est passé de 666 à 847, une hausse de plus de
27 %, et actuellement le nombre d'inscriptions est maintenu à 847.
Donc, on a dû rectifier le
tir du passé pour augmenter le nombre d'inscriptions pour donner un plus grand accès à la santé pour répondre aux besoins de la
population. Ces inscriptions régulières visaient à répondre à un besoin d'effectifs du Québec. Puis le Dr Charles Bernard,
qui était le président du Collège des médecins, a dit en 2012 : «Au
Québec, on compte maintenant 20 969 médecins,
soit 505 de plus qu'au 31 décembre 2010. [...]Cet ajout net de 505
membres est le meilleur gain du nombre de médecins depuis 1996.»
Donc, dans la
bracket de l'interpellation que parle le député de La Peltrie, de 2003 à
2015 le nombre de résidents autorisés dans les programmes de formation
médicale postdoctorale a, lui aussi, augmenté, passant de 510 en 2003 pour atteindre 910 en 2015. Donc, ça signifie que,
dans la période entre 2003 et 2015, où qu'on était à 126 mois sur une possibilité de 144 au poste du gouvernement, le
nombre de postes de résidents autorisés dans les programmes de formation
médicale postdoctorale aura connu une hausse de près de 80 %. Je rappelle
que le Dr Charles Bernard a aussi dit à cet
effet : «...l'augmentation du nombre d'étudiants en médecine depuis les
années 2000 permet au Québec de compter de plus en plus de médecins.
Cette tendance continuera à s'accentuer encore pour quelques années, et ce,
malgré les départs à la retraite ou les décès [des médecins].»
Donc, avec toutes ces mesures qu'on a mises, on a
réparé le fiasco de l'ancien chef de la deuxième opposition et de son
ancien parti. En enlevant le contingentement des admissions en faculté de
médecine, on va aussi, nous, au lieu de contingenter, ouvrir pour les IPS, les
infirmières praticiennes spécialisées, en augmentant à 2 000 le nombre
d'IPS sur 10 ans. Ça, c'est une initiative
libérale qui avait été faite en septembre 2007 par le premier ministre actuel,
qui occupait la fonction du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Actuellement, il y a huit universités qui dispensent la formation des
universités pour la formation des infirmières spécialisées : Montréal,
l'Université Laval, l'Université McGill, l'Université de Sherbrooke ainsi que
les universités du Québec en Outaouais et en Abitibi. Donc, on va pouvoir
former, en plus, des gens partout au Québec pour desservir l'ensemble de la
population du Québec.
Tantôt, j'entendais le député de La Peltrie
dire... et nous féliciter du réseau des GMF que l'on a apportés au nombre de 300. Puis je tiens à vous dire que la
création des 50 supercliniques à travers le Québec, là, c'est un
carrefour de la santé qui va être créé pour sept jours sur sept. Et j'ai été
faire du porte-à-porte hier à Lévis, et on me parlait de ces supercliniques-là. On me parlait de ces
supercliniques-là et du projet de loi n° 10. On me disait et on disait au
gouvernement tout en entier et au ministre de la Santé de continuer, de ne pas
lâcher. Et c'est ce qu'on va faire, M. le Président, on va continuer, pour
améliorer l'accès aux services de la santé, et ce, pour le bénéfice de la
population.
Donc, avec
ces supercliniques-là, avec l'augmentation des admissions en médecine, avec le
fait qu'on a mis en place des campus cliniques en région, force est de
constater que nous sommes dans la bonne direction pour améliorer l'accès des
soins de la santé au Québec. Merci, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le
Président (M. Turcotte) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la
parole à la députée de Taillon pour une période d'environ
2 min 30 s.
Mme
Lamarre : Alors, écoutez, il y a 2 millions de Québécois sur 8
qui n'ont pas de médecin de famille et qui, bien sûr, n'ont pas accès à un médecin de famille. Je l'ai dit, ça prend
de la reddition de comptes et des suivis. Actuellement, le bilan libéral
nous inquiète. L'informatisation ne s'est pas concrétisée, et là on s'apprête à
recréer, dans le fond, d'autres agences tout
simplement en éliminant 150 CSSS puis en en transformant 20 là en agences
nouvelles. On éloigne les décisions des patients, et ça, ça nous préoccupe
beaucoup. Depuis la rentrée, des professionnels de la santé de toutes les régions ont sonné l'alarme. Et les coupes prononcées
dans les soins et les services directs préoccupent.
Ce qui me
surprend aussi quand on pense au bilan libéral, c'est quand je regarde une
conférence que le premier ministre actuel a donnée en décembre
2011 — on
ne parle pas de 1998 ou de 1999, on parle de décembre 2011 — à la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il concluait en disant :
«Est-ce vraiment une bonne chose que le
ministre de la Santé soit le dirigeant ultime du système de santé lui-même ou
est-ce qu'il ne devrait pas, comme élu, être parmi ceux qui évaluent les résultats du système et également posent des
questions par rapport aux objectifs que lui, comme homme ou femme
politique, aura déterminés?»
Alors, ce qu'on veut, c'est quelqu'un qui
gouverne, et gouverner, ce n'est pas contrôler. Donc, je pense qu'on a vraiment à faire attention à cette façon
de voir qui est en train de se transférer entre le bilan du Parti libéral,
où on a voulu déployer sans exercer de
contrôle, et où, là, on semble vouloir contrôler sans permettre aux citoyens de
pouvoir participer aux décisions, et surtout sans avoir de garantie dans
cette perturbation majeure des structures qu'on va réussir à assurer ce qui est le minimum que les gens
veulent, un accès raisonnable, comme tous les autres pays du monde ont,
à des soins de santé. C'est une réforme centrée sur le ministre et c'est très
préoccupant. Merci.
Conclusions
Le Président (M. Turcotte) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Nous en sommes maintenant aux dernières
interventions. Donc, je cède la parole au ministre pour un maximum de 10
minutes.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, vous me permettrez d'abord de remercier le député de
La Peltrie de m'avoir donné et de nous avoir donné l'occasion de pouvoir
discuter, dans un climat favorable, de ce sujet
important qu'est le système de santé et remercier évidemment mes collègues
d'avoir pris le temps de venir participer à cette discussion.
Ceci
dit, je ne peux m'empêcher, M. le Président, de faire quelques commentaires
qui, de toute façon, ont été introduits... le sujet a été introduit par la députée
de Taillon, c'est-à-dire terminer sur le projet de loi n° 10.
Je
suis déçu, M. le Président, de constater qu'actuellement nous sommes
encore, pour un sujet aussi important, dans
une dynamique, disons, d'imprécision dans les informations. Et je trouve ça
dommageable. Je ne suis pas surpris cependant, M. le
Président. Le projet de loi n° 10 est un projet
qui est important. Il est important
pour notre réseau de la santé, il est
important pour la pérennité de notre système
de santé, M. le Président, et c'est un projet de loi qui, à
mon avis, doit être abordé avec le
même sérieux et la même rigueur que le projet
de loi n° 52 a été l'objet. Le projet de loi n° 52, c'est un projet
de loi qui a fait en sorte que tout le monde à l'Assemblée nationale a débattu
d'une façon très rigoureuse, la plus
objective possible, malgré les difficultés du sujet, et qui a permis la conclusion, sous
notre gouvernement, de cette démarche-là
par l'adoption du projet
de loi. Le projet de loi n° 10, conjugué à d'autres mesures qui sont mises en
place, est, à mon avis, du même ordre, c'est un point tournant, c'est une
charnière entre ce qui est pensé puis ce dont on a débattu dans cette interpellation pendant deux heures et ce qui est
devant nous, ce qui est le meilleur. Je ne suis pas surpris évidemment
qu'au Parti québécois on prenne cette approche-là. C'est à peu près
du même ordre d'idées que le ministre des Finances du précédent gouvernement,
qui nous annonçait un retour à l'équilibre budgétaire alors qu'il savait très bien
qu'il avait dans ses livres la génération d'arrérages, avec les fédérations
médicales, de plus de 440 millions
de dollars. Il nous prévoyait un budget équilibré alors qu'il savait,
par le comportement du président du Conseil du trésor et du ministre de la Santé, qu'il avait un arrérage... de compter vers le haut, là, puis qui s'est
terminé à 440 millions de
dollars. Bien, c'est ça. La transparence, ça ne marche pas dans toutes les
familles et ça donne ça.
Alors,
aujourd'hui, qu'est-ce
que l'on voit? On voit un projet de loi qui est majeur, qui entraîne des changements qui sont
significatifs et qui vise des changements qui sont au bénéfice de la population,
et ces changements-là, un, ne sont pas des changements qui sont autour du ministre,
ce n'est pas de la centralisation, ce n'est pas l'apocalypse pour le réseau, ce
n'est rien de ce que vient d'évoquer la députée de Taillon. Au contraire, c'est
un projet de loi qui vise particulièrement à améliorer l'accès aux soins de première ligne,
améliorer la fluidité dans ce réseau-là et améliorer la qualité dans ce réseau-là, et on aura l'occasion, en d'autres circonstances, de
nous y adresser plus en détail. Comme j'ai trouvé dommage cette semaine
que l'on fasse référence à des coupures de services et qu'on prenne comme
exemple des réaffectations de personnel
comme étant l'exemple qui démontrait
l'apocalypse et la diminution de services, alors que, comme je l'ai démontré, et ça a été clairement
dit par les autorités du centre
hospitalier en question, il y a
des suppressions de postes qui sont réaffectés. Et c'est dommage qu'on
arrive encore avec cette attitude-là.
Dans quelques jours, j'espère, et certainement dans quelques semaines, nous aurons l'occasion d'être en commission parlementaire pour discuter du projet
de loi n° 10 et nous aurons l'occasion, comme gouvernement, de présenter à
la population certaines autres mesures qui vont venir habiller en quelque sorte
le projet de loi n° 10. Je l'ai dit et je le redis, le projet de loi n° 10 est un projet
de loi de transition entre ce que
nous avons maintenant vers un système
meilleur, et ce projet de loi là met en place une structure, un squelette sur
lequel vont venir se greffer d'autres éléments, un des éléments étant le financement
à l'activité, et quelques autres éléments qui viendront par la suite.
Ceci
dit, dans cette dynamique-là, il va de soi que le débat à l'Assemblée nationale
doit se faire de la façon la plus constructive
possible. Je l'ai dit dans cette Assemblée cette semaine. Il me semble que
c'est ce que j'avais entendu des deux
chefs de l'opposition, c'est-à-dire faire une action d'opposition — des débats contradictoires — mais constructive. Et, à cet égard-là, moi, je vous le dis tout de suite,
là, j'ai hâte aux commissions parlementaires et j'ai hâte d'entendre des
suggestions. J'ai entendu beaucoup de critiques ce matin, là, mais j'ai hâte
d'avoir des suggestions. Je sais que, d'un côté, on aime changer la réalité, me
faire dire des choses que je n'ai pas dites et je sais que, de l'autre côté, il
y a un appui à certains principes que l'on
met de l'avant. Et je comprends l'insatisfaction actuelle du niveau
d'information qui est produit par le
ministère, mais vous comprendrez que la commission parlementaire, elle sert à
faire ces échanges-là, et, de ces débats-là vont, comme je le dis
toujours, hein... Je l'ai dit hier, lors de mon débat de fin de journée, là,
moi, je vis sous une maxime qui est très
simple, là : Du débat naît soit la vérité soit un compromis raisonnable,
mais l'important, c'est de débattre.
Et, quand on est de bonne foi, bien, en général, si ce n'est pas la vérité,
c'est un compromis raisonnable.
• (11 h 50) •
Alors, je ne prétends
pas avoir la réponse à toutes les questions ni détenir la vérité, mais je pense
que nous sommes dans la bonne direction, une direction nécessaire, avec le
projet de loi n° 10 et tout ce qui va s'y rattacher par la suite. Et, en
ce sens, je suis convaincu que nous aurons des échanges pour le moins
constructifs en commission parlementaire et
j'ose espérer que la collaboration que nous avons actuellement continuera avec
la deuxième opposition et, j'ose espérer... qui arrivera avec
l'opposition officielle.
Je terminerai
là-dessus, M. le Président : les décisions. Et c'est ce qu'on a dit.
Lorsque j'ai fait le point de presse sur le
dépôt du projet de loi n° 10, j'ai dit que notre gouvernement, en santé, à
partir de maintenant, allait prendre des décisions dont le critère premier allait être l'intérêt du patient, et
ça sera le cas. Et l'intérêt du patient peut prendre plusieurs chemins, mais, au bout de la ligne, le résultat
doit être visible, et tangible, et mesurable. C'est dit, ça, c'est dit
clairement, clairement, clairement. Et, non,
nous ne remplacerons pas une bureaucratie par une autre. Nous ne remplacerons
pas une bureaucratie de reddition de comptes que l'on a actuellement par
une autre bureaucratie qui ne donne pas de résultat, hein? En 2013, là... j'ai un article de journal ici qui dit que
plus de la moitié des GMF ne respectaient pas les paramètres de leurs
contrats. Ça ne prend pas 18 mois, régler ça, là. Ça se règle rapidement. Notre
gouvernement réglera ça. Les décisions, à
partir de maintenant, M. le Président, seront des décisions qui seront
propatients mais aussi prosystèmes parce que nous avons à coeur que notre système de santé public demeure public
et donne les services requis à la population. Et les efforts que l'on fait actuellement ne sont pas des
efforts qui visent simplement à retourner à l'équilibre budgétaire, qui
est une chose qui est essentielle, on s'entend là-dessus, là.
On ne peut pas faire
l'économie, si on peut utiliser cette bonne expression-là, d'un retour à
l'équilibre budgétaire. On ne peut pas
passer à côté de ça, c'est nécessaire. Mais après qu'est-ce qui arrive? Après,
c'est la pérennité du système. Et, si ce système-là doit être pérenne, il doit être
construit ou remodelé d'une telle
manière que l'accès est là, que la
fluidité est là, que la qualité soit là mais aussi que la croissance des coûts
soit contrôlée. Alors, qu'on arrête de se leurrer, là. Et, s'il y a quelqu'un ici, dans cette salle... ou, si un jour vous
pensez que les autres qui sont absents peuvent venir dans cette salle nous dire que notre société
peut maintenir un taux de croissance de coûts de santé à 5,6 % pour les 15, 20 prochaines années,
bien, là, écoutez, là, venez me voir, expliquez-le-moi, puis j'irai moi-même
vous mettre en nomination pour un prix Nobel d'économie, là. Alors, on sait que
ce n'est pas possible.
Il
y a donc des efforts à faire et des décisions à prendre, avec comme objectif ce
que je viens de dire, et ce que je viens de dire se résume à une
chose : le patient, le patient, le patient, à la hauteur de nos moyens. Et
c'est ce que nous allons faire. Et nous allons
combattre tous ceux qui entretiennent un rêve pernicieux qui ne peut faire que
d'amener le Québec dans l'abîme budgétaire duquel on essaie de se
sortir. M. le Président, merci.
Le
Président (M. Turcotte) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la
parole au député de La Peltrie également pour un temps de 10
minutes.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Je vais sortir aujourd'hui
de cette interpellation avec deux déceptions et une satisfaction.
Première déception, M. le Président, c'est le changement de discours du
ministre de la Santé par rapport à la
critique qu'il faisait du bilan libéral des 10 dernières années. Et puis,
écoutez, là, le député de Sainte-Rose disait que ma littérature médicale
était déficiente. Je peux vous dire que ma banque de citations, elle ne l'est
pas. Le nombre de citations où le ministre
de la Santé actuel vilipende et celui qui est maintenant premier ministre et
celui qui est actuellement ministre
de l'Éducation... je pourrais faire plusieurs périodes de questions juste à
lire des citations. On va s'épargner ça, lui et moi, on va essayer
d'amener le débat ailleurs.
Mais
de voir aujourd'hui que celui qui a été très critique envers ce gouvernement-là
est aujourd'hui son plus grand défenseur,
ça, évidemment, soulève des questions puis ça amène évidemment une certaine
insécurité, parce qu'on se dit : Il
y avait quand même un avantage d'avoir quelqu'un de très critique envers ce
gouvernement-là au sein du gouvernement, à savoir éviter la complaisance et poser un regard critique et objectif
sur ce qui avait été fait, sans complaisance. Et là, aujourd'hui, je vous dirais que je ne perçois pas
ça. Je ne dis pas que le ministre de la Santé est un homme complaisant.
Je ne le pense pas. Mais le discours qu'il a
tenu aujourd'hui envers sa nouvelle formation politique, par rapport au
discours qu'il tenait à l'époque sur la même formation politique, ça... le
discours était complaisant. Puis ça, ça m'inquiète. Ça m'inquiète parce que ça
m'amène à ma deuxième déception. Et, dans son discours de clôture, le ministre
a donné un excellent exemple de ce que je veux amener comme élément.
Si
on ne reconnaît pas les erreurs du passé, on se condamne à les répéter. Et le
ministre nous dit : Écoutez, là, on ne peut pas maintenir une croissance des dépenses de 5 %, 6 %,
6,5 %. Ça a même monté à 7 %. Il a tellement raison, il a
tellement raison. Monique Jérôme-Forget avait le même discours en 2007, fin
2007, souvenez-vous, a demandé à Claude Castonguay de faire une analyse
exhaustive du réseau de la santé et comment on pouvait faire pour ramener l'augmentation
des coûts de système à un niveau acceptable et soutenable financièrement. M.
Castonguay a déposé son rapport, auquel, à
l'époque, nous avions collaboré, et le Parti
québécois aussi, je le souligne. Et qu'est-ce que le premier ministre actuel a fait à l'époque, alors qu'il était ministre de la Santé? Il l'a pris, il l'a mis sur une tablette, puis on n'en a plus jamais entendu parler. Or, il l'avait entre les mains,
le rapport qui lui disait que ça n'avait pas de bon sens. Qu'est-ce qu'il a
fait avec le rapport qu'il lui disait que ça n'avait pas de bon sens? Il l'a
tabletté. Est-ce que c'était une erreur de la part du premier
ministre de tabletter le rapport Castonguay? Moi, je pense que oui.
Et
c'est là où ça nous amène à mon propos d'aujourd'hui : une bonne recette qui donne des mauvais résultats,
il y a une raison à ça. La recette était bonne : abolir les régies régionales,
faire des regroupements administratifs, introduire les GMF, les cliniques-réseaux. La recette était bonne. Elle a donné de
mauvais résultats. Le premier ministre et le ministre de l'Éducation, pour citer le ministre de la
Santé, «n'ont pas fait la job, au Québec». Il y a toujours des listes
d'attente qui sont en augmentation. Et là, je veux dire, on a les chiffres du
Commissaire à la santé. On peut bien dire que ma littérature n'est pas bonne,
on peut faire de la microstatistique. D'ailleurs, je dois vous dire que le
premier ministre, à l'époque où il était ministre de la Santé, était un
spécialiste de la microstatistique et de la neurochirurgie, il avait deux
spécialités. Mais ça, ça explique tout. Vous savez, les stations de radio font
un peu la même chose quand il y a des BBM,
hein? Tout le monde est premier quelque part dans le segment des hommes blancs
qui ont une Camaro jaune et qui la
conduisent entre sept heures et huit heures. Ils sont premiers dans ce
segment-là. Or, on peut toujours être premier quelque part. Mais, quand
on regarde ça globalement, les délais d'attente augmentent dans les salles
d'urgence, sur les listes d'attente, et ça, ce sont des indicateurs neutres. Et
mes collègues ont répété à satiété : On a investi beaucoup d'argent, on a formé plus de médecins. C'est vrai,
je l'ai reconnu d'emblée, il y a plus de médecins, plus d'infirmières,
plus d'argent et plus d'attente. Moi, je veux bien que je ne sais pas calculer,
mais normalement, si tu as plus de monde pour
faire la job, la job devrait se faire plus vite, pas moins vite. Donc, une
bonne recette qui donne des mauvais résultats. Nécessairement, dans le parcours, il y a quelqu'un qui s'est trompé
quelque part. Et là on me dit : Non, on a fait tout ça tout
correct, tout beau, tout bien, puis le système de santé va super bien. Moi,
j'ai de la difficulté avec ça.
Un
autre élément. Le ministre nous dit : Écoutez, le Parti libéral a déjà
commencé à mettre en place des mesures de rationalisation. Pourtant,
quand on regarde le niveau de cadres dans le réseau de la santé, il augmente
plus vite que le niveau d'infirmières. Bon,
on n'a peut-être pas la même définition de ce que c'est, de la rationalisation.
Ça se peut, mais ça m'inquiète, ça
m'inquiète. Et, oui, le ministre de la Santé sait très bien que, puisqu'il met
de l'avant notre programme, on ne
sera pas hostiles à ça. On ne sera pas hostiles à l'abolition des agences, que
nous proposons depuis au moins 2007. On ne sera pas hostiles au
financement par épisode de soins, qui, soit dit en passant... on propose aussi
depuis 2003.
On
ne sera pas hostiles à une mesure qu'on a déjà proposée et pour laquelle le
Parti libéral s'est opposé, a voté contre
cette mesure-là. On ne sera pas hostiles à ça. Je salue le fait que, le passage
à la coalition du ministre de la Santé, il a gardé des bons gènes de ça, il a gardé un bon fond, puis il semble
vouloir être contagieux au sein de son nouveau caucus. Tant mieux, mais tant mieux! Parce que l'objectif,
c'est que ça fonctionne. Puis je le dis sans arrière-pensée :
L'objectif, c'est que ça fonctionne. Mais,
pour que ça fonctionne, ça va prendre des alliés au ministre. Et, pour qu'il
ait des alliés... Parce que, des
adversaires, il va en avoir, puis je pense qu'il les a déjà assez bien
identifiés. Ceci étant dit, il aurait intérêt à bien traiter ses alliés
parce que, ça, il n'en aura pas trop.
• (12 heures) •
Et ça
m'amène, M. le Président, à une satisfaction. Mais là je vais juste mesurer
parce que ce n'est pas la première fois qu'on nous fait des propositions
puis que la madame ne se présente pas au rendez-vous. Alors, M. le Président, le ministre nous a dit qu'il déposerait tous les
documents pertinents. Ça, c'est du langage de politicien. Puis on va
essayer d'être bien clairs, puis de décoder ça, puis d'être bien, bien, bien
clairs. Ce que nous souhaitons, c'est le tableau des prévisions qui a été établi par Michel Fontaine, sous-ministre en titre
dans le réseau de la santé. C'est ça, le document que nous, on juge
pertinent. Pourquoi? Parce que c'est la clé de voûte de tout le projet de loi,
M. le Président, sur l'aspect budgétaire.
C'est la clé de voûte de tout le projet de loi sur l'aspect budgétaire. Parce
que, si on prend le projet de loi, puis je ne veux pas entrer trop
là-dedans, on aura ces discussions-là, le ministre et moi, mais, si on prend le
projet de loi, à proprement parler, il n'y a
pas d'obligation de résultat dans le projet de loi. Par contre, avec le tableau
en question, s'il le dépose, et moi,
je décode qu'il entend nous le fournir, qu'il entend le déposer, c'est ce que
je décode, mais je veux juste être sûr, puis on aura l'occasion de s'en
reparler, là, on a la ventilation, là, on a les chiffres précis, on a les
objectifs, on a la démarche qui nous amène
en mars 2018, on a les économies prévues, dans quels secteurs, de quelles
façons, là, on a cette
ventilation-là, qui est extrêmement nécessaire et qui soutient l'ensemble du
projet de loi. Mais, sinon, sinon, de notre côté, on navigue à vue, et
ça, je vais le dire très clairement au ministre, ça ne nous enchante pas
beaucoup.
Ce n'est pas
la première fois qu'un ministre libéral nous dit : Faites-moi confiance.
Et, à toutes les fois, ça a été une déception. Et, je le dis en tout
respect, je pense que le ministre de la Santé pourrait faire la différence.
Maintenant, quand j'entends son discours se
«libéraliser», puis pas dans le bon sens du terme, là je me dis : Mais,
s'il fait juste être en continuité de
ce que le premier ministre puis le ministre de l'Éducation ont été, c'est une
bonne recette qui va être mal appliquée
et qui va donner des mauvais résultats. Et c'est ça, le bilan libéral des
10 dernières années : une bonne recette mal appliquée qui a
donné des mauvais résultats.
Or, je le dis, la recette est bonne et peut
donner des bons résultats si on le fait correctement. Et, comme c'est notre
recette, bien je pense que vous auriez tout intérêt à nous avoir dans votre
cuisine. Moi, je dis ça comme ça. Ça pourrait peut-être changer le goût de la
soupe à la fin de la journée. Mais pour ça, M. le Président, ça prend une collaboration qui n'est pas à sens unique, qui est
mutuelle, et une collaboration mutuelle, ça veut dire de la
transparence. Le ministre a fait référence à la transparence. Donc, nous donner
ces documents-là et pas simplement ceux qu'il veut bien nous donner, ça serait important. Et ne pas attendre la commission
parlementaire. Il n'y a pas de période de dépôt de documents à une
commission parlementaire. Il peut faire ça bien avant, et ça serait un très
beau geste de sa part.
Le Président (M. Turcotte) : Merci,
M. le député. Donc, je vous remercie tous pour votre collaboration.
Je lève donc
la séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux
sine die. Bonne journée.
(Fin de la séance à 12 h 4)