(Dix heures deux minutes)
Le Président
(M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Collègues,
la commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et auditions publiques sur les conditions
de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue
durée.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Bergman) : Alors, collègues, on reçoit maintenant
l'Association québécoise d'établissements de santé et de services
sociaux.
Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, suivie d'un échange avec les membres de la commission. Pour les fins d'enregistrement, on a
besoin de vos noms, vos titres, et le prochain 10 minutes, c'est à vous.
Association québécoise
d'établissements de
santé et de services sociaux (AQESSS)
M. Cadieux (Jean-Paul) : Alors, M.
le Président, mesdames, messieurs de la commission, on vous remercie d'abord de nous permettre d'exposer notre point de
vue sur la qualité de vie des personnes âgées en CLSC ce matin. Je vais
présenter les personnes avec qui je suis à la table ici. J'irais à ma droite,
Mme Sonia Bélanger, qui est directrice générale
du CSSS du Sud-Ouest—Verdun, et
elle va s'exprimer généralement au nom de l'ensemble des établissements;
immédiatement à ma gauche, Mme Diane
Lavallée, probablement que tout le monde connaît bien, qui présentera
l'essentiel de notre présentation; et, à la
gauche de Mme Lavallée, M. Mario Morand, qui est directeur général des CSSS des
Sources et du Haut-Saint-François en Estrie. Les équipes de M. Morand on fait
preuve de beaucoup d'innovation, elles ont déployé
des efforts considérables pour améliorer les conditions de vie des personnes
hébergées dans leurs établissements. C'est pourquoi on a tenu à ce qu'il
se joigne à nous et partage son expertise.
Alors, l'association que nous représentons
compte 125 établissements publics, soit l'ensemble des centres hospitaliers, les centres de santé et de services
sociaux, communément appelés les CSSS, les centres hospitaliers universitaires et affiliés ainsi que les CHSLD.
Notre mission, c'est : rassembler, représenter et soutenir ses membres
en agissant comme chef de file et acteur
important pour assurer la qualité des services et la pérennité du réseau de la
santé et des services sociaux. Cela, elle le
fait au bénéfice de la population.
Les établissements membres de l'AQESSS gèrent en toute transparence
plus de 17 milliards de dollars et emploient plus de 200 000
personnes.
Dans notre
présentation, ce matin, on va, premièrement, insister sur le fait que les
CHSLD s'inscrivent dans une culture d'innovation et d'amélioration continue et
qu'ils agissent en toute transparence. Ils sont appuyés dans leurs tâches par du personnel dévoué et compétent. Les
employés des CHSLD constituent ainsi l'âme de nos organisations.
Quotidiennement, ils sont sur la ligne de front. Ils ont besoin d'être
davantage écoutés, de se sentir fiers,
reconnus, valorisés et soutenus, cela parce qu'ils accomplissent dans un
contexte extrêmement difficile un travail qui n'est rien de moins
qu'extraordinaire. Alors, je laisse maintenant le soin à notre directrice
générale de l'association, Mme Diane Lavallée, de vous faire part de nos
principales observations.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lavallée.
Mme Lavallée (Diane) : Merci. M. le
Président, Mmes, MM. les députés, je vous remercie de vraiment nous accueillir
et nous permettre de présenter notre point de vue sur les conditions de vie des
résidents en CHSLD.
La plupart
d'entre vous savent que les services aux aînés sont depuis longtemps, à
l'AQESSS, au coeur de nos priorités.
Nous y avons consacré, d'ailleurs, plusieurs de nos travaux, et nos
recommandations ont su rallier l'ensemble des partenaires en cette
matière. Je pense que notre expertise ne fait pas de doute.
En guise
d'illustration, rappelons que nos membres hébergent près de 34 000
personnes dans leurs installations et que
leur personnel prodigue quotidiennement les meilleurs soins aux plus
vulnérables de notre société. J'insiste aussi pour dire que c'est du personnel dévoué. En tant
qu'infirmière, je vous dirais que j'ai moi-même oeuvré au sein de
différentes équipes de soins. Je suis en
mesure de vous affirmer que, quelle que soit la personne à laquelle on doit
apporter soutien et confort, cela se fait avec l'humanité qui nous
habite, en y mettant toutes nos compétences et toute notre compassion. Cela est vrai aussi dans
des unités, autant que les soins intensifs, sur les étages des hôpitaux, dans
les urgences, que dans les centres d'hébergement et de soins de longue
durée.
J'ai aussi,
pendant sept ans, avant d'arriver à l'AQESSS, été Curatrice publique. J'avais
donc la responsabilité de représenter légalement plus de 13 000
personnes inaptes parmi les plus vulnérables de notre société. Elles étaient
toutes bénéficiaires de soins ou de services offerts par les établissements du
réseau et la plupart d'entre elles étaient hébergées — il y en avait près de 4 000 — dans les CHSLD ou dans des ressources
intermédiaires. Ces personnes inaptes, aux
prises avec de graves problèmes cognitifs, des déficiences, des maladies
mentales, souvent laissées pour compte par leurs familles et leurs
proches, trouvaient confort et dignité auprès du personnel des CHSLD qui
s'occupaient d'eux comme d'un parent. J'en
ai visité des dizaines, pour ne pas dire des centaines, de ces établissements
et je peux témoigner de la qualité du
personnel dévoué qui y travaille au quotidien. Oui, il y a des situations
désolantes, qu'on souhaiterait éviter bien sûr, mais ces cas isolés ne
peuvent être généralisés.
Cette
commission devrait donc saisir l'occasion de rendre hommage à tout le personnel
des CHSLD pour l'humanisme, leurs interventions, pour leur compassion et
pour leur dévouement quotidien. J'insiste parce que le message que colportent certains médias et certains groupes sur les
soi-disant mauvais traitements dont seraient victimes nos résidents n'a
pour effet que de démoraliser et de démobiliser les équipes : les équipes
d'infirmières, d'auxiliaires, de préposés, y compris les gestionnaires.
Il y a lieu ici d'effectuer un rappel à l'ordre
et de faire certaines mises au point. Rappelons, d'ailleurs, que les milieux
d'hébergement publics ont adopté des mécanismes de contrôle très sévères qui
permettent de prévenir des situations jugées à risque et d'intervenir en cas de
besoin. Ils appliquent une politique de tolérance zéro pour tout manquement à la sécurité des résidents ou à la
qualité des services qui leur sont offerts. Ne pas appliquer de tels
principes peut conduire à des sanctions sévères, voire au congédiement des
personnes fautives, et ça se produit.
Concernant
les allégations de maltraitance contre les résidents, il serait pertinent de se
référer aussi au rapport d'activités
de la ligne Aide Abus Aînés qui a été publié en mars… les rapports ont été
publiés en mars 2012, dans lequel il est
précisé que, tous milieux de vie confondus, les personnes maltraitantes sont
généralement des proches de la personne vulnérable. C'est très malheureux de constater qu'effectivement leurs
enfants le sont dans 35 % des cas, puis les conjoints, les autres
membres de la famille, des amis ou des voisins dans un autre 35 % de cas
rapportés.
• (10 h 10) •
Les plaintes
de maltraitance liées à un intervenant, un préposé ou un professionnel
représentent, quant à elles, moins de
3 % du total, mais, bien sûr, on considère que c'est déjà trop, et c'est
pourquoi nous considérons qu'il est de notre
devoir de prévenir et d'assurer la sécurité des quelque 30 000 personnes
qui sont hébergées dans nos murs. Pour cela, nous recommandons notamment
qu'il soit possible de lever le secret professionnel dans certaines situations
où un employé serait témoin de gestes de maltraitance ou d'exploitation envers
une personne aînée.
Nous ne
répéterons jamais assez à quel point le personnel des CHSLD a tout autant à
coeur la qualité de vie des résidents que l'ensemble de la population.
Par ses soins et sa présence auprès d'eux, il assure surveillance, sécurité et confort. Les hommes, les femmes qui habillent, accompagnent,
lavent, soignent, divertissent, animent, écoutent et apaisent les plus vieux d'entre nous veillent à ce que la
vie en résidence se vive comme un passage agréable et, bien sûr, le plus
souvent possible, rassurant. Nous estimons essentiel que cela doit être dit,
doit être aussi répété.
Maintenant
que toutes ces mises au point ont été faites, il y a lieu de faire connaître
publiquement à quel point, depuis une
vingtaine d'années, la population hébergée dans les CHSLD a changé de visage. Aujourd'hui,
quatre résidents sur 10 ont plus de
85 ans. Ce sont des personnes en grande perte d'autonomie. Ils requièrent
plusieurs heures de soins par jour.
Plus marquant encore, huit sur 10 présentent d'importantes pertes cognitives.
Une clientèle, donc, plus âgée, en grande perte d'autonomie, qui
représente de nombreux défis pour les équipes soignantes. Il ne s'agit plus
uniquement de prodiguer des soins de base et
de confort, on parle plutôt de soins infirmiers, de services médicaux et
professionnels en ergothérapie, en
physiothérapie, en nutrition. Les soins offerts sont donc de plus en plus
complexes. L'offre de services s'est ainsi
beaucoup spécialisée, et le personnel se compose maintenant d'équipes
multidisciplinaires appelées à intervenir non seulement auprès des
personnes hébergées, mais des proches.
On ne le cachera pas, le CHSLD est, bien sûr, un
milieu de vie, mais c'est aussi de plus en plus devenu un milieu de fin de vie. Milieux de vie, milieux de
soins et milieux de fin de vie, les CHSLD font face à une demande et une
pression croissantes pour répondre tant aux
besoins des résidents en lourde perte d'autonomie qu'aux attentes aussi
de leurs proches. Ils doivent relever ces défis avec des ressources qui sont
limitées. Ça n'empêche pas les gestionnaires et le personnel d'innover pour améliorer les services. Il faudrait rapidement
que l'offre de soins et de services en hébergement soit, donc, adaptée
aux nouveaux types de clientèles qui y résident. Ça fait partie de nos
recommandations.
Dans nos établissements, on accueille également
des clientèles âgées désinstitutionnalisées, des hommes, des femmes qui ne parviennent plus à vivre dans la
communauté, et ce, même avec des services. Ces aînés sont aux prises
avec des besoins d'assistance complexes et éprouvent des difficultés
relationnelles, comportementales qui rendent difficile la cohabitation avec les autres résidents. Le CHSLD public est le seul
milieu de soins qui offre des services 24 heures, et ce, sept jours par semaine. Toute autre alternative
résidentielle n'offre pas ce type de services en continuité et en
intensité, d'où la prise en charge par nos établissements de cette clientèle
qui se retrouvait autrefois en hôpital psychiatrique.
Malgré cette
offre de services en continu à des clientèles très peu autonomes, plusieurs
établissements sont aux prises avec la vétusté de plusieurs de leurs
installations. Il est peut-être utopique de demander qu'un milieu de vie institutionnel devienne un véritable chez-soi,
mais des efforts doivent être consentis pour qu'il puisse devenir un
milieu de vie substitut significatif, agréable et adapté.
Par exemple, étant donné que notre clientèle est
de plus en plus en situation de fin de vie, il est apprécié et souhaité par les familles d'avoir accès à des
lieux physiques qui favorisent l'intimité et l'accompagnement
respectueux des
derniers moments de leurs proches. Les chambres à plusieurs lits ne permettent
pas ce type d'intimité. Et la mise aux normes des actuels CHSLD a
justement pour but de réduire le nombre de lits par chambre et de ne garder que
des chambres individuelles et quelques-unes doubles.
Nous préconisons l'aménagement de milieux de vie
sécuritaires, personnalisés, empreints d'une atmosphère familiale, organisés en fonction de petits regroupements sous forme
d'îlots d'environ 10 à 15 lits. De plus, le regroupement de clientèles
qui présentent des profils de besoins similaires permet au personnel de
développer des compétences, des connaissances
spécifiques pour mieux intervenir et assurer une réponse qui est adaptée. La
possibilité d'avoir un accès extérieur sécurisé est aussi recommandée
pour permettre aux résidents errants de circuler à volonté dans un espace
agréable et sécuritaire.
Toutefois,
malgré l'importance de rénover et d'adapter nos installations aux nouvelles
clientèles, nous apprenions en
septembre dernier que l'enveloppe consacrée à la modernisation de nos
installations allait être amputée de 25 %, et ce, jusqu'en 2017‑2018. Cette décision aura pour effet
de retarder la réalisation de milieux adaptés aux clientèles plus âgées
en perte lourde d'autonomie. Pensons
notamment à la conversion de chambres doubles en chambres privées. Nous
souhaitons donc que les programmes fonctionnels et techniques qui sont associés
à la modernisation des lieux physiques en CHSLD soient réalisés à court terme.
En terminant, nous croyons qu'avec
l'instauration prochaine de la caisse autonomie, il deviendra impératif de réfléchir à l'avenir de l'hébergement public en
proposant des actions qui ne sont pas uniquement l'apanage du réseau de la santé et des services sociaux, mais qui
relèvent également de l'engagement de toute une société à l'égard de sa
population âgée en perte d'autonomie. Nous sommes maintenant disponibles
pour répondre à vos questions. Je vous remercie
Le Président (M. Bergman) :
Merci. M. Cadieux.
M. Cadieux
(Jean-Paul) : M. le
Président, vous excuserez une omission que j'ai faite au début. J'ai présenté
mes collègues, mais j'ai oublié de me présenter. Alors, Jean-Paul Cadieux, je
suis deuxième vice-président à l'AQESSS et je suis président du conseil
d'administration du CSSS du Coeur-de-l'Île, à Montréal.
Le Président (M. Bergman) :
Merci…
M. Cadieux
(Jean-Paul) : Alors donc, je
suis ici principalement comme deuxième vice-président, mais j'aurais
peut-être des commentaires à faire comme président d'établissement.
Le
Président (M. Bergman) : Merci, M. Cadieux. Vous êtes toujours
le bienvenu. Alors, maintenant, pour le bloc ministériel, Mme la députée
de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Alors, merci, M. le Président. Bonjour, mesdames, messieurs, très heureuse de
vous accueillir afin que vous puissiez nous faire part de vos préoccupations et
de votre éclairage.
Dans votre
mémoire, on remarque que vous déplorez, naturellement, au cours des dernières
années, les campagnes, un peu, de
dénigrement qu'on a pu observer, en tout cas des éléments qui ont été cités
publiquement dans des situations qui se sont présentées dans des CHSLD.
Et puis vous nous dites aussi que souvent cette image-là est tronquée de la
réalité et que naturellement ça a des effets dévastateurs également sur les
clientèles elles-mêmes, sur les familles qui s'inquiètent. Ça inquiète beaucoup
les familles qui ont des gens qui sont en situation d'hébergement et le
personnel, naturellement, aussi qui oeuvre
dans ces établissements-là parce que, je pense que vous l'avez mentionné, vous
avez des gens qui sont très dévoués
et qui travaillent auprès des personnes vulnérables, et, quand ces choses-là se
produisent, bien, naturellement, ça rejaillit sur eux aussi, et ça peut
être des éléments assez démotivants.
Alors,
pouvez-vous nous en parler un peu plus, comment… À quoi vous associez cette
situation-là? Et puis, de l'autre côté de la médaille, il y a sûrement
des bons coups. On en a entendus de certains groupes qui sont venus nous
rencontrer jusqu'à maintenant. Donc, il y a certains bons coups qui sont là.
Naturellement, on les médiatise peut-être un peu moins. Alors, j'aimerais vous
entendre sur ce sujet-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. Cadieux… Mme Lavallée.
Mme
Lavallée (Diane) : Oui, il
est clair qu'il y a beaucoup de groupes à la défense des droits des aînés,
qu'on salue d'ailleurs, parce que, oui, nos
aînés ont besoin d'avoir beaucoup de groupes en mesure de prendre leur défense,
bien que plusieurs d'entre eux sont capables de le faire eux-mêmes aussi. Ce
n'est pas parce qu'on est âgés qu'on est tous inaptes, incapables de se
défendre.
Moi, je pense
qu'aussi ce qu'il faut voir, c'est qu'une mauvaise nouvelle, ça se répand
beaucoup plus vite qu'une bonne, et les médias sont avides de ces
mauvaises nouvelles. Un cas d'abus, un cas malheureux est toujours un cas de trop, et il est clair que de les mettre de
l'avant fait en sorte que ça donne l'impression que l'ensemble de nos
CHSLD sont remplis de cas de ce même type.
Donc, il ne faudrait pas faire en sorte qu'un cas d'exception devienne une
généralité ou soit perçu comme tel parce qu'effectivement…
On
a eu même l'occasion d'échanger avec certains groupes sur certaines sorties qui
ont été faites. Et je pense que c'est important de rappeler que les gens
ne veulent pas démobiliser le personnel qui travaille auprès des personnes vulnérables, mais l'effet que ça a, c'est un effet
très démobilisant. Parce que je vous dirais que la plupart des employés
qui se lèvent le matin pour venir travailler dans les CHSLD, ce qu'ils veulent,
c'est d'offrir le mieux d'eux-mêmes aux personnes qui
sont, pour eux, l'extension de leur famille. Donc, d'entendre publiquement,
médiatiquement, de façon continue que ces
gens-là font de la maltraitance, abusent des personnes, sont incompétents, je
vous dirais que ça a un effet tellement démobilisant puis tellement
inquiétant sur les familles et les autres résidents aussi qui ne sont pas
souvent visés, des fois, par les cas pour lesquels on a eu une médiatisation.
Donc,
moi, je pense qu'il faut être vigilant et prudent. Je pense que c'est un appel
à toute la société. On n'a pas à minimiser et à taire des cas qui sont
déplorables. Par contre, on n'a pas, je pense, à en faire à outrance une
promotion qui ferait en sorte qu'on a
l'impression que c'est généralisé dans nos CHSLD. Parce que, vous savez, c'est
difficile d'attirer puis de retenir
des personnes, c'est difficile d'attirer des gens pour venir travailler dans
les CHSLD. Ce n'est pas tout le monde
qui veut travailler dans les CHSLD. Par contre, on a des cas de gens qui y ont
passé leur vie puis qui sont heureux. On pourra vous en donner un
exemple tout à l'heure. Moi, je pense qu'il faut être prudent. Demain, on a
besoin de gens. Il y aura de plus en plus de
personnes âgées qui auront besoin de services en CHSLD ou en soins à domicile.
Donc, il faut encourager les gens qui voudront offrir des services auprès de
cette clientèle-là.
Puis
des bons coups, oui, il y en a. Les gens s'ingénient à en faire régulièrement.
On a des gens qui offrent des services
dans des appartements. Il y a eu des ententes, notamment l'Office municipal
d'habitation puis le CSS
Arthabaska-Érable avec les autorités municipales. Ils ont offert des services
spécifiques dans les habitations à loyer modique pour permettre aux gens de rester dans leur résidence et ne pas venir
dans des CHSLD, et ça a changé la vie des gens.
On
a un hôpital, l'Hôpital Sainte-Anne, dans le West Island, qui met à la
disposition des usagers les nouvelles technologies, Skype, pour les
rapprocher de leurs petits-enfants, pas pour faire en sorte que les enfants ne
viennent plus les visiter puis leur parlent par le biais d'un iPad, mais ceux
qui habitent trop loin, qui n'ont pas la chance de contacter souvent leurs
personnes proches, bien, d'utiliser les nouvelles technologies pour les
rapprocher. Il y a des programmes de soins de vie qui sont utilisés à
l'institut gériatrique de Sherbrooke, qui sont étendus maintenant dans
plusieurs de nos CSSS. Il y a toutes sortes d'initiatives que les
établissements mettent de l'avant pour répondre aux besoins de la personne en
perte d'autonomie.
Je
vais donner la parole à Mme Bélanger, qui va aussi vous témoigner comment du
personnel qui travaille dans un de ses CHSLD est dédié aux personnes et
aime son travail. C'est peut-être une anecdote, mais je pense que ça en dit
long sur la motivation des gens.
• (10 h 20) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Sonia) : Oui. Alors, bonjour. Je suis directrice générale
du CSSS Sud-Ouest—Verdun. Le
CSSS Sud-Ouest—Verdun, c'est le plus gros CSSS à Montréal avec
l'hôpital de Verdun, sept centres d'hébergement, trois CLSC. Dans les sept centres d'hébergement, nous avons
1 200 places pour les résidents. Et je suis entrée en fonction il y a
18 mois et je suis arrivée, donc, en plein été. Ce n'est pas l'idéal, hein,
quand on arrive dans une organisation, d'arriver à la dernière semaine de juillet, mais mon entrée en fonction était prévue à
ce moment-là, et j'ai donc commencé ma tournée de mes installations par
les centres d'hébergement.
Au
lieu d'aller à l'hôpital, je me suis consacrée, la première semaine, à faire la
tournée des centres d'hébergement et,
je vais vous dire, j'ai trouvé là des situations extraordinaires, des gens
extrêmement heureux au travail. Et, à la première journée, je me suis
aventurée dans la cuisine de la cafétéria d'un de nos centres d'hébergement. Un
employé s'est approché de moi, il m'a
dit : Bonjour, vous êtes la nouvelle directrice générale? On a entendu
parler de votre arrivée. J'ai dit :
Oui, ça me fait plaisir de vous rencontrer. Il dit : Madame, je vous
souhaite d'être aussi heureuse dans votre travail que je le suis, moi, ici, au centre d'hébergement. Je lui ai
demandé quel était son nom, et cette personne-là, elle m'accompagne dans mes
tournées parce que je le cite constamment. C'est un exemple, pour moi, d'un
employé qui ne travaille pas en service direct à la clientèle, il est à
la cuisine, travaille depuis 35 ans à faire ce travail avec passion, avec
coeur.
Alors, c'est une anecdote,
c'est un témoignage simple, mais, au-delà de ce témoignage, dans le fond, ça
vient démontrer tout le travail qui a été fait depuis plusieurs années pour
que, dans nos centres d'hébergement, l'approche milieu de vie soit constamment améliorée, déployée, et ça démontre aussi
que cette approche milieu de vie, bien, elle est partagée par un
ensemble d'employés. On a parlé tantôt des professionnels, des infirmières, des
professionnels de la santé, des préposés aux bénéficiaires, mais aussi des
autres catégories d'employés.
Je
voudrais aussi vous mentionner que vous avez certainement dans votre famille
peut-être aussi des gens proches qui
sont eux-mêmes hébergés dans les centres d'hébergement publics. C'est la même
chose pour moi, pour mon père, qui n'est
pas dans mon établissement. Et je suis confiante envers ce centre
d'hébergement. Puis, s'il arrive des événements, parce qu'il peut en arriver, des chutes, des erreurs de médicaments,
mais au moins j'ai confiance en l'institution, et cet élément-là est extrêmement
important.
Vous
avez aussi peut-être, dans vos familles, de vos frères, belles-soeurs, enfants
qui travaillent comme préposé aux bénéficiaires,
ou comme infirmière, ou comme professionnel de la santé, et leur motivation, le
matin, je suis à peu près convaincue, ce n'est pas d'aller faire un
travail qui est exécrable, leur motivation, elle n'est pas là, leur motivation,
c'est de faire un travail extraordinaire.
Et je termine mon
intervention en mentionnant que l'effet médiatique, sur des situations qui sont
déplorables, bien sûr, a un effet encore
plus grand sur l'ensemble des employés de notre réseau. Et, comme directrice
générale, je peux vous dire qu'à tous
les jours je reçois des courriels, des cartes de remerciement pour toutes
sortes de petites actions, et les gens
sont, en général, très satisfaits des soins. Il faut être vigilant — on aura l'occasion d'en reparler plus
tard — parce que
c'est des clientèles vulnérables, mais, de façon générale, moi, je suis très
fière de m'associer au centre d'hébergement de mon CSSS.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci. Bien, en tout cas, je suis contente aussi de vous avoir entendue tantôt,
Mme Lavallée, quand vous avez dit que vous
approchiez cette présence-là à la commission comme étant à la recherche de moyens d'innovation, en tout cas, et d'inspirer de bonnes pratiques. Je peux vous dire que c'est l'esprit
dans lequel on a abordé cette commission-là, d'ailleurs.
Vous nous avez parlé aussi, dans votre mémoire,
qu'avec l'instauration prochaine de la caisse d'assurance autonomie ça va devenir impératif que de réfléchir
à l'avenir de l'hébergement public au Québec dans un continuum
de soins, en proposant des actions qui ne
sont pas uniquement, là, l'apanage du réseau de la santé. Vous avez
parlé que ça devrait devenir une responsabilité de tout l'ensemble de la
société. Pouvez-vous élaborer un peu sur comment vous voyez cet élément-là de
votre mémoire?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lavallée.
Mme
Lavallée (Diane) : Oui, puis
je laisserai M. Morand vous parler comment ça se traduit concrètement.
Nous, c'est clair qu'on pense que le fait
qu'on veuille accentuer les services à domicile pour répondre aux besoins de la
population qui désire rester chez eux, il y a un gros défi là. Et d'offrir les
services et s'assurer que seules les personnes qui sont en grande, grande perte d'autonomie se retrouvent dans les CHSLD, c'est
sûr que ça va appeler un grand changement. Quand on interpelle la société, on se dit, bon, il y a
le municipal, tu as les organismes communautaires de
la communauté, de la région concernée
qui doivent être mis à partie pour offrir à nos personnes aînées les services
qu'elles ont besoin dans la communauté. Et je vais laisser la parole à
M. Morand, qui peut vous traduire comment, même déjà, en bonne partie, ça se
concrétise à l'intérieur de son CSSS.
Le Président (M. Bergman) :
M. Morand.
M. Morand (Mario) : Alors, merci.
Moi, je suis directeur général de deux CSSS dans l'Estrie, le CSSS du Haut-Saint-François
et le CSSS des Sources, là, à Asbestos. On a mis de l'avant, voilà une
quinzaine d'années, un programme assez
soutenu au niveau du soutien à domicile, et les résultats sont au rendez-vous, puis c'est là qu'on parle de
redéfinition de la mission d'hébergement. En l'espace de 15 ans, on a réduit de moitié le
nombre de lits d'hébergement sur le territoire. On a réduit de 75 lits,
et il n'y a absolument aucune liste d'attente actuellement, puis la clientèle
n'est pas placée chez les voisins, elle est prise en charge par notre
communauté.
La façon qu'on a travaillé, naturellement, c'est
l'intensité du soutien à domicile, c'est aussi élargir pour rejoindre la clientèle, mais surtout développer
des partenariats avec les résidences pour personnes âgées. Et là
j'insiste là-dessus, c'est le secret, à mon avis, pour l'avenir, c'est-à-dire que des gens choisissent de s'en aller vers des résidences de personnes
âgées, c'est une forme de transition, mais on s'aperçoit qu'on est capables de
les maintenir dans ces résidences-là jusqu'à
leur fin de vie sans nécessairement avoir recours à l'hébergement public. Comment ça se fait? Mais c'est en… Eux autres assument
le gîte et le couvert avec le bail qu'ils ont, puis c'est nos ressources du
CSSS, qui normalement vont à domicile, mais vont dans ces résidences-là et
donnent les services intensifs requis.
Actuellement, dans notre territoire, par
exemple dans la MRC des Sources, on a
24 personnes qui sont maintenues dans
ces résidences-là, qui ont le profil de l'hébergement. Puis ces
gens-là ne veulent pas aller en hébergement,
veulent… Mais on a des auxiliaires familiales et sociales qui sont présentes
sept jours sur sept, 12 heures par jour dans ces résidences-là pour prendre
soin de ces clients-là. Le coût est assez important, mais il est trois fois
moindre qu'il l'est en hébergement. Donc, on est gagnants comme communauté.
Puis ces gens-là, c'est là qu'ils veulent… Ces
personnes-là, il n'y a pas personne qui est maintenu dans ces résidences-là contre leur gré. C'est ça
qu'ils veulent. Ceux qui vont venir en hébergement, bien ça va être davantage des gens qui ont des troubles de comportement importants,
puis là, à ce moment-là, ils deviennent un handicap pour les autres de la résidence. Puis là, à ce moment-là, on les prend en charge puis on trouve une façon de les intégrer
dans nos centres. Mais, lorsqu'il n'y a pas de trouble de comportement associé
à leur perte d'autonomie, à ce moment-là, on peut aller très loin dans le
maintien à domicile, dans ces résidences-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci,
M. le Président. Dans votre présentation, vous avez parlé aussi d'horaires atypiques. J'ai remarqué que vos gens, vos
auxiliaires ont un horaire, là, pas nécessairement de 8 h 30 à 3 h 30,
4 heures. Il y a un horaire sept jours-semaine, 12 heures par jour — vous
avez mentionné ça — pour
être capables, justement, de répondre à des besoins, là, qui ne sont pas
toujours évidents, là, entre 8 h 30 et 4 heures, disons. Est-ce
que je me trompe? C'est votre réalité?
Le Président (M. Bergman) :
M. Morand.
• (10 h 30) •
M. Morand (Mario) : Bien, c'est
exactement ça. On a organisé avec le syndicat des horaires ajustés pour nos personnels. Puis c'est un deux chiffres par
jour, deux quarts de travail par jour, sept jours sur sept, pour prendre
en charge... Parce que ces gens-là, il faut les aider à se lever, il faut les
aider à s'habiller, à faire leur hygiène, les amener à la salle à manger, les accompagner une partie de la
journée. Puis, le soir, il faut les préparer au coucher. Donc, dans un
horaire de 12 heures, il y a peut-être
une couple d'heures où on n'est pas présents, puis c'est le personnel de la
résidence qui fait la surveillance, mais, le reste du temps, on est
présents. Puis l'entente qu'on a avec la résidence, c'est
la surveillance de nuit. On dédommage la résidence pour la surveillance de
nuit, puis, pour les soins, c'est nous qui s'en occupons.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci,
M. le Président. Dans les groupes qui
sont venus nous présenter, on a entendu plein de choses, mais il y a des éléments qui sont ressortis, entre autres d'essayer de déménager le moins possible les aînés. C'est souvent quand on est rendu à l'hébergement
puis qu'on doit les installer dans des mesures transitoires, en attente d'une place, en attente... Et ça, les gens nous
ont dit, différents groupes nous ont dit que ça affectait énormément les
aînés, d'avoir à vivre tant de
déménagements, des fois à quelques mois, quelques semaines d'intervalle. Puis ça, est-ce que vous avez des solutions pour ça,
pour cet aspect-là des choses?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Sonia) : En fait, oui,
je pense que les gens qui vous ont fait ces commentaires ont tout à fait raison. On déplore aussi, comme gestionnaires, souvent
le fait que les processus d'évaluation nécessitent, là, donc, de mettre des personnes dans des services
particuliers, avec des équipes interdisciplinaires, le temps que l'évaluation soit faite, que la
récupération fonctionnelle soit faite au maximum. Et là, après ça, il y a
réorientation selon le souhait des personnes aussi. Mais, je pense qu'il y a
place à amélioration.
Il y a aussi le fait que les personnes qui nous
arrivent en centre d'hébergement très souvent vont être là pour deux ans et demi, trois ans. Et souvent elles vont
être placées dans une unité particulière en fonction de leurs besoins,
en fonction des activités dont elles ont
besoin, puis, au fur et à mesure de là où elles sont rendues dans leur vie, de
leurs incapacités, il peut aussi, des fois, y avoir des changements
d'unité, d'étage. Mais, pour les personnes, ces déménagements-là peuvent avoir
un impact. Alors, il faut vraiment éviter cela.
Mais je vous dirais qu'avec l'alourdissement
actuel de nos centres d'hébergement on a de plus en plus une réalité de clientèle qui a de lourdes incapacités.
Dans les centres d'hébergement publics, la clientèle s'est beaucoup alourdie. Donc, le fait de
déménager, une fois qu'ils sont rendus au centre d'hébergement public, c'est quelque
chose qu'on va voir de moins en moins parce que les besoins sont de plus en
plus similaires.
Je vais vous donner l'exemple. Dans nos centres
d'hébergement, 1 200 places, 80 % de notre clientèle a des
déficits cognitifs, 65 % de notre clientèle a besoin d'accompagnement pour
s'alimenter et à peu près 50 % ont besoin d'accompagnement pour leurs déplacements. Alors, vous vous imaginez un
peu, donc, ces clientèles-là ont des besoins beaucoup plus maintenant, je dirais, similaires. Tandis qu'avant on
voyait une gradation dans les centres d'hébergement, des personnes qui arrivaient avec un profil avec
moins de lourdeur, et donc, là, on devait réaménager constamment en
termes d'offres de services, d'organisation du travail. Mais ce phénomène-là,
on va le voir de moins en moins.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson, il vous reste une minute.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oh! Rapidement. Je lisais, dans votre mémoire, aussi que vous aviez de la
difficulté à attirer des médecins pour venir donner les soins en centre
d'hébergement, ce qui a pour effet que vous soyez obligés souvent d'envoyer les gens à l'hôpital puis que ça
pourrait, des fois, être solutionné si vous aviez une équipe médicale
disponible. Est-ce que vous pourriez nous en parler brièvement?
Le Président (M. Bergman) :
M. Morand, pour une très courte réponse, s'il vous plaît.
M. Morand
(Mario) : En fait, ça varie
d'un CSSS à l'autre, la disponibilité des médecins. La difficulté
majeure, c'est la garde que les médecins doivent
faire pour répondre au support des infirmières sur une période de
24 heures. Donner les soins directs, faire les visites des patients, ça,
ça va relativement bien, mais c'est d'instaurer un système de garde, et ça, c'est plus compliqué. Puis on réussit à le
faire lorsqu'on élargit les systèmes de garde avec d'autres systèmes de
garde puis qu'on est plus de médecins à assumer cette responsabilité-là.
Une des solutions qui a été proposée, c'est
l'intégration des infirmières praticiennes spécialisées. On pense qu'avec les IPS on pourrait très bien
soulager la charge qui repose sur les médecins pour concentrer leurs
spécialités dans des services de soins actifs davantage. Mais les
réponses actuelles varient d'un territoire à l'autre. Dans notre région, on n'a pas de difficulté à avoir des
médecins pour ça, mais il y a des régions où est-ce qu'ils ne sont même pas
capables d'ouvrir des lits parce qu'ils n'ont pas de médecin pour suivre les
patients. Donc, le problème, il reste entier. Puis je pense que, si on était capables de soulager la pratique
médicale en termes de pression, on pourrait aller beaucoup plus loin, en
tout cas, à mon avis.
Le Président (M. Bergman) :
Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M.
le Président. La pression est forte, de ce côté, pour poser des questions.
Alors, je vais essayer de donner la place à tout le monde. Mme Lavallée, M.
Cadieux, M. Morand, Mme Bélanger, Mme Bélanger, qui est la directrice du CSSS
Sud-Ouest—Verdun
qui est mon CSSS. Et tout d'abord je tiens à vous dire que mon père... — c'est un témoignage très personnel — mon père allait au centre de jour Louis-Riel
et il ne voulait pas être placé, mais, s'il y avait un endroit où il souhaitait
être placé un jour, si nécessaire, c'était à Louis-Riel parce qu'il s'était
fait un cercle d'amis. Et j'ai une
amie qui est au CHSLD des seigneurs, je la visite fréquemment, elle est dans
une unité particulière. Alors, je
sais c'est quoi, le travail des gens. Puis j'arrive à l'improviste, là, alors,
je ne m'annonce pas et je vois comment les gens travaillent la fin de
semaine, la semaine. Alors, je vous poserais une question tout à l'heure, Mme
Bélanger.
Mais, tout d'abord, pour Mme Lavallée, je vois
que, dans votre recommandation, au point 9... Et j'étais très heureuse que la
députée de Masson parle du fait qu'il y a toujours, dans les médias, des
histoires sombres autour des CHSLD. Et on a
eu aussi un commentaire disant : Bien là, vous le savez, ça fait 10 ans
qu'on parle des recommandations, vous devriez appliquer les
recommandations qui ont été faites. Mais je crois qu'au fil des ans il y a eu
énormément d'améliorations, beaucoup de choses se sont faites. Et, s'il y a
aujourd'hui une commission parlementaire, c'est aussi pour être capable de faire en sorte que les bons coups soient mis en
évidence puis que les gens cessent d'avoir peur de ces milieux
d'hébergement. Parce que c'est faux de prétendre que tout est négatif. Alors,
ça, ça fait partie aussi de notre commission parlementaire.
Mme Lavallée,
vous préconisez que la législation soit modifiée. On a déposé un projet de loi.
Sans entrer dans les détails du
projet de loi, c'était vraiment pour protéger à la fois la personne hébergée,
mais aussi le personnel, parce qu'on sait
que le personnel a peut-être des craintes parfois à signaler un cas d'abus, de
négligence, de maltraitance, même si c'est peut-être marginal. Mais les gens ont peur de perdre leur emploi. Donc, vous
croyez qu'une législation permettrait à la fois de protéger l'employé et
aussi de protéger le résident?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lavallée.
Mme
Lavallée (Diane) :
Effectivement, nous, on croit que la levée du secret professionnel, de
permettre à un professionnel de pouvoir signaler lorsqu'il est témoin de
maltraitance ou d'abus serait facilitant. C'est sûr que les employés entre eux puis les établissements ont mis
en place des mécanismes, qu'il est impossible pour un employé de voir un autre collègue avoir un geste inadéquat ou
une forme de maltraitance à l'égard d'une personne aînée sans qu'il soit obligé de le dénoncer, ce n'est pas ça. Mais
on pense, à l'égard souvent des familles, quand la personne est hébergée
dans nos centres, quand la personne n'est pas inapte, mais commence à avoir de
fortes pertes cognitives, des gens de l'entourage — puis, je veux dire, que mon au passé récent,
il y a un an, me fait dire que ça existe — ont tendance à venir près de la personne qui commence à avoir des
pertes pour faire changer les testaments, pour extirper de l'argent
régulièrement. Mais je vous dirais
qu'il y en a, du personnel qui sont témoins de ça. Moi, je pense que c'est
important que ça, ce soit porté à
l'attention d'autorités, que ce soit porté à l'attention des notaires qui sont
dans les dossiers, des banquiers qui s'occupent du financement de ces
personnes-là pour que la communauté se mobilise pour éviter que la personne
soit abusée. Il y a des situations vraiment très, très délicates qui… avec la
levée du secret professionnel, permettrait sûrement d'en protéger davantage.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (10 h 40) •
Mme
Blais : Ma question s'adresse
maintenant à Mme Bélanger. Comment
faites-vous la différence — parce
que
j'ai assisté à l'assemblée annuelle de l'AQESSS, vous avez organisé une
journée autour des CHSLD — entre
un milieu de soins et un milieu de vie?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bélanger.
Mme
Bélanger (Sonia) : Oui. En
fait, le milieu de vie est un milieu qui est le plus naturel possible, qui
ressemble le plus possible à ce qu'on
retrouve dans nos maisons, avec les routines quotidiennes, avec des moments de
loisir, avec des temps de repos. Puis
aussi la grosse différence, c'est que, quand on est dans une approche milieu de
vie, on n'est pas dans une approche institutionnelle. En fait, les
employés travaillent dans le domicile des personnes, et c'est ça, la grande
différence de cette philosophie, de cette approche. Donc, on n'est pas dans une
approche médicale, institutionnelle, professionnelle, on est dans une approche
d'aller en fonction des besoins du client, des proches aidants, des familles,
un milieu ouvert.
Vous le
dites, dans les centres d'hébergement, il n'y a pas d'heures de visite, les
milieux sont ouverts, les familles sont
les bienvenues, on essaie d'adapter le plus possible, dans le fond, les
activités de la vie quotidienne en fonction des besoins des personnes. Bien sûr, il y a toujours une routine qui peut
être présente, mais on essaie vraiment de l'adapter aux personnes, et ça, c'est un grand changement qui a
été fait pendant des années. On est partis des centres d'hébergement il
y a 10 ans, des milieux qui s'apparentaient davantage au milieu hospitalier, à
des milieux qu'on trouve maintenant plus chaleureux et où on met davantage
l'accent sur les activités de la vie quotidienne, les activités de loisirs.
Nous avons intégré différents éléments en hébergement, les éducateurs
spécialisés, les techniciens en loisirs. On n'avait pas cette catégorie de professionnels dans nos centres
d'hébergement il y a cinq ans et 10 ans. Donc, vous voyez un peu. Donc,
c'est vraiment de faire un milieu qui est là pour soutenir les personnes, pour
les assister.
La
question, c'était : Quelle différence vous faites avec les milieux
spécialisés? Bien, les milieux spécialisés vont demander davantage d'expertise. Puis, dans les centres d'hébergement, je
ne veux pas généraliser, il y a des programmes spécialisés, nous avons 200 places réservées à des programmes
spécialisés. On parle ici de clientèles avec des problématiques de santé
mentale, avec des clientèles ayant des troubles de comportement sévères et qui
sont maintenant âgées, des clientèles qui ont des déficiences intellectuelles
et qui sont maintenant âgées, mais ces clientèles-là vont demander davantage d'approches spécialisées. Mais approche
milieu de vie et approche spécialisée, pour moi, ce n'est pas incompatible,
ce n'est pas
incompatible. L'approche spécialisée doit être vraiment orientée pour des
clientèles spécifiques, tandis que l'approche milieu de vie devrait être
notre philosophie, dans le fond, de soins, d'assistance aux personnes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, merci de votre
présentation. Vous avez effleuré une question qui est hyperimportante, c'est le milieu de vie qui se transforme aussi
en milieu de fin de vie. Et votre mémoire comporte une recommandation au point 6 : «Reconnaître
le milieu d'hébergement et de soins de longue durée comme un milieu de
fin de vie et l'organiser en conséquence.»
Donc, j'aimerais
savoir, pour vous, les établissements que vous représentez, ce que ça implique,
cette recommandation-là, qu'est-ce qui
devrait être adapté et comment on en fait un véritable milieu aussi de fin de
vie pour une partie de la clientèle.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Lavallée.
Mme Lavallée (Diane) : Il est certain qu'un milieu de fin de vie appelle
des approches différentes. On parle de l'approche soins palliatifs. La
moyenne de vie des personnes maintenant dans les CHSLD, c'est autour de 18
mois, hein? Ça fait qu'ils arrivent, et
c'est leur dernier chez soi. Donc, il faut adapter la situation puis notre établissement,
de convertir les chambres à plusieurs et faire en sorte que les gens soient
seuls, pouvoir recevoir leur famille et que la famille soit avec eux 24 heures,
c'est important.
D'avoir
des intervenants qui sont formés aussi pour une approche qui est différente.
Quand on approche des gens en fin de vie, ce n'est pas comme donner des
soins de confort, ou des services domestiques, ou autres. Donc, c'est une approche et des clientèles différentes, c'est des
besoins différents, donc c'est s'assurer que le personnel ait la
formation qu'il faut, soit choisi en
fonction aussi de leur intérêt de travailler auprès d'une clientèle où on sait
que c'est les derniers moments puis organiser les lieux physiques aussi
en fonction de ces besoins-là.
Peut-être qu'il y a
des exemples concrets qui peuvent être donnés, je ne sais pas si vous en avez
chez vous. Mais chacun adapte. Et c'est
vraiment l'avenir aussi, parce que même le colloque auquel Mme Blais a
participé, toutes les études qui ont été faites par le comité de travail
qui a été mis sur pied par le ministère de la Santé, là, sur la vie en CHSLD
témoignent qu'effectivement ça devient de plus en plus et ça deviendra de plus
en plus un lieu de fin de vie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Sonia) : Bien, peut-être aussi mentionner qu'en fait les
soins palliatifs, on les retrouve tout au long de l'épisode du continuum de soins. Au CSSS Sud-Ouest—Verdun, les soins palliatifs à domicile ont été
beaucoup développés. Vous avez eu certainement
l'occasion de le voir, ça a été médiatisé au début de l'année, janvier. On est chanceux, on peut compter sur des médecins
très impliqués au niveau des soins palliatifs à domicile. Nous avons des
soins palliatifs à l'hôpital et nous avons
aussi, dans un de nos centres d'hébergement, huit places pour des lits de
soins palliatifs. Alors, tantôt, à la
question de déménager la clientèle, bien il peut arriver aussi qu'on déménage
les clientèles dans ces lieux-là, et c'est… On peut compter sur la même
équipe médicale. Donc, les médecins impliqués en soutien à domicile, impliqués à l'hôpital, impliqués à
l'hébergement partagent une même philosophie, une même approche, une
même intervention et ils ont le personnel aussi, donc les infirmières, le
personnel professionnel qui sont impliqués dans ces équipes.
Et,
en centre d'hébergement spécifiquement, il faut faire attention de ne pas
tomber dans le piège, ça ne deviendra pas,
les centres d'hébergement, des grands centres de soins palliatifs, ce n'est pas
ça, l'idée. Mais l'idée est de former les intervenants à l'approche fin de vie. Je ne parlerai pas de soins
palliatifs. Moi, je fais une différence entre le soin palliatif, qui est beaucoup plus… je vais prendre le terme
«spécialisé», versus les soins de fin de vie qui sont peut-être dans un
mode un peu plus soutien à domicile, plus
basés sur les soins de confort, sur le contrôle de la douleur, sur
l'accompagnement des personnes.
Et,
bien sûr, il faut adapter nos lieux physiques. Et, dans notre CSSS, c'est pour
ça qu'on a décidé de regrouper dans
un même centre d'hébergement des lits de fin de vie pour notre clientèle. Ce
service-là est très apprécié, d'ailleurs. Mais on se rend compte que ce n'est pas suffisant. Le fait d'avoir six, huit
lits dans un centre d'hébergement qui en compte 1 200, places, ce
n'est pas suffisant. Donc, on est vraiment en train de développer un programme
de soins de fin de vie pour l'ensemble des intervenants de nos centres
d'hébergement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Mais je
crois que, dans nos CHSLD, actuellement, lorsque les chambres sont
uniques, souvent on peut faire les fins de soin de vie directement dans la
chambre et ne pas avoir à déplacer. Mais ce
que j'ai vu, M. Morand, des belles visites de vos centres, c'est que parfois on
développe des chambres à part parce
que, justement, il faut être capable de sortir les gens qui sont dans des
chambres doubles pour leur permettre de vivre l'intimité. Et, lorsqu'il y a également des centres qui sont assez
gros, oui, il peut y avoir peut-être des chambres de soins palliatifs pour pouvoir plus accommoder la
famille. Je pense que c'est peut-être vers ça qu'on s'oriente. Mais je
ne pense pas qu'il va y avoir un seul modèle. Ça va être un modèle adapté à
chacun des établissements. Commentaires?
Le Président (M. Bergman) :
M. Morand.
M.
Morand (Mario) : Vous avez
raison, Dr Bolduc, on a différents modèles qui peuvent être mis de l'avant
dans l'organisation de nos lits puis de nos unités, puis ça dépend beaucoup des
profils de nos clientèles puis de notre centre.
Mais l'objectif dans tout ça, je pense que le principal objectif, c'est
d'assurer l'accès à la famille parce
que la famille représente un élément très important dans le processus de fin de
vie. Donc, il faut les accommoder, il faut
leur donner un séjour, il faut les soigner, dans le sens qu'il faut les aider à
avoir accès à du café, à de la restauration ou des choses du genre. Il
ne faut pas les négliger. Ils jouent un rôle important.
La grande stratégie dans les soins en fin de
vie, outre la formation du personnel puis la présence d'équipes médicales pour les accompagner, c'est l'espace
qu'on réserve à la famille et l'espace qu'on réserve à la spiritualité.
Et ça, on l'oublie trop souvent, mais la
spiritualité est un élément très important pour cette clientèle-là, que, quand
on compose avec ces paramètres-là, du
personnel formé, des unités adaptées avec de l'espace pour les familles, on est
certains d'avoir une formule gagnante.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (10 h 50) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. On sait qu'au Québec
actuellement, puis je sens que ça fait consensus,
c'est que ça nous prend le continuum de services. C'est-à-dire qu'on veut
garder les gens le plus longtemps possible
à domicile, dans leur maison, dans leur propre place à eux autres. à un moment donné, il y a de ces
gens-là qui ont besoin de plus de services puis il y en a
qui vont aller demeurer dans des résidences privées avec services. Donc,
ça devient leur domicile, mais il est
possible d'avoir des services accessoires, améliorer la qualité de vie, leur
permettre de répondre à leurs besoins
que peut-être parfois ils ne seraient plus capables de répondre à la maison, et
également la sécurité.
Le troisième
niveau que nous avons lorsque la personne perd de l'autonomie, ça peut être des ressources
intermédiaires, qui peuvent être des ressources
privées. D'ailleurs, ça peut se faire également dans des ressources
avec des résidences avec services. Et le quatrième niveau, c'est le CHSLD.
La discussion
que nous avons maintenant... parce
qu'il y a eu, à un moment donné, en disant : Bien, tout le monde va rester à domicile, mais je pense que, suite aux
différentes commissions qu'on a eues, tout le monde s'est rendu compte que c'était illusoire. Mais par contre ce qu'on
veut, la volonté pour tous, c'est vraiment de les garder le plus
longtemps possible dans la ressource la plus légère et qui leur convient.
Est-ce que l'AQESSS a fait l'évaluation du
nombre de lits en CHSLD ou le nombre de places en CHSLD par 100 personnes de 65 ans et plus, qui est
atteignable? Moi, j'ai parlé… un chiffre qu'à 2,8 ça pourrait être acceptable.
Dans les meilleurs milieux que j'ai vus…
Probablement que 2,5 peut être atteignable, mais probablement pas partout. On
nous a parlé récemment de 2,3. Est-ce que l'AQESSS a fait des travaux
là-dessus?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lavallée.
Mme
Lavallée (Diane) : Moi, là,
je n'ai pas les chiffres. Je sais qu'il y a eu des travaux de faits à
l'AQESSS — Mme Pelletier
est derrière — je
ne sais pas si on est allés à faire ces calculs-là. Sauf que ce qu'on sait, à
l'AQESSS, c'est que l'objectif n'est plus d'injecter des fonds publics dans
l'augmentation de CHSLD, de places en CHSLD, mais plus d'ajouter des sommes
pour permettre de faire les soins à domicile ou dans les milieux de vie autres
que les CHSLD.
Mais, pour ce
qui est du ratio, là, Michel, qui est, peut-être, derrière, qui pourrait nous
donner une information, là, s'il y a eu des ratios de calculés pour le
nombre de lits que ça prendrait. Parce qu'il reste que, même une population de
65 ans et plus, on ne peut pas penser que tous les gens vont se retrouver
dans les CHSLD, hein? Il y a une faible proportion
de la population qui se retrouve dans les CHSLD, beaucoup moins qu'on pense. Et
on pense qu'avec le virage des soins à domicile il va y en avoir encore
moins.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, merci. Oui, excepté qu'il faut faire une discussion logique, là. Si les hôpitaux ont eu beaucoup de patients en attente d'hébergement, c'est soit que les soins
à domicile n'étaient pas disponibles jusqu'à un certain point, mais il y a
des endroits aussi qui manquaient des places en CHSLD, tu sais? Puis, à un moment donné, il faut
arrêter de se créer des illusions, là. Si la personne n'est plus capable de
retourner à la maison, mettez les ressources que vous voulez, ça va lui
prendre des ressources de CHSLD. C'est ça, la discussion qu'on doit avoir. Et
ça prend ce continuum de services là.
Et c'est beau
de dire : Je n'injecterai pas d'argent dans les CHSLD, là, mais il y en a
qui sont vétustes, on veut les convertir.
Et il y a peut-être, pour un certain temps, un nombre de places… Puis
là, ce qu'il faut voir, il y a
probablement des régions où est-ce qu'il y a trop de lits, mais il y a des endroits que c'est en grand développement, que, si vous n'en construisez pas, vous allez demander au
patient d'aller déménager dans une autre région pour qu'il puisse avoir de l'hébergement. Là, je vous raconterai l'histoire
de La Baie, là, qui se faisait héberger à Métabetchouan, c'était 1 h 30 min de route pour les
familles, il a fallu transformer ça... Je ne pense pas que l'AQESSS soit d'accord
avec une position comme celle-là.
Mme Lavallée (Diane) : Non, non. Là-dessus, on est tout à fait d'accord qu'il faut injecter des sommes dans nos établissements, dans nos CHSLD parce que plusieurs sont vétustes, il faut les adapter à la
nouvelle réalité du profil des personnes, qui n'est plus le même. Bon.
On est d'accord aussi que, certaines régions, probablement que ça nécessite une augmentation du nombre de places en CHSLD parce que tous
les services dans la communauté ne peuvent pas répondre aux besoins d'un nombre
important de personnes qui vont se retrouver en perte d'autonomie. Ça, on est tout à fait d'accord avec ça. Mais ce qu'on dit, c'est que
globalement, au Québec, avant
d'augmenter de 1 000, 2 000, 3 000 lits
nouveaux à créer en CHSLD, je pense qu'il faut regarder de quelle façon on peut
aussi injecter davantage de sommes
dans la communauté. Mais il y aura toujours besoin de CHSLD, toutes les
personnes ne pourront pas avoir les services dans la communauté.
M. Morand, je crois que vous vouliez ajouter quelque chose?
Le Président (M.
Bergman) : M. Morand.
M. Morand (Mario) : Je pense que la question est tout à fait pertinente, puis elle mérite
d'être investiguée de façon importante parce qu'il y a des expériences
qui sont très révélatrices. Il y a des territoires où les taux sont à 3,5 % puis il y a des territoires où les taux
sont en bas de 2 %, ou à 2,2 %, ou à 2,3 %. Mais prenons le
temps de regarder quelles sont les pratiques gagnantes qui permettent
d'atteindre ces objectifs-là.
Puis
je pense qu'un taux de 2,5 %, c'est un taux qui est tout à fait
atteignable. Et, si on fait juste projeter l'avenir avec le vieillissement de la population, bien,
dans 20 ans, il faudrait multiplier par deux le nombre de lits de CHSLD
au Québec. Donc, c'est des milliards et des
milliards de dollars qui sont en jeu. La société n'a pas les moyens de
ramasser ça. Il faut trouver des pratiques qui nous permettent de maintenir un
ratio inférieur. Puis ça existe parce qu'il y a des territoires qui l'ont réussi. À Magog, on est en bas de 2 %,
dans la MRC des Sources, on est à 2,3 %, puis ils n'ont a pas de
liste d'attente. Il faut vérifier ces expériences-là puis regarder si on n'a
pas là des pratiques gagnantes.
Ce
qu'il faut noter aussi, puis ça, je pense que c'est bien, bien important dans
les ratios, c'est qu'il y a un roulement de clientèle beaucoup plus important aujourd'hui qu'il y avait voilà 10
ans. Donc, le même lit va être utilisé plusieurs fois dans une même
période de temps qu'avant. Donc, le ratio de 3,5 % voilà 10 ans, aujourd'hui
il n'a plus la même signification parce que
la clientèle arrive plus en fin de vie puis le roulement est plus important. On
est capables d'avoir des ratios
moindres à cause de ces phénomènes-là, puis c'est le soutien à domicile qui
fait toute la différence. Mais, oui, vous avez raison, ça nous prend de
l'hébergement partout au Québec.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous reste trois
minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je ferais un commentaire
là-dessus. Je serais quand même prudent parce que déjà on est partis d'un endroit… oui, c'est vrai
qu'il y avait des gens qui étaient beaucoup plus légers, mais il y a
beaucoup, beaucoup d'endroits au Québec, là,
vous êtes dans votre région, la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on parle
d'Arthabaska-Érable, ils l'ont fait, ce travail-là. Et là tout le Québec est en
train de récupérer, on est tous en train de prendre ces méthodes-là.
Je
fais très attention avec un argument : Parce qu'on n'a pas d'argent, on ne
pourra pas donner les services, là. Ça, ça a été l'erreur, là… Puis je
ne veux pas faire de politique, mais les coupures de 1995, ça a été ça, hein?
On n'a pas d'argent, on met les docteurs à la
retraite, on met les infirmières à la retraite. Mais, moi, j'étais médecin dans un hôpital, là, les infarctus, ils
rentraient quand même, les fractures de hanches, elles rentraient quand
même, tout le reste rentrait quand même. On s'est juste retrouvés en pénurie.
Moi, ce que je
dis : Il faut avoir les ressources pour répondre aux besoins des patients,
il faut faire une bonne évaluation des patients. Mais la grande idée de génie
qui dit : Ça, ça va tout régler les problèmes de société, là, ça n'existe pas. Puis, en passant, ce que vous avez
fait... ce que vous m'avez dit que vous avez fait, vous ne l'avez pas
fait avec l'assurance autonomie parce
qu'elle n'existe pas. Vous l'avez fait dans votre région. Parce que l'assurance
autonomie, c'est de promettre ce que vous,
vous avez déjà fait depuis quelques années, comme ça a été fait partout au
Québec. Donc, ce n'est pas le principe comment ça va être avec
l'assurance autonomie ou pas, c'est que les bonnes pratiques peuvent se faire
indépendamment. Il faut juste que les gens sachent c'est quoi, les bonnes
pratiques, et décident de les appliquer.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Lavallée.
Mme Lavallée
(Diane) : Bien, Mme Bélanger tenait à vous dire quelque chose.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Sonia) : Bien, en fait, peut-être pour intervenir avec le
Dr Bolduc, oui, effectivement, je pense qu'il faut avoir un ensemble de ressources sur l'ensemble du continuum.
Cependant, il faut le faire graduellement et il faut bien l'évaluer. Et on ne peut pas être contre la
vertu, on souhaite intensifier le service de soutien à domicile au
maximum, mais il y a quand même un risque,
si on met seulement le focus seulement sur le soutien à domicile, de
désinvestir ailleurs, là où il y a
des besoins, c'est-à-dire créer d'autres types de ressources aussi, comme des
ressources institutionnelles, des centres d'hébergement, donc rehausser…
pas créer d'autres centres d'hébergement, mais adapter les lieux physiques.
Donc, je pense qu'il faut vraiment avoir une panoplie de services. Et de mettre
le focus seulement sur le soutien à domicile pourrait être un autre risque
important en termes d'offre de services à la population aînée au Québec.
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme Bélanger, M. Cadieux, Mme Lavallée, M. Morand, merci d'être
ici, avec nous aujourd'hui, partager votre expertise avec nous.
Et je demande aux gens du
Centre hospitalier gériatrique Maimonides pour prendre place à la table.
Et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 10 h 59)
(Reprise à 11 h 2)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on souhaite la bienvenue aujourd'hui au Centre hospitalier gériatrique Maimonides.
Alors, Mme Gold, bienvenue. Vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation, suivie d'un échange avec les membres de la
commission. Pour les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms et vos
titres. Et le prochain 10 minutes, c'est à vous.
Centre hospitalier
gériatrique Maimonides
Mme Gold
(Barbra) : Excellent. Merci beaucoup. Puis j'aimerais vous présenter les membres de mon équipe. Puis vraiment c'est le Centre gériatrique Maimonides puis le
CHSLD juif de Montréal parce qu'on est en train de faire une intégration,
puis ça fait à peu près huit ans qu'on travaille ensemble avec l'équipe de
direction. Alors, à ma gauche, c'est Karen Flam, notre directrice de la
fondation et communications; ici, Mme Rosalie Dion, la directrice des soins
infirmiers; puis ici, à ma droite, M. Jacques Labrecque, le directeur des
ressources humaines depuis longtemps avec moi à Maimonides.
Alors, merci
beaucoup. Nous remercions les membres de la Commission de la santé et des
services sociaux de nous accorder
l'opportunité d'échanger avec vous sur les conditions de vie des adultes
hébergés dans les CHSLD. Puis, premièrement,
je vais vous dire que moi, je ne vais pas parler tout le temps, alors ce n'est
pas nécessaire toujours d'écouter mon
français. J'ai mes collègues qui vont bien représenter notre approche. Alors,
cette présentation, c'est un sommaire des éléments que nous décrivons plus en détail dans notre mémoire que vous
avez bien reçu. Puis on veut parler un peu du Centre hospitalier gériatrique Maimonides — on va appeler ça Maimonides — puis le CHSLD avant qu'on commence.
Alors,
Maimonides et le CHSLD juif regroupent à peu près 700 lits d'hébergement dans
deux établissements à Montréal. On a aussi les lits de répit, les lits
de PHPE. Nous gérons aussi les ressources non institutionnelles, et les résidences d'accueil, un hôpital de jour et les
popotes roulantes. Ça fait à peu près 100 ans que Maimonides existe à
Québec. C'est en 1910 que ça a été fondé par
la communauté juive à Montréal. Les deux établissements ont un mandat
suprarégional, puis nous desservons la communauté juive puis aussi les
autres membres de la communauté à Québec. Nous sommes deux affiliés à l'Université McGill. On a plusieurs programmes
d'enseignement avec les étudiants, les stagiaires, puis nous sommes
agréés avec le Conseil canadien d'agrément, puis nous sommes affiliés avec
Planetree. Maintenant, je vais donner la parole à Mme Flam pour continuer pour
quelques minutes avec l'histoire.
Mme Flam (Karen) : La clientèle
hébergée de Maimonides et du CHSLD juif présente un profil de perte d'autonomie importante. L'âge moyen est de 86,6
ans, et 80 % des résidents présentent une forme ou d'autre de démence. La durée moyenne du séjour est d'environ trois
ans. Et, tout comme d'autres CLSLD, le profil clinique de nos résidents
s'est alourdi au cours des ans. Nos résidents ont de multiples problèmes de
santé physique et plusieurs présentent des comportements perturbateurs et des
problèmes psychogériatriques.
Devant ces
constats, nous avons orienté nos efforts, depuis quelques années, vers la mise
en place de services et de soins
cliniques particuliers qui répondent aux besoins en santé physique de nos
résidents. Pour ce faire, nous avons révisé la structure de postes et
l'organisation de travail, mis en place des programmes de formation du
personnel et développé des pratiques cliniques axées sur l'évaluation et le
traitement des soins infirmiers.
À travers
tout ça, nous avons maintenu l'approche de milieu de vie. La philosophie et les
valeurs — ça, c'est
un mot très difficile pour moi — organisationnelles — je l'ai pratiqué très souvent hier
soir — un
environnement qui respecte la dignité
et le confort de la personne, la présence des proches et le respect des aspects
culturels et spirituels de la vie des résidents
sont tous des éléments qui caractérisent l'approche de milieu de vie. Ceux-ci
ne sont pas subordonnés aux services, aux soins et aux interventions qui
sont fournis pour assurer le bien-être de la personne. Je laisse la parole à
mon collègue M. Labrecque.
M.
Labrecque (Jacques) : Merci, Karen. À la lecture de notre mémoire,
vous avez sûrement constaté qu'on a exprimé
certaines considérations sur les conditions de vie des personnes âgées, mais,
dans un premier temps, il faudrait vous préciser que nous épousons totalement l'orientation à l'effet de garder
les personnes aînées dans leur milieu naturel le plus longtemps possible. On comprend qu'il y a des
énergies à déployer à ce niveau-là, mais c'est quand même une
orientation.
Cependant,
comme j'écoutais tout à l'heure, il y a une partie de la population qui ne
pourra plus rester dans un milieu
naturel, et c'est de ça qu'on va vous entretenir, les gens qui doivent être
hébergés en CHSLD. Si on veut travailler sur l'amélioration des conditions de vie, il faut reconnaître qu'il
existe un alourdissement important de cette clientèle-là présentement
dans nos résidents et dans nos résidentes en CHSLD. Compte tenu de la nature et
de l'intensité des services et des soins qu'il faut leur donner, ça, c'est des
choses sur lesquelles il va falloir travailler énormément.
Dans
le mémoire, on a touché quatre points particulièrement, et, avant de passer aux
aspects un peu techniques, je vais
tenter, là, de vous faire un petit rappel. Il va falloir repenser certains
éléments structurants de l'offre de services en CHSLD. On va vous entretenir du financement, un
financement adéquat compte tenu de cet alourdissement-là, compte tenu de l'intensité des soins. On va vous
entretenir également des ratios soins infirmiers et soins d'assistance. C'est
souvent un ratio qu'on néglige, qu'on tient
pour acquis. Cependant, on fera la démonstration qu'il y a peut-être des
investissements importants à faire qui rapporteront éventuellement au réseau de
la santé.
On va vous entretenir
aussi du recrutement du personnel qualifié, notamment sur le fait que le
personnel qui provient des agences nuit énormément à la continuité et à
l'intensité des services à donner aux personnes âgées. Et finalement on va vous parler un peu aussi de la formation
de base, autant pour les préposés aux bénéficiaires, les infirmières
auxiliaires et les infirmières.
Juste quelques petits
mots concernant la tarification en CHSLD. C'est une espèce de petite
parenthèse. Nous suggérons, dans notre
mémoire, d'implanter un processus obligatoire de prélèvement automatique, ce
qui compliquerait beaucoup moins la tâche à tout le monde, d'aller
chercher les chèques à tous les mois. Alors, si on avait un système obligatoire de prélèvement… Parce qu'on sait que
les tarifs sont connus, sont fixes et on sait qu'on devrait aller les
chercher. Et peut-être aussi de regarder la
possibilité de moduler la contribution en fonction de la capacité de l'autre
conjoint, qui, lui ou elle, va rester
à domicile et qui peut avoir ce… le fait de rester à domicile menacé par le
fait qu'il doit payer les frais d'hébergement. Ça fait que peut-être
qu'il y a une façon de regarder, de moduler cette tarification-là.
Je
passe donc la parole à Mme Rosalie Dion, qui est notre directrice des soins et
qui va vous donner un peu plus d'esprit nursing dans tout ça.
• (11 h 10) •
Mme Dion (Rosalie) : Oui. Je me rends compte qu'avec le 10 minutes que j'avais, qui est
presque tout écoulé… M. Labrecque a
mis beaucoup de choses dans mon assiette. Bref, je vais faire ça rapidement. De
toute façon, vous allez pouvoir nous poser toutes les questions que vous
voulez.
On
parlait d'abord du choix de la personne. Évidemment, on travaille, nous, dans
un milieu qui est majoritairement anglophone, qui va prendre soin d'une
clientèle majoritairement juive. Alors, on voit que c'est important pour cette clientèle-là et pour d'autres clientèles aussi qui
auraient une culture différente de pouvoir avoir accès, près de chez
eux, à un centre d'hébergement qui va pouvoir leur offrir ça. On se rend compte
qu'en ce moment les listes d'attente sont très
longues aussi lorsque ces personnes-là veulent avoir accès à des centres de la
sorte. Donc, il y a peut-être des mesures qui devraient être mises en
place pour essayer de les aider dans ce sens-là à avoir accès plus rapidement à
un milieu qui leur convient ou qui répond à leur choix.
Concernant les
besoins particuliers, on ne vous apprend rien en vous disant qu'il y a un
alourdissement de la clientèle dans nos
centres d'hébergement. On le ressent et notre personnel aussi le ressent
énormément. Évidemment, du regroupement de clientèles qui ont des
besoins particuliers pourrait être une bonne façon de procéder. C'est ce qu'on a
fait aussi dans nos deux centres, où on a regroupé les clientèles, sur les
différentes unités, par profils avec des soins particuliers. Alors, c'est... et ça peut faciliter aussi la tâche au
personnel soignant sur les unités. Donc, c'est quelque chose qu'on pense
qui pourrait être souhaitable.
C'est aussi le moment
de parler de ces gens-là qui ont moins de 65 ans, qui peuvent souffrir, par
exemple, de déficience intellectuelle, ou de
sclérose en plaques, ou de maladies dégénératives de la sorte, qui se
retrouvent en CHSLD, mais qui est
plus ou moins un milieu adapté pour eux, avec des activités qui ne leur
conviennent probablement pas vraiment. Donc,
il y aurait peut-être quelque chose aussi à penser pour ces clients-là qui ont
besoin de beaucoup, beaucoup d'heures de soins et qui se retrouvent dans
les centres d'hébergement au travers des personnes un peu plus âgées.
Une voix :
...
Mme Dion (Rosalie) : Oui, c'est ça. Je me dépêche. Ce que je pourrais vous dire aussi par
rapport à la formation, on en
glissait un mot parce que c'est un projet important, la clientèle s'alourdit et
les besoins de formation sont grands. On a beaucoup... Et nous, on a la
chance d'avoir des conseillères en soins infirmiers dans nos deux centres, qui
aident à donner beaucoup de formation au personnel sur tous les corps de
travail. Des fois, c'est des journées, des fois, c'est des capsules de formation durant les heures de travail pour que ça soit
moins difficile pour la libération ou le remplacement du personnel. Et
ces infirmières conseillères là vont beaucoup nous aider à garder, pour la
formation continue, garder les techniques à jour, et tout ça. Donc, c'est
grandement apprécié de notre personnel.
Aussi,
par rapport à la formation, je pense que les conseillères ont tellement un rôle
important que, comme les conseillères
en prévention des infections, qui, de par la loi, doivent répondre à un ratio
d'une pour 250 lits à l'hébergement, par
exemple, je pense que ça pourrait être une belle voie, un beau chemin à suivre,
là, pour le futur, pour ces infirmières, des conseillères à avoir dans
tous les centres d'hébergement, qui vont aider à la formation parce que la
clientèle s'alourdit. Et, si on veut garder
ces personnes-là aussi en centres d'hébergement et on veut éviter qu'elles
soient transférées à l'hôpital parce
qu'on sait que ça nous coûte extrêmement cher, on est pour essayer de garder le
plus longtemps possible ces personnes-là dans le centre et donner des
traitements requis.
Ce
qu'on fait, nous, en ce moment, on a des transfusions sanguines qu'on va donner
à Maimonides, beaucoup d'antibiothérapies
intraveineuses, des soins de trachéo. On a beaucoup, beaucoup de choses qui
sont majoritairement... en fait, je vous dirais, de d'autres centres
d'hébergement, qui sont faites à l'hôpital, nous, on les fait...
Le Président (M.
Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Dion
(Rosalie) : ...on les fait chez nous. Donc, on apprécie ça. Et…
Une voix : ...
Mme Dion (Rosalie) : Oui? Bien, on aura la chance d'en rediscuter tout
à l'heure avec vos différentes questions.
Le
Président (M. Bergman) : Certainement. Certainement. Merci pour
votre présentation. Alors, maintenant, pour le bloc du gouvernement, Mme
la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci, M. le Président. Mesdames,
monsieur, alors merci d'être là, merci de venir nous faire part de vos expériences terrain qui nous
permettent aussi de voir qu'il y a différentes façons de s'organiser. Et
je pense que vous êtes un modèle. En tout cas, on a déjà entendu parler de vous
avant votre arrivée, comme quoi que… peut-être
votre réputation vous a précédés. Mais il y a des choses qui ont été faites de
façon différente chez vous, et les gens nous ont dit que c'est
intéressant, ce que vous avez réussi à faire.
Alors,
sur ce, vous avez effectivement mis en oeuvre avec beaucoup de succès certaines
initiatives. Il est évident, là, que
la collaboration avec différents acteurs a été un atout dans l'atteinte de ces
objectifs-là. Alors, j'aimerais ça que vous nous donniez des exemples de
partenariats et d'affiliations concrets que vous avez réussi à mettre en place
pour vous aider à atteindre les objectifs que vous avez atteints jusqu'à
maintenant.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gold.
Mme Gold (Barbra) : Peut-être, je vais commencer puis après je vais demander à
M. Labrecque de m'aider. Mais, premièrement, ça commence avec le conseil
d'administration. Si on a un conseil d'administration qui est vraiment intéressé à l'établissement, ils ont des
proches là-bas, ils se promènent dans l'établissement, ils ne restent pas seulement dans la salle du conseil d'administration… Et
ça, vraiment, ça fait partie de la communauté.
Alors, ça, c'est le numéro un.
Deuxièmement, on a
comme les écoles des infirmières puis les écoles pour les préposés puis les
infirmières auxiliaires. On a fait les partenariats avec les cégeps, avec les
personnes… «adult continuing care center» avec
McGill, avec Dawson puis avec l'aide de notre fondation ou avec quelqu'un
qui a donné un peu d'argent. Ce n'est pas
de l'argent qui revient chaque année, mais comme un 500 000 $. On a pris une chambre, c'est
maintenant l'école, puis les préposés
font leur enseignement à Maimonides. Les infirmières auxiliaires, c'est la même
chose, au CHSLD juif, avec John
Abbott, c'est un cégep. Puis c'est une des choses qui nous aide beaucoup. On a
les autres partenariats…
M.
Labrecque (Jacques) : Effectivement, sur un exemple de partenariat, le premier partenariat, ça a été
avec notre fondation évidemment pour aménager les locaux et ensuite d'aller
chercher les institutions pour donner les cours.
Alors, on forme des préposés aux bénéficiaires chez nous, des infirmières
auxiliaires et des infirmières. On a formé tout près d'une centaine d'infirmières depuis que le programme
existe, depuis deux ans et demi, des infirmières qui sont formées en soins infirmiers à l'étranger qui
doivent se requalifier ici, à l'Ordre des infirmiers et infirmières. Ils font
une mise à jour et passent l'examen à l'ordre, ils deviennent infirmières de
plein droit ici, au Québec. Et c'est quelque chose qui a été fait et par le
milieu de l'éducation et par notre établissement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Donc, si je comprends bien, ça favorise aussi un recrutement de personnel…
M. Labrecque
(Jacques) : …une formule gagnant-gagnant.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui, c'est ça.
M.
Labrecque (Jacques) : Pour
nous, on gagne un bassin de recrutement très important puis très intéressant, et eux aussi ont l'opportunité
de faire leur formation en CHSLD puis de voir si effectivement ils veulent
travailler. Et souvent les gens prennent goût énormément au travail en CHSLD.
Mme Gold
(Barbra) : Oui, c'était vraiment…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson. Voulez-vous…
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui, je vais laisser madame…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gold.
Mme Gold (Barbra) : C'était vraiment une initiative qu'on a prise parce qu'on avait des problèmes de recrutement puis on ne voulait pas utiliser les agences. On n'a jamais
utilisé les agences à Maimonides. Le CHSLD juif, avant quand notre
équipe est arrivée, utilisait un peu, mais c'est vraiment… C'est quelque chose
que je pense que la commission ou le ministère
de Santé et… sociaux doit regarder. Ce n'est pas bon pour les clients,
c'est plus cher puis le soin n'est pas bon. Alors, c'était un résultat
de ce problème.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dion.
Mme
Dion (Rosalie) : Oui.
J'aurais ajouté, par rapport aux partenariats aussi, celui qu'on a avec l'hôpital juif qui est vraiment sur le grand terrain, je vous dirais, du CHSLD
juif, ils partagent le même stationnement. Donc, cette proximité-là nous a aidés aussi à développer des… On partage
une conseillère en soins infirmiers, d'ailleurs, qui va faire la moitié de son temps chez nous et la moitié à l'hôpital.
Et on est en train de… Ils ont développé, en fait, un projet qui s'appelait le GREATT Project, qui est un projet où
on a essayé, avec les médecins du CHSLD juif… on l'a seulement fait là, on va l'introduire à Maimonides
prochainement, mais qui nous aide à diminuer les transferts inutiles aux
urgences. Alors, on revoit tous les
transferts, à chaque période, qui ont été faits et on revoit : Est-ce que
c'est un transfert qui était nécessaire?
Est-ce qu'on aurait pu faire quelque chose chez nous pour éviter ce
transfert-là? Qu'est-ce qui pourrait être amélioré pour la prochaine
fois? Donc, on est toujours en train de s'améliorer. Je n'ai pas les chiffres avec moi, malheureusement, mais
je vous dirais qu'on a diminué notre pourcentage de transfert à
l'urgence de beaucoup, avec ça. Donc, c'est un projet en partenariat. Et on est
en train d'en…
Une voix : …
• (11 h 20) •
Mme Dion
(Rosalie) : Oui. On est en
train d'en développer deux autres avec l'hôpital, un en santé mentale,
parce qu'on se rend compte que… bien, de leur côté, ils se rendent compte que
leurs lits en santé mentale, des fois, ils sont occupés, des fois, jusqu'à même
cinq ans, ils nous disaient ça l'autre jour, jusqu'à cinq ans, des clients qui
sont âgés, avec des troubles de santé mentale, qu'ils ne sont pas capables de
placer nulle part, qui se font refuser dans plusieurs centres d'hébergement, et
nous, on va les accueillir. On a demandé à l'agence de Montréal des fonds pour
pouvoir former notre personnel au niveau de
la santé mentale et on va les accueillir chez nous pour qu'ils puissent avoir
un milieu de vie autre qu'à l'hôpital. Donc, ça, c'est un projet qui
s'en vient, qui va débuter très, très prochainement.
Et l'autre
qu'on a aussi, c'est avec les médecins du CHSLD juif avec l'hôpital, où on
essaie encore de diminuer le plus
possible les différents transferts. Et même, on pensait par rapport à des
«PICC-line», par exemple, ou à des PEG qui sont comme des… — comment
je pourrais dire ça? — …
Une voix : Un gavage.
Mme Dion
(Rosalie) : …oui, un gavage ou des tubes qui sont insérés dans
l'abdomen, parce que les gens atteints de démence pourraient tirer
dessus et quelque chose... Souvent, on est obligés de les transférer à l'hôpital. Donc, on a ce projet-là où on va avoir
une entente avec eux, où, dans la même journée, ils vont aller
directement à la clinique faire reposer ce PEG là. Ils vont revenir directement
à la maison, donc sans passer par l'urgence.
Alors, on est en train de travailler aussi avec eux ce partenariat-là. Et je
pense que c'est vraiment, vraiment important d'avoir un hôpital comme ça
et des médecins, de part et d'autre, qui sont dévoués et dédiés à faire en
sorte que ça fonctionne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
C'est intéressant, très intéressant. Ils sont en lien directement avec vous, ça
fait que ça apporte des solutions concrètes. Ce que je retiens aussi,
c'est que vous avez parlé de suivi, hein? On a beau… Aussi, ce qu'on a entendu
par d'autres groupes, il y a des politiques qui se mettent en place, mais après
ça ça prend du suivi puis de l'accompagnement pour que ces politiques-là
puissent se concrétiser puis s'adapter à des réalités
constantes qui peuvent se modifier au quotidien. Puis je pense que, dans ce que
vous venez d'expliquer, c'est un peu ça. Autant c'est vrai aussi au niveau de la formation, ce que vous
avez expliqué. Les gens doivent rester à l'affût des nouvelles technologies, de
tout ce qui peut changer rapidement, en évolution avec les problématiques que
les gens aînés, ou vulnérables, ou des adultes hébergés peuvent éprouver
en CHSLD.
Alors, c'est
très intéressant parce que je voyais, dans le résumé, que vous avez réduit, en
tout cas, de 33 % les transferts à l'hôpital, voyez-vous? Ça fait
que c'est un chiffre que je trouve super intéressant de voir, là, justement, avec ce que vous venez de nous expliquer. Donc, ça
enlève énormément de pression aussi sur l'hôpital puis des conditions, là,
que les gens se retrouvent à l'hôpital… Puis on sait que ce n'est pas l'endroit
idéal pour une personne aînée de se retrouver
à l'hôpital. Souvent, on a moins de temps pour s'occuper des gens, donc ce
n'est pas l'idéal. Alors, intéressant. On veut s'inspirer des bonnes
pratiques, ça fait que vous êtes là pour nous en faire part aussi.
Vous avez…
Bon, c'est sûr que ma prochaine question…
Vous avez développé une approche
novatrice. Il y a des personnes qui sont venues préalablement nous dire
que vous aviez accentué les soins à la personne beaucoup puis que vous
aviez réduit aussi beaucoup l'aspect administratif des choses. Est-ce que vous
pourriez nous en parler un peu plus de cet aspect-là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gold.
Mme Gold
(Barbra) : Oui, on peut
parler. Premièrement, c'était toujours dans la coutume de Maimonides de
travailler comme ça. Ce n'est pas quelque chose de nouveau, parce que,
vraiment, avec les familles qui sont très exigeantes,
elles sont très présentes, ça nous donne l'inspiration de vraiment travailler
pour les clients, pour les résidents. L'autre chose est qu'on a toujours
mis la plupart de nos ressources au «front line». On n'a pas une grande — est-ce
qu'on dit «administration»? — …
Une voix : Administration.
Mme
Gold (Barbra) : Oui, administration. Vraiment, la plupart est ici. On
a une directrice des finances puis une directrice
de qualité qu'il reste aux deux établissements aujourd'hui, mais c'est tout.
Alors, on n'a pas comme 15 cadres supérieurs. Alors, vraiment, on prend
l'argent puis on met tout proche du patient ou du résident. Voulez-vous ajouter
quelque chose?
M.
Labrecque (Jacques) : C'est notre devise. S'il y a une plus-value pour
le résident, on le fait; s'il n'y a pas de plus-value pour le résident,
bien ça passera à la prochaine fois.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Donc, votre action est centrée sur la personne.
M. Labrecque (Jacques) : Pour le
vrai, vrai.
Mme Gold (Barbra) : Oui, oui,
vraiment.
Mme
Gadoury-Hamelin : Alors, j'aimerais aussi vous entendre sur le
niveau de contrôle de la qualité, qui est un élément majeur afin d'assurer des services adéquats. Comment votre établissement s'y prend-il pour atteindre le meilleur contrôle de la qualité? Vous nous avez parlé de certaines collaborations, mais pouvez-vous nous en parler, là, au niveau d'assurer la
qualité des services chez vous? Avez-vous des méthodes particulières?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dion? Mme Gold.
Mme Gold
(Barbra) : Premièrement, ma méthode, moi, je marche partout, je suis dans tous les établissements
chaque jour, sur les étages… pas chaque
jour, mais quand j'ai le temps, puis je parle à tout le monde. Puis je crois
que d'avoir une présence terrain, ça dit quelque chose pour la qualité.
Deuxièmement, chaque jour, on a à peu près 1 000
personnes qui visitent l'établissement à Maimonides. On a les proches, les bénévoles, il y a plusieurs personnes
présentes chaque jour. Ça nous aide aussi parce que ce n'est pas comme un travail isolé. Il y a plusieurs personnes à
chaque établissement. L'autre chose, c'est les types de cadres qu'on
engage. Les infirmières-chefs font la même chose. C'est ça que nous exigeons de
nos employés. Vous avez les autres idées pour la qualité?
M. Labrecque (Jacques) : Pour le
contrôle de la qualité, comme on l'indiquait dans notre mémoire, on est
accrédité au Conseil canadien de l'agrément et on est également désigné or de
Planetreeen gardant le personnel aux aguets
parce que ces processus-là, hein, c'est des contrôles et c'est des mécanismes
de contrôle de la qualité continus. Alors,
c'est de même qu'on maintient l'intérêt puis qu'on garde le personnel aux
aguets puis… un peu nos surveillants. Ce
sont nos yeux et nos oreilles, hein, nos préposés aux bénéficiaires, nos
infirmières, nos infirmières auxiliaires. Il faut que les gens soient
conscients de ça et réalisent leur rôle. Et c'est de même qu'on les garde aux
aguets, impliqués.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dion. Mme Flam.
Mme Flam
(Karen) : Oui. Je voulais ajouter qu'on a un «turnover», dans notre
équipe, qui est très, très, très bas, je ne sais pas le numéro, mais
c'est moins que 1 % par année, et aussi qu'on a un taux de…
Mme Gold (Barbra) : …de CSST est
très bas.
Mme Flam
(Karen) : Le taux est très, très bas chez nous, et ça fait une équipe
très, très, très puissante quand on a ces numéros comme ça. C'est très
important.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Écoutez, moi, je vous remercie de votre éclairage et de votre témoignage. Je
retiens des choses intéressantes. Puis je vais céder la parole, M. le
Président, à ma collègue.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Merci, M. le Président. Bonjour.
Bienvenue. Est-ce que vous avez une liste d'attente à votre CHSLD?
Des voix : …
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
Elle est longue? Oui?
Mme Gold (Barbra) : Oui, oui.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui, il y a des gens qui
veulent aller parce que… Oui, je pense que c'est un modèle et ça peut se
répercuter à travers le Québec. J'ai été surprise de vous entendre parler…
bien, la moyenne d'âge, 86,6 ans, mais aussi
que 80 % de la clientèle est atteinte de démence. Ça, j'ai été surprise de
voir la lourdeur. On sait qu'il y a un alourdissement dans les CHSLD,
mais 80 %... Peut-être vous pourrez nous en glisser un mot.
Puis je
voulais parler d'organisation aussi sur les étages ou par profil. Parce qu'il y
en a qui sont venus nous dire qu'ils
préféraient que ce soient des… par multiclientèles, que les gens soient
différents pour ne pas être regroupés avec des gens qui ont la même maladie, puis tout ça, ce qui fait un effet miroir
qui peut être désolant. Par contre, il y a aussi des bons côtés à regrouper par profil les clientèles
au niveau des soins. Peut-être que vous pouvez nous dire comment vous
êtes organisés par rapport aux services.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dion.
Mme Dion (Rosalie) : Oui. Donc,
comme j'expliquais tout à l'heure, nous, on a fait du regroupement de
clientèles, et c'est depuis très longtemps…
Mme Gold (Barbra) : Très longtemps.
• (11 h 30) •
Mme Dion
(Rosalie) : …que ça
fonctionne de la sorte. Ça veut dire qu'il y a des unités où on peut retrouver
de la démence légère à modérée. On a d'autres unités où on n'a aucune atteinte
au niveau cognitif, donc c'est là où on retrouve
toute cette même clientèle là. Et on a aussi une unité où on a plus des troubles
de santé mentale. Des gens plus mobiles,
mais avec des troubles de santé mentale, sont regroupés sur une unité. Et on a
aussi une unité qui se retrouve à être celle avec les comportements
perturbateurs. Donc, toutes nos clientèles errantes, nos clients très
agressifs, qui crient énormément, vont se retrouver sur cette unité-là.
Je vous
dirais qu'il y a des bons coups et il y a des avantages et des désavantages à
avoir un regroupement de clientèles,
mais je vous dirais que, pour avoir vécu les deux — parce que ça ne fait pas tout à fait un an
que je suis arrivée comme directrice à Maimonides et au CHSLD juif — je me
rends compte qu'il y a probablement beaucoup plus d'avantages à les avoir regroupées sur les mêmes unités. Des fois, c'est
plus difficile, on s'en rend compte aussi, pour les familles. C'est souvent avec eux autres qu'on a le
plus de difficultés. Quand on vient à transférer un client qui ne
répondrait plus à une unité parce que la démence devient de plus en plus sévère
et il commence à crier, des comportements qui apparaissent, on doit le
transférer, des fois, c'est la famille qui vient à trouver ça difficile.
Mais je vous
dirais que l'intégration se fait bien, et le personnel aussi développe des expertises en travaillant
avec ces clientèles-là. On voit vraiment que, sur chacune des unités, on a
différents types de... Et ils ont vraiment, chacun, trouvé leur bonne unité pour travailler, je vous dirais. Donc, au troisième étage, on a des gens qui sont
très résilients, très patients, qui
sont avec la clientèle qui est plus perturbatrice. Alors, c'est une façon aussi
qu'on a, si vous voulez, d'organiser les soins. Tu voulais ajouter
quelque chose?
Mme Flam (Karen) : Oui. On a été
capables aussi de changer l'environnement. Disons que, sur un étage, l'éclairage est un peu différent dépendant de la
clientèle sur cet étage, et on peut même changer l'environnement dépendant du quart de travail aussi. Ça fait une
grosse différence d'être capable de changer l'environnement.
Je veux aussi
dire qu'on peut offrir des loisirs complètement adaptés pour chaque profil. Au lieu de faire des grands événements
dans une grande salle, on peut avoir des petits intervenants, même un sur un,
disons, pour la musique et pour quelque chose qui est très important pour quelqu'un
qui est en fin de vie avec la démence, un programme de musique où quelqu'un
rentre juste un à un, ou même avec l'aromathérapie, ou des choses qui sont très faciles à faire. Mais, quand le profil est
différent sur chaque étage, ça aide beaucoup, ça facilite.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous reste une minute.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Oui, merci. Peut-être, en terminant, j'aimerais parler de
financement. Parce que vous abordez, dans
votre mémoire, la question du financement à l'activité plutôt que le
financement historique. Alors, je vais vous laisser répondre pour cette
minute, voir comment vous voyez le financement, là, qui serait plus axé sur les
besoins.
Le Président (M. Bergman) :
M. Labrecque, pour une courte réponse.
M.
Labrecque (Jacques) : Oui.
Ce qu'on suggérait, là, c'est dans le mémoire, c'est d'avoir des méthodes de
calcul de l'intensité des soins. On sait que
nos budgets sont basés sur des bases historiques, mais il y a
des outils qui existent, il y a des outils qui sont, d'ailleurs, en
essai, on parle d'ISO-SMAF, qui ne couvrent pas tout, mais éventuellement on
pourrait avoir un outil qui va couvrir l'ensemble des services à offrir aux personnes
âgées et avoir une mesure qui nous permettrait d'établir des ratios, ce qui
permettrait d'établir un budget.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme Dion, pour une courte...
Mme Dion (Rosalie) : J'ajouterais,
par rapport à ce que M. Labrecque disait, l'ISO-SMAF, qui s'en vient, qui nous a demandé d'être utilisé à partir du 1er
avril avec notre clientèle, va nous aider à parler tous le même langage
au niveau des profils, des 14 profils. Évidemment, de
pouvoir avoir... Parce que ce n'est pas vrai que, quand on travaille au troisième étage… je reviens toujours à mon
troisième étage avec ma clientèle avec des comportements perturbateurs,
je n'ai probablement pas besoin du même nombre de personnel, ou le ratio peut
être différent, infirmières, infirmières auxiliaires, préposés, que sur une
unité où je suis en soins palliatifs, où mes résidents sont grabataires et
qu'ils sont complètement, complètement dépendants. Donc, c'est là où ça devient
un peu difficile, pour l'instant, de savoir...
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Dion (Rosalie) : Pardon?
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Dion
(Rosalie) : Oui. De
savoir comment bien gérer ces ratios-là. Je pense que c'est des outils qui
devraient nous être fournis pour pouvoir mieux soigner ces gens-là.
Le Président (M. Bergman) :
Maintenant, pour le temps de l'opposition officielle. Et je vais commencer les
questions moi-même, étant donné que le Centre hospitalier gériatrique
Maimonides est dans le beau comté de D'Arcy-McGee.
Alors, merci
pour votre présentation. Et, félicitations, vous avez reçu, comme premier CHSLD
en Amérique du Nord, la
reconnaissance Or du groupe Planetree, une organisation internationale qui
favorise la prestation de soins et de services à la personne. Alors,
félicitations pour avoir reçu cette reconnaissance.
Mercredi
passé, on a reçu devant nous Dre Catherine Vanasse, qui est une gérontologue de Sherbrooke. Elle avait
des beaux mots pour vous. Elle nous a expliqué que vous avez une administration
qui était vraiment linéaire et pas pyramidale.
Alors, peut-être, pendant vos explications et les questions
ce matin, vous avez expliqué cette différence, mais, pour être formel, est-ce
que vous pouvez expliquer pour la commission les différences entre l'administration
linéaire et celle pyramidale et pourquoi ça apporte des bénéfices à votre
centre?
M.
Labrecque (Jacques) : Je
vais commencer la réponse. Effectivement, on a une structure très linéaire. En fait,
ce qu'on a comme objectif,
c'est de toujours réduire le niveau d'autorité entre celui qui
prodigue, qui donne les soins et son
patron. En partant, on n'a pas d'assistante infirmière-chef, les infirmières
sont toutes chefs d'équipe. Elles doivent superviser leur équipe de
préposés aux bénéficiaires, d'infirmières auxiliaires et leur aile. Une aile,
chez nous, c'est 17 lits. Alors, c'est la responsabilisation des infirmières. Et c'est à ce
niveau-là que ça commence. Elles répondent à une infirmière-chef et une
directrice des soins, c'est tout. C'est notre structure. C'est une structure
qui est excessivement linéaire. Les gens
sont responsabilisés. De cette façon-là, on leur apprend à être responsables et
on leur apprend aussi à répondre à la
bonne personne. Et c'est de cette façon-là que ça fonctionne depuis très
longtemps et, je vous dis, ça fonctionne très bien.
Mme Gold
(Barbra) : …peut-être un peu
plus facile aussi parce qu'on a seulement une mission. On n'est pas en CSSS, on a seulement une mission CHSLD. Je crois
que c'est beaucoup plus facile. Moi, avec mes collègues, quand je parle avec les directeurs généraux des CSSS, c'est plus
difficile parce qu'ils ont plusieurs missions, alors ils ont plusieurs
chefs. Alors, c'est quelque chose que nous
sommes très chanceux d'avoir gardé, c'est d'être un CHSLD qui n'est pas
intégré dans un CSSS. Puis c'est peut-être une partie aussi de la réponse.
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Dans votre mémoire, vous faites
référence à l'accès aux places en CHSLD public pour la clientèle
d'expression anglaise et la clientèle provenant des communautés culturelles et
vous dites que l'accès à ces places est limité, et ce qui fait des listes
d'attentes qui sont longues. Et, pour quelques clients, quelques patients, ils sont obligés d'être hébergés dans un
CHSLD en dehors de sa communauté pour une longue durée de temps. Sachant que les personnes qui vont dans ces CHSLD,
elles sont là pour seulement quelques années, comment est-ce que ces personnes composent avec ce délai? Et quelles
suggestions est-ce que vous avez pour être certains que les places pour
les personnes de la communauté anglaise, les communautés culturelles soient
améliorées?
Mme Gold
(Barbra) : C'est une bonne
question. C'est difficile parce que les numéros changent chaque année.
Alors, on doit regarder comme une photo des prochains 10 ou 15 ans qu'est-ce
qui va arriver à chaque secteur. Mais, premièrement,
je crois que tout le monde doit connaître leurs droits. Si on ne connaît pas
qu'on a le droit d'avoir une place dans
un CHSLD de notre langue ou notre religion, on ne demande pas. Parce que
vraiment on en a plusieurs à Montréal, puis c'est vraiment d'avoir comme
la coopération entre tous les secteurs. On travaille très, très bien avec
l'agence de Montréal. Avec le système
central d'admission, ça marche, c'est excellent, parce que c'est là-bas qu'ils
savent s'il y a quelqu'un, dans un autre secteur, qui attend un lit à
Maimonides ou attend un lit ou dans l'hôpital chez moi, parce que c'est centralisé. Moi, je suis un peu peur dans les prochains
mois, si on va perdre ça puis ça va être décentralisé. Puis, si ça vient décentralisé à Montréal, je ne
suis pas certaine que ça va marcher comme il marche maintenant, où ça
marche assez bien. Voulez-vous ajouter quelque chose?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dion.
• (11 h 40) •
Mme Dion
(Rosalie) : …non.
Le Président (M. Bergman) :
Une question reliée à cette question. Vous faites référence aux contributions et que le tarif doit être modifié lorsqu'un seul
membre d'un couple est hébergé et pas les deux, pour permettre à celui
qui n'est pas hébergé au CHSLD pour rester
au domicile. On a entendu, la semaine passée, la question des couples qui
doivent faire des divorces pour être admis et pour leurs finances. Et je pense
à cette question des finances pour ces couples et comment est-ce qu'on peut améliorer, et aussi à la question quand les
couples sont d'une communauté culturelle et ils doivent être hébergés un dans leur communauté culturelle et l'autre dans
un CHSLD qui n'est pas dans la communauté, l'effet difficile sur le couple, l'effet difficile sur leur famille. Sur
les deux aspects, est-ce que vous pouvez nous donner un éclairage, s'il
vous plaît?
Mme Gold
(Barbra) : Alors,
premièrement, pour le financement, vraiment, pour les couples, c'est
parfois — pas
toujours — très
difficile, on voit ça. On les aide à faire ce divorce blanc ou quelque chose… Comment dire? Mais vraiment je
crois qu'on doit regarder les règles
quand quelqu'un est toujours marié avec l'époux vivant parce que
c'est très, très difficile de prendre 1 400 $ par mois
puis maintenant l'autre personne doit payer le bail, doit payer
sa nourriture puis elle doit prendre une grande partie de son argent
pour donner au CHSLD. Ce n'est pas la même chose quand la personne est veuve.
On dit ça «veuve»?
Une voix : Oui, exact.
Mme Gold (Barbra) : Oui, c'est ça. Puis l'autre chose, on travaille très, très fort pour… «to collect» le
bail de tout le monde. Puis qu'est-ce
qu'on a suggéré d'avoir comme un «direct deposit», très facile, je crois que ça
va aider plusieurs établissements qui ont des grandes difficultés avec
le paiement des autres clients. Parce que vraiment, si on est seul puis on est capable de payer, les règles ne sont
pas compliquées. On doit aider à cette partie. L'autre question,
c'était… Je ne me souviens pas.
Une voix : …
Mme Gold (Barbra) : Voulez-vous
répondre à ça? Non?
M.
Labrecque (Jacques) : Je sais que cette situation-là existe. Je me
souviens, il y a quelques années,
dans les Laurentides, on avait ce qu'on appelait la règle du couple. Mais je
n'ai pas réellement de solution, là, à apporter, là, actuellement. C'est
vrai que c'est une problématique, mais…
Mme Gold (Barbra) : …dans les
différents établissements, non, je n'ai pas une suggestion non plus pour ça.
Le
Président (M. Bergman) : Sur la question… vous avez fait
référence que vous avez des lits d'hébergement permanents, des lits d'hébergement temporaires de répit et les lits dans
le cas du programme d'évaluation pour hébergement, Programme 68, à
Montréal. Et je sais que j'ai eu des discussions avec des membres de votre
organisation, on a eu beaucoup des
questions, des appels au bureau de comté, cette fameuse question des lits
d'évaluation, et lits de transition, et finalement les lits permanents,
et les problématiques que les patients encourent.
Un groupe
qu'on a eu la semaine passée a dit à nous : Peut-être, les évaluations
doivent être faites quand le patient est dans l'hôpital. Et pouvez-vous
nous éclairer sur cette question du Programme 68 et le programme de trois
étapes : la transition, l'évaluation, le lit d'attente et le lit
permanent?
Et finalement, dans ce même aspect, on a eu la
question qui a été posée ou mentionnée la semaine passée qu'il y a la question de dumping des patients,
peut-être pas dans l'aspect de l'évaluation, mais des fois, des CHSLD envoient un patient à l'hôpital, l'hôpital
dit : Ce n'est pas pour nous, on n'a pas de place. Et l'hôpital, même dans
l'hiver, peut mettre un veston sur le
patient et envoyer le patient dans un taxi à un CHSLD. Je pense, même à un
jeune âge, quand quelqu'un vous envoie dans l'hiver avec seulement un
veston pour aller à quelque place dans un taxi, c'est inhumain.
Mais c'est deux questions différentes.
J'aimerais premièrement parler de cette question d'évaluation, les lits
d'attente et les lits permanents et l'effet difficile sur les patients et
certainement sur les familles.
Mme Gold (Barbra) : Premièrement, le
Programme 68 ou le PHPE — le nom change chaque mois — c'est
vraiment… pour nous autres, ce n'est pas un bon programme. Je crois qu'on n'a jamais
envoyé quelqu'un de notre Programme 68 à la maison. Ils sont tous devenus longue
durée. Parce qu'ils sont arrivés comme ça, ce n'est pas
compliqué. Moi, je ne suis pas infirmière,
ni médecin, je peux regarder les clients qui arrivent dans ce programme. Certainement, ils sont plus que
3 h 30 min de soins, c'est des cas très compliqués, ils ne sont
pas en évaluation. Alors, c'est une autre étape pas... Peut-être
que les autres établissements, ils ont les autres expériences, mais, pour nous
autres, on n'a jamais
envoyé quelqu'un à la maison après l'évaluation. Ils sont tous
devenus longue durée. Le dumping, envoyer quelqu'un par taxi, ce n'est jamais
arrivé avec nous autres. Non. On n'a jamais vu ça dans l'hôpital, à Maimonides
ou au CHSLD juif. Les clients arrivent parfois le soir, minuit, ça peut
arriver, mais ils arrivent dans une auto, ou avec une ambulance, ou avec un
taxi-van, transport adapté, avec quelqu'un qui l'apporte à l'étage. Alors,
voulez-vous ajouter?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dion.
Mme
Dion (Rosalie) : Ce que
j'aurais à ajouter, c'est tout
simplement par rapport à... Il n'y a pas de dumping de cette façon-là, mais je
vous dirais qu'on ressent de plus en plus de pression aussi. Si on avait
une travailleuse sociale de l'établissement avec nous... Les équipes
sociales se sentent vraiment sous pression d'accepter différentes sortes de clientèles rapidement. Et souvent ce
qu'on a sur papier, quand la personne arrive chez nous, on se rend compte que
c'est très différent, l'évaluation ne nous démontre pas la même personne, alors
là, il faut s'ajuster avec ça. Donc, je ne suis pas certaine que l'utilisation
du Programme 68 soit optimale, honnêtement, pour l'instant.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Alors, merci
beaucoup. Je voulais vous entendre davantage sur toute la question de l'arrêt
du recours au personnel des agences, parce que
ça semble être quand même un élément clé de votre succès, c'est-à-dire le taux de rétention dont vous parliez tout à l'heure, qui est quand même
très fort, peu de roulement du personnel, pas de recours aux agences. Donc, vous avez un personnel qui reçoit une formation,
qui est sensibilisé aux besoins bien spécifiques de la clientèle que vous hébergez. Comment vous avez réussi à ne pas
avoir recours aux agences? Parce que je
pense qu'il y a des bonnes pratiques qui ont cours dans
différents établissements au Québec, puis on doit être capables de s'en
inspirer pour les appliquer ailleurs. Et puis je sais que le recours aux
agences, notamment en Outaouais, il est très, très élevé. J'aimerais vous
entendre un peu sur la façon dont vous êtes arrivés à ce taux de roulement très
bas puis à ne pas recourir aux agences.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gold? M. Labrecque.
M.
Labrecque (Jacques) : On
s'est inspirés de notre propre expérience. On venait de Maimonides, et
Maimonides n'a jamais utilisé de personnel d'agence. Lorsqu'on nous a demandé,
en 2005, d'aller au CHSLD juif de Montréal pour voir qu'est-ce qui se passait, on
s'est aperçu qu'il y avait beaucoup d'agences et on s'est aperçu que ça
créait beaucoup d'insatisfaction du personnel, beaucoup de manque de continuité
dans les soins. Alors, on a réfléchi quelques jours et on s'est donné comme
date butoir le 15 octobre 2005 pour...
Mme Gold (Barbra) : On est arrivés
le 1er septembre.
• (11 h 50) •
M.
Labrecque (Jacques) : On est arrivés au mois de septembre, on s'est
donné comme date butoir le 15 octobre 2005 d'arrêter les agences,
et on s'est donné quatre, cinq semaines de recrutement intensif, et on est
partis à neuf au 15 octobre, plus
d'agence. Et, à partir de cette date-là, j'ai eu énormément de téléphones des
agences qui se demandaient ce qui se
passait, mais on leur a dit : On ne fait plus appel à vos services. Ça a
demandé énormément de sacrifices de la part du personnel restant parce qu'évidemment ils avaient une charge de travail.
Et on a reconstitué une équipe d'infirmières, d'infirmières auxiliaires
et de préposés aux bénéficiaires de notre propre liste de rappel. Et, après
trois mois, c'était stabilisé, on avait nos
équipes à nous, avec plus de monde, avec le syndicat qui était heureux parce
que c'étaient plus de membres, hein?
Puis ils arrêtaient de chicaner parce que
des agences leur volaient des jobs. Puis on a commencé, et, depuis ce
temps-là, ça dure. On n'a pas refait appel aux agences d'aucune façon depuis
2005.
Je pense qu'il faut, en quelque part, décider
que c'est fini, pour ceux qui peuvent le faire, puis d'avoir notre partenariat avec le personnel et avec nos
syndicats, parce que c'est nos
partenaires, d'expliquer la situation, et tout le monde est gagnant dans
ça. Mais ça prend une volonté locale, politique, ça prend une volonté de cesser
cette pratique-là. C'est très cher pour le
réseau, ça ne donne aucun service direct… ou très peu de services directs, je
devrais dire. Et ce n'est pas de même
qu'on développe un sentiment d'appartenance, ce n'est pas de même qu'on
développe une préoccupation pour la
clientèle. Si aujourd'hui je suis à une place, demain je suis ailleurs puis ça
ne me dérange pas d'être là… Et c'est ce qu'on a développé et on a
effectivement beaucoup de succès. Depuis 2005, on n'a pas fait…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gold.
Mme Gold
(Barbra) : Si je peux
ajouter. Si tous les hôpitaux puis tous les CSSS à Gatineau décidaient
ensemble de ne pas utiliser les agences, ils
ne vont pas avoir le business. Ils doivent engager les infirmières à chaque
établissement. Mais, si on trouve que quelqu'un continue à utiliser les
agences, ça ne marche pas. Mais, si tout le monde décidait ensemble de
couper les agences : On décide le 1er janvier, le 15 avril, ils
choisissent une date puis, si tout le monde gardait ça, vous allez avoir un
succès.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais vous
arrivez quand même… En mettant de côté les agences, vous avez aussi un taux de roulement qui est très faible, et ça aussi, c'est
un élément. Alors, comment vous vous êtes attaqués… Qu'est-ce que vous
faites que les autres ne font pas pour avoir ce taux de roulement qui est…
Mme Gold (Barbra) : …c'est les familles, c'est le conseil d'administration. Ce n'est pas
très bureaucratique, tout le monde
parle à tout le monde. Moi, je marche dans le centre, je peux parler avec le
personnel d'entretien ménager, dans la cuisine,
à midi. Ils me disent : Bonjour, Barbra! C'est vrai, on ne voit pas ça
dans les autres établissements. Alors, tout le monde est vraiment très
proche. Alors, c'est un feeling qu'on a dans les deux établissements. C'est
depuis plusieurs années,
ça n'arrive pas dans deux semaines. Voulez-vous ajouter? Mais j'ai mes
collègues ici, ils sont arrivés à Maimonides, ils restent 15 ans, 20
ans. Jacques est là depuis combien…
M. Labrecque
(Jacques) : 18 ans.
Mme Gold (Barbra) : 18 ans. L'ancienne directrice des soins, qui viendra cet après-midi
pour présenter — parce que
c'est Lucie Tremblay, qui est la présidente maintenant de l'Ordre des
infirmières du Québec — était là aussi pour comme
15 ans. Maintenant, j'espère que Rosalie sera là pour 15 ans. Karen est là
depuis 10 ans. Alors, c'est aussi au niveau
des cadres, pas seulement au niveau… On a des employés, plusieurs qui
travaillent depuis 30 ans au même
établissement. Je vous inviterai à notre Long Service Award Ceremony l'année
prochaine, c'est vraiment beau.
Mme Dion
(Rosalie) : On vous invite tous de venir nous visiter, également.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Avant, je voudrais aussi aborder une autre question — parce
qu'on n'a pas énormément de temps — qui est toute la question des adultes, donc
tous ceux et celles qui ne sont pas des aînés, qui sont hébergés au
centre. Comment on répond à leurs besoins
particuliers? Est-ce que vous avez mis en place quelque chose de spécifique
pour répondre aux besoins parfois de ceux et celles qui ont des familles, qui
ont des enfants, qui ont de jeunes enfants qui viennent mettre de la vie dans
les corridors, qui ont des besoins au niveau des activités puis qui ont des
besoins de stimulation qui sont autres que ceux d'une personne de plus de 85
ans?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dion.
Mme Dion (Rosalie) : Oui. On fait ce qu'on peut, en ce moment, honnêtement, pour répondre à
ces besoins-là. Ce n'est pas toujours
évident. On a beaucoup d'endroits, à Maimonides entre autres, où on a des accès
à des ordinateurs, à Internet
gratuit. On a une bibliothèque aussi où certains peuvent aller. On a des aires
communes qui sont assez grandes pour
les familles. Et on n'a pas d'heure de visite non plus. Donc, la famille qui
veut se présenter à toute heure du jour ou du soir peut arriver sans
problème. On est très accueillants dans ce sens-là.
On
fait ce qu'on peut pour accommoder les besoins particuliers, mais, puis c'est
un peu pour ça qu'on en parlait dans
notre mémoire, ça devient difficile parce qu'ils sont mélangés avec les autres.
On va essayer avec… On a beaucoup de
bénévoles. On a des activités à un à un qui peuvent être faites, où on essaie
de regrouper cette clientèle-là ensemble pour des activités
particulières, mais ce n'est pas évident. Je vais vous avouer que ce n'est pas
évident.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Flam.
Mme
Flam (Karen) : On a créé des aires d'activité qui ont l'air vraiment
d'un appartement. C'est comme un salon,
une cuisine, une table à manger, un «flat screen» télévision. Et, je me
souviens, un soir, après qu'on avait fait… On a un résident qui est dans
la quarantaine, il a une blonde, il a deux enfants, il avait un chien, il a
deux parents, et ce soir-là, c'était sa
fête, et dans... J'ai les larmes aux yeux quand je vous raconte cette histoire.
Imaginez-vous un homme très jeune qui
se trouve dans un CHSLD et puis il est maintenant... C'est le soir, sa mère a
apporté la bouffe, le spaghetti est sur le poêle qui est là, dans la
section cuisine, la mère avait fait la table avec un gâteau pour sa fête, le
chien était là, les enfants étaient là. C'était comme un «snapshot», exactement
ce qu'on essaie de faire tous les jours.
Ce
n'est pas facile avec presque 400 clients, mais on essaie, on fait l'effort. Ce
n'est pas pour rien qu'on est le premier
CHSLD Planetree Gold, parce qu'on essaie d'aller un peu plus loin. Notre plan
stratégique, on l'appelle notre plan More Than Care, au-delà des soins.
On est toujours au-delà des soins. Et ce n'est pas juste moi ou Barbra, c'est
les gens qui travaillent dans la cuisine. On
a commencé un programme cette année — je ne sais pas si j'ai le temps — on
appelle ça Undercover Boss.
Une
voix : Not so undercover boss.
Mme Flam (Karen) :
Vous connaissez le programme Undercover Boss? C'est quand le CEO d'un
organisme, il porte une perruque et il va travailler dans son...
Une voix :
Undercover.
Mme Flam
(Karen) : …undercover. Mais, chez nous, il n'y a rien qui est
«undercover», je vous le dis.
Une voix :
Tout le monde connaît tout le monde.
Mme Flam (Karen) :
Et puis Rosalie, elle est allée travailler dans le…
Mme Dion
(Rosalie) : «Housekeeping». Avec, oui, les gens de la maintenance
puis…
Mme Flam (Karen) :
«Housekeeping». O.K.? Elle est allée travailler un quart de travail au complet
dans le «housekeeping». Vous savez qu'est-ce
que c'est, ça, pour voir les gens, voir ça, la directrice des soins faire ça?
Elle a porté ses souliers, ses
bottes, son uniforme. Et moi, j'étais dans la cuisine et j'ai travaillé toute
une journée dans la cuisine. Je trouve,
ces personnes qui travaillent, ils sont mes héros maintenant. Ils travaillent
tellement fort. Et puis c'était incroyable, ils sont tous mes amis maintenant. Je n'ai jamais faim. Tout le monde
veut me faire un bol de soupe parce que j'ai travaillé. Mais ça, là, c'est aller au-delà des soins, et ce
n'est pas difficile à faire, ce n'est pas vraiment quelque chose qui
coûte beaucoup d'argent, mais c'est l'esprit de corps que nous avons chez nous.
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé. On peut vous...
Des voix :
…
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme Gold, Mme Dion, M. Labrecque, Mme Flam, merci pour votre
présentation. Je suis très fier certainement de partager votre expertise avec
nous. Alors, on vous remercie beaucoup.
Collègues,
compte tenu de l'heure, je suspends nos travaux jusqu'à après les affaires
courantes, cet après-midi. Vous ne pouvez pas laisser vos documents ici
pendant l'heure du lunch.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 15 h 40)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de procéder à des consultations
particulières et des auditions publiques sur les conditions de vie des
adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue durée.
Nous avons
devant nous l'Ordre professionnel des diététistes du Québec.
Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation, suivi d'un échange avec les membres de la commission. Pour les fins d'enregistrement, on a
besoin de vos noms, vos titres. Et les prochaines 10 minutes, c'est à vous.
Ordre professionnel des
diététistes du Québec (OPDQ)
Mme Gagné (Anne) : Alors, bonjour,
M. le Président. Mon nom, c'est Anne Gagné, je suis nutritionniste et présidente de l'Ordre professionnel des
diététistes du Québec et je suis accompagnée de Mme France Bernatchez,
qui est également nutritionniste, et qui
travaille dans le réseau de la santé depuis 30 ans, notamment auprès de la
clientèle dans les soins de longue
durée, et qui est une jeune retraitée de quelques mois du réseau de la santé.
Alors, elle a une expérience de 30 ans. Ce sera intéressant de vous
parler d'expériences concrètes.
Alors, je voudrais saluer mesdames les députées,
messieurs les députés, et vous remercier de nous recevoir aujourd'hui. Nous
avons déjà fait parvenir notre mémoire, et je tiens à remercier ceux qui y ont
participé, parce que, souvent, c'est une contribution bénévole, alors, Mme
Bernatchez, Mme Annie Chapados, qui est à l'arrière de nous, Mme Nancy Presse,
Michel Sanscartier, Caryn Roll, Denise Ouellet, Janick Perreault et Joanie
Bouchard.
Alors,
considérant que j'ai peu de temps, je vais faire rapidement. Je ne sais pas
combien on a pour la période de questions, vous ne me l'avez pas
mentionné, M. le Président. Combien de temps pour la période de questions?
Le
Président (M. Bergman) : Vous avez, là, 10 minutes, et on va gérer
le temps après avec nos membres de la commission. Mais les prochaines 10
minutes, c'est à vous, madame.
Mme Gagné
(Anne) : Parfait, merci.
Alors, rapidement. Je reconnais plusieurs membres de la députation ici.
Nous sommes venus, à l'automne, vous parler
déjà de la nutrition et l'alimentation des aînés. Pour faire un rappel et parce
qu'on est actuellement en période de Jeux
olympiques, parfois je fais une comparaison avec des athlètes qui doivent avoir
une alimentation performante, parce qu'ils ont des besoins particuliers, ils
doivent avoir… bien, vous savez qu'on gagne de
plus en plus. C'est parce qu'entre autres ils ont des nutritionnistes dans leur
équipe et il y a une attention particulière à la nutrition. Alors, les aînés, c'est la même chose, en fait. Ils ont
des besoins nutritionnels qui sont particuliers, performants.
Et pourquoi? Ce n'est pas les mêmes raisons.
Entre autres parce qu'au cours du vieillissement — ça, c'est les hommes, les femmes, on y passe tous — au cours du vieillissement, il y a une perte
qui est normale, une perte de la masse osseuse,
une perte aussi de la masse musculaire. Et aussi, en vieillissant, on a de
multiples pathologies, maladies cardiovasculaires, du cholestérol élevé
aussi, ostéoporose, ce qui augmente la vulnérabilité. Il peut y avoir aussi des
conditions physiologiques, conditions
sociologiques qui diminuent l'apport des aliments. Alors, les besoins
nutritionnels ne sont pas comblés, ce qui fait que, souvent, il y a un état de
malnutrition.
On en entend
parler beaucoup. Qu'est-ce que ça fait, la malnutrition? C'est ce qui fait que
la personne, éventuellement, elle est
fatiguée, des étourdissements. Elle peut aussi faire des chutes, des fractures.
Elle peut se retrouver à l'urgence, ce qui fait que les… Considérant que
ses besoins nutritionnels ne sont pas comblés, son séjour à l'hôpital, il peut
durer plus longtemps, ce qui fait que les lits sont vides au CHSLD, la personne
est en centre hospitalier.
Alors, je vous fais un
portrait assez noir, mais on a des solutions. On a trois recommandations à vous
faire aujourd'hui. Et, vous savez, c'est un
dossier qu'on connaît très bien, on a présenté plusieurs mémoires au cours des
ans. Et les trois recommandations que l'on fait, elles sont à la page 5 de
notre mémoire. Premièrement, de dépister les problèmes
nutritionnels à l'admission et en cours de séjour pour tous les adultes
hébergés en établissement de soins de longue
durée. La deuxième recommandation, s'assurer de combler les besoins
nutritionnels de tous les résidents dans l'offre alimentaire. La troisième, assurer l'accès à des soins nutritionnels en
introduisant une orientation ou une norme sur les effectifs de diététistes nutritionnistes dans les
CHSLD. On pourrait élaborer un peu plus lors de la période des questions
et des échanges.
Lorsqu'on parle, par exemple, de combler les
besoins nutritionnels, vous savez, une personne, par exemple, peut avoir un plateau devant elle, mais peut-être
qu'elle ne mangera pas tout ce qu'elle a devant elle pour différentes
raisons. Peut-être qu'elle n'est pas capable
de s'alimenter seule, peut-être aussi qu'il y a eu une mauvaise nouvelle, un
décès d'un proche, de son conjoint.
Ça peut arriver aussi qu'elle a des problèmes de déglutition. Il peut arriver
aussi qu'elle a un plateau devant
elle, elle va tout manger, mais ça ne correspond pas aux besoins nutritionnels
de cette personne-là, parce que, vous savez, on est au-delà du Guide
alimentaire canadien. Alors, c'est pour ça qu'on recommande de faire un
dépistage nutritionnel, entre autres, dès l'arrivée. Et les trois
recommandations qu'on a présentées ici, elles sont en lien avec le rapport du
Vérificateur général, qui a été publié en 2011 et qui fait aussi ces
recommandations-là.
Je ne veux
pas vous inonder de chiffres, mais j'ai retrouvé, dans un document qui a été
publié par le ministère de la Santé
en 2011, produit par des gériatres, des médecins gériatres... Et ça dit, entre
autres, que «la malnutrition et son corollaire, la perte de poids, sont
associés, chez la personne âgée, à une augmentation de la mortalité, qui peut
s'étendre de 9 % à 38 % de un an à deux ans et demi après la perte
initiale».
J'ai un autre
document ici, un article qui a été publié en 2008, parce que je sais que le
budget, l'économie, c'est important pour
vous aussi, puis les citoyens également. Alors, ce qu'on dit, c'est que la
dénutrition, si elle n'est pas traitée, elle entraîne des hausses de
coûts reliés aux soins de santé allant de 180 % à 450 % de plus si on
ne s'en occupe pas.
Un dernier document
qui a été produit par l'Agence de la santé et des services sociaux de la
Montérégie, très récent, ça, c'est
assez novateur. Alors, c'est un guide des meilleures pratiques en matière
d'alimentation dans les CHSLD. Et, lorsque
je vous parlais tout à l'heure d'avoir accès à des soins nutritionnels puis
d'avoir des ratios… On vous en parlera un peu plus tout à l'heure. Alors, ce qu'on dit dans ce document-là, c'est
que… Nous, ce qu'on recommande, c'est un ratio d'une diététiste pour 100 à 250 résidents, et ce qui est écrit ici,
c'est que, dans le réseau de la santé actuellement, il y a un diététiste
pour 750 résidents. Et ce qu'on dit plus loin, c'est que «cette situation
soulève des préoccupations éthiques [considérant que] la littérature
[scientifique] indique qu'au moins 60 % des résidents [des] centres
d'hébergement souffrent de malnutrition».
Alors, vous comprendrez pourquoi c'est un sujet qui nous préoccupe beaucoup. Ça
fait des années qu'on en parle.
Puis
aujourd'hui je faisais une entrevue avec un journaliste et... parce qu'on a
envoyé notre mémoire sur le Web, et puis il m'a posé une question, puis
c'est rare que je suis déstabilisée par une question d'un journaliste. Et il
m'a dit : Considérant tous ces
chiffres-là, l'ampleur du phénomène, que ça fait des années que ça dure puis
qu'il y a des solutions, comment vous
vous sentez, comme nutritionniste? Et j'avoue que ça m'a... j'ai pris du recul
et je lui ai dit : Bien, je peux vous
dire un mot : C'est scandaleux. C'est scandaleux qu'on ne fasse rien quand
il y a autant de malnutrition, autant de problèmes. On peut parler de pandémie. Puis il y a des solutions, puis
ce n'est pas nécessairement d'augmenter les coûts, mais c'est de faire
mieux aussi. Alors, je ne sais pas si j'ai encore de temps pour mon 10 minutes,
ou...
Le Président (M. Bergman) :
...deux minutes.
Mme Gagné
(Anne) : J'ai encore deux
minutes. Bon, alors, j'ai bien fait mon devoir. Alors, pour revenir
au... On va parler aussi... Parce qu'on parle de soins nutritionnels, mais, je
vous ai parlé du plateau, on parle aussi des coûts-aliments,
des coûts-repas. Ça, c'est quelque chose qu'il va falloir se préoccuper, parce
qu'actuellement dans le réseau, le coût-aliment ou le coût-repas, on
inclut tout là-dedans, les ressources humaines, l'équipement, ce qui fait que
la valeur réelle, on ne la connaît pas
vraiment, puis ce qui fait aussi, comme le Vérificateur général disait, qu'il y
a une grande variation dans le réseau
de la santé. Si je ne me trompe pas, pour le coût — la page 8 — ça peut varier de 3,92 $ à
13,79 $.
Et nos
recommandations aussi, on les base... Parce qu'actuellement il y a deux
provinces au Canada, en Ontario et en
Colombie-Britannique, où c'est inscrit dans la loi, le coût minimum d'un repas
puis aussi les ratios. Alors, les ratios, c'est une nutritionniste par 250 patients hébergés. Alors, c'est inscrit
dans la loi. Et puis il y a les agences, et les centres doivent
respecter et aussi doivent démontrer aux agences — on les appelle les
agences d'accréditation — qu'entre
autres le coût minimal a été respecté et
aussi le ratio. Alors, en gros, c'est ça. Mais on est prêts pour vos questions,
parce que vous en avez sûrement, puis je trouve que c'est important. On n'a pas
l'occasion souvent d'échanger avec des parlementaires.
• (15 h 50) •
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gagné, merci pour votre
présentation. Et maintenant, pour le bloc ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose.
Mme Proulx : 12235 Mme Proulx : Merci, M. le Président.
Bonjour, Mme Gagné, bonjour Mme Bernatchez. Ça me fait plaisir de vous saluer,
de vous accueillir et de pouvoir échanger
avec vous. Écoutez, Mme Gagné, je pense que vous nous avez lancé là un cri du
coeur qui est un message assez percutant. Je
pense que nous sommes tous préoccupés, comme vous, là, des statistiques dont on
entend parler et de cette question, je pense, qui est assez fondamentale, de
l'alimentation et de la nutrition des personnes très vulnérables physiquement, là,
les personnes âgées, notamment en CHSLD.
Quand vous dites : Ça me
préoccupe beaucoup, quand vous dites que, selon vous, les risques de
nutrition affectent 60 % des résidents en CHSLD, je trouve que
c'est beaucoup. On sait que ces risques-là peuvent générer d'autres problèmes de santé, comme des infections ou des plaies
et même du délirium, c'est ce que j'ai constaté. J'aimerais vous
demander comment vous croyez qu'une intervention plus précoce au niveau de la
nutrition pourrait avoir un effet bénéfique et pouvoir diminuer, là, cette donnée
statistique assez alarmante qui met 60 % des résidents à risque
actuellement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gagné.
Mme Gagné (Anne) : En fait, je vais commencer puis je vais laisser la parole à Mme Bernatchez.
C'est pour ça qu'on demande qu'il y ait un dépistage dès l'arrivée de la personne dans le CHSLD, un dépistage
des risques nutritionnels parce que plus on intervient rapidement, plus le
rétablissement se fait rapidement. Mais il faut aussi qu'il y ait
éventuellement une évaluation nutritionnelle individualisée, faite par une
nutritionniste, puis aussi que ce soit fait plus tard, dépendamment du
degré de risques de cette personne-là, mais, ponctuellement, qu'il y ait une évaluation.
Alors, ça, ça fait partie de nos recommandations. Je laisserais Mme Bernatchez,
qui a travaillé pendant plusieurs années avec les personnes, peut-être nous
donner des exemples concrets pour illustrer ce qu'on vient de dire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bernatchez.
Mme Bernatchez (France) : Oui. Ça me fait plaisir de poursuivre. Je trouve
la question fort pertinente. Dans le quotidien des soins, lorsqu'une
personne arrive d'un milieu de soins aigus, qu'elle doit maintenant
passer en CHSLD, ils arrivent déjà
avec des problématiques multiples. Alors, la diététiste doit revoir l'ensemble
des problématiques médicales, l'ensemble de la médication, l'ensemble
des conditions pathologiques de la personne et aussi le désir de la
personne : Où est-ce qu'elle en est actuellement, compte
tenu que maintenant
elle ne retournera pas à la maison? Comment elle veut vivre les années
qui vont se présenter devant elle? Alors, ça, c'est une étape fort importante,
et, si c'est escamoté, la personne va être de plus en plus démotivée à s'alimenter.
C'est comme si elle abandonnait.
Alors,
il y a intérêt, fort intérêt de
s'asseoir dès le début avec elle et sa famille pour voir comment elle voit
les années venir, et on peut prioriser les façons de faire dans les choix
alimentaires, dans les suppléments, si requis, pour pouvoir avoir une
alimentation au quotidien, parce que c'est tous les jours qu'elle va manger,
c'est tous les jours qu'elle va être devant
ces aliments-là. Est-ce que c'est ça que je veux? Y a-tu des habitudes de
consommations qu'on peut juste respecter davantage? Parce que maintenant
c'est son mode de vie, ce n'est plus une transition dans sa vie, mais vraiment
là où elle va continuer ses prochaines années. Alors, ce temps-là, à
l'admission, est précieux justement pour déterminer comment on va aider la
personne à cheminer.
Et, en révisant les soins globaux, on s'associe
des partenaires de soins, avec les médecins, avec les physiothérapeutes,
des ergos, des infirmières, et on fait une
approche globale qui permet de bien situer le rôle de l'alimentation dans sa
qualité de vie dans son CHSLD. Si c'est
escamoté, ça ne peut pas ne pas se détériorer parce que la personne, elle va
être devant toujours ses aliments
qu'elle ne sait pas si elle va les manger : Avant ça, on ne me donnait pas
ça dans l'autre hôpital; ici, on me
donne ça, c'est-u correct? Ils vont se voir probablement maigrir aussi, puis là
ça les préoccupe : Je maigris, je dois être plus malade… Ils décrochent. Tandis que, quand ils comprennent où
est-ce qu'ils en sont, on peut gérer le poids, les sécuriser ou leur dire : Bien, effectivement,
il y a une perte de poids non souhaitable, comment on va s'y prendre
ensemble?
Alors,
c'est des étapes, dès le début, qu'il faut faire le plus vite possible. Si ce
n'est pas fait, ça nous est livré à peu près six, huit mois plus tard, puis là il y a une grande détérioration.
Donc, ça fait déjà quelque temps qu'elle fait des lésions de pression puis ils ne savent pas trop pourquoi
elle ne récupère pas. Ça fait déjà quelque temps qu'elle est
hyperconstipée puis elle a mal partout, elle
a mal dans le ventre, elle ne sait plus quoi faire. Alors, tandis que, si on
pouvait intervenir au plus tôt, on pourrait atténuer énormément ces
inconforts-là ou ces difficultés-là. Est-ce que ça répond un peu?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. Merci. Merci pour votre éclairage. Écoutez,
j'aimerais vous parler d'un autre sujet. Vous savez qu'avec les années à
venir l'alourdissement des clientèles dans les CHSLD va générer de bien grands
défis à bien des niveaux. Et j'aimerais vous
parler un petit peu de votre vision, là, non seulement de ce qu'on offre comme
nourriture aux personnes âgées, mais de la manière dont on le fait en
termes d'organisation du travail. Vous savez, si la clientèle s'alourdit de plus en plus, et qu'il y a de plus
en plus de personnes qui requièrent une aide à l'alimentation, et qu'on
a des préposés aux bénéficiaires qui doivent
alimenter des personnes de plus en plus en groupe dans un temps record — et il n'est pas rare de voir des préposés aux bénéficiaires nourrir à la chaîne
quatre, cinq, six personnes autour d'elles — comme
professionnelles de la nutrition, comment
vous percevez cette situation? Et est-ce que vous avez des
recommandations par rapport à la façon d'alimenter les personnes?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bernatchez.
Mme Bernatchez (France) : Oui, vous avez tout à fait raison, le temps du
repas, c'est un moment crucial pour réconforter, sécuriser, et, si ça ne
se fait pas dans les bonnes conditions, bien ça amène justement un état de
stress de plus, un état d'anxiété. Alors,
c'est un moment crucial. Il faut effectivement avoir suffisamment de temps à
permettre à la personne de prendre la
bouchée, de l'observer puis de voir si elle a la capacité de mâcher, d'avaler
les choses. Ou est-ce qu'il s'est
produit quelque chose dans la journée? Moi, j'ai toujours trouvé que le moment
d'observation clinique à l'heure du repas parle énormément de la
condition générale de la personne, son état d'éveil. Comment se fait-il
qu'aujourd'hui elle n'est pas là, elle n'est pas
présente, elle ne répond pas? Alors, ça parle beaucoup de la condition médicale de la personne puis pourtant c'est le
moment très simple de la vie, s'alimenter. Alors, si le personnel
clinique n'est pas disponible pour
l'accompagner à ces moments-là, ils perdent des moments précieux d'observation
clinique, et la personne n'a pas les soins requis.
Alors,
il faut effectivement un temps de repas, une durée de repas suffisante pour
permettre la consommation et aussi le
positionnement, parce que, si on la couche tout de suite, bien, ça va refouler,
ça crée des problèmes secondaires. Alors,
le temps est nécessaire. L'hygiène de la bouche après le repas, bien vider la
bouche pour éviter, justement, une détérioration
de la bouche et aussi des risques de faire trop d'infection dans la bouche, ce
qui pourrait entraîner des problèmes
respiratoires parce que par la suite il y a formation de bactéries qui peuvent
s'engager dans les poumons. Alors, c'est autant des moments de
préparation : l'éveiller comme il faut, l'assister pour faciliter la prise
alimentaire et l'hygiène après le repas pour éviter des reflux ou une
détérioration de la qualité buccale.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de…
Mme Gagné
(Anne) : Si je me permettais de…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gagné.
Mme Gagné
(Anne) : Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : S'il vous plaît, oui.
Mme Gagné (Anne) : Alors, si vous me permettez d'ajouter. Vous savez, le ministère de la
Santé — je
pense que c'est en 2011 — a sorti un cadre de référence pour que les
établissements aient des politiques alimentaires. Et, dans ces recommandations-là, c'est certain que les soins
nutritionnels, c'est une chose, mais quand même il y avait des recommandations
qui étaient faites, entre autres — c'est à la page 10 — qui
comprennent l'environnement alimentaire, s'assurer aussi le développement des compétences du personnel, s'assurer
de la qualité globale des aliments et des boissons offerts puis offrir des repas et des collations de haute valeur
nutritive. Mais ici c'est sûr qu'on parle d'une clientèle qui a des
besoins spécifiques. Mais c'est déjà dans un cadre de référence. Alors, le
ministère demande aux établissements d'avoir des politiques, mais il faut que les... on dit : Les babines suivent
les bottines ou les bottines suivent les babines. Ça fait que, là, c'est bien beau d'avoir des cadres de référence
puis des politiques, mais il faut qu'il y ait un suivi, il faut qu'il y ait
des indicateurs, il faut qu'il y ait des ressources qui soient mises en place
ou que les ressources soient mieux formées. Ce n'est pas toujours une question
d'ajouter de l'argent non plus. Mais déjà, vous savez, votre question, là, déjà
le ministère a ce souhait-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose, il vous 4 min
30 s.
Mme
Proulx : Oui. Bien, simplement, une dernière question en lien
avec ce que vous venez de mentionner : Est-ce que vous, comme professionnelles de la nutrition,
vous avez l'impression… Est-ce que vous constatez que les personnes chargées d'aider à l'alimentation des personnes en
CHSLD, les résidents en CHSLD, elles ont
les connaissances suffisantes, qu'elles ont été formées, sensibilisées à
l'importance que ça peut représenter,
là, tout ce que vous avez décrit? Parce que vous êtes les expertes et vous avez
plein d'indicateurs dont vous pouvez tenir compte. Est-ce que vous
pensez que le personnel qui aide les personnes est suffisamment bien formé et
sensibilisé à prêter l'attention qu'il faut à cette dimension-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gagné.
Mme Gagné (Anne) : Écoutez, si c'était dans la politique, dans le cadre de référence du
ministère, c'était la volonté du
ministère, ça veut dire qu'ils ont évalué que ce n'était pas suffisant. C'est
que ça répond un peu à votre question. C'est certain qu'il y a quand
même une sensibilisation qui est faite. Tantôt, je vous ai parlé d'un document,
là, de l'agence de la santé de la
Montérégie. Mais le problème, c'est que ce n'est pas uniforme, c'est très, très
variable. Alors, c'est ça, aussi, un des problèmes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bernatchez.
• (16 heures) •
Mme Bernatchez (France) : J'aimerais ajouter. On l'a mentionné, au début,
j'ai travaillé 30 ans dans le secteur de l'hébergement de longue durée.
Au début, les gens, lors des repas, ils agissaient plus en bonne mère de
famille, mais aujourd'hui je sens beaucoup plus de connaissances sur l'importance
de… Ce n'est pas des caprices. Je sens qu'il y a beaucoup plus d'intérêt,
d'importance à porter aux aliments pour le bien-être de la personne,
alors. Mais il reste un niveau supérieur
à atteindre encore, qui fait que l'acte de manger devient un acte de soins,
qu'ils ne sont pas tout à fait…
loin de là, bien du monde. Alors, il y a
un souci de vouloir faire mieux, ils sont sensibilisés, éveillés à ça plus qu'il y a
15, 20 ans, mais il faut encore les outiller de façon plus optimale pour
que le temps du repas soit un moment de soins et non pas juste un moment de ne
plus avoir faim après.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Je ne sais pas si mes collègues voulaient…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson. Il vous reste trois
minutes.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui. Bien, merci d'être là, mesdames, merci de nous apporter cet éclairage-là
de la situation en CHSLD. On a parlé, dans les groupes précédents
aussi, qu'on a de plus en plus de gens dans les CHSLD qui sont en perte cognitive. C'est un ratio quand même
important. J'imagine que ça apporte un lot aussi supplémentaire au niveau de la nutrition quand
on est dans cette voie-là ou dans cette situation-là. Est-ce que
vous avez des solutions ou des choses qui pourraient être faites
différemment de ce que vous avez observé?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Bernatchez.
Mme Bernatchez (France) : Il faut beaucoup de présence lors des repas. Dans les attitudes
des soignants, ce que nous recevons beaucoup
actuellement, c'est une collaboration pour la
cueillette d'observation des repas : qu'est-ce que la personne a mangé, quelle était son attitude. Et le
diététiste doit se rendre, sur le temps des repas, observer la personne
qui n'est pas si consciente que ça, pour pouvoir présumer de ses choix, de ses
préférences et aversions. Et c'est là d'où l'importance de la famille ou du représentant
de la personne pour pouvoir avoir des échanges avec ces gens-là : On a observé qu'elle ne prend jamais le lait, elle ne
prend aucun produit laitier, y a-tu quelque
chose… Bien, la personne ne peut pas nous l'exprimer, mais la famille
pourra dire : Ça me surprend, elle n'a jamais fait ça, elle prenait
toujours son lait avant. Donc, on va travailler autrement, on va l'amener sur…
Bon, ça ne sera pas par dégoût qu'elle ne le prend pas, il y a quelque chose
qui se passe.
Alors, c'est
d'observer puis d'être très présent. Et le personnel clinique est de plus en
plus éveillé à nous informer de ça. Mais nous, il faut
aller plus loin. Si elle n'a jamais pris de lait de sa vie, ça ne nous donne
rien d'essayer de lui trouver
des suppléments qui ressemblent à du lait. Donc, il faut trouver d'autres types
de façon de la nourrir qui ne ressemblent pas à du lait puis qu'on va
atteindre les objectifs. Ça, c'est les outils réguliers du diététiste, le technicien qui va pouvoir le
faire. Mais ça part des observations puis des profils médicaux. Elle peut ne
pas manger certains aliments, mais, si
ses paramètres biochimiques restent très beaux, son poids reste stable, on va
dire : Ça va bien, c'est une période
transitoire peut-être.
Le Président (M.
Bergman) : Maintenant pour le bloc pour l'opposition officielle…
Mme Gagné.
Mme Gagné (Anne) : Encore faudrait-il qu'il y ait suffisamment de nutritionnistes parce que, justement,
ce sont des personnes qui ont des besoins particuliers et intenses même.
Alors, on a parlé tantôt de ratios, c'est une de nos recommandations, qui était
d'ailleurs appuyée par le Vérificateur général.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Maintenant, pour le bloc de l'opposition
officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Merci, M. le Président. Mmes Bernatchez, Chapados, Mme Gagné, je considère que
c'est très important, le sujet de l'alimentation. Moi, je suis une
personne qui aime manger et je pense qu'on a le droit de manger, de bien
s'alimenter jusqu'à la fin de nos jours. Vous savez, j'étais responsable du vieillissement
actif, on a fait un outil ensemble pour travailler en amont — justement, ma collègue posait la question sur comment on peut, en amont… — un outil pour empêcher les personnes de se retrouver
en situation de dénutrition. Et je crois que vous le confirmez
dans votre document, souvent les personnes qui arrivent en CHSLD, ce
sont des personnes qui sont en situation de dénutrition, là, souvent très avancée. Alors, c'est la raison
pour laquelle vous dites : On doit immédiatement poser un
diagnostic pour être capables peut-être de faire en sorte que la
personne soit mieux alimentée.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gagné.
Mme Gagné (Anne) : Votre message est tout à fait ça. En fait, il faut travailler en amont.
Les personnes y arrivent, il y a des statistiques là-dessus. Ça varie parce que
les méthodes d'évaluation sont différentes, là. Mais elles arrivent déjà
en dénutrition en CHSLD. Alors, s'il n'y a pas de dépistage qui est fait puis s'il
n'y a pas d'évaluation qui est faite, bien là ça va aller très, très rapidement.
D'ailleurs,
on a fait un sondage — je
ne crois pas que je vous en ai parlé encore, c'est dans notre mémoire — on a fait un sondage auprès de nos membres qui
travaillent auprès des personnes, des adultes hébergés en soins de longue durée et, quelques
statistiques : 27 % de ces personnes ont répondu que le délai d'attente est de un à
trois mois avant d'avoir une
consultation; 45 %, le délai d'attente est de une à quatre semaines. Vous
comprendrez que, d'ici trois mois, là, une personne qui arrive déjà dénutrie, la cascade, elle est très rapide, là.
Et le dépistage peut permettre ça, justement, de cibler les cas plus
urgents puis aussi d'établir le besoin, entre autres, de nutritionniste. Une
autre statistique, du sondage qu'on a effectué : 65 % des centres n'ont
pas instauré de dépistage des problèmes nutritionnels à l'admission. Ça fait
qu'il y en a quand même 65 %.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
C'est important, ce que vous dites. C'est que les personnes ne sont pas
forcément en situation de dénutrition dans
le CHSLD, mais ça arrive bien avant. Souvent, ce sont des personnes qui vivent
seules, qui ne s'alimentent pas ou peu, qui ont peu de services de
popote roulante et qui arrivent dans des situations incroyables en CHSLD.
Bon, il y a
quelque chose, moi, qui me fatigue depuis des années, c'est de savoir que, dans
des endroits, c'est 5,20 $ par
jour; dans d'autres endroits, c'est 7,15 $ par jour. Moi, je pense
personnellement — et je le
pense depuis un bout de temps, on en
avait parlé — qu'on
devrait avoir une loi, une loi qui fait
en sorte que c'est homogène partout et qu'on doit avoir un montant fixe pour l'alimentation. Parce que parfois on dit : Bon, 7,15 $, ça comprend les coûts de
fabrication des aliments, par exemple, de cuisine, dans les cuisines; à
5 $, les coûts, ils ne sont pas compris. Pour qu'il y ait cette transparence et aussi faire en sorte qu'on ait,
dans cette loi, pour les personnes qui sont en situation de déglutition,
par exemple, c'est quoi, les aliments puis
c'est quoi... qu'est-ce que ça devrait comprendre. Je ne le sais pas, là, mais
moi, je pense qu'on est rendus là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
Mme Gagné
(Anne) : Effectivement,
c'est une excellente idée. D'ailleurs, en Ontario et en Colombie-Britannique,
je vous l'ai mentionné tout à l'heure, c'est dans la loi. Mais, en plus d'avoir
une variabilité, là, parce que ce n'est pas seulement le coût-aliment, comme
vous l'avez dit, il y a les équipements, les ressources humaines, en fait, le
coût-ratio, ratio-aliment ou ratio... ils
appellent ça aussi ratio-repas, coût-repas, c'est un indicateur de performance
pour les établissements.
Imaginez-vous! Ça fait que plus le coût est bas puis plus les établissements
sont performants. Est-ce qu'on ferait
ça avec un médicament? C'est aberrant, là! Le système est fait comme ça
actuellement. Ça n'a pas de bon sens!
Ça fait que c'est pour ça que, dans notre
recommandation, on dit effectivement qu'il faut qu'il y ait un coût minimum et on suggère aussi de nommer un groupe
d'experts qui va se pencher là-dessus, parce qu'on n'en a pas mis, nous, là. Bon, ça demande réflexion, mais
effectivement il faut vraiment changer ça parce que... Tu sais, aujourd'hui,
on ne parle plus, là, du Guide alimentaire canadien pour ces personnes-là, on
parle de soins nutritionnels. L'aliment, là, est devenu... c'est le médicament. Je parle… «aliment», on parle de
nutrition. D'ailleurs, les nutriments, vitamines, minéraux, les micronutriments, le zinc… Alors, on est loin,
là, du coût-repas avec tout ce qu'on met là-dedans. Puis il faut faire
un profit. Ça n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : En même temps, il faut
comprendre que des personnes à un grand âge qui sont, souvent, malades mangent moins que des personnes qui sont en très
bonne forme. Alors, souvent, les gens sont étonnés : Ah! Comment vous faites, 5 $ ou 7 $ par
jour pour nourrir quelqu'un? Bien, souvent ces gens-là mangent moins,
peu.
Et je me souviens d'une expérience qu'on a vécue
ici, à l'Assemblée nationale, et que j'avais vécue aussi en consultation publique. C'est une entreprise, au
Québec, qui reproduit des aliments pour les personnes qui ont des
problèmes de déglutition. Je pense que c'est
Epikura. Je vais nommer l'entreprise. Il y en a peut-être d'autres maintenant.
Alors, ça ressemble à une carotte, ça ressemble à une tranche de jambon,
à un ananas. Et on m'a dit que les personnes avaient le goût de manger davantage quand ils voyaient la représentation du
légume ou de la viande, plutôt que d'avoir un élément qui ressemble à
une boule que les gens appellent le «manger mou», que je n'aime pas comme
expression, là.
Mme Gagné (Anne) : Donc, en fait,
c'est une...
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
• (16 h 10) •
Mme Gagné (Anne) : Excusez, M. le
Président. Je suis trop rapide. Alors, effectivement, les conditions physiologiques et médicales des personnes âgées,
éventuellement, en raison de problèmes de dysphagie, de déglutition et
autres, la texture des aliments doit être modifiée. Donc, c'est sûr qu'il faut
qu'il y ait une évaluation nutritionnelle qui
soit établie puis évaluer sous quelle forme ces aliments sont mangés. Mais ce
n'est pas toujours une question de quantité, c'est surtout aussi… on parle de qualité, c'est ça qui est important,
d'où ce qui est important,
c'est de faire une évaluation
nutritionnelle pour combler les besoins nutritionnels. Alors, oui, il y a
différentes façons de faire, mais ce
qui est important au départ, c'est qu'il y ait un dépistage puis qu'il y ait une évaluation nutritionnelle parce que chaque personne a des besoins différents. Alors, c'est
pour ça qu'on parle de combler les besoins nutritionnels. D'ailleurs, en Ontario,
ça aussi, c'est réglementé, le plateau que la
personne reçoit, ça doit combler 100 %
de ses besoins nutritionnels. Alors là, on est au-delà du guide alimentaire. C'est un menu qui est spécifiquement
pour cette personne-là. C'est inscrit dans la loi, ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci, M. le
Président. Alors, vous abordez un élément qui me préoccupe. Comment on fait pour concilier les besoins nutritionnels de tous
les résidents d'un CHSLD? Parce que vous avez porté attention aux
besoins spécifiques des aînés, mais, dans nos CHSLD, on a également des adultes
qui sont hébergés, qui sont parfois âgés,
qui sont parfois dans la vingtaine, parfois dans la quarantaine et donc qui ont
des besoins différents. Et est-ce que c'est
possible pour un établissement, justement, de concilier toutes ces demandes-là,
tous ces besoins-là? Puis on s'y prend comment pour y arriver à
l'intérieur, évidemment, des barèmes, là? Je comprends qu'il y a une question de coût, il y a une
question de disponibilité. Mais comment on peut faire pour bien répondre
aux besoins nutritionnels de toutes nos clientèles et d'arriver avec quelque
chose qui entre à l'intérieur de certains paramètres de…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
Mme Gagné
(Anne) : Bien, en fait,
c'est sûr qu'on a axé notre mémoire sur la clientèle des personnes âgées
parce que c'est la clientèle qui est en grande partie dans ces centres-là,
mais, vous savez, c'est toujours le même principe, hein? Que j'aie devant moi
une personne de 10 ans, 11 ans, 20 ans, 50 ans, femme, homme, il y a une
évaluation nutritionnelle qui est à faire.
C'est toujours la même base, en fait : déterminer ses besoins selon sa
condition médicale, son âge, les médicaments qu'elle prend, si elle fait
des allergies. Par la suite, il y a un plan de traitement nutritionnel qui est déterminé puis par la suite un suivi.
Alors, peu importe la clientèle, c'est ainsi que l'évaluation est faite puis
que le plan de traitement est déterminé. Je ne sais pas si Mme Bernatchez
voulait ajouter de quoi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bernatchez.
Mme
Bernatchez (France) : C'est
tout à fait dans le même sens. Au fond, si la personne est plus jeune,
qu'elle a un plus grand appétit, le profil
va devoir se faire pareil, mais on va conclure avec une portion augmentée ou
double portion de quelque chose. Si
la personne est, justement, en perte d'appétit et d'intérêt, on va donner des
demi-portions, mais on va combler les besoins nutritionnels avec des
aliments enrichis pour en arriver à dire : Bien, elle mange peu, dans peu de
volume, mais elle a tous ses nutriments. Mais c'est pour ça qu'on appelle ça
des plans nutritionnels individuels. Dépendant du requis de la personne, on va
ajuster l'offre et le volume à servir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, il vous reste 3 min 30 s.
Mme Vallée :
Qu'est-ce qu'on fait actuellement? C'est quoi, la situation actuelle dans les
CHSLD au Québec?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bernatchez.
Mme Bernatchez (France) :
Actuellement, il n'y a pas assez de diététistes pour offrir un plan de soins
nutritionnels individuel dès l'arrivée de quelqu'un en CHSLD. L'urgence va se
manifester à un moment donné parce qu'il va
y avoir détérioration. Le médecin va signifier une demande de consultation par
un diététiste, et, dépendant des disponibilités
du personnel diététiste, bien, il va être sur la liste des personnes à voir
dans les derniers. Alors, il y a un délai majeur qui peut s'inscrire par
non-disponibilité du service à donner.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, ce que je comprends, c'est que cette évaluation-là n'est pas faite en
amont, on la fait lorsque, la personne, son état de santé présente des
signes de détérioration. Et là, à ce moment-là, on se penche sur la question, à savoir : Est-ce que cette personne-là
reçoit tous les éléments nutritionnels dont elle a besoin?
Mme Bernatchez (France) : Tout à
fait.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
Mme Gagné
(Anne) : Je pourrais
reprendre les éléments du sondage de tout à l'heure. Quand je vous disais
qu'on a sondé nos membres qui travaillent
dans les centres de soins de longue durée, il y a 65 % des centres qui
n'ont pas instauré de dépistage dès
l'arrivée; puis il y a un délai d'attente aussi pour une consultation, de une à
quatre semaines, 45 % ont répondu ça; puis, 25 % de nos
répondants, le délai d'attente peut être de un à trois mois.
Donc, il se
fait déjà des choses, mais il faut faire plus. C'est plutôt qu'est-ce qu'on ne
fait pas actuellement, là. Il y a les
ratios de nutritionnistes, mais il y a aussi le service alimentaire, il y a
aussi… On a parlé tantôt de la personne qui ne peut pas s'alimenter
seule, il faut que quelqu'un l'accompagne. Il faut prendre le temps aussi, je
ne sais pas qui de vous l'a mentionné tout à l'heure très bien, il faut qu'elle
ait le temps de s'alimenter, de finir son plateau, parce que, si elle en prend
la moitié, bien c'est...
Puis ce sont
des personnes qui sont vulnérables au
niveau physiologique, au niveau
pathologique. Alors, le déclin va très rapide, hein? S'il y a
un repas, deux repas de sautés, là, ça va très rapidement. Ce n'est pas comme
nous, là, si on saute un repas, on a peut-être un peu d'étourdissement, puis,
même encore, il y en a... Mais les personnes âgées, non, parce qu'elles sont déjà vulnérables. Alors, d'où l'importance d'avoir un
suivi. Puis le suivi peut-être par la personne qui va lui offrir son plateau, qui va l'aider à manger, elle
peut vérifier certaines choses aussi,
mais c'est de sensibiliser, en fait,
tout le milieu, parce que ce n'est pas seulement la nutritionniste, c'est toute
l'équipe interdisciplinaire puis c'est aussi les gens qui travaillent
autour, là. Mais c'est certain que, l'évaluation nutritionnelle puis le
traitement nutritionnel, je ne veux pas être
corporatiste, mais ce n'est pas des plombiers que ça prend, c'est des
nutritionnistes. Ça fait que… C'est ça.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence.
Je suis tout à fait d'accord avec vous et j'ai constaté à plusieurs
reprises effectivement qu'il y a même des gens qu'on avait classés en perte
d'autonomie sévère, finalement on se rendait
compte — entre
autres, les cas de démence — que le seul problème, c'était qu'ils étaient
dénutris chez eux, seuls, oubliaient de manger, et finalement, une fois qu'on
leur redonnait à manger, reprenaient de la force, mais reprenaient aussi un
niveau mental plus élevé. Alors, je suis tout à fait d'accord avec vous.
Moi,
j'aimerais vous entendre... Parce qu'on a aussi beaucoup parlé des milieux de
vie, et, pour moi, le vieillissement, s'il reste un plaisir qu'on a,
c'est celui de manger, et je trouve, dans nos CHSLD, souvent, qu'on n'a pas
créé une atmosphère autour du repas. On a
souvent l'impression qu'on est à l'hôpital, qu'on nous sert un plateau puis...
Moi, je mange avec les yeux, là,
personnellement, puis je sais que beaucoup d'entre nous le font. Avec les
années ou avec le temps, on dirait
qu'on a négligé d'avoir une atmosphère autour de la nourriture et on a un
horaire très rigide qui ne convient pas toujours à tout le monde. Il y a des gens qui ne veulent pas manger le
matin, ils ont besoin de bouger un peu puis après ça s'installer au
déjeuner.
Alors, est-ce
que vous avez des recommandations à faire dans ce sens-là? Quand on parle de
créer des milieux de vie, là on sait
que de plus en plus on veut aller vers des ressources intermédiaires. Est-ce
que vous avez des recommandations à faire à ce niveau-là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
Mme Gagné
(Anne) : Bien, en fait,
quand je vous ai parlé tout à l'heure du cadre de référence du ministère
de la Santé qui a été publié autour de 2010,
on en parle là-dedans, justement, des solutions puis de comment rendre
l'environnement favorable à ça. Puis,
oui, c'est important. Puis là on a peut-être plus parlé, là, de pathologie puis
de médication, mais, dans notre discours, les nutritionnistes, il y a ça
aussi, le plaisir de manger. Parce que la personne peut avoir le plateau le plus nutritif, mais, si elle n'a pas de plaisir,
si elle n'est pas accompagnée, si l'environnement n'est pas là, bien elle
ne mangera pas. Ça fait que c'est un tout, effectivement. Je ne sais pas si
France…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bernatchez.
Mme
Bernatchez (France) : Il y a
beaucoup d'efforts qui se font dans ça. Dans le calendrier annuel, les
fêtes statutaires sont signalées par le menu. À Noël, Pâques, la fête des
Mères, la fête des Pères, il y a toujours quelque chose qui signale l'événement dans l'année. Ça aide aussi, ça contribue
à situer la personne aussi par rapport au contexte social. Et on a beaucoup de feed-back de la part
des personnes hébergées que c'est le fun, ils aiment ça. Ça n'a pas
besoin d'être très élaboré, mais c'est
significatif. Leur anniversaire, ils ont leur cadeau, ils ont leur gâteau
d'anniversaire puis...
Alors, il
s'en fait de plus en plus, des efforts dans ce sens-là. Bien sûr que, si les
argents étaient disponibles pour que les repas soient un peu plus
élaborés, plus intéressants, c'est ça qu'on souhaiterait. Parce qu'il y a des
milieux qui sont peut-être plus avantagés que
d'autres par rapport à la disponibilité monétaire. Mais il y a des efforts
majeurs. Mais effectivement il faudrait en faire plus.
Puis j'abonde
tout à fait dans le même sens que vous, dès que la personne va se réhydrater et
s'alimenter, on voit une nette amélioration de sa présence, de son
intérêt par rapport aux gens autour d'elle, commence à reconnaître que d'autres sont pires qu'elle, d'autres sont mieux
qu'elle, qu'au début c'est tout confus. Alors, on voit que
l'alimentation est un élément majeur, qui aide beaucoup à améliorer la
condition de vie de la personne.
• (16 h 20) •
Mme Gagné
(Anne) : Puis on en a parlé,
là, les conditions médicales, tout ça, le plaisir de manger, mais c'est aussi la qualité de vie de ces personnes-là, hein?
C'est vraiment... c'est la qualité de vie, là, parce que c'est un milieu
de vie, elles vont être là pendant plusieurs
années. Si la personne est confuse, si la personne est fatiguée, s'il y a des
complications médicales, elle est où, la qualité de vie de ces personnes-là?
Surtout qu'on peut faire des choses. C'est concret.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme Gagné, Mme
Bernatchez, merci d'être ici avec nous aujourd'hui...
Mme Gagné (Anne) : Est-ce que peux
ajouter juste une petite chose?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gagné.
Mme Gagné (Anne) : Possiblement que
vous allez aller en élection bientôt, en campagne électorale et, habituellement, vous visitez des centres de personnes âgées. Bien, demandez-leur quand est-ce qu'ils ont vu une
nutritionniste, puis qu'est-ce qu'ils mangent, puis... Posez-leur la question.
Vous allez les visiter bientôt, là...
Une voix : On va manger avec
eux autres.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Alors, merci d'être ici avec nous et partager votre expertise.
Et je demande
à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour prendre leur place à la table et je suspends pour
quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 23)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je souhaite la bienvenue à l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec.
Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, suivie d'un échange avec les membres de la commission.
Pour les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms et vos titres. Et le
prochain 10 minutes, c'est à vous.
Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec (OIIQ)
Mme
Tremblay (Lucie) : Bonjour.
Je suis Lucie Tremblay, je suis présidente-directrice
générale de l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue
Ginette Bernier, qui est vice-présidente de l'ordre; d'aussi Madeleine Lauzier,
qui est directrice à l'ordre; et finalement de Charlène Joyal, qui est
présidente du comité jeunesse, toujours à l'ordre des infirmières.
Alors, premièrement, merci de nous accueillir aujourd'hui pour qu'on puisse discuter avec vous des conditions
de vie des adultes hébergés. J'ai le goût de commencer en vous disant que les
grandes sociétés se démarquent par leur capacité
de prendre soin des gens les plus vulnérables. Et nous, les infirmières, on
veut être au rendez-vous parce qu'on considère que les personnes âgées
qui vivent dans nos CHSLD et qui n'ont pas d'autre choix que de vivre dans ces CHSLD-là à cause de leur état de santé et la
maladie, la perte d'autonomie, les handicaps duquel ils sont atteints, ils
ont besoin de soins. Et on considère que
c'est notre devoir de les soigner. Ces gens-là, c'est les gens qui ont
construit notre présent, et, dans le
respect de nos aînés, c'est essentiel de leur offrir des soins pour qu'ils
puissent vivre les derniers mois, les dernières années de leur vie dans
la dignité.
Alors, aujourd'hui, je vais vous proposer une
courte présentation avec une description de la clientèle, les besoins de ceux-ci, comment la contribution de
l'infirmière peut améliorer les conditions de vie de ces personnes-là,
et aussi on va terminer avec quelques recommandations.
Alors, les personnes qui vivent de plus en plus
longtemps à domicile font en sorte que, quand ils arrivent en hébergement, ils sont de plus en plus hypothéqués,
ils ont des besoins de santé très importants. Ils ont plusieurs maladies
chroniques, ils ont souvent des problèmes de
santé physique, des déficits cognitifs, des problèmes de santé mentale,
des troubles de comportement aussi ou des
symptômes comportementaux qui sont associés à la démence. La combinaison
de tous ces problèmes-là, c'est ça qui fait
que c'est si complexe d'intervenir auprès de ces gens-là. Ce n'est vraiment
pas une tâche qui est simple.
Plusieurs
d'entre eux ont aussi des conditions de santé qui sont instables, qui nécessitent une certaine évaluation
pour s'assurer qu'on leur donne les soins dont ils ont besoin. Leur état de
santé fait en sorte qu'en moyenne… et là la littérature peut varier un petit peu, là, mais, en moyenne, ils vont
prendre sept médicaments par jour, et, on le sait, après cinq médicaments, il y a tout le problème des
interactions qui se met de la partie. Alors, la contribution de
l'infirmière, du médecin, de la pharmacienne
fait en sorte qu'on est capables de contribuer à l'amélioration de la qualité
de vie de ces gens-là.
À cause de leur grand âge, à cause des maladies
qui les accablent, une personne sur cinq va aussi décéder au courant de
l'année, et la plupart de ces gens-là vont nécessiter d'avoir des soins de fin
de vie. Et ce n'est pas mince tâche parce
que — je vous
ai décrit un peu le portrait de ces gens-là — il y a des évaluations pointues qui doivent
être faites, on doit aussi s'assurer de
soulager la douleur, mais aussi de les accompagner et d'accompagner leurs
proches parce que ce n'est pas parce que la personne qu'on aime, elle
est âgée qu'on est capable de la laisser partir sans être accompagné. Une mère,
on en a juste une; un père, on en a juste un. Et c'est toujours très difficile.
Alors, les
clientèles des CHSLD ont de nombreux besoins. Ils ont des besoins d'évaluation approfondie pour qu'on puisse évaluer les conditions, qui sont
évolutives — hein,
ce n'est pas stagnant dans le temps — faire les meilleurs choix des traitements, des approches dont ils ont
besoin, faire des suivis de leur situation, coordonner aussi tous les soins qui leur
sont donnés. On a besoin d'une bonne gestion de médicaments, j'en ai parlé
tantôt, mais aussi des activités de prévention :
prévention du risque de chute, prévention des plaies, du delirium — j'entendais mes collègues en
parler — des
infections nosocomiales, aussi s'assurer d'une utilisation qui soit appropriée,
par exemple, des mesures de contention puis
essayer de les éliminer au plus possible. Tout au long du séjour, le résident,
lorsqu'il est capable… mais sa famille veut aussi être tenue au courant
de ce qui se passe.
Alors, c'est
quoi, la contribution de l'infirmière? C'est sûr que les CHSLD, c'est des
milieux de vie, mais c'est aussi des
milieux de soins, et ça va le devenir de plus en plus parce qu'on le voit, il y
a un alourdissement des besoins de cette clientèle-là. Nous, on croit
profondément que d'avoir une présence infirmière 24 heures par jour, sept jours
sur sept, c'est un incontournable.
L'évaluation de l'infirmière, elle permet entre autres de donner des directives
aux infirmières auxiliaires, aux préposés. Ça permet aussi de faire tout
le suivi, la coordination, la mise en place de programmes préventifs, l'évaluation des résultats puis le
réajustement aussi des traitements qu'on fait. Mais la présence 24 heures
aussi ce que ça veut dire, c'est que
l'infirmière, elle est capable de
colliger de l'information, de l'analyser et de la partager avec le
restant de l'équipe interdisciplinaire, notamment avec le médecin, pour pouvoir
s'assurer que chacun va être capable de réajuster le plan de traitement de ces
personnes-là.
L'autre chose
qu'il est superimportant de savoir, c'est que, lorsqu'il y a des infirmières
en nombre suffisant et en présence continue, on est capable de diminuer
de 45 % à 67 % les hospitalisations. Non seulement ça a une influence
sur les coûts, mais ça a une influence sur la qualité de vie des résidents
eux-mêmes, puisqu'on le sait, un séjour à l'hôpital,
ce n'est pas les conditions optimales pour eux, et il y a toutes sortes de
risques de plaie, d'infection nosocomiale, de delirium, et là j'en passe. Ce qu'on sait, c'est qu'une journée
immobilisé, c'est une semaine de réadaptation, et ça a des coûts pour la
personne, ça a des coûts pour le système.
Il
y a plusieurs rapports, en ce moment, qui font état qu'il y a des lacunes dans
les CHSLD, et nous, on pense que la présence
en nombre suffisant d'infirmières, c'est la solution pour résoudre beaucoup de
ces lacunes-là. En ce moment, plusieurs résidents, leur
famille, certaines infirmières et même des directrices de soins infirmiers
s'inquiètent de voir la présence des
infirmières diminuer dans ces centres-là alors que ce qu'on constate, c'est qu'il y a
un alourdissement des besoins de la clientèle, les gens arrivent plus
malades, plus handicapés. On s'étonne un petit peu de voir comment cette diminution-là est en train de devenir une
tendance, une tendance à retirer les infirmières sur certains quarts de
travail, comme la nuit, le soir, les fins de
semaine et... Moi, j'ai travaillé en CHSLD longtemps dans ma vie. Il s'agit
de passer une nuit en CHSLD pour savoir que les résidents ne dorment pas
tous, ils ont des besoins. Ils ont besoin d'être évalués, justement, pour
savoir pourquoi ils ne dorment pas, mais aussi il y a toutes sortes de risques
qui sont associés à ce comportement-là.
• (16 h 30) •
Alors, c'est
quoi, un nombre d'infirmières en nombre suffisant? La littérature, ce qui se
passe en Angleterre, aux États-Unis, suggère que c'est une infirmière pour 10 résidents, c'est en nombre
absolu. En ce moment, en nombre absolu, au Québec, en moyenne, c'est une
infirmière pour 20 résidents. Il y a donc une réflexion qui s'impose.
Alors,
qu'est-ce qu'on vous propose? On pense que le gouvernement devrait garantir aux
résidents qui vivent en CHSLD une
présence 24 heures sur 24, sept jours par semaine, pour s'assurer qu'on réponde
aux besoins réels de cette clientèle-là,
que les CHSLD offrent à leurs résidents, bien sûr, des milieux de vie, mais
aussi des milieux de vie qui sont accompagnés de soins, de soins
infirmiers pour répondre à leur condition physique et mentale.
On veut aussi
s'assurer qu'on est en mesure d'accompagner les proches aidants qui sont là
pendant tout le séjour de la personne, qui peut durer plusieurs mois.
L'ordre souhaite aussi que l'organisation du travail table sur l'utilisation des compétences de tout le monde au sein de
l'équipe de soins puis l'équipe interdisciplinaire pour que chacun
puisse exercer dans l'ensemble de son champ
d'exercice. Finalement, on croit aussi que la présence d'infirmières
praticiennes spécialisées de première ligne
en CHSLD s'avérerait une excellente solution pour répondre aux besoins de cette
clientèle-là, une clientèle qui présente des besoins de plus en plus complexes.
Alors, je
terminerai en vous disant que les personnes qui vivent en CHSLD, c'est nos
citoyens probablement les plus vulnérables, c'est aussi les gens qui ont
bâti notre nation. Je pense qu'ils sont en droit de recevoir des soins de qualité dans leur milieu de vie. Le nouveau milieu
de vie, maintenant c'est un milieu de vie qui est substitut. Alors,
comment est-ce qu'on peut faire ça? Nous, les infirmières, on veut être au
rendez-vous. Alors, je ne sais pas si vous avez des questions. Peut-être que
mes collègues peuvent même vous illustrer mon propos par des exemples concrets
s'il nous reste quelques minutes.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, merci, pour votre présentation.
Et vos collègues peuvent intervenir pendant les questions à venir.
Alors, maintenant, pour le bloc ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour,
Mme Tremblay, ça me fait plaisir de vous retrouver. Mmes Bernier, Lauzier, Joyal, bienvenue. Écoutez, vous avez fait
une présentation fort intéressante et vous avez des recommandations intéressantes aussi, et j'aurai certainement
quelques questions. Et j'aimerais aussi entendre quelques exemples
concrets, là, qui vont nous permettre d'illustrer ce que vous nous avez
mentionné.
Vous avez, entre autres, comme recommandation
que les CHSLD puissent offrir à leurs résidents des soins infirmiers en
fonction de leurs réels besoins, autant physiques que mentaux. Et il y a donc,
et vous l'avez mentionné, une importance de
bien évaluer les besoins de la personne et l'évolution de ces besoins-là aussi.
J'aimerais ça que vous nous parliez
un peu plus de cette évaluation-là, le portrait que vous en faites. Est-ce que
vous trouvez qu'actuellement on évalue
suffisamment, on évalue de la bonne façon? Et peut-être nous parler aussi de
quelles sont les conséquences d'un manque
d'évaluation, d'un manque de suivi dans des évaluations et si vous avez
d'autres recommandations par rapport à ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : En fait,
c'est à géométrie extrêmement variable. Et le manque d'évaluation a des conséquences
sur la qualité de vie de ces résidents. M. le Président, peut-être que je
pourrais inviter ma collègue, Mme Bernier,
qui va donner des exemples concrets de ce qui se passe dans les CHSLD et de
l'impact de l'évaluation.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Bernier.
Mme
Bernier (Ginette) : Oui.
Quand on parle d'évaluation, c'est vraiment de faire le portrait du client avec ses besoins. Donc, quand on souligne l'importance
d'avoir une évaluation, une infirmière sur les trois quarts de travail, tout à fait important de détecter qu'est-ce qui se passe de jour
par rapport à notre client, qu'est-ce qui se passe quand
on est sur le quart de soir puis pendant la période de nuit. Ça veut dire que
notre client…
Tantôt, on parlait de problèmes de nutrition, je
vais vous faire une relation. Le client qui commence à avoir de la difficulté à manger ou qui mange moins puis
que l'infirmière auxiliaire ou le préposé interpelle l'infirmière, bien
ce qu'elle va faire dans un premier temps,
en évaluation, elle va lui faire une évaluation physique de sa bouche : Y
a-tu un problème physique qui se
passe à sa bouche? Est-ce qu'il a de la difficulté à avaler? S'il a de la difficulté
à avaler, peut-être qu'il va avoir un
besoin de faire une référence à une nutritionniste pour ajuster la consistance
de l'alimentation. Mais peut-être
aussi qu'il y a un risque dans la façon dont on l'aide à la nutrition. Donc,
l'infirmière va avoir des directives à donner, à inscrire à son plan de
soins pour les infirmières auxiliaires puis pour les préposés.
Elle
va vérifier aussi s'il perd du poids. Si le client a perdu du poids, il est
plus à risque de chute, donc il y a des directives qu'elle va aussi devoir donner. Il est plus à risque d'avoir
des plaies de pression; là aussi, elle va être obligée de donner des directives. Puis, au-delà de
ça, s'il a perdu beaucoup de poids,
bien il y a peut-être la médication qui a besoin d'être réajustée. Parce que, quand le médecin va venir, il y a de la
médication qui se donne en fonction du poids. Donc, il a peut-être
besoin d'un réajustement même de son niveau de médication.
Ça fait que, vous voyez, c'est un ensemble
d'éléments. On part d'une situation bien simple, là, se nourrir aujourd'hui. Puis je fais du pouce, tantôt, sur ce
que vous disiez, madame. Je pense que se nourrir, c'est peut-être le
seul plaisir qu'il leur reste, hein, dans la
vie, donc l'importance au moins de s'assurer qu'on puisse les nourrir
convenablement, mais qu'on puisse les
nourrir aussi dans un milieu ou dans un environnement qui est agréable dans la
façon de se faire aider, mais aussi d'être physiquement… d'avoir tout
l'apport nutritif nécessaire quand on est alimenté.
Donc, je ne sais pas si ça peut vous aider,
mais, dans la vision de ce que… juste l'activité d'alimentation, tout ce que ça comporte d'évaluation de la part de
l'infirmière pour ajuster vraiment le plan de traitement puis aussi pour
donner les bonnes directives à l'équipe parce qu'on ne veut pas qu'il se
ramasse à l'hôpital parce qu'il s'est étouffé, parce qu'il a fait une pneumonie
d'aspiration, parce qu'il a des plaies de pression ou parce qu'il a chuté.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Merci. Quand vous parlez de l'évaluation faite par l'infirmière, juste pour que
je comprenne mieux, est-ce que les infirmières auxiliaires, sont
incluses quand vous parlez de «faite par les infirmières»? Est-ce que les
infirmières auxiliaires font aussi ce type d'évaluation?
Mme
Bernier (Ginette) : Les
infirmières auxiliaires, dans leur champ d'activité, vont contribuer à
l'évaluation. Ça veut dire qu'elles vont
amener des éléments d'observations qu'elles ont faites pendant les activités de
la journée. Mais le rôle précis d'évaluation globale que l'infirmière va
faire : elle va ramasser les données qu'elle reçoit de l'infirmière auxiliaire et du préposé, elle va regarder ce
qu'elle a dans le profil de la médication, dans le profil des résultats de
labo en collaboration avec le médecin et
elle va vraiment porter un jugement, une analyse et un jugement par rapport à
l'ensemble des données qu'elle a. Et c'est à
partir de ce jugement-là qu'elle va émettre ses directives au plan de soins et
qu'elle va donner ses directives à
l'infirmière auxiliaire puis au préposé, dans son plan de travail, pour qu'on
respecte les consignes pour assurer la sécurité du client puis qu'il
reçoive les bons services de façon efficace.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui, merci, M. le Président. Bien, en lien avec ce que vous venez de
mentionner, on a entendu, au début,
au tout début de cette commission-là, des commentaires à l'effet que le partage
des rôles dans les CHSLD entre les membres de l'équipe soignante n'était
pas nécessairement toujours très clair. J'aimerais ça avoir votre lecture à
vous, entre… Et je parle du partage des
rôles notamment entre les infirmières, les infirmières auxiliaires, les
préposés, qui fait quoi. Est-ce que,
pour vous, actuellement, notre façon d'organiser le travail en milieu de CHSLD,
elle est optimale? Est-ce que tout est clairement défini ou s'il y
aurait des améliorations à apporter?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Lucie) : Je vais
reprendre… On va avoir une petite obsession sur l'alimentation. Un,
l'infirmière, c'est la seule
professionnelle, avec le médecin, qui, dans son champ d'exercice, a la capacité
d'évaluer. Alors, non, une infirmière
auxiliaire ne peut pas évaluer, elle peut contribuer, comme l'a dit ma
collègue. Vous savez, le geste de nourrir, si on fait juste le regarder
au premier degré, un préposé prend la cuillère et nourrit le résident pour
l'aider à s'alimenter. L'infirmière auxiliaire prend la même cuillère, et c'est
le même geste, elle nourrit le résident qui a une difficulté particulière et avec lequel il faut utiliser un
niveau de connaissance qui est différent. Et l'infirmière prend la même
cuillère, et vous voyez le même geste, mais
elle le fait pour évaluer le problème de déglutition. Alors, il ne faut pas
s'en tenir juste à ce qu'on voit à l'oeil nu. C'est vraiment dans
l'intention du geste.
Et nous, on
croit qu'il y a moyen d'organiser différemment les soins pour utiliser
l'ensemble du champ d'exercice de
l'infirmière. Il y a des belles expériences, au Québec, qui ont eu lieu, et on
peut s'inspirer de ces expériences-là, mais, pour faire ça, ça prend des infirmières sur tous les quarts de travail.
M. le Président, peut-être que Mme Joyal pourrait ajouter, parce qu'elle
travaille avec une équipe qui a fait cette évaluation-là.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme Joyal.
• (16 h 40) •
Mme Joyal
(Charlène) : Merci. Alors,
oui, tout à fait. En fait, pour avoir travaillé longtemps... Quand même,
je suis jeune, mais, depuis le début de ma
carrière, j'ai travaillé toujours avec la clientèle en CHSLD et la clientèle
âgée. Alors, en fait, avec l'équipe,
présentement, de Philippe Voyer, au CSSS de la Vieille-Capitale — ce sont des collègues, dans le fond, moi, je travaille au Jeffery Hale-Saint Brigid's, en collaboration — on
a une communauté de pratique. Et ce qu'on a pu voir, en fait, c'est qu'il y a
eu certains projets de réorganisation du travail non pas dans le sens de la
charge, non pas dans le sens de vraiment
toujours scinder les rôles, mais plutôt dans l'optique de
voir : Est-ce qu'on utilise l'infirmière à sa juste valeur? Est-ce
qu'on ne lui fait pas faire, en fait, des activités que d'autres personnes
auraient pu très bien faire, comme des
prises de rendez-vous, etc.? Donc, ces projets-là qui ont été faits ont
permis, en fait, de pouvoir dégager du temps
infirmier pour procéder, justement, pour que l'infirmière ait plus de temps
pour son évaluation, ses suivis, la continuité des soins sur tous les quarts de
travail.
Il y a
le projet qui a été fait en Montérégie, FORTERESSS. Peut-être
que vous en avez déjà entendu parler ou peut-être
avez-vous lu là-dessus. C'est vraiment un projet de réorganisation du travail, un peu
comme ce qui a été fait avec l'équipe,
là, du CSSS de la Vieille‑Capitale, mais, en fait, qui vient légitimer le rôle
de l'infirmière mais aussi recadrer, en fait, le rôle des différents
intervenants pour qu'on sache un peu plus travailler en équipe, qui fait quoi.
Il va toujours rester des zones grises, mais
le fait de pouvoir avoir fait cette démarche-là vient camper les rôles, fait en
sorte que l'équipe, par la suite, est
beaucoup plus solide quand on sait un peu où sont les
limites de chacun, la contribution que chacun peut amener à l'équipe.
Puis, dans le fond, ça prend le leadership fort de l'infirmière aussi parce qu'elle a à gérer cette équipe de soins là avec une multitude de
clients. On ne parle plus de 10, 15 clients. De soir, ils peuvent se retrouver
avec 15… excusez, peut-être même jusqu'à 80 résidents par unité. Puis je l'ai
vécu comme jeune infirmière. Donc, l'importance de savoir, mais s'approprier son rôle, ça a été démontré, ça apporte de
bons résultats. Puis je pense que ce sont des projets sur lesquels on
devrait se baser un peu à travers la province pour réussir, dans le fond, à
recamper ces rôles-là. C'est très porteur, je crois.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci beaucoup.
Je ne sais pas si ma collègue souhaitait poser une question.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui, je vais y aller.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Masson, il vous reste six minutes.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci,
M. le Président. Bonjour, mesdames,
merci d'être là. Je vous écoutais. On a parlé des équipes, on a parlé… On a entendu plein de choses. On a
entendu aussi des milieux qui sont venus nous dire aussi qu'ils avaient réussi à faire une différence, à
consacrer aussi plus de ressources aux soins à la personne directement, moins au niveau administratif.
Ils ont éliminé plus les postes administratifs pour avoir le plus possible de
postes directement auprès des résidents. Donc, ça a apporté, dans certains
cas, une différence appréciable.
Je pense
aussi, ce qu'on a entendu aussi, c'est des équipes qui réussissent à
s'approprier, tout le monde, le rôle dont vous parliez, mais aussi la
vision et l'engagement de chacun à sa mesure à l'intérieur du rôle qu'ils
peuvent jouer autour de la personne qui est hébergée. Je pense que c'est un
travail d'équipe. Puis, quand on réussit à vraiment initier ça puis transmettre
ça à tout le monde, je pense que tout le monde est mis à contribution.
Ce qui
m'amène à vous parler des aidants, des proches aidants parce que je pense
qu'ils sont aussi un élément important
quand ils sont présents auprès des résidents. Tant mieux, plus il y en aura,
mieux ce sera. Mais on sait que c'est aussi une réalité. Puis ces
gens-là, comment pensez-vous aussi qu'ils peuvent vous aider, tous les proches
aidants, à contribuer à apporter un soin le plus possible adéquat aux gens qui
sont hébergés?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Lucie) : Je vous
dirais que le proche aidant, c'est le partenaire de choix, et il faut s'en
faire un allié dès l'admission du
résident ou dès que le résident emménage en CHSLD. C'est la communication
constante. Et toute l'information qu'a ce proche aidant là nous aide
justement dans l'analyse, dans l'évaluation, dans la détermination du plan de soins individualisés ou du plan
de traitement infirmier, le plan thérapeutique infirmier qu'on va faire pour la
personne. C'est comment on peut travailler ensemble, comment on peut les
accompagner.
Et, je vous
dirais, les personnes qui ont un proche qui vit en établissement de santé
veulent avoir de l'information, veulent
être renseignées, veulent faire partie de la décision parce qu'il y a des
décisions importantes tout au long du séjour de la personne qui va avoir lieu. Donc, il faut avoir un interlocuteur
qui va être capable d'établir ce lien-là. Et une des choses que nous, on reçoit comme information, à l'Ordre des infirmières, c'est qu'il y a
beaucoup de familles qui nous appellent en
disant : Moi, je vais visiter mon proche le soir, et il n'y a pas personne
qui peut me donner de l'information sur qu'est-ce
qui se passe avec mon père ou ma mère parce
qu'il n'y a pas d'infirmière. Il n'y a pas personne qui peut me dire est-ce que ça va mieux, le plan qu'on a
déterminé ensemble, comment ça avance, s'il est plus désorienté aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui
a été mis en place. Donc, le partenariat est souvent scindé parce qu'il
y a absence du professionnel qui pourrait répondre à ces questions-là. Je pense
que j'ai vu ma collègue Charlène aussi faire un petit signe de la main.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Joyal.
Mme Joyal
(Charlène) : Oui, en fait, il y a
comme deux volets. Il y a le volet partenariat, oui, pour recueillir
les informations dont on a besoin comme infirmière, un peu sur la biographie,
les habitudes de vie puis essayer le plus possible
de rendre le milieu propice aux habitudes puis ce que faisait la personne, etc.
Mais il y a aussi l'autre volet aussi. C'est que souvent les aidants naturels ou les
familles, les proches étaient ceux qui donnaient les soins à la maison ou
dans d'autres circonstances, peut-être en résidence privée, mais qui
apportaient certains soins, et là ils se voient peut-être perdre ce rôle-là au
niveau de l'équipe de soins qui prend plus en charge au niveau du CHSLD.
Alors,
c'est un art aussi et c'est beaucoup avec l'infirmière que ça va se travailler,
le partenariat, pour dire comment on peut les impliquer encore dans les
soins qu'on va donner en CHSLD. Qu'est-ce qui est encore… qu'est-ce qu'il est sécuritaire de faire ou pas si la condition
évolue, par exemple, un risque de chute, risque de blessure, bien, si on
veut continuer à faire les déplacements pour maintenir l'autonomie... Les
familles veulent participer aussi. Ce n'est pas tout le monde, dans le fond, qui va laisser de côté ce qu'ils faisaient
avant. Ils veulent garder ce rôle-là un peu qu'ils avaient, toujours en collaboration. Donc, c'est vraiment le
rôle de l'infirmière d'aider les familles à dire : Bien,
effectivement, je pense qu'on va être partenaires ensemble, il y a encore des
choses que vous pouvez faire. Ce n'est pas parce
qu'on est en institution CHSLD que c'est l'équipe qui peut tout prendre en
charge. Ce partenariat-là est important. Donc, moi, je le vois vraiment
de part et d'autre. Ils nous apportent, mais on leur apporte aussi, aux
aidants.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson, il vous reste une minute pour un commentaire.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Une minute. Oui. Peut-être que ma collègue a une autre question.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
J'avais une question.
Le
Président (M. Bergman) : Juste le temps pour un commentaire, Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous reste une
demi-minute.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Une demi-minute. Bon. Je voulais vous
entendre parler de la formation des infirmières. Je pense que vous
exigez qu'il y ait plus de formation des infirmières qui travaillent avec les
aînés. Vous aurez peut-être l'occasion de répondre à travers les questions des
collègues de l'opposition, mais peut-être un commentaire par rapport à votre
recommandation dans le mémoire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay, pour une très courte réponse.
Mme Tremblay (Lucie) : En fait, vous
l'avez vu, les clients qui vivent en établissement, en CHSLD, ont des problèmes complexes, et, pour pouvoir bien
intervenir auprès de ces clients-là, les infirmières ont besoin d'une
solide formation. On en parle depuis plusieurs années. Nous, on souhaite que
les infirmières soient formées au niveau du baccalauréat et on est convaincus
que ce serait une valeur ajoutée pour les services qu'on offre aussi aux CHSLD.
Le Président (M. Bergman) :
Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci beaucoup, M. le
Président. Nous allons tous poser des questions. Alors, Mme Joyal, Mmes Bernier, Lauzier, Mme Tremblay, vous savez
que vous avez laissé votre marque parce que, ce matin, nous avons
accueilli les gens du centre hospitalier gériatrique…
Des voix : Maimonides.
Mme
Blais : … — j'ai souvent de la difficulté à prononcer ce
nom — mais là
tout le monde vous adore là-bas. Alors, vous avez fait, je pense, un
travail très important.
Avant de vous
poser ma véritable question, la question qui tue : Vous autres, en tant
qu'infirmières, est-ce que vous mangez, dans les CHSLD, la nourriture
que les personnes aînées ou les plus jeunes mangent lors des repas? Est-ce que
c'est la même nourriture que vous prenez?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : En fait, si vous
me posez la question, quand je travaillais en CHSLD, est-ce que je mangeais la
même nourriture que les résidents?, oui. Et je vois mes collègues opiner du
bonnet.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzier.
Mme
Lauzier (Madeleine) : Oui.
Je mangeais la même chose que les résidents, j'allais même manger avec
les résidents, ceux qui étaient capables
d'être dans des petites salles à dîner. On avait fait des petits îlots avec les
résidents, et je me faisais un plaisir
d'aller manger avec eux. C'était un moment d'échange. C'était un grand plaisir
aussi de voir… Puis en même temps je pouvais les évaluer parce que je
n'allais pas à tous les jours, mais je pouvais voir si son état de santé
s'était détérioré, s'il me reconnaissait, s'il était toujours aussi présent.
Mais je mangeais la même chose qu'eux.
Mme
Blais : Est-ce que
c'est bon?
• (16 h 50) •
Mme Lauzier
(Madeleine) : Bien, nous, c'était bon. Parce que, justement, on
entendait, juste avant, les nutritionnistes
qui disaient que c'était devenu plus un choix de coût. Nous, on avait choisi — c'est un peu fou — de faire un stationnement payant pour ne
pas diminuer les coûts des repas. Donc, nos coûts-repas étaient parmi les plus
hauts dans le réseau.
On se faisait souvent taxer d'avoir des coûts trop élevés, mais on tenait à les
maintenir parce que c'était important
pour nous d'avoir une bonne nutrition, de ne pas avoir des résidents qui
étaient en état dénutritionnel, mais aussi
que ce soit bon, pour le plaisir. Et on faisait du repas une activité
centrale. C'était très long, les périodes de repas. Le déjeuner, c'était long, le dîner, c'était long, et
le souper, c'était long, mais des activités pour prévenir le déconditionnement. Par
exemple, on les amenait manger à la salle à dîner, on les amenait… C'était
vraiment une activité centrale, les repas. Mais j'aime manger aussi.
Le Président (M.
Bergman) : Madame… Excusez, Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : Vous savez, Mme Blais, est-ce que la nourriture est bonne en CHSLD?,
bon, probablement que, dépendant des CHSLD, ça peut être variable.
Est-ce que l'expérience repas, elle est toujours à son maximum? Je ne pense
pas.
Et
je reviens à l'aspect de la formation. Parce que ça paraît comme un geste banal
que de nourrir, ou de laver, ou d'accompagner une personne en la faisant
marcher; il n'y a jamais rien de banal en CHSLD. Donc, quand on parle d'alimentation, par exemple, il faut que
l'infirmière soit là. Tantôt, je donnais les exemples pour évaluer au niveau
de la déglutition. Mais elle a un rôle
central pour faire de la formation auprès des collègues. Parce que ce n'est pas
vrai que, par…
Puis là je vais vous
donner un exemple, là, qui a été un de mes chevaux de bataille toute ma vie.
Quand on prend le plat de carottes, le plat
de petits pois verts puis le plat de viande puis qu'on mélange tout ça
ensemble, ce n'est pas exactement
ragoûtant, mais il arrive que des résidents souhaitent ça. Il y a des résidents
qui souhaitent commencer par le dessert.
Il faut donner des directives de soins pour s'assurer qu'on réponde aux
attentes du résident, aux besoins du résident, aux souhaits et à ses habitudes de vie. Et, quand il n'y a pas de
personne pour donner ces directives de soins là, quand qu'il n'y a pas
un plan qui est intégré, à ce moment-là il y a un laisser-aller qui peut même
aller jusqu'à de la négligence, de la maltraitance.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Dernière question, parce que je vois mon collègue, ses questions sont bien
alignées. Il y a des écoles de pensée différentes. Puis je suis obligée
de vous poser la question, puis d'ailleurs la partie ministérielle en a parlé. Vous savez, récemment, dans les journaux,
c'est : On coupe des infirmières parce qu'on a besoin de plus de préposés
aux bénéficiaires parce que les cas sont
plus lourds, pour soulever les gens, pour être en mesure de leur donner les services. J'ai comme l'impression que
parfois la population est alertée par rapport à ça, la population est
inquiète. Est-ce qu'on a à s'inquiéter du fait qu'il y a peut-être moins
d'infirmières, plus de préposés? Est-ce qu'il y a un déséquilibre ou
devrions-nous revenir à une forme d'équilibre?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : Il y a évidemment de la place, dans une équipe de
soins, pour plusieurs intervenants qui sont
différents. Ça prend des préposés, ça prend des infirmières auxiliaires, ça
prend des infirmières. Ma collègue vous a dit : Il y a de bons modèles. Mais il ne faudrait surtout pas faire
une économie de savoir, du savoir infirmier parce que, si on ne fait pas les évaluations, il y a des résidents qui
vont vivre avec des problèmes de santé importants, des choses, par
exemple, comme le délirium. Le délirium, ça s'évalue. Si le préposé constate
qu'il est juste plus confus, il n'a pas le bagage de connaissances nécessaires pour aller faire l'évaluation puis comprendre
que peut-être que, tout simplement, ce résidant-là est déshydraté. Ça prend de la connaissance pour
pouvoir faire ça, et ça, c'est la contribution de l'infirmière. C'est
vrai que, dans les CHSLD, il y a une très grande lourdeur, il y a des très
grands besoins de soins, mais, si on n'agit pas en amont, ça devient de plus en
plus lourd.
Je
vais vous parler d'une autre situation. Par exemple, et là le nombre est de
plus en plus réduit, mais il y a des résidents
qui arrivent, qui sont continents. S'il n'y a pas une évaluation de la part de
l'infirmière, puis la détermination d'un plan de traitement, puis la réévaluation, il y a des chances que, parce
que ça va plus vite et, dans la productivité, qu'on utilise une culotte
d'incontinence plutôt que d'avoir un programme d'élimination. Et, à ce
moment-là, un, ça va finir par prendre plus
de temps, mais la dignité de la personne, la qualité de vie de cette
personne-là… et ce geste-là qui, au premier abord, peut paraître banal,
bien, va entraîner toutes sortes de complications, que ce soient des infections
urinaires, des plaies de pression, mais aussi… Bon, moi, je pense que ce qui me
touche le plus, c'est tout l'aspect de la dignité.
Donc, on a besoin
d'avoir un professionnel qui a de la connaissance, qui est capable de faire des
liens entre différentes situations. Et, vous savez, prendre soin d'un client
qui a un déficit cognitif, prendre soin de son voisin qui a du parkinson puis prendre soin du troisième
voisin qui a un problème de santé mentale, ça ne se traite pas tout de la
même façon. Et l'approche avec le client qui
a un problème de santé mentale, ça peut s'avérer une approche qui est tout à
fait à l'inverse de ce que le client avec un déficit cognitif a; ça pourrait
même empirer la situation. Donc, c'est important qu'il y ait une évaluation et une détermination des soins, un suivi,
l'explication aussi auprès des préposés, qui ne veulent pas mal faire, mais qui, à un moment donné,
disent : Bien, si ça marche avec Mme Gagnon, je vais le faire avec M.
Simard. Ce n'est pas aussi simple que ça,
d'où l'importance de l'évaluation, de l'analyse, de la détermination du plan de
traitement. Et on ne peut pas faire de substitution, à mon avis, infirmière,
préposé.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon, il vous reste sept minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. La
notion de milieu de soins versus leur milieu de vie, pour vous, est-ce
que c'est clair que c'est d'abord un milieu de vie plutôt qu'un milieu de
soins?
Mme Tremblay (Lucie) : C'est un
milieu de vie…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Lucie) : Pardon.
Je reviens dans mes mauvaises habitudes. C'est un milieu de vie, mais,
s'il n'y a pas de soins, à un moment donné,
la qualité de vie devient tellement mauvaise qu'on ne peut pas profiter du
milieu de vie. Si, parce que la personne est
souffrante puis elle n'est pas soulagée, elle ne peut pas avoir de contact avec
ses proches, elle ne peut pas
bénéficier de la visite, elle ne peut pas entretenir des relations, on n'est
pas dans un milieu de vie. Si la personne est désorientée parce qu'elle
a un délirium puis qu'on n'est pas capable de rien faire, on n'est pas dans un milieu de vie. Si la personne est désorientée et a
un problème, par exemple, de maladie d'Alzheimer, puis on n'est pas capable de l'accompagner et d'accompagner ses
proches, on n'est pas dans un milieu de vie. Donc, ce n'est pas
l'hôpital, le centre d'hébergement et de
soins de longue durée, mais, si on enlève la composante de soins, je ne pense
pas que les gens peuvent vivre dignement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. On a souvent entendu parler des infirmières
praticiennes spécialisées première ligne en
CHSLD. C'est un programme qui, à ma connaissance, n'existe pas encore. Par
contre, ça pourrait être un programme qui pourrait être mis en place.
Est-ce que l'ordre a fait des travaux par rapport à cette nouvelle avancée?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Lucie) : En fait,
on a des discussions avec les directrices de soins parce que plusieurs
directions de soins nous ont posé la question : À quand l'infirmière
praticienne spécialisée en soins de longue durée? Il y a des travaux qui demeurent à faire. Dans un premier
temps, ce qu'on voit, c'est l'infirmière de première ligne qui pourrait
très bien faire ce travail-là auprès de la
clientèle qui est hébergée. Et la présence médicale est souvent ténue en
hébergement. D'avoir une infirmière
praticienne spécialisée, ça permettrait d'assurer une continuité de soins, mais
aussi ça permettrait d'adresser les
problèmes qui sont d'une très grande complexité. Alors, à notre avis, c'est
vraiment une valeur ajoutée, d'avoir une infirmière praticienne
spécialisée en hébergement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Joyal.
Mme Joyal (Charlène) : Je parlerais
aussi peut-être au nom des jeunes infirmières, qui, nous, dans le fond, avons à
développer notre jugement clinique, nos capacités d'évaluation. Ça nous prend
des mentors, des personnes d'expérience. Ça
fait qu'on voit peut-être là aussi, avec la venue d'une IPS de première ligne,
qui a quand même un bon bagage gériatrique, qui pourrait nous aider
aussi dans… pas nécessairement le coaching, mais peut-être nous valider dans nos évaluations. On va ausculter un patient
au niveau pulmonaire, au niveau cardiaque, on va tenter d'évaluer pour détecter
puis essayer de prévenir ou du moins de prendre en charge le plus rapidement
possible pour éviter un déconditionnement ou
des complications, bien je vois là une belle collaboration entre les
infirmières elles-mêmes pour s'apporter du soutien. Ça fait que ça, ça
serait un plus.
Puis on le
voit même déjà. En tout cas, je sais qu'ici à Québec… et je côtoie quand même
cette équipe-là, une équipe de mentorat qui aide, dans le fond, au
niveau, là, régional et même un peu plus, au Centre d'excellence du vieillissement
de Québec, qui viennent aider, dans le fond, les infirmières qui sont en place,
autant des infirmières d'expérience que des jeunes infirmières, à développer
ces aptitudes-là en CHSLD. Donc, il y a une mouvance vers ça. Ça serait déjà juste une plus-value,
finalement, d'avoir peut-être une autre collègue comme une IPS qui pourrait
aussi nous aider dans certains traitements, certaines prescriptions, en fait,
qu'on pourrait avoir besoin pour aller de l'avant puis avoir une prise en
charge rapide, éviter des hospitalisations pour nos pauvres personnes...
• (17 heures) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : En fait, Mme
Joyal a amené le point. Je pense aussi, la présence d'IPS en hébergement, ce
que ça peut favoriser, c'est éviter les transferts, davantage de transferts
vers les centres de courte durée. L'autre
chose, c'est dans tout le traitement des maladies chroniques, parce qu'on le sait, les gens qui sont hébergés ont plusieurs maladies
chroniques, l'IPS, c'est vraiment un acteur clé.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon, il vous reste trois minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. C'est parce
qu'un des enjeux, c'est qu'actuellement il y a des difficultés à trouver
des médecins pour couvrir les CHSLD. Et souvent c'est des médecins, là, qui
sont soit en fin de carrière ou encore, tout
simplement, les gens ne sont pas capables de trouver des professionnels pour
faire les prescriptions, qui souvent sont des soins de base. Et, si je comprends bien,
l'infirmière praticienne spécialisée, elle, aurait le droit de prescrire dans son champ de pratique, ce qui, à ce
moment-là, pourrait diminuer l'utilisation des médecins, qu'on pourrait utiliser peut-être pour un travail plus productif
au niveau de la première ligne. Est-ce que c'est dans cette pensée-là
que vous travaillez ou c'est une façon différente?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Lucie) : C'est une façon de le voir, mais aussi, nous, on
est convaincus que la présence des IPS sur
place, ça permet notamment une meilleure gestion des médicaments, ça permet
aussi d'assurer davantage de suivi. Et c'est
vrai que c'est difficile d'avoir des médecins qui viennent travailler dans ces
milieux-là. L'infirmière IPS peut répondre aux besoins de cette
clientèle hébergée là. Donc, elle est la bonne personne à être sur place.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous reste
1 min 30 s.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. On a
parlé tantôt de l'alimentation, qui est un élément majeur. Et, quand
vous regardez, en CHSLD, les principales préoccupations des gens, c'est des
soins de base. On parle d'être capable
d'avoir certaines activités d'occupation selon la capacité de la personne, une
alimentation qui est adéquate. On parle également de la propreté. Puis
un des grands enjeux au Québec, là, c'est le un bain par semaine. On offre aux patients un bain par semaine, puis la plupart des
gens qui sont habitués de se laver à chaque jour, ils disent : Bien, ça
n'a pas de bon sens. Sauf qu'on sait que ces
gens-là, si vous leur offrez un bain à chaque jour, là, je ne suis pas certain
qu'ils ont toujours la capacité de le recevoir, pas parce qu'ils ne
veulent pas être propres, là. Ils ne se déplacent pas beaucoup. Mais, vous savez, moi, j'ai travaillé en CHSLD,
comme vous l'avez fait, là, des fois c'est une épreuve. Même, j'ai vu,
des fois, être obligé de donner quelque
chose pour relaxer un petit peu avant pour être capable de prendre le bain
parce qu'ils ne comprennent pas
toujours. Avez-vous fait des travaux pour savoir ce serait quoi, le nombre
optimal de bains, en respectant la volonté de ces gens-là ou la volonté
de la famille? Parce qu'ils sont quand même responsables de ces personnes-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Tremblay, temps pour une très, très courte
réponse.
Mme Tremblay (Lucie) : Il n'y a pas de recette magique. Je pense que,
justement, il faut individualiser les soins. Il y a des résidents qui ont besoin et qui désirent avoir un bain plus
fréquemment, alors que certains, comme vous l'avez dit, vont avoir de la
résistance aux soins d'hygiène. Puis il faut adapter le soin et, des fois, il
faut l'espacer. Et, justement, il y a besoin
de ce bassin de connaissances. Ce qui, en apparence, peut paraître simple,
comme de donner un bain, bien, il y a des techniques pour pouvoir, par
exemple... Et, on le sait, la plupart des gens qui sont en hébergement, là,
entre 60 % et 80 % ont des problèmes de déficits cognitifs. Il faut
adapter le soin à chacune des personnes, et c'est là que l'infirmière joue un
rôle clé.
Est-ce que c'est un bain, deux bains, sept bains
par semaine? Ça dépend des individus, ça dépend des comportements qu'ils ont, de la qualité de la peau. Ça dépend
aussi : Est-ce que c'est des gens qui transpirent beaucoup? Est-ce
qu'ils bougent beaucoup aussi? Est-ce qu'ils
sont incontinents. Il y a tellement de questions à poser qu'il n'y a pas une
seule réponse, ça demande une évaluation puis un plan qui est individualisé
pour chacun.
Le Président (M.
Bergman) : Maintenant, le temps pour le deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence.
Alors, j'abonde tout à fait dans le même sens que mon collègue. Je pense qu'il est maintenant temps
d'avoir des infirmières praticiennes dans les CHSLD. Si vous vous
rappelez, au départ de la commission, j'ai plaidé en faveur d'une plus grande
part des infirmières, des infirmières praticiennes
et de laisser plus de place pour, justement, humaniser davantage, je pense, les
soins en fin de vie. Et je pense que
les infirmières praticiennes, les infirmières sont les premières à être avec
ces gens-là, avec ces patients-là au quotidien, et je pense qu'on a besoin peut-être de démédicaliser un peu nos soins
de longue durée et de les humaniser davantage. Je pense que le rôle des infirmières là-dedans est primordial et je vais certainement vous appuyer, c'est sûr, si vous faites des recommandations à
cet effet-là.
Il y a
une chose, par contre. On a entendu, depuis le début des audiences, beaucoup
de gens venir nous dire qu'on manquait de formation. Parce que, vous
savez, de plus en plus, les gens qui ont des troubles cognitifs... Autrefois, dans notre formation, je vous dirais, plutôt
classique, on parle de contention chimique, contention physique.
Maintenant, on sait qu'il y a de plus en
plus de nouvelles méthodes utilisées qui, finalement, évacuent complètement et
les contentions chimiques et les contentions physiques mais vont
beaucoup plus avec un retrait, une isolation du bénéficiaire, du patient, avec
un retour en arrière, une discussion, une musique, et finalement on arrive à
régler la crise en quelques minutes sans
avoir à utiliser des contentions physiques, chimiques. Est-ce que vous sentez
que, dans votre profession, on vous a suffisamment formés à cet égard-là
ou on a encore besoin de faire du chemin à ce niveau-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Tremblay.
Mme Tremblay
(Lucie) : Votre question est par rapport à l'utilisation des
contentions?
Mme
Daneault : À
l'approche…
Mme Tremblay
(Lucie) : À l'approche de la personne âgée?
Mme
Daneault : …de la
clientèle de troubles cognitifs.
Mme Tremblay (Lucie) : Il y a de la
formation qui se donne. Il y a de la formation, pour en avoir donnée moi-même à l'université, il y a de la formation
sur ces problèmes spécifiques là qui se donne. Et, à ma connaissance, il
y a plusieurs universités qui vont miser
sur, justement, le développement des connaissances. Je ne sais pas…
Madeleine, tu me regardes? Peut-être que, M.
le Président, vous pourriez donner la parole à Mme Lauzier, qui va peut-être
ajouter quelque chose.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzier.
Mme
Lauzier (Madeleine) : Oui,
bonjour. Oui, effectivement, bien, il y a deux choses dans votre question,
je pense, il y a l'approche aux personnes
qui ont des troubles de comportement et il y a aussi l'utilisation des
contentions.
Dans la formation quant aux comportements, il y
a de la formation qui existe dans la formation initiale, mais il y a aussi beaucoup de formation qui se donne.
Et, quand on parle de l'évaluation du résident et de l'établissement du plan des directives, là, des directives de soins,
il y a de l'espace pour de la formation aux infirmières puis aux
préposés. Parce que c'est souvent des
approches individualisées. C'est certain qu'il y a des approches qu'on connaît,
mais il faut les adapter à la personne.
Quant à
l'utilisation des contentions, c'est à peu près la même chose, ça va beaucoup
être lié au comportement. Donc, on va
faire des analyses de comportement pour être capables après ça d'ajuster puis,
comme vous l'avez bien dit, d'utiliser
des mesures moins coercitives, puis rapidement on va réussir à désamorcer, là,
le comportement. Je pense que...
Le Président (M. Bergman) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Lucie) : Juste
pour compléter. Vous savez, de faire l'évaluation de ces troubles-là, ça
prend aussi un certain temps parce que ce n'est pas juste avec des paramètres
physiques qu'on est capables. Il y a des situations cliniques, dans d'autres circonstances, qui s'évaluent facilement à
partir d'informations qui sont des données dures. Dans le cas de l'évaluation des comportements, des
symptômes comportementaux associés à la démence, c'est toute la notion d'aller chercher l'information, de la colliger
souvent sur plusieurs heures, sur plusieurs jours, de l'analyser, et après
c'est dans la détermination du plan de
traitement, c'est de regarder qu'est-ce qui fonctionne, de l'adapter, de se
donner le temps de voir si ça
fonctionne ou pas, de l'adapter, et tout ça. C'est quelque chose qui demande du
temps. Et je pense que trop souvent
on sous-estime ce besoin d'évaluation là. Ça prend quelques heures, parfois
quelques jours avant d'avoir colligé l'ensemble de l'information pour
éviter des situations aussi dramatiques que d'utiliser une mesure de contention
chez une personne âgée.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme Tremblay, Mme Bernier, Mme Lauzier, Mme Joyal, merci d'être
ici avec nous aujourd'hui pour partager votre expertise.
Je demande les gens de la Fédération québécoise
du loisir en institution pour prendre leur place à la table et je suspends pour
quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 17 h 11)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je souhaite la bienvenue à la Fédération québécoise du loisir en institution.
Alors, bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation, et suivra un échange avec les membres de la commission.
Pour les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms et vos titres. Alors,
le prochain 10 minutes, c'est à vous.
Fédération québécoise
du loisir en institution (FQLI)
Mme Hallé
(Anne-Louise) : Alors,
Anne-Louise Hallé, directrice
générale de la Fédération
québécoise du loisir en institution.
Mme
Charbonneau (Lise) : Lise
Charbonneau, présidente de la Fédération québécoise du loisir en institution. Je suis
intervenante en loisirs dans un centre d'hébergement de longue durée.
Mme
Poirier (Louise) : Louise
Poirier, intervenante en loisirs au centre
d'hébergement à Maria. Je suis
déléguée au niveau de la fédération pour la région Gaspésie—Bas-Saint-Laurent—Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Bergman) :
Merci.
Mme Hallé (Anne-Louise) : Alors, la Fédération québécoise du loisir en
institution regroupe plus de 340
installations de santé utilisant le
loisir comme moyen d'intervention privilégié dans la création d'un milieu de
vie de qualité auprès de leurs
résidents. C'est avec beaucoup d'intérêt que la Fédération québécoise du loisir en institution a pris
connaissance du document de consultation. La FQLI se réjouit que le gouvernement
québécois décide de réfléchir sur les conditions de vie des personnes hébergées dans les différents milieux de vie du Québec
mais également de consulter l'ensemble
des partenaires pour orienter des pistes d'action.
L'accessibilité. L'accessibilité
s'avère un problème important dans le réseau de la santé, et l'ensemble des
ressources du milieu doit être mis à contribution. Les usagers doivent vivre plusieurs
déplacements avant d'arriver à un endroit stable, et ceci a des répercussions importantes
sur la santé et l'état psychologique. Nous croyons qu'il est important
de nommer un intervenant dédié qui a pour mandat d'accompagner l'usager et ses
proches dans les différentes démarches, autant au niveau de l'accessibilité
à des services de répit, en passant par le centre de jour, que pour les différents types d'hébergement. Ce soutien est
un incontournable pour répondre adéquatement aux besoins de la
clientèle.
L'utilisation uniforme, dans toutes les régions, du système de mesure de l'autonomie
fonctionnelle, le ISO-SMAF, est un
outil qui permet de déterminer le type d'établissement nécessaire pour chaque usager en fonction de ses capacités fonctionnelles et d'orienter la clientèle vers le
type d'hébergement approprié. Il est important d'informer et de former l'ensemble
des partenaires et des professionnels sur l'utilisation de ce système de
mesure.
Le
financement. Pour la FQLI, le financement actuel des CHSLD
ne permet pas de répondre adéquatement aux besoins de la personne hébergée, et ceci, en raison de l'alourdissement
de la clientèle, mais également en raison de l'augmentation des clientèles
particulières nécessitant des soins, des aménagements physiques et de
l'accompagnement spécialisé.
L'ensemble des dirigeants et des intervenants pris dans la préoccupation de minimiser les impacts des compressions budgétaires veulent également maintenir le concept
milieu de vie dans les centres
d'hébergement et de soins de
longue durée. Cette vision semble perdre son
sens dans plusieurs milieux face à la marge de manoeuvre étroite
laissée par les restrictions budgétaires
imposées aux soins de santé et aux services
sociaux, venant même, dans certains
centres, réduire les services directs aux personnes hébergées.
Nous croyons qu'il
est essentiel d'être créatif et innovateur en ayant recours à des services peu
coûteux qui ont un impact direct dans le milieu de vie. L'animation-loisirs
constitue, en fait, un des services les moins coûteux en centre d'hébergement. Il réussit à conserver au-delà des concepts, des
lois et des limites budgétaires des environnements plus humains,
indicateurs recherchés dans la qualité de vie des personnes hébergées.
L'organisation
physique. La FQLI appuie l'orientation du ministère de créer des micromilieux
afin de regrouper les clientèles selon les
caractéristiques et leurs besoins spécifiques. De cette façon, les intervenants
seront en mesure d'adapter leurs
pratiques aux besoins de la clientèle et d'aménager des lieux physiques. Il se
créera également un sentiment d'appartenance permettant le partage des
événements positifs et négatifs qui les touchent. Le milieu de vie doit fournir le maximum d'opportunités à
l'individu pour qu'il puisse donner un véritable sens à sa vie et qu'il
accède au goût de vivre et de s'épanouir en fonction de ses habitudes de vie,
ses intérêts et ses goûts.
Les
clientèles particulières. Le réseau est présentement en transformation en
regard avec les clientèles particulières qui sont accueillies dans les centres d'hébergement et de soins de
longue durée. Les personnes âgées se retrouvent de façon majoritaire dans les milieux. Cependant, il y a
également les autres clientèles — santé mentale, déficience
intellectuelle, déficience physique, communautés culturelles — qu'il
ne faut pas négliger et qui nécessitent que les pratiques soient adaptées en
fonction de leurs besoins spécifiques.
La
cohabitation avec la clientèle aînée n'est pas facile. Il faut innover pour
créer des milieux de vie de qualité. Ces réalités sont encore plus
importantes lorsqu'on se retrouve en région où il n'y a pas d'autres ressources
disponibles. Au niveau de
l'animation-loisirs, les problèmes rencontrés sont principalement orientés vers
l'offre de services en fonction des
ressources humaines, financières et physiques disponibles. Les besoins et les
intérêts de cette clientèle sont vraiment différents de ceux de la clientèle âgée. Pour répondre de façon adéquate
aux besoins de chaque clientèle, l'intervenant doit davantage orienter
ses interventions vers des activités individuelles et de petits groupes. Il
faut également offrir différentes possibilités de loisirs pour stimuler la
clientèle.
Il est cependant
important de noter que, malgré le fait que l'intervenant en animation-loisirs
soit en mesure d'identifier les intérêts et
les besoins en loisirs de la clientèle, il est difficile pour lui d'offrir des
activités individualisées et de
petits groupes à l'ensemble, ceci en raison du nombre élevé de personnes
hébergées qu'il doit desservir. C'est pourquoi l'ensemble des
intervenants du milieu doivent devenir des partenaires dans l'objectif d'animer
le milieu de vie. De plus, il existe
également des disparités importantes entre les CHSLD au niveau du service
d'animation-loisirs, car plusieurs regroupent également l'encadrement de
l'action bénévole et souvent même les services spirituels.
La FQLI croit qu'il
faut mettre en place des mécanismes pour augmenter le personnel en loisirs
qualifié intervenant auprès de la clientèle
afin de mieux répondre à ses besoins. Les ratios de ressources humaines,
l'allocation de ressources financières et matérielles ainsi que la structure du
service d'animation-loisirs doivent aussi être redéfinis afin d'harmoniser
l'offre de services.
Les
proches aidants. L'intégration des proches aidants est essentielle à la vie en
centre d'hébergement de soins de longue
durée. Leur présence influence grandement la qualité de vie des personnes
hébergées. L'animation-loisirs représente une voie par excellence pour permettre la continuité de la relation
entre la personne hébergée et ses proches. Plusieurs milieux
d'hébergement encouragent la participation des proches aux activités de loisirs
offertes dans le milieu. De telles approches
favoriseraient un climat social positif et contribueraient à l'amélioration de
la qualité de vie des personnes hébergées et de leurs proches.
Les services et les soins. La fédération croit
que la dynamique d'un milieu ne peut être laissée à elle-même. Il est essentiel
d'orienter et soutenir la dynamique quotidienne d'un centre par une
animation-loisirs adaptée. C'est là que prend alors tout le sens du concept «animé».
Un milieu de vie animé, c'est un endroit où l'usager évolue dans une dynamique
se rapprochant de ses habitudes de vie et ses valeurs, en continuité avec son
vécu et en harmonie avec les personnes qui partagent sa vie. Un milieu de vie
animé utilise le loisir pour faciliter la cohésion entre les usagers, les
personnes significatives, les proches, les intervenants, les bénévoles et la
communauté.
L'animation-loisirs est essentielle à la qualité
de vie dans l'installation. Il en résulte, d'ailleurs, souvent un équilibre où l'ambiance et le climat proviennent
de l'harmonie entre les composantes du centre. Cet équilibre donne un sens à toute l'énergie investie au quotidien, au
travail du préposé, à la visite d'un proche, au maintien de l'autonomie.
Elle assure la juste balance entre un milieu de soins et un milieu de vie.
• (17 h 20) •
L'organisation
du travail. L'animation-loisirs est une approche non médicale qui peut
grandement contribuer à faire face aux problèmes de comportement ou
psychologiques de la clientèle et elle est un atout important pour
l'équipe de soins. L'intervenant joue un
rôle de conseiller auprès de l'équipe, car son apport est essentiel dans
l'identification des besoins, des
intérêts, des goûts et des habitudes de vie de la clientèle, ce qui permet de
développer des stratégies d'intervention appropriées au quotidien. Il faut mettre en place des outils et des
approches pour maximiser l'application des opportunités et promouvoir la
collaboration des divers intervenants.
La formation
du personnel. Afin de répondre adéquatement à la réalité des CHSLD, la formation du
personnel est un incontournable, et ceci,
pour l'ensemble des intervenants. En raison de l'arrivée des clientèles
particulières, la formation doit être
adaptée pour venir soutenir le professionnel dans son intervention au
quotidien, tant au niveau de la connaissance de la clientèle qu'au niveau de l'approche. Il faut offrir des
opportunités aux intervenants de développer des compétences et les
soutenir dans l'intégration des connaissances.
Nous
souhaitons que l'intervenant en animation-loisirs soit bien encadré et soutenu
dans son travail afin que son rôle soit bien compris par l'ensemble des
professionnels et qu'il puisse pleinement contribuer et mettre à profit ses compétences professionnelles pour répondre aux
besoins de la clientèle hébergée. La fédération est reconnue pour son
expertise, ses programmes de formation et elle compte devenir un partenaire
important dans la réponse aux besoins de formation.
Et, en
terminant, il faut persévérer dans l'implantation d'un milieu de vie en centre d'hébergement et de soins de longue durée en invertissant des ressources humaines, financières et
environnementales qui génèrent des impacts positifs sur la qualité de
l'intervention et l'approche de la clientèle. Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, Mme Hallé. Maintenant, pour le bloc ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. Bonjour, Mme Hallé,
Mme Charbonneau, Mme Poirier, bienvenue. Il me fait plaisir de vous
accueillir ici.
D'entrée de jeu, vous avez mentionné votre préoccupation par
rapport aux personnes qui arrivent
dans un CHSLD après avoir subi de multiples déplacements avant d'arriver
vraiment dans un endroit stable, et vous mentionnez que ça a des répercussions,
là, sur leur état de santé, leur état psychologique bien souvent aussi, et vous
recommandez de nommer un intervenant dédié pour pouvoir accompagner les
personnes dans tout ce cheminement et dans tout ce processus. Mais est-ce qu'il n'existe pas des gestionnaires de cas? Est-ce que ce n'est pas le
rôle des gestionnaires de cas ou si c'est d'autres choses dont vous…
Mme Hallé (Anne-Louise) : Non,
c'est…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme Hallé
(Anne-Louise) : Oh, pardon!
C'est en plein le gestionnaire de cas, là, qu'on… On n'a pas mentionné
le nom «gestionnaire de cas», mais c'est…
Mme Proulx : …ce dont vous
parlez.
Mme Hallé (Anne-Louise) : Effectivement.
Mme Proulx : Mais les
gestionnaires de cas sont déjà là, font déjà ce rôle-là?
Mme Hallé
(Anne-Louise) : Ce n'est pas
partout le même… L'application n'est pas faite de la même
façon d'une région à l'autre. Donc, je pense que, là, il y aurait un
travail à faire de ce côté-là pour rehausser et renforcir cette intervention.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Et est-ce que ces régions-là, est-ce que ça a un lien avec des régions plus
éloignées, où il y a moins de ressources, ou, en région plus urbaine,
c'est la même chose? Pouvez-vous m'expliquer un peu mieux?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme
Hallé (Anne-Louise) : Bien, je pense que c'est… En région urbaine,
c'est là où on voit le plus de déplacements,
parce qu'en région plus éloignée il n'y a souvent qu'un seul établissement,
donc on voit moins ce phénomène-là. C'est vraiment dans les…
Mme Proulx :
Les régions urbaines.
Mme Hallé
(Anne-Louise) : Bien, les grands centres, là, où on voit ce phénomène.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : O.K. Vous avez parlé, là, de milieux de vie. On sait
que, depuis une dizaine d'années, là, on veut aller de l'avant beaucoup avec des milieux de vie dans les CHSLD.
J'aimerais ça vous entendre. Selon vous, quelles sont les valeurs et les
actions à mettre de l'avant pour favoriser vraiment un milieu de vie, passer…
Bien, on entendait l'Ordre des infirmières
tantôt parler d'un milieu de soins, c'est aussi un milieu de soins, mais on
veut favoriser, parce que c'est aussi
un milieu de vie, on veut favoriser cet environnement-là. Et j'aimerais ça
avoir votre point de vue là-dessus et, de façon concrète, peut-être à
l'aide d'exemples, nous expliquer comment les membres, les animateurs que vous
représentez, là, comment ils peuvent contribuer à implanter des milieux de vie
dans les CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau (Lise) : Le concept milieu de vie, effectivement, on en
entend parler et il a fait un grand, grand
bout de chemin. Souvent, l'intervenant en loisirs est appelé à faire partie du
comité milieu de vie justement pour apporter, par son expertise, des
idées et des valeurs à préconiser. Il faut que le concept milieu de vie soit la
propriété de tous. Souvent, au début en tout
cas, on donnait cette tâche-là à
l'intervenant en loisirs, mais l'animation du milieu de vie, on le voit
plus comme tous les petits gestes au quotidien qui peuvent être apportés au
résident pour justement améliorer sa qualité
de vie, mais au quotidien. Par exemple, je sais que, dans certains centres, on organise des concours ou des…
oui, des concours pour stimuler le personnel
autre que de l'animation-loisirs à organiser des projets, à organiser des
activités pour animer le milieu de vie.
Mais
moi, je crois plus dans le temps qui pourrait être donné à tous les membres du
personnel, peu importent leurs tâches et leurs professions, d'amener
tous les petits gestes au quotidien. Par exemple, il n'est pas rare qu'on voie
une madame avec une belle manucure, puis on
lui demande qui a fait ça, puis elle nous dit que c'est son préposé ou que
c'est quelqu'un de l'entretien ménager qui a pris le temps de
faire venir un repas du resto puis qui a pris le temps de luncher avec
le résident. Moi, je crois au concept milieu de vie de par tous ces petits
gestes au quotidien, là, qui peuvent être apportés.
Parce que tout ce qui est organisé, c'est beau, c'est
organisé, mais, au moment où le résident demande, à 10 heures le soir, avant de se coucher, de se faire une
petite toast au beurre de pinottes, ça serait le fun qu'on puisse répondre à
cette demande-là. Ce n'est pas toujours
le cas parce que, souvent, on se fait répondre que le personnel
n'a pas toujours le temps de répondre. On en voit, des belles choses, il s'en fait, des belles
choses, mais il faudrait, je pense, encourager encore plus tous ces petits gestes-là au quotidien pour que le
concept milieu de vie soit vraiment l'affaire de tous en centre d'hébergement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui, merci.
Et j'ai cru comprendre que votre fédération appuie ou est d'accord avec
l'orientation de création de micromilieux
regroupant des clientèles particulières, là, et j'aimerais ça vous entendre sur
votre vision de cette création de micromilieux. Et avez-vous des
exemples, là, que vous avez pu constater?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Poirier.
Mme Poirier (Louise) : Bien, c'est évident que, dans nos CHSLD d'aujourd'hui, on ne retrouve pas juste des personnes
âgées. On peut retrouver des jeunes dans la trentaine, dans la quarantaine, que ce soient des jeunes en sclérose en
plaques, des cas de santé mentale. On a une madame qui a 103 ans. Ça fait que les clientèles sont toutes regroupées dans un même établissement,
et nous, on se doit d'essayer d'animer ces gens-là tous en même temps, dans le
fond. Il faut essayer de répondre aux
besoins de chacun. Encore là, si on parlait de milieu de vie, bien c'est la qualité de vie de nos gens aussi. Il faut
essayer de répondre à chacun, puis c'est plus difficile.
Puis,
quand on parle d'îlots, ce qui pourrait être intéressant si on pouvait se
permettre de pouvoir faire ça dans nos centres
d'hébergement, c'est que notre jeune de 30 ans ne serait peut-être
pas obligé de manger avec la dame de 102 ans qui n'est pas capable d'échanger avec lui parce qu'elle entend dur, tu
sais, de créer plus… comme on parle de milieu de vie, mais qu'il
y ait une belle qualité de vie puis peut-être qu'il pourrait se retrouver avec des gens qui lui
ressemblent, où il pourrait échanger
puis qu'il pourrait avoir aussi une routine de vie de sa journée différente. Parce qu'on sait que nos jeunes, peut-être, ce qu'ils aimeraient en CHSLD,
c'est peut-être de ne pas faire partie de la tournée de 7 heures ou 7 h 30
pour se faire apporter au lit. Peut-être
que lui, cette soirée-là, il aimerait pouvoir veiller jusqu'à
10 heures ou à 11 heures.
Ça fait que c'est pour ça que, si on pourrait avoir des îlots qui regrouperaient
les clientèles, ce serait beaucoup plus agréable pour eux de vivre en centre
d'hébergement. Déjà qu'on leur impose cet endroit-là parce qu'il n'y a pas
d'autre endroit pour eux, autant pour les clientèles spécifiques, si on parle de
cas de santé mentale, si on pourrait plus regrouper cette clientèle-là où est-ce
qu'on aurait les gens spécialisés pour travailler avec chacune des clientèles…
Je ne sais pas si ça répond.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau
(Lise) : Je rajouterais
aussi là-dessus que je pense que ça pourrait faciliter l'organisation
du travail, en ce sens que, si on a un ou
deux clients plus jeunes sur une unité qui demandent à se coucher plus tard
parce qu'il veut écouter un match de hockey puis que, là, la télé est forte, il
peut être dérangeant pour les autres clients, alors que, si on regroupe cette
clientèle-là ensemble, le personnel va avoir aussi été comme sensibilisé au
fait que, dans ce département-là ou sur cette unité-là, bien, c'est une plus
jeune clientèle et puis, donc, il faut changer nos façons de travailler. Ce n'est plus à 7 h 30, 8
heures où on fait la tournée et on offre à tout le monde de se coucher,
où la majorité des gens ont
l'habitude de dire oui parce que c'est des gens plus âgés, mais on change complètement l'organisation du travail. Alors que, là, si on a un ou deux résidents qui demandent d'être couchés
plus tard et d'être levés plus tard le lendemain, ça dérange un peu l'organisation
générale du travail sur une unité, alors que, s'ils sont regroupés, bien, on
organise le travail de façon
à répondre à ces clients-là. Donc, je
pense que ça pourrait être aussi plus
facile pour l'organisation du
travail sur ces étages-là si on travaille plus en îlots.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Et je présume aussi que ça peut avoir un impact,
là, sur la socialisation des
personnes, c'est-à-dire leur permettre une meilleure socialisation en
étant entourées de personnes avec qui c'est plus facile d'échanger.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme Hallé
(Anne-Louise) :
Effectivement, et on va rejoindre vraiment leurs intérêts à eux. Avoir un
spectacle de musique, bien, on va y aller avec leurs styles de musique à eux,
on va aller dans tout un autre registre en fonction de leurs besoins à eux autres. Et le cas du Centre d'hébergement du
Centre-Ville en est l'exemple concret. Ils ont une unité complète où les
jeunes se retrouvent, on essaie de regrouper les jeunes sur cette unité-là pour
répondre vraiment de façon spécifique à leurs besoins et particulièrement au
niveau loisirs.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Mais il y a une question qui me vient : Est-ce que ça se fait beaucoup?
Est-ce que vous en voyez, des
exemples comme ça, de ces îlots-là? Est-ce que ça existe? Et, si ce n'est pas
suffisamment généralisé, c'est quoi, les contraintes? Qu'est-ce qui fait qu'on ne voit pas ça plus souvent?
Est-ce que vous savez s'il y a des contraintes particulières à
l'implantation de micromilieux?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Poirier.
Mme
Poirier (Louise) : Bien, je
pense que la principale contrainte, c'est, nos établissements, de la manière
qu'ils sont faits présentement, qui
demanderaient des aménagements supplémentaires. Parce que c'est sûr que, si on
se retrouve avec une unité, on va
dire, pour la clientèle avec des troubles de comportement, bien il faut que ce
soit une unité qui est quand même protégée. Moi, je pense que c'est
plus… Avec les établissements qu'on a présentement, ça demanderait des travaux
majeurs pour qu'on peuve permettre de répondre aux besoins de chacune de ces
clientèles.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Dans votre
document, vous mentionnez une initiative intéressante, et j'aimerais ça vous entendre parler de ça. C'est dans un CSSS, là, qui
ont produit un guide à l'intention des familles pour retrouver plus de
plaisir dans les visites à un proche hébergé. En fait, si je comprends bien,
l'idée a été d'utiliser toute cette dimension de
loisirs, animation-loisirs, pour faire en sorte que les proches, la famille
puissent participer aussi à des activités de loisirs, et peut-être,
on ne sait pas, que ça peut générer un meilleur intérêt pour rendre visite
plus souvent.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme Hallé
(Anne-Louise) : C'est en
plein ça. Donc, dans le livre, ce qu'on explique à la famille, c'est
que… bon, des techniques de communication,
déceler aussi… particulièrement avec les troubles cognitifs — c'est quand même 80 % de la
clientèle qu'on retrouve dans nos centres d'hébergement de soins de longue
durée — donc
on explique à la clientèle les différents
phénomènes qu'il peut arriver au niveau de la communication, du non-verbal, des
signes qu'ils pourraient déceler.
Puis, parallèlement
à ça, on sait que la famille, des fois, elle va moins être présente dans le
milieu parce qu'elle se dit toujours : Bien, mon parent ne me
reconnaît plus nécessairement, je ne vois pas vraiment l'intérêt d'être
présent. Donc, on a pris le médium loisirs
pour vraiment leur donner des outils, des petites animations simples, des
petits objets qu'ils peuvent utiliser
lors de leur visite, et qui vont vraiment stimuler la personne, et qui vont
établir un contact plaisant, et que
les gens vont être heureux d'êtres venus, et il va y avoir beaucoup de bonheur
dans cet entretien-là d'une heure, 1 h 30 min.
Mais,
parallèlement à ça aussi, on invite aussi les familles à participer à nos
activités, que ce soient nos sorties, que ce soient nos activités
communautaires, d'être présents lors de ces activités-là. Ils sont les
bienvenus et ils voient des choses très intéressantes,
des phénomènes importants, des changements de comportement chez leurs parents,
qu'ils ne soupçonnaient pas et qui les impressionnent grandement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau (Lise) : Oui. Je
pourrais rajouter aussi que ça les met souvent en contact avec d'autres membres de familles qui vivent les mêmes
problématiques. C'est difficile d'aller visiter un parent, un proche qui ne
nous reconnaît plus, c'est lourd, parce
qu'on dit : Bien, on vient qu'on ne sait plus quoi dire, c'est limité
comme conversation parce qu'il n'y a plus vraiment le contact avec la
réalité. Alors, le fait de participer à des activités de loisirs, ça rend la visite plus agréable, mais ça met aussi ces
gens-là en contact avec d'autres membres de familles qui vivent un petit
peu les mêmes difficultés, puis souvent,
bien, il peut se créer, à ce moment-là, des petits noyaux, des petits centres
d'intérêt, ce qui fait qu'on se donne presque rendez-vous pour nos visites en
même temps, ce qui fait que ça rend la visite plus agréable pour le proche
aidant.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste trois minutes.
Mme Proulx : J'aurais une question.
Est-ce que vous considérez que vos membres, en fait, les animateurs de loisirs qu'on retrouve en centre d'hébergement, est-ce que
vous considérez qu'ils sont bien intégrés dans l'équipe soignante? Est-ce
qu'ils sont bien reconnus? Est-ce que vous croyez que les autres intervenants
dans les milieux d'hébergement sont bien
sensibles à l'importance des activités de loisirs ou si c'est encore perçu
comme quelque chose : C'est le fun, mais ce n'est pas essentiel?
Quelle est votre perception, là, du rôle que vous jouez?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme Hallé (Anne-Louise) : La
dernière affirmation que vous avez faite, c'est encore le cas pour plusieurs
établissements. Le rôle de l'intervenant en loisirs n'est pas encore bien perçu
par l'ensemble des professionnels. On a encore
de la difficulté à participer aux équipes inter, on a encore de la difficulté à
écrire des notes au dossier. Notre côté professionnel n'est pas encore
bien perçu par l'ensemble. Pourtant, on est le professionnel qui a le contact
le plus privilégié, des fois, avec la
famille parce qu'on les voit dans un autre contexte qu'un contexte de soins ou
de relation traitant. On a des liens,
aussi, privilégiés avec le client. On le voit sous une autre forme, on le voit
lors d'interactions sociales, on le voit socialiser avec des gens. Donc,
on apporte une couleur différente qui peut grandement changer l'intervention du
préposé ou de l'infirmière dans son approche avec le client.
On est aussi capables de voir ses habitudes de
vie et, par une habitude de vie, on est capables de dire, ou de renseigner, ou de coacher un peu le préposé en lui
disant : Bien, ce monsieur-là, vers 16 heures, tu vas voir, il va
avoir une crise, peut-être, un comportement
perturbateur. Mais amène-lui une petite tasse de thé, là, il avait
l'habitude, à 16 heures, de
prendre sa petite tasse de thé. Tu vas voir, ça va être différent comme
approche. Mais ça, c'est notre apport,
notre contribution qu'on peut apporter à l'équipe, mais qui n'est pas tout à
fait bien perçue encore. Et c'est pour ça
que je pense qu'il faudrait renforcir ça auprès des gestionnaires et des
administrations d'établissement pour qu'ils reconnaissent ce rôle-là important
et notre contribution.
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement,
le temps s'est écoulé.
Mme Proulx : Juste un petit
commentaire, M. le Président...
Le Président (M. Bergman) :
Certainement, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : En fait, je
pense que votre témoignage aujourd'hui va certainement contribuer à mieux faire
reconnaître votre contribution.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M.
le Président. Mmes Charbonneau,
Hallé, Poirier, merci beaucoup. Je
pense que vous savez que j'ai,
pour la fédération des loisirs en institution... Je porte la fédération dans
mon coeur, je trouve que c'est très important. Je me suis fait critiquer énormément
pour avoir financé des projets de loisirs dans les institutions. Que ce soit la
peinture, la musique, les arts, les clowns thérapeutiques, tutti quanti, les
gens disaient, effectivement : Ce n'est pas
essentiel — et
là je parle de l'extérieur, là, je ne parle même pas de l'intérieur, je parle
de l'extérieur — ce
n'est pas essentiel. Alors qu'il y a tellement de besoins de soins,
comme changer les couches, qu'est-ce que vous faites avec des loisirs en institutions?
Et je veux qu'on continue de parler de ça parce
que je considère personnellement que c'est fondamental, que ça fait partie de la vie, qu'on n'a pas le droit
de laisser des gens dans une institution à ne rien faire et à attendre, attendre la
fin de la vie, là. Je pense
qu'il faut que vous nous disiez davantage c'est quoi, un loisir en institution et ce que vous faites, comment vous animez les gens qui ont des
pertes cognitives ou les personnes plus jeunes, autrement que de regarder la
télévision, là. Qu'est-ce que vous faites avec ces personnes-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Poirier.
Mme Poirier (Louise) : Bien, c'est
sûr que — pour
répondre à votre question — ça
dépend de la clientèle. L'activité ne sera
pas la même avec une personne qui a des déficits cognitifs. Si c'est une
personne qu'il faut aller gérer une
crise, par exemple, bien on va y aller avec une technique
multisensorielle, exemple. On va aller essayer de travailler avec cette personne-là avec la douceur, là, on va
faire des activités avec elle. Si c'est un jeune, on va essayer de
répondre à ses besoins. Si c'est en période
estivale, nous, bien, on va essayer de faire des activités à l'extérieur, de
faire une sortie, de faire une balade. Écoutez, on est très, très, très
polyvalents.
Moi, je pense,
quand on commence notre journée, on a toujours une programmation d'activités qu'on a une
idée de qu'est-ce qu'on va faire de notre journée, mais, quand la journée
termine, on n'a jamais juste fait ça dans notre journée. C'est très… On va
commencer notre journée, mais, oups! s'il y a un besoin avec un client, ils
vont nous appeler, on va y aller. Il
y a une autre personne qui s'ennuie aujourd'hui, ça ne va pas bien, elle pleure
beaucoup; ils vont nous appeler, on va y aller. On est très polyvalents
dans ce qu'on fait. Puis il faut toujours être alerte à la créativité parce que
ce n'est jamais la même activité qu'on peut
faire avec un client, parce qu'on va faire des activités communautaires, on va
faire des activités de groupe, on va
faire de l'individuel. Puis, avec les différents types de clientèles qu'on vit
présentement, on travaille beaucoup sur l'individuel pour essayer de répondre
aux besoins de tous ces gens.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : …que vous croyez de
ces activités — en
dehors de vous comme intervenante ou intervenant — qui
entrent dans les institutions, comme les musiciens qui arrivent pour faire de
la musique, qu'elle soit populaire ou dite classique,
ou que ce soient des artistes de théâtre, ou que ce soient des peintres qui
viennent pour faire faire de la peinture à des gens, ou des gens qui ont
envie... l'art par la guérison, c'est-à-dire de mettre des oeuvres d'art sur
les murs pour égayer la vie des gens?
Qu'est-ce que vous pensez de l'art qui entre dans les institutions, ou des
loisirs, ou de la culture?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Charbonneau.
Mme
Charbonneau (Lise) : Il n'y en a pas assez, on n'a pas assez de sous pour en faire entrer encore plus.
Je vais parler de mon expérience
personnelle. À l'endroit où je travaille, on est deux intervenantes en loisirs
pour 345 résidents. Alors, il est
bien entendu qu'on ne peut pas toucher l'ensemble de la clientèle avec toutes nos activités
qu'on met à la programmation. Heureusement,
on a des sous de la fondation et, avec ces sous-là, on va chercher des
organismes extérieurs. Pour ne pas
les nommer, chez nous, on a la Société pour les arts en milieux de santé, on a de la
zoothérapie, on a Jovia, l'organisme Jovia, et on a de la
musicothérapie. Toutes ces activités-là sont subventionnées par la fondation.
C'est un plus,
un plus que moi, je ne pourrais pas faire. En tant qu'intervenante en loisirs,
je ne suis pas musicothérapeute, je ne ferai pas de l'art-thérapie. Je
suis très polyvalente, je peux faire plein de choses, mais, à un moment donné, quand ça devient un petit peu plus pointu, ça prend des professionnels
formés. Et nous, avec toutes ces activités-là, on en profite pour rejoindre une clientèle
que moi, je ne rejoindrai pas avec mes activités de ma programmation régulière qui
s'adresse un petit peu plus à l'ensemble de ma clientèle. Alors, avec ces
organismes-là, on va rejoindre des
clientèles qui sont un peu plus atteintes de déficits cognitifs. C'est là qu'on
va aller faire un petit peu plus d'activités individuelles ou de petits groupes parce qu'on sait que les personnes qui présentent des déficits cognitifs
un petit peu plus lourds, c'est avec des activités individuelles ou de
petits groupes qu'on va les rejoindre. Alors, c'est sûr que, si on n'en avait…
Moi, je dis
toujours : En loisirs, si on était huit intervenants, on en fait pour huit
intervenants, le résident en aurait juste
plus au bout de sa semaine, il y aurait des activités à tous les jours. Parce
que, oui, quand on regarde une programmation de loisirs, elle est pleine, on en a sur sept jours, on en a le soir,
les fins de semaine, mais le résident comme tel, il n'est pas à toutes
ces activités-là parce que, quand je fais une activité, en tant
qu'intervenante, de petit groupe sur une unité, pendant que je suis sur cette unité-là, je ne suis pas sur les autres
unités. Alors, plus… Puis des loisirs, on n'en a jamais assez. Nous, on sait qu'on peut aller au cinéma le
mardi soir, le mercredi, voir une pièce de théâtre, le jeudi, on va
aller voir un match de hockey, puis : Envoie, amène-z-en, on n'en a jamais
assez!
Moi, je pense que les loisirs en centre
d'hébergement, il faut que ça soit autant que les gens en veulent. C'est une offre de services. Plus on en offre, plus les
gens vont avoir un choix à faire — parce qu'ils sont encore aptes à
faire des choix — et
plus on va rejoindre un ensemble de clients. Alors, plus il y en a, mieux
c'est. Plus on va rejoindre, plus on va répondre aux besoins de notre
clientèle.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bon, merci d'être
ici. Parce qu'on parle souvent d'animation, on parle souvent d'alimentation, on parle souvent des bains; moi, je pense,
c'est des besoins de base. Et puis, quand vous parlez avec les gens qui vont visiter leurs parents qui sont en CHSLD,
la première chose qu'ils vont vous dire : Les gens sont malades
ici, puis ça doit être ennuyant.
Puis, pour
avoir travaillé en CHSLD, habituellement on a des animateurs. Moi, quand j'ai
travaillé en CHSLD, ça fait plusieurs
années, les gens avaient une certaine autonomie, même à un tel point qu'il y en
a qui pouvaient organiser des activités
à l'extérieur en autobus. Mais, à ma connaissance, dans les CHSLD, c'est moins
probable aujourd'hui qu'on puisse le faire. Ou est-ce qu'il y a des
clientèles avec qui on peut faire ce type d'activités là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Hallé? Mme Poirier.
Mme
Poirier (Louise) : C'est sûr
qu'il y a encore des activités qu'on peut faire au niveau
des sorties, comme vous dites. Mais
nous, en région, la problématique qu'on vit présentement, c'est d'avoir
les ressources, d'avoir les transports pour sortir ces
gens-là. Nous, présentement, ce qu'on vit, c'est que, si je dois sortir avec un
client, j'ai droit à un transport adapté et
que je dois m'organiser avec un autre organisme parce que lui, il peut me
permettre d'avoir le transport, exemple, de 10 heures à 1 heure de la
journée. Je n'ai jamais de transport de disponible de soir, je n'ai jamais de
transport de disponible les fins de semaine. Moi, c'est ce que je vis en région
présentement.
Nous avons un résident, dernièrement, qui voulait
faire une sortie. Ça tombe un samedi. On a été obligés de prendre un taxi et on
a fait environ 50 kilomètres avec le taxi pour vivre une activité qui a
duré une demi-heure, et ça lui a coûté 220 $ de taxi. Ça fait que moi, je me dis, tu
sais, on est très, très, très limités dans les activités extérieures
parce qu'on n'a pas la ressource d'avoir un transport qui nous permet de
pouvoir faire les sorties comme on aimerait faire avec les résidents.
Je pourrais
vous donner un exemple. La semaine
prochaine, je pars avec quatre
résidents, je vais aller leur faire faire une activité au centre de ski, on va aller faire du
fauteuil-ski adapté. Mais il a fallu que je m'organise avec un transport
qui me donne la disponibilité entre 10 heures et 2 heures de l'après-midi, et
je dois prendre ces heures-là pour pouvoir permettre à ces jeunes-là de pouvoir
faire l'activité.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Les gens qui ont des troubles cognitifs
importants, quels types d'activités que vous leur faites faire pour soit
les occuper ou que ce soit agréable pour eux autres?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Charbonneau.
Mme
Charbonneau (Lise) : Oui.
C'est là que... La musique, c'est une solution miracle parce que
souvent... la musique et les animaux,
je vous dirais. Les réponses qui me viennent en premier, c'est ça. Parce que, même si on fait une activité de musique sur l'unité, il arrive que les gens
qui sont atteints de déficits cognitifs lourds, sévères puissent quand même
sortir de l'unité et venir à la salle des loisirs assister à un concert, par exemple. Alors, les gens atteints de déficits cognitifs lourds, souvent on va les rejoindre par la musique, par la
zoothérapie ou par des interventions de très courte durée.
On a
commencé, nous, des massages de mains. Puis souvent, en sachant aussi leur
passé, bien, si c'est des gens qui aimaient
la lecture, on va aller faire des petits bouts de lecture. Mais c'est sûr qu'on
ne s'enligne pas pour des activités d'une
heure ou de 1 h 30 min.
C'est dans ce sens-là qu'on adapte
nos activités. Et on va se rendre
compte qu'au bout de 15, 20 minutes
c'est assez. Sauf que, si je n'ai pas de personnes-ressources en assez grand
nombre, bien mon petit 15, 20 minutes, s'il revient juste une fois par
mois, ce n'est pas beaucoup.
C'est de là
qu'on essaie d'embarquer dans nos activités les préposés ou tout autre
intervenant. Nous, à ce moment-là, on
s'appelle les agents multiplicateurs. On offre des possibilités, des petits
jeux simples, de la documentation pour que, si les préposés, ils ont un petit 15, 20 minutes à
donner, bien, qu'ils puissent le donner à ces résidents-là, que l'animation-loisirs
ne relève pas seulement de l'intervenant en
loisirs ou des intervenants en loisirs, qui sont en nombre très peu suffisant
pour répondre aux besoins de l'ensemble de
la clientèle. Alors, on essaie d'y aller avec des petites activités. Et je
reviens encore à tout ce qui est programme Jovia, programme de zoothérapie.
Avec cette clientèle-là, c'est tout indiqué. C'est tout indiqué parce que c'est des approches courtes, des interventions
courtes, mais très, très personnalisées, selon la personne.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon, il vous reste quatre minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Votre relation avec les familles et… Quelle est
l'implication des familles, tout dépendant
qui vient visiter puis si les gens peuvent venir régulièrement… comment vous
travaillez avec les familles, justement,
par rapport aux activités? Parce
que ça peut être des gens qui sont
très utiles. Et également, dans vos organisations, est-ce qu'il y a des bénévoles que vous coordonnez pour justement
être capables de multiplier l'efficacité? Parce qu'on veut quand même
être aussi réalistes, on voudrait faire beaucoup, beaucoup d'activités,
mais, à un moment donné,
il faut rajouter des infirmières, des préposés, des animateurs, des médecins. Il y a
comme une capacité financière du système, ça fait qu'il faut être capables de travailler
ensemble pour offrir les meilleurs services avec un coût qui est raisonnable.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Poirier.
• (17 h 50) •
Mme
Poirier (Louise) : C'est sûr
que la première approche qui se fait avec la famille, c'est toujours
une rencontre avec la famille pour
mieux connaître le résident avant tout, ce qu'on appelle un peu l'histoire de
vie de la personne. Là, le départ se
fait là avec la famille, de nous expliquer qu'est-ce que son parent, il aime faire, qu'est-ce qu'il aime moins
faire, ses habitudes de vie. Et nous, on part de là avec nos activités. Là,
c'est la première partie, c'est vraiment la famille qui sont aidants pour nous.
Mais ensuite, pour tout ce qui est activités communautaires,
qu'on parle de la fête de Noël, que ce soit la fête de la Saint-Valentin, quand
ça va être le temps des sucres, c'est sûr qu'on implique les familles pour
venir donner du temps avec nous pour voir
aussi… Justement, comme Mme Hallé disait tout à l'heure, on voit notre parent
différemment aussi dans ces moments-là. Ça
fait que, là, on les implique. Et là c'est souvent la phrase qu'on entend dire,
qu'ils sont très heureux
de voir leurs parents avec nous. Et souvent il y a un certain regret, de
dire : C'est triste qu'il n'est pas venu ici avant. Parce qu'ils
voient que l'état de santé de leurs parents, souvent, change.
Les résidents
arrivent à une étape de leur vie, et ça fait quelques semaines, quelques mois
qu'ils sont avec nous puis, oups! ils
se mettent à bien aller, leurs parents fonctionnent quasiment, des fois, avec
un agenda tant qu'ils sont tellement occupés à tout vouloir faire dans
le centre. Ça fait que c'est là qu'on voit que l'implication de la famille avec
nous, ça a une grande importance parce que
plus qu'on a de l'aide, plus qu'on peut organiser des choses. Puis des fois on
va aller chercher des forces d'une certaine
personne qu'on ne connaissait pas, puis qui va pouvoir nous donner du temps,
puis qui va pouvoir nous aider.
Puis, comme
tantôt Mme Charbonneau disait, oui, en grand centre, on a la chance d'avoir des
ressources. Nous, en région, bien, si
on voulait de la musicothérapie, on aurait un peu de difficultés à avoir une
ressource qui viendrait chez nous. On s'est aperçus qu'avec la
zoothérapie c'était la plus belle activité à faire avec notre clientèle. Et
moi, je suis allée chercher la formation à
Montréal pour pouvoir faire de la zoothérapie dans mon centre parce que je
n'avais pas de ressource. Ça fait
que, si je suis en train de faire de la zoothérapie, un après-midi, avec mes
résidents, c'est évident que — moi, je suis dans un centre, je suis
toute seule pour 94 résidents — les autres résidents, je ne les vois pas
dans cet après-midi là. Mais il faut être
très, très polyvalent pour justement répondre à tous les types de clientèles,
mais à tous les métiers, autant qu'on va faire des galettes qu'autant
qu'on va faire de la zoothérapie.
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement… Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau (Lise) : Bien,
j'aurais juste rajouté, concernant les bénévoles… La majorité, oui, des intervenants en loisirs travaillent avec des
équipes de bénévoles. La difficulté qu'on rencontre, bien souvent, c'est
que ce n'est pas dans tous les milieux qu'il y a des responsables de ressources
bénévoles. Si je prends mon exemple à moi, je
m'occupe aussi d'une équipe d'une vingtaine de bénévoles en même temps que je
suis technicienne d'intervention en loisirs,
ça fait que c'est sûr que je n'ai pas beaucoup de temps à mettre pour le
recrutement, et le suivi, et la formation.
Mais ce que
je voudrais dire, parce que ça renchérit au niveau des familles — je vais terminer là-dessus — c'est
que moi, particulièrement, c'est spécial
parce que presque tous mes bénévoles sont des anciens membres de familles
qui ont tellement aimé ça qu'ils sont restés comme bénévoles. Alors donc, d'où
l'importance d'impliquer nos familles parce que,
s'ils sentent que c'est un milieu qui est agréable, positif, bien, après ça, ça
nous fait des très, très bons bénévoles
parce qu'ils connaissent très bien le milieu, ils s'y sentent bien. Souvent, au
décès du proche, ils se retrouvent avec un grand vide, ces gens-là. Alors, s'ils ont le goût de venir
continuer leurs visites mais en tant que bénévoles, bien c'est positif.
Mais, oui, on travaille avec des bénévoles, mais, ça aussi, c'est une denrée
rare.
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence. C'est de la musique à mes
oreilles. Ce que vous incarnez, c'est
exactement ce qu'on dit de plus en plus, c'est de créer des milieux de vie et
qu'il y ait des interventions qui vont
beaucoup plus dans le sens de ce que vous faites, c'est-à-dire de distraire nos
bénéficiaires, de leur permettre… la notion de plaisir, qu'on perd
souvent dans les CHSLD parce qu'on parle beaucoup de soins, on parle beaucoup
de médication. Alors, ce que vous, vous venez d'ajouter, c'est la création d'un
milieu de vie et la notion de plaisir.
Puis c'est
étonnant de voir… Moi, j'ai travaillé aussi en CHSLD, mais je suis allée
récemment dans des milieux de vie où
effectivement on a eu des gens en musicothérapie, où on a vu des bénéficiaires
atteints de démence sévère être capables
de connaître les paroles des anciennes chansons, mais de a à z. Alors, ces
gens-là, qui ne reconnaissent plus les membres de leur famille, peuvent
très bien chanter la chanson de a à z, et tout le monde est surpris de voir que
leur mémoire à long terme, elle est toujours là. Et non seulement de chanter,
mais de sourire en chantant, c'est un baume quand on les voit.
Moi, j'aurais
une question à vous poser et, si ce n'est pas le cas, peut-être une suggestion
à vous faire. Est-ce que vous avez des chiffres qui démontrent que le
fait de votre présence dans les CHSLD fait en sorte qu'on utilise moins des
psychotropes, qu'on utilise moins des contentions et donc donne une économie au
système qui vous permettrait de vous multiplier.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Hallé (Anne-Louise) : Malheureusement...
Le Président (M. Bergman) :
Mme Hallé.
Mme Hallé
(Anne-Louise) : Excusez-moi.
Malheureusement, il n'y
a pas beaucoup d'études. Les études
qu'on a actuellement, c'est plus des études au niveau américain, et les centres
d'hébergement du côté américain ne sont pas la
même réalité qu'ici, au Québec. Donc, on n'a pas d'études ici qui sont faites vraiment
sur l'impact. Mais, si on regarde ceux
du côté de nos cousins américains, effectivement, oui, il
y a un impact positif et il y a
des répercussions importantes sur, entre autres, la médication pour nous aider au niveau du sommeil le soir, une
médication plus douce avec une petite activité de loisirs peut très bien
pallier à cette médication-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Charbonneau.
Mme
Charbonneau (Lise) : Une petite activité où on aurait offert un petit
verre de vin rouge au souper. Habituellement,
ça fait une bonne job pour remercier les gens, mais c'est... Moi, je dis tout
le temps : Les personnes âgées sont
en centre d'hébergement, mais ce sont des humains. Alors, s'ils aimaient
prendre un petit verre de vin rouge au souper à l'occasion, bien il faut
continuer ça. C'est ça un peu le milieu de vie.
Et
je voulais en revenir aux contentions, parce qu'on a eu la chance d'assister à
la fin du groupe avant puis on parlait
de contention chimique. Moi, j'ai été témoin, à certaines occasions, de personnes
âgées en situation de crise parce qu'il
ne voulait pas prendre ses médicaments, ou autres, il ne voulait pas aller au
bain. Et on a profité de la présence de la musicothérapeute pour venir faire une petite intervention, ou même de la
présence de Jovia, qui est… La Belle Visite, anciennement Dr Clown, pour dire : Est-ce qu'on essaierait ça?
Parce que, là, on n'a plus le contrôle, madame est en crise, bon, elle
donne des coups, puis tout ça. Puis on a réussi. Ça ne marche pas toujours.
Mais, oui, à plusieurs occasions, on a réussi.
Alors,
moi, j'appelle ça les mesures alternatives. Justement, en situation de crise,
alors, au lieu de donner un PRN ou de
s'acharner après... Puis c'est difficile pour le personnel aussi. Alors, c'est
sûr que ces mesures alternatives là, on ne les a pas en permanence dans
nos milieux, mais, au moment où on les a, si on peut s'en servir, bien,
pourquoi pas? Et effectivement, des fois, ça peut limiter... Mais on n'a pas de
chiffres pour dire les économies qu'on fait.
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme
Charbonneau, Mme Hallé, Mme Poirier, merci d'être ici avec nous et partager
votre expertise avec nous.
Collègues,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la commission quelques
instants seulement avant de commencer une séance de travail sur un autre
mandat.
(Suspension de la séance à
17 h 58)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, la commission reprend ses travaux. Je vous rappelle que
la commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et
auditions publiques sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre
d'hébergement et de soins de longue durée.
Ce
soir, nous avons le privilège de recevoir le Vérificateur général du Québec.
Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour
faire votre présentation, suivie d'un échange avec les membres de la commission. Pour fins d'enregistrement, on a besoin de votre nom et le nom de ceux qui vous accompagnent,
ainsi que vos titres. Alors, le micro est à vous, M. Samson.
Vérificateur général
M.
Samson (Michel) :
Merci, M. le Président. Alors, Michel Samson, Vérificateur général du Québec.
Je vous présente les gens qui m'accompagnent : à ma droite,
Marie-Claude Ouimet, qui est directrice principale au bureau du Vérificateur général; à l'extrême droite, Josée Bellemare, qui est chargée de projet, au Vérificateur général, évidemment; et, à ma gauche,
Mme Carole Bédard, qui est directrice de vérification chez nous aussi.
Donc, c'est des gens qui connaissent très bien le sujet dont on va
discuter ce soir, qui ont participé, d'ailleurs, aux travaux dont on vous a
fait un résumé dans le mémoire qu'on a transmis.
Donc,
M. le Président, Mmes et MM. les membres de cette commission,
c'est avec intérêt que je participe à cette séance de la Commission de la
santé et des services sociaux portant
sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement
et de soins de longue durée.
En 2011, je débutais
la réalisation d'une vérification de l'optimisation des ressources portant sur
les services d'hébergement des personnes âgées en perte d'autonomie, dont ceux
offerts en centre d'hébergement et de soins de longue durée. Le rapport, déposé en mai 2012, fait partie du Rapport du
Vérificateur général du Québec à l'Assemblée nationale pour l'année 2012‑2013.
Cette vérification s'est articulée autour de trois axes, soit la gestion des
ressources d'hébergement, le financement des
services et le contrôle de la qualité. Elle avait été effectuée auprès du
ministère de la Santé et des Services sociaux, de deux agences et de
quatre centres de santé et de services sociaux.
Plusieurs
constats et recommandations formulés alors concernent les défis soulevés par la
commission dans le document de consultation. Je vous présenterai
aujourd'hui mes observations dans l'ordre qu'elles sont traitées dans ce document, soit les orientations et
l'information de gestion au regard des ressources d'hébergement, ainsi que les
défis suivants : l'accessibilité, le financement, les services et les
soins, ainsi que l'organisation du travail, et enfin le suivi de la qualité. Je n'aborderai pas les autres
défis, soit l'organisation physique, les clientèles particulières, les proches
aidants et la formation du personnel, puisque mon rapport de vérification n'en
traitait pas.
Vous trouverez
également dans la présentation que je vous ai transmise d'autres constatations
faites dans mon rapport et des extraits des plans d'action transmis par les
entités afin de donner suite aux recommandations que nous avions formulées.
Nous
avons constaté, lors de notre vérification, que, quoique le ministère ait
formulé à son réseau des orientations sur les services d'hébergement,
certaines mesures prévues depuis au moins sept ans tardent à s'implanter, dont
la définition de balises quant à l'offre de
services par niveaux de perte d'autonomie et de critères d'accès par type
d'hébergement.
Par ailleurs, les
entités vérifiées n'ont pas de portrait à jour ni des personnes âgées en perte
d'autonomie, qui inclut leur profil d'autonomie et leurs besoins, ni des
services offerts par les ressources d'hébergement ou de l'accès à celles-ci. Il
est alors difficile d'assurer l'adéquation entre les besoins et les services
offerts.
À
ce titre, nous avions recommandé au ministère de mettre à jour ses orientations
et de mettre en oeuvre un nouveau plan
d'action. De plus, nous lui avons recommandé, ainsi qu'aux entités vérifiées,
de disposer de l'information suffisante
à l'égard des besoins des usagers, des ressources d'hébergement, des services
offerts et de l'accès à celles-ci.
En
matière d'accessibilité, notre constat est que les usagers sont hébergés selon
la disponibilité des ressources d'hébergement plutôt qu'en fonction de
leurs besoins. Les installations existantes ne correspondent pas toujours aux besoins de la clientèle, ce qui entraîne parfois
une utilisation inadéquate de ces dernières. Le développement de ressources
pour une clientèle moins lourde que celle
des CHSLD lui permettrait d'avoir accès à un type d'hébergement plus
approprié. Par exemple, parmi les personnes
admises dans un centre d'hébergement dans les régions de la Capitale-Nationale
et de Montréal entre
octobre 2010 et septembre 2011, plus du quart avaient un profil
d'autonomie inférieur à celui préconisé pour ce type de ressources.
Dans
certaines situations, la décision
peut être justifiée, mais une analyse plus détaillée permettrait de
déterminer les placements requis et ceux qui le sont moins. Toutefois, le
ministère manque d'information sur l'accès aux différentes ressources
d'hébergement, et les listes d'attente des deux régions ne montrent pas le
besoin réel de places par type d'hébergement.
Nous avons recommandé aux entités vérifiées de réserver les lits en centres
d'hébergement et de soins de longue durée principalement aux personnes
en lourde perte d'autonomie.
En
ce qui a trait au financement, nous avons constaté qu'il comporte des disparités
et qu'il ne tient pas suffisamment compte des besoins de la clientèle.
Les budgets accordés aux CHSLD le sont sur une base historique. Bien que le ministère ait évalué le coût moyen
d'une place en centre d'hébergement, il n'a effectué aucune analyse de
coûts par établissement afin de déterminer les causes des variations et de
juger de leur pertinence.
Outre
l'indexation annuelle, la contribution demandée à l'usager hébergé en CHSLD et
les règles servant à l'établir n'ont
pas été revues depuis plus de 15 ans. Notamment, le lien entre la
contribution et les coûts des services n'a pas été démontré. En 2011, la contribution maximale
demandée ne couvrait que 78 % des frais liés au gîte et au couvert. De
plus, la méthode de calcul crée des
iniquités selon les avoirs ou la situation familiale de la personne. Nous avons
recommandé au ministère de revoir et de
réévaluer périodiquement la contribution des personnes âgées hébergées ainsi
que l'ensemble des frais qu'elles assument.
Pour
ce qui est des services et des soins offerts ainsi que de l'organisation du
travail, les ressources d'hébergement destinées à des clientèles
semblables fournissent des services d'intensité et de nature variables quant au
temps moyen quotidien disponible par usager, sans que les écarts aient été
expliqués. Ainsi, les jours de semaine, le temps moyen disponible par usager atteint 102 minutes dans un centre
d'hébergement, alors qu'il est de 37 minutes dans un autre les jours de fin de semaine, soit une variation de
176 %. Par ailleurs, les nuits de fin de semaine, le nombre d'usagers
par employé varie considérablement d'une installation à l'autre.
En
outre, la qualification du personnel et les services offerts sont variables
dans les six centres d'hébergement visités.
Des différences importantes existent dans la composition des groupes d'employés
alors que chacun d'eux exerce des fonctions précises. Par exemple, le
ratio d'infirmières par rapport aux infirmières auxiliaires varie de 25 %
à 77 % les jours de semaine et de
20 % à 100 % le soir. De plus, le temps moyen quotidien disponible
pour les services professionnels par
résident est variable. Nous avons recommandé aux agences et aux CSSS de
s'assurer que les établissements adaptent et développent les ressources d'hébergement en fonction des besoins des
personnes âgées en perte d'autonomie et voient à ce qu'elles reçoivent
les services requis par leur condition.
En
matière de suivi de la qualité, le ministère ne s'assure pas que l'ensemble des
mesures permet une surveillance suffisante
et adéquate de la qualité de tous les types de ressources d'hébergement. Les
résultats des différents contrôles effectués
ne sont pas intégrés et tous diffusés, ce qui ne permet pas d'obtenir le
portrait global de l'ensemble des ressources d'hébergement ni de les
comparer.
Ainsi, en ce qui a
trait aux visites ministérielles, le contrôle est peu fréquent. En 2012, le
premier cycle de visites avait commencé il y
a huit ans. De plus, l'évaluation n'est pas effectuée à partir
d'indicateurs et est essentiellement qualitative, ce qui rend la
comparaison difficile entre les installations. L'agrément par une autorité
externe est fait auprès du CSSS, mais
certains CHSLD des centres de santé vérifiés n'ont pas été visités. Enfin,
toute installation offrant plus d'une
heure de soins devrait avoir un permis de centre d'hébergement comme le
prescrit le ministère, mais plusieurs résidences privées pour aînés ne
demandent pas les autorisations requises et le ministère n'effectue aucun
contrôle pour s'assurer du respect de la
règle. Nous avons recommandé au ministère de veiller à ce que l'ensemble des
mesures de contrôle de la qualité permettent une surveillance suffisante et
adéquate des ressources d'hébergement.
En terminant, j'aimerais souligner que plusieurs
des lacunes relevées dans mon rapport de vérification correspondent aux
préoccupations soulevées par la commission dans le document de consultation.
Les entités vérifiées ont été appelées à produire un plan d'action pour les
corriger, ce qui devrait permettre, nous le souhaitons, d'améliorer les
conditions de vie des adultes hébergés en CHSLD. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Bergman) : Merci, M. Samson, pour votre
présentation. Collègues, est-ce qu'il y a consentement afin de permettre
au député d'Orford de participer à la séance de ce soir? Consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Bergman) : Consentement. Maintenant, pour le bloc du
gouvernement, Mme la députée de Sainte-Rose.
• (19 h 40) •
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonsoir, monsieur, mesdames.
Il me fait plaisir de vous accueillir dans cette commission. Alors,
M. Samson, vous dites que votre rapport a été déposé en mai 2012, et
il couvrait, si je comprends bien, la période 2010‑2011, une seule
année?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Un petit
instant, je veux vous donner la réponse exacte. Je m'excuse. Notre vérification
a porté sur les activités des exercices 2010‑2011 et 2011‑2012, effectivement.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci. Effectivement, il y a certains constats, là, qui suscitent des
questionnements. Alors, je vais commencer par vous demander… Lors de
votre vérification portant sur les ressources et les services d'hébergement, hein, il
y a des éléments, là, pour lesquels
nous, on se préoccupe, mais qui ne faisaient pas partie de votre mandat,
donc, essentiellement, c'était sur les ressources services d'hébergement des personnes
âgées. Et un des constats que vous avez
faits, c'est qu'il y a des mesures prévues depuis environ sept ans
qui tardent, qui ont tardé, qui tardaient à être mises en place. Est-ce
que vous pourriez élaborer un peu
plus sur ces précisions-là au niveau
de ces retards d'implantation,
qu'est-ce que c'est et pourquoi ça a tant tardé à être mis en place?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Oui, comme vous l'avez dit, effectivement les mesures qui étaient
prévues depuis au moins sept ans ont tardé à s'implanter. Je peux vous
donner deux exemples de ces mesures-là qui n'étaient toujours pas
implantées, soit la définition de l'offre de services par niveaux de perte d'autonomie et la détermination de critères
d'accès par type d'hébergement selon le profil. Donc, c'étaient quand même
deux éléments majeurs que l'on considère, là, qui n'avaient pas été faits
depuis que ces mesures-là, il y
a sept ans, avaient été annoncées, qui n'avaient pas été définies par le ministère
lors de nos travaux.
Mme Proulx : Et est-ce que ce
retard-là a eu des conséquences particulières?
M. Samson (Michel) : Bien, écoutez, je pense que certains constats
qu'on a dans le rapport, par la suite, découlent
effectivement du retard qu'il peut y avoir eu au niveau de l'application de ces grandes orientations là. Lorsqu'on
dit, plus tard, un petit peu plus loin dans le rapport, qu'on a constaté qu'il y avait des ressources qui étaient hébergées, par exemple, en CHSLD alors que
leur profil d'autonomie ne correspondait pas à ce besoin-là, je pense que c'est un lien direct à faire avec le fait qu'on n'a pas bien déterminé les
balises ou donné des orientations claires dans le réseau pour contrecarrer
ce genre de situation, malheureusement.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Et, suite à la publication de votre rapport, notamment
sur ces éléments-là, le ministère vous a soumis
un plan d'action pour donner suite à vos recommandations. Est-ce qu'à vos yeux ce plan d'action soumis
représente une avenue intéressante?
Le
Président (M. Bergman) : M. Samson.
M. Samson (Michel) :
Oui, M. le Président. Comme vous le savez, lorsqu'on dépose un rapport de ce
genre-là, d'optimisation des ressources, le ministère ou les organisations
concernées nous transmettent un plan d'action, et ce plan d'action là
aussi est remis aux membres, à la demande des membres de la Commission de
l'administration publique.
Dans
ce dossier-là, il y a, d'ailleurs, eu une audition de la Commission de
l'administration publique où les membres de la commission ont pu discuter du
contenu de ce rapport et du plan d'action qui avait été proposé par le ministère et les agences. Et nous, de notre côté,
évidemment on prend connaissance du plan d'action, mais vous comprenez
qu'on ne procède pas à une vérification.
Ce qu'on a constaté, c'est que les
actions qui étaient prévues dans le plan d'action, si elles étaient appliquées
et si le ministère et les agences allaient
de l'avant, ça devrait permettre de corriger les situations qu'on avait
soulevées, mais on n'a pas fait de vérification pour aller constater sur
le terrain ou au ministère si les gestes avaient tous été posés. Normalement,
lorsqu'on dépose un rapport, on effectue notre suivi, qu'on appelle, pour aller
voir si les actions ont vraiment été
appliquées trois ans après le dépôt de notre rapport. Donc, comme le rapport
a été déposé en 2012, mai 2012, on devrait effectuer un suivi,
normalement, autour de 2015 pour voir l'application des recommandations et la
mise en place du plan d'action.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Vous dites aussi, dans votre
rapport, que vous avez constaté, dans vos vérifications, là, du réseau
d'hébergement public, toujours en 2010‑2011, que les usagers étaient hébergés
selon la disponibilité
des lieux d'hébergement plutôt qu'en fonction de leurs besoins et vous
mentionnez aussi que les installations existantes
ne correspondaient pas toujours aux besoins de la clientèle, ce qui entraînait
parfois une utilisation inadéquate de
ces ressources d'hébergement. Si, en 2010‑2011, nos CHSLD n'hébergeaient pas la bonne clientèle, quelles seraient les solutions, vous pensez, à mettre en place rapidement pour qu'en 2014 on puisse effectivement héberger les bonnes personnes aux
bons endroits?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Écoutez, je ne voudrais pas
dire qu'en mettant ces solutions-là en place
qu'en 2014 tout serait corrigé parce qu'il faut quand même… Il y a des gens qui
peuvent être hébergés en CHSLD et
dont le profil ne correspond pas à ce type de besoin là, mais, pour toutes
sortes de circonstances, il n'y a pas d'autre place, donc la personne
est en CHSLD et c'est tout à fait normal.
Là, je veux
être clair dans mes propos, c'est tout à fait normal que la personne demeure en
CHSLD si on n'a pas d'autre ressource
où cette personne-là peut aller. Mais c'est certain que le développement de
places en ressources intermédiaires
ou d'autres types de ressources permettrait justement de désengorger — permettez-moi l'expression — peut-être ces places-là au niveau des
CHSLD. Parce que ce qu'on constate, c'est que c'est des gens qui ont une
autonomie plus grande, donc qui n'auraient
pas nécessairement besoin d'être en CHSLD, tout comme on a vu dans des
ressources intermédiaires des gens qui
étaient là et, avec des soins à domicile, un meilleur suivi de soins à
domicile, les gens auraient pu demeurer possiblement dans leur
résidence, donc ça aurait libéré des places.
Il y a un peu
une cascade, à ce moment-là, qui pourrait se faire. De vous dire, si ce serait
mis en place, est-ce que ça corrigerait tout de suite? Je ne penserais
pas, bien honnêtement, parce qu'il y a quand même un certain processus qui est
assez long, mais c'est sûr que ce seraient des pas dans la bonne direction.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui, merci.
Donc, ce qui est notamment proposé dans le plan d'action du ministère pourrait
représenter des réponses satisfaisantes, là, éventuellement, si c'était mis en
place.
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, effectivement, si c'est mis en place et bien
appliqué — chose
qu'on verra en 2015 possiblement — oui, ça permettrait de
corriger des situations qu'on a relevées.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. M, le
vérificateur, vous abordez aussi… En 2010‑2011, vous avez constaté des écarts importants dans les ratios d'infirmières par
rapport aux infirmières auxiliaires. Ces écarts, selon votre rapport,
variaient de 25 % à 77 % les jours
de semaine et de 20 % à 100 % le soir. Et le temps moyen quotidien
disponible pour les services professionnels par résident était variable
aussi d'une installation à l'autre. Au niveau de l'accessibilité à des services
professionnels en milieu d'hébergement, quelles sont les lacunes que vous avez
le plus souvent observées? C'était quel genre de difficultés ou de lacunes, là,
que vous avez soulevées?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
Des voix :
…
M. Samson (Michel) : M. le
Président, excusez-moi du temps de réaction ou de réponse.
Le Président (M. Bergman) :
Non, ça va, M. Samson.
M. Samson
(Michel) : En fait, ce que ma collègue me mentionne, c'est que
le ministère compile un seul indicateur, donc on n'est pas en mesure de
savoir est-ce que c'est au niveau des physiothérapeutes, des ergothérapeutes où
les disparités sont les plus grandes. C'est très difficile de le savoir
présentement avec l'information de gestion qui est disponible… qui était
disponible à ce moment-là, lorsqu'on a fait nos travaux, au ministère.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Est-ce que cette information de gestion correspondait à vos attentes ou s'il y
avait des lacunes aussi au niveau de l'information de gestion?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Il y avait des lacunes… On
avait des commentaires au niveau de l'information de gestion. Parce
qu'on pense, encore là, si on veut réussir à donner les soins appropriés et
d'une façon équitable à nos personnes qui sont hébergées
en CHSLD ou dans d'autres types de résidences, bien, on doit avoir une information de gestion qui est de qualité, qui
nous permet de définir certaines balises ou certains standards qu'on se
fixe dans tout le réseau et qu'on se donne comme objectif de respecter, chose
qui n'existe pas présentement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Avez-vous
une recommandation particulière au niveau de l'information de gestion?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) : Oui, M.
le Président. Oui, on avait recommandé aux entités vérifiées, c'est-à-dire au ministère, aux agences et aux CSSS, de disposer de
l'information suffisante à l'égard des besoins des usagers, des ressources d'hébergement, des services offerts et
de l'accès à celles-ci. C'est une recommandation, je conviens, qui est quand même assez générale, mais, lorsqu'on lit le
rapport, elle est en lien avec plusieurs constats qui sont dans le
rapport, et c'est pour ça qu'elle peut
paraître très générale, mais elle regroupe plusieurs éléments qu'on a soulevés
dans le rapport.
• (19 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
En fait, ce qu'on doit comprendre, c'est qu'il y avait matière à amélioration
au niveau, de façon générale, de l'information disponible permettant
d'organiser, là, les ressources de manière optimale, notamment en termes de
ratio de personnel soignant.
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) : Tout à
fait. Oui, tout à fait. J'ajouterais peut-être aussi, si vous permettez, une information de gestion qui permet de comparer les
résultats ou les données entre les mêmes types d'établissements, chose
qui ne se fait pas non plus, pouvoir comparer les services offerts, les ratios
entre deux CHSLD, entre des ressources intermédiaires, pour optimiser,
justement, les services qu'on rend puis être sûrs qu'on rend les bons services
et de la bonne façon en se comparant pour voir où sont les plus performants, si
je peux m'exprimer de la sorte.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Dans votre mémoire, toujours pour la période 2010‑2011, vous abordez la
question de la conduite et de la
validité des visites ministérielles et d'appréciation, là, en CHSLD.
Pouvez-vous nous résumer les constats les plus…
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui. En fait, au niveau du contrôle de la qualité,
ce qu'on a constaté, c'est que ce
contrôle-là est très variable. Il y a différents services, différentes
organisations qui exercent des activités de contrôle de la qualité, mais
tout ça n'est pas nécessairement coordonné, et le ministère n'a pas un portrait
global. De plus, par exemple, on a des visites ministérielles, l'agrément par
une autorité externe, différents permis qui sont donnés, et tout ça n'est pas nécessairement coordonné. Les visites
étaient annoncées, dans certains cas, bien à l'avance. Donc, à notre
avis, ça n'assurait pas un contrôle de la qualité qui était optimum au niveau
de toutes ces visites-là.
Donc, il y
avait lieu de revoir tout le processus parce qu'il y a plusieurs types
d'agrément ou de visites de contrôle qui sont faits de part et d'autre
par différents intervenants, et, comme je l'ai dit, tout ça n'était pas
nécessairement coordonné de façon globale et
à la fin le ministère n'a pas non plus une vue d'ensemble des résultats de tout
ça. Donc, le ministère n'était pas en
mesure de juger des problématiques importantes ou non qu'il pouvait y avoir
dans un CHSLD par rapport à une autre organisation, compte tenu qu'il
n'a pas le portrait global de toutes ces différentes visites là qui visent à
assurer un contrôle de la qualité.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Et
qu'est-ce qui pourrait être fait? Ce serait quoi, vos recommandations par
rapport à ce contrôle de la qualité? Comment
faire en sorte qu'on puisse avoir une vue d'ensemble puis une vision globale et
pouvoir se comparer aussi, là, d'une institution à l'autre, d'un centre à
l'autre?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) : M. le
Président, oui. Premier élément, une meilleure coordination, c'est certain, qui
permettrait… puis une action, je dirais,
beaucoup plus sentie ou proactive de la part du ministère à cet égard-là.
Donc, en ayant une meilleure coordination, bien, évidemment on assurerait que
les… pas les inspections, mais les contrôles de qualité se font en bonne et due
forme, et de façon uniforme, et que le ministère est au courant de tous ces
résultats-là, donc qu'il est capable
d'intervenir dans les endroits les plus problématiques. Le ministère doit avoir
un portrait global de la situation, chose qu'il n'a pas présentement.
Mais, encore là, il faut coordonner tous ces différents types de visites là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui. Et vous parlez de la coordination qui semblait, à cette époque,
déficiente, là, ou peu présente. Comment on aurait pu mieux coordonner…
Y a-tu des outils qui auraient pu être mis en place, développés? Y a-tu des orientations qui auraient pu être données, des
directives clairement établies? Qu'est-ce qui fait que vous avez
constaté ce manque de coordination?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Comme je l'ai mentionné, c'est
sûr qu'une meilleure proactivité du ministère aiderait beaucoup dans
cette situation-là. Un leadership plus senti à cet égard-là aiderait pour
uniformiser la façon de fonctionner dans
tout le réseau, et des interventions auprès des agences et des CSSS pour
s'assurer que tout est coordonné et surtout que lui reçoit le portrait
final pour être en mesure de mieux juger de la situation.
Vous savez,
en Ontario, il se fait des… puis je ne vous dis pas que c'est la meilleure
façon de faire, mais il se fait toutes
sortes de visites au niveau du contrôle de la qualité, et les résultats sont
publiés, les résultats sont publics, de ces visites-là. Donc, il y a
quand même un incitatif, vous savez, lorsqu'on sait que nos résultats de visite
vont être rendus publics, bien je pense que ça laisse tout le monde un peu sur
le qui-vive, si je peux m'exprimer ainsi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Est-ce que vous en avez fait une
recommandation? Ou est-ce que vous en faites une recommandation?
M. Samson (Michel) : Notre recommandation
n'était pas de rendre publiques les données. Je pense que c'est au ministère à prendre cette décision-là et à l'évaluer. Mais
c'est certain que, comme je le mentionnais, il doit y avoir une
meilleure coordination et une action plus soutenue du ministère pour avoir un
portrait global.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : J'aimerais que vous nous parliez un peu des
constats que vous avez pu faire dans votre vérification par rapport au financement. Qu'est-ce
que vous pouvez nous dire du mode de financement? Est-ce que, selon vous, ça répond aux besoins? Est-ce que c'est la manière optimale, celle qui avait cours,
là, en 2010‑2011, par
rapport à ce qu'on pourrait… Qu'est-ce
qu'on devrait changer et comment on devrait optimiser le financement?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Écoutez, je pense que vous savez que, dans le réseau de
la santé, qui est un réseau… un gros réseau, un réseau important, les
allocations ont toujours… bien, ont toujours été faites sur une base historique
depuis très longtemps. Il y a une indexation qui est faite à chaque année, évidemment,
mais les allocations ont continué à être faites sur une base historique, ce qui
fait en sorte qu'il n'y a rien qui nous assure que les sommes allouées
correspondent bien aux besoins d'une région donnée ou d'un CHSLD concerné,
étant donné qu'on y va sur une base historique qu'on indexe.
Bon, le ministère a mis en place, je sais, dans
les dernières années, certaines allocations plus particulières ou précises pour
commencer un peu, je dirais, à défaire cette tendance historique là, mais
évidemment les sommes en jeu sont tellement
importantes, ça va prendre beaucoup de temps avant qu'on réussisse à changer la
façon de faire. Donc, c'est vraiment
sur une base historique. Et, en y allant sur une base historique, présentement
ce qu'on peut conclure, c'est qu'il
n'y a rien qui nous assure que ça répond aux besoins soit de la région ou du
centre, du CHSLD concerné. Il reçoit ce qu'il avait eu l'année
précédente augmenté de tant de pour cent, donc ce n'est pas en lien avec les
besoins que cette organisation-là aurait.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Vous, comme vérificateur, là, vous êtes habitué de regarder ces données-là
année après année. Avez-vous une idée, une opinion sur pourquoi c'est
demeuré comme ça? Vous dites que le financement sur une base historique ne
répond pas vraiment aux besoins. Et pourquoi? Pourquoi c'est comme ça depuis...
Pourquoi il n'y a pas eu de changement ou de...
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) : Oui, M.
le Président. Écoutez, bien honnêtement, je ne serais pas en mesure de vous répondre pourquoi c'est toujours comme ça puis ça
perdure comme ça. Ce que je peux vous dire, c'est que, dans le réseau de
la santé, au ministère de la Santé, on réalise des mandats quand même assez
régulièrement, et c'est souvent un élément
qu'on note. Ce n'est pas uniquement au niveau des services d'hébergement, on
retrouve la même situation dans d'autres secteurs, et c'est un virage
important qu'il y aurait à faire, qu'on voit dans d'autres provinces, dans
d'autres juridictions, qui se fait présentement. On n'y va pas en fonction
d'une base historique, mais en fonction plus d'une performance,
je dirais. Mais, vous comprenez, ici, on parle — le ministère de la
Santé — de
plusieurs dizaines de milliards qui sont en
jeu. Donc, il y a un équilibre à trouver là-dedans.
Mais vous dire pourquoi on a toujours
continué sur une base historique, je pense que c'est les gens du ministère qui
seraient les plus aptes à vous répondre là-dessus.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose, il vous reste deux minutes.
Mme Proulx : Vous mentionnez aussi la contribution des usagers
qui est à revoir, qui n'a pas été revue depuis 15 ans. Qu'est-ce
que vous pouvez nous dire là-dessus?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
• (20 heures) •
M. Samson (Michel) : Oui, M.
le Président. Ce qui est convenu au ministère, c'est que les personnes en CHSLD, le coût d'une place en... le service que
l'on rend et le coût que l'on demande à une personne vise à couvrir ce qu'on appelle le gîte et le couvert, dans le fond. C'est ce qu'on veut couvrir avec la contribution que l'on demande à
la personne en CHSLD.
Bon. Le ministère n'avait pas vraiment de
données très précises sur ce que représentait le coût du gîte et du couvert. L'équipe a fait des analyses pour établir
ce que pourrait être le coût du gîte et du couvert. Je crois qu'on est
arrivé à environ 2 100 quelques
dollars, là, d'un montant qui représentait le gîte et le couvert, alors que le
montant maximum qui était demandé aux usagers à ce moment-là était de
1 600 quelques, 1 668 $, 1 670 $. Donc, il y avait
quand même un écart de presque 28 %
entre les deux. Bon. Ce qu'on a dit au ministère, dans le fond, c'est de
refaire ces analyses-là, et d'envisager
cette possibilité-là, puis surtout de déterminer précisément combien coûtent le
gîte et le couvert pour avoir
la bonne information et ensuite prendre la décision en toute connaissance de
cause.
Parce que
vous comprenez que le ministère, d'un point
de vue politique, pourrait
décider : Je sais que ça coûte 2 000 $. Par contre, pour
raisons x, y, z, je demande 1 800 $, tu sais? L'essence de notre
commentaire n'est pas de dire : Nous,
on a évalué que ça coûte 2 100 $, vous devez obligatoirement demander
2 100 $. On dit : Il y a un écart. Vous dites que le
service que vous rendez et le coût que vous demandez sert à couvrir le gîte et
le couvert. Ce qu'on vous dit :
Présentement, ce que vous demandez ne couvre pas le gîte et le couvert. Donc,
faites des analyses plus précises et positionnez-vous, parce que,
présentement, au Québec, on est la province… Puis ce n'est pas nécessairement
une lacune, mais il faut quand même mettre
ça en perspective, on est la province où le coût est le moins élevé parmi les
autres juridictions au Canada au niveau du coût. Dans les autres provinces, le
coût est beaucoup plus élevé que 2 000 $. On va jusqu'à même
3 000 $ par usager. Donc, le ministère doit mettre ça en perspective
et prendre la décision qu'il juge la plus
appropriée. Mais présentement il y avait vraiment, je vous dirais, une absence
d'information à cet égard-là au niveau du ministère.
Le Président (M. Bergman) :
Donc, pour le bloc de l'opposition officielle, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bonjour, bienvenue à
notre commission. Je pense qu'on est rendus qu'on a des rencontres
régulières, là. Je suis à peu près certain que vous avez dû faire des travaux
pour dire combien ça prend de places de
CHSLD par 100 personnes de 65 ans et plus par CSSS, combien ça prend de places
de ressources intermédiaires par 100
personnes de 65 ans et plus par CSSS, puis c'est quoi, l'intensité au niveau
des soins à domicile qu'on doit donner aux personnes qui en ont besoin.
Puis on estime généralement que c'est 15 % des gens de 65 ans et plus qui ont besoin de soins à domicile.
C'est quoi, l'intensité qui doit être donnée en termes de soins? Est-ce
que vous avez tenu compte de ça dans vos travaux?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. On n'a pas fait d'analyse à
cet égard-là. Ce qu'on a fait, dans le fond, on a travaillé avec les
standards que le ministère avait donnés, les balises que le ministère lui-même
s'était fixées. C'est avec ça qu'on a fonctionné, mais on n'a pas fait nos
propres calculs à cet égard-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, merci, M. le Président. Bien, je vais
vous expliquer la logique. C'est que chacun des CSSS, au cours des
années, a développé des services qui étaient différents, et puis on sait qu'il
y a des endroits qui avaient beaucoup de lits de CHSLD, peu de lits de
ressources intermédiaires, mais ce qu'on visait, puis on vise encore à développer pour avoir à peu près le même type de
ressources avec, comme vous disiez tantôt, ressources intermédiaires,
CHSLD.
La
problématique que vous avez décrite, que les gens n'étaient pas situés au bon
endroit, bien ça fait longtemps qu'on a commencé à la corriger, là, je
pense. Les gens ont l'impression que c'est quelque chose qu'on vient de
découvrir. Moi, j'ai fait des travaux pour le ministère avant d'être ministre,
deux ans avant d'être ministre, et ça avait été
mes conclusions. Il fallait ouvrir des ressources intermédiaires pour pouvoir
sortir les patients des CHSLD pour les mettre au bon endroit, sur un
principe très simple. Si vous n'avez pas la ressource intermédiaire, le patient
ne pourra pas retourner à domicile. À ce moment-là, je vais être obligé de lui
offrir une ressource qui est plus lourde, qui est celle du CHSLD.
Et
ça, c'est une transformation du réseau de la santé qui a commencé voilà 10 ans.
Et puis quand, au début, on nous disait : On va tout envoyer le monde à
domicile, bien là ils se sont rendu compte que ce n'était plus vrai, ça, là, là. Parce que, oui, il vous manque des
ressources intermédiaires, quand bien même que vous voudriez les
retourner à domicile, si ça prend les ressources intermédiaires, vous devez le
faire.
La
question des bases historiques, je vais vous donner une explication. Je pense
que chacun des CSSS, avec le temps, a
développé des bonnes façons de faire, et une des problématiques qu'il y a dans
le réseau, il y a des endroits qui vont travailler plus avec des
préposés, des endroits plus avec des infirmières auxiliaires, puis il y a des
endroits qui vont travailler plus avec des infirmières. Mais les ratios peuvent
être un peu différents d'un endroit à l'autre. La question : Est-ce que, parce que les ratios sont différents,
les équipes de travail sont différentes? Est-ce que ça fait des équipes
qui donnent des moins bons soins?
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M.
Samson (Michel) : Oui, M. le Président. La réponse est :
Pas nécessairement. Je suis d'accord avec vous, c'est ça… J'imagine que
c'est la réponse que vous espériez entendre, mais…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est la réponse logique.
M. Samson (Michel) :
C'est la réponse logique. Merci, je vais prendre ça comme un compliment. Mais effectivement, non, ce n'est pas nécessairement le
cas, mais il faut être capable de l'expliquer, il faut être capable de
dire pourquoi on a des ratios différents et
sur quoi on base cette différence-là, chose que, lorsqu'on a fait nos travaux,
on n'a pas été capables de nous expliquer, tout simplement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président. Je suis
d'accord qu'ils n'ont pas tout donné les explications, mais, quand vous allez voir les états financiers, vous
allez être capables d'avoir le coût par usager dans chacun des endroits.
Et, quand vous faites votre coût par usager,
là, on part avec le… Quand on fait une analyse comptable, on part, puis c'est
toutes des autos pareilles, puis a on juste
besoin de changer des morceaux. Mais, au Québec, là, trouvez-moi un CHSLD
qui est pareil à un autre sur les 250 quelques qu'on a. Il n'y en a pas un qui
est pareil. Il y en a qui ont 200 places, il y en a qui ont 75 places, il y en a qui sont sur trois étages, il y en a qu'il
faut qu'ils marchent des longs corridors. C'est ce qui fait qu'à
l'intérieur des établissements, si on leur disait : Bon, vous avez tous le
même budget pour la même chose, vous allez vous rendre compte que, pas
longtemps après, il y en a qui vont cogner à votre porte, ils vont dire :
Nous autres, notre conception est un peu différente, on peut-u avoir des
ajustements?
Ce
qu'on sait, c'est que, dans les établissements, compte tenu de toutes les
pressions financières qu'il y a eu au cours des années, généralement,
quand vous allez visiter un établissement, il n'y a pas beaucoup de monde qui
ne font rien. Par contre, je suis d'accord
avec vous, il y a de l'optimisation à faire. Il y a probablement des méthodes…
Entre autres, quand on a fait des lignes même dans des CHSLD ou à des endroits,
on a été capables de diminuer les coûts, de prouver que les coûts étaient moins
dispendieux pour probablement la même qualité de service.
Ça
fait que, quand on nous dit que c'est sur une base historique, oui, il y a des
ajustements de budget sur des bases historiques parce que 80 % du
budget d'un établissement, c'est quand même des salaires, mais, avec les
années, chacun des établissements a quand
même fait des plans de performance, ce qui fait que, quand vous comparez le
même, même établissement avec un autre, il y a peut-être une différence qui
peut être une variation normale, mais ça peut s'expliquer. Avez-vous regardé cette
hypothèse-là?
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M. Samson (Michel) :
Oui, M. le Président. On a regardé, effectivement, cet aspect-là, mais les
explications, lorsqu'on avait des variations, que ça soit au niveau des CSSS,
ou des agences, ou du ministère, on n'a pas eu les explications qui venaient justifier pourquoi on retrouvait de tels
écarts. Bon, est-ce que c'est parce que les gens n'avaient pas toute la
bonne information ou… Peut-être. Mais on n'a pas pu nous expliquer pourquoi on
retrouvait des écarts aussi grands entre les établissements.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Êtes-vous allés voir des médecins qui
travaillaient sur le terrain pour avoir des explications sur la façon de
fonctionner ou vous avez juste parlé avec des gestionnaires?
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M.
Samson (Michel) : Oui, M. le Président. Lorsqu'on fait nos
mandats, on a réalisé des entrevues, beaucoup d'entrevues avec les gens concernés dans les établissements qu'on a
visités, autrement dit, les CHSLD, ou les agences, ou les différents
types de personnes qui sont dans ces établissements-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Juste pour vous dire, là, moi,
je crois qu'il y a de l'amélioration à aller chercher dans le réseau, là, je ne le conteste pas. Avez-vous perçu
qu'au cours des années — il y a eu quand même des changements depuis 10 ans — qu'en termes de ressources intermédiaires,
les investissements qu'il y a eu dans les soins à domicile, avez-vous fait le constat qu'il y avait eu des changements
dans le réseau de la santé puis que c'est une tendance qui se continuait
ou vous avez juste pris une photo à un moment donné puis vous avez dit :
C'est ça, mais vous n'avez pas vu comment elle était, la même photo, voilà 10
ans avant?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : M. le Président. Oui, écoutez, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, on fait des mandats quand même, je pense que
vous le savez, de façon assez régulière dans le réseau de la santé, et
effectivement, oui, je peux dire qu'on a vu
des… une préoccupation, au fil des ans, qui s'est développée au niveau du
développement que ce soit de places en ressources intermédiaires ou en
soins à domicile. J'ai eu l'occasion d'en parler, à la Commission de l'administration
publique, sur différents dossiers. Mais, oui, on a senti qu'il y avait une
préoccupation plus grande du ministère puisqu'il y avait une question de coût,
une question aussi de bien répondre aux besoins des personnes. Donc, différents
types de ressources vont permettre de mieux répondre aux besoins des usagers et
des personnes.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis est-ce que vous étiez au courant
que le ministère visait, par CSSS, justement à atteindre les ratios que
je vous ai dits tantôt, c'est-à-dire qu'on était rendus à 2,8 pour les lits de
CHSLD, 0,8 pour les ressources
intermédiaires, mais que souvent les établissements ne pouvaient pas développer
les ressources par manque d'argent et que l'argent était injecté
progressivement, avec une transformation qui allait se faire sur plusieurs
années?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : Oui, M. le Président. Oui, effectivement, oui, on
est au courant, et c'est quelque chose qu'on aborde dans le rapport,
d'ailleurs, qu'on mentionne.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est juste parce que…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Moi, je comprends que le rôle du
vérificateur, c'est de nous dire : Pour que ce soit parfait, ce
soit ça. Puis je pense que vous l'avez dit récemment, en tout cas je l'ai vu
dans le journal, vous avez dit récemment : Quand le vérificateur fait une
vérification, il trouve toujours quelque chose. Est-ce que c'est réel?
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson
(Michel) : M. le Président, c'est ce que les parlementaires
nous ont toujours demandé. Ils veulent nous entendre, ils veulent
entendre le Vérificateur général sur les problématiques que l'on soulève. Donc,
c'est ce qu'on fait. Puis je conçois que ça
peut donner parfois… puis je vous dis ça de façon très claire, ça peut amener
un certain biais dans l'opinion publique parce qu'effectivement, nos
rapports, on soulève des problématiques, donc les bons côtés ou les bons gestes
qui sont posés sont moins mis en évidence.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (20 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, le Vérificateur général puis moi, on commence à s'entendre,
là. Écoutez, moi, je vais vous le dire, là,
je suis un médecin, j'ai visité des CHSLD, j'en ai vu beaucoup. Il y a des
très, très belles choses qui se font.
Ce que je déplore… Puis je veux respecter
votre rôle. Ce que je déplore, c'est, lorsque vous sortez trois, quatre recommandations
qui sont tout à fait justifiées, les gens pensent que ce n'est que ça, des
CHSLD, alors que ce n'est pas la réalité. Et
il n'y aura jamais un CHSLD ou un hôpital qui va être parfait,
c'est impossible. Ça fait que,
quand on part avec le principe qu'on va
sortir le 2 % qui ne va pas
bien, ça devient 100 % de la perception de la population parce que
c'est ça qui est dans le journal. Mais, ce qu'il faut voir, il y a un
95 %, 98 % qui est relativement bien fait.
Et, juste
pour vous donner un indicateur, tout le monde nous dit que les patients sont
plus lourds dans les CHSLD, et tous
les gens qui sont venus s'asseoir là nous ont tous dit : Vous savez, les
gens, là, c'est 40 % qui décèdent par année dans les CHSLD. Ça, ça veut toujours bien dire qu'il y a eu une
transformation qui s'est faite au cours des 10 ou 15 dernières années,
parce qu'avant ça les gens, ils restaient sept, puis huit, puis neuf ans dans
les CHSLD. Moi, j'ai vu des patients, là, ça
faisait 20 ans qu'ils étaient dans le CHSLD, ce qui est une transformation qui
a été faite au cours des dernières années. Je ne sais pas si vous êtes
d'accord que cette évolution-là s'est faite. Puis je comprends qu'on va la continuer, puis il faut la continuer. Quel que
soit le gouvernement, c'est ça qui va se continuer. Mais ce n'est pas réel.
Puis, je tiens à vous
dire, ce que vous avez fait, vous avez fait un bon travail. Vous décrivez qu'il
faut avoir plus d'indicateurs, il faut être
plus capables de faire du «bench mark», là, je veux dire, de se comparer les
uns avec les autres, puis il faut
être plus capables d'évaluer la qualité également. Mais le fait qu'il n'y ait
pas les indicateurs ou que les chiffres ou les
papiers ne soient pas nécessairement faits ne veut pas dire que les soins ne
sont pas de qualité. Et, lorsqu'on se sert
de votre rapport pour brandir, en disant : Regardez, les CHSLD, c'est tout
croche, bien, moi, comme clinicien, puis comme médecin, puis comme personne aussi, que récemment il y a des gens
qui… en CHSLD, ce n'est pas la perception que j'en ai cliniquement.
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M.
Samson (Michel) :
Oui, M. le Président. Je vous dirais qu'on ne s'est jamais
prononcé, le Vérificateur
général, sur la qualité des soins qui sont
donnés. Que ça soit dans les CHSLD, dans les centres hospitaliers, c'est quelque chose sur lequel on ne s'est jamais
prononcé. Il y a un acte médical, qu'on respecte, fait par des professionnels,
mais par contre on regarde autour l'information qui est disponible, comment on mesure la performance, comment on se
préoccupe de la performance. Et c'est plus là-dessus qu'on axe nos
travaux.
Mais
je suis tout à fait d'accord avec vous que la qualité des soins, on ne l'a pas
regardée et on ne la regarde pas jusqu'à ce jour dans nos mandats. Mais par contre
on s'intéresse beaucoup à la performance. Et, pour être en mesure
de dire si on est performant ou non, bien ça nous prend des indicateurs, il
faut se comparer. Puis je ne veux pas vous... Oui,
il y a toujours place à amélioration, mais, non plus, il ne faut pas minimiser les
travaux qu'on a faits. Je ne pense
pas qu'on puisse parler qu'il y a
de la place à amélioration dans seulement 2 %
des cas. On a vu des problèmes systémiques. Donc, pour nous, la
problématique était beaucoup plus grande.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, le 2 %, je parlais
pour... l'ampleur générale de tout, tout, au niveau des CHSLD. Mais je suis d'accord avec vous qu'au niveau des
données il y a probablement de l'amélioration à avoir. Par contre, moi,
si je comprends bien, c'est que vous
dites : On devrait plus aller selon les besoins des patients. Mais, quand
vous regardez une unité, c'est que
c'est différents patients qui rentrent avec différents profils, qui… En
passant, actuellement, dans nos CHSLD,
à moins d'avoir un profil très particulier ou une condition très particulière,
la plupart des profils ISO-SMAF qui rentrent,
c'est tout en haut de 10, hein? Il n'y a quasiment plus de... Puis vous allez
trouver des sept, puis des huit, puis des six à l'occasion, mais, une
bonne partie des gens, c'est des neuf, 10 et plus. Je ne sais pas si vous êtes
d'accord, mais il… Il peut rentrer encore des six, ou sept, ou huit, mais, ce
qu'on peut voir, c'est des cas très particuliers qui peuvent s'expliquer, sauf
si vous n'avez pas assez de ressources intermédiaires, là vous n'aurez pas le
choix.
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M. Samson (Michel) :
M. le Président, je suis d'accord avec vous, et c'est d'ailleurs ce qu'on a
constaté, effectivement, s'il n'y a pas de
ressources intermédiaires… J'y ai fait référence tout à l'heure. On comprend
très bien qu'une personne pourrait
être en CHSLD, ne pas avoir le profil qui correspond à une personne qui a
besoin de soins pour être en CHSLD,
mais, si on n'a pas d'autres ressources où cette personne-là peut aller, on
conçoit facilement que cette personne-là demeure en CHSLD. Mais ce qu'on
a constaté, c'est que, sur l'espace d'un an, je crois, dans notre rapport,
c'est que, pour Montréal et la
Capitale-Nationale, il y avait environ 25 % des personnes en CHSLD qui
n'avaient pas le profil requis pour être en CHSLD. Donc, ce n'est pas
anecdotique quand même, là. On parle de 25 % des gens. C'est quand même important. Mais, en même temps, c'est sûr, je
suis d'accord avec vous, ça prend des places pour ces gens-là si elles
ne sont pas en CHSLD, je comprends très bien ça. Mais c'est une réflexion que
le ministère doit faire puis se positionner à cet égard-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, puis, je peux vous dire, la position
était prise, il y avait une consigne de donnée,
à Montréal et à Québec, d'ouvrir des places
en ressources intermédiaires. La difficulté, à Montréal, c'est que ça prend un certain temps à les ouvrir parce qu'il faut les construire puis il n'y avait
pas beaucoup de places. C'est toujours ce qu'on nous répondait. Mais la
consigne était très, très claire à Montréal et à Québec, c'était d'ouvrir des
places en ressources intermédiaires. Parce
que le diagnostic que vous avez fait, on l'avait fait et on était en train de
le corriger. Puis, vous allez voir, dans quatre ans, il n'y en aura pas
encore assez parce que c'est tellement un gros système, Québec et Montréal, que ça prend plus de places que dans un
CSSS de 50 000, où ça fait longtemps qu'ils se sont ajustés. C'est
le constat. En tout cas, je ne sais pas si vos équipes ont fait le même
constat, mais ça, c'est des tendances qui sont en train de se faire.
Ce
qu'il faut dire, ce n'est pas d'hier que ça se travaille là, ça fait 10 ans que
tout se met en place progressivement. Et,
comme vous l'avez dit, ça prend des années avant de faire cette
transformation-là, ne serait-ce qu'une personne qui avait un profil ressource intermédiaire, le principe,
elle va vivre trois fois plus longtemps, donc elle va prendre le lit trois
fois plus longtemps, d'où la pénurie de
CHSLD à Montréal. Mais, lorsque cette personne-là va quitter, elle va
probablement décéder dans quelques années, à ce moment-là, la personne qui va
rentrer, elle va avoir un profil qui fait que son espérance de vie… Récemment, dans un colloque de l'AQESSS,
ils ont dit que l'espérance de vie en CHSLD est d'environ 18 mois, puis
il en meurt 40 % par année, c'est quand même beaucoup, là, parce que ces
gens-là sont en fin de vie. Je ne sais pas si c'est les constats que vos
équipes ont faits, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) :
Oui, M. le Président. Oui, effectivement. D'ailleurs, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, oui, on sent une… je ne sais
pas si je peux dire une mouvance, mais une préoccupation de plus en plus grande
de la part du ministère puis du réseau pour développer d'autres types de
places, de ressources pour répondre aux besoins des gens.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bergman) : 4
min 30 s.
M.
Reid :
Une courte question. Alors, dans ma courte expérience de CHSLD, moi, j'ai été
très impressionné par la lourdeur des
cas, d'une part, mais aussi par la qualité incroyable du personnel qui y
travaille et des soins qui sont donnés. Vous mentionnez, M. le
vérificateur… En fait, dans le document de consultation, on dit en parlant de
vous : «Suivant son analyse, les sommes
déboursées — on parle
des coûts et des tarifs — par les agences de la santé et services sociaux et les établissements varient d'un centre à l'autre.
À titre d'exemple, le Vérificateur général explique que, dans les 23
CHSLD publics sondés, les montants déboursés
varient de [60 000 $ à 90 000 $] — j'arrondis. Une variation similaire est
observable dans les centres privés conventionnés.»
Mon expérience, moi aussi… Puis, vous vous
rappelez, je pense qu'on se rencontre souvent dans une autre commission, M. le vérificateur, j'aime bien
demander à des gens qui ont passé beaucoup de temps dans des
environnements comme ceux-là s'ils peuvent
nous en dire un petit peu plus que ce qui est écrit dans le rapport. Et, quand
on voit une telle variation, est-ce que vous pouvez nous parler un petit
peu… dans votre perception, vous avez vu des variations qui dépendent de quoi?
J'imagine que
les gens, dans chaque établissement, travaillent fort et essaient de trouver
des façons d'être efficaces, d'être
performants. Mais vous avez des variations quand même extrêmement grandes, là,
c'est de deux à trois… enfin, c'est 50 % de plus entre le plus
élevé et le moins élevé. Et est-ce que vous pouvez me donner une idée — ou le
personnel qui sont avec vous qui ont été plongés dans ces milieux-là pendant
plusieurs mois — de
l'origine de ces écarts-là? Est-ce que c'est lié, par exemple...
Vous
mentionnez, dans votre rapport… on parle de problèmes comme les prix d'achat où
il y a des déficiences qui sont liées à des situations d'urgence, où on
négocie dans les situations d'urgence, ou encore où on ne semble pas être très habiles dans la négociation, ou encore
lorsqu'il y a une absence d'appel d'offres public, ou encore si la variété
des besoins est combinée avec une base historique. Est-ce que vous pouvez nous
donner une idée un petit peu plus nuancée, un petit peu plus approfondie de ce
qui explique ces écarts-là? Parce que moi, je pars toujours du principe que le
monde essaie de faire le mieux qu'ils peuvent, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. Samson.
M. Samson (Michel) : Oui, M.
le Président. Si vous le permettez, je laisserais ma collègue Mme Ouimet, qui
connaît plus le dossier que moi, je dirais, dans le détail, bien humblement,
vous répondre.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Ouimet.
Mme Ouimet
(Marie-Claude) : Bonjour.
Merci, M. le Président. Bien, dans le fond, au niveau des coûts, nous,
ce qu'on a constaté, par même type de
ressources, c'est qu'il y a des écarts importants. C'est sûr que ça peut être
expliqué, parce qu'on n'a pas le profil de
chacune des personnes hébergées actuellement, ça fait qu'on ne sait pas, pour
une installation versus une autre, est-ce que la clientèle est plus lourde.
Nous, on commence par dire : Bien, il faudrait au moins évaluer pour
savoir si nous, notre clientèle est plus lourde que l'autre, puis, à ce
moment-là, c'est certain que ça prend plus de soins.
Mais il y a
aussi des écarts au niveau des ressources humaines. Donc, on a vu des écarts
importants qui nous ont quand même
amenés à poser des questions, mais sans qu'on ait des réponses. Que ce soit au
niveau des professionnels ou du personnel soignant, là, des infirmières,
les aides-infirmières, les préposés, il y a énormément d'écart. Puis ça, ça
peut… On a vu des variations, les fins de semaine, de présences sur place.
M.
Reid : Vous parlez
d'écart sur le nombre de personnes pour le même nombre de malades, mettons?
• (20 h 20) •
Mme Ouimet
(Marie-Claude) : Oui. En
fait, on a comparé les heures-soins par personne et on a vu qu'ils
avaient, même tout amalgamé… si on amalgame les infirmières, les auxiliaires et
les préposés, bien, on voit quand même des variations importantes. Supposons
qu'on regarde le jour dans une installation la semaine versus une autre, on
voit des variations importantes
si on regarde la fin de semaine, la nuit, etc. Donc, c'est un ensemble
de facteurs probablement qui amènent
ça. Puis la lourdeur des clients, comme Dr Bolduc disait tout à l'heure, peut influencer aussi, parce
qu'il y a des gens qui ont des clientèles plus lourdes que
d'autres. Mais on n'est pas capables de répondre à cette question-là.
Donc, c'est ça qui nous interroge, nous, à savoir… Il faudrait analyser vraiment
les différences.
La même chose au
niveau des ressources intermédiaires, il y a des variations importantes en
termes de coûts annuels, puis on ne sait pas trop par rapport à la clientèle
qu'ils ont versus les services. Nous, notre inquiétude, c'est que les gens en place aient suffisamment de
services. Donc, s'il y a des écarts de services pour une même clientèle, il
y a un problème. Donc, c'est de déterminer le panier de
services qu'on veut offrir puis combien d'heures-soins on devrait donner pour
une personne qui normalement a un profil ISO-SMAF de 10 ou de 11.
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé pour
l'opposition officielle. Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée
de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Bonsoir. Merci de votre
présence. Effectivement, on vous voit souvent depuis quelque temps, et c'est bien, d'ailleurs. Et ce qui m'amène à
vous faire une remarque. Il me semble qu'au fil des constats qu'on fait, que ce soit au niveau des
TED, que ce soit au niveau des CHSLD, on s'aperçoit que le ministère, au
niveau des contrôles de qualité et au niveau de l'uniformité de ce qu'il
concède à tel, ou tel, ou tel établissement, dépendamment de la région, on a
l'impression qu'ils sont potentiellement délestés de leur pouvoir de contrôle
depuis l'avenue des agences et des CSSS.
Est-ce que vous avez l'impression que, depuis… Parce qu'on dit, là : Il y
a de plus en plus de chefs, moins d'indiens, là. On a l'impression
qu'avec la multiplication des agences, des CSSS le ministère se délaisse de son pouvoir, de son devoir de contrôle
et de son devoir de s'assurer que, dans chacune des régions, il y ait
une équité tant qu'aux services qu'on donne à la population qu'au nombre
d'heures travaillées et… Bon.
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M. Samson (Michel) :
Merci, M. le Président. Je ne serais pas prêt à dire que le ministère s'est
délesté de ses responsabilités, mais par
contre ce qu'on constate puis ce qu'on soulève aussi dans ce rapport-là et dans
d'autres rapports, c'est le manque
d'information de gestion dont dispose le ministère. Parce qu'on peut confier
des responsabilités, dans le réseau,
que ça soit aux agences, aux CSSS, etc., mais ce qui est important, si je
délègue certaines responsabilités, c'est que j'obtienne une reddition de comptes, c'est que j'obtienne une
information de gestion qui me permette de savoir vraiment ce qui se passe dans le réseau puis, s'il y a lieu
d'intervenir, où on doit intervenir. Présentement, cette information de
gestion là, dans ce dossier-là, lorsqu'on a
fait nos travaux, n'était pas là, était absente. Donc, c'est sûr que le
ministère est un peu éloigné par le
fait même et a de la difficulté à bien sentir le pouls de ce qui se passe sur
le terrain, compte tenu de certaines lacunes au niveau de l'information
de gestion.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci. Donc, ce qu'on comprend, c'est qu'on
pourrait aussi s'assurer que le ministère ait des mesures de contrôle de qualité, en fait, dans tous
les domaines pour s'assurer qu'il y ait une uniformité dans l'ensemble
du Québec, des outils, d'avoir les outils, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M.
Samson (Michel) : M. le Président, oui il y a ce volet-là, mais
il y a aussi le volet du ministère puis — on en a parlé au tout début de la rencontre — au niveau des orientations et des directives
qu'on donne, des grandes orientations, lorsqu'on constate que certaines
mesures qui étaient prévues depuis sept ans n'avaient pas été encore mises en
place, des mesures aussi importantes que
l'offre de services, des critères d'accès aux ressources. C'est quand même
majeur dans ce dossier-là. Ça faisait
sept ans que ça n'avait pas… puis ce n'était pas encore défini. Donc, il y a
une lacune importante à cet égard-là,
que le ministère se doit d'être plus actif, plus proactif, et de donner des
directives, et de mieux encadrer, donner des balises pour montrer dans
quelle direction on va et comment on veut le faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci. Il y a des groupes qui sont passés avant
vous, qui nous ont suggéré, entre autres, pour éviter qu'on retrouve des clientèles
qui ont… comme 25 % de la
clientèle, vous avez mentionné, là, entre autres à Québec et à Montréal, qui ne devrait pas se retrouver nécessairement
en CHSLD, que dorénavant l'évaluation se fasse soit à domicile si le patient part de son domicile, soit à l'hôpital,
avant d'être dirigé soit en ressource intermédiaire ou en ressource CHSLD. Est-ce que c'est une
recommandation que vous nous feriez à la lumière des constats que vous avez
faits?
Le Président (M.
Bergman) : M. Samson.
M. Samson (Michel) :
Oui, M. le Président. Ce n'est pas une recommandation qu'on a formulée dans
notre rapport, mais je suis d'accord avec ce que vous mentionnez, que, oui,
c'est quelque chose qui devrait se faire le plus rapidement possible, que ce
soit à la résidence de la personne ou un autre endroit, mais le plus rapidement
possible pour savoir où la diriger, où diriger cette personne-là, pour mieux
être en mesure de la diriger.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Samson, Mme Ouimet, Mme Bédard, Mme Bellemare, merci pour
votre présentation, merci d'être ici avec nous ce soir, partager votre
expertise avec nous.
Et je demande les
gens de la Société canadienne de sclérose en plaques pour prendre leur place à
la table et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 20 h 26)
(Reprise à 20 h 29)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, on reçoit maintenant la Société
canadienne de sclérose en plaques.
Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, suivie d'un échange avec les membres de la commission. Alors, pour fins d'identification pour
l'enregistrement, pouvez-vous nous donner vos noms et vos titres? Et les
prochaines 10 minutes, c'est à vous.
Société canadienne de
la sclérose en plaques
M. Adam (Louis) : Mon nom, c'est
Louis Adam. Je suis le directeur général de la Société canadienne de la
sclérose en plaques au Québec.
Mme
Prévost (Nadine) : Nadine
Prévost, directrice des services et de l'action sociale à la Société
canadienne de sclérose en plaques, division du Québec.
M. Loiselle (Serge) : Serge
Loiselle, sur le conseil d'administration de la Société canadienne de la
sclérose en plaques.
• (20 h 30) •
M. Adam
(Louis) : Alors, merci,
merci de nous recevoir. Évidemment, ça fait longtemps qu'on veut parler
de la situation des personnes qui ont la sclérose en plaques en centre
hospitalier et soins de longue durée. Je vais y aller rapidement, si vous voulez, avec juste quelques indications sur la
sclérose en plaques avant de passer la parole à Nadine, qui va vous parler plus du profil des personnes qu'on
retrouve en centre hospitalier et de soins de longue durée, qui ont la sclérose en plaques, les lacunes aussi,
évidemment, que ces personnes-là vivent. Et on va vous parler de certaines
solutions, certains modèles, en tout cas, qui sont en place actuellement, qu'on
aimerait peut-être voir se développer un peu plus au Québec.
Alors, la
sclérose en plaques, vous le savez, c'est une maladie du système nerveux
central. Ça touche trois fois et demie
plus de femmes. Ça touche malheureusement les gens en plein coeur de leur vie active, entre
15 et 40 ans. Donc, recevoir un diagnostic de sclérose en plaques, c'est
extrêmement difficile. C'est une maladie qui est imprévisible, épisodique,
alors les gens vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Évidemment,
ils ne veulent surtout pas, surtout pas se
retrouver en centre hospitalier et de
soins de longue durée, et c'est malheureusement le cas d'à peu près 1 000
personnes qui ont la sclérose en plaques, qui, sur les 20 000 personnes
atteintes au Québec, là, vont se retrouver dans cette situation-là.
Nous, ce
qu'on préconise, évidemment, à la société, en général, c'est l'augmentation, le
renforcement de l'argent en maintien
à domicile. On a déposé un mémoire aussi sur la situation, les cliniques de
sclérose en plaques au Québec, là, le sous-financement des cliniques. On
a vu vraiment, là, un glissement, depuis sept ou huit ans, d'un
sous-financement, là, assez important au
niveau des cliniques de sclérose en plaques qui sont là pour donner des
services, je vous dirais, de première
ligne aux personnes qui sont atteintes. Notre mémoire a été déposé en août 2013
à ce sujet-là. C'est sûr qu'on demande, évidemment, l'ajout de services
ou, en tout cas, l'ajout d'argent. Et on préconise aussi, évidemment, le remboursement des traitements qui sont
actuellement disponibles pour les personnes qui ont la sclérose en plaques,
qui ne sont pas, évidemment, remboursés sur la liste des médicaments,
actuellement. Ce qu'on croit, c'est que le traitement précoce, évidemment, au niveau des personnes, va permettre aux gens,
dans le fond, d'avoir une entrée beaucoup moins rapide éventuellement en
centre hospitalier et de soins de longue durée.
Mme Prévost (Nadine) : Alors, nous,
ça fait peut-être depuis le début des années 2000 qu'on travaille sur ce
dossier-là. On avait fait, à l'époque, un premier mémoire, on avait fait
plusieurs représentations et pour finalement se faire dire par le ministre de la Santé à l'époque que peut-être l'idéal
serait de développer nous-mêmes notre propre ressource, qui pourrait par
la suite servir d'exemple d'une ressource qui répondrait bien aux besoins des
adultes qui sont en perte d'autonomie.
Donc, le
profil de notre clientèle actuellement qu'on retrouve en centre
d'hébergement... Parce que nous, on offre des services, on est en
contact avec les gens, et c'est évidemment une question qui revient
constamment, la question de l'hébergement.
Les gens se retrouvent face à des choix qui ne leur conviennent pas, donc ils
sont en contact avec nous. Les gens qui sont en hébergement, bon, ce
sont des personnes plus jeunes. Souvent, même, on en connaît qui ont 30, 40 ou
50 ans. Il y en a qui ont des enfants et un conjoint et doivent malgré tout
aller en hébergement. Donc, elles sont plus
dépendantes physiquement que la plupart des autres résidents et elles ont des
besoins particuliers, notamment par rapport à la température ambiante
qui doit être modérée et qui ne l'est parfois pas en hébergement.
Ces personnes-là présentent des symptômes variés
et variables. Ils ont un ou plusieurs autres problèmes de santé et prennent de la médication pour traiter
plusieurs symptômes, notamment la douleur, les problèmes de vessie, la
spasticité, etc., et elles ont davantage de dépressions en raison de la maladie
et des multiples deuils qu'elle apporte. Je disais qu'elles sont plus
dépendantes physiquement, mais elles sont aussi lucides et alertes. Elles
peuvent assumer certaines tâches intellectuelles ou organisationnelles. Elles
peuvent faire des choix. Non seulement elles le peuvent, mais elles veulent et
elles ont besoin de prendre des décisions sur leur vie et sur le déroulement de
leur journée.
J'aimerais
citer en exemple une nouvelle de cette dernière fin de semaine. C'est une femme
de 23 ans qui a la paralysie cérébrale, qui est dans un CHSLD à
Coaticook, faute d'avoir d'autres ressources. Et ce qu'on disait, cette fin de semaine, c'est
que… tout le monde était d'accord, le centre de réadaptation aussi, de
l'Estrie, était d'accord que ce n'était pas sa place, mais qu'il y a
actuellement 93 places dans différentes ressources alternatives, mais qu'il y
avait 11 personnes qui étaient présentement
en attente d'une de ces précieuses places là. Pourquoi je cite cet exemple-là?
C'est parce qu'on aurait pu tout simplement
remplacer « paralysie cérébrale» par «sclérose en plaques» parce que c'est
vraiment le type de situation auquel on est confrontés.
Donc,
quelques exemples de besoins qui ne sont pas comblés actuellement en CHSLD pour
notre clientèle. J'ai parlé de la
température. Vous allez me dire : Ça peut être facilement solutionné comme
problème. Bon, une température trop
chaude peut augmenter les symptômes pour les personnes qui ont la sclérose en
plaques et ça peut aussi donner de la faiblesse musculaire et faire en
sorte que les transferts sont plus difficiles. Et, dans certains CHSLD, juste
l'obtention d'un climatiseur peut être difficile. Les levers du lit qui ne sont
pas assez fréquents, ça peut causer une diminution des capacités physiques
assez rapidement.
On
remarque aussi du personnel peut-être qui manque un peu de formation
au niveau des différentes facettes de la sclérose en
plaques. C'est une maladie, comme on le disait tout à l'heure… comme Louis le
disait tout à l'heure, qui est complexe, qui
est vraiment différente d'une personne à l'autre. Vous allez
prendre plusieurs personnes qui ont la sclérose en plaques, des fois ça n'a même pas l'air de la
même maladie, et même, chez la même personne, c'est très variable d'une
journée à l'autre. Donc, la personne peut avoir une bonne journée et, le
lendemain, avoir une moins bonne journée, être plus fatiguée, avoir plus de
douleur et avoir plus de difficulté à comprendre les consignes, ce qui fait que
dans nos échanges avec les préposés et les infirmières auxiliaires, on s'est
souvent fait dire que c'était une clientèle très exigeante et complexe.
Complexe, je le comprends, devant la nature de la maladie. Exigeante, c'est sûr
que, pour les préposés qui ont eu une
formation plus dirigée vers la gériatrie ou qui ont une expérience plus avec
les personnes âgées, une personne qui
est lucide va être une personne plus exigeante. Donc, en 2013, on a développé
un DVD de formation pour les préposés et les auxiliaires, qu'on a distribué à
tous les CHSLD et les CLSC au Québec. On a senti que c'était vraiment un besoin. Ce qui contribue aussi à la réputation de clientèle exigeante, c'est le fait que les
personnes arrivent en hébergement à 20,
30, 40 ans, comme on le disait, donc les personnes sont souvent… on peut
difficilement leur demander d'être contentes d'avoir cette perspective
de vie là, de se voir en CHSLD, là, pendant plusieurs décennies jusqu'à la fin
de leur vie.
D'autres besoins,
rapidement, qui ne sont pas comblés : des horaires plus souples au niveau
des repas, des menus mieux adaptés et des
bains plus fréquents et selon des horaires variables pour permettre notamment
les sorties. Et aussi, comme je le
disais, ces personnes-là ont encore des familles qui les visitent. Donc, si une
personne a un bain le lundi et que sa
visite vient le samedi, ses enfants, son conjoint, donc c'est sûr que ça peut
être quelque chose de difficile à vivre.
L'accès à la salle de
bain. On ne devrait pas obliger une personne à porter une culotte
d'incontinence quand elle est capable de
mentionner lorsque c'est le temps d'aller à la salle de bain. C'est
quelque chose qu'on voit de temps à autre.
Évidemment, favoriser les chambres individuelles ou, à tout le moins, quand ce
n'est pas possible, essayer de mettre des
gens du même âge ou un petit peu de la même condition. Éviter la mixité, parce
que, ce qu'on nous dit aussi, il y a des personnes qui se retrouvent
dans des endroits qui ne leur conviennent pas, ils vont avoir comme voisin des
personnes qui parfois ont des problèmes d'errance et ils vont parfois aussi
être conscients de résidents qui sont à l'agonie. Ça peut être aussi… contribuer à l'inconfort de vivre en CHSLD pour ces
jeunes-là. Ensuite, l'aménagement de locaux pour la visite du conjoint
et des proches et aussi favoriser les sorties et les visites de bénévoles,
notamment… Pardon?
Une voix :
…
Mme Prévost (Nadine) : Il ne me reste pas grand temps. Donc, j'ai déjà
dépassé le temps qui m'était accordé. Je vais laisser du temps pour Serge, pour parler rapidement d'Espace
Bellechasse. Mais je voulais dire que c'est vrai qu'on a vu une amélioration
de la situation ces dernières années. Et il y a des exemples dans notre
mémoire, je n'ai pas le temps de vous les résumer, mais il y a des exemples,
dans notre mémoire, de ressources qui fonctionnent bien, des ressources institutionnelles et non institutionnelles,
et je pense qu'on devrait apprendre de ces ressources-là, notamment la ressource Regroupement de services intégrés
Propulsion, à Montréal, qui est ouvert depuis 20 ans, et qui voudrait
ouvrir une phase II, et qui est à la recherche de financement depuis trois ans.
Donc, je vais laisser la parole à Serge, qui est administrateur sur le projet
Espace Bellechasse qui est ouvert depuis quelques années et sur lequel on a été
impliqués dès le début, la Société canadienne de la sclérose en plaques.
• (20 h 40) •
M. Loiselle (Serge) : Oui. Ce qu'on a oublié de dire, c'est qu'Espace Bellechasse, c'est une
création de la section Montréal, la
division Montréal. On a mis sur place un… Je vous parle en tant
qu'administrateur d'Espace Bellechasse, je suis dessus. Et c'est un projet novateur, c'est-à-dire que ça a pour but
d'abord de réunir des couples, des familles, d'éviter l'hébergement et de sortir les gens des CHSLD. En
fait, ouvert en 2009, après cinq ans de travail et avec la collaboration
du CSSS Lucille-Teasdale ainsi que le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, il
y a 14 unités de logement où résident des
personnes qui ont la SP ou d'autres maladies dégénératives. Et puis,
l'avantage, ces gens-là sont locataires. Évidemment, il y a des familles qui ont pu retrouver, je veux dire, leur espace de vie, ainsi qu'il y a
une flexibilité des horaires au
niveau des sorties, et puis ils
peuvent s'aider, se visiter et avoir des enfants, des conjoints, qui habitent
avec eux autres et puis…
Sauf que les écueils
qu'on a vécus, bien ça a été l'arrimage de différents projets. Au début, ça a
été assez complexe pour jumeler les différents projets existants, là, comme le
Programme d'adaptation de domicile. Et puis il y a aussi les soins à domicile
et les salaires des préposés, des auxiliaires, qui sont relativement bas pour une ressource comme celle-là. Et l'avantage, le gros
avantage, c'est qu'il y a quand même des économies qui sont substantielles, là.
Avec un budget de 550 000 $, on arrive à faire fonctionner
une ressource comme Espace Bellechasse. Alors, c'est pas mal tout ce que
j'avais à dire là-dessus.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, merci. Merci pour votre
présentation. Maintenant, pour le côté ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. Bonsoir, messieurs,
madame, ça me fait plaisir de vous accueillir. Écoutez, Mme Prévost, à
vous entendre, là, je pense qu'il y a un constat qui nous vient tout de suite,
c'est que les CHSLD ne semblent pas du tout,
mais pas du tout adaptés aux besoins des personnes qui souffrent de sclérose en
plaques. J'aimerais ça que vous nous
disiez ça représente quoi comme recours, là, à peu près. Il y a
combien de personnes atteintes de la sclérose en plaques qui se
retrouvent en CHSLD? Est-ce que c'est fréquent? Et peut-être nous expliquer un
peu comment une personne quand même relativement jeune, là, finit par devoir se
retrouver en CHSLD.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : En fait, ce
serait environ 1 000 personnes qui ont la sclérose en plaques qui se retrouveraient en hébergement à des âges variés.
Ça peut être aussi jeune que 30 ans, mais il y en a aussi à 40, ou dans
la cinquantaine, ou dans la soixantaine. La
sclérose en plaques est une maladie vraiment imprévisible, donc, dès le
diagnostic, l'image que les gens ont, c'est
la peur qui s'installe : Est-ce que je vais être un des malchanceux pour
qui la maladie va évoluer plus
rapidement et que je vais devoir me retrouver peut-être en hébergement ou que
je vais perdre, dans le fond, la possibilité de faire un choix de
l'endroit où je vais vivre?
Donc, c'est
sûr que la sclérose en plaques, au début, ça évolue par poussées et par
rémission la plupart du temps, et
ensuite ça va aller de façon progressive, la personne ne fera plus de
rémission, la maladie va progresser plus ou moins rapidement,
dépendamment de la personne. La particularité de cette maladie-là, c'est
vraiment son imprévisibilité et c'est
vraiment le fait qu'elle soit différente d'une personne à l'autre. Ça en fait
une maladie complexe. Mais ça peut arriver rapidement. J'ai déjà rencontré une personne qui, à l'intérieur de cinq
ans, s'est retrouvée en fauteuil roulant électrique. Donc, ça peut… Il y a des gens aussi que vous
côtoyez, qui ont peut-être la sclérose en plaques et ça ne paraît pas du
tout et qui vont travailler toute leur vie, avoir des enfants et avoir une vie
très, très active. C'est très variable.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Et là, pour ces
1 000 personnes là qui se retrouvent en résidence, dans un CHSLD, vous
avez mentionné, là… Vous nous avez quand
même fait un portrait du niveau de complexité de cette maladie-là et vous
avez parlé de formation. Est-ce que vous
trouvez que le personnel actuel dans les CHSLD, autant les préposés que les
infirmières… est-ce que vous avez
l'impression que ces personnes-là sont bien sensibilisées, bien au fait des
besoins particuliers des personnes atteintes de sclérose en plaques? Et
quel type de formation, vous pensez, pourrait ou devrait être donné? Et
finalement est-ce que vous, comme fédération, vous auriez un rôle à jouer dans
cette formation-là?
Mme
Prévost (Nadine) : En fait,
je pense que le rôle que l'on pouvait jouer, on l'a joué en développant un
outil de formation sur DVD qui a été distribué à tous les CLSC et les CHSLD. Je
ne veux pas du tout faire sentir ou insinuer que les préposés, les auxiliaires,
autant dans le réseau que dans les autres ressources, ne sont pas de bonne foi ou qualifiés, mais c'est de leur propre aveu que... Plusieurs ont déjà mentionné qu'ils
trouvaient que c'était une clientèle difficile et complexe, parce que,
bon, les gens, en CHSLD, doivent travailler avec toutes les clientèles, et
c'est sûr que la majorité, c'est des personnes âgées, et le temps consacré à chaque personne est quand même
limité. Donc, c'est quelque chose qu'on nous a déjà mentionné. Parce
que, si certaines personnes sont peut-être moins lucides…
Je ne dis pas que toutes les personnes en CHSLD
ne le sont pas, excepté les personnes qui ont la sclérose en plaques, ce n'est pas ça non plus que je veux dire. Mais il y a
des personnes qui vont être moins demandantes, qui sont moins lucides. Donc, cette clientèle-là, comparativement à une clientèle d'une personne qui a la sclérose en plaques et qui
a encore toute sa tête, qui arrive en CHSLD,
si elle demande un verre d'eau puis, cinq minutes après, elle ne l'a pas,
elle va le redemander, elle va aussi essayer
de faire valoir ses droits, et c'est ce qui fait que, à comparer avec
d'autres clientèles, quand il y a
une certaine mixité, bien ça peut faire en sorte que cette clientèle-là est
perçue comme complexe et...
Mais je pense
que, oui, peut-être qu'il y a un manque de formation.
La formation de préposé, c'est quand
même des formations qui peuvent être assez
courtes. Donc, il pourrait y avoir de la formation dans les milieux de
travail. D'ailleurs, ça nous a été
demandé par le passé : Est-ce
que vous pouvez venir dans notre
CHSLD avec des gens qui ont la sclérose en plaques? Est-ce que vous
pouvez venir nous donner de l'information? Et on l'a fait par le passé, mais,
comme on ne pouvait pas couvrir l'ensemble du territoire, on est allés avec un
DVD.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Est-ce
que vous pensez que de regrouper les
personnes, par exemple, atteintes de la sclérose en plaques dans
une même aile, c'est faisable? Est-ce que vous avez eu connaissance, là, qu'il
y a des CHSLD qui... Parce que j'avais posé une question semblable à ça à un
groupe qui vous a précédés, et il y a une question
d'organisation physique des lieux, et il y a une question de : Est-ce que
c'est faisable ou pas? Est-ce que, selon vous, c'est faisable? Avez-vous des exemples, là, où, dans des CHSLD, on
a regroupé en îlots des personnes plus jeunes atteintes de sclérose en
plaques pour...
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost
(Nadine) : Tout à fait. Il y a des ailes de CHSLD, il y a des
ressources institutionnelles actuellement qui fonctionnent assez bien.
Évidemment, c'est plutôt limité, là, comme nombre de places et nombre de CHSLD. Il
y a notamment Ulysse-Gauthier, à
Granby, qui fonctionne bien. C'est un partenariat du réseau de la santé,
c'est un partenariat avec la communauté et privé qui fonctionne bien depuis au
moins une dizaine d'années, et ils sont en voie
d'ouvrir un deuxième projet aussi sous peu. Il y a d'autres exemples aussi
qu'on a mis dans notre mémoire. Il y
a des ressources alternatives aussi qui fonctionnent bien, comme Propulsion.
Donc, je pense qu'on devrait voir qu'est-ce qui se fait de bien, les pratiques
exemplaires qui sont à notre portée, là, parce qu'il y en a.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Et parlant de ressources alternatives justement, est-ce que, pour vous, c'est
la meilleure solution? Je pense, par
exemple, à des coopératives d'habitation. Est-ce que c'est des modèles qui vous
semblent adaptés pour permettre aux personnes atteintes de sclérose en
plaques qui seraient en perte d'autonomie et qui ont besoin de soins mais qui voudraient éviter de se retrouver en CHSLD… Puis
monsieur mentionnait l'importance aussi… Tu sais, on pense à des gens placés en CHSLD comme des individus tout seuls,
mais il y a des personnes de 30, 40, 50 ans qui vivent avec leur
famille, avec leurs enfants. C'est une
maladie qui évolue, mais… Selon vous, quelle serait la meilleure
alternative et comment permettre à ces gens-là de pouvoir demeurer avec leur
famille?
Mme
Prévost (Nadine) : Bien,
moi, je pense qu'il n'y a pas une solution, je pense qu'il peut y avoir
plusieurs solutions. D'ailleurs, c'est vrai que ce n'est pas tous les CHSLD qui
sont pareils. Les ressources alternatives, c'est la même chose. Ressources intermédiaires, je les connais un petit peu
moins. Je sais que, dans les dernières années, ils en ont ouvert
davantage, mais, au niveau des CHSLD puis des ressources alternatives que je
connais, c'est vrai qu'il n'y en a pas un de pareil, et je pense que ça prend
une diversification parce que les besoins sont variés.
Donc, nous,
Espace Bellechasse, ce qu'on voulait, c'était donner la possibilité à des
familles de continuer à habiter ensemble parce qu'on connaissait des
gens qui avaient été séparés et que ce n'était pas le choix ni de l'un ni de l'autre. Donc, on voulait donner l'exemple d'une
ressource qui fonctionnait sous ce principe-là. Parce qu'à un moment
donné les couples sont pris devant une impasse, là. Ça fait qu'on a...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
• (20 h 50) •
Mme Proulx :
Oui. Au niveau du maintien à domicile,
est-ce que vous pensez que… Par exemple, si je vous parle du projet
d'assurance autonomie, où on aurait un montant d'argent qui suit le patient
pour lui permettre d'avoir accès à des soins en fonction de son état, est-ce
que, pour vous, c'est une solution qui vous apparaît intéressante?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Bien, c'est
sûr qu'on pense que les gens devraient être, en priorité, gardés dans leur milieu naturel, donc, lorsque c'est possible,
mais je pense qu'il va toujours rester des gens… Selon ma compréhension
des différentes situations, je pense qu'il va toujours rester des moments où ça
ne sera plus possible pour des questions de sécurité, et c'est là où… cette
partie-là, je pense qu'elle ne sera pas solutionnée par l'assurance autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Donc, il faut penser nécessairement à se doter de projets novateurs, de
ressources pouvant accueillir les personnes atteintes de sclérose.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Oui. Et nous,
on ne dit pas que la solution, c'est de regrouper toutes les personnes qui ont
la sclérose en plaques ensemble, mais plutôt de regrouper des personnes qui ont
des besoins semblables. Il n'y a pas de
ressources actuellement qui regroupent juste des personnes qui ont la
sclérose en plaques, mais des personnes qui ont un petit peu le même profil et un petit peu le même
âge. Ulysse-Gauthier, c'est un exemple, puis Espace Bellechasse en est
un autre. Ce n'est pas exclusivement des personnes qui ont la sclérose en
plaques non plus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui. Vous avez mentionné aussi dans votre mémoire la possibilité d'avoir accès à des logements locatifs
dans un même édifice mais pour différentes familles, alors des logements d'une
chambre ou deux chambres, dépendant des
besoins. Est-ce que c'est des expériences que vous connaissez? Est-ce que vous pouvez nous en parler, nous
donner quelques exemples de ce type-là?
Mme
Prévost (Nadine) : En fait,
Espace Bellechasse est fait sous ce modèle-là, donc, mais, Espace
Bellechasse, Serge le disait tout à l'heure,
il y a eu des écueils. C'est quelque chose qui nous a demandé cinq ans
de travail parce que c'était tellement quelque chose qui était… C'était un
projet novateur qui ne cadrait pas dans aucune enveloppe ou programme
existant. Donc, on a eu la chance de travailler avec un CSSS qui avait de
l'ouverture à ce niveau-là. Mais même le
CSSS, à l'époque, il disait : Bon, il y a l'ouverture, des… on doit faire
des ressources intermédiaires, mais,
vous autres, ce n'est pas tout à fait ça. Et ils ont travaillé de pair avec
nous pour qu'on puisse obtenir le financement.
En fait,
nous, ce qu'on voulait, c'était prendre des gens qui avaient déjà des
enveloppes de soutien à domicile, les mettre ensemble en commun, leur
donner des logements, mettre ensemble en commun puis avoir, grâce à la mise en commun
de ces heures de soutien à domicile là, une présence 24 heures sur 24 pour
éviter que certaines personnes se retrouvent
en hébergement, parce qu'il y en avait plusieurs qui étaient sur le point de ou
il y en a qui étaient en hébergement puis on les a ramenées en logement.
Mais je ne pense pas, personnellement, que ce
soit d'arrimer des programmes existants comme ça. Ça nous a demandé un effort
au niveau du recrutement parce qu'on devait s'assurer d'avoir une moyenne d'heures-soins.
Donc, telle personne, on ne pouvait la
prendre parce que, là, on devait établir une moyenne, puis telle personne, on
ne pouvait pas la prendre parce
qu'elle avait bénéficié du Programme d'adaptation de domicile dans les cinq ans
avant. Donc, au lieu de sélectionner
les gens selon les besoins les plus pressants, on a été obligés de faire en
sorte de bénéficier des programmes existants. Les personnes qu'on a
sélectionnées avaient quand même des besoins, là, elles avaient leur place à
Espace Bellechasse, mais il n'y avait pas de
cadre facilitant pour nous pour nous permettre de mettre sur pied cette
ressource-là, ce qui fait qu'elle a été mise sur pied avec les moyens qu'on a
trouvés.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui. Et les personnes qui y travaillent… Est-ce qu'Espace Bellechasse embauche
des personnes pour assurer… et quels types de…
M. Loiselle (Serge) : Je peux
répondre?
Mme Proulx : Oui, allez-y.
M. Loiselle (Serge) : Oui. Espace
Bellechasse embauche des préposés et des auxiliaires familiales pour assurer les soins sur une période de 24 heures.
C'est la beauté d'Espace Bellechasse, c'est que c'est couvert sur 24
heures, c'est-à-dire, si les gens ont des besoins de nuit ou s'il y a
quelque chose… contrairement
au chèque emploi-services, où la personne est toute seule chez elle
puis, si elle a un problème, bien là elle est mal prise, alors qu'Espace
Bellechasse, c'est l'assurance qu'il va y
avoir quelqu'un pour répondre à une cloche n'importe quand. Et puis les besoins
sont couverts sur une période de 24
heures, sept jours par semaine. Ça fait que c'est ça, Espace Bellechasse. C'est
ce que la société a créé.
Mme Proulx : Et j'aurais une
question pour M. Adam. L'expérience d'Espace Bellechasse, est-ce que vous ou votre société, est-ce
que vous pensez que c'est quelque chose que vous pourriez faire rayonner et implanter, sur la base de l'expérience? J'ai compris, là, que vous avez vécu
certains écueils, certaines difficultés d'arrimage avec des programmes, notamment
pour le financement et tout ça. Mais, à partir de l'expérience, qui semble très
positive, est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qui pourrait être répété ou implanté ailleurs au Québec.
Et est-ce que vous pourriez jouer un rôle un peu de… basé
sur votre expérience, là?
M. Adam (Louis) : D'abord, on a été
chanceux au départ, je vous dirais, d'avoir un milieu, une bâtisse qui était l'ancien hôpital Bellechasse, dans le fond, qui a été rénové, tu sais, donc qui était
disponible, qui a été pris par une organisation de Montréal, les
habitations Loggia, qui ont donc parti cette espèce de coopérative
d'habitation, et c'est à l'intérieur de
cette maison qu'on a décidé de s'insérer. On vous a dit que ça avait été très,
très complexe au départ. Je dois vous
avouer, là, vraiment que de juste faire accepter le projet — puis on en a parlé — par le CSSS et par l'agence, là, ça a
été très, très, très compliqué.
Nous, ce qu'on a fait après, c'est qu'on a créé
un conseil d'administration autonome. Alors, on a créé une corporation qui est
devenue Espace Bellechasse. On s'est dissociés, la société, dans le fond, de la
maison. Quand je dis «dissociés», tout
simplement, c'est qu'on s'est retirés parce qu'on n'est pas… Notre rôle, nous,
à la société, ce n'est pas d'être
propriétaires de maisons non plus et de gérer des logements, hein? On est là…
Notre mission, c'est de soutenir la recherche,
évidemment, puis d'améliorer la qualité de vie des gens, mais par toutes sortes
de programmes, mais surtout pas d'être propriétaires de maisons. Alors,
on a créé une corporation autonome qui est gérée, d'ailleurs, par… La plupart
des personnes qui sont atteintes de sclérose en plaques sont sur le conseil.
Et, oui, c'est un modèle qu'on aimerait bien
voir s'implanter. On est prêts à jouer un rôle de promotion, évidemment, ou d'encadrement de loin, mais je
pense que ça prendrait un programme de création de ressources
alternatives, tu sais, qui pourrait s'inscrire dans un… on n'a pas le modèle,
là, mais d'être facilitant, en tout cas, pour essayer d'en mettre le plus
possible, d'en développer dans les milieux qui seront désireux d'en avoir, de
ce type de modèle là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui. C'est très intéressant ce que vous… Ce modèle-là, là, je trouve ça
effectivement extrêmement intéressant et je pense qu'il y a un potentiel
qui répond à des besoins spécifiques du type, là, des personnes atteintes de sclérose en plaques, mais, comme Mme Prévost le
disait, de d'autres personnes aussi avec des besoins similaires. Et donc
je pense que ça peut être quelque chose d'extrêmement intéressant.
Et ça m'amène à vous
parler du rôle de la société. Donc, j'ai compris, là, que vous pouvez aider,
supporter, accompagner dans un type de
projet comme ça. Vous avez produit un DVD, faire de la formation. Et vous avez parlé dans votre mémoire aussi de
l'importance d'organiser des activités à l'extérieur et des loisirs. On en
parlait tantôt, de l'importance des loisirs pour les personnes en CHSLD. Et vous, qu'est-ce que vous faites et quel est votre rôle, au niveau de l'organisation des loisirs, autant pour les personnes en CHSLD que vivant dans des ressources
alternatives?
Le Président (M. Bergman) :
M. Adam.
M. Adam (Louis) : D'abord, on a des
sections locales partout sur le territoire du Québec. Donc, il y a une présence
de la société partout par le biais d'un bureau avec une ressource ou deux ressources,
des bénévoles. Il y a des visites qui se
font en centres hospitaliers et de soins de longue durée, là, pour aller
visiter les gens qui y vivent. On a évidemment beaucoup de groupes
d'entraide, de cafés-rencontres. Ce qu'on fait, évidemment, c'est de
l'information sur la maladie.
Nos sections locales sont soutenues par des
activités de collecte de fonds, mais aussi par le Programme de soutien aux
organismes communautaires pour la plupart. Ils ne sont pas suffisamment
soutenus par le Programme de soutien aux
organismes communautaires, on n'en aura jamais assez évidemment, Je pense que
c'est criant, au niveau des organismes
tout le monde le dit. Et donc le rôle des sections locales, dans le fond, là,
c'est vraiment d'animer, tu sais, en termes de loisirs, en termes
d'activités d'information, les cafés-rencontres, l'écoute téléphonique, toute l'information
qu'on peut donner sur la maladie.
Nadine
pourrait ajouter… Ce que Mme Prévost disait tantôt aussi, on a un colloque
de professionnels de la santé, qui se tient aux deux
ans, où on invite des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des préposés aux
bénéficiaires qui viennent entendre parler
de la maladie, et ça, je pense que c'est très soutenant pour les personnes qui y
travaillent. Je pense qu'on
pourrait encore faire mieux. On pourrait, en plus du DVD qu'on a produit pour
les préposés, mais avoir de la formation sur Web ou des capsules Web, en tout
cas, qui parlent beaucoup plus de la maladie et du soutien que les personnes
auraient besoin en centre hospitalier et de soins de longue durée ou encore, tu
sais, évidemment, dans un nouveau modèle comme on voudrait développer, des
modèles qui seraient semblables à Espace Bellechasse un peu partout à travers
le Québec.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste 2 min 30 s.
• (21 heures) •
Mme Proulx :
En fait, oui, je comprends très bien, là, votre vision de vouloir développer d'autres modèles comme l'Espace Bellechasse, mais, à partir
du moment où il y a quand même maintenant, à l'heure actuelle, 1 000 personnes en CHSLD, vous êtes ici, aujourd'hui,
pour témoigner devant une commission qui se penche sur les conditions de vie des personnes hébergées
en CHSLD, si je vous demandais votre recommandation, selon vous, là, pour les personnes que vous représentez
aujourd'hui, ce serait quoi, la priorité? Et quelles actions on devrait poser
comme gouvernement pour assurer une
meilleure qualité de vie à ces personnes-là en CHSLD? Est-ce que c'est la
formation? Est-ce que c'est ça, la
principale lacune que vous pouvez constater ou si c'est l'organisation physique
des lieux? Ce serait quoi, là, les éléments prioritaires que vous auriez
à nous recommander?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Moi, c'est
sûr que ce que je vois qui peut être faisable… mais, encore là, je le sais que
les bâtiments sont tous différents, mais c'est sûr que je pense qu'on devrait
regarder la clientèle, si elle peut être déplacée.
Je ne le sais pas jusqu'à quel point c'est faisable. Des fois, ça a l'air très
facile vu de l'extérieur. Mais c'est sûr que regrouper… Ce qui coûterait le moins cher, ça serait de regrouper une
clientèle qui a des besoins similaires. Je comprends très bien que les
ressources intermédiaires puis les ressources alternatives ne pourront pas
toutes être développées en dedans de cinq ans puis répondre à tous les besoins.
Nous, on a
développé 14 places, on n'a pas réglé le problème, là. Donc, on a
l'expérience pour comprendre que tout ça
prend du temps et aussi qu'on a les ressources… On a les ressources que l'on a.
Mais de réorganiser à l'intérieur de ce qu'on a déjà, on pense que ça
serait déjà un plus parce qu'il y a quand même une grosse partie des problèmes
ou des besoins qui ne sont pas répondus qui sont liés, selon moi, au fait que
la clientèle est mixte, donc…
Puis je
voudrais juste revenir sur quelque chose dont on a discuté. Vous demandiez si
on serait prêts à s'impliquer pour ouvrir d'autres ressources. Ce n'est
pas notre rôle premier, mais il y a d'autres ressources qui fonctionnent très bien, et c'est leur rôle premier, comme le
Regroupement de services intégrés Propulsion, à Montréal, qui sont là
depuis 20 ans, et eux, c'est ce qu'ils veulent faire, ils veulent en
ouvrir d'autres. Et, encore une fois, pour donner l'exemple d'une ressource institutionnelle, à Granby, ils
sont en train d'en ouvrir d'autres aussi. Donc, il y a peut-être des
ressources institutionnelles et non institutionnelles qui peuvent devenir des
experts. C'est une autre solution plus à notre portée que je verrais.
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé pour le côté ministériel. Pour
l'opposition officielle, M. le député d'Orford.
M.
Reid : Merci, M. le Président. Vous mentionnez, évidemment,
qu'il est préférable de maintenir les personnes dans leur milieu
naturel, donc à domicile, et vous dites aussi qu'évidemment c'est une formule
moins onéreuse, mais c'est
aussi — il faut insister — une formule où les gens sont beaucoup plus à
l'aise parce qu'ils se sentent chez eux.
Une des formules, c'est évidemment ce qu'on appelle… ce que vous appelez les
ressources alternatives. Ça existe aussi pour… Et j'ai eu la chance de
connaître un petit peu plus d'autres secteurs, comme par exemple les pertes
d'autonomie graduelles. Par exemple dans mon comté, à Magog, il y a l'Accueil
Notre-Dame, qui devient le domicile de ces gens-là, des fois, des couples, effectivement, dont un des deux est en perte
d'autonomie. Et on a beaucoup entendu parler, lors de la commission mourir dans la dignité, des soins
palliatifs à domicile, autrement dit, de se maintenir et de rester à
domicile aussi longtemps que possible, sinon
la totalité… Donc, on peut comprendre qu'il y a un intérêt. Moi, j'aimerais
seulement que vous nous éclairiez, avec toute votre expérience, donner un peu
plus de lumière sur c'est quoi, les principales problématiques pour maintenir à domicile — disons, à domicile traditionnellement,
là — les
personnes qui effectivement souffrent de sclérose en plaques.
Mme Prévost
(Nadine) : Dans certains…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Excusez-moi. Dans certains cas, je ne saurais pas
vous dire si la recherche a été faite de façon approfondie, mais ça semblait être le cas. Des fois je me demande
si ce n'est pas juste… la personne ne se ramasse pas en hébergement faute d'avoir accès à un appartement adapté. Parce
que, des fois, comme je vous le disais, la sclérose en plaques est une
maladie imprévisible, parfois il y a une évolution qui peut se faire assez
rapidement. La personne est à un deuxième
étage, il faut qu'on trouve une solution rapidement, et elle n'a pas accès à un
appartement adapté, puis elle va se
retrouver à un endroit où elle ne devrait pas être, en hébergement. Ça, j'ai
déjà vu ça. Je ne le sais pas si c'est encore d'actualité puis si c'est
un problème généralisé à la grandeur du Québec, mais je… Des fois, il y a une
situation de crise qui arrive, puis on doit
trouver une solution rapidement. Des fois, ça peut être une grosse poussée,
aussi, la personne fait une grosse
poussée de sclérose en plaques, elle a plusieurs symptômes, sa situation se
dégrade rapidement, puis là il faut trouver un endroit où elle va
pouvoir au moins rentrer et sortir de chez elle.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : J'imagine qu'une des possibilités, ce qu'on voit, il me semble qu'on... en tout cas, moi, j'ai eu l'occasion de
voir de temps en temps, c'est que le conjoint, la conjointe s'en occupe,
et effectivement il y a quelques adaptations comme on en a pour
des personnes qui ont un handicap, par exemple, pour marcher, ou des choses
comme ça, mais est-ce qu'il y a des problèmes plus particuliers encore? Vous
parliez de température tantôt. Moi, j'ignorais totalement ça. Est-ce
qu'il y a d'autres problèmes de ce type-là qui, dans un domicile correct, là,
mais sans plus, posent problème?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Je vous dirais que c'est plus par rapport... Le principal problème, ça serait par rapport à la perte de mobilité.
M.
Reid :
Donc, effectivement, les appartements adaptés, par exemple, pour les personnes
qui ont un problème de mobilité, c'est déjà
un point de départ, ça veut dire
comme une condition initiale qui est incontournable, là?
Mme Prévost (Nadine) : Parce que ce qui fait que la personne va se
retrouver en hébergement, c'est qu'elle a atteint le maximum
d'heures-soins auxquelles elle a droit à domicile ou encore que c'est devenu...
que ce n'est plus sécuritaire qu'elle reste à la maison. Donc, c'est...
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Oui. Vous parlez d'heures-soins maximums. Ça, c'est
fixé selon quelles normes, ça, puis quels barèmes? Savez-vous?
Mme Prévost
(Nadine) : À ma compréhension, c'est variable. Ça peut varier d'un
CLSC à l'autre.
M.
Reid : Et, à votre avis, si ce nombre d'heures là augmente,
bien ça favorise le maintien à domicile, j'imagine, de façon
automatique?
Mme Prévost
(Nadine) : Oui, ça favorise le maintien à domicile, c'est sûr, surtout
quand la personne n'habite pas seule. C'est
sûr que, là, la question de sécurité se
pose moins. Mais, pour une personne qui vit seule, parfois c'est juste
le fait qu'elle ne puisse pas se tourner dans son lit ou, s'il arrive quelque
chose pendant la nuit, un incendie ou quelque chose, bien… Pour la question de
sécurité, je n'ai malheureusement pas plus de solutions à...
M.
Reid :
O.K. Non, mais c'est éclairant, parce que la sécurité est un problème pour toutes
les personnes qui peuvent avoir un handicap physique, mais, dans ce cas-là,
c'est facile à comprendre que c'est plus problématique.
Mme Prévost (Nadine) : Pour les
personnes qui vivent seules.
M.
Reid : Merci.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bienvenue à notre commission. D'abord,
félicitations pour votre approche
positive. J'appellerais ça un discours équilibré. On voit que vous cherchez des
solutions pour des problèmes qui sont
très réels, mais vous n'êtes pas utopiques, là, vous êtes vraiment,
là, sur le terrain, puis ça, j'apprécie énormément.
Vous
avez parlé de la question des nouveaux traitements. En sclérose en plaques, il y a quand même
des beaux traitements. Je pense que ce qu'il faut viser un jour, là,
c'est qu'on réussisse à guérir la maladie, si possible même la prévenir, là. Je ne sais pas comment on pourrait
faire parce que la cause n'est pas tout à fait connue, mais au
moins, si on pouvait la guérir ou retarder la maladie... Vous avez dit
«l'accès aux médicaments», est-ce que c'est un enjeu pour vous actuellement?
M. Adam (Louis) : Bien, l'accès aux médicaments est un enjeu extrêmement important évidemment parce
qu'on a des nouveaux traitements. La plupart
des personnes qui ont la sclérose en plaques actuellement sont obligées
de s'injecter, que ça soit une fois par
semaine ou encore quelques fois même par jour, en tout cas pour certaines
personnes, selon le médicament qu'ils
prennent. On a des nouveaux traitements qui arrivent sous forme orale, qui sont
extrêmement efficaces aussi, encore plus
efficaces que les traitements par injection. Alors, évidemment, c'est déjà une
grosse amélioration au niveau de la
qualité de vie. Il y a des nouveaux traitements, des nouveaux médicaments qui
vont arriver très, très bientôt, qui
ont commencé à arriver aussi qu'on ne peut pas inscrire sur la liste des
médicaments, évidemment, ou qu'on
retarde à inscrire sûrement pour une raison économique. Mais ces médicaments-là,
évidemment, selon les recherches qui sont faites, vont augmenter l'écart
entre les poussées, hein? Ça fait que, plus on va diminuer cet écart-là entre
les poussées, évidemment moins vite les
personnes vont avoir besoin de soins plus importants. Alors, pour nous, ça
serait, tu sais... pour les patients, en tout cas, quelque chose d'extrêmement
important, là, qu'on puisse leur permettre d'avoir accès à ces traitements-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Pour continuer dans
le même ordre d'idées, on s'est déjà parlé
qu'il y a également l'importance d'avoir des cliniques spécialisées, parce que
la sclérose en plaques est quand même une
maladie, là, très, très
spécialisée. Généralement, il y a un spécialiste qui suit la personne, avec souvent
un médecin de famille, là, qui
l'accompagne pour les autres pathologies. Je pense que vous avez fait beaucoup
la promotion des cliniques spécialisées
avec les infirmières pivots. J'aimerais ça que vous m'en parliez, parce qu'on s'en était parlé ici, au parlement, il y a quelques mois.
Le Président (M.
Bergman) : M. Adam.
• (21 h 10) •
M. Adam (Louis) : Oui. Alors, évidemment, il y a 18 cliniques spécialisées en sclérose en
plaques au Québec. Ils jouent un rôle extrêmement important, hein? Il y
a un neurologue à la clinique, évidemment, puis il y a une infirmière pivot, comme on vous en a parlé. Quand
ces cliniques-là ont commencé à prendre place, les infirmières, par exemple,
avaient un ratio d'à peu près une infirmière pour 500 patients. Elles
jouent un rôle clé, hein, tu sais, au niveau de l'information, là, sur les
médicaments, elles vont décharger le neurologue. Le neurologue peut passer plus
de temps ou voir plus de patients évidemment, avec une infirmière qui
joue un rôle très actif.
Et actuellement ce
qu'on a constaté, c'est que c'est une infirmière pour 2 000 à 2 500
patients. Alors, ils sont débordés, on
n'arrive pas à répondre à la demande. Les personnes sont vues moins fréquemment
aussi dans l'évolution de leur
maladie, alors ça crée... C'est évidemment beaucoup, beaucoup de pression
actuellement sur le système, et on voit de plus en plus de personnes qui
ont la sclérose en plaques, dans le fond, déborder, tu sais, au niveau des
urgences ou, en tout cas, des visites dans les CLSC, qui sont obligées
d'attendre d'avoir des réponses, là, et ça a aussi un impact.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Et puis
vous avez touché le point également que la majorité des personnes qui
ont la sclérose en plaques sont quand même capables de demeurer à domicile. Ils
ont des poussées qui arrivent à l'occasion,
l'évolution est variable d'une personne à l'autre. Je ne pense pas que... C'est
quand même une minorité de personnes qui vont voir leur condition se
détériorer rapidement.
Je
crois que vous faites la promotion… c'est la diversité du type d'hébergement.
Parce que, quand on arrive dans ces situations-là, souvent les gens, ils
viennent puis ils font la promotion d'un type d'hébergement, alors que ce qui
est important pour moi, c'est qu'on puisse leur offrir ce qu'eux autres
veulent, essayer de les mettre dans les bonnes conditions, en sachant qu'avec
une détérioration de l'état ils peuvent avoir des maisons adaptées, des
ressources non institutionnelles, ça peut
aller jusqu'à un CHSLD, tout dépendant du volume… du nombre de personnes qui
ont la maladie par région. Parce
qu'une des conditions que moi, j'ai vue souvent, c'est que les gens veulent
continuer à demeurer où ils demeuraient.
Mais, si c'est des petites populations, parfois ce n'est pas possible d'avoir
une maison de huit ou 10 personnes, là, qui serait probablement le
seuil de viabilité.
Comment vous voyez ça, notre modèle, au Québec,
qu'on devrait développer justement par rapport à ça, c'est-à-dire d'avoir cette
offre de services diversifiés?
Le
Président (M. Bergman) : M. Adam? Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Merci. Oui, bien, c'est sûr que nous, de par le
type de clientèle qu'on a, on ne peut que parler de diversité, là, parce
que c'est une clientèle dont les
besoins varient énormément. Puis c'est sûr qu'on privilégie aussi des
ressources avec un cadre un peu moins rigide qui va faire en sorte que la
personne va pouvoir rester un certain temps à la même place, pas être... Si on
dit : Une ressource, c'est pour une personne qui a entre 20 et 30 heures, et ensuite il faut
qu'elle aille à un autre endroit, 30 à 40, puis à un autre endroit, ensuite en
CHSLD… Donc, je pense qu'avoir des ressources diverses, ça peut
être une solution intéressante. Puis c'est ce qu'on voit, d'ailleurs, actuellement, là, dans les
pratiques d'excellence, dans les ressources qui fonctionnent bien. C'est très variable, là,
ce n'est pas du tout les mêmes critères, le nombre de places. Donc...
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Puis avez-vous évalué le coût d'une ressource
de ce type-là avec le nombre de personnes
qui sont nécessaires? Puis ce que je vois actuellement, c'est des ressources qui sont soit financées par des groupes,
ou le gouvernement peut contribuer en partie à son financement.
Mme Prévost
(Nadine) : Oui. Bien, je peux parler...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Pardon. Oui, je peux parler pour la nôtre, pour Espace
Bellechasse, en fait, parce que c'est celle qu'on
connaît le plus. Donc, avec un budget de 550 000 $, on a un 14 logements, donc une présence
24 heures sur 24, ce qui correspond à peu près aux enveloppes de soutien à
domicile des 14 résidents, qui ont été ramenées dans un seul budget.
C'est
sûr que, je dirais, c'est un budget correct. Par contre, le défi principal,
c'est le roulement de personnel parce que,
dans les barèmes qu'on nous a donnés, avec le financement de l'agence qu'on a
eu, on doit s'en tenir à un barème et on
n'est pas compétitifs avec le réseau de la santé. Donc, on a un roulement très,
très important. Ça, ça nuit malheureusement à la qualité de vie, là, des personnes sur place, là, parce que,
bon — je n'ai
pas besoin de vous faire un dessin — il y a des actes intimes quand même,
et puis le roulement de personnel, ce n'est pas quelque chose de souhaitable
dans ce type de ressource là.
Donc,
une augmentation, même qui ne serait pas très importante, nous permettrait au
moins d'offrir un salaire non pas
compétitif, mais avec un écart moins grand. Parce que je pense que ce qu'on
offre comme employeur, ce qu'Espace Bellechasse offre comme employeur
est intéressant. On n'a pas besoin d'offrir les mêmes salaires que le réseau
pour avoir des bons employés qui vont rester, mais actuellement ce n'est pas
très élevé.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Vos
14 personnes qui demeurent dans votre Espace Bellechasse, le profil
moyen, est-ce que c'est du profil ressource intermédiaire ou du profil CHSLD?
Mme Prévost
(Nadine) : Bien, c'était 20 à 44 heures, et on devait faire une
moyenne avec les gens qu'on sélectionnait, une moyenne de 32 heures.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça devient pratiquement un profil CHSLD?
Mme Prévost
(Nadine) : Oui.
Le Président (M.
Bergman) : M. Adam.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça fait que, si on fait juste
parler de la qualité de vie, je pense que c'est ça qui doit prévaloir. Ce que les gens veulent, également,
pour moi, c'est important. Mais,
quand vous regardez le tableau financier, 540 000 $,
550 000 $ pour 14 personnes, c'est beaucoup moins dispendieux
qu'une place en CHSLD. Parce qu'à Montréal ils estimaient autour de 90 000 $; Saguenay—Lac-Saint-Jean, autour de 60 000 $. Et
vous êtes probablement autour de 40 000 $
par personne, ça fait que c'est quand même avantageux financièrement. Ça fait
que ça devient un partenariat gagnant-gagnant?
Mme Prévost (Nadine) :
Tout à fait.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M. Adam (Louis) : Et ça permet aux gens de rester dans leur milieu de vie, ce qui est
vraiment… tu sais, d'être des locataires et de pouvoir vivre en famille
ou en couple.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Moi, le raisonnement, je ne le fais pas, dire qu'est-ce qu'on peut se payer au niveau financier? Il faut toujours commencer :
c'est quoi, le besoin, puis c'est quoi qui est mieux pour la personne.
Puis après ça, quand on développe nos ressources, on se rend compte que souvent
ce n'est pas plus cher que d'avoir des ressources institutionnelles comme du
CHSLD, sauf qu'il faut prendre le temps de les développer et comprendre que… Ça, c'est le raisonnement qu'on doit faire au
niveau politique puis au niveau gestion, voir que, si cette personne-là n'était pas dans la ressource alternative, elle
serait en CHSLD, ça fait qu'on devrait l'assumer à un moment donné, à
une place ou l'autre. Et, quant à le faire,
développons les bonnes ressources aux bons endroits pour satisfaire aux
besoins. Je pense que c'est comme ça que vous travaillez également.
Si vous aviez à faire des recommandations pour
les personnes dans les CHSLD… Vous avez dit : Peut-être essayer de les regrouper. Mais un élément qu'on a
eu, c'est vraiment… il y a des gens qui nous disent que, tout regrouper
ce type de clientèle là ensemble, il y a comme un effet miroir. Ce serait quoi,
la solution pour éviter ça?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Qu'est-ce que
vous voulez dire par «effet miroir»?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : L'effet miroir, c'est que vous êtes des gens
qui sont malades, tous la même maladie, quand vous voyez une personne qui se détériore, ça vous fait penser que,
vous aussi, vous allez peut-être passer par là, et il y a comme un effet
psychologique qui joue chez ces gens-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme
Prévost (Nadine) : Je ne comprenais
pas l'effet miroir parce que, pour moi, l'effet miroir, être face à des
gens, des personnes âgées puis voir des décès à répétition, je pense que
l'effet miroir, pour moi, est plus fort, mais peut-être que je me trompe. Mais
nous, ce qu'on voit, c'est que les gens au moins peuvent se voisiner, peuvent
avoir des conversations, peuvent même s'organiser des sorties. Donc, ça, on le
voit à Espace Bellechasse, puis je pense que
ça peut être la même chose aussi en CHSLD, là. Puis c'est sûr qu'avoir une salle
pour recevoir la famille, pour ceux
qui reçoivent encore la visite de leur conjoint puis des enfants, avoir
peut-être un petit peu plus de flexibilité au niveau des horaires… Parce
que ça devient difficile d'être spontanés, là, en CHSLD, là, voire impossible.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis tantôt vous avez fait mention que
souvent ça ne se fait pas. Je peux vous dire, on a fait des unités prothétiques dans des CHSLD pour regrouper certains
types de clientèles. C'est juste une question de volonté de l'organisation parce que tous nos CHSLD, en général, sont
assez gros pour être capables de faire du regroupement de clientèle. Puis souvent, 14, 15 patients
qu'on regroupe dans un même secteur, on peut leur donner une bonne qualité de vie, puis ça, moi, je pense, c'est ce
qu'on doit rechercher. Mais la base, moi, je me dis, si quelqu'un veut
aller avec des clientèles du même type
qu'elle, je pense qu'il faut favoriser ça, mais, si quelqu'un nous dit que,
pour toutes sortes de raisons, ça ne
fait pas son affaire, bien, à ce moment-là, on doit lui offrir de la ressource
alternative, c'est-à-dire qu'elle pourrait
être dans un autre endroit où ça lui convient. Donc, ça devient le choix de la
personne. Puis moi, j'ai toujours pensé
qu'on est différents, il faut avoir des offres diversifiées, mais ce qui est
plus important, c'est d'essayer de respecter le choix de la personne en
développant les ressources appropriées.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : Je suis
d'accord parce que parfois le choix de la personne même est surprenant. Ah! Ce n'est pas le choix auquel, nous, on
s'attendrait. J'ai parlé à des gens qui étaient en CHSLD dans le temps où on ouvrait Espace Bellechasse, et puis il y a
des personnes que j'étais certaine qu'elles allaient vouloir venir
habiter à Espace Bellechasse, puis elles ne voulaient pas quitter le CHSLD, et
ça…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et vous touchez un point qui est très
important. Souvent, dans notre tête — puis on vit ça comme
professionnel — on
pense qu'à leur place on ferait telle affaire. Mais, le principe de
l'autonomie, c'est la personne qui décide,
puis nous autres, on est là pour essayer de favoriser à ce que ce qu'elle veut
puisse se réaliser. Et ça, les professionnels, des fois, ont de la
difficulté. Entre autres, au niveau des soins, il y en a qui veulent avoir
certains types de soins, ou, le principe aussi,
il y en a qui ne veulent pas avoir certains types de soins, alors que les
autres, ils disent : Bien, vous devriez… Mais ça appartient à la
personne de prendre sa décision, quel que soit son raisonnement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Prévost.
• (21 h 20) •
Mme
Prévost (Nadine) : Je n'ai
rien à redire, je suis entièrement d'accord avec ça. Je pense que c'est à la
personne à décider. Mais malheureusement, ce qui se vit actuellement, bien il y
a des personnes qui se retrouvent là où elles ne voudraient pas être,
malheureusement.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous
reste 2 min 30 s.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Écoutez,
je veux seulement que vous remercier. Mais je tiens encore à vous féliciter puis à dire que vous faites
un excellent travail parce que, là, vous nous avez fait une belle
démonstration de l'engagement que vous faites face à votre cause. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence
ce soir, puis je pourrais vous dire, c'est très enrichissant de vous
avoir avec nous. Je pense que c'est une belle innovation sur le milieu de vie
que vous avez créée à Espace Bellechasse. Je
voudrais savoir, selon vous, là… Vous avez dit qu'il y avait 1 000 cas de
sclérose en plaques qui sont dans les CHSLD actuellement au Québec. Là,
vous avez créé 14 places à Espace Bellechasse. Mais, selon vous, il y en
aurait combien qui voudraient se retrouver dans un milieu de vie comme
celui-là?
Le Président (M.
Bergman) : M. Adam.
M. Adam (Louis) : Bien, c'est une excellente question. Il faudrait leur demander
évidemment puis il faudrait qu'il y
ait des places disponibles de plus pour qu'on puisse le savoir. Évidemment, on
parle de 1 000… il y a un accroissement de la maladie. Ça, je ne l'ai pas dit au départ, hein? On a de plus en
plus de cas de sclérose en plaques malheureusement. Puis l'effet du vieillissement de la population va
faire que les gens vont vivre plus longtemps aussi. Ça fait que j'ai
l'impression qu'on va se retrouver dans une situation où on va avoir un
accroissement, finalement, de cas de ce type.
Maintenant,
je pense que, si on ouvrait d'autres places dans certains milieux, je suis
convaincu qu'on ferait face à la même situation. Il y a des gens qui probablement ne
voudraient pas changer d'endroit ou d'autres personnes qui
malheureusement feraient face à une éventualité d'intégrer un centre
hospitalier et de soins de longue durée puis choisiraient de vivre dans un
modèle comme Espace Bellechasse, avec ses lacunes, évidemment.
Une
des lacunes dont on ne vous a pas parlé, c'est qu'ils sont locataires, les
gens, ils sont locataires selon un bail, comme M. et Mme Tout-le-monde, et, quand il y a une personne qui ne veut
plus de soins, bien c'est difficile de dire à cette personne-là : Mais
tu dois quitter, tu sais? Alors, ça, c'est compliqué, là. Actuellement, on n'a
pas cette souplesse-là au niveau de la ressource. Alors, on pourrait
éventuellement se retrouver, par exemple — là j'exagère, je pousserais loin — avec 10 places qui seraient occupées par des
gens qui n'auraient plus… qui ne désireraient plus de soins puis qu'on ne peut pas malheureusement envoyer ailleurs parce
que les gens sont locataires et propriétaires de leur bail, là, tu sais?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Mais ce que je comprends, c'est que c'est des
appartements, puis la personne-ressource, là, qui est en charge, elle
vit dans un appartement… ou elle a ses locaux pour répondre à la demande la
nuit, ou est-ce qu'elle vit sur place?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Prévost.
Mme Prévost (Nadine) : En fait, on a un bureau sur place. Il y a une
coordonnatrice qui est là pendant le jour, et elle est sur appel le soir, mais il y a toujours au moins un préposé,
selon les besoins, un, deux, trois préposés, selon les plans de
services. Donc, il y a au moins une personne la nuit à tout moment et qui est
rejoignable par un système — c'est
encore un système téléphonique, Serge? — …
M. Loiselle
(Serge) : …
Mme Prévost
(Nadine) : …qui est rejoignable par système téléphonique, toujours?
M. Loiselle
(Serge) : Oui, puis il y a toujours moyen… Oui, de toute façon, tous
les locataires d'Espace Bellechasse ont tous
un bouton d'accroché avec une espèce de truc pour embarquer, là, puis ils
peuvent signaler si jamais ils sont dans le pépin. Il y a une cloche
qu'ils peuvent sonner tout le temps.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Mais la personne est sur place.
Mme Prévost (Nadine) : En fait, on a un bureau sur place. La
coordonnatrice fait les horaires des préposés, les préposés sont sur
horaire selon les plans de soins, et il y a au moins… C'est parce que je ne
peux pas vous dire les plans de soins de
nuit, des fois ça change, là, dépendamment si la personne est moins bien, ils
peuvent avoir besoin de deux préposés pendant la nuit, parce qu'ils ont
des horaires. Des fois, ils ont à tourner les personnes ou aller à la salle de bain. Donc, selon les plans de soins, il y a
toujours le nombre de préposés requis et un gros minimum d'une préposée,
la nuit, qui est rejoignable avec notre moyen de communication.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Est-ce que vous avez une liste d'attente, actuellement, pour des…
Mme Prévost (Nadine) : Oui…
M.
Loiselle (Serge) : …une
liste d'attente. Je ne sais pas combien il y a de personnes sur la liste
d'attente. Mais il y a toujours des
gens qui s'informent de la ressource, alors on prend leur candidature. Et puis,
là, quand il y a un logement qui se
libère — ça
n'arrive pas souvent, c'est arrivé à quelques reprises, quand même, dans les
derniers cinq ans — on passe des entrevues de sélection pour
les candidats intéressés.
Mme
Prévost (Nadine) : Puis on
ne le publicise pas vraiment beaucoup parce
qu'on ne veut pas créer de
fausses attentes, là. Donc, on ne veut pas avoir une liste d'attente de
50 personnes, là. Donc, on sait que les places se libèrent peu, donc on
publicise très peu la ressource.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. M. Adam,
Mme Prévost, M. Loiselle, merci d'être ici avec nous ce soir,
merci pour votre présentation, on apprécie beaucoup.
Et, collègues, compte tenu de l'heure, je
suspends les travaux jusqu'à demain, après les affaires courantes. Bonne
soirée.
(Fin de la séance à 21 h 26)