(Neuf
heures trente-trois minutes)
1419
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors,
collègues, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Collègues,
la commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et auditions publiques sur les conditions
de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue durée.
M. le secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
Le Secrétaire :
Non, M. le Président.
Auditions (suite)
1419
Le Président
(M. Bergman) : Alors, on reçoit maintenant le Centre
d'hébergement du Centre-Ville-de-Montréal
et, plus tard ce matin, le Centre d'hébergement Villa-Bonheur de Granby et
l'Association québécoise de défense des droits des personnes
retraitées et préretraitées. Nous allons ajourner nos travaux, aujourd'hui, à
16 heures.
Alors,
je souhaite la bienvenue à nos premiers invités, le Centre d'hébergement du Centre-Ville-de-Montréal.
Pour les fins d'enregistrement, on vous demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, on
va avoir les questions et réponses avec les membres de la commission.
Alors, le micro, c'est à vous, et bienvenue.
Centre d'hébergement du Centre-Ville-de-Montréal
Mme Larochelle (Hélène) : Bonjour. Je me présente, Hélène Larochelle,
directrice de l'hébergement au Centre de santé et services sociaux Jeanne-Mance. Je remercie la Commission de la
santé et des services sociaux de nous avoir invités à présenter les
conditions de vie des personnes hébergées, particulièrement les jeunes adultes.
Notre
mémoire présente tout d'abord l'ensemble du CSSS Jeanne-Mance pour sa mission hébergement. Nous mettrons une
emphase particulière sur la réalité unique du centre Centre-Ville-de-Montréal,
qui accueille une jeune clientèle présentant
des profils différents des autres centres d'hébergement publics. Nous allons,
par le fait même, vous présenter l'approche de collaboration qui a été
développée au Centre d'hébergement Centre-Ville et qui répond plus particulièrement
aux besoins spécifiques de cette clientèle-là. Le CSS Jeanne-Mance souhaite,
par sa participation, contribuer à une réflexion d'amélioration des conditions
de vie des adultes hébergés.
La
mission hébergement du CSSS Jeanne-Mance. Bien, nous comptons près de
1 200 lits de personnes hébergées. Ces personnes hébergées
sont hébergées dans sept centres d'hébergement. Et, de ces sept centres-là, un
est le Centre-Ville-de-Montréal. Dans les six autres centres d'hébergement, la
clientèle est avant tout âgée. La moyenne d'âge des personnes hébergées dans ces six centres-là est de 76 ans. Ils sont
atteints en majorité de problèmes cognitifs, d'atteintes cognitives qui
sont reliées au vieillissement et des pertes d'autonomie physique. La clientèle
plus jeune se situe à Centre-Ville. C'est
certain qu'il y en a aussi dans les autres centres d'hébergement qui
vivent avec une clientèle plus âgée, mais
la majorité des résidents se situe à Centre-Ville. Cette clientèle est plus
jeune, elle présente des handicaps physiques importants, dont
M. Jean-Denis Bilodeau vous fera la description tout à l'heure.
Au
fil des ans, les centres d'hébergement ont dû s'adapter à l'augmentation constante de la clientèle qui présente, entre autres, comme je
vous l'ai dit précédemment, des problématiques plus complexes, des atteintes
cognitives de plus en plus complexes. À ça s'ajoutent aussi des troubles de
comportement, des difficultés d'adaptation qui sont secondaires à des problèmes neurologiques, et il y a
aussi des personnes dans nos lits d'hébergement qui ont un profil d'itinérance. C'est une nouvelle... On pourra en
parler tout à l'heure dans les défis qu'on a pour les prochaines
années.
En
plus de ces problématiques-là, on voit aussi beaucoup de problématiques des personnes présentant des troubles de comportement. À cet effet-là, on a deux types de programmes
qui s'appellent les unités spécifiques de type 1. Donc, c'est des
personnes présentant des troubles de comportement. On a 67 lits, au CSSS
Jeanne-Mance, de personnes qui sont hébergées dans le type 1. Les unités
spécifiques de type 2, il s'agit de personnes qui présentent des problèmes
de comportement mais reliés avec des problèmes de santé mentale. Nous avons
61 résidents qui sont hébergés dans ces lits-là. En plus, nous avons
32 lits de programme d'évaluation en hébergement, qui s'appelle le PHPE,
nous avons 32 lits dans ce programme-là
et, en hébergement temporaire, 12 lits qui sont répartis dans deux centres
d'hébergement. Et le reste de la clientèle, c'est des hébergements qu'on dit
plus réguliers. Donc, je vais laisser la parole à M. Bilodeau pour vous
parler un peu plus des conditions de vie des personnes à Centre-Ville.
M.
Bilodeau (Jean-Denis) :
Merci. Tout d'abord, je suis heureux d'être ici aujourd'hui. Mon nom est Jean-Denis Bilodeau,
je suis coordonnateur de site du Centre d'hébergement du Centre-Ville. La
clientèle, on a 196 lits à Centre-Ville, donc, la moyenne d'âge des résidents, c'est de
54 ans. Donc, on a des très jeunes. Et la clientèle présente des problématiques surtout au niveau santé physique. On a des traumatismes crâniens,
on a aussi de la sclérose en plaques, donc beaucoup de problèmes liés à
la mobilité.
Donc, souvent, quand qu'on va entrer dans le
Centre d'hébergement Centre-Ville, on va remarquer des difficultés, justement, là, perceptibles, visuelles qui nous font face. Par contre,
on remarque aussi le potentiel de ces gens-là. La clientèle nécessite beaucoup de support, quand on parle de mobilité. Donc,
c'est une clientèle qui va faire l'utilisation de fauteuils motorisés, soit par l'utilisation, là, de mécaniques par la bouche ou contrôle par la tête ou par les
pieds. Donc, ça demande beaucoup d'ajustement à l'égard des besoins de
mobilité de cette clientèle-là.
• (9 h 40) •
C'est une clientèle qui, étant jeune, participe
à une vie nocturne, donc va avoir un désir de participer à des activités de soirée, voir le hockey, par exemple. L'été, ils vont participer aux festivités. On est situés dans le
centre-ville, là. Donc, vraiment,
il y a une vie. Les gens participent, malgré qu'ils sont en fauteuil roulant.
La clientèle a un potentiel, un potentiel de communication souvent peu
développé, mais, avec les professionnels qui sont alentours, va développer ce potentiel-là. Donc, ils vont non seulement s'exprimer, mais exprimer leurs besoins, ils vont découvrir beaucoup de choses à travers leurs intérêts.
On a aussi les besoins qui sont plus individuels
par rapport aux soins. Les soins qui sont donnés souvent en hébergement, on va
avoir des soins généraux qui vont être donnés, comme les bains ou des choses
comme ça, mais il va y avoir des besoins qui
vont être particuliers, qui sont représentatifs des besoins de la population
en général, que ce soit au niveau de l'épilation,
maquillage. Il va y avoir des soins qui sont particuliers qui sont demandés par
la clientèle. Et c'est les préposés aux bénéficiaires qui… tous les professionnels,
en fait, qui sont dans le centre vont être dévoués à cette dimension-là. Donc,
on doit répondre parce que ça fait partie de l'estime de soi.
Qui dit
l'estime de soi dit aussi les relations. Donc, c'est clair qu'au niveau des relations il y a des couples qui se font, qu'ils soient de partenaires internes ou partenaires externes. Et
donc on a développé… il a fallu voir un
petit peu les options pour pouvoir développer les aspects les plus importants
à l'égard de cette clientèle-là. Et on a développé la chambre d'intimité,
chambre d'intimité qui a été reconnue, là, par plusieurs, même différents pays,
même en France, qui permet d'avoir des
relations avec des gens. Et c'est un milieu qui est adapté, qui est sécurisé.
C'est quotidiennement, là, pratiquement à chaque semaine, on a des
demandes par rapport à des questionnements à l'égard du fonctionnement de cette
chambre-là.
Autre questionnement, on a aussi à développer notre point
de vue. Parce que
c'est sûr qu'il y a des demandes qui sont de plus en plus… Tu sais, au départ, on ouvre un service, mais le
service se développe au fil des demandes. Donc, on doit aussi se pencher au niveau de l'éthique, au niveau du volet
professionnel, c'est quoi que ça engendre comme demandes, qu'est-ce que
ça demande comme tâches. Et donc on travaille en collaboration aussi avec les
partenaires, syndicats et employés.
D'ailleurs, il y a un film, un court métrage, qui a été fait avant Noël, sur
les difficultés de l'hébergement et la sexualité.
Il va sûrement paraître, on va le voir prochainement. Et ça a été tourné au
Centre d'hébergement Centre-Ville.
D'autres situations qu'on va retrouver à
Centre-Ville, c'est des résidents qui sont travailleurs, qui s'impliquent
dans... On a un étage où ils peuvent vendre. Ils peuvent vendre des articles
comme un petit dépanneur. Il va y avoir un club social, un journal qui est fait
par les résidents, une animation qui est faite par les résidents.
Donc, à ça on
avait aussi les problématiques liées aux volets comportementaux parce que,
souvent, là, les atteintes cognitives
peuvent amener des troubles de comportement. Et là il y a l'unité 2, La Clé des
champs, qui a été développée avec
l'approche de collaboration. L'approche de collaboration dit… Dans le fond,
c'est tout l'aspect relationnel qui place le projet de vie de l'individu et l'aspect de communication positive. En
gros, on développe le potentiel à partir des intérêts qui sont propres
aux individus.
Donc, il y a
des équipes qui se penchent à ce niveau-là et s'impliquent dans la démarche,
dans l'approche, donc : de ne
pas dire non, d'avoir un aspect de support. Et ça a des effets très bénéfiques
au niveau des comportements, c'est assez révélateur. C'est pourquoi qu'avec le CREMIS on essaie de développer
aussi des partenariats — parce qu'on est affiliés avec
l'Université de Montréal — de voir au développement de cette pratique-là et voir si c'est
exportable. On a commencé à l'exporter dans les unités spécifiques, et
aussi on veut le faire de façon générale.
On a
développé une formation qui va être donnée à l'ensemble du personnel et des
gestionnaires, qui va permettre de
pouvoir voir l'importance de l'aspect relationnel et le désir du résident. Et
ça, là, on développe aussi des mécanismes de volet communautaire. Donc,
les résidents participent aux projets, l'ensemble des projets qui peuvent se
développer au niveau du centre-ville. Et l'Université de Montréal, avec
Partenaires de soins qui se greffe à ça aussi, c'est toutes des dimensions qui nous amènent avec la collaboration,
et donc le résident n'est pas un acteur… quelqu'un qui va être un
spectateur du développement du soin, mais il va être un participant. Donc,
c'est très intéressant comme démarche. Je repasse la parole à Mme Larochelle
parce qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps.
Mme Larochelle (Hélène) : Les grands
enjeux. On parlait tout à l'heure des profils de notre clientèle, mais la clientèle qui va bientôt… et qui a déjà
commencé à être hébergée dans nos centres, c'est la clientèle adulte
itinérante et consommatrice. On est dans un
milieu, Centre-ville, où il y a beaucoup de cette clientèle-là qu'on a à
desservir. Donc, on voit de plus en
plus la nécessité de regrouper ces clientèles-là parce que, quand ils sont à
l'intérieur d'un établissement où il
y a de la clientèle âgée, ça amène des difficultés, une complexité. Et ça nous
demande aussi d'améliorer les
programmes de formation en lien avec cette nouvelle problématique là. Il y a
déjà des formations qui sont données à nos employés en lien avec les besoins de notre clientèle, mais
cette particularité-là est de plus en plus présente dans nos
établissements.
Les
financements qui nous ont été donnés jusqu'à maintenant ont toujours répondu
aux besoins de notre clientèle, mais la complexité des nouvelles clientèles
nous amène à dire qu'on pourrait aller plus loin encore. Puis, avec l'approche de
collaboration, on veut investir là-dedans parce qu'on a des résultats vraiment
positifs qui sont ressortis de cette approche-là et qui s'ajustent à
chacun des besoins de la clientèle.
Les enjeux,
c'est sûr que la pénurie du personnel, on vit avec ça. Quand on forme notre personnel,
il faut le remplacer. C'est sur les trois
quarts. Puis souvent on est obligés de faire face à la situation où on doit
aller vers des employés des agences, même si on tente de diminuer de
plus en plus cette utilisation-là.
Et aussi une
recommandation qu'on ferait à la commission, c'est de reconnaître le statut
particulier de Centre-Ville, avec le profil
de clientèle que nous avons dans cet établissement. C'est le seul établissement
qui reçoit une masse aussi importante de clientèle de toutes les régions
du Québec et qui est situé dans un milieu qui favorise aussi cette clientèle-là
à pouvoir aussi bénéficier des activités qu'il y a dans le centre-ville. Et le
centre-ville de Montréal a aussi développé des approches et un milieu qui est
favorable à cette clientèle-là.
Il y a l'aspect aussi de tout l'environnement des
établissements à l'hébergement qu'on doit poursuivre l'amélioration
parce que les besoins ont changé. Quand on se retrouve à Centre-Ville et qu'on
a des ascenseurs qui peuvent recevoir un ou deux fauteuils roulants à la fois
dans un établissement de cinq étages ou dans des établissements de 14 étages,
on a une problématique majeure qui avant n'était pas là parce que les clients
étaient plus mobiles, mais on a cette
difficulté-là particulière.
Et je finirais
avec le recrutement des médecins, le recrutement du personnel qui est de plus
en plus difficile. On sait qu'on a fait les manchettes beaucoup, les centres
d'hébergement. Ça nous a beaucoup heurtés…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme
Larochelle (Hélène) : En conclusion, bien, il faudrait mettre
l'emphase, entre autres, auprès des médecins pour être capables de recruter
plus de médecins auprès de notre clientèle hébergée. Je vous remercie.
1419
Le Président (M. Bergman) : Maintenant,
pour le bloc du groupe ministériel. Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci, M. le Président.
Bonjour, M. Bilodeau, Mme Larochelle, ça me fait plaisir de vous
accueillir. Mais je me permettrais, M. le
Président, si vous voulez bien, un petit commentaire, ce matin, avant d'amorcer
la discussion avec nos invités. Je
voulais simplement mentionner… rrevenir
un petit peu sur la journée d'hier. Je trouve que la journée d'hier, dans cette commission-là, s'est très bien
déroulée. Vous savez, comme commission… on sort d'une
commission sur les soins de fin de vie, le projet de loi n° 52, qui, à mon
avis, a fait la démonstration qu'il est possible de faire de la politique dans le sens très noble du terme et non
pas de la petite politique. Alors, moi, je pense que j'inviterais
l'ensemble des membres de la commission à… (panne de son) …débat et à s'assurer
que le débat demeure élevé au-dessus de la partisanerie et de la petite politique.
Je pense que
tout le monde a tout à gagner à miser sur la raison pour laquelle on tient
cette commission-là, c'est-à-dire améliorer, voir, tracer le portrait, mais
dans le but d'améliorer les conditions de vie de nos aînés dans les CHSLD. Et, s'il faut qu'on commence, à chaque fois
qu'il y a quelque chose, un élément problématique qui est soulevé par un de nos invités, à s'accuser mutuellement de
tous les torts, on ne s'en sortira pas. On peut bien commencer ça, mais
moi, je vous dis qu'on ne s'en sortira pas.
On n'a pas l'intention d'entrer dans ce jeu-là. Et je vous invite aussi à
continuer à tenir nos débats, là, de la même façon qu'on les a tenus
tout au long de la journée hier. Alors, c'était le petit commentaire que je
voulais faire.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
J'invite le gouvernement peut-être à éviter les messages politiques, comme ils
ont été passés hier par rapport à l'assurance autonomie, qui a fait…
12235
Mme
Proulx : M. le Président, c'est moi qui ai la parole, je
m'excuse.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, mais je pense qu'elle
avait terminé, M. le Président.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Oui, il semble que, Mme la députée de
Sainte-Rose, vous avez…
Des voix :
…
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Elle m'avait donné la…
• (9 h 50) •
1419
Le Président (M. Bergman) : Excusez,
c'est moi qui ai la parole maintenant. Vous avez soulevé quelque chose qui… devant nos invités, ce n'est pas
usuel. Alors, c'était vraiment… vos remarques
méritent au moins le temps d'une réplique
par le groupe contre qui vous avez fait ces remarques. Alors, je reconnais
maintenant le député de Jean-Talon.
12235
Mme
Proulx : Point d'ordre, M. le Président.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Je reconnais le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président.
12235
Mme Proulx :
Point d'ordre, M. le Président.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Merci. Écoutez, ce n'est pas un débat. Moi, j'ai la
parole et, dans le cadre du temps qui m'est imparti,
je souhaite faire les commentaires que je souhaite faire. Et je n'interpelle
pas, j'ai lancé un souhait et j'ai invité l'ensemble des parlementaires à poursuivre les débats sur un ton comme on l'a connu dans le passé.
Et je ne pense pas que ce soit négatif, là, je pense qu'au contraire
j'invite tout le monde à miser et à se concentrer sur les objectifs qu'on
poursuit dans cette commission-ci. Maintenant, je suis tout à fait prête à
poursuivre et à échanger avec nos invités.
Une voix :
…
1419
Le Président (M. Bergman) : C'est moi qui… Sur le temps de l'opposition officielle, je dois reconnaître le député de Jean-Talon pour deux minutes
pour un commentaire, ses remarques. Et moi, je vais…
12235
Mme Proulx : M. le
Président, c'est une première pour
moi, ça, là, là. Je ne comprends pas pourquoi il y aurait deux minutes de réplique. Ce n'est pas un débat, je
suis dans mon temps. Et peut-être que, quand le député aura son temps de
parole, il pourra revenir, s'il le souhaite, tout simplement.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mais je trouve… je trouve…
Une voix :
…
12235
Mme
Proulx : Oui, tout à fait. Tout à fait.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Excusez-moi, c'est moi qui ai la
parole maintenant. J'ai trouvé vos remarques inhabituelles,
alors, pour être équitable avec toutes les personnes autour de la table, sur le
temps de l'opposition
officielle, je reconnais le député de Jean-Talon pour un temps de deux minutes.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M.
le Président. Puis je vais être bon
joueur, on ne comptera pas la remarque qui a été faite il y a quelques minutes sur le temps de questionnement au niveau de la discussion avec nos invités. M. le Président, je trouve regrettable,
mais je pense qu'il faut répondre à l'affirmation que la députée a faite.
Hier,
comme, de fait, j'ai fait une remarque par
rapport à un dossier qui était, je pense,
assez pertinent parce que ça s'est fait des deux côtés. Je pense
qu'on parlait des contrats gré à gré. Mais je ferais remarquer à la députée qu'auparavant il y a eu des
messages politiques qui ont essayé d'être passés par votre groupe à deux
reprises par rapport à l'assurance autonomie. Et, si vous voulez avoir une
commission complètement non partisane, il faut également cesser de passer des messages politiques inappropriés. Ça fait que,
M. le Président, je pense qu'a l'avenir lorsqu'il va y avoir des
remarques comme celle-là, je pense que l'opposition a toujours un droit de
réplique sur le moment et non pas 20 minutes après. Merci, M. le Président.
1419
Le Président (M. Bergman) : Merci. Alors,
maintenant, nous sommes ici pour questionner nos invités et nous avons des invités avec nous. Alors, je pense qu'on
doit maintenant retourner aux présentations qu'on vient de recevoir de
Mme Larochelle et M. Bilodeau. Alors, je reconnais la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci, M. le Président.
Alors, je suis très heureuse d'être ici, ce matin, pour pouvoir
poursuivre nos échanges dans un climat totalement non partisan et je suis très
contente d'entendre que tout le monde partage ce point de vue.
Alors,
rebonjour, M. Bilodeau et Mme Larochelle. Je regarde dans votre mémoire, et il
y a un élément que vous soulevez sur
lequel j'aimerais échanger avec vous, et c'est en lien avec toute la question
du financement des CHSLD. Vous avez
mentionné notamment que plusieurs lits ne sont pas financés à la hauteur des
besoins réels des résidents. Et vous savez qu'en 2012 il y a eu le
rapport du Vérificateur général qui justement mentionnait que le financement
traditionnel des CHSLD ne tient pas nécessairement compte de la lourdeur des
clientèles hébergées et n'est pas suffisamment en lien avec la nature des
services requis.
Alors,
à votre point de vue, est-ce qu'on devrait revoir le mode de financement des
CHSLD? Et, si oui, quelles seraient, selon vous, les meilleures
approches à instaurer?
Mme Larochelle (Hélène) : En fait, quand on présentait cet élément-là de
notre mémoire, c'est que, dans plusieurs de nos centres d'hébergement,
on avait une clientèle qui était moins lourde, qui était, à l'époque, quand on
parlait des heures-soins, de moins de trois heures-soins. Ces clientèles-là, au
fur et à mesure, du moment qu'elles ont été admises
jusqu'à deux, trois ans par la suite, c'est sûr qu'elles se sont alourdies. Et
le financement se fait actuellement
au fur et à mesure qu'on a un lit qui se
libère et qu'on admet un nouveau résident, ça va être un résident qui
alourdit, plus de trois heures, donc
le financement se fait à ce moment-là. Donc, il
y a une partie de nos lits qui ne
sont pas financés tant et aussi longtemps qu'on n'a pas accueilli un
nouveau résident qui est lourd.
Donc, la réalité de la lourdeur de la
clientèle, elle est présente parce que cette clientèle-là a vieilli, a eu des
besoins qui ont augmenté, et donc le financement est resté le même tout au long
de cette période de vie là, jusqu'à temps que le lit se
libère. Donc, oui, je crois que le financement doit être revu. Actuellement, on
donne des services de qualité de C et on
assure la sécurité de nos résidents, mais on pourrait aller plus loin que ça.
Ça, c'est certain, on pourrait améliorer cette clientèle-là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Oui. Et, vous savez, hier, on a entendu plusieurs
témoignages, des gens qui représentaient les préposés aux bénéficiaires…
Mme Larochelle (Hélène) : Les
préposés, oui.
12235
Mme Proulx : …les
infirmières. J'aimerais entendre votre point de vue sur les ressources
actuellement, les ratios dans les
équipes soignantes, comment vous voyez ça et comment vous percevez la
situation. Parce qu'on a eu des portraits un peu plus noirs, d'autres
qui étaient un peu plus mitigés. J'aimerais ça entendre votre point de vue sur
la situation.
Mme
Larochelle (Hélène) : En effet, ce matin… Ça va?
1419
Le Président (M.
Bergman) : Mme Larochelle, le micro, c'est à vous.
Mme
Larochelle (Hélène) : En
effet, on a lu les journaux ce matin. Quand on parle de formation qui est
donnée à nos employés, oui, effectivement il
faut former nos employés. Il y a un programme, au CSSS Jeanne-Mance, il y a
un programme de formation, entre autres,
pour les gens qui travaillent en unité spécifique, où je vous ai parlé qu'il y
avait des clientèles avec des troubles de comportement, avec des problèmes de
santé mentale. Tout à l'heure, M. Bilodeau, il pourra vous en parler un peu
plus en détail. Il y a des programmes de formation qui sont donnés pour ce
personnel-là annuellement. Il y a tout
l'aspect des atteintes cognitives qui demande des approches particulières. Pour
le CSSS Jeanne-Mance, on a donné des
formations. On a eu les formations AGIR qui ont été données aussi par l'agence
de la santé et des services sociaux,
qui ont été données à nos employés puis qu'on va poursuivre. Il y en a, des
formations qui se donnent.
Souvent, la problématique qu'on voit, c'est
comment on va assurer la pérennité de ces informations qui sont données à nos intervenants. Parce que, comme
individu, tu peux recevoir une formation, mais comment tu vas l'intégrer
à l'intérieur de ton quotidien, c'est souvent ça, la difficulté. Il serait faux
de dire qu'il n'y a pas de formation qui est donnée.
Il y en a, mais comment elle est utilisée puis comment on assure la pérennité,
ça, c'est une difficulté. Parce que ça va revenir au chef d'unité de
s'assurer de la pérennité de l'ensemble des formations qui sont données. Puis
on n'a pas juste de la formation qui est
donnée à nos préposés, il y en a qui est donnée à nos infirmières, à nos
infirmières auxiliaires. Donc, comment on peut se donner les outils qui
vont nous aider à s'assurer de cette pérennité-là?
Mais c'est sûr qu'on… Tout à l'heure, je vous parlais
de clientèle, les besoins. L'itinérance, c'est une autre problématique. J'ai un
exemple d'un résident qui a été itinérant toute sa vie. Il s'est retrouvé dans
un de nos centres d'hébergement. Il a fallu, nous, s'ajuster : Comment on
va intervenir? Ça va être quoi, notre mode d'intervention avec ce monsieur-là qui a consommé une quantité
d'alcool à tous les jours? On ne peut pas arriver puis les sevrer. Mais
ce n'est pas évident, quand j'entends le
personnel qui se sent… Dans le fond, ils ne savent pas quoi faire. Qu'est-ce
qu'on fait avec ce monsieur-là? Comment on agit si le monsieur se retrouve
toujours dans la rue, couché dans la rue. On a des appels des citoyens, ils disent : Ce monsieur-là, il est là dans un
état lamentable, presque semi-comateux? On travaille avec EMRI puis les
policiers.pour les… On
ne peut pas les enfermer, ces personnes-là. Donc, il y a des formations. Et je peux comprendre un peu de désespoir de notre
personnel quand qu'ils arrivent avec ce type de clientèle là. Malgré le
fait qu'on donne des formations, il y a d'autres types de formations qu'il faut
donner en lien avec cette clientèle-là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Oui. Il y a M. Bilodeau qui voulait…
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Bilodeau.
• (10 heures) •
M. Bilodeau (Jean-Denis) : Tout à
l'heure, par rapport aux… Les travailleurs au niveau de la santé sont tous dévoués aux gens. Il n'y a personne qui est mal
intentionné pour pouvoir donner les soins. Lorsqu'on arrive avec des
gens qui ont chacun une identité propre puis
on essaie de développer cette identité-là, il y a un souci de vouloir répondre
aux besoins de la personne. Si on a un ratio
de résidents qui est élevé, on va être centrés beaucoup plus sur la tâche,
l'aspect relationnel va tomber en deuxième. Et c'est souvent le piège qu'on
tombe.
Je pense que,
quand que je nommais, tout à l'heure, que les gens veulent se faire épiler,
veulent avoir du maquillage, c'est du
temps qu'on va donner, accorder à ces gens-là. Si on parle de ratio puis on dit
que les gens devraient avoir un ratio
raisonnable, bon, il faudrait définir c'est quoi, le ratio raisonnable, là.
Mais, en même temps, c'est sûr que le soin,
plus il est personnalisé, plus la personne est satisfaite. Donc, c'est sûr que,
si on aurait à choisir d'avoir un ratio élevé ou un ratio bas par rapport aux préposés aux bénéficiaires, je
choisirais un ratio qui est bas pour
pouvoir donner un service beaucoup plus personnalisé. Plus il est
personnalisé, plus la personne est...
Parce que centrer sur
la tâche, c'est une action qu'on crée; centrer sur la relation, c'est vraiment
un développement. La relation se construit de fois en fois. On
établit le lien de confiance, on diminue les craintes. Écoutez, demain matin, là, vous
tombez avec un… vous sortez d'ici, vous avez un accident, vous
arrivez dans un centre d'hébergement, vous
allez perdre une partie de votre identité. Si, à partir de là, vous êtes soigné
par des gens puis vous demandez d'avoir des particularités auxquelles vous êtes habitué, bien vous allez avoir le
droit d'attendre à ce besoin-là. Et je pense que, si le ratio est élevé puis on est centré sur la tâche, on peut
oublier puis on peut faire... bien, sans oublier, mais on peut faire des
choix. Et moi, je pense que le ratio...
Le
préposé aux bénéficiaires, c'est un volet important, mais au même titre que les
infirmières parce qu'il y a des soins aussi. Il y a des
respirateurs, il y a des soins, des suivis, les précautions d'infection. C'est
tous des éléments qui sont importants au
niveau de l'hébergement. Et les ratios aussi doivent être respectés non seulement avec les préposés aux bénéficiaires, mais les infirmières
auxiliaires et les infirmières, psychologues. Il y a des services auxquels ces
gens-là ont droit, et je pense qu'à ce niveau-là il s'agit de définir exactement
c'est quoi, le ratio qui est attendu.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Quand vous parlez... En fait, la question que
vous soulevez, Mme Larochelle, c'est beaucoup
le transfert des connaissances : à partir du moment où une personne a un
programme de formation, après ça, dans la réalité
du travail, comment elle peut concrétiser les connaissances. Et ça fait
référence un peu à ce que... un des témoignages qu'on a entendus hier, là, qui mentionnait : Vous savez, il y a
le savoir-faire, mais il y a le savoir-être aussi. Alors, tout est dans
l'attitude, l'approche et... Oui.
Et vous mentionnez la
difficulté... ou les ratios qui ne sont pas nécessairement déterminés. Mais, à
votre point de vue, avez-vous une idée du ratio idéal préposés,
infirmières, avec un nombre de patients, là, qui pourrait vraiment… tu sais, mais tout en étant réaliste, là, en tenant
compte des ressources limitées dont on dispose? Mais, selon vous, là, qu'est-ce
qui serait le meilleur ratio?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme Larochelle
(Hélène) : Bien, moi, quand je vois un préposé qui a 12 résidents à
s'occuper, je trouve que c'est un ratio
élevé, hein? Ce serait favorable que ça soit six à sept résidents pour qu'on
puisse donner le plus d'attention possible.
Et ça, ça diffère d'un centre à l'autre, bien sûr. Parce que, si je prends Centre-Ville,
le ratio devrait être même un petit peu plus bas, de nombre de
résidents, ça pourrait être autour de cinq à six, tout dépendant des
spécificités de chacun, de la lourdeur de
chacun. C'est sûr qu'on aimerait répondre à 100 % des besoins, hein? On parlait beaucoup de pourcentages de satisfaction. On aimerait ça être
capables de répondre à tous les besoins. Bon, il faut être réaliste
aussi. On en tient compte.
Je parle des
préposés, je parle des infirmières. Les infirmières qui se retrouvent sur une
unité où il y a une infirmière pour une soixantaine de résidents ou... c'est
énorme. Et on lui demande, à cette infirmière-là, de faire les plans d'intervention, de faire les PTI, de
travailler sur la sécurité, la
gestion des risques, la prévention des infections, tous des éléments qu'on travaillait avant. Mais, disons, le
pourcentage d'infections nosocomiales qui est présent dans nos centres d'hébergement aussi puis qu'on fait beaucoup
de prévention pour éviter qu'on ait des éclosions, bien, ces gens-là
sont demandés aussi de travailler, et de travailler avec leur équipe pour
éviter cette... Donc, ça mériterait, au niveau des infirmières aussi, d'en
avoir au moins deux pour une soixantaine de résidents, si on parle de ratio.
Et j'ajouterais à ça,
particulièrement pour Centre-Ville et en lien avec les orientations ministérielles,
on aimerait pouvoir traiter les gens dans
leur milieu de vie, ne pas être obligés de les transférer à l'hôpital
et puis qu'ils nous reviennent après,
éviter des transferts. Donc, ça, ça
veut dire aussi augmenter les connaissances, assurer plus de traitements
à l'intérieur de nos murs. Donc, ça demande
aussi du personnel qui est formé, des infirmières qui sont... puis qu'on
applique la loi n° 90 à son maximum,
pour éviter des transferts dans les urgences et désengorger les urgences. On
est soucieux de ça, on travaille beaucoup dans ce sens-là.
Mais, pour ça, il
faut avoir des équipements. Je prends Centre-Ville, où on a deux personnes… on
ne peut pas admettre plus que deux personnes
qui sont sur respirateur parce qu'on a... Ça prend un inhalothérapeute, ça
prend des infirmières qui sont là pour faire les techniques de soins en lien
avec ça. Donc, on pourrait aller plus loin. Souvent, on nous demande... l'agence
demande : Pouvez-vous en prendre un autre? On a une personne qui attend
dans tel centre hospitalier. On n'a pas les ressources, on n'assurerait pas
la sécurité, on est obligés de leur dire non. Mais on est ouverts à ça.
Et ça a un impact direct sur les centres hospitaliers puis les urgences.Est-ce
que…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Oui, merci. Non…
Mme Larochelle
(Hélène) : Ça va?
12235
Mme
Proulx : ...ça répond. Oui, ça répond très bien. Merci. Je n'ai
plus de questions.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Non. Je vais laisser la parole à...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Masson.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame. Bonjour, monsieur.
Mme Larochelle
(Hélène) : Bonjour.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin : Alors, de votre présentation, on remarque que vous avez des défis importants qui
ne sont pas des défis de tous les centres
qu'on peut rencontrer ou qui sont existants. Vous avez des clientèles
particulières. On voit que vous avez relevé
des défis de façon innovatrice aussi, hein, pour permettre aux gens… Entre
autres, notre préoccupation, avec les
adultes hébergés qui ne sont pas nécessairement des personnes âgées mais qui
sont des gens avec des handicaps, et
qui sont jeunes, et qui maintiennent quand même relativement… et qui souhaitent
maintenir une vie active dans la
mesure où ils sont… alors, vous semblez avoir relevé des défis intéressants à
ce niveau-là, avec un milieu de vie quand même qui permet aux gens, là,
de se rapprocher d'une vie active normale. Alors, bravo dans ce sens-là.
Vous avez parlé des
difficultés d'attirer des médecins. Ça, c'est une des particularités, là, que
vous nous mentionnez. Hier, on a rencontré les infirmières, qui nous disaient
qu'elles, elles étaient prêtes à jouer des rôles qui pourraient être à
mi-chemin entre de ce que le rôle du médecin peut faire, des infirmières
praticiennes, entre autres. Et puis est-ce que ça, ça pourrait être une
solution dans votre cas?
Mme Larochelle
(Hélène) : Sûrement que ça pourrait aider.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme Larochelle
(Hélène) : Excusez. Sûrement que ça pourrait aider grandement. Mais
j'aimerais revenir sur le recrutement des
médecins. Actuellement, on est à la recherche de médecins. Il y a d'autres
médecins qui couvrent des centres
d'hébergement, et là je parle de l'ensemble des sept centres, et, là encore, on
a des médecins très dévoués. On a des médecins qui sont vieillissants
aussi. Donc, on est à la recherche de médecins. Et je crois que… C'est sûr, je
reparle encore de la situation qui s'est
produite, je dirais, dans les dernières années, les cas de maltraitance qui ont
été vus en centre d'hébergement, ces situations malheureuses, et ça a
fait beaucoup de mal au milieu de l'hébergement. Le milieu de l'hébergement, ce n'est pas ça, ce n'est pas que
ça. Donc, il faut être capable de faire ressortir les bons coups des
milieux d'hébergement.
Nous avons eu, à
Centre-Ville… je ne veux pas revenir sur les événements antérieurs, mais on a
eu une visite ministérielle à Centre-Ville,
et l'équipe de direction qui est là, on est engagés… on vous démontre toutes
les nouvelles approches qu'on
développe, toute l'implication que notre personnel a, et on a eu de très bons
commentaires, à Centre-Ville, par rapport aux approches, par rapport à
la qualité et la sécurité, les suivis, les activités qui sont offertes à cette
clientèle, l'adaptation du milieu.
Mais, là où on a un
problème majeur, et ça va le devenir de plus en plus, c'est la présence des
médecins. Comment on peut intéresser les
jeunes médecins à notre milieu? Parce que ça, c'est notre réalité
d'aujourd'hui. Comme société, il faut
se donner cette priorité-là d'offrir des milieux de qualité à notre monde. Puis
notre monde qui est là est engagé. Quand tu passes à travers… À toutes
les fois qu'on entend des situations de maltraitance, ça nous perturbe tous, le personnel aussi. Donc, comment on peut
rendre les gens fiers de ce qu'ils font? Parce que c'est des
missionnaires, ces gens-là, ils sont engagés.
Nos parents sont
vieux, on est vieillissants, nous aussi. On veut être dans un milieu qui est
agréable. On en connaît, des centres… Je
prends l'exemple de Maimonides. Bon, c'est des milieux extraordinaires. Puis
nous aussi, on a des milieux extraordinaires. Et comment on peut faire
reconnaître ça dans notre population? C'est important. Puis c'est important qu'on cesse de dénigrer l'hébergement
parce qu'il y a des belles choses qui se font. Oui, il y a des situations qui sont malheureuses qui vont se
produire, mais c'est à nous, comme intervenants… Comme intervenants, comme
directeurs, comme coordonnateurs de sites,
on est vigilants puis on agit quand il y en a, on a le courage d'agir. Mais il
ne faut pas juste faire ressortir ce qui est mauvais, il y a plein de
belles choses.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, malheureusement, le
temps s'est écoulé pour le groupe ministériel. Maintenant, pour l'opposition
officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (10 h 10) •
1263
Mme
Blais :
Oui. Avant de vous passer la parole, M. le Président, pour poser une question,
je veux souhaiter la bienvenue à Mme Larochelle et à M. Bilodeau et vous
dire combien j'aime votre centre. Parce que, oui, il y a eu des histoires d'horreur qui ont été racontées, le nom
a été changé. Mais moi, j'ai traversé l'opacité de votre centre, je l'ai
visité. Puis je vais vous dire pourquoi je
l'ai visité, parce qu'il y a des gens qui sont venus vers moi, entre autres, Claude
Brunelle qui se promenait, sur son lit, il
était immobile, il écrivait des livres, il se promenait partout au centre-ville
de Montréal. Puis il y a eu cette
merveilleuse Natacha, qui habite chez vous depuis très longtemps, qui venait me
visiter à mon travail avec son fauteuil roulant. Alors, c'est... Et
je les ai rencontrés dans le cadre d'une activité de journal.
Donc, avant de céder
la parole, je veux réellement que vous me parliez... Vous avez parlé de
l'importance de l'esthétique, des soins, de
la vie sexuelle, de la vie. Parlez-moi un peu plus de cette vie dans votre
milieu et de l'importance de ces
activités — je le
sais que les gens y travaillent, là, j'ai vu votre dépanneur, ils ont besoin de
gagner leur vie, ils ont besoin d'avoir cette autonomie — la
quête d'autonomie, chez vous, pour les gens que vous hébergez.
Mme Larochelle
(Hélène) : Je vais laisser M. Bilodeau présenter les projets.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Bilodeau.
M.
Bilodeau (Jean-Denis) :
Donc, c'est ça, oui, c'est un milieu qui est très actif. C'est un milieu qui
est... Au fur et à mesure qu'on leur
donne de la place, ils la prennent et ils la prennent bien. On parle d'un
journal, mais effectivement c'est les
résidents qui l'animent. On parle d'activités. On a une activité vendredi, sur
un étage, qui est animée par le comité social de Centre-Ville, des résidents. On parle de... Plus,
les gens, on leur laisse une voie, plus les gens vont essayer de
l'exploiter, cette voie-là. On parle de rencontres communautaires qu'on a
débutées avec les employés et les résidents, qui se font sur les unités mais se
font aussi par le site, et, de plus en plus, on voit les gens s'y intéresser
puis s'y impliquer. C'est assez
impressionnant de voir à quel point nos résidents sont capables de se... Parce
qu'ils le disent eux-mêmes, ils veulent découvrir c'est quoi, leur société,ils
veulent faire.... Ils
veulent que ça soit reconnu comme quoi qu'eux ont des besoins qui leur
sont propres et non pas imposés par l'extérieur. Ça fait que plus ils sont en
contact avec cette dimension-là, mieux ils sont.
Quand on parle de projet… parce qu'on
parle de l'approche de collaboration, puis c'est un facteur important,
c'est qu'on place le projet de vie des
individus. Donc, chaque individu devient unique dans sa façon de voir son
propre patron pour l'avenir, et ça
vient chercher la stimulation qui est intrinsèque aux gens. Et les
professionnels, au lieu de se greffer sur les problématiques
rencontrées, ils vont se greffer sur l'obtention ou l'atteinte de cet
objectif-là, et ça fait toute une nuance sur la dimension de soins.
On a, par exemple, une dame qui avait
le désir de faire un café. Donc, ça a toujours été son rêve de le faire.
Bon, avec ses difficultés, bien on a dû
s'ajuster, mais on a travaillé avec elle pour qu'elle puisse le faire, et
aujourd'hui elle offre un café, elle
anime une activité dans le centre, un café qui... Elle appelle les gens, les
gens viennent, ils font une rencontre sociale. Il y a des gens qui vont mettre des
pensées à tous les jours. Ils vont s'inscrire à des activités de façon
volontaire. Ils vont proposer des activités. Ils vont
distribuer le journal... pas le journal, le courrier. Ils
vont... On a des travaux d'ascenseur, de
rénovation d'ascenseur, bien les gens ont participé à trouver des moyens pour
éviter qu'on ait des situations problématiques.
On travaille avec les patients
partenaires. Ça, c'est avec l'Université de Montréal, donc c'est toute la
chaire de médecine. Et là on est en
train de voir justement comment qu'on... l'importance de positionner le projet
de vie à l'intérieur de la dimension
médicale. Ça fait tout son sens. Les gens sont partie prenante. Et donc
diminuent beaucoup les insatisfactions.
Et plus ça va, plus on voit un taux élevé de participations volontaires. Donc,
comme par exemple, on a eu des
élections. Les élections, 95 personnes sur 196 ont participé au vote. Donc,
c'est plus que la majorité de la population. Donc, il y a une
implication qui est là, qui est grandissante.
Mais le milieu, là, il est en train de
se transformer. On veut travailler sur une plateforme, la direction
générale est très emballée aussi par cette
dimension-là puis fait office d'orientation, donc l'approche de collaboration
et, là, un projet Living Lab qui est
en train de se mettre en place. Mais les résidents y travaillent. Il y a des
rencontres de quatre heures, où les résidents sont partie prenante du
processus pour définir c'est quoi, l'environnement, qu'est-ce qu'on veut dans l'environnement. Donc, c'est inestimable, leur
présence, qu'est-ce qu'ils peuvent faire comme contribution dans notre
gestion et dans la vie de tous les jours.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais :
La parole est à vous, M. le Président.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Je note, Mme Larochelle, que vous avez 1 200 personnes qui résident dans
vos sept centres d'hébergement, CSSS
Jeanne-Mance. Je me demande le démographique de ces résidents, les 1 200.
Est-ce qu'ils proviennent des communautés culturelles? Est-ce qu'il y a
des diverses langues? Est-ce qu'il y a des proches aidants qui viennent de
diverses communautés culturelles et l'interéchange dans leurs communications?
Est-ce qu'on peut avoir un petit portrait de cette situation démographique dans
votre CSSS pour les 1 200 personnes résidentes?
Mme Larochelle (Hélène) : Je n'ai pas le pourcentage en tête, mais il n'est
pas très élevé encore si on regarde par rapport aux 1 200 lits. On voit tranquillement apparaître dans
chacun… admettre dans chacun des centres, je dirais, quelques personnes de diversité culturelle. Ce n'est pas
énorme encore. Mais ça va venir. Ça, c'est sûr. On a quelques cas, là,
dans nos centres d'hébergement, d'origine
asiatique, d'origine, je pourrais dire… d'Europe de l'Est, quelques cas. Ce
n'est pas énorme encore parce que
c'est le centre-sud, centre-ville, c'est limite. Donc, ce n'est pas encore très
apparent, quelques cas isolés, mais
pas énormes. Il arrive, si on a quelqu'un d'origine chinoise, on a un petit
problème de communication. Donc, on travaille beaucoup avec les
familles, dans ce temps-là, pour se donner des moyens pour pouvoir communiquer
avec… Mais ce n'est pas encore important.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
223
Mme Vallée : Merci,
M. le Président. Alors, je vous remercie infiniment. Je découvre votre centre,
et il vient… En tout cas, je vous avoue, je découvre des trucs qui sont
fascinants. J'avais demandé… J'avais sensibilisé
ma collègue à la réalité des adultes qui étaient hébergés en CHSLD, d'où le
fait que le mandat actuellement ne couvre pas juste la question des aînés, mais
l'ensemble de la clientèle. Et évidemment vous avez centralisé à
l'intérieur d'un… sous un même toit des services. Ça vous permet
d'adapter davantage les services à la clientèle.
Vous
disiez tout à l'heure que vous avez une clientèle qui provient d'un petit peu
partout à travers le Québec. Comment on gère
la distance entre les familles? Est-ce que ces gens-là ont quand même des
visites? Est-ce qu'ils ont quand même accès à leurs membres? Parce que
je suis une députée de région. On a, chez nous, à Maniwaki, des gens qui font partie de cette clientèle jeune, qui ont des besoins
bien spécifiques, mais qui souhaitent aussi avoir une vie de famille. Alors, comment les gens qui sont hébergés
chez vous, qui ne sont pas du centre-ville de Montréal, réussissent
cette conciliation-là finalement, qui n'est
pas travail-famille, mais qui est de vivre et aussi d'avoir ces liens-là avec
leurs proches?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme
Larochelle (Hélène) : Bien,
en fait, pour Centre-Ville de Montréal, on a un miniappartement. Donc,
quand les familles viennent, elles peuvent réserver ce… C'est comme une petite
chambre d'hôtel avec une cuisinette, tout adaptée,
avec douche, etc. Ça, c'est pour Centre-Ville. Dans les autres centres, on a
prévu des endroits, des salons de famille qu'on appelle, qu'on peut transformer autant pendant une période de fin
de vie que si quelqu'un vient, est de passage, ils peuvent réserver ce petit salon. On en a dans la
plupart de nos centres, je vous dirais. Il y a deux centres, là, où il n'y
a pas cette adaptation-là parce que l'environnement ne le permet pas, là. Il y
a des centres qui sont plus petits puis qu'il y a moins d'espace de disponible.
Mais on a travaillé là-dessus pour pouvoir avoir des espaces pour ces
familles-là. On encourage beaucoup les
contacts, mais malheureusement souvent, quand les gens sont avec des
déficiences aussi importantes, bon, des déficiences qui sont liées, par
exemple, à des atteintes cognitives, les gens viennent au début de
l'hébergement, et, des fois, il y a une distance qui s'installe. Ça, c'est une
réalité aussi. Mais les moyens sont là aussi pour les recevoir.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
223
Mme
Vallée : Ah, bien…
M. Bilodeau (Jean-Denis) : Juste un
petit complément.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Bilodeau.
M.
Bilodeau (Jean-Denis) :
Merci. Par rapport au système, il y a aussi toute la technologie. Parce qu'il y
a des gens, comme dans notre centre, ils ont la communication Web qui
est possible. Donc, ils ont leur branchement, leur système informatique. Ça
fait partie des systèmes de communication qui sont aussi accessibles.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (10 h 20) •
223
Mme Vallée : Donc,
je comprends qu'au départ les familles sont plus près, mais, parfois, le temps…
l'écoulement du temps, la difficulté fait
que parfois les contacts sont moins fréquents. Est-ce que vous apportez du
soutien à d'autres CHSLD un peu partout à travers la région qui
auraient… qui pourraient bénéficier de votre expérience? Êtes-vous
en lien avec d'autres gens, d'autres organismes pour, dans le fond, les
accompagner ou leur transmettre votre savoir ou votre expérience?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme
Larochelle (Hélène) : Actuellement, avec l'agence, on a des comités de directeurs d'hébergement et on avait apporté ce
sujet-là à l'ordre du jour pour pouvoir partager nos expériences. Et
justement l'approche collaborative, on va la présenter à ce comité-là
pour le partager avec les autres CSSS sur l'île de Montréal, là. Mais ça, c'est
un des… une des actions qu'on va
poser. C'est sûr qu'on n'est pas fermés à partager, à développer.
Je regarde un
autre projet qu'on a mis en place, c'est un outil de support aux infirmières,
aux préposés, c'est un outil de
référence sur comment intervenir avec les problématiques de santé mentale,
comportementales. Donc, c'est un outil santé mentale qui a été vendu à
peu près partout dans tous les CSSS. On l'a partagé avec eux, il était
disponible pour l'ensemble des CSSS. Mais on n'est pas fermés à l'idée. Mais on
ne peut pas dire que, comme tel, on a des contacts étendus en dehors de la
région de Montréal, là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Bilodeau.
M.
Bilodeau (Jean-Denis) : Excusez. On est très disposés à partager le
savoir. Justement, dans la démarche de l'approche
de collaboration, par exemple, qui a été naturellement sur une unité, on essaie
de voir comment ça peut être transposable
ailleurs. Donc, de l'unité, on le transpose dans le centre puis, du centre, on
va le transposer dans nos autres centres.
Cette démarche-là, c'est une démarche quand même séquencée qui est volontaire,
mais elle va nous permettre de savoir
qu'est-ce qui est transférable puis comment ça peut l'être de façon efficace
avec les ressources qu'ils ont. Donc, cette
démarche-là, elle est… en tout cas, je pense qu'elle est préconisée dans notre
CSSS, mais il n'y a rien qui empêche qu'on
pourrait le partager à d'autres CSSS par la suite, au même titre que le milieu
de vie, à un moment donné ça a débuté avec
un centre et ça a été propagé. Mais on essaie d'avoir les écrits puis toute la
documentation — parce
qu'on travaille aussi avec les
universités — pour
pouvoir documenter puis faire en sorte que ça soit transposable avec les effets
voulus, donc, puis avec la formation des différents acteurs.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme
Larochelle (Hélène) :
J'ajouterais une petite chose. Annuellement, on fait un colloque milieu de vie au CSSS Jeanne-Mance, ça fait huit ans qu'on le fait,
et c'est sur des sujets qui sont en lien avec le milieu de vie. L'année dernière,
c'était sur l'approche collaborative, cette année, c'était plus en lien avec
l'accueil. Donc, on invite des gens de notre
CSSS, bien sûr, mais on invite toujours l'agence à participer aussi. Cette
année, ils étaient là, une des visiteuses était là, qui est en charge, à
l'agence, de l'approche milieu de vie. Donc, ça aussi, c'est une journée de
réflexion ensemble.
On partage
les expériences, on partage les bons coups. On a mis l'emphase sur les bons
coups. On demandait à chaque site de
présenter un bon coup. On a eu des familles qui nous ont présenté leur vécu par
rapport à l'hébergement et l'épisode
d'adaptation quand eux arrivent en hébergement avec leur parent ou leur
conjoint. Donc, ça aussi, c'est un outil de développement qui est intéressant et qui devrait se faire dans chacun
des CSSS parce que ça nous donne vraiment un temps d'arrêt, de réflexion, de faire état de ce qu'on a fait en lien
avec le milieu de vie, ce qu'il nous reste à faire puis qu'est-ce qu'on
priorise. Donc, l'année dernière, c'était l'approche collaborative qu'il y
avait.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Une question peut-être un peu délicate. Les
personnes jeunes lourdement en situation de handicap que vous avez dans votre établissement
Centre-Ville, est-ce que vous croyez que ces personnes pourraient vivre à
domicile seules ou si elles étaient rendues
dans une situation physique ou psychologique faisant en sorte qu'elles doivent
absolument se retrouver dans votre milieu pour obtenir les soins et les
services nécessaires à la poursuite de leur vie?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle… M. Bilodeau.
M. Bilodeau (Jean-Denis) : Oui.
Bien… O.K.
Mme
Larochelle (Hélène) : Je
vais peut-être répondre en premier parce que… Je vais répondre parce
qu'hier j'avais une rencontre avec un résident dans un autre centre, un jeune
adulte qui a 45 ans et qui nous a présenté un projet,
un projet de vie de regroupement de la clientèle jeune. Parce que, c'est sûr,
Centre-Ville, il y a beaucoup de jeunes, mais il y a une liste d'attente aussi. Une fois que tu es entré dans un
centre d'hébergement, il faut que tu attendes, tu n'es pas une priorité.
Il nous a présenté un projet d'appartement dans un premier temps. Après, on a
discuté de regroupement de clientèles. Mais
on a toujours nos limites par rapport à ça, parce que, quand il y a un décès
puis que c'est un lit qui est occupé
par une jeune personne, ça ne veut pas dire que je vais avoir un dossier que
c'est une jeune personne. Donc, c'est cette complexité de gestion là,
qu'on n'a pas la flexibilité de gérer.
Mais, je
pense, ce monsieur-là, entre autres, je pense qu'il pourrait bénéficier d'un
appartement supervisé avec des services adaptés. Mais il y a tout le temps la
partie financière qui vient... qui amène une difficulté
parce que, si tu es en appartement supervisé, tu dois te nourrir,
tu as quand même ta médication, tu peux avoir des services extérieurs, mais il y a toute cette adaptation de
l'environnement. Mais ça pourrait être intéressant pour certains résidents. Je
pense que ça pourrait être intéressant, mais ça demande des bâtiments adaptés
puis du financement en lien avec ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé
pour l'opposition officielle. Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la
députée de Groulx.
12201
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence. Et je tiens à vous féliciter.
Franchement, votre dynamisme et vos
innovations sont inspirants. Hier, on a eu des invités, justement, qui nous ont
dit que la transformation du réseau
en milieu de vie, ce n'est pas fait de façon uniforme à l'ensemble du Québec.
Et je pense que, bon, il y a des gens qui ont perçu que c'était plus pour des coupures de personnel. Alors, ce
qu'on entend de vous, ce n'est pas ça du tout, là, c'est qu'il y a vraiment eu une implication auprès et
des bénéficiaires mais auprès du personnel aussi. Et je pense que c'est
un bel exemple à citer. Parce qu'on entend aussi que la création d'un milieu de
vie passe par la réingénierie des lieux, et je
ne pense pas que, dans votre cas, ça a été ça. Ça a été beaucoup plus une
implication des nouvelles approches. Et je pense qu'on peut encore, avec
des chambres à deux, trois, créer un milieu de vie.
Alors,
j'aimerais vous entendre là-dessus, selon vous, ce que ça nécessite. Est-ce que
c'est plus de formation et plus de transmission de savoir? Parce que
j'ai l'impression que votre expertise, elle serait... on aurait avantage à la
publier davantage à l'ensemble du Québec,
votre façon de faire, et sans avoir à tout remodifier, finalement, les lieux,
parce que ça aussi, on sait qu'il y a
des coûts associés à ça, puis qu'on n'a pas nécessairement les sous
actuellement, puis que l'importance,
dans le fond, des bénéficiaires, c'est d'avoir un milieu de vie qui est
agréable, stimulant et au quotidien. Alors, j'aimerais vous entendre à
cet effet-là.
Mme Larochelle (Hélène) : Bien,
dans...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Larochelle.
Mme Larochelle (Hélène) : Excusez-moi,
je vous coupe toujours. Je suis trop passionnée, je pense. D'ores et déjà,
je vous dirais, le milieu de vie, l'approche collaborative, c'est des choses
qui sont interreliées, c'est du savoir-être. Le savoir-être, là, ça ne coûte rien, c'est moi par rapport à l'autre. Je ne mets pas de côté le financement puis l'ajout
de ressources, là, je ne mets pas ça de côté, mais le savoir-être en tant que
tel, c'est ma relation que je vais établir avec l'autre, c'est la relation que
je vais établir dès le premier jour avec la famille, avec les résidents.
Et personnellement, dans
ma formation «lean», j'ai travaillé sur l'accueil du résident. Quand on
accueille bien la personne dès le premier
jour et qu'elle devient importante pour moi, on a beaucoup moins
d'insatisfaction, beaucoup moins de
plaintes. Puis c'est correct qu'on en ait puis qu'on les traite, les plaintes,
mais, quand on peut les prévenir par notre approche, ça fait une
différence. Donc…Llà,
j'ai… qu'est-ce que j'avais à
répondre, à part ça?
Des voix : Ha, ha, ha!
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Groulx.
• (10 h 30) •
12201
Mme
Daneault : Je vais peut-être poursuivre. Si vous aviez à
nous dire peut-être la chose la plus importante actuellement qu'on pourrait faire dès maintenant, c'est de la formation,
peut-être, auprès de l'ensemble du réseau à partir d'exemples comme le vôtre. Et ça, ça pourrait être
fait dès maintenant, sans ressource supplémentaire, pour aider... Je
pense qu'actuellement dans le réseau, il y a
des gens qui sont un petit peu... qui ne saisissent pas ce que c'est vraiment,
le milieu de vie et peut-être que... Est-ce que vous êtes d'accord avec
le fait qu'actuellement, dès maintenant, on pourrait déjà commencer des
formations avec des gens comme vous, là, puis faire un petit peu le tour du Québec?
Mme Larochelle (Hélène) : Bien, en
fait, oui.
12201
Mme
Daneault : Des exemples.
Mme
Larochelle (Hélène) : Mais
je reviens à ce que je disais tout à
l'heure. C'est beau de donner de la
formation, mais c'est du coaching que ça
prend, c'est être sur le plancher avec nos gens. Et ça, ça va permettre la
pérennité. Comment je fais ça? C'est difficile de le faire actuellement,
avec les ressources qu'on a. On met des efforts là-dessus, dans ce sens-là. Mais c'est ça qui va nous assurer de la
longévité de ce qu'on va... On pourra donner toute la formation,
des heures de formation,
si on n'est pas là, sur le terrain, comme M. Bilodeau fait avec ses équipes… Il
s'investit beaucoup. On fait de l'observation. Être sur le terrain, ce n'est pas de surveiller, c'est
d'être avec les gens, de les accompagner par rapport à ça.
Par rapport à l'environnement, c'est malheureusement
que des résidents doivent partager une chambre à trois, à deux. Ce serait idéal que chacun ait sa chambre. Parce que,
quand, du jour au lendemain,…si tu
arrives avec... moi, j'arrive avec un handicap, puis que je suis
hébergée, et que je dois partager ma chambre avec un inconnu, bien je n'ai pas choisi cette personne-là pour vivre avec. Ce
n'est pas l'idéal. Mais je sais bien qu'on ne peut pas transformer tous
nos centres d'hébergement, mais minimalement on ne devrait plus avoir de
chambres à trois et à quatre, parce que les expériences
qu'on parlait, de jeunes ou même des personnes âgées qui ont une relation plus
intime avec quelqu'un, bien, quand tu as quelqu'un à côté, bien c'est un
peu dérangeant, hein? Tu ne peux peut-être pas autant échanger avec cette
personne-là que si tu étais seul.
1419
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Alors, Mme Larochelle, M.
Bilodeau, merci d'être ici avec nous aujourd'hui, partager votre expertise avec nous. Et je demande aux gens de Centre d'hébergement Villa Bonheur pour
prendre leur place à la table.
Et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 10 h 32)
(Reprise à 10 h 35)
1419
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je
souhaite la bienvenue au Centre d'hébergement Villa Bonheur.
Bienvenue.
Alors, pour les fins de l'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter
et je vous répète que vous avez 10
minutes pour faire votre présentation, suivi d'un échange avec les membres de la commission. Alors, le micro,
c'est à vous, mesdames.
Centre d'hébergement
Villa Bonheur
Mme Gendron (Martine) : Merci.
Alors, moi, je suis Martine Gendron. Je suis directrice du programme Personnes
hébergées au Centre de santé et services sociaux de la Haute-Yamaska.
Mme
Brodeur (Caroline) : Et puis
moi, c'est Caroline Brodeur, la coordonnatrice du Centre d'hébergement
Villa Bonheur, au CSSS de la Haute-Yamaska.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Ça va.
Mme Brodeur (Caroline) : Parfait.
Alors, en tout premier lieu, on voulait vous remercier pour l'invitation. Naturellement, c'est un grand plaisir pour nous,
c'est une belle opportunité aussi de faire valoir notre réalité, nos
succès ainsi que les pistes de solution relativement aux défis qui se
présentent à nous. Compte tenu que nous avons une certaine limite de temps, on va axer davantage la
présentation sur les défis et les pistes de solution. À la toute fin, il y
a aussi un enjeu qui est formation du
personnel. Donc, on vous a indiqué des défis, des solutions, mais, étant donné
que c'est un enjeu plus local, on va vous laisser la chance de regarder ça en
lecture.
Alors, le
CSSS de la Haute-Yamaska se situe en Montérégie. Il a trois missions :
hôpital, CLSC, CHSLD. Nous avons une population locale de 95 000
habitants et nous avons un budget annuel de 145 millions. Nous sommes une organisation qui est performante puis nous avons
atteint l'équilibre budgétaire depuis les dernières années. On compte 2 000 employés et 130 médecins, et nous avons
16 installations, dont cinq CHSLD, notamment le CHSLD Villa Bonheur. C'est le plus gros CHSLD de notre CSSS. Il est
situé en région urbaine, près du centre-ville de Granby, et nous avons
une capacité de 99 lits répartis sur quatre
niveaux. Présentement, Villa Bonheur, on a un projet de rénovation majeur, au
coût de 7 millions de dollars, pour améliorer le milieu de vie des
résidents.
Concernant l'élément d'accessibilité, nos défis,
ce serait vraiment davantage de souplesse dans le processus d'admission, de réduire le déménagement pour la
clientèle et aussi de se doter d'un outil informatique plus performant que l'actuel logiciel IMAGES. C'est le logiciel
qu'on utilise pour la gestion des listes d'attente. Nos pistes de
solution, ce serait que le ministère de la Santé travaille au développement d'un nouvel
outil informatique en vue de remplacer l'actuel logiciel IMAGES.
Maintenant, concernant le financement, nos
défis, c'est sûr, compte tenu de l'alourdissement de la clientèle puis aussi compte tenu des exigences plus
élevées de la génération actuelle, ce serait d'améliorer le taux de réponse
aux besoins de la clientèle, notamment pour augmenter le temps de présence
auprès de la clientèle, auprès des résidents. Nos
pistes de solution, c'est sûr qu'on est très conscients que l'État met beaucoup
d'argent au niveau de la santé. Il n'y a aucune piste de solution qui va être capable à elle
seule, là, de résoudre les problèmes, mais nos pistes de solution, ce serait
d'augmenter la contribution des résidents plus fortunés et aussi peut-être
d'avoir un petit peu d'innovation, c'est-à-dire peut-être de moduler la contribution des usagers en
fonction de la participation des proches aux soins et services.
Maintenant,
l'organisation physique. Nos défis, ce serait de sortir un de
nos CHSLD à l'extérieur des murs de l'hôpital, parce que nous en avons
un à l'intérieur du CHG, puis, au fil des rénovations, adapter des chambres
pour la clientèle obèse. Aussi, ce serait d'améliorer les espaces disponibles
pour les familles qui accompagnent les résidents en fin de vie puis avoir une bonne accessibilité à l'extérieur, notamment
pour les étages supérieurs, ceux qui ont seulement des petits balcons. Nos pistes de solution, ce
serait que le ministère de la Santé supporte le CSSS et prenne en compte les
défis dans les futurs travaux de rénovation et d'aménagement.
Maintenant, pour les clientèles particulières,
nos défis. C'est sûr, nous avons le regroupement des clientèles, déficience intellectuelle, déficience physique,
santé mentale, ça a ses limites. À l'intérieur d'un même regroupement de
clientèles, les profils cliniques et les
besoins sont très différents. Il y a peu de clients qui partagent la même
problématique similaire à l'intérieur d'un
territoire ou d'un seul CSSS. Il y a un bas taux de roulement aussi pour ces
types de lits, pour ces types de clientèles, et il y a un taux d'attente
élevé. Puis il y a aussi le refus des clients ou des proches de déménager lorsqu'un lit devient libre parce qu'ils doivent
s'éloigner de leur tissu, mais aussi parce qu'ils se sont adaptés à ce milieu
de vie là. Puis il y a aussi le logiciel actuel de gestion des listes
d'attente, IMAGES, qui ne favorise pas le maintien du recrutement des
clientèles.
• (10 h 40) •
Aussi, comme
défi, c'est de ne pas regrouper les clientèles particulières. Ça crée d'autres
défis, les défis suivants, les défis au niveau
social, mais aussi les défis au
niveau psychologique. Donc, nos
pistes de solution, ce serait de développer des unités de vie régionales ou sous-régionales pour les clientèles
particulières, notamment pour les déficiences intellectuelles, les troubles graves de comportement ou la santé
mentale, puis de s'assurer aussi d'explorer la possibilité que les
listes d'attente ne soient pas par CHSLD,
mais plutôt par respect de vocation des unités de vie à
l'intérieur d'un CHSLD donné.
Et maintenant, pour les proches aidants, présentement, nos défis, ça serait d'augmenter la présence des
proches au quotidien et de partager une compréhension commune du concept milieu
de vie versus le milieu de soins. Nos pistes de
solution, ça serait d'avoir une campagne de sensibilisation nationale en
vue d'augmenter la présence des proches auprès de résidents hébergés et qui irait aussi dans la même direction que
l'élément de financement, que l'idée proposée dans l'enjeu financement
au niveau de moduler la contribution selon l'implication des familles.
Maintenant, pour les services et les soins, nos
défis. C'est sûr qu'il y a une augmentation des exigences de la génération actuelle, comme on a mentionné
précédemment, mais un des défis, c'est vraiment de répondre à l'ensemble
des besoins dans le contexte des ressources
humaines. C'est-à-dire, il y a le ratio d'heures travaillées qui s'élève à 3,24
heures par jours-présence alors qu'on sait
que le ratio moyen est de 5,4 heures travaillées par jours-présence. Donc,
selon notre évaluation sommaire, il y aurait un manque à gagner de
l'ordre d'environ deux heures travaillées par jours-présence au détriment du temps de présence pour la relation
d'aide, et le soutien, et l'accompagnement, dans le fond, tout ce qui
est le volet psychosocial, stimulation de la clientèle et aussi le support. Nos
pistes de solution, ce serait une plus grande participation de l'État ou une
plus grande contribution de la clientèle.
Maintenant, concernant le suivi de la qualité
des services et des soins, notre réalité, nous sommes d'avis que les organisations doivent être responsables et
imputables aussi des soins et des services qu'elles rendent à la
population et à la clientèle. Des mesures de
contrôle interne et externe sont en place et sont légitimes. Nos défis, c'est
de composer avec les imperfections
actuelles des différents mécanismes de contrôle, de rassurer la population eu
égard aux soins et services offerts en CHSLD et d'objectiver les enjeux
de qualité.
Nos pistes de
solution concernant le suivi de la qualité, ça serait que le ministère de la
Santé révise le processus des visites ministérielles en CHSLD en
s'assurant d'éliminer la redondance avec les normes d'agrément, de tenir compte
des résultats des sondages d'appréciation de
la qualité réalisés par le CQA et les établissements eux-mêmes avant
d'émettre des recommandations et de préciser les recommandations qui
s'adressent aux CHSLD avant d'être rendues publiques et
inquiéter indûment la population. Aussi, ce serait que le ministère de la Santé
supporte les établissements dans la tenue
d'un tableau de bord national destiné aux CHSLD qui inclurait des indicateurs
mesurables et comparables entre tous les établissements. Et, au terme,
on pourrait avoir une cote, telle que les palmarès des urgences.
Maintenant, concernant l'organisation du
travail, nos défis, c'est de gérer continuellement la résistance au changement
dans un contexte de changement perpétuel. Nos pistes de solution,
naturellement, c'est de poursuivre nos
projets d'optimisation tels qu'un projet «lean» à venir au CHSLD Villa Bonheur
concernant l'organisation du travail.
En conclusion, notre organisation supporte trois
missions. Malgré ce contexte, une attention particulière est portée à la
mission CHSLD. Nous sommes fiers de ce que nos équipes accomplissent au
quotidien. Le CHSLD Villa Bonheur a été un
des pionniers dans le développement de l'approche milieu de vie, et nous
poursuivons nos efforts pour que cette
approche se concrétise dans l'ensemble de nos CHSLD. Avec le vieillissement de
la population et l'alourdissement de la clientèle, la situation est
fragile. Je vous remercie.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation.
Maintenant, avec l'échange, pour le groupe ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. Bonjour, mesdames, bienvenue à cette commission. Écoutez, avec
tout ce que j'ai entendu et lu sur Villa
Bonheur, je pense que c'est définitivement un modèle extrêmement intéressant.
Et j'aimerais ça, là, qu'on puisse
prendre le temps, que vous nous expliquiez comment vous avez pu arriver à
obtenir des résultats comme ceux-là.
Il y a certains éléments, dans des documents que vous avez déjà publiés, là,
dans les années passées, où vous faites état notamment de certains de vos bons coups. Et j'aimerais ça qu'on en
prenne quelques-uns, que vous puissiez nous donner un peu plus
d'information.
Parce que, je
pense, quand on parle de concept de véritable milieu de vie, on sent que c'est
vraiment ce qui vous préoccupe et ce vers quoi vous orientez toutes vos
actions et tout ce que vous mettez en place. Et un des éléments que vous avez
mentionnés, ça a été le développement du rôle des préposés d'unité. Pouvez-vous
nous expliquer un peu plus comment vous avez développé leur rôle et justement
quel genre de rôle ils sont appelés à jouer?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Brodeur.
Mme Gendron (Martine) : Je peux
répondre?
Mme Brodeur (Caroline) : Oui.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Gendron.
Alors, c'est ça. En fait, les préposés à l'unité, ce qu'on s'est rendu
compte, dans le cadre d'un exercice de
réorganisation du travail, on s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup de
tâches qui étaient liées à faire le lavage notamment des vêtements de la
clientèle, des tâches qui étaient plus du volet qui touchait à la fois l'entretien ménager, le service alimentaire,
le service des repas, des choses comme ça. Et à quelque part, dans le
fond, le soin puis le service direct à la
clientèle… bon, pour lui donner ses soins qu'ils ont besoin, réponse à ses
besoins, c'était plus difficile.
Alors, on a décidé d'extraire ce volet de services du rôle des préposés aux
bénéficiaires pour le dédier aux préposés à l'unité, ce qui donne plus
de temps à nos préposés, en fait, pour être directement auprès de la clientèle.
12235
Mme Proulx : En
fait, si je comprends bien, c'est comme un autre type d'emploi que vous avez
créé, qui s'appelle préposé à l'unité et qui est plus en termes
d'organisation de la vie au niveau de l'entretien.
Mme
Gendron (Martine) : En fait,
oui, ça libère du temps à nos préposés aux bénéficiaires pour être
davantage auprès de la clientèle dans des tâches qui touchent les clients
directement, alors que les autres sont dans des tâches plus accessoires,
j'oserais vous dire. Alors, c'est ça. Puis c'est un type d'emploi qui existait
dans la convention CSN.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : O.K.
O.K. Et pouvez-vous nous parler un petit peu de l'impact, à partir du moment où
vous avez fait ces changements organisationnels, l'impact pour les
préposés aux bénéficiaires qui se voyaient maintenant avoir plus de temps, là,
dans la relation véritablement avec leurs patients? Avez-vous constaté un
impact particulier?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Oui. Bien,
en fait, ce qu'on a commencé à faire, puis on poursuit, c'est vraiment d'intégrer des activités sur une base un peu plus
individuelle dans le plan de travail des préposés. Vous savez,
actuellement, la clientèle… de plus en plus
de nos clients ont des problèmes cognitifs, de sorte que les activités de
groupe sont de plus en plus difficiles à maintenir avec les grands
groupes. Alors, on est comme obligés, dans le fond, de faire un virage vers des
activités peut-être davantage soit en petits groupes ou plus individuelles.
Alors donc,
on travaille avec nos animateurs en loisirs aussi, qui, dans le fond, via
l'histoire de vie de nos clients… Quand ils sont admis, ils remplissent
une histoire de vie, et on regarde qu'est-ce qu'ils aimaient faire dans leur
vie, ces gens-là,
toute leur vie durant, là, ne serait-ce que c'était quoi, les programmes,
émissions qu'ils écoutaient, est-ce qu'ils aimaient faire des sudokus… en tout cas, peu importe, là, leurs temps de
loisirs, comment ils les dépensaient, et on intègre ça dans les plans de travail. On a un outil
informatique, qui est le logiciel Clinibase, qui nous permet, dans le fond,
de dire au préposé : Dans
l'organisation de ton travail, à telle heure, disons, tu vas aller lever M.
Untel et tu vas ouvrir la télévision à RDI,
admettons, pour qu'il écoute les nouvelles parce que lui, toute sa vie, il a
écouté RDI. Ça fait que c'est un exemple comme ça, qui, à la fois…
C'est sûr que
les préposés, plus ils sont capables d'avoir comme une petite valeur ajoutée,
de faire le plus dans la vie des
clients… Pour eux autres, souvent, ils nous le disent, les préposés :
C'est plus que notre paie, en fait. Puis ce qu'ils trouvaient le plus
difficile avant qu'on ait des préposés à l'unité, c'est de ne pas avoir le
temps de faire comme ce petit plus là.
Alors, évidemment, c'est un petit plus, mais qui parfois peut faire la
différence dans la vie de la clientèle puis dans la vie du personnel
aussi, là, qui a besoin d'être soutenu, là, pour travailler dans les CHSLD.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Oui,
je trouve ça extrêmement intéressant, ce que vous nous apportez là parce que,
vous savez, hier, on a parlé beaucoup
du rôle des préposés aux bénéficiaires et notamment de ce besoin de
valorisation de ce rôle-là, et je pense
que ce que vous nous apportez, c'est un élément, à tout le moins, sur lequel on
devrait réfléchir, là, parce que ça permet,
cette valorisation, et des… (panne de son) …qu'ils se sentent utiles et qu'ils
sentent que ce qu'elles ont à apporter peut faire un changement dans la
vie de quelqu'un d'autre. Certainement que c'est bon sur le moral. Il y avait
ma collègue aussi qui mentionnait, hier, que
ça prend des gens heureux. Si on veut que ça se passe bien dans un milieu,
il faudrait s'organiser pour que le personnel puisse être heureux au travail.
• (10 h 50) •
Mme Gendron (Martine) : Puis
essentiellement, en fait, le concept milieu de vie, c'est d'essayer le plus possible de personnaliser ou d'individualiser les
soins et les services. Et c'est sûr que, dans un quotidien, dans un 24
heures, il y a des tâches, hein? Il faut
qu'on lève les gens le matin, il faut les alimenter, ils ont besoin d'aller aux
toilettes, etc. Donc, ça, c'est comme
des tâches assez régulières. Mais, au-delà de ça, ces gens-là étaient des êtres
humains avant d'arriver en centre
d'hébergement, ils avaient leur quotidien, ils avaient leurs habitudes. Comment
on peut, nous, avec les ressources qu'on
a, faire en sorte de leur permettre
de vivre ça encore? Évidemment, ce n'est pas des grandes activités à chaque
jour, mais, en même temps…
Moi, souvent,
je dis aux employés… je compare avec ma propre mère, qui a 82 ans, Dieu merci!
qui est encore autonome chez elle.
Elle ne fait pas des grandes activités à chaque jour, mais elle a sa routine,
elle a ses postes de radio qu'elle écoute, ses postes de télévision,
puis, pour elle, ça fait une différence, dans sa vie. Alors, l'idée, c'est de
leur permettre de poursuivre ça, en fait, quand ils arrivent en centre d'hébergement.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Tout à
fait. Et il y a
un autre élément dans vos bons coups dont j'aimerais entendre parler un peu plus. Vous avez, il y a quelques
années, amorcé, là, un arrêt de médication neuroleptique pour une très grande
proportion de vos clients. J'aimerais ça que
vous nous parliez pourquoi vous avez fait ça, comment vous avez fait ça et ce
que ça a donné comme résultat.
Mme
Gendron (Martine) : En fait,
bien, dans la littérature, c'est démontré, là, que la clientèle qui était
hébergée, qui a de multiples pathologies aussi en CHSLD, prenait une somme
assez faramineuse de médicaments. Alors, on a travaillé
avec… Il faut dire qu'on a une équipe médicale assez extraordinaire, je vous dirais, dans la direction d'hébergement, au centre de
santé. D'abord, on a une directrice
médicale cogestionnaire, en fait, avec moi, qui s'assure de faire le
lien avec tous les autres médecins qui viennent dans les autres CHSLD. Et
ensemble on s'est donné comme cet objectif-là, on a décidé de le prioriser.
Alors, on a travaillé… elle a travaillé avec
les médecins de l'ensemble de nos CHSLD.
Parce qu'en fait, évidemment, on parle de Villa
Bonheur, l'invitation était à Villa Bonheur, mais moi, comme directrice, quand je fais un bon coup dans un centre, bien,
évidemment, je veux l'étaler dans tous les centres. Alors, on a
travaillé avec l'ensemble des médecins, puis… là, je
n'ai pas les résultats avec moi pour vous présenter, mais, autant des contentions physiques que des contentions
chimiques, on a des résultats qui sont quand même très intéressants et
qu'on pense, en tout cas, permettent d'améliorer les conditions de vie des gens
hébergés, en fait, là. C'est ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Oui. Finalement, avant de laisser la parole à ma
collègue, est-ce que vous avez l'intention ultérieurement de documenter
peut-être un peu plus l'impact de cette mesure que vous avez mise en place?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Oui.
Bien, en fait, on a des statistiques, là, localement, c'est juste que je ne les
ai pas apportées avec moi, mais…
12235
Mme
Proulx : O.K. O.K.
Mme Gendron
(Martine) : …je veux dire,
c'est documenté annuellement. On travaille en collaboration avec la
pharmacie, alors ça fait que c'est la pharmacie qui sort les statistiques de
tous les médicaments neuroleptiques qui sont pris par l'ensemble de nos clients
hébergés. Et on se mesure puis on se regarde dans chacun des CHSLD et pour
l'ensemble de la direction.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Masson.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames, très heureuse de vous entendre.
C'est rafraîchissant de vous entendre, d'ailleurs. Je trouve ça intéressant,
là, ce que vous venez de parler au niveau de la réorganisation des tâches, là,
qui a permis justement une valorisation du personnel, dans un sens, puis une attention
plus particulière aux gens qui résident.
D'ailleurs, dans un CHSLD que je visitais pendant la période des fêtes sur
mon territoire, on me disait qu'au niveau
des soins infirmiers ça pouvait aller, mais, où est-ce que les besoins étaient
plus grands, c'est, entre autres, des
soins à la personne, pour faire manger, pour apporter des petites attentions,
et c'est là que… Alors, je trouve que votre idée est intéressante.
Et ce que j'ai retenu aussi, je sais
que présentement on entend beaucoup… C'est sûr que, les soins, on a un
constant besoin d'argent pour améliorer la situation. Par contre, vous nous
avez mentionné aussi avoir réussi à faire ça tout en maintenant un équilibre budgétaire, ce qui est intéressant aussi. Ça
fait que je pense qu'il y a aussi des choses qui peuvent être faites malgré cette situation-là monétaire.
Je sais que la situation peut être différente d'un milieu à l'autre, mais
vous avez réussi aussi à faire tout ça dans ce contexte-là, alors bravo!
Vous parlez,
D
dans
votre document,… vous
avez parlé aussi d'intégrer plus les proches aidants dans votre démarche
puis même de reconnaître ça. Pouvez-vous
nous en parler un petit peu, les familles, les proches aidants, et de
reconnaître ça dans la… même, à la limite, là, dans
l'aspect financier des choses? J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme
Gendron (Martine) : Bien, évidemment, on n'est pas allé…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Oh! Excusez. M. le Président, excusez, notre
première expérience. Évidemment, on n'est pas allé jusque dans les modalités de
cette idée-là, mais, en fait, ce qu'on observe, c'est qu'on a quelques membres de familles qui sont excessivement
présents auprès de leurs proches. Et on a l'autre extrême, qui malheureusement
est peut-être un peu plus majoritaire, en fait, qui est très peu présent, en
fait, auprès des proches. Et on se disait, dans un contexte un peu de buffet…
Nous, on parle souvent de buffet puis
on se dit : Il n'y a pas rien qui satisfait tout le monde, mais, dans un
buffet, chacun y trouve son compte. Évidemment, il y a l'assurance autonomie,
puis tout le monde est d'avis que, bon, si les gens peuvent rester à domicile…
puis nous aussi, on est d'avis de ça, là, c'est la solution numéro un. Il y a
des RI, il y a de l'hébergement alternatif,
il y a toutes sortes de solutions qui existent. Mais, en même temps, on se
disait : Bon, est-ce qu'il n'y a
pas une autre piste de solution à explorer qui serait de dire : La
personne vit ailleurs, elle ne vit plus dans le domicile de son proche… Parce qu'il y en a qu'il faut dire que, exemple, la nuit, ils font de l'errance,
tout ça, ça fait qu'on épuise les aidants. Donc, peut-être qu'ils
pourraient vivre dans un lieu ailleurs, mais l'aidant pourrait, dans le fond, garantir
une présence, bon, en tant de nombre d'heures par semaine, et tout ça, puis de
garantir qu'il va venir prendre soin de son proche. Alors, on se disait :
S'il y avait lieu à la fois…
Évidemment que, quand on
touche à l'argent, c'est un incitatif qui est important. On se disait :
Peut-être que ça aurait un incitatif pour que plus
de gens viennent dans les centres s'occuper… en fait, de faire cette petite
différence auprès des proches hébergés. Et, en même temps, évidemment, on a
fait un calcul, là. On est allés rapidement, là, dans notre présentation,
compte tenu de la limite de temps qu'on avait, mais on a fait juste un petit
calcul. Tu sais, quelqu'un qui est en
chambre privée actuellement, ça lui coûte 58 $ par jour pour être logé,
nourri. On fait son ménage, son lavage
et on anime ses loisirs. ,on…
Il a des services professionnels à domicile, il n'a pas à prendre
sa voiture, se rendre à quelque part.
Tu sais, on considérait… on disait : En
2014, est-ce que les gens peut-être un peu plus fortunés ne pourraient pas
contribuer davantage? Et, en contrepartie, il y a peut-être des gens
pour qui il y aurait un incitatif, en fait, de dire : Bien…
Parce qu'il y a des gens qui sont
déchirés, là, d'amener leurs proches chez nous, là, de dire : Bien oui, moi,
je suis prêt à contribuer puis,
regardez, je vais vous aider. En même temps, bon, y aurait-u un moyen de
reconnaître ça? Alors, c'est une idée que nous, en tout cas, on pense
qui pourrait être une piste d'innovation évidemment, mérite d'être poussée davantage,
réfléchie, tout ça, regarder les modalités. Mais,ça
pourrait… Ttu sais, il pourrait y avoir un projet
pilote peut-être qui pourrait être essayé à quelque part puis voir les
résultats de ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Masson.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin :
Je trouve ça intéressant. Ça mérite d'être exploré et d'être analysé parce
qu'effectivement c'est une bonne
façon. Vous avez parlé aussi, je pense, de la valorisation du personnel, la
valorisation des bons coups. On sait
aussi que, dans les CHSLD, on n'a pas toujours la presse qui a mis les bons
coups de l'avant. Et puis ça, est-ce que vous avez des idées justement
pour permettre aux gens de changer… D'ailleurs, c'est l'objectif de notre
commission aussi, là, c'est d'améliorer et
aussi de voir les bons coups puis de transposer ces bons coups là aux endroits
où est-ce que c'est plus névralgique.
Mme Gendron
(Martine) : En fait…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Oui,
merci. Excusez-moi. En fait, hier, j'étais dans un comité de résidents dans
un de nos centres d'hébergement, puis on
a une nouvelle… la conjointe d'un nouveau résident qui est hébergé
qui est venue au comité de résidents pour la première fois. Et, pas que
j'étais surprise, mais, en fait, elle n'avait pratiquement que des éloges à faire.de…
Puis son conjoint est là depuis le mois de décembre, donc c'est
tout récent. Et elle disait comment elle était agréablement surprise,
bon, de l'accueil qu'on lui a fait, des services qui ont été rendus rapidement.
Et elle était hébergée ailleurs dans la
région, dans une ressource privée, au préalable. Puis vraiment elle dit :
Tu sais, vous êtes vraiment, tu sais,
comparables puis vous n'avez pas à penser que vous donnez les moins bons soins,
moins bons services. Et, je ne le
sais pas, mais ça, ça a comme animé les autres membres du comité de résidents
qui sont 100 % des membres de familles, des proches, en fait. Et il y avait tellement d'idées positives que je
me disais : Pourquoi on ne travaillerait pas avec notre direction de communication puis, dans notre
région, de se faire une stratégie, exemple, pour la prochaine année, puis
de dire : On prend un CHSLD à la fois…
On a fait un
vidéo dans notre centre de santé, dans le fond, pour… En fait, le vidéo, il a
été fait pour les employés parce
qu'on voulait dire aux employés c'est quoi qui est important pour un client.
Alors, on a filmé des résidents, des gens hébergés, des gens qui
reçoivent des soins et des services au CSSS de la Haute-Yamaska et qui disent
qu'est-ce qui est important pour eux. On
présente ça à la clientèle. Mais en même temps ça m'a donné l'idée de
dire : Est-ce qu'on ne pourrait
pas filmer des proches ou des résidents hébergés qui sont capables de
s'exprimer, en fait, puis qui disent qu'est-ce qui fait qu'ils sont heureux de vivre dans le centre, qu'est-ce qui fait
qu'en fait, malgré le fait que, oui, ils ont dû quitter leur domicile, que, oui… évidemment qu'il y a des
défis, ce n'est pas simple, là, on ne souhaite pas nécessairement à
personne de devoir aller vivre un jour ailleurs, mais, au-delà de ça, qu'est-ce
qui fait qu'au quotidien ils ont encore du plaisir?
Moi, quotidiennement, je vois des résidents qui
rient, qui ont du plaisir, il y a des membres des familles qui sont heureux.
Évidemment, il y en a qui sont moins satisfaits. Mais on fait des sondages de
notre clientèle, on fait des sondages localement, annuellement, à toute la clientèle
hébergée. Ça fait quelques années déjà, donc on a un certain comparatif. On sonde tous les répondants des
clients qui décèdent systématiquement, ça fait déjà plusieurs années. On
a les sondages du CQA. Puis honnêtement on a des taux de réponse qui sont, pour
des sondages, quand même assez bons, et les résultats qu'on reçoit de ça sont
aussi assez bons.
Alors, oui, il faut trouver le moyen, dans le
fond, de… Évidemment, ce qui sort dans les journaux, c'est des horreurs, là, puis, tu sais, je pense que ça
mérite d'être connu publiquement, mais, en même temps, il n'y a pas que
ça non plus qui se passe dans les CHSLD. Évidemment, comment on pourrait rassurer la population? En tout cas, là, on a une idée,
nous, qui a germé avec les comités de
résidents, on va faire… Dans le fond, on va poursuivre cette démarche-là. On
va regarder qu'est-ce que ça pourrait
donner. Mais on pense… Iil faut
que ça parte des gens qui sont, je pense, à l'intérieur des centres
d'hébergement.
Tu sais, à la
limite, moi, comme directrice, je peux bien écrire des articles dans les
journaux, aller me présenter dans des
émissions de télé, mais on est toujours un peu… On sait bien, la directrice,
ils veulent bien paraître, tout ça. Mais, quand c'est quelqu'un qui vit
là, dans le fond, c'est peut-être plus transparent comme démarche puis
peut-être que ça peut toucher davantage les gens, puis le message peut
peut-être passer mieux en bout de ligne, là.
• (11 heures) •
Mme Brodeur (Caroline) : …
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de… Mme Brodeur.
Mme Brodeur (Caroline) : Oui. Aussi,
si je peux me permettre, on a aussi, dernièrement, un programme de reconnaissance, aussi, aux employés avec le
comité, si je me… milieu de vie, je crois, au niveau la reconnaissance
des pairs. Donc, il y a trois volets, aussi,
annuellement, puis ça inclut aussi tout les employés dont la majorité, aussi,
ça se trouve à être des préposés aux
bénéficiaires. Donc, on donne la chance. Là, dernièrement, c'était la
reconnaissance des pairs, mais, aussi, il
va y avoir la reconnaissance, aussi, par les résidents, puis il va y avoir un
troisième volet. Donc, ça aussi, c'était très apprécié parce que c'est
comme de donner, aussi, un petit coup de pouce puis dire : Mais continue
ton bon travail parce que c'est remarqué,
c'est apprécié. Donc, ça, c'est à la grandeur, aussi, de la direction, là, de
la personne hébergée.
Mme Gendron (Martine) : Peut-être
l'autre…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Excusez. Peut-être l'autre idée que je vous
disais, puis on l'a touchée brièvement, puis elle n'est pas inscrite
dans notre présentation, mais c'est l'idée d'avoir peut-être un tableau de bord
aussi. Parce qu'évidemment nous, localement,
on a plusieurs indicateurs, on se suit depuis quelques années, on se mesure,
mais, quand vient le temps de se comparer avec les autres
établissements, on n'a pas nécessairement les mêmes indicateurs. Et on se disait : Ça, il y aurait peut-être quelque
chose d'intéressant à ce que ce soit «top-down», que le ministère
détermine des indicateurs, un tableau de
bord national pour les CHSLD, sur lequel localement on pourrait faire des
audits régionalement puis
nationalement, en fait, avec les visites ministérielles, et tout ça, bien,
qu'on poursuive des objectifs communs, qu'on se mesure puis qu'au terme
de la mesure peut-être qu'il y ait comme un genre de note, tu sais, qui… Il y a
le palmarès des
fameuses urgences, là, qui donne des cotes sur les urgences, ça a des
avantages, ça a des inconvénients, mais c'est comme…
C'est
quand on parle des conditions de vie, de la qualité de vie, il y a du «soft»,
là-dedans — excusez
le terme. Comment on objective ça pour être à la fois capables de
rassurer la population, d'une part, de dire : Regardez, voici les indicateurs, puis les gens les atteignent;
d'encourager le personnel aussi, de dire : Regardez, l'objectif, il est
là, là, on l'atteint, on est proches?
Mais il faut trouver le moyen d'objectiver ça. Évidemment, quand on peut se
comparer d'un CSSS à l'autre, tout
ça, tu sais, c'est challengeant, en fait, puis moi, je pense que ça nous aide à
nous développer. Puis il me semble que
nationalement aussi ça pourrait assurer une certaine cohérence, dans le fond,
dans vers où on se démarque, vers où on se dirige, c'est quoi, les
priorités, et tout ça, là, pour l'avenir.
1419
Le Président (M. Bergman) : Mme la
députée de Masson, il vous reste une minute pour la question et réponse.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin : O.K. Rapidement. On a parlé
d'alourdissement de la clientèle dans les CHSLD. On sait aussi que c'est le
bout de la ligne. On sait qu'on veut garder… Les gens nous ont dit : On
souhaiterait le plus possible — comme
vous l'avez mentionné tout à l'heure — rester à la maison quand c'est
possible, donc d'amener les gens en CHSLD juste quand il n'y a pas
d'autre solution. Donc, ça signifie quand même un alourdissement de la
clientèle. Comment voyez-vous ce défi-là? Pour vous, vous le relevez… semblez
le relever très bien, mais appréhendez-vous des choses là-dessus?
Mme Gendron
(Martine) : Bien, comme on…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Oui, excusez. Comme on a dit dans la
présentation, en fait, c'est ça, le défi, là, c'est comment
répondre à un maximum de besoins de la clientèle avec… dans
le contexte des ressources disponibles. Ça, là-dessus, il
y a certains indicateurs qui existent. Les chiffres qu'on vous a donnés, là, ça
vient des comparatifs entre les profils ISO-SMAF, les moyennes
d'heures-soins versus les heures-soins avec soutien.
Actuellement, quand
on regarde juste le nombre d'heures-soins que les clients demandent puis on
regarde les heures travaillées de nos
ressources, on est pas mal kifkif. Mais évidemment que, dans un 24 heures, on
n'est pas juste en train de faire un
pansement, en train de donner une pilule, il y a d'autre chose qui doit se
passer, et c'est cet écart-là qu'on peine
à combler actuellement, et c'est cet écart-là qui fait en sorte que les gens se
plaignent qu'il y a parfois des délais, ils sonnent, puis, tu sais, on
ne peut pas répondre immédiatement à la cloche, tout le volet, là,
psychosocial, le soutien des familles. Quelqu'un qui amène…
On
a un taux de roulement qui avoisine près de 50 %, ça veut dire
qu'annuellement dans un centre comme Villa Bonheur on a une quarantaine
d'admissions par année. Alors, ça, c'est une quarantaine d'admissions, ce n'est
pas loin de 40 familles qui évidemment vivent un deuil, vivent une crise quand
ils apportent leur proche…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Gendron
(Martine) : Conclusion?
12199
Mme
Gadoury-Hamelin : Le défi est là.
Mme Gendron
(Martine) : Le défi est là, c'est ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Maintenant, pour l'opposition
officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Merci
beaucoup, M. le Président. Mmes Brodeur, Gendron, écoutez, merci beaucoup d'être
présentes ici aujourd'hui. On le sait qu'en Montérégie c'est l'endroit, au Québec,
où on a débuté les appuis aux proches aidants,
tellement que vous étiez structurés en Montérégie. Ça a été
vraiment la première région à obtenir les sommes d'argent pour les
proches aidants. Et toute l'importance de l'implication des familles. Moi, j'ai
une conception aussi de la façon dont ça
doit fonctionner dans les CHSLD, c'est-à-dire que les résidents c'est leur maison, puis l'organisation
du travail doit s'adapter aux résidents et non pas l'inverse, là.
Une voix :
Tout à fait.
1263
Mme
Blais : Et, pour moi, c'est important.
Puis j'aurais voulu vous entendre. Je ne sais pas si j'aurai le temps parce
que je veux céder la parole à mon collègue docteur et aussi député de Jean-Talon
parce que, depuis ce matin, il n'a pas
encore pris la parole. Mais on voit déjà, après huit mémoires de déposés, qu'on a des
pistes de solution pour améliorer. On ne fait pas une commission
d'enquête, là, ici, on se projette dans l'avenir pour trouver des idées
novatrices.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
1263
Mme
Blais : Non, c'est monsieur…
Mme Gendron
(Martine) : Oui, c'est ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bienvenue à notre commission.
Je ressaisirais peut-être la question des tableaux indicateurs. Je pense qu'il
y a déjà des travaux qui sont faits, et puis on veut objectiver des éléments
qui parfois sont assez subjectifs. Et puis
je suis d'accord avec vous, il faut mesurer, puis il faut
se comparer, et puis il faut aller chercher les meilleures pratiques. L'inquiétude, il faut la mettre sur la table
aussi. Si c'est bon à 95 %, et
il y a 5 % d'amélioration ou de
problématique, quand on va arriver devant les médias, quand vous dites :
Il faut mettre ça dans les médias pour montrer aux gens qu'on est bons, la perception, ça ne sera pas comme ça, je peux
vous le dire, là. Au niveau politique, là, ça va être… l'article du journal, ça va être : 5 % sont mauvais,
1 % est mauvais puis 2 % sont mauvais. On a de la difficulté,
dans notre société, à regarder qu'est-ce qui est bon puis de faire des
proportions également.
Et, lorsqu'on travaille dans ce dossier-là, puis
je suis d'accord avec vous, il faut être capable de dire : Oui, il y a des problèmes, oui, il y a des choses à
améliorer, mais ce n'est pas un cas qui fait que c'est 100 % qui est
mauvais, mais c'est un cas sur peut-être
10 000 cas, ou 5 000 cas, ou 1 000 cas. Il faut être capable de
faire la proportion. Puis l'objectif, à la fin, c'est d'en arriver à ce
que tout soit bien. On veut que tout, tout soit bien. Sauf qu'on est conscients
qu'avec le volume d'activités, quand tu as
37 000 personnes au Québec qui sont dans des CHSLD, il va y en avoir, des
chutes, puis il va y en avoir, des
erreurs de médicaments, mais on en veut le moins possible. Vous comprenez un
petit peu la dynamique? Mais je
partage votre intérêt à avoir l'information objective, la transmettre, mais
attendez-vous pas que ça va toujours être traité de façon objective.
Mme Gendron (Martine) : Oui. O.K.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Souvent, beaucoup plus de façon
subjective…
Mme Gendron (Martine) : Merci pour
votre expérience.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : En passant, là, on ne critique pas les médias, on
sait que c'est comme ça. Puis c'est ce qui fait aussi que parfois il y a
un élément qui va faire qu'il va y avoir un éveil de la société puis on va
chercher à améliorer. Il faut l'accepter comme ça.
Moi, j'en viendrais à vos chambres privées
versus vos chambres semi-privées. Si je comprends, vous aviez des chambres à
trois et à quatre et, après rénovation, vous avez tombé avec une proportion de
chambres privées et de chambres semi-privées. C'est ça?
Mme Gendron (Martine) : Seulement.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement.
Mme Gendron (Martine) : Dans tout le
CSSS, tous nos CHSLD, on n'a aucune chambre multiple.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Ça, en
passant, je pense que, dans notre comité, là, ça va venir à une recommandation. Est-ce que vous trouvez
qu'une proportion… Là, ce que j'ai vu, c'est que vous aviez 50 % chambres
privées, 50 %...
Mme Gendron (Martine) : Un peu plus
que ça. 66 %.
Mme Brodeur (Caroline) : 66 %
de chambres privées.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. O.K. C'est parce
que moi, j'aime mieux travailler en termes de combien de lits sont dans des
chambres privées, combien de lits sont dans des chambres doubles. Ça nous
donne une meilleure proportion par rapport à travailler en termes de
chambres parce que, si on peut avoir… si on a 50 % de chambres privées,
50 % de chambres doubles, ça veut dire
qu'il y a 33 % qui sont vraiment des lits dans des chambres privées, puis
il y en a 66 % qui sont dans des chambres doubles. Vous êtes
d'accord avec ça?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Excusez, là.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce que…
Mme
Gendron (Martine) : En fait,
mettons, on a 300 lits, là, grosso modo, là, ça fait qu'on a 66 %. Ça veut
dire…
Mme
Brodeur (Caroline) : Il y a
304 lits puis, sur 304 lits, il y en a 66 % que c'est vraiment privé. On
parle de lits.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Et vous avez 304 lits pour une
population de 95 000.
Mme Gendron
(Martine) : Oui, c'est ça.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça fait que ce n'est pas
beaucoup. En général, quand on regarde…
Mme Gendron (Martine) : En fait, bien, ça, c'est les lits que nous, on a
au CSSS. On a un PPP, qui vient de se construire actuellement, qui
rajoute 66 lits sur le territoire.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K.
Mme Gendron
(Martine) : On a de plus en plus de RI aussi, ce qui fait en sorte que
la clientèle qu'on a est vraiment dans les ratios, là, des clientèles de 10 à
14, là, notre 85 %, on est vraiment là-dedans.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et
puis le délai d'attente pour aller dans votre établissement. Ça peut prendre
combien de temps, mettons, à la Villa Bonheur? Les gens vont attendre combien
de temps?
• (11 h 10) •
Mme Gendron (Martine) : Bien, les dernières statistiques, là, ça allait
comme au-delà comme de 100 jours, mais elles
n'ont pas été mises à jour avec l'ouverture du PPP. Et là il l'est, ouvert,
notre PPP. Alors, d'après moi, actuellement, si on parle de Villa Bonheur, la liste d'attente n'est pas énorme. Avec le
taux de roulement qu'on a, là, moi, je pense que...
Mme Brodeur
(Caroline) : Oui. Avec le taux de roulement qu'on connaît à Villa
Bonheur, dans les derniers mois, puis aussi
avec les rénovations, donc, pour l'instant, il n'y a pas... la
liste d'attente, c'est très rapide, là. Je n'ai
pas... J'ai peut-être, des fois, une personne, ou sinon ma liste
est...
Mme Gendron
(Martine) : ...d'après moi, c'est en quelques semaines, là, et pas
quelques mois, là.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et puis est-ce que c'est
l'ensemble des CHSLD de votre région que c'est le délai d'attente ou c'est
seulement que la Villa Bonheur?
Mme Gendron
(Martine) : Je vous dirais que, depuis que...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) :
Excusez. Depuis que le PPP est construit, vraiment, là, les listes d'attente
ont été réduites, là, de façon importante.
C'est sûr que l'autre élément, c'est qu'actuellement, compte tenu de la
rénovation à Villa Bonheur, on a 32
lits qui sont fermés, là, de sorte que, lorsqu'on va rouvrir ces lits-là au
terme de la rénovation, on pense être, en tout cas pour quelques années,
là, dans un certain équilibre pour la clientèle qui a des besoins d'être
hébergée en CHSLD.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Puis, juste pour
clarifier, quand vous parlez de taux de roulement, la majorité des gens
ou la quasi-totalité, c'est des gens qui décèdent, là, ce n'est pas des gens
qui transfèrent.
Mme Gendron
(Martine) : Non.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Donc, autrement dit, votre
clientèle, lorsqu'elle est admise, est très malade.
Mme Gendron
(Martine) : Oui, tout à fait.
Mme Brodeur
(Caroline) : Des fois, on en a qui arrivent puis qui sont en fin de...
1419
Le Président (M. Bergman) : S'il vous
plaît! Mesdames, pour les fins d'enregistrement, ce serait nécessaire
pour une personne à la fois pour parler.
Autrement, pour les fins d'enregistrement, c'est très difficile. Alors, Mme
Brodeur.
Mme Brodeur
(Caroline) : Oui. Donc, oui, l'alourdissement de la clientèle, c'est
sûr qu'on reçoit plusieurs résidents, des
fois, qui arrivent, qui ont vraiment un pronostic sombre ou qui sont déjà en fin de vie.
Donc, oui, ça arrive qu'ils arrivent, puis qu'ils ne demeurent pas longtemps
en hébergement, puis qu'ils décèdent.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. On voit
que vous êtes en équipe, puis que vous êtes complémentaires, puis vous êtes
capables de dire la même chose en même temps. Félicitations!
J'ai vu que vous aviez trois lits de soins
palliatifs. Ces trois lits de soins palliatifs, c'est seulement que pour la
clientèle du centre ou il y a de la clientèle extérieure qui peut venir décéder
dans votre centre?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Non. En
fait, c'est des lits qui sont réservés pour... En fait, c'est pour nos clients
qui sont en chambre semi-privée. Et, quand
vient le temps du moment... plus près du moment de la fin, bien on les
transfère dans cet espace, en fait, de soins palliatifs, qu'on appelle. Alors, on a certains centres qui ont strictement des
chambres privées. Donc, on n'a pas de chambre soins palliatifs. C'est dans nos
centres d'hébergement où on a des chambres semi-privées qu'on a ces espaces-là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et puis, d'abord, une orientation de n'avoir que des chambres
privées, qu'est-ce que vous en
penseriez? Parce que vous, vous vivez avec deux tiers chambres semi-privées, un
tiers chambres privées. Donc, je suppose que les
gens, quand ils arrivent dans le
centre, font la demande d'une chambre privée, mais ça prend un certain temps avant qu'ils l'aient, ou encore ils
vont décéder dans une chambre semi-privée. Est-ce que vous pensez que ça
serait ce qu'il y a de mieux, c'est-à-dire de n'avoir que des chambres privées?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Bien, en
fait, ce qu'on croit, c'est que la majorité des chambres devraient être privées, notamment avec toutes les questions de
prévention d'infection et aussi le fait que les délais… hein, quand il y
a un départ, on a 48 heures, pardon, pour
admettre un client. Donc, j'entendais les prédécesseurs qui disaient : Ils
ne choisissent pas, les gens, leur voisin de chambre, etc. Donc, on
pense que, oui, une majorité devrait être privée.
Ceci étant
dit, on a de la clientèle, nous, qui nous demande des semi-privées, qui ont
peur d'être tout seul dans une chambre,
et tout ça, qui peuvent socialiser davantage quand ils peuvent partager la
chambre avec quelqu'un. Donc, on pense qu'il faut avoir une proportion,
garder quelques chambres semi-privées pour ces clients qui font cette demande.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais, nous sommes d'accord,
c'est une proportion qui devrait être moindre que le 66 %. Ça pourrait être peut-être un 5 % à 10 % de
chambres semi-privées. Et puis, en tout cas, pour les soins de notre
commission là, est-ce qu'une des principales sources de conflit dans votre
établissement, c'est la question du partage des
chambres semi-privées — parce que moi, j'ai travaillé en CHSLD, c'était vraiment une
source de conflit, là, les familles demandaient à avoir une chambre
privée parce qu'ils ne s'entendaient pas ou ils trouvaient qu'il n'y avait pas d'intimité — ou encore c'est quelque chose qui est très
acceptable pour les familles d'avoir des chambres semi-privées?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Brodeur.
Mme
Brodeur (Caroline) : Bien,
ça va par vague. C'est sûr qu'il y a des fois que ça va très bien puis il n'y
a pas de problématique. Ce n'est pas la
majeure, ce n'est pas ça qui crée nécessairement des conflits. Des fois, oui,
on a une longue liste d'attente à
l'interne pour avoir des chambres privées, mais présentement je n'ai pas
personne, tout le monde est satisfait aussi. Donc, ça va vraiment, des
fois, par vague.
Puis, c'est sûr, il y en a, des fois, qu'au
départ ça ne fait pas nécessairement leur bonheur, mais, après coup, le jumelage, bien ça va quand même bien. C'est sûr
qu'on prend un soin, là, on s'assure que le jumelage, il y a un bon pairage
aussi. C'est toujours deux résidents du même sexe, naturellement. Puis on
s'assure aussi qu'il ne va pas nécessairement y avoir quelqu'un qui va avoir
des troubles cognitifs, va faire de l'errance ou qui peut être agressif. Donc, ça va quand même bien, mais ça va par vague.
Des fois, j'ai beaucoup de demandes, puis, des fois, au contraire, tout
le monde est heureux, là, dans leur chambre.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je vais
aborder un sujet délicat — parce
que je tiens à donner tout de suite ma
position, je ne suis pas en accord
avec votre proposition, c'est la question d'avoir une tarification en
fonction de l'aide des proches aidants. Si je comprends bien, si les familles
viennent aider, à ce moment-là, il y aurait comme une réduction au niveau de la
contribution ou, si les familles ne viennent pas aider, bien, c'est sûr qu'à ce
moment-là il y aurait un prix plus élevé. J'aimerais ça que vous m'expliquiez
cette logique.
Puis je vais tout vous donner où est-ce que
je m'en vais, là. Moi, je pense qu'en fin de vie nous sommes tous égaux.
Il peut y avoir une contribution en fonction des revenus, comme ça se fait actuellement.
Mais, lorsqu'on est enfant unique puis qu'on ne reste pas dans la même
région, ce serait pénalisant. E également faire de l'arbitrage par rapport à
ça, c'est quoi au juste qui fait que la
famille vient, ne vient pas. Moi, je pense que c'est un rôle de l'État de
contribuer plus lorsque
la famille n'est pas présente et de dire aux gens : Maintenant, vous avez
une obligation morale de vous occuper de vos parents, ça met une
pénalité financière... Je dois vous avouer que moi, je pense qu'on s'occupe de
nos proches parce qu'on les aime. Et parfois
il y en a qui ont des situations particulières. Si tu es enfant unique, mère monoparentale, comment on va gérer
ça?
J'ai de la misère avec le concept que
vous avez apporté. Vous le voyez comme projet innovateur, mais moi, je veux... En
tout cas, on pourrait parler
d'éthique longtemps, là, mais je pense qu'il faut que vous
m'expliquiez comment vous le voyez.
Mais j'accepte, par contre, qu'on peut émettre l'idée, là, mais je veux qu'on
en fasse la discussion maintenant parce
que je ne voudrais pas que ce soit
nécessairement une idée qui se propage ou, s'il y en a qui me disent que
la majorité des gens sont pour ça, je veux qu'on me l'explique. Je vous
écoute.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Brodeur ou Mme Gendron? Mme
Gendron.
Mme Gendron (Martine) : Bien, en fait, l'idée, c'est de dire... Tu sais,
j'étais tantôt avec l'idée de buffet, là. C'est que force est de
constater... En tout cas, nous, ce qu'on constate, c'est que l'État investit
déjà énormément en santé. Évidemment que je pourrais regarder juste mes besoins
à moi puis les CHSLD puis vous dire : Bien, on a besoin de plus. Tu
sais, ça serait facile de dire ça. En
même temps, moi, je pense que, oui, il y a
comme une question de société. Bon. On est dans une société qui a peut-être
perdu un peu le sens de la famille. Puis ce n'est peut-être pas avec de l'argent
nécessairement qu'on va ramener ça, mais comment, à quelque part…
Bon, d'une part, on pourrait
responsabiliser davantage les proches, mais ce n'est pas nécessairement les
enfants, ça peut être un proche aidant, ça
peut être, tu sais, quelqu'un qui est proche de la famille, dans le fond. Parce qu'on en a qui le…
bien, qui le font actuellement, ils le font gratuitement. Mais l'idée... Ce
n'est pas beaucoup. Alors, l'idée, nous autres, c'était de dire : Est-ce que
ça ne pourrait pas être un incitatif peut-être pour le permettre? Puis, dans un contexte où,
avec l'assurance autonomie, pour garder les gens à domicile, bon, bien, les
gens vont avoir la possibilité d'avoir accès à un certain revenu pour recevoir
des soins et des services à la maison, là — la forme du revenu, je n'ai
pas tous les détails — mais l'idée, c'était de se dire : Bien,
dans le contexte où on peut aller dans ce sens-là à domicile, est-ce
qu'on ne peut pas regarder comme l'inverse? Mais évidemment que, tu sais, on n'a pas nécessairement fait une
thèse, là, sur le sujet. Mais l'idée,
parfois, c'est... Hein, les grandes choses de ce monde ont souvent commencé par
une idée qui n'avait pas d'allure. Alors, dans ce contexte-là...
Puis je comprends tout à fait votre point de vue de dire : L'État doit assurer, tu sais,
là, bon, la gratuité de certains services à tout le monde, puis tout ça.
Ou sinon, bon, je ne sais pas, il peut y avoir... Il y a des gens qui avaient
déjà soumis des idées de vente de services,
vous savez, exemple, le service de base actuellement au niveau des
bains, prenons cet exemple-là. Bon, les gens ont accès à un bain à la
baignoire ou à la douche par semaine dans la majorité des CHSLD. Quotidiennement, ils ont des toilettes partielles, évidemment.
Puis ça, on n'a pas besoin de convaincre personne que, si on était
capable d'en avoir à chaque jour, ça serait l'idéal, O.K.? Bon. Mais la
réalité, c'est qu'on n'a pas les ressources pour
ça. Alors, est-ce que... Tu sais, actuellement, déjà, il y a
des gens qui paient des gens pour venir donner un deuxième bain à leur proche. Ça, ça se vit dans les CHSLD. Il y a
des gens qui paient du monde de l'extérieur pour venir le faire, il y en a qui le font eux-mêmes. J'ai un
couple en tête, là, que son conjoint vient puis il donne le bain à sa femme une
deuxième fois dans la semaine. Bon. Dans le contexte où, ça, ça se fait, peut-être
que ça pourrait être plus acceptable aussi, mais c'est ça.
Évidemment, tu sais, l'idée mérite
d'être poussée davantage. Je comprends votre malaise. En même temps, tu sais, on est vraiment
à la recherche de pistes de solution, il faut comme sortir un peu, on pense,
des sentiers battus, et, bref, on a osé émettre cette idée-là ici. C'est
ça.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
•
(11 h 20) •
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis je tiens à vous dire, là, que toute
idée mérite d'être regardée, même si elle n'est pas retenue. Et parfois il
y a des idées qu'on peut ne pas être d'accord d'emblée à la face même de
l'idée, mais ça mérite au moins, dans une société
démocratique, d'être discuté. Mais je vous donne mon opinion personnelle, là. J'ai beaucoup,
beaucoup, beaucoup d'hésitation. Puis, en tout cas, on n'en fera pas la
discussion, mais je veux juste vous dire,
là, j'ai beaucoup de réserve, beaucoup, beaucoup de réserve. Mais vous pouvez
continuer à l'explorer, mais je ne pense pas que ça va être une idée qui
va aboutir.
Dans
votre région, vous avez un nouveau CHSLD. Oublions le mode, là. Vous avez un
nouveau CHSLD. Est-ce que ça vous a permis… C'est ce
que j'ai compris, c'est que ça vous a permis de diminuer vos listes d'attente
de façon significative.
Une
voix : Oui.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K. Le travail au niveau des soins à domicile par rapport aux gens qui
pourraient être allés en CHSLD, il y a eu
une intensification au niveau des soins à domicile. Et puis avez-vous le nombre
de ressources intermédiaires
requises? Parce qu'on sait que, si vous n'avez pas le nombre de ressources
intermédiaires, vos patients vont se retrouver en CHSLD. Et là ça va
être une durée augmentée, ce qui fait que ça bloque des lits pour des patients
qui sont à l'hôpital.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : En fait,
je n'ai pas le nombre, le détail, parce qu'en fait, dans l'organisation de
notre centre de santé, ce n'est pas géré dans ma direction à moi. Mais par
contre ce que je peux vous dire, c'est qu'on en a une RI qui est en construction. On en a une qui a été construite l'année
dernière, et, de connaissance, il n'y a pas d'autre projet de RI. Donc,
je pense qu'avec celle qui est en construction actuellement on devrait combler
les besoins, là, en termes de RI aussi, là, sur le territoire ou, en tout cas,
améliorer nettement la situation.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Au début de la présentation, je mentionnais
que je considère que l'organisation du travail doit se faire en fonction
du résident et non pas l'inverse. Vous êtes d'accord? C'est comme ça que vous
fonctionnez ou que vous tendez à fonctionner
de cette manière-là, c'est-à-dire le lever, la prise des repas. La personne
doit se sentir chez elle. Est-ce que c'est votre philosophie?
Mme Gendron (Martine) : Oui, c'est
notre philosophie de base…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme Gendron (Martine) : C'est notre
philosophie de base, oui, c'est notre conviction la plus importante. D'ailleurs, on a revu notre définition de «milieu
de vie» dernièrement, et c'est exactement comme ça. On dit : Pour
nous, un milieu de vie, c'est que vous vous
sentiez chez vous. C'est vraiment ça. On est 100 % d'accord avec ça. Les
heures de lever, de coucher,
évidemment qu'il y a des limites. Mais, dès qu'il y a le départ d'un client, si
on sait que quelqu'un aurait préféré se
lever plus tard, tout ça, dans l'organisation du travail, on va s'organiser
pour satisfaire sa demande. Mais c'est toute une gymnastique, je vous dirais. Je pense que ce serait faux de vous dire
qu'actuellement on réussit à le respecter à 100 %. Mais, en même
temps, on fait vraiment les efforts nécessaires.
On a aussi un
pavillon, le Pavillon Ulysse-Gauthier, entre autres, qui est un petit pavillon
avec huit clients qui sont plus des
jeunes en déficience physique et… En tout cas, vous pourriez les questionner,
là. Ces gens-là, ils se lèvent à 10, 11
heures le matin, ça se couche à 11 heures, minuit le soir. Ils sortent, ils
vont aux spectacles, voir… au Palace, tout ça. C'est des gens qui sont lourdement handicapés physiquement, mais très
lucides au niveau cognitif. Et, dans le fond, on adapte. Mais c'est sûr
que c'est un très petit centre, hein?
On a deux
pavillons, un pour déficience physique, déficience cognitive, huit résidents
dans chaque pavillon. Et c'est… Pour nous, c'est notre Cadillac du
milieu de vie, là. Alors, ça, ça existe. On a ça à l'intérieur de nos murs. Évidemment, quand on est dans des plus grosses
installations, le défi est un peu plus grand, je vous dirais. Mais on
tend vraiment à faire tout ce qui est en notre pouvoir. Je ne sais pas,
Caroline, tu es là dans le quotidien.
Mme
Brodeur (Caroline) : Oui.
Bien, c'est sûr que c'est quelque chose qu'on inculque aussi aux préposés,
au personnel soignant en milieu de vie. Et puis c'est ce qu'on demande aussi,
de suivre le rythme de chaque résident le plus
possible. Mais c'est sûr qu'on a des contraintes. On a des limites. Mais c'est
sûr qu'on a tous des plans de travail individualisés aussi pour les
préposés aux bénéficiaires. Puis on va mettre les heures spécifiques puis les
choses qui sont vraiment spécifiques à cette
personne-là qui fait en sorte que ça peut être un soin qui est plus
personnalisé. Donc, oui, c'est des choses qu'on tient à coeur. Puis
c'est un travail au quotidien, hein? C'est un travail au quotidien, mais c'est
sûr qu'on a certaines limites. Oui.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Maintenant, pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de
Groulx.
12201
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence. Effectivement, je vais
reprendre les propos de ma collègue,
c'est rafraichissant de vous entendre. Vous avez mentionné, tout à l'heure, que
vous avez priorisé le fait de diminuer l'utilisation des neuroleptiques.
Moi, je suis d'avis qu'effectivement nos personnes âgées sont souvent beaucoup trop médicalisées et qu'il y a de plus en
plus de nouvelles approches — probablement que vous êtes au courant
de ça — qui sont
utilisées, entre autres, en Scandinavie et, entre autres, où on n'utilise à peu
près plus de neuroleptiques, mais on va se retirer avec un bénéficiaire
qui est en crise, on va lui parler de son enfance, et l'anxiété va diminuer dans les cinq à sept minutes suivantes, sans
l'utilisation effectivement de neuroleptiques, sans l'utilisation de
contention, qu'elle soit physique ou chimique. J'aimerais vous entendre par
rapport à votre expertise au niveau de la baisse d'utilisation de
neuroleptiques.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Gendron.
Mme
Gendron (Martine) : Oui.
Bien, en fait, notre expertise, je vous dirai, c'est sûr que ce volet-là, il y a un volet qui est travaillé, bon, beaucoup
avec le corps médical, et on a, par exemple, comme moyen pour — comment
je dirais, donc? — compléter… Pour éviter, en fait, de donner certains médicaments,
on s'est notamment dotés des chariots Snoezelen. Je ne sais
pas si ça vous dit quelque chose. Mais donc, dans chacun de nos CHSLD, on a ce
type d'outil là qui est à la disposition du personnel puis qui peut permettre parfois, avec différents outils,
de lampes, avec, bon, des lumières, tout ça, qui sont soit tamisées, qui
permettent d'apaiser, en fait, le... voyons, d'apaiser l'atmosphère puis qui va permettre à certains clients, en fait, de
ne pas devoir recourir à des PRM, qu'on appelle, là, justement
à toutes sortes de médicaments
pour les calmer.
Évidemment,
quand je vous parlais tantôt d'inclure les activités individuelles dans les
plans de travail, c'est un autre exemple,
ça. On travaille beaucoup avec l'histoire de vie des gens. On en a plusieurs,
des exemples de gens avec qui le personnel
avait de la difficulté pour faire faire une tâche dans le quotidien,
puis, quand on allait consulter soit des proches ou consulter l'histoire
de vie, en prenant quelque chose qu'il avait connu dans son passé, ça a évité,
en fait, de donner des médicaments ou de devoir... Des fois, c'est
de susciter... Çça peut susciter des crises, parfois.
Alors, oui, on travaille avec toutes ces
approches-là. On travaille vraiment en interdisciplinarité. Ce n'est pas l'affaire
de juste une personne, de juste un professionnel. On regarde vraiment la situation
au niveau des équipes interdisciplinaires,
puis l'objectif, c'est vraiment d'essayer de réduire. Maintenant,
une fois qu'on réduit, on documente. Oui,
on a des chutes, comme le docteur disait tantôt. Par contre, nos chutes n'ont
pas beaucoup de conséquences, ce qui veut
dire qu'il y a des mesures qui ont été mises en place pour prévenir, faire en
sorte que, si les gens chutent, ils ne se blesseront pas. Donc, c'est
ça. Je ne sais pas si ça répond à votre question.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Brodeur.
Mme
Brodeur (Caroline) : Juste
en complément à Mme Gendron, c'est sûr... C'est ça, au niveau des
chutes, puis vous parliez des neuroleptiques
puis aussi au niveau physique, c'est sûr qu'en hébergement chez nous, on
travaille beaucoup avec les mesures
alternatives aussi, tout ce qui est le matériel de réadaptation, là, les
moniteurs, les gestions de chute, donc on travaille beaucoup avec ça.
Puis aussi,
concernant les approches, c'est sûr qu'on a une conseillère milieu de vie aussi
qu'on peut demander quand on a, des fois, tenté toutes les approches
pour un résident qui est vraiment plus difficile d'approche ou qui a un comportement, là, vraiment difficile. On appelle,
on peut demander conseil à notre conseillère milieu de vie qui est
vraiment plus spécialisée puis qui peut nous amener, là, des choses... Vous
parliez de diversion tantôt. Mais des fois il y a des approches qu'on n'a pas
pensé, donc.
Puis aussi,
en travaillant en interdisciplinarité, comme Mme Gendron a dit, on prend des
décisions aussi d'équipe en incluant, bon, le corps médical, les
infirmières, mais aussi l'ergothérapeute TRP, donc tout le monde ensemble. Puis
il y a aussi les familles aussi, que, des
fois, c'est simple, ils vont nous dire : Bien, mon père, c'est simple, il
va s'agiter à l'heure du bain, tout
ça, il a froid, c'est un frileux, il faut juste augmenter la température, lui
donner une serviette chaude. Puis, des fois, c'est des choses qui sont
très simples. C'est la connaissance aussi de notre résident.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme Brodeur, Mme Gendron, merci
d'être ici, avec nous, aujourd'hui et de partager votre expertise avec nous.
Et je
demanderais aux gens de l'Association québécoise de défense des droits des
personnes retraitées et préretraitées de prendre place à la table.
Et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
(Reprise à 11 h 33)
1419
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je
souhaite la bienvenue à l'Association québécoise de défense des droits
des personnes retraitées et préretraitées.
Alors,
bienvenue. Pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre exposé, suivi
d'un échange avec les membres de la commission. Alors, le micro, c'est à vous.
Association québécoise
de défense des droits des
personnes retraitées et préretraitées (AQDR)
M.
Plamondon (Louis) : Bonjour,
M. le Président. Bonjour, chers membres de la commission. Nous sommes évidemment fiers d'être présents ici pour déposer
notre mémoire. Je vais vous présenter Mme Simone Boucher, de l'AQDR-Beauce, elle est infirmière retraitée, et
M. Jean-Claude Paquet, avocat retraité, qui était pendant de longues
années présent chez le Protecteur du citoyen et vice-président de l'AQDR de
Lévis.
Alors, d'entrée de jeu, notre mémoire... En fait, quand on a eu l'information, là, quand l'Assemblée nationale a pris la décision de
créer cette séance sur l'état de la qualité des services en CHSLD, on s'est
posé la question : Qu'est-ce qu'on pourrait bien ajouter à ce qui a été
dit depuis des années? Et puis, en fait, on va dire… on va laisser parler les événements.
On a fait un inventaire des dossiers de presse de janvier 2012 à janvier 2014.
On a répertorié 90 dossiers de presse
et, de ça, on a classé ça par catégories qui étaient… qui
découlaient des titres, en fait, et des contenus de dossiers.
On vous a envoyé notre mémoire, qui contient non
seulement l'inventaire des 90 dossiers, mais tous les liens Internet. Vous
pouvez aller voir la source même, là, par exemple un rapport du protecteur, un
rapport du Vérificateur général, etc. Et ça donne un portrait… Parce que,
nous, c'est ça qui nous intéresse dans la défense des droits, c'est la
vérité du portrait. Puis ce qui sort dans les médias, bien, Mme Blais va être
rassurée que les bons coups, quand même, ressortent à la hauteur de 21 %,
là. Évidemment, nous, on s'intéresse plus aux dimensions problématiques
puisque, quand même, la séance est une occasion de faire un bilan de la
situation. Les bons coups sont surtout, comme je vais le dire plus tard, là, dans des dimensions
d'initiatives prometteuses, novatrices, originales puis aussi un accueil, des
fois, du gouvernement à l'égard d'une proposition d'action.
Donc, on a fait un portrait. Les gestions
erratiques d'établissements, il y a 29 dossiers représentant 33 % des
dossiers médiatiques. Les lacunes, les
pénuries de services, bien, ça donne 38 % des dossiers traités sur deux
ans. Je vous fais remarquer que, sur
les deux années, il y a une année du gouvernement Parti québécois puis une
année du gouvernement Parti libéral.
Donc, on ne tombe pas dans une problématique de faire un parti pris quelconque
dans ces dossiers-là, c'est les médias
qui ont parlé pour la population. Sur les décès évitables ou obscurs, on a
10 dossiers, mais pour presque... plusieurs... ça dépasse la
centaine de décès. Ensuite, abus et négligence, on a sept dossiers. Mise en
danger des clientèles, il y a cinq dossiers.
Donc,
qu'est-ce qu'on conclut de ce constat? La distribution des événements
médiatiques répertoriés de janvier 2012
à 2014 révèle un état général catastrophique de prise en charge des aînés les
plus vulnérables dans nos établissements. Il faut signaler que la
période couvre une direction — je viens de le dire — gouvernementale
libérale et péquiste des affaires sociales. Donc, il ne semble pas qu'en termes
d'enjeux sociaux, résultats sociaux, ça constitue une grande différence. L'analyse reflète sans surprise un
inventaire de bons coups, 19 dossiers sur 90, 21 %, rapportés dans
les médias, ce qui contredit la
perception que les médias ne traiteraient que des dossiers noirs des CHSLD.
Bien, ça, je trouve que c'est positif. Une fois sur cinq, ils relèvent
des bons coups.
Nous ne
croyons pas qu'un inventaire sur une période plus longue aurait changé
significativement la distribution dans
les dossiers dans les catégories proposées. Moi, ça fait 30 ans que je
suis dans le domaine, je ne suis pas... J'ai quand même été surpris du développement des catégories.
Il apparaît assez clairement que la fusion des établissements CLSC-CHSLD sous le gouvernement Charest n'a pas eu
l'effet positif sur l'accessibilité de la qualité des services aux
aînés, surtout en CHSLD. Les lacunes de
gestion étaient le plus souvent mises en cause, 33 %, dans les
établissements préjudiciables aux usagers, y compris plus de
150 décès évitables ou violents dans la mise en danger fréquente des
clientèles vulnérables et sans défense.
Les constats de lacunes de services et de
pénuries de services représentent 38 % des dossiers répertoriés. Quand on connaît, comme l'AQDR, des difficultés,
pour des citoyens, de faire valoir leurs droits dans leurs relations
avec les services publics, cette visibilité suggère une pointe d'iceberg. Parce
que ce n'est pas tout, ce qui passe dans les médias. Les lecteurs peuvent
conclure que ces données... que nos gouvernements ne remplissent pas leurs
obligations d'allocation de ressources
convenables pour les ainés vulnérables et que les agences de la santé ne
remplissent généralement pas leur
mission de contrôle et de vigilance auprès des établissements. Plus grave
encore, il semble bien que les instances d'inspection, d'agrément, de
gestion des plaintes ou de contrôle de la qualité ne réussissent pas à faire
corriger les écarts systémiques des établissements fautifs.
Les dilutions
de direction locales — hein, ça veut dire que, dans les CHSLD, là, il y a une dilution
des directions locales — dans chaque établissement et le retrait
planifié par le ministère des compétences cliniques, en particulier des postes infirmiers, sont certainement en cause dans
la production de catastrophes organisationnelles ou cliniques causant
des dommages fréquents aux employés, aux
personnes aînées et à leurs familles. Le cas le plus pathétique, c'est
certainement l'affaire Claude-David, à Repentigny.
Le déficit de crédibilité de l'État, libéral ou
péquiste, est lourdement affecté par ce portrait accusateur, et il faudra plus qu'un projet d'assurance
autonomie — que nous
partageons, par ailleurs — pour nous rassurer sur le destin des aînés du futur en hébergement. Voilà plus de
10 ans que nous constatons des lacunes dans les réponses aux services
requis pour les ainés hébergés, qui ne rejoignent jamais plus que 70 % des
besoins de soins, selon le modèle d'évaluation standardisé. La situation des personnes à domicile est pire en termes de
lacunes et pénurie de services. C'est largement démontré par les
instances de surveillance : protecteur, vérificateur, etc.
Certains
analystes nous annoncent qu'une nouvelle guerre mondiale est commencée. C'est
une guerre sociale et intérieure dans
nos pays, en Occident, une guerre d'élimination menée par les élites dirigeantes
contre une population devenue trop nombreuse et inutilement coûteuse. On
nous a souvent répondu dans l'affaire Claude-David : Il serait mort de toute façon. Les luttes sociales en
Occident, après 2003, qui s'accentuent, avec les crises financières
récentes, par des mouvements sociaux au
Québec, y compris depuis 2008, dont celles des coalitions d'organismes d'aînés
plus récemment, attestent de cet état
de fait : la guerre aux vieilles personnes inactives et dépendantes est
réellement déclarée, le portrait des
dossiers des médias l'atteste hors de tout doute — on en a 70 sur 90. Le report de la pension
de vieillesse par ce qu'on appelle, nous, le général Harper — parce
qu'on est en état de guerre — à 67 ans, au retour de la conférence
de Davos en 2012, le confirme, cet état de guerre, parce que les deux années de
perte de droits de pension, ça va mettre les gens sur bien-être social.
La parole
citoyenne de la présente commission interpellera, nous l'espérons, la classe
politique du Québec sur ses responsabilités pour qu'elle prenne les
véritables mesures pour corriger les causes de cette condition humaine
inacceptable par des mesures crédibles de performance au-delà des partisaneries
politiciennes. Je vais demander à Mme Boucher, qui a été infirmière en CHSLD
pendant 10 ans, de mettre l'accent sur la question des lacunes et des pénuries
de services.
• (11 h 40) •
Mme
Boucher (Simone) : Bon,
c'est ça, mon commentaire concerne les lacunes de services, qui
apparaissent dans le mémoire, il y en a 19, soit
21 %. À la fin des années 60, lorsque j'ai commencé à travailler en soins
prolongés, il y avait les foyers et
les CHSLD. Je peux dire à M. Plamondon que j'ai travaillé plus que 10 ans dans
les soins prolongés, hein, je peux
dire 28 ans. Donc, dans les CHSLD, ces derniers accueillaient des personnes
grabataires en grande perte d'autonomie. Évidemment, tout comme
aujourd'hui, la clientèle était composée de gens de tous âges qui avaient des
besoins de soins trop importants pour rester à la maison ou dans un foyer. Le
personnel était peu qualifié, à cette période, mais, avec
les années, beaucoup d'efforts ont été faits pour former et recruter aussi du
personnel compétent dans tous les domaines,
soit des médecins, des infirmières autorisées, des infirmières auxiliaires, des
préposés aux bénéficiaires ainsi que les physiothérapeutes,
ergothérapeutes, diététistes, en ayant pour objectif de former une équipe qui
donnerait des soins de qualité.
Donc, les
CHSLD en sont venus à offrir des soins de base, mais aussi des soins médicaux
tels que les perfusions intraveineuses, toute médication intraveineuse,
les gavages, les soins de trachéo et beaucoup d'autres soins parce que nous avions des infirmières autorisées,
qualifiées, en nombre suffisant, et ce, sur tous les quarts de travail :
jour, soir et nuit. Les médecins faisaient une visite hebdomadaire à
leurs bénéficiaires, puis un service de garde était assuré 24 heures sur 24. Tous ces services contribuaient à diminuer
les transferts des bénéficiaires pour les hospitalisations dans les
hôpitaux de soins aigus.
Depuis une
dizaine d'années, il y a des fermetures de lits importantes ainsi que des
coupures de postes d'infirmières dans
les CHSLD, et cette situation est dénoncée par l'Ordre des infirmières et aussi
par la CSN. Maintenant, il n'y a souvent qu'une seule infirmière ou une infirmière auxiliaire et très peu de
préposés sur un département ou même dans le centre. Et ainsi ce n'est plus possible de pratiquer ces
actes médicaux dans la majorité des CHSLD. Les bénéficiaires doivent
être transférés dans un CH pour être
traités, avec les conséquences de l'engorgement, ou ils ne sont tout simplement
pas transférés.
Donc, les
préposés aux bénéficiaires peuvent donner les soins de base, mais ils n'ont pas
la formation suffisante pour
identifier les besoins de santé de ces personnes en grande perte d'autonomie
qui nécessitent des soins appropriés. Il est souhaité que le ministre de
la Santé accorde les ressources humaines compétentes pour ramener la qualité
des soins en CHSLD à un niveau acceptable,
car, tous les jours, les manchettes font état de manque de soins, mauvaise
alimentation, le budget repas pour un résident en CHSLD est de 3,95 $ par
jour, sécurité déficiente, il y a des morts par brûlure…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme
Boucher (Simone) : O.K. En
conclusion, est-ce qu'on pourrait avoir une répartition équitable des
finances pour dispenser à ceux qui ont bâti
notre société des soins de qualité avec du personnel qualifié? Autant nous
avons investi tout au cours de la vie d'une personne, autant les soins
de fin de vie sont maintenant négligés.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation.
Maintenant, pour le bloc ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs, madame,
bienvenue à cette commission. Alors, écoutez,
on vous écoute, on lit votre mémoire et on comprend que vous semblez avoir une
lecture plutôt négative de l'état actuel
des CHSLD. Il y a certains éléments, là, que vous avez soulignés dans votre
mémoire, mais, moi, ce qui m'intéresse… et vous dénoncez plusieurs
choses. Moi, ce qui m'intéresse, c'est… Dénoncer, c'est une chose, mais
qu'est-ce qu'on peut proposer? Parce que
l'objectif de notre commission, c'est ça, c'est de regarder ce qui va, ce qui
ne va pas, mais ce qui va bien aussi et, à partir de là, comment on peut
faire mieux. Donc, moi, je vais avoir des questions pour vous par rapport à une
situation que vous dénoncez. Mais qu'est-ce que vous préconisez pour contrer un
effet négatif que vous pouvez avoir soulevé?
Par exemple, vous mentionnez, là, dans votre
mémoire, qu'«il apparaît assez clairement que la fusion des établissements centres hospitaliers-CLSC-CHSLD [...] n'a pas eu d'effet
positif sur l'accessibilité et la qualité des services aux aînés,
surtout en CHSLD». Et ça rejoint ce qu'on a entendu aussi hier… ou en tout cas
avant vous, là, hier ou aujourd'hui, où on entendait que les CHSLD sont un peu
laissés-pour-compte dans toute cette… Moi, j'aimerais ça vous entendre. Qu'est-ce
que vous préconisez? Est-ce qu'on devrait revoir l'organisation? Et pourquoi
vous dites, là, que cette fusion-là n'est pas positive?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
M.
Plamondon (Louis) : Oui. Je
suis content que vous me posiez cette question-là parce
que je pense que c'est une
partie du problème des dernières années. On pensait que la circulation plus
organisée, plus systémique, là, à travers ces
fusions-là, ça favoriserait la prise en charge des personnes âgées. C'était l'idée, en tout cas, quand ça a été fait, cette fusion-là. On
s'est rendu compte qu'en fait ça a créé un mouvement d'abandon des CHSLD,
surtout au niveau des directions, puis des
coordinations, puis… Là, ce n'est pas nous autres qui fait un portrait sombre,
hein, c'est les médias, là. C'est le
cumul de… très documenté. Vous savez, dans les médias, ce qu'on a retenu, là,
puis ceux qui sont soulignés dans notre
mémoire, c'est des rapports d'institutions, là. C'est le Protecteur du citoyen,
c'est les visites d'appréciation, c'est le Vérificateur général, c'est des organismes qui ont parlé, là. Ce n'est
pas nous qui faisons… Nous, on ne fait que rassembler des données.
Pour les
correctifs… C'est sûr que, si on constate que c'est la gestion erratique des
établissements, on a un grave problème de gestion erratique
d'établissements qui cause toutes sortes de préjudices aux usagers. Qu'est-ce
qu'il faut apporter comme correctifs? Puis
nous, on a fait le lien toujours en analysant tous les documents. Il faut aller
voir les liens. J'ai apporté une
copie… On a même imprimé tous les liens, nous. On a tout lu, là, y compris le
rapport des accidents et incidents, là, dans le registre des morts et
des blessés.
Alors, nous,
ce qu'on dit, c'est qu'il faut certainement mettre en branle un processus de
correctifs quant à la gestion des établissements, parce que la gestion est
elle-même mise en cause. Puis, si on… Et il
semble qu'il y ait eu une dilution. Il apparaît que des
responsables cliniques, sur place, qui connaissent le personnel puis qui gèrent
les problèmes, ils ne sont pas là, ils sont dans le CSS, là, à l'autre bout de
la ville, ils ne sont pas dans l'établissement, ils ne connaissent
personne, et puis, bien, on a 250, 200, 300
personnes prises en charge puis qu'il n'y a pas de direction à la tête de ça.
Il y a même les pertes cliniques,
hein, il y aura de moins en moins d'infirmières. Tout ça, là, ça mène à des
dérives, puis à une surmortalité, puis à l'abandon des personnes.
Donc,
premièrement, il faut faire le diagnostic pourquoi il y a une… Quand on parle
de gestion erratique, là, il faut aller lire les dossiers, ils sont tous
mis, les numéros, là. Ça renvoie à des dossiers de presse puis ça renvoie à des
rapports de coroners, à des rapports du
protecteur. C'est quoi? Et Me Paquet, là, il a étudié en particulier le dossier
de chez Claude-David : 22 personnes
décédées à la suite du déplacement. Le protecteur a dit que leurs décès étaient
reliés à la manière dont ça a été géré.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Me Paquet.
• (11 h 50) •
M. Paquet (Jean-Claude) : Alors, M.
le Président, justement, cet exemple-là, on pourrait le résumer ainsi : 22 décès en trois mois suite à des transferts de
personnes âgées. On pourrait résumer comme suit : on désengorge
l'urgence, on suit rigoureusement le cadre budgétaire puis le plan de
redressement, on compresse l'échéancier de transfert, on bouscule et on stresse les personnes, les vieux
résidents. Et, coïncidence, il y a 18 et, maintenant, 22 décès en trois
mois. Et on pourrait dire, et c'est triste
de le dire ainsi, mais toutes les instances ont collaboré à ce résultat-là, le
CSS, l'agence, le ministère.
Je vous
invite éventuellement à prendre connaissance, c'est le numéro… notre dossier
n° 4 qui est situé à la page 32,
on le retrouve sous Gestion erratique de l'établissement et Décès
évitables. C'est le rapport du Protecteur du citoyen, c'est une
institution qui relève de l'Assemblée nationale et qui en exerce le contrôle
sur les ministères et sur les établissements de santé et services sociaux. Je
ne lirai pas le rapport, mais c'est que, tout simplement : des travaux nécessaires
pour l'aménagement de 36 nouvelles chambres d'hébergement; la Direction
nationale des urgences du ministère, c'est
impérieux de prendre des mesures pour désengorger
l'hôpital Pierre-Le Gardeur. On intime le CSS du Sud-de-Lanaudière de prendre les mesures
nécessaires afin de compresser au maximum le délai d'ouverture des 36
lits. Donc, unités ouvertes, en décembre 2010, entre le 13 et le 23 décembre,
en moins de 10 jours ouvrables, 60 usagers provenant
de l'hôpital Le Gardeur transférés à l'unité. Les faits sont résumés
là-dedans : les sangles, le corridor, l'équipement, le roulement de personnel, y compris les
gestionnaires, les postes revus à la
baisse, le personnel qui n'a pas d'expérience. Et on ne jette pas la
pierre au personnel comme tel. Ils font… C'est une clientèle fragilisée.
Et là, ici,
je me permets de lire le rapport du Protecteur
du citoyen :«…les circonstances entourant l'ouverture de l'unité et le transfert des résidents, plus
particulièrement les délais irréalistes imposés, n'ont pas permis de mettre en
place des conditions optimales pour leur
prise en charge adéquate et leur intégration plus harmonieuse dans leur [...]
milieu de vie. L'absence de responsable dédié à l'unité…»
Un autre
passage intéressant : «…assurer…» Et, c'est ça, on désengorge l'urgence,
le CSSS, l'hôpital, mais c'est au détriment
de l'autre clientèle, des personnes aînées. «…assurer la sécurité des uns ne
doit pas se faire au détriment de celle des autres. [...]les moyens pris par l'établissement pour résoudre
rapidement sa crise d'engorgement à l'hôpital ont eu un impact majeur
sur la qualité des soins et services dispensés aux personnes [aînées] visées
par le transfert à l'unité.»
Et : «Le Protecteur du citoyen — dans
le fond, c'est l'Assemblée nationale, c'est un bras de l'Assemblée nationale — déplore que, dans ce contexte, ni l'agence
de la santé [...] ni le ministère de la Santé et des Services sociaux,
de qui provenaient [les] mesures de désengorgement de l'hôpital, n'aient jugé
opportun d'intervenir plus activement auprès de l'établissement afin de
s'assurer que les mesures en question ne compromettaient pas la sécurité des
soins aux personnes [aînées].»
Bien, le protecteur fait des recommandations au
CSSS et à l'agence de continuer les mesures qu'ils avaient promises, qu'ils
s'étaient engagés à faire, mais en particulier au ministère de la Santé de
prendre «les mesures appropriées afin de
s'assurer que l'ensemble des établissements et des agences […] ne mettent pas
d'autres usagers à risque par la mise en oeuvre précipitée de solutions
au désengorgement des urgences…»
Bien sûr, on est un organisme de défense de
droits. On peut, oui, participer et proposer des solutions quand on en voit.
Mais des conclusions qu'on peut tirer de ça, c'est que les choix administratifs
ne doivent pas se faire au détriment des aînés, ils ont des conséquences sur
eux. Les résidents des CHSLD, les aînés, ne sont pas une clientèle de seconde zone. Et, dans ce cas-là particulier,
là, ne pas oublier… C'est sûr que les personnes sont en fin de vie,
elles seraient décédées un jour ou l'autre,
mais, 22 décès en trois mois constatés par le Protecteur du citoyen, il n'y a
pas de lien scientifique, comme le protecteur le dit, nécessairement
entre ça, mais la situation de stress, ça les fragilise. Ils ont droit à une
fin de vie normale et en sécurité, compte tenu de leur état, une fin de vie non
précipitée par des choix budgétaires ou administratifs.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci,
M. Paquet. Vraiment, je partage, sans connaître nécessairement l'ensemble des
détails au même titre que peut-être vous l'avez vécu, mais je partage
votre point de vue que c'est une situation extrêmement malheureuse et qu'on doit tout mettre en oeuvre pour que plus jamais
cette situation-là ne se reproduise. Et vous, à titre de protecteur des droits des personnes âgées,
j'aimerais ça entendre des moyens concrets, ce que vous pensez qu'on ne
devrait plus jamais faire et ce qu'on
devrait faire, au contraire, pour transférer des personnes qu'on doit
éventuellement transférer d'un centre hospitalier à un milieu de vie
plus permanent. Mais comment on peut faire ça sans qu'il y ait un risque
d'événements malheureux comme ceux-là? Qu'est-ce que vous préconisez, là, comme
façon de faire?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
M. Plamondon (Louis) : Bien il y a
deux instances qui se sont prononcées sur cette question-là. Dans les
recommandations du protecteur, il dit justement qu'est-ce qui aurait dû être
respecté, là. Parce que la loi a été violée, hein? Dans cette affaire-là, la
loi de la santé et des services sociaux, à plusieurs articles, la loi a été
violée par des établissements, mais le
ministère lui-même. Donc, respecter la loi. Bien, écoutez, c'est le cadre
légal. Le problème qu'on voit, c'est que les agences ferment les… obéissent
au doigt et à l'oeil du au ministère
maintenant, c'est une courroie de transmission du ministère. Ils ne sont plus
gardiens de l'application et du respect de la loi.
On l'a vu
encore récemment à Saint-Lambert sur le golf, hein? L'endroit est devenu
criminalisé. Il y a des gens qui se
sont infiltrés, des préposés qui ont pris un leadership, puis c'est même eux
autres qui… Les deux accusés d'actes criminels,
ont pris le leadership, même dans l'accueil des nouveaux employés. C'est eux
autres qui faisaient le training des nouveaux
employés. Puis on a découvert qu'ils avaient contribué probablement à des décès
ou à des maltraitances très graves.
Il y a huit victimes, il y a deux décès, il y a six accusations portées. Bien,
écoutez, il y a quelqu'un qui ne fait pas le travail. Il y a quelqu'un
qui…
Qui est le gardien, dans une région, de
l'exercice des droits et la protection du public? C'est les agences. Mais ce qu'on se rend compte dans le dossier de… dans
plusieurs des dossiers qui sont mentionnés là, les instances
disent : Où était l'agence? Que faisait
l'agence? L'agence a dérivé de ses obligations. Puis, même dans le rapport du
protecteur, l'agence, malgré les conclusions
du Protecteur du citoyen, continue de dire qu'elle a fait son travail. Mais là, écoutez, là, c'est
comme… c'est caractérisé comme conduite inadéquate. Puis moi…
ce qu'on pense, c'est qu'il devrait avoir un ménage de fait dans certaines directions d'agence parce qu'ils ne font pas leur travail, ils
n'assument pas leurs responsabilités légales.
Ils ont le mandat de protection puis ils ne savent pas dire non parfois à des
invitations qui viennent de haut, là, du ministère, de faire des mises en oeuvre.
C'est dit dans le rapport du protecteur, là, ce n'est pas l'AQDR qui parle, le
protecteur dit : Le ministère est en partie responsable. C'est,sous monsieur… sauf
mon respect pour M. Bolduc, c'estsous
son autorité que ça a été fait, un ordre qui est venu de plus haut.
Donc, je veux
dire, là, qu'est-ce qu'il faut corriger? Il faut que les ordres soient
raisonnables, respectent le cadre légal,
puis que… C'est ça qui ne se passe pas à Saint-Lambert, à Repentigny, à Le
Gardeur. Puis il y en a d'autres, là. Écoutez,
des familles qui sont prévenues du décès d'une personne, mort violente, deux
jours après le décès sans qu'on leur
dise qu'est-ce qui est arrivé, écoutez, c'est des gens qui violent la loi, ça.
La loi n'est pas respectée, ni la loi de la santé et des services
sociaux ni la loi du coroner. Mme Blais connaît le dossier. Donc, on viole la
loi, les chartes ne sont pas respectées pour les aînés, on ne respecte pas
leurs droits à la vie. Fondamentalement, là, le problème, c'est ça.
On dit : Ils seraient morts de toute façon.
Tout le monde, en CHSLD, serait mort de toute façon. Là, on leur enlève les infirmières. Bien, pourquoi? Parce
qu'ils ont fusionné les unités d'accréditation. L'accréditation appartient
à l'ensemble hospitalier, ils peuvent pomper
les infirmières parce qu'ils en ont besoin sur les lits de courte durée, puis
là les CHSLD se retrouvent sans infirmière.
Il n'y a plus personne, comme l'a dit Mme Boucher, pour prendre en charge
des vrais soins, pour évaluer le danger,
pour évaluer la condition. Il n'y a plus de retour dans le système hospitalier
pour ces gens-là. Ils meurent. Puis ils disent : Ils seraient morts
de toute façon. Donc, qu'est-ce qui est nié? C'est le droit à la vie.
Vous me demandez quelle est ma proposition?
Respecter la loi, le droit à la vie. Même s'il me reste 90 jours, pourquoi vous me dites : Je vais t'en enlever
60 parce que tu es vieux? On est rendus là. C'est ça, le rapport. C'est
90… Puis je vous le dis, là, si vous en
voulez deux caisses, je vais retourner jusqu'en 2005, là. O.K.? Ça va être la
même situation catastrophique. Mais elle s'aggrave parce que ce qu'on a
vu avec la fusion de 2003, c'est qu'on a vu le retrait des ressources
professionnelles dans les établissements.
Vous me
dites : C'est quoi, la solution? Le retour des ressources
professionnelles, le maintien des postes infirmiers pour protéger la
qualité de fin de vie, là. Puis ce n'est pas un décor, ce n'est pas de
l'animation, là, ce que ça prend, c'est des
soins à des gens — Mme
Blais le sait — où des
gens se sont… La clientèle s'est alourdie. Ils arrivent de plus en plus
affaiblis, avec des multiproblématiques, puis on dit qu'on enlève les
infirmiers, on va leur donner des préposés, mais
les préposés ne sont pas capables d'évaluer l'état de santé d'une personne,
s'il y a des fractures, s'il y a une trachéo mal installée, si... Ils
n'installent même plus de soluté d'hydratation parce qu'il n'y a personne pour
les installer. Donc, ça veut dire, on va les
déshydrater. Il y a un plan de match de déshydrater les personnes âgées en
CHSLD, planifié par le ministère. Bonjour la visite!
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Oui.
M. Plamondon, je comprends votre propos, là, et je comprends que vous avez un
message très clair et extrêmement important
à passer. Maintenant, je pense qu'on est tous réunis ici pour essayer de voir
justement… Parce que, vous savez, ce que
vous mentionnez, là, le respect des personnes âgées, je pense que c'est ce qui
nous anime ici. En tout cas, je peux vous dire que mes collègues, là, de
tous côtés de la table, ça nous anime.
Maintenant,
il y a un grand défi, c'est de… Le système et l'organisation de notre système
de santé est d'une très grande
complexité, mais c'est vrai qu'il faut regarder ce qu'on pourrait faire
autrement, d'où l'importance des témoignages comme le vôtre, là. Et je
pense qu'on prend bonne note de tout ce que vous nous apportez et on va
certainement, certainement, à la fin, à tout
le moins, de notre commission, avoir un rapport et des recommandations et avoir
un portrait, un portrait clair, là, des enjeux et de ce qui peut être
fait.
Et ça, ça m'amène à
vous parler de financement. J'aimerais ça vous entendre. Vous savez, il y a le
rapport du vérificateur, en 2012, qui est sorti et qui mentionnait que le
financement… l'organisation du financement des CHSLD ne tient
pas nécessairement compte… est plutôt basé sur un financement
historique, ne tient pas nécessairement compte de
l'alourdissement de la clientèle et du niveau de services
requis. Alors, qu'est-ce que vous pensez? Est-ce qu'on devrait changer
le mode de financement de nos CHSLD? Comment vous voyez ça? Qu'est-ce que vous
en pensez?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
• (12 heures) •
M. Plamondon
(Louis) : Bien là, il y a une proposition entourant l'assurance
autonomie qui vient justement tenir compte,
là… Le projet, c'est quand même que l'accessibilité des services est reliée à l'évaluation. Et là il y a une
nouvelle standardisation des évaluations. Donc, il y a une partie du problème
de financement qui est là.
Le fait de faire
reposer ça... Vous savez, vu l'âge moyen, hein, c'est 80 quelques années, là,
l'âge moyen en hébergement... Nous, on a
beaucoup de cas… on en a un, là, ou deux dans l'inventaire, mais je suis
certain que plusieurs députés en ont dans leurs comtés, là, c'est le cas
des couples dont un des conjoints s'en va en CHSLD. Les revenus sont… à 80, les revenus sont bas. Puis là, nous,
on a des dames qui nous appellent, c'est beaucoup des dames, leur mari
est hébergé. Lui, ses revenus sont plus élevés, il va payer, sur le revenu
familial, le 1 700 je ne sais pas quoi, puis elle, elle n'a plus... C'est même... Il prend le trois quarts
de leurs revenus, lui. Mais la réponse de l'établissement? Vous avez
juste à divorcer.
Les
hommes peuvent faire ça, les hommes… Parce que les femmes ont rarement des
revenus complémentaires. Les hommes,
ils peuvent dire : Ah, je vais divorcer, elle n'a rien, de toute façon, ça
fait que c'est l'État qui va ramasser le paquet, puis moi, je vais avoir tout mon revenu. Les femmes ne peuvent
pas faire ça parce que c'est lui qui a le revenu de conversion. Tout le monde me suit, là? Le revenu
de retraite, elle a droit à 60 %, elle va se pénaliser si elle divorce.
Tu sais, si tu réfléchis… Puis là je ne vous
parle pas des aspects émotifs d'un divorce à 84 parce que ton conjoint est dans
un CHSLD.
Là, il y a des
aberrations au système, là, dans les lacunes de réflexion autour du
financement, historiques, là. La
contribution, ça, c'est une grave discrimination à l'encontre des couples âgés,
là. Cette affaire-là, il faut trouver une solution. Puis votre commission a certainement le devoir de faire une
proposition. Nous, là, c'est trop complexe pour nos petits moyens, là. Mais c'est sûr qu'il y a une
grave discrimination des femmes en particulier là-dedans. Puis les
couples, là, qui se ramassent dans la dèche... Puis il n'y a pas de correctif
possible, là. À 84, tu ne peux pas retourner, comme M. Harper veut le faire, au marché du travail ou quêter sur la rue,
là. Donc, le problème du financement, nous, on a compris que le projet de loi d'assurance autonomie va
permettre de le corriger parce que ça va être le
service... l'accessibilité va être fondée, dans l'ensemble
du système, sur l'évaluation des besoins de services et donc leur financement.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci, M. le Président. Ce
que vos soulevez, M. Plamondon, est extrêmement important, la
question de la problématique des couples et
des ressources financières parce que c'est... Le coût d'hébergement est par
tête de pipe, hein, c'est chaque
individu — merci — chaque individu, là, qui doit débourser. Et
effectivement il y a là une situation, je pense, problématique sur
laquelle on va devoir se pencher…
M. Plamondon
(Louis) : Absolument.
12235
Mme Proulx : …qui nous interpelle
définitivement. Avant de laisser la parole à ma collègue, je voulais
simplement vous souligner que, vous savez,
dans les médias, effectivement, les médias peuvent rapporter des rapports du
Protecteur du citoyen, du Vérificateur
général, mais je veux juste vous dire qu'il y a aussi des bons coups et que les
bonnes nouvelles ont beaucoup plus de
difficultés à paraître dans les médias. Donc, quand on évalue la couverture
médiatique, je pense qu'il faut
garder à l'esprit que les bons coups n'ont peut-être pas fait la nouvelle. Et
de dire qu'il y a simplement 19 bons coups ou 20 % de bons coups, il y en a peut-être un peu plus qui n'ont
pas fait la nouvelle. Parce que ce que je trouve important d'une commission comme la nôtre, c'est qu'on puisse
se donner l'opportunité d'en entendre parler, des initiatives et des
bonnes pratiques, pas juste pour se dire «on est bons», mais pour pouvoir les
implanter ailleurs, les faire connaître pour que d'autres milieux de vie,
d'autres milieux de soins, d'autres résidences implantent ces bonnes
pratiques-là qui donnent des résultats intéressants.
M. Plamondon (Louis) : C'est pour ça qu'on les a valorisées aussi dans
notre rapport, là, on les a mises en rang, à la fin évidemment parce
que... pour ne pas mettre une confusion, là. Mais c'est quand même 20 % de
bons coups. Je trouve qu'on critique souvent
les médias sur le fait que, hein, ils broient du noir, là, ça fait vendre des
copies, mais je pense que,ldes
bons coups,qui... ils
font aussi la manchette, là, donc.
12235
Mme
Proulx : Un bon départ.
M. Plamondon (Louis) : Puis évidemment, dans les deux cas, c'est une
pointe d'iceberg. Ce n'est pas tous les bons coups, c'est 20 % de ce qu'on a trouvé. Bon, il y en a sûrement
plus que ça, là. Mais ça, c'est l'autre défi de faire la nouvelle. Les
députés, vous le savez, hein, faire la nouvelle, ce n'est pas facile, hein?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement...
M. Plamondon
(Louis) : Ni les bons, ni les mauvais coups.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps du
gouvernement s'est écoulé. Maintenant, pour l'opposition officielle, Mme la
députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Merci, M. le Président. Mme Boucher,
M. Paquet, M. Plamondon, merci d'être ici. On vous a choisis pour venir comme on a choisi les autres
groupes, parce que c'est une commission parlementaire particulière et
c'est une commission qui se veut non
partisane. Ça, c'est important de le dire. Parce qu'on n'est pas en train de se
dire ici : De toute façon, il serait mort, là, parce que ce sont
des personnes en fin de vie. On ne veut surtout pas ça. Si on fait une commission parlementaire, c'est pour trouver des
solutions novatrices, pour améliorer les conditions de vie des adultes, parce
qu'il n'y a pas seulement des aînés, il y a des personnes... il y a 11 %
de personnes de 65 ans et moins qui se retrouvent dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée.
Puis on
pourrait parler du rapport du vérificateur de 2012, mais il y a le rapport du
vérificateur de 2002. Puis je pense que, dans les rapports des
vérificateurs, avec le fil des ans, il y a souvent eu des situations… C'est le
rôle du protecteur de trouver les
aberrations, de mettre la lumière sur ces aberrations pour qu'il y ait des correctifs. Puis, au fil des gouvernements, je pense que ça s'est produit, puis, bon, ça s'est produit
sous le gouvernement du PQ, sous le gouvernement libéral puis… Mais on essaie, ensemble,
là, de trouver des pistes de solution. Et votre rôle à vous, c'est de protéger
et de dénoncer les mauvaises situations. Puis je vous en remercie parce
que c'est votre rôle, et c'est un rôle citoyen très, très important.
La question
que ma collègue députée de Sainte-Rose vous a posée, c'est que, dans le rapport du Protecteur du citoyen de 2012 — avant
de passer la parole à mon collègue de Jean-Talon — il parlait
d'augmentation de tarification dans les CHSLD pour les gens qui séjournent là-bas. Est-ce que
vous êtes d'accord avec ça, pour qu'il y ait une augmentation?
Vous, vous avez parlé de l'autre aberration,
là, de l'aberration des divorces parce
qu'il n'y a pas assez de revenus. Mais, si on augmentait la tarification
des places en CHSLD, est-ce que vous êtes d'accord?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
M. Plamondon (Louis) : Mais, en
fait, la question qui va se poser, là, c'est que, pour la population hébergée actuelle, la capacité de payer, là, est
extrêmement… d'augmenter, là, d'augmenter la contribution des aînés hébergés
ou de leurs familles, moi, je ne vois pas comment on peut imaginer ça dans le
contexte du revenu réel des gens moyens de plus
de 80 ans. Je veux dire, ça va être très… En plus, là, ceux qui ont beaucoup de
moyens, ils ne sont pas dans le réseau public,
ils vont dans le réseau privé, ils ont les moyens. Moi, je connais beaucoup de
familles, là, qui vont dans le Groupe Maurice,
qui vont… Bon, ils ne vont pas à Saint-Lambert sur le golf, là, ceux qui ont
les moyens — c'est un
site privé-public, hein — ils vont dans les milieux… Ceux qui ont des
moyens, ils ne sont pas là, ils se paient… 6 000 $,
7 000 $, 8 000 $. On le voit. Vous le savez, ça, que ça
existe.
Donc, moi, je
ne pense pas que, même si c'est vrai que ce n'est pas dispendieux, là,
1 700 $, là, la possibilité que la contribution des usagers…
Le chemin n'est pas là, ça va être marginal parce que la capacité de payer des
familles… des aînés de… la moyenne de
revenus n'est pas là. Faites l'addition : 2 000 fois 12, ça fait
24 000 $. Le revenu moyen des femmes, au Québec, âgées de plus de 65… de 80, c'est 18 000 $.
Ça fait que je ne vois pas où vous allez trouver l'argent, là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Peut-être une dernière réflexion. Parce que
c'est très, très important, les perceptions quand il y a des articles
dans les journaux. Et c'est vrai que, bon, on fait bien de relever aussi
21 % d'aspects positifs. Mais je vous donne
un exemple parce que ça m'a touchée personnellement, les clowns thérapeutiques,
des clowns pour amuser les aînés. Ce
n'est pas des clowns pour amuser les aînés, c'étaient des clowns thérapeutiques
pour entrer en communication avec des personnes atteintes de maladie
d'Alzheimer à un stade extrêmement avancé. Puis on a ridiculisé…
M. Plamondon (Louis) : L'AQDR vous a
défendus.
1263
Mme
Blais : Oui, mais on a ridiculisé quelque chose qui était
très important et qui n'est pas seulement arrivé au Québec, là, un lapin sorti d'un chapeau, ça se passe ailleurs à
travers le monde. Donc, tout ça pour vous dire que des fois, dans la perception… Puis après ça on
dit : Bon, bien, là, Québec envoie des clowns. Mais vous savez ce que je
veux dire, M. Plamondon, que, des fois, c'est extrêmement délicat, toutes ces
situations-là.
Et je voulais
juste revenir sur cet épisode-là et vous dire aussi que, quand je visite des
CHSLD, combien de fois j'ai vu des patientes avec des poupées, avec des
oursons parce qu'elles sont… ces personnes-là sont seules et que c'est très
important, cet aspect-là émotionnel, relationnel avec un objet, et je l'ai vu.
Et, pour certaines personnes, ça pourrait
sembler loufoque, mais ce n'est pas du tout loufoque. Et c'est très important,
ce lien-là qu'on peut avoir avec l'ourson ou avec la poupée. Alors,
c'est ce que je voulais vous dire. Puis je passe la parole, M. le Président, à…
M. Plamondon (Louis) : Je pense
qu'il y a un ou deux journalistes…
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
M.
Plamondon (Louis) : …qui ont
dénoncé ça, là. Nous, beaucoup d'organismes d'aînés ont soutenu
l'initiative. Écoutez, on le fait pour les
enfants victimes de guerre, d'envoyer des clowns, pourquoi pas des aînés avec
des troubles anxieux,
puis tout ça? Nous, on vous a soutenus, le gouvernement, sur cette idée-là, là.
C'était dans le cadre de projets ami des aînés, là, ou équivalent, là.
Donc, nous, on vous a soutenus, y compris auprès du personnage journaliste qui
vous a dénoncés.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (12 h 10) •
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président D'ailleurs, vous voyez qu'autour de la table, là, ce
qu'on veut, c'est améliorer le sort de nos aînés. Et puis je pense que,
quand on apporte des arguments… C'est pour ça qu'il faut vraiment qu'on fasse une discussion sur les vrais
enjeux. Moi, je prends la parole… La musicothérapie, là, un journaliste peut traiter ça comme étant ridicule parce que
c'est des gens en fin de vie, ou on peut voir ça aussi comme un
soulagement faisant partie des soins palliatifs. Le problème
qu'on a, ce qui fait la première page, là, ça va être d'abord
de ridiculiser. Puis il y a des jeux politiques aussi qui se font que…
Bien, on est toujours, à un moment donné, au gouvernement ou dans l'opposition. Et puis il y a des choses qui se disent, que c'est repris par la
suite parce que c'est dit par quelqu'un, et ça a mauvaise presse. Et ça, ce n'est pas bon pour les
patients. Ce qu'il faut chercher ensemble, là, c'est vraiment des solutions
avec les meilleures pratiques.
Un, merci d'être ici aujourd'hui. On connaît
votre rôle, hein? C'est un rôle beaucoup de sortir la situation qui est critique. Je pense qu'on peut se le dire
également, vous ne faites pas la proportion… C'est-à-dire, vous savez, il y a 37 000
personnes qui sont dans des CHSLD aujourd'hui. Un jour, il faut peut-être dire
que la majorité sont bien traités pour enlever l'anxiété à ces gens-là.
Par contre, il y a des situations, comme de fait, qu'il faut prendre en
considération puis qu'il faut corriger, puis il ne faut pas que ça se
reproduise.
Je vous amènerais sur l'élément qui, pour moi,
est un enjeu majeur actuellement, c'est vraiment les couples lorsqu'un s'en va ou une s'en va en CHSLD. Ils ont
un certain revenu, ils ont une maison, ils sont obligés de presque tout
vendre pour en arriver à payer la cotisation, jusqu'au moment où est-ce qu'ils
n'ont plus rien, où, là, ils n'ont plus à payer.
Et puis je voyais un article, en Angleterre, dans The Economist, où
cette philosophie-là a été mise en place, et le coût que la famille peut
être appelée à contribuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, ça peut être, eux
autres, 87 000 $ en Angleterre. Ici, au Québec, la contribution doit
se jouer autour de 20 000 $, 21 000 $ maximal, parce qu'on
a fixé un maximum. Mais, comme de fait, je
suis d'accord avec vous, la capacité des gens n'est pas grande. Ils ont ramassé
une petite maison avec le temps, ils sont obligés de se débarrasser de leur
maison pour être capables de payer l'autre… pour l'autre qui est en CHSLD. Même si vous n'avez pas fait de grandes
études, y a-tu quelque chose que vous pensez qu'on pourrait faire pour
corriger cette situation?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon.
M.
Plamondon (Louis) : Bien là,
dans le cas des couples, de toute façon, moi, je pense que l'âge en
général… il y a des exceptions, sclérose en
plaques, là, il y a des maladies dégénératives dans le plus jeune, là, mais
l'âge moyen des gens quand ils arrivent en CHSLD, la maison, ça fait
longtemps qu'elle est vendue, là, les gens,ne
sont… au-delà de 80 ans, les propriétaires, là, c'est vraiment
marginal, même en région, où ils sont plus souvent propriétaires. J'ai des données, là,
j'ai une bonne mémoire, mais je sais que c'est très faible, c'est moins de 20 %,
disons, de propriétaires au-delà de 80
parce qu'ils ont vendu puis justement ils ont fait déjà le transit. Ils ne sont
pas encore rendus en CHSLD. Donc, le capital,
l'avoir est déjà faiblement… il n'est presque plus… il ne
représente pas grand-chose, le capital des gens de plus de 80, là,
l'épargne ou le capital. Donc, moi, je ne vois pas la possibilité… Je vous le
dis, ce qui nous…
Quand les deux sont hébergés, comme on dit,
c'est pour nos vieux jours, donc on sait qu'un jour on va devoir payer. Ça, moi, il y a une chose que je veux
rendre claire, l'AQDR, elle ne dit pas que les aînés ne doivent pas
contribuer à leur prise en charge, hein,
puis qu'ils veulent privilégier l'héritage aux enfants plutôt que leur prise en
charge. Non, ce n'est pas ça. On est
d'accord pour dire que les aînés qui ont accumulé pour leurs vieux jours, ça
serve à ça, mais que ceux qui… Bien,
j'ai surtout le cas des couples, là, que, quand ça ne leur arrive pas ensemble,
ils se retrouvent dans une situation… La dame qui nous a appelés la dernière fois, là — ça fait 10 jours de ça — bien, elle a cette situation-là. Elle a 73
ans, elle est obligée de retourner travailler au salaire minimum parce
que son mari est hébergé puis qu'il prend la plus grosse part de leur revenu.
Ça, la commission, elle doit corriger ça.
Écoutez la
dernière, l'histoire des stationnements. Là, on a appris, hein… Puis ça, là, la
commission… Là, je vous dis, je vous
ai apporté une copie de notre lettre, là. Les stationnements dans les CHSLD, le
ministère a donné consigne — puis, là, comment ça se passe, je pourrais vous en lire, des consignes de
ministères, vous en connaissez plus que moi, O.K.? — a envoyé consigne aux établissements,
tu sais : Go! vous pouvez installer des barrières puis des horodateurs,
là, pour les stationnements. Là, qui va être
pénalisé? C'est les résidents, parce que les familles qui venaient tous les
jours, elles vont payer 8 $ à 12 $ par jour pour venir faire
manger leurs parents, mais ils n'auront pas les moyens, ni le résident ni, des fois, les familles, tu sais? Donc, là, on va-tu
améliorer le bien-être en mettant des barrières puis des horodateurs?
Non. C'est cave! Les gens ne réfléchissent
pas. On pénalise l'aide qu'apportaient ces aidants-là à d'autres familles qui
n'ont pas… des gens qui n'ont pas de famille. Je le sais, moi, ça, on a
ça toutes les semaines, ces témoignages-là.
Les AQDR de
L'Assomption puis de tout le… se sont… Le
contracteur qui a fait ça à L'Assomption, il a dit qu'il avait eu un contrat de 90 installations de barrières.
On est partis pour un état de guerre. Bien, c'est ça, l'état de guerre.
Parce que qu'est-ce que ça va faire? Ça va pénaliser même les professionnels
dans les milieux, qui vont perdre l'apport d'aidants parce qu'ils n'auront plus
les moyens de payer le 8 $. Je veux dire, 8 $, ça fait 24 $ par
semaine, puis c'est 100 $
par mois. On est-u gagnants? Non. Ça améliore-tu la qualité? Pantoute. Puis ils
prennent cette décision-là. Puis ils se trouvent, là, les gestionnaires
des établissements, là, des CSSS, les génies, là, ils se trouvent forts parce
qu'ils font des additions puis ils ont dit : On a
fait 1 000 $ par mois. Mais ils ont perdu 3 000 $ de frais
de services parce que les bénévoles ne sont
plus là. Allo! Puis, là, l'agence, elle dit : AieAïe!
les gestionnaires, il y en a 90 qui ont installé des barrières. Allo!
C'est ça qu'il faut que vous arrêtiez. C'est délirant, ces histoires-là.
Comment ça se fait que l'agence n'est pas vigilante
puis elle dit : Aïie! on
ne calcule pas l'humain, on ne calcule pas les contributions des familles? Vous
donnez des prix aux familles pour
s'impliquer, les familles s'impliquent, puis ils posent des barrières. On en
conclut quoi, là? Que c'est un bon coup, d'installer des barrières?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le président, j'aimerais vous amener sur la question des soins en CHSLD. La
façon dont vous nous l'avez expliqué il y a
quelques minutes, là, vous aviez l'air de plus penser qu'on devrait s'en aller
sur des milieux de soins et qu'entre
autres la notion... Puis ça, j'aimerais ça, avoir votre opinion. Parce qu'il y
a des gens qui nous écoutent puis qui
ont l'impression que ça pourrait être la bonne pratique. Moi, j'ai fait du
CHSLD, je fais beaucoup de soins palliatifs,
ma collègue aussi l'a fait. On s'est battus pour éliminer les solutés en fin de
vie parce que des solutés en fin de vie, ça n'aide pas la personne, ça ne la fait même pas survivre, sauf que
c'est une manoeuvre qui est invasive. Ce que vous aviez l'air de me
dire, c'est que ces gens-là...
Puis, je suis d'accord, quand quelqu'un a une
fracture de hanche, quelqu'un fait une pneumonie, il y a des décisions qui peuvent être prises. Puis, encore
là, là, ce qu'on essaie aujourd'hui, on sort de la commission mourir
dans la dignité, on veut respecter la volonté des gens. Et puis j'aimerais
juste ça voir dans quel contexte que vous dites qu'on pourrait installer le soluté. Et ce qu'on sait également, c'est qu'en
CHSLD, si quelqu'un fait une pneumonie puis il y a une consigne de traiter la pneumonie parce que la
personne peut être assez bien, ça peut être un choix de la personne, là,
à ce moment-là, ils peuvent quand même
installer un soluté, puis on préfère l'installer en CHSLD que d'avoir à
transférer le patient à l'hôpital, avec le risque d'infection. Mais le
soluté en fin de vie, là, j'avais plus de difficultés à comprendre.
Mme Boucher (Simone) :
...nécessairement en fin de vie, parce que, dans les CHSLD, il y a des gens de
tout âge, de 18 ans à aller jusqu'au-delà de
100 ans. Donc, comme vous dites, si quelqu'un a une bonne infection urinaire,
qu'il n'est pas capable de s'hydrater, donc
c'est important d'en avoir. Mais maintenant, des solutés, ils n'en gardent même
pas dans les CHSLD; la majorité n'en ont plus. Donc, qu'est-ce qu'on fait? On
les envoie en soins aigus. On contribue à l'engorgement.
Ils n'en ont plus parce qu'il n'y a pas d'infirmières non plus pour installer
les solutés, donner les solutions intraveineuses.
Et, s'il y a une infirmière pour 191 résidents, c'est évident qu'il n'y en a
pas de soir ni de nuit, d'infirmière. C'est sur ça, là, que je trouve
qu'on devrait améliorer les soins.
M.
Plamondon (Louis) : Moi, je
veux aussi faire le commentaire suivant, là. Tu prends un mouroir, là…
Vous l'avez dit tout à l'heure. La
commission, elle a-tu dit qu'on transforme les CHSLD en zone de mort? Non, on
dit qu'on essaie même de ramener
les... hein, une qualité de vie, bon. Un milieu de vie, là, tu sais, il y a des
limites à ce qu'on peut faire avec
des gens alités dans les conditions où ils sont. Mais on peut faire des choses,
c'est sûr, de l'humanisation. Mais ils ne sont pas tous en fin de vie.
Et là c'est ça qu'on est pris, comme je vous dis. On l'a pris... puis je ne
vous dis pas «vous», je vous dis : La
société québécoise a pris des décisions en cumulant parce que les barrières
sont tombées, parce que des gens ne
veulent plus assumer leurs responsabilités de gestion, puis là ils ont pris...
ils prennent des décisions, comme, par exemple, couper les infirmières.
Donc, un soluté, il faut être infirmière pour installer ça. C'est intraveineux.
Ça fait que, là…
Une voix : Donner les
intraveineuses, oui.
M.
Plamondon (Louis) : Oui,
tout ce qui est intraveineux. Ça fait que, s'il n'y a plus d'infirmières, le
soluté… pour des besoins de soins, pas de
fin de vie. Je comprends que, la sédation palliative, on n'hydrate pas. Mais là
on met-u tout le monde en sédation palliative? C'est-u un mot d'ordre
qui est venu du cabinet?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (12 h 20) •
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je veux juste qu'on... Sans faire de partie, là, il faut juste regarder c'est
quoi, la bonne pratique. La première chose, c'est que les gens, quand
ils arrivent en CHSLD, ils sont dans un certain état, et on doit s'occuper de
la personne en fonction de son état. Et je suis content que vous dites quelque
chose que... Des fois, on a l'impression
qu'en CHSLD, là, que, les gens, on peut tout faire, là. Mais, quand quelqu'un
est grabataire, un exemple, ou un
stade 6 ou 7, maladie d'Alzheimer, c'est surtout des soins de confort qu'on
offre, là. Mais là, des fois, les gens arrivent puis ils disent :
Il faudrait quasiment avoir des activités sociales pour ces gens-là. Ce n'est
pas là qu'on est rendus.
Et il y a des
gens, par contre, qui sont plus légers, des troubles cognitifs, qui ont besoin
d'être en CHSLD, selon l'évaluation,
et eux ont besoin d'activités, sortir. Ils peuvent quand même avoir des
activités à l'extérieur de l'établissement. Et là on a des responsables,
des animateurs qui doivent le faire. C'est juste que, comme je vous dis, on est
dans une commission où est-ce qu'on veut
tempérer aussi puis être capables d'amener les vrais problèmes et les vraies solutions.
Et puis, dans les CHSLD, à ce que je sache,
c'est des endroits, comme de fait, où ils sont obligés parfois de transférer,
mais souvent ces gens-là, ces CHSLD là, ils veulent en faire vraiment des
milieux de vie. Et là c'est… Depuis hier, on a eu cette discussion-là, il y en a qui voient ça comme
des milieux de soins qu'il faut humaniser, mais,je
vous… Een tout
cas, moi, ce que j'ai vu, la tendance actuellement, là, la tendance, c'est vraiment
plutôt d'en faire des milieux de vie dans
lesquels il y a un certain niveau de soins, mais la primauté
c'est à l'humain, et prendre en charge la personne en fonction de ses pathologies, de ses problèmes, et d'en tenir
compte, et de répondre aux besoins, et, je tiens à le dire également, en respectant la volonté de la personne. On
vient de discuter des directives médicales. La personne, si elle laisse
savoir que, dans ces conditions-là, c'est tel niveau de soins — je ne
sais pas si vous êtes d'accord — on devrait respecter la volonté de cette
personne-là.
Mme Boucher (Simone) : Oui, mais,
par contre, pour les gens qui vraiment ont…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Boucher.
Mme Boucher (Simone) : Excusez. Je
pensais que…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Boucher.
Mme
Boucher (Simone) : Pour les
gens qui ont vraiment besoin de soins, il faut aussi être capables de les
leur accorder. Comme il nous arrive des patients en CHSLD qui ont des
trachéotomies, des cathéters vésicaux, il faut être capables de donner les
soins aussi, des gastrostomies. C'est des soins infirmiers qu'il faut avoir
aussi. Est-ce que les préposés aux bénéficiaires, qui sont en majorité, sont
capables de le faire? Je ne crois pas. Il ne faut pas non plus.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous
reste une minute.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, M. le Président. Moi, ce que j'ai vu dans nos établissements, là,
généralement, lorsqu'il y a une trachéotomie
qui est envoyée dans… parce que cette personne-là, à un moment donné, elle n'a
plus besoin d'être en courte durée,
elle va aller en longue durée, ils vont la transférer dans un endroit où est-ce
que cette personne-là peut être prise
en charge parce que… C'est ce qu'on voit. Si c'est une gastrostomie, c'est la
même chose. Les cystostomies, c'est
la même affaire. C'est-à-dire que, dans l'établissement, il y a des niveaux de
soins, et ces niveaux de soins doivent être assumés. Là, je vous dis ça, on parle juste, là, pour qu'on s'entende,
on cherche à avoir les meilleures pratiques dans nos établissements de
santé.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Plamondon, il vous reste une
demi-minute pour répondre.
M.
Plamondon (Louis) : Bien, ce
qu'on vous dit, c'est que, pour respecter ce que vous venez de dire, ça
prend un niveau de compétence et de
qualification puis que l'état du milieu… Ce que disent les rapports, c'est que…
puis là les décisions récentes du ministre Hébert et du ministère, c'est
qu'il y a un repliement de l'accessibilité des services cliniques, le retrait
infirmier, que ça ne va pas dans le sens que vous dites, que… Il faut qu'il y
ait un équilibre entre milieu de vie et
milieu de soins puisque ce sont des gens dont on sait qu'ils ont des
multiproblématiques de santé vu leur âge et leur condition. Personne ne
conteste ça. Mais là il y a un déséquilibre entre des besoins puis… Écoutez, même
depuis… mMoi, depuis que je suis là-dedans, là, le fameux… ils disent qu'ils
ont besoin de 3,5 heures-soins puis ils ne reçoivent pas leurs 3,5 heures-soins,
il manque une journée de soins par… De soins. Ils disent qu'ils ont besoin de
3,5 heures-soins puis ils n'ont pas le…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît…
M. Plamondon (Louis) : Il manque une
heure par jour, de soins, bien…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le bloc du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
12201
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence.
Merci beaucoup de vos interventions. Je voudrais
un petit peu revenir, un petit peu comme mon collègue… C'est certain qu'on ne
veut pas qualifier les CHSLD de mouroirs, mais, en même temps, il y a
une réalité qui reste, que 30 %, par année, des gens qui vivent en CHSLD
vont mourir en CHSLD. Et il y a eu, il y a quelques années, à mon avis, de la
surmédicalisation et de l'acharnement thérapeutique qu'on trouvait en fin de
vie en CHSLD. Et sincèrement il y a eu un rajustement. Et, quand on regarde
certaines bonnes pratiques… Et on peut s'inspirer aussi en Scandinavie.
Je pense que,
quand on arrive à la fin de notre vie, avec des maladies chroniques qui sont
sévères, pour lesquelles on sait que
30 % de ces gens-là vont décéder, je pense que le plus important de leur
apporter, c'est le confort, le soulagement des souffrances. Et ces notions-là ont cheminé, depuis les dernières
années, dans le sens de, bon, plutôt que d'offrir des soins qu'on peut appeler des soins actifs, on va plutôt
axer vers des soins de confort, s'assurer que le patient ne souffre pas,
s'assurer qu'il soit lavé, hydraté, alimenté correctement, aimé.
La notion de
plaisir, la notion de toucher, la notion d'attention aux personnes qui sont en
fin de vie est devenue prioritaire. Et je pense que, là, il faudrait
faire attention de ne pas rebalancer dans ce qu'on appelle l'acharnement
thérapeutique, de recommencer à donner des solutés, à maintenir en vie dans un
état qui devient parfois très pénible. Alors, je pense que ça, cette notion-là
d'acharnement thérapeutique, a cheminé avec les années, et on axe plus les
traitements vers la création d'un milieu de vie et d'un accompagnement vers la
mort. Et on serait surpris de voir les gens qui entrent en CHSLD, qui demandent à ne pas
prolonger leur vie, mais qui ont peur de souffrir, qui ont peur d'avoir mal. Et je pense que ça, c'est important que cette
notion-là soit transmise à l'ensemble des gens qui oeuvrent en CHSLD.
Aujourd'hui et hier aussi, on a eu des beaux
exemples. Effectivement, au Québec, actuellement, il y a des beaux exemples de gens qui accompagnent les gens
qui ont des déficits cognitifs, mais qui ne les accompagnent pas... Quand on parle de surmédicalisation — vous
avez vu, tout à l'heure, ceux qui étaient là — on a diminué les neuroleptiques dans certains cas, dans la majorité des cas, ce
qui fait que, plutôt que d'agir médicalement, on va agir avec des
méthodes différentes, des méthodes qui sont
interpersonnelles avec les patients et le personnel. Et ça ne nécessite pas tout le temps des médecins ni des
infirmières, il y a des gens qui peuvent offrir ces soins-là.
Et je suis d'accord
avec vous que, oui, on doit avoir de la supervision médicale, oui, dans
certains cas, et on ne doit pas le
négliger pour autant, on est d'accord, sauf que je pense qu'on est à une étape où on
doit penser différemment puis on doit être à l'écoute aussi des personnes
âgées. Et moi, je vous dirais, je l'entends de plus en plus, les gens n'ont pas
peur de mourir, ils ont peur de souffrir et
ils ne veulent pas qu'on s'acharne. Et ça, je pense qu'on doit, comme élus,
on doit, comme responsables, répondre à ces besoins-là, répondre à cette
demande-là de façon appropriée.
Mais je suis d'accord avec vous qu'on doit aussi
avoir des gens qui sont responsables, qui s'assurent d'aucun dérapage et que… Et une chose est certaine, ce qui
doit guider nos décisions, ce n'est pas le signe de dollar au bout de
l'intervention. Je pense qu'on a besoin du personnel qualifié, mais il y a des
actes qui peuvent être faits autrement, et il
y a des beaux exemples, et je pense
que ça, on va devoir, tout le monde, cheminer ensemble, mais s'assurer que les
gens puissent vivre dans la dignité aussi dans les CHSLD. Alors, est-ce qu'on
peut vous entendre à cet effet-là...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement...
12201
Mme
Daneault : ...la notion d'acharnement thérapeutique? Vous
qui avez travaillé en CHSLD, j'aimerais vous entendre là-dessus,
quelqu'un.
Mme Boucher (Simone) : Bien, moi, je
pourrais vous dire que...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Alors, M. Plamondon...
Mme
Boucher (Simone) :
...l'acharnement thérapeutique, je ne crois pas qu'il y en avait, pas en soins
prolongés, parce qu'il y avait les équipes interdisciplinaires. Chaque professionnel pouvait donner son opinion sur la situation de la personne, et aussi la famille, ou la personne déjà avait exprimé son
besoin si elle voulait avoir des soins supplémentaires ou juste de confort au départ. Donc, je pense que
c'était assez bien encadré pour ne pas avoir d'acharnement
thérapeutique.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Alors, malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Plamondon, Me Paquet, Mme Boucher, merci d'être ici avec nous aujourd'hui,
de partager votre expertise avec nous.
Et,
collègues, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la
commission jusqu'à 14 heures cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 14
h 2)
1419
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses travaux. Je vous rappelle que la commission
est réunie afin de procéder à des consultations particulières et auditions
publiques sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre
d'hébergement et de soins de longue durée.
Alors, maintenant, on souhaite la bienvenue au
premier groupe cet après-midi, l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et parapublic.
Alors, bienvenue. Pour les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms, vos titres. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, suivie d'un échange avec les membres de la commission.
Alors, le micro, c'est à vous.
Association québécoise
des retraité-e-s des
secteurs public et parapublic (AQRP)
Mme Parent (Lyne) : Merci. Merci, M.
le Président. Mon nom est Lyne Parent, je suis présidente de l'AQRP, l'Association québécoise
des retraité-e-s du secteur public et parapublic, qui compte près de 29 000 membres. Je suis aujourd'hui accompagnée de M. Normand Bérubé,
mon premier vice-président, M. Gilbert Vachon, qui vous parlera sous
peu, et M. Mathieu Santerre, D.G. par intérim à l'AQRP.
L'AQRP est la principale association des
retraités, et ce que je veux vous dire ici en premier lieu, c'est vous
remercier de l'initiative qui a été prise par les députés afin qu'on puisse
venir ici faire nos recommandations. Je vous remercie
beaucoup parce que, quand on se fait écouter comme ça, on a l'impression qu'on
peut faire un changement dans la société. C'est parfait.
L'AQRP s'est
vraiment beaucoup impliquée dans les listes d'attente des CHSLD, dans les
tarifs des CHSLD, les lacunes, les accidents et incidents dans le réseau
de la santé et les cas de décès douteux dans les résidences des aînés. Notre mission est de
défendre les aînés et améliorer leurs conditions de vie. En examinant les
derniers rapports d'inspection des CHSLD, nous avons découvert des
lacunes importantes. Il y a du positif et du négatif.
Là, je vais
parler des lacunes ici : un manque d'information concernant le processus
de plaintes, dans 73 % des cas; une absence de programmes
d'accompagnement en fin de vie, dans 70 % des cas; une offre d'activités
et de loisirs pas assez diversifiée,
60 %; la rotation du personnel trop fréquente, 42 %; et la présence
de produits dangereux, dans 38 %. La dernière et non la moindre,
c'est les soins infirmiers non disponibles en tout temps dans 6 % des cas.
Nous avons également déposé un mémoire qui
démontre que près de 5 000 cas d'abus surviennent à chaque année dans les
CHSLD au Québec. Tout cela est très
préoccupant. Je laisse M. Normand vous parler des recommandations qui vous sont
faites aujourd'hui.
M. Bérubé
(Normand) : Merci. Alors,
suite à la lecture du mémoire, que vous avez dû faire, voici les
recommandations de l'AQRP.
La première, c'est : que le gouvernement
s'engage à ne pas fermer de places dans les CHSLD au cours des trois prochaines
années;
2° que chaque
CHSLD se conforme à l'obligation de déclarer dans leur totalité les incidents
et accidents survenus au sein de leur établissement;
3° que le gouvernement s'engage à ne pas hausser
la contribution des usagers;
4° que chaque CHSLD se dote d'un processus de
plainte complet, clair et accessible aux résidents, et ce, dès leur admission;
5° qu'un
plan d'intervention personnalisé soit élaboré dans les quatre à six semaines
suivant l'admission d'un nouveau résident dans ces établissements;
6° que
chaque CHSLD se dote d'un programme d'accompagnement en fin de vie au cours des deux
prochaines années;
7° que chaque CHSLD, au terme de l'année 2014,
ait mis à la disposition des patients des services infirmiers disponibles en
tout temps;
8° que le gouvernement s'engage à ne pas réduire
le nombre d'infirmières et infirmiers dans les CHSLD;
9° qu'une
norme soit établie afin qu'un minimum de deux bains complets par semaine soient
donnés pour toutes les personnes qui résident dans les CHSLD;
10° que chaque CHSLD ait fait l'objet d'une
visite d'appréciation de la qualité et des services au terme de l'année 2014;
11° que le gouvernement dépose un plan national
d'amélioration des lacunes observées lors des visites d'appréciation de la
qualité et des services;
12° adopter
le projet de loi n° 399 afin
d'enrayer la maltraitance dans le réseau de la santé et des services
sociaux; et finalement
13° améliorer l'imputabilité des gestionnaires
des CHSLD.
Je retourne la parole à Mme Parent.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent (Lyne) : Oui. Avant de
passer la parole à M. Vachon, je vous demande de l'écouter, il va nous présenter son vécu avec les CHSLD, un CHSLD, entre
autres. Nous espérons que vous allez vous souvenir de ce qu'il va vous
raconter. M. Vachon collabore avec nous depuis maintenant un an et il nous a
rejoints via le service d'aide téléphonique à l'AQRP. Je laisse la parole à M.
Vachon.
M. Vachon
(Gilbert) : Merci, Lyne.
Bonjour. Mon nom est Gilbert Vachon. J'ai fait 4 000 kilomètres pour
venir vous parler du décès de ma mère qui s'est produit suite à son passage au
CHSLD de Saint-Eustache. Je vous présente ma
mère, Mme Gilberte Lemieux-Vachon. Ma mère a été admise au CHSLD, en mars 2010,
pour décéder le 1er avril 2011. Elle
se plaignait de mal au bas du dos régulièrement, et tout ce que l'on constate,
c'est des augmentations de médication et un petit coussin ici et là. Son
cas s'est mis à dépérir après quelques mois, suite à son admission.
On constate
dans le dossier que des rougeurs dans le bas du dos font leur apparition en
octobre 2010. Il y a des apparences de plaie de lit. C'est la
responsabilité de l'infirmière d'aviser le médecin quand une personne est mal
en point. L'infirmière Diane Montambeault a
proposé à ma soeur que l'on transfère maman aux soins palliatifs vers le
8 mars 2011, car elle était trop souffrante.
Ça en dit long. Ils savaient quelque chose, mais ils nous le cachaient puis ils
le cachaient même au médecin.
Vers la même période, mon frère a demandé à
l'infirmière que maman soit vue par les médecins, car son cas empirait rapidement, mais ils n'ont pas passé le
message, par crainte, peut-être. La semaine suivante, avec insistance,
il a demandé au médecin… il a demandé encore
à l'infirmière que le médecin voie ma mère et qu'il nous fasse un
rapport, ce que le médecin Alain Roy a fait.
Suite à ce qu'il a vu, il a, de son propre chef, décidé de sortir notre mère
pour se faire traiter à l'hôpital de
Saint-Eustache, car il a constaté des plaies surinfectées et… avaient des
odeurs nauséabondes. Nous, la famille, étions tenus dans l'ignorance.
Pendant ce temps-là, notre mère mourait à petit feu en pourrissant, si je peux
me permettre. Voilà ma mère, de son arrière, son dos arrière.
Suite à une
réunion avec les médecins et infirmiers et infirmières de l'hôpital
Saint-Eustache, nous avons dû nous résoudre qu'il n'y avait plus rien à
faire, car l'infection était trop avancée. À ce moment-là, une autre bataille a
été enclenchée pour que maman soit admise
dans une maison de fin de vie, au moins une chambre privée pour un
minimum de dignité.
Quand je sortais maman pour prendre une marche sur le sentier, derrière
l'église, à Saint-Eustache, à quelques reprises,
elle m'a demandé : Laisse donc la chaise rouler vers la rivière, pour
arrêter ses souffrances. C'est pour dire à quel point elle avait du mal. Et, connaissant ma mère, elle n'a jamais plaint
rien dans sa vie. Combien d'autres personnes veulent mettre fin à leurs
souffrances ou à leur vie encore?
• (14 h 10) •
J'ai personnellement décidé de faire une plainte
au criminel, au sergent-détective Geneviève Chevrier de la police de Saint-Eustache. Je lui ai déposé tous
les dossiers et enregistrements. Et, suite à cela, après quelques
semaines et plusieurs coups de fil d'insistance de ma part pour connaître l'évolution
du dossier, la police a transféré le dossier au procureur de la couronne du
district de Saint-Jérôme, Me Omer Carrier, pour qu'il étudie le dossier.
Il a conclu qu'il n'y avait aucun motif pour
une plainte au criminel. J'ai fait une demande de révision, et Me Vincent
Martinbeault, un autre procureur, la
même boîte que Me Carrier, a pris le dossier puis il a penché dans la même
direction que ce dernier. Comment est-ce possible, ça? Ma mère étant
dans un CHSLD du domaine public et les procureurs de la couronne payés par le gouvernement m'amène à me poser la question
suivante : Y aurait-il apparence de conflit d'intérêts? C'est la
question que je me pose.
Aucune
imputabilité du personnel et aucune conséquence punitive suite aux actions et
traitements inappropriés envers la condition médicale de ma mère. Le
coroner a conclu que notre mère n'aurait pas dû mourir à ce moment et de cette
façon et que son décès aurait pu être évité. Le rapport du CSSS et celui du
Protecteur du citoyen penchent également en
notre faveur. On parle ici de négligence, cacher de l'information. Ça s'est
passé, ça se passe et ça se passera encore
dans l'avenir, l'inaction de certains membres du personnel, ceux qui voient et
gardent le silence par peur de représailles, omerta, et peut-être de certains élus — sont-ils complices du décès de ma
mère? — et
peut-être de certains autres aînés.
Si on
maltraite les petits chiens ou les petits chats, il y a des lois pour les
protéger, et je n'ai rien contre ça. Alors, pourquoi ne faisons-nous pas
de même pour nos petits vieux? On sait bien que les petits chiens, les petits
chats, c'est «cute» avec leurs petites
«bettes», mais nos petits vieux, par contre, avec leurs rides, leurs
faiblesses, ils ne sont pas aussi «cute»,
hein? Ce n'est pas les petits chiens et les petits chats qui nous ont amenés où
nous sommes aujourd'hui, mais bel et bien
nos petits ratatinés, avec amour, ceux qui ont bâti notre histoire, ceux qui
nous ont donné notre fierté. Ce sont nos aînés. Où est le respect là-dedans? Les lois sont malheureusement plus
accommodantes pour les animaux que pour nos aînés. Est-ce normal?
Donnez-moi la job de ministre des Aînés pour une
couple de semaines. Si le ministre concerné veut bien me suivre, on va aller au front, on va aller sur la
ligne de tir, on va aller constater en direct, avec nos petits vieux, nos
petites vieilles, leurs conditions. On va
aller manger avec eux, on va aller jaser, les écouter. On va aller vivre ce
qu'ils vivent. Alors, peut-être,
quelqu'un va comprendre qu'il manque de support, de main-d'oeuvre. Puis ça, ça
ne pardonne pas la négligence, mais on peut apporter une solution.
Combien de personnes retraitées sont en forme
puis qui désireraient participer en assistant nos infirmiers, infirmières, des préposés? O.K., ils n'ont
peut-être pas de carte de compétence, mais ils ont certainement une vie
derrière eux. Donnons-leur un petit salaire
pour compenser leurs dépenses, ils pourront ainsi supporter le personnel pour
s'assurer que les personnes admises en CHSLD
aient de l'écoute, de l'assistance, aider les patients pour manger ou tout
simplement avoir un ami. On pourrait les
appeler sages-femmes, sages-hommes, préposés-amis ou quoi que ce soit. Est-ce
que les syndicats vont être d'accord? Posons-leur la question. Mais ici
on parle de vies humaines. Mettons nos énergies et notre argent aux bonnes places. Il y a sûrement encore des aînés qui
souffrent en silence. Et il ne faudrait pas oublier dans quelle
direction nous nous en allons, c'est là qu'on s'en va. Je vous remercie. Mon
nom est Gilbert Vachon.
Mme Parent (Lyne) : Merci,
M. Vachon. Alors, voilà. Si vous avez des questions.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Alors, merci pour votre présentation. On commence maintenant avec le
groupe du gouvernement, Mme la députée de
Sainte-Rose. Mais, M. Vachon, j'ai été vraiment bien touché par votre
présentation, vraiment bien touché. Et j'ai
moi-même une mère de 96 ans, alors, qui vit dans son appartement, seule
avec des aidants. Alors, je suis vraiment sensible à vos paroles, vous
m'avez touché beaucoup. Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour, madame, messieurs.
M. Vachon, vous venez de livrer un témoignage absolument bouleversant. Je pense que tout le
monde ici, dans cette salle, et ceux qui nous écoutent peuvent
facilement, en se mettant ne serait-ce que quelques minutes à votre place,
comprendre l'ampleur des sentiments qui vous animent. Je veux vous dire toute
la compassion que j'ai. Je veux vous dire à quel point je trouve que cette
situation-là, elle est totalement inacceptable, ce que vous avez vécu, d'où vraiment
l'importance du travail qu'on fait actuellement.
Il faut absolument se donner les moyens
d'éviter... On parlait, ce matin, d'une autre situation où il y a eu de nombreux décès. Il faut qu'on se donne, comme
société, les moyens de prévenir des événements comme ceux-là. Pour moi, c'est complètement inadmissible, inacceptable. Et
je partage avec vous exactement ce que vous dites, là. Les personnes âgées, c'est peut-être moins attirant qu'un beau
bébé ou que les animaux de compagnie auprès de qui, là, on va intervenir
rapidement, mais ce sont des êtres humains,
ce sont parmi les plus vulnérables. Il faut absolument qu'on s'en occupe
puis qu'on s'en occupe bien, adéquatement, et qu'on leur offre les soins qu'à
mon sens ils sont en droit de pouvoir et de devoir exiger.
Écoutez, vous, comme proche de votre mère, vous,
comme membre de la famille d'une personne qui a vécu cette situation-là et qui en est décédée, je pense que votre point de
vue est important et j'aimerais ça que vous nous disiez, vous, si, quand les événements… Là, vous nous
parlez de mars, quand votre mère… au mois de mars 2010, quand elle a été
admise. Si c'était à refaire, là, comment vous souhaiteriez que ça se passe? Et,quel est, selon vous… , quels
sont les événements ou les… Qquels
sont les gestes qu'on devrait faire autrement, qui auraient pu être posés
autrement et qui n'auraient pas mené… Est-ce
que c'est parce qu'on ne vous a pas écouté quand vous avez sonné l'alarme?
Est-ce qu'à votre avis il y a des
mécanismes absents qui auraient dû être là et qui auraient pu avoir comme effet
que la situation ne se serait pas dégradée à ce point-là? Selon votre
point de vue et votre vécu, qu'est-ce qui aurait pu se passer autrement?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Vachon.
M. Vachon
(Gilbert) : Personnellement,
je vais commencer en parlant… pas de ce
que le gouvernement aurait pu faire,
mais ce que nous autres, les enfants puis le peuple peuvent faire. C'est, un,
aller voir nos parents, nos grands-parents dans ces établissements-là.
Ce n'est pas des garderies où est-ce qu'on place nos vieux puis, fini, on n'en
parle plus. Excusez pour le geste.
Puis c'est
ça. Moi, là, ce que je demande au personnel là-bas… C'est sûr qu'il manque de
personnel. Ils ont besoin d'aide. Ça,
ça se voit tout de suite. Quand il y en a deux pour servir comme 50 patients,
ce n'est pas assez. À mon avis, ce n'est
pas assez. Mais ceux qui… les préposés qui vont
vérifier les couches, ou donner les bains, ou laver, ce qu'ils voient, pourquoi ils ne le rapportent pas au lieu
d'étouffer ça? Si ça aurait été rapporté immédiatement au médecin : Aïe,
ce n'est pas juste un mal de dos
qu'on augmente la médication, mais il y a une plaie qui s'installe. Est-ce
qu'il y a quelque chose d'autre à
faire? J'ai offert… j'ai demandé des matelas, il y
a des matelas spéciaux, puis les réponses qu'on m'a données après la mort de maman, ça, c'est les réponses que
j'ai eues, c'est : Oui, mais on n'en a pas suffisamment. Mais, si
on aurait passé une location, on aurait pu l'avoir rapidement. Mais pourquoi on
ne l'a pas fait?
Vous le
savez, vous avez vos réponses. Je ne sais pas quoi amener. Mais, un, c'est la
communication. Ça, c'est une autre
chose quand on a eu notre postmeeting avec le personnel puis le médecin,
postdécès de ma mère. Il y avait plein de solutions, puis ils nous
disaient : Ah, on manque de communication. Les plaies, ils ont pris
jusqu'à 11 jours pour aller voir, constater
les plaies, les évaluer. Il dit : Normalement, on fait ça aux sept jours.
Mais c'est un trou qu'elle a, là. Puis on
a une amie de la région d'où est-ce que je viens, elle a 30 années d'expérience
comme infirmière puis, quand elle a vu le trou, elle a dit : Ça,
c'est une plaie de six mois. Puis, si on remonte au mois d'octobre, quand la
plaie a commencé, ça ressemble pas mal à ça.
Mais il n'y a pas eu de signal d'alarme qui a été sonné, là. Il y a une plaie.
Elle est moins mobile que d'autres…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci,
M. Vachon, de votre témoignage. Maintenant, Mme Parent, ça m'amène à vous
parler de prévention. Parce que moi,
j'entends le témoignage de M. Vachon… Et, vous savez, je reprends, là, et je le
répète, l'objectif ici, ce n'est pas
de lancer la pierre à qui que ce soit. Et on parlait hier beaucoup des préposés
aux bénéficiaires, en fait, de l'équipe
soignante, que ce soient préposés aux bénéficiaires, infirmières auxiliaires,
infirmières. À l'évidence, dans ce cas-là,
il y a des gestes qui n'ont pas été posés, il y a des gens qui n'ont pas été
sensibles suffisamment à une situation qui était potentiellement
dangereuse, qui, de ce que j'entends, se dégradait rapidement. Il n'y a pas de
signal d'alarme qui a été donné.
Et on entendait, hier, des représentants de
certains groupes professionnels qui disaient : Il y a une lacune au niveau de la formation. Et moi, quand je pense
prévention dans un milieu de travail quelconque, mais notamment dans les
milieux de soins de santé, on pense aussi formation et, dans la formation, on
pense sensibilisation, on pense mise en contexte.
Quand il y a quelque chose, un élément qui se produit, il faut en parler, il
faut sonner l'alarme, il faut interpeller l'infirmière ou le médecin. Et, Mme Parent, qu'est-ce que vous voyez, là, au niveau de la prévention et d'une meilleure formation
des équipes soignantes? Est-ce que vous pensez que ça peut avoir un lien pour
une meilleure prévention?
• (14 h 20) •
Mme Parent (Lyne) : Absolument.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent
(Lyne) : Oui, merci. Absolument, oui. Moi, je vais vous dire, la première chose, la chose la plus importante, c'est l'imputabilité
des gestionnaires qui sont en place. Il faut que… Je sais que les gens qui
travaillent, les préposés aux bénéficiaires,
les infirmiers qui sont là, c'est des vocations, et je sais que ce n'est pas
facile et que les gens font de leur mieux, j'en suis persuadée. Il y a
90 % des gens, je suis persuadée, qui travaillent très, très bien puis qui
prennent soin de leurs gens.
Parfois, le
temps presse, parfois, il manque, bon, un peu de matériel ou des choses qui
sont tout à fait normales qu'une personne puisse travailler avec. Et
c'est souvent… moi, ce que j'ai entendu de plusieurs personnes que j'ai connues
qui ont travaillé là-dedans, ils disaient : On manque de temps, on n'a pas
autant de couches qu'on voudrait. Ah, ils ne
veulent pas qu'on fasse tout ce qu'on aurait à faire. Je ne peux pas parler
longtemps avec la personne aînée parce qu'on n'a pas le temps de faire
ça parce qu'on n'est pas suffisamment de monde.
Alors, je
suis allée dans un CHSLD, et on s'est aperçu que les préposés aux bénéficiaires
travaillent de plus en plus, de plus
en plus fort parce que les cas sont de plus en plus lourds. Alors, c'est rendu
que les chefs d'équipe travaillent moins que les préposés aux
bénéficiaires. Ils font du temps supplémentaire, c'est incroyable, et ils
gagnent moins cher, les chefs d'équipe, que les autres parce qu'ils sont
demandés beaucoup plus que leur temps normal de travail.
Je crois que,
là-dedans, ce qui est important, c'est de pouvoir mettre beaucoup d'humain
là-dedans. Si on travaille trop, parfois il peut arriver qu'on manque
de… on n'a plus de patience. Et puis je pense que, tout ça mis
ensemble, on n'a pas le temps de s'en occuper comme il faut, puis ça presse trop. On
manque de patience parce qu'on est trop fatigué puis qu'on a trop travaillé. Je pense qu'il y a quelque chose à voir
là-dedans avec la lourdeur des cas qui s'est vraiment… qui est devenue très, très large dans les CHSLD
présentement. Alors, c'est une chose qu'il faudrait que les gestionnaires
soient vraiment mis au fait, de garder leur personnel bien dans ce qu'ils font,
c'est-à-dire, moi, je vous dis, heureux. C'est
dans le sens qu'il faut que la personne… le personnel soit bien
traité, qu'on écoute leurs doléances puis qu'on puisse au moins savoir
qu'est-ce qui se passe pour pouvoir les aider puis prendre connaissance de ce
qui se passe.
Si, la personne, la préposée qui était là, qui a
vu Mme Vachon, si elle avait eu le temps ou… Je ne sais pas qu'est-ce qui s'est passé, là. On ne peut pas… je
fais juste extrapoler qu'est-ce qui peut être arrivé. Mais la personne,
si elle avait eu le temps de le faire, elle
aurait pu aller voir la personne puis dire : Bien là, ça ne va pas, mais
ne pas le cacher. Pourquoi ils l'ont
caché? C'est une question qui est vraiment sans réponse. Pourquoi ils l'ont
caché? Quelqu'un qui veut travailler… Les gens, moi, je suis certaine
qu'ils travaillent à leur plein potentiel puis qu'ils veulent bien faire. Ça,
j'en suis persuadée. Mais, s'il y a des lacunes, c'est parce que justement il y
a vraiment quelque chose qui presse trop à quelque part.
12235
Mme
Proulx : Oui, j'entends…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Oui.
Merci, M. le Président. J'entends très bien ce que vous dites, et ça m'amène à
vous poser une autre question. On a eu, dans les témoignages depuis
qu'on a débuté la commission, un centre qui nous disait avoir transformé la
tâche de préposé aux bénéficiaires en scindant, si on veut, cette tâche-là en
une partie qui s'appelle plus préposé à l'unité, qui a la charge des tâches un
peu plus d'entretien, je dirais, le lavage des vêtements, les tâches plus complémentaires, et on a concentré plus le rôle
des préposés aux bénéficiaires dans l'approche avec la personne, donc
les soins à la personne, comparativement… et
on leur a enlevé, là, le rôle de soins plus externes. Est-ce que vous pensez
que ce genre d'approche là pourrait… Puis
là, bien, c'est sûr qu'en faisant ça on ne fait pas nécessairement appel au
même profil d'individu dans le recrutement. On peut s'assurer d'avoir
quelqu'un qui a une volonté d'intervenir et de travailler réellement à établir une relation personnalisée
avec le patient et qui aura une capacité d'empathie et quelqu'un d'autre
qui aura un profil plus faire un autre type de tâches. Est-ce que vous pensez
que ça peut être une option, quelque chose d'intéressant à envisager, ça?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent
(Lyne) : Évidemment, la
personnalité compte beaucoup là-dedans, vous avez absolument raison. C'est la première fois que j'entends parler de ça,
et je trouve que c'est louable parce qu'il y des gens qui sont beaucoup mieux dans le ménage que dans l'humain puis il y a
des gens qui sont meilleurs dans l'humain que dans le ménage. Moi, en
étant gestionnaire pendant 20 ans, je pense qu'on s'aperçoit… puis on connaît
notre personnel, on connaît les gens, qu'est-ce
qu'ils peuvent faire. Si c'est bon, merveilleux, c'est des choses à essayer. Il
est évident qu'on essaie toujours d'apporter
des solutions aux problèmes qu'on vit. Et je trouve que c'est un élément de
solution qui ne doit pas être enlevé du revers de la main. Maintenant,
je ne sais pas qu'est-ce que ça va donner. Moi, je n'en ai aucune idée. Voilà.
12235
Mme
Proulx : Merci beaucoup.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Merci beaucoup, Mme Parent. Je vais laisser la parole
à ma collègue.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Masson.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui, merci, M. le Président. Merci, madame, messieurs d'être présents.
Monsieur, je ne répéterai pas tout ce que ma
collègue a dit, je partage ses propos
quant au témoignage que vous nous avez fait. Alors, on va aller dans des choses concrètes pour essayer de
trouver des solutions. On l'a dit, on est ici pour ça. Dans vos recommandations, vous faites état, entre autres, des visites d'appréciation
dans les CHSLD. Vous souhaitez qu'elles soient terminées au terme de l'année 2014. Ça, de ce côté-là, je peux
vous dire que c'est entrepris, que ça se fait, qu'il y a des normes qui
sont changées, là, depuis l'automne passé pour les faire, il y a des
inspecteurs de plus qui ont été embauchés. Donc, il y a une volonté, effectivement, de faire des visites d'appréciation dans les
CHSLD. C'est en marche, O.K., puis notre objectif, effectivement, c'est de terminer, là, dans les délais, là, que vous mentionnez.
Aussi, il y a eu des choses qui ont été mises en place, de ne pas prévenir tout le temps les
milieux trop longtemps d'avance quand on va faire des visites
d'appréciation, justement pour qu'on soit en mesure d'évaluer le plus
précisément les situations qui peuvent être là. Ça, c'est une chose.
Je peux vous dire aussi par contre qu'on a
entendu des gens, des gestionnaires de CHSLD — pour vous rassurer — des
gens, depuis deux jours, qui nous ont dit aussi qu'ils font des belles choses. Ça fait que ça, je peux aussi… C'est des
gens engagés, on l'a senti. C'est de gens engagés. Puis je pense que, dans le
même sens que ma collègue, ce qu'elle
apportait comme réalité, effectivement je suis d'accord avec ce que… Des fois, la personnalité de la
personne, ce n'est pas une personne qui est
habilitée plus qu'il faut aux soins à la personne, à l'individu, puis qu'une
autre personne serait plus en mesure de faire ce travail-là. Puis, si on
répartit les tâches différemment, ça peut être une solution. Ce que j'ai senti aussi chez les gens qui nous ont parlé, c'est
que c'est des gestionnaires qui ont réussi à imprégner cette volonté-là chez
leur personnel de vraiment s'occuper des gens puis de l'importance d'ajouter de
l'humanité dans les soins. Et je pense que, là, beaucoup de différences
pourraient être identifiées. Alors, ça, c'est une chose.
Écoutez, c'est sûr que, on l'a dit, on est dans une
optique d'amélioration des choses. On sait qu'il y a des choses qui sont
nettement à améliorer. Mais il y a des belles choses. Et on souhaite s'inspirer
des bons coups pour permettre à d'autres
milieux de s'approprier des bons coups aussi. Puis je pense qu'il y a des
belles expériences aussi qui sont sur la table et qu'on observe. Alors, ça, je voulais aussi vous rassurer de ce
côté-là. Alors, sur ce, moi, c'est un peu les commentaires que j'avais pour vous. Vous nous avez fait des
recommandations très précises. On va se donner la peine de les regarder
attentivement. Et là-dessus je céderais la parole à ma collègue des
Îles-de-la-Madeleine.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine.
12209
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Merci, M. le Président. Bonjour à
vous, à chacun de vous que je reconnais. Il
y en a que je connaissais déjà. Dans les recommandations, là, vous parlez du
système de plainte, comment… l'obligation
de déclarer les incidents pour le CHSLD, également que les gens soient informés
des processus de plainte. J'aimerais
que vous élaboriez sur ce sujet-là, voir comment est-ce que vous voyez ça. Vous
êtes des retraités du secteur public
et parapublic. Vous avez la connaissance des lieux. Comment est-ce que ça se
passe… ou comment vous verriez qu'on
devrait procéder, là, pour qu'il y ait justement plus de connaissance de ce qui
se passe, des incidents dans les CHSLD?
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
•
(14 h 30) •
Mme Parent (Lyne) : D'accord. Premièrement, lorsque les inspecteurs
vont dans les CHSLD, ils ont 10 points à vérifier. Ils ont une formation
qui est adéquate, qui est faite sur 10 points, et ils ont des points
spécifiques à regarder. Tout en comprenant
qu'il n'y a pas deux personnes pareilles, les gens voient ça à leur façon, mais
par contre la suite devrait être là.
Il y a un suivi là-dedans. Il y a une égalité envers toutes les personnes qui
font de l'inspection dans les CHSLD. Moi, on m'avait dit… Premièrement,
je tiens à le dire, on m'avait dit qu'ils ne le savaient pas d'avance du tout.
Là, j'entends : Ils ne savent pas trop
d'avance. Ça, je trouve ça un peu surprenant. Mais moi, ce qu'on m'a dit, c'est
que les CHSLD ne sont vraiment pas au
courant du tout qu'il y a un inspecteur qui va se rendre là. Les inspecteurs,
il faut qu'ils mangent avec les gens. Il faut qu'ils regardent ce qui se
passe.
Vous me dites : Il faudrait
regarder vraiment comment les gens voient qu'il n'y a rien pour le processus de
plainte. Quand une personne arrive dans un CHSLD, si on la prend, il y a deux
choses qu'on demande : on demande qu'elle soit prise en charge, qu'il y
ait une étude sur le cas particulier
de la personne, et on s'aperçoit que ça, ce n'est pas toujours suivi. Ça, c'est suite à ce qu'on a lu sur les inspections.
On s'est aperçus aussi qu'il y a des gens qui,ne
savent pas…s'ils ont une plainte à faire, ne savent pas comment
faire. Et vous savez que la peur engendre une espèce d'arrêt de… La
peur, ça brise tout. C'est que la personne
est complètement… elle devient très, très négative et dans
son coin parce qu'elle ne veut
pas faire comprendre la peur qu'elle a. Et
elle ne le dira pas toujours parce qu'elle a peur d'avoir des représailles à ce
sujet-là.
Moi, je vais vous dire, il y a le
projet de loi n° 399 qui a été présenté. C'est un projet de loi qui,
va dénoncer… On va donner le pouvoir à tous les professionnels,
n'importe lesquels, une personne, dans les endroits où ils demeurent, qui va être en charge de ça et qui va garder
secret la demande de la personne. Il faudrait que la personne qui arrive
dans un CHSLD soit au courant qu'il est
possible de faire une plainte sans qu'elle en subisse les représailles, c'est
très important. Voilà pourquoi on veut absolument que les gens sachent
qu'est-ce qui se passe dans…
Quand ils arrivent, il faut qu'ils
soient évalués selon leurs besoins, les besoins et les manques qu'ils ont.
Pourquoi ils sont là? Parce qu'habituellement c'est pour
3 h 30 min de soins et plus, les gens qui vont en CHSLD. Alors,
ils ont des besoins spécifiques qui ne sont
pas les mêmes d'un à l'autre. Il faut qu'ils sachent comment faire… qu'est-ce
qui se passe, qu'est-ce qu'ils vont faire
avec eux, comme on fait habituellement quand on donne une formation à
quelqu'un, on dit : Bon, on va commencer par vous dire ça, ça, ça. Bien,
quelqu'un qui arrive dans un milieu de vie, il faudrait qu'il sache à peu près qu'est-ce qu'on va faire avec
elle. À chaque jour, bon, elle veut aller aux loisirs. On dit qu'il en
manque un peu, mais c'est très bon pour les problèmes cognitifs des personnes.
Il y a toutes sortes de choses à mettre en place. Maintenant, il y a le projet de loi n° 399, auquel je tiens
énormément, qui est sur la maltraitance, qui ouvre la porte, qui enlève la peur… qui enlèverait la peur aux gens de
pouvoir l'expliquer et le dire à une personne qui serait vraiment très
secrète, c'est-à-dire que la personne ne le dirait à personne, et on pourrait
faire une étude pour voir qu'est-ce qui se passe vraiment.
Alors, si un médecin, une infirmière,
n'importe qui qui travaille avec les personnes pouvait aller dire qu'est-ce
qui se passe… Parfois, ça peut arriver. Ce
n'est pas… Comme je dis, les gens qui travaillent là sont souvent très, très
positifs, puis c'est des gens qui veulent faire leur travail puis qui le font
très bien, mais il arrive qu'une fois… Ça peut arriver, il y a des choses qui
arrivent comme ça, c'est arrivé. Il y en a d'autres qui arrivent, on en entend
parler à tout bout de champ, là. Ça fait qu'il y en a. Il faudrait vraiment
faire attention à ça. Moi, je pense que la maltraitance… contrer
la maltraitance, c'est très important.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine, vous avez une minute.
12209
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Merci. Je pense comme vous, c'est très
important de contrer la maltraitance.
C'est inacceptable. Et chaque cas qu'on voit dans les médias, c'est un cas de
trop. Maintenant, je pense que ce qui
est important aussi, c'est d'amener les gens qui sont capables de le faire à le
dire eux autres mêmes qu'ils ont subi de la maltraitance ou que, comme M. Vachon disait,
c'est aux enfants aussi à voir ce qui se passe, à être présents, à
questionner la personne. Mais d'impliquer le
personnel et que ce soit obligatoire, je pense qu'il y a des nuances à
apporter. Mais ça revient vraiment à
la personne elle-même, il faut qu'elle soit capable de le dire, qu'elle soit
informée de ses droits et qu'elle puisse
le dire. Et que la famille soit présente, je pense que c'est la situation
idéale sur laquelle on peut compter, là, pour contrer la maltraitance.
Et on en convient, c'est inacceptable. Merci beaucoup.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé pour le bloc gouvernemental.
Maintenant, pour l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri… M. le
député de Jean-Talon?
1263
Mme
Blais :
Saint-Henri—Sainte-Anne.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Merci, M. le Président. Mme Parent, M.
Bérubé, M. Santerre, c'est votre dernière présence sous le chapeau à l'AQRP. Alors, merci d'être là. Et, M.
Vachon, M. Vachon, je suis extrêmement émue, comme vous. Vous avez fait
4 000 kilomètres pour témoigner de votre amour, partager votre
expérience, qui n'est pas particulièrement positive,
mais pour venir nous dire, à nous, les parlementaires, qu'il faut améliorer les
conditions de vie des personnes hébergées dans les centres d'hébergement
et de soins de longue durée.
Je
fais une entrevue à la radio. Vous êtes passé avant moi aujourd'hui. Et
j'ose croire que, sur les près de 38 000
personnes hébergées dans les 202 centres d'hébergement, il n'y a pas toujours
des histoires comme celle que votre maman
a vécue, et je l'espère de tout coeur. Parce que vous livrez, aujourd'hui, un
cri du coeur. Ce que j'ai entendu, c'est que la communication est quelque chose de fondamental et qu'on doit communiquer
avec les membres des familles. Il ne faut pas avoir peur de signaler, quand il y a une difficulté physique qui
s'installe, aux membres de la famille, pour être en mesure d'agir immédiatement. Je pense que c'est
ça, là, le coeur de votre témoignage d'aujourd'hui. Est-ce que je me trompe, M. Vachon? Puis je veux vous remercier
d'avoir fait 4 000 kilomètres pour être ici aujourd'hui. C'est
précieux pour nous.
M. Vachon (Gilbert) : Merci. Regarde, je vous remercie de votre
témoignage, là. Puis ce que vous venez de dire là, là, mais c'est pas mal ça. Tu sais, j'ai vécu des émotions, en
livrant mon message, de colère puis de tristesse, puis, entre les deux,
habite le coeur, puis c'est lui qui vous a parlé. Je ne veux pas avoir… Je suis
désolé si j'ai peut-être semblé arrogant,
là, mais j'étais dans le feu de l'action. Ça me rappelle tellement, là,
qu'est-ce que j'aurais pu faire aussi… on a de quoi à faire, le gouvernement, mais, encore une fois, qu'est-ce que,
moi, j'aurais pu faire. Puis, sachant tout ce qui s'est passé, nous faire refuser l'accès pour aider le
personnel : On va réconforter notre mère pendant que vous la mobilisez
ou vous changez ses pansements, je ne sais
pas, on s'est toujours fait… misettre
dehors : Allez dans le corridor, vous n'avez pas à voir ça, c'est
ma job. Avoir vu… Mais il faut communiquer, il
ne faut plus rester dans l'ignorance, là.
Puis
la dénonciation obligatoire. Il faut qu'on dénonce. J'ai parlé avec des bons
travaillants là-dedans, mais «top-notch»,
là, ils prenaient soin de leur monde. Parce que c'est une minorité que je suis
venu parler ici, là, parce qu'il y en a qui sont super bien traités,
puis tant mieux. Mais il disait, là, il disait : On ne peut pas… Il
disait : On voit ce qui se passe, on voit qu'il y en a qui ne
prennent pas soin.puis… mais, il dit… Moi,
j'ai dit : Pourquoi vous ne parlez pas? L'omerta?
Comme j'ai dit tantôt, ils ne parlent pas, ils ont peur aux représailles. Mais
c'est quoi, le problème? C'est-u le syndicat?
C'est-u des têtes fortes? Je ne le sais pas. Peut-être qu'il n'y a pas les bonnes
personnes aux bonnes places, comme vous parliez plus tôt, là.
Puis la peur. On parlait de peur,
poser des actions. La peur, c'est… Moi, je ne pense pas que c'est une peur.
À un moment donné, tu veux dénoncer. Moi, j'ai dénoncé. La famille, à un moment
donné, elle ne pouvait plus continuer avec
moi, dans mon dos, ils ont dit : Gilbert, on te laisse aller, mais on te
back, là, c'est sûr, là. Mais d'est parce qu'à un moment donné tu en perds les moyens. Moi, je
remercie la compagnie pour qui je travaille, dans l'ouest. Ils m'ont
payé mes journées. Ils ont dit : Vas-y,
tu as une cause dans les mains, puis on approuve ce que tu fais parce que tu ne
le fais pas juste pour ton monde, tu le fais pour notre mère, nos pères.
Puis ça se passe au B.C., un autre cas de plaies de lit, couper les deux
jambes, puis il en est mort, le monsieur. À Calgary, même chose, une femme, il
y a à peu près trois ou quatre mois, avec les plaies de lit qui étaient en
cause. Merci, madame, pour votre témoignage.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais :
M. Vachon et Mme Parent, M. Bérubé, M. Santerre, c'est une commission non
partisane, on veut parler des vraies affaires ici. Et puis ce n'est pas parce qu'une
partie a déposé quelque chose, l'autre partie a fait quelque chose, je pense qu'il faut aller au-delà
de tout ça. Vous le savez, c'est moi qui ai déposé le projet de loi
n° 399 pour contrer la maltraitance, mais ce n'est pas parce que c'est moi qui
l'ai déposé. Je pense qu'on est rendus… Je pense
qu'on est rendus à un moment où…
Vous
avez dit quelque chose puis je veux vous entendre : Les gens ont peur de
dénoncer parce qu'ils ont peur aux
représailles, même les membres des familles. Moi, je me souviens quand on a
fait la consultation publique sur les conditions de vie des aînés, on ne
parlait même pas de ça, de la maltraitance chez les personnes âgées. Les
personnes venaient me parler dans l'oreille
parce qu'il ne fallait pas que le voisin soit au courant. Ça fait qu'il y a
encore beaucoup de cette chape de
plomb par rapport à ça. Mais il y a aussi la protection du personnel, parce
que, si le personnel n'est pas protégé, le personnel a peur aussi de
dénoncer, d'en parler, de le dire. Donc, je pense qu'on va devoir, tous ensemble,
à un moment donné, faire un travail pour avancer dans cette direction-là. Mais
je veux vous entendre là-dessus.
Je
veux vous entendre aussi, vous faites une recommandation de deux bains par
semaine. Puis vous faites une autre
recommandation… Moi, je pensais que tous les incidents et les accidents étaient
inscrits dans un registre, formellement,
et là vous êtes en train de dire que,
de temps à autre, là, il
y a peut-être des incidents puis
des accidents qui ne sont pas rapportés. Ça fait que je veux vous
entendre, soit Mme Parent ou M. Santerre ou… Allez-y.
• (14 h 40) •
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Santerre.
M.
Santerre (Mathieu) : Oui.
Merci beaucoup. En fait, les deux aspects, là, de signalement et
de protection qui sont dans le projet de loi n° 399, je
pense que ça rejoint les propos, là,
de M. Vachon, ça rejoint une nécessité, je crois, dans le réseau. Pour
tenter d'alimenter votre esprit non partisan, on vous invite à considérer le
projet de loi n° 399 de la même
façon. Vous savez, il y a aussi d'autres personnes que l'AQRP qui appuient
ce projet de loi, nommément le réseau FADOQ, le Conseil de
protection des malades, d'autres organisations. C'est une nécessité. On le voit
qu'il y a une possibilité de signalement et de protection de la personne qui
signale, sinon on a peur de le faire, c'est documenté.
Par ailleurs, des cas d'abus ou de maltraitance
dans le réseau de la santé, même sur la base d'un rapport partiel qui ne repère pas tous les événements — parce qu'il y a une sous-déclaration des incidents notamment dans le
réseau de la santé — même
sur la base de ça, on se rend à peu
près à 5 000 cas par année. C'est beaucoup de cas
d'abus, c'est beaucoup de gens.
Toutes les personnes ne subissent pas le sort malheureux de Mme Lemieux-Vachon,
sauf que vous vous entendrez avec moi
qu'un petit larcin, un vol d'une montre dans une chambre, eh bien, ce n'est pas
joli, non plus.
Et, désolé de vous surprendre, concernant la
sous-déclaration des incidents, c'est dans les rapports qui sont publiés par le
ministère de la Santé. Tous les établissements ne participent pas à l'exercice,
malheureusement. C'est déplorable. Et, quand
on rajoute à ça le fait que, dans de nombreux cas, le formulaire de plainte
n'est pas disponible lorsque la
personne entre, on peut se demander dans quelle espèce d'atmosphère de
protection des établissements eux-mêmes parfois on peut se retrouver. Alors, j'espère que ça a répondu à votre
question. Mais on invite tout le monde… Et je crois même que, dans l'esprit… Votre collègue de la
partie gouvernementale était avec l'esprit du projet de loi n° 399 tout
à l'heure. Alors, il me semble, il y a quelque chose à faire de ce point de vue
là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais : Avant de passer la parole à ma collègue de
Gatineau, vous avez mentionné «deux bains par semaine». On sait qu'il y a une province… Quand je disais
les incidents et les accidents, là, n'étaient pas tous rapportés, c'est
parce que je voulais que vous nous en
parliez, là, parce que je crois que c'est essentiel, là, que ce soit une règle
d'or que tous les incidents puis les accidents soient rapportés, là. Je
le savais, mais je voulais vous l'entendre dire. Il y a une province canadienne
qui a fait une obligation de deux bains par semaine.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Santerre.
M.
Santerre (Mathieu) : Oui.
Vous avez remarqué, c'est «au moins deux», notre recommandation. On
s'entend? Deux bains par semaine. La plupart
d'entre nous, ici, prenons une douche probablement tous les jours. Alors, deux
bains par semaine, ce n'est pas du tout une
situation agréable en partant. Sauf qu'à heure actuelle c'est un bain par
semaine. Pour des personnes qui
parfois sont alitées très longtemps, c'est épouvantable, là. Il y a un
ministre, dans une autre province, se rendant
compte qu'il y avait seulement un bain par semaine, a pris des gestes
extraordinaires pour doubler le nombre au moins, sur-le-champ. Alors, qu'est-ce qu'on attend de ce point de vue
là? C'est la question qu'on est en droit de se demander.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
223
Mme Vallée : Merci,
M. le Président. Alors, merci beaucoup de votre présence en commission
parlementaire. M. Vachon, merci pour
votre témoignage. Ce n'est pas facile, s'exprimer devant les parlementaires.
Mes collègues ont souligné votre
courage. Puis je tiens à vous remercier parce qu'à part ceux qui ont oeuvré
dans le domaine de la santé peu d'entre
nous avons cette connaissance fine du milieu et des enjeux aussi qui touchent
les personnes qui sont hébergées en CHSLD.
On en entend parler à travers les médias, mais, au-delà de ça, on n'a pas
toujours accès directement à ceux et celles qui vivent des moments
difficiles. Et puis l'objectif de la commission parlementaire, c'est justement
de lever le voile sur ce qui peut se passer puis essayer de trouver des
solutions.
M. Santerre,
vous parliez de la question des bains. Je viens de glisser à l'oreille de mon
collègue de Jean-Talon : Je n'ai
jamais compris pourquoi on en était rendus à réduire les bains. Parce que, pour
les gens qui sont alités, le premier soin
de confort, outre un soin médical, il semble que c'est un bain. On
ne file pas… Comme on ne file pas, notre réflexe, bien souvent pour nous-mêmes, c'est de prendre un
bain et puis d'en sentir les effets bénéfiques puis pour les gens
alités, pour la peau, pour tout. Il me
semble que le bain est un soin qui ne coûte pas cher. Bien, je comprends que ça
demande, dans certains cas, des lève-personnes, ça demande un personnel qui est
présent, parce que les personnes à mobilité réduite,
les personnes aînées n'ont pas cette capacité d'entrer et de débarquer du bain.
Mais je ne comprends pas que, dans un
milieu de vie comme le CHSLD, où on a des gens qui sont alités sur de longues
périodes, on n'ait pas cette préoccupation-là d'assurer l'accès aux
bains.
Et j'ai toujours cru, lorsqu'on avait des
coupures de presse, j'ai toujours cru qu'il s'agissait de cas isolés, que c'était un cas sur x nombre et puis qu'on avait
monté en épingle une situation. Je prends acte de votre recommandation, et, je me dis, si un organisme prend le soin de
l'identifier de façon très claire, c'est que c'est une problématique qui
est beaucoup plus
grande. Encore hier, j'échangeais avec quelqu'un de ma circonscription
justement sur les enjeux de notre commission parlementaire, et cette
personne-là me disait que sa mère n'avait pas accès et que c'étaient les
membres de la famille qui se relayaient pour aller donner les bains.
Donc,
j'aimerais juste que… Vous faites signe de tête à l'effet que ce n'est pas une
situation qui est un cas d'espèce, c'est-à-dire
que c'est une situation qui est problématique, et j'aimerais pouvoir vous
entendre encore un petit peu plus. Je sais que ma collègue vous a posé
la question, mais, pour moi, je pense que c'est un enjeu important, là, ça et
aussi la question… votre recommandation n° 7 : «Que chaque CHSLD, au
terme de l'année 2014, ait mis à la disposition des patients des services infirmiers disponibles en tout temps.» Je me
demande… Quand je vous dis «je ne suis pas du milieu», mais là, de votre
recommandation, je comprends que ce n'est pas le cas. Et on parle de CHSLD,
donc je suis un petit peu étonnée aussi de ce que je lis.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent
(Lyne) : Je vais commencer
par les bains. Dans plusieurs endroits, il n'y a pas de protocole comme de quoi ça prend un bain ou zéro bain par semaine.
Il y a des places qui n'ont pas du tout… il n'y a rien d'écrit, il n'y a
rien d'organisé dans la résidence, dans le CHSLD, pour dire : Les
personnes ont besoin de tant de bains par semaine. Il n'y en a même pas un. Alors, vous vous imaginez que, quand c'est comme
ça et qu'ils n'ont pas le personnel suffisant, donner un bain à quelqu'un qui manque de mobilité, ça prend beaucoup de
temps, là. Alors, c'est toujours une histoire d'efficacité. Si on veut que l'efficacité arrive puis que tout ça soit
bien fait, bien parfois, là, le bain par semaine, il peut même être oublié dans certains cas. Alors, pour
nous, l'histoire de deux bains… Puis vous avez absolument raison que,
quand on ne file pas bien, un bain, ça fait
tellement du bien. Juste le matin, une douche, là, juste sentir l'eau, mon
Dieu! qu'on dirait qu'on repart à neuf.
Alors, on s'imagine que quelqu'un qui est alité en plus, qui est toujours dans
les mêmes draps, là, souvent, bien ça
fait vraiment du bien. Pour ça, vous avez raison et, pour nous, deux bains par
semaine, ce n'est pas exagéré.
La deuxième question, c'était : mettre à la
disposition des infirmiers. Dans les recommandations… Dans les rapports d'inspection, on a vu qu'il y a 6 %
de cas où il n'y a pas d'infirmier disponible en tout temps. Ça veut dire
que 6 %, là… même si c'était juste
1 %, ça veut dire qu'il n'y a pas d'infirmière la nuit, il n'y a pas
d'infirmière, à un moment donné, à la
place, dans cet endroit-là, peu importe l'endroit, là, ils n'en ont pas. C'est
incroyable, c'est des gens qui ont besoin de soins pendant 3 h 30 min et plus. Puis on ne sait jamais, d'une journée
à l'autre, quelqu'un peut tomber. Puis, quand quelqu'un tombe, bien ça prend un suivi à chaque fois parce que, si la
personne tombe, bien, la semaine d'après, elle peut avoir dépéri, puis tout ça. Alors, ça prend
vraiment quelqu'un qui s'en occupe. Ça prend des infirmiers et infirmières
qui ont la formation nécessaire pour pouvoir
aller dans les cas problématiques, des cas un petit peu plus lourds. Je crois
que ça, c'est inadmissible. Voilà la…
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Santerre.
M.
Santerre (Mathieu) : Si je
peux me permettre de compléter? En effet, il ne s'agit pas de cas d'espèce
pour les bains, c'est documenté, c'est la
loi sur l'accès à l'information. Les établissements qui avaient documenté la
chose, c'est un bain par semaine. Et,
comme Mme Parent le suggère, le mot «bain» est parfois remplacé par «toilette
complète». Ça, c'est la
débarbouillette parfois ou l'immersion partielle. Alors, parfois, ce n'est pas
un bain du tout, là; parfois, c'est une coche en dessous.
Pour ce qui
est de la présence de soins infirmiers en tout temps, effectivement ça veut
dire que, sur les 81 rapports que nous avons examinés au peigne fin,
quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que, dans quatre CHSLD sur 81, ,
il y avait… disons, il n'y avait pas présence de soins infirmiers
en tout temps. Je n'ai pas les noms avec moi des établissements, ce ne serait peut-être pas
nécessairement requis de les mentionner, mais le fait que cette chose-là
existe dans des CHSLD est en soi surprenant.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau, il vous
reste 2 min 30 s.
• (14 h 50) •
223
Mme Vallée : Je
suis encore un peu sous le choc.
J'aimerais vous entendre sur la question de l'amélioration de l'imputabilité des
gestionnaires des CHSLD. Je pense que c'est quelque chose qui est important également.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent
(Lyne) : Oui. Pour moi,
l'imputabilité d'un gestionnaire, c'est-à-dire que le gestionnaire fait le travail du meilleur qu'il peut avec le personnel qu'il a
sous ses ordres, l'imputabilité d'un gestionnaire fait toute la
différence dans le travail des employés qui sont là. L'efficience,
l'efficacité, l'organisation du travail. Si le gestionnaire est...
Aujourd'hui, la nouvelle gestion, c'est une gestion participative, hein? Vous savez
que les gens, on est ensemble, on s'en
va à quelque part ensemble, bien l'ancienne gestion, c'était :
Tu vas faire ça, tu vas faire ça, puis, pose pas de questions, c'est comme ça. Je pense qu'aujourd'hui
l'imputabilité des gestionnaires c'est justement de prendre en compte les forces et les faiblesses de chacun de ses employés puis de
pouvoir y aller avec le plus d'efficacité possible, mais en prenant soin
de l'humain au travers de ça.
Puis la personne qui
est bien dans son travail va continuer à rendre les gens pour qui elle
travaille encore mieux. C'est tout simplement de l'humain, et c'est vrai, ça. Ça ne peut pas être autrement
que ça. Pour l'avoir fait pendant plusieurs années, puis j'étais toujours...
J'avais souvent des B plus, pourquoi? Parce que je m'occupais de mon monde. Je les regardais
puis je disais : Qu'est-ce que tu aimes le plus faire? On essaie toujours
de trouver… Je trouvais que l'idée de
madame tout à l'heure était extraordinaire, de pouvoir dire : Il y a
des gens qui sont meilleurs dans le ménage puis d'autres là... Bon.
Alors, ça, c'est des
choses qui sont vérifiables, puis on peut faire quelque chose. Je pense qu'un
employé qui est heureux dans son travail va
rendre les gens pour qui il travaille... va avoir un sourire beaucoup plus
facile que quelqu'un qui se fait
pousser dans le dos puis dire : Presse, presse, presse, va-t'en là puis...
Si la personne dit des choses pas… Non, je ne veux pas que tu le dises.
J'ai entendu une personne dire : J'ai vu des préposés qui n'étaient pas
gentils avec une personne qui faisait du
Alzheimer puis, elle a dit, je suis allée le dire à la patronne, en
disant : Mon Dieu! ça n'a pas de bon sens. Elle a dit : Tu fermes ta boîte, autrement c'est ton travail
qui va… je ne veux pas que tu en parles. La personne a démissionné. Et
c'est pour ça qu'il y a un roulement de personnel qui est si fort.
L'imputabilité du
gestionnaire est très importante. Si on prend connaissance qu'il se passe
quelque chose à quelque part — puis ça va encore avec le projet de loi
n° 399 — c'est
de dire : Oui, il y a quelque chose qui se passe, pourquoi qu'on ne
mettrait pas une fin à ça? Ce n'est pas facile d'être gestionnaire, ce n'est
pas facile de monter un dossier à quelqu'un, mais, si on laisse tout faire...
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Parent
(Lyne) : Oui. Si on laisse tout faire, bien, ce n'est pas mieux.
223
Mme
Vallée : Merci.
1419
Le Président (M. Bergman) : Maintenant,
pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
12201
Mme
Daneault : Merci, M. le
Président. Merci de votre présence avec nous. Merci, M. Vachon, votre
témoignage est très éclairant. Évidemment,
il est très touchant, mais, au-delà de ça, je pense qu'il nous fait réaliser à
quel point il est urgent d'adopter le
projet de loi n° 399. Finalement, vous faites la démonstration de
l'urgence qu'on a à procéder dans des cas comme celui-là et l'urgence de
procéder aussi afin que les gens puissent dénoncer des situations qu'on
qualifie d'exceptionnelles. On s'entend que
ce n'est pas dans l'ensemble du réseau, mais un, c'est un de trop. Alors, si on
ne protège pas les gens qui peuvent
dénoncer, on passe à côté de... on laisse une personne en détresse, c'est une
personne de trop. Alors, je pense
qu'aujourd'hui ce que vous faites, c'est, finalement, venir nous faire la
démonstration qu'il est urgent d'agir à
ce niveau-là. Et c'est aussi inquiétant d'entendre des gens dire qu'ils ne vont
pas dénoncer par crainte de représailles. Et ça, à l'ère où on est, en 2013, c'est impensable, au Québec, qu'on en
soit rendus à cette étape-là. Alors, merci de nous sensibiliser à ça.
Moi, je voudrais
aussi revenir sur la première de vos recommandations, où vous demandez au
gouvernement de «ne pas fermer de places
dans les CHSLD au cours des trois prochaines années». Je me suis fait la même
réflexion. Parce qu'on nous a dit qu'on
allait mettre en place des ressources intermédiaires. On sait qu'actuellement
elles ne sont pas toutes en place,
les ressources intermédiaires. On a entendu hier, au courant de la journée, des
gens nous dire : L'échéancier de deux, trois ans, il n'est pas
réaliste.
Alors,
j'aimerais avoir votre opinion aussi là-dessus pour qu'on puisse réfléchir
davantage avant de procéder à des fermetures catastrophiques en CHSLD,
qui vont nous ramener à des situations qu'on a vécues dans le passé, où finalement le débordement se retrouve dans nos
centres hospitaliers, et là on retombe à des engorgements au niveau des urgences, des soins aigus, et là, encore une fois,
l'improvisation nous mène à des situations déplorables dans le réseau.
Alors, j'aimerais vous entendre à ce sujet-là.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Parent.
Mme Parent
(Lyne) : Oui. Ah!Ooui,
Normand, vas-y. Il a vécu dans…
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Bérubé.
M. Bérubé
(Normand) : Merci. Je suis content de la question de Mme la députée.
C'est parce que, sans partisanerie aucune,
là, je pense que... Moi, je me dis, à chaque fois que j'entends parler des situations
comme a vécues Mme Vachon et d'autres moins graves — là,
je ne parlerai pas de la gravité des cas — tout ce que j'espère, c'est
que ça arrête et que ça ne se reproduise
plus. Je pense qu'à ce moment-ci, avec le vieillissement de la population,
on ne pense pas que de fermer des
CHSLD ou de diminuer des places en CHSLD ce soit la bonne solution parce qu'on sait que les soins, services à domicile, soins à domicile, ressources
intermédiaires, ce n'est pas tout en place encore actuellement.
Puis tout ça, en
attendant l'organisation complète des soins aussi puis des services à donner en
CHSLD, il faut que les services infirmiers
soient accessibles et disponibles en tout temps, c'est-à-dire 24 heures par
jour. Puis il faut aussi permettre au
personnel de pouvoir dénoncer des situations d'abus, ou de maltraitance, ou peu importe, et
respecter, en fin de compte, tous les incidents et de rapporter tous les
incidents et les accidents sans crainte de représailles. Ça, je pense que les gestionnaires ont un gros mot à dire
là-dedans. En tout cas, c'est notre position qu'on défend, là. C'est
sûr qu'au niveau des situations où il n'y a pas des soins infirmiers 24 heures
par jour, c'est complètement, selon moi, inadmissible. On peut être malades la
nuit, on peut tomber la nuit comme le jour. Voilà.
1419
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Alors, Mme Parent, M.
Santerre, M. Bérubé, et certainement M. Vachon, merci d'être ici avec
nous, de partager votre expérience et votre expertise avec nous.
Et je demande aux gens de la Confédération des
syndicats nationaux de prendre leur place à la table.
Et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 14 h 57)
(Reprise à 15 heures)
1419
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je demande
à la Confédération des syndicats nationaux pour prendre leur place à la table.
Des voix : ...
1419
Le
Président (M. Bergman) : Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 1)
(Reprise à 15 h 2)
1419
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je
souhaite la bienvenue à la Confédération
des syndicats nationaux.
Pour les fins
de l'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre présentation,
et par la suite il y aura une discussion avec les membres de la commission.
Alors, le micro, c'est à vous.
Confédération des
syndicats nationaux (CSN)
M. Lacharité (Jean) : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, bonjour, messieurs dames les députés, M. le Président.
Je vois qu'il y a aussi les attachés politiques du ministre
Hébert dans la salle, je tiens à les saluer. Et on tient à vous remercier de nous entendre sur un sujet aussi
important que les conditions de vie des aînés dans les centres d'hébergement
et de soins de longue durée — que
j'appellerai, pour les fins de la présentation, les CHSLD, je pense
qu'on va tous se comprendre ici là-dessus — et dans un contexte de
vieillissement de la population. Vous savez, nous, on représente, là, des dizaines de milliers de salariés qui oeuvrent au
quotidien auprès de ces personnes-là, et c'était fondamental pour nous
que vous acceptiez de nous recevoir parce que je pense qu'on a un éclairage à
apporter à la commission qui, j'espère, saura contribuer aux travaux et aux
conclusions de cette commission.
On l'a
soutenu à maintes reprises dans le cadre notamment d'une autre consultation de la commission sur le livre blanc sur l'autonomie à domicile
ou l'assurance autonomie, pour nous, c'est fondamental de pouvoir maintenir les
personnes aînées le plus longtemps possible à domicile. Mais il arrive un
moment où ce n'est plus possible parce qu'il y a une détérioration soit de la santé
psychologique ou de la santé physique, accompagnée souvent des deux en même temps, et les besoins en soins augmentent de façon
quasi exponentielle, et ces gens-là doivent se retrouver dans des
centres d'hébergement pour recevoir les
soins qui correspondent à leurs besoins. Et je veux vous dire d'entrée de jeu que, pour nous, les soins à domicile et les places en CHSLD ne
sont pas substituables, ça doit s'intégrer, au contraire, dans un continuum de services. Et, pour plusieurs
personnes aînées, quand elles vont être rendues au bout de leur capacité
d'être à domicile, elles vont devoir se retrouver dans une situation où elles
doivent avoir accès à ces soins-là.
Alors, on le sait, les besoins s'accroissent, la
population vieillit. Alors, on va aborder un certain nombre de questions qui sont soulevées dans votre document
de consultation ici aujourd'hui. On n'a pas la prétention d'aborder toutes
les questions, mais on pourra y revenir dans la période d'échange qu'on aura,
là, mais on veut insister d'abord sur un enjeu crucial.
Le premier enjeu sur lequel on veut insister,
c'est ce qu'on appelle le désengagement de l'État au niveau de l'hébergement public et les problèmes qui y sont
associés. Je pense que, depuis plus d'une décennie, on a assisté véritablement
à une déresponsabilisation de l'État dans son rôle d'allouer les ressources
nécessaires et d'assurer les soins et les services aux aînés. On l'a vu déjà
dès 2006, le Conseil des aînés sonnait l'alarme en disant qu'il y avait 5 800
personnes qui étaient en attente d'une place en CHSLD. Et qu'est-ce qu'on a
fait, comme État, de 2006 à 2011, malgré ce
nombre très important de personnes dans le grand besoin en attente? Qu'est-ce qu'on a fait? On a réduit les places de lits de près de 4 % entre
2006 et 2011, ce qui fait qu'on se retrouve aujourd'hui — et
ça, le document de consultation le
mentionne — avec
3 826 personnes en attente d'une place en CHSLD. Alors, c'est
totalement inacceptable pour nous. Et
nous, on pense même que ce nombre-là, il est sous-évalué parce qu'on l'entend
de plus en plus, il y a des gens qui auraient besoin d'une place en
CHSLD et qui se retrouvent dans des résidences pour personnes aînées privées,
où les services sont tout à fait inadéquats pour répondre à leurs besoins.
Les effets
directs de ça, c'est une non-réponse aux besoins, évidemment, pour les usagers,
mais c'est aussi la plaque tournante dans les hôpitaux : engorgement
des urgences, occupation de lits qui pourraient être occupés par d'autres personnes alors qu'ils
devraient être ailleurs, etc. Et ça, on considère que ce sont des dépenses qui
sont tout à fait improductives, que
ça coûte très cher à l'État et qu'on serait beaucoup mieux d'investir dans les
CHSLD pour répondre de façon adéquate
aux services, ce qui fait que notre première recommandation qu'on vous soumet
aujourd'hui — et
on l'a ajoutée, là, dans le complément de la
préparation de notre commission, vous ne le retrouverez pas dans notre
document, mais je tiens à vous la
mentionner — elle est
très brève, mais c'est que le gouvernement réponde à la demande de lits
de longue durée par un ajout de lits publics là où les besoins le justifient.
Deuxième
grand problème qu'on veut aborder, ce sont les problèmes liés au transfert de
la mission CHSLD, le transfert aux
résidences privées pour aînés. Et là il s'installe une confusion assez majeure,
je crois. Je pense qu'on confond la notion d'hébergement avec la notion
d'habitation et de résidence. Puis même, un peu, malgré tout le respect que je
dois à la commission, le document de la commission amène cette confusion-là.
Pour nous, ce sont deux choses totalement distinctes.
Qu'une personne vive dans une résidence privée
pour personnes aînées alors qu'elle est autonome ou semi-autonome, c'est une chose. C'est une chose, c'est
son plein droit. Et je pense que, même, ça peut faire partie du soutien
à domicile. Mais, lorsqu'on a des besoins de
soins de 3 heures, 3 h 30 min par jour, ça ne peut pas se faire dans un
contexte d'habitation pour résidence pour
personnes aînées, ça doit absolument se faire dans un lieu d'hébergement public
que sont les CHSLD. Et, pour nous, les
résidences privées pour aînés et les CHSLD, ça non plus, ce n'est pas
substituable. Ce n'est pas
substituable. Il faut plutôt prendre, comme je le disais d'entrée de jeu, la
question des CHSLD comme étant la fin du continuum de services avant le décès des personnes qui ont des besoins.
Et ces résidences pour aînés ne répondent pas aux besoins, sont très peu
adaptées aux besoins.
Et
d'ailleurs, dans une déclaration... dans une entrevue faite au Devoir,
même le président du conseil d'administration du Regroupement québécois
des résidences pour aînés reconnaissait que les résidences privées étaient peu
adaptées pour répondre aux besoins des aînés
en lourde perte d'autonomie. Alors, c'était leur président, ça, qui disait ça.
Donc, il reconnaît que c'est une clientèle, entre guillemets, qui n'a pas
d'affaire dans les résidences pour personnes aînées.
Donc, pour
nous, quand on parle de soins de longue durée, ça doit se faire dans des
établissements publics, ce qui fait
que notre deuxième recommandation est à l'effet — et vous le retrouvez à la recommandation 16
de notre document — que
le ministère élabore des orientations
complètes décrivant les types d'hébergement pour les aînés, accompagné d'un
nouveau plan d'action établissant toute la
gamme des services assurés, un estimé des heures de services requis selon les
profils de besoins, un budget et un échéancier, de même qu'un ensemble
d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Puis on veut que soit précisé le
rôle des différents intervenants, que ce soient les agences de la santé et des
services sociaux, les CSSS, dans le secteur, pour avoir des politiques qui sont
cohérentes.
• (15 h 10) •
On veut qu'on cesse de confier des places
d'hébergement aux résidences privées pour aînés. Ces résidences doivent demeurer des milieux d'habitation et non
d'hébergement pour les personnes aînées en perte d'autonomie légère ou
modérée, où sont accessibles des services publics de soutien à domicile.
Maintenant, vous comprendrez qu'on veut aborder
la question des conditions de travail des personnels qu'on représente dans les résidences privées parce que
même votre document reconnaît qu'il y a une adéquation entre les
services et soins qui sont accordés aux
personnes aînées et le personnel qui les dispense et donc les conditions de
travail dont ils disposent. Dans les
résidences pour personnes aînées privées, on l'observe, nous, c'est très clair,
même dans des milieux syndiqués, on a
énormément de difficultés à améliorer les conditions de travail parce
que… — il me
reste une minute, oui — parce que les propriétaires n'ont souvent
pas les moyens. Et c'est encore pire quand il s'agit d'un CHSLD en PPP.
Et, à titre
d'exemple, le CHSLD Saint-Lambert sur le golf, qui est en PPP avec le Groupe
Savoie, je pense que l'exemple est assez pathétique. On a vu tellement
de cas dans les journaux récemment. Puis M. Savoie qui a essayé de s'en sortir en utilisant des
poursuites-bâillons, sur lesquelles il a perdu, d'ailleurs, alors c'est
totalement inacceptable. Je veux vous
dire que ça entraîne un taux de roulement et de recrutement très… un taux de
recrutement très… de rétention très difficile et un taux de roulement
très élevé.
Et,
uniquement dans le CHSLD en PPP Saint-Lambert sur le golf, pour 250 postes de
préposés aux bénéficiaires et de
services auxiliaires que l'on représente, en deux ans et demi, il y a eu 900
nouvelles embauches. C'est inimaginable, c'est totalement inacceptable. Imaginez-vous le lien… l'absence de lien
entre les personnes, les usagers et les usagères qui reçoivent les services et les personnels qui leur dispensent, qui
doivent être souvent aussi des liens d'intimité, hein, je tiens à le rappeler. Quand on donne un bain à une
personne aînée, ce n'est pas un geste… c'est un geste très important.
Alors,
vous avez d'autres recommandations, là, 18, 19, jusqu'à 20… de 20 à 23. Il y a des cas que
j'ai… Il y a des
éléments que je n'ai pas pu aborder dans mon 10 minutes, mais on pourra
le faire dans le cadre de l'échange qu'on aura. Je vous remercie beaucoup…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation, M.
Lacharité.
M. Lacharité (Jean) : Merci.
1419
M.
Bergman : Et maintenant, pour le bloc gouvernemental, Mme la
députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. Lacharité, bonjour madame, bonjour monsieur,
bienvenue à cette commission. Moi, je suis
très, très contente de vous avoir aujourd'hui. Je suis très contente de
l'éclairage que vous allez, je n'en doute pas, nous apporter. Et j'aimerais
vraiment qu'on prenne le temps de discuter du point de vue, de la perception
et des besoins aussi des personnes que vous
représentez, là, vos membres, les employés dans les CHSLD, notamment.
On a entendu différents témoignages.
On a entendu différents besoins. Et moi, j'aimerais, d'entrée de jeu,
que vous nous donniez rapidement, comme ça, là, votre perception de l'état de
la situation dans les CHSLD. Est-ce que tout
est vraiment si noir que certains témoins sont venus nous manifester? D'autres
nous ont donné une vision beaucoup plus
positive. En fait, vous parlez au nom de vos membres. Est-ce que la qualité des
soins, elle est là? Si elle n'est pas là, pourquoi, elle n'est pas là? Et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour
développer et vraiment augmenter la qualité des soins actuellement
offerts à nos personnes âgées?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
M. Lacharité (Jean) : Oui. Alors, je viens de me rendre compte, en vous entendant dire
madame, monsieur, que j'ai oublié de
les présenter. Alors, m'accompagnent Me Anne Pineau, qui est adjointe au comité
exécutif de la CSN, et M. Guy Laurion, qui est vice-président de la
Fédération des services sociaux affiliée à la CSN.
Je
vais laisser probablement M. Laurion intervenir pas mal là-dessus, puisque vous
abordez les conditions de travail, et c'est la fédération qui a ce champ
de juridiction là, au niveau des relations de travail et des conditions de
travail. Mais je peux vous dire d'entrée de
jeu… Puis je vais vous nommer un besoin, pour moi, qui est fondamental, c'est
en termes de besoins de formation, peut-être
moins dans les CHSLD parce qu'on a du personnel plus qualifié, mais,
dans les résidences pour personnes aînées privées, c'est une catastrophe. C'est
une catastrophe. Et c'est pour ça aussi qu'on voit
des taux de roulement aussi importants que ça. Et là la qualité des services
est loin, loin, loin d'être au rendez-vous.
Mais
je vais vous dire que je ne pense pas, effectivement, que tout soit noir, mais
je ne pense pas que tout soit blanc non plus parce qu'il y a des
améliorations à apporter, ne serait-ce que pour les personnes qui sont en cours
d'attente, les 3 826 et probablement plus, là, qui sont éparpillés un peu
partout. Et, pour ça, bien ça va prendre des ressources financières, ça va prendre des ressources humaines. Et moi, je suis
convaincu qu'on a les moyens de faire ça au Québec, et je vais l'aborder en termes de conclusion, là,
parce que ces gens-là ont payé des impôts toute leur vie, ils ont droit à
un retour du balancier à partir d'un équilibre au niveau fiscal qui fait en sorte qu'on réponde à leurs besoins. Alors,
je laisserais la parole à M. Laurion pour répondre plus précisément à la
question.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Laurion.
M.
Laurion (Guy) : Merci beaucoup de l'invitation, dans un premier temps,
et de l'écoute que vous allez apporter à
l'ensemble des éléments qu'on va apporter. Dans un deuxième moment, j'aimerais
indiquer aussi à la commission que nous,
comme fédération, depuis 2011, on a mis en place une campagne pour la
valorisation, promotion et préservation des services publics. Donc, à
votre question, dans un premier temps, je dirais que, oui, ce sont des gens
passionnés sur le terrain. Il n'est pas non
plus de notre objectif de tracer un tableau tout noir et aussi tout blanc, mais
il faut quand même dire les choses
comme elles sont sur le terrain, de ce que les gens aussi nous rapportent du
terrain et sur les visites qu'on fait. Parce
que souvent on fait des visites, et notamment moi le premier, au niveau de nos
CHSLD pour voir comment c'est effectivement, le travail qui se fait, la
perception des gens et être connectés à ce terrain-là.
Donc,
je vous dirais, au niveau du personnel, dans un premier temps, ce sont des gens
extrêmement passionnés, attentifs par rapport aux clientèles, mais
souvent aussi en même temps délaissés au niveau des moyens et au niveau du support. Et ce que les gens ont comme
perception, c'est toujours, en bout de ligne, le signe de piastre, en bout de
ligne, sur l'efficience des services que j'ai à donner et du temps que j'ai à
donner, je veux dire, sur la prestation de services.
On
a monté, au cours des dernières années, des programmes, des projets
d'organisation de travail. On a fait appel à des entreprises pour mettre en place des projets «lean», ainsi de suite.
On n'est pas contre l'organisation du travail, de revoir cette organisation du travail là de façon
paritaire. Et ça, je pense que, comme fédération, comme CSN, on s'est
excessivement impliqués tout au long de ces processus-là. Par contre, on
a un problème à partir du moment qu'on fait appel à des entreprises qui ont
développé une expertise de «lean» dans l'entreprise, je dirais, manufacturière,
l'entreprise privée davantage, plus de la
confection de… peut-être un peu bizarre, la façon dont je vais le dire, mais de
faire des cannes, puis ainsi de
suite. On est dans la notion de services. Donc, on vient de calculer le temps
pour une intervention, en disant : Pour cette intervention-là, ça
te prend deux minutes, alors qu'on est avec les personnes humaines. C'est assez
frustrant pour les membres du personnel qui se retrouvent sur le terrain.
Et
je vous dirais aussi, en même temps, dans l'approche de prévention, souvent, en
CHSLD, entre autres, quand on parle
de prévention, la personne qui est en face de nous, elle a besoin de quelque
temps d'écoute. Et, quand on parle de temps
d'écoute, ce n'est pas nécessairement dire : Bon, bien, le travailleur va
être cinq minutes, 10 minutes, 15 minutes avec elle, mais elle a besoin
d'un temps d'attention pour justement établir ce contact-là, et notamment quand
ces personnes-là sont en perte cognitive, ainsi de suite. Et les quelques
secondes que ce contact-là peut s'établir, bien souvent, va prévenir, des fois, un état dégradant au niveau, je veux
dire, de la condition de la personne. Et ça, on retrouve ça dans le
réseau public, mais encore plus prenant dans le réseau privé, parce que le
réseau privé, au niveau du modèle d'affaires,
c'est de faire des profits. Et, à partir du moment qu'on met cette notion-là,
de profits et les coûts qui y sont rattachés, bien, j'ai le choix, à ce
moment-là, soit de réduire les conditions de travail, réduire les conditions au
niveau de la formation, soutien, tout l'encadrement public.
Tantôt,
M. Lacharité, là, faisait le lien par rapport au CHSLD Saint-Lambert. Dans le
cas du CHSLD Saint-Lambert, c'est la même chose. Et, quand on retrouve le
rapport de l'infirmière aussi qui a fait enquête dans ces éléments-là,
on retrouve les problématiques de
non-stabilité au niveau des équipes de travail, non-encadrement au niveau
clinique — et là on peut en sortir, je dirais, une
liste — qui
sont indiquées dans le rapport.
Donc, oui, il
y a des besoins de formation. Et ce qui se fait actuellement du côté notamment
du volet formation, à la suite de la dernière négociation de convention
collective, a été mis en place un cours de programme… voyons, un groupe de planification
de main-d'oeuvre, et ces travaux-là se font actuellement pour identifier les
besoins de formation et venir
renforcer ces formations-là dans ce volet-là. Donc, je vais m'arrêter là, parce
que je sens que, sinon que ça, je n'aurai plus de questions, mais je
vais avoir la chance de revenir sur d'autres éléments, certainement.
Excusez-moi.
12235
Mme Proulx : Effectivement, on a beaucoup d'autres questions. J'aimerais ça aborder avec vous — et
voir si vous faites des liens avec ce
que vous venez de dire, là, M. Laurion — toute
la question dont on vient de discuter avec ceux qui
ont témoigné juste avant vous, la question de la maltraitance. J'aimerais ça
savoir ce que vous en pensez, de ça. À votre avis, quels sont les mécanismes…
Premièrement, est-ce que les mécanismes en place, de prévention de la
maltraitance et de répondre à la maltraitance lorsqu'elle arrive, est-ce que
les mécanismes actuels sont bien présents? Est-ce qu'ils jouent leur
rôle? Est-ce que vous pensez qu'il
y aurait autre chose à faire? Quels
seraient les meilleurs moyens de prévenir la maltraitance? Parce que c'est une préoccupation que nous
avons tous, la maltraitance chez les personnes âgées, et comment on peut la
contrer. Et est-ce que voyez croyez que, par exemple, de la
dénonciation légale obligatoire est le moyen à mettre en place ou si
vous voyez d'autres moyens de contrer cette maltraitance?
• (15 h 20) •
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Laurion.
M. Laurion
(Guy) : Sur le volet de la maltraitance, violence, je peux vous dire
que, comme fédération et comme CSN,
nous aussi, on a des positions de tolérance zéro. Des fois, on va accuser les
organisations syndicales, dire : Écoutez, vous protégez n'importe qui sur le terrain. On a des obligations
légales, nous aussi, je veux dire, par rapport aux membres qu'on représente. Mais, sur l'approche de la
violence, sur l'approche de la maltraitance dans les milieux, c'est
tolérance zéro. Donc, il y a des processus d'enquête qui se font, et ainsi de
suite.
Et, juste
pour rappeler, dans le dossier notamment du CHSLD Saint-Lambert, si ça n'aurait
pas été de l'aspect légal, d'avoir
déposé un grief pour par la suite recevoir la preuve, la séquence vidéo
n'aurait jamais été sortie, et les situations, actuellement,
d'accusations criminelles n'auraient jamais sorti. Donc, comme organisation
syndicale, on prend nos responsabilités dans
ce volet-là. Et je vous dirais qu'il n'y a aucune organisation syndicale qui a
intérêt à maintenir de ces climats-là d'omerta dans les milieux, au
contraire.
Cependant, à
partir du moment qu'on demande à du personnel soit sur une obligation de dénoncer,
ainsi de suite, les personnes aussi se questionnent : Quel
encadrement, quel support je vais avoir de l'organisation à partir du moment que je décide de dénoncer? Et ça, plus
particulièrement dans le privé, mais aussi il peut arriver dans le public, des
fois le support n'est pas toujours présent,
et on va davantage se reporter au niveau de la personne salariée, à lui mettre
sur ses obligations, sur sa pression
à elle d'avoir dénoncé une situation par rapport à ses autres camarades, ou
ainsi de suite. Donc, est-ce qu'il
doit y avoir des mécanismes obligatoires? Moi, je pense qu'il doit y avoir
davantage plus des campagnes de sensibilisation à dénoncer, mais il faut
s'assurer, à partir du moment qu'il y a une dénonciation, comment c'est qu'on
supporte la personne dans le milieu à partir du moment, je veux dire, qu'elle
embarque dans ce processus-là.
Et, dans le
dossier, notamment, du CHSLD Saint-Lambert, oui, il y a toute une omerta
autour, je veux dire, de cette dénonciation-là,
de cette crainte-là au niveau du personnel, et on le retrouve aussi dans
d'autres… comme je vous dirais, dans d'autres secteurs d'activité. Donc,
les gens ont un choix. C'est triste, mais les gens ont comme : Ou je mets
mon emploi en jeu ou sinon je dénonce puis…
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme Pineau.
Mme Pineau (Anne) : Oui. Merci.
Simplement indiquer que, bien, de façon générale, on a déjà, d'ailleurs, demandé que, de façon générale, il y ait des
dispositions législatives qui puissent assurer, là, le «whisleblowing»
ou… Et on n'est pas nécessairement
réfractaires à ça. Ceci dit, bon, le projet de loi n° 399, on n'a pas pris
de position là-dessus, là, évidemment.
Je dirais,
par contre, que ce qui ressort quand on lit les rapports, par exemple, du
Vérificateur général, du Protecteur du
citoyen, c'est une espèce d'impression qu'on ne sait pas ce qui se passe du
côté du ministère. On parle, par exemple, du côté du Vérificateur général, qu'il n'y a pas de repérage qui se fait
des personnes âgées en perte d'autonomie, que, souvent, finalement, c'est rendu à l'urgence qu'on se rend
compte qu'on a une personne qui est en détresse. Là, il est trop tard,
O.K., déjà il y a une perte d'autonomie qui
est en cours et qui… il y a eu une dégradation. Alors, ça, c'est un des aspects,
je pense, le repérage des personnes, des personnes vulnérables, c'est un
mécanisme qui devrait être mieux pensé.
Quand on lit
aussi les rapports du Protecteur du citoyen, du Vérificateur général, on a
l'impression qu'il n'y a pas de suivi
qui est fait. Le Protecteur du citoyen, bon, fait une enquête, rend son
rapport, deux ans plus tard, il retourne dans le même établissement puis il dit : Aïe! on avait dit de faire telle,
telle, telle chose. On a une impression qu'on ne sait pas ce qui se passe. Et le Vérificateur général, dans un
de ses rapports, nous disait que le ministère détient peu d'information
de gestion sur l'ensemble de la situation,
ce qui se passe vraiment dans chacun des CHSLD, ne fait pas de comparaison
au niveau de la performance entre les CHSLD. Donc, on se demande dans quelle
mesure le ministère ou les gens qui sont à même de prendre des mesures sont
bien informés.
Alors,
imaginez, si c'est la situation au niveau des CHSLD publics, quand on ajoute la
variable privée, où, là, on a recours
de plus en plus à une industrie privée, là on va perdre complètement, il me
semble, la possibilité de s'informer sur ce qui se passe et la possibilité d'intervenir. Déjà, là aussi, le
Vérificateur général, dans tout ce qui est la question des soins à domicile,
fait état de la difficulté d'avoir, pour le CSSS, des informations sur ce qui
se passe lorsque les services sont donnés par des ressources privées. Donc, on
pense que la maltraitance, ça passe, à tout le moins, par un portrait clair de ce qui se passe dans
chacun des établissements. Et, si l'information circule normalement, on devrait
découvrir facilement les problèmes de maltraitance dans un
établissement.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. Donc, ce que j'entends, c'est un besoin d'une meilleure
transparence, là, de ce que… si
j'entends bien ce que vous dites. J'aimerais peut-être, M. Lacharité, là, ou
Mme Pineau, vous amener à nous parler
du financement. Vous savez, on parlait du Vérificateur général, qu'il a
mentionné dans son rapport des disparités importantes dans le financement traditionnel des CHSLD et notamment, là,
qu'on ne tenait pas compte, dans cet octroi, là, de ressources, de la lourdeur des clientèles et du niveau de soins
requis. Qu'est-ce que vous pensez du processus actuel, là, de financement des CHSLD? Est-ce que vous avez
analysé cette question-là? Est-ce que vous avez une position sur le
financement des CHSLD, la façon de les financer?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
M.
Lacharité (Jean) : Bien,
nous, on pense que c'est un processus beaucoup trop technocratique qui ne tient
pas compte du tout des besoins réels du milieu, surtout dans le contexte de
l'alourdissement des clientèles. Et de là notre recommandation, là, que je vous ai lue tout à l'heure, là, de dire que
ça nous prend un plan d'action qui tient compte des besoins, avec des indicateurs quantitatifs,
qualitatifs. Mais ce n'est pas tout de faire un plan d'action. Après ça, il faut
que les ressources financières suivent. Pour
pouvoir répondre à ces besoins-là, il faut qu'il y ait les ressources humaines
disponibles, nécessaires pour pouvoir répondre à ces besoins-là.
Il y a une
amélioration très nette à apporter. Et on dirait qu'on est dans des cases, là,
fermées d'évaluation, avec des critères
qui ne bougent pas et qui ne tiennent pas compte des besoins évolutifs des
situations des personnes. On le sait, et vous le mentionnez dans votre
document de consultation, il y a de plus en plus de personnes avec des
problèmes cognitifs qui amènent parfois des
problèmes de comportement, vous le mentionnez. Et ça, ce n'est pas évalué. On
ne répond pas, on ne répond pas à ça.
Alors, effet direct, c'est…
vous comprendrez que ça a un effet direct sur les
personnels, ça, en termes d'alourdissement des tâches parce qu'il
n'y a pas les ressources nécessaires, il n'y a pas le financement nécessaire,
et là ils sont aux prises avec des
situations qui deviennent quasiment impossibles et avec le fait que les usagers
et les usagères détériorent leur cas
aussi parce qu'ils n'ont pas suffisamment de services. Encore une fois, je ne
vous dis pas que c'est le cas de tout
le monde, là, mais on le voit. Et, à mon avis, ça devrait être un principe de
tolérance zéro là-dessus aussi, tout comme on a un principe de tolérance
zéro pour la maltraitance puis la violence dans les milieux de travail, là.
Mais ça aussi, ça devrait être un principe de tolérance zéro et de répondre à
l'ensemble des besoins.
Mais, dans un
premier temps, cependant, au niveau des ressources financières, il faut
permettre aux personnes qui sont en
attente d'une place d'avoir un lit. Non seulement il faut arrêter de couper des
lits… Parce que c'est un peu ça, l'orientation,
on dirait, là. Les soins à domicile vont nous… on va financer ça partiellement
à partir de coupures de lits dans les
CHSLD. On entend ça. Et ça, les besoins vont être là. Je l'ai dit, c'est dans
un continuum de services. Et, à un moment donné, la personne ne peut
plus rester à domicile, elle doit avoir accès. Donc, il ne faut pas venir
augmenter les listes d'attente. Au
contraire, il faut abolir ces listes d'attente là en permettant à toute
personne qui a besoin d'une place dans un CHSLD public… et pas dans un CHSLD en PPP, parce qu'on est tout à fait
contre ça. On en a un exemple, là, répétons-le pas.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
12235
Mme
Proulx : Tout à fait d'accord avec ça, M. Lacharité. Alors, je
vous remercie. Je vais laisser la parole à ma collègue.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Masson.
12199
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci, M. le Président. M. Lacharité, Mme Pineau et M. Laurion, merci d'être
là. Ce matin, on a entendu des gens
nous parler… Vous avez parlé de formation, formation adéquate, considérant, là,
l'alourdissement de la clientèle,
avec des nouveaux enjeux, les nouveaux défis pour le personnel qui travaille en
centre… en CHSLD. On nous a dit… jJ'aimerais vous entendre là-dessus. On
nous a parlé de formation, oui, mais, au-delà de la formation, on nous a parlé de coaching, parce qu'une formation c'est
quelque chose de, des fois, statique, on apprend comment faire quelque chose, mais, si on arrête là puis on ne va pas
plus loin, des fois l'intégration dans le milieu de travail n'est pas
nécessairement facile à faire. Mais, en tout cas, il y a une autre
étape. J'aimerais ça vous entendre, avoir votre opinion là-dessus pour les
membres, là, que vous représentez.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
• (15 h 30) •
M. Lacharité (Jean) : Bien, nous, on
est tout à fait d'accord avec ça, là, qu'il y ait du coaching, là, pour l'intégration personnels. S'ils sortent d'un milieu de formation, qu'ils n'ont aucune
expérience, il faut qu'il y ait un transfert d'expertise, là : des gens qui sont déjà en place, un, qui
connaissent les clientèles, mais, deux, qui connaissent le milieu de travail aussi, et, trois, qui connaissent… qui
ont une expérience dont il peuvent faire bénéficier pour améliorer la qualité
des services et permettre à la personne qui
arrive, qui sort de l'école, par
exemple, qui vient d'être formée,
pour lui permettre de pouvoir prendre de l'expérience rapidement et de donner les
meilleurs services possible. Et, pour une personne qui est en place et
qui a besoin de formation, bien, là, il faut la lui donner, il faut lui donner
cette formation-là si elle n'a pas eu l'opportunité
de l'acquérir au fil des temps. Mais je laisserais M. Laurion répondre de façon
peut-être un peu plus précise.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Laurion.
M. Laurion (Guy) : Oui. Sur le parrainage, entre autres, puis, si on
le prend au niveau de l'hébergement, même au cours de la dernière convention collective, ça a
fait aussi des enjeux de négociation, l'importance d'assurer le
transfert des connaissances aux nouveaux et aux nouvelles personnes. On
savait… ou on sait qu'en CHSLD aussi il
y avait beaucoup de roulement au
niveau du personnel, quoique les statistiques, au cours des dernières années, suite aux mesures mises en
place du côté du secteur public, il y a eu réduction, moins de roulement de
personnel, un peu plus de stabilité au niveau des équipes de travail, mais
cependant on fait toujours face à des questions d'efficience.
Donc, oui, on fait un parrainage des
nouvelles personnes et des nouvelles techniques à être mises en place,
mais, par la suite — ça
a été soulevé, je pense, au cours de la commission et antérieurement — quand
vient le temps d'assurer la continuité
de ça, donc, je suis embauché, je suis parrainé, mais, l'année d'après ou deux
ans après, comment c'est qu'on assure
cette continuité-là au niveau soit des interventions, ainsi de suite, c'est là
qu'il y a les coupures. Donc, il faut aller plus
loin, quand on parle juste de parrainage. Ce n'est pas juste une question à
l'embauche, mais que ça soit au niveau des clientèles
qu'on a à traiter, que ça soit au
niveau des plans de soins, entre
autres. Vous savez, en soins infirmiers, puis je ne suis pas médecin, je ne suis pas non plus
infirmière, mais on a toujours, nous, comme fédération, fait l'approche
qu'une équipe de soins infirmiers, elle était composée des préposées aux
bénéficiaires…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
M.
Laurion (Guy) : …elle était composée des préposées aux bénéficiaires,
d'infirmières auxiliaires et d'infirmières.
Donc, c'est dans cette approche-là, c'est important d'avoir cette information-là, et de la partager, et d'assurer ce parrainage-là tout au
long, je veux dire, d'une continuité de soins.
1419
Le Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
1263
Mme
Blais :
Oui. Merci, M. le Président. Mme Pineau, M. Laurion, M. Lacharité, merci beaucoup d'être ici. Votre témoignage,
vos… votre expertise, je devrais dire, est importante. Je ne prendrai pas
trop de place parce que je veux laisser à mes collègues le soin de vous poser des questions. Mais je veux
revenir sur la maltraitance en milieu institutionnel, ce qui est un
sujet, je pense, tabou. Ça ne veut pas dire que tout le monde fait de la
maltraitance, mais des fois il y a de la négligence
à cause de la formation — là,
tu sais, ça peut être le cas — aussi
parce que les cas sont devenus plus lourds, puis on
ne sait pas trop comment…
C'est le CSSS Cavendish qui, il y a à peu près
un an, a commencé à faire de la formation, dans le réseau
de la santé et des services sociaux, pour le personnel, au niveau de la
maltraitance. Et moi, j'apprécierais si vous étiez capables d'examiner le projet de loi parce que, le projet
de loi, entre autres, il y a un plan pour la maltraitance, il y a une
personne responsable. Ce n'est pas
seulement, là, de la dénonciation, mais c'est aussi de la protection pour le
personnel qui ne pourrait pas perdre
leur emploi. Ça fait que, nous, je pense, à la commission, ça serait
intéressant, votre éclairage, prendre le temps, quand vous aurez le
temps de le faire. Je ne veux pas prendre… Je ne veux pas
qu'on en discute ici parce que c'est trop court.
On a parlé tout à l'heure de
financement de CHSLD. Je veux avoir votre avis parce que le Vérificateur
général recommandait aussi d'augmenter la
tarification des lits dans les CHSLD, c'est-à-dire pour le résident, alors
qu'il paie plus cher pour les lits. Est-ce que vous êtes au courant de
ça et qu'est-ce que vous en pensez?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
M. Lacharité (Jean) : Nous, de façon générale, là, on est contre les
hausses de tarification parce qu'on pense que ça a un effet direct sur
l'accessibilité. On ne peut pas y aller sur une base comme celle-là pour
dire : On va améliorer le financement.
Vous savez, nous, le principe de l'utilisateur-payeur, là, dans le domaine de
la santé et des services sociaux, on
est tout à fait contre ça, tout à fait contre. Nous, ce qu'on dit, c'est :
Il y a d'autres moyens pour l'État, dans un cadre de progressivité
fiscale, d'aller chercher les sommes nécessaires dans notre société.
M. Parizeau, qui a déjà été ministre des
Finances, a déjà dit : Une entreprise qui paie de l'impôt au Québec,
elle ferait mieux de changer de comptable.
Il y a un problème, là. Il y a un problème, là. L'impôt des sociétés… Et,
quand on entend parfois des économistes nous
dire qu'on n'est pas compétitifs au niveau de la taxation et de la fiscalité au Québec, pour les entreprises, c'est faux. C'est faux. On a augmenté la
fiscalité des individus, des particuliers de façon phénoménale depuis 15,
20… une vingtaine d'années et on a diminué la proportion payée par
les sociétés, par les corporations de
façon assez phénoménale aussi, ce qui fait
que, là il y a un déséquilibre absolument incroyable. Bien, moi,
je pense qu'on peut regarder des mesures, là, puis
ce n'est pas l'objet de la commission ici aujourd'hui, mais, dans le cadre d'un
débat…
Et
ça fait longtemps qu'on réclame un débat… avec les employeurs, d'ailleurs. On
accepterait tout à fait que les employeurs
soient là, que les représentants des employeurs soient là, qu'on réclame un débat
large sur la fiscalité. On l'a fait sous le règne du gouvernement
libéral, on le fait sous le règne du gouvernement du Parti québécois. On pense qu'on est dus pour un
excellent débat de société pour qu'on puisse se
permettre de… qu'on se permette de pouvoir financer nos services publics en santé et services sociaux, en éducation de
façon adéquate parce que
ça fait partie de notre histoire, ça fait partie de notre culture, ça
fait partie même de notre culture d'État, au Québec, d'être interventionnistes
dans ces secteurs-là.
Aux États-Unis, on le voit, ce qui
se passe, hein? C'est : Tu paies, puis, si tu n'as pas d'assurance privée,
là, puis que tu n'es pas assez pauvre
pour être sur le Medicare, bien tu en paies une maudite claque. Et, pour une
famille de quatre personnes, là, une
assurance, là, de deux adultes deux enfants, c'est minimum 20 000 $ à 25 000 $ par année.
Aïe! Puis ça va dans les poches de qui, ça? Dans les poches des assureurs
privés. C'est une moyenne taxe, ça.
Alors, si on disait aux gens : O.K.,
on va baisser vos impôts, là, au Québec, puis on va être clairs sur la conséquence, vous allez devoir vous prendre des
assurances privées, puis qu'on va leur mettre le chiffre à côté, vous
allez voir qu'ils vont être contre les
baisses d'impôt puis ils vont dire : Il faut aller chercher l'argent là où
on en a besoin pour se donner les services auxquels on a droit.
1419
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
223
Mme Vallée : Merci,
M. le Président. Bonjour, merci de votre présentation. Il y a un petit côté
dont je n'ai pas entendu parler
beaucoup lors de votre présentation, puis je regardais dans votre mémoire,
c'est la qualité des soins, la qualité des services et la qualité de vie
des gens qui sont hébergés en CHSLD. C'est ça, le but de la commission. C'est
ça, notre préoccupation.
Je comprends que vous avez des
revendications face à certains modèles de financement des services de santé,
et tout ça, mais moi, ce qui me préoccupe
aujourd'hui, là, d'abord et avant tout, c'est les soins et les services que
reçoivent les adultes qui sont
hébergés en CHSLD. Et j'étais curieuse de vous entendre parce qu'on entend… on
a entendu, depuis le début de la
commission, des gens nous parler de problématiques au niveau des bains, au
niveau des soins qui sont accordés. On
avait, avant vous, un groupe qui nous disait : On souhaite avoir en tout
temps du personnel infirmier de disponible.
J'imagine, tous ces éléments-là, ce
sont certainement des éléments qui sont portés à votre connaissance et
j'aimerais ça vous entendre. J'aimerais
savoir ce que vos membres vous rapportent, comme instance syndicale, quels sont
les enjeux auxquels ils sont confrontés, mais aussi quelle est la réelle
condition de vie des gens qui vivent dans nos CHSLD.
Vous avez cette qualité d'avoir des
membres partout à travers la province, donc autant en milieu urbain
qu'en milieu rural. Nous, on n'aura pas la
chance de faire tous les établissements, on va se promener, on va en faire
quelques-uns, mais on n'a pas le temps qui
nous permet d'aller rencontrer et de s'entretenir aussi avec des gens. Parce
qu'à travers tout ça, le personnel, les gens que vous représentez, eux,
ils sont en contact, vivent au quotidien avec ces gens-là. Et donc cet aspect-là, pour moi, est important dans le cadre
de notre réflexion, puis j'aimerais vous entendre là-dessus. Au-delà,
là, de la question, bon : On coupe
puis… On comprend le portrait. Je comprends que vous êtes une organisation
syndicale, mais, en même temps, vos membres sont sur le terrain et
doivent vous rapporter des choses. Puis j'imagine que, de temps à autre, ça va
jusqu'en haut.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
•
(15 h 40) •
M.
Lacharité (Jean) : Je vais commencer par répondre, puis peut-être que
M. Laurion pourrait apporter un complément,
là, parce que vous êtes très terrain, puis je suis très content de votre
question. J'entendais le groupe avant nous
parler d'un bain par semaine. Bien, pour nous, c'est tout à fait inacceptable,
ça. Puis je ne répéterai pas ce qu'ils ont dit, là, parce que je pense qu'ils ont donné un certain nombre d'éléments qui
justifiaient tout à fait le fait qu'on doit augmenter ça.
Ce que ça fait chez les personnels,
c'est de la frustration parce qu'ils n'ont pas l'impression de rendre les services adéquats aux personnes qui sont dans le besoin.
Et, quand on a des équipes relativement stables, là, notamment dans les CHSLD, ce qui n'est pas le cas dans les résidences privées pour personnes aînées, je le
répète, mais, dans les CHSLD, je pense
qu'on a des équipes relativement stables, ils finissent par développer une
relation d'intimité aussi avec… d'intimité correcte, là, avec les usagers, les usagères. Et, quand on n'est pas capables
de leur livrer des soins minimaux décemment, décents, écoutez, ça provoque des frustrations énormes. Ça en provoque
chez la personne usagère parce qu'elle ne se sent pas bien, elle ne sent pas qu'elle reçoit tous les
services auxquels elle aurait droit. Là, je parle de soins d'hygiène,
mais on peut parler de soins infirmiers aussi, c'est exactement la même chose.
Alors, quand on court déjà les pattes
aux fesses parce qu'il n'y a pas suffisamment de personnel parce que… Et
malheureusement, quand c'est le cas, c'est parce soit qu'il y a eu des coupures
ou qu'on n'a pas les ressources financières
nécessaires. Je reviens souvent à ça, là, mais les ressources financières, ce
n'est pas juste pour — je vais le dire comme
ça, là —mettre du cash
dans l'établissement, c'est pour rendre les services à la population avec les
ressources humaines adéquates pour pouvoir assurer cette qualité de services
là.
Je termine en disant que l'orientation
2003 du ministère sur l'approche milieu de vie, on est tout à fait d'accord
avec ça. Ce n'est pas vrai qu'un CHSLD ça
doit devenir un parc pour petits vieux, où tu attends qu'ils finissent par
crever, puis tu espères quasiment qu'ils ne restent pas trop longtemps
parce qu'il y a des listes d'attente puis il faut les sortir le plus rapidement
possible. C'est dommage que je dise ça comme ça. C'est cru, comme langage, mais
c'est un peu ça qui se vit parfois sur le terrain.
Et nous, on dit : Il faut qu'il y
ait une approche milieu de vie, une approche milieu de vie où la personne va
garder encore plus longtemps son autonomie,
va subir moins de pertes cognitives rapidement parce qu'elle va être plus
active, parce qu'elle va avoir plus de
contacts — parce
qu'on le sait, là, comment ça fonctionne, là — ça, on est tout à fait d'accord avec ça.
Mais on n'a pas impliqué les personnels, non plus, dans l'implantation de
l'approche milieu de vie, ce qui fait que…
On
leur dit : Il faut que tu fasses une approche milieu de vie, il faut que
tu aies plus de contacts. Et là qu'est-ce qu'on fait? On contribue à alourdir la tâche. Puis ils n'arrivent déjà
pas dans les soins de base à donner. Donc, aller leur demander de prendre plus de temps de communication
puis de prendre… peut-être d'avoir plus de…être
de gérer plus de loisirs pour les personnes
usagères, par exemple, dans le milieu, bien ils n'ont pas le temps de le faire.
Et ils nous disent : C'est frustrant,
ça aussi,.parce
que… Je vous dirais que, pour moi, là, le principal constat, c'est
la frustration qu'ils vivent parce qu'ils
se font dire des bêtises aussi, hein, ça a cet effet-là aussi, de la part des
usagères et des usagers, et à juste titre parfois, parce qu'ils n'ont
pas les services. Je ne sais pas si tu veux ajouter quelque chose?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Laurion.
M. Laurion (Guy) : Oui. Je vais
ajouter peut-être… Dans votre préambule de questions à savoir… Bien, oui, on est une organisation syndicale puis on est
là pour revendiquer des conditions de travail, mais je peux vous assurer
que, nous aussi, en même temps, une de nos
préoccupations premières, c'est la qualité de vie,à
laquelle… je veux dire, on donne des services aux gens. Et que ça soit dans la mission CHSLD, mais que ça
soit dans la mission centres jeunesse, ou ainsi de suite, cette préoccupation-là, les travailleurs,
travailleuses sur le terrain — quand je vous disais, tantôt, ce sont des
gens passionnés — mais
c'est toujours à l'avant-plan. Même, bien souvent, les conditions de travail
dans lesquelles ils se retrouvent, je veux dire… de revendiquer ou d'exercer…
Et, sur
l'autre volet, quand qu'on parlait aussi tantôt toute l'approche milieu de vie,
oui, l'approche milieu de vie, même
au colloque de l'ASSTSAS entre autres, on en avait reparlé, mais les gens se
retrouvent… Sur papier, c'est beau, mais est-ce qu'on a les moyens
d'aller aussi loin de ce qu'on nous met sur papier? Et c'est là, bien souvent,
qu'est la rupture. J'entendais ce matin,
devant la commission, sur une présentation où est-ce qu'on disait que des gens,
des fois, avaient une certaine
réticence au changement. Moi, je ne suis pas tout à fait de cette école-là
qu'il y a des réticences au changement.
C'est de savoir comment qu'on amène le changement. C'est quoi, les objectifs?
Est-ce qu'ils sont clairs? Est-ce qu'il y a une transparence, je veux dire,
dans la démarche, et, par la suite, il y a une adhésion des gens? Donc, ça a
été dit.
Et, juste
reprendre sur le volet, encore là, de l'implication du personnel, et de cette
passion-là, et de cette qualité de
vie au niveau des gens, des personnes hébergées, je vous dirais, du côté du
secteur privé, de la fédération, de la CSN, il a été mis en place une campagne Ouvrez les yeux justement pour
dénoncer au niveau des conditions de travail. Oui, on en a parlé, des conditions de travail. Parce que, quand
qu'on n'est pas compétitifs au niveau d'un secteur, à ce moment-là, on n'est pas en mesure d'avoir le personnel. Du côté
des préposés aux bénéficiaires, dans le secteur public, il y a des
pénuries de personnel. Donc, quand que je ne
suis même pas concurrentiel au niveau des conditions de travail comme telles, à
ce moment-là, dans le secteur privé, je ne suis pas en mesure de recruter de ce
personnel-là. Et même, encore là, pour soutenir le personnel dans le cadre de l'application de leur force… de leurs
tâches, a été même monté un guide sur la loi n° 90 pour les informer, à tout le moins, dans quelles
conditions ils devaient travailler, parce
que, bien souvent, c'était
absent dans les milieux. Donc, je peux vous
assurer que, comme organisation syndicale,
la préoccupation des soins que les gens donnent dans le milieu, elle est
toujours présente.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous
reste six minutes.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur votre premier point alors que
vous avez dit, puis on est tous
d'accord : On favorise les soins à domicile, garder les gens le plus
longtemps possible à domicile. Mais
ça prend également toute la gamme de services, ressources intermédiaires,
CHSLD, puis également il y a quand même
des bons parcs de résidences privées, parce que les gens sont autonomes, ils
peuvent demeurer là avec des services. Puis,
à un moment donné, quand ils perdent de l'autonomie, on augmente les soins à domicile.
Et puis, si, à un moment donné, ils
perdent encore de l'autonomie pour différentes raisons, ils pourraient aller en
ressources d'hébergement, soit une RI ou encore un CHSLD.
J'aimerais ça
que… Avez-vous fait des études pour nous démontrer les ratios qu'on devrait
avoir ou les ratios qui sont proposés dans le réseau de la santé? Parce
que l'élément que vous apportiez, vous disiez : Il nous manque des lits de CHSLD. Par contre, on sait qu'il y a des
endroits… Il y avait le Saguenay—Lac-Saint-Jean qui est venu témoigner, qui, eux autres, avec 2,8 lits de CHSLD, 0,8
lit de RI, des soins à domicile faits de façon assez intense font qu'il n'y
a aucun patient qui est en attente d'hébergement… très, très, très peu de
patients en attente d'hébergement. Est-ce que, pour vous, ça peut être des
ratios acceptables? Et pourquoi c'est important également?
Parce que,
parfois, on part d'un plus haut niveau de lits de CHSLD, mais, avec le
vieillissement de la population, on va atteindre le niveau recommandé.
Mais également les endroits qui sont actuellement à ce niveau-là, si la
population vieillit, puis elle va vieillir
au cours des 10 prochaines années, ça se peut qu'on soit obligés de développer
des nouvelles places en CHSLD. Et ma question : Est-ce que juste
les soins à domicile vont être capables de combler cette pénurie de lits de
CHSLD?
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité.
M.
Lacharité (Jean) : Je vais
débuter, puis M. Laurion va compléter. Non, très clairement, là, comme je l'ai
dit, ce n'est pas substituable. Il y a un
besoin de soins à domicile, mais ce n'est pas ça qui va venir régler le
problème qu'on vit dans les CHSLD
actuellement, y compris sur les conditions de vie des usagers et la qualité de
vie des usagers. Tant mieux si on se
donne les moyens de soutenir les personnes à domicile le plus longtemps
possible mais avec des services adéquats. Et on l'a dit, là, dans le cadre de l'autre consultation. Parce qu'il y a
un des projets dans le livre blanc, c'est de transférer tous les soins personnels,
les soins d'hygiène, ce qu'on appelle les activités de la vie quotidienne, aux
entreprises d'économie sociale.
Nous, on pense, là,
que, si on va vers ça, on va faire totalement fausse route en matière de
cohérence et de la satisfaction de
besoins à accorder parce qu'on va perdre une qualité là, parce que la personne
économie sociale ne fera pas partie de
l'équipe de soins — Guy
en a parlé tantôt — elle
ne fera pas partie de l'équipe de soins, on va
être encore dans une question de roulement de personnel, de portes
roulantes, puis, ne serait-ce que pour
l'évaluation de la détérioration de la condition de la personne qui
reçoit les services, là, l'information ne suivra pas. On ne peut pas faire ça n'importe comment.
Mais
nous, on a une proposition, là, que je vais demander à M. Laurion… sur laquelle
je vais demander à M. Laurion
d'élaborer un petit peu plus. Puis vous allez voir comment on envisage de
pouvoir établir ces ratios-là, là.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je vous demanderais juste
de ne pas être trop long parce que j'ai une autre question importante à vous
poser, O.K.? C'est parce que je veux juste vous laisser parler tantôt.
M. Laurion
(Guy) : Bien, je vais la lire, d'abord.
1419
Le Président (M. Bergman) : Il reste
seulement 2 min 30 s pour la réponse et les questions et les
réponses. Alors, la réponse…
M.
Laurion (Guy) : Que le ministère mette sur pied un groupe de travail
paritaire pour examiner la faisabilité d'établir
des ratios de personnel permettant d'assurer en tout temps une prestation
adéquate de services aux personnes hébergées selon leurs profils des
besoins.
Et,
quand on parle de groupe paritaire, encore là, je reviens, à la dernière
négociation de convention collective, lettre
d'entente 40, on a fait un constat, partie patronale, partie syndicale :
Et voici les solutions à mettre en place, puis on en a convenu de façon
paritaire. Donc, c'est possible de travailler, je pense, ensemble sur un
objectif…
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous
reste deux minutes.
• (15 h 50) •
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci d'avoir été bref. Parce que l'autre question est directement en relation
avec ça. Vous savez, tantôt, vous
avez dit : Nous autres, on voudrait être financés, financer nos CHSLD en
fonction des besoins et puis des
clientèles qui augmentent en intensité. Présentement, les gens sont plus
malades quand ils rentrent dans les CHSLD. Moi, je suis d'accord avec vous. Et puis, là, les gens, ils
disent : Oui, mais il va falloir répondre à ce besoin-là avec les montants d'argent. Je suis d'accord avec vous. Et,
pour faire ça, est-ce qu'on est d'accord qu'on devrait savoir le nombre
de personnes, l'intensité que chacune de ces
personnes a, leur attribuer les
besoins nécessaires en termes
d'évaluation? Mais la question qui vient après, là : Si ça coûte — donnons
un chiffre — 400 millions de dollars de plus, il
faudrait peut-être poser la question,
est-ce que le gouvernement va être prêt à payer ce 400 millions de dollars
de plus? C'est ça, le fondement de ce qu'on se dit aujourd'hui.
Tout
le monde vient ici, là, puis ils nous disent tous, là : Bien, on veut tout
ça. Je n'ai pas de problème avec ça, moi. Mais, à partir du moment qu'on
sait que la facture est là, là, 400 millions… Je vais donner un
exemple : Ça coûte 400 millions,
est-ce que vos gens sont prêts à accepter une diminution de 15 % de
salaire? En passant, je ne fais pas cette proposition-là. Mais ça va
être ça, la…
Des voix :
…
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais c'est juste pour
vous… juste pour vous montrer…
Des voix :
…
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais juste pour vous montrer le raisonnement. Les gens nous écoutent, là. Là,
tout le monde est prêt, puis, après ça, tout
de suite quand il vient qu'où on va aller chercher l'argent, là, je n'en ai pas
un venu ici me dire : Venez la
chercher un petit peu chez nous. Non, non. On va taxer les entreprises, taxer
les riches salariés. Les autres, ils
disent : Bien, il y a plus de monde qui gagne quand même des bons
salaires… Les gens sont syndiqués dans la fonction publique. C'est du
30 000 $, 40 000 $, 50 000 $...
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Pourquoi, eux autres, ils ne feraient pas leur part? Ça va être ça, le dilemme
qu'on va avoir. Je n'ai pas de réponse,
aujourd'hui. Je fais juste vous dire que, quand on fait une commission comme
celle-là, si on en arrive tous avec
des grands idéaux, puis que tout le monde est d'accord avec les idéaux, mais
qu'à la fin il n'y a personne qui est
capable de contribuer de sa poche, là, on a un problème de société. Et la
taxation, c'est dommage, mais on voit les pertes d'emploi avec
Bombardier aujourd'hui, là…
1419
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
297
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …ça n'a pas relation avec ça.
Mais, si on n'est pas compétitifs au niveau des entreprises, on les perd, nos entreprises. Puis là ça crée encore plus
de chômage. Et là-dessus je pense qu'on parle le même langage, on veut
que nos gens travaillent. Merci beaucoup.
1419
Le Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
12201
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence
ici. Malheureusement, vous n'avez pas pu répondre, mais, bon…
Des voix : Ha, ha, ha!
12201
Mme
Daneault : Mais on connaît votre réponse un peu.
Une voix : …
12201
Mme
Daneault :
C'est ça. Évidemment, on n'est pas surpris. Quand j'entends vos… (panne de son)
…aujourd'hui, on n'est pas surpris
que vous décriiez le privé. Par contre, des accidents, il y en a eu dans les
deux systèmes, autant public que
privé. On est d'accord là-dessus. Alors, de démoniser uniquement le privé, je
pense qu'on serait injustes de le faire.
Mais moi, il
y a une chose dont je voudrais vous parler. Parce que j'ai rencontré une
infirmière d'expérience qui a récemment décidé de quitter le système
public, qui oeuvrait dans un CHSLD de longue date, avec des très bonnes conditions de travail, pour migrer dans le privé,
pour la simple et bonne raison, et c'est ce qu'elle me disait… C'est une
infirmière d'expérience. Elle me
disait : Avec les années, on a tellement cloisonné le travail des
infirmières, des aides-infirmières,
des préposés aux bénéficiaires, de celui qui transporte le chariot, qu'elle se
sent, auprès des malades, auprès des bénéficiaires, elle se sent
incapable de l'aider d'une façon plus globale.
Et là on a
parlé d'une approche milieu de vie où on va… où, finalement, on essaie de
démédicaliser le traitement de la
personne qui est en trouble cognitif, qui a besoin plus de soins de confort,
plus de massages que de médication, plus d'être prise à côté pour dire : Bon, bien, plutôt que de donner une
pilule, ce que l'infirmière a appris, bon, bien, on se retire, on va
essayer de parler, bon, de son enfance pour calmer l'anxiété. Et ce qu'elle
décriait, c'est que, dans le milieu, dans le système
public, c'est tellement cloisonné qu'elle n'arrive pas à faire ça. De voir un
patient qui est en difficulté, qu'on a besoin
de lever, bien, ça ne peut pas être elle qui fait ça, il faut faire venir le
préposé aux bénéficiaires. Mais là le préposé aux bénéficiaires est pris avec l'autre patient dans le fond, alors
qu'elle a ce patient-là qu'elle pourrait très bien aider, mais là on ne peut pas le faire parce que ça, ce n'est pas
sa job. Puis, s'il y a quelqu'un qui la pogne en train de le faire, bon,
bien là, après ça, c'est elle qu'on va chicaner.
Et là on se retrouve dans des situations où on a tellement cloisonné les
activités qu'on n'a plus de… ce n'est
plus le patient auquel on pense, on pense à : Ça, j'ai-tu le droit faire
ça? Ça, j'ai-tu le droit de faire ça?
Et, elle,
s'est retrouvée dans le privé, elle m'a dit : Enfin, j'ai pu reprendre mon
désinfectant comme dans le temps, puis,
quand le patient, je le nettoie puis c'est un peu sale, bien je prends ma
guenille, mon désinfectant puis je le nettoie tout de suite. Alors, j'évite les infections
nosocomiales, je ne suis pas obligée d'attendre le gars, le concierge qui est
pris à l'autre bout parce qu'il y a
un autre patient qu'il est arrivé un dégât, je peux régler le problème tout de
suite, je suis plus efficace, mais
aussi j'ai un sentiment d'être utile auprès de mon patient et de ne pas avoir à
attendre après un puis l'autre parce que ce n'est pas sa tâche.
Et là je
pense que ça, là, il y a une réflexion à faire non seulement chez les syndicats, mais chez les travailleurs, dans toute la société. Parce qu'avec les années on a tellement cloisonné
les activités qu'on arrive à être inefficaces et à enlever la
valorisation de chacun d'aider l'autre. Et ça, moi, j'aimerais ça vous
entendre, les syndicats. Parce que je pense qu'à un moment donné il va falloir qu'on s'assoit tout le monde ensemble. La
question salariale, c'est une chose, mais je pense que, là, c'est beaucoup au-delà de ça quand on
parle de valorisation. Et, chacun, d'avoir à attendre après un autre,
c'est frustrant. Et je pense que, là, on est à se poser ces questions-là. Et
j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
1419
Le
Président (M. Bergman) : M. Lacharité, en deux minutes.
M.
Lacharité (Jean) : O.K. Avec
plaisir. Alors, enfin une question à laquelle je peux répondre. Non, mais,
je vais vous dire, nous, pour répondre à...
pour solutionner ces choses-là, nous, on pense que ça passe par d'abord les
équipes de soins interdisciplinaires qui se
parlent et qui ont le temps de se parler; et, deuxièmement, par l'analyse de
l'organisation du travail, mais une analyse
de l'organisation du travail où les travailleuses et les travailleurs sont
directement impliqués, pas par une méthode «top-down», où c'est le
gestionnaire qui dit : Je vais réorganiser le travail, puis dorénavant ça
va marcher comme ça.
Mais je veux
vous faire une mise en garde qui est à partir d'un cas concret que j'ai connu.
Je viens de l'Estrie, moi. Le CHSLD, à
Sherbrooke, à un moment donné, on a fait un projet d'organisation du travail
paritairement avec les gestionnaires,
avec l'employeur. Et, à un moment donné, bon, on s'est rendu compte que les
infirmières manquaient de temps pour
faire ce qu'elles avaient à faire comme actes d'infirmière, O.K.? Mais on s'est
rendu compte aussi que c'étaient des infirmières
qui géraient le stock de couches. Ça fait qu'ils se sont dit, dans l'équipe de
soins : On peut-u transférer ça à
quelqu'un d'autre pour lui permettre de... Bien, vous savez, des fois,…Oon a
fait du cloisonnement, mais on a fait du très mauvais cloisonnement.,et
là...EEt
là, bien, on l'a décloisonné, ça, la gestion du stock de couches. Mais il y a
des choses à regarder. Et on est tout
à fait d'accord pour regarder ça, pour améliorer l'efficacité, l'efficience du
travail et ainsi améliorer la qualité des soins aux personnes âgées.
12201
Mme
Daneault : Merci.
1419
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé. M. Lacharité, M. Laurion, Mme
Pineau merci pour votre présence ici aujourd'hui. On apprécie.
Alors,
collègues, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à mardi le 11
février 2014, à 10 heures, afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur les
conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de
soins de longue durée. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 15 h 58)