(Onze
heures trente-cinq minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, à l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
Le mandat de la
commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire :
Non, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Collègues, j'ai besoin de votre
consentement afin que le député de Deux-Montagnes remplace le député de
Berthier pour la première partie de la séance seulement. Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Consentement? Consentement?
Une voix :
…
Le Président (M. Bergman) : Aussi, est-ce qu'il y a consentement afin que le
député d'Orford puisse participer à la séance d'aujourd'hui?
Consentement? Consentement?
Mme
Hivon :
Donc, il peut participer. Ça implique...
Le Président (M.
Bergman) : Mais il ne peut pas voter.
Mme
Hivon :
Il ne peut pas voter. O.K. Puis il a les mêmes droits de parole que...
Le Président (M.
Bergman) : Oui.
Mme
Hivon :
O.K. On va accepter pour l'instant puis, si on voit que ça pose problème...
Le Président (M.
Bergman) : Alors, j'ai...
Mme
Hivon :
...mais ça m'étonnerait beaucoup que ça pose problème, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, j'ai le consentement sur les
deux côtés, n'est-ce pas, afin que le député de Deux-Montagnes remplace
le député de Berthier pour la première partie de la séance, et le consentement
afin que le député d'Orford puisse participer à la séance. Alors, j'ai le
consentement sur les deux côtés.
Étude détaillée (suite)
Collègues, lors de
l'ajournement de nos travaux, hier soir, nous discutions de l'amendement à
l'article 31. Je rappelle que nous avons suspendu l'étude des
articles 3, 8.1 et 30. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous en ce
qui concerne l'amendement à l'article 31.
Mme
Hivon :
Oui. Le but, M. le Président, de l'amendement à l'article 31, comme je
l'exposais hier, c'est donc d'amener la
cohérence avec le fait qu'il est prévu qu'une personne puisse retirer sa
demande d'aide médicale à mourir. On a ajouté qu'elle puisse la
reporter. Donc, on voulait traduire cette réalité-là à l'article 31 pour
dire que, si cette situation-là se produisait, ça devrait être, donc, inscrit
dans le dossier de la personne.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, en fait, sur l'amendement, évidemment je n'ai
pas de question particulière, outre... Je pense qu'hier on avait
échangé, là, sur la question. Comme le refus de recevoir un soin ou la demande
de reporter l'aide médicale à mourir peut être fait par tout moyen, si le refus
est fait par écrit, j'imagine que l'article 31 implique que le document
écrit émanant du patient devra être versé au dossier.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En effet,
M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, pour ma part, sur l'amendement comme tel... J'ai quelques questions
concernant l'article, mais, sur l'amendement comme tel, je n'ai pas
d'autre question ou commentaire, là. C'est relativement clair.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres questions ou commentaires à l'amendement à
l'article 31? Est-ce que l'amendement à l'article31 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) : Adopté?
Adopté. Collègues, on étudie maintenant l'article 31 tel qu'amendé. Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article 31 se lit comme suit :
«Doit être
inscrit ou versé dans le dossier de la personne tout renseignement ou document en
lien avec la demande d'aide médicale
à mourir, que le médecin l'administre ou non, dont le formulaire de demande
d'aide médicale à mourir, les motifs de la décision du médecin et, le
cas échéant, l'avis du médecin consulté.»
Et maintenant,
nous aurions, de plus : «Doit également être inscrite au dossier de la personne sa
décision de retirer sa demande d'aide médicale à mourir ou de reporter
son administration.»
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Alors, dans un premier temps, pour un
souci de concordance, puisque nous avons maintenant un formulaire
concernant la sédation palliative continue, est-ce que nous devrions inclure
cette demande-là? Est-ce qu'on devrait inclure, à l'article 31, la demande
relative à la sédation palliative continue?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
L'article 30, c'est vraiment... c'est-à-dire, l'article 31 porte
uniquement sur l'aide médicale à mourir. C'est dans la sous-section sur l'aide médicale à mourir. Et, pour ce qui
est de la sédation palliative continue, on prévoit au deuxième alinéa de l'article 25 que le
consentement, donc, et maintenant ce qui inclut le formulaire, doit être
conservé dans le dossier de la personne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (11 h 40) •
Mme Vallée :
Vous avez bien raison. Désolée. Autre question : Pourquoi on utilise dans
l'article 31 «le cas
échéant, l'avis du médecin consulté», puisque
le deuxième avis du médecin est nécessaire, comme on l'a mentionné hier, et,
dans l'article 31, on dit «le cas échéant», comme si le deuxième avis n'était
pas nécessairement péremptoire?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : C'est parce
que le deuxième avis va survenir uniquement si le premier médecin juge que la
personne répond à l'ensemble des conditions. Donc, s'il arrive à la conclusion
qu'il ne peut pas administrer l'aide médicale à mourir pour un motif basé sur l'article
28, comme on l'a vu, il n'y aura pas de deuxième avis.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : C'est clair. Merci. Est-ce que...
Ah oui! Puis, dans l'avis du médecin consulté, il y aura également les
motifs à l'appui. Donc, il sera tout aussi... c'est l'avis complet.
Est-ce qu'on devrait inclure au dossier l'information
relative... Par exemple, si le médecin choisit de ne pas l'administrer… le premier médecin consulté, est-ce qu'il devrait y avoir dans le dossier un suivi, à savoir : la
demande a été référée au DSP ou à la
personne responsable telle date, et on a contacté un autre médecin? Est-ce que,
dans le dossier du patient, on
devrait y avoir, d'une certaine façon, le suivi donné, advenant le cas que le
premier médecin choisisse, pour toutes
sortes de motifs, de ne pas administrer l'aide médicale à mourir pour une
question... Moi, je pose la question à la ministre parce qu'évidemment, dans l'article 30, on parlait
du «plus tôt possible». Donc, le médecin doit référer à son DSP ou à la
personne responsable le plus tôt possible le dossier. La personne responsable,
le DSP devra prendre les mesures également afin de rapidement trouver un
médecin qui pourra procéder à l'administration de l'aide médicale à mourir. Mais est-ce qu'il ne serait pas opportun
dans le dossier du patient... Parce que, si tout ça est éventuellement
soumis à l'évaluation de la commission sur
l'aide médicale à mourir, il serait opportun de voir les délais entre une
demande, qui est formulée par un patient, et l'administration, donc,
parce qu'il y aura vraisemblablement des cas, comme on l'a mentionné hier, où les gens ne seront pas à l'aise
parce qu'ils n'auront pas nécessairement l'expertise, et il y a
également l'objection de conscience.
Mais
j'imagine qu'il va falloir essayer de s'assurer que les demandes puissent être
administrées à l'intérieur de délais raisonnables, et donc peut-être
qu'il pourrait être opportun de consigner au dossier les dates ou les étapes
qui sont franchies. Je ne sais pas, je soumets le tout à notre collègue.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui, M. le
Président. Alors, dans la compréhension très concrète des choses, tout cela va
être consigné, donc toutes les dates vont être consignées parce qu'évidemment,
s'il y a un recours au directeur général ou au
DSP, il va y avoir, donc, un changement de médecin, il va y avoir un transfert.
Donc, tout ça doit nécessairement être consigné.
Le recours comme tel à la mécanique interne, j'estime que c'est plus de la
nature de la gestion interne, mais tout ce qui est relatif, donc, au rôle du médecin en lien avec l'aide
médicale à mourir va être consigné.
Donc, s'il y a un nouveau médecin qui apparaît, tout ça
va être consigné, et les entretiens, tout ça, c'est daté, donc, le moment où le
transfert de dossier est fait, comme c'est le cas actuellement. Donc, ça va
nécessairement tout être consigné dans le dossier.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, je comprends que ce type d'information là est consigné normalement dans le dossier d'un patient lorsqu'il y a un transfert vers un autre médecin, et donc
on verra les dates. Ma préoccupation, c'était simplement pour être en mesure d'analyser les délais entre le
moment où le patient formule sa demande et le moment où la demande est
administrée. Il y a des cas où ça ira rondement. Mais on verra dans le temps
comment les… là où tout ça nous amène. Mais
c'est plus dans un… C'était dans un souci, là, de s'assurer que toutes ces informations-là puissent être disponibles à la commission... rendues
disponibles à la commission, pardon.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Alors, je confirme à la députée : Je
comprends son souci, c'est un bon souci. Et ça va être présent dans
le dossier.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Pour ma part, ça
me convient. Je ne sais pas si mes collègues ont des préoccupations quant à l'article
31 tel qu'amendé.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est bon, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 31 tel qu'amendé? Est-ce que
l'article 31, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté? Adopté. L'article 32. Mme la ministre.
Mme
Hivon : L'article
32. Il y a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour permettre aux collègues d'avoir une
copie de l'amendement.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise à 11 h 48)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre, vous avez un amendement à
l'article 32.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement vise à remplacer l'article 32 du projet de loi par le
suivant :
«32. Le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens
institué pour un établissement doit, en collaboration avec le conseil
des infirmières et infirmiers de l'établissement, adopter des protocoles
cliniques applicables à la sédation palliative
continue et à l'aide médicale à mourir. Les protocoles doivent respecter les
normes cliniques élaborées par les ordres professionnels concernés.»
Donc,
la modification vise, donc, à prévoir que l'élaboration des protocoles
cliniques désormais va devoir se faire en
collaboration avec le conseil des infirmières et des infirmiers, tel que cela
nous a été demandé par l'Ordre des infirmières et des infirmiers, parce
que, notamment et surtout, ils sont appelés à collaborer, voire souvent à
administrer l'aide médicale… pas l'aide médicale à mourir, la sédation. C'est
très important de faire la distinction. Elles ne peuvent pas administrer l'aide
médicale à mourir, c'est un soin réservé aux médecins, mais elles peuvent
administrer la sédation palliative continue,
comme c'est le cas déjà à l'heure actuelle. Donc, il nous est apparu pertinent
qu'elles puissent être inscrites nommément à l'article 32 comme devant
travailler en collaboration avec le CMDP.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Je constate que nous avions également eu des commentaires de l'AQESSS dans
ce dossier-là, mais je comprends
également que l'amendement, donc… c'est-à-dire que l'élément de l'amendement
qui vise le respect des normes
cliniques correspond à la préoccupation qui avait été soulevée par l'AQESSS lors
de nos consultations. Donc, au-delà de la question de l'Ordre des
infirmières, là, il y avait l'AQESSS. Donc, merci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (11 h 50) •
Mme
Hivon :
Je n'ai pas dit dans mes commentaires qu'il y a un autre petit changement,
c'est qu'on parle de «normes cliniques» au lieu de «standards cliniques»
à la suite des demandes qui nous ont été faites. Et c'est aussi le terme que
souhaite le Collège des médecins.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ça m'amène à une question. On a abordé hier à l'article
30, puis on l'abordera à l'article 44, la question de l'objection de
conscience des médecins.
Est-ce qu'il y aurait lieu de prévoir aussi, puisqu'on inclut des infirmières,
l'objection de conscience d'un autre membre
de l'équipe de soins? Je ne sais pas si l'article 32, là, c'est nécessairement le bon endroit. C'est juste parce
qu'on aborde la question de la participation active des infirmières et des
infirmiers de l'établissement dans l'encadrement de l'aide médicale et du processus d'aide médicale à mourir, mais on a
cet élément-là qui nous avait été soulevé par l'Ordre des pharmaciens,
la question de l'objection de conscience des autres professionnels. On sait que
l'aide médicale à mourir sera un acte
réservé exclusivement au médecin. Ça, c'est clair. Seul le médecin pourra
l'administrer. C'est assez clair.
Maintenant, autour de l'acte comme tel, il y a d'autres intervenants qui seront
peut-être appelés, ne serait-ce qu'à assister
le médecin, à accompagner le médecin dans ses démarches. Et est-ce qu'on a
prévu, et je ne sais pas, là, on n'est peut-être pas rendu au bon
endroit, de respecter cette objection de conscience pour les autres membres
d'une équipe de soins?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, M. le Président. On va le voir à l'article 44. C'est donc prévu de ne pas
limiter le droit pour un professionnel
de refuser, conformément à son code de déontologie. Donc, ce n'est pas limité
qu'au médecin, ça s'étend à tous les
professionnels qui sont concernés et qui ont cette objection de conscience dans
leur code. Mais nous allons voir à cet article
que l'Ordre des infirmières n'a pas, dans son code de déontologie, l'objection
de conscience. C'est un débat, c'est une réflexion qui est en cours. Si
jamais elles décident de faire ce changement à leur code de déontologie, c'est
vraiment à l'ordre de le décider, et, à ce
jour, elles n'ont pas prévu ça. L'article va pouvoir s'appliquer à elles de la
manière dont il est libellé en ce moment. Mais ce n'est pas nous qui
pouvons venir leur imposer ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
D'accord. Donc, on reprendra les échanges sur cet élément-là à 44. Je ne sais
pas, mon collègue faisait des petits bruits, peut-être qu'il a des…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, j'étais tout en silence,
tout en silence. Bien, la seule question que je me posais, puis je ne
suis pas certain qu'on devrait le mettre, c'est par rapport aux
inhalothérapeutes. Est-ce qu'ils ont un rôle
à jouer dans l'aide médicale à mourir et dans la sédation palliative continue?
Parce qu'il y a trois conseils professionnels dans un
établissement : il y a le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens,
eux autres, ils regroupent, dans ce cas-ci,
des médecins et des pharmaciens; le CI, qui est le conseil des infirmières et
infirmiers, puis il y a également le conseil multidisciplinaire. Et
souvent on a tendance à oublier le conseil multidisciplinaire. Et, si des
inhalothérapeutes jouent un rôle, je pense qu'à ce moment-là ils devraient
faire partie au moins de la collaboration, ne serait-ce que pour ne pas qu'ils se sentent à l'écart, parce que souvent
c'est des conseils qu'on a moins tendance à penser à consulter. Je ne
sais pas, la ministre, si elle a… s'ils ont fait une réflexion là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : De l'information qu'on a eue, les inhalothérapeutes
ne sont pas impliqués dans la sédation palliative
continue et ne seraient pas impliqués non plus dans l'aide médicale à mourir.
Donc, il n'y aurait pas nécessité de le prévoir.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
Mme
Hivon :
…le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens, il est libre de consulter
qui il veut dans l'élaboration, donc, de ses
protocoles. Mais, statutairement, on vient prévoir, parce que je pense que c'est
une bonne chose de le mettre, qu'il doit consulter les infirmières.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est juste parce que, M.
le Président, la ministre sait que je défends beaucoup les gens qui souvent n'ont pas le droit de parole à
des endroits, puis les conseils multis sont toujours un groupe qui… on a
tendance à ne pas les inclure dans les discussions, alors qu'ils devraient être
présents dans plusieurs, plusieurs sujets.
(Consultation)
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Une question de… Vu qu'on parle
ici des normes cliniques, la ministre a-t-elle une perspective de temps
pour savoir quand les normes cliniques vont être mises en place, entre autres,
pour la sédation palliative continue et
l'aide médicale à mourir? Et, si je comprends, ce sont des normes qui vont être
élaborées par les ordres
professionnels, donc le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Très prochainement, je dirais, d'ici, tout au plus, les prochains mois. Ils ont
une rencontre de travail, le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens,
spécifiquement sur le dossier dans les prochains jours, à ma connaissance.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon. Mme la députée de
Gatineau.
Mme
Vallée : Oui. Est-ce que l'article 32… Dans la façon dont
il est rédigé, bon, on prévoit que les protocoles doivent respecter les normes cliniques qui sont
élaborées, mais est-ce que ça implique qu'il peut y avoir, donc, selon
les établissements, des protocoles qui seront différents d'un établissement à
l'autre, d'une région à l'autre? Ou est-ce qu'il y aura quelque chose qui sera
plus standardisé?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est une question que je me suis posée, et on en a
discuté abondamment. On ne peut pas, comme tel, forcer l'imposition d'un
protocole clinique uniforme, mais, dans les faits, il va être pas mal uniforme.
Ça va être le résultat parce que les normes
cliniques qui vont être élaborées, donc, par les ordres professionnels,
essentiellement le Collège des
médecins et l'Ordre des pharmaciens, vont être très bien définies. C'est
justement ce qu'on souhaitait par rapport
à la situation actuelle sur la sédation palliative continue. Et, à partir du
moment où ces normes-là sont excessivement bien définies, les établissements n'ont pas le choix, donc, de suivre
les normes. C'est le cas pour n'importe quel type de soin.
Le
problème, c'est qu'en ce moment… il n'y avait pas de telle norme clinique qui
existait. Donc là, elles vont exister,
et, normalement, il va y avoir une très grande uniformité. Mais on m'a expliqué
et réexpliqué qu'on ne pouvait pas parler de protocole uniforme parce
que c'est la prérogative toujours de l'établissement d'adopter son protocole
mais toujours à partir des standards cliniques qui, eux, sont uniformes... des
normes cliniques qui sont uniformes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Et est-ce que ces normes cliniques sont prêtes, sont déjà établies par les
ordres professionnels?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Non, M. le Président. C'est ce que je disais en disant
qu'il y avait une rencontre très prochainement. Le travail est bien amorcé, il y a une nouvelle rencontre de travail, et
je pense que ça va se finaliser dans les mois, tout au plus, à venir,
mais plus tôt que plus tard.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
On y reviendra vers la fin, probablement dans la mise en oeuvre de la loi, mais
je pense que ça sera important d'arrimer les
différentes étapes parce que je vois que, bon, nos normes cliniques ne sont pas
encore prêtes, nos formulaires ne sont pas encore élaborés. C'est
certain qu'on doit considérer tout ça parce que c'est quand même des éléments
essentiels de la mise en oeuvre de l'aide médicale à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Oui. Merci, M. le
Président. J'imagine, et c'est une question que je pose à la ministre,
j'imagine que le fait qu'il y ait des
normes cliniques bien établies par le collège des médecins et des pharmaciens,
ça va faciliter le travail des
professionnels qui actuellement n'ont pas réellement cet encadrement. Et j'ai
comme l'impression que, là, les gens vont se sentir rassurés, ils vont
pouvoir suivre vraiment le déroulement des normes cliniques.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Tout à
fait, M. le Président, c'est le sens de l'article 32. Et je dirais que,
pour ce qui est des changements concernant
la sédation palliative continue, c'est vraiment le coeur du changement, c'est
que désormais il va y avoir des
normes cliniques standard, donc, qui vont devoir être suivies, et c'est quelque
chose qui nous a été demandé, parce qu'on a pu constater que tous les
professionnels n'avaient pas la même compréhension de la sédation palliative continue et, donc, qu'ils ne l'appliquaient pas
nécessairement dans les mêmes circonstances. Et c'est un soin également
qui n'est pas banal.
Et donc, dans cette optique-là, ça nous est apparu
important de venir le prévoir.
• (12 heures) •
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est juste peut-être pour nos auditeurs clarifier, là, la différence
entre «protocoles» et «normes».
«Normes», ça va être probablement l'encadrement que le collège va proposer, avec des résultats à
atteindre et… peut-être pas la façon de les atteindre, mais qu'est-ce qui doit être fait dans telle
circonstance. Et «protocoles»… puis moi, je suis d'accord que ça doit
être laissé à l'établissement, parce que ça peut évoluer dans le temps, et,
pour atteindre le même résultat, il y a
peut-être différentes façons de faire, entre autres différentes recettes au
niveau de la médication, en autant
que les médicaments fonctionnent. Puis je vais donner un exemple. Quand vous
faites une norme clinique pour établir au niveau de l'hypertension
artérielle, on va viser, chez les gens normaux, d'avoir une tension artérielle
en bas de 140 sur 90 et également, au niveau
des diabétiques, en bas de 130 sur 80. Ça, c'est la norme. La façon d'atteindre
la norme, bien il y en a qui vont utiliser
un bêtabloqueur, il y en a qui vont utiliser un vasodilatateur, il y en a
d'autres qui vont combiner deux
médicaments. Donc, la façon de le faire est différente, mais le résultat, à la
fin, doit être le même, et c'est ce qu'on appelle la norme clinique. La
norme clinique est beaucoup en relation avec la qualité.
Et l'autre élément qui est important, pourquoi
il faut laisser les établissements choisir, c'est que les normes cliniques sont assez fixes dans le temps, mais
elles peuvent varier, mais les protocoles utilisés, ça, ça peut changer
dans le temps. Puis, si, à un moment donné,
à quelque part quelqu'un a une nouvelle recette ou un nouveau protocole qui
semble soit aussi efficace ou plus efficace,
bien on devrait évoluer vers ces protocoles, mais ça ne se fera tout en même
temps, donc c'est mieux de laisser évoluer.
D'ailleurs, la médecine, c'est un domaine qui évolue avec des innovateurs et
qui… par la suite, il y a des gens qui vont
généraliser les pratiques. Et, ce qu'on est tous d'accord par contre, il y a
des pratiques qui ne doivent pas être acceptées. Un exemple : dans
la sédation palliative continue, si le protocole ne permet pas de rendre inconscient le patient, bien je pense que c'est un
protocole qui ne fonctionnerait pas bien. D'ailleurs, de toute façon, ce
ne sera pas la norme qui va être recommandée. Ça fait que je trouve ça bien,
là, qu'on laisse à l'établissement le choix de choisir ses propres protocoles.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'amendement à l'article 32? Est-ce que l'amendement à l'article 32
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce que l'article 32, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre. L'article 33.
Mme
Hivon : Oui. Nous
avons un amendement à l'article 33.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour permettre aux collègues d'avoir une
copie de l'amendement.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
(Reprise à 12 h 4)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre, vous avez un amendement à l'article
33.
Mme
Hivon :
Oui.
Le Président (M. Bergman) :
Voulez-vous l'expliquer?
Mme
Hivon : Alors, l'amendement
vise à modifier l'article 33 du projet de loi :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa, de
«une sédation palliative terminale» par «la sédation palliative
continue»;
2° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «transmettre un avis au» par «informer le»;
3° par la
suppression, dans le premier alinéa, de «; si le médecin exerce sa profession
dans un cabinet privé de professionnel, cet avis est transmis au conseil
des médecins, dentistes et pharmaciens institué pour l'instance locale avec
laquelle il est associé».
Alors,
l'explication, M. le Président. Bien, le premier amendement, c'est simplement
une modification de forme pour maintenant vraiment consacrer
l'expression «sédation palliative continue». La deuxième modification vise à remplacer l'expression «transmettre un avis» par
«informer». C'est une correction de forme aussi, et mes collègues
vont comprendre. C'est que, quand on informe
le CMDP, c'est le conseil des médecins, dentistes, pharmaciens de l'établissement, c'est déjà une pratique en cours pour tout geste, donc, qui
est posé de cette nature. Et ce n'est pas un avis formel sur la base d'un formulaire formel, c'est qu'on informe, donc,
le conseil des médecins, dentistes et professionnels. Donc, si on avait gardé l'expression,
ça aurait changé la pratique qui est déjà le cas. À chaque fois qu'il y a une
personne qui décède, on doit informer le CMDP. Donc, on vient simplement le
consacrer ici. Puis la troisième modification supprime la transmission, donc, de l'information au conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l'instance locale
avec laquelle le médecin qui exerce en cabinet privé de professionnel
aurait conclu une entente dans la première version. Parce que l'obligation de conclure cette entente,
maintenant, dans ce cas précis, à la suite des échanges qu'on a eus, va être
remplacée par un suivi par le Collège des médecins. Donc, cette information-là,
on va l'avoir aux nouveaux articles qu'on va avoir après l'article 34, aux
articles 34.1 et suivants.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Alors, merci, M. le Président. Il y a un petit commentaire. Dans son
mémoire, le Collège des médecins nous avait suggéré de modifier le terme
«fournit» par le terme «prescrit».
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : …nous
avons eu cette discussion, et je veux simplement qu'on me rappelle…
Une voix :
…
Mme
Hivon : Alors,
c'est parce que «fournit» comprend les deux réalités, donc autant la
prescription que l'administration. Donc, ça apparaissait le bon terme à
conserver.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc,
l'explication est assez claire, là, on inclut…
Mme
Hivon : Le médecin
peut l'administrer aussi.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Donc, il peut l'administrer. Ça peut
être quelqu'un d'autre, auquel cas il la prescrit seulement,
mais il peut aussi la fournir. Et donc «fournir» inclut la sous-catégorie de
«prescrire».
Mme Vallée : L'ensemble.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Parfait. Pour moi, ça va. Puis les explications
sur… parce que je m'étais mis une note, là, sur la question
de… le choix d'utiliser «informer» versus «transmettre un avis», mais je
comprends que c'est une question d'uniformisation aussi, là, des pratiques qui
se font actuellement en établissement et dans le domaine. Alors, ça également,
les informations me suffisent.
Lorsqu'on mentionne que le CMDP évalue la
qualité des soins ainsi fournis, est-ce qu'il devra y avoir un avis
systématiquement du CMDP?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Une voix :
…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, c'est conforme à la pratique actuelle. Le
CMDP doit analyser, donc regarder, effectivement, évaluer la qualité des
soins fournis, mais il ne rend pas d'avis formel systématiquement. S'il y a
quelque chose évidemment, s'il y a un
problème, il va se positionner, mais, si c'est une pratique qui est tout à fait
conforme, il n'y aura pas, comme tel, de retour via un avis formel,
comme c'est le cas déjà à l'article 103 du Règlement sur l'organisation et l'administration des établissements. On prévoit
que le CMDP a notamment la fonction d'étudier les cas de décès survenus
dans son établissement. Donc, c'est déjà encadré par ces règles-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (12 h 10) •
Mme
Vallée : Mais, à ce moment-là, pourquoi on le reprend? Parce
qu'à la lecture de l'article 33, du deuxième paragraphe, si ça fait
partie de la pratique, d'évaluer les décès, pourquoi on l'inclut s'il n'y a pas
de processus ou s'il n'y a rien de spécial que le CMDP doit faire dans le cadre
de l'administration d'une aide médicale à mourir?
Si
c'est du standard, lorsque quelqu'un décède dans un établissement, pour le CMDP
de se pencher sur la question, de
s'assurer que tout est beau, pourquoi on a pris le temps de l'inscrire? Ou
est-ce qu'il n'y a pas lieu d'avoir une évaluation systématique dans les
cas d'aide médicale à mourir, surtout dans les premières années, je vous
dirais, de la mise en oeuvre de la loi?
Est-ce qu'il ne serait pas pertinent que le CMDP d'un établissement fasse une
évaluation distincte d'un autre
décès? Là, on comprend, je sais, là… Puis là on me dira : Quand il y a un
décès qui découle d'un refus de traitement, il n'y a pas nécessairement d'avis. Quand il y a un décès qui découle d'une
chirurgie, il n'y a pas nécessairement un avis si tout s'est passé correctement. Mais, dans le contexte
de l'aide médicale à mourir… En tout cas, du moins à la lecture, moi, je me disais : Bien, compte tenu que c'est
particulier puis que c'est un nouvel encadrement qu'on offre et que c'est
du droit nouveau, il y a peut-être une
raison particulière pour inclure cette référence-là, là, à l'évaluation de la
qualité des soins.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, deux commentaires, M. le Président. Dans le règlement actuel, ça parle des
cas de décès survenus dans le centre
hospitalier. Nous, on veut être plus larges, on veut que ce soient tous les
établissements et même à domicile si
c'est un médecin de l'établissement. Donc, c'est pour ça qu'on le prévoit.
Donc, systématiquement, tous ces cas-là vont être référés au CMDP, ce
qui ne serait pas allé de soi si on ne l'avait pas prévu. Donc, on va plus
loin.
Par
ailleurs, ils vont être tenus… donc, l'obligation, elle est là, ils vont
évaluer. Donc, je ne pense pas qu'il y a un fondement pour changer la
pratique actuelle parce que tous les décès doivent l'être. Donc, on vient le
confirmer, on vient l'écrire noir sur blanc
pour s'assurer que c'est au sein de tous les établissements, pas juste du
centre hospitalier. Mais la pratique actuelle, qui est importante aussi,
d'évaluer les cas de décès va se poursuivre, et, si évidemment il y a un problème, tout ça va être formalisé. Mais je pense
que, l'évaluation, il faut laisser la manière de faire et de travailler
actuelle pour ce qu'on vient prévoir dans la loi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau. M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je crois qu'on avait déjà fait la discussion.
Le médecin qui a des privilèges dans l'établissement, il a un statut. Lorsqu'il
va aller travailler dans une maison de soins palliatifs ou à domicile, il n'y
va pas nécessairement via ses privilèges,
mais il peut y aller comme faisant partie du cabinet privé. Et ici, la façon
dont c'est rédigé, là, encore là, tout médecin qui a des privilèges va
nécessairement passer par le processus.
Je
vous donne un exemple. Si quelqu'un a une pratique dans l'établissement puis il
est membre du CMDP, mais son travail, lui, c'est de faire de la clinique
externe… pour les ITSS, il travaille en cabinet quatre jours-semaine, il vient faire une journée par semaine en CLSC pour les
ITSS… la façon dont c'est rédigé, il va relever du conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens pour le travail qu'il va faire dans une maison de
soins palliatifs et à domicile. C'est juste parce
que je pense qu'on pourrait le rédiger pour… Si on pense que c'est ça qui doit
être… c'est-à-dire qu'à ce moment-là ce médecin-là devrait relever du
Collège des médecins. Mais, la façon dont c'est rédigé actuellement, il va relever
du CMDP. Ça fait que, je pense, c'est juste
dans la rédaction. Nous avons la même… Si c'est ça, l'intention de la
ministre, nous avons la même intention. Mais, la façon dont c'est rédigé
actuellement, c'est : nécessairement, tout membre va devoir avoir son
évaluation… le CMDP.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On avait fait la discussion et on avait dit «à
titre». Donc, c'est l'expression qu'on avait consacrée. Donc, quand le médecin lié à l'établissement agit,
à l'extérieur de l'établissement, à titre de médecin de l'établissement,
il va se rapporter au CMDP. Si c'est un
médecin qui est lié à l'établissement mais qui agit à titre de médecin de
cabinet privé quand il est à domicile, il va se rapporter au Collège des
médecins. Donc, on va voir la précision avec l'article 34.1 qui vient encadrer
la pratique des médecins solos.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Ce qu'a dit la ministre, on a une concordance à 100 %, ce qui est bien.
C'est juste qu'il faudrait que ce soit écrit comme ça dans le libellé de
l'article 33.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je comprends que le député souhaite qu'on parle, dans l'article 33, du médecin
qui agit à titre de... On va le faire, M. le Président.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
100 % satisfait, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme
Hivon :
C'est ça. En fait, ça va être la concordance avec 8.1, qu'on a modifié, qui est
suspendu jusqu'à temps qu'on adopte 34, 34.1, et tout ça. Donc, on va
faire la concordance.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'amendement à l'article 33?
Est-ce que l'amendement à l'article 33 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. Alors, l'article 33 tel qu'amendé.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, on ne peut...
Une voix : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On
ne peut pas l'adopter parce que je n'ai pas vu le texte final. Je suis 100 % satisfait, mais il faut que je le
lise.
Une voix : Non, mais cet
amendement-là n'est pas arrivé encore.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K. L'amendement est…
Une voix : Le premier amendement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K. Le premier amendement, mais pas l'article.
Mme
Hivon : …
Le
Président (M. Bergman) : Alors, c'est convenu que l'amendement n'est pas adopté. On suspend l'amendement et on suspend
alors l'article 33 aussi.
Mme
Hivon : …technique, là. C'est parce qu'on va proposer un nouvel amendement, donc on peut tout inclure. On va retirer
puis redéposer un nouvel amendement. Ça va être plus simple.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on suspend pour l'instant l'amendement à l'article 33 et l'article 33
aussi. Mme la ministre. L'article 34.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, à l'article 34… Je vais en faire la lecture :
«Dans le cas
où aucun conseil des médecins, dentistes et pharmaciens n'est institué pour
l'établissement, le chef du service médical ou le médecin responsable
des soins médicaux de l'établissement, selon le cas, assume les fonctions
confiées à ce conseil par la présente section...»
Et je pense
que nous allons avoir une petite reformulation à faire, car nous parlons de
«l'avis prévu au premier alinéa», mais nous ne parlons plus de «l'avis
prévu au premier alinéa».
Une voix :
…
Mme
Hivon : Mais peut-être
que...
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : On va commencer la discussion indépendamment de la question de l'avis ou non,
là. «Et l'avis prévu au premier alinéa de l'article 33 lui est
transmis».
Donc, en fait, cet article-là prévoit la
situation très exceptionnelle où aucun conseil des médecins, dentistes et pharmaciens n'est institué au sein d'un
établissement. C'est alors le chef du service médical ou le médecin
responsable qui devra assumer les fonctions
du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens. L'article 186 de la LSSSS
prévoit qu'à partir du moment où il y a au moins un médecin qui exerce
sa profession dans un centre exploité par un établissement il doit y avoir formation
d'un service médical ou nomination d'un médecin responsable des soins médicaux.
Par ailleurs, l'article 213 de la loi
sur la santé et les services sociaux prévoit qu'un conseil des médecins,
dentistes, pharmaciens est institué pour chaque établissement où
exercent au moins cinq médecins, dentistes et pharmaciens.
C'est pour ça, M. le Président, que c'est
exceptionnel, parce que, dès lors que vous avez cinq médecins, dentistes ou
pharmaciens, vous devez avoir un conseil, un CMDP. Mais, dans les rares cas où
il n'y a que quelques médecins, on m'a dit que ça existait. Donc, ce n'est pas
une disposition théorique, bien que rarissime, et c'est pour ça qu'on le
prévoit.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je pense que ça existe, mais est-ce qu'on
pourrait avoir le nom des établissements? Vous devez l'avoir, là. Il y
en a un dans le Nord, là. Kakawachi?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
essentiellement dans des petits CHSLD privés ou privés conventionnés, mais où
il y a très peu de personnel.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, je viens de comprendre. Ça
couvre également les CHSLD privés non conventionnés qui ne font pas
partie des CSSS.
Une voix : C'est ça.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est ça. O.K.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Dans
la définition d'«établissement», ça les comprend.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je posais la question à mon collègue. Et est-ce qu'il existe des établissements
où il n'y a pas de médecin… où il y a d'autres professionnels de la
santé, mais pas de médecin?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non. Non,
M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Tous les
établissements au Québec ont, à tout le moins, un médecin…
Une voix : Centres de
réadaptation, centres jeunesse.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre
Mme
Hivon :
Effectivement, les centres jeunesse ou les centres de réadaptation n'ont pas de
médecin, mais ils ne sont pas compris
dans notre définition d'«établissement» qu'on a établie à l'article 3 et où
j'ai dit spécifiquement que ça excluait.
C'est pour ça qu'il fallait avoir une définition dans notre loi, parce que ça
exclut les centres comme les centres jeunesse
et les centres de réadaptation en déficience, par exemple. Ils ne seront pas
nécessairement là à temps plein, là, on se comprend, mais il y a des
médecins, oui, qui exercent.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : La question que je me pose, c'est :
Quand il n'y a pas de conseil des médecins, dentistes et pharmaciens, si
ce n'est seulement qu'un médecin qui fait l'évaluation de l'acte, s'ils sont
trois, quatre médecins, ils vivent… la
dépendance est très, très, très forte, ce ne serait pas mieux de faire relever
cette évaluation-là du Collège des médecins?
Parce que j'imagine que… Mettons, une théorie, là, ils sont trois, là, un
couple puis une autre personne, déjà il y en a un des deux du couple qui
est disqualifié. Ça veut dire que c'est l'autre qui vit toujours avec eux
autres qui fait l'évaluation, puis, quand on fait de l'évaluation, il y a tout
le côté objectif.
Je me
demande, Mme la ministre, s'il y a eu la réflexion qu'on ne serait pas mieux de
faire relever ça, comme le cabinet,
du Collège des médecins, parce qu'on va se retrouver rapidement en conflit
d'intérêts. Puis le Collège des médecins est plus à l'extérieur. Et puis même, un conseil
des médecins, dentistes et pharmaciens, parfois, moi, j'ai vu ça, quand
tout le monde a touché au dossier, bien,
dans le fond, on fait appel au Collège des médecins par souci d'objectivité.
Mais, dans ce cas-là, ils vont
tellement… Tu sais, ça va être… Ils sont moins de cinq médecins. Ça fait qu'on
peut assumer que ça se peut qu'il soit juste un… ou deux. Et, à la
limite, la personne peut-être qui va être directeur médical va peut-être être
la personne qui va faire l'acte en tant que tel parce qu'ils ne seront pas
assez pour former un comité. Puis, tant qu'à faire, faisons bien.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La difficulté, M. le Président, c'est que ça fonctionne… ce n'est pas une
difficulté, là, c'est que ça fonctionne déjà comme ça dans les autres
cas de ces petits établissements là. Mais cela ne les empêche pas, quand il y aura un problème de conflit d'intérêts… De toute
façon, ils sont régis par leur code de déontologie s'il y avait un tel
problème et ils s'en référeraient au Collège des médecins.
Je réfléchis,
là. Mais la difficulté de le modifier précisément ici, c'est qu'on viendrait
faire une brèche dans la pratique
générale de ces petits établissements, de la manière dont ils se gouvernent,
là, actuellement pour la qualité de l'acte.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Sauf que moi, je l'ai vécu, je ne me souviens
plus dans quel mandat, puis ma recommandation avait été de référer le
cas au Collège des médecins. Et le collège, lui, jugeait que ce n'était pas de
sa responsabilité. Puis il y a eu beaucoup d'échanges.
Moi, je pense
qu'il faudrait le prévoir dans la loi, puis ce ne serait pas une brèche. En
passant, cette brèche-là, là, elle
devrait être mise dans la LSSSS, qu'on ne changera pas aujourd'hui, parce que,
si ça arrive que… s'il y a un conflit d'intérêts,
on devrait prévoir d'emblée dans la loi que le cas devrait être référé au
Collège des médecins pour s'assurer que le… Là, ça donnerait l'autorité au Collège des médecins de pouvoir agir,
même s'il a… par autorité, il l'a d'une certaine façon. Mais là ça nous permettrait d'avoir vraiment une trajectoire
beaucoup plus logique qui s'assurerait que l'évaluation de la qualité se fait. Puis, je répète, tant qu'à
faire, faisons bien. Je pense, ce serait important de le prévoir parce que
c'est un cas particulier, hein? Parce que,
là, c'est vraiment l'acte médical à… L'aide médicale à mourir, ce n'est pas
n'importe quel acte. Et puis rapidement les
gens vont se retrouver en conflit d'intérêts. Ça fait que moi, j'aimerais
peut-être… ça ne me dérangerait pas de le laisser comme ça, mais d'avoir
une autre phrase disant qu'advenant le cas qu'on ne peut avoir l'indépendance
au niveau des médecins compte tenu du nombre, à ce moment-là, le cas devrait
être… l'évaluation devrait être référée au
Collège des médecins. Puis je vous dirais même qu'on ne le fera pas
aujourd'hui. Mais, quand il devrait… un omnibus pour la LSSSS, ils
devraient le prévoir aussi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais on ne réglera pas la LSSSS, la ministre nous l'a dit.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Non. Puis le député aurait pu, quand il était ministre aussi,
si ça avait été sa volonté… de faire un omnibus LSSSS. Donc…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …j'aimais tellement faire de la législation.
On a fait des bills omnibus, et puis je peux vous dire que c'est toutes
les choses que je regardais. Mais c'est sûr que, revenir, on le ferait tout de suite.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bon.
Écoutez, ce n'est pas banal, ce que demande le député, là…
Une voix : …
Mme
Hivon :
…non, mais parce que ça remet en cause le fonctionnement pour l'évaluation de
la qualité de l'acte, de tous les actes, c'est-à-dire que… dans un petit
établissement de cette nature-là parce qu'on vient vraiment changer la manière de faire. Donc, on va l'évaluer avant
de revenir, là, pour une discussion plus approfondie. Mais, pour ce qui
est du Collège des médecins, ça, c'est clair
qu'ils ont le pouvoir et même l'obligation de référer au Collège des
médecins s'il y a un problème de conflit d'intérêts et qu'ils ne peuvent pas
juger de l'acte. Donc, le Collège des médecins a aussi la responsabilité, mais
nous allons échanger aussi sur cette question avec le Collège des médecins.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais, M. le Président, si c'est évident, il faut juste l'écrire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est toujours la même chose. C'est que, quand on écrit quelque chose à un
endroit, il y a toujours cette possibilité-là,
parce que ce n'est pas écrit aux autres endroits, qu'on vienne faire cette
interprétation a contrario, là. Donc,
la référence au Collège des médecins, elle est très large, très importante, et
on ne la prévoit pas systématiquement partout dans la loi ou dans les
lois, là. Donc, il faut regarder ça attentivement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le
Président. Juste une réflexion. Je pense que ça vaut la peine qu'on y pense. Ce
n'est pas n'importe quel acte, ce n'est pas
un acte banal, ce n'est pas un acte comme les autres, c'est un acte qui met fin
à la vie de quelqu'un, puis je pense qu'il faut prendre le temps de
réfléchir à tous les tenants puis les aboutissants là-dedans. Et, s'il y a moyen d'améliorer l'article 34 pour en
tenir compte, pour ne pas réparer après ce qu'on peut faire bien
maintenant, bien je pense qu'on doit le faire, parce que, même si ça bouleverse
l'ordre établi, on parle d'acte médical à mourir, et ça, c'est unique, on n'a jamais parlé de ça, là, dans notre histoire.
Alors, je pense qu'il faut le regarder attentivement. Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : …M. le
Président, on peut suspendre l'article 34.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, collègues, on suspend l'article 34. L'article 35. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Avant
l'article 35, nous avons des amendements… un amendement.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour recevoir les amendements.
Mme
Hivon : En fait,
l'opposition a déjà reçu l'amendement.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour recevoir les amendements.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 12 h 30)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, il
y a un amendement. Il y a une section
IV du chapitre IV du titre II qui est nouvelle. Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, il s'agit d'insérer, après l'article 34 du projet de loi, ce qui
suit :
«Section IV. Fonctions particulières du
Collège des médecins du Québec.
«34.1. Un
médecin exerçant sa profession dans un cabinet privé de professionnel qui
fournit la sédation palliative continue ou l'aide médicale à mourir à
domicile ou dans les locaux d'une maison de soins palliatifs doit, une fois ce soin administré, informer le Collège des médecins du Québec et lui transmettre,
selon les conditions et modalités prescrites par le collège, les
renseignements qu'il détermine.
«Le collège
ou son comité compétent évalue la qualité des soins ainsi fournis, notamment au
regard des normes cliniques applicables.
«34.2. Le Collège des médecins du Québec doit,
chaque année, préparer un rapport concernant les soins de fins de vie dispensés — il y a une petite coquille, il ne devrait
pas y avoir de «s» à «fins» — par des médecins qui exercent leur
profession dans un cabinet privé de professionnel.
«Le rapport doit indiquer le nombre de sédations
palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées par ces
médecins à domicile ou dans les locaux d'une maison de soins palliatifs.
«Le rapport
est publié sur le site Internet du collège et transmis à la Commission sur les
soins de fin de vie au plus tard le 30 juin de chaque année.» Donc…
Le
Président (M. Bergman) : …vous avez lu l'article 34.1 et
34.2. On va discuter 34.1 et après discuter 34.2.
Mme
Hivon : Oui.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, pouvez-vous nous donner une explication sur l'article 34.1?
Mme
Hivon :
Bien, en fait, ça va ensemble, là, mais le but, c'est d'introduire, donc, une
nouvelle section parce qu'on vient
prévoir que les médecins, donc, qui exercent en cabinet privé de professionnel
à titre de médecins exerçant en cabinet privé et non pas liés à un
établissement vont relever, donc, du Collège des médecins pour les soins précis
de la sédation palliative continue et de l'aide médicale à mourir. Et donc
l'article 34.1 prévoit qu'un tel médecin, donc, qui
agit soit à domicile ou dans une maison de soins palliatifs va informer le
Collège des médecins. C'est donc le pendant
de l'article 30 qui prévoit que le médecin en établissement va informer le
CMDP lorsqu'il agit à titre de médecin lié au CMDP. Donc, le collège va
jouer le même rôle en fait que le CMDP dans ces cas-là. Et puis je garderai mes
commentaires, si vous voulez, pour
l'article 34.2. Mais c'est pour s'assurer qu'il y a une reddition de
comptes. Puisque ça ne sera pas dans le rapport de l'établissement,
donc, le Collège des médecins va faire le rapport.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Au deuxième paragraphe, lorsqu'il est question des «normes cliniques
applicables», pourquoi on n'a pas choisi les termes «protocoles
cliniques applicables» que l'on retrouve à 33? Parce que, par exemple, à 33, deuxième alinéa, on prévoit que le CMDP «évalue la
qualité des soins [...] fournis, notamment [en] regard des protocoles cliniques
applicables», et là le collège, là, évalue en «regard des normes cliniques
applicables».
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : C'est parce
qu'un médecin qui travaille à domicile, seul n'est pas tenu de se faire ses
propres protocoles. Donc, il relève directement des normes cliniques du Collège
des médecins.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, les
protocoles relèvent... chaque établissement a son protocole qui s'inspire des
normes, et le médecin qui pratique seul
s'inspire des normes et non des protocoles parce qu'il n'est pas rattaché à un
établissement. Parfait. Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
J'ai une question.
Une voix : Ah! allez-y.
Le
Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, dans le premier alinéa de 34.1, vous avez la phrase «une fois ce soin administré, informer le Collège des médecins». Est-ce que
ce ne serait plus prudent d'indiquer «informer, par écrit, le
Collège des médecins et lui transmettre, par écrit, selon les conditions et
modalités»? Alors, pour ajouter, dans les deux parties de la phrase, les mots
«par écrit».
Mme
Hivon : M. le
Président, il va falloir que ces informations-là soient transmises, donc, par écrit. C'est vraiment le
pendant, donc, de quand on informe le CMDP. Donc, ça se fait de cette
manière-là, donc ça va de soi.
Le Président (M. Bergman) :
Mais il n'y a pas de présomption. J'ai lu quelques articles dans les journaux récemment
où il y a une discussion… si telle et telle institution était informée et
comment est-ce que l'institution est informée.
Alors, je pense qu'on doit être plus précis pour dire qu'on doit informer
le collège par écrit et transmettre, par écrit, les renseignements qu'il
détermine.
Mme
Hivon : M. le
Président, ça va de soi parce qu'en fait le collège va indiquer les
renseignements, on voit ici, «[sous] les
conditions et modalités prescrites par le collège, les renseignements qu'il
détermine». Donc, c'est certain que
ça va faire partie des modalités du collège pour avoir accès à l'information,
là, Ce n'est pas quelque chose qui va se faire au téléphone,
verbalement, là.
Le
Président (M. Bergman) : Mais, dans la première partie de la
phrase, «informer le Collège des médecins»…
Mme
Hivon : «Et lui
transmettre».
Le Président (M. Bergman) :
S'il n'y a pas une mention de «selon les conditions et modalités prescrites par
le Collège»…
Mme
Hivon :
Ça se réfère aux deux éléments, informer le collège et lui transmettre, selon
les conditions, parce qu'on n'allait pas répéter «selon les conditions
et modalités», mais le collège évidemment va venir indiquer selon quelles
conditions on informe et qu'on transmet les renseignements qu'il détermine,
donc que le collège détermine.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce qu'il y a
un délai dans lequel le médecin est tenu d'informer le Collège des médecins?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est une fois que le soin est administré. Donc, j'imagine que la question vise
à ce que nous soyons totalement
miroirs avec 30. Et, à 30, nous avions «le plus tôt possible». Donc, on
pourrait mettre «le plus tôt possible».
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, «le plus tôt possible» m'irait, parce que l'objectif de tout ça, c'est
vraiment d'assurer, là, une transmission d'information qui est rapide et
ne pas laisser une situation en plan pendant quelques jours, d'autant plus que
c'est quand même… tout ça est relativement nouveau et important.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, 34,
ce n'est pas le parallèle de 30, c'est le parallèle de...
Une voix : …
Mme
Hivon :
…de l'article 33, me dit-on, donc ce serait différent. Mais, écoutez, je veux
juste qu'on m'explique bien la
nuance, là. Mais, moi, de ce que je comprends, ce n'est pas là parce que… mais
je ne suis pas fermée, là, on va le considérer, mais on va juste voir à
faire le bon parallèle avec la bonne mécanique. Parce qu'aussi le collège va
venir prévoir… On est dans une réalité un
petit peu différente qui est nouvelle, ici on est vraiment dans une nouveauté,
donc le Collège va venir prévoir les conditions et les modalités. Donc, le collège
va venir prévoir aussi cette exigence-là. Mais, juste pour…
(Consultation)
Mme
Hivon :
C'est ça. En fait, 34, c'est vraiment le pendant de ce qu'on vient adopter à
33, là, qui est vraiment «une fois
que [le] soin est administré». 30, c'était toute la référence au DSP ou au
directeur général, donc ce n'était pas la même chose.
L'autre
réalité, c'est «une fois que [le] soin est administré». Mais je vous rappelle
simplement qu'il y a une exigence pour la transmission auprès de la commission,
qui, elle, est très restrictive. Donc, c'est dans les 10 jours auprès de
la commission. Donc, nécessairement, l'avis va être transféré au CMDP ou au Collège
des médecins avant ce délai-là.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je comprends qu'à 33 on n'a pas inclus la notion du
«plus tôt possible». C'est certain qu'on pourrait toujours,
si on veut s'assurer d'une concordance, d'un effet miroir, mais, pour moi, il y a
une distinction entre le médecin qui
est dans un établissement, donc qui est dans l'encadrement contrôlé de l'établissement, puis le médecin qui pratique à domicile,
qui n'est pas nécessairement entouré d'une équipe, donc, d'où l'importance
justement de pouvoir rapidement informer. Parce qu'il y a quand même
une distance entre l'aide médicale à
mourir administrée à domicile et l'aide médicale à mourir administrée dans
un établissement, dans un hôpital, dans un CHSLD. Il y a des gens autour. Alors
donc, probablement que, de par l'habitude puis les façons de procéder
à l'intérieur de l'établissement, rapidement on procède à la transmission de l'information
au CMDP, puisque c'est déjà dans les pratiques de l'établissement.
Par contre,
le médecin qui pratique seul peut avoir d'autres formes de pratique, d'où l'importance
peut-être de mentionner que ça doit être transmis le plus tôt
possible. Tout simplement, ma préoccupation est dans ce sens-là, puisqu'une pratique
en établissement... Et là peut-être que les médecins ici, autour de la table,
nos collègues médecins sauront me rassurer
ou m'indiquer que c'est différent, mais, d'après moi, il doit y avoir des
habitudes, des façons de procéder qui sont
différentes, parce que généralement, quand tu travailles dans un établissement
encadré avec un processus encadré, il y a des choses qui justement vont
de soi, ça fait partie de la pratique. Donc, bon, un décès, on transmet l'avis,
et tout ça, on est déjà tout organisés dans
ce sens-là. Mais, pour le médecin qui est habitué de faire ses visites à
domicile, peut-être que ce n'est pas une pratique qui est aussi
encadrée, peut-être que l'habitude n'est pas aussi présente qu'on aurait dans
un établissement. Donc, c'est plus dans ce
sens-là, c'est pour éviter qu'il y ait des délais engendrés par… bon, parce
qu'on n'a pas prévu que cette information-là doit être rapidement transmise à
l'autorité concernée.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Si on
regarde la pratique actuelle, quand on est dans une situation 33, c'est la même
situation que lorsqu'il y a un décès qui
survient. Et ce qu'on note évidemment dans la pratique, c'est que l'information
au CMDP va être transmise très rapidement… en fait, dans les moments qui
suivent, rapidement, parce qu'ensuite le dossier est fermé, puis tout ça, la
personne est décédée. Donc, on vient consacrer cette réalité-là.
Dans la
pratique d'un médecin privé, ça va être la même réalité, sauf qu'au lieu de le
faire au CMDP il va le faire au collège.
Et en fait c'est parce que c'est par le truchement de ce que le collège va
édicter comme conditions et modalités. Donc,
c'est là que tout l'encadrement, je dirais, des informations, bon, du délai, le
cas échéant, puis tout ça, va être prévu. C'est ce qui avait été prévu
et c'est pour ça qu'on l'a mis comme ça. Parce que je dois vous dire que, si on
venait mettre une
obligation, à 34, de délai, assurément il faudrait la… en tout cas, selon moi,
il faudrait la mettre à 33 aussi. Parce que je ne vois pas pourquoi on en mettrait une spécifiquement juste pour
le médecin qui travaille en cabinet privé. Puis par ailleurs, à 33,
bien, on viendrait, en mettant ça, un peu changer la pratique, selon que le
décès est survenu dans une situation ou dans une autre.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est intéressant, M. le Président. On va
parler de comment ça fonctionne dans les hôpitaux au niveau pratique.
Les plus grosses plaintes que le Collège des médecins a à faire envers les
médecins des établissements de santé, c'est la signature des dossiers médicaux,
qui devrait être faite à l'intérieur d'un certain délai, et le Collège des médecins intervient
régulièrement parce qu'il y a des médecins qui signent leurs dossiers seulement
un an, deux ans et trois ans après. Donc, c'est la réalité du réseau de la
santé. Même chose au niveau des formulaires. Allez vérifier, vous allez voir, il y a des gens que ça prend six mois, un an avant de remplir certains
formulaires. Ça fait que moi, je pense que, d'avoir une règle «à
l'intérieur de 30 jours qu'il devrait être transféré», même le Collège des
médecins va l'apprécier.
Au niveau de l'établissement de santé, de la
façon dont ça fonctionne, c'est qu'à partir du moment que l'aide médicale à mourir a été fournie — c'est le terme qui est consacré ici, l'aide
médicale a été «fournie» — ça va être repris en charge
par les archivistes qui, elles, sont très, très efficaces, sont
perfectionnistes, et ça va se faire très, très bien. Par contre, entre le moment que l'archiviste va transférer au collège
des… pas au collège, mais au CMDP… et le moment que ça va être étudié,
ça peut prendre…
Une voix : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …ça, c'est autre chose, et ça peut être très
long, O.K., ça peut être très long, parce que, si on regarde l'étude des décès, parfois les décès
sont évalués trois, six, neuf, 12 mois après que la personne est
décédée.
Donc, moi, je
pense qu'il faudrait, dans la loi, mettre, au moins pour les gens en cabinet,
les médecins en cabinet, le délai de
30 jours parce qu'il n'y a aucune raison pour laquelle ça devrait dépasser 30
jours. Donc, les gens devraient tous le faire à l'intérieur de 30 jours.
Et, s'il n'y a pas de délai, on a des possibilités qu'il y en a qui vont faire
leurs rapports seulement que six mois après, mais ça va peut-être fausser les
statistiques pour le Collège des médecins si eux autres apprennent seulement que six mois après que la personne est décédée et
que le rapport est déjà fait sur leur site Web. Je pense que de gérer à
l'intérieur de 30 jours, ce serait raisonnable. Est-ce que c'est nécessaire de
le mettre également dans l'article 33? Les
archivistes le gèrent mieux, mais moi, je n'aurais pas d'objection à dire que
le dossier devrait être transféré au
CMDP à l'intérieur d'un délai de 30 jours également. Et à ce moment-là l'étude
par contre pourrait prendre plus de temps, puis ça, c'est correct.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, on ne pourrait même pas mettre 30 jours parce qu'à 41, qui est
l'obligation de transmettre à la
commission, qu'on va voir tantôt, on prévoit 10 jours. Donc, je verrais mal
comment on pourrait prévoir un plus long moment pour transmettre au collège
ou au CMDP. Je suis bien la ligne de pensée, mais, pour moi, ça va de soi, et
le collège… En tout cas, dans mon esprit à
moi, avec l'ensemble des modalités qui étaient prescrites, c'était aussi une
modalité, donc on venait dire :
Voici comment on va encadrer ça, mais c'est le collège, au même titre où en ce
moment le CMDP n'encadre pas formellement :
Voici, vous devez, dans tel délai… sauf que, dans les faits, les médecins
devant se conformer à l'obligation de
41 du 10 jours, bien c'est sûr qu'ils vont faire le travail auprès de
l'instance aussi qui est responsable de réviser la qualité de l'acte
professionnel.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, j'ai appris quelque chose dans nos établissements de
santé : il ne faut jamais assumer. On
est mieux de mettre une règle si on pense que c'est la bonne règle à mettre en
place. On est mieux de le mettre même
dans la loi parce que, pour le Collège des médecins également, ça va être la
référence. Et, s'ils sont obligés d'envoyer, à l'intérieur de 10 jours,
à la commission, moi, je n'aurais pas d'objection de mettre «à l'intérieur de
10 jours» également au niveau du CMDP et au niveau du Collège des médecins. Et,
comme de fait, après ça le travail est fait.
Mais on serait étonnés de voir que ça pourrait être transféré à la commission
et en retard au Collège des médecins. Mais soyons cohérents, mettons «10
jours» partout si on pense que c'est le bon délai.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Mais le bulletin de décès, là, lui, il doit être transmis, c'est statutaire,
dans les trois jours, hein…
Une voix : …
Mme
Hivon : …dans les
72 heures après le décès, à l'Institut de la statistique, puis tout l'élément
vraiment relié spécifiquement au décès. Donc…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Est-ce que c'est seulement que pour l'aide médicale à mourir ou dans tout
décès?
Mme
Hivon : C'est dans
tout décès.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je peux aller vérifier vos statistiques, puis
vous allez voir qu'il y a plusieurs personnes qui sont probablement hors
normes, ne serait-ce que… En tout cas, pour le coroner, c'est sûr que c'est
beaucoup plus que trois jours, là, mais
généralement, là, oui, on transfère… oui, parce que le coroner doit faire…
Juste pour information, la personne qui va remplir le SP3, c'est la
personne qui a l'information la meilleure. Ça fait qu'advenant le cas qu'une personne décède, puis c'est seulement le médecin
qui remplit ça, ça peut peut-être être transféré à l'intérieur de trois
jours, mais, si c'est un cas de coroner ou
s'il y a une autopsie, à ce moment-là le pathologiste peut remplir le rapport
lorsqu'il va avoir son affaire, puis le coroner également va remplir le SP3
seulement lorsqu'il va faire son rapport final.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (12 h 50) •
Mme
Hivon :
Ça, c'est vrai, M. le Président, mais ce n'est pas la même situation. Quand le
coroner est dans le dossier, on se
comprend que, là, le médecin cède le pas au coroner et qu'on est dans un cas
très différent, et ce ne sera pas les mêmes délais qui vont s'appliquer,
mais… C'est parce que je trouve qu'on est un peu dans la… On essaie d'être le plus dans la pratique possible, mais là on
devient un peu dans la théorie de «tout d'un coup que», alors que, dans
les faits, le médecin, cette obligation-là, il y est tenu dans les 72 heures
pour ce qui est de l'aspect bulletin de décès, de toute façon. Donc, normalement, je
vois mal comment il ferait son rapport au CMDP ou transmettrait l'information au CMDP six mois après, d'autant plus que, dans ce cas-ci, il
doit le transmettre à la commission dans les 10 jours. Donc, on est un peu
dans…
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je
connais bien le réseau de la santé, puis, si on pense que c'est ça qui doit
être fait, c'est ça qu'on devrait
noter. Parce que je peux vous dire que, même les
formulaires de SP3 à l'intérieur de trois jours, il y en a plusieurs qui vont être beaucoup plus longs. Puis il y
a des délais, ce n'est pas surveillé. C'est comme les signatures des dossiers des patients, ça devrait être fait à l'intérieur d'un délai de 30 jours, puis il
y en a qui prennent six mois,
un an. Mais, moi, je me dis, on fait juste
faire un bon encadrement, puis c'est une bonne gestion. Et l'autre élément,
c'est que le collège va être capable
de dire aux gens : Bien, il faut que vous nous le transfériez à l'intérieur de 10
jours. Le CMDP, ça va être à l'intérieur de 10 jours. Et, si on
pense que c'est ça, la bonne norme, notons-le tout de suite. Comme ça, ça
devrait éviter des problèmes.
En tout cas, M. le Président, j'ai géré le réseau pendant plusieurs
années, et c'est les problèmes qu'on rencontre régulièrement. Et ce
n'est pas juste exceptionnel, c'est régulier qu'on a ces problématiques-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Est-ce
que le député est en train de me
dire que c'est régulier qu'un médecin n'avise pas le CMDP à la suite du
décès de son patient?
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est que le médecin, il n'a pas à aviser le CMDP. C'est que le patient décède
et, lorsque le comité d'évaluation de l'acte ou le comité des décès fait l'évaluation, c'est sorti par
les archivistes, qui peut arriver plusieurs mois après. Mais il n'y a
jamais un médecin qui avertit le CMDP d'un décès dans l'établissement. C'est
la…
Mme
Hivon : …lui-même.
Mais le CMDP est informé.
Des voix : …
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, le CMDP, dans les décès… n'est jamais informé des décès des patients, là,
dans les établissements. Ce n'est pas la façon que ça procède.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Il est
informé des actes via le comité d'évaluation.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : La façon dont ça fonctionne, si on suit le cas clinique : quelqu'un
décède, le médecin va remplir un SP3. À ce moment-là, le dossier s'en va
aux archives, et les archives vont consigner le décès. Et, lorsque les médecins font leur évaluation de l'acte, qui
peut être six mois, 12 mois après, à
ce moment-là ils font l'évaluation des cas de décès des patients dans l'établissement. Mais le CMDP n'est pas averti du décès des patients à chaque moment,
c'est seulement lorsqu'on fait…
Une voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …c'est seulement lorsqu'on fait l'évaluation de l'acte que les dossiers des décès sont
évalués par le comité des décès.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, on se comprend, M. le Président, c'est via l'acte et l'évaluation de la
qualité de l'acte professionnel et non pas le décès parce que le décès, ce
n'est pas l'acte, là. On se comprend.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, si on revient à la discussion de base, moi, je me dis : Si
on veut avoir une loi qui est,
d'après moi, bien faite et cohérente, s'il
y a des délais à un endroit, il
devrait y avoir les mêmes délais aux mêmes endroits. Également, il faut faire une différence entre transférer un dossier,
un SP3 versus un dossier médical de l'aide médicale à mourir, parce que,
l'aide médicale à mourir, il va y avoir probablement des notes à compléter,
tandis que le SP3… juste pour vous donner un
exemple : dans les établissements, souvent le médecin va remplir le SP3 parce que le corps ne peut pas quitter l'établissement
s'il n'y a pas de formulaire de SP3, au moins, temporaire. Ça fait qu'à ce
moment-là le SP3 est rempli, c'est rempli au chevet du patient. Par la suite,
le médecin va compléter son dossier puis il
peut faire son résumé de dossier ou remplir la paperasse plusieurs
jours, même des fois plusieurs semaines après, en autant qu'il y ait une note au dossier qui explique qu'est-ce qui
s'est passé. Mais le résumé final, ça peut aller plus
tard.
Donc,
moi, je me dis, si on veut avoir une bonne gestion des cas de l'aide médicale à
mourir, on a juste à noter peut-être «un délai de 10 jours», qui est raisonnable. Et,
si c'est envoyé à l'intérieur de trois jours, tant mieux, mais, au
moins, le médecin… Parce que, des fois, il y a des circonstances qui font que
le médecin ne peut pas… dans les 24, 48 heures. Ce qu'on ne veut pas, c'est le
cas qui… on apprend un an après qu'on est encore en attente du formulaire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : M. le Président, je ne pense pas que ce soit nécessaire, mais je n'ai pas envie de passer des
heures sur cette question-là,
et ça va me faire plaisir de faire plaisir à l'opposition si, pour eux, ça fait une grosse différence qu'on inscrive,
donc, le délai dans cet article-là. Mais je soumets que ce délai-là doit être
conforme à celui pour aviser la commission, donc je mettrais «10 jours». Donc,
si on s'inquiète de savoir que le médecin, malgré les modalités du Collège, et
tout ça, ne le ferait pas, on peut le mettre.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon, un commentaire?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, oui, ça me fait plaisir.
Mme
Hivon :
Alors, on peut continuer la discussion, mais on va pouvoir l'inscrire à l'article
34.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article
34.1, en attendant l'amendement?
(Consultation)
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est juste un commentaire pour être enregistré, là. C'est «notamment
au regard des normes cliniques
applicables». Comme disait ma collègue, on parlait aussi de protocoles, mais on
comprend que, si les normes ne sont
pas respectées, le Collège des médecins va faire également l'évaluation des protocoles, c'est sous-entendu. Donc, on n'aurait pas besoin
de rajouter «protocoles» à ce moment-ci.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article
34.1?
(Consultation)
Le Président (M.
Bergman) : Alors, je vais suspendre 34.1, et on peut aller à 34.2. Mme
la ministre a lu l'article 34.2. Alors, est-ce qu'il y a des commentaires à l'article
34.2?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Comme la ministre peut le constater, et nos auditeurs, parfois on
parle de clinique, parfois on parle de juridique, mais il faut aussi
parler de la façon… les informations qu'on devrait avoir. Puis on peut parler
de gestion. Dans le rapport, ce qu'on doit demander au Collège, c'est :
«Le rapport doit indiquer le nombre de sédations
palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées par ces
médecins à domicile ou dans les locaux d'une maison de soins
palliatifs.»
Compte tenu
qu'on va avoir les informations du CSSS, l'instance locale, on va avoir
également les informations pour les établissements en tant que tels, nous avions pensé possiblement que ce serait intéressant de rajouter de l'avoir par territoire de CSSS et par région,
dans la loi. Parce que ça va dire au Collège des médecins que nécessairement,
quand il va laisser savoir le nombre de
sédations palliatives continues et le nombre d'aides médicales à mourir, ce ne
sera pas un chiffre brut pour le Québec,
et au départ on va le savoir par territoire. Pourquoi c'est également important
de le savoir par territoire? J'imagine que, si on regarde un territoire
où il y en aurait un certain nombre puis, dans l'autre territoire, il n'y en a
pas du tout, il faudrait se poser la question : Est-ce que, oui ou non, l'application
de la loi est bien faite?
L'autre
élément, ça va nous permettre de savoir, par population de CSSS ou de
territoire, il y a eu combien de cas, et ça va nous permettre d'avoir un meilleur suivi au niveau de la gestion sans faire d'effort et à coût nul parce qu'au départ, quand ils font la
conception de l'information à mettre sur le site Web, on l'aurait.
L'autre
argument que… je suis certain que la ministre va nous le dire : Il me
semble que c'est évident qu'on va le faire comme ça, elle est habituée,
mais, si c'est évident, on est aussi bien de le donner. Puis ça va faciliter le
travail du Collège parce que…
Mme Vallée : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …il va tout de suite concevoir le système
comme ça, et on ne pourra pas dire plus tard : Bien, il me semble
qu'on aurait dû penser à ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis ouverte, M. le Président, mais la seule chose, c'est que je voudrais
simplement qu'on informe le Collège des médecins parce qu'on leur impose
de nouvelles responsabilités, et il faut s'assurer que tout ça leur convient.
Ça fait qu'on va le voir, là. En tout cas, on va voir avec eux comment ils
réagissent à cette possibilité-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Petite question. On demande au Collège des médecins de
dresser chaque année le rapport. Est-ce que c'est l'année civile ou l'année
financière? Donc, est-ce que c'est du 1er avril au 31 mars ou du 1er janvier au
31 décembre?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
L'information qu'on a eue, c'est qu'ils le feraient sur la même période que
leur rapport annuel, et donc c'est au
31 mars qu'ils le font, généralement. Mais on a quand même prévu que la date
était… On a quand même prévu qu'il était publié sur Internet puis
transmis à la commission des soins avec la date du 30 juin.
Une voix : …
Mme
Hivon : Comme les
établissements.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je sais que c'est une concordance, là, avec les établissements qui doivent
également transmettre le tout pour le 30 juin. Donc, c'était tout
simplement pour permettre de préciser. Donc, ce sera les soins de fin de vie
dispensés entre le 1er avril et le 31 mars de chaque année.
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures. Nous sommes dans la salle La Fontaine cet
après-midi, à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît, collègues! La commission
reprend ses travaux.
Je vous rappelle que le mandat de la commission
est de poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 52, Loi concernant les soins de fin de vie. Je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Collègues,
avant de suspendre nos travaux ce matin, nous étions rendus à l'étude de l'amendement introduisant la section IV, l'article
34.1 et l'article 34.2.
Alors, Mme la députée
de Gatineau, c'était vous qui aviez la parole…
Mme Vallée :
Ah! c'était moi qui avais la parole.
Le Président (M.
Bergman) : …sur l'article 34.2.
Mme
Vallée : On avait
fait des discussions. Là, j'essaie de revenir. On avait fait des discussions
quant à l'année financière. Mon collègue de Jean-Talon avait fait état
de notre souhait peut-être d'indiquer… Et puis je pense qu'il était question de
vérifier, là, la possibilité d'aller de l'avant et de prévoir que le rapport
puisse indiquer le nombre de sédations
palliatives continues et d'aides
médicales à mourir administrées par
les médecins à domicile ou dans les locaux d'une maison de soins
palliatifs par territoire de CSSS, par région, pour permettre une bonne évaluation
de tout cela. Et, au-delà de ces préoccupations… Je ne sais pas si, durant la période de la pause, on a pu vérifier la
possibilité et voir… je ne sais pas si on a pu
rejoindre le Collège des médecins, là, pour voir la possibilité d'inclure cette
transmission d'information là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Nous allons maintenir 34 suspendu pour faire des vérifications.
Mme Vallée :
C'est beau.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bien,
c'est juste pour discuter. Au début, ce n'était pas prévu que le Collège prenne la responsabilité d'évaluer
les sédations palliatives continues et les aides médicales à mourir qui
survenaient à domicile par des médecins qui n'étaient pas en… n'avaient pas de
privilège avec le CMDP. Comment ça a été reçu par le Collège, cette nouvelle
responsabilité?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça a été reçu avec beaucoup d'ouverture, M. le
Président, parce que le Collège des médecins, et je dois le dire et je
vais prendre l'occasion pour les remercier très sincèrement, ils offrent une
collaboration de tous les instants, très
étroite dans tout le travail, qui est quand même très important, relié au
projet de loi sur les soins de fin de vie. Et évidemment, le Collège des
médecins, ça ne date pas d'hier qu'ils sont favorables à ce qu'il y ait cette
ouverture, donc, pour l'aide médicale à
mourir. Ils sont à l'origine, donc, en 2009, de la démarche qui a été amorcée,
à la suite de la motion que j'ai
déposée et qui a été adoptée unanimement, pour créer la commission spéciale.
Donc, ce sont vraiment des partenaires
très, très importants et qui offrent un appui de tous les instants et beaucoup,
beaucoup d'ouverture pour que cette loi-là puisse fonctionner le mieux
possible. Donc, je les remercie officiellement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est ce que je croyais,
que le collège avait bien collaboré, puis j'en suis très fier, puis
c'est agréable d'avoir eu le commentaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres intervenants en ce
qui concerne l'article 34.2? Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Non, je crois que… Bien, je pense que ça fait le tour
des commentaires pour notre côté. Je pense qu'on pourrait le suspendre
pour permettre les vérifications, et puis poursuivre.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, avec votre consentement, je suspends tout
l'amendement, et, dans la section IV, le 34.1 et le 34.2 sont suspendus.
Mme
Hivon : Juste pour préciser, M. le Président. Nous
suspendons pour essentiellement deux éléments, donc la question de… c'est-à-dire d'informer le collège
dans les 10 jours, d'avoir un délai formel, à la demande de
l'opposition, et, aussi à la demande de l'opposition, d'évaluer la possibilité
que le rapport puisse contenir une référence territoriale, donc au territoire
de CSSS, et/ou de région.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, cette section IV, l'article 34.1 et 34.2 sont suspendus, et je retourne
à l'article 35. Mme la ministre.
Mme
Hivon : M. le Président, je suggérerais que nous revenions à
l'article 33 qui avait été suspendu.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'article 33. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Il faudrait retirer l'amendement, qui avait été préalablement déposé, pour
déposer ce nouvel amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, j'ai besoin du consentement
pour retirer l'amendement à l'article 33, car Mme la ministre va déposer un nouvel amendement. Alors, je comprends que
vous retirez l'amendement à l'article 33 et vous déposez un nouvel amendement.
Je
suspends pour quelques instants pour permettre que le nouvel amendement peut
être donné à tous les membres de la commission.
(Suspension de la séance à
15 h 16)
(Reprise à 15 h 18)
Le
Président (M. Bergman) : Alors, Mme la ministre, vous déposez
un amendement à l'article 33. Voulez-vous nous lire l'amendement que
vous avez déposé?
Mme
Hivon :
Oui. Alors, voici : l'amendement vise à modifier l'article 33 du projet de
loi :
1°
par le remplacement, dans le premier alinéa, de «une sédation palliative
terminale» par «la sédation palliative continue»;
2°
par l'insertion, dans le premier alinéa et après «l'aide médicale à mourir», de
«à titre de médecin exerçant sa profession dans un centre exploité par
un établissement»;
3°
par le remplacement, dans le premier alinéa, de «une fois ce soin administré,
transmettre un avis au» par «dans les 10 jours de son administration,
informer le»; et
4°
par la suppression, dans le premier alinéa, de «; si le médecin exerce sa
profession dans un cabinet privé de professionnel, cet avis est transmis
au conseil des médecins, dentistes et pharmaciens insitué pour l'instance
locale avec laquelle il est associé».
Donc,
c'est essentiellement le même amendement, les mêmes modifications qui ont été
présentés préalablement, à deux
différences près. Donc, nous venons préciser que cette fois c'est le médecin
qui exerce sa profession dans un centre exploité par un établissement.
Donc, c'est vraiment à ce titre que le médecin est considéré et assujetti aux
règles prévues à l'article 33. Et, deuxièmement, à la suite de la demande de
l'opposition que ce soit précisé, que le délai soit précisé, nous venons
inscrire que l'information devra être transmise au CMDP dans les 10 jours de
l'administration de l'aide médicale à mourir.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est très, très bien, M.
le Président. C'est en plein ce que je pense qui doit être dans cet
article. Et puis, pour moi, je n'ai pas de commentaire supplémentaire.
• (15 h 20) •
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'amendement? Est-ce que l'amendement à l'article 33 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Est-ce que l'article 33, tel qu'amendé, est… Est-ce
qu'il y a des commentaires à l'article 33 tel qu'amendé? Est-ce que l'article
33, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre. L'article 35.
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'article 35, M. le Président. Nous
commençons maintenant l'étude de la Commission sur les soins de fin de
vie.
Donc : «35. Est
instituée la Commission sur les soins de fin de vie.»
Donc, nous allons voir dans le détail, avec
l'étude des autres articles, quelle est la composition, le mandat, les
fonctions de la commission. L'article
35 vient simplement indiquer que nous instituons une commission sur les soins
de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article 35? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Bien,
évidemment, des commentaires généraux. D'abord, qu'est-ce qui a poussé la mise
en place de cette commission-là, au-delà…
Bon, je comprends, là, on verra article par article le mandat de la
commission, les
pouvoirs, la composition, et tout ça, mais, au-delà de ça, qu'est-ce qui a
milité pour la création d'une commission qui sera… puis quel sera le travail de cette commission-là avec… comment
cette commission-là verra-t-elle à travailler avec les ordres
professionnels qui sont déjà en place?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
M. le Président, le but d'instaurer une commission sur les soins de fin de vie,
il est double, je vous dirais. Il est d'abord de pouvoir faire un suivi
de l'application mais pas purement légistique ou légal de la loi sur les soins
de fin de vie, mais vraiment de voir comment ce qui est prévu dans la loi se
déploie sur le terrain, comment les services,
donc les soins de fin de vie, se déploient, comment la sédation palliative
continue, l'aide médicale à mourir, qui est un nouveau soin, se déploient, donc d'avoir, je dirais, une perspective
globale sur comment se déploie, dans le concret, la nouvelle loi sur les
soins de fin de vie. Donc, ça nous est apparu important, compte tenu que c'est
une loi qui est en elle-même très
importante, de pouvoir faire ce suivi-là par une commission qui va réunir des
gens — on va le
voir lors de la composition, là — de différents horizons mais
qui ont cette expertise-là de pouvoir voir, sous les différents angles, le
déploiement sur le terrain, comment atterrit, donc, la loi sur le terrain.
C'est aussi,
puisque toute la question des soins de fin de vie est une question prioritaire
qui apparaît fondamentale, une
instance vers laquelle le ministre va pouvoir se tourner pour avoir des avis,
donc, sur toute question en lien avec les soins de fin de vie qu'il voudrait approfondir. C'est aussi une
instance, donc, qui va faire rapport périodiquement pour faire état justement de l'évolution des soins de fin de vie.
C'est aussi une instance qui va pouvoir saisir le ministre, donc, d'une
question qui, de son propre chef, lui apparaîtrait importante, pour laquelle,
en lien avec la fin de vie, elle verrait qu'il y a des lacunes. Donc, c'est un peu une instance qui va développer bien
sûr une expertise dans le domaine. Et elle a aussi comme mission… on en
a parlé quand on a parlé, là, de l'information qui devait être transmise à la
commission. C'est aussi une instance qui va
avoir pour mission, donc, de surveiller l'application des exigences
particulières relatives à l'aide
médicale à mourir. Et, puisque c'est un nouveau soin, c'est quelque chose de
nouveau, et qui n'est pas banal, qui est instauré dans la Loi sur les soins de fin de vie, il nous a semblé
important, donc, qu'il y ait cette instance pour pouvoir exercer une
surveillance quant à l'administration de ce soin.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Cette commission relèverait du ministre,
de ce que je peux comprendre. On a eu plusieurs
groupes qui ont notamment
suggéré que la commission soit vraiment indépendante et qu'elle relève de l'Assemblée nationale, au même
titre, par exemple, que le Protecteur
du citoyen relève de l'Assemblée nationale. Est-ce que cette avenue a été
évaluée?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, M. le Président, cette avenue a été évaluée et cette avenue, après un
examen minutieux, ne nous est pas apparue judicieuse.
Il faut quand même faire très attention aux
instances qui ont ce statut exceptionnel de relever de l'Assemblée nationale, ce qui implique aussi que ses membres
sont nommés par l'Assemblée nationale. Et, après avoir fait un examen et après, bien sûr, avoir regardé la question avec
d'autres instances qui sont plus spécialisées, je dirais, dans les
questions d'administration publique, de
fonctionnement de l'État, on se rend compte facilement que les rares instances
qui relèvent de l'Assemblée nationale sont le Vérificateur général, le
Protecteur du citoyen, le Directeur général des élections, le Commissaire à l'éthique, la Commission des droits
de la personne, la Commission d'accès à l'information. Ce sont des instances qui, contrairement à la nôtre, ont
vraiment un mandat d'agir au service de l'ensemble des citoyens, qui ont
une mission vraiment panministérielle qui
touche l'ensemble des… soit l'ensemble des citoyens de par une fonction très,
très démocratique, on pense au Directeur général des élections ou, pour les
autres, on pense au protecteur, on pense au Vérificateur
général, à la Commission des droits, une mission vraiment générale qui touche
l'ensemble des rôles de l'État, l'ensemble,
si vous voulez… ou, en tout cas, une très grande majorité des rôles, par
exemple, des ministères et organismes, et non pas une mission
sectorielle. Notre mission, elle est très importante.
La mission de
la commission, elle est très importante, mais elle a quand même un champ
d'action qui est très limité, qui est
limité au secteur de la santé et à l'application d'une seule loi, un pouvoir de
surveillance qui est très, très limité aussi. Donc, c'est pour cette raison que la commission ne relève pas de
l'Assemblée nationale, mais on va venir prévoir que son rapport, ce qui
n'était pas prévu noir sur blanc, que son rapport va être transmis et étudié à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je reviendrai sur la mission de la commission. Mais, compte tenu justement
qu'on mentionne qu'il s'agit d'une mission sectorielle, donc qui relève
de la santé, pourquoi à ce moment-là qu'on… pourquoi créer une commission, pourquoi mettre en place une structure
supplémentaire, avec ce que ça peut engager comme coût — là-dessus aussi, on y reviendra — alors
que l'INESSS est actuellement en place? Et d'ailleurs l'Association des
conseils des médecins, dentistes et pharmaciens nous suggérait de confier le
mandat, ce mandat bien particulier là de faire suivi de l'application de la
loi, à l'INESSS.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est assez intéressant, M. le Président, parce
qu'on a eu toutes sortes de commentaires en lien avec la commission,
surtout beaucoup d'intérêt, tout le monde voulait y siéger, et nous avons des
gens qui voulaient une indépendance, là,
tellement totale qu'il fallait, donc, créer comme toute une nouvelle réalité
qui relèverait de l'Assemblée nationale, qui n'aurait rien à voir avec
le ministre, puis on avait des gens qui disaient : Bien, dans le fond, ça
pourrait presque être une partie intégrante du ministère ou de quelque chose
qui existe déjà.
Je vous
dirais que notre proposition, c'est vraiment un entredeux. Ce n'est pas une
grosse structure lourde qui va coûter archicher, ce n'est vraiment pas
ça, l'objectif, mais c'est quand même qu'il y ait une distance et qu'il y ait
une fonction propre à l'organisation, parce qu'on pense que l'importance de la
mission le commande, donc qu'il y ait une distance,
je dirais, dans la mise sur pied, dans la réalité, de la commission, du
ministère et du ministre tout en en relevant. Et puis il y a énormément, évidemment, de… je dirais, d'instances qui
relèvent du ministre tout en ayant une distance et une indépendance, et
c'est le cas pour l'ensemble des ministres et des ministères.
Donc, en soi,
ce n'est pas quelque chose qui fait en sorte que ça fait remettre en cause
l'indépendance d'une instance.
Donc, c'est
de préserver cet équilibre-là dans l'élaboration de l'instance qui nous a… qui
a été, je vous dirais, notre souci,
et on pourra voir plus tard dans le fonctionnement… En fait, c'est un peu une…
ce n'est pas une instance qui va avoir des
dizaines de nouveaux fonctionnaires et sa propre… je vous dirais, une réalité
qui va être complètement distincte. C'est un peu comme une coquille,
comme d'autres modèles qu'on a, qui va, donc, pouvoir être appuyée par des gens
du ministère de la Santé mais en ayant des
nominations, donc son équipe, la commission, les membres de la
commission, on va y venir, qui vont relever…
donc, qui vont être nommés par le gouvernement, par le Conseil des ministres et
qui vont, donc, rendre des comptes au ministre mais qui vont aussi
donner leur rapport, bien sûr, qui va devoir être étudié par l'Assemblée
nationale.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
On a budgété combien comme budget d'opération pour la mise en place et les
opérations courantes de la commission?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Autour de
500 000 $ de fonctionnement pour la commission.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ce
500 000 $ là, il est récurrent?
Mme
Hivon : C'est un
montant récurrent, oui.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et qu'est-ce que
ça comprend, ce 500 000 $ là de frais?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Alors, ça comprendrait le personnel administratif, donc, qui relèverait de
l'organisme, je dirais, les jetons de présence des membres de la
commission. Donc, essentiellement, c'est les frais de fonctionnement généraux
de l'instance.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et la
rémunération des membres, elle est… On parle de jetons de présence, alors
quelle est… Qu'est-ce qu'on a prévu comme rémunération pour les membres de la
commission?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est les
standards des autres membres nommés par le gouvernement, donc, pour ce type de
commission là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ce qui veut
dire?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ce qui veut dire : Je ne peux pas vous dire à combien s'élève le jeton de
présence, mais je pourrais vous donner une idée, là. Mais ce n'est pas des
données que j'ai ici pour savoir combien chaque membre recevrait pour une présence à une réunion, mais c'est
une information qu'on peut avoir, un ordre de grandeur, certainement.
Le Président (M.
Bergman) : Il y a certainement il y a un tarif gouvernemental.
Mme
Hivon :
Oui.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, en fait, les questions, pour moi, sont
importantes parce que, là, on entre dans la mise en place. Au-delà, là, de changer la façon, la pratique, les
trucs, il y a quand même un impact financier. Je pense qu'il est
important de voir ce que ça implique puis
d'avoir le détail de tout ça. On parle qu'on a provisionné un
500 000 $ pour les fins de la création de la commission. Quand même, c'est un demi-million
annuellement. Donc, ça, c'est sans compter le reste des frais. Alors, pour moi, il serait important
d'avoir le détail de ce que ça comprend, ce 500 000 $ là de création.
Parce que, lorsqu'on dit : On ne crée pas une autre superstructure,
juste un petit commentaire comme ça, un demi-million, c'est quand même un
demi-million, puis il y a quand même lieu de savoir, d'avoir un petit peu le
détail, où on s'en va, là. Ce n'est pas anodin.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, je suis d'accord avec la députée. L'objectif derrière tout ça, je le
rappelle, c'est d'avoir une instance.
Puisque
tout le monde nous dit bien sûr que c'est une nouvelle loi, des implications
importantes, une nouvelle réalité,
l'aide médicale à mourir, une volonté de pouvoir, donc, suivre l'évolution de
tout ça, ça nous est apparu une chose importante
à faire que d'avoir une telle instance. Et donc ce n'est pas une loi qui en
elle-même implique des… La loi en elle-même n'implique pas des frais
importants. Il n'y a pas, comme tel, de grands montants qui sont requis. Donc, effectivement, la mise sur pied de la commission
requiert ce montant-là, mais je dois dire qu'il m'apparaît raisonnable
dans les circonstances et compte tenu de l'importance du mandat qu'on souhaite
lui confier et de l'importance de la loi dont il est question ici.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci,
M. le Président. 500 millions, même si c'est beaucoup, ça m'apparaît peu, et je vais vous dire pourquoi. Dans le cas des conseils comme les
conseils de la famille ou de l'enfance ou les conseils des aînés, il n'y avait pas de
présence de jetons. Il y avait des employés qui étaient rémunérés. Il y avait
un local où on devait payer le local. Il
y avait la production aussi de rapports ou d'avis. Dans ce cas-là, ce
serait la production de rapports.
Alors,
est-ce qu'on a vraiment bien évalué ou on a mis un chiffre
approximatif avec jetons approximatifs? Où ces gens vont se réunir, à quelle fréquence? Ils vont provenir de partout à
travers le Québec? Je ne le sais pas. Mais je pense que c'est important de le voir. Parce que la question
de ma collègue n'était pas anodine, là, si on peut fonctionner avec une
structure qui est déjà en place ou on peut, par exemple, fonctionner avec une
structure fonctionnelle. Et, à l'intérieur de ça, il y a peut-être lieu de
savoir davantage où on peut aller financièrement, là, en ce sens que 500 millions,
c'est beaucoup d'argent, mais… 500 000 $...
non, j'ai dit «500 millions»… 500 000 $, c'est beaucoup
d'argent, mais en même temps ce n'est peut-être pas assez pour ça. Parce
qu'un conseil de la famille, à l'époque, c'était près de 1 million.
C'était 900 quelques mille dollars par année. Et c'étaient tous des bénévoles
qui siégeaient.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, on s'est fié notamment, là, à la Commission
de l'éthique de la science et de la technologie, donc, pour voir, là,
certaines différences, certains… et d'autres commissions.
On
base notre évaluation, donc, sur une équipe de six personnes, une très petite
équipe qui est prévue. Et je parle de jetons. Ce n'est pas obligatoire
non plus. C'est quelque chose qui est envisagé. Les modalités vont être… on va
voir tantôt que le gouvernement va
déterminer, là, les allocations et les indemnités, mais je pense que, d'entrée
de jeu, ce n'est pas quelque chose qu'on doit exclure, donc. Parce que
les membres de la commission sont évidemment des gens qui vont se réunir à une
fréquence x qu'ils vont déterminer. On ne pense pas que, dans les premiers
temps, ça va… Il va évidemment devoir y
avoir un point de départ, donc des réunions de départ, et tout ça. Dans les
premiers temps, ça va quand même être des réunions qui ne seront pas à
une si grande fréquence, mais il va y avoir un rythme périodique. On peut imaginer une réunion, aux deux mois, c'est ce
qu'on a en tête, là, je dirais, de l'ensemble de la commission pour
évaluer ce qui rentre, pour voir s'il y a
des besoins particuliers à analyser, et tout ça. Évidemment, c'est eux qui vont
pouvoir évaluer. Peut-être qu'assez rapidement ils vont se rendre compte
que c'est un rythme qui est peut-être même trop, compte tenu du très petit nombre de suivis qui doit se faire. Puis en même
temps les évaluations sur le long terme vont se faire par l'équipe de
permanentes à la lumière des mandats qui pourront être donnés, donc, par les
membres de la commission. Donc, c'est des choses que nous, on a évidemment en
tête, qu'on a regardées, mais c'est surtout, je vous dirais, la petite équipe
de soutien qui est ce qui encourt les coûts.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
…mais je veux faire un petit peu un suivi là-dessus. Premièrement, je me pose
la question : Comment on en est arrivé à figurer le 500 000 $?
Est-ce qu'on l'a ventilé ou on s'est tout simplement basé sur une commission
existante?
Mme
Hivon : Non, on
l'a ventilé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est ventilé. Donc, ça a été ventilé. Vous pouvez vous imaginer qu'avant qu'on
dépose un projet de loi on doit ventiler. Donc, 508 687 $, si
500 000 $ apparaît trop louche, là, donc. Et donc on l'a ventilé à
partir des ressources qui sont prévues, qui
seraient, donc, rémunérées en vertu de la Loi sur la fonction publique, avec le
nombre de membres qui sont prévus aussi. Donc, c'est comme ça que ça a été
évalué.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Est-ce
qu'on peut avoir une copie de la ventilation?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non, je
n'ai pas la copie de la ventilation, mais je peux vous dire que ce qui est
prévu, c'est quatre professionnels, un technicien et une ressource en
secrétariat.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Bon. Je
me pose la question parce qu'effectivement il y a un caractère exceptionnel
dans l'application de cette loi-là. Alors,
on peut figurer que les rencontres seront peu nombreuses, et la durée des
rencontres, pas très élevée. Est-ce qu'on n'aurait pas pu utiliser des
personnes qui sont actuellement dans le réseau, qui sont déjà rémunérées et pour lesquelles on peut donner des
comptes de dépenses, potentiellement, mais sans assumer un salaire
supplémentaire?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Les personnes qui siègent sur la commission, ce ne sont pas des gens qui vont
avoir un salaire parce qu'elles siègent sur la commission, là. Il faut
que ce soit très clair.
Quand on parle d'un jeton, si jeton il y a, si
le gouvernement décide, donc, de fixer une allocation, c'est une allocation de
présence pour un membre, donc, parce qu'il assiste à la réunion, par exemple.
Donc, c'est comme un dédommagement pour cette présence à une réunion. Et je
veux simplement dire qu'on peut prendre des gens qui ont d'autres fonctions,
là, tout à fait, mais en même temps il n'y a pas une adéquation parfaite. Comme,
quand on dit : L'INESSS... Puis là on a
vu les gens puis on a vu... D'ailleurs, le député de Jean-Talon n'est pas là en
ce moment, mais le député de Jean-Talon insistait beaucoup pour la
représentativité de la commission, pour qu'il y ait des membres des différents ordres professionnels. À l'INESSS, on
n'aurait pas les gens qui ont cette représentativité-là professionnelle
pour faire, donc, ce rôle-là que l'on souhaite très collé sur la réalité, donc,
des soins de fin de vie. C'est un exemple que je donne comme ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : On
s'entend que le mandat de l'INESSS ne peut pas être comparé au mandat de cette commission-là. Alors, sincèrement, je me
questionne. Pourquoi? On a, à l'intérieur du réseau, des gens qui sont très
bien rémunérés, qui pourraient siéger sur ce comité-là sans ajout de jeton de
performance. Ça pourrait être inclus à leur tâche. On a d'excellents
gestionnaires qui pourraient se retrouver là, qui sont déjà rémunérés dans le
réseau. Alors, pourquoi tout simplement ne pas les utiliser plutôt que de créer
une nouvelle instance avec des nouvelles dépenses?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Moi, je suis tout à fait d'accord avec ce que dit la collègue. La manière
dont la loi est montée... Donc, c'est un débat qu'il va falloir faire.
La manière dont la loi est montée… puis c'était une volonté, puis j'ai entendu
à plusieurs reprises le député de Jean-Talon et les autres collègues le dire,
qu'on allait se référer aux ordres professionnels,
donc, pour qu'ils nous soumettent des gens qui allaient siéger sur cette
commission-là. Donc, il y a une volonté aussi, dans tout ça, d'une
indépendance. Donc, de prendre des gens, je vous dirais, à première vue, des
gens du réseau, des gens qui sont, par
exemple, des gens qui donnent les soins au quotidien, ou tout ça, ça peut être
ça, mais ça peut aussi ne pas être ce qu'on souhaite pour l'ensemble de
la commission, dans le sens qu'on va vouloir se tourner aussi, en ayant des juristes qui ne sont nécessairement pas des gens du
réseau, un éthicien, des usagers... Donc, c'est plus large que cette
réalité-là. Puis on veut que cette commission-là aussi ait une certaine
indépendance. C'est l'idée de la commission aussi.
Écoutez,
je vous le dis, c'est un souci que j'ai, qui est très grand, et je pense que
c'est un choix qu'on à faire aussi. Est-ce
qu'on institue une telle instance ou on ne l'institue pas? Et moi, je dois vous
dire qu'à la lumière des échanges, des consultations
qu'on a menées j'ai senti que cette commission-là apparaissait à tout le monde
comme très importante, voire fondamentale. On veut lui faire jouer un
rôle, on était rendu qu'on voulait lui faire faire plein, plein, plein de
choses. Puis des fois j'essayais de ramener pour dire : Oui, mais là cette
commission-là, ça ne se substitue pas au réseau, au ministère de la Santé, et tout ça. C'est une instance qui est là, de
conseil et de surveillance. Donc, c'est un rôle qui est relativement modeste avec un budget, bien
sincèrement, qui m'apparaît relativement modeste, mais pour lequel on
souhaite quand même qu'il y ait une certaine
forme de distance et d'indépendance. Donc, c'est ce qui anime la logique autour
de la commission. Je dois vous dire qu'on a regardé énormément de modèles, de
possibilités, on a fait des démarches aussi au
début, quand on a évalué cette idée de la commission, parce qu'il existe une
telle commission en Europe, là, dans tous les pays où ils ont des lois
sur la fin de vie qui sont beaucoup plus, je vous dirais, formelles,
nombreuses. Et on a voulu garder quelque chose de simple et de souple, et ça
nous est apparu, après une étude très exhaustive, la meilleure manière de
procéder.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Ma
crainte, c'est toujours la même, là, c'est : quand on commence avec… à
rémunérer des commissions sans baliser le nombre de rencontres, sans
donner… Parce que, là, ce que je comprends, c'est ventilé à peu près, on ne connaît pas le nombre de réunions, on ne
connaît pas un nombre maximum… on ne fixe rien, on ne fixe pas de balise. Alors, on a vu, dans le passé et très récemment,
du dérapage de nombre de commissions, de nombre de jetons, où on perd le
contrôle, alors qu'on a déjà, dans le réseau, des gens compétents qui sont déjà
rémunérés par l'État et qui pourraient… parce qu'à mon avis c'est quand même limité comme interventions. On parle de quelques
cas par année.
Alors, est-ce qu'on a vraiment besoin de dépenser 500 000 $ pour une telle commission? Je me
questionne. Puis est-ce qu'on a fixé
un 500 000 $ maximum? Ça non plus, ce n'est pas clair. Alors, est-ce
que, ce 500 000 $ là, on ne se reverra pas dans 10 ans puis il ne sera pas rendu à 1,5 million? Hein,
on l'a vu à plusieurs égards, puis on a malheureusement des bars
ouverts, trop souvent, au ministère de la Santé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
M. le Président, je comprends le propos de la collègue, mais je pense qu'il ne
faut pas non plus mêler tous les dossiers avec le débat qu'on est en
train de faire.
En fait,
c'est difficile de dire : Voici, vous allez avoir une certaine forme
d'indépendance, et voici, tac, tac, tac, le cadre est archirigide. Les
dépenses, là, ce n'est pas le fait de donner un jeton de présence à une
personne pour une réunion à tous les deux mois, là. Je fais juste soumettre ça.
Ce qui coûte cher, c'est tout, je vous dirais, le personnel, l'ampleur que l'on donne à une commission, le
personnel de soutien, les bureaux, toute cette logistique-là. Si on
voulait créer une grosse entité, c'est ça
qui coûte cher, ce n'est pas l'idée d'avoir des gens qui se réunissent. L'autre
chose aussi que je veux soumettre : le mandat de la commission, il
n'est pas limité, c'est un choix qu'on a fait, et ça a semblé très généralement approuvé, y compris par les membres
de l'opposition, qui voyaient que cette commission-là pourrait jouer un
rôle à plusieurs égards. Donc, il n'est pas limité à regarder la surveillance
des situations d'aide médicale à mourir, il
est là aussi pour… la commission, elle est là aussi pour évaluer, donc,
l'atterrissage, sur le terrain, de la loi sur les soins de fin de vie,
dans le sens qu'ils vont faire rapport avec toutes les informations qu'on a
vues, qui seraient transmises à la commission, puis on nous a demandé d'en
ajouter pour qu'il y ait plus de choses.
Donc, il faut
aussi, je pense, être conséquents avec certaines demandes qui nous sont faites,
où on veut que cette commission-là joue un rôle important, qu'elle
puisse regarder, voir si l'accès aux soins palliatifs est réel, avoir toute l'information. Et là nous dire de l'autre
côté : On ne va donner aucun moyen à cette commission-là… Donc, moi, je
pense qu'il faut chercher un équilibre, je
suis tout à fait d'accord. Depuis le jour un, je dis : Il faut que ce
soit quelque chose de simple et de souple. Et je suis persuadée que ça
va être le cas. Mais en même temps, à partir du moment où on décide qu'une telle instance est de mise, bien il faut
être capables que cette instance-là fonctionne. Donc, c'est les
paramètres dans lesquels on est.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Sauf
qu'actuellement on est en commission et, en toute transparence, on n'est pas
capables de répondre à la population. Est-ce
qu'on va rémunérer par jetons de présence? Ça va être combien, les jetons de
présence? On en autorise combien par année?
Et on s'apprête à… On n'est pas capables de répondre actuellement. On
s'apprête à dire : Ça coûte
500 000 $. On le ventile comment? On n'a pas de réponse. Est-ce que
c'est des jetons de présence? On n'a pas de réponse. Est-ce qu'il y a un
maximum? On n'a pas de réponse. Alors, sincèrement, si on veut agir en toute
transparence, il faudrait avoir des réponses aujourd'hui.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
M. le Président, on ne fixe jamais les allocations dans la loi. Donc, c'est
évidemment quelque chose qui se
décrète après. Je comprends tout à fait la volonté… puis je vais… Si on veut
que je donne un horizon de ce à quoi peuvent
ressembler pour ce type-là de commission les jetons de présence, si de tels
jetons de présence sont éventuellement décidés, ce qui, on va le voir plus loin, va être
déterminé par le gouvernement, évidemment tout ça est dans un ordre de
grandeur qui est excessivement bien balisé, donc ça, ça va me faire plaisir de
le dire.
Moi, je peux dire d'entrée de jeu qu'est-ce qui est envisagé. C'est une réunion
bimensuelle, aux deux mois. C'est ce qu'on envisage. On ne pense pas que
c'est une institution qui va devoir se réunir à une fréquence énorme, plus
importante que ça, peut-être même moins. Et ça pourra être le cas au début.
Puis plus tard, s'il y a plus, donc, d'aide médicale
à mourir et si aussi le mandat doit se décliner, je dirais, de manière plus
importante parce qu'on est plus loin dans
l'évolution, la loi est en train de s'appliquer depuis plus longtemps, donc les
données rentrent, puis tout ça, on pourra, donc, être aux deux mois,
effectivement. Mais, d'entrée de jeu, ce n'est pas une commission qui va
représenter un montant de travail très important.
• (15 h 50) •
Le
Président (M. Bergman) : Deux questions, Mme la ministre. Dans
votre budget estimé, combien d'employés est-ce que vous prévoyez dans ce budget de 500 000 $? Et,
deuxième, combien de cas est-ce que vous avez estimés dans la première année? Car, le budget que vous estimez
de 500 000 $, certainement ils ont monté un budget avec des
faits et des numéros. Et combien d'employés et combien de cas est-ce que vous
prévoyez pendant la première année?
Mme
Hivon : J'ai dit
tout à l'heure que, pour ce qui est des personnes qui pourraient être en
soutien à la commission, il s'agissait de quatre professionnels, un technicien
et une ressource en secrétariat. Et, pour ce qui est du nombre de cas, M. le Président, je ne m'avancerai pas, jamais, pour dire
le nombre de cas qu'il pourrait y avoir parce que ce n'est pas quelque chose qui est prévisible.
Dans les endroits où existe une telle loi, ça peut être entre 0,2 % des
décès à 2 % des décès. Donc, ça peut être une dizaine de cas, ça peut être
quelques dizaines de cas. Donc, ce n'est pas quelque
chose sur lequel je vais m'avancer et ce n'est pas un élément qui a été pris en
compte formellement pour évaluer le budget. Le budget, il est pris en
compte de manière plus globale avec des organismes comparables, avec le type de
fonctionnement minimal qui est requis pour qu'une instance comme celle-là
puisse fonctionner.
Le Président
(M. Bergman) : …Mme la ministre, s'il y a une dizaine de cas,
avec un budget de 500 000 $, ça veut dire 50 000 $
par cas, alors c'est difficile pour comprendre le raisonnement.
Mme
Hivon : Oui. Je
pense qu'il faut expliquer quelque chose, M. le Président, là. Il faut vraiment
expliquer quelque chose : cette
commission-là, elle n'est pas là que pour la surveillance de l'aide médicale à
mourir. Si c'est ça qu'on veut, là on
va faire la discussion. Ce n'est pas ça qui est suggéré, là. Ce n'est pas ça.
Ça fait qu'effectivement, si c'était ça, je vous suis, quoiqu'il
faudrait quand même qu'il y ait un minimum de ressources de soutien, mais je
vous suis.
Mais le
mandat de la commission, puis on va y venir, puis ça pourrait peut-être aider
d'y venir aussi, le mandat de la commission, il est beaucoup plus large.
Et, je le redis, tant les gens qu'on a entendus que l'opposition nous ont dit comment c'était formidable et que, cette
commission-là, il fallait lui envoyer beaucoup d'informations. On est venus
prévoir des éléments beaucoup plus précis. On va lui envoyer tous les rapports
de tous les établissements. Elle va regarder tout
ça, elle va faire une évaluation, elle va regarder l'évolution des choses.
Nous, on pensait que, oui, c'était important en mettant sur pied cette
loi-là, en disant : On fait un pas important pour consacrer les soins de
fin de vie. Beaucoup de discussions ont lieu
sur l'accessibilité ou non, l'importance de bonifier les soins de fin de vie.
Donc, on va avoir une instance qui va
être dédiée à pouvoir regarder ça, qui va faire un rapport, qui va regarder
l'évolution des choses, qui va pouvoir soulever des problèmes. On nous
dit souvent : Ah! bien là ça, c'est le genre de choses que la commission
pourrait faire, elle pourrait regarder ça,
elle pourrait donner un avis au ministre. Donc, moi, je l'ai dit d'ailleurs à
certaines reprises quand on nous a
demandé des amendements. J'ai dit : Je veux bien, là, qu'on dise qu'on va
envoyer tous les documents à la commission,
mais on se comprend que le rôle de la commission, ça ne sera pas de regarder
tous les documents de tous les établissements, là, parce qu'on ne s'en
sortira pas. C'est un rôle quand même qui est restreint.
Donc, ce
n'est pas ça qui est prévu dans la loi. Ce n'est pas une commission qui ne vise
qu'à réviser les cas d'aide médicale à mourir, c'est une commission qui
a un rôle plus large, de regarder l'évolution des soins palliatifs et qui peut faire des recommandations au ministre. Donc,
c'est ça, en ce moment, l'objet de la commission. Si l'opposition estime que ce
n'est pas le bon objet, qu'il faut changer la commission, que ce n'est pas ça
qu'on veut, je vais les entendre, mais ce n'est pas les signaux que j'ai
eus jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le
Président. Je ne pense pas qu'on est en train de remettre en question la commission et le rôle important que la commission doit jouer. On était juste en train de discuter
de… sous cette commission-là, quelle
forme prendra-t-elle? Est-ce que la commission… c'est-à-dire, là, on a su qu'il était pour y avoir des
employés, est-ce qu'elle aura pignon sur rue dans un local, qu'elle va
devoir payer, avec des employés, des meubles, un ameublement? Et là moi,
j'ai dit : 500 000 $, ça m'apparaît peu, surtout si
éventuellement on fait en sorte que beaucoup, beaucoup de sujets vont à cette
commission. Si on demande aux gens qui ont d'autres fonctions de se déplacer
deux fois par mois, il se peut très bien qu'éventuellement ils aient beaucoup
plus de réunions et que le mandat soit élargi.
Alors,
c'était, je pense, une question extrêmement légitime du modus operandi de cette
commission. Est-ce qu'elle sera externe ou si cette commission-là sera
interne, c'est-à-dire à l'intérieur peut-être d'un organisme déjà existant où elle peut se réunir, par exemple, dans une salle
de réunion, avec des membres indépendants? Et c'est ça qu'on voulait connaître parce qu'effectivement le
500 000 $ peut aller facilement à 1 million. À l'époque, en
2003, c'était au Conseil de la famille et de l'enfance, je pense,
800 000 $; le Conseil des aînés, 600 000, 700 000 $.
On est rendus maintenant en 2013, alors les coûts des loyers, tout ça, ça a augmenté. Je pense que
c'est juste que ce serait peut-être intéressant que les gens de chez vous examinent ça de plus près pour
arriver avec une estimation peut-être plus juste. Ce n'est pas pour dire
que ça coûte trop cher ou pas assez cher,
mais est-ce que ça va à l'extérieur, comment ça va fonctionner, pour qu'on
le sache très, très correctement? Mais cette
commission-là est très importante. Parce que j'ai entendu les gens dire :
C'est un chien de garde en même temps. On l'a
vu en commission parlementaire, les gens qui arrivaient, qui parlaient des
inaptes, des mineurs, de toutes sortes de
désirs par rapport à l'aide médicale à mourir, où on a dit : Bien, la
commission pourrait ultérieurement examiner ces positions.
Alors, si on est pour confier la responsabilité
à une commission, il faut savoir comment la commission va fonctionner pour se sentir à l'aise aussi dans
tout ce processus. Et, ma collègue le disait, c'est du nouveau droit,
hein? Ça fait que, si on est en train de faire du nouveau droit, on est
peut-être capables aussi d'essayer de voir comment la commission va
fonctionner. C'est juste un commentaire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, je reçois très bien… moi, je ne reçois pas bien les commentaires. Je veux
juste dire : Il faut être cohérents et conséquents avec ce qu'on
veut.
Donc, si on
veut quelque chose qui ne fait qu'évaluer les cas d'aide médicale à mourir,
c'est une chose. Si on veut une commission qui a un rôle plus important,
c'est-à-dire de regarder l'application et l'évolution des soins de fin de vie au Québec, comme j'ai cru comprendre qu'il y
avait cet intérêt, et même un très, très grand intérêt à cet égard-là… Puis, pour ce qui est du fonctionnement, moi, je
peux, si vous voulez qu'on parle davantage… Je l'ai exposé. Le modèle qui est imaginé, donc, c'est beaucoup celui de la
Commission de l'éthique de la science et de la technologie, qui est en fait… qui est au sein… C'est une coquille, en
fait. C'est une coquille avec une certaine indépendance mais qui
n'aurait pas pignon sur rue, qui pourrait
être dans les locaux du ministère, donc une coquille au sein du ministère qui
peut, donc, se servir des services de
téléphonie. Il n'y a pas de frais supplémentaires pour toute cette organisation
matérielle et physique, là, donc héberger, faciliter, salles de réunion.
Donc, c'est ce qu'on veut. Ce n'est pas quelque chose qui va louer des nouveaux locaux. Donc, c'est d'aménager ça mais en
ayant une coquille, donc, on appelle ça une coquille, un peu sous ce modèle-là mais avec une petite équipe qui est en
soutien, donc, aux membres de la commission qui, eux, se réunissent sur
une base périodique avec la représentativité dont on a amplement parlé et dont
on va pouvoir reparler. Donc, c'est ça qui est tout simplement envisagé, M. le
Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (16 heures) •
Mme Vallée :
Je reviens un petit peu sur la question. Lorsque j'ai posé la question, ce
n'était pas… puis je ne pense pas que
ma collègue de Groulx non plus remette en question la commission comme telle,
le rôle, l'importance d'avoir un suivi, mais je pense qu'à partir du
moment où on prévoit dans un projet de loi qu'on instaure une commission, qu'on instaure une structure, bien il est
important de savoir ce que ça va
engendrer comme coûts, comme dépenses. Et c'est tout à fait responsable, là, c'est la moindre des choses, il
me semble, de savoir l'impact financier des mesures qu'on s'apprête à
adopter, au même titre qu'on aura peut-être d'autres questions, en cours de
route, sur l'impact financier de ce que nous
nous apprêtons à adopter. À chaque fois qu'on légifère, on doit, comme législateurs, avoir en tête cette réalité-là. C'est un réflexe responsable.
Et donc, lorsque j'ai posé les questions, moi,
je m'attendais à voir peut-être une ventilation plus précise des prévisions qu'on avait faites, pas parce que
je minimise. Au contraire, on a toujours considéré que le monitoring, ou la supervision, ou l'analyse de la mise en oeuvre de l'aide médicale à mourir et de la loi sur les soins de fin de vie étaient importants,
qu'il fallait effectivement qu'on puisse avoir un organisme qui a un bras de
distance, à tout le moins, qui pourra voir à
sa mise en oeuvre. Moi, je me questionne toujours. Puis, je l'avais soulevé dans mes interventions en Chambre, personnellement,
j'aurais… Je comprends, là, qu'on veut y faire une coquille, puis il y a un
souci d'économie, mais moi, je voyais davantage une indépendance encore plus
grande, je la voyais relever de l'Assemblée nationale, un peu comme le Comité de juristes experts nous l'avait
recommandé. Mais je ne sais pas en quoi les frais relatifs à ça seraient
beaucoup plus importants. Mais moi, je le voyais surtout pour éviter de
politiser la question des soins
de fin de vie. C'était vraiment
pour lui donner un statut plus indépendant, lui donner un statut, au même
titre que la Protectrice du citoyen, le Protecteur du citoyen se penche
sur des questions extrêmement délicates. Bien qu'on est dans le domaine de la
santé et qu'évidemment la fin de vie va
demeurer dans le domaine de la santé, c'est quand même une question extrêmement délicate que
d'autoriser l'administration d'une substance qui va provoquer la mort. Donc,
dans ce contexte-là, comme il est question
de la vie humaine, moi, je le voyais en parallèle avec les travaux qui… les
autres commissions qui relèvent de l'Assemblée nationale
comme la commission des droits de la personne et de la jeunesse, la Protectrice
du citoyen. C'était dans cette optique-là.
Je comprends que, chez la ministre, on dise : Nous, on le voit comme étant
davantage intégré et… plutôt intégré au ministère de la Santé, mais, là-dessus,
personnellement, peut-être que des collègues auront une autre perception, là,
moi, je le voyais davantage relever de l'Assemblée nationale.
Et, le questionnement sur les coûts et la
prévision des coûts, je pense que c'est des questionnements qui sont tout à fait légitimes, à savoir : Bon, bien ça va coûter combien, on a
provisionné combien, est-ce que nos prévisions… nos prévisions sont
fondées sur quoi et comment on peut s'assurer que les prévisions qu'on a faites
seront respectées, tout simplement? Alors, ce n'est pas… Poser les questions,
ça ne remet pas en question la légitimité ou l'importance d'avoir la commission,
mais je pense que c'est tout simplement un souci de transparence et le souci de
faire les choses correctement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je suis tout
à fait d'accord. C'est : quand on dit que ça va dépendre du nombre de cas
et que, pour regarder quelques cas, on ne comprend pas, je veux juste recadrer
que ce n'est pas… cette commission-là n'a pas
pour rôle que de regarder quelques cas d'aide
médicale à mourir. Ce qui est proposé
dans le projet de loi, c'est une mission plus large que ça, compte
tenu de l'importance de la loi et des soins de fin
de vie. Donc, ça, c'était l'objectif :
de recadrer. Puis je suis tout à fait d'accord de répondre aux questions.
D'entrée de jeu, je vous ai donné le chiffre du budget que nous avons estimé, le modèle
duquel on s'inspire puis je pense que c'est important pour la question
de l'indépendance. On cherche vraiment un équilibre, mais, si notre logique était que, dès lors qu'une commission,
qu'une entité relève d'un ministre, elle n'est pas indépendante, je dois vous
dire qu'il n'y aurait pas grand mécanismes indépendants au Québec. Parce que le
nombre de conseils, le nombre de commissions, le nombre d'entités qui relèvent
d'un ministre, c'est ça, c'est ça, la règle, c'est... Et puis ils ont leur indépendance, et on le voit. Le Commissaire à la
santé, bien-être a son indépendance, l'INESSS a son... Je suis
juste à la Santé, mais, je veux dire, c'est partout. Le Conseil du
statut de la femme, le conseil de la protection... le Conseil de la famille,
tout ça, ce n'est pas...
Une voix : …
Mme
Hivon :
Non. Mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas des organismes qui
relèvent de l'Assemblée nationale en
se disant : Ah! sinon, point de salut, et ils vont être totalement
dépendants. Puis on l'a regardée, là, sincèrement, la question de
relever de l'Assemblée nationale, mais je pense que les gens qui sont venus
nous suggérer ça en toute bonne foi ne sont pas évidemment des gens
spécialistes de l'administration publique et du fonctionnement de nos
institutions et de notre démocratie. Et, en y regardant de plus près, on
viendrait vraiment créer une brèche importante dans le domaine.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Mais je reviens un petit peu sur le rôle de cette commission-là et surtout sur
le coût, parce que peut-être que, si on avait eu la ventilation, ça
aurait évité toutes ces questions-là. Peut-être que, si on pouvait nous la
faire parvenir, ce serait encore plus simple.
Mais ce que
je comprends des réponses actuelles de la ministre, c'est qu'on a un montant de
500 000 $ attribué pour six personnes, sans loyer, sans avoir
pignon sur rue. Donc, essentiellement, on se retrouve avec un montant de 500 000 $ de salaires pour six
personnes. Si on fait le calcul, c'est autour de 80 000 $ chacun pour
une réunion bimensuelle, donc à peu près six réunions par année. Moi,
sincèrement, ça m'apparaît très élevé. Quand on parle du rôle de la commission qu'on veut élargi, encore une fois je
trouve qu'au Québec on est les champions des structures, du dédoublement
de structures. On a déjà l'INESSS qui est
créé, qui est là pour vérifier, entre autres, l'accès aux soins palliatifs,
entre autres, la qualité des soins.
Je vous invite à aller voir la mission de l'INESSS. Mais, sincèrement, est-ce
qu'on veut dédoubler l'INESSS? Parce que, si c'est ce qu'on veut faire,
on devrait peut-être rapatrier cette commission-là à l'INESSS. C'est déjà une commission… C'est déjà des gens qui
sont rémunérés. Et, quand on parle de la possibilité d'étudier 10 cas supplémentaires dans l'année avec des réunions aux
deux mois, je justifie mal un montant de 500 000 $ à cet égard-là.
Et,
sincèrement, je pense qu'on a à se requestionner, parce que, si on veut élargir
le mandat de la commission, il ne faudrait
pas non plus dédoubler une fois de plus des mandats qui sont déjà existants
dans d'autres organismes en place dans le système de santé au Québec. Et
je vous ferai la remarque : on a déjà une fonction publique beaucoup plus
lourde au Québec qu'elle est ailleurs au
Canada et dans le monde. Alors, on crée des contrôles pour 10 cas annuellement,
pour un montant de 500 000 $, mais
je peux vous garantir qu'à ce rythme-là on ne sera pas à 2,5 milliards de
déficit l'année prochaine, on va être
plus que ça. Et je pense qu'on se doit, comme élus… Oui, on a des désirs, oui,
on veut, mais il faut être capables aussi de les chiffrer. Et, à ce
moment-là, c'est sûr que tout le monde veut avoir le mieux, là, mais, à un moment donné, il y a un coût à ça, puis je pense
que ça doit faire partie de nos discussions aussi. Est-ce qu'on veut
encore des coûts supplémentaires ou est-ce qu'on est capables d'optimiser puis
de trouver, à l'intérieur du réseau, des gens qui
sont parfaitement indépendants, là? Il ne faudrait pas penser que les gens qui
sont à l'INESSS ne sont pas indépendants. Ils le sont. Ils sont capables de faire des suivis, des rapports de
qualité depuis leur mise en fonction. Alors, sincèrement, on est encore à créer une nouvelle structure, des
nouveaux coûts pour… Est-ce qu'on veut refaire l'histoire et est-ce
qu'on veut dédoubler actuellement le rôle de l'INESSS ou on veut vraiment…
Parce que l'aide médicale à mourir, on est tous d'accord, c'est un nouveau
geste, oui, mais il reste qu'il a un caractère exceptionnel.
• (16 h 10) •
Donc, je pense
que ça ne nécessite pas de mettre une nouvelle structure en place et surtout
des coûts supplémentaires qui sont déjà faramineux dans le système de
santé actuel. On a de la difficulté à arriver. Et, s'il y a un endroit au
Québec où il faut commencer à regarder à l'intérieur plutôt… investir dans les
services aux patients plutôt que dans des
structures, des contrôles, des salaires qui ne seront peut-être pas… qu'on
pourrait peut-être voir inscrits à l'intérieur du réseau qui actuellement donne et a la possibilité
d'offrir ces services-là… Alors, moi, j'ai un bémol sur l'élargissement
de la commission si on le fait avec une nouvelle structure qui va encore
engendrer des coûts supplémentaires importants.
Quant à l'élaboration de la commission pour l'aide médicale à mourir, oui, j'y crois,
mais je pense qu'à six réunions par année pour une
dizaine de cas ça ne justifie pas un 500 000 $ de budget annuel
récurrent. Et, quand on sait que le 500 000 $, il commence à
500 000 $, puis on ne sait pas où ça finit, surtout qu'on ne l'a pas
balisé… On ne sait pas si c'est des
jetons de présence, on ne sait pas c'est combien de fois, on n'a pas mis de
maximum. Alors, il y a un questionnement. Je pense que, comme élus, on
doit se questionner. Au-delà des grands principes, il y a des coûts, puis il
faut être capables de le justifier, il faut être capables de le calculer, et de
l'expliquer en toute transparence à la population,
et, s'il y a lieu, de trouver des façons plus économiques de rendre un aussi
bon service d'aussi grande qualité mais à coût moindre.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je partage tout à fait l'objectif de la députée, mais il faut recadrer
certaines choses. Je tiens à le redire, on ne parle pas de
500 000 $ pour tenir six réunions dans une année, là. Ça n'aurait
aucun sens. Ce n'est pas ça, la commission.
Donc, la commission va impliquer des réunions
qui notamment vont servir à réviser les cas d'aide médicale à mourir mais qui vont aussi servir à faire le
suivi. Parce que, si on se rend à l'article 39, on va voir c'est quoi, le
mandat de la commission, qui est beaucoup plus large, là. La question de la
surveillance, ça arrive en sixième lieu. Donc, c'est évidemment d'évaluer la situation des soins de fin de vie au Québec,
donc de faire l'évaluation de comment les choses se passent à l'égard de
l'application de la loi. On nous soumettait l'idée : Ah! ça, c'est quelque
chose qui pourrait être regardé. Par
exemple, la question de l'inaptitude, est-ce que c'est une réalité qui est
vraiment difficile? Et donc est-ce qu'on devrait regarder cette ouverture-là? Est-ce que la commission pourrait
regarder ça, par exemple? Est-ce que la commission, de par ses évaluations qu'elle va faire, pourrait
soumettre l'idée de dire : Il y a un problème, on veut que le ministre
regarde ça? Donc, ce n'est pas un mandat qui
est lié uniquement à la question de l'aide médicale à mourir. Et donc, pour
faire son mandat, pour faire les rapports
qu'on lui demande de faire sur le suivi et l'évolution des soins de fin de vie,
il y a une équipe de soutien pas pour
organiser six réunions par année, mais pour répondre aux demandes de suivi qui
sont faites, aux mandats qui sont ceux de la commission. Donc, c'est
comme ça que ça fonctionne.
Et, pour
l'aspect financier des choses, je veux juste vous dire comment ça fonctionne.
Avant qu'on puisse déposer un projet de loi, c'est évident que vous
passez au Conseil du trésor et c'est évident que vous faites une évaluation. Et
votre évaluation, elle est fondée sur quoi?
J'espère que ça rassure la députée. Et votre évaluation, elle est fondée sur
quoi? Bien, l'évaluation, elle est fondée sur, oui, le personnel qu'on pense et
aussi, nous, ce qu'on prévoit, par exemple, comme
présence. Et, quand je vous dis «des jetons ou non», c'est parce que ce n'est
pas moi aujourd'hui qui vais vous dire ce
qui va être déterminé par le gouvernement, c'est comme ça que c'est fixé. Ce
qu'on envisage, c'est qu'il puisse y avoir
six réunions par année avec les jetons de présence qui, là… je ne veux pas
m'avancer parce que j'ai quelque chose devant moi, mais je vais vous le…
qui sont autour de, pour une période de plus de 12 heures, 135 $. Donc, on
était à sept membres. On a eu des demandes pour monter à plus de membres. Donc,
il faut faire le calcul. Donc, ça veut dire : une réunion peut représenter
peut-être 1 000 $, 1 500 $ de coûts fois six fois par
année. 500 000 $, là, il n'est pas lié aux jetons de présence. Donc,
c'est…
Une voix : …
Mme
Hivon : Non, j'ai
dit : Aux deux mois. Quand je voulais dire… j'ai dit «bimensuel», là ce
n'était pas «deux fois par mois», c'était
«aux deux mois». Donc, c'est ça. Non, mais c'est ça que je veux donc soumettre,
là. Quand vous avez un conseil, le
Conseil du statut de la femme, ce n'est pas que les réunions des membres du
Conseil du statut de la femme, c'est le travail qui est fait ou vit en
soutien. Mais je veux juste donner cet exemple-là, là.
Donc, je pense que c'est important de démêler
certaines choses en lien avec cette commission-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Bien, j'ai entendu… on parlait de 10 cas. Le chiffre 10, il vient de?
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, c'est juste… je veux plus clarifier,
parce que moi, je suis d'accord avec tout le monde, mais j'aimerais
peut-être essayer de mettre ça différemment, là.
Une voix : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Avec tout le monde, donc. Mais je vais vous
expliquer comment je deviens d'accord avec tout le monde. Mais le
chiffre de 10 cas vient d'où? O.K. Il n'y a pas…
Le Président (M. Bergman) :
J'ai demandé une question à Mme la ministre : Après combien de cas, dans
la première année? Et madame a répondu : On ne le sait pas, peut-être une
dizaine de cas. Alors, j'ai juste pris ses mots.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bon. Voyez-vous, quand on fait une bonne
évaluation, il faut d'abord partir avec les bons chiffres. Les estimés, là, c'est environ 1 % du nombre de
décès au Québec. Il y a 50 000 décès par année au Québec. Ça fait
que 50 000… 5 000… ça veut dire que c'est à peu près 500 cas par année
qu'on va avoir d'aide médicale à mourir au Québec. Si vous prenez les données de la Belgique, c'est à peu
près ça. Donc, il faut partir avec l'idée que ces gens-là vont devoir évaluer 500 cas d'aide
médicale à mourir, sans compter qu'il y a également un mandat par
rapport à la sédation palliative continue qui doit être évalué.
Moi, la façon dont je vais le voir, je vais vous
l'expliquer un peu. D'abord, même si c'est un objectif très noble, on parle
quand même de fin de vie, à un moment donné il faut être capable de parler de
la structure, comment ça va fonctionner puis il faut être capable également
d'attacher un chiffre, combien ça va coûter. Ça, ça n'empêche pas que
l'objectif final est quand même très noble. Et, comme société, jusqu'à
maintenant, la majorité des gens veulent se doter de cette nouvelle façon de
faire qui est les soins palliatifs, la sédation palliative continue et l'aide
médicale à mourir.
L'autre élément quand on regarde ça, puis, moi,
je suis d'accord avec la ministre, puis après ça on parlera du rattachement… La
ministre, quand elle dit : Ce n'est pas juste les réunions, là… les
réunions, c'est très, très minime. Quand on forme des conseils, ce qu'il faut
évaluer, c'est tout l'ensemble du dossier, donc ça prend au moins une permanence
de deux à trois personnes, que l'on veuille, que l'on ne veuille pas, plus les
réunions, probablement que ça va être même
mineur dans les coûts, comme disait la ministre, à 1 000 $ la
réunion. Mais moi, je pense qu'ils vont en faire plus qu'aux deux mois. Ça va probablement finir à huit, à 10
réunions au moins par année pour faire de l'évaluation. Mais ces gens-là
sont responsables de surveiller pour tout le territoire du Québec la mise en
place d'une loi quand même qui est très
importante. Juste le fait d'avoir à évaluer 500 cas, et il va y avoir également
des cas qui vont poser du questionnement,
moi, je pense que, si vous regardez en termes de permanence, c'est certain que
ça va prendre au moins un trois à quatre personnes. Et, quand vous
regardez toute l'infrastructure que ça prend autour, il y a des montants qui
sont ajustés. Par contre, je suis certain que, la ministre, ils vont regarder
également la possibilité d'utiliser déjà des
locaux existants. Ça pourrait être soit au niveau de l'INESSS soit au niveau du
ministère de la Santé. Moi, un élément qui est très important, c'est
l'indépendance de la commission. Et l'indépendance, ce n'est pas nécessairement
en fonction d'être tout seuls dans un local
puis que personne ne leur parle. Ils peuvent être à l'intérieur de
locaux déjà connus, ce qui permet de partager énormément de frais.
Moi, je
trouve que le prix de 500 000$ est raisonnable, et le moyen que l'on se
donne va donner aussi la qualité du projet qu'on va avoir par la suite.
On ne peut pas faire un projet comme celui-là sans qu'il y ait une
surveillance. D'ailleurs, tous les gens sont
venus en disant : On veut être certains qu'il n'y ait pas de dérive. Si on
veut qu'il n'y ait pas de dérive, il
faut qu'il y ait une surveillance. Deuxièmement, on va vouloir bonifier ça au
cours des prochaines années, donc ça nous
prend des gens qui font de l'évaluation, qui font des recommandations et ça
prend des gens qui gèrent ces dossiers-là. Par contre, il faut savoir le
coût. Il y a une question de transparence. Moi, je suis d'accord avec la
députée de Groulx que les coûts devraient
être transparents. On parle de 500 000 $. Ça peut être
500 000 $ et 1 million de dollars. Je pense que ça peut
être raisonnable. Mais ça va être quand même 500 cas à être évalués. Puis,
juste pour vous dire, ce qui a été vu ailleurs, là, ça peut être entre 500 cas
et 1 000. 500 cas, c'est le niveau inférieur.
Pour ce qu'il
s'agit du rattachement, c'est une décision qui, d'après moi, relève plus du
politique. Est-ce qu'on le relève de l'Assemblée nationale qui peut être
un choix parce qu'il y a des commissions qui relèvent de l'Assemblée nationale? Ça peut également relever d'un
ministère. Moi, je ne pense pas que ça va jouer au niveau de
l'indépendance. C'est surtout les gens qui vont être là et également les
mécanismes de surveillance qui vont être importants, qui vont être mis en place. Ça fait que, quant à ça, moi,
je pense, c'est une décision, là, qu'il nous appartient de discuter
aujourd'hui d'où ça va relever, parce que ça
fait partie du projet de loi, en passant. Donc, même si la ministre dit :
Moi, ça me… ça ne peut pas être sa
décision finale parce que ça va faire partie du projet de loi. Mais, à la fin,
pour moi, quel que soit le point de ralliement
de la commission, quant à moi, le plus important, c'est qu'elle soit
indépendante. Mais qu'elle soit à l'intérieur de locaux… ministère ou INESSS, ça, également… pour moi, c'est important
d'avoir une bonne gestion des fonds de l'État, donc il ne faut pas chercher à avoir un organisme qui est complètement à
l'extérieur… mais qui peut partager des ressources avec d'autres. Si le Vérificateur général est
capable d'avoir des locaux à l'intérieur du ministère, barrés et que c'est
juste eux autres qui ont la clé, je pense qu'on est capables d'avoir une
commission à l'intérieur d'une organisation soit comme l'INESSS ou encore le
ministère.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
• (16 h 20) •
Mme
Daneault :
Je reviens encore une fois à… On a actuellement des structures. On a l'INESSS
qui est là pour surveiller la qualité
des soins et donner des suggestions. Je pense qu'on n'a pas à créer une
commission aussi coûteuse en début d'année. Quand on a dit qu'on pense
qu'on va avoir 500 cas… j'ai des gros doutes là-dessus, sincèrement. La
Belgique est rendue autour de ça, mais c'est... on parle d'euthanasie là-bas,
on ne parle pas de notion de fin de vie, alors que, chez nous, on a la notion
de fin de vie qui est très importante.
Alors, je pense
qu'on a des gens compétents qui sont déjà en place, qui sont déjà rémunérés dans nos
structures et qu'avant de se lancer sur une nouvelle dépense on devrait être au
moins un peu raisonnables et se dire que peut-être qu'on pourrait… Premièrement, j'ai l'impression qu'au départ, la première
année… je ne suis pas certaine qu'ils vont être très sollicités. Mais on
devrait peut-être chercher à utiliser des gens qui sont déjà en place, qui sont
déjà rémunérés, qui ont un intérêt, parce que je pense qu'il y a des gens qui
ont des intérêts à siéger sur cette commission-là et qui sont déjà au sein de nos propres organisations. Et, quand on parle d'indépendance, je pense que la notion de
finances n'est pas un critère
d'indépendance, bien au contraire. Je
pense que les gens qui oeuvrent à
l'intérieur du système de santé, les gens qui sont professionnels ont cette notion d'indépendance, et ce n'est
pas parce qu'on leur donne un jeton de présence qu'ils vont être plus indépendants. Par contre,
je pense que, si on veut vraiment et... On a une
rigueur à s'imposer, je pense,
qu'on a oubliée en cours de route avec les années, parce qu'à créer des
nouvelles structures... Les soins de fin de vie, ça demeure des soins qui sont à l'intérieur du
réseau de la santé. Est-ce qu'on va se mettre à créer des commissions
pour chaque nouveau soin, les soins intensifs, les soins... Parce que, des
surspécialités en médecine, là, on peut vous en sortir une liste demain matin. Puis, si on y va à coup de
500 000 $ de commissions pour assurer une meilleure qualité
des soins intensifs, je vais vous en
proposer, des soins, j'en ai une liste. Puis j'aimerais ça avoir des
commissions à chacune de ces
listes-là. J'aimerais ça qu'on ait une commission sur les
troubles envahissants du développement qui actuellement attendent quatre
ans pour avoir un premier traitement. J'aimerais ça qu'on ait une commission
là-dessus et qu'on la rémunère puis
peut-être plus que 500 000 $, parce que, ça, il y a un enfant sur 55…
un garçon sur 55 qui est atteint d'un trouble envahissant du
développement, qu'on laisse actuellement sur la liste d'attente au Québec, et
on n'a pas de commission pour s'en occuper.
Moi,
sincèrement, ce 500 000 $ là, pour aller parler... bien, pour aller
vérifier les soins de fin de vie, qui sont très importants, très nobles, on est tous d'accord, mais, quand on parle des
troubles envahissants du développement, ils sont tout autant importants,
puis je pense qu'on ne leur a pas donné 500 000 $, puis on devrait
peut-être penser à leur donner 500 000 $. Alors, au lieu de les
laisser attendre quatre ans avant d'avoir un premier traitement… Je pense qu'à
un moment donné, des commissions dans toutes
les spécialités des soins, on n'a pas fini. Si on commence à créer ce
genre de commission là, on va dédoubler encore... L'INESSS est créé, et là ils
font un bon travail. Alors, pourquoi, et je me questionne encore aujourd'hui,
pourquoi de nouvelles structures? Parce que, et je le redis, des nouvelles
structures, il y en a à l'infini. D'aller
dans chacune des spécialités médicales pour voir ce qui se passe... En santé
mentale, je peux vous en donner une autre. Une commission en santé
mentale, ça ne serait pas mauvais non plus, parce que, là aussi, on a des délais d'attente moyens d'un an, un an et demi
pour faire voir nos patients qui sont en crise, alors que les
omnipraticiens se retrouvent dans leurs
bureaux à gérer ces gens atteints de maladie mentale et qui n'ont pas accès à
un psychiatre avant un an, un an et demi. Il n'y a pas de commission
là-dessus, là. Peut-être qu'il y aurait lieu d'en faire une. Alors, si on veut vraiment faire... il faudrait faire attention de
ne pas créer un précédent, parce que la liste est longue… de gens qui
attendent pour vérifier la qualité des soins qu'on donne aux gens atteints de
maladie mentale, aux gens, aux enfants qui sont atteints de troubles
envahissants du développement.
Alors,
sincèrement, on s'apprête à créer ce genre de commission, à y mettre ce
montant-là. Je pense qu'on doit être prudents
et je pense qu'on est capables d'êtres assez inventifs, créatifs pour trouver,
à l'intérieur du réseau et à l'intérieur de structures existantes, des
gens qui sont indépendants, qui sont compétents, qui sont capables de
l'inscrire à l'intérieur de leur agenda
actuellement pour faire un bon travail. Et, s'il y a lieu puis si on se rend compte que cette commission-là, avec les années, déborde de demandes, parce que,
jour un, ce n'est pas vrai qu'on va être débordés de demande, alors, est-ce que
ça ne serait pas plus sage de se dire : On va commencer progressivement,
on va l'inclure à l'intérieur de nos structures actuellement avec un
montant potentiellement bonifié pour des dépenses, mais… et par la suite on
verra si effectivement il déborde, si effectivement il y a
une problématique? Mais, sincèrement, les soins palliatifs qu'on
donne au Québec actuellement sont des soins de grande qualité. Je ne pense pas
qu'il y ait de plaintes au Collège des médecins, au contraire. Des gens qui pratiquent déjà la sédation palliative continue, là, on ne vient pas
de créer ça, ça fait des années que ça existe, et il n'y avait pas de
commission pour les surveiller, il n'y avait pas de commission pour les
encadrer. Et, sincèrement, ça ne fait pas
partie des priorités de la liste des plaintes actuellement dans la façon dont
on traite les patients qui sont en soins palliatifs.
Alors, je
pense qu'on doit être prudents avant de se mettre à dépenser pour une
commission qui… L'aide médicale à
mourir, je pense que, oui, c'est une nouvelle facette, c'est nouveau, mais il y
a beaucoup d'autres champs de compétence en médecine actuellement qui sont sous-évalués, qui n'ont pas les
ressources et qui auraient besoin d'une commission peut-être pour
signifier à certains décideurs qu'il serait temps qu'on investisse dans ce
réseau-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Bien,
écoutez, je ne commencerai pas à faire le débat sur la santé mentale, les
troubles envahissants du développement, et tout ça, mais…
Une voix : …
Mme
Hivon :
Bien, si un jour on veut adopter le projet de loi qui nous occupe et qui, on
dit tous, est fondamental, et je pense que la population est vraiment
avec nous pour adopter ce projet de loi là, je pense qu'il faut garder aussi un
certain focus.
Je veux juste
dire sur la question de l'argent investi et des commissions : Il faut
démêler les choses entre les services qu'on
veut donner aux gens et une commission ici qui est une commission de
surveillance, là. On est dans deux univers différents. Et, pour ce qui est des services, juste pour les troubles
envahissants du développement et déficience, je veux juste dire qu'on a quand même investi 20 fois plus que
500 000 $ cette année parce qu'on a investi 10 millions. Est-ce
que c'est assez? Je le dis, non, mais
ce n'est pas le débat aujourd'hui. Donc, on a plein d'autres débats qu'on peut
faire en santé et services sociaux, M. le Président, mais on en a un
très important, et je pense qu'il faut qu'il nous occupe et je pense qu'il faut
aussi garder notre focus au bon endroit.
Donc, l'idée, avec cette commission-là, c'est
une commission… Et, si la députée, quand on va débattre du mandat de la
commission, veut débattre du mandat de la commission pour nous dire que la
commission devrait avoir simplement un
strict rôle d'évaluation des cas d'aide médicale à mourir, je l'entendrai. Mais
ce n'est pas ce qui est suggéré, parce
qu'à la lumière de tous les débats qu'on a faits depuis quatre ans, à la
lumière de l'ensemble des commentaires qu'on a reçus, à la lumière de
l'importance qui est donnée, donc, aux soins de fin de vie et qu'on veut y
accoler, il nous a semblé
important que le rôle soit plus large qu'un strict rôle de surveillance de
l'administration de l'aide médicale à mourir. C'est ça, la position qui
est suggérée dans le projet de loi, qui, selon moi, est la bonne position. Et,
selon moi, est-ce que ça veut dire qu'on va
se mettre à créer des commissions pour tout? Pas du tout. Je comprends ce que
la députée veut dire. Pourquoi on le
fait avec tant de soin, tant d'attention? C'est justement parce que ce qu'on
introduit est quelque chose qui n'est
pas banal. On a regardé les expériences étrangères. Ça nous a semblé être une
bonne idée qui a reçu un aval, mon Dieu,
unanime, je crois bien. Il n'y a personne qui a remis en cause l'idée d'avoir
une commission. Au contraire, c'est un élément qui rassure énormément
les gens qui nous disent : En plus d'avoir toutes les balises, on a une
commission qui va faire le suivi et non
seulement le suivi sur l'aide médicale à mourir, mais qui va voir si les
intentions et ce qui est proposé dans le projet de loi vont se refléter
concrètement sur le terrain.
Alors, moi, je pense que c'est une très bonne
idée d'avoir cette commission-là. C'est une commission qui est modeste. On
n'est pas en train de créer une nouvelle patente hallucinante, on crée quelque
chose qui est modeste, une coquille qui va
être hébergée dans des locaux existants et qui vise à avoir un fonctionnement
minimal pour pouvoir jouer son rôle. Et c'est ce qui nous habite.
Puis l'INESSS, je veux bien, mais, l'INESSS, son
mandat, là, ce n'est pas du tout ce qui est suggéré comme mandat de la commission.
Donc, l'INESSS, là, c'est la fusion de l'Institut national d'excellence avec le
Conseil, donc, du médicament puis l'Agence d'évaluation des technologies. Donc,
on est dans un rôle qui est quand même passablement différent puis un fonctionnement
qui n'est pas sur la base de celui d'une commission comme ce qu'on suggère.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Je vais
revenir parce que je veux être claire à cet égard-là.
Actuellement, je pense qu'on a suffisamment de
structures, que ça soit l'INESSS, que ça soit à l'intérieur. Il y a des évaluations
de l'acte dans tous les hôpitaux, qui
se font. Dans chacun des hôpitaux, là, ça se fait à coût nul, là. On évalue l'acte. Il y a des comités de mortalité,
morbidité, qu'on appelle, qui évaluent, entre autres, les décès, les
raisons des décès, qui viennent modifier les
façons de faire. Et ça, ça se fait à l'intérieur même des établissements. Ça
s'est toujours fait. Je pense qu'on a
une qualité de pratique médicale au Québec qui est assez exceptionnelle. On a
un problème d'accessibilité, on est tous d'accord avec ça, mais, quand
on est dans le système, il y a une qualité, et cette qualité-là, elle est
évaluée de façon régulière à l'intérieur
même des établissements. Alors, est-ce que l'aide médicale à mourir ne pourrait
pas se retrouver tout simplement à
l'intérieur même des établissements qui font déjà l'évaluation de tous les cas
de mortalité dans leur propre établissement? Et ça se fait à coût nul,
ça se fait au quotidien. Alors, sincèrement, quand on parle d'une dizaine de cas à 50 cas… bien, bon, en tout cas,
si on veut aller jusqu'à 100 cas malgré tout distribués sur l'ensemble
des régions du Québec, sincèrement, je ne
pense pas qu'on ait aujourd'hui à déjà octroyer un montant, qui est quand
même substantiel, de 500 000 $ pour… Parce qu'il faut le regarder
aussi en termes d'heures travaillées, en termes de cas travaillés. Est-ce qu'on n'aurait pas avantage plutôt à retrouver, à
l'intérieur même du système… Et, je vous le dis, tous les établissements
de santé, là, qui font l'évaluation de l'acte médical, ils le font à coût nul,
ils le font à l'intérieur même de leurs
propres murs. Chaque cas de décès est évalué par un comité. Ça pourrait même se
faire à l'intérieur même des murs des établissements. Puis, qu'il y ait
un comité régional qui fasse un peu de supervision, on est d'accord.
Mais,
sincèrement, je ne pense pas, actuellement, avec le nombre de cas qu'on aura à
vérifier, à valider, qu'on doive créer,
encore une fois, une nouvelle structure, une nouvelle structure de contrôle,
alors que l'acte médical au Québec… Puis, j'ai tout à fait confiance,
qu'on parle de soins de fin de vie, qu'on parle de soins du jour de ta
naissance jusqu'à ton décès, je pense que la
qualité de l'acte au Québec, elle est suffisamment de grande qualité pour qu'on
évite de mettre en place des nouvelles structures coûteuses pour
lesquelles on n'aura pas… ou plus ou moins de contrôle. Et on est d'accord avec la formation de la commission, ça,
je vous l'ai dit, j'étais d'accord tout au long de la commission, mais
je pense qu'elle peut se faire à coût nul ou quasi nul par des gens qui sont
déjà dans le réseau, qui peuvent se rencontrer à l'intérieur même de leurs
fonctions, et éviter une autre superstructure dont on perd le contrôle de façon
régulière au Québec, malheureusement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va, M. le Président. J'ai compris le point de vue de la députée de Groulx.
Mais je pense qu'on va pouvoir
échanger sur le mandat parce que je pense que la députée a une vision très
différente de ce qui est proposé en termes de mandat, et, quand on sera
à l'article qui porte sur le mandat, on pourra entendre ce que la députée a à
dire sur cette question-là. Donc, c'est qu'il y a une différence fondamentale,
je pense, dans le mandat qu'elle voit, dans l'indépendance aussi qu'elle voit
pour la commission, versus ce que nous, on voit, et c'est ce qui explique, je
pense, la différence de points de vue.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Oui. Merci, M. le Président. En commission parlementaire, quand j'étais là, il
n'y a personne qui a remis en
question la question d'une commission sur les soins de fin de vie. Qu'on
l'appelle comité de surveillance, je trouve que ça fait image, là, parce que, comité de surveillance, les gens avaient peur de dérapages. Donc, c'était le genre
de comité de surveillance qui faisait
en sorte qu'on était capables d'évaluer au fur et à mesure ce qui se
faisait au Québec au
niveau de l'aide médicale à mourir, de l'augmentation des soins palliatifs et
aussi des demandes qui pourraient arriver, où la commission
en question serait en mesure d'étudier, de faire des recherches, parce que ça
va prendre des recherches, beaucoup de recherches, et ce n'est pas vrai qu'au début
la commission aura peu de travail. Au contraire, c'est au
début d'une commission où il y a
énormément de travail à faire pour être en mesure de se parler, de s'entendre,
de mettre des balises, surtout si
elle est indépendante. En posant des questions aujourd'hui, M. le
Président, on a appris, là, par la
ministre que ça pourrait se faire dans des locaux déjà existants, mais c'est ce
caractère indépendant qui est fondamental.
Je
veux vous raconter une histoire qui n'est pas banale. Et des fois on évalue combien
ça peut coûter, combien qu'on aura de
cas puis on se rend compte qu'on se trompe. Quand on a mis en place l'équipe
spécialisée en exploitation de la
personne, à la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, au niveau de la maltraitance envers les aînés, on ne pensait
jamais qu'à l'intérieur de trois ans il y aurait une augmentation de 800 %
des dossiers. Et là la commission reçoit une
enveloppe financière pour mettre en place l'équipe spécialisée en exploitation
de la personne, puis là maintenant
l'équipe est étouffée parce qu'elle est débordée de dossiers. C'est la même
chose pour la ligne téléphonique exploitée
par le CSSS Cavendish : ils avaient évalué à 3 000 appels par année,
et ça a débordé, le nombre d'appels par année. Alors, c'est très, très, très difficile de quantifier combien
qu'il y aura de cas et quel sera le travail précis, sauf qu'une chose
est certaine : on ne peut pas dire qu'on se limite dans le temps.
Admettons qu'il y a un prix fixé, on se limite dans le temps à
500 000 $. Parce que ça se pourrait fort bien, que le travail,
l'ampleur du travail éventuellement soit x, qu'il y ait un montant de plus. Bien, on est aussi bien de le savoir
maintenant que de le savoir dans cinq ans. Et on est aussi bien de s'en
parler maintenant, mais évitons des structures externes, c'est-à-dire de louer
des locaux externes, et tout ça, qui coûtent plus cher. Je pense que c'est la
qualité des individus qui seront sélectionnés, qui vont venir enrichir les
échanges et mettre les balises en place pour être en mesure de sécuriser la
population.
La
ministre a dit que... Non, je ne veux pas dire… mais ce n'est pas tout, tout le
monde... ce n'est pas forcément toute
la population qui est derrière le projet. Il y a des gens qui sont très, très
inquiets par rapport à ça et qui sont contre. Alors, ne serait-ce que
pour sécuriser une partie de cette population, je crois que ça prend un comité
de surveillance, qui va exercer une grande
vigilance avec beaucoup de doigté, puis des gens très, très consciencieux qui
devront être choisis avec parcimonie,
là. On va devoir les choisir, ces gens-là, là. Ce pas n'est n'importe qui qu'on
va devoir prendre pour mettre sur un comité de surveillance pour des
soins de fin de vie. On ne parle pas de n'importe quoi, là, on parle de la vie
humaine. On parle de la vie et de la fin de la vie de quelqu'un. Donc, moi, je
pense que ça prend un comité de surveillance bien éclairé.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va, j'ai entendu les propos de la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
C'est juste intéressant parce que je
pense qu'on a deux points de vue quand même assez différents entre la députée
de Groulx puis la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Puis c'est une
question d'un peu l'importance ou le caractère, je vous dirais, particuliers
que l'on accorde plus ou moins à cette question de la fin de vie et de l'aide
médicale à mourir.
Puis,
pour ce qui est du nombre, ça, je suis bien d'accord avec la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne,
je pense que c'est très difficile
d'évaluer. Alors, tantôt, je disais : Est-ce que ce sera quelques
dizaines, est-ce que ce sera quelques centaines? C'est très difficile.
Et moi, je ne veux pas aujourd'hui aller dire un chiffre pour que, demain, on
dise : La ministre, elle a dit que, dans la première année, elle évaluait
qu'il y aurait 302 cas, ou 112 cas, ou 23 cas. Donc, je ne m'avancerai pas
là-dessus. Je pense que la seule chose qu'on peut s'attendre, c'est qu'il n'y
en aura pas des tonnes, il va y en avoir un
certain nombre. Et, au-delà de ça, cette commission-là, elle a un rôle plus
large que l'on va pouvoir regarder quand on va s'arrêter sur son mandat.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, M. le Président, c'est correct, c'est...
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 35? Mme
la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : En fait, je
ne sais pas, je pense que c'est peut-être plus loin, là, de
qui relève la commission, mais…
Bon, on a choisi d'en faire une mission sectorielle. Je comprends que c'est…
bon, chacun a un petit peu son idée là-dessus, mais, comme le disait un petit peu plus tôt la ministre, qui faisait
référence à ce qui se passe dans d'autres législatures…
Une voix :
…
Mme
Vallée : …oui, législatures, pardon, au Luxembourg et en
Belgique, les commissions qui ont été mises en place relèvent, bon, soit
de la Chambre des députés ou de la chambre législative. En Oregon, ça relève du
ministère.
Et je voulais juste
rappeler peut-être aux collègues autour de la table un petit peu la… puis ça
nous aidera probablement, là, dans la suite
des choses et peut-être qu'on pourra revenir à la question de qui relèvera
ultérieurement la commission. Ça dépendra
beaucoup des mandats qu'on lui donnera. Mais le Comité de juristes experts qui
a été nommé pour voir de quelle façon on peut mettre en oeuvre le
rapport de la commission spéciale nous a rapporté, nous a laissé la réflexion suivante, puis je pense que
c'est très à propos. Ils nous disaient en pages 34 et 35 : «Plusieurs
intervenants ont proposé de [...] faire
relever [la commission] directement de l'Assemblée nationale. Il s'agit encore
ici d'un choix plus politique que juridique. Il est certain que, si
cette commission est perçue comme ayant un mandat d'administrer un programme du système de santé, il est préférable
qu'elle demeure sous la responsabilité du ministre de la Santé, comme le
sont de très nombreux organismes tels la
RAMQ, l'OPHQ, l'INESSS. Si la commission est plutôt perçue comme
exerçant un mandat plus large avec un besoin de
transparence et d'imputabilité plus important, peut-être vaut-il mieux la faire
relever de l'Assemblée nationale du Québec.»
La
Protectrice du citoyen n'a pas non plus donné de recommandation telle quelle,
mais par contre elle nous rappelle à son mémoire : «Tous
conviendront que l'aide médicale à mourir constitue un sujet sensible. Dans ce
contexte, le Protecteur du citoyen est
d'avis que l'indépendance, comme la perception d'indépendance, dans la
reddition de comptes de la Commission sur les soins de fin de vie
doivent être assurées. Sans prêter aucune mauvaise intention à qui que ce soit,
il nous semble que les mécanismes prévus dans les législations de la Belgique
et du Luxembourg apparaissent davantage — pardon, j'ai un verre de contact qui a décidé…
pardon — de
nature à renforcer l'indépendance de la reddition de comptes et à éviter toute apparence de conflit
d'intérêts en s'assurant que les constats faits par l'organisme de
surveillance soient à l'abri de toute critique concernant une possible
ingérence.»
Alors,
je voulais peut-être juste simplement rappeler ces deux passages-là aux
collègues. Comme ça, lorsqu'on travaillera sur le mandat, les fonctions,
la composition, on peut se garder ça en tête et après ça peut-être on pourra
avoir les échanges opportuns sur l'organisme ou la personne de qui relèvera la
commission, de un. Et, de deux, bien, évidemment, en cours de route, il y aura peut-être
lieu aussi, là, de revoir… selon les mandats, peut-être que ça aura une
influence sur les coûts. C'est certain qu'il y a toujours des impondérables,
mais je pense qu'il demeure important de pouvoir s'aligner sur cette
question-là.
Bref, je ne sais pas,
est-ce qu'il serait possible de suspendre l'article 35 pour voir peut-être à
voir le mandat? Et après ça peut-être qu'on pourra bonifier, le cas échéant,
l'article 35 soit en précisant de qui la commission relèvera ou certains autres éléments, mais plutôt on
pourrait se pencher… bien, on pourrait se pencher sur sa composition
puis on pourrait se pencher sur ce qu'on souhaite donner à la commission comme
mandat et, après, revenir. Ça permettrait, plutôt
que… Parce qu'on peut jaser abondamment, mais, à la lumière des deux
commentaires que je viens de lire, peut-être qu'avant de délibérer sur
la question on pourrait peut-être se questionner sur le mandat que nous
souhaitons confier à cette commission-là, parce que je pense qu'il apparaît
important de mettre en place un mécanisme de supervision. Et, que ça s'appelle la commission… peu importe le nom
qu'elle portera, mais je pense que tout le monde semble s'entendre sur
l'importance de mettre en place un mécanisme de supervision puis d'encadrement
et de conseil compte tenu de l'importance de l'ensemble du projet de loi.
Alors, moi, je vous
propose ça comme moyen de fonctionnement. Je ne sais pas si ça convient à mes
collègues, mais…
Le Président (M.
Bergman) : Avant de statuer sur la suspension, j'ai M. le
député d'Orford.
M.
Reid : Oui, M. le Président. Simplement pour dire que, quand
on regarde un petit peu à l'article 36, on voit qu'on va toucher
forcément à cette question.
Donc,
pour moi, ce n'est pas nécessairement de mettre la question du rattachement en
suspens pour revenir après. Il me semble qu'on va en discuter dans le 36
forcément, parce qu'il y a même, si on veut, là, certains éléments de compromis
entre les deux possibilités que ma collègue a nommées, parce qu'au début de
l'article 36… je sais qu'on n'est pas là,
mais on parle de nominations par le gouvernement. Donc, on parle déjà de
nominations. Par qui? On est déjà dans
cette question-là de à qui ça se rapporte, et d'où ça vient, et qui le fait.
Parce que, si on compare à… par exemple, le Commissaire à la santé, bien
il est nommé après qu'il y ait eu un comité qui a été créé, qui, lui, propose
au ministre, et c'est le ministre qui nomme.
Donc, c'est aussi un autre élément qui existe. Donc, ce que je ne voudrais
simplement pas, M. le Président, c'est qu'on suspende l'article mais qu'on
suspende aussi la discussion sur la question parce qu'il me semble que la
discussion sur la question va être intégrée à la discussion sur l'article 36.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau, sur les
propos de M. le député d'Orford, est-ce que vous demandez la suspension
encore?
Mme Vallée :
Bien, en fait, c'était une suggestion, là.
M.
Reid :
…mais je ne veux pas qu'on se retienne de parler de ça parce qu'on a suspendu
35. C'est ça que je veux dire.
Mme Vallée :
Non.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 35?
Mme
Hivon : On peut suspendre l'article 35, mais l'article 35
m'apparaît quand même assez minimaliste parce qu'il dit juste qu'on institue une commission. Il ne dit pas c'est quoi,
son mandat, il ne dit pas à qui elle va être rattachée. Donc, en fait,
c'est juste l'idée qu'il y ait une commission sur les soins de fin de vie. Mais,
s'il y a une volonté de l'autre côté qu'on suspende même cet énoncé-là, on peut
le suspendre, là.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'article 35 est suspendu. À l'article 36.
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui.
(Consultation)
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre. À l'article 36.
Mme
Hivon : Oui. Alors, je vais lire l'article 36 tel qu'il est.
Et par la suite on a une possibilité d'amendement, mais je pourrai
expliquer. Je ne veux pas déposer peut-être tout de suite l'amendement.
Alors, l'article 36,
en fait il prévoit la composition, donc, de la commission, donc je vais en
faire la lecture :
«La commission est
composée de sept membres nommés par le gouvernement, lesquels se répartissent
comme suit :
«1°
quatre membres sont des professionnels de la santé ou des services sociaux,
dont au moins deux sont médecins, nommés après consultation des ordres
professionnels concernés;
«2° un membre est un
juriste, nommé après consultation des ordres professionnels concernés;
«3° un membre est un
usager d'un établissement, nommé après consultation des organismes représentant
les comités des usagers des établissements;
«4° un membre est
issu du milieu de l'éthique, nommé après consultation des établissements
d'enseignement universitaire.
«Les membres de la
commission sont nommés pour un mandat d'au plus cinq ans. Leur mandat ne peut
être renouvelé consécutivement qu'une fois.
À l'expiration de leur mandat, les membres demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau.
«Le
gouvernement désigne, parmi les membres, un président et un vice-président. Ce
dernier est appelé à assurer la présidence de la commission en cas
d'absence ou d'empêchement du président.
«Le gouvernement fixe
les allocations et indemnités des membres de la commission.»
• (16 h 50) •
Alors,
cet article-là, c'est vraiment pour venir établir la composition de la
commission en ayant une répartition optimale entre les expertises qui
seraient souhaitées pour pouvoir jouer le rôle de surveillance et de conseil
attribué à la commission. On prévoit, donc,
les éléments mécaniques et usuels liés avec la création d'une commission
et donc on explique comment les membres seront nommés. La proposition
est donc que les membres soient nommés par le gouvernement après avoir consulté les organismes qu'on énumère
dans les différents articles. Alors, voilà, M. le Président.
Ceci
dit, j'ai bien entendu différentes demandes que nous avons reçues, différents
commentaires que nous avons reçus et je dois dire que nous avons une
ouverture, donc, à revoir en partie la composition de la commission pour qu'elle puisse être plus représentative, mais évidemment
cela sous-entend l'augmentation du nombre de membres. Et je tiens à dire que l'augmentation du nombre de
membres n'est pas synonyme d'une augmentation au prorata du financement de l'organisme, puisque tout ce que cela peut
signifier, c'est un jeton de présence pour, par exemple, trois ou quatre
membres, qui peut représenter…
Écoutez, j'ai un comparable ici, là, je me… Il y a un décret récemment
qui est passé pour l'Office des
personnes handicapées, où c'est 100 $ par réunion pour une demi-journée et
200 $ pour une journée. Et, quand c'est quelqu'un qui est rémunéré par l'État, il n'y a pas de jeton de
présence. C'est la règle en général pour ne pas évidemment qu'on
rémunère quelqu'un qui est un employé de l'État et qui, donc, va assister à une
rencontre. Donc, je veux juste dire que ce
ne sont pas ces frais-là qui font en sorte qu'on arrive au chiffre de
500 000 $, bien évidemment. Donc, ça nous donne une idée de
grandeur, et c'est ce qui est proposé.
On
pourra revenir davantage sur la question de l'Assemblée nationale ou non, donc,
qui, pour moi, est la bonne orientation,
que les membres soient nommés par le gouvernement et non par l'Assemblée
nationale, compte tenu de la mission qui est très sectorielle de
l'organisme, et aussi parce qu'à partir du moment où vous relevez de
l'Assemblée nationale je dois vous dire que vous ne pouvez pas, alors, voir
avec la même modestie la commission que vous auriez créée. Mais on pourra y
revenir, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Est-ce que je peux suggérer qu'on étudie
l'article 36 alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe?
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Avant, je voulais juste le lire tel qu'il était, là, parce que…
Le
Président (M. Bergman) : J'ai demandé une question :
Est-ce que je peux suggérer qu'on étudie l'article…
Mme
Hivon :
Non. Je suggère qu'on fasse une petite discussion générale, avant de commencer
à voir toute la composition, pour bien regarder ce qui nous avait été suggéré
par les gens qu'on a entendus et qui démontraient un grand, grand enthousiasme autour de la commission, et dont certains
doivent être très déstabilisés aujourd'hui d'entendre la députée de
Groulx vouloir diminuer cet enthousiasme.
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je suis bien d'accord à ce qu'on ait une discussion générale puis, plutôt que…
et puis après ça on reviendra.
Mme
Hivon : Donc, ce qu'on pourrait avoir comme idée, si on
souhaitait, donc, avoir une commission qui est formée d'un peu plus de membres dans l'optique d'être un peu plus
représentative, à la lumière, donc, de ce qu'on a eu comme commentaires,
on pourrait, donc, avoir une version différente.
Donc, on sait
notamment que les infirmières et les pharmaciens, en ce qui concerne, donc,
vraiment le milieu de la santé, sont
venus nous demander, tout comme les travailleurs sociaux, d'avoir un siège
dédié à leurs ordres professionnels plutôt que d'être, je dirais, noyés
dans l'état actuel des choses qui était quatre membres qui doivent être des professionnels de la santé et des services sociaux.
Il y a cette suggestion qui nous a été faite par plusieurs, donc, représentants d'ordres professionnels, que l'on
vienne davantage préciser la provenance des différents membres des
ordres professionnels. Et évidemment, si on va dans ce sens-là et si on
augmente, il faut équilibrer aussi la commission.
L'autre question, on a eu des représentations
pour qu'il y ait plus qu'un usager pour que la voix des citoyens soit entendue
et on a eu, donc, aussi une demande en ce qui concerne les organismes qui
pourraient représenter les établissements.
Alors, je
peux peut-être, si on le souhaite, déposer l'amendement qui pourrait être un document
de travail, en fait. Je pourrais
déposer un document de travail qui pourrait nous permettre de comparer deux
possibilités : donc, la possibilité actuelle et une possibilité d'une autre composition qui viendrait cibler
plus précisément les membres que l'on souhaite avoir sur la commission
et qui augmente aussi le nombre de membres de la commission.
Donc, M. le
Président, je vous suggérerais peut-être que l'on procède comme ça, un peu
comme l'opposition l'a fait la semaine dernière, en déposant quelque
chose qui serait un document de travail pour pouvoir avoir deux modèles et
faire la discussion peut-être sur cette base-là.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, les collègues ont reçu un document de consultation et de discussion. Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Excusez-moi.
Une voix : …
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Est-ce qu'on fait une discussion… La ministre
veut faire une discussion générale ou on va embarquer tout de suite dans
l'amendement?
Mme Vallée : Une discussion
générale.
Mme
Hivon : En fait,
M. le Président, ce que je disais, c'est que je le déposerais comme document de
travail à ce stade-ci. Je n'en ferais pas un
amendement formel, ce qui nous permettrait de voir la composition qui est
actuelle dans le projet de loi et celle qui
pourrait être à la lumière des demandes qui nous ont été faites, mais je
pourrais expliquer ce qui pourrait être dans ce document.
Le
Président (M. Bergman) : …pour discussion, et on va voir la
suite des choses pour étudier une ou l'autre ou aller paragraphe par
paragraphe et alinéa par alinéa.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, juste pour la…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Juste pour la méthode
de travail, c'est : on l'utilise. Mais juste pour bien l'expliquer…
C'est qu'on a un document comme préliminaire qui est l'amendement, on va en
discuter puis après ça, avec les modifications, on fera le vrai amendement qui
va être présenté.
Le Président (M. Bergman) :
Ce n'est pas un amendement, c'est juste un document de travail.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, mais, M. le Président, je l'ai appelé document de travail mais qui
représente le texte de l'amendement probable et qui pourrait être appelé à être
modifié suite à nos discussions.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Effectivement,
M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, M. le député de Jean-Talon, pour commencer la discussion.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : De Groulx.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je suis tranquille, il va falloir que je parle plus fort. Merci, M. le
Président.
En
fait, je voulais rassurer la ministre et les gens qui nous écoutent, je ne suis
pas contre la commission. Comme je l'ai
tout le temps dit, je considère qu'elle est très importante, et effectivement,
bon, l'aide médicale à mourir, c'est un geste qui est nouveau pour le
Québec et qui est nouveau même dans le monde, et je considère qu'on doit
effectivement bien l'encadrer. Par contre,
dans mon passé de gestionnaire, elle me rattrape toujours, la saine gestion des
deniers publics, m'obsède encore. Et
j'ai toujours dit qu'on est capables de faire plus avec ce qu'on a et en ce
sens je pense qu'il est possible de le faire à coût nul ou presque, cet
exercice-là, à tout le moins, au départ.
Tout à l'heure, vous
avez mentionné qu'un jeton pour une demi-journée peut être équivalent, à
l'office des handicapés, à 100 $ pour
une demi-journée. Alors, si on fait le compte, on a un comité qui est… au
maximum, peut se retrouver avec sept
ou huit personnes, alors on parle de 800 $ par demi-journée, fois six.
Alors, on est à 4 800 $ par année. Bon. Alors, si on veut se donner du lousse, là, puis s'en aller jusqu'à
10 000 $, 15 000 $, je n'ai pas de problème avec ça,
mais, même à 20 000 $, là, si on
est «blood», là, puis si on est lousse, là, on est loin du 500 000 $.
Alors, je m'explique mal, encore une fois, qu'on soit rendu à un montant
de 500 000 $ annuellement. Et je réitère le fait qu'on aurait
peut-être dû avoir la ventilation. Ça aurait évité tout ce débat-là. Mais il
est encore possible de l'avoir, la ventilation des coûts.
Alors,
moi, je préférerais avoir la ventilation avant de poursuivre le débat, parce
que je pense qu'actuellement on énonce
des hypothèses à 100 $ le jeton, là, pour une demi-journée. On ne va pas
loin… on va, au maximum, à 10 000 $ par année. Alors, il y a beaucoup de lousse pour
préparer les réunions puis faire les suivis. Je comprends mal qu'on puisse aller jusqu'à un ordre de
450 000 $ quand même. Je pense qu'on doit avoir une certaine rigueur,
puis là on avance toutes sortes de choses. Alors, sincèrement, je pense qu'on
serait dus pour une ventilation plus rigoureuse.
• (17 heures) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, sur ce point-là, je veux dire… mais je pense
que je ne suis pas comprise, parce qu'il me semble que ça fait plusieurs fois que je l'explique. Mais
la commission n'égale pas six… ou mettez-en 12 par année si vous voulez
en avoir une réunion mensuelle. La commission n'égale pas ça, la commission
égale des réunions, mais, comme on l'a
mentionné tantôt, ça égale aussi un travail de suivi de ce qui se décide. C'est
pour ça qu'on a les ressources dont je vous parlais tout à l'heure, les
six ressources que l'on entrevoit, qui sont en soutien à la commission pour
faire le travail, quand on va arriver au
mandat de la commission, du suivi, de l'application de la loi, donc, en
soutien, en préparation, oui, de la
commission, le rapport annuel, donc, sur l'évolution des choses, les questions
qui peuvent être soulevées, pour lesquelles on veut une recherche.
Donc,
c'est ça, le sens d'avoir une commission dédiée à cette question-là. Donc, je
suis tout à fait d'accord qu'entre le paiement de jetons… et c'est pour
ça que je dis que les jetons, ce n'est pas une grosse affaire et que tantôt ça
m'apparaissait quelque chose, je dois dire, d'un peu banal dans l'ensemble des
choses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas y répondre avec le plus de détails
possible, là. Je vous donne l'exemple qui est le plus récent, l'Office des
personnes handicapées du Québec, qui nous
donne un ordre de grandeur et qui nous montre que c'est effectivement très
modeste, et ce n'est pas ça qui entraîne des coûts et ce n'est pas ça qui fait
qu'on arrive à un budget autour de 500 000 $. C'est le personnel,
donc, qui vient soutenir le travail de la commission.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Je voudrais juste rappeler qu'actuellement au
Québec on traite des décès de façon régulière dans tous les hôpitaux,
dans tout le réseau, et à petits frais, là. C'est inclus dans la gestion
quotidienne des établissements. Alors, on
peut utiliser les ressources en place, là, pour faire ces suivis-là. Je pense
que, tu sais, on va parler de 1 %, peut-être, potentiellement
1 % du nombre de décès total au Québec, et on est à mettre en place une
superstructure, alors que les 99 % des
décès sont traités par des gens qui sont dans le réseau et qui pourraient très
bien faire la suite des choses. C'est ça, mon intervention, là. On s'adresse à 1 %, potentiellement. Dans le
meilleur des mondes, là, on s'adresse à 1 % du nombre de décès actuellement au Québec, et il
y a déjà 99 % des décès qui
sont déjà traités par des canaux qui sont déjà en
place. Alors, sincèrement, c'est là-dessus, c'est… la mise en garde, elle est
là. Et, même si ces gens-là auront bénéficié de l'aide médicale à mourir, il
reste quand même que le canal est déjà là, déjà en place, et je pense qu'on
peut l'utiliser.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Écoutez, M. le Président, j'invite juste la députée à aller lire le mandat de
la commission pour qu'elle voie que ce qui
est prévu dans le projet de loi, ce n'est pas que faire l'analyse ou
l'évaluation des gestes d'aide médicale
à mourir, c'est un mandat sur les soins de fin de vie, donc, sur l'ensemble, sur
la question de l'accessibilité, sur la question
du suivi, sur la question de recommandations, d'évaluations plus larges que
l'administration de l'aide médicale à mourir.
Mais on pourra discuter du mandat quand nous serons au mandat, parce que je pense
que la députée de Groulx a une vision différente de ce
qui est celle qui a été mise sur la table jusqu'à maintenant en ce qui a trait
au mandat de la commission, puis on pourra en discuter quand on va arriver à
cet article-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Ça va, M. le Président. Je voudrais peut-être juste rajouter que tout le reste
des soins de fin de vie sont déjà en
vigueur au Québec,
ils sont déjà… on a déjà des ressources en place pour les analyser et les
utiliser. Ils sont capables aussi de nous faire des rapports.
On en a de façon régulière, des rapports sur les
soins palliatifs. On a quand même une structure en place qui est capable, qui est en mesure de faire ces
analyses-là et qui pourrait tout simplement, si un comité restreint de gens qui s'occupent de l'aide médicale à mourir, qui, ça, est vraiment
une nouveauté dans le réseau… Mais, pour ce qui est du reste, d'obtenir des rapports, ce comité-là peut très bien
se référer à des gens, à des structures qui sont déjà en place, qui ont déjà les moyens de faire les analyses, de
faire les rapports, et après reprendre le rapport, puis l'utiliser, puis faire
certaines recommandations. Alors, on n'a pas
besoin, à mon avis, de doubler une structure qui est déjà existante. Ces
soins-là sont déjà disponibles. Il y
a déjà, actuellement, dans le réseau des gens qui ont tout ce qu'il faut pour
faire des analyses, des rapports, et
donc ce comité-là peut très bien bien utiliser ces gens-là à coût nul, parce
qu'ils sont déjà dans le réseau, et de se limiter à des rencontres où, finalement, ils vont analyser le rapport.
Mais ils n'ont pas à le faire. Actuellement, c'est déjà là.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le document de travail présenté par Mme la ministre?
Mme
Hivon : Je peux
peut-être…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je peux peut-être
expliquer le document de travail, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) : Certainement.
Mme
Hivon : O.K.
Alors, le document de travail. Pour faire suite à ce que nous avons entendu
comme commentaires lors des consultations et aussi lors des allocutions
d'adoption de principe de quelques collègues de l'opposition, dont le député de
Jean-Talon qui a parlé, donc, de la composition de la commission, nous avons
une proposition qui vraiment est une proposition pour fins de discussion, où on
définirait davantage, mais cela fait passer de
sept à 11 le nombre de membres de la commission… donc, on vient définir
davantage les membres issus, donc, du milieu de la santé et des services
sociaux en les énumérant spécifiquement. Donc, on aurait désormais deux
membres, donc, qui sont des médecins, on aurait un membre de l'Ordre des
infirmières et des infirmiers, un membre de l'Ordre des pharmaciens et un membre de l'Ordre des travailleurs sociaux et
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec pour le volet plus travailleur social que thérapeute
conjugal. Donc, c'est plus l'expertise travailleur social qui est recherchée
ici. On aurait deux membres qui sont des juristes, donc, un émanant du Barreau…
et de la Chambre des notaires. Il y aurait...
Une voix : ...
Mme
Hivon : Ça réjouit
notre président. C'est formidable de voir toute l'objectivité dans l'analyse de
cette composition, comme on l'a vue à travers toutes les consultations qu'on a
menées. Je pense en fait que les seuls qui ne
l'ont pas demandé, et je l'avais souligné, c'est les infirmières, mais elles
ont une place, parce que ça... Je pense que ça allait de soi, mais elles ne l'avaient pas demandée.
Donc, deux membres seraient des usagers, un membre serait issu du milieu
de l'éthique et un membre serait issu des
représentants des établissements, donc, représenterait la réalité des
établissements.
Donc, c'est
un nouvel équilibre. On arriverait, compte tenu de ce qui nous a été demandé et
du fait qu'on doit avoir aussi un nombre impair de membres, c'est
toujours souhaitable, à 11 membres qui seraient répartis comme suit.
Alors, voilà, M. le Président, ce qui est soumis pour fins de discussion.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a des commentaires, interventions sur le document de travail?
Mme la députée de Gatineau.
• (17 h 10) •
Mme Vallée : Au-delà, là, des
représentations qui nous ont été faites, je regarde les commissions similaires qui ont été mises en place ailleurs dans le monde
et là, là, je ne plaide pas pour la cause des juristes, mais, je
regarde… dans la plupart des commissions, on a souvent mis... Parce
qu'évidemment les commissions se penchaient plus souvent qu'autrement... je regarde au Luxembourg; bien, on
se penche vraiment sur la pratique de l'euthanasie ou du suicide
assisté. En Belgique, c'est la même chose,
on se penche sur l'euthanasie. Alors, les commissions sont composées... sont
plus petites, sont plus restreintes. Le Luxembourg, je pense que... Le
Luxembourg, on a neuf membres.
En Belgique,
c'est plus lourd, la structure est peut-être un petit peu plus lourde, mais on
a quand même... Ah oui! Excusez-moi. En Belgique, il y a quand même
16 membres : huit sont docteurs en médecine, dont quatre, au moins, professeurs dans une université belge, quatre membres sont professeurs
de droit dans une université belge ou avocats, quatre membres sont issus
des milieux chargés de la problématique des patients atteints d'une maladie
incurable. Et, au Luxembourg, on a trois
membres docteurs en médecine, dont un proposé par le collège médical, deux
membres, dont un possède une qualification ou une expérience spécifique
relative au traitement de la douleur, on a trois membres juristes, dont un avocat à la cour, un magistrat,
puis ça, c'est peut-être un peu… et un professeur en droit, un membre
issu des professions de la santé, deux membres issus d'organisations de défense
des droits du patient. Parce qu'on se penche vraiment sur la question de
l'euthanasie ou suicide assisté.
Là,
évidemment, on a le mandat qui est plus large de fin de vie. Les commentaires
de notre collègue de Groulx sont pertinents dans la…
Une voix : …
Mme Vallée :
Non, non, excusez-moi, c'est parce que… Non, en fait, ce que je veux dire,
c'est que vous avez soulevé… notre
collègue a soulevé une question qui n'est pas négligeable, qui est le fait
qu'on a des soins de fin de vie qui sont
actuellement dispensés au Québec, notamment les soins palliatifs, et on n'a pas
nécessairement de commission qui veille à leur application. La sédation
palliative est offerte. L'encadrement de la sédation palliative, il est
nécessaire et fait l'objet de recommandations dans le rapport de la commission
spéciale.
Est-ce que la commission sur les soins de fin de
vie doit nécessairement se pencher sur l'ensemble des soins? Est-ce que l'objectif n'est pas, comme au
Luxembourg et en Belgique, de se pencher sur cette question plus délicate
où on aura une intervention médicale qui va soit être les soins palliatifs…
pardon, la sédation palliative terminale qui… continue,
pardon… décidément, là, et l'aide médicale à mourir? Est-ce que ce n'est pas ça
qui mérite un encadrement et un suivi
de plus près? Est-ce qu'on ne devrait pas s'inspirer de ce que font la Belgique
et le Luxembourg pour se pencher sur ces cas-là, spécifiquement? Parce
que je pense que c'est ce qu'on introduit vraiment de nouveau. C'est certain
que, l'accessibilité aux soins palliatifs,
là, il faut s'en assurer, mais ça relève quand même de la responsabilité du
ministre de la Santé, ces éléments-là
relèvent du… Mais là ce que je comprends, c'est qu'on met en place une
commission qui a comme mandat de documenter, de s'informer, de donner
des avis sur l'ensemble des soins de fin de vie alors qu'on a déjà des rapports
qui sont donnés pour une partie de ces soins-là. Donc, évitons le dédoublement,
mais la question qui… l'élément de donner un monitoring sur l'aide médicale à
mourir, donner un monitoring sur la pratique de la sédation palliative
terminale, c'est vraiment ça qui est, à mon avis, à l'origine… Là, on a mis les
soins palliatifs, mais je pense que ce qu'on
souhaite vraiment, c'est de savoir comment se déroule sur le terrain
l'administration de la sédation palliative terminale, parce qu'on a
soulevé que c'était essentiel de mieux l'encadrer.
Et donc cette commission-là permet, en obtenant
les rapports, en obtenant des données, de savoir comment ça atterrit et comment ça se déroule un peu
partout. Puis surtout l'aide médicale à mourir qui est une nouvelle
mesure, qui est mise en place et puis qui
est quand même importante, là, peu importe le nom qu'on lui donne, ultimement,
ça amène la mort des gens, on
provoque la mort des citoyens, donc, des gens qui… du patient qui en fait la
demande. Et ça, c'est important de bien le monitorer.
Donc, dans ce
contexte-là, est-ce qu'il n'est pas important que les membres qui vont siéger
autour de la table aient cette sensibilité-là quant à l'aspect médical?
On réalise, ne serait-ce que par nos échanges au cours des dernières semaines, à quel point les connaissances médicales
sont importantes dans ce domaine-là. Quand notre collègue de Groulx puis
notre collègue de Jean-Talon nous ont apporté énormément de leurs
connaissances, puis, je pense, c'était... Et donc
je peux comprendre qu'autour de la commission les professionnels de la santé
doivent nécessairement siéger, mais il y a peu de juristes. On a un
éthicien, mais on a peu de juristes. Et ça aussi, c'est important, à mon avis.
Alors, c'est une réflexion que je lance, parce qu'ultimement je pense que le
gros du travail va être de se pencher sur les cas de sédation palliative terminale
puis de se pencher sur les cas d'aide médicale à mourir. Et éventuellement
peut-être que cette commission-là aura un
mandat, si des demandes sont formulées, voir : Est-ce qu'on ouvre la
porte? Est-ce qu'on ouvre l'application de l'aide médicale à mourir à
d'autres clientèles? Est-ce qu'on ouvre l'application de l'aide médicale à
mourir, par exemple, comme il nous a été recommandé, aux inaptes ou aux
mineurs?
Et donc je pense qu'autour de la table il doit y
avoir des gens avec une formation...
Une voix : …
Mme Vallée : La formation de
juriste, membre des ordres professionnels, à mon avis, c'est hyperimportant
dans ce contexte-là, et je les considère un petit peu sous-représentés.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : Mais... Alors,
voilà.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, écoutez, je pense qu'on va avoir... On
pourrait imaginer toutes sortes de scénarios. Je pense qu'il faut se
fonder sur c'est quoi, l'objectif, puis ce qu'on veut atteindre. Moi, c'est
drôle, je la vois d'abord médicale plus que
juridique. C'est vraiment le regard sur, oui, l'aide médicale à mourir, sur les soins de fin de vie, s'assurer
que l'évaluation a été faite conformément à ce qui est prévu dans la loi, puis
on a vu que ça, c'est vraiment le lien médecin-patient.
Donc, moi, je
pense que c'est important de pouvoir avoir ces gens-là, qui sont les pairs des
médecins, et, je dirais, de l'équipe
soignante qui est en contact avec la réalité au quotidien des gens qui sont en
fin de vie beaucoup plus que des avocats ou notaires qui, oui, peuvent amener une expertise au sein de la
commission pour voir, bon, la loi, comme loi, ce qu'elle donne comme résultats et comment on l'applique. Mais moi, je pense
que, pour s'assurer de la conformité des choses, les professionnels de
la santé sont vraiment indispensables. Donc, c'est sûr que c'est une question
de vues, peut-être, mais je pense qu'en général c'est ce qu'on a
aussi ressenti dans le cadre des consultations. C'est ce qui m'apparaît, moi, je dois vous dire,
plus logique. Quand on regarde à l'étranger, il y a vraiment
différentes réalités, là. Aux Pays-Bas, c'est très limité, mais, aux
Pays-Bas, ils ont des commissions régionales. Donc, chaque région a une
commission, là. C'est un système
qui ne plairait pas du tout à notre collègue de Groulx,
je crois. Donc, on ne l'enverrait pas... Mais elle ne se fait pas à coût
nul. Il y en a une dans chaque région parce qu'ils les ont créées
spécifiquement pour cette question-là. Mais,
si on regarde, par exemple... Puis je dois vous dire qu'on a vraiment
fait la commission sur la base de ce qui, au Québec, à la lumière de la
loi et de ce qu'on voit comme sensible et important, nous apparaissait le plus
opportun, le plus approprié. Donc, oui, nous aussi, on a fait des beaux
tableaux puis on a regardé les expériences étrangères.
• (17 h 20) •
Mais, si on regarde, par exemple, en Belgique,
c'est nettement plus médical que légal parce que vous avez huit docteurs en médecine, vous avez quatre
professeurs de droit et puis vous avez quatre personnes issues des
milieux chargés de la problématique des patients. Donc, je ne sais pas si c'est
les patients, mais encore on est vraiment dans un ratio de deux pour un de médical versus légal. Ça m'apparaît plus
logique personnellement de fonctionner comme ça.
Puis c'est
sûr qu'il y a un lien avec le mandat, là, tout ça est lié. Mais
notre mandat, il est directement lié à notre loi aussi. On a une loi sur
les soins de fin de vie. Notre loi, elle n'est pas que sur l'aide médicale à
mourir, elle est sur un continuum de soins.
Et c'est très important. Puis on a
entendu des gens venir nous dire... Puis il faut répondre, je pense, à
ces préoccupations-là et il faut rassurer aussi par la mise sur pied de la
commission. On entend des gens venir nous dire : Ah oui! Mais là peut-être que ça va devenir une alternative aux soins
palliatifs. Donc, ce n'est pas ça du tout, l'intention, et je suis
convaincue que ce n'est pas du tout ce que ça va devenir, parce que ça prend
une volonté très, très ferme, bien sûr, pour vouloir demander l'aide médicale à
mourir et les soins palliatifs. On crée ce droit-là aux soins palliatifs, mais tout ça doit être regardé, en tout cas c'est
ma prétention, dans son ensemble, et aussi de voir comment, dans les
faits… on a parlé de ce droit aux soins palliatifs… comment aussi tout ça se
concrétise.
Donc, il y a
aussi ce volet-là qui, pour moi, est indissociable compte tenu de la
philosophie que l'on met dans notre projet de loi, qui n'est pas la même
du tout. Ça se ressemble, mais ce n'est pas la même que ce qu'on voit dans les pays européens. Notre approche, elle est unique,
elle est vraiment globale pour accompagner la personne le mieux
possible. C'est ce qui explique le mandat
que l'on souhaite donner, qui n'en est pas un que de vigie et de surveillance,
et c'est ce qui explique la composition aussi que l'on suggère.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Merci, M. le Président. On voit bien qu'on ne peut pas discuter de ça sans
parler d'un certain nombre de choses,
dont le mandat, un peu. Mais ma collègue de Gatineau a ouvert un certain nombre
d'éléments pour creuser un petit peu
les choix qui ont été faits dans le projet de loi, finalement. C'est ça qu'on
regarde, s'il n'y a pas d'autres possibilités.
Moi, je ne peux pas m'empêcher de regarder le Commissaire
à la santé et au bien-être. Et j'ai juste été voir un peu la loi, et la Loi du
commissaire dit, par exemple, à l'article 14 : Il est investi notamment
des fonctions suivantes — et
on nomme quelques fonctions :
«1° il évalue
l'ensemble des éléments du système de santé et de services sociaux afin d'en
déterminer la pertinence;
«2° il
apprécie périodiquement les résultats obtenus par le système de santé et de
services sociaux en fonction des ressources qui y sont affectées et des
attentes raisonnables qui peuvent en découler.»
Et il y en a
encore quelques-unes comme ça. Et évidemment ils prennent soin de dire un peu
plus loin, à l'article 17 :
«Le commissaire exerce ses fonctions en tenant
compte des fonctions et responsabilités autrement dévolues par la loi au
Vérificateur général ou à une autre personne ou organisme.»
Donc, ma
question, c'est un peu : De quelle façon est-ce qu'on articule le rôle du
Commissaire à la santé et au bien-être,
dans lequel... Enfin, si on regarde la description, il y a quand même des
éléments qui touchent actuellement... où il n'a pas... la loi n'est pas passée, il a certainement regardé... Et,
quand on parle des systèmes de santé, on parle, entre autres, des soins
palliatifs, on parle d'un certain nombre de choses. Et, quand la collègue de
Gatineau se demande si la commission que
l'on crée devrait être globale ou être particulière à l'aide à mourir et à la
sédation palliative continue, bien on peut se demander,
effectivement : Est-ce qu'il y a une duplication de rôles? Comment on
pense articuler la différence entre le
rôle... les rendre complémentaires… ou une partie de ces rôles… complémentaire?
Parce qu'aussi la question se pose
même : Est-ce que, quand on parle de trouver des locaux, les locaux qui
sont gérés par le commissaire ne seraient
pas un bon endroit par rapport à des locaux du ministère? Tantôt, on a posé des
questions sur l'indépendance. Je ne sais pas, on n'a pas entendu parler
de ça, et moi, j'aimerais bien que vous nous fassiez part des réflexions qui se
sont faites là-dessus et pourquoi on n'en parle pas. Est-ce que c'est quelque
chose de totalement séparé? Comment l'articulation entre les deux va se faire?
Est-ce qu'il va y avoir une duplication de rôles ou est-ce qu'effectivement,
comme dans l'article 17, le commissaire, disons, exerce ses fonctions en tenant
compte? Ça veut dire probablement en collaboration.
Est-ce qu'on
a pensé à ça? Est-ce qu'on peut nous éclairer un petit peu là-dessus? Parce que
ce qu'on essaie de faire dans un
premier temps, c'est de creuser un petit peu les choix qui ont été faits dans le
projet de loi, qui peuvent donner lieu à autre chose. Mais cet élément-là m'intrigue parce qu'il me semble
qu'effectivement on... Je me rappelle d'avoir participé à cette
recommandation aussi, de faire une commission où on avait des... je pense, une
préoccupation de ce qui était nouveau
surtout, comme tel. Je comprends qu'il y a une toile de fond qui est l'ensemble
des soins, mais, enfin, il y a une partie des soins qui sont déjà couverts
par le commissaire, me semble-t-il.
Donc, comment est-ce qu'on articule ça, et quels
sont les… enfin, dans votre réflexion que vous avez eue, de quelle façon est-ce qu'on a une certaine
souplesse, là, de faire des choix quand on en parle tout le monde ensemble ici aujourd'hui,
là… ou, enfin, aujourd'hui et demain?
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. On a
regardé ça, bien sûr, M. le
Président. Le Commissaire santé et bien-être, c'est un
rôle qui est beaucoup plus global, de conseiller. C'est sûr que toute la notion
de surveillance, d'évaluation de l'aide médicale à mourir n'est pas là du tout. Là, de ce que je comprends de
l'intervention, c'est de dire : Oui, mais, pour le fait que les soins palliatifs existent déjà, dans le fond,
est-ce qu'on ne pourrait pas donner des mandats? Il faudrait donner des
mandats au Commissaire santé et bien-être. Le choix qu'on a fait…
M.
Reid :
…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : J'aime bien aller aux limites pour qu'on se comprenne
bien. C'est qu'à la limite on peut se dire qu'on pourrait tout envoyer ça chez le commissaire… ou bien non rien du tout,
puis, à quelque part, peut-être une partie chez le commissaire. Donc, c'est un peu ça, ma
question : Quelle est votre réflexion là-dessus. Et comment vous en êtes
arrivés à faire le mandat qui donc semble totalement séparé, là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Le député a tout à fait raison. Je vous dis, on
a regardé plein de scénarios, on a aussi contacté des organismes pour
voir la compatibilité. On s'est rendus très loin dans l'analyse de certains
scénarios.
Ce
n'était pas le premier choix, nécessairement… mon premier choix d'arriver avec
quelque chose qui serait une entité
propre, mais finalement je trouve que c'est la meilleure solution… je vais
revenir à la… parce que c'est quelque chose quand même de souple. Quand on appelle ça une coquille… c'est hébergé,
donc, déjà… ce n'est pas quelque chose qui va avoir pignon sur rue. Donc, je me répète, c'est quelque chose de
relativement modeste mais qui, de par le fait que ça porte un nom, que
c'est une entité… ça donne, donc, cette réalité et cette apparence
d'indépendance qui, selon moi, est importante
dans les objectifs qu'on se donne avec la commission via son rôle d'évaluation
mais via aussi son rôle, je dirais, de
suivi du développement puis d'intégration des soins, donc, des soins qui, oui,
existent déjà, mais en lien aussi avec ce qu'on vient mettre de l'avant,
l'aide médicale à mourir, puis aussi un meilleur encadrement de la sédation
palliative continue. Parce que les
préoccupations qui nous sont formulées nous sont formulées, oui, dans le suivi
de l'aide médicale à mourir, mais elles sont formulées aussi beaucoup en
lien avec le développement, l'accessibilité des soins palliatifs. Si vous me dites : Mais est-ce qu'un autre
organisme pourrait regarder ça?, sans doute. Et c'est le choix qu'on fait, et
je pense que c'est le bon choix, de
dire : On veut intégrer ça aussi dans la réflexion de cette entité-là,
donc de ne pas dire : Il y a une entité qui va être créée
uniquement pour évaluer strictement l'aide médicale à mourir dans l'aspect, je
dirais, très technique des choses, est-ce que c'est correct, c'est conforme à
la loi.
Puis
le reste, le développement des soins palliatifs, comment les choses se font,
est-ce qu'on remplit les objectifs de notre
loi, du continuum de soins, du droit d'accès aux soins palliatifs, bon, tout
ça, ça nous apparaissait vraiment une belle opportunité d'intégrer ça et de ne pas compartimenter tout ça à la
lumière et à l'image de ce qui est l'objectif du projet de loi, d'y aller sur l'idée d'un continuum de soins,
d'un accompagnement optimal de la personne et de voir comment ces
morceaux-là aussi s'imbriquent dans, je dirais, le volet plus «évaluation
longitudinale» sur le long terme des choses plutôt que juste le geste,
l'administration de l'aide médicale à mourir.
Donc,
est-ce que c'est innovateur? Moi, je pense que c'est innovateur. Est-ce que
c'est le seul modèle? Sans doute pas.
On a évalué beaucoup de choses, puis je dois vous dire que, quand on s'est mis
à voir le mandat, tout ça, on était très enthousiastes par rapport à cette
réalité-là parce qu'on trouvait que c'était complètement conforme à l'idée qui
est véhiculée dans le projet de loi de ne
pas démarquer et de faire des silos des différents soins mais plutôt un
ensemble cohérent puis, donc, de le suivre aussi d'une manière
cohérente. Donc, c'est ça, la proposition. C'est ça, le choix qui a été fait.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Ma collègue veut être sûre d'avoir le temps de parler, parce qu'elle ne pourra
pas être là demain.
• (17 h 30) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Oui. Moi, je trouve qu'il y a quelque chose qui me rassure là-dedans, parce que
je vais vous dire que, pour mes citoyens de Saint-Henri—Sainte-Anne,
un des grands questionnements était toute la notion des soins palliatifs, et j'en ai déjà parlé, et est-ce qu'on
peut scinder le projet de loi en deux. Est-ce qu'on peut commencer par
faire les soins palliatifs?
Une
fois qu'il y aura des soins palliatifs beaucoup plus développés, pas parce
qu'il n'y en a pas, mais beaucoup plus développés, bien là on pourra
aller dans l'aide médicale à mourir. Le fait que la commission puisse étudier à
la fois tous les… que ce soient les soins
palliatifs, la sédation palliative continue, l'aide médicale à mourir, que ça
soit imbriqué ou du moins que les
recherches soient croisées à quelque
part, que ce ne soit pas pris, là,
seulement : Moi, je me consacre à l'aide
médicale puis quelqu'un d'autre, aux soins palliatifs… Parce que je pense
que ça va être important de rassurer la population que les soins
palliatifs vont se déployer sur le territoire, vont continuer à se déployer, parce
qu'on en fait déjà puis on en fait de plus en plus, mais vont continuer à se
déployer et que ce n'est pas parce qu'on propose l'aide médicale à mourir qu'il
n'y aura plus de soins palliatifs. Et ça, je crois que c'est très, très, très
important.
Alors,
moi, ça, là, je voulais dire que c'est fondamental, je crois, que cette
commission, ce comité de surveillance soit
capable de se pencher sur l'entièreté, étant donné que le projet de loi est
indivisible. Étant donné qu'il est indivisible, bien je pense qu'il faut
regarder l'ensemble du projet de loi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, je suis d'accord avec la collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne. C'est une question de choix,
hein, c'est une question d'orientation, puis je l'aborde avec beaucoup
d'ouverture, beaucoup de transparence, sur le processus
qui nous a habités dans l'élaboration de ça. On pourrait morceler le tout. Je
dois dire que par ailleurs, avec le mandat,
là — je n'ai
pas répondu sur cet aspect-là — actuel du Commissaire santé bien-être, il
n'y a pas une adéquation parfaite,
même avec le rôle qui n'est pas celui de suivi et d'évaluation, parce que c'est
très global, hein, son rôle. C'est vraiment
de regarder le système, l'état de santé, c'est très global et non pas sur une
mission spécifique, là. Mais tout est regardable
et envisageable. Mais, pour nous, c'était très intéressant, très prometteur,
très rassurant d'avoir ça imbriqué ensemble, un peu comme le dit la
députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Bien, j'ai peut-être une vision un peu différente, mais
je me souviens d'avoir entendu les
gens qui oeuvrent en soins palliatifs nous dire qu'eux ne nécessitaient pas
plus d'encadrement et que ça allait bien dans leur pratique des soins
palliatifs. Et, bien au contraire, puis vous l'avez dit, vous les avez cités à quelques reprises, ces gens-là nous demandaient
d'éviter un encadrement supplémentaire pour justement éviter d'avoir à
traiter du papier au lieu de traiter des patients. Traiter des formulaires,
bien c'est la réalité, et on a tendance des fois ici à oublier ce qui se passe
sur le terrain.
On soigne,
d'abord et avant tout, des malades, on soigne, d'abord et avant tout, des
patients. Et de remplir des formules,
de faire des rapports, tout ça, ça enlève du temps auprès de nos patients,
comme médecins, comme spécialistes qui
oeuvrent en soins palliatifs. Et je me souviens d'avoir entendu ces gens-là
nous demander effectivement, bon, O.K., de l'inclure dans le projet de
loi mais de ne pas en mettre davantage, s'il vous plaît. Et, pour être encore
sur le terrain, je peux vous dire qu'on en a
suffisamment, des rapports, des papiers, et qu'on perd suffisamment de temps,
et, pendant ce temps-là, les patients
sont encore dans les salles d'attente puis ils ne sont pas soignés. Et ça, je
pense qu'on doit continuellement
avoir ça en tête, alors, ce qui me fait dire que… Et, la crainte dans ce projet
de loi là, bien honnêtement, je pense
qu'au niveau de la population elle est celle de l'aide médicale à mourir, qui
est tout à fait nouvelle et qui n'est pas pratiquée dans le monde. Et la crainte qu'il y ait des dérapages a été
soulevée non pas pour la sédation terminale, mais bel et bien pour
l'aide médicale à mourir.
Alors, je pense que la commission, à mon avis,
devrait avoir… un petit peu comme il se passe en Europe, d'avoir le mandat principal d'organiser, de regarder ce qui se fait sur le terrain au niveau de l'aide médicale à mourir,
alors qu'on sait qu'au niveau des soins palliatifs c'est un problème d'accessibilité
et non pas de qualité de soins, et non pas de
dérapage pour ce qui est de la sédation terminale. Mais je pense
que la crainte de la population se situe beaucoup
plus au niveau de l'aide
médicale à mourir, qui est vraiment
nouvelle, qui est vraiment un nouveau soin. Et, le problème, quand on
donne un mandat trop élargi à un comité, on risque, à un moment donné, de
perdre l'essence même du mandat qui est finalement d'encadrer l'aide médicale à
mourir et de s'assurer qu'il n'y ait pas de dérapage à cet égard.
Alors,
sincèrement, oui, c'est un continuum de soins, mais je pense
que la nouveauté, c'est vraiment l'aide
médicale à mourir. Et ce qui était demandé pour rassurer la population, et
d'éviter les dérapages et de garder le cap sur l'aide médicale à mourir, selon moi,
on devrait, à tout le moins, au départ se contenter de leur donner ce
mandat-là pour qu'on s'assure que, dès le départ, ces soins-là soient
bien encadrés, et qu'on ait un suivi adéquat, et qu'on ait des réponses à nos questions, aux questions de la population. Parce
que, si on leur en donne trop large,
ils risquent aussi, à un
moment donné, de se perdre sur l'accessibilité, la sédation médicale continue puis oublier vraiment
l'essence même de la nouveauté du soin d'aide médicale à mourir.
Alors, je vous soumets mon opinion, Mais des
fois on est mieux de commencer plus petit, d'élargir par la suite mais de
s'assurer qu'on est bien parti puis qu'on a une base solide.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Simplement dire que, quand la députée parle… que ce n'est pas d'encadrer davantage, de demander
plus de paperasse, plus de formulaires. Ce n'est pas ça du tout, du tout,
l'objectif.
Une voix : …
Mme
Hivon : Non, ça ne
vient pas avec parce que… Non, je veux juste dire : Ce n'est pas ça, là.
L'article 39, qui est le mandat de la
commission, ce n'est pas de dire : On va aller encadrer davantage. Puis, on l'a vu, là, les articles qu'on avait à voir
relativement à l'encadrement, c'était de voir les protocoles qui devaient
découler des standards cliniques, c'était de voir la réalité, donc, de
l'inspection qui pouvait se faire. Donc, c'est ça, là. Ça, c'est le volet
encadrement.
Le volet commission, c'est le volet évaluation
de l'administration de l'aide médicale à mourir mais aussi d'examiner des
questions pertinentes relatives aux soins de fin de vie, pas d'aller… Non, mais
en termes d'évolution, en
termes d'accès, en termes macros sur ce qui se passe au Québec, en termes de
soins de fin de vie, d'adéquation entre les réalités, de divergences, de différences, par exemple, sur le
territoire, de dire : L'aide médicale à mourir, par exemple… Je
vous donne un exemple. En Europe, on a constaté qu'avec l'introduction de
l'aide médicale à mourir les sédations palliatives continues avaient augmenté,
et puis ça a suscité toute… il y a beaucoup d'études de faites sur cette question-là : Pourquoi, tout ça, bon, est-ce
que c'est un meilleur dialogue? Donc, on explique, tout ça. Donc, c'est ce
type de… Est-ce que, par exemple, on va
constater une augmentation des sédations sur le fil du temps? Donc, c'est ce
type de questions là. Ce n'est pas d'aller
fouiller dans la pratique d'un médecin de soins palliatifs, c'est de regarder
de manière globale l'évolution des choses en lien avec la loi. Mais je
comprends que la députée a une vision différente.
Donc, on fait
un débat fort intéressant, on va le faire certainement encore quand on va
parler de l'article 39, mais je lui expose mon point de vue, qui, je
pense, aussi est valable, de vouloir aborder ça d'une manière globale et intégrée pour avoir justement cette force-là de
dire : On a une vision générale qui regarde l'ensemble des éléments
des soins de fin de vie et non pas quelque
chose qui est complètement à part du reste, puis le reste, il se fera on ne
sait pas où, on ne sait pas exactement quand et comment, là. Donc, c'est
ça, l'objectif.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
• (17 h 40) •
M.
Reid :
Merci, M. le Président. J'ai bien écouté tantôt les deux interventions, celle
de la ministre et celle de ma collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne,
sur l'intégration en quelque sorte, dans la commission, des aspects autant
soins palliatifs, et tout ça.
Et on regarde
différentes hypothèses, là, ça peut être complètement à gauche, à droite ou au
milieu, mais j'aimerais en apporter une de plus. Peut-être vous y avez
réfléchi également. C'est un compromis assez intéressant, qui existe chez le Vérificateur général, avec le Commissaire
au développement durable qui est logé chez le Vérificateur général, qui
garde toute son indépendance et qui peut, en plus, profiter de la force de
frappe, en quelque sorte, du Vérificateur général,
et le Vérificateur général peut aussi profiter d'avoir pour certains de ses
dossiers la proximité avec le Commissaire au développement durable. Et ça assure une meilleure intégration parce
que pour leurs rôles respectifs il y a également les choses en commun.
Alors, a priori… peut-être qu'en creusant ce
n'est pas le cas, mais, a priori, il y a peut-être là une solution intéressante qui a été trouvée dans le contexte du
développement durable, qui est très efficace parce que… Je peux vous en
témoigner parce que j'ai fait partie de la Commission de l'administration
publique. Nous recevons depuis plusieurs années le commissaire et le
vérificateur ensemble et qui montrent très bien qu'ils travaillent ensemble.
Lorsque nous demandons à des ministères de venir nous expliquer qu'est-ce
qu'ils font à la suite du rapport du vérificateur et du Commissaire au développement durable, les deux sont présents et
travaillent main dans la main, et je suis certain que, pour les
Québécois et pour le gouvernement du Québec, c'est quelque chose qui est
efficace.
Alors, est-ce
que cet exemple-là n'est pas quelque chose qui pourrait aussi être examiné, ne
pas fermer la porte, du moins a
priori, à moins que vous ayez trouvé que c'est absolument inapplicable, auquel
cas on va être heureux de l'entendre?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : On l'a
regardé, M. le Président, pas avec le Vérificateur général mais avec d'autres
instances, et il y avait des problèmes, je
dirais, de compatibilité, à un moment donné, de missions parce que, par
exemple, c'étaient des instances qui
pouvaient regarder des plaintes. Et donc, là, si on était face à une évaluation
globale mais qu'on pouvait recevoir une plainte, à un moment donné, il
pouvait y avoir un conflit.
L'autre chose
que je veux simplement porter à l'attention dans les modèles, c'est que, si on
donne l'exemple du commissaire mais qui relève, donc, du… qui est une
entité chez le Vérificateur général, c'est quand même une entité, donc, c'est quand même une entité qui est créée
puis qui a son fonctionnement. Donc, je pense qu'il faut aussi garder ça
à l'esprit, là. C'est très difficile de
faire l'économie, si on veut vraiment répondre aux objectifs qu'on se donne, de
mettre sur pied une entité qui a en quelque
sorte une existence modeste mais une existence propre, qu'elle soit ou non
rattachée à une autre entité. Et là
la question peut se poser : Pourquoi on veut la rattacher à une autre
identité? Est-ce que c'est pour des fins d'économie? Est-ce que c'est pour des fins de meilleur fonctionnement?
Est-ce que c'est pour des fins d'hébergement? Et nous, on pense qu'on est arrivés à une formule optimale parce que ça
nous semble une entité très modeste, logée dans une coquille aussi
modeste, mais qui a son entité propre pour des raisons d'indépendance, là. Il y
en a qui veulent la totale indépendance, là, il faut se rappeler ça aussi, là,
qui voulaient que ça relève de l'Assemblée nationale, et tout ça. Donc, ça nous
semblait vraiment une avenue intéressante.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : Peut-être
n'ai-je pas bien expliqué ce que j'apportais comme possibilité.
Ce n'est pas un modèle pour sauver des sous, là,
dont je parlais. C'est qu'on a un modèle où il y avait un intérêt à avoir cette proximité. Et, pour ma part,
là, quand je pense à une hypothèse à examiner, je pense au Commissaire à
la santé et au bien-être, je ne pense pas à
personne d'autre, sinon ça n'a aucun intérêt d'aller loger la commission
dont on parle dans une entité autre. Mais il y a des éléments communs entre les
deux. Il y a des éléments tellement communs qu'on
pourrait penser… si on ne prenait pas l'idée, là, qui a été amenée par la
ministre et par ma collègue, on pourrait penser qu'on pourrait laisser au Commissaire à la santé des éléments sur
les soins palliatifs, par exemple, et garder pour la commission les deux
autres. Mais, si on avait l'intégration dont on parle mais, par exemple, que la
commission était logée,
avec son indépendance, chez le Commissaire à la santé, peut-être pourrait-elle
bénéficier, comme le Commissaire au développement
durable le fait avec le vérificateur… Il bénéficie de ce que le vérificateur
peut apporter de compétences, de capacité
de travail, et tout ça. Peut-être qu'on pourrait avoir la même chose. Et donc,
a priori, c'est une idée qui mérite peut-être d'être regardée.
La réponse de
la ministre, j'ai pensé, c'était parce qu'elle avait compris mon intervention
comme étant rattachée à une entité en
quelque part ailleurs. Je ne pensais qu'au Commissaire à la santé et au
bien-être parce que je ne vois pas où ça
pourrait être rattaché si on veut faire cette intégration et suivre un petit
peu… ou s'inspirer du modèle du
Commissaire au développement durable.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, écoutez, j'entends le propos du député d'Orford. Ce n'est pas tout à fait clair,
pour moi, quelle serait la plus-value. Est-ce que c'est en termes de
ressources ou d'expertise dans la mesure où, le Commissaire santé bien-être, on
peut voir de manière générale qu'il pourrait avoir un lien : il est en
santé et bien-être? Mais le rôle...
Une voix : …
Mme
Hivon : Hein?
Une voix : …
Mme
Hivon :
Oui. Mais le rôle est quand même très global, très système, très structure.
Donc, c'est ça. Peut-être que je comprends mal le sens de l'intervention
du député.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
En fait, c'est plus que le mot «santé» qui les réunit. Les tâches qui sont dans
la Loi du commissaire ressemblent à certaines tâches qui sont dans la
loi qu'on est en train d'étudier.
Je comprends
que c'est plus précis. Mais, quand on prend le modèle du Vérificateur général et
du Commissaire au développement durable, le développement durable, c'est
un petit morceau du travail du vérificateur. Et ce n'est pas le travail du vérificateur, mais il y a quand même
une relation entre les deux, où, de temps en temps, le vérificateur regarde
l'aspect développement durable d'un dossier, et, réciproquement, le
développement durable ne peut pas se faire, disons, en faisant abstraction de
l'administration, de la gestion et des dollars. Donc, le vérificateur est aussi
une aide précieuse pour les deux.
Peut-être que ça ne peut pas exister, là, dans
l'hypothèse, mais, cet exemple-là qui est un succès véritable, là, au niveau du Vérificateur général et du
Commissaire au développement durable, peut-être qu'il pourrait nous
permettre de poser certaines questions, si vous ne les avez pas déjà regardées,
et respecter…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
M.
Reid :
…pardon, M. le Président, et respecter ce que la ministre disait tantôt et ce
que ma collègue disait aussi, c'est-à-dire
qu'il serait tout à fait logique à ce moment-là de laisser ensemble l'élément
soins palliatifs, sédation palliative continue, aide à mourir et, je
dirais même, directives anticipées parce que c'est des choses nouvelles
également.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je
comprends bien la proposition du député d'Orford. Je dois dire que je ne la
partage pas. C'est quelque chose qu'on a
envisagé. Et je ne la partage pas, je dirais, complètement de par… Quand on
regarde le mandat, c'est quand même
différent. Il faudrait en fait modifier, je pense, les responsabilités qui sont
confiées au commissaire parce que
l'évaluation, elle est très évaluation du système, des éléments du système et
pas tant des soins et de la qualité des soins, puis tout ça.
Et l'autre
élément auquel je reviens, c'est que je pense qu'il y a peut-être de...
différemment du député, moi, je vois cette plus-value-là que les rôles soient
fondus ensemble au sein d'une même entité, donc les rôles d'évaluation
et les rôles, si vous voulez, de conseil.
Moi, je vois cette plus-value-là, mais je comprends que le député d'Orford peut
voir d'autres éléments. On l'a
regardé, je dois dire, il n'y avait pas... On a eu des évaluations, des
discussions, et puis ça ne semblait pas la solution optimale. Et l'idée
n'est pas de vouloir créer quelque chose pour créer quelque chose. Mais dans
les faits, je dirais, pour le
fonctionnement, l'intégration des réalités, ce n'est pas ça qui nous semblait
la solution optimale. Puis, pour les coûts, je dois dire que ça, ça ne
faisait pas de différence...
Une voix : …
Mme
Hivon :
…effectivement, ça ne change rien.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui. Bien, moi, je n'avais pas l'intention de discuter mot par mot, ligne par
ligne et article par article. Quand je dis ça, c'est que je trouve un
peu surprenant, surtout quand on regarde la Loi sur le Commissaire à la santé, qu'on dise : Non, ce n'est pas vraiment
intéressant, on la met de côté, on ne veut pas la regarder. Moi, je voulais
simplement qu'on y pense. Pas obligés d'y penser tous ensemble parce que vous
avez des gens extraordinaires de votre côté qui peut-être peuvent faire un
petit pas de plus pour y penser.
Juste
pour vous dire : Vous parlez d'évaluation, Mme la ministre… M. le
Président, la ministre a parlé d'évaluation. Je vais respecter les
règles. Dans l'article 14 de la Loi sur le Commissaire à la santé et au
bien-être, on dit ici, au numéro 1° : «Il évalue l'ensemble des éléments
du système de santé et de services sociaux afin d'en déterminer la pertinence.»
C'est de l'évaluation aussi. Donc, moi, je vois des choses qui sont en commun.
Peut-être qu'au total, quand on regarde
comme il faut, ce n'est pas le cas. Mais, moi, ce que je voudrais
essentiellement, M. le Président, c'est qu'on laisse un petit peu la
porte ouverte comme un élément de réflexion de part et d'autre.
On
peut en parler entre nous. On n'en a pas parlé entre nous, de ça, de ce
côté-ci. De l'autre côté, peut-être qu'il y a une occasion d'en parler aussi. Puis, si ce n'est pas ça, moi, je ne
tiens pas à imposer ça du tout. C'est que je regarde ça, puis je vois qu'il y a peut-être plus de possibilités
qu'on pense. Et j'ai bien vu de très proche le succès de l'intégration,
disons, administrative du Commissaire au
développement durable dans le bureau du Vérificateur général. Donc, peut-être y
a-t-il un intérêt à regarder cet élément-là. S'il n'y en a pas, une fois qu'on
y aura réfléchi un petit peu plus, bien on procédera à autre chose. Il n'y a
pas de problème.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va, M. le Président. On l'a regardé. Ce n'est pas
la conclusion à laquelle on est arrivés. Mais je peux dire au député
d'Orford qu'on peut refaire la discussion avec les gens du ministère.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires au document
de travail? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On avait quand même fait une
bonne discussion lorsque les gens sont venus. Et puis, comme de fait,
les infirmières ne nous l'avaient pas demandé, mais moi, j'avais insisté pour
qu'elles soient présentes parce que c'est
des partenaires extrêmement importants, des collaborateurs. Les pharmaciens,
travailleurs sociaux, on avait… juste
à des fins de discussion, on avait pensé aux psychologues également, mais
c'était, je crois, plus les travailleurs sociaux qui étaient impliqués. Peut-être poser la question à ministre,
là : Pourquoi les psychologues ne sont pas inclus?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Dans la réalité des soins de fin de vie, les
psychologues sont très, très peu présents. En fait, dans les équipes
interdisciplinaires, par exemple, de soins palliatifs, ce sont essentiellement
des travailleurs sociaux. Ça arrive qu'il y a des psychologues, mais ce
sont vraiment des travailleurs sociaux. Les travailleurs sociaux ont le rôle de
faire tout le lien avec la famille, donc ils
représentent toute cette réalité-là. Et je dois dire d'ailleurs que, l'Ordre
des psychologues, on l'a très, très
peu entendu dans tout ce débat-là, peut-être de manière un peu surprenante, là,
mais dans ce débat-là des soins de
fin de vie, alors que les travailleurs sociaux sont très présents dans tout ce
qui concerne l'accompagnement auprès des personnes et des familles en
fin de vie. Donc, c'est ce qui explique le choix, je vous dirais.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. À
l'item 2° : «Deux membres sont des juristes, nommés après consultation du Barreau du Québec et de la Chambre
des notaires du Québec.» Est-ce que ça signifie que les deux peuvent
venir du même ordre ou encore, d'emblée, il y en a un — vous
écoutez la réponse, M. le Président, là — qui vient du Barreau du
Québec, un ou une qui viendrait de la Chambre des notaires?
Mme
Hivon : Tel que rédigé, ça donne la latitude. Donc, ça donne
la latitude. Ce n'est pas systématiquement une personne qui provient du
Barreau et une personne qui provient de la Chambre des notaires, mais il y
aurait une consultation de faite auprès des deux ordres qui feraient des
suggestions et il y aurait un choix. On peut penser que, règle générale, il y
aurait une volonté d'équilibre, mais ce n'est pas une règle formelle.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Lorsqu'ils sont deux, il y a
des… possible qu'ils ne s'entendent pas. Qu'est-ce qui va arriver si
jamais les deux ordres professionnels ne s'entendent pas sur les deux personnes
nommées?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme Hivon : C'est
le gouvernement qui tranche. De toute façon, c'est le gouvernement qui tranche
à partir des suggestions qui sont faites par les ordres.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis, quand vous allez
demander, allez-vous demander comme trois noms puis vous allez choisir?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va se faire comme ça se fait généralement pour ce qui est des nominations du
gouvernement : après consultation. Donc, on comprend qu'en général, quand
il y a consultation, il y a des noms qui sont soumis, et puis le gouvernement
choisit les personnes après qu'on lui ait fait des recommandations.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, sauf qu'il y a plusieurs façons de
procéder. Une des façons de procéder, c'est de demander à avoir un ou deux noms, les gens s'entendent ou encore,
habituellement, ce que j'ai vu souvent, c'est qu'on demandait une recommandation de trois noms, et, à
ce moment-là, le gouvernement… ça aurait pu être la ministre aussi… Parce que, si c'est le gouvernement, ça veut dire
que ça va passer au Conseil des ministres. Ça fait qu'à ce moment-là la
ministre va probablement faire une recommandation au Conseil des ministres puis
elle va choisir parmi les noms qui sont recommandés.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement. C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. C'est ça. On va consulter pour avoir un
nom ou avoir trois noms, et la ministre va choisir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ce n'est pas déterminé dans la loi. C'est
des recommandations qui sont faites. Est-ce qu'on voudra dire : Vous donnez un nom, et voici,
c'est le nom qui est retenu ou vous faites des recommandations à la ministre de
quelques noms, et le choix est fait, là? Ça peut être ça aussi dans l'optique
d'avoir un équilibre, je vous dirais, là, mais, bien sincèrement, ce
n'est pas quelque chose qui est déterminé dans la loi.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je
n'ai seulement qu'un petit étonnement. Habituellement, lorsqu'on nomme des gens sur différentes commissions,
est-ce que c'est déterminé par règlement, ou c'est déterminé par la loi, ou
c'est tout simplement selon ce que le ministre va décider ou la ministre va
décider? Il me semble que c'est déjà… ça doit être réglementé à quelque part, c'est-à-dire : le processus est d'avoir trois noms, dans lequel une des trois
personnes… une personne va être choisie parmi les trois.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Moi, on m'a dit que ce qu'on prévoyait dans la
loi n'allait pas dans ce niveau de détail. Donc, ce qui est la formule
consacrée, c'est après consultation. Donc, ça ne va pas dans le détail.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid :
C'est juste que je ne sais pas si on veut aller là dans la loi. Parce que j'ai
jeté un coup d'oeil sur la Loi du Commissaire à la santé. Évidemment, on
nomme le commissaire, c'est différent, là. Mais là il y a toute une procédure
dans la loi qui dit comment faire : on nomme un comité, etc.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, c'est différent quand on nomme une personne versus quand on
nomme une commission, un conseil, dans le
fond, avec des recommandations qui doivent provenir de différents milieux.
Donc, ce n'est pas la même chose, là.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Une question qui
me vient à l'esprit : Qu'est-ce qui a fait qu'on a choisi de mettre en
place une commission plutôt qu'un comité
consultatif comme on retrouve… Il y a différents comités consultatifs qui
relèvent du ministre. Ici, on a fait le choix de mettre en place une
commission. Donc, j'imagine qu'il y a une explication, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
parce qu'il y a un double de mandat de conseil et de surveillance. Donc, c'est
une entité commission qui, selon les
experts, était la bonne entité parce qu'un comité consultatif aurait
difficilement pu avoir le volet de la mission d'évaluation de l'aide
médicale à mourir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : «Deux membres sont des usagers d'un
établissement, nommés après consultation des organismes représentant les
comités des usagers et des établissements.»
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Actuellement, il y a une association, mais
quels sont les organismes qui représentent les comités des usagers?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On en envisageait deux : le Regroupement des comités d'usagers, mais aussi
le comité de protection du malade. C'était pour ça, pour élargir le
bassin un peu.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Il y a, autant
dans la composition de la commission, de celle-ci, que de la commission…
d'autres comités, d'autres commissions, une préoccupation.
Je comprends
qu'on a la préoccupation professionnelle, mais, au niveau des usagers
d'établissements, est-ce qu'il ne serait pas important d'avoir peut-être
une représentativité, puis je ne sais pas si c'est au niveau de la composition
qu'on doit l'inclure, mais une représentativité aux niveaux rural, urbain?
Parce qu'il peut y avoir peut-être des enjeux d'accessibilité différents en
milieu urbain et en milieu rural. Mais là je ne sais pas si on doit le mettre
spécifiquement au niveau de la nomination
des membres ou si ce n'est pas plutôt au niveau des intentions de la
commission, des membres de cette commission d'assurer qu'on ait cette
sensibilité-là quant à l'accessibilité.
Le Président (M. Bergman) :
Malheureusement, le temps s'est écoulé. Collègues, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)