(Quatorze heures six minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la santé et des services sociaux ouverte.
Le mandat de
la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Goyer (Deux-Montagnes) remplace M. Richer (Argenteuil);
M. Claveau (Dubuc)
remplace M. Villeneuve (Berthier); Mme
Weil (Notre-Dame-de-Grâce) remplace
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne); et M. Lévesque (Vanier-Les Rivières) remplace Mme Daneault (Groulx).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Alors, collègues, lors de l'ajournement de nos travaux,
jeudi dernier, nous avons adopté un amendement à l'article 5, mais nous n'avions pas débuté la discussion sur
l'article amendé. Je vous rappelle que
l'étude de l'article 3 et de son amendement a été suspendue. Mme la ministre, la parole est
à vous pour l'article 5 tel qu'amendé.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, je pourrais lire l'article 5.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, on me dit que, l'article 3, on va le laisser suspendu pour...
Mme
Hivon : Oui. Je suggère qu'on revienne, à une prochaine
séance, sur l'article 3. Il me reste une vérification à faire pour la
définition de «soins palliatifs». Donc, si vous n'avez pas d'objection, on va
poursuivre avec 5.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, Mme la ministre. Alors, l'article 5, tel que...
Mme Vallée : …
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : ...juste avant d'aller à l'article 5, je ne sais
pas comment. On avait une suggestion de définition à déposer. Donc, ce
qu'on fera, on le déposera lors de la reprise de l'étude de l'article 3.
Avec votre permission, par contre, j'aurais
juste une question. Je sais qu'on a adopté l'article 2 lors de notre séance, vendredi dernier, mais j'avais une petite
question qui m'est venue. Et c'est vraiment simplement pour en avoir le coeur net. Pendant le week-end, j'ai relu la Politique
en soins palliatifs et en soins de vie, puis, entre la mise en contexte
ou la mise en place de la politique, il y avait certains principes, puis je
comprends que l'article 2 s'est inspiré de ces principes-là, mais j'avais une
petite question parce qu'il y a des choses qui sont un petit peu différentes.
Donc, avec votre permission, je ne sais pas s'il
était possible tout simplement d'adresser cette question-là à la ministre ou si
on peut y aller un peu plus tard. C'est comme vous le voulez. C'est juste une
petite...
Le
Président (M. Bergman) : Oui. Le fait qu'on travaille dans une
manière très constructive, je propose qu'on accepte la question de Mme
la députée de Gatineau, sur consentement, n'est-ce pas? Est-ce qu'il y a
consentement? Consentement.
Mme Vallée : Merci beaucoup,
et j'apprécie, Mme la ministre, votre consentement.
Dans les
principes directeurs de la Politique en soins palliatifs et en fin de vie,
dans l'introduction, on énumère l'ensemble des valeurs sous-jacentes de
la politique, et je comprends qu'à l'article...
Mme
Hivon : Vous me
dites à quelle page vous êtes?
• (14 h 10) •
Mme Vallée : Pardon. À la
page 7 de la politique. Et je présume que ces valeurs-là, donc les quatre
valeurs sous-jacentes… j'imagine qu'elles ont été considérées dans la rédaction
de l'article 2.
Je voulais juste vérifier parce qu'il y a, dans
la question dans les maisons de soins palliatifs, un aspect de spiritualité qui est quand même assez important et
qu'on retrouve au quatrième point, c'est-à-dire «le droit à des services
empreints de compassion de la part du personnel soignant, donnés dans le
respect de ce qui confère du sens à l'existence de la
personne, soit : ses valeurs, sa culture, ses croyances […] ses pratiques
religieuses ainsi que celles de ses proches». Puis je comprends qu'à l'article 2, au deuxième paragraphe, on fait une
référence à l'effet que la personne doit être, en tout temps, «traitée avec compréhension,
compassion, courtoisie et équité, dans le respect de sa dignité, de son
autonomie [et] de ses besoins, et de sa sécurité», mais je me demandais
si l'aspect spirituel... pourquoi on n'avait pas cru bon de reprendre cet élément-là de la politique à
l'intérieur du texte du projet de loi. Parce que, j'imagine, tout l'aspect
culturel, l'aspect de la famille, de l'environnement doit aussi être
considéré dans l'ensemble des soins de fin de vie.
Le Président (M.
Bergman) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait, parce que ça fait partie de ses droits
et libertés, et ces droits et libertés doivent inspirer chacun des gestes posés à son égard, donc,
évidemment, le droit d'avoir ses croyances, sa religion, et tout ça. Donc, on
avait posé la question, et le ministère de la Justice nous avait recommandé de
ne pas aller dans ce degré de détail, de rester
vraiment au niveau des éléments qui sont là, qui en fait sont à la fois ce
qu'on retrouve dans la loi santé et services sociaux. Parce que, comme je vous explique aussi, si on s'éloigne trop
de ce qu'on a dans la loi sur la santé et les services sociaux, parce que ce sont des commentaires
pertinents aussi pour toute autre offre de soins, on pourrait donner lieu à une
interprétation différente lorsqu'on est en fin de vie versus un autre
processus, une autre étape, et, dans ce cas-ci, ça n'apparaissait pas souhaitable.
Donc, on nous a dit que «droits et libertés» comprenaient l'ensemble.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je comprends qu'il y a un état des lieux, là, qui se
fait actuellement au niveau des soins palliatifs, j'imagine. Est-ce
qu'il y a une volonté de mettre la politique à jour?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
De l'avis de tous, la politique, elle est toujours à jour, donc elle serait
toujours bonne, et, non, il n'y a pas de
travail, pour être tout à fait transparente, il n'y a pas de travail de mise à
jour, je dirais, en profondeur de la politique. Dans le bilan qu'on est
en train de faire, ce qu'on fait plutôt, c'est de voir où on atteint les
objectifs en quelque sorte et puis les
écueils dans l'application. Mais la politique, dans son fondement, dans ses
fondements de la vie, là, du milieu des soins palliatifs, elle est
toujours à jour.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Ça va. Donc, on va pouvoir revenir à l'article 5. De
toute façon, les questions... Je réalise, tout en vous parlant, que les questions que j'ai relatives
à la politique trouveront également écho dans l'article 5. Donc, on pourra...
Merci.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, collègues, on retourne à
l'article 5 tel qu'amendé puis après on va voter sur l'amendement de
l'article 5. Alors, Mme la ministre. L'article 5 tel qu'amendé.
Mme
Hivon : «5. Toute personne, dont l'état le requiert, a le
droit de recevoir des soins de fin de vie, sous réserve des exigences
particulières prévues par la présente loi.
«Ces
soins peuvent lui être offerts dans une installation maintenue par un
établissement, dans les locaux d'une maison de soins palliatifs ou à
domicile.
«Les
dispositions du présent article s'appliquent en tenant compte des dispositions
législatives et réglementaires relatives
à l'organisation et au fonctionnement des établissements, des orientations, des
politiques et des approches des maisons
de soins palliatifs ainsi que des ressources humaines, matérielles et
financières dont ils disposent.» Et on a ajouté : «Elles complètent celles de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et celles de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux pour les autochtones cris portant sur
les droits des usagers et des bénéficiaires.»
Alors,
c'est l'article qui introduit, donc, le droit qu'on a souhaité mettre noir sur
blanc à la... de recevoir des soins de
fin de vie et de prévoir où ces soins peuvent, donc, être dispensés et obtenus.
Par «domicile», je peux peut-être vous préciser
qu'on entend «tout lieu qui est situé à l'extérieur d'une installation
maintenue par un établissement ou d'un local tenu par une maison de soins palliatifs», dont notamment une résidence
pour personnes âgées serait vue comme un domicile. Et donc le troisième alinéa, lui, vient mettre le
cadre, donc, pour analyser cette obligation. Donc, évidemment, ça doit se faire dans le cadre actuel, donc, des
dispositions législatives et réglementaires tout en respectant aussi, pour ce
qui est des maisons de soins palliatifs,
leurs orientations, leurs politiques, leurs approches, ce qui, d'entrée de jeu,
même si on le prévoit plus loin noir
sur blanc dans la loi, vient consacrer le fait qu'elle pourrait offrir les
soins qu'elle souhaite offrir et non pas l'ensemble des soins.
Et,
pour ce qui est de la question des ressources humaines, matérielles et
financières, c'est le calque de ce que l'on retrouve dans la LSSSS.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Compte tenu justement que la LSSSS, et l'article 7, je crois, précisément,
reconnaît un droit aux soins de santé dans la mesure… alors pourquoi
a-t-on choisi ou a-t-on décidé de reprendre les dispositions de la loi à l'intérieur de ce projet
de loi là? Est-ce qu'on n'est pas en train, encore une fois, de… excusez-moi,
hiérarchiser les droits aux services de santé au Québec en reprenant, à
l'intérieur d'une loi précise, un droit aux soins spécifiques que l'on introduit? Est-ce qu'on n'est pas… Est-ce qu'on place,
en avant de tous les autres patients au Québec, les patients en soins de
fin de vie en réaffirmant encore une fois un droit qui est déjà à l'intérieur
de la loi?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Merci, M. le Président. Alors, c'est une très bonne
question, mais la réponse est non, et la réponse est non parce qu'on a
le même libellé, si vous voulez, du contexte. Ça le serait si on avait enlevé
toute référence au troisième alinéa… en
fait, si on n'avait pas le troisième alinéa, parce qu'on n'aurait pas eu la
disposition miroir de ce que l'on
retrouve dans la LSSSS. La raison pour laquelle on le met noir sur blanc, ce
droit-là… parce que, si un jour on décidait de faire une loi spécifique sur un autre type de soin, exemple, on
pourrait tout à fait venir écrire noir sur blanc le droit à un tel soin
parce que ça va de soi.
Donc,
ça va de soi qu'une personne a droit à des soins, mais on trouvait que c'était
important, compte tenu que c'est une
loi sur les soins de fin de vie, de réaffirmer l'importance de ces soins de fin
de vie, de réaffirmer qu'il y a un droit
d'obtenir de tels soins et aussi du fait de, je dirais… des défis qu'on a
connus dans l'implantation, donc, de la politique sur les soins de fin de vie. Je pense que c'est
important d'envoyer clairement le message que les soins palliatifs sont des
soins aussi importants, sinon plus
que les autres soins et donc de les mettre noir sur blanc et de les reconnaître
noir sur blanc dans la loi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce que nous avons les ressources? Compte tenu que
l'état des lieux n'est pas encore disponible, est-ce que nous avons les ressources physiques, les ressources humaines,
les ressources financières pour garantir l'accès aux soins palliatifs
sur l'ensemble du territoire du Québec?
On
en a jasé, on en a discuté lors des consultations. C'est une préoccupation de
plusieurs groupes. Parce qu'à partir du
moment où on introduit cet article-là quelqu'un pourrait dire : Bien,
écoutez, j'ai ce droit-là à l'accès aux soins palliatifs, et est-ce que dans ma région, peu importe où je
suis, je peux concrètement et objectivement penser que j'aurai accès à ces
soins-là et qu'est-ce que ça va engendrer?
Parce que, là, oui, on a un droit théorique, mais concrètement est-ce qu'on est
capable de… est-ce qu'on peut s'attendre à
ce que les citoyens du Québec aient réellement un accès aux soins palliatifs
au lendemain d'une adoption éventuelle de la loi?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
• (14 h 20) •
Mme
Hivon :
Oui. Alors, ma réponse, c'est : Il y a vraiment une volonté ferme à cet
égard-là. Je l'ai répété beaucoup, vous
m'avez entendue pendant les auditions, et je tiens à le redire, si on a mis ça,
si on fait une loi sur les soins de fin de vie, c'est parce qu'on a un engagement à bien sûr bonifier encore davantage
l'accès aux soins palliatifs, de faire en sorte que les gens, qu'importe
la région, vont avoir accès à ces soins palliatifs.
Et
je crois que c'est très, très important de remettre les choses en perspective.
Il y a des chiffres, qui ont circulé, de
certains groupes qui sont opposés au projet
de loi, je tiens à le dire, qui ont
fait circuler des chiffres comme quoi, au Québec, il n'y aurait
que 20 % des gens qui ont accès
aux soins palliatifs. J'ai demandé les études. Je dois vous le dire, je ne les ai jamais obtenues, la commission non
plus ne les a pas obtenues. Je pense que la raison est assez simple, c'est
que ce n'est pas un chiffre qui tient la route. Peut-être qu'ils ont vu
d'anciennes études, mais il n'y a pas d'étude à jour qui fait état d'un si
faible accès aux soins palliatifs. Je vous dirais, au contraire, et là je vais
vous donner certaines données objectives,
c'est probablement important de les entendre. On a fait tout un travail. J'ai
bien hâte que le bilan soit terminé, mais le bilan, malheureusement,
compte tenu de l'absence d'indicateur dans le milieu hospitalier notamment, ne nous permet pas de mesurer
parfaitement le degré d'atteinte des soins palliatifs parce qu'il n'y avait pas
d'indicateur.
C'est
vrai qu'il y a une complexité dans le milieu hospitalier parce que la personne
peut entrer, être en soins aigus puis, à un moment donné, transférée en soins
palliatifs. Il n'y avait pas cette tradition, dans les établissements, de
changer le code quand la personne
commençait à obtenir des soins palliatifs, parce que vous pouvez commencer à
obtenir des soins palliatifs, même si
vous n'êtes pas physiquement transféré dans une unité de soins palliatifs.
Donc, c'est toutes des choses qui
vont être raffinées, qui sont déjà en cours, je dirais, d'être grandement
améliorées. Mais ce que je peux vous dire, c'est que, comme on l'a dit, il y a cette idée d'avoir un lit par 10 000
de population qui émane de la politique. D'ailleurs, le député de Jean-Talon nous a bien expliqué d'où
venait le chiffre de un pour 10 000. Et, quand on regarde, donc, ce
chiffre de un pour 10 000, on
est à 98 % de l'atteinte de l'objectif. Est-ce que c'est le seul élément,
là? Ma réponse est rapide, c'est non.
Ça fait que je vais continuer, mais on est à 98 % de l'objectif de
l'atteinte du un pour 10 000 dans l'ensemble du Québec. Si par ailleurs on le prend région par
région, parce qu'il y a des régions qui ont été plus proactives, qui ont
développé plus de lits, donc, qui sont en
surplus alors qu'il y a des régions qui sont en déficit, il y a des régions qui
sont donc en surplus. Et, si, donc, on
le regarde région par région, on serait autour de 90 %, si vous me suivez,
là, parce qu'évidemment il faut tenir
compte des régions où il y a des défis plus importants. On serait autour de
90 % de l'atteinte. Et, je vous
le dis, notre engagement, il est que, dans un an, on ait atteint le ratio du un
pour 10 000. On a un plan de match. On a annoncé des
investissements pour ce faire.
Ce n'est pas
la seule mesure parce qu'évidemment il faut aussi avoir des soins à domicile.
Toutes les régions ne sont pas
organisées de la même manière, et c'est pourquoi, dans le 15 millions
qu'on a annoncé au printemps, 11 millions de ce 15 millions va pour bonifier les soins
palliatifs à domicile, pour s'assurer d'avoir l'équilibre, donc, entre le ratio
du un pour 10 000 et les soins qui vont
être offerts à domicile. Et ça, c'est une donnée que nous avons. La donnée que
nous avons, à partir de nos systèmes qui
s'appellent le GESTRED, dans le jargon, c'est qu'on a… Du potentiel de gens
qui devraient recevoir des soins palliatifs,
il y a 50 % des gens qui les reçoivent à domicile, qui en reçoivent à
domicile, et donc, évidemment, vous
devez additionner à ça tous les gens qui en reçoivent en milieu hospitalier et
tous ceux qui en reçoivent en maison de soins palliatifs.
Donc, nous,
vraiment, on pense que le degré d'atteinte d'accès aux soins palliatifs, il est
très bon. Est-ce qu'il est parfait?
Non. Est-ce que tout le monde a la perfection de l'intensité de soins
palliatifs? Non. C'est pour ça qu'on a annoncé des investissements, c'est pour ça qu'on poursuit le travail. Mais,
quand on regarde les données de l'atteinte du un pour 10 000, quand on regarde le degré de gens à
domicile qui en ont, je pense qu'on peut dire que le degré est très
intéressant.
Et je vous
soumettrais que, vous savez, quand les gens sont en fin de vie, qu'ils aient le
cancer ou qu'ils aient une maladie dégénérative, ils sont suivis. Ils
sont suivis par des médecins et par des spécialistes et ils ont, très, très,
très généralement, là, je ne peux pas dire
«dans tous les cas», mais une référence en soins palliatifs le moment venu.
Donc, ça ne tient non plus pas la
route, je vous dirais, du test du réel de se faire dire qu'il y aurait juste
20 % des gens qui auraient accès
aux soins palliatifs quand on sait que les gens qui ont un cancer sont suivis,
sont référés en fin de vie, même chose pour
les gens qui ont des maladies dégénératives. Donc, je vous dis : Les
chiffres que nous avons, c'est ceux que je viens de vous dévoiler.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce que l'état des lieux sera... est prévu pour quand? Vous devriez avoir
votre rapport final à quel moment?
Mme
Hivon :
On espère, le plus tôt possible, mais, je vous dirais, quelques mois tout au plus. On a un bon brouillon mais qu'on veut peaufiner. Mais il y a beaucoup
d'éléments que je peux déjà rendre publics, comme ces éléments-là, là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce
qu'il n'est pas... Puis certains
diront que cet état des lieux serait peut-être utile avant d'aller plus loin.
Pourquoi
on a choisi d'aller de l'avant avec la loi sans avoir l'état
des lieux? Parce que c'est un peu particulier. On discute
actuellement d'un article qui va donner un droit, qui va accorder un droit ou
qui va légiférer et consacrer un droit
à des citoyens pour un accès à des services. On a une idée actuellement du
déploiement du service, mais on n'a pas une idée précise. En fait, l'état des lieux devrait nous apporter une
meilleure connaissance de l'étendue des services sur le territoire. Est-ce qu'il y a urgence de légiférer
sur la question? Est-ce qu'il n'aurait pas été plus à propos d'avoir ce
polaroïd de la situation avant de
légiférer et de consacrer ce droit aux soins palliatifs? Parce que, c'est
certain, je comprends que c'est un
souhait d'améliorer l'accès aux soins palliatifs. Je comprends qu'on a fait un
choix, on a décidé d'y investir des sommes
importantes au cours de la dernière année, mais comment on peut s'assurer…
comment les députés de autour de
cette table peuvent-ils être assurés que l'article n'est pas qu'un voeu pieux,
qu'il y aura réellement les ressources et qu'on a et qu'on dispose réellement des ressources sur le terrain pour être
capable... Parce que consacrer un droit, c'est une chose, mais consacrer un droit puis se retrouver dans six mois, dans
un an à se faire dire : Bien, finalement, vous avez consacré ce droit-là, mais les ressources ne sont
pas au rendez-vous, on n'a toujours pas accès, dans certaines régions du
Québec, aux soins palliatifs… Je pense
notamment au Nord-du-Québec, je pense aux régions vraiment plus éloignées.
Est-ce que ces régions-là ont accès aux
ressources au même titre, par exemple, que la région de Québec, au même titre
que la région de Montréal?
Puis, on en parle dans ce dossier-là, on en a
parlé la semaine dernière, il y a deux semaines, dans le cadre de l'assurance autonomie, consacrer un droit au
Québec, pour moi, c'est important que ce droit-là puisse réellement être exercé
par le citoyen, peu importe où le citoyen choisit de résider.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Bien, je vous dirais que, oui, c'est l'engagement, c'est la volonté, c'est
ce qui est en cours de développement.
C'est une bonne question que pose la députée, mais je pense qu'il n'y a rien
de... ce n'est pas un avant l'autre
ou un après l'autre, c'est les deux de manière parallèle, comme je l'ai
expliqué abondamment pendant les travaux.
Moi, je pense
que ce projet de loi là, il est attendu, il est important pour l'ensemble de ce
qu'il fait. Oui, il vient consacrer
les soins palliatifs, il vient situer le tout sur un continuum, il vient
prévoir des cas exceptionnels de souffrances exceptionnelles, il vient introduire le régime des directives médicales
anticipées. Il y a une grande volonté dans la population de voir apparaître cette loi-là. Il y a une grande
volonté d'améliorer, je dirais, tout ce continuum, d'améliorer aussi toute la
compréhension, le soutien des personnes en
fin de vie, le respect de leurs volontés, notamment via les directives
médicales anticipées, de pouvoir venir encadrer la sédation, introduire
l'aide médicale à mourir. Et, pour ce qui est des soins palliatifs et de l'accès aux soins palliatifs, je pourrais vous déposer
un tableau — ça me
ferait plaisir de vous le déposer — sur l'atteinte
des objectifs. Je viens de vous les dire. Donc, comme c'est la vérité, comme
c'est l'état des lieux du pourcentage d'atteinte
du ratio un pour 10 000, du suivi, donc, des éléments de la politique à
cet égard-là, du déploiement, de l'accès des soins à domicile, donc,
c'est vraiment l'état des lieux que je peux vous transmettre, à la lumière de
ce qui a été fait.
Le hic, je vous le dis,
pourquoi le bilan, il n'est pas à mon goût? C'est parce qu'il nous manque d'indicateurs,
notamment dans le milieu hospitalier. Donc, ça, pour moi, c'est une faille. On va
les avoir au prochain exercice financier. Donc, c'est un peu ça. Mais je vous transmets le maximum de ce que je
peux vous transmettre, je dirais, en quantitatif, là, puis, si vous avez d'autres questions,
ça va me faire plaisir d'y répondre aussi. Mais je pense que vous devez prendre
aussi les chiffres que je vous transmets, qui sont les chiffres étayés, où on
en est maintenant et où on va en être dans un an avec le plan
de développement pour atteindre les ratios.
• (14 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, pourriez-vous déposer le tableau en question?
Mme
Hivon :
Oui, on va le déposer. Je pense qu'on ne l'a pas. On l'a... On va vous le
déposer, si on peut, aujourd'hui ou sinon à la prochaine... C'est bon?
Le Président (M. Bergman) :
Parfait, merci. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je crois que ma
collègue...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Bien, j'aurais des questions, mais c'est des questions tout autour de cette
volonté, volonté de montrer, parce que je... D'entrée de jeu, je veux
juste dire que je suis ici présente parce que je remplace la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Évidemment,
l'objectif, c'est d'améliorer le projet de loi, et je pense que tous ceux qui
ont voté dans un sens ou dans l'autre
veulent l'améliorer. Moi, les commentaires que j'ai eus, c'était vraiment
autour de ce noeud-là, c'est-à-dire que
les gens veulent être rassurés qu'on ne met pas la charrue devant les boeufs et
qu'il y a vraiment une volonté ferme d'avoir
des soins palliatifs, accessibilité, accessibilité des soins palliatifs en tout
lieu, en tout temps. On a eu l'occasion. J'étais en commission parlementaire, on a pu poser des questions au
Vérificateur général sur les soins à domicile et on a pu poser des questions aux représentants des CSSS
dans les régions et des agences. Et la réponse qu'ils nous ont donnée, c'est que c'est inégal, c'est inégal par région.
Et certainement le Québec n'est pas le modèle au Canada pour l'accès aux
soins palliatifs, on est peut-être quelque
part au milieu. Et donc, dans la façon que l'article 5 est écrit, ce serait de
voir s'il n'y a pas moyen de le
rendre plus solide, plus ferme pour vraiment traduire une volonté, parce que le
commentaire de beaucoup de gens,
c'est : On donne un droit et on parle de soins de fin de vie, on ne parle
pas d'un soin particulier, on parle
de soins de fin de vie et ensuite on vient conditionner ce droit dans un
domaine qui est vraiment en développement, les soins palliatifs.
Je regardais,
d'ailleurs, en Angleterre, à quel point ils font des pas de géant en soins
palliatifs. Là, ils veulent élargir les
soins palliatifs pas juste aux patients qui souffrent de cancer, mais ils sont
en train de faire des recherches pour les étendre à d'autres types de maladie. Mais on n'entend pas ce discours
ici, et je pense... bien, c'est-à-dire que, si oui, ce serait d'avoir un langage, dans la traduction,
dans les mots qui sont utilisés, qui traduise quelque chose de plus ferme pour
assurer les gens que toute la volonté est
là, donc, pour s'assurer que les gens ont réellement l'expérience des soins
palliatifs. Et donc, s'ils prennent
une décision de la sédation palliative terminale, c'est vraiment ayant vécu
cette expérience, ayant eu accès.
Donc là,
j'arrive avec des questions précises. Par exemple, dans le paragraphe... C'est
d'expliquer, dans l'article 5, premier
alinéa, «sous réserve des exigences particulières prévues par la présente loi».
Qu'est-ce qu'on comprend par cette «réserve»?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, vous avez, au troisième alinéa, donc, le lien avec les réserves.
Par exemple, une maison de soins palliatifs… en
fait, il n'y en a qu'une, à ma connaissance, mais La Maison Michel Sarrazin est la seule qui ne reçoit que des
gens atteints de cancer. Les autres ont fait l'évolution et reçoivent des
gens qui peuvent avoir des maladies
dégénératives comme la sclérose latérale. En général, ils en reçoivent
quelques-uns par année. Mais on
prévoit, au troisième alinéa, parce qu'on nous a beaucoup parlé de l'importance
de préserver l'autonomie, l'approche
des maisons de soins palliatifs, donc de ne pas venir faire du mur-à-mur via la
loi. Donc, par exemple, La Maison Michel Sarrazin pourrait continuer à
décider de n'offrir que des soins palliatifs aux personnes atteintes de cancer,
par exemple, alors que les soins de fin de
vie, de manière globale, effectivement... Et, dans la politique sur les soins
de fin de vie qui a été adoptée,
donc, en 2003, ça prévoit qu'on doit effectivement pouvoir offrir des soins de
fin de vie, des soins palliatifs, pas uniquement aux personnes atteintes
de cancer. Ça, c'est un exemple.
La fameuse question
sur les ressources humaines, matérielles et financières, je dois vous dire
que je la trouve aussi plate en quelque sorte que vous, et puis, pour moi, elle ne reflète pas du tout ce qu'est
notre volonté. Il y a une volonté excessivement ferme, il y a tout un chantier de travail au ministère,
même si l'atteinte des objectifs est très, très élevée, très importante. Mais on ne veut pas s'arrêter. On continue à
investir en soins à domicile, il y a tout un chantier sur les petits projets, le
soutien au communautaire aussi pour donner du répit aux proches aidants qui
aident des gens à domicile. Donc, tout ce travail-là se fait de manière
excessivement intense au ministère.
Mais
pourquoi il faut avoir ça? Bien, je vous l'explique, puis je l'ai dit tout à l'heure, mais c'est parce qu'on a ça dans
l'article 13 de la LSSSS et c'est quelque
chose qui n'a jamais
été remis en question. Et, si on enlevait ça dans notre loi, là, effectivement, on viendrait hiérarchiser. Donc, il y aurait
une catégorie à part pour les soins de fin
de vie, et ce n'est pas
possible de faire ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Donc, quand on
parle d'exigences particulières
prévues par la présente loi, vous incluez là-dedans les missions
particulières de certaines maisons, mais est-ce que... C'est bien ça, si je
comprends la réponse?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Il y a aussi d'autres...
Mme Weil :
Est-ce qu'il y a aussi d'autres exigences comme...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Il y a aussi, par exemple, la sédation, la
sédation palliative qu'on vient encadrer de manière stricte. Donc, on vient dire que la sédation va
devoir être faite selon les protocoles établis à partir des standards
cliniques. Donc, ça, c'est une
exigence de la loi. L'autre exigence, il va devoir maintenant y avoir un
consentement écrit pour obtenir une
sédation palliative continue qui fait partie des soins palliatifs; même chose
pour l'aide médicale à mourir, il y a des exigences particulières. Donc, c'est ce à quoi on fait référence. Une
personne ne pourrait pas arriver et dire : Bon, moi, je veux la sédation palliative, voilà, alors que
le protocole viendrait dire : Ce n'est pas un cas où ça s'applique, là.
Donc, ça va de soi qu'il faut venir dire que c'est dans le cadre
des exigences de la loi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Oui. Je reviens vraiment, là, avec les mots puis les expressions.
Donc,
on dit que toute personne a droit de recevoir les soins de fin de vie, puis
ensuite il y a des réserves, il y a des conditions, mais est-ce qu'on est en train de dire... mais est-ce qu'on
peut confirmer que, d'une manière ou d'une autre, que ce soit dans une autre région, que ce soit
soit dans un hôpital, ou une maison, ou à domicile, la personne aura accès
à des soins de fin de vie? Parce qu'on peut
interpréter l'article comme voulant dire que, si dans votre région il n'y a pas
de soin de fin de vie, vous n'en aurez pas,
auquel cas il faudrait être plus précis, parce que, lorsqu'on lit l'article, il
y a une inquiétude que… parce qu'on
parle de soins de fin de vie alors que lorsque... C'est-à-dire, «soins de fin
de vie», c'est un tout, hein, il y a
différents choix là-dedans, et certains, s'ils sont très chanceux, dans
certaines régions, auront le choix. Ils
vont peut-être décider que c'est à domicile, disons que… dans une région
particulière, ou dans une maison particulière, ou peut-être à l'hôpital, dépendant. Dans d'autres régions, non, hein,
il n'y aura pas de possibilité «peut-être à domicile» ou peut-être qu'il n'y aura pas de maison, c'est
sûr qu'il n'y a pas de maison dans toutes les régions, ce sera à l'hôpital.
Mais je pense que c'est important.
Si
ce que la ministre dit, c'est que tout le monde aura, d'une manière ou d'une
autre, accès à des soins de fin de vie, puis on parle beaucoup de soins palliatifs — je pense que, pour la plupart des gens,
c'est ça qu'ils ont en tête — si c'est bien ça, je pense que, la manière que l'article 5 est écrit, il y a une
inquiétude, parce qu'ensuite on a cette réserve au plan des ressources humaines et financières. Mais, le
système de santé, c'est sûr, si on se casse la jambe, par exemple, c'est
sûr qu'on va trouver les... on va... La
condition qu'on retrouve dans la loi sur les services de santé, ce n'est pas de
dire : Bien, à la condition
qu'on ait des ressources disponibles, on va vous réparer la jambe. Ce n'est pas
ça. C'est-à-dire que vous allez vous
ajuster, dépendant... on va vous envoyer là où on peut vous envoyer. C'est ça,
l'intention du législateur dans la Loi sur les services de santé et
services sociaux.
J'imagine
que c'est cette même intention qu'on veut traduire ici. Mais, parce qu'on parle
d'un tout, les soins de fin de vie,
on a l'impression… parce qu'on sait qu'actuellement les soins palliatifs ne
sont pas développés partout, contrairement aux soins de santé. Vous avez une crise cardiaque, vous avez besoin
d'une intervention rapide, c'est sûr qu'on va vous traiter, on ne va pas vous... Mais, parce qu'on
parle de soins, premièrement, en développement, il y a une nouvelle expérience avec les soins palliatifs, ça dure depuis quand même 30 ans, mais qui
est en constant développement, ça serait de voir s'il n'y a pas un langage
pour le rendre plus rassurant.
Je
pense que les gens ont besoin d'être rassurés que, si moi, je choisis d'avoir
des soins palliatifs, je vais pouvoir avoir accès à des soins
palliatifs. Et comment est-ce que le système
de santé s'organise pour que j'aie des soins
palliatifs?
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Peut-être, premier élément pour rassurer la... On a l'article 8 plus loin qui
vient dire que tout établissement offre les soins palliatifs, donc, doit
offrir les soins palliatifs. Donc, tout établissement doit les offrir.
À 5, on vient mettre le principe, après on décortique. Donc, tout établissement
doit les offrir, les soins de fin de vie. Donc, il doit offrir l'ensemble des soins
de fin de vie, premièrement.
Et, pour faire votre parallèle avec la
personne qui a besoin d'une chirurgie cardiaque, par exemple, elle vit dans
un petit village au nord de l'Abitibi, elle ne l'aura pas nécessairement dans
le petit village au nord de l'Abitibi, mais, dans sa région, on va s'assurer… et même il y a des
endroits où il y a des soins ultraspécialisés qui ne peuvent pas être donnés
à proximité, on va s'assurer… bon. La
volonté, là, et c'est plus qu'une volonté, c'est un engagement, c'est que dans
chaque région, évidemment, les soins
palliatifs sont disponibles. Parce que c'est tout ça qu'on est en train de
revoir en ce moment au ministère.
C'est de s'assurer que le développement avec les sommes additionnelles qui sont
consenties, un, il va en priorité aux
endroits où il y a un manque de lits ou un manque de soins palliatifs. C'est
clairement comme ça que ça se fait en
ce moment, c'est les régions donc où il y a un manque de lits qui sont
financées, et on bonifie les soins palliatifs en premier. Et donc toute cette organisation est faite pour être
optimale. Si vous avez, par exemple, deux maisons de soins palliatifs, comment tout ça se décline pour avoir
une offre optimale avec l'unité en centre hospitalier, avec ce que vous avez comme lits en ressources plus spécialisées
versus l'offre à domicile, c'est tout ça qu'on regarde. Donc, l'objectif,
c'est exactement ça, c'est que, que vous
soyez en Abitibi ou à Montréal, vous ayez accès, d'une manière ou d'une autre,
aux soins palliatifs.
Et
d'ailleurs le député de Jean-Talon nous parlait déjà du Lac-Saint-Jean, et le
Lac-Saint-Jean est un bon exemple où
il y a cet équilibre entre les soins palliatifs à domicile, les maisons de
soins palliatifs et les unités dédiées dans les centres hospitaliers. Donc, c'est ça, notre engagement
pour qu'importe où vous soyez au Québec vous ayez accès aux soins palliatifs.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Donc, c'est ça. Alors donc, au paragraphe… le deuxième
alinéa, ce serait plutôt que ces soins lui seront offerts soit dans une installation maintenue par un
établissement, dans les locaux d'une maison de soins palliatifs ou à domicile, parce que le «peuvent» vient
rajouter cette couche d'incertitude lorsque les gens le lisent. C'est-à-dire,
ça sera à un endroit ou à l'autre, et
puis on ne spécifie pas dans quelle région, ça pourrait être dans une autre
région. Mais est-ce que vous êtes en…
La ministre est en train de dire : C'est qu'on confirme que, d'une manière
ou d'une autre, la personne aura
accès à ce qu'on appelle des soins de fin de vie. Donc, on pourrait rajouter un
élément de certitude et de...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je pense qu'il faudrait être au présent, on me dit,
mais, si vous aimez mieux… De ce que je comprends, vous préféreriez : Ces soins lui sont offerts
dans une installation maintenue, dans les locaux d'une maison de soins
palliatifs ou à domicile. Vous aimez mieux ça?
Mme Weil :
Bien, je ne sais pas...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : …excusez-moi, je n'étais pas ici quand vous avez décidé
comment vous faites vos analyses — excusez-moi — si
vous y alliez par paragraphe.
Moi,
je regardais le tout parce que je pense que c'est un article extrêmement
important, important pour assurer les
gens que la volonté, bien que je pense que les gens puissent comprendre qu'on
n'a pas des... Tout le monde aimerait des
maisons de soins palliatifs dans toutes les régions, mais je pense que les gens
comprennent que ce n'est pas ça. Puis, de
toute façon, il y a des soins palliatifs, dans des hôpitaux, qui sont
excellents, puis des gens ont vécu des expériences excellentes avec ça. Mais donc c'est de tout
faire… alors, moi, je regardais l'article globalement, de voir comment on
peut enlever ces éléments d'incertitude pour
rassurer les gens. Parce que le prochain, le troisième, vient parler de
ressources financières et humaines,
et, dès qu'on commence à parler de ressources financières et humaines, c'est là
qu'évidemment le niveau d'inconfort est quand même assez élevé. Donc,
c'est ça. Alors, si les collègues sont d'accord...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, en fait, je comprends bien l'intervention de ma
collègue, j'avais, en lien avec ce paragraphe-là, j'avais évidemment la
préoccupation, parce qu'on en a discuté un peu vendredi dernier... Il y a aussi
une autonomie à préserver au sein de
certaines maisons de soins palliatifs qui sont des organismes à but non
lucratif et qui ne souhaitent pas
offrir… En tout cas, actuellement, il y a de ces maisons-là qui ne souhaitent
pas offrir ou ne souhaiteront pas offrir l'aide médicale à mourir. Et je ne voudrais pas que cet article-là ait
l'effet contraire à celui qu'on souhaite, c'est-à-dire de toujours permettre le libre choix des maisons
de soins palliatifs d'offrir la gamme de soins ou d'interventions, mais
la gamme de soins de fin de vie qui sera conforme à l'esprit puis à la
philosophie de la maison.
Alors,
c'était une de mes questions. Au-delà de l'aspect des ressources, de
l'accessibilité des ressources, je ne voudrais
pas par la rédaction qu'on puisse, dans un avenir à moyen ou long terme,
dire : L'article 5 consacre un droit, l'article 5 consacre un droit à l'ensemble des soins de fin de vie à
certains endroits, et donc les maisons de soins palliatifs sont tenues d'offrir les soins de fin de vie, y
incluant l'aide médicale à mourir. Il ne faudrait pas faire indirectement ce
qu'on ne veut pas faire directement, là, je ne sais pas…
Une voix :
Mais, si on peut parler formellement...
Mme Vallée : Oui, oui, bien
c'est ce qu'on fait.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre. Mme la ministre.
Des voix : …
Le Président (M. Bergman) :
Excusez. Mme la ministre.
Mme Weil : Excusez-moi. La
ministre a un peu répondu peut-être à ça…
Le Président (M. Bergman) :
Excusez. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce…
Mme Weil : Oui. Excusez-moi.
Le Président (M. Bergman) :
…c'est à Mme la ministre.
Mme Weil : La ministre tantôt,
lorsque…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce…
Mme
Hivon : Ça va pour
la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Je suis prête à l'écouter.
Le Président (M. Bergman) :
Parfait. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui. Alors, la ministre, quand on a parlé, justement,
de cette question du sens d'«exigences particulières [...] par la présente
loi», la ministre a donné comme exemple, justement,
une maison de soins palliatifs qui ne
souhaiterait pas… ce n'est pas dans sa mission d'offrir la sédation palliative
terminale, auquel cas, bon, ce sera là dans la transcription, mais il y
a peut-être lieu de préciser plus finement cette question dans ce deuxième
paragraphe.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je veux simplement dire à la députée
de Notre-Dame-de-Grâce qu'il y
a un autre article qui vient plus loin, qui vient spécifier — puis
on va même avoir un amendement pour le rendre encore plus clair — que les maisons de soins palliatifs déterminent les soins de fin de vie qu'elles
offrent. Donc, ça, ça va être très, très, très clair.
Moi, je vous
dirais que, pour l'article 5, le «peuvent» faisait référence peut-être à cette
nuance-là, mais on me dit que, s'il y
a une volonté… si vous souhaitez qu'on apporte un amendement pour… plutôt que
«ces soins peuvent lui être offerts»,
pour dire «ces soins lui sont offerts», on pourrait effectivement déposer un
tel amendement parce que le troisième alinéa
vient de toute façon dire qu'on doit l'interpréter en tenant compte de
certaines dispositions législatives réglementaires, des orientations,
des politiques et des approches des maisons. Donc, ce serait acceptable, selon
les légistes.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, juste une clarification, parce
que la députée de Notre-Dame-de-Grâce n'était pas présente. On le traite vraiment comme un dossier d'éthique.
C'est-à-dire que, de temps en temps, il faut qu'on en discute beaucoup avec vous autres, on met les choses sur
la table, et ce qu'on veut à la fin : que ce soit le meilleur projet de
loi possible et applicable. C'est pour ça qu'on peut se permettre de prendre la
parole sans aucun problème.
Moi, je vais
vous expliquer un petit peu mon malaise. C'est certain qu'on consacre un droit,
mais, dans l'applicabilité, il faut vivre avec l'idée que, si quelqu'un
dit à un moment donné : J'exige que mon droit soit respecté, il faut qu'on se donne des balises. Puis je vais
vous donner un exemple. On n'en a pas parlé, mais, l'aide médicale à mourir,
si on n'a pas le médecin disponible, on n'a pas la possibilité de l'avoir dans
un endroit, on avait déjà parlé de certains endroits
isolés, on ne prendra pas le patient puis on ne le déménagera pas, il ne
faudrait pas qu'on se retrouve non plus avec une condition qu'il faudrait absolument remplir ce droit-là. C'est
pour ça qu'on a marqué, dans le projet de loi : C'est aussi en fonction des ressources qui sont
disponibles. C'est ça, la logique qu'il y avait en arrière. Et l'autre élément
que je fais attention, c'est que, si
on insiste trop en disant : Bien, si c'est dans la loi, on devrait
absolument le donner — moi, je suis d'accord
avec ma collègue, là, on a un article peut-être qui dit que les maisons de
soins palliatifs ne sont pas obligées de
le donner — on peut
se retrouver avec un autre problème à gérer par la suite. Ça, c'est le genre de
situation qu'on doit être prudent,
c'est-à-dire qu'on dit aux gens : Oui, vous avez un droit, mais il y a
comme «à l'impossible nul n'est tenu». Puis là-dessus il faut que la loi
prévoie une porte de sortie pour le législateur et surtout pour les cliniciens,
parce que, quand il va y avoir un problème,
les législateurs, ils ne seront pas là, eux autres, mais il va y avoir
quelqu'un à quelque part qui va
devoir le gérer, puis on va en arriver plus tard… C'est bien beau dire :
Le DSP va tout régler, là. Moi, je l'ai été, DSP, là. Toi aussi, tu ne
peux pas le régler, le problème.
Donc, il faut
avoir fait ce niveau de réflexion là
pour dire aux gens : Oui, on veut vous les rendre accessibles, puis
au niveau des soins palliatifs, tous les soins ou interventions qui vont être
possibles de faire. Par contre, moi, je mets une nuance : il faut qu'on soit capables de dire à un moment donné qu'à l'impossible nul n'est tenu. Donc, quand les ressources
ne sont pas disponibles, quelle que soit la
raison, bien il faut être capable de dire à la personne : Oui, on
veut, mais on ne peut pas.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
• (14 h 50) •
Mme
Hivon : Bien, je
pense que c'est une remarque
pertinente, mais je dois vous dire qu'on va loin à cause de l'article 8.
Puis, on va
le voir, tout établissement va devoir offrir des soins palliatifs. Donc, ça, il n'y a
pas d'échappatoire, puis ça va de
soi, je pense. En 2013, c'est normal que tout établissement au Québec doive offrir des soins palliatifs. C'est nécessaire.
On est rendus là. La plupart le font déjà. Est-ce
que ça veut dire que chaque établissement plus petit, plus grand a une
unité dédiée, peinte d'une manière spécifique dans l'hôpital
avec... Non, parce que ça ne peut pas être ça partout. Mais l'important, et je l'ai répété souvent, c'est que chaque établissement ait une
offre de soins palliatifs qui peut aller vers le patient plutôt que d'amener le patient dans l'unité spécifique. Et ça, 8
le consacre. Et il y a beaucoup d'articles qui vont venir dire «va devoir se doter d'une politique en
soins palliatifs». Il y a énormément d'éléments pour venir encadrer tout
ça et s'assurer que les établissements vont
offrir les soins de fin de vie. Donc, ça, je pense que c'est très important. Et,
juste peut-être une précision — si jamais on y revient, là je vais vous
laisser peut-être... — le deuxième alinéa, «ces soins peuvent lui être offerts», en fait pourquoi c'est écrit «peuvent»? Parce
que, dans le sens, me dit-on, légistique, ça a le même sens, là, «peuvent lui être offerts» ou «lui sont
offerts». C'est qu'en fait, la personne, évidemment, ça ne veut pas dire
que, parce que son état le requiert, il faut
qu'on lui en donne. Il faut toujours qu'elle demande, qu'elle veuille les soins
et qu'elle les demande, et tout ça, là.
Donc, le «peuvent», c'est pour ça qu'il avait
été choisi, c'est un petit peu pour respecter la personne dans sa démarche, dans sa volonté d'obtenir des soins. Mais
certainement qu'on pourrait examiner, s'il y a une volonté du côté de l'opposition, de le changer pour «sont
offerts», là. Dans la manière où ça fonctionnerait dans un monde idéal, la
personne dirait : Moi, je veux
les recevoir à domicile, exemple, parce que c'est possible dans mon coin, et
une personne pourrait dire :
Moi, j'aime mieux aller en maison de soins; une autre : En établissement.
Mais évidemment ce qui est consacré ici, c'est le droit d'en recevoir.
Donc, c'est ce qui est consacré.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est juste que je veux
faire une nuance. Dans l'article 8, ce n'est pas «tout établissement
offre des soins palliatifs», mais «offre les soins de fin de vie».
Il y a une
nuance parce que «fin de vie» comprend «soins palliatifs» et l'«aide médicale à
mourir». Ça fait que, moi, la...
Honnêtement, actuellement au Québec, tout le monde offre des soins palliatifs.
Je ne connais pas un établissement au Québec, où il n'y a pas des gens
qui décèdent, qu'on n'offre pas des soins palliatifs. Le niveau de qualité peut
être variable, la quantité de soins peut
être variable, mais tout le monde offre des soins palliatifs. Quant à moi, ce
n'est même pas une nuance qu'on a
actuellement. Mais, la loi, ce n'est pas ça qu'elle consacre. Elle
consacre : tout le monde va devoir offrir l'aide médicale à mourir.
Et, l'aide médicale à mourir, je ne suis pas sûr que, si, aux
Îles-de-la-Madeleine, les médecins décident
de ne pas la faire, ça peut être la possibilité. Je prends les Îles parce que
je les connais bien puis je suis allé
voir, puis ils sont 20 médecins. Mais, s'il arrive à cet endroit-là où ce n'est
pas possible de l'offrir, bien, à ce moment-là, c'est possible qu'on ne soit pas en mesure, par la disponibilité des
ressources, de l'offrir. C'est pour ça que je veux faire cette nuance-là
par rapport à la question de la disponibilité des ressources.
En passant,
comme opposition, on ne traite pas comme ça, mais ce serait plus facile de
mettre la ministre au pied du mur en
lui disant : Regarde, maintenant que tu l'as mis dans la loi, on t'oblige
à le faire, sauf qu'il faut penser qu'on est là pour des gens qui sont très malades, avec des familles, puis il
faut leur donner l'heure juste. Et, à un moment donné, aussi il ne faut pas créer des conflits, surtout
pas judiciariser. Il faut être capable de dire aux gens : Ça dépend aussi
des ressources qui sont disponibles.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Puis, peut-être pour rassurer, autant le Collège des médecins que l'Association
médicale du Québec... elle est très
préoccupée aussi par l'importance que l'offre, je dirais, oui, des soins
palliatifs mais aussi de la sédation et l'aide médicale à mourir soit
disponible. Donc, c'est sûr qu'elle travaille aussi, je dirais, avec ses
membres dans cette optique-là de savoir
comment cette offre-là va être disponible sur le territoire, d'où le sondage
qu'elle avait effectué aussi. Et je pense qu'il y a cette grande
sensibilité là aussi en ce moment au sein du corps médical et je pense que plus
le projet de loi va être appliqué, plus la pratique aussi va entrer dans les
moeurs, plus on va voir aussi une volonté de s'assurer de la disponibilité de
ces soins, y compris la question de l'aide médicale à mourir.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Vanier-Les Rivières.
M.
Lévesque : Merci, M. le Président. Quand on parle des mots… le
choix des mots, là, entre le «peuvent» et «lui sont», il me semble que le mot «peuvent» me semble plus
intéressant, parce qu'il faut toujours regarder les situations les plus difficiles, là. J'imagine des régions
plus éloignées. Moi, je suis un originaire de la Côte-Nord… puis qu'évidemment
sur la Basse-Côte-Nord il y a des régions, là... parce que ça va être difficile
d'offrir l'ensemble, le tout.
Ça fait que
c'est pour ça que je trouve que le libellé qu'on a actuellement est
intéressant, parce que, «peuvent», il faut
se garder une flexibilité, pas déjà se coincer. Le «sont»… si on utilise le mot
«lui sont offerts», il y a comme une notion, selon moi, là, d'obligation ou qui encarcane beaucoup, tandis que
«peuvent», bien c'est une balise, ça donne des choix, ça donne des opportunités. Mais ça crée aussi,
puis ça donne au législateur puis après ça à ceux qui vont avoir à offrir les services sur le
terrain plus de flexibilité. Puis je voudrais rappeler aussi qu'il y a le mot
«ou» qui… il n'est pas anodin à
l'intérieur de la phrase du deuxième alinéa, là. On donne des choix. On parle
d'un établissement, des locaux d'une maison de soins palliatifs «ou» à
domicile.
Donc, il y a
comme des choix qui sont offerts. Ça crée de la flexibilité tant pour l'usager,
qui requiert les soins en fin de vie,
mais aussi pour ceux qui peuvent l'offrir. Puis d'une région à l'autre... Moi,
je comprends qu'à Montréal, à Québec,
à Gatineau, dans les grandes villes, c'est peut-être plus facile, mais
j'imagine des cas extrêmes — il faut toujours penser à ça, là — dans peut-être le Nord-du-Québec, sur la
Côte-Nord, la belle région de la Gaspésie—Les Îles. Il y a des endroits où est-ce que c'est moins populeux, puis peut-être que l'offre
de services est plus éloignée, puis les gens veulent demeurer près de la maison, puis ce ne sera pas
toujours possible. Ça fait qu'il faut penser à ça pour ne pas trop se coincer
les mains puis se mettre des menottes dès le départ.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. En fait, j'entends bien le commentaire, moi, je veux juste rassurer tout
le monde, là, parce que le but, au départ, c'est de rassurer.
L'objectif et
l'engagement — c'est
plus qu'un objectif — c'est
que, dans toutes les régions, les soins palliatifs soient disponibles. Le député de Jean-Talon fait
bien de le rappeler, les établissements, les centres hospitaliers évidemment
offrent des soins palliatifs. Il faut
toujours faire la distinction. Est-ce que le petit centre hospitalier en région
a une unité dédiée de soins
palliatifs? Non, parce que ça ne serait pas nécessairement la chose la plus
efficace à faire. Mais est-ce qu'ils
offrent des soins palliatifs? Oui. Mais on vient le consacrer puis on vient
plus loin… Et c'est ça, là, que je veux faire ressortir dans le deuxième alinéa. Pourquoi on avait choisi
«peuvent»? C'est parce qu'en fait, quand on le lit, c'est de faire
l'énumération.
Donc, ils
peuvent les avoir dans un établissement, dans une maison ou à domicile. C'est
sûr qu'en rédaction, si on
disait : Lui sont offerts là, là et là, ça pourrait donner l'impression
que la personne, elle en reçoit à trois endroits. Donc...
Une voix : Ou.
Mme
Hivon :
Oui, effectivement, il y a «ou». Donc, c'est pour ça que je pense que ce n'est
pas... Si on veut le changer, compte
tenu que l'article doit se lire de toute façon avec ces trois alinéas, si c'est
une demande qui nous est faite, on va la considérer.
Mais je veux
juste expliquer pourquoi on avait mis «peuvent». Ce qu'on me dit, c'est aussi
parce qu'il y avait les trois lieux. Donc, on voulait que ça soit clair
que c'était un ou l'autre, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (15 heures) •
Mme Vallée :
Sur le «sont» et le «peuvent», encore, moi, je militerais en faveur de la
suggestion de ma collègue pour la
raison suivante… c'est-à-dire, le «sont», pour éviter d'aller à l'extérieur,
parce que, «peuvent lui être offerts», c'est comme s'il y avait une
possibilité que les soins soient offerts ailleurs que dans les établissements,
que dans des locaux de soins palliatifs.
Évidemment, on aura l'article qui viendra, là, pour assurer l'autonomie du
choix des maisons de soins de palliatifs
ou à domicile. Donc, en disant «ils sont», c'est vraiment... compte tenu
qu'on aura, à l'intérieur des soins
de fin de vie, de l'aide médicale à mourir et que l'aide médicale à mourir doit
être encadrée et balisée d'une façon très stricte, qu'elle sera soumise
au contrôle de la commission aussi…
Parce qu'à
partir du moment où on met en place la commission la commission aura des
rapports qui lui proviendront des
établissements, aura des rapports, qui proviendront aussi… quant à l'aide
médicale à mourir administrée à domicile, l'aide médicale à mourir administrée si, un jour, une maison de soins
palliatifs choisissait d'offrir ce soin de fin de vie là à l'intérieur de ses murs. Donc, pour éviter que des soins de fin de vie... «Soins palliatifs», c'est une chose, mais, l'aide
médicale à mourir, on entre dans quelque chose qui est beaucoup
plus pointu, beaucoup plus délicat. Et il ne faudrait pas ouvrir la porte non plus à ce que ces soins-là
soient offerts dans d'autres contextes. Et je sais que ce n'est pas du tout la
volonté de la ministre, au contraire. J'ai
compris que la ministre souhaitait vraiment bien encadrer le
tout. Donc, le «peuvent» laisse sous-entendre qu'il y a peut-être
d'autres endroits où ces soins-là pourraient être offerts.
Et en
parallèle — on
fait beaucoup de parallèles avec l'article 7 de la loi-cadre — mais,
dans l'article 7, on dit clairement qu'il incombe aux établissements, dans le cadre de «toute personne dont la vie ou
l'intégrité est en danger a le droit
de recevoir les soins qui requiert son état. Il incombe à tout établissement, lorsque demande lui en est faite, de voir à ce que soient fournis ces soins.» J'imagine que,
ça, on parle de soins d'urgence. Mais, si on concrétise le droit de toute
personne dont l'état le requiert de recevoir
les soins de fin de vie, bien on devrait aussi s'assurer que les établissements seront tenus d'offrir ces
soins-là. Il faut être conséquents avec nous-mêmes. Dans une loi, on
assujettit les établissements, on oblige les établissements à offrir
les soins et, dans l'autre, bien c'est peut-être moins clair, là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : O.K. L'article 7, il est un peu plus précis que l'article
général. Et on me dit… j'ai l'air très savante comme ça, là, on me dit à l'oreille que l'article général sur les soins, c'est le 5.
C'est : «Toute personne a le droit de recevoir des services de santé et des services sociaux
adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain et social…» 7, c'est en
situation... lorsque la vie ou l'intégrité
est en danger. Donc, c'est plus l'urgence. Donc là, on est dans une
sous-catégorie, si
vous voulez, et c'est ce qui explique qu'il est un peu plus défini. Puis
ensuite vous avez l'autre article qui vient émettre les réserves, c'est l'article 13, donc, qui vient
dire qu'ils s'exercent en tenant compte des dispositions législatives… «5 et 6,
s'exercent en tenant compte des dispositions législatives», et des ressources,
et tout ça.
Le Président (M. Bergman) : ...
Mme
Hivon : Si je peux
peut-être juste...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Si la volonté, c'était de dire qu'on devrait peut-être mettre ça, je vous
dirais que, compte tenu que l'article
5, c'est l'article général sur établissement, les maisons et le domicile, je
pense que notre manière de fonctionner, d'avoir fait la loi, où on vient ensuite reprendre les établissements,
les maisons de soins… on vient donc à 8 le dire. Donc, ce qui est consacré en quelque sorte en situation
d'urgence dans la LSSSS se retrouve à l'article 8 quand on vient dire
que «tout établissement offre les soins de fin de vie».
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Moi, je vois
l'article 7 différemment. À la lecture, c'est vraiment un cas très particulier.
On dit qu'«une personne ne peut se voir
refuser des soins de fin de vie au motif qu'elle a préalablement refusé de
recevoir un soin ou qu'elle a retiré son consentement à un soin». Donc,
je voyais ça comme un cas assez particulier.
Mais je voudrais revenir à la lecture de 8 avec
5, parce que, donc, les deux doivent... il doit y avoir une concordance. Et, quand on regarde le troisième
paragraphe, on voit que, bon, «les dispositions du présent article s'appliquent
en tenant compte des dispositions
législatives et réglementaires relatives à l'organisation et au fonctionnement
des établissements». Et ensuite, pour
les maisons de soins palliatifs, on parle «des orientations, des politiques et
des approches des maisons de soins
palliatifs [et] des ressources humaines». Donc, on semble dire, puis je veux
juste être sûre que j'ai bien
compris, surtout en lisant 8 avec 5… est-ce qu'on est en train de dire que les
maisons palliatives… Elles, évidemment, elles ont le choix d'offrir la sédation palliative terminale ou non,
mais les établissements ont l'obligation d'offrir le tout, c'est-à-dire des soins palliatifs et... Est-ce que
l'article 8, donc... J'ai bien lu le paragraphe cinq, le troisième paragraphe.
C'est que les maisons palliatives ont une
marge de manoeuvre, mais les établissements doivent offrir le tout,
c'est-à-dire les soins palliatifs et,
bon… auquel cas le problème est réel, le problème est réel, c'est peut-être
qu'il y a des établissements dans
certaines régions qui pourraient... mais on va y revenir à 8 — là, on est sur 5, mais, je pense, les deux doivent se lire ensemble — auquel
cas il y a très peu de marge de manoeuvre.
Et donc, si
on pense à un droit… Et, l'individu qui voudrait vraiment avoir accès à la sédation palliative terminale, il faut lui trouver une solution au-delà du fait
que l'établissement, on n'est pas capable de trouver des médecins. Il faudrait
qu'il y ait, comme… on le renvoie, on le
réfère à un établissement proche. Et, en tout cas, on verra dans les articles
si on le trouve à quelque part. Mais
8, c'est vraiment comme une obligation. Alors, je voulais juste être sûre que
j'avais bien compris la manière que l'article 5 est écrit.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En
fait, premier élément de l'intervention de la députée, effectivement les
établissements sont tenus d'offrir l'ensemble
des soins de fin de vie, alors que les maisons de soins palliatifs — on va le voir à l'article 14 — choisissent les soins de fin de vie qu'elles
offrent. Et les établissements, du fait de l'article 8, du fait des politiques, et tout ça, offrent l'ensemble. Pour
ce qui est de la question, on pourra le voir plus loin, mais il y a une série
aussi de mécanismes pour s'assurer de
la meilleure offre possible. Il faut aussi tenir compte que l'on parle
d'établissements et non pas des…
Une voix : …
Mme
Hivon :
…et non pas d'installations. Donc, ça ne veut pas dire qu'à chacune des
installations, bien que dans la
plupart des cas les installations vont l'offrir… mais c'est les établissements
qui ont l'obligation, ce qui donne un peu la flexibilité sur un territoire donné. Et on est confiants que la
pratique va faire en sorte, sans se mettre la tête dans le sable, que ça
va être parfait du jour au lendemain, mais qu'avec les libellés qui sont là on
va arriver à bien couvrir et à bien répondre aux exigences, bien sûr, du projet
de loi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, juste pour une clarification, parce que
ça devient comme dans le coeur du sujet. À un moment donné, un
établissement qui n'a pas les ressources pour le donner peut ne pas le donner.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, c'est parce que, là, il faut juste mettre ça clair, là.
Sur le
territoire du Québec, à la grandeur qu'on a, il va arriver, à un moment donné,
un patient qui va être dans une situation qu'il va vouloir l'avoir de
façon assez imminente, à moins que vous me disiez que vous allez avoir des médecins qui sont payés en attente pour aller
faire ça dans des endroits comme on a déjà parlé quand on a fait… tu sais,
on avait jasé : À un moment donné, on
pourrait-u avoir des équipes itinérantes? Mais, sur la Côte-Nord, je ne sais
pas, moi, sur le territoire de
Baie-Comeau, je ne suis pas sûr qu'il va y avoir toujours quelqu'un. Puis il y
en a beaucoup, des territoires, là,
c'est grand, le Québec, là. Ça fait qu'il faut juste savoir qu'il y a une
exception, à un moment donné, qui va
confirmer la règle. Puis, si on dit : C'est sûr qu'il va y avoir le
service, je pense qu'on n'est pas pratique, là. Il va arriver à un moment donné… À moins qu'on me dise qu'il va
y avoir des équipes itinérantes qui vont être capables d'aller poser l'acte, l'aide médicale à mourir, à très courte
échéance, là, hein, ça serait la seule solution que je verrais. Tu sais, tu
prends un avion puis tu l'envoies là-bas, puis il fait l'intervention. À
part de ça, là, il faut être...
Tu sais, à un
moment donné, il y a eu des urgences qui ont fermé au Québec, il n'y en a eu
pas beaucoup, parce qu'il n'y en
avait pas, de médecin. Pourtant, c'était une urgence qui devait fermer. Ça fait
que, dans des cas comme ça, il va
certainement y avoir des situations où est-ce qu'on va être obligé de dire à la
personne : Vous avez un droit dans la loi; malheureusement, nous n'avons pas les ressources pour le faire, on
comprend qu'on ne peut pas transférer le patient, ce qui serait inhumain, donc le droit ne pourra pas
s'appliquer dans ce cas-là. Moi, je pense, c'est l'exception de l'exception.
Mais moi, je… on est enregistrés, il faut se
le dire… juste à vous dire : Si on fait une loi, puis on n'est pas
capables de prévoir ce type de
situation là, bien je pense qu'on est un peu trop idéaliste. Puis il faut être
pratico-pratique, là. Moi, je pense
qu'il faut juste se le dire entre nous autres puis être capables de dire dans
la loi, puis se le dire clairement, qu'il y a une limite à ce qu'on va pouvoir offrir. Puis je comprends que tout le
monde voudrait tout avoir, mais ça n'existe pas dans un système, ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, ce
n'est pas le souhait, ce n'est pas l'objectif...
Une voix : …
• (15 h 10) •
Mme
Hivon : Non, non,
mais je pense que c'est important de le dire. Ce n'est pas l'engagement, non
plus.
C'est
certain, puis le député de Jean-Talon sait de quoi il parle, là, qu'on
s'organise, quand il y a des situations exceptionnelles, pour faire le maximum pour que les personnes aient leur
droit à l'accès aux soins. Il y a des corridors de services, il y a tout ça. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y aura
jamais d'exception? Bien sûr que non. Et la réserve elle est là, comme
elle est dans la LSSSS, pour prévoir ça.
Mais je vous dirais que, pour le cas de l'aide
médicale à mourir, c'est certain que, si c'est très, très, très tardivement que la demande est faite, il peut y
avoir peut-être un risque. Mais, dans la majorité des cas, ce qu'on pense,
évidemment, c'est que ça va faire l'objet
d'une discussion quand même entre le médecin et le patient. C'est quelque chose
qui va être connu, discuté. Bon, évidemment, il faut remplir tous les critères
de la loi. Donc, on ne peut pas se lever un beau jour puis dire : Voici, maintenant j'exige et je veux,
là. Ce n'est pas comme ça que ça va se passer, compte tenu des exigences
du dialogue, et tout ça, mais, dans une situation exceptionnelle, c'est certain
que ça pourrait arriver.
Puis c'est
pour ça qu'on a le libellé de l'article 5 qu'on a, qui est en fait le miroir du
libellé de l'article 13 de la LSSSS, parce qu'il peut y arriver des situations exceptionnelles où la personne ne peut pas
exiger sur le champ : Voici, voilà,
maintenant. Mais on fait le maximum. Je vous dirais qu'on a toujours,
toujours l'obligation de moyens d'accompagner la personne.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je
suis tout à fait... Je pense qu'on dit la même chose, puis on le
répète, là, mais moi, je veux être
capable d'aller dire en entrevue, là, à
un moment donné, puis la ministre
devra être capable de faire la même chose :
Advenant le cas que la personne ne peut pas l'avoir, comment vous voyez ça?
Bien, dans la loi, il est prévu qu'il peut
arriver des exceptions. Par contre, ce n'est pas ça qu'on veut. On veut que les gens
reçoivent le service, si la loi passe, que
ce soit accessible. Mais, comme je dis souvent, à l'impossible nul n'est tenu,
puis il va falloir vivre avec cette restriction-là.
Moi, j'aime autant le dire, parce que par la suite on va pouvoir dire aux gens :
Bien, écoutez, on en avait discuté en
commission, et c'était ça, l'orientation. Puis je vais
dire que la ministre disait qu'on va faire tous les efforts
possibles, mais il peut arriver que ce droit ne soit pas rempli, faute de
capacité.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait, quand les gens posent la question : Pourquoi le troisième alinéa de l'article 5?, c'est pour ça, parce
que, dans le système de santé et services sociaux, c'est
impossible d'avoir une obligation de résultat pour tout soin, tout service qu'une personne voudrait avoir
ici, maintenant, dans tel lieu. C'est présent, ça a toujours été présent
dans la loi pour les situations
exceptionnelles et, parce que ce n'est pas un droit créance, on pourrait
l'appeler comme ça, exigible sur le
champ, c'est pour ça qu'il faut le ramener, donc, à l'article 5. Mais donc il
faut être clair à cet égard-là, mais
il faut aussi dire, je pense, c'est très important, que l'engagement, il est là
pour que tout soit déployé pour que ces services-là, ces soins-là soient accessibles partout. Et moi, je sens
qu'il y a aussi cette volonté-là et cette préoccupation-là, je dirais, chez le corps
médical aussi, parce qu'ils sont bien conscients aussi de la réalité, et cette
volonté-là, elle est partagée. Il y a
cette réflexion-là, il y a ce travail-là aussi qui se fait pour que les gens
puissent avoir accès évidemment aux soins.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, moi, je vais mettre une
nuance, là. Quand on arrive dans ce type de dossier là, tout le monde nous dit : Il n'y en aura pas,
de problème, ça va être facile. Moi, je peux vous dire, puis on a commencé
à en jaser, il y a beaucoup de médecins qui
étaient pour, il y a beaucoup de médecins qui disent qu'ils sont d'accord, mais
beaucoup de médecins, ces mêmes médecins là, nous disent : Eux autres, ils
ne le feront pas.
C'est
ça qu'on entend beaucoup dans la population médicale. J'en ai vu quand même
plusieurs ces derniers temps. C'est-à-dire, les gens trouvent tous le
principe, mais, de là à aller faire l'intervention d'injecter et de voir la
personne décéder devant ses yeux… le
66 %, là, j'ai hâte de le voir sur le terrain, là. Mais je pense qu'il
faut juste être réaliste puis moi, je
pense qu'à la fin on va être capable de l'appliquer. Mais au début, en tout
cas, la première, deuxième année, je pense
qu'il va y avoir beaucoup de situations où est-ce que les gens vont demander et
ils n'auront peut-être pas les ressources localement pour être capables de les faire. Mais ça, ça fait partie de
la mise en application de la loi. Puis ce que la ministre dit, c'est qu'elle va faire tous, tous les efforts
pour que ça puisse se faire. Mais moi, je pense, puis je veux quand même
le dire, là, pour avoir géré le réseau de la
santé comme DSP, comme président de CMDP et puis comme ministre, les gens
nous disent des choses, mais, quand arrive le temps de l'application, c'est un
peu plus difficile.
Je voudrais juste
mettre cette nuance-là, mais ça n'enlève pas la valeur du projet de loi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je pense que c'est un point qui est pertinent, puis
il ne faut pas se mettre la tête dans le sable non plus ou la «tête dans
l'autruche», selon...
Des voix :
Ha, ha, ha!
Mme
Hivon : …mais c'est... En fait, le seul sondage qui a été
fait, là… Puis, je le redis parce que c'est la seule donnée qu'on a, l'Association médicale du Québec a
fait un sondage. 66 % des médecins, puis le député de Jean-Talon fait bien de le dire, ont dit qu'ils étaient
d'accord avec le principe. De ce nombre, 40 % ont dit qu'ils seraient
ouverts à le faire, et c'est
40 % de médecins, pas évidemment un ORL, là, qui, lui, n'aura jamais,
évidemment, à accompagner une personne
en fin de vie… Donc, ce serait 40 % des médecins qui sont susceptibles
d'accompagner des gens en fin de vie, qui
ont dit qu'ils pourraient l'envisager. Qu'est-ce que ça va donner après dans
les faits? Certains peuvent trouver que 40 %, c'est beaucoup. Il y
a sûrement des gens qui nous écoutent qui trouvent que ce n'est pas beaucoup.
En
fait, c'est à l'usage qu'on va le voir, et je pense qu'il va falloir se donner
le temps aussi. C'est des nouvelles réalités
qui vont entrer dans la vie des médecins, des professionnels de la santé, et
puis on est tous conscients de ça. Mais, moi, quand je fais cette intervention-là,
ce n'est pas pour dire que tout
le monde dit : Du jour au
lendemain, ça va être accepté
comme ça. Ce que je dis, c'est plutôt que tout
le monde est en mode réflexion, que tout le monde aussi est soucieux, dans le
milieu médical, dans les ordres
professionnels, que cette réalité-là
atterrisse bien sûr, évidemment, dans le concret, dans le réel.
Et
puis évidemment je me permets de rappeler que, pour les médecins
qui vont refuser, il va quand même y avoir un
mécanisme, on va sûrement avoir l'occasion d'en rediscuter, mais un mécanisme de référence
au sein de l'établissement pour ne pas laisser tomber la personne et de
s'assurer qu'il va y avoir, donc, une autre personne, un autre médecin qui va
pouvoir l'accompagner.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Oui. J'allais
dire, à la lumière de cette question qui est vraiment le noyau de ce droit, ce droit qu'on
accorde aux personnes souffrantes d'avoir accès… donc, soins palliatifs ou la
sédation ou… et la sédation palliative terminale…
Et j'imagine que ça va être dans le bloc… Je pose la question
parce que je ne serai peut-être pas là quand vous allez l'étudier, mais le bloc 8 et suivants,
c'est ce système de référence. Parce
que je pense que l'optique ici, si on
ne trouve pas des médecins, si chaque
établissement… Puis je
pense que c'est la réalité, ce n'est
pas tous les établissements qui
pourront fournir la sédation palliative terminale. L'idée, ce serait que, dans
une région, c'est peut-être l'agence finalement,
les agences… il y a quelqu'un
ou il y a une organisation qui va être responsable de s'assurer qu'on a
l'information, qu'on puisse envoyer la personne là où la personne
pourrait recevoir ces services.
On
n'est pas dans l'article 5, mais j'essaie de comprendre un peu la vision des
choses. Parce que, là, on met un fardeau
important sur chaque établissement, alors qu'on peut imaginer la contrainte que
ça crée pour les ressources, hein, les
ressources humaines même, les conditions d'embauche pour les médecins même,
pour les établissements qui seraient obligés
de répondre à cette obligation. J'essaie de comprendre un peu la philosophe et
le réalisme… est-ce finalement, à la lumière
de ce qu'on entend… soit d'avoir quelque chose dans cette clause qui donne une
certaine flexibilité puis dans le 8…
pour dire que, bon, bien, si l'établissement n'est pas capable, tout de suite
on comprend qu'il y a un système de renvoi
ou de référence qui se fait, que l'obligation… mais que quelqu'un porte
l'obligation, c'est-à-dire que quelqu'un ou un organisme… Ce n'est peut-être pas l'établissement, mais, au-delà
de l'établissement, c'est peut-être l'agence qui a une obligation de s'assurer que la personne puisse
avoir accès à son choix. Évidemment, ce sera une question de peut-être quitter
sa région pour avoir ce service.
Donc,
je ne pense pas qu'on est rendu tout de suite à l'article 8, mais c'est cette
vision des choses, de voir à ne pas
être trop rigide peut-être dans la façon que c'est exprimé, pour s'assurer que
le droit devient un droit réel et que le système devra s'ajuster surtout
dans cette période transitoire qui peut durer quand même assez longtemps. Il y
a une hésitation qu'on entend, donc cette
hésitation, elle est bien réelle, mais, en même temps, il y a des centres qui
vont sûrement développer le service.
C'est : Comment s'assurer que les personnes puissent avoir accès si la loi
le garantit, dans un sens? La loi le
garantit. Le projet de loi le garantit. Il dit «à la lumière des ressources»,
mais, quand même, la loi dit qu'il y a un droit mais conditionne où on
pourra le recevoir, si je comprends bien. Mais c'est vraiment le package, c'est
«soins palliatifs et la sédation», ce n'est
pas l'un ou l'autre. C'est vraiment le tout, c'est l'aide médicale au complet,
mais on sait très bien que ce ne sera
pas chaque établissement qui sera en mesure nécessairement de l'offrir. Comme
pour les soins palliatifs, on sait
que peut-être c'est à domicile ou ailleurs. Donc, je dis ça comme ça, là, parce
que, lorsqu'on arrivera… Je pense que la ministre semble dire que, oui,
en effet elle comprend qu'il y a peut-être un problème d'applicabilité, applicabilité pour toutes sortes de raisons, pour
la deuxième partie des soins de fin de vie qui est la sédation palliative
terminale.
Donc, je plaide un peu pour du réalisme et
peut-être une… quand on va regarder les mots et les obligations à imposer à chaque acteur du réseau, de ne pas avoir
d'effet néfaste non plus ou peut-être des effets qu'on n'aurait peut-être
pas imaginés. Je pense justement aux
conditions d'embauche. Par exemple,
un établissement a cette obligation, hein, de fournir le tout, alors là, donc, c'est comment... il ne sera peut-être
pas capable de trouver les médecins nécessairement, mais
est-ce qu'il a au moins l'obligation de s'assurer… ou
lui ou l'agence… cet établissement ou l'agence… d'assurer l'accès.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je veux juste faire, je pense, une remarque
générale avant. Parce que tout le
monde, on parle beaucoup avec
des médecins.
Donc, on parle
à différents médecins qui ont différentes opinions. Le Collège a une opinion…
les ordres professionnels… donc, très
favorable au projet de loi. Il y a des médecins qui sont plus réservés, et tout ça.
Mais moi, je veux juste qu'on soit
bien conscients aussi qu'il… Je crois qu'il va y avoir un certain nombre, pour
ne pas dire un bon nombre de médecins
qui vont être ouverts parce que les médecins sont aussi... Et on avait quelqu'un
qui est venu nous voir, qui était
personnellement contre, mais qui nous disait : Moi, vous savez, je suis
contre, mais je vais peut-être trouver ça très difficile de refuser ça à
mon patient. Parce que les médecins aussi sont des gens consciencieux qui
veulent accompagner leurs patients le mieux
possible. Donc, moi, je pense que cet accompagnement-là, dans beaucoup
de cas, s'il y a une demande… Évidemment, quand on parle de ça, c'est comme si, du jour au lendemain, tout le monde allait demander l'aide médicale à mourir, alors que ça va être
exceptionnel, archiexceptionnel dans les cas de souffrances exceptionnelles qu'on n'arrive pas à endiguer, parce que personne ne rêve de demander l'aide
médicale à mourir. Même les plus
grands militants, ils espèrent ne jamais avoir à la demander. Ça fait que je
trouve juste ça important de le dire, que,
les médecins aussi, en voulant accompagner leurs patients, je pense qu'il y en
a un bon nombre qui vont y être ouverts aussi.
Pour ce qui
est des aspects très précis, quand on parle de sédation palliative, ça fait
partie déjà des soins palliatifs.
Une voix : …
Mme
Hivon :
Oui. Là, elle va s'appeler «continue», «sédation palliative continue». Donc, ce
n'est pas un nouveau soin. On a bien,
bien clarifié ça dans nos échanges et on est venus le clarifier dans nos
définitions. Maintenant, on l'appelle «sédation
palliative continue». Il n'y avait aucun objectif de créer un nouveau soin.
C'est le soin qui existe déjà. Et donc ça, c'est déjà disponible
évidemment lorsqu'on offre des soins palliatifs.
Et, oui, les
établissements, comme dit la députée, vont donc offrir l'ensemble des soins de
fin de vie, y compris les soins
palliatifs et l'aide médicale à mourir. Et, pour ce qui est précisément de la
question de l'aide médicale à mourir, c'est
l'article 30 qui vient prévoir qu'il va y avoir un mécanisme, donc, de
référence, et on pourra en discuter éventuellement. Et, pour ce qui est des agences, oui, les agences
ont un rôle, c'est à l'article 18 qu'on vient prévoir qu'en fait chaque agence
va venir déterminer les modalités générales d'accès aux différents soins de fin
de vie qui sont dispensés par ces établissements
sur son territoire. Donc, tout le monde va avoir un rôle. Et tout ça va bien
s'imbriquer dans la logique, là, du projet de loi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…parce qu'on est au début du projet de loi, là, discuter d'un point.
Vous savez,
il n'y aura pas beaucoup de cas par secteur. Puis, quand moi, je regarde,
théoriquement, si on prenait des médecins qui font de la médecine
générale au Québec, qui sont probablement les gens qui vont faire ça, ça donne à peu près… chaque médecin, moi, j'estimerais, ça
va peut-être être un cas aux sept à huit ans. C'est ça, la réalité de l'aide
médicale à mourir. Ça fait qu'on a des
grosses chances que, compte tenu de ce que ça prend comme protocole, qu'est-ce
que ça prend comme techniques, la plupart
des gens, même s'ils disent qu'ils sont pour puis même qu'ils le feraient, ils
vont avoir tellement peu l'occasion de le faire souvent que moi, je pense, ce
qui va arriver dans chacun des CSSS… il va y
avoir quelques personnes qui vont dire : On va le faire, on va faire tous
les cas. Puis ma notion est très simple. Si vous avez 600 cas par année, ça veut dire, pour une place comme… Moi, au
Lac-Saint-Jean, 50 000 de population, c'est à peu près cinq cas par année. Ils ont 50 médecins
de famille. Ça fait qu'à 50 médecins de famille… mettons, on en enlève
12 qui font de l'urgence, ça donne à peu près 38. Ça veut dire, aux six à sept
ans, chacun va avoir l'opportunité possiblement de faire un cas. Donc, dans
l'organisation de services, ce qui va arriver, ce ne sera pas tous les
médecins, mais des équipes ou quelques personnes très, très intéressées
qui, eux autres, vont faire l'ensemble des cas.
C'est parce
que, pour nos auditeurs, ça a l'air… les gens nous disent : On va faire
l'aide médicale à mourir. Ça a l'air
simple, là, mais juste pour vous dire, là : C'est un protocole dans lequel
on doit utiliser des médicaments. Et puis, sur le principe à un moment donné que la personne, elle va mourir devant
toi, là, ça va être ça qui va se passer, on ne pourra pas juste dire : On fait l'aide médicale à
mourir une fois qu'on a fait la prescription. D'ailleurs, ce qui est prévu,
c'est le médecin qui doit procéder lui-même. Donc, ce n'est pas une infirmière
qui va le faire. Donc, juste le fait d'avoir cet élément-là, ça ajoute un élément de difficulté. Je pense, il faut juste
se dire les vraies choses pour pas que les gens pensent qu'on a passé un projet de loi puis qu'on a passé quelque chose qui après ça,
quand on voit les articles qui vont sortir dans les journaux, que les gens
vont expliquer ça, puis on va avoir des reportages à la télévision, puis on va
avoir «live», hein… ça va être ça qui va se passer, que les gens, ils
disent : Moi, je ne pensais pas que c'était aussi… je ne voudrais pas
dramatiser, mais aussi intense que ça
comme intervention. C'est juste pour clarifier ça. Puis ça
n'enlève pas… Puis ça va faire partie de l'organisation de services que
chaque CSSS va devoir se doter.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Ça va.
Moi, je pense en fait que l'organisation va se faire au sein des établissements.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est ça.
Mme
Hivon : Ça peut varier d'un endroit à l'autre à savoir
comment les pratiques vont se développer. Est-ce qu'il va y avoir des
médecins qui, rapidement, vont être appelés parce qu'ils sont vraiment en fin
de vie, accompagnent les gens en fin
de vie, ils sont ouverts à le faire, vont le faire, et puis après ils vont plus
être des références, peut-être? Mais il y a des endroits aussi où il va y avoir des médecins qui pratiquent en
cabinet, seuls. Il va y avoir, donc, des gens qui vont être prêts à le faire aussi, qui accompagnent leurs
patients jusqu'au bout, qui vont dire : Moi, je vais le faire. Donc, ça va
être la pratique qui va déterminer les meilleures manières dans les
différentes régions.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Ça dépend, si on a
fini les discussions. Ce serait pour déposer l'amendement.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a un amendement pour déposer?
Mme Weil : Bien, c'est pour
revenir à l'article 5, mais je ne sais pas si les questions…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…
Mme Weil :
…s'il y a d'autres… Donc, l'amendement — donc, ce serait à l'article 5 :
Modifier le deuxième alinéa de l'article 5 en remplaçant les mots
«peuvent lui être» par les mots «lui sont».
Le Président
(M. Bergman) : Est-ce qu'on peut déposer l'amendement, s'il
vous plaît? On va faire des copies de l'amendement.
Je vais suspendre pour quelques instants pour
attendre les amendements.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
pouvez-vous lire votre amendement?
Mme Weil : Alors — à l'article
5 : Modifier le deuxième alinéa de l'article 5 en remplaçant les
mots «peuvent lui être» par les mots «lui sont».
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
Mme
Hivon : Ça va, M.
le Président, de notre côté.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement?
Mme Weil : Bien, peut-être
que je ferais un commentaire parce que c'est…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Oui, merci. Je pense, c'est utile dans le contexte
de ce grand débat et de certaines inquiétudes, et c'était l'intention de cet amendement, c'est de
rassurer les gens qu'en fait… et je parle beaucoup des soins palliatifs parce
que c'est peut-être plus ça que les gens
vont… c'est certainement beaucoup plus les soins palliatifs que les gens
souhaitent, donc cette inquiétude
que : Est-ce que les soins palliatifs seront vraiment là lorsque j'aurai
besoin des soins palliatifs? Alors
là, on vient rassurer ceux qui sont en fin de vie qu'en effet, d'une manière ou
d'une autre, que ça soit proche de chez
vous ou que ça soit peut-être dans une région limitrophe, vous allez pouvoir
avoir accès aux soins palliatifs dans un établissement, ou à domicile,
ou dans un hôpital.
• (15 h 30) •
Le
Président (M. Bergman) : …d'autres commentaires sur
l'amendement proposé? Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 5 tel qu'adopté? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Une question : Est-ce qu'on a évalué les coûts rattachés à cette
obligation… bien, à ce droit qu'on consacre
par l'article 5? Est-ce qu'on a identifié ce que ça pourrait annuellement
représenter? Je comprends que c'est toujours aléatoire, là, on n'a pas de chiffres qui sont coulés dans le béton,
mais est-ce qu'on a une idée de ce que ça peut représenter dans le budget? Et est-ce qu'on a réservé ou
est-ce qu'on a consacré une portion du budget exclusivement à ces
ressources-là?
Je pose la question parce que ma collègue
faisait référence aux travaux de la CAP qui ont eu lieu la semaine dernière ou il y a deux semaines. On a remarqué
aussi que, dans le dossier des déficiences intellectuelles, des troubles
envahissants du développement, il y a la volonté gouvernementale qui ne se
traduit pas toujours sur le terrain. Donc, même
si des sommes sont annoncées, elles ne descendent pas directement sur le
terrain. Et donc on a fait une annonce d'un ajout de 15 millions de
dollars, dont 11 millions pour les soins à domicile, entre autres, comme
la ministre nous l'expliquait, pour répondre
aux exigences qui sont consacrées par le projet de loi, mais est-ce que ces
sommes-là seront bel et bien consacrées aux soins à domicile?
Est-ce
qu'elles seront bel et bien consacrées aux soins de fin de vie? C'est une
préoccupation, à mon avis, qui est légitime, compte tenu du droit qu'on
consacre à l'article 5.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, en fait, la somme, c'est 15 millions de manière récurrente,
qui nous a permis d'arriver au
chiffre et qui devrait nous permettre, donc, l'année prochaine, d'atteindre
notre ratio, le 15 millions, donc, qui a été annoncé au printemps
et qui va être là de manière récurrente.
Et je veux
juste vous dire que je suis ça... Vous savez, j'ai la chance d'être ministre
déléguée aux Services sociaux, donc
je n'ai pas l'entièreté du ministère de la Santé. Je ne suis pas en train de
dire que c'est une chance ou pas d'avoir l'entièreté du ministère de la Santé, je vais laisser ça à d'autres à
méditer là-dessus. Mais donc je dois vous dire que je suis autant le 15 millions, ce qu'il donne
comme résultats et ce qu'il va donner dans l'avenir que les sommes — parce que vous en parlez — en déficience intellectuelle, TED. Nous avons annoncé un
10 millions au printemps, et je le suis aussi. On a vu les projets qui avaient été retenus pour…
Et j'en ai inauguré deux à ce jour et j'ai pu voir la différence que ça fait.
Donc, je veux juste rassurer la députée que
je vais continuer à suivre ça de très près pour m'assurer que, si des sommes
supplémentaires devaient être requises, évidemment les démarches en ce sens se
feraient.
Mais, avec le
15 millions de manière récurrente, on est confiants, donc, d'arriver à nos
objectifs qu'on s'est fixés, d'améliorer
les soins à domicile et donc d'arriver à notre ratio. Et, s'il y a un besoin
accru, on va faire les démarches en ce sens.
Et c'est une priorité qui n'est pas seulement ma priorité, là, c'est une
priorité gouvernementale, de la première ministre aussi. Donc, on va
être très vigilants à cet égard-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, je comprends que, le 15 millions, bon, il y a 4 millions pour
les soins palliatifs, dont… J'ai compris
qu'il y a quelques semaines on a haussé aussi le montant alloué à chaque place,
donc qu'il passe à 68 000 $, si j'ai bien compris. On a le 11 millions pour les soins à domicile.
Qu'en est-il des coûts qui seront engendrés par la mise en place de
l'aide médicale à mourir?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, pour ce qui est de l'aide médicale à mourir, le principal coût, c'est
la formation. Donc, il n'y a pas, comme tel, de coût et… bien, de coût,
je dirais, technique, là, donc, la formation, comme je l'ai dit aussi lors des auditions, la formation pour tout ce qui est soins
de fin de vie, donc soins palliatifs, pour généraliser l'approche aux soins
palliatifs puis aussi faire en sorte que,
donc, les protocoles en lien avec la sédation et l'aide médicale à mourir
soient bien compris.
Toute la question de la formation va être la
priorité. C'est le sujet qui fait l'objet de la priorité, tous domaines confondus, dans le réseau santé et services
sociaux. Donc, la formation qui est offerte va… l'argent… les sommes qui y sont consacrées, je vous dirais, cette année vont être
dirigées en priorité vers les soins de fin de vie en général, dont les soins
palliatifs, notamment en CHSLD. Et vous
dire qu'en fait le plus gros coût en lien avec ça, c'est le temps que les
personnes ne consacrent pas à leur
travail pendant qu'ils sont en formation. Donc, c'est plus un coût à cet
égard-là, qui est évalué, qu'un coût de dépenses, si je peux m'exprimer
ainsi.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et le 15 millions récurrent, c'est vraiment pour les soins
palliatifs, mais ce 15 millions s'ajoute à un budget qui est de combien? Il
y a le budget qui était en place, là.
Parce que, si vous me dites juste «15 millions», c'est un peu inquiétant.
Mme
Hivon : Somme
supplémentaire.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je n'ai pas le chiffre précis. On n'est pas
capable d'avoir le chiffre précis, malheureusement. On espère
pouvoir l'avoir éventuellement parce
que, justement, on n'a pas les
sommes… on n'a pas les indicateurs qui nous disent, dans le réseau, ce qui est consacré en soins palliatifs en établissement. Il n'y a pas le raffinement qui nous permet de faire le suivi. En ce moment, il n'y a
pas de catégorie financement soins palliatifs dans les indicateurs, mais c'est
quelque chose à
quoi on espère pouvoir arriver, justement pour avoir une idée plus précise de
combien on dépense, chaque année, en soins palliatifs.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce
qu'il y a une volonté d'identifier un
budget à l'ensemble des soins de fin de vie, de sorte que
chaque établissement sache exactement, ait ce budget-là et qu'il ne puisse
faire autre chose avec ce budget-là?
Est-ce qu'il y a cette volonté de dire : Les soins de fin de vie, que ce soit
tant pour les soins palliatifs que l'aide médicale à mourir, il y aura une enveloppe dédiée par établissement afin d'assurer l'accessibilité aux soins de fin de vie dans l'ensemble des régions du Québec, puis évidemment
pas seulement que des centres urbains, mais bien sur l'ensemble des régions? Alors, je fais un clin d'oeil à notre collègue qui, tout à l'heure, parlait de Gatineau, simplement lui dire : Je suis à Maniwaki, ce n'est pas à côté de Gatineau.
Alors donc, tout ça pour s'assurer que, sur l'ensemble du territoire,
donc, dans l'ensemble des établissements qui sont répartis dans une
région administrative, on ait cette obligation vraiment d'assurer les soins de
fin de vie et le faire en ayant une enveloppe dédiée aux soins de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, je peux dire à la députée de Gatineau
que, pour ce qui est des nouvelles sommes, la réponse, c'est : Oui, il
y a une reddition de comptes
spécifique sur l'attribution des nouvelles sommes, donc, pour s'assurer qu'elles vont bien là où elles sont destinées à
aller. Mais, pour le passé, ce n'est pas quelque chose qui est
possible, mais, pour le futur, c'est possible.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Une question comme ça, parce que je n'ai pas
l'expertise que certains de nos collègues ont autour de la table dans les soins de santé : Qu'est-ce qui fait qu'on ne pourrait pas dans
l'avenir prendre une portion du budget et
la dédier, que ce soit… puis là que ce soit aux soins de fin de vie ou même à
d'autres secteurs qui sont problématiques ou névralgiques, je dirais?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, écoutez, en ce moment les enveloppes marchent par programmes-services,
donc santé physique, déficience,
santé mentale, et ensuite on est capables de faire un suivi de sommes nouvelles
qui sont attribuées. Mais, pour le
passé, ce n'est pas… en tout cas, à moins qu'on me corrige, là, mais il n'y
avait pas d'indicateur précis de suivi
pour ces sommes-là. Et donc, pour le futur, c'est la réponse que je peux vous
donner, est-ce qu'il y a une enveloppe… C'est parce qu'en fait, si on fait une enveloppe dédiée, il faudrait
faire une multitude d'enveloppes dédiées pour l'ensemble des types de soins, là. Ça créerait une lourdeur
assez importante. Mais c'est sûr que, quand il y a des sommes qui doivent…
de nouvelles sommes qui doivent aller à un endroit donné dans un objectif
donné, la reddition de comptes se fait en fonction des sommes nouvelles qui
sont données. Ça, c'est quelque chose qui est exigé, je peux vous le dire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (15 h 40) •
Mme Vallée :
Est-ce que, dans le 15 millions, parce que… est-ce qu'il a été identifié?
Parce que vous avez parlé un petit
peu plus tôt de certaines régions qui
étaient priorisées parce que certaines régions accusaient un retard dans le
déploiement des soins palliatifs. Est-ce qu'il y a eu un effort dans... Est-ce
qu'on a pris certaines sommes du 15 millions afin de soutenir ces régions-là? Est-ce qu'on a
priorisé des régions dans le développement de... le déploiement, pardon,
des soins palliatifs?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, effectivement, nous avons... ça a déçu quelques régions, je dois
vous le dire, qui avaient des projets
prêts, mais on a pris l'orientation, donc, pour ce qui était des nouveaux lits
dédiés, de prioriser les régions qui étaient
en déficit de lits par rapport à leur ratio du un pour 10 000. Donc, il y
a eu une priorité d'accordée, je vais vous dire, à Mauricie, Centre-du-Québec, Montréal, Côte-Nord, Nord-du-Québec,
Gaspésie, Chaudière-Appalaches, Lanaudière, Montérégie pour ce qui est des lits dédiés. C'était un mélange
d'endroits. Il y a d'autres endroits qui ont des besoins aussi, là, mais c'était un mélange d'endroits où il y avait
un besoin et où des projets étaient prêts. Et, l'année prochaine… en fait, on espère, même avant la fin de l'année, là,
mais, disons, pour être conservateur, l'année prochaine, dès le printemps,
on espère pouvoir ajouter des nouveaux lits
à d'autres régions qui n'étaient pas prêtes, notamment avec des projets de
maisons ou de lits dédiés ou de
transformation. Parce que ça, c'est une autre réalité, Il y a aussi des
transformations de lits qui se font
parfois. Et donc, là, ils comprennent bien le message qu'il y a une impulsion,
il y a une volonté, on travaille très
fort avec les régions qui ont un déficit. Et donc on va, d'ici cette année et
l'année prochaine… il y a une priorité qui est vraiment accordée à ces
régions-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, c'est beau, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'article 5 tel qu'amendé? Est-ce que l'article 5, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. Article 6. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article 6 : «Sauf disposition contraire»…
Une voix : ...
Mme
Hivon :
Ah, il y a un amendement. Il y a un amendement à l'article 6. Donc,
l'amendement à l'article 6. Je vais vous lire l'amendement pour
débuter. Donc, ce serait : Remplacer l'article 6 du projet de loi par
le suivant :
«6. Sauf
disposition contraire de la loi, toute personne majeure et apte à consentir aux
soins peut, en tout temps, refuser de recevoir un soin qui est
nécessaire pour la maintenir en vie ou retirer son consentement à un tel soin.
«Dans la
mesure prévue par le Code civil, le mineur de 14 ans et plus et, pour le
mineur ou le majeur inapte, la personne qui peut consentir aux soins
pour eux peuvent également prendre une telle décision.
«Le refus de soin ou le retrait de consentement
peut être communiqué par tout moyen.
«Le médecin doit s'assurer du caractère libre de
la décision et donner à la personne toute l'information lui permettant de prendre une décision éclairée, notamment
en l'informant des autres possibilités thérapeutiques envisageables, dont les
soins palliatifs.»
Donc, ça
vient régler le problème auquel je faisais référence lors de notre
dernière séance. C'était une question
qui avait été soulevée par le Comité de juristes experts et le Barreau. Et donc
la nouveauté de l'article se retrouve au deuxième
alinéa de l'amendement qui vient réitérer la réalité, donc, ce qui est
prévu au Code civil pour ce qui est du mineur de 14 ans et plus et pour le mineur ou le majeur inapte, donc, c'est-à-dire que la personne peut consentir, donc un tiers peut venir
consentir aux soins ou refuser un soin pour eux.
La raison de l'amendement, c'est qu'on nous a soulevé, précisément Me Ménard, qu'avec le libellé actuel du projet de
loi certains pourraient venir
interpréter cela comme restreignant ce qui était déjà prévu au Code civil pour
ce qui a trait aux mineurs ou aux
personnes inaptes en termes de refus de traitement. Ce n'est pas
l'interprétation qu'on avait, de notre côté, mais on veut s'assurer
d'être le plus clairs possible, donc on vient l'écrire noir sur blanc avec
l'amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement à l'article 6? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Simplement, question qui doit effleurer l'esprit des gens qui nous
écoutent : Lorsqu'on mentionne «sauf
disposition contraire de la loi», on s'entend que… l'article 26 du projet de
loi, on s'entend que l'aide médicale à mourir demeure un soin réservé
exclusivement aux majeurs?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, pour les
personnes qui nous écoutent, cela est très clair, parce qu'on va le voir à
l'article 26. L'article 25 et suivants sont les articles qui viennent
parler des exigences particulières relatives à certains soins, donc la sédation palliative
continue et l'aide médicale à mourir, et viennent prévoir les balises. Et une
de ces balises, c'est le fait que la personne doit être majeure et c'est
prévu à l'article 26.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée…
Mme
Hivon : Ici, on
est vraiment, à l'article 6, sur le sujet du refus de traitement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Justement, sur le refus de traitement, je me questionnais à savoir pourquoi on
introduit cet article-là malgré les dispositions du code.
Alors,
qu'est-ce qui fait qu'on souhaite introduire cette disposition-là alors que
l'article 11 prévoit clairement dans la section des soins du Code civil que «nul ne peut être soumis sans son
consentement à des soins, quelle qu'en soit la nature, qu'il s'agisse d'examens, de prélèvements, de traitements ou de
toute autre intervention. Si l'intéressé est inapte à donner ou à refuser son consentement à des soins,
une personne autorisée par la loi ou par mandat donné en prévision de son inaptitude peut le remplacer.»? Est-ce qu'il y
a une nécessité de rajouter la bretelle et la ceinture? Alors, c'était la
question. Parce que, lorsqu'on regarde tout
ça, je comprends qu'il y a eu de la jurisprudence, je comprends qu'on conteste
parfois le refus de consentir aux soins,
mais je me questionnais sur la nécessité d'en ajouter et de légiférer
davantage, puisque le code est quand même relativement clair sur la
question.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je vous dirais, deux raisons. Premièrement, on voulait une loi la plus
complète possible, donc qu'on puisse
tout retrouver dans notre loi sur les soins de fin de vie, d'où cette volonté
aussi de parler du refus de soins.
Me Ménard,
dans le Comité des juristes experts, il faisait aussi cette recommandation-là,
qu'il y ait une disposition spécifique
sur le refus de soins, parce que c'est par une… je dirais, une interprétation
du Code civil que ça a été consacré. Ça
va de soi, en quelque sorte, si vous devez consentir à chaque fois, donc, qu'on
vous fournit un soin, que vous devez donner
votre consentement libre et éclairé. A contriario, ça veut dire que vous pouvez
refuser donc tout soin. Mais ce n'était jamais écrit noir sur blanc. Beaucoup de gens, lors des auditions de la
commission, sont venus nous dire que, pour eux, des experts comme des citoyens, ce serait un plus de le voir dans une
éventuelle loi pour que les choses soient encore plus claires et limpides. La jurisprudence n'a
effectivement jamais été consacrée. Donc, c'est un moyen de venir le consacrer.
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre, j'ai une question. Dans le quatrième alinéa, vous avez les mots
«le médecin doit s'assurer du caractère
libre et donner à la personne toute l'information». Comment est-ce qu'on définit «le médecin» dans un hôpital
quand il y a des médecins différents à chaque quart de
travail? Qui est «le médecin» dans cet alinéa?
Mme
Hivon : C'est la même chose que pour tout soin, c'est le médecin qui
est présent auprès de la personne, qui
est le médecin qui est en lien avec la personne, en lien avec le soin concerné,
donc, dans ce cas-ci, avec le soin qui serait refusé par la personne au
moment où on lui fait part de la possibilité de lui donner ce soin-là.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a une manière pour être un peu plus
précis?
• (15 h 50) •
Mme
Hivon :
À première vue, je ne vois pas… mais…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, quand on pense… dans un hôpital, le patient est soigné par tellement
de médecins dans une période de 24 heures… est-ce qu'il y a une manière d'être un
peu plus précis?
Mme
Hivon : Je comprends votre préoccupation, je réfléchis,
mais c'est toujours la même volonté d'être cohérent partout. Et, dans la même logique où on ne vient
pas préciser… En fait, il faudrait le préciser partout dans les lois où on
vient parler du médecin. Normalement, ça va de soi que ça doit être le médecin qui est donc
avec la personne au moment où cette
décision-là doit être prise. Donc, moi, je militerais pour garder «le médecin»
écrit comme il est là, parce que je pense
que, si on faisait un changement, ce serait un changement qui aurait des
répercussions sur beaucoup de dispositions de beaucoup de lois.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. En fait, c'est une discussion. Présentement, dans les centres universitaires, tu as plusieurs médecins qui sont appelés à intervenir à
différents moments. Mais généralement le médecin qui est responsable… et quand, mettons, on fait le transfert de la
garde ou il y en a un qui part en vacances, il y a toujours
un médecin qui prend charge du patient. Mais on assume que ce qui a été
discuté avec un médecin à un moment donné se poursuit.
Puis je vais
vous donner un exemple. Quand on rentre à l'hôpital, on fait la
discussion avec la personne : Est-ce
que
vous voulez, au niveau des interventions, l'intubation? Est-ce qu'on fait l'intubation? Est-ce
qu'on fait la réanimation
cardiaque? Est-ce qu'il y a des soins que l'on ne donne pas? Et, suite à avoir
fait la discussion avec le médecin, à ce moment-là
il y a une signature, et, cette signature-là, même si les médecins changent
par la suite, c'est les mêmes volontés qui
sont respectées. Donc, d'essayer d'être très précis en disant : Tel
médecin ou le médecin traitant, on pourrait se retrouver avec une difficulté d'application. Moi, je pense que ce qui est
important dans le principe, d'abord, c'est l'obligation que ce soit un médecin. Donc, si je comprends bien, ça ne
peut pas se faire par une infirmière, ça ne peut pas se faire par un autre
professionnel. Mais par contre,
à partir du moment que ça s'est fait, la discussion, avec un médecin, les
autres médecins sont tenus de respecter le consentement qui est autorisé
par le patient ou la patiente.
C'est une question
d'applicabilité parce que maintenant ça travaille en équipe avec des systèmes de garde,
dont, entre autres, aux soins intensifs, où le médecin n'est pas de
garde 24 heures sur 24 mais souvent sur des quarts de 12 heures ou de
huit heures.
Le
Président (M. Bergman) : Si je peux, Mme la ministre? J'ai été témoin d'une situation
où un patient a refusé le soin d'un
médecin, et la famille a téléphoné le médecin qui vraiment
avait le dossier, qui était à la maison. Et le médecin en question, à la maison, est retourné à l'hôpital
pour parler au patient, pour expliquer que le soin était vraiment
nécessaire. Alors, le patient a accepté d'être soigné. Mais on
voit ici une situation où il y
avait une ambiguïté quand le patient,
en premier lieu, a refusé d'être
soigné, avec l'explication qui a été donnée par, dans votre cas, le médecin. Mais,
quand le dossier a été référé au
médecin principal de ce patient, qui est retourné à l'hôpital
pour donner une explication au patient, le patient a accepté d'être
soigné, et la vie a été prolongée.
Alors, je me
demande s'il y a une manière pour être plus précis quand on parle
du médecin, car on sait que, dans un hôpital,
dans une période de 24 heures, le patient est vu par plusieurs
médecins. Mais, généralement, il y a un médecin qui est le porteur du dossier.
Mme
Hivon : Oui. En fait, je dirais deux choses. Dans ce
cas-ci, il faudrait voir si le premier refus était vraiment libre et éclairé. Et donc il faut
alors peut-être questionner l'information qui avait été donnée, bon, tout ça,
dans quelle circonstance ça s'est fait.
Moi, la
réserve que j'ai, c'est qu'en fait, si on fonctionnait de manière à obliger que
la discussion sur un refus de traitement
se fasse toujours en
quelque sorte avec le médecin
traitant — le
médecin traitant peut être absent, il peut être en vacances, il peut être en
train de faire une garde à l'hôpital,
il peut être dans une semaine où il n'est pas… il y a un autre médecin, donc, qui s'occupe du patient — je
pense que, là, on s'embarquerait dans quelque
chose qui serait difficile et qui en fait pourrait, au bout du compte, faire en sorte de nier le droit du patient de refuser un traitement, parce que
ça s'opérerait en disant : Oui,
mais là il a refusé. Et là la famille pourrait dire : Ça ne nous apparaît
pas rationnel, donc il faut retourner
vers le premier médecin. Et en fait ce que ça ferait, c'est qu'on remettrait en
cause, je dirais, dans ces cas-là, le
choix de la personne. Évidemment, si elle accepte les soins, il n'y a
personne qui va remettre en cause est-ce
que sa décision est la bonne, est-ce
qu'elle a eu toute l'information, est-ce que son consentement est libre et éclairé. Mais, dans
les cas où elle refuse, là, on remettrait ça
en cause et on se permettrait de se tourner vers un autre médecin. Moi, je dois
vous dire que j'ai de fortes réserves par rapport à ça.
J'imagine aussi l'aspect pratique de ça pour un
cas comme ça mais pour l'ensemble des cas. Des décisions médicales se prennent à tout moment, et, vous
savez, même dans les unités de soins palliatifs, les médecins changent souvent,
à chaque semaine il y a des
décisions très importantes qui se prennent. Mais je ne pense pas qu'on peut
faire en sorte de ne faire tenir ça
que sur les épaules d'un seul médecin et de faire en sorte que tous les autres
médecins… ou tout le reste de l'équipe est déresponsabilisé, en quelque
sorte, et le patient aussi.
Le Président (M. Bergman) :
Oui. Dernière question. Vous employez les mots «le médecin».
Mme
Hivon : Oui.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, avec le mot «le», il semble que vous faites référence à un
médecin spécifiquement, car «le médecin», ça veut dire qu'il y a
quelqu'un que vous avez. À qui vous faites référence?
Mme
Hivon : Je fais référence à un... Effectivement, je ne dirais pas «un médecin», parce que ça voudrait dire
«n'importe quel médecin». Pourquoi c'est «le médecin»? Parce que c'est le
médecin qui est concerné par la situation où il y a un refus. Donc, c'est le
médecin qui est dans cet échange-là, à ce moment-là, avec la personne
concernant la décision relative au refus.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : C'est parce
que, si je comprends bien… puis je ne sais pas s'il faut clarifier, mais
c'est qu'il y a un acte qui est commis et c'est l'arrêt des traitements.
Donc, si je comprends bien — c'est
vraiment notre collègue le médecin qui peut confirmer — c'est
que la personne dit... à ce moment-là, il
veut qu'on arrête le traitement. Donc, ce n'est pas... Donc, il faut que ça
soit le médecin qui est de garde à ce
moment-là, parce que la personne pourrait vouloir que, tout de suite, on arrête
de le traiter, puis il y a une
certaine urgence dans sa demande. Donc, est-ce que, dans la façon que c'est
exprimé, parce qu'on a modifié l'article… Mais, non, cette partie-là, ça revient au même. C'est le caractère...
c'est : avant d'agir, il doit s'assurer. C'est avant de discontinuer, finalement. Je ne sais pas si c'est
ça qui crée un doute, parce que, la manière que le président parlait, c'était
comme s'il cherchait un traitement de son médecin personnel, alors qu'ici le
médecin cherche à arrêter un traitement à l'instant même.
Donc, il y a une action qui est déclenchée, et le médecin qui est là, le
médecin qui est de garde, doit s'assurer
qu'on respecte sa volonté. Il va juste s'assurer qu'avant qu'on arrête les
traitements c'est vraiment éclairé et que la personne est bien
consciente.
Donc,
la question, c'est de savoir : Est-ce que plus de précisions par rapport
au... c'est-à-dire, d'arrêter le traitement, est-ce que c'est ça qui
était voulu?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …je pense, le cas que vous avez
parlé, les principes d'éthique… et la loi est respectée, parce que le
patient a toujours le droit, à n'importe quel moment, de cesser les traitements
ou même de les reprendre.
Mais
il faut comprendre que, dans des cas complexes, ce que l'on voit, c'est une
équipe traitante qui s'occupe d'un
patient, puis à ce moment-là c'est eux autres qui ont charge. Il faut voir, il
faut penser aussi que ce système-là a été mis
en place, et c'est accepté par le médecin traitant qui ne peut pas toujours
être là 24 heures sur 24, et on ne peut pas toujours référer au médecin
traitant pour lui poser la question : Es-tu d'accord ou tu n'es pas d'accord?
Sauf que la famille, s'ils voient quelque chose qui, pour eux autres, n'est pas correct, ou pourrait être corrigé, ou
serait questionnable, peut toujours appeler un directeur d'hôpital, un
directeur des services professionnels, un chef de département et faire la discussion, et par la suite il peut y ravoir
une intervention pour peut-être savoir ce que c'était, la bonne décision ou pas,
et à ce moment-là le patient peut revenir en arrière sur sa décision.
Il
faut voir la praticabilité, là, du système où on veut toujours qu'il y ait
un médecin qui soit responsable du patient. Il y a des discussions qui
sont faites, mais on est dans le dialogue, là. C'est-à-dire, à tout moment, on
peut discuter avec un patient,
savoir : Est-ce qu'on continue, qu'on ne continue pas? Puis je vais
vous donner un exemple. Quand on rentre dans un hôpital, on va vous poser la question, là, pour surtout
les personnes, là, qu'il y a des risques, là : Est-ce que...
Ça donne : En cas qu'il y ait
une réanimation, est-ce que vous voulez qu'on fasse une réanimation ou pas?
Il est très, très bien dit aux gens qu'à tout moment ils peuvent
décider tout simplement de changer leur consentement. Mais, à la fin,
c'est cette personne-là qui va décider. Pour moi, là, dans tout ce qu'on
a discuté, ce qui est important, que la décision soit changée ou pas, c'est
qu'à la fin c'est la personne qui décide d'avoir un consentement libre et
éclairé.
Juste
en passant, M. le Président, ça ne veut pas dire que le consentement n'était
pas libre ou éclairé, mais il y a
peut-être eu des interventions qui ont fait que la personne qui recevait les
soins, bien, suite à des discussions avec la famille, le médecin traitant a pu
changer d'idée, puis c'est son droit.
• (16 heures) •
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article
6? Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : M. le Président, on nous avait suggéré d'ajouter, à la fin de «toute l'information»… donc, au dernier alinéa, la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec avait suggéré que nous y ajoutions «toute l'information de nature médicale». Alors,
je me demandais si… Je sais que la ministre et son équipe ont regardé les suggestions, donc
je me demandais pourquoi on n'avait pas retenu cette suggestion de la Fédération
des médecins omnipraticiens.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En
fait, c'est parce que ce serait parler pour ne rien dire, me dit-on, parce qu'en fait, puisque ça provient du médecin, le médecin a sa
compétence, et sa compétence, elle est médicale, et donc les légistes ont jugé
que ce serait redondant. Évidemment,
à partir du moment où on est dans un contexte de santé et médical, c'est
évident que sa responsabilité, elle est de nature médicale.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
On nous a également demandé… en fait, suggéré… Tant la Confédération des
organismes des personnes handicapées du
Québec que L'Association des groupes d'intervention en défense des droits en
santé mentale du Québec souhaitaient
que soit inséré, à l'intérieur de l'article 6, l'article 8 de la loi sur la
santé et les services sociaux, qui se
lit ainsi : «Tout usager des services de santé et services sociaux a le
droit d'être informé sur son état de santé et de bien-être, de manière à connaître, dans la mesure du possible, les
différentes options qui s'offrent à lui ainsi que les risques et les
conséquences généralement associés à chacune de ces options avant de consentir
à des soins le concernant.»
Donc,
je présume qu'il y a aussi une question de redondance. Est-ce que l'alinéa
quatre répond à cette préoccupation des organismes?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. C'est notre prétention que oui. Pour éviter la
redondance, il est déjà à l'article 8. Les deux lois doivent se lire ensemble. Mais aussi ici on est
spécifiquement dans le cas du refus, et c'est ce qui fait qu'on vient écrire
quelque chose de spécifique, qui est
l'alinéa quatre, parce qu'on n'est pas dans le contexte général, et l'article 8
de la loi est dans le contexte
général du consentement libre et éclairé, qui est une notion consacrée autant
dans le code que dans la loi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : …simplement, je ne sais pas si c'est via l'article 6,
mais j'ai une préoccupation et puis je dois dire que les différents organismes qui viennent en aide et qui viennent en
appui aux personnes handicapées m'ont, à tout le moins, sensibilisée à une situation, c'est que, pour certaines personnes,
dont les personnes souffrant d'un handicap intellectuel… pour certains médecins, ils auront divulgué une
certaine forme d'information à cette personne-là, mais ce ne sera pas
nécessairement dans un langage compris.
Comment on
peut s'assurer que les personnes qui souffrent d'un handicap intellectuel
seront protégées et seront informées
adéquatement, suivant leur degré de compréhension? Dans le fond, c'est un peu
la même chose pour le mineur de plus
de 14 ans, parce qu'on ne parle pas à une ado ou un ado de 15 ans comme on va
parler à un professionnel de 50 ans. Comment
on peut s'assurer que le langage utilisé, entre autres, pour s'adresser à des
personnes souffrant d'un handicap intellectuel
sera adéquat? Parce que j'ai senti cette préoccupation-là dans les différentes
interventions. Et ça, bon, le refus de
traitement, c'est une chose, mais, dans l'ensemble des soins de fin de vie, je
pense qu'on a à avoir cette sensibilité-là, de s'assurer qu'il y aura
une compréhension, il y aura une vulgarisation puis des explications offertes,
de sorte que l'information sera accessible suivant les niveaux de
compréhension.
Et là je peux
comprendre aussi que parfois, dans le milieu hospitalier, on a tout ce
brouhaha-là, les choses vont vite, et
on n'a pas toujours accès à… ou la possibilité pour le médecin d'offrir cette…
ou de prendre le temps de faire cette vulgarisation-là.
Ou peut-être je me trompe, mon collègue pourra peut-être me reprendre. Mais
toute la question, comme je vous
disais, des personnes vivant avec un handicap intellectuel m'a beaucoup
interpellée lors des consultations. Et, je ne sais pas, est-ce qu'il y a lieu de prévoir quelque chose à l'intérieur
de l'article 6, à l'intérieur d'un autre article, de sorte que ces personnes-là puissent, même si elles ne
sont pas représentées légalement, être accompagnées? Comment on peut
s'assurer de la transmission de l'information?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, d'abord, je pense que c'est une question de formation. Et moi,
j'aurais envie de dire que, même pour
toutes les personnes qui ne sont pas habituées d'avoir recours aux services
hospitaliers, être en relation avec
un médecin, quand vient le temps d'avoir un diagnostic, je dirais,
important — on pense
à des gens qui ont un diagnostic de
cancer, qui rapidement doivent prendre des décisions — beaucoup de ces personnes-là se sentent
démunies devant, je dirais, l'abondance d'informations et de décisions rapides
aussi qui doivent être prises. Et je pense
qu'évidemment ça peut être encore plus aigu pour des personnes de 14 ans et
plus ou des personnes qui ont une déficience
intellectuelle. Et je pense que la clé dans tout ça, qu'on soit en fin de vie
ou pas en fin de vie… Parce que la question,
elle se pose aussi au quotidien. Vous avez un gros problème de santé. On vous
propose une intervention chirurgicale mais qui a des risques. Il faut
que vous soyez certainement en mesure de bien comprendre.
Donc, je pense que c'est beaucoup plus global
que sur notre seule loi et moi, je pense que tout passe par la formation. Et, pour y avoir réfléchi, moi, je dois
vous dire qu'en termes d'objectifs de formation, pour ce qui est de la priorité qu'on va donner à la formation en lien
avec la loi, les soins palliatifs, les soins de fin de vie en général, il va y
avoir une attention qui va être
donnée et un rappel qui va être fait quant à l'importance d'adapter, donc,
notre langage et nos explications
pour les personnes qui ont ces défis particuliers. Et je pense que ça devrait
être le cas dans l'ensemble de la profession,
pour l'ensemble des domaines et des soins. Mais ce n'est pas dans le projet de
loi qu'on peut venir en faire quelque
chose de précis parce que c'est une question, d'abord et avant tout, de
formation, d'accompagnement et aussi de s'assurer que la décision est
vraiment libre et éclairée. Et ça, je pense que c'est un défi, tous domaines
confondus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Merci. C'est certain qu'il y a encore beaucoup de travail à faire, puis je
pense que peut-être qu'il n'y a pas
lieu de le consacrer à l'intérieur d'articles, mais, à tout le moins, je
comprends que ma préoccupation est partagée.
Mme
Hivon : …y compris
pour les personnes qui ont un problème de santé mentale aussi.
Mme Vallée : Oui.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'article 6 tel qu'amendé? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Juste faire la discussion. «Le refus de soin ou le retrait de consentement peut
être communiqué par tout moyen.» Est-ce que
vous pouvez le clarifier? Donc, ce n'est pas seulement que par un écrit. Est-ce
qu'il y a des règles par rapport au consentement avec témoin ou…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est rédigé ainsi, M. le Président, parce qu'il arrive qu'on va vous demander
votre consentement écrit, par exemple, pour une chirurgie ou… et, si
vous changez d'idée, il faut être sûr que le formalisme est le moins important
possible pour que vous ayez toujours, pour maintenir votre intégrité, donc,
votre droit à l'inviolabilité de la personne…
que vous puissiez dire : J'ai changé d'idée et donc je ne veux plus
recevoir ce soin. Et donc c'est pour ça qu'on dit «peut être communiqué par tout moyen». Donc, c'est de consacrer
l'absence de formalisme. C'est rare qu'il y a un formalisme qui est exigé, mais on veut s'assurer
que, dans les cas où il y a un formalisme d'exigé, le refus peut être fait
par tout moyen. Et ça consacre la jurisprudence aussi.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, c'est beau, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article
6 tel qu'amendé?
Mme Vallée :
Je sais qu'on…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Merci. Désolée, M. le Président. Alors, j'imagine
qu'on appliquera la même interprétation, par exemple, pour quelqu'un qui changerait d'avis à la dernière minute pour
l'administration de l'aide médicale à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Tout à fait, M. le Président, et on va même venir
dire qu'on doit faire état de ce refus, qu'importe le moyen pris dans le
dossier, pour être sûr que ce soit bien consigné, qu'importe que ce soit par
écrit ou non, même s'il y a un formalisme.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? M. le député
de Jean-Talon.
• (16 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, juste peut-être au niveau
didactique. Quand on arrive au niveau du consentement, au niveau médical,
il y a quand même beaucoup de formations puis il
y a beaucoup de jurisprudence, et l'information doit être donnée en fonction
de la proportionnalité de l'importance du soin. Donc, lorsque
vous arrivez pour une chirurgie avec plusieurs complications ou un danger de mourir assez
important, il faut le dire. Puis ça, la jurisprudence a été très
claire. Les médecins… avant ça,
souvent, il fallait signer un consentement sur le bout d'une table. Ce n'est plus comme ça
que ça se passe, là. Donc, on imagine
que l'Association canadienne de protection médicale, qui assure la
majorité des médecins au Québec,
sinon la totalité, va probablement donner de la formation, et ils en donnent actuellement, pour dire que, si c'est du
retrait de consentement, le consentement est pour retirer des soins, surtout
que ça peut conduire au décès, à ce
moment-là c'est certain que l'information doit être bien faite, doit
être bien notée au dossier.
Et
même, juste pour ajouter sur la question
de «tout moyen», ce n'est pas juste un oui, puis on le fait. Il faut que
ce soit un oui qui soit écrit dans le
dossier et qu'on soit assuré... pas signé par le patient, mais que le médecin
consigne au dossier l'information, et la note doit être également
proportionnelle à l'importance du soin ou du retrait de soin.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. C'est
tout à fait pertinent. Évidemment, si vous refusez de
poursuivre votre dialyse versus si
vous êtes en relativement bonne forme puis vous dites : Je ne prendrai
pas les antibiotiques, ce n'est pas la même réalité. Donc, ça va de soi. Et c'est l'article 27
pour la question de l'absence de formalisme pour l'aide médicale à mourir, pour le retrait du
consentement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est beau, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Bien. Mais, juste par rapport aux commentaires de mon
collègue de Jean-Talon, est-ce que… Donc, si je comprends
l'intervention, c'est-à-dire ça doit être conforme et conformément à quelque
chose. Ce n'est pas nécessairement par tout
moyen, c'est qu'il y a des fois un formalisme conformément à la situation,
conformément à ce qui est appelé à la
lumière de la situation particulière, et surtout que, premièrement, c'est
vraiment la personne qui doit le communiquer. Ça, c'est l'autre
précision que je voulais juste... Je voulais poser la question.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme Weil :
Bien, c'est une question ouverte, là.
Mme
Hivon :
En fait, la question était posée au député de Jean-Talon.
Mme Weil :
Oui, mais c'est une question ouverte.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Généralement, ce qui va arriver, c'est que, supposons qu'il n'y a pas de consentement écrit, à
ce moment-là, le médecin, dans sa
note qu'il va mettre au dossier, va expliquer qu'il a rencontré le patient puis
qu'est-ce qui s'est dit comme information et
quelles ont été les questions. Et puis par la suite, bien, c'est ça qui va
faire foi que le consentement était fait. Il n'y a pas plus de
formalisme que ça en termes de discussion.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'amendement à l'article 6? Est-ce que l'amendement à
l'article 6 est...
Une voix : …
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Simplement. On a mentionné qu'on souhaitait inclure, à l'intérieur de la loi,
l'article 6 afin de lui donner
vraiment une portée complète sur l'ensemble des soins de fin de vie. Advenant
une situation, lequel des deux articles, entre l'article 11 du Code
civil et l'article 6 de la loi, aurait préséance?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Normalement, ces deux articles sont compatibles, donc il ne devrait pas y avoir
un conflit entre les deux articles.
Je ne sais pas si vous avez... Normalement, en fait, un vient juste préciser
dans quelles circonstances on est puis vient vraiment préciser la
question du refus de soin, mais il ne devrait pas y avoir de conflit.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, je n'avais pas d'exemple précis, c'était juste une question, compte
tenu que les deux ne sont pas
libellés exactement de la même façon et puis que 11, bien, se lit, dans le...
Dans l'ensemble, dans l'interprétation, c'était une question, là, comme ça, parce que, généralement, on ne
reprend pas les articles du Code civil à l'intérieur des lois, on fait plutôt référence aux articles du
code, et puis là c'est un petit peu… je sais bien qu'on est en train de
faire du droit nouveau, là, donc
c'est un petit peu plus exceptionnel. Et je me suis dit : Bien, s'il
devait y avoir une interprétation différente
donnée à l'article 6, est-ce que l'article 6 aurait préséance ou
est-ce que les dispositions du Code civil auraient préséance?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, je le répète, qu'il ne devrait pas y avoir de conflit.
L'article 6 est dans une situation plus précise parce que c'est un soin qui est nécessaire pour la maintenir en
vie. Donc, ce n'est pas tout soin. C'est
pour ça qu'il est là, parce qu'on est dans un contexte de fin de vie où ces questions-là
vont se poser. Et je ne pense pas qu'il
y en a un. Un, on ne voit pas comment il pourrait y avoir un
conflit, de la manière avec laquelle les choses sont libellées. En fait,
c'est qu'on consacre la question
du refus de soin à l'article 6 qui n'est pas consacrée à l'article
11, et tout cela est compatible mais simplement plus précis à l'article
6.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, je
comprends que, nonobstant
l'article 6, l'article 17 aurait tout son sens dans le contexte
des soins de fin de vie parce qu'à l'article 17 du Code civil on prévoit que, bon, le mineur de 14 ans et plus
peut consentir seul aux soins non
requis par l'état de… l'état de santé, pardon; «le consentement du
titulaire de l'autorité parentale ou du tuteur est cependant nécessaire si les soins présentent un risque
sérieux pour la santé du mineur et peuvent lui causer des effets graves
et permanents».
Donc, je comprends que, dans un contexte de soins de fin de vie, 17 demeure, de par le…
dans la mesure prévue par le Code civil, 17 demeure très clair, c'est-à-dire qu'un ado ne pourrait pas seul décider de mettre
fin à un traitement ou décider seul de refuser un soin et dans le
contexte où ce refus-là aurait un impact sur la durée de sa vie.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Exactement. Donc, dans la mesure prévue par le Code civil, et là spécifiquement pour prévoir qu'un article comme 17 continue à
s'appliquer et qu'il n'y a pas de changement à cet égard-là… 16 aussi, l'autorisation du tribunal. Donc, on l'a mis
parce qu'on s'est fait dire par des experts que c'était mieux
de faire référence aux mineurs aussi à l'article 6. Mais
c'est pour ça que, dans un premier temps, on ne l'avait pas mis, parce que
les dispositions sont déjà très précises dans le Code civil. Mais on
vient les inscrire ici.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'amendement à l'article 6?
Est-ce que l'amendement à l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce que…
Une voix : …
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je retire la question d'adoption. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : J'imagine qu'on
a réfléchi, et puis la jurisprudence l'a consacré, mais, encore dans un esprit pédagogique, l'article 14 du Code criminel nous
indique que, bon, on ne peut pas consentir à ce que la mort lui soit infligée.
Nul n'a le droit de consentir à ce que la
mort lui soit infligée. Donc, un refus de traitement dans certains cas… Et
j'imagine que l'objectif de cet
article-là est de consacrer un peu la jurisprudence qui a dû se pencher, par le
passé, sur la question, c'est-à-dire
que le refus de traitement ne correspond pas nécessairement en soi à… refuser
un traitement ne correspond pas à ce qui est prévu à l'article 14 du
Code criminel.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Et, oui, c'est très clair. À ma connaissance, il n'y a même jamais eu de
jurisprudence spécifique qui faisait
un lien avec le Code criminel pour l'arrêt de traitement. Mais dans Nancy B.,
qui est la cause type, on est venu consacrer
que c'était tout à fait conforme au respect des principes d'inviolabilité de la
personne, respect de son autonomie, et donc c'est tout à fait clair. Et,
quand je parle justement qu'on est dans notre compétence en matière de soins,
notre compétence générale en matière de santé, c'en est un, bon exemple.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'amendement à l'article 6? Est-ce que l'amendement à l'article 6 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) : Adopté.
Est-ce que l'article 6, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. Mme la ministre. Article 7.
• (16 h 20) •
Mme
Hivon :
Alors, à l'article 7, il n'y a pas d'amendement. «Une personne ne peut se voir
refuser des soins de fin de vie au
motif qu'elle a préalablement refusé de recevoir un soin ou qu'elle a retiré
son consentement à un soin.»
Donc, je vais
vous donner un exemple. Une personne qui déciderait d'arrêter la dialyse parce
qu'elle estime que sa qualité de vie
est presque nulle et que, pour elle, ça n'a plus aucun sens, on ne pourrait pas
dire : On ne vous offrira pas de
soins palliatifs parce que vous avez décidé d'arrêter votre dialyse. Et donc c'est une manière de consacrer
qu'un établissement ne pourrait pas venir refuser des soins à une
personne parce qu'elle refuse de poursuivre un traitement.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a des commentaires à l'article 7? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Moi, je suis tout à fait d'accord parce
qu'il y a tout un élément de négociation, hein, il faut voir comment
ça fonctionne, puis ça élimine beaucoup de paternalisme. On veut le bien de la
personne, mais ce n'est pas toujours
ce qu'elle, elle veut, là. Donc, moi, je dirais que c'est le gros bon sens, mais j'aime bien voir parfois puis assez régulièrement le gros
bon sens codifié dans la loi. Ça fait que je suis tout à fait d'accord avec l'article.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article 7? Mme
la députée de Gatineau.
Mme
Hivon : C'est
qu'on a pu voir…
Le Président (M. Bergman) :
Excusez-moi. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Excusez-moi. On a pu voir certains cas où effectivement le paternalisme médical avait peut-être
créé des situations pas souhaitables. C'est pour ça qu'on…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et donc
j'imagine qu'inversement on ne pourrait pas refuser, par exemple, advenant que
l'aide médicale à mourir soit mise en place,
on ne pourrait pas refuser à une personne l'aide médicale à mourir en raison…
que ce soit un arrêt de dialyse ou que
la personne n'aurait pas… Peu importe la situation, là, une fois que la
personne répond aux critères de l'article
26, on ne pourrait pas utiliser des choix faits pendant le processus.
Et ça, ça pourrait être tout au long. C'est-à-dire, à un certain moment de votre processus, vous avez refusé une intervention chirurgicale,
vous avez refusé tel type
d'expérimentation médicale, on ne pourrait pas arriver et dire : Ça, ça
constitue un refus. Est-ce que la question
budgétaire pourrait être un refus? Parce
que, lorsqu'on a mis en place tout à l'heure la question des ressources… Est-ce
qu'on pourrait dire à quelqu'un : Désolé, on ne
peut pas vous offrir un soin parce
qu'on n'a pas les ressources
financières pour vous l'offrir?
On ne peut
pas le refuser en raison des choix personnels pris par la personne, par
l'individu au cours de sa vie, au cours de la maladie, mais est-ce qu'on
pourrait refuser un soin de fin de vie pour un autre motif?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, la réponse, c'est non. C'est la même
discussion générale qu'on a eue à l'article 5. Et ici on est vraiment, à l'article 7, de la perspective du patient. Donc, c'est plus
l'inquiétude inverse qui pourrait être présente. C'est qu'une personne
dise : Est-ce que, parce que j'ai refusé une ixième chimiothérapie… est-ce
que, parce que j'ai décidé de refuser de
poursuivre la dialyse, on pourrait me dire : Bien là, on ne vous offre pas
de soins palliatifs? La réponse, c'est non. Chaque décision
porte en elle-même, et vous avez le droit d'avoir vos soins de fin de vie,
qu'importent vos décisions préalables.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mme la
Présidente. Alors, est-ce qu'il y aurait lieu de modifier le projet
de loi aussi… Écoutez, je pose la
question, parce que le refus qu'un patient aurait exprimé de recevoir un soin,
c'est une chose, mais est-ce qu'on pourrait
refuser l'accès à un soin de fin de vie à quelqu'un qui n'aurait pas eu de
bonnes habitudes de vie? Je pense au fumeur,
à celui qui aurait fumé toute sa vie puis à qui on dirait : Bien, écoutez,
là, vous avez contribué à augmenter les circonstances… vous avez aggravé votre situation, vous avez
volontairement aggravé… ou vous n'avez pas fait attention. Donc, est-ce que ça pourrait être une question qui
pourrait faire en sorte que quelqu'un soit mis de côté dans la… ou non
admissible à des soins de fin de vie?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non, Mme
la Présidente, absolument
pas, la réponse est très claire, au même titre où quelqu'un qui
a fumé et qui a un cancer du poumon ne se verra pas refuser des traitements de
chimiothérapie ou une intervention chirurgicale.
Mme Vallée : Moi, ça va.
La Présidente (Mme Proulx) : Y
a-t-il d'autres commentaires ou interventions sur l'article 7?
Une voix :
…
La Présidente (Mme Proulx) : Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme Proulx) : Nous allons poursuivre avec l'étude de
l'article 8. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, nous avons un amendement. Nous n'avons pas d'amendement?
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Nous avons un amendement, mais je n'avais pas le bon amendement.
Donc, on a un amendement, qui est assez simple, à
l'article 8, que je vais lire : Modifier l'article 8 du projet
de loi par le remplacement, dans le
deuxième alinéa, de «qui y exercent leur profession» par «qui offrent des
services à ses usagers».
Donc, la modification proposée par l'amendement vise
simplement à élargir l'obligation faite à tout établissement de mettre en place des mesures pour favoriser
l'interdisciplinarité entre les professionnels de la santé ou des services
sociaux qui offrent des services à
l'usager et non pas seulement entre les professionnels de la santé ou des
services sociaux qui exercent leur
profession au sein de l'établissement. Donc, je ne sais pas si on me suit, mais
c'est pour justement que ce qui fait
qu'on crée l'obligation, ce n'est pas que vous êtes dans l'établissement, c'est
le fait que vous offrez des services. C'est
quelque chose qui avait été demandé par l'Ordre des pharmaciens. Donc, un
pharmacien, dans la communauté, peut être
en relation avec une équipe, et donc que la notion s'applique aussi à lui, même
s'il ne pratique pas en établissement.
Nous avons été à
l'écoute, Mme la Présidente, des commentaires qui nous ont été faits par
l'opposition mais aussi par les groupes.
La Présidente
(Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres commentaires sur l'amendement
proposé à l'article 8?
Mme
Hivon :
Si vous le souhaitez, Mme la Présidente, je pourrais lire maintenant l'article
tel qu'amendé.
La
Présidente (Mme Proulx) : Oui, allez-y, Mme la ministre.
Mme
Hivon : Donc, l'article
8 : «Tout établissement offre
les soins de fin de vie et veille à ce qu'ils soient fournis à la personne qui les requiert en continuité et en
complémentarité avec les autres soins qui lui sont ou qui lui ont été
dispensés.
«À cette fin, il doit notamment mettre en place des mesures
pour favoriser l'interdisciplinarité entre les différents professionnels
de la santé ou des services sociaux qui offrent des services à ses usagers.»
Donc, c'est un article qui vient faire ressortir deux
éléments importants. Le premier élément, c'est que les soins de fin de vie sont offerts, donc, en continuité,
en complémentarité avec les autres soins. Cette idée de continuum est très
importante, je l'ai énoncée plus tôt la
semaine dernière. Donc, on doit voir ces soins-là comme prodigués dans un
continuum. Et l'autre idée, c'est
bien sûr de consacrer pour la première fois l'idée d'interdisciplinarité. Donc,
plusieurs nous avaient parlé de cette importance qui devait être faite à
l'interdisciplinarité. On l'avait prévu, et c'est à l'article 8.
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci, Mme la Présidente. Donc, est-ce que l'utilisation
des termes «continuité» et «complémentarité» implique que les établissements doivent offrir la gamme complète des
soins de fin de vie? Donc, est-ce que cet article-là impose aux établissements d'offrir les soins
palliatifs mais également l'aide médicale à mourir, et ce, nonobstant peut-être
le degré de confort des administrateurs des établissements?
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, oui,
l'article 8 consacre l'obligation qui est faite aux établissements
d'offrir l'ensemble des soins de fin
de vie. Alors que ce n'est pas une obligation pour les maisons de soins
palliatifs, c'est une obligation qui est faite aux établissements.
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Je vais y aller, parce qu'on a quand même beaucoup parlé de ça. Comment est-ce
qu'ils peuvent remplir cette obligation?
Est-ce qu'il y a différentes façons de remplir cette obligation? S'il n'y a pas
de médecin, s'ils ne sont pas
capables de recruter des médecins pour offrir ce service, est-ce qu'il y a une
autre façon de répondre à la demande?
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la ministre.
• (16 h 30) •
Mme
Hivon : Oui. Un établissement
pourrait faire une entente avec un autre établissement en vertu de l'article
108 de la loi sur la santé et les
services sociaux, par exemple, pour qu'il y ait un médecin d'un autre
établissement qui puisse venir offrir un soin spécifique — on
peut penser à l'aide médicale à mourir — dans un autre établissement.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Moi, j'ai une question. On sait qu'actuellement… Parce que, dans tout ça, ce
n'est pas les soins palliatifs, là,
qui posent problème, on s'entend. Je ne pense pas qu'il y ait d'établissements
qui aient de problèmes à offrir des soins palliatifs.
Comme le
disait mon collègue, les soins… ou la ministre, même les soins palliatifs
s'offrent déjà en fin de vie. C'est
vraiment sur la question de l'aide médicale à mourir. Et moi, je pourrais
concevoir, je peux voir que certains conseils d'administration de certains établissements pourraient peut-être être
frileux à l'implantation ou à l'offre d'aide médicale à mourir dans leur
établissement.
Au même
titre, je vous dirais, Mme la Présidente, que, dans bien des établissements au
Québec ou dans certaines régions, on n'a toujours pas d'interruption
volontaire de grossesse qui se pratique. Et les gens sont référés soit à des organismes à but non lucratif, et là je vous
parle… Par exemple, en Outaouais, c'est la situation : il n'y a pas un
établissement qui offre
l'interruption volontaire de grossesse. Les femmes, des jeunes femmes sont
dirigées vers la Clinique des femmes. Et
donc je me dis… Et, je comprends, l'interruption volontaire de grossesse, c'est
un soin qui n'est pas nécessairement… avec
lequel on n'est pas tous… et ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise avec
ça. Mais, je me dis, pourquoi on impose l'aide médicale à mourir, alors qu'on n'impose pas l'offre
d'interruption volontaire de grossesse? C'est ça. Bon. Parce que je
comprends que dans certains établissements il y a des soins qui ne sont pas
offerts parce que ce sont des soins spécialisés.
Et donc on va diriger les gens vers les centres régionaux ou les centres qui
offrent ces soins spécialisés, ça, je comprends, parce qu'on ne peut pas
avoir des spécialistes partout sur le territoire, puis on a réparti le tout à
travers la province. Mais la question des interruptions volontaires de
grossesse, c'est une question plus personnelle, c'est une question de philosophie, c'est une question qui
s'apparente... Je pense que, de tous les soins qui sont offerts, ce qui peut
s'apparenter le plus à l'aide médicale à
mourir quant au malaise que certaines personnes peuvent avoir avec le concept,
c'est peut-être l'interruption volontaire de grossesse.
Alors,
pourquoi est-ce… Je comprends, là, je comprends qu'on a consacré tout à
l'heure, à l'article 5, le droit d'avoir accès aux soins de fin de vie. Mais, en même temps, on impose à des
établissements qui, certains, sont gérés… Bien, ils sont administrés… Ce sont des établissements du
réseau public, mais ils sont aussi administrés par des individus. Il y a
des conseils d'administration. Certains
conseils… Et là peut-être que la question que je soulève est purement
théorique, peut-être
que, dans le réseau, il n'y a pas cette préoccupation-là. Peut-être que tous
les établissements sont à l'aise, mais permettez-moi
d'en douter, avec certains commentaires, certaines réflexions qu'on reçoit
depuis le début des consultations.
Alors, est-ce que tous les établissements sont à
l'aise avec cette obligation qu'ils auront le lendemain de l'adoption éventuelle du projet de loi? Est-ce
qu'on ne se retrouvera pas avec des établissements qui diront : Bien,
écoutez, vous savez, nous, on est
bien à l'aise d'offrir les soins de fin de vie, on est bien à l'aise d'offrir
des soins palliatifs, ça, c'est
conforme à notre philosophie, c'est conforme… mais on a un petit peu de
problèmes, on a un petit peu de misère avec
l'aide médicale à mourir. Et là ça, c'est sans compter est-ce qu'on aura aussi
une équipe de médecins ou est-ce qu'on aura
des professionnels, aussi, en place qui seront à même de permettre à
l'établissement de répondre à cette obligation législative qui est
d'offrir l'ensemble, et la continuité, et la complémentarité des soins?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, quelques éléments. Pour ce qui est de la question de l'interruption
volontaire de grossesse, il n'y a
justement pas de loi qui vient encadrer… contrairement à ici. Et, je le répète
souvent, je pense que c'est la beauté et
la force d'avoir une loi, c'est que justement on vient encadrer la pratique, on
vient mettre des balises, on vient mettre des critères. Il va y avoir des protocoles stricts, des exigences
strictes. Et, à partir du moment où on estime, comme société, qu'un
soin est nécessaire, qu'il est bienvenu, même s'il est exceptionnel, comme une
interruption volontaire de grossesse, qu'il doit faire partie, donc, du
décor, je pense qu'il faut se placer du point de vue du patient. Et, un,
différence avec l'interruption, évidemment
c'est qu'on n'a pas de loi. Ici, on en a une, et je pense que ça va beaucoup, beaucoup, beaucoup améliorer les
choses.
Deuxièmement,
dans une interruption volontaire de grossesse, vous n'êtes pas dans la même
situation de vulnérabilité qu'une
personne qui est en fin de vie et qui peut avoir pensé que jamais elle ne
demanderait l'aide médicale à mourir.
Alors qu'elle est en toute fin de vie, on ne peut plus la déplacer, on ne peut
pas dire : Regardez, voici, on va vous changer d'établissement, on va vous changer de région, faites vos
démarches, trouvez-vous quelqu'un. Je pense qu'il y a une très grande vulnérabilité propre à la
situation d'être en fin de vie et je pense que c'est très important de se
placer du point de vue du patient à
cet égard-là. Je vous dirais aussi que, si un médecin a droit à l'objection de
conscience, et c'est tout à fait
consacré dans le projet de loi, un établissement ne peut pas avoir, lui, comme
établissement qui donne des services, une objection de conscience. En
quelque sorte, ce serait ça, on viendrait consacrer une objection de conscience
à un établissement.
Et finalement je vous dirais que l'AQESSS, avec
qui nous avons été en discussion avant, pendant, et après, et lorsqu'elle est venue aussi, ainsi que dans son
mémoire, ne s'oppose pas. Au contraire, elle nous a demandé que tous les
établissements soient soumis à cette
obligation de donner l'ensemble des soins justement pour que l'accès soit le
même, qu'importe où vous êtes, dans
quelle région vous êtes, pour qu'il n'y ait pas de possibilité de retrait d'un
établissement.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Vanier.
M. Lévesque : Oui. Mme la
Présidente, moi, c'est plus une question de directive. J'aimerais vous
demander, considérant... Parce que j'écoute
les discussions. Peut-être qu'il y a eu des échanges préalables, puis je ne
voudrais pas brimer le droit de
parole de personne, parce qu'il y a beaucoup de questions qui sont très
intéressantes, qui sont soulevées. Mais,
selon l'article 245 de notre règlement, il y a quand même, normalement, un
droit de parole qui est prévu en termes de durée puis de temps. Puis, je regarde ça, ça fait quand même deux
heures et demie qu'on débat cet après-midi puis on n'a pas eu… je n'ai pas vu, là, qu'il y avait de
modalité d'appliquée cet après-midi. C'est peut-être une raison, là. Mais
je voudrais peut-être invoquer cet article-là pour voir avec vous qu'en est-il,
là, parce que...
La Présidente (Mme Proulx) :
Oui. Le temps est calculé et le temps n'a pas été dépassé, là.
M. Lévesque : Des
20 minutes par intervention?
La Présidente (Mme Proulx) :
20 minutes par intervention, par alinéa.
M. Lévesque : O.K.
Mme Vallée : Mme la
Présidente, avec...
La Présidente (Mme Proulx) :
Oui, Mme la...
M. Lévesque : C'est par
député, ce n'est pas par parti.
Mme Vallée : Avec…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Merci, Mme la Présidente. Tout simplement pour répondre à notre collègue. Dans
un premier temps, on a fait une
demande pour étudier alinéa par alinéa. Peut-être qu'il n'était pas présent, il
n'a pas assisté aux remarques préliminaires, mais le travail
qu'on fait actuellement, c'est un travail extrêmement important et ça va
permettre plus tard à ceux qui se
pencheront sur l'interprétation de la loi de connaître les véritables
intentions du législateur. Et puis notre travail, c'est ça. Votre
travail, c'est ça, aussi.
Alors,
les questions qui sont posées sont sérieuses, sont en lien avec les
interventions qui ont été faites devant cette commission pendant le mois de consultations, et nous avons des
questions, nous avons des questionnements, les échanges se font de façon
courtoise et se font de manière tout à fait sérieuse.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Vanier.
M.
Lévesque : Je me questionne pourquoi la députée emploie ce ton,
là. Je n'ai pas l'impression que j'ai attaqué son intégrité ni la qualité de ses questions, du tout. Mais il y a quand
même des règlements à l'intérieur, donc je pose la question. Je crois que j'ai le droit de poser des
questions de directive à la députée, là. Puis je suis désolé qu'elle prenne
ce ton parce que je n'ai pas du tout
l'impression que j'ai remis en question la qualité, du tout, de ses questions
qu'elle pose cet après-midi.
La
Présidente (Mme Proulx) : Alors, pour votre information, M. le
député de Vanier, le règlement est respecté, les temps alloués sont
respectés jusqu'à maintenant. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Non, puis je comprends
votre propos. Mais ce qu'on avait dit au début, c'est qu'on voulait
vraiment faire le tour des questions comme il faut. Puis il n'y a pas
d'intention de retarder. Mais, par contre, il
y a des fois, un peu comme on discute en bioéthique, il faut être capable de
revenir. Puis on s'est même dit entre nous autres qu'on pouvait dire
quelque chose puis être capables de dire par la suite : Bien, tu sais,
j'ai changé d'opinion, indépendamment du
parti. Et puis, juste pour vous donner une technicalité, généralement, au
niveau du législatif, quand les gens
veulent gagner plus de temps pour discuter, ils font tout simplement déposer un
amendement, ça fait qu'on est obligé
de refaire la discussion pendant 20 minutes de temps. Puis on ne veut pas
utiliser cette stratégie-là, mais on veut faire une bonne discussion.
Ça
fait que c'est vraiment la... C'est un projet de loi qui est un peu différent
parce qu'on le fait plus, je vous dirais, en collégialité. Comme vous
avez vu, des fois on cherche des solutions, les uns les autres, puis on veut
surtout ne pas escamoter la discussion. Mais je comprends que c'est inhabituel
par rapport aux autres projets de loi.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Oui. Alors, pour revenir. Donc, lorsque j'ai posé la
question, à savoir... Donc là, on comprend que chaque établissement a une obligation mais que cette obligation pourrait
être remplie par un renvoi. Est-ce qu'il n'y a pas moyen d'être un peu plus précis pour qu'on puisse
voir cette option? Parce que, quand on le lit comme ça, on a vraiment l'impression que chaque établissement... puis on a
compris tantôt les commentaires de mon collègue… pour toutes sortes de raisons, ce n'est pas évident que ça sera
disponible partout sur le territoire du Québec, donc qu'on puisse déjà entrevoir...
Je
regardais, bon, la question de... Je pense que la réponse de la ministre,
c'était… pas en partenariat, mais par une
référence à un autre établissement ailleurs ou... C'est comment le préciser, où
est-ce qu'on trouve cette précision dans la loi, parce que, là, ça a
l'air vraiment d'être une obligation par l'établissement, si on lit
l'article 8.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : …je référerais la députée de Notre-Dame-de-Grâce à
l'article 101 de la loi sur la santé et les services sociaux qui dit... Parce qu'il y a une foule
d'obligations dans la loi santé et services sociaux évidemment pour un
établissement qui doit fournir les soins. Donc, on dit, au deuxième
alinéa : «L'établissement doit notamment :
«1° recevoir toute
personne qui requiert ses services et évaluer ses besoins;
«2° dispenser
lui-même les services de santé ou les services sociaux requis ou les faire
dispenser par un établissement, un organisme ou une personne avec lequel il a
conclu une entente de services visée à l'article 108.»
Et
tantôt je faisais référence, donc, à l'article 108, qui parle de cette
entente-là. Donc, ça va de soi, c'est ce qui est prévu déjà quand un établissement n'est pas en mesure d'offrir
certains soins pour toutes sortes de raisons. Et on ne vient pas le prévoir évidemment à chaque fois, c'est une
obligation et une possibilité générale qui est prévue à l'article 101, 2°.
Mme Weil :
Juste pour continuer.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Parce qu'ailleurs dans la loi on donne ces précisions,
hein? On dit : À la lumière de la loi. Parce qu'on ne le dit pas dans cet article-là, ce n'est pas si
évident que ça, pas si évident que ça du tout. Au contraire, étant donné le
débat sur cette question et même
l'intervention de la ministre tantôt qui disait que c'était vraiment une
recommandation — je
pense, c'était l'association des établissements
de santé qui souhaitait que vraiment chaque établissement le donne — moi, je pense qu'il y a lieu de le préciser, comme on a fait ailleurs dans le
projet de loi. Et ça donne un peu cette flexibilité. C'est qu'on donne une orientation que, si, pour toutes
sortes de raisons, on n'est pas capable de trouver des médecins qui sont
aptes ou désireux de fournir ces services,
tout de suite l'établissement se met en marche pour trouver accès à ce soin-là ailleurs
dans le réseau.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait, a priori, je vous dirais que je ne
suis pas favorable, là, parce que ça viendrait justement créer une situation distincte de toutes les autres
situations, alors que, quand on l'établit… Et ça doit être lu en conjonction
quand il n'y a pas un élément, je dirais,
particulier. Et la raison pour laquelle, à l'article 6, par exemple, on fait
référence, c'est qu'il y a une raison
particulière pour laquelle on l'introduit, c'est pour consacrer le refus de
traitement en fin de vie. Donc, c'est
pour ça qu'on a introduit l'article 6. Et, dans ce cas-là, il fallait faire
référence au Code civil pour être sûrs d'être
cohérents. Mais là on n'est pas dans une situation comme celle-là, donc je
pense qu'on est mieux de rester avec le libellé actuel pour s'éviter
d'autres problèmes d'interprétation.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Par exemple, l'article 5, on dit : «Toute personne
dont l'état le requiert, a le droit de recevoir [les] soins de fin de vie, sous réserve des exigences
particulières prévues par la présente loi.» Dans ce sens-là, c'est-à-dire…
Mme
Hivon :
…
Mme Weil :
La présente loi, mais ailleurs où on peut se référer ou à la loi, aux
règlements.
C'est
que l'établissement qui n'est vraiment pas capable de trouver les médecins qui
seraient capables d'offrir l'aide
médicale à mourir n'est pas une… comment dire, soit une négligence, ce n'est
pas qu'ils sont hors la loi, ils sont… c'est
à la lumière des contraintes. En tout cas, je fais ce commentaire parce qu'on
est quand même dans un domaine de droit
très, très, très nouveau. Il y a une période de transition. On sait que ce ne
sera pas possible. Et je pense que les gens comprennent que ce ne sera
pas nécessairement possible dans chaque région d'avoir accès à ces genres de
service.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Moi, ça a été vraiment un sujet
que j'ai ramené souvent. C'est-à-dire, on a un concept de loi, puis je comprends qu'on veut défendre des
principes, je suis d'accord avec ça, sauf que moi, je regarde l'applicabilité
sur le terrain puis j'aime ça qu'on prévoie.
Quand
ça va arriver, là, qui va retourner lire dans l'autre loi, qui va comprendre
comment ça fonctionne? Puis ça, je
vais vous avouer, les médecins vont devoir travailler avec ça. Je vous le dis tout de suite, les médecins, ce n'est pas des juristes. Ça fait
que, si, eux autres, on ne leur met pas ça clairement, comment ça va
fonctionner, avec les possibilités, quitte
à essayer de fermer les portes où ça doit être fermé… Mais moi, je suis
convaincu, si c'est possible pour un établissement, en regardant la loi, de faire une entente dans
un cas exceptionnel, moi, j'aurais aimé mieux, par souci de transparence, être capable de l'écrire comme il
faut dans cet article-là, quitte…
On n'est pas obligés de le fermer à soir, cet article-là. Mais moi, je pense, il faut prévoir toutes les figures
de style. Première figure de style : ce qu'on veut, puis c'est la
volonté réelle, c'est : tout établissement doit offrir les services, et ça
doit être partie du plan d'organisation.
Deuxièmement,
il arrive des cas où c'est possible qu'un établissement ne puisse pas le
donner. Bien, moi, je veux prévoir
dans la loi, là, à ce moment-ci, qu'est-ce que ça veut dire pour cet
établissement-là, c'est quoi, ses recours, c'est quoi, ses possibilités,
quitte à être très restrictifs.
Troisièmement,
puis je pense que c'est déjà dans un autre article, donc je ne suis pas obligé
de le mettre là… Puis, quand
ils ne sont pas capables de le donner parce qu'il n'y a pas de docteurs qui
veulent le faire puis ils sont dans des endroits
où est-ce que tout le monde dit : Il n'y en aura pas, de médecins qui vont
venir le voir, soit qu'on le marque dans la loi, que c'est possible que quelqu'un d'autre vienne — moi, je ne pense pas qu'il faut le marquer
parce qu'ils peuvent le faire, de
toute façon — ou
encore on s'entend que c'est possible que la personne ne puisse pas recevoir
son service parce qu'il n'y a pas des
ressources disponibles. Mais ça, on l'a déjà dans l'autre article. Moi,
j'aurais aimé ça les retrouver toutes au
même endroit, de façon à ce que, quand quelqu'un lit ça, il sait exactement ce
qu'il doit faire, c'est quoi, les possibilités en cas qu'il n'est pas capable de le faire. Et puis, à la fin, il y a
une question de respecter le droit, mais parfois ça se peut qu'on ne
soit pas capable de le respecter.
Puis,
moi, ce que je ferais, peut-être un appel à tous, à nous, là : Comment on
pourrait faire pour le rédiger de façon à respecter la volonté de la ministre? Puis je comprends son intention parce
que, si elle ouvre la porte, la crainte, c'est qu'il y en ait 15 qui vont dire : Cet article-là
existe, je veux embarquer dedans. Moi, je veux fermer ça aussi, en passant. Je
ne suis pas du style à dire :
Bien, il ne faudrait pas ouvrir la porte à ceux qui vont toujours essayer de se
dérober. Ils ont une responsabilité.
Par contre, je veux me garder la possibilité, là. Puis je ne parle pas des gros
établissements de Québec… on ne
parlera plus de Montréal, mais de Québec qui essaieraient de se dispenser — je ne pense pas qu'il y en ait — mais plutôt des petits endroits, là. Puis ma collègue, elle vient de Maniwaki, où
est-ce qu'ils ont 15 docteurs de famille, dont sept à l'urgence, là, puis il y en a trois qui peuvent
partir n'importe quand. Ça fait que j'aimerais ça fermer la porte qu'à Maniwaki
ils soient capables de faire une entente
avec Gatineau, au cas où est-ce qu'on serait dans la situation où ils ne seront
pas capables d'offrir le service.
Je
veux juste qu'on fasse la réflexion, là. Puis moi, j'en ai parlé souvent,
souvent quand on a entendu les groupes, j'ai dit : J'ai un problème avec ça parce que l'applicabilité sur
le terrain… il n'y a rien de pire qu'une loi, là, qui est très belle théoriquement puis qu'après ça on se fait
dire : Bien, elle est dure d'application. Peut-être que nos légistes
pourraient y penser avec la ministre, là, une réflexion style entre
7 heures et 11 heures le lundi soir.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Écoutez, je ne suis pas fermée à ce qu'on fasse la réflexion. L'objectif, il
faut que ce soit que le service… que les
soins soient le plus disponibles possible, et non pas l'inverse. Et là il faut
s'assurer… Moi, j'ai deux préoccupations, vraiment, là… Puis là on
me parle, c'est ça, on cherche.
Parce que
j'avais posé la question, puis on m'avait dit : Là, si on se met — c'est ça, le hic, là — à toujours faire référence et à
reproduire, bien, la fois où on ne reproduit pas… En fait, on commence à tout
mettre ce qui est dans la LSSSS dans notre
loi. Bien, la fois où on ne le fait pas, là il y a un problème. Puis évidemment
ce n'est pas l'objectif. Les deux
lois doivent être lues côte à côte. Donc, ça va de soi — ça, je peux vous le dire — ça va de soi que l'établissement qui a des obligations, évidemment il les remplit
tout le temps dans ses obligations générales aussi qui sont prévues à la
LSSSS. Donc, il n'y a pas de souci, c'est
évidemment qu'il peut les faire dispenser, qu'il peut conclure une entente.
Donc, ma première préoccupation, c'est une cohérence législative parce
que c'est vraiment la préoccupation qu'on semble toujours avoir, à ma droite,
et derrière aussi, et qu'on m'avait communiquée.
Donc, si on
le met là, quand, par exemple, on parle d'autres types de services, je dirais,
moins généraux… qu'on aurait cette
embûche-là; de un. Puis, de deux, l'objectif, c'est justement de le rendre plus
accessible et non pas moins et donc
de se dire comment on va faire pour que ce soit généralisé et non pas de
dire : À Maniwaki, par exemple, ils ne se poseront pas la question…
ou en Abitibi, ou à Val-d'Or.
Une voix : …
• (16 h 50) •
Mme
Hivon :
Bon, donc… Peut-être qu'on gagne des points à chaque fois qu'on dit «Maniwaki»
ici, donc des indulgences.
Donc, est-ce
que ça va faire en sorte que, pour certains endroits, dans le fond, on va se
dire : Bien, on ne se posera pas
tant la question puis on va y faire… tout de suite, on va faire une entente?
Donc, il ne faudra pas que ça soit ça. Mais ça, ce n'est pas le libellé. Pour moi, ça, c'est plus un problème
d'application, de philosophie. Qu'importe notre libellé, cette question-là peut se poser. Ils ont le droit
donc de conclure une entente. C'est quelque chose qui est prévu, ils pourraient le
faire déjà. Donc, nous, c'est plus d'un point de vue de législation, mais, si vous voulez, on va le regarder puis on
pourra revenir sur cette question-là.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Puis, je veux juste rassurer la ministre, on ne veut pas qu'il y ait une répétition
de la loi partout. Mais, dans les endroits
où est-ce que ça peut faire une différence dans
l'applicabilité, moi, j'apprécierais que,
même si ça fait un doublon, parce que
ça va être dans deux lois… J'aime autant l'avoir dans cette loi-là parce
qu'elle, elle va être plus lue que la
LSSSS. Donc, ça, je peux vous le dire, les gens vont la regarder plus quand ils
vont arriver dans l'applicabilité, premièrement.
Deuxièmement,
je veux rassurer la ministre que moi aussi, je pense que le service devrait
être disponible partout. Ça, pour
nous autres, là, si la loi passe, c'est une équité pour l'accessibilité pour
tous les citoyens, sauf qu'il faut tenir compte de notre territoire québécois puis tenir compte de notre
organisation de services. Donc, il s'agit de trouver une façon de formuler pour fermer les portes pour que
quelqu'un qui voudrait être délinquant puisse se faufiler mais... Puis, comme je le dis, c'est un article, vous connaissez
un peu l'intention. Moi, je pense qu'on pourrait faire une réflexion, puis
on est même prêts à rajouter à la réflexion puis à trouver une solution
ensemble.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Mais je veux juste porter à l'attention des collègues dans cette réflexion que
l'article 5 dit déjà que nos
dispositions complètent celles de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. On consacre ce principe-là dès l'article 5 aussi.
Donc, il faut être conscient que c'est sûr qu'il n'y a pas de risque.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais, n'étant pas légiste puis ayant eu à
gérer des établissements de santé puis à gérer des docteurs, je sais qu'à un moment donné il faut que les choses soient
assez claires pour qu'eux autres comprennent aussi comment ça va fonctionner. Puis c'est peut-être cette
insistance-là que je ferais, c'est que, quand ils vont lire, ils vont savoir comment ça fonctionne et ils n'auront
pas besoin de faire appel à un avocat pour expliquer par quelle modalité
ils doivent comprendre cette loi-ci. Mais…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…cherchons ensemble des solutions.
Mme
Hivon :
On va y réfléchir, mais je pense que, pour l'AQESSS, qui quand même représente
l'ensemble des établissements, tout
ça est très clair. Donc, j'imagine qu'ils vont être un bon guide aussi pour
expliquer les obligations et les possibilités à leurs établissements.
Mais on va le regarder.
La
Présidente (Mme Proulx) : Donc, y a-t-il consentement pour suspendre l'étude de l'amendement et de l'article 8?
Mme
Hivon : Peut-être
qu'on pourrait disposer… S'il y a d'autres questions, par
ailleurs... Est-ce que
c'était la dernière question? Comme ça, on saura ce qu'on cherche.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Puis, si je comprends, le deuxième paragraphe, ce n'est pas une obligation
mais bien une intention très, très forte. C'est ça? C'est excellent.
Mme
Hivon : C'est ça.
Et, en le mettant dans la loi...
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En le
mettant dans la loi, Mme la Présidente...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
On ne va pas en prison, mais on peut recevoir une lettre. Bon.
Mme
Hivon : C'est ça.
Ils n'iront pas en prison, mais ils sont mieux de le faire.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Et juste parce
que... Pour ceux qui ont suivi la commission,
ça peut être clair. Mais moi, je n'ai pas suivi la commission, alors ce serait utile que la ministre
puisse répéter ce qu'elle a dit au début, mais, sachant qu'il y a beaucoup de gens qui n'auront
pas...
Une voix : ...
Mme Weil : Le deuxième paragraphe de 8 et l'amendement. Parce que ça a été fait un peu rapidement,
à la lumière des commentaires que des gens ont faits. Mais peut-être de réitérer c'était quoi, la préoccupation, parce que ça va faire partie de la compréhension de
l'article. Moi, je ne l'ai pas saisi.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Ça me fait plaisir, Mme la Présidente. Comme ça, quand tout le
monde va nous relire avec passion,
ils vont pouvoir voir tous les détails dans notre réflexion.
Donc, écoutez,
plusieurs sont venus nous parler de l'importance de
favoriser l'interdisciplinarité, ce qui veut dire que ce ne sont pas seuls les médecins qui sont impliqués dans toute la question des soins
de fin de vie. Donc, plusieurs ordres
professionnels nous en ont parlé. Plusieurs regroupements en éthique aussi
voulaient que la notion d'interdisciplinarité ressorte. Donc, j'ai expliqué souvent qu'on ne pouvait pas mettre tout
dans la loi, parce qu'ils voudraient qu'on change toutes les pratiques
médicales et qu'on consacre l'interdisciplinarité de par notre loi, ce qui
n'est pas possible en soi. Beaucoup relèvent
de la pratique. Mais on l'a introduite pour la première fois, donc, la notion
d'interdisciplinarité, pour favoriser,
donc, ce travail en équipe : médecins; infirmières; travail psychosocial;
des intervenants sociaux, travailleurs sociaux; pharmacien aussi qui
peut être impliqué, évidemment en soins palliatifs, très directement. Et donc
que cette notion d'interdisciplinarité, qui
est importante en général mais certainement très importante dans les soins de
fin de vie, soit consacrée.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. J'avais une question : À partir du moment où on demande aux
établissements d'offrir l'ensemble des
soins de fin de vie, quelle serait la conséquence pour un établissement qui, je
ne sais pas, aurait ou tenterait d'avoir une objection de conscience? Je comprends que l'objectif, c'est qu'il
n'y ait pas de possibilité pour les établissements d'avoir cette objection de conscience là compte
tenu que les médecins ont individuellement cette objection-là. Mais un établissement qui ne se conformerait pas à
l'article 8 et qui ne prendrait pas d'entente en vertu des articles 101 et
108 de la loi, comment… Est-ce qu'il
y aura une reddition de comptes qui sera demandée? Est-ce qu'il y aura un pouvoir
ou un pouvoir coercitif? Est-ce qu'il y aura… Quelle sera la conséquence
de ne pas respecter l'article 8?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, je vous dirais que, Mme la Présidente, comme de manière générale le
ministre a un pouvoir, donc, de
rappeler à l'ordre tout établissement qui est en contravention de la loi, bien
entendu, évidemment ça peut donner lieu
à des plaintes des usagers, donc, interventions du Commissaire aux plaintes,
interventions de la Protectrice du citoyen et interventions du ministre pour faire un rappel à l'ordre, donc il y a
une obligation certainement légale et morale aussi de se conformer à la loi quand on est un
établissement. Et, au bout du compte, oui, il peut toujours y avoir des sanctions
de nature
administrative auprès des établissements, mais généralement ce n'est pas la
première manière de fonctionner. C'est
juste de rappeler aux établissements leurs obligations et de s'assurer qu'ils
fournissent les services qu'ils doivent fournir.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Moi, mais une des questions… C'est parce
que je lis l'amendement. «Il doit notamment
mettre en place des mesures pour favoriser l'interdisciplinarité entre les
différents professionnels». Est-ce
qu'on peut penser qu'il y a des intervenants qui n'ont pas le statut de professionnel
et qui font également partie de l'interdisciplinarité? Puis ça, je vais vous le
dire, c'est une de mes valeurs fondamentales. Je trouve que des fois on a tendance à juste travailler avec des professionnels,
mais, pour moi, là, quelqu'un… même les gens qui travaillent dans les cuisines, les gens qui se promènent pour
prendre les menus, ce sont des intervenants importants dans notre réseau
de la santé. Est-ce qu'un aumônier est considéré comme un
professionnel? Est-ce qu'ils ont un ordre professionnel? C'est parce que, si on y va techniquement, là, les bénévoles, l'interdisciplinarité avec les bénévoles… Je fais une réflexion à voix
haute, là. Puis, en passant, ce n'est pas un piège, là. Vous savez, j'ai
un côté très, très peuple, hein?
Une voix :
«People», on dit.
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, en fait, un aumônier ne serait pas un
professionnel de la santé, évidemment. C'est d'autres types d'intervenants
qu'on a dans une organisation, comme les bénévoles, comme l'aumônier, mais l'établissement, je ne crois pas,
pourrait tendre… Mais je ne pense pas que l'établissement pourrait faire
part d'obligations à l'endroit d'un aumônier, par exemple.
La Présidente
(Mme Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est un employé de l'hôpital.
Mme
Hivon :
Oui, mais ce n'est pas…
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : …on n'est pas sur le
même registre pour ce qui est de l'interdisciplinarité.
Mais je suis très ouverte à ce que vous dites, mais je ne pense… dans le
concret des choses, là, il faudrait réfléchir.
La Présidente
(Mme Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais je peux vous dire que, quand on arrive dans les soins palliatifs, là c'est
toutes les sphères, y compris la
spiritualité. Puis là on parle d'un aumônier, mais ça peut être un rabbin, ça
peut être n'importe qui. Et ça, pour
les gens, ça, ça devient important. Puis on travaille avec ces gens-là. Comme,
moi, dans l'établissement où j'étais,
là, l'aumônier, sans dire qu'il faisait partie de l'équipe de soins qui donnait
des soins, il faisait partie de l'équipe qui était en interaction avec les autres. Et, moi, la réflexion… Puis,
encore là, on n'est pas obligés de… Compte tenu qu'on ne ferme pas l'article, je ne voudrais pas pousser
pour dire : C'est ça qu'il faut faire. Mais il y aurait peut-être une
réflexion à faire, de la part de nos
légistes, là, sur… Je verrais peut-être mieux le mot «intervenants» que le mot
«professionnels», parce qu'il y a des
intervenants qui ne sont pas des professionnels puis il faut qu'on travaille en
interdisciplinarité avec eux autres. C'est une réflexion.
La Présidente
(Mme Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est une bonne
réflexion, et je ferais une suggestion, et nous allons… C'est parce que
l'interdisciplinarité, c'est vraiment
en lien avec les professionnels, mais on pourrait parler «l'interdisciplinarité entre les différents professionnels
de la santé ou des services sociaux et
favoriser la collaboration des différents intervenants concernés». On
pourrait être sur les deux
niveaux : l'interdisciplinarité, qui est vraiment la notion entre les professionnels;
et la collaboration entre les intervenants.
La Présidente
(Mme Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
• (17 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mme la Présidente, je l'ai dit, c'est comme un travail d'éthique, là, on
s'échange des idées pour avoir le meilleur projet de loi. En tout cas, moi, je
pense, faisons la réflexion, parce que je ne dis jamais «oui» tout de suite. Je
me dis toujours : Il faut que je me garde un petit pas en arrière,
là. Mais faisons la réflexion, puis peut-être on pourrait la rédiger,
puis la regarder, puis… pas «la critiquer», mais «en faire un dialogue».
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Donc, on va regarder cette question-là aussi d'ici notre prochaine séance.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres commentaires
concernant l'article 8? Donc, il y a consentement pour reporter l'étude de l'article 8 et de
l'amendement. Nous allons poursuivre avec l'étude de l'article 9. Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Avant
l'article 9, nous avons un amendement qui introduit un nouvel article,
l'article donc 8.1. Alors, je vais faire la lecture de l'article 8.1.
L'avez-vous?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mme la Présidente, est-ce que je pourrais faire une demande pour une petite
pause santé de deux minutes, s'il vous plaît?
La
Présidente (Mme Proulx) : Alors, s'il y a consentement,
j'accorde une petite pause santé de deux minutes.
Mme Vallée : Ça ne sera
vraiment pas long. Une pause santé.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Si une seule personne s'oppose, ça veut-u dire qu'il faut continuer ou…
La Présidente (Mme Proulx) :
Alors, la commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 1)
(Reprise à 17 h 8)
La
Présidente (Mme Proulx) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'étude d'un nouvel article. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement prévoit d'insérer, après l'article 8 du projet de loi, l'article
suivant :
«8.1. Tout établissement doit adopter une politique portant sur les soins de fin de vie.
Cette politique doit tenir compte des orientations ministérielles et être diffusée auprès du personnel de l'établissement, des professionnels de la santé ou des services sociaux qui y
exercent leur profession, des personnes en fin de vie et de leurs proches.
«Le directeur
général de l'établissement doit, chaque année, faire rapport au conseil d'administration sur l'application
de cette politique. Le rapport doit notamment indiquer le nombre
de personnes en fin de vie ayant reçu des soins palliatifs, le nombre de
sédations palliatives continues administrées, le nombre de demandes d'aide
médicale à mourir formulées, le
nombre d'aides médicales à mourir administrées, de même que le nombre de
demandes d'aide médicale à mourir refusées et les motifs de ces refus.
«Le
rapport doit également indiquer, le cas échéant, le nombre de sédations
palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées par un médecin membre du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de
l'établissement dans les locaux de toute maison de soins palliatifs avec
laquelle l'établissement a conclu une entente.
«Le rapport
est publié sur le site Internet de l'établissement et transmis, le plus tôt
possible, à la Commission sur les
soins de fin de vie instituée en vertu du chapitre V du titre II.
L'établissement doit inclure un résumé de ce rapport dans une section
particulière de son rapport annuel de gestion.»
• (17 h 10) •
Alors,
l'article 8.1, en fait il reprend en substance le contenu de l'article 10
actuel du projet de loi. Il vise donc à modifier l'ordre des articles pour que les obligations des
établissements se lisent dans un ordre qui va être plus logique. Donc, il place le contenu de l'actuel article 10,
qui traite de l'obligation pour l'établissement d'adopter une politique sur les
soins de fin de vie, avant l'article 9 qui, lui, prévoit l'obligation pour
l'établissement de prévoir un programme clinique de soins de fin de vie dans un plan d'organisation. Donc, c'est
plus logique d'avoir la politique globale puis le programme clinique dans le plan d'organisation.
Deuxièmement, le terme «sédations palliatives terminales» est remplacé
par le terme «sédations palliatives continues», en concordance avec
l'amendement apporté à l'article 3.
Troisièmement,
le troisième alinéa de l'actuel article 10, qui y est repris, il est modifié
par ailleurs pour retirer la référence
au fait que le rapport préparé par l'établissement doit indiquer le nombre de
sédations palliatives continues et d'aides
médicales à mourir administrées à domicile par tout médecin exerçant sa
profession en cabinet privé professionnel parce qu'une modification subséquente qu'on va voir va maintenant donner
la responsabilité au Collège des médecins, tel que certains nous l'avaient suggéré, qui va dorénavant être chargé
de la surveillance des actes posés par ses professionnels, comme proposé notamment par le Collège des
médecins lui-même et l'Association des CMDP lors des consultations.
Puis
finalement le quatrième alinéa, lui, modifie le contenu du quatrième alinéa
actuel de l'article 10 pour prévoir que
le rapport est publié sur le site Internet de l'établissement mais aussi qu'il
est transmis directement à la Commission sur les soins de fin de vie et donc que ça se fasse directement pour que
la commission puisse jouer pleinement son rôle.
Alors, voilà pour ce qui est du nouvel article,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Oui. Bon, beaucoup de questions, là. On va essayer de
prendre ça dans l'ordre. Je sais que certains… puis là il y a deux courants de pensée, là, mon collègue de Jean-Talon
m'a expliqué certains trucs, mais certaines personnes disaient qu'il y aurait peut-être lieu d'avoir une
standardisation des politiques sur les soins de fin de vie. Je comprends
qu'on ne veut pas faire du mur-à-mur, que
certaines régions ont leurs particularités. Je comprends donc que l'orientation
que vous avez privilégiée, c'est une orientation
d'assurer de reconnaître les particularités de chaque établissement dans
l'établissement de sa politique sur les
soins de fin de vie. Ou est-ce qu'il y a d'autres éléments derrière cette
volonté de permettre à chaque établissement d'adopter une politique qui
lui est propre?
Et j'aimerais savoir qu'est-ce qu'on pourrait
inclure dans une politique de soins de fin de vie, qui pourrait se distinguer
d'un établissement à l'autre.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Évidemment, il peut y avoir des différences selon que l'établissement a
beaucoup d'installations, ou très peu
d'installations, ou un seul type… Par exemple, votre établissement n'est qu'un
centre hospitalier versus votre établissement
a aussi, bien sûr, des soins à domicile qui sont offerts par les CLSC, a aussi
des CHSLD. Donc, il va y avoir une
complexité plus ou moins grande. Et donc tout ça va devoir se refléter dans la
politique que chaque établissement va prendre.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, je comprends qu'on ne peut pas interpréter 8.1 comme permettant à un
établissement de ne pas offrir
certains soins de fin de vie. Donc, ça, le fait pour un établissement d'établir
sa propre politique en matière de soins de fin de vie, ne lui donne pas
l'autorisation de soustraire certains soins de son offre de services.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, c'est une interprétation adéquate, parce que cette obligation
est prévue à la loi, et donc l'établissement ne pourrait pas s'en
soustraire via sa politique.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Actuellement, on
indique que la politique doit tenir compte des orientations ministérielles. Actuellement, outre la politique sur les soins
palliatifs, est-ce qu'il y a d'autres orientations ministérielles actuellement
en vigueur dont devront tenir compte les
établissements à court terme dans le cas d'une éventuelle adoption du projet de
loi?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La réponse, c'est oui. Donc, c'est
sûr que la base des orientations actuelles, c'est vraiment la politique
sur les soins palliatifs de fin de vie, mais il y a d'autres orientations dont
les établissements doivent tenir compte, les orientations, donc, 2007‑2012 du Programme québécois de lutte contre le cancer, où on retrouve huit mesures qui
touchent directement les soins palliatifs.
Il y a aussi
l'inclusion d'indicateurs dans les ententes de gestion et d'imputabilité, dont
l'élaboration du panier de services
de base en soins palliatifs à domicile. Donc, les établissements doivent tenir
compte de ça. Il y a aussi, donc, des
modalités d'encadrement administratif des maisons de soins palliatifs, mais là
je ne suis pas dans les maisons, là, je suis uniquement dans les établissements. Mais par ailleurs ça doit être
pris en compte dans les ententes qui sont conclues. Il y a aussi le Plan directeur de développement
des compétences des intervenants en soins palliatifs, donc, en termes de
formation. Il y a un volet formation. Et il
y a aussi un plan de développement sur le volet lits dédiés, donc comment on
développe quand on introduit de nouveaux
lits dédiés, et il y a aussi des normes en matière de soins palliatifs
pédiatriques.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
On dit, on indique que, bon, la politique doit également être diffusée. Est-ce
qu'il y a une façon particulière pour
la diffusion de la politique sur les soins de fin de vie? Est-ce que la
diffusion de la politique… Est-ce que de la publier sur le site de
l'établissement serait suffisant?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, je vous dirais, c'est par tout moyen jugé important, certainement,
important et opportun.
Donc,
certainement que le site Internet peut être un moyen privilégié, mais aussi par
l'intranet, par exemple, de l'établissement
pour ce qui concerne tout le personnel, tous les professionnels. Ensuite, ce
qui devrait peut-être… et qui risque
de faire partie des orientations, c'est aussi de s'assurer qu'une trousse est
remise aux personnes en fin de vie et à leurs proches, comprenant la politique, donc, de l'établissement, par
exemple, rappelant les droits des usagers en fin de vie, donc tous les… je dirais, les moyens, qui
seront jugés adéquats, de communication, d'une part, pour le personnel et,
d'autre part, pour les personnes, les usagers qui sont concernés.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce que les critères d'admission d'un patient à l'unité de soins palliatifs
d'un établissement sont laissés à la
discrétion de l'établissement ou est-ce qu'ils feront l'objet d'une
délimitation par une orientation ministérielle?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, en ce qui concerne le champ, je dirais, d'application des soins
palliatifs, la politique est très
claire. Donc, les établissements ne doivent pas faire de discrimination sur la
base de la maladie, de la pathologie qui est en cause, donc, ce qui veut dire que, que vous soyez atteint d'un
cancer ou d'une maladie dégénérative de type SLA, un établissement ne peut déjà pas faire de
discrimination sur cette base-là. Donc, évidemment, ça va continuer à être la
même réalité.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
• (17 h 20) •
Mme Vallée :
Est-ce que la politique… puis là je ne sais pas, est-ce qu'il est nécessaire de
le prévoir à l'article 8.1, le
déploiement, finalement, des soins de fin de vie sur son territoire? Donc, est-ce
qu'il y aurait lieu de prévoir que tout établissement doit adopter une
politique portant sur les soins de fin de vie ou portant sur les soins de fin
de vie et son déploiement sur son territoire? En fait, l'objectif, c'est :
Est-ce qu'on peut s'assurer… ou comment est-ce qu'on peut s'assurer qu'un établissement sera tenu de se
préoccuper du déploiement des soins de fin de vie sur l'ensemble du territoire?
Un peu pour
répondre aux préoccupations qui ont été soulevées lors de l'étude de l'article
5 et l'étude de l'article 8, est-ce
qu'on pourrait s'assurer que les établissements soient tenus de faire état de
leur politique de déploiement? Parce qu'on
est vraiment au tout début, surtout
pour les mois et les années à venir — toute
la question de l'aide
médicale à mourir, c'est carrément nouveau, puis
aussi le tempo qu'on donne, qu'on souhaite donner au déploiement des soins palliatifs et à l'accessibilité aux soins palliatifs — pour
être en mesure de répondre aux préoccupations, peut-être qu'il y aurait lieu de s'assurer que les établissements
divulguent leur plan de match.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Alors, voyez-vous, à 9, on va aborder plus la question
de l'établissement qui doit prévoir, dans son plan d'organisation, le... Donc, c'est plus à ce
niveau-là que c'est compris, plutôt que dans la politique. On va voir aussi,
plus loin, les agences aussi.
Des voix :
…
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est parce qu'on discutait entre nous. «Tout établissement doit
adopter une politique portant sur les
soins de fin de vie.» Quand on parlait de standardisation, souvent les gens
nous posent la question : Pourquoi
ça ne serait pas la même politique partout?
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Parce
que les réalités peuvent être
différentes. Comme j'expliquais, un plus petit établissement versus un plus gros établissement; un plus gros établissement va pouvoir être beaucoup plus, je dirais, précis, raffiné, détaillé
dans le déploiement, dans tout ce qu'il se met comme exigences, comme cadre
dans sa politique versus un plus petit établissement en région qui va devoir avoir une beaucoup
plus grande, par exemple, flexibilité dans ce qui concerne l'offre,
l'acceptation des gens, le type de soins,
l'organisation de ses équipes, l'organisation concrètement des choses, la formation.
Donc, c'est pour ça qu'on veut... Et je pense que c'est conforme à la volonté
aussi du réseau de quand même garder une certaine flexibilité dans la politique qu'ils vont pouvoir mettre de
l'avant, mais avec des orientations qui sont quand même claires.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non. C'est la réponse que je m'attendais, là.
Je posais la question, là, pour avoir cette réponse-là officiellement.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Bien, oui, je voulais voir si la ministre a des exemples, parce que,
normalement, c'est une politique gouvernementale,
hein, une politique, puis ensuite il y a des plans d'action puis il y a comment
est-ce qu'on va réaliser ces politiques.
Moi, quand
j'ai lu «politique»… Surtout dans un domaine où on veut vraiment s'assurer
qu'on uniformise les pratiques,
pourquoi est-ce qu'on a choisi le mot «politique»? Et est-ce qu'on aurait un
autre exemple où le ministère de la Santé aurait établi des politiques par région?
Parce que l'exemple donné par la ministre, ça, c'est juste des considérations
particulières qui font en sorte qu'on module
l'application de la politique, mais il y a toujours une politique qui reflète
la vision et la vision de ce qui est
décidé ici, puis du projet de loi qui sera éventuellement adopté, puis, bon...
Alors, c'est ça, la politique, et on
demande à tous de respecter cette politique mais de s'assurer que le plan
d'action qui donne corps et âme à la politique… C'est là qu'on voit les
nuances, normalement. Alors, je voulais savoir s'il y a des précédents.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, nous avons une politique. Il y a une
politique ministérielle sur les soins palliatifs de fin de vie. C'est la
base.
Donc,
évidemment, c'est la base des orientations pour tout établissement. Mais je
pense, par exemple, à un établissement qui veut dire : Dans notre
politique, nous avons des lits dédiés dans une unité, et, pour nous, c'est une orientation importante d'avoir des lits dédiés. Ce
n'est pas tout établissement qui va mettre ça dans sa politique. En même
temps, je pense que c'est très pertinent
qu'un établissement décide qu'il va consacrer l'importance des soins palliatifs
en mettant sur pied une unité, parce qu'il a
la possibilité de le faire, le nombre de lits, le nombre d'usagers qui
justifient la mise sur pied d'une
telle unité, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour tout petit
établissement où ça serait même contre-productif d'y aller de cette
manière-là. Donc, ça, c'est un exemple que je pourrais vous donner.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Vanier-Les Rivières.
M.
Lévesque : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans le dernier
alinéa, la ministre mentionne : «Le rapport est publié sur le site Internet de l'établissement et transmis, le plus
tôt possible...» Y aurait-il lieu de peut-être donner un délai maximal au moment? Parce que des fois «le
plus tôt possible», pour certains c'est très rapide, mais on le sait, hein,
pour avoir travaillé dans le milieu
communautaire, si on n'avait pas eu des délais pour remettre nos rapports
annuels, je vais vous dire que des
fois ça aurait traîné en longueur et
ça aurait été très, très long. Alors, pour un souci de transparence,
si on était capable d'établir un délai, peut-être,
là, à la convenance des collègues ici, ça pourrait être bien, plutôt que
laisser le flou sur cet aspect-là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En
fait, je ne suis pas fermée, c'est que, normalement, dans
l'interprétation, «le plus tôt possible», ça peut être plus rapide que quand on met un délai. Mais, plus tard dans
le projet de loi, on a un délai de 10 jours. On pourrait mettre un délai de 10 jours. De toute façon, là, à partir du moment où il est prêt, c'est de s'assurer que ça
rentre dans les moeurs, qu'il soit
transmis à la commission. Donc, je n'aurais pas de problème à ce qu'on vienne
mettre un délai de 10 jours, par exemple.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Si je comprends bien, le rapport va être fait, puis là ce rapport, ça
devra être mis dans le rapport annuel de l'établissement. Il va y avoir
une section?
Mme
Hivon :
Un résumé.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Un résumé. Puis on peut s'attendre que la date des données… la dernière
donnée, c'est après le 31 mars, donc
ça devrait être à partir du 1er avril. Est-ce
qu'on peut, parce que,
là, c'est... délai de 10 jours, ça dépend...
S'il confectionne son rapport, il peut le confectionner le 15 juillet, puis ça va
tomber le 1er août. Est-ce qu'on
pourrait mettre une date? On sait que ça va
finir le 31 mars. Est-ce qu'on pourrait mettre une date comme les états
financiers, c'est-à-dire avant le 15 juin?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Avant peut-être
le 30 juin. Parce que, là, il
y a deux réalités. C'est ça.
On a notre rapport qui... et il va y
avoir un résumé du rapport de ces activités-là dans le rapport annuel. Mais le
rapport en lui-même, qui est plus précis, doit être transmis pas uniquement via le rapport
annuel. Donc, si on pense que, pour
des fins de fonctionnement, ce serait plus simple de mettre une date calendrier, on peut mettre aussi une date
calendrier. En l'occurrence, le 30 juin serait... Est-ce que le 30
juin serait une bonne date? On peut...
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : ...mais je vais y aller pour le 30.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Donc, pendant qu'on va continuer à répondre, on
pourra juste s'assurer que c'est une bonne idée de le formuler comme ça.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, moi, c'est peut-être pour apporter une réflexion. Dans le deuxième paragraphe, là, il faut avoir nos données de notre rapport, donc c'est certain qu'on
commence avec le nombre de demandes formulées, le nombre de demandes formulées d'aide médicale à mourir. Là, il faut
regarder qu'à la fin le chiffre de nombre de demandes formulées… le
chiffre devrait être égal au nombre de processus qui vont s'être produits.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Puis je vais m'expliquer.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Là, on a prévu trois hypothèses.
C'est-à-dire, on fait une demande d'aide médicale, oui, on fait une demande d'aide médicale. Quelles
sont les possibilités? La première, on fait une demande d'aide médicale et on la réalise par l'intervention. Donc, ça,
c'est une possibilité. On fait une demande d'aide médicale, et la personne
décède entre-temps qu'elle soit réalisée,
parce qu'on est en phase terminale. On fait une demande formulée, médicale,
la personne change d'idée et décide de
retirer son consentement. Est-ce que ça annule la demande médicale ou encore
on serait mieux de dire qu'il y a eu un changement d'opinion? Puis après ça,
bien, il y a les deux autres possibilités, c'est-à-dire on fait une demande
médicale, et elle est administrée; et également elle peut être refusée.
Donc, il y a
peut-être deux hypothèses qui n'ont pas été mises puis que ce serait
intéressant d'avoir. Qu'est-ce que vous en pensez?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Est-ce que j'ai besoin de vous convaincre plus?
Mme
Hivon :
En fait, je comprends qu'il y a deux cas d'espèce auxquels le député fait
référence : il y a eu une demande,
il n'y a pas eu de refus, mais la personne est décédée avant que la demande
soit concrétisée, premier cas; et, deuxième
cas, la personne a changé d'idée. Et donc ce que le député nous dit, c'est
qu'il pense que ces cas-là ne sont pas compris dans ce qui est énuméré.
Donc, nous allons vérifier le tout.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est bon, j'ai doublé le nombre de demandes.
Des voix :
…
Mme
Hivon :
…
La
Présidente (Mme Proulx) : Alors, oui, on va suspendre les
travaux. La commission va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 17 h 32)
La Présidente (Mme Proulx) :
…travaux. Mme la ministre.
Mme
Hivon : …Mme la
Présidente. Donc, effectivement, on pourrait être plus précis. Donc, on va voir la meilleure manière de le dire. Ça pourrait être, par exemple, de dire «le nombre de demandes formulées, le nombre de demandes administrées, le nombre de demandes non
administrées et les raisons pour lesquelles elles n'ont pas été administrées,
puis le nombre de demandes refusées».
On pourrait avoir les catégories «non administrées» et «refusées», ce qui est
quand même deux choses. «Non administrées»,
on aurait… par exemple, parce que la personne est décédée ou parce que la
personne a changé d'avis. Donc, on va le libeller de la meilleure
manière possible.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Je relisais l'article 10 et l'article 8.1. Lors des consultations, les
maisons de soins palliatifs étaient
un petit peu mal à l'aise avec le troisième paragraphe… le troisième alinéa,
pardon, où on mentionne que le rapport doit
également indiquer le nombre de sédations palliatives et d'aides médicales à
mourir administrées par un médecin de
l'établissement dans les locaux de toute maison de soins palliatifs avec
laquelle l'établissement a conclu une entente.
Je crois
qu'on le verra plus tard, mais les maisons de soins palliatifs actuellement ne
sont pas à l'aise d'inclure, dans
leur offre de soins, l'aide médicale à mourir. Et donc est-ce qu'il n'y a pas,
par cet… Par l'introduction de cet article-là, est-ce qu'on ne tente pas de leur imposer d'offrir des soins qu'elles ne
souhaitent pas offrir? C'est parce que je vois mal comment on peut inclure cet alinéa-là et après ça
dire : Bien, on ne les oblige pas à offrir des soins, l'aide médicale à
mourir, mais par contre on l'inclut dans 8.1.
Donc,
est-ce qu'on devrait retirer la référence aux maisons de soins palliatifs qui
est prévue à l'article 8.1 ou, si vous
ne… J'ai vu que vous n'avez pas… L'article est rédigé sensiblement de la même
façon que l'article 10. Donc, pourquoi est-ce
qu'on a maintenu cette référence-là malgré les revendications et les
représentations qui nous ont été faites lors des consultations?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Premièrement, c'est écrit «le cas échéant», donc,
déjà, il y a quelque chose qui vient dire que ça ne veut pas dire qu'il
va y en avoir. Et, deuxièmement, pourquoi il faut le maintenir? En fait, c'est
vraiment pour une reddition de comptes et la
plus transparente possible, parce qu'on parle ici de médecins qui sont membres
des CMDP des établissements mais qui
pratiquent dans les maisons de soins palliatifs. Donc, c'est important pour
l'établissement et, compte tenu que
ces médecins-là sont des membres du CMDP, qu'on puisse avoir le portrait global
quand l'établissement fait son rapport.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : À ce moment-là, compte tenu qu'il s'agit de médecins
membres du CMDP, pourquoi on ne demande pas que le rapport fasse état
des soins de fin de vie offerts à domicile?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Parce que ce n'est pas dans cet article-là qu'on
prévoit ça. Plus tard, on va parler des médecins qui pratiquent en cabinet privé de professionnel et là
on va avoir toute une série d'obligations, et, maintenant, ils vont relever,
quand ils ne relèvent pas d'un CMDP, ils
vont relever directement du Collège des médecins pour rendre compte. Donc,
ça, on va y venir, parce qu'on y va par
catégories, Et là, ici, c'est vraiment via la responsabilité de l'établissement
qu'on vient prévoir l'importance de
cette reddition de comptes, et donc ça va être dans le… pour ce qui est du…
C'est parce qu'il y a des exigences particulières
en ce qui a trait à la sédation et l'aide médicale à mourir, notamment de tenir
compte des protocoles avec les
standards reconnus, et tout ça, et, de ce fait-là, c'est important qu'il y ait
la reddition de comptes.
Pour ce qui est des
soins qui vont être donnés dans ce… dans le troisième alinéa, on serait les
soins qui sont donnés… les soins palliatifs
qui vont être donnés dans la maison de soins palliatifs, donc ça va faire
partie du rapport général de la
maison de soins palliatifs. Il n'y a pas d'exigence particulière par rapport à
la question des soins palliatifs pour le médecin du CMDP, qui fait
partie d'un CMDP et qui travaille en maison de soins palliatifs.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Parce que, tout à l'heure, on mentionnait qu'on ne
faisait pas de politique standardisée parce que certains établissements,
entre autres, administraient des CHSLD, certains établissements devaient offrir
des soins à domicile, et là je pose la
question parce que je me dis : Il peut y avoir des endroits où un médecin
va oeuvrer en CHSLD, en
établissement, en centre hospitalier et pourrait aussi pratiquer à domicile. Je
pense à nos petites régions rurales. Il arrive… où on a des médecins qui sont à l'hôpital, qui sont au CHSLD puis qui
vont offrir des soins à domicile. Alors, il ne s'agit pas de médecins qui pratiquent exclusivement en
cabinet privé, qui sont peut-être davantage rattachés à l'établissement. Et
est-ce que, dans un cas comme ça, on ne
devrait pas prévoir qu'un médecin qui se rattache à un établissement de cette
façon-là et qui offre des soins à domicile
devra faire l'objet d'un rapport? Parce qu'il y a des établissements, là, qui
vont offrir des soins à domicile.
Alors,
l'aide médicale à mourir ou la sédation palliative continue administrée à
domicile, peut-être que ce sera des
cas rares, mais je comprends que l'objectif de la commission, c'est vraiment
d'avoir un portrait de l'ensemble de la situation. Et est-ce qu'il ne
serait pas opportun de le prévoir à 8.1?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : O.K. Juste pour être sûrs qu'on se suit bien. Le
médecin qui relève d'un établissement mais qui ferait des soins palliatifs à domicile via, par exemple,
son rattachement à un CLSC. C'est ça, la question? Ou à un CHSLD ou…
Mme Vallée :
Ou à un CHSLD, parce que, bon, peut-être qu'en milieu urbain il y a plus de
médecins, c'est peut-être plus facile de
faire la distinction. Par exemple, en milieu rural, on a des médecins qui sont
très présents et qui peuvent donner
du temps, oeuvrer à l'hôpital, oeuvrer au CHSLD et faire quelques visites à
domicile pour les soins de fin de
vie. Donc, ces médecins-là, s'ils devaient procéder à l'administration de
l'aide médicale à mourir, il faudrait qu'on puisse en faire rapport d'une façon ou d'une autre. Ils ne sont pas en
cabinet privé, mais ils sont rattachés à un établissement.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
• (17 h 40) •
Mme
Hivon :
On va le regarder, mais je pense qu'effectivement il faudrait que, dans le
troisième alinéa, nous voyions
apparaître aussi «à domicile». Mais je veux, juste avant, parce qu'il y a tout
un truchement d'articles…
Parce que plus loin on parle de ce qui est fourni à
domicile et aussi des maisons de soins. Ça fait que je veux juste… On
va le prendre sous réserve, là, mais
l'intention, c'est ça : c'est qu'il
y ait un suivi, qu'importe que le médecin, il les donne en établissement, en maison de soins palliatifs ou à
domicile. On l'a prévu pour le médecin qui travaille en cabinet privé de professionnel. Ça, c'est clair. Mais on ne
sera pas à domicile… Si on est en CHSLD, on ne sera pas à domicile.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Là, on va en faire une discussion, là,
pour bien comprendre comment fonctionne le système. Ça dépend si on prend la lorgnette des privilèges,
c'est-à-dire où est-ce que je… J'ai des privilèges si ça…
automatiquement je fais un rapport, je vais être attaché avec l'hôpital. Donc,
que je fasse n'importe quoi… ou à l'établissement, que je fasse n'importe quoi,
mon principal point, c'est que je vais être rattaché à l'établissement.
L'autre
élément, c'est où se fait le soin. Puis je vais vous expliquer la complexité.
Puis moi, je vais vous proposer qu'on
comprenne comme il faut le système parce qu'après ça tous les autres articles
vont en dépendre également. Mais vous pouvez avoir des privilèges à l'hôpital,
pratiquer en cabinet privé, mais, lorsque vous allez voir votre médecin à domicile, ça ne relève pas de l'hôpital, ça relève
du fait que vous êtes en cabinet privé parce que ce n'est pas un privilège
qui est rattaché avec le CLSC. Et, la majorité des médecins, juste pour vous
dire, c'est comme ça qu'ils fonctionnent. C'est-à-dire,
moi, quand j'étais en clinique et que j'allais voir mes patients à domicile, si
ça donnait le cas que le patient faisait
une plainte, parce que c'est peut-être ça qu'il faut suivre comme cheminement,
s'il faisait une plainte, est-ce qu'il faisait
une plainte au CMDP de l'hôpital… ou, en tout cas, à l'hôpital puis qui va être
traitée par la suite par le médecin examinateur
et le CMDP ou la plainte allait au Collège des médecins? À ma connaissance,
même si j'avais des privilèges à
l'hôpital ou à l'établissement, la plainte allait au Collège des médecins,
parce que, quand je faisais mon activité, ce n'était pas en relation avec mes activités de l'hôpital.
Et la majorité des médecins sont arrangés comme ça. Je vais attendre qu'ils
aient fini leur conversation.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce que c'est important de comprendre
ce processus-là, parce qu'on ne changera pas le système de rattachement
des privilèges puis où se font les activités. Puis moi, je vous dirais, quand
tu fais une activité, la question de base
qu'on va se poser : Si, cette activité-là, il y a une plainte, qui va
traiter la plainte? Est-ce que ça va
être l'établissement de santé ou ça va être le Collège des médecins?
Théoriquement, si c'est le Collège des médecins, c'est le Collège des médecins qui devrait faire le rapport et faire la
surveillance de l'acte médical. Si c'est l'établissement de santé, à ce
moment-là la plainte arriverait là.
Puis je vais
vous donner un autre exemple. Si vous êtes un médecin de famille puis vous avez
des privilèges au CLSC pour faire des
visites à domicile, à ce moment-là, s'il y a une plainte, la plainte, elle va
aller à l'établissement de santé
parce que ça fait partie de vos privilèges, ça fait partie de votre travail,
d'aller à domicile. Mais, si vous avez des privilèges, à l'hôpital, d'hospitalisation puis d'activités comme à
l'urgence, vous allez voir le patient à domicile, mais c'est parce que
vous êtes en cabinet privé, à ce moment-là la plainte va aller au Collège des
médecins.
Donc, il faut
suivre la même trajectoire que le traitement des plaintes, et, à ce moment-là,
on monte notre système de
surveillance en fonction de ça. Ce qui est important, c'est d'avoir toutes les
données mais surtout de ne pas faire le dédoublement des données. Là, j'insiste là-dessus, si vous arrivez, à un
moment donné, qu'il faut qu'il fasse rapport et à l'hôpital et au collège, bien il ne faudrait pas
que ça compte comme deux. Puis c'est difficile, là, par la suite de le voir.
Ça fait que moi, je pense qu'il faut
vraiment revoir nos trajectoires, puis… commenter — les légistes, vous connaissez bien le traitement des plaintes — moi, je suivrais… Le rattachement, c'est où
devrait être faite la plainte si le professionnel pose un acte où il y a une plainte contre ce
professionnel-là. Et après ça on fait tout notre arrangement de la loi en
fonction de ça.
C'est une
belle collaboration qu'on fait ensemble, là. En passant, je peux vous aider, je
connais bien le système là-dessus, là.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, en fait, c'est exactement ça. Avec les amendements qu'on apporte,
le fonctionnement du système va être
fait de cette manière-là. C'est-à-dire qu'avant on venait prévoir que même les
médecins pratiquant en cabinets
privés de professionnel seraient rattachés à un CMDP, mais on a bien entendu
les commentaires, y compris de ceux
du député de Jean-Talon, et donc, maintenant, ceux-là, ceux qui n'ont pas de
privilège, les médecins qui n'ont pas de
privilège dans un établissement et qui travaillent uniquement, donc, en
cabinets privés de professionnels à domicile, vont se référer
directement au Collège des médecins.
Donc, tout ce
rapport-là, on va le voir plus loin, va être fait par le Collège des médecins.
Mais ici… et donc on me dit que j'ai…
il n'y a pas de changement à apporter, parce qu'on parle des médecins qui
relèvent du CMDP, donc, qui ont des
privilèges. S'ils vont à domicile, ils sont déjà couverts et y vont à titre de
médecin de l'établissement qui se rend
à domicile. Et donc on va tenir compte de cette réalité-là dans le rapport qui
est décrit ici via le deuxième alinéa.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Écoutez, je crois ce que vous dites et
j'aurais un petit questionnement. Je ne suis pas certain que ça
fonctionne comme ça actuellement. Il faudrait juste que ce soit clair dans la
loi.
Moi, je vous explique comment on
fonctionnait. Si moi, j'ai mes privilèges à l'hôpital, je fais de
l'urgence et je fais du cabinet, le
patient que je vais aller voir à domicile ne relève pas de mes privilèges d'hôpital.
Ça fait que, si c'est ça, ce
que vous venez de dire, ça ne tiendra pas la route, parce que
ce n'est pas parce que j'ai des privilèges à l'hôpital… C'est ça, c'est parce que,
si je veux faire… À moins que vous dites que ces privilèges de l'hôpital
de l'aide médicale à mourir vont se
faire via un privilège qui est obtenu par la mission CLSC. Mais c'est parce que,
là, ce qu'il faut voir… ça,
ça veut dire que, tout médecin qui irait à domicile, qui voudrait faire l'aide
médicale à mourir, il y aurait deux catégories : si vous êtes
à l'hôpital, ça, ça veut dire qu'il faut que ça fasse partie de vos privilèges
d'hôpital de pouvoir faire ça et, si vous êtes en cabinet privé, ça veut
dire qu'à ce moment-là vous faites…
En
tout cas, il y a une réflexion à faire parce que ce n'est pas aussi clair que
vous le dites. Puis moi, je trouve que c'est le même… à moins que ce
soit marqué dans la loi, là, c'est-à-dire que, toute personne qui irait faire
de l'aide médicale à mourir, qui a des
privilèges à l'hôpital, automatiquement ça va relever… Il ne faudrait pas juste
que ce soit dit : Ça va
fonctionner comme ça. Il faudrait que ce soit clair dans la loi. Puis c'est une
question de privilège également parce qu'il faut que la personne ait les privilèges pour faire ça. C'est quand
même un acte, je pense, qui demande une compétence.
Ça
fait que, là, je pense qu'il y aurait une réflexion à faire avec le Collège des
médecins. Moi, si j'étais vous autres, j'appellerais
le collège parce qu'il faudrait qu'il le voie puis qu'il nous explique si c'est
comme ça qu'il le voit. Je pense qu'on va faire un petit appel au collège,
hein?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui, juste pour rassurer le député, nous avons fait
quelques appels au collège, et c'est comme ça en fait qu'il le voit, là, peut-être juste pour être clairs. Si, par
exemple, vous donnez des soins à domicile et, parce que vous êtes médecin de CLSC, et vous allez à domicile,
et, donc, vous administrez une aide médicale à mourir ou une sédation palliative continue, vous seriez considéré ici
parce que vous êtes dans votre pratique de médecin qui relève de
l'établissement du CMDP.
Par
ailleurs, si vous êtes un médecin en cabinet professionnel, et vous pourriez
être les deux, vous pourriez être les
deux, vous pourriez avoir des privilèges, travailler à domicile via vos
privilèges d'établissement, mais vous pourriez aussi avoir votre cabinet et aller à domicile via votre travail en
cabinet. Donc, vous relèveriez, selon votre attachement, des deux
instances.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de…
Mme
Hivon : On va le voir avec les amendements qu'on apporte
pour ce qui est du facteur de rattachement et la reddition de comptes
pour les médecins de cabinet privé de professionnel.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente. Moi,
je trouve ça extrêmement important, puis vous semblez tellement bien le comprendre que je suis certain
que vous êtes capable de me faire un petit algorithme avec un graphique,
comme on a dans les revues, pour nous
expliquer où chacun va, parce que, quand ça va être écrit dans les mots, là, je
ne suis pas sûr que les gens vont se
retrouver. Mais ce serait important, avant qu'on adopte ces amendements-là, que
vous me fassiez exactement qui fait
quoi, comment puis où, et après ça on va s'organiser, nous autres, comme
opposition, pour s'assurer que les mots que vous allez nous mettre vont
correspondre à votre petit graphique.
Une voix :
…
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Les algorithmes, en tout cas.
Mme
Hivon :
Oui, mais je pense que, quand on va regarder l'ensemble des articles, ça va
être assez clair.
Alors,
on peut le relire pour voir si ça peut être encore plus clair, mais, les
articles devant s'interpréter les uns par rapport aux autres… puis on va venir spécifier les choses pour les
médecins en cabinet privé de professionnel. Donc, le cas qui est peut-être le cas d'espèce, c'est le cas…
je veux juste être sûre de bien comprendre la préoccupation de l'opposition,
là, c'est le cas du médecin qui relève d'un établissement mais se déplace à
domicile, qu'on voudrait être sûr qu'il soit inclus. Et, le cas du médecin qui aurait, par exemple, une
double pratique, être sûr que ça va être bien clair, son facteur de
rattachement, même s'il a une double pratique. C'est ça, la
préoccupation?
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis, dans la
clarification qu'il faut faire, c'est la question du privilège. Théoriquement,
il me semble que l'aide médicale à mourir, ça devrait être quelque chose qui
fait partie des privilèges, ou pas, de l'établissement,
à moins qu'on me dise que tout le monde peut le faire dans l'établissement.
Mais là c'est une technique quand
même, et ça prend une certaine compétence, là. Mais là c'est une question qu'il
faut se poser. Mais là il faut juste être
certain, là, c'est… comment on va le retrouver, mais, théoriquement, ça devrait
passer par les privilèges du CLSC, les activités en CLSC qui sont des
visites à domicile.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, j'ai déjà un graphique sous les yeux, donc je ne sais pas si vous
souhaiteriez qu'on le dépose pour
expliquer le cheminement, mais… et qui pourrait peut-être éclairer la
discussion, là. Donc, on pourrait faire des photocopies et le déposer.
La Présidente (Mme Proulx) :
Oui. Alors, on va déposer le graphique.
Mme
Hivon : D'une
limpidité sans faille.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…au pire aller.
La
Présidente (Mme Proulx) : Alors, la commission va suspendre quelques instants, le temps de
déposer le document.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 52)
La
Présidente (Mme Proulx) : La commission reprend ses travaux. Mme la ministre, pouvez-vous nous expliquer le document déposé?
Mme
Hivon : Alors,
nous avons ici, pour les fins de ceux qui nous suivent, un tableau didactique
fort savant.
Donc, nous
avons deux cas d'espèce où un médecin pourrait offrir des soins à domicile. Donc, il peut relever de l'établissement, auquel cas les services qu'il va fournir à
domicile vont faire partie, donc, de sa réalité de médecin qui relève du CMDP et donc être… que la reddition de comptes va être prévue au rapport de l'établissement. Par
ailleurs, vous pouvez être médecin à
domicile et pratiquer en cabinet privé, et auquel cas vous allez relever, pour
les actes que vous allez… spécifiques qu'on prévoit au projet de loi,
relever du Collège des médecins et donc faire… votre reddition de comptes va être comprise dans le rapport qu'on
vient prévoir plus loin dans nos amendements, que le Collège des médecins
va devoir faire.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Évidemment, tout ça va être plus… je dirais, plus on va avancer, là, tout ça va
être plus simple parce qu'on va venir
prévoir noir sur blanc la mécanique pour le médecin qui, donc, travaille en
cabinet privé et qui se déplace à domicile
pour offrir ses soins. Et nous avons eu plusieurs échanges avec le Collège des
médecins, qui est tout à fait à l'aise, donc, à être responsable de ces
soins offerts à domicile par les médecins qui pratiquent en cabinet privé.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On va regarder les détails de la mécanique,
mais le grand principe qui… ceux qui ont des privilèges, qui ont des
activités pour, mettons, l'aide médicale à mourir, que ce soit en établissement
ou encore à domicile avec la mission CLSC,
je pense que ça relève de l'établissement. Le reste, comme de fait, plutôt que
d'avoir une affiliation avec le CMDP,
parce que ça avait été ça, la discussion qui avait été faite, c'était ça, la
proposition initiale, c'est beaucoup
mieux de relever du Collège. Je pense qu'il faut suivre le mécanisme de
traitement des plaintes, qui est déjà bien mis en place au Québec.
La question,
moi, c'est : Le médecin qui va... Un, la première question : Est-ce
que toutes les maisons de soins palliatifs ont l'obligation d'avoir une
entente avec un établissement ou c'est facultatif? Ça, c'est une obligation?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : La
réponse, c'est : Oui, il doit y avoir une entente, absolument.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …première chose. La deuxième question,
c'est : Le médecin qui va à la maison de soins palliatifs mais qui relève plus de son... Puis je vais vous donner
l'exemple. Le médecin pratique à l'hôpital, à l'urgence. Il travaille en cabinet privé, mais également, par son cabinet privé, fait des soins au niveau
de la maison des soins palliatifs. Donc,
ce n'est pas un lien avec l'hôpital. À
ce moment-là, pourquoi
il aurait besoin, parce que lui, il a des privilèges à l'urgence… être
obligé de faire un rapport à l'hôpital? O.K. Expliquez-nous ça.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je vais
laisser la parole à Me Lavoie.
La Présidente (Mme
Proulx) : Y a-t-il consentement pour permettre à Me Lavoie de…
Des voix : …
La Présidente (Mme Proulx) :
Consentement. Pouvez-vous vous identifier au micro, s'il vous plaît?
Mme Lavoie
(Patricia) : Oui. Alors,
Patricia Lavoie, avocate à la Direction des affaires juridiques du ministère de la Santé et Services sociaux.
Alors, le
médecin qui est en cabinet privé, que ce soit à domicile ou dans une maison de
soins palliatifs, qui donne les
services, devra rendre compte au Collège des médecins. Alors, c'est
dépendamment de quel rattachement… C'est pour ça que, le graphique, là, on a indiqué «médecin à domicile». Mais le
médecin qui s'en va aussi offrir des services dans une maison de soins
palliatifs, dépendamment de quel chapeau il porte : Est-ce que j'y vais en
tant que médecin de l'établissement ou est-ce que j'y vais en tant que médecin en cabinet privé? Et
là c'est ça qui va déterminer est-ce
que ce sera dans le rapport de l'établissement ou si ce sera dans le
rapport du Collège des médecins.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais ce n'est pas ça qui est marqué ici. Ce qui est marqué ici, O.K.,
c'est : «Le rapport doit également
indiquer, le cas échéant, le nombre de sédations palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées
par un médecin membre du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens.» Je
peux être membre du Conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens, mais mon activité à la maison de soins palliatifs
relève du Collège des médecins. Donc,
si ça relève du Collège des médecins, malgré le fait que j'ai mes privilèges,
je ne devrais pas faire partie des données. Pour nos auditeurs,
excusez-nous, c'est très technique, mais je pense qu'entre nous on se comprend.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, nous soumettrions que cela est clair parce qu'on est dans la section de
la loi sur les établissements. Donc, vous
n'êtes pas face à votre médecin qui travaille comme dans son cabinet privé de
professionnel parce qu'on ne prend pas le facteur de rattachement par
ses privilèges mais par le fait qu'il est en établissement.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce qu'en logique je possède des
privilèges, donc automatiquement… Parce que la façon dont c'est rédigé, là, c'est : Tout médecin qui
possède des privilèges, s'il fait une activité en maison de soins palliatifs, ça doit relever du rapport, alors
qu'il devrait y avoir une exclusion, que ce soit en fonction des privilèges du
médecin. Mais, la façon dont s'est rédigé, si tu as tes privilèges, automatiquement,
ce que tu fais à la maison de soins palliatifs,
même si ce n'est pas en relation avec tes privilèges, tu vas devoir le
déclarer. Lisez-le. Puis, moi, en tout cas, il me semble que c'est
limpide, là.
Il faut qu'on
soit capables de le rédiger pour dire que c'est en relation avec l'activité des
privilèges reliés à l'entente.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On va le regarder, là, parce que… J'entends ce que le collègue de Jean-Talon
dit, mais je ne pense pas que… En
tout cas, je pense qu'il faut faire attention, comment on rédige ça, pour ne
pas venir exclure des réalités, là. Donc, on va le…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Juste pour le…
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Juste pour qu'on se donne le même objectif,
là. Tout ce qui se fait en relation avec l'établissement d'un médecin qui pratique dans l'entente de services
avec la maison de soins palliatifs doit être dans les données d'établissement. Mais ce qui ne doit pas
être dans les données, c'est le médecin qui a des privilèges, donc, qui serait inclus là-dedans mais qui fait son travail
qui est non en relation avec l'entente. C'est juste comme ça qu'il faut qu'on
le rédige.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. J'essaie juste de voir le cas d'espèce qu'on a en tête, là, qui ne doit
pas être très fréquent, mais…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : En passant, c'est probablement le cas le plus
fréquent. La plupart des gens qui ont des privilèges en établissement de santé ne vont pas nécessairement aux
soins palliatifs, et là ceux qui font des soins palliatifs, même s'ils ont des privilèges à l'hôpital, ils n'y
vont pas à titre de médecins d'hôpital mais à titre de médecins de la maison
des soins palliatifs. C'est la majorité des cas, d'après moi, qui fonctionnent
comme ça.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je veux juste, pour notre réflexion, là… Ce que le député dit, c'est que…
celui qui va à domicile ou celui qui va en maison de soins palliatifs?
• (18 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : En maison de soins palliatifs. Comme c'est
là, la majorité des médecins qui vont en… Je prenais en exemple… je reprends toujours Alma, excusez-moi, là… Mais,
à Alma, les médecins qui vont à la maison de soins palliatifs y vont parce qu'ils sont des médecins de cabinet,
mais ces médecins-là ont tous des privilèges à l'hôpital. Ils ne font pas l'activité à la maison de soins
palliatifs en relation avec l'hôpital. De toute façon, s'il y a une plainte,
elle ne sera pas à l'hôpital, elle va
aller au Collège des médecins. C'est pour ça que c'est important de suivre le lien où irait la plainte, advenant le cas qu'il
y a une plainte contre un médecin,
puis ça, ça va vous dire le lien de rattachement par rapport au privilège du
médecin. Et la majorité des médecins au Québec en soins palliatifs… à ma connaissance, la plainte dans une maison de soins palliatifs n'ira pas à l'établissement, même s'il y a
une entente, elle va aller plutôt au Collège des médecins.
La
Présidente (Mme Proulx) : Alors, sur ces pistes de réflexion intéressantes, la commission
ajourne ses travaux au mardi 26 novembre, à 10 heures, afin de
poursuivre l'étude du projet de loi n° 52. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 1)