(Dix heures quatre minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il
vous plaît. Alors, collègues, ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et
des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le livre blanc sur la création d'une
assurance autonomie intitulé L'autonomie pour tous.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Daneault (Groulx) est remplacée par Mme Roy (Arthabaska).
Auditions
(suite)
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Alors, on souhaite la bienvenue à l'Ordre des hygiénistes dentaires du Québec.
Mme Côté, bienvenue. S'il vous
plaît, pour fins d'enregistrement,
vos noms, vos titres, et vous avez le prochain 10 minutes pour
faire votre présentation.
Ordre
des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ)
Mme Duval (Diane) : Alors, merci, M.
le Président. M. le ministre, mesdames messieurs, les membres de la commission,
j'aimerais vous présenter... d'abord, à ma droite, qui m'accompagnent :
Mme Johanne Côté, directrice générale à
l'Ordre des hygiénistes dentaires, et Mme Ghislaine Clément, qui est un
fournisseur de services en CHSLD, en hygiène dentaire, hygiéniste
dentaire également.
On a donc déposé nos commentaires et on a fait
un clin d'oeil à la commission en intitulant notre mémoire Hygiène dentaire
pour tous. Alors, vous allez voir, ça va se… c'est notre sujet, là.
Alors, l'Ordre des hygiénistes dentaires du Québec
compte près de 5 700 membres répartis dans toutes les régions. Il a pour mission la protection du public
en veillant à la qualité de l'exercice de la profession. L'ordre contribue
sans cesse à l'amélioration de la santé buccodentaire des Québécoises et des Québécois
en s'assurant du maintien des compétences de
ses membres par de la formation continue. Des 5 700 membres à
prédominance féminine, 98 % sont
des femmes, 88 % exercent leur profession en cabinet dentaire, et
8 %, en santé dentaire publique, soit en CSSS.
L'accessibilité
aux soins préventifs et à l'hygiène dentaire pour les personnes âgées, à plus
grande raison chez les personnes en
perte d'autonomie, est un sujet qui nous préoccupe grandement, car les soins
buccodentaires préventifs et l'hygiène
dentaire font partie des soins et des services professionnels de base. C'est
pourquoi nous sommes heureux de participer
à la consultation sur le projet de la création d'une assurance autonomie. Tout
d'abord, nous saluons l'initiative du
ministre de la Santé et des Services sociaux dans sa volonté d'aller de l'avant
avec ce projet de société devenu incontournable pour assurer le maintien
à long terme des soins pour les personnes les plus vulnérables de notre société
et pour maintenir les personnes à domicile le plus longtemps possible. Nous
saluons également le fait que l'assurance
autonomie vise à redonner aux personnes le pouvoir de choisir le fournisseur de
services qui leur sont requis.
La profession d'hygiéniste dentaire. D'abord, au
Québec, la profession d'hygiéniste dentaire débute en 1975 en raison
principalement d'un triste record mondial de la carie chez nos enfants
québécois. Pour contrer ce fléau, le gouvernement de l'époque instaurait un
programme de soins préventifs en santé dentaire publique et misait sur les nouvelles ressources professionnelles en hygiène
dentaire. Moins de 15 ans plus tard, une étude de santé dentaire
publique confirmait que 75 % des
enfants ne présentaient pratiquement plus de caries grâce à l'éducation et aux
programmes de fluorure instaurés dans les écoles. La preuve était faite,
la prévention fonctionne. Il en coûtait beaucoup moins cher d'ailleurs de
prévenir la carie que de la traiter. Cet exemple de réussite exceptionnelle en
matière de prévention et d'éducation trace
la voie à suivre dans le continuum des soins chez les personnes vulnérables qui
désirent préserver leur autonomie le
plus longtemps possible. La protection du public oblige les ordres
professionnels à assurer à l'ensemble de la population un accès adéquat aux services de leurs membres. En matière
de santé, on ne veut plus éviter de répondre aux besoins réels de la
population québécoise. L'ordre considère que les services d'hygiène dentaire et
de prévention buccodentaire doivent être
accessibles à toutes les personnes là où elles se trouvent, en centre
d'accueil, en CHSLD, en résidence
pour aînés et à domicile, pour toutes les classes de notre société. Notre dada,
bien sûr, on l'a souligné, l'hygiène dentaire, c'est un besoin
fondamental pour le maintien de la santé buccodentaire.
L'ordre est conscient que, pour remédier aux
problèmes buccodentaires des personnes et des collectivités les plus
vulnérables tant physiquement que financièrement, l'hygiéniste dentaire devra
travailler en collaboration avec le personnel
infirmier et les préposés dans les ressources gouvernementales d'hébergement.
Il serait envisageable également pour
l'hygiéniste dentaire de joindre des organisations qui offrent des services à
la personne, comme les coopératives de services à domicile et les
coopératives de santé.
Une condition buccodentaire des aînés.
En ce qui regarde la condition buccodentaire des aînés et des personnes en perte d'autonomie, une étude réalisée au Québec
au cours des années 80 révélait que plus de 70 % des personnes âgées
étaient complètement édentées. Maintenant,
la population aînée à venir conserve de plus en plus sa dentition naturelle,
ce qui nécessitera des soins constants afin
de les maintenir en santé. Malheureusement, l'accès aux soins buccodentaires
pour les personnes en perte d'autonomie est quasi inexistant au Québec. Les
services d'hygiène dentaire, tels que les détartrages,
l'enlèvement de la plaque dentaire, et autres, sont limités aux cabinets
dentaires et, pour une grande partie de
la population, notamment la population visant… vivant, plutôt, en institution
d'hébergement, ces services ne sont pas offerts et ne sont pas
accessibles.
• (10 h 10) •
La
condition d'hygiène dentaire des personnes en CHSLD est déplorable, et les
soins de base sont, pour ainsi dire, absents.
Pourtant, ces soins réguliers d'hygiène dentaire sont une nécessité pour tous,
même pour les personnes avec une bonne
santé dentaire. Les personnes âgées vivant dans un établissement de soins de
longue durée sont particulièrement à risque de complications découlant
d'une piètre santé buccodentaire, étant donné leur santé fragile et dû au fait
aussi qu'elles doivent compter de plus en
plus sur l'aide des proches aidants ou des préposés pour assurer leurs soins
d'hygiène personnelle. Les
conséquences d'une mauvaise hygiène buccodentaire sont multiples et bien
connues et ont des incidences graves
sur la santé générale de la personne âgée et fragilisée. De plus, une nutrition
adéquate est essentielle à une bonne santé,
et l'état de santé buccodentaire est primordial pour assurer une bonne
alimentation, ce qui est un sérieux problème chez nos aînés.
Le
projet d'assurance autonomie vise à assurer à tout citoyen un accès adéquat aux
services requis pour préserver sa
santé et son autonomie fonctionnelle, quel que soit son lieu de résidence, à
domicile aussi bien que dans l'une ou l'autre des ressources d'hébergement gouvernementales ou privées, et ce, au
meilleur coût. Pour y parvenir, l'Ordre des hygiénistes dentaires est d'accord avec les étapes proposées à
la page 32 du livre blanc. Il faudra emprunter le chemin de la prévention,
des incapacités et du maintien, voire de
l'amélioration de l'état de santé et de l'autonomie. Déjà, en 1991, l'Ordre des
hygiénistes dentaires avait préparé un projet pilote de soins d'hygiène
dentaire auprès des résidents en CHSLD. Il était
prévu que l'hygiéniste dentaire exerce des activités traditionnelles de son
champ d'exercice, détartrage, polissage, application d'agents anticariogènes, et autres, en toute autonomie,
c'est-à-dire, sans la tutelle du dentiste. Depuis, c'est devenu la norme de pratique dans le reste du
Canada où les services de l'hygiéniste dentaire sont accessibles directement
à la population. Malheureusement, au Québec,
la loi n'a pas suivi, et la médicalisation des soins préventifs et d'hygiène
dentaire persiste.
Alors,
à titre de conclusion et recommandation, le Québec doit rendre accessibles les
soins d'hygiène dentaire de base aux
personnes en perte d'autonomie, peu importe l'endroit où elles vivent, où elles
se trouvent. Présentement, l'hygiéniste
dentaire qui offre ses services professionnels à l'extérieur du cabinet
dentaire est limitée au brossage des dents et au détartrage des prothèses. Cette limitation à son droit d'exercice
prive la population de services préventifs essentiels.
Notre
première recommandation : pour le mieux-être de la population du Québec,
il est impératif que le législateur reconnaisse
à l'hygiéniste dentaire toute l'autonomie professionnelle qui lui est due,
comme c'est le cas dans les autres provinces
canadiennes. Enfin, il est prévu que… au livre blanc qu'il appartient aux CSSS
la responsabilité d'encadrer l'évaluation
des besoins de la personne et de veiller à la qualité de cette évaluation,
d'élaborer les plans de services, et de les mettre en oeuvre, et, enfin, de s'assurer de la qualité des services
fournis. Notre deuxième recommandation : que les CSSS voient à choisir judicieusement les
fournisseurs de services les plus appropriés en fonction des coûts et des
ressources disponibles dans chacune
des régions afin de rencontrer leur responsabilité populationnelle et que des
budgets protégés soient prévus afin
d'assurer la dispensation des services d'hygiène dentaire dans les ressources
publiques d'hébergement.
L'Ordre des
hygiénistes dentaires du Québec estime que nous avons, au Québec, les
ressources suffisantes en hygiénistes dentaires afin d'offrir des soins
adéquats réguliers aux quelque 45 000 résidents des diverses
ressources institutionnelles d'hébergement
du Québec. C'est seulement à cette condition qu'on pourra combler les besoins
de soins d'hygiène dentaire de base à notre population en perte
d'autonomie. Merci.
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme Duval, pour votre
présentation. Maintenant, pour le bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert : Bien, merci beaucoup, mesdames, de ce mémoire et
aussi de la flexibilité dont vous avez fait preuve pour venir ici ce matin, parce que je pense que
vous l'avez su à quelques jours d'avis. Alors, je vous remercie de cette
souplesse qui nous permet de pouvoir poursuivre nos travaux.
Je vais commencer par quelques questions d'ordre
plus général. D'abord, je vous remercie de l'appui à notre projet d'assurance autonomie. Vous dites dans votre
mémoire que c'est un projet de société devenu incontournable pour assurer
le maintien à long terme des soins pour les
personnes les plus vulnérables et pour maintenir les personnes à domicile le
plus longtemps possible. J'aimerais ça vous entendre sur ce qui vous a amenées
à manifester cet appui-là.
Mme Duval
(Diane) : Alors, pour nous, ça s'inscrit dans un… ce qu'on disait, un
continuum de soins.
On
a oeuvré au Québec à faire en sorte que nos enfants québécois, qui détenaient,
on le disait, le triste record de la carie mondial… ce n'était pas rien, là, à
l'époque, c'était mondial… faire en sorte qu'ils gardent leurs dents, qu'ils
les conservent.
Et ça a marché. Ça a marché, nos gens ont gardé leurs dents. Aujourd'hui, ils
sont devenus les parents d'une jeunesse
chez qui le fait d'inculquer de garder ses dents puis de prendre soin de ses
dents, c'est très important. Mais, dans ce continuum-là aussi et si on prend, il y a 20 ans, l'étude qui
s'était faite par rapport aux Québécois, Québécoises qui étaient
principalement des porteurs de prothèses, dont nos parents qui sont
présentement en CHSLD, notre future clientèle qui s'en vient ont leurs dents.
Donc,
pour nous, ça s'inscrit là, dans un continuum et dans l'esprit aussi de se dire
que la prévention, ça fonctionne. Quand on
veut garder nos personnes en bonne santé au Québec, il faut garder en tête que
la santé dentaire, qui permet de bien
mastiquer les aliments… Et on croit encore que la santé dentaire est
déterminante dans le maintien de la
santé générale de la personne, de pouvoir s'alimenter et de prévoir, dans
l'avenir, de réduire les médicaments relatifs à la digestion. Donc, dans le continuum de soins, la prévention, ça
fonctionne. Donc on croit qu'avec une génération qui garde ses dents, qui n'a peut-être pas eu tous les
soins orthodontiques, du chevauchement, des difficultés, des prothèses partielles, des implants, on s'en va vers une
hygiène buccale plus sophistiquée à faire à la maison et aussi en centre
d'accueil.
Donc,
il faut prévoir maintenant le maintien d'une bonne fonction masticatoire, d'un
état qui va nous permettre de ne pas
aller vers des maladies plus générales et qui originent d'une mauvaise santé
buccodentaire. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question. Mais,
pour nous, c'est un continuum ici.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Ma question était plus générale, sur l'assurance
autonomie, mais je vais continuer dans votre voie quand même. Est-ce qu'on a… Vous parlez que les baby-boomers,
là, qui sont la prochaine génération de personnes âgées, sont moins
édentés. Est-ce qu'on a des données sur leurs habitudes de consultation pour
des soins dentaires? Est-ce qu'on a des données sur l'accès de
cette population-là à des soins dentaires?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Je vais passer la parole à Mme Côté.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Côté.
Mme Côté (Johanne) : Alors, oui, on sait que présentement la population active fréquente les
cabinets dentaires à 50 %, parce que souvent c'est… C'est ça. Ça va
beaucoup en fonction d'avoir les assurances dentaires.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Donc, ce sont ceux qui sont couverts par des assurances dentaires qui…
Mme Côté
(Johanne) : Majoritairement, oui.
M.
Hébert :
Majoritairement.
Mme Côté (Johanne) : Mais on sait que, la population active, oui, c'est 50 % qui
fréquentent les cabinets dentaires.
M.
Hébert : Et chez les retraités? Parce que la population
active, pour vous, c'est la population qui est au travail. C'est ça, ce
que vous voulez dire?
Mme Côté (Johanne) : Non, la population active… je veux dire, la population qui ne manque
pas de… qui n'est pas à mobilité réduite.
M.
Hébert :
Ah, O.K. Je comprends.
Mme Côté (Johanne) : Parce que, la population qui est à mobilité réduite, évidemment, nous,
on ne peut pas la visiter pour
l'instant. Et, moi, lorsque je parle de la population active, c'est la
population qui peut se déplacer en cabinet dentaire pour recevoir des
soins.
M.
Hébert : Est-ce qu'il y a des variations selon l'âge dans
cette accessibilité aux soins dentaires? Savez-vous?
Mme Côté
(Johanne) : Qu'est-ce que vous voulez dire?
M.
Hébert : Bien, est-ce que les baby-boomers, par rapport aux
plus jeunes, est-ce qu'ils consomment plus, moins de soins dentaires au
Québec? Savez-vous?
Mme Côté (Johanne) : Ils consomment plus. Oui, ils ont plus de besoins, parce qu'évidemment
les enfants ont eu droit à nos
services de prévention, donc ils conservent plus leurs dents en santé, tandis
que la population baby-boomer a eu droit à plus d'obturations, des
choses comme ça. Ils ont plus de services de… besoin de services, de soins.
Mme
Duval (Diane) : Il y a 70 % quand même des personnes qui sont
assurées au Québec, c'est déjà un très bon… un bon pourcentage de gens. Mais effectivement je pense que notre
population adulte a été extrêmement sensibilisée, là, on va dire, dans nos âges, par l'action qui s'est
faite en prévention avec leur enfant. Il y a eu un continuum, une philosophie
qui s'est développée, qui a atteint les
parents, et qui ont pris davantage soin… et qui ont effectivement été chercher
plus de services pour garder leurs dents en bouche, effectivement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Actuellement, dans les services à domicile des CSSS… Je parlerai des
établissements d'hébergement par la
suite, là, mais, dans les services à domicile, est-ce qu'il y a des hygiénistes
dentaires, dans les CSSS, pour les services à domicile?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Oui, merci. Alors, oui, on compte 250 hygiénistes
dentaires qui sont dévoués présentement, là, pas pour le service à
domicile, seulement dans les écoles au niveau du programme avec les enfants où
il y a un programme de scellement. Mais il
n'y a aucun vraiment soin dédié… politique de santé claire au niveau des… à
domicile, ça n'existe pas. Non, c'est
complètement absent à domicile, autrement que par des prestataires de soins
privés. Mais sinon, sur le plan public, non, ça n'existe pas, là, à cet
égard-là. On peut dire : C'est quasi inexistant, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
• (10 h 20) •
M.
Hébert :
Vous insistez beaucoup, dans votre mémoire, sur le travail avec les dentistes
et vous voulez avoir plus d'autonomie
professionnelle, si j'ai bien compris. Est-ce que, chez les enfants, le travail
que les hygiénistes dentaires font,
est-ce qu'il est aussi encadré légalement par les dentistes ou s'il y a une
autonomie professionnelle dans ce type de travail?
Mme Duval (Diane) : …je disais que
c'est…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Merci. C'est
strictement l'autonomie professionnelle, parce
qu'ici, quand on est en santé publique, on est en prévention.
Ce sont des
activités présentement qui ne sont pas dans la loi ou dans le cadre de la Loi
des dentistes. Quand on va plus loin
puis qu'on veut faire des soins qui sont soit à domicile, en CHSLD ou ailleurs,
en résidence où se trouvent les
personnes adultes, l'hygiéniste dentaire ne peut pas faire de détartrage de
dents. Il faut que ce soit à l'intérieur d'un cabinet de dentiste. Mais, à l'extérieur du cabinet de dentiste, elle ne
peut pas aller de l'avant avec son… je dirais, son expertise de base qu'est la prévention et les
soins d'hygiène plus spécialisés pour lesquels finalement elle est formée
au Québec. Donc, ça, ça n'existe pas. Ce
qu'on a dans les CSSS… on a un programme où les hygiénistes dentaires font
des scellements chez les enfants, mais il
n'y a pas l'équivalent chez nos aînés pour les soins spécifiques qu'ils
requièrent en hygiène dentaire
présentement, qui est le principal facteur qu'on découvre, là, où l'hygiène
dentaire n'est pas faite dans les lieux comme ceux-là, où il y a perte d'autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Pour les besoins des gens qui nous écoutent, là : Où s'arrête la
prévention et où commence le traitement? En d'autres termes, où
s'arrêtent vos compétences qui peuvent s'exercer actuellement sans la
supervision des dentistes et où commence le traitement?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval (Diane) : Pour nous, et
l'exemple va être simple dans la mesure où est-ce que, dans toutes les
provinces canadiennes, on a statué là-dessus… donc, dans toutes les provinces,
l'autonomie des hygiénistes dentaires est dans son champ traditionnel
d'exercice, ce qui veut dire que son champ à elle, parce qu'on parle
majoritairement féminin… son champ est
d'assainir, évidemment de prévenir la maladie de gencives, prévenir la maladie
osseuse de l'os de support, prévenir les lésions carieuses, prévenir.
Donc, quand on parle de plaque dentaire,
d'enlèvement du tartre, d'éducation, de brossage, d'alimentation cariogénique ou pas, on est dans le champ
d'exercice de la prévention. Quand on agit en amont, c'est-à-dire qu'on enlève
la plaque, on enlève le tartre parce que le
tartre est un problème dans la mesure où il fait progresser la plaque dentaire,
la plaque dentaire fait résorber l'os de
gencive… quand on regarde tout ça, c'est ça, le champ traditionnel de
l'hygiéniste dentaire. D'ailleurs, et
en Ontario, et en Alberta, et en Colombie-Britannique, dernièrement au
Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse,
ça a été reconnu de façon claire. Et nous, dans l'esprit de la réforme du Code
des professions survenue dans les
débuts des années 2000… 2002, pour nous, l'expertise de l'hygiéniste dentaire
d'évaluer les soins de base à faire, le soin d'hygiène dentaire, de
regarder en bouche, c'est le travail fondamental de l'hygiéniste dentaire.
Pour
nous, c'est le cadre de notre profession et c'est le même cadre qui a été
reconnu par les législateurs des autres
provinces canadiennes, d'où les programmes qui sont enclenchés dans des CHSLD
ou à domicile, des équipements mobiles
qui ont été… se sont procurés les hygiénistes dentaires pour aller devant la
population. Elles ont cette possibilité de le faire.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Mais ce que je voudrais comprendre, c'est… La situation actuelle, au Québec,
vous permet de faire des gestes préventifs?
Mme Duval (Diane) : Mais pas le
détartrage, pas le détartrage des dents. C'est fondamental parce que…
M.
Hébert :
Non, mais ce que je veux savoir, c'est jusqu'où vous pouvez aller en prévention
au Québec actuellement.
Mme Duval
(Diane) : Je vais passer peut-être la parole à Mme Clément, qui
est sur le terrain. Elle va être en mesure de vous dire ce qu'elle est
capable de faire et ses limites aussi.
Mme
Clément (Ghislaine) : Alors,
sur le terrain, ce que je peux faire, comme hygiéniste dentaire, c'est un
brossage de dents. Donc, en fait, c'est tout ce qu'on peut faire de
façon autonome. Dès qu'on commence à parler au niveau de détartrage, ça devient
un acte qui doit être fait en cabinet dentaire sous la supervision du dentiste.
Si on veut
savoir la limite entre les soins préventifs et les traitements ici, au Québec,
ce n'est pas clair, je dirais. En
France, j'ai trouvé un document d'un dentiste en France qui classe très bien le
préventif et le thérapeutique, donc
le traitement. Eux, ce qu'ils disent,
c'est que… Excusez. Dès qu'il y a chirurgie, donc, quand on parle de chirurgie au
niveau d'une dent, c'est, à ce moment-là, faire réparer une dent, donc
une carie. Dès qu'on fait une chirurgie au niveau de la gencive, qu'on coupe la gencive, c'est un traitement. Tout ce qu'il y a
avant la chirurgie, c'est considéré comme étant préventif. Alors, maintenant,
ici...
Mme Duval
(Diane) : C'est ça.
C'est que la limitation ici présentement, là, fait en sorte que le détartrage est vu
comme un acte médical, c'est-à-dire qu'il nécessite une évaluation d'abord par
un dentiste. C'est essentiellement ça qui différencie beaucoup, beaucoup, parce
que cette étape-là a été franchie ailleurs dans les autres provinces. C'est essentiellement
ça qui fait la différence au Québec dans la limite des soins. Ça fait qu'à
partir du moment où, avec un équipement mobile… Puis les hygiénistes dentaires
sont très, très mobiles. Le fait que ça nécessite un examen préalable, bien ça empêche des soins de base comme
le détartrage. Et le détartrage est majeur parce qu'il nous permet finalement d'avoir un meilleur contrôle sur la
plaque dentaire par après. Une fois que c'est fait, là, le brossage, l'hygiène
buccale se fait beaucoup mieux.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : Mais
actuellement il y a des équipements mobiles utilisés à domicile dans certaines
régions du Québec. Moi, j'ai vu certaines expériences, là, ça existe déjà.
Mme Duval
(Diane) : Bien, Mme Clément, en fait elle a son équipement
mobile. Mais, quand on parle d'équipement mobile et qu'il se fait du
détartrage à domicile, c'est soit que ce soit le dentiste qui le fait
présentement ou il y va parce que la
législation veut qu'il aille avant l'hygiéniste dentaire puis la législation
veut qu'il aille voir après l'hygiéniste dentaire.
Donc, ça, c'est limitatif. Puis il va falloir se
dire : Est-ce que c'est ça qu'on veut au Québec? Parce qu'il y a deux choses qu'on a remarquées de façon très
claire par rapport au projet de l'autonomie. C'est : d'une part, on reçoit
des soins d'hygiène pour que les gens
restent autonomes le plus longtemps possible et on croit énormément que
l'hygiène dentaire en fait partie, d'une part; puis, d'autre part, ce
qui semble être un facteur majeur aussi, c'est tout l'aspect du financement. Alors, nous, on se dit
toujours : Les hygiénistes dentaires au Québec sont dûment formés, bien
encadrés par un ordre professionnel,
donc, en termes de qualité des soins, on est garants de cette qualité-là. Donc,
ils sont bien formés dans leur champ
d'expertise pour oeuvrer de la même manière que le reste du Canada, parce que, il
ne faut pas oublier, une hygiéniste
dentaire... Moi, j'enseigne au cégep de l'Outaouais, je gradue des hygiénistes
dentaires qui peuvent demain matin
être autonomes du côté de l'Ontario, et ils le font des fois, le pas. Donc, on
forme des gens ici à très grand coût, qui
sont limités dans les soins d'hygiène dentaire. Alors, je disais qu'il y a une
préoccupation par rapport à l'hygiène, qui est complètement absente, et
là il faut penser les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, il faut penser
l'Abitibi.
La profession
se démobilise un peu, la population vieillit. Comment on peut répondre à des
soins de base pour permettre aux gens de rester en bonne santé le plus
longtemps possible?
Mais l'autre préoccupation qu'on a, c'est le
financement. Le gouvernement doit y accorder bien sûr une attention particulière. Mais le financement est
majeur pour la pérennité des soins. Donc, à qui est-ce qu'on les confie?
À qui doit-on les confier? Et on garde à
l'esprit… la réponse, pour nous, est claire : aux bons professionnels, au meilleur coût et à l'endroit visé par le projet. Et là il faut se poser des
questions en termes de financement de coûts, et les autres provinces l'ont vu venir, ça, ce financement-là.
Alors, c'est au Québec que la population vieillit le plus longtemps, alors il faut y penser, avec leurs dents naturelles, parce que
d'inculquer des soins de brossage, c'est passé dans notre population adulte. Dans 20 ans, ils auront besoin d'aide, de support pour maintenir
les acquis. Alors, nous tous, on a besoin d'une hygiéniste dentaire pour enlever le tartre, et puis ça nous facilite
après ça le passage de la soie dentaire puis le brossage, mais c'est la même chose en centre
d'accueil, il faut voir les mêmes liens. Et donc on a les ressources sur place, on a les gens sur
place pour répondre avec eux pour le faire. Mais le gouvernement doit
absolument… Puis il faut se poser la question
ici en termes de coûts. On a accepté que les infirmières fassent du triage, et
c'est arrivé aussi dans une situation où le système était aussi en péril
un petit peu.
Les coûts augmentent. Il faut toujours se poser la question de base. Et
les hygiénistes dentaires sont des ressources inestimables, ils ont compté dans la balance au niveau de la sauvegarde
des dents chez nos enfants au Québec. Et on croit qu'on peut faire un bon bout de chemin avec les
Québécois et les Québécoises pour conserver leur santé buccale et de
surcroît, évidemment, conserver leur autonomie plus longtemps.
On se disait
qu'on était la deuxième population qui
vieillit le plus vite, le plus rapidement après le Japon. Le Japon, ils gardent leurs personnes âgées huit ans de
plus que nous en bonne santé. Ça compte, ça. Alors, nous, ici, on prend un
retard immense en matière de santé dentaire. Il y a 20 ans, 25 ans, on en parlait au Québec,
on revenait avec ce dossier-là, on
interpellait — vous
allez voir, dans les lettres — effectivement le ministre de la Santé en disant : Il faut faire quelque chose pour nos aînés, il n'y a pas
d'hygiène buccale. Ça n'a pas changé.
Il y a des initiatives qu'on salue, mais elles
sont isolées. Ce n'est pas de ça dont on parle. Premièrement, veut-on rendre accessibles des soins d'hygiène à
nos personnes, premièrement, en perte d'autonomie et ceux qu'on veut garder à domicile le plus longtemps possible? Je pense
que la question fondamentale est là. Et quelle est l'importance qu'on va accorder à la santé buccodentaire au moins, au moins et au
moins au niveau de l'hygiène pour prévenir la maladie? Elle
est là la question.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre.
M.
Hébert : Si on compare la formation des hygiénistes
dentaires au Québec avec les autres provinces canadiennes,
est-ce que c'est comparable?
Mme Duval (Diane) : Tout à fait. Je
vais laisser la parole à Mme Côté là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Côté.
Mme Côté
(Johanne) : On a un accord
de la mobilité de la main-d'oeuvre avec les autres provinces, ce qui fait
qu'une hygiéniste dentaire, avec la formation qu'elle a présentement au Québec,
elle peut demander un permis de pratique, un
permis d'exercice dans toutes les autres provinces sans ajout de formation
ou d'évaluation supplémentaires. Le seul ajout de formation qu'il pourrait y avoir dans certaines provinces,
c'est qu'il y a des provinces que les hygiénistes dentaires peuvent faire de l'anesthésie locale,
sauf que, si l'hygiéniste, elle ne veut pas pratiquer l'anesthésie locale, dans
les autres provinces elle n'a pas besoin d'autre formation.
Donc, on a une formation considérée équivalente
à travers le pays.
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre.
M.
Hébert : J'aimerais vous entendre sur les services
d'hygiène dentaire en CHSLD. Quelle est la proportion des centres
d'hébergement au Québec qui ont des services buccodentaires pour leurs usagers?
Mme Duval
(Diane) : On n'a pas les
chiffres exacts, mais c'est des projets qu'on dit pilotes ou très isolés, là, ce n'est pas,
d'emblée, les choses… Ce n'est pas des soins qui se donnent d'emblée, c'est
très isolé.
Mme Clément fait partie d'hygiénistes dentaires
qui ont pris l'initiative d'être plus autonomes et d'aller faire ce qu'ils peuvent faire dans le milieu, mais ils
sont limités, mais c'est très isolé. On est au courant quand même de projets,
d'un projet pilote du côté de Sherbrooke, de certains projets, et souvent c'est
des projets qui cadrent peut-être dans la résidence des facultés de médecine
dentaire où on va vers des populations dans le cadre de programmes de
résidence. Mais jusqu'à maintenant, de temps
en temps, on entend parler qu'un dentiste va à domicile, mais, en Ontario,
c'est courant qu'une hygiéniste
dentaire aille à domicile, qu'elle déploie son équipement mobile. Il y en a qui
ont parti un équipement, puis ils ont tout ce qu'il faut dans leur… même
leurs véhicules wagonnettes où ils peuvent installer une personne et prodiguer des soins. C'est quelque chose. C'est
beaucoup une initiative qui vient finalement du secteur privé, puis il va
falloir ne pas s'en passer aussi comme étant des prestataires puis des
fournisseurs de services potentiels.
Mais au
Québec on est limités par rapport aux autres puis on accuse un retard immense,
immense à cet égard-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
J'ai pratiqué pendant toute ma carrière dans un établissement où il y a de tout
temps eu des services dentaires. À
l'Hôpital D'Youville, qui est devenu l'institut de gériatrie, il y a toujours
eu des services dentaires accessibles pour l'ensemble des résidents.
Alors, pour moi, ça fait partie du décor.
Ce que
j'aurais aimé savoir, c'est s'il y avait beaucoup d'autres établissements au
Québec qui avaient ce même genre de services à leurs usagers. Vous me
dites que c'est assez exceptionnel. C'est ça?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval (Diane) : C'est assez
exceptionnel. Tout à fait, c'est assez exceptionnel.
Dès que vous
sortez des grands centres ou vous êtes à distance un peu des universités, ça
n'existe pas. Et les services dentaires sont des services dentaires,
j'imagine bien, aussi de base. Mais là on parle vraiment d'hygiène buccale, on parle vraiment de prévenir tous les problèmes. Alors,
non, c'est très… ça reste encore très isolé. Mais l'hygiène buccale, pour les hygiénistes
dentaires… ou, à chaque fois qu'il y a des projets pour aller vers ces
populations-là, on se rend compte que finalement c'est très pauvre en
matière d'hygiène buccale partout, partout, partout, les soins. Les préposés
sont complètement démunis face à quelque chose qui les dépasse.
M.
Hébert : Je vais
laisser mes collègues poser quelques questions aussi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste 3 min 30 s.
Mme Proulx :
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Bien, un petit peu dans la poursuite
de cette réflexion que vous nous
proposez, selon vous, qu'est-ce qui explique qu'au Québec on n'ait pas reconnu
en fait, là, une partie du travail
des hygiénistes en leur permettant
d'être autonomes? Et, comme ordre, j'aimerais savoir, dans le passé, est-ce que
vous… qu'est-ce que vous avez fait comme
représentations, comme propositions, comme démarches, puisque j'entends bien,
là, que votre préoccupation, elle est très présente.
Et est-ce
qu'il y a des choses qui ont été faites? Et, si oui, selon vous, pourquoi
on ne peut pas ici permettre aux hygiénistes dentaires de faire les
mêmes actes médicaux que dans le reste du Canada?
Mme Duval (Diane) : Bien, je pense
que vous avez…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Oui. Alors, bien,
premièrement, écoutez, moi, j'étais, à l'Ordre des hygiénistes
dentaires, en 1991, très jeune
présidente de l'ordre, et le discours était totalement, totalement
le même. J'ai placé en annexe une lettre, et, vous allez voir — je
l'ai relue il n'y a pas tellement longtemps, et elle a été écrite il y a
23 ans — on
pourrait croire qu'elle a été écrite aujourd'hui.
Donc, des
démarches auprès des divers gouvernements, ça s'est fait de tout temps, de toute époque. Maintenant,
ce qu'on voit… et vous parlez… qu'est-ce qui
l'empêche, ça? Bien, c'est — pour
nous, la réponse est claire : une politique
de santé dentaire fort claire, certainement,
au sein du ministère de la Santé et
des Services sociaux, d'une part, et
la volonté, parce qu'ailleurs ça s'est fait par la volonté du
gouvernement, jamais via une entente entre les parties, jamais, jamais, jamais. Ça s'est fait par volonté gouvernementale
de dire : Ça se fait ailleurs aux États-Unis, on va le faire en Alberta.
L'Alberta, la Colombie-Britannique a suivi,
et c'est le gouvernement, c'est le premier ministre puis c'est le ministre qui
s'est levé en Chambre. Et, voilà, ça se
fait. Mais, si vous voulez mon point de vue, ça ne pourra pas se faire
autrement qu'une volonté ferme du
gouvernement d'avoir la parité avec l'ensemble du Canada en cette matière-là et
de faire confiance aux ressources que
sont les hygiénistes dentaires du Québec, et ça, toujours dans une perspective
de dire qu'il ne faut pas que ça se fasse la guerre ou que ça se fasse
sur le dos des usagers, de la population du Québec.
Puis jusqu'à
maintenant on a pris beaucoup de retard, beaucoup, beaucoup, beaucoup de
retard, et ça s'est fait toujours, évidemment, au détriment de la
population québécoise.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste une minute.
Mme Proulx :
Oui. Bien, rapidement, en termes d'effectifs, si je parle du nombre
d'hygiénistes membres de votre ordre,
si on allait vers un virage où il y avait une possibilité pour les hygiénistes
d'offrir des soins, plus de soins à domicile... Parce que j'ai vu que vous mentionnez, là, qu'actuellement vous êtes en
mesure… vous avez suffisamment d'hygiénistes pour répondre aux besoins des 45 000 personnes qui sont en
résidence. Mais, si on élargissait la possibilité d'offrir des soins à
domicile, est-ce que les effectifs sont en nombre suffisant?
Le Président (M. Bergman) :
Le temps pour une très, très courte réponse, Mme Côté.
Mme Côté
(Johanne) : Oui, nous
croyons que les effectifs sont suffisants. Ce qu'il faut comprendre, c'est que
nous avons chaque année près de 300
nouvelles hygiénistes dentaires, nous avons neuf collèges qui donnent la
formation, qui fonctionnent à pleine
capacité, donc, puis nous avons un membership qui augmente d'année en année,
là. Donc, pour nous, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bergman) :
…bloc du gouvernement. Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bien, bienvenue à
notre commission, c'est toujours un plaisir de vous entendre. Avez-vous estimé, advenant le cas qu'on mettait en
place l'assurance autonomie, le nombre de personnes qui serait… d'hygiénistes dentaires qui serait
nécessaire par ratio de population? Mettons 500 personnes de 65 ans et plus.
Est-ce que vous avez fait des estimés? C'est quoi, les ressources
supplémentaires qu'on devrait mettre en place?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval (Diane) : Bien, à cet
effet-là, on a quand même regardé un petit peu en parallèle ce qui se faisait
dans nos écoles avec nos 250 hygiénistes dentaires. Pour avoir discuté avec des
hygiénistes dentaires qui sont sur le terrain, qui voient
des personnes, on estime qu'un centre qui peut avoir 200… où il y a 200
personnes, une personne, une ressource hygiéniste dentaire, pourrait arriver à
voir cette clientèle-là. Donc, faites un lien selon le nombre, c'est probablement, effectivement, autant de ressources
qu'on en a présentement dans le cadre des CSSS, là, par rapport aux
soins. Donc, on a à peu près 45 000, 50 000 personnes en centre
d'hébergement, là, en CHSLD présentement.
Alors, à ce
moment-là, nous autres, on avait fait une extrapolation à l'effet qu'à peu près
250 ressources seraient nécessaires si on
voulait, d'ici deux ans, trois ans, procéder à des soins, bien sûr avec la
capacité professionnelle d'agir, bien entendu.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (10 h 40) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Et
puis, si j'écoute vos propos, vous semblez nous dire que, s'il n'y a pas de changement au niveau de la
répartition des tâches ou des actes entre les professionnels, donc, entre
autres, si vous n'êtes pas capables
de faire plus, ça va être difficile d'agir dans les centres, parce que j'assume qu'à toutes les
fois que vous allez avoir besoin de poser un
acte ça va prendre un dentiste également
qui aille dans le CHSLD. Est-ce
que je me trompe quand je dis ça?
Mme Duval
(Diane) : Vous ne vous trompez pas.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Duval.
Mme
Duval (Diane) : Vous ne vous trompez pas. À chaque fois que
l'hygiéniste dentaire va vouloir poser une activité de son champ traditionnel d'exercice, ça va prendre un
dentiste. Pas obligé de... Il peut ne pas être sur place ou être sur place. Ça va dépendre de… Ça dépend
peut-être de l'application, qu'on fait présentement, là, des règles du jeu.
Mais la loi dit qu'avant de poser un acte de
détartrage le dentiste doit faire un examen diagnostic avant, ce qui n'a pas
cours dans les autres provinces canadiennes, ce qui était le cas il y a 20 ans,
ce qui n'est plus maintenant, tout à fait.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Ça, ce
que ça signifie également, qu'advenant le cas qu'on ne modifie pas votre champ de pratique, en
pratique, l'assurance autonomie en ce qui concerne l'hygiéniste dentaire va
être difficile à mettre en application.
Mme Duval
(Diane) : Présentement, dans le cadre actuel de la loi, oui. C'est la
première chose, d'où notre première
recommandation, c'est de reconnaître l'expertise de l'hygiéniste dentaire dans
cette matière-là puis lui donner l'autonomie
pour lui permettre d'aller vers cette population, d'établir des évaluations
comme telles de la santé buccale, d'agir
avec le personnel en place et de référer, comme elles l'ont fait dans les
écoles… Ça a marché. Les enfants, là, ils n'ont plus perdu leurs dents, ils les ont gardées sans carie et
réparées. Pourquoi? Parce que les hygiénistes dentaires les ont envoyés
vers les professionnels, dont les dentistes, pour les conserver, ces dents-là.
Donc,
il y a eu ce travail-là de première ligne qui a été fait et il n'y a pas de
raison qu'on ne puisse pas en faire autant avec nos aînés au Québec pour
se départir de sources d'infection que représente leur hygiène buccale.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Moi, je
suis conscient comme vous que probablement un des parents pauvres au niveau de la santé générale des
gens, entre autres de nos aînés, c'est l'hygiène buccodentaire parce que souvent les gens ont été soit édentés ou on ne
s'en est pas occupé au cours de leurs dernières années, puis il y a une
récupération à faire à ce niveau-là.
Tantôt,
vous disiez également que l'assurance autonomie permettrait de choisir
l'endroit où est-ce qu'on pourrait recevoir
nos soins. Dans votre modèle que vous proposez, est-ce que les soins sont
assumés par la personne qui les reçoit ou encore c'est assumé par le système
de santé?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Duval.
Mme
Duval (Diane) : Oui. Alors, ce qu'on a compris du projet d'autonomie,
c'est qu'il y a une certaine population qui va être identifiée.
Donc, on parle d'une
étendue, d'une couverture qui couvre environ 40 % des gens, l'estimation
qui est faite. Donc, il y a des soins qui
sont évalués. Les personnes qui sont en perte d'autonomie, l'autonomie sera
évaluée : où est-ce qu'elle est, cette perte-là?, pour avoir des
soins. Alors, une personne qui est encore capable de s'offrir des soins, une personne qui est encore capable de faire son
hygiène buccale, pour nous, là, ça ne s'inscrit pas là. On parle plutôt de la
possibilité qu'au privé les hygiénistes
dentaires puissent les offrir, ces soins-là, pour ceux qui veulent rester à
domicile, là où ils sont. Dans le
programme où les personnes ont été identifiées comme ayant des besoins mais qui
sont à domicile, dans le maintien il
y aura des évaluations qui seront faites par les personnes responsables, et,
s'ils ont besoin de services d'hygiène dentaire, à ce moment-là on
verrait très bien les ressources pouvoir se déplacer vers ces personnes-là.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président.
C'est très intéressant, ce que vous apportez. Pour vous, là, parce que
j'aimerais ça vraiment comprendre de façon assez claire, pour vous, la personne
qui est à domicile, elle pourrait utiliser les services d'une hygiéniste
dentaire et, à ce moment-là, cette personne-là paierait de sa poche pour
recevoir les soins.
Mme Duval
(Diane) : Ça pourrait être possible, comme ce l'est pour la personne
qui s'y déplaçait il y a un an passé. Exemple d'une personne qui ne peut
plus… bien, il faudrait poursuivre dans cette direction-là si c'est une
personne qui requiert tout simplement des soins de base annuels par
l'hygiéniste dentaire. Ça se fait ailleurs dans les autres provinces de cette
façon-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Et, si on comprend
bien le modèle que vous proposez, à ce moment-là on n'aurait besoin
d'aucune intervention d'un dentiste, l'hygiéniste dentaire serait autonome.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval (Diane) : Oui. L'intervention du dentiste se situe au
niveau du diagnostic, et on encourage fortement la population du Québec
à obtenir un diagnostic.
Donc, toutes
ces initiatives-là de déplacement des dentistes vers les domiciles, on les
applaudit totalement. Ce qu'on
cherche à obtenir, c'est ne pas avoir la restriction, cependant. Donc, les
dentistes peuvent sortir avec un équipement mobile, peuvent y aller avec
des hygiénistes dentaires, ils peuvent y aller avec des assistantes dentaires
et peuvent se déplacer, mais ils ne doivent pas empêcher par contre que
d'autres se déplacent quand ils peuvent y aller avec leur équipement dans des régions données, ou peu
importe. C'est l'empêchement à l'envers qui pose un problème,
c'est-à-dire que, quand les ressources
ne peuvent pas y répondre, on empêche les hygiénistes dentaires de répondre aux
besoins.
C'est ça qu'on veut venir clarifier dans le
projet. Quant à l'examen de diagnostic de dentiste, c'est comme un examen
médical, on souhaite tous que tout le monde en ait, qu'il y ait un diagnostic.
Mais d'empêcher une hygiéniste dentaire de
prodiguer des soins, d'évaluer ces besoins-là, de référer pour des besoins
autres vers le dentiste, cet empêchement-là,
pour nous, c'est une brisure dans l'accessibilité. C'est là qu'elle est, la brisure de l'accessibilité, pour les soins.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Mais assumons un scénario : on ne peut pas
le faire, on ne vous donne pas les
actes que vous pensez que vous pourriez poser, on reste avec le même système. Entre autres, dans les autres provinces, à ma connaissance, il n'y a pas
d'assurance autonomie. Ce que vous me dites, les hygiénistes des autres
provinces, elles, en majorité des femmes, peuvent pratiquer les actes,
alors qu'au Québec, où est-ce qu'on propose de faire une assurance autonomie,
on ne peut pas faire des actes.
Ma question,
c'est : Si on ne vous donne pas ces nouveaux actes là, pour vous, est-ce
que l'assurance autonomie a une valeur ajoutée?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Quel prix on veut payer au Québec? Moi, ça me reste… il faut
garder ça en tête. Quel est le prix
de déplacer deux et trois personnes, sinon deux… ou de faire trois gestes, dont
deux médicaux, pour assurer le détartrage?
Quel est le
prix de ça si on garde le système actuel? Il faut se poser la question là, là.
Présentement, il faut tout de suite
se la poser, cette question-là. Donc, pour nous, on dit : Il faut
justement ne pas aller là-dedans, il faut démédicaliser l'acte d'hygiène
de détartrage et de soins dentaires comme dans les autres provinces qui l'ont
vu venir, ce projet-là. Alors, si ça peut se
faire, tant mieux, mais il y a une facture à payer, tant au privé par le
consommateur et tant pour l'État. Alors,
il faut se poser la question. Et je me dis qu'au Québec on est riches, très
riches de ressources, mais on est très pauvres dans leur utilisation
maximale, de ces ressources-là. Et c'est là qu'arrivent les entraves à
l'accessibilité des soins.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, vous savez, une donnée
qui semble ressortir de la commission, c'est qu'actuellement il
semblerait qu'entre autres, dans les soins à domicile, on répond à 15 %
des besoins.
Le ministre
nous le rappelle souvent. Avec le 500 millions qui va être mis au cours
des cinq prochaines années, qui… De
toute façon, avec ou sans assurance autonomie, on va mettre 500 millions.
Ce n'est pas une question de savoir la
structure, mais bien l'argent qui est mis directement au niveau des patients.
On va pouvoir répondre pour de 15 % à 30 %... Donc, si on voulait répondre à 100 % des besoins de la
population, comme ça avait été laissé miroiter au début de l'assurance autonomie, la facture serait
probablement, une petite règle de trois, autour de 2 milliards de dollars.
Donc, avec l'assurance autonomie, une
structure qu'on met en place, on change des façons de faire, on va passer de 15
% à 30 %, mais je ne suis pas
certain qu'on va être capables de modifier les actes professionnels
d'hygiénistes dentaires, dentistes d'ici
à ce qu'on passe l'assurance autonomie. Si j'écoute vos propos, si on embarque
dans l'assurance autonomie sans faire cette
modification-là, on se crée peut-être un plus gros problème parce que ça va
être encore les dentistes qui vont devoir agir au niveau de médecins à
domicile au niveau des CHSLD avec des hygiénistes dentaires.
Mais, en plus
de ça, je ne suis pas sûr que vous allez être dans le 30 % qu'on va
couvrir selon les besoins et l'argent qui va être mis au cours des cinq
prochaines années.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : On est conscientes, je dirais, au Québec, là, des ressources
qui doivent être allouées au bon endroit, puis au bon moment, puis au
meilleur coût.
Ce qu'on dit,
c'est qu'en CHSLD, présentement, là, au moment où on se parle, il n'y en a pas,
d'hygiène buccale. Et ça, ça devient
un problème. Ça devient un problème, dès qu'il y a de l'inconfort, dès qu'il y
a des situations, qui fait que les
personnes ne sont plus capables de mettre leurs prothèses ou que l'hygiène
n'est pas faite dans la prothèse, ils ne sont plus capables de les mettre. Pour toutes ces raisons-là, puis pour
ceux qui gardent leurs dents, il faut au moins faire ça de base. Pour nous, là, ça devrait être dans
une politique de santé de façon très, très claire. Pour ce qui est de
l'ensemble de la population, si une
personne à domicile a les mêmes besoins, les mêmes besoins pour les mêmes
raisons qui ont été identifiées par une ressource, à mon point de vue,
elle devrait l'obtenir, O.K.? Pour les
autres qui peuvent se les offrir, bien continuons à faire exactement ce qui se
fait ailleurs dans les autres provinces.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (10 h 50) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. C'est juste que moi, je veux comprendre votre propos,
là.
Vous dites,
en arrivant ici… vous êtes pour l'assurance autonomie, ce qu'on comprend, là,
tout le monde est… En passant, tout
le monde est pour le maintien à domicile, l'organisation des soins, le
changement au niveau des pratiques, là.
Ça, on est tous d'accord. La question : Est-ce qu'on a besoin de
l'assurance autonomie pour faire la transformation que vous nous
proposez?
Si on ne fait
pas d'assurance autonomie, vous, vous dites quand même : Il faut
qu'on procède à une transformation,
au niveau de nos actes, comme hygiénistes dentaires, il faut en faire plus. La question :
Est-ce qu'il y a une relation entre ce que vous demandez puis la mise en place
d'une assurance autonomie? Deuxième question : Est-ce que vous voyez l'assurance autonomie comme étant une
possibilité d'augmenter l'argent qui va être investi dans vos secteurs? Parce
que c'est comme ça que je le comprends, là.
Mais moi, je n'ai pas vu un appui si fort à l'assurance autonomie, si c'est
juste que vous venez de nous dire : Ça
nous prend des transformations, puis en même temps, bien, l'assurance autonomie
devrait nous permettre de mettre plus d'argent.
Ça, on est tous d'accord. C'est d'ailleurs le discours qu'on a eu ici de tout
le monde. Là, tout le monde a dit :
Regardez, on croit dans l'assurance autonomie parce que ça va nous permettre
d'avoir plus d'argent. Là, il faut
juste qu'on m'explique où il va venir, l'argent, là. Mais, une fois qu'on a dit
ça, si c'est la seule raison pour laquelle on fait de l'assurance
autonomie, dans les autres provinces…
Si je
comprends bien, ce que vous voulez mettre en place au Québec, ça existe dans
les autres provinces, puis on n'a pas d'assurance autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval (Diane) : Mais il faut
faire attention, par exemple. Le gouvernement investit de façon majeure.
L'exemple que j'ai en tête, c'est l'Alberta. Ça
fait longtemps que les hygiénistes dentaires sont dans le cadre des CHSLD. Peu importe, la méthode de financement
vous appartient… à regarder comment on va financer tout ça. Mais les hygiénistes dentaires, dans des programmes de
santé dentaire publics auprès des aînés, ça existe, ça existe vraiment. L'Alberta est un bon exemple. Donc, il existe des
programmes ailleurs. Donc, commençons. D'abord, commençons par la base,
sur le terrain, dans les CHSLD puis permettons aux hygiénistes dentaires d'en
faire plus en prévention par un décloisonnement
puis une démédicalisation des activités. Peut-être qu'on aura une population,
dans 20 ans puis 30 ans, qui sera en
meilleure santé, mais commençons par la base. Ça existe ailleurs. Les
mécanismes pour y arriver… l'assurance autonomie
est un mécanisme. Nous, ce qu'on applaudit, c'est l'intention du maintien à
domicile. L'intention de donner des
services, on l'applaudit, mais ce qu'on s'aperçoit, c'est que, dans le cadre du
projet, les soins et les services professionnels
de base, incluant les soins infirmiers et les services de nutrition,
réadaptation et services psychosociaux… il n'y a pas les soins dentaires de base, de base. Parce qu'on sait que des
personnes en perte d'autonomie plus âgées, bien, évidemment vont… On va agir davantage… on sera conservateur et agir
davantage pour les garder confortables au niveau de l'hygiène buccale.
C'est ce qu'on cherche à faire.
Commençons par ça, puis après ça on verra. Mais,
nous, ce qu'on dit : Ça en prend. Oui, effectivement, le gouvernement doit avoir le courage d'offrir à sa
population au Québec des soins, au moins, d'hygiène de base et du support
à l'intérieur de ces centres-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Deux petites questions très rapides parce que
je veux laisser la parole à mes collègues. En Alberta, est-ce qu'ils ont
mis en place une assurance autonomie?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Le contexte du financement, ça, je vous laisse vérifier ça,
mais il y a des changements majeurs ailleurs.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je vais vous donner la réponse : c'est non, O.K.? Est-ce qu'on a besoin de
mettre en place une assurance autonomie pour
faire la transformation que vous nous demandez? Si les autres provinces l'ont
faite puis au Québec on est, ce que
vous nous dites, les derniers, on devrait peut-être plus se consacrer à faire
la transformation que vous nous parlez que de faire l'assurance
autonomie. Le problème, c'est quand on a mis la transformation avec l'autonomie. C'est deux facteurs, quant à moi, qui
sont indépendants. Donc, c'est pour ça que je suis très prudent par rapport
à la notion.
Est-ce qu'on
doit faire de l'assurance autonomie pour atteindre votre objectif? Moi, d'après
moi, c'est non. Il faut travailler peut-être autrement. Là-dessus, je
vais laisser la parole à ma collègue.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci beaucoup. Je vais vous dire, ce qui m'a étonnée le plus
de ce que j'ai entendu — je trouve qu'on va
devoir travailler là-dessus — c'est que vous avez mentionné que 50 %
de la population actuellement allait dans les cabinets de dentiste parce qu'ils avaient des assurances. Ça veut
dire qu'il y a 50 % de la population qui fréquente peu ou pas les dentistes, alors, je pense… et
conséquemment les hygiénistes. Ça veut donc dire qu'on va devoir travailler sur
ce 50 % là parce que sinon on aura
éventuellement une aussi grosse problématique que celle que vous exposez
actuellement, hein, et il faut commencer dès maintenant à aider la
population qui n'a pas accès à des soins dentaires.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Eh bien, lorsqu'on a parlé d'assurance… Il faut voir que
c'est notre population qui est au travail maintenant qui maintient des
régimes d'assurance dentaire via leurs employeurs qui sont assurés.
Alors, dans
la population adulte, c'est… on va chercher jusqu'à peut-être 70 %,
beaucoup concentrés au niveau des
plus grands centres. Moi, je suis de l'Outaouais québécois, et il y a beaucoup
plus de gens assurés là qu'il n'y en a ailleurs… donc près du
gouvernement fédéral, mais il n'en reste pas moins que la population, là, qui
est à la retraite présentement, là, nos gens
qui sont à domicile et nos gens,
encore plus, qui sont en CHSLD, c'est 5 %,
qu'on dit, là, dans les chiffres
qu'on a vus passer. 5 % détiennent des assurances dentaires, qui seraient
la population qui en détiendrait dans le cadre des CHSLD.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Mais nos pauvres, puis
il y en a beaucoup, ils n'ont pas accès à des soins dentaires, alors ils
arrivent, en vieillissant, avec
vraiment une situation problématique. Et je pense qu'il faut vraiment
travailler aussi sur cette situation qui
va empêcher cette autonomie au niveau des dents. C'est vrai que, si, à un
moment donné, en vieillissant, à la maison on a des problèmes de dénutrition, bien ça peut être multifactoriel,
mais les dents et l'alimentation, ça entre là-dedans.
En
conclusion… je veux laisser un peu de place à ma collègue, mais, en conclusion,
je crois qu'il faut travailler sur
les personnes qui ont peu de revenus et qui ont besoin d'avoir une santé
dentaire correcte, et ils font partie d'un 50 %.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, il vous reste 2 min 30 s.
Mme Vallée :
Bonjour, mesdames. J'ai une question, parce que vous avez parlé beaucoup des
personnes aînées, des personnes en
CHSLD, mais l'assurance autonomie, c'est aussi nos personnes handicapées, les
gens à mobilité réduite, des gens de
plus de 18 ans qui ont aussi des limitations fonctionnelles importantes.
Et, je me demandais, cette clientèle-là — vous en avez peu parlé dans votre exposé — actuellement elle est desservie de quelle
façon au niveau de l'hygiène dentaire?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Duval.
Mme Duval
(Diane) : Encore une fois, on est très limités aussi, parce que...
Écoutez, moi, je vais faire référence... On n'a pas les chiffres, mais souvent les... Il se peut que les
hygiénistes dentaires en CSSS, par exemple, aient des projets particuliers, mais ça se limite toujours à de
l'éducation, brossage, support aux préposés. Je vais faire référence… Moi,
j'ai été longtemps travailler dans un CLSC à l'époque et je m'occupais
principalement d'un organisme où est-ce que c'était
un centre d'hébergement auprès des personnes, justement, handicapées, les
déficiences intellectuelles, des personnes en jeune âge, 18, 19, 20 ans, 30 ans, et c'était limitatif au
fait de supporter les préposés qui étaient dépassés par l'hygiène
buccale à faire chez ces personnes-là.
Alors, je
dirais que, les aînés et nos personnes qui ont ces besoins-là, on est au même
point au Québec. Mais il faut faire attention, là, il ne faut pas penser
que la solution porteuse à long terme va être encore par l'État, via des négociations pour, à la pièce, payer des soins
dentaires par la Régie de l'assurance maladie ou autrement. On ne pourra
pas regagner un terrain... Ça va être
difficile, mais on ne pourra pas regagner la perte de l'attente qu'on a eue de
mettre nos ressources en place au
Québec, de les utiliser correctement. Alors, moi, je reviens toujours
là-dessus, les retards, les écarts
sont immenses avec les autres provinces canadiennes. Et un aspect du problème,
c'est effectivement l'utilisation de
la ressource hygiéniste dentaire dans le milieu de la santé dentaire. Et, je
reste là-dessus, je vais marteler le clou, il faut que ça change. Ça a changé pour d'autres
professionnels, on a fait confiance à d'autres professionnels, alors il va
falloir faire confiance aux hygiénistes dentaires de collaborer,
d'augmenter l'offre de services auprès de toute la population.
Et
il reste au gouvernement de regarder comment finalement ça cadre dans le
projet. Mais, de passer par ce qui se faisait traditionnellement, je
pense qu'il va falloir regarder ce qui se fait ailleurs.
Le Président (M.
Bergman) : Maintenant, pour le bloc du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Roy (Arthabaska) :
Merci. J'ai bien compris qu'il y
avait des difficultés au niveau
des actes professionnels requis
au niveau du détartrage. Les autres actes que vous pouvez
faire sans la prescription d'un dentiste, le brossage, le nettoyage de
prothèse, est-ce que c'est des actes réservés à votre profession ou les
infirmières peuvent le faire?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Duval.
Mme
Duval (Diane) : Les infirmières peuvent le faire, les préposés peuvent
le faire. Ce ne sont pas des activités qui sont réservées à la
profession. Je ne sais pas...
Mme Roy
(Arthabaska) : Oui, oui, c'est…
Mme Duval
(Diane) : Alors, non.
Mme Roy
(Arthabaska) : Il faut se mettre dans le contexte.
Mme Duval
(Diane) : Oui.
Mme
Roy (Arthabaska) : Maintenant, j'ai compris qu'à chaque
personne handicapée qui intervenait, qui demandait des services à l'État… et chaque personne aînée qui rentrait
dans l'univers du maintien à domicile était évaluée en fonction d'outils, SMAF, ou autres. Mais, vous,
est-ce qu'il y a, dans ces coches-là qu'on doit évaluer, l'élément de santé
dentaire dans ces outils d'évaluation là?
• (11 heures) •
Mme
Duval (Diane) : Bien, pour nous, ça va être important effectivement de
contribuer. En tout cas, on est là pour
contribuer à un outil d'évaluation pour les besoins de soins d'hygiène dentaire
certainement dans ces milieux-là.
Mme
Roy (Arthabaska) : …une ligne pour évaluer les besoins en...
Puis vous, vous évaluez ça à combien, à peu près, de personnes ayant
soit une prothèse soit une... ayant leurs dents? Vous évaluez ça à combien
d'interventions? Deux interventions par année?
Mme
Duval (Diane) : Bien, je vais laisser la parole à Mme Clément qui
travaille sur le terrain. Elle va pouvoir dire un petit peu comment elle
voit ça avec une personne âgée, comment elle intervient, là, à ce rythme-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Clément.
Mme Clément (Ghislaine) : En fait, si on parle au niveau du détartrage, je
crois que l'important, c'est qu'au niveau de l'hygiène dentaire on doit
commencer par un détartrage.
Et,
lorsqu'on a des suivis réguliers, donc, s'il y a un protocole au niveau des,
déjà, infirmières, préposées qui sont déjà
sur place, puis ils ont déjà une procédure pour maintenir à tous les jours…
pour bien contrôler l'accumulation de plaque en bouche, je crois qu'à ce
moment-là une fois par année, ça peut être suffisant. Quand les soins de base
sont faits de façon adéquate, on commence
par un bon détartrage et ensuite on contrôle l'accumulation de plaque, qui
évite, à ce moment-là, la formation
de tartre. Moi personnellement, qui vais dans les CHSLD, je vois des gens une
fois par semaine, d'autres une fois par deux semaines, d'autres une fois par
mois. En général, même les gens que je vois
une fois par mois, je peux arriver à contrôler l'accumulation de tartre. Donc,
ça veut dire que je peux toujours faire les soins de base pour, donc,
juste enlever la plaque. Donc, c'est un peu...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Roy (Arthabaska) : Vous mentionnez que c'est fait dans les
autres provinces, c'est documenté, ce que vous nous demandez, de modifier les lois professionnelles et d'intervenir
plus facilement auprès des clientèles ciblées ici par le présent projet. Mais savez-vous combien ça
coûte per capita, dans les autres provinces, le service privé, parce que c'est ce que vous dites, pour
ceux qui sont à domicile et le service public pour ceux qui sont en CHSLD?
Mme Duval
(Diane) : On n'a pas ces données-là, malheureusement.
Mme Roy
(Arthabaska) : Bon. Ça va. Moi, c'est toutes les questions que
j'avais à poser.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, Mme Duval, Mme Côté et Mme Clément, merci
pour être ici avec nous aujourd'hui et partager votre expertise avec nous.
Et je demande les gens de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec pour prendre la place à la table et je
suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 11 h 3)
(Reprise à 11 h 5)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on souhaite la bienvenue à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Pour
les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms, vos titres, et
vous avez 10 minutes pour faire votre présentation. Alors, le micro, c'est à
vous, madame.
Fédération des
travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ)
Mme
Deschamps (Johanne) :
Parfait. Merci. Alors, je me présente — je vais présenter également
les personnes qui
m'accompagnent — mon nom est Johanne Deschamps, je suis conseillère politique
à la FTQ et je remplace, sûrement
sans étonnement pour vous, Daniel Boyer ce matin compte tenu de ce qui se passe
chez nous.
Donc, les
personnes qui m'accompagnent et qui vont intervenir sont Danielle Legault, qui
est vice-présidente du syndicat
québécois des employés de service; Marco Lutfi, vice-président du SCFP-Québec et également président du secteur des affaires sociales. Nos recherchistes nous
accompagnent également ce matin, Benoit Hamilton, Pierre-Guy Sylvestre
et Jennifer Whiteside. Alors, d'abord,
nos excuses pour vous avoir fait parvenir notre mémoire un peu à la dernière
minute. Écoutez, on va essayer quand même de vous le présenter rapidement.
La FTQ veut d'abord
saluer la volonté gouvernementale de
donner une nouvelle impulsion à l'accès aux soins et aux services de longue durée pour toutes les
personnes qui vivent avec des incapacités, surtout dans le contexte où il y a
vieillissement de la population. Cette
réflexion-là, pour nous, est absolument nécessaire étant donné que les besoins
des personnes en perte d'autonomie ne sont pas déjà suffisamment
couverts. On va vouloir vous suggérer certaines pistes à l'égard de l'organisation des soins, du financement et de l'importance
de la main-d'oeuvre. Ces propositions, sans grand étonnement sûrement pour vous, vont être en lien
avec des objectifs qui nous sont chers, soit l'universalité, l'accessibilité,
l'équité, la gestion publique sans
surfacturation ni frais d'utilisation. Et enfin on voudrait inviter le
gouvernement, avant que je cède la
parole à mes collègues… on vous inviterait également à intégrer, dans
l'élaboration de la législation et dans l'implantation également de toutes les composantes d'une politique,
l'analyse différenciée selon le sexe compte tenu de l'importance des femmes dans ce secteur, qu'elles
soient travailleuses, qu'elles soient aidantes ou qu'elles soient bénéficiaires
de ces services.
Alors, sans plus tarder, je vais passer la
parole à Danielle Legault.
• (11 h 10) •
Mme
Legault (Danielle) : Alors,
bonjour. La proposition du livre blanc est claire, est très claire, il s'agit
d'accentuer la privatisation ou la
sous-traitance vers les entreprises d'économie sociale en aide domestique, les
organismes privés ainsi que les résidences privées pour aînés.
À la FTQ, on
croit qu'une administration à but lucratif se traduit par une diminution
numérique du personnel, un appauvrissement
de la qualité des soins et des services ainsi qu'une augmentation des coûts
pour les bénéficiaires. Les preuves
en sont d'ailleurs nombreuses avec l'expérience de nombreux autres pays. Alors,
juste m'excuser, là, pour la voix, là,
c'est hors de mon contrôle. Excusez-moi. Le Vérificateur général a observé que,
déjà là où le travail est privatisé, les mesures en place pour apprécier
la qualité des services à domicile ne permettent pas au ministère, aux agences
et aux établissements d'effectuer un contrôle suffisant de la qualité des soins
offerts. D'ailleurs, la société québécoise a collectivement
décidé de se construire un système de santé et de services sociaux basé sur la
solidarité sociale, pas sur les
principes du marché. Au contraire, les Québécois et les Québécoises, on veut se
sentir en confiance en sachant que notre
système de santé et de services sociaux pourra fournir tous les soins et les
services dont ont besoin… et ce, de façon facile, sans complexité
inutile et difficile à gérer.
Ainsi, la FTQ
est en profond désaccord avec l'orientation gouvernementale de privatisation.
On ne sera pas surpris, on décrie
cette situation-là depuis plusieurs années. Puis ce n'est pas parce qu'on
souhaite créer une assurance autonomie qu'il faut privatiser les
prestations des soins et des services de longue durée.
La FTQ croit
que la prestation doit être publique, offerte par du personnel du secteur
public dans les différents lieux où
habitent les personnes nécessitant des soins et des services de longue durée.
Notre recommandation sur ce thème, c'est,
afin d'assurer une continuité dans des soins
et des services de longue durée de qualité et d'éviter toute confusion sur le véritable employeur, que tous les services
qui touchent les AVQ, l'aide à la vie quotidienne, soient offerts par le
personnel des CSSS.
Pour
nous, c'est sûr que l'organisation des services de longue durée, c'est très important.
C'est bien connu que le Canada
dépense moins dans les soins à
domicile et les services de longue
durée que les autres pays de l'OCDE et que, par conséquent, notre système de santé, en ce qui touche les soins à
domicile, a de nombreuses lacunes. Récemment, le Protecteur du citoyen et le Vérificateur général ont pu publier des
rapports où on répertorie ces failles qui sont vécues au quotidien par les membres qu'on représente sur
le terrain jour après jour. Entre autres, on nommait, on vous disait… on énumérait que les usagers ne reçoivent pas nécessairement
tous les services qui sont requis, auxquels ils ont besoin, et tout ça pour plusieurs raisons : manque de
financement; manque d'évaluation spécifique. On sait qu'il y a des temps
d'attente pour avoir accès aux services qui
sont excessifs. Il y a un manque de normes pour l'ensemble du Québec, qui
ne permet pas d'assurer un contrôle
suffisant sur la qualité des soins qui sont donnés, et évidemment un problème
qu'on connaît depuis plusieurs années,
c'est la pénurie de main-d'oeuvre, la pénurie de professionnels, bon, qui peut
aussi faire en sorte que ça va être
difficile de pouvoir avoir des soins à domicile qui pourront être efficaces
pour les bénéficiaires. On croit qu'il ne faut pas viser une
organisation fragmentée des soins de santé. Le continuum de services va être
très important. On ne peut pas sortir les
soins de santé de longue durée du réseau de la santé et des services sociaux,
en général. On pense que tout ça
doit… Pour s'assurer d'une bonne qualité, il doit y avoir un continuum de
services. Ça doit partir du premier
moment où les personnes ont besoin de services et qu'on puisse suivre ce qui se
passe. Et, de la façon qu'on pense
d'offrir les services maintenant, heureusement, les CSSS vont pouvoir garder…
c'est eux qui vont déterminer les besoins,
c'est eux qui vont déterminer qui va donner ces services-là, mais on ne pourra
pas faire la continuité à la suite de
l'évaluation des besoins. Est-ce que c'est les bons besoins qu'on donne? Ça va
être difficile, ça va devenir une machine incroyable. Et déjà les CSSS ont de la difficulté à pouvoir offrir tous
les services qui sont nécessaires aux personnes qui sont à domicile.
Donc,
on pense qu'il faut vraiment s'assurer que tout passe par les CSSS, de mettre
le financement nécessaire pour qu'on puisse, là, ensuite s'assurer des
bons services qui vont être offerts aux personnes.
Une
autre grande préoccupation qu'on a à la FTQ, c'est les centres d'hébergement et
de soins de longue durée. Il n'est
pas acceptable que le système de soins à domicile se développe au détriment des
places en CHSLD. On sait depuis plusieurs
années que déjà on a diminué énormément les places en CHSLD. On réduit les
financements offerts dans les CHSLD,
et ça, c'est très inquiétant. Les services à domicile, c'est important, mais
les places en longue durée, en centre d'hébergement,
c'est aussi important, entre autres, pour les personnes qui sont atteintes de
la maladie d'Alzheimer, entre autres, pour les personnes qui ont des
problèmes cognitifs. Parce que, quand on parle de soins à domicile, ça, c'est inquiétant pour les familles, pour les proches
parce que c'est des maladies qui sont dégénératives, évolutives rapidement.
Et comment est-ce qu'on fait pour garder des personnes à la maison, qui souvent
vont être seules, quand elles ont des problèmes
de cet ordre-là? On pense qu'il faut réinvestir dans les CHSLD pour s'assurer
que ces personnes-là, les personnes qui
ont des déficiences, aussi, physiques puissent avoir des lieux où elles vont
pouvoir être en sécurité, obtenir les soins nécessaires. Et ce n'est pas
toujours nécessairement par les soins à domicile que ça passe.
Donc, il faut
regarder l'ensemble des services qu'on offre aux personnes qui sont en perte
d'autonomie et les personnes âgées, évidemment.
Le ministre a déjà
indiqué de vouloir s'inspirer du modèle danois. Alors, on est d'accord…
Une voix :
…
Mme Legault
(Danielle) : Oui?
Le Président (M.
Bergman) : Vous avez une minute.
Mme Legault
(Danielle) : Oh! J'ai encore une minute. J'ai dépassé beaucoup,
excusez.
Alors,
écoutez, modèle danois, on est d'accord, pourvu qu'on suive le modèle danois,
pas juste de dire : C'est les soins à domicile. Mais il y a une
panoplie d'autres services qui ont été développés dans le modèle danois. Alors,
pour nous, c'est important. Et vous avez les
deux recommandations qui suivent là-dessus. Alors, c'est élargir l'éventaire
des services et de mettre des pratiques
innovantes dans notre système de santé, dont le système danois. C'est court. Excusez.
M. Lutfi
(Marco) : Alors, pour ma part — on n'a pas de temps à perdre,
on le voit bien — je
commencerai peut-être par le financement qui nous semble être une… bien, une question
non pas réglée, mais disons qu'avec la déclaration de Mme Marois, qui semble diriger le financement vers les tables d'imposition, nous, ça fait grandement notre
affaire, finalement.
Donc,
j'irai tout de suite avec les recommandations 7 et 8 en page 19, là : Que le financement des soins du service de
longue durée, même s'il devait prévoir la création d'une caisse partiellement
capitalisée, soit assuré par l'impôt général des
contribuables et des entreprises et, la recommandation 8, que le gouvernement prépare divers
scénarios de financement bien documentés qui seraient soumis à une consultation avant l'adoption de mesures précises de financement. Une dernière chose peut-être
sur le financement : le deuxième paragraphe de la page 19, il
nous inquiète grandement, dans le sens où le non-renouvellement de l'accord sur la santé que le gouvernement fédéral conservateur a modifié unilatéralement, ça nous préoccupe beaucoup
au niveau du financement.
On
sait que pour le Québec en fait les analyses prévoient, sur 10 ans, une perte
de 8 milliards de dollars. Ce n'est pas rien. Et je m'étonne encore, moi, de voir qu'il n'y a pas grand
provinces, dont la nôtre, qui font du chemin là-dessus.
Le Président (M.
Bergman) : ...s'il vous plaît.
M. Lutfi
(Marco) : Pardon?
Le Président (M.
Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
M. Lutfi (Marco) : En conclusion?
Une voix :
Oui, il te reste 30 secondes.
M. Lutfi (Marco) : My God! La formation ultradéficiente. On ne peut pas partir un projet comme ça
sans une nécessaire formation, que j'aurais grand aimé vous parler, puis
peut-être que les questions pourront venir nous aider là-dessus. Merci.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation.
Maintenant, pour le bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert :
Bien, merci beaucoup, messieurs mesdames, de votre mémoire et de votre intérêt
pour le projet que nous soumettons.
Permettez-moi de diverger de façon importante
sur votre notion de privatisation, parce que, pour moi, c'est justement une
récupération au système public du financement et de la gestion des soins à
domicile, qui échappent en grande partie au
système public actuellement. On sait qu'en maintien à domicile l'État ne
finance et ne donne les services que
pour 15 % des besoins, 85 % est assumé par les personnes, les proches
aidants, les proches aidantes surtout. Alors, quand on fait, là, une analyse différenciée selon les sexes, on la fait,
l'analyse différenciée selon les sexes, c'est les proches aidantes qui le font et qui quittent le marché du
travail pour devenir des proches aidantes. Chaque année, au Québec, ça représente 100 millions de coût
d'opportunité. Et je pense qu'il faut réaliser que c'est ce qu'on fait
actuellement. Donc, il y a 85 %
qui représentent le privé. La Sun Life a estimé même entre 2 000 $ et
5 000 $ par mois le déboursé que ça veut dire pour les
individus.
Alors, il y a
un secteur privé actuellement qui est sans contrôle, et l'assurance autonomie
permet de redonner une gestion publique, c'est-à-dire de contrôler la
qualité de ce qui se fait dans ce secteur-là et de financer une partie de ce secteur avec des fonds publics. Alors, c'est un
retour au public. Vous défendez bien vos membres, là, vous voudriez que la prestation soit entièrement publique, mais il
ne faut pas nier qu'il y a une prestation privée, là. 50 % des entreprises
d'économie sociale donnent des services aux
activités de la vie quotidienne. Presque toutes les résidences privées pour
personnes semi-autonomes donnent des
services aux activités de la vie quotidienne. Il existe, ce secteur-là.
Voulez-vous le nationaliser? C'est-u
ça, ce que vous demandez? C'est que ce soit entièrement les établissements
publics qui donnent ces services-là? On ne va pas dans cette voie-là.
On préfère
assurer le financement et le contrôle de la gestion de qualité plutôt que
d'aller remplacer ce qui se fait déjà dans ce secteur-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Deschamps.
M. Lutfi (Marco) : Si je peux me
permettre...
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi (Marco) : Pardon.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
• (11 h 20) •
M.
Lutfi (Marco) : «I'm
sorry». Il est fort louable de redonner le... de redonner, voyons, tout ça au
service public, j'en conviens.
Mais, quand vous dites qu'entre autres les
entreprises d'économie sociale font déjà le travail, c'est là où ça achoppe comme point. Parce qu'au-delà de notre
membership, nous, ce qui nous préoccupe vraiment beaucoup plus que ça, parce qu'on a une expérience terrain… Parce
que je suis moi-même, depuis 1981, préposé aux bénéficiaires et que j'ai tout vu dans ce domaine-là, je sais
pertinemment que les soins rendus présentement par les entreprises d'économie sociale
ne sont pas à la hauteur de ce que nos aînés méritent.
Et je
m'expliquerai rapidement avec un exemple concret : ils sont capables, oui,
de faire des AVD, quelques-uns font des AVQ, mais je me demande de quelle façon
ça s'effectue. Les AVD, c'est de l'aide à la vie domestique : entretien ménager,
etc. Ça n'a rien à voir avec s'occuper d'une personne âgée, ou handicapée, ou…
physiquement, lui donner son bain,
etc., ce qui fait partie des AVQ. C'est comme si présentement on disait en
CHSLD ou dans tout autre centre : Oh, mon Dieu, il manque trois préposés aux bénéficiaires sur tel étage, ce
n'est pas grave, on va prendre deux personnes de l'entretien ménager et
une aide alimentaire, on les met là puis on ne les surveille même pas parce
qu'ils vont être capables de faire
l'ouvrage. C'est exactement ça, le portrait actuel, selon nous. Et les
employés, les travailleuses surtout des
entreprises d'économie sociale n'ont pas la formation, le savoir-faire et,
quelquefois, le savoir-être qu'il faut absolument développer pour être en contact avec nos personnes
âgées. D'autant plus, si on entre dans ça un alourdissement qui va s'ensuivre, c'est sûr, au niveau de ceux qui vont
rester à domicile, l'isolement. Autant pour les aînés que pour les travailleurs
qui auront à aller donner des soins là, c'est une situation particulière.
On n'est pas
prêt à mettre ça en branle. Et pourtant on veut la même chose parce que nous,
on continue de croire que c'est un projet qui est fort intéressant.
Mais, M. le ministre, vous ne pouvez pas vous planter avec ça — excusez
l'expression — en partant trop tôt. Et présentement il y a
une grave lacune au niveau de la formation de ces travailleuses-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : Vous avez une perception des entreprises d'économie
sociale, que je ne partage pas.
Notre
objectif avec l'assurance autonomie, c'est de rehausser cette formation. Nous
convenons avec vous qu'on doit surtout la contrôler, c'est-à-dire faire
en sorte qu'il y ait un processus d'accréditation des entreprises d'économie sociale, des résidences privées et même
des organismes communautaires qui sont des prestataires de services. Ça, on s'entend là-dessus. On s'entend sur le
nécessaire rehaussement de la formation et on travaille actuellement avec les entreprises
d'économie sociale pour qu'elles puissent être au rendez-vous, qui est très
important pour assurer une qualité de services aux personnes.
Alors,
là où on s'entend, c'est qu'il faut rehausser la formation, il faut rehausser
le financement des entreprises d'économie
sociale, et l'assurance autonomie va être là pour le faire. Mais d'exclure
complètement l'économie sociale de l'aide à domicile, là, moi, je ne
vous suis pas là-dedans. Et les entreprises d'économie sociale sont des
entreprises responsables qui sont prêtes à relever ce défi-là. Et ils vont
venir témoigner devant nous cet après-midi et ils sont prêts — je les
ai rencontrés à plusieurs reprises — ils sont prêts à relever ce défi. Et la
seule organisation syndicale qui en
fait approuve ça, c'est la Fédération de la santé et des services sociaux, la
CSN, qui ont des employés de ces entreprises d'économie sociale là qui
sont syndiqués et qui, eux, jugent que c'est une prestation de qualité.
Alors,
moi, je pense qu'on peut avoir une prestation de qualité dans ce secteur qui
est actuellement sans aucun contrôle.
Ce qu'on veut, c'est retrouver la gestion publique de ce marché qui
actuellement échappe à tout contrôle public.
Mme Deschamps
(Johanne) : Est-ce que je peux demander à Mme Legault d'intervenir,
s'il vous plaît?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Legault.
Mme Legault (Danielle) : Alors, on est tout à fait d'accord à ce que
l'aide à la vie domestique soit faite par les EESAD. C'est ce qu'ils font présentement, d'ailleurs, et ils le font
très bien. Le personnel en place... D'ailleurs, on a travaillé à
développer une norme professionnelle pour les personnes qui sont en aide
domestique, pour s'assurer que, là aussi, il
y ait une qualité de services qui se donne à la maison, sauf que, quand on
parle d'aide à la vie quotidienne, là ça devient une chose différente.
Présentement,
dans les CSSS, les personnes, les auxiliaires de santé et de services sociaux,
ont une formation de presque 1 800 heures, si je ne me trompe pas,
là… ou, en tout cas, 750 heures, mais ce n'est pas du tout une norme
professionnelle. Ça se fait à l'intérieur de la maison, où on suit :
Est-ce qu'elle est capable de faire le ménage, est-ce qu'elle est capable de faire ci, faire ça? Quand on parle d'aide à la
vie quotidienne, là ça prend des personnes qui sont formées, qui ont une formation, soit un D.E.P. de
préposé aux bénéficiaires ou en assistance à la vie à domicile. Et ces personnes-là développent des habiletés parce
qu'elles sont formées pour voir comment… Est-ce qu'il y a des changements
chez la personne? On apprend à observer la
détérioration chez la personne âgée, qu'est-ce qui mène à ça. On peut se
référer au CLSC s'il y a des besoins
supérieurs qui surviennent. Il y a un lien direct entre les personnes qui sont
au CSSS et les personnes qui vont
dans les domiciles. Il y a un lien qui se fait là exactement, tandis que ce
n'est pas le cas avec présentement les
entreprises en économie sociale. On
ne dit pas que ces gens-là... On respecte beaucoup ces travailleuses-là parce qu'elles font des miracles avec le peu qu'elles ont présentement. On le sait, on en représente plusieurs, groupes, des coopératives. Et effectivement
les AVQ sont venues parce que les gouvernements, depuis le temps, n'ont pas
subventionné assez les CSSS pour s'assurer
qu'il y ait des soins à domicile qui soient faits. Donc, la communauté
a dû se prendre en main.
Mais
ce qu'on dit présentement, c'est qu'elle s'est prise en main, mais ce n'est
pas de la bonne façon. Et on voudrait que
ça soit fait de la bonne façon, que ce soient des personnes qui soient bien
formées, des personnes qui relèvent effectivement du secteur public pour qu'il y ait une continuité
et que tout ça se fasse. Tu sais, on peut bien regarder les expériences ailleurs puis dire : Ah, ça va
bien là-bas, mais, si on regarde les expériences ailleurs, il faut
les regarder dans l'entité complète, pas juste des bouts.
Et,
pour nous, travailler à domicile, pour donner des AVQ, il faut
être bien formé, et ce n'est pas présentement
ce que ça fait, et puis ça prend des formations spécifiques.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : On
s'entend là-dessus. Et c'est l'un des objectifs de l'assurance
autonomie, c'est de s'assurer de la formation de tous les prestataires
qui donnent des services de soutien à l'autonomie, qu'ils soient dans les entreprises
d'économie sociale, dans des résidences
privées ou dans des organismes communautaires. Alors, ça, là-dessus, là, on est
tout à fait sur la même longueur d'onde.
Vous avez
mentionné le Danemark. Pourquoi le Danemark a fait cette réforme, là? Il faut
se souvenir de ça, dans les années...
début des années 90, la réforme Hadler : aucun nouveau lit de soins de
longue durée construit à un moment où
ils avaient moins de personnes âgées que nous actuellement. Et cette réforme-là
a abouti avec 73 % du budget qui est dévolu aux soins à domicile. Et, si vous allez au Danemark et que vous
demandez de visiter un CHSLD, là il n'y en a pas… il n'y en a pratiquement pas. Au Danemark, on
donne des services, même pour les personnes avec des troubles cognitifs,
dans des résidences collectives ou les gens
restent dans leurs résidences, et on leur donne les services dont ils ont
besoin. C'est comme ça que ça marche.
Et eux, ils l'ont fait en délocalisant tous les services dans les
municipalités. Bon, ce n'est pas
notre système à nous, ça. On ne peut pas prendre le système danois et
l'importer au Québec, on n'a pas ce transfert dans les municipalités. C'est les municipalités et non pas le système de
santé qui sont responsables des soins à domicile au Danemark. Alors, on le fait via ce que les autres pays européens et
asiatiques ont fait, via une assurance autonomie. Alors,
c'est un modèle différent. Mais, quand on connaît bien le modèle danois, vous
voyez qu'ils l'ont fait en prenant une décision extrêmement importante
au début des années 90.
Et, je
reviens sur une de vos craintes, ça ne se fera pas au détriment des CHSLD. Ce
qu'on veut, c'est que le CHSLD ne
soit pas la seule réponse, lorsque les gens ont une perte d'autonomie puis
qu'il n'y a pas une proche aidante prête à s'épuiser, pour donner des services. C'est ce qui arrive au Québec
actuellement. Et on veut que les CHSLD soient vraiment là pour répondre
à un lourd besoin de soutien à l'autonomie sans que ce soit possible de le
faire à domicile.
Il va
toujours y en avoir besoin, des CHSLD. Mais actuellement 35 % à 45 %
des admissions à Montréal, là, en CHSLD ne devraient pas être en CHSLD, et il
faut absolument être capables de réserver aux CHSLD les usagers dont ils
peuvent s'occuper. C'est ça, cette alternative-là qu'on est en train de faire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Legault.
M.
Hébert : Mais je
suis très content que vous souleviez le modèle danois, c'est un beau modèle.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Legault.
M. Lutfi (Marco) : Oui, en fait...
Le Président (M. Bergman) :
Ou M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : Merci. Le système
danois, effectivement c'est un beau modèle, mais il faut
aussi le prendre dans son entier, dans le sens où ils ont légiféré pour se rendre
là, il n'y a qu'une seule méthode d'apprentissage, la formation est requise et est surveillée par l'État de a à z,
et c'est la même. Alors, c'est important, ça. Vous nous dites, M. le ministre,
que la formation, pour vous, au niveau des entreprises d'économie sociale,
c'est acquis, mais...
M.
Hébert :
C'est à faire avec la loi sur l'assurance autonomie. C'est là où on va se
donner les moyens d'obliger la
formation et d'accréditer les entreprises puis les prestataires, peu importe
qu'ils soient publics, privés lucratifs ou privés non lucratifs.
M. Lutfi
(Marco) : Oui, mais de
quelle façon vous l'entrevoyez, cette formation-là? Si on prend, par exemple,
vous l'avez dit tantôt, 750 heures,
l'aide à domicile, on parle plutôt de 975 heures. Et moi, quand je regarde
ce qui est écrit sur les EESAD, bien
je constate que ce n'est incroyablement pas ça, là. On parle : Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, 20 à 80 heures;
Montréal, 14 à 35; Laurentides, huit à 60; Montérégie, sept à 30; dans les
autres régions, on parle de moins de 15 heures de formation.
• (11 h 30) •
M.
Hébert :
Mais la première responsabilité — je vous arrête — la première responsabilité du gouvernement,
c'est de légiférer sur la gestion de la qualité, c'est de se donner les moyens.
On n'a pas
actuellement les moyens d'obliger qui que ce soit à avoir des niveaux de
formation. Alors, avec la loi sur l'assurance autonomie, on va se donner
les moyens d'obliger.
M. Lutfi (Marco) : ...façons, M. le
ministre.
M.
Hébert :
Et, actuellement, je vous ferai remarquer que la seule place où on exige une
formation spécifique pour les préposés, c'est dans le règlement sur les
résidences privées d'hébergement. Même dans le public, on n'a pas de norme
et de critère pour la formation des préposés. Alors, il faut, et je suis tout à
fait d'accord avec vous, qu'un préposé
qui travaille n'importe où, qu'un
auxiliaire en santé et services sociaux qui travaille n'importe où répondent
aux mêmes normes de qualité. Tout à fait d'accord avec vous, mais il
faut se donner les moyens de le faire.
M. Lutfi
(Marco) : Je suis très
d'accord avec ça. C'est juste que nous… On parle d'un départ en 2014, là, je
veux dire, ce n'est pas envisageable.
Puis il y a, quoi, là, 6 800, peut-être, travailleuses des EESAD, qui ont
entre 49 ans et 54 ans? Je
ne suis pas sûr, moi, qu'elles ont tout ce qu'il faut déjà à travers... Mais,
bon, tant mieux si oui, parce qu'on en a besoin, de ces
travailleuses-là. Effectivement, les travailleurs du secteur public présentement
ne sont pas assez nombreux, les auxiliaires familiales ne sont pas au
rendez-vous, ça prend du monde. Maintenant, je ne sais pas comment on va pouvoir faire ça parce que… Et, quand vous
dites : Oui, le secteur privé a fait des normes, oui, tout à fait, mais je
constate que les PDSB, les principes
de déplacement sécuritaire des bénéficiaires, n'y sont pas. Et, pour moi, c'est
la formation la plus efficace et efficiente que j'ai eue de ma vie.
Alors, il faudrait que ça, ça soit pris en compte.
Maintenant,
2014, c'est demain, c'est là notre inquiétude. Parce que, quand je vous entends
parler, ça peut être rassurant, mais,
quand je regarde le travail à faire, et vous le savez peut-être mieux que moi,
je ne vois pas comment on va y arriver. Et c'est ça, notre inquiétude,
nous. C'est…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Legault.
Mme
Legault (Danielle) : Oui. La
crainte aussi, c'est que 2014, ça vient vite, très, très vite. Qu'est-ce qui va
se passer si les EESAD ne sont pas
bien préparées? Où on va aller les chercher, ces services-là? Est-ce qu'on va
aller plus encore
vers le secteur privé au lieu d'aller vers le secteur communautaire? Est-ce
qu'éventuellement c'est ça qui va arriver? Parce que ce qu'on a compris aussi avec le temps, c'est que, oui, les
CHSLD, on a fermé beaucoup de lits, sauf qu'on en a ouvert dans le secteur privé, dans les résidences privées. C'est
que maintenant on achète des lits dans les résidences privées, donc on subventionne le secteur privé
pour des places en longue durée. Alors, tout ça mis ensemble fait en sorte
que, quand on regarde le portrait, on
regarde ce qui se passe avec les résidences privées, on regarde maintenant où
on veut nous amener avec les EESAD,
et, de plus en plus, les services, qu'on veut offrir, de santé et de soins à la
population, on s'éloigne du secteur public, on envoie ça au
communautaire, on envoie ça au privé.
Et, pour
nous, c'est une grande inquiétude effectivement, parce qu'on pense que le contrôle
de la qualité, le contrôle des soins doit passer par le secteur public.
Et c'est sûr…
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : On
s'entend que le contrôle doit passer par le secteur public. Ce que vous
souhaitez, c'est que la prestation soit publique. Ça, c'est une autre histoire.
Pour moi, ce
qui est important, c'est que l'État soit là dans la gestion, dans le contrôle
de la qualité, dans le financement.
Mais, la prestation, je pense qu'on peut mettre à contribution l'ensemble des
partenaires actuels. Et on ne peut pas, là, résumer l'intégration des
services puis… Dans l'intégration des services… je connais ça un peu, là, et l'intégration des services, un réseau intégré, là,
ce n'est pas juste les établissements publics, là. Un réseau intégré, c'est
l'ensemble des partenaires, entreprises
d'économie sociale, résidences privées, organismes communautaires. C'est ça,
un réseau intégré. Et c'est là où, quand on met ça en place, il faut tenir
compte des partenaires et ne pas juste être en vase clos dans les
établissements publics. Un réseau intégré, c'est vraiment sortir de
l'établissement public et d'avoir l'intégration de l'ensemble des partenaires
autour de la personne en perte d'autonomie. Et c'est ça, l'essentiel. Il faut sortir, là, de l'interdisciplinarité ou de
l'intersectorialité de machine à café, là, dans l'établissement de santé et des
services sociaux puis faire en sorte qu'on élargisse ça à l'ensemble des
partenaires. C'est important, cette vision-là, et elle est soutenue dans
l'assurance autonomie parce que les partenaires, ils doivent répondre à des
standards de qualité.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : Oui. Bien, M. le
ministre, écoutez, nous, pour nous, ce n'est pas une question de se regarder
le nombril, là, c'est juste que le respect
de tous les critères qui sont, pour vous et comme pour nous, nécessaires est
plus facilement assuré par un employeur commun, oui, du réseau public;
une seule façon de faire, enlever la confusion et surtout faire en sorte qu'on ne soit pas en train de faire une
consécration au secteur privé des soins des AVQ en imposant une logique de marché. Puis, si on fait ça, bien
c'est clair qu'en même temps on enlève le droit de tous les citoyens à des
soins de qualité, à de l'accessibilité, etc. C'est ça, notre point sur les
services publics.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous semblez dire : Hors de la prestation publique, point de salut. On
diverge d'opinion là-dessus. Moi, je pense qu'on doit retrouver la
gestion publique, et on atteint ces objectifs-là.
Quand vous dites : 2014 vient vite, moi, je
trouve qu'il y a urgence en la demeure. Il y a des personnes âgées actuellement qui reçoivent des prestations — et je
vais prendre l'exemple de résidences privées — sans aucune évaluation des besoins, sans aucune grille tarifaire, puis
ils paient de leurs poches pour avoir les services. Il faut cesser ça, là. Il
faut absolument qu'on puisse bien évaluer ces personnes qui sont
en résidence privée, bien évaluer leurs services, et l'évaluation reste la responsabilité du secteur public, et
avoir un financement public et des
exigences de qualité pour la prestation des services. Il faut absolument cesser cette situation qui échappe
complètement au secteur public et qui est totalement inéquitable. Et
moi, je pense qu'il y a urgence.
Je pense qu'on
aurait dû faire ça bien avant 2014. Il faut le faire et il faut pouvoir
légiférer, d'une part; deuxièmement,
il faut travailler sur les besoins de main-d'oeuvre, la formation et mettre en
place rapidement des mesures
correctives pour assurer la qualité des services aux aînés.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi (Marco) : Bien, je
pense qu'on s'entend sur beaucoup
de choses pourtant dans ça, on n'est pas loin un de l'autre.
Puis, oui, il y a urgence et, oui, il faut
s'occuper de ça rapidement, mais, écoutez, si ce n'est pas par le public entièrement, bien on va avoir une dispensation
privée avec un financement public, et mon Dieu que les exemples sont nombreux de pourquoi ça cohabite mal, les
deux ensemble. C'est une grande
crainte qu'on a, et je pense que la majorité de la population la partage. On ne voit pas... Mais, oui, vous avez
raison, il y a urgence d'agir. Et je pense que le livre blanc est quelque chose de très bien qui s'en va à la
bonne place. Nous, ce qu'on dit : Assurons-nous d'être prêts avant de
partir, parce que, là, ce n'est pas
des boîtes de jeans qu'on déménage, là, on s'occupe des êtres humains. Vous le
savez, tout le monde le sait. Mais on
ne peut pas se tromper, et vous ne voulez pas laisser votre… voyons… Le livre
blanc, en fait c'est les volontés du ministre, là. On ne veut pas que ça
vire mal, je vais le dire comme ça, mal.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Je n'ai pas terminé avec le financement. Je suis tout à fait d'accord avec vous
que les décisions unilatérales du fédéral
font en sorte qu'on va perdre plus de 8 milliards sur 10 ans et que
le Québec, comme les provinces qui
vieillissent plus vite, perde beaucoup plus que l'Alberta, pour ne pas la
nommer, une province jeune qui va avoir un bénéfice relatif de cette
nouvelle politique de transferts fédéraux. Et le 8 milliards financerait
largement l'assurance autonomie.
Lorsque vous
dites dans votre mémoire qu'on n'a pas fait de planification financière, là je
regrette, là, mais on a calculé quel
était le statu quo. Si on continue à construire des lits de CHSLD comme on est
parti, là on arrive, là, en 2027, avec
un statu quo qui est intenable pour notre système de santé publique. Avec
l'assurance autonomie, on réussit à baisser de 1,5 milliard, à terme, cette facture, mais il y a quand même une
facture supplémentaire. Nous avons indiqué que la voie des impôts serait celle que nous privilégierions
parce qu'elle est la plus progressive. Et je suis d'accord avec vous. Quand
on a regardé tous les mémoires qui sont
rentrés, il n'y avait pas d'organisme… et on va les entendre, là, mais il n'y
avait pas d'indication voulant qu'on
puisse capitaliser cette caisse-là pour le futur par d'autres moyens. Alors, on
se range à cet avis.
Mais, comme
tous les systèmes d'assurance autonomie ont été implantés sur ce modèle-là de
«pay-as-you-go», comme vous le savez,
aucun n'a capitalisé, et, bon, je pense que le Québec ne fera pas exception.
Alors, là-dessus, on est d'accord.
M. Lutfi
(Marco) : Peut-être juste un
questionnement sur l'accord sur la santé. En fait, le questionnement que
nous avons, c'est : Comment ça se fait
qu'on n'entend pas notre gouvernement insister davantage sur «essayons de
rapatrier ça»? Ça avait de grands
avantages, l'accord sur la santé, ça assurait le financement à hauteur de
6 % par année, etc. Là, on va
perdre ces argents-là, mais on ne sent pas la volonté gouvernementale de faire
quelque chose pour éviter que ça arrive. Et là-dessus je me pose des
questions vraiment...
M.
Hébert : ...les
rencontres fédérales-provinciales auxquelles j'ai participé, et mon collègue le
ministre des Finances, à toutes les
rencontres fédérales-provinciales auxquelles il a participé, même chose pour le
ministre des relations avec le
gouvernement canadien, nous avons soulevé cette question à chacune des rencontres,
et le gouvernement fédéral fait la sourde oreille.
Et je pense
qu'il y a un moyen de pouvoir récupérer notre dû, c'est d'accéder à la
souveraineté. Mais ça, c'est un autre débat que nous aurons en temps et
lieu.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi (Marco) : Je suis sans voix.
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre, il vous reste une...
M.
Hébert : Est-ce que
mes collègues ont une question brûlante?
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement,
il reste 30 secondes pour les commentaires.
Alors, maintenant, pour le bloc de l'opposition
officielle, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Bienvenue à notre commission.
Puis je vous écoutais,
puis vous savez qu'il y a eu un grand virage qu'on a fait, qui a été
complètement manqué, sur une bonne
idée, hein? Vous vous souvenez le nom que ça portait? Ça s'appelait le virage
ambulatoire. Et puis c'est à peu près le même principe qu'il y avait, c'est-à-dire
que quelqu'un nous arrivait avec une idée, là, qu'il essayait de planter dans la population, et, quand est
arrivée l'application, ça a été un chambardement dans notre réseau. Et
combien de personnes ont souffert non
pas de l'idée, mais de la façon dont ça a été fait? Et moi, je peux vous dire,
là, l'assurance autonomie, c'est vers
là qu'on s'en va, parce qu'on nous met... Entre autres, quand le ministre
nous dit : On a fait les calculs financiers,
il nous montre deux, trois petites courbes, là, entre vous puis moi, là, il n'y a
pas un planificateur financier qui dit
que ça va tenir la route dans les discussions. C'est des hypothèses
qui sont sur 20, 25 ans. Qui aurait pu prédire, voilà... aujourd'hui, le réseau de la santé, voilà 20 ans? À peu près
personne, hein? C'est à peu près ça. Et, l'autre affaire, vous avez vu que l'idée de génie du début a
complètement changé, on est passé de «tout
le monde va demeurer à domicile»,
hein, mais on s'en rend compte... puis vous
avez très bien... vous en avez fait mention, ça prend des CHSLD,
ça prend des RI. Juste en passant,
l'argument de Montréal, là, c'est... Voilà quelques années, il y a eu cette évaluation qu'il
y a 40 % des patients qui
auraient dû être en ressources intermédiaires, et possiblement une faible
partie en maintien à domicile parce
qu'il n'y avait pas assez de ressources intermédiaires dans le réseau et
peut-être un peu trop de CHSLD. Mais je peux vous dire que les gens qui rentrent dans les CHSLD à Montréal
actuellement sont pas mal malades. Puis je pense que vous êtes capables de témoigner de ça. Et je ne suis pas certain
qu'il y en a tant que ça qui vont être capables d'aller en maintien à domicile, parce que ça prend une
ressource entre les deux, qui est pour... ressource semi-autonome. Ça, on
oublie souvent de dire ça puis on prend
souvent un fait de voilà 10 ans. On dit : Aujourd'hui, c'est encore
comme ça. Moi, j'ai
vécu le réseau, là. Ça, c'était le diagnostic qu'on a fait voilà à peu près
huit ans, puis je peux vous dire qu'il y a eu des grandes
transformations.
Et Montréal
actuellement est en train de faire la grande transformation sans assurance
autonomie. Et vous êtes au courant,
hein, à Montréal, ils sont en train de développer des places à domicile, ils
sont en train de faire la transformation qui, en passant… Dans les régions, ça a été fait. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, à Alma, entre autres, là,
Lac-Saint-Jean-Est, Arthabaska également, on est à
peu près à 2,5 lits par 100 personnes de 65 ans et plus en
CHSLD. Je ne suis pas sûr qu'on va être capables de descendre en bas de ça.
Ça fait qu'à des
endroits sans assurance autonomie on a fait cette transformation.
Au début, également,
on avait dit : On va vous évaluer puis on va répondre à tous vos besoins.
On sait qu'actuellement, avec
500 millions, on répond à 15 % de plus des besoins. Il en manque
probablement un autre, 1,5 milliard. Ça, c'est l'autre élément qu'on a appris. La transformation qui nous
avait été promise : On va répondre à tous vos besoins, on est loin de là. Également, au début,
c'était : Vous savez, on va vous donnez l'allocation, vous déciderez
qu'est-ce que vous faites avec, un
choix de privé ou public. C'était ça qui a été dit, vous vous en souvenez,
hein, vous penchez la tête en disant
oui, là. La télévision ne peut pas vous voir, mais la réalité, c'est celle-là.
Au début, c'était : Vous choisirez où vous voulez demeurer : résidence privée, à domicile, et vous
choisirez qui va vous le donner. Il y a eu des pressions de toutes sortes de groupes, puis maintenant on ne
sait plus trop. Entre autres, juste pour vous dire, c'est un beau projet, en
tout cas, moi, je le regarde de l'extérieur,
un beau projet d'impartition, parce qu'on est actuel dans un système de soins
intégrés continus où les décisions se prennent
à l'intérieur du CSSS, on fait l'évaluation par le CSSS, mais on envoie
l'argent à la RAMQ, qui, elle, va le
transférer à ceux qui ont certains besoins. On court-circuite un petit peu le
CSSS. Et ce que je vois, si vous
décidez d'avoir des services d'entreprise sociale, à la limite, le privé — puis je ne vous dis pas que ça va être ça au début du projet, mais je le vois
évoluer, là — à la
limite, ça pourrait être une entreprise à but lucratif qui, pour le même prix ou moins cher, pourrait donner le service
en autant que la qualité soit là, et la qualité va être évaluée de façon
indépendante au niveau gouvernemental.
Je vous explique un
peu vers quoi on s'en va parce qu'on est parti d'un projet quand les gens ont
déposé leur mémoire, et plus on parle, plus on voit que ça évolue vers autre
chose.
L'autre
élément que les gens disaient : Oui, ça va être intéressant, on va enfin
capitaliser les besoins et les soins du
futur. On sait qu'actuellement, et le ministre l'a dit à plusieurs reprises, il
n'y a à peu près nulle part qu'ils ont réussi à capitaliser. Et ce qu'on
a dans le projet actuellement, bien, entre autres, avec ce que la première
ministre a dit la semaine dernière, qui a
été confirmé par le ministre, ça va être pris à partir de vos impôts. Ça, en
passant, on l'a toujours dit, la
capitalisation, c'est très difficile à faire. Et la caisse en capitalisation,
de ce que je comprends, ça va être le même argent qu'il y a dans le
réseau de la santé actuellement, c'est-à-dire les 3 ou 4 milliards, qu'on
va prendre et qu'on va envoyer à la RAMQ. Ça
va être ça, le projet. Et, à partir de la RAMQ, on va redonner l'argent, selon
les services qui vont être donnés, en
fonction de 30 % des besoins, à différents endroits, dont, entre autres,
le maintien à domicile, les CHSLD et les RI.
La
question, puis je vais vous la poser : Si je suis pour donner
90 000 $ à un CHSLD public, pourquoi je ne le ferais pas au Danemark puis je n'appellerais pas
ça une résidence collective? Parce que, ce que je comprends, au Danemark,
il n'y a pas de CHSLD, mais ils ont des
résidences collectives. Ça fait que je vous pose... Je ne sais pas c'est quoi,
la grosse différence entre les deux,
entre une bâtisse de 100 places, résidence collective, qu'on appelle
résidence collective, puis qu'ici, au Québec, on appelle CHSLD, sauf que
là-bas c'est géré par le municipal. Donc, si on prenait le principe du Danemark, il faudrait redonner toutes ces
organisations-là au municipal, un peu sur le principe des loyers à prix
modique. Puis ça, c'est un principe qu'on a adopté.
Qu'est-ce
qui m'empêche, à partir de la RAMQ, de ne pas transférer ça en CHSLD privé si
je sais que la qualité est assurée?
Le Président (M.
Bergman) : M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : C'est une bonne question...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je veux la réponse.
M. Lutfi (Marco) : Il y a beaucoup de choses dans ce que vous avez dit, puis je partirai
peut-être un peu du début. Le virage
ambulatoire, oui, vous savez que nous, dans le milieu, on disait que c'était le
mirage ambulatoire. Et ça, on déplore ça.
Il
y a eu beaucoup, beaucoup de grandes réformes dans les 15, 20 dernières
années, et, malheureusement, on dirait qu'on
n'est jamais capable d'aller au bout d'une… Souvent, il va y avoir un
renversement au niveau politique, et puis là, bien, on arrive avec le goût du jour. Alors, ça, c'est dommage, et ça a
fait très mal aux travailleurs, en passant, dans le service public. Toutes ces réformes-là, là, ça
s'empile une sur l'autre. Et, au-delà d'un coup de crayon ministériel, il en
demeure que les gens qui ont travaillé à faire que ça arrive doivent
recommencer avec un autre système. Un élément important
que vous avez mentionné aussi, c'est au niveau des CHSLD. C'est sûr que, dans
le livre blanc, on prévoit — je ne
dis pas qu'on le prévoit encore — un ralentissement… ou, en tout cas, des
CHSLD… On veut ralentir la progression des
CHSLD. Moi, je pense que ce serait quand même une erreur, puisque tous les
soins qui seront reçus par la population ne pourront être donnés à domicile. Je veux dire, il y a plusieurs
études qui démontrent qu'après 20 heures-soins-semaine, habituellement, là, tu dois te diriger vers un
CHSLD parce que, là, tu as une équipe 24 heures sur place et tu as besoin,
comme personne, d'être entouré de ces gens-là.
Alors,
il ne faut pas freiner le développement des CHSLD à ce point, car on en aura
besoin dans toute cette évolution populationnelle là qui aura besoin des
soins. C'est clair pour nous qu'il ne faut pas faire ça.
Pour
ce qui est de votre question à 1 000 $, bien là je ne sais pas quoi
répondre, là, je ne suis pas trop sûr de la... Je ne me souviens plus de
la question, en fait, là.
Une voix :
…
M. Lutfi (Marco) : Bon, c'est sûr que, pour nous, nos analyses nous
pointent vers... que la qualité, la formation, etc., si c'est au même coût, au même salaire… on ne voit
pas pourquoi on sortirait du système public, qui est beaucoup plus gérable,
selon nous, pour aller vers la privatisation des soins.
Écoutez, à partir du
moment où on rajoute la notion de profit dans l'équation, il est dur de penser
qu'à la fin il demeure les mêmes soins, là.
Je veux dire, il y a une notion de profit, et l'entrepreneur peut être tenté de
diminuer les conditions de travail
pour augmenter cette notion de profit là. Alors, à prime abord, on est en
grincements de dents contre cette...
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Écoutez, si vous aviez un
système séparé, comme il est proposé dans le livre blanc, qu'est-ce que
vous voudriez faire?
Vous
voudriez l'intégrer. On a déjà un système intégré : le CSSS gère autant,
au niveau des CHSLD, les maintiens à domicile
que les ressources intermédiaires. C'est déjà fait. Là, ce qu'on dit :
Maintenant, on va les séparer parce qu'on va faire faire le financement par la RAMQ après l'évaluation. On passe
par une tierce partie pour après redonner l'argent. Moi, ma question : Qu'est-ce qui nous empêche
de faire de l'impartition? C'est le mot que je vais vous dire. Moi, de la
façon dont je vois le projet, comme le ministre l'avait expliqué au début, mais
il a évolué là-dedans, c'est qu'une fois qu'on
sait c'est quoi, le besoin, il y a un montant ou une allocation qui vient avec.
Pourquoi ce ne serait pas donné au public, à des entreprises d'économie sociale, comme c'est déjà prévu,
d'ailleurs? Les AVQ, selon moi, vont finir avec les entreprises d'économie sociale, et là ça va aller au moins
cher avec la même qualité. C'est ça que je vois dans le livre blanc. Je ne
sais pas, mais je n'ai pas besoin d'être un
grand visionnaire, là, pour voir par la suite, également, pourquoi… si une
entreprise comme une résidence privée n'offrirait pas de donner les
mêmes services au même coût, pourquoi est-ce qu'on ne le donnerait pas à l'entreprise
privée?
Je
comprends que vous êtes contre ça puis je respecte ça, mais c'est ça qui est
dans le livre blanc et la possibilité que nous avons de le faire.
Puis,
en passant, je ne favorise pas nécessairement ça, je pense qu'on doit rester
dans un système intégré et continu.
• (11 h 50) •
Le Président (M.
Bergman) : M. Lutfi.
M. Lutfi (Marco) : Écoutez, c'est tellement plus facile de gérer tout ça. L'entreprise privée, elle va avoir d'autres normes,
d'autres façons de faire, etc. C'est là où ça n'a pas de bon sens. Il faut
avoir un seul système qui s'en va à la même place, tout comme le Danemark, on le disait
tantôt. Ce n'est pas pour rien qu'il... Non, mais, dans le sens où la
légifération, les normes sont nationales, tout le monde a les mêmes
barèmes, joue sur la même patinoire.
Là,
en divisant tout ça, ça va être compliqué. On va augmenter les frais de
gestion, d'administration et on sera incapable en fait de livrer la
marchandise, mais de surveiller aussi comment ça se passe.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, alors, je vous pose la question :
Comment vous pouvez être d'accord avec l'assurance autonomie? C'est ça,
l'assurance autonomie.
M. Lutfi
(Marco) : On veut la modifier.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, mais, je veux dire, les gens viennent ici, là, puis : Nous
autres, on est pour l'assurance
autonomie parce qu'on est pour le maintien à domicile. Tout à fait d'accord. Ça fait peut-être 20 ans qu'on fait ça pour ça, on avance de
plus en plus. Le ministre
a l'impression qu'il n'y a jamais été fait rien dans le réseau. Je ne sais pas où est-ce qu'il était au cours
des cinq dernières années, mais il y
en a eu, des transformations, dans le
réseau de la santé. Entre
autres, à Montréal, il y a une grande transformation qui se fait.
Dites-moi
donc, est-ce que c'est vrai ou pas qu'il y a une transformation
dans le réseau de la santé vers le maintien à domicile depuis plusieurs
années? Vous êtes là-dedans, vous autres.
Le Président (M.
Bergman) : M. Lutfi.
M. Lutfi (Marco) : Tout à fait. Mais, malgré les transformations
organisationnelles, puis des fois on
va déplacer des murs, je veux dire,
dans les faits, il ne se passe pas grand-chose de concret pour les
travailleurs, les travailleuses. On le sait,
depuis... mon Dieu, depuis que je fais ça, moi, je n'ai jamais vu une année où
l'alourdissement est moindre que l'année d'avant. Pourtant, ce que je
constate autour de moi partout sur les planchers, que ça soit en soins à
domicile, CLSC, CHSLD, les bras, entre
guillemets, les travailleurs qui donnent les soins de proximité n'ont pas été
augmentés, leur tâche a été augmentée. D'autres postes administratifs
ont été coupés, et ces gens-là faisaient des choses.
Alors,
qu'est-ce qui a résulté de ça? C'est que les fonctions que ces gens-là ne font
plus parce qu'ils ne sont plus là, eh
bien, elles sont réparties à l'équipe restante. C'est ce que moi, je constate
sur le terrain. Et ce n'est pas nécessairement une vision qu'on veut qui
continue.
Et, non, dans ce
sens-là, je ne peux pas abonder dans votre sens.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Les
gens viennent ici puis ils nous disent tous tout ce qui doit être fait, là, puis il y a des commandes, hein, les gens nous disent : On devrait faire ci, on
devrait faire ça. Mais, à la fin, ce
qu'on nous dit, c'est qu'il y a une insuffisance d'argent, puis le message
qu'on décode des organismes, c'est : Il faut tout simplement mettre
plus d'argent dans le réseau.
Le ministre
s'est engagé à faire ça à coût nul. Est-ce
que vous pensez que c'est réaliste de
mettre en place l'assurance autonomie,
telle que décrite, à coût nul ou encore ça va nous prendre plusieurs
centaines de millions de dollars d'argent
supplémentaire?
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : Bien sûr,
ça va prendre de l'argent supplémentaire. Je pense qu'il y a
un bon chemin de fait avec le taux d'imposition.
Il ne faut
pas avoir peur, à un moment donné, pour des projets aussi valorisants pour la société,
d'y aller par le biais des impôts.
Moi, je n'ai pas peur de ça. Mais la question demeure pertinente, à
savoir : il y a 8 milliards qu'on va se faire enlever par le gouvernement fédéral. 8 milliards, ce n'est pas rien. Il y a d'autres sources de
financement. Il y en a d'autres, sources de financement, que de tout
donner au secteur privé parce qu'ils vont venir nous sauver. On ne croit pas à ça. Il y
a d'autres façons de faire, il y a d'autres choses à regarder. Dans le rapport, on en
traite un peu. Mais, particulièrement, moi, je ne sens pas de grogne ni du gouvernement québécois ni des autres provinces face à cette coupure
monstrueuse de l'accord sur la santé, qui, en plus de donner de l'argent en
transferts fédéraux, prévoyait des normes. Et,
tout ça, on va le perdre d'un coup. Et je comprends que le ministre
nous dit qu'à chaque assemblée on dénote la chose, mais je ne vois personne de fâché, moi, dans
toutes les provinces et je ne comprends pas. On dirait qu'il y a
une volonté de nous diriger vers cette privatisation-là.
Avant de
regarder de tout donner aux services privés, il faudrait toujours
bien aller chercher ce qu'on peut dans ce
qu'on a. Et puis ça, c'est quelque
chose qui a fonctionné. Le dernier
accord sur la santé, parti de 2004 à 2014, ça assurait, à tout
le moins, un minimum à tous les
niveaux. Mais voilà qu'on laisse tomber ça, et puis c'est là où ça ne marche
pas. Il y a d'autres choses à faire avant de donner ça au privé.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Moi, je pense qu'il y a des négociations qui sont en cours et qui
vont se continuer, mais il faut vouloir être autour de la table puis il faut
arrêter de juste dire : Nous autres, notre solution, c'est qu'on se
sépare.
Si c'est juste
ça, votre solution, les autres provinces vous regardent, puis ils disent: Bien,
allez jouer dans votre cour, le Québec,
faites vos affaires, nous autres, on va la négocier, l'entente. Et puis de
s'asseoir autour d'une table, là, ce n'est pas mauvais. Puis toutes les
grandes ententes de ce type-là, je vous ferais remarquer, ça se règle toujours
à minuit moins cinq. Et, oui, il y a
des discussions qui se font, je suis convaincu de ça, mais encore il faut
arrêter d'arriver avec
l'argumentation : Si vous ne me donnez pas tout ce que je veux, je vais me
retirer. Son problème, c'est que ça lui prend un référendum. C'est
ça, son problème. Ça fait que, si
vous voulez mon avis, on est peut-être mieux de s'asseoir autour de la table. Et, je suis d'accord avec vous, moi, on est les premiers à dire que ça
n'a pas de bon sens, cette entente-là. Il faut qu'on soit capables de
négocier quelque chose de différent, mais on va le faire avec les autres
provinces, pas tout seuls dans notre coin
comme une petite île, là. En passant, le référendum, ce n'est pas pour
demain matin, ça fait que, les négociations, il faut qu'elles arrivent avant. En tout cas, c'est la position.
Le monde se feront leurs messages politiques
autour de la table. Je pense
que la population est en mesure de juger qu'il faut être mature
pour s'asseoir autour de la table puis être capable de négocier.
Et, comme
toute grande négociation, hein, vous le savez, vous êtes dans la fonction publique, ça se règle rarement trois
semaines avant, ça se règle la veille, le soir même, avec un petit sursis de quelques
heures pour qu'on s'entende sur les
modalités finales. C'est comme ça que ça se négocie avec vous autres et puis
c'est comme ça que ça va continuer à se négocier dans le futur.
Moi, j'en
reviens à l'affaire des maintiens à domicile, RI, CHSLD. Pour moi, c'est un
enjeu majeur, parce que le projet
a été vendu seulement qu'en disant : On augmente les maintiens à
domicile, alors que ça prend une offre équilibrée, une offre équilibrée avec le maximum de soins à domicile et également des ressources intermédiaires. On peut discuter,
ça peut être privé ou public, parce que
ça prend des gens qui sont… des ressources pour des gens qui sont
semi-autonomes et ça prend également
des CHSLD. Et on sait que, si on y va avec une norme de 2,5 lits par
100 personnes de 65 ans et plus,
au cours des 10 prochaines années, il y aura probablement assez de lits, mais par la suite il va falloir en développer, des
nouveaux.
D'ailleurs,
le ministre, dans son projet, il dit : Je vais sauver
350 millions. De la façon dont il sauve, c'est qu'il dit tout
simplement : Je ne développe
plus de... En passant, ce n'est pas : Je ralentis, je n'en développe plus
et je récupère le 350 millions. Mais de façon réaliste, puis j'aimerais ça avoir votre opinion là-dessus,
pensez-vous vraiment que ça
va se réaliser, qu'il va sauver son 350 millions ou il n'aura
pas le choix de développer certaines ressources? Réponse honnête.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : Réponse
honnête : Non, ça ne marchera pas. Je pense que, dans cette
vision-là... Et c'est de pelleter par en avant. Ça va nous rattraper rapidement,
car les besoins en CHSLD, ils sont présents présentement, ils vont continuer de l'être,
ils vont même se développer par l'alourdissement de notre clientèle et par la population
aussi qui va augmenter.
Vous savez,
c'est vrai que c'est noble, rester à la maison, recevoir des soins. C'est
noble, mais on dirait que, woups, si
tu finis en CHSLD, ça, c'est pas mal moins noble, alors que, pour nous, non, le
continuum de santé fait en sorte que le
choix qui s'offre à toi, avec tes capacités restantes, eh bien,
c'est, oui, peut-être rester à domicile, mais c'est peut-être aussi recevoir de très bons soins
en CHSLD. Et je peux vous assurer qu'il s'en donne, de très bons soins, en
CHSLD. Malheureusement, les seules fois où on a un peu de visibilité
télévisuelle, c'est quand un hurluberlu traîne quelqu'un par les cheveux. Mais il y a des millions
d'heures de bons soins qui se donnent tous les jours. Et je pense
qu'il ne faut pas séparer les deux et dire : Voici, ça, c'est
noble, ça, ça l'est moins.
Il faut que
la personne âgée ou avec des troubles cognitifs ou à un handicap quelconque ait
le choix, tout au long de son cheminement,
à des soins de qualité. Et ça peut vouloir dire, oui, une entrée en CHSLD,
surtout après un minimum, selon moi, de 20 heures-soins-semaine, ce
qui n'est pas énorme, là.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je vous remercie de votre excellente réponse. Je vais laisser la parole à ma collègue.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (12 heures) •
Mme
Blais : Écoutez,
j'aimerais peut-être, avant de vous poser une question, faire un... parce que
le ministre mentionne souvent qu'il y a
peu de choses qui ont été faites auparavant. Mais, dans le budget qu'on avait déposé avant
les élections, il faut quand même dire qu'il y avait un cumulatif, sur cinq
ans, juste pour les soins à domicile, de 1 123 000 000 $. Alors, il ne faut
pas... c'était là. Il y a des sommes d'argent, comme en 2013‑2014, c'était un
ajout de 149 millions, juste
pour les soins à domicile; 2014‑2015, 231 millions; 2015‑2016, 312 millions.
Donc, le tango, ça se danse aussi à deux.
Donc, le
500 millions, on le retrouve possiblement là. Je voulais seulement dire ça
au début. Mais il y a une chose qui
me préoccupe beaucoup, c'est que c'est le personnel. Pour être en mesure d'offrir
tous les soins, à la fois à domicile, à la fois en CHSLD, à la fois en ressources intermédiaires… moi, ça me
préoccupe énormément, ces professionnels de la santé, et je pense qu'on va devoir tous ensemble travailler pour faire
en sorte de trouver ces personnels-là et les encourager à travailler auprès des personnes à mobilité
réduite, parce que ce n'est pas un milieu facile, et ça prend beaucoup de
vocation et de don de soi. Et je veux vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi.
M. Lutfi
(Marco) : Bien, écoutez,
vous avez tout à fait raison — mais là, les prochaines questions, je pense
que mes consoeurs et confrères aimeraient y répondre aussi — c'est
tout à fait ça.
La vocation,
bien on pourrait en parler longtemps. Ce qui est clair, c'est que présentement
on n'est pas prêt. Ça, c'est clair.
Mon exemple, là, entretien ménager, aide-cuisinier ou préposé à la buanderie
qu'on enverrait donner des soins, ça ne fait pas de sens pour personne présentement ici, mais, dans le contexte
actuel des EESAD, c'est ce qu'on est en train de faire. J'entends bien la préoccupation du ministre et de tout le monde
de dire : On va augmenter bien sûr toute la formation nécessaire. Alors, pour nous, il est clair qu'il
faut que ça fasse. Il faut que le personnel soit capable d'oeuvrer, comme
vous le disiez, dans toutes ces places-là,
nonobstant ce qu'il rencontre, nonobstant la lourdeur, qu'il soit capable de
travailler et de faire ce pour quoi
il a été formé, alors, et d'autant plus que, quand on dit… Bon, j'entendais des
entreprises d'économie sociale
aussi : Il y a des actes légers qu'on peut faire au niveau des AVQ. Ça
n'existe pas pour nous, ça, des actes légers. À partir du moment où tu as à mobiliser une personne, d'autant plus si
elle a des déficits physiques et cognitifs, bien là on parle de
quelqu'un qui rentre dans la bulle d'un autre. Dépendamment de ton ethnie, ça
peut être facile ou moins facile. Il y a plein de choses qu'il faut absolument,
absolument savoir mais être capable de mettre en action lorsqu'on rencontre la
personne. Et c'est une des grandes forces aussi de la formation du PDSB, les
principes de déplacement sécuritaire. Et le
«P» est important, là. On ne parle pas de techniques de déplacement
sécuritaire, on parle de principes.
À partir des
principes enseignés, la personne va être habilitée, en face d'à peu près
n'importe quoi, de les adapter et de trouver la bonne technique, qu'elle
soit relationnelle ou physique, d'accompagnement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée.
Une voix : …
Le Président (M. Bergman) :
Excusez. Mme Legault.
Mme
Legault (Danielle) : Oui.
Moi, je voudrais juste rajouter aussi : Il faut penser que c'est un milieu
où c'est grandement, majoritairement, des femmes, des femmes qui se
dévouent tous les jours pour pouvoir s'assurer que les personnes qui sont sous
leurs soins obtiennent les meilleurs services que possible.
Donc,
effectivement, la formation, c'est une préoccupation numéro un chez nous, sauf
que, vous savez, dans les résidences
privées pour la certification, on va exiger de la formation. On met ça en 2015,
on n'a pas commencé. Il y a 8 000
personnes qu'il va falloir qu'elles soient formées là. Là, on arrive avec en
plus, dans le secteur des soins à domicile, un nombre impressionnant de personnes qu'il va
falloir former pour 2014, qui est demain matin. Moi, je pense qu'effectivement il va y avoir un dérapage qui va
se faire à quelque part. Malheureusement, ce qui va arriver, c'est que c'est les personnes qui devraient recevoir les
services, les soins de qualité, qui vont écoper. Et, les femmes qui travaillent
dans les…
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion.
Mme Legault (Danielle) : …les EESAD,
eux autres, il faut s'en préoccuper aussi, énormément.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, il vous reste deux minutes.
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Rapidement. Je sais que vous faites un plaidoyer pour
assurer les services publics, mais on
a entendu beaucoup de groupes et de représentants des personnes handicapées
nous dire : Nous, on veut aussi avoir le droit de choisir qui va
entrer dans notre bulle. Et il y a de ça aussi avec la question, par exemple,
du maintien du chèque emploi-services, c'est
que la personne qui est à domicile a le droit de dire : Moi, je m'entends
bien avec telle personne qui va venir m'offrir des soins, et je suis
l'employeur, et je veux avoir un certain contrôle.
Ceci étant
dit, on plaide, oui, pour la formation, oui, pour l'encadrement, oui, pour… mais
comment pouvez-vous dénigrer à ces gens-là le droit d'être chez eux pleinement,
le droit de choisir qui sera celui ou celle qui va rendre les services de base, qui va entrer dans votre bulle,
dans votre intimité? Puis, comme députés, je pense qu'on a tous des cas
où les services publics parfois rentrent
dans la bulle puis arrivent avec leur façon de faire, puis tassez-vous, c'est
nous qui décidons, alors que la
personne a le droit d'être l'employeur, a le droit d'être celui et celle qui
aura le dernier mot à dire, en
disant : Regarde, moi, je n'aime pas la façon de faire et puis je vais
trouver quelqu'un qui va me rendre les services qui
correspondent avec mes valeurs et ma philosophie.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lutfi, pour une très, très courte réponse.
M. Lutfi
(Marco) : Écoutez,
je pense que vous avez raison dans le questionnement. Par contre, c'est parcimonieux, les cas qu'on
rencontre comme ça.
Le danger,
pour nous, de laisser ce faux libre choix là aux gens, c'est que la majorité
des gens qui ont des besoins ne sont
pas en mesure souvent de les évaluer et de magasiner la bonne personne ou le
bon soin. Et c'est ça qu'on va retrouver de plus en plus. Mais on n'est pas contre, dans ce que vous nous disiez
au départ, mais ça rencontre une infime portion. Les autres sont en isolement, sont chez eux. Souvent, il faut
les trouver par le biais des popotes roulantes, etc. Ils sont démunis et
ils n'ont pas ce choix-là.
Les Québécois,
lorsqu'ils sont malades, veulent des services de qualité offerts par des… ils
ne veulent pas se casser la tête, ils
veulent qu'on… On rentre quelque part, on veut être soigné correctement. C'est surtout
ça que les gens retiennent.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme Whiteside, M.
Sylvestre, M. Lutfi, Mme Deschamps,
Mme Legault, M. Hamilton, merci pour votre présentation, merci d'être ici avec nous aujourd'hui et
partager votre expertise.
Collègues,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la commission jusqu'après
les affaires courantes, vers 15 heures. Et vous pouvez laisser vos
documents ici pendant les affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 15
h 22)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors,
collègues, la commission reprend ses travaux.
Nous allons
poursuivre, sans plus tarder, les consultations particulières et auditions
publiques sur le livre blanc sur la création d'une assurance autonomie
intitulé L'autonomie pour tous.
On reçoit maintenant la Fédération des centres
d'action bénévole du Québec. Alors, bienvenue. Pour les fins d'enregistrement, on vous demande de donner vos
noms, vos titres, et le prochain 10 minutes, c'est à vous pour faire votre
présentation.
Fédération des centres
d'action
bénévole du Québec (FCABQ)
Mme Sauriol
(Lyne) : Oui. Alors, bonjour
à vous tous. Je me présente, mon nom est Lyne Sauriol, je suis présidente de la Fédération des centres d'action
bénévole du Québec et je suis accompagnée de M. Ronald Cormier, membre
du conseil d'administration, et de M. Fimba Tankoano, directeur général de la
fédération.
Merci de nous accueillir pour la présentation du
mémoire de la fédération sur l'assurance autonomie.
La fédération
a été créée en 1972 et a pour mission de contribuer au mieux-être des
populations par la promotion, la
reconnaissance et le développement de l'action bénévole. Elle regroupe 111
centres, répartis dans toutes les régions du Québec, où sont impliqués près de 30 000 bénévoles, plus de 900 salariés et quelque 1 000 membres
de conseil d'administration.
Les centres d'action bénévole ont, pour eux, comme mission de promouvoir
l'action bénévole dans les divers
secteurs de l'activité humaine et de susciter réponse aux besoins non comblés
des populations de leurs communautés.
Concernant
l'assurance autonomie, la fédération salue cette initiative novatrice et est
prête à collaborer à la mise en
oeuvre de ce projet de société. Toutefois, nous désirons vous faire part des
réflexions, inquiétudes et commentaires recueillis lors de la
consultation de nos membres tenue en août et septembre derniers.
Dans un premier temps, nous tenons aussi à vous
signifier qu'en aucun cas les centres d'action bénévole ne veulent offrir de soins ou de services de santé. À
notre avis, ceux-ci doivent continuer à être dispensés par l'État par le biais
de professionnels qualifiés. Nous croyons que l'assurance autonomie aura des
impacts majeurs sur l'offre de services en soutien à domicile dispensés par les
centres d'action bénévole et entraînera une croissance importante des demandes de services auprès de ceux-ci et plus
particulièrement sur quatre des services en soutien à domicile, soit l'accompagnement-transport, la popote roulante,
les visites et téléphones d'amitié ainsi que les activités de socialisation destinées aux aînés.
À notre avis, les centres d'action bénévole devront anticiper les impacts suscités
par l'assurance autonomie et être vigilants
quant aux mesures à mettre en place pour soutenir les bénévoles et éviter de
les surcharger de travail. Il faut se rappeler que les services offerts
par les centres d'action bénévole sont basés sur la disponibilité des
bénévoles. Or, le bénévolat montre actuellement des signes préoccupants quant à
la relève. La population vieillit, les bénévoles aussi; réalité qui amène les
centres d'action bénévole à faire face aux problèmes causés par les nombreux
départs de leurs bénévoles vieillissants.
70 % d'entre eux sont âgés de 55 ans et plus, et, s'ils sont les piliers
des centres d'action bénévole, le
travail pour la relève s'annonce plus ardu, pour le recrutement. Les organismes
doivent recevoir le soutien et les outils appropriés afin d'éviter une
surcharge de travail et un épuisement des bénévoles qui pourrait avoir pour
résultante l'abandon de l'implication de certains d'entre eux. De plus, nous
craignons que les centres d'action bénévole soient également confrontés à une
surcharge de travail. Déjà qu'au cours des dernières années les demandes des
services ne cessent d'augmenter, avec
l'arrivée de l'assurance autonomie il est à prévoir que celles-ci
s'accentueront davantage. Tout comme
les centres d'action bénévole, la plupart des organismes offrent des services
grâce à la contribution des bénévoles. Or, selon le cadre de référence
d'un centre d'action bénévole, le volet 3, qui est le support, le soutien aux
organismes communautaires, ce volet-là veut qu'il recrute et réfère des
bénévoles vers les organismes qui en font la demande.
Il est donc à
prévoir qu'avec l'augmentation des besoins de la population il y aura
accroissement des demandes de référence de bénévoles et de soutien pour
plusieurs organismes en soutien à domicile.
Cette réalité
nécessitera donc davantage d'activités de promotion, recrutement, formation et
d'accompagnement des bénévoles ainsi
que des organismes du milieu. Par ailleurs, chaque centre d'action bénévole
aura également à assurer sa propre demande accrue de bénévoles pour
assurer les services en soutien à domicile qu'il offre lui-même dans sa communauté. Actuellement, les centres d'action
bénévole doivent composer avec une
organisation monstre en matière de
coordination des bénévoles, sans compter toute la gestion administrative
qu'occasionnent ces services. C'est pourquoi
il sera important d'être sensible aux
besoins de renforcement des capacités institutionnelles des centres d'action
bénévole.
Maintenant,
je cède la parole à Fimba Tankoano, notre directeur, pour la présentation
des recommandations de la fédération et de ses membres en
regard de l'assurance autonomie. Merci.
• (15 h 30) •
M.
Tankoano (Fimba) : Alors, la
fédération a six principales recommandations, dont la
première est l'intensification des
activités de promotion, de recrutement, de reconnaissance de l'action
bénévole en santé et services sociaux. Et, pour ce faire, nous pensons que le ministère devra augmenter le financement à la mission des
centres d'action bénévole afin de permettre de renforcer le développement
des volets 1, 2, 3, dont le recrutement, la référence et l'encadrement des bénévoles, la formation et aussi le soutien
aux organismes du milieu. Il est à prévoir aussi que le ministère
devra prendre en compte la réalité de
l'offre de services bénévoles dans le processus de mise en place de l'assurance autonomie, car,
les services des centres d'action bénévole étant essentiellement offerts par
des bénévoles, il est primordial de respecter les limites du bénévolat de
façon à éviter la surcharge de travail pour les bénévoles.
La deuxième recommandation fait référence au renforcement des capacités institutionnelles des
centres d'action bénévole pour une
meilleure offre de services basée sur un financement à la mission globale et non sur des ententes de
service. Pour ce faire, le ministère devra voir à un meilleur financement pour
pallier à l'insuffisance d'infrastructures adéquates,
l'insuffisance d'employés permanents nécessaires à la gestion courante des
différents volets et programmes d'action
ainsi que pour couvrir les besoins en termes de renforcement des capacités
institutionnelles des centres d'action bénévole.
Une stabilité des centres d'action bénévole permettra d'offrir de meilleurs
services et d'encadrement des bénévoles.
La troisième
recommandation, c'est être en lien avec les limites possibles de l'allocation
de soutien à l'autonomie, l'ASA, car nous pensons qu'il serait quasiment
impossible de prévoir à l'avance combien peut coûter un service
d'accompagnement-transport, par exemple, parce que ce n'est pas toujours le
même bénévole qui rend le service ni pour le même bénéficiaire. Ça fait que,
pour ce faire, nous exhortons fortement le ministère de nous associer dans le processus de mise en place des procédures en lien
avec l'ASA afin de s'assurer du choix de la meilleure formule pour les
bénéficiaires, les prestataires de services et pour les programmes gouvernementaux
concernés.
La quatrième recommandation fait référence au
respect de l'autonomie et de l'expertise des centres d'action bénévole dans le processus d'harmonisation des coûts en lien avec les services offerts. Si nous prenons l'exemple
des popotes roulantes, il y a
plusieurs variables qui rentrent en ligne de compte pour déterminer les coûts à
la grandeur du territoire, dépendamment que l'établissement dispose d'infrastructures
et peut compter sur des employés ou sur des bénévoles
ou si on prend encore des organismes qui n'ont pas d'infrastructures, qui doivent se référer à l'externe pour le service, et, dépendamment qu'ils font affaire avec un CHSLD ou un
service traiteur, les coûts vont varier. Alors, pour ce faire, nous
pensons que le ministère devra associer les différentes parties prenantes dans l'harmonisation
des coûts afin de
bénéficier de toute l'expertise nécessaire pour la mise en place de cette procédure, là,
qu'elle soit réaliste mais surtout viable sur le terrain.
Notre cinquième recommandation exhorte fortement
le ministère à respecter l'autonomie des centres d'action bénévole dans la réalisation des offres de
services de sorte à éviter que ceux-ci ne s'éloignent de leur mission de base
qui est d'offrir des services aux
aînés et à l'ensemble de la population de leurs territoires dans une perspective d'amélioration générale de la qualité de vie. Pour ce faire, la FCABQ, de concert avec
le ministère, pourra établir des critères d'admissibilité
nationaux pour les services offerts dans les
centres d'action bénévole. Et, comme ces critères seront reconnus par l'assurance autonomie, les centres d'action bénévole pourront eux-mêmes procéder à
l'évaluation des bénéficiaires sans passer par les gestionnaires de cas.
Cela va permettre justement aux personnes qui font des demandes de service au
niveau des popotes roulantes ou de
l'accompagnement-transport de ne pas souffrir d'une trop longue attente qui
pourrait avoir pour effet une atteinte à leur bien-être physique ou
mental.
La dernière recommandation est que le ministère devrait reconnaître l'expertise des centres
d'action bénévole dans la mise en place du projet en les impliquant sur
les différents lieux consultatifs et/ou décisionnels pour s'assurer d'une meilleure prise en compte des réalités
terrain. Pour ce faire, nous pensons que chaque CSSS, par exemple, pourrait se doter d'un
comité consultatif regroupant les principales parties prenantes afin de
déterminer de façon collégiale les mécanismes de coordination efficaces
et de mise en oeuvre des normes de qualité dans l'offre de services. Comme vous
le savez, les centres d'action bénévole sauront apporter le côté humain de
toute cette démarche-là, car ils seront pratiquement
les seuls autour de la table à ne pas avoir à retirer un bénéfice pécuniaire en
lien avec les services qui vont être
donnés. Et nous pensons qu'au niveau national un tel comité pourrait être mis
en place aussi pour soutenir le ministère
dans l'élaboration de toutes les
normes de qualité qui vont s'ensuivre dans l'assurance autonomie, et la
Fédération des centres d'action
bénévole devrait y siéger pour toutes les raisons que je viens de citer pour
les centres d'action bénévole.
En terminant, la FCABQ tient à remercier le ministère
de nous avoir conviés aujourd'hui ici pour cette commission, et nous espérons
être consultés lorsque le ministère sera prêt à déposer un projet de loi concernant l'assurance autonomie. Et, pour finir, la fédération
aimerait appuyer le mémoire de l'association des dentistes.
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion, s'il vous plaît.
M.
Tankoano (Fimba) : Oui,
c'est la conclusion. On appuie une recommandation de l'association des dentistes selon laquelle elle aimerait qu'on inclue, dans
l'assurance autonomie, des soins dentaires. Et nous pensons que ça pourrait
être intéressant pour les personnes, pour les bénéficiaires.
Le Président (M. Bergman) :
Merci pour votre présentation. Alors, pour le premier bloc du gouvernement, M.
le ministre.
M.
Hébert : Merci
beaucoup, Mme Sauriol, M. Tankoano et M. Cormier, d'être ici et d'avoir
présenté votre mémoire.
Écoutez,
les organismes communautaires et les centres d'action bénévole en particulier
sont extrêmement importants pour les personnes âgées, surtout dans le
contexte des soins à domicile, pour l'ensemble des actions que vous avez énumérées, mais particulièrement vos actions
en popote roulante qui fournissent des repas à plusieurs personnes en perte
d'autonomie qui peuvent être maintenues à
domicile grâce à ces initiatives extrêmement importantes pour la population.
Vous soulignez, avec beaucoup de justesse, l'importance
du financement à la mission globale. Nous avons annoncé, la semaine dernière, un rehaussement de ce financement, qui ne
s'était pas fait depuis 20 ans, à 40 millions de rehaussement
à la mission globale pour les organismes
communautaires du secteur santé et services sociaux. Et, dans le premier volet d'investissement de maintien à domicile, on a
investi un 10 millions, dans le 110 millions, spécifiquement
pour les organismes communautaires qui desservent les personnes âgées en perte
d'autonomie.
Alors,
j'aimerais ça avoir votre appréciation de ce réinvestissement à la mission
globale et à la mission spécifique des organismes communautaires pour
les personnes âgées.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Sauriol.
Mme
Sauriol (Lyne) : Bien, c'est
sûr que c'est une excellente nouvelle pour mieux répondre, encore là, aux
besoins des personnes qui sont
rejointes par nos organisations et nous permettre aussi, les organismes qui
travaillons en soutien à domicile, de
se doter d'infrastructures pour pouvoir mieux encadrer nos bénévoles et
dispenser les services aux personnes qui fréquentent nos organisations.
Effectivement, c'est une bonne nouvelle, oui. Ronald?
Le Président (M. Bergman) :
M. Cormier.
M. Cormier
(Ronald) : Et j'ajouterais
que la gestion de bénévoles, c'est de la gestion de personnel. Ce sont des
personnes qui arrivent avec toute la bonne
volonté pour travailler mais qui ont besoin d'être encadrées, avoir des
définitions de tâches, de respecter
leurs limites aussi, les risques, s'assurer de la sécurité aussi des gens qui
vont avoir leurs services. Donc,
comme nos aînés sont souvent en situation de vulnérabilité, nous devons nous
assurer de la sécurité de ces personnes-là. Donc, lorsqu'il y a un choix de bénévoles, c'est aussi une gestion
responsable, un filtrage, une vérification d'antécédents criminels pour
s'assurer d'offrir le meilleur service possible.
Ce n'est pas
parce que nous sommes un organisme bénévole que nous n'avons pas le souci de la
qualité de service.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M. Tankoano (Fimba) : …
Le Président (M. Bergman) : Certainement.
M. Tankoano.
M.
Tankoano (Fimba) : Oui. Effectivement, c'est une bonne nouvelle, ces annonces-là. Et nous aimerions que
la prise en compte du soutien au niveau des infrastructures soit un point central aussi dans l'allocation
qui va… dans la répartition des fonds.
Souvent, les
fonds, quand ça arrive, les agences ont tendance à beaucoup
mettre l'accent sur les services directs qui vont être donnés, sans
prendre en considération tout le mécanisme qui entoure ces services directs là.
Si on a une augmentation de ressources bénévoles, si on a besoin d'augmenter le
personnel, on a besoin d'agrandir les espaces de
travail, on a besoin d'acquérir du nouveau matériel, on a besoin d'acquérir de
nouvelles infrastructures. Dans le cas des popotes roulantes, les
cuisines, et autres, c'est des dépenses qui sont souvent très coûteuses, très
lourdes et que, malheureusement, les fonds qui nous sont alloués ne peuvent pas
prendre en considération. Et donc, nous tenons à le dire aujourd'hui, si jamais, dans la répartition des fonds, cet aspect-là
pouvait être pris en compte, ça va venir aider pas mal les centres d'action bénévole à mieux faire leur travail. Et je
continue en disant que… Pourquoi cette distinction-là? Parce que
nous ne sommes pas des entreprises privées ni des entreprises d'économie sociale. Tous les fonds qui nous sont alloués ne génèrent pas nécessairement
de profit.
Donc, si on n'a pas un fonds pour améliorer
notre cadre de travail, on ne pourra pas rendre ce service-là adéquatement parce que tous nos services sont
basés sur des bénévoles. Et, si on signe des ententes de service, la plupart du temps, les ententes de service, c'est
des fonds qui rentrent et qui ressortent pour nous parce qu'on ne fait
pas de bénéfice là-dessus, et ces
ententes-là sont directement rattachées à des services. Nous, on ne peut pas
aller dans cette logique-là.
C'est pour ça
qu'on espère avoir un rehaussement à la mission globale, pour pouvoir nous
permettre d'asseoir quelque chose, des structures stables, capables de
répondre aux services.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
C'est justement. Nous avons prévu faire un réinvestissement à la mission
globale avant d'implanter l'assurance autonomie. Vous voyez la logique,
là.
Pour vous
donner justement les moyens que vous réclamez, on est allés au-devant de ce que
vous demandez. Pas pour rien. Parce
qu'on s'assoit avec vous. Mme Hivon et ses sous-ministres s'assoient avec vous
depuis plusieurs mois pour examiner
toute cette question du financement de la mission globale. Et ce
40 millions ne sert pas aux infrastructures, il y a d'autres programmes qui sont disponibles
pour les infrastructures. Notamment, dans le pilier de solidarité, il y
avait des programmes qui peuvent permettre à
des municipalités, là, de pouvoir loger convenablement des organismes
communautaires, et c'est en sus du 40 millions et du 10 millions
qu'on a investis pour les soins à domicile. Je suis un petit peu étonné de la partie qui concerne l'évaluation des personnes,
parce que, écoutez, pour évaluer les personnes, ça demande des ressources professionnelles que vous
n'avez pas, et nous pensons que la gestion publique de l'assurance autonomie inclut l'évaluation des personnes.
Alors, c'est les CSSS qui ont cette responsabilité de faire l'évaluation
des personnes, et je ne voudrais pas vous
donner cette charge-là en plus parce que, là, vous allez être obligés de
recruter des professionnels.
On sait que l'Outil d'évaluation multiclientèle,
ça nécessite des professionnels formés, et il y a eu toute une opération formation pour l'utilisation de l'outil multiclientèle. Et moi, je ne voudrais pas transférer ça aux
organismes bénévoles, là.
Je pense que ça ne serait pas une charge de
travail qu'il soit raisonnable pour vous d'assumer. Alors, je ne comprenais pas
tout à fait votre suggestion là-dessus.
• (15 h 40) •
Mme Sauriol (Lyne) : ...peut
répondre à la question. Toi, aussi, tu voulais?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Sauriol.
Mme Sauriol (Lyne) : Toi aussi, tu
voulais…
M. Tankoano
(Fimba) : O.K.
Le Président (M. Bergman) : …
M.
Tankoano (Fimba) : C'est
exactement une bonne question. Et, dans notre mémoire, à la page 8, on a
décrit plus en détail ce volet-là.
En fait,
l'évaluation des personnes par le biais de l'ISO-SMAF… on ne remet pas ça en
question, l'utilisation de cet
outil-là, ni le professionnalisme de cet outil-là. On pose plutôt des
questionnements à ce niveau-là. Que se passera-t-il pour des personnes qui ne vont pas être acceptées
par l'assurance autonomie parce que, soit, ils ne répondent pas aux critères
qui avaient été établis? Or, les centres
d'action bénévole ont l'habitude d'offrir déjà des services à des personnes
aînées en se basant sur des critères d'évaluation
qu'eux-mêmes ont l'habitude d'utiliser. Est-ce que les critères d'évaluation de
l'assurance autonomie viendraient surplomber
ces critères d'évaluation que nous, on utilise déjà? Et que se passera-t-il
si c'est ça qui arrive? Donc, est-ce que ça
voudrait dire que les centres d'action bénévole n'auraient plus cette
légitimité-là d'accepter des personnes qui seront refusées, par exemple,
à l'assurance autonomie?
C'est pour ça que,
dans notre recommandation, on disait qu'on pourrait s'asseoir avec le
ministère...
Le Président (M.
Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
M. Tankoano
(Fimba) : …pour voir certains critères qu'on pourrait utiliser.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Je vous rassure tout de suite, je vous rassure tout de suite, il n'est pas
question que l'assurance autonomie vous
empêche de faire des actions que vous faites déjà. Elle va permettre à
certaines personnes qui ont des pertes
d'autonomie, selon des critères, de pouvoir bénéficier… et même d'être
financées pour faire appel à certains de vos services, mais ça n'exclut pas du tout que vous puissiez servir
d'autres personnes. D'ailleurs, moi, je connais bien Sercovie dans ma circonscription, et c'est
beaucoup plus large que les personnes âgées. Et vous offrez les services
même aux étudiants en fait qui bénéficient
d'un certain nombre de repas qui sont préparés dans ces centres d'action
bénévole.
Alors, il est
absolument hors de question que l'assurance autonomie soit un monopole, là,
pour vos services. Alors, ça, je vous rassure là-dessus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Sauriol.
Mme Sauriol
(Lyne) : On ne voulait pas craindre que des personnes tombent dans un
vide de service.
M.
Hébert :
Je vous rassure tout de suite là-dessus, il n'est pas question...
Mme Sauriol
(Lyne) : D'accord. Merci.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Alors, l'assurance autonomie va permettre un
financement public des personnes qui se qualifient.
Et vous souleviez une
autre hypothèse, là, que les CSSS priorisent les profils les plus lourds. C'est
en fait la personne qui va prioriser les services qu'elle nécessite avec
l'allocation de soutien à l'autonomie. Alors, c'est les personnes âgées ou
handicapées qui vont faire cette priorisation-là et non pas les CSSS. Et c'est
ça, l'essence même de l'assurance autonomie, c'est de redonner ce pouvoir-là à
l'usager et non pas de le laisser entre les mains du CSSS uniquement.
Je
voudrais vous entendre sur la relève des bénévoles parce que c'est une
préoccupation importante. Quelles sont les solutions que vous envisagez
pour que vous puissiez renouveler votre personnel bénévole?
Mme Sauriol
(Lyne) : Il est démontré que le...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Sauriol.
Mme Sauriol
(Lyne) : Oui. Il est démontré que le recrutement est de plus en plus
difficile. Les bénévoles qu'on recrutait il y a 20, 25 ans ne sont plus les
mêmes aujourd'hui. Les gens, c'est beaucoup plus difficile à recruter.
On pense aux gens qui prennent leur retraite actuellement, les baby-boomers.
Bien, ça pense à voyager avant tout. Bon, tu
sais, ce n'est pas le même profil de personne qu'on recrute qu'il y a 25 ans,
que... Bon. Ça fait qu'il faut travailler fort pour assurer la relève.
Et les centres d'action bénévole travaillent fort pour amener de nouveaux
outils pour le recrutement, aussi faire des contacts aussi avec les milieux
d'affaires ou les milieux... les étudiants, les programmes internationaux de
bénévoles dans les écoles secondaires. Bon, on essaie de...
Une voix :
...de diversifier.
Mme Sauriol (Lyne) : ...de diversifier et d'augmenter notre rayonnement pour aller chercher
de nouveaux bénévoles dans des
nouveaux... des secteurs où on n'allait pas auparavant et… Mais ça demeure
que... Et il y a beaucoup de
programmes de sensibilisation qui existent dans les centres d'action bénévole,
dans les écoles primaires. Il y a plusieurs expériences au Québec là-dessus pour déjà sensibiliser les enfants. Mais
c'est un programme de sensibilisation, c'est pour déjà sensibiliser les
enfants à la participation citoyenne, à l'entraide, bon, etc.
Ça fait qu'on essaie
de travailler en amont pour pouvoir avoir un résultat dans quelques années
avec... pour faciliter, parler davantage
au niveau de l'action bénévole et que le rayonnement fasse en
sorte que les gens s'impliquent davantage. Mais c'est vrai que statistiquement, comparé... en 2001, on avait 275 bénévoles en moyenne, par centre
d'action bénévole, et en 2009 c'est
tombé à 216, ça fait que... Mais ce n'est pas que dans les centres d'action
bénévole, c'est... Et les bénévoles sont de plus en plus sollicités également
partout, dans plusieurs organismes, dans plusieurs créneaux.
Ça fait que c'est un petit peu tout ça, mais je
vous dirais qu'on travaille fort pour...
M. Tankoano
(Fimba) : Je pourrais ajouter quelque chose?
Mme Sauriol (Lyne) : Oui. Fimba
aimerait ajouter quelque chose.
Le Président (M. Bergman) :
M. Tankoano.
M.
Tankoano (Fimba) : Oui. Et
en plus, au niveau des bénévoles spécifiquement en santé et services sociaux, la palme des préférences ne se retrouve
pas là.
La santé et services sociaux se classe au neuvième rang des préférences
choisies par les bénévoles. Donc, vous allez avoir... Dans l'environnement,
dans la culture, dans le sport et loisir, vous allez retrouver beaucoup de
jeunes bénévoles, beaucoup de familles qui font du bénévolat là, mais, quand
vous rentrez en santé et services sociaux, c'est vraiment à l'arrache qu'on
s'en va retrouver des personnes qui sont prêtes à s'engager là parce que
le temps d'engagement est beaucoup plus long. On ne peut pas s'engager
ponctuellement en santé et services sociaux, il faut au minimum un trois mois d'engagement,
sinon six mois pour que le bénévole puisse vraiment contribuer à donner des
services aux populations. Et ça prend une catégorie de personnes qui ont
du temps, alors qu'on remarque que, dans les statistiques, les jeunes
s'engagent de plus en plus. Il y en a 54 %, de jeunes qui s'engagent, et
ces jeunes-là, ils ne sont pas prêts à donner trois mois d'affilée ou six mois
d'affilée. Donc, on se rabat vers des personnes qui sont soit souvent préretraitées, à la retraite. Mais, comme on a
expliqué dans notre mémoire aussi, la population vieillit, et les
bénévoles aussi vieillissent, donc il faut
qu'on joue avec ça. Et actuellement, à la fédé, on est en train de réfléchir à
monter un projet de recherche sur les
baby-boomers parce qu'on se questionne, parce que beaucoup de personnes
focalisent l'espoir sur ces baby-boomers-là,
mais pour l'instant on ne sait pas quel type de bénévolat ils veulent faire.
Est-ce qu'ils ont même... le bénévolat se retrouve dans leur plan de
retraite? On ne le sait même pas.
Donc, on est en train de penser à un projet de
recherche là-dessus. Et je pense que nous avons soumis un avant-projet au CADA justement dans ce sens-là
pour aller sonder un peu le terrain, voir l'orientation qu'ils prennent.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Oui. Alors, vous savez que l'assurance autonomie va s'appliquer à la fois aux
personnes âgées et aux personnes
handicapées plus jeunes. Avez-vous une idée de la proportion des services que
vous offrez aux personnes handicapées plus jeunes et de la proportion
des services qui sont dédiés à cette clientèle?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Sauriol.
M. Cormier (Ronald) : Moi, je
pourrais ajouter pour chez nous.
Mme Sauriol (Lyne) : Oui, vas-y.
Le Président (M. Bergman) :
M. Cormier.
M. Cormier (Ronald) : Moi, je peux
en parler pour notre expérience dans notre centre d'action bénévole, comparativement aux moins de... 80 % des
usagers des services en soutien à domicile s'adressent aux aînés de plus
de 60 ans, 20 % s'adressent à des
personnes en perte d'autonomie, en convalescence ou avec des handicaps, pour
environ 20 %, qui ressemblent à peu près… dans notre vérification, le
chiffre de l'ensemble du Québec au niveau des centres d'action bénévole, je
pense.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Actuellement, vous offrez des services. Si je prends la popote roulante, quelle
est la contribution que vous demandez à la personne elle-même pour ces
services-là?
M. Cormier (Ronald) : …qu'on
demande…
Mme Sauriol (Lyne) : …
Le Président (M. Bergman) :
M. Cormier.
M. Cormier
(Ronald) : Mais je ne veux
pas parler pour toutes les popotes roulantes du Québec, chacune a ses
politiques.
Ce qui est recherché, c'est que les personnes
soient capables de payer la valeur de la nourriture et les frais de transport.
Mais, les gens, s'ils avaient à payer les frais du cuisinier, tout ce que ça
implique, les factures seraient trop lourdes.
Quelqu'un qui paie un repas 6 $, un repas complet, livré à domicile… les
aînés qui bénéficient du supplément de revenu trouvent ça dur à payer.
Nous retrouvons, exemple, dans notre centre d'action bénévole, des aînés qui
sont capables de payer deux semaines ou
trois semaines dans le mois. Donc, c'est avec des levées de fonds qu'on va
combler le manque à gagner des services que
nous offrons, parce qu'ils n'ont pas l'argent pour payer tout le mois, surtout
les gens qui
sont à domicile et qui ont des frais d'électricité à payer, de téléphone. Et,
l'hiver, ça coûte plus cher, et ils manquent d'argent.
Donc,
il y a souvent cette capacité que nous avons de nous ajuster, d'aller chercher
des fonds ailleurs pour combler le manque à gagner. Ça demande aussi du
travail aux organisations.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre, il vous reste trois minutes.
• (15 h 50) •
M.
Hébert : Donc, le fait que l'assurance autonomie va permettre de couvrir, surtout pour les moins bien
nantis, ces services-là est une bonne nouvelle pour vos organismes
communautaires.
M. Cormier
(Ronald) : Elle est la bienvenue, M. le ministre.
M.
Hébert :
Je vais passer la parole à mes collègues pour les trois dernières minutes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson, il vous reste
2 min 30 s.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui. Bonjour, madame, messieurs, merci d'être là. Moi, j'avais une question,
parce que je
connais mon organisme dans mon coin, mais vous n'offrez pas, à la grandeur du Québec,
tout le même panier de services, d'un organisme à l'autre, si je
comprends bien.
Mme Sauriol
(Lyne) : C'est vrai. C'est sûr que les centres d'action bénévole,
d'une région à l'autre, se sont développés différemment en fonction des
ressources présentes chacun dans leur milieu.
C'est ça. S'il y
avait déjà un service qui était offert puis il y avait... Bon, le centre
d'action bénévole ne le développera pas pour ne pas dédoubler un service déjà
existant, il va plutôt... Parce qu'on tente de répondre à des besoins non
comblés dans la communauté. Alors, c'est pour ça que c'est un peu différent. Et
aussi, entre les régions, il y a une différence,
mais c'est aussi selon la marge de manoeuvre que les régions avaient au niveau
de la mise en place des services en
soutien à domicile, là, à l'époque, quand ça a été créé. Alors, c'est ça. Ça
fait que ça... Mais ça fait une belle palette de couleurs différentes,
ça fait que c'est... mais il y a quand même une ressemblance au niveau des
fonctionnements et de...
Le
cadre de référence s'applique quand même à l'ensemble des centres d'action bénévole, mais les moyens
qu'ils prennent peuvent être différents.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Pensez-vous qu'il y a des organismes qui n'ont pas développé tel ou tel service en fonction de l'argent ou de la
disponibilité budgétaire qu'ils peuvent avoir?
Mme Sauriol
(Lyne) : Aussi.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Aussi, c'est ça...
Mme Sauriol
(Lyne) : Et c'est sûr qu'il y a... des centres d'action bénévole n'ont
pas développé tel créneau parce que, par
exemple, dans leur région, il y a eu une décision qui a été prise, au niveau du
financement, par leurs bailleurs de
fonds, qui a fait en sorte que ça n'a pas été la priorité dans leur milieu au
niveau de l'orientation à investir. Ça fait qu'ils n'ont pas pu le
développer, mais c'est ça, ça...
Le
Président (M. Bergman) : Ceci met fin au bloc du gouvernement.
Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Merci beaucoup, M. le Président. À mon tour de vous souhaiter la bienvenue.
Je dois vous dire que
le ministre et moi, nous partageons, concernant tout le travail que vous
faites, un très grand respect. On sait
combien c'est important. Moi, je vous connais depuis plusieurs années, dans une
autre vie, lorsque j'animais la
remise des prix durant la Semaine de l'action bénévole, et j'ai pu sentir toute
l'importance de cette implication. L'implication bénévole, c'est le don
de soi, et je considère que c'est un très beau cadeau que l'on puisse faire à
quelqu'un d'autre. Et, quand le ministre parle de mettre en place une assurance
autonomie, ça m'apparaît tout à fait comme
étant quelque chose de salutaire, qu'on puisse travailler conjointement avec
les centres d'action bénévole
qui… C'est vrai qu'ils ne sont pas homogènes
partout à travers le Québec, mais partout ils font un très, très
bon travail. Et je suis, comme lui,
très préoccupée par le vieillissement de vos bénévoles : 55 ans et plus,
70 % des personnes âgées.
Moi, je pense qu'on devrait inculquer cette
culture à l'école. Il y a les écoles internationales qui le font déjà, c'est
dans le cursus, c'est obligatoire. Mais je pense que ça devrait se faire
parce que, si on ne développe pas très, très jeune le goût du bénévolat, bien c'est beaucoup plus difficile
quand on devient baby-boomer, et je suis certaine que vous êtes d'accord
avec ça.
Mme Sauriol
(Lyne) : C'est pour ça que j'ai parlé des expériences, qui existent
déjà dans différents centres d'action bénévole, de sensibilisation auprès des
écoles autant au niveau secondaire que primaire et même auprès de services de garde… ou, bon, tout ça, pour
sensibiliser déjà les enfants. Et il y a... c'est ça, il faut commencer à
former déjà cette petite relève et à inculquer cette notion-là
d'entraide dans… oui, et ça répond bien.
Mme
Blais :
On parle d'autonomie, mais vous faites beaucoup de transport, et le transport,
ça fait partie de l'autonomie. On le sait,
Montréal, ce n'est pas la Gaspésie ou ce n'est pas les régions éloignées.
Alors, on doit évidemment, si on veut garder notre autonomie, avoir du
transport. Alors, ça, c'est fondamental.
Vous faites aussi quelque chose que j'aime
beaucoup, les appels téléphoniques. Et, les appels téléphoniques, parfois c'est le seul appel téléphonique, dans la
journée, qu'une personne reçoit. Et, pendant la consultation publique, nous
avions entendu, le ministre et moi, toute la
question des personnes qui avaient besoin d'information, le manque d'information, et est née l'implantation des
carrefours d'information pour aînés. Quand j'ai quitté, il y en avait 30 à
travers le Québec, avec une possibilité, d'ici 2017, d'une centaine de
carrefours d'information.
J'aimerais vous entendre. Est-ce que ces
carrefours d'information qui visent à renseigner… C'est souvent la population aînée. Est-ce que ces carrefours
portent leurs fruits actuellement? Est-ce que vous vous rendez compte que
c'était important de le faire?
Le Président (M. Bergman) :
M. Cormier.
M. Cormier
(Ronald) : Moi, je pourrais
en parler parce que notre carrefour d'information fait partie du premier
projet des carrefours d'information pour
aînés, où nous avons commencé à faire une sensibilisation auprès des aînés,
et nous réglons de 300 à 400 demandes d'aide
venant des aînés, de formulaires incapables d'être complétés, d'incompréhension
des programmes, d'incapacité de faire des
appels où ils tombent sur : Pour tel service, signalez… Ils viennent
qu'ils ne savent plus, surtout les personnes vulnérables.
Je vous
dirais que c'est un service chez nous qui a connu une expansion au-delà de ce
que nous attendions en termes de demandes de service. Et ce que nous
nous sommes aperçus, c'est que les gens que nous pensions aptes à connaître les
services et à comprendre, même dans les gens qui ont une instruction certaine,
ils se retrouvaient en situation de
difficulté. Donc, tout le service d'accompagnement venant des bénévoles qui
sont formés avec un coordonnateur, tout cet accompagnement-là est
nécessaire à des personnes qui vivent une situation de vulnérabilité. Non,
ce n'est pas toujours en étant des personnes
vulnérables au départ, mais leur situation, un veuvage subit, un accident…
et des gens disent : Bien, je n'ai
jamais… je ne sais pas par quel bout prendre ma situation. Souvent, de
l'accompagnement qui est fait, et c'est fort apprécié.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Vous êtes en train de
nous dire que ça fait partie aussi de l'autonomie, et ça devrait faire partie
du panier de services de l'assurance autonomie, de continuer à
considérer les services qui sont offerts, non seulement les carrefours d'information, mais les services. Et
moi, je vais demander au ministre aujourd'hui de bien vouloir soutenir la
Fédération des centres d'action bénévole pour être en mesure de poursuivre vos
carrefours d'information parce que je pense
que ça fait partie… vous devez être forts vous-mêmes, la fédération, pour être
capables d'accompagner les centres d'action
bénévole dans leur déploiement de services parce que ce sont des bénévoles qui
aident des personnes âgées à trouver la solution à leurs problèmes.
Mme Sauriol (Lyne) : …
Le Président (M. Bergman) :
Mme Sauriol.
Mme
Sauriol (Lyne) : Oui.
Excusez. Actuellement, par rapport aux carrefours d'information aux aînés, vu
que le programme va être transféré vers les
conférences régionales des élus, les CRE, ça va descendre régionalement, et
la fédération n'assumera plus la coordination nationale des CIA à partir de la
fin mars.
C'est sûr
qu'on nous a annoncé ça il y a un mois à peu près, le Secrétariat aux aînés.
Bon, on est devant le fait. Nous, on
avait déjà mentionné qu'on souhaitait qu'il y ait une coordination nationale,
parce que notre inquiétude, à la fédération…
de poursuivre la coordination nationale parce que, la fédération, notre
inquiétude était que la… comment qu'on dit ça, donc?, la...
Une voix : La pérennité.
Mme
Sauriol (Lyne)
: …la pérennité des carrefours d'information se
perde et… l'uniformité aussi du développement de services se perde, alors. Mais, bon, il en a été autrement, je pense
que ça descend vers les CRE, et on nous a dit que ce serait
régionalement maintenant, là, que les CIA…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Juste en
terminant, avant de passer la parole à ma collègue, j'espère que vous allez le
garder, ce contrôle-là, parce que je
considère que c'est important, parce que c'est vous qui connaissez le mieux vos
centres d'action bénévole pour être en mesure de pouvoir continuer à
bien travailler avec eux.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (16 heures) •
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, bonjour. Merci de
partager avec nous votre vision et les questionnements aussi quant à la
mise en oeuvre de l'assurance autonomie.
Je constate qu'évidemment vous êtes présents partout sur le territoire, mais ce n'est pas…
Je comprends aussi de vos réponses à la question
de ma collègue que vous n'arrivez pas… vos organismes ne couvrent pas l'ensemble des territoires. C'est-à-dire, dans certaines régions, vous êtes présents en centre urbain, vos
membres sont présents en centre urbain,
mais les milieux ruraux sont desservis par d'autres organismes parfois. Est-ce que
c'est ce que je comprends ou…
Mme Sauriol (Lyne) : ...centre
d'action bénévole?
Mme Vallée : Oui.
Mme Sauriol (Lyne) : C'est ça. Bien,
les centres d'action bénévole ont des territoires, souvent, de MRC, on couvre des MRC complètes. Notre mandat est de
desservir la MRC au complet. À mon avis, je ne crois pas qu'il y ait des municipalités ou des régions qui ne soient pas
couvertes. Je peux me tromper, là, je vais demander à Fimba. Mais je crois que toutes les municipalités, et tous les
territoires, et les régions ont des centres d'action bénévole pour leur
offrir des services partout. Il y en a 111,
membres de la fédération, mais il en existe 130, environ, centres d'action
bénévole au Québec.
Mme Vallée :
Je vous pose la question parce qu'une des interrogations dans la mise en
oeuvre, c'est que c'est assez rapide,
on souhaite mettre en oeuvre… le ministre souhaite mettre en oeuvre l'assurance
autonomie assez rapidement. Et vous
nous amenez un élément, vous dites : Bien, ça va apporter des demandes
additionnelles auprès de nos membres. Et,
si on met en oeuvre l'assurance autonomie, je pense qu'on doit s'assurer que
les services offerts qu'on… le panier de
services va être disponible partout, c'est-à-dire que l'autonomie pour tous, ça
ne doit pas être variable en fonction de l'endroit, du choix que fait un citoyen de demeurer dans une petite
municipalité rurale plus éloignée ou de demeurer dans un centre urbain.
Et je prends l'exemple de la popote roulante. Je
ne crois pas que la popote roulante soit disponible partout, dans toutes les
municipalités du Québec, de façon équitable.
Mme Sauriol (Lyne) : …
Mme Vallée :
Oui. Bien, c'est ça. Avez-vous recensé les services offerts, à savoir :
Est-ce qu'il y a des trous de services sur le territoire?
Est-ce qu'on a des endroits… Est-ce qu'on est en
mesure vraiment d'assurer un réel maintien à domicile partout sur le territoire du Québec si, par exemple, on n'a pas accès à
un service de popote roulante ou si on n'a pas accès, par exemple, à du transport? Parce que, comme le
disait si bien ma collègue, c'est beau, le transport en commun, c'est
pratique, sauf que, dans la municipalité de Denholm, là, puis à Grand-Remous,
là, il n'y en a pas, de transport en commun,
alors on fait appel… les gens font appel au service de transport fait par des
bénévoles. Alors, est-ce qu'on… Avez-vous fait ce recensement-là à
savoir qu'est-ce qui est disponible sur le territoire? Puis est-ce qu'on sera
prêt à répondre à la mise en place au printemps 2014?
Le Président (M. Bergman) :
M. Tankoano.
M.
Tankoano (Fimba) : Oui.
C'est sûr qu'avec les rapports d'activité que nous avons de tous les centres
d'action bénévole ça nous donne une vision assez holistique de ce qui est fait
sur le terrain, et on constate effectivement que certains centres d'action
bénévole n'offrent pas, justement, des services de façon continuelle parce
qu'ils n'ont pas suffisamment des infrastructures pour le faire. Et il y en a
plusieurs qui ont signifié qu'ils donnaient les services cependant de popote roulante peut-être pour deux
jours seulement et qu'avec l'intensification des services il faut s'attendre à
ce que ça aille sur une semaine, mais ils ne
sont pas certains qu'ils vont pouvoir aller sur une semaine s'ils n'ont pas
tout l'accompagnement nécessaire pour le faire.
Donc, c'est clair qu'il y a cette inquiétude-là
qui s'installe au niveau des centres d'action bénévole. Et, si la fédération,
justement, aujourd'hui présente son mémoire et pose toutes ces questions-là,
c'est justement après la consultation qu'on
a eue avec nos membres. Ils sont volontaires pour accompagner le processus,
mais en même temps ils s'inquiètent
de leur capacité à répondre adéquatement à la demande qui va s'en venir s'ils
ne sont pas suffisamment accompagnés dans le processus.
Le Président (M. Bergman) :
M. Cormier.
M. Cormier
(Ronald) : Vous parlez
d'inégalité. Je reconnais qu'au Québec il y a une inégalité au niveau des
services, mais il y a aussi une inégalité au niveau des subventions.
Certaines
régions administratives ont décidé que certains organismes communautaires, que
ce soit en soutien à domicile... ne seraient pas favorisés, tandis que
d'autres régions l'ont fait. Nous reconnaissons, à l'intérieur de notre fédération, des centres d'action bénévole qui ont
un excellent financement de leur agence de santé, et une région qui peut
doubler la population que nous avons a à peu près le quart de la
subvention que nous avons. Et il y a iniquité au
niveau des subventions de fonctionnement de base et à la
mission au niveau des réseaux de santé, ce qui a des conséquences
aussi au niveau
des services que nous donnons. Si des
subventions arrivaient et qu'elles nous permettaient de développer des services, moi, je suis convaincu qu'il y a
des gens qui n'attendent que ça, et nous sommes prêts à répondre à une demande.
Et
je voudrais faire une référence à un aspect que vous n'avez peut-être
pas abordé. On parle de collaboration et d'entente.
Et, dans l'ensemble des régions du Québec, nous avons des centres
d'action bénévole qui sont partie prenante des tables de soutien à domicile dans leur MRC et avec les CSSS. Depuis
des années… moi, je regarde chez nous,
c'est une table qui existe depuis 19 ans, où les centres d'action
bénévole, avec le CLSC, des services aux handicapés, des centres de jour, tous ces services-là se regroupent et
développent des projets communs, se réfèrent des gens, développent une façon
de fonctionner.
Il y a déjà des bases
qui sont présentes, mais on offre les services qu'on a le moyen d'offrir,
madame.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je
comprends. Est-ce que vous avez recensé ou une idée de ce que peut représenter
ce besoin-là grandissant? Bon, vous
dites : Il y a un besoin, il y a un vieillissement de la population, le besoin ou le recours aux services
offerts par nos membres va s'accentuer.
Est-ce que vous
l'avez quantifié? Est-ce que vous avez quantifié les besoins de vos membres? Le
ministre parlait, tout à l'heure, de rehaussement de financement du PSOC, entre autres, et de certains programmes
d'infrastructure. Est-ce
que vous êtes en… Est-ce que
c'est suffisant… ce qui a été annoncé est suffisant pour répondre à l'avènement
de l'entrée en vigueur de l'assurance
autonomie? Est-ce que c'est bien, mais il y a encore du progrès à
faire? Est-ce que vous l'avez quantifié, tout ça?
Le Président (M.
Bergman) : M. Tankoano.
M. Tankoano (Fimba) : Oui. C'est une excellente question, qui plus est que nous sommes en train d'élaborer
ce qu'on appelle le portrait des
centres d'action bénévole, et ça nous permet de colliger toutes les données
dont vous parlez et ça va être disponible en début de 2014.
Tous
ces chiffres-là vont être disponibles en début de 2014. Et il y a déjà…
Mais avec le bout qu'on a fait on... Ce
qui a été annoncé, c'est bon, mais ça
ne va pas atteindre les attentes des
groupes. Parce que, pour plusieurs d'entre eux,
même les seuils planchers ne sont pas encore atteints, sans compter que les
seuils planchers ne couvrent pas tout ce dont on a besoin. C'est clair que c'est un apport financier important,
mais il y aura quand même beaucoup
de… comment dirais-je, un déséquilibre par rapport à ce qui va s'en
venir, c'est certain.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président.
Bienvenue à notre commission, c'est toujours un plaisir de vous
entendre.
Vous savez qu'au
niveau des organismes communautaires puis des organismes bénévoles en général
ça s'est développé de façon asymétrique dans
les différentes communautés, et il y avait des besoins différents qui ont été
répondus de façon différente. Mais,
compte tenu que la masse globale d'argent octroyé est la même, s'il y a des
organismes qui avaient plus, il y en a d'autres, à un moment donné, qui
en avaient moins.
Dans
le projet d'assurance autonomie, il y a une grande volonté de standardisation,
c'est-à-dire qu'on devrait avoir les mêmes services partout au Québec et
avoir une accessibilité, dont, entre autres, tout ce qui concerne les personnes
aînées. Comment vous allez vivre ça compte
tenu qu'il y a eu une augmentation des montants d'argent, les organismes communautaires
sont en grand besoin? Et comment vous allez faire pour vous assurer d'avoir une
répartition équitable des ressources
sur le territoire et que surtout ça soit à peu près le même accès pour les
citoyens du Québec, quel que soit l'endroit qu'ils soient?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Sauriol.
• (16 h 10) •
Mme Sauriol (Lyne) : Mais, à mon avis, chaque région a… Il va falloir regarder par région, à
mon avis, parce que chaque région,
comme on le disait tantôt, s'est développée différemment, faire un état de
situation de ce qu'il y a et répertorier
tout ça et voir de quelle manière on peut faire, avec les ressources qui vont
nous être offertes, ce qu'on peut faire de plus et pour répondre aux
besoins qui sont non comblés dans la communauté.
Je
pense, à mon avis, il faut laisser la
marge de manoeuvre à chaque région de faire l'exercice et de ne pas… en tout
cas, c'est mon avis, là, de ne
pas tenter de standardiser, à partir
d'en haut, un modèle unique qui serait partout pareil parce que… Puis
chaque région a son propre portait et sa propre histoire, et tout ça.
C'est
sûr, c'est facile comme ça de dire ça comme actuellement, mais, je pense, il
faut laisser une certaine marge de manoeuvre pour s'organiser en région.
Les ressources se connaissent.
Le Président (M.
Bergman) : M. Cormier.
M. Cormier (Ronald) : Monsieur, la réponse que j'apporterais, c'est : Le mur-à-mur n'est
pas réaliste actuellement dans
l'offre de services, pas plus que le mur-à-mur n'existe dans le support aux
organismes d'une région à l'autre.
Donc, je pense qu'il y a
aussi un travail qui doit être fait. S'il
y a des attentes, il doit aussi y
avoir un support aux organismes qui décident de s'engager. Mais certains
organismes, ils ont décidé de ne jamais faire de popote roulante parce qu'ils n'avaient pas les ressources pour le
faire et que le réseau de la santé ne les supportait pas dans un projet comme
celui-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous reste une
minute.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, j'aimerais faire un commentaire
là-dessus.
C'est intéressant, ce
que vous dites, parce que le réseau de la santé, comme de fait, s'est développé
avec une saveur locale dans la plupart des
secteurs. Là, le projet nous arrive puis dit : Maintenant, au Québec,
partout, que vous soyez n'importe où, la majorité des services vont être
donnés de la même façon. Si c'est vrai pour vous qu'il faut respecter la culture locale, avec un développement
qui peut être différent à Montréal, de la Gaspésie, de Rimouski… mais la façon dont le projet est amené, c'est que
maintenant ça va être centralisé, et l'octroi des montants va être en
fonction que vous devez fonctionner partout
de la même façon parce que l'argent va suivre le patient. Dans votre cas à vous
autres, c'est une enveloppe globale, mais le
réseau de la santé, et l'assurance autonomie en fait la promotion, ça va être
la même recette partout au Québec. Que vous soyez au Lac-Saint-Jean,
comme je vous dis, en région rurale, ou à Montréal, théoriquement ça va être
les mêmes règles qui vont s'appliquer partout.
Et, moi, la question
que je me pose, puis c'est une question que, je pense, les gens doivent se poser :
Cette grande volonté d'homogénéisation,
est-ce que ça ne nuira pas, justement, au développement de ressources qui sont
plus appropriées localement, parce que chaque endroit est différent? Qu'est-ce
que vous en pensez?
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, malheureusement, le temps s'est
écoulé, M. le député de Jean-Talon.
Alors,
Mme Sauriol, M. Tankoano, M. Cormier, on vous remercie d'être ici avec nous
aujourd'hui, et faire votre présentation, et partager votre expertise
avec nous.
Je demande les gens
de La Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec
pour prendre la place à la table et je suspends pour quelques instants
seulement.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 16)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on souhaite la
bienvenue à La Fédération des coopératives
de services à domicile et de santé du Québec. Bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation, suivie d'un
échange avec les membres de la
commission. Avant de commencer votre
présentation, pour les fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms et
vos titres, s'il vous plaît.
La Fédération des coopératives de
services à domicile et de santé du Québec
M. Brouillard (Robert) : M. le
Président, M. le ministre de la Santé, Réjean Hébert, mesdames
messieurs de la commission,
bonjour. Mon nom est Robert Brouillard, je suis président de La Fédération des
coopératives de services à domicile et de
santé du Québec. Je suis accompagné
aujourd'hui de M. Pierre Beaulieu, vice-président Santé, de Mme Manon Loranger,
vice-présidente, secteur Services à domicile
et gestionnaire d'une importante EESAD — Mme Loranger — et de M. J. Benoit Caron, directeur
général de la fédération.
Fondée en 1985 par
les cinq premières coopératives de services à domicile du Québec, La Fédération
des coopératives de services à domicile et de santé du Québec regroupe
présentement 43 coopératives et 19 OBNL de services à domicile ainsi que de 35 coopératives de santé. Les
entreprises membres de la fédération, dont principalement les coopératives que nous représentons, sont
majoritairement administrées par des usagers et des représentants d'usagers.
Elles ont été créées pour et par les
personnes qui en utilisent les services. Ultimement, la fédération s'exprime au
nom de personnes qui sont directement visées par le projet d'assurance
autonomie.
Maintenant
que vous avez une brève idée de la clientèle que nous représentons, je cède la
parole à M. J. Benoit Caron, le directeur général, que nous avons
mandaté pour vous présenter les grandes lignes de notre mémoire. Merci.
M. Caron (J. Benoit) : Alors, bonjour à tous. Afin d'être efficace, je
vais me concentrer sur un texte que je vais vous lire. Par la suite, je
serai très heureux de répondre aux questions.
Alors, comme le
précisait M. Brouillard, c'est par et pour les usagers que nous travaillons.
Les entreprises d'économie sociale en aide à domicile que nous représentons
sont principalement administrées par les usagers. Je préciserais dès le départ
aussi que c'est un réseau qui s'est… Le réseau des EESAD particulièrement,
parce qu'on va parler des coopératives de
services à domicile, des OBNL de services à domicile, mais également des
coopératives de santé… mais, en ce
qui concerne le réseau des entreprises d'économie sociale en aide à domicile,
je vous dirais qu'elles se sont
développées, ces entreprises-là, d'une façon stratégique et avec un
développement qui était réfléchi préalablement.
Alors, il me fait plaisir de vous présenter le
mémoire de la fédération, intitulé Des réseaux d'expérience pour soutenir
des personnes.
La population du Québec
vieillit rapidement, et notre système de santé exerce une pression croissante
sur les ressources financières de l'État. Le statu quo est, selon nous,
difficile pour la livraison de services de santé. Ça ne représente pas une
option viable et réaliste. Pour nous, l'assurance autonomie s'inscrit dans une
démarche logique, incontournable dans le
développement des services à domicile. C'est pourquoi nous saluons l'initiative
du gouvernement du Québec
d'entreprendre un changement de cap important vers l'autonomie des personnes et
le soutien à domicile. Les entreprises d'économie sociale en aide à
domicile et les coopératives de santé constituent des infrastructures déjà
opérationnelles et présentes auprès d'un grand nombre de personnes âgées ou
souffrant d'incapacités. Elles sont par conséquent
en mesure de jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration et dans la mise
en oeuvre du projet d'assurance autonomie.
Les EESAD, en raison de leur expérience de plus de 17 ans avec une clientèle en
perte d'autonomie et la qualité reconnue
de leurs services, constituent et sont prêtes à entamer ce tournant majeur dans
le redéploiement de leur offre de services.
D'ailleurs,
dans ce contexte, le ministre a ouvertement indiqué que les EESAD seraient des
partenaires privilégiés dans le
développement des services à domicile, ce qui est tout à fait en accord, nous
croyons, avec l'adoption récente du projet de loi n° 27 qui
reconnaît formellement l'apport des entreprises d'économie sociale dans le
développement socioéconomique du Québec.
• (16 h 20) •
Les
coopératives de santé, en offrant, à proximité
du citoyen, l'accès à des services de santé de première
ligne, contribuent déjà à la prévention de la perte d'autonomie, particulièrement
pour les personnes âgées. La proximité des services
de santé de première ligne est un élément important dans le choix du
milieu de vie et un facteur déterminant dans le développement de leur autonomie. En matière de services à
domicile, de services à domicile… pardon, les EESAD ont été identifiées comme des partenaires dans le
déploiement des services à domicile par la mise en place de l'assurance
autonomie, et ce n'est pas pour rien.
On compte au Québec 102 EESAD, 102 entreprises d'économie
sociale en aide à domicile, réparties dans 17 régions administratives de la
province. On se rappelle que les EESAD regroupées au sein de la fédération
bénéficient d'un réseau d'affaires organisé
offrant divers services professionnels dans le domaine du droit, de la gestion
des ressources humaines,
du développement des affaires, de la gestion des entreprises,
du marketing, de la recherche, du développement
de la santé et de la sécurité du travail. Le
lien de confiance durable, en ce qui
concerne les usagers, qui a été
développé avec les EESAD repose non seulement sur leur satisfaction vis-à-vis
les services rendus, mais aussi par le contrôle qu'exercent les usagers sur les
activités. Seules les EESAD, et plus spécifiquement encore peut-être les
coopératives, confèrent ainsi un pouvoir
décisionnel réel aux utilisateurs de services. Étant donné l'influence
qu'exercent les usagers sur les
EESAD, la qualité et l'accessibilité des services figurent en tête de liste des
priorités de nos membres, et l'offre de
services de ces entreprises évolue en
fonction des besoins exprimés par
leurs clientèles. En favorisant le maintien à domicile, les EESAD contribuent à la baisse des coûts d'hébergement, ce qui génère des économies considérables pour la société. De plus,
elles favorisent également l'économie des communautés en permettant aux personnes
âgées de demeurer le plus longtemps possible dans leurs localités.
Les EESAD
sont en quelque sorte la preuve concrète des impacts positifs que peut
avoir l'investissement dans le
soutien à domicile et le renforcement de l'autonomie des citoyens.
Cette réussite démontre aussi, selon nous, le potentiel immense de la mobilisation des individus et des
milieux. Concernant les coopératives de santé, elles sont 50 actuellement à être présentes au Québec. Elles développent leur activité
selon un principe de subsidiarité et de complémentarité à l'égard des autres
intervenants locaux, notamment les centres de santé et de services sociaux.
Elles représentent un atout significatif
pour la qualité de vie des personnes et la cohésion des communautés en
permettant aux personnes en perte
d'autonomie de choisir de rester à domicile grâce à la proximité des services
qui y sont offerts. Les coopératives de
santé n'agissent pas seulement en offrant des services curatifs, mais également
en offrant des services préventifs. Le développement de l'autonomie, à
notre avis, débute par le soutien d'une offre de services complémentaire pour
la prévention de la perte d'autonomie et le
soutien aux personnes et à leurs proches aidants. Bien vieillir en
santé est, selon nous, le point de départ de l'autonomie.
Nous avons,
dans le mémoire que nous avons déposé, 27 recommandations. Je ne vous
citerai pas ces 27 recommandations dans cette partie de notre présentation, mais, bien que très ouverte
au projet d'assurance autonomie, la fédération tient à faire quelques recommandations ici afin que l'implantation de l'assurance autonomie se fasse au plus
grand bénéfice de tous.
Pour être une
réussite, selon nous, l'assurance autonomie doit tenir compte, dans son
élaboration et sa mise en oeuvre,
de certains principes directeurs. Le mémoire que nous vous présentons, comme je
viens de le préciser, contient 27 recommandations. Il nous apparaît essentiel de maintenir une aide financière pour l'ensemble
des clientèles actuellement soutenues par le Programme d'exonération
financière pour les services d'aide domestique, et le crédit d'impôt pour le maintien à domicile d'une personne âgée. La prévention
et le soutien aux proches aidants sont également importants pour nous. Il sera primordial de tenir compte de
la capacité de payer des usagers lorsque viendra le temps de fixer les tarifs
des services et les aides financières
disponibles. Je vous dirais que c'est un point sur lequel on insiste beaucoup : la capacité de payer des
usagers. Il sera aussi nécessaire d'élargir l'actuel panier de services du
PEFSAD aux services relatifs aux activités
de la vie quotidienne, cela en misant sur l'actuel réseau des EESAD solidement
implanté partout au Québec. De
plus, nous souhaitons que les EESAD soient reconnues comme les fournisseurs
prioritaires de l'offre de services relative aux activités de la vie domestique et aux activités de la vie
quotidienne. En ce sens, une collaboration en complémentarité des services devrait
être accentuée avec les centres de santé.
Également, il
serait important de définir pour les EESAD une base de service en
AVD et en AVQ qui réponde aux besoins
des communautés mais également aux réalités régionales. Il est important
pour la fédération de reconnaître, dans le cadre de l'assurance autonomie ou en marge
de celle-ci, les coopératives de santé comme des ressources complémentaires du réseau public en matière de services de santé de première ligne et en prévention et promotion de la santé.
En terminant,
il faudra s'assurer de la disponibilité du soutien. Ça,
c'est un point important aussi, s'assurer de la disponibilité du soutien,
des ressources et des programmes nécessaires pour former une main-d'oeuvre
qualifiée. Il faudra aussi prévoir une
rémunération et une reconnaissance correspondant au travail accompli par les
préposés d'aide à domicile. Si toutes ces conditions sont réunies et que le
réseau des EESAD et des coopératives de santé, des réseaux d'expérience, sont mis à contribution pour
soutenir l'autonomie des personnes, nous pensons que plus de Québécoises
et plus de Québécois auront la chance de vieillir chez eux en recevant des
services de qualité. Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Alors, maintenant, pour le bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert : Bien, merci
beaucoup, messieurs, madame, de votre
mémoire et de votre appui à ce projet d'assurance autonomie.
Vous l'avez
souligné, la loi-cadre sur l'économie sociale est venue confirmer l'intention de notre gouvernement de donner une importance plus grande à l'économie sociale, et
l'assurance autonomie s'inscrit tout
à fait dans cette lignée et
dans cette philosophie.
Je voudrais, avant d'aller plus directement sur
votre mémoire, corriger certaines affirmations du député de Jean-Talon,
tout à l'heure, qui dit : On veut imposer la même recette
partout. Ce n'est pas la même recette partout. On veut avoir une équité dans l'allocation budgétaire
qui est donnée pour les services en autonomie, mais le menu va varier d'une région à l'autre, dépendamment de ce qui a
été développé dans les entreprises d'économie
sociale, dans les organismes communautaires,
dans l'offre de services, en général, des partenaires. Alors, l'assurance
autonomie, c'est tout l'inverse, c'est
de s'adapter aux réalités générales, aux réalités locales, régionales mais
d'avoir une équité dans la distribution des ressources. On a entendu des
groupes. Et puis je ne sais pas si vous avez suivi les travaux de la
commission, mais les oreilles ont dû vous
siler parce qu'il y a des groupes qui ont tenu ici des propos assez négatifs et
teintés de toutes sortes de clichés à l'endroit des entreprises
d'économie sociale, sur la qualité du travail, sur la qualité de la formation.
J'aimerais que vous nous donniez votre point de
vue sur la qualité et les services qui sont rendus par les entreprises
d'économie sociale au Québec.
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : On a pris la
peine, dès le départ, M. Hébert, de préciser les caractéristiques qui sont présentes dans les entreprises d'économie sociale,
celles qu'on représente particulièrement, et on vous a dit que c'était
par et pour l'usager.
Alors, il est
peu probable que, dans une entreprise comme celles dont on parle… que les
services de qualité ne soient pas présents, parce que ce sont les
usagers eux-mêmes qui administrent ces entreprises-là, pour la très, très grande majorité. Alors, bien qu'on ne puisse pas
prétendre... Il y a 6 700 préposés, hein, qui interviennent, 6 700
préposés d'aide à domicile qui
interviennent. Simplement dans le PEFSAD, là, c'est près de 6 millions
d'heures de services, vous le savez tout aussi bien que moi. Alors,
c'est sûr que chacune de ces heures de services là... on intervient auprès d'un
utilisateur, d'un usager qui est différent,
avec des préposées qui sont différentes. Pour plusieurs, c'est sûr que ce n'est
pas à 100 % toujours pareil. Il y a des
circonstances, il y a des situations qui vont faire en sorte que le service
d'une préposée versus une autre
préposée va peut-être être différent. Mais ce sont des individus qui
interviennent auprès de personnes en
perte d'autonomie, qui ont maintenant un métier, hein? Les préposés d'aide à
domicile, il y a une norme professionnelle maintenant au Québec, c'est un métier qui est reconnu. La plupart des
entreprises, pour ne pas dire la presque totalité des entreprises, ont des budgets de formation. Ils
investissent dans la formation. C'est un réseau qui n'a pas été improvisé,
vous le savez tous, parlementaires que vous
êtes, parce que c'est un réseau qui a été planifié à compter de 1996-1997, qui
s'est développé en fonction de la volonté des communautés mais également en
fonction de la volonté de l'État, à cause du PEFSAD mais à cause aussi
d'une stratégie qui était là.
Alors, on est
heureux, nous, d'affirmer que la qualité qu'on retrouve dans les EESAD est fort
appréciable, et c'est sans beaucoup d'hésitation… ou sans aucune
hésitation, même, qu'on va vous dire qu'on est prêts à relever le défi de l'élargissement du panier de services aux AVQ, ce qu'on
fait déjà dans plus de la moitié des entreprises. Alors, au niveau des services d'AVQ, qui sont des services qui
demandent peut-être une formation supplémentaire, c'est plus de la moitié
des entreprises… la moitié des 102
entreprises qui interviennent déjà à ce niveau-là. On travaille en
collaboration avec les centres de santé et de services sociaux. On est
administrés par des usagers.
Alors, la marge de manoeuvre pour ne pas offrir
des services de qualité est vraiment très, très mince. On doit offrir des
services de qualité.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre.
M.
Hébert : Les groupes syndicaux vous considèrent plus comme
des compétiteurs que comme des partenaires, ce qui m'a un petit peu étonné parce
que vous êtes déjà membres des
réseaux intégrés de services pour les personnes âgées notamment depuis de très nombreuses années, et ce
partenariat-là est important, à mon avis, pour l'intégration des services. L'argument
évoqué, c'est qu'en multipliant les partenaires on diminue la continuité des
soins puis on diminue l'intégration.
Quelle est votre perception à vous de cette
affirmation?
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Comme les gens
chez qui on intervient sont nos administrateurs
très souvent, on a toujours préconisé,
nous, d'éviter la multiplication des intervenants, sans pour autant prétendre
qu'on avait toutes les compétences.
Alors, selon
nous, le travail qu'on peut faire, qu'une préposée d'aide à domicile peut faire — une préposée qui a été formée pour faire des AVQ, une préposée qui est
aussi formée pour faire des AVD, bien entendu — va agir en complémentarité avec les ressources peut-être plus spécialisées qu'on va
retrouver en centre de santé et de services sociaux auprès des autres intervenants. On pense... puis,
nous, c'est un mot qui est omniprésent, là, dans notre démarche actuellement, c'est la complémentarité. Alors, ce
qu'on souhaite, ce n'est pas remplacer, d'aucune façon. On ne veut pas
remplacer les gens. Par contre, pour avoir lu attentivement la première partie
du livre blanc, on est tous capables de comprendre
qu'il faut changer les choses, puis il faut peut-être multiplier les ressources
disponibles, de façon à pouvoir répondre à une demande qui peut être
assez importante au cours des prochaines années.
Donc, on veut
travailler en complémentarité avec l'ensemble des acteurs tout en affirmant
notre capacité de le faire.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : Le projet
d'assurance autonomie prévoit une certaine forme d'accréditation pour les
prestataires notamment qui va déterminer la
formation nécessaire pour le personnel et les professionnels qui sont appelés à
intervenir auprès des usagers.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cette
orientation de l'assurance autonomie?
M. Caron (J. Benoit) : Les 102
EESAD…
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Merci. Les 102
EESAD, qui se sont développées un peu avant 1996, parce qu'on avait des coopératives qui existaient déjà avant, mais
qui n'étaient pas nécessairement accréditées dans le cadre du PEFSAD qui
est arrivé en 1997, les 102 EESAD ont été accréditées.
Je racontais à des gens cet après-midi qu'une
démarche d'accréditation, là, ce n'est pas une démarche qui est simple, c'est une démarche qui est complexe et qui
implique beaucoup d'intervenants, qui implique les organismes du milieu,
qui implique… à l'époque, qui impliquait les centres locaux de services et de
santé, qui impliquait les régies régionales — aujourd'hui, les agences — pour arriver finalement à obtenir une
accréditation comme entreprise d'économie sociale pouvant offrir à ses usagers le programme d'exonération
financière. Alors, les 102 EESAD l'ont déjà fait en ce qui concerne le programme d'exonération
financière. Et la plupart des EESAD ont déjà des ententes de contractées, là,
avec les centres de santé et de services sociaux. On avait une rencontre
provinciale récemment où un grand nombre d'EESAD étaient représentées.
Et c'est sans
hésitation que les EESAD vous disent qu'elles sont prêtes à faire les processus
d'accréditation, pour les raisons que
j'ai déjà notées, comme par exemple l'importance de la qualité ou le fait qu'on
est administrés... que les EESAD sont administrées principalement par
les usagers. Donc, oui à l'accréditation.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous soulignez dans votre mémoire que l'assurance autonomie devrait tenir
compte de la capacité de payer des usagers, parce qu'actuellement l'État
fournit 15 % du financement du soutien à domicile. L'assurance autonomie
va nous permettre de contribuer beaucoup plus par un financement public, et il
faut s'assurer que cette contribution de
l'État puisse être plus importante pour les usagers qui sont en situation
précaire au niveau économique et donc
un peu plus importante pour... un peu moins importante, c'est-à-dire,
l'allocation, pour ceux qui ont les moyens de se payer des services. Et donc, quand on dit que le maintien à
domicile est gratuit, là, il n'est pas gratuit, le maintien à domicile,
hein? On sait que 85 % des services sont assumés par les personnes. Même,
on estime entre 2 000 $ et 5 000 $ par mois ce que les gens
ont à débourser pour le soutien à domicile.
Alors, vous, vous êtes d'accord avec une
modulation de l'allocation de soutien à l'autonomie en fonction de la capacité
de payer des usagers.
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Absolument.
Alors, on croit... C'est des valeurs coopératives, d'ailleurs. On a notamment
comme valeur coopérative l'équité. Alors, effectivement, on croit à l'équité.
Par contre,
je profiterais de l'occasion pour souligner que, selon nous — puis on fait des démarches en ce sens
depuis plusieurs années déjà — la capacité de payer des usagers n'est
souvent pas toujours... n'est pas toujours présente.
Le coût pour obtenir des services, quand on a besoin de quelques heures, peut
être assez accessible pour un grand
nombre d'usagers, mais, quand il y a vraiment une perte d'autonomie,
qu'il y a un nombre important d'heures qui doivent être consommées par
une personne aînée en perte d'autonomie, on ne croit pas qu'actuellement ce
soit accessible.
Alors, oui à l'équité, oui à une participation
de l'usager, mais il y a un besoin qui est présent depuis plusieurs années, qui est encore présent, c'est l'aide
financière que l'usager... la disponibilité financière dont il disposera pour
se procurer des services. Si on a besoin de quelques
heures, au moment où on se parle, je crois que c'est accessible à tous ou à plusieurs, mais, si on a besoin de beaucoup
d'heures et si on veut vraiment faire du soutien à domicile, ça veut dire qu'on
va permettre à des personnes en perte d'autonomie de demeurer chez eux avec une
perte d'autonomie accentuée et importante. À ce moment-là, il y a
beaucoup de gens qui n'ont pas la capacité de payer, au moment où on se parle.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : De là l'importance d'augmenter le financement
public de… Vous avez déjà une expérience avec la Régie de l'assurance maladie qui est impliquée dans le calcul de la
contribution de l'usager. L'assurance autonomie prévoit utiliser
également cette même voie pour faire ce même calcul. Quelle est
votre appréciation du rôle de la Régie de l'assurance maladie actuellement?
M. Caron (J. Benoit) : Il y a longtemps qu'on a appris à travailler avec
la Régie de l'assurance maladie du Québec. Alors, ça ne fait pas partie de nos préoccupations actuellement, à
savoir si c'est une bonne chose ou une mauvaise chose. C'est notre
quotidien. On travaille avec la Régie de l'assurance maladie du Québec dans
l'administration des aides financières pour
les usagers, mais dans l'administration du programme d'exonération financière
pour des services d'aide à domicile.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Alors, vous soulignez dans votre mémoire que le
statu quo quant aux stratégies pour la livraison des services de santé, notamment aux aînés, ne
représente plus une option viable et réaliste et même d'un point de vue des
finances publiques. Alors, contrairement à
ce qu'on prétend, juste d'injecter de l'argent, ça ne sera pas suffisant, il
faut changer la façon également de financer les services à domicile.
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Absolument. Je crois qu'il faut changer les
façons de faire, il faut améliorer les façons de faire. Il y a effectivement… Nous, on vous l'a dit tantôt, là, nos
membres, nos usagers sont des citoyens. Beaucoup de ces citoyens-là pourraient demeurer plus longtemps à domicile s'ils
avaient la capacité de payer, si les services étaient disponibles, si
les services étaient accessibles.
Cependant,
ce n'est pas toujours le cas. Et on pense qu'il faut insister sur inciter les
citoyens à avoir le choix. On est
d'accord avec le projet d'assurance autonomie dans ce sens-là, mais il faut
véritablement, et je vais dire encore une fois «véritablement», donner
aux usagers la capacité financière de se payer les services et d'avoir accès
aux services.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous mentionnez également dans votre mémoire, dans
une des recommandations, qu'on doit tenir compte du contrôle démocratique des usagers dans le processus
d'accréditation. J'aimerais ça vous entendre un peu plus là-dessus.
Qu'est-ce que vous voulez dire?
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J.
Benoit) : Bien, on est des entreprises d'économie sociale, alors on
est des entreprises… Les organisations que
je représente ou les 102 qui sont présentes au Québec sont des entreprises
collectives, des entreprises d'économie sociale qui sont administrées,
on l'a dit tantôt, par des usagers. On pense que le fait que l'usager soit impliqué de façon substantielle… Puis on a des
conseils d'administration qui ne sont formés, dans certains cas, que d'usagers
ou de représentants d'usagers. On pense que
c'est un gage solide pour assurer la qualité des services. Alors, on ne croit
pas qu'un réseau parallèle ou un réseau… le
réseau actuel doive poursuivre de se développer en accréditant d'autres types
d'entreprise.
En
ce qui concerne l'offre de services d'AVD et l'offre de services d'AVQ, on
pense que ce réseau-là doit être consolidé.
C'est un réseau qu'on a développé ensemble, tout le monde, ici, au Québec,
c'est un réseau qui est structuré, c'est
des infrastructures qui sont installées, alors on pense qu'il faut miser sur ce
réseau-là, d'autant plus… et, comme je le disais au départ, c'est un
réseau qui est dirigé, administré par des usagers ou des représentants
d'usagers. Alors, si je consomme un service
et que je suis en mesure d'évaluer la qualité et de faire part de ma
satisfaction ou de mon insatisfaction, on croit que c'est un moyen
beaucoup plus facile de s'assurer de la continuité de la qualité des services.
Donc,
le contrôle démocratique, pour nous, c'est un moyen d'assurer la qualité des
services et la continuité des services.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous
n'êtes pas favorables à une utilisation à grande échelle du chèque emploi-services,
et là je comprends mal cette recommandation avec votre préoccupation du libre choix de l'usager. Puis vous savez que beaucoup
de personnes handicapées plus jeunes utilisent le
chèque emploi-services, et c'est un moyen d'avoir une autonomie décisionnelle par
rapport au choix du personnel qui vient donner des services.
Alors, j'aimerais ça
que vous élaboriez là-dessus, sur vos craintes par rapport au chèque
emploi-services.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Bien, on vient de parler de qualité. Alors, on a
des interrogations, à savoir : Comment on peut contrôler la qualité quand le service est offert par des
milliers de travailleurs autonomes qui n'ont que très peu de comptes à
rendre à qui que ce soit?
On
ne dit pas que le chèque emploi-services doit disparaître. On est conscients
que pour certaines clientèles, celles que
vous avez nommées notamment, ce mécanisme-là ou cette façon de faire là
correspond à leurs besoins. Et on respecte ça. Cependant, on croit… et on a de la difficulté
à imaginer qu'une personne en perte d'autonomie, une personne aînée ait les capacités ou l'envie de devenir
soudainement un employeur. Parce que c'est ça, le chèque emploi-services. C'est
l'usager qui devient un employeur, qui doit
identifier, peut-être avec certaines références… mais qui doit
identifier un fournisseur de services. Et la relation employeur-employé
se passe entre deux personnes. On a parlé beaucoup de maltraitance ici. On ne
dit pas que c'est une source de maltraitance, on dit qu'il faut être prudent.
On dit aussi que le
réseau des EESAD que nous représentons sont, à notre avis, des fournisseurs de
services beaucoup plus opportuns que ce qu'on vient de décrire.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous
parlez dans votre mémoire que l'assurance autonomie devrait se préoccuper aussi
de prévention de la perte
d'autonomie. Alors, j'aimerais ça que vous puissiez élaborer sur ce que vous
entendez par «la prévention» et quelles sont les mesures qui devraient
être mises en place pour assurer cette prévention.
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : Quand on a 75, 80 ou 85 ans, si on regarde le
mécanisme de cotation, l'ISO-SMAF, et tout
ça, on doit noter que ça prend quand
même une certaine perte d'autonomie
pour avoir une cote, là, dans l'ISO-SMAF.
On
a des exemples très concrets de personnes qui ont 80, 82 ans, 83 ans, qui sont relativement autonomes mais qui ne peuvent
plus laver une porte-patio, qui ne peuvent plus laver un tour de bain, qui ne
peuvent plus ou qui ne doivent pas
passer l'aspirateur, pour différentes raisons. Alors, ces actions-là sont
susceptibles d'amener des blessures. Alors, c'est là qu'on peut faire de la prévention. On en a parlé
tantôt, je vous le disais, de maltraitance. Nos 6 700 préposés qui se
rendent chez 87 000 usagers annuellement, ils ont un regard
sur ce qui se passe. Ils sont capables de détecter. Tu sais, pour savoir
si quelqu'un est bien ou mal, on n'a pas
besoin d'avoir une longue démarche scolaire, là, pour être capable d'identifier
ça. Alors, on pense qu'il y a un rôle plus important qu'on pourrait
jouer. On pense que les EESAD, comme d'ailleurs les coopératives de santé, jouent un rôle, là, dans la prévention, et dans
le développement de l'autonomie, et dans le maintien de l'autonomie
aussi.
Alors,
on pense qu'on peut jouer encore un plus grand rôle à ce niveau-là. Et on veut
surtout aussi, puis j'en profite pour le mentionner, que l'assurance
autonomie ne soit pas une occasion pour laisser de côté des milliers d'usagers
actuellement qui ne coteraient pas à l'ISO-SMAF.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Je vous rassure là-dessus, ce n'est pas… je vais
dire comme au groupe précédent, et vous y étiez, alors il n'est pas question de vous empêcher de desservir d'autres
clientèles que les usagers qui vont recevoir l'allocation de soutien à
l'autonomie, là. Alors, soyez rassurés là-dessus.
En
terminant, on souhaite démarrer le projet d'assurance autonomie dès 2014. Vous
êtes interpellés au premier chef.
Est-ce que c'est un défi que vous êtes prêts à relever, et vous sentez-vous
prêts à relever ce défi rapidement pour un démarrage d'assurance
autonomie dès 2014?
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : On a déjà plus de la moitié des entreprises, là,
qui offrent des services d'activités de la vie quotidienne, donc. Puis c'est une démarche qui a été entreprise il y
a déjà plusieurs années, où progressivement il y a une augmentation, une croissance de la demande de
services en matière d'AVQ. Vous savez qu'il y a une augmentation… Au cours des dernières années… des deux ou trois
dernières années, l'augmentation du volume de services AVQ vendus par les EESAD a connu… c'est à peu près une
moyenne de 20 %. Donc, à chaque année, depuis quelques années, le volume
d'heures vendues en activités de la vie
quotidienne augmente de 20 %. La grande majorité des préposés d'aide à
domicile ont déjà une formation ou
une partie de formation nécessaire à l'offre de services d'AVQ. Alors,
c'est : Oui, on est prêts à relever
ce défi-là. On a consulté l'ensemble de nos entreprises. Celles qui ont un peu
plus de réserves, c'est concernant leur
capacité, au niveau de leurs ressources financières, à payer la formation, à
recruter les préposés. Il y a un grand, grand enjeu dans toute cette démarche-là, M. Hébert, c'est la capacité d'avoir
les ressources humaines pour aller offrir les services. On vous affirme
qu'on est capables d'avoir les ressources humaines si nous avons les ressources
financières pour les payer convenablement.
Le
Président (M. Bergman) : …fin au bloc du gouvernement. Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de Gatineau… Mme la
députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci d'être ici. On parlait de financement. Je
pense qu'on va continuer sur cette lancée. Avec la politique Vieillir et vivre
ensemble — Chez
soi, dans sa communauté, au Québec, lancée
le 3 mai 2012, il y a eu quand même des fonds supplémentaires qu'on est allés
chercher, je pense, à l'arraché. Je ne me souviens plus exactement le
montant. C'est aux alentours de 30 millions.
M. Caron (J. Benoit) :
5 millions.
Mme
Blais :
5 millions de dollars.
M. Caron (J. Benoit) : Pour les
EESAD, c'est 5 millions.
Mme
Blais : Alors, je pense que…
5 millions, ce n'est pas suffisant si vous voulez vraiment vous implanter
au niveau de l'assurance autonomie ou si
vous considérez que c'est suffisant… ou vous avez besoin d'un rehaussement
de financement?
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Vous le savez,
Mme Blais, il y a des années où que la fédération, avec les deux autres regroupements, la coalition et l'aile rurale, on
fait des représentations auprès de l'État, auprès du gouvernement afin
que l'aide financière accordée aux usagers
soit augmentée. Au cours des cinq dernières années, on a réussi à passer de
10 $, d'aide financière totale, à
13 $. C'est encore insuffisant. Il y a cinq ans, quand on a commencé la
démarche, on estimait que c'était 25 millions que ça prenait.
Alors, à ce jour, avec le 5 millions de la
politique Vieillir et vivre ensemble, on a dépassé légèrement le 10, 12 millions qui se sont ajoutés. Mais, depuis
ce temps-là, il s'est écoulé cinq ans. Alors, je vous confirme que, oui, ça
prend plus d'argent. Ça prend plus d'argent
parce qu'on a une structure, 102 EESAD, des usagers, on l'a dit, 87 000
juste au niveau du PEFSAD. À ça il faut ajouter les usagers qui
consomment les AVQ qui ne sont pas nécessairement dans le PEFSAD. Ces personnes-là ont besoin d'avoir une
capacité de payer. Pour avoir une capacité de payer, elles ont besoin d'aide, ces personnes-là. Et, nous, pour avoir les
ressources, il faut avoir quand même des salaires qui sont convenables, idéalement, concurrentiels, mais disons simplement
«convenables». On ne peut pas prétendre, au moment où on se parle, d'offrir peut-être le salaire le plus convenable
qu'on pourrait offrir. La disponibilité des ressources humaines, on croit
qu'ils sont… qu'elles… C'est réel, il
y en a, sur le terrain, on peut embaucher des gens. Par contre, il faut les
payer convenablement, et ça, c'est
plus difficile pour nous parce qu'on a toujours la préoccupation de maintenir
la capacité de payer de l'usager pour qu'il puisse avoir accès aux
services.
Donc, les entreprises, pendant trop longtemps,
ont maintenu leurs tarifs le plus bas possible pour permettre à l'usager d'avoir accès aux services. Ce faisant,
ils ont aussi maintenu les conditions de travail peut-être en deçà de ce
qu'elles auraient dû être.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Vous avez touché un
point très important. Vous le savez, que j'apprécie le travail des 102
entreprises d'économie sociale. C'est
la capacité des citoyens de payer, le roulement du personnel. Si le personnel
n'est pas assez rémunéré, alors il
bouge énormément, et ce n'est pas toujours facile pour la personne qui reçoit
les services de se reconnaître dans
tout ça parce qu'elle a besoin d'une personne qu'elle retrouve régulièrement,
et souvent la même personne, même si
éventuellement elle peut changer de travail. Mais, quand il y a trop de
bouleversements à toutes les trois semaines, à tous les mois, ce n'est
pas nécessairement sain non plus.
Alors, je
pense qu'il faut que les salaires des personnes qui offrent ces services soient
augmentés en conséquence.
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : On est
complètement avec vous, d'accord avec vous, Mme Blais.
C'est ce qu'on préconise, nous, depuis déjà
longtemps. Par contre, il faut savoir que c'est 65 % des préposés actuellement qui sont dans les entreprises depuis
plus d'un an jusqu'à sept ans. Donc, le jeu se passe entre un an et sept ans.
Et on en a presque 40 % qui sont là
depuis plus de sept ans. Alors, il y a quand même une certaine stabilité. Il
faut savoir que les gens qui sont là,
les préposés d'aide à domicile, sont des gens, principalement des femmes, mais
des gens de coeur, des gens qui… J'en
ai rencontré 40 la semaine dernière, et vous auriez été présents… vous auriez
senti que c'étaient de bonnes
personnes qui aimaient le travail qu'elles faisaient, qui aimaient les gens
chez qui elles se rendaient. Alors, ça aussi, ça joue et ça pèse dans la
balance.
Mais force
est d'admettre effectivement que, si on veut avoir une main-d'oeuvre stable et
de qualité, il faut avoir les moyens de payer tout en maintenant la
capacité de payer des usagers.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci,
M. le Président. Alors, dans cette même lignée, l'avez-vous chiffré, qu'est-ce
que serait un salaire convenable, un
revenu convenable? C'est beau de dire… Bien, on est ici, là, en consultations
sur le livre blanc, puis c'est beau de dire : On a besoin d'offrir
à nos préposés un salaire convenable.
Vous êtes sur le
terrain, vous êtes probablement les meilleures personnes pour identifier ce
qu'est un salaire convenable. Ça représente quoi? Parce qu'au bout de
l'exercice il va falloir déterminer si on a la capacité de se payer l'assurance autonomie telle qu'on la souhaite. Et
vous disiez tout à l'heure aussi : Il faut donner la capacité
financière de s'offrir les services. Oui, il
faut l'évaluer, notre capacité financière. On peut avoir de beaux rêves, mais
il faut être capable encore... Pour les mener à bien, encore faut-il
être capable de se les payer.
Donc,
qu'est-ce qu'un salaire convenable? Et ça peut représenter combien en fonction
du nombre de préposés qu'on a sur le terrain et qu'on devra avoir aussi
sur le terrain pour réaliser pleinement le projet?
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J.
Benoit) : Merci. La matière première des entreprises que nous
représentons ou du sujet qu'on aborde, c'est des ressources humaines.
Au
cours des deux dernières années, nous, à la fédération, on a réalisé deux
enquêtes sur la rémunération afin de pouvoir
alimenter nos membres, à savoir : Bon, quels sont les salaires
convenables? C'est quoi, les salaires du marché? Alors, c'est 4 $ que le privé va offrir de plus, généralement, et
c'est 6 $ que le public va offrir de plus. Je vous dis ça… à quelques sous près, là. Donc, on est facilement,
minimalement, 4 $ en dessous de ce qu'on pourrait payer. Mais on en
trouve, des gens. Le salaire moyen au niveau
des AVQ est entre 12 $ et 14 $. Au niveau des AVD, c'est entre
11 $ et 13 $. À chaque
jour, il s'en embauche, des préposés d'aide à domicile. Alors, est-ce qu'on
doit aller si loin? C'est sûr que tous les préposés d'aide à domicile du
Québec vont dire : Oui, il faut aller si loin.
Comme
État ou comme citoyens, est-ce qu'on a la capacité? Il faudra voir. Mais c'est
sûr que ça ne peut rester ce que
c'est actuellement. Et, si on veut aller de l'avant dans le projet d'assurance
autonomie, surtout, considérant la formation supplémentaire que les gens vont devoir avoir pour offrir des services
au niveau des activités de la vie quotidienne, le salaire doit être
augmenté de quelques dollars. Ça, c'est sans hésitation que je vous le
confirme.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Vous avez aussi, tout à l'heure, suite à une question
du ministre, émis votre opinion quant au chèque emploi-services. Pourtant, on a eu ici des groupes, majoritairement des
groupes qui représentent les personnes handicapées, qui sont venus nous dire que, pour eux, c'était
essentiel de maintenir le chèque emploi-services parce qu'il était important
pour eux de pouvoir déterminer qui viendrait dans leur quotidien, qui viendrait
dans leur bulle et que, ce chèque-là, évidemment, les modalités méritent aussi
d'être améliorées, hein?
C'est
ce qu'on entend, là, de tous les groupes, que, bon, ce qu'on a actuellement, ce
qu'on connaît actuellement est intéressant, mais les conditions de
travail méritent d'être bonifiées. Et donc c'est ça. Et les personnes
handicapées nous disent : Nous, ce
chèque-là, le chèque emploi-services, cette formule-là nous convient, et on
souhaite la maintenir. On craint qu'elle soit retirée et que ce soit
substitué par quelque chose qui ne sera pas satisfaisant et...
Une voix :
…
Mme Vallée :
Bon. Et vous disiez : Bon, c'est des travailleurs autonomes, ils n'ont pas
de compte à rendre.
Mais,
dans la mesure où c'est encadré par l'exigence d'une formation ou par une
certaine forme de reddition de comptes, quelles sont vos craintes à ce
moment-là?
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : On n'est pas... Je pense qu'on respecte le
souhait des associations de personnes handicapées.
Il
n'y a pas de problème à ce niveau-là. Puis on n'a pas dit que le chèque
emploi-services devait disparaître, on a dit qu'il devait être utilisé à
des fins particulières ou à des fins exceptionnelles.
On
prétend, on affirme que le réseau des EESAD est le meilleur fournisseur de
services, pour les raisons que je ne vous
répéterai pas mais que j'ai nommées à plusieurs reprises, à cause de la
qualité, à cause de l'administration, à cause des infrastructures structurées, organisées, des 102 sites qu'on a
partout, de Tête-à-la-Baleine, en passant par l'Abitibi, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine. On est
partout. Alors, on pense que ce réseau-là, ces 102 sites-là sont mieux
organisés pour assurer l'offre de
services à une personne en perte d'autonomie qui a... On le sait, hein,
70 % des usagers du PEFSAD actuellement ont 70 ans et plus et sont
des femmes qui vivent seules.
Alors, on croit que
nos structures d'entreprises collectives administrées démocratiquement sont de
meilleurs fournisseurs de services que M. et
Mme Tout-le-monde, et ça n'enlève pas la pertinence de garder le chèque
emploi-services pour les personnes handicapées.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
sur les AVD puis les AVQ.
Je pense que
ça fait relativement un consensus que les AVD, vous êtes quand même
le groupe qui êtes le plus approprié
pour les faire. Mais, quand on arrive dans les AVQ, les différents groupes qui
sont venus, en tout cas, les groupes syndicaux tiennent mordicus à ce que ça reste dans
le domaine public avec les employés du CSSS et ils mettaient en doute
vos compétences. Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus?
M. Caron
(J. Benoit) : Je vous dirais
que plusieurs des services qui sont requis, qu'on peut qualifier d'AVQ…
qu'ils peuvent très bien être offerts par une préposée d'aide à domicile qui a
reçu la formation.
Très souvent, la formation que va détenir la
préposée d'aide à domicile est la même formation qu'un autre intervenant dans d'autres organisations. Il y a
déjà un peu plus de 500 000 ou
600 000 heures de services AVQ qui sont offerts par les EESAD actuellement. Ces
services-là sont souvent offerts en complémentarité avec les CSSS. Alors,
c'est sûr que nous, on défend l'usager, on
défend l'utilisateur. M. Brouillard l'a précisé dès le départ. On n'a pas
d'autre intérêt que de s'assurer de
la satisfaction et de la qualité des services. On est contre l'offre de
services sans formation, et on va la
dénoncer, et on ne préconise pas ça. Alors, la préposée d'aide à domicile qui
va aller offrir des services d'AVQ va avoir obtenu préalablement une
formation reconnue par une commission scolaire, par le ministère de
l'Éducation.
Alors, on
pense avoir la capacité… on ne pense pas, on affirme avoir la capacité, on le
fait déjà et on est prêts aussi à aller de l'avant pour avoir une offre
qui pourra correspondre à la demande qui nous sera faite.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. D'ailleurs, quand on
voit le projet, vous seriez probablement une des organisations qui
seraient le plus à se développer au Québec.
Compte tenu de ce qu'on peut voir, c'est qu'une
bonne part de ces services-là qui sont AVD et AVQ serait dispensée par vos organisations. Est-ce que c'est
la même lecture que vous faites ou vous voyez un partage des AVQ avec
les CSSS et vous en mineur?
M. Caron (J. Benoit) : On a utilisé
le mot «complémentarité». Je vais le répéter, on pense qu'on doit agir en
complémentarité.
Notre
souhait, c'est d'aller de l'avant dans ce projet-là, comme on serait allés de
l'avant aussi, dans tous les cas, en
fonction de la réalité puis des besoins qui sont présents dans notre société
actuellement. Alors, on a la capacité, on pense qu'on est capables d'avoir les ressources si on a la capacité financière.
Alors, c'est assez confortablement qu'on est prêts à aller de l'avant. On pense être un fournisseur
important. Pourquoi? Parce qu'on a déjà 6 700 préposés qui se rendent
chez des dizaines de milliers
d'usagers. Je l'ai dit tantôt au départ, aussi on est un réseau structuré qui
s'est développé stratégiquement, avec la collaboration des communautés,
avec la collaboration de l'État.
Alors, on pense que c'est simplement la suite
logique du développement qu'on connaît depuis 1996.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Il vous reste deux…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci. Dans vos organisations, est-ce qu'il y a la présence de syndicats?
M. Caron (J. Benoit) : À 30 %.
Le Président (M. Bergman) : M. le
député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci. Puis elles sont affiliées avec quelles centrales syndicales?
M. Caron (J. Benoit) : On en a dans
les principales centrales syndicales.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Comment vous
expliquez à ce moment-là, compte tenu que ça fait également partie des
membres de syndicat, que les syndicats s'opposent tant? Parce qu'on sent
vraiment, là, qu'il y a une opposition à ce que vous puissiez faire les
activités de vie quotidienne.
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : En fait, on
sentait la même… Pour ceux qui étaient là en 1996 ou en 1997, on sentait la
même opposition en 1996‑1997.
Ça n'a pas
empêché un réseau important, que j'ai décrit tantôt, de se mettre en place et
d'avoir des actions et d'avoir des
répercussions importantes pour la société québécoise, là. Demain matin, si vous
disiez à tout ce monde-là qu'ils n'auront plus les 6 700 préposés qui se rendent chez eux, ce serait une
crise importante. Je pense que chacun a ses points de vue. Je pense que
les centrales syndicales ont une job à faire. Nous, on fait la nôtre, eux font
la leur. Il y a déjà 30 % des entreprises qui sont syndiquées.
Et
je ne veux pas extrapoler, là, sur les raisons qui les motivent là-dedans, je
me contente d'affirmer ce que je vous ai déjà dit.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Maintenant, pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée
d'Arthabaska.
• (17 heures) •
Mme Roy
(Arthabaska) : Je vois que vous recommandez de mieux soutenir
les aidants, les proches aidants. Vous offrez
déjà du répit-gardiennage à présence-surveillance. Ça, c'est destiné à alléger
le fardeau des proches aidants, c'est ça?
M. Caron (J. Benoit) : …c'est aussi
pour les aider, si on veut, là. C'est-à-dire que, oui, ces services-là de
présence-surveillance et de répit-gardiennage vont contribuer à améliorer la
situation des proches aidants. Alors, oui.
Et on pense qu'il y a un marché et des besoins
encore plus grands que ceux auxquels on répond actuellement. Beaucoup
de proches aidants, bon, doivent composer avec des réalités
familiales, professionnelles, personnelles qui exigent peut-être
un soutien. C'est une minorité de nos clients, hein? Principalement, je l'ai
dit tantôt, nos interventions se font chez
des personnes aînées en perte
d'autonomie. Mais il y aurait certainement une pertinence à développer des
services plus considérables en augmentant le volume d'interventions
auprès des proches aidants.
Il faut
savoir que le proche aidant, Mme Roy, c'est quelqu'un qui aide une personne en
perte d'autonomie. Donc, moi, je dis souvent : En aidant l'aidant,
on aide l'aidé.
Mme Roy
(Arthabaska) : Il y a des chercheurs de chaires de recherche
qui sont venus nous parler du fait que ces
proches aidants là se retrouvent souvent avant la personne aidée dans le
système de la santé à cause de la lourdeur de la tâche puis de
l'émotivité qui s'y rattache aussi.
Mais, quand
vous avez fait votre répit-gardiennage ou présence-surveillance pour alléger le
fardeau des proches aidants, vous
avez procédé comment pour... Ces personnes-là vous demandent de l'aide ou...
Dans les faits, ça fonctionne comment,
là? Est-ce qu'il y a un service d'offert? Est-ce que c'est vous, en intervenant
dans le milieu, qui se rendez compte que
le proche aidant est pas mal cerné puis il serait temps qu'on fasse quelque
chose pour elle ou lui… surtout elle, hein?
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron (J. Benoit) : On est, je
l'ai dit, des entreprises collectives et bien implantées dans la plupart des
communautés du Québec.
Alors, très souvent, ce sont les conseils
d'administration, les gestionnaires de ces entreprises-là qui vont être informés d'un besoin qui est présent dans leur
milieu. La plupart du temps, cependant, ça va être en collaboration avec
les centres de santé et de services sociaux
ou avec d'autres organisations du milieu où il y a un partenariat qui s'établit
afin de répondre à un besoin qui est identifié, là, préalablement. Donc, c'est
un marché qui n'est pas... Ce n'est pas le principal
marché qu'on a dans les EESAD, c'est un marché où on croit qu'il y a des
besoins encore plus grands, où on pourrait aussi investir afin de
satisfaire ces besoins-là.
Par contre,
vous savez que la présence-surveillance, répit-gardiennage, ce n'est pas
admissible au PEFSAD, là. Donc, ça
doit être des références des CSSS ou encore c'est les personnes, mais ça, c'est
une minorité… qui vont être capables d'assumer eux-mêmes les coûts
engendrés par ces services-là.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme la députée de Gouin, pour un bloc de
3 min 30 s.
Mme David : Pour?
Le Président (M. Bergman) :
3 min 30 s.
Mme David :
Merci, M. le Président. Madame, messieurs, bonjour. J'ai une petite question
toute simple pour commencer.
Vous parlez
beaucoup de la question de la tarification et de la capacité de payer des
utilisatrices et utilisateurs de
services. J'aimerais savoir quelle est la situation actuelle, c'est-à-dire ça
coûte combien, pouvoir bénéficier d'une heure, disons, de services des
entreprises d'économie sociale. Ça peut coûter entre quoi et quoi, minimum;
maximum?
Le Président (M. Bergman) :
M. Caron.
M. Caron
(J. Benoit) : Le tarif
horaire des entreprises... Tantôt, on parlait du mur-à-mur, là. On n'a pas de
tarif mur à mur parce qu'on a des réalités régionales qui sont très
différentes.
Je vous donne
l'exemple. On était avec la gestionnaire de Tête-à-la-Baleine récemment,
puis ils étaient sur le point de
sortir leur skidoo, d'aller offrir des services en avion. Alors, c'est sûr que
ce n'est pas la même chose qu'au centre-ville de Québec. Le tarif moyen, on a fait plusieurs recherches là-dessus, je
vous dirais que c'est… bon, c'est peut-être, si on y va vite, vite, à peu près 20 $ dans la
province, là, dépendamment... Ça peut 18 $ à 21 $ au niveau des
services d'AVD. Depuis quelque temps,
l'usager le plus pauvre, celui qui a sa pension, son supplément au revenu, va
obtenir un maximum d'aide financière, constituée de l'aide fixe et
d'aide variable du PEFSAD, qui va atteindre 13 $.
Donc,
si on fait un calcul simple, la personne doit... ça lui coûte 20 $,
approximativement, et elle doit obtenir, dépendamment de sa situation
financière, jusqu'à 13 $ d'aide financière.
Mme
David : Donc, si on se comprend bien, il y a des personnes qui
doivent payer un minimum de 5 $ l'heure, disons. Je prends votre chiffre le plus bas qui était de 18 $. 5 $
l'heure, pour des personnes pauvres,
c'est beaucoup d'argent. Et, comme vous l'avez dit vous-même, s'il faut donner beaucoup d'heures et de plus
en plus d'heures parce qu'on veut éviter
que les gens soient placés en hébergement, là on parle de quelque chose qui est absolument impossible pour une grande partie des
femmes utilisatrices en particulier qui n'ont que le supplément de revenu
garanti.
Donc, je participe
pleinement à votre discours sur l'augmentation de la capacité de payer des
utilisatrices et utilisateurs. Et
effectivement il va falloir faire le calcul de combien ça coûte pour vrai.
Sinon, on va faire accroire aux
gens qu'on est en train de mettre en place
tout un système de services mais en fait qui va être inaccessible à un certain
nombre.
Il me reste une
minute, peut-être?
Le Président (M.
Bergman) : Oui.
Mme David :
Il me semblait. Je voudrais juste souligner que personnellement je suis toujours
dans le même dilemme face aux emplois donnés
par les services publics et ce que vous proposez de développer, c'est-à-dire toute l'aide à la vie
quotidienne. Et, pour moi, ce n'est pas une question de compétition ou
quoi que ce soit, c'est une question de savoir est-ce que les services d'aide
à la vie quotidienne doivent demeurer des services publics, donc gratuits, donc
effectués par des travailleuses qui gagnent, vous l'avez dit
vous-même, plus cher que dans les EESAD, qui ont un fonds de pension,
qui ont des avantages sociaux. Je pense que
c'est ça, la question de société qu'on doit se poser, et pour le moment je
trouve que c'est difficile d'y apporter une réponse.
Le Président (M.
Bergman) : M. Caron, pour une très courte réponse.
M. Caron (J.
Benoit) : Ce n'est pas une question facile. Effectivement, tout n'est
pas parfait.
Effectivement,
les conditions de travail des préposés doivent être améliorées. Par contre, je
terminerais simplement en vous disant
que, quand on parle du développement des AVQ dans les EESAD, pour nous, ce
n'est pas un projet nouveau, hein? On
le sait, ça fait déjà plusieurs années qu'on le développe, et on souhaite
naturellement continuer à le développer mais avec les meilleures conditions de travail possible et les meilleurs
tarifs possible pour les usagers, en essayant d'offrir et de favoriser,
selon nos capacités, le soutien à domicile au Québec.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Brouillard, M. Beaulieu, Mme Loranger, M. Caron, merci pour
votre présentation, merci de partager votre expertise avec nous.
Je
demande les gens du Regroupement québécois des résidences pour aînés pour
prendre leur place à la table et je suspends pour quelques instants
seulement.
(Suspension de la séance à
17 h 7)
(Reprise à 17 h 10)
Le Président (M. Bergman) : À l'ordre,
s'il vous plaît! On reçoit le
Regroupement québécois des résidences pour ainés. Alors,
bienvenue.
Pour
fins d'enregistrement, on a besoin de vos noms, vos titres, et vous
avez 10 minutes pour faire votre présentation.
Regroupement québécois des
résidences pour ainés (RQRA)
M. Desjardins (Yves) : Merci. Alors, bonjour, tout le monde, M. le ministre, MM.,
Mmes les députés. Mon nom est Yves Desjardins, je suis le président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés, qui couvre l'ensemble
du territoire québécois.
M. Maurice
(Luc) : Bonjour. Luc Maurice, président du conseil du même regroupement,
avec Yves.
Le Président (M.
Bergman) : ...présentation.
M. Desjardins (Yves) : Alors, tout
d'abord, j'aimerais remercier la commission
de nous donner l'occasion de pouvoir
exprimer notre point de vue sur ce projet
de loi si... ou ce livre vert, pour
l'instant, si important pour nos aînés.
Le Regroupement québécois des résidences pour aînés regroupe 650 membres
répartis sur l'ensemble du territoire
québécois qui offrent aux aînés plus de 77 000 unités d'habitation. Notre travail quotidien consiste à
regrouper, à représenter et à
soutenir les propriétaires et gestionnaires de résidences privées pour aînés
offrant un milieu de vie de qualité à des personnes âgées autonomes ou en perte d'autonomie. Comme association, nous
nous efforçons de promouvoir l'efficacité, l'efficience et la qualité des services offerts par nos membres à leurs
clientèles. Nous travaillons à proposer des solutions gagnantes pour nos membres, la clientèle, les
décideurs politiques et tous les intervenants de ce secteur. Toutes nos
actions et nos représentations sont faites
en fonction d'offrir à ceux qui ont bâti le Québec d'aujourd'hui une
alternative de qualité à leur résidence individuelle. Nous leur
proposons un lieu sécuritaire où ils se sentent chez eux, où ils reçoivent des services et des soins d'assistance de qualité et
où ils conservent aussi longtemps que possible leur autonomie et la
liberté d'organiser leur vie. C'est donc
dans un esprit d'ouverture et de collaboration que nous nous présentons ici
aujourd'hui. Comme nous l'avons mentionné
dans le cadre du projet de loi sur la certification des résidences privées pour
aînés, nous sommes d'avis que notre
devoir est d'appuyer toute initiative visant à améliorer la qualité de vie et
la sécurité des aînés au Québec. Nous
vous invitons cependant à la plus grande prudence, car la mise en place de tels
programmes à grande échelle peut facilement mener à des dépassements de
coûts importants et des dérapages non souhaités au départ. Le RQRA base notamment sa réflexion sur une étude
produite en janvier 2012, à sa demande, par la firme Secor, ainsi que
sur l'expérience de ses membres.
Comme vous
pourrez le constater dans le résumé de cette étude que nous avons placé en
annexe de notre mémoire, ont, entre autres, été mandatés par la firme
Secor MM. Philippe Couillard, alors conseiller stratégique chez Secor, et Michel Clair, président et chef de la direction du
Groupe Santé Sedna. Et c'est notamment forts de la participation de ces experts du monde de la santé et de l'expertise du
Groupe Secor dans ce genre d'étude que nous vous présentons ce mémoire.
D'entrée de
jeu, je vous dirais que nous sommes favorables à la mise en place d'un nouveau
mode de financement des services
destinés aux aînés. Le RQRA défend bec et ongles la liberté de choix du lieu de
résidence des aînés. Nous croyons que
le livre blanc sur la création d'une assurance autonomie peut être bénéfique
pour la protection de cette liberté de
choix. Le livre blanc peut représenter une réponse adéquate au contexte de
vieillissement de la population au Québec qui, comme vous l'exposez judicieusement dans votre livre blanc, viendra
mettre une pression insoutenable sur les finances publiques québécoises. Il est, selon nous, plus
que temps de répondre de front à cette question. Nous sommes d'avis que notre personnel représente une ressource
importante en mesure d'offrir, sur l'ensemble du territoire, les services
d'aide à la vie domestique et les services
d'aide à la vie quotidienne auxquels les aînés sont en droit de s'attendre. En
fait, nous les offrons déjà. Décider
à l'avance bureaucratiquement, comme on le fait à la page 25 du livre
blanc, de l'organisme ou de
l'association qui sera apte à offrir une gamme de services ou une autre est,
selon nous, une erreur. Dans la situation démographique vers laquelle se dirige le Québec, nous devons impliquer
tous les acteurs susceptibles de mener à bien cet important virage.
Les
résidences privées pour aînés représentent dorénavant un mode d'hébergement
incontournable au Québec. Il serait
aberrant de ne pas considérer une personne hébergée en résidence privée pour
aînés comme une personne demeurant
aussi chez elle, et bien mal avisés sont ceux qui tenteraient de convaincre un
résident du contraire. Un aîné en résidence est à son domicile, il a
signé un bail pour y habiter et, plus souvent qu'autrement, il y profite des
mêmes facilités qu'un appartement standard.
Au Québec, ce sont 18 % des
aînés québécois de 75 ans et plus qui ont fait le choix de vivre en
résidence privée pour aînés.
Le RQRA…
rappelle, pardon, qu'il est en accord avec le principe et les grandes orientations proposées dans ce livre blanc. La formule des crédits
d'impôt a fait ses preuves jusqu'à maintenant.
Selon le budget 2012-2013 présenté par le ministère des Finances, ce
sont plus de 220 000 aînés qui ont bénéficié, en 2011, du crédit
d'impôt pour maintien à domicile, totalisant
une aide fiscale de 259 millions de dollars. À l'évidence, cette façon de
retourner directement l'argent aux
aînés fonctionne, et il serait contre-productif, voire totalement incohérent de
faire disparaître cette mesure. Ce crédit d'impôt, parce qu'universel,
offre une véritable liberté de choix aux aînés. Plusieurs aînés ont pu faire le
choix de la résidence privée pour aînés
grâce à ce crédit d'impôt. Ces aînés, si cette aide leur est retirée, devront,
dans une grande proportion,
déménager. Comme le livre blanc repose sur cette liberté de choisir, nous nous
interrogeons sur la volonté gouvernementale de faire disparaître le
crédit d'impôt.
En résumé, le
RQRA est d'avis, comme le gouvernement, que le contexte financier et la
démographie commandent un virage
important dans la façon de financer les services offerts aux aînés. Nous
demandons aux parlementaires de porter une
attention particulière... de porter une attention particulière, pardon, à ce
que les discussions entourant le livre blanc sur la création d'une
assurance autonomie ne discriminent pas les aînés selon le genre de domicile
qu'ils ont choisi et qu'elles s'en tiennent au niveau d'autonomie des aînés.
Nous craignons que, dans plusieurs régions, le personnel apte à effectuer les évaluations ne soit pas en mesure
de suffire à la demande. La formule de crédit d'impôt sert la liberté de
choisir des aînés. Il est, selon nous, primordial de le maintenir et de
l'élargir. Le RQRA voit d'un bon oeil le rôle de surveillance et le contrôle
que devraient jouer les CSSS dans la nouvelle assurance autonomie. Cependant,
il faudrait s'assurer que les façons de faire et les balises utilisées pour
accomplir cette tâche ne soient pas à géographie variable.
Finalement,
le RQRA considère que la certification devrait être le seul critère utilisé par
les CSSS pour permettre à une
résidence privée pour aînés de prodiguer ou de dispenser des services AVD, AVQ
aux aînés, ce qu'elles font déjà. Voilà.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation. Pour le
premier bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert :
Merci beaucoup, M. Maurice, M. Desjardins, merci beaucoup pour votre mémoire,
qui nous rappelle ce document de
Secor, qui a été cosigné d'ailleurs par Philippe Couillard. Et j'ai hâte que M.
Couillard puisse discuter avec le
député de Jean-Talon, son collègue, des bénéfices de l'assurance autonomie
parce que ce qui est recommandé dans ce
document ressemble étrangement au projet d'assurance autonomie que nous
étudions actuellement, est basé sur les mêmes principes et je pense que c'est… J'ai participé, avec M. Clair, à
un débat qui n'en fut pas un à une occasion parce que nous étions en parfaite harmonie sur à la fois
les objectifs de ce qui est proposé par le document, Philippe Couillard,
Michel Clair et l'assurance autonomie que nous sommes en train de discuter.
Alors,
pour vous, donc ce que vous retenez de ceci, c'est le choix par l'aîné, un
outil d'évaluation unique, standardisé
pour déterminer les besoins, un financement modulé en fonction du niveau de
dépendance et du revenu. Alors, on voit, là, les mêmes principes qui
sont dans l'assurance autonomie. Je ne me trompe pas?
M. Desjardins
(Yves) : On est très près.
Le Président (M.
Bergman) : Oui, M. Desjardins.
M. Desjardins (Yves) : Excusez-moi. Effectivement, on est très près, à
quelques différences, mais sinon je vous dirais... C'est pour ça qu'on
est d'accord avec le projet d'assurance autonomie dans son ensemble.
M.
Hébert : On mentionne souvent, dans l'opposition surtout,
que juste d'injecter plus d'argent, ça va régler le problème du maintien à domicile, ce que... Si je
comprends bien, pour vous, c'est vraiment un changement majeur dans la
structure de financement, qui va apporter des changements majeurs.
Le Président (M.
Bergman) : ...
M. Desjardins
(Yves) : Vas-y.
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
• (17 h 20) •
M. Maurice (Luc) : Oui, effectivement, il y a un besoin important d'amener des sous. Je vous
dirais, une critique qu'on a faite du rapport, c'est le manque.
Qu'est-ce
que ça coûte exactement? Et on a fait ensemble un petit exercice… un groupe, un
petit comité chez nous, et, si vous
permettez, je vais juste donner en chiffres absolus, là, qu'est-ce que ça
coûte, cette initiative qu'on supporte grandement,
par ailleurs. Si on prend une personne... Il y avait le groupe avant nous,
hein, qui parlait d'économie sociale plus.
Si on prend une année-personne, qu'on met à 40 000 $, pour faire un
chiffre simple, 15 $ l'heure avec bénéfices, et tout, disons,
40 000 $, une personne peut faire à peu près 660 visites par
année, hein, sur une période de 220 jours, bon an mal an, trois visites
par jour, c'est pas mal ce qui se passe présentement. Lorsqu'on fait ça, on
arrive à une année-personne, employée, directement ou indirectement,
préférablement indirectement… peut servir un peu moins de deux clients, deux personnes, si c'est une visite par jour, sept
jours sur sept. Alors, un employé, 1,8 personne, sept jours sur sept. Jusque-là, ça va? On indique ici qu'il y
a 725 000 personnes qui ont une incapacité. À peu près 250 000…
incapacité plus importante, une
incapacité plus grave. On a mis 200 000. Alors, il y a
200 000 personnes au Québec qui auraient un besoin, disons, d'une visite par jour, sept jours
sur sept toujours, hein? 200 000 personnes, ce qui est trois fois
moins. Si on met le facteur de 1,8
qu'on avait tantôt, c'est donc dire qu'on aurait besoin de
111 000 employés ou personnes à temps plein pour faire ce travail-là, un travail qu'on considère par ailleurs
essentiel. Mais c'est quand même 111 000 personnes à temps
plein fois 40 000 $, le même 40 000 $. On parle de
4,4 milliards. Alors, pour moi, c'est important. On est tous d'accord, je
pense, avec ce qu'on veut faire, mais il faut la «coster», cette affaire-là, tu
sais?
Alors,
4,4 milliards. Présentement, si on regarde les chiffres ici, on exclut le
CHSLD, on parle de 39 % fois 2,9 milliards.
On parle de 1 milliard qui est injecté en soins à domicile présentement,
au moment où on se parle. On est sur
le 500 millions, pour lequel on est très contents, l'année prochaine, qui
sera en place. Alors, on a 4,4 milliards moins 1 milliard. Ça
coûterait donc, année 1, 3,4 milliards. Ici, j'ai exclu quoi? J'ai exclu
les voitures que ça va prendre, l'infrastructure,
la supervision, les évaluations, parce que les évaluations ne partent pas pour
ça, la coordination, tout ça. Ce
n'est pas rien, là, il y a une exclusion importante, puis je suis sûr que
plusieurs d'entre vous ont déjà fait des estimés importants à ce niveau-là, mais je mets de côté... Et je sais que, cette
bibitte-là, si c'est très bien organisé, coordonné, on parle d'au moins 30 %. Alors, ce n'est pas rien
parce que c'est dans tous les CSSS. Alors, je voulais juste amener cet
élément-là.
Comment
on va le financer, ça? Parce que, là, on est à 4,4 milliards. Moins le
1 milliard qu'on a déjà, il reste 3,4. Il y a 3,6 Québécois qui travaillent. Donc, c'est 1 000 $
par tête de pipe, par travailleur, au Québec par année, c'est 20 $ par semaine. Et, compte tenu qu'il y a beaucoup de
gens qu'on ne veut pas qu'ils paient ce 1 000 $ là, on aime mieux que
les gens plus aisés les paient et on est
tout à fait d'accord avec ça. Mais, en termes de quantums, c'est important
qu'on saisisse ces quantums-là, en tout cas que moi, je les saisisse,
avant d'aller plus loin dans ce rapport-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous soulignez avec beaucoup de justesse la contribution privée au soutien à
domicile, qui est actuellement de 85 %
et même qui frise le 100 % si on… sauf le crédit d'impôt, dans vos
résidences. Alors, il n'est pas question
pour nous d'aller à 100 % de couverture publique, là, c'est bien clair,
alors, et vous le soulignez très bien. Je pense qu'on peut aller jusqu'à 30 % à 40 % de couverture publique
avec ce qu'on propose actuellement, mais on ne pourra pas aller à
100 %, puis vous le soulignez très bien.
M. Maurice
(Luc) : Et c'est la raison, M. Hébert...
Le Président (M. Bergman) :
M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Excusez-moi. C'est la raison, M. Hébert,
pour laquelle je n'ai pas inclus toute l'organisation, le 30 %
additionnel, parce qu'effectivement on pense, avec raison, vous nous le
soulignez très correctement, que 30 % à 50 % des gens vont... Et c'est pour ça qu'on a baissé aussi à
200 000, de 725 000, parce qu'on sait que 50 % de l'effort,
c'est les familles qui le font beaucoup.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Et là, je vois le temps filer, je voudrais tout de
suite vous rassurer sur une affirmation que vous avez dite, qu'il est dans l'intention du gouvernement
de faire disparaître les crédits d'impôt. Là, je ne sais pas où vous
avez lu ça, mais il n'est pas dans
l'intention du gouvernement de faire disparaître les crédits d'impôt. Par
contre, nous ne voulons pas que le
crédit d'impôt fasse double emploi avec l'allocation du soutien à l'autonomie.
En d'autres termes, les gens qui vont
recevoir une subvention directe pour financer leurs services dans vos
résidences, il ne faudrait pas qu'en plus ils aient le crédit d'impôt.
Alors,
c'est ce qu'on va s'assurer de ne pas faire en double. Mais il n'est pas
question de faire disparaître le crédit d'impôt, soyez rassurés là-dessus... le crédit d'impôt de maintien à
domicile et les autres crédits d'impôt qui, eux, ne font pas double
emploi de toute façon.
Je
reviens sur un élément que vous avez souligné. Pour vous, de pouvoir accréditer
vos résidences sur les services qui
sont donnés aux personnes, parce qu'actuellement on ne les accrédite pas
vraiment sur les services, là, mais sur d'autres critères... Mais les CSSS vont avoir une responsabilité de contrôle de
qualité et donc vont s'assurer que les résidences privées sont équipées convenablement en termes de
formation du personnel, structure de personnel pour pouvoir donner les
services. Je comprends que vous êtes favorables à ce genre de contrôle de
qualité?
Le Président (M.
Bergman) : M. Desjardins.
M. Desjardins (Yves) : Bien, c'était aussi dans notre constat,
effectivement. Le rôle du gouvernement en est un aussi de contrôle. Il
ne faut pas faire n'importe quoi, et bien sûr on appuie cette mesure.
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Oui, juste une petite parenthèse. Chez nous, on a 550 unités de
soins lourds — par
«lourds»... c'est moins lourd que… bien,
qu'au public, on s'entend — moyenne : 1,55 heure-soins et assistance par jour. Pour ces 550 là, ça coûte 45 $ par jour
d'assistance, soins, alors infirmières, préposés et services à l'entretien de
ces unités-là. Les chiffres dont je
vous ai montré tantôt, ça coûte 60 $ par jour pour une visite à domicile
par jour si le domicile est à l'extérieur d'une résidence.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous semblez dire que le livre blanc ne considère
pas beaucoup les résidences privées. Pour moi, ça ne fait pas de doute
que c'est un domicile, là. Et, cette distinction-là, je ne la fais même pas.
Alors
donc, les gens choisissent d'aller en résidence privée pour aînés. C'est un
choix que plusieurs font, d'ailleurs. Alors,
pour moi, c'est tout à fait inclus dans le domicile des personnes. Alors, ça
aussi, je tiens à vous rassurer là-dessus. Et les résidences privées, d'ailleurs, dans les réseaux intégrés de
services, sont de plus en plus intégrées, et je souhaite qu'elles le
soient encore plus par le biais de l'assurance autonomie.
Et, même, on a évoqué
l'expérience du Danemark dans une comparution précédente, où effectivement on
ne retrouve presque plus de CHSLD. En
fait, les gens choisissent de vivre dans une résidence collective et ils
reçoivent les services dont ils ont besoin au gré de leur perte d'autonomie.
Alors, ça fait toute une différence avec un CHLSD, vous en conviendrez. Les gens sont dans leur appartement. Alors, ce
n'est pas un petit lit de CHSLD, là, une petite chambre de CHSLD, mais c'est un appartement où on fournit
les services. Alors, ça, c'est le modèle danois et qui cadre très bien
avec ce que vous avez, avec le réseau de résidences privées que vous avez.
Alors,
le but de l'assurance autonomie, c'est d'adapter les services au fur et à
mesure de la perte d'autonomie, et je vois que vous vous inscrivez dans
cette lignée-là, plutôt que de déménager les personnes.
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Merci. Oui, merci, on est rassurés de vos commentaires, M. Hébert. Il y
avait des éléments dans le rapport qui nous laissaient... portaient à
croire qu'on était un petit peu à l'écart. Alors, c'est pour ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Autre point. Vous avez souligné, là, ce que ça vous
prendrait comme effort pour améliorer les services et puis vous nous dites : Il ne faut pas
déterminer de façon bureaucratique quel est le rôle de chacun des prestataires
de services. J'aimerais ça que vous
puissiez m'expliquer pourquoi, à la page 25, vous semblez dire qu'on
détermine de façon bureaucratique les services qui seront donnés par les
uns et les autres.
Le Président (M. Bergman) :
M. Desjardins.
M.
Desjardins (Yves) : À la page 25 du livre blanc, on spécifie que
les AVQ sont offerts par les entreprises d'économie sociale.
Nous,
on dit : C'est peut-être à l'aîné à choisir s'il va prendre ses services
soit d'une EESAD, ou soit de la résidence, ou soit de la famille, ou soit d'un autre. Peut-être qu'on est allés un
peu pointu, M. le ministre, mais on voulait juste en tout cas établir que, pour nous, le principe
numéro un, puis c'était ça aussi dans notre étude, c'est le choix à
l'aîné : le choix à l'aîné pour sa résidence, le choix à l'aîné
pour son prestataire de services.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
• (17 h 30) •
M.
Hébert : Si je lis la phrase suivante, là : Les
services d'assistance aux AVQ sont
offerts principalement par les entreprises d'économie sociale ou
par des organismes privés RPA…
M. Desjardins
(Yves) : Les organismes privés.
M.
Hébert :
Oui. C'est vous autres, ça.
M. Desjardins
(Yves) : Pourquoi on n'a pas écrit «résidences pour aînés»?
M.
Hébert :
Il est juste marqué entre parenthèses.
M. Desjardins
(Yves) : Ah! Bien oui, bien oui.
M.
Hébert :
Alors, je vous rassure là-dessus, là.
M. Desjardins (Yves) : C'est ça, c'est entre parenthèses. C'est parce qu'on a l'impression qu'on est entre parenthèses un petit
peu dans le document.
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice
(Luc) : C'est les AVD qui étaient en cause, M. le ministre, et non pas
les AVQ.
M.
Hébert :
Les AVQ. Ah, les AVD aussi.
M. Maurice (Luc) : Non. Alors, ce n'est pas indiqué, là, RPA pour les AVD. Alors, c'est
les nuances, bien, qu'on faisait ici.
M.
Hébert :
O.K. Merci de le spécifier.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Mais ce n'était pas une prescription
bureaucratique, je vous rassure là-dessus, c'est... on essayait de
décrire la situation.
Le Président (M.
Bergman) : Il vous reste six minutes.
M.
Hébert :
Je vais peut-être passer la parole à mes collègues pour des questions
supplémentaires.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Dans votre mémoire, parmi les
préoccupations… quelques préoccupations que
vous soulevez, vous en avez une en termes de disparité régionale. Vous
mentionnez que vous craignez que le
personnel apte à effectuer les évaluations ne soit pas en mesure de suffire à
la demande, notamment dans les
régions. Est-ce que vous avez un petit peu plus, là, de détails à nous donner
sur cette préoccupation-là? Est-ce qu'il y a des constats que vous avez
faits ou des exemples que vous pouvez nous donner, là?
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Oui, tout à fait. Je suis présent dans 19 CSSS différents à travers le
Québec et je peux vous dire que c'est très, très inégal, madame, en
termes de disponibilité, de collaboration, de tout ça.
Dans
bien des endroits, c'est très bien. On est fiers même d'être en partenariat
avec le secteur public. Dans d'autres endroits,
c'est beaucoup moins bien, pour toutes sortes de bonnes raisons : des
questions budgétaires, des questions de ressources, des questions d'individus de temps en temps. Mais je peux
vous dire que c'est très inégal. Même chose d'ailleurs pour les per diem, pour les ententes, toutes
sortes d'ententes — je pense
que plusieurs sont très au courant ici — même dans les CHSLD. On parle d'entre
172 $ et 242 $ per diem par jour pour le même soin.
Alors, c'est très inégal dans le Québec
présentement, dans les 94 ou 96 CSSS, madame.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Et j'aimerais ça
que vous nous parliez de votre vision de contrôle de qualité. Vous avez une préoccupation aussi, et en fait j'aimerais savoir
quels types de contrôle de qualité vous préconisez d'instaurer pour l'ensemble
des prestataires de services dans le cadre d'une assurance autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
M. Maurice.
M. Maurice
(Luc) : On le voit comme
tout un défi. Écoutez, juste d'identifier toutes les personnes qui ont besoin
d'un coup de pouce, de les évaluer,
présentement, dans nos CHSLD publics comme privés, on n'est même pas capable
d'évaluer aux six mois nos patients.
Alors, les
évaluations, et évidemment ça diffère de CSSS en CSSS toujours, ensuite
coordonner une prestation de
services, créer des ententes. Il y a des familles là-dedans, il y a les… ce
n'est pas simple. Ensuite, vous rentrez dans les appartements, ou dans les maisons, ou dans les résidences, dans les
villages, de chaque entité ou de chaque personne qui a besoin d'un coup de main, et le processus décisionnel de quelqu'un
qui a 85 ans n'est pas du tout le même que chez nous. Alors, c'est tout un... il y a beaucoup de défis, et j'apprécie
beaucoup la patience et le savoir-être de beaucoup des travailleurs sociaux qui sont au Québec
présentement. Mais, une fois que tout ça, c'est fait, on a évalué, on a
identifié, on a évalué, on a coordonné une prestation de services, de contrôler
la qualité de la prestation au quotidien, parce que ce n'est pas juste une fois contrôlé une fois par mois, une fois
par six mois, de voir si c'est correct ou pas, c'est au quotidien de savoir est-ce
que la personne est venue, et, croyez-moi, j'entends toutes sortes de choses
dans les différents CSSS, ou CHSLD…
ou CLSC, je devrais dire. Ce n'est pas simple, le samedi ou le dimanche,
d'avoir quelqu'un qui va faire deux
visites, puis qui ne se présente pas, puis que ça prend une agence, puis ça
prend… avec une auto, une tierce partie, à temps double, qui rentre pour
pouvoir contrecarrer ça. Et c'est fréquent, ça.
Alors, tous
ces éléments-là font en sorte que le contrôle de qualité va être tout un défi
pour que ce soit fait avec rigueur et avec justesse.
Le Président (M. Bergman) :
M. Desjardins.
M.
Desjardins (Yves) :
J'aimerais ajouter, madame, que l'association a, depuis trois ans, mis en place
de façon continuelle des mesures additionnelles pour augmenter la
qualité chez ses membres.
Le premier souci chez nos membres, propriétaires
et gestionnaires, c'est qu'on n'en veut pas non plus, des mauvaises résidences. Il y en a qu'on refuse, qui
veulent être membres et qu'on ne les accepte pas malgré la certification.
On a mis en place, cette année, des engagements
et on travaille présentement avec la
Corporation de l'industrie touristique du
Québec qui est à développer pour nous un programme semblable à ce qu'on voit
dans le système hôtelier, c'est-à-dire un
système par les étoiles, qu'on compte mettre en place, qui sera combiné
également avec des évaluations auprès de la clientèle sur la satisfaction de la clientèle. On va être en mesure de
mesurer, à ce moment-là, les services qui sont offerts et la qualité des
services qui sont offerts en résidence.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, M. le
député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Bienvenue. Puis je peux vous assurer que notre
formation politique trouve que vous êtes des
grands partenaires dans le réseau de la santé. Je crois que c'est plus de
100 000 personnes qui habitent
dans des résidences privées. Et puis même moi, à l'occasion, je rencontre des
gens et je leur dis : Parfois, on ne peut plus rester à la maison parce que ça prend plus de support, les
résidences privées offrent une belle alternative en termes de logement.
Je veux
apporter une clarification. Le ministre dit qu'on dit qu'il faut juste rajouter
de l'argent. Ça n'a jamais été ça. Ça fait déjà plusieurs années qu'on a
commencé la transformation du réseau, développé plus de médecins à domicile, travaillé avec les CSSS, l'interdisciplinarité
également, l'évaluation. La preuve, c'est qu'on a mis en place le système
ISO-SMAF pour l'évaluation des patients, et il faut travailler en fonction de
ça.
Je tiens à
vous remercier. Vous êtes les premiers qui nous arrivent avec un cadre
financier, puis je crois que vous êtes dans le domaine, et vous êtes en mesure
de bien calculer ce que ça coûte pour garder un patient à domicile. D'ailleurs,
le ministre, lorsqu'on a parlé du cadre financier, a complètement éludé
la question. Il n'a pas… vous en discuter tout simplement parce que… c'est une bonne idée, les principes sont corrects,
le maintien à domicile. D'ailleurs, il a renoncé à beaucoup d'éléments de son projet, la
capitalisation, faire payer une taxe qui va être différente. Il va augmenter
les taxes à l'intérieur de l'impôt.
Maintenant, c'est ça, le jeu qu'ils vont faire. Ce qu'on voit, puis, en
passant, c'est la perception que j'avais de… Quand on évalue de façon sérieuse un
cadre financier, ce n'est pas seulement que trois lignes sur 15 ans, là,
c'est combien ça va coûter, combien ça va
prendre plus de personnes, comment chacun va contribuer, et à la fin, lorsque
vous êtes malade et que vous avez des
incapacités, ça veut dire quoi en termes de coût. Et ce que je comprends, puis
je pense que le cadre financier se tient bien, moi, j'estimais à plus de
2 milliards de dollars la mise en place de l'assurance autonomie,
2 milliards supplémentaires.
Vous arrivez
avec un chiffre de 3,4 milliards, selon les calculs. Ce qui est
impressionnant également, et ça ressemble beaucoup à la transformation du virage ambulatoire, c'est-à-dire qu'on
met en place des principes, on change les lois, mais, quand on arrive pour l'application, ça ne tient pas. Ça ne tient
pas, pourquoi? Parce que, pour tout donner les services que les gens ont besoin,
si ça prend 111 000 personnes,
c'est un chiffre que je pense que le réseau ne pourra même pas réussir à recruter pour les 10, 15 prochaines
années. Ça, c'est sans compter l'évaluation. Puis ça, je tiens à vous remercier. Les gens s'imaginent qu'on évalue le patient et puis qu'après ça on est
correct pour tout le temps, mais c'est
200 000 personnes à évaluer avec nos ressources. En passant, il y
a déjà une commande de prise dans le réseau de la santé actuellement où des ressources sont en train
d'évaluer les patients, les 40 000 qu'il y a dans les CHSLD, et
naturellement, si les situations se
détériorent, parce qu'on va en fonction du financement à l'activité, ça veut
dire qu'il faut réévaluer les patients
sur une base régulière. Vous vous imaginez, évaluer 200 000 patients? Moi,
je ne pas sûr que, du côté gouvernemental, ils savent, ils ont réalisé à
quel point ça peut être du travail qui doit être répété. Et, pendant qu'on fait ça, on tient à le dire, on ne donne pas de
soin, on ne s'occupe pas des gens. Ça, je pense que c'est le commentaire. Et on
va retenir votre démonstration mathématique, puis je pense que le ministre
devrait la regarder également, je pense que la première ministre devrait
la regarder également, mais je suis certain en tout cas que le Conseil du
trésor va la regarder et je pense que les médias également doivent s'intéresser
à ça. Parce que tout le monde supportait le virage pour le maintien à domicile. On est d'accord avec ça, mais, dans
l'applicabilité, on s'en va vers une situation de virage ambulatoire où
ça va faire dérailler le système, et il va y avoir beaucoup de dérapages.
Merci pour la
démonstration, puis je pense que vous êtes les premiers qui arrivent avec une…
D'ailleurs, tout le monde déplorait
qu'on n'avait pas de cadre financier. Tout le monde disait : On est
d'accord avec le principe, mais à la fin ça veut dire quoi, là? Combien
ça va nous coûter? Combien est-ce qu'on va payer les gens, puis ça va être
quoi, l'allocation par incapacité? Moi, je
reviendrais à un point qui est central, c'est la question de si, oui ou non,
vous allez pouvoir faire des AVD et
les AVQ à partir de vos propres ressources. Le discours qu'on a entendu jusqu'à
maintenant, là, c'est que ce serait soit le côté public, CLSC, ou encore les entreprises
d'économie sociale. Mais, jusqu'à
date, le ministre n'a jamais été
clair. Même quand j'ai lu dans le document que c'était la possibilité d'avoir
du privé, bien, ce que j'ai senti de
la part du ministre autour de la table, il ne favorisait pas du tout que l'allocation
aille aux résidences privées et directement à vos employés.
J'aimerais ça
que... votre perception. Puis, s'il le faut, le ministre le clarifiera par la
suite, parce que, là, il ne faut pas avoir le triple discours, là, il va
falloir le savoir exactement...
• (17 h 40) •
Une voix : …
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît!
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...est-ce que, oui ou non, si on évalue un patient qui coûterait...
L'allocation est de 30 000 $. Est-ce que ce 30 000 $
peut être donné à la personne qui va utiliser les services de la résidence
privée? Moi, ma perception, puis le
discours du ministre jusqu'à date, je pense que c'était non, mais je pense
qu'aujourd'hui vous lui avez fait dire que c'était peut-être oui.
Le Président (M. Bergman) :
M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : C'est un
excellent point. Trois, quatre sous-réponses à vos questions.
En ce qui a
trait au dernier point, nous, évidemment, notre souhait, c'est qu'on a
128 000 personnes que l'on prend soin,
il y a beaucoup, beaucoup de gens... Je disais la semaine passée : Il y a
le tiers des gens qui viennent chez nous parce qu'ils se sentent seuls. C'est une question d'isolation, une question de meilleure qualité de vie, de voir des
gens, de parler à des gens. Ceci dit,
ces gens-là vieillissent et, dans plusieurs cas, ont des pertes d'autonomie, ils voudraient
rester chez nous. De payer 1 200 $, 1 300 $,
1 500 $ par mois pour rester chez nous, ils sont capables, mais quand
c'est tout inclus. Mais c'est quand on
a besoin de soins, là ils ne sont pas capables. Le petit 500 $, le petit
800 $ ou le 2 000 $... en fait, c'est plutôt 700 $,
800 $ de plus, et c'est là où les gens quittent, s'institutionnalisent
parce qu'il manque ce petit bout là. Et ce
petit bout là, que ce soit sous la forme du crédit d'impôt maintien à domicile,
que ce soit sous forme d'une assurance
quelconque, ça ferait en sorte que les gens resteraient avec les quelques
personnes avec lesquelles ils ont des atomes
crochus encore pour une grande partie du reste de leur vie. Mais ça, pour moi,
bien c'est important. Tantôt, vous avez
dit... vous avez parlé de coûts. Tout ça, c'est vrai. J'ajouterais deux
éléments à ça. Il y a le risque de perdre un peu le contrôle des coûts. Si vous avez des préposés ou
des gens qui font ça au quotidien, sont payés 15 $ de l'heure, puis
les gens, dans les garderies, sont payés
20 $ ou 22 $, bien c'est une question de temps avant qu'il y en ait
un qui dise : Pourquoi pour les
personnes âgées c'est moins cher puis les... Et ça va amener des choses.
Surtout, il y a un risque important d'amener ça vers la hausse. Ce n'est
pas nécessairement mal, mais c'est des coûts.
L'autre
élément : réputationnel. Si les instances gouvernementales sont impliquées
directement dans les soins au fond du
rang, du sixième rang de tel village, et tout ça, les risques de dérapage, pour
toutes sortes de personnes, à 111 000
nouvelles personnes, là, sont importants pour les instances gouvernementales.
Je sais que pour le gouvernement c'est
assez important de ne pas avoir à encourir ces risques-là, qui sont souvent mal
fondés, des fois bien fondés, mais il y a un risque réputationnel, je
pense, assez important à ça.
Troisième point. Ce n'est pas sûr, mais c'est
bien sûr qu'au niveau démographique le 111 000 dont on parle aujourd'hui
va être 200 000 dans 15 ans. Alors, ce n'est pas rien, ça. Ça, c'est 15 ou
20 ans.
Alors, c'est
ces trois éléments-là de risque additionnels que je trouve qu'il faut faire
attention comment on les gère.
Dernier petit point, un petit clin d'oeil. C'est
vous, M. Bolduc, qui m'avez forcé la main grandement à adopter le SMAF de monsieur. Alors, tous les deux, il y a
déjà cinq ans, vous étiez en harmonie et en accord avec cet outil d'évaluation
là important.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci. Puis, je peux vous dire, c'est moi qui ai fait le travail au ministère
pour faire l'évaluation au niveau des ressources intermédiaires et j'ai
prêché, avant même d'être ministre, l'utilisation universelle du SMAF. Ça a été développé
par l'équipe de Sherbrooke, et c'est un bon mode d'évaluation. D'ailleurs,
c'est pour ça que je trouve drôle
aujourd'hui qu'on nous dise : Vous savez, on va commencer. On dirait que
c'est quelque chose de nouveau, alors
que pratiquement tout le réseau, puis
je tiens à le dire, sauf Montréal, qui a été plus long… et on ramène beaucoup
de problèmes dans le réseau qui ont été plus des problèmes de Montréal,
mais, partout dans les régions, c'est déjà réglé, ça.
Mais je reviendrais à
une question fondamentale. Ça fait la troisième semaine qu'on est ici, là, puis
j'entends aujourd'hui, puis il va falloir
que le ministre me clarifie ça de façon sérieuse… Supposons qu'on fait l'évaluation d'un résident
chez vous et puis qu'on évalue que cette personne-là, en termes d'allocation, mérite des services de
25 000 $. Son incapacité,
c'est 25 000 $ en termes d'allocation. On a trois possibilités de le
donner, deux que le ministre a été clair : ça pourrait être donné par le CLSC, par des services; ça pourrait être
donné par les entreprises d'économie sociale, par des services. Ça, on
est tous d'accord, ça va bien jusque-là.
Mais,
la troisième, là, est-ce que ça pourrait être donné par la résidence privée
avec leurs employés accrédités, assurance
qualité évaluée et que l'argent aille à la résidence privée via la personne qui
aurait une allocation sur le même principe que le chèque services
emploi?
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Dans la mesure où c'est via la personne, là, pas directement à la
résidence. J'aime mieux que ça vienne via la personne. Moi, je suis… ce
serait très, très, très bien.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce que, là, il va falloir le redire
aussi.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Il va
falloir le redire également aux syndicats, parce que, quand les syndicats étaient ici, on développait beaucoup
que ça va être vraiment dans le public. Mais, maintenant, ce qu'on nous dit, puis, je pense, c'est bien enregistré, le
ministre semble vouloir nous dire que l'argent pourrait aller directement à la personne
qui pourrait utiliser le service des résidences privées.
M.
Hébert :
Vous me donnez la permission de répondre, M. le Président?
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M.
Hébert :
M. le Président, est-ce que vous me donnez la permission...
Le Président (M.
Bergman) : Non, la parole…
M.
Hébert :
…
Le Président (M.
Bergman) : Non, la parole n'est pas au ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Allez-y, M. le ministre.
M.
Hébert :
…consent, M. le Président, me donnez-vous le choix?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, je consens.
Le Président (M.
Bergman) : Consentement?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui.
Le Président (M.
Bergman) : Consentement. M. le ministre.
M.
Hébert :
Consentement. Alors, écoutez, tout à
fait, ce sera donné par un
prestataire, qu'il soit une entreprise
d'économie sociale, un organisme communautaire ou une entreprise privée du style des résidences privées, tout à fait. Alors, je tiens à le réaffirmer. Et j'ai dit la même chose aux syndicats aussi, qui n'étaient pas content de cette réponse,
mais je la maintiens.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Je suis très heureux de la réponse du ministre, moi
aussi.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Alors, merci
beaucoup d'être ici, M. Desjardins,
M. Maurice. On est tous les deux d'accord avec le
fait qu'il faut qu'il y
ait de plus en plus de services à
domicile et que les résidences sont les domiciles des personnes qui font
le choix de vivre dans les résidences privées.
Quand
vous avez posé la question du crédit
d'impôt pour maintien à domicile des
personnes de 70 ans et plus, c'est un secret de polichinelle, on sait
que le ministre n'aimait pas ce crédit d'impôt là. Moi, je le sais, je l'ai
entendu souvent. Et vous aviez raison de
vous questionner, parce qu'à la page 29 du livre blanc c'est écrit : Le crédit d'impôt pour maintien à domicile d'un
aîné pourrait être réexaminé afin d'établir l'opportunité de l'adapter et de
réallouer une partie des sommes
économisées à la caisse autonomie. Ça fait que ce n'est pas tout à fait clair, clair, la façon dont c'est libellé pour dire que le crédit d'impôt sera maintenu.
Alors, moi, aujourd'hui, j'aime ça, on dit : Le crédit d'impôt sera maintenu.
Et,
dans le budget Le Québec et ses aînés — Pour mieux vieillir chez soi — et
je veux vous entendre à savoir si vraiment
ça a été mis en place — avant
le budget 2012‑2013, pour les personnes autonomes, c'était 15 600 $ et, après le budget, c'était 19 500 $, pour un écart de plus de
3 900 $. Et, pour les personnes en perte d'autonomie, c'était
21 600 $, après le budget 25 500 $, pour un écart de
plus de 3 900 $.
Est-ce
que ce crédit d'impôt là, au 1er janvier 2013, a été appliqué pour les
personnes de 70 ans et plus dans les résidences privées pour aînés?
Le Président (M.
Bergman) : M. Desjardins.
M. Desjardins (Yves) : À notre connaissance, oui. On fait des vérifications, puis les gens nous
disent qu'effectivement ça a été
appliqué. J'aimerais peut-être apporter : La formule du crédit d'impôt,
des fois on cherche des recettes nouvelles, mais cette recette-là, elle
fonctionne très bien. Les gens sont heureux. C'est difficile pour un aîné, mais il a le soutien de la résidence pour
compléter les documents, puis ainsi de suite, mais c'est facile. Il n'y a pas
de travail au noir. Ça prend naturellement ces soins inscrits au bail ou
ça prend des factures. Le crédit est versé au compte de la personne. Alors,
tout fonctionne.
Nous,
ce qu'on disait, c'est : Si ça, ça fonctionne pour les AVD, peut-on
l'étendre pour les AVQ et fournir de la même façon, que l'argent aille à
l'aîné puis que lui choisisse son prestataire de services?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (17 h 50) •
Mme
Blais :
Tout à l'heure, M. Maurice a dit quelque chose qui sonne et qui résonne, parce
qu'il y a eu une augmentation pour les
personnes qui commencent à perdre de leur autonomie, et c'est là où le bât
blesse parce que ces personnes-là ont
besoin de plus d'heures de service, plus de soins. Vous avez parlé d'un montant
peut-être de 700 $ de plus par mois.
Est-ce que
l'augmentation actuellement fait en sorte que ça comble l'écart ou s'il manque
encore un montant d'argent pour faire en
sorte que les gens qui pouvaient vivre avec 1 300 $, par exemple, par
mois ou 1 200 $... Puis, à un moment donné, ça coûte 2 000 $, ils ne sont plus capables de
vivre dans la résidence, ils sont obligés d'aller ailleurs, d'être
institutionnalisés. Est-ce que ça couvre ce montant-là ou ce n'est pas
suffisant?
Le Président (M.
Bergman) : M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Non, ça ne couvre pas, et c'est plus complexe comme mécanique aussi,
alors les gens ont plus de
difficultés à l'utiliser. C'est utilisé en partie, mais on a un petit peu de
difficultés à roder ça avec autant de facilité que le premier programme. Incidemment, dans les résidences que j'ai,
37 % à peu près de ma clientèle n'utilisent pas de crédit d'impôt parce que leurs revenus sont trop
élevés. Alors, c'est correct, ça fait exactement ce que ça doit faire :
aider les gens qui en ont plus besoin, laisser faire ceux qui peuvent se
le permettre.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme la députée de Gouin, pour un bloc de quatre minutes.
Mme
David : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Peut-être
d'abord des questions très concrètes. Vous dites que vous hébergez
128 000 personnes dans votre réseau de résidences privées. Sur ces
128 000 personnes, vous diriez, soit en
nombre ou en pourcentage, là, combien de personnes ont besoin de soins ou de
services mais qui ne sont pas... vous
savez, qui sont à l'extérieur, là, de ce qu'on pourrait appeler l'hébergement,
la restauration, les services de base? Vous diriez quelle proportion?
M. Maurice
(Luc) : 35 % à 45 %, madame.
Mme
David : 35 % à 45 %. Évidemment, ce que vous nous
dites, c'est que, parmi ces 35 %... c'est-à-dire, parmi les autres personnes, bien, évidemment, elles vont
vieillir et demander, à un moment donné, à avoir des services. Et la question que vous amenez ici, c'est : Qui va
donner ces services? Alors, moi, je vous en repose une, c'est : Quelle est
la formation du personnel que vous
avez dans vos résidences, pour répondre aux besoins, peut-être pas tant les
besoins liés, disons, au ménage
quotidien, etc., mais des besoins un peu plus lourds, là? Parce que vous
dites : On peut le faire nous-mêmes.
J'aimerais ça savoir de quelle formation dispose
votre personnel pour faire ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. Desjardins.
M.
Desjardins (Yves) :
Actuellement, c'est tout récent que le nouveau règlement sur la certification
des résidences va amener des
exigences au niveau de la formation, laquelle on était absolument d'accord,
puisque nous avons nous-mêmes mis en
place une mutuelle de formation. Et il y a un peu plus de 2 000 personnes
qui avaient suivi un programme qui est très similaire, celui qui sera
dorénavant obligatoire.
Il ne faut
pas oublier également qu'il y a beaucoup de préposés qui ont une formation, ce
qu'on appelle le diplôme d'études professionnelles, du réseau scolaire.
Donc, beaucoup d'employés ont aussi cette formation-là.
Mais ce que
ça fait appel, le soutien aux aînés, c'est beaucoup plus des savoir-être que
des savoirs. Et ce qu'on a besoin et ce qu'on recherche, c'est des employés
qui ont des grandes qualités humaines avant tout, et les techniques
s'apprennent par la suite.
Le Président (M. Bergman) :
M. Maurice.
M. Maurice (Luc) : Merci. De façon
précise, pour les 1 300 personnes de ce type qui travaillent chez moi, je peux vous dire que tout le monde a au moins le
cours de base. À cela, bien, on ajoute un cours pour soins palliatifs,
des petites capsules de savoir-être puis de savoir-faire qu'on fait. Mais tout
le monde a au moins un 150 heures, si vous voulez, de formation initiale à ce
niveau-là. Toutes nos bâtisses ont des infirmières auxiliaires 24/7, des
infirmières licenciées, une infirmière licenciée par bâtisse le jour seulement,
pour répondre directement à ce que...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gouin.
Mme David :
Diriez-vous que la formation de votre personnel en ce moment est équivalente à
la formation qui est donnée au personnel des EESAD, pour... Évidemment,
je reste toujours à la partie de l'aide à la vie quotidienne, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. Maurice.
M. Maurice
(Luc) : Je dirais que plus.
J'ai un frère et j'ai une soeur, au Cap-de-la-Madeleine et à Louiseville, qui
travaillent dans les EESAD, et la formation
de chez nous, elle est plus rigoureuse, aucun doute. Il y a beaucoup, beaucoup
de bénévoles, il y a beaucoup de gens de
coeur qui font du travail un peu partout au Québec. L'économie sociale est très
importante, et on peut la garder, cette économie sociale là, mais ce n'est pas
des gens qui ont beaucoup de formation, nécessairement, madame.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. M. Maurice, M. Desjardins, merci d'être
ici avec nous et partager votre expertise avec nous.
Collègues,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la commission
jusqu'à 19 h 30, ce soir,
et vous pouvez laisser vos documents ici pendant l'heure du souper.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, la commission
reprend ses travaux, et nous allons
poursuivre, sans plus tarder, les consultations
particulières et auditions publiques
sur le livre blanc sur la création d'une assurance autonomie intitulé L'autonomie
pour tous.
Alors, ce soir, on reçoit la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec. Bienvenue. Pour les fins d'enregistrement, si vous pouvez nous donner vos
noms, vos titres, et vous avez 10 minutes pour faire votre présentation
aux députés de la commission. Alors, le micro, c'est à vous.
Fédération
interprofessionnelle
de la santé du Québec (FIQ)
Mme
Laurent (Régine) : Merci.
Bonsoir, M. le Président, M. le
ministre, Mmes, MM.
les députés. Alors, je suis accompagnée, à ma gauche, de la première vice-présidente
de la fédération, Mme Michèle Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Bonjour.
Mme
Laurent (Régine) : À sa
gauche, conseillère syndicale au secteur sociopolitique, Lucie Mercier; et, à
ma droite, conseillère au secteur Tâches et organisation du travail, Julie
Martin. M. le Président, on a juste 10 minutes?
Le Président (M. Bergman) :
Oui.
Mme
Laurent (Régine) : Il me
semble, à chaque fois que je viens, vous me coupez des… D'habitude, c'est 15
minutes.
Une
voix : Ça a déjà été 20.
Le Président (M.
Bergman) : …envoyé…
Mme Laurent
(Régine) : 10 minutes?
Le Président (M.
Bergman) : …l'invitation, c'est 10 minutes.
Mme Laurent
(Régine) : O.K.
Le Président (M.
Bergman) : C'est un ordre de la Chambre, alors…
Mme Laurent (Régine) :
Pardon?
Le Président (M.
Bergman) : C'est un ordre de la Chambre, alors on ne peut pas
déroger.
Mme Laurent
(Régine) : O.K. Je ne peux même pas vous en vouloir à vous. D'accord.
Merci.
Alors, je vais aller à l'essentiel avec 10 minutes. Alors, nous vous remercions
de nous permettre de nous exprimer
sur ce projet de loi... sur ce livre blanc, pardon. Vous avez dû voir dans
notre mémoire qu'on vous a déposé — alors, je vais commencer par ça — que la fédération est en mode proposition et
vous allez comprendre pourquoi il y a des choses qui se recoupent avec
le livre blanc du ministre Hébert.
Alors,
en 2011, lors de notre congrès, on a fait une réflexion, et c'était important
qu'on développe des nouvelles avenues
et où les professionnels en soins pouvaient employer leur expertise, leur
savoir, leur humanité dans la construction de modèles novateurs et porteurs d'espoir pour l'avenir et la pérennité
de notre système de santé. Alors, vous avez, dans notre mémoire, les principes centraux qui servent
de balises à la création de ces nouveaux modèles. Vous avez dû voir
aussi dans notre mémoire qu'on a deux pôles sur lesquels on a réfléchi.
Alors,
les personnes âgées, dans un premier temps. On cherche à proposer la mise sur
pied de maisons pour aînés, c'est-à-dire
des milieux d'hébergement sans but lucratif pour les personnes en perte
d'autonomie comme option au modèle des
ressources intermédiaires qui, on le sait, à notre avis, n'a d'autre visée que
le profit. Et ces lieux doivent incontestablement être à dimension humaine, ancrés dans la
communauté et surtout donner du pouvoir aux personnes qui y habitent, aux
familles et aux professionnels qui en
prennent soin. Et la clientèle, pour nous, ciblée de ces petites maisons pour
personnes âgées n'est pas en termes
d'heures-soins, mais plutôt axée sur le libre choix de la personne de vivre
dans un environnement sécuritaire où elle peut prendre toutes les
décisions qui la concernent. L'autre point sur lequel on a réfléchi, c'est la première ligne. C'est clair qu'il y a une façon de
mieux faire pour la première ligne et de mieux utiliser les professionnels
en soins et leur expertise. En ce sens, vous
allez tous comprendre autour de la table, nous proposons et nous travaillons
à la mise sur pied de dispensaires, entre guillemets — entre
nous, on parle de dispensaires urbains — qui pourraient, comme vous le savez, prendre en charge la
clientèle avec des maladies chroniques, qui pourraient… par exemple, les gens
qui n'ont pas de médecin de famille. Donc, on pense que les professionnels en
soins seraient mieux utilisés.
Alors,
vous voyez, j'arrive maintenant à l'assurance autonomie, que nous recevons
comme un projet novateur et qui est
porteur d'espoir. On est d'avis que l'universalité, la solidarité, l'accessibilité,
l'individualisation, l'équité et la gestion
publique doivent être les principes sur lesquels reposera l'assurance
autonomie. En particulier, la fédération est l'organisation des soins et des services. Et d'ailleurs, depuis l'époque
du virage ambulatoire, nous étions d'accord avec le virage ambulatoire pour réduire la durée de séjour, humaniser les
soins en privilégiant le domicile. Malheureusement, à plusieurs reprises, on a dû dénoncer les effets
pervers, puisque les finances n'ont pas suivi et que le virage ambulatoire
s'est fait beaucoup sur le dos des aidantes
naturelles et — comme, la
plupart du temps, le nom le dit, ce sont des femmes — sans
pour avoir autant modifié l'approche institutionnelle. Je vais arriver
rapidement. Je l'ai dit, c'est un projet qu'on trouve novateur et
porteur d'espoir.
Cependant,
il y a des incontournables, pour nous, dans ce projet d'assurance autonomie.
Le succès de l'assurance autonomie
dépendra directement, entre autres, de la capacité de l'instance
locale, donc le CSSS, d'assurer la coordination adéquate entre les partenaires, prestataires de services de son territoire
et rendre cohérent l'ensemble de leurs actions. Pour nous, c'est un enjeu aussi, la communication et la
clarification des rôles des différents intervenants. Tant la population que les intervenants et intervenantes doivent avoir l'information nécessaire
pour bien comprendre le fonctionnement et la portée
de l'assurance autonomie. Évidemment, sur le plan clinique, on s'attend à ce
que le CSSS en ait la responsabilité. On se
questionne cependant sur l'ère de rationalisation de ressources et on
souhaite que les tâches ne soient pas morcelées et que le travail à la chaîne qui est déshumanisé ne soit pas reproduit
dans le projet d'assurance autonomie pour les personnes âgées. Pour ce qui est des professionnels en soins,
nous sommes d'accord avec le gouvernement qui place les professionnels en soins, particulièrement les infirmières, au coeur de ça et nous pensons
aussi que c'est important que ça ne change pas, parce qu'avec le plan thérapeutique infirmier
elles peuvent assurer le suivi clinique. On trouve aussi que le
gouvernement devrait... On ne sait
pas s'il y a eu une erreur ou pas, mais il y a un endroit où, dans le projet,
le gouvernement fait le mélange entre
AVD et AVQ. Or, pour nous, c'est important que ça reste vraiment séparé. Quand
on parle de soins, ça devrait être fait
avec les bonnes personnes. Quand on parle de soins, j'arrive avec la formation
des préposés à domicile. Et, comme ça va
reposer sur le dos des professionnels en soins, le suivi dans les différents
lieux de dispensation des soins soit avec des aidants naturels ou avec
des préposés à domicile, nous vous proposons que la formation soit plus
adéquate pour les personnes qui vont être à domicile.
L'autre point sur lequel on tient à
attirer l'attention du ministre, c'est le financement. Pour nous, c'est
important que ce projet de société
doit être financé équitablement. Tel que je vous l'ai mentionné tout à l'heure,
on a déploré que le virage
ambulatoire n'ait pas été financé à la mesure de nos ambitions. On est très
sensibles aux finances publiques du Québec.
Cependant, on est prudentes face aux scénarios catastrophiques qui prédisent
toujours l'apocalypse financière pour
mieux justifier des mesures d'austérité. On a pris la liberté de vous mettre en
annexe les propositions faites par la Coalition
opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, dont la
FIQ est membre. Autre volet dans le financement :
pour nous, dans un souci d'équité, on considère que les crédits d'impôt
devraient être abolis et que les sommes devraient plutôt être ajoutées au budget dédié à l'assurance autonomie.
Quant au financement à l'activité, on se souvient que le précédent gouvernement libéral avait formé
un groupe d'experts sur le financement à l'activité à la suite du discours
du budget de mars 2012. L'actuel
gouvernement a élargi son mandat, de ce comité-là. Comme il n'y a pas rien qui
est sorti du comité qui concerne les
personnes âgées et le financement des activités liées au soutien à l'autonomie,
on demande au ministre d'user de
prudence et de ne pas prendre tout de suite des décisions tant qu'on n'a pas le
rapport du comité.
Sur le financement,
l'autre point que je voudrais attirer à votre attention, c'est la RAMQ. On
souhaite que ça demeure un processus
transparent. On ne souhaite pas que, parce que ce serait géré par la RAMQ,
qu'on ne puisse pas faire
d'intervention et qu'il y ait des décisions prises avec une logique uniquement
comptable. Alors, en ce sens, on propose que, parmi les conseils d'administration de la RAMQ qui géreraient ce
budget, des personnes qui sont intimement liées à ce projet-là ou qui sont des prestataires qui vont
recevoir ces services siègent au conseil d'administration de la RAMQ.
Dernier
point, c'est des précisions qu'on demanderait. On comprend qu'avec les 14
profils ISO-SMAF c'est clair que les
profils 1, 2 et peut-être le profil 3 pourraient ne pas être financés, et,
selon nous, on trouve que ce n'est pas une bonne idée parce qu'à ce
moment-là ce serait un recul pour des gens qui sont en perte d'autonomie.
Alors, en résumé, en
dépit des réserves que je viens rapidement d'exprimer, on tient à réaffirmer
notre intérêt envers la création d'une
assurance autonomie au Québec. Cependant, la fédération tient à affirmer de
nouveau sa conviction qu'un recours
accru au privé à but lucratif ne peut se traduire que par un transfert de
ressources publiques vers des comptes personnels
d'investisseurs motivés par la seule et unique volonté de faire des profits.
C'est pourquoi la FIQ sera toujours opposée
à la marchandisation des soins et des services
de santé. D'ailleurs, on a une question à cet égard :
Quels seront les impacts potentiels
de l'Accord économique et commercial global entre le Canada
et l'Union européenne? Est-ce
que cet accord sera l'occasion pour des entreprises
multinationales de venir accaparer des parts de marché au détriment des acteurs
des secteurs publics et privés à but non lucratif au Québec? Dans quelle mesure les ressources financières de l'État nécessaires
à la mise en place de l'assurance autonomie seront-elles drainées par un
prolongement de la durée des brevets de médicaments?
Avec
tout ça, on ne dit pas que le statu quo est acceptable, et c'est d'ailleurs
pourquoi je vous ai rapidement brossé les
travaux sur lesquels la FIQ travaille depuis trois ans. Alors, dans la mesure où le gouvernement va répondre adéquatement aux questionnements
et aux inquiétudes de la fédération, celui-ci pourra compter sur le soutien et la
pleine collaboration de la FIQ. Merci.
• (19 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent, merci pour votre présentation.
Mme Laurent
(Régine) : ...combien de minutes, là?
Le
Président (M. Bergman) : C'était exactement 10 minutes avec les… Alors, pour le premier bloc
du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert : Merci beaucoup, M. le Président. Bienvenue, mesdames. Merci pour votre mémoire.
Vous voyez, Mme Laurent, c'est de
l'optimisation, vous êtes passée de 15 à 10 minutes en livrant votre message
convenablement, alors c'est intéressant.
Mme Laurent
(Régine) : Je n'ai jamais eu aussi chaud de la vie.
M.
Hébert : Écoutez,
merci de l'appui à ce projet important d'assurance autonomie qui, comme vous le dites,
ne fait pas juste augmenter le financement
des soins aux personnes âgées en perte d'autonomie, mais change le mode de
financement en redonnant à la personne le
pouvoir. Et cette nouvelle formule permettra l'émergence de services nouveaux
pour les personnes en perte d'autonomie
comme ceux que vous proposez dans votre mémoire. Je suis heureux de
voir ça.
Au niveau de la clarification des rôles, le livre blanc donne aux CSSS le rôle
d'évaluer les besoins, de superviser, par
les gestionnaires de cas, l'élaboration du plan de services individualisé et également
un certain rôle de gestion de la qualité par les prestataires autres que
les prestataires publics. Est-ce que vous êtes en accord avec ces rôles qui
sont confiés aux CSSS?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Par
rapport aux CSSS, dans notre mémoire,
on a émis un questionnement concernant la flexibilité qui est donnée pour tenir compte de certains paramètres.
Et ce que nous disons dans le mémoire, c'est qu'il ne faudrait pas, sous le couvert de problèmes financiers ou de pénurie de
personnel, que les soins et les services ne soient pas dispensés. Mais
on est d'accord que le CSSS doit assumer la responsabilité.
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre.
M.
Hébert : Au
niveau de la prestation de services,
vous n'êtes pas sans savoir qu'actuellement les entreprises d'économie
sociale, et on les a reçues tout à l'heure dans cette commission, sont déjà
impliquées de façon importante dans la
prestation de soins tant pour les tâches domestiques que pour les AVQ. Vous
n'êtes pas sans savoir également que les résidences privées offrent également
des soins d'aide aux AVQ en plus des tâches domestiques. Nous souhaitons retrouver, dans ce secteur, une gestion publique
et un financement public. Mais nous souhaitons permettre à ces
prestataires de continuer à pouvoir contribuer aux services aux
personnes.
Je voudrais que vous
clarifiiez votre position là-dessus, sur cette orientation de l'assurance
autonomie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Merci. Le questionnement qu'on émet sur les AVD
et AVQ, c'est qu'on a… Dans le livre blanc, si je me souviens, page 22… on
a l'impression que la dispensation de soins... et, nous, ce qu'on voudrait, c'est que vraiment les activités de vie domestique
demeurent les activités domestiques et, dès qu'on touche à la personne, que, nous, pour nous, ce sont des soins. Donc, que
les deux soient clairement établis, parce qu'on avait l'impression, à la
lecture du livre blanc, que quelqu'un qui
est là pour des AVD peut aussi faire des AVQ, et ce n'est pas ce qu'on
souhaite.
M.
Hébert :
C'est bien ce que nous, nous souhaitons…
Mme Laurent
(Régine) : Oui.
M.
Hébert : …dans le livre blanc. Nous souhaitons que les
entreprises d'économie sociale qui donnent déjà des soins à la personne puissent continuer à le faire
mais avec un contrôle de qualité, c'est-à-dire des exigences de
formation de la part du personnel qui donne
ces soins-là. Alors, c'est ce que j'appelle la gestion publique de la qualité,
c'est-à-dire par une amélioration de
la formation, et ça, ça rejoint votre préoccupation d'améliorer la formation
des préposés à domicile.
Mme Laurent (Régine) :
...aussi, on est d'accord sur la formation, ça va.
Le Président (M.
Bergman) : O.K. M. le ministre.
Mme Laurent (Régine) : Excusez, est-ce que je peux ajouter ce qu'on n'a
pas probablement précisé dans notre mémoire?
C'est : Quand on parle de formation, ce n'est pas la formation dans le
milieu de travail, mais c'est vraiment un D.E.P., là, que nous
souhaitons.
Le Président (M.
Bergman) : O.K. M. le ministre.
M.
Hébert : Tout à fait. Alors, c'est tout à fait ça. Donc, une grande partie, actuellement, des soins à la personne sont
donnés soit chez les gens qui vivent dans des domiciles individuels par les
entreprises d'économie sociale ou
dans des résidences privées
d'hébergement. On avait aussi la fédération des résidences privées de personnes
âgées. Ils sont donnés dans ces
résidences-là par du personnel. Nous souhaitons qu'ils soient mieux formés ou
en tout cas assurer un contrôle de qualité, et là vous me rejoignez
là-dessus. O.K. Vous proposez que les crédits d'impôt soient abolis… le crédit
d'impôt pour le maintien à domicile. J'aimerais ça que vous justifiiez cette
position de votre...
Mme Laurent
(Régine) : Mme Boisclair va se faire le plaisir...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Alors, quand on a regardé le financement, on s'est dit : Comment
on serait en mesure de pouvoir
réorganiser les services en ayant le meilleur montant pour les gens? Vous
savez, pour avoir un crédit d'impôt, ce
que les gens font face, c'est qu'ils doivent débourser au départ, et, à la fin
de l'année, ils peuvent réclamer leur crédit d'impôt. Et, dans ce contexte-là, on sait que des gens se privent de
certains services parce qu'ils n'ont pas les argents pour être en mesure de recevoir les soins. Nous, on
dit : Il n'y aurait plus de crédit d'impôt, ça devrait être, ces
argents-là, investi pour que
l'enveloppe, si je peux m'exprimer ainsi, soit plus grande pour que les gens
puissent recevoir toute la gamme de
soins et de services financés publiquement par des impôts progressifs, pas
seulement sur les particuliers. Nous croyons que les entreprises doivent faire leur part. Et, si les entreprises ne
font pas leur part, c'est un problème majeur de société. C'est une question de justice et de solidarité
sociales. Alors, le crédit d'impôt, pour nous, devrait être éliminé.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Notre position dans cet aspect-là, c'est de
conserver les crédits d'impôt, sauf de s'assurer qu'ils ne fassent pas double emploi, c'est-à-dire que les
gens qui auront l'allocation de soutien à l'autonomie devront renoncer
au crédit d'impôt pour qu'on puisse ne pas financer deux fois pour les mêmes
services. Alors, c'est la façon dont on va assurer la transition pour être sûr
que personne ne perd des crédits d'impôt, mais que les gens qui ont
l'allocation de soutien à l'autonomie… que le crédit d'impôt ne fasse pas
double emploi. Alors, c'est la façon dont on envisage de...
Mme Laurent (Régine) : ...la même
logique.
Mme Boisclair (Michèle)
: Si on regarde une question d'équité puis de justice, il y a un problème
quand on garde les crédits d'impôt parce
que, pour avoir droit au crédit d'impôt, il faut que vous soyez capables de le
payer, de le défrayer à l'avance.
Nous, on
dit : Si on a une assurance soutien à l'autonomie, on devrait être en
mesure de l'avoir sans avoir à débourser.
Alors, automatiquement, vous récupérez ces argents-là parce que ça fait une
iniquité. Parce que les gens qui sont
capables de le payer, puis on a vu des différences marquantes entre l'est et
l'ouest de l'île de Montréal… bien, on voit
que, dans l'ouest, on peut se rendre à 1 500 $, dans l'est on peut se
rendre à 500 $ parce que les revenus ne sont pas du même niveau. Si
on veut vraiment qu'une assurance autonomie soit juste et équitable, on ne
devrait plus avoir de crédit d'impôt, et ça
devrait être accessible à tout le monde. Et, si les impôts sont prélevés
progressivement et qu'on a... puis,
vous savez, dans l'annexe qu'on a mise, on dit d'augmenter le nombre de paliers
d'imposition... vous allez récupérer des argents qui sont importants
pour justement pouvoir les mettre en assurance autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Mais on va laisser le crédit d'impôt pour les gens qui y seraient intéressés,
dépendamment de leurs revenus. Mais les gens les moins fortunés
effectivement vont préférer l'allocation de soutien à l'autonomie de façon
grandement majoritaire.
Mme Boisclair (Michèle) : Mais ça crée
deux classes de gens. Nous, on ne veut pas. On dit : Une assurance autonomie. Et les gens vont se les payer par le
niveau de revenus qu'ils vont avoir. Si je gagne plus, même si je suis à
la retraite, bien, à ce moment-là, je vais
avoir un impôt à payer qui va soutenir le reste de la société. Moi, je pense
que l'impôt progressif est toujours
le choix le plus juste et le plus équitable dans une société. Et en tout cas on
est convaincues que, s'il y avait quelques paliers d'imposition
supplémentaires, vous n'auriez plus de problème au niveau financier.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
• (19 h 50) •
M.
Hébert : Vous
parlez du financement d'activités. Effectivement, il y a un groupe de travail
qui planche là-dessus mais surtout au niveau du financement de l'hôpital.
Alors, on les
a rencontrés, et effectivement il n'était pas de leur intention d'examiner les
soins de longue durée. Et ils
voyaient d'un très bon oeil l'orientation de l'assurance autonomie d'implanter
le financement d'activités dans ce secteur-là.
Mais leur rapport... ne vous attendez pas à autre chose que le financement des
services hospitaliers, notamment chirurgicaux
et pour certains actes diagnostiques. C'est là-dessus qu'ils travaillent en
priorité. Alors, on n'a pas besoin d'attendre.
Je veux juste vous dire : On n'a pas besoin d'attendre le rapport de ce
groupe de travail là avant de prendre
les décisions sur les soins de longue durée qui ne sont pas dans leur mandat actuellement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) :
Excusez-moi, M. le ministre. Je
veux bien comprendre. C'est que, la logique pour la caisse d'autonomie,
ça va être à l'activité qu'elle va être regardée.
M.
Hébert : Tout à fait.
Mme
Laurent (Régine) : C'est ça.
Mais, nous, ce qu'on dit dans notre mémoire, la question qu'on pose,
c'est : Comment, puisqu'on n'a pas de donnée pour nous dire ce que
ça pourrait ressembler de faire ça de cette façon-là?
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
Mme Laurent (Régine) : C'est ça, la
question qu'on pose.
M.
Hébert : Mais, au
moment du dépôt du projet de loi, vous en aurez.
Mais le livre blanc fait une proposition des
grands principes de l'assurance autonomie. C'est ce que nous examinons aujourd'hui. Et c'est clair que
l'assurance autonomie, avec la notion d'allocation de soutien à l'autonomie,
implique un financement à l'activité pour les établissements qui vont non plus
être financés sur une base historique mais
bien sur la lourdeur ou le profil d'autonomie des usagers qu'ils desservent,
notamment en CHSLD, et pour les services de soutien à domicile. Alors, c'est l'allocation de soutien à
l'autonomie qui va servir au financement des établissements publics également. Alors, ça amène un financement
à l'activité. Et l'AQESSS voyait de façon très positive cette modification
du financement, qui va permettre aux
établissements d'être mieux financés par rapport aux clientèles qu'elles
desservent.
Le Président (M. Bergman) : Mme
Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Oui, je
comprends, M. le ministre, et je pense que, sur ça, je ne suis pas sûre qu'on
va être en accord, parce qu'on a rencontré
effectivement le groupe de travail au printemps dernier et on a émis de
sérieuses réserves sur le financement à
l'activité. Alors, encore plus... Et, dans ce projet-là, on a vraiment des gros
questionnements. Et, le projet de la
caisse d'assurance autonomie, on vous l'a dit, on est favorables, mais il y a
un noeud important qui est le financement. Parce qu'on ne veut pas, nous, qu'on
retrouve des personnes âgées qui vont être à la maison, à domicile, derrière des portes closes et qui ne pourront pas
avoir les services parce que ce sera mal financé, parce qu'il y aura des
effets pervers au financement à l'activité.
Alors, on ne
les a pas, on va attendre d'avoir plus d'informations, mais, je vous le dis
d'emblée, on a de sérieuses réserves sur le financement à l'activité.
M.
Hébert : Mais on ne
peut pas…
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous comprenez qu'on ne peut pas implanter une assurance autonomie sans le
financement à l'activité. Comment on
finance les services publics? Il faut les financer par l'allocation de soutien
à l'autonomie, les services publics. Alors,
lorsque les gens choisissent d'aller en CHSLD, par exemple, bien c'est leur
allocation de soutien à l'autonomie qui
sert à financer l'établissement qui les accueille, c'est-à-dire le CHSLD.
Alors, c'est implicite. Sinon, on continue le financement tel qu'il est actuellement puis on ne change rien. Il faut
être en mesure de changer le mode de financement, même pour les
établissements publics.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Boisclair (Michèle) : Bien, je vais y
aller, moi.
Mme Laurent (Régine) : Oui,
d'accord.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme
Boisclair (Michèle) : Dans le
financement à l'activité, M. le
ministre, quand on avait rencontré
Mme Thomson et son équipe, on avait
soulevé des grands questionnements par
rapport au fait du choix que des
centres hospitaliers, des CSSS
pourraient prendre pour avoir des activités qui seraient plus payantes au niveau
hospitalo. Si vous me dites qu'il
n'y a pas les effets pervers que l'Angleterre a pu voir dans le financement à
l'activité, et certains pays, dans le soutien à domicile, moi, j'aimerais ça que vous soyez plus
convaincant. Parce que ce qu'on en lit, ce n'est pas jojo au niveau de tout ce qui se passe en… de financement à l'activité, en termes de principes, puis tout ça. Puis je comprends ce que vous dites, vous dites : Si je ne sais pas que
madame a besoin... qu'on aurait tant de… pas tant d'heures-soins, parce que
nous autres, on ne veut pas les
heures-soins, on veut les besoins de la personne... que pour faire son lavage,
que pour l'aider à prendre ses
médicaments, et tout ça, ça vaut 50 $,
pour dire un prix. Mais, aujourd'hui même, on n'est même pas capable
d'identifier le coût d'un geste ou de ce qu'on fait présentement parce que ce
n'est pas quantifié de cette façon-là.
Nous autres,
on dit : On répond aux besoins, on s'organise pour avoir un bon
financement et on ne va pas vers un
financement à l'activité, il faut être en mesure de répondre aux besoins. Il y
a trop d'effets pervers sur le financement à l'activité.
M.
Hébert : …des
effets…
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous parlez des effets pervers, là, dans un mode hospitalier, et je comprends
que le mode de budgétisation
hospitalier présente un certain nombre de défis, effectivement. Mais, dans le
domaine des soins de longue durée, on
a déjà les profils ISO-SMAF qui quantifient vraiment le besoin de la personne.
Et actuellement le problème qu'il y
a, c'est que deux CHSLD qui accueillent des clientèles très différentes peuvent
être financés de la même façon. Alors,
il faut sortir de ça, là, il faut financer les CHSLD sur la base de la lourdeur
de la clientèle qu'ils accueillent et non pas sur la base d'un budget historique. Alors, il faut passer… Lorsqu'on
passe à une assurance autonomie, on passe à un financement plus
équitable des établissements d'hébergement et des missions CLSC également.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Ça va être
déposé quand?
M.
Hébert : Déposé
quand? Le projet de loi?
Mme Laurent (Régine) : Parce qu'on
on a dit qu'on aura…
M.
Hébert : Très
bientôt.
Mme Laurent (Régine) : …plus
d'informations.
M.
Hébert : On est en
consultation sur le livre blanc, alors…
Mme
Laurent (Régine) : O.K.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
Mme Boisclair
(Michèle) : On réagira.
M.
Hébert :
Je voudrais revenir sur les profils 1, 2, 3 que vous souhaitez financer.
Quel
est l'ordre de priorité que vous accordez aux profils 1, 2 3? Parce qu'à un moment donné il va falloir avoir
des priorités, hein, dans l'admissibilité à
l'assurance autonomie. Est-ce qu'on doit financer les profils les moins lourds,
où il y a seulement des besoins en tâches
domestiques, ou on doit se concentrer et apporter un financement plus important
pour les profils 4 à 14, qui ont des besoins
plus lourds? Alors, à un moment donné, il faut faire des choix, puis j'aimerais
ça que vous me donniez vos indications quant aux choix qu'on sera appelés à
faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Merci. Nous, on pense qu'il faut répondre à tous
les besoins. Alors, je ne vais pas vous répondre, M. le ministre, qu'il faut moins financer tel ou tel profil.
Je ne serai pas capable de le faire parce que, nous, il faut répondre à tous les besoins, et c'est pour ça
qu'on a fait des propositions en termes financiers pour être capables, on
pense, de répondre à tous les besoins.
Mme Boisclair
(Michèle) : Si vous me permettez?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Dans votre philosophie de votre livre blanc, si je l'ai bien compris,
c'est qu'on puisse être en mesure
d'assurer aux personnes qui le désirent de demeurer le plus longtemps à
domicile. C'est votre base. Quand les
gens commencent à avoir des difficultés, prenons-les physiques, plus capables
d'aller faire leurs commissions parce qu'ils
ont des escaliers, l'entretien ou des choses comme ça… Je croyais qu'on voulait
atteindre ça aussi avec l'assurance autonomie.
La
faiblesse qu'on a présentement, à part du manque de financement pour le soutien
à domicile des personnes qui s'y
retrouvent puis qu'on est capable de savoir lesquelles en ont vraiment besoin
parce que c'est une problématique qu'on
rencontre dans différentes régions, c'est qu'ils n'ont pas nécessairement tous
ces services-là. Alors, ils se doivent de
défrayer, selon leurs capacités, des gens qui puissent le faire, parce qu'on
n'est pas capable de soutenir ça. Si, demain matin, mes parents avaient besoin d'avoir quelqu'un, parce que moi, je
suis à l'extérieur, mes frères sont à l'extérieur, pour être en mesure de faire leurs commissions,
parce qu'on a envie qu'ils demeurent dans leur maison, l'assurance
soutien à domicile pour les activités de vie domestique devrait être là.
Et
ce n'est pas une question de dire : Je finance un ou l'autre, c'est de
favoriser le maintien à domicile à partir du moment où on identifie une
certaine incapacité pour ces gens-là d'être complètement autonomes.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous mentionnez, dans votre mémoire, votre
préoccupation concernant les structures administratives qui pourraient
être mises en place.
L'assurance
autonomie s'appuie sur les structures déjà en place, les CSSS, et je vous
rassure au niveau du rôle de la RAMQ,
qui va être un rôle simplement de pouvoir gérer le montant d'allocation en fonction
du revenu des personnes, parce que ce qu'on veut, c'est que les personnes avec
des plus faibles revenus aient une allocation plus importante de soutien à
l'autonomie de façon à pouvoir les aider davantage. Parce qu'actuellement,
comme vous le savez, 15 % des services de soutien à l'autonomie sont financés par l'État, peu importe le revenu
de la personne, et le reste, le 85 %, bien ça peut être considérable pour les personnes, surtout celles
qui sont à faibles revenus. Alors, le rôle de la régie va être le même que
ce qu'ils font actuellement pour
l'établissement du Programme d'exonération financière pour l'aide domestique,
là, le PEFSAD, un rôle de pouvoir
moduler l'allocation en fonction du revenu. Alors, c'est simplement un rôle
très administratif et non pas un rôle décisionnel qui, lui, va être
plutôt entre les mains du CSSS.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Oui. On a bien compris le rôle de la RAMQ, M. le
ministre, et justement on se dit qu'on va
intervenir comment suite aux décisions de la RAMQ si la RAMQ fait des choix
pour rationaliser, des choix budgétaires? On ne peut pas aller intervenir à la RAMQ. Alors, c'est pour ça qu'on
propose que des gens… Par exemple, ça peut être le Conseil de la protection des malades qui siège là,
le Regroupement pour le mieux-être des personnes en perte d'autonomie. Donc, on voudrait qu'il y ait quelqu'un, citoyen,
préoccupé de près et qu'il puisse siéger à la RAMQ parce qu'autrement on va se faire dire à la RAMQ : Bien, nous,
on fait juste gérer l'argent, alors allez intervenir... On ne veut pas être
obligé de... que tout le monde se
renvoie la balle quand on voudra intervenir et on voudrait surtout avoir une
personne là de ce type-là, question de transparence dans les décisions
de la RAMQ.
• (20 heures) •
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous êtes préoccupées par l'accord Québec-Canada... excusez, Canada-Europe de
libre-échange. Les services de santé
sont exclus de cet accord-là. Et l'impact des modifications sur la protection
intellectuelle pour les médicaments ne
va se faire sentir que pour les nouveaux médicaments, donc dans 10 ans, et cet
impact-là devrait être compensé par le fédéral.
On a une lettre assez ferme là-dessus. Donc, il y aura peu d'impacts, là, sur
le financement du système de santé.
Alors,
je voudrais vous rassurer sur les impacts de cet accord-là sur le système de
santé. Évidemment, si le fédéral n'avait
pas modifié unilatéralement la formule de transfert qui nous prive de
8 milliards sur les 10 prochaines années, on aurait amplement de financement pour l'assurance
autonomie. Mais le fédéral a pris des décisions sans même consulter les
provinces, et ça nous prive, au Québec, de ces apports financiers
supplémentaires.
Je vais laisser mes
collègues compléter si vous avez des questions.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose. Mme la députée.
Mme Proulx :
Merci, M. le Président. Allez-y, Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Excusez-moi, je voulais… j'ai bien compris,
M. le ministre, que vous nous dites que la santé est exclue. Nous sommes, Mme Boisclair et moi, des
infirmières, donc on a des travers d'infirmières. Nous, là, tant qu'on n'a pas vu puis tant que ce n'est pas
écrit là, on a de la misère. C'est comme dans nos dossiers : si ce n'est
pas écrit, c'est présumé pas fait. Donc, tant qu'on n'a pas les textes, on ne
sera pas vraiment rassurées.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Rapidement, pour faire du pouce sur ce que Régine vient de dire, vous
croyez que dans 10 ans le
fédéral va vraiment vouloir combler? Écoutez, on voit les décisions
unilatérales qui sont faites, on ne sait pas qui va être là dans
10 ans. Il a beau avoir signé des lettres, moi, je vais vous dire que,
tant et aussi longtemps que les textes ne
seront pas sortis… Parce que ça a été un exercice totalement antidémocratique,
cet accord-là, sans connaître les…
puis tout ce qui arrive aussi avec les coupures à l'assurance-emploi, moi, je
veux dire, on ne peut pas avoir un grain de confiance envers le
gouvernement fédéral actuel puis on ne peut pas prévoir dans l'avenir.
M.
Hébert :
Il n'y en aura peut-être plus dans l'avenir, de gouvernement fédéral, alors...
Mme Boisclair
(Michèle) : On va se garder une petite gêne.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste trois
minutes.
Mme
Proulx : Oui. En fait, j'aimerais avoir votre point de vue
parce que vous avez mentionné dans votre mémoire que vous êtes ouvertes, dans le cas d'un projet d'assurance autonomie, à
un partenariat plus élargi avec les entreprises d'économie sociale. En fait, je dirais que ce que vous spécifiez, c'est
que vous ne souhaitez pas qu'il y ait un élargissement, là, ou un
transfert vers les entreprises qui ont une vision plus marchande, donc l'entreprise
privée, mais vous êtes ouvertes aux
entreprises d'économie sociale. J'aimerais ça voir votre point de vue parce
qu'on a entendu des syndicats qui
sont venus et qui nous ont dit, eux : Pas du tout, au contraire, tous les
services et les soins devraient être dispensés exclusivement par le public, même qu'on devrait intégrer au réseau
public les travailleurs des entreprises d'économie sociale.
Et j'aimerais ça que
vous nous expliquiez, dans le temps qui reste, votre position.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Rapidement. Merci. Oui, c'est un travail qu'on a
fait, c'est une réflexion qu'on a faite et c'est parti de notre dernier congrès, comme je vous disais,
rapidement, il y a trois ans, où on s'est mis dans un mode proactif et
on s'est dit : Il faut trouver une autre façon d'aider le réseau public
quand on veut que ça reste public.
Alors,
on est d'accord avec l'économie sociale parce que c'est à but non lucratif.
C'est clair que nos désaccords, c'est
le privé lucratif, et on ne veut surtout pas que l'argent public aille enrichir
les poches du privé. Alors, nous, oui, on est ouvertes. Et, dans les projets sur lesquels nous, on travaille comme
organisation syndicale, par exemple les maisons pour personnes âgées, ça va, il va y avoir de
l'économie sociale là-dedans, on a… Donc, c'est clair que nous, on est à l'aise
avec ce qu'il y a dans le projet.
Le
Président (M. Bergman) : Collègues, il y a un vote à
l'Assemblée nationale, alors je dois suspendre cette commission pour
quelques instants pour permettre aux députés à aller à l'Assemblée nationale
pour voter.
Alors, on suspend
cette commission pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
20 h 4)
(Reprise à 20 h 41)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le ministre, il vous reste
1 min 30 s. Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste
1 min 30 s.
Une voix :
Te souviens-tu?
Mme Proulx :
En fait, oui, j'avais noté dans votre mémoire et je voulais simplement vous
entendre là-dessus… Vous semblez
avoir une grande préoccupation aussi d'augmenter l'autonomie des professionnels
en soins, et j'aimerais ça
vous entendre là-dessus. Pourquoi ça vous préoccupe tant?
Mme
Laurent (Régine) : Merci.
Depuis trop d'années, à notre avis, les professionnels en soins ne sont pas mis
à contribution au maximum de leurs
compétences. Le meilleur exemple, c'est, par exemple, la loi n° 90, qui a
été adoptée depuis plus de 10 ans, 12 ans… 13 ans aujourd'hui et qui
pourrait nous donner des ordonnances collectives.
Donc, on
pourrait faire une prise en charge plus grande de façon très autonome, et ça
répondrait aux besoins de la population. Malheureusement, beaucoup de
nos concitoyens, concitoyennes sont atteints de maladies chroniques, des problèmes d'hypertension, de diabète. Donc, on
pourrait prendre en charge cette clientèle-là qui est déjà diagnostiquée
et qu'on peut faire le suivi clinique. L'autre chose, et sur laquelle on a
travaillé quand je vous faisais l'image des dispensaires
urbains, on pense qu'avec des ordonnances collectives en ce moment on pourrait
faire plus et une meilleure prise en
charge. Malheureusement, par exemple, souvent nos enfants, pour en avoir eu,
ils commencent à faire de la fièvre le
samedi à 7 h 45. On ne pense pas que l'urgence soit le meilleur lieu.
Alors, ce serait possible. On peut savoir, on peut regarder puis voir
que l'enfant, il débute une otite.
Alors, avec
des ordonnances collectives, on pourrait faire la prise en charge et avoir un
corridor s'il y a besoin d'un suivi médical par la suite.
Le
Président (M. Bergman) : S'il vous plaît. Alors, ceci met fin
au bloc du gouvernement. Maintenant, pour le bloc de l'opposition
officielle, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. D'abord, bienvenue
devant notre commission. C'est toujours un plaisir de vous revoir et de pouvoir discuter. Vous avez parlé au
début, le virage ambulatoire, et puis je pense que tous au début ont cru que c'était une bonne idée. Comme
de fait, je pense que c'était un virage qui était essentiel. Par contre,
à ma connaissance, vous avez beaucoup
critiqué le virage ambulatoire. En tout cas, moi, dans nos hôpitaux, là, ça ne
s'est pas fait dans la dentelle, ça a été très difficile.
C'est quoi, votre perception du virage
ambulatoire lorsqu'il s'est fait?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Merci.
Comme organisation syndicale professionnelle en soins, on était d'accord
avec le virage ambulatoire, nous l'avons exprimé, parce qu'on croyait
effectivement que, quand les gens peuvent être à la maison et avoir les soins
requis, que c'était la meilleure chose. Personne ne veut rester plus longtemps
qu'il faut à l'hôpital. Le problème, c'est
que le financement n'a pas suivi dans la communauté. Ensuite, il y a eu
beaucoup de travail qui a été déversé
au niveau des CLSC pour faire les suivis postops. Donc, ça a aussi fait qu'il y
avait moins de temps et moins de finances pour les soins à domicile ou
pour le maintien à domicile.
Alors, le
problème du virage ambulatoire — vous avez raison, on l'a dénoncé
souvent — c'est
que le financement n'a pas suivi.
Alors, c'est pour ça que, dans ce beau projet prometteur qu'est la caisse
d'assurance autonomie, on ne souhaite pas
que les problèmes qu'on a eus avec le virage ambulatoire se reproduisent. Et,
comme je l'ai dit tout à l'heure, ce sont des personnes en perte
d'autonomie qui sont derrière des portes closes. Alors, c'est encore plus de
vigilance de notre part.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Seulement qu'un commentaire. Vous savez que,
théoriquement, l'assurance autonomie devrait
se mettre en place presque à coût nul, c'est-à-dire qu'il y
a un coût annualisé qui a été
mis actuellement par le ministre, c'est-à-dire 100 millions
de dollars… 110 ou 120 millions de dollars, pour faire 500 millions sur cinq ans, mais, théoriquement, ça devrait se
faire à coût nul par des économies dans le réseau, dont… entre autres,
on veut économiser au niveau des CHSLD. Il y a
un montant de 300, 325 millions de dollars qui devrait être économisé
au niveau des CHSLD.
Bien, c'est
intéressant, parce qu'au niveau
financier, à part les trois courbes qui nous disent que ça va coûter
plus cher puis qu'on peut récupérer, d'une
certaine façon, en faisant l'assurance autonomie, on n'a pas eu de coûts par
rapport à la mise en place de ce projet-là,
dont, entre autres… Je ne sais pas si vous avez estimé à combien on pouvait
justement estimer le coût des profils
ISO-SMAF. C'est-à-dire, là, quelqu'un qui est un profil ISO-SMAF 7, ça
devrait se traduire par une offre de soins, et cette offre de soins là
devrait correspondre à un prix. Parce que, comme vous l'avez si bien mentionné, si on fait du financement à l'activité,
c'est important qu'on sache combien ça va coûter pour l'activité,
c'est-à-dire le besoin de la personne.
Puis tous se
sont entendus que ça irait en fonction du profil ISO-SMAF. Est-ce que vous avez
évalué les coûts des profils?
Mme Laurent (Régine) : Merci de
votre question.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Le financement, dans ce projet-là, c'est le noeud
de nos questions. On souhaite ardemment qu'une fois que le projet de loi va
être sorti il y aura des consultations sur le projet de loi.
Quand
j'entends «économies au niveau des CHSLD», comme infirmière, j'ai un peu froid
dans le dos parce que déjà,
maintenant, c'est difficile. C'est parfois honteux, comme société, de voir ce
qui se passe dans certains CHSLD. Sur les
profils ISO-SMAF, non, on n'a pas estimé de coûts. Donc, raison de plus pour
avoir une consultation. Et même, quand on
parle des profils ISO-SMAF, c'est un budget global et non pas détailler chacune
des activités. Donc, j'imagine qu'effectivement,
quand on va voir le projet de loi, on aura plus d'informations… être capable de
se faire une tête par rapport
au financement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. On est
tous d'accord avec les principes. Puis d'ailleurs les gens, quand ils ont donné leur appui au projet
d'assurance autonomie, presque tous les groupes qui sont venus nous ont dit
qu'ils étaient d'accord avec les
principes qui, en passant, je ne sais pas, vous avez dû le constater, au cours
des dernières années… Entre autres,
dans la région de Montréal, il y a un virage qui est en train de se faire au
niveau des maintiens à domicile. D'ailleurs,
vous avez même décrié la fermeture de certains lits de CHSLD dans le cadre de
ce transfert vers les activités de maintien à domicile.
Également,
il y a eu des ouvertures de ressources intermédiaires qui se sont faites au
cours des dernières années, qui… en
passant, c'est le principe du virage ambulatoire… du virage de l'assurance
autonomie qui est proposé. Ce qui se fait
à Montréal depuis cinq à six ans, c'est ce que l'assurance autonomie propose,
mais à la grandeur du Québec. Parce que
c'est très clair dans le projet. Il n'y aura pas de développement de nouvelles
places en CHSLD, et l'argent va être mis dans le maintien à domicile, possiblement aussi en développement de
ressources intermédiaires dans certaines régions, Québec et Montréal.
Ça, vous avez constaté ça puis vous êtes d'accord avec cette transformation-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Quand il y a eu des fermetures de lits en CHSLD,
on a vraiment, vraiment décrié ça. On
ne comprenait pas qu'on ferme des lits en CHSLD quand il y avait à l'époque, si
ma mémoire est bonne, autour de 3 000 personnes âgées sur une liste
d'attente, entre autres, pour les CHSLD.
La
mise en place des ressources intermédiaires nous pose encore problème parce
que, d'une part, sur le territoire d'un
CSSS où il y a x nombre de ressources intermédiaires, on a de la difficulté à
s'assurer de la qualité des soins et des services qui y sont dispensés. Les ressources intermédiaires aussi,
c'est de l'argent public où on remplit les poches du privé. À notre avis, tout ce qui va être public…
Et c'est pour ça que, tout à l'heure, on a réitéré encore une fois que l'argent
pour financer la caisse de l'assurance
autonomie devrait être fait par un impôt progressif, et on a proposé des choses
à la Coalition opposée à la
tarification. Donc, pour nous, on ne le voit pas comme les ressources
intermédiaires, parce qu'au moment où on parle aujourd'hui il y a des
soi-disant ressources intermédiaires qui ont plus d'une centaine de lits. Je
n'appelle plus ça des ressources intermédiaires. Donc, c'est du privé à but
lucratif.
Nous,
on a mis des balises et on a appuyé certaines choses dans la caisse de
l'assurance autonomie justement parce qu'on
ne veut pas qu'il y ait une plus grande ouverture du privé. Et ça, on l'a
mentionné à différentes reprises dans notre mémoire.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (20 h 50) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Mais je
suis un peu surpris parce que, quand on parle d'hospitalocentrisme, là ça veut dire qu'on veut passer des
institutions, soit un hôpital, ça pourrait être, à la limite, les CHLSD également, et on veut ramener les gens dans
la communauté. C'était ça, le principe du virage ambulatoire. Et moi, je
suis d'accord avec ça. J'ai travaillé fort pour qu'on puisse le faire.
Mais
c'est ça, l'assurance autonomie. C'est ça qui est proposé. Ça fait que ce que
vous venez… Vous venez de dire que
vous étiez opposés. L'assurance autonomie propose d'offrir également le choix
aux citoyens, et le ministre nous l'a
très bien expliqué tantôt. C'est-à-dire qu'au début on pensait que ça serait
juste des services publics, mais ça va être la gestion publique pour la question de l'assurance qualité et de
l'allocation des ressources. Mais, si on prend l'exemple, en CHSLD, ça demeure, en majorité, public. Mais,
quand on arrive, ressources intermédiaires, comme de fait, ça va être des ressources qui peuvent être opérées par du
privé. Mais, quand on arrive dans les résidences privées, à ce moment-là,
les trois possibilités vont être
disponibles, c'est-à-dire la résidence privée pourrait faire affaire avec le
CLSC, la résidence privée pourrait
également faire affaire avec des entreprises d'économie sociale, mais tantôt ça
a été dit très clair, tout le monde
l'a bien entendu, le ministre m'a même dit : Je vais répondre — je lui ai donné un droit de parole sur mon
temps pour qu'il puisse
répondre — la
résidence privée va pouvoir utiliser ses propres ressources privées pour
pouvoir donner le même service avec l'allocation qui va être fournie.
Je pense que tout le
monde a entendu ça, là. Ça, appelez-vous ça de la privatisation?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Ce bout-là, oui. Ce bout-là, oui, c'est de la
privatisation et c'est pour ça que nous, on a fait des débats. Et on est d'accord avec l'économie sociale, mais le
privé à but lucratif dont vous parlez, ça, on est en total désaccord.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Sans porter de jugement, c'est ça qu'il y a
dans l'assurance autonomie. Ça, c'est pour tout le monde, c'est clair,
là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : On fait des
suggestions. On fait des suggestions et on espère qu'on est entendus en commission parlementaire. Nous, on fait d'autres
propositions au ministre, entre autres, pour aller chercher du financement
et, entre autres, aussi pour garantir que
l'argent public… On ne va pas faire plus d'ouvertures au privé pour aller
enrichir le privé parce qu'à notre évaluation il y en a suffisamment,
d'argent public qui s'en va au privé.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. L'autre élément,
c'est qu'au début, dans l'assurance autonomie, comme ça a été vendu aux
gens, ça a été : Vous avez des besoins, on va y répondre. Et là ce qu'on a
su pendant cette commission, c'est qu'on
passerait d'une réponse de 15 % à une réponse à 30 %. Donc, il y a
70 % des besoins qui ne seront probablement
pas remplis, ce qui fait que la personne va devoir piger dans sa poche et payer
d'elle-même ces services-là. Parce que, si vous faites le calcul,
500 millions de dollars, vous allez passer de 15 % à 30 %.
Moi, j'avais
fait une petite règle de trois rapide, là, mais ça veut dire que mettre en
place l'assurance autonomie telle
qu'elle nous avait été promise au début, ça voudrait dire que ce sera une
facture d'environ 2, 2,5 milliards de dollars. Bien, je comprends que le gouvernement n'a pas cet
argent. Et l'élément également, c'est combien les gens vont devoir payer
leurs propres services.
Là, l'autre
élément qui est bien important, puis c'est là-dessus que je vais vous
questionner, c'est que, là, on parle qu'il
y aurait un déductible, c'est-à-dire qu'on vous évalue, vous avez droit à tant
de montant qui va sous forme d'une allocation,
mais, si vous avez des revenus… Puis vous savez qu'au Québec on est considéré
riche à 40 000 $. Ça fait qu'à partir de 40 000 $, si vous avez des revenus suffisants et
puis que vous avez payé toute votre vie des impôts qui ont payé l'assurance autonomie, qu'on estime à peu près à
1 000 $ par travailleur, selon les estimés qu'on a eus cet
après-midi, ça, ce que ça veut dire,
c'est que toi… Si vous avez un bon revenu, un petit peu plus tard, comme un
revenu de retraite, c'est possible
que vous ayez un montant d'allocation qui soit très diminué ou tout simplement
pas d'allocation, parce que, sur un
principe d'équité, ça serait sur le principe des CHSLD. C'est-à-dire que, si
vous avez le moindrement des revenus puis
vous avez un peu d'argent, jusqu'à 3 000 $ ou 4 000 $ en
banque, vous pouvez être appelés à contribuer à 21 000 $ dans
un CHSLD.
Ça fait que, dans un principe d'équité, parce
que c'était ça qui était dans le projet, vous devriez contribuer l'équivalent de ces montants-là, pour que ce soit
équitable, soit au maintien à domicile, soit en ressources intermédiaires
ou soit en CHSLD. Est-ce que vous avez
compris le projet comme ça? Parce que, là, on commence à le comprendre après
trois semaines, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent
(Régine) : Oui. Nous, on
pense que, par rapport au financement, on en apprend un petit peu tous
les jours.
Donc, je ne
suis pas sûre de pouvoir vous répondre là-dessus, mais ce qui est clair, ce qui
est clair, pour nous, et c'est pour
ça qu'on vous l'a mis en annexe, c'est qu'il y a moyen d'aller chercher de
l'argent pour s'assurer que ce soit équitable pour l'ensemble des
citoyens et citoyennes. Alors, que ce soit le crédit d'impôt, qu'on dit :
Mais mettez-le dans la caisse, il y a des
paliers d'imposition qui sont proposés, on pense qu'on peut aller chercher
l'argent pour financer ce beau projet là et que ce soit équitable pour
tout le monde.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme
Boisclair (Michèle) : Bien,
écoutez, on est surprises, mais on est aussi intéressées d'en savoir plus sur
les orientations qui se dessinent.
Cependant,
tout à l'heure, à la réponse de M. le ministre, on avait déduit entre les
lignes que ça pouvait aller vers ça,
mais vous l'avez mis de façon plus claire. C'est préoccupant parce que ce qu'on
voit comme réclame à la télévision, c'est
qu'on va être en mesure de répondre
aux besoins de tout le monde pour les garder à domicile. Alors, il faudra,
comme on l'avait mentionné dans notre mémoire, avoir un système de communication très
claire, très franche, ce vers quoi on va
aller avec cette assurance de soutien à domicile. Et, je réitère ce que la
présidente a dit tout à l'heure, s'il y a un dépôt de projet de loi qui se fait, ça va prendre des
commissions parlementaires parce que, là, on aura vraiment le portrait
exact de ce que sera la caisse d'assurance autonomie.
Et je considère que, pour un projet aussi
important, les organisations civiles et les organisations syndicales et communautaires, nous nous devons de revenir et de
venir faire part de nos préoccupations quand on aura le texte final et
des orientations, et ça, c'est majeur.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon, il vous reste quatre minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Ce que
je trouve intéressant, c'est que c'est l'opposition qui explique plus
clairement le projet de loi, tel qu'on le comprend actuellement, que le
gouvernement.
Puis, entre vous puis moi, quand on propose
comme ça puis on va payer 1 million de dollars de publicité à la télévision, il me semble que ça aurait pris un
minimum de cadre financier. Juste pour vous dire, ce que je vous dis là, on l'a
appris au cours des auditions parce qu'on a
posé des questions. Ça fait que moi, je dis aux gens : Tous ceux qui ont
dit oui à l'assurance autonomie, là,
je pense que vous avez dit oui au maintien à domicile. Ça, c'est unanime, tout
le monde veut aller au ciel, mais,
tant que vous n'avez pas le cadre financier, puis tant que vous ne savez pas
combien vous allez chercher dans
votre poche, et tant que vous ne savez pas combien vos impôts vont augmenter,
quel que soit votre niveau de salaire, vous
ne pouvez pas vous prononcer oui. C'est comme quelqu'un qui va visiter des
maisons à 2 millions de dollars, puis il gagne 30 000 $
par année.
C'est ça,
l'assurance autonomie actuellement. Puis ce n'est pas imagé, c'est
4,4 milliards de dollars pour répondre à tous les besoins. Ou vous allez piger dans votre poche ou on va vous
augmenter vos impôts. Estimé : chaque travailleur du Québec va payer, à chaque année,
1 000 $ d'impôt supplémentaires. Puis vous avez beau faire l'équité
que vous voulez puis charger nos
milliardaires, à la fin c'est 4,4 milliards de dollars pour répondre à
tous les besoins. Et, si vous ne répondez pas à tous les besoins, la différence va devoir venir de votre poche à
vous autres. Puis l'autre élément qui est important, puis ça, je suis d'accord, le ministre, il nous
dit que c'est comme ça, on va avoir un choix. Ça peut être un choix d'utiliser
les services publics, avec une gestion de la
qualité publique, ou possiblement les services privés. Et puis moi, je ne sais
pas si le ministre va aller jusqu'à dire
que, si vous avez besoin de services CHSLD, pourquoi on ne vous laisserait pas
les avoir dans une résidence privée,
les services CHSLD, si c'est le même prix que dans le public, avec la qualité
publique? Ça, on n'a pas encore la
réponse à ça. Mais j'imagine que quelqu'un qui regarde ça, puis on dit :
On offre le choix, puis la personne
voudrait rester dans une résidence privée mais avec des services d'équivalents
CHSLD, plutôt que d'ouvrir des places en CHSLD, bien on pourrait
utiliser du privé et là on aurait un système mixte privé-public.
Puis je ne
vous dis pas que c'est ça qu'il faut faire, je vous dis juste que c'est ça
qu'on voit qui pointe à l'horizon, parce
que les gens qui ont des besoins importants de services dans les résidences
privées, si on leur donne le montant nécessaire,
ils vont être capables de se les procurer dans leur propre résidence privée,
sans déménager. Qu'est-ce que vous en pensez, comme scénario?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Oui. On est
d'accord avec les orientations de la caisse d'assurance autonomie.
Je l'ai dit,
Mme Boisclair aussi, notre noeud, c'est le financement. C'est tellement un
noeud pour nous que nous avons, bien
humblement, déposé des propositions de mesures fiscales pour aller chercher de
l'argent, par exemple des paliers
d'imposition supplémentaires. Je comprends que ce n'est pas un geste politique
qui rend probablement populaire à la
place où sont les politiciens, mais on pense que, pour le bien de la société et
pour le bien de la communauté, ça prend un jour quelqu'un qui a le courage de dire : Voici ce qu'on va
faire, des paliers d'imposition supplémentaires pour arriver à financer,
qu'on va, par exemple, diminuer le plafond des REER pour financer, qu'on va
demander une meilleure contribution des
entreprises qui font de l'argent au Québec. On pense que ça se fait. Donc,
nous, on est là-dedans. Et, je le répète,
ce qu'on attend, c'est vraiment d'avoir une consultation quand le projet de loi
va sortir et qu'on aura des choses tangibles sur le financement.
Mais vous
avez raison de dire que, nous, ça nous inquiète, le financement, mais on va
attendre de voir comment ça va se
faire. Et ce n'est pas la première fois dont on en fait part. À chaque fois
qu'on s'est rencontrées, les organisations syndicales… Et M. le ministre avait fait une rencontre avec l'ensemble
des organisations syndicales au printemps dernier, et nous avions déjà
dit que notre questionnement, c'était le financement.
Le
Président (M. Bergman) : Ceci met fin au bloc de l'opposition
officielle. Maintenant, Mme la députée de Gouin.
Mme David : Pour une période
de?
1419 1419 Le
Président (M. Bergman) : Pour un bloc de
8 min 40 s.
• (21 heures) •
Mme David : Merci,
M. le Président. Mesdames, bonsoir.
On est un peu désolés de vous faire veiller si tard, mais ça, c'est les
aléas de la vie parlementaire. J'ai quelques questions pour vous.
La première, c'est que, depuis que je siège à la
commission, j'ai entendu à quelques reprises le ministre dire : Il y a pas mal de gens — et il
semblerait que ça varie selon les régions — qui sont actuellement en
CHSLD et qui pourraient très bien
et avantageusement être, en ce moment même, chez eux, à domicile, s'ils avaient
les services requis. Est-ce que c'est votre opinion?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Je ne
penserais pas, moi. Je ne penserais pas, parce qu'en ce moment, en
CHSLD, en ce moment, il faut
dire que les CHSLD au Québec, c'est les soins critiques pour personnes âgées, pour faire une image.
En CHSLD, en
ce moment, il faut au moins qu'on ait été identifié avec un besoin
d'au moins trois heures-soins par
jour. Trois heures-soins, c'est beaucoup. Donc, je serais assez étonnée qu'il y ait beaucoup de gens en CHSLD admis aujourd'hui qui puissent retourner à la maison. On est d'accord
avec la caisse, mais on sait qu'il y
aura toujours des gens qui auront besoin d'un CHSLD pour toutes sortes de
raisons. Les gens qui souffrent de problèmes de troubles mentaux, ou qui ont vraiment besoin de plusieurs
heures de soins par jour ou de services, ou qui se sentent mieux dans un cadre
institutionnel, moi, je pense qu'il faudra respecter ça.
Mais,
pour répondre à votre question, je serais étonnée qu'il y ait beaucoup
de gens en ce moment qui puissent retourner à la maison et qui sont dans
des CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
Mme
David : Merci, M. le Président. Dans votre document, dans votre mémoire,
vous recommandez la mise en place de
maisons pour aînés. On comprend très
bien qu'il s'agit d'organismes sans but lucratif. D'autres que vous
en ont parlé aussi, je pense, entre
autres, au Chantier sur l'économie sociale. Et on comprend que ça se veut
convivial, plus petit que beaucoup
d'organismes et certaines ressources intermédiaires effectivement qui sont des
immenses bâtiments avec des chambres
anonymes, mais est-ce que vous voyez ces maisons pour aînés comme pouvant
accueillir des aînés en perte d'autonomie, vraiment?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Oui, effectivement. Parce qu'en ce moment ceux
qui ont trois heures-soins, on vient d'en
parler, ils sont en CHSLD, mais il y a ceux qui sont en perte d'autonomie, qui
commencent et qui... Donc, on se dit : Ceux-là, au lieu d'aller vers des ressources intermédiaires privées…
mettons, dans nos communautés, des petites maisons, puis je dis un chiffre : 10, 12,
13 personnes… la nuance que nous faisons et ce qu'on souhaite mettre sur
pied, c'est que ce ne soit pas avec
des heures-soins et qu'ils soient obligés d'être déplacés. Alors, les personnes
âgées qui seraient dans ces petites
maisons vont y rester tant qu'elles le souhaitent et peu importent leurs
conditions. Alors, ça veut... Et ça va très
loin. On est venus ici il n'y a pas longtemps parler de mourir dans la dignité.
Ça peut être quelqu'un qui est rentré là et qui, 15 ans après, est vers la fin de sa vie et peut décider de
rester et de mourir dans cette petite maison, et on doit être capable de
lui dispenser les soins.
Nous,
on ne veut plus que nos personnes âgées soient viraillées d'une fois à l'autre
parce qu'elles ne répondent plus dans la petite case. C'est-à-dire, les
codes-barres à tout le monde, là, on n'en veut plus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
Mme David :
Oui, je pense que là-dessus on va être pas mal d'accord.
J'aimerais
que vous clarifiiez aussi un petit peu toute cette notion de clinique pluridisciplinaire,
là. Vous appelez ça des dispensaires,
mais, au fond, est-ce que ça ne devrait pas être le rôle d'un CLSC ou, à la
limite, d'un GMF, puisque les CLSC
sont moins à la mode qu'ils l'ont déjà été, malheureusement, à mon avis? Mais
ne trouvez-vous pas qu'il existe déjà
des structures qui, si elles étaient ouvertes le jour, le soir, la fin de
semaine, répondraient très bien aux objectifs que vous fixez à ces
nouvelles cliniques là ou nouveaux dispensaires?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent
(Régine) : Merci. On a eu la même réflexion que vous. Effectivement,
si les CLSC s'étaient développés selon leur
mission première... donc ils devaient être la porte d'entrée du réseau de la
santé — souvenons-nous,
c'était ça, le slogan, l'époque, Les CLSC, la porte d'entrée — on se rend bien compte qu'ils sont loin
d'être la porte d'entrée.
La
porte d'entrée est plus maintenant les GMF. Et ce que nous... Et, même à ça,
les GMF ne sont pas capables de
répondre, en termes d'accessibilité, aux besoins de la population. Dites-vous
que, si aujourd'hui des infirmières sont capables de faire un Info-Santé par téléphone, elles vont faire plus si
on fait l'Info-Santé visuel. Alors, ce qu'on dit, c'est que... Et
sortons du fait que la porte d'entrée du réseau doit forcément être une porte
d'entrée médicale. Par exemple, quelqu'un qui n'a pas de médecin de famille et qui
doit, une fois par année, faire un bilan de santé… je peux le faire, le bilan de santé. Vous revenez, je fais un questionnaire,
et, si c'est anormal, que vous avez besoin d'un suivi médical, bien, au moment où vous arrivez dans le bureau du
médecin, vous avez déjà... tout est fait. Vous n'allez pas, une première
fois, vous faire prescrire vos analyses,
vous allez les faire, puis vous revenez. Ça, on trouve que c'est du temps mal
utilisé et mal utiliser l'ensemble des professionnels du réseau.
Par exemple, on l'a regardé aussi avec les maisons pour personnes âgées, pour nos
aînés. Cette équipe pluridisciplinaire peut
aussi être en lien et répondre à des besoins de ces petites maisons là. Ce
n'est pas quelque chose de complètement
statique, c'est une équipe aussi qui peut se déployer dans la communauté.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin, il vous reste
2 min 30 s.
Mme
David : O.K.
Mais je vous repose la question : Pourquoi pas en CLSC? Tout ce que vous
m'expliquez là, il y a un certain nombre de choses d'ailleurs
qui se font dans le CLSC de mon quartier, entre autres, où c'est quand même ouvert la fin de semaine, il y a
des infirmières, il y a certains actes que les infirmières font.
Donc, pourquoi ne pas
aller plus loin dans une structure qui existe déjà?
Mme Laurent (Régine) : Parce
que probablement qu'on est trop
réalistes et qu'on voit très bien… les orientations qui
ont été prises durant les 10 dernières années ne vont pas dans le sens de
donner plus aux CLSC dans la communauté.
Au contraire, ça va plus vers le médical, alors on s'est dit...
Une voix :
…
Mme Laurent (Régine) : Vers les GMF. Donc, on est peut-être
un peu trop réalistes, mais on s'est dit : On va arrêter, là, de rêver que les CSLC, partout sur le
territoire du Québec, vont vraiment remplir leur mission. On va proposer autre chose où on va mettre de l'avant les
infirmières, par exemple les infirmières auxiliaires, les
inhalothérapeutes, qui devraient être
dans la communauté, avec le nombre de maladies respiratoires
chroniques. Donc, on s'est dit : Il faut proposer autre chose, parce
qu'on va arrêter de vouloir rêver que les CSLC vont remplir leur mission.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin, il vous reste une minute.
Mme
David : D'accord. Dernière question, donc. Je me permets de
dire que je ne trouve pas ça tout à fait clair, votre position sur la question des AVQ, parce que, dans votre mémoire,
vous dites : Surtout pas la dispensation… je ne sais pas comment appeler
ça, là, en tout cas, quand on donne les médicaments, là, ça, il faut que ça
reste entre les mains des infirmières,
si j'ai bien compris, ou en tout cas de personnel qualifié pour ce faire. Donc,
ça ne peut pas être mis sur le même pied que, mettons, aider une
personne à s'habiller.
Autrement
dit, tout à l'heure, le ministre vous a fait dire : Oui, les AVQ, dans
l'économie sociale, il n'y a pas de problème.
Mais, si je comprends bien, c'est un petit peu plus nuancé que ça, c'est oui
pour certains actes et non pour d'autres?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Merci. C'est-à-dire que, pour nous, on souhaite
qu'il y ait vraiment une séparation entre les activités de vie
quotidienne et les activités de vie domestique. Pour nous, quelqu'un qui vient
aider au niveau domestique, on a un peu plus
de difficultés, puis on le regarde maintenant, un peu plus de difficultés que
cette personne-là aille plus vers la
dispensation, ce qui, pour nous, sont des soins. On comprend que le Code des
professions a déréglementé beaucoup
il y a quelques années, mais on est préoccupés. Et c'est pour ça qu'on se
permet de dire que la formation de toutes
personnes, peu importent les noms parce que ça change régulièrement, qui vont à
domicile et qui approchent la personne doivent... ces gens-là doivent
être beaucoup mieux formés, et on a demandé un D.E.P.
Parce que la crainte
qu'on a, c'est que, si ce n'est pas clairement fait, la distinction entre les
deux, et que les gens ne sont pas bien
formés, on risque de se ramasser avec des professionnels en soins et des
infirmières gestionnaires de cas qui
ne seront plus sûrs de la capacité de la personne, même si on lui a
expliqué : Bon, voici ce qui répond aux besoins, avec le plan thérapeutique infirmier. Mais, si on
ne peut pas compter sur quelqu'un qui est bien formé pour faire ça... Parce
que, quand on parle de…
Le Président (M.
Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Laurent
(Régine) : Je disais seulement en conclusion qu'il y a beaucoup
d'activités invasives sur la personne qu'on
ne faisait pas, que ces personnes-là n'avaient pas le droit de faire avant les
non-professionnels et qu'avec la
déréglementation ils ont le droit de le faire. Donc, on a des craintes de ces
lieux qui vont se multiplier et on souhaite que ce soient des gens
formés pour ça.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme Laurent, Mme Boisclair, Mme Mercier, Mme Doyon, merci d'être
ici avec nous ce soir et de partager vos expertises avec nous.
Je demande à la
Fédération québécoise des centres de réadaptation en déficience intellectuelle
et en troubles envahissants du développement de prendre leur place à la table.
Je suspends pour
quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 21 h 10)
(Reprise à 21
h 11
)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! On vous souhaite la
bienvenue. Alors, pour les fins d'enregistrement,
vous nous donnez vos noms, vos titres et vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation.
Fédération québécoise des centres
de réadaptation en déficience
intellectuelle et en troubles envahissants
du développement (FQCRDITED)
M.
Bouchard (Jean-Marie) : M.
le ministre, mesdames messieurs de la
commission, je suis Jean-Marie Bouchard, président du
conseil d'administration de la fédération en déficience intellectuelle de la
province de Québec. Je suis accompagné de M. Claude Belley, qui est le directeur général, et de Mme
Claudine Thivierge, qui est responsable des finances.
Ça
nous fait plaisir de vous présenter, ce soir, notre mémoire. J'espère qu'il
vous reste encore un peu de force, avec
tout ce que vous avez… pour entendre parler de déficience intellectuelle. Ce
n'est pas un sujet qui court les rues, ce
n'est pas un sujet qui intéresse bien du monde de façon générale, mais nous
avons un message à vous livrer. Et vous me permettrez de... quelques minutes seulement, puis ensuite je vais
donner la parole à M. Belley qui va expliquer notre point de vue sur le
mémoire qui est devant vous.
Quelques
mots sur ce que nous sommes et ce que nous faisons. La fédération est un établissement coopératif qui regroupe
20 établissements régionaux, qui est un des services d'adaptation,
de réadaptation pour la clientèle déficience intellectuelle et troubles graves de comportement. Nous avons 20 000 personnes comme clientèle et nous
avons 8 400 personnes qui
ont un trouble grave de comportement. Pour dispenser nos services, nous
comptons sur 7 000 employés et 3 500 ressources. Nos centres, au nombre de 20, sont présents dans
chacune des régions et, je vous le déclare, travaillent sans relâche au développement optimal du potentiel des personnes
qui présentent une déficience intellectuelle ou un TED. Les CRDI, qui sont chargés d'offrir des services
spécialisés, ont conjugué leurs efforts et leur expertise de manière que, dans
toutes les régions du Québec, nous avons une
offre de services spécialisés commune pour les personnes que nous servons.
Notre intervention se situe au niveau de la deuxième ligne, c'est-à-dire que
nous donnons des services qui répondent à des besoins
aigus, intenses ou chroniques, dont la nature est complexe ou découle d'une
incapacité significative ou persistante. Les services que nous dispensons se divisent en sept grandes catégories
que je vous énumère très rapidement : l'accès, l'évaluation,
l'orientation; adaptation, réadaptation à la personne; adaptation en contexte
d'intégration résidentielle; adaptation en
contexte d'intégration au travail; adaptation en contexte d'intégration
communautaire; service d'assistance spécialisée aux familles et aux
proches; et les services spécialisés pour les partenaires.
Nos services à notre
clientèle sont dispensés par différents intervenants et professionnels,
psychoéducateurs, éducateurs spécialisés,
orthophonistes, ergothérapeutes, sexologues, psychologues, travailleurs
sociaux, physiothérapeutes, adaptation physique et qui… toutes ces
équipes qui travaillent maintenant en interdisciplinarité.
Voilà,
en quelques mots, les centres de réadaptation en déficience intellectuelle de
la province de Québec dispensés dans
20 régions. Je veux demander maintenant à M. Belley de vous exposer
en quelques lignes notre point de vue sur le mémoire ce soir.
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : Alors, bonsoir, M. le Président, M. le ministre, membres de la
commission. D'entrée de jeu, on a positionné... notre mémoire fait écho,
là, à ce que la...
La
fédération québécoise souscrit à un projet qu'on a défini dans notre mémoire
comme étant sociétal, qui a été soumis,
là, par le ministre Hébert. Et depuis le début, en tout cas, on signifie au
ministre Hébert que nous souhaitons être associés à toute la mise en place de la caisse comme telle. Et, si, au
point de départ, le projet de l'assurance autonomie concernait
particulièrement les personnes âgées et les personnes en perte d'autonomie, on
a trouvé important de faire valoir auprès de
notre ministre que les gens qui sont aussi en quête d'autonomie, les personnes
qui présentent une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant
du développement avaient aussi besoin quelque part de ce soutien-là qui était proposé à travers la caisse d'assurance autonomie.
On a, en tout cas... Et, comme on est engagés dans la mise en place et comme on est sollicités actuellement par les
orientations ministérielles, où on doit contribuer à la participation et à
l'intégration sociale de la personne, que,
de plus en plus, ces services-là se donnent dans la communauté, dans des
services de proximité, on comprend que c'est
un levier important et fondamental, pour nous, dans le soutien qu'on doit
apporter aux personnes qui sont dans cette quête d'autonomie là comme telle.
Rapidement, le
contexte dans lequel on se retrouve, hein, depuis tout près de 10 ans.
On
est engagés, à travers tout le réseau de la santé, dans la mise en place, là,
de cette réforme-là, qui fait écho à deux
grands principes qui sont l'approche populationnelle et la hiérarchisation des
services. Et toute cette dimension-là de
l'approche populationnelle situe bien, en tout cas, le rôle des centres des
réadaptation maintenant qui doivent travailler en étroite collaboration et collégialité avec les CSSS qui ont cette
responsabilité-là d'animer des gens autour d'un réseau local de services et la mise en place de
continuums et de couloirs de services qui vont garantir aux personnes qu'elles
vont accéder aux services qu'elles
nécessitent. Ça fait que nous, on est un acteur à l'intérieur de tout ça et on
pense qu'il nous faut vraiment cibler
puis travailler à la mise en place de tout ça et être en étroite collaboration.
Mais, en tout cas, dans une des propositions et dans la première... une
des propositions importantes qui est faite à travers le livre blanc, cette
approche progressive, qui est faite, d'implantation et de déploiement de
l'assurance autonomie comme telle, on croit qu'il
ne faut pas faire ce déploiement-là sur la base, quelque part, des diagnostics,
parce que, dans la proposition qui est faite
d'entrée de jeu, c'est de dire : On va d'abord déployer l'assurance
autonomie pour les personnes aînées, par la suite on s'adressera aux personnes qui ont une déficience
physique et, par après, aux personnes qui ont une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du
développement. On pense que cette approche-là présente des risques importants
et porte un jugement, en tout cas, pour
nous, quelque part, qui n'a pas sa place actuellement par rapport à cette
réflexion-là importante à laquelle on
est conviés. On pense que cette façon-là de voir fait en sorte que, bon, cette
clientèle-là, qui est souvent
marginalisée, qui a souvent peu de voix au chapitre et qui est un tout petit
nombre et souvent un nombre restreint par
rapport, quelque part, à l'ensemble du nombre que vont représenter tantôt les
personnes aînées comme telles, fait en sorte
qu'il y a un risque, quelque part, que les personnes qui ont une déficience
intellectuelle ou un trouble envahissant du développement n'y trouvent
pas leur compte, dans ce projet-là.
De toute
façon, quand on regarde actuellement comment est organisé le système, les
gestionnaires qui gèrent les différents
programmes et les programmes tels qu'ils sont bâtis aujourd'hui, si on voulait
aller de cette façon-là, ce n'est pas défini de cette façon-là, là, c'est le... Et
le soutien à domicile qui peut être accordé actuellement à une personne qui a
une déficience intellectuelle ou une
déficience physique n'est pas fait en fonction, quelque part, de son
diagnostic, c'est en fonction du
soutien qu'il requiert, comme tel. Déjà, le système n'est pas réfléchi de cette
façon-là. De plus, en tout cas, on a
constaté... Puis on veut être vigilants dans la transformation, parce que,
quand on regarde comment on constitue et on bâtit... avec quoi on va travailler au point de départ dans la mise en oeuvre
et qu'on dit : On a tant de sous aujourd'hui, il y a tant de sous dans le Programme-services
DI-TED, il y a 870 millions qu'on va avoir là-dedans, c'est important pour
nous, on pense que c'est important qu'on
puisse protéger ce Programme-services-là. Et on a pu constater... Puis on veut
vraiment qu'on soit vigilants et de dire
qu'il faut vraiment réussir à préserver ces sommes-là pour ces personnes-là,
pour ces familles qui s'adressent à nous, comme tel.
Ça
fait que, dans ce vaste projet là, on a pu observer que des ressources qui ont
été consenties, entre autres, par exemple,
aux CSSS, dans la création des CSSS… le mur qui devait être installé pour ne
pas qu'il y ait de sous qui passent de
la première ligne vers la santé physique n'a pas été si étanche que ça. Et on a
pu voir à quelque part que des sommes puis
des ressources qui étaient dédiées aux programmes DI-TED à l'intérieur de ce
processus-là ont pu disparaître. Et on pense
que, dans cette vaste opération là, il va falloir être associés puis faire
partie dès le départ, à quelque part, du projet comme tel.
L'autre
élément important, en tout cas, l'autre recommandation, c'est toute la question
de l'Outil d'évaluation multiclientèle. Oui, monsieur?
• (21 h 20) •
Le Président (M.
Bergman) : Il vous reste une minute.
M. Belley
(Claude) : Il me reste deux minutes ou une?
Le Président (M.
Bergman) : Une.
M. Belley (Claude) : Oh! Ça va vite. Écoutez, rapidement, l'outil d'évaluation
multiclientèle, on reconnaît sa valeur,
tu as des mesures ISO-SMAF et tout ça, mais on pense qu'il y a du travail à lui
faire pour le bonifier, pour s'assurer particulièrement
que les clientèles qui présentent un polyhandicap soient beaucoup mieux
évaluées, qu'on va s'assurer, quelque
part, qu'on prendra en compte. Et actuellement cet outil-là, on pense, ne fait
pas tout le travail. Il y a un travail à y faire pour l'améliorer, pour
vraiment s'assurer qu'on va bien prendre en compte ces besoins-là.
On vous fait aussi
écho au fait de vouloir maintenir les personnes dans leur milieu naturel puis
de pouvoir les maintenir… va faire aussi une
pression importante sur les aidants naturels, sur les proches, et il faut
nécessairement qu'à l'intérieur, à
quelque part, de cette caisse d'assurance autonomie, qu'on puisse prendre
soin... puis prendre, en tout cas, bien en compte les besoins des
aidants naturels. D'autre part, il y a une logique, et on est dans un système
où on dit : Aujourd'hui, il y a une
transformation importante qui se passe au niveau de la clientèle. Les personnes
qui présentent un trouble du spectre
de l'autisme ou un trouble envahissant de développement, on assiste à une
explosion de la prévalence. Ces
clientèles-là doublent presque aux cinq ans, et on s'aperçoit que les besoins
de ces gens-là vont être bien différents, à quelque part, quand ils arrivent à l'âge adulte. Et l'hébergement est
beaucoup moins une réalité, on va devoir travailler beaucoup plus sur le logement. Et, à ce moment-là,
l'assurance autonomie devient un outil et un levier importants pour
faire face aux besoins des gens.
Pour
ce qui est du financement, on dit qu'il va falloir y travailler. À court terme,
je pense que les ressources sont là
quand on réfléchit, et, le financement à long terme, on a besoin d'y réfléchir,
et ce n'est pas nécessairement par l'ajout de taxes ou par des impôts supplémentaires, mais comment on va trouver
ces sources de financement à moyen terme et qui va permettre, quelque
part, de le traiter d'une façon… en toute équité avec les générations à venir.
Le Président (M.
Bergman) : Merci pour votre présentation. Pour le bloc du
gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert : Merci beaucoup, messieurs, madame, de votre mémoire
et surtout de votre ouverture et, je dirais même, enthousiasme par
rapport à ce projet-là.
Dès les premières
rencontres que nous avons eues ensemble, vous avez tout de suite manifesté un
très grand intérêt à intégrer l'assurance
autonomie. Et je pense que le mémoire que vous nous présentez aujourd'hui
reflète très bien cet enthousiasme-là et même l'urgence que vous voyez,
pour les personnes dont vous vous occupez, à être inclus et j'y reviendrai tout
à l'heure.
Je voudrais juste,
avant d'aborder votre mémoire, revenir sur une affirmation du député de
Jean-Talon tout à l'heure, là, qui laissait
croire qu'on prendrait 325 millions des sommes d'hébergement puis qu'on
transporterait ça dans les soins à
domicile. Ce n'est pas du tout ça qu'il y a dans le projet d'assurance
autonomie. Il y a un ralentissement des dépenses en CHSLD et,
effectivement, de l'ordre de 325 millions. Mais ce n'est pas des économies
qu'on prend des CHSLD pour les mettre dans les soins à domicile, c'est une
bonification des soins à domicile qui va entraîner une diminution de la pression sur les CHSLD. Et je pense qu'il faut bien
comprendre ceci. Mais j'imagine que le député de Jean-Talon va comprendre au fur et à mesure. À un moment donné, il va finir
par comprendre, et sans doute que son chef va lui expliquer un certain
nombre de choses également, alors, j'espère, lorsqu'il sera ici.
L'orientation
que vous avez de plus loger, moins héberger est en plein dans la philosophie de
l'assurance autonomie. Alors, ce que
je vois, moi, dans votre recommandation, c'est que vous soutenez beaucoup ce
choix-là, qu'on peut donner aux gens, de rester dans un logement et de
recevoir les services dont ils ont besoin.
Le Président (M.
Bergman) : M. Bouchard.
M.
Bouchard (Jean-Marie) :
Exactement. Et vous avez compris également, M. le ministre, qu'au fond
l'essentiel de notre mémoire, là, c'est de dire, là : Dans le
projet qui est le vôtre, à l'heure actuelle, là, faites une part entière à la
déficience intellectuelle.
Et allez-y
pas par degrés et allez-y pas en ajoutant des clientèles additionnelles de
telle sorte que la déficience intellectuelle,
comme c'est malheureusement toujours le cas, soit le parent pauvre des régimes.
Et on a l'a fait, on a insisté plus particulièrement sur la clientèle
TED. C'est un phénomène absolument extraordinaire, ce qu'on assiste, là. Et puis c'est exponentiel, les services qu'on rend
maintenant à cette clientèle-là, clientèle
de plus en plus lourde, de
plus en plus complexe, qui nécessite des soins très
spécialisés avec les mêmes ressources qu'on a. Ce qui veut dire que, pour
une clientèle très difficile… Comme, par exemple, je peux vous dire que, dans un de mes centres, seulement que pour un
client, ça coûte 1 million par année. Imaginez-vous que je prends 1 million sur un budget de l'établissement, là, durant tout ce temps-là, l'argent, je ne le donne pas aux
autres, là, avec le même budget.
Donc, ce qu'on dit là-dedans, là : De
grâce, ce projet-là, c'est un bon projet, mais faites une part intégrale, entière à la déficience intellectuelle. Ne
l'oubliez pas. Que vous ne reteniez que ça de notre mémoire, M. le ministre, on aura obtenu à atteindre notre mission.
M.
Hébert : Ce que
vous souhaitez notamment, c'est que, dès l'implantation de l'assurance
autonomie, les clientèles de déficience intellectuelle soient
incluses. Alors, vous nous exhortez à aller plus vite que ce qu'on souhaitait à
l'origine, c'est ce que je comprends.
M. Bouchard (Jean-Marie) :
Exactement.
Le
Président (M. Bergman) : Avant de donner la parole au ministre, collègues, j'ai besoin de votre consentement
pour dépasser 21 h 30 ce soir. Consentement? Consentement. M. le
ministre.
M.
Hébert : Vous nous
parlez de bonifier l'outil d'évaluation multiclientèle.
Il y a eu, il
y a plusieurs années, je dirais, une dizaine d'années, un comité qui avait
cette responsabilité-là, qui était composé d'ailleurs du milieu des
déficiences physique, déficiences intellectuelles, milieux de personnes âgées, pour bonifier l'Outil d'évaluation multiclientèle.
Malheureusement, les recommandations de ce comité sont restées lettre morte. Je souscris à votre demande et je vous
annonce tout de suite que l'outil multiclientèle va intégrer des recommandations
du comité d'il y a 10 ans en intégrant
la participation sociale et l'évaluation des proches aidants. Alors, déjà, on
fera ce pas-là.
Mais
effectivement, votre suggestion de remettre en force un comité vivant pour
faire évoluer l'Outil d'évaluation multiclientèle, je la retiens.
Le Président (M. Bergman) :
M. Bouchard.
M. Bouchard (Jean-Marie) : Ça va.
Très heureux, M. le ministre, d'entendre…
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : Les
proches aidants. J'aimerais ça vous entendre sur les services que vous voudriez
qu'ils soient couverts par l'assurance autonomie pour les proches aidants.
Le Président (M. Bergman) :
M. Belley.
M. Belley
(Claude) : Oui. Je pense
qu'il y a un enjeu important, là, concernant les... pour les familles et les
proches, hein, particulièrement pour
les personnes qui ont une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant
du développement, parce que,
contrairement à bien des gens, on ne les guérira pas, les personnes, puis elles
vont demeurer avec les mêmes incapacités
tout au long de leur vie. Et, même si aujourd'hui, on a fait des grandes
avancées dans la façon de les accompagner, il demeure que les proches demeurent très présents dans la vie des
personnes et vont continuer à apporter ce soutien-là.
Si on veut
que ce projet-là devienne viable, il va falloir mieux prendre en compte,
quelque part, les besoins en termes
de soutien, en termes… parce qu'ils vont encore… ils vont vivre de plus en
plus... et les personnes vivent de plus en plus longtemps chez leurs propres parents. Les deux parents
actuellement vont vraiment... sont sur le marché du travail. Et on ne peut pas compromettre, quelque part, la
capacité des parents d'avoir une vie professionnelle, s'ils maintiennent
le choix de demeurer engagés auprès de leur
fils ou de leur fille, et de leur assurer le maintien dans le milieu familial
comme tel. Ça fait qu'il va falloir
prévoir des mesures à l'intérieur de ça pour soutenir. Sinon, on va se
retrouver avec des familles qui vont
nous demander de déplacer, d'héberger, on va avoir des demandes d'hébergement
pour leur fils et leur fille. Moi, je
pense qu'actuellement ce qu'on entend puis les souhaits qu'on entend des familles,
c'est de dire : Tout cet enjeu-là de soutien aux proches, soutien à la famille est un enjeu important.
Actuellement, on est en processus de bilan par rapport à la politique sur la déficience intellectuelle, et
ce qu'on entend des associations puis des familles, de dire : Si on n'est
pas mieux soutenus, ce projet-là qui, pour nous, est important, il va
être remis en question…
Ça fait qu'il
faut vraiment prévoir des ressources importantes pour les soutenir là-dedans,
sinon on va se retrouver avec… on va faire l'inverse, que, plutôt que de
loger les personnes, on va les héberger.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert : Certains groupes en déficience physique ont
recommandé même que l'âge de 18 ans puisse être flexible, en d'autres
termes, que l'assurance autonomie puisse s'appliquer, dans certains cas, avant
l'âge de 18 ans.
Est-ce
que vous avez une opinion sur cette proposition-là qui nous est venue du milieu
de la déficience physique?
• (21 h 30) •
M. Belley
(Claude) : Tout à fait. On souscrit, M. le ministre, quelque part, à
cette recommandation-là.
Vous
savez, dans notre préparation pour venir vous voir, on a fait aussi des travaux
en étroite collaboration avec les
gens de l'AQESSS puis l'association en déficience physique aussi, et
effectivement, particulièrement, quelque part, pour les personnes polyhandicapées qui nécessitent énormément de
soutien, qui demeurent dans leur milieu familial, il faut prévoir, quelque part, et il faut être
capable que l'assurance autonomie va prendre en compte ces besoins au niveau
de ces personnes-là, de...
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Vous soulevez, dans votre mémoire, l'importance de protéger le financement
dédié aux soins de longue durée. La proposition du livre blanc, c'est de créer une caisse d'assurance autonomie
séparée. Est-ce que ça vous apparaît un bon moyen de pouvoir
protéger le financement?
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley
(Claude) : Oui. En tout cas, dans notre sixième recommandation, c'est
ce qu'on fait écho, hein?
On recommande que la
gestion du projet d'assurance autonomie soit développée sous forme d'une
assurance publique dans un modèle permettant
à la population de faire le lien direct entre sa contribution et
les services éventuellement, là,
reçus. Je pense qu'il faut réussir à protéger, et la proposition qui est là, je pense, va permettre... C'est trop important, parce qu'en même temps, quand on regarde, là, dans la façon, quelque
part, comment les choses évoluent et vont vite, si on ne se donne pas
ces moyens-là pour garantir puis on ne trouve pas les moyens de bien cerner
puis de protéger ces sommes-là, on a des
risques de dérives comme on a déjà vu. On y a assisté. Parce que ça fait
exactement le contraire que ce qu'on avait souhaité à ce moment-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Ma dernière question va porter sur le financement.
Vous êtes assez catégoriques, là, sur le fait qu'on ne doit pas augmenter les taxes et impôts pour
financer l'assurance autonomie et vous êtes ouverts à l'idée de la contribution
de l'usager. J'aimerais ça que vous
précisiez votre point sur le financement de l'assurance autonomie, pour bien
comprendre ce que vous avez en tête.
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : En tout cas, dans les réflexions qu'on a faites et qu'on a regardées,
on pense qu'effectivement il faut...
et je pense que ça fait partie aussi d'une réflexion plus large dans laquelle
on est. C'est-à-dire, quand on réfléchit et quand on regarde vraiment
toute la question des finances de l'État puis notre capacité à faire face aux
besoins de la population, il va falloir
trouver une façon, trouver une façon juste et équitable qu'il y ait une meilleure
contribution puis en fonction des
revenus, avoir des gens pour... par rapport à ces services-là, sinon on crée,
en tout cas, des iniquités dans ce système-là. Et on pense que ce n'est
pas en augmentant nécessairement les impôts ou par une taxe particulière.
Il
y a moyen de trouver, puis je pense qu'il va falloir moduler, réussir à moduler
cette contribution-là au niveau des
gens, là. Cette avenue-là, pour nous, quelque part, était plus... on la
trouvait beaucoup plus viable et plus porteuse, en tout cas, en termes
de projet.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste quatre
minutes.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonsoir, messieurs. Simplement
quelques petites questions. Dans votre mémoire,
vous parlez... entre autres, vous avez mentionné tantôt, là, les services de
première ligne, les services de deuxième ligne et vous mentionnez que la fluidité est plutôt fragile et que vous
avez constaté certaines ruptures de services. Est-ce que vous pouvez nous
en parler un peu plus? Qu'est-ce que vous voulez dire, au juste?
Le Président (M.
Bergman) : M. Bouchard? M. Belley?
M. Belley (Claude) : Oui, je pense que... Bien, vous savez, dans toute la transformation
dans laquelle on est engagé actuellement, la capacité d'avoir des
services de deuxième ligne forte repose beaucoup sur la mise en place d'une première ligne forte qui va faire en sorte que les
familles puis que les personnes vont trouver des réponses, quelque part,
en première ligne et qui va permettre, quelque part, de vraiment établir une
alliance puis… et une continuité puis une fluidité dans les services.
Dans
toute la mise en oeuvre, particulièrement quand on regarde au niveau de la
clientèle qui a une déficience intellectuelle
ou un trouble envahissant de développement, il faut regarder notre histoire,
hein? On sort d'une histoire où on a
eu des personnes qui ont été internées, qu'on a réintégrées physiquement à la
communauté et qu'on a mises en place et qui étaient prises en charge par un
centre de réadaptation, puis on dit qu'on les prenait au berceau, puis on les
amenait presque
au tombeau. Aujourd'hui, on n'est plus dans la même chose. Le CRDI doit se
spécialiser dans une offre de services spécialisés de deuxième ligne, et
là-dedans il ne faut pas échapper des clientèles quand on est en train de
transformer cette offre de services là, et
on ne doit pas se retrouver en rupture de services par rapport à certaines
personnes qui recevaient des services
par rapport à une clientèle plus historique. Et là, ce transfert-là, cette
alliance-là et cette continuité-là qu'il doit y avoir entre la première et la deuxième ligne, entre les CSSS, les
milieux communautaires, les établissements de deuxième ligne, il y a un
enjeu important qu'il faut tenir par rapport à ça.
Et,
dans cette dimension-là, on dit : Il faut faire partie de ce processus et
être très attachés pour être capables de faire cette transformation-là
et éviter ces ruptures de services là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose. Il reste deux
minutes.
Mme
Proulx : Oui, merci. En fait, en conclusion, je veux simplement
vous dire : On a bien entendu votre message, et je pense qu'il est très clair, qu'il est aussi
extrêmement important et certainement en lien avec ce que vous mentionnez
quand vous dites : Sans privilège, mais
sans discrimination. En fait, je pense que c'est ce qui est l'essentiel de
votre message. Vous êtes là, vous ne
demandez pas de traitement particulier, de faveur, mais vous demandez qu'on respecte la clientèle, les gens que vous
représentez. Merci.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Malheureusement, le temps s'est écoulé. Maintenant,
pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Alors, bonsoir. Merci beaucoup d'avoir patienté.
J'aimerais revenir un
petit peu sur toute la question des listes d'attente parce que je sens à
travers votre mémoire que c'est une question
qui vous préoccupe beaucoup, c'est-à-dire la mise en place de l'assurance autonomie en séquences, sans assurer les services pour votre
clientèle. Parce que — je
vous parle de ça, c'est un peu ironique — on était,
il y a de ça deux semaines, en commission
parlementaire avec le Vérificateur général justement sur la question de tout
ça, de toute cette problématique-là, c'est-à-dire les listes d'attente qui sont toujours…
qui sont constantes, finalement, surtout
pour les services en deuxième et troisième ligne, sur les sommes, parce qu'on a posé la question au ministère, et,
les sommes qui sont rattachées en principe
aux déficiences intellectuelles et aux troubles envahissants du développement,
bien, on n'arrive pas nécessairement à en
faire le suivi au bout du compte. Et je vois que, dans votre mémoire, vous
soulevez aussi cette
problématique-là, c'est-à-dire vous avez des sommes qui, en principe, devraient
se rattacher à la clientèle que vous
desservez, et ce n'est pas toujours si facile de s'assurer que ces sommes vont
là où elles devraient en principe aller. Parfois, elles sont attribuées, elles sont utilisées à d'autres fins
parce qu'elles ne sont pas attachées à un programme bien spécifique. Et je sens que vous le soulevez d'une
façon très élégante et très subtile, mais vous soulevez un petit peu aussi…
vous levez le drapeau en disant : Bien, nous, on ne voudrait pas dans la
mise en place de l'assurance autonomie que les sommes qui devraient en principe
être utilisées aux fins de nos clientèles soient utilisées ou soient mises dans
le grand pot commun de l'assurance autonomie
et soient utilisées par d'autres clientèles et que notre clientèle continue de
faire l'objet de listes d'attente pour les soins.
Est-ce qu'on comprend
bien le message?
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : Je pense que vous comprenez bien le message effectivement, et ce à quoi je faisais écho tout à l'heure, c'est vraiment…
Vous
savez, dans tout notre historique puis dans la transformation majeure dans laquelle
on est… Puis, je vous dirais, les
personnes qui ont une déficience
intellectuelle ou trouble envahissant du développement ne peuvent pas rester prisonnières du réseau de la deuxième ligne, il faut
qu'elles soient capables de venir en deuxième ligne pour recevoir le service spécialisé, qu'on les aide à trouver des
solutions aux problèmes qu'elles rencontrent, et elles doivent demeurer…
elles doivent retourner, quelque part, au niveau de la communauté, en première ligne, avec le
soutien. Et il faut vraiment
travailler, et, à travers l'assurance
autonomie, je pense qu'il y a là moyen d'aller instrumenter et de
réussir aussi en même temps,
et ça, c'est toute la préoccupation qu'on a, à préserver ces sommes-là puis à
protéger ces sommes-là pour qu'elles restent
au service des personnes et des familles qui ont un fils ou une fille qui a une
déficience intellectuelle ou un trouble
envahissant du développement.
Il y a
un défi important attaché là-dedans, dans les contours financiers de ces programmes-là,
pour les garder au service des gens. Il faut
être là. Il l'est aujourd'hui. On ne peut pas dire… Et vous l'avez vu en commission parlementaire, puis
ce que le rapport… le Vérificateur
général nous dit : Il nous faut
s'adresser... il nous faut être capables de s'adresser aux listes d'attente parce que
c'est inacceptable qu'un enfant de trois ans attende après un centre de
réadaptation, parce que, le
temps qu'on perd là, on ne pourra jamais le rattraper si on n'est pas capables
de faire le travail là. Il nous faut être capables d'être là avec l'intensité qu'il faut et d'empêcher et
d'éviter que ces gens-là attendent. Mais pour ça il va falloir qu'il y ait
un mouvement, et qu'il y ait une fluidité qui s'installe entre la première
puis la deuxième ligne, et que les gens à qui on a répondu vont pouvoir y retourner et avoir le soutien parce qu'ils demeureront… ils vont demeurer, et
surtout à l'âge adulte, des personnes
qui demeurent vulnérables, et que tout ce que l'assurance autonomie ou ce qu'on
peut mettre autour en termes de maintien et de soutien à domicile est
essentiel pour leur permettre…
Mais, si on
est capables de mettre ça en place avec tout le système des personnes pivots,
et tout ça, on pense qu'on va être
capables de se concentrer puis s'attaquer aussi aux listes d'attente, puis
faire en sorte qu'il n'y aura plus un enfant de trois ans qui va
attendre après un CRDI et qu'on va être là autant et avec l'intensité qu'il va
falloir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais on comprend qu'il n'y a pas que les enfants de trois ans qui étaient en
attente, les adultes aussi l'étaient.
• (21 h 40) •
M. Belley
(Claude) : Il y a des
adultes, il y a des jeunes adultes. Il y a des périodes de transition importantes où il nous faut être là, effectivement.
Mme Vallée : Parce que...
M. Belley (Claude) : Mais je peux...
L'exemple des enfants de trois ans était plus parlant, là.
Mme Vallée : Oui, c'est parlant, mais les adultes aussi parce qu'on a... C'est un budget d'environ 838 millions qui est rattaché à la clientèle que vous desservez.
Vous espérez que la clientèle va pouvoir toujours bénéficier de ces
services-là, qu'ils puissent être bonifiés, parce qu'on a soulevé la
problématique aussi du répit, du répit qui était… des sommes versées pour le répit, qui n'ont pas été indexées
depuis plus de 20 ans. Vous n'en parlez pas dans votre mémoire, mais,
pour le maintien à domicile de cette clientèle-là, le répit… Oui, c'est
important de considérer la famille, les aidants, comme étant partie de la solution, mais il faut aussi penser, dans cette
solution-là, à accorder du répit à ces familles-là. Ça fait partie de la chaîne de maintien à
domicile, et on n'en parle pas non plus dans votre mémoire, mais j'imagine que
ça fait partie de vos préoccupations.
Le Président (M. Bergman) :
M. Belley.
M.
Bouchard (Jean-Marie) : Oui,
vous avez tout à fait raison de soulever ce point-là, et peut-être qu'on aurait
dû en parler davantage, mais, vous savez, on
ne sait pas, on ne sait jamais le degré d'héroïsme des parents qui s'occupent
des enfants atteints de déficience
intellectuelle ou d'autisme. On a eu des exemples cette semaine dans le
journal, et il y a le témoignage
d'une mère de famille qui a deux enfants autistes, là, et puis qui fait ce
qu'elle peut pour essayer de venir à bout,
là, de ça.
C'est
incroyable, et vous avez parfaitement raison que le répit pour les familles,
c'est fondamental, et les besoins sont
criants, sont criants. À un moment donné, là, les parents ne sont plus capables
de venir au… de donner les services requis.
Ils ne sont plus capables, ils sont épuisés, complètement épuisés. Et c'est une
partie. Peut-être que l'on aurait dû le souligner dans le mémoire, mais vous faites bien de le souligner. Dans
le projet qui est en cours, là, c'est un élément qui devrait être
amélioré.
M. Belley
(Claude) : Mais on ne l'a
pas abordé de façon… nommément, mais, quand on fait écho aux proches aidants, là je pense qu'on est vraiment à ce
niveau-là. Les proches aidants, on parle vraiment des papas puis des mamans
qui sont avec leurs fils ou leurs filles et
qu'il faut prendre en compte. Il ne faut pas compromettre, quelque part, leur
capacité d'avoir une vie
professionnelle mais aussi d'avoir une vie de famille, quelque part, de
qualité. Et pour ça le soutien à la famille, la capacité, quelque part,
aux familles d'aller… Et c'est un enjeu, un débat importants.
Je faisais
écho à la révision de la politique en déficience intellectuelle actuellement,
qui date de 2001, qu'on est en train de travailler. Et c'est une
dimension urgente sur laquelle on dit qu'il faut travailler à court terme.
Mme Vallée :
Qu'en est-il, de la participation qui pourrait être demandée, dans le cadre de
l'assurance autonomie, pour l'allocation de soutien à l'autonomie? On
mentionne dans le livre blanc, à la page 24, qu'il pourrait y avoir une contribution financière qui pourrait tenir compte
de la fréquence ou de l'intensité des services fournis, du revenu de la
personne et du ménage dans lequel elle vit.
Est-ce que
vous avez une opinion quant à cette possibilité de demander une participation
pour la prestation de services?
Le Président (M. Bergman) :
M. Belley.
M. Belley (Claude) : Écoutez, on n'a
pas été très, très loin par rapport à cette dimension-là.
On a l'expérience et ce qu'on connaît, nous, de…
c'est la contribution de l'adulte hébergé où on a une bonne expertise, en termes de gestion, de cette façon de
faire là. Si on réplique un peu, quelque part, cette dimension des… et
si on héberge moins puis on loge plus, dans ce qu'il y a là, on pourrait
penser, quelque part, que la personne va pouvoir contribuer pour un bout,
quelque part, à ses services parce que c'est déjà présent, quelque part,
actuellement. Ça fait qu'on peut penser que,
quand on veut organiser et qu'on réfléchit à cette offre de services là,
qu'elle pourrait être… Mais je vous mentirais si je vous disais qu'on a
poussé très loin par rapport à ça.
Et c'est pour
ça qu'on faisait la recommandation aussi, par rapport à ce financement-là, de
dire : Bien, il nous faut travailler dans une vision plus multi… en
tout cas, sectorielle pour réfléchir à ce financement-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je pense que mon
collègue avait quelques questions.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, merci, M. le Président.
Moi, c'est du côté financier. Avez-vous évalué un cadre financier pour la mise en place de l'assurance
autonomie, pour les gens au niveau des TED et de la déficience intellectuelle?
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : Non. Écoutez, on a actuellement… Ce qu'on peut vous dire puis ce dans
quoi, quelque part, on est… ce sur
quoi on planche… C'est-à-dire, quand on fait écho… puis je vais revenir avec
l'image qu'on utilise, pour qu'il y
ait une offre de services solide en deuxième ligne, il va falloir qu'il y ait
une première ligne forte, une première ligne qui a les moyens d'agir
pour être capables de soutenir. Et on pense qu'il va falloir… que les CRDI vont
devoir y apporter leur soutien à travers
cette dimension-là puis qu'il va falloir qu'il y ait des sommes qui
suivent pour soutenir cet élément-là.
Mais, ce cadre financier
là, je ne peux pas pousser très, très loin cette discussion-là avec vous ce
soir.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Puis naturellement vous devez vous attendre à ce qu'il y ait
une grosse augmentation au niveau des services. Donc, il va certainement y avoir un plus gros financement pour tous les services qu'on va évaluer.
M. Belley
(Claude) : On ne s'attend pas à un plus gros financement dans les CRDI
en deuxième ligne.
Le
financement, il faut qu'il aille en première ligne et il faut
trouver une façon, quelque part, d'aller le soutenir. Il faut même penser, quelque
part, qu'il pourrait y avoir des ressources
de la deuxième ligne qui pourraient aller vers la première ligne, quelque part, pour soutenir ce
projet-là si on veut qu'il soit viable puis que la première ligne ait les
moyens d'agir là-dedans. Sinon, on peut
continuer à faire toujours un peu plus la même chose puis on pense que
la solution n'est pas là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Oui, mais, ce que je comprends, les gens, ils
viennent ici puis là ils
disent : On a tant de besoins, on a un financement qui n'est pas
ajusté. Là, l'assurance autonomie devient quand même une opportunité pour justifier le besoin dans l'idée
qu'il va y avoir un financement qui va venir avec.
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : Oui, parce que ce qu'il faut comprendre… Puis je pense que la logique
dans laquelle… Puis je pense que,
dans un bon projet «lean», on devrait avoir le bon usager dans le bon milieu,
dans le bon établissement, avec les
bons intervenants autour de lui, pour s'assurer, quelque part, qu'il a les
services. Et là-dedans on pense que, de plus en plus… Et, quand on est dans la logique de plus loger, moins héberger,
favoriser les personnes dans leur milieu de vie, on pense qu'il faut que
les ressources, elles soient là, puis qu'on concentre ces ressources-là si on
veut, quelque part, se concentrer après ça dans un deuxième temps. Mais il nous
faut vraiment aller vers cet…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon. Il vous reste trois
minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. La
question de la contribution des usagers, ce que j'ai bien compris, c'est
que vous êtes en accord avec une contribution des usagers en fonction du revenu
de la personne.
M. Belley
(Claude) : C'est ce à quoi on fait écho dans notre mémoire.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Là, ce que vous
distinguez, c'est le revenu des parents avec le principe. Les enfants ne sont pas touchés par ce projet-là dans un
premier temps, mais il pourrait y avoir peut-être les 16-17 ans qui pourraient
être touchés.
Est-ce
que vous tenez compte des revenus des parents ou vous tenez compte seulement
des revenus de la personne?
Le Président (M.
Bergman) : M. Belley.
M. Belley (Claude) : C'est sûr que, pour les personnes de 16 à 17 ans, il va falloir
regarder les revenus des parents.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Parce
que, corrigez-moi, mais la majorité
des gens, votre clientèle, les revenus ne doivent pas être très élevés,
là, à moins d'avoir eu un héritage ou…
M. Belley
(Claude) : La majorité sont prestataires de la sécurité du revenu.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça fait qu'autrement dit pour eux autres il
n'y aura pas d'implication en termes de contribution, pour la majorité de votre
clientèle.
M. Belley
(Claude) : Pas beaucoup.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Oui. M. le Président, c'est juste pour
dire : Je pense que c'est important de tout savoir sur ces
questions-là parce que, les grands principes, on est tous d'accord, on veut
donner plus de services.
On nous a
beaucoup dit d'abord qu'il manquait beaucoup d'argent, donc il faut rajouter de
l'argent. À partir du moment qu'on
pense comme ça, il faut aussi avoir un cadre financier. Le risque que nous
avons dans ce projet-là, c'est que,
si, à un moment donné, il n'y a pas soit du nouvel argent qui arrive — comme vous disiez, là, on peut essayer
de le faire à partir de nos ressources — il va falloir savoir où on va
aller chercher l'argent. Ça, ça veut dire peut-être aller couper dans d'autres
ressources, puis vous savez qu'on est un réseau qui s'en va vers un cadre
financier extrêmement difficile au cours des
prochaines années. Ça fait que moi, je regarde, en termes de faisabilité, si on
ne s'embarque pas dans quelque chose qui va être avec beaucoup
d'attentes, peu de réalisations.
Ça, c'est un
peu comme ce qu'on parlait avec la FIQ, ça peut vouloir peut-être dire un
principe de virage ambulatoire où les
gens savent que c'est bon, ce qu'on va faire, mais on n'a pas les moyens de le
faire. Avez-vous des craintes par rapport à ça?
Le Président (M. Bergman) :
M. Bouchard.
• (21 h 50) •
M.
Bouchard (Jean-Marie) :
Écoutez, peut-être, mais, comme on vous a expliqué tout à l'heure, nous, comme
on fait une distinction entre la première
puis la deuxième ligne, la concentration des activités puis du financement, si
elle se fait à la bonne place, notre
clientèle, qui est une clientèle pour qui nous donnons les services de deuxième
ligne, sera desservie dans un cadre
différent, ce qui veut dire que le financement comme tel ne nous affecte pas
pour la clientèle des soins
spécifiques de deuxième ligne. Mais notre clientèle serait logée différemment
dans un cadre nouveau pour lequel il
y a un financement qui est prévu. Et nous, on a proposé, comme on l'a dit tout
à l'heure, qu'il y ait une contribution des particuliers pour cette
caisse-là de retraite.
Maintenant,
on est au niveau d'une réflexion préliminaire, on est au niveau d'une discussion de principe sur un projet de
loi, sur un projet comme tel de société, alors le temps sera bienvenu pour
penser ultérieurement comment, définitivement,
on pourra se pencher sur la question du financement. Mais pour le moment nous
sommes d'accord sur le principe, nous l'appuyons avec les modifications
que nous avons proposées, de faire de la déficience intellectuelle une part
entière du projet du ministre.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement,
le temps s'est écoulé. M. Bouchard, M. Belley, Mme Thivierge, merci
d'être ici avec nous ce soir, quand même, tard et partager vos expériences avec
nous.
Collègues,
compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'au mercredi le
6 novembre 2013, à 15 heures,
afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques
sur le livre blanc sur la création d'une assurance autonomieintitulé
L'autonomie pour tous. Alors, bonne soirée, collègues.
(Fin de la séance à 21 h 51)