(Quinze heures six minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Collègues,
la commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions publiques sur le livre blanc sur la
création d'une assurance autonomie intitulé L'autonomie pour tous.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Daneault (Groulx) est remplacée par Mme Roy (Arthabaska).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Bergman) :
Alors, collègues, on commence maintenant avec les remarques préliminaires. Est-ce que j'ai votre consentement pour permettre
à la députée de Gouin de faire des remarques préliminaires pour une
durée de trois minutes? Consentement? Consentement? Consentement.
Alors, on va
commencer avec les remarques préliminaires de M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux pour six minutes. M. le ministre.
M. Réjean Hébert
M.
Hébert :
Merci beaucoup, M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer nos collègues
de l'opposition, M. le député de Jean-Talon, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne,
Mme la députée d'Arthabaska, Mme la députée
de Gouin, et également mes collègues du parti ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose, Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, M. le député d'Argenteuil
et Mme la députée de Masson.
Je suis
accompagné aujourd'hui, pendant cette commission, de Lise Verreault, à ma
gauche, qui est sous-ministre en
titre au ministère de la Santé et des Services sociaux, et de France Amyot, à
ma droite, qui est directrice du cabinet. Je voudrais également souligner la présence de Pauline Gervais, qui est
porteuse du dossier de l'assurance autonomie, et également de Simon Lapointe, qui est aux services juridiques, et de
Chantal Maltais, qui est aux services aux personnes âgées, qui sont derrière moi, et également les
attachés politiques au cabinet, Samuel Labrecque et Robert Bellefleur.
Je voudrais également saluer Jacques Cotton,
P.D.G. de la Régie de l'assurance maladie, qui est avec nous aujourd'hui
pour un moment extrêmement important, je
pense, M. le Président, dans l'histoire du Québec, du moins pour cette
législature, puisqu'on amorce les
consultations publiques sur un projet majeur de société qui est la création de
l'assurance autonomie.
L'assurance
autonomie, c'est un projet qui est incontournable dans le cadre du
vieillissement de la population que
le Québec va connaître au cours des prochaines années. Comme vous le savez,
nous sommes la deuxième nation au monde
à présenter le vieillissement le plus accéléré après le Japon, qui est déjà là
où nous serons dans 15 ans, c'est-à-dire à 25 % de sa population âgée de plus de 65 ans, et ce
vieillissement de la population nous oblige, M. le Président, à mettre
en place un nouveau pan de solidarité
sociale. Après l'assurance maladie, après les garderies publiques, après
l'assurance médicaments, nous devons passer
vers la couverture d'assurance pour les services à l'autonomie des personnes
âgées. Et l'assurance autonomie est ce moyen qui est incontournable pour être
capable de se doter de la couverture sociale indispensable pour assurer aux
personnes âgées et aux personnes handicapées l'accès à des services de qualité.
• (15 h 10) •
L'assurance autonomie, c'est redonner d'abord la
liberté fondamentale aux personnes âgées et aux personnes handicapées de
choisir là où elles veulent vivre, puisqu'actuellement on déplace les personnes
vers l'institution qui répond à leurs
besoins. Il faut redonner aux personnes ce choix fondamental et pouvoir assurer
à ces personnes les services dont elles ont besoin là où elles ont
choisi de vivre.
C'est aussi, M. le Président, la liberté de pouvoir avoir un choix par rapport aux
prestataires de services. C'est une assurance autonomie qui va
transformer nos façons de faire; non seulement les services aux clients, mais
également la façon dont est financé le réseau de la santé et des services
sociaux.
Vous le
savez, M. le Président, les personnes âgées et les personnes handicapées
veulent vivre chez elles, et c'est le souhait
qu'elles ont exprimé. Je coprésidais une commission… une consultation publique
sur les conditions de vie des aînés avec la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne,
et nous avons reçu 4 000 personnes âgées lors de cette consultation, et 4 000 fois plutôt qu'une les personnes âgées
nous ont dit qu'elles voulaient vivre à domicile et recevoir les services
là où elles ont choisi de vivre. Et c'est ce que fera, permettra l'assurance
autonomie.
Le livre
blanc que nous avons déposé est l'ouverture de ce débat social important, et
les quelque 60 groupes que nous
entendrons au cours des prochaines semaines vont nous donner leurs réactions et
leurs suggestions pour améliorer ce système d'assurance autonomie que nous voulons être en
mesure de pouvoir implanter dès l'an prochain, M. le Président. L'assurance autonomie s'appuie sur des acquis de
notre réseau de la santé et des services sociaux, ce que d'autres pays qui ont implanté une telle mesure n'avaient pas.
Nous avons, nous, déjà un outil d'évaluation des incapacités des
personnes dans l'Outil d'évaluation
multiclientèle. Il est déjà en opération, les gens sont formés pour l'utiliser.
Nous avons déjà un outil de gestion
qui nous permet, sur les milliards de possibilités d'incapacité, de profils
d'incapacité, de les résumer en 14 profils
qui correspondent chacun à un niveau de ressources et à un financement qui est nécessaire.
Nous avons déjà implanté les réseaux
intégrés de services aux personnes âgées avec des gestionnaires de cas, qui
sont des professionnels déjà
responsables de faire l'évaluation des besoins des personnes, d'être les
courtiers de services pour s'assurer que les personnes ont le bon service au bon moment, par la bonne organisation.
On leur donnera un levier supplémentaire qui est un levier financier, c'est-à-dire
l'allocation de soutien à l'autonomie, qu'ils conviendront d'utiliser avec la
personne, l'usager, et son réseau social.
Notre projet
d'assurance autonomie s'appuie sur les meilleures pratiques dans d'autres pays
et répond au besoin de transformer
notre système de santé qu'ont recommandé différentes instances, dont la
Protectrice du citoyen, le Vérificateur général, l'Organisation mondiale de la santé. On sait qu'actuellement
17 % de notre budget des soins à long terme est consacré aux soins à domicile. Nous sommes, parmi
les pays de l'OCDE, les pires en ce sens, M. le Président. D'autres pays font beaucoup mieux, notamment la France, à
47 % de son budget, et le Danemark, à 73 % de son budget des
soins à long terme qui sont dévolus aux soins à domicile.
Pour
effectuer le virage qui est nécessaire, il faut non seulement investir dans les
soins à domicile, mais il faut redonner
aux personnes âgées la liberté de pouvoir choisir où elles veulent recevoir les
services. Et c'est cette liberté-là qui fera en sorte qu'on pourra
augmenter la proportion du budget qui est dévolue à l'assurance autonomie.
Alors, c'est un projet extrêmement important, M.
le Président, et je suis très curieux d'entendre les différents groupes sur
leurs positions par rapport à ce projet porteur pour la société québécoise.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle en matière de santé et député de Jean-Talon à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de six minutes.
M.
Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. D'abord, je vais vous saluer, saluer M. le ministre,
saluer mes collègues députés. Je m'en voudrais de ne pas saluer Mme Verreault,
avec qui j'ai eu le plaisir de travailler, et M. Cotton, qui est
maintenant rendu à la RAMQ.
Comme disait
M. le ministre, puis je trouve ça intéressant, il dit qu'il y a déjà beaucoup
d'acquis dans la société. On parle
des outils cliniques : le Système de mesure de l'autonomie fonctionnelle,
l'OEMC, les profils ISO-SMAF. On a le guichet
unique, la gestion des cas, la coordination de la planification des services,
le PEFSAD, le chèque emploi-services, crédits d'impôt. M. le Président,
c'est le ministre qui nous a remis ça hier. Ça existe déjà dans le réseau de la
santé.
La question, maintenant, qu'il faut se
poser : Est-ce qu'on a besoin d'avoir une taxation supplémentaire pour
appliquer ça ou donner plus de services? Et, je pense, c'est ça qu'on… quand
les gens se faisaient poser la question : Êtes-vous d'accord avec le maintien à domicile? Êtes-vous d'accord pour
faire le choix de demeurer à domicile? Êtes-vous d'accord pour avoir plus de services? La réponse évidente est oui, mais
ce n'est pas ça, l'assurance autonomie. C'est un choix de société qu'on va devoir faire, comment on va le financer et
comment on va changer notre organisation de services, mais je ferais
remarquer que l'organisation de services est déjà en place.
Je ne connais pas un CSSS au Québec
qui n'a pas fait le virage de maintien à domicile, et tous les CSSS, également,
ont commencé à diminuer leur nombre de lits de CHSLD parce qu'ils ont réussi à
faire virage. Puis on sait qu'au cours de
10 prochaines années, si on investit bien dans le maintien à domicile, on
est capables de garder le même nombre de lits de CHSLD, le ratio va
baisser.
Une des
illusions que j'entends souvent dans la population, M. le Président, c'est tout simplement que, si on fait tellement de maintien à
domicile, il n'y aura plus besoin de lits de CHSLD. Je pense que M. le ministre va le reconnaître, on peut
descendre à un ratio beaucoup plus bas, qui peut aider à financer, mais à la
fin on va avoir besoin de ressources en CHSLD, de ressources, probablement, en ressource intermédiaire et également de ressources
au niveau de maintien à domicile.
Qui va donner
les services? Il y a eu des discussions à plusieurs
reprises. On a vu que le point de vue
changeait, privé versus public. Est-ce que
la personne a vraiment le choix ou on va lui donner des services qui
vont être dans le réseau public? M. le Président, c'est ce que nous
sommes venus entendre ici en écoutant les différents groupes qui vont venir
présenter.
Par contre, je fais une mise en garde, M. le
Président, en débutant. Ce que j'ai vu, c'est que les gens se sont prononcés pour l'assurance autonomie, mais ce que
je voyais surtout : ils se prononçaient pour le maintien à
domicile. Lorsqu'il arrivait la question du financement, qui est le coeur de l'assurance autonomie, c'est vraiment
ça, le coeur du projet, avec la
transformation qui a été faite… Mais, je tiens à le dire, quel que soit le financement, la transformation va se faire,
parce que ça se fait dans toutes les autres provinces, ça
se fait dans tous les autres pays. Indépendamment de la façon dont on va le financer, ça va
continuer à se faire. Mais c'est sur la question du financement, et ce qu'on nous proposait entre autres : une caisse qu'il
fallait capitaliser. Je sais qu'au début le ministre a dit que la caisse n'était
pas… on devait la capitaliser mais, par la suite, que ça serait difficile à
capitaliser, puis qu'en fin de compte il n'y a aucun pays qui a vraiment
réussi à capitaliser. Donc, il y a eu une évolution au
niveau de la pensée de la part du ministre.
On va écouter les différents groupes puis on va voir qu'est-ce qu'ils
vont nous dire.
Mais,
M. le Président, je tiens à dire au ministre
qu'on va être collaborateurs. On veut entendre les groupes, on veut avoir le meilleur système de santé du Québec.
Ça prend une transformation au niveau
du réseau de la santé, et nous voulons collaborer
à ce réseau de la santé là. Mais on ne le fera pas à n'importe quel prix, et un
des enjeux va être la hauteur du financement
et la capacité de payer du gouvernement. Donc, M. le Président, c'est vraiment
la plupart de la discussion qu'on va
faire. Et encore là je tiens à le dire : Quand les gens vont venir nous
voir puis ils vont nous dire : Je suis pour l'assurance autonomie,
j'aimerais ça qu'ils nous définissent est-ce qu'ils sont pour le maintien à
domicile — ce
qui est, d'après moi, 100 % de la
société qui est d'accord — ou ils sont pour la façon dont on va le financer. Et qui va
payer la facture à la fin?
Merci, M. le Président. Puis je rassure le
ministre qu'on va collaborer à ce projet.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, M. le député. J'invite maintenant la représentante du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée d'Arthabaska, pour
ses remarques préliminaires, pour une durée maximale de trois minutes.
Mme
Sylvie Roy
Mme Roy (Arthabaska) :
Bonjour, M. le Président. Je veux vous saluer tout d'abord, le personnel de la commission, M. le ministre, son équipe, mes
collègues députés ainsi que toutes les personnes qui vont venir nous
présenter des mémoires. Je veux, premièrement, les remercier d'avoir pris le
temps d'écrire ces mémoires-là et de venir nous faire partager leur vision des
choses.
Pour moi, je
l'ai souvent dit, les personnes... la cohorte des baby-boomers, quand ils sont
arrivés à l'école puis c'étaient des
écoles de rang, il a fallu faire une modification majeure, puis est arrivée la
commission Parent et puis ensuite le système
scolaire comme on le connaît. Cette cohorte-là est rendue maintenant à la porte
des résidences, elle arrive à cette porte-là, donc toute cette
population-là va nécessiter, d'après moi, un regard de fond en comble de
comment on leur donne leur soutien pour qu'ils demeurent à domicile.
Je l'ai déjà
dit, il y a des modèles qui fonctionnent au Québec. J'espère que... Moi, ce que
je tenterai d'éviter, c'est de faire
d'autres structures par-dessus d'autres structures, là, puis ça finit par
devenir un millefeuille, comme on dit, avec beaucoup de crémage. J'essaie…
Je pense qu'il faut respecter ce qui se fait bien, supporter ce qui se fait
bien puis continuer puis étendre les bons exemples ailleurs — puis
je suis tout à fait convaincue que le ministre sait de quoi je veux parler — mais j'arrive ici avec l'esprit ouvert, dans
le but d'améliorer les choses puis dans le but de faire un travail
positif pour nos aînés. Je pense qu'ils le méritent bien.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Bergman) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Gouin, pour vos remarques
préliminaires, pour un temps maximal de trois minutes. Bienvenue à la
commission.
Mme Françoise David
Mme David : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup. Merci à l'ensemble des collègues. Moi aussi, j'arrive
ici avec un esprit très constructif, qui est
de toute façon le mien de façon générale. Merci au ministre qui ose mettre
sur la table un véritable projet de société,
ce qui ne veut pas dire que nous serons toujours d'accord sur la manière de le
réaliser, mais justement nous en discuterons.
Le vieillissement de la population du Québec est une chose évidente. Ce que je trouve intéressant dans ce que nous allons
discuter, c'est que nous le voyons moins comme un problème
que comme un défi. Enfin! Ça, ça me fait vraiment plaisir.
J'aurai tout de même une préoccupation, c'est
que ça devienne le défi de toute la société québécoise et que le fardeau, par
exemple, du financement des mesures,
qui seront importantes pour les aînés, ne repose pas que sur les
aînés. Autrement dit, je vais être
très vigilante face au principe de l'utilisateur-payeur.
Autant toute la société québécoise s'est donné des responsabilités face,
par exemple, à l'implantation de services de garde, autant la société
québécoise doit considérer avec beaucoup
d'ouverture le fait d'assurer une retraite digne à toutes les personnes âgées
au Québec. Donc, ça, ça sera quelque chose que je voudrai regarder avec
beaucoup d'attention et entendre les groupes, bien sûr.
Valoriser, étendre les services de soutien à
domicile, bien sûr. Je rappelle quand même que ça existe déjà au Québec. Je rappelle que l'immense majorité des
aînés du Québec sont déjà chez eux et chez elles. Mais donc, évidemment,
il faut renforcer les services.
Je serai attentive, dans le débat sur les
services à domicile eux-mêmes, à deux questions. La première : Allons-nous privatiser davantage ces services?
Alors, là-dessus, évidemment, vous comprendrez que j'aurai des réserves.
On en discutera. Deuxième question : les conditions de travail, les
conditions d'exercice et de pratique des employés qui ne sont pas des employés
du service public et qui donnent des services de maintien à domicile.
Finalement,
je vois qu'il y a toute la question de l'organisation des services qui est en
cause, toute la question de leur intégration,
de leur coordination. Alors, je pense que ça aussi, ça va être une question
importante. Et je serai particulièrement intéressée à regarder là-dedans
le rôle des CLSC, qui, à mon avis, sont les organismes publics, finalement, les
plus près des populations. Merci beaucoup.
Auditions
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la députée. Alors, on
commence maintenant les auditions. Collègues, on divise le temps comme
suit : 10 minutes pour l'exposé des témoins; pour le gouvernement, un
bloc de 24 minutes; pour l'opposition officielle, un bloc de 17 min 30 s;
pour le deuxième groupe d'opposition, un bloc de 4 min 30 s; et,
pour Mme la députée de Gouin, un bloc de 3 min 30 s.
Alors,
je souhaite la bienvenue à nos invités, l'Alliance des communautés culturelles
pour l'égalité dans la santé et les
services sociaux. Bienvenue. Alors, pour les fins de l'enregistrement, je vous
demande de bien vouloir vous présenter. Et vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation, suivi d'un échange avec les membres de la
commission. Alors, bienvenue.
Alliance des communautés culturelles pour l'égalité
dans la santé et les services sociaux (ACCESSS)
M. Di Giovanni (Jérôme) : Bonjour. Mon nom est Jérôme Di Giovanni, je
suis le directeur général d'ACCESSS. Je
suis accompagné par Mme Carmen Gonzalez, qui est la présidente du conseil
d'administration ainsi que la directrice générale de COPSI, qui est le Centre d'orientation paralégale et sociale
pour immigrants, et par M. Pascual Delgado, qui est notre spécialiste et
le responsable du dossier Personnes aînées à ACCESSS. On va partager la
présentation de notre mémoire. Dans un premier temps, je vais vous présenter,
ACCESSS, c'est quoi.
Nous
sommes une fédération de plus de 117 organismes de communautés
ethnoculturelles à travers le Québec. Notre mission, c'est
l'accessibilité des services de santé et services sociaux et l'adéquation de
ces services aux caractéristiques des
communautés ethnoculturelles. Nous sommes un centre d'expertise-conseil santé
et immigration, un lieu de convergence du secteur de la recherche, du
réseau de la santé et des services sociaux et du milieu communautaire.
Notre
mission s'inscrit à l'intérieur de la loi de la santé et des services sociaux.
Notre mission, c'est de s'assurer que la
loi de la santé et des services sociaux soit appliquée par rapport aux Québécois
et Québécoises issus de l'immigration récente.
Et je désire attirer l'attention de la commission à l'article 2 de la loi,
qui définit le mode d'organisation des services, ressources humaines,
financières et matérielles, et surtout à trois alinéas de cet article,
notamment à l'alinéa 3°, qui dit :
«Partager les responsabilités entre les organismes publics, les organismes
communautaires et les autres intervenants du domaine de la santé et des services sociaux», et l'alinéa 5° et 7°
qui touchent plus les communautés ethnoculturelles, 5° qui dit : «Tenir compte des particularités
géographiques, linguistiques, socio-culturelles, ethno-culturelles et socio-économiques
des régions», et l'alinéa 7° : «Favoriser, compte tenu des ressources — et
on aimerait bien en discuter, de ces ressources-là — l'accessibilité
à des services de santé et des services sociaux, dans leur langue, pour les
personnes des différentes communautés culturelles du Québec.»
Sur ce, je voudrais
passer la parole à M. Delgado, qui va faire la présentation du corps de notre
mémoire.
Le Président (M.
Bergman) : …
M. Delgado
(Pascual) : Pardon?
Le Président (M.
Bergman) : Il vous reste sept minutes.
M. Delgado
(Pascual) : Merci. En effet, à partir de la page 9 de notre mémoire
vous pouvez suivre.
Depuis le discours de
l'honorable ministre Réjean Hébert lors du colloque de l'Association québécoise
de gérontologie, l'AQG, tenu le 21 mars
2013, ACCESSS suit avec beaucoup d'intérêt l'élaboration du projet portant sur l'assurance
autonomie. Inspiré par le succès de l'expérience PRISMA en Estrie au début de
la décennie, le ministre envisage une application à travers tout le Québec.
ACCESSS est en accord avec les propos du ministre, qui indique le fait que — citation — «le modèle traditionnel hospitalo-centrique
s'avère [...] inadapté et doit faire [...] place à un modèle de soins
axé sur les lieux de résidence des personnes âgées». Finie, la citation. C'est
un extrait de Programme de recherche sur l'intégration des services de
maintien de l'autonomie 2007, page 1.
Or,
le ministre Hébert doit sans doute faire face aux innombrables acteurs et
groupes de pression qui veulent freiner cette importante réforme ou bien
la modifier pour répondre à divers intérêts qui sont parfois éloignés des
besoins des aînés eux-mêmes.
L'objectif
d'ACCESSS reste toujours le même depuis sa fondation en 1984, à savoir
s'assurer que les services de santé et sociaux soient adaptés à la
réalité pluriethnique du Québec, et plus spécifiquement aux réalités des aînés québécois issus de l'immigration dans ce cas-ci. À
cet effet, nous nous rapportons toujours à la Loi des services de santé
que monsieur notre directeur, M. Di Giovanni, a citée et aussi à la
Charte des droits et libertés de la personne, notamment l'article 10, qui définit la discrimination, et le chapitre…
l'article, aussi, 48 de la Charte des droits et libertés : «Toute
personne âgée ou toute personne handicapée a droit d'être protégée contre toute
forme d'exploitation.
«[Toute]
personne a aussi droit à la protection et à la sécurité que doivent lui
apporter sa famille [et] les personnes qui en tiennent lieu.»
Le
livre blanc sur l'assurance autonomie reconnaît l'importance de faire face au
défi du vieillissement rapide de la société québécoise, mais, au-delà de
ce qu'on nomme communément, au Canada, le tsunami du vieillissement, nous
devrons également reconnaître la diversité complexe et accrue de notre
population sur le plan ethnoculturel.
Par
ailleurs, d'après le recensement de 2006 — et vous avez un tableau à la fin du
mémoire — 38,4 %
des aînés de la région métropolitaine
de Montréal sont membres des communautés ethnoculturelles. Et on parle de 2006,
ça veut dire que c'est peut-être déjà beaucoup plus que ça déjà. Dans la
région de Laval, c'est le cas de 25,3 % des aînés; la région de la
Montérégie, 15,9 %; Estrie, 5,3 % des aînés qui appartiennent aux
communautés ethnoculturelles. On voit des proportions en augmentation constante
dans l'Outaouais et dans la région de la Capitale-Nationale. Les données de
2011 ne sont pas encore analysées, mais c'est certain qu'il y a une
augmentation aussi dans chaque région.
Il
faut toujours souligner le fait qu'il y a plus de 165, 165 différents
groupes ethniques cohabitent au Québec et que certaines de ces communautés immigrantes y sont établies depuis plus
d'un siècle. Les communautés européennes telles que les Italiens, les Juifs et les Allemands se sont intégrées à
la mosaïque québécoise et participent activement dans le développement d'institutions et d'établissements
voués aux personnes aînées de ces communautés. Pourtant, il est rare de trouver des résidences où il existe des services
destinés et adaptés aux aînés établis au Québec depuis 30 ans et
moins.
Selon notre
expérience terrain et celle de nos organismes membres, nous constatons que
beaucoup de personnes aînées des communautés ethnoculturelles préfèrent
rester chez eux, dans des ménages familiaux partagés souvent par trois
générations de la même famille. La famille élargie traditionnelle reste
toujours le modèle normal dans plusieurs communautés.
Très peu de PPALV et de PADS de ces communautés habitent dans des résidences
pour personnes aînées ou fréquentent les centres de réadaptation.
Donc, tel que
mentionné précédemment, les communautés ethnoculturelles rencontrent encore
certaines barrières à l'accès aux établissements du réseau de la santé
et services sociaux, notamment à cause de facteurs linguistiques, culturels et
systémiques qu'ACCESSS explore et déplore depuis sa fondation en 1984.
Et maintenant je cède la parole à la présidente
d'ACCESSS, Mme Gonzalez.
• (15 h 30) •
Mme Gonzalez (Carmen) : Merci,
Pascual. Suite à ça, ACCESSS fait six recommandations par rapport à l'assurance
autonomie. Alors, je vais faire vite parce que j'ai juste deux minutes.
ACCESSS recommande qu'un effort particulier soit
fait pour accélérer l'implantation du Réseau de services intégrés pour les personnes âgées dans les régions
avec un bassin important de personnes aînées issues des communautés
ethnoculturelles, et cela implique la participation de l'ensemble des acteurs
publics, communautaires et privés.
Le
numéro 2 : ACCESSS recommande qu'un effort particulier soit fait par
chaque CSSS offrant ce service pour identifier
et développer des partenariats avec les organismes de ces communautés afin
qu'ils puissent participer au réseau de soins et de services offerts aux
aînés. Et cela, c'est fondé sur l'article 2 de la loi de la santé et des
services sociaux.
ACCESSS
recommande aussi une gestion centralisée de cette nouvelle régie de l'assurance
autonomie et une vigie sur
l'autonomie de chaque gestionnaire responsable des soins et services vis-à-vis
l'administration de chaque établissement afin qu'elle puisse assurer les contrôles et la qualité de ces soins et
des services. Nous recommandons aussi qu'ACCESSS siège au conseil d'administration
d'une éventuelle régie. Cette recommandation est basée aussi sur l'article 2
mais l'alinéa 1°, qui dit :
«Assurer la participation des personnes et des groupes qu'elles forment au
choix des orientations, à l'instauration, à l'amélioration, au
développement et à l'administration des services.»
Et ACCESSS recommande que la formation
interculturelle fasse partie intégrale de ce curriculum et que les services d'expertise-conseil
offerts par ACCESSS soient utilisés dans ce cadre.
Notre
dernière recommandation, c'est par rapport à notre financement : Que le
ministère appuie nos projets avec des ressources adéquates pour pouvoir
appuyer et adapter la gestion de l'assurance autonomie.
Ça, c'est les
six recommandations d'ACCESSS. Et, avant de finir, on tient à vous informer
qu'ACCESSS appuie le mémoire de l'Association des dentistes en santé
publique du Québec, où ils demandent que les soins dentaires et la santé buccale
soient inclus dans l'assurance autonomie. Voilà.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation. On va
commencer maintenant la période d'échange avec les députés de la
commission. Pour le premier bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert :
Merci beaucoup. D'abord, permettez-moi de saluer Mme Gonzalez,
M. Di Giovanni et M. Delgado, que j'ai rencontrés à
plusieurs reprises, et de saluer le rôle d'ACCESSS pour la vigilance qu'ils
exercent pour que les communautés ethnoculturelles aient un accès le plus
ouvert possible au réseau de la santé et des services sociaux. Je pense que nous avons besoin d'un organisme et d'un
regroupement d'organismes comme le vôtre pour constamment être à l'affût
des moyens pour améliorer l'accès des communautés culturelles à nos services de
santé et services sociaux.
Vous
soulignez dans votre mémoire que le vieillissement de la population sera un
tsunami. Écoutez, un tsunami, on ne peut pas prédire ça, alors que le
vieillissement de la population, c'est mathématique, c'est démographique. C'est
plutôt un iceberg qui est là, qu'on voit
s'approcher, et il faut imprimer au réseau de la santé et des services sociaux
un changement de cap de façon à être capable de contourner, que ça devienne un
défi et non pas une catastrophe. Et l'assurance autonomie, et vous le soulignez
bien dans votre mémoire, vise à justement pouvoir opérer ce virage qui est
extrêmement important.
Vous
soulignez l'importance d'implanter les réseaux de services intégrés aux
personnes âgées dans les régions avec des
bassins importants de personnes aînées issues des communautés culturelles. Nous
sommes allés au-devant de votre désir parce
que dès cette année, dans le budget, nous avons réservé 8 millions pour
être en mesure de compléter l'implantation des réseaux intégrés, et, de
ce 8 millions, 4 millions vont aux quatre régions qui reçoivent le
plus de communautés ethnoculturelles : presque 2 millions pour
Montréal, 1 million pour Québec, 1 million pour la Montérégie et près
de 300 000 $ pour Laval. Donc,
c'est déjà en action parce que nous voulions préparer l'arrivée de l'assurance
autonomie et s'assurer que les gestionnaires de cas soient au rendez-vous.
Je voudrais par contre vous poser une question
sur les gestionnaires de cas. Vous parlez d'abord de formation pour mieux les habiliter à l'interaction avec les
communautés ethnoculturelles. J'aimerais que vous m'en disiez un peu
plus et également que vous… Vous parlez de
vigilance de l'autonomie pour les gestionnaires de cas à la page 12, les
gestionnaires de cas devraient
recourir à une vigie sur l'autonomie. Alors, j'aimerais ça que vous puissiez
m'en dire un petit peu plus.
M. Delgado
(Pascual) : Je vous remercie. Si vous me permettez, répondre à
la question. Merci, M.
le ministre.
En
effet, la première situation, c'est ce qu'on vit chaque jour à l'intérieur du
système. Ça veut dire que, les gestionnaires de cas, à l'heure actuelle, on a
reconnu que chaque CSSS a un certain contrôle sur la gestion de ces ressources-là, l'intervenant gestionnaire de cas a
un rôle très important à jouer, mais un des problèmes qu'on voit,
c'est que, dépendant du CSSS, dépendant de
chaque point de service, ça varie, la qualité de service varie assez grand. Et
on a vu même dans le livre blanc et d'autres
présentations qu'on a eu un problème aussi de retard par rapport à Montréal, le RSIPA, on voit qu'il est en retard, et
aussi Québec. Donc, dans d'autres régions, ça va avance bien, puis le RSIPA est
vraiment bien installé.
Mais, par rapport à
la formation, c'est clair qu'une région comme Montréal qui a presque 40 %
des aînés de communautés culturelles,
toujours des populations récemment arrivées de pays qui sont vraiment loin
culturellement du Québec, ça prend
vraiment une formation des gestionnaires de cas pour qu'ils puissent vraiment
faire face aux défis, aux problèmes
qui seraient vécus dans chacune de ces régions. Et là on a… Nous, nous connaissons
assez bien nos réseaux d'organismes
qui sont capables ou non de pouvoir vraiment répondre. Donc, la formation
interculturelle, c'est quelque chose qui doit être intégré à l'intérieur
de la façon que la formation se donne aux gestionnaires.
Par
rapport à la deuxième question, si je comprends bien, c'est question aussi de
comment mieux administrer ça. Si pouvez répéter la deuxième question.
M.
Hébert : La vigilance, vous parlez de vigilance de
l'autonomie. Je voudrais savoir à quoi vous faites référence. Vous dites
que les gestionnaires de cas doivent assurer une vigilance de l'autonomie.
M. Delgado (Pascual) : En effet, c'est que nous croyons fermement à
l'«empowerment» des aînés. Nous croyons que l'autonomie de chaque aîné, de chaque personne aînée doit être
respectée, et ça veut dire que les gestionnaires de cas devraient
vraiment être vigilants que cet «empowerment», qui est la décision, la liberté
de décision de l'aîné, soit pris en considération, au lieu de créer un système
qui serait une bureaucratie, qui ne serait pas vraiment respectueux de la
situation de chaque individu, chaque personne. Là, il y a un danger que le
gestionnaire de cas va agir de façon homogène, automatique.
Et
donc ça, c'est un des problèmes aussi du SMAF, nous croyons que l'évolution du
SMAF aurait des problèmes et des
barrières importants au moment qu'on est devant le défi de la diversité
culturelle. L'évolution du SMAF et l'application du SMAF devraient être
flexibles par rapport à comment les différents aînés des différentes cultures
pourraient réagir à une telle évaluation. Donc, ça, c'est un défi assez
important.
M. Di Giovanni (Jérôme) : Je voudrais compléter. L'élément de la formation,
pour nous, est extrêmement capital si on veut réussir cette
autonomie-là, ce maintien à domicile. Nous vivons… Dans un certain nombre de
régions, on a des demandes des
professionnels du réseau nous demandant des formations, sauf qu'ils ne sont pas
dégagés au niveau de leur temps de
travail, et ils nous demandent même de faire pression sur leurs gestionnaires
pour qu'ils puissent se faire dégager
pour recevoir de la formation. Et souvent c'est des formations de midi à 1
heure, mais ce n'est pas vraiment des formations,
c'est plus des ateliers de sensibilisation, d'information. Et ça, quand on
parle de formation, pour nous, il faut que ça soit inscrit à l'intérieur
des programmes de ces professionnels-là et que ce soit une formation continue,
parce que l'immigration évolue. Il y a 50 000 nouveaux arrivants qui
arrivent au Québec à tous les ans. C'est vrai que ce n'est pas toutes des
personnes âgées, mais c'est une problématique qui est continue.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Vous serez probablement heureux d'apprendre que
nous avons lancé dernièrement un concours pour les établissements de santé, un concours d'institut universitaire avec
deux thématiques, une première en soins de première ligne et une deuxième en soins et services de
santé pour les communautés ethnoculturelles. Alors, nous invitons par ce
concours les établissements du réseau à postuler à un statut d'institut
universitaire pour connaître mieux les stratégies qu'on doit adopter pour
donner un meilleur accès aux communautés ethnoculturelles et également les
stratégies de formation. Alors, vous serez sans doute interpellés dans cette
démarche-là, mais je voulais juste vous informer qu'on est très sensibles. Et,
avec ma collègue Diane De Courcy, on a travaillé à être en mesure d'assurer
un financement pour un tel institut.
M. Delgado
(Pascual) : …répondre un petit peu…
Le Président (M.
Bergman) : M. Delgado.
M. Delgado (Pascual) : …de dire que les meilleurs formateurs, c'est ceux
qui ont vécu, dans la chaire, eux-mêmes le processus d'immigration ou qui sont eux-mêmes réfugiés. C'est vrai
qu'au niveau universitaire on a des professeurs très qualifiés et bien,
bien… des grands chercheurs, mais nous croyons que les meilleurs formateurs, c'est
nous.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
• (15 h 40) •
M.
Hébert : Vous avez
parlé de bureaucratie, et là je suis un petit peu étonné, dans votre mémoire,
de voir votre proposition de créer une régie de l'assurance autonomie.
Comme vous l'avez vu, dans notre livre blanc, on a évité la création de
nouvelles structures pour justement s'appuyer sur les structures déjà
existantes, les CSSS et la Régie de l'assurance maladie, qui aura un rôle à
jouer également dans l'allocation de soutien à l'autonomie.
J'aimerais
ça que vous m'expliquiez, là, pourquoi vous proposez la création d'une régie de
l'assurance autonomie, d'une nouvelle structure paragouvernementale.
Le Président (M. Bergman) :
M. Giovanni.
M. Di
Giovanni (Jérôme) : Pour
nous, que ça soit à l'intérieur de la RAMQ ou une régie, c'est en fonction
que ça va prendre un cadre d'imputabilité et
de reddition de comptes pour s'assurer qu'il n'y ait pas de disparité de
livraison de services et de
développement de services d'un CSSS à l'autre. Et que ce soit à l'intérieur de
la même agence, ça ne change absolument rien, notre expérience terrain
nous démontre qu'actuellement il y a des disparités d'un CSSS à l'autre.
Donc,
premièrement, c'est de s'assurer qu'il y ait un cadre d'imputabilité et de
reddition de comptes; deuxièmement, qu'il
y ait des normes nationales et qu'il y ait aussi des lignes directrices de
qualité de service qui vont être appliquées à travers le Québec. Et ça,
ça va être extrêmement important. On ne voudrait pas voir… de vivre ce que
beaucoup de personnes vivent actuellement, c'est que d'un CSSS à l'autre il y a
des disparités à l'intérieur de la même agence. Donc, c'est ça qu'il y a derrière cette proposition-là. Que ce soit à
l'intérieur de la RAMQ ou que ce soit… ou une création d'une régie, pour nous, ce qui est important,
c'est la reddition de comptes, l'imputabilité, des normes nationales et
une qualité de service indépendamment là où
se trouve la personne aînée, que ce soit à Montréal, la Montérégie, à
Gatineau ou au Saguenay, ça ne change absolument rien. Et ça va prendre cela.
Et on s'est inspirés du forum sur le cancer, où, unanimement, tous les
participants, ils ont demandé une approche nationale, centralisée pour s'assurer
exactement de ces mêmes éléments là.
M. Delgado
(Pascual) : Moi, je veux
souligner aussi qu'on a été inspirés par l'expérience PRISMA en Estrie.
Et un des premiers contacts qu'on a eus avec
l'idée de l'assurance autonomie, c'était justement dans ce sens de
créer une régie inspirée… à peu près comme la Régie de l'assurance
maladie, une régie nouvelle qui serait vraiment au contrôle de la qualité du
processus à travers le pays.
Je sais qu'après on a eu une évolution, le livre
blanc, vraiment, revient à un modèle qui met beaucoup plus d'emphase sur les CSSS et le réseau de la santé,
mais là-dessus, vraiment, peut-être il faut revenir un peu en arrière, à
2007, et voir vraiment le modèle d'une régie de l'assurance autonomie
indépendante.
M. Hébert : …
Le Président (M. Bergman) : M.
le ministre.
M.
Hébert : Je retiens votre préoccupation — excusez-moi, M. le Président — je retiens votre préoccupation, là,
la préoccupation d'imputabilité, de reddition de comptes, également d'avoir des
normes nationales, et c'est là où l'allocation
de soutien à l'autonomie devra répondre à des normes nationales et être
équitable dans toutes les régions du Québec. Et, la qualité des
services, d'avoir des standards nationaux également qui vont être appliqués par
les CSSS mais des standards nationaux qui s'appliquent pour tout le Québec,
alors je retiens ça.
Je ne suis
pas très enclin à mettre en place de nouvelle structure. Je pense qu'il faut
que l'argent aille aux services cliniques, et on va essayer d'utiliser
plutôt les structures actuelles et faire en sorte qu'on puisse avoir des
standards nationaux pour éviter les disparités.
Je vais laisser mes collègues poser des
questions supplémentaires.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Merci, M. le Président. Alors,
bonjour à vous, Mme Gonzalez, M. Di Giovanni et
M. Delgado. Ça me fait plaisir d'échanger avec vous.
Dans votre mémoire, vous mentionnez une préoccupation
particulière par rapport aux services de santé et services sociaux et qu'ils ne
sont pas toujours adaptés aux réalités des personnes issues des
communautés ethnoculturelles, et vous
mentionnez notamment une grande préoccupation pour les personnes âgées issues de l'immigration et qui
sont des personnes particulièrement vulnérables, notamment, souvent, à cause de
ce qu'elles ont vécu, le choc à l'arrivée dans le pays d'accueil, des
conditions aussi souvent difficiles dans lesquelles elles vivent, de plus
grande précarité, de plus grande pauvreté.
Et, comme vous êtes particulièrement proches de la réalité de ces personnes-là,
j'aimerais ça que vous nous parliez de façon un peu plus précise de vos
préoccupations pour cette clientèle spécifique de personnes âgées issues de l'immigration.
Le Président (M. Bergman) : M. Delgado.
Une voix : …
Mme Gonzalez (Carmen) : Oui, je peux
y aller.
M. Delgado (Pascual) : Oui, oui,
allez.
Le Président (M. Bergman) : Mme
Gonzalez.
Mme Gonzalez
(Carmen) : O.K., oui. En fait, je suis directrice d'un organisme qui
donne des services directement à la population, surtout à la population immigrante. Parmi
ces personnes-là, nous avons des réfugiés et, en général, des
immigrants.
Alors, une des barrières qu'on trouve le plus,
c'est vraiment la langue, une des choses, et l'autre, c'est la méconnaissance.
Alors, pour notre organisme, en fait — je vous parle de COPSI — c'est
un organisme qui donne beaucoup d'information et d'orientations, parce que, faute de financement, on ne peut pas donner plus de services que ça, alors on s'assure, quand une personne appelle à
notre organisme, de les référer aux ressources qu'il y en a, mais on se rend compte qu'ils sont mal informés ou pas
informés du tout, du tout, du tout. Alors, oui, il faut tenir compte… Et
dans le mémoire est vraiment
cité… et là moi, j'écris, à la page 11, quand il dit : Les
communautés culturelles rencontrent encore, encore certaines barrières. Et une des barrières, c'est vraiment
la langue et pas d'information ou la mauvaise information.
M. Delgado
(Pascual) : Moi, j'aimerais
ajouter un point sur le statut d'immigration des aînés. La situation actuelle, c'est une anomalie qui
revient un peu… qui date de la loi d'immigration canadienne et le fait que beaucoup
de ces personnes-là sont parrainées par sa
famille, par ses enfants. Ces personnes-là parrainées n'ont pas vraiment nécessairement le même droit d'accès aux services, à la
francisation et autres, que les citoyens canadiens ordinaires, et ça, c'est un
problème en soi, en plus vraiment
une situation de statut qui créé plusieurs niveaux. Il y a
des personnes qui sont des requérants de statut d'immigration qui ont un
statut un peu différent et, en termes de services, des fois, ils rencontrent
des barrières, simplement qu'on va leur
dire, dans certains points de service : Vous n'avez pas le droit parce que
vous n'êtes pas vraiment un immigrant
reçu, vous n'avez pas votre résidence. Donc, il y a aussi des situations de
bureaucratie qui créent vraiment, des
fois, des barrières, et ça, une grande mesure, c'est de ce fait que nous vient
un peu l'anomalie, d'une loi à deux, la loi d'immigration canadienne et
la loi d'immigration au Québec. Donc, il y a cet aspect-là qu'il faut explorer.
Un des
problèmes aussi, en termes de ressources, c'est qu'on est pris avec une
anomalie vraiment flagrante. C'est que beaucoup d'organismes
sont obligés de se faire financer par une enveloppe fédérale, donc c'est le programme
Nouveaux Horizons pour les aînés. Et c'est
incroyable de voir combien d'organismes qui travaillent auprès des aînés
au Québec doivent faire appel au fédéral, car ils n'ont pas une ressource
ici, de notre pays, pour pouvoir payer les mêmes services. Donc là, il y
a une anomalie encore qui est complètement flagrante, on l'a répété à plusieurs
reprises.
Donc, ça, je ne sais pas si, Carmen, tu veux
ajouter.
Le Président (M. Bergman) : Mme
Gonzalez.
Mme
Gonzalez (Carmen) : Oui. À
part le financement, je reviens au facteur linguistique, parce qu'on pense que c'est les nouveaux
arrivants, mais on peut parler des immigrants qui sont ici de plus longue date
et qui sont des aînés. Et on sait qu'avec
l'âge la personne revient à sa langue maternelle. Alors, même si elle parlait
déjà la langue, soit le français, l'anglais
ou les deux, on se retrouve avec beaucoup de personnes aînées qui reviennent à
leur langue maternelle. Alors, voilà, c'est une autre barrière aussi. Il
faut tenir compte de plein de petits… culturels aussi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Et, pour poursuivre la discussion là-dessus, qu'est-ce que vous pensez qui
pourrait être intéressant? Parce que
j'entends bien, là, les préoccupations que vous avez, notamment la barrière de
la langue. Est-ce que vous pensez que les familles pourraient être mises
à contribution de façon plus spécifique?
Vous parliez
aussi tantôt de formation. Est-ce que la formation des intervenants, soit tous
les intervenants sociaux qui vont avoir à intervenir dans le maintien à domicile
auprès des personnes âgées… Mais, à ce moment-là, avec la préoccupation que
vous avez pour ces gens-là plus spécifiquement, comment vous voyez… qu'est-ce
qui pourrait représenter une piste de solution?
Le Président (M. Bergman) :
M. Di Giovanni.
• (15 h 50) •
M. Di
Giovanni (Jérôme) : Les
solutions sont à plusieurs niveaux. D'une part, au niveau de la formation
des intervenants… Puis ça, c'est une
formation continue, puis ça, c'est important, parce que souvent on se fait
appeler pour se faire référer du
monde, et, les gens, il y a toute la question du statut. Donc, il y a cet
élément-là. Puis c'est une formation, à mon sens, qui devrait être obligatoire, parce qu'actuellement, là, oui,
on en donne, mais c'est sporadique. Souvent, c'est vers l'heure du midi ou c'est en soirée, on est appelés
par des associations de professionnels pour qu'on le fasse à l'intérieur
de leurs colloques, conférences et symposiums. Donc, il faut que ce soit
inscrit à l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux.
Deuxièmement, il y a toute la question de l'information
sur les programmes et services qui existent, qui sont destinés aux familles et
aux personnes aînées. Il y a très peu d'information qui existe. Lorsqu'on parle
d'information, c'est de l'information adaptée tant culturellement que linguistiquement. Donc, vraiment,
là, de monter des programmes. Puis ça existe, mais, là aussi, c'est très
peu financé.
Puis on va revenir aux ressources.
C'est très, très peu financé.
Souvent, on le fait bénévolement parce qu'à un moment donné on est pris
entre l'arbre et l'écorce, et on ne peut plus dire non, et on le fait.
Puis l'autre
élément aussi, là, c'est de s'assurer qu'il y ait des programmes qui… à
l'intérieur de l'organisation des programmes,
à l'intérieur de la détermination des budgets, qu'on inclut déjà une composante
ethnoculturelle, de déjà prévoir dans les budgets que ça va prendre des
ressources pour adapter les programmes, ça va prendre des ressources pour former le personnel, ça
va prendre des ressources financières pour sensibiliser les communautés
ethnoculturelles. Puis, si on ne le fait pas, on rame toujours à
contre-courant. On y va avec des approches-projets qui vont durer six mois, un
an, un an et demi, mais ça, c'est un élément continu.
Et, dans ce
cadre-là, ACCESSS a déjà pris de l'avance. Il y a une proposition qu'on a
soumise au ministre de la Santé et
des Services sociaux pour établir un partenariat public-communautaire, une
entente de gestion qui engloberait tous ces éléments-là de façon
systémique, de façon globale, et d'arrêter de voir la problématique de la
santé — là,
on est au niveau des aînés — de
façon très ponctuelle, très sectorisée, et d'aller éteindre des feux. Et ça, ça
va prendre une approche globale.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste cinq minutes.
Mme Proulx :
En fait, si je comprends bien ce que vous dites, c'est que vous souhaitez être
considérés comme un partenaire à part
entière et de façon intégrée, et non pas une approche uniquement à la pièce. Je
comprends très bien ce que vous
dites, là, ce que vous nous présentez là. Maintenant, j'aimerais ça que vous
nous disiez, à défaut de faire ça, selon vous, qu'est-ce que ça sera, l'impact sur la clientèle pour qui… que vous
desservez, en fait, les personnes issues de l'immigration. Si on ne se préoccupe pas d'avoir cette approche
intégrée, si on ne se préoccupe pas de bien répondre aux défis
particuliers que ces gens-là peuvent
représenter, qu'est-ce que vous anticipez comme étant un impact négatif, là,
qui pourrait se produire?
M. Di Giovanni (Jérôme) : L'impact…
Le Président (M. Bergman) :
M. Di Giovanni.
M. Di
Giovanni (Jérôme) : Oui.
L'impact, c'est que ces personnes-là n'auront pas accès aux services. Ceux
qui vont pouvoir le faire vont aller vers le
privé, et d'autres n'auront pas accès aux services, ça va être les familles qui
vont s'en occuper. Puis là on parle de familles sandwichs, là, puis on parle
des familles qui vont être obligées offrir ces services-là. Et les personnes aînées, bien, en fin de compte, là, vont
être obligées aller plus vers les centres de soins de longue durée. Ils vont se retrouver dans les
salles d'urgence, dans les hôpitaux, parce que, bon, ils n'auront pas les
services de maintien à domicile, ils
n'auraient pas ce genre de service là. C'est une masse critique de la
population québécoise qui n'aura pas ces services-là. Ça, c'est
important.
Et là l'autre
impact, c'est au niveau des organismes communautaires comme celui que
Mme Gonzalez gère, avec d'autres
organismes qui sont membres d'ACCESSS ainsi qu'ACCESSS, qu'à un moment donné on
va être obligés de donner et offrir
des services gratuitement. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas, gratuitement,
mais quelque part, là, il faut payer
un loyer, il faut manger, il faut s'habiller, il faut vivre comme vous vivez.
Donc, à un moment donné, c'est qu'on va offrir ces services-là puis on
va avoir du burnout de personnel, on va avoir un turnover… un taux de roulement
de personnel qui va s'accroître, là, parce que la masse de la population
augmente, puis on va avoir des appels du réseau en nous disant : On a
besoin d'aide, aidez-nous, mais on n'a pas des ressources pour mettre en place,
là, toute la question d'adaptation.
C'est encore
ça qu'on dit qu'il faut le prévoir dès qu'on définit les budgets. Dès que le
ministre de la Santé va voir le ministre des Finances pour définir les
budgets, il faut déjà prévoir. Ça, c'est une innovation, ça ne s'est jamais fait. Il faut prévoir que ça va prendre des
budgets pour adapter. Il faut respecter la loi de la santé et des services
sociaux, l'article 2, alinéa 5°, alinéa 7°. Il faut la
respecter, cette loi-là.
M. Delgado (Pascual) : Moi, j'aimerais
simplement ajouter une petite note. Dans votre mémoire, à la page 6, vous avez un exemple de ce que le
gouvernement peut faire pour appuyer une telle démarche, et on parle
vraiment… Depuis le 24 novembre 2009
jusqu'au 1er octobre 2013, on a offert des ateliers, 32 ateliers de
formation d'intervenants dans le cadre de ce projet :
314 intervenants de 155 organismes dans six régions du Québec qui ont
été formés, et 45 communautés culturelles différentes ont passé à travers la formation
grâce au soutien du ministère de Famille et des Aînés. Il faut ajouter,
nous estimons, près de 99 000 aînés qui ont bénéficié indirectement grâce
à cette formation.
Donc, c'est ça qu'on veut dire quand on dit d'intégrer
à l'intérieur de votre programme la reconnaissance de l'importance de former
les intervenants des organismes communautaires qui desservent les aînés des
communautés culturelles pour qu'ils puissent
savoir quels sont les programmes et services qui existent au Québec pour les aînés. Et là il y en a… Vous
seriez surpris de savoir combien il y en a qui ne connaissent même pas les services
à domicile qui existent actuellement.
Mme
Gonzalez (Carmen) : Je veux
rajouter aussi qu'on est dans la prévention, alors qu'on sait que, si on
parle du côté sous, c'est beaucoup moins cher, prévenir, qu'après faire l'intervention.
Et on a vu les chiffres et on peut parler de
tsunami, on peut parler d'iceberg, mais c'est énorme, c'est énorme, les
personnes qui en sont, et on a encore le temps de s'organiser pour
recevoir et donner un bon service à ces personnes-là.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé pour le bloc du gouvernement. Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, pour
17 min 30 s, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bienvenue à notre
commission. Nous sommes très heureux de vous recevoir, surtout que vous
êtes un groupe extrêmement important.
Vous
avez donné la statistique il y a quelques minutes, c'est 50 000 personnes
immigrantes qui arrivent à chaque année au Québec. Quand vous regardez
la croissance de la population, on a à peu près 88 000 naissances. De ces 88 000 naissances, en plus, il y a à peu près
20 % à 25 % des enfants qui naissent d'un des parents qui est un
immigrant. Ça fait que, quand vous regardez
la croissance au Québec, la croissance au Québec se fait en grande partie avec
des personnes soit qui sont nées au Québec ou que leurs enfants vont
naître au Québec. Donc, pour nous, là, c'est une clientèle extrêmement
importante.
L'autre
élément, puis j'aimerais vous entendre là-dessus, vous êtes d'accord que le
fait de venir d'un autre pays ou une
culture différente, le temps de s'acclimater au Québec, de s'intégrer tout en
respectant sa propre culture, ça prend parfois des conditions
particulières par rapport aux soins que vous devez recevoir?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gonzalez.
Mme Gonzalez (Carmen) : Excusez-moi,
je n'ai pas saisi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Le fait qu'on ait des gens qui viennent de
d'autres pays, lorsqu'ils arrivent au Québec, ça prend quand même des conditions particulières pour pouvoir s'occuper
de ces gens-là, parce qu'il faut tenir compte qu'ils viennent d'un pays qui est différent, avec une culture qui peut
être différente, puis juste le temps de connaître le système au Québec,
bien ça peut prendre quelques années.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Gonzalez.
M. Di
Giovanni (Jérôme) :
Effectivement, c'est une voie à deux sens. On a parlé de la formation des
intervenants, mais aussi il y a un autre volet à cela, et c'est ce qu'ACCESS a
mis sur pied, c'est les ateliers d'information et de sensibilisation qui sont destinés aux communautés ethnoculturelles à
travers nos organisations membres sur le système de santé. Comment le système de santé fonctionne? Il
y a des professions qui existent ici qui n'existent pas ailleurs, on a
une structure qui est spécifique au Québec.
C'est quoi, un CLSC? C'est quoi, un intervenant pivot? C'est quoi…
Comment accéder à un hôpital? C'est quoi,
une clinique sans rendez-vous? Différence entre ophtalmologiste, optométriste,
ainsi de suite. On a ce genre d'information, de sensibilisation et d'atelier,
la question des conditions d'accès à la Régie de l'assurance maladie, par
rapport à la carte d'assurance maladie, mais malheureusement — puis
on revient toujours aux ressources — c'est des formations qu'on donne qui sont
sans financement. On le donne parce qu'on est une fédération, nos organisations membres nous le demandent, puis
on voit qu'il y a un besoin immense par rapport à ça. Et ça, c'est important.
Puis,
lorsqu'on parle des intervenants, il y a toute la question aussi… Oui, il y a
des spécificités. Il y a toute la question de l'alimentation, on a monté
un programme de formation sur l'alimentation. Que ce soit au niveau des jeunes,
que ce soit au niveau des personnes âgées, c'est pour sensibiliser les
intervenants en termes d'alimentation.
Donc, oui,
ça, c'est important. Il y a des spécificités, il faut que les gens qui arrivent
ici tiennent compte de ces réalités-là.
Ce n'est pas ça qu'on veut changer, ce n'est pas ça qu'on… On ne veut pas
changer les CLSC ou quoi que ce soit. Ce qu'on dit, c'est que… Notre
mission, nous, on dit : Ces CLSC là, ces services-là, que ce soit dans le
cadre de l'assurance autonomie ou d'autres, on doit tenir compte, dans la
détermination des ressources, le fait qu'il y a des immigrants qui sont ici, au
Québec. 50 000, là, c'est très peu lorsqu'on considère qu'est-ce que
l'Ontario reçoit puis qu'est-ce que d'autres
provinces reçoivent. Puis il y a des masses critiques au niveau des personnes
des communautés culturelles, des personnes âgées, notamment la grande
région de Montréal, mais il y en a d'autres qui s'en viennent au niveau de
Sherbrooke puis de Gatineau.
• (16 heures) •
M. Delgado (Pascual) : Moi, j'aimerais
ajouter aussi, M. Bolduc, qu'on parle aussi, ACCESSS, des effets
cumulatifs, des différents facteurs qui vont ajouter à la difficulté de s'intégrer
culturellement au pays et qui, en effet, sont soulignés bien dans la Charte des
droits et libertés, dans l'article 10. Si on voit une personne qui, à
cause soit de la race, l'exclusion fondée sur la couleur, le sexe, la
grossesse, l'orientation sexuelle, la situation de religion, langue, origine
nationale et ethnique, condition sociale, handicap… L'article 10 nous
donne tout un menu de vulnérabilités, de
facteurs qui vont ajouter à la vulnérabilité. Et, dans une personne immigrante
qui nous vient d'un pays… mettons un pays
africain, un pays où la personne, à cause de la race ou la couleur… où une
personne, à cause d'autres facteurs, serait encore plus loin de la culture ici d'accueil, elle aura énormément
de troubles de pouvoir s'intégrer, et ça prend vraiment un ajout aux
ressources pour pouvoir vraiment dealer avec ça.
Donc, c'est
pour ça qu'on parle de 165 différentes ethnies. On ne peut pas comparer l'évolution de l'intégration d'une
personne qui vient de l'Europe de l'Ouest à une personne qui nous arrive d'un
pays éloigné par rapport à la culture, parce que c'est des évolutions
différentes.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Vous m'avez très bien expliqué, puis c'est ce que je comprends également. Puis
ce que je comprends également : au Québec, il y a certains territoires de
CLSC où il y a beaucoup plus d'immigrants que d'autres territoires. Et, ces territoires-là,
il faut avoir des stratégies particulières, puis vous allez nous aider à les
trouver, ces stratégies particulières, et à les appliquer.
Mon
point, c'est : Si on est d'accord avec ce point-là, quelle est la meilleure
gestion? Est-ce que c'est une gestion qui est décentralisée, où c'est des gens près du terrain, dans les CLSC,
qui connaissent vos besoins et qui doivent y répondre, ou encore c'est
évalué par quelqu'un qui est dans un bureau, une tour à Québec?
Le Président (M. Bergman) :
M. Delgado.
M. Delgado (Pascual) : Moi, je crois
que la façon, comme on avait produit dans notre mémoire, la recommandation, c'est que les standards, les critères par rapport à la formation
des gestionnaires de cas qui vont s'occuper de l'assurance autonomie
doivent être cohérents en même temps de tenir compte de facteurs régionaux qui
seront différents. Donc, c'est clair qu'on
pourrait avoir une vision centralisée, une vision avec des standards
centralisés, des critères nationaux,
mais aussi tenir compte des situations dans des régions où il y a des
concentrations majeures de groupes des communautés culturelles. Donc, c'est
clair que le CSSS doit répondre à ça, mais il faut… Le problème qui se pose actuellement, une grande mesure, c'est que
l'autonomie de chaque CSSS, des fois c'est une barrière qui empêche
vraiment à pouvoir adapter à travers le
Québec avec une vision cohérente. C'est pour ça que l'assurance autonomie peut
donner une solution si les standards sont nationaux, pareils pour tout
le monde, mais en même temps on reconnaît la différence.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. C'est seulement que,
par rapport à la standardisation, en utilisant des outils comme le SMAF, l'OEMC, c'est déjà fait au Québec. La seule
difficulté, c'est qu'il y a certains CSSS qui ne l'appliquaient pas,
dont à Montréal, et qui maintenant commencent à l'appliquer. La députée d'Arthabaska…
Moi, je viens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on applique ces outils-là depuis
déjà plusieurs années, et ça fonctionne très bien. La question qu'il
faut se poser : Est-ce que j'ai besoin de créer une assurance autonomie
pour pouvoir l'appliquer sur le terrain? Ça, je suis moins certain.
Dans votre mémoire,
vous nous parliez que vous êtes d'accord avec l'assurance autonomie. Ce que je
comprends, vous êtes d'accord avec le principe du maintien à domicile, la
continuité des soins, les soins intégrés.
Par contre,
dans votre mémoire, vous ne parlez pas de financement. C'est certain que les
besoins, une fois évalués, il faut
qu'on y réponde, il y a une facture à ça, et puis l'assurance autonomie,
c'était surtout une question… En tout cas, moi, je le vois, qu'il y a l'organisation de services qu'on peut faire,
indépendamment de l'assurance autonomie. Mais la grosse question, c'est : Comment on finance ces services-là qui
sont mis en place? Ça, votre mémoire est silencieux là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
M. Delgado.
M. Di Giovanni (Jérôme) : Au niveau
de…
Le Président (M. Bergman) : M.
Di Giovanni.
M. Di
Giovanni (Jérôme) : Au niveau… Pour nous, l'assurance autonomie, c'est
la réorganisation des services, là. Puis on le vit sur le terrain, d'un
CSSS à l'autre il y a des disparités de service. C'est clair, là. Puis ça, ce n'est
pas la première fois qu'on le dit. On l'a dit lorsqu'il y a eu le projet de
loi n° 83 pour réorganiser les services de santé et services sociaux,
c'était notre crainte à nous autres qu'il allait y avoir des disparités, puis
ça se confirme au niveau des disparités de service.
Au niveau du
financement, ça va prendre une réorganisation des services. Que ce soit à
l'intérieur de la RAMQ ou une autre
structure, pour nous, comme on avait dit, c'étaient les standards nationaux, de
s'assurer que dans les CSSS d'une
région à l'autre on ait des services. O.K.? Puis il faut voir au niveau de
comment ça va être réorganisé, au niveau financier, au niveau budgétaire. Puis, si on regarde au niveau des
communautés culturelles, là où est-ce que ça coûte cher, c'est parce que
ce n'est jamais inclus dans les budgets. Et, quand les budgets sont déterminés,
nous, on lève la main, on dit :
Écoutez, vous avez oublié ça, vous avez oublié ceci, et là ça devient beaucoup
plus coûteux puis beaucoup plus difficile à faire ça. Puis là ce que
nous, on considère, ça va demander une nouvelle façon de gérer ces services-là.
Que ces services-là soient livrés par les CLSC, tout
à fait d'accord, c'est correct, il n'y a pas de problème, puis c'est là que ça doit se passer, mais aussi il
faut développer un partenariat avec les organismes communautaires par rapport à ça. Puis nous, on le voit puis on a des
exemples où, dans un CSSS, il y a un tel type de partenariat; deux portes plus loin, un territoire plus loin de CSSS
dans la même agence, c'est un partenariat complètement… Ce qu'on
demande aux organismes communautaires que c'est un problème, c'est de gérer la
multitude de CSSS. Si on parle de l'île de Montréal, il y en a
12. Les organismes comme celui de Mme Gonzalez ou ACCESSS sont obligés de
gérer 12 ententes différentes avec
des CSSS parce que ce n'est pas standardisé, c'est différent, les
priorités sont différentes. C'est tout ça qu'on dénonce actuellement
puis tout ça qu'on dit que l'assurance autonomie… Et on a parlé de régie. Que
ce soit à l'intérieur de la RAMQ, pour nous,
ce n'est pas… C'est que ça va nous permettre… on espère que ça va
régler ces difficultés-là. Nous, on croit que, le réseau, il y a
des budgets qu'on peut aller récupérer à l'intérieur des structures. Même si on
demande la création d'une nouvelle structure, il y a des budgets qu'on peut
récupérer si on réaménage ça différemment.
M. Delgado (Pascual) : Moi, je
voudrais ajouter aussi que ce n'est pas…
Le Président (M. Bergman) : Mme la
députée…
M. Delgado
(Pascual) : S'il vous plaît, je veux ajouter que…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Oui. Vous
allez pouvoir poursuivre parce que je vais vous donner la parole. Par rapport
au financement, je trouve… J'ai deux questions à vous poser. D'une part, vous êtes en train
de dire que, si, dans le réseau actuel,
il y avait une égalité de service dans tous les CSSS et si
les enveloppes étaient attachées pour les soins pour les personnes en perte d'autonomie de l'âge de
18 ans jusqu'à la fin de la vie, il n'y en aurait pas, de difficulté.
Actuellement, vous parlez de disparité et de
difficulté de négociation d'un CSSS à l'autre CSSS. C'est ça que vous êtes en train de dire. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Bergman) :
M. Delgado.
M. Delgado (Pascual) : Oui, je
voulais dire qu'il y a une tendance. En effet, n'oublions pas que, dans notre mémoire,
on parle des communautés culturelles, des aînés des communautés
culturelles. La tendance actuelle et depuis longtemps, c'est de
dire : C'est un problème de Montréal, c'est un problème de CSSS A, B, C à Montréal,
et la solution, c'est de donner les ressources
à deux, trois CSSS ou CLSC. C'est un problème national, c'est ça qu'on veut dire. On a
une croissance des personnes des communautés culturelles, des aînés partout
dans les régions du Québec et on doit l'approcher de façon nationale, c'est une
stratégie nationale.
Pour répondre
à votre question, vous êtes absolument d'accord…
on est d'accord avec vous. Si ça serait égal et de façon
homogène, universelle, de la même façon, et tenant compte des facteurs de
diversité, oui, à ce moment-là, on pense que, si c'est le ministère ou c'est l'assurance autonomie par une régie
différente, l'important, c'est que ça soit vraiment que ça va considérer
la personne au bout de tout ça. La personne aînée serait servie… mieux servie.
Mme Gonzalez (Carmen) : Pour vous
donner…
Mme
Blais : …une question
à vous poser sur le financement, mais le temps court. Je voudrais quand même revenir à la formation parce que
c'est là où on s'est connus, quand il a été notamment question de formation. Et je me souviens de la dernière
journée de consultation publique sur les conditions de vie des aînés où on
était dans le West Island, où notamment nous avions abordé la question des
personnes qui sont en perte cognitive qui, à un moment donné, retrouvent leur
langue maternelle pour être en mesure de s'exprimer.
Vous savez que dans le Plan d'action
gouvernemental pour contrer la maltraitance nous avons mis en place un
coordonnateur à la maltraitance, formation ethnoculturelle. Est-ce que ce genre
de coordonnateur, est-ce que ce genre de formateur qui ferait en sorte de
prendre en considération toutes les questions liées à la diversité serait une
façon de pallier à cette difficulté?
Le Président (M. Bergman) :
M. Delgado.
• (16 h 10) •
M. Delgado (Pascual) : Oui, en
effet, certainement. C'est exactement ce que nous avons planifié. Moi-même, étant le président du comité d'implantation
stratégique pour les communautés culturelles pour contrer la
maltraitance à travers le Québec, j'ai
participé depuis 2011 avec ma collègue Louise Buzit-Beaulieu dans ce processus
de consultation à travers toutes les différentes régions du Québec par
rapport aux aînés des communautés culturelles, grâce au soutien, justement, du
ministère et aussi du soutien d'une vision vraiment interculturelle à travers
le pays.
Je crois que, par rapport à l'assurance
autonomie et par rapport à l'adaptation des soins à domicile, RSIPA ou autres, on pourrait aussi concevoir — et d'ailleurs on a conçu — un plan aussi qui va viser une consultation
régulière, une intervention régulière à travers
toutes les différentes régions du Québec sur la question de l'assurance
autonomie, sur les RSIPA ou comment adapter
les RSIPA et comment vraiment trouver les problèmes techniques de l'adaptation
aux aînés des communautés culturelles. Et ça, c'est une conception qu'on
a. On aimerait vraiment, en effet, avancer avec ça. La vision de maltraitance, la lutte contre la maltraitance des aînés, on
était participants, on a aidé énormément, c'est grâce à nous que les
bases de données des associations à travers le pays ont été construites, et c'est
à ce moment-là qu'on passe à la prochaine
étape. J'espère que Mme Buzit-Beaulieu, qui malheureusement est tombée malade,
pourrait revenir avec nous. C'est une
collègue avec laquelle on a travaillé de proche, une grande partenaire. La même
chose s'appliquerait, je crois. Un plan comme cela serait idéal pour l'assurance
autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne,
il vous reste 2 min 30 s.
Mme
Blais : Oui, une dernière
question : Est-ce que vous seriez prêts à payer des coûts additionnels
pour recevoir des soins et des services de maintien à domicile pour les
personnes en situation de handicap physique, intellectuel, les personnes
aînées? Est-ce que nous sommes prêts à payer des coûts additionnels?
Le Président (M. Bergman) :
M. Delgado.
M. Delgado (Pascual) : Ce n'est pas
moi qui pourrais répondre à ça. Ce serait plutôt le gouvernement du Québec qui
doit répondre à ça.
Mme
Blais : Bien, je pose la question.
M. Delgado (Pascual) : Oui. J'aimerais voir qu'il y a un investissement
clair des différents ministères, que le gouvernement investisse
là-dessus, oui. Je crois que, oui, c'est possible. Oui, Jérôme?
Une voix :
…
Mme
Blais :
…votre poche.
Le Président (M.
Bergman) : Un moment, monsieur. Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Non, mais je parle… Vous, vous qui recevez les soins et les services, la
personne âgée, la personne en situation de handicap, d'après vous,
serait-elle prête à payer beaucoup plus pour recevoir les soins?
Le Président (M.
Bergman) : M. Di Giovanni.
M. Di Giovanni (Jérôme) : On a fait un choix, au Québec. Le choix, c'était
qu'indépendamment des revenus, de l'état,
de la situation financière de la personne et des familles il y avait droit à
l'accès à des services de santé et des services sociaux. C'est à cause que c'est ce choix-là qu'on a fait. Notre cadre
d'imposition est basé là-dessus, les taxes qu'on paie sont basées là-dessus. Ça, c'est… Vous introduisez une
nouvelle forme de taxe par rapport à ça. S'il y a une réflexion à faire, c'est la réflexion, à l'intérieur du
gouvernement du Québec, à regarder tout le cadre d'imposition, tant aux
individus qu'aux corporations, à savoir comment qu'on peut aller
récupérer des nouveaux argents dans ce cadre d'imposition là. Est-ce qu'il y a des trous dans la loi sur l'impôt et est-ce qu'on
ne peut pas revoir cette imposition-là? Mais c'est ce choix-là qu'on a fait, et
ce choix-là est très bon, O.K.? Et, qu'il y ait plus de personnes âgées dans
notre société, bien là il faut revoir au niveau des…
Et
ici il faut revoir au niveau… Même si on a proposé, je répète, une régie parce
que, pour nous, les standards nationaux sont importants, le cadre d'imputabilité
est important, il faut revoir aussi…
Le Président (M.
Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît.
M. Di Giovanni
(Jérôme) : En conclusion, il faut revoir les structures qu'on s'est
données. Est-ce que c'est important d'avoir
12 CSSS à Montréal, 18 arrondissements sur l'île de Montréal pour à
peine… même pas 2 millions de population
quand à New York il y a six arrondissements pour 10 millions de
population? Moi, je lance le défi au gouvernement
du Québec, à l'Assemblée nationale de revoir ces éléments-là pour aller
récupérer des fonds pour qu'on puisse continuer à se donner des services
collectifs.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps de l'opposition officielle s'est écoulé.
Maintenant, pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée d'Arthabaska,
vous avez 4 min 30 s.
Mme
Roy (Arthabaska) :
Oui. J'ai l'impression que c'est un trait culturel, les structures, la
multiplication des structures au Québec. Quand
on se compare avec des États qui sont comparables, parce qu'entre
l'Ontario, New York, Montréal
on compare quand même des choses qui peuvent se comparer, on se rend
compte à tous les niveaux qu'il y
a toujours plus de structures au niveau du Québec.
Mais, mis à part
cette constatation-là que vous faites, vous aussi, moi, je voudrais d'une façon
peut-être un petit peu plus concrète savoir, quand un gestionnaire suit votre
formation, par rapport au moment où il commence sa formation et il la termine, qu'est-ce
que sont les acquis les plus probants que vous leur apportez. C'est quoi, la
différence? Puis ça va nous aider puis ça va aider le public à déterminer
pourquoi c'est aussi important, cette formation-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. Delgado.
M. Delgado (Pascual) : En effet,
nous donnons de l'information aux gestionnaires et intervenants aussi du
réseau de la santé, et ils sortent avec une
compréhension beaucoup plus précise de la situation des différents
groupes. Un bon exemple de ça, c'est
la formation qu'on donne par rapport à la santé mentale, la problématique de la santé
mentale des aînés des communautés culturelles. Ça, grâce à notre partenariat avec l'association de santé mentale du Canada, on a produit des PowerPoint qu'on a
utilisés, et les psychiatres, les personnes qui travaillent dans le domaine de
la santé mentale, psychologues et autres,
sont sortis avec au moins une meilleure compréhension de qu'est-ce que ça veut dire, être une
personne aînée des communautés culturelles, par rapport à la santé mentale, les
facteurs. Donc, ça, c'est un ajout à une
compréhension de comment mieux traiter un cas, comment mieux développer un
dossier. Et la même chose s'applique pour les médecins ou travailleurs
sociaux. Dans la mesure où on puisse comprendre l'individu et les facteurs, les
différentes précisions par rapport à la culture, c'est un ajout, une valeur ajoutée à la compréhension du
patient ou de l'usager.
Donc,
notre formation, dans la mesure où des fois… On est subventionnés ou non, des fois
c'est gratuit, mais on a une grille de formation sur la problématique de
la maltraitance, sur la santé des... c'est quoi, la problématique d'être un
aîné des communautés culturelles, et ça, c'est offert aux différents
intervenants. Et de plus en plus il y a un intérêt là-dessus, donc c'est
important de continuer à former. Au bout de tout ça, c'est de pouvoir vraiment outiller les intervenants,
les médecins, les psychiatres, les travailleurs sociaux, pour mieux comprendre
cette problématique et différence des aînés d'autres cultures.
Mme
Gonzalez (Carmen) : Je peux ajouter aussi...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Gonzalez.
Mme Gonzalez
(Carmen) : Oui, merci. Je peux ajouter aussi qu'il y en a en fait
trois, formations : pour les intervenants,
pour les organismes membres ainsi que pour les usagers de ces organismes.
Alors, ça va d'expliquer un peu les réseaux sociaux… ça va de juste
informer jusqu'à la formation des cadres de différents hôpitaux ici, à Québec.
Le Président (M.
Bergman) : M. Di Giovanni.
M. Di Giovanni (Jérôme) : Suite à la formation, on offre un
soutien-conseil. Un mois après la formation qu'on donne, si les
intervenants, ils ont besoin de plus d'information, ils ont besoin… ils ont des
cas spécifiques, on va leur offrir du soutien.
Juste
terrain, concret, juste l'élément d'expliquer le parcours migratoire, le
parcours migratoire, c'est extrêmement
important, parce
que les personnes vont réagir en
fonction de leur parcours migratoire. Est-ce qu'ils sont ici des gens qui sont parrainés? Est-ce qu'ils ont
transité par des camps de réfugiés? Est-ce qu'ils… Le parcours
migratoire va pouvoir déterminer aussi la
réaction des gens par rapport aux relations qu'ils ont avec les intervenants et
avec les professionnels du réseau de la santé et des services sociaux.
Donc,
c'est une gamme de choses. Puis on offre aussi des outils de support qu'on leur
donne, soit des dépliants en
17 langues, français, anglais et 15 autres langues qu'on
produit, soit, comme on disait, du support technique, du support-conseil
qu'on donne au téléphone ou par des rencontres individuelles. Et, ces
formations-là, on les donne… on est extrêmement flexibles au niveau de la
pédagogie.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, malheureusement, le temps du deuxième groupe d'opposition
s'est écoulé. Mme la députée de Gouin.
Mme
David : Merci, M. le Président. Bonjour. Comme je n'ai pas
beaucoup de temps, je vais aller droit au but. Il y a une chose qui m'a
beaucoup intéressée dans votre mémoire, c'est l'allusion que vous faites — vous
y consacrez quand même une page — à toutes ces personnes aînées des
communautés culturelles qui habitent avec leurs enfants et, je suppose,
petits-enfants. Et vous dites qu'il y en a beaucoup et que c'est
particulièrement élevé dans l'immigration récente.
Vous soulignez que, dans certains cas, les aînés souffrent d'isolement puis
qu'il peut y avoir aussi, puisque ça se passe en cercle assez fermé, à un moment donné, des problèmes de
maltraitance et qui ne seront pas forcément identifiés.
Dans le fond, ce que
j'aimerais savoir, c'est comment résoudre ça, parce que, théoriquement, on n'a
pas de jugement à porter, comme société
d'accueil, sur le fait que les aînés habitent avec leurs enfants et
petits-enfants. Ça peut être une très
bonne chose; dans d'autres cas, une moins bonne chose. Donc, moi, je ne porte
pas de jugement là-dessus. Comment
s'assurer… Quelle est notre responsabilité là-dedans comme société d'accueil
pour s'assurer que, lorsque c'est le cas, les aînés soient assurés d'avoir
les services dont ils ont besoin et évidemment ne soient ni négligés ni
maltraités?
Le Président (M.
Bergman) : M. Di Giovanni.
• (16 h 20) •
M. Di Giovanni
(Jérôme) : Ça se fait de plusieurs façons. D'une part, c'est de
sensibiliser les communautés ethnoculturelles de toute la question de la
maltraitance, le fait qu'au Québec on a des législations, on a des lois qui combattent la maltraitance. Ça se fait au niveau d'outiller des organisations des communautés ethnoculturelles comme celle de Mme Gonzalez, de les outiller par rapport à dépister cette maltraitance-là et ensuite de voir, là, comment la
solutionner, soit via une plainte officielle… Puis là, quand on parlait de
parcours migratoire parce que le parcours migratoire va être déterminant dans la façon que les organismes ou les intervenants
communautaires vont agir par rapport à ça, là on revient à l'histoire de former
et de sensibiliser les intervenants institutionnels qui ont des mandats pour
travailler ces dossiers-là. Nous avons actuellement... Au niveau de la maltraitance, on a tout le programme
qu'on a avec M. Delgado, qu'on sensibilise, qu'on forme, mais aussi on a
ajouté un autre volet, c'est l'exploitation économique et maltraitance par
rapport à ça, puis là on travaille ce dossier avec l'Autorité des marchés
financiers. C'est de plusieurs façons. Il n'y
a pas une façon unique ou une formule miracle, c'est du cas à cas. C'est en
fonction du parcours migratoire, c'est en fonction de la culture
également.
Mme Gonzalez (Carmen) : Et là il y a aussi... Excusez-moi. Il y a aussi
notre troisième recommandation, quand on parle d'une vigie sur l'autonomie de chaque gestionnaire de cas. Alors,
voilà, c'est de travailler tous en amont pour vraiment surveiller,
donner un bon service.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme Gonzalez, M. Di Giovanni, M. Delgado, merci
pour votre présentation. Merci d'être ici avec nous et partager votre
expérience avec nous.
Et
je demande le prochain groupe pour prendre leur place à la table.
Et
je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension
de la séance à 16 h 22)
(Reprise
à 16 h 24)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je
souhaite la bienvenue à l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, je vous
souhaite la bienvenue. Vous avez 10 minutes pour faire votre présentation, suivi d'un échange avec
les membres de la commission. Et, pour les fins de l'enregistrement, je
vous demande de bien vouloir vous présenter. Et les prochaines 10 minutes,
c'est à vous.
Alliance du personnel
professionnel et technique
de la santé et des services sociaux (APTS)
Mme Dubé (Carolle) : D'accord. Merci, M. le Président. Je me présente : je suis Carolle
Dubé, présidente de l'APTS — je vais reprendre mon souffle. Les collègues
avec moi : Mme Johanne McGurrin, première vice-présidente, et, à ma gauche, Mme Chrystine Montplaisir,
coordonnatrice au secteur de l'action sociopolitique à l'APTS. Excusez, j'ai
juste un petit peu de trémolos dans la voix, ce n'est pas un problème de micro.
D'abord,
je voudrais vous remercier de nous recevoir et de nous donner l'occasion de vous
faire connaître nos propositions. Et c'est certain qu'on va également
profiter de l'occasion pour nous faire part, là… vous faire part,
plutôt, de certaines de nos inquiétudes.
Je vais d'abord très brièvement vous présenter
notre organisation, l'APTS. Donc, l'APTS, c'est une organisation syndicale qui
représente plus de 30 000 professionnels et techniciens qui oeuvrent dans
le réseau public. On est présents, je vous
dirais, sur l'ensemble du territoire du Québec. En fait, il y a seulement deux
régions où on n'est pas : le
Nord-du-Québec… Et, Mme Richard, on n'est pas présents aux Îles. Donc,
sinon, l'APTS est présente, là, sur l'ensemble du territoire québécois.
Nos membres
travaillent dans différents secteurs. Donc, c'est des gens qu'on retrouve dans
les établissements, qui travaillent
dans le secteur de la réadaptation, dans le secteur psychosocial, dans les
services diagnostics, dans les services et les secteurs de nutrition et au niveau du soutien clinique. Donc, ce
sont des gens qui sont vraiment au coeur des services et des soins qui
sont donnés, là, à la population.
Pour le sujet
qui concerne la commission, l'APTS représente plusieurs de ces intervenants qui
seront appelés, là, à oeuvrer dans les
soins à domicile encore de façon plus importante. Donc, on parle des
physiothérapeutes, des ergothérapeutes, les travailleuses sociales, les
nutritionnistes et les techniciennes en travail social.
On a déjà eu
l'occasion de le faire, mais je vais le refaire aujourd'hui, on salue à nouveau
la volonté du ministre, la volonté du
gouvernement de s'engager à développer les services à domicile. Pour nous,
également, c'est une bonne façon d'améliorer
l'accessibilité aux soins du réseau. En fait, je vous dirais que, quand on
consulte nos gens sur des moyens et des façons d'améliorer l'accessibilité au réseau pour la population, bien
une des solutions qui est amenée par nos gens, c'est d'améliorer et d'augmenter
les services à domicile, et, selon nous, selon nos membres, c'est une façon
aussi de régler certaines situations problématiques qui sont vécues
actuellement dans le réseau quand on pense notamment aux listes d'attente qui s'allongent, quand on pense
notamment aux engorgements dans les urgences. C'est aussi, comme vous l'aviez
bien dit dans votre… ça ressort bien aussi
des sondages et du livre blanc, ça l'exprime aussi et ça respecte la volonté
de la population du Québec, qui souhaite demeurer à domicile le plus longtemps
possible.
Vous savez,
nos gens ont à coeur leur travail. Nos membres veulent être en mesure de
pouvoir offrir le meilleur d'eux-mêmes
à leurs patients. Donc, ce qu'on a traduit dans notre mémoire et ce que je vais
vous présenter cet après-midi, en
termes de recommandations, bien on a fait ce travail-là en les consultant, nos
gens, et ça reflète ce qu'ils souhaitent voir amélioré dans ce
processus-là.
Donc,
d'abord, l'APTS est en faveur d'un projet d'assurance autonomie s'il assure
véritablement une meilleure offre de services à la population. Et, en ce
sens-là, je vais vous soumettre cinq conditions qui sont, pour nous, les conditions
minimales et essentielles à mettre en place si on veut vraiment assurer un
succès de ce virage-là, une amélioration des services à domicile.
• (16 h 30) •
La première
condition essentielle, pour nous, c'est d'ajouter des ressources humaines. Pour
nous, il n'y a pas de recette
magique. Si on veut améliorer les soins, si on veut donner des soins de qualité
à notre population, il est impératif d'ajouter des ressources
financières qui vont permettre l'embauche du personnel qui est nécessaire. Je
vous dirais qu'actuellement le personnel qui
est en place ne peut faire face à cette nouvelle commande là, il est nécessaire
d'ajouter des ressources.
Par contre,
le constat que l'on fait, à l'APTS, c'est qu'il y aura particulièrement deux
grands défis à ce niveau-là qui attendent les établissements. Dans
certains des types d'emploi qui vont… les gens, là, qui auront à travailler
plus particulièrement comme gestionnaires de
cas, il y a de ces titres d'emploi là qui sont actuellement en pénurie, donc
des problèmes de recrutement,
particulièrement chez les travailleuses sociales. Je suis malheureusement
obligée de vous dire que le climat
n'est pas nécessairement à son meilleur actuellement dans ce service-là, dans
les secteurs de soins à domicile. Les
gens qui y oeuvrent actuellement sont un peu dans des projets d'optimisation
qui leur sont imposés, on est dans
une gestion par statistiques qui alourdit considérablement le travail
administratif et qui ne favorise pas la dispensation des services. Donc, le
climat n'est pas nécessairement à son meilleur actuellement dans les services
et les soins à domicile. Donc, ça, pour nous, c'est un peu inquiétant par rapport aux besoins que nous avons de recruter du personnel dans ces
secteurs-à.
Deuxième élément important, deuxième
condition : la nécessité de bien définir le rôle du gestionnaire de cas. Donc, on le voit dans le livre blanc, le
gestionnaire de cas, c'est un élément central pour s'assurer que l'usager
reçoive les services qui
sont requis, là, par son état. Nous, quand on interroge les gens à ce
niveau-là, ce qu'ils nous disent, c'est que le mandat du gestionnaire
devrait être mieux défini, compris de façon un peu plus uniforme dans les
établissements du réseau. Nos gens ne veulent pas être pris entre devoir
déterminer les services et gérer l'enveloppe budgétaire.
Vous disiez
tout à l'heure, M. Hébert, que, bon, c'est sûr que c'est un travail qui se fait
déjà dans le réseau, que les gens attendent la possibilité d'allouer ou de
s'occuper du budget. Je vous dirais malheureusement qu'on n'a pas senti ça
beaucoup actuellement de la part de nos gens, ils sont plutôt un peu inquiets
par rapport à ce double rôle là qu'ils auront à jouer. Nos gens ne sont pas
nécessairement aussi favorables d'une évolution de ce rôle-là où ils seraient considérés
comme des courtiers de services uniquement. Donc, nos gens veulent continuer,
ils veulent demeurer des praticiens et conserver leur expertise clinique.
Donc, quand
on parle de problèmes de rétention, d'attraction puis de solutions à trouver,
bien une des solutions, c'est
peut-être de s'assurer que le rôle de gestionnaire de cas soit valorisé, soit
mis en valeur pour qu'on puisse attirer les professionnels dans ces
postes et ces fonctions-là.
Troisième condition, pour nous, c'est d'améliorer
le système d'évaluation actuel. Bon, ça ressort bien dans le livre blanc. Vous l'avez aussi évoqué tantôt, M.
Hébert. Les outils d'évaluation qui sont déjà en place, qui sont connus dans les établissements, qui sont connus par les
professionnels également, quand on les interroge aussi à ce niveau-là,
sur les outils, bien ce que les gens nous disent, c'est qu'il y a quand même un
besoin de mise à jour, d'harmonisation aussi au niveau de la province.
L'autre
élément très important, c'est que nos gens, nous, le constat qu'ils font, c'est
que cet outil-là, même si on l'améliore — il me reste une minute? — est par contre insuffisant et qu'on devrait
ajouter à ça les évaluations professionnelles de nos gens, ce qui
permettrait vraiment d'avoir un portrait, là, plus complet de la situation de
la personne.
Quatrième
condition : l'utilisation des ressources du secteur public. Pour nous, si
on veut assurer des services de qualité, si on veut s'assurer de la
pertinence des services qui sont transmis, si on veut donner des services et
assurer la sécurité des gens, pour nous, les ressources doivent demeurer des
ressources uniquement dans le secteur public.
Et deux mots sur le financement, qui est quand
même une question aussi importante à travers les travaux et la question qui est
posée. Donc, pour nous, premièrement, ça prend de l'argent neuf. On est, je
vous dirais…
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Dubé (Carolle) : Nos gens sont
très inquiets qu'on utilise des économies potentielles pour financer la
dispensation des services publics.
En conclusion, vous savez, au Québec, on a fait
le choix de se doter d'un système de santé public, accessible, universel et gratuit. Le droit à la santé, pour
nous, c'est un droit fondamental, et, de ce point de vue là, c'est les
besoins de la population qui devraient dicter les dépenses, et non les dépenses
dicter les services.
Je termine en
vous disant que cette nouvelle réforme là ne pourra réussir que si le personnel
du réseau y participe activement. Nos membres ne veulent pas devenir des
courtiers en soins à domicile qui gèrent des allocations, ils sont d'abord et
avant tout des praticiens qui ont à coeur leur profession et leur relation
d'aide avec les patients. Mais ça va prendre du renfort pour assurer le succès
de ce régime. Merci.
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme Dubé. Maintenant, pour le bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert :
Merci beaucoup, Mme Dubé, et à vos collègues, Mme McGurrin et
Mme Montplaisir, pour cette présentation. Je vais d'emblée vous rassurer
sur les principes — et
d'ailleurs ils sont bien stipulés en page 20 du livre blanc — le
principe d'universalité et d'accessibilité qui est à la base même de l'assurance autonomie.
Alors, je tiens à vous rassurer là-dessus,
là, il n'y a pas de compromis qu'on fera sur ces principes
d'universalité et d'accessibilité.
Je suis un peu étonné par certains propos que vous tenez sur
les gestionnaires de cas. Notamment, je voyais dans le communiqué de presse que vous venez d'émettre… où vous soulignez que
vous ne voulez pas que les gestionnaires de cas deviennent des courtiers. Écoutez, il y a trois rôles
fondamentaux à des gestionnaires de cas : l'évaluation, le plan
de services et le courtage des services.
C'est déjà un des rôles extrêmement importants
du gestionnaire de cas, sauf qu'avec l'assurance
autonomie on lui donne un levier qu'il n'avait pas, qu'il n'a pas jusqu'à maintenant. Jusqu'à maintenant,
le gestionnaire de cas est obligé de quêter des services. Là, on lui donne la possibilité
d'avoir des heures de services qui sont
financées par l'État, financées publiquement. Il ne gérera pas des
budgets, là, la gestion budgétaire de ça va être faite par la Régie
de l'assurance maladie, mais il va être capable d'arriver à une entreprise
d'économie sociale et de dire : Je peux financer, on peut financer par contrat avec le CSSS tant d'heures
de services. Même chose pour la popote roulante, l'organisme communautaire. Alors, plutôt que d'arriver les mains vides,
il arrive avec les mains pleines, avec ce rôle qui va être renforcé. Il est déjà un courtier de
services, sinon on n'a pas compris, là. Le gestionnaire de cas, c'est
essentiellement un professionnel qui fait l'évaluation, qui fait le plan de
services et qui est un courtier de services pour la personne de façon à ce qu'elle puisse recevoir le bon
service au bon moment par la bonne organisation. C'est au coeur même des
réseaux intégrés de services, et là c'est un aspect fondamental.
J'aimerais ça vous
entendre, comme question, sur… Vous soulignez à une de vos recommandations, la
9, la nécessité de réorganiser les tâches de
gestionnaire de cas et de reconnaître la complexité de sa fonction. Alors,
j'aimerais ça que vous m'expliquiez ce que
vous voulez dire par réorganiser les tâches du gestionnaire de cas et quelle
reconnaissance de sa fonction vous souhaitez.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé (Carolle) : D'accord, merci. Bien, écoutez… Bien, il y a
peut-être des choses qui sont encore un peu inconnues sur ce que sera…
ou comment ce rôle-là va évoluer dans le futur. C'est sûr que, nous, nos gens,
ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils ne
veulent pas uniquement se concentrer à faire une tâche d'évaluation, d'établir
le plan de services, et que les
services soient assumés par des composantes externes ou par des... Nos gens ne
veulent pas perdre, là, cette pratique
professionnelle là d'assurer un suivi au niveau, là, des soins; continuer à
pratiquer également comme professionnels. Ça fait que, ça, je vous
dirais qu'à ce niveau-là, leurs craintes, ils nous l'ont traduit, là, de cette
façon-là.
Bien, c'est sûr que, sur l'allocation, sur la dispensation
des services, ce que nos gens ne veulent pas, c'est devoir choisir entre le budget qui est alloué et des
dispositions dans le plan de services qu'eux favoriseraient comme
professionnels. Mais peut-être que
c'est encore parce qu'il y a... on fait face à l'inconnu, là, sur comment ça va
se traduire réellement sur le terrain,
mais, quand on lit ce qui a été présenté dans le livre blanc, quand on parle de
ça avec nos gens, bien c'est sûr que nos gens, ils nous disent : Il ne faut pas qu'on se retrouve dans une
situation où j'ai à faire un choix entre les options comme
professionnel, mon plan comme professionnel et un contexte ou une contrainte
budgétaire. Peut-être que tantôt je me suis mal exprimée quand je parlais de s'occuper
d'un budget, là. C'était plus à ce niveau-là que je voulais... que se situait
notre intervention.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
• (16 h 40) •
M.
Hébert : Mais justement on veut
sortir de ça. Actuellement, le gestionnaire de cas est pris avec les
contraintes de l'établissement, qui a un certain nombre d'heures disponibles à
donner, alors qu'avec l'assurance autonomie et l'allocation de soutien à l'autonomie
il a une enveloppe budgétaire. C'est lui qui l'a, ce n'est pas le CSSS. C'est
le gestionnaire de cas qui va gérer avec la
personne une enveloppe, une enveloppe d'heures de services. Alors, on
redonne justement au gestionnaire de cas un levier important, et ça sera un
allié, un partenaire extrêmement précieux pour les personnes. Alors, c'est pour ça que c'est important de bien situer le
rôle du gestionnaire de cas, parce que, comme vous l'avez souligné, c'est
central, c'est central dans toute assurance de soins à long terme, le rôle du
gestionnaire de cas.
Et je suis tout à fait d'accord avec vous que le gestionnaire de cas doit être en
mesure de pouvoir avoir des activités professionnelles dans son champ de compétence. Alors, ça,
c'est tout à fait… C'est ce qu'on appelle le mode mixte, parce
qu'on a testé plusieurs modèles de
gestionnaire de cas, le modèle gestionnaire pur, un modèle mixte, et on a, je
pense, fait la recommandation qu'un modèle mixte était le plus approprié. Et je
pense qu'il doit demeurer un intervenant dans son champ de compétence
professionnel.
Je vous rassure également sur les services
professionnels qui vont rester dans le réseau public. C'est inscrit dans l'assurance autonomie, et, pour nous, c'est
un rôle qui va être conservé majoritairement et de façon importante dans
le réseau public. Et il y a un enjeu de planification de la main-d'oeuvre, mais
on convient que c'est un enjeu qui existe, assurance
autonomie ou pas, là. On a un enjeu de planification de la main-d'oeuvre, et,
je pense, c'est un enjeu important, sur lequel on travaille même en
collaboration avec vos organisations.
Vous nous parlez d'un… Et là j'ai une question.
Vous nous parlez d'un fonds protégé plutôt qu'une caisse. Alors, j'aimerais ça que vous explicitiez un peu,
parce que vous nous dites que vous voulez qu'on protège le financement, mais vous ne voulez pas que ce soit une caisse.
Alors, comment on peut protéger le financement des soins de soutien à l'autonomie
sans créer une caisse? J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dubé.
Mme Montplaisir (Chrystine) : Bien, ça
va être moi qui va répondre.
Mme Dubé (Carolle) : Je vais laisser
Chrystine répondre.
Mme Montplaisir (Chrystine) : Oui.
Bonjour.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Montplaisir.
Mme Montplaisir (Chrystine) : J'étais
certaine que ça serait de la part de M. Bolduc, là, cette question-là.
C'est sûr que
le meilleur moyen de protéger les sommes, là, à l'heure actuelle, ça serait
d'arrêter les compressions dans le
réseau, parce qu'à l'heure actuelle
le réseau a 250 millions de compressions. Et la Protectrice du citoyen l'a
dit, finalement : la raison principale
évoquée par les établissements de santé et de services sociaux pour expliquer
le non-respect de la politique
nationale est la nécessité de répondre à l'objectif financier du ministère dans
l'atteinte du déficit zéro. Donc, c'est là un petit peu le problème, là,
la base du problème.
Donc, protéger les fonds sans créer une caisse,
bien ça s'est déjà fait dans le passé, des fonds destinés entre autres pour des
postes en prévention dentaire, des postes d'hygiéniste dentaire. Donc, par des
mesures, finalement, administratives… je ne
pourrais pas vous donner les détails, là, ou comment ça peut fonctionner au
niveau du réseau, mais de garantir que ces sommes-là, finalement,
aillent directement aux services à domicile.
Parce que,
pour nous, la création d'une caisse, ça comporte quand même certains
désavantages. Puis d'ailleurs, M.
Hébert, vous aussi, je pense que vous êtes conscient de ça. Il y a différents
désavantages, là, pour nous, là. Je peux vous les exposer tout de suite,
mais… Oui? D'accord.
Bien, en fait, pour nous, là, la caisse, une
caisse distincte, ça ne serait pas nécessairement pratique, parce qu'en fait le premier… Il y a quatre facteurs,
quatre raisons. La première raison, c'est parce qu'évidemment, la
création d'une caisse,
tout de suite on pense à, finalement, une cotisation. Puis d'ailleurs il y a un
flottement. On ne sait pas, après 2017‑2018, exactement comment,
finalement, on va financer cette caisse-là. Donc, c'est sûr que, nous, cet
aspect-là, une cotisation, on ne veut pas une nouvelle taxe santé qui s'appellerait
maintenant la taxe autonomie. Je pense que ce n'est vraiment pas une bonne…
finalement une bonne situation à faire pour les citoyens, là, du Québec
actuellement.
On pense aussi que la création d'une caisse, ça
ne protège pas nécessairement les fonds. C'est sûr que c'est peut-être un peu mieux, mais il y a quand même des
précédents. On pense à la caisse de l'assurance chômage, là, au Canada.
Donc, de plus,
ce qu'on observe aussi dans les régimes à caisse, c'est qu'il y a une présence
plus grande d'organismes privés. Puis là, ici, là, c'est sûr que la
caisse, elle peut agir comme un tiers puis magasiner ses services, donc, comme
tel, puis essayer de trouver les prestataires de services qui coûtent le moins
cher.
Là, on a deux exemples, le cas de la CSST et
aussi le cas de la SAAQ, donc qui ont, finalement, des caisses respectives.
Puis ces deux organismes-là auparavant, finalement, finançaient les soins qui
étaient offerts dans le secteur public, donc
les accidentés du travail et les accidentés de la route recevaient des services
dans le réseau de la santé, et depuis
maintenant plusieurs années, finalement, avec les orientations de ces deux
caisses-là, c'est de diriger, finalement, leurs clients vers des
organismes privés.
Donc, ce qui est arrivé, concrètement, c'est que
les établissements publics ont perdu le financement pour traiter les patients,
entre autres, en physiothérapie, en ergothérapie, et l'argent, donc, a été
vraiment dirigé vers des entreprises privées, des cliniques privées. Puis ça a
également drainé des ressources vers ces cliniques privées là, puis là on parle de nos membres, là, c'est des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Et on a aussi, parmi nos
membres, beaucoup de gens qui… Justement, ils font de la mixité de la pratique.
Ils sont, finalement, dans le secteur public et dans le secteur privé.
Dernier point
aussi, c'est concernant l'intégration des services. C'est sûr que, bon, en créant
les CSSS, on a dit, finalement : Il faut vraiment fusionner les structures administratives, les programmes cliniques pour
assurer, finalement, une meilleure
intégration des soins et des services, puis aussi, finalement, fusionner le
financement des établissements. Là, donc, évidemment, vous avez déjà dit
en commission parlementaire, M. Hébert, en 2006, que d'autres pays comme la France et les États-Unis nous envient,
semble-t-il, la formule de financement intégré qui a cours au Québec parce
qu'elle nous épargne la mise en place de
mécanismes de coordination et de conciliation pour le financement. Donc,
effectivement, il semblerait… Ce que j'ai lu
dans la littérature, c'est que, dans les autres pays où il y a des caisses, il
y a des risques que les établissements tentent de refiler, finalement,
certaines factures, finalement, à la caisse autonomie, et vice versa. Donc, c'est
sûr que ça ne favorise pas, finalement, la conciliation, peut-être plus une
concurrence.
Donc, c'est ça, pour nous, là, finalement, nos
craintes par rapport à la création d'une caisse, mais il faudrait effectivement s'assurer de protéger les budgets
pour que ça aille vraiment, finalement, aux services à domicile, et de
ne pas faire comme lors du virage ambulatoire, hein, aussi, en tout cas, où les
services n'ont pas suivi, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le ministre.
M.
Hébert :
Je comprends mieux votre point. D'une part, je pense que, sans une caisse,
assurer l'étanchéité… Et on l'a bien
vu, la Protectrice du citoyen l'a souligné, il y a des budgets qui ont été
étiquetés, protégés pour le maintien à domicile mais qui sont en fait
utilisés pour la mission hospitalière ou la mission CHSLD dans les CSSS. Ça
existe, ça existe de façon importante. Et je pense qu'il faut assurer cette
étanchéité-là, et on ne sera pas capables d'y arriver par un fonds dédié comme
vous suggérez.
Et, pour moi,
«caisse» ne signifie pas «cotisation». Nos amis d'en face voudraient bien qu'on
fasse croire à ça. Pour moi, une caisse, ça veut dire mettre une somme d'argent
qui provient de nos impôts — puis
je vous rejoins tout à fait là-dessus — dans un fonds qui est
sécurisé et qui ne peut pas servir à autre chose que ce pour quoi il est dédié,
comme l'assurance autonomie.
Et «caisse» ne veut pas nécessairement dire un
organisme gestionnaire créé. Parce que, là, vous me donnez l'exemple de la CSST puis de la régie d'assurance
auto du Québec; ce n'est pas juste une caisse, c'est l'organisme qui
gère. Et là nous, on veut faire gérer
l'assurance autonomie par le CSSS. On ne veut pas créer comme le groupe
précédent le suggérait… on ne veut
pas créer une autre structure, une régie de l'assurance autonomie du Québec. On
veut que le CSSS soit l'organisme
gestionnaire, et la caisse, et le financeur, tout simplement. C'est l'endroit
où est sécurisé les sommes.
Alors, je
vous rassure tout de suite, c'est le CSSS qui est l'organisme gestionnaire.
C'est bien affirmé dans le livre blanc.
C'est le CSSS qui va avoir la gestion des sommes qui vont aux usagers, et des
heures de services, et des contrats avec les prestataires pour les
usagers, alors je vous rassure là-dessus. Mais je comprends mieux vos
préoccupations par rapport à une caisse.
Je vous rassure aussi sur l'argent neuf. Le 110 millions
qu'on a mis dans les soins à domicile, c'est de l'argent neuf, et le 500 millions qu'on s'est engagés à mettre dans
l'assurance autonomie, ce sera aussi de l'argent neuf.
Vous nous dites : On préfère un régime
public financé par les impôts. Oui, il y a un choix de société. Après 2018‑2019, le choix qu'on fait, c'est que la
population va assumer par les impôts le coût de l'augmentation, parce
que, quand vous regardez dans le livre blanc, la figure est très explicite, le
statu quo nous amène à un coût extrêmement important en 2027‑2028, on a un coût
de 2,7 milliards ou à peu près, alors que, si on met en place une
assurance autonomie, on est capable
d'infléchir ce coût-là par une priorité au maintien à domicile, et je pense que
c'est extrêmement important de faire ce virage-là maintenant si on veut
être en mesure de pouvoir assurer les services nécessaires aux personnes âgées.
Il est clair que le cadre financier actuel ne nous permet pas de nous rendre en
2027‑2028. Il faudra doter la caisse d'autre argent, et le choix de l'impôt est
extrêmement important.
• (16 h 50) •
Puis
je salue ce que vous nous dites, de récupérer du fédéral l'argent qui nous
appartient. Moi, je vais plus loin que ça : on devrait se
débarrasser du fédéral et gérer notre propre argent. Mais ça, c'est un autre
point.
Il faut que
le fédéral puisse nous transférer ce qui nous appartient pour assumer les
services de soins aux personnes âgées.
Les changements des paiements de transfert vont nous faire perdre
8,6 milliards pour les 10 prochaines années, ça couvre
entièrement l'assurance autonomie pour jusqu'en 2027‑2028 et même plus. Alors,
vous voyez ce qu'on perd avec le fédéral actuel. Je salue cet élément-là de
votre mémoire.
Cela dit, je
vais laisser mes collègues poser quelques questions. Je ne voudrais pas prendre
tout le temps, alors...
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous reste cinq minutes.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, mesdames.
Moi, je
voulais revenir sur la question de la qualité des soins, du fait que les soins
sont prodigués par vos membres et du
fait que nous, aussi, on prône l'utilisation des entreprises d'économie
sociale ou des coopératives de soins. Alors, dans l'offre de soins des services à domicile, comment
est-ce que vous entrevoyez ça par rapport à vos membres? Et vous voulez conserver dans le service public et le secteur
public l'offre de soins; par contre, on sait qu'il y a aussi un
développement qui se fait du côté de
l'économie sociale. Vous pourriez peut-être nous éclairer un peu davantage pour
les quelques minutes qu'il reste.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : D'accord. Bien,
écoutez, la réflexion qu'on a eue avec nos membres à ce niveau-là, bon, il y a une partie de ces services-là actuellement
qui est assurée par ce qu'on appelle des auxiliaires familiales. Ce n'est
pas des membres qu'on représente à l'APTS. Par contre, nos gens travaillent au
quotidien avec ces gens-là, et le constat qu'ils font, c'est que, dans les
dernières années, il y a eu un glissement vers le secteur de l'économie sociale
de ces ressources-là, de, par exemple, les bains et certains soins qui étaient
auparavant assumés en très grande majorité par les auxiliaires familiales en
CLSC, il y a eu un glissement vers le secteur de l'économie sociale.
Ce que nos
gens nous disent, c'est que les auxiliaires familiales qui font partie de leur
équipe de travail au CLSC, bien c'est un peu les yeux puis les oreilles
de nos professionnels. Donc, quand ils voient, ces gens-là, un état ou une détérioration de la personne, bien, comme ils sont
là plus régulièrement, ils sont capables de rapporter plus rapidement
cette information-là à nos professionnels.
Quand c'est des gens qui proviennent du secteur
de l'économie sociale, bien c'est sûr que les contacts sont moins directs, ce n'est pas des gens qui sont au
quotidien dans les mêmes équipes de travail. Le constat qui est fait, c'est
qu'il y a un grand roulement de ce
personnel-là, parfois un manque de formation. Ça fait que c'est sûr que, pour
nous, les gens, le bilan qu'ils font, c'est
qu'il y a quand même une baisse, là, au niveau de la qualité des services qui
est rendue par les gens de l'économie sociale, si on compare aux
ressources qui sont dévolues, là, par le CLSC, par le travail qui est fait par
les auxiliaires familiales.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
Oui, merci. Mais est-ce que vous ne pensez pas qu'il peut y avoir justement des
partenariats, des échanges entre les équipes qui… pour assurer la qualité des
soins et des normes par rapport aux établissements d'économie sociale, qu'il y
ait des normes pour que la qualité des soins soit la même?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : C'est sûr qu'on
vient imposer et on vient demander au CLSC d'assurer encore, là… ou, par
les gestionnaires de cas, on vient leur donner une responsabilité
supplémentaire et peut-être pas tous les leviers qui sont nécessaires et qui
sont faciles quand on doit intervenir avec des ressources externes, comme par
exemple les gens qui proviennent de
l'économie sociale. C'est sûr que c'est beaucoup plus simple et c'est beaucoup
plus fonctionnel pour nos gens quand c'est des travailleurs du même
milieu, que c'est des gens qui proviennent du CLSC.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous reste deux minutes.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Deux minutes? Je ne sais pas si mes
collègues avaient une autre question ou bien… Peut-être revenir
justement au rôle du gestionnaire de cas, qui est un rôle central, vous l'avez
dit, et quel pourrait… Comment améliorer,
justement, au niveau de l'évaluation des personnes par le gestionnaire de cas?
Comment améliorer ce système d'évaluation?
Je pense aussi que vous disiez que ça devait être amélioré, le système d'évaluation,
que c'était insuffisant, je pense que c'est
le terme que vous avez employé tantôt en présentation. On pourrait revenir là-dessus
rapidement, même si vous en avez parlé un peu.
Le Président (M. Bergman) :
Mme McGurrin, il vous reste une minute pour répondre.
Mme McGurrin (Johanne) : Je vais
vous donner un exemple. Actuellement, on demande à nos gens sur le terrain de revoir, de faire une mise à jour
d'OEMC, l'Outil d'évaluation multiclientèle. Ça fait qu'on dit : Vous avez
déjà des patients, on vous demande de faire une mise à
jour. Actuellement, là, l'agence, elle passe un message puis elle leur dit : Bien, on demande ça à vos intervenants
puis on vous suggère de faire une équipe dédiée, donc d'ajouter des
ressources. Mais ce n'est pas ça qui se
passe sur le terrain. Qu'est-ce qui se passe sur le terrain, c'est qu'on
demande ça en surcharge avec la charge qu'ils ont actuellement.
Quand on vous dit que notre priorité et notre préoccupation,
c'est… je pense que les gens, ils ont à coeur les services, les services aux personnes
âgées, mais il faut
des ressources supplémentaires pour les donner, ces services-là. Seulement
pour une mise à jour, là, de l'OEMC, de des clientèles déjà
vues actuellement, c'est une surcharge pour les personnes. Nos gens sont d'accord
pour faire un boom puis aller de l'avant, mais ce boom-là ne pourra pas être de façon continue et pour une longue
période. Donc, d'avoir des ressources supplémentaires pour répondre à ces
besoins-là, je vous dirais, c'est la principale préoccupation de nos gens. Puis, si on
veut passer à travers ce virage, parce que c'est un virage très
important, il faut vraiment qu'il y ait des ressources supplémentaires en
place.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Maintenant,
pour le bloc de l'opposition officielle, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Et je peux vous assurer… Pour moi, je pense,
ce n'est qu'un début, parce que
ce qu'on voit, c'est qu'on est en
train de créer une grande bureaucratie, une nouvelle façon de faire, mais à la fin je ne suis pas certain que ça
va donner plus de services directement aux patients.
Dont, entre autres, dans votre mémoire, vous parlez de la grille tarifaire. Si on
comprend le principe, on évalue le patient, ce qui devrait donner soit
un montant équivalent argent ou un montant équivalent services, qui va être
géré, si je comprends bien, à la RAMQ, qui va retourner une enveloppe au
gestionnaire, qui, lui, va acheter des services, théoriquement, dans le CSSS, si je comprends bien. Les services
professionnels, s'ils sont publics, devraient être achetés dans le CSSS. Est-ce que je comprends bien? O.K.
Bien, ce n'est pas grave. On va l'expliquer, dans ce cas-là, parce que
la façon dont on le comprend, dans le mémoire, c'est qu'il y a beaucoup de
flou.
Puis, vous
savez, c'est quelque chose qu'au début le ministre a dit des choses, voilà
10 ans, il a dit autre chose voilà six ans, puis il a dit autre
chose voilà deux ans, puis là on arrive avec un produit où le financement n'est
vraiment pas attaché. Ne serait-ce que… J'ai
calculé le nombre de personnes qu'on
va devoir faire des profils à toutes les fois, même s'ils n'ont pas le droit à des services, parce qu'il faut… Même s'ils n'ont pas le droit à des services, il faut
savoir est-ce que, oui ou non,
ils peuvent, par l'évaluation. Donc, théoriquement, toute personne avec un
certain handicap devrait avoir son profil de
fait, donc c'est des ressources administratives qui vont devoir être mises en
place. Après ça, c'est la réévaluation sur une base régulière. Et
également je m'attends à ce que, si un patient n'est pas satisfait de l'évaluation,
il devrait avoir un droit de recours, comme dans n'importe quel système.
Ça fait que
c'est toute cette pensée-là qu'il faut qu'on regarde, tandis qu'actuellement
l'argent est envoyé aux CSSS, où on a
des ressources. Et le problème, puis je pense que vous l'avez décrit, c'est
qu'on essaie de tout faire ça tout simplement parce qu'il n'y a pas
assez de ressources dans le réseau de la santé. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : C'est sûr
qu'actuellement ce que nos professionnels nous disent, c'est qu'ils ne sont
pas capables de donner l'ensemble des
services. Dans certains cas, on fait l'étape de l'évaluation et on n'a pas les ressources nécessaires pour
faire le suivi. Dans certains cas, là, si la situation n'est pas suffisamment
urgente ou si l'état de la personne permet d'attendre, la personne n'a pas le
droit à des services, parce qu'on a été dans un contexte de compressions
budgétaires, parce que les services ne sont pas nécessairement au rendez-vous.
C'est sûr que
les gens voient positivement qu'on veuille donner à la population plus de
services à domicile, là, je pense, ça
répond aux besoins de la population, et nos professionnels, pour eux, c'est
aussi une façon de répondre à d'autres problématiques du réseau de la
santé en améliorant les services, mais il faut que les services soient au
rendez-vous et il faut que les ressources soient au rendez-vous pour qu'on
améliore véritablement et qu'en bout de piste on donne plus de services à la
population.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci. Merci, M. le Président. On veut tous donner plus de services au maintien
à domicile, on veut tous garder les patients
à domicile. Si vous regardez les orientations des 10 dernières années, ça a
été ça. La preuve : CSSS Arthabaska-Les Érables l'a réussi, CSSS
Lac-Saint-Jean-Est et en général le Saguenay—Lac-Saint-Jean l'a réussi, et d'où
vient le ministre, la région de Sherbrooke également l'a réussi. Donc, le
virage, dans ces endroits-là, a été fait et avec des ressources… avec une
enveloppe, que je vous dirais, globale et dédiée.
Et là on nous
amène des cas particuliers dans certains établissements où l'argent n'a
peut-être pas été si bien utilisé que
ça, mais je ferais remarquer qu'en chirurgie ce sont des enveloppes dédiées.
Et, dans un établissement de santé, on sait où est-ce que va chacun des
dollars. Ça fait qu'il s'agit juste de savoir où ça va et de faire la règle
administrative, de dire tout
simplement : À l'avenir, cet argent va aller là, puis on va le vérifier,
et vous allez voir que le directeur général qui va se faire
dire que ça fait partie de ses conditions de continuer à travailler pour l'établissement,
il va la respecter, l'enveloppe. On a vécu ça également à un moment donné en santé
mentale, où l'argent était pris pour développer d'autres services, jusqu'au
moment où est-ce qu'on dit : C'est dédié.
• (17 heures) •
Donc, de nous dire que ça nous prend
une caisse nouvelle avec une nouvelle gestion par la RAMQ pour s'assurer
que, sur le terrain, l'argent ne soit pas envoyé ailleurs, je pense qu'il y a
un problème de gestion à quelque part. Je ne sais pas, mais, comme ministre, tu
es capable de vérifier ça, on a des AS-471 qui disent exactement où va chacun
des dollars. De toute façon, si on a pu le
détecter, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui a été capable de vérifier. Donc, on
essaie d'utiliser un outil pour corriger un problème
qui n'est peut-être pas même un problème, et là ce que je
vois, c'est qu'on se fait quelque chose de très, très complexe pour, à
la fin... Pourquoi ne pas avoir une enveloppe globale et mesurer les services
qui vont être donnés?
Également, l'autre
élément qui me fait craindre : ça va beaucoup en fonction de l'évaluation.
Ça prend une standardisation, mais je pense
qu'au Québec on l'a quand
même assez bien. Je ne sais pas, par rapport à vos membres...
Le Président (M.
Bergman) : Je m'excuse, M. le député de Jean-Talon, mais nous
sommes appelés au salon rouge… au salon bleu pour un vote à l'Assemblée
nationale.
Alors,
à nos invités, on suspend nos travaux pour le temps… pour permettre aux députés
pour aller au salon bleu pour voter et puis retourner ici. Alors, je
vous demande votre patience, et nous serons de retour bientôt.
(Suspension de la séance à
17 h 1)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …passer la parole à ma collègue.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci,
M. le Président. Alors, mesdames,
merci d'être ici, vous avez fait un très,
très beau mémoire. Et je
voulais vous dire que la question… Vous vous êtes questionnées par rapport à la
caisse autonomie, et c'est une question légitime, puisque, dans le livre blanc,
on questionne aussi la possibilité de mettre sur pied… la faisabilité de
capitaliser la caisse autonomie ou d'instaurer d'autres mesures qui permettent
d'assurer l'équité intergénérationnelle. C'est à la page 30. À la
page 31, on parle de la commission Clair, de la commission Ménard qui
recommandaient la constitution d'une caisse à capitalisation pour assurer le financement
des soins et des services de longue durée, et le livre blanc pose la question :
Est-ce que le gouvernement devrait adopter cette orientation pour les années à
venir? Donc, vous avez raison, vous avez eu raison de vous préoccuper de
cette question-là. Elle est légitime, elle est posée dans le livre blanc.
Et il faut s'assurer
du financement à court, à moyen et à long terme. Et, si on ne met pas en place
une caisse autonomie, que le ministre,
d'ailleurs, n'était pas d'accord, en 2006, là, avec une caisse de cette
nature-là, qu'est-ce qui va se passer en 2017‑2018? Est-ce que ce sera à
même les impôts? Est-ce que ce sera à même, donc, les impôts, donc une taxe? Et
il me semble qu'ici c'est le lieu pour se poser à la fois les questions qui
touchent les ressources matérielles, financières
et le financement de cette assurance autonomie. Et, comme vous le dites et
comme on le dit aussi, là, ce n'est pas parce qu'on est en face, là, on est pour des soins de qualité à
domicile, on est pour des soins de qualité dans les CHSLD, on est pour des soins de qualité partout. On
s'entend, il faut qu'il y ait des soins de qualité. Et il ne faut pas non plus
que les professionnels de la santé écopent parce que vous n'êtes pas
assez nombreux, parce qu'il n'y a pas les ressources.
Ça
fait que je voulais seulement vous dire que vous avez raison de vous préoccuper
de cette caisse autonomie, parce que
je suis aussi préoccupée. Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose à
ça. C'est un commentaire que je voulais faire parce que je trouvais que
c'était légitime, ce que vous avez apporté dans l'une de vos recommandations,
qui était la dernière, d'ailleurs, sur le financement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : Bien, peut-être trois choses importantes.
Pour
nous, le financement doit être là. M. Hébert nous rassure en nous disant qu'il
y aura de l'argent neuf. Il ne faut
pas compter sur des économies à venir pour financer les services, il faut
trouver une façon de protéger les budgets. Est-ce que c'est par des mécanismes à l'interne ou une caisse? Nous, on
avait quelques réserves qu'on vous a exprimées tout à l'heure par
rapport aux caisses. Il faut vraiment protéger les budgets.
Et
finalement, bien, pour nous, la mesure la plus équitable pour assurer le
financement, c'est par les impôts, et il faut trouver… par différentes mesures, parce qu'on ne privilégie pas, à
ce moment-ci, une hausse d'impôt. Naturellement, on pense qu'il y a d'autres solutions, il y a d'autres alternatives qui
sont possibles pour soit augmenter les revenus d'impôt ou diminuer
certaines dépenses quand on pense, par exemple, à l'argent qui est utilisé
actuellement en sous-traitance. Donc, ça se situe à ce niveau-là, nos trois
préoccupations.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (17 h 20) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Quand vous regardez
la croissance, moi, j'ai fait les calculs. Si on augmente le budget jusqu'à l'année
qui est prévue dans le graphique, on va avoir un budget d'environ 42 milliards de
dollars pour le réseau de la santé, si vous faites une croissance de seulement
3 %, et l'écart est autour de 170,
173 millions de dollars, qui représente 3/10 de 1 % du budget total.
Et à chaque année il est octroyé… Parce que 1 %, c'est quand même près de 300 millions de
dollars. Ça fait que je trouve qu'on fait une grosse affaire avec un
problème que probablement que, rendus là, on va être capables de régler.
Et
c'est un réseau également… Vous le dites, on n'est pas obligé de couper dans le
personnel, mais il y a de la performance
qui va être cherchée dans le réseau. Ne serait-ce que les chirurgies du genou,
de la hanche, on est passé de 11 jours à trois jours, donc c'est…
puis avec une aussi bonne qualité. Donc, il y a de la performance qui va aller
se chercher, dans 10, 15, 20 ans, et là
on nous fait… selon moi, il y a peut-être une problématique, mais on nous fait
quand même miroiter qu'il y aurait un gros,
gros problème, alors que le vieillissement de la population, c'est une
augmentation de 1 % des coûts annuelle au niveau de notre population.
Donc,
je pense qu'il y a peut-être une réflexion à faire là-dessus. Puis le monde,
ils voient le tsunami puis ils voient l'iceberg,
mais en Europe, là, ils sont rendus là, à 20 %, 22 %, puis ils
réussissent à passer à travers et sur une période de 20 ans. Donc, je pense qu'il y a peut-être
une réflexion à faire aussi là-dessus. Et le financement est important, mais
je pense qu'on essaie de nous passer un
produit en nous mettant un gros problème, alors qu'il n'est peut-être pas si
gros que ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Montplaisir (Chrystine) : Bien,
peut-être… L'augmentation des coûts en santé, c'est surtout au niveau
des médicaments, donc c'est sûr qu'on invite le gouvernement aussi, peut-être,
à regarder des mesures en ce sens-là. Les Canadiens
paient en moyenne 30 % de plus leurs médicaments; les Québécois, 38 %
de plus. Et là, évidemment, avec la nouvelle
entente de l'AECG avec l'Union européenne, on a entendu que les brevets
pharmaceutiques seraient prolongés de deux années supplémentaires, ce
qui va avoir également un impact sur le budget des médicaments.
Évidemment,
il y a des mesures… Nous, on prône, finalement, un régime universel d'assurance
médicaments, qui pourrait faire économiser
énormément d'argent puis aussi mettre fin à la sous-traitance dans le secteur
public. Juste en 2011, il y avait
pour 28,8 milliards de dollars, finalement, qui a été donné par l'État en
sous-traitance. Ça, c'est pratiquement le budget de la santé. Donc,
sérieusement, il y a quand même des choses à faire, là, il y a des alternatives
fiscales puis des solutions, là, où on peut aller chercher, finalement, de l'argent
sans augmenter les impôts. Voilà.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis j'écoute les
propositions que vous faites, je trouve ça intéressant, mais, comme je vous dis, si vous partez avec la prémisse qu'il
y a une problématique peut-être pas si grosse que ça, à ce moment-là,
est-ce qu'on doit revoir tout le système, tout chambarder alors qu'on sait qu'on
a déjà des acquis dans notre société avec la
création des CSSS, les gestionnaires de cas qui sont en place, les outils
d'évaluation qui sont en place? Il manque, je pense, un système d'informatique,
il manque possiblement un registre, mais est-ce qu'on va tout refaire une
structure pour répondre à ça? Ça, je me pose la question.
Et,
l'assurance autonomie, je tiens à le dire, on est tous d'accord pour le
maintien à domicile. Et d'ailleurs les gens regardent : maintien à domicile, assurance autonomie, il y a une
facture qui vient après, puis il y a une nouvelle organisation de
services qui, pour vous autres, peut peut-être amener aussi des problèmes.
Et
là on n'a pas encore parlé de la question public versus privé, parce qu'il va y
avoir différents discours. Parce qu'à partir du moment que tu possèdes l'argent…
Au début, le ministre avait dit : Et vous choisirez qui va vous donner les
services. Et la question lui a été
posée : Est-ce que c'est le privé? Oui, ils choisiront d'aller dans le
privé, s'ils veulent aller… Pourquoi je n'irais pas dans une résidence
privée CHSLD, si c'est le même montant?
Ça va être ça, les
questions avec lesquelles on va devoir répondre pour l'assurance autonomie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : Bien, écoutez, je ne sais pas quoi rajouter de plus à ce
que j'ai déjà dit, là. Nos préoccupations sont à l'effet que… En tout cas,
nous, la lecture qu'on fait, c'est qu'il faut améliorer les services à domicile, donner les ressources, donner les moyens
aux gens, donner les moyens aux établissements pour qu'on puisse, là,
améliorer et répondre à la volonté des gens de demeurer plus longtemps à leur
domicile et de recevoir les services.
Est-ce que le
meilleur moyen est celui qui est proposé? Bien, écoutez, nous, on vous a
transmis aujourd'hui certaines recommandations, certaines inquiétudes
auxquelles on vous invite à réfléchir avant de déterminer quelle sera la
meilleure façon de dispenser et surtout d'améliorer les services à la
population.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Une fois qu'on va
avoir fait l'évaluation, qu'on va être dans une des 14 catégories du SMAF,
est-ce que vous vous attendez à ce que, s'il y a des besoins, on va répondre à
100 % des besoins de la personne?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : Bien, on devrait éventuellement viser pour répondre à
100 % des besoins. Il y aura sûrement une évaluation qui devra être faite.
Je comprends que c'est un travail qui reste encore à être fait, d'évaluer qu'est-ce que ça
signifie, l'ensemble des besoins. Il y a une évaluation qui doit être complétée
avant qu'on ait, je pense, un portrait global de la situation, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : D'ailleurs, vous voyez que c'est un peu un dossier comme… On
a eu l'Hôtel-Dieu de Québec. Tu sais, on annonce quelque chose, mais on
n'a pas fait les évaluations nécessaires au début.
Et, advenant le cas
qu'on fait l'évaluation de façon correcte, pour répondre à 100 % des
besoins, et que nous arrivons avec une facture estimée autour de
2 milliards de dollars supplémentaires, ça, ça veut dire qu'il va y avoir
des choix à faire. Est-ce qu'on va avoir une taxe pour payer ce
2 milliards de dollars là?
Ou encore l'autre possibilité,
c'est tout simplement de décider d'offrir les services à 70 % au lieu de
100 %, et, dans une mesure d'équité, tout le monde devrait avoir
70 %. Est-ce que vous pensez qu'un scénario comme ça pourrait être
plausible?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parce qu'on n'a pas fait
d'évaluation, hein, on n'a pas évalué. On est en train de les faire, les
évaluations. Puis il y a plus de 1 million de personnes de 65 ans et plus,
il y en a 15 % qui vont nécessiter des services, donc c'est tout un
travail administratif à faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé
(Carolle) : Bien, je ne sais pas, j'imagine que c'est des questions
que vous avez ou que les établissements ont à se poser à tous les jours sur une
façon d'améliorer les services. Les besoins dans le réseau, dans les établissements sont de plus en plus grands,
nécessitent des argents supplémentaires. Ça, c'est un constat qui est
fait pour les services à domicile, c'est un
constat qui est fait également dans d'autres secteurs. Bien, ça fait partie des
choix aussi que la société fait de se donner un système comme on le connaît.
Maintenant,
je pense qu'on veut l'améliorer en améliorant les services à domicile. Bien,
vous aurez à définir le niveau de service qui sera possible à donner.
Parce qu'actuellement je comprends qu'il est à quoi, à 18 %, le niveau de
service qu'on donne en services à domicile?
Mme Montplaisir
(Chrystine) : À 8 %. 8 % à 12 %, oui.
Mme Dubé
(Carolle) : 8 %, 18 %. Donc, c'est sûr qu'il y a, à ce
niveau-là, place à amélioration.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Roy (Arthabaska) : Alors, merci pour votre mémoire. Vous
mentionnez à la page 9… Puis je profite de votre présence ici pour vous poser une question qui est un petit peu…
peut-être pas le coeur de votre sujet mais quand même qui m'intéresse.
Vous parlez du rapport du VG, là, du printemps dernier qui soulignait des
manquements quant à la mise à jour de
l'évaluation des personnes, du plan d'intervention qui en découle, le manque de
cohérence entre l'évaluation et les
soins… les services alloués et un important défaut d'équité par rapport à
l'accès aux services, très inégal selon les régions et les établissements puis selon, ce que j'ai bien compris, si
on passe par l'hôpital ou si on se met sur une liste d'attente au CLSC.
Par
contre, il y a un autre aspect que j'ai vu dans le rapport, puis je me suis
posé la question. Le nombre d'heures dépensées
pour remplir des choses administratives par rapport au nombre d'heures passées
auprès des personnes qui ont besoin de services, je me suis demandé qu'est-ce
qui était tant de paperasse que ça, parce que ça peut aller jusqu'à 50 %
du temps, si j'ai bien compris, selon le Vérificateur général.
Mme McGurrin (Johanne) : Bien, écoutez, on a quand même... Actuellement,
on priorise beaucoup le temps passé à
la visite à domicile, mais, les intervenants, il faut qu'ils travaillent aussi,
également, autour de tout le processus pour
donner des services. Quand ils rentrent au CLSC, une fois que la visite est
terminée, il faut vraiment, là, qu'ils fassent des appels, qu'ils vérifient le dossier médical, qu'ils valident des
fois des demandes d'hébergement, où elles sont rendues, qu'ils fassent
des appels aux médecins, qu'ils aillent voir dans des organismes
communautaires. Et c'est sûr, ça, c'est tous des travaux... Puis c'est un peu,
là, les préoccupations autant des gestionnaires de cas, je vous dirais, que des
travailleurs sociaux, on ne considère pas ça, ces tâches-là, comme un ensemble
des services offerts à la population. On essaie de calculer les visites, il
faut faire de plus en plus de visites, mais il faut se garder du temps en tant
que professionnel aussi pour finir et
terminer l'intervention, pour pouvoir offrir des services à la personne âgée.
Ça, ça prend du temps, mais il faut le considérer, il faut le
reconnaître aussi aux fins statistiques puis ne pas seulement viser le temps
passé à domicile auprès du patient.
Puis
ça, je vous dirais, autant pour les gestionnaires de cas, quand on disait
tantôt : Comment on peut faire pour reconnaître un peu puis valoriser, valoriser cette fonction-là?, bien
c'est de reconnaître l'ensemble des fonctions qui sont nécessaires, même
si des fois c'est des travaux faits au CLSC mais qui, dans un ensemble, là,
répondent aux besoins de la population.
Mme Roy (Arthabaska) :
O.K. Parce que c'est certain que… Il n'y a pas de façon de bonifier le plus de
temps passé avec des aides...
Je
vais vous donner un exemple, là. Moi, je suis avocate. Les procureurs de la couronne ne vont pas aller
faire photocopier les mémoires, ils vont avoir quelqu'un qui va s'occuper de
ça, ils vont essayer de faire du droit.
Il n'y a
pas une méthode, une organisation à repenser pour qu'il y ait plus… Parce que
je me dis que, si vous avez plus de
temps auprès des personnes, l'attente va diminuer. L'attente, automatiquement, c'est un goulot d'étranglement.
• (17 h 30) •
Mme McGurrin (Johanne) : Le temps, je vous dirais, pour les professionnels,
ils accordent le temps nécessaire pour faire les rencontres aux
patients, pour les rencontres à la famille, les rencontres pour les proches
aidants, pour s'assurer des services qui
peuvent être offerts pour, eux autres, pouvoir combler par la suite, mais il y a
toute une portion qui est faite par les intervenants qui devrait être
considérée. Puis c'est un peu… Quand on parlait, tantôt, là, qu'il y a un climat malsain dans des établissements parce qu'on force les gens à
faire des visites, à faire des visites, bien il faut respecter aussi
l'autonomie professionnelle des gens. Je vous dirais, on a voulu forcer une
adhésion à des ordres professionnels dans un
ancien projet de loi. Bien, ces gens-là, maintenant, ils ont des exigences
envers ces ordres-là et ils ont des responsabilités en tant qu'individus,
puis il faut les respecter.
Mais
ils essaient de donner le plus de services possible, là, à la clientèle
directement, mais il faut que les services suivent aussi. Si on veut donner plus de temps aux personnes, bien il
faut plus de ressources dans les CLSC. Je vous dirais que les professionnels, ils ont à coeur les
services auxquels… aujourd'hui auprès des personnes âgées puis ils
veulent améliorer ces services-là, mais il faut leur donner les ressources
nécessaires pour bien le faire.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé
pour le deuxième groupe d'opposition. Pour Mme la députée de Gouin, un
bloc de 3 min 30 s. Mme la députée de Gouin.
Mme
David : Merci, M. le Président. Bonjour à vous trois. Moi, je vais vous amener complètement sur un autre terrain, qui est celui de l'hébergement, parce que,
oui, le ministre a raison, puis c'est déjà le cas, l'immense majorité des personnes veulent rester domicile, mais maintenant
comme dans 15 ans il y aura des personnes qui auront besoin de vivre
à l'extérieur de leur logement individuel ou personnel. Et vous avez deux recommandations
sur la question de l'hébergement, un qui parle de financement adéquat, le
numéro 20, puis 21 : «Renoncer au développement de places privées d'hébergement de longue durée — puis là je pense qu'il y a un petit bout phrase
qui manque — qui
ne garantissent…» Je suppose que le
restant, c'est qu'elles ne garantissent pas automatiquement la qualité ou,
enfin, quelque chose comme ça, parce que je l'ai vu dans votre mémoire.
Alors,
moi, je voudrais savoir : À partir de votre expérience professionnelle,
de celle de vos membres, quelle place doit
occuper la question de l'hébergement dans tout l'ensemble des services
offerts aux aînés? Et quel type d'hébergement?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé.
Mme Dubé (Carolle) : Deux choses peut-être. Bien, c'est sûr qu'on comprend qu'en améliorant
les services à domicile on va probablement retarder pour une très grande
partie de la population l'arrivée en centre d'hébergement. Peut-être que ça ne
répondra pas non plus, les soins à domicile, à l'ensemble des besoins de la population.
On aura toujours besoin, là, de services d'hébergement.
Nous,
c'est sûr qu'on favorise l'hébergement public, dans les services publics. On est à même de
constater certains échecs au niveau
du privé en hébergement. Tantôt, dans les exemples, là, quand on dit que le CSSS
doit garder… doit s'assurer de la
qualité des services, bien, nous, nos gens, ils nous répondent, à ce niveau-là, qu'actuellement c'est assez difficile pour les CSSS d'assurer cette qualité-là ou de pouvoir
intervenir dans les résidences privées. Leurs recommandations ne sont
pas retenues, ce n'est pas écouté. On a même vu récemment, là, des résidences
où malheureusement ça a nécessité l'intervention des médias pour qu'on ferme
certaines résidences. Donc, c'est sûr que, pour nous, le privé garantit beaucoup
moins la qualité des soins, et, dans ce sens-là, on favorise toujours l'hébergement
public.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin, il vous reste une minute.
Mme
David : O.K. Oh
wow! Quand on parle d'hébergement public, c'est sûr qu'on peut parler CHSLD, tout le monde connaît. Qu'est-ce que vous pensez des ressources
intermédiaires qui sont quelque part entre le public et le privé? Et qu'est-ce que vous penseriez de l'idée — que
je lance un peu comme ça parce qu'il
y a des aînés qui m'en parlent dans mon
comté — de
coopératives, par exemple, qui permettraient à des aînés de partager, de vivre
ensemble, où ce n'est pas à but lucratif, mais l'État pourrait donner
des services? Est-ce que ça peut être une avenue envisageable, à votre avis?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Dubé, il y a le temps pour juste une très courte
réponse.
Mme Dubé (Carolle) : Oui. À mon avis, bien c'est une avenue qui semble intéressante,
attirante aussi pour... et sûrement plus intéressante que des grands
centres, des plus grands centres. On se rappelle que, quand on a pensé au développement
ou quand avait été annoncé le développement en ressources intermédiaires, on
devait créer des petits milieux de vie. Malheureusement, ce n'est pas ce qui
est arrivé, parce que, les promoteurs privés, ce n'est pas assez avantageux pour eux de développer ces petits
milieux là. Et ce qu'on a vu se développer, c'est des grandes résidences
intermédiaires privées où, là, c'est beaucoup plus impersonnel et ça ressemble
moins à un milieu de vie qui pourrait être intéressant pour les personnes
âgées.
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé.
Mme Dubé, Mme McGurrin, Mme Montplaisir, merci d'être ici avec
nous aujourd'hui, de partager votre expertise.
Je demande le Chantier de l'économie sociale
pour prendre leur place à la table.
Et je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 38)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, collègues, c'était prévu qu'on finisse nos travaux à
18 h 15, et je dois avoir votre consentement, certainement on va
finir nos travaux passé 18 h 15. Est-ce que j'ai le consentement?
Consentement? Consentement? Consentement.
Alors, le
Chantier de l'économie sociale, on vous souhaite la bienvenue. S'il vous plaît,
pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous
présenter, et vous avez 10 minutes pour faire votre présentation.
Chantier de l'économie
sociale (CES)
Mme Neamtan (Nancy) : Alors, moi, c'est
Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l'économie
sociale.
M.
Vermette (François) :
François Vermette. Je suis directeur du développement au Chantier de l'économie
sociale.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, les prochaines 10 minutes, c'est à vous.
• (17 h 40) •
Mme
Neamtan (Nancy) : D'accord.
Alors, on passerait rapidement au… Je
pense que tout le monde connaît de près ou de loin le Chantier de l'économie sociale,
qui réunit des gens de toutes les régions du Québec qui travaillent directement
ou indirectement à développer des entreprises collectives pour répondre aux
besoins des collectivités. Et donc le
Chantier de l'économie sociale salue cette initiative parce que,
pour nous, depuis très longtemps — puis
on y reviendra — c'est
une préoccupation, de pouvoir offrir des services et une qualité de
vie à nos aînés et leur permettre de rester chez eux comme la vaste
majorité le souhaite.
Nous ne
sommes pas des experts, évidemment, dans l'ensemble des questions de santé et services sociaux. Donc,
notre mémoire, bien qu'on va
apporter certaines... une appréciation globale, va tout de même concentrer sur deux éléments
qui sont, si vous voulez, dans l'action de nos membres et de nos partenaires, c'est-à-dire l'enjeu des services d'aide à
domicile et les résidences aussi, parce
qu'on considère que ça fait partie de
l'offre de services quand on veut parler de maintien à domicile.
Alors, notre mémoire contient quelques commentaires
d'ordre général. Rapidement, de vous dire que, pour nous, l'enjeu de répondre aux besoins des nos aînés est, bien sûr, un
enjeu gouvernemental, mais c'est un enjeu beaucoup plus large, c'est une
préoccupation de nos collectivités dans leur ensemble. Bon, on reviendra sur l'expérience
du développement des entreprises d'économie
sociale en aide à domicile depuis 1996‑1997 et de montrer à quel point
les collectivités ont cette capacité et doivent continuer à être mobilisées.
Donc, on privilégie évidemment des réponses qui permettent de s'appuyer sur la mobilisation
des collectivités.
On croit
aussi qu'il faut aussi accorder une priorité, tout en
reconnaissant la diversité des acteurs, à des services publics et collectifs. On ne pense pas qu'une
recherche de rendement financier doit être la… pas pour dire qu'il ne
peut pas y en avoir des fois, du rendement,
mais l'enjeu là est vraiment de répondre aux besoins de nos milieux, et, dans ce sens-là, le rôle des services
publics ou des services collectifs doit être central.
On pense
aussi… Et ça, on reviendra à plusieurs reprises. L'enjeu du libre choix, on est d'accord avec la
question du libre choix, mais il faut bien
comprendre de quoi on parle quand on parle de libre choix. Pour nous, «libre
choix», ça veut dire d'avoir accès à
des services de qualité partout sur le territoire, peu importe son revenu, et
donc ça, ça veut dire qu'il faut
travailler d'une façon concrète à structurer une offre de services pour qu'il
puisse y avoir un véritable libre choix.
Et, dans ce contexte-là, on a aussi une certaine
préoccupation puis on reviendra sur l'enjeu de la prévention. L'assurance autonomie, en mettant l'accent sur les
gens en perte d'autonomie, on pense qu'on doit continuer à soutenir nos aînés qui sont autonomes, d'une manière plus
légère évidemment, pour pouvoir prévenir le coup et donc réduire à long
terme les coûts.
On a une série de recommandations générales et
deux qui sont majeures, c'est-à-dire que comme on le dit dans le… on parle de
l'enjeu de l'équité dans le livre blanc, donc, on pense que c'est extrêmement
important, dans le déploiement de cette
nouvelle façon de faire, d'établir des barèmes de contribution, quand il y en
a, qui ne restreignent pas
l'accessibilité aux services et qui tiennent compte de la capacité de payer des
gens, mais évidemment, dans les services de santé, qu'on maintienne l'accès
à des services gratuits.
On pense aussi que… On a de la misère à voir
comment cette caisse d'assurance autonomie et tout ce qu'on voudrait faire pour
répondre à l'ensemble des besoins va pouvoir fonctionner sans qu'il y ait une
addition de sommes supplémentaires. Alors, on voulait quand même souligner l'importance
d'une bonne capitalisation de cette caisse.
Bon, on a
deux sections, dans nos recommandations, qui touchent… La première, qui touche
le réseau d'entreprises en aide à
domicile, comme les gens le savent, c'est un réseau important, il y a près de
7 000 personnes qui y travaillent, qui… Ça a
été créé avec un petit programme très modeste et, vous le savez, qui au départ
était autour de 30 quelques millions, qui est
rendu peut-être plus près de 40 quelques mais qui a un impact net, en termes de
services mais aussi en termes d'épargne pour l'économie québécoise,
extrêmement important. On pense que c'est un acquis important, sur lequel il faut continuer à miser. On salue que
dans le livre blanc on parle de cela, mais on pense qu'il faut s'assurer…
Parce qu'on ne peut pas juste le dire, il va
falloir trouver des moyens de privilégier cette forme d'offre de services.
Et, dans ce cas-là, on pense que c'est probablement par le processus d'accréditation,
puis on fait des propositions.
On dit aussi que, dans le contexte de
responsabilité accrue et continue de nos EESAD, il faut absolument assurer une
meilleure qualification de la main-d'oeuvre, et on en fait des recommandations,
ainsi que — et
on était contents d'entendre le ministre à Tout
le monde en parle — une amélioration des conditions de travail pour ces hommes
et ces… et particulièrement des femmes. Il
en va de la reconnaissance, évidemment, de leur contribution comme
travailleuses, mais il en va aussi de la qualité des services, pour avoir une
main-d'oeuvre qualifiée. Donc, pour nous, c'est un enjeu extrêmement important.
On pense
aussi qu'en termes de panier de services… On est conscients qu'il n'y a pas de
consensus là-dessus, mais on est aussi conscients que la situation a
évolué avec le temps, il y a à peu près la moitié des EESAD qui ont déjà dépassé le panier original de services, et qu'il
peut y avoir une progression dans… Et je sais qu'il y a des travaux qui
se font, présentement, directement avec les
réseaux d'entreprises, mais il faut définir, on pense, en collaboration avec
tous les acteurs du milieu un
consensus sur qu'est-ce que pourrait être ce panier de services, et faire
attention de ne pas aller trop loin pour déléguer des actes médicaux,
etc., à des gens qui n'ont pas nécessairement la formation, et que, dans ce
processus-là, il y a évidemment un processus de transition pour faire tout ça.
Finalement, par rapport aux services à domicile,
on pense qu'il y a quand même, avec le travail qui a été fait par nos entreprises en aide à domicile, un travail
qui a été fait auprès de toutes les personnes âgées ou certaines gens
qui étaient temporairement en perte d'autonomie. On craindrait qu'on perde ce
travail-là, qui est quand même un travail où
est-ce qu'on peut voir et prévenir les situations avant qu'elles ne
détériorent. Alors, on souhaite, soit
par un crédit d'impôt ou une
autre mesure, assurer qu'une aide légère peut continuer à être accessible
partout sur le territoire.
Le deuxième
bloc de nos propositions touche la question des résidences. Bon, l'économie
sociale est déjà présente dans
les résidences, bon, Mme David a ouvert la porte à la question, mais on pense
que, de la même manière qu'on a eu un chantier en 1996 pour développer une
offre de services adaptés aux réalités de chacun des milieux, en milieu rural, urbain, dépendant des besoins locaux… Il y a
des initiatives, il y a des OBNL, il y a des coops qui
commencent, il y a toutes sortes de choses qui se développent, mais on pense qu'on
peut aller beaucoup plus loin. Et on pense effectivement que l'offre de services privés, présentement, se concentre exclusivement dans les marchés qui sont lucratifs et fait en sorte qu'il y a des régions, des
types de clientèle qui se trouvent dans des situations qui ont été
dénoncées souvent. Et donc il y a un
enjeu de promouvoir des approches qui incluent la communauté, parce que
c'est aussi un mécanisme non bureaucratique pour assurer une qualité
mais qu'on peut aller plus loin.
Donc, on a une série de recommandations :
de privilégier et soutenir le développement de résidences pour personnes âgées
par le logement communautaire; d'augmenter… Parce qu'il y en a déjà des
milliers, de personnes… Je n'ai pas le
chiffre exact, mais on a beaucoup de monde qui sont déjà dans les OBNL, et, déjà là,
il y a une amélioration des services qui doit être apportée. C'est des
montants très, très modestes mais qui pourraient améliorer le soutien
communautaire dans les organismes sans but lucratif en habitation.
Et finalement
on a déjà commencé des discussions avec beaucoup de partenaires, que ce soient
des partenaires... syndicats, investisseurs ou d'autres, à imaginer qu'est-ce
que pourrait être le développement d'une offre de services adaptés à la réalité de chacun des milieux pour
offrir des résidences de plus petite taille avec une implication des
familles, de la communauté, etc., donc en
forme de contrat collectif en économie sociale. Ça serait possible. Il y a une
demande pour ça, il y a des gens
partout au Québec qui sont prêts à se mobiliser. Donc, il s'agit de trouver,
comme on l'a fait à l'époque avec le
programme d'exonération financière, un outil adapté et après de permettre aux
communautés, en collaboration avec les collectivités locales et les
services publics, de développer une variété d'offres de services qui sont
ancrées dans le territoire et répondent adéquatement aux besoins.
Donc, en d'autres mots, on pense qu'on a fait un
pas dans la bonne direction, mais on pense aussi que la contribution de l'économie
sociale doit être renforcée, bien encadrée et contribuer, en collaboration avec
les services publics, à répondre aux défis qu'il y a, le droit et la volonté de
nos aînés de rester chez eux. Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, Mme Neamtan. Alors, pour le bloc du gouvernement, M. le ministre.
M.
Hébert :
D'abord, je tiens à saluer Mme Neamtan et également M. Vermette.
Merci beaucoup. Merci de ce mémoire,
écoutez, qui, pour moi, est de la musique à mes oreilles. Vous avez bien saisi
l'essence même du projet qu'on veut
mettre en place et le rôle des entreprises d'économie sociale dans ce
projet-là. Notre gouvernement a fait adopter la loi-cadre sur l'économie
sociale pour que le Québec, vraiment, encadre très bien et soutienne le
développement de l'économie sociale, et je suis très fier de cette loi de mon
collègue le ministre des Municipalités, des Transports et de l'Occupation du
territoire.
Certains
groupes et d'ailleurs les gens qui vous ont précédés questionnent la place de
l'économie sociale notamment dans les soins personnels. Je voyais dans
un communiqué que vous avez émis en mai dernier que vous saluez le projet
d'assurance autonomie et que vous dites que les EESAD du Québec «disposent non
seulement de l'expertise nécessaire pour occuper une place de choix dans cette
stratégie, elles manifestent également une grande ouverture à élargir leurs
services et ainsi mieux répondre aux besoins de leurs usagers dans une
perspective de complémentarité avec les autres acteurs oeuvrant dans le
secteur».
Quelle est votre position? Est-ce que
vous êtes capables? Avez-vous les moyens? Êtes-vous intéressés à élargir
l'offre de services?
Et nous entendrons d'autres
groupes syndicaux venir exprimer leurs réserves par rapport aux entreprises d'économie
sociale. J'aimerais ça vous entendre là-dessus, sur la qualité des services et
sur le défi qui vous attend.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan, M. Vermette.
• (17 h 50) •
M. Vermette (François) : Oui. Écoutez, déjà presque la moitié des EESAD
ont élargi leurs paniers de services par rapport à l'aide domestique et font certains AVQ, donc ceux-là sont
prêts à aller plus loin, de toute évidence. Il y en a certains qui ne le
font pas, qui devront être accompagnés si on veut qu'ils le fassent.
Ce
qu'on souhaite, par contre… C'est qu'ils ne pourront pas tout faire, il reste
des gestes qui devront rester de la responsabilité
de professionnels. Et ce qu'on souhaite, c'est que la définition de ce qui
pourra être fait et ce qui ne devrait pas être fait soit faite en
collaboration avec tout le monde, y compris, donc, avec les professionnels du
réseau de la santé, pour arriver à une forme
d'accord. Il y a certaines choses qui probablement se feraient plus facilement
par les EESAD, d'autres peut-être pas, mais ils peuvent élargir. Ils l'ont
déjà fait dans beaucoup de régions avec succès, et c'est donc un succès qu'on
devrait répéter ailleurs.
Mme Neamtan (Nancy) : Mais c'est clair aussi et ça a été mentionné tout à l'heure, c'est
qu'il faut que ça se fasse en étroit partenariat avec les services
publics. Il y a l'enjeu de dire… Et on le voit. Et je pense que, quand les
réseaux d'entreprises vont venir témoigner…
Évidemment, nous, on n'est pas dans le quotidien et on ne prétend pas parler à
leur place non plus. Ils sont membres chez
nous comme les syndicats sont membres chez nous, et on a ces discussions.
Mais c'est sûr qu'il faut qu'il y ait un arrimage avec les acteurs publics.
Il
y a des régions où est-ce que ça fonctionne très bien déjà. Tu sais, tout
l'enjeu de la prévention, on voit qu'il y a des problèmes, ça a été
mentionné par les gens qui sont venus avant nous, les auxiliaires familiales.
Il n'y a pas de raison que les EESAD, les
travailleurs et travailleuses dans les entreprises en aide domestique, ne
puissent pas être aussi… Puis ils
sont formés, d'ailleurs, pour pouvoir voir ce qui s'en vient, mais ça, il faut
que ça soit organisé. Alors, dans certains
cas et dans certains CLSC, etc., ça se passe très bien. Dans certaines régions,
ça se passe très bien. C'est inégal. Donc, je pense que, là aussi, il y
a des enjeux par rapport à ça qui sont importants.
Deuxièmement,
évidemment, et on reviendra sur cette question-là, on pense qu'il faut
reconnaître… Si on donne plus de
responsabilités à ces travailleuses-là, si elles doivent assumer plus puis
elles le font, il faut aussi assurer qu'on ait une reconnaissance de ce
travail-là par des conditions de travail décentes. Et ça, c'est un
incontournable pour nous.
Mais
en même temps on pense qu'il y a effectivement des choses intéressantes qui
peuvent se faire et des modèles qui marchent très bien, où est-ce qu'il
y a une bonne intégration, une bonne complicité entre tout le monde. Et les
aînés, ils en sortent gagnants, de tout ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert : Merci beaucoup. Dans votre recommandation 8,
vous recommandez de maintenir le crédit d'impôt. Je vous rassure tout de
suite, il n'est pas dans notre intention d'enlever le crédit d'impôt. Par
contre, on ne veut pas payer deux fois,
c'est-à-dire que les gens qui auront un financement via l'assurance autonomie
devront faire le choix entre le crédit
d'impôt et l'assurance autonomie, mais on va maintenir le crédit d'impôt pour
ceux qui souhaitent utiliser cette forme de financement public indirect
qu'est le crédit d'impôt.
Vous avez déjà une
collaboration avec la Régie d'assurance maladie, qui gère le programme d'exonération
financière pour l'aide domestique. Nous
comptons, nous aussi, nous appuyer sur la Régie d'assurance maladie. J'aimerais
que vous nous expliquiez, là, le lien et
l'appréciation que vous avez de cet organisme-là dans la gestion du
programme d'exonération financière.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan
(Nancy) : Oui. Bien, encore une fois, nous, on a été un peu plus loin.
Je pense que c'est nos membres, les réseaux membres qui sont dans les
entreprises, les réseaux d'entreprises, qui pourraient répondre plus
adéquatement à cette question-là, on n'est pas dans le… En général, je pense
que, les collaborations qui sont bonnes, là,
l'enjeu est toujours de maintenir le minimum de paperasse dans ces genres de
gestion là. Et, comme j'ai dit, l'enjeu est souvent plus au niveau du
lien avec les services publics au niveau local, où est-ce que l'expérience est
inégale.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Je suis tout à fait favorable à votre recommandation 11 pour soutenir le
développement d'une offre de résidences et d'hébergement à contrôle collectif.
L'assurance autonomie va permettre l'émergence de ce genre d'initiative, puisque l'allocation de soutien à l'autonomie va
permettre justement de pouvoir développer des services dans ce genre de résidence là, et c'est notre
souhait qu'un marché de l'économie sociale puisse se développer tant
dans le domicile conventionnel que dans les domiciles collectifs à but non
lucratif que sont certains projets de résidence. Alors, on a là un levier qui
est extrêmement intéressant pour être en mesure d'appuyer ce développement-là.
Je voudrais
que vous puissiez revenir sur la capitalisation de la caisse. Alors, vous dites
qu'il faut capitaliser pour le futur. Comment voyez-vous ça, la
capitalisation de cette caisse-là?
Le
Président (M. Bergman) : M. Vermette.
M. Vermette (François) : Écoutez, définitivement, on n'est pas dans les…
des spécialistes de cette question-là. Ça nous semblait, de la lecture que nous, on faisait, la meilleure façon
d'assurer l'avenir et de s'assurer que l'argent serve bien à ce à quoi il doit servir. Donc, d'avoir une caisse
capitalisée nous semblait la meilleure solution, mais on n'est pas les
plus grands experts en la matière. Les façons de fonctionnement que je vous écoutais
décrire tout à l'heure, du réseau de la santé, nous semble toujours
un peu kafkaïen, là, vu de chez nous, et je ne pourrais pas vous dire s'il y a
des façons, comme M. Bolduc l'affirmait, de
le faire à l'intérieur des méthodes actuelles, je ne pourrais pas vous
répondre. La caisse nous semblait, nous, une bonne solution.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
Mme Neamtan (Nancy) : Mais certainement ce qu'on pense, c'est qu'on a de la misère à voir
comment ça peut se faire à court terme, ce virage-là, à coût nul. On pense
que ça va prendre plus d'argent dans le système, là. En tout cas, c'est
notre intuition.
Comme j'ai dit,
depuis 15 ans qu'on a pris la première initiative de… puis on avait
négocié le programme d'exonération
financière. À ce moment-là, c'était une petite injection, on a pu faire une
levée de… Mais il y a encore des listes
d'attente, il y a encore des choses, tu sais, qui… Les gens, ils sont souvent
soumis à des services inadéquats. On voit comment, à l'intérieur du système public, les gens, ils sont bien pris.
Alors, on a juste l'impression que… probablement par l'impôt, mais il faut, à quelque part, assurer
qu'il y ait suffisamment d'argent pour faire ce virage-là
convenablement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
M.
Hébert :
Je vous rassure tout de suite, ça ne sera pas à coût nul. Notre engagement, c'est
que ça n'ira pas au-delà de notre engagement financier d'ajouter
500 millions dans les soins à domicile. Soyons clairs là-dessus, là.
Alors,
il y a 500 millions de plus qui devra être injecté au cours de quatre
prochaines années. On a déjà commencé avec
110 millions dans l'année financière actuelle, et ça devra se poursuivre.
C'est ce qu'il faut injecter. Il n'y aura pas de coût supplémentaire à
cet engagement-là par la mise en place de l'assurance autonomie, mais cet
engagement-là est extrêmement important.
J'aimerais vous
entendre sur le processus d'accréditation des prestataires, donc, des
entreprises d'économie sociale. Comment vous
voyez cette accréditation-là en termes d'assurance qualité, en termes de
formation des personnels que vous encadrez?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, c'est évident qu'il faut s'assurer de la qualité. Ce n'est pas
parce qu'on a une entreprise collective, qui appartient à la communauté,
qu'en soi ça garantit tout. Alors, je pense que les initiatives qui ont été prises par ces réseaux d'entreprises en
partenariat avec le comité sectoriel, etc., de se donner un régime d'apprentissage… D'ailleurs, je pense, c'est le
régime d'apprentissage en milieu de travail qui a le plus de monde
inscrit dans tous les métiers qui ont ces régimes-là.
Il
y a évidemment… Et on le dit autant pour les résidences que pour les EESAD, que
le fait qu'il y a autour de la table
et autour du conseil d'administration à la fois des usagers, souvent, et les
représentants de la communauté… que ce sont
des mécanismes internes qui permettent aussi… Si on est sur un conseil
d'administration, puis c'est notre mère ou nos parents qui sont là puis
on n'est pas satisfaits, ou c'est nous-mêmes qui ne sommes pas satisfaits du
service, il y a des mécanismes internes qui
sont souvent beaucoup plus… Bien, ils sont nécessairement plus rapides et plus
efficaces que des grandes structures de contrôle.
Une
fois cela dit, on pense qu'il faut avoir un système d'accréditation, mais ce
qu'on rajoute, c'est que comment on peut
démontrer ce préjugé favorable aux entreprises d'économie sociale, c'est
peut-être… c'est sans doute en rajoutant des critères qui permettent de prioriser ces services-là, parce que sinon…
Et, je pense, tout le monde le sait, c'était l'hypothèse de base dès le début de la création de ce
réseau-là. C'est que, si on laisse juste les cas les plus difficiles et les
plus lourds, que… un motif de
rendement financier, je veux dire, bien ça, on va écrémer un marché puis on va
laisser les autres, puis après on
dit : Les entreprises, elles n'arrivent pas à se viabiliser. Alors, nous,
on dit : Donnez-nous suffisamment une masse critique pour pouvoir
faire le travail.
C'est ce qu'on voit.
On le voit, il y a des entreprises extrêmement importantes. Il y a
101 entreprises, il y a près de
7 000 personnes. Grande-Vallée, c'est 250 travailleurs et
travailleuses, c'est le deuxième plus gros employeur de la MRC. Donc, ça
permet d'avoir des économies d'échelle, de gestion, etc., et d'assurer une
qualité de service, mais aussi je pense que ce qu'on a aussi comme garantie, c'est
que, s'il y a des surplus qui peuvent être générés là-dedans, ils vont être retournés dans la communauté pour
l'amélioration des conditions de travail ou amélioration de la qualité
des services. Dans ce sens-là, c'est possible d'intégrer dans les critères de
sélection, d'accréditation des éléments qui font en sorte que les entreprises d'économie
sociale vont ressortir comme les premiers dispensateurs de services.
Le Président (M.
Bergman) : M. le ministre.
• (18 heures) •
M.
Hébert :
Un dernier commentaire avant de passer la parole à mes collègues. Vous parlez,
dans votre première recommandation… D'ailleurs, écoutez, vos
11 recommandations m'agréent tout à fait, là. Et, dans la première, vous
dites : Établir des barèmes de contribution. Je suis tout à fait d'accord
avec ça.
Actuellement, en soutien à domicile, le groupe précédent le
soulignait, là, entre 12 % et
15 % des besoins sont comblés
par le financement public, le reste est assumé en nature ou en espèces par les
proches aidants ou par la personne elle-même.
Et c'est aveugle, c'est-à-dire que, peu importe le revenu de la personne, c'est
toujours la même contribution. Alors, ce qu'on souhaite, avec
l'assurance autonomie, c'est que cette contribution-là soit proportionnelle aux
revenus et non pas soit le reste, le reste à payer qui est assumé par les
usagers. Alors, je suis tout à fait en faveur de votre première recommandation.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
M.
Hébert :
Je voudrais...
Mme
Proulx : Oui, merci, M. le Président. Est-ce que vous vouliez
ajouter quelque chose? Non? Ça va? Alors, ça me fait plaisir de vous retrouver, Mme Neamtan et M. Vermette
aussi. J'en profite pour saluer l'excellence du travail fait au fil des ans par le Chantier de l'économie sociale.
Vous, Mme Neamtan, vous avez été une précurseure avant le chantier;
depuis le chantier, encore beaucoup. Le Chantier de l'économie sociale, à mon
sens, a été un acteur important de changement
social au Québec, et je pense qu'avec ce qui nous occupe aujourd'hui, le virage
avec l'assurance autonomie, c'est, à
mon sens, tout à fait logique qu'on se tourne vers des partenaires tels que
vous pour mener à bien ce virage-là.
On
a entendu tantôt des gens notamment de l'APTS qui avaient une certaine
préoccupation en termes de qualité de service, en termes de roulement.
Moi, j'aimerais ça vous entendre sur la formation que vous avez. Vous venez de mentionner qu'il y a un programme d'apprentissage
en milieu de travail, qu'il y a énormément de formation qui se fait dans
les entreprises notamment en aide domestique, d'économie sociale en aide
domestique. Comment vous voyez cette transition-là?
Si vous êtes un partenaire très sollicité dans ce virage-là, comment vous allez
vous assurer de développer les compétences requises, là, pour pouvoir
offrir des services de qualité?
Le Président (M.
Bergman) : M. Vermette.
M. Vermette (François) : Oui. Bien, il y a des formations, effectivement,
qui auront peut-être à être acquises par les personnes qui sont là, mais il faut aussi qu'il y ait une
reconnaissance de l'expérience. Il y a des gens qui n'ont pas de diplôme,
qui n'ont pas... mais qui font ce travail-là depuis longtemps. Il doit y avoir
une formule de reconnaissance des acquis, on
pense que c'est très important. Pour certains, oui, ça va vouloir dire une
formation, mais on peut imaginer des formations nécessaires à l'entrée
dans l'avenir, des formules qui ont été un petit peu celles qui ont été
utilisées dans la certification des résidences pour personnes âgées, où on a
fait des reconnaissances d'acquis et on a exigé certaines formations pour l'avenir.
On pense que c'est important.
C'est
aussi important, le rehaussement des conditions de travail, et tout ça ensemble
va permettre de diminuer les taux de roulement en retenant les employés
plus facilement. En ce moment, vous voyez, il y a un certain taux de roulement, mais, quand on perd des employés, ils
s'en vont dans le domaine public, ils s'en vont souvent travailler au
public parce que les conditions de travail y
sont meilleures. Mais, si les conditions de travail sont équivalentes, il n'y
en aura pas, de... en tout cas il va y en avoir moins, de roulement, on
en est certains, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan
(Nancy) : Et c'est pour ça qu'on dit aussi l'importance de s'appuyer
sur ce que nous avons. On a un réseau
d'entreprises, de 101 coopératives et organismes sans but lucratif. Près
de 7 000 travailleurs, travailleuses travaillent déjà avec
tout ce... avec le comité sectoriel, ils ont déjà des programmes d'apprentissage.
Alors,
l'enjeu... Il y a deux enjeux. Le premier enjeu, c'est d'assurer que, quand on
ouvre le panier de services, on ne va pas trop loin, parce que ce ne
sont pas des professionnels. Alors, je pense qu'il faut... Et ça, vous allez
entendre parler de cet enjeu-là à plusieurs
reprises au cours de la commission. Mais, une fois qu'on a défini qu'est-ce qui
est faisable et qu'est-ce qui peut
être fait, bien là il s'agit d'adapter. Alors, il y a deux options, il y a
l'option de l'apprentissage en milieu de
travail puis il y a aussi l'option d'une formation en institution scolaire,
mais l'avantage qu'on a, c'est que les entreprises et les acteurs sont
déjà, avec les services publics d'emploi, les comités sectoriels, en action
autour de la formation. Donc, comme dit M. Vermette, réduire par des
meilleurs salaires un roulement, ajuster les formations, bien je pense qu'on
est en mesure de le faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bergman) : Trois minutes.
Mme
Proulx : J'avais une question par rapport... Vous mentionnez,
dans votre mémoire, des barèmes
salariaux pour éviter un jeu de concurrence entre les prestataires. Pouvez-vous
nous expliquer un peu plus votre préoccupation par rapport à cette proposition
d'établir des barèmes salariaux?
Le
Président (M. Bergman) : M. Vermette.
M. Vermette (François) : Écoutez, si l'assurance autonomie prévoit un montant
d'argent pour acheter des heures de services et qu'il y a des… Bon, vous
voyez, des entrepreneurs privés vont toujours essayer de payer le salaire le moindre pour en tirer le maximum.
Nous, on dit : Il devrait y avoir des barèmes pour s'assurer que ça ne se
fasse pas, ça, donc que ça ne puisse
pas se faire aux dépens des travailleurs et des travailleuses. C'est pour ça
qu'on parlait de barèmes, pour qu'il ne puisse pas y avoir d'économie
sur le dos des travailleurs avec l'allocation de santé, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. Je veux
bien comprendre. Ces barèmes-là seraient établis par qui? Comment vous voyez
ces…
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, je pense, dans la négociation du coût de revient du service. Parce que
c'est un peu ça, le problème, maintenant, c'est qu'on ne reconnaît pas
la valeur du travail. Donc, on dit : Mais, si on vous paie pour un service, ça vaut, je ne sais pas, 14 $, mais il y a des frais de gestion, etc.,
au bout de la ligne, les gens, ce qu'ils reçoivent comme paie est
inadéquat.
Alors,
quand on donne un contrat public, je ne sais pas, dans le domaine de la
construction, bien on reconnaît que les
salaires sont tels. Bon, il y a peut-être d'autre argent qui... ailleurs, mais
l'argent, au moins, pour les salaires, on sait… Alors, on pense qu'on
peut faire la même chose. Et c'est la même chose au niveau des CPE, par
exemple. On reconnaît qu'il y a un certain salaire, et c'est ça qui…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose, il vous reste deux
minutes.
Mme Proulx :
Merci. Je n'ai plus de question, oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous
reste deux minutes.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui, merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Moi, j'aimerais revenir sur l'offre de
services, le panier de services.
D'une
part, je pense que ça peut être offert dans toutes les régions, ça fait que j'y
tiens, évidemment. Nous avons une entreprise d'économie sociale en
services de soins à domicile aux Îles-de-la-Madeleine, L'Essentiel, que vous
connaissez. Et vous connaissez le directeur.
Maintenant,
ce panier de services qui pourrait être offert, on parle d'une possibilité
qu'il y ait des balises et des paramètres
aussi par rapport à la qualité des services. Est-ce que vous seriez ouverts à
ce que justement, dans une offre de services, une nouvelle offre de
services ou même ce qui est offert, il y ait des barèmes de la part soit du
ministère, ou de la RAMQ, ou du CSSS par
rapport aux services que vous offrez, qu'il y ait des paramètres spéciaux, ou
des facteurs de performance, ou quoi que ce soit?
Mme Neamtan
(Nancy) : Tout à fait. Je pense que c'est…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : Je pense que… Tout à fait. Il faut qu'il y ait la qualité puis il faut
aussi… Comme j'ai dit, il faut faire
attention, pour assurer la qualité, que les types de services qui sont offerts
ne soient pas n'importe quoi mais qu'ils peuvent, tu sais…
Puis
on a des exemples classiques, et, je pense, les gens, quand les entreprises
vont venir, ils vont pouvoir vous donner des exemples, mais, tu sais,
quelqu'un qui arrive puis qui a… Tu sais, on a vu, tu sais, il y avait un bain
une fois par semaine du CLSC, puis là la personne est là, fait du ménage, fait
les repas : Tu peux-tu m'aider à avoir un deuxième bain? Il fait chaud aux
Îles, même l'été aux Îles.
Alors,
à un moment donné, il faut clarifier ces questions-là. Il faut assurer que les
gens ont la bonne formation. Il faut assurer aussi que les services
professionnels soient faits par des professionnels de la santé et qu'il y ait
un arrimage entre tout ça.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Maintenant, pour l'opposition officielle, M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Tout
d'abord, merci d'être ici. Puis je veux vous féliciter pour le travail
que vous faites. Je pense que vous êtes des incontournables dans le réseau de
la santé, même si vous êtes à l'extérieur.
Et puis je peux vous dire que, la transformation vers le maintien à domicile,
vous allez être dans les organismes les plus gagnants, parce qu'un des
enjeux, c'est de garder nos personnes le plus longtemps possible à domicile.
Et, s'ils rentrent en CHSLD ou en ressource intermédiaire, ça nous prend des
ressources dans ces endroits-là, tandis que souvent,
je vous dirais, de façon très fréquente les gens ne peuvent plus rester à
domicile parce qu'ils ne sont pas capables d'assumer leurs activités
quotidiennes, donc ça nous prend vraiment cette complémentarité avec vos
organismes.
Actuellement,
la façon de fonctionner, c'est que… Est-ce que vous utilisez autant les
services… Est-ce que les CLSC utilisent autant vos services que des gens
vont payer de leur poche pour vous utiliser?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan, M. Vermette.
M. Vermette (François) : Je ne suis
pas sûr que je comprends votre question.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Vous êtes une entreprise. C'est-à-dire que
supposons que moi, j'ai besoin de services pour mes parents. À ce moment-là, est-ce que je peux faire affaire
directement avec vous… ou encore vous ne fonctionnez seulement que par
le CLSC?
Mme
Neamtan (Nancy) : Pour
l'instant, il y a moyen de faire affaire directement avec les entreprises,
mais, dans certains cas… En tout cas,
encore une fois, les entreprises vont être… Mais il y a, par exemple, des
ménages actifs aussi qui peuvent
aller utiliser ces entreprises-là, parce qu'un des objectifs, c'était de
combattre le travail au noir. Alors, je dois vous dire que moi, je suis
une cliente de l'entreprise d'économie sociale pour faire du ménage chez nous
quand je suis ici, à Québec.
Mais je pense
que, pour beaucoup de cas où est-ce qu'il y a une aide additionnelle, c'est la
référence par le CLSC présentement. Mais encore une fois on vous invite
de poser les questions directement aux entreprises, qui sont dans le quotidien
de cela.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : La question, c'est : Si quelqu'un est en
résidence privée, bien, à ce moment-là, je pense que vos entreprises peuvent aller offrir des services dans les
résidences privées plutôt que les résidences privées embauchent leur
propre personnel.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Neamtan, M. Vermette.
• (18 h 10) •
M. Vermette (François) : Oui, absolument.
Oui, c'est possible. Parfois, c'est même organisé, c'est-à-dire qu'il y
a un partenariat entre la résidence
privée… ou la résidence communautaire aussi, il y a des OSBL d'habitation
qui ont fait des partenariats avec des EESAD
pour que ces services-là soient offerts à leurs locataires, puis on encourage
et on espère que… Il faut avoir des formules
qui vont encourager ces formes de partenariat là. Mais c'est possible, oui, et
ça existe.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. C'est là que je voulais en venir. C'est que ce
qu'on constate actuellement au Québec, c'est que les personnes aînées,
lorsqu'elles vieillissent, à un moment donné elles perdent la capacité, puis auparavant — je parle de voilà 25, 30 ans — la possibilité, c'était de les envoyer en
CHSLD, mais avec les années il s'est développé des services, entre
autres des ressources intermédiaires, donc les personnes qui sont semi-autonomes peuvent aller dans des ressources plus
légères, et également avec l'arrivée des résidences privées au Québec,
où les gens, à la fin, ils s'en vont dans un
appartement ou un genre de condominium soit qu'ils achètent ou qu'ils vont
louer, avec des services comme les repas qui peuvent être fournis.
Mais par
contre ces gens-là parfois ont besoin de services comme du ménage, du soutien,
de l'accompagnement, et ce que je comprends, c'est que vos organismes
peuvent travailler directement avec les résidences privées pour être capables
de les garder le plus longtemps possible à domicile.
Le Président (M. Bergman) :
M. Vermette.
M. Vermette (François) : Oui, et c'est
encore mieux quand la résidence est elle-même sans but lucratif, est elle-même une résidence communautaire. Et il y a
22 000 logements au Québec, surtout en OSBL mais quelques-uns en
coopérative, qui s'adressent aux aînés et qui sont donc les premiers à vouloir
faire ce genre de partenariat là.
Mme Neamtan (Nancy) : Il y a même
des entreprises en aide domestique qui ont pris l'initiative d'en créer, des
résidences. Et c'est un peu sur cette base-là qu'on dit qu'il y a un potentiel,
en s'appuyant sur ce qui existe, sur l'historique du logement communautaire et
sur toute cette collaboration-là, pour continuer à développer ces genres de modèle là, parce que, comme on disait, les
résidences privées, elles sont concentrées dans les centres urbains puis
dans les marchés qui sont plutôt… plus lucratifs.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Écoutez, moi, je n'ai
pas nécessairement de préférence. Moi, ce que je vise, c'est que les
gens puissent rester le plus longtemps possible à domicile ou à ce qui
ressemble le plus à du domicile. Donc, quand on va en résidence privée, ça
devient leur domicile.
Et il y a un
incontournable au Québec. Je suis d'accord que, dans certains villages… Puis
j'ai participé à ça entre autres, je me souviens, au village de
Saint-Gédéon, que, s'ils voulaient garder leurs personnes aînées à l'intérieur,
la ville a décidé de construire des appartements dans lesquels il y a des
services qui sont donnés. Puis on encourage ce modèle-là. Puis il n'y a pas de
promoteurs privés qui vont aller construire un 12 logements.
Par
contre, la réalité : il y a plus de 100 000 logements en résidence
privée avec des promoteurs, soit que la personne le possède ou que c'est loué,
et ces gens-là, lorsqu'ils perdent de leurs capacités, ont besoin d'aide. Et
cette aide-là, elle peut venir du CLSC, mais
ce que je comprends, c'est que, vos groupes, c'est un marché qui est
intéressant. Puis, qu'une personne âgée soit dans un endroit ou un autre, l'objectif,
c'est d'offrir le service.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan
(Nancy) : Absolument. On est d'accord.
Le Président (M.
Bergman) : M. Vermette.
M. Vermette (François) : C'est tout à fait… Ça se fait déjà; à petite
échelle à cause des limitations du financement, mais ça se fait déjà. Et c'est évident qu'on espère que ça va se faire
encore plus, là, dans l'avenir, ce type de partenariat là, parce qu'effectivement les résidences privées ne
disparaîtront pas demain matin, là, loin de là, et les EESAD peuvent
aller rendre des… donner les AVD sans aucun problème dans des partenariats avec
ces résidences-là.
Mme Neamtan (Nancy) : Par contre, la proposition qu'on fait de faire un genre de chantier sur
le développement de résidences communautaires pour personnes âgées en
lien avec les milieux à travers le Québec, c'est parce qu'on pense que la demande va aller en s'accélérant. Il
y a des demandes qui sont là, et, si on donne les outils appropriés…
Parce que, pour l'instant, à chaque fois
c'est la croix puis la bannière pour arriver à financer ce genre de projet là.
On pourrait trouver des manières imaginatives, on est assez bons
là-dedans. Puis, au Québec, on a beaucoup de partenaires qui pourraient
travailler là-dessus pour accélérer, pour donner les outils, et, quand le
besoin est là, les collectivités ont les outils,
comme ils l'ont fait avec le PEFSAD. En quelques années, 5 000 personnes
travaillent dans ces entreprises-là parce qu'on a donné les outils.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Puis, je peux vous dire, je
vais être un de vos fervents défenseurs, parce qu'il y a une catégorie
de personnes qui ne peuvent pas se payer les résidences privées parce que c'est
trop dispendieux… ou ça va être des
résidences privées qui souvent peuvent être de moins bonne qualité. Donc, si on
est capables, au niveau social, par
des organismes communautaires ou d'une autre façon, d'être capables de soutenir
puis de leur offrir un bon logement…
Moi,
je pense, le principe de base, c'est de bien loger les gens. Ça, c'est notre
premier principe. Pour le reste, bien, avoir
une offre diversifiée selon les revenus des gens. Mais, même lorsque tu as peu
de revenus, tu devrais être capable de bien te loger, et ça,
probablement que le logement communautaire peut l'offrir.
La
question de la contribution, dans le projet on voit qu'il va certainement y
avoir une contribution de l'usager. On n'est pas nécessairement contre
ça, mais comment vous voyez la modulation de cette contribution en fonction…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan, M. Vermette.
M. Vermette (François) : C'est évident qu'on doit... le monde idéal, les
gens paient selon leurs moyens, mais on sait qu'il y a des… Parmi les personnes âgées, il y en a
des très pauvres. Celles qui n'ont que le revenu minimum garanti, par
exemple, on pense qu'elles n'ont pas les moyens de payer plus, et celles-là
devraient profiter de la gratuité.
C'est
évident que, dans un monde idéal, on pourrait dire : La gratuité devrait
être pour tous. Bon, on comprend que ce n'est peut-être pas possible,
mais on doit s'assurer que les personnes à plus faibles revenus puissent avoir
accès aux services, que la contribution ne
soit pas un frein, en aucun cas, à obtenir les services auxquels ils ont droit,
les services dont ils ont besoin, là. Mais on ne peut pas... Je ne
pourrais pas vous dire un seuil, par exemple, les modulations, tout ça. Il doit
y en avoir une, et ça ne doit pas être un frein.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bon, moi, je voulais surtout avoir votre accord de principe pour cette
modulation-là puis juste en discuter un peu.
Habituellement, on
vous reconnaît beaucoup pour les AVD. Ce que je vois, c'est que vous avez un
intérêt à faire les AVQ également. Puis ça, on sait qu'il y a d'autres
professionnels qui les font, puis tantôt on a entendu un groupe que... En tout cas, ils mettaient peut-être
en doute, là, certains éléments par
rapport à votre fonctionnement. Et moi, je vois ça aussi
très complémentaire, là. Je suis comme le ministre, je pense que ça nous prend une offre de services
variée. Et il y a de la place pour tout le monde, surtout qu'il va y avoir une
croissance au niveau des besoins.
Comment
vous voyez votre rôle dans les AVQ? Parce
que vous touchez ce point dans votre
mémoire, puis il y en a qui en
font, mais il y en a qui n'en font pas. Est-ce que vous voyez une plus grande
part de marché qui devrait vous être attribuée?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan
(Nancy) : Bien, encore, nous, notre préoccupation, ce n'est pas
nécessairement d'accroître la part de marché mais de répondre à des besoins.
Et, dans ce cas, tu sais, si on dit qu'à peu près la moitié des EESAD font déjà ça, c'est parce qu'il y a eu des vides. On sait aussi qu'il y a beaucoup
de privé dans ces domaines-là aussi,
il ne faut pas se fermer les yeux, ça ne se
fait pas tout par les services publics.
Il y a beaucoup de besoins non comblés, il y a du travail au noir, etc. Alors, on pense que les EESAD peuvent effectivement, en collaboration avec les services publics, faire plus.
Mais là on tire une
ligne, puis ce n'est pas nous qui... Comme je dis, c'est les entreprises avec
les acteurs des services publics qui doivent s'asseoir et s'entendre sur... Et
c'est ce qu'on souhaite, là, qu'il y ait une discussion plus approfondie pour savoir jusqu'où
ça va. Mais c'est sûr qu'il y a des services, tu sais… en tout cas des actes médicaux, etc. Il faut faire attention, il ne faut pas
aller trop loin.
Et ça aussi, ça
touche la question de la tarification, parce que les gens, ils paient un loyer,
c'est normal, ils paient en aide domestique
selon leur capacité de payer, mais, si on commence à étendre puis il y a
un enjeu de facturation, bien là on est en train de facturer pour des
services qui avant étaient gratuits. Donc, il y a ça aussi en préoccupation.
Alors, la discussion,
elle doit se faire. On pense qu'on peut aller plus loin dans la logique, comme
je donnais l'exemple, de : Une personne
est déjà là, elle peut faire un peu
plus en étant là, mais il y a quand même
une ligne à tracer. Et ça, cette
ligne-là, je pense qu'il y a des discussions en cours présentement avec le ministère de la Santé. On pense que ce serait bien aussi que d'autres
acteurs du secteur public soient associés à ces discussions.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Une question. On est dans une société
où est-ce qu'on s'en va vers une pénurie de main-d'oeuvre, et, dans
certains secteurs, c'est très difficile d'embaucher des gens. Ici, à Québec,
on se promène puis on voit «Embauchons personnel» très, très régulièrement.
Comment
vous voyez le recrutement du personnel dans vos organisations à partir du
moment qu'on augmente la demande, et qu'à ce moment-là ça prend une
offre raisonnable pour être capable d'y répondre, mais il faut avoir le personnel, dont entre autres la question que votre
personnel qui vient chez vous, s'ils sont moins payés que dans le réseau
public, dès qu'ils ont la chance, ils vont traverser dans le réseau public?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan
(Nancy) : Une femme qui rentre dans un marché du travail, qui se fait
former, qui reçoit un salaire décent puis
après va dans le réseau public, à la limite tant mieux pour elle, tu sais, il n'y a
pas... Mais on pense qu'effectivement, pour garder les gens... Rappeler aussi que, dans
les entreprises en aide domestique, beaucoup
de monde qui travaille là maintenant,
c'est des gens qui étaient sans emploi avant, pour toutes sortes de raisons, et
que la formation qui leur est accordée, la reconnaissance, etc., les a
fait avancer. Mais, une fois cela dit, c'est pour ça qu'on dit qu'il faut qu'il y ait
à la fois une formation adéquate mais des conditions de
travail décentes pour pouvoir garder les gens dans ces emplois-là. Puis, après ça, bien là on va être
comme toutes les entreprises, on est devant ce défi de main-d'oeuvre dans lequel les entreprises
vont devoir fonctionner.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (18 h 20) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. D'ailleurs, c'est un des beaux côtés de vos entreprises.
On ne se rend pas compte qu'il y a
des gens qui ont de la difficulté à intégrer ou à réintégrer le marché de l'emploi,
et puis souvent les employeurs ont de très hautes exigences, mais, ces
gens-là, ça leur prend un premier emploi qui ne nécessite pas nécessairement de grand diplôme ou d'avoir de
l'expérience, et je pense que vous
avez plusieurs types d'emploi de ce type.
Puis je ne veux pas minimiser, parce qu'il y a des emplois aussi qui demandent
beaucoup, mais ça permet également de réintégrer des gens sur le marché
du travail lorsqu'ils ont les compétences puis lorsqu'ils ont la formation.
Avez-vous des
programmes spéciaux de prévus pour ces gens-là? Puis c'est quoi, la durée de
formation?
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, c'est pour ça que, comme on mentionnait tout à l'heure, le
Programme d'apprentissage en milieu de travail est extrêmement
important, parce que ça permet effectivement à beaucoup de femmes peu
qualifiées, etc., de se donner une formation tout en travaillant. On pense qu'il
peut aussi y avoir des formations en institution pour ce genre de chose là,
mais il faut continuer sur la voie sur laquelle nous sommes déjà, c'est-à-dire
la qualification en milieu de travail. Et ça, il y a déjà quelque chose qui est
assez encadré sur ça.
Alors,
effectivement, ça permet à des gens qui n'ont pas de qualification mais qui ont
des aptitudes et le goût de travailler dans ce lien de soutien de
pouvoir le faire mais aussi de se qualifier en cours de route.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, merci, M. le Président. Tantôt, quand le
ministre a posé des questions sur la RAMQ,
vous avez comme évité, mais je voudrais juste savoir c'est quoi, les relations,
la facilité de paiement. C'est-u beaucoup
de bureaucratie ou c'est simplement que vous ne vouliez pas en jaser parce que
ce n'était pas de votre domaine?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : Ce n'est pas notre zone d'expertise. Comme j'ai dit, nous, on est en
deuxième niveau. Vous allez avoir
l'occasion de rencontrer des gens qui dirigent quotidiennement les entreprises,
et je pense qu'ils sont mieux qualifiés de répondre à ça. Sinon, c'est
du ouï-dire.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, ça va être mon dernier
commentaire. Quelle que soit la forme que va prendre l'assurance autonomie ou s'il va y avoir une assurance
autonomie, je peux vous assurer qu'il va y avoir beaucoup de développement au niveau des soins à domicile
puis également de l'aide aux personnes aînées. On parle de soins mais également du maintien à domicile. Et, avec le
vieillissement de la population, un des enjeux, c'est d'être capable de
leur offrir des services de base. Ça fait
que je peux vous assurer qu'il y a beaucoup, beaucoup d'avenir pour vos
organisations, puis ça va nous faire un plaisir de vous encourager. Merci
beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme la députée de Gouin.
Mme David : Oui. Pour combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bergman) :
3 min 30 s.
Mme David : O.K., merci.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…de la caquiste puis mon temps, en plus de ça, que je n'ai pas pris.
Le Président (M. Bergman) :
Certainement. Alors, il reste 5 min 30 s.
Mme David :
Merci beaucoup. Bonjour et merci d'être là. Bon, alors, nous sommes de vieilles
connaissances, et j'ai l'impression de
refaire un peu aujourd'hui des débats que nous avons faits maintes fois, en
particulier en 1996, au moment de la mise en place du chantier, quelque
chose que j'ai soutenu, que je soutiens encore. Je pense que vous savez toute l'appréciation que j'ai pour le travail
que vous faites. Mais — et vous avez commencé à l'évoquer — on sait très bien que, là, on est devant certains dilemmes. On va se parler
franchement, il y a deux grandes questions qui sont posées par votre mémoire et par les discussions que
j'entends avec mes collègues. Il y a une première grande question en ce
qui a trait… évidemment, là, je parle des
services de maintien à domicile, c'est : Qui doit payer et pour quoi,
hein? C'est-à-dire qui doit payer, dans l'ensemble des prestataires de
services, et pour quels services doivent-ils et elles payer? Puis la deuxième grande question, c'est : Qui doit
donner quels services? Et je pense que vous l'avez évoqué,
Mme Neamtan, tout à l'heure, en
disant : Là, il y a des gens qui doivent se parler. Vous évoquiez des
discussions avec le ministère de la Santé, vous disiez souhaiter qu'il y
ait d'autres acteurs. Moi, je pense entre autres aux syndicats, évidemment, ou
aux ordres professionnels, on peut y penser aussi, en fait les gens qui
représentent le personnel de la santé.
Alors, moi,
je me pose exactement les mêmes questions et, comme je suis une sacrée
idéaliste, tout le monde le sait, moi, j'ose penser qu'un certain nombre
de services aux personnes âgées doivent être gratuits, reste à déterminer
lesquels effectivement, et que tout le monde doit y avoir accès, quitte à
reprendre par l'impôt ce qu'on a donné aux gens.
L'impôt, c'est toujours la façon la plus juste d'aller chercher de l'argent des
gens, l'impôt aux particuliers, l'impôt aux entreprises. Et puis, dans
qui doit donner quels services, j'ai tendance à penser que... En tout cas, dans
ma tête à moi, certainement pas le privé à
but lucratif, dont on connaît les excès et parfois, même trop souvent, le
manque de qualité. Donc, bien sûr, je dirai mille fois oui aux EESAD
plutôt qu'à du privé-privé, ça, c'est clair. Mais, entre les EESAD et les
services publics, disons, donnés en CLSC, par exemple, où est-ce qu'on va
tracer la ligne?
Alors, je me rappelle qu'en 1996 la ligne a été
tracée vraiment au
niveau de l'aide domestique, et ça
excluait ce qu'on appelait les soins
intimes, donc par exemple, soyons concrets, là, les bains. Puis finalement,
bien des années plus tard, ce que je vous entends dire, c'est que 47 %
des EESAD, pour toutes de raisons, j'imagine, ont franchi la ligne.
Alors, la question que j'ose vous poser, sachant
que c'est un peu compliqué, tout ça, on est dans des grands dilemmes, là, c'est : Faut-il revenir à
l'entente de 1996? Pourquoi l'avons-nous dépassée? Qu'est-ce qui est arrivé?
Est-ce qu'il faut y revenir ou alors se dire un peu qu'on est devant le fait
accompli, et donc, bien, les EESAD donneront désormais
des soins intimes et autres soins qui jusqu'à présent étaient offerts, entre
autres, par les auxiliaires familiales dans les CLSC? J'aimerais vous
entendre là-dessus. Vaste question, je sais.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Neamtan, M. Vermette.
M. Vermette
(François) : Là-dedans,
il y a beaucoup de : Nécessité fait loi. Oui, il y a des
services qui normalement sont gratuits, qui devraient être donnés par le
CLSC — on
pense souvent aux bains — mais
ce qui arrive dans la vraie vie, sur le
terrain, c'est que les services n'arrivent pas à suivre les besoins et que
souvent… et que c'est inégal un peu
partout au Québec. Alors, ce qui va arriver, c'est qu'à un
CLSC on est mis sur la liste d'attente pour avoir accès aux services gratuits, pour avoir un bain…
ou finalement on l'a, mais c'est une fois par semaine. On peut
comprendre qu'il y a des gens qui ont envie de se laver plus qu'une
fois par semaine et qui vont donc essayer d'acheter des services. En ce
moment, il y en a qui les achètent dans des résidences privées, qui les
achètent à n'importe qui, qui paient peut-être leur voisin en dessous de la
table, ou qui font affaire avec une EESAD pour avoir accès à ces services-là.
Donc, ça n'a
pas été nécessairement un choix délibéré ou un complot, de
dire : On va essayer de gruger les services publics. C'est face à la nécessité, face à la demande, face au besoin.
Et c'est souvent les familles, c'est souvent les personnes elles-mêmes
qui vont le demander et tranquillement qui ont amené les EESAD et d'autres vers
ces services-là qui normalement étaient dans le panier qui était fourni par les
CLSC gratuitement.
Alors, aujourd'hui, on est devant une
situation où ce qui est fourni gratuitement ne suffit pas
et de très loin. Et probablement qu'on ne voit même pas tout, parce qu'il y a des gens qui paient leur voisin ou
qui paient quelqu'un d'autre, n'importe
qui pour les aider à faire des soins… bien, des aides à la vie quotidienne et
qu'on… ça échappe complètement au radar.
Alors, on préfère de loin, pour certaines choses plus simples — et finalement c'est un peu le gros bon
sens — et qui peuvent être faites sans avoir de
diplôme universitaire, qui pourraient être faites par les EESAD… Ça va être pas
mal plus de qualité, ça va être pas mal plus encadré que ça l'est souvent
actuellement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
Mme
David : Je ne sais pas,
peut-être que vous allez me dire qu'il vaudrait mieux demander
aux EESAD elles-mêmes, mais, si vous avez quand même une idée, combien
gagne — soit
le taux horaire ou le revenu annuel — une auxiliaire familiale en
CLSC? Combien gagne une travailleuse dans une EESAD en gros, en moyenne?
Le Président (M.
Bergman) : M. Vermette.
M. Vermette (François) : Je ne pourrais pas vous dire. C'est sûr qu'en ce
moment il y a une différence importante, mais il y a aussi quand même
une différence de tâches, en ce moment, pour la plupart, parce que, même s'il y
en a un certain nombre qui font des AVQ, dans les EESAD, il reste que la
majorité ne font que des AVD, et donc c'est des tâches quand même plus simples.
Mais je ne l'ai pas, la différence. Il y en a une, en tout cas.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
Mme David :
Mais pouvez-vous me répondre pour les EESAD?
M. Vermette
(François) : J'aurais peur de dire une bêtise, alors…
Mme Neamtan
(Nancy) : Dans les EESAD, on sait que c'est sous-payé, mais ça varie,
il y en a qui sont syndiqués, etc. Mais le problème, c'est que le calcul, avec
le PEFSAD, est limité. Donc, il y a un enjeu, donc…
Mais
je pense que les EESAD… Mais je pense
que, tu sais, pour répondre à la question, c'était la
même chose en 1996, c'est-à-dire qu'idéalement on aurait pu dire : On va avoir des travailleuses ou des auxiliaires d'aide
domestique dans tous les CLSC pour faire ce travail-là. Dans les faits, ce qui
était en train de se passer au Québec, vous le savez, en 1996, c'était en train de créer un réseau
d'assistés sociaux pour 30 $ de plus par mois ou 100 $ peut-être, je
ne sais pas. Ils étaient en train de faire ce travail-là pas qualifiés,
roulement de personnel, etc. Donc, on a structuré.
Nous, ce qu'on dit, c'est
que cette situation a évolué. Il faut être prudent, mais on peut s'appuyer
là-dessus mais à certaines conditions, c'est
qu'il y ait un arrimage avec les services publics, qu'il y ait une bonne… un
partage du travail intelligent, pour qu'on ne glisse pas dans toutes
sortes d'abus, et qu'il y ait une amélioration des conditions pour qu'on
reconnaisse la valeur de ce travail-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
• (18 h 30) •
Mme
David : Qu'est-ce que ça prendrait comme financement accru
aujourd'hui, maintenant, dans les EESAD, pour à la fois mieux former votre personnel, à la fois réussir à mieux
les payer, assurer davantage de services? J'imagine que vous avez rencontré le ministre des Finances
avant le dernier budget, puisque j'imagine que vous le faites chaque
année. Ça prendrait combien déjà, là, maintenant?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : Honnêtement, on n'est pas capables de répondre à ça, mais ce qu'on
pourrait faire, c'est demander à nos
réseaux membres de se préparer pour répondre à votre question quand ils vont
passer devant vous.
Mme David :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gouin.
Mme
David : Excusez-moi. Ça serait très apprécié, parce que ça nous
donnerait une idée, je pense, très concrète de la hauteur des attentes,
de la hauteur des besoins. Je me souviens, Mme Neamtan, de vous avoir déjà
entendue dire : Écoutez, ça commence à
être un peu compliqué parce qu'on ne peut pas demander beaucoup plus aux
usagers de services, qui paient déjà quand même, et on aimerait bien
payer notre personnel de façon adéquate, pour toutes les raisons que vous avez
dites. Donc, moi, j'aimerais bien savoir pas dans quatre ans, là, maintenant ça
veut dire combien. Et ça me permettrait de voir avec le ministre, ce qu'il a
prévu comme montant additionnel, j'ai bien compris, pour les services à
domicile, est-ce que ça couvre vos besoins.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : On va passer le
message. On va passer le message pour pouvoir répondre à cela.
Le Président (M.
Bergman) : Toute information doit être envoyée au secrétariat
de la commission, s'il vous plaît, pour être envoyée aux membres de la
commission.
Alors, ceci met fin… Le temps s'est écoulé.
Alors, Mme Neamtan, M. Vermette, merci d'être ici avec nous. Merci
pour votre présentation, on apprécie beaucoup.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, après les
affaires courantes, afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
livre blanc sur la création d'une assurance autonomie intitulé L'autonomie
pour tous. Bonne soirée, collègues.
(Fin de la séance à 18 h 32)