(Neuf
heures une minute)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Bonjour, tout le monde. Donc, ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission spéciale sur l'évolution de la
Loi concernant les soins de fin de vie ouverte.
La
commission est réunie virtuellement afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur l'évolution de la Loi
concernant les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Non, Mme la Présidente.
Auditions (suite)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, aujourd'hui, nous entendrons par
visioconférence les experts suivants, donc : le Pr Martin Caouette,
Pr Timothy Stainton et la Pre Tuffrey-Wijne.
Donc,
sans plus attendre, je vais céder la parole au Pr Martin Caouette. Merci
d'avoir accepté notre invitation. Vous avez 20 minutes pour votre exposé,
et, par la suite, il y aura un échange avec les membres de la commission d'une
période de 40 minutes.
Donc,
je vous cède la parole immédiatement, Pr Caouette.
M. Martin
Caouette
M. Caouette
(Martin) : Merci beaucoup. Donc, bonjour à tous.
Merci de me donner l'opportunité de m'exprimer sur cette question. Donc, j'ai
préparé mon intervention, je vais vous lire les principaux éléments, puis ça va
me faire plaisir ensuite, bien sûr,
de répondre à vos questions.
Donc,
je tiens, d'abord, à vous remercier de me donner cette opportunité de
m'adresser à vous sur cette importante
question que sont les soins de vie et l'aide médicale à mourir. Donc, je suis professeur à l'Université du Québec
à Trois-Rivières, je suis psychoéducateur de formation et
je suis titulaire de la Chaire Autodétermination et Handicap.
Donc, aujourd'hui, mon propos va concerner plus
particulièrement la situation des personnes qui ont une déficience
intellectuelle, bien que plusieurs des éléments que je vais soulever ont aussi
une portée plus large pour l'ensemble des personnes en situation de handicap. D'entrée
de jeu, et comme ce sera au coeur de mon propos, je tiens vraiment à situer ce
qu'est l'autodétermination.
Donc, lorsqu'il
est question d'une personne, l'autodétermination concerne le fait d'exercer du
pouvoir sur sa vie et du contrôle sur des éléments importants de sa vie. Donc,
concrètement, l'autodétermination d'une personne se manifeste lorsqu'elle va,
par exemple, faire des choix, prendre des initiatives, exprimer des préférences
ou encore faire valoir ses droits sur des questions qui sont importantes pour
elle, ses loisirs, son milieu de vie, son travail, sa santé et, bien sûr, les questions
relatives aux soins de fin de vie. Donc, autant de petits gestes qui font
partie de notre quotidien à tous mais qui, bien sûr, vont présenter des défis particuliers
pour les personnes en situation de handicap.
Donc,
s'autodéterminer, c'est un besoin qui est fondamental de tout être humain.
Donc, nous avons tous besoin d'exercer du contrôle sur notre destinée, de
sentir que nous avons du pouvoir sur notre vie et que la vie que nous vivons
correspond, bien sûr, à nos souhaits, nos valeurs, nos aspirations.
Il y a une
littérature scientifique très abondante sur l'autodétermination et les personnes
en situation de handicap, particulièrement celles qui ont une déficience
intellectuelle. On sait, par exemple, que, de la petite enfance jusqu'à la fin
de la vie, le développement de l'autodétermination, c'est associé à une
meilleure qualité de vie et, à l'âge adulte,
à une participation citoyenne aussi qui va être accrue. On sait également
qu'une personne autodéterminée
a une meilleure santé mentale et physique, a
davantage confiance en elle et, au final, elle a une meilleure qualité de
vie. On sait aussi que, parmi tous les groupes de la population, ce sont les personnes
qui ont une déficience intellectuelle, mais aussi les personnes autistes qui
sont celles avec le plus faible niveau d'autodétermination.
Donc, bien sûr, pour
développer cette autodétermination chez les personnes, bien, il faut arriver à
développer les capacités à le faire. Donc,
faire des choix, faire valoir ses droits, donner son avis puis toutes les
autres manifestations d'autodétermination sont autant de capacités qui
s'apprennent puis qu'il est important de développer et d'exercer tout au cours
de la vie, jusque dans les derniers moments de la vie.
Donc, toutefois,
savoir faire des choix, exprimer des préférences ou faire valoir ses droits, ça
ne sert à rien s'il n'y a personne pour entendre ces choix, pour tenir compte
de ces préférences ou pour respecter ces droits. Donc, il faut à la fois un environnement
qui renforce et valorise l'autodétermination, un environnement humain, un
milieu de vie à l'écoute des aspirations de la personne, mais aussi une société
et un cadre législatif qui reconnaît, promeut et favorise l'exercice de
l'autodétermination.
Donc, sur le plan international, il y a la
convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, à
laquelle le Canada adhère, qui met de l'avant cette idée simple mais
fondamentale que les personnes en situation de handicap
doivent avoir la possibilité d'exercer pleinement leurs droits dans toutes les
sphères de leur vie et qu'elles ne doivent
pas être présumées inaptes à tout moment et dans toute circonstance. Donc, leur
participation doit être soutenue, valorisée,
encouragée concernant les décisions fondamentales de leur vie, et elles doivent
être soutenues dans l'exercice de leurs droits.
Donc, ce principe d'autodétermination transforme
progressivement l'environnement législatif et normatif pour les personnes en
situation de handicap ailleurs dans le monde, mais ici aussi, au Québec.
Concrètement, au Québec, par exemple, le projet de loi n° 18 qui a été
adopté en juin 2020 sur la curatelle publique et la protection des personnes,
dans son esprit, met vraiment de l'avant cette idée d'autodétermination en
présumant notamment de la capacité juridique de tous et exprime la volonté de
faire en sorte que la personne puisse exercer ses droits civils au maximum au lieu
de regarder d'abord les limitations de la personne. Puis, dans le même esprit
aussi, la Politique d'hébergement et de soins et services de longue durée qui
vient d'être présentée en avril dernier met aussi de l'avant l'autodétermination de la personne dans les choix
relatifs à son hébergement et à ses soins. Donc, l'autodétermination
est, d'ailleurs, un principe fondamental de cette politique.
Donc, de façon cohérente avec ce qui est en
cours ailleurs dans le monde et ce qui se passe ici, au Québec, la loi sur les soins de fin de vie doit aussi
s'appliquer aux personnes en situation de handicap et valoriser leur
autodétermination sur cette question de façon à leur reconnaître les
mêmes droits que tous. Donc, la capacité fonctionnelle ne peut pas être liée à
la capacité juridique. Autrement dit, avoir un fonctionnement intellectuel qui
est en écart à la norme ne dit rien sur sa capacité à exercer ses droits, mais
pointe beaucoup plus le soutien requis pour exercer ce droit. Donc, cette
volonté d'égalité des droits, c'est un discours qui est largement porté aussi
par les groupes d'autoreprésentants des personnes qui ont une déficience
intellectuelle.
Ceci étant dit, je veux attirer votre attention
sur quatre points qui, pour moi, m'apparaissent essentiels dans la mise en
oeuvre de la loi et sur le soutien à offrir aux personnes qui ont une
déficience intellectuelle par rapport à l'exercice de ce droit. D'abord, il
faut le rappeler, mais il est toujours important de comprendre que le handicap,
ce n'est pas un problème de santé. Donc, la déficience intellectuelle, ça
concerne le fonctionnement cognitif d'une personne, un fonctionnement qui est
en écart à celui de la majorité, mais ce n'est pas un problème de santé
mentale. Le handicap apparaît lorsque la personne n'a pas accès au soutien
requis pour fonctionner dans son environnement. Donc, c'est à ce moment-là qu'elle va vivre une situation de handicap.
Mais, lorsqu'on lui donne le soutien nécessaire, elle est alors en
mesure de vivre et de s'épanouir. De ce fait, il n'y a aucune situation
de handicap qui devrait justifier l'aide médicale à mourir. La déficience
intellectuelle ne peut pas, en soi, justifier l'aide médicale à mourir. C'est
une préoccupation... cette préoccupation, à
l'effet de justifier l'aide médicale à mourir par la déficience intellectuelle,
elle est portée par plusieurs groupes
qui réunissent des proches et des parents de personnes qui ont une déficience
intellectuelle.
Est-ce que c'est une préoccupation qui est
légitime? Oui. Différentes études qui ont été menées à travers le monde nous
apprennent que, souvent, la déficience intellectuelle est perçue dans le monde
médical comme une pathologie, donc parfois comme une condition qui est
confondue avec un problème de santé mentale, notamment. Donc, le fait, par
exemple, qu'une personne ne puisse pas réaliser de façon indépendante certaines
tâches de la vie quotidienne, ça apparaît alors comme un élément qui traduit
une perte de qualité de vie, alors que c'est plutôt le soutien dont elle bénéficie
qui doit être remis en question.
• (9 h 10) •
Donc, récemment, dans le contexte de la COVID,
la première version du protocole de triage en cas de débordement des urgences
discriminait justement les personnes qui présentent une déficience
intellectuelle sur la base de leur incapacité à réaliser parfois de façon
indépendante certaines tâches de leur quotidien. Heureusement, le protocole a
été revu et réajusté, notamment suite à différentes interventions, entre
autres, de la Société québécoise de déficience intellectuelle.
Donc, ailleurs dans le monde, et vous aurez
Mme Tuffrey-Wijne, tout à l'heure, qui va certainement vous en parler également, il y a plusieurs études
qui mettent de l'avant justement ce fait-là que, parfois, sur la base de la
déficience intellectuelle, on ne va pas offrir certains traitements à des
personnes qui ont une déficience intellectuelle, notamment dans les cas de
cancer ou de maladie, finalement, qui sont graves, puis on va justifier parfois
l'absence de cette offre de traitement notamment par la présence d'une
déficience intellectuelle.
Donc, ici, et c'est certainement l'essentiel de mon propos, les personnes qui ont une déficience
intellectuelle devraient avoir la possibilité d'accéder à l'aide médicale à
mourir, mais la raison pour y accéder ne devrait jamais être la déficience
intellectuelle. Et cette distinction-là, pour moi, elle est fondamentale dans
tout ce qui va suivre par rapport à la loi et sa mise en oeuvre.
Un mot aussi sur l'accompagnement
des personnes qui ont une déficience intellectuelle dans ce processus de fin de
vie. Donc, évidemment, si une personne n'a jamais été consultée ou n'a jamais
véritablement participé aux décisions importantes la concernant tout au cours
de sa vie, si d'autres ont eu l'habitude de prendre pour elle les décisions,
bien sûr, sa capacité à prendre part à une décision si fondamentale que celle
concernant ses soins de vie va en être d'autant plus réduite. Donc, on ne peut
pas se contenter de constater l'inaptitude d'une personne, on doit aussi se
questionner sur comment une personne en est arrivée à ce point, donc quelle a
été sa trajectoire de vie, comment son environnement de vie a contribué à son
inaptitude.
Donc, il est important, en amont,
de mettre en place toutes les mesures nécessaires pour permettre à une personne
de s'exprimer sur la façon dont elle souhaite vivre la fin de sa vie. Et, bien
sûr, comme je le disais d'entrée de jeu, c'est des capacités, des compétences
qui se développent très tôt dans la vie. Si j'ai été... si j'ai développé cette
capacité à m'exprimer sur les éléments importants de ma vie dans... tout au
cours de ma vie, bien, je serai bien évidemment plus apte à le faire au moment
de la fin de ma vie.
Je me permets de vous partager une expérience personnelle
ici, expérience, en fait, d'un jeune homme trisomique qui
composait avec d'importants problèmes cardiaques, donc, un jeune homme
qui s'appelait Daniel. Donc, ses problèmes cardiaques étaient tels que, malgré
son jeune âge, il avait à peine une trentaine d'années, sa vie était menacée. Donc, à plusieurs reprises, il a été
hospitalisé, il a dû subir plusieurs opérations, parfois, certaines qui ont
été très douloureuses. Et, dans tout le processus, il a été accompagné par des
parents et des professionnels bienveillants, extraordinaires, je dirais, même, qui l'ont soutenu pour
aborder la mort, ce qu'il en comprenait, ce qu'il souhaitait pour les derniers moments de sa vie, également
pour ses funérailles. Bref, il a pu s'autodéterminer sur cette importante
question, et ses choix ont été respectés. Si
ça a été possible, c'est parce qu'il a grandi et vécu dans un environnement bienveillant qui s'est assuré, tout au cours de sa vie, de lui donner le
soutien nécessaire pour s'exprimer sur ses préférences, ses
souhaits et ses aspirations.
Malheureusement, bien, ce n'est pas le cas de
toutes les personnes qui ont une déficience intellectuelle. Plusieurs se
retrouvent encore aujourd'hui limitées dans la possibilité de s'exprimer sur
leur propre vie, ce qui mène souvent à une certaine forme de résignation acquise,
c'est-à-dire une forme de démission par rapport à sa propre vie, donc en
arriver à laisser les autres décider pour soi sans nécessairement s'opposer.
C'est un phénomène aussi qu'on appelle une certaine forme de tendance à
l'acquiescement, donc une tendance à dire oui à tout ce qui est proposé.
Donc, encore une fois, là-dessus, la littérature
scientifique indique clairement que peu de personnes qui ont une déficience
intellectuelle sont accompagnées, comme ce fut le cas pour Daniel, dans la
préparation de la fin de la vie. Donc, parfois, les proches ne vont pas les
consulter, en ayant l'impression de leur éviter des préoccupations ou des
souffrances. Parfois, les professionnels aussi ne le feront pas en croyant que
la personne n'est pas apte à donner son avis. Donc, dans la mise en oeuvre de
la loi, dans la mesure où elle pourrait s'appliquer aux personnes qui ont une
déficience intellectuelle, il va être indispensable de développer cette
pratique de les accompagner dans le processus de fin de vie en tenant compte
des enjeux liés à leur autodétermination.
Actuellement, il n'y a pas de professionnel
désigné clairement pour accompagner la personne et sa famille dans tout le
processus de planification des soins de fin de vie de la personne qui a une déficience
intellectuelle. Il y a donc là des travaux
de recherche, mais aussi des développements professionnels à réaliser de façon
à ce que les personnes qui ont une déficience intellectuelle puissent
être accompagnées en toute liberté au regard de ces décisions.
Autre élément aussi, là, sur lequel je tiens
vraiment à attirer votre attention, c'est celui de la formation du personnel
des soins de santé et le travail de collaboration aussi entre les
professionnels des soins palliatifs et les professionnels qui oeuvrent dans le
secteur de la déficience intellectuelle. Donc, en ce moment, la formation du personnel dans le secteur de la santé est
insuffisante pour interagir avec des personnes qui ont une déficience
intellectuelle. C'est une réalité qui est documentée, encore une fois, à
l'effet que les professionnels de la santé ont souvent tendance à considérer le
point de vue des familles, des proches et sous-estimer la capacité à considérer
le point de vue de la personne par rapport aux décisions qui la concernent.
On sait, par exemple, qu'il y a souvent un
sous-diagnostic par rapport aux personnes qui ont une déficience
intellectuelle, c'est-à-dire qu'on va découvrir plus tard, des fois, des
problèmes de santé graves, notamment des problèmes, justement, des maladies qui
vont mener à la mort. Je vous donnais l'exemple du cancer. Donc, parfois, ce
diagnostic-là arrive beaucoup plus tardivement que le reste de la population,
parfois parce qu'on n'a pas été en mesure de reconnaître les signaux, on n'a
pas été en mesure également de créer un environnement qui permet à la personne
de s'exprimer sur ses besoins sur le plan de la santé, donc on a plus de
difficulté à venir diagnostiquer un certain nombre de problèmes de santé. Et
c'est aussi vrai sur des problèmes de santé très importants — je
vous donnais l'exemple du cancer — que d'autres problèmes de santé aussi
plus bénins, que ce soient, là, des problèmes, là, de tout ordre, finalement,
qu'on peut rencontrer au cours d'une vie.
Donc, c'est dire à quel point on a besoin de
mieux former également nos professionnels de la santé, de façon générale, pour mieux intervenir auprès des
personnes qui ont une déficience intellectuelle, mais c'est encore plus
vrai pour l'étape des soins de fin de vie, où il peut être véritablement
tentant de s'en remettre uniquement aux proches, à la famille et à perdre de
vue, finalement, l'importance de l'opinion de la personne qui a une déficience
intellectuelle.
Pourtant, on sait que, lorsqu'elles sont
consultées, lorsqu'elles sont impliquées, lorsqu'elles sont engagées dans le
processus, dans les processus relatifs à leur santé, les personnes vont être
capables de s'exprimer, elles vont être capables également de donner un avis,
et de ce fait vont adhérer beaucoup plus aux traitements qui vont leur être
proposés. Donc, au final, quand elles ont une perception d'avoir du contrôle,
bien, elles vont, de façon logique, adhérer davantage au traitement puis y
participer davantage.
Un élément important ici, c'est l'adaptation des
moyens de communication, et c'est là, je pense, qu'il y a aussi un élément
important par rapport à la loi. Donc, tous ne communiquent pas par la parole.
On a parfois une présomption que de
s'exprimer, de prendre, de formuler un consentement se fait nécessairement par
la parole, mais, ici, il y a cette importance-là aussi de considérer
tous les moyens de communication alternatifs. Même des enfants, des
adolescents, des adultes qui composent avec une situation de polyhandicap, qui
ont des limitations fonctionnelles importantes
au niveau de la parole, au niveau physique, au niveau intellectuel,
communiquent à leur façon par des gestes, par des moyens de communication alternatifs et sont capables d'exprimer
des souhaits, des préférences et des intérêts.
Donc, sur ce
plan, en fait, développer des moyens alternatifs pour aborder les questions
relatives... les questions relatives à la fin de la vie de façon à ce
que la personne puisse s'exprimer sur ses choix, ses préférences, ses souhaits,
autrement que par les moyens habituels,
devient un élément important puis un élément à considérer également
comme une possibilité pour consentir ou pas,
finalement, à différents soins, notamment quand il est question des soins de
fin de vie.
Donc, encore une fois, il y a des études qui
révèlent aussi que les professionnels des soins palliatifs eux-mêmes ont la
perception de manquer de moyens et de compétences pour aborder ces questions-là
avec les personnes qui
ont une déficience intellectuelle. Donc, c'est un état de fait en ce moment
puis c'est un certain consensus que, au-delà de la volonté de leur
donner une place, de considérer leur point de vue, on manque de moyens
concrets, de pratiques, en fait, pour y arriver, là, de façon cohérente.
Dernier point — je sais que, bon, la fin de
mon 20 minutes approche — dernier point que je veux aborder, qui
est peut-être un peu plus délicat, c'est la situation des enfants
polyhandicapés. Donc, pour certains enfants, notamment
ceux qui présentent un polyhandicap, bien, parfois, la mort va arriver tôt dans
la vie, et l'accompagnement médical puis en soins palliatifs prend une
part qui est véritablement importante dans leur vie.
Donc, ici, je veux notamment souligner l'apport
de la Maison Lémerveil Suzanne Vachon, qui est située dans la région de Québec,
donc, qui offre, justement, cet accompagnement en soins pédopalliatifs
fréquemment à des enfants, à des adolescents polyhandicapés, donc, qui
composent parfois avec des syndromes ou différentes problématiques qui mènent,
finalement, à une fin de vie tôt. C'est un projet qui est unique, c'est un
projet innovant qui est d'abord basé sur la volonté de créer un environnement
bienveillant, de mettre du sens sur un événement, la mort d'un enfant, d'un adolescent qui, on va s'entendre là-dessus,
arrive bien trop tôt et peut difficilement avoir du sens.
Donc, encore une fois, ici, l'accompagnement des
enfants, des familles, de façon à préserver leur intégrité, leur humanité
constitue un élément essentiel. Donc, j'insiste, encore une fois, sur la
formation, qui est nécessaire pour le personnel du réseau de la santé, une
formation qui va être axée sur un savoir-être, sur une capacité à interagir
avec les jeunes, les adolescents qui sont en situation de handicap, de
polyhandicap dans ce cas-ci, mais également avec leurs familles. Et la capacité
d'accompagner adéquatement, ça va poser un défi important.
• (9 h 20) •
Autre élément ici, c'est la souplesse dans les processus
administratifs du réseau de la santé de façon à faire en sorte qu'il y ait une
continuité dans l'accompagnement de ces enfants, adolescents qui, parfois, vont
se rendre jusqu'en début d'âge adulte, mais qui ont connu essentiellement des
services au niveau de l'enfance. Donc, à cet âge de la vie, s'autodéterminer au
regard des soins de fin de vie, c'est avoir la possibilité de retrouver un environnement
qui est familier, aimant, être entouré de personnes aimées, choisies. C'est
parfois aussi d'avoir la possibilité de vivre un souhait, un rêve. Donc, l'accompagnement,
c'est alors aussi d'offrir le soutien nécessaire aussi pour les parents, les
proches qui vont rester après le décès. Donc, c'est sûr que je ne peux que vous
encourager d'être à l'écoute des expériences, notamment, de fin de vie des
enfants et adolescents qui se retrouvent en soins pédopalliatifs.
Donc, je pense, j'arrive à la toute fin. Je vais
conclure simplement en remerciant aussi... Je veux simplement remercier, là, parce
que, pour la préparation, je veux remercier les gens de la Chaire
Autodétermination et Handicap, Sarah Pellerin, Élodie Lebeau, Rosalie Tremblay,
les gens de la Société québécoise de déficience intellectuelle, la
Fondation famille Jules-Dallaire, la Maison Lémerveil Suzanne Vachon, également
l'Institut universitaire en déficience intellectuelle, qui m'ont soutenu et qui
m'ont nourri également dans la préparation de cette intervention. Donc, encore
une fois, merci beaucoup de m'avoir donné l'opportunité de m'exprimer sur le
sujet, et puis heureux d'en discuter maintenant avec vous.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Pr Caouette. Donc, je céderais maintenant la parole à la députée
de Joliette.
Mme Hivon : Oui.
Bonjour, M. Caouette. Je suis très heureuse de vous revoir. Donc, j'ai la
chance de connaître, dans une tout autre vie, M. Caouette, mais ça fait
longtemps que je l'ai vu. Mais je vois que vos travaux continuent à être fort
intéressants.
Donc, je pense que vous avez, d'entrée de jeu,
fait une distinction fondamentale, qui est que la déficience intellectuelle en
elle-même n'est pas, évidemment, une maladie grave et incurable qui pourrait
donner ouverture comme un des critères à l'aide médicale à mourir. Mais, par
ailleurs, vous avez bien expliqué qu'une personne qui a une déficience
intellectuelle ne pourrait pas être exclue d'emblée de l'aide médicale à mourir
si elle remplit l'ensemble des conditions de l'article 26 de la loi sur
les soins de fin de vie. Donc, je vous ai bien compris?
M. Caouette (Martin) : Tout à
fait, tout à fait.
Mme Hivon :
Parfait. Donc, c'est exactement ça qui nous intéresse, en fait, c'est... les
personnes en situation d'inaptitude, on pense, d'entrée de jeu, davantage aux
personnes, par exemple, qui ont la maladie d'Alzheimer, pour toute la question :
Est-ce qu'on devrait ouvrir ou non aux directives anticipées pour le demander
avant de perdre toute l'aptitude? Mais il y a la question des personnes qui
sont inaptes à cause d'une déficience, par exemple, et dont l'inaptitude peut
fluctuer aussi dans le temps. Ça fait que je comprends bien ce que vous nous
dites. Puis je pense que c'est au coeur de tout ce qui devrait nous préoccuper,
à savoir que cette aptitude-là, comme on l'a vu dans la loi sur la curatelle,
elle doit être évaluée à chaque fois pour chaque soin. Donc, ça, j'aimerais ça
vous entendre, à savoir, dans la vraie vie, puis vous nous l'avez un peu
expliqué, les professionnels de la santé prennent vraiment le soin d'évaluer
cette aptitude-là comme quelque chose qui est vivant, qui est continu et qui
peut fluctuer dans le temps.
Puis mon autre question, parce que j'ai juste un
gros 4 min 30 s, c'est, pour les personnes qui ont une
inaptitude qui est complètement établie, soit qu'elle ne fluctue pas dans le
temps parce que la déficience, elle est tellement lourde ou qu'au moment où,
par exemple, ils ont un cancer très important, terminal ou une maladie grave et
incurable, et qui remplissent les autres critères, ne sont pas en mesure du
tout de s'exprimer. Est-ce que vous nous dites,
pour ces personnes-là, il ne faut tout simplement pas donner la possibilité
d'avoir l'aide médicale à mourir puisque l'aptitude, elle est
impossible, et donc... à évaluer ou, en fait, elle n'est juste pas là? Parce
qu'il n'y a aucun endroit dans le monde qui ont permis le
consentement substitué pour l'aide médicale à mourir, et donc ce n'est pas
vraiment sur la table, mais il y a une
personne qui nous a parlé de cette
possibilité-là. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Caouette
(Martin) : Je vais vous...
Bien, merci beaucoup. Merci pour la question, puis je pense qu'elle est vraiment fondamentale. C'est une question qui
préoccupe beaucoup les groupes, en fait, là, qui représentent notamment
les proches, les parents.
L'aptitude, en fait, elle est souvent présentée
comme étant quelque chose qui est noir ou blanc, c'est-à-dire est-ce que la
personne, elle est apte ou elle est inapte, alors que, dans les faits, même une
personne qui est inapte est quand même capable de s'exprimer sur certains
éléments, sur la façon dont elle souhaite vivre la fin de sa vie.
L'enjeu, puis je vais peut-être le... peut-être
un peu brutal, mais une personne qui a une déficience intellectuelle, par
exemple, qui n'a, effectivement, jamais été considérée comme étant apte, qui est
arrivée à la fin de sa vie, pour qui la mort est quelque chose qui va arriver
prochainement, bien, malheureusement, quand elle ne peut pas profiter, quand
elle ne peut pas bénéficier des soins de fin de vie, dans certains cas, bien,
elle va... elle est un peu condamnée à vivre parfois des souffrances qui ne
sont pas nécessaires, qui ne sont pas nécessairement utiles.
Donc, au-delà de... au-delà de cette aptitude-là
ou de cette inaptitude-là sur le plan juridique, la personne, si elle a été
accompagnée adéquatement par le réseau de la santé, par ses proches, elle va
avoir été en mesure d'exprimer des choses ou, du moins, on va la connaître
suffisamment pour être capable d'identifier les éléments à considérer dans tout
ce processus-là.
Donc, le poids n'est pas à être sur les épaules
de la personne à faire preuve de son aptitude ou à démontrer, là, qu'elle est
apte à prendre cette décision-là. Le poids devrait être autour d'elle, en fait,
sur les proches, sur les... pas sur les proches, pardon, mais sur les
professionnels de la santé, à faire la démonstration de tout ce qu'on a mis en
place comme moyens pour être capable de prendre en compte toutes ses
caractéristiques personnelles, ses préférences,
ses intérêts, ce qu'on a pu reconnaître chez elle, en fait, comme
manifestations que, par exemple, il y avait des éléments qui faisaient
en sorte qu'elle ne voulait plus recevoir les soins de vie.
Je veux juste donner cet exemple-là d'une
personne polyhandicapée, donc inapte de façon permanente, qui ne s'est jamais
exprimée, qui avait une espérance de vie très réduite, qui était capable de
faire un seul signe qui était le signe
«non», qui était le signe «je ne veux pas», qui, un jour, face à des soins qui
étaient rendus les derniers soins, vers la fin de sa vie, s'est exprimée en disant : Non, je ne veux pas.
C'est le seul geste qu'elle pouvait faire. Et, à ce moment-là, ça a été un marqueur clair pour dire : Bien
là, elle vient de nous exprimer qu'elle ne veut pas recevoir à nouveau le
soin.
Donc, je pense, c'est toute cette subtilité-là,
et je comprends tout le défi d'encadrer ça sur le plan législatif, mais je
pense c'est d'avoir cette flexibilité-là aussi de reconnaître que la personne
qui est inapte, bien, elle peut, malgré tout, à un certain moment, consentir ou
pas à un soin, dans la mesure où on a été suffisamment sensible à reconnaître
tous ces petits signes là. Et c'est pour ça que l'enjeu de connaître et
comprendre sa capacité à communiquer, les moyens qu'elle utilise pour
communiquer devient essentiel dans tout ça.
Mme Hivon :
Puis...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Nous continuons nos
échanges avec le député de Chomedey.
M. Ouellette : Merci, Mme la
Présidente. M. Caouette, c'est un plaisir de vous recevoir aujourd'hui.
Moi aussi, si j'avais énormément de temps, on pourrait y passer effectivement
l'avant-midi. Mais je suis interpelé beaucoup. L'autodétermination, je pense
que c'est quelque chose de très important. On l'exerce où dans le cas des
enfants, dans le cas des mineurs? Parce que je comprends que ce n'est pas dans
le mandat qu'on doit regarder, mais il y a tellement de situations dans le cas
des enfants, que ça soit des maladies rares, que ça soit de la déficience
intellectuelle, que ça soit... tout ce que vous avez pu rencontrer. Dans les
recherches ou dans les travaux que vous avez faits, avez-vous une opinion
arrêtée sur l'autodétermination des enfants mineurs en bas de 18 ans?
M. Caouette (Martin) : Bien,
c'est-à-dire que... C'est sûr que moi, je vais vous répondre... bon, je suis
psychoéducateur de formation, donc, sur le plan légal, je n'ai pas la formation
pour vous répondre sur ce plan-là. Mais, sur le plan du développement de
l'enfant, de l'adolescent, qu'il soit en situation de handicap ou pas,
d'ailleurs, bien, on développe, en bas âge, nos capacités à s'autodéterminer.
On prend nos premières décisions, on fait nos premiers choix quand on est tout
jeune à travers des éléments de la vie quotidienne. Et, quand on devient
adolescent, bien, voilà, c'est l'étape de
vie, justement, où on va réclamer cette autodétermination-là puis cette
volonté-là d'exercer davantage du contrôle.
Dans le cas qui nous occupe, quand on parle des
soins de fin de vie, je pense qu'ici c'est d'être capable de reconnaître que,
bien, évidemment, la famille est le premier expert de l'enfant. La famille est
celle qui connaît son enfant, sa façon de communiquer, sa façon de s'exprimer,
ses souhaits, ses préférences, ses intérêts. Puis ensuite, bien, cette idée-là
de dire que c'est cet enfant-là qui doit être au centre de la démarche, c'est,
encore une fois, d'avoir la sensibilité nécessaire à reconnaître ce que cet
enfant-là va exprimer puis être capable d'en tenir compte.
Évidemment, pour moi, l'autodétermination, ça ne
veut pas dire d'avoir tous les droits, de faire tout ce qu'on veut comme on
veut en toutes circonstances. Il y a, bien sûr, des cadres et des limites
ensuite qui viennent baliser ces droits-là. Puis ce que vous nommez là, en
termes des mineurs, bien, bien évidemment, là, qu'il y a des droits qui sont
différents quand on est mineur ou majeur.
Mais c'est dire que, même
à l'intérieur de ce cadre-là, qui est balisé, l'enfant va exprimer de toutes
sortes de façons différentes des souhaits, des aspirations, des préférences,
des intérêts. Et c'est ça dont on peut puis on doit tenir compte également dans
l'accompagnement qui va lui être offert.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
M. Ouellette : ...
• (9 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Je céderais la parole à la députée de Soulanges.
Mme Picard : Bonjour,
M. Caouette.
M. Caouette (Martin) : Bonjour.
Mme Picard :
Je crois que vous savez que j'ai une petite cocotte qui a une déficience
intellectuelle profonde.
M. Caouette (Martin) : Oui.
Mme Picard : Donc, je pense
qu'on a plusieurs intervenants aujourd'hui qui nous parlent de déficience
intellectuelle. Donc, je pense que nos débats vont être superintéressants
aujourd'hui, bien, ils le sont toujours, mais c'est sûr que j'ai plus de
questions.
Dans le fond, de ce que j'en ai compris, que ce
soit une déficience intellectuelle légère jusqu'à profonde, vous, vous ne traceriez pas nécessairement une
ligne, vous iriez vraiment du cas par cas pour laisser le libre choix à
la personne. Vous ne traceriez vraiment pas
une ligne, là : déficience moyenne, on dit non, déficience légère, on dit
peut-être ou...
M. Caouette (Martin) : Bien,
concrètement, en fait, c'est que cette ligne-là, en fait, ces catégories-là
qu'on met, déficience légère, moyenne, sévère, profonde, c'est quand même des
catégories qui sont, d'une certaine façon, un
peu arbitraires. C'est-à-dire que deux personnes qui ont une déficience
intellectuelle sévère n'ont pas nécessairement le même fonctionnement,
les mêmes habiletés de communiquer. Donc, pour moi, c'est... ce serait quand
même risqué d'utiliser ces balises-là.
Je pense qu'il faut plutôt passer par l'optique
de dire : Bien, quels sont les besoins de la personne puis quelle est sa
capacité, finalement, à nous communiquer certaines choses par rapport aux soins
dont elle a besoin? Donc, ce n'est pas nécessairement les catégories que
j'utiliserais.
Mme Picard : D'accord. Je vais
rebondir un peu sur la question de mon collègue, M. Guy Ouellette. En
fait, ma petite cocotte, elle va au Phare Enfants Familles, un peu comme Laura
Lémerveil, là, c'est deux centres de soins palliatifs pédiatriques. Vous, vos
recommandations seraient... Si vous aviez une recommandation, dans le rapport,
à faire, au niveau pédiatrique, quelle serait-elle?
M. Caouette (Martin) : Bien,
vous venez de nommer les deux acteurs clés, là, Laura Lémerveil, du côté...
donc, la maison Suzanne Vachon puis Le Phare. Je pense qu'on a là, quand
même, quelque chose qui est unique puis quelque chose aussi qui a été conçu
d'une façon formidable, c'est-à-dire qu'on a à la fois un lieu de répit et on a
un lieu également qui peut permettre la fin de la vie.
Donc, c'est quand même original, c'est unique à
travers le monde, ce n'est pas quelque chose qui est fréquent. Et ces deux
lieux là notamment, entre autres, doivent être vraiment soutenus puis appuyés,
parce qu'on a là vraiment un environnement qui permet d'accompagner les
parents, de créer un environnement qui est bienveillant, de permettre aux
enfants de s'y sentir bien, d'y vivre des moments agréables dans un contexte de
répit, et, si jamais la fin de la vie s'annonce, bien, d'avoir un lieu aussi
qui est déjà réconfortant, aimant, qui nous sort, justement, du contexte
médical, donc du contexte médical, je dirais, un petit peu plus classique.
Donc, c'est sûr que de réfléchir ces lieux-là,
de s'assurer qu'ils sont en nombre suffisant et de permettre aussi une
formation adéquate du personnel qui va y oeuvrer, pour moi, ça, c'est
essentiel. Donc, ça doit vraiment être appuyé de façon claire, parce qu'on a
là, vraiment, un joyau, là, comme façon d'accompagner les enfants et les
familles dans ce moment-là de la vie.
Il faut aussi parfois considérer le fait que,
rendu à 19, 20 ans, si on anticipe aussi que, parfois, le décès peut
arriver, qu'on a des personnes qui bénéficient déjà de cet environnement-là, on
a tout à gagner aussi de permettre, et quand je parlais de souplesse et de
flexibilité, de permettre, justement, parfois, de sortir, là, des normes de la
rigidité administrative pour avoir cette souplesse-là pour permettre que ces
lieux-là puissent être utilisés même parfois pour de jeunes adultes qui se retrouvent
à vivre ce moment-là de la vie.
Mme Picard : Je pourrais... peut-être
une dernière question. Par rapport, justement, aux proches, aux proches
aidants, c'est sûr que, dans l'optique où une personne qui a une déficience intellectuelle,
supposons, légère, on va la catégoriser, et puis la fin de vie approche, j'y
vois vraiment une grande pression sur les proches aidants. Parce que,
nécessairement, si la personne avec déficience intellectuelle a décidé à
l'avance, peut-être, elle a pu prendre part aux décisions la concernant, ne
serait-ce que... je pense que ça va être vraiment les proches aidants qui vont avoir la pression d'exécuter, en fait, là, les volontés
de la personne avec déficience intellectuelle. Comment voyez-vous l'encadrement
qu'on pourrait donner pour les proches aidants pour les appuyer dans cette
décision-là, à travers l'hôpital, à travers le CLSC, à travers quelle
structure?
M. Caouette (Martin) : Oui,
bien, là, en ce moment, en fait, ce que vous pointez là, pour moi, c'est un élément
important que je voulais souligner également, c'est-à-dire qu'on n'a pas de
professionnel, en fait, qui est désigné clairement pour accompagner les
personnes et les familles à cette étape-là de la vie. Vous avez tout à fait
raison de dire : Ça vient mettre une pression sur les épaules des proches,
une pression importante. Et là on va parfois prendre des décisions ou mettre en
oeuvre certaines choses en ayant certains enjeux, en n'étant pas accompagnés.
Donc, ici, il faut qu'on combine à la fois une expertise en déficience
intellectuelle, une expertise en soins palliatifs, et ce n'est ni un créneau de
recherche ni un créneau, je dirais, sur le plan professionnel qui a été
clairement développé. Donc, oui, on a tout à gagner de développer, d'identifier
clairement ce joueur-là qui devrait se retrouver dans le réseau de la santé,
bien sûr, mais qui, pour le moment, n'est pas identifié.
Mme Picard : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci, Mme la députée. Je céderais la parole à la députée
d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On ne vous entend pas, votre micro est fermé, Mme la députée.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. Merci, M. Caouette,
pour cette très belle présentation. Ma question, elle est très simple,
c'est un exemple : lorsqu'une famille a un enfant qui est handicapé léger
et puis qu'ils le gardent pendant plusieurs années, et les parents... la
personne-ressource décède, l'enfant qui est incapable de s'exprimer va
décompenser assez pour vouloir mourir. Quels sont les traitements que nous
pouvons offrir à ça et la thérapie aussi qu'on peut apporter à cet adulte?
M. Caouette (Martin) : Bien, je
vous dirais, d'entrée de jeu, en fait, la question qu'on doit se poser,
c'est : Qu'est-ce qui fait en sorte que cette personne-là arrive à la
fin... bien, en fait, là, et là je comprends que les personnes décèdent,
qu'est-ce qui fait que cette personne-là a passé toute sa vie avec ses parents
et arrive, à ce moment-là, finalement, sans que ce moment-là ait été préparé,
anticipé, travaillé? Donc, je vous dirais, c'est tout l'aspect de prévention, en fait, de cette transition-là. Donc,
qu'est-ce qui s'est passé sur le plan de la transition résidentielle? Est-ce
qu'on a anticipé un jour que cette
personne-là, cet adulte-là qui vit toujours avec ses parents devrait
progressivement aussi trouver des
racines ailleurs, petit à petit, transiter peut-être vers un autre environnement?
Est-ce qu'on a travaillé avec lui son intégration aussi dans la
communauté? Est-ce que c'est une personne qui a des loisirs, des activités, un
travail?
Et c'est un peu ce que je souhaitais exprimer
d'entrée de jeu, c'est-à-dire que, si on attend à ce moment-là,
malheureusement, effectivement, il est tard, et cette personne-là dont vous me
parlez, là, que je ne connais pas sa situation, mais clairement, en fait, il y
a une souffrance qui est là, parce qu'à côté il y a probablement aussi des
interventions qui, malheureusement, n'ont pas été faites pour lui permettre de
trouver sa place, de développer un réseau social, des amitiés, des activités,
des loisirs qui vont faire en sorte que le décès de ses propres parents, bien,
va avoir été accompagné, préparé. Quand cette transition-là arrive, il y a
autre chose également qui lui permet de s'enraciner puis de continuer.
Donc, évidemment, pour moi... là, ce que je
comprends, vous me parlez d'une personne qui a peut-être une déficience
intellectuelle légère, qui a un certain nombre de besoins, mais je vous dirais
que c'est tout ce qui va précéder qui va
être vraiment le défi important, là, sur lequel travailler. Bien sûr, rendu à
cette étape-là, bien, là, il y aurait beaucoup
de choses... évidemment, là, vous sollicitez l'intervenant en moi, là, j'aurais
plein de choses à vous dire là-dessus, sur
qu'est-ce qu'on peut faire pour l'accompagner, mais ça passe beaucoup par cet
enracinement-là dans sa communauté, par cette capacité-là à développer
des liens puis à le mettre en... mettre cette personne-là pour que son espace
de vie ne se limite pas uniquement à sa famille immédiate mais soit plus large.
Et là, il me semble, j'aurais beaucoup d'autres choses à vous dire, mais je
vais m'arrêter là-dessus.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Je vais me permettre une ou deux questions. Vous avez
parlé, tout à l'heure, de la souplesse du réseau, qu'on aurait besoin, dans le
réseau, d'avoir un peu plus de souplesse. J'aimerais en savoir plus
là-dessus : Qu'est-ce qu'on pourrait mettre en place pour que ce soit plus
souple pour mieux accompagner ces gens-là?
M. Caouette
(Martin) : Bien, si on prend, par exemple, l'exemple des jeunes, des
enfants polyhandicapés, justement, qui en arrivent à la fin de leur vie, bien,
la souplesse, en fait, c'est, justement, d'être capable de considérer que le
lieu où va avoir lieu peut-être les soins de fin de vie... Et là je comprends
que déjà la loi prévoie la possibilité que ça puisse se passer à domicile ou
que ça puisse se passer à un autre lieu, mais il y a toute cette... je dirais,
cette espèce de flexibilité de permettre... de donner le
temps nécessaire puis de ne pas perdre de vue que c'est l'enfant qui est au
premier plan.
Donc, au niveau de la
transition des services entre l'enfance et l'adulte, c'est un peu ce que je
soulignais tout à l'heure, quand on anticipe que le décès pourrait avoir lieu
au tout début de l'âge adulte, bien, des lieux comme Le Phare ou encore la
Maison Lémerveil Suzanne Vachon sont des lieux aussi qui pourraient être
considérés pour nos jeunes adultes, lorsqu'ils ont eu des services à l'enfance
tout au cours de leur vie. Et ça, c'est notamment, entre autres, un exemple de
souplesse qui est nécessaire.
• (9 h 40) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Et quels mécanismes de sauvegarde on
pourrait mettre en place? Parce que, bon, c'est délicat, on ne veut pas qu'il y
ait des dérives. Donc, est-ce qu'il y a des mécanismes précis, pour ce type de
clientèle là, qui pourraient être mis en place?
M. Caouette
(Martin) : Il faut avoir l'obligation de documenter. Et ça, je dirais,
sur le plan médical, Mme Tuffrey-Wijne va sûrement vous en parler tout
à l'heure, ce qu'on se rend compte, c'est qu'il y a parfois des traitements qui sont cessés,
qui vont causer une mort prématurée chez certaines personnes qui ont une
déficience intellectuelle, qui ne sont pas nécessairement documentés. Et, lorsqu'il est question des soins de fin de vie, justement, quand on regarde dans les dossiers médicaux, là, des études qui ont
eu lieu ailleurs dans le monde, parfois, on se rend compte que la position de la personne n'a pas été documentée. On n'a même pas cherché à la solliciter parce qu'on a considéré que, puisqu'elle était inapte, on n'avait pas nécessairement à aller chercher son opinion.
Donc,
pour moi, c'est vraiment une obligation de documenter le rationnel derrière ces décisions-là. Pour moi, c'est un élément
important qui peut passer par les ordres professionnels, qui peut passer par des éléments très précis dans la loi qui viennent
nommer cette obligation-là, mais
c'est vraiment de se dire :
Comment est-ce qu'on a été capable de considérer le point
de vue de la personne au-delà du fait que, oui, elle peut avoir une inaptitude,
en fait, qui a été constatée puis qui est permanente?
La
Présidente (Mme Guillemette) : O.K. Puis une
dernière question, on a... il y a une volonté d'une personne avec des capacités
réduites, on dit, bon, on a compris que c'est vraiment ça qu'elle voulait, mais
la famille, elle, n'est pas à l'aise avec ça. Éthiquement, on gère ça comment?
M. Caouette
(Martin) : Bien, éthiquement, en fait, on en
revient à la notion d'accompagnement.
Et là c'est sûr que ça devient un travail, là, je pourrais rentrer dans tout le
travail d'intervention qui est à
faire, mais c'est sûr que, sur le plan
éthique, je pense, il faut éviter... (panne de son) ...dans le piège de dire : On va trancher en
faveur de l'un ou l'autre, l'idée étant d'arriver à être
capable de concilier ces espèces de postures là pour les uns et pour les
autres.
Donc, je vous dirais
que la question à se poser, c'est : Si on en arrive à cette espèce de
conflit-là ou de positions qui sont différentes, c'est parce qu'on n'a pas pris
le temps d'abord, avant, de discuter à la fois avec la famille et à la fois
avec la personne qui a une déficience intellectuelle sur leur souhait pour être
capable de travailler ensemble et de réfléchir ensemble ces questions-là. Donc
là, c'est là que toute l'intervention qui est plus de nature psychosociale, si
elle peut se mettre en place plus tôt, plus rapidement, bien, là, on sera en
mesure d'éviter ce genre de situation là où on a une personne qui a un avis
puis une famille qui en a... qui a un avis opposé.
La Présidente (Mme Guillemette) : Parfait. Merci. Je céderais la parole au député
de Mégantic pour trois minutes. M. le député.
M. Jacques :
Bien, merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Caouette. Moi, je veux revenir
sur votre première observation, là, vous avez parlé, entre autres, des proches
et des parents qui font des... qui font les pressions, en fait, et au niveau,
là, juridique pour faire avancer les choses, là, on se comprend bien. Moi, j'ai
une question, ça fait quelques fois que je pose la question à plusieurs
intervenants d'ailleurs, là, donc je veux avoir votre position à vous aussi
là-dessus : Est-ce que les proches ou les parents pourraient faire des
pressions sur les individus? Est-ce qu'ils sont un fardeau, entre autres, pour
certains? De quelle façon vous voyez ça? Puis, pour moi, c'est quelque chose
qui peut être dangereux, là, mais je veux juste connaître votre position par
rapport à tout ça.
M. Caouette
(Martin) : Bien, en fait, puis ce phénomène-là, il est quand même
connu, c'est-à-dire qu'à défaut d'avoir le soutien nécessaire, à défaut de
mettre en place les soutiens nécessaires pour une personne qui a... qui,
justement, est en situation de handicap, développer cette espèce de croyance-là
que le décès serait la meilleure solution, c'est justement le type de dérive
qu'il faut éviter à ce moment-ci. Ça veut dire que, si on met en place cette
loi-là puis qu'elle concerne aussi les personnes en situation de handicap, on doit
aussi toujours s'assurer qu'on a offert, qu'on met en place les soutiens requis
pour la personne, justement pour éviter ce type de situation-là.
Parce que ce que vous
venez de décrire, c'est un peu brutal comme réalité, mais c'est ça qu'il se
passe, ça fait qu'aussi bien le nommer, c'est-à-dire que parfois il y a
certaines personnes, certains membres de la famille qui, en détresse, vont en
arriver parfois à cette espèce de constat-là de dire que ce serait mieux que ça
se termine comme ça. Je l'ai vécu et ce que... l'intervention précédente, moi,
je l'ai vécue avec des parents très âgés qui disent : Bien, moi, j'ai
80 ans, ma fille en a 55, 60, j'aimerais donc qu'elle décède avant moi.
Donc, dans ce discours-là, ce n'est pas un manque d'humanité, ce n'est pas un
manque de considération pour la personne, c'est une espèce de choc brutal de
dire : Je considère, de mon point de vue, que le soutien dont elle a
besoin ne lui sera pas offert et j'ai peur pour la suite des choses, quand je
ne serai pas là.
Donc, évidemment, une
situation comme celle-là ne doit absolument pas nous mener à l'aide médicale à
mourir, pas du tout, ça doit nous précipiter, nous questionner, en fait, sur la
nécessité de repenser les modes de soutien qui sont offerts aux personnes, et comment
est-ce qu'on a été capable d'accompagner cette transition-là. Ce n'est pas
normal d'en arriver à cette espèce de constat là, surtout quand il est question
de son propre enfant.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
M. Jacques : Parce qu'on l'a vu
souvent, que les parents ont des enfants handicapés qui restent chez eux, mais
qu'à un moment donné on... En tout cas, excusez, je ne prendrai pas plus de
temps. Merci, Mme la Présidente. Merci, M. Caouette.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci, M. le député. Donc, je céderais maintenant la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Caouette. C'est un plaisir de vous revoir. Puis
merci de soulever quelque chose, grâce à la question de mon collègue de
Mégantic, je pense, qui passe beaucoup dans la tête des parents qui ont des
enfants handicapés, c'est : Qu'est-ce qu'il arrive après mon décès? Puis
là vous avez parlé de ce qui est nécessaire pour protéger ces personnes qui
sont plutôt vulnérables. Mais, mettons, après le décès de leur proche aidant, puis ils se retrouvent seuls, puis ils
veulent s'autodéterminer, quel genre d'accompagnement voyez-vous qui
serait nécessaire, malgré qu'il n'y ait plus de proche aidant dans la vie de
ces personnes? C'est qui qui devrait entourer la personne qui souffre d'une
déficience intellectuelle ou de l'autisme, dans un sujet qui est très délicat,
en ce qui concerne les soins de fin de vie?
M. Caouette (Martin) : Bien, en
fait, la première réponse que je donnerais à ça, c'est d'abord qui sont les
autres proches aidants qui sont présents dans la vie. Est-ce qu'il y a des
frères, des soeurs? Est-ce qu'il y a des personnes,
des amis de la famille qui ont toujours été là, qui ont été présents dans la
vie de la personne, qui la connaissent, qui sont capables de... et qui
choisissent de s'investir auprès d'elle, qui choisissent d'être engagés auprès
d'elle? Je pense que ça, c'est un élément
essentiel aussi, là, qu'il faut véritablement considérer. Je dirais qu'après
les parents, c'est certainement le premier cercle qu'il faut considérer.
Bien sûr, évidemment, quand on se retrouve avec
des gens qui sont, effectivement, complètement isolés, et là j'insiste, ce
n'est pas normal qu'une personne se retrouve complètement isolée, c'est parce
qu'avant on n'a pas bien fait notre travail, il y a quelque chose qui a manqué,
mais, si c'est le cas qu'une personne se retrouve complètement isolée, bien,
évidemment, là, il y a tous les représentants, finalement, sur le plan de la
curatelle, qui devraient, justement, avoir cet investissement-là ou cet
engagement-là auprès de la personne, les professionnels du réseau de la santé
qui connaissent parfois très bien la personne parce qu'ils l'ont accompagnée de
façon importante. Il y a aussi parfois tous ces intervenants-là du milieu
communautaire, qui sont engagés puis investis en proximité de la personne parce qu'ils la connaissent à travers des
activités de loisir, de sport, de répit, des activités culturelles également, qui ont pu l'accompagner. Donc,
je pense, ça, c'est une espèce de deuxième cercle qui est aussi à considérer.
Mais, encore une fois, je pense que tout ce
qu'on pourra mettre pour prévenir cet isolement-là va être... c'est l'élément
sur lequel miser.
Mme Maccarone : Ça fait que,
pour la personne que vous avez décrite, d'abord, ce serait qui qui va prendre
la décision finale? Si on mise sur l'autodétermination puis c'est une personne
qui est sous curatelle, vous avez parlé du projet de loi n° 18, oui, on
mise sur les droits civils au maximum, de la personne concernée, mais ça reste
que, si c'est une personne sous curatelle, ils n'ont plus de proche aidant,
puis c'est le Curateur public qui est en charge de cette personne, c'est qui
qui prend la décision finale, finale, malgré que c'est une personne qui
dit : Moi, là, je veux avoir accès à l'aide médicale à mourir?
M. Caouette (Martin) : Bien, je
pense, en fait, que le représentant désigné, en fait, là, qui a été désigné par
le curateur, il faut que ce soit quelqu'un qui est proche d'elle, en fait, qui
a été représenté, doit être la personne qui, oui, prend la décision finale,
mais en étant capable de justifier et d'argumenter cette décision finale là de
par l'expérience qu'elle a eue avec la personne. En fait, si elle en arrive à
cette décision-là, comment est-ce qu'elle a été capable d'interpréter des
signes, des gestes, des comportements, des manifestations? Et comment est-ce
qu'on est capable de croiser, en fait, différents points de vue?
Donc, c'est pour ça que l'isolement, c'est sûr
que c'est l'élément qui va être à éviter pour qu'on soit capable, justement, de
venir le documenter que la personne, de différentes façons, l'a exprimé,
au-delà du fait qu'elle était inapte, parce qu'elle va l'exprimer. Il n'y a
personne qui est sans moyen de communication, il n'y a que des moyens de
communication qui ne sont pas compris. Donc, qu'est-ce qu'on avait comme
proximité avec la personne qui nous permet, ensuite, de l'identifier? Pour moi,
c'est la position que j'aurais sur cette question.
• (9 h 50) •
Mme Maccarone : Je vous
entends. C'est que, c'est sûr, ça reste une préoccupation de comment la personne, si elle est vraiment sous Curateur
public, si c'est une personne qui est placée, là, on parle d'un intervenant
du milieu de santé qui va s'occuper ou qui va parler en nom pour cette
personne, on risque à voir peut-être des dérives. Alors, à l'intérieur de ça,
comme un accompagnement, quelles sont les actions que vous pensez qui sont
pertinentes, genre, de suivi? Est-ce qu'on
devrait avoir un temps entre la demande et l'évaluation, une façon de voir un
accompagnement dans le... de la personne qui souffre
d'une déficience intellectuelle ou autisme? C'est quoi, le pratico-pratique à
l'intérieur de ça?
M. Caouette (Martin) : Bien,
pour moi, c'est d'être capable de se fier sur les personnes qui ont été
engagées sur le long terme dans la vie de ces personnes-là. Donc, c'est sûr
qu'un professionnel de la santé qui rencontre aujourd'hui la personne, qui
vient essayer de voir si, effectivement, elle souhaite recevoir ou pas l'aide
médicale à mourir, pour moi, c'est insuffisant. Il faut être capable
d'identifier des personnes qui ont été engagées auprès d'elle pendant une
période de temps significative. Donc, c'est pour ça que je vous parle des
proches aidants, quand ils sont là, mais parfois on a des intervenants,
notamment des intervenants communautaires, qui ont été dans la vie de la personne pendant un certain nombre d'années, qui sont
capables aussi de reconnaître un certain nombre de manifestations chez
elle, puis c'est eux qu'il faut être capable de mettre à profit dans des
décisions comme celles-là. Donc, pour moi, c'est l'engagement à long terme
auprès de la personne qui va faire toute la différence, au-delà d'être capable
d'identifier un professionnel ou un type de professionnel en particulier.
Mme Maccarone : Puis est-ce que
ces personnes devront avoir accès à une demande anticipée? Si, mettons, on
pense plus tôt pour planifier plus tard, parce qu'on pense qu'il y a un niveau
de compréhension, est-ce qu'eux, ils devront avoir un accès à ça?
M. Caouette (Martin) : Bien,
vous savez, une des choses, puis je sais que vous êtes concernée par ça, vous
savez, la transition qu'on fait, par exemple, de l'adolescence à la vie adulte,
c'est quelque chose qu'on planifie, qu'on est capable d'anticiper, sur lequel
on est capable de travailler. La transition qu'on a de la vie active, parfois,
vers la retraite, on commence à y travailler de façon de plus en plus étroite
avec certaines personnes qui ont une déficience intellectuelle qui préparent
cette étape-là de la vie.
Donc, pourquoi est-ce qu'on ne serait pas
capable aussi de travailler cette transition-là? Est-ce que sur le plan juridique,
en fait, on devrait avoir désigné, en fait, avoir... d'anticiper, en fait,
toute cette décision-là? On peut certainement, en travaillant cette
transition-là, au moins permettre aux personnes de s'exprimer sur la façon dont
elles souhaitent la fin de leur vie. Encore une fois, on peut le planifier, on
le fait nous-mêmes dans nos propres vies. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas
accompagner, dans un langage adéquat, les personnes qui ont une déficience
intellectuelle pour leur permettre aussi de s'exprimer sur cette question?
Donc, évidemment, moi, je ne peux pas me
positionner sur le plan juridique parce que je n'ai pas la formation qu'il
faut, mais sur le plan, je vous dirais, de l'autodétermination, de
l'accompagnement des personnes puis de la qualité de vie, ce serait
certainement la meilleure chose à faire que de s'assurer que cette
transition-là, la fin de la vie, puisse être travaillée avec eux, qu'ils aient
la possibilité de s'exprimer et que, d'une certaine façon, on vienne normaliser
cette étape-là et qu'on les y engage et implique, comme n'importe quel autre
citoyen aussi.
Mme Maccarone : Vous avez...
je... c'est sûr, la population dont vous parlez pour... on sait que c'est
22 % de la population au Canada, hein? C'est quand même assez large comme
population qui... qu'on parle, peut-être, avoir accès à l'aide médicale à
mourir. Puis vous avez parlé d'adapter la communication pour leur aider à
connaître et comprendre. Selon vous, qu'est-ce qu'on peut faire? Parce que, là,
vous avez... je comprends que, peut-être, pour les personnes qui sont aveugles,
ils ont peut-être cette difficulté à l'intérieur d'un polyhandicap. Mais avec
les autres experts avec qui on a parlé, on a dit que le consentement écrit, là,
c'est primordial, c'est très important. Parce que le consentement, ça va être
tellement important dans ce processus, surtout qu'on a aussi beaucoup discuté
qu'il y a des gens qui changent d'avis. Tu sais, on donne notre consentement,
puis, là, plus tard, ça se peut qu'on va changer d'avis. Alors, c'était peut-être
donner comme un exemple, ce qu'on peut faire à l'intérieur d'un document écrit,
c'est de demander à cette personne : dans l'éventualité que je change
d'avis plus tard, c'est ça que je veux que vous fassiez. Mais, dans un cas
d'une personne qui souffre peut-être d'une déficience intellectuelle ou qui a peut-être
autre handicap, ce serait peut-être plus difficile. Alors, que prévoyez-vous?
Si vous faisiez partie d'un panel d'experts, un centre d'expertise à l'intérieur
de ça, qu'est-ce que nous devons faire pour aider ces personnes à comprendre
toute la complexité à l'intérieur de ceci puis adapter les communications,
comme vous avez mentionné?
M. Caouette (Martin) : Mais
l'idée de dire : Le consentement écrit est obligatoire, ça suppose que tout
le monde est en mesure d'écrire. Et ça, c'est une espèce de constat, en fait,
qui est... c'est une aberration, pour moi, parce qu'en fait ça présume que tout
le monde a cette capacité-là. De la même façon que je trouve aberrant qu'aujourd'hui
qu'on ait des distributeurs à désinfectant dans des centres d'achat qu'on
actionne avec les pieds, comme si tout le monde était capable d'actionner ces mécanismes-là avec leurs pieds. Donc, ça,
ça parle de capacitisme, d'une certaine façon.
Et, si on veut éviter de tomber de cette
façon-là, bien, il faut d'abord, de un, se dire : Comment est-ce que la
personne communique? Est-ce qu'elle communique par des signes, des pictos,
est-ce qu'elle est dans... Donc, est-ce qu'elle a un moyen de communication
alternatif? Est-ce qu'elle utilise un mode de langage qui est différent? Donc,
c'est quoi, son mode de communication? À partir du moment où on l'a identifié,
finalement, bien, comment ce mode de communication là lui permet d'accepter, de
refuser des choses? Puis on peut mettre en place des mêmes stratégies,
finalement, qui font en sorte que, de façon répétée, on revalide les choses
auprès de la personne, mais que son consentement ne se fera peut-être pas de
façon écrite, ne se fera pas d'une façon traditionnelle, il va peut-être se
faire de façon verbale.
Puis, pour moi, quand je
parle de documenter les choses, c'est là, je pense, qu'il faut qu'il y ait des
croisements de regards des proches, des professionnels qui sont capables de
faire ce même constat-là sur ce sur quoi la personne vient exprimer. J'en ai
parlé tout à l'heure, il y a toujours ce risque-là de la tendance à
l'acquiescement. Donc, si l'accompagnement n'est pas bien fait, si on ne
questionne pas la personne de la bonne façon, ce risque-là, qu'elle dise oui à
une proposition, bien, peut ne pas être un véritable oui, parce que le oui
devient la réponse la plus facile à
donner : je n'ai pas bien compris, donc j'acquiesce à quelque chose. Et
c'est là qu'il y a des risques de dérive.
Donc, c'est pour ça que, lorsqu'on croise les
regards, lorsqu'on a à la fois des professionnels de la santé, des proches,
qu'on a documenté le processus, qu'on l'a fait de façon peut-être répétée, mais
qu'on accepte que le consentement n'a pas été donné en signant, en écrivant,
mais qu'il a peut-être été donné de façon verbale, qu'il a été entendu par
plusieurs personnes, moi, je pense que c'est là qu'on en vient à être capable
d'éviter les dérives puis de respecter le droit de la personne également qui a une
déficience intellectuelle à donner son avis sur cette question.
Mme Maccarone : Ça fait que
est-ce que ça veut dire, d'abord, les gens qui doivent entourer cette personne,
en particulier, on ne parle pas nécessairement des mêmes professionnels? Parce
que, là, vous avez parlé de nécessité d'avoir une formation, puis tout à fait.
Alors, est-ce que ça veut dire, l'équipe professionnelle qui entoure une personne
qui souffre de déficience intellectuelle qui s'exprime d'avoir... de vouloir
avoir accès aux soins de fin de vie, c'est un autre groupe de professionnels
qui devraient l'entourer?
M. Caouette (Martin) : Oui.
Bien, c'est ce que je nommais tout à l'heure, l'acteur qu'il manque en ce
moment, c'est qu'on n'a pas d'acteur qui est clairement désigné qui connaît à
la fois la déficience intellectuelle et les soins palliatifs. C'est là qu'on a
besoin d'un acteur, en fait, qui va, justement, comprendre ces enjeux-là puis
être capable d'accompagner les proches et les professionnels du réseau de la santé
dans l'opérationnalisation de ce processus-là. Donc, c'est là qu'on a un acteur
manquant dans le réseau pour bien vivre cette étape.
Mme Maccarone : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, je cède la parole au député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Merci, M. Caouette, pour votre présentation aujourd'hui.
J'ai bien pris note de votre commentaire sur... disons, de votre avertissement
à ne pas trancher au couteau trop la question de l'aptitude ou de l'inaptitude,
là, vous nous avez dit : Ce n'est pas noir ou blanc.
Je comprends
ce commentaire-là. Néanmoins, j'imagine que vous comprenez que, pour nous, comme
législateurs, la question de l'aptitude, elle est centrale puis elle est
incontournable dans notre réflexion sur l'aide médicale à mourir dans la mesure
où on ne voudrait jamais que la décision de vivre ou mourir soit prise par une
autre personne que la personne elle-même. La question de l'aptitude ou de
l'inaptitude, là, c'est un des piliers sur lequel repose toute notre réflexion
ici, à la commission.
Et là je vais me permettre de vous relancer sur
cette question-là en prenant le relais de ma collègue de Joliette, là : Qu'est-ce qui devrait être
fait? Qu'est-ce qui devrait être mis en place comme processus — puis je vous invite à être le plus précis possible — pour s'assurer que la personne qui vit avec
une déficience intellectuelle est apte à prendre cette décision, qui
n'est pas une décision comme une autre, là, qui est une décision de mettre fin
à sa vie? Quels professionnels de la santé,
par exemple, devrions-nous exiger l'implication dans la loi? Puis est-ce qu'il
faudrait installer des délais? Est-ce qu'il faudrait instaurer soit...
Aidez-nous à trouver les bonnes balises à mettre en place pour qu'on garantisse
l'aptitude de la personne qui dit : Je veux mourir. Parce que ce n'est
pas, quand même, une petite décision.
• (10 heures) •
M. Caouette (Martin) : Première
chose, il faut qu'on inverse la responsabilité, c'est-à-dire que, lorsqu'on
dit : Il faut qu'on confirme l'aptitude de la personne à dire «je veux
mourir», en fait, il faut qu'on s'assure que la personne qui prend une décision
à l'endroit de cette personne-là, qu'on considère inapte, elle a été en mesure,
malgré le fait qu'il y a peut-être une aptitude qui a été considérée... qu'elle
fasse la démonstration de comment elle a été... elle a sollicité l'avis de la
personne sur cette question-là. C'est exactement l'esprit de la loi sur la
curatelle, où il y a cette espèce d'inversion là qui est en train de se faire,
puis c'est ce qu'il se fait un petit peu partout dans le monde.
Donc, dans le fond, la première chose, je pense
qu'il faut inverser ça. Puis à partir... Puis je comprends très bien, là, ce
que vous dites, là, il faut qu'on tranche en fonction d'aptitude, inaptitude,
mais il faut qu'on soit capable aussi de dire que si la personne, elle est effectivement
considérée comme inapte, bien, que le poids, finalement, repose sur les épaules
de la personne, en fait, de faire la démonstration qu'elle a entendu. Et, si
elle prend une décision contraire de ce que la personne nomme, donc, si j'ai,
par exemple, une personne qui dit : Moi, je veux l'aide médicale à mourir,
si la personne dit : Bien, moi, je prends une décision contraire, c'est
sur ses épaules à elle que doit reposer, en fait, l'obligation d'expliquer pourquoi
elle ne respecte pas ou pourquoi elle ne considère pas, en fait, que c'est la
chose qui devrait se passer pour cette personne-là. Donc, pour moi, ça, c'est
la première chose à faire, là, c'est d'inverser un peu cette responsabilité-là
et de la sortir, de l'enlever des épaules de la personne qui, justement, est à
cette étape-là des soins de fin de vie. Ça, c'est la première chose.
La deuxième chose, par
rapport aux délais, moi, je ne suis pas en mesure de vous dire exactement le
délai, parce que de par... ma formation est comme psychoéducateur. Donc, c'est
certain que je vous dirais que plus ce sera répété dans le temps, plus on aura,
finalement, des... une espèce de cohérence dans ce que la personne exprime,
bien, plus ça vient nous dire, effectivement, qu'il y a une décision qui a été
claire, qu'il y a un souhait qui a été exprimé clairement. Donc, ça, pour moi,
c'est le deuxième élément.
Troisième élément, bien, est-ce qu'il y a un
plan, justement, de soins de fin de vie qui a été travaillé et développé avec
la personne? Daniel, dont je vous ai parlé, en fait, il y a eu un plan comme
celui-là qui a été travaillé avec lui. C'est-à-dire qu'à un certain moment,
quand la possibilité de la mort est arrivée, ce plan-là a été travaillé avec
lui pour aborder cette question-là, lui demander ce qu'il souhaitait, comment
il pensait les différentes étapes, à quel moment est-ce qu'il voulait, par
exemple, que les soins s'arrêtent, qu'est-ce qu'il souhaitait pour ses
funérailles. Donc, cette nécessité-là, en fait, cette volonté-là d'avoir un
plan, rien ne vous empêche, par exemple, pour toutes les personnes qui sont
considérées comme étant sous curatelle, d'avoir l'obligation d'avoir un plan de
cet ordre-là puis d'avoir l'obligation aussi que ce plan-là apparaisse dans
tout ce processus-là avant, finalement, d'en arriver à cette étape-là de la
maladie.
Évidemment, il y a toujours cette ouverture-là à
changer d'avis en cours de route. Ça, je pense qu'il faut que ça soit maintenu.
Mais l'obligation d'avoir un plan de transition, c'est que... un plan de soins
de fin de vie, comme on a des plans de transition, par exemple, ailleurs dans
la vie de la personne, c'est un des éléments que vous pourriez ajouter, qui est
très concret, qui est très pratique également et qui fait en sorte de donner
des directions claires, du moins, des souhaits clairs par rapport à la
personne.
Et il y a les décisions qui sont, je dirais,
importantes comme décider d'accéder à l'aide médicale à mourir, mais il y a
tout plein d'autres décisions autour aussi qui font la différence, comme la
volonté de revoir certaines personnes, de finir la vie dans un lieu plutôt que
dans un autre. C'est tous des éléments aussi qui peuvent être travaillés, qui
peuvent être mis dans un plan comme celui-là, qui arriveraient plus tôt... qui
pourraient être travaillés plus tôt dans la vie.
Donc, pour moi, là, c'est quelques éléments que
je vous donne là, mais c'est certainement des éléments qui seraient pertinents
pour faire en sorte que le processus se vive mieux pour les personnes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci beaucoup, M. le député. Merci beaucoup, Pr Caouette, d'avoir
partagé avec nous aujourd'hui votre expertise, c'est très important pour la
suite de nos travaux.
Donc, nous suspendons les travaux quelques
instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités. Merci encore,
Pr Caouette.
M. Caouette (Martin) : Merci. Merci
beaucoup à tout le monde, puis bonne poursuite des travaux.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Au revoir.
M. Caouette (Martin) : Au
revoir.
(Suspension de la séance à 10 h 04)
(Reprise à 10 h 10)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous reprenons nos travaux et nous accueillons maintenant le Pr Timothy Stainton. Bienvenue, professeur,
et merci d'avoir accepté notre invitation. Je vous cède la parole dès maintenant.
M. Timothy Stainton
M. Stainton (Timothy) : Merci,
Mme Chairman. Bonjour, mesdames et messieurs, et merci de cette invitation
à vous rencontre aujourd'hui. Unfortunately, my French is very
limited, so I will need to continue in English.
I'm very pleased to be with you today from the lands of the Tsawwassen people,
on the South coast of British Columbia, very early in the day, I might
add, for me. I have provided a written brief, which gives more detail of what
I'm going to discuss today and... but I wanted to share with you some of the
key points.
A little bit about my
background. I'm a professor in the School of Social Work at the University of
British Columbia and the co-founder and director of the Canadian Institute for
Inclusion and Citizenship, which focuses on issues around intellectual
disability and various social and ethical aspects related to that. My main
expertise is really in the area of service design, delivery, evaluation, as
well as issues around ethics and history of approaches to intellectual
disability. I should add that I'm also the father of a young adult with an
intellectual disability, so that certainly influences my perspective.
So, I'd like to begin just by
outlining some of the key concerns of the disability community and then move on
to a brief discussion around intellectual disabilities particularly.
So, I think the concerns of the
disability community are well known. Recently, in the debate around
Bill C-7 in the federal Parliament, over 140 disability organizations from across the country signed a letter expressing
their concern around the introduction of C-7, and this concern was shared by...
formerly by the UN Special Rapporteur on the rights of people with disabilities, Devandas
Aguilar, who, after her visit to Canada, was extremely concerned about the implications of assisted dying legislation on
people with disabilities after hearing multiple complaints, and she
urged the federal Government to investigate
these complaints and put into place adequate safeguards to insure that persons
with disabilities do not request assisted
dying simply because of the absence of community-based alternatives. This was
echoed by her successor, Gerard Quinn, in
the hearings on C-7, and he was joined in his concern with the Independent
Expert on the enjoyment of human rights by older persons and the Special
Rapporteur on extreme poverty and human rights.
So, I think the concerns are
very real and shared by others, and it is, for me, difficult to imagine a piece
of legislation passing that was so universally opposed by the group... by an
equity-seeking group and by so many UN experts
on human rights. And I think that really highlighted the frustration in the
disability community in terms of having their voices heard and taken
seriously in the debate on medical assistance in dying.
So, I'm going to outline some
of the key concerns. The main concern is really this issue of MAID as a
substitute for acceptable disability supports. And unfortunately, we've had a
number of cases now that have gone public. Archie Rolland, who died by MAID,
was cited in the Montreal Gazette that «it's not the illness that's
killing him, he's tired of fighting for
compassionate care». Mr. Truchon, in fact, the plaintiff in the recent
Québec case, «at a news conference, had his assistant read a statement
that he couldn't face the prospect of a life confined to institution». So,
clearly, his motivation to seek the right to access MAID was a social one as
much as a... inherent to his disability. 41-year-old Sean Tagert, a man who
lived on Vancouver Island, who died by MAID, he was
very clear that he chose MAID because he was unable to secure sufficient home
care hours to allow him to remain in his home where he could be with his young
son, and the alternative of moving to an institution was unacceptable to him.
And finally, in Québec,
Jonathan Marchand, in his protesting for additional care, he stood out quite
eloquently in his testimony to the Senate : «I was prepared to do anything
to get out of this medical hell, but just like Jean Truchon, I was denied the
home care support that I needed. After two and a half years in the hospital, I
ended up in a long-term care facility. I gave up and sank into depression. I
was ashamed to live in this ghetto. Without humanity and freedom, life no
longer has any meaning. I regretted having refused euthanasia. I simply wanted
to live with my partner, work and have a normal social life. My disability is
not the cause of my suffering, but rather the lack of adequate support,
accessibility, and the discrimination I endure every day. Why is it so hard to
be seen and heard when we want to live?»
So, I think it's fairly clear
why some people with disabilities are seeking MAID, and it's really a
structural problem in terms of being able to access the kind of supports they
require. Currently, there are over 18,000 people in Québec between the
ages of 18 and 64 living in health care and related facilities, and
some 5,000 in nursing homes, seniors' facilities, including 1,325
under the age of 50.
In the field in... much of my
work involves designing and setting up and advising on disability support
systems. And the goal standard now is for people to have as much control over
those supports through things like direct funding and home-based supports. And
really, we know now that there is no level of disability that we can't
accommodate within an adapted home environment within the community. So, the
reason younger people are being institutionalized is not due to their
disability but due to structural, and policy, and financial constraints.
Add to this that disabled
people are one of the most marginalized in the country. Roughly 29% of
working-age adults with disabilities are living in poverty, and suicide and suicidal ideation are strongly correlated with economic deprivation. Add to this they are far
more likely to be victims of violence than Canadians without
disabilities, particularly women and those with mental health disabilities,
poor access to appropriate housing and high rates of institutionalization, and
poor access to disability supports. Add to this general picture that being
disabled in Canada is not one conducive to living a full and meaningful life.
Due to the fee, absence of full
supports, many people are dependent on their family or their caregivers, and we
know from both the Canadian data and data from other jurisdictions that
feelings of burdensomeness are a key driver for people to seek access to
medical assistance in dying. So, the risk of opting for MAID rather than
continuing to struggle against many of the barriers disabled people face in
trying to live a meaningful and fulfilling life is not one that can be lightly
dismissed. This risk is arguably heightened in the context of austerity and
concern with rising health and social care costs.
In their submission to the UN
Human Rights Commission, the major Canadian disability rights organizations
note that under article 16... has recognized the rights of persons with
disabilities to effective enjoyment of the right to life on an equal basis with
others. States are required to provide measures of protection to guarantee this
right, including the provision of reasonable accommodation when necessary to
ensure the right to life, such as ensuring access of persons to essential
facilities and services. I think it's fair to say Canada is somewhat behind in
meeting its expectations on the Convention on the Rights of Persons with
Disabilities.
• (10 h 20) •
I'd like to switch to the
second major concern, which is slightly more esoteric, but it involves how
disabled people are viewed in society and the general negative valuation of
disabled lives within Canadian society.
Tuffrey-Wijne, who, I
understand, is your next witness, notes that numerous reports in recent years
have suggested that the lives of people with intellectual disabilities are
valued less across society, and that their short life expectancy results from inappropriate
value-laden decision-making by healthcare professionals. And there has been a
number of studies that have shown preventable deaths have been caused generally
by a failure to treat people with intellectual disabilities in the way they
would others.
There have been numerous
studies around health attitudes and health care. Gill reviewed several studies
to find there is a general negative
evaluation of
disabled lives in healthcare settings, and, in fact, in some circumstances, was more negative than in the
general population. A recent study out of Harvard interviewed
714 practicing US physicians and found that 82.4% felt that disabled
people had significantly worst quality of life than non-disabled people. They
note these findings about physicians' perceptions of this population raise
questions about ensuring equitable care. Potentially biased views amongst
physicians could contribute to persistent health disparities affecting people
with disabilities.
There are other disturbing
examples of the intersection of health and disability. (Interruption) Excuse me. If we look at issues
around prenatal testing and neonatal euthanasia, we find similar scenarios
where it's poor quality of life for neonatal euthanasia, significantly
people with spina bifida are euthanized as neonates. And the American College
of Pediatricians notes that there is much
room for parental, physician, personal, and social, and economic bias in
decisions around neonatal euthanasia. And
it's not a stretch to think that similar considerations may influence the
practice of MAID.
In terms of ethic, we may
think, well, the ethical systems will protect people with disabilities from
undue access to MAID. In fact, we see streams of ethics, predominantly
utilitarian streams, which is a major ethical system used in health care, are
actually openly hostile to the interest of people with disabilities. This
largely stems from a direct equating of disability with suffering.
John Harris, a leading UK bioethicist writes, with regards to prenatal
testing: «Where we know that a particular individual will be born deformed or
disfigured... the powerful motive we have to avoid bringing gratuitous
suffering into the world will show us... to do so would be wrong.» He goes on
to state that, in the case of severe
disability, «we should give them a humane death by legalizing euthanasia in
such cases».
I think it's important to note
that he is not just arguing this is okay, he is arguing that we have a moral
duty to eliminate disabled persons if
they're presumed to be suffering. Tuffrey-Wijne notes: «The fact that
disability itself, rather than an
acquired medical condition, can be accepted as the cause of suffering justifies
euthanasia is deeply worrying.»
There is inherent negative bias
towards disability and disabled lives within health care and some ethical norms
and systems, it is not difficult to imagine a scenario where disabled people
are counselled or even encouraged to consider MAID. This is particularly
concerning with regards to newly disabled persons or those experiencing
prolonged mental health challenges. Not surprisingly, people who experience
traumatic injury resulting in disability go through a period of despair and
helplessness. But studies have... consistently showing that over time they do adjust
if they are provided with the appropriate mental health and disability related
supports. However, generally, this would be a period of years rather than
months. So, I think this all points to the risk that the mere 90 day
waiting period suggested in the... or now in the new federal law is far too
short to avoid premature suicides in these cases.
So, I'd like to just now switch
to looking specifically at intellectual and developmental disabilities and the question of consent. Article 12 of the UN
Convention on the Rights of Persons with Disabilities confirms that all
disabled people have a right to make decisions and to be supported as required.
And this is generally something that I support. However, in the context of
MAID, we need to take note that many people with intellectual disabilities have
a tendency to want to agree. This is well established in the literature. They
want to please or they have been living in situations where agreement with
those in power is an important aspect to survival, so that in the context the
family or support workers or healthcare professionals that feel they may be
better off accessing MAID rather than undergoing a life-saving treatment or
medical intervention, we may well not be sure that their agreement to MAID is a
true expression of their will and preference.
Another concern is as we open
up the question of substitute decision-making, which is really what comes down
to within advance directives, someone else is going to have to make the
decision on MAID at the time of administration. We began to open a door on
substitute consent, which is very concerning for people with intellectual disabilities. Unfortunately, there are numerous
cases of both murder of children with disabilities as well as murder-suicide
by families that can no longer cope. So, in the context of MAID, if they are
allowed to consent on the person's behalf, we may well see significant number
of cases that follow that pattern.
A recent... well, a number of
years ago, a case in the news of the... Mme Corriveau wanted the right to
euthanize two of her children with severe disabilities. This was a very broad
public presentation in Canada
as well as on the Dr. Phil show, and received resounding support
from the public for her right to have her children euthanized. So, all of this
suggests significant risks if the MAID laws become increasingly permissive.
So, to conclude, the expansion
of MAID has been motivated by a desire to end suffering and respect autonomy.
In doing so we have created significant risk to persons with disabilities. The
legal debate on MAID has always been about balancing individuals' right to
decide how to end their own life and protecting the vulnerable. It is my
opinion that that balance has now shifted to a dangerous imbalance that creates
extreme risk for some people with disabilities, and they will die not out of a
desire to end their life but out of desperation or despair from a lack of
supports which would allow them to live a life of dignity. They will be
increasingly victims of world views that they are less valuable. So, I guess,
for me, the question is: Are we
willing to sacrifice the lives of some disabled citizens to ensure a broad
right for the majority population to access MAID when and how they choose?
What I'd like to offer,
suggestions or safeguards that might protect against, is, in my view, Canadian
law has passed the point where safeguards
can fully protect disabled persons. Some things that may help for the
elimination of disability is a standalone eligibility criteria, extended
timelines for those who are not at the end of life, more rigorous evaluation of
consent and capacity for persons with intellectual disabilities, a strict
prohibition on substitute consent and detailed
psychosocial assessment, active remediation of unmet needs and disability
supports all may lessen the risk.
In my view, it's imperative we
step back and take a look seriously at the issues around disability and
vulnerable persons. It is no longer hyperbole that we risk... that we are at
risk of uncritically heading to a place where the
phrase «better dead than disabled» becomes an underlying, if unspoken, driver
of policy and practice.
Thank you for your time today
and giving me the opportunity to meet with you.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup, Dr Stainton... Pr Stainton, vous nous entendez toujours
bien?
• (10 h 30) •
M. Stainton (Timothy) : Un moment, s'il vous plaît.
I've lost the phone connection,
so I'll just need to connect again.
La Présidente
(Mme Guillemette) : On va suspendre
quelques instants, Pr Stainton, le temps, là, que vous vous reconnectiez
via le téléphone.
(Suspension
de la séance à 10 h 31)
(Reprise à 10 h 32)
La Présidente (Mme Guillemette) : Nous sommes maintenant en ondes. Merci, Pr Stainton. Donc, je
me risque pour une question. Tout à l'heure,
on a entendu le Pr Caouette, qui nous a indiqué qu'il y a des moyens
d'avoir le consentement des personnes avec des difficultés ou certains
handicaps, dont les autistes, certains types. Vous voyez ça comment, ces
moyens-là pour avoir un consentement de ces personnes-là?
M. Stainton (Timothy) : Well, it's a difficult question to generalize on, because of course
autism and intellectual disability is an extremely broad spectrum in terms of
impact, which, you know, many people would basically... would approach it as
you would with anyone else. For those with more severe disabilities, the
general standard now is through some form of supported decision-making where
someone who is generally seen to have a relationship of
trust with the person is empowered, not to speak for them but to be the person
who interprets their will and preference to
us. In the context of MAID, as I mentioned, that is a... I think, a dangerous proposition. So, I really think a very... you know, you almost need a
highly individualized process instead. But I think Professor Tuffrey-Wijne,
who you have next, is probably better able to answer that question than me.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Je
vais céder la parole au député
de Chomedey.
M. Ouellette : May I risk some question in English? Thank you, Pr Stainton, to be with us today. O.K., I will have two quick questions for you if you don't mind.
The first one will be about the
suggestion that you made in your brief, and because I'm a little bit
preoccupied by your conclusion that we shift to a dangerous imbalance. Do you
think that some of the suggestions that you made may help us reach a balance
and can be really positive for the disabled person in that field of activity?
And my second question will be about minors. I'd like to
have your opinion about MAID regarding minors under 18, if you have an opinion
regarding that.
M. Stainton (Timothy) : O.K., thank you. So, I think, in terms of the
imbalance, as I mentioned, I think the suggestions, and there are probably
other things that could help, I don't think... As long as we still have a
society that's largely, you know, hostile to people with disabilities, and we
don't provide the appropriate supports, I'm not sure there is a completely safe
approach to MAID. I do think some of those will help. I think perhaps the most
important one would be the removal of disability as one of the categories
that... It's rather odd, when you think about it, you have the grievous, near
irremediable disease or illness, but you also have disability, and being
disabled doesn't mean you're sick. So, they're the only group that can actually
access MAID without being ill. So, to me, that would probably be the most
important safeguard, is if we eliminated that category, which would not
eliminate people with disabilities who are ill from accessing MAID. It would
simply eliminate the possibility of people with intellectual disabilities and
others accessing it really due to despair or desperation.
I think the... certainly, the
extended wait time would help in terms of people with mental health
difficulties or having experienced a dramatic injury. Anyone that's gone
through depression or anxiety knows that it lasts an awful lot longer than
90 days. And during that period, you know, it's very common, suicidal
ideation stuff, and that can sadly last years, not months.
So, in terms of mature minors, I...
it's not an area that I focus on, so I don't have an overly informed opinion,
so I wouldn't want to claim an expert opinion. I think it's a dangerous road to
start down, as you continue to open the door wider and wider. And, you know,
we've seen in other jurisdictions, you know, relatively young people accessing
MAID due to... you know, they weren't a mature minor, but due to a surgery to
transition genders, despair from that. We recently had a case of a younger
woman with autism or diagnosed with autism where, you know, there was some
suggestion it was really just her being depressed at a breakup with a
boyfriend. So, to me, I think we have to be very, very careful with mature
minors. But, as I say, it's not an area I claim any great expertise on.
M. Ouellette : Thank you, Mr. Stainton.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Merci
beaucoup, M. le député. Donc, je céderais maintenant la
parole au député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Merci, Mme la Présidente. «Thank you,
Mr. Stainton.» Tout à l'heure, vous avez abordé une partie de votre
présentation concernant les gens, je crois, qui sont
aux prises avec des cancers en phase terminale et qui souffrent aussi de
déficiences ou qui sont atteints de déficience intellectuelle. J'aimerais ça,
un peu, que vous rentriez un petit peu plus dans les détails. De quelle façon
voyez-vous le consentement, par rapport à ces gens-là, au niveau de l'aide médicale à mourir? Et est-ce que les
balises devraient être les mêmes que des gens qui sont atteints de cancers en
phase terminale mais qui n'ont pas de déficience intellectuelle?
• (10 h 40) •
M. Stainton (Timothy) : I think, just from a human rights perspective, the standards should
be the same, absolutely. The message, however, I think, would need to be
significantly adapted. And I'm not sure there is a way to ever be conclusive with some people, particularly people who can't
communicate through formal means, who don't have expressive language.
So, basically, to me, it's a question of uncertainty.
So, you know, if you or I make
a decision, make that decision, and we make it over time, and we consider it,
and we discuss it with people, yes, we can be relatively sure that's a true
expression of our will. Someone that may have more difficulty conceptualizing,
understanding what the issues are, that's going to increase the degree of
uncertainty whether their consent is a true expression of their will, and then
that's increased again once that will is being interpreted through a different
person.
So, again, I don't think there
is a one-size-fits-all. But, for me, the worry is as soon as you move away from
that... if you like, paradigmatic understanding of consent, you introduce
uncertainty, and you will never absolutely know if this was the true will and
preference of that person.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : O.K. Tout à l'heure, on a
eu un intervenant qui a mentionné qu'une personne avec une déficience
intellectuelle devrait avoir accès à l'aide médicale à
mourir, et la déficience intellectuelle ne doit pas
être une raison pour ne pas avoir droit à l'aide médicale à mourir, et c'est
dans ce cas-là, dans le cas, justement, où une personne, entre autres, pourrait
être atteinte d'une maladie neurodégénérative, exemple, de type alzheimer, puis qu'elle souhaite faire aussi une demande
anticipée d'aide médicale à mourir en vue des derniers stades de la maladie.
Mais, tu sais, selon vous, là, son handicap intellectuel influencerait-il
vraiment son aptitude à consentir? Parce que vous dites dans vos propos que
c'est difficile de savoir vraiment ce que la personne en pense, mais on sait
que ces gens-là, des fois, sont dans... souffrent aussi, entre autres ceux qui
ont la maladie d'Alzheimer. Mais dans ces cas-là, comment qu'on fait? Comment
voyez-vous ça, M. Stainton?
M. Stainton (Timothy) : Again, well, I think, the first statement is, you know, absolutely any right that any
Canadian has, a Canadian with an intellectual disability should also have. And
I would never say just otherwise. The problem again is around : a, how do
we know it's their true will and preference, and, b, is there coercive factors
around them? And so, the only way you're going to know that is to do a fairly
in-depth psychosocial assessment, talk to people around them, get some
independent information. And ultimately, I would be more comfortable if it's a
more legal decision than a medical decision. So, whether that's a tribunal that
would review the consent procedures and had the capacity to investigate the
nature of that, that would provide a greater degree of security.
But I think the problem comes
in terms of how the disease or illness that the person might be seeking MAID
for is interpreted in health care. So, you know, we have ample examples of
people, for instance, being refused routine operations or suggested they don't
have a routine operation because they have an intellectual disability. You know,
quite a number of years ago, there was the Dawson case out here, in British
Columbia, where he needed a... and he was a
man with significant disabilities, intellectual and otherwise, he needed a
fairly standard back operation to replace
the shunt as he grew, not a minor operation but one that's fairly common and
low risk. The parents wanted to refuse consent and let him die at that
point, and the courts ruled that he should have the same access. So that's
where it gets tricky. So, would the interpretation of the illness be the same
as it would be for a person without an intellectual disability? So, again,
that's why I think you need a very rigorous and relatively... independent of
health care process.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Thank you.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le député. Je passerais maintenant la
parole à ma collègue de Soulanges.
Mme Picard : Bonjour, Pr Stainton. J'espère que je parle assez fort. J'ai
une question par rapport à votre document
que vous nous avez envoyé. Vous mentionnez que le retrait du consentement final
aurait un impact démesuré sur les personnes atteintes de déficience
intellectuelle, considérant le niveau d'incertitude qui caractérise la vraie
volonté de la personne au moment de l'administration.
Que suggérez-vous comme balises
afin de s'assurer que les personnes soient protégées? Est-ce que vous pensez
qu'un retour systématique aux tribunaux, afin de valider l'aptitude à
consentir, serait plutôt une solution qu'au simple personnel médical qui serait
une alternative?
M. Stainton (Timothy) : Thank you for that question. I think, you know, just adding to what
I said, the issue is that you will never eliminate uncertainty. As soon as you
move away from a contemporaneous consent, you're going to have uncertainty.
And, to be honest, that's why, from my perspective, I think it's very dangerous
to move away from contemporaneous consent. You know, I think less so in, I
think, the current formulation, where it's a very short
term. So that 10 days, when the person has gone through the... and been
approved, and may lose capacity in that short period, I think, once you move
into extended advanced directives, your level of uncertainty is going to get to
a point where I think it's unacceptable.
We know, you know, we know that
a significant portion of people approved for assisted suicide in other
jurisdictions at the end choose not to follow that through. So, I think that
suggests to us that simply having an advanced directive made several years ago
doesn't necessarily mean that's what you would do at the moment.
So,
for me, I don't think there is a way to eliminate the uncertainty and I
personally believe it's very dangerous to move much away from that. I will say I was a
member of the Council of Canadian Academies' review of MAID,
instituted by the federal Government, and I sat on the advance directive
committee. And, though there was a very
broad range of opinions on that
committee, I think the report makes clear that there was no belief that uncertainty
could be eliminated.
Mme Picard : Merci. Thank you.
M. Stainton (Timothy) : Thank you.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Parfait. Une question rapide, M. le
député de Mégantic, pour deux minutes.
• (10 h 50) •
M. Jacques : Merci, Mme la Présidente...
Pr Stainton... today.
Je veux revenir encore sur...
You talk about more security if
all the people go to the tribunals.
Donc, ce que vous dites,
c'est : À chaque cas, il faudrait que les cas aillent au tribunal pour
pouvoir bénéficier de l'aide médicale à mourir. Est-ce que c'est
ça? Puis est-ce que c'est un
tribunal qui serait unique pour ces cas-là ou il y
aurait... ça passerait vraiment par la cour?
M. Stainton (Timothy) : I don't think they would need to go to the court. I mean, I think
there would be that option if they have a public guardian or someone had
serious concerns, but I think it would be something more like a mental health
tribunal, so a tribunal set up specifically for this that had, you know,
members drawn from the community, and professions who had expertise in the area and provided... so more like a labour tribunal or a mental health
tribunal kind of approach rather than the courts per se. This, incidentally,
was recommended in the original MAID debate by the Vulnerable Persons Standard,
which is the kind of coalition of organizations of
vulnerable persons, in terms of reviewing applications for MAID. It was not
taken up at that time, but, I think, as we expand, and particularly as when
mental health becomes the underlying concern, I strongly believe that a lot
more rigour is needed, and so that's one way that could be done.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Merci beaucoup. Merci, M. le député. Je céderais la
parole maintenant à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente.
Good morning, Professor
Stainton. It's a pleasure to have you with us today.
I think that you'll find that
the commission members to whom you're presenting today are very sensitive to
the cause of individuals that are handicapped or who suffer from an
intellectual disability. I found it very difficult to hear «better dead than disabled».
As a parent of two children that are handicapped, I think I would... I preach
life as worth living, and so I understand the perspective that you shared with
us today.
So, as a parent, I'd like to
understand, from your perspective, assuming that there was going to be an
extension of MAID and we were to include individuals that were intellectually
handicapped, deficient, what training would you like to see within the network
to ensure that these individuals... We can get to the idea of consent, I know
you've talked a lot about consent, you know, we're talking a lot about
self-determination and making sure that the rights
apply to everybody, as you've mentioned earlier. What type of training do you
think would be required to ensure that there's a proper understanding?
M. Stainton (Timothy) : Thanks for that question. I appreciate your perspective. I mean, I think, first, it's
important to acknowledge that people with intellectual disabilities are
eligible for MAID so long as they can consent. There's no prohibition there,
and that's part of my concern.
In terms of training, really,
it's somewhat broad-based, but I'll use an example from... as you're probably
aware that there's been concerns in the intellectual disability community
around prenatal testing and, you know, the roughly
90% elimination of foetuses with Down syndrome. And there was concern that many
of the training programs for genetic counselling weren't addressing
disability issues. So, they've actually made some progress. I worked with our
Genetic Counselling Program, at UBC, to provide background around disability
rights, disability theory. Most people are not aware of the rather dire
sociodemographics of disabled people. So, I think, sharing those kinds of things,
programs... Our program and, I think, a number of others have a kind of
navigator program where all their students are linked up with a person in a
family with Down syndrome, and they need to spend time with them, and talk to
them, and get a sense, and they're not talking about a genetic variation,
they're talking about human beings and people, and understand that that's as
rich, and robust, and wonderful as any other human being, right?
So, I think that would help, but I'm not... Med schools,
at the moment, have very little content on disability, other than the medical
aspects, and so generally are not well informed about the sociological aspects
of disability. So, if we could improve that,
that may help. I think younger physicians, generally, are somewhat better
informed, so... But to be honest I think the... what we would call
ableism is so deeply entrenched and, to a large degree, unknown and
unacknowledged... Now we talk a lot, lately, of unconscious bias around race. I
think that's exactly the same and possibly even deeper with disability. And
that's not easy to drain out of someone.
Mme
Maccarone : You talk about ableism, and then I
guess this is where I have a disconnect where, if we're talking about ableism,
we want to ensure that people that suffer from intellectual disabilities, or
autism, or handicaps have the ability to
self-determine their fate, because we view them as having an ability if the
individual can prove that they have
given their consent. And I understand that we require certain parameters to get
that done, I've heard some of your recommendations where you've mentioned perhaps extended timelines, rigorous
evaluations, that maybe there needs to be a separate tribunal.
Is
there something in your... Because you are a specialist, you've studied this to
some degree. How do we identify then the suffering for somebody that is
disabled or suffers from an intellectual handicap, given the fact that we don't
want to give access to MAID because of their intellectual disability, right? We
don't want the lack of services or the lack of care to be the reason why people
are getting access, and so we're thinking that it has to be based on suffering,
on some form of mental illness, on the fact that I am suffering. How do we
identify that for somebody that has an intellectual disability or who suffers
from autism, for example?
M.
Stainton (Timothy) : Yes. I think... I mean, I
think it's difficult to fully identify for anybody, to be honest, but I think
there is an additional risk. You know, a question we
don't emphasize in this process is we ask people to acknowledge that they are
suffering intolerably, but we often don't ask is why, and then interrogate that
deeper in terms of the causes of those suffering and whether they can be
ameliorated. You know, in the
new law, there is a bit of, I think, a throw-away line around doctors must
advise about disability supports or ask them about that. You
know, to be honest, most doctors are not particularly well informed about
community supports, and community services, and
disability supports. So, I think, interrogating more deeply why.
And
one of the problems we have is that even if... say, O.K., well... So, as in the
case of Rolland, or Truchon, or Tagert, or Foley, if we had the capacity, say : O.K., we will
approve your home care, sufficient that you can live the life you want to live.
And they've been quite explicit that's the cause of their MAID. We have no
capacity to do that, right? I mean, theoretically we could, but it's also
problematic that one is in your federal law and the other is provincial
jurisdiction, you know, and I didn't spell out here, but I think, you know,
there is a very strong risk that health care resources
will become part of the decision-making process around advising people around
MAID. Sorry, I'm not sure that answered your question fully, but...
• (11 heures)
•
Mme
Maccarone : I think we all got the message
that we understand that we need to rethink the type of services that we're
offering people that are handicapped, regardless of what the handicap is,
because devaluing or establishing a negative bias toward them is certainly not
the direction that anybody wants to go in.
But
if we bring it back to MAID, and, for example, what, I guess, I'm wanting to
know from you is in... if there was an assumption that there would be a
recommendation that we say it should apply to individuals that... for an
anticipated request, for example, so that that person can self-determine what
they wish to have their life be or not be in the future, in the event that a
person is intellectually handicapped, or suffers from autism, or has a
handicap, what do we need to do to adapt to the process for them so that it is
not exclusionary, so that we can practice ableism, so that it can be an
inclusive process, what would that look like for that individual.
And
I'm hoping that you're going to give us some gleams of information, given the
fact that we've had other experts pass in this committee who have shared with
us that B.C. has a center of excellence, and that's something that we could
perhaps inspire ourselves from in terms of processes that we could put in place
here going forward.
M.
Stainton (Timothy) : Yes. Again, I guess I'd
go back to, I think, an independent process, like a tribunal would help. But I
think, probably, most critically is this kind of ability to undertake a more
comprehensive psychosocial assessment by a social worker, somebody trained in
that, who could spend the time. And, to be honest, it's a bit of a reverse
planning process. That's actually how I started my career, it was doing these
kinds of plans for people to come out of institutions. And I needed the
capacity to spend time with people, to spend time with their families, to get
to know their lives, to understand what they wanted and what they didn't want
to really get a sense of their preferences. So, I think that kind of capacity
in the system would be critical.
Mme
Maccarone : So, somebody that's a specialist, let's say, that
specializes specifically in end-of-life care for individuals, it's exactly what
Professor Caouette just shared with us, the previous presenter, he said
that he felt that this could be a specialized role that
could be introduced into the system, somebody who could accompany the families
and the individual to better understand and to help that individual understand
the consent that they're giving and what the process is.
M.
Stainton (Timothy) : Yes. I wouldn't call it
an end-of-life specialist. I think you want someone with a deep understanding
of intellectual disability and really more a life specialist than end-of-life,
so they can evaluate the motivations and
whether, you know : Hey, you know, actually, if that's what's really the
problem, we can look at x, y, z solution, would
that be something you'd consider before this other? So, it's that kind of
iterative, deeply engaged individualized process that I think is there, and
that's not a doctor, it's not a health care role, it's a social care role.
Mme
Maccarone : And how much...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée, c'est tout
le temps que nous avions.
Mme Maccarone :
Thank you.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Je céderais la parole maintenant au député de
Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Pr Stainton. Merci beaucoup de votre
présentation d'aujourd'hui. Je vais vous poser une question assez directe. La
plupart des représentations que vous nous avez faites aujourd'hui étaient
faites en référence à la loi fédérale sur l'aide médicale à mourir. Comme vous
savez, les travaux de notre commission ici portent sur la loi québécoise sur
l'aide médicale à mourir et sur ses potentielles évolutions.
La loi... il y a une
différence majeure entre la loi fédérale actuelle et la loi québécoise. La loi
québécoise, au moment où on se parle, est très claire au fait, à son
article 26, qu'il faut être atteint d'une maladie grave et incurable pour
être admissible à l'aide médicale à mourir. La notion de handicap n'apparaît
pas dans la loi québécoise, contrairement à la loi fédérale.
Ma question
serait : Dans quelle mesure vos recommandations s'appliquent à la loi
québécoise? Avez-vous des recommandations à nous faire spécifiquement sur la
loi québécoise? Et je vous précise, au passage, qu'au moment où on se parle la
commission n'a pas reçu de témoignage ou de représentation qui recommande de
créer une nouvelle catégorie d'admissibilité
à l'aide médicale à mourir qui serait basée uniquement sur une situation de
handicap, intellectuel ou autre, par ailleurs. Donc, ce n'est pas, jusqu'à
maintenant, des représentations que nous avons reçues.
Donc, cette précision
faite, qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur la loi québécoise sur l'aide
médicale à mourir? Est-ce que vous avez des recommandations qui s'y appliquent
spécifiquement?
M. Stainton (Timothy) : Thank you
for that. And I do apologize, I'm not particularly
familiar with the Québec law per se, so I don't want to overstep my expertise.
I think not having the specific disability designation is a good thing. The
problems will come in disaggregating disability and illness, because they are
often conflated, right? So, I think you will
need clarity in terms of what we mean by illness or disease. So, you know,
being paraplegic is not an illness per se, it's a disability that... But
people will also often have related health issues, so that their motivation may
be related to the kind of social conditions I mentioned around being disabled,
but the justification will use a specific health issue. I think the case of
degenerative conditions is probably... and, to be honest, I think that's where the motivation for opening
MAID up in the disability side comes from, is a somewhat different proposition, but again those folks would be
covered on the illness side or the disease side. So, I think you're going to
have to be vigilant in terms of... that those barriers don't start to weaken
between disease and disability. Unfortunately, I'm not as familiar with the
Québec act, so I don't want to say too much, it may not be relevant.
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup. Je vous relance sur un élément, parce que c'est intéressant,
vous nous dites : Attention, la frontière entre le handicap et la maladie
n'est peut-être pas aussi étanche que l'on croit. Comment on pourrait, à votre
avis, moderniser la loi québécoise pour éviter les périls que vous nous
signalez sur le plan de la protection des personnes vulnérables, sans non plus
créer une nouvelle discrimination qui dirait : Si vous avez un handicap,
vous n'êtes pas éligibles? Parce que, ça, j'ai bien compris que ce n'est pas
votre volonté, de dire qu'une personne avec handicap devrait, parce qu'elle a
un handicap, automatiquement être exclue. Donc, comment on trouve l'équilibre
entre, donc, éviter le glissement dont vous venez de parler de la maladie vers
le handicap, tout en ne discriminant pas, en soi, les gens qui ont un handicap
d'avoir accès à l'aide médicale à mourir?
• (11 h 10) •
M.
Stainton (Timothy) : Yes. It's a good question
and not one with an easy answer, as I'm sure you're aware. You know, in terms
of defining disability, I'm sure many members are aware of this, that
disability is now generally defined from a social perspective, not a medical.
So, it's really about the social barriers, limitations, participatory limits
that people experience due to an impairment, like paraplegia or intellectual
disability. And that's fairly well established, it's basically the definition
used in the new Accessible Canada Act, it's the definition that is used for the
census, the former PALS survey, the Canadian Disability Survey. We're really
looking at this activity and participation limitation. So, I think spelling
that out is useful, and emphasizing that the only area of qualification would
be the impairment, not the disability, the impairment being the biomedical
phenomenon.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Merci beaucoup,
Pr Stainton. C'est tout le temps que nous avions avec le député de Gouin.
Je vous demanderais peut-être... on voit... on ne vous voit plus, on voit
seulement qu'un gros halo de soleil. Peut-être fermer votre rideau ou vous
tasser un peu pour qu'on vous voie mieux. Ça va mieux comme ça. Parfait. Merci
beaucoup. Donc, je passerais la parole maintenant à la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Bonjour, Pr Stainton. Effectivement, vous étiez très, très lumineux. Donc,
merci beaucoup pour votre exposé.
Effectivement, comme vient de le dire mon collègue de Gouin, dans la loi
québécoise, le handicap en lui-même ne donne pas ouverture à l'aide
médicale à mourir, et on parle vraiment de maladie grave et incurable.
Par
ailleurs, évidemment, une personne qui a un handicap physique ou intellectuel
ou qui vit avec un trouble du spectre de l'autisme, si elle est, par ailleurs,
apte, comme pour tout soin de santé ou pour tout refus de traitement, il va
falloir l'évaluer au cas par cas, puis elle va pouvoir recevoir l'aide médicale
à mourir. Ça, c'est l'état des lieux en ce moment, donc, dans la loi
québécoise.
La question vraiment
qui nous occupe, c'est celle de l'inaptitude. Donc, on part vraiment de
l'inaptitude, et non pas de l'élément qui amène l'inaptitude, qui est la
déficience, où on créerait, par exemple, une catégorie spéciale pour les
personnes déficientes. C'est vraiment des personnes qui sont inaptes. Et donc
on comprend toute la complexité d'évaluer à chaque fois est-ce que la personne
est apte ou inapte, parce que ça peut fluctuer.
Mais, dans un cas où
la personne, elle est inapte, soit parce qu'elle a une déficience très
profonde, elle est inapte de naissance, elle ne peut jamais consentir à aucun
soin, donc, évidemment, pas à l'aide médicale à mourir, est-ce que je comprends
bien que votre position, c'est de nous dire que, dans un cas comme celui-là, on
doit rejeter l'idée d'un consentement par une tierce personne, donc un consentement
substitué, ou vous nous dites, dans un tel cas, on va devant un tribunal? C'est
la nuance que je veux bien comprendre.
M. Stainton (Timothy) : Yes. Thank you for that. I'm just a glowing
personality, I guess. O.K., as
I said in the brief, personally, I think there is way too much risk with any
kind of substituted consent, and I would be very concerned if we allowed that
under any circumstances. So, really, I was talking about folks who... And it's
difficult, because according to article 12 of the CRPD everyone has the
right to consent, and they need the support to do that, and their will is
interpreted by someone with trust. So, for example, my son, we have something
called a Representation Agreement Act here, which is one of the few acts that recognizes
the supported decision-maker, not a substitute, but a supported decision-maker.
So, his mother and I are his representatives, which gives us the right to speak
on his behalf in terms of healthcare consent, financial matters, those kinds of
things. But the duty on us is to represent his will, not to substitute his will
for ours, and that's a very, very fine line and tricky. I would never want that
to extend, in our case or anybody's cases, to an end-of-life decision.
Mme
Hivon : O.K. Je comprends très bien. Donc, pour vous, c'est
à exclure en toutes circonstances d'inaptitude. Mais, quand une personne peut
être jugée apte, avec du soutien, c'est là que le rôle des proches ou de la
personne désignée peut entrer en ligne de compte.
Et donc, si je
comprends bien, quand vous avez fait allusion, dans votre mémoire, dans votre présentation,
à l'idée d'une instance externe, comme un tribunal, c'est, par exemple, pour
les cas où ce ne serait pas clair si on est face à une situation d'aptitude, ou
d'inaptitude, ou de pouvoir être... avoir un processus de décision plus solide.
C'est ça que je veux creuser avec vous, parce que la question que j'ai...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Malheureusement, Mme la députée, c'est tout
le temps que nous avions avec le Pr Stainton. Donc, merci beaucoup,
Pr Stainton, de votre expertise, d'avoir partagé avec nous votre
expertise.
Et la commission
suspend ses travaux le temps d'accueillir nos nouveaux invités.
(Suspension de la séance à
11 h 16)
(Reprise à 11 h 20)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, nous sommes de retour. Merci à la
Pre Tuffrey-Wijne d'être avec nous aujourd'hui en direct de Londres. Donc,
bienvenue et merci d'avoir accepté l'invitation. Donc, je vous cède la parole
pour 20 minutes. Il y aura ensuite un échange avec les membres de la
commission pour une période de 40 minutes. Donc, je vous cède maintenant
la parole.
Mme Irene Tuffrey-Wijne
Mme Tuffrey-Wijne (Irene) : Oh, thank you very much for inviting me to present my evidence to
this committee. My name is Irene Tuffrey-Wijne. I'm a professor of Intellectual
Disability and Palliative Care at Kingston
and St George's University in London in the UK. And in the next
20 minutes I'm going to tell you who I am, and what work I do, I'm
going to define intellectual disability and autism, just once more, and then
I'm going to give you the evidence from my research as to what happens to
people with an intellectual disability or autism in a situation where the law
has been changed to allow euthanasia for them.
But
before I do that, I just want to put before you these fundamental questions.
So, the first one is that if there is a change in the
law, where does your duty lie to be sure that the changed law is safer and
better for your citizens than not changing in the law? And also, particularly,
what is your duty of care to citizens who have a disability, so your duty of
support, suicide prevention, trying to improve their quality of life? And at
what point do you abandon those efforts and offer them an assisted death?
So,
I speak to you today from my somewhat unique perspective as an expert in
end-of-life care for people with intellectual disability or autism, and I'm the
world's first professor in this subject. So, I'd like to set out both the scope
and the boundaries of my expertise. I am a nurse. I have extensive clinical
experience in both intellectual disability services and in palliative care
services. And I've done about 20 years of research into the needs of
people with intellectual disability at the end of life.
And it's
also, probably with regards to this debate, the assisted dying debate,
important to point out that I am Dutch, I'm a citizen of the Netherlands, and I
lived there — was born there — until early adulthood. So, I have
detailed insight, including research-based insight into both the laws and the
practice of euthanasia in the Netherlands, in relation to people with an
intellectual disability or autism, and that's what I'll draw on for this
presentation. I'm not in a position to comment on assisted dying for people
with psychiatric illness or indeed for any other groups of people in society
other than those with intellectual disability or autism.
So, first of all, some
definitions. So, an intellectual disability is a lifelong condition that begins
before adulthood and results in impaired
intelligence. And people also have a significantly reduced ability to cope
independently. And it's a very, very
broad spectrum, so people will need varying degrees of support throughout their
lives.
And autism, autism spectrum
disorder is a complex, also usually lifelong developmental disorder. And that's
characterized by persistent difficulties with social communication, social
interaction. So, autistic people often find it more difficult to build and
maintain friendships, and they also find it difficult to filter information,
and they can be over-sensitive to sounds or other sensory stimuli, for example.
Another example is that autistic people can find it difficult to cope with
changes of routine.
And although autism is quite
common among people with an intellectual disability, not all people with autism
have intellectual disabilities as well. So, Asperger's syndrome, for example,
is a form of autism that is characterized by average or above-average
intelligence.
So let me tell you about my
research. And the aim of this presentation is not to promote a particular side
of the assisted dying argument but to contribute to this debate by discussing
the implications and including the risks for two particularly vulnerable
patient groups. And I'm going to focus on three things now : the nature of
the intolerable suffering that led to the euthanasia requests from people with
intellectual disabilities or autism in the Netherlands; capacity and capacity
assessments; and also a little bit about the nature of healthcare inequalities
internationally.
And you'll note that I use the
term «euthanasia», and that's because that's what's used in the Netherlands. It
means a physician-administered death in
response to a request from the patient to terminate their life. And physician-assisted
suicide is also possible in the Netherlands and legal, whilst in over 96% of
assisted dying cases the patients in the Netherlands will opt for euthanasia
rather than assisted suicide. So that's the term I'll all use mostly.
So, case reports. We analysed
38 case reports of people who had mild intellectual disabilities, or
autism, or both, and who died through physician-administered euthanasia between
2012 and 2020. And those case reports are publicly available on the Dutch
Euthanasia Review Committee website. And you'll probably know all cases of
euthanasia in the Netherlands are reported to a review committee, who then
scrutinise them, and that's typically over 6,000 a year, of which around 80 on
average are published on their website, usually with the specific aim to show
how the committee applied and interpreted the legal due care criteria for assisted
dying and how they dealt with any particular challenges.
And that's a fairly transparent
reporting system. And that, in my views, is unique in the world. And I think
it's essential to have transparency, and scrutiny, and publication if you want
to ensure patients' safety.
So, in our analysis of these
38 cases, we focused on the question whether there were any particular difficulties when euthanasia
legal due care criteria were applied to patients who had an intellectual
disability or an autism spectrum disorder.
And I refer you to our published papers, if you'd like to know more details
about our study.
So, first of all, intolerable
suffering. My first examples illustrate our findings and considerations around
this question. Intolerable suffering without prospect of improvement, which is
part of the Dutch due care criteria, sometimes also translated as a suffering
that's hopeless.
In many cases, the suffering
was described as not being able to keep up in society, feeling excluded from
it, an inability to maintain relationships, depression, sadness and distress
about not being the person they would like to be, difficulty in coping with
changing circumstances. People with autism had difficulty coping with what they
experienced as an overload of stimuli, such as noise.
And so, for example, here are
some quotes, and the translation from the Dutch is my own. This is a man in his
70s who has a learning disability, intellectual disability and autism, and who
died through euthanasia in 2020. And this is the quote : «Because of his
autism, he found it increasingly difficult to cope with the changes around him.
As he got older, he became less able to cope and his anxiety increased,
eventually leading to intolerable suffering.»
And here's another quote from a
man in his 30s with Asperger's syndrome who died in 2014 : «The patient
suffered from the fact that he had a great need for closeness with others
whilst he couldn't maintain long-lasting social contacts. This was because he
misjudged interactions and was inclined to behaviour that crossed boundaries.»
Now, the difficulty here is
that these patients' suffering arose not from symptoms of an illness, but from
the characteristics of autism or intellectual disability itself, as was the
case for those who were highly dependent, who had
difficulties with social functioning, difficulties in coping with social
circumstances or a tendency not to cooperate with treatments. And in a
number of cases, physicians thought that further attempts at treatments or
interventions were futile, as the patient wouldn't cope with it or simply would
not cooperate.
But intellectual disability,
with its concomitant difficulties with social communication and relationships,
could make it more difficult for patients to cope with the changes that come
with ill health and ageing, or to weigh information, or to understand and
accept possible alternatives.
And in many of these case
summaries, the term «suffering» was used to describe the normal variations in
behaviour and perceptions that are seen in people with autism which are an
inherent part of that person. And I could give you many more examples of this.
• (11 h 30) •
So, there
were statements about a lack of prospect of improvement such as «intractable
symptoms», «refractory to treatment» or «palliative treatment». These set
statements are actually meaningless in the context of lifelong disability.
Autism is not a syndrome that can be palliated.
So, one question I'm raising
is : To what extent do the characteristics of certain groups of people
make them eligible for assisted dying? Or is the suffering described in these
case reports in fact a result of society's failure to accommodate and support
the needs and characteristics of people who have autism or an intellectual
disability?
Let's come to capacity
assessment next. My next examples are to illustrate the difficulties with
assessments of patients' decisional capacity and competence. One example was a
woman with intellectual disabilities in her 30s who had a brain tumour in
childhood, which had now been in remission for about 10 years. But she was
now suffering from unexplained physical symptoms, which one psychiatrist
thought might be due to sadness that her life hadn't turned out as she had
hoped. And this psychiatrist found it difficult to assess her capacity because
of her coping style, which consisted of crying, indicating that she didn't
know, and that made it difficult, very difficult to ask further about her
euthanasia request.
But there was disagreement
between physicians about this patient's capacity, which was not unusual in many
of these case reports where the patient had
an intellectual disability. But she was granted euthanasia in 2020, because
of the consistency of her request and the
fact that she could describe alternatives to euthanasia. And that was also not
unusual.
For example, a woman with
intellectual disabilities in her 60s suffered from tinnitus — that
is ringing in your ears. Her doctor had explained to her that most people learn
to live with this, but, and now I quote again : «Because of her primitive
thinking abilities, the patient was focused solely on eliminating the tinnitus
completely. Once she realized "I'll
never get rid of it", her suffering became intolerable and hopeless to
her, and she was then only focused on
euthanasia. And she remained focused on her euthanasia wish, partly due to her
low level of intelligence.»
Now, a persistent request does
not necessarily imply capacity and, in fact, it might even be indicative of a
lack of capacity, if the patient's intellectual disability leads to
difficulties in considering or weighing up alternatives. And if stringent
capacity assessment criteria were to be applied in this particular case, it may
well be that this patient's inability to appreciate the significance of the
information in relation to her own situation, and to weigh up the treatment
options, would render her incapable to make a euthanasia decision, however
persistent her request.
And that takes me to the most
commonly used and influential model for assessing whether a patient has the
capacity to exercise autonomy in making healthcare choices, and that's the
MacArthur model, which consists of four abilities, and that's also known as the
Appelbaum criteria. It's used to understand the illness, the various treatment
options and their potential benefits and risks, to appreciate the significance
of that information and how it applies to themselves
in their personal situation, to weigh up the options using reasoning and logic,
and then to communicate a choice.
And
the difficulties that many people with intellectual disabilities have in
rationally manipulating information with regards to their situation, the consequences
of their decision and the possible alternatives make them particularly
vulnerable when the bar for capacity assessment is not set high. And of all
four Appelbaum criteria, appreciation ability is undoubtedly the most difficult
to understand and to measure.
And the problem is that
impairment of decision-making capacity lies on a continuum, but the judgment of
decision-making capacity is an all-or-nothing concept, so either you have
capacity to take a particular decision, or you
don't. And where, on that continuum, the cut-off point for competence lies is
therefore a matter of judgement. And many people, including Appelbaum
himself, have argued that the stringency of capacity tests should vary directly
with the seriousness of the likely consequences of the patient's decisions.
And
I would argue that euthanasia should only be open to those with a high degree
of mental capacity to make such a request. And for a
life-or-death decision such as this, the bar for capacity should be set high.
And I'm happy to discuss that further with you if you wish.
But finally, I just want to
talk about health and social care inequalities. And I want to point out that we
have to be extremely conscious of the possibility of diagnostic overshadowing,
that means that there is a negative bias impacting on a clinician's judgement.
And there is strong evidence from around the world that people with
intellectual disabilities or autism have been poorly treated and even died
unnecessarily due to poor decision-making by healthcare professionals. Numerous
reports in recent years have suggested that the lives of people with an
intellectual disability are valued less across society and that their short
life expectancy results from inappropriate value-laden decision-making by
healthcare professionals.
And when we look at the Dutch
case reports, it was mostly accepted by doctors that suffering could consist of
psychological pain, dependency, social isolation, loneliness and a lack of
coping mechanisms that were a result of intellectual disability or autism.
There were also several examples of rigid thinking, where the patient was
fixated on the idea of euthanasia and unable or unwilling to consider
alternatives. And in the Netherlands, where most citizens are aware that they
can ask for euthanasia if they feel that their suffering is hopeless, it is
inevitable that people with intellectual disabilities or autism can ask for it
too, and, as equal citizens, they have a right to do so. But the fact that the
disability itself, rather than an acquired medical condition, can be accepted
as a cause for suffering that justifies euthanasia, I find deeply worrying.
If the intolerable suffering
does indeed results from living with the limitations of intellectual disability
or autism spectrum disorder, then it is inevitable that it is hopeless. And
that, too, is evident from the case reports. In cases of persistent treatment
refusal or persisting problems despite having tried many different approaches
and treatments, physicians tend to reach the conclusion that euthanasia is the
only remaining option for the patient. And in fact, many of the case reports
were clear in their observation that autism is not a treatable condition, and
therefore the patient's inability to cope with life was not treatable either,
and therefore euthanasia was a suitable option.
Now, bearing in mind the poor record of decision-making
by healthcare professionals about people whose capacity is in question, who
behave or communicate differently, or whose lives may seem to lack quality, I
question whether healthcare professionals are in fact the right people to make
decisions about eligibility for assisted dying. Of course, physicians can write
clinical reports about the condition in question, and they should do so, but I
would argue that the decisions about eligibility should be made in a legal
setting, such as a court, after having heard evidence from the healthcare
professionals. There are many precedents for using the courts to make weighty
decisions, such as keeping a person in hospital or moving them to a residential
setting against their will. And that would provide prospective monitoring, so
before, but not after the death of the patient, and that would improve
safeguarding.
So,
I'm in no doubt that the patients in the Dutch case reports did indeed suffer
deeply and consistently. However, we know that people with disabilities
experience severe inequalities in opportunities and in health and social care
provision, which may well play a part in their situation being hopeless.
Current society is not a level playing field, where everyone has a full range
of life choices and can make autonomous choices about them. So, this makes it
perhaps all too easy for people to request euthanasia, and to be granted such a
death as a way out of painfully difficult situations and circumstances, rather
than addressing underlying issues of inequality and a lack of adequate support
for people with very complex needs. And I am not convinced that euthanasia was
a suitable solution in most of the cases we reviewed.
So,
coming back to my initial question, you need to have... be able to answer those
two questions with clarity if you're going to make a sound decision : Is
changing the law safer and better for your citizens than not changing the law?
And what is your duty of care to citizens with a disability? At what point do
you abandon your efforts to improve their quality of life and offer them an
assisted death?
So,
thank you for listening, and I'm very happy to answer your questions.
• (11 h 40) •
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup, professeure. Je
céderais la parole maintenant au député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : «Thank you.» Je vois
que vous êtes quand même prudente aussi par rapport à la question de l'aptitude
à consentir. J'aurais plusieurs questions à vous poser. Je ne suis pas
spécialiste, là, en la matière. Je vois que vous avez énormément d'expérience
et que vous avez travaillé beaucoup, là, à ce niveau-là. On sait que ce n'est
pas un sujet qui est facile à traiter, tout ça, il y a plusieurs conclusions,
il y a toutes sortes d'études.
Moi, j'aimerais ça,
si vous êtes en mesure de me donner votre opinion au niveau des gens qui ont
des déficiences intellectuelles mais qui sont atteints, exemple, d'un cancer en
phase terminale très avancé — j'ai posé la même question tout à l'heure
à votre... à la personne qui a passé avant vous — qui est accompagné de
grandes souffrances physiques. Donc, ces personnes, selon vous... son handicap
intellectuel influencerait-il, à ce moment, son aptitude à consentir à l'aide
médicale à mourir? Donc, j'aimerais ça vous entendre, puis ça peut être aussi
un peu, là, au niveau des maladies aussi neurocognitives, là, en autres, l'alzheimer.
Mme Tuffrey-Wijne (Irene) :
O.K.. Thank you very much for your question. That is a very good question. As I
said in my presentation, you know, people, you know... and the United Nations
is quite clear on the rights of people with disabilities, that, you know, a
disability should not exclude you from the same rights and the same things as
the rest of the population. So, in a country like the
Netherlands where, you know,
one in 25 people dies trough euthanasia, in the Netherlands, most of those
are through... are people with medical conditions such
as cancer. And there are a couple of case reports, maybe two or three, maybe
not even that many, actually, of people with an intellectual disability whose
request for euthanasia stems from a cancer, from a physical, you know, a
progressive physical illness. So, I think, as I said earlier, that is a
different question for me. So, the question whether, you know, it is right if a
society chooses to allow euthanasia for people with a progressive physical
illness as cancer is not what I'm addressing here.
So,
your question is... it's a question of capacity. So, I think, yes, there were
one or two cases where the description of the capacity assessments I felt
fairly confident that this person did have the capacity to consent to this. It
has to be very carefully assessed, but, you know, those cases probably raised
the least questions to me.
Having
said that, I am very aware that we have to be careful that people with an intellectual
disability are often much more suggestable to different options, so... and also
have... often have a lifelong experience of feeling a burden on society, and
that's a message, unconscious, that they get throughout their lives. So, I'd
want to be really careful that that is not an influence in that person's
decision. So, you'd have to be very careful that the capacity for
decision-making is decision-specific, that it's that particular decision, you
know. And, as I say, I think it is possible for people with a mild intellectual
disability to have the capacity to make that decision, but I think that needs
to be very carefully assessed and that has
to be scrutinized publicly and openly in a place such as a court, which I
mentioned in my talk. Does that answer your question or is that still leaving
you a little bit... sort of wondering?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : O.K. Oui. Donc, autrement dit, au niveau de la
déficience, des personnes avec déficience, on parle des impacts sur les
demandes anticipées, les balises. Puis, tout à l'heure... Est-ce que vous
ramenez ça un peu sur ce que vous disiez sur... la décision sur l'éligibilité
devrait être prise dans un cadre juridique? C'est... Est-ce que c'est ça que
vous suggérez vraiment? Puis est-ce que ça serait... Puis dans un cadre
juridique, mais est-ce que vous proposez un comité ou... d'experts? Donc,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus un peu.
Mme Tuffrey-Wijne (Irene) : Yes, I think so. I think we've... You
know, as I said, as we've seen throughout all over the
world, and the same in the Netherlands with these cases, that medical
professionals, doctors, you know, with all the best will in the world, of
course they want to do the best for their patients, but they do not have a good
track record of making sound and safe decisions for their patients who have
disabilities, and who have intellectual disabilities in particular, and autism.
So, I think there are too many
examples of the doctors' judgement being affected by their own unconscious
bias. There were too many examples of there being even disagreements between
doctors about whether the patient was indeed suffering in a way that, you know,
that would justify, in the Dutch system, euthanasia. There were just too many difficulties with that. So, I think it
needs to go to court and I think the scrutiny of that needs to be
happening before euthanasia and not
afterwards. That's not an issue that is difficult, but if you have euthanasia
and then scrutinize whether it was within the legal boundaries, it's too
late, the patient is dead. So, they can't then sort of be involved in their
decision in the same way, whether it was right. So, yes, I think all cases
should go to court for assisted dying.
I
haven't yet... and I just want to add this, I don't think there is yet a legal
system anywhere, in any jurisdiction, that allow
assisted dying that, in my view, guarantees the safety of people with
disabilities for that reason.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Well, thank you.
C'est tout pour moi, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. Je céderais maintenant la parole à la députée de Saint-François.
Mme Hébert :
Merci, Mme la Présidente.
Mrs. Tuffrey-Wijne, I'll
speak in French because my English is not very well.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : It's very good. I'm impressed.
Better than my French.
Mme Hébert :
Quand vous avez parlé du modèle MacArthur, j'aimerais que vous puissiez
élaborer là-dessus par rapport à... pour évaluer l'aptitude, donc. Et, si
jamais vous avez aussi des exemples concrets... Il y a beaucoup d'intervenants
qui nous ont donné des cas précis. Alors, des fois, ça met plus en perspective
et ça nous permet de mieux comprendre. Donc, j'aimerais vous entendre sur le
modèle MacArthur, s'il vous plaît.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K. That's a good question and it's an important one. I think there are
difficulties with using this model, but there hasn't really been another model
yet that has been tested enough to see if it would be better. But there is some
criticism on this because of the emphasis on a rational decision-making. Yet we
know that for many people, when they make decisions, feelings come into it, you
know, even the decision to buy a house. Oh, you love this house, but you can't
quite tell why, it's illogical, but you... you know. So, there is criticism,
but at the moment this is what we have.
So, the different aspects of
it, so, first of all, the patient has to understand the information that is
given. In the case reports that we analyzed there wasn't that much clarity
about how people with intellectual disabilities in particular, who will, by
definition, have more difficulty understanding new information, because that's
part of the definition of intellectual
disability, how they were helped to understand really fully the implication and
what is... their illness or that condition, the cause of their suffering
and all the possible treatments or alternatives. And that's the owners of that, it's actually on the healthcare
professional to make that easy to understand, whether that is through,
you know, through words, through using pictures, through... you know, there's a
whole range. It's possible to help people to understand things. But sometimes
the decision that somebody lacks capacity is made actually... because they
might have capacity, but you haven't explained it in a way that they can
understand.
• (11 h 50) •
That wasn't... And I have to
say that in all the cases in the Netherlands, the people with an intellectual disability had a mild intellectual disability who
could clearly understand spoken words, you know, and communicating
words. But the most difficult thing for people with an intellectual disability
is this business or issue of weighing up the information, appreciating it, and
that, you could see, is the most difficult for doctors as... to assess, so, can
this... person really not just understand what the options are and the
difficult... the potential alternatives, but apply it to themselves, to their
own situation.
And so, for example if you have
the woman with tinnitus, it was clear to me, reading this case, that she wasn't
able to apply the possibility of learning to live with it to her own situation.
It was completely dismissed because, you know, she was only... she was quite
rigidly set on the euthanasia option and couldn't consider all these
alternatives. So that's important that people can do that, and then they have
to be able to reason with it and weigh it up. And
again, that wasn't very clear and obvious in many of these cases.
The final one is that you have
to be able to communicate your choice, that you have to find a way of making
sure that people know what it is that you've chosen.
So, as I said, in many of these
cases, you know, the persistency of... persistence of a request was seen as
capacity, they keep asking for it, they seem to know what it means, but
actually these four Appelbaum criteria weren't particularly met or gone through. So, I would have... And
in many cases, as I said, the doctors, different doctors disagreed and
sometimes they had to find a third or a fourth opinion even to see if this person
had capacity.
I would
argue that if there's any, any doubt, the patient... and now it should really
be either go to court or... again, or certainly the patient shouldn't be
granted euthanasia if there are people who are doubting this person's capacity.
Because, as we said, the bar has to be set high for something for which the
consequence is so severe, and death is
probably as severe as it can get, so... Has that explained enough to you, or
you'd like to know a little bit more?
Mme Hébert : Oui,
merci.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K.
Mme Hébert :
Autre petite question : La semaine dernière, on a eu des intervenants
comme M. Courtemanche et Dr Guillaume
Barbès-Morin, qui définissent, dans leur mémoire, la décision libre comme étant
sans pression. Puis on le voit que, probablement dans... puis ce que vous avez
élaboré, puis l'intervenant avant vous aussi, qu'il y a une certaine pression sociale d'être... je ne veux pas
utiliser le mot «différent», mais les gens qui vivent avec soit un
handicap ou la... ou une déficience intellectuelle peuvent sentir cette
pression-là de cette différence-là, puis ils deviennent un peu comme un fardeau
pour leur famille. Puis je pense que c'est ça que vous voulez essayer de
sensibiliser, à dire que ça ne soit pas une voie facile d'être trop permissif
dans l'adhésion à l'aide médicale à mourir. Est-ce que vous pourriez nous
recommander, vraiment, des balises claires advenant qu'il y aurait un
élargissement de la loi?
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Yes,
absolutely. I mean, I think the... It's absolutely right, people with
disabilities, whether they're aware of it or not, you know, I have many friends
with an intellectual disability, and I can... I know from them there is this
real sense of not being as worthy as other people in society, not having such
as a rightful place in society as other people. So, you know, as I said, that is probably a
message they've received subconsciously from... they viewed that, you know, that they are a burden, that there is something special
about them. You know, a long friend I have
said : You know, I was also always told I have special needs, but I never
really knew whether that was... being special was a good thing or not,
but it doesn't seem a good thing. So, that's definitely that.
I think... I mean, for me, you
know, as I say, I'm focussing on intellectual disability and autism, and
looking at these case reports, the main issue is that their suffering seems to
stem from their... from their lifelong disability. And to me... So, there were
comments of people who felt they didn't fit in society, society wasn't, you
know, wasn't right for them, they couldn't cope with it, it didn't welcome
them, they didn't feel part of it. And to me, that is not just a problem within
the person, that is a society issue to make the world welcoming and ready for
and accepting... not just accepting, but actually, you know, fitting for people
with disability, including autism. You know, it's a very hostile and fast
changing world for people who find those things difficult.
So, you know... And that is, to
me, is a question to be very careful that the request for euthanasia or the granting
of the euthanasia request does not come from something that is inherent in
these persons' lifelong disability of being... that it... you know. And, as I
say, whether it is right for people with progressive advanced illness such as
cancer, as the previous question asked, that is not for me to comment on,
that's... you know, that is a different discussion, and I don't feel, you know,
I have the expertise to comment on that.
But my concern is that, you
know, it's really the... first of all, that people with disabilities, it's...
there is a danger that it's judged... that they're judged to be suffering to
such a degree that it's unlivable with by doctors. And that has happened, we've
seen it happen, we've seen happening those cases... it happens in, you know, in
U.K. hospitals all the time, where there is many, many reports like that. But
there is also a danger that people with disabilities, as you say, feel an
unspoken pressure or an unspoken message that the... that they're not... they
don't fit in society, and therefore society is better off without them and
vice-versa, and that is, to me, is a worry.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Je
céderais maintenant la parole à ma collègue de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Good morning, Professor
Tuffrey-Wijne. It's a pleasure to have you with us. It's extremely interesting
what you have shared with us today, and I have many questions for you.
You've mentioned, for example,
that we need to set the bar capacity very high, I know that you've addressed it
with a few of my other colleagues. By all means, if you have other recommendations or other suggestions, feel
free to add it in response to my question... which I have for you is : Are you proposing that we establish
a two-track model, so that there is one that pertains to individuals that
suffer from autism or intellectual disabilities as opposed to others, to ensure
that there are safeguards and measures of protection in place to protect those
that are vulnerable?
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Thank you for that question.
I'm not sure I can really answer that and... but, you know, my immediate
response is there should not be a two-tier system, that whatever is a danger or
risk for people with an intellectual disability or autism actually would be a
risk for everyone. So, I want to be sure that everybody has the capacity to
make that decision that meets all the four Appelbaum criteria. The bar is set
high, you know that, and so that's... I would say that needs to be there for
everyone. And... O.K. Yes.
Mme
Maccarone : So, you've also suggested that you
feel that it shouldn't necessarily be the physicians that are making those
decisions, but it should be done more within a legal framework. In advance of
getting to that legal framework, I'm assuming that you're
also suggesting that there is a multidisciplinary evaluation, a roundtable, a
tribunal. What involvement do you see from the caregivers and the families in question? As you mentioned, these
individuals are often very easily influenced in the sense that they wish to
please, they want to give the answer that they know that the individual is
requesting. And so, as a mom of two kids on the spectrum, I have to tell you
that, of course, my influence is going to be the complete opposite, and that's
that... (Interruption) Sorry.
Your life is worth living. And I need to...
But what happens when I'm not there, and that person doesn't have the same
sensibility as I do?
• (12 heures)
•
Mme
Tuffrey-Wijne (Irene) : Yes. Thank you so much for that question and for sharing that it's come from
a personal experience, because you are not unusual. In fact, that is shown, you
know, in all recent inquiries in the U.K. and in the past... number of years,
that the safety of people with autism and an intellectual disability in
hospitals, for example, of being protected from that kind of decision-making by
healthcare professionals that put them at risk. Having family and advocates
like yourself around protects them from that. And that
was a concern we have and we raised in our paper about these cases, that there
was no mention, in hardly any of them, of family or caregivers being involved.
And I think, in a decision such as this, they should be involved, this is...
you know, this is a discussion that should
be to have had with everyone, with the healthcare professionals, with the
social care professionals, but definitely also with the families and the
person themselves, of course.
And
again, that's why I come back to... you know, if you look at cases that go to
the High Court for... you know, for decision-making, for example, should
somebody's life-support machine be turned off, it is... you know, everybody is
involved. It's not just the healthcare professionals who give the evidence.
It's also the families. And that all needs to be taken in consideration.
So,
I think, when you... when I talk about sort of unconscious pressure, in most...
well, certainly the people with an
intellectual disability that I've been in contact with and I'm aware of, the families want to keep them alive as much as possible, really, you
know. That... It's much more an internalized pressure from the rest of society, maybe,
because these... you know,
the people with intellectual disabilities, with the most profound disabilities
are so precious in people's families, within their
lives, and so have such an important place. Families can see that, but society, sometimes, can't.
Mme
Maccarone : On the flip side of that,
though, I think you've mentioned it as well, it's... suffering, for somebody
who's on the spectrum, is something that I think many people don't understand,
how challenging it is to live in a very sensory world when you have significant
sensory deficits, when you are socially isolated. And, while you may not suffer
from another mental illness per se, it is genuine suffering to feel that
exclusion, and to feel as though you don't belong, and to feel that the world
is just constantly against you all the time.
So,
you mentioned that as a potential... one of the things that we should have is a
prospective monitoring period. How long should that period be? And what if, at
the end of that prospective monitoring, you have an individual who is clearly
able to give consent, has an appreciation of what's happening, and has refused
care, and has said, you know : Well, I still wish to pursue this. This, in
your estimation, is still a case that should be going before the courts, and
then it becomes a judge's decision whether or not to respect the individual
who's on the spectrum or has an intellectual disability to choose?
Mme
Tuffrey-Wijne (Irene) : Yes. Again, these are good and difficult
questions. I think that... I mean, for me, you know, it seems that those requests and the sort of example that you
described that... you know,
you're right, I'm in not doubt that the people in those case studies,
particularly autism, really suffered profoundly, many also had a psychiatric
history. It's clearly, you know,
people are at much higher risk from because of the issues that you've just
described.
But,
you know, the reason for
granting euthanasia, as I say, what part of that... of people sort of
difficulty with coping with this, the coping strategy with autistic traits. And
I think that needs to be clear. It's clear enough in Dutch law. I mean, there
was a court case in 2002, the Brongersma case, which clarified that the
suffering has to have a medical underlying reason that would... you know, for which euthanasia would be
allowed. And that can be either psychiatric or somatic.
To
me, the... you know, so, the
issue here is... difficulty in coping with sensory overload, etc., are not an
illness, they're not an illness, they're a way of... they're a part of that
person. And therefore I would, you know, as it stands, and I think as the law stands in the Netherlands,
and as far as I understand also in Québec, as it's proposed, it's only for illness from medical conditions
that it should be approved. So, in my view, these people didn't qualify for
euthanasia, you know.
And, as I say, I can't comment on somebody
who would also have a severe psychiatric illness, which some people did. And I
don't feel qualified to comment on whether it should then be allowed. Then I
would come back to saying that, you know, everybody in society has the same right, but the scrutiny has to
be there to make sure that, you
know, that the reasons for
allowing euthanasia are to do... are the right reasons and fit within the law
that you have.
Mme
Maccarone : So, what happens in the event of a
person on the spectrum... And, you know, we've heard the case of changing their minds. Let's say they've
gone the route, they've gone to a tribunal, they've gone in front of a judge and
they have been awarded the... «awarded», it's a terrible word, they have
been... the possibility for them to move forward with an assisted death has
been given, and it comes down to that moment in time and they change their
mind. What then? What do we do?
Mme
Tuffrey-Wijne (Irene) : Then you don't do it,
clearly. Isn't that clear? I mean, if somebody... I mean, it's the same in the
Netherlands, I mean, people, you know, even... people can change their mind up
to the very final moment, and have a right and should... I mean, it would be
terrifying if they didn't have that right, because people... you know, things
do change, you do change your mind. Of course, if they then would ask for it
again, you know, the scrutiny has to be even... probably even more... even
clearer, you know. That needs to be taken into account, what was it that made
that person change their minds, etc. But, yes, I mean, certainly, you wouldn't
give euthanasia to somebody who doesn't want it at that moment. That would be
terrible.
Mme
Maccarone : And
what training do you think is required for... whether it's professionals in the healthcare, our legal system? What do you think is required in
order for us to better accompany these individuals along this path, should that
be what they choose, understanding of course that consent is, as you mentioned,
very difficult process? Of course, understanding and measuring suffering,
again, is also a very difficult process. What training should be put in place?
And is it the kind of training, perhaps, that should be mandatory, maybe, even
for individuals that are going to be supporting those people that have an
intellectual disability or autism?
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Yes, I'm not sure I can really
answer that question, and I
find it... because I've seen how difficult that is. I mean, in the Netherlands,
there are specifically trained, you know, euthanasia physicians who have, you
know, extended knowledge in accompanying people on this journey. But I can also
see difficulties with that, because then it becomes... maybe «normalized» is
the... may be the wrong word, but, you know, it becomes more difficult to see
other options if all you see is people who are going to have... you know, want
to go and have euthanasia.
So, certainly, I think... I
mean, in the U.K., it's very clear, there's a new regulation now that people
within... in health care assistance all have to have training in autism. And
that's because of this issue, that wrong decisions have been made, that people's needs are not understood. So that's important, I think, anybody on the autistic spectrum or with an intellectual disability needs to be supported
by somebody who understands that and who has training in that condition. So, it probably needs to be a much
wider team that includes the family, people with expertise in the
person's condition, as well as... so, the medical professionals to comment on
the medical state, whether that's psychiatric or physical illness.
You
know, I haven't sort of thought out any particular form that should take, but
I'm quite clear that that needs serious consideration
and that absolutely needs...
that needs extensive support and training, I would have thought.
Mme Maccarone : And
are there any other recommendations that you wanted to share with us apart from
the MacArthur and the Appelbaum model in
terms of evaluating the capacity? Are there any other recommendations
that you would have for us that you think that we need to take into
consideration as a recommendation going forward?
• (12 h 10) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Malheureusement... Malheureusement, Mme la députée,
c'est tout le temps que nous avions. Donc, je céderais
maintenant la parole au député
de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Merci, Mme Tuffrey-Wijne, de votre
témoignage aujourd'hui. Je vais vous poser une question qui va vous permettre de répondre à celle de ma collègue également, parce que ça porte
aussi sur la question de
l'aptitude. D'abord, j'aimerais
bien avoir votre réponse à la question de ma collègue.
Et, ensuite, deuxième question, et c'est une question posée en toute candeur, parce que je ne suis pas un expert de la
déficience intellectuelle et des handicaps : Y
a-t-il des cas documentés de personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle qui
voient leur aptitude légale à consentir à un acte médical évoluer dans le
temps? Est-ce qu'il y a des cas documentés de gens qui
soit perdent, soit acquièrent durant leur vie, voire même plusieurs fois, leur
aptitude légale à consentir? Et là je pose, bien sûr, la question de la
variation qui serait seulement due à leur déficience intellectuelle. Donc, je
mets de côté les cas de maladie, par exemple, neurodégénérative, où on sait que
la personne va perdre, éventuellement, sa capacité à consentir.
Donc, est-ce qu'il y a des cas
où ça évolue dans le temps? Et, si oui, quelles balises doit-on mettre en place
pour respecter les droits de ces personnes-là si jamais, à un moment x, ils
n'ont pas l'aptitude à consentir, mais à un moment y, plus tard dans le temps,
ils acquièrent cette capacité-là?
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K. That's also a very good
question. I'm just answering your previous question now. I think the key points
here really are, as I say, to make sure that the reasons for granting — it sounds awful — euthanasia
are not to do with the disability and the inherent characteristics of that.
And, as I say, to have for all people, for everybody, to have the scrutiny of
the courts beforehand, that involves, you know, the whole wide community, if
you see what I mean.
In terms of capacity and
changing capacity, it's important to know that capacity is both time and
decision specific. So, the question is : Does this person have the
capacity to make this decision at this time? And that, of course, can change,
it can change with... You know, somebody might not have capacity but, over
time, they've learned more about it, they've been given information in a form
that they can understand, they may therefore become
capable of making that decision when they weren't before. There may be... You
know, it's not an all-or-something... or-nothing concept. So, you know, for
example... I mean, I don't know the women with tinnitus, in the case
distributed, it's possible that she would have capacity to make some decisions,
but not that one, because of her sort of fixation with
it. So, another example is somebody with a needle phobia, for example, or a
hospital phobia might not have the capacity to make the decision to refuse an
injection because of their phobia, they can't... you know, they would...
because they are not able to oversee really, to sort of engage with the
consequences of that refusal. So there... of things as specific... they might
have the capacity to... decisions that actually may be equally major.
And, of course, people's
capacity... I mean, some people, you know, probably... particularly those with more severe and profound disabilities, they'll not have
capacity for those kinds of decisions, the euthanasia decisions, at any point in their lives, because they simply do
not have the intellectual capacity to weigh up those... the
implications, and therefore, by definition,
they would not be eligible for it. And that's the... Therefore, you see none of
these examples within the case reports in the Netherlands, because you
have to request and, you know, have capacity yourself.
And, of course, it's also
possible that people's capacity deteriorates. I mean, you know, dementia is
highly present among people with intellectual disabilities, they're at higher
risk. So, that's possible and that needs... that's a different... again, that's
a different issue altogether, yes, and that's... Yes. Does that answer your
question?
M. Nadeau-Dubois : It does. Thank you very much.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Donc, nous allons passer la parole à la députée
de Joliette.
Mme Hivon : Hello. Thank you very much for your presentation. I'll pursue in French.
Peut-être juste, dans le
contexte, là, si ça peut vous rassurer, dans la loi québécoise, donc du Québec,
le handicap ne donne pas lieu en soi à la possibilité de demander l'aide
médicale à mourir. Il faut vraiment une maladie grave et incurable. Et le
mandat de notre commission n'est pas non plus d'envisager ça. C'est vraiment...
tout est à partir de la question de l'inaptitude. Alors, c'est pour ça qu'on
vous pose beaucoup de questions sur ça.
Et, là-dessus, je voudrais juste... je me doute
de la réponse, là, mais je voudrais juste que ce soit très clair. Pour une personne
qui est vraiment jugée inapte mais qui pourrait, parce qu'elle a une maladie
grave et incurable, que ce soit une maladie neurodégénérative, que ce soit un
cancer, avoir accès à l'aide médicale à mourir parce que les autres conditions
seraient remplies, mais évidemment pas celle de l'aptitude, est-ce que, selon
vous, on doit exclure le consentement par une tierce personne en toutes
circonstances?
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Yes is the
answer to that. I think that should be absolutely... they should be absolutely
excluded from the possibility of having an assisted death. If they cannot
themselves consent to it or have the capacity to understand, then it should
absolutely not be possible for anybody else to make that decision for them.
That's very clear, in Dutch law, in my mind.
And I just want to come back to
what you said before, that in Canadian law, it's only people with a physical
illness who qualify.
Mme
Hivon : Not in Canadian law.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Sorry...
Mme
Hivon : Au Québec.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : ...Québec law.
Mme Hivon : Parce
qu'il y a une différence entre le Québec et le Canada, c'est pour ça qu'il y a
une confusion aussi.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : Oh, I do
apologize, I'm learning. So... but I just want to say that that is actually the
same in Dutch law, it doesn't completely reassure me, and that is my worry
that, however clear the law is that it is only certain conditions or certain
circumstances, it does put people with disabilities at risk, because, as you
can see in those cases that I've described, of the way that physicians and the
persons themselves might interpret or describe their illness.
So, even, you know, people with
autism, it's not a progressive thing. I mean, for the people, the cases in the
reports, their symptoms or their characteristics got more... got worse and
worse, but that was always progressive, the way... their lack of coping with
it. So, it may well be clear on paper, but in practice it is not clear, and
that does put people at risk. And that is something to really be aware of, I
think, and to be careful of.
Mme
Hivon : Très bien.
En fait, vous nous dites ça parce que vous dites : Il peut y avoir une
confusion chez les soignants, chez les médecins, à savoir est-ce qu'on est
dans une maladie ou dans une autre circonstance. Et vous, vous dites : Il
y a encore du travail à faire par rapport à ça, si je vous comprends bien. Oui.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : That's right.
And I just want to come back, for example, that woman in her 30s who had a
brain tumor with an intellectual disability, had a brain tumor, is now in
remission, still has symptoms that may seem like a
physical illness, because it may be related to the brain tumor. They didn't
think it was, but it could be. You know, to me, that suffering, that stemmed
from her disability, the way that she found difficult
to coping with her illness. So, it is a difficult thing to judge, and I think
it is dangerous to... for people with a disability, really. So, that's my
concern.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous passons à notre dernier intervenant, M. le député de
Chomedey.
M. Ouellette : Merci, Mme la
Présidente.
Mme Tuffrey-Wijne,
welcome. It's a pleasure to hear about you and it's... the brief is also very
interesting.
I'm a little bit preoccupied by
the point about the professional. I think that we may think of putting some specific criteria in our report or in the review
of the law to avoid any... I won't say error, but to avoid any report who
will not reflect the reality. And regarding
that, and I'm going at the same side that my colleague from Westmount—Saint-Louis, I don't know if you have some suggestions, especially regarding
professional, but it will be more than welcome for us.
Mme
Tuffrey-Wijne (Irene) : I'm not quite sure I completely understand your question. So, is it what advice
you have for professionals to make sure they make the right judgment? Is that
what you're asking?
• (12 h 20) •
M. Ouellette : And that we allow the... I will say that in French, that we allow...
...le poids de leur rapport, est-ce que nous allons
utiliser leur rapport pour être sûr qu'il n'y aura pas d'erreur ou pour être
sûr qu'il n'y aura pas de complaisance dans leur rapport? Je me demandais si
vous aviez des suggestions spécifiquement ou certains critères spécifiques pour
être bien sûr que les diagnostics des médecins seront toujours les plus
factuels possible.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K. Yes. No, I
think that is important, but again, I think the Dutch case reports demonstrate
just how very difficult that is because they... you know, they... So,
physicians have to write this report, they have to write to the Euthanasia
Review Committee what the suffering consisted of, why they thought it... that
it was hopeless and without prospective improvement, and
they have to ask a second opinion from an independent physician who, then,
doesn't necessarily need to agree, just have to ask his opinion. And that just
shows how very, very difficult that is and how important to go into detail.
So, with the case reports by
the doctors, sometimes the physicians were called in the committee and
questioned further, and explained further, and those were far more
illuminating, that just goes to show how... in how much detail, actually, you
need to report that, your assessment, and what you've done. So, I think, that's
important. And the difficulty is in... as I said, if that happens after the
patient has died, you know, all these questions that are done being raised, if
there is so many clear cases that raise these questions, it shouldn't happen
after the patient dies, it should happen before. So, I would want to see that
scrutiny and these doctor reports, and even the debates and the discussions
between physicians to be public if the decision that hinges on it is so
dramatic, which it is. So, I think the more they can describe and report... and
maybe, again, that's why it needs to go to court and report it, because that is
all transcribed, and then everybody can help to see what's happening.
M. Ouellette : If I may... if I may, «Mme la Présidente»...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
M. Ouellette : No, I may not.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. le député. Merci beaucoup. Merci beaucoup, Pre Tuffrey-Wijne, d'avoir accepté notre
invitation aujourd'hui.
Et, sur ce, la commission ajourne ses travaux,
et nous reprenons dans quelques instants en séance de travail. Merci beaucoup,
Pre Tuffrey-Wijne.
Mme Tuffrey-Wijne
(Irene) : O.K., thank
you, and it's a pleasure meeting you and hearing your questions. Thank you.
(Fin de la séance à 12 h 23)