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Comité spécial des relations
industrielles sur le camionnage
Séance du 20 février 1969
(Onze heures vingt-deux minutes)
M. ROY (président du comité): Messieurs, il me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue au comité de travail, qui est un
sous-comité des relations industrielles sur le camionnage. Nous
aimerions, ce matin, remettre aux membres le travail qui a été
accompli par un comité spécial formé le 3 juillet 1968,
à la suite d'une réunion régulière du comité
des relations industrielles de la Chambre. Avaient été
nommés membres: M. Plamondon, député de Portneuf; M.
Pinard, député de Drummond; M. Mailloux, député de
Charlevoix, de même que M. Roy, député de Joliette.
A la suite de plusieurs rencontres, nous avons reçu des
témoignages de gens préoccupés par le problème
posé au Québec, depuis plusieurs années, du transport
routier, spécifiquement celui que l'on dit non régi.
J'aimerais, en premier lieu, messieurs les membres, remettre à
chacun copie des Débats du comité des relations industrielles de
l'Assemblée nationale du Québec du 3 juillet, les recommandations
du rapport Lippé qui ont fait l'objet de l'étude par notre
comité cet été, les mémoires préparés
conjointement par l'Association nationale des artisans - camionneurs,
l'Association du camionnage du Québec incorporée, le Syndicat des
camionneurs du comté de Lévis, etc., de même que le
mémoire présenté par l'Association des constructeurs de
routes et des grands travaux du Québec, le résumé des
délibérations du groupe de travail créé le 3
juillet, l'annexion de la page 30 du rapport Lippé sur les
recommandations des pesanteurs maximums pour camions, les extraits de
l'arrêté ministériel numéro 1045 adopté le 27
mai 1964, traitant des charges maximales.
Etant donné que, dans le problème du transport non
régi, la cédule des justes salaires prévaut en maintes
occasions, nous avons cru bon de remettre à chacun des membres la
cédule des justes salaires, de même que nous avons cru
d'intérêt pour le comité de déposer
l'arrêté en conseil no 133 concernant le nombre de
véhicules susceptibles de former un ensemble de véhicules
automobiles circulant sur le chemin public, arrêté qui a
été adopté le 26 janvier 1966. Nous avons même cru
bon de déposer l'arrêté en conseil no 20, adopté le
8 janvier 1969, concernant la longueur maximale de certains ensembles de
véhicules automobiles circulant sur le chemin public.
Nous aurions aimé également recevoir les recommandations
ou suggestions des membres du comité, le tout faisant suite à la
lettre que j'ai adressée comme président à chacun des
membres dudit comité. Il semblait, à la suite de communications
entre le représentant de l'Opposition, l'honorable député
de Drummond, et moi-même, qu'aujourd'hui, le dépôt de cet
ensemble volumineux de rapports et de dossiers serait suffisant pour
sensibiliser tous et chacun des membres du comité parlementaire et que
l'on s'entendrait pour une rencontre future afin de plonger profondément
dans le problème, et surtout d'apporter une solution à un
problème épineux qui a toujours été, comme nous le
confiait l'honorable député de Drummond tout à l'heure, un
problème à l'échelle du Québec pour tous les
gouvernements sans exception.
S'il y a des commentaires, il me fera plaisir de les entendre.
J'aimerais que nous gardions un ton positif et surtout que nous recherchions
ensemble une solution au sort réservé aux artisans-camionneurs,
à ces gens qui, souvent, dans nos comtés respectifs, dans tout le
Québec, sont, comme je les appelle, les gens subventionnant un
camion.
Messieurs, je vous remercie de votre attention, et j'espère voir
tout le monde participer à la solution de ce problème.
M. PINARD: M. le Président, me permet-triez-vous d'ajouter un mot
à vos remarques?
M. LE PRESIDENT: Sûrement.
M. PINARD: Une fois que nous aurons pris connaissance des documents que
vous venez de remettre aux membres du comité, pourrions-nous nous
entendre sur la détermination de la date à laquelle le
comité devra de nouveau se réunir? Nous serait-il
également possible de savoir aujourd'hui si les fonctionnaires
appelés à conseiller les membres du comité ont eu le temps
de prendre connaissance de tous les documents qui nous sont remis ce matin et
d'en faire l'étude, ainsi que de préparer un projet de loi qui
aurait pour but spécifique de créer une régie du transport
artisan dans la province?
Vous vous souviendrez, M. le Président, qu'avant la prorogation
de la dernière session de l'Assemblée législative, en
décembre, je crois, il avait été question en Chambre,
à l'occasion d'un débat fait par le ministre du Travail et auquel
j'ai participé, de créer cette régie du transport artisan,
pour venir à bout de ce problème presque insurmontable auquel les
gouvernements ont eu à faire face dans le passé, relativement
à la protection à donner ou aux travaux qui doivent être
accordés aux camion-
neurs-artisans face à la compétition qui leur est faite
par l'entreprise du transport en général. Les
camionneurs-artisans se montrent évidemment très impatients. Ils
trouvent qu'ils sont convoqués à de nombreuses assemblées.
Ils aiment bien y participer, faire leurs revendications, présenter leur
mémoire. Mais, pendant que le temps passe, pendant que les
réunions sont convoquées, il semblerait qu'on ne leur donne pas
de remède approprié, du moins dans l'intérim. Ils
voudraient que le comité travaille plus rapidement et donne, en quelque
sorte, l'assurance qu'un projet de loi est véritablement à
l'étude, et qu'il sera soumis à la prochaine réunion du
comité pour qu'il soit étudié par tous les membres. C'est
ce qui les inquiète le plus. Hs aiment bien que le comité fasse
des études. Mais ils aimeraient surtout avoir l'assurance qu'une loi
régira leurs problèmes de transport dans le plus bref
délai. Ils souhaitent que, lorsque la saison des travaux reprendra, au
début du printemps, la situation ait véritablement changé
dans la province, afin que ne se reproduisent plus les causes d'injustice ou
d'iniquité dont ils ont été victimes ou dont ils se
prétendent les victimes.
Ce sont là les remarques que j'avais à faire. Je pense ne
pas être le seul à penser ainsi. Dans certains comtés,
ça va beaucoup mieux parce qu'une entente est intervenue entre les
camionneurs eux-mêmes qui se sont formés en association et qui ont
accepté une formule de rotation dans la distribution des travaux. Dans
d'autres comtés, ça va moins bien parce qu'il y a des conflits
d'intérêt, soit sur le plan de la distribution des travaux, soit
pour des raisons d'ordre politique que je ne veux pas qualifier. Mais je crois
qu'il n'est plus question de régler le problème à
l'échelle du ou des comtés, mais de le régler à
l'échelle provinciale par une législation appropriée, et
c'est véritablement la demande qui nous est faite par le bureau de
direction de l'Association du camionnage artisan de la province de
Québec. J'aimerais avoir une réponse, si la chose est possible,
ce matin.
M. LE PRESIDENT: Si on me le permet, j'accepte volontiers les propos de
l'honorable député de Drummond, mais j'aimerais quand même
souligner que le gouvernement a tenté par un moyen qui doit jouer en
démocratie, c'est-à-dire par la convocation des
intéressés autour d'une table à faire part de leurs
problèmes particuliers dans des secteurs spécifiques.
Nous nous sommes rencontrés à maintes reprises au cours de
l'année 1968 et nous avons été sensibilisés au
problème du camionnage. Aujourd'hui, assurer les membres de ce
comité que le gouvernement est prêt à créer une
régie pour régler le problème du camionnage artisan serait
mentir parce qu'aux études entreprises par le gouvernement à la
suite du dépôt de plusieurs mémoires et rapports, de
même qu'aux études faites par des fonctionnaires, il manque encore
des données. Ce serait non seulement induire la population en erreur,
mais je pense qu'il serait erronné d'assurer la population du
Québec qu'une loi sera déposée très prochainement
créant une régie pour régler le problème du
camionnage artisan.
Tout ce que l'on peut dire, c'est que le gouvernement est sensible
à ce problème et qu'il a fait son devoir jusqu'à
maintenant pour faire rencontrer les parties. Puis-je ajouter ce matin que lors
de l'étude entreprise l'été dernier, nous avons
peut-être négligé de convier des intéressés
qui auraient quelques mots à ajouter à ce problème,
c'est-à-dire les industries touchées par une loi nouvelle dans le
domaine des transports routiers, plus spécifiquement par la
création d'une régie du camionnage artisan. Je veux
spécifiquement parler de l'industrie forestière.
Nous avons entendu les doléances des gens impliqués dans
le transport du bois de l'industrie forestière, mais nous n'avons pas
entendu les intéressés eux-mêmes, c'est-à-dire les
compagnies et le ministère des Terres et Forêts.
Nous devrions recevoir l'appui, les recommandations et les
lumières de ces gens. A la suite de ces recommandations et à la
suite de la recommandation des membres du comité qui a été
formé par le gouvernement, nous devrions ramasser le meilleur des
propositions de tous les gens et en faire une loi pour le mieux-être de
tous les citoyens gagnant leur vie dans ce secteur de l'économie. Mais
je répète qu'aujourd'hui il est impossible à un
comité ou plus précisément à un sous-comité
de la Chambre de promettre une loi créant une régie
réglementant le transport routier, particulièrement le transport
fait par les artisans. Ce serait mentir de dire que nous allons déposer
dans ce sens une loi, à brève échéance. Mais je
peux assurer l'honorable député de Drummond que le gouvernement
actuel fera tout en son possible et rapidement pour régler cet
épineux problème qu'est le camionnage artisan.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. PINARD: M. le Président, si tantôt dans mes remarques
j'ai mentionné cette exigence assez pressante qui se fait sentir de la
part
des camionneurs-artisans afin d'obtenir de nous l'assurance qu'un projet
de loi est vraiment en préparation, c'est que le ministre du Travail
lui-même, au cours d'un débat au mois de décembre, en a
fait lui-même la déclaration en Chambre. Je ne voudrais pas
imputer à l'honorable ministre du Travail la responsabilité de ne
pas avoir respecté la parole donnée parce que je conçois
qu'à ce moment-là tous les membres du comité
étaient d'accord pour reconnaître que toutes les avenues du
problème n'avaient pas été étudiées, en ce
sens qu'il est vrai de dire que maintenant nous connaissons passablement bien
toute la complexité du problème du transport artisan lorsqu'il
s'agit de travaux à être exécutés par le
ministère de la Voirie, par le ministère des Travaux publics sur
les routes. Mais nous n'avions pas jusque-là été en
profondeur pour étudier le problème du camionnage en
forêt.
A la suite d'un échange de propos avec le ministre du Travail, au
cours du débat au mois de décembre, j'avais eu l'occasion de
souligner que c'était un aspect très important du problème
et que c'était peut-être le plus grave. Il faudrait que le
comité se mette à l'oeuvre le plus tôt possible pour
approfondir cet aspect du problème. Vous vous souviendrez, M. le
Président, qu'en aparté je pense que c'était
derrière le trône du président je vous avais
suggéré de convoquer à une prochaine réunion du
comité M. Paul-E. Lachance qui est le président de l'Association
des pâtes et papier et qui est un ingénieur forestier
extrêmement compétent dont la réputation est très
enviable dans le monde de l'industrie, mais qui est aussi un personnage
très respecté par les camionneurs eux-mêmes.
Il serait en mesure de nous éclairer sur toute cette situation du
camionnage en forêt et serait, à mon avis, un excellent
représentant de l'entreprise forestière. Il n'aurait aucune
objection à aller au fond du problème et à faire des
suggestions justes et équitables pour l'entreprise forestière
qu'il représenterait mais également justes et équitables
pour les camionneurs-artisans eux-mêmes. Ce serait peut-être la
prochaine étape à franchir, et une fois que ces rencontres auront
eu lieu, nous pourrons travailler plus rapidement, parce qu'il faut admettre
qu'il est plus facile de travailler rapidement lorsque la Chambre
elle-même est convoquée et est en session, nos membres, plus
prêts et mieux rodés, participant de façon plus
expéditive aux travaux des divers comités. Quant à moi, je
pense que nous pourrons aller plus vite et peut-être calmer davantage
l'impatience des camionneurs-artisans.
M. PLAMONDON: Je pense que l'honorable député de Drummond
vient d'expliquer très clairement pourquoi il n'est pas possible
à ce stade-ci pour le gouvernement de s'engager et de dire qu'une loi
sera déposée au début de laprochaine session. Il a
démontré très clairement que nous avons travaillé
depuis plusieurs mois déjà sur ce problème du camionnage,
mais nous nous sommes attardés davantage du côté voirie, du
côté transport routier, matériaux, etc., que du
côté forêt. Un des membres du comité, M. Cournoyer,
je pense, nous a sensibilisés davantage à cet important
problème, et je suis l'un de ceux qui connaissent un peu plus
particulièrement les problèmes qui se présentent dans le
domaine du transport en forêt dans mon comté. Or, nous avons un
autre point important. Nous avons entendu les camionneurs; nous avons
également entendu les entrepreneurs, les directeurs de grands travaux.
Nous avions là les deux côtés de la médaille, si je
puis m'exprimer ainsi. Dans le domaine de la forêt, nous avions les
camionneurs d'une part, mais nous n'avions pas les représentants des
employeurs d'autre part, ce qui nous aurait permis d'être
éclairés sur les deux aspects du problème. Bien sûr,
on ne peut sans doute pas s'attendre à ce qu'il y ait unanimité
complète et totale sur tous les points avant de passer à
l'action, mais je pense qu'on se doit de les entendre, comme le
député de Drummond et le député de Joliette le
soulignaient tout à l'heure.
On est à même de se rendre compte, d'ailleurs, que dans le
résumé des délibérations du comité que vous
nous avez fourni ce matin, M. le Président. Il est loin d'y avoir
unanimité entre les diverses parties. On s'entend, je pense, à ce
jour, sur le principe d'une régie à différents niveaux,
mais on ne s'entend pas tout à fait sur les pouvoirs à donner
à cette régie. Il y a encore du travail à faire
là-dessus.
Je vous remercie, M. le Président, d'avoir remis à chacun
des membres du comité cette documentation. Elle sera très utile
pour référer à différentes situations, plus
particulièrement à ceux qui siègent peut-être pour
la première fois à ce comité. Ils pourront se familiariser
davantage avec les principales questions posées et pourront sans doute
apporter un éclairage nouveau lors des prochaines séances du
comité. Pour ma part, je souhaite que l'on puisse apporter une solution
le plus rapidement possible. Je sais qu'il existe un problème. Ces
camionneurs ont besoin de lois qui leur permettent de gagner leur vie
honorablement et c'est tout simplement ce qu'ils demandent. Il ne s'agit pas
pour les camionneurs-artisans d'avoir un
traitement de faveur. Il s'agit tout simplement qu'ils puissent gagner
leur vie de façon normale. Je souhaite que ce problème se
règle la plus tôt possible. Par la poursuite des réunions
du comité, qui reprendront, j'imagine, prochainement, nous pourrons
continuer de circonscrire le problème de façon à en
arriver à une proposition globale qui puisse sinon satisfaire tout le
monde, satisfaire, au moins, la plus grande partie des
intéressés, de part et d'autre.
M. PINARD: Permettez-nous d'ajouter quelques mots et de vous alerter
relativement à une situation déplorable qui se développe
actuellement dans le domaine du transport artisan. Dans ma région, par
exemple, il semblerait qu'une autre association de camionneurs-artisans a
été formée pour faire concurrence à celle qui
l'avait déjà été.
M. GARDNER: Je m'oppose à cette intervention du
député de Drummond. Etant donné que nous nous
étions entendus au départ pour assister à une remise de
documents, étant donné également qu'il manque plusieurs
membres du comité actuellement, je crois qu'il ne convient pas de faire
des remarques qui peuvent, disons dans l'avenir, créer un certain climat
qui ne serait pas favorable aux discussions.
M. PINARD: Je voudrais vous rassurer tout de suite sur le motif de mon
intervention qui n'est certainement pas à caractère partisan et
vous alerter, en votre qualité de président d'un comité de
la Chambre, sur une situation qui peut dégénérer en
conflit très grave et qui peut amener peut-être de la violence si,
à un moment donné, le gouvernement n'intervient pas.
Je pense que les esprits sont surchauffés dans quelques
régions de la province à l'heure actuelle, à cause des
agissements d'associations de camionneurs rivales. Je vais vous en donner un
exemple. Dans le journal La Parole du mercredi 12 février 1969, on parle
d'une réunion des propriétaires de camions du comté de
Drummond. Les propriétaires de camions convoqués à cette
réunion ont réélu M. Louis-Philippe Desautels à la
présidence de leur association. Cette association groupe des
camionneurs-artisans et des transporteurs publics. Mais, il semblerait
et je dis il semblerait qu'une espèce de
ségrégation ait été faite de façon à
faire une division entre les camionneurs-artisans eux-mêmes, de sorte
que, dans mon comté et dans d'autres que je connais, il existe deux
associations rivales maintenant.
L'Association des camionneurs, présidée par M.
Louis-Philippe Desautels, n'aurait pas obtenu son accréditation
auprès du ministère... Comment s'appelle le ministère des
compagnies?
M. LE PRESIDENT: Des Institutions financières.
M. PINARD: Des Institutions financières. Cela me paraît
assez grave. Cette association rivale se trouverait à agir dans
l'illégalité, alors que l'autre association est bel et bien
incorporée en vertu des lois de la province. Elle a obtenu sa charte et
agit dans la légalité et dans le respect des règlements.
C'est déjà une cause de conflit assez grave, qui peut conduire
à un moment donné, à des actes qui pourraient devenir
violents.
Un autre problème qui m'apparaît assez grave aussi, c'est
que cette association de camionneurs est présidée par M.
Desautels qui est lui-même un transporteur public et dont les camions
portent des plaques d'immatriculation avec un « L ». Cela le
rendrait lui, président, inéligible à la fonction qu'il
détient présentement, inéligible aussi au titre de
camionneur-artisan dont il use illégalement à mon avis, à
l'encontre des règlements, et de la définition de ce qu'est le
camionneur-artisan.
Vous voyez que, là encore, c'est une situation qui peut provoquer
une réaction assez violente de la part de ceux qui agissent dans le
respect des règlements et dans la légalité. Ce qui
m'apparaît encore plus grave, c'est qu'à cette réunion
présidée par M. Desautels où il a été
réélu président de l'association, il a été
décidé que l'association du comté de Drummond, qui n'est
pas incorporée en vertu des lois de la province, demandera d'ici peu de
temps son affiliation à l'Association du camionnage du Québec, se
joignant ainsi à plusieurs autres comtés qui sont accepté
cette affiliation.
Je dis, M. le Président, que nous sommes en train de faire
dégénérer le problème en une situation très
grave» Ceci va certainement amener des réactions brutales de la
part de l'Association du camionnage artisan indépendant qui, elle, a
respecté les lois de la province et a obtenu des chartes d'incorporation
en bonne et due forme de la part des autorités provinciales, alors qu'il
semblerait que les associations rivales ne l'ont pas fait.
S'il fallait que les associations rivales, qui groupent un certain
nombre de camionneurs-
artisans, en plus de ne pas avoir d'accréditation légale,
demandent leur affiliation à l'Association du camionnage ou du transport
routier de la province, vous voyez tout de suite que le problème s'en va
dans une tout autre direction que celle où nous aurions voulu
circonscrire nous-mêmes tout le problème du transport artisan,
soit dans les chantiers de voirie, soit dans les territoires forestiers.
Comment allons-nous juguler les éléments contradictioires
qui vont évidemment se faire face à cette occasion? Cela peut
retarder considérablement nos travaux. N'y aurait-il pas moyen, M. le
Président, de faire vous-même une enquête en votre
qualité de président du comité, et de voir si,
véritablement, la situation que je viens de décrire et je
peux vous en fournir la preuve, du moins par les extraits de journaux que j'ai
entre les mains n'est pas en train de se développer un peu
partout à travers la province?
Je vous dis tout de suite que, si tel était le cas, les travaux
du comité lui-même seraient à ce moment-là
menacés de paralysie. Notre action, qui était jusqu'ici
bienfaisante, se trouverait jugulée, annihilée en quelque sorte.
Nous n'aurions plus alors de pouvoir pour en arriver tous ensemble à une
solution équitable de la situation.
M. LE PRESIDENT: J'en prends note.
M. PLAMONDON: M. le Président, si je comprends bien, ça
pose un problème. Ce problème existe, non seulement dans le
camionnage, mais à tous les niveaux où le syndicalisme existe. Il
y a quand même chez nous ce principe de liberté d'association qui
laisse à des individus qui, à un moment donné, ne sont pas
satisfaits d'une association, le privilège de s'affilier à une
autre association.
Je veux bien croire qu'il y a peut-être des motifs qui peuvent
être interprétés de façon bien différente,
mais, entre autres choses, j'ai vécu différentes
expériences qui me portent à croire que certaines associations
elles-mêmes font un peu pour s'amener des rivalités comme
celles-là. Exemple, vous avez dans un comté une association de
camionneurs-artisans. Vous avez l'autre association comment
l'appelle-t-on? l'Association du camionnage du Québec, qui groupe
les transporteurs régis par la Régie des services publics, mais
qui groupe également les camionneurs indépendants. La preuve,
c'est que nous avions M. Blouin qui siégeait à notre
comité.
Vous avez une association dans un comté qui régit
j'emploie le mot « régit » non pas au sens juridique
disons qui s'occupe du transport des camionnages-artisans. Par ailleurs, l'un
des membres de l'Association du camionnage du Québec veut obtenir du
travail dans le comté où il réside, mais, du simple fait
qu'il n'est pas membre de l'autre association, on lui refuse le droit de
travailler.
Vous voyez tout de suite qu'il y a déjà, au départ,
une attitude fermée des associations, ce qui peut à ce
moment-là provoquer certains individus, qui disent: « Ecoutez,
nous allons nous orienter autrement. » C'est évidemment une
situation malheureuse et qui se reproduit ailleurs. Cela provient
peut-être du fait que certains organismes se sont arrogé le droit
de vie ou de mort sur les camionneurs.
Vous avez quand même certains organismes syndicaux
appelons-les comme ça ou associations qui, aujourd'hui, se sont
arrogé le droit de vie ou de mort, en ce sens qu'on va dire à tel
individu: Toi, tu n'es pas membre de l'association, donc, tu n'auras pas de
travail. Et on leur refusera même le droit de faire partie de
l'association.
Des attitudes comme celles-là, même si elles peuvent
être justifiées dans certains cas peuvent être de nature, je
pense, à provoquer des gestes comme celui que vous venez de
souligner.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux passer sous silence la déclaration de
l'honorable député de Drummond qui mentionnait la
déclaration de l'honorable ministre du Travail et député
de Champlain qui assurait la Chambre qu'un projet de loi était en
préparation, c'est-à-dire à l'étude, dans le but
d'arriver à une solution du problème du camionnage artisan. Je
peux assurer le député de Drummond que ledit projet de loi est en
préparation. Maintenant, devons-nous, comme membres du comité,
assurer les membres de ce comité que ce projet de loi créera
automatiquement une régie ou parlera du droit d'association,
d'affiliation ou de représentation de tous ceux qui sont troublés
par ce grand problème qu'est le camionnage artisan? Soyez assuré,
M. le député de Drummond, de même que tous les membres du
comité, que nous allons respecter la parole de l'honorable ministre du
Travail et qu'un projet de loi sera déposé.
Pour ce qui est du problème que vous avez soulevé
tantôt concernant la double représentation ou les associations
multipliées dans chacun des comtés, je pense que le
député de Drummond, qui est de bonne foi, admettra avec moi que
ce n'est pas, dans ce domaine particulier, un phénomène nouveau,
la double représentation. Nous avons vécu, au Québec, des
heures assez
mouvementées lorsqu'il y avait de l'emploi nouveau, sur des
chantiers de construction en particulier, lorsqu'il y avait pour les syndicats,
appelons-le par son nom, un avantage pécuniaire. Lorsqu'il s'agit
d'accréditer ou de s'associer de nouveaux membres, il y a toujours une
guerre intestine; il y a toujours le problème de la
représentation. Qu'on me permette de rappeler au comité le
problème de la Bechtel à Baie Comeau, ou nous avons vu
s'affronter les grandes centrales syndicales. Le député de
Drummond soulève le problème de la représentation à
l'intérieur de l'Association du camionnage indépendant
incorporée au Québec. Nous avons eu comme membre
délégué à notre comité M. Roméo
Blouin, comme le mentionnait le député de Portneuf, et nous
l'avons accepté avec plaisir. Il nous a fait part de son
expérience; il nous a également fait part des expériences
de la Régie des transports. Il nous a certes été
très utile.
Maintenant, est-ce le rôle du comité de discuter du
problème de l'accréditation syndicale? Est-ce le rôle du
comité de parler de représentation à l'intérieur
des associations? Je pense que si nous parvenons tous à nous entendre de
bonne foi pour la création d'une loi qui nous amènera, soit
à recommander aux associations de se former en coopératives, soit
d'être régies par un mécanisme ressemblant à la
Régie des transports actuelle, soit à être toutes
fusionnées à l'intérieur d'une même régie, je
pense que nous réglerons le problème en partie. Mais comme je le
disais aux représentants des associations indépendantes, nous ne
réglerons pas le problème des camionneurs en totalité.
Devant les faits accomplis, le problème du volume d'affaires
à donner à chacun des camionneurs dans leurs comtés
respectifs ne sera pas réglé demain matin parce que le
gouvernement aura décrété une loi exigeant que tout le
monde s'adresse à la régie pour l'obtention d'un permis. On ne
réglera pas le volume des affaires de ces gens.
Le problème majeur du camionneur-artisan le
député de Drummond le sait, il a été ministre de la
Voirie est provoqué par ceux qui ont énormément de
difficultés financières. Quand un homme travaille cinquante jours
par année, il a la tâche de subventionner son camion à
même le salaire qu'il devait apporter pour faire subsister sa famille.
Mais je pense que le rôle du comité n'est pas de discuter des
modalités ou des droits d'association ou de représentation des
associations particulières. Nous devons tenter d'éliminer les
rivalités qui existent entre les associations. C'est notre devoir, comme
représentants des majorités de chacun de nos comtés, de
tenter de faire vivre ces gens dans un climat plus calme, plus serein. Mais le
comité n'a pas comme rôle de surveiller le ministère du
Travail, qui est responsable des accréditations. Le comité n'a
pas comme rôle de donner des directives à la Régie des
transports ou de s'immiscer dans leur travail. Nous avons besoin de la
collaboration de tous. Je sais que nous obtiendrons la collaboration de tous
les députés pour qu'enfin, comme je le disais au début, un
meilleur climat règne dans cette partie de la société du
Québec qui gagne difficilement sa vie au volant d'un camion, et que l'on
a convenu d'appeler, ici, au Québec, les camionneurs-artisans.
Je pense que nous avons tous un devoir, c'est de procurer à ces
gens le moyen de subsister. Est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent faire des
commentaires?
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, vous dites que ce n'est
à nous de dire à la Régie des transports ce qu'elle doit
faire, je suis bien d'accord. Le ministère du Travail, je suis d'accord
avec vous. Mais quelles sont les grandes lignes des recommandations que le
comité, ici, ce matin, peut faire? Il y a seulement des
députés ici, ce matin. Quelles sont d'après vous, les
recommandations à faire ce matin? Je pense que, ce serait la grande
ligne. Vous avez siégé à plusieurs reprises. Moi, c'est la
deuxième fois que je siège. Alors, quelles sont, d'après
vous, les recommandations que nous pouvons faire. Naturellement, il y a
certainement des recommandations que nous pouvons faire sur la question
d'association, comme vous le disiez. Je suis bien d'accord avec vous, je crois
que nous devrions laisser cela à chaque comté. Quelles sont les
recommandations de base que nous pourrions faire ce matin? Nous aurons
certainement des recommandations à faire, même à la
Régie des Transports, pour avoir une régie pour ces
camionneurs-là. Je ne voudrais pas faire perdre le temps du
comité. Par contre, si nous siégeons ici, nous allons
sûrement faire des recommandations à certains
ministères.
M. LE PRESIDENT: Puis-je faire remarquer au député de
Bourassa que, le ou vers le 18 décembre, comme membre du comité,
il a reçu une lettre signée de ma main et lui demandant de faire
parvenir ou de préparer un travail concret, dans le but d'en arriver
à une solution du problème créé par cette situation
dans le monde du camionnage artisan?
Ce matin, nous nous sommes entendus sur une méthode de travail.
Nous avons remis à chacun des membres du comité tout le
maté-
riel que nous avons reçu au cours de l'été 1968 de
même que de l'automne 1968, tout le travail, toute la collaboration que
nous avons obtenus de ceux qui sont venus nous aider à la
préparation de ces mémoires ou documents, tels que
mémoires de l'Association des constructeurs de route et des grands
travaux, de l'Association des camionneurs-artisans, de l'Association
nationale.
Ce matin, étant donné que plusieurs des membres
n'étaient pas sensibilisés au problème particulier que
crée le camionnage artisan au Québec, nous avons après
entente avec le représentant de l'Opposition, le député de
Drummond, convenu de cette méthode de travail. Quand tous les membres du
comité auront pris connaissance du volumineux dossier que nous leur
remettons, nous fixerons ensemble une prochaine rencontre. Nous y entendrons
les suggestions positives de tous les membres du comité, de même
que toutes les personnes de l'extérieur pouvant apporter de la
lumière sur ce problème-là, pour créer au
Québec un climat meilleur dans le domaine du transport non régi.
C 'est là l'esprit du comité, et c'est là le travail que
nous voulons accomplir pour le plus grand bien de tous.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je vous remercie de m'avoir envoyé une
lettre, à la mi-décembre, si ma mémoire est
fidèle.
UNE VOIX: Le 18 décembre.
M. TREMBLAY (Bourassa): Par contre, c'est la première fois que je
suis invité à siéger à ce comité. Je n'ai
siégé qu'une fois, et c'était pour remplacer M. Mailloux.
Il y a certainement des choses dont je ne suis pas au courant. C'est pour cela
que je vous demande des détails.
M. LE PRESIDENT: Comme je vous l'ai dit, M. Tremblay, on a remis ce
matin...
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est pour cela que je m'informe de l'ordre du
jour.
M. LE PRESIDENT: Afin d'exempter la répétition, on a
remis...
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est plutôt pour venir chercher le
rapport. Je vais étudier le rapport. Après, nous aurons une autre
rencontre où nous pourrons faire nos recommandations.
M. LE PRESIDENT: Pour exempter...
M. TREMBLAY (Bourassa): Il ne faut pas vous en faire, je n'étais
pas assez au courant du problème.
M. PLAMONDON: Il y a plusieurs nouveaux membres au comité.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est cela.
M. PLAMONDON: C'est normal qu'ils ne soient pas sensibilisés,
qu'ils ne soient pas au courant du problème comme ceux qui ont
siégé plus souvent. D'autant plus, comme l'a fait remarquer
tantôt le député de Bourassa...
M. TREMBLAY (Bourassa): Disons que je suis sensibilisé au
problème, alors que je ne suis pas au courant de l'évolution des
discussions du comité depuis... Je crois que cela fait un an ou neuf
mois qu'il travaille.
M. PLAMONDON: Je m'excuse. Je ne vous visais pas
particulièrement, quand je disais que les membres pouvaient ne pas
être sensibilisés. Vous savez qu'il y en a plusieurs autres qui
ont été...
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Nous n'étions que quatre, et maintenant nous
sommes douze. Pour exempter la répétition, le
député de Drummond a participé, cet
été...
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous remettons tout ce qui s'est
déroulé. Est-ce que nous nous entendrions pour lever
l'assemblée? Est-ce que les membres du comité s'entendraient pour
que le représentant de l'Opposition, le député de
Drummond, et moi-même, nous fixions la date de notre prochaine rencontre,
comme nous l'avons fait pour aujourd'hui? Nous communiquerons ensemble, lorsque
tous les membres auront reçu tous les documents. Pour ma part, je
proposerais le jeudi 27 février.
M. PINARD: Dans la semaine de l'ouverture de la session.
M. LE PRESIDENT: Cela peut ne pas convenir à tout le monde, parce
qu'il y aura plusieurs parlementaires qui viendront à Québec pour
la première fois depuis l'ajournement de décembre, et ils auront
énormément de choses à faire. De toute façon, comme
je l'ai dit, l'important est d'avoir un climat serein pour que nous soyons
capables, en vrais parlementaires, régler un problème
comme des hommes d'affaires qui n'ont pas de temps à perdre. Le
député de Drummond et moi, nous pourrons nous entendre sur la
date de la prochaine rencontre, si les membres n'ont pas d'objection.
M. PINARD: M. le Président, à la prochaine réunion,
dont la date pourrait convenir à tous ou du moins à la
majorité des membres du comité, est-ce que vous croyez que les
membres auront eu suffisamment de temps pour parcourir les documents que vous
leur avez remis ce matin? De façon que nous ne soyons pas
obligés, à la prochaine réunion, de faire ce qu'on
appellerait une opération de déblayage, et de façon qu'il
nous soit permis de convoquer, par exemple, M. Paul-A. Lachance ou une autre
personne qui représenterait l'industrie des pâtes et papier ou les
compagnies forestières, et de façon que nous attaquions, le plus
rapidement et le plus directement possible, tout le problème du
transport en forêt,
M. LE PRESIDENT: Pourquoi ne nous entendons-nous pas ce matin? Nous ne
nommerons spécifiquement personne. Après avoir consulté
les membres, de votre côté, et moi, après avoir
consulté les membres du côté ministériel, nous
pourrons convoquer ceux à qui nous voudrions poser des questions
particulières à la suite de la lecture des documents. Je pense
que ce serait avantageux pour tous les membres de prendre connaissance du
dossier. Ceux qui auront des questions concernant le matériel
déjà déposé pourront recevoir les réponses
appropriées de ceux qui ont collaboré à ce travail. Si
cela va, nous allons...
M. PINARD: C'est une procédure qui m'apparaît très
raisonnable dans les circonstances.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que je pourrais vous poser une question,
M. le Président? Est-ce que vous avez déjà
rencontré un représentant des pâtes et papier?
M. LE PRESIDENT: Cest justement ce dont nous parlions.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous ne les avez jamais rencontrés
auparavant? Bon, d'accord. Ceux que vous avez rencontrés,
c'étaient les entrepreneurs de route, tout cela?
M. PINARD: Sauf que des membres de l'Association du camionage artisan du
Québec ont soulevé, à de multiples reprises, lors des
réunions du comité, le problème du transport en
forêt.
Ils se sont plaints qu'ils étaient vraiment maltraités,
mal payés, qu'on leur donnait les opérations les plus difficiles
et les moins rentables, que les compagnies qui donnaient des contrats de
transport en forêt s'arrangeaient pour que ce soit l'entrepreneur routier
qui bénéficie des meilleurs avantages du transport en forêt
et que le travail sale soit laissé aux camionneurs-artisans. C'est de
ça qu'ils se sont plaints à de multiples reprises, et c'est
ça qu'il faudrait approfondir pour mieux jauger la situation.
M. PLAMONDON: C'est justement ce qu'on a souligné tout à
l'heure. C'est que, jusqu'à maintenant, le problème du camionnage
artisan a pris naissance, si on peut dire, dans le domaine des travaux de la
voirie. Je pense que c'est de là que le problème crucial est
né. C'est dire que, jusqu'à maintenant, le comité s'est
surtout penché sur cet aspect du problème. Nous avons entendu les
camionneurs d'une part, les représentants des patrons d'autre part. Je
pense qu'il est normal et tout à fait logique que nous
entendions les deux côtés avant de prendre des décisions.
Or, dans le domaine du transport en forêt, il y a également un
problème assez grave. Jusqu'à maintenant, nous avons entendu
certaines revendications des camionneurs. Nous n'avons pas attaché une
attention toute spéciale à ce problème-là, mais il
reste que, même si nous avons entendu quelques revendications des
camionneurs, nous n'avons pas encore eu l'occasion d'entendre le
côté patronal. C'est dans ce sens-là que nous nous sommes
entendus tout à l'heure pour demander d'Inviter... M. Pinard a
suggéré d'inviter M. Lachance, du Conseil des pâtes et
papier, et il y aura certainement d'autres personnes de ce
côté-là que nous entendrons, pour essayer de bien situer le
problème.
M. LE PRESIDENT: Si on veut me le permettre, comme je le mentionnais
tout à l'heure au député de Drummond, au cours de notre
étude, l'été dernier, j'ai personnellement
recommandé au comité si le député de
Portneuf se souvient que l'on demande au ministère des Terres et
Forêts, aux représentants de l'industrie des pâtes et
papier, à tous ceux qui sont intéressés directement ou
indirectement au domaine de la forêt, qu'on les amène autour de la
table. A ce moment-là, l'Association des camionneurs-artisans s'est
opposée, prétextant que le comité était leur
affaire et non pas l'affaire des gens des pâtes et papier. Maintenant, je
pense que là-dessus, tout le monde s'entend, nous en sommes rendus
là où nous
devons tenir compte de la répercussion économique d'une
législation imposée par le gouvernement, sans amener à la
table des parties à qui l'on pourrait faire un tort considérable.
Il faut tenir compte de l'industrie forestière dans l'économie du
Québec et nous devons nécessairement avoir à la table les
gens qui nous éclaireront. Nous prendrons notre décision
après avoir entendu toutes les parties.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela veut dire que lors de la prochaine
réunion du comité, ces gens seront ici pour nous donner leur
version. Nous allons les écouter. Après, je demanderais que le
comité, seulement les législateurs, se rencontrent pour prendre
une décision ensemble, parce que nous ne pouvons pas prendre de
décision devant ces gens. Quand on prend une décision, on peut
aider quelqu'un, mais, par contre, on peut en rendre d'autres malheureux. A ce
moment-là, le comité devra siéger à nouveau et
décider ce qu'il pourrait résulter des discussions.
M. LE PRESIDENT: C'était exactement le but de notre rencontre,
tel que nous l'avions discuté, le député de Drummond et
moi.
UNE VOIX: Est-ce qu'il y a des gens de la voirie qui sont venus
comparaître devant le comité?
M. LE PRESIDENT: Qui sont venus et qui ont collaboré à la
préparation des documents qu'on vient de remettre et qui sont encore
prêts à collaborer. Maintenant, le député de
Drummond le mentionnait tantôt, chaque fois qu'il y a une revendication
de la part d'une association de camionnage le député de
Drummond a été ministre de la Voirie, il le sait les
associations se retournent du coté du ministère de la Voirie.
Après avoir fait une étude assez approfond5e, nous remarquions
que l'importance des travaux confiés par la voirie aux
camionneurs-artisans ne dépasse jamais, dans aucun comté du
Québec, de 20% à 24% de la masse de travail que
représentent les travaux de voirie.
Nous ne pouvons pas faire une loi tenant compte de 20% d'influence des
travaux dans une zone. Il y a le ministère des Travaux publics, le
ministère de l'Agriculture, le ministère des Richesses
naturelles, indirectement, par l'Hydro-Québec, et le ministère
des Terres et Forêts. Il y a l'entreprise privée, qui a recours
aux services des camionneurs-artisans et l'impact est toujours sur le
ministère de la Voirie les municipalités, les commissions
scolaires. Hier, je pense que le député de Drum- mond a
reçu la même visite que moi je recevais des gens membres de
différentes associations de Drummond, de Missisquoi, d'Iberville. On me
faisait remarquer un domaine où la majorité du public ignore
l'importance du camionneur-artisan, la série de polyvalentes qui ont
été bâties au Québec. Cela nécessitait la
collaboration des camionneurs-artisans, pour l'excavation, etc.
On a toujours les yeux tournés vers le ministère de la
Voirie, mais ce n'est pas le seul et unique employeur du camionneur-artisan. Il
ne faudrait quand même pas le perdre de vue. C'est pour cela qu'au cours
de l'été, le député de Portneuf et le
député de Drummond sensibilisaient les artisans pour que nous
ayons à la table tous ceux qui les emploient. Ils n'ont malheureusement
pas acquiescé à notre demande, et, aujourd'hui, nous nous rendons
compte qu'il serait imprudent d'agir comme législateurs, tenant compte
des seules revendications d'un secteur de l'économie. Nous devons avoir
l'éventail des employeurs des camionneurs-artisans pour en arriver
à une solution.
Dans cet esprit-là, je pense que nous arriverons, et tout le
monde est d'accord ici, à régler ce problème. Sur
ce...
M. PLAMONDON: Avant de terminer, je voudrais souligner la
présence à cette table du député d'Iberville et du
député de Rouville, qui remplaçaient MM. Flamand et
Gagnon.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas déplaire à mes
collègues, mais je pense que le règlement exige qu'il y ait
motion quarante-huit heures avant...
M. PLAMONDON: De toute façon...
M. LE PRESIDENT: Votre intérêt est quand même
souligné.
M. HAMEL: Nous avons notre association dans le comté de Rouville
et nous savions que le comité siégeait. Nous venions voir...
M. LE PRESIDENT: Lors d'une prochaine séance, je pense que nous
pourrons nous entendre les deux parties pour changer des membres
du comité. Il peut arriver que quelques-uns manifestent plus
d'intérêt que les autres, ou, pour des circonstances
particulières, comme l'hospitalisation de membres, ce matin, soient
retenus pour affaire particulière dans leur comté. Je pense
à M. Mailloux, qui est retenu par une circonstance particulière,
et à M. Ber-natchez, qui est hospitalisé. Nous pourrons nous
entendre avant, et faire parvenir au greffier la liste de ceux qui
devront remplacer. Merci, messieurs.
Puis-je proposer que tous les rapports, tout le matériel remis
entre les mains de chacun des membres soient enregistrés au journal des
Débats?
M. PINARD: Je seconde la proposition du président du
comité.
(Fin de la séance; 12 h 18)
ANNEXE A
LISTE DES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT LIPPE
CONTROLE DES CHARGES
I - L'arrêté en conseil 1045 du 27 mai 1964,
rattaché à l'article 49 du Code de la route (S.R.Q. 1964,
chapitre 231) doit être amendé et les moyens doivent être
trouvés pour faire en sorte que la nouvelle réglementation
relative à la pesanteur des véhicules automobiles soit
observée, comme c'est le cas ailleurs en Amérique du Nord.
Il - Le ministère de la Voirie ne devrait plus être
autorisé à payer quelque quantité que ce soit de
matériaux transportés sur un camion en sus de ce qu'il est permis
par les règlements en cours. III - Une fois que la loi des
pesanteurs aura été corrigée et appliquée, il est
recommandé qu'aucun permis spécial permanent ne soit
accordé qui confirmerait de nouveaux privilèges pour des
catégories de camions que la loi exclut. Les camions extra-lourds
existants seraient retirés de la circulation au fur et à mesure
que se terminera leur vie utile. IV - Le nombre de balances permanentes
le long des routes doit être accru, et leur entretien, de même que
leur vérification, doit être assuré périodiquement.
Toutes les balances permanentes devraient relever du ministère des
Transports et Communications et non plus des Travaux publics, de façon
à améliorer l'efficacité du contrôle. V -
Tout employé de la Sûreté provinciale, la police des
autoroutes, les corps de police municipaux, les inspecteurs du ministère
de la Voirie et les employés de la circulation au ministère des
Transports et Communications, devront avoir accès à ces balances
et le pouvoir de dresser des procès-verbaux. VI - Les amendes
devraient suivre une échelle progressive qui tienne compte de
l'importance de l'excédent de charge et de la répétition
des infractions. EXAMEN DES VEHICULESVU - Tous les camions
devraient subir une inspection technique chaque année, sous le
contrôle de la Régie des transports.
PROTECTION LOCALE VIII - Le Comité recommande que la
protection locale applicable aux camions utilisés pour des contrats
gouvernementaux s'applique dorénavant au niveau des grandes
régions administratives, mais qu'elle soit totale.
IX - Le Comité recommande que la protection s'applique
indépendamment du montant des contrats. X - Les entrepreneurs et
sous-entrepreneurs pourront utiliser sans restriction leurs propres
camions.
REGIE DU CAMIONNAGE XI - La juridiction de la Régie des
transports doit être étendue au transport de la pierre, du
gravier, de la terre et du sable. XII - La Régie devra
contrôler l'émission de permis pour les camions à bascule
et déter- miner, sur les bases régionales, dans quelles
conditions le nombre des permis peut être accru. XIII - La
Régie promulguera des taux de transport applicables aux contrats
gouverne- mentaux. Ces taux seront établis chaque année par un
comité interministériel formé de représentants des
ministères de la Voirie, des Travaux publics et du Travail. XIV -
La Régie devra surveiller l'application des règlements et
l'observance des taux promulgués.
ORGANISATION DES CAMIONNEURS
XV - Le Service des coopératives du Secrétariat provincial
du Québec devrait fournir toute l'information et l'aide technique
possibles aux groupements de camionneurs intéressés à.
utiliser la formule coopérative. XVI - L'organisation des
camionneurs ou le regroupement des associations existantes devraient se faire
sur une base régionale et non à l'échelle locale ou
à celle du comté. XVII - Le Code du travail, à
l'article 1, paragraphe m, définition du terme « salarié
», ou autrement, devrait être modifié pour permettre aux
camionneurs propriétaires d'un ou deux camions d'être
considérés comme des salariés et de pouvoir
négocier des conventions de travail. XVIII - Lorsqu'il existe une
convention collective entre un groupe de camionneurs et un ou des employeurs,
les parties à cette convention devraient s'efforcer d'obtenir que les
conditions de travail qui y sont prévues soient étendues par
décret à toute la région, en vertu des mécanismes
d'extension juridique prévus à la Loi des décrets de
convention collective. XIX - La Régie des transports devra
être habilitée à recevoir les plaintes des camion- neurs
qui croient leurs intérêts lésés par l'existence de
patronage politique dans l'association, syndicat ou coopérative à
laquelle ils appartiennent. Si la Régie considère que la preuve
est faite, elle pourra rompre toute relation avec le groupement en question,
jusqu'à ce que les pratiques incriminées aient été
éliminées. PREQUALIFICATION DES ENTREPRENEURSXX -
Advenant l'établissement d'un système de préqualification
des entrepreneurs, les infractions à la cédule des justes
salaires, les retards apportés au paiement des camionneurs et d'une
façon générale tous les cas de fraude
perpétrés contre les camionneurs indépendants devraient,
après déclaration par la Régie des transports, donner lieu
à une pénalité applicable au montant de la
préqualification.
ANNEXE B
MEMOIRE préparé par
L'ASSOCIATION NATIONALE DES CAMIONNEURS-ARTISANS
INDEPENDANTS INC.
L'ASSOCIATION DU CAMIONNAGE DU QUEBEC INC. LE SYNDICAT DES CAMIONNEURS
DU COMTE DE LEVIS
LA FEDERATION DES ASSOCIATIONS DES CAMIONNEURS DE LA MAURICIE
adressé au COMITE D'ETUDE ET DES NORMES DES JUSTES SALAIRES
Québec, septembre 1968
Etude des Vingt recommandations du rapport Lippé par
L'ASSOCIATION NATIONALE DES CAMIONNEURS ARTISANS INDEPENDANTS INC.
L'ASSOCIATION DU CAMIONNAGE DU QUEBEC INC. LE SYNDICAT DES CAMIONNEURS
DU COMTE DE LEVIS
LA FEDERATION DES ASSOCIATIONS DES CAMIONNEURS DE LA MAURICIE relatives
au camionnage public moyennant considération pécuniaire et non
contrôlé par la Régie des Transports.
Intention
Le but de cette communication est de soumettre au comité une
étude faite par les quatre organismes précédemment
mentionnés.
Exécution
Il n'est pas question de retourner en arrière, de relever tous
les exposés antérieurs, mais plutôt vous faire vivre le
réel problème et vous aider à y apporter la plus juste et
équitable des solutions pour le camionneur (artisan), dans le plus bref
délai possible sans causer préjudice aux entrepreneurs dans le
même genre de transport. Même si le problème vous semble
complexe dans l'ensemble, il ne l'est pas sur les contrats du Gouvernement, il
faut regarder là où le conflit existe et pourquoi il existe, et
en étudier les raisons.
Recommandation 1
Nous désirons que la Loi de la pesanteur soit appliquée et
respectée intégralement par tous les véhicules commerciaux
(camions et autobus) circulant sur les routes.
Recommandation 2
Nous sommes tous d'accord pour cette recommandation et nous croyons que
celle-ci complète la précédente.
Recommandation 3
Nous recommandons que les camions pesant à lège plus de
20,000 livres et achetés et enregistrés après le 1er
janvier 1966 aient le droit au même privilège pour la pesanteur
que ceux achetés avant cette date.
Nous recommandons également que la tolérance qui existe
présentement pour la pesanteur pour les autres catégories de
camions, demeure jusqu'à ce que prenne fin
l'Arrêté-en-Conseil 1045.
Recommandation 4
Toutes les balances permanentes devraient relever du Ministère
des Transports et Communications.
Recommandation 5
Nous recommandons le changement du mot « employé »
pour les mots « surveillant routier au Ministère des Transports et
Communications ».
Recommandation 6
Cette recommandation est acceptée tel que dans le Rapport
Lippé.
Recommandation 7
Tous les camions devraient subir une inspection technique chaque
année, sous le contrôle du Ministère des Transports et
Communications.
Recommandation 8
Cette recommandation nous paraît dangereuse d'application dans les
comtés ruraux où la distance est très
éloignée.
Nous recommandons que la protection s'applique aux camionneurs du
comté mais en commençant par l'embauchage des camions de la
localité où le ou les contrats s'exécutent.
Recommandation 9
Nous sommes tous d'accord pour cette recommandation.
Recommandation 10
Nous recommandons que l'entrepreneur, dans l'avenir, devra sur tous les
contrats du Ministère de la Voirie ou d'autres ministères du
Gouvernement de la Province, que 75% du volume des matérieux pouvant
être transportés par camions, servant à la construction ou
la réparation, soit accordé aux camionneurs du comté
où s'exécute le contrat.
Recommandation 11
Nous sommes d'accord à cette recommandation et de plus, nous
recommandons que tout le transport fait moyennant considération
pécuniaire en vertu de l'article 33 de la Loi du Transport Routier de la
Province de Québec soit contrôlé.
Recommandation 12
Nous recommandons que la Régie contrôle l'émission
de permis pour tout le transport fait par camion moyennant considération
pécuniaire et de plus, que cette Régie soit complètement
distincte de la Régie des Transports actuelle.
Recommandation 13
La Régie décrètera des taux, par comté, pour
le transport énuméré dans les deux articles plus haut
mentionnés et ces taux seront décrétés à la
demande des camionneurs du comté.
Recommandation 14
Nous sommas d'accord avec cette recommandation.
Recommandation 15
Une coopérative de camionneurs serait un entrepreneur.
C'est donc dire qu'elle agira comme entrepreneur ou agent pour ses
membres dans le domaine du camionnage et, à cette fin, acquérir,
échanger, louer ou autrement posséder les appareils, machines et
outillages nécessaires afin d'organiser des services de transport. En
conclusion, la formule coopérative a été
rejetée.
Recommandation 16
Nous sommes d'accord avec cette recommandation.
Recommandation 17
Nous ne sommes pas d'accord puisque nous avons recommandé
précédemment une Régie.
Recommandation 18
Cette recommandation est par le fait même excluse par la
recommandation 17.
Recommandation 19
Nous ne sommes pas d'accord avec cette recommandation mais nous
suggérons ce qui suit: La Régie des Transports devra être
habilitée à recevoir les plaintes des camionneurs qui croient
leurs intérêts lésés.
Recommandation 20
Advenant l'établissement d'un système de
préqualification des entrepreneurs, les infractions à la Loi de
la Régie des Transports dont on parle présentement, les retards
apportés au paiement des camionneurs et d'une façon
générale tous les cas de fraude perpétrés contre
les camionneurs, devraient, après déclaration par la Régie
des Transports, donner lieu à une pénalité applicable au
montant de la préqualification.
Autres recommandations que nous vous soumettons respectueusement: a)
Nous recommandons que les entrepreneurs ou les sous-entrepreneurs du
Ministère de la Voirie ou de tout autre département, paient les
camionneurs au moins à tous les quinze jours et que de plus, les
entrepreneurs ou sous-entrepreneurs remettent aux camionneurs le double d'une
fiche indiquant le poids net de la charge soit en tonnes, en verges ou en
livres, le nombre de milles parcourus par voyage, ou, s'ils travaillent
à l'heure, le nombre d'heures effectuées chaque jour par le
camion. b) L'entrepreneur ou le sous-entrepreneur qui fait travailler le
camionneur à l'heure ou à forfait et qui le commande de se
rapporter tel jour, à telle heure, pour du travail, et si pour une
raison ou pour une autre, à ce moment-là il ne peut l'embaucher,
il devra le rémunérer au taux horaire suivant la capacité
du camion et pas moins de deux heures. c) Que le ministère de la Voirie
ou tout autre ministère du Gouvernement de la Province paie aux
contracteurs les mêmes taux pour le transport par camion, de
matériaux, que ceux devant être payés aux camionneurs pour
leur partie de 25% qu'ils auraient droit de transporter. d) Nous recommandons
que sur l'organisme de la Régie que le Gouvernement devrait instituer,
il y ait deux régisseurs choisis parmi les membres des Associations.
Conclusion
Nous croyons qu'avec les remarques contenues dans ce mémoire, les
réunions genre d'aujourd'hui, pourront être
éliminées et qu'un rapport devra être préparé
et soumis le plus tôt possible au Gouvernement de la Province.
Et nous avons signé:
L'Association Nationale des Camionneurs Artisans Indépendants
Inc.
(signé) Alphonse Dufour, président
L'Association du Camionnage du Québec Inc.
(signé) Roméo Blouin, sec. général
Le Syndicat des Camionneurs du Comté de Lévis
(signé) André Viens, président
La Fédération des Associations des Camionneurs de la
Mauricie
(signé) Gaston Cournoyer, président
ANNEXE C
ASSOCIATION DES CONSTRUCTEURS DE ROUTES
& GRANDS TRAVAUX DU QUEBEC,
435 Grande Allée est,
Québec 4.
MEMOIRE
Introduction
L'Association des Constructeurs de Routes et Grands Travaux du
Québec est heureuse d'avoir le privilège de soumettre ses
idées et ses recommandations au groupe de travail sur le rapport
Lippé formé par le Comité des Relations Industrielles de
l'assemblée Législative le 3 juillet 1968. Les membres de notre
Association sont tous personnellement affectés par les taux de transport
fixés parla Cédule des Justes Salaires considérant que le
transport des matériaux fait partie d'une opération essentielle
dans l'exécution de leur contrat.
L'Association des Constructeurs de Routes et Grands Travaux du
Québec est un corps politique incorporé en 1944 en vertu de la
troisième partie de la Loi des Compagnies. Elle groupe dans ses rangs
plus de cent cinquante membres qui exécutent environ 85% de tous les
travaux publics exécutés par le Gouvernement Provincial,
Fédéral, gouvernements municipaux et par l'industrie
privée.
Historique du problème
Le problème du camionnage dans l'industrie de la construction
n'est pas un problème nouveau même si son ampleur n'a
commencé à se manifester pleinement que depuis 1960,
époque de la décision gouvernementale de demander des soumissions
publiques. C'est de l'histoire récente qui continuera de s'écrire
dans le même sens jusqu'à ce que le Gouvernement du Québec
ne réalise le tour de force de concilier la notion de la
compétition libre et la détermination de prix unitaires de
transport.
Lorsque, avant 1960, les prix de construction étaient
fixés par négociations entre le Gouvernement et l'entrepreneur
choisi, le prix unitaire de transport préoccupait peu l'entrepreneur
puisqu'il était, la plupart du temps, rémunéré par
des prix unitaires basés sur le coût établi par le
Ministère plus un certain pourcentage. Cette méthode
critiquée par l'Opposition comme ne permettant pas à la Province
d'obtenir les effets d'une compétition saine était abolie lorsque
s'effectuait le changement de Gouvernement de 1960.
Dès lors, l'aiguillon de la compétition fit descendre les
prix de la construction à la grande satisfaction d'un Gouvernement
heureux de prouver jusqu'à quel point leurs critiques passées
étaient fondées en fait. Cependant, une ombre continua de
demeurer au tableau comme effet secondaire néfaste d'un remède
visant à enrayer un mal profond: les propriétaires de camions
dont le seul revenu réel était celui qu'ils tiraient du transport
du gravier, du sable et de l'asphalte à l'occasion de construction de
routes se trouvèrent soudainement dans l'obligation de
compétitionner entre eux pour pouvoir obtenir du travail. Dans le
nouveau système, personne ne disait à l'entrepreneur de prendre
tel ou tel camion. Bien plus, le propriétaire d'un camion
commençait à entrer en compétition avec le
propriétaire de plusieurs camions. Devant cette nouvelle
compétition, le propriétaire d'un camion n'hésitait pas du
tout à mettre de côté les taux à la tonne-
mille stipulés dans la Cédule des Justes Salaires puisque
ces taux constituaient pour lui un empêchement de travailler. Cette
attitude compréhensible de sa part n'était pas sans
déplaire à certaines entreprises propriétaires de
plusieurs camions qui, à leur tour, se voyaient devant une
compétition totalement imprévisible. Ces entreprises, en effet,
avaient souvent des conventions collectives avec des unions bona fide et le
taux horaire pour leur chauffeur pouvait difficilement rencontrer le taux
horaire d'opération du propriétaire d'un seul camion. Le
résultat est que, cette année, certaines de ces entreprises
insistèrent pour obtenir l'application intégrale de la
Cédule des Justes Salaires dans le cas du propriétaire d'un seul
camion. Comme ces compétiteurs ne se trouvaient pas uniquement sur les
contrats provinciaux, les représentants des ouvriers des entreprises
n'hésitèrent pas à demander l'introduction des taux
à la tonne-mille dans les décrets de la construction. Le but
avoué étant nécessairement de placer les entreprises dans
une position compétitive plus avantageuse vis-à-vis des
propriétaires d'un seul camion non soumis aux termes de conventions
collectives.
Clause 75-25
La clause 75-25 recommandée par les associations de camionnage
nous semble irrationnelle et irréaliste; elle est absolument contraire
aux principes de la libre entreprise dans laquelle l'entrepreneur est
lui-même plongé. Il est impossible à l'entrepreneur
d'exécuter son contrat avec efficacité et économie s'il
doit baser sa production sur des équipements de transport dont il ignore
l'efficacité et le rendement. Comme le transport est un facteur
concurrentiel important et décisif de sa soumission, il pourra
difficilement présenter des prix réalistes aux donneurs
d'ouvrage. De plus, la capacité de transport des véhicules qui
lui serait imposée ne répond que rarement aux exigences de ses
travaux.
Taux fixés au bordereau
Depuis les cinq dernières années, il a été
prouvé que les entreprises de transport et les flottes de camions
appartenant aux entrepreneurs pouvaient transporter à un coût
inférieur à celui imposé par la Cédule des Justes
Salaires et ce, malgré un coût d'exploitation et d'administration
beaucoup supérieur à celui de l'artisan. L'artisan travaillant
sur une base individuelle a des frais d'opération et d'entretien
beaucoup plus économiques et doit, par le fait même, pouvoir
travailler à meilleur compte que les entrepreneurs. Ces derniers
réussissent tout de même à transporter plus
économiquement pour le Gouvernement, c'est-à-dire, pour les
payeurs de taxes. En imposant un pourcentage de camions-artisans, le
Gouvernement se trouverait à subventionner une industrie qui s'est
avérée non-rentable et une partie des crédits votés
au Ministère de la Voirie servirait d'allocations sociales aux
camionneurs. On a vu pourtant récemment un Gouvernement décider
de ne plus subventionner un chantier maritime parce que ce dernier
n'était pas rentable et parce que sa productivité ne
répondait plus aux normes des temps actuels. Ceci faisait partie d'une
politique anti-inflationniste chère aux gouvernements actuels.
Fixation des taux de transport
Nous aimerions aussi démontrer l'impossibilité de fixer
des taux uniformes pour le transport de matériaux parce que trop de
facteurs viennent changer la nature du travail à exécuter: a)
Facilité d'accès au point de chargement; très
facile dans une carrière bien organisée ou dans certains bancs.
Très difficile sur chemin temporaire en mauvais état. b)
Propreté et solidité du banc; peut être très
beau et solide sur banc de gravier; très mauvais dans une chambre
d'emprunt.
c) Chemin de halage. Très économique: 1- Sur route
pavée, large (route Transcanadienne, Autoroute, Boulevard
Métropolitain, etc.) Très économique, 2- Sur une
longue distance (dix milles ou plus). Plus coûteuse. 1- Sur chemin
de gravier ou de terre ou sur coupe de roc où l'usure des pneus augmente
sensiblement le coût de revient. Plus coûteuse. 2- A
l'intérieur d'une ville par la densité du trafic et les
arrêts causés par les feux de circulation. d) Capacité
des camions. Le prix de revient par tonne est beaucoup moindre si
transporté par un camion de vingt tonnes comparé à un
camion de cinq tonnes. e) Point de déchargement. Très
onéreux quand il est parfois nécessaire de tirer les camions au
tracteur point tournant difficile chemin temporaire dangereux. f)
Capacité des unités de chargement. Une unité de
chargement de 3/4 de verge cube ne nécessite que de petits camions mais
lorsque le volume le nécessite, l'entrepreneur doit s'il veut travailler
économiquement utiliser des unités de chargement de deux à
trois verges cubes qui exigent des camions de dix à vingt tonnes. Au
point de vue coût de revient, la capacité de l'unité de
chargement conditionne la capacité des camions. g) Quantité
à transporter. Le volume à transporter influe sur les prix
comme dans toute autre industrie. h) Nature du matériel. Grande
différence pour l'entretien du véhicule ou des boites entre le
matériel sablonneux et de petits agrégats comparés
à des perrés de deux tonnes.
Ce qui prouve bien que ces facteurs étant bons ou mauvais, le
prix de revient du transport varie évidemment d'une très grande
proportion d'un contrat à un autre et à l'intérieur d'une
même région. Ce qui nous amène à confirmer que la
fixation d'un taux uniforme pour le transport est un non sens, irréel et
arbitraire. Nous croyons que les prix du transport devraient être
négociés entre les parties intéressées, au moment
de la préparation de la soumission selon les facteurs particuliers
inhérents à chaque contrat.
Si le Gouvernement réalisant qu'il a un surplus de camions devait
en limiter le nombre et subventionner l'industrie en fixant des taux, les
entrepreneurs aux prises avec une compétition excessive pourraient,
à leur tour demander qu'on en fixe leur nombre et qu'on les
subventionne. Les entrepreneurs propriétaires d'usines d'asphalte qui
sont eux-mêmes en nombre excessif pourraient eux aussi demander au
Gouvernement de limiter le nombre d'usines et fixer des taux minima pour chaque
tonne d'asphalte.
Il est facile de réaliser combien la subvention d'industries non
rentables peut conduire à l'absurde et c'est pourquoi notre association
maintient ses positions sur la libre entreprise et ne voit pas comment le
Gouvernement pourrait, dans ce secteur, prôner un dirigisme
d'état.
Camionneurs syndiqués au sens du Code du
Travail
Quant à la recommandation des camionneurs d'amender l'article du
Code du Travail, définissant le mot « salarié », afin
d'y inclure le propriétaire d'un ou de plusieurs camions, nous la
trouvons fantaisiste et ce précédent conduirait à de
sérieux abus. Si un camionneur artisan était syndiqué, il
serait lui-même en compétition avec d'autres syndiqués ce
qui est contraire aux principes mêmes du syndicalisme. En admettant qu'il
soit possible de syndiquer un artisan possédant un ou deux camions et en
supposant qu'une régie limite les droits au camionnage, rien
n'empêcherait plus tard les propriétaires d'un tracteur, d'une
niveleuse ou d'une pelle mécanique de se syndiquer et de négocier
des conventions collectives. Dans notre optique, un salarié au terme
actuel de la loi qui décide d'acheter un camion est un individu qui
décide d'entrer en
affaires et d'exploiter un commerce au même titre que quelqu'un
qui achète un tracteur, une niveleuse ou une pelle mécanique et
ce dernier entre en compétition avec ses semblables. Il survivra si sa
production est efficace et répond au jeu de l'offre, de la demande,
système du libéralisme économique qui prévaut
actuellement en Amérique du Nord. Nous sommes donc contre toute
modification à la définition du terme « salarié
» tel qu'il apparaît à l'Article 1 du Code du Travail.
Contrôle des charges
Notre Association est d'accord sur les dispositions de
l'Arrêté en Conseil No 1045 sur le contrôle des charges
maxima pour les camions. Elle désire cependant recommander que les
tolérances prévues sur les camions lourds et acceptées
jusqu'au 1er janvier 1966 soient extensionnées à tous ceux qui
ont été ou seront acquis jusqu'au 1er janvier 1971, les nouveaux
acquéreurs sachant en toute connaissance de cause qu'ils doivent en
prévoir l'amortissement jusqu'à la date limite déjà
mentionnée.
Comme ce problème dépasse la juridiction des constructeurs
de routes et peut affecter d'innombrables secteurs de l'industrie, nous
recommandons qu'une étude économique intense soit entreprise afin
de déterminer les implications que pourraient entraîner tout
changement dans la législation actuelle.
Régie du camionnage à bascule
Dans le contexte de la libre entreprise tel qu'exprimé
précédemment, notre Association ne croit pas à
l'utilité d'une régie du camionnage à bascule parce que
les lois de l'économie feront que les bons camionneurs deviendront
rentables et les autres disparaîtront soit dans le même cas
où depuis huit ans les entrepreneurs rentables se sont maintenus.
Cependant, si le Gouvernement juge à propos d'instituer une régie
spéciale de camions à bascule, sa juridiction ne devrait couvrir
que: a) contrôle des charges maxima permises, b) contrôle des
normes de sécurité, c) inspections périodiques des
véhicules.
Nous faisons remarquer au comité d'étude que depuis la
formation de la Commission Lippé en 1965, il nous a été
impossible de réaliser l'ampleur du problème et le
Ministère des Transports et des Communications n'a pu transmettre, faute
de données, le nombre d'artisans, de propriétaires de flottes de
camions et la capacité de leurs véhicules et les comtés
où ils travaillent. Nous désirons formuler la recommandation
suivante:
Qu'à partir de 1969: tout propriétaire de camions à
bascule soit requis de remplir un formulaire spécial avant l'obtention
de son permis; ce formulaire compléterait le questionnaire
déjà en usage et renseignerait sur les points suivants:
adresse du requérant, le requérant possède-t-il
d'autres camions, si oui, combien, les enregistrements sont-ils
à son nom ou sous une raison sociale, noms des comtés
où il travaille habituellement, capacité de la boite de
camions en verges cubes, capacité du camion en H.P.,
capacité du camion en tonnes, nombre d'essieux, nombre de
roues, % de travaux pour le gouvernement, % de travaux pour les
entrepreneurs, % de travaux pour les compagnies forestières,
% de travaux pour les industriels, % de travaux pour les
autres.
Avec ces données et l'aide de la mécanographie, il serait
facile de constituer un dossier sur l'envergure du problème et combien
de personnes en sont affectées. Nous comptons que cette étude est
essentielle.
Camionneurs: problème politique
On a souvent invoqué dans certaines réunions que les
camionneurs artisans sont des vo-teurs et, qu'à ce titre, ils ont droit
à une certaine considération de la part du Gouvernement. Nous
désirons souligner au comité que les opérateurs
travaillant à salaire pour un entrepreneur soit pour conduire un camion
sont aussi des voteurs; ils ont des familles à leur charge et, en
totalité, ils sont beaucoup plus heureux de gagner un revenu stable et
rémunérateur que d'avoir la responsabilité de
posséder un équipement qui approche souvent $15,000., en assurer
les paiements, les assurances, les frais d'enregistrement, les
réparations et ce, sans savoir du jour au lendemain s'ils auront du
travail. Nos conducteurs de camions sont souvent assurés de travailler
au déneigement dans les périodes creuses et sont sujets, dans les
temps morts, à l'assurance-chômage. Toute mesure tendant à
subventionner le camionnage artisanal serait au détriment de
l'opérateur de camion salarié qui souvent est
protégé par son syndicat et désire conserver son emploi
chez l'entrepreneur.
Conclusions et recommandations
Nous réalisons, avec le comité d'étude, la
complexité du problème. Cependant, il nous apparaît
évident qu'en analysant le problème rationnellement, nous n'avons
aucune autre alternative que de proposer la libre entreprise. Le
législateur ayant la responsabilité des dépenses du
Gouvernement et des fonds publics, il est de son devoir de s'assurer que chaque
dollar dépensé rapporte aux contribuables le maximum possible. Ce
n'est qu'en appliquant les principes de la libre entreprise qu'il prouvera
à ses comettants qu'il est le gardien de l'intérêt de la
majorité.
A la suite des arguments ci-haut énumérés, nous
sommes dans l'obligation de maintenir les recommandations émises
à la Commission Lippé soit:
A) Que les taux de transport à la tonne/mille ou à la
verge cube/mille soient enlevés définitivement de la
Cédule des Justes Salaires ou des Normes de Travail parce que ces
dispositions sont contraires aux principes de la libre entreprise et
inadaptables au régime de compétition instauré par le
Gouvernement.
B) Qu'aucun pourcentage de camions locaux (ou volume de transport) ne
soit imposé à l'entrepreneur.
C) Que les entrepreneurs et sous-entrepreneurs puissent utiliser leurs
propres camions sans restriction (recommandation du rapport Lippé).
Nous remercions le comité de nous avoir permis d'exprimer nos
recommandations et nous espérons qu'elles pourront éclairer ceux
qui, en dernière instance, devront prendre les décisions.
ASSOCIATION DES CONSTRUCTEURS DE ROUTES ET GRANDS
TRAVAUX DU QUEBEC
QUEBEC, le 9 octobre 1968.
ANNEXE D RESUME DES DELIBERATIONS DU GROUPE DE
TRAVAIL
1- CONTROLE DES CHARGES
Recommandation 1 Il y a accord pour: que
l'arrêté en conseil 1045 du 27 mai 1964 soit modifié, non
pas nécessairement suivant le tableau de la page 30 du rapport
Lippé, mais selon de nouvelles normes de pesanteur à être
établies par le ministère de la Voirie. que l'on trouve
les moyens de faire observer la nouvelle réglementation sur les chemins
publics sur tous les chemins subventionnés disent les
camionneurs.
Recommandation 11
Il y a accord pour: que le
ministère de la Voirie ne paye plus les quantités de
matériaux transportés en excédent de la limite de charge
permise. que cette mesure s'applique aussi aux autres ministères
ou organismes gouvernementaux du Québec qui font exécuter des
travaux.
Recommandation 111
Il y a accord pour: que cesse
immédiatement non seulement l'émission de nouveaux permis
spéciaux permanents pour des véhicules dont le poids initial
excède les normes (20,000 livres), mais aussi l'immatriculation de tels
véhicules nouveaux pour circulation sur les routes. qu'une lettre
spéciale ou un numéro spécial soit attribué aux
véhicules lourds dont on renouvellera l'immatriculation, de façon
à faciliter leur identification et à permettre en même
temps d'en connaître le nombre.
Le problème suivant a provoqué quelques différences
d'opinion: en vertu des arrêtés 1045 du 27 mai 1964 et 2484
du 29 décembre 1964, les camions lourds (poids initial excédant
20,000 livres) immatriculés avant le 1er janvier 1966 ont acquis le
droit de circuler sur les routes pour jusqu'au 1er janvier 1971. nos
bureaux d'immatriculation des véhicules ont cependant continué,
après le 1er janvier 1966, d'accepter l'immatriculation d'autres camions
lourds semblables, créant ainsi une autre catégorie non
visée aux arrêtés précités.
La plupart des membres du Groupe de travail sont d'avis: que tous
les camions lourds que nos bureaux des véhicules ont accepté
d'immatriculer, soit avant, soit après le 1er janvier 1966, devraient
pouvoir utiliser les routes jusqu'au 1er janvier 1971.
Les Associations de camionneurs-artisans et l'Association du camionnage
du Québec demandant cependant: que si cette tolérance est
consentie aux camions lourds, on devrait tolérer également le
surchargement des camions ordinaires à 2 ou à 3 essieux, pendant
la même période de temps.
Le cas particulier des bétonnières: personne ne
semble s'objecter à ce que le cas des bétonnières,
circulant dans un rayon limité à partir de leur point d'attache,
soit traité comme un cas particulier quant à la
réglementation des pesanteurs.
Recommandation IV
Il y a accord pour: augmenter le nombre des balances permanentes
les maintenir davantage en bon état de fonctionnement les
placer sous le contrôle d'un même ministère, celui des
Transports et Communications donner plus d'efficacité au
contrôle de la pesanteur des charges transportées sur nos
routes.
Recommandation V
Il y a accord pour que: les agents
de la Sûreté du Québec, la police des autoroutes, les
inspecteurs de la Voirie et des Transports et Communications aient accès
aux balances et le pouvoir de dresser procès-verbal des contraventions
le ministère des Transports et Communications puisse, s'il y a
lieu, accorder une délégation d'autorité à des
corps policiers de cités ou de villes.
Certains sont d'avis: qu'un contrôle efficace des charges
devrait relever surtout de la Sûreté, mais ne pas exclure la
possibilité de vérifications occasionnelles (cross check control)
par des officiers des ministères des Transports et Communications et de
la Voirie.
Recommandation VI
Il y a accord pour que: les
amendes suivent une échelle progressive soient reliées
à l'importance de l'excédent de charge la mise en marche
de ce système soit précédée d'une période
d'information et d'éducation d'une durée de trois mois.
La question suivante a été soulevée mais n'a pas
été tranchée: à qui devrait être
imposée l'amende, au conducteur ou au propriétaire du camion?
certains sont d'avis qu'elle devrait viser le conducteur du
véhicule la plupart semblent d'avis qu'elle devrait viser le
propriétaire du camion, parce qu'il est plus facile de le rejoindre avec
le numéro d'immatriculation de son véhicule, et parce qu'il a le
pouvoir d'imposer des mesures disciplinaires à son salarié.
2- EXAMEN DES VEHICULES
Recommandation VII
Il y a accord pour que soit faite: l'inspection technique
annuelle des camions sous le contrôle du ministère des
Transports et Communications.
3- PROTECTION LOCALE
Il y a lieu d'établir d'abord les distinctions suivantes:
la protection locale signifie la préférence envers les
camionneurs de la localité ou de la région, qu'ils soient
artisants ou non la clause 75-25, telle qu'elle apparait aux contrats du
ministère de la Voirie, est un moyen de protection en faveur des
artisans
Recommandation VIII
Il y a accord pour: la
régionalisation de la protection locale.
Cependant, les Associations de camionneurs et l'Association du
camionnage du Québec demandent: que la régionalisation se
fasse graduellement, à partir de la localité et du
comté.
Recommandation IX Il y a accord pour: que la protection
s'applique indépendemment du montant des contrats. Mais les
réserves suivantes ont été soulevées:
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage du
Québec recommandent: que lorsque la protection locale se fait au
moyen de la clause 75-25, celle-ci s'applique sur une base de tonnage ou de
volume et non sur le nombre de camions.
L'Association des constructeurs de routes fait valoir par contre:
les difficultés d'application pratique de la clause sur une base de
tonnage ou de volume du transport.
Les fonctionnaires du ministère de la Voirie représentent
que: la clause 75-25 pourrait s'appliquer aux contrats de moins de
$150,000 et que ce pourrait être ensuite 50-50 pour les contrats
de $150,000 à $500,000.
Recommandation X les entrepreneurs et sous-entrepreneurs
pourront utiliser sans restriction leurs propres camions.
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage du
Québec: s'objectent à cette recommandation. L'Association
des constructeurs de roures soutient: que l'entrepreneur n'est pas
intéressé à investir des sommes considérables dans
l'achat de camions qu'il sera toujours intéressé à
confier la majeure partie du transport à d'autres.
4- REGIE DU CAMIONNAGE
Recommandation XI Il y a accord pour que: la juridiction
de la Régie soit étendue au transport de la pierre, du gravier,
de la terre et du sable.
La plupart des membres du Groupe de travail sont d'avis: que tout
le transport rémunéré actuellement exempté du
contrôle en vertu de l'article 33 de la Loi de la Régie des
transports, devrait être assujetti à un contrôle par
régie.
Il y a lieu de remarquer: que ceci dépasse le cadre de la
recommandation du rapport Lippé, laquelle ne vise que le transport
effectué pour fins de contrats gouvernementaux du Québec.
L'Association du camionnage du Québec et les Associations de
camionneurs suggèrent: une régie distincte ou une section
spéciale de la Régie des transports» Recommandation
XII
Il y a accord pour que: l'émission des permis de transport
et leur nombre par région soient régis dans le cas des
camions utilisés à des fins de travaux gouvernementaux du
Québec dans le cas de tous les camions effectuant du transport
rémunéré,
Recommandation XIII
Avec dissidence de l'Association des constructeurs de routes, il y a
accord pour que: la Régie promulgue des taux de transport
applicables aux contrats gouvernementaux du Québec ces taux
soient établis annuellement par un comité
interministériel, approuvés par le Conseil exécutif et
promulgués ensuite par la Régie.
Dissidence de l'Association des constructeurs de routes: aucune
objection à la mise sous régie du permis de transport
objection à la fixation de taux de transport dans les secteurs où
elle opère et pour lesquels elle préconise la liberté
d'entreprise.
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage
demandent: que la Régie établisse des taux pour tout le
transport rémunéré actuellement soustrait au
contrôle de la Régie par l'article 33 de la Loi.
Le cas particulier du transport du bois: des membres du Groupe
ont fait remarquer que le contrôle des charges et la fixation de taux de
transport peuvent avoir des incidences économiques sur l'industrie
forestière et des pâtes et du papier l'une des solutions
possibles serait de laisser à la Régie le soin d'examiner ces
incidences, en collaboration,s'il y a lieu, avec des représentants du
ministère des Terres et Forêts,
Recommandation XIV
Il y a accord pour que: la
Régie surveille l'application des règlements et l'observance des
taux qu'elle promulgue,
5- ORGANISATION DES CAMIONNEURS
Recommandation XV le Service des coopératives,
maintenant rattaché au ministère des Institutions
financières, devrait fournir toute l'information et l'aide technique
possibles aux groupements de camionneurs intéressés à
utiliser la formule coopérative.
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage du
Québec: rejettent la formule coopérative, parce qu'elle
fait d'eux des entrepreneurs.
La plupart des autres membres du Groupe de travail sont cependant d'avis
que la recommandation XV devrait être acceptée: parce
qu'elle n'impose pas la formule coopérative aux camionneurs contre leur
gré parce que cette formule d'entreprise collective semble mieux
adaptée à notre temps que les formules maintenant
dépassées de l'entreprise artisanale et familiale.
Recommandation XVI
Il y a accord pour que: les
associations de camionneurs se regroupent sur le plan régional et ne
soient pas limitées à l'échelle locale ou à celle
du comté.
Recommandation XVII
Recomnandation XVIII
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage du
Québec ne sont pas intéressées à
l'accréditation syndicale et à la négociation de
conventions. En conséquence, elles: rejettent les recommandations
XVII et XVIII préfèrent des conditions
décrétées par une régie, plutôt que des
conditions négociées.
Comme il s'agit de deux recommandations dont l'application
présentait de nombreuses difficultés, il y a peut-être
lieu: de laisser tomber ces deux recommandations ou de les
retourner au ministère du Travail, pour plus ample étude, si on
le juge à propos.
Recommandation XIX
Cette recommandation vise à: habiliter la Régie
à recevoir les plaintes des camionneurs qui croient leurs
intérêts lésés par l'existence de patronage
politique dans l'Association à laquelle ils appartiennent donner
à la Régie le pouvoir, lorsque la preuve a été
faite de telles pratiques, de rompre toute relation avec le groupement
incriminé, jusqu'à ce que les pratiques
répréhensibles aient été
éliminées.
Les Associations de camionneurs et l'Association du camionnage ne sont
pas entièrement d'accord avec la recommandation et suggèrent
plutôt: que la Régie soit habilitée à
recevoir les plaintes des camionneurs qui croient leurs intérêts
lésés.
6- PREQUALIFICATION DES ENTREPRENEURS
Recommandation XX
Il y a accord pour que: si un
programme de qualification préalable des entrepreneurs est
établi, les cas d'infraction aux taux, de retard dans le paiement des
camionneurs, de fraude à leur endroit donnent lieu à une
pénalité applicable au montant de la préqualification.
Novembre 1968.
TABLEAU Référer à la version PDF page 646
ANNEXE F VEHICULES EXTRA-LOURDS
Sujet aux restrictions imposées par les autorités
compétentes quant à la résistance des ponts, les
bétonnières ou malaxeurs à ciment montés sur au
moins trois (3) essieux et les camions à benne montés sur au
moins trois (3) essieux et dont le poids, sans charge, excède vingt
mille (20,000) livres, auront, jusqu'au premier janvier 1971, le droit de
circuler dans un rayon de trente (30) milles du lieu de leur chargement pourvu
que leur
Extrait de l'arrêté 1045 pesanteur totale maximum, charge
comprise, n'excède pas du 27 mai 1964 soixante-dix mille (70,000)
livres.
Ce privilège n'est accordé que pour les véhicules
qui sont présentement enregistrés et pour ceux qui le seront
d'ici le premier janvier 1965,
Durant la période de dégel, les véhicules jouissant
du privilège mentionné à ce paragraphe seront sujets,
comme tout autre véhicule, aux maxima de pesanteur fixés par le
ministère de la Voirie.
ARRETE EN CONSEIL CHAMBRE DU CONSEIL EXECUTIF
Numéro 2484 Québec, le 29 décembre 1964.
PRESENT: Le lieutenant-gouverneur en conseil
CONCERNANT la réglementation de la circulation lourde sur les
chemins publics de la province de Québec
ATTENDU QUE l'arrêté en conseil numéro 1045, du 27
mai 1964, accorde des privilèges spéciaux à certaines
catégories de véhicules extra-lourds, à la condition
expresse que lesdits véhicules aient été
immatriculés dans la province avant le premier janvier 1965;
ATTENDU QU'il y a lieu de prolonger cette date limite d'immatriculation
jusqu'au 31 décembre 1965.
IL EST ORDONNE, en conséquence, sur la proposition du Ministre
des Transports et Communications:
QUE cette date limite d'immatriculation soit prolongée jusqu'au
31 décembre 1965.
(signé) Jacques Prémont Greffier adjoint du Conseil
exécutif
ANNEXE G
Arrêté en conseil 1 33 Order in
Council
Concernant le nombre de véhicules susceptibles de former un
ensemble de véhicules automobiles.
Concerning the number of vehicles liable to form a combination of motor
vehicles.
(Extrait de la Gazette officielle de Québec) 12 février
1966, Vol. 98. n° 6
Québec, le 26 janvier 1966. Présent: Le
Lieutenant-gouverneur en conseil.
Concernant le nombre de véhicules susceptibles de former un
ensemble de véhicules automobiles.
Attendu Qu'en vertu de l'article 49 du Code de la route, (S.R.Q., 1964,
chapitre 231), le lieutenant-gouverneur en conseil peut par règlement,
« réglementer l'emploi et la circulation des convois automobiles
dans les chemins publics. > ;
Attendu Qu'il y a lieu de permettre la circulation dans les chemins
publies d'ensembles de véhicules automobiles formés d'au plus
trois véhicules.
Il est ordonné en conséquence, sur la proposition du
Ministre des transports et communications :
Que des ensembles de véhicules formés d'au plus trois
véhicules, un remorquant et deux remorqués, soient
autorisés à circuler sur les chemin publics de la province en
autant que: la longueur totale maximum de chaque ensemble n'excède
pas soixante pieds; la pesanteur totale maximum de chaque ensemble
n'excède pas celles fixées par l'arrêté en conseil
numéro 1045 du 27 mai 1964; les dispositifs d'attelage de chacun
des véhicules composant l'ensemble, soient suffisamment solides pour
résister à tous les efforts provoqués par le remorquage et
soient agencés de telle sorte que lorsque l'ensemble de véhicules
circule en ligne droite, aucun des véhicules re-
(Extract from the Quebec Official Gazette) February 12, 1966, Vol. 98,
No. 6
Quebec, January 26, 1966. Present: The Lieutenant-Governor in
Council.
Concerning the number of vehicles liable to form a combination of motor
vehicles.
Whereas under section 49 of the Highway Code, (R.S.Q., 1964, chapter
231), the Lieutenant-Governor in Council may by regulation "regulate the use
and the operation of motor trains on public highways";
Whereas it would be advisable to permit the circulation on the public
highways of combinations of motor vehicles formed by three vehicles at the
most;
It is ordained therefore, upon the recommendation of the Minister of
Transportation and Communications:
That combinations of vehicles formed by three vehicles at the most, one
toning and two towed, be authorized to circulate on the public highways of the
province inasmuch as: -the total maximum length of each combination shall not
exceed sixty feet; -the total maximum weight of each combination shall not
exceed those laid down by Order in Council number 1045 à of May 27,
1964; -the attachment device of each vehicle coposing the combination be solid
enough to resist all efforts caused by the towing and be arranged in such a way
that when the combination of motor vehicles circulates in a straight line, none
of the towed vehicles swerves more
morqués ne puisse se déplacer le plus de trois pouces,
d'un côté ou de l'autre par rapport au
véhicule-remorqueur;
Que l'alinéa relatif au nombre de remorques ou de semi-remorques
susceptibles d'être tirées par un véhicule-tracteur,
contenu dans la réglementation annexée à
l'arrêté en conseil numéro 1045 du 27 mai 1964, be
abrogated.
Copie conforme.
Le Greffier du Conseil Exécutif, Jacques Prémont.
N.B. Ce texte remplace celui publié dans la Gazette
officielle de Québec du à février 1966, à la page
903. than three inches on either side of the path of the towing-vehicle;
That the paragraph relative to the number, of trailers or semi-trailers
liable to be drawn by a vehicle-tractor, contained in the regulation annexed to
Order in Council number 1045 of May 27, 1964, be abrogated.
True copy.
Jacques Prémont, Clerk cf the Executive Council.
N.B. This text replaces the one published in the Quebec Official
Gazette of February à, 1966, on page 903.
ANNEXE H
Extrait de la Gazette officielle du Québec, en date du 18 janvier
1969
Arrêté en conseil Chambre du Conseil
Exécutif
Numéro 20
Québec, le 8 janvier 1969.
Présent: Le Lieutenant-gouverneur en conseil.
Concernant la longueur maximum de certains ensembles de véhicules
automobiles circulant sur le chemin public.
Attendu Qu'en vertu de l'article 49, paragraphe « b » du
Code de la route (R.S.Q. 1964, ch. 231), le lieutenant-gouverneur en conseil
peut, par règlement, « déterminer les dimensions et la
pesanteur maxima des autobus, véhicules de commerce et véhicules
de livraison qui peuvent y circuler » ;
Attendu que la réglementation annexée à
l'arrêté en conseil 1045 du 27 mai 1964 a fixé la longueur
maximum des ensembles de véhicules à soixante (60) pieds;
Extract from the Québec Official Gazette of January 18, 1969
Order in Council Executive Council Chamber
Number 20
Québec, January 8, 1969. Present: The Lieutenant-Governor in
Council.
Concerning the maximum length of certain combinations of motor vehicles
operating on public highways.
Whereas under section 49, paragraph "6" of the Highway Code (R.S.Q.
1964, chapter 231), the Lieutenant-Governor in Council may, by regulation,
"determine the maximum dimensions and weight of autobuses, commercial vehicles
and delivery cars which may operate thereon";
Whereas the ruling annexed to Order in Council 1045 of May 27, 1964, had
established the maximum length of vehicle combinations to sixty feet (60');
Attendu que: dans l'industrie du transport routier la tendance
générale s'oriente vers l'emploi d'ensembles de véhicules
automobiles, formés d'un camion-tracteur tirant uue semi-remorque et une
remorque d'une longueur maximum de soixante-cinq (65) pieds;
Attendu que l'utilisation de tels ensembles de véhicules est de
nature à aider à maintenir des taux de transport
raisonnables;
Attendu que déjà certaines provinces canadiennes
permettent, sur leurs chemins publics, l'emploi d'ensembles de véhicules
d'une telle longueur cependant que d'autres provinces s'apprêtent
à le faire;
Attendu Qu'il serait opportun de permettre la circulation, sur les
chemins publics de la province, dédits ensembles de véhicules et
de modifier, en conséquence, la réglementation annexée
à l'arrêté en conseil 1045 du 27 mai 1964.
Il est ordonné en conséquence, sur la proposition du
ministre des Transports et Communications:
Que la réglementation annexée à
l'arrêté en conseil 1045 du 27 mai 1964 soit modifiée en
ajoutant, après le deuxième alinéa du paragraphe 2
intitulé « Dimensions Maxima Des Véhicules »,
l'alinéa suivant: « Cependant dans le cas d'ensembles de
véhicules formés d'un camion-tracteur tirant une semi-remorque et
une remorque la longueur maximum, chargement compris, pourra être
portée à soixante-cinq (65) pieds. »
Copie conforme.
Le greffier du Conseil exécutif, Jacques Pré.moxt.
Whereas in the road transportation industry, there is a general tendency
towards the use of motor vehicle combinations, made up of a truck-tractor
towing a semi-trailer and a trailer, having a maximum length of sixty-five feet
(65') ;
Whereas the use of such combinations of vehicles is liable to help
maintain reasonable transportation rates;
Whereas certain Canadian provinces already allow, on their public
highways, the use of combinations of vehicles of such a length while other
provinces are about to do same;
Whereas it would be advisable to allow the operation of said
combinations of vehicles on the public highways of the Province and to amend
accordingly the ruling annexed to Order in Council 1045 of May 27, 1964.
It is ordered therefore upon the recommendation of the Minister of
Transport and Communications :
That the ruling annexed to Order in Council 1045 of May 27, 1964 be
amended by adding, after the second paragraph of section 2, entitled "Maximum
Dimensions of Vehicles", the following paragraph: "However in the case of
combinations of vehicles made up of one truck-tractor towing one semi-trailer
and one trailer, the maximum length, load included, may be extended to
sixty-five feet (67)."
True copy.
Jacques Prémont Clerk of the Executive Council