Journal des débats (Hansard) of the Select Committee on the Impacts of Screens and Social Media on Young People’s Health and Development
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Monday, February 3, 2025
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Vol. 47 N° 10
Special consultations and public hearings on the Impacts of Screens and Social Media on Young People’s Health and Development
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Dionne, Amélie
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Tremblay, Suzanne
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Gendron, Marie-Belle
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Prass, Elisabeth
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Leduc, Alexandre
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Leduc, Alexandre
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Dionne, Amélie
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Bérubé, Pascal
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Gagnon, Yannick
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Sainte-Croix, Stéphane
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Sainte-Croix, Stéphane
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Dionne, Amélie
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Prass, Elisabeth
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Tremblay, Suzanne
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Dionne, Amélie
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Bérubé, Pascal
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Leduc, Alexandre
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St-Louis, François
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St-Louis, François
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Dionne, Amélie
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Prass, Elisabeth
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Dionne, Amélie
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Bérubé, Pascal
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Leduc, Alexandre
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Tremblay, Suzanne
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Prass, Elisabeth
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Prass, Elisabeth
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Dionne, Amélie
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Leduc, Alexandre
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Dionne, Amélie
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Tremblay, Suzanne
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Gendron, Marie-Belle
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Prass, Elisabeth
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Bogemans, Audrey
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Dionne, Amélie
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St-Louis, François
13 h 30 (version révisée)
(Quatorze heures)
La Présidente (Mme Dionne) :
Bonjour et bienvenue à cette commission. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission spéciale sur les impacts des écrans <et
des réseaux...
>
14 h (version révisée)
<19273
La
Présidente (Mme Dionne) :
...sur les impacts des écrans
>et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes
ouverte. Donc, je vous souhaite la bienvenue. Je demande à toute personne qui a
son cellulaire de bien vouloir éteindre la sonnerie.
Donc, la commission spéciale est réunie
pour poursuivre les consultations particulières et les auditions sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup.
Alors, cet après-midi, nous entendrons la
Commission Relève de la Coalition avenir Québec, la Commission-Jeunesse du
Parti libéral du Québec, le Réseau militant jeunesse de Québec solidaire, le
Comité national des jeunes du Parti québécois et l'Office de la protection du
consommateur.
Donc, en entrée de jeu, je souhaite la
bienvenue à nos premiers invités, donc, la Commission de la Relève de la
Coalition avenir Québec, Mme Aurélie Diep, présidente, Mme Maeve
Lapointe, vice-présidente, M. William Denis, vice-président, et M. Alexandre
Cadotte, responsable aux affaires politiques. Donc, bienvenue à cette
commission. Donc, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
nous faire part de votre exposé, et suite à cela on procédera à la période d'échange
avec l'ensemble des membres de la commission. La parole est à vous.
Commission Relève de la Coalition avenir Québec
(CRCAQ)
Mme Diep (Aurélie) : Merci,
Mme la Présidente.
Chers membres de la commission, je vous
remercie de nous avoir invités à partager notre point de vue sur l'enjeu criant
qu'est l'impact des écrans et des réseaux sociaux sur le développement des
jeunes.
Le témoignage que nous livrons aujourd'hui
est le fruit de nombreuses discussions avec les membres de notre aile jeunesse,
qui sont âgés entre 16 et 30 ans. Malgré les différences entre nos
expériences, entre les époques où nous avons été exposés et entre les
technologies utilisées, une conclusion claire se dégage : les écrans et
les réseaux sociaux sont problématiques dans nos vies et doivent être
réglementés.
En mai dernier, nous avons contribué à
mettre l'utilisation des réseaux sociaux par les jeunes au-devant du débat
public en affirmant haut et fort que notre génération a été celle des cobayes
de Meta. Depuis plusieurs années, ces réseaux font partie de nos vies, mais
sans que nous saisissions vraiment l'ampleur de leurs impacts sur notre santé
physique et mentale.
Je vous parle aujourd'hui en tant que
présidente de l'aile jeunesse de la CAQ, mais il faut savoir que je suis aussi
étudiante en éducation préscolaire et enseignement primaire. J'ai effectué deux
stages dans des écoles montréalaises et j'ai fait beaucoup de remplacements
dans les écoles sur la Rive-Sud de Montréal. Ça m'a permis de rencontrer
plusieurs personnes enseignantes qui constatent le changement des enfants qu'il
y a dans les classes. Tant leur santé physique que mentale se détériore. Leur
parler a donc alimenté ma réflexion. Vous comprendrez, à travers leurs
anecdotes, j'ai pu reconnaître certaines problématiques que les jeunes de ma
génération et moi-même avons vécues. En effet, quand j'ai eu mon premier
appareil électronique, vers l'âge de 13 ans, je me rappelle d'avoir été
vraiment contente, je pouvais parler à mes amis en dehors de l'école, je
pouvais jouer à des jeux et je faisais enfin partie des gens cool. Évidemment,
peu de temps après l'avoir reçu, j'ai adhéré à certains réseaux sociaux. À cet
âge-là, tout ce qui comptait pour moi, c'était d'être comme les autres, mais je
n'étais pas consciente des effets que mon utilisation pouvait avoir sur moi.
C'est ce que plusieurs de nos membres nous
ont mentionné également, nous étions des jeunes sans ressources ni outils pour
naviguer dans ce monde que sont les réseaux sociaux. Plusieurs membres se sont
ouverts sur leurs mauvaises expériences en ligne — cyberintimidation,
leurres, troubles du sommeil, perte de concentration, sédentarité, comparaison
excessive avec les autres — qui affectent inévitablement l'estime de
soi, puis ce n'est pour nommer que ceux-là.
L'utilisation des réseaux sociaux affecte
énormément la vie des enfants et des adolescents, qui sont dans une période
cruciale de leur vie. Les contenus auxquels ils sont exposés ne sont pas
toujours adaptés et peuvent représenter un danger. On nous a toujours dit de ne
pas parler aux inconnus qu'on croise dans la rue, mais que fait-on des inconnus
sur les réseaux sociaux, ceux qui désinforment les enfants et les adolescents
sur divers sujets, ceux qui demandent des photos intimes pour leur propre
plaisir ou même pour se faire de l'argent? Ces inconnus sont partout sur le Web,
et les jeunes les côtoient sans vraiment que les adultes le sachent. C'est ça
qui est dangereux, et c'est pour ça qu'il faut une réglementation stricte.
Afin d'assurer la santé physique et
mentale des enfants et des adolescents, la Relève de la CAQ propose donc de
mettre en place une majorité numérique à l'âge de 16 ans. Cela permettrait
aux jeunes d'acquérir la maturité nécessaire à l'utilisation saine des réseaux
sociaux. De plus, plusieurs années de sensibilisation pourront être vécues en
amont afin d'outiller les jeunes dans leur utilisation des réseaux sociaux et
affûter leurs réflexes numériques. Plusieurs pays ont déjà emboîté le pas dans
cette direction, c'est ce qui nous montre que cela est faisable. Nous sommes
confiants que le Québec pourrait faire de même afin d'assurer la sécurité de ses
jeunes.
La Relève de la CAQ propose également de
limiter l'utilisation des écrans à des fins pédagogiques dans les écoles
primaires et secondaires. Mes stages en milieu scolaire m'ont <permis...
Mme Diep (Aurélie) :
...afin
d'assurer la sécurité de ses jeunes.
La Relève de la CAQ propose également
de limiter l'utilisation des écrans à des fins pédagogiques dans les écoles
primaires et secondaires. Mes stages en milieu scolaire m'ont >permis de
remarquer qu'il était pratique courante de récompenser les élèves avec du temps
de tablette, les privant ainsi de précieuses minutes d'activité physique à la
récréation, notamment. Ajoutons à cela le temps passé sur les écrans à la
maison, et le temps d'écran quotidien peut facilement grimper au-dessus des
heures recommandées. Au secondaire, il n'est pas rare de voir des étudiants
passer l'entièreté de leurs périodes de pause sur leur téléphone cellulaire, en
plus du temps qu'ils passent quotidiennement sur leurs écrans une fois à la
maison. Ces applications sont souvent à défilement infini, ce qui fait perdre
la notion du temps et ce qui fait en sorte qu'ils y consacrent plusieurs heures
qu'ils pourraient investir dans d'autres types d'activités, notamment à
caractère social ou sportif.
L'école doit donc demeurer axée sur ses
trois missions principales, soit instruire, socialiser et qualifier. Limiter
l'utilisation des écrans à des fins pédagogiques dans les écoles permettrait de
donner une pause d'écrans aux élèves et les inciterait à passer du temps de
qualité entre eux, crucial à leur bon développement.
Vous savez, les règles du jeu ont changé.
Les produits virtuels doivent être réglementés au même titre que les produits
matériels. Je pense notamment aux vapoteuses, des produits nocifs, addictifs et
attirants pour les jeunes, au même titre que les réseaux sociaux à plusieurs
égards : constatant les risques qu'elles posaient pour les jeunes, des
mesures préventives ont été prises peu de temps après leur commercialisation.
Nous sommes d'avis qu'il faut faire de même avec les écrans et les réseaux
sociaux. Des actions rapides sont nécessaires afin de contrôler leur usage et
nous assurer qu'il y ait un véritable bénéfice à leur utilisation. Il n'est pas
normal que nous mettions tout en place pour protéger nos jeunes dans le monde
réel, mais que nous laissons... nous les laissons vivre... ils sont laissés à
eux-mêmes, en fait, en ligne, sans balises ni surveillance.
Une autre problématique liée aux réseaux
sociaux est celle des défis à réaliser en se filmant. Plusieurs de ces
tendances sont dangereuses pour les jeunes qui n'ont pas nécessairement le
discernement de s'arrêter ou juste de se dire : Aïe! Moi, je n'embarque
pas là-dedans. Parfois, c'est la pression de suivre la tendance et de faire
comme les autres, et parfois c'est la pression qui vient directement des pairs.
Je pense notamment aux défis où les jeunes devaient aspirer un condom par le
nez afin de le ressortir par la bouche, à ingérer une pastille de détergent à
lessive ou même ingérer une quantité contre-indiquée de médicaments afin
d'avoir des hallucinations. Malheureusement, ce genre de défi se fait à l'insu
des parents, dans l'environnement hostile et malveillant des réseaux sociaux.
Comme il manque de balises, ce genre de tendance émerge et mène à des débordements
qui sont... qui ont des conséquences réelles sur la santé des jeunes, certains
se rendent même à l'hospitalisation, et, vous allez être d'accord avec moi, ce
n'est pas ça qu'on veut.
Au-delà des situations aux conséquences
graves, il est important de noter les effets plus discrets de l'addiction aux
réseaux sociaux. Pour beaucoup de jeunes, ils sont source d'anxiété et de
pression sociale. D'être en tout temps en possession d'un appareil permettant
d'être rejoint a pour résultat de créer des attentes irréalistes d'être
disponible en tout temps pour répondre aux très nombreux messages textes reçus.
Cette pression s'étend même aux interactions qu'ils ont entre eux alors que les
discussions s'orientent souvent sur les tendances à la mode sur les plateformes.
C'est pratiquement un devoir d'être à jour sur les tendances et d'être actif
sur sa propre page de réseaux sociaux. D'ailleurs, les publications tentent...
tendent à refléter seulement les beaux moments et à avantager la personne qui
les publie. Pour les adolescents qui consomment du contenu vendant la vie de
rêve des influenceurs ou de d'autres personnalités publiques, ça crée une
énorme pression sociale. Quand un jeune ne voit que du beau de la vie d'une
personne, il a tendance à penser que toute sa vie se limite à ces
publications... non, excusez-moi, il a tendance à penser que toute sa vie se
limite à ce que ces publications veulent bien montrer. Le jeune assimile donc
que c'est à ça que sa vie devrait ressembler. Ajoutons à ça les problèmes
d'estime de soi que les photos, souvent retouchées et prises de façon à
camoufler la moindre imperfection, peuvent créer chez certains jeunes qui sont
en pleine formation de leur identité. Ces insécurités provoquent souvent des
problèmes de santé mentale comme l'anorexie, la boulimie, la dysmorphie
corporelle, pour ne nommer que ceux-ci. Il est important qu'ils commencent à
ressortir... ah non, pardonnez-moi... à naviguer, ils aient... ils aient la
maturité et le discernement nécessaires, d'où la nécessité d'en réglementer
l'accès.
De plus, il est important de mentionner
que ces produits fonctionnent avec des algorithmes conçus pour nous montrer ce
que nous regardons <déjà...
Mme Diep (Aurélie) :
...la
maturité et le discernement nécessaires, d'où la nécessité d'en réglementer
l'accès.
De plus il est important de mentionner
que ces produits fonctionnent avec des algorithmes conçus pour nous montrer ce
que nous regardons >déjà. En s'appuyant sur certains paramètres, ils
viennent conforter les utilisateurs dans leurs idées préconçues et ne
permettent pas à ces derniers d'explorer du contenu diversifié et ainsi de se
former un véritable esprit critique. Le contenu qui leur est suggéré par la
plateforme crée un véritable biais de confirmation et a souvent pour effet de
pousser tranquillement les jeunes esprits malléables vers les extrêmes. Cette
polarisation entretient un climat de haine en ligne et a comme effet de
diviser. Les réseaux sociaux, qui avaient comme but de rassembler et
d'accroître la socialisation, a donc eu l'effet inverse.
Avant de terminer, nous souhaitons vous
mentionner que plusieurs parents nous ont montré leur soutien quant à
l'imposition d'une majorité numérique. Ils nous ont partagé être soulagés
d'avoir potentiellement une loi sur laquelle s'appuyer pour encadrer leurs
jeunes. Plusieurs nous ont mentionné que ça créait des tensions et que c'était
une source de conflit dans leur famille, la présence des réseaux sociaux.
Certains nous ont même dit que les réseaux sociaux avaient gâché leur vie. Nous
devons commencer à traiter les réseaux sociaux pour ce qu'ils sont vraiment :
des produits hautement addictifs, tout comme la cigarette, l'alcool et les jeux
de hasard. Les entreprises qui les conçoivent le font de manière à garder les
utilisateurs accrochés le plus longtemps possible à l'aide d'une interface à
défilement infini qui fait trop facilement perdre la notion du temps. Ce
faisant, elles volent aux jeunes leur temps et, par le fait même, une partie de
leur jeunesse, une jeunesse qui devrait être passée à bouger, rire avec leurs
amis, apprendre et tenter de nouvelles expériences, pas la tête penchée sur un
écran huit heures par jour.
Mme la Présidente, merci, et j'ai hâte
d'entendre vos questions et d'échanger avec la commission.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup pour cette présentation.
Donc nous allons débuter la période
d'échange avec Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Alors,
bonjour, très heureuse de vous recevoir aujourd'hui. On a la chance de passer,
là, l'après-midi avec des jeunes dynamiques comme vous, là, de l'ensemble de
nos partis, alors... Puis vous nous avez beaucoup interpelés, hein, dans les
derniers mois parce que vous avez une préoccupation, puis on peut vraiment bien
la sentir aujourd'hui, parce que vous venez nous dire, là, ça vous questionne
parce que vous êtes des jeunes, finalement. Puis, notamment toi, là, Aurélie,
tu dis : Bien, tu sais, j'ai une expérience, je vais dans les écoles, je
suis à même de constater les effets que ça a, tu sais, chez les plus jeunes.
Toi, c'est les tout-petits, hein? Tu as dit préscolaire, primaire, donc. Puis,
effectivement, là, nous aussi, le but, l'objectif de la commission, bien,
justement, c'est... on se questionne, ici, maintenant, qu'est-ce qu'on va
pouvoir faire, puis je suis très heureuse de pouvoir parler avec vous
aujourd'hui.
La majorité numérique, bon, vous, vous
avez fixé à 16 ans. D'autres sont venus nous dire : Bien, il pourrait
y avoir comme une zone tampon 14-16 ans, donc là où tu aurais le
consentement parental plus supervision des parents. Donc, on commence, mais
avec une supervision des parents, pour arriver à 16 ans, là, où là... bien
là, ce serait le jeune plus tout seul. Donc, il y en a qui ont suggéré cette
possibilité-là, vous en pensez quoi?
Mme Diep (Aurélie) : Je
pense que ça pourrait être vraiment une bonne option. Puis, tu sais, au niveau
de l'application, nous, on a des idées aussi sur comment l'instaurer, puis je
laisserais peut-être mon collègue Alexandre, au bout, expliquer nos solutions.
Mme Tremblay : Ça fait
partie de mes questions. Donc, on t'écoute.
M. Cadotte (Alexandre) : Bon,
bien, je vais y aller tout de suite. Bien, il faut comprendre que nous, dans
notre proposition, on a le 16 ans, oui, mais on a aussi une vérification
rigoureuse, parce qu'actuellement on sait que c'est supposé d'être 13 ans,
là, selon des lois américaines qui datent des années... du début des années 2000,
environ... Donc, oui, il y a le 16 ans d'un côté, c'est important de vérifier
l'âge de façon rigoureuse, peu importe l'âge qu'on choisit, parce que, là, en
ce moment, il y a quasiment des jeunes... des enfants de neuf, 10, 11 ans
qui peuvent aller... je le sais, moi, je me suis mis sur Facebook à 11 ans,
donc il y a la possibilité de s'ouvrir un compte avant l'âge qui est légal
parce qu'il n'y a aucune vérification qui est faite. Donc, ce qui est
important, c'est de mettre une vérification rigoureuse, puis ça, ça peut être
fait de diverses façons, tu sais. Il y a des façons qu'on fait, par exemple Loto-Québec,
pour vérifier l'âge des utilisateurs, pour s'assurer qu'ils ont 18 ans,
pour l'alcool aussi. Donc, ça, ça peut être les plateformes qui vérifient l'âge
des gens qui veulent ouvrir un compte sur leurs réseaux eux-mêmes ou par le
biais d'un intermédiaire neutre qui pourrait vérifier l'âge pour les
plateformes sans collecter de données, parce que ça, c'est important. Ça, c'est
une préoccupation qu'on reçoit beaucoup, que les plateformes ne recueillent pas
des données plus qu'il n'en faut, plus qu'actuellement, même si c'est déjà
beaucoup, en vérifiant l'âge. Donc, c'est important qu'il y ait des balises
aussi sur le recueillement de données <qui peut être fait de cette
façon-là aussi...
M. Cadotte (Alexandre) :
...en
vérifiant l'âge. Donc c'est important qu'il y ait des balises aussi sur le
recueillement de données >qui peut être fait de cette façon-là aussi.
Mme Tremblay : Vous
savez, il y a des pays qui vont même jusqu'à mettre des amendes importantes,
là, pour, justement, là, ceux qui vont permettre à des jeunes qui n'ont pas
l'âge de s'inscrire, parce que, bon, on le sait, ils ont intérêt, hein, les
plateformes... ils veulent que les jeunes... puis ça fait leur affaire, à
quelque part, que les parents... Présentement, un jeune ment sur son âge, le
parent est conscient de ça, puis ils nous l'ont dit, les jeunes. Puis
probablement qu'à l'école ils t'ont dit : Bien, mon parent, il le sait, tu
sais, que je suis sur les réseaux sociaux. Donc, j'imagine que c'est des... Vous
avez vu ces pays-là qui ont fait ça aussi, oui? Est-ce que ça vous...
Mme Diep (Aurélie) : Oui.
Mme Tremblay : Et au
niveau... Parce que tu m'as interpelée sur les programmes scolaires. Est-ce que
tu trouves que la prévention dans les écoles... Est-ce que tu trouves qu'on
devrait aller plus loin au niveau des programmes scolaires, justement, là, dans
l'information qui est donnée aux jeunes? Est-ce que vous avez réfléchi à ça?
Mme Diep (Aurélie) : Oui.
En fait, c'est vraiment une bonne question. Puis je pense que, quand qu'on
parle de majorité numérique, il y a plusieurs personnes qui se disent : Il
faut qu'on parle aussi de sensibilisation, hein, les deux viennent ensemble,
autant la sensibilisation qu'une restriction.
Donc, en ce moment, ce qui est bien, c'est
que, depuis l'automne dernier, dans nos écoles, il y a le cours de Culture et
citoyenneté québécoise qui est en place, puis dès la troisième année du
primaire, il y a un volet qui parle du numérique. Dès la troisième année, les
élèves vont se questionner à faire la différence entre l'opinion, le fait, la
publicité, vont voir c'est quoi, une source fiable. Et, bref, vers la sixième
année, il y a... ils parlent de l'utilisation des réseaux sociaux, ils parlent
des enjeux qui peuvent être vécus en ligne, donc. Et ça continue, évidemment,
au secondaire, avec d'autres sujets, mais il y a toujours le volet numérique
que je trouve superintéressant. Je trouve ça bien qu'on en parle maintenant
dans nos écoles. Puis ça, tantôt, quand je disais que d'avoir une majorité
numérique à l'âge de 16 ans, ça permettrait plusieurs années de
sensibilisation, je pense que cette sensibilisation pourrait vraiment passer
par ce cours, qui est actuellement en place dans nos écoles.
Maintenant, à la question : Est-ce
qu'on devrait en faire plus?, oui, toujours plus, là. Évidemment que des
campagnes de sensibilisation pourraient être intéressantes, peut-être même de
la sensibilisation auprès des parents pour vraiment leur parler des effets ou
peut-être de qu'est-ce qu'ils ne voient pas de ce que leurs enfants regardent.
Par exemple, on va leur dire : O.K., parfait, tu peux aller regarder des
vidéos sur YouTube, mais on ne sait pas à qui ils ont affaire derrière l'écran,
on ne sait pas si c'est de la vraie information qui est donnée. Donc, bref,
peut-être, il y a vraiment un volet responsabilisation des parents aussi pour...
Eux, ils n'ont pas grandi avec les réseaux sociaux comme nous, ils ne savent
pas nécessairement tout ce qui peut se faire. Puis, quand je parlais des défis,
là, ingérer des pastilles de savon à lessive, les enfants vont se filmer en
train de faire ça dans leur chambre, là, pas dans le salon, devant tout le
monde, pendant qu'on fait la cuisine. Donc, c'est... Je crois que les parents
aussi doivent avoir des informations pour qu'ils soient outillés pour bien
encadrer leurs enfants, mais je pense qu'il y a déjà une bonne partie qui est
faite via les cours de Culture et citoyenneté à l'école.
Mme Tremblay : Dernière
question : Est-ce qu'on interdit le cellulaire en tout temps à l'école?
Mme Diep (Aurélie) : Ah!
bien sûr.
Mme Tremblay : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Bonjour.
Merci d'être avec nous aujourd'hui. C'est un réel plaisir de vous avoir tous
ici.
Moi, j'avais des petites questions. En
fait, on a fait le tour de certaines écoles, puis ce qu'on a vu, c'est qu'il y
a de l'utilisation des services... des réseaux sociaux qui est faite au
primaire, également au secondaire. Au primaire, ils nous disaient : Non,
on est corrects, mais il faudrait l'interdire aux plus jeunes du primaire.
Ensuite, on est arrivés au secondaire, ils nous ont dit : Il faudrait
l'interdire, mais aux plus... au primaire. Ensuite, on arrive un petit peu plus
vieux, au secondaire, eux, ils nous disent qu'on doit l'interdire aux un peu
plus jeunes, et maintenant la Relève, bon : Oui, on doit l'interdire au
secondaire. Il y a d'autres groupes, qui est venu nous rencontrer, puis ils
nous ont dit : Tu sais, savez-vous quoi, d'interdire quelque chose, ce
n'est peut-être pas la solution, il faut mieux éduquer. Il y a des groupes qui
nous ont parlé aussi d'avoir une espèce de... d'un... oui, un cours, comme vous
disiez, mais d'évaluation des compétences numériques.
Ma question est : Est-ce que, d'après
vous, on doit seulement agir au niveau des jeunes à l'école ou on devrait aller
au cégep, on devrait aller à l'université? Est-ce qu'on devrait sensibiliser
les parents? Où ça s'arrête?
• (14 h 20) •
Mme Diep (Aurélie) : C'est
une très bonne question, puis je pense que ton... votre intervention est
vraiment valide, dans le sens que ça touche tout le monde. Puis c'est drôle,
là, l'aspect de... les plus jeunes pensent que ce doit être limité à leurs plus
jeunes, puis, tu sais, c'est exactement ce que nous, on vient dire aussi,
limiter à 16 ans. Nous, ça fait quelques années qu'on n'a plus 16 ans,
puis, bref, ça fait notre affaire, mais on dirait que, je pense, ça touche tout
le monde.
Puis c'est intéressant de parler du volet
cégeps, universités, tu sais. Nous-mêmes, en tant qu'étudiants universitaires,
on utilise notre écran puis pour prendre nos notes de cours, pour étudier nos
examens, puis nous aussi, on dépasse la limite de temps qui devrait être <permise...
Mme Diep (Aurélie) :
...notre
écran, puis pour prendre nos notes de cours, pour étudier nos examens, puis
nous aussi, on dépasse la limite de temps qui devrait être >permise. Un
des problèmes, justement, quand on utilise... Bien, en fait, ça peut être
utilisé comme un outil, par exemple, pour prendre des notes ou pour réviser,
mais là où ça devient problématique, c'est les notifications qui arrivent
lorsqu'on est en classe. C'est facile de se mettre sur «ne pas déranger» puis
c'est vraiment facile d'enlever ça aussi. Donc, on se dit : Ah! on va
juste répondre à un petit texto, ah! juste un autre petit, ah! un message, ah!
je veux régler ça, ça va être fait avant que je parte de mon cours, puis ça
fait qu'au final notre attention est divisée, puis on n'apprend pas comme il se
devrait.
Donc, c'est vraiment un bon point que vous
amenez. Je pense que, oui, on devrait se pencher sur... peut-être le voir comme
un outil puis être capables de... nous-mêmes, en tant que jeunes adultes ou
adultes, être capables de se mettre des balises. Puis ça va même pour les
parents. On leur dit : O.K., lâche ton téléphone avant... avant,
peut-être, je ne sais pas, là, 8 heures, tu t'en vas te coucher bientôt,
mais eux vont défiler à l'infini sur leur téléphone puis ils vont le fermer
juste avant de se coucher. Donc, il y a un aspect où est-ce que les parents,
qui ont la maturité d'utiliser les réseaux sociaux, doivent utiliser le
discernement puis la maturité qu'eux ont pour montrer l'exemple aux jeunes.
• (14 h 20) •
Mme Gendron : Donc, ce
ne seraient pas juste des actions menées... bien, pas simplement... mais, au
niveau secondaire, primaire, on parle, vraiment, un plus large rayon. D'après
vous, ça pourrait être bénéfique?
Mme Diep (Aurélie) : Assurément.
Mme Gendron : De
sensibiliser, ou d'éduquer, ou...
Mme Diep (Aurélie) : Exactement.
Bien, un peu comme je disais, pour les personnes qui étudient au cégep, à
l'université, qui ont tendance à utiliser leur ordinateur ou autres tablettes,
ça pourrait être intéressant de le voir comme un outil puis d'être capables de
se dire : O.K., soit je retire les notifications sur ma tablette le temps
que je suis à l'université ou en cours, là... Bref, juste d'être capables de
faire une introspection sur notre utilisation puis d'être capables ensuite de
se mettre des balises, je pense que ça peut être bénéfique pour tout le monde.
Mme Gendron : Bien,
merci beaucoup. Je vais laisser la parole à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme
la Présidente. Merci de votre exposé aujourd'hui.
Je ne pense pas que vous nous avez déposé
de mémoire, si je ne me trompe pas, qui... auquel on aurait pu se référer. Mais
moi, justement, je vais renchérir sur ce que vous venez de dire, parce que,
comme l'a dit ma collègue, moi, ce que j'ai trouvé quand on a fait la visite
des écoles puis on a parlé aux jeunes... on a demandé à tous des jeunes :
Pensez-vous que vos parents sont sur leur téléphone trop souvent? En grande
majorité, la réponse était oui. Et donc, évidemment, par la suite, on dit :
Bien, c'est difficile que mon parent me fasse le reproche quand eux-mêmes nous
donnent l'exemple puis ils sont sur leur téléphone trop souvent. Donc, je pense
qu'il y a tout un aspect de sensibilisation du caractère... bien, du caractère...
l'environnement dans lequel on entoure notre enfant puis on mène par exemple.
Et justement vous avez mentionné l'aspect
que, bien, si les jeunes avaient plus d'opportunités de faire du sport, de
faire des arts, quoi que ce soit, bien, que, justement, ça... ils auraient
moins de temps devant leurs écrans. Donc, pensez-vous que, dans le cadre de
l'éducation, par exemple, que le ministère de l'Éducation devrait investir
davantage pour offrir des cours à l'extérieur des heures d'école, justement,
pour que ces jeunes-là puissent faire du sport, puissent faire de l'art plutôt
que de se retrouver à la maison devant un écran?
Mme Diep (Aurélie) : C'est
une très bonne question, puis en fait c'est un très bon élément que vous
amenez. Dernièrement... bien, en fait, là, il y a quelque temps, là, le
gouvernement a mis en place une heure supplémentaire d'activités parascolaires
en dehors des heures de cours. Donc, ça, c'est déjà un bon pas vers l'avant qui
a été fait, justement, pour que les personnes qui sont dans les écoles puissent
bénéficier d'activités sportives ou artistiques pour, justement, se créer un
réseau social humain, puis qu'ils puissent trouver des réussites dans ce qu'ils
font, puis se sentir valorisés par autre chose que le nombre de «J'aime» sur
une publication. Donc, évidemment qu'augmenter le nombre d'heures d'activités
parascolaires dans les écoles, c'est une bonne chose, là.
Mme Prass : Parce qu'on
sait, par exemple, dans les écoles où il y a plus d'élèves qui viennent de
milieux défavorisés, peut-être les parents sont moins présents à la maison,
plutôt que des écoles où des parents sont mieux... qui ont une meilleure
réalité financière, donc ils peuvent payer des activités à leur enfant. Donc,
je pense aussi à la question de faire la distinction entre les élèves qui sont,
disons, plus vulnérables et ceux qui ne le sont pas.
Et vous avez parlé aussi de toute la
question de la dépendance. Et, dans ce cadre-là, on sait que les parents ne
sont pas nécessairement outillés pour reconnaître, justement, cette dépendance
auprès de leurs jeunes. Donc, pensez-vous qu'il devrait y avoir des gens qui
sont dans les écoles, qui sont là, justement, pour faire ce dépistage-là? Parce
que ça peut amener des enjeux de santé mentale, ça peut amener à des enjeux,
comme on a dit, d'intimidation, des situations vraiment malaisantes. Donc,
pensez-vous qu'il devrait y avoir quelqu'un à l'école qui... entre autres, leur
responsabilité, c'est de, tu sais, faire le tour <des élèves? Puis...
Mme Prass :
...d'intimidation,
des situations vraiment malaisantes. Donc, pensez-vous qu'il devrait y avoir
quelqu'un à l'école qui, entre autres, leur responsabilité, c'est de, tu sais,
faire le tour >des élèves? Puis, s'il voit un élève, comme vous dites,
qui est vraiment sur son écran, tu sais, entre le 15 minutes qu'on a entre
les deux cours, puis il ne lâche pas son téléphone, puis on voit qu'il y a des
éléments d'anxiété, par exemple, parce qu'il y a de la cyberintimidation ou
quoi qui se passe, pensez-vous qu'il devrait y avoir quelqu'un à l'école pour
faire ce dépistage-là, disons?
Mme Diep (Aurélie) : Bien,
en fait, c'est vraiment une bonne question. Rapidement, comme ça, honnêtement,
tu sais, on n'a pas pensé à cette option-là. Mais il y a déjà des ressources
dans les écoles, par exemple des travailleurs sociaux ou des psychoéducatrices,
qui sont là, qui rencontrent des jeunes qui ont des difficultés ou qui vivent
avec certains enjeux dans leur vie personnelle. Je pense que ces personnes-là
peuvent être bien placées, justement, pour voir s'il y a un enjeu d'anxiété ou
quoi que ce soit avec l'utilisation des écrans. Après ça, une personne par
école pour dépister — je pense à mon école secondaire, où il y avait
plus de 2 000 élèves — je ne sais pas si c'est vraiment
réaliste de les passer un par un. Ce serait quoi, une entrevue : Salut, tu
utilises combien de temps ton téléphone? Bref, il reste à voir comment qu'on
pourrait le mettre en place puis voir si les adolescents seraient prêts à
avouer ce qu'ils vivent, dans le sens que le partage de photos intimes, par
exemple, c'est vraiment gênant. Quand tu le fais, en fait, tu ne le sais pas
nécessairement que tu es en train de faire quelque chose de mauvais ou tu as
honte. Donc, peut-être que de le partager à quelqu'un qu'on ne connaît
peut-être pas encore ou... Bref, je me demande à quel point le processus...
bien, des jeunes seraient transparents à vraiment dire : Ah! j'avoue, je
suis sur TikTok avant de me coucher, puis ça affecte vraiment mon sommeil. Tu
sais, je ne sais pas s'ils sont lucides là-dessus. Puis, en même temps, je ne
veux pas les infantiliser, là, ça fait quand même longtemps que je n'ai pas été
adolescente, mais il me semble que j'aurais peut-être une petite barrière à
m'ouvrir à la personne, à la ressource.
Mme Prass : Mais il y a
comme certaines caractéristiques, des fois, qu'on voit dans une personne, comme
vous dites : quelqu'un qui manque continuellement de sommeil, quelqu'un
qui est vraiment devant son téléphone tout le temps. Malheureusement, il y a
des cas de dépendance qui sont tellement évidents que, tu sais, si on
surveille... Puis, comme vous dites, il y a des travailleurs, travailleuses
sociales, des psychoéducateurs pas présents dans toutes les écoles, ça fait que
je pense que ce serait important qu'ils prennent, entre autres, ce rôle-là, mais
qu'il y en ait un vraiment présent dans toutes les écoles.
Et vous avez aussi mentionné les écrans
comme outils pédagogiques au primaire également. Et là je comprends que vous
êtes en train d'étudier, justement, dans ce domaine. Mais, nous, ce qu'on a
entendu, la distinction entre le temps d'écran qu'un jeune au primaire puis un
jeune au secondaire devraient être exposés est quand même assez différente. Et
je sais que... bien, de ce que je sais, c'est l'écran comme outil pédagogique
est beaucoup plus présent dans les secondaires que dans les primaires. Donc,
même dans le cas du primaire, pensez-vous qu'il devrait y avoir une heure
limite par semaine à laquelle ces jeunes sont exposés, même en tant qu'outil
pédagogique?
Mme Diep (Aurélie) : Assurément,
assurément. Je pense que ça peut être une bonne chose, tu sais, que, justement,
ils les utilisent à des fins pédagogiques. Je pense, par exemple, à un projet
que j'ai fait en stage avec des élèves de quatrième année où ils devaient faire
une recherche sur un animal. Ils avaient lu un livre sur un certain animal,
puis ensuite devaient bonifier les informations sur cet animal-là en faisant
des recherches sur Internet, puis ils devaient utiliser les notions vues dans
le cours de Culture et citoyenneté québécoise pour trouver des sources fiables.
Donc, dans ce sens-là, oui, c'est utile puis ça peut être bénéfique d'utiliser
les écrans, mais c'est sûr qu'un projet de recherche on ne fait pas ça 50 heures
par semaine, puis il faut limiter. Ça, je suis d'accord avec vous, là.
Mme Prass : D'accord.
Merci beaucoup.
Mme Diep (Aurélie) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (14 h 30) •
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour à vous quatre. Je tiens toujours à
saluer l'implication en politique, peu importe la couleur des partis, donc
bravo pour votre implication!
Vous parliez, tantôt, de... on faisait la
référence avec ma collègue, on est toujours en train de vouloir interdire la
limite à d'autres personnes qu'à nous la tenue du cellulaire. Moi, ça m'a fait
sourire parce qu'il n'y a personne qui a proposé d'interdire le cellulaire au
salon rouge. Personne ne l'a proposé encore. Je suis certain qu'il y en a
plusieurs d'entre nous qui seraient malheureux de ça. Mais, bon, blague à part,
on verra si ça se ramasse dans le rapport, on verra.
J'aimerais vous parler sur la question de
la majorité numérique. Vous avez eu un échange, aussi, avec ma collègue tantôt.
Depuis le début de la consultation, moi, je me pose la question si ce n'est pas
une fausse bonne idée, en ce sens que ça fait sens, c'est logique, bien oui,
majorité numérique, après ça — 14, 15, 16 — on débattra du
chiffre, mais tout est dans la question de l'applicabilité. Puis, dans les
tournées qu'on a faites, on demandait dans les classes : Qui a triché
aujourd'hui?, notamment dans les classes où le cellulaire est interdit : Qui
a triché aujourd'hui?, puis la moitié, à peu près, des gens levaient la main.
Je connais plein de gens, moi, qui ont ouvert un compte de réseaux sociaux pour
leur enfant ou un courriel pour leur enfant. Ça fait qu'est-ce que, même si on
mettait une majorité numérique à 16 ans, ça va être comme <être une
farce...
>
14 h 30 (version révisée)
<17935
M. Leduc :
...sociaux pour leur enfant ou un courriel pour leur enfant. Ça fait
qu'est-ce que, même si on mettait une majorité numérique à 16 ans, ça va
être comme >être une farce, puis, comme... si tout le monde ne la
respecte pas, avec l'approbation tacite des parents, on aura échoué avec une
mesure qui va être devenue la risée du monde plutôt qu'une mesure efficace?
Mme Diep (Aurélie) : Je
pense qu'en premier lieu on est... on a tellement été laissés pendant longtemps
dans le néant par rapport aux réseaux sociaux qu'il faut qu'on ait une mesure
stricte qui vient faire : O.K., là, il se passe quelque chose, puis c'est
une première limitation qu'on met. Puis après ça, tranquillement, je pense qu'il
va y avoir une certaine adaptation des jeunes par rapport à cette... bien, des
jeunes puis des adultes, là, qui doivent aussi aider leur enfant à respecter
cette consigne-là. Puis, bref, je vais laisser mon collègue Alexandre
continuer.
M. Cadotte (Alexandre) : Oui.
Puis je pense que ce qui est important de noter, c'est que c'est surtout un
message qu'on enverrait aux jeunes, que, peu importe l'âge qu'on met, c'est qu'à
partir de cet âge-là c'est correct, mais avant ça, ce n'est pas fait pour vous.
Ces produits-là n'ont pas été conçus pour votre niveau de maturité, votre
niveau de discernement. Il y a des dangers, il y a des risques que vous n'êtes
pas prêts à affronter. Puis on ne prétend pas que c'est la panacée, de mettre
ça en place, mais c'est, comme je disais, d'envoyer un message.
Puis, oui, il va y avoir des... ce ne sera
pas appliqué mur à mur puis qu'on ne réussira pas à le faire appliquer partout,
en toutes circonstances, mais juste le fait que ce soit là, ça va envoyer,
comme je dis, un message aux jeunes que ce n'est pas fait eux. Puis les parents
aussi vont avoir ce message-là, que ce n'est pas une bonne idée pour eux d'ouvrir
un compte pour leur enfant.
Puis, je dirais, les plateformes ne sont
pas au-dessus de la loi non plus. Si on dit : Au Québec, l'âge de... pour
ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, c'est 14, 15, 16 ans, bien, c'est
la loi, là, c'est à eux de la respecter et de la faire appliquer selon les
paramètres qu'on va avoir imposés. Mais c'est... ce n'est pas... ils ne sont
pas plus puissants que l'État de droit du Québec pour se prétendre qu'ils
peuvent être au-dessus des lois puis ne pas les appliquer comme le législateur
les a décidées, selon moi.
M. Leduc : À la limite,
c'est un peu comme des recommandations d'âge pour un film? On le sait bien,
que, même si c'est écrit 13 ans, bien du monde, à 11, 12, vont l'écouter.
Mais vous dites : C'est mieux que ce soit écrit comme ça, c'est un
avertissement autant pour l'enfant que pour le parent?
M. Cadotte (Alexandre) : Oui,
bien, on peut le voir de cette façon-là. Il y a un côté avertissement, mais, d'un
autre côté, il y a une obligation qui vient pour les plateformes. On peut voir
ça un peu comme les cinémas. Les cinémas ne peuvent pas faire entrer un jeune...
un film 18 ans, ils ne peuvent pas faire entrer un mineur dans la salle de
cinéma. C'est un peu le même principe, c'est-à-dire que les plateformes ont l'obligation
de la faire respecter, dans la mesure du possible. Mais ensuite de ça, oui, il
y a un avertissement qui vient avec ça, puis ensuite de ça on l'applique de la
meilleure façon. On ne prétend pas que ça va être respecté en tous les cas. Je
suis sûr qu'il y a des gens qui sont entrés dans des cinémas alors qu'ils n'avaient
pas 18 ans pour un film 18 ans et plus. Mais donc...
M. Leduc : Vous n'avez
jamais fait ça, mettons?
M. Cadotte (Alexandre) : Non,
moi, je n'ai jamais fait ça. Je n'ai jamais fait ça, non, mais...
M. Leduc : ...
M. Cadotte (Alexandre) : Oui,
on respecte la loi. On respecte la loi, toujours.
M. Leduc :
O.K. C'est beau.
M. Cadotte
(Alexandre) : Mais, c'est ça, donc, on envoie un avertissement, mais
ensuite on s'attend à ce que ce soit respecté, malgré que la loi, bien, on sait
que ça va être brisé de temps en temps.
M. Leduc : O.K.
Peut-être une dernière question, rapidement, Mme la Présidente. Sur les jeux
vidéo, moi, c'est un de mes dadas, là, ce qu'on appelle les jeux aléatoires,
les «loot boxes». Il y a des pays comme la Belgique qui ont commencé à
interdire ça parce que c'est un jeu de hasard, finalement, qui est interdit
aussi, là, clairement pour les mineurs. Est-ce que c'est quelque chose... Aller
essayer d'impacter puis de modifier la façon dont s'est développée l'industrie
du jeu vidéo, est-ce qu'on doit aller là, comme commission, ou est-ce que ça, c'est
un gros joueur sur lequel on n'aura pas d'impact?
Mme Diep (Aurélie) : C'est
sûr qu'on peut toujours s'essayer, mais, en regardant des nombreux
documentaires sur ce sujet, les personnes qui concevoient les... qui conçoivent
les jeux vidéo, on le sait, qu'ils ne respectent pas la vie privée des jeunes,
on sait qu'ils ne respectent pas les lois qui sont mises en place. Eux, ils se
sentent vraiment au-dessus de ça. Puis j'ai l'impression... Je ne sais pas
par... de quelle façon on pourrait essayer de leur faire respecter une telle
loi, mais je pense que, oui, effectivement, l'aspect jeu de hasard, avec des
coffrets qui s'ouvrent puis, oh! on a une surprise, c'est... ce n'est pas bon
pour les jeunes, puis justement ça les incite des fois, même, à mettre de l'argent
pour gagner une nouvelle boîte puis espérer avoir un plus gros lot. Donc, bref,
je pense que c'est quelque chose sur quoi on doit se pencher.
Maintenant, sachant que les personnes qui
conçoivent les jeux vidéo ne se penchent pas vraiment sur la loi, je me demande
juste, au niveau de l'application, si ça peut réellement se faire.
M. Leduc : Il n'y a pas
là une contradiction avec ce qu'on vient de juste de discuter par... (panne de
son)... de la majorité numérique?
Mme Diep (Aurélie) : Bien,
en fait, la majorité <numérique, c'est...
Mme Diep (Aurélie) :
...en fait, la majorité >numérique, c'est vraiment... c'est une barrière
qu'on veut mettre. C'est comme un...
Une voix : ...
Mme Diep (Aurélie) : Tu
veux parler? O.K. Bien, en fait, c'est comme un premier pas, parce qu'il n'y a
pas de réglementation, actuellement. Pour les jeux vidéo, on sait qu'on ne doit
pas voler les données des enfants, on sait qu'on ne doit pas regarder, tu sais,
les informations de carte de crédit qu'on va mettre pour acheter des nouveaux
coffrets puis on... Les personnes qui le conçoivent, il y a déjà des règlements
qui sont en place. Là, pour la majorité numérique, il n'y a rien. Donc là,
c'est de mettre en place quelque chose comme, un peu, on a fait avec l'alcool,
de : Aïe! À partir de 18 ans, tu peux t'en acheter, mais pas avant.
Ça fait que je peux laisser mon collègue
William continuer.
M. Denis (William) : J'aimerais
aussi mentionner que les jeux vidéo, c'est quand même plus facile à gérer pour
les parents, dans le sens où eux peuvent choisir ou non d'acheter un jeu vidéo
jusqu'à un certain âge, évidemment, ce qui est quand même plus difficile à
faire pour une plateforme de réseau social, où ça, c'est littéralement gratuit,
et l'enfant a juste besoin d'avoir un appareil, qui parfois va même se servir
de l'appareil de ses parents, donc c'est plus facile aussi de réglementer quels
jeux on achète et de s'informer au préalable. Donc, la majorité numérique, ça
vient mettre un encadrement là où il n'y en a pas encore, où c'est plus
difficile de gérer, justement.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci.
Bienvenue à l'Assemblée nationale. Ça me rappelle des souvenirs, j'ai été
président d'une aile jeunesse il y a bien longtemps. À l'époque, c'était
l'union civile qui était le gros enjeu, en 2002, si je me souviens bien. Alors,
merci de votre présence.
Vous connaissez sûrement cette phrase qui
dit : Si c'est gratuit, c'est vous, le produit. Vous avez peut-être déjà
entendu ça. Alors, c'est le cas de bien des réseaux sociaux, la majorité des
réseaux sociaux. Où réside l'intérêt de ces compagnies à vous permettre
d'accéder gratuitement? Probablement parce qu'ils en tirent un profit. Et je
veux vous parler de la question de la sécurité des données et aussi la liberté
de circuler sur Internet sans qu'on notifie vos habitudes pour vous envoyer de
la publicité.
Le premier enjeu, c'est la publicité.
C'est-à-dire qu'on peut cibler vos habitudes, ce que vous êtes susceptibles
d'aimer selon ce que vous allez consulter. Là où ça devient problématique avec
les lois, c'est qu'on ne peut pas faire de publicité pour des enfants, mais, si
on est un enfant qui va sur les réseaux sociaux, on peut recevoir une publicité
qui est ciblée. Elle n'est pas à la télévision, elle n'est pas à la radio, mais
elle est sur votre écran. Moi, c'est un enjeu qui me préoccupe, j'aimerais vous
entendre là-dessus.
Et l'autre : Qu'est-ce qu'on fait des
données? Est-ce qu'on a une assurance que ça ne va pas permettre à des gens de
voler notre compte? Il y a des... Il y a des conséquences qui sont très
importantes à ça, usurper une identité, des fausses conversations, peut-être
même acheter des choses. Donc, je ne suis pas spécialiste, mais moi, la
question de la sécurité des données en 2025, je trouve que c'est une des
questions les plus importantes quant à la liberté des citoyens. Avez-vous une
réflexion là-dessus?
Mme Diep (Aurélie) : Bien,
en fait, tu sais, vous avez raison, là, qu'il y a comme un profil d'utilisateur
qui est créé par rapport à... les personnes qui utilisent les diverses
plateformes, donc, oui. Il y a même des compagnies qui sont spécialisées dans
envoyer des publicités ciblées, là. C'est leur travail d'envoyer ces
publicités-là. Donc, je comprends l'enjeu. Sur toutes les plateformes qu'on
utilise, il y a des... un consentement qu'on donne, qu'on accepte, mais on ne
sait pas réellement ce qui est fait avec nos données, donc, tu sais, c'est sûr
que c'est inquiétant. Je ne sais pas si ça référait juste à ce qu'on disait,
là, de peut-être valider l'identité des jeunes par rapport à la majorité
numérique. Je ne sais pas si c'est l'enjeu que vous voulez soulever ici.
M. Bérubé : ...en partie.
C'est-à-dire que, si la majorité, c'est 18 ans, par exemple, on est en
équation avec les lois québécoises. Si c'est 16 ou 14, là, bien, il y a une
façon d'avoir des règles différentes pour la publicité sur Internet qu'à la
télé et à la radio.
Mme Diep (Aurélie) : Oui,
O.K., je comprends. Bien, bref, tout ça pour dire que, nous, pour la majorité
numérique, je pense que c'est important d'avoir une tierce partie qui valide,
une tierce partie neutre qui valide l'identité, comme ça la tierce partie n'a
pas d'intérêt à savoir, tu sais, les intérêts de la personne qui utilise la
plateforme. Je ne sais pas vraiment si ça répond à votre question, là. Ce n'est
comme pas...
M. Bérubé : C'est une
préoccupation.
Mme Diep (Aurélie) : Oui,
oui.
• (14 h 40) •
M. Bérubé : Quand j'ai
posé la question dans une classe d'une école, je pense que c'était dans la
circonscription de la présidente, ce n'était pas un enjeu très important, et,
moi, ça m'a un peu inquiété. Peut-être que ça le devient — c'étaient des
enfants du primaire — un peu plus tard, mais ça me préoccupe, tout
comme un autre phénomène que je vous soumets. Peut-être que vous êtes au fait
qu'il existe de ces groupes spot dans des écoles, hein, spot telle école, spot
tel collège ou telle ville. Nous, on a un cas en tête, en tout cas, qui nous a
été communiqué dans le cadre de la commission, sur l'anonymat puis la possibilité
d'insulter des gens de façon très, très dure, y compris en politique. On voit
souvent ça sur X, mais ailleurs aussi, créer des <groupes...
M. Bérubé :
...d'insulter
des gens de façon très, très dure, y compris en politique. On voit souvent ça sur
X, mais ailleurs aussi, créer des >groupes où l'anonymat permet
d'insulter des gens, puis les conséquences sont importantes sur l'estime de
soi, voire même sur la volonté des jeunes d'aller à l'école.
Donc, moi, ça m'a beaucoup frappé, les
témoignages des jeunes là-dessus. Puis je vous vois réagir, je pense que vous
êtes conscients de ça aussi, hein?
Mme Diep (Aurélie) : Oui,
bien, assurément. L'anonymat sur les plateformes est un réel problème. C'est
tellement facile pour des utilisateurs qui sont... qui ont un mal-être, là,
d'aller déverser tout ça sur les autres. Pendant la pandémie, il y a même des
pages TikTok qui se sont créées, insultons telle personne, puis c'étaient des
vidéos créées avec des insultes. C'est inacceptable. Mais, oui, effectivement,
ça a un impact sur l'estime de soi, comme les réseaux... tu sais, les réseaux
sociaux en général, là, quand on parlait de comparaison, et tout.
Je ne sais pas si tu veux ajouter quelque
chose par rapport à l'estime.
Mme Lapointe (Meave) :
Oui, je peux y aller. En fait, côté estime, tu sais, on a entendu beaucoup,
justement, oui, les plateformes, les «Spotted», etc., mais aussi les
plateformes comme Instagram, par exemple, où est-ce qu'il y a les jeunes filles
qui regardent des beaux modèles, des beaux modèles de vie aussi, parce qu'on
s'entend, on ne va pas mettre nous qui pleure, là, sur les réseaux sociaux, on
va essayer de se montrer... notre meilleur jour, mais, une fois que tu ne
rentres pas dans ce beau modèle là de : Ah! j'ai la meilleure vie, etc.,
c'est là que les enfants, les jeunes, mais aussi même les adultes, d'après moi,
là... si on parle de maternité, etc., là : Ah! elle, ce n'est pas une
bonne maman, elle ne fait pas ça. Sûrement qu'il y en a ici, dans la salle, qui
vont comprendre. Donc, c'est ça, les gens, ils vont se faire cibler parce
qu'ils ne rentrent pas dans le modèle.
Puis la notion d'anonymat est vraiment
horrible. L'intimidation dans la vie de tous les jours, on sait c'est qui qui
intimide, on a l'intimidateur puis on a la victime, tandis que, là,
l'intimidateur est caché, on ne le trouvera pas. Puis trouver cette personne
anonyme, c'est très difficile. Peut-être qu'il va y avoir des petits suspects,
là, mais c'est ça. Ça fait que le fait de vraiment réglementer, ça pourrait
aussi aider ce genre de problème.
M.
Bérubé
:
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : ...la
génération qui prend notre place tranquillement. Comme le disait mon collègue,
vous êtes de ce côté-là, peut-être qu'un jour vous serez dans notre chaise.
Merci pour votre implication.
Toujours difficile de vous entendre dire
que... quand ça vient de la bouche de ceux qui l'ont vécu, que vous avez été la
génération cobaye, mais c'est un plaisir au moins de vous entendre puis de vous
écouter. Merci de venir nous brasser de manière sympathique.
Je vous dis un petit peu qu'est-ce que
moi, je vis, présentement, puis je veux vous entendre. C'est une question
large. La question, c'est votre position par rapport au temps d'écran en
général. Est-ce que vous voyez un temps d'écran, quand vous mentionnez : Un
moment donné, le temps d'écran doit avoir une fin? Est-ce que vous le voyez de
manière générale ou vous le voyez de manière fracturée? Et je le détaille. On a
entendu : Le problème est à la maison. On doit se diriger vers de la
prévention, vers de la sensibilisation, comme, à l'époque, on l'a fait pour le
recyclage, comme, à l'époque, on l'a fait pour les saines habitudes de vie. On
entend également : Non, non, non, ne venez pas dans notre école, ne venez
pas nous dire quoi faire à notre école, nos professeurs sont bacheliers, on a
du support, on est des professionnels, on sait comment gérer l'outil. Puis,
d'un autre côté, il y a des gens qui nous disent : Bien, de manière
générale, là, après un cinq heures d'écran par jour, peu importe la sorte
d'écran, là, bien, ça vient avec une carence sociale.
Alors, je voulais voir un peu votre
position par rapport à ce temps d'écran là, que ce soit au niveau scientifique,
au niveau... à la maison, au niveau... dans nos établissements scolaires.
Comment vous vous positionnez, à la Relève?
Mme Diep (Aurélie) : C'est
une très bonne question, là, par rapport au temps d'écran, puis je pense que
c'est... justement, bien, ça fait partie des réflexions que vous devez avoir puis,
je pense, des recommandations que les experts ont fait, par rapport à deux
heures pour des personnes adultes puis de moins en moins pour les personnes qui
sont plus jeunes, je pense que c'est des recommandations qu'il faut suivre.
Puis après ça, bien, de... où on les fait
suivre, puis comment, tu sais, je comprends qu'il y en a, dans les écoles, qui
ne veulent pas se le faire dire, mais des fois, en tant que prof, c'est
vraiment difficile de faire appliquer, alors que, si c'est une consigne qui
vient de plus haut, ce n'est pas juste : Ah! O.K., bien, vous, madame, ça
ne vous tente pas que j'aie mon cell, tant pis, genre. Bien là, si ça vient de
plus haut, des fois c'est plus facile à respecter. Donc, je pense qu'il y a
comme cet aspect-là qui peut être intéressant. Donc, de réglementer, de dire un
peu, là, quoi faire dans les écoles puis à la maison, oui, la sensibilisation,
c'est sûr que ça peut avoir le même impact que le recyclage, comme vous
nommiez.
M. Gagnon : Parfait.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci à vous. C'est, malheureusement, le temps que nous avions, mais je me
joins à mes collègues pour vous féliciter et vous remercier pour votre <implication...
La Présidente (Mme Dionne) :
...mais je me joins à mes collègues pour vous féliciter et vous
remercier pour votre >implication. C'est toujours... peu importe le
parti, c'est toujours intéressant de voir que des jeunes sont impliqués, puis
surtout pour un enjeu collectif de la sorte, et vous avez été aux premières
loges aussi de cette intégration de l'ère numérique. Alors, merci beaucoup pour
ces échanges.
Pour ma part, je suspends les travaux
quelques instants pour accueillir nos prochains témoins.
(Suspension de la séance à 14 h 46
)
(Reprise à 14 h 49
)
La Présidente (Mme Dionne) :
La commission reprend maintenant ses travaux.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, donc, M.
Christian Alex Deschênes, président, et Christopher Sirois, vice-président.
Donc, bienvenue à cette commission. Je vous rappelle que vous avez
10 minutes pour vous... nous faire part de votre exposé, et ensuite on va
procéder à la période d'échange avec l'ensemble des membres de la commission.
Donc, la parole est à vous.
Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec
(CJPL)
M. Deschênes (Christian Alex) :
Excellent. Merci, Mme la Présidente. Et on tient à saluer, au nom de la
Commission-Jeunesse, les membres de la commission. Donc, peu importe le parti,
la formation politique, on tient à vous saluer puis on tient à saluer le
travail qui a déjà été fait depuis les débuts de la commission.
Évidemment, nous, on est le président ainsi
que le vice-président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec. On
tient également à remercier <le mémoire qui a...
M. Deschênes (Christian Alex) :
...la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec. On tient
également à remercier >le mémoire qui a... la rédactrice de notre
mémoire qui vous a été envoyé précédemment, notre vice-présidente aux affaires
politiques, Mme Charlie Bourdages. On la remercie énormément de... On
travaille pour notre aile jeunesse, mais également pour le Québec.
Et je vais céder la parole à mon collègue
Christopher pour se présenter formellement à vous.
• (14 h 50) •
M. Sirois (Christopher) : Bien,
bonjour, chers membres de la commission. D'abord, merci de nous... en fait, de
nous recevoir. Moi, je suis vice-président de la Commission-Jeunesse.
Écoutez, nous, en fait, à la lumière des
recherches effectuées puis du constat, en fait, que nous avons fait, bien, de
la réalité, on croit, en fait, que l'utilisation du numérique chez les jeunes,
bien, elle peut être bénéfique si elle se fait, là, dans un environnement sain,
c'est-à-dire, par exemple, en laissant, par exemple, le choix aux parents de
restreindre le temps d'écran ou non, s'ils le désirent.
Mais c'est sûr et certain que de
restreindre à 100 % les écrans dans, par exemple, un environnement
quelconque, bien, ça créerait une inégalité d'accès à l'information et ça
limiterait aussi les libertés individuelles. Alors, nous, ce qu'on propose,
c'est une mise en place d'une majorité numérique qui permettrait d'assurer une
utilisation plus sécuritaire des médias sociaux. Et, si jamais on a, par
exemple, des enfants qui sont en bas d'un âge donné, bien, ça... ça
nécessiterait, pardon, là, une autorisation parentale pour les mineurs.
On a également remarqué qu'il y a un flou
juridique au Québec puis qu'il serait vraiment essentiel d'établir clairement
les notions d'enfant et d'adolescent dans l'environnement numérique.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Parfait. Donc, ça, c'est la première partie de notre mémoire. On espère que
vous l'avez bel et bien lu. C'est un travail rigoureux qui a été fait de la
part de notre vice-présidente aux affaires politiques.
Donc, notre mémoire, il se sépare
concrètement en quatre volets. Donc, le premier volet, ce serait sur la
majorité numérique que mon collègue Christopher vient d'énoncer. On a également
une section sur la protection de la jeunesse, comment est-ce qu'on peut
protéger nos jeunes au Québec avec les institutions qu'on a, actuellement, j'y
reviendrai. On a également un volet sur le développement de la technopédagogie,
puis on va aussi parler de la limitation des effets négatifs des écrans auprès
des jeunes.
Je vais maintenant passer au volet sur la
protection de la jeunesse. Donc, on est vraiment conscients qu'il y a bien des
affaires qui se passent à l'école puis qu'il y a les cyberviolences puis la
cyberintimidation, c'est vraiment un fléau qui est très présent au sein de nos
écoles puis pour nos jeunes. Donc... Puis en plus de ça c'est vraiment les plus
jeunes, donc les personnes qui sont âgées entre 12 et 17 ans, les personnes
lesbiennes, gaies, bisexuelles ou autres orientations sexuelles, qui ne sont
pas hétérosexuelles, les personnes transgenres et non-binaires puis les
personnes qui ont une incapacité qui les limitent dans leurs activités
quotidiennes. Donc, c'est tous ces genres de personnes là qui sont vraiment
vulnérables à la cyberintimidation puis aux cyberviolences.
Donc, en étant consciente de ça, la
Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec a deux recommandations qui
viennent pallier à la protection de la jeunesse pour bonifier, justement, celle
qu'on a actuellement, notamment en lien avec la cyberviolence et la
cyberintimidation.
Donc, la première, ça serait que... nous
recommandons la mise en place d'un tribunal spécialisé en matière de
cyberviolence au sein même de la chambre de la jeunesse, qui est une des trois
divisions de la Cour du Québec, dans le but de faciliter l'accès à une
ressource judiciaire direct, puis renforcer l'expertise juridique en matière de
cyberviolence et de cyberintimidation, puis de rendre plus accessible la
gestion des plaintes qui seront déposées dans le cadre de... bien, en lien avec
la cyberintimidation et la cyberviolence.
Puis également on veut aussi mettre de
l'avant un programme qui va être potentiellement mis... qui va être chapeauté
par le ministère de l'Éducation pour, justement, faire de la sensibilisation.
Donc, ce serait la mise en place d'un programme de sensibilisation, au sein de
nos écoles, à l'usage des réseaux sociaux, aux dangers de... (panne de son) ...dans
l'ensemble des écoles du Québec.
Pour le prochain volet de notre mémoire,
je vais passer la parole à Christopher, notre vice-président, qui va vous
parler du développement de la technopédagogie.
M. Sirois (Christopher) : Oui.
Alors donc, la technopédagogie, c'est intéressant parce qu'elle permet
d'intégrer des outils numériques en milieu scolaire. Et celle-ci, bien, elle
doit être perçue, là, comme un levier vers la réussite individuelle, en
respectant la mission éducative, là, des établissements d'enseignement, qu'ils
soient <secondaires...
M. Sirois (Christopher) :
...la mission éducative, là, des établissements d'enseignement,
qu'ils soient >secondaires, primaires, collégiaux ou universitaires. Je
pense que c'est important aussi... pour former nos jeunes en éducation des
technologies aux médias sociaux, aux logiciels professionnels et aux concepts
clés comme les algorithmes et la protection des données, bien, je pense que ce
serait souhaitable d'intégrer des cours sur les affaires numériques dans le
cadre du cursus au secondaire, peut-être même au sein du domaine de la science
et de la technologie.
Je pense aussi, également, que la Commission-Jeunesse...
bien, elle recommande l'adoption d'un nouveau plan d'action numérique en
éducation et en enseignement supérieur qui, en fait, va s'inspirer du
gouvernement Couillard de 2017 à 2023 pour assurer un suivi des objectifs et du
financement, là, pour une meilleure intégration du numérique, là, dans nos
écoles.
Alors, je vais passer la parole au
président pour la quatrième partie de notre mémoire.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Oui. Bien, juste pour, comme, revenir un peu sur notre partie... le volet
sur le développement de la technopédagogie, bien, tu sais, on est vraiment au
courant que, bien, on n'a pas le choix de s'adapter, en 2025, aux différentes
technologies qui sont présentes pour l'éducation puis la pédagogie de la
jeunesse québécoise. Puis justement, en étant conscients des différents enjeux
qui sont en lien avec l'utilisation des technologies, puis des écrans, puis des
différents réseaux sociaux qui sont actuellement disponibles pour les jeunes,
bien, on n'a pas le choix de s'adapter puis vraiment faire en sorte que, bien,
ils soient bien intégrés au sein du cursus solaire... au sein du cursus
scolaire pour, justement, la réussite de nos élèves puis de la future
main-d'oeuvre du Québec.
Donc, pour revenir à la dernière section
de notre mémoire, on a parlé des alternatives pour limiter les externalités
négatives de l'utilisation des écrans et des réseaux sociaux. Donc, en notre
sens, là, nous, ce qui serait surperimportant pour donner une alternative...
une alternative, justement, à... les écrans puis le temps que les gens puis que
les jeunes, ils vont mettre puis passer sur leurs écrans, leurs téléphones,
leurs iPad, leurs réseaux sociaux, puis etc., nous, on pense que ce qu'il faut
faire pour donner une nouvelle alternative à ça, c'est de bonifier le crédit
d'impôt pour les activités des enfants, donc les activités parascolaires. Il y
a actuellement un crédit d'impôt qui est offert pour les parents, mais
vraisemblablement le crédit d'impôt n'est pas assez, actuellement, pour donner
l'opportunité égale à l'ensemble des jeunes du Québec à s'inscrire à des
différentes activités parascolaires.
Puis pourquoi on met de l'avant la
bonification de ce crédit d'impôt là, c'est justement pour donner l'opportunité
à plus de gens de s'inscrire. Ce n'est pas gratuit, des activités parascolaires
à l'école, il y en a plein que... partout au Québec qui ont... qui aimeraient
en faire plus, mais qui n'ont pas le temps. Donc, en bonifiant ce crédit
d'impôt là, on pense que ça va donner une alternative aux jeunes à la place de
passer du temps sur leur téléphone à regarder des séries ou à jouer à des jeux
vidéo, etc. Nous, on pense qu'en donnant un crédit d'impôt... bien, en fait, en
bonifiant ce crédit d'impôt là, on va pouvoir trouver des meilleures
alternatives, ils vont pouvoir s'impliquer dans leur communauté, s'impliquer
dans toutes sortes de domaines au sein de leur communauté puis à l'école. Donc,
c'est ça, on pense que c'est vraiment la... une très bonne idée pour.... en
tant qu'alternative aux écrans.
Donc, ça fait pas mal le tour de notre
mémoire. On serait prêts à entendre vos questions, si jamais il y en a.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup pour cette présentation.
Donc, nous allons débuter la période
d'échange avec Mme la députée... M. le député, pardon, de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci,
Mme la Présidente. Salutations aux collègues. Salutations à vous, de la Commission-Jeunesse
du Parti libéral du Québec. Merci de vous prêter à l'exercice. C'est très
apprécié.
Je comprends que vous avez une opinion
favorable de l'usage du numérique en termes de... pédagogiques. C'est bien ce
que je comprends? Je comprends aussi que vous avez...
M. Deschênes (Christian Alex) :
Absolument.
M. Sainte-Croix : Oui?
Excusez-moi, je vous ai interrompu.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Ah! non, mais c'est... on fait juste acquiescer.
M. Sainte-Croix : O.K.
Quel type de plus-value voyez-vous? Parce que j'imagine que vous avez cheminé
dans le réseau avec l'usage du... de la technopédagogie, comme vous le dites.
Quelle... Vers quelle plus-value avez-vous... voyez-vous, là, l'effet de
l'usage en classe? Comment vous qualifiez ça?
• (15 heures) •
M. Deschênes (Christian Alex) :
Bien, je peux y aller, Christopher, si ça ne te pas dérange pas, là.
Bien, bien évidemment, on pense que c'est
vraiment au niveau de l'efficacité de l'apprentissage des élèves du Québec, donc
on pense que, si on reste en arrière... Tu sais, on ne peut pas rester dans
l'éducation qu'on avait dans le temps, avant les années 2000, on est rendus
ailleurs puis on n'a pas le choix <de s'adapter. Donc, pour avoir la...
>
15 h (version révisée)
< M. Deschênes (Christian Alex) :
...2000, là, on est rendus ailleurs puis on n'a pas le choix >de
s'adapter. Donc, pour avoir la meilleure éducation possible puis pour rester à
l'affût des nouvelles technologies, bien, on n'a pas le choix d'utiliser les nouvelles
technologies qui sont à notre disposition, puis on doit mieux les encadrer,
puis vraiment donner tous les outils nécessaires aux jeunes puis à la future
main-d'oeuvre du Québec pour, justement, être bien prêts à rentrer sur le
marché du travail, peu importe quand ça va être.
M. Sainte-Croix : Donc,
je comprends qu'au-delà du savoir la question des compétences numériques vous
apparaît pertinente, utile, voire nécessaire, là, pour la suite des choses, là.
M. Sirois (Christopher) : Bien
oui, c'est sûr et certain. Puis, vous savez, tu sais, la technopédagogie, nous,
tu sais, ça... oui, effectivement, ça encadre plusieurs choses, mais, tu sais,
aussi, ça encadre également le fait de, tu sais... je pense, par exemple, au
niveau collégial, là, un projet pilote, là, que j'ai vu au cégep de Lévis, le
fait de commencer ses cours à 8 heures, bien, ça a un impact également,
tout ça, là, ça a un impact, notamment avec l'utilisation de la technologie,
puis la concentration, la réussite scolaire dans la classe. Donc, la
technopédagogie, ça touche également à l'utilisation des écrans, mais aussi,
également, la réussite scolaire, directement, là.
M. Sainte-Croix : Excellent.
Nonobstant la création de la commission, qui se penche, là, sur les effets, la
santé, sur les jeunes, le développement de nos jeunes, étiez-vous ou êtes-vous
conscients des effets néfastes des écrans dans vos vies?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Bien oui, absolument, on est au courant de tous les effets néfastes, là. On
ne fera pas une liste, là, mais bien évidemment que c'est quelque chose qui
nous... qu'on est au courant. On est au courant que c'est un fléau sociétal, tout
le monde est dépendant de leurs écrans aujourd'hui, puis on est là, justement,
pour trouver des solutions, notamment pour les jeunes puis les gens qui sont au
primaire et au secondaire.
M. Sainte-Croix : Vous
qui êtes de la génération du numérique, vous êtes en accord avec l'idée d'un
contrôle de l'usage et des contenus auprès de la clientèle jeunesse, nommément?
M. Sirois (Christopher) : Bien,
absolument, parce que... Puis, tu sais, même moi, je veux dire... on fait
partie de la génération des cobayes parce que, veux veux pas, on n'avait pas
cette technologie-là avant. Puis, tu sais, nous, on l'a vu, on a eu la chance,
dans notre groupe... tu sais, moi, je parle plus sur le plan personnel, là, on
a eu la chance, en fait, dans notre quatrième cours de littérature au cégep,
là, d'apprendre, justement, tous ces effets-là, ces effets néfastes là. Puis de
voir, tu sais, par exemple, que les réseaux sociaux vont engendrer, par
exemple, de la cyberdépendance ou une baisse de l'estime de soi, bien, c'est ça
qui est néfaste, en fait, pour la société, là, alors il faut baliser,
clairement, il faut trouver une manière de contrôler ou de... tu sais, de voir
à créer une majorité numérique, là, pour vraiment s'assurer que les
utilisateurs qui sont sur les médias sociaux, bien, ils ne se fassent pas
dérober leurs données ou qu'ils ne fassent pas, par exemple, de la publicité
directement, spécifique, là, en lien vers les enfants, là.
M. Sainte-Croix : Donc,
vous n'êtes pas surpris d'entendre ça de la part des spécialistes, là.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Non, absolument pas.
M. Sirois (Christopher) : Ce
n'est pas une surprise, là, on en a entendu parler beaucoup. Puis, même à l'école,
moi, comme je vous dis, on a eu la chance, dans notre groupe, notre enseignante
nous en a même parlé puis nous suggérait fortement même de désinstaller TikTok,
là, tu sais, c'était à ce point-là, là.
M. Sainte-Croix : Je
terminerais, Mme la Présidente, avec... oui, comment qualifiez-vous la
consommation numérique, l'usage des technologies numériques de vos parents?
Quand je dis «comment vous la qualifiez», tu sais, les heures où vous êtes en
contact avec vos parents versus le rapport que vous avez. Est-ce que vous jugez
que vos parents ont une consommation excessive de l'usage du numérique,
abusive, réfléchie? Comment vous percevez l'usage de vos parents?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Je vais y aller, Christopher.
En fait, bien, écoutez, M. Sainte-Croix,
c'est très similaire, en fait, là. Moi, je dirais, il y a des problèmes, dans
chaque génération, liés aux écrans, mais, tu sais, ce n'est pas la même chose
que les... que nos parents, ils vont consommer. Bien évidemment, nos parents,
ils vont plus consommer des trucs comme l'actualité, des... tu sais, une
application comme LaPresse, d'autres médias d'information,
tandis que nous, on va vraiment être sur la consommation de contenus
médiatiques sur les réseaux sociaux. Donc, oui, nécessairement, nos parents, la
génération d'avant, ils ont une certaine dépendance, là. Je le vois, ma mère,
mon beau-père, ils sont toujours sur leur iPad, ils sont aussi dépendants que
notre génération, mais c'est juste qu'ils ont une différente dépendance, ce
n'est pas dépendant des <réseaux...
M. Deschênes (Christian Alex) :
...génération, mais c'est juste qu'ils ont une différente
dépendance, ce n'est pas dépendant des >réseaux sociaux, quoique des
fois ça peut se ressembler, là. Moi, j'ai déjà vu ma mère passer des heures sur
Facebook, elle ne «doomscroll» pas, comme on dit en anglais, sur TikTok, mais
elle peut «doomscroll» aussi sur Facebook, une fois de temps en temps aussi,
là. Donc, c'est un fléau qui atteint autant les générations d'aujourd'hui que
les générations d'hier.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme
la Présidente.
Merci du travail que vous avez fait en
amont pour votre... pour vous préparer aujourd'hui et pour votre mémoire. Moi,
j'ai des questions spécifiques sur quelques-unes des recommandations que vous
avez faites parce que, je trouve, ce qui est intéressant dans tout cet
exercice, c'est que vous faites... parmi des jeunes auxquels on veut
s'adresser, justement, comme vous avez dit, en... qui ont été des cobayes, donc
vous le vivez à tous les jours et vous voyez l'effet, justement, des écrans sur
votre entourage, sur vos collègues, camarades.
Pour votre première recommandation, vous
recommandez la mise en place d'une majorité numérique qui entraînerait une
régulation de l'utilisation des médias sociaux pour les utilisateurs de bon
âge... n'ayant pas la majorité numérique nécessitant une autorisation parentale
vérifiable, parce que ce qu'on sait, c'est qu'avec un VPN, c'est très facile,
justement, de surmonter toute la question de la majorité numérique. Donc, si
vous voulez peut-être élaborer un petit peu, ce que vous proposez, justement,
pour prendre en compte la réalité de certains jeunes et de certains parents
aussi, qui, par exemple, veulent que leur enfant... ou autorisent que leur
enfant soit sur les médias sociaux pour rester en contact avec de la famille
outre-mer, par exemple. Donc, si vous pouvez élaborer un petit peu sur... bien,
préciser ce que vous proposez.
M. Sirois (Christopher) : Bien,
je peux y aller, là, Christian Alex.
Bien, dans le fond, écoutez, nous, ce
qu'on veut proposer, avec la majorité numérique, c'est de mettre un âge au même
principe que, par exemple, la cigarette ou, bon, par exemple, tout autre
élément qui a été balisé par la loi. Vous avez parlé de VPN, en fait, c'est une
bonne... c'est un bon point, hein, un bon point, mais en même temps, tu sais,
est-ce qu'on va empêcher les gens qui se... tu sais, qui se procurent de
l'alcool à la SAQ dehors par des personnes majeures? Est-ce qu'on va... tu
sais, est-ce qu'on va aller de ce côté-là pour, justement, protéger puis aller,
justement, baliser ou, tu sais, chicaner ces personnes-là? La réponse, c'est
non. On n'a pas un contrôle absolu sur 100 % des actions des personnes.
Cependant, nous, ce qu'on pense, c'est
qu'en mettant un âge, un âge de majorité, en fait, là, sur l'utilisation des
médias sociaux, bien, c'est qu'on pense qu'à partir d'un certain âge la
personne est sensiblement assez mature et assez capable de comprendre c'est
quoi, les conséquences positives ou négatives de son utilisation, parce
qu'utiliser les médias sociaux, vous savez tout comme moi, chers membres de la
commission, que c'est bien évidemment, oui, une très grande communication entre
ses pairs, mais aussi peut également entraîner des sentiments d'isolement. On
l'a vu pendant la pandémie, les taux de détresse chez les jeunes ont augmenté,
et, bien, les écrans ont pris une énorme partie, justement, d'importance, là,
durant cette période-là, là. Alors, voilà pour l'âge de la majorité.
Dans le fond, nous, ce qu'on veut, c'est
vraiment baliser pour régulariser, en fait, la situation chez les jeunes, là,
pour s'assurer que l'ensemble... la majorité, là, pas l'ensemble, là, la
majorité des utilisateurs soient sensés et comprennent les enjeux directement.
Mme Prass : Et avez-vous
une suggestion de...
M. Deschênes (Christian Alex) :
Je vais juste compléter.
Mme Prass : Oui,
allez-y.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Désolé, je vais juste compléter rapidement, là. Premièrement, bonjour,
Mme Prass, ça me fait plaisir de... d'échanger avec vous, en tant que
députée libérale. Mais, juste pour compléter rapidement qu'est-ce que
Christopher disait, en fait, là, la proposition de majorité numérique qu'on
propose, c'est vraiment un premier pas dans la bonne direction. Comme
Christopher l'a dit, ce n'est pas nécessairement... on ne peut pas tout
légiférer là-dessus, mais on pense, nécessairement, que c'est un premier pas
vers la bonne direction pour la protection de nos enfants.
Mme Prass : Avez-vous
une suggestion de quel serait cet âge?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Non, écoutez, l'âge, on va laisser les experts déterminer puis statuer
là-dessus. Nous, on ne considère pas qu'on est des experts dans l'âge qu'on
devrait mettre pour la majorité numérique.
• (15 h 10) •
Mme Prass : Et, comme
vous le mentionnez dans une de vos recommandations, je pense qu'il est
important de donner plus d'options et choix aux jeunes, justement, dans les
activités parascolaires, par exemple, pour qu'ils ne soient pas toujours à la
maison devant leur écran. Vous proposez un crédit d'impôt, mais un crédit
d'impôt pour les familles qui ont les moyens pour se... pour payer à leurs
enfants des activités parascolaires. Donc, est-ce que <vous pensez qu'il
n'y aurait...
Mme Prass :
...à
leurs enfants des activités parascolaires. Donc, est-ce que >vous pensez
qu'il n'y aurait pas aussi... il ne serait pas bien d'aussi faire davantage
d'investissements du côté de l'éducation, peut-être, dans les écoles... bien,
entre autres les écoles avec des cotes de défavorisation, par exemple, de leurs
élèves pour, justement, qu'il y ait une équité, disons, pour offrir des
activités à tous les jeunes et non seulement ceux dont les parents ont les
moyens?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Absolument, absolument, Mme Prass, c'est vraiment quelque chose de
très important pour la Commission-Jeunesse du PLQ. En effet, on pense que tous
les enfants du Québec devraient avoir accès aux activités parascolaires qui
sont proposées, tant dans leur école primaire que dans les écoles secondaires.
Donc, c'est certain qu'on va demander... bien, qu'on proposerait une certaine
augmentation de l'accessibilité pour l'ensemble des enfants du Québec en termes
d'activités parascolaires.
Mme Prass : Et également
vous mentionnez la recommandation de la mise en place d'un programme de sensibilisation
à l'usage des médias sociaux et aux dangers de l'espace numérique qui devrait
être présent au milieu scolaire secondaire. Mais ne pensez-vous pas aussi que
ça devrait être présent au primaire? Parce que, justement, dans le cadre des
tournées qu'on a faites, moi, j'avais l'impression, à tout le moins, que les
jeunes au primaire, qui, vraiment, vivent avec les écrans de façon
omniprésente, avaient... n'étaient pas aussi objectifs quant à la réalité,
disons, de leur utilisation. Donc, moi, je pense que, dès un jeune âge, on a
besoin de faire cette sensibilisation parce que déjà, rendu au secondaire, on a
nos moeurs, on est déjà... on a déjà nos façons de faire.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Vous avez raison. Oui, vas-y, Christopher.
M. Sirois (Christopher) : Bien,
je peux répondre, là, Mme Prass, vous avez complètement raison. C'est sûr
et certain, par contre, qu'il faudrait que la formation soit adaptée au niveau
du primaire, parce qu'une formation du secondaire puis une formation du niveau
primaire, bien, ce n'est pas la même compréhension de la réalité ou de
l'environnement de la société numérique dans laquelle ces jeunes-là baignent.
Par exemple, les jeunes du secondaire vont beaucoup être plus sur les réseaux
sociaux que, par exemple, les plus jeunes, qui utilisent plus, par exemple, le
temps d'écran pour... bien, les écrans pour, par exemple, faire des recherches
ou, bon, par exemple pour jouer à des jeux, là. Ça fait que, je pense, ce
serait effectivement bien qu'on rajoute ça également, là, dans... de notre
côté, là.
Mme Prass : Et ma
dernière question, ce serait : Qu'est-ce que vous pensez de l'idée
d'interdire les écrans à l'école, à moins qu'ils soient utilisés comme outils
pédagogiques?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Bien, c'est certain que, dans le meilleur des mondes, là, la seule
utilisation qui est faite par les élèves du Québec des écrans, bien, c'est pour
apprendre, pas pour texter n'importe qui, pas pour être sur Facebook, être sur
n'importe quel réseau social. L'utilisation des écrans à l'école, à notre sens,
c'est vraiment pour apprendre, pas pour texter puis être sur TikTok, pas du
tout.
Mme Prass : Merci
beaucoup.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Merci, Mme Prass.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour.
Très heureuse de vous recevoir ici aujourd'hui. Félicitations pour votre
implication! C'est toujours... on aime ça voir des jeunes qui s'impliquent dans
notre démocratie, donc, qui amènent leurs idées, ça fait que je suis très
heureuse de vous voir aujourd'hui.
Je voulais... Bien là, vous avez parlé, là,
d'un... Il y a deux choses, là, il y a deux recommandations — je vais
me rapprocher : il y en a une, c'est un programme de sensibilisation, mais
après ça vous allez dans une autre recommandation, un petit peu plus loin, et
là vous dites : On recommande l'intégration au programme de formation, là — au
PFEQ, finalement — secondaire des cours en affaires numériques. Donc,
pour vous, c'est deux volets différents. Je veux voir comment vous l'avez
réfléchi, là, dans votre tête. Donc, la sensibilisation, c'est-tu plus
prévention, c'est plus une campagne? Puis l'autre, c'est vraiment plus, là,
évidemment, un programme... C'est-tu un programme qui est intégré dans un cours
qui est déjà existant ou c'est vraiment un programme... un cours en lui même,
un nouveau cours? J'ai plusieurs questions, là, mais je vous laisse répondre.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Oui. Bien, premièrement, merci pour votre question, ça va nous faire
plaisir d'y répondre. Donc, comme vous l'avez dit, la première partie, c'est
vraiment sur la sensibilisation, un programme qui va être donné par le
ministère de l'Éducation, donc c'est vraiment sur la sensibilisation, tandis
que la troisième recommandation, qui est sur le PFEQ, c'est vraiment sur... ça
le dit, justement, là, c'est un cours dans... sur les affaires numériques,
comment bien les gérer, comment bien fonctionner avec les affaires numériques, et
ça, ça serait vraiment en lien... dans le domaine d'apprentissage de la science
et la technologie, ce serait potentiellement un volet du cours Science et
technologie.
Mme Tremblay : O.K., ce
serait... O.K., ça fait qu'on l'ajouterait dans le cours de Science et
technologie, à quelque part, là, au secondaire, parce qu'il y en a presque...
bien, Science et technologie est donné à tous les <niveaux...
Mme Tremblay :
...parce
qu'il y en a presque... bien, Sciences et technologies est donné à tous les >niveaux,
il y a un cours de science, là, qui est différent, mais il y en a à tous les
niveaux au secondaire. Ça fait que vous, vous ajouteriez un volet dans ce
cours-là, c'est bien ça?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Exactement.
Mme Tremblay : Il y a
déjà un volet dans le cours de CCQ. Donc, qu'est-ce qui serait différent, pour
vous, dans votre idée, là, dans ce qui est fait à l'heure actuelle puis qui
commence au primaire, versus, là, on intègre une partie dans le cours Science
et technologie?
M. Deschênes (Christian Alex) :
Bien, ce serait véritablement de bonifier ce qu'il y a, actuellement, puis
c'est vraiment de bien encadrer les jeunes, puis comment utiliser les
ressources qu'on a, qui sont à notre disposition aujourd'hui pour, justement,
qu'ils soient prêts à les utiliser non seulement au cégep puis à l'université,
mais également sur le marché du travail lorsqu'ils sont rendus là.
M. Sirois (Christopher) : Puis,
pour ajouter, peut-être, là, avec mon collègue, tu sais, au secondaire, il y a
plusieurs notions qui reviennent dans plusieurs cours, ça fait que je pense que
ce serait important que ces notions-là reviennent dans le cours... dans le
cadre du cours de Science et technologie, qui prendrait vraiment son nom, là,
vraiment, là, le mot «technologie» prendrait vraiment son sens, là, en 2025,
là.
Mme Tremblay : Parfait.
Donc, après ça, j'aimerais ça vous réentendre, là, sur la majorité numérique.
Vous avez dit : Bien, il faut quand même faire attention au droit de
l'accès, donc vous avez parlé de ça. Donc, vous, dans votre tête, comment vous
l'avez réfléchi? Donc, on met une majorité qui doit être respectée, mais on
sait que ça ne pourrait pas être respecté à 100 %, là, bon, on le sait, à
l'heure actuelle, ce ne l'est pas, mais est-ce qu'il ne faudrait pas être d'autant
plus sévères puis s'assurer du respect de cette majorité-là? Donc, j'aimerais
ça vous entendre parce que je... tu sais, il y avait les droits versus... Puis
vous dites : Bien, il faut laisser cette accessibilité-là parce que, c'est
important, on ne peut pas tout le temps interdire. Puis il y a des gens qui
sont venus nous dire : Entre 14 puis 16, ça devrait être plus supervisé, à
partir de 16... Donc, j'aimerais ça que vous précisiez votre idée en lien avec
ça.
M. Sirois (Christopher) : Bien,
je peux y aller.
Bien, écoutez, c'est sûr et certain, Mme Tremblay,
avec ce qu'on a lu, nos recherches aussi, également ce que les experts nous
disent, c'est effectivement... entre 14 et 16 ans, c'est la tranche d'âge
qui est, en fait, recommandée par plusieurs spécialistes pour la majorité
numérique. Cependant, nous, on ne l'a pas mis dans notre recommandation parce
que, comme l'a dit, plus tôt, le président, bien, on n'est comme pas des
experts non plus, puis on laissait le soin vraiment à la commission de juger,
là, l'âge qu'elle souhaite avoir. Mais je pense que c'est important aussi, de
ce côté-là, de, premièrement, laisser le libre choix des parents. Tu sais, oui,
si on a un âge, par exemple... je donne un exemple, il a 15 ans, c'est 15 ans,
la majorité, par exemple, bien, le parent, en fait, peut ne pas inscrire son
enfant ou inscrire son enfant selon ce qu'il souhaite. Mais on ne peut pas
aller chez les gens ou aller dans leurs ordinateurs pour leur dire : Bien,
écoutez, malheureusement, vous n'avez pas le droit, on va vous mettre des
sanctions, là, il faudrait prouver comment ces sanctions-là, dans l'ordinateur
de quelqu'un... ça serait un fléau quand même épouvantable.
Ça fait que, nous, c'est pour ça qu'on a
accentué vraiment l'idée des libertés individuelles là-dessus, c'est qu'on
utilise, en fait, la responsabilisation des citoyens pour nécessairement
respecter la législation qui va être en vigueur ou qui sera en vigueur
prochainement, malgré les interdictions.
Mme Tremblay : Parce que
vous savez qu'il y a des pays qui ont été assez loin, hein, là-dedans, qui ont
dit : Bien, écoutez, si ce n'est pas respecté, les amendes vont être
majeures pour les plateformes qui ne respectent pas l'âge. Vous, vous n'êtes
pas allés jusque dans cette notion-là, à l'heure actuelle.
M. Sirois (Christopher) : Non,
on n'est pas là, à l'heure actuelle, parce que, de toute façon, si on fait ça,
bien, il va falloir revoir certaines lois aussi, également, là.
Mme Tremblay : O.K.
Parce que, là, tu sais, dans les écoles, on s'est beaucoup promené, puis, tu
sais, les jeunes, ils ont accès, puis il y en a qui commencent à huit ans, il y
en a qui commencent à 10 ans. Puis là les jeunes sont venus nous dire :
Mais on n'aurait peut-être pas dû être inscrits aussi tôt, tu sais, nos parents
nous ont laissé aller, mais finalement, là, on aurait dû retarder, tu sais,
ça... Puis plus ils sont vieux, plus ils sont conscients de ça. C'est sûr que
ceux de 12 puis de 10, ils ont hâte d'avoir accès au réseau parce que, bon, ça
permet de communiquer avec leurs amis pour plein de raisons, mais là, quand ils
vieillissent, ils s'aperçoivent que, finalement, peut-être que ça aurait dû
attendre. Vous me donnez quoi comme réponse à ce que les jeunes sont venus nous
dire en lien avec ça, leur utilisation peut-être trop jeune des réseaux sociaux?
• (15 h 20) •
M. Sirois (Christopher) : Bien,
je pense qu'ils ont complètement raison. Écoutez, même moi aussi, écoutez, j'ai
eu, je pense, Facebook, j'avais huit ans, personnellement, puis ma mère n'a pas...
tu sais, n'a pas mis d'âge précisément là-dessus. Mais ça serait important,
effectivement, d'avoir un âge précis là-dessus, parce qu'effectivement ça peut
éviter, justement, des situations qui... à l'adolescence, comme par exemple la
cyberintimidation, qui, on le sait, est un fléau assez élevé chez les jeunes de
12 à 17 ans, ça permettrait d'atténuer ce <phénomène-là...
M. Sirois (Christopher) :
...élevé chez les jeunes de 12 à 17 ans, ça permettrait
d'atténuer ce >phénomène-là, mais aussi, également, ça permettrait de
réduire le... les communications. Ça fait que, là, encore là, il faut réfléchir
à la possibilité de... est-ce qu'on donne accès aux jeunes? Est-ce qu'on fait
confiance aux parents pour garder contact avec ses amis? Parce qu'aujourd'hui
vous savez comme moi, Mmes et MM. les députés, que, bien, la
communication, ça se fait par texto ou sur Messenger, c'est... ça ne se fait
plus vraiment... de nos jours, c'est de plus en plus rare de voir des gens qui
se parlent dans un... dans une salle d'attente, par exemple, chez le dentiste
ou chez le médecin. Ça fait que ça serait de couper cette communication-là
aussi. Moi, je serais moins, moins tendance, là, je serais plus au niveau des
libertés individuelles, là, rendu là. Mais il y a un moyen, à titre de parent,
de prendre sa responsabilisation puis de dire à son enfant : Bien,
Messenger Kids existe ou, par exemple, d'autres plateformes existent pour, par
exemple, avoir un contrôle parental sur qui peut envoyer des messages à mon
enfant et qui peut contacter mon enfant sur les médias sociaux.
M. Deschênes (Christian Alex) :
Mais, pour compléter, rapidement, là, sur ce que mon collègue dit, c'est
vraiment pour bien encadrer les jeunes. On veut vraiment que les jeunes, peu
importe leur âge... que ce soit au secondaire puis au primaire, on veut qu'ils
soient le mieux encadrés possible par le système d'éducation.
Mme Tremblay : Dernière
question, vous avez parlé de sensibilisation des jeunes du primaire, secondaire,
est-ce qu'on fait aussi de la prévention au niveau des parents? On les
sensibilise chez la... Est-ce que vous avez eu une réflexion là-dessus aussi?
Parce qu'évidemment vous le savez, là, en bas de cinq ans, les... l'utilisation
des écrans est peu recommandée, 0-2 ans, c'est zéro. Alors, est-ce qu'on
sensibilise... puis après ça, tous les effets, est-ce qu'on sensibilise les
parents aussi? Est-ce que vous aviez une réflexion sur ce... sur cela?
M. Sirois (Christopher) : Bien,
absolument, là, tu sais, les parents, c'est des acteurs d'éducation dans le
milieu de la famille, puis c'est important pour eux de transmettre les...
l'autorité parentale puis de faire comprendre aussi la réalité, là, des jeunes
sur l'effet du numérique ou, par exemple, l'utilisation des médias sociaux, là.
Mme Tremblay : Parfait.
Moi, je n'aurai pas d'autre question. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, merci beaucoup pour la transmission
de votre mémoire, alors, et merci infiniment pour votre contribution aux
travaux. Donc, c'est toujours plaisant de voir des jeunes s'impliquer comme
vous le faites, surtout pour un enjeu aussi important.
Alors, pour ma part, je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 23
)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 39)
La Présidente (Mme Dionne) :
Alors, la séance reprend ses travaux.
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger
de l'ordre du jour et interchanger l'ordre dans lequel nous entendons les deux
prochains témoins?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci à tous.
Donc, il me fait plaisir d'accueillir avec
nous le Comité national des jeunes du Parti québécois, donc, Émile Simard, Edouard
Fournier et Guillaume Ringuette. Alors, merci d'être là avec nous. Donc, je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour nous faire part de
votre exposé, et ensuite on procédera à une période d'échange avec l'ensemble
des membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
Comité national des jeunes du Parti québécois
(CNJPQ)
M. Simard (Émile) : Bien,
merci à tous. Merci de l'accueil, aujourd'hui, que vous nous offrez puis de la
tribune qu'on peut avoir aujourd'hui pour présenter un sujet de haute
importance comme le temps d'écran chez les jeunes. Donc, je suis, aujourd'hui,
comme vous dites, accompagné de Guillaume et Edouard, qui sont
respectueusement... respectivement, pardon — et respectueusement
aussi — conseillers au CNJPQ. Donc, on est très contents d'être là.
Puis, comme je vous dis, c'est un sujet
qui me touche grandement. Au printemps dernier, notre vice-présidente au CNJPQ,
Laurence Massey, justement, sortait à ce sujet-là, sur l'impact des écrans chez
les <jeunes...
M. Simard (Émile) :
...chez
les >jeunes. Et, si on remonte un peu plus loin aussi, au congrès jeunes
qu'on a eu à l'été 2023, on a justement adopté une proposition qui allait un
peu dans ce sens-là, qui était justement sur l'adoption d'une charte éthique en
matière d'intelligence artificielle, ça fait que, dès lors, on voyait les enjeux
qu'il allait y avoir avec ça. Puis, quand on regarde ce qui se passe dans
l'actualité, on se rend compte que, d'autant plus aujourd'hui, il y a nécessité
d'aller vers là, mais aujourd'hui on va parler principalement, en fait, de
l'impact des écrans, mais justement plus sur le côté de l'estime de soi.
Donc, si je reviens un peu à ce qu'on est
là aujourd'hui, donc, oui, on va parler de l'estime de soi, mais je veux quand
même réitérer le fait, aussi, qu'on est en faveur d'une réglementation au
niveau du cellulaire à l'école. En tant qu'enseignant... bien, il me reste une
session, là, mais j'enseigne quand même en ce moment, mais de voir
l'utilisation massive du cellulaire chez les jeunes à l'école, il y a une
réelle problématique de là, ça fait que je pense qu'il y a une réglementation
qui doit être faite, pas juste au niveau des écoles, mais au niveau
gouvernemental, en ce sens.
Donc, on l'a vu récemment aussi dans
l'actualité, avec le retrait de la vérification des faits, notamment chez Meta,
ça peut entraîner aussi une désinformation chez les jeunes. Si un adulte peut
se faire berner facilement par ce qu'il voit, imaginez un jeune qui n'a même
pas encore développé l'ensemble de son sens critique. Donc, pour nous, on voit
une nécessité derrière ça.
Sinon, avec la puissance des algorithmes,
aussi, qui nous poussent à voir, justement, certains types de contenus et qui
nous montrent du contenu qui est littéralement les standards de beauté puis une
exagération, aussi, de ce que c'est, la réalité, comment un jeune qui est en
construction de son identité peut se laisser influencer par ce qu'il voit
puis... ça fait que tous ces enjeux-là nous poussent vers cette direction-là, à
ce qu'il y ait une réglementation, que mes collègues vont présenter un peu plus
tard, en matière des médias sociaux.
Donc, pour ça, on a essayé de cerner le
problème à sa base, puis ce qu'on est arrivés en conclusion, c'est qu'il y a
une grande part de la responsabilité, aussi, qui revient à la publicité. Les
deux côtés, en fait, qu'on a soulevés, c'est notamment la publicité malsaine,
ça fait que tout ce qui est… en fait, la présence des jeux vidéo, la publicité
en lien avec les aguiches, les mises à jour, les publications, justement, en
lien avec les applications de rencontre, les publicités en lien avec les
réseaux sociaux elles-mêmes et la publicité qui encourage à l'achat, justement,
même dans les médias sociaux, donc, les expériences, les recommandations, l'utilisation
de certains produits, mais l'utilisation aussi, bon, de produits santé, restos,
boutiques, même des camps religieux, conseils professionnels, les jeux de
hasard.
À titre personnel, justement, on a vu des
élèves qui, justement, développaient dès lors l'utilisation à ces jeux-là alors
qu'ils sont déjà dans un très jeune âge, ça fait que ces deux éléments-là nous
poussent à aller dans cette direction-là. Ça fait que, dans un contexte où nos
jeunes sont en construction de leur identité, c'est non souhaité de les exposer
à une grande part de publicité comme ça, puis justement dans un contexte, aussi,
où, bien, les grands... les géants du Web emploient des gens qui font ça à
temps plein, faire du marketing puis trouver des stratégies pour exploiter la
dépendance des gens, pour faire acheter un produit, les jeunes ne sont pas à
l'abri de ça. Donc, le fait de les exposer très jeunes aux médias sociaux,
c'est les exposer très jeunes à la publicité puis à cette consommation de
produits là, donc ça peut juste être la pointe de l'iceberg et ça ne peut que
s'aggraver.
M. Fournier (Edouard) : Ce
qu'on a remarqué au cours des dernières années, c'est que le marché de la
publicité a vraiment pris de l'ampleur. La valeur monétaire du marché de la
publicité a augmenté au même rythme où son efficacité a augmenté, c'est-à-dire
qu'entre 2021 et 2023 la proportion de consommateurs ayant acheté à cause d'un
influenceur a un peu plus que doublé, passant de 31 % en 2021 à 73 %
en 2023. Il n'en demeure pas moins que 7 % de l'ensemble de la publicité
est dirigé aux moins de 17 ans et que 30 % de la publicité est dirigée
envers les 17-19 ans. En fait, ce qu'on pense aussi, c'est que la publicité qui
est faite aux 17-19 ans vise aussi les moins de 17 ans. En se basant sur le
marché de la publicité aux États-Unis, dont le marché est beaucoup moins
réglementé, on voit les tendances, pour les 2-12 ans, la majorité de la
publicité est vue sur les plateformes électroniques, dont la plateforme YouTube
est la plus populaire pour ce qui est de la publicité, même chose chez les 13 à
17 ans. Avec la croissance du marché et l'impact des réseaux sociaux, c'est
important pour nous de réfléchir à une réglementation élargie pour la publicité
des plateformes électroniques.
M. Ringuette (Guillaume) : Au
niveau de l'algorithme, bien, ça… évidemment, comme... ça a pour fonction
essentielle d'accrocher l'utilisateur. Il veut comprendre le comportement de
l'utilisateur parce qu'il veut… pour lui permettre, dans le fond, de lui
montrer de plus en plus du contenu de préférence, mais le contenu ne s'agence
pas juste aux préférences types du consommateur. Il va aussi <l'utiliser...
M. Ringuette (Guillaume) :
...aussi >l'utiliser pour pousser des publicités, comme Émile
l'a mentionné.
Puis, si je reviens, dans le fond, au
concept de contenu, bien, il y a certains réseaux sociaux, comme TikTok, qui
laissent pratiquement la voie libre, là, à du contenu aliénant, voire
dangereux, et des défis, là. Littéralement, il y a deux fillettes, là... je pense
à une fillette de huit... huit et neuf ans qui sont mortes parce que le défi
consistait à tout simplement arrêter de respirer. Il n'y a aucun encadrement,
puis ce manque de sensibilisation là est accablant.
Si on retourne, maintenant, au principe de
publicité, l'utilisateur, le jeune, il paie de ses informations, il paie de son
profil, de ses préférences. Il ne s'agit pas vraiment d'un outil accessible ni
gratuit, le concept de publicité ciblée en est la preuve, puis on passe de plus
en plus de temps là-dessus. C'est ça, les algorithmes.
Maintenant, au niveau des... le lien avec
les réseaux sociaux et la puberté, il y a des études qui ont été capables
d'établir un lien entre le temps passé devant l'écran et le taux de
satisfaction personnelle. Ils ont démontré que le temps d'écran a un impact
négatif et... négatif amplifié selon le niveau de développement cognitif et
physique de l'individu, et c'est encore plus vrai au niveau… avant et pendant
la puberté, puis tout ça a un lien avec l'image de soi, l'estime de soi. Puis
il y en a, des avantages sociaux de l'estime de soi. Agir sur l'estime de soi,
ça permet d'agir de façon généralisée sur le bien-être collectif.
Particulièrement, avoir une estime de soi, c'est... élevée, dans le fond,
permet de diminuer des risques de dépendance au tabac, à l'alcool, aux drogues.
Les avantages peuvent même porter sur la lutte à la sédentarité, un meilleur
sommeil, la satisfaction vis-à-vis de son corps. Et, en ce qui a trait au
stress et à l'anxiété, il semble globalement accepté que l'estime de soi
contribue à les diminuer.
M. Fournier (Edouard) : Maintenant,
on vous parle d'agir depuis quelques minutes déjà, mais maintenant comment
agir? Ce qu'on vous propose, c'est de modifier la Loi sur la protection du
consommateur afin d'établir la limite minimum pour la publicité aux moins de 16
ans. En ce sens, on pense que les plateformes électroniques permettent
tellement une grande puissance publicitaire qu'il faut être aussi plus stricts
pour les consommateurs qui peuvent subir de la publicité. Il faut d'ailleurs
amener quelques amendements à la Loi sur la protection du consommateur,
notamment inclure la définition d'une plateforme numérique, mais ensuite de venir
modifier l'article 248, que vous connaissez sûrement déjà, qui interdit la
publicité aux moins de 13 ans pour l'amener aux moins de 16 ans.
Ensuite, la présomption qui existe à
l'article 249, on vient l'étendre pour que l'âge légal des diverses plateformes
numériques ne soit pas considéré lors du tranchement d'un litige. En fait, ce
qu'on veut, c'est que, la publicité qui est faite, par exemple, sur une
plateforme 18 ans et plus, on ne puisse pas dire que parce que c'est une
publicité sur une plateforme 18 ans et plus elle ne peut pas atteindre les
jeunes de moins de 16 ans, parce que, comme on le sait, même si on vient
imposer des limites légales, ce n'est pas parce que l'âge minimum est à 16 ou à
18 ans que, nécessairement, les jeunes n'y ont pas accès. Finalement, ces
modifications-là ne sont pas exhaustives, mais ça reflète notre volonté d'encadrer
par la loi les messages publicitaires nocifs auxquels les jeunes sont exposés.
M. Ringuette (Guillaume) : Deuxième
suggestion, ce serait de revoir l'utilisation des mots-clics. Il y a une étude
qui a analysé, justement, le «#ad» et le «#sponsored». La précision et
l'utilisation du «hashtag» peuvent faire une différence, selon cette étude-là.
Il fut déterminé que l'échantillon, soit les jeunes adultes, porte davantage
d'attention à la mention «#ad» que «#sponsored». Les chercheurs en viennent à
la conclusion que la jeunesse est davantage en mesure de capter les intentions
commerciales derrière les publications. Donc, il y a vraiment... il y a cette
notion-là, puis, par conséquent, ce genre d'outil permet d'être plus vigilant
face aux publicités, aux produits, aux contenus poussés par des influenceurs. Suivant
des études sur cette question, c'est ce qu'on vous recommande, de faire des
études là-dessus. Il serait intéressant que le Québec développe son propre
vocabulaire de mots-clics beaucoup plus encadré, beaucoup plus étoffé, et, ce
dernier, il ne se limite pas simplement à «#publicité».
M. Fournier (Edouard) : Finalement,
notre troisième et dernière recommandation vient de… serait de limiter les
algorithmes et leur puissance, notamment en encadrant la collecte de données
d'utilisation et de données personnelles par des lois qui pourraient s'inspirer
notamment de celles de l'Union européenne dans la législation sur les services
numériques et la législation sur les marchés numériques.
Nous sommes maintenant prêts à répondre à
vos questions. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup pour cet exposé.
Donc, nous sommes prêts à débuter cette
période d'échange. M. le député de Matane-Matapédia.
• (15 h 50) •
M. Bérubé : …heureux de
vous accueillir à l'Assemblée nationale. C'est une instance que je connais
bien, et la présidente aussi, d'ailleurs, on a commencé notre vie politique au
Comité national des jeunes du Parti québécois.
De tous les enjeux liés aux écrans, vous
avez choisi la publicité, vous avez choisi de le mettre de l'avant. Je l'ai
abordé un peu, puis vos collègues de la Coalition avenir Québec, ils sont très
sensibles à cet enjeu-là, ici. Comment vous <êtes…
M. Bérubé :
...comment
vous >êtes arrivés... je ne dirais pas nécessairement à prioriser, mais
à mettre de l'avant cet enjeu-là, qui n'est pas l'enjeu qui est le plus sorti
jusqu'à maintenant? C'est vrai qu'on a rencontré des plus jeunes, des jeunes du
primaire puis des jeunes du secondaire. On s'attendait, puis on a une
discussion là-dessus avec le comité directeur, à ce que les jeunes adultes nous
amènent des enjeux différents. C'est exactement ce qui arrive aujourd'hui.
Alors, pourquoi la publicité? Parce que l'enjeu financier et l'enjeu des
données… Comment c'est arrivé, cette prise de position de mettre ça de l'avant
dans votre présentation?
M. Fournier (Edouard) : En
fait, quand on a eu la réflexion sur le sujet de notre mémoire, on voulait
aborder un angle, mais... parce que, oui, l'image de soi, c'est quelque chose
qui est extrêmement important, puis, les réseaux sociaux, on sait que ça a un
impact sur l'image de soi, mais, au fond, pourquoi est-ce qu'on reste accroché
aux réseaux sociaux, pourquoi on reste accroché à notre cellulaire, c'est parce
que la publicité nous entraîne toujours, d'une manière ou d'une autre, à aller
télécharger une nouvelle application, à consulter un nouveau site Internet, à
consulter un nouveau produit, à consulter un nouveau service, puis c'est
justement cette attrape-là, cette accroche-là qui nous amène toujours vers plus
de contenu, plus de publicité, et là ça devient un peu le cercle vicieux où on
se demande : C'est la poule ou l'oeuf? En fait, c'est la publicité ou les
réseaux sociaux? En fait, ce qu'on veut venir faire, c'est de casser le cercle
vicieux qui existe entre les deux.
M. Ringuette (Guillaume) : Si
je peux renchérir, bien, tel que j'ai mentionné précédemment, je pense qu'aussi…
on veut casser aussi cette fausse vérité que, bien, l'utilisation du numérique
ou, en fait, du moins, les réseaux sociaux, bien, c'est gratuit, c'est
accessible. Non, non, mais il faut comprendre puis se pencher sur la question,
c'est qu'on vend quelque chose, dans le fond, à tous ces géants numériques, que
ça soit nos informations personnelles, notre profil, nos préférences. La
publicité ciblée, c'est exactement ça que ça fait. Donc, ce n'est pas vrai, on
est consommateurs, on est clients. Pour eux, ce n'est pas... ils ne nous font
pas... ils ne nous rendent pas service, nécessairement.
M. Bérubé : On a, tout à
l'heure, l'Office de la protection du consommateur — ça tombe bien, là — qui
sera avec nous. Avez-vous étudié le cadre législatif? Qu'est-ce qui existe
comme encadrement pour la publicité qui n'inclurait pas, par exemple, les
réseaux sociaux?
M. Fournier (Edouard) : Oui.
Dans le fond, à la lumière de ce qu'on a regardé, là, les limitations qui
existent sont notamment auprès des moins de 13 ans, c'est des limitations
qu'on connaît déjà. Pour ce qui est de la publicité imprimée, de la publicité,
aussi, faite à l'écran sur les heures de grande écoute, sous réserve de
certaines exceptions, là, qui existent notamment pour ce qui est des magazines,
des spectacles, des vitrines et emballages, oui, ça existe déjà. C'est quelque
chose qui, à notre sens, fonctionne bien, mais qui n'est pas suffisant dans le
nouveau contexte parce que ça n'a pas été élargi, là, depuis de nombreuses
années.
M. Bérubé : Est-ce que
le Québec a juridiction sur cet encadrement?
M. Fournier (Edouard) : Oui,
Québec va avoir juridiction.
M. Bérubé : Télé, CRTC,
radio aussi. Là, c'est comme nouveau, là, parce que ce n'était pas prévu, à
l'époque. Donc, Québec pourrait légiférer pour... On va valider la question
avec l'OPC tout à l'heure.
M. Fournier (Edouard) : Oui,
validez avec l'Office de la protection du consommateur, mais, nous, ce qu'on
croit, c'est que Québec pourrait prendre les moyens pour interdire la
publicité.
M. Bérubé : Très bien.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour à vous trois. Merci d'être là. Ma
question est assez simple, puis je la veux large pour vous laisser le temps d'y
répondre à votre convenance. Quand vous aurez le rapport final entre les mains,
qu'est-ce qui seraient les deux ou trois trucs qu'il faudrait qui s'y
retrouvent, que, s'ils ne s'y retrouvent pas, vous vous diriez : Bon,
bien, ils l'ont échappé, les collègues?
M. Simard (Émile) : Bien,
nécessairement, pour ce qui est du cellulaire à l'école, comme je l'ai dit
tantôt d'emblée, je pense qu'il faut qu'il y ait quelque chose qui soit fait à
ce niveau-là, parce que, oui, il y a un problème au niveau de la publicité,
puis, tu sais, il faut regarder le problème plus large que ce qu'il est. Puis,
tu sais, même chose pour ce qui est de la majorité numérique, c'est une bonne
idée, mais est-ce que c'est la seule solution, en fait, c'est la solution
magique, à tous les problèmes? Je ne penserais pas, parce que, tu sais, on le
voit déjà, quand même que les réseaux sociaux soient à partir de 13 ans,
pour certains réseaux sociaux, de s'inscrire… comme on le voit, il y a des
jeunes de neuf, 11 ans qui sont là-dessus. Ça fait que, finalement, tu te
rends compte que, finalement, même si tu mets une limite d'âge, il y a du monde
qui sont beaucoup plus jeunes qui peuvent s'inscrire. Ça fait que, si tu mets
une limite à 16 ans, il y a du monde qui vont s'inscrire quand même avec
le consentement de leurs parents.
Ça fait qu'est-ce que c'est la seule
solution? Je ne penserais pas. Interdire le cellulaire à l'école, dans les cas
où est-ce que ça a été nommé, que ça a été fait, je pense qu'il y avait des
bienfaits. Puis, c'est ça, ça fait deux, trois soirs... deux, trois nuits que
je pense à réfléchir à ça puis, tu sais, je me dis… tu sais, la cigarette,
avant que ça soit interdit partout, là, tout le monde… bien, voyons donc, ça
n'avait pas de bon sens, tu sais, c'est normal, tout le monde vendait la
cigarette comme étant la meilleure invention au monde, puis on ne peut pas
légiférer là-dessus, puis ça n'a pas de bon sens. Puis là vous comprenez que je
n'étais pas né puis je n'étais pas... je n'étais pas encore très vieux à cette
époque-là, mais ça reste que ça va être le même principe avec le cellulaire. Au
moment où on va légiférer là-dessus puis on va se mettre à l'interdire à
certains endroits, sur le coup, c'est sûr, ça va faire un choc pour bien du
monde, mais, au final, est-ce que, dans 20 ans, quand on va regarder en rétrospective,
on va se dire qu'on a fait le bon choix? Je suis pas mal sûr que oui, parce que
c'est sûr que, là, on a le <mur…
M. Simard (Émile) :
…on
a le >mur en face de nous autres puis on ne voit pas nécessairement tous
les problèmes liés, puis de plus en plus, avec les études, on les voit
davantage, mais je pense qu'avec de la rétrospective, si on ne fait rien là-dessus,
c'est là qu'il va y avoir des réels problèmes.
Ça fait qu'au niveau... Si je peux
répondre à votre question, moi, je pense qu'il y a nécessité d'agir à ce
niveau-là, puis ça va être déjà une bonne étape, parce que, oui, il y a de la
sensibilisation, puis, quand bien même on l'accentue dans certains domaines, la
sensibilisation, ce n'est pas gage de tout, puis, oui, l'interdiction peut être
une bonne solution dans ce cas-ci, je pense.
M. Ringuette (Guillaume) : Je
peux… Bien, je partage quelque… un peu l'avis d'Émile, mais j'ai… sans rentrer
dans une politique puis, nécessairement, des suggestions que le rapport
pourrait amener, je suis vraiment curieux de savoir si vous allez plutôt opter
pour la carotte ou le bâton, parce qu'Émile, je comprends, tu as parlé de
restrictions, tout ça, ça fait qu'à mon sens ça semble plus être le bâton,
mais... puis on peut bien comparer le cas des réseaux sociaux puis, en tout
cas, l'ère numérique avec, mettons, l'usage de la cigarette, mais ce n'est pas
un outil, là, la cigarette, là. Peut-être, je veux dire, utiliser notre
portable, le téléphone, ça peut... il y a quand même des bienfaits là, je veux
dire, ça fait que c'est... J'ai vraiment hâte de voir l'angle que vous allez adopter.
M. Leduc : Une carotte,
dans ce cas-ci?
M. Ringuette (Guillaume) : C'est
une excellente question, mais je pense que c'est vrai que, quand on pense au
bâton, c'est nécessairement restreint parce que... En fait, la carotte, on l'a
quasiment, actuellement, il n'y a pas aucun encadrement. Ça fait que comment ça
peut être plus avantageux que maintenant, je ne sais pas, là, mais sinon, c'est
ça, j'ai vraiment hâte de voir l'angle que vous allez adopter.
M. Simard (Émile) : …l'interdire
au salon rouge, ça semble être une bonne solution, en tout cas, à avoir. M. Bérubé
a l'air d'accord.
M. Bérubé : …c'est vrai,
c'est la vérité.
M. Ringuette (Guillaume) : Je
comprends que la commission se penche plus précisément sur l'impact pour les
jeunes, mais il serait vraiment peut-être intéressant d'avoir une réflexion sur
les externalités exactes au niveau… Je dirais, même les adultes, c'est… Je veux
dire, c'est vraiment une crise de santé publique qu'on vit, actuellement, ça ne
concerne pas juste les jeunes. Ça fait que ça serait bien d'avoir aussi
quelques points là-dessus.
M. Leduc : …on demandait aux
élèves : Est-ce que vous trouvez que vos parents donnent un bon exemple?,
presque personne ne levait la main.
M. Simard (Émile) : Non,
puis je ne me considère pas un bon exemple non plus, tu sais, dans le sens que,
c'est ça, j'enseigne à mes élèves, je dis : Allez porter le cellulaire à l'avant,
puis je le sors de mes poches, je le mets sur le bureau, puis j'entends vibrer,
puis… Tu sais, on est les premiers à être dirigés vers ça puis... tu sais, puis,
c'est ça, c'est là qu'on voit que c'est un problème. Puis, même si je veux
montrer l'exemple, j'essaie d'orienter les élèves dans cette bonne pratique là,
je suis ici pour vous parler des impacts de ça puis j'y crois, on dirait qu'on
est tellement orientés quand même dans cette direction-là, ça fait que,
définitivement, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a un problème qui est
plus gros que juste le fait de dire que, bien, ça s'applique juste aux jeunes,
je pense, c'est un problème sociétal. Mais effectivement, pour ce qui est des
développements de troubles en santé mentale, des troubles alimentaires, aussi,
qui sont développés chez plusieurs jeunes filles, jeunes hommes en lien avec la
grande présence sur les médias sociaux, bien...
Puis il y a aussi… on s'attarde beaucoup
aux cellulaires, mais, tu sais, je pense, en classe aussi, c'est l'omniprésence
des technologies, là. Dans des classes où tous les élèves, ils ont l'iPad, dans
les écoles où tu as un tableau interactif, partout c'est de l'exposition, quand
même, aux écrans, mine de rien. Puis déjà, là, que le temps d'écran, il peut
être élevé à la maison, bien, on fait juste l'augmenter encore à l'école. Ça
fait que, tu sais, c'est se poser la question : Est-ce que c'est vraiment
la solution d'avenir, de donner un Chromebook à tous les élèves, de donner un
iPad à tous les élèves ou de mettre un tableau interactif dans toutes les
classes? C'est se poser cette question-là plus largement aussi, à savoir est-ce
que c'est vraiment vers là qu'on s'en va. Je sais que, dans certains pays en
Europe, on commence à diminuer tranquillement aussi cette surutilisation-là aux
écrans qui sont autres que le cellulaire. Est-ce que c'est vers là qu'il faut
aller? C'est une réflexion à y avoir aussi.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
M. le député de Joliette.
M. St-Louis : …que vous
prenez au niveau de la publicité est intéressant. Au niveau des influenceurs
qui, eux-mêmes, sont des publicistes, comment on ferait… Avez-vous des
solutions? Avez-vous des pistes de solution? Parce que l'algorithme, c'est une
chose, la publicité, c'en est une autre, mais les influenceurs, les gens y vont
de façon volontaire, là, y vont... ils deviennent des «followers», puis, la
suite, on la connaît.
• (16 heures) •
M. Fournier (Edouard) : Pour
ce qui est des influenceurs qui sont les publicitaires, nous, on vient les
cibler, dans le fond, dans nos amendements qu'on veut faire à la Loi sur la protection
du consommateur, puis ça revient, en fait, au final, au tribunal de trancher si
la publicité qui a été faite par l'influenceur est visée aux moins de 16 ans. Mais
c'est sûr qu'avec la présence d'un cadre législatif clair un influenceur ne
pourra pas se soustraire <à la loi…
>
16 h (version révisée)
< M. Fournier (Edouard) :
...un
influenceur ne pourra pas se soustraire >à la loi puis il va, par le
fait même, faire attention au contenu qu'il publie puis à la manière dont il
publie son contenu.
M. St-Louis : Mais vous
ne pensez pas que les «followers», en quelque part, sont... excusez l'anglicisme,
là, mais, les gens qui suivent ces influenceurs-là, comment on peut contrôler l'âge?
Comment l'influenceur peut savoir qu'il s'adresse à des moins de 16 ans? En
lien avec le produit?
M. Fournier (Edouard) : Bien,
pour déterminer si on s'adresse à des moins de 16 ans, bien, il y a
différentes façons de le faire, là : la nature, la destination du bien qu'on
annonce, la manière dont on présente le message, l'endroit où qu'on fait
apparaître le message, la nature de la plateforme sur laquelle on publie notre
message. Ça fait que ça, c'est des critères qui devraient être considérés au
moment de décider si, oui ou non, la publicité est destinée à un public cible
de moins de 16 ans. Mais, encore là, c'est pour ça que c'est... dans nos
recommandations, là, qu'on fait... on établit des principes clés, mais au final
ça revient aux tribunaux de trancher si le public qui est ciblé est les moins
de 16 ans.
M. St-Louis : Donc, pour
vous, il est clair qu'on doit responsabiliser les influenceurs, là, de la même
façon que les compagnies qui font de la publicité directe ou indirecte?
M. Fournier (Edouard) : Oui,
absolument, parce que les influenceurs, de la même manière qu'une autre
compagnie qui fait de la publicité, ça demeure des professionnels, un peu, du
marketing, puis ils savent la direction qui... dans laquelle ils font leur
publicité, puis ils savent aussi à qui ça s'adresse en fonction du produit qu'ils
vont offrir, ça fait que c'est à eux de se responsabiliser face à la publicité
qu'ils font.
M. St-Louis : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme
la Présidente.
Merci de l'exposé. Je trouve, c'est un
aspect très intéressant que vous avez amené, qu'on n'a pas nécessairement
entendu énormément. Mais ce que vous proposez fait partie de la solution, parce
que ce n'est pas juste les pubs. Par exemple, les influenceurs qui font des
tutoriels, ce n'est pas considéré une publicité, mais en même temps ça fait en
sorte... bien, ça dépend de la nature dont ils le présentent, mais ça peut
faire en sorte que, justement, ce n'est pas une publicité, mais on sait que ça
peut avoir les mêmes effets.
Puis il y a toute la question des
algorithmes qui font en sorte que, même si ce n'est pas une pub, si c'est une
idée... puis là on se fait inonder de contenus, justement, qui viennent
renforcer cette idée, ce principe-là. Sans avoir la collaboration des géants du
Web, est-ce que vous pensez qu'il est vraiment possible de faire en sorte...
entre les algorithmes, les tutoriels, les influenceurs, etc., les pubs, de
vraiment faire en sorte qu'on pourra vraiment encadrer cette réalité-là? Parce
que, d'après moi, on a besoin, justement, de leur collaboration, parce que
juste la question des algorithmes fait en sorte que beaucoup de jeunes ne
réalisent même pas qu'ils sont en train de se faire mener dans une certaine
direction, mais c'est ça, le but des algorithmes.
M. Fournier (Edouard) : Bien,
en fait, pour ce qui est de l'application de notre mesure, pourquoi on y va, en
fait, avec l'encadrement de la publicité au niveau des publicitaires plutôt qu'au
niveau des plateformes, c'est notamment parce que l'application serait plus
simple que d'encadrer, en fait, au large les plateformes numériques qui souvent
ont tendance à se soustraire aux grandes lois. Mais en fait l'application de ce
qu'on propose est à l'Office de la protection du consommateur, puis c'est
quelque chose qui est déjà appliqué pour les moins de 13 ans pour ce qui
est de la version imprimée et de la publicité sur télévision, ça fait qu'on
pense que c'est tout aussi applicable pour ce qui est des plateformes
électroniques, par le biais de l'Office de la protection du consommateur.
Mme Prass : Mais c'est
un élément, parce que, comme on sait, justement, avec les réseaux sociaux, ça
ne vient pas juste en forme de publicité, comme j'ai mentionné, donc ça
pourrait répondre. Et, comme mon collègue l'a dit, on va recevoir la protection
du... protecteur du consommateur plus tard aujourd'hui, donc on pourra leur
poser la question.
Mais, par exemple, comme on a dit aussi,
les parents nous ont... les élèves qu'on a... avec lesquels on a discuté ont
dit, en grande majorité, qu'ils pensent que leurs parents sont trop souvent sur
le téléphone. Donc, est-ce qu'il n'y a pas un rôle, pas seulement de la part
des parents, mais un rôle pédagogique, justement, pour développer ce sens et
cet esprit critique des jeunes dès un jeune âge pour comprendre, justement,
quand ils sont en train de passer à travers les différents réseaux sociaux...
Tu sais, par exemple, on va passer à
travers les publicités, il y a une actualité sur les réseaux sociaux. Comment
est-ce qu'on fait pour que nos jeunes comprennent qu'on ne peut pas toujours
croire ce qu'on voit, puis il faut, par exemple, aller trouver deux ou trois
sources qui vont renforcer... bien, qui vont renforcer... qui vont confirmer,
disons, que ce qu'on lit est vrai? Parce que je pense que c'est... ce que vous
proposez, c'est une partie de la solution, mais la grande partie de tout ça, c'est...
nos jeunes ne réalisent même pas, avec les algorithmes, tout ce qui se passe
sur les réseaux sociaux, qu'ils <sont en train...
Mme Prass :
...algorithmes,
tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux, qu'ils >sont en train de se
faire mener dans une certaine direction. Donc, au-delà des pubs, il y a toute
la question de développer ce sens critique, puis est-ce que les écoles ne
devraient pas, justement, jouer un rôle? Parce qu'on fait de la
sensibilisation, mais la sensibilisation puis le développement d'un esprit
critique ne sont pas pareils.
M. Simard (Émile) : Effectivement,
puis, tu sais, je pense qu'il y a une part de la solution qui est là-dedans. Mais,
comme j'ai dit au début, je pense qu'on ne peut pas avoir juste ça comme
solution, mais je pense que ça fait partie, effectivement, de pistes à évaluer.
Tu sais, pendant que vous parliez, ça me
faisait penser que, moi, la... comment j'ai compris, aussi, comment
fonctionnait la publicité, c'est dans un cours de cégep de... cours de français 4,
où est-ce qu'on avait une partie qui parlait de la publicité, où est-ce qu'on
nous parlait des couleurs, de l'organisation, tout ça, où on devrait créer
nous-mêmes une publicité, puis c'est là que tu comprends : O.K., bien,
quand j'en regarde, après ça, je suis capable d'identifier clairement qu'est-ce
qu'on essaie de nous vendre ou les messages subliminaux, tu sais, qui sont
induits dans de la publicité. Puis c'est au cégep, là, on est rendu un adulte,
là, ça veut dire que tout ce qu'il y a avant, on ignore... on présuppose
peut-être qu'un jeune est capable de comprendre, aussi, qu'est-ce qu'on lui
vend, alors qu'il est peut-être plus naïf. Ça fait que, définitivement, il y a
une part qui doit être faite, nécessairement, par l'école quand on est plus
jeune.
Puis j'entendais Aurélie, tantôt, parler
du cours de Culture, citoyenneté québécoise, justement c'est ce que je suis en
train d'enseigner en ce moment, puis je pense qu'effectivement ça peut être
intéressant d'ajouter à ce cours-là un volet numérique, quoiqu'il y a déjà
certaines parties, mais... en lien avec ça. Mais, encore une fois, on ne peut
pas ne reposer que là-dessus, parce que la prévention, c'est une chose, mais je
pense que quand bien même qu'on est averti, on le sait tous, là, tu sais,
que... à un certain âge, que le cellulaire, c'est mauvais pour nous, puis
regardez-vous, regardez-nous, là, tu sais, on est tous là-dessus puis on passe
nos journées là-dessus. Puis, comme l'a dit Guillaume, c'est sûr qu'il y a une
part, là-dedans, que c'est un outil de travail, puis on n'a comme pas le choix,
mais ça reste qu'on a bien beau connaître les risques, on dirait qu'on les
assume collectivement quand même puis on est prêts à aller vers ça.
Ça fait que, oui, il y a une part de responsabilisation
qui doit être faite au niveau des jeunes, qu'on doit... on doit leur apprendre,
on doit leur montrer à l'école, mais, tu sais, si les parents n'embarquent pas
puis que ce qu'on te montre à l'école, ce n'est pas ce qu'on te montre à la maison,
c'est une autre chose, là. Même chose pour des cours de conduite, là, si on te
montre quelque chose à l'école de conduite, mais que ton parent ne t'encourage
pas dans cette direction-là, c'est dur, après ça, de prendre une certaine
direction, surtout à un jeune âge, où ton sens critique... puis de dissocier,
nécessairement, du... de ce que fait le paternel ou le maternel, bien, ça
risque d'être... d'être un autre enjeu puis ça risque d'être plus difficile.
Ça fait que, bref, oui, c'est une part de
la solution, mais on dirait... je demeure prudent quand même à savoir si c'est
la manne, comme dirait... je ne sais pas comme dirait qui, là, mais, en tout
cas...
Mme Prass : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, merci beaucoup, messieurs, de votre
participation. C'est toujours plaisant d'entendre nos jeunes. Vous savez, notre
commission, c'est les jeunes qui sont au coeur de ces réflexions.
Donc, pour ma part, je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 09)
(Reprise à 16 h 30)
La Présidente (Mme Dionne) :
La commission reprend maintenant ses travaux.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue à
la représentante de la commission jeunesse... pardon, pas la commission
jeunesse, le Réseau militant jeunesse de Québec solidaire. Donc, Mme Marianne
Locas-Ouimet, bienvenue parmi nous, merci d'être là. Donc, je vous rappelle,
vous disposez de 10 minutes pour nous faire part de votre exposé, et par
la suite nous allons procéder à une période d'échange <avec les membres...
>
16 h 30 (version révisée)
<19273
La
Présidente (Mme Dionne) :
...et par la suite nous allons
procéder à une période d'échange >avec les membres de la commission.
Donc, la parole est à vous.
Réseau militant jeunesse de Québec solidaire (RMJ)
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Merci beaucoup. Bonjour à tout le monde, merci pour l'invitation. Mon
acolyte n'est pas là, mais il est supposé s'en venir. On est venus en voiture
électrique, et les voitures électriques, l'hiver, des fois, ça a des petits
soucis. Donc, je vais commencer l'exposé toute seule, puis après ça il va se
joindre à nous pour la période de questions. Donc, voilà, je m'appelle Marianne
Locas-Ouimet, je suis la coordonnatrice du Réseau militant jeunesse de Québec
solidaire. Donc, on considère vraiment que le sujet du temps d'écran chez les
jeunes, c'est un sujet d'une grande importance, donc je tiens à souligner le
travail de la commission en ce sens.
Donc, on va commencer par aborder la
majorité numérique. Donc, on a consulté les membres du Réseau militant
jeunesse, puis tout le monde semblait un peu hésiter entre 14 et 16 ans.
Donc, c'était vraiment dans l'optique de vouloir concilier la protection des
mineurs, mais aussi de... aussi protéger leur participation à la société civile
numérique. Donc, on pense, par contre, que l'aspect le plus important de cet
enjeu-là, ce ne sera pas l'âge de la majorité numérique, ça va être plutôt l'infrastructure
qui va s'assurer d'appliquer cette majorité-là, parce qu'en France la majorité
numérique a été adoptée à l'âge de 15 ans, par contre cette majorité
numérique là n'a pas été appliquée. Donc, on ne voudrait pas que ça se
reproduise ici, parce que ça ne sert à rien d'adopter une majorité si on n'est
pas capables de l'appliquer par la suite. Donc, on aimerait ça que l'infrastructure
soit capable de prévoir les potentielles dérives comme, admettons, l'utilisation
de VPN. Il y a des gens qui peuvent changer leur adresse IP ou utiliser des VPN
pour contourner les règlements, donc il faudrait que l'infrastructure tienne ça
en compte et aussi il faudrait qu'elle soit capable de protéger les données
personnelles, donc le droit à l'anonymat des gens, des utilisateurs qui vont
utiliser les plateformes.
Ensuite, il serait vraiment crucial que l'interdiction
ne fasse pas juste reporter le problème, parce que nous, on craint que, si on n'enseigne
pas aux jeunes comment utiliser adéquatement les réseaux sociaux, on va juste
reporter le problème, puis, pour éviter que les mêmes problèmes se perpétuent,
il va vraiment falloir qu'il y ait une emphase sur l'éducation, mais ça, on va
y revenir plus tard.
Par rapport au sujet plus spécifique de la
pornographie, on pense qu'une majorité numérique différente devrait être
instaurée de celle de la majorité numérique pour les réseaux sociaux, donc on
pensait à 18 ans. On pense aussi que le système de vérification devrait
être différent. Donc, on pense que ça devrait marcher comme pour avec l'alcool,
donc une carte d'identité puis une photo de la personne. Chaque site serait
donc responsable de l'instaurer. Je ne sais pas si vous connaissez la
plateforme OnlyFans, mais OnlyFans utilise déjà ce système-là, donc carte d'identité
puis photo de la personne, puis ça semble très bien fonctionner, donc on
pensait que ce serait un bon outil.
Mais on voulait ajouter que, pour exercer
un contrôle de la pornographie, puis surtout de la pornographie illégale, ce
serait vraiment important qu'on essaie de développer une législation en concert
avec d'autres pays ou d'autres provinces, parce que le nombre de sites Web de
pornographie est assez substantiel. Donc, on craint qu'une législation qui ne
serait pas commune à plusieurs pays, ou quoi que ce soit... ce serait difficile
de sanctionner les sites Web qui ne respecteraient pas la mise en place du
système. Puis après ça, évidemment, un énorme travail de sensibilisation qui
est à faire. Je veux dire, la pornographie, la consommation de pornographie, ça
a été banalisé, ça a été romantisé dans la société, mais ça reste quand même un
sujet qui est très tabou, donc il faudrait vraiment rétablir le dialogue par
rapport à ça, parce que, si on fait juste frapper les jeunes avec un bâton par
rapport à ça, au long terme, ça ne va pas marcher.
Par rapport aux jeux vidéo, donc, dans l'état
actuel du droit, il y a vraiment un flou juridique qui entoure les lots
aléatoires. Donc, ça, on pense qu'il devrait vraiment être dissipé par une loi
très claire. Les lots aléatoires devraient être tout simplement interdits au complet
à cause des problèmes de dépendance qu'ils engendrent.
On pense aussi qu'il devrait y avoir
beaucoup plus d'ateliers donnés dans les écoles, donc, par des intervenants,
soit sur les jeux vidéo, les réseaux sociaux ou le temps d'écran de façon
générale pour pouvoir mieux informer les jeunes par rapport aux conséquences
des jeux vidéo, entre autres.
Donc, vraiment, tout ce qu'on essaie de
faire ici, c'est de ne pas diaboliser les nouvelles technologies. On veut
vraiment ouvrir un dialogue, donc ne pas juste adopter une législation plus
stricte, mais vraiment faire en sorte que les jeunes comprennent pourquoi il y
a cette législation-là, qu'ils soient d'accord avec, pas juste parce qu'ils en
ont peur.
Ensuite, il y a vraiment une majorité
écrasante de nos membres qui étaient d'accord, par rapport aux téléphones
cellulaires, que les téléphones cellulaires devraient prendre moins de place
dans nos vies. Donc, par rapport à l'utilisation en milieu scolaire, on pense
que le téléphone devrait être complètement interdit dans les écoles primaires.
Pour le secondaire, les avis étaient plus mitigés. Donc, on pense que le
ministère devrait émettre des recommandations de sanctions possibles, mais que
la responsabilité de l'application de l'interdiction du cellulaire devrait
relever de la direction des <écoles...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) :
...la responsabilité de l'application de
l'interdiction du cellulaire devrait relever de la direction des >écoles.
Donc, si l'enseignant fait face à une situation de discipline, on pense qu'il
devrait tout simplement prendre le téléphone et le remettre à la direction, parce
qu'on veut éviter d'ajouter un rôle de police au rôle déjà très lourd et aux
responsabilités des enseignants. Donc, ça, c'est pour ça.
Après ça, toujours dans le cadre qu'on ne
veut pas une politique du bâton, si on limite les cellulaires dans les écoles,
on devrait le remplacer par autre chose, donc on doit offrir des activités
stimulantes comme plus de sport ou des coins jeux de société à l'école pour que
les jeunes, pendant leur pause ou sur l'heure du midi, ne soient pas juste là
en train de se tourner les pouces puis à s'ennuyer, parce qu'une interdiction
seule viendrait à l'encontre du principe de positivité, et les jeunes vont tout
simplement être tentés de briser le règlement.
Tu peux continuer, si tu veux, c'est ta
partie.
M. Sebagenzi
(Mike Owen) :
Merci.
Désolé du retard, tout le monde.
De plus, nous voulions soulever un point
aussi qui semble avoir été omis lors de la commission, soit l'utilisation
obligatoire d'iPad puis d'outils technologiques dans les écoles et dans les
salles de classe, surtout dans les écoles secondaires. Nous, on croit que
l'école est à la base de l'éducation de la jeunesse, et il semble
contradictoire que l'on développe des mesures concernant la réduction du temps
d'écran, alors que certaines écoles le rendent obligatoire. C'est comme envoyer
un double message aux jeunes dans nos écoles. Si on veut que les jeunes,
justement, réduisent leur temps d'écran, cela passe en grande partie par nos
institutions d'éducation puisqu'on se retrouve avec des situations où les
jeunes sont sur des temps d'écran du matin au soir, en plus que ces outils sont
une grande source de conflits avec les parents, qui doivent souvent dire :
Arrête ton temps d'écran, mais le jeune qui dit : Mais c'est pour les
devoirs, c'est pour mon travail, ou quoi que ce soit.
Nous sommes donc d'accord pour une
législation plus stricte de façon générale, mais les gens, en particulier les
adolescents, ne réagissent pas si bien aux règlements ou aux punitions et ils
vont sûrement essayer de les contourner. La sensibilisation et le développement
d'un esprit critique à travers des cours, et des ateliers, et des formations
auront beaucoup d'importance chez les plus jeunes pour éviter un effet pervers
de toute régulation ou cadre réglementaire.
Mais il faut non seulement un changement
dans l'éducation, il faut aussi un changement complet de culture, que ce soit
dans les écoles ou au sein même des familles, sinon toute mesure qu'on va
prendre va avoir de la difficulté à vraiment porter, avoir une portée
importante. Et on pense aussi qu'il pourrait être pertinent d'avoir un cadre
pour mieux naviguer ces nouvelles technologies, par exemple un guide du temps
d'écran ou un guide de la santé numérique, pour mieux outiller les parents qui
accompagnent les enfants à travers ces nouvelles technologies, un peu comme le Guide
alimentaire qui vise à promouvoir la santé nutritive, par exemple, puis ce
guide viserait, quant à lui, la santé numérique. Celui-ci pourrait contenir des
recommandations et des conseils concernant, par exemple, comment reconnaître
les signes de dépendance chez nos plus jeunes, mais aussi comment instaurer un
environnement axé sur autre chose que les écrans à la maison et agir en...
comme... en quelque part, comme accompagnement pour ceux... pour les enfants ou
même pour les enseignants.
En effet, blâmer les jeunes de leur
utilisation démesurée du cellulaire lorsqu'ils reproduisent ce qu'ils voient au
quotidien — papa, maman sur son téléphone après le travail — ce
n'est peut-être pas la meilleure manière d'approcher cet enjeu-là. On pense
notamment à encourager les parents à être un modèle positif, c'est-à-dire de ne
pas eux-mêmes être sur le téléphone toute la journée, après le travail ou le
soir avant d'aller se coucher. On pense aussi à les inciter à intégrer une
dimension plus sociale aux écrans, par exemple à limiter le temps d'écoute de
la télévision, limiter les jeux vidéo et peut-être participer avec nos jeunes à
ces activités-là pour leur enseigner comment bien naviguer et utiliser ces
technologies dans le quotidien.
On cherche aussi à faire réfléchir la
population à l'âge auquel les appareils électroniques s'insèrent dans la
maison, que ce soient les jeux vidéo, les tablettes, les téléphones. On pense
s'inspirer, notamment, de la majorité numérique qui serait en place et comme
outil d'accompagnement pour que les enfants puissent avoir une conversation sur
c'est quand, le moment d'avoir un téléphone, c'est quand, le moment de
commencer à jouer aux jeux vidéo, c'est quand, le moment, peut-être, d'avoir un
PC de bureau.
On veut sortir les jeunes, mais aussi les
familles de la culture de l'écran, celle de rester à l'intérieur, isolés, au
lieu d'aller au parc, au lieu de jouer avec ses amis, au lieu de passer du
temps de qualité avec sa famille.
Au final, ce que les jeunes solidaires
proposent, c'est une version holistique de la santé numérique qui prend en
compte plusieurs aspects de ces nouvelles technologies et de la manière dont
elles s'insèrent dans nos vies pour proposer un nouveau cadre, un nouveau guide
pour apprendre à naviguer les défis du XXIe siècle. Merci.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme Locas-Ouimet et M. Sebagenzi. C'est bien comme ça
qu'on prononce votre nom?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : C'est
parfait. Oui.
La Présidente (Mme Dionne) :
Oui. Parfait.
Alors, nous allons procéder à cette
période d'échange. On va débuter avec le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci pour
votre présentation, pour votre présence.
Tout à l'heure, Mme Locas, vous avez
évoqué le droit à l'anonymat. Alors, je voulais en savoir plus. Est-ce que vous
le revendiquez, vous le dénoncez? Comment vous voyez ça?
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : Mais le droit à l'anonymat a été reconnu plusieurs fois,
dont dans un arrêt de la Cour suprême. Donc, on a eu cette discussion parce
que, justement, si on a, admettons, dans le cadre d'un site Web qui <récolte...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) :
...donc, on a eu cette discussion parce que,
justement, si on a, admettons, dans le cadre d'un site Web qui >récolte
des données personnelles sur une personne, accès à des données personnelles qui
pourraient nous permettre de cibler quelqu'un, mettons, qui regarde de la
pornographie juvénile, ça a déjà été une avenue qui a été explorée, mais la
Cour suprême a vraiment été stricte là-dessus. Malheureusement, les... il faut
un mandat pour ça, on ne peut pas juste commencer à utiliser ces données
personnelles là. Donc, c'est vraiment dans cette optique-là qu'on disait droit
à l'anonymat, c'est vraiment juste qu'il faut suivre la loi qui est en place,
c'est-à-dire, si tu veux avoir accès aux données personnelles de quelqu'un, il
faut que tu aies un mandat, ça ne va pas devenir une nouvelle base de données
accessible en tout temps, là.
M. Bérubé : Et, sur la
question de l'anonymat, tout à l'heure j'ai évoqué, avec une autre aile
jeunesse, par exemple, l'anonymat sur les réseaux sociaux, qui peut créer
vraiment un impact négatif, où on insulte des gens, où on peut répandre des
rumeurs, des fausses informations. Est-ce que c'est un phénomène qui vous
préoccupe? Et, si oui, est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir une
identification obligatoire sur les réseaux sociaux, qu'on puisse savoir... que
la personne assume totalement ce qu'elle dit, qu'on puisse savoir de qui il
s'agit?
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : C'est une très bonne question. On n'a pas consulté les
membres du Réseau militant jeunesse là-dessus, donc je ne veux pas trop
m'avancer. Mais je pense que, tout d'abord, il faudrait plus de mesures en
place pour sensibiliser les jeunes aux effets que ça fait, parce que, si on est
capables de réduire l'intimidation, mettons, je pense que ça va être un... il
va y avoir comme un effet accessoire du fait qu'on n'aura peut-être pas besoin
d'instaurer ça, mais, si ça, ça ne marche toujours pas, alors là on pourra
regarder si... exactement, comme une prochaine étape parce que... C'est ça,
moi... bien, nous ne croyons pas trop, comme je l'avais dit, à la théorie du
bâton, dans le sens que, si les gens font ça sur les réseaux sociaux, s'ils
commencent à insulter des gens, c'est parce qu'il y a une raison derrière ça.
M.
Bérubé
: ...
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Bien...
M. Bérubé : ...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : Non, mais, tu sais, ça fait que je pense qu'il faut
travailler là-dessus. Mais, de toute façon, il va y avoir une authentification
qui va être nécessaire, dans le sens que pour que... tu sais...
Une voix : ...
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Oui, c'est ça, vu qu'il va y avoir la majorité, tu vas être obligé de
t'authentifier pour un réseau social, et donc ça va faire que, oui, la base de
données n'est pas accessible directement, mais, si, admettons, le... il y a un
mandat pour pouvoir, admettons, trouver quelqu'un, justement, qui fait de la
cyberintimidation, si le mandat est là, mais là, à ce moment-là, ils vont avoir
accès à la base de données personnelles. Moi, je pense que l'instauration de la
majorité numérique va permettre ça.
Une voix : ...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : Exact, c'est ça.
M. Bérubé : Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Dionne) :
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Bonjour à vous deux. Salutations à M. Kassabie,
derrière, aussi. Je sais qu'il a travaillé à la rédaction du mémoire, un super
document. Très content de vous voir ici aujourd'hui.
Vous avez parlé de différents trucs,
allons-y méthodiquement. D'abord, sur la... la discussion qu'on doit avoir
sur : Est-ce qu'on ne veut plus de téléphones cellulaires à l'école? De
plus en plus, je sens que les gens sont très à l'aise avec ça. Mais là ce qui
n'est pas clair, c'est qui doit l'interdire. C'est-tu l'école, le centre de
services scolaire ou une directive du ministère? Si j'ai bien compris, vous, la
directive du ministère mur-à-mur sur le Québec, ce n'est pas tellement votre
tasse de thé, là.
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Excuse, mais j'ai parlé... c'est correct si...
M. Sebagenzi (Mike Owen) : ...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : O.K. C'est parce que, pour être vraiment honnête avec
vous, il y a eu un petit... comment dire, une petite ambiguïté, on n'était pas
très certains de certains résultats de notre sondage puis on avait un peu mal
interprété ce qui avait été dit. Mais, de façon générale, ce qu'on pense...
Bien là, tu peux y aller si ...
M. Sebagenzi (Mike Owen) : ...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : O.K., c'est bon. Mais, de façon générale, ce qu'on pense,
c'est que le ministère devrait émettre des recommandations, des recommandations
fortes, certes, mais après ça il faut quand même que l'école ait une marge de
manoeuvre pour pouvoir s'adapter, après ça, parce que, dans... ou dépendamment
des écoles, des fois il y en a qui ont des situations particulières. Ça fait
que, tu sais, on ne veut pas essayer d'imposer une formule uniforme, parce que
peut-être que ça ne va pas résonner avec certaines réalités dans certaines
écoles. Donc, le ministère peut émettre... il va émettre des recommandations,
l'école peut juste se fier à ces recommandations puis y aller avec ça, mais
peut aussi adapter avec un règlement plus maison, puis ça va être... le
règlement va être appliqué par la direction. Nous, on ne veut pas que ça soit
par le corps enseignant, plus par la direction, parce que le corps enseignant,
ça va... Pour être allée au secondaire, puis pour avoir, tu sais, vu des élèves
se faire confisquer leur téléphone... Je n'étais pas là-dedans, là.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Mais, pour avoir vu ça, honnêtement, il faut qu'il y ait des balises que...
auxquelles les enseignants peuvent se référer parce que, sinon, ils vont, comme,
juste être un peu perdus. Donc, le téléphone est pris, remis à la direction,
puis c'est la direction de gérer ça. Puis, si la direction veut juste suivre
les recommandations du ministère, elle a totalement le droit de faire ça.
M. Leduc : On a parlé
aussi d'interdiction des lots aléatoires sur les jeux vidéo. Est-ce qu'il y a
d'autres... dans le même esprit, par rapport aux réseaux sociaux, est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de se pencher sur des interdictions de fonctionnalités, par
exemple, le défilage automatique... le démarrage automatique de vidéos, le
«doomscrolling», là, le défilement infini, les boutons «J'aime»? Parce que je
suis assez vieux pour me rappeler que les réseaux <sociaux...
M. Leduc :
...les
boutons «J'aime»? Parce que je suis assez vieux pour me rappeler que les
réseaux >sociaux, à l'origine, ce n'était pas comme ça, tu sais, c'était
qu'est-ce que tes amis ont publié aujourd'hui, puis il y avait une fin, à Facebook,
comme, donnée, là, tu pouvais passer 45 minutes puis tu avais fini
Facebook pour ta journée. Ce n'est plus ça aujourd'hui. Vous pouvez passer
cinq, six, 10 heures, il y aura toujours du nouveau contenu qui va
apparaître. Est-ce qu'on doit aller creuser ces questions-là, donc, aussi?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Je
pense que c'est important d'aller creuser ces questions-là. L'enjeu, à ce
niveau-là, c'est que l'algorithme pour ces réseaux sociaux est fait de manière
à leur faire du profit, on le sait, mais c'est difficile, ensuite, de leur
demander : Ah! pour le Québec, on aimerait avoir tel algorithme et tel
algorithme; ah! pour l'Ontario, on veut avoir tel type d'algorithme; pour les
États-Unis, tel type d'algorithme. On a de la difficulté à voir comment est-ce
qu'on serait capables, au niveau du Québec, d'imposer une fonctionnalité,
disons, plus saine pour notre population, mais qui serait appliquée ensuite par
ce réseau social. Puis on pense qu'à certains égards, pour... en termes de
réglementer les réseaux sociaux, ça prend une initiative avec plusieurs
législatures, avec plusieurs États, peut-être même avancer ça au niveau
international, pour être capables d'avoir une concertation. Parce que c'est
vrai que le... ce que vous mentionnez concernant le «doomscrolling» ou le
défilage en continu perpétuel et la manière dont les algorithmes nous amènent
dans des chambres d'écho, du contenu qui nous garde accrochés le plus longtemps,
je veux dire, c'est des mécaniques de dépendance et c'est même, je dirais, à
nature prédatoriale envers nos jeunes. Mais malheureusement ça nécessite une
plus grande concertation que la simple Assemblée nationale, il faut amener ça
vraiment à un niveau plus large, là, international pour s'assurer que ça
fonctionne bien.
M. Leduc : Puis est-ce
qu'il faudrait d'abord essayer de faire quelque chose ici puis ensuite aller
dans des forums internationaux, ou d'abord faire des consultations à l'international
pour avoir une espèce d'application simultanée?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Je
pense que les deux se font en parallèle, de voir qu'est-ce qu'on est capables
de faire ici à notre échelle. Il y a des mesures qui pourraient potentiellement
fonctionner en termes de réguler, peut-être, ce qui nous est recommandé sur
l'algorithme, ça, c'est quelque chose qui peut se faire selon les différentes
législatures. On l'a vu avec le Canada concernant le 40 % de contenu
canadien. Il y aurait cette possibilité-là de réguler qu'est-ce qu'on voit
comme contenu quand notre compte est lié au territoire québécois. Ça fait que
ce genre d'exemple pourrait être bénéfique en termes de réguler les réseaux
sociaux. Mais, quand il est question de vraiment toucher à... les intérêts qui
touchent directement le profit de ces compagnies, je pense qu'il va falloir
beaucoup plus de muscle puis aller chercher des alliés pour être capable de
vraiment mettre ça en place de manière efficace.
M. Leduc : C'est très clair.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je crois que vous avez mentionné un mémoire. Juste pour le bénéfice de
l'ensemble des membres, ce serait intéressant de pouvoir le transmettre au
secrétariat de la commission, ça fait que, comme ça, tous les membres vont
pouvoir en prendre connaissance. Merci.
Nous poursuivons avec Mme la députée de
Hull.
Mme Tremblay : Bonjour.
Ça fait plaisir de vous recevoir aujourd'hui en commission.
Vous avez parlé, là, de l'utilisation de
l'iPad, donc, que c'est obligatoire dans certaines écoles. Vous l'avez effleuré
rapidement, mais j'aimerais ça vous entendre. Pour vous, ce que je comprends,
c'est que ça ne serait peut-être pas nécessaire. Vous pensez qu'on va trop
loin. Je veux vraiment que vous alliez plus loin dans votre idée, là, de
l'utilisation, là. Puis je dis iPad, puis il y a des écoles, vous l'avez nommé,
je pense, là, Chromebook, là, des fois, c'est... bon, dans certaines écoles,
chaque élève ne l'a pas, d'autres l'ont. Ça fait que c'est quoi, votre idée
précise en lien avec ça?
• (16 h 50) •
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : C'est moi qui avais amené ça dans le mémoire parce que,
quand on m'a parlé de commission sur le temps d'écran, moi, j'ai juste pensé à
ça, puis après ça j'ai vu que ça avait été omis, puis, en tout cas, je n'avais
pas trop compris. Mais vraiment moi, je vais utiliser un exemple personnel, j'ai
un petit frère, puis mon petit frère, quand il était au primaire, c'était une
personne extrêmement allumée, dans le sens qu'il fait de la... il fait de la
musique, de la guitare, du dessin, tu sais, il faisait des constructions, puis
il est arrivé à son école secondaire, puis c'est l'iPad obligatoire, et à
partir de là, honnêtement, je ne veux pas faire une hyperbole, mais ça a été une
descente aux enfers dans ma famille, dans le sens que c'est ingérable parce
qu'il y a toujours l'excuse de dernier recours de : J'en ai besoin pour
faire mes devoirs. Mais là ça demande quoi? Ça demande une supervision
constante de la part de mes parents de voir est-ce qu'il est vraiment en train
de faire ses devoirs, ou il est en train de jouer à des jeux vidéo, ou il est
en train d'écrire à ses amis. Puis ça, c'est du matin au soir, comme on l'a
dit, parce qu'il se met là-dessus dès le matin, puis là ça finit le soir. Puis
on ne peut pas blâmer les parents parce qu'ils ne peuvent pas être constamment
derrière l'enfant.
Donc, la solution, moi, je vois vraiment
que c'est de les enlever. C'était une fausse bonne idée. Les parents pensaient
que ça allait aider les enfants à mieux s'organiser puis à ce que ça allait
faciliter l'accès aux devoirs puis aux manuels, mais ce qu'on voit, en fait,
c'est que, pour le corps professoral et pour les parents, c'est vraiment devenu
quelque chose de super difficile à gérer. Même à l'école, pendant les pauses,
pendant l'heure du dîner, c'est vraiment plus difficile. Et en plus, le fait
que les élèves ont constamment accès à un iPad ou à un laptop, je pense que
c'est aussi une des <causes...
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) :
...et en plus le fait que les élèves ont
constamment accès à un iPad ou à un laptop, je pense que c'est aussi une des >causes
de pourquoi les jeunes sont beaucoup plus sur les réseaux sociaux, il y a plus
de cyberintimidation puis qu'il y a une baisse du temps passé à l'extérieur.
Donc, moi, je pense qu'il faut revenir...
là, j'ai l'air un peu radicale en disant ça, mais je pense qu'il faut revenir
aux vieux manuels, il faut revenir à ce que c'était avant, parce que l'État est
supposé être un modèle, puis, comme on le dit, comment est-ce qu'on peut être
un modèle puis dire aux parents puis aux enfants d'arrêter de faire du temps
d'écran, si, à l'école, de 8 heures à 4 heures, ils sont sur un écran
puis ils doivent être encore sur un écran en revenant chez eux? Pour moi, il y
a une dissonance, c'est vraiment contradictoire. Donc, c'est pour ça qu'il faut
être... il faut aligner les actions avec les paroles et avec, évidemment,
l'avis des experts.
Mme Tremblay : O.K. Puis
les experts, bien, ils sont venus nous dire, parce qu'on en a rencontré, puis
même la semaine passée, ils disaient que c'est à peu près 38 minutes
d'utilisation, là, qu'ils faisaient dans la majorité des écoles. Mais il y a
des écoles sans papier, puis je suis d'accord, on en a même chez nous, en
Outaouais, là, c'est... tout se passe sur l'iPad. Ça fait que c'est intéressant
de voir que peut-être que, là, on a des questions à se poser.
Mais il y en a qui sont venus nous dire — j'aimerais
ça t'entendre là-dessus, là — quand on les utilise, tu sais, il y a, mettons,
différents logiciels, les écrans, quand ça a... ça fait faire quelque chose qui
ne pourrait pas être fait autrement, ça veut dire que ça apporte un plus à
l'enseignement puis ça permet aussi aux élèves, évidemment, de... puis c'est ça
que les experts sont venus nous dire, c'est important qu'ils développent leurs
compétences numériques. Ça fait que, mettons, le juste milieu, là, est-ce que,
là, ça, pour toi, ça aurait plus de sens?
Mme Locas-Ouimet
(Marianne) : Moi, j'ai vécu le juste milieu, j'ai étudié au Japon à
l'école secondaire, puis eux, ce qu'ils ont, c'est vraiment un chariot avec des
ordinateurs dedans. Donc, l'ordinateur, il reste à l'école, il ne retourne pas
à la maison, puis, à la maison, les devoirs, c'est vraiment sur des manuels, et
tout ça. Donc, il y a comme une heure qui est réservée à ça, donc c'est à
tout ce qui est enseignement de l'intelligence artificielle ou de l'utilisation
des outils technologiques, donc ça reste présent dans l'éducation. Il y a même
un cours qui est dédié à ça, mais ça reste que l'utilisation de l'outil, en
tant que tel, reste au sein de l'école et dans... au sein de cette heure-là qui
est liée au développement de ces compétences-là, sans être omniprésente dans
toute l'éducation et en plus d'être aussi dans la sphère personnelle et
familiale.
Mme Tremblay : Vous avez
parlé... Tu as parlé... Vous avez parlé d'un guide de la santé numérique. Donc,
ça, c'est une idée, là, tu sais, dans le fond... c'est pour travailler en
prévention. J'imagine que, par ce guide-là, c'est les parents, surtout, que
vous voulez sensibiliser, j'imagine, ou...
M. Sebagenzi (Mike Owen) : C'est
surtout ça, en fait, parce qu'on peut bien mettre des cadres, des règlements,
mais on ne peut pas commencer à légiférer sur le comportement des parents. Puis
les parents, souvent, se retrouvent dans une situation où ils n'ont pas
nécessairement les outils pour intervenir chez les enfants puis ils n'ont pas
nécessairement, aussi, les connaissances pour savoir c'est quoi, la différence
entre mon enfant qui aime vraiment ça jouer aux jeux vidéo puis mon enfant qui
développe une dépendance aux écrans. Puis de donner les outils puis
l'information nécessaire pour faire la distinction entre du bon temps d'écran
et du mauvais temps d'écran, quand est-ce qu'on tombe dans la dépendance, quand
est-ce qu'on est dans juste le loisir et les jeux, c'est quoi, les techniques
et les outils pour être capable de venir réglementer ça, c'est quoi, les bonnes
pratiques, les bonnes mesures à prendre, ça dédouane un petit peu le travail
d'être au courant et aux aguets de tout pour les parents, de la même façon
qu'un parent peut se fier au Guide alimentaire puis dire : Bon, bien, je
sais que tant de portions de fruits et légumes avec du lait, puis telle, telle
portion de grains va faire en sorte que mon enfant va se développer en santé,
j'ai l'avis des experts, le gouvernement fait ça, et j'ai confiance en ça, je
peux me fier à ça, puis continuer le reste de ma vie en m'appuyant là-dessus, je
n'ai pas besoin de faire des heures de recherche de mon côté. Mais, en ce
moment, sur tout ce qui est numérique, il faut en faire, de la recherche pour
comprendre c'est quoi, l'impact sur nos enfants, c'est quoi, les bonnes
pratiques : C'est-tu deux heures par jour? C'est-tu une heure par jour? C'est-tu
30 minutes? Est-ce que je peux le faire avant le soir, mais combien de
temps avant d'aller me coucher?, puis tous ces genres de petits détails comme
ça, fins, bien, généralement, deux parents qui travaillent à temps plein, comme
ça l'est aujourd'hui pour la majorité des gens, ils n'ont pas le temps de
s'informer là-dessus, puis c'est normal, puis c'est correct, mais ça reste
un... quelque chose d'assez prédominant dans la vie de nos jeunes aujourd'hui.
Ça fait qu'au moins d'avoir un petit guide, une petite balise pour aider les
parents à naviguer, ça, nous, on pense que ce serait vraiment bénéfique en
termes de prévention, sans nécessairement avoir à interdire quelque chose tout
de suite non plus, là.
Mme Tremblay : Dans le
contenu scolaire, on aborde, là, dans le cours de CCQ, là, qui est assez récent,
d'ailleurs, là, on aborde, là, certains... tout l'enjeu, là, de l'utilisation
des écrans, la cyberintimidation à... bon, puis ça commence dès le primaire
puis ça va jusqu'à la fin du secondaire. Avez-vous eu des discussions en lien
avec ça, vous, comment on devrait, tu sais, informer les jeunes? Prévention? On
fait un cours juste sur cela? On bonifie le cours de CCQ? Est-ce que vous avez
regardé ce volet-là?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Pas
exactement en termes de la manière, mais on était d'accord pour un cadre de
prévention dans l'école, que ce soit à travers une intervention ponctuelle
durant le parcours scolaire, un cours ou un ajout au cours CCQ, comme vous
l'avez <mentionné...
M. Sebagenzi (Mike
Owen) :
...ponctuelle durant le parcours scolaire, un cours ou
un ajout au cours CCQ, comme vous l'avez >mentionné. À ce niveau-là, on
va se fier aux experts en pédagogie, qui vont être capables de choisir le bon
moment ou le bon véhicule pour transmettre cette connaissance, mais c'est
important d'outiller les jeunes sur leur utilisation du temps d'écran.
Moi, je sais que, quand... j'ai dit «dans
mon temps», je ne suis pas très vieux, là, mais, quand même, quand j'étais au
secondaire, des jeunes hommes comme moi qui jouaient du 16 heures de jeux
vidéo par semaine puis qui ne savaient pas que c'était dramatique quand même...
Là, ça, ça veut dire six heures la fin de... chaque jour de fin de semaine puis
même du temps la semaine, puis tu n'es pas capable de naviguer tes relations
sociales, tu n'es pas capable de naviguer tes devoirs, tu es en retard sur
certaines affaires, tu ne développes pas des compétences d'organisation. Il n'y
avait aucun outil pour moi pour savoir comment naviguer ça ou développer au
moins une certaine sensibilité par rapport au fait que, comme, c'est peut-être
problématique. Au contraire, je naviguais un espace où les profs n'en parlaient
pas, mes parents n'en parlaient pas, puis, entre jeunes, on se disait :
Bien, c'est bien correct, tu as mis combien d'heures là-dessus? Ah! tu as-tu
battu le boss dans Dark Souls? C'est donc bien «sick», «bro». On est ailleurs
totalement, là.
Puis je n'ai pas envie d'avoir ce genre de
pratique ou ce genre de discours non plus pour les prochaines générations. Puis
le simple espace de discussion à l'école permet au moins de réveiller l'élève
et de lui dire : Ah! ce n'est peut-être pas normal, la manière dont
j'utilise mon téléphone, puis juste débuter la réflexion. Nous, on a confiance
que les jeunes du Québec sont assez matures pour reconnaître s'il y a un
problème ou pas, il faut juste leur donner l'opportunité d'avoir cette
réflexion pour eux-mêmes.
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Je pense que la tenue d'ateliers qui n'est pas... Parce que, si c'est juste
ton enseignant qui te présente une présentation PowerPoint — je parle
pour moi — ça ne marche pas, dans le sens que les élèves ne vont pas
se sentir interpelés parce qu'il y a vraiment, tu sais, comme la dimension
comme non personnelle. Mais souvent, quand c'est des intervenants plus jeunes
qui viennent ou qu'il y a des activités qui sont tenues, des fois ça peut être
des conférences ou même, des fois, des visites dans certains lieux, je pense
que ça, ça... c'est beaucoup plus favorable pour ouvrir une réflexion puis un
dialogue plutôt que : Tu es obligé de venir à la conférence, sinon tu vas
avoir une retenue, là. Tu sais, je pense que, si les jeunes sont intéressés par
le sujet, ça peut vraiment être plus bénéfique, surtout pour la pornographie.
Comme j'avais mentionné tantôt, c'est tellement un sujet tabou que, si c'est
juste ton enseignant qui arrive un peu mal à l'aise, il est comme : Bon,
bien, aujourd'hui, je dois parler de pornographie... je pense que ce serait
plus adéquat si c'est un intervenant qui est spécialisé là-dedans qui vient
donner un atelier dans la classe, là.
Mme Tremblay : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente.
Merci de votre présentation aujourd'hui.
Et justement en parlant de... des écrans comme outils pédagogiques, il y a
quand même... Oui, il faut... je pense qu'il faut restreindre ça. Puis, par
exemple, dans l'école d'un de mes fils, toutes les... ils sont restreints
d'avoir d'autres applications à part ceux que l'école demande, donc ça devient
vraiment un outil pédagogique, puis il n'y a pas de jeux, il n'y a pas de jeux
vidéo qui sont là, et on restreint le nombre de temps qu'ils peuvent passer sur
leur écran. Parce qu'on sait, comme vous êtes passés par le cégep et
l'université, le... l'Internet, les écrans, c'est comme ça qu'on fait nos
travaux de recherche, donc je pense qu'il faut quand même avoir une certaine
exposition à cette réalité pour bien les préparer au monde auquel ils... on vit
puis pour les préparer pour le cégep, pour l'université, donc un temps
restreint et un accès restreint quand ils sont disponibles comme outils
pédagogiques.
Et, comme vous avez mentionné, moi, je
pense qu'il est vraiment important de développer cet esprit critique parce que
nos jeunes prennent pour acquis que ce qu'ils voient sur les réseaux sociaux,
par exemple, est la vérité. Et donc je pense qu'à part la sensibilisation qui
est faite dans le cadre du cours du CCQ, il faut vraiment... puis que ça soit
d'autres jeunes qui viennent les rejoindre pour dire : Écoute, nous, on a
vécu cette réalité-là puis on veut que vous soyez plus conscients qu'on l'a
été, je pense, est la bonne voie.
Mais tout ça pour dire, à la fin de la
journée, ce qu'on veut, c'est des... offrir des alternatives à nos jeunes,
parce que, sans leur offrir d'autres options, bien, ils vont se retrouver dans
la même situation. Donc, que ce soit plus d'investissements au niveau de
l'éducation, pour des cours parascolaires, pour des activités sportives, pour
des activités dans le cadre des arts, qu'est-ce que vous pensez de cette
initiative-là?
• (17 heures) •
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : Bien,
tout d'abord, je ne sais pas si... c'est un peu... je ratisse un peu large
peut-être, mais moi, je viens d'une école publique, je ne sais pas si vous en
avez entendu parler, elle s'appelle Sophie-Barat, et c'est une école qui est un
petit peu en train de tomber en ruine, donc c'est une école où il n'y avait
vraiment aucune activité. Et donc moi, je me dis : Si notre système
d'éducation est en train d'avoir autant de difficultés, il ne peut pas offrir
plus d'activités, mais la solution, ce n'est pas non plus de se tourner vers
les écrans. Donc, moi, je pense que c'est vraiment... la source du problème,
c'est qu'en ce moment il y a beaucoup d'investissement qui doit être fait dans
le système d'éducation, et ça, c'est tant au niveau de l'infrastructure que des
activités, parce que les jeunes se sentent de moins en moins rattachés <à
leur communauté scolaire...
>
17 h (version révisée)
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : ...Et
ça, c'est tant au niveau de l'infrastructure que des activités, parce que les
jeunes se sentent de moins en moins rattachés à leur communauté scolaire. Les
gens se sentent de moins en moins investis dans juste la vie scolaire
étudiante. Moi, je pense que c'est vraiment un bon point que vous avez soulevé.
Il faut... l'école, c'est supposé être la deuxième maison des élèves, puis j'ai
l'impression qu'on est en train de perdre ça et donc je pense qu'il y a
vraiment un effort qui doit être mis là-dedans pour que... pour cultiver le
sentiment d'appartenance. Puis je pense que c'est par une diminution du temps d'écran,
mais aussi par une hausse de l'offre en milieu scolaire, c'est sûr, sûr, sûr.
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Puis
j'ajouterais à ça aussi, il y a le milieu scolaire, mais il y a le milieu
familial. C'est, des fois, difficile, surtout dans des... dans des banlieues,
surtout. Moi, j'ai grandi en banlieue, puis quand ce que tu as de proche, ça te
prend 15 minutes, 30 minutes, 45 minutes d'auto pour te rendre,
puis ça te coûte 15 $, puis il faut que tu demandes l'argent à papa puis
un lift pour aller, la fin de semaine, pour avoir quelconque activité pour un
jeune, tu te retournes vers le temps d'écran, tu te retournes vers le jeu vidéo
qui va te permettre de te connecter avec tes amis beaucoup plus facilement,
avec beaucoup moins de barrières. Puis c'est important d'offrir des
alternatives localement, dans la communauté des gens, les maisons des jeunes
font ça aussi, pour avoir du temps à l'extérieur de l'école puis à l'extérieur
du parascolaire, aussi, pour venir attirer nos jeunes vers du temps de qualité
et de la stimulation autre que l'Internet ou le temps d'écran.
Mme Prass : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Rebonjour.
Tantôt, vous avez parlé du fait que la France avait de la misère à appliquer...
ou la majorité numérique. C'était bien ça? Pouvez-vous nous en parler un peu
plus?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Oui,
avec plaisir. Ils l'ont votée, mais à leur Assemblée nationale. Par contre, au
niveau de l'application, ça ne s'est pas encore fait. Puis, ce qui se dit, ce
que j'ai lu, en France en tout cas, c'est qu'en termes de modalités pour venir
vérifier l'âge de l'utilisateur, il y a des problèmes en termes d'anonymat ou
de vie privée puis aussi de protection des données. C'est difficile d'utiliser
un véhicule pour être capable d'entreposer les données des utilisateurs, savoir
qui est mineur, qui ne l'est pas, puis ensuite que le réseau social, que ce
soit Meta, que ce soit X, que ce soit... peu importe, ait ensuite accès à ces
données-là, ou un troisième parti qui peut avoir accès à ces données-là. Puis
là, ce qu'on fait, c'est qu'on a des données critiques sensibles d'une
population vulnérable, accessibles à peut-être des compagnies privées qui ont
un intérêt financier à vendre des données à d'autres compagnies pour se faire
de l'argent.
Ça fait que, dans ces questions-là, c'est
extrêmement sensible et difficile d'approcher ça. Puis la France a eu une
approche, disons, sécuritaire, ils prennent leur temps avec l'application, pour
être sûrs de faire les choses correctement. Mais il y a certains qui doutent
aussi de la faisabilité de ce genre de choses aujourd'hui. Il y a certaines
façons, bien sûr, de s'assurer d'avoir un tiers parti vérificateur. Le problème
vient avec toutes les manières de contourner ce genre de choses ensuite.
Puis, de notre côté, ça devient difficile
de voir un monde où on est capable d'avoir une majorité numérique, de protéger
l'anonymat des jeunes, de protéger leurs données et d'avoir des manières à les
empêcher de contourner cette majorité-là. On est en faveur dans le principe,
mais on aimerait voir plus de signes de cette possibilité en termes techniques
aussi, là, puis ce n'est pas quelque chose qu'on a vu, en tout cas dans d'autres
pays et ici, en Amérique du Nord.
M. Leduc : La réflexion que
nous avons, tout un chacun, sur l'applicabilité des différentes mesures,
notamment la majorité numérique, je la trouve intéressante. Parce que, tu sais,
mettons, sur la vitesse au volant, vous venez de faire de la route pour venir
aujourd'hui, j'espère que vous avez respecté la vitesse au volant, l'alcool, la
consommation d'alcool, que ce soit dans un bar ou un dépanneur, etc., à 18 ans,
etc. Même si c'est, évidemment, impossible d'avoir une application parfaite et
mur à mur, le simple fait qu'existe cette loi-là et qu'on... en théorie, on
pourrait se faire poigner sur la route par une police, ou dans un bar par une
autre personne, ou peu importe, ça met une espèce de pression pour un
comportement, de manière générale, d'un point de vue de santé publique,
adéquat. Ça fait que moi, je me pose beaucoup la question : Même si ça va
être très difficile d'appliquer la majorité numérique, est-ce que... même si,
donc, ça va être difficile, est-ce que ça a quand même des avantages globaux, d'un
point de vue de santé publique, de le faire?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Ça,
on pense que oui puis on a été très surpris de voir qu'une bonne majorité, une
supramajorité de nos membres était en faveur d'une majorité numérique. L'âge, c'est
là où il y a de la... il y a de la... il y a de la différence. Mais le point
est quand même que, juste avoir le principe d'une majorité numérique donnerait
une sorte d'outil autoritaire pour les parents, de dire : Bien non, je ne
te laisse pas avoir de cellulaire ou de réseau social, le gouvernement ou la
loi dit que c'est non. Ça fait que moi, je veux, en tant que bon citoyen,
participer à l'application de cette loi-là. Ça donne un outil aux parents, en <quelque...
M.
Sebagenzi (Mike Owen) :
... participer à l'application de cette
loi-là. Ça donne un outil aux parents, en >quelque... ça donne un outil
aussi aux écoles, bien sûr, pour interdire certaines... certaines utilisations.
Et ensuite ça permet d'avancer le discours
et les débats autour du temps d'écran, comme, en quelque part, une substance
illicite. Là, on a parlé de la conduite, mais moi, j'aime ça comparer le temps
d'écran, vraiment, à une sorte de drogue. Puis on le voit, l'effet sur les
cerveaux des jeunes, sur la dopamine, sur l'attention, la concentration. Et
commencer à avoir... à approcher le temps d'écran, les réseaux sociaux,
l'espace numérique, vraiment, comme une sorte de dépendance, permet ensuite
de... oui, on peut parler de la technique, puis des VPN, puis de toutes ces
choses-là, mais de parler aussi de l'accompagnement en termes de santé publique.
Puis de commencer avec une majorité numérique, même si peut-être plus
symbolique que technique, permettrait de faire avancer le discours et le débat
à certains égards. On en parlait tantôt, on parlait d'un guide de la santé
numérique. C'est ce genre de chose qui peut venir conjointement avec une
majorité, même si, comme vous l'avez dit, ce ne pas tout le monde qui la
respecterait.
Ce serait aussi... dernière chose, ce
serait aussi plus difficile pour un jeune d'avoir accès à Facebook. Puis il y
en a certains qui vont abandonner juste par pure fatigue. C'est comme : Ça
ne me tente pas d'aller payer pour un VPN avec la carte de crédit de mes...
M. Leduc : ...
M. Sebagenzi (Mike Owen) : C'est
ça, là.
M. Leduc : ...de l'adolescent.
D'accord.
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Il
y a une... Je pense qu'il y a une bonne partie de gens qui vont se dire :
Bon, bien, laisse faire, de toute façon, mes parents ne m'achètent pas un
cellulaire, c'est compliqué, ça ne me tente pas. Puis peut-être que les plus
motivés vont se tenter à contourner, mais on sera capable au moins d'en
protéger une bonne partie, il y aurait quand même un gain, en quelque part, qui
est non négligeable, là.
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : L'infrastructure,
ça pourrait, comme, attendre, entre guillemets. Mais personnellement ce que je
pense qui ne pourrait pas attendre, c'est l'éducation puis la sensibilisation
qui va venir avec ça. Parce que, comme... si on fait juste mettre la loi qui
dit que c'est 14, 16 ans ou peu importe l'âge, puis qu'il n'y a pas, comme,
d'explication qui vient... Surtout, à l'adolescence, ils veulent beaucoup
d'explications, les adolescents, pourquoi les choses marchent ainsi. Donc, ça,
je pense que ça, c'est non négociable, dans le sens qu'il va falloir que ça
vienne avec ça. Même si, en application, c'est plus difficile, la
sensibilisation, l'éducation puis tout ça va devoir venir de pair avec, parce
que, sinon, ça n'aura pas de légitimité aux yeux des jeunes. Puis, après ça, ça
peut avoir un effet pervers, parce que, quand ils vont arriver à la majorité
numérique ou plus vieux, ça peut vraiment... Tu sais, c'est comme l'alcool, il
y a certaines personnes, ils ne boivent pas, ils ne boivent pas, puis là ça a
un effet pervers, après. Donc, en tout cas, c'est quelque chose à réfléchir, je
pense.
M. Leduc : Je serais curieux
de vous entendre d'un point de vue, presque, de vos expériences plus personnelles
du secondaire. Parce que ça fait 25 ans que j'ai été au secondaire, puis
il n'y avait pas de cellulaire, pas de réseaux sociaux, encore moins. Votre
expérience, donc, dans vos cercles d'amis : À quel âge on mettait la main
sur un téléphone cellulaire ou on s'ouvrait un réseau social?
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : Ça
dépend vraiment des personnes. Ça dépendait aussi, après ça, à quel point ils
étaient considérés comme cool. Dans le sens que moi, j'ai eu un téléphone
cellulaire super tard, je l'ai eu à 16 ans...
M. Leduc : ...
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : ...oui,
puis c'est moi qui ai dû me le procurer. Ça, c'était très clair pour mes
parents. Puis nous, on n'a jamais eu de jeu vidéo, chez moi. Ça fait que
c'était... on avait le droit à un peu de télévision, une fois de temps en
temps, puis après ça, bien, c'est ça, avec le iPad qui était obligatoire pour
mon frère, ça a donné lieu à une situation différente. Mais ça, c'était pour
moi puis l'enfance de mon frère. Mais, autour de moi, j'ai fait beaucoup de
tutorat, puis j'ai fait beaucoup de gardiennage, surtout pendant la pandémie,
il y a des parents qui ne savaient plus quoi faire avec leurs enfants. Et donc
j'ai énormément d'enfants, avec qui je faisais du tutorat, qui ont commencé à
avoir des téléphones. Donc là, je parle de sept, huit ans, donc, très, très
jeune. Puis j'ai vu l'impact direct, là ça n'avait aucun sens, ils sont devenus
des vrais petits monstres. Mais donc je dirais qu'il y a beaucoup de personnes
qui commencent à avoir des cellulaires en secondaire I, même fin du
primaire. J'en ai quand même vu beaucoup. Donc, ça tourne autour de ça, je
pense, en ce moment. Puis les jeux vidéo, c'est encore plus jeune, je pense,
c'est... primaire, c'est déjà dans les maisons.
M. Leduc : ...Instagram vient
en même temps que le cellulaire ou dans un deuxième temps?
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : Bien,
souvent, parce que les enfants vont le faire en cachette, parce que, tu sais, s'ils
ont leur téléphone, ils peuvent le cacher, ou quoi que ce soit. Puis les
parents, ils ne vont pas nécessairement le trouver. Donc, moi, quand j'étais en
sixième année du primaire, il y avait déjà des gens qui avaient Instagram...
M. Leduc : ...année?
Mme Locas-Ouimet (Marianne) :
Oui, sixième année du primaire.
• (17 h 10) •
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Dans
mon cas à moi, mes parents m'avaient fait une adresse courriel, quand j'avais
huit ans, pour des raisons administratives ou peu importe, puis ils voulaient
m'autonomiser par rapport au numérique. Moi, j'ai pris cette adresse courriel
puis je me suis fait un compte Facebook, je me suis fait un compte sur des jeux
vidéo. Il y a des compagnies qui ont mes données, qui ne devraient pas avoir
mes données, c'est atroce. J'avais huit ans, c'était...
Une voix : ...
M. Sebagenzi (Mike Owen) :
...oui, c'était 2008... oui, c'est ça, c'était 2008.
M. Leduc : ...le premier à le
faire, dans ton cercle d'amis, à cet âge-là?
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Non,
c'était pas mal tous en même temps, puis <c'était...
M. Sebagenzi (Mike Owen) :
...
Non, c'était pas mal tous en même temps puis >c'était un petit peu
normal, parce que tu avais besoin d'une adresse courriel pour pouvoir avoir un
compte sur Xbox Live pour ensuite avoir accès à des jeux gratuits,
mensuellement, ou des démos. Ça fait qu'on les avait tous puis on se donnait
des trucs, aussi, sur comment utiliser ton adresse courriel, comment utiliser
quelque chose pour avoir accès à autre chose en ligne, c'est quoi, les recoins
de l'Internet. Puis ça, c'était au début de l'Internet, quand aucun parent,
aucune école n'en parlait, il fallait que tu ailles sur un forum pour trouver
des trucs.
Puis ça a fait en sorte que je suis très à
l'aise avec le numérique, mais ça fait aussi en sorte que, bien, j'ai commencé
à utiliser le temps d'écran de manière assez, je vais l'avouer, là,
irresponsable très, très jeune, avec aucun accompagnement. Puis moi, j'ai été
chanceux, je me considère chanceux dans le sens qu'il n'y a pas eu d'effets si
nocifs que ça dans ma vie à moi, personnelle, mais j'en connais d'autres pour
qui ça a été une source de démotivation à l'école, aucun sentiment de vouloir
aller à l'école ou de participer, parce que tu as tout de suite hâte de rentrer
chez vous puis de jouer à des jeux vidéo, d'aller en ligne sur les réseaux
sociaux, mais ce n'était pas le téléphone.
Puis, je pense, on est toujours centrés
autour du téléphone, mais, en tout cas, dans... au primaire, moi, c'était le
iPod, si on s'en souvient encore, c'est ça, le iPod touch, la tablette pour les
travaux scolaires, le portable pour les travaux, puis c'était aussi le temps
d'écran à l'école. Quelqu'un qui performait bien à l'école, on l'envoyait dans
le laboratoire, puis il va à l'ordinateur pendant 30 minutes, pendant que
je gère la classe. Mais ça fait en sorte que tu as accès à l'Internet pendant
30 minutes, puis tu fais ce que tu veux, puis tu effaces l'historique,
c'est fini. Puis ce n'est pas comme si un professeur va venir encadrer ça, ce
n'est pas dans sa liste de tâches.
Ça fait qu'on... je trouve qu'on
sous-estime souvent à quel point des enfants ou des jeunes, ça peut être
créatif en termes de trouver des alternatives. Quand on parle de bannir le
wifi, pour ces plus jeunes, il y a des manières de changer son adresse IP, puis
de contourner ça facilement, puis d'avoir accès à l'Internet après
9 heures, 10 heures, 11 heures le soir, puis...
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : Pour
les parents qui pensent... (panne de son) ...respecte le temps d'écran à la
lettre, ce n'est probablement pas le cas.
M. Sebagenzi
(Mike Owen) :
C'est...
C'est fou à quel point c'est simple, quand même. Puis c'est une question
de motivation. Un jeune motivé va être capable de contourner un règlement, une
restriction. Puis ça fait en sorte qu'en tout cas dans ma génération à moi on
était tous superconnectés avec des comptes, des fois plusieurs comptes de
réseaux sociaux puis des comptes aussi de plateformes qui n'ont pas de sens
d'avoir un compte puis de demander des informations comme ta date de naissance,
ton code postal, ton pays, ton... plein d'informations personnelles comme ça à
des âges comme huit, neuf, 10 ans, des fois, même, plus jeunes.
Mme Locas-Ouimet (Marianne) : Moi,
je connais quelqu'un qui a commencé à avoir accès très jeune aux jeux vidéo,
puis à un iPad, puis à un téléphone, éventuellement, quand il avait sept, huit
ans, puis il a développé une addiction assez grave à la pornographie puis aux
jeux vidéo, puis vraiment, quand même, très grave, que... Puis cette
personne-là a réussi à s'en sortir au cégep, puis ça a plongé cette personne-là,
quand même, dans une dépression assez... assez spectaculaire. Parce que c'était
son apport de dopamine depuis le primaire. Toute sa dopamine provenait des jeux
vidéo puis de la pornographie. Ça fait que, si tu lui enlèves ça, c'est
comme... c'est comme si ton... l'architecture de ton cerveau avait été modifiée
après un certain nombre d'années, quand même. Donc, ça avait vraiment... Moi,
ça m'avait vraiment ouvert les yeux parce que j'étais, comme : Aïe! Tu
sais, je ne pense pas que ses parents pensaient que ça allait faire ça, là,
quand ils lui ont donné un iPad quand il avait huit ans. Puis je ne pense pas
que c'est une exception. Je pense qu'évidemment c'est un cas qui est quand même
très, très extrême, mais je pense qu'à un niveau ou à un autre ça peut avoir
vraiment des graves répercussions, plus les enfants sont jeunes quand ils
reçoivent un écran.
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Puis
j'ajouterais une chose. Je pense que...
La Présidente (Mme Dionne) : ...
M. Sebagenzi (Mike Owen) : Oui.
En 30... Je pense que les plus sensibles, par rapport à ça, c'est les jeunes,
les jeunes qui ont vu l'Internet, les téléphones rentrer dans leur vie puis qui
réalisent, à notre âge, dans la vingtaine : Oh mon Dieu! Ça n'a pas de bon
sens à quel point c'était accessible et facile puis que c'était littéralement
une drogue. On est hypersensibles à ça. Puis j'ai été très surpris de voir à
quel point les gens de notre âge sont prêts à mettre des restrictions, puis à
légiférer, puis à essayer de restreindre l'accès, parce qu'on l'a vu à quel
point ça a été nocif sur nous puis on ne veut pas que ce le soit sur nos plus
jeunes.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment. C'est très précieux d'entendre l'opinion de nos jeunes. Comme on
dit, vous êtes au cœur de cette commission. Donc, merci pour votre contribution
à nos travaux.
Je suspends quelques minutes pour
accueillir nos prochains témoins.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à 17 h 21)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, j'ai le plaisir d'accueillir
les représentants...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : ... — la
commission est reprise, merci beaucoup — alors... l'Office de la
protection du consommateur. Donc, M. Denis Marsolais, président, M. Raphaël
Amabili-Rivet, vice-président, ainsi que M. Joël Simard, directeur des affaires
juridiques, bienvenue à cette commission. Donc, je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour nous faire part de votre exposé, et par la
suite on procédera à une période d'échange avec les membres de la commission.
M. Marsolais (Denis) : Comme
l'heure est tardive, on va tenter de vous garder réveillés. Étant le dernier,
c'est toujours un peu plus difficile, mais je vais quand même tenter de vous
garder réveillés tout au long de la présentation.
Alors, Mme la Présidente, membres de la
commission spéciale, je vous remercie sincèrement de votre invitation à venir
témoigner lors de ces consultations particulières afin de partager l'expérience
et les compétences de l'office en ce qui a trait à l'utilisation des écrans et
des réseaux sociaux chez les jeunes. Vous comprendrez que je consacrerai mon
exposé sur les aspects sous la responsabilité de l'office, principalement en ce
qui concerne la publicité et l'interdiction d'en faire aux enfants de moins de
13 ans.
Bien que l'explosion des applications, des
jeux en ligne et des plateformes soit relativement récente, cela fait près de
50 ans que le Québec a légiféré afin de protéger les enfants de la
publicité commerciale. C'est en 1978, lors d'une révision majeure de la loi,
qu'ont été adoptés les articles 248 et 249 de la loi, interdisant la
publicité à but commercial destinée aux enfants de moins de 13 ans,
c'est-à-dire la publicité qui vise à promouvoir l'achat ou la location d'un
bien ou d'un service ou à mettre en valeur une organisation du Québec. De toute
évidence, les jeunes de cet âge constituent un groupe de consommateurs, vous
allez en convenir, particulièrement convenables... vulnérables, pardon, face au
stratagème des commerçants, à l'égard duquel une protection accrue s'impose.
Qu'est-ce que prévoit la loi? Afin de
déterminer si un message publicitaire est destiné aux enfants, il faut tenir
compte du contexte, de sa présentation et de l'impression que celui-ci dégage.
La loi prévoit également trois critères, qui se traduisent par les questions
suivantes : À qui le bien ou le service annoncé est-il destiné? Est-il
attrayant pour les enfants? Le message publicitaire est-il conçu pour attirer
l'attention des enfants? On parle des enfants de moins de 13 ans,
évidemment. Des enfants sont-ils visés par le message ou exposés à celui-ci?
Sont-ils présents au moment et à l'endroit de sa parution ou sa diffusion?
Il est toutefois important de retenir que
chaque critère pris isolément n'est pas nécessairement déterminant. En effet,
une analyse globale de tous ces critères du message publicitaire, qui considère
la relation entre les trois critères, est nécessaire.
La loi vise tout le monde, les personnes
qui demandent la promotion d'un bien ou d'un service comme celle qui fait
partie du processus judiciaire. L'interdiction vise aussi la personne qui
conçoit le message, le distribue, le publie, le diffuse, de même que la
personne qui en demande la conception, la distribution, la publication et la
diffusion. Aussi, et c'est très important de le préciser, dans l'ère
technologique dans laquelle nous vivons, tous les supports et tous les médias
sont visés, même ceux qui n'existaient pas en 1978 et ceux qui ne sont pas...
n'ont pas encore vu le jour en date d'aujourd'hui. En fait, l'interprétation de
la loi est évolutive.
On vous a remis un dépliant qui explique
la majorité des choses qu'on va vous dire aujourd'hui. Vous aurez sûrement constaté
que le dépliant date de 2012. La modification a eu lieu en 1978 et encore
aujourd'hui elle est actuelle. La seule différence... deux choses : il y a
eu une modification, depuis le 5 janvier dernier, sur l'indemnité en matière
pénale, lorsqu'il y a une poursuite pénale, qui est plus élevée; et la jeune
fille qui est sur le devant, elle a probablement deux enfants aujourd'hui, alors...
Mais rassurez-vous, cette brochure-là est en révision pour... justement pour
actualiser le document seulement au niveau de l'indemnité en matière pénale.
Quant au reste, le contenu est tout à fait exact. On s'en servira tantôt, là.
La dernière page, il y a une page qui <s'ouvre, là, qui va...
M. Marsolais (Denis) :
...
On s'en servira tantôt, là. La dernière page, il y a une page qui >s'ouvre,
là, qui va déterminer dans quel contexte on est dans un message publicitaire
qui est adressé aux enfants de moins de 13 ans.
Ainsi, la radio, la télévision, les
publications imprimées, les objets promotionnels, le Web, les médias sociaux,
les applications mobiles, les jeux vidéo, et j'en passe, sont tous concernés
par l'interdiction, s'ils sont employés pour diffuser un message publicitaire à
but commercial. C'est le cas aussi pour tous les autres supports imaginables ou
inimaginables du présent ou du futur. Alors, le législateur était assez
visionnaire, en 1978, pour laisser une disposition législative assez large pour
couvrir tous types de diffusion de publicité.
Marketing d'influence. C'est plus
contemporain que ça. Parlant d'évolution, les réseaux sociaux ont fait place à
une nouvelle forme de publicité non traditionnelle très répandue, soit le
marketing d'influence, communément appelé les influenceurs. Même si la plupart
des jeunes savent que les personnalités qu'ils voient sur les réseaux sociaux
peuvent être rémunérées pour parler de certains produits, ils n'ont pas
toujours conscience, au moment où ils défilent du contenu sur leur téléphone,
qu'ils sont constamment exposés à la publicité. Pensez à ceux qui démontent un
produit ou qui déballent un produit, ou peu importe, là, ce sont tous des
incitatifs dans... En tout cas, une fois l'analyse effectuée, on peut arriver
facilement à déterminer que c'est une publicité. Ils n'ont pas toujours
conscience, au moment, donc, que, lorsqu'ils écoutent, souvent, sur leur
téléphone le message, sans la voir, que c'est effectivement de la publicité.
Car, oui, les influenceurs et les
créateurs de contenu sont des publicitaires, et, comme toute nouvelle mouvance,
ce phénomène comporte des particularités. Par exemple, la notion de publicité
est parfois moins évidente sur les réseaux sociaux. Dans certains cas, le lien
entre un influenceur et une entreprise peut être clairement exposé dans une
publication, alors qu'il peut être très bien dissimulé ou même totalement
absent dans d'autres. Même lorsque les influenceurs publient du contenu qui
n'est pas commandité, leur discours peut tout de même inciter leur auditoire à
se procurer le bien ou le service qu'ils mettent en valeur. Une analyse propre
à chaque situation est nécessaire afin de déterminer s'il s'agit d'un message
publicitaire au sens de la Loi de la protection du consommateur. On verra
encore, dans le tableau que je vous ai remis, l'exercice qu'on doit faire pour
savoir exactement si c'est un message publicitaire.
Par ailleurs, les données numériques des
utilisateurs et les algorithmes, les fameux algorithmes, permettent de cibler
un public captif mieux que n'importe quel autre médium. Ils savent très bien
quel type de publicité ou d'émission un jeune peut regarder, donc ils vont
cibler exactement cette publicité-là, eu égard à un secteur de jeunes par
rapport à un secteur d'objets ou de biens. Et avec les individus adultes, comme
les enfants, qui passent davantage de temps devant un écran, il en résulte une
surexposition en publicité.
Comme pour bien des enjeux sociétaux,
c'est l'éducation qui demeure la clé. Il s'agit du meilleur outil pour
sensibiliser les gens, en particulier les jeunes, à la façon dont la publicité
entoure en permanence et peut influencer leurs choix de consommation,
consciemment ou non.
À travers des multiples facettes de sa
mission, l'office a pour mandat d'informer et d'éduquer la population en ce qui
a trait à la protection du consommateur. C'est une de nos deux missions
premières. Non seulement l'office veille à ce que les consommateurs connaissent
leurs droits, leurs obligations et leurs recours, mais il les outille pour
qu'ils soient plus autonomes et responsables, à la fois pour prévenir et aussi
pour résoudre les problèmes liés à la consommation de biens et de services.
Parmi ses différentes réalisations,
l'office a développé un excellent partenariat avec le réseau de l'éducation — souvent,
c'est la filière pour atteindre les jeunes davantage — notamment par
le biais de la Zone enseignants, une mine d'or d'informations et d'activités
pédagogiques pour aborder en classe différentes notions utiles au sujet de la
consommation. Plus d'une soixantaine d'activités éducatives et clés en main y
sont proposées, elles sont adaptées selon l'âge des élèves en fonction des
différents cycles primaires et secondaires.
• (17 h 30) •
Je fais une première parenthèse sur le
fait qu'il n'est jamais trop tard pour sensibiliser les jeunes à la différence
entre un besoin et un désir. En amenant des enfants dès leur jeune âge à
différencier ce qu'est un besoin par rapport à ce qu'est un désir, cela leur
permet de développer un esprit critique non seulement envers la publicité, mais
aussi envers leur surconsommation et le surendettement. Parce que, vous savez,
avec le Web, maintenant, des jeunes qui achètent directement, là, sur les
plateformes, ça ne commence pas, comme avant, à 16, 17, 18 ans, ça
commence dès le bas âge. Tous ce matériel éducatif est disposé... est
disponible, pardon, gratuitement en ligne dans notre Zone enseignants et de
l'espace parents du site Web de l'office...
17 h 30 (version révisée)
M. Marsolais (Denis) : ...enseignants,
de l'Espace parents du site Web de l'office.
Permettez-moi maintenant de retenir... de
revenir sur l'encadrement de la publicité sur les réseaux sociaux. En plus des
articles qui interdisent la publicité commerciale aux enfants, la loi prévoit
qu'aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, par quelque moyen que
ce soit, faire une représentation fausse ou trompeuse à un consommateur ou
passer sous silence un fait important dans une représentation qu'il fait à un
consommateur. Ainsi, on revient à l'influenceur, ne peut, par exemple, omettre
d'indiquer clairement le fait qu'un contenu est une publicité lorsqu'il est
rémunéré ou qu'il y a tout autre lien matériel avec un commerçant pour ce
faire. Souvent, les commerçants peuvent fournir à l'influenceur les produits
gratuitement pour qu'il puisse en faire la promotion ou ils le rémunèrent d'une
autre façon. Il ne peut non plus faire de fausse représentation — toujours
l'influenceur — à ce sujet, comme prétendre ne pas avoir de lien d'affaires
avec un commerçant si évidemment ça s'avère faux.
Cela est valide, peu importe l'objet ou la
forme de publication, qu'il s'agisse d'un test d'un produit, d'un déballage
vidéo, d'un partage de code promotionnel, etc. Bref, selon les circonstances
propres à chaque cas, l'encadrement prévu à la loi pourrait trouver application
à l'égard de contenus publicitaires à but commercial sur les réseaux sociaux
qui s'adressent à des enfants de moins de 13 ans.
Sur le plan de la surveillance, l'univers
numérique comporte son lot de défis en matière de collecte de preuves. Comme le
mentionnait plus tôt... comme je le mentionnais plus tôt, pardon, les
commerçants et les publicitaires ont maintenant accès à des tonnes de données
numériques sur les consommateurs. Cela fait en sorte que les flux publicitaires
sont de plus en plus ciblés et que personne ne voit en même temps la même
annonce, parce qu'ils les ciblent selon le profil de chacun des consommateurs.
Le ciblage publicitaire peut ainsi représenter un obstacle dans la détection et
la documentation de la preuve. Ça devient pas mal plus compliqué, pour nous
autres, avec les algorithmes. De plus, le monde numérique traverse les
frontières et il est notamment composé de multiples sociétés étrangères, des
fois des petites entreprises qui sont à l'autre bout de la planète ou des
multinationales. C'est plus ardu, dans ces cas-là, d'obtenir les preuves dans
les circonstances, surtout lorsque les entreprises décident de ne pas collaborer,
les entreprises situées à l'étranger.
Cela dit, le dépôt des poursuites pénales
contre une entreprise étrangère ne représente pas un obstacle en soi, on peut
toujours poursuivre... ne représente pas un obstacle en soi en matière d'intervention
dans la mesure où il existe un lien réel et substantiel, c'est la loi qui le
dit, entre cette entreprise et le Québec que le dossier... et que le dossier
contient tous les éléments de preuve requis, comme par exemple distribuer des
biens au Québec, une publicité qui s'adresse aux gens de Québec, qu'il y a un
point d'attache au Québec. Même si l'entreprise est à... je ne sais pas, moi, à
Singapour, s'il y a ces liens-là de... toujours le critère de substantiel et
réel, on peut poursuivre la compagnie qui fait une publicité trompeuse ou qui s'adresse
à des enfants de moins de 13 ans.
En conclusion, je ne sais pas il me reste
combien de temps, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
terminé, mais on vous laisse poursuivre.
M. Marsolais (Denis) : J'ai l'habitude
de dépasser le temps. En terminant — puis je me force — en
terminant, j'aimerais profiter de l'occasion pour saluer l'initiative du
gouvernement d'avoir mis en place et sur pied une commission pour se pencher
sur les impacts réels sur... les écrans et les réseaux sociaux sur la santé et
développement des jeunes. En espérant que notre exposé ainsi que les mémoires
de l'office soient utiles dans la poursuite de vos travaux, chers députés.
Ainsi, je rappelle que tout le monde peut
porter plainte à l'office en matière de publicité interdite destinée aux
enfants de moins de 13 ans. J'invite tous les citoyens et citoyennes à
communiquer avec nous afin de dénoncer des publicités qui semblent contrevenir
à la loi.
Je vous ai remis aussi un autre document
qui vous donne un peu la façon de porter une plainte, le numéro de téléphone,
etc. Alors, je pense qu'avec ces deux documents-là vous pourriez, dans chacun
vos bureaux de comté, faire des reproductions, on vous donne l'autorisation, et
vous donnez ça à tous vos électeurs. Ils sont disponibles en ligne aussi.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. Marsolais (Denis) : Alors,
voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour cette présentation. Donc, on va débuter la période d'échange avec
Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour.
M. Marsolais (Denis) : Bonjour.
Mme Tremblay : Alors, est-ce
que... Parce que vous êtes des experts vraiment puis vous êtes bien... est-ce
que pour réglementer les réseaux sociaux, là, vis-à-vis la publicité qui est
ciblée, est-ce que vous avez vu des succès dans d'autres endroits dans le
monde? Est-ce que vous avez regardé ça jusqu'à maintenant?
M. Marsolais (Denis) : Écoutez,
on peut dire qu'au Canada, on va commencer par le Canada, parce que c'est
intéressant, le Canada, actuellement, que seul le Québec a légiféré sur la
publicité des enfants de moins de 13 ans. On n'a pas fait, bien <sincèrement...
M. Marsolais (Denis) :
...a
légiféré sur la publicité des enfants de moins de 13 ans. On n'a pas fait,
bien >sincèrement, une analyse de ce qui se faisait à travers le monde
parce qu'on n'a pas eu à le faire pour l'instant. Le jour où on aura des
dispositions de droit comparé... C'est lorsqu'une demande de législation nous
est demandée sur un sujet précis qu'on fait... on appelle, chez nous, le droit
comparé, donc on regarde ce qui se passe sur les mêmes dispositions ailleurs.
Ça a dû être fait en 1979... 1978, pardon, mais, actuellement, il n'y en a pas
d'autre, province, qui nous ont suivis. Et, comme la législation sur l'auto citron,
là, c'est la même chose, on est les seuls ici, au Québec. Et dans les autres
provinces... dans les autres... Je sais qu'en France ils ont un peu légiféré,
aux États-Unis, je n'en sais trop, mais ce serait mal vous informer de
commencer à énumérer tous les pays où il pourrait y avoir de la législation
concernant ça. Au Canada, c'est juste nous.
Mme Tremblay : Est-ce
que... Est-ce que c'est difficile pour vous... Parce que vous l'avez abordé,
là, chaque publicité, moi, je ne verrais pas la même chose qu'elle puis,
évidemment, que mon jeune qui va regarder la publicité sur les réseaux. Est-ce
que vous êtes capables, quand il y a une plainte, de recenser cette
publicité-là ou parfois ça peut même être difficile de la recenser, la
publicité que le jeune aurait vue puis qui... qui n'aurait pas dû lui être
adressée? Est-ce que ça devient même difficile?
M. Marsolais (Denis) : D'abord,
soit qu'il faut qu'on la voie nous-mêmes, comme membres de l'office, ou soit
qu'elle est dénoncée. C'est deux façons. Je vous invite à prendre la dernière
page, on va faire l'exercice ensemble, si vous voulez. Vous allez voir, vous
pourrez le faire avec vos enfants, si vous avez des enfants de moins de
13 ans, sûrement. Moi, ça fait longtemps que... mais vous allez voir.
Peut-être, si vous permettez, Mme la Présidente, je vais demander à Joël, qui
est le directeur de... pas de... pas le directeur, hein...
M. Simard (Joël) : Directeur
des affaires juridiques.
M. Marsolais (Denis) : ...des
affaires juridiques, pas de la direction juridique, des affaires juridiques, il
tient à «les affaires juridiques», alors, à Joël de faire l'analyse avec le
document. Vous allez voir que c'est tout simple.
M. Simard (Joël) : Oui.
Bien, merci. Joël Simard, donc, directeur des affaires juridiques.
Simplement, effectivement, c'est une... c'est une analyse qui est en trois
étapes. Première étape, est-ce que c'est une publicité à but commercial? Et,
lorsqu'on répond oui à cette question-là, évidemment, ce qu'on va faire, c'est
qu'on va regarder l'impression générale, au sens d'une décision célèbre qui a
été rendue par la Cour suprême dans l'affaire Richard contre Times, donc on
détermine quelle est... quelle est l'impression qui est projetée par la
publicité ou l'information qui est diffusée. Est-ce qu'on est dans un contexte
où cette publicité-là est destinée aux enfants ou non? Et, si la réponse à ça,
c'est oui, trois critères possibles, mais ce n'est pas des critères qui sont
cumulatifs, ce sont des critères qui peuvent être indépendants les uns des
autres : est-ce que le bien ou le service annoncé intéresse les enfants,
est-ce que la présentation est en elle-même enfantine et est-ce que les enfants
sont présents au moment ou à l'endroit de la diffusion?
Et ce n'est pas parce que l'un de ces
critères-là n'est pas rencontré qu'il ne s'agit pas de publicité destinée aux
enfants de 13 ans et moins. La loi va tenter d'aller chercher un maximum
de situations pour appliquer, effectivement, les... appliquer les situations à
la publicité qui est faite. Donc, dans un contexte comme celui-là, c'est
essentiellement les étapes qui doivent être franchies pour en arriver à la
conclusion qu'il s'agit ou pas d'une publicité qui est destinée aux enfants de
13 ans et moins.
• (17 h 40) •
M. Marsolais (Denis) : Je
vous donne un exemple qui date de quelques années, mais quand même pour
illustrer ce que... ce que Joël vient de dire. Coca-Cola avait, à La Ronde,
un espace qui s'appelait Espace Fanta pour les enfants. Alors, évidemment,
c'était de la publicité qui était faite aux enfants, parce que cet
environnement-là, moi, je ne m'en souviens pas, là, mais je suis trop...
beaucoup trop jeune, mais c'était un environnement où les enfants allaient là,
puis évidemment que Fanta, il existait partout, là, à tous les... à tous les
deux pieds, là, ça fait que de telle sorte que, bon, on les a... on les a
avisés, on les a poursuivis, puis ils ont payé... ils ont plaidé coupables puis
ils ont payé. Ça fait déjà plusieurs années. Il y en a d'autres qui sont sous
étude actuellement, mais ça démontre un exemple où... Kellogg, ça a été la même
chose, là, il y avait une publicité Rice Krispies au niveau des activités
récréatives, puis c'était pour les enfants, ça fait qu'ils faisaient de la
publicité, ça s'adressait aux enfants via une publicité.
Alors, c'est ce genre de publicité là, mais
il faut vraiment y aller avec une approche globale, puis on prend un recul sur
la publicité, puis on applique exactement ce <tableau-là...
M. Marsolais (Denis) :
...globale,
puis on prend un recul sur la publicité, puis on applique exactement ce >tableau-là,
puis là on dit : Bon, est-ce qu'on a une impression générale que... Puis,
si oui, bien, là, là, on se pose la question, ce n'est pas... ce n'est pas
l'enfant qui se pose ça, c'est nous autres, qui se pose ça, puis est-ce que ça
répond à un des critères, ou etc. Donc, c'est vraiment chaque cas. C'est
difficile d'avoir une réponse précise en cas de... en matière de publicité,
parce que chaque cas est un cas d'espèce. Puis je vous dirais que c'est encore
plus des cas d'espèce dans les cas d'influenceurs parce que, des fois, c'est
subtil, très subtil, mais, si on arrive à la conclusion que oui, à ces réponses-là,
bien, là, on procède à une analyse. Mais il faut vous dire qu'à chaque plainte
qu'on reçoit à l'office concernant de la publicité, en tout cas, actuellement,
là, pour des publicités pour les enfants de moins de 13 ans, à chaque cas,
on fait une analyse de chaque plainte, donc il n'y a pas de choix de : on
le fait ou on ne le fait pas.
Évidemment, dans tous les autres cas, on
en reçoit beaucoup, de plaintes, on en reçoit 30 000 par année, puis 110 000
appels par année, il faut prioriser, parce qu'on ne peut pas toutes les faire.
Évidement qu'on priorise par degré de gravité, mais, généralement, dans des
plaintes normales, on va y aller, dans chaque cas, pour la publicité, puis on
va tenter, dans ces cas-là, comme première démarche... sauf si vraiment c'est
une publicité qui est robuste puis qui est agressive ou, peu importe, là, on va
y aller en sanction ou en poursuite pénale, c'est le DPCP qui va poursuivre,
qui va décider de poursuivre. Sinon, on essaie, puis la plupart du temps, ce
qu'on fait, c'est qu'on appelle le commerçant, on rentre en communication avec
lui pour lui dire : Écoute, ta publicité, ça ne marche pas, au niveau de
la loi. Dans la majorité des cas, dans la très forte majorité des cas, le
commerçant se rétracte puis il corrige sa publicité, alors on n'a pas besoin
d'aller plus loin.
Nous, on fait de la vigie, on fait de la
veille, puis l'objectif, ce n'est pas de sanctionner à tout prix le commerçant,
c'est de trouver une solution pour que cette publicité-là arrête pour ne pas
influencer indûment.
Mme Tremblay : ...un influenceur,
par exemple, là, qui... tu sais, il y a des influenceurs au Québec, mais il y
en a, là, tu sais, nos enfants regardent des influenceurs de partout dans le
monde. Est-ce que, là, vous avez le pouvoir d'agir? Un influenceur aux
États-Unis.
M. Simard (Joël) : ...répondre.
Oui, en fait, ça dépend. On a mentionné, tout à l'heure, le lien réel et
substantiel. Donc, quand est-ce que ce lien réel et substantiel là intervient
dans un contexte d'influence comme celui-là? Eh bien, la personne qui serait
située, exemple, en France, et qui ferait de la... qui ferait une certaine
forme de publicité dans le cadre de son... de sa vidéo, d'un produit en
question, la question qu'on devrait se poser, c'est : Est-ce qu'il y a
suffisamment de facteurs de rattachement avec le Québec pour qu'il y ait...
pour qu'on puisse capturer, entre guillemets, cette situation-là dans le cadre
de l'application de notre dispositif législatif? C'est donc dire que, par
exemple, si cette personne-là qui est située en France s'adresse directement,
par exemple, aux Québécois, fait mention des Québécois...
Mme Tremblay : ...son produit
ici.
M. Simard (Joël) : ...oui,
dans une devise canadienne, donc, là, vous voyez, là, ça s'accumule, ce sont
des indices et une accumulation d'indices qui fait en sorte qu'à un certain
moment donné la loi trouve application sur notre territoire.
En l'absence de tels critères ou facteurs
de rattachement, ça devient effectivement un peu plus difficile d'appliquer les
dispositions sur notre territoire, mais, en même temps, on peut penser à des
influenceurs célèbres qui ne s'adressent pas du tout aux Québécois, mais pour
lesquels, quand même, il y a certaines personnes au Québec qui peuvent s'intéresser
à ce contenu-là, bien, là, c'est l'état du droit qui entre en ligne de compte,
à ce moment-là.
Mme Tremblay : ...nous
demander d'acheter le produit de certains influenceurs américains, parce qu'il
est disponible sur Amazon, le fameux produit en question, là, qui va être vendu
par l'influenceur. Ça fait que, tu sais, je comprends le caractère que vous me
dites, là, substantiel et réel, mais je pense qu'il y a peut-être des
petites... des limites.
M. Marsolais (Denis) : C'est
sûr qu'on a un défi plus grand dans ces cas-là que quelque chose qui se passe
ici, qui est vendu ici puis qui est produit ici, là, ça, c'est clair, mais ce
n'est pas insurmontable, puis ça ne veut pas dire que parce que l'influenceur,
ou la compagnie, ou l'industrie est à l'extérieur du Canada que c'est
impossible. Souvent, de toute façon, les gens qui font de la publicité ici,
soit qu'ils ont un pied à terre ici, qu'ils ont un représentant ici, pensez
juste aux compagnies d'automobiles, où il y a toujours Volvo Canada, Chrysler
Canada, etc., ça fait qu'on a... c'est plus facile. Parfois, c'est difficile,
puis parfois c'est même impossible, mais à chaque fois on fait cet exercice-là.
La Présidente (Mme Dionne) : On
a beaucoup de questions, alors, si j'ai le temps, Mme la députée, je vais
revenir vers vous. O.K. Parfait. Mme la députée de Châteauguay.
Mme
Gendron
:
Oui, merci. Un grand <merci...
La Présidente (Mme Dionne) :
...Mme
la députée, je vais revenir vers vous.
O.K. Parfait.
Mme la
députée de
Châteauguay.
Mme
Gendron
:
Oui, merci. Un grand >merci d'être avec nous aujourd'hui. C'est très,
très pertinent. Merci pour les outils aussi. Je vais être brève parce que ma
collègue a déjà abordé quelques questions que j'avais.
Par contre, quand on parle des
influenceurs, des jeunes influenceurs qui promouvoient, mettons, pour ne pas le
nommer, là, du Sephora de ce monde, là, les produits de beauté, et tout ça,
puis on parle, là, des influenceurs qui peuvent être... 13 ans,
10 ans, tu sais, il y en a, là, des comptes qui promouvoient ces
produits-là. Vous avez toujours ce levier-là, quand même, que vous avez nommé
un peu plus tôt?
M. Amabili-Rivet (Raphaël) : Bien,
c'est toujours un peu le même... la même question qui revient, de déterminer
est-ce que c'est une publicité à but commercial, la nécessité aussi de prendre
en considération le contexte général, puis ensuite les trois critères qui ont
été évoqués un peu plus tôt, à savoir est-ce que c'est un bien qui est
attrayant pour l'enfant, est-ce que c'est un message publicitaire qui est conçu
pour attirer l'attention des enfants et est-ce que les enfants sont visés par
le message. Donc, c'est vraiment ce contexte-là qui permet de déterminer s'il
peut y avoir une infraction en fonction de la loi. Puis tout ce qui est message
publicitaire adressé aux enfants de 13 ans et moins, c'est une pratique
qui est vraiment interdite, là, reconnue comme telle par la Loi sur la protection
du consommateur.
Mme Gendron : Parfait. Puis à
ce moment-là vous allez agir au niveau de l'influenceur ou au niveau de
l'entreprise qui fournit les produits, comme Sephora, là, mettons?
M. Simard (Joël) : En fait,
ça peut dépendre, ça va dépendre de la situation. Est-ce qu'il y a une
entreprise qui a un contrat avec cet influenceur-là pour éventuellement faire
la promotion de son bien ou est-ce que l'influenceur a lui-même choisi de son
propre chef de faire une représentation par rapport à un bien ou un service,
auquel cas, à ce moment-là, il est possiblement le seul responsable de la
situation. Donc, dépendamment, effectivement, de la situation, et ça, c'est une
analyse au cas par cas. C'est difficile de répondre à l'absolu, là, puisqu'il faut
vraiment regarder chacun des faits et en arriver à la conclusion, est-ce qu'on
rencontre les différents critères dont on a énumérés tout à l'heure.
Puis peut-être mentionner aussi que la
définition de «message publicitaire», au sens de la Loi sur la protection du
consommateur, est la suivante, et qui est quand même assez large : «Un
message destiné à promouvoir un bien, un service ou un organisme au Québec».
Donc, vous voyez qu'on tombe quand même dans plusieurs situations, là, qu'on
vient d'énumérer, lorsqu'on réfère à cette même définition là.
Mme Gendron : Autre question,
rapidement, on parle, tantôt... depuis tantôt, de 13 ans, est-ce que c'est
toujours d'actualité aujourd'hui, dans un monde où est-ce qu'on se fait
suggérer, là, par quelques groupes, que ce soit 16 ans, l'âge minimum?
Est-ce que 13 ans tient le coup ou est-ce qu'on doit adapter, justement,
la loi à des réseaux sociaux jusqu'à 16 ans, advenant un changement?
M. Marsolais (Denis) : Ce
serait imprudent pour nous de vous dire qu'on devrait l'adapter pour
16 ans parce qu'il n'y a pas d'études ou de rapports très bien étoffés
jusqu'à date qui font cette étude-là jusqu'à 16 ans. Puis la demande
vient... doit venir de vous tous, là, hein, d'abord. Ça fait que ce n'est pas
l'office qui va dire au gouvernement, ou à son ministre, ou peu importe, de
dire : On devrait faire ça à 16 ans. Si la question nous est posée,
on va opiner puis on va faire des recherches. Mais on va avoir un défi
juridique, si jamais le gouvernement nous demande de prolonger ou d'étirer les
dispositions jusqu'à l'âge de 16 ans, puis je vais laisser Joël nous expliquer
plus juridiquement. Je suis notaire, vous savez, moi, lui, il est avocat, ça
fait que je suis capable de lui faire plaisir de temps en temps.
M. Simard (Joël) : On n'ira
pas là pour les fins de la commission. Essentiellement mentionner qu'effectivement
les dispositions dont on parle, donc 248 et 249 de la Loi sur la protection du
consommateur, ont été défiées, entre guillemets, là, en 1989, par... en fait,
même avant ça, mais ça s'est soldé en 1989 par la décision Irwin Toy. Vous en avez
peut-être déjà entendu parler dans d'autres... dans d'autres contextes. En
fait, on avait laissé sous-entendre que ces deux articles-là étaient
anticonstitutionnels, puisque ça brimait la liberté d'expression des
entreprises qui souhaitaient faire de la publicité. Et effectivement la cour en
est arrivée à la conclusion qu'il s'agissait d'une violation...
• (17 h 50) •
Une voix : ...
M. Simard (Joël) : ...la Cour
suprême, oui, pardon, elle est arrivée à la conclusion qu'il y avait violation
de la charte au niveau de la liberté d'expression, mais que cette violation-là
était justifiée par différents critères, là, si on applique le fameux test de
Oakes, que l'objectif que cherchait à atteindre la loi contestée se rapportait
à des préoccupations urgentes et réelles. En effet, la preuve démontrait à
l'époque que, jusqu'à l'âge de 13 ans, les enfants peuvent être manipulés
par la publicité commerciale et que l'objectif de protéger tous les enfants de
ce groupe d'âge est fondé sur une <préoccupation...
M. Simard (Joël) :
...de
protéger tous les enfants de ce groupe d'âge est fondé sur une >préoccupation
urgente et réelle, premier critère qui a été rencontré. Et, en plus, les moyens
choisis par le gouvernement ont été jugés proportionnels à son objectif.
C'est donc dire que si on souhaitait, pas
nous, là, mais que le gouvernement souhaitait étendre la protection à un âge
plus élevé que 13 ans, eh bien, fort probablement que ce même type de test
là devrait être appliqué à la situation actuelle et donc passer le test
constitutionnel dont on vient de parler. Ceci étant dit, il y a peut-être
d'autres moyens d'y arriver.
M. Marsolais (Denis) : Mais
ça, la preuve serait, en tout cas, plus difficile à faire, on présume, devant
la Cour suprême. Chose certaine, c'est que la preuve démontre que 13 ans
et moins, c'est tout à fait opportun puis c'est tout à fait justifié. Plus
vieux que 13 ans, de 13 ans à 16 ans, la preuve reste à
démontrer. Alors, je pense qu'il n'y a pas de réponse positive, négative, mais
il y a des mises en garde quand même à faire.
Mme
Gendron
:
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Sachant
que les réseaux sociaux, c'est 13 ans et plus, j'imagine que, tu sais, la
problématique qu'on a, c'est que la majorité des jeunes mentent sur leur âge
pour être sur les réseaux sociaux. Ça fait que ça, j'imagine que, dans un cas
comme ça, même s'il y avait une plainte portée par le parent qui sont... qui
ont accès aux influenceurs puis aux publicités, j'imagine que, considérant que
c'est 13 ans et plus pour se connecter, ils doivent déjà mentir sur leur
âge. Ça fait que je pense qu'au niveau de l'intervention, je pense que... y
aurait-tu une possibilité de...
M. Marsolais (Denis) : Oui, mais
en même temps... en même temps, même s'il a 13 ans et plus, si c'est une
publicité trompeuse, mensongère, etc., il y a... il y a des recours, il y a
le... on l'a dit, dans l'article général, où, s'il y a des publicités qui sont
fausses, trompeuses ou... il y a des moyens aussi. 13 ans et moins, c'est une
disposition bien spécifique avec un encadrement qui est plus restreint, mais
tout le reste, de publicités concernant tout autre individu plus vieux que
13 ans continue à s'appliquer, n'est-ce pas, Joël? J'espère que tu ne me
contrediras pas.
M. Simard (Joël) : Non, du
tout. Et j'ajouterai simplement que, même si on se situe dans un espace
13 ans et plus, donc c'est fort possible qu'effectivement on ait utilisé
le compte de nos parents pour accéder à un certain contenu qu'on n'avait pas
nécessairement le droit d'accéder à, eh bien, ce n'est pas pour autant un
endroit où on peut faire de la publicité destinée aux enfants de moins de
13 ans. Et donc ce n'est pas parce qu'une publicité qui serait destinée à
des enfants de moins de 13 ans se situe dans un lieu qui est généralement
reconnu comme étant un lieu de 13 ans et plus que, si on passait le test
ou les critères que j'ai énumérés au départ, advenant le cas où il n'était
pas... ou, en tout cas, on en arriverait à la conclusion qu'il s'agit de
publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans, il est possible, je
pense, pour l'office d'intervenir dans ces situations-là.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. On parle, disons, avec la présence des influenceurs et un petit peu
de l'évolution des publicités aussi, parce que, quand on fait un tutoriel, puis
se faire... du maquillage, ça peut avoir l'air de... tu sais, on partage ça
avec des jeunes femmes, mais, en fait, les petites filles de 12 ans et
13 ans aussi vont... vont s'attaquer... bien, pas s'attaquer, vont y faire
attention, parce que, comme vous avez mentionné, ça se fait de façon subtile.
Et j'ai compris la définition que votre collègue nous a donnée d'une publicité,
mais dans le contexte, justement, des réseaux sociaux, des influenceurs, la
façon dont ils peuvent présenter un produit, mais que ce ne soit pas évident
que c'est dans le cadre d'une publicité, est-ce qu'il n'y aurait pas une mesure
justement de redéfinir quelle est la publicité dans le contexte d'aujourd'hui?
M. Marsolais (Denis) : Bien,
écoutez, la définition de... dans la loi, est assez large, juste vous la
relire, au bénéfice de tout le monde, une... publicité, c'est... message
publicitaire, c'est «un message destiné à promouvoir un bien, un service ou un
organisme au Québec». Puis le publicitaire, c'est «une personne — une
personne — qui fait ou fait faire la préparation, la publication ou
la diffusion d'un message publicitaire». C'est large comme un autobus, ça. Ça
veut dire qu'on a... On est quand même privilégiés, si je peux m'exprimer
ainsi, que les dispositions qui régissent les messages publicitaires au Québec,
autant pour les enfants de moins de 13 ans que les messages en général,
qu'on ait des dispositions qui peuvent nous permettre d'agir en cas de
non-respect de la loi. Puis la... la publicité, les articles sont assez clairs,
mais aussi en même temps assez larges. La meilleure preuve, c'est que vous avez
un dépliant qui date de 2012, puis il est tout à fait actuel, sauf la petite
fille, mais ça n'a pas changé. C'est rare que, dans les législations
québécoises <auxquelles...
M. Marsolais (Denis) :
...ça
n'a pas changé. C'est rare que, dans les législations québécoises >auxquelles
on... on n'est pas obligés de changer assez régulièrement les dispositions de
la loi. Mais ça, je vous ai dit que les législateurs étaient très visionnaires
à l'époque en mettant une disposition qui pouvait s'appliquer à toutes les
sauces, même ceux qui n'existaient pas à l'époque. Alors, ça nous permet
d'intervenir de façon assez importante.
Encore une fois, à chaque fois qu'on a une
dénonciation ou que nous-mêmes, dans notre salon, le samedi, on regarde une
publicité puis on dit : Ça ne marche pas, ça, ça fait qu'on est capables,
pas juste attendre une... On pense à ça sept jours par semaine, nous autres, la
protection du consommateur, vous le savez, même les fins de semaine. Alors, on
a le réflexe de voir ces publicités... Je vous dis ça sérieusement, là, c'est
un réflexe qu'on développe, au grand désarroi de ma femme. Et donc, si on voit
ou on s'aperçoit de quelque chose qui n'est pas... qui ne respecte pas la loi,
bien, on va... on va, de façon systématique, dans le cas de la publicité de
13 ans, je le répète, procéder à une vérification pour voir si,
effectivement, les critères... si on est vraiment dans un contexte... dans une
approche globale, que c'est une publicité qui s'adresse, même subtilement, à
des enfants de 13 ans et moins.
Mme Prass : Donc, est-ce
qu'il n'y aurait pas mesure, par exemple, de faire de la sensibilisation,
justement? Parce que beaucoup de gens, surtout les jeunes, ne font pas la
distinction entre une publicité traditionnelle et un tutoriel d'un influenceur
ou quoi que ce soit. Donc, que ce soit au niveau des jeunes ou au niveau des
parents aussi, qu'ils comprennent... ce n'est pas parce que leur jeune regarde un
vidéo qui n'est pas dans le contexte d'une pub qu'on n'essaie pas de leur
vendre quelque chose.
M. Marsolais (Denis) : Je
suis bien content de votre question. L'office, dans les prochaines années, à
compter de cette année, on a deux objectifs, d'abord de faire une plus grande
diffusion d'information auprès des populations, auprès des citoyens du Québec,
jeunes, moyens ou plus vieux. On a un projet à Jonquière avec les... de
Jonquière pour faire de la publicité aux adolescents pour être capable
d'attirer l'adolescent à se poser des questions lorsqu'il achète une voiture,
puis ce n'est pas juste le premier versement qui compte, c'est 60 mois
qu'il va payer du même versement. Alors, on a, donc, on s'est donné comme cible
de faire une plus grande promotion pour informer, d'abord, des nouvelles lois,
parce qu'il y a des nouvelles lois qui s'en viennent. Vous savez, il y a plein
de nouvelles lois qui arrivent, d'étiquetage, bon, de l'exactitude du prix, et
aussi pour éduquer la population aussi. Ça fait partie de notre obligation et de
notre mission. On fait ça avec les moyens du bord, mais je vous garantis qu'on
va faire tout ce qu'on peut pour accentuer notre présence. D'abord, la présence
qu'on est ici ce matin en témoigne, là... cet après-midi, c'est qu'on veut diffuser
de l'information à plus grande échelle non seulement au niveau des citoyens du
Québec, mais au sein du gouvernement aussi.
Et deuxième objectif qu'on s'est fixé,
c'est d'accroître la surveillance, parce que si on fait plus de surveillance de
ce qui se passe sur le terrain, bien, on va faire en sorte que la loi soit plus
respectée et faire en sorte qu'il y ait moins de plaintes. Nous, notre
objectif, ce n'est pas d'avoir des millions de plaintes, là, c'est l'inverse.
Alors, pour qu'on ait moins de plaintes, il faut qu'on donne plus
d'information, il faut mettre des drapeaux rouges auprès des citoyens du
Québec, parce que souvent, la loi, ils ne la connaissent pas, puis il faut...
Les gens, en général, connaissent très bien l'office, mais ne connaissent pas
qu'est-ce qu'on fait. Alors, on est le secret le mieux gardé au Québec.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci, Mme la
Présidente. On a peu abordé les jeux vidéo puis les boutiques en ligne. Parce
que, des fois, il y a des notes d'âge qui ne sont souvent pas respectées, puis
après ça, il y a des boutiques en ligne. On est directement dans la publicité,
là, quand j'entendais la corrélation que vous nous énumériez, et pourtant, bon,
ça a cours chez nous, ça fait que je voulais vous entendre là-dessus.
M. Marsolais (Denis) : Ça
dépend dans... sous quel angle vous voulez qu'on discute des jeux vidéo, sous
l'angle des publicités qui peuvent se faire à l'intérieur des jeux vidéo?
Mme Bogemans : ...quand vous
dites : Il faut sensibiliser les jeunes, bien, en fait, c'est... dans le
jeu vidéo, on joue, puis en plus de ça, bien, là, il y a une boutique où on ne
sait pas trop ce qu'on achète, c'est une boîte aux surprises.
M. Marsolais (Denis) : ...c'est
un mot que j'ai appris la semaine passée, la «boîte à butin».
Mme Bogemans : Oui, une boîte
à butin ou des 25 $ Roblox, puis là...
M. Marsolais (Denis) : Oui,
c'est ça.
Mme Bogemans : ...tu sais, il
y en a sous toutes sortes de formes, mais ça reste que c'est de la publicité
aux enfants pour un jeu pour les enfants, c'est une boucle sans fin.
• (18 heures) •
M. Marsolais (Denis) : ...la
réponse à Raphaël parce qu'il a joué beaucoup puis il a acheté beaucoup de
choses sur les jeux vidéo.
M. Amabili-Rivet (Raphaël) : Merci,
Denis. Non, mais, je pense, c'est la même chose qui doit se prendre en compte,
là, dans... à l'intérieur du jeu vidéo qu'à l'extérieur, quand il y a des
messages qui sont passés. Ça, c'est le grand principe. Sur le principe de la
sensibilisation, on en a parlé un peu plus tôt dans l'exposé du président, la
Zone enseignants, il y a... une des activités qu'on a mises en place, qui est
celle qui est la plus écoutée...
18 h (version révisée)
M. Amabili-Rivet (Raphaël) : ...enseignant,
il y a... une des activités qu'on a mises en place, qui est celle qui est le
plus... la plus écoutée, qui s'appelle Entre besoin et désir. Et c'est cette
activité-là, qui est destinée à justement... il y a un aspect jeu vidéo, mais l'important,
c'est plus sur le volet influenceur qu'on a mis l'accent sur cette activité-là,
on en parlait un peu plus tôt, là, destinée aux parents, destinée aux
professeurs. Donc, dans le grand spectre, c'est ça.
Sur le volet peut-être un peu plus
technique ou juridique, là, sur le jeu vidéo, je laisserais peut-être ensuite à
Joël, là, le soin de vous répondre.
M. Simard (Joël) : J'ai ce
défaut-là d'être juridique. Donc, essentiellement, pour ce qui est des «loot
boxes», c'est... c'est quand même un peu particulier parce qu'on se retrouve
dans un jeu. C'est imbriqué dans le jeu. On peut acheter avec du vrai argent,
de l'argent fictif ou même se retrouver, là, à un certain moment donné, on nous
pousse un peu à faire l'acquisition de ces butins-là. Pour accéder à quoi? Puis
là c'est là que ça commence à être intéressant au plan juridique : on
accède soit à ce qu'ils appellent des «skins» — donc, un «skin», c'est
essentiellement un personnage ou un uniforme, lequel peut avoir un logo, lequel
peut représenter un personnage bien connu dans l'univers Marvel, pour ne pas le
nommer, par exemple — donc on se retrouve potentiellement dans un
contexte comme celui-là dans une publicité. Est-ce qu'elle est destinée aux
moins de 13 ans? Eh bien là, on repasse la grille dont on a parlé tout à l'heure
et on regarde, est-ce que c'est un message à but commercial, est-ce que, l'impression
générale que ça laisse, on se retrouve dans une pub de moins de 13 ans, et
on applique les trois critères dont on a été... dont on a parlé tout à l'heure.
C'est certain qu'aussi dans un contexte
plus contractuel ces «loot boxes» là peuvent laisser sous-entendre qu'il y a
une relation contractuelle, évidemment, entre le consommateur et le commerçant,
qui est le fabricant du jeu, auquel cas, là, il y a d'autres règles de la Loi
sur la protection du consommateur qui peuvent s'appliquer, exemple, les règles
sur les contrats conclus à distance. Mais, pour les fins de la commission, je
ne pense pas, c'est l'intérêt qui est... est le premier pour vous. Mais, en
termes de publicités destinées aux enfants, dans la mesure où le jeu s'adresse
à un public de moins de 13 ans, et qu'il y a jusqu'à un certain point de
la publicité à but commercial qui se fait dans ce cadre-là, je pense que la LPC
pourrait trouver effectivement application, là, selon une analyse qui serait
faite au cas par cas.
La Présidente (Mme Dionne) : Bien...
M. Marsolais (Denis) : On
revient toujours à la même... à la même spirale, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Excusez-moi.
Je ne voulais pas vous interrompre.
M. Marsolais (Denis) : Non,
non, bien, c'est moi...
La Présidente (Mme Dionne) : Il
nous restait une intervention puis il nous reste moins de deux minutes. Alors
je voulais laisser la parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Je vais essayer
d'être court et précis. Pour faire un peu de pouce sur le... ma collègue de D'Arcy-McGee,
les influenceurs ou influenceuses vont promouvoir, des fois, des produits qui
ne s'adressent pas à des enfants de moins de 13 ans. Mais vous avez parlé
de désirs et de besoins, bien, c'est des créateurs de désirs. Donc, moi, je me
retrouve avec une petite fille de 12 ans qui a plus de couleurs de vernis
à ongles que sa mère. Maintenant, ce n'est pas le cas de ma fille, mais on est
allés dans des écoles, puis les parents sont souvent complices de l'ouverture d'un
compte sur les réseaux sociaux, où l'âge est changé. On change l'année, parce
que l'enfant veut aller sur Facebook, il a 11 ans, ça prend 14 ans, donc
pouf! Est-ce qu'il y a une... L'influenceur n'est pas protégé, d'une certaine
façon, parce qu'il ne vise pas une clientèle, mais la clientèle est là, elle
est captive, il y a un algorithme? Je ne sais pas. Je...
M. Marsolais (Denis) : Bien,
sans qu'il ne vise volontairement une clientèle... Je vais être naïf, là, sans
qu'il ne vise volontairement une clientèle, si ça affecte cette clientèle-là...
Tu sais, les produits de beauté, puis tout ça, c'est... juste à regarder les
gens qui vont à un certain magasin populaire, là, de produits de beauté, l'âge
moyen est... ce n'est assurément pas 50 ans, là, hein? On s'entend. Ça
fait que plein de jeunes filles qui sont là, qui achètent, qui achètent, qui
achètent, tout est fait pour acheter. Cet influenceur-là ou influenceuse va
être soumise aux mêmes règles puis aux mêmes tests qu'on va faire avec les
autres produits, là. Ça vient presque scandaleux, des fois, là, tout ce que...
l'environnement que... Puis on parle de magasins, mais on parle des TikTok de
ce monde, puis tout, là. Écoutez, là, quand qu'il y a une promotion d'un
contenant, là, je ne sais pas quelle marque, là, pour mettre de l'eau, là, ou
du café, tout le monde se garroche chez Costco pour l'acheter, là.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
malheureusement tout le temps qu'on avait. Mais, sur ces belles paroles, merci
infiniment pour votre contribution à ces travaux. Très intéressant. Donc je
vous remercie.
Alors, la commission ajourne ses travaux,
pour notre part, jusqu'au mardi 4 février, à 9 h 45. Bonne <soirée...
La Présidente (Mme Dionne) :
...Donc
je vous remercie.
Alors, la commission ajourne ses
travaux, pour notre part, jusqu'au mardi 4 février, à
9 h 45. Bonne >soirée, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 06)