Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du mardi 26 septembre 1972
(Dix heures douze minutes)
M. PILOTE (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs! Avant que ne
débute la séance, je cède la parole au ministre des
Affaires sociales.
Séance le 12 octobre prochain
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous aurons encore une autre
séance qui a été convoquée pour le 12 octobre 1972.
D'autre part, un certain nombre d'organismes ce sont, dans bien des cas,
des individus qui ont présenté des mémoires sur des sujets
que nous avons discutés n'avaient pas été
convoqués. Nous avons pris une journée pour discuter des
problèmes de l'optométrie et nous avions retenu six
mémoires, ceux qui paraissaient les plus substantiels, les plus
importants. Nous avions donc convoqué six personnes. Alors, dans ce cas
précis, deux ou trois groupes n'avaient pas été
invités. La même chose pour certains autres mémoires.
Tout comme pour la loi 65, lorsque nous l'avons étudiée,
ce que je suggérerais, si les membres de la commission étaient
d'accord, c'est que nous demandions au secrétaire des commissions
parlementaires de convoquer chacun de ces organismes ou de ces personnes, de
leur demander s'ils ou elles désirent toujours se faire entendre. Lors
de notre rencontre du 12 octobre, nous pourrions avoir un rapport sur le nombre
de personnes ou d'organismes qui désirent toujours se faire entendre et,
là, nous pourrions fixer une ou deux séances pour terminer notre
travail.
Si vous étiez d'accord sur cette procédure, c'est la
même que nous avions utilisée au moment de la loi 65. Nous
n'avions pas reçu de critique, à ma connaissance; cela avait
donné satisfaction à tout le monde et cela nous avait permis de
faire notre travail dans des délais raisonnables. On doit tenir compte
du nombre très élevé de journées que nous avons
consacrées à l'étude de ces mémoires. Nous avons,
je pense bien, pris tout le temps désiré pour étudier
chaque mémoire qui a été soumis devant la commission.
La suggestion que je fais n'a pas pour objet d'éviter que des
aspects des mémoires ne soient discutés. Il me semble que ce
serait un compromis raisonnable pour nous permettre de finir notre travail dans
des délais utiles, de telle sorte que des modifications aux projets de
loi puis- sent être apportées et que, tôt à la
reprise de nos travaux à l'Assemblée nationale, nous puissions
aborder l'étude de ces projets de loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre à qui je
voudrais poser surtout une question. Sans doute que, parmi les corporations qui
désirent se faire entendre, il n'a pas oublié le Barreau.
M. CASTONGUAY: Je devrais apporter une précision. Le commentaire
que j'ai fait a trait uniquement au projet de loi dont je suis le parrain et
non aux autres.
M. PAUL: Enchaînant dans ces projets de loi dont vous n'êtes
pas le parrain et qui autrefois étaient parrainés par l'illustre
confrère, avocat spécialiste devant la cour des Commissaires,
l'honorable juge Roy Fournier, est-ce que le ministre pourrait se faire le
porte-parole des membres de la commission pour que le premier ministre nous
informe du nom du futur parrain de ces projets de loi? Le ministre est
attaché surtout, à bon titre, aux lois qui ont un
caractère médical et paramédical. D'autres projets de loi
nécessiteront également un autre parrain. Le ministre nous avait
mentionné il y a environ trois semaines que le premier ministre devait
incessamment nous informer du nom du nouveau parrain de ces projets de loi.
Alors, je suis sûr que le ministre voudra bien faire les
représentations qui s'imposent auprès de l'honorable premier
ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la procédure que le ministre a
mentionnée est acceptée?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais M. Gilles Poulin, président de
l'Association des oto-rhino-laryngologistes de la province de Québec,
à présenter son mémoire et à identifier les
personnes qui l'accompagnent.
Association des oto-rhino-laryngologistes
M. POULIN: M. le Président, messieurs, l'Association des
oto-rhino-laryngologistes de la province de Québec est
représentée par le Dr Yvon Morissette de Saint-François
d'Assise, le Dr Paul Savary de l'Hôtel-Dieu de Québec, Me Roger
David et moi-même, de l'Hôpital Laval.
Dans notre mémoire nous avons voulu recommander certaines
modifications du projet de loi des orthophonistes et audiologistes en vue de
préciser le champ d'activité de ces professionnels en fonction de
leur compétence propre. Nous sommes conscients que le projet de loi
répète les définitions actuelles de l'acte professionnel
de l'orthophoniste et audiolo-
giste. Nous soumettons que ces définitions sont scientifiquement
erronnées et ne correspondent aucunement aux faits. Ni l'orthophoniste
ni l'audiologiste n'accomplissent tous les actes que la loi actuelle leur
permet de poser. Ils en seraient d'ailleurs incapables. Il y aurait lieu en
toutes circonstances de corriger ces définitions. Cela est d'autant plus
nécessaire aujourd'hui qu'il y a floraison des cabinets d'orthophonie et
d'audiologie qui fonctionnent en dehors de l'équipe médicale
hospitalière.
Nous noterons certains de ces dangers que cette situation
présente dans le contexte d'une législation aussi
imprécise.
L'orthophoniste et l'audiologiste en milieu hospitalier oeuvrent au sein
de l'équipe médicale. Cette équipe médicale a pour
rôle le diagnostic et le traitement des maladies de la voix, de la
parole, du langage et de l'audition. Tout le problème réside dans
l'identification du rôle respectif de l'orthophoniste, de l'audiologiste
et du médecin dans le traitement de ces maladies.
Rappelons certaines réalités: Toute maladie cause un
problème fondamental, c'est-à-dire celui de son diagnostic. Seul
un médecin a la compétence requise pour faire le diagnostic
différentiel d'une maladie de la voix, de la parole, du langage et de
l'audition peuvent être multiples et seule la médecine dans
l'état actuel des choses peut les explorer.
Nous donnerons quelques exemples. Premièrement, la voix: une
dysphonie, ou si vous voulez, un trouble de la voix, peut être
occasionnée par un cancer des cordes vocales; deuxièmement, la
parole: un problème de la parole, par exemple, une dysarthrie peut
être causée par un trouble vasculaire, soit une trombose ou une
hémorragie cérébrale; troisièmement, le langage:
une dyslexie ou une disorthographie peut être d'origine psychiatrique;
quatrièmement, l'audition: une surdité neuro-sensorielle peut
masquer une tumeur du nerf accoustique, soit donc un autre cancer.
A ce motif de la diversité des diagnostics possibles, les
maladies de la voix, de la parole et du langage, nous croyons que
l'orthophoniste ne doit intervenir qu'au terme d'un diagnostic médical
déterminant qu'il s'agit bien d'un trouble relevant de son champ
d'activités. Pour les mêmes raisons, nous tenons que
l'audiologiste doit limiter son intervention à l'évaluation
audiométrique qui s'inscrit dans l'élaboration d'un diagnostic
médical, lequel est complexe et comporte notamment des
éléments neurologiques, psychiatriques, pédiatriques et
cardio-vasculaires.
En bref, en revendiquant l'exclusivité du diagnostic des maladies
de la voix, de la parole, du langage et de l'audition, nous ne recherchons
qu'une chose: assurer avec les meilleurs moyens scientifiques disponibles,
l'identification de leurs causes, lesquelles peuvent être orthophoniques,
audiologiques ou, comme c'est généralement le cas, d'ordre
strictement médical. Nous sommes sensibles au désir du
ministère des Affaires sociales de ne pas hiérarchiser les
professions. Nous devons par ailleurs poser des problèmes tels qu'ils
sont et proposer des formules qui traduisent les compétences respectives
des différents membres de l'équipe diagnostique et
thérapeutique.
Nous nous devons de faire l'observation suivante: il y a un danger
très grave à laisser le diagnostic et le traitement des troubles
de la voix dans le champ d'activité de l'orthophoniste. Ceci même,
si quelques orthophonistes ont eu un enseignement sur les troubles fonctionnels
de la voix. La raison est que ces maladies, contrairement aux troubles du
langage, de la parole et de l'audition, peuvent mettre en péril la
santé du malade.
Rappelons que le diagnostic différentiel d'un trouble de la voix
peut résulter d'une déficience orthophonique mais,
également être le symptôme d'une maladie, telle qu'une
paralysie laryngée, la présence d'un polype, d'un module et
même d'un cancer. En ce qui concerne ces maladies, nul ne conteste que
seul un médecin peut en faire le diagnostic et que ce diagnostic doit
être fait dans les meilleurs délais possible puisque tout retard,
y compris le délai occasionné par un essai de
rééducation orthophonique peut irrémédiablement
compromettre les chances du traitement médical.
Ceci est particulièrement vrai dans le cas du cancer
laryngé, maladie que l'orthophoniste, en aucune manière, ne peut
constater, n'y différencier d'une déficience orthophonique.
Nous venons de parler des définitions de l'acte professionnel de
l'orthophoniste et de l'audiologiste sous l'angle du diagnostic des maladies de
la voix, de la parole, du langage et de l'audition. Nos propos valent
également en ce qui concerne leur traitement. Le projet de loi confie
à l'orthophoniste et à l'audiologiste, sans faire les
distinctions nécessaires, tout traitement des maladies de la voix, de la
parole, du langage et de l'audition. Il est établi que le seul
traitement que peut effectuer l'orthophoniste et l'audiologiste est celui de la
rééducation.
Nous croyons que le projet de loi doit contenir cette précision
et spécifier que l'orthophoniste et l'audiologiste ont charge du
traitement des troubles de la voix, de la parole, du langage et de l'audition
par des moyens de suppléance et la rééducation.
A cet égard, nous notons que l'article 11 du projet de loi, qui
stipule que l'orthophoniste ou l'audiologiste ne peuvent appliquer un
traitement médical que sur ordonnance d'un médecin, est, à
notre avis, une disposition de style. Qu'il s'agisse d'une intervention
chirurgicale ou de tout autre traitement médical, seul un médecin
en a la compétence requise. Dans le cadre de la loi actuelle, où
nous retrouvons le texte de cet article 11, nous ne connaissons aucun cas
pratique où un orthophoniste ou audiologiste n'ait appliqué, ni
demandé l'ordonnance requise par la loi pour accomplir un
traitement médical. Cette disposition, sans doute inscrite pour
rassurer les médecins, ne protège personne.
Un mot sur le projet de loi des acousticiens en prothèses
auditives. En ce qui concerne ce projet de loi, nous devons nous opposer au
principe de l'ordonnance d'un appareil par un orthophoniste et par un
audiologiste. Nous nous basons sur le fait essentiel que seul un examen
médical approfondi de l'appareil auditif permet de conclure qu'il s'agit
là d'un traitement approprié. En certains cas de surdité,
le traitement, loin d'être un moyen de suppléance, sera un
traitement médical ou chirurgical. Il ne faudrait tout de même pas
sanctionner par la loi un système qui crée de faux infirmes.
En conclusion, nous recommandons que le projet de loi des orthophonistes
et des audiolo-gistes soit modifié pour prévoir que: 1)Constitue
l'exercice de l'orthophonie tout acte qui a pour objet l'étude,
l'examen, l'évaluation des troubles de la parole, du langage
parlé ou écrit ainsi que l'utilisation des moyens de
suppléance correspondants et la rééducation sur diagnostic
médical. 2)Constitue l'exercice de l'audiologie tout acte qui a pour
objet l'évaluation audiométrique de l'audition et la
rééducation. 3)Nous recommandons que l'article 11 de ce projet de
loi soit aboli. 4)Enfin, nous recommandons que le projet de loi des
acousticiens en prothèses auditives soit modifié pour
prévoir que l'ordonnance d'une prothèse auditive requiert un
diagnostic médical. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
l'association pour ces mémoires qui sont brefs et à point.
J'aurais deux questions à adresser au président, le Dr Poulin, ou
aux membres de la délégation.
Dans la loi actuelle des orthophonistes et des audiologistes, en fait,
l'article 11 dit qu'un orthophoniste ou un audiologiste ne doit appliquer un
traitement médical que sur prescription d'un médecin. Il n'existe
aucune définition de l'orthophonie ou de l'audiologie, dans la loi
actuelle. C'est la raison pour laquelle, d'une part, nous avons voulu formuler
une définition. Nous avons aussi repris l'article 11 pour faire le pont
avec la loi actuelle et nous assurer que si, dans le domaine de l'orthophonie
et de l'audiologie, il y a des actes qui sont de la nature d'actes
médicaux, ils doivent être effectués sur ordonnance d'un
médecin.
Vous nous dites que la définition proposée à
l'article 7 est trop large, qu'il faudrait prévoir l'ordonnance
médicale. Vous nous dites aussi qu'il faudrait éliminer l'article
11. Pourriez-vous nous donner un peu plus de détails sur la nature des
actes que posent les orthophonistes et les audiologistes dans les
établissements, d'une part? Aussi, quelle est selon vous, la nature des
actes qu'ils posent hors des établissements, c'est-à-dire dans
leurs cabinets, pour ceux qui ont des cabinets? C'est la première des
questions que j'ai.
La seconde question touche les acousticiens en prothèses
auditives. Vous nous dites, si j'ai bien compris, que, dans le cas de
prothèses auditives, il devrait y avoir ordonnance d'un médecin
avant qu'il y ait vente ou fourniture de prothèse. Vous avez
expliqué la raison pour laquelle vous le faites. Maintenant, nous
rencontrons exactement le même problème, en fait, dans le domaine
de l'optométrie, entre l'optométriste et l'ophtalmologiste. Un
grand nombre d'actes posés par l'optométriste peuvent
l'être sans qu'il n'y ait aucun danger, je crois, s'il s'agit uniquement
d'un défaut de la vision ou de l'acuité visuelle, un
défaut mécanique et non pathologique.
Le débat, en fait, entre les optométristes et les
ophtalmologistes semble se situer sur les dangers que l'optométriste ne
dépiste pas ou n'identifie pas les cas où il pourrait y avoir
pathologie. La suggestion suivante a déjà été
formulée: établir certaines normes à partir desquelles,
lorsque l'optométriste rencontre dans son travail un cas qui, selon les
normes, indique qu'il est possible qu'il y ait une pathologie quelconque, il
fasse référence à l'ophtalmologiste.
L'accusation en prothèses auditives, dans le moment, fait son
travail sans prescription médicale et, si j'ai bien compris votre
raisonnement, le danger est susceptible de se produire pour un certain nombre
de cas. J'aimerais que vous analysiez cet aspect de la question et cette
possibilité, si on fait un parallèle avec les
optométristes et les ophtalmologistes.
M.POULIN: Merci, M. le Ministre. Je demanderais au Dr Savary de
répondre à votre première question.
M. SAVARY: Au sujet de la première question, je
répète l'article 11 pour que les choses soient bien nettes.
L'article 11 dit ceci: "Un orthophoniste ou audiologiste ne doit appliquer un
traitement médical que sur ordonnance d'un médecin." Mais avant
le traitement il faut quand même faire un diagnostic, et c'est là
qu'est l'importance de notre intervention. Le diagnostic doit être
d'ordre médical. Et si le diagnostic n'est pas d'ordre médical,
on risque de faire des traitements sur de fausses routes.
Qu'est-ce qu'un traitement médical d'abord? Je pense que c'est un
traitement à base d'une médication. Une médication, ce
sont des pilules, si vous voulez, des gouttes, une médication
quelconque. L'orthophoniste n'est pas qualifié pour donner une
médication. Cette définition peut clocher. Mais le traitement par
rééducation ne peut être fait par le médecin. Il
doit lui donner son importance et il doit prescrire le traitement par
rééducation qui doit être fait par l'orthophoniste.
Là-dessus, d'accord.
Sur le plan du traitement médical, il est important d'insister
sur la partie diagnostic d'abord. Vous parliez tout à l'heure de la
différence entre un orthophoniste pratiquant dans un
établissement hospitalier...
M. CASTONGUAY: J'ai demandé quelle était la nature des
actes qu'il pose dans les établissements, comment ça se fait,
quels contrôles sont exercés.
Comment est-ce que ça se déroule en pratique et en cabinet
privé?
M. SAVARY: D'accord. Dans les établissements, il n'y a pas
tellement de problèmes actuellement puisque, comme on l'a dit tout
à l'heure, il s'agit d'une équipe, et l'orthophoniste et
l'audiologiste, tantôt dans les troubles de la parole et du langage et
tantôt dans les troubles de l'audition, font partie de l'équipe de
diagnostic et de l'équipe thérapeutique sur le plan de la
rééducation. Alors, si un individu se présente pour un
problème de surdité, il consulte d'abord
l'oto-rhino-laryngologiste ou le médecin qui demandent l'aide de
l'audiologiste pour avoir une charte de sa surdité et, si
nécessaire, le contrôle du neurologue, du médecin
cardio-vasculaire, etc.
Donc il fait partie de l'équipe. Le danger, pour l'audiologiste
en cabinet privé, c'est qu'il n'y a pas d'équipe. Le
contrôle est donc excessivement difficile puisqu'il ne fait son
diagnostic que sur l'examen audiométrique, sans examen clinique ni
examen du tympan, ni examen de l'oreille, ni examen radiologiste, ni examen du
médecin consultant. C'est là qu'est le danger du cabinet
privé. Cela pour l'audiologiste.
Pour l'orthophoniste, c'est la même chose. Pour l'orthophoniste il
va y avoir un examen avec enregistrement de la voix, de la parole, etc.,
d'accord, mais l'individu peut avoir une maladie psychiatrique qui fait qu'il y
a un trouble de langage. Il peut avoir une maladie par malformation des cordes
vocales, malformation du voile du palais, malformation des cavités
buccales que l'orthophoniste n'est pas qualifié pour examiner. Encore
là, ne faisant pas partie de l'équipe de diagnostic au sein d'une
équipe hospitalière, il est dangereux de lui laisser le
contrôle du diagnostic et le contrôle du traitement en cabinet
privé.
M. POULIN: D'ailleurs, pour continuer un peu dans le même article,
l'article 11, à toutes fins pratiques, ne s'applique pas. Un
orthophoniste au audiologiste n'a pas à donner un traitement
médical. C'est un traitement de rééducation, ce n'est pas
un traitement médical et ça ne demande pas d'ordonnance à
ce moment-là.
M. CASTONGUAY: Alors nos prédécesseurs législateurs
se sont trompés, selon vous?
M. POULIN: D'ailleurs, si vous avez remarqué, je l'ai
mentionné dans un des premiers paragraphes. Pour répondre
à votre deuxième question, M. le ministre, vous nous demandiez
s'il était possible, dans le cas des acousticiens en prothèses
auditives, de faire certaines normes suivant lesquelles nos confrères
pourraient appliquer une prothèse sans qu'il y ait eu une ordonnance
médicale. Cela veut dire que s'il n'y a pas eu d'ordonnance
médicale, il n'y a pas eu de diagnostic médical encore
là.
Si on avait une certaine catégorie de cas pour lesquels on sait
très bien qu'il ne peut y avoir aucune pathologie en arrière, on
sera peut-être d'accord pour essayer de formuler des normes, mais je
crois que c'est impossible parce que même une personne âgée
qui a besoin d'un appareil disons du type presbyacousie où il n'y a pas
de phénomène réellement pathologique, ça peut tout
de même masquer un phénomène pathologique.
Alors les normes sont très difficiles à établir et
ça ne peut pas être tranché.
M. CASTONGUAY: Vous êtes assuré de ça?
M. POULIN: Sûrement, parce que ça demande toujours un
diagnostic.
M. CASTONGUAY: On voit beaucoup de personnes qui portent des
prothèses auditives depuis un certain nombre d'années.
Elles les ont eues sous ordonnance médicale et elles souffrent de
surdité sans qu'il y ait eu, à partir du moment où
l'ouïe a commencé à perdre de son acuité,
développement d'une pathologie identifiée.
M. POULIN: Je suis d'accord, M. le ministre, que de nombreuses personnes
portent des appareils qui leurs sont bénéfiques. Peut-être
qu'auparavant elles n'ont pas eu d'examen ou de diagnostic médical
précis et qu'elles les portent avec succès. Par ailleurs,
beaucoup en ont aussi porté sans que cela leur soit utile. Si nous
faisions la province, nous trouverions, à toutes les deux maisons, des
prothèses auditives qui ont été mises dans le tiroir au
bout de deux semaines; je pense qu'il y en aurait beaucoup. Par ailleurs,
beaucoup de ces gens ont porté une prothèse auditive et ils
auraient pu bénéficier d'un traitement chirurgical, surtout que
la chirurgie, de ce côté, a nettement évolué et
progressé depuis la dernière décade.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, une dernière question. Quelle est la
nature de l'examen que fait, selon vous, l'acousticien en prothèse
auditive? Est-ce qu'il ne fait qu'utiliser un appareil après l'autre
pour voir si la personne entend mieux ou s'il fait un examen un peu plus
approfondi pour voir s'il y a autre chose qu'une baisse graduelle de cette
faculté ou de ce sens?
M. POULIN: En somme, l'acousticien en prothèse auditive ne fait
qu'un examen au point de vue acoustique pour voir si un appareil va
bénéficier à un individu. Mais il ne peut, dans
l'état actuel des choses, faire un examen clinique de l'appareil
auditif. C'est sur cela que nous insistons.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, je voudrais donner mon opinion sans
élaborer sur le bill 267, ni m'étendre sur l'exposé du Dr
Poulin. Si je voulais m'étendre sur le sujet, il faudrait prendre le
plancher pour toute la journée probablement. Disons que l'exposé
du Dr Poulin est absolument fondé, qu'il est juste en regard de la
santé publique, santé que nous recherchons d'ailleurs tous.
Alors, les orthophonistes et les audiologistes doivent de toute
nécessité faire partie et travailler au sein de l'équipe
médicale. A ce sujet, je voudrais attirer l'attention du ministre. Je
voudrais attirer l'attention de la commission, des techniciens du
ministère pour qu'ils apportent les corrections nécessaires qui
s'imposent au bill 267.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: Dr Poulin, vous nous dites qu'il y a deux sortes
d'orthophonistes et d'audiologistes. Il y en a qui travaillent avec
l'équipe médicale et il y en a qui travaillent à leur
propre compte.
Est-ce que vous pourriez nous parler de la préparation que ces
gens ont, des deux côtés? Ceux qui travaillent avec
l'équipe médicale ont-ils le même diplôme, la
même préparation que ceux qui se sont émancipés, si
vous voulez, du diagnostic?
M. POULIN : Ils ont la même préparation.
M. BOIVIN: Quelle est leur préparation, quelles années
d'études, qui donne les cours à ces orthophonistes et à
ces audiologistes?
M.POULIN: M. Morissette va répondre à cette question.
M. MORISSETTE: Je crois que c'est l'Institut de réhabilitation de
Montréal qui donne le cours et je crois que la durée du cours est
de trois ans.
M. BOIVIN: De trois ans? Est-ce qu'il y a des oto-rhino-laryngologistes
qui enseignent à cette école?
M. MORISSETTE: Je ne pourrais pas répondre à cette
question.
M. BOIVIN: On le leur demandera, s'ils reviennent à la
commission. Voulez-vous me dire la préparation qu'a un
oto-rhino-laryngologiste ? Quelles sont les exigences pour devenir
oto-rhino-laryngologiste? Pouvez-vous nous dire les années
d'études nécessaires?
M. POULIN: Actuellement, il leur faut cinq années d'études
au point de vue strictement médical, une année d'internat
chirurgical, plus trois autres années de spécialisation
strictement en oto-rhino-laryngologie; par la suite, ils doivent passer leur
certificat de la province de Québec.
M. BOIVIN: Vous ne pouvez pas nous éclairer davantage sur les
études que font les orthophonistes et les audiologistes?
M. POULIN: Non, nous regrettons. Peut-être que les orthophonistes
et les audiologistes pourront vous préciser cela.
M. BOIVIN: Trouvez-vous que ceux qui travaillent dans l'équipe
médicale sont assez bien préparés pour collaborer à
l'acte médical?
M. POULIN : Ceux qui sont dans les équipes médicales
hospitalières actuellement, en général, sont très
bien préparés.
M. BOIVIN: Ils ont passé par l'école?
M. POULIN : Oui et il faudrait faire encore une différence; je
l'ai notée dans le mémoire que vous avez en main. On parle
souvent dans le texte de loi d'orthophoniste et audiologiste; il faudrait
peut-être préciser orthophoniste et/ou audiologiste, parce que
tout orthophoniste n'est pas nécessairenment audiologiste et vice
versa.
M. BOIVIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, juste de petites questions, que je me
pose depuis un certain temps. La réalité nous prouve que, si une
personne entend mal, elle est souvent portée à déformer
des mots ou à mal rapporter ce qu'elle entend. J'aimerais me faire
préciser ce matin quelle relation existe entre, par exemple, les groupes
qui préparent ou qui fabriquent des prothèses pour entendre et
des prothèses pour parler. J'illustrerai tantôt par un
exemple.
M.POULIN:DrSavary.
M. SAVARY: Par rapport aux prothèses pour parler, à ma
connaissance, il n'existe que quelques prothèses palliatives pour la
rééducation de ceux qui n'ont pas de larynx. Ceux qui ont eu un
cancer de larynx opéré peuvent avoir une
rééducation qu'on appelle l'érygmopho-
nie, c'est-à-dire qu'ils parlent avec une voix oesophagienne ou
avec une prothèse qui est fournie par la compagnie Bell
Téléphone actuellement.
M. GUAY: Ah! bon.
M. SAVARY: C'est une prothèse pour parler. Au cours de la
rééducation, il y a d'autres appareils comme les oscilloscopes,
etc., qui font partie de l'apanage de l'orthophoniste. Mais les
prothèses pour entendre n'ont aucune relation avec les prothèses
pour parler.
Je veux ici apporter le cas que j'ai eu cette semaine d'une personne qui
avait eu deux prothèses auditives payées par la
sécurité sociale. J'ai pu faire entendre le patient sans
prothèse. J'ai alors écrit au ministère des Affaires
sociales pour essayer de faire rembourser les prothèses, au coût
de $850. Donc, ce patient avait eu, payées par le gouvernement, deux
prothèses au montant de $850 pour une surdité qui était
opérable. C'est un exemple qui illustre parfois le manque de diagnostic
dans l'ajustement de prothèse.
M. GUAY: Je suis également au courant que certaines
difficultés de la parole peuvent être corrigées, dans
certains cas, par d'autres genres de prothèses. Et j'ai l'exemple d'une
personne qui, à cause d'infirmité, a des orifices entre le palais
et les voies nasales. Cette correction a été apportée par
une prothèse dentaire spéciale. Qui fait le diagnostic et qui
ajuste cette prothèse dans ces cas?
M. POULIN: Dans ces cas, c'est l'orthodontiste. Et il existe à
Québec comme à Montréal des comités de ce qu'on
appelle de fente palatine au sein d'une équipe hospitalière qui,
avec un oto-rhino-laryngologistes, un plasticien et un orthophoniste vont,
ensemble, en équipe, voir au meilleur traitement du patient. Et en
l'occurence, dans l'exemple que vous donnez, c'est l'orthodontiste qui ajuste
la prothèse au palais.
M. GUAY: Qui fabrique cette prothèse? Parce qu'il faut quand
même dire que c'est une prothèse qui a deux fonctions d'abord
comme prothèse dentaire, puis, en même temps, une fonction de
prothèse...
M. POULIN: D'abord, il est important de faire le diagnostic pour voir si
c'est réellement une fente palatine, si elle est opérable et si
elle est susceptible d'avoir une prothèse ou non. Par la suite,
après le diagnostic, on a pris une décision que l'orthodontiste
peut s'en occuper et, les diriger toujours en équipe, à
l'orthophoniste qui aide à sa rééducation. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. GUAY: Cela répond partiellement. D'un autre côté,
cette prothèse dentaire porte égale- ment une luette
artificielle. C'est ce qui améliore le son. Disons que ce ne sont pas
des cas fréquents mais, dans votre mémoire, on demande une
précision du champ d'exercice. Une autre question concerne les lunettes
porteuses d'appareil auditif. Encore là, il y a deux groupes de
professionnels qui devront probablement participer, car ce sont des appareils
qui ont double fonction: porter, dans le montant, un appareil auditif, et
améliorer la vue en même temps.
M.POULIN: Ce sont deux aspects différents. D'abord l'ajustement
de la lunette.
M. GUAY: C'est dans le même appareil.
M. POULIN: Nous ne voulons pas y toucher.
M. GUAY: C'est dans la même prothèse.
M.POULIN: Le montant est tout à fait séparé. Vous
pouvez avoir un ajustement de lunette et ajouter un montant
séparé. Ce sont deux choses complètement
différentes, deux problèmes différents.
M. GUAY: Vous ne voyez pas de problème dans ce genre...
M.POULIN: Elles n'ont aucune relation l'une avec l'autre.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Je vais poser une question qui va peut-être sembler
méchante mais c'est pour éclairer ma lanterne. Entre les
optométris-tes et les ophtalmologistes, tout comme entre les
orthophonistes et les oto-rhinos, je me demande on sait qu'il y a un
problème de santé qui doit primer en tout et partout s'il
n'y a pas également une espèce de problème
économique. L'ophtalmologiste lui-même a-t-il le droit de vendre
des lunettes? Est-ce que l'oto-rhino a le droit lui-même de vendre des
appareils?
M. MORISSETTE: Non, absolument pas.
M. PEARSON: Alors, il n'y a pas de point de vue économique, des
craintes...
M. MORISSETTE: Absolument pas. Nous ne cherchons pas à essayer de
vendre des appareils. Au contraire.
M. PEARSON: Dans ce sens, cela signifie que votre problème n'est
pas tout à fait comparable à celui des optométristes et
des ophtalmologistes.
M. POULIN: D'ailleurs, je ne crois pas que les ophtalmologistes non
plus, cherchent à faire de la vente de lunettes.
M. PEARSON: Ce ne sont pas les ophtalmologistes dans ce cas...
M.POULIN: C'est entre les opticiens d'ordonnance et les
optométristes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Vous connaissez le souci que j'ai quant à l'absence
continuelle des députés du Parti québécois aux
séances de cette commission parlementaire.
Je voudrais poser quelques questions à caractère
constitutionnel sans, du même coup, qu'il soit dit que je partage la
philosophie politique du Parti québécois.
Est-ce que le Dr Poulin pourrait me dire si le diplôme
d'oto-rhino-laryngologiste est reconnu par le fédéral?
M. POULIN: Le certificat de la province de Québec n'est pas
reconnu du côté fédéral. Mais la majorité de
nos oto-rhino-laryngologistes de la province de Québec ont leur LMCC, de
pratique médicale d'abord et avant de faire leurs études
spécialisées en oto-rhino-laryngolo-gie. Par la suite, ils
passent le certificat de la province de Québec qui est nécessaire
pour pratiquer dans la province. En plus, je le répète, la
majorité ont ce qu'ils appellent le certificat du Collège royal
reconnu à travers le Canada avec équivalence aux Etats-Unis.
M. PAUL: Le certificat du Collège royal, c'est le "Fellow",
n'est-ce pas?
M.POULIN: II y en a deux. Il y a le "Fellow" et il y a le certificat du
Collège royal. Ce sont deux choses, quoique, éventuellement,
elles vont n'en devenir qu'une.
M. PAUL: Est-ce qu'il y a des "Fellow" en oto-rhino-laryngologie?
M. POULIN: Oui, monsieur.
M. PAUL: II y a également, des diplômés du
Collège royal.
M.POULIN: Exactement.
M. PAUL: Est-ce qu'il est nécessaire de faire des études
plus poussées pour obtenir une reconnaissance ou un certificat de
compétence du Collège royal ou pour obtenir un certificat de
"Fellow" en oto-rhino-laryngologie?
M. POULIN: Les études sont exactement les mêmes. Il s'agit
d'un examen de plus, c'est tout.
M. PAUL: Un examen de plus sans études plus
poussées...
M. POULIN: Sans études plus poussées et sans année
supplémentaire.
M. PAUL: Est-ce que vous pourriez me dire, docteur, s'il y a d'autres
écoles d'orthophonistes et d'audiologistes ailleurs que dans le
Québec?
M. POULIN: Je l'imagine, mais je ne peux pas vous le dire.
M. PAUL: Vous ne pouvez pas répondre. Merci.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai
écouté avec grande attention, tantôt, les questions que
vous a posées le ministre. Je pense que cela tournait
véritablement autour du véritable problème celui d'un
champ d'exercice entre votre profession et celle des orthophonistes et des
audiologistes. Il a fait une comparaison avec les optométristes et les
ophtalmologistes. Je pense que c'est assez juste. Quand ils sont venus devant
la commission parlementaire, nous avons posé des questions sur les actes
posés par ces différents professionnels. Sauf erreur, je pense
qu'on a dit devant la commission que les pathologies de l'oeil tendaient
à diminuer, je pense, avec les années. Il y a moins de cas
pathologiques aujourd'hui qu'il y en avait autrefois. Je ne voudrais pas faire
erreur, mais je pense que ce fait est ressorti des réponses que nous
avons eues devant la commission.
Est-ce que ce serait le même cas chez vous? Est-ce que les
pathologies qui ont trait à l'exercice de votre profession tendent
à diminuer ou est-ce que c'est le contraire? Il est vrai qu'on peut dire
dans votre cas que vous avez comme clients ceux qui parlent trop. Ils peuvent
aboutir chez vous. Et ceux qui entendent mal peuvent aussi aboutir chez vous.
Je pensais que le ministre des Affaires sociales allait vous
référer le ministre fédéral, son homologue, M.
Munro, parmi ceux qui entendent mal! ... ou qui ne comprennent pas bien!
M. POULIN: A cette question, je pourrais répondre que certaines
catégories ou certaines pathologies de l'oreille vont diminuer
éventuellement à cause du progrès chirurgical, à
cause de la prévention qui se fait et à cause de la
médecine d'aujourd'hui, pourrais-je dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous pose des questions de profane; un
médecin les poserait peut-être différemment. Vous dites que
les pathologies de l'oreille vont diminuer. Moi,
je pense que la pollution par le bruit et l'atmosphère dans
laquelle on vit, le bruit des usines et tout ça, cela a toujours un
effet de plus en plus direct sur la faculté d'entendre.
M. POULIN: Certaines pathologies de l'oreille connues, actuellement,
tendent à diminuer pour diverses raisons. Il y a peut-être
d'autres pathologies qui augmenteront pour d'autres raisons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce serait la même chose pour
la gorge?
M. SA VARY: Je pourrais ajouter autre chose au point de vue de la
pathologie de l'oreille. Plus les possibilités de diagnostic sont
grandes, plus nous trouvons de la pathologie, disons-le,
surspécialisée, qui ne pouvait pas être trouvable il y a
quelques années.
Par exemple, certaines tumeurs du nerf acoustique sont de diagnostic
récent. C'est à ce niveau qu'on a attiré l'attention de la
commission, simplement un dépistage de surdité amplifié.
Des examens radiologiques spéciaux et des examens
oto-rhino-laryngologiques spéciaux peuvent dépister une tumeur du
nerf acoustique. Ces gens mouraient, il y a quelques années, d'une
tumeur au cerveau qui était immense, puisque non
diagnostiquée.
Certaines pathologies comme l'oto-sclérose, cette surdité
opérable par stapédectomie, diminuent parce que des gens qui ont
souffert de cette maladie pendant tant d'années sont maintenant
opérés. Il y a quand même un pourcentage, je pense, de 20
pour 100,000 qui existe encore, en oto-sclérose, qui est le pourcentage
normal, mais disons que la banque est à peu près
écoulée. Par contre, les possibilités diagnostiques sont
telles que des pathologies plus complexes sont maintenant trouvées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tantôt, on vous a demandé comment
se déroule la pratique en établissements et comment elle est en
dehors. Il semble bien que dans les établissements il n'y ait pas de
problème puisque vous pratiquez en équipe. La
référence n'a donc pas besoin de se faire. Le patient est tout de
suite dirigé à l'équipe. A ce moment-là, des
difficultés peuvent être éliminées.
En ce qui concerne la pratique en dehors des établissements,
évidemment c'est en cabinet privé. Le patient peut se rendre soit
chez le spécialiste de votre spécialité ou il peut aussi
se rendre chez l'acousticien ou l'orthophoniste. Est-ce que beaucoup de cas
où, semble-t-il, il peut y avoir pathologie, vous sont confiés?
Est-ce que cela se produit souvent?
M.POULIN: Si je comprends bien la question, vous me demandez si les cas
se présentent assez souvent où un patient nous vient de
l'orthophoniste ou audiologiste, de son cabinet privé.
M. CLOUTIER (Montmagny): De son cabinet privé, oui.
M. POULIN: En général, si les gens ont un problème
de surdité ou de voix, ils vont plutôt surtout
présentement, alors que la majorité fait partie des
équipes hospitalières voir le médecin. Ensuite,
s'il y a lieu, ils nous sont référés. Je ne crois pas
qu'ils en envoient.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce une habitude bien enracinée dans
la population, parce que la population sait que vous êtes des
spécialistes de ces disciplines, ou si c'est à cause de certaines
lois, telles que l'assurance-maladie? Celle-ci permet de ne pas défrayer
le coût des honoraires si on fait affaires directement avec vous tandis
que, je pense, c'est le contraire avec les professionnels des autres
spécialités.
M. POULIN: II est difficile de répondre à ces questions
parce qu'il n'y a pas eu d'enquêtes de faites sur ce sujet.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'optométriste est couvert par le
régime d'assurance-maladie. Le pharmacien, avec
l'assurance-médicaments, est aussi couvert. Alors c'est pour cela qu'il
est difficile d'avoir un point de comparaison. Je vous demande une
appréciation à l'oeil.
M. POULIN: C'est peut-être une raison valable.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une appréciation à l'oeil,
même si l'oeil n'est pas votre spécialité.
Pour ma part, c'est tout, M. le Président. Je pense que le
véritable problème est là. Nous l'avons discuté,
aussi, pour d'autres professionnels. Il est dans le champ d'exercice des
professions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aimerais poser une petite
question bien simple. Pourriez-vous me dire si la surdité est
héréditaire ou si elle ne l'est pas?
M. POULIN: Certains cas sont héréditaires, d'autres ne le
sont pas du tout.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais une autre question. C'est peut-être un peu plus
technique mais j'aimerais avoir de la lumière. Est-ce que tous les
humains ont la même qualité d'absorption des bruits, sans
déranger pour autant leur système?
Et parallèlement à ça, est-ce qu'on a fait des
études, à savoir si, dans les usines, certains
bruits ou des bruits à certaines fréquences peuvent
endommager l'appareil auditif de l'humain plus souvent que d'autres sons?
M. POULIN: C'est certain que tout l'appareil auditif chez l'humain n'a
pas la même réponse au bruit industriel dont vous venez de faire
mention. Justement, dernièrement, avec le Dr Goldbloom, à une
séance spéciale sur le bruit industriel, question d'environnement
et de pollution par le bruit, nous avons eu une discussion à ce sujet.
Il est certain que l'humain ne répond pas de la même façon,
et chez certaines personnes qui travaillent dans un endroit où il y a un
bruit assez fort, il y a définitivement une détérioration
de l'ouie et de l'appareil auditif.
M. GUAY: Est-ce qu'il existe des appareils de protection contre ces
bruits qui sont néfastes à l'humain?
M. POULIN : II en existe et il se fait énormément de
recherche de ce côté. Il existe des appareils qui peuvent
protéger, dans les usines, l'appareil auditif. Et je pourrais
peut-être mentionner, sur ce sujet, une équipe
d'oto-rhino-laryngologistes et audiologistes qui a fait une étude
dernièrement sur les Esquimaux ou relativement à une pathologie
de type chronique, une question d'affection, parce qu'on savait que chez les
Esquimaux il y avait beaucoup d'écoulement des oreilles, de gros
problèmes auditifs. La surprise qu'ils ont eue c'est qu'il s'agissait de
surdité neuro-sensorielle causée par le bruit non pas industriel
mais de l'environnement, soit les motoneiges et les fusils.
M. GUAY: Une dernière question. Est-ce qu'il y aurait lieu
d'établir des normes pour les appareils, qui sont de plus en plus
répandus, orthophoniques, stéréophoniques, où on
peut entendre de la musique avec des écouteurs personnels? Les jeunes
semblent s'adonner à ce genre de divertissement. Est-ce que ça a
déjà été pensé par votre groupe?
M. POULIN: Oui, et actuellement dans notre association, nous avons un
comité qui étudie le problème. Il prépare un
mémoire et nous allons faire des recommandations au gouvernement
à ce sujet.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Argenteuil.
M. SAINDON: Seulement une remarque. Je crois que les actes posés
en cabinet privé par les orthophonistes et les audiologistes comportent
des dangers assez grands, si ces actes ne sont pas posés sur
prescription médicale. S'il y a une pathologie quelconque, les gestes
posés par les orthophonistes et les audiologistes très souvent ne
tiennent pas compte du tout de la pathologie responsable.
Je voudrais faire remarquer qu'en médecine comme dans les autres
professions, les moyens à prendre, les traitements appliqués, ne
sont jamais trop bons et il faut toujours viser à obtenir le meilleur
résultat possible, appliquer le meilleur traitement. Et le meilleur
traitement n'est jamais trop bon.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de L'Assomption.
M. PERREAULT: A la suite de la question du député de
Dorchester, j'aimerais vous poser une question. Est-ce que vous avez
constaté depuis quelques années, chez les jeunes un endommagement
de l'ouie causé par la musique pop, la musique
psychédélique qu'on entend partout à un nombre très
élevé de décibels?
M. POULIN: Chez les gens surtout qui font partie d'orchestres. C'est un
peu ce qui nous a réveillés et pourquoi certains médecins
ont porté le problème au niveau de l'association. Et c'est
pourquoi nous l'avons formée. En réalité, il ne s'agit pas
de bruit industriel, mais nous croyons que ça fait partie de
l'environnement. Et comme je disais à monsieur, nous préparons un
mémoire à cet effet.
M. PERREAULT: Est-ce que c'est surtout la fréquence des sons qui
est affectée?
M.POULIN: La fréquence avec l'intensité.
M. CASTONGUAY: La dislocation des anches!
M. POULIN: Cela regarde les othopédistes. M. GUAY : Une industrie
de bruit.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le Dr Poulin de la façon dont il a
présenté son mémoire. Soyez assuré que les membres
de la commission vont prendre bonne note de vos recommandations.
J'inviterais à présent Me Mario Létourneau,
procureur de la Société d'orthophonie et d'au-diologie de la
province de Québec, à venir présenter son
mémoire.
La parole est à Me Létourneau, s'il veut bien identifier
les personnes qui l'accompagnent.
Société d'orthophonie et
d'audiologie
M. LETOURNEAU: M. le Président, même si j'ai
préparé le mémoire, c'est évidemment en
étroite collaboration avec mes clients. Vous aurez sans doute
remarqué que le mémoire en lui-même est d'ailleurs assez
concis et, pour fins de meilleure compréhension, plutôt que de le
lire ou de le faire lire, nous avons pensé faire donner des explications
par la présidente à partir du mémoire et discuter sur le
mémoire en question. C'est la présidente de la
société, Mlle Louise Getty qui fera ses remarques au sujet du
mémoire écrit que j'ai préparé. Je laisserai
également à Mlle Getty le soin de présenter les autres
membres de la délégation. Moi-même, je suis Mario
Létourneau. Mlle Getty.
MLLE GETTY: J'aimerais présenter les membres de notre
délégation. A l'extrême gauche, Mme Lewis, qui est
responsable des services de l'orthophonie et de l'audiologie à la
commission des écoles catholiques de Montréal, Mlle Claudette
Pelletier, qui est responsable de la clinique d'audiologie à
l'hôpital Sainte-Justine de Montréal, M. Luc Legault, qui est
responsable de la clinique d'orthophonie et d'audiologie à
l'hôpital de Saint-Vallier-de-Chicoutimi et, à l'extrême
droite, Mme Louise Coderre, qui est responsable de la clinique d'orthophonie
à l'Institut de réadaptation de Montréal et aussi
responsable de la section d'orthophonie et d'audiologie à
l'Université de Montréal, et moi-même, Louise Getty.
Nous voulons d'abord remercier le législateur d'avoir bien
compris l'objet de l'orthophonie et de l'audiologie en rédigeant le bill
267. Les amendements que nous avons proposés ne sont motivés que
par notre désir de voir la population souffrant de troubles de la
communication verbale servie adéquatement par des spécialistes
ayant toutes les compétences requises. Nous commenterons les articles
qui ont fait l'objet de propositions d'amendements dans notre mémoire,
mais nous commenterons également certains articles qui n'ont pas fait
l'objet de propositions d'amendements. Allons au plus simple. Le paragraphe c)
de l'article 1 se lit actuellement comme suit,; "orthophoniste" ou
"audiologiste"; tout membre de la corporation."
Nous avons demandé de rédiger le paragraphe aussi:
"orthophoniste" et/ou "audiologiste", comme l'ont mentionné d'ailleurs
tout à l'heure les médecins ORL. Le motif pour lequel cet
amendement est suggéré est qu'il existe des membres qui sont en
même temps orthophonistes et audiologistes. Ces gens font
évidemment partie de la société actuelle et doivent
également avoir le droit de faire partie de la corporation à
être créée, et ce à titre
d'ortho-phonistes-audiologistes et non pas seulement de l'un ou de l'autre. On
évitera ainsi peut-être que des gens qui ne sont qu'orthophonistes
ou audiologistes prétendent qu'on ne puisse être les deux à
la fois.
Cette précision est de plus dictée par la formation
actuelle des orthophonistes-audiolo-gistes à l'Université de
Montréal. Cette dualité était nécessaire pour
répondre aux besoins de la population francophone à
l'échelle de la province.
Il était avant tout nécessaire de former des
omnipraticiens étant donné la pénurie des centres
d'orthophonie et d'audiologie à travers la province.
L'expansion que connaît depuis quelques années la
profession conduira dans un avenir rapproché à une
révision de ce programme de formation.
L'article 7 se lit comme suit: "Constitue l'exercice de l'orthophonie
tout acte qui a pour objet l'étude, l'examen, l'évaluation et le
traitement des troubles de la voix, de la parole et du langage parlé ou
écrit, ainsi que l'utilisation des moyens de suppléance
correspondants et la rééducation. Constitue l'exercice de
l'audiologie tout acte qui a pour objet l'étude, l'examen,
l'évaluation et le traitement des troubles de l'audition, ainsi que
l'utilisation des moyens de suppléance auditive et la
rééducation." Il y a un fait à mentionner ici, simplement
un mot, à savoir que, dans le texte anglais, on a traduit
évaluation par "appreciation". Or, nous soumettons que le terme
évaluation réfère à une analyse basée sur
des critères objectifs et scientifiques. Ce terme se traduit en anglais
par "evaluation" et non par "appreciation". Ce dernier terme, en effet, comme
en français d'ailleurs, réfère, selon nous, à une
analyse ou à une évaluation plus subjective ou basée sur
des critères qui n'ont pas la rigueur nécessaire à
l'établissement d'un diagnostic. Nous voulons attirer ici l'attention
des membres de la commission parlementaire sur le fait que le dit article 7
reconnaît aux orthophonistes et audiologistes la responsabilité
des actes qui y sont mentionnés, soit l'étude, l'examen,
l'évaluation, ainsi de suite. Cette responsabilité
accordée est justifiée par les connaissances acquises au cours de
la formation des orthophonistes et audiologistes, connaissances en science
fondamentale, soit anatomie, physiologie, psychologie, linguistique, d'une
part, et connaissances professionnelles, d'autre part.
Pour répondre immédiatement à une question, le
cours d'orthophonie et d'audiologie donné à l'Université
de Montréal décerne une maîtrise qui représente
quatre années d'études. Nous avons les programmes d'études
que vous pourrez consulter par la suite.
Cette responsabilité se manifeste aussi dans l'exercice quotidien
où les clients présentant des problèmes de communication
sont référés à l'orthophoniste-audiologiste qui
lui-même détermine la nature des examens, pose un diagnostic et
assure le "follow-up", soit en exigeant, des examens complémentaires,
soit en décidant non seulement des mesures correctives, mais du temps
optimum pour les appliquer. Plusieurs exemples de requêtes provenant de
référants mals informés de la nature des troubles de la
communication pourraient convaincre les membres ici présents de la
nécessité de conserver à l'orthophoniste-audiologiste
l'entière responsabilité ci-haut mentionnée. Cela
risquerait d'allonger grandement le temps de présentation.
En ce qui a trait à notre rôle dans l'examen de la
rééducation des troubles du langage écrit, nous croyons
qu'il découle directement du fait de notre spécialité,
étant donné l'unité, pour ne pas dire la subordination, du
code écrit au code oral. La pathologie du langage consécutive
à des
lésions cérébrales chez l'adulte démontre,
en effet, que les troubles du langage oral sont nécessairement
accompagnés de troubles du langage écrit. Chez les enfants, il
est bien connu qu'il existe des rapports entre la dyslexie et les retards de
parole et de langage. On retrouve, non pas chez tous, mais quand même
chez la plupart des vrais dyslexiques, pour accéder au langage
écrit, les mêmes difficultés qu'éprouve l'enfant
retardé à la parole, à savoir des difficultés dans
la perception auditive et dans l'organisation du langage qui rendent
malaisée l'association des formes sonores que sont les sons de la langue
que l'enfant perçoit mal ou des formes visuelles que sont les signes
graphiques. Nous reconnaissons, cependant, que la notion de travail
d'équipe s'applique au domaine de la dyslexie et que notre rôle
n'en est qu'un parmi d'autres que peuvent jouer des spécialistes
également compétents dans la matière.
Considérant cette définition de l'objet de
l'orthophonie-audiologie, il nous paraît opportun de souligner ici les
deux secteurs cliniques principaux dans lesquels oeuvrent les
orthopho-nistes-audiologistes, soit le secteur hospitalier et le secteur
scolaire. Nous désirons insister sur le fait que notre corporation,
après étude sérieuse de la question et à la
lumière de l'expérience vécue par les orthophonistes
travaillant déjà dans le milieu scolaire, reconnaît la
nécessité d'une véritable intégration des services
de l'orthophonie en milieu scolaire.
A l'article 9, on dit: Est titulaire d'un diplôme reconnu valide
à cette fin par le lieutenant-gouverneur en conseil ou jugé
équivalent par le bureau. La corporation désire commenter
brièvement cette question du diplôme donnant accès à
l'exercice de la profession. Le bill 138 rend obligatoire le grade de
maîtrise pour l'exercice de l'orthophonie et de l'audiolo-gie dans la
province de Québec. Au moment où cette loi fut
élaborée, une telle exigence se fondait sur les tendances
courantes aux Etats-Unis et les programmes de formation de l'Université
de Montréal et de l'université McGill, qui. toutes deux,
offraient une formation minimale au niveau de la maîtrise.
Or, la corporation reconnaît que depuis ce temps d'importantes
modifications ont été apportées au programme
d'études préuniversitaires au Québec et, par la suite, au
programme d'études universitaires. Par conséquent, reconnaissant
les possibilités offertes par la formation au niveau du premier cycle
universitaire, reconnaissant qu'il y a place aussi en orthophonie et audiologie
pour une diversification des rôles, étant donné que toutes
les tâches ne représentent pas le même degré de
complexité, notre corporation s'est attachée depuis plus d'un an
à étudier la possibilité d'octroyer le droit de pratique
aux détenteurs d'un grade du premier cycle et, pour ce faire, travaille
présentement à une analyse de tâches et des
compétences requises pour ces différentes tâches.
Article 11: "Un orthophoniste ou audiolo- giste ne doit appliquer un
traitement médical que sur ordonnance d'un médecin". Cet article
n'a pas fait l'objet de commentaires dans notre mémoire mais, depuis,
nous avons pris connaissance de certaines erreurs d'interprétation que
nous croyons bon de relever à ce moment-ci. Non seulement nous acceptons
que nous ne sommes pas habilités à appliquer un traitement
médical sans ordonnance d'un médecin mais nous reconnaissons que
notre formation ne nous permet tout simplement pas d'appliquer un traitement
médical.
En effet, nous croyons qu'il ne faut pas confondre traitement
médical et traitement orthophonique et audiologique; il n'y a rien de
médical dans notre intervention, qu'elle se situe au niveau des
méthodes d'examen ou des méthodes de rééducation.
Nous pourrons, s'il y a lieu, en donner des preuves lors de la période
des questions. C'est pourquoi certaines recommandations du rapport du
Collège des médecins et chirurgiens sur les professions connexes
de la santé nous paraissent fort inappropriées. Ainsi, le
collège écrit, et nous citons: "Tout comme il est d'ailleurs
proposé dans le bill 267, Loi des orthophonistes et des audiologistes,
on devrait ajouter au projet de loi sur la physiothérapie un article
indiquant clairement que l'exercice de la physiothérapie ne doit se
pratiquer que sur ordonnance médicale."
Nous disons que le collège a mal interprété
l'article 11 de notre loi, ce dernier ne stipule en aucune façon que
l'exercice de l'orthophonie et de l'audiologie ne doit se pratiquer que sur
ordonnance médicale. Ainsi que nous l'avons mentionné
précédemment dans nos commentaires sur l'article 7 et comme le
démontre l'exercice actuel de la profession, l'orthophoniste et
l'audiologiste sont responsables de l'évaluation et de la
rééducation des troubles de la communication verbale; ils peuvent
recevoir des demandes de consultation qui leur viennent de professionnels
autres que les médecins, soit l'orthodontiste, le psychologue,
l'enseignant, le travailleur social, mais à titre de consultant.
L'article 14 se lit actuellement comme suit: "Sous réserve de
l'article 8, nul ne peut poser l'un des actes décrits à l'article
7, s'il n'est pas orthophoniste ou audiologiste. Les dispositions du
présent article ne s'appliquent pas aux actes posés: a) par les
étudiants en orthophonie et audiologie qui effectuent un stage
d'entraînement professionnel conformément à la
présente loi et aux règlements du bureau; b) par les infirmiers,
infirmières ou techniciens faisant subir des tests audiométriques
de dépistage sous la surveillance immédiate d'un médecin
ou d'un orthophoniste au audiologiste; c) par les vendeurs de prothèses
auditives faisant des tests audiométriques nécessaires à
la vente d'appareils auditifs".
Nous soumettons que le paragraphe b) dudit article devrait
dorénavant se lire comme suit: "par les infirmiers, infirmières
ou techniciens faisant subir des tests audiométriques de
dépis-
tage sous la surveillance d'un orthophoniste ou audiologiste".
Nous suggérons donc de faire disparaître le mot
"immédiate". En effet, ceci est absolument impossible au point de vue
pratique quant on sait que ces tests audiométriques de dépistage
se font non seulement dans un milieu hospitalier où des orthophonistes
ou des audiologistes sont disponibles, mais également dans les usines et
dans les écoles. Ces tests sont d'ailleurs de nature beaucoup plus
élémentaire et sont actuellement faits par des infirmiers,
infirmières ou techniciens.
Si on devait exiger que ces gens ne fassent subir leurs tests que sous
la surveillance immédiate d'un orthophoniste ou d'un audiologiste, on
manquerait de cesdits spécialistes pour faire tout le travail.
Soulignons que, de toute façon, les résultats obtenus par
les tests audiométriques de dépistage en question doivent, par la
suite, être soumis à un audiologiste ou orthophoniste. Ces
derniers font l'analyse des résultats en question et s'ils
décèlent un problème chez une personne, ils referont la
plupart du temps le test eux-mêmes et, par la suite, décideront du
traitement approprié après consultations avec un
spécialiste.
Nous suggérons également de faire disparaître dudit
paragraphe les mots "d'un médecin ou". Le mot médecin traduit ici
en anglais par "physican" traduit n'importe quel médecin, y compris ceux
qui sont spécialisés en toute autre matière et
également les omnipraticiens. Or, nous soumettons qu'il n'est pas
nécessaire qu'un médecin surveille les tests dont il s'agit et
que seuls quelques spécialistes en oto-rhino-laryngologie, de toute
façon, ont l'expérience nécessaire qu'il faut pour
surveiller et analyser adéquatement ces tests et leurs résultats
et qu'il s'agit là uniquement d'un travail d'orthophoniste,
d'audiologiste.
Les connaissances de ces derniers en acoustique, c'est-à-dire les
propriétés physiques des sons, parole incluse, les modes de
transmission de ces sons et réactions normales ou anormales de l'oreille
et du mécanisme auditif en général, l'identification de
ces réactions aux différentes pathologies, les connaissances des
appareils générateurs de sons à l'aide desquels on
évalue cette fonction auditive, en font les véritables et seuls
spécialistes des troubles de l'audition.
Nous suggérons enfin également de faire disparaître
complètement le paragraphe c): "Soit par les vendeurs de
prothèses auditives faisant les tests audiométriques
nécessaires de la vente d'appareils auditifs". En effet, ce paragraphe
nous semble contradictoire du moins allant beaucoup plus loin que l'article 7
du bill 270 ou Loi des acousticiens en prothèses auditives qui se lit
comme suit: "Constitue l'exercice de la profession d'acousticien en
prothèses auditives tout acte qui a pour objet d'exécuter une
ordonnance d'un médecin, d'un orthophoniste audiologiste en vendant,
four- nissant, posant, ajustant ou remplaçant les prothèses
auditives". Il pourrait devenir dangereux et sujet à controverse que
l'on tente d'extensionner la signification ou le champ d'application des tests
audiométriques nécessaires.
Nous soumettons que toute forme de tests doit être
appliquée et soumise à la surveillance ou à l'analyse d'un
orthophoniste audiologiste. En présence d'une hypoacousie, ou perte
d'audition, l'audiologiste a la possibilité de recourir, pour aider le
patient, à l'appareillage prothé-tique et par une série
d'examens, de déterminer la prothèse auditive qui donne, dans les
circonstances, le meilleur rendement pour un patient. Son rôle ne se
limite pas à une simple recommandation, mais au contraire à jouer
auprès du patient un rôle de soutien en lui donnant des conseils
quant au port de la prothèse, quant à son entretien, à lui
donner des leçons de lecture labiale et à utiliser au maximum son
audition résiduelle.
L'audiologie chez les enfants démontre de façon encore
plus probante l'importance du rôle de l'audiologiste dans la
sélection des prothèses. Cet aspect de la pédoaudiologie
nécessite une connaissance de la psychologie de l'enfant, de la relation
entre le développement du langage, de la parole et de l'audition, des
réactions normales propres à l'enfant. La sélection de
prothèse fait partie de tout l'ensemble des démarches qui visent
à l'établissement d'un diagnostic différentiel chez
l'enfant présentant des troubles de la fonction auditive.
Il faut bien dire ici que l'absence de réponse à un son ne
signifie pas nécessairement qu'il y a surdité. Très
souvent, Paudiologiste doit faire précéder la sélection de
la prothèse individuelle d'un entraînement auditif au cours duquel
il évalue les réactions de l'enfant, ce qui l'aide ensuite
à fixer son choix.
De plus, l'orthophoniste ou audiologiste étant responsable du
développement du langage chez l'enfant sourd, il peut procéder,
tout au cours du programme d'éducation auditive, à la
réévaluation du rendement de la prothèse. Messieurs,
merci.
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): Merci, Mme Getty. Le ministre a
sûrement un commentaire et des questions.
M. CASTONGUAY: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier les
membres de la société pour ce mémoire. En fait, ma
première question, je crois, est une question absolument essentielle.
Vous nous dites que l'examen ou l'appréciation que vous faites, en tant
qu'orthophoniste ou audiologiste, n'est pas de nature médicale. Il en
est de même quant au traitement. Comme c'est là, en fait, que se
trouve la clef du problème, pourriez-vous nous dire pourquoi vous pouvez
l'affirmer aussi catégoriquement, et le faire de façon aussi
concrète que possible pour que nous puissions comprendre
sans que vos allégations nous entraînent dans un
débat avec le groupe qui vous a précédée? Ce n'est
pas l'objet de ces commissions de provoquer un débat entre groupes. Son
objet est plutôt d'informer les membres de la commission. Il n'en demeure
pas moins, comme vous pouvez le constater, que nous avons entendu des
affirmations quant aux dangers que serait susceptible de présenter
l'exercice de l'orthophonie ou de l'audiologie de façon isolée ou
sans prescription ou contrôle médical. Cette question est
absolument fondamentale, je crois.
MME GETTY: Je pense que Mme Coderre pourrait peut-être commenter
cette question plus précisément.
MME CODERRE: Eh bien, disons d'abord qu'en ce qui a trait aux
méthodes d'évaluation que nous utilisons en orthophonie, je
dirais qu'elles sont avant tout d'ordre psycho-linguistique. Est-ce que vous
m'entendez?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il serait possible de vous approcher du
microphone, s'il vous plaît?
MME CODERRE: D'accord. Je disais que nos méthodes
d'évaluation en orthophonie sont, avant tout, d'ordre
psycho-linguistique. Nous faisons, évidemment, un examen des structures,
du mécanisme oral périphérique qui est
intéressé dans l'acte de la parole, c'est-à-dire que nous
faisons un examen du fonctionnement des lèvres, de la langue, du voile
du palais, enfin de tout le mécanisme qui concourt à l'acte de la
parole. Cet examen est fait pour autant qu'il a des connotations avec l'aspect
parole.
Maintenant, le deuxième niveau de notre évaluation est
justement l'évaluation qu'on dit phonétique, c'est-à-dire
qu'on évalue la production des différents sons de la langue
parlée, la qualité de ces sons. C'est là qu'on en arrive
à décrire toute une symptomatologie qui peut être
significative sur le plan diagnostic. Le reste de l'examen orthophonique porte
plus directement sur ce qu'on appelle le comportement verbal proprement dit.
L'orthophoniste évalue donc, par exemple dans le cas d'un enfant,
l'étendue de son vocabulaire compris et parlé, évalue
aussi la qualité des structures de phrases qu'il comprend et qu'il
utilise et évalue enfin toute l'organisation de son langage.
Voilà pour les méthodes d'évaluation en orthophonie.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous une question? Si je comprends bien,
toute cette évaluation a pour effet de mesurer, d'identifier des
défauts que je pourrais appeler mécaniques.
MME CODERRE: Pas nécessairement des défauts
mécaniques, monsieur, parce qu'il y a beaucoup...
M. CASTONGUAY: Ou des défauts linguis- tiques. Mais où
tirez-vous la ligne, par exemple, entre un cas où il y aurait un
problème de déficience mentale ou un problème où
vous avez un enfant qu'on dit caractériel ou encore un enfant souffrant
de troubles mentaux, psychiatriques?
MME CODERRE: A ce moment-là, on fait en même temps une
évaluation du comportement non seulement verbal, mais non verbal de
l'enfant. Je voudrais bien ajouter que cette évaluation du comportement
verbal, nous la partageons avec d'autres spécialistes, entre autres, par
exemple, les psychologues, de sorte que le diagnostic de déficience
mentale...
M. CASTONGUAY: Excusez, vous me dites avec le psychologue. Avec le
psychiatre, aussi, avec le médecin?
MME CODERRE : Avec le psychiatre, aussi. Oui, aussi.
M. CASTONGUAY: En cabinet privé aussi?
MME CODERRE: En cabinet privé, si vous me permettez, je
demanderais plutôt...
M. CASTONGUAY: Ou en milieu scolaire?
MME CODERRE: En milieu scolaire, la responsabilité est
certainement partagée avec le psychologue ou encore
l'éducateur.
Maintenant, pour revenir à votre première question
est-ce que l'évaluation qu'on fait nous permet simplement de
dépister les défauts mécaniques? je dirais non,
parce qu'il y a beaucoup de troubles du langage qui ne sont absolument pas en
rapport avec un défaut mécanique se situant au niveau de
l'appareil oral périphérique. Il y a des troubles qui sont
purement fonctionnels, qui ne sont absolument pas associés à un
facteur constitutionnel proprement dit, c'est-à-dire organique.
M. BOIVIN: Pourrais-je compléter par quelques questions? Est-ce
que vous pouvez, par exemple, dépister un cancer? Est-ce que vous avez
des radiologistes? Est-ce que vous avez les possibilités de l'examen de
troubles nerveux par radiographies?
MME CODERRE: Je vais demander à mon collègue, M. Legault,
de répondre à cette question s'il vous plaît.
M. LEGAULT: Je répondrai au député de Dubuc que
dans les cas de troubles vocaux, de troubles de voix, d'enrouement, etc.,
à ma connaissance, il n'y a aucun orthophoniste, au Québec, qui
accepte de s'occuper de cas semblables sans d'abord avoir demandé un
examen par un oto-rhino-laryngologiste.
M. BOIVIN: Alors pourriez-vous me dire la différence qu'il y a
entre le dépistage et le diagnostic?
M. LEGAULT: Nous ne faisons jamais de dépistage au niveau des
troubles vocaux, tel que vous l'avez entendu tantôt. Le dépistage
qui se fait actuellement par les orthophonistes ou audiologistes du
Québec se fait à l'extérieur des hôpitaux. Il s'en
fait un peu partout. Il s'en fait surtout au niveau des écoles et des
commissions scolaires. Il s'en fait non seulement par les orthophonistes et
audiologistes mais il s'en fait aussi par toutes les infirmières qui
relèvent des unités sanitaires du gouvernement du Québec,
qui font un dépistage et qui nous envoient les cas pour examens
ultérieurs ou pour confirmer ou infirmer ce qu'elles ont trouvé.
Souvent, il y a lieu de référence en oto-rhino-laryngologie, ce
qui est fait, à ce moment-là.
M. BOIVIN : Pouvez-vous réellement faire un diagnostic,
indépendamment de toute profession, de prendre un cas et de le vider
totalement? Ce que je veux faire ressortir, c'est que l'acte médical
comporte l'examen je comprends que vous collaborez à l'examen, que
vous collaborez au diagnostic et que vous collaborez aussi au traitement
mais peut-on dire que vous prenez un malade et que vous faites parfaitement le
diagnostic, en dehors du secours de toute autre profession?
M. LEGAULT: Exactement. Cela se produit très souvent dans le cas
des enfants, par exemple qui nous sont adressés ou dont les parents
demandent eux-mêmes un rendez-vous pour un problème
d'articulation. Pensez, si vous avez de jeunes enfants, à l'enfant qui
dira, par exemple, un "ça" au lieu d'un "chat", ce qui est un pur petit
problème d'articulation, à l'enfant qui conserve un comportement
plutôt bébé et qui arrivera, à l'âge de cinq
ans, en ne prononçant pas, par exemple, seulement le r ou des choses
semblables. Il y a une foule de cas semblables.
Il y a beaucoup de cas, chez les enfants je dirais même que
c'est peut-être le tiers des cas qu'on voit, où le
problème de la parole est simplement lié à la place de
l'enfant dans la famille. Je vous donne un exemple précis et concret. Le
cadet d'une famille, très souvent, est tout simplement gâté
et n'a pas besoin de prononcer correctement tel mot pour avoir ce qu'il veut.
Par exemple, s'il veut avoir un biscuit, il dira "kiki", on le lui donnera et
on n'exigera rien de plus de lui. Si vous voulez, c'est simplement un cas de
surprotection, qui est vraiment très simple et que nous rencontrons
quotidiennement dans les cliniques.
Dans un cas semblable, le traitement, qui est loin d'être
médical, peut simplement consister à expliquer aux parents de
quelle façon le comportement de la famille fait que l'enfant ne
développe pas une parole tout à fait normale pour son âge.
C'est aussi simple que cela dans beaucoup de cas.
M. BOIVIN: Quel est le rôle, à votre point de vue, que doit
jouer l'oto-rhino-laryngologiste, soit pour compléter votre travail ou
pour vous aider dans votre profession?
M. LEGAULT: Je pense que nous avons des rôles
complémentaires. Nous sommes loin de nier la place de
l'oto-rhino-laryngologiste. C'est absolument évident. Prenez tous les
cas d'écoulement d'oreille, d'otite, de mastoidite, enfin tous ces
genres de pathologies, il est absolument clair que cela relève de
l'oto-rhino-laryngologiste.
A mon avis, ça n'a jamais effleuré l'idée d'un
orthophoniste de s'avancer dans une domaine semblable, loin de là.
Ce qui concerne la pathologie comme telle de l'oreille: infection de
l'oreille, etc, ça relève de l'o.r.l. J'en profite pour relever
de petites choses qui ont été dites tantôt, au moment
où les o.r.l. ont présenté leur mémoire. On parlait
du grand danger qu'il passe entre les mains d'un audiologistes, par exemple, un
cas de tumeur du huitième nerf ou du nerf acoustisque. Je peux vous dire
que, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en dix ans, il y en a eu
un seul cas. Je pense que c'est vraiment exagérer ce danger.
M. CASTONGUAY: Vous ne connaissez peut-être pas les autres.
M. LEGAULT: Vous connaissez sûrement l'hôpital de Chicoutimi
que vous considéreriez comme surspécialisé. Cet
hôpital regroupe des spécialistes qui n'existent pas ailleurs dans
la région. La plupart des cas majeurs passent par l'hôpital de
Chicoutimi. C'est possible, quand même, qu'il y ait eu d'autres cas, je
l'admets.
M. BOIVIN: Alors, avant d'appliquer vos théories, vos
traitements, vous acceptez qu'il y a certaines éliminations à
faire et qu'un examen médical est très important pour placer le
problème exactement où il est.
M. LEGAULT: Cela peut se faire dans les deux sens. De la même
façon qu'il peut y avoir des références qui sont faites de
l'o.r.l. vers l'audiologiste ou l'orthophoniste, il peut fort bien arriver que
l'audiologiste fasse aussi des références dans le sens contraire.
C'est évident.
Je peux vous donner un exemple précis. Le fait qu'à
Chicoutimi, en particulier je parle de moi, parce que je connais bien
mon secteur on puisse travailler en excellente collaboration avec les
o.r.l. et qu'on ait les coudées franches, ça nous permet de
devancer jusqu'à un certain point le bill 65. On constitue parfois de
petites équipes d'orthophonistes de l'hôpital de Chicoutimi et on
va jusque sur la Côte-Nord.
De cette façon, il est arrivé l'an dernier que, sur 90 cas
que nous avons examinés, nous avons découvert 12 cas de
demi-surdité. Et qu'est-ce que nous avons fait? Nous les avons
référés immédiatement à des o.r.l. Mais, si
nous n'étions pas allés, ce ne sont pas des o.r.l. qui
vont aller faire du dépistage. C'étaient, très
souvent, des enfants d'intelligence tout à fait normale, sinon,
supérieure, qui moisissaient à redoubler et à redoubler
des classes uniquement pour un problème d'audition. C'est pour ça
que je pense qu'une certaine mainmise de l'o.r.l. sur l'audiologie ou
l'orthophonie va empêcher le travail de dépistage dans les
écoles, et va empêcher une foule d'enfants, en particulier, de
progresser normalement.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil et le ministre ont
des questions supplémentaires sur le même sujet. Le
député d'Argenteuil.
M. SAINDON: Je voudrais, un peu dans le sens du député de
Dubuc, poser une question au représentant de l'association des
audiologis-tes et des orthophonistes. En pratique privée, lorsqu'il
s'agit de troubles mécaniques qui peuvent être congénitaux
ou acquis, au niveau de l'oreille moyenne ou interne, êtes-vous en mesure
de faire un diagnostic précis et, à partir de là,
d'instaurer un traitement adéquat? Avant de vendre un appareil auditif,
n'y aurait-il pas lieu qu'un diagnostic soit posé par un
oto-rhino-laryngologiste, s'accompagnant du traitement approprié?
MME GETTY: J'aimerais faire seulement une précision ici avant de
laisser la question à M. Legault. D'abord, on doit dire que, dans la
province de Québec, il y a très peu
d'orthopho-nistes-audiologistes qui font de la pratique privée. On peut
les compter sur une main dans toute la province.
M. SAINDON: On ne peut quand même pas les ignorer.
MME GETTY: Non, on ne peut pas les ignorer. Je pense que M. Legault peut
vous donner plus de précisions sur le rôle en pratique
privée.
M. LEGAULT: Disons qu'à ma connaissance ceux qui font de la
pratique privée le font surtout en orthophonie. Il y a une chose qui est
sûre et certaine: quelqu'un qui va consulter un orthophoniste ou un
audiologiste dans un cabinet privé, s'il a un trouble majeur physique, a
sûrement été vu d'abord par un médecin.
Je vous donne un exemple ici: une mère vient consulter avec son
enfant qui a une fissure palatine, c'est-à-dire un bec de lièvre.
C'est bien évident que son bec de lièvre aura été
réparé avant que les gens aient consulté.
M. SAINDON: J'ai parlé d'oreille moyenne et d'oreille
interne.
M. LEGAULT: En audiologie, il y a quand même deux choses qu'il
faut distinguer. Ce qui est audition, c'est-à-dire la physiologie de
l'oreille, puis ce qui est l'oreille elle-même.
L'audiologiste s'attache au fonctionnement de l'audition. Cela lui
permet de déceler certaines pathologies et de faire les
références qui s'imposent. C'est absolument évident, je ne
vois pas du tout ce qu'un audiologiste pourrait faire avec un cas de
surdité de transmission, sinon que de le soumettre à qui de droit
pour voir si éventuellement il n'y a pas lieu d'une intervention
médicale ou chirurgicale.
M. SAINDON: Est-ce que vous êtes d'accord pour que l'audiologiste
soit obligatoirement obligé d'envoyer un patient à un
oto-rhino-laryngologiste pour un diagnostic précis et le traitement qui
s'ensuit?
M. LEGAULT: Ecoutez, si quelqu'un fait du dépistage d'audition et
trouve le tout normal, je ne vois pas l'intérêt d'envoyer le
patient de façon obligatoire à l'o.r.l. Par contre, la conscience
professionnelle est là, le code d'éthique est là. Lorsque
ça s'impose, les références doivent être faites.
M. SAINDON: Je comprends mais il reste quand même que dans
n'importe quelle profession, incluant la nôtre, souvent la conscience est
un petit peu élastique. Il faut essayer de prévenir quand
même des abus qui peuvent se produire.
M. LEGAULT: II peut sûrement se produire des erreurs de deux
côtés. Je peux vous dire qu'après avoir fait certaines
recherches on a constaté qu'au moment où les o.r.l. se
mêlent de parler d'audition domaine que nous pensons nous
concerner particulièrement on retrouve jusqu'à 40 p.c.
d'erreurs dans les diagnostics médicaux. Au moment par exemple où
l'o.r.l. va affirmer qu'il y a une surdité de perception, donc du nerf
auditif, on va trouver souvent des surdités de transmission ou vice
versa.
Les erreurs ça peut jouer chez tout le monde; il y a un
pourcentage d'erreur normal. Cela ne joue pas seulement d'un
côté.
M. CASTONGUAY: Je vous remercie. Les questions posées aussi bien
par le député d'Argenteuil que par le député de
Dubuc complètent celles que j'aurais voulu poser.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester avait une
question. D'accord, alors allez-y de votre question.
M. GUAY: Ce serait sur un autre sujet. De toute façon je vais
poser mes questions puis vous pourrez profiter de l'occasion pour
répondre quand même. J'ai entendu parler à Montréal
de la clinique de Lucie de Vienne, qui, à l'aide d'appareils hautement
spécialisés, fait un travail de réhabilitation. J'aimerais
savoir, étant donné que je ne connais partiellement ce travail,
à quel endroit se situent dans les services que vous offrez à la
population les services de cette
clinique de Lucie de Vienne? Remarquez bien que je ne vous oblige pas
à répondre, c'est un cas particulier, mais ça pourrait me
situer comme législateur.
MME GETTY: Mme Coderre peut répondre ou bien je vais essayer de
répondre.
MME CODERRE: Mme Lucie de Vienne Blanc s'appuie sur le thèse du
Dr Tchomatis, médecin français, thèse qui a
été entièrement réfutée par le Dr Fournier.
Les méthodes préconisées par le Dr Tchomatis sont
actuellement considérées en France comme tout à fait
inadéquates. La méthode utilisée par Mme Lucie de Vienne
Blanc est appliquée inconsidérément à tous les
types de problème. D s'agit de la même méthode
appliquée à tous les types de problèmes. Ici je prends
tout simplement l'exemple de la dyslexie, parce que c'est surtout dans ce
secteur qu'elle oeuvre. Tous ceux qui connaissent un peu la dyslexie savent
très bien qu'il n'y a pas qu'une dyslexie, mais des
variétés de dyslexie, des variétés de
problèmes pour lesquels il faut une thérapeutique
différenciée, ce qui n'est pas du tout le cas dans la
méthode qu'applique Mme Lucie de Vienne Blanc.
M. GUAY: Est-ce qu'il y a quand même un certain résultat
obtenu chez les patients qu'elle traite?
MME CODERRE: Personnellement, je n'ai pas fait l'étude des
résultats. Je pense qu'il y a peut-être des gens dans la clinique
qui pourraient apporter des exemples.
M. LEGAULT: J'ai vu quand même certains cas où il y avait
eu des résultats. C'est évident que lorsqu'il y a un
échange thérapeute-patient, il peut y avoir une occasion de
faciliter un échange sur des problèmes personnels. Une personne
peut donner confiance à une autre personne et faire en sorte que cela
donne un certain résultat. Mais on ne peut pas dire cela pour l'ensemble
des cas. Sûrement pas.
M. CASTONGUAY: Une question sur le même sujet. Est-ce que cette
personne est membre de votre société?
MME GETTY: Non, Mme Lucie de Vienne Blanc n'est pas membre de notre
société.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'elle fait de l'audiologie ou de l'orthophonie?
Même si cela...
MME GETTY: Elle ne s'appelle pas orthophoniste ni audiologiste. Elle
pratique comme rééducatrice. Elle met un nom à
côté... Comme notre ancien bill ne nous le permettait pas, nous
n'avions pas le droit exclusif au titre; il aurait fallu, s'il y avait eu des
plaintes, qu'elles viennent du public.
M. CASTONGUAY: Sans avoir un droit exclusif au titre, seuls les membres
de la société peuvent pratiquer l'audiologie et
l'orthophonie.
MME GETTY: Nous avons essayé, mais elle ne pratique pas comme
orthophoniste.
M. CASTONGUAY: Non, mais si c'est cela qu'elle fait dans les faits.
MME GETTY: Elle joue sur les mots à ce moment-là.
M. CASTONGUAY: Oui, mais si la population est mise en danger, est-ce que
ce n'est pas le plus important? Est-ce que votre corporation n'a pas un
rôle à jouer? Il ne s'agit pas là d'un débat verbal,
mais il s'agit de protéger la population.
MME GETTY: Nous avons, l'année dernière, alors qu'elle a
fait énormément de publicité dans les journaux,
essayé de faire le pendant avec un autre article dans le journal pour
mettre la population en garde mais pratiquement...
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous avez un comité d'évaluation
des plaintes?
MME GETTY:Oui, nous avons un comité de discipline qui...
M. CASTONGUAY: Cela touche aux membres de votre commission mais
pour...
MME GETTY: Le comité de discipline, c'est pour les membres de
notre profession.
M. CASTONGUAY: Oui, mais pour les gens qui exercent illégalement,
est-ce que vous avez un mécanisme pour en analyser les cas?
MME GETTY: Présentement, non. M. CASTONGUAY: C'est important. MME
GETTY: Mais avec le nouveau bill...
M. GUAY: Une autre question, tout le monde est au courant qu'on soumet
des candidats qui désirent obtenir un permis de conduire à des
tests de dépistage de troubles visuels. Est-ce qu'il ne serait pas
nécessaire de soumettre ces mêmes candidats à des tests
orthophoniques ou audiologiques? Pour l'obtention d'un permis de conduire,
est-ce que ce serait nécessaire de soumettre ces candidats à des
tests semblables aux tests de dépistage de troubles visuels? J'ai
l'impression qu'un bon nombre de conducteurs peuvent avoir des troubles de
l'ouïe et cela peut occasionner dans certains cas des problèmes. On
peut se référer aussi au domaine industriel, par exemple,
où deux personnes travaillent ensemble mais si une personne entend mal,
elle est beaucoup plus sujette à des dangers.
M. LEGAULT: Disons que depuis quelques années, le
ministère des Transport accepte de donner des permis de conduire
à des personnes qui présentent des surdités même
très profondes. Certaines compagnies d'assurances assument les risques.
Cela s'est fait à la suite de recherches aux Etats-Unis qui ont
prouvé que les personnes sourdes, en grande majorité, accordent
tellement une grande attention visuelle à ce qui se passe sur la route
que, dans le fond, elles n'ont pas plus d'accidents que les personnes qui
entendent normalement. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
M. GUAY: Oui. Vous avez parlé tantôt de personnes qui
n'articulent pas suffisamment. J'ai déjà été
accusé en Chambre par un ministre de ne pas articuler suffisamment.
Maintenant, je tiens à souligner que plusieurs autres personnes avaient
compris, sauf le ministre en question. Mais j'aimerais savoir si les troubles
qui dépendent uniquement de la mauvaise articulation sont plus
fréquents que les troubles de surdité?
M. LEGAULT: C'est difficile à dire.
M. GUAY: Du tout... C'est une question générale mais
à partir d'un exemple et je prends celui-là. Il s'est
présenté tout près, ici, à l'Assemblée
nationale.
M. LEGAULT: C'est évident que les problèmes d'articulation
sont beaucoup plus fréquents que les problèmes de surdité.
Il y a beaucoup de facteurs qui jouent là-dedans, dont le premier est
probablement le facteur imitation du milieu familial.
On apprend à parler, le plus souvent, avec sa mère; on est
en contact avec son père, ses frères et soeurs. Si, par exemple,
dans une famille, les gens ont l'habitude de parler très fort, les
enfants vont trouver tout naturel de parler très fort. Ce sont des
facteurs semblables qui peuvent jouer. Il y a aussi une question de
tempérament. Il y a des gens qui parlent très rapidement en
fonction d'un tempérament plutôt fougeux ou nerveux et il y a des
gens qui parlent beaucoup plus calmement, beaucoup plus lentement, en fonction
de leur personnalité. Ce sont tous des facteurs qui jouent et qu'il faut
analyser au moment où on voit les cas.
M. GUAY: Etant donné que les troubles d'articulation sont plus
fréquents, est-ce que c'est plus facile à corriger qu'un trouble
auditif?
M. LEGAULT: Cela dépend du problème d'articulation; il y a
des problèmes qui sont très sérieux. Je pense, entre
autres, au retard de langage et de parole que l'on rencontre chez les enfants
qui viennent de milieux défavorisés. Ce sont des enfants qui
viennent de milieux où ils ont eu vraiment, pour ne pas dire une
absence, du moins un grand manque de stimulation. Je peux donner des exemples
concrets: des enfants élevés en institutions, comme on en voyait
autrefois et qui sont maintenant disparues, remplacées par de petits
centres d'accueil. Lorsqu'une vingtaine d'enfants sont pris pour être
élevés par une seule personne qui s'occupe d'eux, on a
déjà vu, à cause de ça, des enfants sortir de
l'orphelinat, à l'âge de trois ans, quatre ans et cinq ans, et
avoir pour tout vocabulaire quelques mots, comme "merci, ma soeur", "pipi"
enfin, vous voyez un peu l'histoire. Certains de ces enfants n'avaient jamais
vu de leur vie, par exemple, un réfrigérateur, un poêle,
une allumette allumée ou des choses semblables. Comment voulez-vous
qu'ils sachent ce que c'est une cigarette, lorsqu'une bonne soeur ne fume pas?
A ce moment-là, il y a un manque de vocabulaire flagrant, mais ce n'est
pas facile de prendre un enfant de cet âge, quatre ou cinq ans, et de lui
donner ce qu'il aurait dû avoir à un moment précis et qu'il
n'a pas eu. On ne peut jamais l'acquérir aussi bien après. Ce
sont des problèmes sérieux.
M. GUAY: C'est un manque de connaissances chez l'enfant. Est-ce que, par
contre, plusieurs enfants vous sont référés par des
parents pour ceci? On dit, par exemple, des enfants qui ont une
difficulté de langage quand ils sont très jeunes qu'ils ont le
"filet". C'est cette petite membrane sous la langue. Je parle en connaissance
de cause, car c'est le cas de mon deuxième. Les médecins prennent
plaisir à nous dire: Votre enfant a le "filet".
M. LEGAULT: Ecoutez, le "filet", ça ne joue pas, parce que, s'il
existe, il est coupé au moment de la naissance par le pédiatre et
souvent à la pouponnière. C'est extrêmement rare que le
"filet" puisse jouer un rôle dans ces choses-là.
M. GUAY: Ce n'est pas un trouble en quantité majeure que vous
rencontrer chez vous. Merci.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: En certains milieux, on a prétendu que certains
troubles de dyslexie sont dus à des troubles de vision. Est-ce que vous
avez la formation nécessaire pour identifier ces troubles de dyslexie
dus à la vision et pour les référer à ce
moment-là?
MME CODERRE: Le diagnostic de la dyslexie, de toute façon, nous
parait être une affaire d'équipe. Nous avons un rôle
à jouer dans le diagnostic, mais nous disons que ce n'est pas notre seul
rôle.
Quant à la responsabilité des troubles de la vision dans
la dyslexie, il a été démontré je pourrais
vous citer un rapport publié récemment, en 1971 que les
troubles de la vision ont une part très minime dans la genèse de
la dyslexie. Par contre, je pourrais ajouter que,
dans un fort pourcentage de dyslexies, il y a un rapport étroit
entre la dyslexie elle-même et des retards de parole et de langage. Les
difficultés pour l'acquisition du langage oral, telles que la
difficulté de discrimination entre les sons de la langue, la
difficulté d'organisation dans le langage, se retrouvent au même
titre dans l'apprentissage du langage écrit, le langage écrit
étant on l'admet tout simplement un code soumis au langage
oral. Il y a donc unité entre les deux codes.
M. PERREAULT: Ma deuxième question est celle-ci. Je suis un
profane, mais nous avons entendu, ici à la commission, quelqu'un faire
un parallèle entre ophtalmologie, optométrie et les opticiens
d'ordonnance. Je fais un parallèle avec l'oto-rhino, l'orthophoniste,
l'audiologiste et l'acousticien. On a prétendu que la prescription
à l'opticien d'ordonnance pour des verres correcteurs devrait venir de
l'optométriste.
Est-ce la même chose dans votre cas? Est-ce que les acousticiens
devraient procéder seulement sur ordonnance des orthophonistes et des
audiologistes?
M. LEGAULT: Je pense que la sélection de prothèses
auditives, d'appareils auditifs doit être faite par les audiologistes.
Quant une prothèse doit être choisie, c'est parce que,
ordinairement, il a été prouvé qu'on ne pouvait rien pour
améliorer l'audition du point de vue médical ou chirurgical. On
tombe alors dans les problèmes qui relèvent uniquement de
l'audio-logie, le problème de la discrimination. Vous savez qu'il y a
des personnes qui ont des petites surdités et qui ont beaucoup de
difficulté à comprendre, et l'inverse se produit
également. Il y a des personnes qui ont de bonnes surdités et qui
ont assez de facilité à comprendre. Il y a tout un jeu de
discrimination qui joue. C'est à partir de ce jeu, de ce qui existe au
point de vue discrimination qu'on pourra établir quel genre de
prothèse convient au patient, s'il doit d'abord en porter une. Vous
savez qu'il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas porter, avec profit, une
prothèse auditive, et lorsqu'on dit que des gens vont directement chez
le vendeur, achètent une prothèse et la placent dans le tiroir au
bout de 24 heures, cela se produit encore quotidiennement.
M. PERREAULT: Est-ce que l'acousticien devrait se limiter à une
prescription et ne pas agir lui-même?
M. LEGAULT: Je pense que l'acousticien en prothèse auditive
devrait, de toute évidence, vendre sa prothèse après avoir
obtenu une prescription qui justifie l'achat par le patient d'un appareil
auditif, n'ayant droit à aucune participation dans la vente d'appareils
auditifs, directe ou indirecte. Nous sommes parfaitement libres de dire au
patient: Vous en avez besoin d'une, vous pourriez en profiter, ou encore;
N'en achetez-en pas, vous allez gaspiller X dollars.
M. PERREAULT: D'accord. Si cela pouvait se faire, pour le
bien-être du patient, est-ce qu'il ne serait pas approprié que le
patient ait d'abord un certificat, qu'il n'y ait pas de pathologie
irrémédiable dans les cas de l'ouie, de la vision avant de
s'adresser aux optométris-tes, aux orthophonistes et audiologistes?
M. LEGAULT : Cela ne serait pas tout à fait juste, parce qu'il y
a des gens qui, éventuellement, pourraient être
opérés et refusent de l'être et préfèrent
porter un appareil auditif. Nous rencontrons des gens...
M. PERREAULT: Oui mais au moins ils le sauraient à ce
moment-là.
M. LEGAULT: Ils le savent déjà. Le plus souvent, ce sont
des gens chez qui le diagnostic a été fait il y a
déjà plusieurs années, pour un cas d'otosclérose,
en particulier ce sont des cas que nous voyons fréquemment
à qui le médecin a dit qu'ils pouvaient être
opérés mais qui, de peur de l'opération ou pour d'autres
raisons, refusent l'opération et préfèrent porter un
appareil auditif. Ce sont des cas que nous voyons.
M. PERREAULT: Je mentionne des cas où il n'y a pas eu de
diagnostic de fait encore.
M. LEGAULT : Si le diagnostic audiologique, qui n'est pas un diagnostic
médical, met en évidence une pathologie quelconque qui est
susceptible d'être traitée médicalement ou
chirurgicalement, la conscience professionnelle impose de l'envoyer à un
ORL. Il n'y a pas d'intérêt pour l'audiologiste de garder le
patient. Il n'y a aucun intérêt financier à ce
moment-là.
M. PERREAULT: Nous pouvons donc conclure que votre formation vous permet
de déceler des cas pathologiques.
M. LEGAULT: C'est évident. Si nous pouvons, par nos examens, et
cela n'est pas contesté, mettre en évidence qu'une personne est
sourde, la surdité est une pathologie en soi.
M. PERREAULT: II y a donc une certaine relation avec la
médecine.
M. LEGAULT: C'est évident. Il n'y a personne qui niera cela. Bien
sûr.
M. CASTONGUAY: Est-ce que la perception des sons peut varier selon les
sujets traités? Je m'explique. Il y a beaucoup de femmes qui croient que
la perception de leur mari baisse quand il leur parle de budget familial.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: Combien êtes-vous dans l'association?
MME GETTY: Nous sommes 133.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y en a beaucoup qui ne font pas partie de
l'association et qui ont le diplôme de l'école?
MME GETTY: Non. Selon notre ancien bill, toute personne qui obtenait une
maîtrise de l'Université de Montréal ou de
l'université McGill pouvait s'inscrire et devenait automatiquement
membre de la Société d'orthophonie. Pour les gens qui venaient de
l'extérieur, nous avions un comité d'admission qui
étudiait les équivalences de ces gens, comme cela se fait dans
diverses professions.
M. BOIVIN: Combien y en a-t-il qui travaillent avec l'équipe dans
le milieu hospitalier? Et combien y en a-t-il qui travaillent en cabinet
privé?
MME GETTY: En cabinet privé, je pense que cela ne
représente même pas 1 p.c. Ce n'est pas seulement le milieu
hospitalier. Il y a le milieu hospitalier et le milieu scolaire aussi. Parce
que le milieu scolaire quand même...
M. BOIVIN: Dans le milieu scolaire, n'est-ce pas encore en équipe
avec l'oto-rhino-laryngologiste?
MME GETTY: Non. Dans le milieu scolaire, non.
M. BOIVIN : Ils travaillent simplement sur le dépistage. Ils ne
font pas de diagnostic précis.
MME GETTY: Non. Ils font un diagnostic...
M. LEGAULT: Ils font des diagnostics orthophoniques et audiologiques,
bien sûr.
M. BOIVIN: Pourriez-vous me dire combien d'années d'études
ce cours exige et nous parler de l'école?
MME GETTY: Oui.
M. BOIVIN: Je voudrais savoir combien on exige d'années
d'étude, qu'est-ce que les études comportent et si les
oto-rhino-laryngologistes collaborent à cette école.
MME GETTY: Je pense que Mme Coderre, qui est responsable de la section
d'orthophonie et d'audiologie à l'Université de Montréal,
serait mieux placée que moi pour répondre plus
précisément à votre question.
MME CODERRE: Si vous le permettez, je vais d'abord préciser qu'au
Canada il y a six centres de formation en orthophonie et audiologie. Il y en a
un en Colombie-Britannique où la formation minimale est offerte au
niveau de la maîtrise. Il y en a un en Alberta qui offre un programme de
baccalauréat de quatre ans. Il y en a deux en Ontario, dont un offre un
programme d'étude au niveau postgradué et l'autre au niveau du
premier cycle. Enfin, au Québec, il y a l'université McGill qui
offre un programme de maîtrise et de doctorat en orthophonie ou
audiologie et l'Université de Montréal qui offre un programme de
baccalauréat et un programme de maîtrise.
J'aimerais tout de suite préciser que, contrairement à ce
qui a été dit précédemment, ce n'est pas l'Institut
de réhabilitation qui est responsable de la formation. L'Institut de
réhabilitation est un hôpital qui dispense des soins. C'est donc
l'école de réadaptation de la faculté de médecine
de l'Université de Montréal qui est responsable de ce programme
de formation.
Je pourrais vous dire très brièvement en quoi consiste
cette formation. La première année du baccalauréat est
constituée exclusivement de disciplines qui sont fondamentales à
l'orthophonie et à l'audiologie. Il y a donc des cours en anatomie et
physiologie qui sont dispensés par les responsables de ces
départements à la faculté de médecine. Il y a des
cours de psychologie qui sont très nombreux. Il y a également des
cours de linguistique et de phonétique qui sont donnés par le
département de linguistique. Il y a des cours de psychiatrie qui sont
donnés par les responsables de cet enseignement à la
faculté de médecine. Il y a également des cours de
physique acoustique. Cela constitue l'objet de la formation de la
première année.
En deuxième année, on a encore des disciplines
fondamentales en phonétique, linguistique et psychologie et on aborde
plus spécifiquement les aspects pathologiques des troubles de la
communication verbale.
A votre question: Est-ce qu'il y a des oto-rhino-laryngologistes qui
participent à l'enseignement? Je réponds: Oui. Il y a un cours
qui traite de la pathologie de la phonation et de l'audition. Il est
donné par un professeur attitré de la faculté de
médecine. Il y a également un cours en neurologie, un cours en
pédiatrie et un cours en odontologie qui est donné par la
faculté de chirurgie dentaire. Ensuite, évidemment, il y a des
cours professionnels d'audiologie et d'orthophonie qui sont accompagnés
de stages. Ces stages sont faits en deuxième année, en milieu
scolaire et en milieu hospitalier, sous supervision immédiate
d'orthophonistes et d'au-diologistes dûment qualifiés.
La troisième année est presque entièrement
constituée de cours professionnels qui traitent de la pathologie de
l'audition et du langage chez l'adulte et chez l'enfant. Elle est
constituée également de stages.
Quant à l'année de maîtrise, eh bien, elle comporte
des cours plus avancés dans les matières qui ont
déjà été vues au niveau du
baccalauréat et des stages avancés ainsi que la
rédaction d'une thèse qui comporte une expérimentation
originale.
M. BOIVIN : Depuis combien de temps exigez-vous trois ans ou quatre ans
pour votre cours? Quelle est la scolarité de base que vous exigez pour
entrer dans cette profession?
MME CODERRE: A votre première question, je réponds que le
programme d'études universitaires a été
réformé à la suite des réformes qui ont
été faites au niveau de l'enseignement préuniversitaire,
soit au niveau des CEGEP. C'est donc depuis 1968 qu'existe ce nouveau programme
que je viens de vous décrire est en existence.
Quant aux prérequis qui sont exigés, ce sont les deux
années de CEGEP avec le profil de ce qu'on appelle les sciences de la
santé, donc des cours en biologie, mathématiques, physique et
chimie. Enfin, le même profil qui est exigé pour entrer en
médecine.
M. BOIVIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Je connais bien votre école et vos équipes.
Etant donné le haut niveau des études que vous faites et
que je connais, encore une fois; étant donné
l'amélioration constante de l'enseignement qui vous est offert, quelles
sont les fonctions anciennement ou actuellement exercées par les
oto-rhino-laryngologistes que vous vous sentez maintenant en mesure d'accomplir
seuls?
M. LEGAULT: Je peux répondre à cette question. Je pense
que c'est tout le champ de l'examen de l'audition, qui n'est pas, en fait,
l'oreille elle-même. La distinction, on la fait comme ceci, c'est que
l'oto-rhino-laryngologiste s'attache à la pathologie de l'oreille comme
organe et nous, à la physiologie de l'audition.
M. LAURIN: Dans le champ de la pathologie, est-ce qu'il y a des
fonctions ou des diagnostics que vous vous sentez capables de poser seuls?
M. LEGAULT: Le diagnostic audiologique, bien sûr. Notre
diagnostic, nous sommes capables de le poser seuls. D'ailleurs, nous nous
expliquons assez mal pourquoi le gouvernement du Québec, par l'entremise
de la Régie de l'assurance-maladie, a les moyens de payer deux fois le
même examen. Je ne sais pas si vous le savez, mais les examens
audiologiques faits par des audiologistes diplômés, avec la
formation universitaire que nous avons, sont réinterprétés
après et on les fait payer comme tels par la Régie de
l'assurance-maladie. Les oto-rhino- laryngologistes ont beaucoup parlé,
tantôt, d'équipes thérapeutiques. Je me demande où
est, disons, la bonne collaboration qu'on veut avoir, lorsqu'un membre de
l'équipe fait payer des examens faits par d'autres. C'est assez
curieux.
M. LAURIN: Dans le champ de la pathologie, est-ce qu'il y a, maintenant,
des actes que vous vous sentez capables de poser parmi ceux que les
oto-rhino-laryngologistes posent actuellement?
M. LEGAULT: II y a la question, en fait, de référence pour
prothèses auditives. Je pense que c'est le champ principal. Pour le
reste, le travail que nous faisons je pense à la
rééducation auditive en particulier, chez les enfants souffrant
de surdité, à l'ajustement de prothèses auditives, ce qui
constitue ce qu'on pourrait appeler un traitement audiologique nous
l'avons et nous l'avons à part entière. Il n'y a pas un
oto-rhino-laryngologiste qui fait de la rééducation auditive, au
Québec, actuellement. Ce n'est fait que par des audiologistes.
Je pense que la différence qui existe entre
l'oto-rhino-laryngologiste et l'audiologiste, ce n'est pas tellement dans le
champ de travail. A mon avis, c'est uniquement une question de contrôle
d'une profession par rapport à une autre.
M. LAURIN: Les oto-rhino-laryngologistes disent que, dans
l'établissement d'un diagnostic, il faut tenir compte de facteurs que
seule la connaissance de la médecine en entier permet
d'apprécier, par exemple, des inflammations, des pathologies tumorales.
Est-ce que vous vous sentez, même dans ce domaine, avec les études
que vous faites, capables de détecter la présence possible de ces
facteurs? Si vous le faites, quelle est votre attitude, à ce
moment-là?
M. LEGAULT: Nos examens permettent de détecter une foule de
choses, mais ce n'est pas nous qui nous occupons de traiter la pathologie
médicale comme telle, d'aucune façon. Comme je le disais, si nous
décelons une surdité par un examen de l'audition et que,
d'après l'examen c'est très possible de le faire on
peut voir qu'il y a des possibilités de traitements médicaux ou
chirurgicaux, nous faisons la référence qui s'impose.
M. LAURIN: Vos études vous permettent, selon vous, de poser ces
diagnostics sans surveillance.
M. LEGAULT: Absolument.
M. LAURIN: Sans contrôle, disons.
M. LEGAULT: Sans contrôle, écoutez, les orthophonistes et
audiologistes travaillent seuls. Lorsqu'ils voient les patients, ils les voient
seuls.
Si on parle de contrôle, il faudrait le faire un peu pour tout le
monde.
Je peux vous citer un cas tout récent, qui date d'une semaine,
où on m'envoie un cas avec diagnostic médical: dysphonie
ventriculaire. La patiente entre dans mon bureau. Après quelques minutes
vous connaissez les relations thérapeute-patient puisque vous
êtes psychiatre la patiente a pu extérioriser son
problème, qui était d'ordre familial et sa voix est redevenue
tout à fait normale au bout de quinze minutes d'entrevue. Ce n'est pas
un miracle. C'est simplement la formation que nous avons qui nous permet de
savoir que les patients peuvent avoir certains problèmes psychologiques,
familiaux, sociaux. Notre formation nous permet de faire les
références qui s'imposent. Il est évident que, dans ce
cas, la personne a été référée, de son plein
gré à un travailleur social pour une entrevue éventuelle.
D'accord?
M. LAUREN: Est-ce que vous établiriez une équivalence
à peu près du même ordre entre l'audiologiste et
l'oto-rhino-laryngologiste et, d'autre part, entre le physiothérapeute
et le psychiatre?
Est-ce que c'est à peu près analogue?
MME CODERRE: Le physiothérapeute travaille sur prescription
médicale. L'orthophoniste ce n'est pas son cas. Il travaille simplement
après demande de consultation ou de requête. On pourrait vous
citer de nombreux exemples où le médecin dirige un patient en
orthophonie et nous demande: Faites l'évaluation et déterminez
s'il y a lieu ou non d'entreprendre la rééducation. Et il nous
arrive fréquemment dans la pratique de même corriger le diagnostic
qui a été fait par le médecin.
Depuis le début, on ne parle que d'oto-rhino-laryngologiste et au
fond il y a beaucoup d'autres spécialistes en médecine avec
lesquels nous collaborons, entre autres le neurologue. Il arrive très
souvent qu'à la suite de discussions l'orthophoniste fasse changer le
diagnostic. Je pourrais vous donner comme exemple je m'excuse d'utiliser
un peu le jargon du métier le cas d'un adulte victime d'un
accident cérébro-vasculaire. Ce malade arrive en orthophonie avec
le diagnostic de dysarthrie, ce qui veut dire un trouble d'articulation qui est
dû à un mauvais fonctionnement neuromusculaire de l'appareil
phonatoire-articulatoire. Et, après l'examen, l'orthophoniste constate
que ce n'est pas du tout une dysarthrie, mais une aphasie, c'est-à-dire
un trouble au niveau du langage, un trouble de l'utilisation de vocabulaire, de
la phrase. Par conséquent, vous pouvez déduire que la
thérapeutique n'est pas du tout la même dans ces deux cas. Et
ça se produit, ces choses, dans la réalité.
M. LAURIN: Quelle place occupe, dans votre discipline, aussi bien au
niveau des études qu'au niveau de la pratique, l'étude de
l'audiologie en tant que science et la promotion de la bonne audition ou la
prévention des troubles audiologiques?
MME CODERRE: Au niveau de l'étude de l'audition, je l'ai
mentionné précédemment en décrivant les cours qui
font partie du programme d'études à l'Université de
Montréal, qu'on retrouve aussi à l'université McGill. Il y
a de nombreux cours, entre autres en physique acoustique, pour l'étude
des sons. Ensuite, il y a des cours en instrumentation psycho-acoustique
également. Et il y a tous les cours d'audiologie qui préparent le
candidat à l'étude de l'audition à tous les niveaux, soit
au niveau de l'oreille moyenne, de l'oreille interne et même
centrale.
Quant aux aspects qui touchent davantage la pratique, je pourrais
demander à un collègue en audiologie de répondre.
MLLE PELLETIER: Pourriez-vous répéter la dernière
partie de la question concernant la pratique?
M. LAURIN: J'ai eu une réponse au point de vue des études,
malgré que vous n'avez pas touché la recherche, qui
m'intéresse aussi beaucoup. Au niveau de la pratique, jusqu'à
quel point, dans votre pratique, vous préoccupez-vous de la promotion
d'une bonne audition ou de la prévention des troubles audiologiques?
MLLE PELLETIER: Au point de vue de la prévention, plusieurs
collègues s'occupent de dépistage ou sont à la tête
de dépistages, soit scolaires, soit industriels. Moi, personnellement je
n'ai plus à m'occuper de ce problème. Par contre, lorsque ces
collègues évaluent les cas dépistés, ceux-ci sont
alors dirigés dans les hôpitaux pour examen par un audiologiste et
ensuite un examen auditif précis.
Je crois que la même chose se produit du côté
industriel.
M. LEGAULT: Je peux ajouter qu'au point de vue de la prévention,
il y a quand même des audiologistes qui rencontrent des groupes de
professeurs dans les commissions scolaires afin de leur expliquer les
principaux symptômes par lesquels on peut reconnaître dans une
classe qu'un enfant pourrait possiblement souffrir de surdité. Il existe
à Sherbrooke, depuis déjà deux ans au moins, un cours sur
la prévention de la surdité d'origine industrielle, due aux
bruits industriels. A ces cours, assistent des agents de sécurité
de toutes les industries de pulpe et de papier qui sont des industries
quand même très bruyantes et de l'industrie de la
motonei-ge. Ainsi, les agents de sécurité peuvent se renseigner
sur la nature du bruit industriel, ce qu'il peut causer comme problème
auditif et de quelle façon prévenir ce trouble.
Et à cette occasion c'est le rôle de l'audiologiste
encore une fois on leur expose
les différents moyens de protection de l'ouvrier contre le bruit,
on leur explique aussi ce qui existe, même s'il existe peu de choses, au
point de vue de ce qui est admis par la législation actuelle, qui est en
voie d'être changée, au sujet des niveaux de bruits acceptables en
milieu industriel. Vous voyez quand même que c'est un aspect
préventif qui est très important.
On parle beaucoup de pollution par le bruit actuellement et je pense que
le travail qui se fait à Sherbrooke de ce côté est un
travail très valable. Il y a des gens qui viennent de tous les coins du
Québec, tous les ans, pour se renseigner à ce sujet.
M. LAURIN: Est-ce que vos praticiens et vos professeurs effectuent de la
recherche? Pour-riez-vous m'en parler un peu. Jusqu'à quel point et avec
quels fonds?
MME CODERRE: Vous comprenez qu'avec le petit nombre de candidats dans la
profession, la première responsabilité pour nos gens était
de répondre d'abord au service. Il y a un début de recherche qui
se fait au niveau de l'université. La recherche vise surtout au
développement d'instruments de mesures qui soient adaptées
à notre milieu. Maintenant, également en clinique, de la
recherche se fait, mais c'est quand même encore à l'état
embryonnaire. Les budgets accordés sont très mimimes.
D'ailleurs, je pourrais peut-être ajouter également que les
budgets accordés aux centres de formation des orthophonistes et
audiologistes ne sont pas encore ce qu'ils devraient être pour permettre
une expansion véritable de ces disciplines.
M. LEGAULT: En fait, il existe un fonds pour la recherche actuellement,
ce qui nous permet de faire beaucoup de recherches. En ce qui concerne le
service que je dirige à Chicoutimi, tous nos dossiers, depuis 1961, sont
placés sur ordinateur. Actuellement, il y en a tout près de
11,000. Cela va nous permettre quand même d'effectuer certaines
recherches cliniques à partir de renseignements qu'on ne pourrait jamais
obtenir d'une autre façon.
Mais on se contente actuellement de faire de petites recherches
cliniques lorsque nous considérons qu'on peut se dégager un peu
du travail quotidien et vous savez qu'étant très peu nombreux
nous avons beaucoup de travail. Pour vous donner une idée, si on s'en
tient aux normes américaines, par exemple, pour la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il faudrait 27 orthophonistes audiologistes. Bien,
nous sommes actuellement cinq. Alors, vous pouvez bien imaginer qu'ayant
à coeur le bien de la population, nous nous contentons le plus souvent
de répondre aux besoins les plus pressants et déjà
ça occupe passablement notre temps.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, une question seulement au
représentant des orthophonistes. Il peut y avoir des cas
d'altération de la phonie due à des troubles digestifs.
Croyez-vous être qualifié pour faire le diagnostic et de là
à appliquer le traitement qui s'impose?
M. LEGAULT: Voulez-vous répéter votre question, j'ai mal
saisi.
M. SAINDON: II peut y avoir des troubles de langage parlé qui
sont dus à des troubles digestifs. Croyez-vous être
qualifié pour faire le diagnostic et de là appliquer ou
recommander le traitement qui s'impose?
M. LEGAULT: En ce qui me concerne, je n'ai jamais vu de ces
cas-là. Je vous l'avoue bien franchement. Depuis dix ans...
M. SAINDON: J'avoue que cela ne court pas les chemins mais cela
arrive.
M. LEGAULT: Je ne peux pas répondre à votre question,
peut-être qu'il y en a d'autres qui peuvent le faire.
MME GETTY: Si à un moment donné il y avait une pathologie
que nous ne pouvons pas identifier, comme on l'a dit tout à l'heure,
tous les cas, surtout de dysphonie, par conscience professionnelle, je suis
certaine qu'il n'y a pas une orthophoniste qui va voir un trouble de la voix
avant qu'il soit au préalable vu par un oto-rhino. Alors, ce sera
à lui, à ce moment-là à décider s'il veut
avoir un examen du mécanisme digestif.
M. SAINDON: Vous ne croyez pas qu'il a le danger ou appelez cela la
possibilité que différents traitements soient essayés au
détriment du patient et à des coûts assez
élevés?
MME GETTY: Non, ce n'est pas une peur qui peut se produire parce que
comme tous les patients sont au préalable vus par un médecin ORL,
si, lui, a vu qu'il pouvait y avoir un trouble digestif et qu'il y avait
contre-indication à la thérapie, on ne le verra tout simplement
pas.
M. LEGAULT: D'ailleurs le problème financier ne se pose pas
puisque tous les orthophonistes ou presque travaillent dans les
hôpitaux.
M. SAINDON: J'en reviens à la question des orthophonistes qui
travaillent en cabinet privé. C'est sûr que lorsque vous
travaillez en clinique avec une équipe médicale, le
problème ne se pose pas.
M. LEGAULT: Que ce soit dans son bureau, à l'hôpital, seul
avec son patient, je pense que la conscience professionnelle est exactement la
même que lorsqu'on est seul en cabinet privé.
M. SAINDON: Vous êtes sûr de cela?
M. LEGAULT: II faut le présumer parce que, autrement, donnons
à chaque orthophoniste son ORL dans son bureau pour être bien
sûr qu'il n'y aura pas d'erreur.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maskinongé.
M. PAUL: Je crois que le Dr Boivin et les autres ont parfaitement
couvert le sujet.
M. LE PRESIDENT: Alors, je remercie les représentants, Mlle Getty
ainsi que M. Legault, M. Létourneau et ceux qui les accompagnent pour la
façon dont ils ont présenté leur mémoire. Soyez
assurés que les membres de la commission vont prendre bonne note de vos
recommandations, Je vous remercie.
Est-ce que les représentants des trois groupes suivants sont ici,
à savoir M. Jérôme Nadon, M. Smiley et M. Gérard
Parent?
UNE VOIX: Les représentants en podiatrie sont ici, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le Conseil de la certification, est-ce que les
représentants sont ici?
M. CASTONGUAY: L'Association des prothésistes et
orthésistes du Québec? Alors, M. le Président, il nous
reste trois groupes à entendre, il est 12 h 20, est-ce que nous
pourrions suggérer, si les membres sont d'avis, que nous ajournions et
que nous reprenions à 3 h 30?
M. LE PRESIDENT: Les membres de la commission sont d'accord.
M. CASTONGUAY: Après la période des questions.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance ajourne à 3 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
Reprise de la séance à 15 h 35
M. PILOTE (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais M. Jérôme Nadon, président de
l'Association des prothésistes et orthésistes du Québec
Inc, à venir présenter son mémoire et à identifier
ceux qui l'accompagnent.
Association des prothésistes et
orthésistes du Québec
M. NADON: M. le ministre, MM. les députés de la commission
parlementaire, permettez-moi, d'abord, de me présenter:
Jérôme Nadon, président de l'Association des
prothésistes et orthésistes du Québec. Je suis
accompagné des membres de notre exécutif: M. Gustave Lebel,
vice-président; M. Lucien Debrabander,
secrétaire-trésorier; MM. Robert Adam et Georges Racine,
directeurs; M. Camille Corriveau, président fondateur de notre
association et directeur de l'Ecole de prothèse et orthèse du
Québec Inc.; notre conseiller juridique, Me Cormier, ainsi que M. Jerry
Houtart, vice-président de l'Association canadienne des
prothésistes et orthésistes.
L'association des prothésistes et orthésistes du
Québec désire, en premier lieu, remercier le président et
les membres de la commission parlementaire spéciale des corporations
professionnelles d'avoir bien voulu accepter de lui accorder cette audience.
Notre association groupe présentement quelque 33 membres actifs, quinze
membres associés et trois membres correspondants. Les membres actifs
sont tous en règle avec leur association.
Notre association a obtenu ses lettres patentes le 16 octobre 1967 en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies, libro 1392, folio
2. Tous nos membres actifs possèdent soit un diplôme de l'Ecole de
prothèse et orthèse du Québec Inc., ou la certification
canadienne. C'est donc dire que nos membres sont spécialistes dans leur
domaine respectif soit l'orthèse et la prothèse.
Je me permets aussi d'ajouter qu'autant dans l'exercice de nos fonctions
que dans nos recommandations contenues dans notre mémoire, nous sommes
privilégiés d'avoir l'appui du Collège des médecins
de la province de Québec. De plus, l'Association des prothésistes
et orthésistes du Québec est le seul organisme qui
représente ses membres à l'échelon national
représentant une des quatre régions de l'Association canadienne
des prothésistes et orthésistes.
L'association des prothésistes et orthésistes s'est
trouvée surprise de ne pas être incluse dans le code des
professions, quand on songe qu'il est extrêmement important d'assurer la
protection du public et surtout des handicapés contre certaines
personnes qui n'ont pas les connaissances nécessaires pour
répondre adéquatement
à leurs besoins. L'art de fabriquer et d'ajuster les appareils
orthopédiques et les membres artificiels requièrent de nombreuses
connaissances tant médicales et psychologiques que techniques.
D'ailleurs, je me permets d'ajouter que les prothésistes et
orthésistes font partie intégrante de l'équipe
médicale de réadaptation.
Nous sommes conscients que le Québec se doit de posséder
un cadre administratif pour exercer un regard sur les professions. C'est donc
dire que dans l'ensemble, nous sommes d'accord sur le code des professions, le
bill 250, mais avec les recommandations que nous avons faites dans notre
mémoire.
M. le Président, comme notre profession, en tant qu'association
est une des toutes dernières nées des corporations
paramédicales et, par le fait même, presque inconnue du grand
public, sauf de ceux qui ont besoin de nos services professionnels, je crois
que la période des questions sera plus bénéfique qu'une
longue présentation.
Mais avant de terminer, permettez-moi de souligner l'urgence des
recommandations faites au dernier paragraphe de notre mémoire, à
savoir que l'Association des prothésistes et orthésistes du
Québec recommande la préparation et la présentation d'une
loi des prothésistes et orthésistes ayant pour principal objet de
constituer la corporation professionnelle des prothésistes et
orthésistes du Québec.
Elle recommande en outre d'établir des règles concernant
l'expérience, l'exercice de la profession de prothésiste et
d'orthésiste au Québec en tenant compte des dispositions du
projet du code des professions. Messieurs, je vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, la question qui s'est
posée lorsque nous avons préparé cette loi est la
même qui s'est posée vis-à-vis d'autres organismes
où il s'agit de fabrication, même s'il y a ajustement, soit de
savoir si, vraiment, il est sage de réserver à un seul groupe la
préparation de prothèses, compte tenu des changements, de
l'évolution dans les modes de fabrication. On a eu les opticiens
d'ordonnance, les optométristes. Je pense qu'il est ressorti très
clairement qu'il y a un certain nombre d'années l'opticien d'ordonnance
ou l'optométriste pouvait, dans la préparation des lentilles,
faire la plus grande partie, sinon la totalité du travail. Aujourd'hui,
de nouveaux procédés de fabrication se sont ajoutés.
De la même manière, nous avons vu, dans le domaine des
prothèses dentaires, l'évolution à tel point
qu'aujourd'hui on nous a fait état d'une situation très
différente, certainement, de celle qui existait au moment où la
Loi des techniciens dentaires a été passée. On nous a fait
état du volume élevé de commandes qui passent à
l'extérieur du Québec, par exemple, uniquement par le fait que
des laboratoires de fabrication, à caractère industriel,
pratiquement, n'existaient pas ici puisque nous n'avons que des individus qui
peuvent d'après la loi fabriquer des prothèses.
Alors, sans nier la valeur du travail fait par les orthésistes et
les prothésistes, l'importance des prothèses, des orthèses
pour ceux qui doivent les utiliser, nous nous demandons vraiment quel est le
but recherché, de quelle façon la population y gagnerait, au
point de vue de sa protection, par la formation d'une corporation
professionnelle dans ce secteur, ou encore de quelle façon elle est
exposée présentement par des choses qui échappent au
contrôle de fabrication, par exemple. C'est la première question
que j'ai à formuler, M. le Président.
M. NADON: Pour répondre à la première partie de
votre question, le prothésiste et orthésiste, de par ses
qualifications, est plus en mesure de jouer un rôle important dans la
fabrication des prothèses et des orthèses. Ses connaissances de
base, premièrement, lui confèrent cette responsabilité. Si
des gens consultent les prothésistes et orthésistes pour un
appareil ou un membre artificiel, déjà, au départ, ils ont
la certitude que celui qui les fabrique est qualifié pour le faire. Pour
le patient, c'est plus rassurant. Combien d'exemples avons-nous de gens qui
sont allés, à l'aveuglette, consulter de prétendus
prothésistes et orthésistes, qui ont été mal servis
et qui, avec le temps, nous sont revenus! C'est dans ce but que nous voulons
avoir une protection.
Le prothésiste et orthésiste, en travaillant sur
ordonnance médicale, contrôle un peu plus le produit qu'il finit.
On peut être assuré que ce qui est fait par le prothésiste
et orthésiste remplit le plus adéquatement possible les normes
prescrites pour ce patient qui, auparavant, a été vu par un des
spécialistes de la santé.
M. CASTONGUAY: Pouvez-vous nous donner des chiffres ou des indications
quant au nombre de prothèses et orthèses qui sont
fabriquées dans des établissements comme l'Institut de
réhabilitation, à Montréal, et quant au nombre de
prothèses et orthèses qui pourraient être fabriquées
à l'extérieur de telles institutions, dans des conditions qui,
disons, ne protégeraient pas le public?
M. NADON: Pour répondre à votre question, je vais
céder le micro à M. Camille Corriveau, qui est directeur du
laboratoire de prothèse et orthèse de l'Institut de
réhabilitation de Montréal.
M. CORRIVEAU: Pour répondre à votre première
question, M. le ministre, disons qu'à l'Institut de
réhabilitation de Montréal, l'an dernier, nous avons
fabriqué 800 appareils de toutes sortes.
Ceci inclut des bras, des jambes, des attelles de toutes sortes, corsets
orthopédiques, corsets Milwaukee pour déviations de la colonne
vertébrale. Il y a beaucoup d'appareils, chacun portant un nom
particulier selon la fonction désirée.
Pour la deuxième partie, je me demande si...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, mais, en plus de l'Institut de
réhabilitation, pourriez-vous nous donner une indication des autres
endroits où il s'en fabrique pour que nous ayons une meilleure image
générale?
M. CORRIVEAU: Je n'ai pas les chiffres qui correspondent à chacun
de ces endroits. Je pense que je connais par coeur les endroits où on
fabrique ici au Québec des appareils artificiels. En partant par la
partie la plus au nord, il y a à Chicoutimi l'hôpital
Saint-Vallier. A Québec, il y a la Commission des accidents du travail,
il y a aussi la Clinique de réadaptation sur le boulevard Saint-Cyrille,
il y a maintenant le Centre Cardinal-Léger; il y a aussi un ou deux
endroits privés où on exerce dans ce domaine. Il y a le Centre
hospitalier de Sherbrooke. A Montréal, vous avez le Centre de
réhabilitation je m'excuse de le nommer le premier, il m'est
quand même assez familier il y a l'hôpital du
Sacré-Coeur avec lequel nous avons un programme conjoint et nous
fabriquons des appareils pour les cas de fractures et les cas d'amputations
postopératoires; l'hôpital Sainte-Justine; l'hôpital Queen
Mary et trois ou quatre autre endroits privés.
Je ne sais pas si ça répond à une partie de votre
question, M. le ministre. Je ne suis pas au courant malheureusement du nombre
d'appareils fabriqués dans chacun de ces endroits. Je pense que
l'institut est l'un des gros.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez des contrats avec toutes les
institutions que vous venez de nommer?
M. CORRIVEAU: Non. C'est peut-être un petit peu par
déformation professionnelle je suis directeur de l'école
mais tous les gens qui travaillent dans ces endroits ou la plupart, sont
des produits de l'Ecole de prothèse et orthèse du Québec.
C'est peut-être pour ça que nous les connaissons tellement bien
aujourd'hui. D'ailleurs, nous avons toujours des contacts. Je pense qu'à
l'occasion c'est utile de travailler ensemble et non pas
séparément pour améliorer l'appareillage
orthopédique chez les patients. C'est un peu pour ça que je les
connais si intimement.
M. CASTONGUAY: Est-ce que votre école a des liens avec le
ministère de l'Education au plan des programmes?
M. CORRIVEAU: C'est une très bonne question, M. Castonguay. Vous
savez que jusqu'à ce jour notre école dépendait du
ministère des Affaires sociales. Cette année nous avons eu une
lettre disant que c'était la dernière année que le
ministère des Affaires sociales subventionnait l'école.
Ce qui est assez logique, je pense bien. Je sais une chose vous
êtes au courant sûrement aussi que depuis deux ans, nous
avons des contacts avec le CEGEP d'Ahuntsic ou de Laval, dans la partie nord de
Montréal et il est question que l'école soit absorbée en
tout ou en partie, par le ministère de l'Education.
Dernièrement, je recevais une lettre pour répondre
plus parfaitement à votre question malheureusement le nom du
signataire m'échappe, je crois que c'est M. Bibeau, du ministère
de l'Education, qui nous disait qu'à toutes fins pratiques, il ne voyait
pas les raisons qui nous empêchent maintenant d'avoir le permis du
ministère de l'Education.
Alors c'est complètement dans l'air mais c'est tout près.
D'ailleurs, je peux vous dire, si vous permettez que j'ajoute ce commentaire,
que déjà l'école est reconnue par le ministère de
l'Education d'une façon implicite par les échanges
franco-québécois. Vous savez que nous avons des étudiants
qui viennent de France chez nous, depuis cinq ans maintenant. Il en est venu
déjà quinze jusqu'ici. Il y a un autre groupe de cinq qui vient
l'an prochain. Tout cela par le ministère de l'Education.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. BOIVIN: Alors vous avez une école à Montréal et
vous donnez un certain service. Vous êtes affiliés à
certains hôpitaux, certains centres, pour donner le service. Sur quels
services peuvent compter les régions éloignées de la part
des prothésistes et des orthésistes? Est-ce qu'il n'y a que votre
école? Une question a été posée tout à
l'heure mais elle n'était pas aussi précise que celle que je vais
vous poser. Combien de prothésistes sont passés par votre
école, qui donnent du service dans le reste de la province?
M. CORRIVEAU: Seulement dans la province ou à l'extérieur
du pays aussi?
M. BOIVIN: Dans la province.
M. CORRIVEAU: Dans toute la province, je dirais jusqu'à
maintenant malheureusement je n'ai pas les chiffres exacts 35 ou
40 sûrement, et même plus, j'approcherais même de 50, qui
sont passés par l'école.
M. BOIVIN: Qui sont passés par l'école?
M. CORRIVEAU: Oui, qui sont maintenant dans la province. Voici, il faut
s'entendre. Voyez-vous, l'école dispense deux genre de cours. Il y a le
cours régulier qui s'applique aux finissants des anciennes écoles
techniques où le
type s'inscrit à l'école et poursuit un cours de deux ou
trois ans selon la spécialité. Ensuite, lorsqu'il a
terminé, celui-ci se rend travailler, par exemple, à Chicoutimi,
Québec, Sherbrooke, Montréal, etc., dans les hôpitaux de la
province et même dans l'entreprise privée. Il y a un second cours
qui est offert aussi où il faut prendre garde, c'est de là que
j'ai des chiffres qui semblent contradictoires de 40 à 50. Des gens, par
exemple, après une certaine phase dans l'entreprise gouvernementale ou
privée manifestent le désir de revenir à
l'école.
Cela se produit couramment. Ils reviennent pour une période d'un
mois, deux mois ou trois mois afin d'apprendre les toutes nouvelles techniques
mises à la disposition des prothésistes. Cela peut approcher,
à ce moment, le chiffre de cinquante.
M. BOIVIN: II n'y a pas de lien entre toutes ces écoles
particulières qui peuvent s'ouvrir?
M. CORRIVEAU: Vous avez seulement une école, l'école de
Montréal. Les endroits où nos prothésistes se rendent
ensuite travailler sont tout simplement des endroits où il y a une
clinique qui prend soin des patients, des handicapés, des
amputés. Ces gens ont terminé. Faisons un parallèle avec
l'Université de Montréal; quelqu'un termine sa médecine,
ensuite, il travaille assez souvent dans un hôpital. A ce moment, le lien
n'est pas coupé, mais il n'est plus le répondant de
l'école.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez un contrat particulier avec la
Commission des accidents du travail? Est-ce que la Commission des accidents du
travail a affaire uniquement à un atelier ou s'il y a différents
ateliers qui servent les accidentés qui relèvent de la
commission? Par exemple, il pourrait y en avoir à Montréal,
à Chicoutimi, à Québec.
M. CORRIVEAU: Je pourrais peut-être répondre à votre
question, mais, si vous le permettez, on peut la transférer à M.
Houtart qui est en charge de la Commission des accidents du travail, à
la section des prothèses. Il pourrait répondre plus
adéquatement que moi à la question.
M. HOUTART: M. le Président, la politique de la commission veut
que, dans son centre de réadaptation, elle reçoive tous les
patients handicapés à la suite d'un accident de travail. Les
patients qui sont en traitement durant leur séjour post-traumatique et
qui suivent des traitements de réadaptation, ont, par la même
occasion, les services de prothèse ou d'orthèse requis dans les
circonstances. Comme la Commission des accidents du travail est responsable au
point de vue de l'appareillage des accidentés pour le reste de leurs
jours, cette institution a organisé des services, un service central qui
est à Québec et un service régional qui est à Mont-
réal, pour pouvoir répondre aux besoins des
accidentés.
Tout notre système est organisé afin de pouvoir
répondre à la demande des accidentés de façon
très, très rapide, indépendamment de l'endroit où
ils se trouvent dans la province.
M. BOIVIN: II y a sûrement de la recherche faite de votre
côté, mais par qui est-elle payée? Est-ce que la Commission
des accidents du travail accorde des subventions? Est-ce que le
ministère des Affaires sociales subventionne chacun de ces ateliers ou
s'il subventionne tout simplement l'Ecole de prothèse?
M. HOUTART: En ce qui concerne la Commission des accidents du travail,
nos travaux de recherche sont principalement orientés sur les cas qui
nous touchent en particulier, c'est-à-dire le travailleur, l'adulte, les
hommes, qui sont la majorité de nos accidentés. Nos recherches se
font en fonction de ces cas et en collaboration avec les autres commissions
à travers le Canada.
En ce qui concerne les institutions au service du public, il y en a qui
sont spécialisées soit chez les enfants, soit chez les adultes,
ou encore dans des traumatismes particuliers. Nous avons toujours des moyens
d'échange, des rencontres, pour mettre les résultats de nos
recherches en commun.
M. BOIVIN: S'il y a un travail qui se fait je vais expliciter
par un exemple, dans une certaine région pour un membre
artificiel, une main artificielle, est-ce qu'il y a un échange entre les
écoles pour voir si, réellement, on a trouvé quelque chose
qui pourrait améliorer ce membre ou si c'est tout simplement à
l'école que ces recherches sont considérées?
M. HOUTART: Je cède la parole à M. Corriveau, qui est le
recherchiste par excellence.
M. CORRIVEAU: Je veux faire une distinction: Nous avons eu le
privilège je dois le dire et le plaisir d'avoir pu
installer il y a quinze ans déjà l'Ecole de prothèse et
orthèse du Québec dans les locaux de l'Institut de
réhabilitation de Montréal. Pourquoi? Nous avons compris que
l'entrafnement d'un prothésiste devait se faire à
l'intérieur des cadres d'un hôpital pour plusieurs raisons,
à cause de la facilité d'avoir des patients, etc. Je fais ce
parallèle pour bien situer la chose. L'école est installée
dans les locaux de l'Institut de réhabilitation de Montréal, je
pense que c'est une grande chose. Mais, à toutes fins pratiques, comme
cadre, c'est complètement séparé, il y a l'Ecole de
prothèse et orthèse du Québec et il y a aussi l'Institut
de réhabilitation de Montréal.
Si vous me permettez de répondre un peu à la question que
vous posiez tout à l'heure au point de vue des recherches, les
subventions, les sommes mises à la disposition de la section des
recherches à l'Institut de réhabilitation l'ont
été
peu pour l'école. Je pourrais l'expliquer un peu plus tout
à l'heure. La plupart de ces sommes ont été mises à
la disposition de l'institut pour faire de la recherche, au département
de recherche. C'est d'ailleurs ce qui nous a permis de fabriquer des
prothèses mues à l'électricité. Je pense que vous
avez peut-être entendu parler des prothèses à
contrôle électrique; après les Russes, c'est nous qui les
avons utilisées en premier. Je pense que c'est une grande
première dans le monde, c'a été mis à la
disposition des Québécois. Il y a aussi les prothèses
à contrôle hydraulique qui ont été fabriquées
chez nous; il y en a deux actuellement dans le monde. Tout ceci, grâce
à des subventions réellement minimes; ce sont des subventions qui
nous parvenaient à l'origine grâce aux ententes
fédérales-provinciales.
M. BOIVIN: II y a une chose qui me préoccupe, c'est le service
que vous pouvez donner en dehors de Montréal et de Québec. Il y a
des ateliers qui se développent dans ces régions
éloignées. Quel est le secours et l'aide que vous pouvez leur
apporter?
M. CORRIVEAU: Vous parlez au point de vue du personnel, leur apporter du
personnel, par exemple? Pour fabriquer ces appareils?
M. BOIVIN: Pour les aider, pour ne pas que le malade ait à se
transporter. Est-ce qu'il est nécessaire qu'il se développe des
ateliers dans le reste de la province, par exemple dans la région de la
Gaspésie, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, peut-être sur la
Côte-Nord?
M. CORRIVEAU: Cela dépend tout de même un peu de la
population. Je sais qu'un règlement assez vague existe selon lequel un
hôpital de 100 lits doit avoir un physiatre à sa disposition, etc.
Lorsqu'il y a physiatre et aussi chirurgien orthopédiste, on doit
penser, peut-être un peu aussi à cause de l'éloignement de
certains endroits, qu'il devrait y avoir un ou deux prothésistes ou
encore un prothésiste-orthésiste. C'est difficile pour nous
aujourd'hui de dire au gouvernement: Ouvrez les hôpitaux ou permettez
l'établissement de sections de prothèses dans d'autres milieux.
Je sais pertinemment que certains patients voyagent sur de grandes distances
pour venir chez nous à Montréal, probablement à
Québec ou à Sherbrooke, et que cela pourrait être
organisé différemment, je pense. C'est un point de vue assez
personnel que je vous donne.
M. BOIVIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: Comme vous avez inclus, avec votre mémoire, le
prospectus 71-72, cela répond à beaucoup de questions que je
m'étais posées avant de vous voir à la commission.
Cependant, j'aimerais que vous me donniez grossièrement la
différence qui existe entre le prothésiste et
l'orthésiste. En pratique, probablement y a-t-il des différences
plus marquées mais en principe, cela semble être pas mal la
même chose.
M. NADON: La raison pour laquelle nous avons inséré le
prospectus est justement pour qu'on puisse voir les définitions qui sont
à la première page. Pour le commun des mortels, cela peut porter
à confusion, être presque synonyme. Par les définitions que
vous avez tous je ne sais pas si je devrais les reprendre il y a
une grande différence entre la prothèse et l'orthèse. Je
lis la définition: "La prothèse est l'art qui a pour objet la
création d'appareils destinés à remplacer en tout ou en
partie un organe ou un membre amputé ou déformé
congénitalement et à lui restituer sa fonction et/ou son aspect
original" tandis que: "L'orthèse est l'art qui a pour objet la
création d'appareils destinés à restituer la fonction,
à compenser pour la limitation ou même à accroître le
rendement physiologique d'un organe ou d'un membre qui a perdu sa fonction ou
ne s'est jamais pleinement développé ou est atteint d'anomalie
congénitale." La prothèse est pour un membre amputé tandis
que l'orthèse est pour, comme on vient de le décrire, aider un
membre à accroître sa fonction primordiale.
M. GUAY: Dans mon esprit, cela reste encore confus. Il me semblerait que
l'un ne va pas sans l'autre.
M. NADON: Un amputé a besoin d'une prothèse. La
prothèse remplace un membre inexistant tandis que l'orthèse est
un support qui aide un membre qui est existant. Pour donner un exemple, la
paralysie.
M. GUAY: La grande différence...
M. NADON: Un membre paralysé a tous ses muscles mais ils sont
atteints à divers degrés. C'est là que nous voyons
l'utilité de l'orthèse.
M. GUAY: D'accord. Vous mentionnez que les cours sont d'une durée
variable. Nous ne voyons pas cela, normalement, dans d'autres domaines. Si la
durée des cours peut être variable, est-ce que vous avez la
possibilité d'évaluer périodiquement les progrès de
l'étudiant prothésiste ou orthésiste?
M. NADON: Si vous n'avez pas d'objection, je vais laisser au directeur
de l'école, qui est le plus qualifié, le soin de répondre
à cette question.
M. CORRIVEAU: Ce sont des cours avec certificat. Maintenant, le cours
à certificat est de durée variable. Pourquoi? Si vous voulez,
nous allons faire une petite récapitulation. Vous avez le cours
régulier qui se donne à l'école et qui n'est pas variable.
Il est de deux ans. Vous vous enregistrez au mois de juillet et vous terminez
le 30 juin de l'année suivante.
C'est la première année scolaire. Là, il y a trois
semaines de vacances. Ensuite il y a encore onze mois et une semaine pour la
seconde année. C'est pour quelqu'un qui veut devenir un
prothésiste, pour remplacer un membre absent, c'est deux ans, la
même chose, pour celui qui se destine à travailler seulement sur
les cas de fractures; lorsque vous avez votre bras, mais avec une paralysie
quelconque et qu'il faut poser un appareil, c'est l'orthèse. Alors, pour
l'un ou l'autre, le cours est de deux ans.
Maintenant, celui qui s'en va dans un milieu où la population est
assez restreinte, où le personnel n'est peut-être pas en nombre
suffisant, a tout avantage à posséder les deux disciplines,
c'est-à-dire prothèse et orthèse. Lui, il s'enregistre
à un cours de trois ans. Alors, pour ces trois cours, prothèse et
orthèse, c'est deux ans; mais orthèse-prothèse, c'est
trois ans. Pourquoi trois ans? Dans le cas des deux disciplines, on enseigne
les mêmes sciences de base, c'est-à-dire anatomie, physiologie,
etc. C'est la même chose pour les deux. Alors, ces cours sont
invariables. C'est le cours régulier. C'est le cours qui forme
réellement, dans notre esprit, à l'école, un
prothésiste ou un orthésiste ou les deux à la fois.
Le cours d'une durée variable auquel vous référez,
c'est sûrement celui qui est offert, par exemple, aux
spécialistes, à ceux qui sont déjà dans la
profession, mais qui n'ont peut-être pas eu l'avantage de venir à
l'école et auxquels on souhaite que leurs patrons leur permettent de
venir à l'école pour un, deux ou trois mois, selon ce qu'ils
viennent y chercher. Dans notre domaine, il faut savoir quantité de
choses. Il faut connaître l'anatomie je le répète
encore la biologie, la physiologie, un peu de psychologie, la
physiothérapie, l'ergothérapie. Toutes ces sciences, il faut les
connaître de façon à être capable de rendre un
service adéquat au patient. Le type qui dit: J'aimerais savoir
exactement quel est le lien entre la prothèse et la
physiothérapie, on peut lui dire: Venez de novembre à janvier.
C'est dans cette période que ce cours est donné. Alors, ce cours
est d'une durée de deux mois. On n'a pas voulu, dans le prospectus, dire
que le cours de physiothérapie est de deux mois, trois mois ou de six
mois. C'est d'une durée variable, selon le sujet qu'il prend. Cela
s'adresse à ceux qui sont dans la spécialité
déjà.
M. GUAY: Maintenant, quel est le pourcentage de vos membres qui
possèdent la compétence nécessaire pour exercer les deux
professions? Est-ce plus de 50 p.c?
M. CORRIVEAU: Présentement, je dirais que oui. Je n'ai pas le
chiffre exact, mais je pense que oui. Peut-être que le secrétaire
aurait ce chiffre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Outre les quinze stagiaires français que vous avez
formés pour une durée variable, est-ce que vous avez
accepté déjà d'autres étudiants venant de
l'étranger et qui sont repartis, par la suite, dans leur pays?
M. CORRIVEAU: Oui, on a même un palmarès, je pense, assez
enviable. On en est un peu fier parce que, pour une fois, il y a quelque chose
qui va bien au Québec et cela vient de chez nous. Nous avons eu des
étudiants qui sont venus de Turquie, des Indes, du Vietnam, du Laos, du
Venezuela, du Honduras, des Etats-Unis, sûrement une plus grande
quantité du Canada, c'est-à-dire des différentes
provinces, et aussi une bonne proportion du Québec. On en a eu de
France. Je peux en oublier. Présentement, je peux vous faire une
brève récapitulation. Il y a une jeune fille d'Israël, parce
que ce domaine est ouvert aux femmes aussi. Il y en a une autre du Vietnam
présentement. Il y en a une autre de France. En plus, j'ai quatre
étudiants français; donc, cinq avec la jeune Française. On
a deux Américains présentement. Je pense qu'en tout il y a
peut-être une centaine d'étrangers, depuis quinze ans, qui sont
venus chez nous. Je pense qu'on a eu des étudiants de 20 ou 22 pays du
monde.
M. LAURIN: C'est dû à la bonne réputation conjointe
de votre école et du Dr Gingras?
M. CORRIVEAU: Sûrement.
M. LAURIN: Maintenant, est-ce qu'on peut dire que vos relations avec les
physiatres ou les spécialistes en médecine sont parfaites ou si
elles laissent à désirer encore sur quelques points?
M. NADON: En faisant partie, comme je le disais tantôt, de
l'équipe médicale, je pense que cela résume assez bien la
sitaution. Les relations sont extrêmement bonnes avec les physiatres,
comme avec toutes les autres disciplines de la médecine. Il n'y a pas de
problème qui semble se poser.
M. LAURIN: Ce serait donc la seule discipline où il n'y a pas de
zone grise!
M. NADON: Je n'ose pas trop m'aventurer sur ce terrain.
M. LAURIN: Aucune contestation réciproque!
M. NADON: Non.
M. LAURIN: Vous avez parlé tout à l'heure, dans votre
témoignage, de la présence de faux prothésistes, qui
peuvent poser de mauvais appareils, qui fonctionnent mal. Pourriez-vous
établir, ne serait-ce qu'approximativement le nombre de faux
orthésistes ou prothésistes, ou de prothésistes ou
orthésistes insuffisamment informés?
M. NADON: Vu qu'il n'y a pas de contrôle gouvernemental à
cet égard, il existe des gens, à tort ou à raison, qui se
donnent la vocation d'installer des prothèses et des orthèses. Il
y a des classes de gens qui me viennent à l'idée. Je pense
à certaines pharmacies, où l'on fait un genre de
spécialisation dans les appareils orthopédiques par des gens
qu'on y a soi-même initiés. Ces gens n'ont aucune
préparation, au point de vue de l'appareillage ou autrement. Comme je le
disais, il arrive souvent, à cause d'un mauvais ajustement de ces
appareils, que le patient revienne voir les gens qui sont, disons-le,
professionnels dans leur métier.
M. LAURIN: Ce sont des pharmaco-prothésistes.
M. NADON: Je ne sais si on peut leur donner ce nom mais...
M. LAURIN: Y a-t-il déjà eu des poursuites judiciaires
d'intentées par ces patients contre ces faux spécialistes?
M. NADON: Pas à ma connaissance. Voyez-vous, n'étant pas
reconnus nous-mêmes, je ne vois pas quel avantage la personne aurait
à intenter une poursuite. Je ne sais pas, même, si cela lui
rapporterait quelque chose, parce que la profession elle-même n'est
même pas reconnue.
M. LAURIN: Vous n'avez aucun moyen de contrôle ou de
surveillance...
M. NADON: Nous n'avons aucun moyen de contrôle ni de
surveillance.
M. LAURIN: ... sur ces praticiens inorthodoxes?
M. NADON: Aucun.
M. LAURIN: Est-ce que, par ailleurs, vous exercez un certain
contrôle, une certaine surveillance sur les activités de vos
membres, une fois qu'ils sont responsables dans quelque centre hospitalier que
ce soit, de l'application des techniques que vous leur avez
enseignées?
M. NADON: Oui, régulièrement, nous nous rencontrons, soit
au niveau de l'association ou d'un congrès, pour discuter des techniques
que nous avons pu implanter dans notre milieu, dans notre service. S'il y a
quelque chose qui ressort de tout cela et qui peut être valable pour les
autres gens de la profession, dans la provin- ce, nous ne nous gênons pas
pour communiquer la bonne nouvelle.
D'ailleurs, à notre dernière assemblée annuelle,
une résolution a été adoptée à cet
égard, soit d'étendre nos connaissances acquises dans une
certaine sphère de la prothèse ou de l'orthèse aux autres
membres qui n'ont pas eu la chance d'y participer. Il y a une participation
complète de tous les prothésistes et orthésistes de la
province.
M. LAURIN: Incitez-vous vos membres à prendre
régulièrement des cours de recyclage et est-ce que vous leur
favorisez la tâche en instituant de tels cours?
M. NADON: Oui. Comme on l'a mentionné tantôt,
l'école de prothèses et orthèses facilite notre
tâche dans ce domaine. Les gens sont souvent appelés à
participer à des séminaires ou à des congrès sur le
domaine de la prothèse et de l'orthèse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): J'aimerais savoir qui est président de votre
association.
M. NADON: Je suis le président.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous-même. Quel est votre nom?
M. NADON: Jérôme Nadon.
M. LAVOIE (Wolfe): Sur certains documents, on voyait M. Andres. Que
fait-il là-dedans?
M. NADON: Monsieur qui?
M. LAVOIE (Wolfe): M. Andres. Est-ce l'autre groupe?
UNE VOIX: Des podiatres.
M. LAVOIE (Wolfe): Des podiatres. Bon, d'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. LAVOIE (Wolfe): Excusez-moi. Est-ce que vous recevez une assistance
technique d'autres formations, de compagnies quelconques? Y en a-t-il qui
fournissent une assistance technique?
M. NADON: A ma connaissance, non. Nous avons nos propres budgets, selon
l'endroit où nous pratiquons. La plupart du temps, à part les
entreprises privées, c'est dans le milieu hospitalier. Donc, chaque
directeur de service a son budget à l'intérieur du budget de
l'hôpital.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Pourriez-vous me donner la différence qui existe entre
l'Association des prothésistes et orthésistes du Québec
Inc., et le Conseil de la certification des prothésistes et
orthésistes du Québec? Dans quels champs d'action ces deux
groupements oeuvrent-ils?
M. NADON: L'Association des prothésistes et orthésistes,
comme je le disais, a ses lettres patentes depuis le 16 octobre 1967 et groupe
les prothésistes et orthésistes de la province de Québec.
Quant au Conseil de la certification des prothésistes...
M. PAUL: ... et orthésistes du Québec.
M. NADON: ... je ne suis pas familier avec cet autre groupement; je ne
pourrais pas élaborer sur l'autre groupe.
M. PAUL: Est-il à votre connaissance que des membres de votre
association fassent partie du conseil de la certification?
M. NADON: A ma connaissance, non. Il y en a peut-être, remarquez
bien.
M. PAUL: Savez-vous si les membres du Conseil de la certification des
prothésistes et orthésistes du Québec ont passé par
l'école de l'association?
M. NADON: Non, je ne suis pas au courant. M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais une autre question; cela me fascine un peu de la
poser. Les deux définitions comportent les mêmes mots
"conçoit, fabrique et ajuste". Cela semble assez important. Serait-il
possible pour vous de fabriquer une prothèse ou une orthèse sans
l'ajuster vous-mêmes à un patient?
M. NADON: Non, je ne vois pas la possibilité de fabriquer un tel
appareil sans l'ajuster. C'est impensable.
M. GUAY: Vous mentionnez en bas: "Ces définitions excluent les
prothèses et orthèses dentaires". La question a été
posée à d'autres groupes. Dans le cas de prothèses
dentaires, disons qu'il n'y aucune relation, sauf qu'eux nous ont dit
également que c'était impossible de fabriquer une prothèse
sans voir le patient et sans en faire l'ajustement eux-même. C'est pour
ça que je vous posais la question.
M. NADON: Oui, parce que tout notre appareillage se fait à base
de mesures sur le patient. C'est là qu'il y a nécessité
d'avoir une relation intime en prothésistes et orthésistes et
patients. C'est la base de tout appareillage, des bonnes mesures. Il faut
absolument que le patient se soumette si on peut employer l'expression
à des prises de mesures et de plâtres pour fabriquer un
appareillage quelconque.
M. GUAY: En fait, l'orthésiste comme le prothésiste
exécute l'ordonnance médicale.
M. NADON: Oui.
M. GUAY: Avec l'autonomie, cependant, de fabriquer et d'ajuster la
prothèse et l'orthèse.
M. NADON: Nécessairement, du moment que le prothésiste ou
l'orthésiste a son ordonnance médicale, il a le champ libre pour
fabriquer et ajuster l'appareillage qui lui est prescrit. Cependant, parce
qu'après tout on traite des humains, en cours de route, il peut y avoir
des problèmes, des anomalies qui se présentent. Il y a alors une
référence au médecin traitant. Mais le prothésiste
ou orthé-siste fabrique lui-même, sans l'aide du médecin ou
de quelque autre personne, son appareillage et l'ajuste.
M. GUAY: Est-ce que le médecin a la chance d'examiner le patient
porteur de prothèse ou d'orthèse après l'installation?
M. NADON: Oui, c'est la pratique, d'ailleurs, qu'un spécialiste
qui prescrit un appareil vérifie le produit qu'il a commandé,
l'appareillage qu'il a demandé.
M. CUAY: Est-ce que les membres de votre association ont quand
même la possibilité de choisir les produits qui entrent dans la
fabrication?
M. NADON: Oui, c'est là que les connaissances du
prothésiste-orthésiste entrent en ligne de compte. Prenez le cas
d'un amputé, par exemple. Le médecin nous le dirige, c'est nous
qui allons décider, d'après le diagnostic qui a été
posé, telle ou telle sorte d'appareillage, tout dépendant de la
taille du patient et sa position, de la raison pour laquelle il a
été amputé, des problèmes qui l'ont amené
à sa maladie.
Cela rentre dans le cours du prothésiste et de
l'orthésiste.
M. GUAY: Une dernière question. Est-ce que les
spécialistes parmi vos membres je dis spécialistes parce
que ça semble très rare fabriquent des yeux
artificiels?
M. NADON: Au Québec, je ne connais pas d'endroit où on
fabrique des yeux artificiels; il y en a qui peuvent me reprendre.
M. GUAY: II semble actuellement y avoir un spécialiste, à
New York. Les gens qui ont besoin de ses services doivent se rendre à
New York. Alors, je me demandais s'il n'y aurait pas moyen de s'organiser
à Québec, à Montréal ou à Toronto.
M. NADON: Cela serait peut-être intéressant, mais si on
pouvait s'organiser en tant que prothésiste ou orthésiste, pour
les membres supérieurs et inférieurs, ce serait
déjà un bon départ. Il y a déjà un certain
besoin à satisfaire dans ce domaine-là. Après ça,
je pense qu'on pourrait peut-être penser aux prothèses pour les
yeux. C'est assez difficile, parce que ce n'est pas tout à fait le
même domaine que la prothèse ou orthèse telle qu'on la
conçoit présentement. Cela pourrait peut-être venir s'il y
avait des spécialistes, mais au Québec il n'y a personne qui
fabrique une telle prothèse.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il y a des compagnies nationales ou
internationales qui fabriquent des prothèses ou des parties de
prothèses selon vos données?
M. NADON: Disons qu'il y a des parties de base qui sont faites par des
compagnies qui sont spécialistes dans le domaine, il y a des
matériaux de base. C'est là que le prothésiste ou
l'orthésiste entre en ligne de compte, car il faut un choix judicieux du
matériel à employer.
Comme dans n'importe quelle autre spécialité plusieurs
compagnies vantent leurs produits mais c'est à nous de faire un choix
judicieux pour le bien du patient.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il y a des compagnies qui font la
prothèse complète selon votre ordonnance, selon des
données que vous avez trouvées?
M. NADON: Nous, nous n'en faisons pas. Sur ordonnance, je douterais fort
qu'elles fassent le moule au complet. C'est strictement réservé
parce qu'une bonne prise de plâtre ou des bonnes mesures, comme je le
disais tantôt, c'est la base d'un bon appareillage. Je ne vois pas
pourquoi le prothésiste-orthésiste donnerait une commande
à une compagnie extérieure pour fabriquer un membre quand
lui-même possède les qualifications pour le faire.
M. SAINT-GERMAIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL : Je m'interroge quant aux réponses que pourrait me
donner éventuellement le directeur de l'école au sujet des
questions que j'ai posées tout à l'heure à M. le
président. Je crois que le directeur de l'école est M.
Corri-veau. Alors pourriez-vous me dire s'il y a des membres du Conseil de la
certification des prothésistes et orthésistes du Québec
qui ont passé par votre école?
M. CORRIVEAU: Je ne suis pas en mesure de vous répondre, pour une
foule de raisons. C'est très récent cette chose; elle est apparue
comme ça tout à coup.
Je ne sais pas qui sont les cosignataires de cette demande, de cette
nouvelle proposition; ne connaissant pas les membres, si vous me les nommiez de
A à Z, je pourrais dire: Oui, oui.
M. PAUL: Le président semble être M. Gérald Boucher
et nous avons de la correspondance qui a été remise aux membres
de la commission et qui remonte au mois de mars 1970.
M. CORRIVEAU: Je crois que M. Gérald Boucher est un avocat
d'Ottawa.
M. PAUL: On parle aussi, dans la correspondance, d'un
dénommé Gérard Parent.
M. CORRIVEAU: Oui, je le connais. Il est venu à l'école
durant une courte période mais je ne peux vous dire si c'est deux
semaines ou un mois.
M. PAUL: II n'a pas terminé le cours chez vous?
M. CORRIVEAU: Non, c'était une courte période. Cela
entrerait dans les cas de cours de durée variable, comme un
député le mentionnait tout à l'heure.
M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais quelques
questions à poser. Vous avez parlé tantôt de la juridiction
du ministère des Affaires sociales, et que vous allez passer sous la
juridiction du ministère de l'Education. Est-ce que ce changement va
provoquer des modifications importantes quant aux bourses, quant à
l'endroit où sont dispensés les cours ou si cela va continuer
comme...
M. CORRIVEAU: II est sûrement probable que certains changements
vont intervenir. De quelle nature seront-ils? Malheureusement, je ne suis pas
encore dans le secret des dieux à ce niveau pour savoir exactement quels
seront les changements requis par le ministère de l'Education. Moi,
personnellement, je crois fortement qu'il y aurait grand bénéfice
pour la profession à ce que le ministère de l'Education s'en
occupe activement. Mais du côté pratique, qu'on permette aux
étudiants de toujours se rendre aux
endroits où on a assez bien réussi à ce jour pour
leur faire faire une espèce d'internat. Ils pourront travailler sur des
patients et non pas exclusivement en institution comme maintenant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette modification pourrait
être semblable à celle qui s'est produite pour les
infirmières, à savoir qu'à partir du milieu hospitalier,
on les a amenées au CEGEP pour une formation académique? Ensuite,
au terme des études, on les a retournées au milieu hospitalier
pour faire un stage pratique.
M. CORRIVEAU: Je verrais la question ou la réponse de cette
façon encore une fois, je ne voudrais pas exprimer le point de
vue d'un groupe de personnes, c'est mon opinion à moi je pense
qu'on ne peut pas être assez bien informé du niveau de
compétence requis pour travailler sur un malade si on n'a pas l'occasion
de travailler sur des malades, de les rencontrer au jour le jour, dans
l'exercice de notre fonction. Les médecins qui vont en résidence
apprennent quand même à l'Université de Montréal,
McGill, etc., les bases de leur future profession parce qu'ils rencontrent des
malades. C'est une toute autre chose. On le dit souvent que la théorie
et la pratique sont deux aspects différents. Les deux se
complètent, sont nécessaires.
Je pense que la solution serait que les étudiants puissent
continuer à travailler avec les patients.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je crois que vous avez raison. Surtout dans
votre profession, l'aspect pratique paraît très important, et je
pense que vous avez raison de vouloir maintenu-un juste équilibre.
J'aurais une autre question. De façon générale,
l'accès aux prothèses et aux orthèses est facile,
financièrement, ou y a-t-il des complications?
M. CORRIVEAU: C'est relativement facile, tout dépend du point
où on se place. Disons qu'il est facile si on a les prérequis
pour suivre, par exemple, le programme de l'école. Au point de vue de la
rémunération...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pour les patients. Est-ce que
l'accès aux prothèses et aux orthèses est facile, au point
de vue financier?
M. CORRIVEAU: A ce moment-ci, je vais changer mon chapeau...
M. CLOUTIER (Montmagny): Sinon, quels sont les problèmes.
M. CORRIVEAU: Je vais changer mon chapeau et retourner à
l'Institut de réhabilitation pour cette question, l'école n'est
pas concernée.
Il est assez difficile, l'accès aux prothèses, de cette
façon. Je sais aussi que le ministère des Affaires sociales paie
pour tous les soins hospitaliers, sauf les prothèses. Assez souvent, le
patient se présente pour obtenir une prothèse, sachant que
l'hospitalisation ou les soins hospitaliers par les médecins sont
gratuits.
Entendons-nous, il ne paie pas et lorsqu'il arrive ensuite au service de
prothèses, il se voit dans l'obligation de payer pour sa
prothèse. A ce moment-là, il dit: Je n'ai pas les moyens de
payer, je croyais que c'était payé par l'assurance-maladie. Ce
sont des choses qu'il faut dire.
Dans le cas où un patient peut, ou a un revenu suffisant, tout
cela est considéré par le gouvernement. Nous faisons une
enquête qui établit le bilan de l'individu en question, s'il a une
automobile, une maison, s'il a des dettes, etc. Ces renseignements sont
envoyés à Québec et c'est de là que nous savons si
Québec peut payer une certaine partie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministère des Affaires sociales
intervient surtout pour les assistés sociaux, je pense qu'il n'y a pas
de problème.
M. CORRIVEAU: Pour les assistés sociaux, c'est
différent.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a accessibilité. Pour ceux qui ne
bénéficient pas de la Loi de l'aide sociale, il semble qu'il y a
un problème. Vous avez aussi l'apport des clubs sociaux, je pense, qui
aide à couvrir...
M. CORRIVEAU: Oui, mais de moins en moins.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... de moins en moins?
M. CORRIVEAU: Parce qu'ils n'ont plus de fonds et ils disent que leurs
fonds nécessairement sont utilisés pour d'autres choses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez connaissance c'est
peut-être une question un peu délicate qu'il y a des abus
de la part de ceux qui fabriquent des prothèses, ceux sur qui vous
n'avez pas de contrôle surtout, dans d'autres milieux ou d'autres
disciplines? Est-ce qu'il y a des abus qui devraient être corrigés
et réprimés?
M. CORRIVEAU: Je pourrais vous répondre de cette façon-ci,
M. le député: c'est exactement la raison qui a poussé un
groupe d'individus à se présenter devant vous aujourd'hui afin
que ceci soit réglementé pour prévenir ces abus. On n'est
pas sans savoir qu'il y a différents prix qui sont exigés
à différents endroits pour le même service. Je pense qu'il
y a justement quelque chose à corriger en ce sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Nadon et M. Corriveau, ainsi que ceux
qui les accompagnent, de leur mémoire. Soyez assurés que nous
allons prendre vos remarques en considération.
J'inviterais à présent le Conseil de la certification des
prothésistes et des orthésistes du Québec,
représenté par M. Gérard Parent, le président,
à venir présenter son mémoire.
Conseil de la certification des prothésistes et
orthésistes du Québec
M. PARENT (Gérard): M. le ministre, M. le Président, MM.
les membres de la commission, en passant je voudrais féliciter les
membres de l'Association provinciale des prothésistes et
orthésistes pour leur mémoire qui m'a un peu surpris à
quelques occasions.
Vous avez en main notre mémoire de convention. Il serait donc
inutile aujourd'hui de faire de longs plaidoyers sur le sujet qui nous
intéresse. N'étant pas nombreux dans cette profession, nous
voudrions avoir un conseil de certification bien à nous. Alors, pour
aller rapidement, une fois qu'on a défini les droits acquis et les
objectifs, nous croyons qu'un certain nombre de questions se posent sur les
modes d'évaluation.
Encore là, il faut cerner les questions et ne pas préjuger
d'une forme d'évaluation quelconque. Je pense que si l'on veut
évaluer si un sujet a développé son esprit scientifique,
son jugement, le compte tenu de ses connaissances, s'il a acquis telle forme
d'apprentissage, on peut le faire selon des modes d'évaluation qui sont
bien différentes les unes des autres et qu'il y aurait
intérêt à préciser.
Cela dit, dans ces cadres-là, une fois qu'on a établi les
droits acquis et les objectifs et les modes d'évaluation qui
correspondent à une réalité, celles que l'on peut palper
à ce moment-ci en se projetant le plus dans l'avenir, il faut autant
apprendre à s'évaluer qu'apprendre à se faire
évaluer par les autres. Nous pensons que c'est ici, lorsqu'on parle de
certification, que notre conseil joue son rôle en tant que mandataire du
gouvernement et au nom d'une législation en collaboration avec
l'Association provinciale des prothésistes et orthésistes.
Elle viendrait attester que, dans un programme donné, les
objectifs ont été atteints et que les modes d'évaluation
étaient bons. A ce moment-là, l'acte administratif qu'elle pose
est de décerner un certificat qui atteste que... Est-ce que cela veut
dire que nous attachons au certificat une importance illimitée quant
à la carrière de quelqu'un? Non. Un certificat, c'est simplement
un jugement à une étape de l'année. Nous pourrions dire
que c'est une mesure des connaissances, des expériences, des aptitudes
de quelqu'un qui fait qu'on le juge suffisamment compétent pour assumer
telle responsabilité.
La compétence est tout autre chose. Elle se développe au
fur et à mesure qu'on évolue dans la vie. Il y a des gens qui,
avec un diplôme, peuvent, après 20 ou 30 ans, être devenus
incompétents, alors que d'autres peuvent être devenus plus
compétents. C'est tout le problème aujourd'hui. Il est certain
que c'est à différentes corporations et à la
société elle-même de se donner les moyens pour permettre
à quelqu'un d'être compétent ou d'avoir le minimum de
compétence qu'il lui faut pour exercer sa profession.
Notre conseil est présentement appuyé dans ses demandes
par 40 signataires prothésistes-orthésistes dont la plupart ont
passé par l'Ecole de prothèse de Montréal, qui apparemment
l'ignore.
Nous vous remercions de votre bonne attention et nous vous prions de
bien vouloir accepter nos sincères remerciements.
J'ai ici les signatures des prothésistes-orthé-sistes qui
sont allés à cette école; il y en a même qui sont
dans la salle ici. Aujourd'hui, ils viennent nous dire qu'ils ne sont pas au
courant de cela. A plusieurs occasions, nous avons eu des assemblées.
Nous en avons eu une à Montréal. J'étais président
provisoire parce qu'il fallait quelqu'un pour représenter les
prothé-sistes-orthésistes insatisfaits. A l'assemblée de
Montréal, les prothésistes-orthésistes de l'association
canadienne étaient présents. Il y avait l'Association provinciale
et, unanimement, ils m'ont donné le mandat de continuer à faire
les démarches. C'est pour cela que nous travaillons depuis 1970 à
cette cause.
M. PAUL: Vous dites qu'il y a des membres qui sont ici cet
après-midi et qui font partie de votre association.
M. PARENT: Oui. Et ils ont signé: Conseil de la certification des
prothésistes-orthésistes. J'ai les signatures ici. Ils nous ont
demandé de poursuivre notre action. Ce qui se produit, c'est qu'à
un certain moment un homme qui est président je ne veux pas
commencer une guerre d'un collège, qui est président d'une
association, qui est directeur de l'école, en vient à brimer tous
les autres autour de lui. Les autres ont peur de se lever. Cela en prenait un.
J'ai accepté la tâche. C'est ce qui s'est produit.
Cela fait quatorze ans que je travaille à l'atelier de
prothèse de l'hôpital de Chicoutimi. Je suis reconnu par mes
patrons et ils n'ont jamais eu un reproche à me faire. J'ai passé
environ deux mois et demi à l'Ecole de prothèse. Je
félicite, d'ailleurs, cette école parce qu'elle joue très
bien son rôle et que nous en avons besoin. De là à
reconnaître seulement les types qui sont allés à cette
école!
En effet, ce n'est pas l'Ecole de prothèse qui a mis les
prothèses au monde. Cela fait à peu près quinze ans que
cette école existe et les prothèses existent depuis 1914. Je veux
bien continuer à travailler. C'est pour cela que nous nous sommes
réunis et que nous avons demandé d'avoir un conseil de
certification qui respecterait les droits acquis et, par la suite, pourrait
former avec ces mêmes membres un conseil de certification
permanent, en collaboration avec le gouvernement, et reconnaître un vrai
prothé-siste-orthésiste. C'est tout.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. CASTONGUAY: Je voudrais vous remercier pour cette présentation
que vous nous avez faite. J'aurais une ou deux questions à vous poser.
Quels sont les torts ou préjudices que vous subissez ou que vous
êtes susceptibles de subir présentement du fait que vous
n'êtes pas membres de l'association?
M. PARENT (Gérard): Lorsque l'école a été
créée à Montréal, je travaillais
déjà. Je suis un blessé de guerre. Ce sont les
vétérans qui m'ont orienté dans les
prothèses-orthèses. Je suis arrivé à
l'hôpital de Chicoutimi. J'ai commencé à travailler. A ce
moment-là, c'était M. Dion qui est ici qui venait prendre les
mesures pour faire les prothèses et je collaborais avec lui. Je
travaillais à l'atelier et nous commencions à mettre en marche
cet atelier. A ce moment-là, ils ont envoyé M. Tremblay, qui
travaillait avec moi, suivre un cours d'orthèse. L'école a
été créée. J'étais d'accord. Je suis
allé à l'école. J'ai rencontré les gens. Je suis
devenu assez intime avec eux. Nous avons commencé à parler de
former une association. J'en suis devenu membre. J'ai dépensé de
l'argent. Je n'ai jamais manqué une réunion. Cela s'est
formé. Tout allait bien, mais, lorsqu'elle a eu sa charte, je me suis
aperçu que je n'étais plus un membre. J'étais un
associé. Il y en a plusieurs comme moi. A ce moment-là, nous
avons dit: II y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
M. CASTONGUAY: Dans les hôpitaux, où il se fabrique des
prothèses, est-ce que les orthé-sistes et les prothésistes
qui ne sont pas membres de l'association peuvent s'engager, recevoir les
mêmes salaires ou s'il y a des différences?
M. PARENT (Gérard): C'est arrivé dans mon cas et à
d'autres aussi. A un certain moment, à l'Hôtel-Dieu,
j'étais reconnu comme prothé-siste-orthésiste. M. Tremblay
a sorti la certification canadienne.
Ils m'ont fait venir. Ils m'ont dit: Tu étais pour avoir une
augmentation de salaire mais puisque tu n'as pas la certification canadienne,
on ne peut pas te la donner. Cela a marché pendant un an ou deux. A un
moment donné, j'ai fait écrire le directeur de l'Hôtel-Dieu
à Ottawa. Là, ils nous ont dit que le conseil de certification
n'était pas mandaté, puisqu'il n'avait pas de charte à ce
moment-là, pour faire passer des examens et de donner les certificats.
Là, à l'Hôtel-Dieu, ils ont reconnu ça et ils m'ont
dit: On t'a causé un préjudice, on va t'accorder un an de
rétroactivité et on va réajuster ton salaire. Ils ont
réajusté mon salaire. Apparemment, le conseil de certification,
selon la troisième partie de la Loi sur les compagnies, a eu une charte
d'Ottawa. Mais nous, nous voulons avoir ça de Québec.
M. PAUL: Est-ce qu'on vous la refuse? M. PARENT (Gérard): A
Québec? M. PAUL: Oui.
M. PARENT (Gérard): Là, on fait la demande et on va
attendre.
M. CASTONGUAY: Le transfert, dont on a parlé, au ministère
de l'Education, comme responsabilité et avec les mécanismes que
l'on connaît pour la certification ou l'accréditation des
écoles de formation, on en a eu de nombreux autres exemples, comme celui
des gardes-malades auxiliaires qui ne sont pas formées en corporation et
qui suivent des cours dans des écoles secondaires. Lorsqu'elles arrivent
dans un hôpital, étant donné qu'elles viennent d'une
institution reliée au ministère de l'Education, leurs certificats
attestent que leur niveau de formation est compris dans les conventions
collectives. C'est le niveau de rémunération et c'est fixé
par négociation.
Alors, de la même façon, avec le changement qui s'amorce,
il me paraît logique de relier les institutions de formation au
ministère de l'Education et aux institutions dans le secteur de
l'Education, ce qui n'enlève pas la pertinence de la question du
député de Montmagny quant à la nécessité
d'une formation pratique. Mais est-ce que ce n'est pas susceptible de
régler, dans une très large mesure, sinon complètement, le
problème que vous soulevez étant donné que le
diplôme, qui sera donné par cette école, sera reconnu par
le ministère de l'Education qui fera foi de la compétence d'une
personne? Tout autre organisme canadien, en fait, à mon sens, n'a rien
à faire là-dedans. Même s'il leur a donné une
charte, la certification ou l'émission de permis, sur le plan de
l'exercice d'une profession, se fait au Québec par les collèges
ou les corporations professionnelles. Et pour les groupements, qui ne sont pas
formés en corporations professionnelles, ce sont les diplômes des
établissements d'éducation.
M. PARENT (Gérard): Tout ce que nous voulons ce qui se
fera, on ne le sait pas c'est que ceux qui sont déjà
dedans, qui ont X années d'expérience, soient reconnus au
moins.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions? Le député de
Dubuc.
M. BOIVIN: Parmi les 40 membres que vous avez dans votre association,
est-ce que ce sont des gens qui sont passés par l'école?
M. PARENT (Gérard): Oui, il y en a plusieurs.
M. BOIVIN: Beaucoup. Dans quelle proportion?
M. PARENT (Gérard): Au moins une dizaine.
M. BOIVIN: Qui sont passés par votre école et qui sont
dans votre association. Ils ne sont pas dans l'autre association.
M. PARENT (Gérard): Le conseil de certification est en faveur
d'avoir la certification au Québec. Ils ont signé les
formules.
M. PAUL: Ils sont dans les deux associations?
M. PARENT (Gérard): Ils sont dans les deux et dans les trois
associations. Il y en a trois, on ne sait pas où se brancher.
M. BOIVIN: Est-ce que vous avez demandé une charte, actuellement,
au gouvernement provincial?
M. PARENT (Gérard): Notre charte, avait été
demandée avant 1970. Mais les élections sont arrivées et
on s'est fait couper ça juste à la bonne place!
M. BOIVIN: Cela n'a pas eu de suite depuis 1970!
M. PARENT (Gérard): Cela a eu des suites mais ce sont ces suites
qui nous ont amenés à la commission.
M. BOIVIN: Quand avez-vous demandé la charte, officiellement?
M. PARENT (Gérard): On a commencé en 1969. La
première demande a été faite en 1969 ou 1968.
M. BOIVIN: En 1970, est-ce que quelque chose a bougé?
M. PARENT (Gérard): Cela a bougé! Vous avez dû avoir
pas mal de rapports d'après tous les papiers qu'on vous a
envoyés.
Il y a le ministère des Affaires sociales, je pense, qui est au
courant. Nous avons Commencé avec lui. C'est lui qui nous a
transférés au conseil, ici. Plusieurs médecins
étaient à notre comité. Nous avions deux physiatres, deux
orthopédistes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, pourriez-vous nous dire quelle est la
scolarité que possèdent la plupart des membres de votre
conseil?
M. PARENT (Gérard): La douzième année.
M. PAUL: Une douzième année. Sans études
spécialisées?
M. PARENT (Gérard): II y en a plusieurs qui ont soit de la
mécanique, soit du dessin industriel, des choses comme ça.
M. PAUL: Si je comprends bien, vous ne pouvez pas être membres de
l'association parce que vous n'auriez pas suivi des cours à
l'école.
M. PARENT (Gérard): Nous avons été refusés,
oui.
M. PAUL: Vous avez été refusés.
M. PARENT (Gérard): J'ai fait des stages. J'ai trois
certificats.
M. PAUL: Est-ce qu'on vous a donné les raisons pour lesquelles
vous et d'autres de vos confrères auraient été
refusés par l'association?
M. PARENT (Gérard): Ils nous ont dit que nous ne remplissions pas
les normes.
M. PAUL: Que vous ne remplissiez pas les normes actuelles. Et votre
demande est à l'effet qu'on reconnaisse votre expérience pratique
pour être intégrés dans l'association.
M. PARENT (Gérard): C'est cela.
M. PAUL: Ou être reconnus comme des prothésistes et
orthésistes professionnels. Est-ce bien cela?
M. PARENT (Gérard): Oui. Mais n'oubliez pas que c'est tout le
champ de la troisième partie de la loi. Ils peuvent refuser ce qu'ils
veulent. Si cela avait été un bill ou quelque chose de pareil, il
aurait fallu qu'ils respectent les droits acquis. Un type qui a 14, 15 et 20
ans d'expérience dans un hôpital, qui est reconnu par
l'hôpital, s'il n'était pas capable, je m'imagine qu'il ne serait
plus là.
M. PAUL: II semble que certains physiatres appuient vos démarches
et vous reconnaissent une expérience qui vous qualifierait pour obtenir
le titre d'orthopédiste. Y a-t-il plusieurs physiatres qui vous
appuient? Il semblerait, dans la documentation, que vous nous avez
donnée, que seuls des physiatres ou des spécialistes de la
région de Chicoutimi vous appuient. Y en a-t-il d'autres qui ont
reçu une lettre de recommandation?
M. PARENT (Gérard): Nous étions éloignés et
il ne fallait pas trop occasionner de dépenses non plus. Nous avons
formé un conseil provisoire. En parlant avec les autres, ils ont
demandé: Essaie donc de former cela dans ton bout. Tu as deux physiatres
sur place, tu as des orthopédistes. C'est ce qui s'est produit. Deux
physiatres
qui étaient au conseil, le Dr Aimé Guimont et le Dr
Jacques Saint-Cyr, et deux orthopédistes, le Dr Laperrière et le
Dr Henri Carrier, nous appuyaient dans nos démarches. Cela fait treize
ans que je travaille en collaboration avec eux. Ils sont satisfaits. C'est pour
cela qu'ils nous appuyaient.
M. PAUL: Bien, merci.
M. LAVOIE (Wolfe): Sur quoi vous basez-vous pour décerner un
certificat de compétence à un prothésiste?
M. PARENT (Gérard): Nous ne nous basons sur rien puisque nous ne
donnons pas de certificat.
M. LAVOIE (Wolfe): Ceux qui en ont, sur quoi se basent-ils? Je m'imagine
que faire une prothèse c'est plutôt une création. A chaque
fois, c'est peut-être différent.
M. PARENT (Gérard): II y a le Conseil de certification canadien
qui se base sur des examens. On nous fait passer des examens. Moi-même,
j'ai été à Saskatoon, l'an passé cela m'a
coûté $800 pour me faire dire que j'avais manqué un
peu mon coup, qu'il faudrait que j'aille en Ontario pour me reprendre.
M. LAVOIE (Wolfe): N'est-ce pas que le type qui fait une prothèse
est obligé d'être habile en mécanique, habile dans le bois
ou dans le plastique, ou habile dans l'aluminium ou dans différents
métaux?
M. PARENT (Gérard): Je pense que ce qui fait un
prothésiste, c'est bon l'école mais c'est la
dextérité du type lui-même.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est ce que je m'imaginais. C'est pour cela que je
vous posais la question. C'est la créativité de la personne
elle-même.
M. PAUL: Est-il à votre connaissance que les élèves
qui fréquentent l'école doivent subir des cours
d'entraînement ou de cléricature dans des cliniques reconnues
avant d'obtenir leur diplôme?
M. PARENT (Gérard): Je n'ai jamais entendu parler de cela.
M. PAUL: Vous n'en avez jamais entendu parler. Alors le
diplômé de l'école n'a qu'une connaissance
théorique. C'est par la pratique...
M. PARENT (Gérard): Par la pratique.
M. PAUL: ... vous le faites vous autres qu'il devient un
excellent orthésiste ou prothésiste.
M. PARENT (Gérard): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Si le projet de loi conservait vos droits acquis et
décidait d'une façon ou d'une autre de vous accorder le titre de
membre à part entière de l'Association des prothésistes et
orthésistes du Québec, verriez-vous la nécessité de
conserver votre conseil de certification?
M. LE PRESIDENT: Un instant. Une intervention du ministre des Affaires
sociales.
M. CASTONGUAY: Pour qu'il n'y ait pas de confusion dans la discussion,
il n'y a pas de projet de loi présentement pour ce groupe.
M. LAURIN: Mais je pose la question en enlevant le projet de loi. Si le
gouvernement d'une façon ou d'une autre...
M. CASTONGUAY: C'est pour qu'il n'y ait pas de malentendu, ce n'est
pas...
M. LAURIN: ... maintenait vos droits acquis, favorisait et obtenait
votre incorporation dans cette association des prothésistes,
verriez-vous la nécessité de conserver ce conseil de
certification?
M. PARENT (Gérard): Non, je ne le verrais pas. Il n'y aurait pas
de nécessité.
M. LAURIN: C'est simplement un moyen que vous prenez de garder vos
droits acquis qui sont une chose...
M. PARENT (Gérard): Un moyen de protection. Je connais des types
qui étaient prothésistes ou orthésistes depuis 25 ans et
qui ont été refusés.
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires de la part des
membres de la commission?
Nous vous remercions beaucoup messieurs pour la présentation de
votre mémoire. J'invite, à la suite de ces derniers, les
praticiens en podiatrie de la province de Québec.
Je vous inviterais à vous identifier, s'il vous plaît, au
nom de votre organisme.
Les praticiens en podiatrie
M. PAQUET: Mon nom est Jean-Marie Paquet, avocat, et avec Me Smiley,
j'agis comme conseiller. Nous représentons les praticiens en podiatrie
de la province de Québec. J'aimerais vous présenter les membres
du conseil de cette association. Je les inviterais à se lever au fur et
à mesure. M. Robert Villeneuve, président des praticiens en
podiatrie, qui est attaché à l'hôpital Sainte-Justine; M.
Roger Bouchard, vice-président; Mme Wendelin Gardner,
vice-présidente,
qui travaille à l'hôpital Royal Victoria à
Montréal; M. Michel Tétrault, secrétaire et Mme Aline
Aubut, trésorière. Les directeurs sont les suivants: M. Robert
Colina, M. Jean-Guy Lambert, M. Maurice Bénard qui travaille en
collaboration avec l'hôpital Sainte-Jeanne-d'Arc de Montréal et
Mme Suzanne Hébert. Tous sont directeurs des praticiens en podiatrie de
la province de Québec.
J'inviterais Me Smiley à vous faire des remarques d'ordre
général sur le mémoire que nous avons
présenté. Après quoi, avec la permission de la commission,
je reviendrai sur des points particuliers. M. Smiley.
M. LE PRESIDENT: Une minute! Avant de commencer, j'aimerais vous
rappeler que vous avez environ une vingtaine de minutes pour exposer vos points
de vue sur votre mémoire.
M. PAQUET: C'est bien compris, M. le Président.
M. SMILEY: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je vous suis très reconnaissant de nous donner
l'occasion de faire des représentations verbales. Je comprends que les
praticiens ont été invités pour la séance du 28
août dernier, mais malheureusement l'avis fut envoyé au
président des praticiens au lieu d'aller à leur avocat et, par
conséquent, M. Andres étant en vacances, nous n'avons pas pu
faire nos représentations alors.
C'est pour ça que je remercie la commission de nous fournir une
autre occasion de le faire. Nous avons l'avantage d'avoir avec nous le Dr
Leboeuf qui représente le Collège des médecins et
chirurgiens. Nous avons l'appui dans notre attitude du collège. M.
Leboeuf sera invité, je l'espère, à faire quelques
remarques. Sans délai, je dois corriger quelques impressions qui furent
laissées lors de notre absence le 28 août. On avait indiqué
que les praticiens avaient une formation qui demandait, dans un cas, 45 heures
de préparation, dans un autre cas, 75 heures de préparation; je
crois que ceci est dû à un manque de mémoire plutôt
qu'à autre chose.
En effet, la plupart des membres des deux associations de podiatres,
soit les praticiens et la Société des podiatres de la province
qui furent entendus le 28 août, furent formés par le Centre de
formation en pédicure Inc. Alors, le centre est la seule école
pour former les podiatres dans la province de Québec et, d'après
ce qu'on me dit, même au Canada. Mon savant ami expliquera le curriculum
du centre de formation, mais je peux dire qu'en général on
enseigne la biologie, l'anatomie du corps entier, mais en donnant l'importance
à l'anatomie, naturellement, du pied, des mesures antiseptiques à
prendre, comment choisir des chaussures, les mesures préventives et la
pathologie pour reconnaître les conditions qui demandent des soins
médicaux ou chirurgicaux.
Dans le programme 2 du centre de formation, il est indiqué
qu'entre autres il faut avoir des connaissances pour reconnaître
certaines affections et maladies qui ont une influence directe sur la
santé du pied là, on réfère
immédiatement à un médecin ou bien à un chirurgien
orthopédiste entre autres, les crampes dans les jambes et les
pieds, le diabète, l'hémophilie, les varices et autres troubles
circulatoires des membres inférieurs, les affections de la peau,
l'infection microbienne, le rhumatisme, l'arthrite, la goutte.
Alors, avec ces études auxquelles s'ajoutent l'expérience
directe et les cliniques qu'ils tiennent pour développer la
dextérité, l'habilité, nous avons, dans la province de
Québec, environ 200 podiatres qui rendent service à une
population de 6 millions.
Ces services ont donné tant de satisfaction, paraît-il,
qu'on n'a jamais reçu une plainte. S'il y avait des cas qui demandaient
les services d'un médecin, ils étaient envoyés au
médecin. On n'a pas osé empiéter. C'est pour ça que
je suis bien d'accord sur la définition de la podiatrie qui se trouve
dans le projet de loi no 271. Notre effort était pour rendre bien clair
le fait que le podiatre ne devait pas empiéter dans ce domaine.
En pratique, les podiatres s'occupent, 80 p.c. du temps, à
soulager les douleurs dont on souffre, comme les cors, les callosités,
les ongles incarnés, les verrues. Pour les autres 20 p.c, on
considère des mesures préventives et correctives.
Ma première solution est que la formation qui est donnée
aux 200 podiatres comporte au moins 160 heures, et même plus, de
théorie et plusieurs heures de pratique, expériences de
soulagement et autres. Je crois que ces 200 podiatres sont absolument
nécessaires. Je propose que dans la future corporation les 200 podiatres
qui ont exercé cet art pendant au moins 3 ans à 5 ans comme
principal moyen de gagner leur vie devront être admis sans examen. Cela
me fait penser à ce que les comptables agréés ont fait.
Quand il fut proposé d'avoir un seul corps pour régir cette
profession, ils ont admis des gens qui pratiquaient la comptabilité et
qui avaient atteint un certain stage. Ils leur ont conféré le
qualificatif de comptable agréé. C'est la première
solution.
Deuxième solution. Il y a trois organisations. Les praticiens
sont les plus nombreux; la deuxième compte 57 ou 58 membres; la
troisième en compte 10 ou 20. On devrait donc choisir les membres du
bureau au prorata.
Merci. On m'indique qu'on a consommé une dizaine de minutes.
M. PAQUET: M. le Président, sur le texte du résumé
du mémoire qui a été préparé par Me Smiley,
j'aimerais vous faire certaines remarques. Vous vous souviendrez sans doute,
à la suite des dernières auditions, qu'il y a effectivement trois
groupes de podiatres au Québec: il y
a l'Association de podiatrie de la province de Québec, qui groupe
une vingtaine de membres et qui est celle mentionnée à l'article
17 du projet de loi 271; il y a deux atures associations, les Praticiens en
podiatrie du Québec qui, comptait, le 31 décembre 1971, 138
membres; et la Société de podiatrie qui comptait une cinquantaine
ou une soixantaine de membres. Les deux derniers groupes, la
Société de podiatrie et les Praticiens en podiatrie que
nous représentons ici cet après-midi possèdent la
même formation de base, et les deux groupes poursuivent des programmes
d'entraînement durant le cours de la pratique de la profession et de
perfectionnement.
Me Smiley vous soulignait tantôt que nous suggérons une
représentation, à la future corporation, au prorata du nombre de
membres actuellement et, deuxièmement, que nous demandons la protection
des droits acquis de ceux qui pratiquent la podiatrie et qui déjà
rendent service à la population depuis un bon nombre d'années. Je
vous indique par exemple que la clinique Wolfe, à Montréal,
clinique de podiatrie, existe depuis 1942.
Je vous inviterais à passer directement au texte des amendements
proposés, dont je n'ai pas l'intention de discuter avec vous la
rédaction détaillée, mais j'aimerais cependant souligner
certains points qui me semblent importants, D'abord, la définition,
à l'article 6, qui s'intitule: Texte proposé. Elle est, à
notre avis, plus restrictive que la définition proposée dans le
texte du...
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Est-ce que vous pourriez nous mentionner
à quelle page vous nous référez?
M. PAQUET: Je suis à la page 7, M. le Président, du
résumé, couverture verte. Il nous semble que la définition
que nous proposons colle plus à la réalité de ce qu'est la
formation et le champ d'activité du podiatre, de façon à
exclure toutes les interventions dhirurgicales et toute anesthésie en
profondeur; nous nous considérons, podiatres, non pas comme des
concurrents du médecin mais comme des collaborateurs du médecin
avec qui nous travaillons en étroite collaboration.
A l'article 7, je pense qu'il est important de souligner, encore une
fois, la différence, en ce qui nous concerne, entre l'orthèse
podologique et la prothèse. La prothèse est un appareil
mécanique de remplacement d'un membre, alors que l'orthèse est un
instrument de rééquilibre, de rééducation ou un
palliatif pour un membre amoindri mais toujours présent. Autant nous
admettons que les podiatres ne doivent pas être des commerçants de
souliers orthopédiques de série, autant nous croyons que la
confection d'une orthèse personnelle avec prise de mesures, ce qu'on
peut appeler, entre autres, le soulier moulé qui est un exemple, devrait
être du domaine du podiatre.
Finalement, à l'article 17, nous vous avons proposé un
texte qui aurait le mérite de reconnaître que seraient élus
aux postes de membres du bureau de la nouvelle corporation des membres en
proportion du nombre de membres des groupes existants et, deuxièmement,
que seraient éligibles à la corporation et les personnes
détentrices de diplômes et les personnes qui pratiquent la
podiatrie au Québec à l'heure actuelle. Il s'agit ni plus ni
moins, sans s'étendre davantage, de la clause grand'père qui est
standard et qui, évidemment, protège les droits acquis de
personnes qui rendent des services à la population depuis de nombreuses
années et qui le font, à mon avis, avec toute la
compétence requise pour le champ d'activité qui est le leur et
qui n'est pas du tout le champ de la médecine.
H s'agit de services spécifiques dans des cas spécifiques
pour lesquels la formation qui est donnée nous semble suffisante non pas
dans le sens qu'elle ne peut pas être améliorée nous
travaillons à l'améliorer mais dans le sens qu'elle assure
le minimum de protection auquel la population est en droit de s'attendre.
J'aimerais vous réinviter à regarder la page 7, au sujet
de la radiologie. Les praticiens en podiatrie sont parfaitement d'accord pour
ne pas avoir le droit ou le privilège de faire des radiographies ou de
pratiquer la radiologie. Il s'agit d'un domaine dans lequel ils ne sont pas
spécifiquement formés. Mais cependant, les podiatres croient
qu'ils devraient avoir le droit de référer un patient ou un cas
au radiologiste compétent de façon que l'examen radiologique
puisse être fait et que le podiatre puisse recevoir du professionnel
compétent le rapport de lecture et d'interprétation qui permettra
au podiatre d'appliquer le traitement podiatrique approprié dans le cas
où c'est un traitement podiatrique qui est la conséquence logique
de ce qui a été trouvé à l'examen radiologique.
Il nous semble que la procédure actuelle veut ceci: Prenez le cas
bien pratique d'un assisté social qui se présente au bureau du
podiatre et le podiatre, après examen, dit: Vous avez besoin d'une
radiographie ou d'un examen radiologique. A ce moment-là, ce qui se
passe, c'est que le podiatre est obligé de référer le
patient au médecin de médecine générale qui le
réfère à un radiologiste et qui le réfère de
nouveau, par la suite, au podiatre. Alors, ce sont des honoraires qui sont
payés, inutilement à notre avis, au moins pour
l'intermédiaire.
Je ne veux pas prolonger davantage le temps de cette séance de la
commission. Je termine ici l'exposé pour répondre aux
questions.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Suite aux représentations des
membres des praticiens en podiatrie de la province de Québec, j'invite
le ministre des Affaires sociales à prendre la parole.
M. CASTONGUAY: J'aimerais remercier les praticiens en podiatrie pour ce
mémoire. Est-ce que votre groupement possède une charte
présentement?
M. PAQUET: Notre groupement est enregistré auprès du
pronotaire de la cour Supérieure dans le district de Montréal
mais ne possède pas d'incorporation, ne constitue pas une corporation.
Même si cela serait souhaitable, à l'heure actuelle, ce n'est pas
le temps de le faire avec la loi proposée qui s'en vient.
M. CASTONGUAY: Très bien.
Vous dites que le Centre de formation de pédicure est un institut
constitué en vertu de la troisième partie de la Loi des
compagnies et qu'il fonctionne avec un permis du gouvernement.
M. PAQUET: Oui.
M. CASTONGUAY: Est-ce que les cours qui y sont donnés ont fait
l'objet d'études, de discussions avec le ministère de
l'Education? De quelle nature est ce permis, en fait?
M. SMILEY: Je suis au courant. Nous avons assisté à une
assemblée du ministère de l'Education. Nous avons
décidé qu'aucune personne ne peut se présenter pour le
cours donné par le centre de formation à moins que le candidat ne
possède une éducation secondaire complète,
c'est-à-dire jusqu'à la douzième année. Nous avons
obtenu un permis.
M. PAQUET: Voici la référence juridique, M. le
Président; il s'agit du permis no 470, émis en vertu de la Loi de
l'enseignement privé, chapitre 67 des lois de 1968. Il s'intitule:
Enseignement professionnel, recyclage, pédicure.
M. CASTONGUAY: Outre l'exigence de la douzième année,
est-ce que les cours qui y sont donnés, leur durée, leur
composition, le choix des sujets, etc. ont fait l'objet de discussions avec le
ministère de l'Education?
M. SMILEY: Oui. On a soumis le cours complet, qui comprend l'anatomie,
l'ostéalgie, la biologie, la physiologie générale, les
ongles, la verrue plantaire, le massage, la mobilité, la gymnastique,
notions de pathologie élémentaires, dictionnaire pathologique,
terminologie, troubles de la circulation dans les jambes et les pieds,
affections des glandes sudoripores, le pied normal et sa structure, les
déformations, malformations du pied, la chaussure, comment acheter les
chaussures, les chaussures orthopédiques, les semelles
orthopédiques, l'histoire de la pédicurie et déontologie.
Je crois que ceci est contenu dans le mémoire qui fut soumis avant le
résumé que j'avais préparé.
M.CASTONGUAY: Vous avez fait état de trois groupes qui existent
au Québec.
M. SMILEY: Oui.
M. CASTONGUAY: Vous avez dit que deux de ces groupes comptent tant et
tant de membres. Ils ont à peu près le même niveau de
formation.
M. SMILEY: Oui.
M. CASTONGUAY: Le troisième groupe compte moins de membres, une
vingtaine.
M. SMILEY: Oui.
M. CASTONGUAY: Si j'ai bien compris, leurs études sont d'une
durée de quatre ans. Ils vont aux Etats-Unis et c'est là que la
plupart ont pris leur formation. A votre avis, est-ce qu'ils s'agit là
d'une formation superflue? En fait, il y a une distinction. Si vous pouvez, en
160 heures, acquérir la compétence nécessaire, qu'est-ce
qu'ils font pendant les quatre ans?
M. SMILEY: M. le Président, il n'y a que deux ou trois membres
qui ont une formation américaine de podiatrie. Les autres sont des
autodidactes. Cette formation, je ne le crois pas, n'est pas supérieure
à la formation européenne, soit le cours de pédicurie en
France ou la "Chiropody" en Angleterre. En effet, M. Gran et M. Andrès
ont la même formation de pédicurie, je crois, en France, et ils
sont très habiles. Ils rendent des services énormes et ils
soulagent les douleurs qui nous affligent.
Je crois que le bureau de la corporation pourra, pendant les cinq
premières années, établir un cours adaptable à la
population de la province de Québec. Pour le moment, je crois que la
population a grandement besoin des services de ceux qui furent formés
par le centre ou les écoles européennes et américaines ou
celles des autres provinces, s'il y en a. Ceux-là devront remplir le
vide qui existera, s'il ne leur est pas permis de pratiquer leur
profession.
M. PAQUET: M. le Président, si vous me le permettez, sur la
même question de l'honorable ministre, j'aimerais souligner que les
praticiens en podiatrie, tout en reconnaissant le rôle très
important qui a été joué par le Centre de formation de
pédicure de Montréal c'était la seule école
qui existait dans le temps seraient fort heureux de voir cette
matière s'enseigner après le secondaire, au niveau du CEGEP, de
façon que ce type d'éducation soit accessible à plus de
candidats dans le système public.
Egalement sur la question de l'éducation, j'aimerais bien que M.
Villeneuve, le président actuel des praticiens, fasse état de ce
qui s'est fait comme recyclage pour la majorité des praticiens en
podiatrie.
M. VILLENEUVE: Nous avons, depuis trois ans, étudié et
recyclé nos membres en pathologie des pieds, par des cours donnés
par des orthopédistes, en biologie par des techniciens en pharmacologie
et en dynamique du pied. Est-ce que cela répond bien à votre
question, M. le ministre?
M. PAQUET: Sur la même question, également, M.
Tétrault, le secrétaire, me souligne il est de formation
américaine que les "chiropodists" ou "podiatrists" des Etats-Unis,
qui ont quatre ans de formation, pratiquent, eux, la chirurgie complète
du pied et que, par conséquent leur champ d'activité est beaucoup
plus large que ce que les podiatres demandent, au Québec, comme champ
d'activité. Le terme est le même, mais la réalité
médicale ou professionnelle n'est pas la même aux Etats-Unis
qu'ici. Je voudrais quand même souligner ce fait.
M. CASTONGUAY: Vous dites qu'ils pratiquent la chirurgie totale
je ne sais pas quel terme vous avez employé du pied. Sont-ils
membres des collèges de médecins, aux Etats-Unis? Je peux
peut-être répondre?
M. VILLENEUVE: Nous croyons que, dans le moment, les quelques praticiens
qui sont de formation américaine, ne font pas d'opérations du
pied. Ceux que je connais à Montréal, dans le moment, ne le font
pas.
M. CASTONGUAY: Votre collègue me disait que ceux qui
étaient formés aux Etats-Unis, faisaient de la chirurgie au plein
sens du terme.
M. VILLENEUVE: Oui, ils en font.
M. CASTONGUAY: Ma question était: Est-ce qu'ils sont membres des
collèges de médecins aux Etats-Unis?
M. VILLENEUVE: Du Collège des podiatres, je crois.
M. SMILEY: Je crois qu'il serait dangereux de permettre à un
podiatre d'empiéter sur le champ des chirurgiens. J'ai grandement peur
de cela. C'est pour cela que j'aime tellement la définition actuelle du
projet de loi, à l'article 6.
M. LAVOIE (Wolfe): Surtout ceux qui suivent leur cours par
correspondance, ce serait plus dangereux de les laisser faire de la
chirurgie.
M. SMILEY: Le cours par correspondance demande beaucoup de
caractère, parce que celui qui fait ses devoirs chez lui, d'après
la correspondance, a plus de caractère que celui qui assiste à
l'école où il faut écouter. Et ce cours est terminé
par une clinique de trois semaines, de dix heures par jour, pour le
bénéfice de ceux qui ne peuvent pas payer pour des soins
podiatriques.
M. PAQUET: Je ne voudrais pas laisser la question sans réponse.
J'aimerais bien que M. Tétrault, qui est de formation américaine,
vous dise exactement ce qui se passe aux Etats-Unis dans ce domaine, si la
commission est intéressée à le savoir. M.
Tétrault.
M. TETRAULT (Michel): Je vous remercie. Tout d'abord, je dois souligner
que je ne suis pas de formation américaine, bien que j'aie passé
mes concours aux Etats-Unis; je suis de formation anglaise. Mais ce qui se
passe aux Etats-Unis, c'est qu'on leur a donné un champ d'action plus
vaste et qui ne nous serait pas permis ici dans la province de Québec,
parce qu'ils agissent là-bas comme des chirurgiens, ils font même
des amputations. Ce ne serait pas permis dans la province de Québec,
nous avons déjà nos orthopédistes qui s'occupent de ces
choses. Et ça tombe complètement dans le domaine médical,
parce qu'on ne peut pas nous accepter.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous reçu la formation chez le Dr
Scholl?
M. TETRAULT (Michel): Non, monsieur, du Northen Institute Therapeuty, et
nous passons nos concours plus maintenant parce que l'Angleterre a
maintenant ses lois aussi aux Etats-Unis. Non pas du Dr Scholl, je
regrette.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: M. Smiley a insisté sur le fait que les podiatres
étaient formés à l'école de pédicure. Quels
sont les professeurs qui enseignent à cette école? Est-ce que ce
sont des orthopédistes?
M. SMILEY: Si je comprends bien, c'est M. Paul Andrès
lui-même.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a quelqu'un de l'école ici?
M. LAMBERT: Je peux répondre. Nous suivons un stage de
pédicurie scientifique qui se limite au traitement du pied et à
la partie théorique en ce qui concerne l'anatomie et la biologie. Ces
cours sont donnés par M. Andrès lui-même.
Il y a un deuxième cours...
M. BOIVIN: Quelle formation a-t-il?
M. LAMBERT: II a la formation européenne. Il détient ses
certificats d'Europe, je ne pourrais vous dire...
M. BOIVIN: Est-ce que c'est un orthopédiste?
M. LAMBERT: Non, c'est un pédicure européen, de formation
européenne.
M. BOIVIN: Qui enseigne l'anatomie et...
M. LAMBERT: II donne des cours en anatomie, biologie et dirige des
stages pratiques sur la façon de traiter les pieds du patient en
clinique. Il y a un deuxième cours qui vient se greffer à
celui-là, qu'on dit cours de perfectionnement, qui se consacre
essentiellement à la question orthèse, la
rééducation du pied, kinésithérapie. Je pense que
vous avez une vue d'ensemble assez complète du cours qui se donne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Au point de vue pratique, en quoi consiste votre cours? On
donne des cours théoriques, mais au point de vue pratique?
M. LAMBERT: Au point de vue pratique, l'école est
équipée de cabines qui reçoit, dans le jour, le public. Le
soir, ces mêmes cabines sont mises à la disposition des personnes
qui ne peuvent pas défrayer les soins podiatriques, parce qu'au point de
vue pécuniaire elles n'ont pas les moyens. Et l'étudiant
travaille directement sur le patient. Il apprend à faire
l'exérèse des cors, traiter la verrue plantaire ou l'ongle
incarné, etc.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: Combien de temps dure votre cours? Je comprends qu'il y a de
45 à 200 heures. Depuis quand se donne-t-il en 200 heures et...
M. SMILEY: Un cours est d'un minimum de 168 heures et l'autre de 200
heures à part les cliniques pratiques.
M. BOIVIN : Réparties sur combien d'années?
M. LAMBERT: Réparties actuellement sur une période d'une
année où l'étudiant suit des cours un soir par semaine,
quatre heures par jour, et ensuite, il a deux samedis par mois au complet.
M. SMILEY: Et je dois ajouter qu'il y a des examens trimestriels.
M. BOIVIN: Maintenant, vous disiez tout à l'heure que vous
collaborez de façon très étroite avec les médecins.
Une association s'est présentée devant la commission qui nous a
dit qu'elle était appuyée même par des orthopédistes
et qui travaillait sous l'autorité des orthopédistes. Mais de
quelle façon pouvez-vous prouver, vous, votre association, que vous
travaillez de façon aussi étroite avec les médecins?
M. BOUCHARD: Mlle Gardner va répondre à cette question,
s'il vous plaît.
MLLE GARDNER: I work in a hospital and I work directly with the doctors
in conjonction with them to take care of the diabetics and the skin problems,
and all the patients are referred by the doctors directly to me. I look at
their feet, making a charter for what I think is wrong. They consult me and we
work for the patient's good together and they leave me in charge of the care of
their feet. If I think that during the treatment the patients are not stable
and diabetics or are not taking care of themselves properly, we refer the
patients backwards and forwards to each other so that they constantly hoped the
best of both of our knowledge, because the doctors, although they know a lot
about feet they prefer someone who is constantly dealing with this and who sees
the problems all the time to deal with these patients.
M. LAVOIE (Wolfe): When you speak about doctors, do you speak about
orthopedists or only ordinary doctors?
MLLE GARDNER: They are all specialists in their own field. They are
metabolic disorders specialists. I also have orthopedic men, dermatologists,
they all come to their special clinics and most of them head of their own
departments.
M. LAVOIE (Wolfe): It is not only for skin problems?
MLLE GARDNER: No, it is for all of them. Every patient in the hospital
who has something wrong with the circulatory system whether it is metabolic or
anything like that may be referred to me in the hospital, but they are all
specialists in their own field.
M. LAVOIE (Wolfe): What kind of course did you had yourself, Miss
Gardner?
M.LLE GARDNER: I was trained at the London Foot Hospital, London
England, for three years.
M. LAVOIE (Wolfe): How many of your people have been trained over
there?
MLLE GARDNER: How many are in the society at the moment?
M. LAVOIE (Wolfe): Yes.
MLLE GARDNER: In Canada or in England?
M. LAVOIE (Wolfe): In your organisation right now, how many of your
people?
MLLE GARDNER: Twenty five or thirty.
M. LAVOIE (Wolfe): Out of the 138 members, 25 have been trained in
England, is that it?
MLLE GARDNER: About that.
M. LE PRESIDENT: This answers the question?
Le député de Bourget.
M. LAURIN: Vous avez parlé...
M. LAVOIE (Wolfe): Une autre petite question. J'apprenais que
c'était M. Villeneuve le président, maintenant, depuis quand
êtes-vous président?
M. VILLENEUVE: Trois semaines.
M. LAVOIE (Wolfe): Qui était président avant?
M. VILLENEUVE: M. Andrès.
M. LAVOIE (Wolfe): Quelles sont les raisons qui ont motivé
ce...
M. VILLENEUVE: Raisons personnelles, il a démissionné,
c'est personnel.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il enseigne encore à l'école?
M. VILLENEUVE: Oui, il enseigne.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il a démissionné il y a trois
semaines de l'école ou s'il enseigne encore actuellement?
M. VILLENEUVE: II enseigne encore et il continue son école mais
il était trop occupé pour occuper la présidence de la
Société des praticiens en podiatrie.
M. LAVOIE (Wolfe): Je parlais justement des produits du Dr Scholl;
à votre clinique, avez-vous des relations quelconques ou je pourrais
dire assistance technique ou morale de cette compagnie qui vend des produits
pharmaceutiques ou des produits de prothèses ou des produits
quelconques?
M. VILLENEUVE: Nous n'employons pas, dans notre association, des
produits du Dr Scholl. Nous employons les méthodes enseignées. On
sourit là-bas, je ne sais pas pourquoi.
M. CASTONGUAY: Non, non on se demandait si le député de
Wolfe était actionnaire de la compagnie du Dr Scholl.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je demande à l'assistance
et aux représentants de ne pas manifester par des applaudissements ou de
quelque façon que ce soit.
L'honorable député de Dubuc.
M. BOIVIN: J'aurais encore une question à poser...
M. LAVOIE (Wolfe): J'aimerais savoir si ces produits sont vendus dans
tous les magasins et si ces gens ont des rayons dans un magasin quelconque pour
faire vendre plus de chaussures et plus de "pads".
M. VILLENEUVE: Des scaphoides et des métatarsiens.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui, des affaires de même.
M. VILLENEUVE: Excusez-moi, mais non. M. LE PRESIDENT: Le
député de Dubuc.
M. BOIVIN: Vous avez demandé de pouvoir sortir des ordonnances
afin de passer des rayons X. Mais quelle préparation scientifique
avez-vous pour interpréter des rayons X?
M. VILLENEUVE: Nous, les praticiens, nous ne regardons pas seulement le
sujet debout. Lorsque le sujet entre on ne lui dit pas: Tu as besoin de
ça. Nous faisons un examen qui n'est pas médical, mais nous
voyons si les genoux, les pieds sont faibles ou si c'est un affaisement des
chevilles, interne, externe je ne vous donnerai pas les autres termes
ou si le pied est plat ou si ce sont les métatarsiens. Si nous
voyons que ce n'est pas notre domaine, nous le référons à
un orthopédiste avec lesquels je fais bien affaires. Tout à
l'heure, vous avez posé une question: "Comment faites-vous? " Dans le
moment, pour référer notre patient à un
orthopédiste, il faut le retourner à son médecin
omnipraticien à qui on envoie la description de ce qu'il a. Celui-ci
retourne le patient à l'orthopédiste et l'orthopédiste
nous le retourne avec une ordonnance à exécuter.
M. BOIVIN: Quelle préparation avez-vous pour interpréter
une radiographie? Combien de cours suivez-vous pour interpréter des
radiographies?
M. VILLENEUVE: On ne veut pas interpréter des radiographies. On
veut prendre l'ordonnance et, plus tard, interpréter les radiographies
quand nous aurons mis à jour nos cours de recyclage dans cette
optique.
M. BOIVIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Vous avez fait état, tout à l'heure, d'une
collaboration de votre association avec le Collège des médecins;
vous avez même mentionné le nom du Dr Leboeuf. De quel type est
cette collaboration? Est-ce que le Collège des médecins a
été sollicité par vous en vue de l'examen de votre
curriculum? Est-ce que vous avez sollicité son aide en tant que
consultant pour l'amélioration du curriculum? En
général, de quel type de collaboration faites-vous
état?
M. SMILEY: Je sais que M. Andrès était toujours en
communication avec le Dr Roy, registraire du Collège des médecins
et chirurgiens. Je sais aussi qu'on lui avait soumis le résumé
pour avoir ses commentaires et que le collège a été
très satisfait.
M. LAURIN: Satisfait de quoi? De votre programme d'études ou de
vos activités?
M. SMILEY: De nos activités.
M. LAURIN: Est-ce qu'il a examiné votre programme
d'études?
M. SMILEY: Je ne le sais pas.
M. LAURIN: C'est une question que je pose à l'un ou l'autre.
M. LAMBERT: Pour répondre à la question du programme
d'études, nous sommes entrés en communication avec le
Collège des médecins et le Dr Roy est tout à fait
conscient de la formation de la majorité des podiatres de la province de
Québec. Le Dr Roy est conscient aussi que nous devons nous recycler.
C'est pourquoi, avec le bon appui du Dr Roy, nous avons structuré des
symposiums ou des journées d'études dans lesquelles des
orthopédistes comme l'a mentionné tout à l'heure
notre président des techniciens en pharmacologie, des
spécialistes du diabète, des fibrologues nous ont donné un
ensemble de cours, mais disons que ce n'est pas complet. Nous travaillons
encore à nous recycler. La preuve en est que cette année nous
avons encore des symposiums qui sont organisés et nous continuons. Mais
nous espérons que le gouvernement saura peut-être clarifier la
chose et nous permettra un jour ou l'autre de travailler en collaboration
encore plus intense avec le corps médical et, un jour, avec les
autorités de tous les hôpitaux de la province de
Québec.
M. LAURIN: A la lumière de votre réponse, croiriez-vous
nécessaire, une fois le présent projet de loi adopté,
d'étoffer davantage la partie théorique de votre programme
d'études?
M. LAMBERT: A ce moment-là on pourra étudier, on pourra
voir clairement la situation, ce que le gouvernement attend du podiatre
québécois. Actuellement, c'est un peu confus. On nous arrive avec
des théories américaines, des théories européennes.
Disons que ces choses sont bonnes mais, en tant que Québécois,
nous espérons qu'une loi va nous éclairer là-dessus pour
orienter et compléter notre formation.
M. LAURIN: Une dernière question; est-ce que vous êtes
mêlés de près ou de loin à la fabrication de
chaussures qu'on pourrait appeler prothèses?
M. VILLENEUVE: Oui, nous le sommes. M. LAURIN: De quelle
façon?
M. VILLENEUVE: En prenant les empreintes, des fois dans l'espace, des
fois de façon stable selon les conditions du patient. Nous faisons
fabriquer les chaussures nécessaires pour le patient.
M. LAURIN: Vous dites que vous faites fabriquer. Est-ce qu'il y a des
cas que vous connaissez où vous fabriquez vous-mêmes les
chaussures?
M. VILLENEUVE: Nous améliorons les chaussures mais ne les
fabriquons pas.
M. LAURIN: Aucun praticien en podiatrie ne fabrique de chaussures?
M. VILLENEUVE: Pas à ma connaissance.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, j'aurais quelques petites questions
à poser aux praticiens en podiatrie. Je ne m'adresse à personne
en particulier, celui qui voudra bien me répondre sera bienvenu.
Vous avez parlé tout à l'heure d'un acte probablement
médical, un petit point infime en ce qui touche la santé de
l'être humain. Dans le cas d'exérèse des cors, quel
résultat obtenez-vous des gestes que vous posez? Je crois et mon
opinion est partagée par plusieurs autres que la majorité
des gens, lorsqu'il s'agit de cors, se traitent eux-mêmes. J'en ai vu
plusieurs et je n'ai jamais constaté de différence entre celui
qui se traite lui-même et celui qui est traité par un podiatre. Il
y a autre chose. En général cela m'a été
rapporté par plusieurs lorsqu'un médecin ou un
orthopédiste réfère un cas à un podiatre, ne
pensez-vous pas qu'il le fait parce qu'il ne veut justement pas, pour des
raisons que je n'ai pas besoin de mentionner, s'occuper de ces cas?
D'autre part, ne pensez-vous pas qu'il est difficilement acceptable que
des personnes qui s'adonnent à la podiatrie travaillent seules en
cabinet privé? Ne pensez-vous pas, par exemple, que, si vous travailliez
dans un centre de santé au sein d'une équipe médicale,
cela serait beaucoup plus approprié?
M. COLINA: Si vous me le permettez, je répondrai d'abord à
la première question. Pour l'exérèse d'un cor, c'est vrai
que, dans le marché, il existe des genres d'emplâtres; je ne
voudrais pas dire le nom parce que cela ferait
certainement plaisir à un certain monsieur si je nommais la
compagnie. Ce sont des produits à base d'acide salycilique et,
automatiquement l'acide salycilique a la propriété de ramollir
les tissus. Mais cela n'enlève absolument pas le cor et, de plus, cela
peut causer certains problèmes très graves. Mais on peut dire
je crois que tous les podiatres seront d'accord avec moi que le
podiatre enlève définitivement le cor.
M. SAINDON: Le cor ne reviendra pas?
M. COLINA: Pardon. Tout est relatif sur terre. Si vous n'évitez
pas ce qui a provoqué le cor, cela veut dire, donc, la compression, le
frottement, indubitablement cela va revenir.
M. SAINDON: Seulement une question sur le même sujet.
M. COLINA: Oui.
M. SAINDON: Qu'est-ce que vous pensez de la radiothérapie dans le
traitement des cors?
M. COLINA: Je vais vous dire en toute sincérité
là, je vais me permettre de prendre l'exemple de Jean Lelièvre,
un très grand orthopédiste qui l'a dit que c'est un
assassinat. Indubitablement, on peut retirer un cor par la bombe au cobalt. On
peut le retirer par le radium. On peut le retirer par ce qu'on appelle la neige
carbonique. On peut faire même une opération chirurgicale et,
plusieurs fois, nous avons vu que, pour un simple cor, on a coupé
même un doigt du pied. Je pense quand même que c'est une chose
bénigne.
Qu'est-ce qu'un cor? C'est la couche cornée qui est
kératinisée et fait une pointe. Automatiquement, cela crée
une douleur. Le but, la finalité du podiatre, c'est de le retirer.
M. SAINDON : J'aurais une petite remarque à faire
là-dessus. Premièrement le cobalt n'est pas utilisé dans
l'exérèse des cors. Deuxièmement,... Ecoutez, vous prenez
un "tank" pour écraser une fourmi
M. COLINA: Exactement.
M. SAINDON : La comparaison ne tient pas tellement. Remarquez bien que
la radiothérapie, dans l'exérèse des cors, vaut n'importe
quel traitement.
M. COLINA: Je me réfère justement aux maîtres de la
podologie, qui est la podiatrie, disons, en français. Automatiquement,
on peut utiliser beaucoup de choses. On peut faire aussi une chirurgie, bien
entendu. Mais est-ce que pour casser une noisette, on utilise un
marteau-pilon?
M. SAINDON : Avez-vous essayé de faire de la chirurgie sur un
cor? Allez-vous être capable de fermer la plaie après?
M. COLINA: Un chirurgien fait des points de suture.
M. SAINDON: II va faire de la plasticie mais il ne fera pas de la
chirurgie.
M. COLINA: Nous autres, nous ne faisons pas ça.
M. SAINDON : II ne fermera pas simplement la plaie.
M. COLINA: Nous ne faisons pas ça. Nous retirons le cor,
Automatiquement on met un cicatrisant ou un produit X et la plaie se
referme.
M. SAINDON: De toute façon, la majorité des gens les
enlèvent eux-mêmes. Je me demande pourquoi ils iraient vous voir.
C'est encore assez dispendieux. Alors, si les gens sont capables de le faire
eux-mêmes, je m'interroge.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'un chiropodiatre?
M. VILLENEUVE: Un chiropodiatre? M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M.VILLENEUVE: Nous n'en connaissons point.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il n'y en a pas dans l'association?
Regardez dans votre mémoire.
M. COLINA: Non, c'est chiropodiste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Chiropodiste! En tout cas, disons un chiro avec
un podiatre. Qu'est-ce qu'un chiropodiste?
M. COLINA: C'est l'appellation du podiatre en Angleterre. Ici, le
problème est le suivant. Automatiquement, dans les pays anglophones,
tout au moins en Angleterre, le podiatre s'appelle "chiropodist". Podiatre
vient du terme américain "podiatrist". Ensuite, vous avez, par exemple,
en France le terme pédicure. Automatiquement, on joue sur ces trois
mots.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez dans votre mémoire, à
la fin, une annexe signée par M. Albert Raymond, de l'Association des
podiatres.
Il dit qu'après des réunions, l'Association des podiatres
de la province de Québec, une résolution fut prise sur
l'admission de nouveaux membres. Premièrement, tous les chiropodistes
pratiquant... Et on donne les conditions.
M. COLIN A: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors il y a donc admission et on les appelle
des chiropodis-tes.
M. COLINA: Oui. Justement, c'est comme dans notre association, il y en a
beaucoup de formation anglaise qui s'appellent chiropodis-tes, de formation
française, qui s'appellent pédicures et, automatiquement,
quelques-uns de formation américaine. On est obligé d'englober
ces trois terminaisons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez des statistiques, ailleurs, qui
donnent, à la page 2, 50 autodidactes ou sans formation suffisante, sur
un total de 210. Vous nous avez donné des statistiques, au début
de votre intervention. Dans les praticiens, vous en avez 138; dans la
Société de podiatrie, vous en avez 50 ou 60. Je retiens le
chiffre 60. Cela fait donc 198. Et 198 sur 210, c'est presque le total. Alors
les 50 qui ont une formation d'autodidacte ou insuffisante se retrouvent donc
aussi dans vos deux groupes.
M. COLINA: Bien entendu, oui. Dans les trois groupes, même, on
pourrait dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les trois groupes. J'avais retenu, je ne
sais pas si je fais erreur que peut-être dans le groupe, l'association...
vous avez mentionné avec quel groupe vous avez plus ou moins de
relations. Est-ce que dans ce groupe en entier, ils auraient besoin d'un
recyclage ou si vous leur reconnaissez une certaine formation?
M. COLINA: Bien entendu.
M. SMILEY: Je crois que dans le plus petit groupement, l'association, il
y en a deux ou trois qui ont une formation américaine. Les autres, je
crois, sont des "self-taught".
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que vous avez représenté,
aussi, au début de votre mémoire... la loi telle que
rédigée... la composition de l'organisme serait
contrôlée par le groupe le moins nombreux. C'est pour cela que
vous avez demandé une modification à votre mémoire.
M. SMILEY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez également fait une analyse du
nombre de podiatres par chiffre de population, dans différents pays.
M. COLINA: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous l'avez fait dans votre mémoire. Aux
Etats-Unis, vous avez environ 20,000 soit 18,350 et en France,
c'est là où il y en a le plus, vous avez un podiatre pour 5,000
habitants. Tenant compte de ces statistiques, ce que nous avons dans le
Québec, actuellement, vous arrivez à un podiatre pour 32,500.
Alors, vous dites qu'il nous faudrait, évidemment, former une centaine
de nouveaux podiatres. Croyez-vous que c'est possible, dans un délai
relativement court, d'intéresser suffisamment de jeunes à entrer
dans cette profession?
M. PAQUET: Je pense que, si nous voulons être réalistes,
pour former 100 nouveaux podiatres, il faut envisager un délai de 2
à 3 ans. Il n'est pas question de pouvoir les former en six mois. Si le
président me le permettait, j'aimerais me référer à
l'annexe dont l'honorable député a parlé tantôt, qui
s'intitule "Clinique Raymond". J'aimerais bien qu'il soit clair que ce document
émane non pas des praticiens en podiatrie que nous représentons,
mais bien de l'association dont il est fait mention dans le bill 271.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que j'ai dit tantôt. C'est M.
Raymond, de l'Association des podiatres, qui a signé la lettre.
M. PAQUET: J'avais mal compris, je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela me satisfait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Une courte question. Le président, M. Villeneuve, a
mentionné que vous envisagez une formation au CEGEP pour l'avenir.
Est-ce qu'à ce moment cette demande a été faite ou
avez-vous des consultations avec le ministère de l'Education à ce
sujet?
M. VILLENEUVE: C'est M. Tétrault qui est chargé de
l'éducation et du recyclage.
M. TETRAULT (Michel): A ce jour, nous avons contacté, au
début, la direction de certains CEGEP et, actuellement, nous sommes en
pourparlers pour leur exposer en quelque sorte les besoins scolaires qu'auront
nos futurs podiatres. Il faudrait qu'ils commencent une secondaire V et,
ensuite, qu'on leur donne ce qui est nécessaire à la poursuite de
leurs études. Ceci est déjà en cours, mais non
complété.
M. PERREAULT: Cette option n'a pas été
agréée encore par le ministère de l'Education?
M. TETRAULT (Michel): Non, mais cela viendra sous peu. Nous sommes en
pourparlers avec eux; nous échangeons des lettres et vous savez que
ça prend un petit moment.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ceci termine les questions de la part des
membres de la commission? Je remercie, au nom de la commission, les membres de
l'Association des oto-rhino-laryngologistes de la province de Québec, la
Société d'orthophonie et d'audiologie de la province de
Québec, l'Association des prothésis- tes et orthésistes de
Québec, les Praticiens en podiatrie de la province de Québec et
le Conseil de la certification des prothésistes et orthésistes de
Québec pour la présentation de leurs mémoires.
La commission ajourne ses travaux au 12 octobre, à dix heures du
matin.
(Fin de la séance à 17 h 56)