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Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du jeudi 21 septembre 1972
(Dix heures quinze minutes)
M. GIASSON (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre messieurs!
Bonjour mesdames; la plus cordiale bienvenue à la commission
parlementaire des corporations professionnelles. Pour commencer les
activités de la journée, nous entendrons l'Association des
infirmières et infirmiers de la province de Québec. Je pense que
ces gens-là sont déjà représentés à
la table devant nous. J'inviterais le porte-parole officiel à
déposer son mémoire.
Association des infirmières et infirmiers de la
province de Québec
MLLE BUREAU: M. le Président, M. le ministre Castonguay,
messieurs les membres de la commission parlementaire, je vais d'abord me
présenter. Je suis Rachel Bureau, présidente de l'Association des
infirmières et infirmiers de la province de Québec. Je suis
accompagnée, à mon extrême gauche, par Mlle Claire
Bélanger, présidente du comité de législation de
l'association. Mlle Bélanger, en plus de son cours d'infirmière,
a à son crédit un cours de technicienne en radiologie
médicale, un diplôme d'infirmière hygiéniste et un
certificat de nursing psychiatrique. Elle a oeuvré dans ces
différents champs d'activité.
Ensuite, M. Jules Duchesneau, conseiller juridique de l'association. A
mon extrême droite, Mlle Denise Lalancette, qui est présentement
infirmière clinicienne au centre hospitalier de l'Université de
Sherbrooke. Après avoir enseigné à l'Ecole des sciences
infirmières de l'université Laval et dans une école
traditionnelle, elle a, entre autres, travaillé à Port-au-Prince,
à Haïti. Mlle Lalancette a une maîtrise en nursing de
l'Université de Boston.
Mlle Claire Martin a une expérience au chevet du malade dans les
hôpitaux de la province de Québec et au Vietnam. Elle a, de plus,
de l'expérience en éducation infirmière à
l'école traditionnelle et au CEGEP. Mlle Martin, qui détient un
diplôme en hygiène, est présentement étudiante au
niveau de la maîtrise à l'Université de Montréal.
Finalement, je suis accompagnée de Mlle Nicole DuMouchel, directrice
générale et secrétaire-registraire de notre association.
Malgré son jeune âge, Mlle DuMouchel a une expérience
très diversifiée. Elle a oeuvré dans le domaine de
l'éducation, elle a acquis de l'expérience dans les
différentes spécialités cliniques, dans un service de
soins à domicile, dans les services infirmiers de l'armée.
A l'emploi du Conseil canadien d'accréditation des
hôpitaux, elle a préparé des normes pour les soins à
long terme. En plus de visiter plusieurs hôpitaux du Canada pour faire
l'évaluation du service des soins infirmiers, Mlle DuMouchel
possède une maîtrise en nursing (administration) de
l'Université de Montréal.
M. le Président, nous avons l'honneur de présenter aux
membres de la commission parlementaire le mémoire préparé
par les membres de notre corporation sur les bills 250 et 273. Pour faciliter
la manipulation des nombreux documents remis aux membres de la commission, nous
avons pensé réunir nos deux mémoires dans une même
brochure.
M. le Président, la présence de nombreuses
infirmières et infirmiers ici ce matin prouve éloquemment
l'intérêt que notre profession démontre à l'endroit
de ces lois. En premier lieu, nous voulons féliciter et remercier le
ministre des Affaires sociales d'avoir proposé une loi-cadre pour les
professionnels de la santé et les autres professions. Nous sommes
d'accord sur le principe de cette loi. De plus, nous voulons dire notre
appréciation pour les modifications que le ministre a proposées
la semaine dernière, lesquelles rendront plus autonomes les
corporations.
Nous comprenons, M. le Président, que le code des professions a
été préparé pour l'ensemble des corporations, qui
totalisent environ 90,000 membres. Mais la nôtre, qui groupe à
elle seule 40,000 membres, aurait de sérieuses difficultés
à fonctionner sans l'obtention de quelques modifications. Tenant compte
de notre nombre et également de notre représentation
géographique, nous aimerions porter à l'attention des membres de
la commission parlementaire quelques points ressortant de notre mémoire
sur le bill 250 et ensuite traiter du bill 273.
L'article 18 du bill 250 impose aux corporations l'obligation de
financer le conseil interprofessionnel au prorata de leurs membres. Nous
soumettons aux membres de la commission qu'étant 40,000 nous financerons
près de 50 p.c. des dépenses du conseil dont le travail par
ailleurs n'a aucune relation avec le nombre de membres d'une corporation.
De plus, si nous comparons les salaires des membres de notre profession
avec le revenu, par exemple, des avocats et des médecins, on peut dire
que nous sommes des économiquement faibles. Nous demandons donc qu'une
formule plus équitable soit établie et nous faisons
entièrement confiance aux actuaires pour la trouver.
En ce qui concerne le fonds d'indemnisation, nous vous
référons à notre mémoire, aux pages 5 et 6 qui font
état de la non-utilité de cette mesure pour les membres de notre
profession à qui on confie sa vie mais non son porte-monnaie. Dans le
chapitre des assemblées générales, l'article 98 du bill no
250 établit à cent le quorum pour une corporation de 1,500
membres et plus. En outre, le droit de vote à
l'assemblée générale de la corporation est
donné à tout membre présent à
l'assemblée.
Etant donné toujours le grand nombre de membres, il n'y a, dans
la province, que deux villes où nous pouvons tenir une assemblée
générale, soit Montréal et Québec. En
conséquence, les membres des autres régions de la province
seraient lésés dans leurs droits. Nous demandons de conserver le
statu quo, soit la formule que nous accorde notre loi actuelle: un
délégué votant par 100 membres, dont les dépenses
sont entièrement payées par l'association, que ce soit une
déléguée des Iles-de-la-Madeleine ou de Chibougamau.
Cette façon de procéder consacre le principe de
représentation régionale et assure plus de démocratie en
permettant aux membres de toutes les régions de participer aux
décisions. Sans cette façon de procéder, la corporation
tomberait sous le contrôle, en fait, sinon de droit, des membres des
régions de Montréal et de Québec.
M. CASTONGUAY: A Montréal, ce serait mauvais.
MLLE BUREAU: Je suis Québécoise. En ce qui concerne
l'inspection professionnelle et le comité de discipline, Mlle DuMouchel
traitera de ces sujets lors de la présentation de notre mémoire
sur le bill no 273.
M. le Président, ces considérations sur le bill 250 n'ont
qu'un seul objet, à savoir l'intérêt du public et assurer
la participation égale de tous les membres de notre corporation à
la bonne marche de ses affaires.
M. le Président, de notre mémoire sur le bill 273,...
M. CASTONGUAY: Est-ce que...
MLLE BUREAU: ... Loi des infirmières et infirmiers...
M. CASTONGUAY: Un instant, s'il vous plait.
MLLE BUREAU: Aimez-vous que nous procédions l'un après
l'autre?
M. CASTONGUAY: Est-ce que les membres de la commission aimeraient que
nous discutions ces trois points qui portent sur le code pour ne pas confondre
deux ordres de questions différents?
M. LAURIN: Elle pourrait terminer ce qu'elle a à dire.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'elle a des remarques sur le bill 250?
MLLE BUREAU: C'est-à-dire que c'était sur l'inspection
professionnelle...
M. CASTONGUAY: Ah bon!
MLLE BUREAU: ... et la discipline, que nous pensions passer avec le
projet de loi 273. C'est que, dans notre projet de loi 273, nous demandons
certaines particularités pour ne pas embêter les autres
corporations dans le projet de loi 250. Nous sortons quelque chose du projet de
loi 273 et nous y demandons des articles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, c'est peut-être
préférable qu'elle fasse l'exposé au complet et qu'on pose
des questions en dernier parce que vous allez reparler, plus tard, du projet de
loi 250.
MLLE BUREAU: Nous allons en parler tant que vous allez vouloir !
M. CASTONGUAY: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Continuez, mademoiselle.
MLLE BUREAU: Merci. Alors, de notre mémoire sur le bill 273, Loi
des infirmières et des infirmiers, nous relèverons, au cours de
cette présentation, quelques points seulement quitte à revenir
aux autres au cours de la période des questions si les membres de la
commission parlementaire le jugent à propos.
Etant donné le grand nombre de nos membres, indispensable
d'ailleurs pour répondre aux besoins de la population, nous devons
demander certaines particularités pour assurer le bon fonctionnement de
notre association. Au lieu d'obliger les autres corporations à en tenir
compte dans le bill 250, nous avons préféré les
recommander dans notre projet de loi 273. Ces particularités ont trait,
par exemple, aux vacances à combler au bureau, selon l'article 77 du
bill 250. Il serait difficile pour les membres du bureau de choisir, en
connaissance de cause parmi les membres de la section, la personne la mieux
apte à remplir ce poste. C'est pourquoi nous demandons que les membres
du conseil de la section concernée choisissent le remplaçant.
Nous proposons qu'un paragraphe soit ajouté à l'article 7
du projet de loi no 273.
Il en est de même pour l'élection du président,
prévue à l'article 62 du bill 250. Il nous apparaît
difficile, sinon impossible, de réaliser une élection au suffrage
universel. D'une part, cette façon de procéder serait très
onéreuse, représentant plusieurs milliers de dollars. D'autre
part, les infirmières et les infirmiers susceptibles d'accepter ce poste
étant des salariés, à peu près à 90 p.c, de
l'Etat et ne possédant pas de caisse électorale, ne peuvent se
permettre de parcourir la province pour se faire connaître.
A toute fins pratiques, les 40,000 membres choisiraient au hasard un nom
apparaissant sur la liste des candidats. Nous croyons que les administrateurs
du bureau élus, eux, au suffrage universel, dans leur section, sont
mieux placés pour choisir, parmi eux, la personne la plus
qualifiée pour remplir ce poste. Nous demandons donc de maintenir le
statu quo.
Nos districts actuels s'appelleront désormais, selon la
décision du législateur, des sections. Nous n'avons aucune
objection à changer notre terminologie. Nous n'avons, non plus, aucune
objection à changer le territoire des sections, bien au contraire.
Toutefois, nous demandons au législateur le droit de diminuer ou
d'augmenter le nombre de sections selon les besoins des membres, tout en
conservant le minimum de onze que nous avons actuellement.
De même, en ce qui concerne la cotisation des sections, nous
croyons que l'assemblée générale de l'association doit
fixer les cotisations à être versées aux sections. C'est ce
qui se fait présentement et l'expérience a démontré
que le système fonctionne équitablement, à la satisfaction
de tous nos membres.
Nous demandons également, en raison de la nature du travail et
des heures de travail de nos membres, que chaque section fixe par
règlement le nombre de ses conseillers.
D en est ainsi de l'exercice du droit de vote. Certaines sections, en
raison de l'étendue de leur territoire, ne peuvent se permettre de
demander à leurs membres de voter à un endroit
désigné, car il y a des infirmières partout dans la
province de Québec. Dans les endroits les plus éloignés,
là où aucun autre professionnel de la santé ne veut ou ne
peut aller, il y a une infirmière pour soigner la population.
Nous suggérons donc, afin de ne priver aucun membre de son droit
de vote, de laisser à chaque section le soin de décider du mode
d'élection, et cela par règlement.
En ce qui concerne le secret professionnel, nous avons la même
position que les autres corporations.
Le poste de secrétaire-registraire est prévu dans notre
loi actuelle. A notre avis, cette position est primordiale pour la bonne
administration de la corporation. Le bill 273 ne le mentionnant pas, nous
demandons d'ajouter un nouvel article.
Ceci étant dit, je demande à notre
secrétaire-registraire, Mlle Nicole DuMouchel, de poursuivre cette
présentation.
MLLE DUMOUCHEL: Merci, M. le Président. Tout d'abord, l'acte
infirmier.
Nous félicitons le législateur pour son effort louable
lorsqu'il tente de donner une définition de l'exercice de la profession
infirmière. Au cours des séances de la commission parlementaire,
nous avons constaté que plusieurs groupes ont déjà
apporté leur interprétation de ce qu'ils croient être
l'exercice infirmier. De plus, nous avons attentivement étudié
toutes les éditions du journal des Débats.
Aujourd'hui, nous soumettons officiellement au législateur que
les professionnels des soins infirmiers sont en mesure de présenter une
définition plus précise et plus adéquate de l'acte
infirmier. Cette définition énonce la nature intrinsèque
de notre profession impliquée dans l'évolution de la
société dont elle tente de satisfaire une certaine
catégorie de besoins.
La définition, à la page 16 de notre mémoire sur le
bill 273, proposée par nos experts en soins infirmiers émane
d'une étude approfondie entreprise par divers groupes de notre
profession, à savoir : spécialistes cliniques, administrateurs
des soins infirmiers, éducateurs de niveau collégial et
universitaire.
Cette définition est basée sur un contenu scientifique
duquel découle tout ce qu'implique l'exercice complexe de notre
profession.
La profession infirmière est constituée d'actes
dépendants et indépendants. Les auteurs et l'expérience
nous démontrent qu'un septième des actes accomplis par les
infirmières et les infirmiers sont dépendants et que les six
septièmes sont indépendants de la profession médicale.
Même dans l'accomplissement des actes dépendants, il
demeure que l'infirmière et l'infirmier doivent constamment poser un
jugement professionnel basé sur leurs connaissances scientifiques et
leur expérience clinique. A titre d'exemple, le médecin prescrit
un médicament au besoin. L'infirmière ou l'infirmier doit faire
appel à son jugement, à son sens d'observation, à ses
connaissances scientifiques et techniques concernant le médicament et
l'état du malade pour décider de l'opportunité de
l'administration dudit médicament.
Au cours de l'été, l'association a fait parvenir 8,000
questionnaires à ses membres dans le but d'identifier les
activités des infirmières et infirmiers et circonscrire celles
accomplies au-delà des frontières de la légalité.
Soixante-treize pour cent des questionnaires envoyés ont
été complétés et retournés. Les
données obtenues illustrent la gravité du problème de la
reconnaissance et de la protection légale du rôle de
l'infirmière et de l'infirmier.
La documentation remise aux membres de la commission parlementaire
contient les résultats partiels de cette étude qui
démontrent entre autres que 83 p.c. des répondants du
comté de Saint-Louis effectuent illégalement des accouchements en
l'absence du médecin. C'est un acte médical. Quatre-ving-cinq
pour cent des répondants des Iles-de-la-Madeleine installent des
transfusions sanguines, pratique illégale de la médecine.
Soixante-quatre pour cent des répondants du comté de Montmagny
rupturent les membranes lors du travail de la parturiente sur prescription
médicale. Quatre-vingt-cinq pour cent des répondants du
comté de Dorchester administrent un médicament intraveineux.
Soixante-quatre pour cent des répondants du comté de Bourget
agissent comme premier assistant lors d'intervention chirurgicale.
Qu'adviendrait-il si le chirurgien devait être remplacé
immédiatement?
L'infirmière et l'infirmier auraient-ils la compétence
pour continuer l'intervention? Soixante-cinq pour cent des répondants du
comté de Louis-Hébert donnent illégalement des
immunisations.
Ce ne sont là que quelques exemples sélec-
tionnés non pas au hasard pour illustrer une situation courante
dans la province, puisque notre enquête a révélé que
55 p.c. des infirmières et infirmiers, soit approximativement 20,000 de
nos membres, posent ces actes frontières illégaux.
Tout en reconnaissant que l'infirmière et l'infirmier assument
tant de responsabilités et distribuent tant de soins dans
l'illégalité, nous soutenons que, dans la plupart des situations,
l'infirmière et l'infirmier possèdent les connaissances et
l'habileté nécessaires à l'accomplissement de ces
activités.
Devant ces faits, nous sommes convaincus que le législateur se
rendra aux demandes de l'association et régularisera la situation dans
l'intérêt de la population. Nous tenons également à
rappeler que le rôle de l'infirmière et de l'infirmier est
suffisamment constitué d'actes indépendants des autres
professionnels de la santé pour que l'association recommande une
définition axée sur l'essence même de la profession
infirmière, à savoir l'identification de l'état et des
besoins de santé, la promotion de la santé, la prévention
de la maladie, le traitement, la réadaptation et l'enseignement de la
clientèle. Nous n'avons pas d'objection à ce que le
législateur donne aux autres professionnels de la santé les
termes promotion de la santé et prévention de la maladie dans
leur définition.
Ce serait même souhaitable que les professionnels de la
santé soient orientés vers la santé plutôt que vers
le curatif. Ces termes dans notre définition font partie de l'essence
même de notre profession et doivent se retrouver dans tous les actes de
notre exercice.
L'inspection professionnelle. A partir de cette définition de
l'acte infirmier, l'association aura un bon instrument pour mettre en marche
des mécanismes d'appréciation de l'exercice de la profession
partout où elle s'exerce. Le bill 250 donne cette responsabilité
aux corporations professionnelles. L'association accepte cette
responsabilité et s'engage à maintenir des standards
élevés de soins aux bénéfices de la population.
Encore faut-il, pour s'acquitter de cette responsabilité, que
l'association soit nantie de l'autorité lui permettant d'appliquer les
mécanismes d'évaluation nécessaires.
C'est ce que l'association réclame dans son mémoire. Nous
reconnaissons le rôle de la direction générale de
l'accréditation dans l'évaluation des divers secteurs pour
assurer la qualité des services rendus à la population. Le
rôle de l'Etat à ce plan est important, si l'on veut rehausser la
qualité des services. Voilà pourquoi l'association s'est toujours
fait un devoir de communiquer avec le ministère des Affaires sociales,
autrefois le ministère de la Santé, dès qu'un
problème majeur de qualité des services infirmiers était
porté à son attention. Au cours des deux dernières
années, l'association a transmis à la division de
l'accréditation au moins une dizaine de cas problèmes qui
relevaient de sa compétence, afin qu'une évaluation
appropriée soit effectuée par une infirmière ou un
infirmier compétent.
Cette situation est due largement à l'absence de normes de
qualité. Il est impérieux de remédier à cette
situation déplorable.
Conséquemment, dans son mémoire, l'association demande
respectueusement de participer activement à l'élaboration
desdites normes et ce pour la sécurité de la population. Nous
retrouvons, parmi nos 40,000 membres, des experts en soins infirmiers
préparés au niveau du doctorat, de la maîtrise, du
baccalauréat ainsi que des infirmières possédant une vaste
et riche expérience clinique.
Ces personnes sont aptes à travailler efficacement à
l'élaboration de normes de qualité quant aux soins. D'ailleurs,
plusieurs pays étrangers et le Canada entier reconnaissent la
compétence des infirmières du Québec puisque plusieurs
d'entre elles participent activement à des comités
internationaux, nationaux et provinciaux. En ce qui a trait à l'exercice
infirmier, nous soumettons au législateur que l'association est
l'organisme le plus en mesure de définir les critères
d'évaluation et de développer l'instrument approprié pour
évaluer toutes les dimensions de l'exercice infirmier.
Nous acceptons que l'Etat et le public soient en mesure d'exiger que
l'association s'acquitte adéquatement de ce rôle;
néanmoins, il s'avère impérieux que les autorités
des établissements de santé permettent à l'association
d'accomplir son rôle sans entrave. Voilà pourquoi l'association
demande au législateur de lui accorder ces mécanismes dans son
projet de loi 273.
Conseil de discipline. L'inspection professionnelle systématique
proposée par le code des professions à l'article 102 du bill 250
sera de nature à augmenter la responsabilité de la profession en
matière de discipline. Nous faisons remarquer aux membres de cette
commission qu'en vertu de notre loi actuelle, Statuts refondus du Québec
1964, chapitre 252, le travail disciplinaire s'effectue par notre corporation
jusqu'à la limite des pouvoirs en vigueur. Trois membres de la
permanence de notre association se sont occupés, jusqu'à
présent, de remplir le rôle similaire à celui qui est
prévu pour les syndics dans le code des professions.
De plus, le conseil de discipline se réunit aussi souvent que
nécessaire pour régler les problèmes disciplinaires qui
lui sont soumis. La corporation demande au législateur, en se
référant à l'article 110 du bill 250, relativement
à l'administration de la discipline des membres de l'association,
d'ajouter par règlement quatre membres substituts au comité de
discipline pas parce que les infirmières sont moins
disciplinées que les avocats ou les médecins en raison 1)
du grand nombre des membres de notre association qui, sans doute,
générera beaucoup plus de cas de discipline qu'une corporation de
100 ou 1,000 ou 5,000 membres; 2) de la nature du travail des
infirmières et des infirmiers. Leurs horaires variés de
travail
rendent difficile la disponibilité des membres appelés
à siéger au conseil de discipline.
Nous faisons remarquer aux membres de la commission qu'en vertu de notre
loi actuelle, trois membres du bureau de l'association s'occupent activement de
faire observer la loi par des enquêtes de première instance et le
travail disciplinaire se poursuit activement par le conseil de discipline.
L'éducation. L'enseignement infirmier au Québec remonte
à 1892. Nos premières infirmières canadiennes ont
été formées par des élèves de Florence
Nightingale. L'ABPQ a été parmi les premières corporations
d'infirmières à obtenir une reconnaissance légale au
Canada et l'éducation a été l'une de ses principales
préoccupations. A preuve, notre loi actuelle touche les aspects
suivants: l'admission à l'étude, l'admission à l'exercice
de la profession, le contrôle des conditions nécessaires à
l'ouverture d'une école, la certification régulière des
écoles par le moyen de visiteuses affectées à plein temps
au contrôle des programmes offerts dans les centres
d'éducation.
Le présent projet de loi semble vouloir enlever à notre
corporation une responsabilité dont elle s'est toujours acquittée
avec honneur et nous prive de droits acquis sans motif apparent.
L'étude des projets de loi chapeautés par le code des
professions nous permet de constater que neuf professions ont conservé
les droits acquis sur le contrôle de l'éducation; quatre
professions n'avaient pas droit de regard sur l'éducation de leurs
professionnels et l'ont acquis; quatre autres n'ont rien gagné et trois
ont perdu leurs droits acquis, à savoir: les médecins
vétérinaires, les ingénieurs forestiers et les
infirmières et infirmiers.
Par ailleurs, le législateur augmente les pouvoirs et les
obligations de notre corporation vis-à-vis du contrôle des actes
professionnels. La corporation, à notre avis, pour s'acquitter
adéquatement de cette dernière responsabilité, doit
continuer à exercer, en collaboration avec le ministère de
l'Education ou les universités, selon le cas, le droit de regard sur les
conditions d'admission à l'étude et à l'exercice de la
profession, les programmes, leur coordination et leur adaptation aux
besoins.
Ce que l'association réclame, c'est une participation à
part entière à la formation de la catégorie des
professionnels de la santé dont elle assume la responsabilité
légale. Elle réclame que ce droit lui soit conservé, tout
d'abord, parce qu'elle ne croit pas avoir failli à la tâche dans
le passé. Elle croit que, dans le système présent
où l'éducation infirmière est étatisée,
l'efficacité de l'action d'un organisme apolitique est nécessaire
pour assurer la réforme en profondeur de notre système
pédagogique. Elle croit aussi que c'est au sein de ses membres que se
trouvent les vrais spécialistes de l'éducation infirmière.
Elle réclame encore ce droit parce qu'au cours des cinq dernières
années où les infirmières et infirmiers ont
été formés dans les collèges elle a
été à même de constater les faiblesses du
système actuel, concernant surtout la mise en application des normes
préconisées par la commission royale d'enquête sur
l'éducation, dite commission Parent, le mode de contrôle et de
coordination des programmes, les nombreux problèmes qui existent au sein
des options "techniques infirmières", problèmes qui
jusqu'à ce jour n'ont eu ni l'attention, ni l'étude, ni les
solutions appropriées de la part du ministère de l'Education.
La compétence du personnel enseignant dans les quarante options
"techniques infirmières" dans les CEGEP préoccupe beaucoup
l'association et elle a tenté, par tous les moyens possibles,
d'augmenter cette qualité chez les professeurs au niveau de la formation
infirmière. Le rapport Parent avait préconisé un
système d'évaluation et d'agrément ou, si vous le
préférez, d'accréditation des collèges et
même des options à l'intérieur de ces derniers.
Jusqu'à ce jour, aucun mécanisme n'a encore été
ébauché pour l'établissement de ces normes
d'évaluation et d'agrément. Cette recommandation du rapport
Parent est, à notre avis, un élément essentiel à la
réforme en profondeur de l'éducation.
L'AIPQ est fortement intéressée à s'engager
activement dans un tel projet, puisqu'elle veut continuer d'assurer au public
la qualité des soins infirmiers dont il a besoin.
Un dernier point reste à traiter, la situation des
infirmières et infirmiers auxiliaires ou auxiliaires en nursing.
L'association, à la demande du ministère de la Santé, a,
depuis 1943, volontairement assumé des responsabilités similaires
à celles qu'elle remplit dans le domaine de l'éducation
infirmière et de l'exercice infirmier. L'auxiliaire en nursing joue un
rôle important dans les soins infirmiers. Le public et ce groupe ont
droit d'être protégés. A cet effet, l'association
recommande au législateur que ce groupe soit protégé par
un organisme légalement reconnu; que l'association puisse établir
des normes en collaboration avec l'organisme qui les régira; que ces
personnes prodiguent des soins infirmiers sous la responsabilité directe
d'une infirmière ou d'un infirmier.
Je demande à la présidente de vous transmettre le mot de
la fin.
MLLE BUREAU: M. le Président, j'aimerais souligner que l'ensemble
de nos membres appuient les positions et les recommandations que nous
présentons ce matin. Nous avons sur la table des dossiers qui
contiennent 7,000 signatures de nos membres, recueillies pendant la
période des vacances, venant de tous les comtés de la province,
appuyant en particulier la définition de l'acte infirmier et le droit de
regard de la corporation sur la formation des membres.
En terminant cette présentation, nous désirons rappeler
aux législateurs que, s'ils accor-
dent à notre profession la définition de l'acte infirmier
que nous soumettons, ils seront les premiers dans le monde à
reconnaître légalement le rôle de l'infirmière et de
l'infirmier. Les infirmières de la Californie obtiendront probablement
cette reconnaissance sous peu. Permettez-moi de vous faire part d'un
télégramme reçu ce matin: "La présidente et le
conseil d'administration de l'Association des infirmières canadiennes
vous assurent de leur appui dans vos démarches auprès de la
commission parlementaire, tout en espérant que vos demandes seront
prises en considération". On nous souhaite bon succès.
Je puis vous dire, M. le Président, que toutes les
infirmières et les infirmiers des provinces canadiennes ont les yeux
tournés vers la province de Québec, cette semaine.
Nous sommes à votre disposition pour la période des
questions.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. le ministre.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais faire un bref rappel
de la situation qui existe dans le domaine de la législation touchant
les corporations professionnelles depuis un certain nombre d'années. On
se souvient, par exemple, qu'en 1965 ou 1966, on avait atteint un certain
degré de confusion. Je me souviens de l'époque où le
premier ministre avait jugé nécessaire de former un
comité. Il avait confié, à l'époque, un mandat
à Me Yves Pratte et au Dr Laurent Lizotte, je crois, qui portait
notamment sur les problèmes qui font l'objet de nos discussions
aujourd'hui. Les orientations à prendre étaient extrêmement
embrouillées, difficiles. Depuis, un travail énorme a
été fait, aussi bien de la part des infirmières et
infirmiers particulièrement le travail de consultation que vous
avez effectué que de la part du gouvernement j'inclus le
gouvernement précédent qui avait formé la commission
d'enquête de telle sorte que nous nous retrouvons aujourd'hui dans
une situation où il me semble que les problèmes sont clairement
posés. Des solutions sont proposées également. Il est
possible, comme vous le souhaitez, de faire vraiment des pas vers l'avant dans
la bonne voie.
En même temps, je crois que les faits que vous nous exposez dans
vos mémoires démontrent une fois de plus jusqu'à quel
point la loi que nous étudions même si comme je le
comprends fort bien a pu susciter des inquiétudes. Il convient de
dissiper ces inquiétudes le plus rapidement possible. Il n'en demeure
pas moins que ces faits, ces recommandations, ces propositions que vous
formulez indiquent jusqu'à quel point cette nouvelle loi est
nécessaire.
Cela étant dit, j'aurais un bon nombre de commentaires et de
questions à poser. Je vais les reprendre dans le même ordre que
les représentantes de l'association ont fait leur exposé.
On a mentionné d'abord, à l'article 19, la question du
financement au prorata du conseil interprofessionnel qui pourrait faire porter
un fardeau trop lourd sur l'Association des infirmières et des
infirmiers. Lorsque j'ai annoncé, la semaine dernière, un certain
nombre de changements au bill no 250, j'ai indiqué que cette formule
serait éliminée dans la nouvelle version de ce bill, de telle
sorte que les membres participants du conseil interprofessionnel
déterminent eux-mêmes le mode de financement qu'ils jugeront le
plus approprié. Compte tenu de votre nombre, de votre éloquence,
j'ai l'impression que la part que vous assumerez du financement de cet
organisme sera équitable. Je ne doute pas que vous serez en mesure de
faire un aussi bon travail qu'un actuaire pourrait le faire.
Quant au fonds d'indemnisation dont il est question dans le bill 250,
les fins d'un tel fonds d'indemnisation n'étaient pas tellement
précises. On a craint que ce fonds puisse être appelé
à dédommager des personnes qui auraient pu subir des
préjudices ou des dommages sur le plan professionnel. Ceci n'est pas le
but de ce fonds. Alors, nous en avons discuté à la suite des
représentations qui ont été faites, aussi bien par les
organismes que par les membres de la commission des affaires sociales. Je l'ai
mentionné, lorsque j'ai annoncé les changements, que nous
croyons, à ce moment-ci, nécessaire d'apporter au bill 250. J'ai
mentionné que ce serait seulement utilisé si une personne, dans
sa relation avec un professionnel, lui confiait, en fiducie, en quelque sorte,
des sommes et que ce professionnel se les appropriait d'une manière
frauduleuse. Ceci signifie donc que, pour un très grand nombre de
corporations, l'établissement d'un fonds d'indemnisation sera presque
nominal s'il n'y a pas de transaction. Je ne sais pas si dans votre cas
ce serait une question à discuter aussi bien avec l'Office des
professions que le Conseil interprofessionnel il n'y a pas certaines
infirmières, qui sont dans la pratique privée, qui peuvent
être placées dans cette situation. Si, de toute façon, cela
ne se produit pas, à ce moment le fonds d'indemnisation pourra
être constitué de façon purement nominale, advenant que,
théoriquement, cela puisse se produire. Alors, on ne veut pas imposer
une nouvelle charge.
Quant à la question du quorum aux assemblées
générales, vous proposez que la formule d'un
délégué par 100 membres soit retenue. J'avoue qu'ici notre
seul et unique souci, c'est d'assurer une représentation
équitable à l'occasion d'assemblées
générales où des décisions importantes sont prises.
Ce n'est pas notre intention d'imposer un fardeau financier additionnel ou une
procédure qui pourrait paraître trop lourde ou impraticable. Cette
suggestion de retenir les dispositions de la loi actuelle me parait
extrêmement valable. Je ne vois pas ce qui pourrait faire en sorte que
nous ne la retenions pas.
Vous êtes passée, par la suite, au bill 273.
Là, vous avez traité de certaines questions, au
début, qui sont reliées au bill 250. Vous nous avez dit que, dans
l'article 77, lorsqu'il y a une vacance au bureau, au lieu que la
procédure générale soit utilisée, qu'il vous
paraîtrait préférable que la vacance soit comblée
par le conseil régional qui avait élu le membre qu'il faut
remplacer. Encore là, étant donné le nombre de vos
membres, encore une fois le souci d'une représentation équitable
de tous les groupements, particulièrement sur le plan
géographique, il me paraît que vous faites là une
recommandation qui semble tout à fait juste. Encore une fois, je ne vois
pas pourquoi nous devrions la refuser, étant donné qu'elle
s'inscrit dans le même objectif que celui que nous recherchons.
Quant à l'élection du président du bureau, vous
nous dites que le suffrage universel pourrait entraîner des frais
élevés. Vous demandez que les dispositions actuelles soient
maintenues. Ici, je voudrais simplement mentionner que, dans certains cas,
certains groupements professionnels ont démontré une
préférence marquée pour le suffrage universel pour
diverses raisons qui sont valables, je crois. Alors, c'est la raison pour
laquelle nous allons, dans les dispositions du bill 250, à moins de
changement d'ici la présentation définitive du bill,
présenter une option. La corporation qui voudra procéder par
l'élection du président au sein des membres du bureau pourra le
faire. La corporation qui voudra procéder par voie de suffrage universel
pourra le faire. H y a des avantages et des inconvénients à
chaque formule.
Nous proposerons donc dans la version définitive du bill 250,
à moins de changement, que les membres décident quelle
procédure leur paraît la plus appropriée.
Egalement, en ce qui a trait au niveau des cotisations, je crois qu'on
revient au même problème que pour le Conseil interprofessionnel.
Vous demandez que chaque section puisse jouer un rôle bien précis
au moment de l'établissement des cotisations. Ce qui nous parait le plus
important, c'est que le niveau des cotisations soit établi au moment
d'une assemblée générale. Je pense que c'est un principe
sain. Que cela soit fait au moment d'assemblées générales
qui couvrent l'ensemble du territoire ou d'assemblées
générales régionales, surtout lorsqu'une corporation
compte un grand nombre de membres, il n'y a rien qui s'y oppose en principe. A
mon sens, encore là, il s'agit d'une recommandation qui nécessite
d'être examinée très attentivement. Je ne vois pas encore
au premier abord, pourquoi nous nous y opposerions. A mon sens, je crois que
c'est une autre recommandation qui doit être retenue.
Quant au poste de secrétaire-registraire, qui est prévu
dans la loi, on demande un nouvel article. Nous allons l'étudier
attentivement. Pour le moment, je ne suis pas en mesure de dire ce qu'il
contient. J'ai plutôt voulu suivre attentivement votre exposé
qu'aller regarder bien spécifiquement ce que dit cet article. Alors,
nous pourrons y revenir au besoin.
Nous passons, à mon sens, à la question j'aurais
ici des questions à vous adresser qui est probablement la plus
importante. Je pense bien que cela a été le message, aussi, que
vous avez voulu nous transmettre, celui de la définition de l'exercice
de votre profession. Vous avez posé ce que vous avez appelé le
problème des actes frontières illégaux.
Il est clair qu'au cours des années le rôle de
l'infirmière, aussi bien dans la pratique que par sa formation, a
évolué grandement. Ce que l'infirmière d'aujourd'hui fait,
dans bien des cas, peut correspondre à ce que le médecin, il y a
trente ans, faisait. Bien des fois, les gestes qu'elle pose ont un contenu
scientifique et imposent une responsabilité qui est
énormément différente de celle que l'infirmière
d'il y a vingt ans, d'il y a trente ans avait. La législation doit tenir
compte de cette situation. C'est clair, pour diverses raisons.
Premièrement, la législation doit être, autant que
possible, en conformité avec la réalité. C'est ainsi que
les programmes de formation pourront suivre, c'est ainsi que les
problèmes de responsabilité professionnelle qui existent
présentement pourront être réglés. Nous en sommes
bien conscients. Vous nous avez soumis, à plusieurs reprises, des
situations extrêmement difficiles. Nous étions placés,
comme gouvernement ou comme ministère, dans une situation tout aussi
difficile que celle dans laquelle se trouvent vos membres et vous, comme
association, puisque nous avons présentement un cadre législatif
et que, malgré notre désir de vouloir apporter des
réponses aux problèmes que vous nous avez soumis, il n'en demeure
pas moins que nous, également, sommes tenus par ces lois. C'est une des
choses qu'il nous faut modifier.
Nous sommes d'accord sur la nécessité d'une nouvelle
définition de ce qui constitue l'exercice de la profession. Nous devons,
toutefois, faire extrêmement attention, de telle sorte que cette
définition soit suffisamment précise pour tenir compte de la
réalité et qu'elle ne nous place pas dans une situation
difficile, même si elle est beaucoup plus adéquate, au plan
strictement professionnel cela aussi, c'est important, parce que cela
peut faire l'objet de litiges, comme vous le savez mais règle
aussi le problème.
A ce sujet, j'aurais une suggestion à faire. Je la fais dans un
esprit extrêmement positif, d'autant plus que je vous dis que nous sommes
d'accord sur la nécessité d'avoir une nouvelle
définition.
Nous avons fait un effort dans le projet de loi, et cet effort n'est pas
définitif. Tout comme vous proposez pour les auxiliaires de pouvoir
déléguer des actes dans certaines conditions, nous nous
demandons, étant donné que la plupart des actes qui créent
des problèmes sont des actes qui sont de la nature d'actes
médicaux, s'ils n'en sont pas ou s'ils en sont. Je
pense bien que ça ne donne rien de tourner autour des termes. Je
me souviens qu'on m'avait dit, à l'occasion de la commission
d'enquête, quand j'avais rencontré un groupe d'infirmières:
Nous posons plus que des actes infirmiers, mais un petit peu moins que des
actes médicaux. J'avais demandé de quoi il s'agissait exactement,
et on m'avait donné une description qui m'avait donné
l'impression qu'elles faisaient de la médecine. C'étaient des
infirmières de colonie.
Je mentionne uniquement ça parce que ça ne donne rien de
tourner autour des mots, de maintenir une équivoque. A mon sens, un
grand nombre d'actes que vous posez sont des actes de même nature que des
actes médicaux. A cette fin-là et de la même façon
que vous le proposez pour les auxiliaires, en plus de parfaire, de
préciser la définition du champ d'exercice, nous nous demandons
s'il n'y aurait pas lieu d'établir un mécanisme beaucoup plus
formel et légal, cette fois-ci. Il viserait un peu les buts poursuivis
lorsque la classification des fonctions du personnel infirmier a
été faite en 1967. Cette fois-ci, dans la loi médicale,
dans votre loi, nous retrouverions des dispositions de telle sorte qu'une
certaine série d'actes pourraient être établis,
définis, précisés. Ces actes, lorsqu'ils seraient
posés dans les conditions prescrites c'est un peu le même
esprit que vous avez en ce qui a trait aux auxiliaires seraient
légalement posés par les infirmières.
Peu importe la définition, on va toujours garder une certaine
marge d'incertitude. On ne pourra pas dire dans votre définition que
vous faites de la médecine. On ne pourra pas dire que vous posez des
actes médicaux et que votre profession fait en sorte que votre exercice
est celui de la médecine. On ne peut pas dire ça. On ne peut pas
avoir la même définition que nous avons pour l'exercice de la
médecine.
Il faut avoir une définition beaucoup plus à jour,
beaucoup plus précise, mais on ne sera pas capable, malgré tout,
à mon sens, de régler ces cas frontières dont vous parlez.
Je me demande, après avoir examiné bien des possibilités,
après avoir lu votre mémoire et surtout après avoir vu la
proposition que vous faites vous-mêmes, si un tel mécanisme
pourrait être approprié à votre avis. Je pense à un
mécanisme en vertu duquel et dans la loi médicale et fort
probablement dans votre loi une liste d'actes serait établie
après consultation entre les deux organismes. Lorsque posés dans
les conditions prescrites ils ne seraient pas posés de façon
illégale.
C'est la première question que j'ai, je vous la propose, je ne
vous demande pas une réponse définitive je sais qu'elle a
des implications mais j'aimerais, si possible, connaître vos
commentaires. C'est probablement le problème le plus épineux
auquel vous avez à faire face, auquel nous avons à faire face et
auquel les médecins ont à faire face également.
MLLE BUREAU: C'est certainement, M. le ministre, la question. Les
infirmières et les infirmiers de la province de Québec sont
devant un dilemme plusieurs fois par jour: poser un acte médical
illégal et peut-être encourir une pénalisation, ou bien
laisser souffrir ou mourir un patient. C'est un dilemme que nous connaissons,
que nous essayons de résoudre pour le bien-être de la population.
Je remercie le ministre Castonguay de vouloir trouver une solution
légale et nous tirer d'embarras.
Je vais donner la parole à des gens plus compétents que
moi dans le domaine. Pour ma part, à première vue, je peux vous
dire qu'une liste, c'est toujours limitatif. Et c'est un carcan. Nous savons
comment cela n'est pas facile d'obtenir des amendements à une loi.
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous une explication pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté?
MLLE BUREAU: Oui.
M. CASTONGUAY: Je ne vois pas cette liste comme étant inscrite
dans une loi...
MLLE BUREAU: Ah bon!
M. CASTONGUAY: ... mais plutôt dans un règlement qui
pourrait être mis à jour en consultation périodique entre
le Collège des médecins et l'Association des
infirmières.
MLLE BUREAU: C'est une autre question. Je crois que c'est une suggestion
à retenir et je vais demander à Mlle DuMouchel d'apporter des
précisions là-dessus.
MLLE DUMOUCHEL: M. le ministre, nous avons entrepris d'analyser le 1/7
de nos actes infirmiers, par notre questionnaire cet été, mais
vous remarquez, sur le document que nous vous avons remis, que c'est
écrit "Etude partielle". Nous avons l'intention, par une recherche
approfondie et scientifique, d'élaborer justement ce que vous proposez
pour, ensuite nous avons eu des rencontres avec le Collège des
médecins au cours de cette année entre nos voyages à
Québec discuter ce point-là: Comment on pourrait
élaborer des normes. Je crois que le principe d'élaborer des
normes conjointement serait acceptable et bon, mais il ne faut pas, non plus,
entrer, comme le disait Mlle Bureau, dans une liste qui va nous imposer le
même carcan et nous causer le même problème que nous avons
actuellement avec un certain fascicule.
Je crois que le principe est bon, mais qu'il doit se baser sur une
recherche scientifique indépendante pour les deux corporations, soit le
Collège des médecins et l'Association des infirmières.
Lorsque les deux auront des données scientifiques, il faudra se
réunir et ceci devra se faire dans un temps assez court. Nous en sommes
très conscientes. Je crois que le principe de nous obliger, par un
article de la loi,
à travailler est très sain. Lorsque nous avons eu à
définir le nursing en quinze jours parce que nous avions 30 jours
pour donner nos commentaires à la commission parlementaire nous
avons pensé que nous étions un peu...
M. CASTONGUAY: Mais vous étiez au travail depuis des
années.
MLLE DUMOUCHEL: ... cinglées de faire cela en quinze jours. Mais,
parce que nous étions obligées, nous l'avons fait. Nous croyons
que notre définition répond à l'exercice actuel et
à l'exercice futur tant dans la santé communautaire, l'industrie,
le milieu scolaire et l'intégration des services de santé que
dans le milieu hospitalier ultra-spécialisé et l'hôpital
régional. Nous croyons que la définition est malléable. Il
reste tout le travail de recherche à faire. Nous sommes prêtes
à le faire et je crois que nous forcer à travailler par un
article de loi qui demande aux deux corporations d'établir des normes
serait très sain. C'est mon opinion.
M. CASTONGUAY: Pour être bien précis, à mon sens,
dans ce que je propose, il faudrait aller plus loin que des normes. Il faut
aller aussi à des actes très précis.
MLLE DUMOUCHEL: Oui.
M. CASTONGUAY: Parce que ce sont des actes que vous posez.
MLLE DUMOUCHEL: Oui, d'accord.
M. CASTONGUAY: Je comprends le commentaire de votre présidente
qui dit qu'il ne faut pas, non plus, être enfermé dans un carcan.
Je sais et je l'ai mentionné au début que nous
sommes dans un champ en pleine évolution. C'est pourquoi cette liste et
ces normes je sais aussi qu'il doit y avoir des normes parce que cela
doit se faire à l'intérieur d'un certain cadre devraient
être conçues dans un mécanisme qui permette sa mise
à jour périodique, de telle sorte que, lorsque de nouveaux
moyens, de nouvelles possibilités apparaissent, de l'avis des deux
organismes professionnels mandatés spécifiquement pour
contrôler ces actes, ils puissent être inscrits au fur et à
mesure.
Nous sommes bien conscients du fait que cette classification n'a aucune
valeur légale et qu'elle s'est figée dans le temps. Alors,
même si c'était un travail valable qui a été fait,
il peut nous inspirer pour trouver un mécanisme, à ce moment-ci,
encore plus adéquat. C'est le sens de la proposition.
MLLE DUMOUCHEL: Nous sommes d'accord sur vos commentaires. Je crois que
c'est l'esprit qui était à la base de notre décision
lorsque nous avons pensé à élaborer une classification de
fonctions, si vous voulez l'appeler ainsi. C'est même dans cet esprit que
l'association a entrepris le travail de recherche pour déterminer les
fonctions que peut accomplir l'étudiant comme travailleur de la
santé.
Alors c'est un travail que l'association a entrepris et a mené
à bonne fin au cours de l'année, pour justement essayer de
régulariser la situation du milieu étudiant mais il s'est
basé sur ce principe de classification de fonctions.
MLLE BUREAU: M. le Président, est-ce que vous me permettez
d'ajouter quelque chose?
M. LE PRESIDENT: Oui.
MLLE BUREAU: Au niveau national, un comité mixte a
été formé, l'Association des médecins du Canada et
l'Association des infirmières canadiennes, pour étudier les actes
qui peuvent être transmis du médecin à l'infirmière.
Seize actes ont été acceptés de part et d'autre. Cette
nouvelle fera peut-être plaisir au ministre car ces seize actes, qui ne
seront pas faits par le médecin mais par l'infirmière,
économiseront $54 millions aux contribuables.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de cette liste? Je
suis sérieux.
MLLE DUMOUCHEL: Ces seize actes. Nous vous en enverrons la copie, M. le
ministre, et nous sommes à votre disposition pour ajouter d'autres
actes. Il n'y en a que seize.
M. CASTONGUAY: Très bien. Alors j'apprécierais
énormément avoir copie de cette liste.
Quant à la question des normes de qualité, il y a deux
aspects à cette question, je crois. Il y a celles qui sont
établies par la direction de l'agrément ou de
l'accréditation du ministère. Ce sont des normes qui, à
notre avis, revêtent un caractère minimal sur le plan de la
sécurité, etc. Et, jusqu'ici, dans les diverses normes qui ont
été préparées, nous avons pris un soin particulier
de consulter tous les organismes intéressés.
Le travail d'élaboration a été beaucoup plus lent
que nous ne le croyions au départ et je sais que dans certains cas nous
n'avons pas encore atteint la phase d'élaboration de certains types de
normes. Nous avons voulu aller vers ce qui nous paraissait le plus
pressé par exemple, les normes de sécurité sur le
plan des incendies d'autant plus que nous savions que, dans d'autres
secteurs, les circonstances, par l'existence de personnel qualifié,
etc., accordaient une beaucoup plus grande protection de façon
générale.
Alors, on s'est fait un ordre de priorités et, dans chaque cas
où nous avons élaboré des normes, c'est un travail
qui est long et difficile nous avons élaboré un processus
de consultation. Par exemple, cet été nous avons publié
les normes sur les colonies de vacances, il y a eu de multiples consultations;
ainsi quant
aux normes de sécurité sur le plan des incendies, etc.
Alors, nous procédons graduellement, mais c'est notre intention, dans
chaque cas, de toujours consulter.
Il y a aussi d'autres normes qui se situent à un niveau
différent des normes visant à l'excellence, et à la
préparation de ces normes, vous nous demandez de pouvoir participer de
façon officielle par la voie de votre association, de votre corporation.
Encore, nous croyons important justement que les associations jouent un
rôle dynamique sur ce plan-là.
Certaines corporations se sont acquittées de cette fonction de
plus en plus. Je pense à divers documents que le Collège des
médecins a publiés au cours des deux ou trois années sur
certains types bien précis d'activités et nous croyons que ce
mouvement doit s'accélérer et que les associations ou les
corporations professionnelles doivent y participer de façon active.
Vous nous avez également parlé du comité
d'inspection professionnelle et nous sommes conscients, par les mémoires
qui ont été étudiés déjà à la
commission, qu'il y avait une certaine ambiguïté entre le
rôle de ce comité d'inspection professionnelle et le comité
de discipline. Lorsque j'ai mentionné les changements qu'à ce
moment-ci nous croyons nécessaire d'apporter, nous avons voulu enlever
cette ambiguïté. Pour nous, le comité d'inspection
professionnelle n'est pas de la même nature que le comité de
discipline.
Il doit justement jouer un rôle dans le même sens,
c'est-à-dire un rôle d'évaluation positive de telle sorte
que les besoins en recyclage, les besoins de formation continue ou permanente
soient identifiés. Tout ce qui, dans le bill 250, pouvait donner
l'impression que le comité d'inspection professionnelle revêtait
un caractère disciplinaire nous allons l'enlever et, au besoin, nous
allons mettre l'accent sur le caractère positif du travail d'un tel
comité. Dans notre esprit, ce sont deux choses tout à fait
différentes.
En même temps, en faisant cette clarification nous ne porterons
pas un jugement sur le travail fait par les comités de discipline dans
une corporation donnée. Quant au comité de discipline
lui-même, nous savons également cette représentation
nous a été faite par d'autres organismes que la
rédaction pouvait donner l'impression que ce comité était
composé d'un nombre de membres indiqué et que ce devait
être toujours les mêmes membres, de telle sorte que, dans un
organisme où les membres sont très nombreux, on en viendrait
à avoir pratiquement des personnes à temps plein à ces
comités. Encore une fois, sur ce point-là le texte va être
clarifié.
Ce qui nous paraît important, c'est que le président soit
un avocat, qu'il ait un certain nombre d'année d'expérience,
qu'il soit nommé après consultation du Barreau, pour ne pas qu'il
soit nommé pour d'autres motifs que ceux qui vont l'intéresser
dans sa fonction, et les mem- bres qui l'assisteront pourront être
choisis parmi une liste dressée par le bureau. Selon le volume de
travail, il sera possible de répartir ce travail parmi un certain nombre
de membres.
Quant à la question de l'éducation, je voudrais vous
référer à l'article 169 e), la question de la formation,
de l'évaluation. Nous allons préciser cet article parce que nous
croyons d'abord, comme vous l'avez mentionné, qu'il est dans l'esprit du
rapport Parent. Nous croyons également qu'il est nécessaire de
revoir les mécanismes pour éviter les conflits comme ceux que
nous avons vécus. Je n'ai qu'à donner à titre d'exemple
celui entre le Collège des dentistes et les facultés d'art
dentaire où l'université décerne son diplôme et le
collège dit: Nous devons reprendre tout notre procédé
d'évaluation pour voir si nous devons admettre ces étudiants.
Nous avons proposé dans cet article, et cela s'applique à
l'Association des infirmières, ce qui nous parait être des
dispositions dans l'esprit du rapport de la commission d'enquête sur
l'éducation, c'est-à-dire que les corporations professionnelles,
de par la loi, participent au mécanisme d'élaboration des
programmes de formation dans les établissements d'enseignement, les
universités, les CEGEP, etc., de même que dans les
mécanismes d'évaluation des étudiants. Là, je sais
que l'article 169 e), dans son texte actuel, ne parle pas d'évaluation.
C'est une addition que nous devrons faire. Nous croyons qu'ainsi il sera
possible, au lieu de toujours vivre dans une situation de conflit possible,
d'associer ceux qui voient à la fonne formation scolaire et dont c'est
la responsabilité, les institutions d'enseignement, et les corporations
professionnelles qui doivent se préoccuper de la bonne formation
professionnelle, de telle sorte que les membres qu'ils admettent soient aptes
à pratiquer.
Ceci étant dit, ces dispositions de l'article 169 e) ne doivent
pas et ne peuvent pas être interprétées comme
réduisant ou amoindrissant le droit d'une corporation professionnelle de
déterminer qui elle admet dans ses rangs. Ce droit, cette
responsabilité doit demeurer celle de la corporation professionnelle.
J'espère que ces commentaires, que ces modifications que nous allons
apporter répondent aux représentations que vous avez faites.
Enfin, quant aux représentations ou aux recommandations que vous
formulez en ce qui a trait aux infirmières auxiliaires, à mon
sens ce sont des recommandations qui me paraissent très pertinentes et
qui s'apparentent à la suggestion que j'ai formulée pour
vous-mêmes par rapport aux médecins.
M. le Président, avant que nous passions la parole à
d'autres membres de la commission, étant donné que j'ai
soulevé un bon nombre de points, on devrait demander aux porte-parole de
l'association s'ils ont des commentaires à faire. Est-ce que les membres
de la commission seraient d'accord?
M. LE PRESIDENT: Allez!
MLLE BUREAU: Juste un petit commentaire, je vais passer la parole
à Mlle DuMouchel après. M. le Président, j'aimerais bien
que le ministère de l'Education interprète l'article 169 e) dans
le même sens que le ministère des Affaires sociales.
MLLE DUMOUCHEL: Pour faire suite à ce que Mlle Bureau dit, on
nous a officiellement, dans des rencontres conjointes, ministère de
l'Education, Association des infirmières, bien informés qu'avec
le nouveau projet de loi nous n'aurions plus rien à faire dans
l'éducation et que, même si nous voulions maintenant faire
respecter notre loi, ce n'était pas important. Cela a été
dit officiellement, écrit dans des procès-verbaux.
On voudrait bien que l'interprétation soit très
claire.
M. CASTONGUAY: Mlle DuMouchel, est-ce que vous nous dites c'est
de l'information officielle je pourrais avoir, pas nécessairement
le...
MLLE DUMOUCHEL: Le procès-verbal, je vous l'enverrai, M. le
ministre.
M. CASTONGUAY: S'il vous plaît, parce que ce n'est pas conforme
aux dispositions du projet de loi. Je suis conscient, nous sommes bien
conscients, du fait que les corporations professionnelles doivent jouer un
rôle, elles ont une responsabilité lorsqu'elles admettent des
membres. Tout comme les universités, les CEGEP ont une
responsabilité, les corporations professionnelles en ont une.
Il ne s'agit pas, à mon avis, de garder cette situation de
conflit mais d'essayer d'associer les corporations et les établissements
d'enseignement. Ainsi chacun pourra assumer pleinement ses
responsabilités sans que ce soient les étudiants qui en
souffrent.
MLLE DUMOUCHEL: Nous nous questionnons sur la force de frappe d'une
disposition qui dit que par règlement on peut laisser à la
corporation le choix de participer. Avec une loi, actuellement, qui nous oblige
à participer et nous oblige à assurer un contrôle, nous
n'arrivons pas. Est-ce que par règlement nous aurions autant de force de
frappe? Je ne crois pas que les problèmes que nous avons actuellement
seront réglés totalement par les bonnes interprétations du
ministre des Affaires sociales. Si, avec la loi actuelle, nous ne pouvons pas
faire respecter notre responsabilité et que nous nous acharnons à
remplir cette responsabilité envers et contre tous, nous ne pourrons
pas, par un simple règlement, avoir la force de frappe
nécessaire.
En ce qui regarde l'inspection professionnelle, nous ne la voyons pas
comme entrant en conflit avec la discipline. Au contraire. Nous ne l'avons pas
fait de façon systématique parce que notre loi ne nous permet pas
d'entrer dans les centres de santé pour l'évaluation de
l'exercice infirmier. Mais nous avons eu une expérience pilote, au cours
de l'année, où nous avons fait une inspection professionnelle
d'actes infirmiers, d'exercice de la profession dans un centre où il
avait été dit publiquement que les infirmières
étaient incompétentes. Nous sommes allés faire
l'évaluation et nous avons, à la demande de l'administrateur de
ce centre, envoyé le rapport au ministre des Affaires sociales. Les
infirmières exerçaient avec compétence. Les
problèmes qui pouvaient se manifester dans ce centre ne
dépendaient pas de la compétence de l'infirmière mais
plutôt d'autres variables qu'il n'étaient pas de notre ressort
d'évaluer. Cela était plutôt, à la division de
l'accréditation de le faire.
Nous voyons la division de l'accréditation faire
l'évaluation de la qualité de la dispensation de services et
nous, d'actes professionnels. Et nous n'en voyons pas le conflit. Quant au
conseil de discipline, nous sommes très heureux de voir que nous
pourrons avoir plusieurs conseils de discipline pour avoir une bonne
représentation des divers secteurs d'infirmières. Ils pourront
évaluer les membres, par exemple une infirmière
spécialisée en psychiatrie, une infirmière en
éducation, une infirmière praticienne, si la compétence
est mise en question.
Actuellement, nous ne pouvons pas, avec notre loi, évaluer la
compétence et en discuter. Nous le faisons par extension parce que nous
ne voulons pas laisser auprès du public des gens qui ne seraient pas
aptes à exercer. Nous le faisons en disant "manquement au devoir
professionnel." C'est une extension d'une interprétation, selon nos
conseillers juridiques.
En ce qui a trait à la discipline et à l'inspection
professionnelle, nous ne voyons pas de contre-indication, mais nous devons
avoir les instruments pour pouvoir entrer dans les centres de santé, de
sorte qu'il n'y ait pas d'entrave et qu'on ne nous dise pas: Ce n'est pas pour
vous autres; c'est seulement pour les médecins ou qu'on ne dise pas: Ce
n'est pas écrit dans telle loi, ce n'est pas dit que vous pouvez le
faire. On ne peut pas vous donner les dossiers, on ne le dit pas. Il faut
penser que les interprétations du ministre sont très larges;
elles englobent tout le secteur de la santé. L'interprétation
d'un administrateur, à quelque niveau qu'il soit.soit infirmier, soit
hospitalier, soit industriel ne serait peut-être pas aussi globale et il
n'aurait peut-être pas la même perception que le ministre des
Affaires sociales.
MLLE BUREAU: M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais
mettre l'emphase sur la formation de nos membres, parce que c'est très
important. Nous serions désireuses d'avoir un article à ce sujet
dans notre loi no 273. Je crois qu'on a donné aux chiros, dans leur
projet de
loi, un droit de regard sur la formation. Nous voudrions que ce soit
dans la loi afin que les gens n'interprètent pas différemment les
règlements.
M. CASTONGUAY: On ne peut pas interpréter cela comme signifiant
que vous êtes en communion d'idées avec les chiros.
MLLE BUREAU: Non, ce n'est pas ici que nous communions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je tiens pour acquis que cela met fin
à vos commentaires à la suite des différentes questions du
ministre?
Avant de céder la parole au député de Montmagny, je
signale aux membres de la commission que le député de Chicoutimi
m'a donné préavis de son intention de poser quelques questions
très brèves. Après, nous reviendrons au
député de Montmagny.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je m'oppose à
cette procédure, parce que je devais présenter le
député de Chicoutimi avec toute la préparation que cela
exige et dire que c'est son état de célibataire qui le force
à se pencher davantage sur le problème des infirmières.
Personne ne m'en voudra de faire cette remarque, avant que le
député de Chicoutimi ne pose ses questions.
M. LE PRESIDENT: Votre objection est valable.
M.CLOUTIER (Montmagny): J'aurais un bref commentaire à faire
à la suite de l'échange qu'on vient d'entendre entre le ministre
des Affaires sociales et les porte-parole de l'Association des
infirmières. Evidemment, la commission est bien consciente des
problèmes non seulement ce matin, mais également par des travaux
connexes que nous poursuivons. Une autre commission siège pour le bill
no 65 et les règlements du bill no 65. Des problèmes qui
rejoignent ceux qui ont été mentionnés, ce matin, sont
discutés également à cette commission.
Nous étions conscients et nous avions prévu l'importance
des problèmes qui sont exposés devant la commission. Le ministre
a dit, dans son exposé, que les commissions d'enquête et les
travaux qui ont été faits depuis quelques années, travaux
auxquels vous avez été associés de très près
dans certains cas, d'un peu plus loin dans d'autres cas, ont permis de mettre
le doigt sur les problèmes et de faire l'exposé de ces
problèmes. Tout le monde est d'accord là-dessus. Les
problèmes sont maintenant posés. Mais cela ne veut pas dire que
c'est le législateur qui va apporter toutes les réponses. Ce
n'est pas le bill no 250 et ce ne sont pas les lois spécifiques, quelle
que soit la qualité du bill no 273, qui vont régler tous ces
problèmes, même avec les modifications que le ministre a
laissé entrevoir.
Il a été assez généreux avec les
infirmières. Le ministre prenait note jusqu'à présent et,
devant les infirmières, il n'a pu résister à la pression
et a annoncé des modifications. Il laisse entendre qu'il y en aura.
D'ailleurs, cela aurait été de 1'héroisme aussi de garder
cela jusqu'au mois de novembre.
Les problèmes sont posés, mais je voudrais faire une
remarque ici. Cela ne veut pas dire que c'est le législateur qui va
apporter toutes les réponses. Les corporations professionnelles qui sont
venues devant la commission ont une large part de responsabilités.
On l'a vu encore ce matin dans la suggestion qui a été
faite et qui a été reçue favorablement, je crois. C'est
que les médecins, d'une part, et les infirmières, d'autre part,
discutent des problèmes qui les confrontent et ils s'entendent sur une
liste d'actes médicaux. A chaque séance de la commission, ce
problème a été posé, celui des zones
frontières, la définition du champ d'exercice des professions,
surtout dans le domaine de la santé. Cela a été
posé ailleurs aussi. Mais dans le domaine de la santé, c'est
tellement évident, c'est tellement patent que c'est là où
la réponse va être apportée davantage par les corporations
professionnelles elles-mêmes, à partir du moment où elles
auront l'outil, qui va être chacune des lois spécifiques, et le
bill 250.
Je remarque également que les médecins sont toujours au
centre. Evidemment, c'est normal. Dans toutes les équipes de
santé, dans toutes les corporations professionnelles de la santé,
le médecin a toujours été au centre des
préoccupations. Je le dis parce que le médecin va avoir une large
part de responsabilités du fonctionnement harmonieux et de
l'évolution future de toutes les sciences, de toutes les professions de
la santé. Le médecin va avoir une responsabilité
vis-à-vis des infirmières, il va avoir une responsabilité
vis-à-vis des optométristes, il va avoir une
responsabilité vis-à-vis des chiropra-ticiens, il va avoir une
responsabilité vis-à-vis de toutes les corporations
professionnelles et toutes les associations qui sont venues devant la
commission. C'est un commentaire que je voulais faire ce matin tellement le
fait est évident. Cela ressort à partir des suggestions qui ont
été faites tantôt. Et, pour ma part, je considère
que c'est une excellente suggestion que cette liste sur laquelle vous allez
discuter et probablement vous entendre.
Je retiens deux problèmes majeurs sur lesquels je voudrais poser
des questions et avoir des commentaires. D'autres de mes collègues
on l'a dit tantôt voudront, également sur ces
questions particulières, avoir davantage de renseignements.
Vous vous doutez bien que le premier des problèmes, c'est la
définition de l'acte infirmier. J'ai, aujourd'hui ainsi qu'hier, pris
connaissance de ce document d'analyse, que vous avez fait,
d'échantillonnage des actes infirmiers posés dans certains
comtés. J'ai été fort impressionné par les actes
illégaux posés dans le comté de Louis-Hébert
surtout!
M. CASTONGUAY: Elles sentaient la surveillance du ministre de
façon plus immédiate. C'est pour cela qu'elles en posaient
plus!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'elles en ont posé en vue de
vous faire rire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me suis demandé même si je
n'avais pas manqué à mes responsabilités, durant quatre
ans, pour que dans le comté de Louis-Hébert, en 1971 ou 1972, on
pose des actes illégaux en médecine! M. le Président,
c'est un échantillonnage. Je félicite l'association d'avoir fait
ce travail de recherche qui n'est qu'un résultat partiel mais qui
démontre éloquemment là où est le problème.
Mais cela ne résout pas le problème.
Sur l'acte infirmier, j'ai lu votre définition, celle que vous
proposez dans votre mémoire. Ma première question serait la
suivante: Vous commencez comme suit: "Constitue l'exercice de la profession
infirmière tout acte qui a pour objet d'identifier l'état et le
besoin de santé". Je me suis arrêté là et je me suis
demandé: Est-ce qu'il s'agirait d'un diagnostic? Quelle est la
signification exacte à partir du moment où on dit "pour objet
d'identifier l'état et les besoins de santé"? Parce que le
médecin aussi identifie l'état et les besoins de santé
quand un patient se présente à lui. Alors, quel est
véritablement le sens que vous voulez donner à cette
proposition?
MLLE BUREAU: Est-ce que nous devons répondre tout de suite, M. le
Président?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
MLLE BUREAU: Avant de vous donner la réponse, M. le
député de Montmagny, j'aimerais apporter un petit commentaire.
Vous dites, par exemple, que le médecin est au centre de toutes les
décisions. Nous en sommes conscientes et nous trouvons que c'est
justifié. Vous dites que nous avons été associées
à quelques... Nous avons été aussi absentes. Nous avons
déploré cette absence. Peut-être que cela aurait
réglé des problèmes un peu plus tôt.
Par exemple, nous avons été absentes parmi les 26 membres
de la commission Castonguay et nous sommes toujours absentes, malgré nos
nombreuses représentations, au Conseil des affaires sociales et de la
famille. Nous croyons que nous pourrions aider le ministre. Nous constatons
aussi que, si nous sommes dans tous les postes éloignés de la
province et nous y somme seules, il y a encore un endroit où nous sommes
absentes, c'est dans les cadres supérieurs du ministère des
Affaires sociales.
Lorsqu'il y a eu un précédent de créé, on a
nommé un comptable ministre de la Santé, un deuxième, un
actuaire, ministre des Affaires sociales, nous nous sommes réjouies.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y avait eu
M. Kierans, auparavant, un économiste, qui s'occupait du
ministère des Postes, aussi.
MLLE BUREAU: Cela a été pour nous un objet de
réjouissance car nous nous sommes dit: Nous allons avoir un autre
précédent: une infirmière nommée sous-ministre.
Nous avons plusieurs membres qui sont préparées à
aider le ministre, à travailler avec lui au bien-être de la
population. Nous savons fort bien que, tant qu'il y a de la vie, il y a de
l'espoir. Donc, nous attendons et nous espérons.
Mlle Claire Martin, qui a travaillé avec beaucoup d'autres
à notre étude scientifique, va répondre à votre
question, M. Cloutier.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement faire un commentaire sur cette
intervention. Ce qui me parait extrêmement important, comme ministre,
c'est que lorsque nous avons besoin d'une expertise et que nous avons besoin de
conseils éclairés sur une question, nous puissions nous adresser
à des organismes comme votre corporation, à des gens qui sont
dans la pratique. Une infirmière qui prendrait un poste de sous-ministre
adjoint, chez nous, rapidement, à mon sens, deviendrait
détachée ou isolée de la pratique; elle prendrait, assez
souvent, beaucoup plus des caractéristiques d'un administrateur. On
pourrait, bien souvent, être tenté d'écouter son opinion,
pensant qu'elle est bien au fait de la situation, alors qu'elle est
dissociée, dans une certaine mesure, de la pratique.
C'est pourquoi, tout comme dans le Conseil de pharmacologie, nous avons
demandé à une centaine de professionnels de donner leurs avis sur
l'établissement de la liste. Ainsi, dans l'établissement des
normes, par exemple, nous consultons dans toute la mesure du possible. Je ne
veux pas jeter une douche d'eau froide, mais je voulais aussi donner mon
opinion sur cette question, expliquer mes gestes; parce que ce n'est pas un
reflet sur la compétence professionnelle des infirmières, en
aucune façon.
MLLE BUREAU: M. le Président, puis-je demander au ministre des
Affaires sociales si cela s'applique aussi aux médecins qui sont
sous-ministres?
M. CASTONGUAY: N'oubliez pas qu'anciennement ils étaient
ministres et qu'aujourd'hui ils ne le sont plus!
MLLE BUREAU: On aura probablement une infirmière ministre !
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une seule remarque, à l'endroit de la
présidente. Elle suggère qu'il y ait une infirmière
sous-ministre.
II y a déjà sept sous-ministres. Ira-t-elle là
comme huitième, comme péché ou comme vertu?
MLLE BUREAU: Ce sera certainement une vertu. Nous n'en sommes pas
à un huitième près. Ce sera peut-être la
huitième merveille!
MLLE MARTIN: Pour répondre à votre question, c'est exact.
Identifier l'état et les besoins de santé, c'est un diagnostic,
mais un diagnostic nursing au lieu d'être un diagnostic médical,
comme les médecins le posent.
Les médecins posent un diagnostic dans le cadre maladie.
L'infirmière va le poser dans le cadre santé. C'est-à-dire
que, lorsqu'elle se présente devant le malade, elle doit déceler
les besoins, sur le plan biologique, sur le plan psychologique et sur le plan
social et familial de la personne qui est hospitalisée. Cela
s'étend jusque-là. Le médecin a moins de chances de le
faire. Il est beaucoup moins présent auprès du malade. Mais
l'infirmière a à considérer tous les besoins fondamentaux
de l'être humain.
A partir de ce moment-là, elle doit identifier l'état et
le besoin du malade qui lui fait face pour lui donner un soin complet, un soin
total.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cette proposition de définition
avez-vous eu l'occasion d'en discuter avec le Collège des
médecins? Hier, dans les déclarations que vous avez faites, il
semble que du moins d'après ce qu'en rapportent les journaux
vous aviez dit que le Collège des médecins et le ministre
des Affaires sociales étaient d'accord pour la reconnaissance de l'acte
infirmier.
MLLE MARTIN: Nous espérions que le ministre des Affaires sociales
eût été d'accord. Quant au Collège des
médecins, nous discutons toujours avec lui. Je crois que le
Collège des médecins acceptait le principe qu'on pouvait se
définir, qu'on pouvait illustrer dans une définition
légale les champs d'exercice. Je crois que c'était le
principe.
Nous avons certainement discuté de certains aspects. C'est
surtout dans la partie médicale qu'ils ont été
impliqués. Dans la partie nursing, je ne crois pas que nous avions
à leur demander ce qu'était le nursing. Nous voulions leur dire
ce que c'était le nursing et nous avons collaboré avec eux pour
qu'ils nous disent quels étaient les actes délégués
médicaux.
MLLE BUREAU: Vous vous souvenez que, lorsque le Collège des
médecins s'est présenté ici, à la période
des questions, ils avaient demandé d'enlever de notre définition
la promotion de la santé ou de la donner à tous les
professionnels de la santé. C'est le seul point.
Nous disons que nous devons la garder. Nous en avons besoin. Et nous
demandons de l'ajouter aux autres. Si tous les professionnels de la
santé font la promotion, la population du Québec ne s'en portera
que mieux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Effectivement, ils avaient mentionné ce
point-là.
MLLE DUMOUCHEL: Si je peux me permettre une illustration, lorsque
l'infirmière fait un traitement curatif, un pansement par exemple, si
elle ne considère pas l'aspect de la promotion de la santé, la
prévention des complications, l'éducation à la
santé de son client ou de son malade, suivant que vous êtes en
santé publique ou en cure, elle n'exerce pas sa profession
complètement. Dans l'évaluation de l'exercice professionnel, ceci
doit se retrouver dans tous les actes, même en cure. C'est pour cela que
l'on dit que c'est l'essence même de notre profession, même
au-delà des techniques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Chicoutimi voulait
enchafner sur ce sujet de l'acte infirmier. J'en ai discuté hier avec le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie mon collègue de me laisser,
pour un moment, la parole. Je voudrais d'abord vous dire que je suis
très ému de parler devant une assemblée de femmes aussi
nombreuse, mais comme, par ailleurs, je suis habitué, à
Chicoutimi, d'être entouré de femmes, mon émotion en est
moins grande.
Le ministre a parlé tout à l'heure, à la suite des
observations de Mlle Bureau, de ce danger qu'il y a, lorsqu'on fait des
nominations, qu'un professionnel à quelque métier qu'il
appartienne s'éloigne de sa profession. Je ne suis pas d'accord avec
lui, parce que tous les députés qui exercent des professions, du
fait qu'ils sont députés, ne sont pas pour autant privés
de relations avec leur profession et des connaissances qu'ils avaient
auparavant. Le ministre est peut-être dans cette situation, ce qui
expliquerait qu'il n'y a pas de loi spéciale sur les actuaires.
Ceci étant dit, je voudrais poser une question à Mlle
Bureau ou à Mlle Dumouchel sur ce que vous appelez
précisément le diagnostic infirmier dont m'entretenaient
aujourd'hui les représentants de l'Association des infirmières et
infirmiers de ma région, qu'en passant je salue tout
spécialement. Qu'est-ce exactement que le diagnostic infirmier?
MLLE BUREAU: Mlle DuMouchel va répondre.
MLLE DUMOUCHEL: Le diagnostic infirmier peut se retrouver de diverses
façons. Je prends un exemple pour illustrer ce point.
L'infirmière qui est en santé scolaire va poser des diagnostics
infirmiers. Après avoir évalué, dans ses limites, si
l'enfant ne fonctionne pas bien en milieu scolaire, elle va voir s'il y a un
problème d'acuité, ce qui sera probablement le cas.
Le diagnostic médical sera posé et, s'il y a un
problème d'acuité visuelle, le traitement sera
effectué. Mais l'infirmière va déceler qu'il y a un
problème de santé qui empêche cet enfant de
fonctionner.
Si le malade arrive en phase aiguë, par exemple, à la salle
d'urgence, elle posera le diagnostic. Elle dira que le malade a besoin de
radiographies, d'analyses, qu'il a besoin de voir un médecin
immédiatement ou qu'il peut attendre quelques minutes. On peut lui
donner des soins de base, comme faire baisser la température, etc. C'est
un diagnostic de nursing.
La diète dont le malade a besoin, même si le médecin
ne la prescrit pas, peut être un diagnostic de nursing. La diète
d'un enfant qui est augmentée ou diminuée, c'est un diagnostic de
nursing. La position du malade, pour qu'il n'y ait pas de complication et pas
de plaies de lit, comme dirait Mlle Bureau, c'est un des grands actes de
diagnostic de nursing parce que nous n'avons pas besoin du médecin pour
nous dire qu'il faut tourner le malade, qu'il faut lui donner une bonne
position. S'il y a une défaillance osseuse, le diagnostic médical
dira: II faut tel traitement. Cela devient un traitement. C'est la
prévention qui fait partie de tout l'acte infirmier. L'exercice
respiratoire, c'est la même chose. Il faut préparer un malade qui
est inquiet face à la chirurgie, il faut qu'il soit
préparé pour bien respirer après. Ce sont des diagnostics
de nursing.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il vous arrive, par exemple,
lorsqu'il y a eu ordonnance par un médecin aux fins d'administrer un
remède, de devoir, étant donné la connaissance que vous
avez de l'état du patient à un moment précis, discontinuer
l'administration d'un médicament?
MLLE DUMOUCHEL: C'est un problème que nous vivons quotidiennement
dans les hôpitaux. C'est un problème que nous vivons beaucoup dans
les régions éloignées. Mlle Martin pourra peut-être
vous donner des chiffres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la nature, vous savez. Ce ne sont pas
tellement les chiffres.
MLLE DUMOUCHEL: Ceci se produit nécessairement. Par exemple, tout
médicament qui est prescrit pour prendre au besoin, l'infirmière
le donne ou ne le donne pas. C'est le jugement de l'infirmière. Il faut
qu'elle le fasse selon des connaissances techniques. La surveillante du malade
va nous donner les faits d'observation qui nous sont nécessaires pour
prendre cette décision et elle communique avec le médecin
immédiatement. Le médecin peut être à une autre
activité médicale ou il peut être absent de l'hôpital
et il faut prendre une décision. Nous ne pouvons pas laisser le malade
en plan. Dans la salle d'urgence, par exemple, lorsqu'on attend qu'un
médecin arrive pendant une heure, deux heures ou trois heures, il faut
prendre une décision. Nous continuons ou nous discontinuons. Alors, nous
pouvons dire: II a besoin de respirer, il a besoin d'oxygène. Nous
essayons de diriger le malade pour qu'il ait les analyses nécessaires.
Il y a certaines analyses de routine qui requièrent le jugement de
l'infirmière.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Mlle DuMouchel, je comprends ce que
vous entendez par le diagnostic infirmier. Est-ce que la situation dans
laquelle vous vous trouvez très souvent dans des hôpitaux ou en
dehors des hôpitaux fait que vous êtes empêchés de
prendre contact rapidement avec le médecin et que cela vous oblige
à poser des gestes que vous appelez de diagnostic infirmier qui ont des
conséquences qui pourraient être éventuellement des
conséquences légales?
MLLE DUMOUCHEL: Oui, régulièrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous le devez faire
régulièrement.
MLLE DUMOUCHEL: Surtout dans les régions
éloignées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Surtout dans les régions
éloignées.
MLLE DUMOUCHEL: En hémodialyse par exemple. Lorsque les
traitements d'hémodialyse ont commencé, le médecin
était toujours à côté de l'infirmier ou de
l'infirmière qui travaillait dans ce secteur. C'est lui qui branchait
les fils nécessaires, qui voyait à faire le traitement et qui
dirigeait l'infirmière. Maintenant, le médecin n'est plus
là aussi constamment et l'infirmière et l'infirmier prennent les
actions nécessaires et vont même à domicile. Le
médecin n'a qu'à donner un ordre médical et voir les
effets du traitement de nursing qui est élaboré pendant son
absence et qui est exécuté. Mlle Martin pourra certainement vous
donner des chiffres très précis sur ce point.
MLLE MARTIN: A l'occasion du questionnaire, nous avons demandé
des commentaires. Les infirmières nous ont répondu avec beaucoup
de collaboration et j'ai un commentaire ici, M. le député, qui
peut vous intéresser beaucoup. C'est bien écrit par
l'infirmière en question, qui travaille dans une unité
d'obstétrique. "La plupart des médecins ne viennent pas voir le
patient durant le travail."
C'est donc l'infirmière qui a la responsabilité du travail
de la pateinte au point de vue de l'évolution, de la modification, de la
surveillance des signes vitaux, de la prévoyance des complications, dose
des médicaments nécessaires à la patiente. Certains
médecins ont des ordres permanents, mais l'infirmière doit juger
quand il faut le donner et quelle dose donner. Alors, je ne sais pas si
ça répond vraiment à votre question, c'est bien
spécifique à une spécialité, mais je pense que le
commentaire est très valable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est parfait, ce que vous me dites
là, mademoiselle, et je suis très heureux d'entendre cela. Je ne
suis pas un spécialiste de la médecine et c'est à ce titre
précisément de non-spécialiste de la médecine que
je tenais ce matin à être ici pour vous interroger.
Il me parait évidemment que la proposition de définition
de l'acte infirmier que vous soumettez est nécessaire; en ce qui
concerne évidemment le détail technique, scientifique, etc., je
laisse au spécialiste le soin de le déterminer, afin que cela
corresponde à des réalités médicales et corresponde
aussi à l'idée que vous vous en faites. Mais cette proposition de
reconnaissance d'un acte infirmier, veuillez croire que je l'endosse
absolument, parce que je crois que c'est essentiel à votre profession,
à sa valorisation, à sa survie et aussi à son expansion,
puisque votre rôle le ministre le soulignait et vous l'aviez
vous-même souligné a pris une dimension qu'il n'avait pas
autrefois.
Par conséquent, à ce chapitre de l'acte infirmier, je suis
d'accord avec vous, quitte, comme je le disais tantôt, à laisser
aux spécialistes le soin de voir par quel mécanisme cela peut
être intégré dans le cadre d'une loi. Maintenant, Mlle
Bureau, vous avez parlé, on a parlé de ce problème, ce
sont deux aspects majeurs de votre mémoire. Il y a l'acte infirmier
comme tel, mais il y a un autre aspect majeur qui retient mon attention, c'est
celui de la formation de l'infirmière et des exigences que vous avez
formulées, afin d'exercer un contrôle sur la formation,
l'accréditation, l'agrément des infirmiers ou
infirmières.
Je vous pose une question précise ici. D'abord, est-ce que vous
pouvez porter ici il ne s'agit pas de dévaloriser qui que ce soit
ou quoi que ce soit un jugement de valeur sur la formation actuellement
donnée dans les CEGEP? Au point de vue pratique, au point de vue
théorique, est-ce que les étudiants qui sortent de ces maisons
d'enseignement sont préparés à exercer la profession?
Est-ce que vous jugez absolument essentiel, comme moi je le pense, que ces
étudiants au sortir de l'école, du CEGEP, soient soumis à
des examens, enfin des examens préparés par votre association et
qui répondraient aux normes de préparation technique et aux
qualités que vous exigez d'une infirmière et d'un infirmier?
MLLE BUREAU: Je vais répondre en partie et je vais demander
à Mlle DuMouchel de compléter. Si vous voulez, au point de
départ, nous allons dire que l'association a préconisé que
la formation de nos membres s'intègre dans le système
d'éducation. Nous croyons que, nous, les infirmières
formées à l'école traditionnelle, avons été
pénalisées en faveur de la société.
Pendant notre période de formation, tout le monde sait que nous
étions auprès des malades à assurer du travail
économique. Cela a aidé à ce moment-là à
garder les services hospitaliers à un coût très bas.
Lorsque nous étions en service de nuit, nous travaillions douze heures
d'affilée, six nuits par semaine. Le ministre des Affaires sociales n'a
pas connu ce temps-là. L'association avait préparé le
programme et avait demandé qu'on procède par projet pilote.
Ainsi, nous avions demandé que seulement trois CEGEP donnent l'option
technique infirmière, qu'on attende que ces cégepiennes-là
aient fini leur cours, qu'on fasse l'évaluation avant d'en commencer
d'autres. Nous le regrettons. Nous ne regrettons pas la formation en CEGEP,
remarquez bien, nous regrettons qu'autant d'options en techniques
infirmières se soient ouvertes en même temps.
Nous aurions voulu pouvoir évaluer et ne pas nous défaire
tout de suite de notre personnel de professeurs qui étaient dans des
écoles traditionnelles, qui avaient une expérience, qui donnaient
de très bons cours. Ces personnes ont été employées
dans d'autres services et il y a eu à un moment donné
pénurie de professeurs dans certains CEGEP, c'est une constatation. Nous
avons préparé, à l'association, un programme d'orientation
pour les cégépiennes qui arrivent sur le marché du
travail.
Il ne faut pas oublier que ces infirmières arrivent en pleine
période de vacances. Je ne suis pas une directrice de soins infirmiers
dans un hôpital mais je les connais et elles me parlent de leur
problèmes, entre autres, de leur budget global et de la norme. Je ne
veux pas m'embar-quer dans des choses mais j'essaie de transmettre leurs
inquiétudes. L'été, elles n'ont pas de personnel suffisant
pour remplacer le personnel en vacances. En plus, elles doivent assumer la
responsabilité du programme d'orientation de ces étudiantes. Il y
a certainement des mécanismes à développer; M. le ministre
doit nous rencontrer le 16 octobre et nous voulons en discuter avec lui.
C'est notre grande préoccupation pour l'année qui vient.
L'année dernière, le ministre nous a tenues fort occupées.
Nous allons certainement en discuter d'abord avec les directrices des soins
infirmiers qui, elles, les reçoivent dans leurs hôpitaux et qui
sont les plus aptes à faire l'évaluation. Il y a place pour
l'amélioration, il serait dommage qu'il n'y ait plus de place pour
l'évolution car cela voudrait dire que notre société a
arrêté de progresser. Je demande à Mlle DuMouchel de
compléter.
MLLE DUMOUCHEL: Nous croyons, à l'association, que la formation
dans les collèges est valable; nous reconnaissons qu'il y a des
problèmes, nous reconnaissons que les méthodes
d'évaluation en cours de formation doivent être
améliorées et que la formation des professeurs doit être
augmentée. Nous reconnaissons aussi que les expériences
dirigées des étudiantes et étudiants des collèges
devraient s'intensifier tant quelquefois qualitativement que quantitativement.
Nous essayons de travailler avec le
ministère de l'Education pour amener un programme
amélioré continuellement.
Les directrices des soins infirmiers réalisent que maintenant
nous avons à peu près 3,000 à 4,000 étudiantes et
étudiants qui ont été admis à l'exercice de la
profession sur le marché du travail; nous avons un très bon
échantillonnage pour faire une évaluation plus
systématique faite par l'employeur qui les reçoit. Quant à
l'examen d'exercice, un centre d'éducation donne un examen pour
évaluer les objectifs qu'il a proposés pour l'éducation.
Il n'évalue pas nécessairement la compétence et
l'application des connaissances à un milieu pratique, c'est le but de
l'examen de l'admission à l'exercice. C'est un mécanisme humain
et nous devons toujours continuer à chercher des mécanismes plus
raffinés, plus spécialisés. L'examen d'admission à
la pratique, pour ce qui concerne les soins infirmiers, se basent sur cinq
spécialités cliniques et fait faire à l'étudiant
l'adaptation de ses connaissances théoriques prises
séparément, pas nécessairement toujours
intégrées, malheureusement, à une situation pratique.
C'est un examen objectif qui place l'étudiant dans une situation
pratique.
De plus, cet examen réussi donne la parité avec les autres
provinces, est reconnu par les autres provinces et est reconnu aussi pour
celles qui passent au niveau national pour le secteur des examens de langue
anglaise, un examen anglais, il est de parité nationale et permet au
candidat qui a réussi de se présenter dans d'autres provinces,
d'autres pays. Il n'y a pas de limite tellement rigide imposée aux
autres pays; nécessairement, chaque pays est libre et peut poser
certaines conditions. La parité est vraiment reconnue et c'est un moyen
d'évaluation de normes à partir de normes minimums de
sécurité et on est relativement certain que cet étudiant,
qui a été évalué pendant sa formation, qui a rempli
les conditions d'admission à l'étude et qui a subi avec
succès ses examens pédagogiques du centre d'éducation,
peut appliquer tout ceci à une situation pratique devant laquelle il est
mis.
Il ne faut pas oublier non plus que les CEGEP se retrouvent à
travers toute la province, les étudiants sont mis dans des variables
différentes; par exemple, dans la région de Chicoutimi, les
étudiants ont un certain champ clinique; dans la région de
Montréal, il y en a un autre. Pour évaluer de façon
systématique, on place les étudiants devant une variable
identique qui est la sécurité et l'application pratique face
à des situations de nursing.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): En résumé, Mlle DuMouchel, vous
tenez à cette certification si je peux employer ce terme
par votre association pour l'ensemble de ces étudiants qui proviennent
des maisons d'enseignement CEGEP?
MLLE DUMOUCHEL: Jusqu'à ce qu'on nous présente une formule
de sécurité totale dans d'autres niveaux. Ce n'est pas immuable,
je crois qu'on désire l'examen d'admission à la pratique
actuellement. Si nous avons l'assurance que nous avons des étudiants
idéaux, avec des professeurs idéaux, travaillant dans des
hôpitaux parfaits, des champs cliniques parfaits et des collèges
magnifiques, nous considérerons peut-être de changer nos
méthodes d'évaluation d'admission à la pratique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mlle Bureau, vous avez fait
référence tout à l'heure à l'article 169 où
il est dit que le lieutenant-gouverneur en conseil peut par règlements
déterminer les diplômes délivrés et fixer les
modalités de participation de la corporation', etc. Est-ce que vous
croyez suffisant que le gouvernement procède ici par règlements
compte tenu de ce que le ministre a dit tout à l'heure, des explications
qu'il a données? Est-ce que vous croyez nécessaire que cela soit
inscrit dans le texte de loi comme tel ou si vous jugez suffisant que le
gouvernement procède par voie de réglementation?
MLLE BUREAU: Je sais qu'on n'a pas le droit de poser des questions mais
je peux m'en poser une à moi. Est-ce que ce serait suffisant, par
exemple, pour le Collège des médecins, pour le Barreau, la
Chambre des notaires? Nous avons la même obligation que ces professions
de protéger le public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois que vous posez là le
problème d'une façon originale mais vous m'avez donné une
réponse. En réalité, vous souhaiteriez que soit inscrite
dans la loi une prescription exigeant que votre corporation en somme exerce le
contrôle pour l'admission à la profession.
MLLE BUREAU: Je constate que notre compréhension
réciproque est parfaite.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes, mademoiselle, en communion
d'idées. Tout ce que je déplore c'est de ne pas être
indisposé aujourd'hui afin de pouvoir me faire traiter par chacune
d'entre vous. Cela viendra peut-être avec mon âge. A tout
événement... pardon?
M. LACROIX: On peut dire que vous avez l'air malade un peu.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Il sied en pareille circonstance d'avoir un air
un peu particulier pour inciter à la sympathie, à la compassion.
D'ailleurs, le ministre a toujours cet air là, c'est pour ça que
les infirmières le traitent si bien aujourd'hui.
MLLE BUREAU: M. le député, vous m'ouvrez une porte pour
vous dire que c'est impor-
tant dans la définition de l'acte infirmier d'avoir la promotion
de la santé et la prévention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est excellent, mademoiselle! Je vais vous
consulter tout à l'heure, pour un diagnostic infirmier.
Mesdames, vous avez parlé de cette question de formation,
d'évaluation et d'examens. Cela me parait absolument essentiel,
absolument nécessaire et j'endosse les recommandations de votre
mémoire, sous toutes réserves, bien entendu, des dispositions et
de la formulation que le ministre voudra bien nous soumettre et soumettre
ensuite par voie de réglementation.
Il y a évidemment dans votre mémoire un ensemble
d'aspects: cotisation, fonds d'indemnisation, quorum, etc., tout ce que le
ministre a discuté tout à l'heure, a évoqué au
sujet duquel il entend apporter des solutions, enfin des amendements, je ne
sais trop. Cet aspect plus particulièrement administratif ne retient pas
mon attention, et ce, non pas que je ne le juge pas important.
Ce qui m'intéresse tout spécialement, ce matin, c'est que
vous puissiez obtenir par voie juridique la reconnaissance que vous demandez de
l'acte infirmier, premièrement je suis entièrement
d'accord avec vous quitte, encore une fois, à le définir
de façon précise ou selon ce que le ministre indiquait,
même si cela ne correspond pas exactement à votre idée.
Mais c'est à vous qu'il appartiendra de dire au ministre, au
gouvernement et aux membres de la commission comment procéder.
En ce qui concerne l'éducation, la formation, je suis absolument
d'accord avec vous parce que j'estime que votre profession, comme toutes les
autres professions, doit quand même être contrôlée par
ceux qui en sont membres, qui en sont responsables et cela, en vue de
promouvoir l'intérêt public qui, en l'espèce, est la
santé. Maintenant, tout ce que je voudrais ajouter, c'est que je
souhaiterais que les membres de la commission, le ministre et le gouvernement
accordent une attention bien particulière aux demandes qui ont
été présentées par votre association.
Avant de terminer, j'aimerais vous poser une question. Il y a, dans
votre association, beaucoup de femmes. Je crois qu'en 1967 on a apporté
des amendements à la loi qui permettent aux hommes aussi d'y entrer, ce
qui n'est pas mauvais, me dit-on. Est-ce qu'il y a beaucoup d'infirmiers
masculins dans votre association, à l'heure actuelle?
MLLE BUREAU: Environ 800.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Environ 800. Cela veut dire qu'il y a eu une
augmentation graduelle depuis 1967?
MLLE BUREAU: Je dois vous dire que les infirmiers ne font partie de
notre association que depuis deux ans. Nous avons demandé l'amendement
pendant sept ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vous l'avez obtenu en 1967, nous
étions là.
MLLE BUREAU: Nous étions désireuses d'avoir les hommes
avec nous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça et nous vous les avons
donnés. Moi, je serais désireux, comme vous en avez
exprimé le désir, que le ministre requière vos services
à titre de sous-ministre ou à d'autres postes aussi importants,
même ministre éventuellement. Nous ferons appel à vous,
mesdames.
Je ne veux pas insister davantage. Mesdames les infirmières ont
répondu aux questions que je voulais poser. Je termine en assurant les
infirmiers et infirmières de l'AIPQ que je suis entièrement
d'accord sur les revendications majeures qui sont contenues dans le
mémoire. Je vous remercie et je vous félicite, mesdames, du
travail que vous avez accompli qui nous permet d'avoir une connaissance
très précise, même très scientifique de ce qu'est
votre profession et de l'importance du rôle que vous jouez dans les
services de santé. J'espère que l'on pourra, enfin par voie
législative ou autrement, éliminer tout ce qui constitue des
points d'accrochage qui pourraient vous empêcher d'atteindre ce niveau de
promotion que vous vous êtes acquis par votre dévouement
auprès de la société.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, comme le député de
Chicoutimi, dans sa dernière question, a posé ma première
question, en évitant cependant, après avoir entendu ce qui a
été dit, de parler de sexe fort ou de sexe faible. J'ai obtenu ma
réponse. J'aimerais savoir une chose. On a parlé de nombre
d'actes illégaux. Quelle est la part de l'infirmière dans les
soins de santé, globalement?
MLLE BUREAU: Mlle DuMouchel.
MLLE DUMOUCHEL: Question très globale. Je vais essayer de
répondre globalement sur la part de l'infirmière dans les soins
de santé. Les infirmières, dans le milieu scolaire, font le
dépistage, orientent vers les spécialistes de la médecine
ce qui est décelé comme problèmes de santé; elles
font de l'immunisation, elles font de l'éducation au point de vue des
soins de la mère et de l'enfant. Nous avons une spécialiste, ici,
en soins de la mère et de l'enfant, qui travaille dans un centre
hospitalier à Sherbrooke à titre d'infirmière clinicienne
pour donner aux parents tout ce dont ils ont besoin pour bien recevoir l'enfant
et donner les soins de santé que cet enfant requiert. Il y a des
infirmières dans les industries, dans les colonies. Leur apport est
immense au point de vue des premiers soins, au point de vue de
l'éducation sanitaire, au point de vue du dépistage et de
l'orientation vers les centres médicaux. Il y a
l'infirmière qui travaille dans tous les secteurs des services
cliniques de l'hôpital, nécessairement soins
ultra-spécialisés, soins intensifs, services
généraux des spécialités cliniques. Il y a des
infirmières qui assistent les équipes multidisciplinaires en
recherche de santé, en recherche médicale, en recherche clinique.
Nous avons des infirmières qui travaillent aussi dans les unités
sanitaires auprès des familles, dans les services de soins à
domicile, parce que nos infirmières vont encore à domicile pour
donner des soins. Elles travaillent soit dans un centre hospitalier de soins
à domicile organisé ou dans un service infirmier à
domicile. Ceci est réparti dans toute la province. Je ne sais pas si
ça répond globalement à votre question, mais j'ai
essayé d'illustrer les secteurs. Nécessairement, nous avons nos
chercheurs, nos éducateurs, nos administrateurs pour diriger les
équipes de nursing, pour donner le service total de soins infirmiers
à la population.
M. GUAY: Ma deuxième question porte sur un sujet grandement
discuté. Je vais quand même tenter de vous faire apporter
certaines précisions, peut-être en termes de chiffres, si c'est
possible. On a beaucoup parlé de l'acte illégal. Cela
m'intéresse au plus haut point puisqu'on a dit, à plusieurs
reprises, et même je pense que le ministre l'a
souligné qu'on avait une pénurie de professionnels de la
santé, actuellement. Si, demain matin, les infirmiers et
infirmières se limitaient à poser ce qu'on a appelé, pour
les besoins de la cause, l'acte légal, est-ce que les médecins
pourraient suffire? Sinon, combien de médecins devraient être
ajoutés à ceux qui sont déjà en place?
MLLE BUREAU: Quarante mille. M. GUAY: Quarante mille!
MLLE BUREAU: II n'y a pas un actuaire qui va pouvoir résister
à un budget semblable !
M. GUAY: Si l'acte infirmier est décrit dans une liste, il est
bien sûr que les membres de votre association devront respecter cette
liste. Je me posais la question suivante tantôt, qui aurait
été une question supplémentaire à celle qui a
déjà été posée: Comment est-ce possible,
pour vos membres, de respecter une telle liste, si vous n'avez pas le
contrôle, premièrement, de la compétence, de la formation
et de l'évaluation de l'acte infirmier? En fait, il y aurait
peut-être des changements à apporter, ajuster les membres
d'après la liste ou ajuster la liste d'après les membres.
MLLE DUMOUCHEL: Espérons que la liste sera basée sur les
besoins.
M. GUAY: D'accord.
MLLE BUREAU: M. Guay, me permettez- vous de dire que c'est un
problème épineux que vous touchez là? Des listes, ce sont
des listes. Souvent, nous allons peut-être faire une liste qui va
répondre à l'ensemble de la population, mais là où
il n'y a pas de médecin, là où il y a un médecin
pour 8,000 de population, par exemple, la liste ne sera peut-être pas la
même que la liste pour Montréal. Il est très difficile de
dresser une liste qui réponde aux besoins de la population de la
province de Québec. Nous croyons, nous, à l'équipe
multidisciplinaire.
Si vous permettez, j'aimerais que le conseiller juridique réponde
là-dessus.
M. GUAY: D'accord.
M. DUCHESNEAU: M. le Président, nous avons fait distribuer, ce
matin, des copies d'une décision rendue dans l'affaire Fillion versus
Sainte-Justine et Magnan. Les principes énoncés dans cette
décision, qui est une décision clé, se limitent un peu
à ceci. C'est qu'en posant l'acte illégal, l'infirmier ou
l'infirmière, automatiquement, engage sa responsabilité,
même si l'acte est posé selon les normes établies, selon la
qualité. D'ailleurs, le Dr Goldbloom avait agi comme expert dans cette
cause, si je me rappelle bien. Alors automatiquement, en posant l'acte,
même selon les qualités établies, selon les normes
établies, l'infirmier ou l'infirmière engage sa
responsabilité, s'il y a complication, alors que les autres
professionnels n'ont pas d'obligation de résultats mais de moyens. S'ils
agissent comme une personne raisonnable, selon la définition
légale, ils sont dégagés de toute responsabilité
s'il n'y a pas négligence grossière.
Ceci étant dit, la définition que nous proposons, surtout
la deuxième partie de la définition, dit ceci: "Ainsi que le fait
de prodiguer des soins selon prescription médicale ou selon les
conditions du milieu ou du client et de contribuer aux méthodes de
diagnostic, le tout compte tenu des connaissances scientifiques". C'est
là que se pose la névralgie du problème. Pour
remédier à cette névralgie, le ministre a
suggéré, tout à l'heure, qu'il soit établi une
liste, conjointement avec le Collège des médecins, pour
établir, déterminer, légaliser les actes illégaux
présentement posés.
Je soumets, M. le Président, que cette suggestion est excellente
en soi mais ne résout pas le problème. Ce n'est pas une solution
au problème. Je crois, cependant, que la philosophie de la proposition
du ministre est acceptable, en ce que si la définition telle quelle est
acceptée par le législateur, on devrait ajouter, à la
définition, par les règlements du bill 65, que les
méthodes de diagnostic et les connaissances scientifiques requises pour
poser ces actes médicaux, dans certaines circonstances, dans certaines
conditions, selon les conditions du milieu ou du client.
A ce moment-là, les normes devraient être établies
conjointement entre le Collège des
médecins et la Corporation des infirmiers et infirmières.
C'est la seule solution.
La proposition du ministre je me répète est
bonne philosophiquement, dans sa pensée, mais pratiquement ne
résout pas la difficulté. Comme proposition concrète,
à la suggestion formulée par le ministre, je crois qu'on devrait
ajouter dans la définition ou autrement: Que les méthodes de
diagnostic et les connaissances scientifiques requises pour protéger la
personne qui pose l'acte frontière soient déterminées
conjointement par les médecins et les infirmiers et infirmières.
C'est une proposition pratique, une proposition qui saura dégager la
responsabilité. Croyez-moi, malgré que je sois avocat, j'ai
maintenant subi un lessivage de cerveau complet et on pourrait presque
m'accorder, peut-être... Non? On me dit non.
Je crois que, comme solution pratique, il faudrait se pencher sur notre
proposition de plus près.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que je pourrais faire un
bref commentaire en réponse à ce que vient de dire Me
Duchesneau?
Premièrement, pour rétablir les faits, je n'ai pas
été appelé comme expert dans la cause en question; j'ai
été désigné par entente entre les parties arbitre
résiduaire dans les problèmes entre l'hôpital
Sainte-Justine et ses infirmières. Ce que je voudrais dire, c'est
simplement que la formule proposée par mon collègue, M.
Caston-guay, me sourit pour une raison très fondamentale. On sait qu'il
y a, quant à la définition des champs d'action des diverses
professions, chevauchement. Ce chevauchement existe nécessairement parce
qu'il y a dans l'exercice des professions un certain chevauchement.
Il existe aussi parce qu'il n'y a pas moyen de donner une
définition assez serrée pour éviter tout chevauchement. Ce
qui compte dans tout ceci, ce n'est pas le fait qu'il y ait chevauchement et
que ce chevauchement embête les professions concernées. Ce qui
compte, c'est l'intérêt du malade, la protection vous
l'avez souligné de la personne qui exerce une profession pour
rendre service au malade et qui doit pouvoir rendre ces services sans crainte
de poser un geste illégal à cause de mots inscrits sur
papier.
Dans ce sens, je pense que la formule de retenir les définitions
plutôt générales mais par règlements, selon des
ententes, de régler les questions de relations entre les professions et
celles de chevauchement de champ d'action, c'est une formule qui me sourit
beaucoup. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. GUAY: J'ai encore quelques questions. On parle d'acte légal ou
illégal. Il est bien sûr et M. Duchesneau vient de le
souligner qu'il y aura toujours des conditions bien spéciales. Et
une des conditions dans le domaine de la santé qui est plus souvent
qu'à son tour spéciale, c'est l'urgence. L'infirmière ou
l'infirmier devra juger. Nous avons discuté de la question de l'urgence
et je ne voudrais pas y revenir parce qu'elle a été
clarifiée en disant que c'est toujours le professionnel qui
décide. Mais étant donné que l'infirmier ou
l'infirmière doit à certains moments, pour la survie d'un patient
ou pour tout autre raison majeure, décider si oui ou non on pose cet
acte, comment l'infirmier ou l'infirmière pourra-t-il faire pour
décider, étant donné que c'est le professionnel qui
décide, si oui ou non c'est un cas d'urgence? A partir de là, je
me pose la question suivante: Etant donné que le professionnel, en
l'occuren-ce l'infirmier ou l'infirmière, ne peut pas décider
à la place du médecin, du professionnel de la santé, en
l'absence du médecin qui décidera en fait si l'acte est
considéré comme illégal?
M. DUCHESNEAU: C'est le problème.
M. GUAY: C'est le grand problème qui se pose bien sûr. Je
ne voudrais pas non plus que la profession d'infirmier devienne la profession
tampon des professions médicales. On dit qu'on ne veut pas de
chevauchement. Mais l'autre question se pose: Est-ce possible qu'il n'existe
aucun chevauchement entre ces deux professions?
M. DUCHESNEAU: Non.
M. GUAY: D'après les discussions, cela semble absolument
impossible. Nous avons parlé beaucoup de formation. Est-ce qu'il y a des
tableaux comparatifs qui peuvent exister entre les différentes provinces
canadiennes ou encore d'autres pays concernant le niveau de formation des
infirmiers et des infirmières de la province de Québec? Où
se situe-t-il?
MLLE BUREAU: Je suis très heureuse de votre question, M. Guay. Et
sans nous vanter, nous sommes tous des Québécois ensemble, je
puis dire que le nursing de la province de Québec est parmi les
meilleurs du monde. Les infirmières de la province de Québec se
trouvent de l'emploi très facilement aux Etats-Unis et elles sont
reconnues pour leur compétence. Mais il ne faut pas oublier que nous
avons accès dans la province de Québec il y a des choses
qu'il faut dire parfois à toutes les techniques
américaines.
Il nous reste encore ce qu'il y a de bon dans certaines traditions
par les infirmières de langue française, les traditions de
saint Vincent de Paul; par les infirmières de langue anglaise, les
traditions Florence Nightingale qui rendent humaines les techniques
américaines.
M. LAURIN: II ne faudrait pas que ça se perde, cependant.
MLLE BUREAU: Non, on vient vous voir ce matin parce qu'on veut le
conserver.
UNE VOIX: Pour l'améliorer aussi.
MLLE BUREAU: On veut l'améliorer aussi.
M. GUAY: On a également dit qu'il devrait y avoir plus de
collaboration entre le ministère de l'Education, le ministère des
Affaires sociales et également dans la formation de vos membres.
Actuellement, quelle est la collaboration du ministère de l'Education?
Est-ce qu'il y a eu des rencontres, par exemple, entre les dirigeants de
l'association et les fonctionnaires du ministère de l'Education pour
savoir si éventuellement cette collaboration plus étroite
pourrait devenir possible?
MLLE BUREAU: M. le Président, je dois vous dire qu'il a
été possible de rencontrer les membres de la commission
parlementaire. Il a été possible de rencontrer le ministre des
Affaires sociales qui nous a accordé un rendez-vous de près de
deux heures. Il a été possible de rencontrer le premier ministre
quarante minutes, mais il n'a pas été possible, dans
l'année, de rencontrer le ministre de l'Education.
Après avoir demandé plusieurs rendez-vous, nous avons
rencontré un sous-ministre et, avec des personnes responsables du cours
de formation au CEGEP, nous avions établi un mécanisme de
collaboration. Nous y croyons, à la collaboration et nous la voulons.
Nous pouvons dire que, jusqu'à aujourd'hui, la collaboration a
peut-être été beaucoup dans un sens: AIPQ via le
ministère de l'Education. Je comprends que les employés du
ministère de l'Education sont peut-être débordés de
travail. Nous le sommes aussi. Nous constatons que plusieurs ne se sont pas
rendus à des rendez-vous qui étaient établis plusieurs
semaines à l'avance.
M. GUAY: J'aurais une dernière question; ce serait
également pour une clarification. On a soulevé des exemples de
formation inadéquate dans certains cas, mais on a dit également
que ce n'était pas le cas de vos membres. Moi, je serais
intéressé à savoir si d'autres professionnels de la
santé, par exemple les médecins, même les médecins
spécialistes, ont porté à votre attention je ne sais pas,
des griefs, à savoir qu'il y aurait lieu de changer actuellement
l'orientation qui est donnée dans la formation de vos membres. Si on
dit, par exemple, que des groupes sont incompétents, est-ce qu'on fait
des représentations afin de corriger cette incompétence qui
deviendra éventuellement de la compétence?
MLLE DUMOUCHEL: Nous avons rencontré des groupes de la
médecine, par exemple, un groupe d'omnipraticiens, qui sont venus nous
demander de l'information sur les inquiétudes qu'ils avaient face
à la nouvelle formation infirmière. Lorsque des lacunes sont
décelées, elles nous ont soulignées et nous essayons de
les améliorer par notre consultante en éducation qui siège
aux comités au ministère de l'Education, comités
provinciaux des représentants des collèges, des options de
nursing dans les collèges.
Nous discutons nécessairement avec le Collège des
médecins de la définition de l'acte infirmier. De cette
définition, il y aura certainement des orientations différentes
sur certains points de vue dans la formation infirmière. Dans la
formation infirmière aussi, avec les nouveaux objectifs du ministre des
Affaires sociales sur l'intégration et la concentration sur l'aspect de
la santé, nous avons fait beaucoup de travail auprès des
professeurs à la base de la formation pour qu'Us donnent plus en
profondeur le concept de la santé et qu'ils insistent beaucoup sur la
promotion de la santé et que, dans tout acte infirmier, apparaisse
toujours le concept de la santé.
Nous avons fait un gros travail auprès des professeurs, nous
avons fait de l'évaluation dans les collèges; dans plusieurs
endroits, cette évaluation est bienvenue, elle est demandée et,
de plus, les collèges nous consultent régulièrement. Elle
se fait à la base, mais elle n'est pas très acceptée des
dirigeants au niveau du ministère de l'Education, sur le plan des
directions générales. Nous travaillons aux comités,
lorsque nous sommes invitées, mais parfois la participation n'est pas
régulière.
Nous avons aussi demandé à la représentante
infirmière qui s'occupe de 24 programmes différents au niveau
collégial, tant de santé que de non-santé, de
siéger à notre comité des écoles d'enseignement
infirmier. Nous l'avons vue à quelques reprises à ce
comité, mais la collaboration semble, comme le disait Mlle Bureau,
à sens unique.
M. CASTONGUAY: C'est peut-être à l'Education que vous
devriez avoir un sous-ministre adjoint.
MLLE BUREAU: Nous sommes d'accord pour en avoir aux deux
ministères.
M. LE PRESIDENT: Avant de suspendre les travaux, je permettrai une
question au député de D'Arcy-McGee, le Dr Goldbloom, et, à
la suite, il y aura un commentaire du ministre des Affaires sociales.
M. GOLDBLOOM: Une petite question dont je m'excuse à l'avance.
Mlle Bureau, n'avez-vous pas omis un ministre que vous avez rencontré un
grand nombre de fois?
MLLE BUREAU: Je ne l'ai pas omis, je le gardais pour la fin.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à deux
heures quinze cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
Reprise de la séance à 14 h 26
M. GIASSON (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Messieurs, la commission poursuit ses travaux et, au moment d'ajourner
le débat, la parole était au député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je vais commencer par une
réflexion qui a été faite ce midi au café du
parlement: Aujourd'hui au parlement, c'est un peu comme Loto-Québec, des
infirmières il y en a partout !
J'aurais deux questions complémentaires à poser. Etant
donné que la formation est différente en ce qui concerne les
infirmiers et infirmières et les auxiliaires, est-ce qu'en pratique les
actes des auxiliaires sont sensiblement les mêmes que ceux des
infirmiers?
MLLE DUMOUCHEL: Ils doivent se faire selon la classification des
fonctions sous la surveillance de l'infirmière. Certains actes de base
techniques sont similaires. Mais l'infirmière le fait nous
l'espérons différemment. Elle a une préparation
plus scientifique et l'autre une préparation plus technique. Les deux
vont faire le même acte mais nous espérons que l'infirmière
va faire une évaluation plus approfondie de l'état du malade et
de la mise en application des principes scientifiques pour répondre aux
besoins du malade, tout en faisant un traitement de base qui pourrait
être technique comme l'auxiliaire.
La description dans la brochure que nous vous avons remise montre qu'il
y a des fonctions similaires mais vous voyez que pour l'infirmière il y
a beaucoup plus de fonctions. C'est surtout au niveau de l'aspect technique que
l'auxiliaire fonctionne, ou est habilitée à fonctionner, et
seconde grandement l'infirmière.
M. GUAY: De quelle façon un patient en milieu hospitalier peut-il
déterminer que c'est une infirmière ou une auxiliaire?
MLLE DUMOUCHEL: Les politiques internes de l'hôpital, dans
certains milieux, demandent que les identifications apparaissent. Il y a le nom
infirmière ou infirmière auxiliaire, à côté
du nom. Il est très difficile, nous le constatons, pour le malade dans
l'hôpital de différencier l'infirmier du médecin, le
médecin du technicien de laboratoire. Pour tout le monde, tout ce qui
est masculin est médecin et tout ce qui est féminin est
infirmière.
C'est assez difficile pour le malade de faire une identification. Mlle
Bureau pourrait peut-être clarifier.
MLLE BUREAU: Si vous me permettez, M. Guay, plusieurs de nos infirmiers
se font appe- ler docteur mais nous espérons que le comportement et
l'approche de l'infirmière vis-à-vis de son malade va la
différencier de l'infirmière auxiliaire.
M. GUAY: D'accord. Probablement, comme dernière question
à moins qu'il y ait autre chose qui soit soulevé et cela
m'intéresse je me posais la question suivante, ce matin, un peu
comme Mlle Bureau se posait des questions à elle-même. Si, par
exemple, on décide dans une loi de limiter l'acte infirmier à ce
qui est légalement permis, est-ce que, avec la formation ' que
reçoivent vos membres actuellement, ils ne sont pas
préparés à faire des actes qui sont dans
l'illégalité? Est-ce que cette formation, si vous êtes
limités par exemple à la légalité, ne
dépasse pas les normes obligatoires pour répondre aux besoins des
actes commis légalement?
MLLE DUMOUCHEL: La formation de base prépare à certains
actes. Quant aux techniques, c'est toujours assez facile, par la formation en
cours d'emploi, de les développer. Certains actes demandent une
formation beaucoup plus poussée et c'est par la formation en cours
d'emploi, par l'expérience ou par la formation formelle au niveau
supérieur que l'infirmière va développer ses
connaissances.
M. GUAY: Est-ce qu'on prévoit je veux dire par là
que si l'infirmière n'est pas limitée à ce qui existe
actuellement que vous avez la formation pour accomplir les actes qui
sont commis... D'un autre côté, si la loi vous limite, à ce
que j'appelle, des actes de moindre importance peut-être, ou ce qu'on
appellera l'acte infirmier, mais actuellement, pour les actes commis de
façon illégale, est-ce que vos membres ont la formation de poser
ces actes?
MLLE BUREAU: M. Guay, si vous me permettez, je vais vous
répondre. D'abord l'infirmière a la compétence voulue pour
remplir les actes infirmiers qu'elle pose tous les jours. De plus, elle a les
connaissances nécessaires pour poser les actes qu'on dit
illégaux, médicaux, qu'elle fait actuellement. De sorte que pour
répondre à votre question, si le législateur ne nous
donnait pas une définition de l'acte infirmier ou de l'exercice de notre
profession qui nous permette de poser légalement un septième de
notre travail de tous les jours qui comporte des actes illégaux, nous
avons les connaissances voulues pour les poser, puisque nous les posons
actuellement dans toute la province et vous voyez le résultat, vous
êtes tous en vie, mesdames et messieurs.
C'est donc que nous avons les connaissances voulues pour les poser. Si
on ne nous permet pas, par la définition de notre exercice, de les poser
à l'avenir, nous ne pourrons pas employer ces connaissances que nous
avons acquises et cela coûtera des millions de dollars de plus aux
contribuables de la province de Québec.
De toute façon, la population ne sera pas soignée parce
qu'on n'a pas suffisamment de médecins pour répondre à ces
besoins. Les médecins, présentement, sont débordés
de travail.
M. GUAY: Une dernière question qui est connexe à
celle-là: Est-ce qu'il y a, actuellement, des infirmiers ou des
infirmières qui ont une formation dans un domaine
spécialisé, ce qu'on appelle des infirmières
spécialisées?
MLLE BUREAU: Si vous le voulez, je vais demander à Mlle
Lalancette, qui a vraiment une spécialisation en soins de la mère
et de l'enfant, de vous répondre?
M. GUAY: D'accord.
MLLE LALANCETTE: M. le Président, je pense bien, étant
donné qu'on m'a présentée comme une infirmière
spécialisée, qu'il en existe. Nous avons des infirmières
qui, au-delà de leurs cours, soit de CEGEP ou d'hôpital, ont
acquis une spécialisation dans un domaine clinique. Par exemple, nous en
avons qui ont une préparation en psychiatrie. C'est un cours qui dure de
neuf à douze mois. Nous en avons qui ont également une
spécialisation en salle d'opération, en
médecine-chirurgie, en soins de la mère ou soins de l'enfant.
Egalement, nous avons des infirmières qui, au-delà du cours de
CEGEP ou d'hôpital, ont complété un baccalauréat en
sciences infirmières. De façon générale, il s'agit
d'un baccalauréat général et non pas
spécialisé. Nous en avons également d'autres qui ont fait
les études postcollégiales ou préuniversitaires et qui,
ensuite, ont fait leurs cours d'infirmière et baccalauréat d'un
seul trait à l'université. Donc, nous avons des bacheliers ou des
bachelières en sciences infirmières.
Nous avons, également, des infirmiers et des infirmières
qui, au-delà du baccalauréat, ont complété des
études spécialisées à un niveau de maîtrise,
dont un certain nombre des maîtrises cliniques, soit en psychiatrie, soit
en soins de la mère et de l'enfant ou en médecine-chirurgie.
Peut-être qu'une question se pose dans vos esprits: Qu'est-ce qui fait la
différence entre la personne qui est spécialisée
immédiatement après le cours d'infirmière et celle qui
l'est au niveau de la maîtrise? Est-ce que ce ne sont pas simplement des
années gaspillées pour rien? Le cours de spécialisation
fait immédiatement après un cours d'infirmière
répond à des besoins des clients que nous soignons. Je crois
qu'également nous avons besoin de personnes préparées
à un niveau de maîtrise, qui, elles, sont habilitées, par
un bagage de connaissances plus considérable, à développer
la qualité des soins, à envisager davantage les besoins du client
dans leur ensemble.
Ici, je voudrais vraiment faire la distinction entre le fait d'avoir le
droit de poser tel, tel ou tel geste, que l'on peut parfois
déléguer, et la possibilité d'envisager le client dans son
ensemble, de diagnostiquer, comme on le disait, ce matin, son profil de
santé, d'également diagnostiquer des problèmes de
santé qui ne sautent pas aux yeux immédiatement, de façon
à pouvoir planifier des soins dans un ensemble et à long terme,
pour que, par exemple, on ne se contente pas de laisser partir un
diabétique chez lui avec sa bouteille d'insuline et sa diète sur
une feuille de papier, mais qu'on soit bien assuré que non seulement il
sait administrer son traitement, mais qu'il sait suivre son état de
santé lui-même. A ce jour, je ne pourrais pas vous citer des
études qui ont documenté mon affirmation mais on pressent que
certaines interventions faites font que le malade s'est davantage adapté
à son problème de santé et, donc, est davantage en mesure
de se maintenir en santé.
Je suis de plus en plus persuadée j'ai certaines
expériences cliniques pour le confirmer que parfois, souvent
même, on évite de nouvelles hospitalisations, parce que le client,
qui s'est bien adapté à sa situation, parce qu'on l'a
aidé, prend mieux soin de lui et demeure en meilleur état de
santé. C'est peut-être à ces niveaux qu'on retrouvera
l'action des personnes préparées à divers niveaux.
M. GUAY: Tout ce que vous avez énuméré, est-ce
compris à l'intérieur du nursing?
MLLE LALANCETTE: Tout cela est du nursing. J'ai omis de signaler qu'on a
également des personnes qui sont préparées au niveau du
doctorat au nursing. Ces personnes ne sont pas très nombreuses mais il y
en a aussi.
M. GUAY: M. le Président, il me reste à remercier
l'association d'avoir, premièrement, présenté un
mémoire qui est clair. Au moins, on peut dire sans se tromper qu'elle
sait ce qu'elle veut. J'ajoute que ce que femme veut, le ministre doit le
vouloir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, mes premières remarques
seront à l'effet d'excuser de son absence le chef parlementaire du parti
et le responsable à cette commission, habituellement, le Dr Laurin, qui
a dû partir pour d'autres engagements qu'il n'a pas été
capable d'éliminer. Je dois quand même dire que la position que
j'aurai à présenter, maintenant, sur le mémoire de
l'association, est celle du parti. Même si je n'ai pas eu l'occasion, ce
matin, d'écouter la défense assez brillante, m'a-t-on dit, de ce
mémoire par les infirmières, je dois vous dire que j'ai
été soumis aux soins intensifs du Dr Laurin pendant l'heure du
dîner et que, comme cela, c'est un peu comme si j'y avais assisté,
tout en parcourant le mémoire...
M. CASTONGUAY: En tant que psychiatre ou en tant que spécialiste
de la commission?
M. CHARRON: En tant que membre de la commission parlementaire. En tant
que psychiatre c'est comme député simplement. La remarque portait
sur trois points en particulier que vous avez mis de l'avant ce matin dans la
présentation du mémoire. La première porte sur l'exercice
professionnel et que vous défendez à la page 15 de votre
mémoire. Et après avoir écouté attentivement la
défense de votre demande de diagnostic et la querelle autour du mot
"diagnostic" entre vous et d'autres corporations professionnelles, et aussi la
définition très large et très difficile en même
temps à préciser qu'on peut donner à la médecine
préventive, ou la prévention, après avoir
écouté aussi la réponse que le ministre vous a
formulée ce matin, nous en sommes venus à la conclusion que nous
croyons que le projet de loi, le code des professions, ne devrait pas contenir
à cet effet une définition trop précise, trop stricte du
diagnostic et de la prévention.
Car une fois que cette définition précise aura
été faite, elle pourrait, à notre avis, d'une part,
arrêter ou ralentir l'évolution qui est normale et qui est
très vive à l'intérieur de vos professions, et
arrêter aussi toute chance d'en arriver à un accord entre les
corporations, une fois que le législateur aurait voulu, lui, se
prononcer de façon très ferme.
Je veux dire par là qu'une fois que nous aurions entendu une
définition la plus stricte possible de diagnostic ou de
prévention, d'éducation, de formation, le problème ne
serait pas pour autant tranché. Il faudrait maintenant trouver lequel
des diagnostics, venant de quelle corporation, est le plus important. Il
faudrait ensuite aller à une échelle, une qualification des
diagnostics et on en tramerait probablement une querelle de mots au moment de
la définition, mais qui serait plus grave au moment où on le
mettrait en application dans la vie des hôpitaux et surtout pour les
clients ou les patients que vous avez.
Il semble donc qu'une définition trop précise pourrait
arrêter une évolution qui a été assez grande dans
votre milieu, que les CLSC, par exemple, du bill 65 reconnaissent cette
espèce de volonté d'inclure les différentes corporations
autour d'une même table pour, dans la pratique, dans le quotidien
s'entendre sur une façon de pratiquer, plutôt que de s'en remettre
à une définition trop stricte.
Deuxièmement, je pense que les témoignages des membres de
la commission parlementaire, ce matin comme ceux d'autres députés
qui pourraient se joindre à nous, démontrent qu'il n'est
peut-être pas dans notre capacité de législateur d'entrer
dans cette définition fortement professionnelle et sur laquelle
même entre vous, les professionnels de la santé, il y a
difficulté à s'entendre. Vous me direz que nous ne nous
gênons pas pour intervenir habituellement dans un paquet d'affaires que
nous ne comprenons pas; c'est vrai. Mais je pense que le domaine de la
santé est trop important pour que nous agissions de manière
tatillonne et non professionnelle pour empêcher par la suite une
évolution dans ce domaine.
Troisièmement, j'ai signalé brièvement
tantôt, et je crois que cela vaut la peine de le reprendre, l'esprit du
bill 65, l'esprit du CLSC. Nous l'avons appuyé, nous le
défendons. Il avançait peut-être pour la première
fois d'une façon institutionalisée l'obligation qu'ont certaines
corporations professionnelles, tous ceux qui travaillent dans ce domaine, de
s'entendre, de parler alentour d'une table. Dans le même esprit, nous
espérons et nous suggérons que les médecins, les
infirmières et tous ceux qui pourraient être
intéressés à la définition de ces mots qui sont
chez vous votre vie quotidienne puissent, préalablement et à
l'extérieur de cette assemblée, s'entendre sur une
répartition des tâches qui pourrait être soumise au ministre
pour son acceptation. Ce serait un projet de règlements qui faciliterait
largement les responsabilités politiques qu'ont les membres de la
commission quant à la manière finale de façonner la
loi.
Je pense qu'il est beaucoup mieux de vous le remettre et de nous fier
à votre évolution des dernières années pour
espérer que, sur ces points de diagnostic, d'exercice de la profession,
l'entente se fasse entre les professionnels sans intervention ou avec
intervention ultime du législateur.
Un deuxième point de votre mémoire je dois le dire
pour être plus à l'aise m'est plus familier et c'est celui
qui concerne votre droit de regard sur la formation professionnelle. Vous avez
fait un procès sans mot méchant vous avez fait une
analyse de la qualité de la formation professionnelle que vous croyez
que les collèges d'enseignement général et professionnel,
qui existent au Québec maintenant depuis cinq ou six ans, donnent
à la science infirmière.
Je suis presque d'avis d'endosser complètement votre position
là-dessus. Mon parti m'a familiarisé plus avec les questions
d'éducation qu'avec les questions de santé et j'ai
été appelé au cours des deux dernières
années à scruter, à la demande de plusieurs groupes...
M. SAINT-GERMAIN: Je m'excuse, j'invoque le règlement. Je crois
que tout ceci est hors d'ordre. Nous sommes ici, cet après-midi, pour
écouter les gens qui sont venus nous expliquer leurs mémoires et
pour les étudier. Je crois qu'autant que possible on doit s'en tenir
à poser des questions. Je ne crois pas qu'il soit permis par nos
règlements de nous servir de cette commission pour expliquer nos
politiques ou les politiques des divers partis. Je crois que c'est le but de la
commission et, pour que nos travaux avancent d'une façon
adéquate, je crois qu'il y aurait lieu que les règlements soient
observés.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer au
député de Jacques-Cartier que j'ai été
extrêmement tolérant lors du préambule du
député de Chicoutimi, ce matin, qui avait été
présenté par son collègue de Montmagny. Pour la
première fois, nous avons l'occasion d'entendre le représentant
du Parti québécois et, délibérément, j'ai
l'intention de lui donner les mêmes privilèges que j'avais
accordés au député de Chicoutimi, mais tout en l'invitant,
peut-être, à diminuer la longueur de son préambule et
à passer à des questions.
M. PAUL: M. le Président, vos remarques sont à point,
surtout qu'il ne nous arrive pas souvent ici, pour nous qui siégeons
régulièrement à cette commission, d'entendre la voix du
représentant du Parti québécois. Cet après-midi,
ça nous fait chaud au coeur de voir une participation de ce parti
politique à nos travaux parlementaires.
M. GUAY: Sur le point de règlement, M. le Président, en
quelques mots, normalement, il n'est pas permis aux différents membres
de la commission de formuler des commentaires, mais uniquement de poser des
questions. Bien sûr, le président, depuis ce matin, a permis aux
membres de la commission de faire de brefs commentaires. Pour ma part, je me
suis abstenu, si vous l'avez remarqué, de faire des commentaires afin de
respecter l'autorité de la présidence. Soyez assuré
qu'à l'avenir je collaborerai de la même façon, mais,
advenant que je désire faire un commentaire, j'aimerais avoir la
même latitude, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Bien, lorsque je serai président d'une
commission, je vous donnerai les mêmes privilèges, mais je ne
m'engage pas pour les autres présidents aux commissions parlementaires.
Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'étais à dire que,
sur la question de la formation professionnelle des infirmières, le
droit de regard que vous demandez me semble parfaitement normal. Or, la
qualité de l'enseignement professionnel, depuis qu'il appartient au
secteur public, a souvent été critiquée.
Cela est peut-être d'autant plus grave dans votre secteur.
Le ministre a parlé, en réponse à cette remarque
bien fondée, qu'il était possible d'avoir un contrôle a
posteriori, après que les programmes sont appliqués. Je crois que
c'est au ministère de l'Education qu'il faudrait le demander
plutôt qu'ici. Une participation à l'élaboration des
programmes, avant même qu'ils sortent du ministère de
l'Education...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je m'excuse mais on me
prête ici des paroles...
M. CHARRON: ... c'est normal.
M. CASTONGUAY: ... qui ne sont pas tout à fait exactes. J'ai
rappelé l'existence de l'article 169 e) qui propose d'associer au
mécanisme d'élaboration des programmes, dans les
établissements d'enseignement, donc non pas a posteriori mais au moment
où les programmes sont élaborés, les mécanismes
d'évaluation au sein des établissements d'enseignement, des
corporations professionnelles. Non pas a posteriori.
J'ai ajouté qu'en plus de cette participation, il me parait
essentiel que la corporation professionnelle puisse, si elle le juge à
propos, exiger des stages additionnels ou d'autres conditions avant d'admettre
un membre dans ses rangs, ceci aussi bien pour le Collège des
médecins que pour les infirmières ou un autre groupe. Il y a
là deux niveaux, et ce matin, j'ai fait bien attention; je ne voudrais
pas laisser les membres de l'association dans l'incertitude à ce
sujet-là.
M. CHARRON: Est-ce que je peux signaler au ministre qu'en laissant la
participation des associations professionnelles au niveau des collèges,
le contrôle est quand même, d'une certaine façon, a
posteriori. La liberté laissée au Collège d'enseignement
général et professionnel dans le choix des programmes est de
choisir les programmes dans les grandes lignes fixées par le
ministère. Certains CEGEP peuvent décider d'appliquer telle
science, de laisser tomber tel cours, d'offrir tel cours, mais toujours dans
les lignes définies par le ministère.
Lorsque vous permettez la latitude d'action des corporations
professionnelles au niveau des CEGEP, c'est dans le choix des programmes. Ils
pourront, au niveau du CEGEP, choisir pour telle et telle région, tel et
tel programme. Mais l'élaboration du programme, le contenu
pédagogique du programme comme le contenu professionnel, se fait
toujours au niveau du ministère de l'Education, à la direction
générale de l'enseignement collégial. La liberté
des institutions est de choisir parmi...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je ne veux pas me lancer dans une
discussion; nous aurons l'occasion de reprendre ce point-là. J'ai voulu
mentionner un fait bien précis, j'ai simplement rappelé ce que
j'avais dit ce matin. Sur l'autre point dont parle le député, je
ne voudrais pas m'engager dans un débat avec lui, mais lorsque j'ai
annoncé les changements au bill 250, j'ai apporté des
précisions sur ce point-là. Je ne voudrais pas, pour ne pas nous
priver de la discussion avec les membres de l'association, m'engager dans un
débat sur cette question.
M. CHARRON: Je voulais simplement signaler, en conclusion, que la
participation de l'association professionnelle au niveau de
l'élaboration des programmes et non pas simplement dans leur choix,
comme le permet l'article 169, pourrait être une chose qui nous
paraît fort valable.
Une troisième et dernière remarque très rapide
avant de terminer par une question, pour
satisfaire le député de Jacques-Cartier. Je veux vous
demander votre commentaire sur les différentes appréciations que
nous avons faites et en particulier sur celle-ci: votre décision non pas
de rompre mais de vous séparer un peu plus que vous ne l'êtes
actuellement des infirmières auxiliaires. Nous aimerions entendre, d'une
façon beaucoup plus précise, vos arguments sur ce point.
Il nous semble peut-être d'une grande responsabilité
à votre égard de demander une telle chose et nous imaginons que
vous avez très bien fait le parallèle entre les
infirmières auxiliaires et vous, comme entre vous et les
médecins, et que vous avez placé la comparaison sur un terrain
qui vous a amenées à prendre cette décision. Donc, sur ce
point, le mémoire ne nous a pas paru peut-être assez clair; il
serait peut-être bon que vous le défendiez un peu plus pour notre
entendement, surtout cette question.
MLLE BUREAU: M. le Président, en ce qui concerne les
infirmières auxiliaires, nous avons respecté le désir de
la commission Castonguay à savoir qu'aucune profession n'ait la mainmise
sur une autre. Les infirmières auxiliaires oeuvrent dans le même
champ d'action que nous. Jusqu'à présent, nous avons aidé
à la préparation des programmes d'un certain nombre
d'infirmières auxiliaires et nous leur donnions un certificat
d'attestation. Les hôpitaux en tenaient compte comme une preuve de
compétence.
Mais nous laissons aux infirmières auxiliaires et au
législateur le soin de décider de la législation la
meilleure pour elles. Nous croyons que ce n'est pas à nous de
décider. Si le législateur veut que les infirmières et les
infirmiers auxiliaires fassent partie de notre corporation, nous nous
occuperons de leurs intérêts comme des nôtres. Si le
législateur veut leur donner une législation qui leur est propre,
ce n'est pas à nous de décider. Je crois que c'est à ce
groupe et au législateur de décider de la chose.
M. CHARRON: Pour le bien-être des infirmières auxiliaires,
pour la qualité de leur formation et éventuellement la
qualité des soins qu'elles vont dispenser, croyez-vous qu'elles seraient
mieux de continuer l'état actuel, c'est-à-dire être membres
de votre corporation ou si vous croyez que le législateur ferait mieux
de les séparer d'avec votre corporation?
MLLE BUREAU: Je vais dire quelque chose et Mlle DuMouchel pourra
peut-être compléter. Je peux vous dire qu'actuellement ce sont des
infirmières qui enseignent aux infirmières auxiliaires dans les
polyvalentes. Je ne sais pas si Mlle DuMouchel aimerait compléter.
MLLE DUMOUCHEL: Nous faisions le contrôle et donnions le service
aux auxiliaires, à la demande du ministère de la Santé,
depuis 1943. Nous avons élaboré le programme, nous avons fait un
certain contrôle dans l'éducation, dans les écoles, de la
même façon qu'on le faisait pour les infirmières, nous les
soumettions à un examen d'admission et nous leur donnions une
certification. Nous faisions ça volontairement et pour aider le groupe.
Le groupe a mûri, il y a eu regroupement des deux associations. Pour ne
pas nuire au regroupement, l'association a continué d'offrir la
certification à celles qu'elle reconnaissait déjà, aux
personnes intéressées, pour aider à faire le pont. Je
crois que ce qui est important, c'est de faire respecter deux principes. Le
premier, c'est qu'il y ait contrôle de ce groupe, et le deuxième,
qu'il y ait des mécanismes pour que l'infirmière soit responsable
de l'acte infirmier et, enfin, des mécanismes pour que les deux groupes
puissent élaborer des normes.
Je crois que ce sont les principes qu'il faut faire respecter. Les
modalités peuvent-elles s'intégrer à notre corporation?
Nous avions déjà proposé ce système, nous sommes
prêts à les faire participer si le législateur le juge
à propos, avec représentation adéquate et participation de
ce groupe et, si le législateur préfère les voir
s'autodiscipliner elles-mêmes, s'autocontreler et avoir tous les
mécanismes de contrôle de l'éducation, de la formation, de
l'évaluation des candidats des autres pays, nous nous y soumettons.
Mais nous aimerions qu'il y ait un mécanisme pour les normes, tel
que nous avons discuté ce matin, et qui semblait être
accepté par la commission parlementaire.
Je crois que le principe est le contrôle du groupe pour que des
gens non acceptables par le pays, non acceptables parce qu'ils ne satisfont pas
aux normes, non acceptables chez les infirmières qu'ils s'en aillent
travailler comme auxiliaires pour leur protection et celle du public. Mais
c'est le contrôle qui est le principe de base.
M. CHARRON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela clôt les questions du
député de Saint-Jacques? Le député de
Trois-Rivières. Est-ce que vous aviez quelque chose à ajouter,
Mlle Bureau?
MLLE BUREAU: M. le député a souligné quelque chose
de très important pour nous dans notre définition d'acte
infirmier. Je ne voudrais pas être hors d'ordre.
M. LE PRESIDENT: Je vous le permets.
MLLE BUREAU: Merci. M. le député a parlé de
diagnostic. C'est un mot qui semble chatouiller beaucoup de gens. Nous avons
fait des recherches dans les différents dictionnaires et nulle part
n'était-ce marqué que c'était réservé
uniquement à une profession. D'ailleurs, vous
savez qu'il y a des gens qui se disent spécialistes ou docteurs
en moteurs et qui posent un diagnostic sur les moteurs. On a parlé de
définition trop précise qui empêcherait l'évolution
et on a parlé de primauté du diagnostic médical ou
diagnostic infirmier.
L'infirmière quant à elle, a un seul diagnostic qu'elle
peut poser, c'est le diagnostic infirmier. Le diagnostic médical, ce
n'est pas son boulot. Pour le médecin, le diagnostic médical,
cela va de soi que c'est son domaine, mais le diagnostic infirmier, c'est notre
domaine. Mais comme nous savons bien que c'est un mot chatouilleux, nous
n'avons pas mis les mots "diagnostic infirmier" dans notre définition.
Nous avons mis: "De contribuer aux méthodes de diagnostic." Ce n'est pas
poser un diagnostic. En fait, à chaque fois qu'une infirmière
prend la température de son patient, ou prend sa pression, fait des
examens pour envoyer du sang au laboratoire, ou fait différents examens
de cette nature, elle aide le médecin à poser le diagnostic. Elle
contribue aux méthodes de diagnostic, mais c'est le médecin qui
pose le diagnostic médical. Ce n'est pas notre boulot et on n'en veut
absolument pas.
Notre boulot est le diagnostic infirmier. D s'agit de savoir quand il
faut tourner un patient pour qu'il ne fasse pas de plaie de lit, pour qu'il
n'ankylose pas. Voilà un diagnostic infirmier. C'est cette
précision que je voulais faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: Ce matin, au cours de la présentation du
mémoire, on a parlé de la formation. C'est le point sur lequel je
voudrais revenir. Vous avez dit que vous aviez, à un moment
donné, proposé qu'il y ait seulement trois CEGEP qui enseignent
les techniques infirmières. Pourriez-vous préciser un peu la
proposition que vous aviez faite alors? En fait, que devenait ce que vous
appelez l'enseignement traditionnel? Est-ce qu'il restait statu quo ou si vous
aviez proposé une précision?
MLLE DUMOUCHEL: Lors de l'implantation du système
collégial, il devait avoir trois collèges qui serviraient
d'étude pilote. Ces trois collèges, après
expérience et après avoir mis un produit sur le marché, le
candidat à la profession, devaient évaluer le résultat de
l'expérience Les pressions, les besoins ont fait que le transfert s'est
fait rapidement, les options nursing ont été ouvertes. On nous
informe que l'option s'ouvre. Nous avons encore, selon notre loi, si je lis
notre loi actuelle, notre mot à dire sur l'ouverture des options
nursing. Mais notre mot devient presque théorique parce que l'option
s'ouvre quand même. Même si on ne croit pas que l'option devrait
être ouverte dans telle région faute de champ clinique, faute de
professeurs qualifiés, faute de personnes capables de prendre la
direction de l'option. La loi n'est pas respectée.
M. BACON: Ce n'est pas tout à fait le sens de ma question. Je
m'excuse de ne pas avoir été assez clair. Vous avez fait une
proposition en disant que vous vouliez trois CEGEP. Vous étiez d'accord
pour trois CEGEP...
MLLE DUMOUCHEL: ... les deux parties...
M. BACON: J'aimerais que vous disiez ce que devenait l'enseignement
traditionnel. Parce qu'alors vous admettiez, j'imagine, que dans les
hôpitaux continue l'enseignement traditionnel.
Mais est-ce que vous proposiez, à ce moment-là, que ce qui
se passait dans les hôpitaux soit modifié? Avez-vous
proposé un mode d'intégration?
MLLE DUMOUCHEL: Le projet demandait que les trois collèges
fonctionnent et que, graduellement, les options, dans le cours traditionnel des
hôpitaux, diminuent à mesure que les collèges s'ouvraient.
Mais on ne pensait pas que 40 collèges s'ouvriraient en dedans de cinq
ans, et il y a des options à travers la province. Alors, quand l'option
fonctionnait, l'école traditionnelle arrêtait d'admettre des
étudiants. C'était le but. Cela devait se faire. L'entente des
trois options avait été faite avec le ministère de
l'Education de ce temps et la corporation. Nous étions tous d'accord sur
les mêmes principes.
M. BACON: Est-ce qu'on vous avait consultés, à ce
moment-là, sur le contenu du cours?
MLLE DUMOUCHEL: Oui, nous avons collaboré très
étroitement avec la commission Parent sur le contenu du cours. Avec
l'expérience, nous avons fait d'autres recommandations sur le contenu et
le programme. Nous en faisons encore lorsqu'on nous soumet des programmes, par
exemple, de recyclage, des programmes de formation. Nous faisons des
recommandations. Nous acceptons, nous refusons ou nous demandons
d'améliorer.
M. BACON: Ma question, M. le Président, s'adressait à Mlle
Bureau, la présidente, qui disait ce matin je suis d'accord avec
elle que la qualité du nursing était excellente au
Québec. Par extrapolation, quelles sont vos opinions sur ce que va
devenir la qualité du nursing face à la formation qui est
donnée actuellement dans les CEGEP? Est-ce que vous êtes
optimiste?
MLLE BUREAU: Moi, je suis de tempérament optimiste, au point de
départ. Ensuite, les étudiantes qui sont formées
actuellement dans les CEGEP reçoivent, à mon sens, une
très bonne formation d'approche du malade. Je vous ai parlé
d'humanisme, ce matin. On m'a dit qu'on devait mettre l'accent
là-dessus. Je crois que dans les CEGEP on le fait. On leur donne une
très bonne formation au sujet du concept de santé. Je crois que
c'est absolument le ton pour l'année 1972 et pour les prochaines
années.
Elles manquent peut-être de dextérité. Mais qui
acquiert de l'expérience pendant sa formation professionnelle? La
société était habituée d'avoir des
infirmières qui obtenaient leur expérience pendant leur
période de formation. Cette expérience que nous recevions,
c'était à notre détriment, je dois vous le dire. Nous
arrivions, au bout de trois ans, avec trois ans d'expérience
auprès des malades. Aucun médecin, aucun avocat, aucun notaire ne
prend son expérience pendant sa formation. L'expérience vient en
cours d'emploi.
Nous ne sommes pas assez statiques pour penser qu'il n'y a pas lieu
d'améliorer les programmes dans les CEGEP. D'ailleurs, les professeurs,
les responsables des techniques infirmières travaillent continuellement
à améliorer ce programme avec la DIGEC et l'association des
infirmières. Il est possible que les stages des étudiantes dans
les hôpitaux ne soient pas suffisamment longs en nombre d'heures ou en
jours continus. Il y a des expériences et des recherches à faire
là-dessus. L'association entend, dans l'année qui vient, faire
une priorité de la formation de nos étudiantes dans les CEGEP
avec les directrices des soins infirmiers et les responsables des options de
techniques infirmières. Il doit s'établir une collaboration entre
tous ces gens. Je crois que c'est à l'association d'être le trait
d'union dans ce domaine. Il y a place pour l'amélioration, j'en conviens
avec vous. Mais je suis sûr que nous allons former de très bonnes
infirmières et de très bons infirmiers qui vont donner des soins
aussi excellents que ceux que nous avons donnés, nous, de l'école
traditionnelle. Mais c'est à la condition que nous gardions notre droit
de formation et que nous ayons les mécanismes qu'il faut pour nous faire
entendre par qui de droit.
M. LE PRESIDENT: Si le député de Trois-Rivières le
permet, sur le même sujet, je donnerai la parole au député
de Montmagny. Il sera suivi des députés de Dorchester et
d'Argenteuil.
M. BACON: Avant de donner la parole au député de
Montmagny, est-ce que je pourrais féliciter l'association de l'excellent
mémoire qu'elle a présenté, ce matin? C'est à
regret que nous allons vous voir quitter le salon rouge.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je m'excuse
auprès de mes collègues qui n'ont pas encore adressé la
parole. Mais il y a un sujet qui revient constamment depuis le matin et je
pense que je dois intervenir, à ce moment-ci, pour inviter le ministre
des Affaires sociales à être vigilant auprès du
ministère de l'Education, parce que nous avons vécu, le Dr Boivin
et moi, le même problème.
On a raconté on vient de la raconter encore
l'expérience du transfert des étudiantes infirmières de
l'école traditionnelle au
CEGEP. Il est exact qu'on avait prévu un calendrier. A un moment
donné, le ministère des Affaires sociales le
ministère de la Santé, dans le temps a été
mis en face d'un fait accompli, pour le transfert.
En plus des arguments que vous avez invoqués, nous avions
invoqué d'autres arguments auprès du conseil des ministres. Je
pense qu'on peut dire cela. Je ne vous dirai pas de quelle façon nous
avons invoqué ces arguments au conseil des ministres mais je vous dirai
quels arguments nous avons employés.
Tout d'abord, le transfert trop rapide pouvait perturber tout le
système, le réseau, les services rendus en réseau
hospitalier parce que, du jour au lendemain, on prenait tout un groupe
d'étudiantes, un groupe très nombreux, on les enlevait du
réseau hospitalier et on les envoyait dans une autre école. Alors
du point de vue du budget de l'assurance-hospitalisation, cela créait un
gros problème. A un moment donné, aussi, cela a été
un des facteurs d'augmentation du coût des services hospitaliers.
Deuxièmement, il y avait des locaux qu'il fallait
réaffecter. Je me souviens d'avoir assisté à
l'inauguration d'écoles d'infirmières et de les avoir
visitées. C'étaient des investissements assez
considérables, tenant compte des besoins de la formation des
infirmières, selon l'école traditionnelle. Il y avait donc des
écoles qu'il fallait réaffecter à d'autres fins. Il y a
encore des écoles, actuellement, dont on voit la réaffectation.
Je lisais cette semaine qu'à l'école de Saint-Luc, à
Montréal, on vient d'autoriser un projet de transformation. Il y avait
donc aussi cet aspect de récupération des locaux, qui
était véritablement important.
Justement, le ministère de l'Education je ne veux pas
faire de charges contre le ministère de l'Education doit
être très conscient que d'autres ministères sont
drôlement impliqués dans les différentes étapes de
formation. Le ministre des Affaires sociales en est conscient, je le sais. Il
faudra que, du côté du ministère de l'Education, on en soit
conscient. Ce n'est pas toujours au même ministère à
fournir tout l'effort de bonne volonté, cela joue aller et retour.
M.CASTONGUAY: Sur cela, M. le Président, si vous me permettez,
très brièvement, nous sommes engagés, avec le
ministère de l'Education, dans une opération des sciences de la
santé. J'en ai déjà parlé à quelques
reprises. Le ministère est associé étroitement au
ministère de l'Education dans la révision d'un bon nombre des
questions dont nous avons discuté. Le ministre de l'Education,
incessamment, va donner tous les détails sur ce programme ou cette
opération.
En plus, compte tenu d'un certain nombre de problèmes qui ont
été soulevés ici, à la commission parlementaire,
j'ai rédigé, à l'intention de mon collègue de
l'Education, une assez longue note. Je dois le voir dès mercredi
prochain, avec son sous-ministre, pour discuter ces questions.
Enfin, nous avons une rencontre prévue avec l'Association des
infirmières, où on pourra reprendre certains de ces points.
Alors, je suis conscient du problème et, justement, le but de la
rencontre de mercredi prochain est d'insister sur certains aspects qui ont
été soulevés ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le nom qu'il porte va bien le disposer à
dialoguer avec le ministre.
M. LE PRESIDENT: C'est un nom prédestiné!
M. GUAY: M. le Président, il y a quand même un
problème qui reste entier: l'aspect légal de l'acte posé
par l'infirmière. Ma dernière question, je l'adresserai donc au
ministre. Le ministre, à partir d'aujourd'hui, a-t-il l'intention de
faire en sorte que les infirmiers et les infirmières respectent la loi,
ou s'il va leur permettre, temporairement, de continuer le genre de travail
qu'ils font? Disons que, pour moi, le problème reste entier.
Demain matin, les infirmiers et les infirmières vont continuer de
pratiquer dans l'illégalité. Maintenant que tous les membres de
la commission et que le ministère en sont conscients probablement
qu'ils le savaient avant, mais cela a été confirmé
qu'est-ce qui va se passer demain matin?
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas que ce soit le but d'une commission comme
celle-là de questionner le ministre; il s'agit de questionner les
organismes. D'un autre côté, la question étant
posée, je ferais remarquer que le contrôle des actes
professionnels posés par divers groupements professionnels relève
des corporations professionnelles et non du ministre. Ce
contrôle-là a été délégué aux
divers collèges et c'est à eux de s'acquitter de cette
responsabilité.
Nous sommes tous conscients, de même que les collèges
je pense que cela a paru qu'une mise à jour s'impose. Je
ne crois pas que, demain matin, si le Collège des médecins disait
: Nous pourchassons toutes les infirmières qui nous aident
quotidiennement, qui apportent toute leur collaboration, qui posent les actes
dont nous avons parlé, on gagnerait quelque chose. Je ne crois pas que
les infirmières, d'autre part, comme association, si elles prenaient la
position de dire: Nous nous retranchons dans une légalité
stricte, gagneraient quelque chose.
Le problème existe. Nous en avons discuté; nous arrivons
à l'étape où nous serons enfin en mesure de faire la mise
à jour de cette législation. Nous avons également, dans
les règlements de la loi 65, retenu la suggestion à l'effet que
les établissements hospitaliers doivent obligatoirement avoir une
assurance de responsabilité professionnelle. Je crois que cette
situation est en voie de se régulariser. Aujourd'hui, je ne peux poser
un autre geste que celui de poursuivre, dans le climat dans lequel nous le
faisons, le travail amorcé, en espérant pouvoir le terminer au
cours de la session d'automne.
M. GUAY: Si j'ai posé cette question au ministre, c'est que
j'avais à l'esprit la protection de la personne qui pose un acte
illégal. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: C'est une question que j'aurais à poser à Mlle
DuMouchel au sujet du diagnostic infirmier. J'avoue ne pas comprendre le
diagnostic infirmier versus le diagnostic médical. N'y aurait-il pas
danger de poser des diagnostics entrafnant des gestes superposés qui
souvent pourraient ne pas concorder? De ce fait, il pourrait s'ensuivre des
incidents fâcheux au niveau des traitements peut-être, mais
sûrement au niveau des relations patients-médecins.
Deuxième question, est-il illégal pour une
infirmière de poser des gestes commandés par un
médecin?
MLLE DUMOUCHEL: Tout d'abord, pour ce que vous dites du diagnostic
infirmier, identifier les besoins de santé, c'est le diagnostic
infirmier. J'identifie que tel malade fait une réaction à une
transfusion. J'arrête la transfusion, je communique avec le
médecin. J'ai identifié un problème dans l'état de
santé.
Le médecin dans son diagnostic médical va aller plus loin.
D va en sortir la cause, il va étudier les raisons; il va voir si la
cause est due à la transfusion ou au malade. Cela peut être une
analogie.
On n'a pas mentionné le mot "diagnostic". On a dit qu'on
identifiait l'état ou les besoins de santé, qu'on planifiait,
qu'on prodiguait des soins, qu'on contrôlait les soins infirmiers et
qu'on enseignait à la clientèle. Alors, cela n'entre pas en
conflit avec la profession médicale; nous le faisons jusqu'à nos
limites.
Voici un exemple que l'on retrouve dans les centre communautaires
où les infirmières ont un rôle plus poussé,
où elles font un examen physique pour assister le médecin. Ceci
s'expérimente de plus en plus à travers le pays. Elles vont
identifier que quelque chose ne fonctionne pas.
Si elles sentent une masse en faisant un examen physique, elles ne
pourront pas dire la cause de cette masse, mais elles pourront dire: H y a un
problème de santé et je dirige cette personne vers le
médecin pour avoir le diagnostic médical. C'est dans le sens d'un
rôle plus étendu que nous avons illustré dans la
définition. Je crois que Me Duchesneau aimerait apporter une
précision sur l'aspect de la légalité.
M. DUCHESNEAU: Sur votre deuxième
question, le fait pour un médecin d'ordonner un acte
illégal ne le rend pas légal. Il n'y a que le législateur
qui peut légaliser l'illégalité.
M. SAINDON: II faut s'entendre. Le médecin n'ordonne pas un acte
illégal; il ordonne qu'un acte légal soit posé par un
aide. C'est lui qui en est responsable.
M. DUCHESNEAU: Non. C'est là le problème.
M. SAINDON: Ce n'est pas illégal. Le fait qu'il ne le fait pas
lui-même ne rend pas l'acte illégal. Il l'est ou il ne l'est
pas.
M. DUCHESNEAU: On va vous remplacer sur les différents bancs de
la magistrature québécoise et nationale pour redéfinir la
position légale de l'infirmière ou de l'infirmier dans des cas
semblables. Le fait que l'acte illégal soit ordonné ne le
légalise pas.
M. SAINDON: Non, mais il y a de la jurisprudence à ce sujet, dans
le passé, qui en fait foi.
M. DUCHESNEAU: Je ne voudrais pas m'en-gager dans un débat
jurisprudentiel.
M. SAINDON: Je ne comprends quand même pas le sens du diagnostic
infirmier et médical. Ce que vous entendez par diagnostic
médical, c'est tout simplement la constatation de faits. Si vous
constatez un fait, ce n'est pas un diagnostic. D peut, à ce
moment-là, y avoir certainement conflit dans
l'interprétation.
MLLE BUREAU: Si c'est le mot "diagnostic" qui chatouille tout le monde,
nous ne l'avons pas mis dans notre définition, parce que nous savions
que c'était un mot qui chatouillait tout le monde.
M. SAINDON: Vous en avez parlé toute la matinée.
MLLE BUREAU: Non. Ce n'est pas nous qui en avons parlé. Nous
n'avons jamais parlé du diagnostic infirmier. Ce sont des personnes qui
nous ont posé des questions là-dessus. Si vous regardez notre
définition, nous avons bien écrit : "... identifier l'état
et les besoins de santé." Cela sous-entend que nous posons un diagnostic
infirmier. Mais nous gardons les mots pour nous. Nous en posons à
longueur d'année depuis 50 ans. Nous n'en avons jamais parlé
à la population et elle s'est toujours bien portée. Là,
parce que quelqu'un a sorti le mot diagnostic infirmier, cela semble
épouvantable. Qu'est-ce que vous voulez? Ce sont des mots et les
gens...
M. SAINDON: II faut quand même clarifier son esprit et
préciser les mots.
MLLE BUREAU: Nous n'avons pas parlé de diagnostic infirmier dans
notre définition.
M. SAINDON: Cela revient au même. N'en parlez pas, cela sera moins
pire.
MLLE BUREAU: Nous parlons "d'identifier l'état et les besoins de
santé." Est-ce que vous voulez nous empêcher, lorsque quelqu'un
fait une réaction à un soluté, d'identifier son
état de santé et de dire qu'il fait une réaction au
soluté? C'est notre rôle de le faire. Nous sommes à
l'hôpital 24 heures par jour pour cela, pour surveiller les besoins des
malades, les satisfaire, quand cela nous concerne, ou les transmettre aux
autres professionnels de la santé. C'est notre rôle. Si nous avons
un malade qui fait une réaction à un soulté, c'est notre
rôle d'évaluer son état de santé. A ce
moment-là, c'est notre domaine. Nous appelons le médecin qui,
lui, viendra poser un diagnostic médical. Mais, en attendant, est-ce que
nous allons laisser mourir le malade?
M. SAINDON: Je pense que, si le malade est dans un état aussi
urgent, aussi grave, que vous posiez un diagnostic ou ne le posiez pas, cela ne
change absolument rien, parce que les chances sont que la garde-malade qui est
là ne soit pas capable de le sauver, en général.
MLLE BUREAU: Pour répondre à votre question, je suppose
qu'un patient reçoit une transfusion sanguine et qu'il fait une
réaction à sa transfusion sanguine. Si l'infirmière
n'intervient pas immédiatement pour cesser la transfusion sanguine, le
malade va mourir...
M. SAINDON: D'accord.
MLLE BUREAU: ... en attendant que le médecin arrive.
M. SAINDON: D'accord.
MLLE BUREAU: L'infirmière est intervenue au point de vue du
nursing. C'est un acte de nursing qu'elle a posé. Je n'emploierai pas le
mot "diagnostic." Elle a identifié l'état du malade, qui, si elle
n'était pas intervenue, serait mort.
M. SAINDON: Là je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas un
diagnostic.
M. PAUL: M. le Président, le député d'Argenteuil
semble quelque peu traumatisé par le mot "diagnostic". Est-ce que le
député convient, avec toute l'expérience médicale
qu'il a, que l'auxiliaire ou surtout l'infirmière émet une
opinion qui sert de guide au médecin quant à l'état du
malade auprès duquel elle se tient, où elle oeuvre? Il arrive
fréquemment que le médecin demande un rapport à tout les
quinze
ou vingt minutes sur l'état du malade à la suite d'une
médication qu'on lui a fait prendre.
Alors, est-ce que l'honorable collègue d'Argenteuil s'oppose
à ce que les auxiliaires émettent une opinion? Ceci n'entrafne
pas nécessairement un diagnostic.
M.SAINDON: M. le Président, je ne m'y oppose absolument pas, au
contraire. On demande toujours l'opinion d'une infirmière. Les
infirmières peuvent le dire. Ce à quoi je voulais en venir c'est
qu'on semble vouloir préciser les termes. On joue un peu sur les termes;
si on veut les préciser qu'on les précise. Qu'on n'emploie pas un
terme à deux ou trois sauces.
M. PAUL: Est-ce que les infirmières émettent une opinion
sur l'état du malade?
M. SAINDON: Je viens de vous le dire que c'est tout à fait dans
l'ordre. C'est toujours ça qui a existé.
M. PAUL: Vous semblez reprocher aux infirmières de donner un tel
rapport.
M. SAINDON: Non, du tout. Je ne reproche pas ça aux
infirmières, au contraire. Tout ce que je dis c'est ce qu'on a
retenu ce matin c'est qu'il y aurait deux sortes de diagnostics. A ce
moment-là ça ne tient pas debout. Alors changeons les termes,
précisons-les, c'est ça qu'on veut faire. Ce que les
infirmières font, ce n'est pas poser un diagnostic, c'est tout
simplement noter, relever des faits qui vont servir par la suite à poser
un diagnostic.
Alors, si on veut s'en tenir à la définition juste, exacte
des termes qu'on le fasse. Il ne peut pas y avoir deux sortes de diagnostics,
mais seulement une.
M. PAUL: Cela dépend de la portée.
M. SAINDON: Bien, ça dépend ce que l'on entend.
M. PAUL: Justement, le médecin va émettre un diagnostic
médical et l'infirmière va émettre un diagnostic...
M. SAINDON: Cela ne se peut pas. Changez la dénomination, changez
le terme.
M. PAUL: Vous en avez contre le terme.
M. SAINDON: Bien ça ne serait pas juste. Cela ne serait pas
exact, cette histoire-là; vous voulez jouer sur les termes,
tenez-vous-en à la signification des termes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Roberval.
M. LAMONTAGNE: Merci beaucoup, M. le Président. Lorsqu'on parle
après plusieurs autres collègues, la majorité des
questions ont été posées. Cependant, je crois de mon
devoir personnellement de féliciter l'Association des infirmières
et infirmiers de la manière dont elle a présenté son
travail à la présente commission et également souhaiter
qu'une fois pour toutes une définition puisse être donnée
à l'acte médical ou l'acte qu'ils posent dans l'exercice de leur
profession.
Il est évident qu'il ne faudra pas laisser uniquement au
médecin le soin de désigner l'acte posé par une
infirmière. Mon collègue qui m'a précédé est
un médecin et moi, je suis notaire. Je regarde depuis le matin devant
moi la définition de l'acte et je trouve, comme plusieurs l'ont
mentionné auparavant, que la définition doit représenter,
en 1972, l'acte qui a été confié à
l'infirmière ou à l'infirmier, par ses antécédents,
par sa compétence et par la charge qui lui est confiée dans nos
centres hospitaliers ou autres.
J'ai l'impression que la définition représente très
bien l'acte posé, sauf peut-être, par exemple, le mot
"identifier". Moi, je n'en veux pas du tout au mot "diagnostic". J'ai
l'impression qu'il est très bien situé dans la définition
lorsqu'on parle de contribution aux méthodes de diagnostic. Il y a
plutôt, à la deuxième ligne de la définition, le mot
"identifier", qui pourrait en certains cas être même synonyme de
diagnostic. Egalement le dernier paragraphe: "Le tout compte tenu des
connaissances scientifiques de l'infirmière et de l'infirmier".
Quant à moi, je souhaite ardemment que ceux qui, dans les
semaines à venir, auront à se pencher sur cette définition
aient à coeur de représenter l'acte posé par
l'infirmière et d'essayer de prévoir également son
avenir.
Ce matin, on s'est demandé ce qui arriverait demain s'il n'y
avait plus d'infirmières; ça prendrait 40,000 médecins de
plus. J'espère que les médecins également tiendront compte
du besoin fondamental qu'ils ont d'avoir comme associée et partenaire
à toute heure du jour l'infirmière dans l'hôpital ou dans
leur propre bureau.
Un autre point soulevé par le député de
Saint-Jacques, sur lequel je voudrais revenir, c'est qu'à la suite des
commentaires de ce matin on se rend compte que votre ministère est
sensibilisé aux demandes de l'Association des infirmières.
Cependant, je crois de mon devoir de dire que j'aurais souhaité qu'un
autre ministre participe également au présent débat. Cela
nous aurait permis de lui poser des questions afin de savoir un peu ce qu'est
la formation des infirmières. J'ai été surpris de voir
qu'il semblait manquer de communications entre une association d'aussi forte
représentation et un ministère de notre gouvernement.
J'espère que ces communications pourront se faire le plus
rapidement possible, malgré que, déjà, vous avez
prévu une assemblée pour la semaine prochaine. Pour nous, de la
commission des corporations professionnelles, nous devons essayer d'analyser la
profession elle-
même, mais aussi les implications quant à la formation de
ses membres et à son avenir. Comme M. Cloutier l'a mentionné, si,
à un moment donné, on a mis son ministère devant un fait
accompli, je ne voudrais pas que tout le travail que nous voulons faire
ensemble aujourd'hui nous apporte le même résultat.
J'invite donc M. Castonguay, à titre de membre de la commission,
à faire part des commentaires de plusieurs autres collègues
également qui auraient fortement souhaité qu'il leur soit permis,
cet après-midi, de dialoguer sur la formation des infirmières.
J'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs représentants de
l'enseignement collégial et il semble y avoir un problème
fondamental qui a été souligné par Mlle DuMouchel, ce
matin et cet après-midi. Le ministre des Affaires sociales, comme l'a
mentionné M. Cloutier, est très généreux depuis ce
matin. Sans aucun doute, vos sourires l'influencent et aussi les membres de la
commission. J'espère que le ministre de l'Education voudra, dans les
plus brefs délais possible, répondre au voeu de votre
association. Si le ministre des Affaires sociales est en mesure de
régler vos problèmes de profession, il est à souhaiter que
le ministre de l'Education voudra également participer à la
formation de vos membres. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, presque toutes les questions ont
été posées. Ce n'est pas toujours comique d'être
député du côté ministériel parce qu'on passe
bon cinquième. Cela donne peut-être l'impression que notre
contribution n'est que résiduelle. Par contre, notre principal
porte-parole est le ministre. On peut vous aider en essayant de convaincre le
ministre que vous avez raison en totalité ou en partie.
J'ai un bref commentaire à faire. Je pense qu'il est difficile de
définir de façon très précise le nursing;
toutefois, je pense qu'une définition plus large compensera peu à
peu grâce à la suggestion du ministre concernant la classification
des fonctions. En fait, on ne peut pas facilement fixer, d'après moi,
dans une loi une définition finale et qui ne pourrait pas changer. Une
telle définition est toujours en évolution dans la
réalité. Elle est sans cesse à venir, à moins
qu'elle ne soit très circonstancielle. La preuve nous en a, d'ailleurs,
été fournie ce matin par l'association. Ce sont les circonstances
qui ont fait que les infirmières posent des gestes médicaux petit
à petit et il va s'en ajouter sans cesse. Comme on l'a mentionné,
on n'est pas pour laisser mourir le malade.
Je souhaite tout simplement au ministre, en consultation avec la
corporation des médecins et des infirmières, d'essayer de trouver
la solution par laquelle le malade sera le mieux servi et de peut-être
ainsi réussir la quadrature du cercle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Dans un autre ordre d'idées, une question: Est-ce
que les membres des autres associations, comme les Cadres infirmiers unis, la
Fédération des infirmières et infirmiers unis, la
Société des techniciens en radiologie médicale du
Québec, l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires de la
province de Québec, font partie de votre association?
MLLE BUREAU: Dans notre association, en font partie toutes les
infirmières unies et les infirmières cadres. Toute
infirmière et tout infirmier qui pratiquent dans la province de
Québec font obligatoirement partie de notre association, comme les
médecins font partie du Collège des médecins pour
pratiquer.
En ce qui concerne les techniciennes en radiologie, non, ce ne sont pas
des infirmières. Mais en ce qui concerne les infirmières
auxiliaires, nous avons dit tout à l'heure qu'il y en avait
quelques-unes encore qui recevaient un certificat d'attestation de nous, mais
elles ont elles-mêmes une association qui n'est pas d'appartenance
obligatoire. Nous avons demandé aux législateurs de leur donner
des mécanismes voulus pour le contrôle.
Mais les infirmières unies et les infirmières cadres, qui
doivent présenter des mémoires, font partie de notre association.
Nous avons consulté tous les groupements d'infirmières, entre
autres les infirmières syndiquées, nous les avons toutes
invitées pour leur soumettre notre mémoire, les
infirmières des CEGEP, les infirmières des universités,
les directrices des soins infirmiers, nous avons réuni toutes les
infirmières par groupe d'activité pour leur soumettre notre
position.
On peut vous dire que nous n'avons pas eu de dissidence en ce qui
concerne la définition d'actes infirmiers et notre droit de regard sur
la formation. Bien plus que ça, je puis vous dire on parle
beaucoup de formation des cégé-piennes que nous avons
réuni, le 1er juin, des étudiantes des trois années de
tous les CEGEP de la province et elles nous ont, tout au long de la
journée, demandé d'être encore beaucoup plus
présentes dans les CEGEP que nous le sommes. C'est le voeu des
étudiantes que je vous transmets.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CARPENTIER: Un instant, s'il vous plaît, mon cher
collègue.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse auprès du député de
Laviolette, vous n'aviez pas terminé? Allez!
M. CARPENTIER : Je remercie la présidente et je formule un voeu
à votre intention ici, c'est
celui de voir se réaliser vos objectifs au cours des
présents travaux et je vous souhaite bon succès.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, après avoir
entendu les infirmières, tantôt on va entendre les gardes-malades
et infirmiers et infirmières auxiliaires. On va leur poser des questions
et vous n'aurez pas la chance de répondre. Je voudrais vous donner la
chance tout de suite de répondre à certaines objections qu'elles
ont pu formuler, vous n'avez peut-être pas lu le mémoire.
Les gardes-malades auxiliaires disent, en conclusion...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je m'excuse, mais est-ce qu'on ne
risque pas de s'engager dans un débat entre groupements?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, nous avons posé toutes les
questions à l'Association des infirmières sur leur mémoire
et nous avons toujours été très prudents dans nos
séances afin de ne pas engager de débat entre groupes. Il me
semble que le mémoire des infirmières auxiliaires devrait
être l'objet d'une présentation par leur association et de
questions des membres de la commission si l'on veut que nous partions sur un
bon pied dans l'analyse de leur mémoire.
Je ne veux pas être désagréable vis-à-vis
d'un groupe ou d'un autre, mais il me semble qu'il y a peut-être un
danger ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne fais pas référence du tout
à un mémoire; j'ai deux petites questions à vous poser.
J'ai oublié tout ce que j'ai lu. Est-ce que vous avez l'impression de
constituer un monopole et que ce que vous demandez va brimer dans leur
épanouissement, dans leur fonctionnement d'autres professionnels qui
sont appelés forcément à travailler près de
vous?
MLLE BUREAU: Si c'était ce qui est perçu, M. le
député de Montmagny, nous en serions très malheureuses
car, pour le bien-être de la population du Québec, aucun
groupement qui lui rend service ne doit être brimé par un
autre.
Nous voulons que les infirmières auxiliaires qui travaillent avec
nous nous travaillons côte à côte, pas l'une contre
l'autre pour le bien-être du malade, obtiennent du
législateur le moyen de contrôler les membres de leur groupement.
Je crois que nous devons faire confiance au législateur c'est ce
que nous faisons pour trouver la meilleure méthode de
contrôle. Je ne crois pas que ce soit à nous de proposer des
méthodes de contrôle pour d'autres groupements.
La seule chose que nous demandons en ce qui concerne les
infirmières et les infirmiers auxiliaires, c'est qu'ils aient le droit
de pratique mais sous la surveillance d'une infirmière ou d'un infirmier
de notre corporation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je dirai au ministre que la réponse
qu'on vient d'entendre est de nature à faciliter les relations et non
pas à les envenimer.
Une autre petite question. On forme dans nos institutions, au niveau du
CEGEP les infirmières et au secondaire IV et V, on forme des
auxiliaires. Les auxiliaires sont au nombre de 16,000. Ce nombre augmente
rapidement. La progression est presque géométrique. Ces
gardes-malades auxiliaires accomplissent des tâches. Est-ce que
l'augmentation rapide que l'on connaît dans les effectifs des auxiliaires
est causée par la demande de plus en plus de soins, par une
clientèle qui a besoin de soins, ou si elles vont assumer des
tâches et des actes que vous posez actuellement et qui leur seront
transférés?
MLLE BUREAU: M. Cloutier, vous posez une question extrêmement
importante. Il faudrait connaître d'avance beaucoup de choses pour
répondre à votre question. D'abord, quelle est la politique du
gouvernement face à la santé de la population? Jusqu'où le
gouvernement peut-il aller avec ses ressources financières disponibles
pour donner de la santé ou des soins à la population? On peut
donner différents niveaux de soins selon nos dispositions humaines et
financières. Ce n'est pas nous qui pouvons le déterminer. Il y
aura certainement des études très sérieuses à faire
concernant la question que vous nous posez. Il faudrait aussi connaître
les objectifs des différents ministères qui nous semblent parfois
divergents. Nous avons quelquefois l'impression que le ministère des
Affaires sociales a le souci de bien-être de la population. Nous avons
cette impression et d'ailleurs les lois qu'il nous présente le prouvent.
Par ailleurs, le ministère du Travail semble vouloir, on ne peut pas le
blâmer, avoir le moins de chômeurs possible. Il fait recycler
toutes sortes de groupes. Parfois, les conditions ne sont pas toujours
respectées. Le rôle du ministère de l'Education est de
faire obtenir à la population le plus de scolarisation possible et de
lui donner des diplômes.
Il y aurait peut-être lieu de faire une étude très
sérieuse entre ces trois ministères et les groupements
intéressés pour évaluer vraiment les besoins du personnel
dans la province et non pas former des gens au hasard des régions,
peut-être des disponibilités régionales, je parle de
personnel enseignant ou de rentabilité d'une option dans un CEGEP
quelconque ou dans une école secondaire. C'est certainement un point
très important. Je me demande si Mlle DuMouchel n'aurait pas quelque
chose à ajouter.
MLLE DUMOUCHEL : Je communiquais avec la présidente. Il y a des
études nationales
qui se font sur la prolifération des travailleurs de la
santé tant sur le nombre de catégories que sur le nombre de
chaque groupe. Nous collaborons aux études nationales,
nécessairement. Il y a aussi le fait que les budgets parfois font qu'on
préférerait peut-être une infirmière pour prendre
des responsabilités, mais il y a des limites â un certain
moment.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les membres
de l'association. Elles nous avaient dit qu'elles nous présenteraient un
mémoire clair, précis et c'est ce qu'elles ont fait.
Elles ont répondu aussi, je pense, de façon
extrêmement objective à toutes les questions qui ont
été posées, ce qui nous a permis d'avoir un portrait
énormément plus clair de toute la situation. Je crois que
l'intérêt démontré par tous les membres de la
commission vis-à-vis de ce problème devrait être de nature
à les encourager à poursuivre leur travail, garder leur
motivation. Le long processus de mise à jour de la législation
qui a été amorcé, aussi bien sur le plan professionnel que
dans l'organisation des services de santé, qui est en voie de se
parachever constituera une base valable pour l'avenir prévisible. Je
voudrais les remercier, donc, de s'être associées à notre
travail et les assurer que non seulement nous les avons écoutées
attentivement mais que nous analyserons encore de façon très
attentive les points qui restent à clarifier. Merci.
MLLE BUREAU: M. le Président, au nom des 40,000 membres,
j'aimerais d'abord remercier le ministre de nous avoir si bien accueillies
ainsi que tous les membres de la commission parlementaire, qui ont vraiment
montré beaucoup d'accueil vis-à-vis de nous. Il y en a plusieurs,
ici, que nous avons rencontrés de nombreuses fois. Nous avons toujours
été très bien reçues. Nous voulons vous remercier,
M. le Président, de la façon que vous nous avez accueillies, avec
un peu de tolérance. Vraiment cela a été une très
bonne journée pour nous et nous voyons que personne n'a regardé
l'heure. Nous vous remercions.
Association des gardes-malades
et infirmiers auxiliaires
de la province de Québec
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant les représentants de
l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires de la province de
Québec à s'approcher de la table. Avant de nous donner lecture de
leur mémoire, est-ce qu'ils pourraient identifier les personnes qui
représentent le groupe?
MLLE O'ROURKE: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres
de la commission, je vais m'identifier: Carmelle O'Rourke, présidente de
l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires de la province de
Québec. A mes côtés, comme porte-parole de l'association,
à mon extrême droite, Me Jean-Paul Dansereau et Me
Marc-André Isabel. A ma gauche, M. Denis Larocque, directeur des
relations extérieures de l'AGMIA. Me Isabel fera donc l'exposé,
en ce qui concerne notre représentation.
M. ISABEL: M. le Président, notre exposé sera d'autant
plus court que le problème du personnel auxiliaire a déjà
été énoncé, il y a quelques instants, par
l'Association des infirmières et infirmiers de la province, que nous
remercions de se soucier de nous encore jusqu'à la dernière
seconde. Le fait que la position qu'elle a affichée il y a quelques
instants vous ait été clairement donnée vous exprime qu'il
n'y a pas d'opposition entre ces groupes mais que, toujours, il y a eu
collaboration et qu'il continue à y en avoir.
Au surplus, si on regarde le problème de la façon dont le
député de Montmagny l'a exposé tantôt, l'on constate
que l'Association des infirmières a laissé, depuis un bon nombre
d'années, de plus en plus d'autonomie aux auxiliaires. De fait, depuis
plus de cinq ans, l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires a
eu l'occasion de se présenter devant un certain nombre de commissions et
a eu l'occasion de rencontrer des ministres. Je pense que le
député de Montmagny se souviendra des rencontres que nous avons
eues en 1967, de même que le ministre des Affaires sociales, des
rencontres que nous avons eues en janvier 1970, entre autres, et à
l'occasion de l'étude de la commission Castonguay-Nepveu.
A ce moment-là, nous avions exposé la situation du
personnel auxiliaire, des auxiliaires en général. Aujourd'hui
nous revenons devant la commission; nous avons été invités
par le ministre des Affaires sociales, au mois de janvier dernier, à
venir exposer nos prétentions et à soulever de nouveau le
problème des auxiliaires.
Le gouvernement, d'une façon générale, depuis 1967,
a suggéré une réunification du personnel auxiliaire. Il y
avait un certain nombre de groupes, de catégories d'auxiliaires, qui se
sont depuis regroupés, de sorte que l'association qui est
présentement devant vous compte 14,000 membres, qui sont tous des
auxiliaires.
On sait, si l'on regarde ce qui se faisait antérieurement, que
les formations données à ces auxiliaires n'étaient pas de
commune portée mais qu'il y avait des différences qui existaient.
Aujourd'hui, cette situation se corrige quelque peu, puisque l'enseignement est
maintenant confié au niveau secondaire, encore que nous ayons le
même problème que celui qui a été soulevé par
les infirmières, il y a quelques instants, celui de la formation. Dans
la mesure où il nous est difficile, à l'heure actuelle,
d'établir qu'une formation adéquate et égale est
donnée à toutes les auxiliaires qui oeuvrent dans le secteur
hospitalier, il nous faut nous poser la question du groupe qui doit s'immiscer
dans toutes les formules nécessaires pour établi; une formation
adéquate au départ et, en second lieu, prévoir un
mécanisme qui verra à l'application de normes qui assureront,
dans la pratique, la compétence qui est recherchée par tous, dans
le secteur de la santé.
C'est en fait poser là l'essentiel du problème. On a
toujours parlé, lors des rencontres antérieures avec les
ministres ou au cours d'exposés devant les commissions, du
système corporatif professionnel comme étant un
élément de solution au problème du contrôle de
l'exercice de la profession auxiliaire. Chaque fois que nous avons eu
l'occasion de discuter de ce système de contrôle de la pratique de
la profession d'auxiliaire, certains mécanismes ont été
mis en branle. On pensait, en 1967, à une commission qui devrait
être créée, la commission des professions
paramédicales. Si, aujourd'hui, on se replace dans le nouveau contexte,
le ministre des Affaires sociales signalait lui-même, ce matin, et,
à son instar, le député de Montmagny, que les
problèmes sont maintenant posés et qu'en seconde étape, le
législateur a établi le mode par lequel s'exercera un
contrôle sur les professions dans le domaine de la santé.
Aussi, est-ce avec étonnement si on regarde nos
apparitions devant les commissions antérieurement et si on regarde le
projet de loi 250 qu'on ne retrouve aucune disposition qui semble
toucher tout l'aspect du personnel auxiliaire. Ni à l'article 30 du bill
250, ni aux deux annexes du même bill, nous ne retrouvons le nom des
auxiliaires.
S'il nous faut, pour une part, admettre qu'il faille, d'une façon
très précise, définir l'acte infirmier, il faut aussi
admettre que cette définition toucherait l'ensemble des gens qui doivent
travailler dans ce secteur. Et ça comprend les auxiliaires.
Dans la mesure aussi où on donne des mécanismes à
une corporation pour contrôler l'exercice de la profession définie
par l'acte infirmier, nous nous demandons si on ne doit pas aussi faire l'autre
pas et donner à un groupe qui travaille dans un domaine connexe les
mêmes outils pour exercer un contrôle sur l'ensemble des gens qui
exercent cette profession.
C'est là poser tout le problème, tant en termes de
définition de l'acte infirmier qu'en termes de contrôle de
l'exercice de la profession. Nous sommes demeurés dans l'incertitude
face à cette situation depuis plus de dix ans maintenant. Il nous semble
que le temps est venu, avec les mécanismes que le gouvernement met de
l'avant, de trouver une solution à cette absence de contrôle de la
pratique de la profession auxiliaire qui, il faut l'avouer, peut mettre en
péril la santé, si la compétence n'est pas
contrôlée et si l'exercice de la profession n'est pas
contrôlé.
Le gouvernement met de l'avant comme mécanisme la corporation
professionnelle. Nous soumettons qu'à ce titre le seul mécanisme
qui puisse convenir au contrôle de l'exercice de la profession
auxiliaire, c'est encore la corporation professionnelle puisque les autres
organismes de régies d'Etat ou de "licensing" que nous avions
déjà étudiés antérieurement ne
s'avéraient pas efficaces pour exercer un tel contrôle.
Il s'agit donc, aujourd'hui, de refaire la demande que nous faisons
depuis six ans, mais avec un nouvel éclairage qui est celui de la
nouvelle législation, avec le nouvel éclairage des
problèmes qui sont maintenant plus clairement posés à la
connaissance de tous et avec l'éclairage que la profession d'auxiliaire
prend de plus en plus d'importance dans la mesure où elle répond
à une pénurie de personnel spécialisé et permet
quand même d'assurer rentablement des services adéquats et
compétents.
Nous nous demandons comment le gouvernement entend régir
l'ensemble de cette profession qui, dans le domaine de la santé, surtout
par rapport à l'acte infirmier, demeurerait complètement
intouchée, ce qui l'empêcherait d'assurer complètement et
totalement la sécurité du public. Dans la définition qu'on
retrouve au bill 250, parmi les critères d'admission à une
corporation professionnelle, et surtout à l'article 22, on retrouve
cette première notion de la protection du public.
Il nous paraît dans l'ensemble que le seul moyen, c'est celui que
nous vous soumettons, soit celui de la création de la corporation
professionnelle pour permettre le contrôle de l'admission, d'abord,
à l'exercice de la profession; ensuite, de surveiller la pratique de la
profession et aussi de voir à la formation uniforme et adéquate
des gens qui vont entrer sur le marché du travail dans le secteur
auxiliaire aux services de santé.
Voilà l'ensemble des considérations que nous voulions
soumettre. Quant aux problèmes qui peuvent se soulever dans la mise en
pratique, la mise sur pied d'une corporation professionnelle pour les
auxiliaires, il nous semble que ces problèmes ont été
traités il y a quelques instants, puisqu'avec les infirmières
vous avez eu l'occasion de parler de l'acte infirmier.
De la même façon que le problème d'un chevauchement
se pose entre les infirmières et les médecins, de la même
façon ce même chevauchement se pose au niveau des auxiliaires et
des infirmières. Malgré les normes qui ont pu être
édictées antérieurement, particulièrement celles de
1967, pour déterminer les tâches de chacune des parties, il faut
quand même admettre qu'en pratique les auxiliaires, à l'occasion,
exercent des fonctions qui sont propres à l'infirmière, comme
l'infirmière le fait par rapport aux actes médicaux.
Il faut donc établir clairement la définition
de l'acte infirmier. Nous soumettons que, dans la mesure où cet
acte serait défini beaucoup trop restrictivement, cela mènerait
à une sclérose d'une partie des travailleurs de la santé
que sont les auxiliaires.
C'est l'ensemble des considérations que nous voulions vous
soumettre pour l'instant.
M. CAST9NGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires pour ce
mémoire. J'aurais quelques commentaires à formuler avant de poser
une ou deux questions. On a fait état des besoins de main-d'oeuvre
à quelques reprises au cours de la journée et également
lors de la présentation qui vient de nous être faite.
Je voudrais rappeler qu'un groupe de travail a été
présidé par M. Thomas Boudreault, et je crois que, par la suite,
M. Béland ou quelqu'un d'autre en a pris la direction, justement sur les
prévisions de main-d'oeuvre dans le domaine hospitalier. Comme celui-ci
couvre une bonne partie de la demande de main-d'oeuvre dans le secteur de la
santé, ce travail, qui est en voie d'être terminé, nous
fournira des données extrêmement intéressantes.
J'ai également fait état de l'administration des sciences
de la santé, qui est en voie de prendre son élan, sous la
gouverne du ministère de l'Education avec la participation du
ministère des Affaires sociales. Evidemment, la collaboration des
organismes intéressés sera requise. Cette administration vise
à établir des prévisions de main-d'oeuvre pour l'avenir,
les types de main-d'oeuvre, les niveaux de formation, le contenu des programmes
de formation. Cette administration, qui se voudra, je crois bien, de plus en
plus permanente, pourra associer par une nouvelle voie bien des groupements et
permettre d'avoir d'une façon beaucoup plus continue un éclairage
des problèmes qui se posent dans tout le domaine de la formation, des
besoins par rapport à la main-d'oeuvre, etc.
Je note aussi qu'à une couple de reprises on a parlé de la
pénurie de personnel spécialisé. Ici, je voudrais faire
une petite mise en garde. Il y a un certain danger, à mon sens, à
répéter cette affirmation sans la nuancer.
J'ai mentionné, à l'occasion d'une séance de la
commission parlementaire qui étudie les règlements de la loi 65,
que présentement au Québec, si l'on examine le système
hospitalier, nous constatons que nous avons les coûts, per capita, les
plus élevés au Canada, encore, et ceci pour 1972.
L'on sait, lorsqu'on examine de façon un peu plus attentive tous
ces chiffres ou ces coûts, que la partie la plus importante provient du
paiement du personnel. Ceci confirme d'autres études antérieures
sur le même sujet. Tout ceci pour dire qu'au Québec,
présentement, d'après toutes les données disponibles,
l'analyse de ces données, nous consacrons plus par citoyen du
Québec, per capita que toute autre province au Canada, pour le personnel
hospitalier. J'exclus de ceci les médecins. Alors, on parle donc du
groupe le plus important en nombre, les infirmiers, les infirmières, les
infirmières auxiliaires et tous les autres qui oeuvrent dans ces
secteurs. Il y a donc un effort considérable qui est fait et qui semble
être plus élevé qu'ailleurs.
Je voulais faire cette petite mise en garde étant donné le
danger qu'à un moment donné on retienne cette affirmation comme
signifiant que nous sommes vraiment dans une situation non
privilégiée, ou encore dans une situation vraiment
déficiente si l'on en juge par ce qui se passe dans les autres
provinces.
Quant à l'objet bien précis de votre mémoire, je
crois qu'il est exact de dire que le regroupement qui s'est effectué au
cours des dernières années plus particulièrement
depuis 1967 en un groupe d'auxiliaires, est un regroupement qui
présente de multiples aspects positifs. J'ai ici un rapport sur divers
gestes qui ont été posés pour permettre justement à
des groupes, qui dans le passé avaient une formation différente,
de pouvoir se recycler, de pouvoir obtenir des compléments de formation,
pour atteindre le niveau requis pour être considérés comme
personnel auxiliaire. Et, à mon sens, ces efforts doivent se
poursuivre.
Un deuxième aspect a été mentionné. Afin
qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, à mon sens, il serait
indésirable de subordonner comme groupement professionnel ici je
dis comme groupement professionnel les infirmières auxiliaires
à l'Association des infirmières. Et ce n'est pas un reflet ni sur
un groupe ni sur l'autre. Cela n'est pas un jugement quant à la valeur
des relations qui existent entre les deux groupes. Il me semble que ce sont
deux groupes distincts. Ils ne doivent pas, en tant que travailleurs de la
santé, et en tant que groupement, être dans une position
d'autorité d'un par rapport à l'autre, ou de subordination l'un
par rapport à l'autre.
Ici je dis bien, en tant que groupement, parce que évidemment,
lorsqu'on reprend la question sur le plan individuel, nous avons toute la
réalité des hôpitaux par exemple et nous avons une
multitude de situations possibles. Et je ne veux pas ici en faire l'inventaire.
D'ailleurs, ce n'est pas l'objet de la discussion, à mon sens, d'essayer
de faire cet inventaire. S'il n'y a pas d'insubordination en tant que
groupement, se pose donc, comme vous le dites, la question de savoir comment
sur le plan de l'organisation professionnelle, nous pouvons voir la situation
en ce qui a trait au personnel auxiliaire.
Et vous avez noté qu'il n'y a pas de projet de loi
spécifique dans la série qui a été
déposée en relation avec le code des professions. C'est exact.
Nous croyons, premièrement, qu'il était important de recevoir les
mémoires, de discuter la question, parce que diverses
possibilités se posent. Tout d'abord, il y a la corporation dont un
champ d'exercice exclusif est réservé. Et comme on cite assez
souvent le rapport de la
commission, je voudrais le citer moi-même pour dire en tant
que ministre et comme gouvernement, cette même attitude est retenue de
façon générale qu'il nous paraît qu'il doit y
avoir des motifs extrêmement sérieux avant de constituer en une
corporation, ayant un champ d'exercics exclusif, un groupe professionnel.
Il y a également l'autre possibilité qui apparaît
dans le code des professions, c'estcelle du titre réservé. C'est
une possibilité qui impose des obligations en ce sens qu'il doit y avoir
un code d'éthique, il doit y avoir des mécanismes sur le plan de
la discipline. Il doit y avoir aussi des niveaux de formation bien
établis de telle sorte que chacun puisse savoir que lorsqu'il s'adresse
à un membre d'une corporation à titre réservé, il
s'adresse à quelqu'un qui est soumis à un cadre bien
précis.
D y a également le mécanisme qui provient de l'attestation
de compétence, suite à une formation obtenue en milieu
d'enseignement. De nombreux groupes oeuvrent présentement à
l'aide de ce mécanisme, ce qui permet une évolution plus facile
et des stabilisations de situations. Il y a aussi l'autre mécanisme qui,
sur le plan de l'activité quotidienne, l'activité
concrète, est proposé dans le mémoire de l'Association des
infirmières et infirmiers de la province de Québec, soit
l'établissement, par voie de consultation, d'un certain champ qui puisse
être délégué en plus d'un champ
généralement reconnu comme étant celui du personnel
auxiliaire.
Un choix doit être fait et ces diverses possibilités
doivent être considérées. C'est la raison pour laquelle,
à ce moment-ci, l'ensemble législatif que nous avons ne
présuppose pas des décisions finales qui doivent être
prises. La question que je pourrais poser est: Devant ces diverses
possibilités, quelle est celle qui parait la plus valable à
l'association? J'en profite, dans un dernier commentaire, pour rappeler que de
nombreux groupements professionnels, qui sont extrêmement valables, ne
sont pas formés en corporation et ne demandent pas à
l'être. On a fait allusion ce matin aux actuaires, je ne reprendrai pas
cet exemple; je pourrais parler des économistes, des sociologues,
d'autres groupes qui ne demandent pas à être reconnus parce que le
type de pratique, l'exercice de leur profession ne l'exige pas.
On peut vouloir garder plus de mobilité, plus de
possibilités d'évolution. Il y a aussi certains dangers à
fixer les choses dans des textes législatifs. Les corporations
professionnelles qui ont des champs exclusifs qui leur sont
réservés sont, dans presque tous les cas, des corporations
professionnelles qui ont une longue existence. Je pose la question, elle me
parait importante. J'aimerais qu'on explique si possible, pourquoi on
préfère telle solution par rapport à telle autre et de
façon aussi motivée que possible.
M. ISABEL: M. le ministre, nous partons, pour répondre à
votre question, de la situation actuelle dans laquelle se trouve notre
association. On considère le fait que l'association, qui est
formée actuellement en vertu de la troisième partie de la Loi des
compagnies, exerce, sans en avoir les pouvoirs spécifiques, des pouvoirs
de même nature que ceux d'une corporation professionnelle. Aussi
étrange que cela puisse paraf-tre, je pense que vous en conviendrez, M.
le ministre, au niveau de la formation des gens il y a une étroite
collaboration entre l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires
et le ministère de l'Education.
Heureusement, nous n'éprouvons pas, pour notre part, les
difficultés qu'ont eues les infirmières avec leur système
de formation, quant à leur rapport avec le ministère de
l'Education. Bien au contraire, les rapports avec les ministères et
l'association ont été, chez nous, très cordiaux et
énormément de travail a été effectué de ce
côté-là pour fixer, avec l'aide des infirmières, on
l'admet, des normes de formation adéquates.
Dans la mesure où on assume ce premier rôle, il nous
paraît déjà que c'est un élan vers le système
corporatif professionnel. En second lieu, nous avons été,
à de multiples occasions, consultés par des directrices de
nursing, des directrices de soins infirmiers pour des actes que des auxiliaires
auraient posés. On s'en remettait à l'association parce qu'il
paraissait que ce devait être par voie disciplinaire qu'on devait
régler ces situations malheureuses. En fait, on assumait encore une
fois, même sans en avoir les pouvoirs, le rôle d'un comité
de discipline. C'est ce qui nous fait dire que pour une bonne part, tout au
moins, on s'achemine dans les faits, avec la situation actuelle, vers un
phénomène qui ressemble étrangement à la
corporation professionnelle.
Par ailleurs, il faut admettre aussi, si on regarde le bill 273
particulièrement, qu'un champ d'activité a été
défini par le gouvernement dans son projet de loi. Les
infirmières ont soumis une définition plus serrée,
peut-être plus adéquate aujourd'hui, de l'acte infirmier, mais on
constate aussi qu'à l'article 31 il y a une exception quant à
l'exercice illégal de la profession. On dit: Pour toute auxiliaire qui
poserait ces gestes, qui exercerait la même profession, dans la mesure
où elle est rémunérée pour ce faire.
C'est quasiment admettre, au départ, qu'on est dans un même
champ d'activité. C'est un peu la réaction que vous aviez
vous-même, M. le ministre, tantôt, en disant: II ne faudrait pas
créer de conflit entre les deux organismes en posant des questions qui
laisseraient croire éventuellement à des difficultés entre
les deux organismes. On a toujours collaboré, on s'est toujours entendu.
Il reste que, dans le fond, de la même façon que les
infirmières le disaient ce matin, on est encore en pourparlers avec le
Collège des médecins. Il faut quand même dire, nous aussi,
au sujet de la définition qu'elles pourraient apporter de l'acte
infirmier et de
l'exercice qu'on peut en faire, qu'on est encore en pourparlers avec
eux, c'est évident. Il restera toujours à définir ce champ
d'activité.
Puisqu'on est appelé il faut le reconnaître dans la
mesure où on fait une exception à exercer dans un champ
qui est très connexe, c'est déjà un autre pas vers le
système corporatif professionnel. On est tellement près des
infirmières sur le plan de la technique qu'il faut nécessairement
s'orienter vers le même système. En effet, l'acte infirmier
étant défini, on en assure, par une loi qui est le bill 273,
éventuellement l'exercice et le contrôle.
Et, d'un même souffle, on ne trouverait pas le même
mécanisme pour contrôler un acte qui est très connexe
à celui posé par l'infirmière. Cela, c'est quotidien,
c'est constant. Malgré toute la théorie qu'on a pu vouloir
implanter à ce système de définition de l'acte infirmier
et des gestes qui devaient être posés, on n'en est jamais
arrivé en pratique à le réaliser complètement. On
sait que les auxiliaires posent des actes qui reviennent aux
infirmières, comme elles le font par rapport aux actes médicaux.
Le problème qui était soulevé ce matin, inutile de le
reprendre cet après-midi, mais il demeure le même, à un
palier inférieur, entre les auxiliaires et les infirmières.
On se dit: Pourquoi ne pas prendre, pour contrôler l'admission
d'abord, l'exercice et la formation, le moyen qui est donné aux
infirmières puisqu'on est dans un champ qui ne peut pas être plus
connexe? L'ensemble de ces raisons fait que, quant à nous, nous ne
pouvons que vous soumettre la seule formule qui soit viable, surtout avec les
antécédents que nous connaissons depuis cinq ans et la
reconnaissance même que le ministère de l'Education et le
ministère des Affaires sociales en ont faite jusqu'à ce jour dans
leurs interventions au niveau de l'association et leurs consultations.
Nécessairement encore une fois, c'est ce qu'on vous soumet
la seule formule, c'est la formule corporative.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a deux options dans la
formule corporative. Vous savez que, dans le code des professions, nous
retrouvons un certain nombre de corporations dont l'existence est maintenue ou
encore dont la formation est proposée qui seront des corporations
à titre réservé, alors que, dans d'autres cas, nous avons
des corporations avec champ exclusif d'exercice, accompagné de
modalités comme celles dont nous discutons depuis ce matin.
Je mets de côté, pour le moment, la question, comme vous
l'avez dit vous-même, d'un "licensing board" ou d'un organisme octroyant
des permis qui n'est pas composé des membres du groupement.
M. ISABEL: Sur le plan de la distinction que vous établissez
entre les deux types de formule corporative, on doit dire très
franchement qu'on les a étudiés tous les deux. Ce qu'on vous
soumet, c'est évidemment celui qui nous parait être le meilleur,
ce qui n'implique pas pour autant que l'autre ne serait pas valable. C'est
moins bien, mais c'est acceptable. Nous continuons à dire que la
meilleure formule demeure la formule de la corporation fermée. Je
comprends que ça impose un certain nombre de conditions et d'obligations
par la suite, de la même façon que la seconde formule qui est
celle du titre réservé en impose aussi.
M. CHARRON: Pourriez-vous expliquer davantage ce qui vous a fait choisir
entre les deux? Puisque vous dites que les deux formules vous semblent valables
mais que vous avez choisi la meilleure. Pourquoi l'autre vous semblait-elle
moins bonne?
M. ISABEL: Sur le plan corporatif, il parait évident que
l'ensemble des prérogatives qui sont données à une
corporation professionnelle fermée sont de beaucoup plus étendues
qu'en ce qui concerne la formule du titre réservé. Dans cette
mesure, il n'y a pas de commune mesure à dire qu'on ne peut que
s'acheminer vers la formule qui est la plus complète en soi. Il est
évident que le second pas qu'on doit faire, c'est de dire que si le
législateur juge, lui, que cette formule ne convient pas parfaitement,
il reste toujours l'autre formule qui est le titre réservé.
M. CHARRON: Donc, dans l'exercice de votre profession, pour la plus
grande qualité possible, vous avez besoin du titre corporatif
fermé.
M. ISABEL: Absolument.
M. CHARRON: De toutes les prérogatives et des modalités
qu'il y a, et que l'autre affecterait la qualité de votre profession, si
vous deviez prendre la deuxième formule.
M. ISABEL: Ecoutez, on doit admettre très franchement que, si on
avait la seconde formule, on ne toucherait pas nécessairement à
la qualité et à la compétence des gens quant aux normes
qu'on pourrait fixer éventuellement en termes de contrôle
d'exercice, par exemple, par un code de déontologie. Quant à la
seconde formule, ce n'est qu'après coup qu'on exerce le contrôle.
Jamais on n'exerce le contrôle auparavant. De sorte qu'on voudrait,
à toutes les étapes, pouvoir exercer un contrôle et ce,
dans le seul et unique but d'être sûr qu'on puisse offrir des
services compétents de la part de nos gens, et ainsi protéger le
public.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je comprends que, dans votre groupement, il y a eu des
regroupements de certaines écoles, par exemple, de
gardes-bébés qui sont peut-être spécialisées
avant d'avoir une
formation de base. Mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de songer
d'entrer dans une corporation déjà formée, parce qu'il y a
eu des recyclages pour en venir à former le personnel auxiliaire,
infirmiers et infirmières auxiliaires? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'étudier, avec les infirmières, vos écoles pour faire des
auxiliaires des infirmières et des infirmiers?
M. ISABEL: Là-dessus, je répondrai au député
de Dubuc...
M. BOIVIN: D'abord, la différence réside entre les
périodes de formation des infirmières et celle des gens de votre
association.
M. ISABEL: Je laisserai ce type de réponse à mes
collègues de gauche. Ce que je voudrais signaler avant de leur laisser
la parole, c'est que tout le système de recyclage en soi a permis, pour
une part, le regroupement. On pense, par exemple, au recyclage et ce, à
l'instigation même du ministère des Affaires sociales; d'abord le
ministère de la Santé en 1967, puis le ministère des
Affaires sociales a continué le même système. Les
gardes-bébés et les puéricultrices ont eu tendance
à disparaître. Des cours de recyclage ont été
instaurés qui ont permis à ces gens de devenir auxiliaires. Il y
a un autre système qui vient par la suite. Il permet à des
auxiliaires de se recycler pour devenir infirmières.
Quand on parle de recyclage et de formation, on l'a toujours fait, du
moins en ce qui nous concerne pour prendre l'exemple que vous donniez
vous-même les gardes-bébés qui deviennent
auxiliaires, on a exercé des pressions pour que les formules
employées, le contenu des cours soit satisfaisant et que ce contenu
tienne compte de ce que ces gens avaient fait auparavant par rapport à
ce que les auxiliaires avaient aussi fait.
Quand on passe à l'autre partie, des gens qui sont chez nous et
qui veulent devenir infirmières, on en a parlé aussi avec les
infirmières. Mais il reste que c'est plutôt elles qui doivent
dire: La personne qui vient chez nous devra avoir telle compétence.
Là-dessus, je pense que Mlle Bureau s'est exprimée assez
clairement tantôt quand elle a parlé de la formation. Elle a
employé un exemple qui recoupait un peu la situation qu'on est en train
de discuter. A ce niveau, quand on parle de formation non seulement au niveau
des CEGEP, mais aussi en termes de recyclage des auxiliaires qui devien-ment
infirmières, ce sont les infirmières qui ont un mot à dire
là-dessus. De sorte que nous ne nous confinons qu'à notre propre
domaine des gens qui partent de plus bas, pour employer cette expression, et
qui s'en viennent chez nous. On joue au niveau de cette formation.
M. BOIVIN: Quelles sont les exigences pour devenir...
M. ISABEL: Je vais laisser cela à M. Laroc-que qui est plus
compétent que moi dans ce domaine.
M. BOIVIN: Qu'est-ce que vous exigez des membres qui vont à votre
école pour devenir auxiliaires?
M. LAROCQUE: Actuellement, c'est au niveau du ministère de
l'Education, c'est au niveau secondaire IV et V. Je pense que vous aviez un
programme, ce matin, qui était celui du ministère de l'Education.
Le cours est de deux ans avec des stages dans les hôpitaux, avec et la
partie théorique et la partie de l'apprentissage à
l'hôpital. Alors, si c'est une garde-bébé, supposons, qui
est diplômée d'un hôpital et qui veut devenir garde-malade
auxiliaire ou infirmière auxiliaire, elle doit compléter ce qui
lui manque chez les adultes, conformément au programme du
ministère de l'Education.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a beaucoup de membres de votre association qui
se dirigent vers la Corporation des infirmières, c'est-à-dire qui
complètent leurs études pour devenir des infirmières ou
des infirmiers?
M. LAROCQUE: D'après le nombre d'admissions dans les CEGEP, c'est
le désir d'un grand nombre de nos membres parce qu'actuellement ils sont
insatisfaits de la situation qui existe de la profession. C'est surtout le gros
point.
M. BOIVIN: Merci.
M. CHARRON: Vous dites qu'ils sont insatisfaits. Voulez-vous dire que
c'est au niveau de la formation?
M. LAROCQUE: Au niveau de l'exécution de la tâche à
l'hôpital.
M. CHARRON: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, on nous a remis, dernièrement,
une espèce de tableau comparatif en ce qui concerne la formation. Pour
les infirmières, cela se situe au niveau collégial. Pour les
auxiliaires, cela se situe au niveau secondaire. Une bonne partie de la
formation, en fait, semble pratiquement la même, sauf que les auxiliaires
ont moins d'heures d'étude maintenant je ne vous demande pas si
vous êtes d'accord sur ce que j'ai ici, c'est le seul tableau que j'ai et
c'est pour ça que je m'en sers et que les infirmières ont
beaucoup plus d'heures. Mais, en pratique, dans le champ de travail, est-ce
qu'il existe une grande ou une énorme différence entre les actes
posés par des auxiliaires et les actes posés par des
infirmiè-
res? Pour Monsieur Tout-le-Monde, l'auxiliaire ou l'infirmière,
c'est la même chose. Ce sont toutes des gardes-malades. Quand on va
à l'hôpital, c'est une garde-malade, qu'elle soit auxiliaire ou
infirmière. Alors, à partir de là, j'aimerais savoir si,
en pratique parce que la pratique démontre qu'il peut se
présenter bien souvent autre chose que ce qu'il y a en théorie ou
encore sur papier dans une loi dans un même centre hospitalier,
c'est sensiblement la même chose, les actes qui sont posés.
M. ISABEL: En termes d'actes, si on veut poser le problème de
cette façon, on doit admettre que les techniques, à la base, sont
les mêmes. C'est évident que les connaissances scientifiques, ce
qui est une tout autre question, sont différentes pour
l'infirmière et l'auxiliaire. Déjà en posant ces deux
principes côte à côte, on voit la différence qui peut
exister, même dans le champ d'activité pratique. On peut revenir,
encore une fois, à toute l'explication que l'on avait de l'acte
infirmier tantôt et qui était donné par Mlle Bureau. Il y
avait des démarcations qui se posaient. Elle les posait des deux
côtés aussi, aussi bien par rapport à l'auxiliaire, par en
bas, en délimitant la tâche, et par en haut aussi. C'est le
même problème qui se situe au niveau des auxiliaires. Il peut fort
bien se produire qu'en pratique des gestes soient posés par des
auxiliaires, gestes qui appartiennent carrément au domaine des
infirmières. Il ne faut quand même pas dire que c'est d'une
fréquence quotidienne très élevée.
M. GUAY: D'accord.
M.ISABEL: Parce qu'alors, on serait une infirmière tout court. On
ne prétend pas être des infirmières.
M. GUAY: Maintenant, il semble bien, depuis le temps qu'on en discute,
que le problème no 1 se situe à ce niveau. Alors, à la
suite de questions posées, on m'a répondu qu'il était
quasi impossible d'établir des cloisons étanches entre les
infirmiers et infirmières et les médecins. Il ne semble pas plus
facile d'établir d'autres cloisons étanches entre les auxiliaires
et les infirmières. A partir de là, si la loi dit qu'aucun
chevauchement ne doit exister, je suis obligé de donner ma langue au
chat et dire que c'est impossible selon les explications. C'est peut-être
beau sur papier, mais en pratique, cela devient autre chose. C'est
peut-être, en même temps, un commentaire qui donne suite à
une question. J'attends la réponse: Seriez-vous disposé à
vous intégrer au corps des infirmières, actuellement?
M. ISABEL: II y a une double question dans ce que vous venez
d'énoncer. Il y en a une première qui touche la définition
de l'acte infirmier comme tel. En fait, c'est nous demander très
indirectement quelle sera notre position par rapport à cela,
étant donné les difficultés de définir
carrément ce que peut être l'acte infirmier et d'en poser les
limites.
Le ministre des Affaires sociales, ce matin, faisait une suggestion
à l'Association des infirmières et infirmiers, en disant: On peut
toujours créer un comité, par voie législative, qui
pourrait étudier toute cette question. Il posait alors la question comme
devant se débattre entre deux corporations uniquement. C'est
évident qu'on a une réaction à cela. Je pense bien que le
ministre des Affaires sociales devait s'attendre qu'on réagisse à
cela en disant qu'on est bien d'accord que cela se fasse. Cela doit se faire,
à un moment donné. La philosophie qui anime cette proposition est
fort heureuse, en soi. Encore faudrait-il que nous soyons un peu dans le
portrait, pour une raison bien simple: malgré toute la confiance que
nous avons envers les infirmières, là-dessus, il faut quand
même admettre que la difficulté existe depuis des années.
Personnellement, je ne me permettrais pas de laisser cela uniquement entre les
mains des infirmières. Cela se comprend. Ce n'est pas un vote de
non-confiance. Il s'agit d'établir des champs d'activité. Dans
cette mesure, chaque partie qui participerait à l'élaboration
d'un système voulant déterminer des normes de pratique voudrait
tirer la couverture de son côté, c'est évident. Dans tout
ce système, ce sont les auxiliaires qui risquent de voir leur profession
se scléroser.
Le système de délégation proposé par l'AEPQ,
cela fait que ce sont les infirmières elles-mêmes qui disent: Le
champ d'activité étant délimité à peu
près de la façon suivante, ce qu'on peut laisser aux gens d'en
bas, c'est à peu près cela. Il faudrait participer à ce
système.
Le deuxième aspect de votre question, c'est que vous allez plus
loin que cela. Le Dr Boivin y faisait allusion tantôt lui-même, en
disant: Seriez-vous prêts à vous laisser imbriquer, d'une certaine
façon, dans les cadres de la Corporation professionnelle des
infirmières? D'abord, il y a une première question que je me
pose. Dans la mesure où, depuis un certain nombre d'années, les
infirmières nous laissent notre autonomie, je me demande si elles sont
tellement intéressées à nous voir revenir. La
deuxième question, c'est une chose certaine, nous ne sommes pas
intéressés à y retourner, pour une raison bien simple, qui
est celle exprimée par le ministre des Affaires sociales: Ce sont des
champs distincts, bien que connexes. Dans cette mesure, cela doit être
divisé. Chacun doit avoir son propre domaine d'activité.
Alors, à cette question sous-entendue, notre position est claire.
Nous voulons être autonomes. Nous nous demandons c'est l'ensemble
de nos prétentions quelle méthode employer pour le
contrôle de l'exercice.
M. GUAY: Si je me reporte à un autre document vous
m'excuserez encore d'avoir
seulement celui qui nous a été fourni par les
infirmières quand on regarde un sommaire des fonctions
comparées, un plus grand nombre d'actes, apparemment, devraient
être posés par l'infirmier ou l'infirmière. Un certain
nombre, quand même assez restreint, d'après
l'énumération que j'ai devant les yeux, le serait par les
auxiliaires. C'est de 11 à 37. Mais on nous a démontré en
pratique, ce matin, qu'à défaut de médecin
l'infirmière ou l'infirmier pose un acte médical. Alors je repose
la question: Est-ce qu'à défaut d'infirmière, l'auxiliaire
va poser des actes infirmiers?
M. ISABEL: Je ne pense pas qu'on puisse poser la question dans les
mêmes termes mais on arrive quasiment à la même
réponse. Il y a les actes, tel qu'ils sont définis et
catégorisés, à l'heure actuelle; on pense au petit livre
vert de 1967, entre autres. On sait que malgré le tollé de
protestation qu'il y a eu, en pratique et quotidiennement, ce n'est pas
tellement respecté. C'est que les exigences du milieu et les besoins
font en sorte que, bien souvent, les auxiliaires vont poser des gestes que les
infirmières devraient poser. Cela, on le fait sans crier à
l'illégalité. Ce sont plusieurs groupes, les médecins, les
infirmières et les auxiliaires qui travaillent constamment ensemble.
On ne peut pas dire que l'auxiliaire remplace carrément
l'infirmière quand elle n'est pas là. Cela peut être vrai,
dans certaines circonstances, bien sûr. Les actes posés, on ne
peut pas les considérer selon leur nombre. Que les auxiliaires posent
moins d'actes n'amène pas de conclusions. On ne peut pas poser le
problème de cette façon. Là où cela devient
important, c'est que les actes qui sont posés par les auxiliaires sont
faits comme étant ceux des auxiliaires, des infirmières et des
médecins.
Si on prend l'exemple de la tension artérielle, c'est
l'auxiliaire qui la prend. Le résultat s'en va au dossier et
l'infirmière connaît le résultat. S'il faut absolument que
l'infirmière exerce la surveillance que la loi lui donne sur
l'auxiliaire, elle va aller reprendre la tension artérielle pour voir si
c'est bien ça. A ce moment-là, on n'a plus besoin
d'auxiliaire.
Ce n'est donc pas "en remplacement de", mais à titre
"d'auxiliaire de". On voit aussitôt l'importance de contrôler les
gestes posés par une catégorie de travailleurs qui s'appellent
les auxiliaires. C'est une information que ces gens donnent à
l'infirmière et que l'infirmière va transmettre au
médecin. Si on n'a aucun contrôle sur l'exercice de cette
profession, on voit les dangers pour le public. C'est de cette façon que
nous répondons à la question que vous soumettiez.
M. GUAY: Si les trois groupes de personnes sont habilités
à dispenser des soins, à donner des services sur un même
étage d'un centre hospitalier, ce doit être assez difficile de ne
pas entrer en conflit. On doit faire certains compromis.
M. ISABEL: II faut en faire.
M. GUAY: Est-ce possible d'établir des champs de pratique
distincts sans chevauchement? Moi, je pense que non. S'il n'y a pas une
collaboration bien étroite en ce qui concerne l'élaboration des
cours, la formation et l'accréditation, j'aimerais bien que vous tentiez
de préciser qui, premièrement, va élaborer les cours. Si
on veut éviter les chevauchements, il va falloir que chacun demeure dans
sa sphère bien particulière.
Il y a un danger pour l'autonomie des professions, c'est que, tôt
ou tard, la formation va couvrir le même champ. A partir de là,
est-ce possible de fonctionner normalement s'il n'y a pas une communication
constante entre les groupes concernés, médecins,
infirmiers-infirmières, et auxiliaires?
M.ISABEL: Je me demande, M. Guay, si vous ne proposez pas dans des
termes différents la suggestion que le ministre des Affaires sociales
faisait ce matin.
M. GUAY: Le problème est là.
M.ISABEL: Etant donné la complexité du problème, le
ministre faisait une suggestion, en disant: Ce n'est pas par voie de
législation que le problème va se régler. Donc, quand vous
vous demandez s'il ne doit pas y avoir une collaboration très
immédiate entre chacun de ces groupes, cela me paraît absolument
nécessaire. Il paraît d'autant plus nécessaire qu'un de ces
groupes ne soit pas ignoré dans le processus de détermination de
l'acte infirmier et des actes, si jamais on en faisait une liste.
M. GUAY: Je pense que c'est plus que nécessaire. Je vais aller un
peu plus loin que le ministre en disant que ça va devenir obligatoire si
on veut éviter le chevauchement.
M. ISABEL: Si on veut régler le problème, il va falloir
procéder de cette façon et qu'il y ait une collaboration.
Même si on trouve un mécanisme qui nous permettrait de tenter de
le régler, le problème n'est pas plus facile pour autant, mais
c'est une façon de l'aborder.
M. GUAY: La dernière question que je me pose
j'espère que vous pourrez y répondre, parce que moi, je ne trouve
pas la réponse est la suivante: Qui va accepter de se soumettre?
Quand même, il va y avoir une part de la formation qui va déborder
dans un autre champ, soit que les auxiliaires soient obligés de se
restreindre à une certaine formation, ou encore que les infirmiers et
infirmières doivent se tasser un peu de côté pour faire
place aux auxiliaires.
On revient toujours au même problème, mais, puisque nous
sommes ici pour en discuter, je veux essayer de tirer le maximum de
lumière possible.
M. ISABEL: Vous me paraissez poser la question que le
député de Montmagny a tenté de poser tantôt. A
toutes fins utiles, c'est prendre l'approche conflictuelle en la posant dans
ces termes. On dit: Lequel des trois groupes va lâcher?
M. GUAY: C'est ça.
M. ISABEL: Je ne pense pas que ça puisse se poser de cette
façon. Il y a des champs d'activité qui sont connexes,
très près l'un de l'autre, mais qui sont quand même
distincts. Il y a la petite barrière entre les deux où se situent
les problèmes. C'est là que cesse le champ d'activité d'un
et que le champ d'activité de l'autre commence et se continue. Ce n'est
pas globalement que le problème se situe de définir l'exercice de
la profession par rapport à une autre profession; il s'agit
d'établir la limite ultime.
M. GUAY: Je pense qu'on ne peut pas se permettre de tirer au sort qui va
lâcher, comme on le fait pour des candidats dans une campagne
électorale. C'est bien différent.
M. ISABEL: Là-dessus, il faut admettre qu'il y a eu
énormément de tractations qui ont déjà
été faites. Tout le monde déplore cette situation
où l'acte infirmier est mal défini et où l'acte
médical est défini de façon telle qu'on constate que les
infirmières posent des gestes médicaux à longueur de
journée.
Il y a eu des tractations mais jamais il n'y a eu de mécanismes
qui obligeaient les parties à s'asseoir et tenter de régler le
problème. A ma connaissance, tout au moins, il n'y a jamais eu de
tractation telle qu'on ne soit proche d'une solution là-dessus.
M. GUAY: Mais, au départ, vous êtes prêt, comme
représentant de votre groupe, à collaborer de façon
maximale?
M. ISABEL: Non seulement, sommes-nous prêts à collaborer
mais nous demandons d'y être.
M. GUAY: Je pense que, si tout le monde est prêt à
collaborer, cela fonctionnera. C'est ce que nous souhaitons.
M. CHARRON: Pour continuer dans la même veine que les questions du
député de Dorchester, vous semblez poser comme condition,
peut-être pas comme condition, je ne parle pas d'ultimatum, mais comme
argument qui faciliterait les choses, que si vous aviez le statut de
corporation, l'espèce de dialogue à trois parties, le "trilogue"
auquel vous invitez le ministre des Affaires sociales quant à la
définition des champs d'activité, serait plus clair pour vous.
Vous imaginez que, si vous allez à une table de négociation, de
champ d'activité où vous faites face à deux corporations
professionnelles pendant que vous, vous n'avez pas ce statut, vous partez avec
un désavantage dans la distribution des champs de travail.
Je voudrais que vous expliquiez plus clairement comment le statut de
corporation ou non qui vous serait accordé affectera la distribution du
travail particulièrement entre les auxiliaires et les infirmières
licenciées.
M. ISABEL: Ce système peut jouer en deux étapes dans la
mesure où l'on pose l'hypothèse au départ que nous sommes
un système corporatif professionnel fermé. Vous le dites
vous-même, nous sommes sur un pied d'égalité avec deux
autre professions.
M. CHARRON: D'accord.
M. ISABEL: Or, je pense que chacune de ces professions, à l'heure
actuelle, admet que les champs d'activité sont différents. Et je
reprends ce que je disais tantôt. Il reste la petite barrière.
C'est là que le problème se crée. Ce pourquoi il nous
apparaît que, si nous ne sommes pas une corporation professionnelle, nous
sommes complètement submergés pour ne pas dire noyés,
c'est qu'à ce moment-là, nous, ne pouvons absolument pas discuter
sur un même pied bien que les deux autres parties puissent fort bien
admettre que le champ d'activité qui est le nôtre est distinct du
leur. Bien que connexes, ils n'ont certainement pas la même oreille pour
tenter de régler la situation en tenant compte d'un groupe, qui, par
rapport à eux, sur le plan corporatif, deviendrait marginal. Dans ce
sens, ne serait-ce que pour ce seul but de régler le problème de
l'acte infirmier et de l'exercice quotidien de la profession, il nous
apparaît que nous devons avoir une corporation professionnelle.
M. CHARRON: Mais je ne suis pas certain, si la corporation
professionnelle des infirmières a à négocier avec vous le
champ d'activité de chacun des deux groupes, que votre statut de
corporation ou non fasse que la corporation professionnelle des
infirmières ceux au-dessus, comme vous les avez appelés
vous-même tout à l'heure aura une position
différente à votre égard. Encore une fois,
j'hésiterais lorsqu'il s'agit du travail quotidien dans le centre
hospitalier. Je me demande pourquoi, dans la répartition du travail, on
prendrait une attitude différente si la garde auxiliaire était
membre d'une corporation ou ne l'était pas. Sur le plan concret du
travail du centre hospitalier, je ne parle pas des négociations pour les
salaires, etc., plus tard je parle simplement du travail concret, quel
changement qualitatif dans la relation cela pourrait-il entraf-ner?
M. ISABEL: De la façon que vous exprimez votre question, c'est
l'approche conflictuelle entre trois parties.
M. CHARRON: Ecoutez, depuis le matin...
M. ISABEL : II ne me parait pas qu'il doive y avoir une approche
conflictuelle. A toutes fins utiles, à l'heure actuelle, il n'y en a pas
eu d'approche de ce genre, et on n'a jamais vu cela comme étant un
conflit. Tout le monde sait qu'il y a un problème, mais tout le monde
sait qu'on peut le régler.
M. CHARRON: Appelons cela une approche problématique.
M. ISABEL: Nous ne nous sommes pas battus. Cela ne veut pas dire
il faut quand même être honnête et l'admettre
que le fait que nous n'aurions pas une corporation professionnelle ferait que
cela pourrait changer le champ d'activité comme tel. Mais il est aussi
vrai on le dit du même souffle que si nous sommes une
corporation professionnelle, là, nous pouvons faire valoir un champ
d'activités d'une façon plus forte. C'est une question de
stratégie, si vous voulez. Si on veut employer le terme, on a
utilisé celui de négociation entre guillemets, nous allons
employer celui de stratégie entre guillemets. C'est au même
niveau.
M. CHARRON: J'ai appris que la deuxième formule de corporation
que vous a présentée le ministre des Affaires sociales tout
à l'heure et que vous avez dit quand même valable, comporte la
détermination d'un champ exclusif.
Donc, si vous adoptiez cette deuxième formule, qui semble ouverte
en tout cas à votre association actuellement, dans ce domaine
précis vous auriez les mêmes droits que la corporation des
infirmières, quoiqu'elle vous donne droit à un champ exclusif de
travail.
M. ISABEL: C'est bien certain, la réponse est affirmative.
M. CHARRON: J'ai une dernière question aussi à vous poser.
Qu'est-ce qui arrive si vous n'avez pas le statut de corporation? Vous avez
parlé tantôt de vos relations avec les infirmières. Vous
avez souligné l'autonomie qu'on vous a accordée. C'est ce que
j'ai senti aussi à la réponse qu'elles m'ont fournie tout
à l'heure. Deuxièmement, vous dites vous que vous êtes
certain d'une chose, c'est que vous ne voulez pas y retourner.
Si, le bill 273 une fois adopté, vous n'avez de statut de
corporation professionnelle, qu'est-ce qu'il advient?
M. ISABEL: C'est justement la question que nous nous posons et essayons
de poser au gouvernement. En fait, nous resterions au minimum dans la situation
actuelle. Sur le plan juridique, le statut que nous avons est extrêmement
limité, restreint. Nous sommes incorporés en vertu de la
troisième partie de la loi des compagnies. Nous pouvons nous donner par
règlements certains pouvoirs, mais la loi les limite.
Nous n'avons donc sur le plan juridique aucune possibilité de
contrôler, que ce soit l'exercice de la profession elle-même ou
l'admission à cette profession. Encore qu'à l'heure actuelle nous
donnons des permis de pratique. Les hôpitaux, d'une façon
générale, ont accepté, au niveau des directions du
personnel et du nursing, que les gens n'entrent pas sur le marché du
travail sans que soit présenté ce permis.
Il y a encore des hôpitaux qui procèdent autrement. Dans la
mesure où cet appui moral, qui provient autant des infirmières
que des hôpitaux, ne continue pas à se maintenir, que nous n'avons
pas de certitude qu'il se maintiendra, c'est pratiquement nier l'existence d'un
groupe de plus de 20,000 personnes. Nous n'aurions plus aucun contrôle et
les personnes, individuellement, n'auraient plus de droits. C'est là que
se situe tout le drame dans la mesure où les personnes, sur le plan
individuel, n'auront plus aucune garantie. Et, comme groupe, elles en auront
encore moins.
Il faut absolument que des pouvoirs soient donnés à un
groupement comme celui-là pour exercer un contrôle de quelque
façon que ce soit. Qu'il y ait des dispositions de prévues pour
permettre de participer à la formation, contrôler l'admission, et
ensuite l'exercice. C'est dans le seul but que le public soit assuré que
la personne qui est auprès de lui soit compétente, qu'elle puisse
fournir des services efficaces, ce qui n'existe pas à l'heure
actuelle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très brièvement, je voudrais
poser quelques questions. Qui négocie actuellement pour vous des
conditions de travail?
M. ISABEL: Le député de Montmagny demande s'il y a un lien
entre l'aspect corporatif et l'aspect syndical. C'est très
évident dans le cas des auxiliaires à l'heure actuelle, j'allais
dire contrairement aux infirmières, mais non. Les auxiliaires
appartiennent à une unité dite générale qui est
régie par une des deux grandes centrales qui est dans le secteur
hospitalier.
Cela ne veut pas dire que le fait que la syndicalisation soit totalement
distincte de l'aspect corporatif place dans l'ensemble l'association et les
membres dans une situation difficile. Il n'y a rien qui dit que ça ne
pourrait pas changer. Non pas que la corporation prenne à sa charge un
aspect syndical, loin de là, mais il reste que le regroupement des
auxiliaires entre eux ou entre elles devient de plus en plus imminent. Cela ne
voudrait pas dire nécessairement que ça continuerait d'exister
à l'intérieur d'une centrale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Advenant que
le législateur ça ne sera pas 273, mais ça
pourrait être 273 a) ou 273 b) vous reconnaisse comme corporation
professionnelle, quelle serait la tâche prioritaire que vous
entreprendriez? Est-ce qu'il y a des mécanismes comme l'éthique
professionnelle, comme la révision de la qualité des membres que
vous avez actuellement? Est-ce qu'il y a des tâches que vous devriez
entreprendre immédiatement après ça?
M. ISABEL: En fait toutes les tâches qu'il ne nous est pas permis
d'entreprendre parce que nous n'en avons pas les pouvoirs à l'heure
actuelle. Si l'on pense en termes de mise en place de mécanismes, nous
avons déjà un comité de discipline. Mais il a des pouvoirs
tellement restreints que les gens peuvent ne pas s'y soumettre même s'ils
le veulent. C'est ce qui se produit assez souvent.
A ce moment-là, on reste dans l'imprécision.
Déjà, à ce niveau-là il y a un code à
adopter; il faut l'adopter et préciser des normes, ce qu'est l'exercice
et la pratique, et ce, dans le seul but de protéger le public. A l'heure
actuelle, étant donné qu'il n'y a rien de cela, on applique des
normes que nous nous sommes faites à l'usage, ou nous disons: La
personne qui pose tel geste, c'est contraire à la profession.
Cela paraît d'une façon très évidente et il
faut donc mettre en place ces mécanismes, établir, puisqu'on en
aurait les pouvoirs à ce moment-là, tout le code de
déontologie et, par la suite cela nous parait comme une
conséquence cela nous permettra d'améliorer les standards
de qualité, non pas qu'ils soient très inférieurs à
l'heure actuelle, mais cela nous permettra effectivement d'exercer le
contrôle qu'on ne peut pas exercer à l'heure actuelle.
Une personne, par exemple, termine son cours, qu'elle soit
recyclée ou pas. Si elle se présente dans un hôpital et
qu'on lui demande son permis de pratique accordé par l'association,
cette personne, si elle a certaines connaissances juridiques, peut fort bien
répondre à l'hôpital que ce n'est pas nécessaire
parce que, légalement, elle n'est pas obligée d'avoir ce permis
pour travailler. En second lieu, si cette personne, dans une deuxième
hypothèse, pose un geste contraire aux intérêts de la
profession, nous n'avons plus aucun contrôle, pas plus que
l'hôpital. C'est assez étonnant - je le soulignais
tantôt de voir les hôpitaux revenir vers la corporation
quand il s'agit de cas extrêmement patents, de gestes contraires à
la profession. Cela vient de directeurs de personnel qui oublient tout le
système de relations de travail où, dans ce milieu, peuvent
être prises des mesures disciplinaires contre une personne qui a
posé des gestes qui, professionnellement ne doivent pas exister.
Les directeurs de personnel, les directrices de nursing ne
procèdent pas de cette façon. Ils se tournent plutôt vers
l'association en disant: C'est un de vos membres, faites quelque chose. On n'a
rien, on ne peut pas citer ces gens-là, on n'a aucun pouvoir de ce
côté-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel rythme s'accroît votre association
annuellement?
M. ISABEL: II faut quand même tenir compte d'un
phénomène assez récent, qui prévaut depuis deux
ans, c'est le regroupement des gardes-bébés, etc., un certain
nombre de groupements d'auxiliaires qui viennent chez nous. En fait, quand on
parlait de gardes-malades et d'infirmiers auxiliaires, nous étions 8,800
et nous sommes 14,000. On estime, d'après les relevés qu'on a,
que sur le marché à l'heure actuelle, il y en a entre 18,000 et
20,000.
Donc, la progression depuis deux ans a été assez
importante et on estime que cela se continue.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous disiez 16,000 dans le mémoire. Je
ne vous chicanerai pas pour 2,000.
M. ISABEL: On n'est pas à 2,000 près.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous croyez, à courte
échéance, que d'autres professions, d'autres sections il y
a les puéricultrices, les gardes-bébés qui ont
été recyclées et qui sont arrivées chez vous
pourraient venir chez vous?
M. ISABEL: II y a des infirmières auxiliaires tout court
c'est ce dont parlait Mlle Bureau tantôt, si je m'exprime correctement
qui passent maintenant chez nous et ce, avec la collaboration de l'AIPQ
qui est prête à nous laisser ces gens-là, c'est notre champ
d'activité. Il y a les "nursing assistants" qui se dirigent vers nous.
Il y en a quelques-unes qui sont déjà devenues membres de
l'association; les autres ont soumis des dossiers qu'on regarde et qui vont
devenir éventuellement membres chez nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avez-vous pris connaissance de l'annexe du bill
250? Y a-t-il d'autres corporations professionnelles qui sont reconnues par la
loi ou qui sont nouvellement créées qui ont à peu
près le même degré de formation que les auxiliaires?
M. ISABEL: Là-dessus, remarquez que je n'ai pas fait
d'étude particulière.
M. CLOUTIER (Montmagny): A première vue, je l'ai regardé
mais je n'ai pas fouillé, je pense que la majorité est au niveau
collégial. Mais il y a d'autres associations qui ont demandé
d'être des corporations, peut-être qu'elles sont au niveau
secondaire, c'est pour cela que je vous pose la question. A ce
moment-là, ce n'est pas l'argument de la formation surtout qu'il
faudrait invoquer...
M. ISABEL: Non, c'est une question...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... c'est l'argument de la protection du
public, l'argument des mécanismes à mettre en place, dont vous
avez parlé tantôt, le code de déontologie, le code
d'éthique, le contrôle sur la profession.
Il y a aussi la question que je vous ai posée: l'accroissement
normal des effectifs que vous prévoyez. C'est peut-être
préférable de donner le feu vert tout de suite à votre
demande de création d'une corporation que d'attendre qu'il y ait chez
vous double demande, que vous ayez 32,000 membres. A ce moment-là,
peut-être qu'avec les 16,000 autres qui seront entrés, vous
n'aurez pas eu les contrôles que vous auriez voulu avoir et sur la
formation et sur la préparation. C'est la question qu'il faut se
poser.
M. ISABEL: C'est ce qui est très important.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même si le code des professions permet,
plus tard, d'ajouter des corporations professionnelles pour autant qu'elles
répondront aux quatre critères de l'article 21, si c'est
préférable que ça se fasse tout de suite, il faudra que le
législateur prenne la décision d'accorder tout de suite la
corporation professionnelle. C'est la réflexion que je voulais faire, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions du
côté des parlementaires? A titre de président, il m'est
agréable de remercier les représentants de l'association de
s'être soumis si aimablement aux questions venant de chaque
côté de la table. Avant de passer au prochain organisme, sur une
suggestion d'un des membres de la commission, on pourrait suspendre les travaux
pendant cinq minutes afin de permettre à tout le monde de se
délasser quelque peu.
Nous reprendrons dans cinq minutes.
Cadres infirmiers unis inc.
M. LE PRESIDENT: Nous reprenons nos travaux en invitant les Cadres
infirmiers unis inc. à se présenter devant nous pour commenter
leur mémoire et répondre aux questions des parlementaires. Je
prierais les porte-parole de s'identifier. Nous vous écoutons.
MLLE PHIPPS: J'aimerais, tout d'abord, présenter Mme Joan
Porcheron, présidente des Cadres infirmiers unis, à ma droite.
Moi-même, je suis Jocelyne Girard-Phipps, directrice
générale des Cadres infirmiers unis.
M. le Président, messieurs les députés de la
commission parlementaire, nous venons d'entendre la présentation du
mémoire de l'AIPQ. En ce qui concerne les prises de position relatives
à l'éducation, à la formation, à la discipline,
à l'acte infirmier et au contrôle de cet acte, nous sommes en
parfait accord sur les énoncés faits aujourd'hui. Aussi,
considérant combien le temps de chacun est précieux, nous voulons
éviter, en vous présentant notre mémoire, de
répéter les mêmes points.
Cependant, en tant que syndicat, nous avons, vis-â-vis de nos
membres, certaines préoccupations que ne doivent avoir d'autres
corporations dont le but primordial est la protection du public. Nous voulons
vous faire connaître les sujets de nos désaccords quant au projet
de loi no 250 spécifiquement.
Nous sommes en désaccord sur l'article 83 et l'article 169 du
bill no 250 qui permettraient au bureau ou au lieutenant-gouverneur en conseil
d'approuver des tarifs d'honoraires professionnels pour les services rendus.
Ces deux articles donneraient des pouvoirs au bureau de la corporation des
infirmières ou au lieutenant-gouverneur en conseil et, de plus,
rendraient impossible la négociation de conventions individuelles de
travail pour les membres de syndicat de cadres. Ce genre d'article avait aussi
été inclus dans le projet de loi no 65, mais cette clause, on l'a
enlevée dans la version finale de cette loi, tel que proposé dans
le mémoire présenté à la commission parlementaire
par les Cadres infirmiers unis.
De plus, nous trouvons qu'il est illogique et incompatible pour le
même corps légal, c'est-à-dire la corporation
professionnelle, d'avoir à la fois la responsabilité de
défendre les droits du public et celle de faire des recommandations au
sujet des salaires de ses membres. Les Cadres infirmiers unis demandent donc de
nouveau que ces deux articles soient enlevés du projet de loi no
250.
L'article 51 du bill no 250, qui traite de l'interdiction
prononcée par un tribunal ou de l'admission dans un centre hospitalier
au sens de la Loi des institutions pour malades mentaux, entraîne la
radiation automatique du professionnel qui en fait l'objet. Etant donné
que cet article démontre des préjugés précis contre
les troubles mentaux, ignore complètement l'admission de cas
sérieux aux sections psychiatriques des hôpitaux
généraux, requiert que le directeur des services professionnels
fasse rapport de telles interdictions ou admissions, ce qui pourrait devenir
une charge de travail considérable pour un directeur de services
professionnels dans les hôpitaux psychiatriques importants, les Cadres
infirmiers unis recommandent que l'article 51 soit changé pour se lire
comme suit... Vous avez, d'ailleurs, notre recommandation entre les mains. Je
pense qu'il serait plus facile de donner une suspension au professionnel de la
santé. Le médecin, lorsque la personne en question aura eu les
traitements nécessaires, pourra évaluer le cas et lui permettre
de nouveau d'être admis à la profession.
Nos représentations se résument à cela.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Merci, M. le Président.
Je voudrais aussi remercier les Cadres infirmiers unis pour ce
mémoire. Je comprends les raisons pour lesquelles vous limitez vos
observations à ces quelques points, compte tenu de la longue discussion
que nous avons eue. Vous pouvez être assurés que, malgré
tout, le mémoire que vous avez soumis nous est fort utile dans notre
travail.
J'aurais une couple de précisions à apporter. Lorsque vous
parlez de la question des honoraires, notre intention n'est, en aucune
façon d'ailleurs, je l'ai dit la semaine dernière, lorsque
j'ai parlé des précisions que nous nous proposions d'apporter aux
dispositions du code des professions de demander aux organismes, tels
que les corporations professionnelles, de jouer un rôle dans la
détermination d'honoraires lorsqu'il existe un groupement qui est apte
à négocier.
H y a aussi, par contre, certaines situations, et c'est un article de
portée générale, lorsqu'il n'y a pas d'autre
mécanisme. Dans le nouveau libellé, lorsque nous disons
"après consultation", d'abord ce ne sera plus le lieutenant-gouverneur
en conseil qui aura cette fonction mais plutôt l'office. La consultation
pourra s'effectuer et devra normalement s'effectuer avec des organismes autres
que les corporations. Simplement, pour certains groupements professionnels, il
n'existe pas d'association ou de syndicat. Alors, c'est un article à
portée générale qui doit être
interprété comme tel, et les précisions dans le texte, je
crois et je l'espère, enlèveront toute ambiguïté.
La question, également, des personnes traitées dans des
hôpitaux psychiatriques a été soulevée par plusieurs
autres organismes. Nous allons soit supprimer certains articles ou, dans les
autres cas, nous laisserons plutôt à la corporation
professionnelle, non pas par voie de règlement, mais par ces organismes
appropriés, de juger si un membre est apte à pratiquer ou si,
pour des raisons de santé, il n'y aurait pas lieu qu'il y ait une
suspension, comme vous le dites, pour une période. Ces articles, je
crois, ont été précisés et aussi on voulait enlever
toute distinction entre le malade mental et le malade physique.
Alors, j'espère que ces modifications sauront vous rassurer. Ici,
je note, dans votre mémoire, et ce serait la seule question que je
voudrais vous poser, que vous traitez de la question de l'avortement. Je
comprends que les dispositions touchant l'avortement apparaissent dans le code
criminel.
MLLE PHIPPS: Vous me permettrez de vous arrêter un instant. Nous
n'avons rien mentionné, dans notre mémoire, en ce qui concerne
l'avortement. Peut-être que vous...
M. CASTONGUAY: Oh! Je m'excuse. C'est la Fédération des
infirmières unies. Je m'excuse. Je fais erreur, en effet. Il y a
là dans le mémoire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a avorté une question!
M. CASTONGUAY: Dans le mémoire des infirmières unies, je
veux juste l'indiquer pour l'information, on nous montre des annonces
publiées dans certains journaux. Cela me paraît assez fantastique
qu'on en soit rendu à faire ce genre de publicité. Evidemment,
les infirmières unies dénoncent ceci. C'était une des
choses sur lesquelles je voulais discuter.
Alors, M. le Président, ceci, je crois, complète les
quelques commentaires que je voulais faire à la suite des observations
que les Cadres infirmiers unis nous ont formulées.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'on pourrait savoir le nombre de
membres qu'il y a dans votre organisme?
MLLE PHIPPS: Disons qu'actuellement on compte 600 infirmières
cadres qui sont au niveau d'hospitalières, surveillantes,
assistantes-directrices et directrices des soins infirmiers. Dans la province
de Québec, il y a, actuellement, environ 2,000 cadres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, vous avez 600 membres sur une
possibilité de 2,000.
MLLE PHIPPS: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel niveau situeriez-vous votre organisme?
Il y a l'ordre professionnel; évidemment, ce n'est pas là. Il y a
l'association professionnelle et il y a le syndicat professionnelle. A quel
niveau le situez-vous?
MLLE PHIPPS : C'est évident que c'est au niveau du syndicat
professionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, vous êtes appelés à
négocier?
MLLE PHIPPS: Absolument. Nous sommes, actuellement, d'ailleurs en
négociation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec vos patrons. Quels sont les
établissements?
MLLE PHIPPS: Disons que nous négocions au niveau
provincial...
M. CLOUTIER (Montmagny): Au niveau provincial.
MLLE PHIPPS: ... des contrats individuels d'emploi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Juste de petites questions, M. le Président. Est-ce que
vos membres sont également membres de l'Association des
infirmières?
MLLE PHIPPS: Absolument. Pour avoir le droit de pratiquer dans la
province, il faut être membre de l'AIPQ et, secondairement, les gens
peuvent être membres d'autres associations, comme un syndicat, par
exemple, qui peut être les Cadres infirmiers unis ou d'autres
groupes.
M. GUAY: Avec la même compétence décrite par ces
dernières, ce matin.
MLLE PHIPPS: Absolument. M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, nous vous remercions cordialement de votre
présence parmi nous. J'invite immédiatement les
représentants de la Société des techniciens en radiologie
médicale du Québec.
Société des techniciens en radiologie
médicale du Québec
M. PELLETIER (Gérard): Permettez-moi de vous présenter M.
Roch Boucher, à ma gauche, qui était le président du
comité d'étude sur les bills 250 et 265. M. Roch Boucher est
diplômé en radiologie médicale, depuis 1962, dans les
options de radiodiagnostic et radio-isotope, soit la médecine
nucléaire. Il est de plus chef technicien à l'hôpital
Hôtel-Dieu de Lévis. Il étudie actuellement en relations
industrielles, pour l'obtention d'une licence.
Quant à moi, mon nom est Gérard Pelletier. Je suis
diplômé en radiologie médicale de l'Institut du radium de
l'Université de Montréal, en 1958, dans les options
radiodiagnostic et radiothérapie. J'ai cumulé les fonctions de
technicien à l'hôpital Maisonneuve, à l'hôpital
Notre-Dame et, présentement, à la faculté de chirurgie
dentaire de l'Université de Montréal. J'occupe la fonction de
président de la société et je suis également le
porte-parole de cette corporation, pour vous expliquer le petit document bleu.
On l'a voulu très simple, pour la bonne raison que nous avions peu de
chose à demander ou à faire changer, considérant que nous
fonctionnons à peu près dans l'optique du bill 250, qui nous a
été présenté, à quelques nuances
près. Les quelques nuances qu'on devrait apporter dans les changements
ne sont pas pour nous une opération douloureuse et difficile. Nous
désirions depuis un certain temps la plupart de ces changements.
Le but de la présentation de ce mémoire est
d'établir le rôle du technicien, son champ de juridiction, son
champ de travail, ainsi que sa formation. Nous croyons que le technicien a une
formation pour avoir pleine et entière responsabilité sur le
champ technique de l'utilisation des radioéléments et des rayons
X je parle uniquement du secteur technique. Nous entendons le faire et
considérons qu'il n'y a personne d'autre que nous de compétents
dans ce domaine pour le faire. Si nous devions disparaître, l'Etat
devrait trouver des remplaçants, en commençant par les former et
leur donner le travail que nous, actuellement, devons faire.
Nous n'avons pas l'intention de chevaucher ou de nous ingérer
dans d'autres professions, soit celle du médecin-radiologiste. Nous
sommes appelés à travailler avec lui en étroite
collaboration et évidemment, par la loi, sous sa tutelle, actuellement.
Selon l'ancienne loi, nous sommes incorporés en corporation
fermée depuis 1960. Nous comptons actuellement à peu près
2,000 membres dans la province de Québec. Ils oeuvrent dans les
fonctions de radiolo-giediagnostic, pour le plus grand nombre; il y en a un
nombre moins important en radiothérapie et dans une nouvelle discipline
qui est née de l'industrie, pour des fins de recherche et des fins
d'application de traitement médical. Elle nous est venue en 1965
environ.
Si vous voulez, je vais lire les quelques articles auxquels on a voulu
des changements. Par la suite, je serai très heureux de répondre
à vos questions.
D'abord, constitue l'exercice de la profession de technicien en
radiologie tout acte qui a pour objet d'exécuter un travail technique
comportant l'utilisation d'isotopes en vue de traitements
radiothérapeutiques ou production de radiographies.
Nous croyons que cet article est incomplet et insuffisant pour
définir de façon adéquate le travail du technicien en
radiologie.
Après consultation auprès des personnes compétentes
sur ce sujet, nous considérons que le travail de technicien en
radiologie ne comporte pas seulement l'utilisation de
radioéléments mais, en plus grande partie, l'utilisation des
rayons X, la plupart des radiographies étant produites par l'utilisation
des rayons X et non par des isotopes.
Aussi, nous proposons que l'article 7 soit lu de la façon
suivante: "Constitue l'exercice de la profession de technicien en radiologie
tout acte qui a pour objet d'exécuter un travail technique comportant
l'utilisation de rayons X et de radioéléments pour des fins
thérapeutiques et diagnostiques.
A l'article 8 du projet de loi 265 on dit: "Sous réserve des
droits et privilèges expressément accordés par la loi
à d'autres professionnels, les actes décrits à l'article 7
sont réservés aux techniciens en radiologie." Considérant
que l'office fixe les normes de délivrance et de détention des
permis habilitant ou pouvant habiliter certaines personnes ou groupes de
personnes à faire de la radiographie ou de la
radiothérapie, la Société des techniciens en radiologie
médicale du Québec exige, en vertu de l'article 172 du bill 250,
que le comité d'experts soit obligatoirement consulté et qu'un
membre représente la corporation des techniciens en radiologie.
A l'article 172 du bill 250 on dit: "L'office fixe des normes de
délivrance et de détention de permis habilitant à faire de
la radiologie ou de la radiothérapie. A ces fins, l'office peut
s'adjoindre le concours d'un comité d'experts." Nous proposons que
l'article 172 du bill 250 soit amendé par le texte suivant: "L'office
fixe des normes de délivrance et de détention de permis
habilitant à faire de la radiologie ou de la radiothérapie. A ces
fins l'office doit s'adjoindre le concours d'un comité d'experts
formé de une ou plusieurs personnes représentant les corporations
professionnelles concernées par la radiologie et la
radiothérapie."
A l'article 11 du projet de loi 265, on dit: "Nul technicien en
radiologie médicale ne peut exercer sa profession, si ce n'est sous la
surveillance d'un médecin ou d'un dentiste, d'un détenteur d'un
permis de radiologie ou de radiothérapie délivré
conformément à l'article 173 du code des professions ou d'une
personne désignée par règlement du lieutenant-gouvernenr
en conseil." De façon pratique, le technicien en radiologie
exécute actuellement un travail technique sous la tutelle d'un
médecin radiologiste et à la demande d'un médecin ou d'un
dentiste, Statuts refondus, 1964, chapitre 251. Nous croyons que le mot
"surveillance", en plus de limiter les activités du technicien en
radiologie, ne rend pas justice à sa formation. Dans la présente
loi l'exercice de la profession est définie comme étant tout acte
qui a pour objet un travail technique.
Ainsi, nous proposons que l'article 11 de la loi des techniciens en
radiologie soit lu de la façon suivante: "Nul technicien en radiologie
ne peut exercer sa profession, si ce n'est à la demande écrite
d'un médecin, d'un dentiste ou d'un détenteur d'un permis de
radiologie ou de radiothérapie délivré conformément
à l'article 173 du code des professions ou d'une personne
désignée par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil. Tout règlement adopté par le lieutenant-gouverneur en
conseil en vertu du présent article entre en vigueur le jour de sa
publication dans la Gazette officielle du Québec ou à toute autre
date ultérieure qui y est fixée."
J'aimerais vous dire également que le cours de technicien en
radiologie était le premier cours paramédical donné dans
les CEGEP. Nos examens à la corporation sont préparés en
collaboration avec l'Association des radiologistes du Québec, la
Société médicale du Canada, de même que la
Société canadienne des techniciens en radiologie médicale
du Canada. Nos diplômes sont reconnus par réciprocité dans
les dix provinces du Canada, les 50 Etats américains, tout le
Commonwealth britannique. Re- marquez que je n'ai pas de dévotion
particulière pour ça, mais c'est un fait, c'est
appréciable quand même. Il y a aussi la Suisse, qui
reconnaît par réciprocité nos diplômes. Nous leur
rendons le réciproque, nous au Québec, lorsque les gens de ces
pays se présentent, qu'ils ont une carte de membre en règle de
leur corporation. Ils ont les mêmes droits que nous au Québec.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Je voulais vous remercier pour ce mémoire. Je note
votre désir de participer dans les organismes, comités d'experts.
Je note votre accord général sur le projet de loi. Je vais
étudier les propositions que vous formulez quant à cette
participation. Est-ce qu'il y a lieu d'inscrire tout ceci dans un texte de loi,
oui ou non? Assez souvent et je pense que vous retrouvez pas mal la
même chose dans tous les textes de loi on préfère,
de façon générale, ne pas trop entrer dans les
détails, spécifier qui doit faire partie de tel comité
d'experts.
Cela se comprend, étant donné l'évolution des
sciences, parfois la nécessité de faire appel à des
personnes dont la compétence peut être extrêmement
importante, personnes dont on n'avait pas pu prévoir, soit l'existence
ou le besoin, au moment de la rédaction d'un texte de loi. De toute
façon, il me parait que ce sont des propositions qui doivent être
examinées.
La seule question a trait à l'article 11; lorsque vous demandez
d'une part que pour exercer votre profession que cela soit fait à la
demande écrite d'un médecin, d'un dentiste, je voudrais que vous
expliquiez pourquoi vous croyez qu'il est nécessaire d'avoir une demande
écrite. Et je note également que vous dites: A ce
moment-là, cela ne serait plus sous la surveillance d'un médecin
ou d'un dentiste.
Alors, il y a là un changement: d'une part, demande écrite
et d'autre part, l'élimination de la surveillance. Et si l'on
considère que la radiothérapie, particulièrement, qui
constitue il me semble un traitement médical même s'il fait appel
à l'instrumentation hautement spécialisée et qui demande
un personnel formé pour l'utiliser et présente des dangers, etc.,
j'aimerais savoir pourquoi on peut demander l'exclusion de cette
surveillance.
M. PELLETIER (Gérard): M. le ministre, je suis très
heureux que vous me posiez la question. D'abord, l'idée d'avoir une
ordonnance écrite est pour se protéger. Actuellement, la loi
exige que nous ayons des tuteurs. C'est-à-dire que normalement, si on
devait respecter la loi comme telle, nous serions obligés d'avoir un
radiologiste sur nos épaules lorsque nous faisons un examen. Remarquez
que c'est du verbiage. Dans les faits, ce n'est pas cela. De toute
façon, c'est une protection pour s'assurer que, si nous avons accompli
un acte radiologique, cela a été
à la demande d'un médecin pour ne pas se faire dire par
l'association des radiologistes qui est un syndicat et qui sont nos tuteurs
actuellement: Mon vieux, tu t'installes et tu fais de la radiologie
illégalement; montre-moi l'ordonnance du médecin qui t'a fait
cette demande. Et en même temps, pour éviter que l'on fasse des
demandes un peu farfelues au téléphone ou de toute autre
manière, qui comportent l'utilisation d'éléments dangereux
et, après cela, tout le monde se lancerait la balle à savoir
qu'il n'y a personne de responsable, d'une part.
Quand on dit surveillance, si surveillance comporte comme
définition: avoir le praticien général sur nos
épaules, encore une fois, pour dire: M. Pelletier, vous faites un examen
du crâne, vous utiliserez 75 kilowatts, vous vous servirez de 300
milliampères et d'un tiers d'exposition, c'est de la surveillance,
à mon point de vue. Ici, surveillance a la définition d'examen
demandé, soit par écrit ou qui peut s'inscrire au moins dans un
dossier quelconque quelque part pour attester que l'examen a vraiment
été demandé par un médecin ou par une personne
autorisée à le faire.
Pour ce qui est de la radiothérapie, le Collège des
médecins autorise l'utilisation de prescrire la radiothérapie
uniquement par des radiothéra-peutes ou des radiologistes qui ont fait
des stages et qui ont une compétence en radiothérapie. Le
médecin sans spécialité dans le domaine n'a pas le pouvoir
d'utiliser des rayons X ou des substances radioactives pour faire de la
radiothérapie ou prescrire de la radiothérapie.
M. CASTONGUAY: Je n'en suis pas sur l'aspect de l'ordonnance mais bien
du traitement à ce moment-là. Et si on lit votre texte, si je
comprends bien, une fois l'ordonnance reçue par écrit, le
traitement par voie de radiothérapie serait fait par vous sans qu'il y
ait surveillance ou responsabilité de la part du médecin. C'est
ce point qui m'apparaît extrêmement important.
M. PELLETIER (Gérard): Sur la radiothérapie, il est
entendu que le technicien n'exécute jamais un traitement en
radiothérapie sans la présence d'un médecin
radiothérapeute. Et ce n'est pas pour ce groupe que nous demandons...
Nous n'excluons pas la surveillance. Dans le domaine de la radiologie, nous
n'excluons pas non plus en radiodiagnostic certains examens qui se font
toujours avec l'assistance du médecin radiologiste.
Par exemple, prenons les examens de radio ou de fluoroscopie ou en
cinéradiologie ou en cardio-vasculaire ou en neuro-radiologie. Ce sont
des examens qui nécessitent la présence d'un radiologiste. Alors,
la même chose dans le diagnostic; il y a certains examens qui, par
habitude et par nécessité de compétence et de
responsabilité, nous en sommes conscients, se font en collaboration et
avec la surveillance immédiate ou la présence du médecin
radiolo- giste et ceci devra demeurer. Il est entendu que, dans les faits, et
peut-être sur papier éventuellement, il s'agira d'établir
spécifiquement quel examen peut être fait par un technicien, seul
ou avec la présence du médecin radiologiste comme on fait
d'habitude.
M. CASTONGUAY: Alors, une dernière question, si je comprends
bien, ce serait plus juste de parler, au lieu de surveillance
étant donné que, dans certains cas, il doit y avoir surveillance,
et que dans d'autres cas la présence physique n'est pas
nécessaire on devrait parler plutôt de la
responsabilité du médecin.
M. PELLETIER (Gérard): Si vous m'avez bien compris, j'ai
spécifié au départ que nous avons l'intention de faire
porter nos revendications uniquement sur le plan technique. Lorsqu'il s'agit de
diagnostic ou de traitement, ce n'est plus technique. C'est la
responsabilité du médecin, du médecin qui prescrit ou du
médecin radiologiste. Nous, c'est l'aspect technique et, dès
qu'un examen dépasse l'aspect technique, le côté
médical comme tel est toujours de la responsabilité du
médecin dans sa spécialité.
Alors, nous allons demeurer dans le secteur technique, et dès que
ça dépasse le secteur technique et que ça devient
technique et médical, ça va de soi que l'assistance du
radiologiste est nécessaire. Et ceci est la même chose pour les
techniciens en médecine nucléaire ou radio-isotope. Si c'est plus
que technique, si c'est médical à un moment donné, lorsque
le secteur technique est franchi, ce n'est plus notre responsabilité. Et
je cite un exemple ici. Je pense que tout le monde doit connaître ce que
c'est qu'une urographie qu'on doit normalement faire avec une substance de
contraste qui doit être injectée par voie veineuse. Alors, que le
médecin ou l'infirmière ou une personne autorisée à
le faire donne la substance de contraste au patient, moi mon devoir technique
est de produire des clichés qui permettront de déceler l'arbre
urinaire et de voir si les images que je vais produire peuvent aider le
médecin à établir un diagnostic.
Moi, mon rôle est de faire un film qui est lisible ou sur lequel
on peut détecter une anomalie ou non, où on peut faire un
diagnostic par un bon film, si vous voulez, comme on fera une bonne
photographie d'une starlette ou de quelqu'un d'autre. Alors c'est le
côté technique. Le côté médical de l'injection
ou des conséquences de la substance de contraste qui a été
donnée par un médecin ou toute personne compétente ne me
regarde en rien.
M. CASTONGUAY: Non, ça je comprends ça, votre rôle,
vous le placez clairement sur le plan technique. Je ne voudrais pas laisser
cela dans l'ambiguïté. Est-ce que vous acceptez, par contre
compte tenu de cette responsabilité sur le plan technique, puisque nous
sommes dans le domaine de la santé, qu'il s'agit d'êtres
humains, non pas là d'objets que votre travail doit
être fait sous la responsabilité du médecin, du
radiologiste, ou du radiothérapeute, qui conservent toujours la
responsabilité sur le plan médical totalement, et que vous
effectuez dans ce cadre-là des actes techniques dont vous êtes
vous-mêmes à ce moment-là responsable? Est-ce que c'est
ça? Est-ce qu'on peut faire la distinction comme ça?
M. PELLETIER (Gérard): M. Castonguay, moi je considère,
enfin l'organisme que je représente et les membres que nous avons,
considèrent que l'ordonnance du médecin à l'effet de
demander un examen radiologique est toujours la responsabilité du
médecin qui la demande.
Disons qu'on me demande une radiographie d'un pied. La façon de
le faire, d'établir la qualité de rayons, la quantité que
je devrais utiliser pour produire cet examen, avec la formation que je
prétends avoir reçue durant mes trois années
d'étude, je suis responsable de ce que je devrais utiliser ou faire pour
produire l'examen. Mais 1st responsabilité de l'examen en dehors du
côté technique demeure la responsabilité de celui qui l'a
prescrit, du début à la fin. Et s'il veut s'adjoindre, pour
compléter son diagnostic, un médecin radiologiste, ça
demeure sa responsabilité, ça demeure sa prérogative.
Uniquement sur le côté technique, une façon de
localiser...
M. CASTONGUAY: J'aurais une dernière question; je ne veux pas
insister, mais c'est très important. Je suis au courant d'un cas
où une personne qui subissait des examens, a été
exposée, par inadvertance, pendant une période assez
prolongée, à des rayons X. Les rayons X ont laissé des
traces sur la poitrine et elle est morte dans des délais assez brefs par
la suite.
Lorsque vous dites que vous voulez votre responsabilité au plan
technique, j'en suis. Au sujet de cet examen, s'il avait été
prescrit et que le médecin n'était pas là, qui est
responsable, dans votre conception?
M. PELLETIER (Gérard): Premièrement, si j'ai à
exécuter un examen qui m'est demandé et qui est en dehors de ma
compétence ou de ma responsabilité, je ne le ferai tout
simplement pas ou je le référerai au requérant, en disant:
Référé au Dr Untel ou à M. Untel dont c'est la
compétence. Si je considérais que je n'ai pas la formation pour
appliquer tel traitement ou pour faire tel examen qui comporte un certain
danger, je retournerais l'ordonnance au requérant.
M. CASTONGUAY: C'était quelque chose d'assez banal.
M. PELLETIER (Gérard): Vous voulez parler d'un cas de
radiothérapie.
M. CASTONGUAY: Non, apparemment c'était une question d'examen et
je ne sais pas si c'est possible, je vous en parle de mémoire;
supposons que ce serait de la radiothérapie alors que
l'idée était d'exposer la personne le plus brièvement
possible à des rayons X, elle a été exposée pendant
quelques minutes je ne sais pas combien ce qui constituait une
exposition trop prolongée. Je connais le nom de la personne et toute
l'histoire. Je sais qu'elle a eu des douleurs épouvantables et qu'elle
en est morte quelques mois plus tard.
Je n'ai pas tous les détails, mais je prends ce cas par suite de
ce que vous nous dites et j'essaie de voir si je comprends clairement ce que
vous nous dites. Les termes ont de l'importance. Je comprends très bien
votre demande, lorsque vous dites que vous voulez avoir une demande
écrite. Je le comprends et cela me paraît extrêmement
important. Sur cette question de surveillance et de responsabilité, je
voudrais comprendre très clairement ce que vous dites.
M. PELLETIER (Gérard): Le cas que vous soumettez, s'il existe,
était sûrement de la radiothérapie. Vous savez que les
brûlures aux rayons X n'apparaissent qu'après deux ans environ.
S'il est mort à brève échéance, probablement que ce
n'est pas parce qu'il a reçu trop de rayons.
M. CASTONGUAY: Je vous donnerai le nom après et nous pourrons en
reparler. Je vous le donnerai en dehors.
M. PELLETIER (Gérard): Je sais qu'on utilise le cobalt, qui est
un métal radioactif très puissant qui peut amener la mort
rapidement, mais ce n'est pas si patent que cela. Cela prend quand même
quelques jours, voire même quelques semaines.
M. CASTONGUAY: On sait que l'exposition trop prolongée à
des rayons X est mauvaise. Je vous ai donné un exemple. Supposons que je
n'ai pas tous les faits précis, car je vous en ai parlé de
mémoire, mais ce qui importe, c'est de savoir où se situe, dans
ce que vous nous dites, la question de responsabilité. Vous demandez
uniquement de procéder sur demande écrite et vous enlevez la
notion de surveillance et de responsabilité de votre texte.
M. PELLETIER (Gérard): Disons qu'on parle toujours du secteur
technique. Le cas que vous nous avez amené antérieurement, c'est
un secteur technique et médical; il s'agit de l'application de
traitements. A ce moment-là, le technicien qui le fait déroge
à ses responsabilités et à ses droits. Ce n'est pas la
fonction d'un technicien d'exécuter un traitement seul, surtout s'il est
aussi important et comporte cer-
tains dangers. Je parle du secteur technique uniquement.
Maintenant, les personnes habilitées à prescrire des
examens de rayons X dans les trois disciplines possibles. Je considère
que, quand on demande un examen, on doit savoir ce qu'il comporte comme
responsabilités. Si on n'a pas cette compétence, on ne devrait
peut-être pas prescrire d'examen. Je pars du principe que les gens qui
vont me demander un examen savent ce que c'est, un peu comment ça se
fait et quelles conséquences cela peut avoir.
S'il arrive que chez certaines de ces personnes, il y avait
déjà incompétence, ce qui ne s'est pas souvent vu
mais ça peut arriver je pense que les techniciens sont
suffisamment formés et suffisamment avertis pour ne pas s'embarquer dans
une galère semblable; ils vont se référer au
médecin radiologiste soit par téléphone, soit à son
bureau, s'il est là. Il reste quand même qu'ici, ce qu'on demande,
je vous le rappelle, ce n'est pas de jouer au médecin, on n'a pas du
tout ce goût franchement ça ne m'a vraiment jamais
attiré c'est tout simplement, sur le plan technique, la
possibilité de travailler avec des orthopédistes, avec des
dentistes, des médecins vétérinaires sans toujours que M.
Untel, qui est à 500 milles de distance, vienne voir ou pas du tout,
disons une fois par mois, et vraiment que ce soit mon tuteur ou mon
surveillant.
Je trouve que, dans les faits, ce n'est pas tellement possible, alors
pourquoi s'embarquer dans ça? Je pense qu'on a suffisamment de formation
sur le plan technique pour pouvoir procéder à des examens qui ne
sont quand même pas si dangereux sur le plan technique, avec nos
responsabilités, considérant la formation reçue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: De qui viennent les ordonnances pour vos radiographies?
Est-ce qu'elles vous viennent toujours d'un radiologiste ou si elles peuvent
venir d'un médecin de médecine générale ou
autre?
M. PELLETIER (Gérard): Actuellement, selon la loi, le
médecin fait une demande; la paperasse signée par un
médecin, c'est une demande. Lorsqu'elle arrive au service de radiologie,
même sans que le médecin radiologiste la voie, c'est devenu une
réquisition, une ordonnance du radiologiste, parce qu'il est responsable
de tout ce qui se fait dans son service, selon la loi. La réquisition
part du Dr de Grandpré, rue Berri, et elle arrive chez nous, à
Notre-Dame, et c'est devenu une ordonnance en entrant à Notre-Dame,
même si le radiologiste n'est pas là. C'est la loi qui dit
ça. Normalement, ce sont des médecins qui demandent les examens
et du fait d'avoir un radiologiste responsable du service, ça devient
une ordonnance, et la même chose si ça vient d'un dentiste ou d'un
médecin vétérinaire, quoique, dans les hôpitaux,
ça s'est vu quelquefois d'avoir des animaux mais disons que c'est plus
rare que ce l'était.
M. BOIVIN: A l'usage, le radiologiste détermine les ordonnances
que vous devez suivre et celles que vous pourrez...
M. PELLETIER (Gérard): C'est-à-dire que par routine, pour
les examens qui sont exécutés à la demande de
médecins dans les hôpitaux, on établit des techniques avec
le service de radiologie. Le radiologiste fait l'interprétation, fait la
radioscopie, mais les techniques comme telles relèvent des techniciens
ou presque à 100 p.c. parce que les radiologistes n'ont pas le temps de
faire de la technique; d'abord, ils ne sont pas assez nombreux. Si les
radiologistes devaient jouer au technicien, il faudrait qu'ils soient 2,000
alors qu'ils sont 200. C'est donc le technicien qui détermine la
quantité de rayons, l'utilisation pour produire l'examen demandé,
soit les incidences, les manipulations et la quantité d'énergie
utilisée pour produire tel examen. Mais c'est toujours le radiologiste
qui, de près ou de loin, a la responsabilité de l'acte que je
pose.
Par exemple, quant au droit de travailler et de remplir des ordonnances
des dentistes ou des médecins, soit dans les cliniques ou dans des
hôpitaux éloignés, vous savez qu'il existe des
hôpitaux où le radiologiste passe une fois par mois ou même
ne va pas du tout, où il y a des techniciens qui, leurs examens faits,
envoient par messager les valises ou les boites de films qui sont lus à
Montréal ou ailleurs par des radiologistes.
Ceci devient légal vu que c'est interprété par un
radiologiste, mais le technicien est seul dans son hôpital à faire
l'examen qui lui a été demandé par les médecins de
la région.
Je prends un cas plus près, par exemple. Je suis à la
faculté de chirurgie dentaire. Je fais de l'enseignement clinique au
service de radiologie et on a un médecin radiologiste qui est notre
tuteur. On ne le voit pas. Il sait à peu près ce qu'on fait parce
qu'il connaît la radiologie. Il nous connaît. Depuis cinq ans, on
ne l'a jamais vu mais il est notre tuteur et tout ce qui se fait est sous sa
responsabilité. Cela me donne le droit de travailler. S'il n'y avait
personne d'autorisé en vertu de la loi, à avoir son nom ou avoir
des titres accrochés quelque part dans le service, je n'aurais
absolument pas le droit de faire quoi que ce soit.
Vous vous souvenez très bien, pour un certain nombre d'entre
vous, lors de la grève des médecins radiologistes en 1966, les
techniciens sont devenus d'éternels chômeurs, non pas
chômeurs parce qu'ils ont été payés, mais ils se
sont assis dans les services de radiologie et ils ont bu du café, parce
que les radiologistes étant en session d'étude, on n'avait plus
le droit de travailler. Antérieurement, on faisait à peu
près
90 p.c. de nos examens sans leur présence. C'était
légal. Je n'ai rien contre le légalisme. Je suis même
favorable à cela, mais j'ai des choses contre ce qui est un peu, pour
moi je le dis sans méchanceté ici, parce que je me sens
à l'aise avec vous ridicule. Je pense qu'il est peut-être
temps qu'on sorte de cela.
M. BOIVIN: Vous travaillez dans un champ déterminé par le
radiologiste sous la responsabilité du radiologiste.
M. PELLETIER (Gérard): Tutelle et responsabilité, si vous
voulez. La loi nous dit tutelle.
M. BOIVIN: Mais dans un champ déterminé, de routine par
exemple, où ils disent: Faites cela tous les jours.
M. PELLETIER (Gérard): C'est ça. C'est en
quantité.
M. BOIVIN : II y a toujours un champ, parce que vous ne faites pas de
fluoroscopie?
M. PELLETIER (Gérard): Non.
M. BOIVIN: Vous ne faites pas d'examen qui nécessite, comme vous
l'avez dit tout à l'heure, examen du système nerveux...
M. PELLETIER (Gérard): C'est moins sûr, mais normalement on
ne doit pas en faire.
M. BOIVIN: Quand le champ est déterminé par le
radiologiste, il peut vous pousser plus loin avec les connaissances qu'il sait
que vous avez. Seulement, vous travaillez toujours dans un champ
déterminé par le radiologiste, sous la responsabilité du
médecin.
M. PELLETIER (Gérard): Du médecin radiologiste. On ne
pourrait pas travailler pour des médecins s'il n'y avait pas un
radiologiste qui soit notre tuteur. Je ne pourrais pas travailler dans un
hôpital où il n'y aurait pas de radiologiste. Cela s'est vu. Des
hôpitaux avaient des médecins qui, par habitude,
interprétaient des films d'une façon convenable et des
techniciens travaillaient dans ces services. L'Association des radiologistes
nous a demandé de retirer nos techniciens parce qu'il n'y avait pas de
radiologiste attaché à l'hôpital. On nous a dit que les
techniciens travaillaient dans l'illégalité. On a,
nécessairement, intéressé des radiologistes à
interpréter les films faits par ces techniciens pour légaliser le
côté de la pratique de la radiologie.
M. BOIVIN : Mais je ne comprends pas ce que vous nous demandez
actuellement. Vous dites: Nous agissons dans un champ déterminé
par le radiologiste, sous la responsabilité du radiologiste. Qu'est-ce
que vous voulez? Vous voulez être capables d'ouvrir une clinique de
radiologie et agir sans radiologiste?
M. PELLETIER (Gérard): Non. Ce n'est pas notre intention d'ouvrir
une clinique de radiologie. Nous considérons, d'abord, que les
médecins radiologistes ont un rôle à remplir.
Personnellement mais pas en tant que président de la corporation
je suis à me demander si le radiologiste devrait être
propriétaire d'une clinique. Je suis à me demander ça
fortement. Alors, ce n'est pas l'intention des techniciens d'ouvrir des
cliniques de radiologie, d'entrer en concurrence ou de faire de la radiologie
pour qui que ce soit. Nous sommes des salariés. Nous désirons
travailler en étroite collaboration avec les radiologistes. Nous avons
une formation technique pour ce qui est du secteur technique. Nous demandons
que la responsabilité des actes posés, afin de produire
techniquement des examens, soit nôtre entièrement. Cela se limite
à ça. Dès que cela déborde l'aspect technique de la
production d'examens ou de clichés radiolo-giques, dès que cela
touche le côté médical ou diagnostique, ce n'est plus notre
domaine. Ce n'est pas notre intention d'ouvrir des services de radiologie.
Personne n'a manifesté cette intention. Nous avons fait des
réunions, deux à Montréal et une à Québec.
Nous avons rencontré des membres de différentes régions.
Hors de tout doute possible, ce n'est l'intention d'aucun technicien d'ouvrir
une clinique de radiologie. Nous sommes satisfaits du travail fait actuellement
et nous voudrions tout simplement un peu plus de liberté. Nous voudrions
être responsables des examens que nous faisons dans la mesure de notre
compétence et de nos connaissances.
M. PAUL: Mais, assez souvent, hors la présence du médecin
radiologiste?
M. PELLETIER (Gérard): Vous n'êtes pas sans savoir
je ne ferai le procès de personne, je vous indique des faits qu'il
y a deux ou trois hôpitaux en province où il y a présence
d'un radiologiste les fins de semaine, le soir et la nuit, sur 300 ou 400
hôpitaux possibles. Le radiologiste a ses heures de travail, normalement
entre 8 h 30 et 16 h 30. En dehors de ça, ce sont des techniciens seuls.
Le radiologiste peut être appelé, si nécessaire, par le
technicien ou le médecin de garde, au besoin. Mais 90 p.c. des examens
sont faits sans la présence du radiologiste.
M. PAUL: Vous dites: Par le médecin de garde. Est-ce que le
médecin, l'omnipraticien par exemple, ne doit pas renvoyer la demande
d'une radiographie au radiologiste?
M. PELLETIER (Gérard): Elle est envoyée directement au
service de radiologie, où seulement un ou deux techniciens sont
présents. Mais, le soir ou la nuit, les techniciens sont présents
dans les services de radiologie et ils remplissent les ordonnances des
médecins, soit de la salle d'urgence ou des départements.
Sur demande écrite d'un médecin, on remplit le
côté technique de l'examen. Le côté technique de
l'examen est fait par les techniciens. La demande du radiologiste est faite, si
ce n'est que pour établir un diagnostic ou un traitement. Lorsque cela
touche le côté médical, on demande la consultation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, vous semblez exercer, en fait, une
profession qui a été un peu méconnue ou inconnue
jusqu'à maintenant. Ma première question est la suivante: Est-ce
qu'un radiologiste peut exercer sa profession de radiologiste sans techniciens
en radiologie?
M. PELLETIER (Gérard): Oui, certainement. Maintenant, il faudrait
qu'il apprenne à faire de la technique, chose que la plupart n'ont
jamais apprise, parce que, d'abord, c'est mécanique. Pour un
médecin, disons que ce serait peut-être perdre un talent ou des
aptitudes beaucoup plus utiles, pour des domaines plus compliqués. C'est
pourquoi on a formé les techniciens qui, eux, demandent moins de
préparation. On n'a pas besoin d'être médecin. Après
une douzième année scientifique, on peut entrer au CEGEP et faire
trois années de radiologie et on devient technicien. On développe
suffisamment d'habilité manuelle pour produire beaucoup d'examens en une
journée, ce que le médecin, du jour au lendemain, devrait
apprendre en faisant un peu ce que nous avons fait, pour avoir autant de
vitesse et autant de dextérité, même s'il a des
compétences scientifiques plus élevées.
Disons donc que le médecin pourrait le faire, mais il ne s'en
donnera pas la peine parce qu'il a des choses plus importantes à faire,
pour lesquelles il a été formé.
M. GUAY: Votre rôle, en fait, est surtout centré sur la
quantité, par exemple, d'énergie requise pour tel ou tel genre
d'examen. Vous êtes le technicien de la machine spécialisée
dans la radiologie. Est-ce que la formation est quand même comparable,
comme spécialité, à celle du radiologiste? J'aimerais bien
que vous nous exposiez, si c'est possible, peut-être comparativement, la
formation du technicien en radiologie et la formation du radiologiste, en
quelques mots.
M. PELLETIER (Gérard): Disons que la formation est aussi
différente, si je prends un plan de comparaison, qu'entre un architecte
qui établit le plan d'une salle ou d'un édifice et le simple
ouvrier qui va l'exécuter. L'architecte dit ce qu'il faudrait utiliser.
C'est peut-être plus compliqué pour l'architecte, parce qu'il va
donner le type de matériaux à utiliser tandis que le radiologiste
ne le dira pas au technicien. Mais la formation est très
différente. D'abord, pour être radiologiste, il faut être
médecin d'abord et ce sont trois ou quatre années de
spécialisation par la suite, alors que le cours de technicien porte sur
le côté technique, évidemment. On a de l'anatomie, de la
physiologie, de la radiobiologie-protection et tout cela mais il reste que
c'est beaucoup plus simplifié.
Il n'est pas nécessaire d'avoir la compétence ou les
qualités scientifiques d'un médecin pour être un bon
technicien. C'est un champ différent.
M. BOIVIN: Vous n'interprétez pas, d'ailleurs, la
radiographie.
M. PELLETIER (Gérard): Ce n'est pas le rôle du
technicien.
M. BOIVIN: Vous prenez la radiographie.
M. PELLETIER (Gérard): II s'agit d'utiliser la quantité
d'énergie nécessaire pour produire une image qui permettra au
médecin radiologiste, au médecin spécialiste ou autre de
vérifier un diagnostic, de déterminer une anomalie ou de dire:
C'est normal, il n'y a pas de fracture, de tumeur ou d'infection pulmonaire,
etc. C'est la production de l'image, le radiogramme, si vous voulez, le
cliché radiologique.
M. GUAY: Quelle est la durée de la formation pour devenir
technicien en radiologie?
M. PELLETIER (Gérard): C'est deux années théoriques
dans les CEGEP pour l'obtention du DEC, le diplôme d'enseignement
collégial. Cela se termine par une année d'internat avec des
techniciens moniteurs dans les services de radiologie des hôpitaux
accrédités qui ont à peu près toutes les options
possibles en radiologie. Après avoir terminé les deux
années théoriques, l'étudiant est dirigé vers un
centre accrédité qui a été inspecté
conformément aux exigences de l'Association médicale du Canada,
qui groupe différents organismes de la santé. Ils sont suivis par
des professeurs, des moniteurs. Ils font des examens avec les radiologistes
déjà en place et, douze mois après, ils ont un examen
théorique obligatoire qui est exigé par la corporation. Cet
examen réussi, le technicien a son droit de pratique. C'est trois
années, comprenant le DEC, le diplôme d'enseignement
collégial, plus le diplôme de la corporation qui est obligatoire
pour avoir le droit de pratiquer au Québec.
M. GUAY: Par la force des choses, est-ce qu'un technicien en radiologie
ne fait pas le même travail, par condition exceptionnelle, que le
radiologiste? Est-ce que vous auriez des connaissances et une compétence
identiques?
M. PELLETIER (Gérard): II existe aux Etats-Unis on a
parlé d'instituer ça au Québec des supertechniciens
à qui on donnerait une formation pour faire une radioscopie.
Normalement, ça n'existe pas. Si ça devait exister au
Québec, c'est en dehors de notre contrôle ou de notre
connaissance, mais, normalement, ça ne devrait pas exister, ce n'est pas
légal. Personne ne m'a signalé un tel état de choses. Je
sais que certains radiologistes, dans certains grands hôpitaux, veulent
former des techniciens avec un cours plus avancé ou un complément
en éducation pour pouvoir faire de la radioscopie afin de se
décharger d'une partie du travail qu'eux font normalement.
Evidemment, étant restreints quant au nombre et la
quantité de radiographies augmentent de plus en plus depuis que
c'est gratuit, on ne se gêne pas ils ont beaucoup de travail.
Donc, de plus en plus, le radiologiste déléguera certains
pouvoirs à des techniciens qu'on jugera formés. On ne saurait
dire jusqu'à quel point cela se fera, mais il est en question
déjà. Nous avons à la corporation institué des
examens de spécialité, non pas dans le but de remplacer les
radiologistes mais pour donner des connaissances accrues dans certains domaines
spécialisés de la radiologie, ceci pour être à la
page, pour mieux suivre le milieu médical qui évolue de jour en
jour. Et nous espérons que cela continuera d'être.
M. GUAY: Par qui sont préparés les examens que vous devez
subir pour l'admission à la pratique comme techniciens?
M. PELLETIER (Gérard): Ils sont préparés par
l'Association médicale du Canada et la Société des
techniciens en radiologie du Canada, en collaboration avec la
Société des techniciens en radiologie du Québec et
l'Association des radiologistes du Québec.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: MM. les membres de la commission, est-ce que cela
termine les questions? MM. les représentants de la Société
des techniciens en radiologie, nous vous remercions d'avoir
déposé devant nous votre mémoire et d'avoir répondu
aussi aimablement aux questions qui venaient de ce côté-ci de la
table.
M. PELLETIER (Gérard): Nous vous remercions de nous avoir
reçus; nous demeurons à votre disposition, si vous sentez le
besoin de nous rencontrer pour clarifier certaines choses. Nous sommes toujours
très heureux de le faire. Il fut très agréable pour nous
d'être ici aujourd'hui. Nous avons appris beaucoup de choses et nous
apprécions davantage nos parlementaires.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux au mardi 26
septembre. Demain matin, la commission parlementaire siège sur la
réglementation du bill 65 à 9 hres 30 au Salon rouge.
(Fin de la séance à 18 heures)