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Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250 Code des professions et
autres
projets de la loi connexes
Séance du jeudi 14 septembre 1972
(Dix heures dix minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
On commence la 17e séance de la commission spéciale sur
les corporations professionnelles et comme c'est l'habitude, je vais expliquer
les règles de procédure qui ne sont pas difficiles pour
commencer. Chaque groupe aura vingt minutes pour exposer son
résumé et après, quarante minutes pour que les membres de
la commission puissent lui poser des questions. Et si c'est nécessaire
d'avoir plus de temps, avec le consentement de la commission, nous pourrons en
accorder un peu plus.
Mais, avant le commencement de la séance, le ministre des
Affaires sociales nous a avisés, cela fait deux semaines, qu'il
annoncerait aujourd'hui des modifications au projet de loi 250.
Déclaration de M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, les différents
mémoires qui nous ont été présentés de
même que l'analyse qui en a été faite par les membres de la
commission ont permis d'identifier un certain nombre de points relativement au
code des professions où il y avait danger d'ambiguïté quant
au rôle et au statut des personnes nommées dans les bureaux des
corporations. Egalement, on a mis en relief le fait que certaines dispositions
pouvaient apparaître plus ou moins applicables et des dispositions
où les corporations, les organismes intéressés voyaient un
danger de ce qu'on a appelé une ingérence indue du gouvernement
dans les affaires des corporations professionnelles.
Alors, face â ces critiques ou à ces dangers, voici
à ce moment-ci de notre travail les changements qu'il nous paraît
nécessaire d'apporter face à ces questions. Et ici, je parle
uniquement du code des professions. Je pense qu'au départ, il est bon de
rappeler que dans la présentation de ces projets de loi, soit le code
des professions et toutes les lois connexes, un principe fondamental avait
été reconnu ou retenu, c'était celui du maintien des
corporations professionnelles, mais avec une modification tout aussi
importante, soit celle de la présence de membres non professionnels ou
de membres de l'extérieur dans les bureaux de ces corporations, afin
d'assurer que les corporations demeurent toujours conscientes de leur vocation,
soit celle de la protection du public.
Cette recommandation qui avait été formulée par la
commission d'enquête avait été également
formulée en Ontario par la commission McRuer sur les droits civils. Il
nous a donc paru nécessaire de maintenir ce principe, mais, il fallait
retenir que les mécanismes de sélection, les mécanismes de
nomination de ces membres externes étaient perçus, soit comme un
moyen de la part du gouvernement de s'ingérer dans les affaires des
corporations ou encore pourraient être perçus comme donnant un
statut bien différent de celui visé aux personnes qui
siégeront sur ces bureaux, soit un statut de personnes appelées
à faire rapport au lieutenant-gouverneur en conseil ou un genre de
délégué du lieutenant-gouverneur en conseil, alors que
ceci n'est pas l'idée. C'est plutôt l'idée que j'ai
mentionnée il y a quelques minutes, soit celle de la présence de
personnes représentant en quelque sorte le public pour assurer que les
membres des corporations, les autres membres qui sont tous des professionnels,
soient toujours bien conscients que la raison d'être des corporations est
la protection du public.
Alors, tout en retenant le principe de la présence de membres de
l'extérieur, nous croyons nécessaire d'apporter des modifications
dans les mécanismes de sélection et de nomination de ces
membres.
Si vous me permettez, il nous faut indiquer ce que nous croyons
nécessaire d'apporter en premier lieu comme modification à la
structure ou à la modification de l'office des professions. Dans le bill
250, l'office des professions doit comprendre trois membres. Nous proposons que
ce nombre soit augmenté à cinq. Plusieurs organismes ont fait
cette demande. Nous verrons également un peu plus loin que des
rôles additionnels sont confiés à l'office et cette
augmentation nous apparaît donc raisonnable et justifiée. Parmi
ces cinq membres, nous proposons maintenant que trois soient nommés par
le lieutenant-gouverneur en conseil, mais à partir d'une liste de cinq
noms soumise par le conseil interprofessionnel. Les deux autres seront
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais non pas
nécessairement à même cette liste.
Nous avions vu la possibilité que le lieutenant-gouverneur en
conseil fasse trois nominations qui donneraient un certain caractère
à l'office qu'on semblait craindre. Nous proposons donc qu'en plus que
le nombre soit augmenté de trois à cinq membres, trois de ces
membres soient choisis parmi une liste de cinq membres soumise par le conseil
interprofessionnel.
Evidemment, nous proposons aussi que le quorum soit augmenté de
deux à trois membres, compte tenu de l'augmentation du nombre de
membres.
Quant aux bureaux des corporations, selon le nombre de membres sur ces
bureaux élus, il y avait possibilité de la présence de
membres externes, soit deux, trois ou quatre membres
externes, approximativement, selon le nombre des membres du bureau,
l'ampleur ou l'importance de la corporation professionnelle quant au nombre de
ses membres. Ces nominations devaient être faites par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Alors, nous proposons maintenant que ces
nominations de membres externes soient faites par l'office des professions et
à partir d'une liste de 150 noms qui serait soumise par le conseil
interprofessionnel de telle sorte que toute ambiguité quant au statut de
ces personnes soit dissipée pour éviter que l'on perçoive
ces gens comme étant des représentants du gouvernement pouvant
avoir un rôle d'officiers rapporteurs ou quelque chose s'apparentant
à ce genre de statut.
Donc, nomination des membres externes par l'office des professions et
nomination parmi 1,000 listes de 150 noms soumises par le conseil
interprofessionnel. Je crois que c'est un deuxième changement
très important. Egalement, dans les dispositions du code des
professions, il est prévu qu'un membre externe doit se retrouver au sein
du comité administratif si un tel comité administratif est
formé. Il est prévu dans le code, dans sa forme actuelle, que ce
membre doit être nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Alors, cette disposition a été également critiquée;
on y a vu un désir de la part du gouvernement d'aller choisir un
individu bien identifié. Nous proposons maintenant que ce membre soit
nommé par le bureau. Si les membres externes sont tous des personnes
valables, il n'y a pas de raison pour que celui qui siégera au
comité administratif ne soit pas nommé par le bureau. C'est un
autre changement, je crois, qui va dissiper bien des équivoques quant
à la nature des changements les plus fondamentaux que nous voulons
apporter aux corporations professionnelles.
Quant au comité d'inspection professionnelle, il est dit dans le
code, dans sa forme actuelle, que le secrétaire sera nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il y avait une disposition concordante,
c'était celle prévoyant que les dépenses de fonctionnement
d'un tel comité seraient assumées par le gouvernement. Devant les
critiques formulées, il est proposé maintenant que le
secrétaire soit nommé par le bureau et non par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Et également, comme ce comité
pouvait, selon certains articles, interpréter son rôle comme
n'étant pas uniquement un rôle d'inspection professionnelle
à des fins d'amélioration de la formation, de la connaissance des
membres d'une corporation mais aussi un certain rôle à
caractère disciplinaire alors qu'il existe un comité de
discipline.
Les dispositions qui pouvaient porter à équivoque seront
éliminées.
Quant au comité de discipline, il est proposé dans le code
que le président soit un avocat ayant au moins dix années
d'expérience et, là aussi, on a vu le danger que ces nominations
soient faites sans que nécessairement tous les critères de
sélection retenus soient pleinement objectifs.
Nous proposons maintenant que ces nominations soient faites après
consultation du Barreau, de telle sorte que les présidents de
comité de discipline soient bien perçus comme des personnes qui
ne jouent qu'un rôle, celui de présider le comité de
discipline de la façon la plus objective, la plus sérieuse
possible.
Quant aux secrétaires, syndics, syndics-adjoints, il était
proposé qu'ils soient nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil pour les raisons déjà mentionnées, soit celle du
financement de ces mécanismes internes par le gouvernement. Avec le
changement proposé quant au financement qui devra dorénavant
être assumé par la corporation professionnelle, nous proposons
maintenant que les secrétaires, les syndics, les syndics-adjoints soient
nommés par le bureau et non par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Quant aux appels, aux décisions rendues par un comité de
discipline, il est prévu dans le code qu'ils seront faits auprès
de trois juges de la cour Provinciale. La rédaction du texte pouvait
donner l'impression que ce serait un tribunal ad hoc pour chaque cas dont les
membres seraient nommés par le gouvernement à même les
juges de la cour Provinciale, alors que l'idée est bien de faire en
sorte qu'un tribunal plus permanent, un genre de tribunal institutionnel
formé de trois juges de la cour Provinciale soit formé.
Donc, le texte sera précisé sur ce point et l'idée
générale est la même que celle qui a été
retenue quant aux appels dans la Loi des transports. Donc, pas de tribunal ad
hoc pour les appels aux décisions rendues par un comité de
discipline, mais un tribunal permanent formé de trois juges de la cour
Provinciale.
Tous ces changements visent, si on les analyse, à éviter
toute équivoque quant à la nature des modifications que nous
apportons à l'ensemble des lois des corporations professionnelles.
Maintenant, d'autres changements apparaissent également, à ce
moment-ci, nécessaires. Ce sont des changements d'une nature
différente, qui ne s'apparentent pas tous à la même
idée de base.
On a mentionné, par exemple, que le lieutenant-gouverneur en
conseil se réservait des pouvoirs réglementaires qui paraissaient
excessifs et, dans certains cas, qu'il y aurait grand avantage à ce que
ces pouvoirs soient assumés par les corporations elles-mêmes,
compte tenu d'une connaissance plus intime des problèmes qui se posent
et aussi de la possibilité que les problèmes se posent de
façon assez différente d'une corporation à l'autre. Pour
ces raisons, les pouvoirs réglementaires prévus aux paragraphes
a), b) et c) de l'article 169 169 a), c'est sur la détermination
de la procédure du comité d'inspection professionnel; 169 b) sur
les règles de conservation, d'utilisation et de destruction des dossiers
des professionnels; 169 c) sur les élé-
ments de publicité qui peuvent être mentionnés par
un professionnel ces pouvoirs réglementaires seront
transférés au bureau des corporations. L'office, toutefois, si
une corporation ne s'occupe pas de ses responsabilités, n'adopte pas de
règlements, pourra le faire à défaut d'un bureau de le
faire, ce qui apparaît plus raisonnable. On répond ainsi à
une critique à l'effet qu'il pourrait y avoir ingérence de la
part du gouvernement quant à la solution de problèmes que les
corporations croient être beaucoup mieux en mesure d'apprécier et
de résoudre.
Egalement, dans la question de l'approbation des règlements,
l'article 10 pouvait porter à confusion parce qu'il introduisait une
certaine notion qui pouvait porter à de l'arbitraire,
c'est-à-dire que l'on disait que si les règlements adoptés
aux paragraphes b) et d) de l'article 10 b) portant sur un cas de
déontologie et d) sur la procédure de l'arbitrage des comptes des
membres si ces règlements, dis-je, n'étaient pas
satisfaisants, ils ne seraient pas approuvés. La notion de
"satisfaisant" peut porter un certain arbitraire et elle sera
éliminée de cet article 10.
Il y a également un autre changement important qui porte sur les
pouvoirs réglementaires à l'article 169 d) et à l'article
169 e). En ce qui a trait à l'article 169 d), il touche à la
détermination des diplômes pouvant donner ouverture à un
permis d'exercice ou à un certificat de spécialiste. Quant
à l'article 169 e), il s'agit des modalités de participation des
corporations professionnelles au mécanisme d'élaboration des
programmes d'études au sein d'un établissement d'enseignement,
soit une université, un CEGEP par exemple. La procédure qui est
prévue est la procédure habituelle pour l'approbation de ces
règlements. Nous proposons maintenant, étant donné la
nature de ces règlements, qu'avant qu'ils soient adoptés, ils
soient également soumis pour consultation au conseil des
universités et aux établissements d'enseignement et qu'en outre
ils soient publiés dans la Gazette officielle pour une période de
30 jours de telle sorte que tous les intéressés puissent exprimer
leur point de vue.
Alors, plus grande consultation, meilleure assurance que tous les
intéressés pourront se faire entendre avant l'adoption de
règlements portant sur ces deux objets bien particuliers du pouvoir
réglementaire qui touche à l'admission, en fait, et qui touche
à la formation des membres des corporations.
J'entre ici dans des questions beaucoup plus détaillées.
Des représentations ont été faites relativement à
l'établissement d'un fonds d'indemnisation par les diverses corporations
professionnelles. Les dispositions du code des professions seront
précisées de telle sorte que le rôle de ces fonds
d'indemnisation soit très clair, soit celui du remboursement des
victimes de fraude ou de vol par un professionnel. C'est-à-dire que
lorsque dans les relations entre un professionnel et son client, si le client
confie une somme au professionnel et que ce dernier agit à titre de
fiduciaire, en quelque sorte, et que, face à cette responsabilité
de fiduciaire, il y a fraude ou vol, le fonds d'indemnisation devra intervenir
et le membre pourra alors être suspendu jusqu'à ce qu'il ait
remboursé le fonds d'indemnisation de la corporation. Toute autre fin
qui aurait pu être vue par le fonds d'indeminisation, soit sur le plan
par exemple de la responsabilité professionnelle, ne pourra être
assumée par ce fonds d'indemnisation. Il y a d'autres mécanismes
et c'est une responsabilité qui ne peut être assumée par
l'ensemble des membres d'une corporation.
Quant aux corporations qui croient que ce danger est très minime,
ce n'est pas leur imposer une obligation qui est lourde, étant
donné que le fonds d'indemnisation pourra être composé
d'une somme relativement minime ou d'une somme purement nominale. Il s'agira
d'une question d'appréciation qui devra être jugée par les
corporations et l'office et, au besoin, le conseil interprofessionnel.
Egalement, en ce qui a trait aux tarifs d'honoraires, la plupart des
corporations professionnelles nous ont dit que leur rôle étant la
protection du public, que les syndicats existant maintenant pour la
négociation de tarifs dans certaines circonstances, ce n'est plus le
rôle des corporations de soumettre des tarifs d'honoraires à
l'approbation du gouvernement. Alors, comme tous les tarifs perçus par
les membres des corporations professionnelles ne sont pas
négociés, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'une
question qui doit être tranchée pour la protection du public. Et
même s'il ne s'agit pas d'un rôle que les corporations
professionnelles désirent assumer, c'est une question qui ne peut
être ignorée.
Alors, nous croyons que cette question devrait faire l'objet de
règlements et que l'office devrait se voir confier le soin de soumettre
des tarifs d'honoraires professionnels à l'approbation du gouvernement
et ceci après consultation des corporations et des autres organismes
intéressés.
Il y a là une modification qui provient en fait du changement
dans l'équilibre des rapports entre les corporations, les syndicats, la
précision des rôles respectifs des corporations et des syndicats
qui s'est effectué au cours des dix, douze ou quinze dernières
années.
Egalement, à l'article 12, il est dit que si une corporation est
en difficulté sur le plan financier ou encore risque de devenir
insolvable par suite de revenus qui apparaîtraient insuffisants pour
assumer ses responsabilités, ses obligations, le lieutenant-gouverneur
en conseil placerait sous le contrôle de l'office une telle corporation.
On y voyait là un moyen par lequel on pourrait graduellement placer sous
le contrôle de l'office un certain nombre de corporations. Alors, nous
modifions cet article afin de l'assouplir et d'en retenir la signification en
ne faisant pas une obligation de "placer"
mais en disant "peut" placer sous le contrôle de l'office...
Et également, nous verrons plus loin que les obligations qui sont
imposées aux corporations, par exemple, de former, de maintenir un
comité de discipline de même qu'un comité d'inspection
professionnel, peuvent signifier des dépenses qui pourraient être
trop lourdes pour une corporation. Et là on voit le danger de l'article
12. Nous proposons plutôt qu'il y ait possibilité de verser des
subventions à certaines corporations qui ne seraient pas en mesure
d'assumer, à cause du nombre restreint de leurs membres, toutes les
obligations qui leur sont faites par le code des professions ou leur loi
propre.
Quant à l'article 18, il touche au financement du conseil
interprofessionnel. On voyait un danger à savoir, si les contributions
étaient réparties d'une façon proportionnelle au nombre de
membres de diverses corporations, que cela soit plus ou moins équitable.
Nous proposons de laisser au conseil interprofessionnel le soin
d'établir le mode de répartition des contributions qu'il devra
percevoir auprès de ces corporations membres.
A l'article 34, on a vu une certaine possibilité
d'ambiguité dans l'utilisation des lettres FIA qui sont à la fois
utilisées par les fellows en administration industrielle et les membres
de l'Institut canadien des actuaires.
Cette difficulté purement technique va être
corrigée.
L'article 40. L'Association des architectes a souligné que la
création d'une spécialité à l'intérieur
d'une profession peut se produire assez longtemps avant la création d'un
diplôme qui y donne accès. Ils ont proposé que l'on
reconnaisse l'équivalence non seulement des diplômes aux fins de
la délivrance de certificats de spécialistes, mais aussi de la
formation.
Nous croyons qu'il y a là une suggestion très pertinente
et nous proposons qu'elle soit retenue. A l'article 41, nous avions une clause
visant à éviter toute discrimination dans l'admission au sein
d'une corporation. On a proposé d'ajouter les mots "ascendance
nationale" aux autres expressions telles que "race", "langue", "religion"
etc.
Il s'agit donc d'une concordance avec l'article 54 qui, lui, comportait
la liste qui semble être convenue comme étant normale pour
éviter qu'il y ait discrimination sur la base de la religion, de
l'ascendance nationale etc.
L'article 47. On a fait des représentations à l'effet
qu'un bureau d'une corporation serait pratiquement dans l'impossibilité
de définir par règlement ce que peut constituer un état
physique ou psychique incompatible avec l'exercice d'une profession. Nous
retranchons cette obligation. Il s'agira, pour un médecin, d'une
question d'appréciation et non pas d'une question de
règlement.
L'article 49 qui introduisait la possibilité qu'il y ait
délation entre professionnels on faisait une certaine obligation
à un profession- nel de rapporter à sa corporation des faits
portant sur l'état de santé d'un autre professionnel a
été critiqué, a été vu comme étant
susceptible d'introduire, dans le fonctionnement d'une corporation, une
dimension vraiment négative, policière. Nous avons retenu ces
commentaires et nous proposons que cet article soit abrogé.
De même à l'article 51 où courait le danger que le
malade mental placé en cure fermée, soit stigmatisé parce
que cet article entraînait, de façon automatique, la suspension.
L'article 172. On a fait état de la possibilité que, dans les
élections aux bureaux d'une corporation, il puisse avoir
égalité des voix. Comme il est courant dans une telle situation,
un vote prépondérant sera accordé au
secrétaire.
Enfin, pour les assemblées générales
convoquées aux fins d'adopter des règlements. A l'article 88, on
prévoit, pour éviter des déplacements inutiles, une
lourdeur trop grande dans le fonctionnement d'une corporation, la
possibilité du vote par correspondance.
Pour la convocation de telles assemblées générales
spéciales, on prévoit un délai de cinq jours au lieu du
délai habituel de 30 jours qui apparaissait trop long pour la
convocation d'une assemblée spéciale. Des précisions sont
apportées quant aux bureaux qui voudraient former un comité
administratif. L'article 123, pour les radiations provisoires, va être
modifié afin d'obliger l'audition d'une requête en radiation
provisoire dans les cinq jours avec possibilité d'appel dans les dix
jours afin de corriger ce qui apparaissait contraire aux règles normales
du droit dans de telles circonstances puisque la radiation pouvait être
effectuée sans que le professionnel en cause puisse être
entendu.
De même à l'article 143, il y avait sanction automatique si
un membre d'une corporation professionnelle était condamné pour
un acte criminel. On a fait valoir qu'une telle condamnation à cause de
la nature même de la condamnation, ne devrait pas amener automatiquement
une sanction disciplinaire sur le plan de son appartenance à une
corporation professionnelle. Alors le mot "doit" est changé par "peut"
et si cela doit apporter une sanction disciplinaire, il s'agira pour l'organe
en cause, soit le comité de discipline, d'en juger.
A l'article 146, il est prévu maintenant que si les personnes
membres d'une corporation professionnelle ont agi de telle sorte que le fonds
d'indemnisation a dû intervenir pour compenser, dédommager un
client ou un patient, que la radiation ne soit pas automatique et maintenue de
façon permanente mais que la radiation puisse être
éliminée si le professionnel s'engage à rembourser
intégralement ce qu'il doit au fonds d'indemnisation. Parce que la
radiation automatique et permanente aurait été susceptible de
priver ou de placer dans l'impossibilité un professionnel de rembourser
et de se réhabiliter. Alors, cet article est modifié pour
répondre à cette question.
Quant à l'article 171, il est prévu que les
médecins vétérinaires seront également soustraits
de l'obligation de détenir un permis spécial pour faire de la
radiologie ou de la radiothérapie.
A l'article 174, un point a été soulevé qui est
très important et qui touche aux offenses ou aux infractions
répétées, en particulier relativement à l'exercice
illégal d'une profession. L'article 174 comportera des dispositions en
vertu desquelles une injonction pourra être émise contre les
personnes qui contreviennent de façon répétée aux
dispositions législatives ou réglementaires concernant les
corporations professionnelles. On nous a fait des représentations qui,
je crois, sont valables, à l'effet que les sanctions ordinaires pour
exercice illégal, ces sanctions qui ne doivent pas être
démesurées, qui jouent un rôle pour les personnes qui, par
inadvertance ou pour une première offense, sont condamnées ne
semblent pas être suffisamment efficaces vis-à-vis de certaines
personnes qui, de façon répétée, contreviennent aux
dispositions touchant l'exercice illégal. C'est la raison pour laquelle
cette possibilité d'une injonction est introduite et, évidemment,
les mécanismes entourant la prise d'une telle injonction seront ceux
prévus dans le code de procédure civile pour respecter les droits
des personnes en cause.
Enfin, comme je le mentionnais à l'article 247,
possibilité de subvention de la part du gouvernement à certaines
corporations professionnelles si le nombre de leurs membres n'est pas
suffisamment élevé pour qu'elles puissent s'acquitter des
responsabilités, des obligations que leur impose le code des
professions.
Voici, à ce moment-ci, les changements que nous croyons
nécessaire d'apporter au code des professions, changements qui, je
l'espère bien, en plus d'être bien reçus, dissiperont ce
qui semblait être des équivoques par rapport à certaines
des intentions du gouvernement dans la présentation de cet ensemble de
lois. J'ai fait transmettre à la galerie de la presse un
communiqué, ce matin, qui donne un résumé de ces
modifications et j'en fais distribuer une copie aux membres de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Nonobstant les règlements, je permettrais un
bref commentaire à un représentant de chacun des partis qui le
désire. Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux remercier le ministre de nous avoir
annoncé au cours des travaux de la commission parlementaire, sans
attendre à la dernière séance réservée
exclusivement aux membres de la commission, des modifications importantes au
code des professions, modifications que nous avions prévues, du moins en
partie, étant donné le contenu des mémoires et des
échanges qui se sont faits devant la commission parlementaire au cours
des nombreuses séances tenues. Est-ce que toutes ces modifications dont
nous venons de prendre connaissance et que nous n'avons pas eu le temps
d'étudier et d'examiner, en relation avec tout le code des professions
et les lois spécifiques, répondent bien aux demandes
exprimées par les différents organismes venus devant la
commission? Nous nous en assurerons dans les semaines à venir, au cours
des séances qui nous restent à faire et avec les organismes qu'il
nous reste à entendre devant la commission. Il y a encore plusieurs
mémoires à entendre.
Il y a une quarantaine d'articles, si j'ai bien évalué les
remarques du ministre, qui seraient modifiés, par ce qu'il vient de nous
annoncer. Il y a des modifications qui sont majeures et d'autres mineures. Mais
je pense que dans les modifications majeures, on peut retenir le souci de
rencontrer les critiques faites sur l'ingérence du lieutenant-gouverneur
en conseil quant aux nominations, l'augmentation du nombre de membres à
l'office des professions, de trois à cinq, et aussi des nominations
faites plus par l'office des professions, par le bureau. Je crois que ce sont
là des modifications importantes qui vont rassurer les corporations
professionnelles et leur permettre d'assumer plus entièrement leurs
responsabilités.
On a introduit certains principes nouveaux aussi, tel celui des
subventions à certaines corporations professionnelles.
Evidemment, cela est un peu plus délicat; il faudrait qu'on
précise davantage en quelle circonstance parce qu'il ne faudrait pas que
les corporations professionnelles se prévalent de cette disposition pour
ne pas, elles non plus, assumer leurs responsabilités, comme elles l'ont
toujours fait dans le passé. Les corporations professionnelles ont
été soucieuses de demander à leurs membres des
contributions suffisantes pour qu'elles puissent assumer leurs
responsabilités. Il faudra voir en pratique à ce que les
conditions imposées à chacune des professions ne soient pas trop
onéreuses de façon qu'elles soient obligées de recourir
systématiquement à l'aide de l'Etat alors qu'il y aura un danger
peut-être plus grand que celui qu'on a voulu éviter par les
nominations, c'est que le lieutenant-gouverneur ou le gouvernement par le biais
des subventions puisse influencer le travail des corporations professionnelles.
Evidemment, il y a deux facettes et je crois qu'un peu plus tard, au cours des
travaux, il y aura lieu de préciser davantage les dispositions de cette
loi.
Quant aux règlements, à l'article 169, on a apporté
des modifications importantes, en ce qui concerne la formation donnée
aux futurs membres des corporations professionnelles. Davantage, les
universités et les milieux d'enseignement seront associés
à cette responsabilité. Cela a été mentionné
d'une façon générale devant la commission par les
représentants d'universités. Je pense que c'est une nette
amélioration sur les dispositions précédentes.
Je n'ai pas l'intention de commenter cha-
cune des dispositions mais je retiens que ce sont des
améliorations importantes à plusieurs articles du code des
professions. J'imagine que ces modifications ont déjà
été étudiées, il y a un certain temps. Il y a
peut-être d'autres modifications qui se dessinent ou il y en a d'autres
qui seront apportées. J'invite le ministre à ne pas se
gêner, d'ici la fin de nos travaux, pour en annoncer d'autres à
partir des suggestions des organismes et de l'Opposition, de façon que
le code des professions soit un outil dont pourront se servir les corporations
professionnelles pour assumer entièrement leurs
responsabilités.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais remercier le ministre de nous faire part ce matin,
avant la fin des auditions, de certaines modifications déjà
apportées au projet de loi 250, le code des professions.
J'espère que ce ne sont pas là les dernières
modifications mais qu'il y aura lieu au fur et à mesure que nous aurons
l'occasion d'entendre d'autres organismes, comme ceux qui sont présents
ce matin, d'apporter d'autres modifications. Le ministre nous prouve justement
l'importance d'entendre ceux qui auront à vivre avec la loi. Et je pense
que l'accent, qui est donné de plus en plus aux commissions
parlementaires, d'écouter des témoins, d'écouter les
représentations qui sont faites, est valable.
Le ministre indique ce matin des changements assez profonds qui avaient
été demandés par différents organismes et qui
semblent bénéfiques pour le code des professions. Notamment,
déjà l'article 171 est modifié. Il y aura peut-être
lieu de modifier encore, à la lumière des représentations
qui seront faites.
M. le Président, je suis très heureux et j'espère
comme vient de le dire le député de Montmagny, que si, même
avant la fin des représentations, il y a lieu d'annoncer d'autres
modifications qui semblent améliorer la loi, le ministre le fasse et
cela sera bien accepté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL : En raison de la valeur des mémoires qui nous sont
présentés et surtout de la qualité des
délégations des différentes corporations professionnelles
qui assistent à l'étude des différents projets de loi qui
intéressent les professions, vous constaterez que l'agitation sociale et
la violence ne se prêtent pas facilement dans le milieu professionnel. Et
c'est pourquoi vous constaterez une fois de plus ce matin l'absence du Parti
québécois. Et je voudrais faire motion pour qu'il soit
refusé, plus tard dans le cours de la séance, à tout
opportuniste ou arriviste de vouloir faire des commentaires sur les propos fort
judicieux que nous a faits ce matin le ministre des Affaires sociales et les
représentants des deux partis, l'honorable député de
Montmagny et l'honorable député de Dorchester.
M. LE PRESIDENT: Merci. Je crois qu'il n'y a aucun besoin de faire une
motion à ce moment, car dès que les mémoires commenceront,
il sera trop tard pour faire des commentaires.
Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais seulement un
élément à apporter. Je ne sais pas si c'est au bon endroit
mais je le crois fermement. Disons que, depuis quelques années, il y a
eu une certaine limitation quant aux possibilités, pour les
étudiants, d'entrer à l'Ecole de médecine
vétérinaire.
Je me demande s'il a été prévu qu'il y ait une
expansion possible dès l'automne pour faire en sorte qu'il n'y ait pas
restriction dans ce domaine-là.
M. CASTONGUAY: Malheureusement, M. le Président, je ne nie pas
que la question soit importante, mais le projet de loi portant sur la
médecine vétérinaire était parrainé par
l'ancien Solliciteur général et un nouveau parrain devra
être désigné d'une part. Il n'est pas sous mon nom, alors,
j'hésiterais à le discuter.
En second lieu, je crois que c'est une question qui aurait avantage
à être soulevée, mais non pas lors de l'étude des
lois touchant les corporations professionnelles, parce qu'on parle de
l'admission à l'étude au niveau de l'école, et non pas au
niveau de la corporation. C'est une question qu'il y aurait avantage à
soulever auprès de cette école même et possiblement
auprès du ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Je pense que vous avez une réplique.
M. CASTONGUAY: J'aurais simplement un autre commentaire à faire,
M. le Président, pour éviter toute ambiguité. Les
modifications proposées dont j'ai fait état ce matin touchent le
code des professions. Je n'ai fait aucune allusion à des modifications
touchant une loi particulière, par exemple la Loi médicale, la
Loi des pharmaciens, etc. Au fur et à mesure que nos travaux
progressent, nous constatons que certains changements qui pourraient être
apportés dans une loi peuvent avoir des répercussions sur une
autre loi. C'est la raison pour laquelle il apparaît nécessaire de
terminer le travail d'audition et l'analyse des mémoires avant
d'indiquer quels pourraient être les changements aux lois
spécifiques touchant chacune des corporations.
Mais ceci ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de changement.
M. LE PRESIDENT: Merci. Nous commençons avec le premier
organisme. Le secrétaire du ministre m'a dit qu'il y a trois
associations qui
veulent regrouper leurs mémoires; est-ce que c'est encore vrai?
L'Association chiropratique canadienne, M. Bonvouloir.
Association chiropratique canadienne
M. BONVOULOIR: M. le Président, MM. les membres de la commission,
avec votre permission, je voudrais présenter les membres. Je vais
attendre qu'ils s'assoient pour faire les présentations.
En commençant par la droite, il y a le Dr MacRae qui est le
responsable de l'enseignement au département des Rayons-X au
collège de Toronto et qui est aussi un des cinq chiropraticiens qui a
son "Fellow" en roentgénologie chiropratique. Les suivants sont le Dr
Donald Sutherland qui est le secrétaire national de l'Association
canadienne et M. Paul Dussault, l'autre représentant
québécois à l'exécutif national. A ma gauche, le Dr
Herb Vear qui est le doyen du collège de chiropratique de Toronto et M.
Pierre Gravel, de Montréal. Nous avons avec nous, le Dr Scott Haldeman
qui a son doctorat en chiropratique, qui a sa maîtrise en sciences et qui
aura dans quelques mois son ph. d. en neurophysiologie, qui devrait couvrir
l'aspect technique et neurologique.
Mon nom est Maurice Bonvouloir. Je suis vice-président de
l'Association chiropratique canadienne et président du comité de
législation de l'association canadienne.
L'Association chiropratique canadienne en tant qu'organisme
représentant les chiropraticiens du Canada est heureuse d'avoir
l'occasion, conjointement avec notre division du Québec, de faire valoir
son point de vue sur le bill 269. Ce mémoire donne également aux
membres de cette commission un aperçu de la profession chiropratique
dans les diverses provinces canadiennes. Nous soumettrons aussi les
commentaires sur le rôle du chiropraticien dans les arts de la
santé et sur la nécessité d'un travail d'équipe
interprofessionnel dans ce domaine d'une importance vitale.
Tous les détails sont inclus dans ce mémoire.
Permettez-moi simplement d'en faire une synthèse.
Jusqu'en 1943 notre profession n'a pas eu d'association nationale, ses
structures se limitant au plan provincial. Cependant, à la demande des
représentants provinciaux, on établit le 10 janvier 1943 le
Dominion Council of Canadian Chiropractors dans le but de former une
association nationale et de fonder une institution d'éducation. Il en
résulta la fondation du Canadian Memorial Chiropractic College qui
ouvrit ses portes à Toronto en septembre 1945 en offrant un cours de
quatre années d'études. En 1953 nous atteignions notre objectif
en obtenant du gouvernement canadien des lettres patentes changeant le nom de
Dominion en celui de Canadian Chiropractic Association ou l'Association
chiropratique canadienne, et contenant des dispositions pour que les
associations provinciales deviennent des divisions du nouvel organisme
national.
Notre association se compose de sept divisions provinciales
représentant toutes les provinces, les Maritimes étant
groupées en une seule division. Celle du Québec porte le nom de
l'Ordre des chiropraticiens du Québec et deux de ses membres
siègent à titre de délégués officiels au
conseil national.
La première loi chiropratique au Canada a été
adoptée par le gouvernement de 1'Alberta il y a déjà un
demi-siècle, soit en 1923. Les autres provinces suivirent jusqu'au mois
de mai et je pense que nous avons déposé la nouvelle loi de la
Nouvelle-Ecosse parce qu'à ce moment-là, lors du
dépôt de ce mémoire, la loi n'était pas
adoptée. Il restait la Belle Province et les législateurs, dans
l'intérêt des Québécois et de la profession, veulent
enfin poser un geste positif et nous les en félicitons.
Les membres sont reçus à l'Association chiropratique
canadienne au palier de la division provinciale. Après avoir
passé leurs examens nationaux ils demandent leur licence à leur
province et le droit d'être membres à l'association provinciale.
C'est un peu dans cette perspective que nous avons déposé devant
vous la copie des examens qui ont été requis cette année.
Je pense que le sérieux des examens prouve que pour être admis
comme membre de l'Association canadienne cela demande des standards
d'éducation.
En Saskatchewan, c'est l'université qui est responsable de
déterminer les connaissances des personnes qui veulent pratiquer dans
cette province. Il est donc nécessaire pour l'université de la
Saskatchewan de déterminer si les normes du Bureau d'examen
chiropratique canadien étaient acceptables.
Durant une période de quatre ans, de 1963 à 1967,
l'université étudia le travail du bureau d'examen chiropratique
canadien et en 1967 son sénat annonçait qu'il avait trouvé
ces normes acceptables sans revision automatique sur la même base qu'elle
acceptait les normes des conseils de toutes les autres professions de la
santé.
En annexe, vous trouverez qu'en juin 1970, le Dr Lamy était
nommé, pour un mandat de trois ans, membre du sénat de
l'Université de la Saskatchewan, représentant la profession
chiropratique. Beaucoup a été dit relativement à la
roentgénologie. La seule remarque que je veux faire est la suivante:
Toutes les lois chiropratiques au Canada prévoient l'utilisation par les
chiropraticiens de rayons X pour fins diagnostiques. Les chiropraticiens
doivent pouvoir faire un diagnostique différentiel dans le but de
déterminer si le traitement du patient relève de sa
compétence ou non. D'ailleurs, un jugement de la cour Suprême de
l'Ontario, par l'honorable juge Gale, confirme notre position. Nous
recommandons donc à la section 7 ce qui suit: Un chiropraticien est
autorisé à déterminer, par l'examen clinique, physique et
de laboratoire et
par l'examen radiologique de la colonne vertébrale, des os du
bassin et des autres articulations du corps humain, l'indication du traitement
chiropratique.
L'Association chiropratique canadienne favorise des cours post-scolaires
et a tout fait pour assister le collège de Toronto afin de dispenser ces
cours à travers le Canada. Les lois des accidents du travail couvrent
les soins chiropratiques dans d'autres provinces, depuis 1937. D'ailleurs, les
chiropraticiens siègent aux bureaux de ces commissions. De l'Ontario
jusqu'au Pacifique, tous les citoyens canadiens, soit 66 p.c. de la population
canadienne, voient les soins chiropratiques couverts par les programmes
d'assurance-santé.
Nous arrivons à la définition de la chiropratique
canadienne. La chiropratique est la branche des sciences de la santé qui
s'occupe de restaurer et de maintenir la santé au moyen de l'ajustement
des articulations et des structures connexes du corps, plus spécialement
celles de la colonne vertébrale. Elle s'occupe principalement de la
relation qui existe dans la maladie et la santé, entre la colonne
vertébrale et le système nerveux et elle comprend le recours aux
procédés diagnostiques nécessaires à en
déterminer les indications. Tout au long de ce mémoire, notamment
des articles 45 à 79, vous avez un exposé des diverses
théories chiropratiques.
Je n'ai pas envie d'aller à travers tout cet exposé des
diverses théories. Néanmoins, je pense que vous pouvez noter que
ces fausses interprétations de certains faits anatomiques, de la part de
la profession médicale ont certainement été responsables,
pour une grande part, de l'opposition à l'égard du travail du
chiropraticien. Nous voulons qu'il soit absolument clair pour tous les
intéressés que le collège de chiropratique n'enseigne pas
une variété d'anatomie ou de physiologie qui soit
différente de celle qui est exposée dans les manuels courants sur
ces sujets.
Dans les articles 80 à 94, ce sont les explications des
théories médicales sur la manipulation vertébrale.
L'article 92, à la page 28 entre autres stipule que la manipulation
chiropratique c'est dans l'exposé des théories
médicales doit toujours se faire du côté où
il n'y a pas de douleur, d'après Maigne, qui est un auteur que nous
respectons beaucoup, même si nous ne sommes pas d'accord qu'il vienne
nous donner des cours de fins de semaine. Alors qu'une autre autorité
médicale dans le domaine de la manipulation, soit le Dr Mennell dit que
la "manoeuvre de manipulation s'appuie sur le joint au point de douleur
jusqu'à ce que soit complété le rayon normal de
mouvement", soit exactement le contraire. Alors, les deux sommités
prêchent une version différente sur ce point. C'est pour cela
qu'à l'article 94 nous rejetons les opinions exprimées à
diverses occasions par des organisations médicales qui affirment que la
pratique de la chiropratique ne s'appuie pas sur une saine base d'anatomie. La
confusion et les contradictions qui caractérisent les opinions
médicales sur le sujet les disqualifient comme autorité
finale.
M. le Président, nous sommes prêts, comme en Saskatchewan
je pense que nous avons aussi déposé les cinq changements
aux actes législatifs régissant la profession, même un
amendement à l'acte médical pour permettre cette relation de
travail entre le médecin et le chiropraticien à une
coopération interprofessionnelle, sans perdre notre identité
toutefois. La chiropratique n'est pas une panacée, nous en sommes
conscients; mais nous sommes également assurés que notre
profession a une place au sein de l'équipe moderne de la
santé.
Enfin, nous souhaitons et soutenons que notre division a
démontré au cours des dernières années qu'elle
avait su prendre ses responsabilités quant à la discipline,
à l'éthique professionnelle, aux causes obligatoires et à
l'examen sérieux d'admission. Aussi, nous recommandons que les futurs
membres du bureau soient choisis parmi les administrateurs de l'ordre et nous
demandons que ce soit clairement indiqué dans la législation.
Nous avons apprécié l'occasion de comparaître devant
cette commission et nous vous assurons de notre plus entière
coopération en vue de fournir de hautes normes de soins chiropratiques
pour la population de la province. Nous serons heureux de fournir tout
renseignement que les membres de cette commission désireraient
obtenir.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier l'association pour le
mémoire qu'elle nous a présenté. Sans être
superstitieux, c'est avec une certaine appréhension que j'entreprends
l'étude de ce projet de loi avec les membres de la commission. Parce que
j'ai ici le projet de loi qui avait été déposé par
M. Kierans, en 1966, et on sait ce qui est arrivé quelques mois plus
tard. Le même projet de loi a été déposé par
M. Cloutier en décembre 1969 et on sait également ce qui est
arrivé quelques mois plus tard.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je soupçonne le
ministre de déposer sa loi immédiatement avant l'élection
fédérale... Peut-être vise-t-il ainsi M. Munro.
M. CASTONGUAY: En fait, je n'avais que deux questions. Je vais laisser
aux autres membres de la commission le soin de poser d'autres questions,
peut-être plus pertinentes, qui pourraient leur venir à
l'esprit.
La première a trait au permis spécial relatif à la
radiologie. Je n'ai pas bien saisi les commentaires de M. Bonvouloir. Je n'ai
pas pu percevoir si, selon lui, les dispositions des articles 171, 172 et 173
du code des professions lui apparaissent satisfaisantes ou non. Et dans la
négative,
j'aimerais bien qu'il nous indique pour quelle raison il ne croit pas
que ces dispositions sont satisfaisantes. Ce sont des dispositions touchant
l'émission d'un permis spécial pour faire de la radiologie ou de
la radiothérapie, dispositions qui nous apparaissent nécessaires,
compte tenu de la nature de ces traitements ou de ces techniques et qu'on
retrouve d'ailleurs dans plusieurs autres provinces où l'on dissocie,
par rapport à certaines professions, un permis d'exercice d'un permis
permettant de faire de la radiothérapie ou de la radiologie.
Voilà ma première question.
La seconde, quant aux définitions données relativement
à l'exercice de la chiropraxie les articles six et sept
j'aimerais qu'on nous dise bien clairement si ces dispositions
même si d'autres définitions ont pu être données, par
exemple, une définition qui est proposée de façon
générale par l'association canadienne touchant à la
définition de l'exercice de la chiropraxie apparaissent satisfaisantes,
et sinon, sous quels aspects bien particuliers elles sembleraient non
satisfaisantes. Nous avons, dans nos projets de lois, dans toutes nos lois ici,
des règles touchant la rédaction des projets de loi ou des lois
qui ne sont pas nécessairement toujours les mêmes que celles
utilisées dans la rédaction des projets de loi dans d'autres
provinces ou encore, au niveau du gouvernement fédéral. Et c'est
la raison pour laquelle, au lieu de tenter une interprétation entre la
définition proposée et celle qui apparaît dans le projet de
loi, j'aimerais mieux qu'on nous dise si les articles six et sept apparaissent
satisfaisants et, sinon, pourquoi ne le seraient-ils pas.
M. BONVOULOIR: M. le ministre, je voudrais répondre que le but de
ce mémoire était de sensibiliser les membres de la commission sur
une situation générale qui existait au Canada.
Il est entendu que, et cela cet après-midi, parce que par un
concours de circonstances, je suis aussi le président de la division
québécoise, nous allons couvrir cet aspect.
C'est tout simplement que nous voulions, dans ce mémoire, prouver
au législateur que, partout au Canada, nous avions de telles situations.
Mais à la question de radiologie, nous avons laissé à
notre division québécoise le soin de répondre, de couvrir
cet aspect.
C'est simplement pour porter à votre attention que partout, dans
toutes les provinces, la question de radiologie est incluse dans les actes
législatifs légalisant la profession chiropratique.
M. CASTONGUAY: Avec des dispositions particulières touchant
l'émission des permis, dans certains cas à tout le moins. J'ai
ici les dispositions qui sont proposées en Ontario, qui ont
été déposées en juin 1972 à
l'assemblée de l'Ontario et où l'on dit que les chiropraticiens
"may use X-rays for diagnostic purposes within the regulations in force in the
province".
Et le principe est sensiblement le même que celui que nous
retrouvons aux articles 171, 172, 173. De toute façon, nous reviendrons,
M. le Président, à l'occasion d'un autre mémoire.
M. BONVOULOIR: M. le ministre, je vais laisser la parole au Dr
Sutherland sur ce point. Je voudrais quand même avertir les membres de
cette commission que nous avons dû faire appel à certains experts
de notre profession; nous avons un collège chiropratique au Canada et il
est de langue anglaise et toutes les provinces où, justement, la
chiropratique est légalisée sont des provinces de langue
anglaise. C'était assez difficile pour nous d'arriver avec des experts
qui parlaient français.
Mais avant que je lui donne la parole, il y a un point que je voudrais
bien relever à propos de ce que le ministre a dit. En aucun endroit au
Canada, et comme ce sont aussi les prétentions du Québec, les
chiropraticiens ne font de la radiothérapie.
M. SUTHERLAND: Mr. Chairman, I must apologize for my limited knowledge
of French, but I gather that your question has to do with the regulations going
actually in the province of Ontario and how these are administered. Am I
correct?
M. CASTONGUAY: I asked your spokesman if you agreed with provisions 171,
172 and 173 of the general bill governing professions. These provisions provide
to the expiration of the permit or a licence through a mecanism which is
different from the expiration of the regular licence to practise by
corporation. There is a distinction between the practice of chiropractic, for
example, and the use of radiological means. And I refered to the example of
Ontario because I wanted to indicate clearly what I had in mind. I could refer
to the example of other provinces because from all the analysis of the various
acts or the legislation in other provinces, there is always a distinction
between the practice of chiropractic and the use of radiological means or
devices.
M. SUTHERLAND: Yes. Mr. minister, I think it is correct to say that in
all of the provinces where there is legislation, chiropractors are authorized
to use X-ray equipment for diagnostic purposes. Now, the provinces are
gradually bringing in regulations to supervise the use of X-ray equipment. We
did a study of this a few years ago and we know that some provinces are more
advanced in this area than others. And we agree that chiropractors using this
equipment must meet the standards, obviously, that are brought in to govern the
use of such equipment.
Safety factors must be emphasized and they must be found in the
chiropractic instauration, the same as it would be a medical or dental
instauration. Recently in Ontario, the task for some chiropractic appointed by
the Ministry of
Health has agreed that chiropractors should use X-ray equipement in
their practice within the regulations in force in the province.
And the Public Health Act of Ontario is a beginning in that province to
bring these regulations into effect. Some of our installations have already
been inspected in Ontario. In other provinces, they all have been inspected. In
Saskatchewan, for example, they have been inspected by the Government and
approved.
We feel that the course of study in our college in the use of this
equipment from the chiropractic point of view is adequate to qualify our people
and their use of it and we would prefer that the licensing arrangement for the
use of X-ray equipment would recognize our college course and the examination
set by the National Examining Board of our own profession as a qualification to
use X-ray equipment, provided, of course, that this meets all of the
regulations in this province which have to do with the establishment of this
equipment and its use.
I think we would like the one licence in other words to qualify the
chiropractor to do what he must do in his office rather than having to qualify
before two different boards.
M. CASTONGUAY: Well, there is a danger with this that if a person is
unqualified to use X-ray equipment, he would not be qualified for both.
M. SUTHERLAND: We feel that the course of study in our college does
qualify him in this area and certain lectures in this course and our Dean is
present and could speak in more details if you wish. Certain lectures are
provided by the representatives of the Radiation Protection Service of the
Ontario Government. So it is a well-organized course and very thorough, and our
use of this equipment is recognized in other legislations and I think the
safety factors are well emphasized and we feel that our examination is
adequate.
M. BONVOULOIR: M. le ministre, pour répondre officiellement
à vos deux questions, nous ne sommes pas d'accord sur ce que vous
demandez dans le bill 269 qui se réfère aux articles 171 et 172
et nous ne sommes pas d'accord non plus sur les articles 6 et 7 regardant la
définition du chiropraticien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tenant compte des remarques que vient de faire
le vice-président de l'Association chiropratique canadienne, M.
Bonvouloir, j'aurais peut-être aimé entrer dans ce genre de
questions, mais il semble bien qu'on préfère retarder cette
discussion jusqu'à ce que nous arrivions au mémoire de l'Ordre
des chiropraticiens. Je ne sais pas, M. le Président, s'il y aurait eu
moyen de ne pas dissocier la présentation des deux mémoires. Il
est difficile de poser des questions et de les séparer, de diriger les
bonnes questions à l'Association chiropratique canadienne et les
questions à l'ordre des chiropraticiens. Parce qu'à partir du
moment où vous avez donné une réponse au ministre, nous
arrêtons là. C'est là où nous voudrions poser des
questions. Je voudrais peut-être vous poser des questions sur les autres
lois mais vous l'avez donné dans votre mémoire. J'ai lu votre
mémoire sur les...
M. BONVOULOIR: Je répète ce que j'ai dit. C'est surtout un
mémoire de documentation pour que les législateurs n'ignorent pas
une chose ou un état qui existe dans tout le Canada.
M. CLOUTIER (Montmagny): Donc, nous pouvons tenir pour acquis, à
partir de ce que vous avez dit, que dans toutes les législatures, sauf
la Nouvelle-Ecosse et le Québec, il y a une loi. La Nouvelle-Ecosse a
déposé une loi. Elle ne l'était pas au moment où
vous avez déposé votre mémoire, elle l'est maintenant. Il
reste le Québec où c'est la troisième loi qui est
déposée.
M. GRAVEL: A moins qu'il y ait des élections.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Mais là je pense que nous pouvons
tenir pour acquis que le ministre va essayer de faire adopter cette loi avant
de poser d'autres gestes. Nous allons aider le ministre à faire adopter
cette loi. Après, il fera ce qu'il voudra. L'exposé que vous avez
fait sur les différentes lois me satisfait et au moment où nous
parlons véritablement de la chiropractie, nous aurons une
quantité de questions à vous poser.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je suis peut-être un peu dans la
même situation que le député de Montmagny. Je me demande...
j'ai plusieurs questions à poser parce qu'on se pose également
des questions, la population s'en pose, sur la chiropraxie. Est-ce mieux qu'on
retarde les questions jusqu'à la présentation du rapport de
l'ordre?
M. BONVOULOIR: L'ordre et le syndicat qui se présenteront plus
tard, apporteront le problème purement québécois.
M. GUAY: Alors, toutes les questions qui se rapportent directement
à la radiologie ou à des sujets semblables pourront être
posées un peu plus tard.
M. BONVOULOIR: Oui. M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Je remercie l'Association chiropratique canadienne.
Si c'est le consensus de la commission, on entendra immédiatement
l'ordre, et on va essayer de vider ces questions, à cause de cette
situation.
M. BONVOULOIR: Je regrette. Mais à titre de président de
l'ordre, je voudrais rester en dernier parce qu'on attend des confrères
qui doivent venir nous aider.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
La Corporation professionnelle des chiropraticiens du Québec
enregistrée. M. Roger Lapalme.
Corporation professionnelle
des chiropraticiens du
Québec enregistrée
M. LAPALME: M. le Président, MM. les membres de la commission, il
y a vingt ans, lorsque mon tour est arrivé de continuer la lutte pour la
reconnaissance légale de la chiropratique au Québec, il
m'était venu un rêve. Amener les médecins et les
chiropraticiens à collaborer afin d'améliorer chacun de son
côté les services que nous rendons aux malades. Ce rêve ne
s'est qu'en partie réalisé. Durant ces vingt années, un
nombre de plus en plus grand de médecins, faisant passer le bien des
malades avant des considérations de politique professionnelle, ont
accepté de collaborer avec nous. Pour sa part, la médecine
officielle les mémoires qui vous ont été soumis en
font preuve n'a pas désarmé. La médecine officielle
fait plus. Elle intervient auprès de ses membres pour tarir la
collaboration qui s'était installée. Cet ostracisme s'exerce au
nom d'une orthodoxie qui n'a jamais eu de base dans la réalité.
L'acuponcture, cet art vieux de plus de cinq mille ans, n'a pas attendu
l'approbation du Collège des médecins de la province de
Québec pour être effective. La chiropratique non plus. Il est
temps que la société passe outre à ces prétentions
abusives et donne une chance égale à tous les malades tant ceux
qui relèvent de la médecine que ceux qui relèvent de la
chiropratique ou des autres systèmes thérapeutiques. La
santé publique est une des charges de la société et de son
gouvernement. Il est temps que cesse le monopole qu'en ce domaine une
profession a trop longtemps exercé. Qu'on laisse s'établir une
saine concurrence. L'opinion publique réclame le libre accès aux
deux professions. Il ne faut cependant pas handicaper la plus faible des deux
professions au départ.
Après s'être assuré, d'après les normes en
vigueur dans notre société, de la compétence de ceux qu'on
admettra à l'exercice de la chiropratique, il ne faut pas enlever aux
chiropraticiens les moyens de diagnostic et de traitement dont ils ont besoin
pour rendre à leurs membres les services entiers de leur profession.
Un dernier mot sur nos amis les médecins avant de les abandonner.
Je n'ai pas dit adieu à mon rêve d'il y a vingt ans.
Le bill 65 prévoit l'intégration de la chiropratique dans
les centres locaux de traitement. Par ce biais pourra éventuellement
naître une meilleure compréhension et, avec le temps et
l'arrivée d'une génération de médecins plus jeunes,
une collaboration que l'intérêt des malades exige et que la
société a avantage à favoriser. Je dois maintenant
féliciter l'Association chiropratique canadienne pour le mémoire
qu'elle a soumis. Sa présentation de la chiropratique est excellente.
Sur d'autres sujets cependant, certains paragraphes ne peuvent être
acceptés. Avant même que ne naisse notre corporation
québécoise, l'Association canadienne voudrait s'en emparer
paragraphe 105 et imposer ses structures, entre autres, les paragraphes
onze à quatorze. L'Association canadienne voudrait en quelque sorte se
faire nommer tuteur au foetus.
Nous croyons que notre corporation doit voir le jour parmi les siens.
Quand elle vivra, elle choisira elle-même ses alliances et les
modalités de ses alliances ainsi que les structures qu'elle entendra se
donner. Quant à la nomination des membres du bureau, la suggestion du
paragraphe 105 est trop grossière pour requérir des
commentaires.
Notre mémoire est très court. En faire un
résumé, cela va se limiter à beaucoup moins que vingt
minutes. Nous proposons des amendements clairs. Je ne crois pas qu'on ait la
même difficulté que tout à l'heure. Nous proposons des
amendements clairs à quelques articles. De façon
générale, nous devons dire que nous sommes satisfaits de l'esprit
du projet de loi, mais en accord avec ce que je disais tout à l'heure
qu'il ne faut pas handicaper la jeune profession et que le but principal qu'on
doit se proposer quand on fait une loi sur une profession est de permettre
à cette profession d'être utile. On fait une loi dans
l'intérêt général. Alors, il est absolument
nécessaire qu'on puisse faire un diagnostic. Tout à l'heure, je
mentionnais que les médecins ne voulaient en aucune façon
collaborer. Que voulez-vous donc qu'on fasse? Un malade se présente
à nous. Est-ce qu'on va le traiter ou non? C'est la première
question qu'on doit se poser. Est-ce qu'on peut lui être utile ou doit-on
l'envoyer à un autre? Mais il faut le savoir! Il faut poser des
questions, examiner! On n'a pas d'inspiration particulière, on n'a pas
de petits anges qui viennent nous dire si ce malade relève ou non de la
chiropratique. Il faut nécessairement qu'on ait les moyens de diagnostic
qui sont généralement employés dans la profession pour
déterminer, premièrement, si ce malade peut être
aidé par la chiropratique et, deuxièmement, de quelle
façon on peut le mieux l'aider. C'est pour ça qu'on a
proposé l'amendement à l'article sept, qu'après les mots
"l'examen clinique", on insère les mots "du malade et l'examen des
vertèbres, etc."
A l'article six, il s'agit de traitements. On voudrait nous limiter
encore une fois à ce que... Je ne sais d'où l'idée est
venue, on s'imagine
certaines personnes s'imaginent qu'un chiropra-ticien, cela tord le cou.
Mais il y a un peu plus que cela dans les traitements que nous donnons.
D'ailleurs, si nos traitements étaient aussi simplistes, on
n'aurait pas les résultats que la population, les malades et les
statistiques ont montré que nous pouvions avoir.
Limiter le traitement va à l'encontre de l'intérêt
des malades. C'est pourquoi nous avons proposé de remplacer les derniers
mots de cet article par: "et des autres moyens complémentaires
généralement admis par la profession".
Dans les collèges de chiropratique, on ne passe pas quatre
années à se tourner les pouces. On apprend à traiter les
malades; on apprend à les traiter suivant une technique qui est
différente de la technique médicale, bien sûr, mais suivant
une technique qui est valable, qui a fait ses preuves et on demande que la loi
ne nous empêche pas d'appliquer cette technique afin de rendre les
meilleurs services qu'on puisse rendre aux malades.
A l'article 17, le projet de loi mentionne des associations qui
n'existent pas ou presque pas. Par exemple l'Association des chiropraticiens du
Québec, ç'a été mort pendant très longtemps;
je pense que quelqu'un a trouvé la charte dans un vieux tiroir
dernièrement, l'a sortie et veut s'en servir. Mais c'était mort
depuis des années.
Le Collège des chiropraticiens, c'est une association qui a
existé et qui s'est fondue, il y a déjà douze ou quinze
ans, dans le Syndicat des chiropraticiens. Pratiquement, elle n'existe plus.
Qu'est-ce qu'il y a à part ça?
En fait, il existe, ici, dans la province de Québec, vraiment
deux groupes de chiropraticiens. Il y a d'abord notre groupe, la corporation,
et il y a aussi un autre groupe qui a trois noms: il s'appelle de temps en
temps la section québécoise de l'Association chiropratique
canadienne. D'autres fois, il change de nom et il s'appelle l'ordre; et
d'autres fois il s'appelle le syndicat. C'est le même groupe de personnes
qui est en arrière de tout ça; c'est le même groupe de
membres qui, des fois, siège comme ordre, des fois comme syndicat et
d'autres fois s'appelle la section canadienne.
Je suppose qu'ils ont changé de président mais ils ont
voté une résolution où tous les membres du syndicat
doivent être nécessairement membre de l'ordre et tous les membres
de l'ordre nécessairement membre du syndicat. Alors, il ne faut pas
confondre, il n'y a pas deux associations, en fait, il y en a une qui s'appelle
différemment suivant les cas et les besoins.
La dernière proposition d'amendement que nous faisons est
à l'article 18. Pour l'amendement que nous proposons, nous
n'avançons absolument rien qui soit de nous. Nous avons tout simplement
pris les paragraphes du rapport Lacroix, nous les avons imprimés ici et
il ressort clairement que l'amendement qu'on propose est une suite tout
à fait logique de ce que dit le rapport Lacroix. Nous sommes d'accord
avec le juge Lacroix et j'espère que le gouvernement ne pensera pas
différemment.
Il y a enfin l'article 13. C'est au sujet du titre de docteur. Le titre
de docteur n'est pas tellement important; ce qui est important, c'est la
réalité. Nous voulons traiter les malades parce que nous savons
traiter les malades, parce que nous connaissons les services que nous pouvons
rendre.
Alors, qu'on nous laisse traiter les malades; c'est la première
chose, la chose la plus importante. Pour le reste, nous nous demandons comment
nous nous appellerons, étant donné que tous nos diplômes
mentionnent le titre de docteur. Ici, dans la province de Québec, pour
traiter des veaux et des canaris, les gens s'appellent docteur.
Nous, pour traiter les humains, nous n'aurons pas le droit au titre de
docteur. Remarquez bien que ce n'est pas plus grave que ça, mais c'est
un peu drôle.
Pour tenir compte du fait que tous nos diplômes mentionnent le
titre de docteur en chiropractie, nous accepterions très bien de ne pas
placer le titre de docteur avant notre nom, mais, à la fin du nom,
lorsque vient le temps de mentionner le diplôme, qu'on mette docteur en
chiropractie. Pas docteur tout court, non, docteur en chiropractie, toujours.
C'est l'amendement que nous proposons. Si vous avez des questions.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lapalme. M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier M. Lapalme et son groupe pour ce
mémoire. En procédant à rebours, en ce qui a trait
à l'utilisation du titre de docteur, je suis tenté de dire,
compte tenu de vos rapports avec la profession médicale. Nous ne
voulions pas vous offusquer, ce qui fait que nous avons mis cette disposition
dans la loi. Mais ce n'est pas vraiment la raison. La raison est que nous
voulons enlever toute ambiguité dans l'esprit de la population. Il n'est
pas question d'accorder un statut particulier par ce titre. Il me semble assez
clair que, dans la population, lorsqu'on parle d'un docteur, il s'agit d'un
docteur en médecine ou encore d'un dentiste, si on utilise ce terme en
ce qui a trait à la santé, aux services de santé. Ce n'est
pas pour effectuer des gradations ou donner des statuts particuliers mais
plutôt pour respecter un usage et éviter d'apporter une certaine
confusion dans l'esprit de la population.
Je vois, par exemple, assez fréquemment, dans les journaux, que
des personnes qui ne sont pas des docteurs en médecine, qui ne sont pas
à ma connaissance des docteurs détenant un diplôme
universitaire d'après les standars reconnus par nos universités,
prononcent des conférences, utilisent le terme de docteur, exposent des
théories et ceci est de nature à induire, à mon avis, la
population en erreur. C'est le but
que nous visons, éviter que les gens soient induits en erreur et
non, par des dispositions touchant cette question, attribuer des statuts. Je
crois que la population est en mesure de faire ses propres jugements sur la
valeur professionnelle des différents individus avec lesquels elle
traite.
En ce qui concerne les autres aspects de votre mémoire,
relativement aux amendements que vous proposez à l'article 7 et à
l'article 6, j'aimerais que vous nous donniez un peu plus d'indications quant
aux autres moyens que vous utilisez aussi bien pour l'examen du malade que pour
le traitement, et en ce qui a trait au traitement de façon
particulière, parce que là je pense que la question est un peu
différente. Est-ce que ces moyens sont des moyens purement accessoires
au traitement usuel de la chiropractie ou est-ce que sont des traitements qui
ont une nature différente? Parce que je pense que la question est
très importante. Je relis votre mémoire et lorsque vous dites que
vous pouvez utiliser des tables spéciales, je pense qu'il n'y a rien
dans la loi qui empêche d'utiliser un type de table plutôt qu'un
autre pour les traitements que vous donnez, mais si vous donnez
également des conseils d'hygiène, je pense que personne ne peut
être empêché de donner des conseils d'hygiène.
M. LAFLAMME: C'est la loi quand même.
M. CASTONGUAY: Nous parlons du champ réservé exclusivement
à la même chose. Lorsque nous avons étudié la
définition de l'exercice de la médecine, on nous a fait reproche
de ne pas avoir inclus dans la définition le dépistage, la
prévention. C'était précisément pour la raison que
nous croyons que d'autres personnes peuvent donner des conseils valables sur le
plan de l'hygiène et qu'il aurait été malheureux
d'introduire dans la définition de l'exercice de la médecine qui
en fait un champs exclusif, ces questions de prévention,
d'éducation sanitaire.
Alors, ma question est vraiment celle-ci: Est-ce que les commentaires ou
la proposition que vous formulez en ce qui a trait à l'article 6 sont
des aspects tels que ceux-ci qui sont complémentaires sur le plan de la
prévention mais accessoires sur le plan du traitement ou si ce sont des
traitements d'une autre nature qui sont vraiment exclus par la
définition? Là, je pense qu'il serait bon que vous indiquiez
quels sont ces traitements, ce qu'ils visent et de quelle nature ils sont.
M. LAPALME: Les traitement comme...
M. CASTONGUAY: Nous allons parler de l'examen en premier lieu et
après, du traitement.
M. LAPALME: Pour l'examen, les termes du projet de loi sont très
limitatifs. Un chiropratricien est autorisé à déterminer
par l'examen clinique et radiologique de la colonne vertébrale, des os
du bassin et des autres articulations du corps humain, l'indication du
traitement chiropratique; et c'est tout. Alors, cela prend quand même un
peu plus que cela. C'est pourquoi nous proposons l'examen clinique du malade.
Parce que c'est un malade qui vient nous trouver, ce n'est pas un paquet d'os.
Nous voulons pouvoir examiner le malade et pour cela nous servir des moyens de
diagnostic habituels, prendre la tension artérielle, faire l'histoire du
cas, les moyens qui nous permettront de savoir si ce malade, il faut l'envoyer
au plus vite chez son médecin ou s'il relève de la chiropratique.
Si c'est un mourant, je n'ai pas l'intention de lui donner un traitement
chiropratique. Alors, les termes du projet de loi ne nous permettent que
l'examen clinique et radiologique des os, alors que c'est le malade qu'il faut
pouvoir examiner cliniquement. Radiologiquement, nous avons pris soin de
proposer que l'examen soit limité aux os et aux articulations parce que
c'est cela qui est notre domaine. Nous n'ambitionnons pas du tout d'envahir le
domaine médical, mais nous voulons, dans notre domaine, avoir tout ce
qui est de notre compétence. Alors, c'est uniquement le but des
amendements que nous proposons, l'examen clinique du malade et l'examen plus
spécial qui relève de nous et là où nous avons
besoin de radiologie. Il ne s'agit pas de faire de la radiologie pour
déterminer si quelqu'un a du cancer, il ne s'agit pas de faire une
radiologie pour prendre des séries "GI tracks" du tube digestif et tout
cela. Cela, c'est le domaine du radiologiste. Mais dans ce qui est notre
domaine, nous demandons l'examen radiologique. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. CASTONGUAY: J'ai l'impression que d'autres questions vont être
posées sur cela par d'autres membres de la commission. Cela
répond à la question de l'examen.
M. LAPALME: Maintenant, pour la question des traitements.
M. CASTONGUAY: Cela clarifie.
M. LAPALME: La question des traitements. Le traitement central, comme
nous disons dans notre mémoire, cela a été et cela reste
l'ajustement manuel des jointures du corps humain. Maintenant, comme on vous le
dit encore, supposons qu'une personne nous arrive avec une jambe plus courte
que l'autre. Alors, la hanche est plus basse, le sacrum penche sur un
côté, la colonne vertébrale doit faire des "s". Il se
produit un défaut d'adaptation et il y a une subluxation dans cette
adaptation. C'est un point qui peut amener des symptômes
considérables, des souffrances fortes. Alors, est-ce que je vais me
contenter de corriger la subluxation qui va m'arriver sans tenir compte de ce
qui est à la base de toute l'affaire et qui a amené cet
état? A titre d'exemple de moyens complémentaires, nous
voulons avoir le droit de prescrire des corrections de la chaussure. C'est
évident, parce qu'autrement notre traitement va toujours être
à recommencer. Nous l'avons toujours fait d'ailleurs. Les
chiropraticiens ont toujours fait cela. Un autre exemple: il faudrait faire une
énumération indéfinie de moyens que nous pouvons
prendre.
C'est pour cela que nous avons proposé, mais comme vous le dites,
uniquement accessoirement à l'ajustement manuel des jointures, les
autres moyens qui sont enseignés dans les collèges de
chiropraxie. Il y aurait peut-être moyen de trouver une autre formule.
C'est ce à quoi nous avons pensé. Nous n'avons absolument aucune
objection, du moment que nous aurons les moyens qui nous permettront la
facilité et la permanence des traitements chiro-pratiques.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Lapalme, vous avez eu tantôt des mots
assez durs à l'endroit d'autres groupes qui sont des chiropraticiens. Il
y a plusieurs organismes devant nous, aujourd'hui; nous avons entendu
l'Association chiropratique canadienne. Nous entendons maintenant la
Corporation professionnelle des chiropraticiens du Québec. Vous avez dit
tantôt que trois organismes apparaissent sous le même nom. De temps
à autre, ils s'appellent le Syndicat professionnel des chiropraticiens,
nous les entendrons après vous. Il y a l'Ordre des chiropraticiens, qui
est en bas de la liste, et le troisième, c'est la section
québécoise de L'Association canadienne. Y en a-t-il d'autres non
identifiés?
M. LAPALME: Dans ce groupe-là, je pense que ce sont les trois
seuls noms dont ils se servent habituellement. Il y a d'autres groupes dont
j'ai entendu parler.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a sur la liste le Canadien Memorial
Chiropractic College. Il y a l'Association des physiatres du Québec.
Aujourd'hui, je pense que ce sont les groupes. En connaissez-vous d'autres qui
ne viennent pas devant la commission parlementaire déposer un
mémoire?
M. LAPALME: Non, je n'en connais pas. Mais j'ai entendu parler d'un
autre groupe qui aurait ressuscité, l'Association des chiropraticiens.
Mais ce serait arrivé tout dernièrement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ecoutez, je ne poserai pas de questions pour
alimenter certaines divisions. Mais nous voudrions, la commission parlementaire
ainsi que le ministre, connaître certaines divergences d'opinion qu'il y
a entre certains groupes parce que nous étudions ici la chiropraxie dans
le cadre du bill 250 et du bill 269. Qu'il y ait certaines divergences
d'opinion entre certains groupes, disons que cela ne nous scandalise pas. On
l'a vu déjà pour d'autres groupes de professionnels devant la
commission parlementaire. Seulement, je pense que ce n'est pas la commission
parlementaire qui va régler ces divergences d'opinion. Ce sont les
groupes concernés qui, à un moment donné, devront faire
une table ronde et essayer d'éliminer ces divergences et
disparités qui affaiblissent, je le crois bien, et vous en êtes
conscients, les représentations que vous voulez faire, parce que le
législateur et les membres de la commission essaient de voir à
travers les remarques faites par différents groupes où est le
juste équilibre. De toute façon, ce sont des problèmes qui
ne se résoudront pas aujourd'hui. Vous devrez, chacun des groupes, y
apporter de la bonne volonté, je ne veux pas employer le mot du bon
vouloir, mais y apporter de la bonne volonté.
Ma question est la suivante. Quels effectifs représente M.
Lapalme, votre groupe à même tous les chiropraticiens qui
pratiquent au Québec?
M. LAPALME : Soixante chiropraticiens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur des effectifs de combien, dans le
Québec? Il y en a treize cents au Canada...
M. LAPALME: Trois cent vingt.
M. CLOUTIER (Montmagny): Trois cent vingt et vous en avez soixante. J'ai
écouté tout à l'heure la réponse que vous avez
donnée au ministre quant à l'examen et quant aux traitements.
Quant à l'examen, qu'est-ce que vous reprochent les autres professions,
et surtout les médecins? Quels dangers les autres professionnels y
voient-ils? Parce que, comme profession, vous n'aviez pas de reconnaissance
légale.
Alors, on pouvait exercer des représailles contre les membres,
parce que vous n'aviez pas d'existence légale. Mais si on va un peu plus
loin dans les représailles, j'imagine qu'on aurait peut-être
invoqué certains faits. A partir du moment où vous avez la
reconnaissance légale, vous allez pratiquer dans le cadre de la loi 269.
Qu'est-ce qu'on vous reproche surtout? Quels sont les dangers qu'on y voit
surtout?
M. LAPALME: C'est assez simple. Premièrement, les médecins
nous reprochent de ne pas faire d'examens suffisants; deuxièmement, d'en
faire. Si nous ne faisons pas d'examen, les médecins disent que nous
sommes incapables d'en faire. Ils nous reprochent de ne pas pouvoir faire
d'examens qui nous mènent à un diagnostic suffisant.
Deuxièmement, quand
nous n'en faisons pas, ils disent: Vous voyez, ils traitent sans faire
d'examen. Quand on lutte contre quelqu'un, on emploie toutes les armes qu'on a.
C'est ce qu'ils ont fait. Si vous voulez vraiment savoir ce que les
médecins nous reprochent, je pense que le mieux serait de le leur
demander.
M. PAUL: Nous ne sommes pas capables de le savoir d'eux.
M. LAPALME: Ah bon! Vous voulez en savoir plus long, dans ce cas. Il y a
plusieurs choses. D'abord, les médecins nous reprochent d'arriver dans
un champ où ils étaient les seuls, où ils ont pendant
longtemps exercé un monopole. Alors, ils n'aiment pas voir arriver
quelqu'un. Pour cela, il peut y avoir différentes raisons. Deux nous
semblent assez évidentes. Les médecins se sont toujours
opposés, éternellement, depuis qu'ils existent, à ce qui
était neuf. Du moment que quelque chose de nouveau arrivait dans le
domaine de la médecine, ils s'y opposaient par principe. Ce sont des
traditionnalistes. Ils se sont opposés à Pasteur. Ils lui ont
fait la guerre. Ils ont dit qu'il était un charlatan. Pasteur aussi. Ils
se sont opposés à Semmelweis qui était gynécologue
à Vienne, qui a découvert que la fièvre puerpérale
était causée par les médecins qui ne se lavaient pas les
mains avant de faire un accouchement. Alors, il a commencé par
prôner cette idée, qu'il fallait se laver les mains avant de faire
un accouchement. Il a été mis à la porte. Quand Laennec a
inventé le stétoscope, cet appareil pour écouter le coeur,
les médecins l'ont persécuté au point où le pauvre
homme en est mort. Nous n'avons pas l'intention de mourir. C'est pour vous dire
l'esprit de la profession qui a toujours été le même et qui
est le même dans ce cas. C'est une première chose. Deuxième
chose, il y a une question de prestige. Vous voyez pour la question du mot
docteur, par exemple. On s'oppose même à ce que nous nous
appelions, en le mentionnant à chaque fois, docteur en chiropratique.
C'est une question de prestige. Il peut y avoir un lot de raisons. En
voulez-vous d'autres?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je continue sur ce que vous venez de dire. Vous
disiez dans votre mémoire à la page 12, au paragraphe b):
"Après des études qui se limitent au niveau baccalauréat,
on donne au Québec le titre de docteur aux vétérinaires,
aux dentistes et aux médecins. Pourquoi cette discrimination contre les
chiropraticiens qui, pourtant, ont des études équivalentes? "
Cela m'amène à vous poser la question suivante: Est-ce que vous
voulez par là comparer la formation que les chiropraticiens
reçoivent après quatre ans d'études et celle, je dis du
médecin de pratique générale parce que le
spécialiste a aussi quatre ans de spécialisation après ses
cinq ans de...?
M. LAPALME: Ce n'est pas l'omnipraticien non plus qui, lui, en a
plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Voulez-vous expliquer cela un peu parce
que j'imagine quand je vous ai posé la question tantôt:
Qu'est-ce que les médecins vous reprochent? qu'on vous dit aussi:
Vous n'avez pas la formation suffisante pour faire un examen?
M. LAPALME: Oui, et quand nous produisons des preuves qu'en anatomie,
par exemple, notre cours est plus complet en chiropratique qu'en
médecine, quand nous produisons des preuves qu'en physiologie, notre
cours est équivalent à celui de la médecine. Alors les
médecins se rabattent et disent: C'est parce que vos professeurs ne sont
pas suffisamment compétents. Quand on veut tuer son chien, on trouve
toujours des moyens. A la fin du mémoire, il y a un tableau
comparé des études en médecine, en chiropratique et en
ostéopathie.
En chiropratique, en anatomie, il y a 779 heures de cours; ça
comprend la dissection, tout ce qu'il faut pour étudier l'anatomie.
Alors, 779 heures de cours pendant qu'il y en a 553 en médecine. C'est
normal parce que nous, nous avons à travailler sur l'anatomie.
Par contre, si vous allez en biochimie, vous allez voir qu'en
chiropratique, il y en a moins qu'en médecine parce que nous ne traitons
pas avec des drogues, des médicaments, des poisons. Nous traitons avec
des moyens mécaniques. Nous avons moins besoin de chimie que les
médecins, mais il faut quand même en savoir assez pour comprendre
la physiologie.
C'est la raison pour laquelle nous étudions la biochimie. En
pathologie, ça s'équivaut, parce qu'il faut quand même
savoir de quoi les gens souffrent et si nous faisons un diagnostic, il faut que
ça corresponde à une idée quelconque pour que nous
puissions apprécier tout ça et savoir si nous devons traiter ou
non. S'il y a une pathologie qui est en train de prendre le dessus, qui est en
train de tuer son homme, ça ne relève pas de nous autres,
ça relève du médecin.
Mais il faut savoir ces choses. En microbiologie, là encore, il
faut avoir une connaissance suffisante des maladies contagieuses et tout
ça, mais il ne s'agit pas... parce que ce n'est pas de notre domaine.
Nous avons moins d'heures de cours que les médecins, mais dans le
domaine qui nous est propre, notre cours est absolument l'équivalent du
cours de médecine. Dans certaines branches, les cours sont plus nombreux
et supérieurs, dans d'autres branches, les cours sont inférieurs
parce que les professions sont différentes; nous n'avons pas les
mêmes thérapeutiques.
Le cours est adapté à la fonction, à la profession
que nous exerçons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reviendrai
tantôt avec d'autres questions pour permettre à mes
collègues...
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Environnement doit partir.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais poser certaines
questions, simplement pour comprendre un peu plus clairement ce qu'est la
chiropraxie de nos jours. M. Lapalme vient de dire que la thérapeutique
est différente de celle de la médecine et, plus tôt, M.
Bonvouloir a fait distribuer les feuilles d'examens qui ont été
posés cette année aux candidats pour un diplôme en
chiropraxie; je constate qu'un grand éventail de sujets sont
traités.
Je voudrais commencer par poser cette question: Est-ce que les
connaissances qui sont nécessairement reflétées par les
examens qui sont imposés sont requises pour fins de
thérapeutiques différentes de celles de la mécedine ou
est-ce qu'elles sont requises pour des fins de diagnostics différentiels
pour savoir ce que le chiropraticien peut traiter selon sa compétence et
ce qui doit être envoyé à un médecin?
M. LAFLAMME: C'est la deuxième solution.
M. GOLDBLOOM: Alors, il y a une question qui est assez
générale et, M. le Président, avec votre permission, je
n'aurai pas d'objection, pour ma part, que M. Bonvouloir ou les autres
collègues reviennent au micro pour ajouter des réponses, parce
qu'il y a un peu de confusion quant à la représentativité
des divers organismes ici.
Il y a ici, à l'examen intitulé "Principles and practice",
une question qui est bien simple et qui se lit: "What are the limitations of
chiropractie"? Quelles sont les limitations, les contraintes de la chiropraxie?
Est-ce qu'il y a, en résumé, une réponse que l'on peut me
donner pour que je sache ce que la chiropraxie n'est pas et ne prétend
pas pouvoir traiter?
M. LAPALME: La chiropraxie ne prétend pas pouvoir traiter les
pathologies. La chiropraxie, c'est surtout pour soulager la douleur et
rétablir les fonctions normales. Quand les pathologies se sont
installées dans l'organisme et rendent ardu le retour à la
normale, c'est-à-dire dépassent les capacités du
système nerveux de rétablir le retour à la normale, ce
n'est pas du domaine de la chiropratique.
M. GOLDBLOOM: Il y a une question, à un autre examen, celui sur
la bactériologie, qui demande au chiropraticien ce qu'il peut faire pour
un malade qui se présente avec une amygdalite, avec une infection
streptococcique de la gorge. Quelle est la réponse qui doit être
donnée à une telle question?
M LAPALME: Cela dépend d'abord du degré d'infection. Il y
a des choses très simples qui peuvent se guérir avec des moyens
d'hygiène. Mais si cela dépasse ces moyens, alors,
évidemment la médecine est là, la médecine est
très utile, il faut s'en servir.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que la chiropraxie peut traiter des maladies du
coeur, des reins ou du foie?
M. LAPALME: Là encore, il faut faire la même distinction
que tout à l'heure. Si ce sont des troubles fonctionnels et par
là j'entends vraiment fonctionnels, je n'entends pas la façon
dont les médecins ont employé le mot "fonctionnel" en voulant
dire que c'était plus ou moins imaginaire dans le vrai sens de
"fonctionnel", si ce sont des maladies fonctionnelles, oui. Si la maladie a
pour origine une pathologie, non.
M. GOLDBLOOM: Cela veut dire que si un malade se présente avec
une infection streptococcique de la gorge, le chiropraticien, s'il a
l'impression que la maladie n'est pas trop grave, entreprendrait certains
traitements dans l'espoir d'améliorer l'état
général de la santé de la personne et ne lui
recommanderait pas, par exemple, de prendre immédiatement de la
pénicilline.
M. LAPALME: Vous savez que, d'abord, si vous analysez une gorge normale,
la mienne, la vôtre, vous trouverez certainement des streptocoques dans
votre gorge. Alors, ce n'est que normal qu'à certains moments la
résistance puisse être diminuée. A la faveur d'une
résistance diminuée, les streptocoques peuvent prendre un peu
d'allant. A ce moment-là, si c'est seulement une question de
rétablir, de ramener rapidement le système général
à l'état de santé et d'enlever aussi des irritations
nerveuses et tout cela, pour favoriser cet état, on s'en guérit
régulièrement, on ne prend pas de la pénicilline à
propos de toutes les petites infections qui arrivent. La pénicilline
devrait en fait être réservée à des cas qui en ont
vraiment besoin.
Le chiropraticien emploira dans ce cas-là les méthodes
ordinaires. Il est capable de se rendre compte si l'infection est grave ou non.
Si elle est grave, là on va voir le médecin.
M. GOLDBLOOM: Cela veut dire que le chiropraticien accepterait qu'il y
ait de tels microbes dans la gorge et qu'un médicament ne soit pas
nécessaire. Est-ce qu'il y a des données, des recherches qui ont
été poursuivies et qui ont démontré l'incidence de
fièvre rhumatismale ou de néphrite aiguë, suite aux
traitements des infections streptococciques de la gorge...
M. LAPALME: Exactement. Oui.
M. GOLDBLOOM: ... par des moyens chiropratiques?
M. LAPALME: Non. Pardon. Je pensais que vous vouliez demander, si,
à la suite d'une infection streptococcique, il n'y avait pas eu des
néphrites ou quelque chose comme cela. Oui. On sait cela. Mais on sait
aussi que, dans une gorge normale, il y a des streptocoques.
M. GOLDBLOOM: C'est une affirmation sur laquelle je ne serais pas
d'accord, mais je la laisse passer.
Je note une autre question parmi celles posées dans les examens;
au sujet de l'épilepsie, on demande aux candidats chiropraticiens une
description détaillée de l'épilepsie. Est-ce que vous
pouvez m'expliquer ce que le chiropraticien peut faire pour aider le malade
épileptique?
M. LAPALME: Premièrement, il y a plusieurs formes
d'épilepsies. Il y en a des vraies et des fausses.
L'électro-encéphalogramme nous aide à faire la
distinction, quand les médecins veulent bien nous aider. Mais seulement,
les médecins refusent leur collaboration depuis quelque temps. Alors,
cela devient un peu difficile. Quand l'épilepsie est congénitale
et très bien marquée par une vague de
l'électroencéphalogramme, il n'est pas probable que le
chiropraticien puisse aider beaucoup. Mais vous savez, ce n'est pas toujours
très clair, un électro-encéphalogramme et il y a des cas
qui sont douteux et aussi, des cas diagnostiqués au premier abord
épileptiques et qui n'en sont pas. Ils peuvent tout simplement provenir
d'une subluxation aiguë de la classe. Et cela est prouvé. Dans ces
cas, on peut certainement aider.
M. GOLDBLOOM: J'essaie de comprendre la politique générale
du chiropraticien quand un malade se présente devant lui. Je comprends
qu'il y a un désir de la part des chiropraticiens d'être
autorisés à pratiquer des examens très complets. Mais,
est-ce que le chiropraticien s'occupe premièrement, après avoir
fait son examen, de ces traitements qui selon lui rétablissent
l'état général de la santé ou est-ce que, selon ce
qu'il trouve, il envoie le malade ailleurs en lui disant qu'il n'est pas
capable de l'aider? Quelle est la politique? Je sais que c'est difficile de
répondre à une question aussi générale parce que
cela peut varier selon le cas, mais j'aimerais quand même comprendre plus
clairement ce que l'on fait quand on est chiropraticien et qu'on reçoit
un malade qui, disons, a souffert de crises convulsives. Que dit-on à ce
malade, à ce moment-là?
M. LAPALME: C'est justement pourquoi nous demandons des moyens de
diagnostic. Nous devons faire d'abord l'histoire du cas. Il faut faire
l'anamnèse. Il faut essayer de comprendre de quoi il s'agit, de
déterminer quelles peuvent être les causes de symptômes que
le patient apporte. Il n'arrive pas en nous disant ce qu'est son diagnostic.
Certains le font mais... Il faut pouvoir, après cela, employer les
moyens ordinaires de diagnostic comme les médecins le font dans leur
bureau. Le médecin de pratique générale est placé
exactement dans les mêmes situations que nous. Il fait son possible avec
ce qu'il peut avoir, avec tous les moyens qui sont à sa disposition pour
essayer de déterminer ce qui rend cette personne malade. Ensuite, le
médecin a à choisir: Est-ce que moi, je peux le traiter ou si je
suis mieux de l'envoyer à un spécialiste ou à
l'hôpital? Nous faisons exactement la même chose: Est-ce que je
peux le traiter avec les moyens à ma disposition ou si je suis mieux de
le référer à son médecin de famille, à un
spécialiste ou à l'hôpital? C'est exactement la même
chose. Et c'est pour cela que nous réclamons que la loi nous permette
d'employer les moyens de diagnostic normaux.
M. GOLDBLOOM: Vous dites que la chiropraxie a ses limitations et que
chaque chiropraticien doit les connaître.
J'ai devant moi toute une série de brochures publiées,
c'est un peu difficile de savoir par qui, parce qu'il y a un sigle qui
est très petit et qui est très difficile à lire et il n'y
a aucune autre identification sur ces feuillets mais je trouve
énumérés ici le coeur, les allergies, le rhume, la grippe,
les maux de gorge, les amygdales, l'asthme, la bronchite, l'hypertension, les
troubles du foie, l'épilepsie, l'amygdalite encore une fois, les rhumes
encore une fois, les maladies des reins, les maladies féminines, les
problèmes de l'enfant, l'exagération de l'utilisation des
médicaments. Est-ce que tout ceci est la chiropraxie?
M. LAFLAMME: Ici, dans la province, depuis peut-être 40 ans
je le sais pour y avoir participé depuis 20 ans on réclame
une loi sur la chiropratique pour pouvoir contrôler l'exercice de la
chiropratique, pour pouvoir empêcher d'agir les charlatans qui se sont
glissés dans la profession. Les seuls à s'être jamais
opposés à une loi sur la chiropratiques cela je le sais
parce que j'y étais ce sont les médecins. Maintenant les
médecins viennent nous reprocher des choses comme celles-là, qui
se glissent, qui se font partout. Que voulez-vous? Donnez-nous d'abord une loi
raisonnable, contrôlons nos gens et nous essaierons de les
contrôler aussi bien que vous vous contrôlez les vôtres.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je dois comprendre que ces dépliants ont
été publiés par des charlatans?
M. LAFLAMME: Je ne sais pas, je ne connais pas ces dépliants.
M. GOLDBLOOM: Il y en a un qui porte l'identification de l'American
Chiropratic Association. C'est sur le coeur. Sur les autres, je n'ai pas grande
identification, sauf un sigle que je ne réussis pas à lire.
Puisque nous sommes, comme législateurs, appelés à
légiférer et que ce que propose le gouvernement comme loi ne
semble pas satisfaire les opinants qui sont venus au micro ce matin, j'aimerais
savoir exactement ce qu'on nous demande d'accorder comme reconnaissance et
comme champ d'action. Est-ce que ceci est la chiropraxie? Est-ce que c'est ce
qu'on voudrait présenter comme légitime ou est-ce que ceci est
exagéré? Est-ce que ceci est l'expression d'un charlatanisme que
l'on veut réprimer? Alors, je pense que la réponse devrait
être simple, mais...
M. LAFLAMME: Je vais vous la donner simple, si vous voulez, mais
autrement, simple apparemment. Dans la liste que j'ai entendu citer, il peut y
avoir des troubles organiques, des troubles pathologiques, et des troubles
fonctionnels. Par exemple, vous savez fort bien que quand quelqu'un souffre des
symptômes de maladie de coeur les médecins s'y sont souvent
trompés ceux-ci peuvent être causés par une
pathologie du coeur et peuvent être causés par une surexitation
nerveuse.
Il y a eu assez souvent des erreurs médicales là-dessus. A
ce moment, il est bien sûr que la chiropratique peut aider, s'il est
question de surexcitation nerveuse. S'il est question d'une irritation
particulière des nerfs qui vont au coeur, bien sûr que ça
peut être traité par la chiropratique et, dans ce sens, il n'y
aurait rien à dire à cette partie.
Pour ce qui est de l'épilepsie, je vous en ai parlé tout
à l'heure. En ce sens, il n'y aurait rien à dire. Je ne sais pas
ce qui est mentionné là-dedans à part ça; je ne
l'ai pas devant moi, vous l'avez.
M. GOLDBLOOM: Ma dernière question est simplement celle-ci: La
chiropraxie, si ma mémoire est fidèle, a eu ses origines vers la
fin du dernier siècle...
M. LAPALME : Pardon, excusez-moi, a eu ses dernières origines,
parce qu'Hippocrate la pratiquait. Même Galien a des textes très
clairs sur la chiropratique.
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire que l'on reconnaît les
bénéfices que peuvent obtenir certaines personnes de la
manipulation et du massage de certaines structures. Quant à la
théorie moderne de la chiropraxie, on l'identifie avec M. Palmer vers
1880...
M. LAPALME: D.D. Palmer.
M. GOLDBLOOM: Oui. Si j'ai bien compris, on a établi avec les
années la théorie que les maladies en général sont
causées par des pincements des nerfs dans l'épine dorsale. Est-ce
bien ce que prétend la chiropraxie aujourd'hui?
M. LAPALME: Ce n'est pas ce que préten- dait D.D. Palmer, et ce
n'est pas ce que prétend la chiropratique maintenant. Il y avait un
bonhomme qui s'appelait B.J. Palmer qui était le fils de D.D. Palmer et
qui, pendant un temps, a prôné des affaires hurluberlues comme
ça. Il disait que toutes les maladies étaient causées par
une subluxation vertébrale. Evidemment, c'était de la folie et
cela a provoqué une scission, au sein de la profession. C'est de
là qu'est née l'American Chiropractic Association aux Etats-Unis
et l'International Chiropractic Association.
La théorie chiropratique que nous représentons rejette
complètement cette folie. Il est évident que toutes les maladies
ne peuvent pas être causées par une subluxation.
M. GOLDBLOOM: Merci.
M. BERGERON: Dr Bergeron, président du Syndicat professionnel des
chiropraticiens du Québec. Dr Goldbloom a convoqué le Dr
Bonvouloir pour répondre à ses questions. Voulez-vous dire, Dr
Goldbloom, que vous serez absent cet après-midi et que vous ne pourrez
pas répéter les mêmes questions?
M. GOLDBLOOM: Oui, malheureusement.
M. BERGERON: Parce que j'avais l'impression que vous anticipiez sur les
questions de l'après-midi. Parce que c'est un dossier que nous aimerions
débattre de façon fantastique.
M. LE PRESIDENT: Je constate que vous serez le prochain groupe. Si vous
avez une réponse, vous pouvez la donner dans votre
résumé.
M. BERGERON: Cela aurait été formidable de répondre
aux questions du Dr Goldbloom, auxquelles on a très mal
répondu.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il y en a d'autres qui peuvent poser des
questions dans le même genre. Il y a le Dr Boivin qui représente
le corps médical.
M. GLODBLOOM: M. le Président, je m'excuse. Je ne
représente pas le corps médical, je suis ici comme
législateur; c'est depuis six ans que je suis membre de
l'Assemblée nationale, je n'ai jamais agi comme représentant du
corps médical et je n'agis pas aujourd'hui comme représentant du
corps médical.
Je suis ici pour être aussi objectif que possible devant un projet
de loi proposé par le gouvernement et je ne voudrais pas que le
débat s'engage sur le plan d'un conflit entre médecins et
chiropatriciens. J'essaie de m'informer, j'arrive à l'Assemblée
nationale avec un certain bagage de connaissances. La formation que jai acquise
m'a permis de poser certaines questions et d'apprécier au mieux de ma
compétence, les réponses que j'ai obtenues.
Je trouve quelques-unes de ces réponses farfelues, je n'ai pas
fait d'autres commentaires que de dire: Je laisse passer ces
réponses-là. Je pense que c'est une mise au point que je me dois
de faire; je m'excuse à votre endroit, M. le Président, ce n'est
pas une remarque personnelle à votre endroit, mais je ne voudrais pas
que cette impression subsiste parce que c'est un intérêt tout
autre que j'ai ici, c'est l'intérêt très simple de la
vérité, de la recherche de la vérité et de la
responsabilité gouvernementale.
Nous avons une responsabilité pour la santé publique et,
comme membre d'un gouvernement qui a présenté un projet de loi
pour donner une certaine reconnaissance à la chiropraxie, je me dois de
savoir exactement ce que nous en sommes en train de reconnaître avec ce
projet de loi. C'est mon seul but.
M. PAUL: Il a tout simplement dit que vous aviez un petit penchant.
M. BOIVIN: M. le Président, je veux qu'on enregistre les
mêmes remarques à mon endroit.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, quand on entend plusieurs groupes
intervenir sur une même profession, ça me fait souvent penser au
malade qui disait: Etre traité dans un hôpital
démocratique, quatre médecins, quatre diagnostics
différents. M. le Président, j'aimerais demander à M.
Lapalme, premièrement, si sa corporation a une charte provinciale?
M. LAPALME: Non.
M. GUAY: Est-ce qu'il y a une charte quelconque?
M. LAPALME: Non. M. GUAY: Bon.
M. LAPALME: Nous avons enregistré notre nom.
M. GUAY: D'accord. Deuxième question: Depuis combien de temps
êtes-vous président de la Corporation professionnelle des
chiropraticiens du Québec?
M. LAPALME: Peut-être cinq ans.
M. GUAY: Autre question connexe; à quand remontent les
dernières élections, à l'intérieur de la
corporation, pour le choix d'un président?
M. LAPALME: Trois ans, je pense.
M. GUAY: Etant donné que vous n'apparte- nez pas à
l'Association canadienne, qui a la responsabilité de classifier vos
membres?
M. LAPALME: La classification se fait à l'entrée. Nous
n'acceptons, dans la corporation que des gens ayant quatre années
d'études et nous sommes le seul groupe à le faire. Je sais
très bien que l'Association canadienne n'admet plus maintenant que des
gens qui ont fait un cours de quatre ans, mais il a d'abord fallu que nous
imposions ces normes.
Nous n'admettons depuis le début que des gens qui ont un cours
complet de quatre ans dans un collège reconnu. C'est une
sélection qui se fait à la base et l'Association canadienne a
admis des gens qui avaient beaucoup moins que cela.
M. GUAY: Votre corporation, vous l'avez dit tantôt, compte
soixante membres. Si on prend, par exemple, les cinq dernières
années, est-ce que le nombre de vos membres a augmenté ou
diminué?
M. LAPALME: Cela a augmenté. Cela a varié au début
de peut-être quarante, puis cela a monté tranquillement
jusqu'à soixante. Nous sommes maintenant soixante.
M. GUAY: On entend les témoins à la barre dire
chiropratique et on entend, à la table de cette commission, dire
chiropraxie. Quel nom est le plus conforme actuellement? Est-ce chiropratique
ou chiropraxie?
M. LAPALME: Cela fait vingt ans que je me bats pour la chiropratique et
j'ai toujours dit chiropratique. Dernièrement, depuis le rapport
Lacroix, le mot chiropraxie est devenu un peu plus à la mode. Je n'y ai
aucune espèce d'objection, que cela s'appelle chiropraxie ou
chiropratique, c'est seulement une question d'habitude.
M. GUAY: Il n'y a aucune différence dans l'interprétation
des deux mots?
M. LAPALME : Absolument aucune. M. GUAY: Merci.
M. LAPALME: Est-ce que vous me permettez d'ajouter que je ne le crois
pas; d'après le mémoire que l'Association canadienne a soumis, il
n'y a absolument aucune différence. Nous sommes d'accord sur la
chiropraxie. Nous différons sur des politiques. Nous nous opposons, par
exemple, comme je le disais dans mon introduction, à ce que
l'Association canadienne vienne dire à la commission, dans son
paragraphe 105, que seulement des gens de ce groupe doivent faire partie du
bureau des gouverneurs. Il y a de telles choses. Nous nous sommes
opposés, par exemple, auparavant et c'est la cause de la
fondation de la corporation à
d'autres politiques de l'Association canadienne et c'est uniquement pour
cette raison qu'un grand nombre, la majorité des diplômés
du collège de Toronto, qui est le collège de l'Association
canadienne, font partie de la corporation.
M. GUAY: Une autre question me vient à l'esprit. Les membres que
vous représentez sont concentrés dans quelle région ou
quel coin de la province?
M. LAPALME: Il y en a dans tous les coins de la province.
M. GUAY: A l'étendue de la province. Est-ce qu'il y a une
concentration un peu particulière dans Montréal, par exemple, une
concentration plus forte?
M. LAPALME: Ils sont un peu plus nombreux parce qu'il y a plus de
chiropraticiens à Montréal, mais c'est à peu près
la proportion, je pense.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a d'autres professionnels de la
santé avec lesquels vous pouvez venir en conflit? Je ferais
référence peut-être aux optométristes? Non?
M. LAPALME: Non. Nous nous entendons très bien avec les
optométristes.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que, dans les examens, il y a des
questions sur l'oeil.
M. LAPALME: Il faut bien. Il y a aussi des examens sur... Il peut y
avoir des questions sur...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous venez en conflit avec les
physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les
infirmières?
M. LAPALME: Normalement, si cela était organisé de
façon sensée, nous devrions pouvoir prescrire des soins de
physiothérapie. Nous devrions pouvoir envoyer nos patients qui ont
besoin de physiothérapie aux physiothérapistes. Si c'était
organisé, comme cela l'est en Ontario, par exemple. En Ontario, c'est
organisé comme cela. Il y a trois professions majeures qui ont le droit
de prescrire et il y a des professions mineures qui suivent les prescriptions.
La chiropratique est en une des professions majeures en Ontario.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans votre corporation il n'y a que
ceux qui ont fait quatre ans d'études?
M. LAPALME: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y en a pas d'autres?
M. LAPALME: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y en a qui font partie à la
fois de votre corporation et partie de l'ordre ou du syndicat?
M. LAPALME: Comment le savoir? M. CLOUTIER (Montmagny): Ah bon!
M. LAPALME: Ce n'est pas censé se faire, mais comment le
savoir?
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous le leur demanderons.
M. LAPALME: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lapalme. La commission ajourne ses travaux
à 2 h 15. Nous entendrons à la reprise, le Syndicat professionnel
des chiropraticiens du Québec.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
Reprise de la session à 14 h 35
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): Messieurs, le Syndicat professionnel des
chiropraticiens du Québec; M. Jean-Paul Bergeron, président.
Syndicat professionnel des chiropraticiens du
Québec
M. BERGERON: Présent, monsieur. M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres de cette commission, permettez-nous d'abord de nous
présenter. Notre syndicat professionnel qui détient, depuis six
ans, une charte provinciale en vertu de la Loi des syndicats professionnels est
le seul organisme officiel chiropratique à détenir une charte
provinciale.
Ce syndicat professionnel groupe actuellement 258 chiropraticiens qui
sont tous membres de l'Association chiropratique canadienne. C'est d'ailleurs
là une condition sine qua non d'appartenance. Groupant ainsi environ 80
p.c. des effectifs chiropratiques au Québec, le Syndicat professionnel
des chiropraticiens du Québec a donc l'autorité voulue pour
parler, en cette province, au nom de la profession.
Nous remercions le législateur d'avoir, par la
présentation du projet de loi 269, manifesté son intention
d'entériner plusieurs des recommandations de la commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social et de
reconnaître, par un acte législatif, la profession et l'exercice
de la chiropratique.
Les chiropraticiens du Québec, qui aspirent depuis plus de 50 ans
à cette reconnaissance légale, se sont réjouis de ce
déblocage tardif qui fera du Québec la neuvième province
canadienne à sanctionner légalement leur profession. Depuis la
parution du rapport Lacroix, deux provinces, soit l'Ile-du-Prince-Edouard et la
Nouvelle-Ecosse, ont précédé le Québec dans la
marche législative de la chiropratique et, sur un autre plan, cinq
d'entre elles reconnaissent déjà et défraient les services
professionnels des chiropraticiens dans leur programme d'assurance-maladie.
En se basant sur les immenses et rapides progrès
législatifs, académiques, techniques, cliniques et scientifiques
de leur profession ces dernières années, les chiropraticiens du
Québec s'attendaient à une loi qui correspondrait à cette
évolution. Or, si la présentation du bill 269 les a
réjouis, la lecture et l'étude de ce projet de loi les a
grandement déçus.
En fonction de la réalité chiropratique d'aujourd'hui, ce
projet de loi apparaît, sur plusieurs points, éminemment
restrictif, coercitif et discriminatoire et ne peut que discréditer la
profession. Nous profitons donc de l'occasion que nous offre le
législateur pour venir faire part à cette commission de nos
recommandations, afin de bonifier et d'améliorer cet instrument de
travail qu'est le bill 269 et de le rendre plus conforme à la
réalité chiropratique d'aujourd'hui.
Nous ne débattrons pas tous les articles du projet de loi qui
gagneraient à être modifiés et améliorés. Par
souci d'efficacité et afin d'éviter à cette commission des
répétitions inutiles, nous avons partagé avec l'Ordre des
chiropraticiens du Québec les articles sur lesquels il y avait lieu de
faire des représentations, l'Ordre s'occupant plutôt de l'aspect
administratif et nous plus particulièrement des aspects scientifique et
technique. Avant d'aborder la discussion sur le projet de loi 269, nous tenons
à faire part à cette commission et ceci répond
à une des questions posées ce matin que partout, dans nos
mémoires et représentations, nous utiliserons, au lieu de
chiropraxie, le mot chiropratique, qui est le mot français
officiellement accepté par le congrès mondial des chiropraticiens
à Genève, en 1962, pour désigner cette profession,
articles un et deux.
Nous passerons immédiatement aux articles six et sept, qui
forment certainement le plat de résistance de ce projet de loi. La
définition de l'exercice, telle que rédigée à
l'article six, en plus de prêter à une interprétation
vague, incomplète et inexacte de ce que constitue véritablement
et objectivement l'exercice de la chiropratique, est aussi doublement
restrictive. Elle l'est sur le champ d'action et elle l'est sur les moyens
d'action.
Disons tout d'abord que, dans son rapport, le commissaire Lacroix
déplorait la diversité des lois chiropratiques à travers
le monde; dans une conférence qu'il donnait peu après aux
chiropraticiens de Californie, il leur suggérait, entre autres, de
standardiser la définition de la chiropratique. Vous avez, dans notre
grand mémoire, à la page une, à l'annexe une, exactement
la suggestion du commissaire Lacroix à cet effet.
Or, l'Association chiropratique canadienne que vous avez entendue ce
matin a maintenant cette définition standard pancanadienne de
l'Atlantique au Pacifique. Elle est à l'annexe deux de notre
mémoire et nous aimerions que les articles six et sept du projet de loi
269 s'en inspirent davantage, tout comme d'ailleurs, les législations
chiropratiques les plus récentes s'en sont inspirées.
D'ailleurs, même actuellement, la province de l'Ontario, qui est
en train d'amender la loi chiropratique, s'inspire considérablement de
la nouvelle définition canadienne. Nous disons donc que l'article six
est restrictif sur le champ d'action et sur le mode d'action. Sur le champ
d'action, la lecture de l'article six suggère que le chiropraticien
replace les os. C'est une projection unidimensionnelle de son champ d'action
chiropratique qui le situe uniquement sur le plan squelettal ou articulaire. Si
le législateur décidait, dans sa sagesse, de légaliser les
ramancheurs et les rebouteux, nous ne voyons pas en quoi la définition
de leur exercice pourrait différer de celle de l'article six, et
pourtant, il y
a une différence considérable entre la chiropratique et le
ramanchage.
Quand le chiropraticien se penche sur une articulation, c'est sur tout
un complexe articulaire qu'il se penche, ce sont les muscles, les tendons, les
ligaments, les capsules, les disques qui sont évalués. Ce sont
véritablement les tissus d'union et de commande de ce joint qui
enveloppent cette articulation et la mobilisent qui sont vérifiés
et rétablis dans leur intégrité fonctionnelle. C'est tout
un complexe musculo-articulaire qui est corrigé par l'ajustement
chiropratique et cette dimension des tissus connexes, où se situe la
clef du mécanisme articulaire, ne figure pas dans l'article 6. Pour la
totalité des articulations corporelles, l'exercice de la chiropratique
est pour le moins bidimensionnel c'est-à-dire musculo-articulaire.
Cependant, lorsqu'on arrive à la colonne vertébrale, un nouveau
complexe anatomique d'une très grande importance vient s'intriquer
intimement à travers les délicats complexes et multiples
mécanismes articulaires du rachis et c'est le système nerveux. A
cause de cette intrication intime, des dérangements, même mineurs,
des complexes articulaires vertébraux que les chiropraticiens appellent
subluxation, sont fréquemment générateurs de douleurs ou
de syndrômes rapportés à la périphérie et de
neurodistonie végétative qui peuvent se manifester par une
kyrielle de symptômes. A cause des relations intimes entre la colonne
vertébrale et le système nerveux, l'exercice de la chiropratique
atteint une troisième dimension à portée
considérable, c'est la dimension neurologique.
Comme l'exercice de la chiropratique porte principalement sur le rachis,
il est donc véritablement tridimensionnel, il est neuro-squelettal ou
articulaire. Ici, nous sommes en parfait accord avec le Collège des
médecins et chirurgiens du Québec. Son mémoire, qui a
été présenté à la Commission royale
d'enquête Lacroix en juin 1963, manifeste ces trois dimensions et nous
avons l'extrait de leur mémoire, dans l'annexe 7 de notre rapport,
où on traite comme conditions particulaires, des conditions
neuro-musculo-articulaires qui sont accessibles à la manipulation faite
par les physiatres. Les trois dimensions sont inscrites. Voilà pour le
champ d'action. Quant au moyen d'action, la lecture de l'article 6 le limite
aux mains seulement. Il est vrai qu'étymologiquement le mot
chiropratique implique les mains et que la chiropratique fut longtemps
pratiquée ainsi. Cependant, depuis sa découverte en 1895, les
chiropraticiens ont manifesté le souci constant d'améliorer
l'application et la permanence de leur ajustement.
Des recherches en ce sens ont abouti à l'augmentation des
connaissances et à l'addition des moyens complémentaires et de
thérapie de soutien pour aider et compléter le traitement
chiropratique. Des malformations anatomiques, des vices de posture, des
atrophies de la musculature, des carences nutritives peuvent nuire
considérablement à l'efficacité des ajustements. La
plupart des chiropraticiens prescrivent aujourd'hui des prothèses, des
talonnettes ou des cals dans le cas, par exemple, de l'inégalité
des membres inférieurs. Je pense que les podiatres ont expliqué
assez longuement à cette commission l'influence de
l'inégalité ou de l'instabilité des pieds sur le
mécanisme, la stabilité lombo-sacrée et les
répercussions sur la colonne vertébrale.
Le chiropraticien en est conscient et dans les cas
d'inégalité des membres inférieurs, que nous trouvons chez
33 1/3 p.c. de la population ce qui est assez considérable
il applique fréquemment des prescriptions de talonnettes. Ceci est donc
fait sans l'utilisation des mains et c'est de la très belle
chiropratique. Certaines techniques chiropratiques utilisent des blocs
spéciaux qui, placés sous un patient, produisent des corrections
du bassin et du rachis sans l'utilisation nécessaire des mains. Des
prescriptions d'exercices ou de gymnastique spécialisée dans les
cas de déviation d'origine particulièrement musculaire concourent
aussi à effectuer des corrections de la statique vertébrale sans
l'usage des mains. Des collets cervicaux, des bandes lombaires sont prescrits
pour des cas spéciaux qui, particulièrement en période
aiguë, nécessitent un soutien additionnel. Dans plusieurs cas
d'origine traumatique ou de dégénérescence,
particulièrement au niveau des disques, l'utilisation de tractions
statiques ou intermittentes offrira une approche de choix à la
thérapeutique manipulatoire. Des corrections nutritives s'imposent dans
des maladies de carence où des cas évidents de malnutrition
peuvent affecter la tonicité des muscles, le bon maintien et
l'intégrité osseuse:
Evidemment, il y a des cas où des problèmes d'ordre
psychosomatique ou d'ordre émotionnel peuvent aussi influencer la
tonicité musculaire et produire une genèse de condition
vertébrale. D'ailleurs, le commissaire Lacroix conçoit
favorablement, dans son rapport, l'addition d'adjuvants tels que chaleur,
hydrothérapie ou thermothérapie; ceci peut être
vérifié à la page 246 de son rapport. Les deux projets de
loi chiropratique précédents, ceux auxquels M. le ministre a fait
allusion ce matin les projets de loi 10 et 290 couvraient aussi,
pour le chiropraticien, la possibilité d'user la physiothérapie,
lorsque celle-ci servait à la correction des structures.
En plus, dans la charte syndicale que nous avons obtenue, dans la
définition du chiropraticien, là aussi, la physiothérapie
c'est écrit textuellement peut être utilisée
lorsqu'elle s'applique à la correction des structures.
A cause de ça d'ailleurs, depuis ces années-là,
depuis la présentation de ces projets de loi, un grand nombre de
chiropraticiens se sont munis d'équipement dispendieux qui leur permet
d'utiliser ceci pour avoir un meilleur résultat.
Alors, pour toutes ces raisons, nous proposons que l'article 6 soit
amendé et se lise
comme suit: "Constitue l'exercice de la chiropratique tout acte qui a
pour objet la restauration de la santé, mais parce que nous sommes
chiropraticiens, par l'ajustement des articulations du corps et de leurs
structures connexes, le musculo-squelettal, principalement à cause des
relations existant entre la colonne vertébrale et le système
nerveux, sans exclure les autres moyens complémentaires
généralement admis par la profession et acceptés par le
bureau."
L'article 7, dans son texte actuel, limite et restreint le
chiropraticien uniquement à l'examen articulaire de son patient. Il ne
lui permet pas de considérer l'état général de ce
patient. Il ne peut le peser, l'ausculter, prendre sa pression
artérielle, son pouls, sa température, chose que cependant
n'importe quelle infirmière peut faire avec compétence. Le
chiropraticien devra faire un cours de 4,200 heures à 4,800 heures d'une
durée de quatre à cinq ans et étudier les mêmes
sciences de base que son collègue médecin. Il se prépare
à passer dans 31 Etats américains les mêmes examens de
sciences de base que les étudiants en médecine doivent subir. Au
Canada, il doit se préparer à subir l'examen national de
l'Association chiropratique canadienne, qui est supervisée par la
faculté de médecine de l'université de Saskatchewan. Nous
vous reportons d'ailleurs au mémoire de l'Association canadienne
là-dessus. Et il serait avec tout ça limité uniquement
à l'examen articulaire de son patient!
Le chiropraticien est un professionnel de la santé qui, de par
son autonomie professionnelle, établit un contact primaire avec son
patient. Il se doit d'être en mesure d'établir si ce patient
relève de sa compétence et sinon, comme membre de l'équipe
de santé, il doit être en mesure de l'orienter vers une autre
discipline de la santé. Il doit, comme tout professionnel de contact
primaire, être en mesure d'être sélectif.
Le rapport Lacroix suggère pour les chiropraticiens
l'accès à un diagnostic valable qui dépasse
évidemment le diagnostic primaire ou par palpation afin que ces
individus c'est nous dans le contexte actuel puissent sans danger
et efficacement reconnaître les seuls cas dans lesquels ce traitement
peut être indiqué et utilisé (référez-vous
là-dessus aux pages 335 et 335a du rapport Lacroix).
Après lecture des notes explicatives du projet de loi 269, nous
pensons que le texte suivant correspond mieux à l'intention du
législateur. Un chiropraticien est autorisé à
déterminer par l'examen clinique, physique et de laboratoire, de
même que par l'examen radiologique de la colonne vertébrale, des
os du bassin et des autres articulations du corps humain, l'indication du
traitement chiropratique.
Le deuxième paragraphe de l'article 7 donne les conditions pour
l'obtention d'un permis en radiologie. Il nous renvoie à l'article 173
du code des professions. Or, cet article donne à l'office des
professions la responsabilité d'établir des normes en radiologie
chiropratique.
Alors que le législateur manifeste son intention de nommer
lui-même les membres de notre futur bureau de direction, nous nous
étonnons de cette mise en tutelle qui ne nous offre aucune garantie que
les normes établies seront conformes aux besoins et à
l'instrumentation chiropratique. Quand on songe que les représentants du
collège des médecins et chirurgiens au Québec ont
répondu devant cette même commission, il y a quelques mois, qu'il
n'y avait pas de normes minimales établies pour un médecin qui
veut faire de la radiologie! Nous laisserons à l'Ordre des
chiropraticiens le soin de faire des représentations sur le
deuxième paragraphe de l'article 7. Si la chiropratique a pris un tel
essor de popularité dans le public, c'est dû à cause de
l'amélioration des connaissances des techniques et des moyens d'action
qui ont tous été développés sans l'aide de la
médecine officielle.
En toute justice, le législateur se doit de donner à
César ce qui est à César et de reconnaître cette
profession telle quelle est et non telle que ses adversaires voudraient qu'elle
soit. Il serait impensable qu'une loi sur la chiropratique, en 1972, nous
rapporte au style de l'exercice de 1925. Alors, malgré sa sanction, elle
aurait 50 ans de retard sur la réalité.
Nous passons aux articles 8 et 14. Ces articles allouent aux
chiropraticiens l'exclusivité des actes de manipulation articulaire.
Cependant, une réserve traditionnelle de droits et privilèges,
expressément accordée par la loi à d'autres
professionnels, accorde subtilement aux médecins le droit de faire la
même chose. Notre première réaction, comme chiropraticiens,
étant donné l'attitude traditionnellement négative et
fanatiquement opposée de la médecine à notre égard,
a été évidemment de protester contre cette clause et
peut-être d'arriver à gagner, comme dans l'Etat de Washington, aux
Etats-Unis, l'exclusivité absolue des manipulations vertébrales.
Cependant, vu que quelques médecins s'adonnent déjà
à cette thérapie et que nous sommes très conscients d'une
carence considérable d'effectifs dans cette discipline extrêmement
valable et bénéfique, nous avons pensé plutôt de
suggérer et ce, en conformité avec un mémoire que nous
avions fait parvenir au ministère des Affaires sociales et au
président de la Régie de l'assurance-maladie l'an dernier,
l'établissement de normes de base égales à celles de
l'entraînement des chiropraticiens pour les non-chiros qui veulent
s'adonner à la manipulation.
Ces normes de base garantiraient la qualité de l'acte et
éviteraient aux contribuables du Québec de payer à plein
tarif, qui, actuellement, à la régie est de $8.50 l'acte, la
période d'apprentissage en manipulation vertébrale pour les
médecins qui suivent des cours de fin de semaine.
Nous suggérons donc que l'article 8 se lise comme suit: "Sous
réserve des droits et privilèges expressément
accordés par la loi à d'autres professionnels dont là
formation manipulatoire
correspond à des normes établies par le bureau et
acceptées par l'Office des professions, les actes décrits aux
articles 6 et 7 sont réservés aux chiropraticiens." Quant
à l'article 9, nous notons seulement une chose: apparemment, il faut
être majeur pour obtenir un permis de pratiquer la chiropraxie. Etant
donné que la majorité au Québec est maintenant rendue
à 18 ans, nous concevons assez difficilement qu'un étudiant
puisse atteindre son CEGEP Il ou l'équivalent, faire les quatre
années de cours en chiropratique et recevoir son diplôme avant
l'âge de 18 ans.
Article 13. La deuxième partie de l'article 13 interdit au
chirporaticien de s'intituler spécialiste ou d'indiquer une
spécialité ou une formation particulière ou de prendre le
titre de docteur ou une abréviation de ce titre, sauf qu'il
détient un diplôme de docteur en médecine, donnant
ouverture à l'octroi d'un permis d'exercice de la médecine. Avec
les progrès législatifs de la chiropratique, la couverture quasi
universelle de ces services par les compagnies d'assurance, son inclusion dans
l'assurance-maladie dans cinq provinces canadiennes, l'augmentation des
exigences quant au prérequis pour les candidats à l'étude,
l'augmentation du bagage scolaire de ses praticiens et surtout avec
l'accroissement de la popularité de ces services, un besoin de
spécialisation s'est manifesté, comme d'ailleurs dans toutes les
professions en progression.
Le chiropraticien a un champ d'action qui s'étend du
bébé naissant au vieillard, des conditions aiguës et
traumatiques aux conditions chroniques, dégénératives et
séniles. Il est parfaitement normal qu'afin de répondre à
des besoins précis et variés avec la plus grande
compétence possible il puisse se spécialiser. Déjà,
des cours de spécialisation en radiologie chiropratique donnent
accès à des certificats reconnus. Nous avons cela à
l'annexe 13 et, ce matin, nous vous avons distribué deux feuilles
additionnelles qui vous annoncent qu'aux Etats-Unis l'Association chiropratique
américaine reconnaît déjà deux
spécialités qui sont la radiographie chiropratique j'ai
presque terminé, parce qu'après l'annexe 13, c'est fini et
aussi l'orthopédie chiropratique.
Au Canada, l'Association canadienne reconnaît déjà
la spécialisation de "chiropractic roentgenologist"; au Manitoba, le
plan d'assurance provinciale pour les accidents d'automobiles couvre
déjà les honoraires. L'interprétation radiologique faite
par des "certified chiropractic roentgenologist" vous l'avez dans une de
nos annexes c'est déjà un fait établi qu'il y a des
spécialisations officiellement acceptées par la profession. Nous
ne voyons pas pourquoi une loi viendrait asphyxier la progression normale de
notre profession en nous privant de possibilités de
spécialisation.
Quant au titre de docteur, l'usurpation actuelle du titre par la
majorité des professionnels de la santé, qu'ils soient
médecins, chiro- praticiens, dentistes, optométristes,
vétérinaires, ne correspond pas à la réalité
universitaire où une thèse doctorale seule confère
véritablement le titre. Autrement dit, dans le moment au Québec,
il s'applique sur une base d'us et coutumes.
Quelques-uns seulement des professionnels que nous venons de citer ont
franchi cette étape et méritent véritablement le titre en
fonction des normes universitaires. Par contre, les us et coutumes ont toujours
apposé le titre de docteur à ceux qui soignent les maladies tant
des humains que des animaux. Les chiropraticiens ne voient pas pourquoi la loi
les priverait seuls de ce titre alors que tous les autres continueraient
à l'usurper. Le chien de madame se ferait soigner par un docteur et
madame se ferait soigner par un monsieur. Une loi du genre ne serait
peut-être pas facile à appliquer et n'empêcherait
certainement pas le patient d'appeler docteur, par habitude, celui qui le
soigne.
Il n'y a d'ailleurs rien que nous ayons vu dans la loi médicale
actuelle la loi 252 qui confère le titre ou
l'exclusivité du titre, aux médecins. Pourquoi viendraient-ils
chercher dans la loi chiropratique un titre que leur propre loi ne leur
confère même pas?
Nous demandons au législateur, s'il veut vraiment faire acte de
justice, de supprimer le titre de docteur à tous ceux qui n'ont pas
passé de thèse doctorale universitaire ou bien de continuer pour
tous ces gens l'état actuel de tolérance.
Quant aux spécialités, nous soumettons ceci: Il y a un
mécanisme actuellement dans le code des professions, l'article 169 d),
où le lieutenant-gouverneur après consultation de l'office et de
la corporation intéressée peut par règlement
déterminer les diplômes délivrés par des
établissements d'enseignement qu'il indique et qui donnent ouverture
à un permis ou à un certificat de spécialiste.
Nous suggérons donc que la deuxième partie de l'article 13
nous donne accès à cet article.
Nous laissons l'ordre compléter la représentation sur
l'article 17. Voilà ce que les chiropraticiens avaient à vous
soumettre. La chiropratique moderne et je le répète ici
fortement n'est pas une panacée, elle a des indications
précises et comme toute thérapeutique efficace, des
contre-indications; elle n'est pas une technique thérapeutique; elle est
un système thérapeutique dont la manipulation est un des
éléments principaux. Elle ne nie pas mais accepte au contraire
les autres idéologies indiscutables et scientifiquement prouvées
dans le domaine des maladies. Par contre, elle vient ajouter une nouvelle
dimension, un nouvel apport en biomécanique; c'est une nouvelle science
dans le domaine thérapeutique qui, dans un contexte où l'homme
devient conscient de la pollution et de l'intoxication, vient combler un grand
besoin naturel.
J'espère que notre exposé pourra aider à
éclaircir plusieurs questions que vous sembliez
avoir, ce matin, l'intention de poser. Nous nous mettons maintenant
à votre disposition pour toutes les autres questions que vous voudrez
nous adresser.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Bergeron. Le ministre des Affaires
sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier, en premier
lieu, le syndicat pour ce mémoire dont il vient de nous donner un
résumé.
J'aurais une première question qui a trait à la
radiologie. J'ai remarqué que dans son exposé, M. Bergeron
ou peut-être devrais-je dire le Dr Bergeron parce que la loi n'est pas
encore adoptée nous a parlé de la radiologie
chiropratique.
Est-ce que vous faites une distinction entre l'utilisation de la
radiologie par des médecins, par des physiciens, par exemple, ou par des
chiropraticiens ou est-ce que c'est simplement une expression que vous
utilisez?
M. BERGERON: Je peux répondre à votre question, M. le
ministre, mais je me demande si je ne devrais pas la laisser à l'ordre,
qui, déjà, a développé toute l'argumentation sur le
paragraphe de la radiologie.
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas chanceux dans mes questions! Ce matin,
vous avez exprimé le désir de répondre à des
questions que le Dr Goldbloom a adressées au porte-parole qui vous a
précédé. J'ai suggéré au Dr Goldbloom, comme
il devait quitter et comme tout ce qui est dit, dans cette commission, est
enregistré, de vous adresser les mêmes questions, étant
donné ce désir que vous avez exprimé.
Sa première question, je le rappelle, était tirée
des questions des examens dont on nous a remis, ce matin, copie. C'était
la suivante: Quelles sont les limites ou quelles sont les contraintes de la
chiropraxie?
M. BERGERON: C'est la première question qu'il a posée,
oui, d'accord. La chiropratique se limite, parce qu'on a parlé d'une
dimension neuromusculoarticulaire, à la neurophysiologie, cependant en
rapport avec le rachis, vu que c'est à ce niveau qu'elle applique sa
thérapeutique. C'est la réponse globale qu'on peut vous faire.
Elle se limite à la neurophysiologie, en rapport avec des
problèmes spinaux.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a des commentaires?
L'ancien ministre n'en a pas.
M. CASTONGUAY: Je vais me donner un temps de réflexion encore une
fois. Le Dr Goldbloom a repris une des questions, qui était la suivante
et qui traitait de l'épilepsie. Je ne sais pas s'il l'a formulée
telle qu'elle était ici, mais on disait: Décrivez ce qu'est
l'épilepsie, avec tous ses stades. Je pense qu'il posait, en même
temps, la question: Est-ce que le chiropraticien se voit un rôle dans le
traitement de l'épilepsie? S'il n'a pas posé cette question
ouvertement, je pense bien qu'elle était sous-entendue.
M. BERGERON : Je ne veux pas donner une réponse précise
sur l'épilepsie comme telle. Vous pourriez mentionner 50 maladies
différentes et j'aurais 50 réponses à vous donner. Je vous
dirai que grossièrement le chiropraticien, étant un professionnel
de contacts primaires, reçoit dans son bureau des patients qui,
évidemment, peuvent avoir toute la gamme des symptômes et qui,
parce qu'ils ont confiance en lui, peuvent venir le consulter.
Dans sa préparation, il a appris le diagnostic et aussi la
chiropratique. Son travail consiste à sélectionner, de par son
examen physique, clinique et de laboratoire et radiologique au besoin
si le cas peut être un cas de condition neuromusculosquelettique.
Une des questions posées ce matin touchait aux amygdalites, avec
staphylocoque. Evidemment, vous arriviez dans un champ plus spécifique
des...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, c'est streptocoque.
M. BERGERON : Streptocoque, pardon.
M. CASTONGUAY: C'est une distinction importante.
M. BERGERON: Disons qu'au départ, si vous voulez parler
d'épilepsie, celle-ci n'est pas tellement une maladie mais plutôt
un désordre neurologique qui peut avoir plusieurs causes. Evidemment, le
chiropraticien, à son contact primaire, va essayer d'établir, au
départ, s'il y a une possibilité de cause musculoarticulaire.
Mais il serait très avantageux, si le patient n'a pas déjà
vu un médecin, de faire pousser l'exploration, l'examen plus
profondément, en l'envoyant à un professionnel de la profession
médicale pour avoir un dossier complet. C'est une maladie à
causes diverses, qui peuvent provenir de tous les niveaux, à partir de
la psychosomatique jusqu'au traumatisme, tumeur ou n'importe quoi.
Mais il est quand même des cas d'épilepsie qui ont
répondu à la thérapeutique chiropratique. Il ne faut pas
tout de même généraliser. Vous avez dans certaines listes
de maladies qui sont émises des patients qui, après avoir
consulté médicalement, à l'occasion, d'excellents
spécialistes, aboutissent chez le chiropraticien qui leur trouve enfin
un soulagement ou une guérison par la technique chiropratique. Il ne
faut pas croire nécessairement que, parce qu'on peut guérir
à l'occasion un cas d'épilepsie, tous les cas d'épilepsie
sont accessibles à la chiropra-
tique. Il y a donc une sélection à faire, et selon sa
formation, il peut donner une majorité de chances à son patient:
Il nous semble que votre cas peut répondre à notre
thérapie. Sinon, en toute conscience, il devrait utiliser les
professions-soeurs qui sont justement là pour le compléter. C'est
une équipe de santé et le chiropraticien n'a pas de complexe
à coopérer avec les médecins.
M. CASTONGUAY: Le docteur Goldbloom, toujours, vous a posé trois
autres questions et vous avez manifesté toujours le désir d'y
répondre. Alors, je continue, La suivante demandait de définir
brièvement les aspects principaux que l'on rencontre et qui sont communs
aux diverses maladies du coeur à caractère congénital.
M. BERGERON: Disons, au départ, que je ne suis pas cardiologue.
Mais avec ce que j'ai acquis de bagage et avec ce que j'ai pu lire dans la
littérature d'aujourd'hui, j'ai été très heureux de
constater qu'en médecine, certaines éminences dans la
manipulation ont fait des expériences sur les maladies de coeur, plus
particulièrement sur ce qu'eux appellent les pré-cardialgies et
dans d'autres cas sur les angors intriqués ou des angines de poitrine.
Et je peux vous lire une chose qui, probablement, intéressera ici la
commission. J'ai devant moi le livre du Dr Robert Maigne qui est
précisément celui qui a été invité à
donner des cours de manipulation vertébrale aux médecins du
Québec, comme étant supposément, d'après leur
propre publicité "la plus grande autorité mondiale dans le
domaine de la manipulation vertébrale". Le Dr Maigne dans son livre,
dans le chapitre 15 qui couvre les pré-cardialgies, dit que: "Cardin, en
1959, a fait, dans la consultation de cardiologie de l'hôpital
Rothschild, en collaboration avec les Dr Bernai, Abitboul et Perrin, un travail
sur les mobilisations vertébrales dans les angors intriqués, les
patients ne recevant aucune thérapeutique vaso-dilatrice coronarienne
pendant le traitement, donc uniquement la manipulation vertébrale. Il a
pu obtenir dans tous les cas..." il dit dans tous les cas "... une
amélioration clinique importante parfois complète qui se
maintenait encore avec un recul d'un â deux ans avec, dans la
moitié des cas, une amélioration très nette de
l'électrocardiogramme. Nous vous renvoyons, pour plus de détails,
à son très intéressant travail. Cardin insiste sur la
nécessité des manoeuvres préparatoires de détente,
la pré-manipulation. De mobilisation très progressive, il est
avare de manipulations poussées. "Evidemment comme médecin, il
dit: "... qu'un tel traitement ne peut être pratiqué que par des
médecins très entraînés à la
thérapeutique manuelle." Là-dessus, nous sommes parfaitement
d'accord avec lui. "Lescure nous avait signalé le cas d'un coronarien
aux crises très fréquentes chez lequel la manipulation avait
complètement modifié l'état douloureux puis- que le
patient ne fit aucune crise jusqu'au jour, deux ans plus tard, où il
mourut d'un infarctus."
Il reste quand même ceci. C'est que des chiropraticiens, depuis 77
ans qu'ils pratiquent la chiropratique, ont eu dans leur bureau,
fréquemment, des cas de condition cardiaque. Evidemment,
c'étaient des cas de dernier espoir, des cas que la médecine
avait condamnés. Ils ont appliqué la chiropratique et ils ont
obtenu des résultats. Evidemment, de là à dire qu'on
traite les maladies de coeur, il n'y a qu'un pas. Mais il est certain, et
d'ailleurs, aujourd'hui, les écrits médicaux le prouvent, que la
chiropratique embarque dans ces possibilités thérapeutiques dans
presque tous les systèmes organiques à des degrés
variables. Alors, pour ce qui touche les maladies de coeur, si je disais que
nous les traitons, vous ne m'auriez pas cru. C'est le Dr Maigne qui en parle
ici et les manipulations qu'il fait, qui sont bien illustrées dans son
livre, sont sensiblement les mêmes que plusieurs des chiropraticiens
font.
M. CASTONGUAY: C'est une réponse éloquente, mais je pense
que vous avez été recalé à l'examen. Ma question
était très précise, et c'est une des questions qui nous
ont été remises pour nous montrer ce que sont les connaissances
du chiropraticien.
M. BERGERON: Pour ce qui touche à l'examen? Evidemment, tous les
chiros n'ont pas dans leur bureau un électrocardiographe. C
'était la question?
M. CASTONGUAY: Non. La question était la suivante: Quelles sont
les principales caractéristiques qui sont communes aux maladies de coeur
à caractère congénital ou aux malformations cardiaques
à caractège congénital.
C'est ce que la question dit. C'est vous qui nous avez remis ces
documents et qui avez exprimé le désir d'y répondre. Je ne
veux pas être désagréable, mais vous avez exprimé le
désir d'y répondre, et la question était très
précise.
M. BERGERON: Je vais vous dire ceci: Si un patient entrait dans mon
bureau et que les symptômes et l'histoire du cas me laissaient voir que
sa condition d'asphyxie ou d'insuffisance respiratoire ou d'insuffisance
circulatoire est de naissance, au départ, moi je l'enverrais à
l'Institut de cardiologie, dans le contexte actuel. On ne modifie pas la
génétique en chiropratique, tout de même.
M. CASTONGUAY: Une autre question qui a fait l'objet de discussions ce
matin je vais poser celle-là; les autres je vais les laisser
tomber c'était à savoir ce qu'un chiropraticien fait
lorsqu'un patient se présente et qu'il a justement la fameuse infection
de la gorge due à la présence de streptocoques.
M. BERGERON: Je pense que le Dr Goldbloom a pris sa question dans un
dépliant que nous avons contenant des questions qui sont posées
à l'examen national.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. BERGERON: Le Dr Dussault, qui est un de ceux qui fournissent les
questions, va répondre.
M. CASTONGUAY: Je vous pose la question à vous; c'est vous qui
avez demandé d'y répondre.
M. BERGERON: Je lui ai demandé à midi: Tu veux t'en
occuper de cette réponse-là? Il m'a dit: Oui. Alors, je ne m'en
suis même pas occupé.
Voici, un patient qui entre au bureau, quand on lui regarde la gorge, il
est évident qu'au départ on ne peut pas identifier quelle sorte
de microbe est à l'origine de l'infection. On va voir une rougeur ou une
hypertrophie de l'amygdale; il va y avoir des douleurs à la
déglutition. De là à pouvoir identifier le microbe
lui-même, non. Il faudra faire faire un prélèvement si on
veut arriver à un diagnostic beaucoup plus précis. Cela
nécessite certainement le laboratoire.
Comme chiropraticien et comme père de famille, quand mes enfants
m'arrivent avec un mal de gorge, la première chose que je fais,
évidemment, c'est un traitement pour débloquer toute la
région de la gorge, les vertèbres cervicales. Je les fais se
gargariser; ce sont des mesures préventives d'hygiène. Si, dans
un délai raisonnable de 24 à 48 heures, ça va bien, il n'y
a pas de problème. Si ça n'allait pas bien, je serais le premier
à les envoyer voir un médecin pour pousser davantage
l'exploration. C'est une question de gros bon sens.
M. CASTONGUAY: La dernière question que j'aurais est la suivante:
En quoi vos études ou celles de la majorité de vos membres se
distinguent-elles de celles du groupe qui vous a précédés?
Les 250 membres de votre groupement ont-ils tous suivi ces études?
Est-ce qu'il y a moyen de vérifier d'une façon quelconque que
chacun de ces membres a suivi de telles études?
M. BERGERON: J'espère que je n'embarque pas ici sur le terrain de
l'ordre, parce que la qualité professionnelle des membres relève
de la division du Québec de l'association canadienne, qui s'appelle
l'Ordre des chiropraticiens. Ce ne sont pas deux organismes; c'est le
même, mais l'ordre agit en fonction de la charte fédérale.
C'est pourquoi, étant une division du Québec, on l'appelle
l'Ordre des chiropraticiens. Eux ont les dossiers scolaires de tous les
chiropraticiens. Chez nous, au syndicat, nous n'acceptons que ceux qu'eux
acceptent en fonction des normes canadiennes.
Nos chiropraticiens actuels n'ont pas tous un cours de quatre ans, parce
qu'ils n'ont pas tous reçu leur diplôme uniquement depuis
l'ouverture des écoles de quatre ans. Nous avons des chiropraticiens qui
ont 30, 35, 40, 45 ans de pratique. A cette époque-là, les cours
d'une durée de quatre ans ou de 4,200 heures n'existaient pas. Il y
avait dans le temps des cours d'environ 3,000 heures, soit à peu
près les trois quarts du cours actuel.
Par contre, depuis la publication du rapport Lacroix, qui a fait
éclater publiquement ce que nous savions, qu'il y avait des
différences au niveau de la scolarité chez les chiropraticiens,
des cours de rattrapage dont vous avez entendu parler, M. le ministre,
parce que des représentants de l'ordre vous en ont parlé
déjà ont été organisés au
Québec avec l'aide du collège de Toronto, dont le doyen est ici
à mes côtés. Pendant quatre ans...
How many years have you had those courses in Quebec?
UNE VOIX: Five years.
M. BERGERON: Ces cours de rattrapage ont vu à reniveler le niveau
scolaire de ceux qui ne correspondaient pas aux normes actuelles. About fifty
of them have received a diploma or the equivalent of four years. On peut dire
grossièrement que, sur 258 membres, nous en avons environ 200 qui ont
eu, à l'origine, un cours de quatre ans ou l'équivalence à
la suite du rattrapage qui a été fait.
M. CASTONGUAY: Et en quoi se distingue votre formation du groupement qui
vous a précédé?
M. BERGERON: Les gradués de quatre ans d'un groupe ou de l'autre
sont exactement les mêmes, ils ont la même compétence et les
mêmes qualifications. Seulement, vous en avez qui acceptent de marcher
avec le mouvement national et vous en avez d'autres, peut-être pour des
raisons personnelles qui refusent cette intégration au mouvement
national. Sur le plan de la compétence, les normes du Dr Lapalme sont
aussi valables que celles d'un autre gradué du même
collège.
Le Dr Lapalme a mentionné ce matin que leur rang avait grossi
depuis quelques années. C'est que, depuis la formation du syndicat et de
l'entente avec le CCA canadien, il fallait pour entrer chez nous, depuis 1969,
que le candidat à la pratique se présente à l'examen
national. Beaucoup de jeunes chiropraticiens gradués étaient
hostiles à l'examen national. Tout le monde est hostile à un
examen.
Voyant qu'au Québec il n'y aurait peut-être pas de loi
avant cinq ou dix ans, ils ont joué là-dessus. On ne sait pas
quand on va avoir une loi, puis on ne sait pas si la loi reconnaîtra
l'examen national. Alors, n'étant pas éligibles chez nous, ils se
sont joints à l'autre organisme. C'est à ce point que
récemment nous avons été
obligés de changer cette clause parce que nous réalisions
qu'eux gagnaient davantage sur la nouvelle production que nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez dit tantôt que vous ignorez
pour quelle raison certains ne désirent pas faire partie de votre
organisme. Ils ont la même formation, ils font partie de la Corporation
professionnelle des chiropraticiens. Est-ce que c'est une forme de refus de
l'organisme canadien, national?
M. BERGERON: Nous nous le demandons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez aucune indication?
M. BERGERON: Il y en a peut-être. Vous savez, le mot syndicat ne
sourit pas tellement aux professionnels. Moi le premier j'ai été
réticent. Un syndicat pour un docteur, non. J'ai hésité et
je comprends qu'il y en ait qui hésitent encore. Le fait est que chez
nos membres nous sentons que certains préfèrent l'ordre au
syndicat. Ils aiment moins le mot syndicat, surtout avec ce qui se produit avec
les syndicats.
Remarquez qu'on a été exemplaire comme syndicat. On n'a
jamais fait de grève fracassante. On ne s'est pas joint à des
fronts communs et puis on n'a jamais voulu faire péter le
système.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, est-ce que vous avez
négocié déjà?
M. BERGERON: Pas encore.
M. CLOUTIER (Montmagny): On fait des grèves quand on
négocie; quand on ne négocie pas c'est plus difficile. Cela
m'amène à vous poser la question suivante. Quels étaient
les buts de la formation du syndicat? On sait que par définition le
syndicat s'occupe surtout des problèmes d'argent tandis que la
corporation professionnelle s'occupe beaucoup plus des questions
professionnelles. Alors, quel était le but de la fondation du syndicat
professionnel? Est-ce que vous avez agi autant comme syndicat et autant comme
collège ou comme corporation professionnelle? Votre mémoire, sauf
les articles 1 et 2 que vous n'avez pas voulu développer, touchait pas
mal tous les autres points, qui relèvent à mon avis autant d'une
corporation professionnelle.
M. BERGERON: Comme syndicat professionnel, nous avons obtenu notre
charte au temps où vous étiez au ministère. A ce
moment-là vous aviez déjà manifesté le désir
de présenter un projet de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non seulement j'avais manifesté le
désir, mais le projet de loi a été déposé en
première lecture à l'Assemblée nationale.
M. BERGERON: Je ne me souviens pas de la date où vous l'avez
déposé, mais c'est autour de cette période.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était dans l'automne 1969 si ma
mémoire est bonne, le 15 décembre 1969. On a prorogé la
session pour Noël. On a recommencé l'autre session, mais vous savez
ce qui est arrivé, les élections ont été
déclenchées, mais le projet de loi était devant la Chambre
pour adoption. Je ne veux pas vous embarrasser, mais je voudrais dire au
ministre qu'il me paraît, avec les commentaires qui ont été
faits tantôt, que notre projet de loi était
légèrement supérieur au sien. Je me prononce pour vous
autres, c'est moins embêtant. Moi je peux dire ça.
M. BERGERON: Vous avez remarqué que je l'ai mentionné
aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui, au sujet de la physiothérapie
vous en avez parlé; c'était inclus dans notre projet de loi.
M. BERGERON: Il y avait, depuis 1960, l'existence de syndicats
professionnels au Québec. Je pense que déjà la
Fédération des omnipraticiens était en activité et
des professions commençaient à se structurer comme syndicat
professionnel. Chez nous, quand on a vu venir la loi, il y en a qui ont eu
l'idée de former un syndicat professionnel pour qu'au départ on
puisse immédiatement roder les mécanismes bicéphales
puisque ce sont des organismes bicéphales avec
peut-être l'espérance que le syndicat serait un petit peu plus
violent pour défendre les membres actuellement pratiquants et les droits
acquis.
C'est fort probablement un des motifs qui ont été à
l'origine rapide du syndicat.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y a rien qui empêcherait les membres
de votre profession, les chiropraticiens, de faire partie à la fois du
syndicat et d'une corporation professionnelle. Les médecins
spécialistes font partie des deux.
M. BERGERON: C'est exact, mais, à défaut de l'existence
d'une corporation légale, ici au Québec, du syndicat a
émané, au début, un comité qui s'appelait la
division du Québec de l'association canadienne, parce que nous voulions
garder un lien avec l'association canadienne. Il reste que les juridictions
syndicales, normalement, ne touchent pas au code d'éthique ou au code de
déontologie, à la discipline et au niveau scolaire. Il nous a
fallu former le collège que, malheureusement, le législateur ne
pouvait pas nous donner. Nous l'avons formé, nous l'avons appelé
l'Ordre des chiropraticiens et c'est la filiale provinciale de l'association
canadienne qui s'appelle l'ordre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez dit tantôt que l'Ordre des
chiropraticiens, que nous allons entendre aujourd'hui, avait des dossiers sur
la formation scolaire des membres. Avez-vous aussi des renseignements sur ceux
qui pratiqueraient la chiropraxie ou une forme de chiropratique et qui seraient
des éléments indésirables sur lesquels vous n'avez pas de
contrôle actuellement parce que, justement, vous n'avez pas d'outils,
vous n'avez pas de loi? Avez-vous une certaine connaissance de cet exercice
illégal ou moins légal de la chiropraxie?
M. BERGERON: Ici, je sors de ma juridiction, mais je sais de bonne part
que le comité de discipline de l'ordre actuel reçoit
fréquemment des plaintes du public sur certains chiropraticiens qui,
malheureusement ou heureusement, ne sont pas membres chez nous. Nous avons des
dossiers négatifs, des plaintes sur quelques-uns. Par contre, nous n'y
pouvons rien. Nous ne pouvons même pas leur demander d'informations; ils
ne nous doivent rien et ils ne répondraient même pas à
notre correspondance. Cela reste lettre morte dans les archives.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous êtes conscients de la
responsabilité que vous allez assumer à partir de la
reconnaissance légale?
M. BERGERON: Oui, monsieur, et on a bougrement hâte de faire le
ménage dans la cabane, pour employer un terme populaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci, je reviendrai plus tard avec d'autres
questions.
M. GUAY: M. Bergeron, vous avez mentionné que certains
médecins, avec des cours de fin de semaine, pratiquaient des
manipulations. Est-ce qu'il y en a au Québec?
M. BERGERON: Certainement, il y en a au Québec. Au niveau des
physiatres, il y en a assurément et, au niveau des omnipraticiens, il y
en a quelques-uns qui n'ont pas tous suivi les cours qui ont été
donnés à Montréal. Il faut dire qu'à Toronto le
cours est un peu plus long. On va plus loin dans la compétence; on
prolonge le cours â quatre ou cinq jours. Il y en a qui sont allés
prendre le cours à Toronto et qui font, dans leur bureau, de la
manipulation vertébrale.
M. GUAY: Est-ce que le médecin a la compétence
d'évaluer l'acte chiropratique spécifiquement?
M. BERGERON: Je ne voudrais pas être pris pour évaluer un
acte médical; je vois mal pourquoi un médecin serait
qualifié pour évaluer un acte chiropratique, à moins que
je n'aie appris la médecine ou que lui n'ait appris la
chiropratique.
M. GUAY: J'aimerais que vous nous disiez bien clairement où se
situe la médecine chiropratique ou la médecine manuelle dans les
soins de santé; comme spécialité, comme médecine de
base ou autrement?
M. BERGERON: Vous soulevez un point extrêmement
intéressant. Avec l'évolution de la thérapeutique
manipulatoire, que la médecine commence à accepter de
façon officielle avec la fondation de la Fédération
mondiale de médecine manuelle, avec, en Amérique du Nord,
l'Académie nord-américaine de médecine manuelle, cette
nouvelle thérapeutique, qui va être appliquée de plus en
plus dans les générations qui vont venir, doit trouver une
certaine place, mais à l'intérieur de la compartimentation
médicale actuelle où tout est très
spécialisé.
Les médecins eux-mêmes ont de la difficulté à
situer la manipulation; on est porté, au départ, à
l'amener dans le département de la médecine physique parce que ce
n'est pas chimique, ni chirurgical, ni psychiatrique.
Mais d'un autre côté, la médecine physique, vous
avez certains physiothérapeutes qui l'ont apprise et qui pourraient
peut-être, avec une compétence douteuse, la pratiquer sur
prescription; mais les physiatres qui l'ont apprise ont constaté que
c'était quelque chose d'extrêmement méticuleux et qui
devait être pratiqué non seulement avec une grande
compétence neurologique mais avec un doigté, une
dextérité supérieurs à ceux des
physiothérapeutes.
Alors ils l'ont prise comme acte médical, au niveau du physiatre.
C'est de la médecine physique et ce n'est pas de la médecine
physique. Le physiatre est dans la médecine physique mais il a aussi une
spécialité médicale. C'est embêtant de
compartimenter parce que la manipulation n'est pas de l'orthopédie
même si vous jouez avec des os, parce qu'il y a une réaction
neurologique fréquente qui en émane, et ce n'est pas de la
neurologie uniquement, parce que vous jouez avec des os. Alors c'est quoi? La
médecine chiropratique, si je peux emprunter le terme de médecine
dans le sens large, strictement parlant, c'est une forme de médecine
parallèle, différente de la structure orthodoxe médicale
actuelle. La portée du traitement chiropratique touche à à
peu près toutes les spécialités médicales. Il y a
des résultats cliniques en chiropratique qui vont au niveau des yeux,
des oreilles ou de la gorge, ça tombe dans le domaine de l'oto-rhino.
Vous avez des résultats respiratoires, ça va tomber dans le
domaine du pneumologue. Vous avez des résultats digestifs, ça
tombe dans le domaine du gastro-entérologiste. Vous avez des
résultats au niveau de tous les organes.
Alors, l'efficacité de la chiropratique, étant en fonction
d'une distribution nerveuse, va sur une grande variété de
spécialités; alors ça chevauche au point de vue
efficacité. Nous sommes obligés de penser que c'est une
médecine parallèle parce que la médecine actuelle, de la
façon dont elle est structurée, peut difficile-
ment la compartimenter. A cet égard, je vais lire un petit
paragraphe du Dr Naigne lui-même: Si les conceptions
généralement admises et il s'adresse à des
médecins ne rendent pas toujours bien compte de ces faits, c'est
qu'elles sont à réviser ou à compléter. Il y a donc
un réajustement à faire du système. La chiropratique est
une synthèse beaucoup plus fantastique sur le domaine
thérapeutique que les spécialités médicales qui,
tout de même, en tenant compte uniquement d'une petite partie du corps
oublie la relation intime de cette petite partie avec l'ensemble.
M. GUAY: Tout compte fait, il semble assez difficile d'établir un
champ de pratique exclusif en fait.
M. BERGERON: Non. Donnez-nous le champ neuro-musculo-squelettal, c'est
tout ce que nous voulons avec la colonne vertébrale.
M. GUAY: Un chiro m'a dit que vous étiez le groupe de personnes
qui distribue toujours des services à des cas
désespérés. J'aimerais savoir si la majorité de vos
clients sont des gens qui ont d'abord consulté d'autres professionnels
de la santé, et s'ils l'avouent, ou si encore ce sont des gens qui vont
chez vous pour recevoir une direction quelconque vers un autre
spécialiste de la santé?
M. BERGERON: J'ai 22 ans de pratique, j'ai donc pu comparer le genre de
patients d'il y a 22 ans avec ceux d'aujourd'hui. A l'époque, la
majorité de nos patients étaient des échecs
médicaux ou des gens qui essayaient en désespoir de cause, nous
étions la bouée de sauvetage. Maintenant que la chiropratique a
pris de plus en plus de popularité, un plus fort pourcentage de gens
viennent nous consulter à titre primaire, sachant que si on juge que le
cas n'est pas de notre domaine, alors ils pourront compter sur la consultation
avec un médecin. Tous les chiros que je connais,
régulièrement, toutes les semaines, recommandent des patients
â des médecins.
M. GUAY: J'aimerais toucher un autre point. Etes-vous en mesure,
actuellement, ou si vous disposez actuellement de suffisamment de volumes de
recherche vous en avez mention né quelques-uns mais est-ce
que le syndicat professionnel ou encore cette question pourrait peut-être
s'adresser à l'ordre ou à l'association canadienne... du
côté de la recherche, que se fait-il de la part de la
chiropratique?
M. BERGERON: Actuellement, la profession, de ce
côté-là, est en effervescence. Avec le système
d'assurance-maladie, on est pris devant le problème que, si nous ne
faisons pas les recherches, les législateurs vont les faire pour nous.
Alors, la profession se lance dans un élan de recherche extraordinaire
pour vraiment mieux circonscrire ce qui, jusqu'ici, était de
l'initiative assez libre. On veut vraiment savoir davantage, de façon
plus concrète, les limitations et la valeur de la chiropratique. C'est
en chemin actuellement à l'Association canadienne et au collège
de Toronto.
Evidemment, comme le Dr Laroche me le souligne, si on disposait de fonds
publics, cela irait encore plus vite. Mais, avec ce dont on dispose, on fait
tout ce qu'on peut dans le moment.
M. GUAY: Une dernière question peut-être un peu plus
pratique. Comme syndicat, est-ce que vous recevez beaucoup de plaintes, je ne
dis pas formulées par d'autres professionnels, mais formulées par
des clients qui sont passés chez vous et qui auraient subi ce que
j'appelle de mauvais traitements?
M. BERGERON: J'aimerais que la secrétaire de notre organisme soit
ici, puisque c'est elle qui répond au téléphone et qui
ouvre le courrier. Mais est-ce qu'il y a un membre du comité de
discipline qui pourrait répondre à ce sujet? Dr Audet,
peut-être.
M. AUDET: Evidemment, comme tout organisme, M. Guay, nous en recevons
certainement. Je peux vous dire que c'est raisonnable et que nous y voyons. Si
c'est réellement litigieux d'une façon sérieuse, nous
voyons à ce que cela cesse, nous appliquons les sanctions qui s'imposent
dans les circonstances. Mais je peux vous dire que, pour le nombre de membres
que nous avons, les plaintes sont très raisonnables. Je dis cela
franchement. Ce n'est pas une besogne tellement onéreuse pour nous.
M. BERGERON: En avez-vous une par semaine, Dr Audet?
M. AUDET: Disons, en moyenne, que nous en avons peut-être une par
semaine. Peut-être.
M. BERGERON: Sur 258 membres? M. AUDET: C'est ça.
M. GUAY: Une question connexe. Est-ce qu'il y en a plusieurs qui se
rendent jusqu'au tribunal?
M. BERGERON: Il y en a une célèbre qui s'est rendue au
tribunal et qui touchait l'homme en blanc.
M. GUAY: Maintenant, une autre question, c'est hypothétique. Vous
avez eu combien de patients de tués jusqu'à maintenant? On s'est
permis de dire tellement de choses que je vous pose la question, mais je ne
vous oblige pas à y répondre.
M. BERGERON: Etant donné qu'on n'a pas
le privilège de faire des autopsies ou vérifier si nos
patients sont morts par la chiropratique, il faudrait poser la question au
Collège des médecins.
M. GUAY: Merci.
M. LAURIN: En réponse à une question du Dr Goldbloom, vous
avez dit tout à l'heure que le champ d'application de la chiropratique,
particulièrement en ce qui touche l'épilepsie, était la
neurophysiologie limitée au rachis. Est-ce qu'il vous semble possible de
séparer la neurophysiologie qui affecte le rachis de la neurophysiologie
qui affecte le cortex ou de la neurophysiologie qui affecte tous les organes
périphériques?
M. BERGERON: Doctor, did you get the question? J'aimerais que le Dr
Haldeman, qui est justement spécialiste des questions nerveuses,
réponde à votre question. Pouvez-vous la lui poser en
anglais?
M. HALDEMAN: I apologize for not being able to speak French.
M. LAURIN: In answer to a question put by Dr. Goldbloom, Mr. Bergeron
has answered that the application of the chiropractice was limited to
neurophysiology, but limited to the lombarspine. Is it really possible to
separate neurophysiology affecting the lombarspine from neurophysiology
affecting the cortex or the peripheral parts of the body?
M. HALDEMAN: No. Neurophysiology is neurophysiology and it is simply the
study of the nervous system. However, for certain aspects, when one tries to
determine a level or a possible reason for certain clinical results, then one
has to go into the litterature and to see what experimental evidence supports
this particular hypothesis. For example, if you are talking about the
possibility of a spinal lesion affecting the cerebral cortex, which apparently
is the question, there is, at the moment, a fair amount of evidence to suggest
that the sympathetic system which leaves by the thoracic segments and travels
up by the sympathetic chain, follows the major vessels into the brain.
It seems to have a lot more importance than it was previously
designated, this particular nervous system. At the moment, it seems to be
connected to most of the cranial nerves. Admittedly, the effects of sympathetic
stimulation are probably vascular, and only vascular, in the central nervous
system. However, there seems to be a certain amount of evidences to suggest
that the sympathetic system can affect certain areas in hypothalamus, which is
particularly said to have a certain importance in nervous physiological
changes.
M. LAURIN: You go as far as suggesting that this participation of the
sympathetic system would cause certain types of epilepsy?
M. HALDEMAN: I do not think we can go that far now.
M. LAURIN: You cannot go that far now?
M. HALDEMAN: No, I do not think. There are certain clinical evidences to
suggest that chiropractic results have helped certain types of seizures. But to
say that the reason that this takes place is via the sympathetic effect on the
vascular system and cerebral cortex, I do not think we have sufficient
evidence. It is possible that we might be barking up the wrong tree altogether;
it might not be a compression lesion, which is one of the traditional theories.
There is a growing amount of evidences to suggest that pain syndromes and
excess input from muscles and joints which are in a spastic or fixed position
do pass into the spinal cord and then pass up into the cortex. Stimulation of
these nerves can evoke specific areas of potential change within the central
nervous system. One current theory that is getting some popularity in the
litterature is that some of the central nervous effects of muscular skeletal
changes are perhaps not due to sympathetic output but instead due to a direct
somatic input to these particular areas. This is being debated at the
moment.
M. LAURIN: Have you elaborated chiropractical conception, ideological
conception of epilepsy?
M. HALDEMAN: I could not get anyway near to say what mechanism or why
chiropractice appears to help in certain types of seizure states.
M. LAURIN: Maintenant, pour revenir à M. Bergeron, vous avez dit
tout à l'heure, en réponse à une question du
député de Dorchester, que vous ne reconnaissiez pas davantage
à un chiropraticien le soin de juger un acte médical que vous ne
reconnaissiez à un médecin le droit de juger un acte
chiropratique. Pourtant, dans la suite de vos commentaires, vous avez dit que
la chiropratique pouvait être définie comme une médecine
parallèle et, deuxièmement, vous avez dit que les applications du
système thérapeutique que constitue la chiropratique. pouvaient
se faire sentir dans tous les systèmes, que ce soit le système
cardiaque, le système digestif, le système orthopédique,
le système oto-rhino-laryngologique. On voit donc qu'il y a une sorte de
champ commun aux deux disciplines. Ensuite, en réponse à une
autre question, vous avez dit que la pratique de la chiropratique changeait. Au
début, c'était plutôt après des échecs
médicaux. Maintenant, ce sont des gens qui vont vous voir directement et
vous faites de la
médecine primaire. Et il arrive souvent que des chiropraticiens
envoient des patients dont ils sentent qu'ils ne peuvent pas les traiter
convenablement à des médecins. Vous qualifiez ça en disant
que le chiropraticien est un médecin primaire.
Est-ce à dire que maintenant, de plus en plus, quand un nouveau
patient vous arrive, vous le traitez par exclusion en un sens? Si vous vous
rendez compte qu'il n'appartient pas à votre discipline, vous l'envoyez
à un médecin? Est-ce que, comme médecin primaire, vous
pensez que le chiropraticien est mieux adapté, mieux à sa place
que l'omnipraticien généraliste? S'il y avait un choix à
faire entre les deux, serait-il préférable que, comme
thérapie primaire ou comme diagnostic primaire, on envoie les patients
voir les chiropraticiens que les généralistes?
M. BERGERON: C'est une très bonne question, Dr Laurin. Disons
que, lorsque j'ai parlé de la chiropratique comme d'une médecine
parallèle, j'ai employé le terme médecine au sens large.
J'aurais pu dire que c'est une thérapeutique parallèle, c'est ce
que j'avais d'ailleurs à l'esprit. Il ne faudrait pas dire que j'ai
identifié le chiropraticien à un médecin.
Le chiropraticien, de par sa fonction, lui qui attache une importance
particulière, par déformation professionnelle, au système
musculo-squelettal et aux répercussions neuro-musculo-squelettales,
lorsqu'il reçoit un patient de contact primaire, a une formation,
actuellement, qui lui permet, avec le maximum de sécurité pour le
patient, d'être accepté comme patient ou d'être
refusé. Là-dedans, lorsqu'il y a un doute raisonnable, il est
logique, surtout si on pouvait obtenir une coopération ouverte avec la
médecine, comme cela vient de se faire dans la province de Saskatchewan,
vous auriez une collaboration fantastique parce qu'en ouvrant la
possibilité, pour le chiropraticien, d'envoyer son patient à
l'hôpital pour un examen clinique ou de laboratoire ou de l'envoyer
à un spécialiste, qui pourrait le garder quelques jours, pousser,
explorer davantage son examen et, si nécessaire, retourner le patient au
chiropraticien, avec le dossier, vous auriez la collaboration idéale,
qui ne tiendrait compte que d'une chose, qui est l'intérêt du
malade.
Mais il y a toujours eu des blocages, pour des motifs, malheureusement,
que nous ne comprenons pas. J'ai déjà, entre autres,
envoyé des patients à la chirurgie. Il y a un cas que j'avais
envoyé chez un chirurgien, parce que la personne avait des pierres au
foie. La première chose qu'il a dite, quand il a su que la personne
venait de chez un chiropraticien, ce fut: Etes-vous folle? Qu'est-ce que vous
faisiez chez un chiropraticien? Et je l'envoyais pour qu'il l'opère.
Alors quand la personne vous revient et vous dit: Chez quelle espèce de
gars m'avez-vous envoyé, disons que cela vous refroidit de continuer
à collaborer avec un style du genre.
Mais il serait très facile d'avoir une collaboration où
l'un ou l'autre pourrait envoyer les cas à qui de droit. Actuellement,
nous doutons que l'omnipraticien ait suffisamment de compétence dans
l'examen musculo-squelettal d'un patient pour l'envoyer, comme il le devrait,
au chiropraticien. A cause de cela, nous tenons encore au contact primaire,
avec le libre choix du patient.
M. LAURIN: Finalement, une dernière question: Quelle
différence spécifique faites-vous entre un chiropraticien et un
physiatre, en ce qui concerne leur système diagnostic et
thérapeutique, d'une part, et deuxièmement en ce qui concerne
leur action, les modes thérapeutiques qu'ils mettent en application?
M. BERGERON: J'ai eu l'occasion, lors des cours de manipulations
vertébrales, à l'hôpital Notre-Dame, de rencontrer le Dr
Michel Dupuis, qui était l'organisateur de ces cours. Nous avons
discuté de l'équipement de nos bureaux. Uniquement sur une base
d'instrumentation, je lui ai dit: Savez-vous docteur, la différnece
entre vous et moi, c'est que sur votre opaline, c'est marqué physiatre
et que sur la mienne, c'est marqué chiropraticien. Lui aussi a des
appareils de traction, lui aussi utilise l'électro-thérapie et
ces choses-là. Il reste évidemment qu'au point de vue formation
et au point de vue professionnel, il est dans le milieu hospitalier. Alors
quand il a besoin d'une exploration supplémentaire, en examens, il
l'obtient facilement, tandis que nous, c'est plus compliqué d'y
accéder.
Quant aux manipulations vertébrales, je reste encore avec
l'idée qu'un chiropraticien qui, pendant quatre ans, a
développé cette dextérité, manipule un peu mieux
que le physiatre. Alors ce sont deux professions qui sont près l'une de
l'autre, quand on parle de la manipulation et des méthodes
prémanipulatoires ou postmani-pulatoires. Le physiatre,
évidemment, a probablement un champ d'action plus vaste. Etant un
médecin, il peut appliquer les médications. Il a aussi
accès à la chirurgie et à toutes ces choses, ce que nous
n'avons pas de façon facile et directe. Mais il y a une parenté
certaine entre les deux.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député du comté
de Dubuc.
M. BOIVIN: M. Bergeron, vous avez dit et répété que
la chiropratique est un système thérapeutique. Vous avez
même conclu votre exposé en disant que c'est un système
thérapeutique. Alors avant d'appliquer une thérapeutique, il faut
faire un diagnostic. Je voudrais savoir quels moyens d'investigation ont les
chiropraticiens pour faire un diagnostic, par exemple, d'une crise d'asthme,
d'un diabète, d'un goitre, d'intoxications ou de maladies infectieuses,
où il est très important d'avoir un diagnostic
précoce.
On a parlé d'infections de la gorge dues aux streptocoques, mais
j'en connais qui nécessitent un diagnostic précoce encore plus
urgent, comme le tétanos, la méningite
cérébrospinale (même si cela ragarde la colonne
vertébrale, c'est un poison du système nerveux) la
diphtérie, les intoxications par la strychnine, qui, sans doute sont des
symptômes nerveux, mais qui nécessitent un diagnostic
précoce parce que ce sont des maladies qui tuent dans 24 à 48
heures, Alors, quel moyen d'investigation ont les chiropraticiens pour faire un
diagnostic précoce, sans que cela soit préjudiciable au
malade?
M. BERGERON: Après 22 ans de pratique, je n'ai pas vu beaucoup de
ces cas extrêmes qui se sont présentés au bureau. Je pense
qu'en pourcentage sur l'échantillon de la population, vous venez de
citer la gamme des maladies marginales. Ce ne sont certainement pas celles qui
courent les rues, ni celles qui remplissent les cabinets des chiropraticiens ou
des généralistes. Pour une partie des maladies que vous avez
mentionnées, il nous faut indiscutablement l'accès au laboratoire
pour les diagnostiquer. Pour d'autres je l'ai dit tantôt et je le
répète dès qu'il y a un doute raisonable que cela
peut n'avoir aucune relation ou qu'on ne trouve rien au système
musculo-squelettal, il vaut mieux jouer dans le sens de la
sécurité du patient et l'envoyer à l'hôpital,
à la clinique externe ou au médecin. Il faut penser d'abord
à l'intérêt du patient avant de penser à notre
intérêt. C'est ce qui fait la différence entre un
professionnel et un homme d'affaires.
M. BOIVIN: On a parlé d'infections dues aux streptocoques. C'est
tout de même une chose qui ne tue pas une personne dans les 48 heures,
mais qui nécessite un diagnostic précoce, parce que cela a des
répercussions sur toutes les séreuses. Vous connaissez les
rhumatismes articulaires aigus. Cela peut amener des néphrites, des
complications du côté du rein. Alors, on peut dire qu'en
médecine il faut nécessairement faire un diagnostic le plus
rapidement possible avant d'appliquer toute thérapeutique. Vous avez dit
que la chiropratique est un système thérapeutique. C'est
peut-être admissible que cela soit un système
thérapeutique. Je ne m'admets pas qu'on pose un traitement avant de
faire un diagnostic.
M. BERGERON: Vous avez raison. C'est évident. Pour poser un
traitement, il faut d'abord savoir s'il y a lieu de le poser.
M. BOIVIN: Vous parlez c'est ce qui suit de médecine
parallèle, quand vous dites que la chiropraxie est une médecine
parallèle à la médecine actuelle.
M. BERGERON: Disons que j'utilisais le mot parallèle pour
décrire l'aspect de l'applica- tion thérapeutique, plutôt
que l'aspect de l'application examinatoire. Sur le plan thérapeutique,
ce que nous faisons est plutôt en parallèle avec la
médecine conventionnelle qui, en général, prescrit des
médications, des sédations, des tranquillisants, des hormones,
enfin, toutes sortes d'autres produits chimiques. De ce côté, la
chiropratique est certainement parallèle.
Sur le plan de l'examen, évidemment, il n'y a plus de
parallèlisme parce que les moyens d'arriver à une connaissance
sont les mêmes pour le chiro que pour le médecin. Ce sont les
mêmes sciences de base. Il s'agit que nous ayons accès au
même laboratoire, aux mêmes media qui pourront nous donner les
informations et aux professionnels, à l'occasion, qui pourront compenser
ce que nous n'avons pas dans ce domaine. Si nous n'avons pas cet accès,
il y aura des erreurs et fréquemment.
M. BOIVIN: J'aurais une autre question à poser. C'est
peut-être une question un peu curieuse. Est-ce que cela existe la
chiropratique chez les vétérinaires? Est-ce que vous avez des
vétérinaires chiropraticiens?
M. BERGERON: Oui. J'aime beaucoup votre question parce que, si la
subluxation vertébrale est vraiment une cause de maladies, elle
s'applique non seulement aux bipèdes humains, mais aux
quadrupèdes animaux. Certains chiropraticiens, à notre
connaissance, ont même délaissé la pratique humaine pour se
concentrer sur la pratique animale. Ce sont des vétérinaires
chiropraticiens, si vous voulez. Et ils ont eu des résultats.
D'ailleurs, il y en a qui s'occupent d'écuries de courses
régulièrement. Je l'ai vu aux Etats-Unis, mais pas encore au
Canada. Il y a eu beaucoup d'expériences. D'ailleurs, des
expériences ont été faites sur des animaux et cela marche
non seulement pour le monde, mais aussi pour les animaux.
M. BOIVIN: Après diagnostic?
M. BERGERON: Après diagnostic chiropratique, parce qu'à ce
moment-là c'est un diagnostic plus particulier de la structure.
M. BOIVIN: Merci.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): La parole est au député
de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, dans les cas mentionnés par
le député de Dubuc, habituellement, ce n'est pas chez le
chiropraticien que les gens vont; c'est à la salle d'urgence. Et, si
c'est le cerveau qui commence à chauffer, ils iront voir le psychiatre.
J'ai l'impression qu'ils ne doivent pas recevoir tellement de cas. Mais, pour
nous, les non-initiés, qui entendons cette série de termes, comme
nerfs, muscles, os et, quelque part, un petit coin de cortex.
C'est nous quand même, les membres de la commission, qui devons
juger de la valeur des
témoignages qui sont apportés de part de d'autre.
J'aurais une question en somme badine, pas sérieuse, à
poser. Hier, dans le Soleil, il y avait une invention, non pas d'un
chiropraticien, mais d'un neurologue, au sujet d'un stimulateur de la colonne
vertébrale. Je ne sais pas si vous considérez que c'est une
intrusion de la médecine dans votre profession, ou si ça vient
confirmer vos méthodes tout simplement, mais j'aimerais entendre vos
commentaires à ce sujet.
M. BERGERON: Avant de les faire, j'aurais aimé prendre
connaissance de l'article. Je n'ai pas vu l'article.
M. PEARSON: Cela m'a frappé quand j'ai vu ça, étant
donné que, aujourd'hui, accidentellement c'est vous qui vous
présentez devant la commission. L'article m'a tout simplement
frappé.
M. BERGERON: De toute façon, c'est une
électrothérapeutique, je pense.
M. PEARSON: Parait-il que ça va éliminer l'usage de la
drogue et de la morphine pour calmer la douleur et que ça va
éliminer toute douleur intolérable.
M. BERGERON: Cela a déjà quelque chose d'extrêmement
valable, mais je ne peux pas me prononcer là-dessus sans l'avoir
étudié. Il y a la question des réflexes
évidemment.
J'ai oublié un petit point de notre représentation. Il
s'agit d'une annexe que nous avons fait parvenir ce matin à propos de la
Loi des physiothérapeutes. Relativement au bill 272, et suite aux
représentations qu'on a faites sur les thérapies
complémentaires, nous voudrions qu'un amendement y soit apporté
de façon que le bureau puisse également délivrer un permis
à toute personne qui en fait la demande dans les 12 mois de
l'entrée en vigueur de la présente loi, si cette personne a
exercé la physiothérapie au Québec sur les ordonnances
d'un médecin pendant les trois années précédant
l'entrée en vigueur de la présente loi.
Actuellement, des assistants ou des assistantes médicaux peuvent
utiliser certains appareils de physiothérapie ou
d'électrothérapie sur la recommandation du médecin
à l'intérieur de son cabinet particulier. Or, les
chiropraticiens, et en très grand nombre, ayant aussi des appareils, ont
préparé du personnel pour utiliser ces appareils et
épargner un peu de temps aux praticiens.
Il faudrait à ce paragraphe ajouter le mot "chiropraticien", car
plusieurs praticiens utilisent déjà du personnel d'assistance qui
voit au placement des patients et qui donne certains traitements de
physiothérapie qui servent à aider et compléter le
traitement chiropratique. Ce personnel devrait, en toute justice, avoir les
mêmes privilèges que le personnel d'assistance médicale
vis-à-vis de ce permis en physiothéra- pie. Autrement, ce
personnel sera forcément en chômage après l'adoption de la
loi.
Etant donné la nature du travail du chiropraticien sur le
système neuro-musculo-squelettal, il est de toute
nécessité qu'il soit secondé par des services de
physiothérapie.
Voici les considérations que nous apportons à cet
égard: Plusieurs chiropraticiens pratiquent dans des régions
éloignées des grands centres et où on ne retrouve ni
hôpitaux, ni cliniques de physiothérapie. Les bureaux de
chiropraticiens sont souvent ouverts le soir et le samedi pendant que les
cliniques dans les hôpitaux sont fermées. Les malades et les
accidentés ne sont pas trop intéressés â partir de
loin pour venir à Québec ou à Montréal pour prendre
un traitement de physiothérapie quand ils peuvent l'avoir plus
près de chez eux.
Le chiropraticien n'utilise aucune drogue pour enlever la douleur mais
il se sert de ces appareils pour amener une détente ou une
relâche. C'est un moyen naturel qui correspond mieux à sa
formation. Mais la physiothérapie permet dans un grand nombre de cas de
donner un traitement moins douloureux, plus efficacement, et d'obtenir de
meilleurs résultats.
A cause de ça, nous demanderions que les assistants ou
assistantes chiropratiques puissent bénéficier du même
permis que les assistants ou assistantes médicaux à
l'intérieur de la Loi des physiothérapeutes et que le mot
"chiropraticien" soit ajouté.
M. LE PRESIDENT: C'est très bien. Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Il me reste à remercier le Syndicat professionnel des
chiropraticiens du Québec d'avoir voulu coopérer avec la
commission afin de nous éclairer sur ce projet de loi.
Nous allons passer au groupe suivant: M. J.O. Edgar Houle, co-directeur
du Canadian Memorial Chiropractic College.
Canadian Memorial Chiropractic College
M. HOULE: M. le ministre, membres de la commission, représentants
de l'audience, j'aimerais présenter à votre attention un
mémoire. Je le fais à titre personnel, parce que j'avoue que
c'est un problème très complexe. Le problème
nécessite, d'ailleurs, une solution ad hoc qui rendrait justice à
la francophonie québécoise.
Alors, sans plus de commentaires, j'aimerais présenter un
mémoire. Le temps est avancé quand même passablement, je
voulais vous libérer peut-être de la pénible tâche de
scruter encore une fois un autre mémoire, mais je crois que c'est
important. Lors des délibérations de ce matin, alors que
j'étais dans l'assistance en arrière, je regardais,
j'écoutais, et c'est assez extraordinaire qu'un mémoire fait en
Ontario, s'il vous plait, rejoint quand même énormément de
points soulignés aux membres de la commission.
Alors, si vous me le permettez, j'aimerais le
présenter à votre attention et ensuite il me fera grand
plaisir de répondre à vos questions.
Messieurs, j'aimerais, avec beaucoup d'insistance, au tout début
de cette présentation, souligner aux membres de ce comité que
l'enjeu ici, cet après-midi, est la préservation et la valeur
thérapeutique de plus en plus démontrée, acceptée
et documentée d'une science et non le sort de quelques praticiens. Alors
j'avoue que la présentation est extrêmement objective et,
croyez-le ou non, je me mets au banc à peu près comme tout le
monde. Je ne me prends pas pour un autre. J'espère que le point est
clair.
Il est clair que ce mémoire aborde le sujet de "la
nécessité d'un programme chiropratique universitaire et
hospitalier" d'un point de vue scientifique très objectif en vous
rappelant que vous vous devez de considérer la nature réelle de
l'enjeu, c'est-à-dire la conservation et le développement d'une
thérapie dont les implications cliniques à peine
effleurées gonflent déjà des centaines de livres et
suscitent une multitude d'articles médicaux et scientifiques. La nuance
est ici essentielle.
Et j'aimerais ajouter un petit paragraphe à cette ligne pour dire
que quand j'insiste sur des travaux scientifiques j'insiste sur le point que ce
sont des travaux scrutés par des anatomistes, des spécialistes de
neurophysiologie, des spécialistes, par exemple, de la cytologie
etc.
Est-il nécessaire aussi au départ de souligner que
l'absence de critère légaux, comme le soulignait le rapport
Lacroix, a permis d'engendrer une situation lourde de conséquences
sociales et scientifiques. Elle a favorisé la genèse de
praticiens de compétence douteuse issus de certains milieux douteux et,
de ce fait, a balafré le flanc et l'image d'une jeune science riche de
promesses thérapeutiques.
Carence du projet de loi 269. Au départ, j'aimerais aussi
souligner que je suis partiellement en accord avec le projet de loi 269. Quels
sont mes critères, évidemment, j'insiste. Je suis le co-directeur
de la pédagogie des sciences de base, au collège de Toronto, et
non pas le co-directeur du collège comme tel. Donc, je me prononce en
fonction de la pédagogie chiropratique en vertu même de mon poste
là-bas à Toronto.
Dans son ensemble, ce projet m'apparaît comme une
médication adéquate et représente une mesure sociale
essentielle et un départ scientifique qui a malheureusement trop
tardé. Ce projet n'apporte toutefois aucune modification à la
pédagogie chiropratique et n'apporte aucun critère de
contrôle universitaire ou hospitalier à l'exercice.
J'aimerais donc souligner à ce comité l'importance, voire
la nécessité urgente d'inclure la chiropratique au sein du milieu
universitaire clinique et pédagogique. Vous me permettez une
interruption, ç'a l'air extrêmement agressif la demande, mais vous
allez voir que, fondamentalement, c'est vraiment une baliverne que de l'inclure
dans un système déjà existant à l'université
Laval.
Conclusion de la commission Hall. Les considérations suivantes
procèdent logiquement de la conclusion du rapport Hall et celui-ci
s'exprimait ainsi en 1965, je cite et c'est textuel puisque c'est en annexe,
c'est la première annexe du mémoire.
Le jugement disait donc: "Si l'on constate que les prétentions
des chiropraticiens sont valides, alors il faudrait intégrer la
chiropraxie ou la chiropratique fondamentalement les deux sont
équivalentes, les deux mots sont équivalents; il n'y a pas de
problème dans l'enseignement des sciences sanitaires dans les
universités.
Le texte intégral que vous trouverez à la première
annexe est explicite et ne requiert aucun commentaire. Face à cette
conclusion, il est intéressant de noter que le désir
d'affiliation au monde universitaire a toujours été
présent chez les pédagogues chiropratiques sincères. Les
annexes 2, 3 et 4 le prouvent. Malgré mon allure un tantinet peu
orthodoxe, j'aimerais, par la présente, livrer au ministre un dossier
que j'ai constitué sur les quatre tentatives d'annexion du
collège de Toronto. Est-ce que je pourrais livrer ceci, s'il vous
plaît?
En définitive, ces derniers se rendent compte que le
système actuel ne peut subsister face aux nécessités
financières que présupposent des facultés
compétentes, riches des critères scientifiques et respectueuses
des minima requis par des critères pédagogiques universitaires
valables et acceptables.
J'aimerais rappeler à cette commission qu'il est plus facile de
corriger les fautes d'un système de santé que d'en ériger
un nouveau en parallèle. La médecine chiropratique est une
médecine parallèle dans le sens que, fondamentalement, on se
rejoint éventuellement. Là, je parle en parallèle et non
pas en paradoxe avec mon collègue, beaucoup plus pour dire à quoi
servent deux bâtiments pour deux disciplines. C'est une confrontation,
non pas une symbiose.
Au lieu de dissocier, de morceler, de subdiviser, de compartimenter les
sciences de la santé, les législateurs et leurs lois se doivent
d'envisager une intégration aux structures actuelles et se doivent de
contribuer à minimiser les effets pathogéniques des
multiplications de services, alors que tous souhaitent et envisagent des
cliniques multidisciplinaires. Il est donc très logique de proposer une
synthèse universitaire globale, telle que préparée par le
Dr Jacques Brunet de l'université Laval. Le texte est à l'annexe
5. A cette condition, il est possible pour les candidats de puiser au sein des
forces vives d'une vie académique riche de moyens techniques et
physiques, de moyens professoraux, de moyens cliniques et hospitaliers.
De plus, ils participent à une vie communautaire
intégrée à une réalité universitaire
où leurs intérêts divers servent à leur
développement réciproque, leur permettant un avancement
académique pléomorphique. Aussi, à la fin de leurs cours
fondamentaux, ils peuvent sans fin poursuivre leurs études, leurs
recherches et
enrichir leurs connaissances, alors que leurs crédits initiaux
leur facilitent la tâche et réduisent des
répétitions et des pertes de temps inutiles.
Cette considération vient donc proposer une addition au projet de
loi 269, soit une école universitaire. Cette proposition prend encore
plus de signification lorsqu'on sait qu'aucune école de chiropratique
actuelle n'est sanctionnée par une affiliation universitaire,
malgré de multiples accréditations. Cela entrave
l'épanouissement et l'évaluation des groupes professoraux et le
produit final, le candidat à l'exercice. Cette dernière situation
d'existence parauniversitaire ou de marginalité engendre de plus un
marasme financier grave, très grave même, qui entraîne des
moyens pédagogiques réduits et tout le cortège
d'implications. Le bon travail de ces écoles est voisin du prodige et
reflète un altruisme rare et constant.
Je ne me sens ici aucunement coupable, face à mes
confrères, de faire de tels commentaires, car soyez assurés que,
sans l'aide et les secours de tous et chacun, la profession médicale
aussi souffrirait de chlorose et d'ictère grave, deux termes que je
voudrais, d'ailleurs, additionner au mot "cortex" du député. Le
document du Dr Wearn à l'annexe 6 prouve ce point et, de toute
façon, c'est ici un fait flagrant et connu de tous.
Je suggère de plus au gouvernement d'inscrire dans le projet de
loi 269 un article établissant la copie d'un questionnaire devant
être rempli par tous les chiropraticiens réels ou fictifs. Vous
allez voir tantôt ce que j'entends exactement par les chiropraticiens
fictifs.
Ils sont nombreux et ce ne sont pas des chiropraticiens, c'est ça
le paradoxe.
Afin de faciliter l'étude du dossier de chacun, l'étude de
ces documents assermentés et scrutés activement rendrait facile
l'évaluation objective de chacun et soulignerait le ridicule grossier
d'une acceptation en bloc de tous les éléments actuels. J'affirme
péremptoirement qu'une loi orientée sur la protection du public
ne protégerait pas ce dernier, si les éléments qui ont
suscité la loi conservaient carte blanche. De ce côté, le
rapport Lacroix est explicite.
Mes affirmations fondées me coûteront probablement un poste
et l'amitié de certaines personnes, mais si le projet de loi no 269
propose de nettoyer un guêpier, il est certain que vous vous devez de
connaître l'étendue et les dimensions de ce dernier. Je voudrais
mettre particulièrement l'emphase sur le mot guêpier. Vous verrez,
par l'annexe que j'ai ajoutée à la fin du mémoire,
qu'actuellement il se donne un ersatz de chiropratique dans plusieurs
universités et surtout dans plusieurs hôpitaux.
A l'annexe 7 de mon mémoire, j'ai particulièrement, pour
le rendre accessible et surtout pour l'imbriquer dans le mémoire,
coupé certaines fonctions. C'était simplement du papier blanc et
je vous en donne ma parole. Le texte dit ceci: et c'est là qu'est
vraiment le paradoxe.
On a dit ce matin, avec un tantinet d'arrogance, que la chiropratique,
c'était cocasse. C'est cocasse entre les mains d'un chiropraticien, mais
c'est de l'orthodoxie entre les mains du médecin. C'est un cours qui se
donnait à l'université de Western Ontario, à London, et
c'était présenté par le Program in physical therapy,
Faculty of Medicine, in cooperation with The Committee on Continuing Medical
Education. Cela coûtait, pour s'enregistrer, $90, etc.
Vous pouvez aussi bien que moi lire l'annexe 7 qui est incluse aux pages
28 et 29 et qui est tout simplement l'envers du prospectus en question. Ce que
j'entends par guêpier, c'est cette espèce de clandestinité
manipulatrice, si on me permet le terme, où on veut une thérapie,
mais, par contre, on ne la veut pas. Je m'explique et je pense bien que ce sera
clair. Il est certain donc que vous vous devez de connaître
l'étendue et les dimensions de ce dernier. Il n'est pas toujours facile
d'être objectif.
Il faut donc favoriser l'application de critères
sévères pour les praticiens actuels croyez-moi, je suis au
sein des praticiens actuels. Alors, les critères de
sévérité, je les prendrai avec plaisir aussi, parce qu'il
faut que nous en finissions et l'application de critères plus
sévères encore pour les candidats. Ainsi, scrutés et
passés au crible, les garanties de qualité seraient
décuplées et ce geste obligatoire rendrait, à cause du
climat de confiance ainsi généré, les échanges
entre les membres des équipes de santé plus faciles et riches
d'implications pour le malade, en définitive, le seul vrai
critère.
Avertissement. Le gouvernement se doit d'envisager ces propositions
d'une façon objective aussi. Il ne doit pas se servir des
considérations qui précèdent pour occire une science qui a
été édifée dans les pires conditions je
crois que nous en avons eu des échos ce matin et qui constitue
actuellement une somme de connaissances qui suscitent de plus en plus
d'intérêt du côté des sciences dites orthodoxes sous
les vocables manipulations, kinésithérapie, rachithérapie,
vertébrothérapie et encore, chirothérapie.
Considérations additionnelles. En fonction du projet de loi 269,
il faudrait ajouter que les sciences se développent et s'imbriquent.
Entre parenthèses, l'histologie, la pathologie, la cytologie, la
cytologie exfoliatrice, la biochimie, la chimie cytologique, c'est la
même chose, mais vue d'un côté différent.
Ainsi, une science procède des disciplines les plus
variées. Il serait donc ridicule de laisser une thérapie hors
d'un contexte scientifique universitaire et de la laisser à
elle-même. Une telle décision équivaudrait à un
morceau de viande frafche pour apaiser les piranhas. Les piranhas,
fondamentalement, ont été engendrés par une période
a légalité qui a commencé en 1928. Je fais une
soustraction et c'est affolant. Elle constituerait un réel danger. En
effet et ce
point est d'une extrême importance afin de faire sienne
cette thérapie, l'orthodoxie afin de ramener dans son giron une science
paramédicale instituerait des cours de fin de semaine et
mercantiliserait une ersatz d'une thérapie valide et la laisserait aux
mains d'incompétents. L'annexe à laquelle on a
référé tantôt est, de ce
côté-là, explicite. Le document à l'annexe 7, en
provenance de l'Université de Western Ontario on peut produire,
évidemment, les documents de l'hôpital Notre-Dame aussi
prouve ce point. Les annexes 10 et 11 sont aussi lourdes d'implications.
Depuis les travaux, en Allemagne, des docteurs Zukschwerdt, Emminger,
Biedermann, Zettel, Duus, Gräff, Gutzeit, et j'en passe en fait,
c'est un chiffre qui doit s'attacher au cerveau des membres de la commission
actuellement, en Allemagne, on trouve 1800 médecins
groupés sous le vocable "Die ärzliche Forchungs-und
Arbeitsgemeinschaft fûr Chiropraktik", soit groupe de recherche et
d'étude pour la chiropratique. Depuis aussi les travaux de
chiropraticiens Weiant, Illi, Janse, Drum et de scientistes, tels Speransky et
Weiss, à l'annexe 8, la complexité de la chiropratique devient
évidente et affolante. Le docteur Gutmann, à l'annexe 9, dont la
formation chiropratique procède des chiropraticiens Peper, d'Allemagne,
et de Sandberg, de Suède écrit: "La chiropratique est une
méthode qui, comme toute autre méthode clinique, est
destinée à analyser avec exactitude un aspect clinique et qui ne
peut donc être confiée qu'au médecin". C'est cocasse,
cela.
Il serait ici intéressant de constater les conclusions
diamétralement opposées du juge Lacroix alors qu'il affirmait
exactement le contraire. Voir l'annexe 10. Comme le soulignait le juge Lacroix,
la chiropratique est dangereuse entre les mains d'incompétents
annexes 7 et 10, ces documents sont évidents aussi vous me
permettrez d'insister avec arrogance... et entre les mains de techniciens
entraînés trop rapidement. Comment dit-on ça? On fait des
textes et on les prend à la pige. Des genèses de fin de semaine,
c'est ça. Double danger ici de nuire aux malades et de jeter le
discrédit sur une thérapeutique valide et précieuse.
(Annexes 10, 11 et 12). Il faut donc imbriquer la chiropratique au sein d'un
contexte universitaire scientifique et au sein du milieu hospitalier comme en
Europe.
Pour le Québec. Dans les conditions actuelles, un projet de loi
au Québec ne régissant que l'exercice chiropratique constituerait
le couronnement de l'incompétence. Je m'explique. Alors qu'un
étudiant en médecine, riche d'une formation antérieure,
trouve difficile le fardeau académique, imaginez un résident du
Lac-Saint-Jean, francophone par génétique, qui doit, s'il
désire faire ses études en chiropratique, subir non seulement ce
fardeau académique, mais aussi le fardeau d'une langue
étrangère. Je parle en connaissance de cause, parce que lorsque
je suis parti de mon patelin, de Québec, pour professer à
Toronto, chose certaine, la transition en langue anglaise était loin
d'être facile, je vous prie de me croire.
La conclusion donc est lumineuse et je vous laisse la faire. De plus, et
c'est un point encore ici important, de retour au Québec, le même
élève doit perdre encore une fois un temps précieux pour
transformer, par exemple, "cardiac dullness" à la formule
française "l'aire de matité cardiaque". La similarité est
drôlement éloignée. Le temps ici perdu diminue l'absorption
de valeurs scientifiques plus essentielles. De plus, ce départ du sol
local vers des écoles lointaines rend tout contrôle impossible
à tous les niveaux. Assurément, il faut redire que consacrer
l'incompétence n'est pas une solution à un problème qui
touche de si près la santé publique.
De plus, il existe ici un problème académique très
grave que j'allais qualifier de moral. En effet, la loi reconnaît un
candidat à l'exercice alors qu'il demeure dans la clandestinité
et la marginalité d'un milieu universitaire. Cette situation
para-universitaire n'offre aucune équivalence pour l'obtention de
crédits. Cette loi no 269 oublie donc la formation hospitalière
et pédagogique et propose aux candidats un statu quo permanent que l'on
peut transposer ainsi: Etudiez durant quatre années, faites une
année d'internat, obtenez votre D.C., mais cela ne vaut rien en termes
de crédits. C'est là inacceptable dans un siècle où
tous, sans exception, aspirent à des études permanentes et
à l'obtention de crédits, cheminement logique à un
doctorat.
De plus, la marginalité engendre une psychose de part et d'autre.
Je me permets de relire cette ligne. De plus, la marginalité engendre
une psychose de part et d'autre. Cet état devient évident si l'on
considère le fait suivant: en effet, malgré la pléiade de
bonnes revues scientifiques chiropratiques telles "Les archives de l'Ohio",
"les archives de la Californie" et les "Annales de Suisse", aucune de ces
revues n'est scrutée par la profession médicale et l'on n'en
retrouve aucune parmi le nombre imposant codifié par l'Organisation
mondiale de la santé. Les recherches chiropratiques, et elles sont
nombreuses, croyez-moi, sont donc sans lendemain et, à toutes fins
pratiques, tombent dans un vacuum. Il est évident que cette situation
n'engendre pas la confiance et la collaboration. Elle n'engendre pas non plus
la compréhension de la mécanothérapie chiropratique avec
ses relations de neuropathogénèse et de neurothlipsis qui, en
fait, est tout simplement ce qu'on a appelé, tantôt,
neuro-musculo-squelettal ou squelettique, peu importe.
Je pense ici aux travaux du docteur en médecine Alf Breig,
groupés dans un livre intitulé "Biomechanics of the Central
Nervous System" publié par Almqvist & Wiksell de Stockholm. Ce
dernier ouvre une porte d'un édifice à peine
ébauché. On a une obsession
pharmacologique mais on a une abstraction structurale. Je pense, de
plus, aux travaux de Siwe.
Ecole de chiropratique... que faire? Le document à l'annexe
2...
M. LE PRESIDENT: M. Houle... M. HOULE: Je vous en prie.
M. LE PRESIDENT: ... je dois vous dire que vous avez déjà
retenu l'attention de la commission pour les vingt minutes...
M. HOULE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: ... qui vous sont allouées.
M. HOULE: Pas de problème.
M. LE PRESIDENT: Nous pouvons certainement vous donner une minute ou
deux , si vous voulez compléter, si tout le monde est d'accord.
M. HOULE: Je l'avais fait bref, mais je pensais qu'il était
encore plus bref que ça. Vous m'excuserez.
Il y a un point fondamental, c'est que la marginalité n'a rien
engendré. Comme disait si bien le rapport Hall, la confrontation de
groupe n'a jamais rien engendré surtout au niveau thérapeutique,
première conclusion. Deuxième conclusion, je l'avais mis en
exergue dans le synopsis, ou sommaire; je voudrais la lire peut-être et
je me tairai par la suite.
Le mémoire intitulé "Nécessité d'un
programme chiropratique universitaire et hospitalier" présenté
à la commission parlementaire, relié à l'étude des
statuts des professions, fait abstraction des polémiques et logomachies
récentes dont la chiropratique était la cible. Tous les livres
reliés à la manipulation et tous les articles codifiés
à l'Index Medicus prouvent la validité clinique de la
thérapie chiropratique administrée par des particiens rompus
à ces disciplines scientifiques. Il suffirait pour certains de les
lire.
Je pense que vous avez déjà été assez
gentils de m'octroyer la parole, je vous en remercie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je remercie M. Houle pour ce
mémoire et aussi pour l'envoi au ministère, au cours des
dernières semaines, de toute une documentation sur la question.
Je pense qu'il y aurait avantage à clarifier ici certains aspects
de ce projet de loi et aussi des autres. Il s'agit en définitive d'une
étape qui doit être franchie, soit celle de la formation d'une
corporation professionnelle. Et comme nous commençons à une
étape dans le temps, il s'agit donc de procéder en reconnaissant
ce fait concret. Or, dans la loi, nous avons voulu, pour l'admission à
l'article 9, donner une certaine énumération de conditions qui
peuvent être exigées pour l'admission à la pratique sans
aller jusqu'à préciser, dans tous les détails, ses
exigences, compte tenu du fait que des personnes arrivent avec des histoires
différentes sur le plan de leur formation, de leur expérience,
etc.
Je ne crois pas qu'il aurait été sage de préciser
dans un tel projet de loi qu'il fallait des études de quatre ans, par
exemple, pour être admis. Encore faut-il que le contenu de ces
études, que la façon dont elles sont données, etc., soient
précisés. C'est la raison pour laquelle nous avons prévu
des dispositions particulières étant donné cette
nécessité de commencer à un moment donné dans le
temps.
Tous ces projets de loi également ont des caractéristiques
communes; ils visent à donner on a précisé les
dispositions pour l'admission à la pratique et aussi à l'exercice
d'une profession. Mais si on remarque, aucune de ces lois, que ce soit celle
touchant la médecine, l'art dentaire ou peu importe quelle profession,
n'érige par ces dispositions un système en vertu duquel la
formation peut être donnée. Nous avons, au Québec, des
dispositions particulières pour ces questions, Si c'est au niveau
universitaire, c'est par l'octroi de chartes aux universités et ce sont
les universités qui, de façon générale, avec le
conseil des universités, déterminent les secteurs dans lesquels
elles orientent leurs activités économiques, de recherches, etc.,
et ce n'est pas fait par décision gouvernementale d'autorité ou
encore par la pression de groupes externes, sauf si le milieu universitaire
décide que l'enseignement d'un art ou d'une science doit être
assumé comme responsabilité par ce milieu.
Au niveau des études collégiales, les études
secondaires, les mécanismes sont sensiblement différents.
Il est évident qu'à partir du moment où le bill 269
sera adopté, les dispositions, si elles s'inscrivent au niveau
collégial, au départ, devront être prévues par le
ministère de l'Education. Si elles doivent se prolonger au niveau
universitaire, c'est une question qui devra être reprise par les
universités, mais pas par le truchement d'une loi formant une
corporation professionnelle.
Enfin, en ce qui a trait à la pratique et à l'enseignement
en milieu hospitalier, nous avons adopté, il y a quelques mois, la loi
65. Nous avons voulu ne pas geler, disons, l'évolution et nous avons
prévu, en l'annexe à cette loi, tout un mécanisme
permettant de désigner ce que peuvent être les professionnels au
sens de cette loi. Quant à l'admission en milieu hospitalier pour la
pratique, c'est une question qui ne peut être forcée par le
truchement d'une loi, à mon sens. Si cela est permis par la loi, on
verra graduellement à régler ce problème ou encore on
trouvera un équilibre différent, si un tel équilibre doit
être recherché, par d'autres mécanismes que les lois.
Je voulais apporter ces quelques précisions
parce que, par une loi formant une corporation professionnelle, on ne
peut, du même coup, vouloir régler tous les problèmes et on
ne peut ignorer la façon de fonctionner, l'autonomie des
universités ou des organismes universitaires. C'était
plutôt un commentaire, M. le Président, qu'une question que je
voulais formuler.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Houle, est-ce que plusieurs
diplômés, plusieurs chiropraticiens du Québec ont
étudié au collège où vous enseignez?
M. HOULE: Le chiffre est considérable, mais en fonction de tous
les élèves qui vont outrefrontières, c'est encore,
malgré tout, une minorité. Plusieurs étudiants, par
exemple, chemineront gaiement vers Chicago, le Texas, Los Angeles. Certains
même iront en Angleterre, d'autres iront à Davenport. Enfin, la
grosse majorité est quand même un produit d'importation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pouvez-vous porter un jugement sur la formation
qui est donnée outre-frontières et celle qui est donnée
ici, au Canada?
M. HOULE: C'est une bonne question, en fait. J'avoue honnêtement
que je serais un tantinet paranoïaque si je me permettais, comme individu,
de poser un jugement de principe sur les écoles communes, qui sont
nombreuses. Cela présupposerait que j'aurais fait une visite et que
j'aurais siégé au sein des facultés, etc. Je peux vous
dire ceci: J'ai été membre du "board of examiners" des
Etats-Unis, en 1971 et en 1972, et j'ai été en mesure de
rencontrer pratiquement tous ceux qui étaient très près de
l'éducation chiropratique. Je puis vous dire que nous figurons
très très bien à Toronto, par rapport à eux. En
fait, on nous regarde comme si on était peut-être pas le Messie,
mais, disons, des gens bien, quoi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Désireriez-vous, personnellement,
apporter beaucoup de modifications dans le cours qui est donné aux
chiropraticiens, advenant l'accession au niveau universitaire?
M. HOULE: Je me suis permis j'avoue que je m'excuse de ma
non-orthodoxie de remettre à l'honorable Castonguay, à la
dernière minute, un dossier sur des tentatives que la profession a
faites en Saskatchewan, en Alberta, au Manitoba, en Ontario, pour l'annexion
d'une école chiropratique au niveau universitaire. C'est le cheminement
logique d'une législation. C'est, d'ailleurs, pour cela que j'ai
présenté le mémoire. Mon collègue, qui est
codirecteur avec moi, est un Allemand. Alors, je le vois mal ici, en fait.
C'est un gars extraordinaire, mais il reste qu'il a un accent anglais-allemand
cocasse.
Abstraction faite de cela, les modifications seraient très
très limitées.
La modification majeure serait fondamentalement l'inscription des
élèves au sein du monde hospitalier, qui est encore un
cheminement logique. Il faut voir, en fait, des cas comateux, pour être
capable de les diagnostiquer. C'est sûr. Nous en voyons
déjà chez nous parce que nous avons une foule de méthodes
audio-visuelles mais il reste quand même que c'est limité. Vous me
permettrez d'ajouter que ce sont des limites fatales, inévitables,
conséquences malheureuses d'un ostracisme académique en bloc.
D'ailleurs, le mémoire est clair de ce
côté-là. J'ai en annexe ici trois citations qui sont
absolument significatives et je me permets de les lire à votre
attention. "By far the most important and truly epochal reforms in medical
education however followed the searching survey and report of Abraham Flexner
in 1910 to the Carnegie Foundation for the Advancement of Teaching. This report
shook medical education to its roots." Et c'est là l'important.
"Commercial and proprietary medical schools withered and died, standards of
medical education began to rise and financial support from foundations and
individuals was mobilized for medical education".
Evidemment, aussi, les fondations et les compagnies pharmaceutiques
versent des fonds absolument astronomiques. Or donc, pour répondre d'une
façon maintenant synoptique à votre question, les modifications
à apporter seraient simples. Le système vertical qui existe
actuellement à l'université Laval est le système le plus
adéquat de ce côté-là. Pourquoi? Le jeune
s'introduit dans le système, continue à monter jusqu'au moment,
évidemment, de sa spécialité et à un certain
moment, s'il juge, par exemple, que sa mentalité est plus vers la
recherche ou, en fait, continue en médecine, pourquoi pas? A ce
moment-là, il a simplement à continuer son ascension. C'est tout.
Il n'y a pas de marginalité. Cela veut dire que nous aurions des
praticiens qui seraient académiques et académiques avec toute la
splendeur du terme.
M. CLOUTIER (Montmagny): Advenant la réalisation de ce programme,
vous avez d'autre part aussi les médecins physiatres qui pratiquent et
dont, à un certain moment, le champ de pratique et celui des
chiropraticiens se rencontrent. Advenant une formation académique plus
poussée, peut-être l'élargissement de la formation
académique, comment verriez-vous la collaboration entre ces deux
professions?
M. HOULE: La question est valide, mais la réponse le sera
peut-être moins. Mais il reste une chose quand même. On dit que la
chiropratique a débuté en 1889, mais c'est fondamentalement faux
puisque, lors de mon voyage à
Florence cet été, j'ai photographié le Corpus
Medicorum Grecorum où on voit dans le bouquin, à chaque
photographie, embolé, qui veut dire replacement. La chiropratique a
été remise au monde, mais le principe était valide
à l'époque d'Hippocrate. C'est un fait. Parce que si ma
mémoire est fidèle, Hippocrate avait dit: "Regardez à la
colonne vertébrale pour la source de certaines maladies". Il y avait
déjà pensé, quoi. Mais c'est quand même un bonhomme
qui a procédé probablement un tantinet aussi d'Andrew Taylor
Still, qui a tout simplement mis en application les vieux principes de la
mécano-thérapie, enfin Hippocratique.
Depuis l'époque, quand on a eu tellement d'ostracisme, j'ai
inscrit au mémoire le mot psychose. C'est évident que, à
développer une science dans les pires conditions, on en devient
pratiquement lacéré mentalement. Pour prendre l'exemple de tout
à l'heure du député, notre cortex est un tantinet
frelaté. Je sais bien une chose. C'est que les années et les
efforts... Dans ma famille, cela fait 50 ans que nous nous battons pour une loi
et si j'avais mis cet effort, cette allure morale, mentale, intellectuelle
à la recherche, je vous prie de me croire que j'en aurais des bouquins
d'écrits. Non?
Donc, je me dis: Donnez-nous tout ce dont nous avons besoin au plan
académique et avec tout ce que cela comprend, nous serons en mesure,
peut-être pas de rejoindre le physiatre parce que ce dernier n'est pas
orienté vers la mécanothérapie avec l'orientation de
neuropathogénêse au sens de maladie. C'est un bonhomme qui fera
peut-être de la manipulation, mais fondamentalement, orienté
à la structure rachidienne ou, si on veut, à la structure
périphérique mais pas avec le but d'une thérapie
organique. Est-ce que j'ai répondu à votre question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Merci.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): Nous vous remercions, M. Houle, de vos
éclaircissements et nous allons entendre maintenant l'Association des
physiatres du Québec. C'est le Dr Ozkan qui est le porte-parole.
Association des physiatres du Québec
M. DUPUIS: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission parlementaire, j'aimerais d'abord vous présenter les gens qui
m'accompagnent. A ma toute droite le Dr Ozkan, qui est secrétaire de
l'Association des physiatres; à ma droite immédiate, le Dr
Jean-Pierre Brière, qui est le président de l'Association des
physiatres; à ma toute gauche, le Dr Pierre Archambault, qui est notre
consultant radiologiste; à ma gauche, le Dr Raymond Robillard, qui est
notre consultant neurologue, professeur à l'Université de
Montréal et ancien chef de service de neurologie à
l'hôpital Maisonneuve; et nous avons Me Roger David, notre procureur, qui
sera ici incessamment.
Nous avons présenté des commentaires sur deux projets de
loi, le projet de loi pour les physiothérapeutes, le bill 272, et le
projet de loi 269 sur la chiropraxie. Nous avions l'intention de concentrer nos
commentaires surtout sur le bill 272, mais, devant certaines affirmations qui
ont été faites, je pense que je dois rectifier certains
faits.
Si vous voulez, simplement quelques rectifications, après je
passe au bill des physiothérapeutes et nous aimerions répondre au
bill des physiothérapeutes avant de revenir sur la chiropraxie, si le
président le permet.
M. LE PRESIDENT: Pour l'information du journal des Débats, je
crois que vous avez omis de vous identifier vous-même.
M. DUPUIS: Je m'excuse, le Dr Michel Dupuis, je suis ancien
président de l'Association des physiatres, je suis professeur
agrégé à l'Université de Montréal et
responsable de l'enseignement de la physiatrie à l'Université de
Montréal, et chef du service de physiatrie à l'hôpital
Notre-Dame.
Simplement un point, ça me fait plaisir de voir que les
chiropraticiens reconnaissent qu'il y a des médecins qui font de la
manipulation, 1,800 en Allemagne, il y en a aussi ici, il y a l'Association
internationale de médecine manuelle, dont je fais partie, l'Association
nord-américaine des thérapeutiques manuelles, dont je fais aussi
partie avec plusieurs autres collègues.
Les médecins s'occupent depuis longtemps de manipulation
vertébrale et pas tout à fait dans la même optique que les
chiropraticiens. M. Bergeron soulignait que son travail était
sensiblement le même que le mien. Je ne suis pas tout à fait
d'accord. La préparation n'est certainement pas la même. La
préparation d'un physiatre c'est un cours de médecine, plus
quatre ans de spécialisation. Nous employons entre autres certains
outils qui sont les mêmes que ceux des chiropraticiens, mais, entre
autres, nous avons beaucoup d'autres méthodes de traitement que nous
employons après un diagnostic approprié.
J'aimerais aussi faire une rectification sur les fameux cours de fins de
semaine dont il a été fait mention à plusieurs reprises.
L'Université de Montréal organise chaque année, dans le
cadre de son enseignement postdoctoral, plusieurs cours de deux ou trois jours
dans différentes disciplines: en néphrologie, en cardiologie, en
physiatrie, en rhumathologie et jamais on ne prétend dans ces
cours-là former des rumathologues, des manipulateurs, des cardiologues.
C'est simplement un cours d'information pour ceux qui ne seraient pas au
courant tout à fait des indications, des contre-indications de certaines
techniques.
C'est un cours qui a simplement été présenté
entre d'autres, vu que nous nous occupons de manipulation. Cela a aussi
été présenté d'ail-
leurs à l'Université de Sherbrooke. L'Université de
Toronto donne des cours aussi sur les manipulations vertébrales.
Je veux aussi relever une citation qu'on a faite du volume de
Maigne.
M. LE PRESIDENT: Je crois que la procédure veut que vous vous en
teniez autant que possible à nous expliquer le mémoire que vous
nous avez soumis. Nous ne voudrions pas que ces discussions deviennent des
barres contradictoires. Ceux qui vous ont précédé ont
donné leur point de vue. Nous vous prierions s'il vous plaît de
bien vouloir donner le vôtre positivement.
M. DUPUIS: Je vous remercie. Je trouvais que c'était une
excellente introduction. Ce qu'on a cité dans le volume de Maigne, le
début de ma présentation commence avec ça: Qu'est-ce qu'un
diagnostic?
Qu'est-ce que c'est qu'un traitement? Qu'est-ce que c'est qu'un
symptôme? On parle de pré-cardialgie, c'est un symptôme qui
peut être causé par plusieurs diagnostics. Alors ça peut
venir d'un problème de la névrite intercostale, ça peut
venir d'une entorse costale, ça peut venir d'une maladie cardiaque.
Alors la différence entre ce que fait un physiatre et ce que fait un
chiropraticien et ce que fait peut-être une physiothérapeute,
c'est que le médecin pose d'abord un diagnostic et, après avoir
identifié la pathologie, tente d'y apporter une réponse. Cela
nous servira à démontrer les problèmes que nous voulons
soulever à l'occasion du bill 272 aussi parce que la
physiothérapeute traite aussi un symptôme comme le
chiropraticien.
Alors, pour sauter tout de suite dans le bill 272, nous avons voulu
rappeler, dans le mémoire, les conditions de pratique qui existent dans
la province de Québec pour les physiothérapeutes dans le moment.
La physiothérapeute travaille au sein d'une équipe de
réadaptation, généralement, équipe qui est
dirigée par un physiatre, dans la plupart des endroits, et elle pratique
aussi sur prescription médicale. C'est une exigence du conseil
d'accréditation des hôpitaux. C'est une exigence de l'Association
internationale de physiothérapie, tous les pays qui font partie du
Marché commun ont la même exigence. En fait il n'y a pas
d'exception dans le monde.
Donc, deux caractéristiques de la pratique de la
physiothérapeute: la prescription médicale et,
deuxièmement, la pratique à l'intérieur d'une
équipe sous direction médicale. Et, tout en étant content
qu'on ait enfin donné un bill reconnaissant l'exercice de la
physiothérapie, nous avons remarqué que dans ce bill il n'est pas
question de prescription médicale. Nous avons cru que c'était
probablement une erreur vu que ça s'est pratiqué toujours comme
ça dans le moment, mais au cas où ce ne serait pas une erreur,
nous avons voulu mentionner les effets que ça peut avoir, la
portée que ça peut avoir sur la pratique dans le moment.
D'abord, le physiothérapeute n'est pas qualifié pour poser
un diagnostic médical tout comme le chiropraticien. Nous croyons que le
physiothérapeute non plus n'est pas qualifié pour
déterminer un mode de traitement. Diagnostic n'égale pas
traitement x. On peut fort bien poser un diagnostic et que ça veuille
entraîner plusieurs sortes de traitements dépendant de
l'évolution du diagnostic, dépendant de la gravité du cas,
dépendant de l'âge du patient. Par exemple, si je prescris des
exercices à une femme de 82 ans, ce n'est pas du tout la même
chose que pour Jean Beliveau qui s'est cassé une jambe.
Alors, il y a des modifications thérapeutiques qui viennent selon
l'âge du patient, l'état du patient, les contre-indications,
l'état général, etc.
Nous avons voulu faire ressortir que si nous enlevons la prescription
médicale de la pratique de la physiothérapeute, elle n'est pas du
tout préparée à déterminer le diagnostic et,
deuxièmement, à déterminer la modalité de
traitement. Comment voulez-vous que nous prenions la responsabilité d'un
traitement que nous ne pouvons pas prescrire? A ce moment-là c'est le
transfert, ni plus ni moins, à un physiothérapeute d'un patient
que nous ne pouvons pas suivre. Si nous n'avons pas la possibilité de
déterminer le mode de traitement, d'en suivre l'évolution, de
modifier le diagnostic au cours de l'évolution, comment voulez-vous que
nous en gardions la responsabilité? Nous devons en avoir aussi la
direction du traitement, le contrôle médical. Autrement c'est
l'effritement de l'équipe de réadaptation. Si nous avons dans
l'équipe de réadaptation des gens qui décident de leur
propre traitement, l'un décide d'un traitement, l'autre décide de
l'autre traitement, ça va être l'anarchie la plus complète
à brève échéance. C'est le premier point que nous
avons voulu faire ressortir et je pense que c'est facilement
compréhensible pour tout le monde.
Un deuxième point que nous avons voulu faire ressortir, c'est
qu'il n'y a pas seulement les physiothérapeutes proprement dits qui
pratiquent actuellement. Il y a des gens qui font sensiblement le même
travail, comme les kinésithérapeutes qui sont des
immigrants de France ou de Belgique, des pays francophones qui ont
sensiblement la même formation, et dans les cas où il leur manque
certains éléments, on leur donne un cours à
l'Université de Montréal par les soirs, qui leur permettent de
compléter.
Il y a aussi des préposés en physiothérapie qui
travaillent dans les hôpitaux, qui sont des aides simplement, et aussi la
nouvelle catégorie de physiothérapeutes qui sortent des CEGEP
le premier groupe est sorti de Chicoutimi cette année qui
ont sensiblement le même cours que les physiothérapeutes, mais qui
s'appellent des techniciens en physiothérapie. Alors je crois qu'il ne
faut pas barrer la porte à tous ces gens-là car on en a
énormément besoin dans les hôpitaux.
Un autre point c'est que nous déplorons que
l'ergothérapie ne soit pas reconnue comme science à part,
qu'on en fasse partie intégrante de la physiothérapie parce que
c'est une discipline qui est réellement à part, selon nous.
Nous aimerions suggérer aussi aux législateurs de faire
une place aux prothétistes et orthétistes qui sont des membres
à part entière de l'équipe de réadaptation et qui
n'ont pas eu un bill comme les autres membres de l'équipe de
santé.
En résumé, premièrement, nous croyons que
l'obligation pour la physiothérapeute de ne traiter que sur ordonnance
médicale doit être maintenue, donc doit être ajoutée
dans le bill. Elle doit être sous contrôle médical à
l'intérieur d'une équipe. Deuxièmement, qu'on garde quand
même la place à ceux qui, dans les hôpitaux, pratiquent
déjà la physiothérapie sous une forme identique mais sous
un nom différent. Troisièmement, qu'on fasse aussi une place aux
ergothérapeutes ainsi qu'aux prothétistes et
orthétistes.
J'aimerais pouvoir répondre aux questions qui pourraient survenir
sur le bill 272 et par la suite revenir à la chiropraxie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
l'association pour ce mémoire. J'ai écouté attentivement
l'exposé du porte-parole et, pour le moment, je n'aurais pas de
questions; possiblement, d'autres membres de la commission ont des questions
à poser.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais une question. J'aimerais savoir quels professionnels,
quel groupe pourra être classé avec le groupe des
prothétistes?
M. DUPUIS: C'est le nom, prothétistes et orthétistes. Les
prothétistes sont les gens qui fabriquent les membres artificiels; les
orthétistes sont ceux qui fabriquent les orthèses,
c'est-à-dire les supports pour les membres paralytiques ou qui ont une
déficience fonctionnelle quelconque. Ce sont des gens qui
reçoivent actuellement un cours de deux ans; il y a l'Ecole de
prothèse et orthèse du Québec à Montréal; il
y a aussi une organisation canadienne qui donne des diplômes.
C'est une discipline assez bien structurée et qui a toujours
oeuvré à l'intérieur de l'équipe de
réadaptation.
M, GUAY: Cela ne comprendrait pas, si j'ai bien saisi, les
prothèses dentaires.
M. DUPUIS: Absolument pas, uniquement les prothèses de membres
comme une jambe ou un bras artificiels.
M. LAURIN: J'étais très heureux de votre remarque au sujet
de l'ergothérapie. Il me semble en effet, à moi aussi, que c'est
une discipline qui devient de plus en plus différente de celle de la
physiothérapie même si, au départ, l'enseignement
était donné par la même faculté. Est-ce votre
impression que les divergences entre ces deux disciplines s'accroissent de plus
en plus? Pourriez-vous nous spécifier le rôle, la fonction de
chacune?
M. DUPUIS: Oui, sûrement. Je prends l'Université de
Montréal comme référence. Les cours à l'Ecole de
réabilitation à l'Université de Montréal ont
débuté; on donnait un cours conjoint, un cours de trois ans, pour
les physiothérapeutes et les ergothérapeutes. Les deux
premières années étaient identiques et la troisième
était différenciée dans chacune des disciplines.
Graduellement, il y a sept ou huit ans, on en est venu à un cours
différent. Les sciences de base sont les mêmes, il y a des cours
conjoints dans les trois années mais il y a beaucoup plus de
diversification qu'un rapport de 2 à 1 comme il y avait autrefois. Le
rôle de la physiothérapeute, par exemple, est d'appliquer, sur
ordonnance médicale, une traction vertébrale, d'étirer
votre cou pour dégager une protrusion discale, appliquer de la
diathermie, faire des exercices pour renforcer un muscle, par exemple, alors
que le rôle de l'ergothérapeute est assez différent.
Alors que le physiothérapeute va renforcer vos muscles avec des
poids, l'ergothérapeute va employer des moyens qui relèvent
plutôt du travail; par exemple, vous allez faire frapper du marteau au
patient, vous allez faire scier du bois. Si vous avez une limitation du coude,
en sciant du bois vous ne vous en apercevez pas et vous étirez votre
coude graduellement. En d'autres mots, l'ergothérapeute s'occupe de la
fonction. C'est elle qui, par exemple, enseigne à
l'hémiplégique comment s'habiller avec une main, comment faire un
noeud de cravate avec une main, comment lacer un soulier avec une main. On
supplée à la fonction, autrement dit.
Le rôle de l'ergothérapeute se différencie aussi
dans deux domaines: en médecine physique ou physiatrie et en
psychiatrie. Il y a un rôle très important en psychiatrie que seul
l'ergothérapeute remplit; il n'y a pas de psysiothérapeute qui
travaille en psychiatrie comme tel.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Dubuc.
M. BOIVIN: Docteur Dupuis, est-ce que, par une radiographie de la
colonne vertébrale, on peut faire un diagnostic ou soupçonner
seulement un cancer de l'estomac ou du rein?
M. DUPUIS: Non, à moins qu'il n'y ait des métastases au
niveau de la colonne vertébrale.
M. BOIVIN: Est-ce profitable de faire un diagnostic précoce
lorsqu'il y a cancer?
M. DUPUIS: Il n'y a aucun doute qu'un
diagnostic précoce est essentiel. Cela rejoint une des raisons
pour lesquelles nous tenons à la prescription médicale. La
physiothérapie n'est pas apte à poser un diagnostic, à
choisir un traitement; elle va traiter un symptôme. Dans les cas de
précordialgie, les chiropraticiens vont faire une manipulation, le
physiothérapeute va appliquer de l'ultrason, sans faire de diagnostic.
Nous voulons d'abord faire le diagnostic. Si ça vient du coeur, nous
allons traiter le coeur. Si ça vient de la colonne, nous allons traiter
la colonne. Si ça vient d'un muscle, nous traiterons le muscle, tout
simplement. Alors, la physiothérapie est capable d'évaluer un
symptôme, d'évaluer une certaine perte de force musculaire, mais
c'est plus que ça, la médecine, quand même! Il faut pouvoir
trouver la cause et l'attaquer à sa base.
M. CASTONGUAY: J'aurais une question, M. le Président,
étant donné qu'on a soulevé la distinction à faire
entre l'ergothérapeute et le physiothérapeute. Cette question est
ressortie lorsque nous avons entendu, l'autre jour, une certaine série
d'organismes qui avaient présenté des mémoires sur le bill
touchant les physiothérapeutes. Je vois que vous venez ajouter votre
voix à celle pratiquement unanime qui avait été
exprimée lors de cette autre série d'analyses de
mémoires.
Sur ce point, je ne reviens pas, mais vous ajoutez qu'à votre
avis il serait utile et nécessaire, possiblement, de reconnaître
les orthésistes et les prothésistes. A ce sujet, je voudrais
simplement faire remarquer deux choses. Premièrement, nous voulons
être aussi prudents que possible dans la formation des corporations
professionnelles, d'autant plus que le mécanisme proposé par le
code des professions permettra à l'avenir, au besoin, sans
nécessairement passer par l'adoption d'une loi, la formation de
nouvelles corporations.
Etant donné l'ampleur des problèmes attaqués dans
cette phase-ci, il est difficile, en fait, de prévoir tous les gestes
qui pourraient être posés sur ce plan.
Deuxièmement, en ce qui a trait à la fabrication, nous
nous sommes interrogés longuement à savoir si, pour certains
types, il n'était pas préférable d'envisager, au besoin
par les professionnels eux-mêmes ou encore par d'autres moyens, des
contrôles de qualité sur les objets manufacturés.
Là, je comprends qu'on ne peut pas faire de règle
générale. Analyser la qualité d'un médicament n'est
pas la même chose, évidemment, qu'analyser la qualité d'une
prothèse. Je ne crois pas qu'il soit possible d'utiliser des
mécanismes de la même nature que pour les médicaments
où on peut procéder par échantillons, analyses chimiques,
etc., puisque chaque prothèse doit être, si je comprends bien,
fabriquée pour un cas bien particulier.
Mais, étant donné les diverses techniques qui peuvent
être mises en cause dans la fabrication d'une prothèse, nous nous
trouvons devant un problème assez difficile malgré tout.
Si nous voulons confier à un groupe professionnel un champ de
pratique lorsqu'il s'agit de fabrication, étant donné que
même s'il y a une personne qui joue le rôle premier dans la
fabrication d'une prothèse, elle peut faire appel à bien d'autres
personnes.
Je suis allé visiter, par exemple, l'école de
prothèses. Je suis allé à l'Institut de
réhabilitation et, justement, j'ai vu combien de personnes pouvaient
participer à une telle fabrication. Finalement, à ce moment-ci,
nous en sommes arrivés à la conclusion qu'établir des
mécanismes de contrôle de qualité, cela ne serait pas
applicable comme on peut le faire du côté d'autres produits, comme
les médicaments. Reconnaître une profession... non pas
reconnaître une profession, car elle existe et elle est reconnue et
utilisée, mais lui confier un champ de pratique présente d'autres
dangers et pourrait créer une situation extrêmement difficile.
Avant de poser un tel geste, il nous faudrait voir beaucoup plus
précisément ce que cela apporterait de plus et pour la protection
de ceux qui reçoivent ces prothèses et pour la protection de ceux
qui les fabriquent.
C'est la raison pour laquelle jusqu'ici nous n'avons pas bougé.
Cela n'est pas une indication que nous considérons ces personnes comme
n'étant pas aptes, comme ne se situant pas à un certain niveau
par rapport à d'autres groupes. Mais ce sont vraiment les raisons qui
nous ont motivés à ne pas présenter de projet de loi
à ce moment-ci.
M. LAURIN: Est-ce que ce raisonnement que vous venez d'élaborer
vaut pour les ergothérapeutes?
M. CASTONGUAY: Quant à l'ergothérapeute donnant des
traitements, je crois que nous devrons procéder comme pour les
physiothérapeutes, avec une loi. Il nous reste encore à faire un
examen. Nous avons eu les mémoires. Nous les avons
étudiés. Je crois que des modifications s'imposent au projet de
loi sur la physiothérapie. Je crois aussi qu'il sera nécessaire
de distinguer les ergothérapeutes des physiothéra-peutes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Dr Dupuis, en dehors de la nécessité du
diagnostic, dites-nous ce que vous pensez de la chiropratique? Est-ce que vous
acceptez la chiropratique comme un système thérapeutique ou si
vous y portez des réserves même dans le traitement, même
comme système thérapeutique?
M. DUPUIS : Je ne voudrais pas mélanger les deux choses.
J'aimerais mieux répondre à d'autres questions sur la
physiothérapie, s'il y en a, si vous le permettez, M. le
Président, pour revenir à la question par la suite.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous allez revenir sur cette question lors
de la deuxième partie de votre mémoire?
M. DUPUIS: Dans quelques minutes, s'il n'y a pas d'autres questions sur
la physiothérapie.
M. LE PRESIDENT: C'est la dernière question, je crois, de toute
façon. Vous pouvez répondre, s'il vous plaît?
M. DUPUIS: Si vous voulez, j'aimerais commencer par une petite
représentation sur la chiropratique et après je répondrai
à la question.
D'abord, j'ai dit un peut l'essentiel de notre philosophie sur la
chiropraxie, il y a quelques minutes. La chiropraxie veut traiter un
symptôme par un système universel, un système uniciste. Il
y a une cause à toutes les maladies. C'est un pincement
vertébral. On nous dira que ce n'est pas tout le monde qui pense cela,
mais on a plusieurs publications à l'annexe de notre mémoire qui
disent que c'est la théorie.
En fait, il y a des patients qui sont soulagés, d'accord. Ils
sont soulagés par la manipulation vertébrale qui peut être
indiquée dans certains cas. Si un garagiste commence par changer au
hasard le carburateur à toutes les autos qui vont chez lui, il est
sûr qu'il y en a quelques-unes qui vont être
améliorées, parce que certaines ont besoin d'un carburateur
neuf.
Si vous allez chez un médecin qui donne seulement de la
pénicilline à tous les patients, il va en guérir 10 p.c,
sans se préoccuper de poser un diagnostic. Parce qu'il y en aura 10 p.c.
qui auront peut-être une infection de la gorge, une gonorrhée ou
je ne sais quoi... avec n'importe quelle forme de traitement. C'est ce qu'on
nous propose en chiropratique. On a une modalité de traitement, on veut
voir les malades en première ligne, on veut essayer sa modalité
de traitement, si ça ne va pas, on l'envoie chez le médecin.
Je pense qu'on est mieux de commencer à l'inverse. Essayer
d'établir un diagnostic. On a des gens qui ont été
formés pour établir un diagnostic et après,
déterminer la modalité de traitement.
Si ça prend de la physiothérapie, on fera de la
physiothérapie. Si ça prend des manipulations vertébrales,
on fera des manipulations vertébrales. Si ça prend de la
pénicilline, on donnera la pénicilline.
Admettons qu'on rejette la théorie uniciste et qu'on dit: Le
chiropraticien va pratiquer comme tout médecin. Pourquoi faire un
deuxième groupe de médecins, à ce moment-là? Il
pourrait bien nous arriver, la semaine prochaine, un autre groupe qui dirait :
Nous autres nous avons découvert l'arme thérapeutique, c'est la
radiothérapie. On va voir tous les patients en première ligne et
on va les traiter à l'aide de la radiothérapie. Si ça ne
marche pas, ils iront voir le médecin. Cela n'a plus de fin. Je pense
qu'on est dans une position illogique, des deux côtés.
Or, il faut différencier les manipulations vertébrales,
qui sont une arme thérapeutique valable après qu'un diagnostic a
été posé et entre des mains expertes, et la chiropraxie
qui veut faire des manipulations vertébrales un système universel
de traitement qu'on applique à toutes les maladies ou qu'on essaie sur
toutes les maladies, si on croit que ce n'est pas toutes les maladies qui
peuvent en bénéficier.
C'est une distinction qui est importante. Pour s'assurer que cette
distinction est bien faite, si on veut réellement légaliser la
chiropraxie ou légaliser les chiropraticiens je pense qu'il y a
une différence il faut s'assurer, quand même, d'un
contrôle médical. Si on veut absolument légaliser cela,
bien, que le patient voie le chiropraticien après qu'un diagnostic aura
été posé par un médecin, sur prescription ou
référence médicale. Je pense que la logique nous conduit
vers cette position-là. C'est l'essentiel.
M. BOIVIN: Est-ce que vous prescrivez des manipulations,
vous-mêmes?
M. DUPUIS: Je les fais moi-même, les manipulations. Maintenant, si
j'avais un technicien qui peut les faire très bien, je ne dis pas que je
ne les prescrirais pas.
C'est une position qu'il faut quand même nuancer un peu.M.Maigne
qu'on a cité prétend qu'on doit toujours les faire
soi-même, parce que le type de manipulations varie selon l'examen qu'on
vient de poser antérieurement. La manipulation peut être
différente selon l'examen du malade qu'on vient de faire. Ce n'est pas
la même manipulation aujourd'hui que la semaine prochaine sur le
même malade. Si on adhère à cette théorie, on doit
faire les manipulations soi-même. Il reste qu'en Angleterre, par exemple,
où j'ai fait une partie de mes études et où j'ai appris
à faire des manipulations vertébrales, on les fait faire sur
prescription par des physiothérapeutes, dans certains endroits, pas
partout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Docteur, actuellement, même si les
chiropatriciens n'étaient pas légalisés, est-ce que les
médecins référaient en certains cas aux
chiropraticiens?
M. DUPUIS: Dans le moment?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. DUPUIS: Je ne le sais pas. On dit qu'il y a certains médecins
qui font des échanges de patients avec les chiropraticiens. Cela a
été mentionné ici. Maintenant, je ne sais pas si ça
se fait. Je peux dire une grande majorité des problèmes de
colonne que je vois ont été vus par des chiropraticiens, mais ne
me sont pas référés par eux. Les gens sont venus me voir
parce qu'ils n'ont pas été soulagés.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres questions? Cela termine
votre exposé, je suppose, docteur? Nous vous remercions et nous allons
passer maintenant au groupe suivant, l'Hôpital Sainte-Justine et Montreal
Children's Hospital.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
Hôpital Sainte-Justine et Montreal Children's
Hospital
M. LASALLE: M. le Président de la commission, M. le ministre,
messieurs les députés, je m'excuse de me présenter
d'abord. Je voudrais présenter mes compagnons à la fin, dans
quelques minutes.
Mon nom est Roger Lasalle. Je suis pédiatre à
l'hôpital Sainte-Justine. Depuis au-delà de 30 ans, le
législateur s'est vu aux prises annuellement avec le problème de
la chiropratique. Faisant preuve de sagesse et de clairvoyance, il en a
toujours refusé la légalisation, soumettant même le
problème à des enquêtes sérieuses. Cette
année, cependant, le problème revêt une acuité
particulière, puisque, par le bill 269, on reconnaîtrait les
chiropraticiens comme des dispensateurs de soins, donnant ainsi un air de
respectabilité à leurs manipulations mystérieuses.
En parlant de la chiropratique, en 1948, le juge Marier, après
enquête sérieuse, la qualifiait de vaste fumisterie. Elle ne l'est
pas moins en 1972, bien qu'elle soit devenue un peu plus audacieuse. Devant le
danger, le Collège des médecins, encore une fois, a réagi.
A sa suite, et réalisant l'effet particulièrement néfaste
que la légalisation de la chiropratique aurait sur les enfants, les
bureaux médicaux des deux grands centres de pédiatrie de la
province, l'hôpital Sainte-Justine et le Montreal Children's Hospital,
ont préparé un mémoire, dont vous avez tous reçu
une copie et que vous avez sans doute tous lu.
Ces deux institutions universitaires ont acquis, dans le domaine de la
prévention et du traitement des maladies de l'enfance et de
l'adolescence et, par voie de conséquence, dans le domaine de la
recherche et de la lutte contre la mortalité infantile, une
renommée nationale et internationale, qui fait honneur aux deux
universités qui les accréditent et qu'elles servent depuis plus
de 75 ans.
Quelques membres des bureaux médicaux de ces deux hôpitaux,
ainsi que des conseillers, sont ici présents pour vous résumer
rapidement ce mémoire, répondre à vos questions et ajouter
quelques commentaires, s'il y a lieu. J'aimerais vous les présenter.
A ma droite immédiate, le Dr Calixte Favreau,
orthopédiste, qui pratique l'orthopédie pédiatrique depuis
bientôt 40 ans.
A la droite du Dr Favreau, le Dr Martine Ethier, radiologiste
pédiatrique à l'hôpital Sainte-Justine. Le Dr Ethier, de
par sa profession et ses fonctions, voit â améliorer les
techniques radiologiques. Il est assez curieux de voir, dans certaines annonces
de journaux payées par les chiropraticiens, qu'on offre gratuitement des
radiographies tandis que, dans les hôpitaux pédiatriques, on
essaie de les limiter au minimum, parce qu'on sait que les radiations sont
dangereuses.
A ma gauche, le Dr Murray Katz, qui travaille à la Clinique
communautaire de Pointe Saint-Charles et qui, depuis quelques années,
s'est penché sérieusement sur les conséquences
socio-politiques de la chiropratique, là où elle a
été légalisée, c'est-à-dire dans les
provinces canadiennes et aux Etats-Unis. Il a fait des enquêtes
poussées sur les demi-vérités, ou plus fréquemment,
si vous me passez l'expression, sur les franches faussetés que les
chiropraticiens servent régulièrement à la population, sur
la valeur de leur cabale.
Je passe donc immédiatement la parole au Dr Favreau.
M. FAVREAU: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés. Le mémoire qui est entre vos mains depuis
plusieurs mois et que vous avez déjà rapidement parcouru comprend
trois parties qui exposent clairement, du moins nous l'espérons, les
raisons qui nous obligent à nous opposer fermement au bill 269, Loi sur
la chiropraxie, dans sa présentation actuelle.
Dans l'ensemble, nous avons tenté de vous démontrer que la
chiropraxie n'est pas ce que les tenants de cette théorie
pseudo-médicale essaient de faire croire à la population. La
première partie du mémoire vous paraîtra comme une
répétition inévitable de tout ce qui a été
écrit des douzaines de fois, dans les numéros et les
mémoires spéciaux qui ont abordé l'aspect scientifique et
moral de la chiropraxie, en commençant par sa définition.
Cette première partie était quand même
nécessaire pour situer le problème et comprendre ce
phénomène, à base de crédulité, d'ignorance,
de demi-vérité, de demi-fausseté qui a permis à des
non-médecins n'ayant pas étudié la médecine,
n'ayant aucune accréditation universitaire, reniant les plus grandes
découvertes de la science médicale, de devenir graduellement des
pseudos-médecins offrant leurs services aux diabétiques, aux
cancéreux, aux hypertendus, aux leucémiques, aux
épileptiques. Voir les pages 54 et 55 de notre mémoire.
La partie 2 du mémoire contient les sources de notre
documentation, c'est-à-dire les références et les
citations qui justifient et prouvent ce que nous avons avancé. La partie
3 étale les photocopies de quelques spécimens publicitaires. On y
trouve des commerciaux parfois amusants, parfois grotesques, parfois
préten-
tieux, mais toujours dangereux. Ce mémoire devrait ajouter une
note symphonique concordante dans ce concert d'informations, de protestations
et de suggestions que cette commission entendra. Aux deux
extrémités de la vie, il y a deux groupes d'individus plus
vulnérables aux incroyables audaces des exploiteurs de ce système
farfelu. Ces deux groupes sont les enfants et les personnes âgées.
Tous deux ont besoin d'être mieux protégés parce qu'ils
sont bien moins informés, moins expérimentés, ou encore
plus ébranlés et déjà menacés par les
conséquences du vieillissement.
Fort heureusement, contre les assauts de ces faux médecins, les
personnes âgées ont récemment trouvé un puissant
défenseur, le gouvernement américain. Evidemment, il était
anormal que la réaction vienne du côté où les abus
de législation avaient été les plus audacieux. La
réaction est venue avec la mise en application de la première
tranche du plan d'assurance-santé américain. En effet, en 1968,
nos voisins n'ont pas accepté d'inclure les services des chiros dans
leur plan d'assurance-santé pour les personnes âgées. Cette
sage décision a été prise à la suite d'une
opposition massive de la part de ceux qui, quelques années auparavant,
avaient réclamé l'utilisation des manipulations chiropratiques.
Mentionnons le puissant syndicat des facteurs, The Letter Carriers, l'American
Federation of Labor, Health Insurance Council of America, Consumers Federation
of America, National Council of Senior Citizens, AFL-CIO et bien d'autres. Vous
trouverez encore une fois toute cette documentation dans notre
mémoire.
Après une longue enquête, ces groupes que je viens de
nommer ont reconnu qu'ils avaient été trompés et ils n'ont
pas hésité à corriger une erreur qui leur avait
déjà coûté beaucoup trop cher. Toutes les sources de
ces informations couvrent dix pages de notre mémoire, de la page 74
à la page 83. Nous osons croire que le gouvernement de notre province
aura pour la sécurité de ses personnes âgées autant
de respect et de perspicacité que le gouvernement américain.
A l'autre extrémité de la vie, il y a les enfants et les
adolescents. Ils sont incapables d'apprécier l'inutilité et les
dangers d'un système aussi complexe, aussi mystifiant que la chiropraxie
avec tout ses pièges. Ils n'ont pas assez vécu. Ils ne sont pas
assez libres pour exercer leur jugement dans le sens le plus rationnel.
Vis-à-vis du meilleur chemin à prendre pour prévenir les
maladies, ils sont à la merci du degré d'intelligence, du
jugement bon ou douteux de leurs parents, de la qualité des lois
sociales qu'on a préparées pour eux.
C'est en pensant aux enfants et aux adolescents de notre province,
à leur droit à recevoir les meilleurs traitements connus quand
ils sont malades, à leur droit à bénéficier des
meilleurs services de prévention, d'immunisation, de
réhabilitation que la pédiatrie a préparé ce
mémoire.
Les traitements proposés et utilisés chez les enfants par
les chiros sont non seulement farfelus et inutiles mais ils sont dangereux. Les
infirmières de santé publique ont eu le courage et la
probité de l'inscrire à la première ligne de leur
mémoire. Malheureusement, leur mémoire ne sera pas entendu ici
aujourd'hui mais il est quand même entre vos mains. Et ce mémoire
s'intitule: "Mémoire des infirmières de santé publique et
contre la chiropraxie, un danger public." Le plus grand malheur qui pourrait
arriver à nos enfants serait que leur gouvernement sanctionne par
l'adoption d'un bill complaisant et mal informé le plus grand canard
médical des temps modernes et que l'on continue à autoriser les
examens radiologiques inutiles dont ils sont les innocentes victimes. Ce serait
un autre malheur de briser par une loi rétrograde l'enthousiasme des
médecins pédiatres...
Il s'agit de ces spécialistes vers lesquels même les
députés courent quand la vie de leurs enfants et de leurs
petits-enfants est menacée. Les perturbations de santé des
enfants des électeurs sont tout aussi importantes.
Le vaccin contre la polio a été péniblement
découvert et mis au point pour tous les enfants de la terre. Sa valeur
est incontestable. Cependant, les manuels d'enseignement utilisés dans
les collèges de chiropraxie affirment le contraire, voir page 23 de
notre mémoire.
On entend souvent des gens dire: Légalisons le système, et
les abus disparaîtront d'eux-mêmes. D'abord, la légalisation
n'est pas un brevet de science. Elle ne transforme pas une fausseté
scientifique en une vérité scientifique. C'est une charrette
à laquelle il manque trois roues, où les hommes de science et
pour tous ceux qui cherchent la vérité, cette affirmation
résulte de l'évidence même.
Ne nous demandez pas de prouver cette évidence. L'évidence
ne se prouve pas. Cependant, nous pouvons prouver que la légalisation
n'a rien amélioré dans ce système. En Ontario, par
exemple, où on a légalisé la chiropraxie depuis longtemps,
la Canadian Chiropractic Association fabrique et distribue à la tonne
des dépliants publicitaires comme celui que vous trouverez sur vos
bureaux tout à l'heure. Un dépliant publicitaire comme ceci
publié en Ontario, là aussi légalisé depuis
longtemps, c'est une honte.
Cependant, cet autre dépliant imprimé aux Etats-Unis a
été trouvé à Montréal dans un bureau de
chiro, dans le Québec, où la chiropraxie n'est pas
légalisée; une tolérance bienveillante permet la diffusion
massive de dépliants mensongers de l'action chiropratique, dont voici le
no 25 et le no 36, qui s'intitulent: Rhumes, grippes, maux de gorge, amygdales,
et celui-ci: Maternité-enfant.
La légalisation de la chiropraxie a toujours été
une question de politique locale. La province de Québec est un des pays
sages il en reste encore, paraît-il qui ont refusé
de légaliser la chiropraxie. D'ailleurs, tous les pays, tous les
Etats qui ont eu la décence de demander l'avis de la science et
de la sagesse ont reculé devant cette mesure rétrograde. Et c'est
ainsi que la France, la Louisiane, l'Etat du Québec ont
évité de se compromettre.
La législation française du 29 janvier 1972 sur la
chiropraxie se résume comme suit et se termine comme suit: "La
chiropraxie constitue une conception non scientifique de traitement; elle
constitue aussi sur le plan de la santé publique un danger
incontestable. Dans ces conditions, il ne saurait être question
d'autoriser la pratique de cette théorie dans notre pays." Là
où on n'a pas demandé ou refusé de suivre les conseils de
la science et de la sagesse, on a légalisé sans connaître
la qualité de ce qu'on légalisait. C'est ce qui s'est
passé malheureusement un peu partout. Cependant, même si nous
sommes aussi profondément convaincus de la fausseté de leur
théorie, nous voudrions bien leur témoigner une certaine
sympathie en tant que concitoyens et travailleurs. Malheureusement, la simple
probité scientifique nous oblige à reconnaître que la
position illégale où ils se sont eux-mêmes placés
malgré tous les avertissements qui leur ont été
prodigués par tous les gouvernements qui se sont succédé
depuis 30 ans, ne leur crée pas des droits. Il faut aussi
reconnaître que l'intérêt public doit avoir le pas sur
l'intérêt privé d'un groupe d'hommes relativement
restreint, si remuant et si audacieux soit-il.
Il y a aussi et surtout le fait qu'une importante tierce partie se
trouve introduite dans le débat depuis l'avènement de
l'assurance-maladie.
En effet, jusqu'à maintenant, leur action était une
question d'entente entre le chiro qui offrait sa marchandise et le client qui
la payait. Tant pis pour celui qui se faisait rouler. Le problème qui
nous confronte aujourd'hui est un peu différent. Entre le chiro et le
client il pourrait y avoir des contribuables. Il pourrait y avoir la masse des
gens qui considèrent les chiros comme des dispensateurs de traitements
inutiles et souvent dangereux.
Et l'on pourrait les obliger à payer tout cela? Non. Nous
comprenons que les membres de cette commission parlementaire hésiteront
entre les exigences de leur conscience, les pressions qu'ils subissent, et la
meilleure solution à apporter à une vieille controverse. Comment
plaire à Dieu et au diable en même temps?
Quelle modification apporter à ce bill 269 pour l'accorder avec
la morale et la vérité et lui donner en même temps un petit
air de justice? Quand même, il faudrait bien que le législateur de
notre province se décide un jour à faire son choix entre les
médecins et les faux frères de la médecine,
c'est-à-dire ce qu'ils ont appelé eux-mêmes tout à
l'heure une médecine parallèle. Comme pour le mari à deux
femmes, le fardeau amoureux et le fardeau financier deviendront un jour trop
lourds. Il lui faudra alors ou bien renvoyer la légitime,
c'est-à-dire fermer les facultés de médecine ou bien
renvoyer la demi-mondaine et fermer la porte aux intruses.
Cette hésitation entre la vérité scientifique et
les demi-faussetés et les demi-vérités ne peut durer
indéfiniment. Les Anglos-Saxons ont une belle expression pour donner un
peu d'espérance à ceux qui sont dégoûtés par
les situations de ce genre: You may fool somebody sometimes, but you cannot
fool everybody all the time. A ce sujet, deux grands journaux de
Montréal, The Montreal Star et The Montreal Gazette, ont
présenté une information éditorialiste honnête,
lucide et impartiale que nous approuvons. Il y a aussi deux hommes
éminents un historien et un juriste, qui se sont penchés sur ce
problème et on rédigé le texte d'un modèle de bill
que nous avons trouvé raisonnable et probablement acceptable par toutes
les parties.
Ce projet de bill a été préparé par le Dr
Bates, professeur d'histoire de la médecine à l'Université
McGill, et le juriste Trebelco, spécialiste dans la législation
des services de santé et professeur à la faculté de droit
de l'Université de Toronto.
Messieurs les commissaires, je m'excuse d'avoir cru bon d'appeler les
choses par leur nom et je vous remercie de votre bienveillante attention.
M. LASALLE: Je voudrais maintenant passer la parole au Dr Martine
Ethier.
M. LE PRESIDENT: Vous avez dépassé 20 minutes maintenant,
est-ce que ça ne serait pas mieux que le Dr réponde à des
questions?
M. LASALLE : Nous croyons que l'apport du Dr Ethier est important
à la discussion.
M. LE PRESIDENT: Combien de temps cela prendra-t-il?
MME ETHIER: Je pourrais résumer la présentation en
quelques phrases, si vous voulez, en deux minutes.
M. LE PRESIDENT: D'accord, même cinq minutes si vous voulez, mais
pas plus.
MME ETHIER: Je parle au nom des bureaux médicaux des deux
hôpitaux et en tant que médecin spécialisé en
radiologie pédiatrique. Les considérations dont je veux vous
faire part sont primordiales dans le sens de la protection du public et de la
population infantile en général. Je pense que tous parmi vous
sont conscients que, durant les vingt dernières années, tous les
savants, et en particulier les médecins, se sont penchés sur les
dangers inhérents à l'irradiation. Ceci a permis à
l'United States' Food and Drug Administration de conclure un récent
mémoire en disant que l'exposition des organes reproducteurs humains aux
radiations pour fins médicales, considérée
comme dangereuse pour les générations futures, a
été réduite de 33 p.c. depuis 1964.
Ceci est dû à l'action continuelle et à
l'éducation que les radiologistes pédiatriques en particulier et
les radiologistes en général à travers les Etats-Unis,
à travers l'Europe et à travers le monde entier ont poursuivies.
Vous êtes conscients que l'enfant représente, pour les radiations,
l'individu ou la portion de la population la plus sensible. Plus l'enfant est
jeune, plus ses organes sont sensibles aux radiations, et s'il s'agit d'un
foetus et d'une femme enceinte, le problème est encore beaucoup plus
grave.
Nous considérons donc qu'il est absolument criminel de soumettre
la population infantile et les femmes enceintes à une irradiation
inutile dans le sens de radiographies qui ne sont absolument pas
indiquées lorsqu'elles relèvent d'une médecine
préventive basée sur des faussetés. Nous savons que la
conscience des chiropraticiens à ce sujet est très
élastiques. Il y a des annonces, de la publicité et même,
au canal 12 le 5 octobre, il y aura une émission
télévisée. Ils ont assez peu conscience des dangers
inhérents aux radiographies qu'ils pratiquent très largement chez
tous leurs patients, même de façon préventive.
J'aimerais vous dire que les radiologistes n'agissent pas ici pour leur
intérêt personnel. On peut leur offrir de collaborer avec les
chiropraticiens, de faire les radiographies, d'être payés et de
les interpréter, mais ils le refuseront d'emblée.
M. LASALLE : Pour permettre une meilleure distribution des questions,
j'aimerais compléter la présentation, j'en ai oublié. A
l'extrême gauche, le Dr Pierre Archambault, radiologiste, qui agit ici
comme conseiller; le Dr Raymond Robillard, radiologiste, et le Dr Robert
Gladhill, chirurgien orthopédique-pédiatrique à
l'hôpital Montreal Children's.
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous voyons, je pense, assez
clairement le type de questions extrêmement difficiles qui nous
confrontent. J'aurais, après cette présentation, quelques
commentaires à faire. Je dois dire que j'ai lu très attentivement
le rapport du juge Lacroix. Je l'ai rencontré à quelques
reprises, au cours des années, pour discuter avec lui de son rapport et
ce n'est qu'après cette lecture, ces rencontres que ce projet de loi a
été déposé.
Ce n'est pas uniquement à partir de considérations qui
peuvent constituer une copie servile de ce qui peut être fait à
l'extérieur, dans d'autres provinces, par exemple. Le juge Lacroix a
fait un travail sérieux, il s'est interrogé longuement et il est
arrivé à un certain nombre de conclusions. On peut lire les
motifs pour lesquels il est arrivé à ces conclusions dans son
rapport. Je crois utile de rappeler que j'ai lu ce rapport, je l'ai
étudié attentivement et j'ai rencontré le juge Lacroix. Je
ne veux pas reprendre toute l'argumentation de ce rapport, tout le contenu, je
ne serais pas capable de le faire de mémoire, mais je tenais à
l'indiquer.
Il y a également un autre point qui mérite d'être
clarifié, c'est le suivant: Il n'est pas question je l'ai
déjà dit à quelques reprises à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère ou à d'autres
occasions de couvrir par le régime d'assurance-maladie, par le
fait même qu'un tel projet de loi pourrait être adopté, les
services rendus par les chiropraticiens. Ce sont deux questions distinctes. On
ne doit pas s'écarter de l'étude de ce projet de loi pour y
introduire l'autre dimension, qui est une considération tout à
fait différente.
J'ai eu également, à l'occasion de conférences
fédérales-provinciales ou à l'occasion de
conférences interprovinciales, le loisir de discuter cette question avec
les ministres responsables de la santé dans les autres provinces et je
me suis informé de la façon dont les choses y fonctionnent. Je
crois qu'il est juste de dire que de façon générale les
autres provinces ne considèrent pas nécessaire de retirer les
lois qui existent pour mieux protéger la santé de leur
population. On peut regarder la question et dire que le Québec est en
voie de copier les autres provinces. On peut le prendre aussi de l'autre
côté, sans reprendre l'analyse de la question comme le juge
Lacroix l'a fait. Mais, si on se place uniquement sur le plan d'une comparaison
avec les autres provinces, on peut retourner cette question et se demander si
vraiment, après une période comme celle qui a été
vécue dans les autres provinces, les dangers tels que ceux que l'on
expose en adoptant ce type de projet de loi, s'il n'y aurait pas lieu de
retirer les lois qui ont déjà été
adoptées.
Une loi n'est pas permanente et, comme on l'a souligné, les
droits acquis ne s'acquièrent pas simplement par la
répétition d'actes illégaux.
Si ça fonctionne dans un sens, ça fonctionne
également dans l'autre, à mon sens. J'aurais un commentaire
personnel; peut-être qu'il ne sera pas bien reçu, mais je crois
nécessaire de le faire. La médecine comprend aujourd'hui une base
scientifique et c'est très clairement évident. Elle comprend
aussi une certaine partie qui lui vient de ses origines et qui fait que c'est
également, en plus d'une science, un art. Nous en avons des
manifestations couramment. Qu'on ne songe qu'à la difficulté de
faire des diagnostics, qu'on songe aussi à la difficulté de faire
des traitements, qu'on songe à l'utilité de faire de la recherche
constante pour préciser ou confirmer ce qui a pu être
trouvé d'une façon plus empirique.
De la même façon, je ne crois pas qu'on puisse aborder ce
débat entre la chiropraxie et la médecine purement sur un plan
scientifique. Evidemment, à partir du moment où nous nous
déplaçons sur un terrain autre que le terrain de la science
je crois qu'on doit le faire dans une certaine mesure nous
entrons dans le domaine des jugements de valeur. C'est extrêmement
difficile et j'en suis très conscient.
Enfin, j'ai aussi une autre remarque à faire face au
mémoire qui vient de nous être présenté. Je dois
dire que, dans toute cette situation qui se présente à nous et
qui est extrêmement difficile, il me semble et c'est une
impression que si, parfois, dans le passé, la médecine
avait réagi plus rapidement vis-à-vis de certaines
découvertes, il y aurait eu moins de tendances pour certains groupes
à se cantonner à l'écart de la médecine. Je pense
que tous en auraient bénéficié. Je fais cette remarque,
mais elle n'a aucune valeur; c'est uniquement une impression, puisque le
passé est passé et qu'il n'est pas question de blâmer les
médecins qui ont difficilement accepté, dans le passé, de
nouvelles découvertes. Je comprends que leur responsabilité soit
extrêmement grande et que l'on veuille hésiter vis-à-vis
des nouvelles découvertes avant de les utiliser, compte tenu du fait que
ce sont des vies humaines qui sont en cause. Il n'en demeure pas moins que ce
lent processus de la profession médicale devant certaines
découvertes qui se sont avérées scientifiquement valables
et extrêmement bénéfiques pour l'humanité a pu
contribuer à faire en sorte que certains groupes se sont placés,
en réaction, à l'écart de la médecine. Cela nous
place évidemment tous, aussi bien les personnes en cause que la
population et la médecine elle-même, dans une situation difficile.
Quant à moi, c'est dans cet esprit que j'aborde cette question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: J'aurais deux questions à poser aux membres qui se
sont présentés devant la commission. Quel est le statut des
écoles de chiropratique où les chiropraticiens ont
été légalisés, envers les hôpitaux, par
exemple, et envers les universités?
Je vais poser, tout de suite, ma deuxième question et vous
répondrez, ceux qui pourront le faire. Comment expliquez-vous que tant
de personnes vont voir le chiropraticien?
M. KATZ: I am sorry, but I will have to speak in English. J'ai
commencé à travailler dans une communauté, à
Pointe-Saint-Charles, mais je ne parle pas assez français pour expliquer
ça.
I would like to make very clear that a lot of false informations has
been given this commission regarding the status of the chiropractic schools.
The following facts should be brought to your attention. One, in the United
States, after 50 years of chiropractic schools there, not a single chiropractic
school has ever been accredited by the US Office of Education.
As late as May 1972, the Bureau of Academic Degrees classifies the
degree of Doctor of Chiropractic as counterfeit.
There is no recongnized chiropratic school in all of the United States
by any university. In Canada, I refer you to the supplementary material I gave
you in which you will find that the chiropractors told you two things: They
told you that the University of Saskatchewan approves their courses. This is
not true. And in a supplementary material which I gave you, number 8, you will
find a statement from the dean of University of Saskatchewan saying they
exercise no control and no recognition of a chiropractic education
whatsoever.
In the province of Ontario, where the Canadian Memorial Chiropractic
College has existed for 25 years, I refer you to the second page of number 8,
where you have in French a statement by the Minister of Health of the province
of Ontario, which says: ...
M. LASALLE: "J'aimerais vous faire remarquer que le Canadian Memorial
Chiropractic College n'est pas un établissement reconnu par l'Etat et ne
reçoit aucun appui du gouvernement de l'Ontario. Les diplômes
qu'il confère sont ses propres diplômes et ne sont
approuvés d'aucune façon par notre service des collèges et
universités. Le collège est entièrement financé par
les chiropraticiens en exercice et les frais d'étude payés par
les étudiants."
MR. KATZ: Fine. Now, you also heard today that in the United States,
chiropractors and doctors, medical students write the same exams in all the
States, this was a previous presentation and that the chiropractors do better
than the medical students. I refer you to article 5 in the supplementary
material which I provided you, which says that chiropractors and medical
students write the same basic science exams in only five States. The
chiropractors oppose writing the same exams, because where they do, 81.4 p.c.
of chiropractics students fail those exams.
The simple fact is that there is no accredited chiropractic school in
North America. The Canadian Memorial Chiropractic College in Toronto is not
recognized by the same government which pays the Medicare fees. If you start a
chiropractic school in Québec, it will take you, I do not think you will
ever get Government acceptance from the Department of Education. You can get a
legal acceptance but you will never get it accredited a credit as education. As
far as Judge Lacroix and legalization, this is a pamphlet put out by the
Canadian Chiropractic Association. You have it and it is called "Children". Now
what control is there in Ontario? In this pamphlet, chiropractors offer
treatment for regurgitation, for vomiting, colic, bed-wetting all of childhood
diseases. This is their association. The chiropractor believes and has always
believed that all of diseases can be in one way helped or prevented or treated
by the nerves coming out of our back.
This pamphlet shows two total body X-rays of a child for bed-wetting. No
medical person, would ever order such an X-Ray. Now, if you want to know why so
many people go to chiropractors, let me explain it very simply.
When you go to an orthopedic specialist, he tells you you need an
operation. You are not happy. You go to a chiropractor and he says you do not
need an operation. All you need is your bones fixed. You are very happy but you
are not healthy.
Chiropractic is in the business of making you happy. Now, I want you to
know in Ontario, in pamphlet no 11, a graduate of the Canadian Memorial
Chiropractic College, from two years ago, and I know this fellow because I have
spoken to him, tells his patients and this is what he was taught, that while
under the care of a chiropractor, if you suffer from dizziness, upset stomach,
diarrhea, extreme soreness of muscles, tenderness of the joints, excessive
urination, rise in body temperature, do not be alarmed, you are getting better.
This is from a graduate of two years ago from the Canadian Memorial
Chiropractic College in Toronto. This is the text book which is most used by
the Canadian Memorial Chiropractic College in Toronto. The Healing Arts
Commission in Ontario in 1970, after 25 years of having this school,
recommended that, no grants be given to the school because of the questionable
material taught there. If you want another example of the material, you can
turn to page 206.
Since people asked this before, they tell you that if the chiropractor
sees a person suffering from a heart attack he should go and he should hit him
in the back and adjust his vertebrae. Everyone of us here has certain
psychological needs; in other words, you go to your doctor and he says: You
have high blood pressure, I cannot tell you why and you have got to take pills.
You want to know why and you do not want to take pills. So you are not happy.
So, you go to the chiropractor and he always tells you why you have high blood
pressure. It is the nerve in your neck that is being pinched. Okay? So you are
very happy and you do not need your pills but it is the wrong reason and ten
years from now, after you said that the chiropractor is the greatest guy in the
world, you are going to have heart damage and liver damage and a stroke which
you would not have had if you were not so happy but you were healthy.
I think that there is a lot of basic minis-formation about chiropractic
regarding the status of their schools and one thing, I think, should be brought
very clear is we have had a whole section on vaccination in our report and it
is too bad that this Commission is not going tho hear the Public healt. Nurses.
I hope they do! Because the Public Health Nurses state very clearly that in
places where chiropractic is legal, there is a problem with chiropractors and
public help, there is an increased incidence when children were not vaccinated,
because chiropractors give them advice.
Now, finally, the United States, in 1970, after fifty years of
chiropractic experience with legalization as a means of control, had a study
which was done by independant people, not by doctors, which included National
Council of Senior Citizens, whose newspaper you saw here about chiropractic,
which included AFL-CIO Labor Union, which included the Consumers Federation of
America. And their conclusion was the following :
M. FAVREAU: Les tentatives destinées à exercer un
contrôle sur les écoles non scientifiques de pratique ou
d'occultisme par l'attribution de permis ne peuvent pas donner une base
scientifique à une pratique non scientifique, mais peuvent constituer un
danger pour la population en accordant, par le truchement de lois, la
protection à des écoles non scientifiques, telles les
écoles de chiropraxie.
M. KATZ: If you want a solution to this problem, I would recommend the
Bates-Trebilco Bill which you have in the supplementary material I gave you.
The Bates-Trebilco Bill was a study done by a history professor of medecine and
by a consumer law expert who was recognized all over this country. The bill is
a summary of the State of Louisiana which is our French sister province in
North America. You see, it is always Quebec, France and Louisiana, because it
is always those three who have said "no" to chiropractic and Louisiana refused
it. In 1966, the US Supreme Court decision said "no" to chiropractic. In 1970,
the US Health Education Welfare said "no" to chiropractic, if it was a mistake,
c'est une faute de commencer avec ça.
And in 1972, in February, en France, si vous voulez toute la
correspondance, l'Assemblée nationale de France a dit non à la
chiropraxie. Le problème de la chiropraxie est un problème
d'éducation. Dans toute maladie, il y a des questions d'ignorance et
avec les chiropraticiens, c'est une question d'ignorance. On doit faire un
programme, c'est la recommandation finale de notre rapport. We have to tell
people about vaccination, we have to tell people about cancer detection, we
have to tell people when they go to a chiropractor and he says: You do not need
a back operation that for the next ten years you might be happy but when
you need it, it is going to be worse.
And the Children's Hospital, the Sainte-Justine Hospital and the
Canadian Pediatric Society, which is all across Canada where chiropractic is
legal, ask you to look at this pamphlet which is a publication of the Canadian
Chiropractic Association and tell us what type of protection there has been.
Chiropractors study how to use an X-Ray? You do not need the X-Ray in the first
place.
There are half a million X-rays taken by chiropractors in Canada. They
are unnecessary. They are not necessary in the first place. They show nothing.
They are waste of money.
Chiropractors are against vaccination. Where they become legal,
chiropractors go to the doors of Public Health Offices and tell people not to
go in to get their children vaccinated. If you would hear the Public Health
Report from the United States, it would give you specific instances this is
obvious. Bon, merci.
M. LASALLE: Vous avez demandé pourquoi autant de personnes vont
chez les chiropraticiens. Je peux vous donner une réponse, si vous
voulez. Cela fait 40 ans que je suis assis derrière mon bureau et que je
reçois des patients. Parmi ceux qui se présentent, il faut tout
de suite faire une sélection. Il faut les diviser en deux
catégories. Il y a ceux pour qui le plus court chemin entre deux points
a toujours été la ligne droite, d'autres pour qui le plus court
chemin entre deux points a toujours été la ligne courbe, une
grande ligne.
Ceux qui sont partisans de la ligne courbe, quand ils ont une montre
à faire réparer, vont voir un forgeron, quand ils ont un bijou
à faire réparer, ils vont voir un forgeron; quand ils ont autre
chose à faire réparer, ils cherchent toujours à passer
à côté.
Je vais vous donner un exemple qui s'est passé dans mon bureau.
Une bonne soeur arrive et me raconte son histoire de mal de dos. A la fin, elle
me dit: Je suis obligée de vous avouer que pendant un certain temps, je
suis allée voir un chiropraticien. Je lui dis: Est-ce que cela vous a
fait du bien? Elle me répond: Cela me faisait du bien pendant que
j'étais là.
Un peu après, il arrive un paysan de Granby, avec son enfant qui
venait de tomber et qui avait mal au coude. Il me dit : Je vous amène
mon enfant, docteur, parce qu'il est tombé. Je crois qu'il s'est fait
très mal. Mon voisin voulait que j'aille voir un chiropraticien mais
c'est drôle, cela ne me disait rien.
Alors d'un côté, vous aviez une personne intelligente, qui
ne s'était pas posé de questions avant d'agir. De l'autre, vous
aviez un brave paysan, qui avait peut-être peu d'intelligence mais qui
avait ce que l'on appelle du jugement.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse mais il faudrait que les réponses
soient plus courtes, de façon à pouvoir activer nos travaux.
Le député de Dorchester.
M. FAVREAU: Je voudrais demander au Dr Ethier de clarifier quel genre de
radiographies on prend en Ontario, chez les chiropraticiens.
MME ETHIER: Dans le bottin du Canadian Memorial Chiropractic College, on
annonce aux étudiants les facilités disponibles sur leur campus
universitaire. On leur dit: "X-ray laboratory produces posture and diagnostic
films for the clinic, not only spinographs but also diagnostic films of all
structures, lung and heart films, gall-bladder and digestive tract films.
These same services are available to private practioners." Et j'aimerais
souligner que, lorsqu'on dit dans le bill 269 qu'on veut restreindre les
radiographies faites chez les chiros à la colonne, au bassin et aux
articulations, on a oublié qu'on incluait ainsi toute la surface
corporelle car on trouve des articulations de la tête jusqu'aux
extrémités. Et si on pense aux dangers des radiations, on a ainsi
couvert une irradiation totale de l'organisme. Le genre de radiographies faites
par les chiros qui figuraient tantôt sur des négatoscopes au fond
de la salle mais qui n'ont pas été illuminées montraient
en effet qu'on radiographie le patient des pieds jusqu'en bas du bassin. Ceci
constitue une irradiation très grande alors que, dans le domaine de la
radiologie où la recherche a été extrêmement
poussée, on tente de réduire les champs radiographiés au
minimum. On tente surtout, ce qui est important, non pas à inspecter les
appareils, â vérifier leur sécurité mais à
diminuer le nombre des radiographies prescrites et le nombre de films pour
chaque examen prescrit. C'est ce qui fait que, par exemple, en radiographie
pédiatrique, un examen des reins qui, autrefois, demandait cinq, six ou
sept films, aujourd'hui se limitera à un film, si la condition du malade
l'exige, et à d'autres films ultérieurs, s'il s'agit d'une
condition beaucoup plus compliquée.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain) : Voulez-vous ajouter quelque chose,
docteur?
M. ROBILLARD: J'aimerais faire une intervention en réponse
à ce que déclarait tantôt monsieur le ministre Castonguay,
qui disait que pour lui la chiropractie n'est pas uniquement une question
scientifique. Je ne peux pas, comme neurologue, accepter une telle
déclaration puisqu'à mon sens il s'agit essentiellement d'une
question scientifique. Les chiropraticiens eux-mêmes placent le
problème sur ce plan. Je ne reviendrai pas je pourrais le faire,
il y a un tableau là-bas; si vous voulez que je le fasse, je le ferai
sur la théorie de l'irritation radiculaire qui est la source de
toutes les maladies. Je pense que le juge Lacroix s'est prononcé
adéquatement là-dessus. Nous avons entendu tantôt un
spécialiste en neurologie du collège de chiropraxie dire que par
des manipulations périphériques, en affectant le système
nerveux autonome, on est capable d'arrêter, de traiter, de guérir
c'est le mot employé des crises d'épilepsie. Ceci
est absolument une contradiction scientifique totale.
Qu'il suffise de dire quelque chose de bien simple. Les travaux qui ont
été faits récemment aux Etats-Unis, entre les
années 1953 et 1962, ont démontré que le système
nerveux autonome n'avait aucune action sur la vascularisation
cérébrale. La vascularisation cérébrale comporte
des ramifications sympathiques et parasympathiques mais les seuls produits qui
agissent sur
le système vasculaire cérébral sont les
métabolismes du cerveau. La science expérimentale procède
depuis toujours de deux façons pour le système nerveux
puisque c'est de cela que l'on parle en chiropraxie par stimulation du
système ou par son ablation, c'est-à-dire par sa transection. Or,
nous savons que la stimulation du ganglion cervical supérieur, toute la
chaîne terminale autonome, qu'on employait autrefois en médecine
pour provoquer des dilatations au niveau cérébral est aujourd'hui
abandonnée. Par la technique de la fenestration plastique, par laquelle
on observe directement les vaisseaux sanguins au niveau cérébral,
on s'est aperçu que ni la stimulation autonome ni la section du
système nerveux autonome n'ont quelque action que ce soit sur le
système nerveux central.
Je pense qu'il s'agit d'une question scientifique. Si on veut dire qu'il
s'agit également d'un art, eh bien, on crée une médecine
parallèle le mot a été dit
rétrograde. On ramène cette pseudo-médecine à ce
qu'était la médecine il y a 100 ans.
Vous dites que la médecine a eu tort de ne pas réagir
assez vite dans le passé à certaines découvertes, c'est
vrai. Mais nous parlons d'il y a 200 ou 300 ans. C'est un fait que la
médecine n'a pas réagi rapidement aux découvertes de
Pasteur et aux usages thérapeutiques de la digitaline. Mais nous sommes
en 1972 et je peux vous dire, en ce moment, que la médecine est fort
alerte aux données thérapeutiques asiatiques ou autres. Prenons,
par exemple, l'acupuncture qui, dès maintenant, fait l'objet d'une
étude intensive en Europe aussi bien qu'en Amérique.
Je voudrais simplement terminer, en disant que la réaction de la
médecine à la chiropraxie n'a pu changer beaucoup depuis 1895,
pour la simple raison que la chiropraxie n'a jamais fait aucune recherche, n'a
jamais apporté aucune confirmation de ses données et qu'il n'y a
pas de faits nouveaux. Merci.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais poser une question qui me chicote depuis un bout de
temps. Si la chiropraxie comme vous l'appelez est aussi mauvaise
que vous le prétendez, comment se fait-il qu'elle soit
légalisée à plusieurs endroits, à
l'extérieur du Québec? J'aimerais, si c'est possible, avoir une
réponse en français, parce que je comprends plus vite en
français qu'en anglais.
M. FAVREAU: Je crois l'avoir dit tout à l'heure: C'est que,
là où la chiropraxie est légalisée, on n'a pas
demandé l'avis de ceux qui pouvaient renseigner le législateur.
On a passé outre. Il n'y a pas un Etat, pas un pays où la
chiropraxie a été légalisée avec le consentement
des médecins. Evidemment, comme il s'agissait d'une question strictement
médicale, il était tout logique qu'on demande l'avis des
médecins ou, alors, que l'on s'en passe et qu'on arrive à une
médecine rétrograde.
M. ROBILLARD : La législation n'a jamais sanctionné la
science, que je sache. La prostitution est légale au Nevada. Il faudrait
peut-être entendre Martha Adams pour vous en convaincre au Québec;
ça ne changerait rien, je pense, aux données fondamentales du
problème.
M. GUAY: Etant donné que ça s'est fait sans consultation
du corps médical, à combien d'endroits a-t-on retiré une
législation dans ce sens?
M. KATZ: Je vais essayer de parler en français, si vous voulez.
Vous avez dit que la légalisation, c'est la solution. Oui, mais, depuis
les dix dernières années, c'est une autre tendance. Par exemple,
le Health Education Welfare, qui avait l'expérience de 50 ans avec la
légalisations, a publié un rapport. C'est tout en
français. C'est pour vous. On dit que la légalisation
était une erreur. Par exemple, il y a trois mois, l'Etat de New York a
dit de ne pas faire de rayons X aux enfants. On commence à
réaliser avec les chiros, que les rayons X ne sont pas
nécessaires. Dans notre mémoire, on dit qu'à New York,
maintenant, c'est contre la loi, pour les chiros de faire un rayon X aux
enfants ou à toute personne, femmes ou hommes, dans la région
génitale.
L'Afrique du Sud, en février, il y a un an, a été
le premier pays qui a dit la même chose que Bate Strobelco, à
savoir que le gouvernement doit commencer... les chiros sont un danger. Le
gouvernement d'Afrique du Sud a dit qu'on doit enregistrer tous les chiros qui
pratiquent et les éliminer éventuellement. La chiro est un
système parallèle.
If you want to understand why chiropractic is a parallel system, let us
look just one minute at this pamphlet. If a child comes to me with bed-wetting,
as a pediatrician I would try to find out why the child bed-wets, but if I
can't find out why, si je n'ai pas trouvé la cause, je dois dire la
vérité; je ne sais pas. C'est un problème psychologique.
La même personne va au chiro, le chiro est la "business" qui donne un
résultat, et vous êtes heureux. It gives you a reason. The reason
is your spinus curved. Ce n'est pas exact et ce n'est pas nécessaire de
prendre des rayons X. C'est un traitement qui n'est pas indiqué. Cela se
passe en Ontario où c'est légal et c'est pour ça que le
gouvernement d'Ontario avait une politique comme ça. D'un
côté, il paie pour le Medicare et d'un autre côté il
ne peut pas dire que ce que le chiro apprend à l'école n'est pas
vrai.
En Ontario now, there is a Hall commission which is looking into
chiropractic. Some of the recommandations have been made and there is going to
be another commission coming up soon to review chiropratic legislation. So, I
would say that nowhere can you change chiro-
practic brought to legalization. Les chiropraticiens annonçaient
il y a deux jours, les rayons X sont gratuits pour le mois de septembre. C'est
à Québec... Vous passez une loi, vous dites, pas d'annonces comme
ça. Mais le chiro passe quand même les rayons X, c'est une annonce
pour la "business". Ce n'est pas ça, les rayons X...
M. GUAY: Vous ne répondez pas directement à ma question.
Je vous ai demandé s'il y a des endroits où on a retiré
une législation qui avait auparavant légalisé la
chiropraxie.
M. KATZ: In South Africa. En France, in october 1972, they refused it.
In New York où c'est déjà légal, they have started
to put restrictions on it. C'est une question d'éducation, de temps.
Cela commence.
M. GUAY: Etes-vous en mesure d'affirmer aujourd'hui que les
chiropraticiens n'apportent aucun soulagement par manipulation?
M. KATZ: La question est bonne. Il y a beaucoup de personnes qui donnent
l'indication de manipulations, il y a des physiatres, par exemple.
I am for spino-manipulation when it is indicated but not in the
chiropractic system; not to treat vomiting, throwing up, babys who are sick,
vomiting, bed-wetting. I have to tell the truth to the mother. When a mother
comes to me, I have to tell her I do not know why the baby bed-wets, she is not
happy, she goes to the chiropractician, she knows why. But he is wrong and the
X-rays are necessary. That is the parallel system of medecine to treat the
psycho of the patient, the needs of the patient. Now medecine is missing in
that.
C'est pour cela que je travaille comme salarié à la
clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, parce qu'il y a beaucoup de
changements nécessaires en médecine.
The answer is not to take chiropractic, the answer is to expand
medicine, to make medicine better.
UNE VOIX : Pour répondre à la question du
député de Dorchester...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, nous sommes à la veille
de mettre fin à nos travaux et je demanderais la coopération de
tous afin d'accélérer les questions et les réponses parce
qu'il nous reste encore un mémoire et nous aimerions terminer ce soir.
Je sais que le ministre est obligé de s'absenter; nous avons un
problème, là.
M. GUAY: Je ne pense pas avoir abusé du temps de la commission
cet après-midi alors j'aurais une dernière question. Quand on
parle de dangers d'irradiation par l'emploi d'appareils radiologiques,
auriez-vous des exemples bien précis à souligner d'erreurs de
chiropraticiens se servant d'appareils radiologiques?
MME ETHIER: Non, je ne m'embarquerai pas à vous donner des
exemples précis mais tout ce que je peux vous prouver, c'est que,
même si les chiropraticiens affirment partout qu'ils limitent leur
pratique radiologique, sous l'angle radiologique, à la colonne
vertébrale et aux articulations, c'est faux. Aux Etats-Unis, où
la chiropratique est légalisée, dans un des derniers
numéros du Journal of clinical chiropractic il y a un article sur la
mammographie, ce qui ne vous dit peut-être pas grand-chose. C'est la
radiographie de la glande mammaire qui est une technique radiologique
élaborée depuis des années et dans laquelle les
radiologistes ne s'embarquent pas à la légère parce que ce
sont des diagnostics très difficiles et qui, en même temps,
procurent une irradiation qu'on ne voudrait pas être inutile dans le sens
préventif.
Le chiropraticien du nom de Ronald Syfers, qui a écrit cet
article, a enjoint tous ses collègues à s'acheter un appareil
à mammographie ou à modifier leur appareil de rayons-X et
préconise, dans sa conclusion, l'emploi bi-annuel pour le
dépistage par la mammographie chez toutes les femmes.
M. GUAY: Je trouve ça un peu curieux, quand même. On
soulève les dangers extraordinaires des radiations pour ceux qui se
servent de ces appareils, mais on ne réussit jamais à nous donner
des exemples bien précis où, par exemple, des erreurs graves ont
été commises.
MME ETHIER: Je ne peux pas entrer ici dans les détails. L'action
des radiations se fait de plusieurs manières et à plusieurs
niveaux. Le danger le plus grand n'est pas calculable et c'est le danger
génétique cumulatif d'une génération à
l'autre. Tous les organismes scientifiques du monde s'accordent à dire
qu'il est impossible, actuellement, d'établir les limites et les seuils
de sécurité dans l'emploi de radiations. Le seul but des
médecins spécialisés en radiations et des physiciens
nucléaires qui sont nos consultants est de limiter au strict minimum
l'utilisation des radiographies pour des fins diagnostiques. C'est à
ça que les radiologistes et, en particulier, les radiologistes
pédiatriques s'exercent depuis plusieurs années.
Nous ne pouvons pas vous donner de doses, de limites. Les exemples de
dangers encourus à cause des radiations, de dangers immédiats, se
trouvent plus dans le domaine de la radiothérapie. Mais on sait
très bien que des enfants qui ont subi, quand ils étaient jeunes,
des radiographies trop fréquentes sur la région du thymus, par
exemple, ou de la thyroïde peuvent développer un cancer de la
thyroïde à l'âge adulte, mais on en retrace très
rarement la cause parce que l'histoire d'un enfant est, très souvent,
incomplète et mal faite. On sait également que les
leucémies sont beaucoup plus élevées chez
les gens qui ont reçu des radiations. Il y a plusieurs maladies,
comme telles qu'on peut attribuer aux radiations, mais qui ne se produisent
qu'à longue échéance. Il est donc impossible de vous
donner des exemples précis sur des cas précis.
M. ARCHAMBAULT: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aurais un commentaire très court. Sur cette question, il ne s'agit pas
de faire le procès du passé, mais de prévoir l'avenir.
Prenez, par exemple, un cas très simple, celui de la femme enceinte dans
les premières semaines de la grossesse. Comment peuvent-ils savoir si
elle est enceinte ou non, quand la patiente elle-même ne le sait pas,
puisque c'est au début de la grossesse? Qui nous dit qu'à ce
moment-là, puisqu'il n'y a aucun diagnostic de déterminer une
grossesse, qui sera soumis à des radiations et qui ne le sera pas dans
les cas de grossesse? C'est un exemple simple.
Prenons un autre exemple de danger. On sait très bien qu'à
partir d'un examen radiologique, le plus parfait du monde, qu'il soit fait par
des chiros ou par des radiologistes, disons un examen simple de la colonne
lombo-sacrée, on ne peut jamais déterminer, de façon
sûre et définitive, que les symptômes chez un malade sont
dus à une compression d'une racine. On peut le supposer ou le
soupçonner sur un film simple, mais la seule confirmation viendrait par
un examen plus poussé, qui est une myélographie où il faut
introduire un colorant dans le canal rachidien parce qu'il y a toute la
kyrielle des lésions possibles du canal rachidien qui peuvent donner les
mêmes symptômes. D'où vient donc le danger? De produire un
examen qui, à ce moment-là, serait inutile parce qu'on
arrête en cours de route, qu'ils n'ont pas les moyens d'aller plus loin
et de rester sur un pseudodiagnostic. On sait très bien que, si c'est
une tumeur qui donne ce symptôme, elle ne peut être
diagnostiquée autrement que par cet examen et, alors, le mot le dit: Tu
meurs.
C'est donc pourquoi nous disons que par la loi qu'on veut appliquer, ce
n'est pas une question de monopoliser une façon ou un moyen d'arriver
à des diagnostics, parce que la radiologie apparaît pour beaucoup
comme un gadget bien amusant, sur lequel film on voit des os. On voit des os,
parce que c'est la structure la plus voyante et on sait que les squelettes,
ç'a toujours ému beaucoup de gens. On s'en sert même dans
les parties comme costumes. Mais ce qui est important de savoir, c'est le
gestes qu'on pose et qu'on permet. Est-ce qu'il va permettre justement une
amélioration ou non? Ou est-ce que c'est un risque d'utiliser un moyen
qu'on utilisait autrefois dans les magasins de chaussures pour enfants pour
savoir si le soulier était assez long ou assez court, mais qui s'est
avéré néfaste. Cela a été néfaste
d'abord pour le commis qui, lui, se foutait le pied pour montrer à
chaque maman et à chaque enfant que ce n'était pas dangereux et
qui, lui, en a subi les premières conséquences.
Deuxièmement, pour les enfants qu'on irradiait comme ça,
impunément. Il y a pourtant des règles fédérales
qui prévoient qu'il doit exister une protection dans l'irradiation.
C'est tout simplement notre but, et non de priver un groupe d'individus de se
servir d'un moyen que l'on connaît, mais qui, aux yeux de beaucoup,
apparaît comme un gadget amusant, mais d'un moyen dont on pourra se
servir jusqu'au bout et qui, au bout, va donner une réponse qui
permettra de dire: Il n'y a pas ici de lésion dans le canal, il y a ici
une hernie discale. C'est toute la différence chez un malade.
M. LE PRESIDENT: Alors, posez votre question. S'il vous plaît,
excepté s'il y a d'autres commentaires, si vous voulez bien, je vais
laisser la parole au député. Vous aviez une question, M. le
député.
M. BROCHU: Oui, très brièvement. Je pense que la position
devant nous est assez précise. J'aimerais cependant savoir si, d'un
autre côté, de votre part, vous voyez des éléments
positifs à la chiropraxie et, si oui, d'après votre opinion,
lesquels? On a insisté surtout sur l'aspect négatif de la
chiropraxie, mais est-ce qu'à votre sens il existe quand même
quelque chose de valable dans cette science?
M. FAVREAU: Je dirais que, dans certains cas, ça peut devenir une
sorte de psychothérapie et c'est tout. C'est le seul aspect positif que
nous trouvons à ce système-là. Nous terminons souvent nos
conventions en disant: Bien, que les chiropraticiens continuent, tant pis,
ça débarrasse nos bureaux d'un tas de gens qui viennent ici se
faire faire de la psychothérapie inutile.
M. BROCHU: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions, messieurs les
députés?
M. BROCHU: Juste une autre question, mais je pense qu'il y avait une
autre réponse.
M. ROBILLARD: C'était une réponse à la question qui
avait été posée. Là, je répondrais
exactement.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, on va procéder dans l'ordre. Le Dr
Lasalle voulait dire quelques mots.
M. ROBILLARD: Le député a posé une question, M. le
Président, à laquelle il y a une réponse; or, je pense
qu'on peut en apporter une qui est plus nuancée et je l'exprimerais,
celle-là, à titre de président de la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec.
Comme groupe, nous prenons sur ce problème du rôle du
chiropraticien une position
beaucoup plus nuancée. Je pense qu'il est évident,
très clair, à moins de penser que tous les gens sont des
imbéciles dans la population, ce qui, à mon avis, n'est pas le
cas, que les traitements de chiropraxie soulagent les gens, apportent des
résultats et c'est très net, et que la médecine
traditionnelle, avec M. Desaize en France et les autres, ait adopté des
techniques de manipulation de la chiro et qu'ils en aient inventé
eux-mêmes certaines, c'est un fait indéniable. Je pense que le
juge Lacroix s'est prononcé là-dessus de façon assez
explicite.
Ce que nous disons est très simple. Le chiropraticien n'a aucune
base scientifique et je répète l'importance de ça
aucune base scientifique pour asseoir un diagnostic et il n'est pas
capable de faire un diagnostic et surtout de faire un diagnostic
différentiel. Nous disons qu'il appartient à la médecine
traditionnelle et seulement à la médecine traditionnelle
et c'est un point sur lequel nous reviendrons pour d'autres corps de
faire un diagnostic. Nous disons que ce diagnostic primaire et
différentiel étant fait, il y a lieu, si possible et les
mécanismes sont à entrevoir, parce que la résistance ne
vient pas en majorité de la profession médicale et certainement
pas exclusivement de la profession médicale à ce
moment-là de se servir des gens qui ont appris une certaine
méthode, une certaine façon empirique de procéder. Et
là je rejoins M. Castonguay en disant qu'il y a en médecine des
méthodes empiriques et qui donnent certains résultats.
Mais nous demandons que le législateur ne donne pas ou n'ouvre
pas la porte à la possibilité d'étendre largement les
facilités diagnostiques, et je pense que la démonstration a
été faite devant nous cet après-midi que c'est ce que
recherchent les chiropraticiens, c'est-à-dire l'ouverture quasi
illimitée sur le diagnostic. Que la médecine soit laissée
dans l'aspect diagnostic au médecin et que le médecin ensuite, si
possible, et de part et d'autre ça demande certains accomodements, que
le transfert soit fait, ou la référence pour un traitement bien
spécifique, qui est une manipulation spécifique de la colonne et
non pas des articulations, parce que je me demande bien ce que viennent faire
dans la législation les articulations, qui n'ont rien à voir avec
la théorie de M. Palmer.
M. BROCHU: Donc, si je comprends bien la position spécifique de
votre groupe, à cet effet, c'est que vous reconnaissez une certaine
valeuur au niveau de traitement précis mais non au niveau du diagnostic
et non au niveau du diagnostic différentiel qui doit être
réservé, selon vous, au médecin.
M. ROBILLARD : Nous maintenons je fais là une allusion
directe, M. le Président la même position vis-à-vis
de l'optométrie, dont nous respectons fondamentalement les connaissances
scientifiques, parce que c'est une discipline qui, celle-là, est
scientifique. Nous parlons le même langage, à ce moment-là,
avec les optométristes. Je pense que personne ne discutera longtemps sur
les fondements scientifiques de la transmission de la lumière à
travers des corps transparents. Je pense que nous parlons à ce
moment-là le même langage. Mais je dis qu'on ne fractionne pas
l'acte médical. L'acte médical comprend trois parties: l'examen,
le diagnostic et le traitement. Une facette du traitement est la manipulation.
Le président de l'Association des physiatres l'a clairement
exprimé, c'est une méthode parmi d'autres que nous employons et
que probablement, on pourrait employer à meilleur escient, de
façon plus large, en traitant plus de gens, s'il y avait moyen de
s'entendre et de ne pas ouvrir la porte, par le législateur, donnant
ainsi une fausse confiance à la population et morcelant l'acte
médical, ce qui, à mon avis, n'est sûrement pas dans
l'intérêt public.
M. BROCHU: Je pense, M. le Président, qu'on touche probablement
ici au fond du problème, parce qu'il s'agit quand même d'une
situation globale et, dans le sens souligné, d'un service
interdisciplinaire, si vous voulez, qui s'établit.
Dans ce sens, j'en arrive à ma dernière question. Madame a
soulevé tout à l'heure la possibilité d'une collaboration,
au niveau de la radiologie, avec les chiropraticiens. Je ne sais pas s'il y
avait eu des contacts de faits ou si on souhaitait que la radiologie soit
annexée aux spécialistes en la matière, quitte à
travailler en collaboration par la suite. De ce côté, tout
d'abord, y a-t-il eu certains pourparlers d'entamés, oui ou non? Et,
d'une façon ou de l'autre, est-ce que, lorsque vous avez souligné
ce point, ou peut-être dans l'esprit de certains de vos collaborateurs,
il existe une possibilité à ce niveau?
MME ETHIER: Je m'excuse, je pense que j'ai été mal
comprise. J'ai dit qu'on peut nous offrir, ou nous demander de collaborer avec
les chiropraticiens, dans le sens de faire pour eux des radiographies, avec nos
techniciens, de leur envoyer un rapport écrit ou de faire des
radiographies qu'on leur prêterait pour qu'ils fassent leur diagnostic.
Mais l'Association des radiologistes, qui s'est longuement penchée sur
ce problème, avec le Collège des médecins, a
rédigé un long rapport qui a d'ailleurs, je crois,
été envoyé au ministre et dont pourrait vous parler le Dr
Archambault, puisqu'il était le président de ce comité et
qu'il a rédigé lui-même le rapport.
Les conclusions étaient qu'étant donné les bases
scientifiques de diagnostic éminemment différentes entre les
conceptions du radiologiste et celles du chiropraticien, il s'agirait là
d'un dialogue de sourds et il est bien défini dans ce botin et dans
d'autres documents que la technique radiologique chiropratique est
différente de la technique radiographique médicale.
M. BROCHU: Je vais me limiter pour le moment à ces questions.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain) : Il n'y a plus de questions? Est-ce que
le Dr Lasalle avait quelque chose à ajouter? Vous avez demandé la
parole tout à l'heure.
M. LASALLE: Je veux seulement ajouter, si vous avez une minute, que, le
5 octobre, en soirée, au canal 12, il y aura un programme de
télévision où des interviews sont faites à des
chiropraticiens et à des médecins. Lors de ces interviews, on a
demandé à un chiropraticien: Lorsqu'une femme enceinte entre dans
votre bureau et veut avoir une radiographie, est-ce que vous allez la faire? Ce
chiropraticien, qui est ici aujourd'hui d'ailleurs, a répondu: Si elle
est prête à prendre la chance, je la ferai.
M. LE PRESIDENT: Nous terminons là-dessus et nous vous remercions
de vos mémoires, qui nous serviront certainement à clarifier
cette loi. Nous entendrons maintenant le groupe suivant, qui est le dernier
groupe d'ailleurs, l'Ordre des chiropraticiens de la province de Québec.
M. Bonvouloir en est le porte-parole.
Ordre des chiropraticiens de la province de
Québec
M. BONVOULOIR: Je vais maintenant vous faire part du mémoire de
l'Ordre des chiropraticiens du Québec. Et afin de procéder,
puisque c'est l'étape finale, et couvrir tous les points du bill 269,
avant de commencer le mémoire proprement dit, je dois dire que nous
faisons une recommandation vis-à-vis du bill 271. La recommandation
suivante est relativement ce n'est pas nouveau pour vous, c'est quelque
chose que vous avez bien entendu au bill 250. A l'article 171, à
l'exception d'un médecin ou d'un dentiste, d'un médecin
vétérinaire qu'on a entendu ce matin, nous voudrions que le
chiropraticien soit inclus. Je demanderais au Dr Pierre Gravel, en quelques
minutes, de résumer notre position sur ce point.
M. GRAVEL: Il est de toute nécessité que l'article 171 du
bill 250 sur le code des professions soit changé pour y inclure le
chiropraticien. L'article devrait donc se lire comme suit: "A l'exception d'un
médecin, d'un dentiste, d'un médecin vétérinaire ou
d'un chiropraticien agissant conformément aux lois et aux
règlements qui les régissent, nul professionnel ne peut faire de
la radiologie ou de la radiothérapie sans détenir un permis
visé à l'article 162."
Il nous parait impensable que le chiropraticien ait à se
conformer à l'article 172 et à l'article 173, puisque nous
considérons qu'un nonchiro n'est pas en mesure d'évaluer de
façon valable si un candidat est en mesure oui ou non d'accomplir son
travail dans ce domaine comme il se doit. A la rigueur, il serait
impérieux si jamais on décidait de maintenir l'assujettissement
du chiropraticien aux articles 172 et 173, de considérer le paragraphe 2
de l'article 172 qui devrait être changé comme suit: "A ces fins,
l'office doit s'adjoindre le concours d'un comité d'experts nommé
par le bureau de la corporation concernée."
Ce qui nous inquiète, nous, c'est surtout le fait d'être
ostracisés comme nous le sommes, comme vous avez pu le constater depuis
tout à l'heure. Si jamais des membres comme ceux qu'il y avait ici tout
à l'heure décidaient si nous devons faire de la radiologie oui ou
non, pour moi, nous n'aurions plus de tête, et ce ne serait pas long.
De toute manière, l'admission à l'exercice ne devrait pas
être différente pour le chiropraticien qu'elle ne l'est pour le
médecin ou le dentiste. Nous ne demandons pas au dentiste de
s'assujettir à des exigences supplémentaires pour pouvoir faire
de la radiologie dans son bureau.
Il n'y a aucune loi dans tout le Canada qui impose au chiropraticien de
passer un examen séparé ou d'obtenir un permis spécial
pour pouvoir pratiquer la radiologie comme c'est suggéré dans le
projet de loi 269. Dans l'Ontario, le seul contrôle qui existe est un
contrôle sur l'équipement médical.
Il ne prévoit pas la distribution d'un permis qui fasse du
chiropraticien un chiropraticien qui emploie la radiologie ou qui ne l'emploie
pas.
Pour ce qui est du médecin, encore moins, puisque après un
entraînement d'au plus 76 heures, il a la prérogative de faire de
la radiologie sans avoir obtenu de permis additionnel. L'omnipraticien a en
effet le droit de faire de la radiologie, si bon lui semble. Il ne faut pas
oublier qu'il a le droit de faire de la radiologie générale, non
pas de se restreindre à la colonne vertébrale, comme nous le
demandons, aux os du bassin ou au reste de l'ossature de soutien comme le fait
le chiropraticien, mais bien de toucher tout le champ des tissus mous de
l'appareil digestif, etc.
Il est infiniment moins bien préparé pour faire ce travail
que ne l'est le chiropraticien qui est obligé de faire au moins 250
heures d'études dans ce domaine pendans son cours, afin d'obtenir son
diplôme de chiropraticien. Vous avez bien compris ça, n'est-ce
pas? Le chiropraticien doit faire au moins 250 heures d'études de
rayons-X pour obtenir son diplôme de chiropraticien.
M. PAUL: Votre mémoire parle de 350 heures.
M. GRAVEL: Cela varie selon les collèges. La moyenne est de 300
heures. Il y a des collèges où on passe plus de temps à
étudier la zoologie.
M. LAFRANCE: Il y en a qui apprennent plus vite dans certains
domaines.
M. GRAVEL: Il y a des médecins qui prennent plusieurs
années à faire ce que nous faisons. Cela peut prendre bien des
années, comme vous avez pu le constater. Les chiropraticiens,
rappelons-le, s'en tiennent à la colonne vertébrale, aux os du
bassin, aux articulations de soutien du corps humain afin d'élaborer
leurs diagnostics qui consistent tout d'abord à déterminer si oui
ou non le cas relève de leur compétence et ensuite, qui leur
permettent de déterminer de façon précise ce qui doit
être fait pour que cette science soit pratiquée de façon
valable. La pratique de la chiropratique implique l'emploi de la radiologie. On
ne peut pas séparer la chiropratique de la radiologie puisque celle-ci
fait partie intégrante de cette discipline.
La radiologie chiropratique. Ce matin, M. le ministre Castonguay, vous
avez posé une question sur la radiologie chiropratique, si nous voyions
la différence entre la radiologie chiropratique et la radiologie
médicale. J'ai été d'ailleurs particulièrement
surpris de l'affirmation qui a été faite par la femme
médecin qui était ici tout à l'heure, à propos des
glandes mammaires. Je vous avoue que c'est plutôt nouveau pour nous. La
chiropratique, pour nous, est l'étude de l'ossature de la colonne
vertébrale, des membres de soutien et des articulations.
La radiologie chiropratique et la radiologie médicale sont
irréconciliables puisque l'entraînement de chacun est
entièrement différent, que l'équipement pour faire de la
radiologie chiropratique n'a rien de commun avec l'équipement
médical si ce n'est la source même de l'élément
radioactif lui-même.
L'entrafnement, évidemment, n'est pas le même. Il ne faut
pas s'attendre que ce soit la même chose.
La radiologie chiropratique est une radiologie qui s'occupe surtout,
d'abord, de la structure osseuse, des contours vertébraux et, comme on
vous l'a si bien démontré aujourd'hui, de tout le système
musculo-squelettal. Evidemment, nous ne voyons pas les muscles et les
ligaments; nous le savons, mais il ne faut pas s'imaginer qu'un chiropraticien
qui a fait au-dessus, ou en moyenne, de 300 heures de rayons-X soit aussi
bouché qu'on a semblé vous le laisser croire tout à
l'heure.
De toute façon, nous sommes prêts à accueillir vos
questions. Ce qui nous intéresse le plus pour le moment, c'est de
changer l'article 171 pour que les chiropraticiens y soient inclus au
même titre que les médecins vétérinaires, les
dentistes et les médecins eux-mêmes.
M. BONVOULOIR: Est-ce que vous voulez faire vos commentaires?
C'était par rapport au bill 250.
M. LE PRESIDENT: Vous avez 20 minutes, tel que notre règlement le
permet.
M. BONVOULOIR: M. le Président, c'était relativement au
bill 250. Nous allons continuer avec le bill 269. Nous allons essayer
d'accélérer, pour ne pas que vous dormiez ici. Néanmoins,
je veux couvrir les principaux points; le mémoire de l'ordre est surtout
de caractère administratif. A l'article 1, nous faisons la
recommandation suivante: Que le mot "chiropratique" soit substitué au
mot "chiropraxie". C'est une résolution d'un congrès tenu en 1962
à Genève. Dans les pays francophones, nous essayons de mettre
cette appellation en vigueur.
Le mot "ordre". "A la lecture d'autres projets de loi à ce
moment, je parle des bills 252, 254 et 256 relatifs aux professeionnels de la
santé nous constatons que les ordres ont, comme
prérogative que nous ne retrouvons pas dans notre projet de loi, le
pouvoir de donner leur avis au ministre des Affaires sociales sur les
qualités des services rendus par la profession concernée, fournis
dans les institutions au sens de la Loi de l'organisation des services de
santé et des services sociaux et il pourra faire effectuer des
enquêtes à ce sujet".
Le deuxième point: "Il pourra aussi faire des suggestions aux
établissements d'enseignement de la profession concernée au sujet
de cet enseignement."Nous reconnaissons que, dans le moment, la chiropratique
n'est pas invitée à fournir des services de santé ou des
services sociaux mais si cela changeait éventuellement, nous nous
trouverions dans une situation désavantagée.
Il est logique de croire qu'un jour les services chiropratiques seront
appelés à prendre de l'expansion puisque la commission Castonguay
prévoit, dans son rapport, l'inclusion éventuelle de la
chiropratique dans les services couverts par l'assurance-maladie." Je vous
réfère au volume 1 de l'année 1967, à la page 76;
c'est la recommandation 1.18 et ce qui nous concerne est f). "Pour ce qui est
de pouvoir faire des suggestions au sujet de l'enseignement de la chiropratique
dans nos établissements d'enseignement, il nous semble que la logique
nous commande d'avoir ce droit." Encore là, nous nous
référons à l'article 3 et je pense que ça vaut la
peine de le relire; c'est le volume IV, articles 1409 et 1410: "La commission a
déjà recommandé que le gouvernement donne suite aux
recommandations de la Commission royale d'enquête sur la chiropraxie et
l'ostéopathie. Il semble que la chiropraxie qui constitue encore au
Québec un exercice illégal de la médecine sera très
bientôt légalement reconnue et que l'on devra prévoir les
normes d'études de cette profession." Et à l'article 1410: "En
raison des dangers fort sérieux que comporte la manipulation
erronée de la colonne vertébrale, la commission estime que des
programmes d'études doivent garantir la qualité d'exercice de la
profession par une formation de base poussée et scientifique. Si les
besoins futurs le justifient, la commission est d'avis qu'on élabore
et c'est à ce point, "le on" que nous voulons collaborer
un programme d'études particulier à la chiropraxie
à l'intérieur des facultés des sciences de la santé
et que celle-ci l'approuve." "Si donc l'appellation d'ordre a ces implications,
il serait utile d'inclure la chiropratique dès maintenant dans la
catégorie des ordres, pendant que l'on étudie le bill
chiropratique, plutôt que de s'exposer plus tard aux retards
inévitables et inutiles qu'exigeraient de nouvelles études autour
d'amendements â la loi.
Nous suggérons donc de remplacer par le mot ordre le mot
corporation ou de l'ajouter avec le mot corporation partout où le mot
corporation est utilisé dans le bill 269. Nous proposons aussi que les
prérogatives décrites dans les notes explicatives et qui sont
stipulées dans les lois des autres professions soient incluses dans le
bill chiropratique."
L'article 6; après entente, ce point a été
débattu par le Syndicat professionnel des chiro-praticiens et je me
permets, avant de passer à l'article 7, de faire la mise au point
suivante pour les membres de la commission ce matin: nous avons parlé
des appellations Association chiropratique canadienne, division
québécoise de l'Association chiropratique canadienne et Ordre des
chiropraticiens.
Un moment donné, il nous a semblé très lourd
d'employer le terme: Voici la division québécoise de
l'Association chiropratique canadienne et c'est dans cet état d'esprit
que, dans un congrès au Lac Beauport, nous avons changé
l'appellation pour le mot Ordre des chiropraticiens. Je pense, comme les
derniers événements l'ont montré même dans les
partis politiques au Québec, que si on change de nom, ça ne
change pas la qualité des membres que cela inclut.
M. PAUL: Merci bien.
M. BONVOULOIR: A l'article 7, l'examen du chiropraticien. Je pense que
les chiropraticiens voudraient faire préciser dans l'article 7 le sens
de l'examen que le chiropraticien doit faire de son client pour
déterminer l'indication du traitement chiropratique. Il est
évident que si le chiropraticien doit savoir quand son traitement est
indiqué, il doit aussi pouvoir savoir si son traitement est
contre-indiqué. En d'autres mots, on ne veut pas simplement avoir la
possibilité de faire un simple examen visuel ou
élémentaire. Il s'agit de savoir si vraiment ce cas relève
de la chiropratique ou s'il dépasse notre champ d'action et à qui
il doit être envoyé.
Pourquoi exiger du chiropraticien d'étudier pendant près
de 5,000 heures des sciences comme la pathologie, la physiologie, l'anatomie?
Ces études en font plus qu'un technicien. Elles ajoutent à tout
le moins la responsabilité de l'utilisation opportune de ces
interventions.
Comment, au surplus, réaliser le voeu exprimé par le
rapport de la commission Castonguay d'une coopération entre les
disciplines de la santé? Je ne vous lirai pas le texte, mais la
référence est au volume I, page 39.
Nous suggérons donc qu'un chiropraticien soit autorisé
à déterminer par l'examen radiologique de la colonne
vertébrale, des os, du bassin et des autres articulations du corps
humain, ainsi que par l'examen clinique, l'indication du traitement
chiropratique.
Nous n'avons pas détaillé ce point, mais je veux porter au
moins à l'attention du ministre des Affaires sociales le fait que celui
qui en fait la demande a le droit d'obtenir un permis. Il reste que, si on se
conforme au code des professions, il y a toujours un certain prérequis.
Actuellement, nous avons, dans les écoles chiropratiques, 74 jeunes
Québécois dont la plupart ont leur CEGEP Il, mais nous n'avions
aucun moyen de vérifier s'ils l'ont tous. Je voulais porter cela
à votre attention pour que, lorsqu'ils viendront à la pratique,
même s'ils n'ont pas leur CEGEP Il, ils puissent être admis.
L'article 13 a été couvert par le syndicat professionnel.
C'est le titre de docteur. Je pense que ce texte semble vouloir statuer en
matière de sémantique française, vouloir faire de
l'Assemblée nationale une sorte d'académie qui contrefait la
signification des mots pour satisfaire la prétention d'une profession en
particulier.
On donne ici, comme exemple, un docteur en théologie, le Dr Cyril
James. Je pense que jamais son titre de docteur n'a trompé ou induit qui
que ce soit en erreur. En outre, celui qui consulte un docteur en droit ne
s'imaginera pas qu'il aura les soins médicaux que reçoit celui
qui consulte le docteur en chiropraxie ou en art dentaire.
Nous optons, pour faire disparaître de l'article 13 toute allusion
à cette question de sémantique, de déférer le tout
à l'Office de la langue française. Nous arrivons à
l'article 13: Un chiropraticien ne peut, relativement à l'exercice de sa
profession, se désigner comme spécialiste ou indiquer qu'il a une
formation particulière à moins qu'il ne soit soumis aux
prescriptions relatives à la désignation de spécialiste
contenue dans le code des professions.
Pour les articles 16 et 17, je vais demander à notre conseiller
juridique de bien vouloir faire valoir notre point de vue. Me Lacombe.
M. LACOMBE: Je vais peut-être, parce que je suis avocat, laisser
tomber les questions de sémantique et d'argutie, il est peut-être
bien que le législateur abolisse les corporations existantes qui ont
été incorporées en vertu de la troisième partie de
la Loi des compagnies. Ce sont des chartes privées qui ont
été émises à la demande de groupes ou d'individus
chiropraticiens pour défendre des intérêts, soit leurs
intérêts pécuniers ou immédiats ou des
intérêts plus larges de la profession comme telle.
Cependant, il y a comme on l'a souligné ce matin
une difficulté pour l'application de l'article 16 lorsqu'on arrive
à l'article 17. Ces trois corporations qui seront dissoutes par le
simple fait de l'adoption de la loi sont à toutes fins pratiques mortes
ou moribondes. Elles
n'ont qu'une existence légale qui leur vient du maintien de leur
charte. Or, la question de choisir parmi des membres qui n'existent pas de ces
corporations et pour désigner les premiers membres qui feront partie du
bureau des chiropraticiens va évidemment poser des difficultés,
parce que le gouvernement ou l'office n'aura aucun membre parmi lesquels il
pourra faire les désignations voulues.
Il ne reste qu'une possibilité, c'est de choisir parmi les
membres ou l'exécutif ou le conseil général de l'ordre des
chiropraticiens du Québec, qui regroupe en grande majorité les
chiropraticiens en exercice dans la province.
On a signalé ce matin les critères d'acceptation ou
d'accréditation auprès de l'Ordre des chiropraticiens, qui est la
régionale québécoise de l'Association chiropratique
canadienne. Je pense que le législateur ou même l'Office des
professions ne se tromperait pas, en choisissant parmi les administrateurs ou
même parmi le conseil général de l'Ordre des
chiropraticiens du Québec les premiers membres du bureau de ce
groupe.
Je voudrais seulement ajouter des commentaires d'ordre juridique sur
l'article 2. Le rapport Castonguay sur les professions et la
société, à la page 45, a voulu recommander au gouvernement
de constituer en ordres les professions auxquelles l'Assemblée nationale
voudra déléguer un pouvoir de réglementation de leurs
membres. Ces ordres auront deux caractéristiques essentielles. Ils
pourront réclamer pour leurs membres l'exclusivité de l'usage du
titre professionnel et de l'exercice de la profession et ils pourront, à
des degrés divers, réglementer leur activité
professionnelle dans l'intérêt public.
Or, nous retrouvons ces critères, justement, dans le bill 269. Je
pense qu'il y aurait intérêt à ce que le législateur
revoie cette question de l'article 2, pour peut-être y enlever un manque
de cohérence dans l'architecture légale, régissant les
professions de la santé.
Les dentistes, les optométristes, les médecins
s'appelleront dorénavant l'Ordre des médecins, l'Ordre des
dentistes ou l'Ordre des optométristes et aussi la Corporation
professionnelle des... Les chiropraticiens, eux, ne portent qu'un nom, qui est
la Corporation professionnelle des chiropraticiens. Cela semble personnellement
anormal et je crois que les chiropraticiens qui, selon les volontés
exprimées du législateur, deviennent des professionnels de la
santé, devraient eux aussi participer, comme les autres professionnels
de la santé, à l'appellation Ordre des chiropraticiens du
Québec.
De plus, comme le mémoire le signale, si les chiropraticiens sont
maintenant ou seront, lorsque la loi sera adoptée, des professionnels de
la santé, on devrait trouver dans le bill 269 un pendant, un article
semblable à celui que l'on trouve dans la Loi des dentistes, des
médecins l'article 15, je pense, dans les deux lois et
à l'article 7 de la Loi des optométristes, pour ne pas priver le
ministre et les centres d'enseignement des avis que, peut-être, le bureau
des chiropraticiens aimerait donner aux personnes concernées sur les
questions chiropratiques.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): J'aimerais vous faire remarquer que les
vingt minutes sont écoulées.
M. BONVOULOIR: Deux minutes seulement.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): Très bien.
M. BONVOULOIR: Je veux revenir à l'article 17 pour dire que
lorsque nous demandons ou suggérons que le bureau soit choisi parmi les
administrateurs de l'ordre... Je voudrais attirer l'attention des membres de
cette commission sur le fait que dans l'ordre, nous avons des élections
tous les deux ans et ce que nous proposons, ce sont au moins 30 membres qui,
d'une manière ou d'une autre, sont d'abord les membres de notre
exécutif; ce sont chacun des gouverneurs qui, dans leur district
respectif, ont subi une élection, tous les présidents des
commissions permanentes. Cela donne au lieutenant-gouverneur en conseil un
choix de chiropraticiens qui ont su, par une élection, se mériter
la confiance de leurs confrères.
Comme conclusion: légèrement amendé tel que
suggéré dans ce bref mémoire, nous sommes convaincus que
le projet de loi 269 permettra à la profession chiropratique de donner
sa pleine mesure sur la dispensation d'un service efficace tel que le
désire la population. Ce désir, les malades le manifestent toutes
les fois qu'ils ont la parole et surtout, par une consultation massive et
régulière du chiroprati-cien.
Nous vous remercions à l'avance de l'attention que vous voudrez
bien porter à nos représentations et nous sommes maintenant
prêts à répondre à vos questions.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: J'aimerais remercier l'ordre des chiropraticiens pour ce
mémoire et aux divers commentaires que j'ai eu l'occasion de faire au
cours de la journée, je voudrais en ajouter un dernier. Dans le code des
professions, à l'article 169 je rappelle que cet article
s'applique â toutes les corporations qui seront formées ou qui
existent il est dit que: "Le lieutenant-gouverneur en conseil,
après consultation de l'office et de la corporation
intéressée peut, par règlement et je vais à
l'alinéa e) fixer les modalités de la participation de la
corporation à l'élaboration, en collaboration avec les
autorités des établissements d'enseignement du Québec
visés au paragraphe d) ce peut être aussi bien les
universités et les CEGEP
ou toute autre institution d'enseignement reconnue des programmes
d'études conduisant à un diplôme donnant ouverture à
un permis ou à un certificat de spécialiste."
Nous avons là la modalité par laquelle nous croyons que
les diverses corporations pourront, de la façon la plus
immédiate, la plus concrète, formuler des recommandations quant
à la façon de dispenser l'enseignement dans chacun des champs
couverts par les diverses corporations.
Je voulais faire ce rappel tout simplement, étant donné
l'insistance que vous avez mise sur cette question.
Je dois maintenant m'excuser, mais ce n'est pas par manque
d'intérêt, mais je dois vraiment quitter cette réunion.
M. LE PRESIDENT: Nous vous comprenons très bien. La parole est au
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voulais demander à M. Bonvouloir si
l'article 18, amendé tel que suggéré dans leur
mémoire, permettrait aux membres de la Corporation professionnelle des
chiropraticiens que nous avons entendue cet après-midi de faire partie,
dès l'adoption de la loi, du groupe professionnel?
M. BONVOULOIR: Si ça leur permettrait... C'est évident que
ce sont des chiropraticiens qualifiés, ils ont un cours de quatre ans.
Néammoins, c'est de leur propre décision qu'ils ont refusé
de participer ou de se joindre à notre association. Je ne peux pas les
recommander fortement dans ce sens-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous suggérez comme amendement, à
la page 12 de votre mémoire, à l'article 18: "Le bureau accordera
un permis à une personne qui a exercé la profession de
chiropraticien au Québec avant le 1er décembre 1971, si à
ce moment elle était membre de l'Ordre des chiropraticiens du
Québec ou avait satisfait aux mêmes normes". Je ne sais pas
comment on doit interpréter ça, mais est-ce que
j'interprète bien l'amendement en disant que les membres de la
Corporation professionnelle des chiropraticiens ne seraient pas automatiquement
admis?
M. BONVOULOIR: La réponse est oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'actuellement, depuis l'instauration
le 1er novembre 1970, de l'assurance-maladie, qui, par le truchement de la
régie, défraie les soins médicaux, vous avez
constaté vous qui ne faites pas partie du régime de
l'assurance-maladie une baisse de clientèle dans vos bureaux?
M. BONVOULOIR: Je ne peux pas répondre au nom de tous mes
confrères, mais personnellement je n'ai subi aucune baisse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela veut dire que les patients continuent de
défrayer le coût de vos honoraires, alors qu'ils pourraient avoir
recours à d'autres professionnels de la santé, tels que les
physiatres, et faire payer les honoraires par la régie. Est-ce que c'est
exact?
M. BONVOULOIR: C'est ça.
M. LAROCHE: Permettez-moi, M. le Président, d'ajouter tout
simplement qu'une très brève enquête nous a permis de
constater qu'au contraire il y avait une augmentation assez considérable
dans plusieurs bureaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous remercie de m'appeler M. le ministre en
l'absence du vrai ministre. Il n'est pas en retard, il anticipe.
Je voudrais vous demander, M. Bonvouloir, ou à quelqu'un de vos
compagnons, si, dans les autres provinces, dans les cinq provinces où
les services chiropratiques sont couverts par l'assurance-maladie, cela a eu
une influence sur le comportement des professionnels, les uns par rapport aux
autres? Dans les lignes de démarcation du champ d'exercice, est-ce que
certains problèmes ont été planifiés?
M. BONVOULOIR: Dans quelques provinces, pour les question de
régie interne, de discipline, le nombre de traitements à
apporter, cela a été un peu plus contrôlé. Je pense
que cela a été bénéfique au. patient et à la
profession parce qu'ils ont dû se conformer dans cette
équipe de santé couverte avec les médecins et d'autres
professionnels à des règles générales. Cela
a donné une nouvelle stature non seulement au patient, mais à la
profession.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la répartition de vos
effectifs sur le territoire de la province vous permettrait
éventuellement de participer à un régime comme celui de
l'assurance-maladie et de répondre à la demande?
M. BONVOULOIR: Je dois vous dire que, sur les 258 membres, vous en avez
à peu près une centaine à Montréal. Dans la ville
de Québec, vous en avez 35. J'ai les chiffres pour toutes les
régions, si vous les voulez, je peux vous les donner.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pour autant que vous me donnez une
indication générale, il y a une répartition des effectifs
assez bien équilibrée sur tout le territoire.
M. BONVOULOIR: Je pense que là où il y a des
médecins, il va y avoir des chiropraticiens.
UNE VOIX: En contrepartie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'à
votre connaissance, la référence des patients par le
chiropraticien au médecin se fait régulièrement?
M. BONVOULOIR: Si vous me demandez de me prononcer au nom de mon
exécutif, je ne le peux pas, parce que ce problème n'a pas
été débattu. Parmi ceux que je connais, ceux que je
côtoie, personnellement je pratique dans une petite ville qui a
8,000 de population je dirais que deux à trois patients par
semaine viennent de médecins et la même chose, nous leur envoyons
des patients. Dans ma conduite personnelle, dans la plupart des cas, je ne
renvoie pas mes clients au médecin, ils vont voir un orthopédiste
ou un neurochirurgien.
Il y a cet échange. Ce qui nous intéresse, que ce soient
les médecins ou les chiropraticiens, c'est le bien-être du
patient. Si nous nous apercevons que nous ne pouvons pas l'aider, c'est notre
devoir de professionnel de le référer à d'autres
professionnels qui pourront l'aider.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici ce que je vous demande.' Je vous ai
posé cette question parce qu'on a constaté, au cours des travaux
de la commission parlementaire, que souvent entre les groupes de professionnels
eux-mêmes les relations étaient plus ou moins bonnes. Mais, entre
des professionnels, M. X et M. Y, entre M. X, médecin et M. Y
optométriste, entre M. X, médecin et M. Y, chiropraticien, il
peut arriver et il arrive effectivement que les relations sont cordiales et
même, ils travaillent en collaboration. C'est pour cela que je vous pose
la question. Non sur une base collective, mais sur une base individuelle.
Est-ce que les relations sont établies de sorte que, un moment
donné, sur une base collective il puisse y avoir un échange assez
fructueux?
M. BONVOULOIR: Nous sommes prêts, de notre côté,
à collaborer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LAPORTE: J'airmerais ajouter un mot là-dessus parce que j'ai
eu l'occasion de jouer un rôle il y a quelques années. Je dois
vous dire que les mémoires qui sont présentés par les
médecins le sont par un groupe de médecins et non pas au nom de
la profession, laquelle n'a pas été consultée.
Par contre, ce qui rejoint votre question, M. Cloutier, c'est que
du moins, je parle pour la région de Montréal non
seulement des médecins de médecine générale mais
des spécialistes, des orthopédistes, par exemple,
réfèrent assez souvent et de plus en plus des cas aux
chiropraticiens. Vous avez le cas le plus fréquent, celui du coup de
fouet ou du "ship-lash". Les orthopédistes, à Montréal,
admettent aujourd'hui et non pas les moindres c'est évident que
je ne peux pas citer de nom ici ... Ils réfèrent de plus
en plus leurs patients à des chiropraticiens pour les débarrasser
de ce malaise et des conséquences très graves que cela
entraîne.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai noté, comme tout le monde
tantôt, que la position exprimée par le président de la
Fédération des médecins-spécialistes était
plus nuancée que celle qui nous avait été donnée
par un groupe de médecins.
M. GRAVEL: Je voudrais ajouter quelque chose là-dessus. Ce qui
nous surprend beaucoup aussi, c'est le fait qu'il y ait un assez bon nombre de
médecins qui se font soigner chez nous et avec succès,
d'ailleurs. En général, ils nous envoient leur femme et leurs
enfants par la suite. Ces médecins collaborent jusqu'à la gauche
avec nous, ces médecins sont souvent attachés à des
hôpitaux.
Lorsque nous avons des malades qui ont besoin d'être
hospitalisés, lorsqu'il arrive, par exemple, qu'un malade fasse une
crise d'appendicite ou quelque chose comme ça, qu'il faille absolument
l'hospitaliser, nous le conduisons souvent à l'hôpital plus
rapidement que leurs confrères médecins réussiraient
à le faire. C'est seulement pour vous montrer notre bonne
volonté, qu'il peut y avoir des contacts directs qui se font sur une
base amicale. C'est pour ça que je crois que les frontières
pourraient devenir infiniment plus perméables si toutefois il y avait
une reconnaissance et une collaboration, et je crois qu'une collaboration
pourrait enfin s'établir entre les groupes, j'en suis sûr, parce
que, comme vous avez pu le constater, je pense qu'il y en a qui sont pas mal
bornés.
M. HOULE: Je voudrais ajouter un mot, si vous le permettez, M. Cloutier,
à votre question, c'est peut-être un peu de malice de ma part je
l'avoue, mais je suis parti de Toronto hier, je retourne à Toronto ce
soir, j'ai cinq heures de cours demain, je reviendrai mais il faut que ce soit
dans le journal des Débats. Fondamentalement, il y a eu un homme qui a
été responsable du marasme et c'est dommage qu'il soit
décédé parce que j'aimerais l'avoir en pleine
confrontation. Il faut en parler, c'est le Dr Roméo Boucher. J'insiste
sur ce fait parce que c'est un fait historique. Il avait publié un
bouquin sous les auspices du Collège des médecins en 1953, c'est
important de l'ajouter. Le bouquin s'appelait Le cas des chiropraticiens et
était signé sous le pseudonyme de Michel Servant, nom de plume du
Dr Roméo Boucher. A la page 36, si ma mémoire est fidèle,
on disait et c'est en 1953 que la chiropratique était
l'apothéose de la masturbation vertébrale. Si on se
réfère maintenant à dix années plus tard, devant la
commission Lacroix, le même organisme qui était responsable de la
publication du manuel en question et c'est important et je veux
absolument que ce soit dans les Débats aussi prend un bouquin du
docteur Robert
Maigne, de France, dont le titre était Les manipulations
vertébrales, ne change qu'un seul mot et s'attribue le plein passage du
bouquin en question. Le Collège des médecins â ce
moment-là a changé un mot et cela revient très
souvent.
Ce qu'il y a d'intéressant à noter là-dedans, il y
a eu et je me permets de le souligner certainement un manque
d'information. En toute sincérité pour le législateur
et je me rends compte du problème auquel vous vous heurtez
de part et d'autre, il y a certainement eu peut-être un petit brin de
manque de communication. C'était toujours pour la raison qu'un bonhomme
était tellement arrogant. Et je reviens au Dr Roméo Boucher,
c'est lui qui a mené les destinées de la profession
médicale pendant vous savez combien d'années, au moins 25 ans.
C'était l'apothéose non plus de la masturbation
cérébrale mais de la relation extérieure.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais pu poser cette question à
n'importe quel groupe des chiropraticiens. Prenons le bill qu'on nous
présente actuellement et les deux autres lois, celle que j'ai
présentée moi-même en 1969 et celle qui avait
été présentée par M. Kierans en 1966. Même si
ces lois ne satisfont pas tous les désirs de la profession, ne
croyez-vous pas qu'à un moment donné il faudra se fixer sur un
point de départ et que c'est mieux que la profession de la chiropraxie
enfin se pratique dans la légalité? Ne croyez-vous pas qu'il vaut
mieux qu'elle fasse certains gestes qu'elle doit faire, quand elle aura des
pouvoirs? C'est-à-dire s'assurer le contrôle de ses membres,
s'assurer que tous les membres à l'intérieur du groupe
professionnel peuvent être, par la compétence,
l'expérience, les qualifications, des membres de la profession et
qu'après s'engage un certain dialogue avec d'autres professionnels de la
santé pour, enfin, accéder peut-être à d'autres
revendications qui peuvent être légitimes?
Je vous demande votre avis là-dessus, mais je pense qu'à
un moment donné il va falloir qu'il y ait un point de départ et
c'en est un avec la présente loi.
M. LAPALME: M. Cloutier, il y a quelque temps, j'étais encore
président de l'Ordre des chiropraticiens et j'ai rencontré
à deux reprises M. Castonguay. Nous avons discuté de la chose.
J'ai posé la question à M. Castonguay. J'ai dit : Puisque vous
êtes à rédiger un projet de loi sur le chiropratique,
pourquoi ne communiqueriez-vous pas avec nous pour savoir ce qu'on aimerait
avoir dans ce projet de loi?
Puisqu'il ne l'a pas fait et que ce n'est pas comme ça que cela
se fait normalement, maintenant que le projet de loi est écrit, nous
tenons à suggérer certaines corrections que nous aurions
suggérées lors de l'élaboration du projet de loi, si le
gouvernement avait collaboré avec nous lorsqu'il a écrit le
projet de loi. C'est pour ça que nous voulons faire ces petites
corrections qui s'imposent, en fait, pour des choses qui vous semblent
absolument insignifiantes, mais pour nous, cela peut représenter des
problèmes assez énormes, vous savez.
N'oubliez pas que nous nous autogérons depuis toujours. Cette
autogestion est extrêmement difficile à faire puisque nous n'avons
aucun pouvoir. Savez-vous ce que c'est de ne pas avoir de pouvoirs? Si
quelqu'un fait quelque chose de travers, ce n'est pas beau...
M. BACON: Ce sont des bons gars...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais ce que c'est. Je peux dire que je vous
comprends!
M. LAPALME: J'y ai pensé.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Dorchester.
M. GUAY: J'ai quelques questions, M. le Président, que je poserai
brièvement, parce que l'heure avance. On a parlé tantôt de
coup de fouet ou ce qu'on appelle communément le "whip lash". Est-ce
possible de guérir une personne de ce malaise par des
médicaments? Par des médicaments, est-ce que ce serait possible
de guérir une personne qui souffrirait de traumatologie de la
colonne?
M. HOULE: J'aimerais répondre à votre question, si vous me
permettez, parce que j'ai en même temps l'occasion, grâce à
votre question, de relever certains faits anatomiques qui étaient faux
dans une présentation préalable.
Au point de vue de l'accident coup contre coup, qui est typique de
l'accident accélération-décélération, on
pense évidemment aux lacérations des ligaments, aux tractions
musculeuses, aux capsules articulaires, mais on oublie, hélas assez
souvent, les implications d'un disque et surtout ce qui est plus important
je pense qu'il faut l'apporter à votre attention le
cheminement vasculaire dans les framina transversaria, dans les ouvertures dans
la fine marge des vertèbres cervicales.
Fondamentalement, le "whip lash" peut très souvent n'impliquer
absolument aucune pathologie stricte, si ce n'est le fameux réflexe
vasculaire de l'artère vertébral qui ne peut être
guéri autrement que par manipulation et rééducation
musculaire. Et, en fait, je me permets de greffer aussi une réponse
additionnelle à la radiologie. C'est que si, fondamentalement, on
insiste pour que la radiologie chiropratique ou si on veut la
roentgénologie chiropratique soit différente, c'est que,
justement, même dans un cas de "whip lash", il est important de faire une
radiographie orthostatique alors que le patient subit l'effet de la
gravité. On est donc, à ce moment, beaucoup plus en mesure
d'évaluer totalement le patient.
En toute sincérité, une médication peut
régler certains symptômes de cette espèce de
notalgie cervicale mais la cause fondamentale, structurale, mécanique,
doit être réglée ou par, évidemment, exercices ou
par manipulation vertébrale qui demande évidemment, de la part du
praticien, une compétence additionnelle.
M. GUAY: J'aurais une question qui se grefferait à ça, et
vous pourrez répéter en même temps. J'ai connu des
personnes et même dans ma famille qui ont dû porter
un espèce de "carcan" pendant des semaines et des semaines et qui se
sont plaintes d'un malaise extraordinaire. J'ajoute, pour le bienfait de la
commission, qu'elles ont subi deux traitements chez un chiropraticien. Et je
pourrais peut-être amener les personnes, si nécessaire. Une de ces
personnes a enlevé son carcan et se sentait assez bien. Son malaise
semblait augmenter de jour en jour. C'est une cliente que j'ai reçue
à mon bureau et c'est pour cela qu'elle m'en a parlé. Croyez-vous
et je répète ma question qu'il est possible de
soulager ou de guérir une personne qui souffre les mots
scientifiques m'échappent de "whip lash" par les
médicaments?
M. GRAVEL: Premièrement, par les médicaments, c'est
absolument impossible, parce que c'est symptomatique. Vous allez donner des
remèdes et la personne va se sentir mieux. Mais de la à replacer
des choses qui sont défectueuses au point de vue musculo-squelettal,
cela ne tient pas debout.
Le président mondial de la Fédération de
médecine manuelle, le Dr Robert Main, savez-vous qui c'est? C'est un
médecin que les médecins du Canada ont invité à
venir leur enseigner la chiropratique. Il doit être pas mal bon. C'est le
président mondial de la Fédération de médecine
manuelle. Il raconte ceci dans son livre, douleurs d'origine vertébrale,
etc. C'est l'autorité médicale. "La colonne cervicale est presque
toujours touchée dans les traumatismes crâniens, comme elle l'est
dans les traumatismes cervicaux mineurs "whip-lash injury". Il l'indique en
toutes lettres. "Aussi, bien souvent, le syndrome subjectif classique de
post-traumatisé du crâne et dû à des entorses
vertébrales provoquées par le traumatisme. Dans ces cas, la
manipulation constitue un traitement de choix qui soulage souvent bien des
malades, dont le bien-fondé des plaintes est fréquemment
suspecté".
Alors non seulement nous, nous considérons que le "whip-lash"
peut être soigné par des manipulations vertébrales, mais le
président mondial de la Fédération de médecine
manuelle, le Dr Robert Main, est parfaitement de notre avis. Nous ne sommes pas
seuls à penser ainsi.
M. GUAY: Une question supplémentaire, toujours sur cela, parce
que cela semble se produire assez souvent dans des accidents d'automobiles.
Cette personne s'est laissé dire, à l'hôpital où
elle est allée d'abord, que les radiologistes n'indiquaient aucun
trouble et le médecin s'est permis de dire: Madame, vous n'avez
rien.
M. GRAVEL: Je peux vous répondre très clairement
là-dessus. Il arrive très rarement qu'il se passe un seul mois
sans que nous voyions des gens qui sont effectivement allés chez des
soi-disant radiologistes et médecins et qu'on leur ait dit: Vous n'avez
rien; nous, nous trouvons quelque chose, telles des fractures, des
dislocations, etc, etc. Nous avons les dossiers en conséquence pour
prouver ce que nous avançons.
M. GUAY: J'aurais une autre question, toujours dans le domaine de la
radiologie, puisque c'est un point que vous avez abordé assez
sévèrement. Il paraîtrait que lorsque sur un même
sujet, on va prendre, par exemple, plusieurs photos radiologiques je ne
sais pas si c'est comme cela que ça se dit des radiologies qui se
succèdent, sur les photographies, des courbes tout à fait
différentes apparaissent.
M. GRAVEL: C'est évident. Si c'est un médecin qui les
prend, c'est sûr, parce que le médecin, en général,
son équipement et son entraînement ne le prédisposent pas
à faire des radiographies de contour qui nous intéressent. Les
distorsions, pour que ce soit vérifié, demandent des plaques sur
lesquelles on place les pieds. Cela demande des appareils qui puissent
permettre de faire des radiographies debout.
Cela demande des appareils de rayons X qui peuvent faire des rayons X
complets de la colonne vertébrale. Et je vous réfère
encore au Dr Main qui, lui aussi, dit comme nous que le seul moyen de
déterminer des distorsions vertébrales est de prendre des
radiographies générales comme celles que nous préconisons.
Autrement, si vous faites des radiographies en section, vous avez d'abord un
"over-lapping", c'est-à-dire que vous avez des radiographies qui
empiètent les unes sur les autres. A ces endroits, vous avez double
exposition de radiographies. Donc, c'est beaucoup plus dangereux pour le
patient, parce qu'il y a plus de radiations qui existent et le médecin,
n'étant pas entraîné à faire ce travail, ne prend
pas des radiographies dans le but de déterminer si les patients sont
plus ou moins droits. Le patient peut se tenir n'importe comment. Cela n'a pas
d'importance. Il est bien évident, à ce moment, que dans son cas,
il y a une possibilité que des radiographies ne se
répètent pas. Mais en général, s'il essayait, il ne
ferait pas cette affirmation.
M. GUAY: Toujours dans le domaine de la radiologie, auriez-vous
objection à ce que d'autres personnes, par exemple des radiologistes,
fassent pour vous de la radiologie? Si oui ou si non, pourquoi?
M. GRAVEL: Mais vous avez entendu ce que la petite femme médecin
qui était ici tout à l'heure a affirmé. Qu'a-t-elle dit?
Elle a dit: Les radiologistes se sont réunis et ont étudié
la question. Et ils ont dit que même si le gouvernement nous
forçait à faire des rayons X pour les chiropraticiens, nous n'en
ferions pas. Et même si le gouvernement réussissait par une loi
à le faire, vous savez ce qui se passerait. Du sabotage. Ce n'est pas
compliqué. Nous ne pourrions rien avoir qui aurait de l'allure.
M. GUAY: Est-ce que cela serait possible pour les chiropraticiens de
poser un diagnostic valable ou d'être en mesure d'appliquer votre science
ou ce que vous savez, vos techniques, sans vous servir d'appareil radiologique:
D'après ce que vous demandez dans votre mémoire, je pense qu'il
s'agit d'avoir une réponse claire et nette. Est-ce possible pour vous
d'opérer et de procurer des effets bénéfiques aux patients
sans appareil radiologique?
M. GRAVEL: De toute façon, je crois que non à cause de mon
entraînement. Je vais vous citer le dictionnaire médical Larousse
qui a été écrit par des médecins et qui,
évidemment, est quand même considéré comme une
certaine autorité dans le monde entier. On dit: Chiropraxie:
Méthode de traitement empirique consistant dans les manipulations
prudentes de la colonne vertébrale, traction, extension, torsion, etc.
Ces manipulations corrigeraient théoriquement des déplacements
vertébraux minimes, permettant des résultats appréciables
surtout dans des douleurs d'origine rachidienne, certaines sciatiques,
névralgies, etc. La chiropratique peut-être dangereuse lorsqu'elle
est faite sans précaution, en particulier sans contrôle
radio-graphique préalable. Cela c'est Larousse.
M. GUAY: Etant donné qu'on a été très
sévère à votre endroit je ne voudrais pas que cela
finisse, je voudrais continuer d'être sévère je me
suis laissé dire à plusieurs reprises, par plusieurs personnes
et notamment des spécialistes de la santé qu'une
personne qui avait une déviation de la colonne vertébrale,
c'était pour le reste de ses jours, que les vertèbres ne se
replacent pas, et que des colonnes vertébrales ne se redressent pas.
Est-ce que vous seriez en mesure de déposer à la commission, soit
un document, une photographie ou autre chose qui soit la preuve que ça
se fait, que ça se redresse et que ça se travaille?
M. GRAVEL: Je suis bien content que vous me posiez cette question, parce
que nous sommes arrivés ici préparés. Vous avez
derrière vous trois radiographies. Sur la radiographie gauche, vous
voyez une scoliose très prononcée. Cette patiente est venue me
consulter et ses parents ont décidé de la faire soigner à
l'hôpital. Elle y a été soignée pendant quatre mois.
Pendant ces quatre mois, on lui a appliqué les traitements
médicaux réguliers et en particulier on lui a fait porter deux
corsets de plâtre.
La radiographie du milieu vous montre la patiente quand elle est sortie
de l'hôpital quatre mois plus tard. Donc, lorsque le médecin
affirme qu'il ne peut pas corriger une colonne vertébrale ou la
redresser, vous voyez pourquoi.
Cinq mois plus tard, après avoir traité la patiente avec
des moyens chiropratiques réguliers, nous avons obtenu la radiographie
de droite. Si ça peut vous intéresser, la patiente est ici. Si
elle veut se lever, s'il vous plaît, Mme Cadeau.
UNE VOIX: Quelle belle colonne! M. GRAVEL: Pas pire, hein!
M. GUAY: Est-ce que vous avez toujours des patientes aussi jolies?
M. GRAVEL: Heureusement, j'en ai un assez bon nombre c'est ce qui nous
console des attaques virulentes qui sont faites contre nous
régulièrement.
M. GUAY: Vous dites que la formation prend quatre ans, ça me
permet de me poser d'autres questions, mais personnelles cette fois-là,
s'il n'y avait pas lieu de changer de domaine. Vous avez mentionné un
paquet de choses. J'appelle ça des preuves, n'étant pas
spécialiste de l'anatomie, c'est quand même une
démonstration fort appréciable. Je me demande encore pourquoi les
professionnels de la santé selon vous, est-ce qu'il y a une
réponse pratique, valable, qui peut s'adapter à cette question
non seulement hésitent à ce que vous soyez reconnus
légalement, mais parfois assez farouchement.
M. GRAVEL: C'est très simple. La raison pour laquelle les
professionnels de la santé s'y opposent en général, c'est
qu'ils font partie d'une classe spéciale, ils croient faire partie d'une
race supérieure. Lorsqu'il s'agit d'inclure chez eux quelqu'un d'autre,
ils n'aiment pas trop ça, c'est un peu l'idée
générale. La chiropratique est une science qui s'acquiert
à l'étranger. Remarquez que ce n'est pas notre faute. Si on avait
pu étudier la chiropratique au Québec, nous l'aurions fait. Il y
a une raison pour laquelle nous avons dû nous exiler, dépenser nos
propres sous sans avoir d'aide du gouvernement, des bourses ou de tout ce que
vous pouvez imaginer. Aller étudier dans une langue
étrangère, faire face à des gars comme celui que vous avez
vu tout à l'heure ici, ce n'est pas commode. Quand on revient, c'est
difficile de s'intégrer, d'intégrer une idée nouvelle.
Mais la chiropratique n'est plus une idée nouvelle.
Je crois que, maintenant, les professionnels du Québec,
réalisent que les chiropraticiens font partie de la chose. Cela s'est
fait par capilarité. Cela a fini par entrer dans la patente
et ils savent qu'ils ne peuvent plus s'en débarrasser. Ils le
savent. Ils ont des difficultés parce qu'ils ont étudié
à l'université; nous nous avons étudié dans des
écoles, des collèges d'en dehors, ils n'en connaissent pas la
valeur. Certaines de ces personnes qui ont ces objections ont des objections
quand même fondées sur des observations qu'ils ont pu faire, des
observations individuelles. C'est comme lorsqu'on condamne la religion, parce
qu'on a vu un prêtre sortir avec une fille. Qu'est-ce que vous voulez
faire, on ne peut pas condamner toute une profession parce qu'il y en a un qui
a mal agi. A ce moment-là, ça fait longtemps que nous aurions
condamné la médecine. Parce que nous voyons, à la
journée, seulement pour la plupart du temps, des gens qui ont
été soignés de travers en médecine. C'est pour cela
qu'on existe.
M. GUAY: Une dernière question, très brève. Est-ce
qu'il arrive parfois que vous conseillez à vos patients tel ou tel
médicament?
M. GRAVEL: Pour quoi faire? Ce n'est pas notre domaine.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Rivière-du-Loup, vous serez le suivant.
M. LAFRANCE: M. Bonvouloir, l'Ordre des chiropraticiens tend à
mon sens, du moins vous avez tenté de nous le démontrer, au
bien-être physique de la population du Québec. Vous parlez
même, dans la conclusion du résumé de votre mémoire,
du malade électeur. Il semblerait que vous êtes très
heureux que le gouvernement du Québec ait déposé le bill
269 et, je le répète encore une fois, à votre avis, c'est
pour le bien-être de la population. Comment, vous, l'Ordre des
chiropraticiens, avec la formation que vous avez actuellement, pouvez-vous, au
même titre et en parlant toujours pour le bien-être de la
population du Québec, contester un bill du même gouvernement, soit
le bill 31 sur la fluoration des eaux de consommation?
M. BONVOULOIR: Je dois vous dire que ce n'est pas la position de l'Ordre
des chiropraticiens du Québec.
M. LAFRANCE: Je l'espère, merci.
M. GRAVEL: Cela n'a jamais été la position officielle de
nos organismes.
M. LAFRANCE: D'accord.
M. BROCHU: Nous espérons que les chiros continueront à
étudier la question de la fluoration de très près, comme
une question très importante. Tout à l'heure, le groupe qui a
précédé le vôtre vous a un peu décrits, dans
la circulation médicale, comme les motards de la radiologie.
Pourriez-vous rapidement c'est une question technique nous dire
l'importance du travail de radiologie par rapport au reste du travail que vous
effectuez, la proportion de ce travail?
M. GRAVEL: Tout d'abord, il est très rare que nous n'ayons pas
à faire la radiographie d'un malade parce que, lorsque le patient vient
nous voir, il faut déterminer de façon mécanique ce qu'il
y a de travers. Un chiropraticien, à la base, est un mécanicien;
un médecin, à la base, est un chimiste. Pour nous, il s'agit
d'abord de faire une analyse géométrique de ce qu'il y a de
travers, la relation entre chacune des structures de la colonne
vertébrale, des os du bassin, des os de soutien, pour savoir si tout est
bien équilibré. C'est la base de notre histoire.
Il y a aussi le fait qu'il faut déterminer si les os que l'on
regarde sont sains. Figurez-vous que vous auriez des os poreux; on appelle
cela, en langage médical il y a un nom très ronflant
de l'ostéoporose. Lorsque vous regardez cela, vous vous dites:
Tiens, il y a de l'ostéoporose. Vous savez que si vous donnez des
traitements là-dessus, vous avez une chance de briser les os, donc vous
ne donnerez pas de traitement à ce gars-là. Si vous voyez des
morceaux d'os de partis un peu dans la région lombaire, vous vous dires:
Tiens, ç'a l'air d'une métastase, ç'a l'air d'un cancer,
je ne touche pas à cela. Tout de suite, vous allez l'envoyer chez un
spécialiste.
Il y a un tas de choses que l'on peut voir sur la radiographie qui vont
nous permettre de déterminer si, oui ou non, le cas pourrait être
traité en chiropratique. Il y a un grand nombre de cas que, justement,
nous ne traitons pas parce que nous savons que c'est dangereux. Je
relève ce qui a été dit, toujours dans le cadre de ce que
vous me demandez. Quand une femme est enceinte ou si on soupçonne qu'une
femme le soit, nous ne la radiographions pas. Il y a peut-être quelque
chiro foin-foin que va le faire, c'est possible, mais, comme on nous l'a
enseigné, nous ne le faisons pas. Ne nous faisons pas d'illusion.
L'histoire des radiographies gratuites, ce n'est pas la majeure partie des
chiropraticiens qui font cela, ce sont deux ou trois têtes folles qui
font des histoires comme cela, les chiros ne font pas de choses comme cela.
Lorsque nous faisons des radiographies, nous les faisons avec
discernement. Le type qui a fait 300 heures de cours de radiographie, ce n'est
pas une personne qui va se servir des rayons X comme on se servirait d'un
Brownie, vous savez; il sait à quoi s'en tenir. Il va faire quelque
chose, il se sert de ça d'une façon intelligente. On ne peut pas
étudier, pendant ces 300 heures, exclusivement la relation
ostéologique de la colonne vertébrale. Il y a toute une question
de pathologie qui entre en jeu.
Maintenant, ne nous laissons pas leurrer par ce chiffre de 300 ou de 350
heures. Il ne faut pas oublier qu'il y a des études d'anatomie et de
physiologie; il y a de la dissection et tout ce qu'on peut imaginer qui
se fait. Des études médicales et des études chiropratiques
sont très connexes, c'est à peu près la même chose.
Quand j'ai été interviewé, il y a quelque temps, le
docteur Katz qui était ici il y a quelques minutes m'a demandé
d'aller à l'université McGill donner une conférence sur ce
qu'étaient les chiropraticiens. Vous auriez dû voir ce qu'on
racontait; c'étaient des choses... Ce n'était pas possible de
raconter des histoires comme celles-là. Il a expliqué aux
élèves de médecine qu'un cours de chiropraticien,
c'était la même chose qu'un cours de médecine, exactement.
Il a dit: Ils étudient l'électrocardiographe, ils font de la
dissection, ils font exactement la même chose que nous autres . Il a
même dit: C'est mon opinion que d'ici quelque temps les collèges
de chiropratique vont octroyer des MD au lieu des DC. Il a fait cette
affirmation, je vous l'assure; il a dit ça devant les professeurs et les
élèves là-bas. Il ne comprenait pas qu'après avoir
fait les études que nous faisons, nous fassions de la chiropratique.
Alors, les études sont à peu près les mêmes.
Donc, ces 300 heures de rayons X sont complétées par des
études sur l'anatomie du corps humain faites au moyen de la dissection,
de tous les livres réguliers de médecine. On n'a pas écrit
des livres spéciaux pour étudier l'anatomie et toutes les
fonctions du corps humain exprès pour les chiropraticiens, vous
savez.
M. BROCHU: Je pense que c'est important que vous ayez souligné ce
point de la radiologie sur les dames enceintes, parce qu'on a souligné
que ça se faisait couramment. Ceci m'amène à une autre
question sur ce point.
Avez-vous quand même un certain contrôle sur les actes
posés par vos membres?
M. BONVOULOIR: Je voudrais vous répondre là-dessus. On
parlé tout à l'heure de non pouvoir; nous avons ce qu'on appelle
des "guide-lines." Enfin, chacun a des normes en radiographie à
respecter, un code de déontologie. Or, tout à l'heure je
veux relever ce point aussi on a parlé des annonces gratuites
à la radio et à la télévision. Nous n'avons aucun
contrôle. La seule chose que je peux faire à un membre, c'est lui
dire: Tu n'es plus membre. Mais ça ne change rien vis-à-vis de la
population québécoise. L'image qu'il donne d'une profession,
à ce moment, c'est une image qui est loin d'être fidèle
à ce qu'est un chiropraticien, mais je n'ai aucun contrôle. Alors,
pour répondre à votre question: Tant que nous n'aurons pas une
corporation professionnelle avec des normes pour que nous soyons capables de
réglementer, de contrôler l'acte chiropratique, nous allons rester
dans la situation dans laquelle nous sommes depuis trop longtemps,
hélas!
M. BROCHU: Donc, c'est votre reconnaissance en ce sens qui vous donnera
finalement le pouvoir d'avoir un contrôle sur l'acte chiropratique.
M. GRAVEL: En fait, quand vous pensez bien à la question, quelle
espèce de différence pensez-vous que cela nous fait d'avoir une
loi ou de ne pas en avoir une à ce stade-ci? Vous nous annonceriez
aujourd'hui: Vous êtes reconnus. On s'en irait et on ferait exactement la
même chose qu'on faisait hier. Cela ne dérangerait absolument rien
dans l'histoire. Mais la seule chose que cela va déranger, c'est que le
type qui fait des stupidités pourra être arrêté.
C'est la clé de l'affaire.
M. BROCHU: J'aurais une autre question. Vous avez touché, je
pense, rapidement ce point, lorsque vous avez répondu à une autre
question tout à l'heure. J'aimerais que vous me donniez votre point de
vue. J'ai posé la question à un autre groupe, sur le diagnostic
et le diagnostic différentiel. Je pense que c'est le point de
départ lorsque vous avez parlé de votre travail. J'aimerais que
vous me souligniez les grandes lignes du pourquoi de ce point de départ
dans le cheminement global du "following" d'un cas, si vous voulez.
M. GRAVEL: M. Houle enseigne au collège de Toronto. Il va pouvoir
vous donner cela.
M. HOULE: Je peux répondre à votre question, parce que
c'est évidemment la colle du problème, quoi! Dans les poursuites
pédagogiques de l'institution où je suis embauché, on
s'efforce toujours de transposer chez l'élève que le diagnostic
comme tel est structuré sur trois phases, exactement comme lorsqu'on
fait un groupe sanguin. En bon français, il faut faire sutout le
questionnaire. C'est important. Et dans le questionnaire, évidemment, il
faut savoir quoi? L'âge, l'occupation du patient, ses
antécédents, son ancienne thérapie, par exemple. C'est
important aussi. Si la dame a eu une mastectomie, c'est plus qu'important parce
que c'est possible qu'elle ait des métastases dans la région
cervicale. Forcément, elle aurait une otalgie cervicale. Mais
abstraction faite de cela, il faut en plus, dans le questionnaire, demander
souvent quelles drogues la dame prend. Je me permets seulement l'exemple
suivant: Plusieurs céphalées actuelles chez les dames sont
causées par les contraceptifs. Si, effectivement, la dame a des maux de
tête tellement affolants qu'il n'y a rien à foutre,
peut-être que le stérilet est la réponse. C'est
arrivé assez souvent à la clinique là-bas, où j'ai
le plaisir d'être surveillant à l'exercice, où, par
exemple, on réfère des dames chez les gynécologues pour
faire le transfert depuis le contraceptif au stérilet. Mais abstraction
faite de cela, si on prend comme exemple la clinique au collège,
systématiquement, le patient remplit une formule qui,
déjà, est une orientation. C'est ce que j'appelle le "forward
grouping", la période première. Dans la
deuxième période, c'est le praticien ou le futur candidat
qui demande au patient: Qu'est-ce que vous entendiez par cette histoire de
"j'avais mal dans le cou"? Pour le patient, souvent, mal dans le cou c'est mal
dans le cou ; mais cela peut être plus sévère,
dépendant... Montrez-moi avec un doigt, par exemple... En tout cas.
Après l'histoire du cas, les tests sont faits.
Si nous suspectons, peut-être, une pathologie des os, c'est
sûr que nous pouvons faire dans le laboratoire chez nous, par exemple,
l'épreuve de la phosphatase alcaline, l'épreuve de la phosphatase
acide. Ou c'est possible que nous fassions, par exemple, une épreuve de
sédimentation pour savoir s'il n'y a pas une pathologie en
profondeur.
A ce moment, nous pouvons établir avec la structure orthostatique
radiologique ou roent-genologique vraiment ce que j'appelle, ce que j'enseigne
aux jeunes là-bas, une hypothèse de travail. Et on ne peut
absolument pas faire autrement que ça. Le diagnostic est un art; on ne
peut pas se dissocier de ça. Dans n'importe quel hôpital, avec
tout le respect que j'ai pour le bon travail qui se fait là, il reste
que le diagnostic, la première journée de votre inscription est
expérimental; le diagnostic final est posé lorsque vous vous
absentez ou qu'on vous donne votre congé.
Le diagnostic est la clé de voûte et c'est peut-être
aussi un argument extraordinaire en faveur de la thérapie chiropratique.
Il semble que le chiropraticien prenne beaucoup plus de temps dans l'entrevue
de son malade. Cela veut dire, par exemple, qu'au lieu de dire: on va prendre
10 cc de sang pour faire le multi-douze, les tests en vrac sur chacun, les
tests sont peut-être orientés d'une façon plus
spécifique. Si, par exemple, après avoir questionné une
dame pour savoir si elle prend des contraceptifs ou des choses comme
celles-là, ou pour le traumatisme, etc., à ce moment, nous ne
pouvons pas établir une équation entre le syndrome qu'elle
présente et sa structure axiale, c'est sûr et certain que par
devoir moral, les praticiens... C'est ce que je dis toujours: Pour l'amour du
ciel, envoyez la patiente chez le neurologue; probablement qu'elle a besoin
d'un électro-encéphalogramme.
Je veux ajouter à ceci, si vous me permettez, puisqu'on est dans
la région cervicale... J'ai trouvé assez cocasse l'intervention
du docteur Robillard. C'est peut-être tardif, mais je veux au moins, si
vous me permettez, ramasser. Le Dr Robillard dit: C'est impossible de penser
à l'épilepsie avec des problèmes de nerfs
récurrentonomiques. Là-dessus, je n'ai pas de problème.
Une chose est certaine et c'est important que les gens le sachent; en 1926, en
France, a été classifié un syndrome qui s'appelle le
syndrome de Barré-Lieou. Si vous voulez, je vais vous l'épeler:
Barré-Lieou. Le syndrome de Barré-Lieou est tellement
extraordinairement pléomorphique qu'il y a seize possibilités de
maladies et le syndrome comme tel est expliqué, savez-vous comment? Avec
les récurrents antonomiques au cerveau. On parle même dans le
syndrome de Barré-Lieou enfin, si vous ne voulez pas prendre ma
parole, je vous enverrai les textes de seize maladies différentes
à partir, par exemple, des cloches dans les oreilles. Souvent, on dit:
C'est un malade mental, donnez-lui du librium ou quelque chose comme ça.
Là aussi, il y a un problème: l'histoire de cas plus,
évidemment, la pleine connaissance de la neurologie et tous ces
syndromes.
Par exemple, sans faire de malice, j'aurais demandé à ces
gens cet après-midi: Voulez-vous être assez gentils de me
décrire le syndrome de Wallenberg?
Ils auraient dit: Mais qu'est-ce que cela foutre, cela? Et pourtant,
n'importe quel élève, en chiropratique, sait ce qu'est le
syndrome de Wallenberg, parce que c'est une possibilité de mort lors
d'une manipulation faite à tort et à travers.
Quand on parle de manipulation je l'ai souvent écrit
ce n'est pas une distraction à laquelle tous peuvent s'adonner.
C'est un métier, c'est une science, c'est un art. On l'a dans le bout
des doigts et on l'a aussi dans notre orientation académique, pour le
jeune qui entre chez nous, je suis en mesure de le dire, et j'ai aussi un mot
à dire en technique, la technique, c'est comme une chapelle. Pas un mot,
messieurs, dames: On travaille. Ce n'est pas facile de l'acquérir. Je
fais le malin et je dis toujours, moi, le chirurgien, si on y va par
l'éthymologie, cela veut dire ergon travailler, klein avec la main, et
chiropratique, c'est quoi? C'est praktein, faire, avec la main aussi. Il y a de
drôles de similitudes. Si on s'imagine que la chiropratique est une
farce, c'est peut-être pour cela qu'on n'a pas de législation.
Je reviens à cette histoire de Wallenberg tantôt. Ecoutez,
allons sur les dalles de l'autopsie; des gens sont morts à cause d'un
syndrome de Wallenberg, pourtant où il y a un test simpliste à
faire au possible, rotation de la tête avec extension. Si le bonhomme a
une espèce d'étourdissement, avec des points noirs devant ses
yeux, forcément...
Donc, je pense que c'est important.
UNE VOIX: Merci.
M. GRAVEL: Un dernier mot, s'il vous plait. Tout à l'heure, on
nous a parlé de la radiographie chez l'enfant. On nous a indiqué
que c'était extrêmement dangereux que de radiographier des
enfants. Nous disons, au contraire, qu'il est extrêmement dangereux de ne
pas radiographier des enfants. Prenez l'exemple de la jambe qui est
pathologiquement courte. Si un enfant, à l'âge de 4 ou 5 ans, a
une jambe qui est pathologiquement courte et qu'une colonne commence à
se tordre, il y a moyen de la corriger. Si on attend à l'âge de 20
ans, il est trop tard. Donc, il est de toute importance, pour un nombre assez
considérable de condi-
tions, qu'on puisse radiographier des enfants. Alors je ne comprends pas
du tout...
Lorsque j'avais été à McGill, on m'avait dit qu'on
se proposait d'essayer de nous interdire de faire des radiographies des gens de
moins de 18 ans. Ma réponse a été: Pourquoi serait-il plus
dangereux pour un chiropraticien de faire des radiographies d'un enfant et des
moins de 18 ans que cela l'est pour un médecin? Les rayons X, vous
savez, ne connaissent pas la différence entre un chiropraticien et un
médecin.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. BROCHU: J'aimerais poser une dernière question. J'ai cru
comprendre, lorsque vous avez mentionné, tout à l'heure, que,
lorsque vous êtes allé donner une conférence, il y a des
yeux qui ont semblé s'ouvrir sur votre champ d'activité.
Apparemment, il n'y aurait pas eu ou presque pas eu de rencontres entre votre
champ d'activité et les médecins ou les autres organismes du
domaine médical.
Est-ce qu'il n'y aurait pas fondamentalement une lutte qui reposerait
depuis des années sur un manque de communication?
M. GRAVEL: C'est cela.
M. BONVOULOIR: Je pense que, justement, le fait de légaliser
notre profession facilitera cette rencontre. Cela nous ouvrira des portes et
cela répétera un peu ce qui vient de se passer pour la
première fois au Canada lorsqu'on a même amendé l'acte
médical pour permettre cette relation qui existe entre le chiropraticien
et le médecin. Cela a été déposé ce matin
dans les feuilles.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): La parole est au député
de Bourget.
M. LAURIN: L'avantage ou le désagantage de poser des questions le
dernier est qu'on les a posées avant et qu'on a eu des réponses
très détaillées. J'ai écouté avec
énormément d'intérêt et d'attention toutes vos
réponses. Beaucoup de ces réponses allaient d'ailleurs dans le
sens de la correction de maux que vous déplorez tout autant que ceux qui
sont venus cet après-midi, c'est-à-dire l'incompétence,
les imprudences, les excès, etc. Et M. Bonvouloir, vous nous disiez que,
jusqu'ici, vous n'aviez pas les pouvoirs de faire pièce à ces
dangers, à ces excès qui mettent en danger le bien public. Etant
donné que depuis quelque temps, vous savez qu'il y aura une loi pour la
chiropratique, est-ce que vous avez commencé à mettre en place
les comités, les philosophies, les projets, les programmes, que d'autres
collèges, d'autres ordres ont mis au point dans le passé? Je
pense, par exemple, à un code de déontologie, à un code
d'éthique, à un comité des plaintes, à des
programmes minimaux de formation. Je pourrais continuer mon
énumération. Mais étant donné que vous sentez que
bientôt votre profession sera légalisée, où en
êtes-vous rendus dans l'élaboration et même la mise au
point, la mise en place et la mise en vigueur de ces philosophies, projets,
programmes, directives, comités?
M. BONVOULOIR: Même avant que nous pensions être
légalisés, nous avions déjà commencé, il y a
quatre ans, à demander à nos membres, par des cours de
rattrapage, de combler certaines déficiences qui existaient. Ce
n'étaient pas des déficiences mais nous avons expliqué ce
matin le processus. C'est qu'au moment où ils étudiaient... Nous
avons une moyenne de 200 heures de cours de rattrapage par année. Nous
avons jusqu'à maintenant, même pour ceux qui ont quatre ans
d'études, qui sont qualifiés dans toute la plénitude du
mot, excepté cette année je fais cette distinction
un séminar obligatoire sur les dernières recherches qui se sont
faites dans notre profession.
Au point de vue de la déontologie, nous avons un code qui a
été adopté, mais encore là, ça devient
très ridicule, parce que nous demandons seulement la carte d'affaires et
on voit apparaître partout dans les journaux des grandes pages, des
demi-pages. Nous avons même un code de griefs, par exemple avec des
compagnies d'assurance; cela a été mis sur pied. Nous avons un
comité d'admission des nouveaux membres. Nous avons un comité
d'examinateurs. On ne peut pas présumer sur la composition du prochain
bureau. Mais disons que pour ceux qui sont nommés, nous donnerons une
projection de ce qu'on a préparé et de ce qu'on anticipe pour
notre profession.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez communiqué ces renseignements au
ministre ou aux membres de la commission?
M. BONVOULOIR: Oui, plus que ça. Même si nous n'avions
aucun pouvoir lorsque certains non-membres commettaient des abus, nous
envoyions au ministre une copie déclarant que nous regrettions cet
incident, que cette personne n'était pas un de nos membres et que nous
espérions que bientôt nous pourrions avoir dans notre profession
de l'ordre dans l'ordre.
M. LAURIN: Est-ce que je pourrais vous suggérer d'envoyer cette
même documentation à tous les partis ici, à tout le
moins?
M. BONVOULOIR: Oui, ça me fera bien plaisir.
M. LAURIN: On a dit que l'enseignement se faisait jusqu'ici à
l'étranger, que ce soit aux Etats-Unis ou à Toronto. Est-ce que
je pourrais vous demander, ou peut-être au Dr Houle, si au
cours de ces quatre années l'enseignement est plutôt
axé sur la théorie, s'il y a par exemple l'équivalent de
ce que d'autres disciplines dans ces domaines appellent des stages cliniques
qui de plus en plus deviennent plus longs, plus importants dans ces
facultés traditionnelles que les études théoriques? J'ai
entendu parler tout à l'heure qu'il y avait une clinique à
Toronto. Mais est-ce que tous les étudiants passent par cette clinique?
Combien d'heures y passent-ils? Etc.
M. BONVOULOIR: Je vais laisser le Dr Houle répondre à
cette question.
M. HOULE: C'est élaboré. Je vais essayer de faire une
réponse brève mais quand même complète. Au niveau
des cours, il y a des cours qui sont à la fois théoriques et
pratiques. A Toronto, nous avons des P.H.D. qui enseignent la physio, des
docteurs en ingénérie, par exemple en chimie qui enseignent la
chimie. Enfin, nous avons une pléiade de gens qui sont
diplômés pour faire la besogne qu'ils font actuellement.
Ces cours théoriques d'assistance obligatoire sont doublés
de laboratoires. Il est évident que nos laboratoires, financés
par des fonds stricts de la profession, ne sont pas élaborés
comme par exemple un laboratoire d'université ou même d'un
CEGEP.
Mais, il y a une foule d'appareils qui sont... C'est insuffisant et
inadéquat. D'accord. Mais quand même, on arrive à faire
quelque chose de bien avec ça. Si vous me permettez, je parle à
vous et au Dr Laurin. Quand nous faisons une épreuve de type sanguin,
nous savons que cela prend une boîte RH. Alors, comme c'est impossible
dans le laboratoire d'acheter des boites RH à tout le monde, nous
demandons aux élèves d'entrer au laboratoire avec leur
microscope, de telle sorte que leur lumière de base sert de plaque
chauffante. C'est peut-être rudimentaire, mais le point est prouvé
quand même. Alors, cours théorique, cours pratique.
Au niveau de la clinique maintenant; c'est obligatoire pour chaque
élève de faire le stage à la clinique. Nous avons un
minimum requis de patients dont, par exemple, l'élève doit faire
l'histoire des cas avec un surveillant d'exercice; il doit présenter
ensuite un résumé du cas au patient. La thérapie est
instituée strictement après qu'une des personnes attitrées
de la clinique ait apposé son nom sur le document. C'est la même
chose et je me permets d'extrapoler pour ce qui est du Dr MacRae,
pour ce qui est de la roentgénologie. Seules les pellicules sont
classées après que mon collègue a signé, pour voir
si, évidemment, l'interprétation par le candidat était
valide. Donc, c'est obligatoire, c'est un prérequis. Il est
évident, Dr Laurin, que ce n'est pas la valeur d'un entraînement
hospitalier, mais comme dit l'adage: A la guerre comme à la guerre, nous
avons fait ce que nous avions de mieux avec le peu que nous avions.
M. LAURIN: Quelle serait votre solution pour que les conditions
d'enseignement aussi bien théorique que pratique s'améliorent au
niveau de vos aspirations?
M. HOULE: Je me fais encore un plaisir de répondre et en
même temps, je me permets de faire un commentaire pour le Dr Katz. Le Dr
Katz a parlé tantôt d'une commission d'enquête qui
s'appelait la commission Hall à Toronto. C'est faux, primo; c'est un
"task force", un groupe d'étude visant à faire exactement
parce que l'Ontario copie le Québec ... Enfin, ils sont tard,
mais ils ont compris. ... rendu à Dorval on dit: "Last call for supper";
les Noirs-Blancs d'Amérique. Mais abstraction faite de ces
considérations, il faut dire une chose: si nous étions capables
d'avoir une formation hospitalière, ce serait l'idéal, cela est
sûr, un stage, par exemple, dans un département
orthopédique. Remarquez une chose : le stage dans le département
orthopédique nous donnerait des notions additionnelles sur la
traumatologie, sur les accidentés et sur la science médicale qui
les soigne, mais n'ajouterait pas aux candidats les concepts adéquats
quant à la nosologie chiropratique. Donc, pour revenir à ce que
je disais tantôt, la commission qui est en train de scruter toutes les
disciplines de santé en vue de faire des cadres, en vue de faire des
corporations a dernièrement étudié la question
chiropratique et est à deux pas de donner de l'aide; j'en suis bien
convaincu. On a dit dans le rapport et je me permets de citer en anglais
qu'on avait remarqué au collège un personnel insuffisant.
Nous ne sommes financés par personne. On a remarqué, au
collège, qu'il y avait peut-être un plan splendide. On a dit qu'on
avait noté: "herculian efforts". Je l'ai dit dans mon mémoire, le
travail fait dans les écoles, étant donné que c'est dans
un système parauniversitaire, est pratiquement voisin du prodige. Les
gens qui travaillent là ne regardent pas le temps. S'il fallait que le
syndicat rentre là, ce serait affolant à mon avis.
M. LAROCHE: D'ailleurs, Dr Laurin...
M. LAURIN: Est-ce pour équilibrer votre confrère?
M. LAROCHE: ... si vous vous reportez à quelques années en
arrière, l'école polytechnique et l'école d'architecture
étaient des écoles indépendantes, ici. Ce n'est
qu'après qu'elles ont été intégrées à
l'université, qu'on a finalement consacré le diplôme
universitaire.
M. GRAVEL: En fait, cela se résumerait à une chose...
M. LAROCHE: Nous allons vers cela nous aussi.
M. GRAVEL: Eventuellement, il faudrait que nous ayons une faculté
chiropratique au Québec. Il n'y a pas à sortir de là.
M. LAROCHE: Intégrée dans les centres de santé,
c'est évident.
M. LAURIN:Cela va!
M. LE PRESIDENT: Ceci met fin à nos travaux d'aujourd'hui. Je
remercie M. Maurice Bonvouloir et son groupe. Nous ajournons nos travaux
à jeudi le 21 septembre à dix heures.
(Fin de la séance à 19 h 32)