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Commission spéciale des corporations
Professionnelles
Projet de loi no 250 Code des professions et
autres proiets de loi connexes
Séance du mardi 14 mars 1972
(Dix heures vingt-trois minutes)
M. FORTIER (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Il y a plusieurs membres de la commission qui croyaient que les travaux
commençaient à 10 h 30 alors que la convocation indiquait bien
dix heures.
Je vais inviter maintenant les doyens des facultés de
médecine à présenter leur mémoire.
Comité des doyens des facultés de
médecine du Québec
M. BOIS (Pierre): M. le Président, MM. les ministres, MM. les
membres de la commission, les doyens des quatre facultés de
médecine vous remercient de cette occasion qui leur est donnée de
présenter leurs commentaires au sujet des projets de loi 250 et 252.
Le bref mémoire qui vous a été remis se limite aux
implications de ces deux projets traités conjointement sur
l'enseignement de la médecine. Disons tout de suite que les doyens
appuient la proposition de confier à la corporation professionnelle le
mandat du contrôle de la qualité de l'exercice de la
médecine et que ce contrôle suppose celui de la compétence
de ceux qui l'exercent.
Il nous paraît donc que l'ordre des médecins puisse
établir des normes de formation et approuver des programmes
d'études, établir des critères d'agrément pour les
institutions qui participent à la formation des médecins,
connaf-tre la liste des étudiants en médecine et des candidats
qui font un stage dans les institutions. Toutefois, il doit être
précisé clairement que l'ordre des médecins est un
organisme de normes et d'agrément, que la préparation et
l'exécution des programmes d'enseignement à tous les niveaux
relèvent de la compétence des universités, de même
que l'admission des candidats aux études médicales et leur
évaluation.
Au sujet des programmes de médecine conduisant au diplôme
de m.d., nous avons un premier commentaire. Selon l'article 169, paragraphes d)
et e) du code des professions et l'article 22 de la Loi médicale, le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra, après consultation de l'Office
des professions et de l'ordre des médecins déterminer les
diplômes décernés par les universités ayant une
faculté de médecine qui donnent ouverture à un permis
d'exercice de la médecine ou à un certificat de
spécialiste et fixer les modalités de la participation de la
corporation à l'élaboration des programmes conduisant à
ces diplômes.
Les doyens reconnaissent la raison d'être de ces articles mais,
puisque les études professionnelles doivent donner ouverture au permis,
il serait normal que l'organisme qui décerne ce permis puisse avoir le
droit d'approuver ces programmes d'études. En conséquence, les
doyens seraient disposés à soumettre comme par le passé
leur programme d'études conduisant au grade m.d. à l'approbation
de l'ordre des médecins du Québec.
Un deuxième point concerne la formation professionnelle post-m.d.
Les doyens désirent rappeler qu'en 1969 le Collège des
médecins avait demandé aux universités d'assumer la
responsabilité pédagogique de la formation professionnelle
post-m.d. Les facultés ont donc préparé et soumis au
comité des programmes du Conseil des universités et au
Collège des médecins des programmes universitaires de formation
pour les internes et les résidents.
Ainsi, les internes et les résidents, faisant un stage
d'entrafnement professionnel, doivent être inscrits à
l'université.
Les doyens des facultés de médecine acceptent de soumettre
à l'approbation de l'ordre les programmes d'internat et de
résidence comme ceux des études médicales pré-m.d.
Toutefois, ils croient avantageux que les universités participent, comme
les étudiants d'ailleurs, à la détermination du contenu de
ces stages d'entrafnement professionnel et à l'élaboration des
normes de l'ordre pour l'approbation des programmes et l'agrément des
milieux de formation.
L'immatriculation par l'ordre dont il est question à l'article 23
doit naturellement concerner aussi les internes et résidents faisant un
stage d'entrafnement professionnel, puisqu'ils sont également, comme
nous l'avons dit tout à l'heure, considérés comme des
étudiants. Alors, à ce sujet, nous croyons que l'article 24
pourrait comporter également un paragraphe disant: A également
droit à un certificat d'immatriculation celui qui a fait un stage
d'entrafnement professionnel requis par l'ordre, en vue d'un permis ou d'un
certificat de spécialiste.
Un dernier point à ce sujet, puisque les programmes de formation
professionnelle doivent être adaptés aux diverses modalités
d'exercice de la profession, selon les besoins de la population, les doyens
croient utile que l'ordre puisse identifier ces modalités d'exercice et
n'être pas limité à la seule définition des classes
de spécialités qu'elle comporte.
L'autre point concerne l'éducation médicale continue. Un
point assez bref. Les doyens croient que le terme "organiser", tel
qu'employé à l'article 83 j) du code des professions est ambigu
et suggèrent qu'il soit remplacé par les termes "coordonne et
agrée" des cours ou des stages de formation continue mis à la
disposition des membres de la corporation.
Enfin, les doyens aimeraient faire quelques commentaires au sujet du
permis temporaire octroyé aux professeurs de médecine
engagés par une université. L'article 29 de la Loi
médicale autoriserait l'ordre à donner un permis
temporaire au professeur qui n'est pas citoyen canadien, valable pour une
durée maximale d'une année, à moins d'une autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsque l'intérêt public le
requiert.
Les doyens considèrent cette trop courte durée de la
validité du permis comme une sérieuse entrave au recrutement des
professeurs, qu'il faut parfois faire en dehors du Canada. Ils croient que
l'ordre devrait pouvoir, aux conditions qu'il détermine, décerner
à ces professeurs cliniciens un permis temporaire annuel et
renouvelable, mais dont la durée ne doit pas excéder celle de
leur engagement comme professeur de médecine dans une université
du Québec. De plus, nous croyons que cette possibilité devrait
pouvoir s'appliquer à celui qui est ou qui est devenu citoyen
canadien.
L'article 29 est donc modifié dans ce sens, disant que "le bureau
peut délivrer, aux conditions qu'il détermine, et lorsque
l'intérêt de l'enseignement de la médecine le requiert, un
permis annuel et renouvelable à toute personne qui ne remplit pas les
conditions fixées à l'article 28, mais qui est engagée
comme professeur pour enseigner la médecine dans une université
du Québec. Ce permis ne peut dépasser la durée de
l'engagement de cette personne comme professeur".
Si cette suggestion semblait inacceptable, une autre pourrait être
une possibilité qui consisterait à augmenter à cinq ans la
durée de la validité du permis temporaire.
Le dernier point concerne la composition du bureau. Le projet de loi
prévoit que le bureau sera formé de vingt membres élus par
les médecins de leur district et de quatre membres
désignés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Or, l'actuelle
Loi médicale stipule que chaque faculté de médecine
désigne un membre du bureau provincial de médecine. Les doyens
des facultés de médecine ont toujours pensé que cette
participation des facultés, étaient à l'avantage
réciproque des deux parties et ils auraient souhaité qu'elle soit
maintenue dans la nouvelle Loi médicale. En somme, de nouveau ici, le
doyen propose un ajout qui voudrait qu'un autre administrateur soit
désigné par chaque université ayant un programme
d'études médicales conduisant au diplôme de m.d.
En conclusion, les doyens des facultés de médecine
espèrent que le code des professions et la nouvelle Loi médicale
établiront le partage des responsabilités entre les
universités et la corporation, les premières ayant un mandat
d'enseignement, de recherche et de participation aux services; la seconde ayant
un mandat de contrôle de la qualité des soins, de la
compétence des personnes autorisées à exercer la
médecine.
Ils espèrent aussi que les modalités d'octroi du permis
d'exercice ne compromettront pas le recrutement de professeurs étrangers
et ils souhaitent que la nouvelle Loi médicale leur permettra de
continuer à participer aux travaux du bureau de l'ordre des
médecins.
Les comités des doyens désirent, en terminant, remercier
tous les membres de la commission et le ministre des Affaires sociales de leur
bienveillante attention.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pourriez présenter les membres
de votre commission, s'il vous plaît?
M. BOIS (Pierre): A ma droite, le vice-doyen Cronin, de
l'université McGill; à ma gauche, le Dr Gilles Pigeon, doyen de
la faculté de médecine de Sherbrooke; le Dr Jean-Marie Lemieux,
vice-doyen à l'université Laval.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, d'abord, je voudrais remercier
les doyens de ce mémoire qu'ils nous présentent. La
première question m'apparaît extrêmement importante et je
pense que je dois l'adresser, en fait, ou obtenir une réponse de chacun
des membres du comité.
Nous savons qu'à l'intérieur des universités, les
diverses facultés, surtout celles qui conduisent à des
activités de nature professionnelle telles que celles que nous discutons
ce matin sont généralement un peu tiraillées entre les
exigences du fonctionnement de l'université, l'établissement des
programmes par l'université, l'équilibre entre l'allocation des
ressources, etc., et aussi d'autres exigences externes qui proviennent du
caractère professionnel des activités en cause. La question qui
m'apparaît extrêmement importante c'est de savoir si ce
mémoire a été approuvé par le conseil de chacune
des quatre universités ou si c'est un mémoire qui provient
plutôt du comité des doyens. Je pense qu'il me faut obtenir une
réponse de chacun de vous parce que, si c'est un mémoire qui ne
provient que du comité des doyens, je crois qu'il prend une
signification très différente.
M. BOIS (Pierre): Ce mémoire a été
préparé par le comité des doyens et chaque doyen en a
discuté dans sa faculté, au niveau du conseil de sa
faculté. Pour ce qui a trait à l'Université de
Montréal, copie de ce mémoire a été transmise au
secrétaire général. Je ne crois pas qu'il ait
été approuvé de façon formelle par le conseil de
l'université. D'autre part, il n'y a pas eu de contrainte émanant
du secrétariat général à cet égard.
Peut-être que, dans le cas des autres facultés, cela a
été approuvé.
M. PIGEON: M. le Président, à Sherbrooke également,
après avoir discuté de ce mémoire auprès du cabinet
du doyen, du conseil de la faculté, je ne crois pas que ce
mémoire ait été présenté au conseil
d'administration de l'Université de Sherbrooke.
M. LEMIEUX: A l'université Laval le mé-
moire a été présenté vendredi dernier au
conseil de la faculté de médecine par le doyen.
M. CRONIN: A l'université McGill, M. le Président, le
rapport a été approuvé au sein du conseil de la
faculté et cela a été envoyé au principal de
l'université qui l'a approuvé lui-même.
Cela a été discuté au conseil des doyens des
universités, mais cela n'a pas été discuté
formellement devant le sénat de l'université.
M. CASTONGUAY: La raison pour laquelle je pose cette question, ce n'est
pas dans le but de créer des difficultés mais c'est en plus de ce
que j'ai mentionné précédemment. C'est que j'ai
reçu copie d'un avis du Conseil des universités adressé au
ministre de l'Education et qu'il prend des positions quelque peu
différentes.
C'est un mémoire que je ferai circuler parmi les membres de la
commission ici lorsque viendra le Conseil des universités. En fait, nous
pourrons communiquer avec lui et je ne crois pas qu'il ait d'objection. C'est
un organisme officiel, normalement, ces avis deviennent publics et je crois que
l'avis du Conseil des universités devrait être communiqué
aux membres de cette commission.
La raison pour laquelle je souligne aujourd'hui ce fait, c'est qu'il y a
une différence d'approche assez considérable entre les deux.
Peut-être y aurait-il avantage à ce qu'une fois le mémoire
du Conseil des universités connu, une fois connu le mémoire du
Comité des doyens, je sollicite une opinion des conseils des
universités également, de chacune des universités
respectives. Tout ceci dans le but d'éliminer toute équivoque
possible sur cette question. Vous comprendrez qu'il est assez difficile pour
nous d'essayer d'analyser quel peut être... Il nous faut, il me semble,
avoir plutôt une opinion qui ne peut être sujette dans notre esprit
à des doutes quant à la position précise du conseil de
chacune des universités parce qu'il y a là un problème
assez important.
C'était donc la raison de cette question.
D y aurait un petit point que je voudrais mentionner avec la permission
des membres, même si le but de la commission est ici de poser des
questions, mais il s'agit de la question de l'agrément des
établissements d'enseignement; je le répète, parce qu'il
semble que le même malentendu existait lorsque le Collège des
médecins nous a présenté son mémoire.
Dans la loi 65, la procédure pour l'agrément des
établissements dits d'enseignement est précisée. Il s'agit
d'une procédure qui prévoit un contrat d'affiliation entre une
institution d'enseignement et un établissement qui donne des services,
un hôpital pour le cas en cause ici, et ce contrat ou cette affiliation
doit être approuvée par la suite par le ministre des Affaires
sociales et le ministre de l'Education, étant donné c'est
la raison fondamentale que la reconnaissance du fait qu'un
établissement est un établissement d'enseignement implique
évidemment des immobilisations, des dépenses de fonctionnement
à un niveau très différent que s'il s'agit d'un
établissement régulier. Alors, c'est la raison pour laquelle ces
dispositions ont été proposées dans le bill 65 et sont
maintenant dans la loi 65.
L'autre question que j'aimerais adresser, je crois bien que c'est la
dernière, M. le Président, a trait au permis temporaire. Parce
que nous avons ici des dispositions qui sont tout simplement transposées
de la loi 64 qui a été approuvée l'an dernier et le bill
40 qui est venu préciser certains points qui ont trait à l'octroi
de permis temporaires à des professeurs qui ne sont pas citoyens
canadiens, comme il s'agit d'une loi qui a été approuvée
en décembre 1970, si ma mémoire est bonne, qu'il y a
possiblité de prolonger, par voie d'arrêté en conseil, la
durée de l'engagement d'un professeur qui ne remplit pas les conditions
fixées à l'article 28, j'aimerais savoir dans les faits,
très concrètement, quel type de difficultés ceci pose.
Parce qu'il ne faut pas oublier, d'autre part, que l'esprit
général du bill 64, également le fait que dans les autres
universités canadiennes il n'y a pas si longtemps, un cri d'alarme
général a été lancé il y a deux ou trois ans
indiquant que nos universités comptaient un nombre toujours plus
élevé de professeurs étrangers, de professeurs
américains, entre autres, et qu'il y avait là une situation qui
ne pouvait être ignorée, et cela a fait l'objet de débats
beaucoup plus aigus, par exemple, en Ontario qu'ici au Québec, il n'en
demeure pas moins qu'il y a là une situation qui ne peut être
ignorée.
Alors, dans cette recommandation que vous faites, j'aimerais voir
concrètement quels problèmes précis les dispositions du
bill 64 et, particulièrement compte tenu du fait que la durée de
l'engagement peut être prolongée lorsque l'intérêt
public le requiert, dans les faits, quelles difficultés ces dispositions
ont donné lieu.
M. BOIS (Pierre): La disposition par l'arrêté en conseil
nous semblait un moyen assez lourd...
M. LE PRESIDENT: Un peu plus fort s'il vous plaît, les membres de
la commission sont...
M. BOIS (Pierre): H nous semblait que ce permis pour une année
lui donnait un délai relativement court dans le cas du recrutement d'un
professeur étranger si, par la suite, on dit à ce professeur
venant de l'extérieur: II faut maintenant un arrêté en
conseil pour que vous puissiez demeurer à l'université. On
trouvait que c'était une condition assez difficile. Premier point.
Deuxième point. Nous avons un certain nombre de professeurs
étrangers dans nos facultés je ne me souviens pas du
nombre exact mais approximativement je pense qu'il doit être
de l'ordre de 75 à 80 pour les quatre écoles de
médecine. Dans l'immédiat, il y a, pour les fins du recrutement
dans certaines spécialités, des difficultés
sérieuses. Je ne pense pas que ce soit dans l'esprit de la
recommandation du comité des doyens de voir un recrutement massif
important ou considérable, mais plutôt de pouvoir attirer, le cas
échéant, quelques professeurs lorsque nous en avons absolument
besoin. C'est pour cette raison que le proviso du début de l'article
était aux fins des besoins de l'enseignement qui le requiert.
M. CRONIN: M. le Président, est-ce que je pourrais ajouter
quelques mots? Ce recrutement dont M. Bois parlait tantôt, il s'agit
toujours de recrutement dans les spécialités où il existe
à l'heure actuelle une pénurie d'enseignants à
l'intérieur de la province. Souvent il s'agit des
spécialités de laboratoire et pour nous spécialement
à l'université McGill, il est difficile de convaincre des
candidats venant de l'extérieur de la nécessité au sein
d'une université anglophone d'apprendre le français dans la
courte période d'une année, spécialement en ce qui
concerne les enseignants dans la spécialité de pathologie, par
exemple, où la clientèle, évidemment, ne parle ni
l'anglais ni le français.
Elle parle peut-être une langue morte.
C'est pour cette raison que nous appuyons fortement cet amendement au
projet de loi et nous avons l'impression que ça ne posera pas une
concurrence envers les candidats à l'intérieur de la
province.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous des commentaires? Non. Alors, M.
Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez suggéré des
précisions et des modifications à certains articles de la loi et
vous disiez même, pour justifier cette demande de précisions: "II
doit être précisé clairement que l'ordre des
médecins vous voulez faire un "départage" est un
organisme de normes et d'agrément et que la préparation et
l'exécution des programmes d'enseignement à tous les niveaux
relèvent de la compétence des universités, de même
que l'admission des candidats aux études médicales et leur
évaluation."
Actuellement, avant l'adoption du code des professions, est-ce aussi
précis que ça? Est-ce que le "départage" se fait
très bien entre l'ordre des médecins et les facultés de
médecine dont vous êtes les doyens?
M. BOIS (Pierre): Bien, c'est assez précis en effet, à
savoir que les programmes au niveau pré-m.d., par exemple, sont
préparés, déterminés par la faculté de
l'université et ils sont approuvés au niveau du collège.
Nous croyons que, pour certaines autres étapes de la situation des
études médicales, par exemple celle qui concerne les internes et
les résidents, de la même manière que les
universités et le collège sont conjoints dans l'approbation des
milieux de formation... Il y a ici un article qui est un peu nouveau, c'est
pour ça que nous sommes venus. C'est que la responsabilité au
plan de la formation des internes et résidents date de deux ans à
peine au niveau de l'université. En somme, il a fallu retrouver des
moyens de travail lorsque le collège a donné aux facultés
l'entière responsabilité de l'aspect académique de la
formation des résidents.
Mais le collège conserve les mêmes responsabilités
au plan des normes de compétence. Alors, il n'y a pas beaucoup de
différence entre la situation actuelle et celle qui est proposée
ici, ce n'est que sa confirmation somme toute.
M. LE PRESIDENT: M. Guay, une autre question à poser? M. Burns?
Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui ont des questions
à poser aux doyens? Alors, MM. les doyens, je vous remercie.
J'invite la Fédération des médecins omnipra-ticiens
du Québec.
Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec
M. HAMEL: M. le Président, permettez-moi de vous présenter
les autres représentants de notre fédération: à ma
droite, le vice-président, le Dr Paul Bertrand, le Dr Gilles Desrosiers,
Me Chapados, conseiller juridique, le Dr Czytrom et le Dr Dollard Larouche.
M. le Président, messieurs les ministres, messieurs les membres
de la commission, nous n'avons pas l'intention de lire...
M. LE PRESIDENT: Vous êtes le Dr Gérard Hamel.
M. HAMEL: Oui.
M. LE PRESIDENT: C'est pour le journal des Débats.
M. HAMEL; La prochaine fois, je m'en souviendrai.
Nous n'avons pas l'intention, M. le Président, de lire notre
résumé ni les extraits de notre mémoire. S'il vous
agrée, nous préférerions en premier lieu exposer sur le
code des professions et la Loi médicale certaines considérations
d'ordre général qui sont de nature à mieux situer et
à mieux faire comprendre les suggestions et la recommandation que nous
avons faites.
En second lieu, nous aimerions compléter les informations ou
donner des arguments supplémentaires sur le sujet de la substitution des
médicaments. Finalement, toujours à l'occasion de l'étude
sur la Loi de pharmacie, nous aimerions exposer un des problèmes que
pose la dispensation des médicaments par les médecins.
En ce qui concerne le bill 250 et le bill 252, c'est-à-dire le
code des professions et la Loi
médicale, à la table des matières de notre
mémoire, dans la section A, nous avions deux parties: une partie
touchait la constitution des comités de discipline et d'inspection
professionnelle, la nomination des syndics. Ces questions sont
évidemment du ressort des corporations; nous avons appris qu'elles
avaient été traitées avec beaucoup de compétence
par l'ordre des médecins et nous avons l'intention de passer outre.
Les autres sujets, depuis l'instruction de la plainte, décisions
et sanctions du comité de discipline, droit d'appel, dossier du
professionnel, cotisation, états incompatibles avec l'exercice d'une
profession, radiation possible du professionnel peuvent apparaître aux
membres de cette commission comme bien secondaires relativement à
l'importance d'autres problèmes.
Cependant, l'ensemble de ces questions constitue un
élément très important des droits fondamentaux des
professionnels en tant qu'individus et citoyens. C'est pour ça que nous
avons traité chacun de ces cas très consciencieusement dans le
but d'obtenir, de réaliser un équilibre entre les pouvoirs de
l'Etat, les responsabilités des ordres professionnels et
évidemment les droits des individus.
Dans la section B nous avons traité des juridictions respectives
des ordres et des associations professionnelles. Nos remarques n'ont pas
été le fruit de théories sociologiques ou politiques.
Elles ont été le résultat de l'expérience pratique
bien particulière acquise par notre fédération depuis dix
ans dans ses rapports avec d'autres associations professionnelles et les
corporations correspondantes. Nous avons été fortunés, en
effet, d'assister ou de participer à la naissance des syndicats de
plusieurs professions ou catégories professionnelles, notamment les
ingénieurs, les médecins spécialistes, les médecins
résidents, les pharmaciens, les dentistes, les optométristes, les
opticiens d'ordonnance, les médecins vétérinaires et j'en
oublie sûrement. Dans la plupart de ces cas nous avons été
à même d'assister à des malentendus, des accrochages entre
les syndicats naissants et les ordres professionnels en place.
H serait bien difficile d'évaluer combien de temps et
d'énergie ont été gaspillés, combien de luttes
stériles ont été livrées faute d'une
délimitation claire et nette des juridictions respectives des ordres
professionnels et des associations représentatives. C'est pourquoi nous
avons fait des représentations et des recommandations dans ce
mémoire à l'effet d'éliminer d'une façon
définitive les ambiguïtés qui peuvent persister dans les
champs d'activité respectifs des ordres professionnels et des
corporations.
Le gouvernement a reconnu aux syndicats le droit de représenter
les professionnels et de négocier pour eux. Pourtant, le projet de loi
250 confie des pouvoirs aux ordres dans des domaines tels que la fixation des
tarifs d'honoraires et la même remarque s'applique pour la Loi
médicale où le projet de loi accorde juridiction aux ordres en ce
qui concerne les caisses de retraite et d'assurance-groupe. Ces domaines sont
le prolongement de la négociation des tarifs d'honoraires et
relèvent directement de la juridiction des associations
représentatives.
Ceci constitue en fait un peu le résumé de notre
motivation à présenter les différentes suggestions et
recommandations contenues à ce sujet-là. En ce qui concerne la
Loi de pharmacie, la question de la substitution des médicaments, nous
avons écrit dans notre mémoire qu'aucune substitution ne doit
être effectuée sans l'autorisation des médecins et ce, dans
l'intérêt premier du malade.
A l'appui de cette affirmation, nous aimerions signaler, dans une liste,
bien que sommaire, très significative, les contre-indications à
la substitution. Nous sommes près des malades; nous sommes près
des familles et certains aspects de l'exercice médical nous ont fait
percevoir plus facilement les contre-indications, par exemple, psychologiques.
Dans certains cas, la maladie ou l'entité pathologique dont souffre un
malade ne doit pas être connue de ce malade. Il faut éviter que ce
dernier puisse diagnostiquer sa maladie par l'identification du
médicament à l'aide de caractéristiques physiques, telles
que la couleur ou la forme.
Nous avons aussi les contre-indications familiales. Pour deux membres
d'une même famille, il peut s'avérer important de fournir le
même médicament sous des formes différentes si l'on veut
éviter de dévoiler la situation dans des cas de troubles
psychiques en particulier.
Il y a aussi des contre-indications pratiques ou cliniques. Une certaine
expérience pratique dans l'utilisation de certains médicaments
peut ajouter à l'efficacité thérapeuthique. Un
médecin plus familier avec un médicament peut déceler plus
facilement les effets secondaires, les troubles d'absorbtion. Il y a
intérêt alors à prescrire toujours le même
médicament. Le principe s'applique, par exemple, à des
anticoagulants, à des stéroides.
Il y a même des contre-indications financières. Plus un
médecin est familier, par exemple , avec un anticoagulant donné,
moins il aura besoin de recourir à des épreuves de laboratoire de
façon fréquente, de façon à évaluer la
concentration sanguine de son médicament. Alors, avec tel
médicament, il pourra diminuer les coûts de laboratoire. Il y a
des économies qui sont apparentes, qui sont fictives. Si, pour traiter
une maladie X, j'utilise un médicament A, une posologie de quatre
comprimés par jour, et si le pharmacien y substitue un médicament
B pour obtenir la même efficacité thérapeuthique,
malgré l'équivalence, nous devons doubler la dose à huit
par jour; à ce moment-là, le coût est plus grand et nous
doublons aussi les risques des effets secondaires. Ceci a été
apprécié très souvent par les médecins
spécialistes, les médecins omnipraticiens, lorsqu'ils ont
traité leurs patients avec des stéroïdes, en
particulier.
Finalement, il faut tenir compte du coût social du
médicament, qu'on oublie trop souvent. Il est quelquefois plus rentable
de prescrire un médicament cher. Nous le disions, il y a quatre ans, au
congrès des affaires québécoises et nous le
répétons aujourd'hui, si un malade retourne au travail plus
rapidement, après l'utilisation d'un tel médicament, un profit
social net s'ajoute à l'avantage individuel constitué par la
réduction, la perte de salaire. Il faut distinguer souvent entre la
théorie et la pratique. Nous avons connu des professeurs
d'université ce ne sont pas nécessairement ceux qui m'ont
précédé ici qui prescrivaient l'utilisation de
certaines combinaisons de médicaments, mais ils étaient les
premiers à s'en servir dans l'espérance de guérir plus
rapidement un malade important, comme, par exemple, un député ou
un ministre.
Je suis convaincu que chacun des membres de cette commission, un jour,
sera bien aise de s'adresser aux pharmaciens avec l'assurance d'obtenir le
médicament prescrit par le médecin en toute connaissance de
cause. Ceci n'est évidemment qu'un résumé des
contre-indications à la substitution et c'est simplement à
l'appui de notre succincte recommandation à l'effet qu'aucune
substitution ne doit être effectuée sans l'autorisation du
médecin.
Sur le troisième point, il s'agit de la dispensation des
médicaments par les médecins. Je voudrais au départ faire
une mise au point. La très grande majorité des médecins
omniprati-ciens du Québec de même que la fédération
ne sont intéressés d'aucune façon à ce que les
médecins développent cette fonction secondaire de distribuer des
médicaments. Il y a déjà une pénurie
d'omnipraticiens. Ceux-ci ont de la difficulté à satisfaire les
besoins de la population en fournissant des soins généraux au
cabinet, à domicile, à l'hôpital. Il va de soi que nous
n'avons pas l'intention de concurrencer les pharmaciens. Cependant, il n'en
reste pas moins qu'en milieu rural, par exemple, où il n'y a pas de
pharmacien, les médecins dont obligés de distribuer ou
d'administrer des médicaments, de distribuer les médicaments de
main à main. Tous les médecins omnipraticiens, la grande
majorité des médecins spécialistes administrent des
médicaments d'urgence par voie injectable, par voie orale et ceci
demeure quand même une fonction secondaire mais importante assumée
par les médecins.
Or, nonobstant l'article 33 du projet de loi médicale et
l'article 16 du projet de loi sur la pharmacie; en vertu des articles 18 et 39
b) de cette même loi, et surtout en vertu du bill 69, les médecins
qui administrent des médicaments, s'ils veulent être
remboursés, en particulier en ce qui concerne le bill 69, par la
régie, dans le prochain régime d'assistance-médicaments,
devront s'inscrire à l'ordre des pharmaciens. Comme tous les
médecins auront un jour ou l'autre à dispenser des
médicaments, à administrer des médicaments, soit d'une
façon d'urgence, soit d'une autre façon, ceci veut dire que tous
les médecins sont soumis à l'obligation de s'inscrire à
l'ordre des pharmaciens pour administrer des médicaments.
L'an passé, à pareille date, le Dr Desrosiers qui
représentait la Fédération des médecins
omnipraticiens avait argué, en utilisant évidemment le rapport
Castonguay, comme bien d'autres le font souvent, qu'aucune profession ne
saurait en maintenir une autre en tutelle sous peine de conflit
d'intérêts. La commission McRuer avait déjà
souligné qu'il était injuste de déléguer à
des organismes d'une province le droit de réglementer ou de
contrôler les affaires d'une autre profession dont les membres ne peuvent
pas participer à l'élaboration des règles qui les
gouvernent ni à l'administration de leurs propres affaires.
D'autre part, nous avions recommandé que le contrôle des
médecins qui distribuent des médicaments s'effectue en vertu de
la nouvelle Loi médicale ou par des dispositions particulières
prévues dans les conventions. Nous avons eu dernièrement un
mémoire du Collège des médecins et l'ordre des
médecins réclame dans son mémoire le pouvoir de participer
à la préparation de la liste des médicaments. Sans doute,
par conséquent, sans contrôler l'utilisation par les
médecins.
L'an passé, à pareille date, nous nous demandions
même par quelle logique on pouvait soutenir que la distribution de
médicaments administrés par une voie, par un médecin par
exemple, par voie d'injection, doit être soumise au contrôle d'une
corporation alors que la distribution du même médicament par une
autre voie, par le même médecin, doit être soumise au
contrôle d'une corporation différente.
Si un médecin, actuellement administre par voie d'injection un
antibiotique, il n'est pas soumis à l'ordre des pharmaciens et il peut
le devenir s'il administre le même médicament par voie orale.
De toute façon il y a plusieurs problèmes que nous avons
touchés, mais il y en a un qui est aigu, c'est celui qui impose, par le
bill 69 et qui est confirmé par les articles 18 et 39 b) du projet de
loi sur la pharmacie, l'obligation au médecin de s'inscrire au
collège des pharmaciens s'il veut dispenser des médicaments et
être remboursé par la régie lors du prochain régime
d'assistance médicale. Alors voici succinctement, M. le
Président, les remarques que nous voulions faire.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier d'abord la
Fédération des médecins omnipraticiens pour le
mémoire qu'elle nous a présenté. Comme le Dr Hamel l'a
mentionné, il s'agit d'un mémoire qui est précis et qui
soulève des questions extrêmement im-
portantes et intéressantes. J'aurais, en fait, deux ou trois
questions à poser.
En ce qui a trait à la fixation des tarifs d'honoraires
pricipalement je n'entrerai pas dans les autres questions, je crois
qu'elles y sont reliées, l'arbitrage des comptes, fonds d'indemnisation,
etc. par certaines corporations professionnelles, je crois qu'il y a une
distinction assez importante qui doit être faite. Lorsqu'il y a
négociation d'une convention collective ou d'une entente
déterminant quelles seront les conditions de rémunération
pour les services rendus, soit par un groupe de médecins ou une autre
catégorie de professionnels, il y a un certain équilibre qui
s'établit, c'est-à-dire équilibre entre le syndicat et le
gouvernement; les processus normaux de négociation s'établissent.
Lorsqu'il n'y a pas une telle entente, que nous discutons de services
professionnels soit dans le domaine de la santé ou un autre secteur
parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres groupements
intéressés à tout cet ensemble de lois lorsqu'il
n'y a pas d'entente, à ce moment-là l'équilibre entre un
syndicat... la contrepartie du syndicat n'existe pas. Les services sont rendus
sur une base individuelle à des clients qui s'adressent aux membres de
la corporation. C'est la raison pour laquelle nous proposons dans cette
législation que, lorsqu'il n'y a pas une telle entente, les tarifs
soient établis par la corporation professionnelle et que ces tarifs
soient soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, de
telle sorte que ces tarifs s'établissent à un niveau raisonnable.
Dans ce sens nous croyons qu'il y a là un certain équilibre qui
s'établit, qui est plus logique, qui est plus sain que si cette fonction
était donnée à un ou des syndicats, parce qu'il ne faut
pas oublier aussi que dans certains secteurs professionnels plus d'un syndicat
existe.
Alors je saisis mal, en fait je ne comprends pas tout à fait les
remarques qu'a faites le Dr Hamel à ce sujet-là et je crois bien
que, malgré le fait qu'on cite des choses que j'ai déjà
dites, ces choses n'entrent pas en contradiction avec ce qui est proposé
dans le projet de loi, étant donné les distinctions que je
fais.
J'aimerais savoir en quoi cette pratique qui a été suivie
dans bien des cas dans le passé, dans bien des corporations
professionnelles, ne s'est pas avérée un mécanisme
raisonnable.
D'autant plus que maintenant, en plus du lieutenant-gouverneur en
conseil, l'Office des professions va agir à titre de conseiller
auprès du gouvernement et va exercer un certain rôle de
surveillance générale, ce qui n'est pas le cas
présentement.
M. HAMEL: Evidemment, le problème se pose peut-être moins
pour la profession médicale que pour d'autres professions, nous le
reconnaissons. Cependant, pour les raisons que nous avons exprimées tout
à l'heure, nous sommes sensibles à l'harmonie qui doit
régner aussi entre les associations et les corporations de toutes les
professions. C'est une loi qui va s'appliquer à un grand nombre de
professions.
Il est entendu qu'en ce qui nous concerne, le secteur
conventionné est tellement important que la médecine
libérale demeure marginale actuellement en ce qui concerne la profession
médicale. Il existe d'une part des médecins non participants qui
sont obligés par la loi et par l'entente de déclarer à
leurs malades qu'ils sont non participants; donc les malades sont bien avertis
et ils peuvent négocier directement avec le médecin en toute
connaissance de cause. D'autre part, il reste très peu d'actes qui ne
sont pas couverts par le régime d'assurance-maladie parce que le
régime vise à couvrir tous les soins qui sont médicalement
nécessaires. Nous sommes d'accord, mais pour la profession
médicale, nous verrions d'un mauvais oeil qu'on cherche à limiter
l'exercice des droits de négociation au secteur conventionné, en
ce sens que, lorsqu'il n'y a pas de convention, lorsqu'il n'y a pas de
négociation pour des services rendus, nous tombons dans l'exercice
libéral de la médecine où à ce moment-là il
y a entente directe individuelle entre le client ou le patient et le
professionnel concerné.
D'autre part, si pour d'autres professions le secteur
conventionné n'était pas tellement important ou n'existait pas et
que le gouvernement décidait ou avait l'intention, de façon
directe ou indirecte, de déterminer des tarifs d'honoraires plutôt
que de déterminer des tarifs d'autorité, je pense qu'il devrait
les négocier avec les organismes représentatifs. La tendance
actuelle démontre que les membres de toutes les corporations sont ou
auront tôt fait de se regrouper en associations représentatives.
Rien n'empêche le gouvernement de négocier directement, lorsque
les besoins sont nécessaires, avec les associations
représentatives plutôt que de demander aux corporations de
suggérer des barèmes, des tarifs d'honoraires. Nous avons
établi et la commission Castonguay a établi tout le monde
est d'accord qu'il y a conflit d'intérêts pour les
corporations lorsqu'en même temps elles prétendent défendre
le public et les intérêts des médecins.
Ce projet de loi place les corporations dans une situation
conflictuelle. Ceci est tellement vrai d'ailleurs que l'ordre des
médecins, notre corporation, avec l'expérience de ses dix
dernières années a manifesté dernièrement ou
à plusieurs reprises la volonté de s'éloigner
complètement de toute responsabilité touchant la
détermination des tarifs d'honoraires, aussi bien que l'arbitrage des
comptes.
Nous croyons, nous, que c'est limiter l'exercice des droits au secteur
conventionné, les droits fondamentaux des individus, des groupes et des
associations d'individus, et que s'il faut déterminer des tarifs, on ne
doit pas le faire par voie d'autorité, c'est-à-dire par le
lieutenant-gouverneur en conseil; on ne doit pas le faire non plus par la
même voie en fait mais indirecte
en demandant à la corporation de nous suggérer des tarifs.
On doit s'adresser directement aux associations représentatives parce
que, finalement, on en viendra à négocier avec ces associations
représentatives. Merci.
M. CASTONGUAY: La deuxième question a trait à la
substitution des médicaments. Il y a bien des problèmes dans la
question de prescription des médicaments, la consommation des
médicaments, et la base de votre argumentation telle qu'on la voit dans
votre mémoire repose sur la liberté de prescriptions du
médecin.
Justement, au nom de cette liberté de prescription, on trouve une
situation présentement où il n'existe en dehors des
hôpitaux et dans bien des hôpitaux, aucun formulaire. Il existe
aussi et ç'a été discuté au moment de la
présentation du mémoire du Collège des médecins
des pratiques qui contribuent, à mon avis, à accentuer le
problème de la surconsommation des médicaments par la population,
situation que vous-mêmes aviez d'ailleurs déjà
soulevée dans un mémoire antérieur à la
commission.
Vous touchez ici uniquement le problème de la substitution, vous
ne touchez pas l'autre. Vu qu'il a été discuté avec le
collège, je n'y toucherai pas, mais je voulais souligner qu'il n'y a pas
seulement ce problème. Vos remarques, à mon sens, sont
très pertinentes dans un contexte où il n'existe pas de liste des
médicaments bien construite. C'est présentement ce qu'est en voie
de faire le Conseil de pharmacologie par rapport à la recommandation du
Collège des médecins, celle que vous reprenez, qu'il y ait au
sein de ce conseil un représentant de la profession médicale.
J'ai mentionné l'autre jour que le conseil s'est assuré le
concours de plus de 100 médecins pour le conseiller dans la fabrication
de cette liste, ce qui, à mon sens, est beaucoup plus valable que la
présence d'un seul et unique médecin. Ceci souligne en même
temps le fait que la connaissance de ce qu'est un médicament, de ses
effets, est un problème qui, je l'avoue, est complexe, mais ceci
souligne aussi le fait que, de plus en plus, le pharmacien doit devenir le
spécialiste de ce qu'est le médicament. Enfin, on doit tendre
beaucoup plus vers son rôle de pharmacologue. C'est dans ce sens que l'on
se dirige vers une liste de médicaments et, dans ce contexte, je me
demande si tous les commentaires que vous avez formulés s'appliquent
bien.
La question, en fait, ne peut être évitée, à
mon avis. C'est que, dans un tel contexte où une liste est
dressée scientifiquement à partir des travaux des divers
organismes comme la division des aliments et drogues, et autres analyses qui
peuvent être effectuées, jusqu'à quel point les
représentations que vous faites demeurent-elles valables? D'autant plus
qu'on peut aussi se demander si le médecin est vraiment celui qui
connaît le mieux la composition des médica- ments ou s'il
connaît plutôt la façon d'utiliser des médicaments
spécifiques suite à ses études d'une part, suite aussi,
à cause de l'évolution très rapide, aux
représentations qui sont faites par les représentants de
fabricants de produits pharmaceutiques.
Alors, il me semble que, dans un tel contexte, où une liste est
faite de façon très scientifique, où on a consulté
un très grand nombre de médecins quant aux effets, vous le
soulignez ici, et si cette liste fait les nuances nécessaires, si cette
liste donne aussi une certaine gamme de choix, parce qu'il n'est pas dit du
tout qu'il doit être nécessairement le médicament au plus
bas prix, si cette liste est aussi à la disposition du médecin,
de la sorte, une certaine marge de manoeuvre demeure, si vos commentaires
s'appliquent toujours.
M. HAMEL: En premier lieu, M. le ministre, permettez-moi de vous dire
que nous n'avons pas l'intention de nous substituer aux pharmaciens. Nous
reconnaissons la compétence du pharmacien. Nous n'avons pas non plus la
prétention d'être des savants dans le domaine de la pharmacologie.
Il y a d'autres catégories de professionnels, de médecins, qui en
connaissent plus que nous sur le plan scientifique, en ce qui concerne les
médicaments. Cependant, les contre-indications que j'ai apportées
tout à l'heure étaient fondées sur l'utilisation pratique
des médicaments, sur l'appréciation des effets cliniques des
médicaments, autant des médecins omnipraticiens que des
médecins spécialistes.
Et en ce qui concerne la validité de nos remarques dans le
contexte que vous posez, à notre point de vue, elles tiennent toujours.
Prenons par exemple les contre-indications pratiques.
Justement, lorsqu'un médecin est familier avec tel
médicament et j'ai donné l'exemple d'un anticoagulant
nous avons certains cardiologues qui sont plus familiers, qui utilisent
presque exclusivement tel anticoagulant plutôt que tel autre, à ce
moment-là, s'ils sont obligés de changer fréquemment,
évidemment ça complique leur thérapeutique, ça
complique l'appréciation clinique des effets de ce médicament et
ils sont obligés de recourir à plus d'analyses de laboratoire.
Pour nous, ce sont là des choses réelles, quelle que soit la
qualité de la liste des médicaments.
De la même façon, nous ne contestons pas la
compétence du pharmacien mais il peut arriver en particulier, je
l'ai signalé, avec les sté-roides qu'un groupe de
médecins omnipraticiens spécialistes travaillant ensemble dans
l'allergie aient remarqué que, pour deux médicaments
équivalents sur le plan de la composition chimique, lorsqu'on donnait un
tel médicament pour obtenir les effets désirés et qu'on
obtenait avec l'autre, il fallait doubler la dose. Donc, même s'il est
légèrement moins dispendieux, ça revient plus cher, c'est
une économie fictive.
Ces remarques sont valides, quelle que soit la
valeur des médicaments. IL faut ajouter aussi que nous avons
j'aurais peut-être dû le dire au début
toujours eu les meilleures relations possibles avec l'association
représentant les pharmaciens. Cette association a d'ailleurs vécu
dans les mêmes murs que nous pendant plusieurs années et nous
continuons à partager de façon générale les
objectifs de cette association. D'autre part, il faudrait aussi vous dire que
nous ne sommes pas contre la substitution. Nous sommes en faveur de la
substitution mais, nous l'avons dit, sous l'autorisation du médecin, de
telle façon qu'un médecin puisse, quand il le juge à
propos, pour des raisons telles que celles que j'ai invoquées
antérieurement, être sûr que le malade va pouvoir
bénéficier du médicament qu'il prescrit, pour des raisons
qu'il serait trop long d'expliquer aux pharmaciens par écrit.
Nous sommes en faveur de la substitution, mais sous réserve de la
condition que nous avons exposée. D'ailleurs, M. le ministre, vous savez
fort bien que vous avez autorisé le conseil consultatif de la liste, je
pense, à nous rencontrer. Nous avons rencontré ce conseil
consultatif; nous avons accepté de collaborer avec ce conseil. Ce
conseil doit nous envoyer un projet de liste que nous allons distribuer
à au moins 50 représentants régionaux des omnipraticiens
du Québec pour l'étudier pendant un mois avant de rencontrer les
membres de ce conseil pour discuter de l'application de cette liste. Donc, nous
avons manifesté jusqu'ici la volonté de coopérer encore
à une mesure sociale qui est absolument indiquée, qui est
nécessaire.
Mais je pense que la conditions que nous apportons n'est d'ailleurs pas
éloignée de celle, j'ai remarqué du
Collège des médecins; c'est peut-être blanc bonnet, bonnet
blanc. Le collège demande évidemment que le médecin
puisse, à un moment donné, empêcher cette substitution.
Nous demandons que ce soit avec l'autorisation du médecin; à
toutes fins pratiques, c'est la même chose.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: La dernière question a trait aux activités
du médecin dans la distribution de médicaments. Nous proposons
que, lorsque le médecin, pour diverses raisons, soit absence d'autres
pharmaciens, densité faible de population, etc., agit comme pharmacien,
qu'il maintient à toutes fins pratiques une pharmacie d'officine, les
règles de contrôle contenues dans la Loi de la pharmacie
s'appliquent. D ne s'agit pas de soumettre ou de mettre en tutelle une
corporation par rapport à l'autre dans ses activités propres. Il
s'agit de distinguer les types d'activité et je crois que c'est un point
extrêmement important qu'il faut faire. C'est d'ailleurs ce que nous
proposons.
Il y a l'autre partie, le médecin qui, dans la pratique courante
de l'exercice de sa médecine, fournit des médicaments. Là
se pose une question et nous ne demandons pas ou ne proposons pas que, dans ce
type d'activité qui est la continuation de son travail professionnel en
tant que médecin, il devienne membre du Collège des
pharmaciens.
Mais, la question qui se pose à mon avis, entre les deux, est de
savoir si je l'adresse d'autant plus à mon aise que, justement,
comme vous l'avez mentionné, une association a comme mission de
représenter les intérêts des médecins,
intérêts socio-économiques dans un tel type
d'activité, l'on doit simplement couvrir les frais du médicament
fourni et non pas en plus rémunérer pour ce que les pharmaciens
appellent l'acte pharmaceutique. A mon sens, il y aurait là une
rémunération exagéré et superflue.
M. HAMEL: M. le ministre, en ce qui concerne la distribution des
médicaments par ce qu'on est convenu d'appeler les médecins
pharmaciens, c'est-à-dire les médecins qui ont une pharmacie,
nous convenons qu'ils doivent se soumettre à la juridiction de l'ordre
des pharmaciens et obéir aux mêmes règles et aux
mêmes contraintes que les autres pharmaciens. Ce ne sont pas d'eux qu'il
s'agissait. Il y a encore environ 75 médecins au Québec qui
détiennent des pharmacies, en particulier dans des régions
reculées. Il ne s'agit pas de ces cas. Il s'agit plutôt de
l'ensemble des médecins qui distribuent, par une voie ou par une autre,
qui administrent des médicaments qui éventuellement seront
remboursés dans un régime d'assistance-médicaments. Il y a
deux points à soulever. Le premier point, que nous avons soulevé
tout à l'heure, c'est qu'en vertu du bill 69 tel qu'il est
libellé actuellement et en vertu des articles 18 et 39 b) du projet de
loi sur la pharmacie, les médecins seront obligés de s'inscrire,
de payer une cotisation à l'ordre des pharmaciens. Ceci est un
point.
L'autre point, que vous soulevez, concerne le prix même des
médicaments qui doit être remboursé, ou le coût des
médicaments qui doit être remboursé. Nous convenons, avec
vous, qu'ils peuvent et même doivent faire l'objet de
négociations. C'est entendu que nous convenons que le coût des
médicaments qui seront distribués et qui sera remboursé
aux médecins par le régime, pourra ou devra faire l'objet de
négociations. Nous convenons que ce ne sera pas nécessairement
aux mêmes conditions que celles qui auront fait l'objet d'une entente
entre les pharmaciens eux-mêmes et le ministère.
M. CASTONGUAY: II y a peut-être une distinction à faire. En
ce qui a trait à l'assistan-ce-médicaments nous ne
négocions pas avec les pharmaciens le prix des médicaments. Nous
négocions le prix d'un acte pharmaceutique. Il n'y aura pas de
négociations avec les pharmaciens sur le prix des médicaments.
Cela se fait avec les fabricants de produits pharmaceutiques et c'est une
opération distincte. Si l'honoraire versé au pharmacien couvre
ses frais d'adminis-
tration, son travail professionnel, les frais qu'il peut avoir dans le
maintien d'un inventaire, etc., à ce moment-là le prix du
médicament ne doit pas contenir d'autres marges. Je ne vois pas en quoi
nous devrions négocier avec les pharmaciens dans un tel contexte le prix
des médicaments. De la même manière, si ces prix
s'appliquent et sont des prix raisonnables et des prix applicables aux
médecins dans leurs achats d'autant plus qu'on sait que les
médecins reçoivent des fabricants une certaine quantité
additionnelle de médicaments sous diverses formes je ne vois pas
en quoi nous devrions négocier ces prix avec les médecins.
M. HAMEL: D'une part, nous avons convenu, il y a quelques secondes, que
la méthode de rembourser les médecins pour le coût des
médicaments fournis à un malade par le médecin pouvait
être différente de la méthode que vous utilisez pour
rembourser les médicaments à la fois aux compagnies
pharmaceutiques et aux pharmaciens sous forme d'honoraires. Nous avons
très bien compris que vous payez les médicaments aux compagnies
pharmaceutiques et que vous pouvez payer les honoraires aux pharmaciens. C'est
pour ça, d'ailleurs, que nous avons dit il y a quelques secondes que
nous convenions qu'il pourrait y avoir une méthode différente en
ce qui concerne le remboursement du coût des médicaments
distribués par les médecins.
Nous n'avons pas anticipé, M. le ministre, le résultat de
la négociation qui pourrait avoir lieu. Vous nous dites que vous ne
voyez pas pourquoi on rembourserait plus que le prix coûtant du
médicament. Nous n'avons formulé aucune opinion à cette
table-ci en ce moment. Nous n'avons pas voulu anticiper le résultat des
négociations.
M. CASTONGUAY: Mais vous supposez qu'il doit y avoir négociation.
Je ne vois pas trop pourquoi. Si c'est dans l'activité normale
professionnelle du médecin et que le médecin est
rémunéré pour son activité, si cela se termine par
la remise d'un médicament et que le coût de ce médicament
était ce qu'il y avait à négocier.
M. HAMEL: Je ne suis pas prêt à négocier cette
question à cette table-ci d'une part et si monsieur le ministre ne croit
pas qu'il faille la négocier d'autre part, on se demande de quelle
façon les médecins pourront être remboursés du
coût des médicaments qu'ils fourniront à leurs malades. Il
pourra arriver à ce moment-là, si les médecins ne sont pas
remboursés, qu'ils disent tout simplement à leurs malades de se
procurer les médicaments où il y en a, c'est-à-dire dans
les pharmacies; et dans certains cas, cela pourra être à 10, 15,
20 ou 30 milles. Nous ne le demandons pas actuellement; c'est un service
supplémentaire. Il faut bien comprendre et bien se rappeler dans quelle
optique je l'ai présenté au début. J'ai dit que la
fonction des médecins omnipraticiens était de distribuer des
soins généraux au cabinet du médecin, à domicile,
dans les hôpitaux, dans les cliniques externes, que cette fonction de
distribution des médicaments était une fonction accessoire,
secondaire et qu'elle n'était pas concurrentielle, qu'elle était
complémentaire en ce moment faute d'effectifs suffisants du
côté des pharmaciens. Mais si l'Etat décidait de ne pas
rembourser les médecins pour le coût des médicaments, les
médecins ne les donneraient plus, c'est tout. Par contre, les malades
auraient des problèmes à certains endroits pour se les procurer.
C'est tout ce que nous avons voulu dire.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Hamel, je voudrais vous poser quelques
questions sur les trois principaux points que vous avez voulu soulever devant
la commission ce matin. Je tiens compte aussi des observations que vous avez
échangées avec le ministre des Affaires sociales. Sur le premier
point, vous avez traité des aires de compétence ou de
responsabilité qui relèveraient plutôt des associations que
de l'ordre des médecins. Vous avez mentionné
particulièrement les tarifs, les caisses de retraite,
l'assurance-groupe, les fonds d'indemnisation aussi, je crois.
M. HAMEL: Celui-ci, c'est un peu différent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un peu différent. Vous avez
également fait allusion aux difficultés antérieures,
difficultés qui ont confronté à un certain moment les
associations de médecins. Vous ne faisiez peut-être pas autant
référence à la vôtre qu'à l'autre
fédération quand vous avez parlé d'énergie
dépensée inutilement dans des luttes pour faire reconnaître
certaines aires de responsabilité. Je ne sais pas si vous vouliez...
M. HAMEL: Au contraire, M. Cloutier. Je sais que le président de
la FMSQ est ici présent. Je pense que notre fédération a
eu plus de problèmes avec la corporation que l'autre
fédération.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plus de problèmes.
M. HAMEL: Parce que chronologiquement, nous avons dû pendant deux
ans... Il nous a même fallu deux ans avant d'obtenir la reconnaissance de
la Fédération des médecins omnipratriciens en septembre
1963, après deux ans de représentations, justement parce
qu'à cette époque le Collège des médecins avait des
réticences à recommander au gouvernement la reconnaissance d'une
pareille fédération. A cause de la chronologie, nous avons eu
plus de
difficultés que l'autre fédération. Je pense aux
dentistes, aux ingénieurs pour qui cela dure encore actuellement et qui,
après dix ans, ont les mêmes problèmes...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous faites état de difficultés
qui sont survenues et vous ne voudriez pas que ces difficultés se
répètent, autant que possible.
M. HAMEL: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous craignez la façon dont cela est
stipulé dans la loi.
Quant à ces points que nous venons de soulever, la fixation des
tarifs je tiens compte de la réponse du ministre cependant au
sujet de la fixation des tarifs vous craignez que cette
imprécision ou plutôt la façon dont c'est stipulé
dans la loi entraîne des difficultés.
Mais est-ce que vous ne reconnaissez pas tout de même que, par le
code des professions, étant donné qu'on touche aux corporations
professionnelles, on doit leur indiquer une certaine responsabilité,
peut-être pas quant aux modalités d'installation d'une caisse de
retraite, aux modalités de gestion d'un fonds d'indemnisation, mais tout
de même que l'Office des professions et les ordres et corporations
professionnelles s'assurent, se rendent compte et vérifient si en
pratique ces mécanismes-là sont bien en place et protègent
le public. Parce que, les corporations professionnelles, ce que les pouvoirs
que l'Etat leur délèguent surtout, c'est de protéger le
public. Est-ce que vous seriez d'accord pour dire que, dans les
modalités, cela pourrait relever davantage des associations
professionnelles mais que la responsabilité de voir à ce que ces
mécanismes soient mis en place, fonctionnent bien, ça devrait
relever de l'Office des professions?
M. HAMEL: M. le Président, en premier lieu, vous avez sans doute
remarqué que nous acceptons d'emblée la presque totalité
des suggestions du code des professions. Il est vrai que nous avons
laissé à la corporation du Collège des médecins le
soin de discuter des questions qui la concernent spécifiquement. Dans
l'ensemble nous avons accepté le code des professions. Nos remarques
sont en nombre minime et pour une grande partie avaient pour but de
défendre les intérêts des professionnels en tant que
citoyens. Mais les remarques que nous avons faites en ce qui concerne les
juridictions respectives des ordres professionnels et des syndicats, nous les
avons faites avec la certitude qu'elles étaient fondamentales à
cause de l'expérience que nous avons vécue. Je pourrais
facilement prédire aujourd'hui les problèmes je n'ai pas
le mandat de parler d'autres professions qui vont survenir dans d'autres
professions entre la corporation et les associations syndicales si la
corporation conserve le droit de déterminer des tarifs ou de
suggérer des tarifs au lieutenant-gouverneur en conseil ou même
d'arbitrer des comptes parce qu'en arbitrant des comptes, la corporation se
trouve à fixer des tarifs d'une façon ou d'une autre, et qui
peuvent être utilisés par la partie patronale, par le gouvernement
à un moment donné lors des négociations avec les
associations représentatives. Ou bien la corporation en fixant les
tarifs va prendre partie consciemment ou non pour le gouvernement ou bien pour
l'association représentative. L'un ou l'autre. Elle sera dans une
situation conflictuelle. Prenons par exemple les caisses de retraite, les
assurances-groupe, vous conviendrez avec nous que ceci actuellement fait
partie, dans toutes les négociations qui ont lieu entre l'employeur et
toutes les catégories de travailleurs, de bénéfices
marginaux, c'est-à-dire qui sont le prolongement naturel de la
négociation des tarifs d'honoraires. S'ils sont le prolongement naturel
de la négociation des tarifs, pourquoi allons-nous les laisser sous la
juridiction des corporations? Pourquoi ne pas de façon définitive
placer cela avec les honoraires, avec les intérêts
économiques, avec les intérêts sociaux, professionnels,
économiques et particuliers des différents professionnels ou des
membres des différentes professions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, Dr Hamel, vous prévoyez
évidemment la naissance d'autres associations professionnelles, ainsi
que vous l'avez dit tantôt, là où il n'en existe pas. Vous
avez assisté, vous, à la naissance de plusieurs associations et
même peut-être y avez-vous participé d'une façon ou
d'une autre, soit comme conseiller ou autrement.
En attendant que ces associations soient créées pour
certaines professions et qu'elles fassent le pendant à certaines
professions pour justement discuter des intérêts
économiques des membres, d'ici ce temps-là quel sera le
mécanisme habilité si ce n'est pas le code des professions?
Est-ce qu'à l'intérieur de tout cet appareil qu'on est en train
d'étudier il devrait y avoir une période, un mécanisme de
transition qui pourrait s'assurer que ces intérêts soient
discutés dans le cadre où ils doivent être
discutés?
M. HAMEL: Dans notre mémoire, en ce qui concerne, par exemple,
l'arbitrage des comptes, nous convenons que, dans certaines professions
actuellement, c'est encore nécessaire. C'est pourquoi nos
recommandations disent que c'est s'assurer que chacune des professions, sauf
celles exemptées par la loi... C'est-à-dire qu'aussitôt
qu'une profession pourrait être exemptée de cette fonction, on
devrait faire une ouverture, prévoir dans la loi une disposition pour
permettre aux corporations de se débarrasser de cette
responsabilité qui doit être supportée ou assumée
par les associations représentatives. Il n'y a ici aucune disposition
dans la loi qui permette à une corporation de se débarrasser
de
cette responsabilité-là aussitôt qu'une association
représentative peut la supporter.
Notre recommandation en ce qui concerne l'arbitrage des comptes est donc
positive en ce sens que nous disons: S'assurer que chacune des professions,
sauf celles exemptées par la loi... Donc, à mesure que le
transfert pourra se faire aux associations représentatives, il se fera
automatiquement dans le code des professions.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une autre question. Docteur, on parle des
responsabilités qui sont dévolues particulièrement, soit
à l'ordre des médecins, soit à votre
fédération. On sait que la surveillance, la discipline, la
déontologie, cela relève de l'ordre des médecins. Vous,
comme fédération, à l'intérieur de l'application
des conventions collectives, ces problèmes peuvent aussi vous être
soumis par le biais. Disons que vous les voyez passer. Est-ce que vous
êtes satisfait des dispositions du code des professions? Je sais que vous
n'êtes pas entièrement satisfait. Vous avez dit tantôt que
l'Etat devait davantage s'assurer que la discipline soit une
responsabilité de la corporation professionnelle et non pas que l'Etat
lui-même s'arroge ce pouvoir par des nominations ou par une surveillance
trop tatillonne et trop étroite. De toute manière, est-ce que
vous êtes satisfait de la façon dont l'ordre des médecins
peut actuellement s'acquitter de cette obligation de surveillance, peut faire
fonctionner son comité de discipline à l'endroit des
omnipraticiens? Je ne dis pas "veut", voudrait l'exercer, mais "peut"
l'exercer.
M. HAMEL: Vous vous rendez sûrement compte, M. le
Président, que vous voudriez me faire porter un jugement de valeur sur
l'ordre des médecins. Je ne peux sûrement pas le faire. Je
voudrais quand même faire écho à des représentations
qu'ils ont faites souvent, c'est qu'ils manquaient des pouvoirs pour assumer
parfaitement, comme ils auraient voulu le faire, leurs responsabilités.
Je pense donc que l'appréciation de l'ordre des médecins revient
à tous les médecins, ce n'est pas à moi de le faire
actuellement.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement la réponse que
j'attendais, docteur, parce que l'ordre des médecins nous a dit, lors de
sa comparution devant la commission, qu'il était désireux
d'exercer complètement cette responsabilité; il a exprimé
le désir qu'on lui fournisse les mécanismes et qu'on lui laisse
la marge d'autonomie nécessaire pour exercer cette responsabilité
qu'il veut assumer.
M. HAMEL: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense bien que les autres corporations
professionnelles, les autres ordres de professionnels qui vont venir devant la
commission, je ne veux pas le présumer mais je l'imagine
nous feront aussi la même affirmation. C'est pour cela qu'il est
important que le code des professions stipule clairement qu'il donne ce pouvoir
aux corporations professionnelles, qu'il le leur donne ou qu'il ne le leur
donne pas. L'ordre des médecins nous a même mentionné qu'il
préférait peut-être abandonner le tout et ne pas assumer de
responsabilité à l'intérieur du code des professions s'il
n'a pas les mécanismes et les outils voulus. J'espère que
j'interprète bien le sens des déclarations qu'ils ont faites
devant la commission.
M. HAMEL: La meilleure façon de répondre à cette
question, ce serait pour moi de dire que, de façon
générale, nous sommes d'accord sur les demandes de la
corporation, de l'ordre des médecins, sous réserve de toutes les
recommandations que nous avons faites aux sections A et B de notre
mémoire, en particulier l'introduction de la plainte, l'instruction de
la plainte; le droit d'appel, le dossier du professionnel, la radiation.
Toutes ces questions-là sont des questions techniques.
Là-dessus, nous pouvons avoir, sur des questions de détail,
certaines différences d'opinions avec l'ordre des médecins. C'est
d'ailleurs pourquoi nous les avons soulignées.
IL faut bien comprendre que, de la même façon que l'Etat
veut participer davantage au développement social et aux structures
d'organisation et veut maintenir sa présence comme on l'a senti
dans le code des professions de la même façon aussi les
ordres professionnels désirent obtenir plus de pouvoirs pour assumer
plus facilement leurs responsabilités. Mais nous, qui
représentons les membres, nous essayons de tracer des limites dans
l'exercice de ces pouvoirs, de façon à mieux protéger ces
professionnels, je le répète, en tant qu'individus et en tant que
citoyens. Qu'ils aient les mêmes droits lorsqu'ils seront, par exemple,
traduits devant un tribunal de discipline, qu'un autre citoyen possède
lorsqu'il est traduit devant un autre tribunal. Il ne faudrait pas que les
professionnels soient moins bien traités que les autres. Sous
réserve de ces remarques, dans l'ensemble, nous sommes d'accord sur les
recommandations du Collège des médecins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé de certaines divergences
d'opinions avec l'ordre des médecins sur certains points. Cela
m'amène à vous poser la question suivante: Est-ce que vous
considérez que la représentation de votre groupe, la
représentation des omnipraticiens au sein de l'exécutif, si vous
voulez, des gouverneurs, du "board" si vous me permettez l'expression
du collège, de l'ordre des médecins, est suffisante ou
s'il faudrait faire une répartition peut-être un peu
différente?
M. HAMEL: Je pense, j'aillais dire, M. le
ministre, à l'époque où vous l'étiez, vous
voulez faire écho à certaines critiques que nous avions faites
à ce moment-là. Il est vrai que nous avons pendant longtemps
été très peu représentés au bureau des
gouverneurs et pas du tout à l'exécutif, mais actuellement, nous
le sommes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sujet de la substitution des
médicaments, c'est un problème extrêmement important.
Depuis que cette commission siège, à quelques reprises nous en
avons traité. L'ordre des médecins, dans son mémoire,
reconnaissait aux pharmaciens, on allait même jusqu'à dire sans
aucune restriction, la compétence dans l'évaluation de la
qualité des médicaments. Tenant compte des observations qui ont
été faites, il y a un instant, par vous-même, et pat le Dr
Hamel, et des réponses du ministre des Affaires sociales, est-ce que
vous soutenez que, d'un côté, l'ordre des médecins aurait
peut-être dû nuancer davantage cette affirmation, si l'on tient
compte de vos remarques, à la page 43 de votre mémoire, à
l'article 4.4 et à l'article 4.5 particulièrement?
A l'article 4.4, vous dites: "Le médecin peut avoir des raisons
spécifiques de prescrire tel médicament plutôt que tel
autre réputé équivalent entre parenthèses,
le type d'enrobage ou le véhicule de médicament, etc. Le
médecin qui prescrit agit en fonction des besoins de son malade".
Et à l'article 4.5, vous dites: "Soulignons également que
l'ordonnance est signée par le médecin qui, de ce fait, est
responsable vis-à-vis de son malade des effets du médicament
prescrit. La responsabilité du médecin étant ainsi
directement engagée, nous considérons qu'aucune substitution ne
doit être effectuée sans l'autorisation du médecin et ce,
dans l'intérêt premier du malade".
Alors, il semble y avoir, à première vue, d'un
côté, du côté de l'ordre des médecins, une
reconnaissance inconditionnelle et sans restriction de la compétence du
pharmacien en matière de l'évaluation de la qualité du
médicament. D'autre part, vous semblez la
Fédération des médecins omnipraticiens nuancer
davantage cette affirmation et elle irait même à
l'extrémité opposée.
Voulez-vous faire des commentaires, docteur?
M. HAMEL: J'aurais deux commentaires. D'autre part, le collège
recommande que la liste soit établie conjointement par le Collège
des pharmaciens et le Collège des médecins. Donc,
évidemment, le respect qu'elle a pour le Collège des pharmaciens
est limité, quand même, par l'obligation, pour elle, d'être
présente lorsqu'il faut confectionner la liste.
D'autre part, il est bien dit dans le mémoire du collège:
"Cependant, le collège considère que les réactions chez
l'être humain sont au moins aussi importantes que celles qui sont
réalisables et étudiées en laboratoire". C'est faire
écho aux paroles que je prononçais tout à l'heure.
C'est que les médecins, dans la pratique, sont sûrement
compétents pour apprécier les effets cliniques des
médicaments. C'est leur responsabilité, quand même, le
diagnostic et le traitement de la maladie.
Donc, je ne vois pas beaucoup de différence entre la position du
collège et la nôtre. J'y vois plutôt une question de
détail, à la page 5 de leur mémoire, où on dit que
le professionnel qui s'oppose ainsi à une substitution prévue par
l'article 7 peut avoir à fournir à sa corporation les raisons de
toute décision, si celle-ci le lui demande. Evidemment, à ce
moment-là, la corporation veut éclaircir un contrôle et
s'offre à exercer un contrôle à l'égard des
médecins qui refuseraient de façon régulière
probablement de substituer des médicaments. C'est la seule petite
distinction que je vois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais le point que je voulais surtout faire
ressortir, docteur, c'est que vous dites dans votre mémoire qu'aucune
substitution ne doit être effectuée sans l'autorité du
médecin. Est-ce qu'à ce moment-là ça ne
contredirait pas un peu l'affirmation de l'ordre des médecins, à
savoir que, sans aucune restriction, il reconnaît la compétence,
l'incontestable qualité du professionnel qu'est le pharmacien? Je pose
la question parce que cela touche au troisième point. Il y a aussi la
distribution des médicaments. Vous avez parlé tantôt de
l'enregistrement du médecin au Collège des pharmaciens, vous avez
parlé des régions où il n'y a pas de pharmacien, disant
que le médecin est peut-être celui qui est le mieux placé
pour donner des services à la population du point de vue des
médicaments. Vous avez parlé d'une négociation possible.
Là-dessus, je pense bien que la négociation n'est pas encore
entamée, si j'en juge par la réponse qu'a faite le ministre
tantôt sur cet aspect particulier. Ce sont donc des points
extrêmement importants, c'est pour ça que je voudrais autant que
possible que vous précisiez.
M. HAMEL: Vous avez raison d'exiger cette précision, M. Cloutier,
bien sûr, le mot "aucune" est un mot un peu fort. Nous croyons que, dans
la pratique, il peut y avoir des modalités qui peuvent permettre la
substitution automatique, à moins que le médecin ne l'indique
autrement, ce qui reviendrait au même. C'est dans ce sens-là que
je parlais tout à l'heure de blanc bonnet et bonnet blanc.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, docteur vous me pardonnerez ma
question, elle est peut-être inopportune mais ce n'est
peut-être pas aussi important sur l'enrobage du médicament ou le
véhicule du médicament sur les effets secondaires. Il y a
peut-être une différence d'appréciation. Si je comprends
bien l'expression "l'enrobage" ou le "véhicule" du
médicament, c'est la façon dont il est apporté aux
clients.
M. HAMEL: Vous avez tellement raison que c'est pour ça que nous
avons voulu donner des arguments supplémentaires aujourd'hui en
apportant des contre-indications supplémentaires à la
substitution. Dans tout ceci, je le répète, nous acceptons la
substitution sous réserve que les médecins puissent quand
même, à un moment donné, pouvoir exiger que ce soit tel
médicament plutôt que tel autre qui soit donné à un
malade.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine que le pharmacien, après avoir
fait sa substitution, assume davantage de responsabilité que le
médecin qui, à ce moment-là, est dégagé. Il
a prescrit un médicament, le pharmacien en fait une substitution sans
consulter le médecin; j'imagine donc que la responsabilité du
pharmacien est davantage engagée que celle du médecin qui se
trouve dégagé. Est-ce que c'est comme ça qu'on doit faire
le raisonnement?
M. HAMEL: Je comprends que le pharmacien a des responsabilités,
mais le médecin a aussi des responsabilités en ce qui concerne le
traitement des malades. Si on lui change ses médicaments, surtout sans
qu'il le sache, il est bien sûr qu'il sera surpris à un moment
donné du résultat. C'est absolument impensable que la
substitution puisse s'appliquer de cette façon-là.
Nous sommes en faveur d'une possibilité de substitution mais
limitée au moins dans les cas où le médecin juge, pour la
santé du malade, qu'il est nécessaire que tel médicament
bien précis soit donné, à l'exclusion de tout autre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les régions, docteur, où il
y a les services des pharmaciens, dans les régions dont la population
est suffisamment dense, où ç'a incité des pharmaciens
à s'installer et à rendre des services à la population,
est-ce que, vous diriez que le médecin omnipatricien devrait abandonner
la distribution des médicaments?
M. HAMEL: M. Cloutier, c'est intéressant, parce qu'à cette
table-ci, aujourd'hui, est assis un monsieur qui vient d'une région de
la Gaspésie, qui n'est pas loin de celle du président de cette
commission, où les médecins, lorsque le pharmacien s'est
implanté, ont automatiquement cessé de fournir des
médicaments à leurs malades. Mais, parce que, le pharmacien ne
pouvait pas fournir les médicaments la nuit, les samedis et les
dimanches, ils ont dû recommencer plus tard à s'approvisionner de
médicaments pour les distribuer au moins durant la nuit et au cours des
fins de semaine. D'une part, je démontre la bonne volonté des
médecins omni-praticiens de ne pas faire concurrence aux pharmaciens et
je démontre en même temps que, face à une insuffisance de
moyens, le médecin se trouve dans l'obligation de les fournir durant la
nuit ou au cours de la fin de semaine.
Si le système était satisfaisant, les médecins sont
tellement occupés actuellement qu'ils n'auraient pas à assumer,
dans certains cas, cette responsabilité secondaire.
M.CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, est-ce que, dans ce
domaine, le dialogue entre les pharmaciens et les médecins se continue?
Est-ce qu'on explore toutes les possibilités d'entente?
M. HAMEL: Disons que nous avons discuté avec l'association des
pharmaciens pendant des années, de 1966, en particulier, à 1969,
toutes ces questions et qu'il n'y avait pas d'opposition irréductible de
part ou d'autre. Nous nous entendions très bien, nous partagions
à peu près les mêmes points de vue. Mais nous avons
toujours eu, évidemment, une opposition irréductible de la part
de la corporation des pharmaciens à ce que celle-ci se désiste de
ses pouvoirs de contrôler les médecins lorsqu'ils dispensent des
médicaments, même de main à main, sans posséder de
pharmacie.
On a eu un problème avec la corporation des pharmaciens mais nous
n'en avons jamais eu avec l'association représentative des
pharmaciens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci. M. LE PRESIDENT: M. Guay.
M. GUAY: M. le Président, on a touché un point quand
même très important, surtout concernant le milieu rural. Et c'est
sur ce point que j'aimerais revenir. Dans la distribution des
médicaments, quand on parle de substitution, il s'agit pour le
médecin qui prescrit, qui est responsable de la prescription ou de la
signature de l'ordonnance, je pense que c'est normal, qu'il y ait un certain
contrôle pour que le bon médicament soit prescrit.
Maintenant, en milieu rural, on éprouve des difficultés et
ces difficultés s'accentuent. On vient de les soulever et le
député de Montmagny les a très bien touchées. Ce
problème s'accentue, parce que plus on avance dans le temps, plus c'est
difficile pendant les fins de semaine, d'obtenir un médicament. Et on
obtient parfois des médicaments plusieurs jours après que la
prescription ou l'ordonnance a été commandée ou
signée par le médecin. Est-ce qu'il y a quelque chose de
prévu, soit dans la Loi médicale ou ailleurs, comme solution
à ce problème? En pratique, en milieu rural, le milieu que je
connais, le médecin est en même temps le pharmacien. Et c'est de
plus en plus difficile de se procurer des médicaments dont la population
a besoin. Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu pour corriger cette
lacune? Je me rends compte que, de plus en plus, il y a, dans
différentes régions, sous-consommation de
médicaments à cause des difficultés
d'approvisionnement.
M. HAMEL: Evidemment, vous pourriez peut-être poser la question au
ministre des Affaires sociales. En ce qui nous concerne...
M. CASTONGUAY: J'aimerais connaître les sources qui vous
permettent de confirmer qu'il y a sous-consommation.
M. GUAY: Si j'ai posé la question, c'est parce que j'étais
bien conscient que le ministre assistait à cette séance de la
commission. Je pense que le ministère a pris connaissance de certaines
revendications de plusieurs municipalités qui réclamaient, en
quelque sorte, un centre où il y aurait des services jour et nuit de
distribution. Je pense que c'est normal: mais je suis peut-être hors
d'ordre aussi.
M. LE PRESIDENT: M. Burns.
M. BURNS: J'ai une seule question, Dr Hamel. Vous n'en avez pas
parlé dans votre exposé, mais dans votre mémoire vous
laissez entendre que le fonds d'indemnisation ne serait, à toutes fins
pratiques, pas applicable à des professions comme la médecine,
etc., mais que ça viserait surtout les professions où les membres
gardent des sommes d'argent pour leurs clients, notamment les avocats, les
notaires, les comptables, etc.
D'ailleurs, je pense que le Collège des médecins a fait
une remarque dans ce sens.
Ne croyez-vous pas que ce fonds d'indemnisation, dans le cas des
professions où les membres ne détiennent pas de l'argent de leurs
clients, pourrait quand même servir pour dédommager, dans certains
cas, d'incurie quitte à ce que ce soit, après décision par
les tribunaux réguliers, un peu comme la Loi d'indemnisation des
victimes d'accidents le fait?
M. HAMEL: Ce n'est pas notre avis. Je pense qu'il y a obligation, d'une
façon générale, pour les médecins qui exercent dans
les hôpitaux, à posséder une pareille protection. Je pense
que ce fonds d'indemnisation serait très élevé, devrait
être très élevé, à un moment donné.
Disons que dans les consultations que nous avons eues, soit avec des experts
dans la matière, soit avec des experts dans le domaine de l'assurance ou
des conseillers juridiques, ces gens n'étaient pas d'accord sur cette
hypothèse que le Collège des médecins puisse
posséder un pareil fonds d'indemnisation. C'est ni plus ni moins que
devenir une compagnie d'assurance.
M. BURNS: Sauf que, dans ces cas-là, ne pensez-vous pas, docteur,
que c'est un fonds supplétif? Je pense, par exemple, que ça
pourrait ne s'appliquer, en pratique, que dans les cas où un
médecin n'a pas d'assurance, que dans un cas où le médecin
n'a pas l'actif nécessaire pour répondre à une
condamnation en dommages devant les tribunaux. C'est dans ce sens que je le
dis. Ces fonds sont des fonds supplétifs. Evidemment, si, dans le cas de
l'avocat ou du notaire qui a détourné des fonds, son client est
en mesure de les payer de sa poche, le fonds, comme je le comprends, n'a aucune
espèce d'utilité. Alors, ce n'est que dans des cas de
supplément requis. C'est dans ce sens que je vous posais la
question.
M. HAMEL: Si vous avez remarqué, en lisant le mémoire,
c'est peut-être un des seuls endroits où nous n'avons pas
été catégoriques, où nous avons posé des
questions aux législateurs.
M. BURNS: Vous demandez au ministère de préciser son
intention.
M. HAMEL: De préciser sa position. On dit: Si ce rôle doit
déborder les attributions que nous connaissons présentement, nous
croyons que celles-ci devraient être énoncées et
explicitées dans le projet de loi. Si, d'autre part, ce rôle est
conforme à l'interprétation que vous venez d'en faire, que les
présentes dispositions du projet de loi nous ont permis d'exprimer
précédemment, il y a lieu de se demander quel serait le
rôle d'un tel fonds d'indemnisation à l'intérieur de
l'ordre des médecins. Nous, nous n'en voyons pas l'utilisation,
actuellement, à l'intérieur de l'ordre des médecins. Nous
pensons qu'il serait préférable que les médecins
détiennent de façon obligatoire une assurance, mais que le
fardeau en soit supporté par une compagnie d'assurance, parce que c'est
une véritable assurance.
M. CASTONGUAY: Je peux peut-être souligner ici une application de
ce fonds. Vous avez vu quelques causes récentes intentées par la
régie ou par le gouvernement, à la suite du fait que certains
médecins, alors que la Loi de l'assurance-maladie ne leur permettait pas
de charger quoi que ce soit, chargeaient un supplément. Si ces
médecins, par hypothèse, sont insolvables ou encore ne sont pas
en mesure de rembourser rapidement, le fonds d'indemnisation devrait
immédiatement rembourser la personne: après ça, lui se
ferait rembourser par la suite par le médecin de telle sorte que la
personne qui a été obligée de débourser
contrairement à ce que la loi dit, le médecin, en cour, ayant
été condamné, le fonds d'indemnisation pourrait être
utilisé pour réparer le plus rapidement possible la situation.
C'est un exemple.
M. BURNS: II n'exclut pas l'autre que j'ai suggéré
tantôt.
M. HAMEL: M. le Président, il est évident, d'autre part,
que si on fait supporter par l'ensemble des membres d'une profession de pareils
fonds, normalement, on pourrait se demander si ces fonds d'indemnisation ne
de-
vraient pas être supportés par la société
entière et non pas par les membres d'une profession.
M. BURNS: Ces professions ont des privilèges, remarquez. C'est en
vertu de ces privilèges que ça crée des obligations. Ce
sont des professions...
M. HAMEL: Mais de là à se transformer en compagnie
d'assurance, cela mérite d'être étudié, il n'y a
peut-être qu'un pas pour vous.
UNE VOIX: Seulement un pas.
M. HAMEL: Je veux dire que cela mérite certainement, de notre
côté, certaines considérations.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. HAMEL: Sur le plan pratique, d'autre part, ce serait très
difficile d'application.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, dans le chapitre III, du
mémoire de la fédération, il est question de caisse de
retraite. La fédération établit bien ses positions
à l'effet que des caisses de retraite ou des assurances-groupe sont au
profit des participants et non pas de la population en général.
Ce serait donc à la fédération d'être responsable de
cette question plutôt qu'au Collège des médecins. La
question que je pose est une question d'information. Est-ce qu'à votre
connaissance il y a des négociations quelconques qui ont
été engagées, soit avec le gouvernement, soit avec des
compagnies soit avec vos membres, soit par vous ou par le collège,
concernant l'établissement d'une caisse de retraite? Ou si c'est
là tout simplement parce qu'il en était question dans le projet
de loi et qu'hypothétiquement il y aura un jour une caisse de retraite
ou si, au contraire, effectivement, il y a des négociations qui sont
engagées à quelque niveau que ce soit.
M. HAMEL: Actuellement, l'ordre des médecins et les associations
représentatives des médecins possèdent des régimes
d'assurance-groupe et certains même des caisses de retraite. Certaines
associations aussi ont négocié avec le gouvernement, certains
membres de la profession médicale, des bénéfices
d'assurance-groupe et de caisse de retraite, certains médecins
salariés ou payés autrement qu'à l'acte. Donc, c'est une
réalité actuellement. Il y a des démarches qui ont
été faites entre l'ordre des médecins et les
fédérations pour que le Collège des médecins
abandonne définitivement ce champ d'activité aux
fédérations.
M. MASSE (Montcalm): A votre connaissance, le Collège des
médecins serait d'accord pour que la loi amendée pour remettre
à la fédération plutôt qu'au collège cette
possibilité de négociation.
M. HAMEL: Oui. Lors des dernières consultations à ce sujet
avec l'ordre des médecins, les représentants de l'ordre
étaient d'accord à la condition que tous les médecins
puissent bénéficier d'un régime de retraite et
d'assurance-groupe et non pas seulement les membres en règle des
fédérations.
M. MASSE (Montcalm): Je vous remercie. M. LE PRESIDENT: Je remercie
les...
M. CASTONGUAY: M. le Président, est-ce que, sur ce point, je
pourrais faire une petite clarification pour bien indiquer quelle était
l'intention en inscrivant ces dispositions dans ce projet de loi. Nous, en
donnant ces pouvoirs à l'ordre ou au collège, nous n'excluons pas
d'autres types d'activité de la part des syndicats de même nature.
Toutefois, l'adhésion au syndicat étant volontaire, on peut
imaginer qu'à un certain moment la Fédération des
médecins omnipratriciens n'existera plus, les médecins voulant
aller dans un autre syndicat. C'est une hypothèse qui est
peut-être peu possible mais qui existe malgré tout. Alors comme
les dispositions relatives à la retraite, par exemple, revêtent un
caractère de permanence et permettent au collège d'instituer une
caisse sans enlever ce pouvoir au syndicat de le faire ou même de
négocier dans un autre contexte, cela peut donner un certain choix
à des membres, à des corporations qui verraient une plus grande
stabilité dans le... C'est dans ce but-là que cela a
été fait. Cela n'a pas été fait dans le but
d'enlever aux fédérations un champ d'action possible.
M. MASSE (Montcalm): Dans ce sens-là, est-ce qu'il ne serait pas
possible que la loi prévoie que de toute façon la caisse est
administrée par un organisme public, comme le régime de rentes,
ce qui enlèverait cette objection de disparition de la
fédération.
M. CASTONGUAY: C'est une des choses que nous pouvons discuter.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Dernière question, M. Louis Vézina,
député de Montmorency.
M. VEZINA: Je voudrais vous demander si vous avez pris connaissance du
mémoire présenté à la commission par les... Est-ce
que votre organisme a étudié le mémoire?
M. HAMEL: Non, monsieur,
M. VEZINA: Au sujet de l'office des professions, relativement à
la nomination et au paiement des syndics, etc., est-ce que la distinction des
pouvoirs est exercée par le lieutenant-gouverneur en conseil ou par
l'office? Est-ce que votre fédération a des remarques
particuliè-
res à faire sur le système tel que proposé par le
projet de loi 250?
M. HAMEL: Oui. Nous croyons que le président et le
secrétaire du comité de discipline, le secrétaire du
comité d'institution professionnelle, les syndics, s'il y en a, ne
devraient pas être nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil
mais nommés par les corporations. De la même façon,
à l'article 169, paragraphe a), qui permet au lieutenant-gouverneur en
conseil de déterminer les procédures de fonctionnement du
comité d'inspection professionnelle, on pense que ces pouvoirs-là
devraient être réservés aux corporations et non pas au
lieutenant-gouverneur en conseil. On devrait faire confiance davantage aux
corporations, et nous l'avons exprimé, je pense, de façon
générale dans notre mémoire. Nous sommes d'accord
probablement avec le conseil interprofessionnel sans avoir lu le
mémoire.
M. VEZINA: Sur la question de la substitution des médicaments, je
réfléchissais à ce que vous disiez tantôt, sur ce
que vous souhaitez être l'accord préalable du médecin
traitant avant qu'il y ait substitution de médicaments. Au point de vue
pratique maintenant, pensez-vous que cela ne créera pas des
problèmes assez sérieux? J'imagine mal quelqu'un du public, un
quidam se rendre à la pharmacie avec son ordonnance, et que le
pharmacien l'informe qu'il doit proposer une substitution pour telle raison et
que là, il tente de rejoindre le médecin. Dans quelle situation
met-on la personne qui est appelée à recevoir le
médicament?
M. HAMEL: J'ai laissé entendre tout à l'heure,
peut-être pas d'une façon suffisamment claire, que ça
pourrait dans la pratique se passer tout à fait autrement. Si le
médecin n'indique d'aucune façon qu'il est opposé à
la substitution, le pharmacien serait libre de substituer un médicament.
Nous tenons, lorsque le médecin a des raisons précises
d'éviter une substitution dans l'intérêt de son malade,
qu'il le signale sur son ordonnance de telle sorte que le pharmacien ne puisse
pas passer outre. Alors, c'est simple. Il n'y a pas de complications. Si le
médecin ne signale pas sur l'ordonnance son opposition à une
substitution, c'est automatique, cela peut être fait par le pharmacien.
S'il le signale, on pense que le pharmacien doit se soumettre à la
volonté du médecin, qu'il y a des raisons d'ordre médical
pour ne pas tolérer une substitution. Est-ce clair?
M. VEZINA: Mais est-ce que je dois comprendre de vos propos que, s'il y
a un problème à ce jour, c'est beaucoup plus sur la façon
de prescrire un médicament que sur la façon dont il a
été préparé et vendu au malade.
M. HAMEL: II n'y a pas de problème à ce jour parce qu'il
n'y a pas de liste applicable excepté dans certains hôpitaux
où c'est très large. Il n'y a pas de problème. Nous
prévoyons les problèmes, nous sommes là, nous, pour les
prévoir et les éliminer si possible en faisant des
recommandations appropriées aux législateurs.
M. VEZINA: Vous nous avez dit tantôt que les contradictions
étaient d'ordre social, économique, financier, pathologique, etc.
Vous avez dit que c'était à partir d'expériences acquises
et vécues par les membres de votre fédération. Vous avez
donc eu des problèmes jusqu'à maintenant?
M. HAMEL: C'est-à-dire pas avec la liste elle-même, nous
avons des problèmes... c'est-à-dire que l'expérience
pratique de la prescription des médicaments par le médecin nous a
démontré clairement qu'il pourrait y avoir une catastrophe
à un certain moment si le pharmacien pouvait changer de
médicaments sans que le médecin soit mis au courant, ou
même sans la volonté du médecin, par l'expérience
quotidienne. On dit: Dans tel ou tel cas, s'il fallait que le médicament
soit changé... lorsqu'il y a des erreurs, par exemple, de
médicaments, on s'en aperçoit, car les équivalances sont
d'ordre chimique souvent, mais les effets thérapeutiques ne sont pas
toujours les mêmes.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le Dr Hamel et ses collaborateurs de
l'exposé de leur mémoire.
Je vais inviter l'Association des hôpitaux de la province de
Québec.
Association des hôpitaux de la province de
Québec
M. DUFOUR: M. le Président de la commission, M. le ministre,
messieurs, nous remercions d'abord les membres de la commission d'accepter
d'entendre l'Association des hôpitaux qui représente les 215
hôpitaux dits publics de la province de Québec. C'est aux doubles
titres de porte-parole des hôpitaux de la province et de partenaire de
l'Etat dans les négociations collectives que l'Association des
hôpitaux se présente devant cette commission. Notre mémoire
se limitera tout simplement...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous donner vos noms, s'il vous plaît,
pour le journal des Débats.
M. DUFOUR: Oui, je suis M. Paul Dufour, de l'Association des
hôpitaux. Voici Me Albert Gobeil, notre conseiller juridique et Guy Saint
-Onge, de l'Association des hôpitaux.
Notre mémoire se limitera à saisir la commission
parlementaire de certains effets de l'application de l'article 7 du projet de
loi no 272 et, afin de vous présenter notre mémoire, Me Albert
Gobeil agira à titre porte-parole.
M. GOBEIL (Albert): M. le Président, M. le ministre, messieurs,
dès le départ, je pense qu'on pourrait peut-être laisser
tomber la lecture, si vous le permettez, du mémoire. Il est court,
j'aimerais plutôt vous le verbaliser pour tenter de circonscrire le
problème. Disons au départ, pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté, que nous n'entendons pas discuter le contenu; nous
n'avons aucune objection au contenu de la loi comme tel. Ce que nous voulons
porter devant vous, c'est une conséquence que l'on croit fâcheuse
à l'organisation du travail du milieu hospitalier, plus
particulièrement du milieu des départements de médecine
physique.
La loi 272, comme n'importe laquelle des lois qui voient à
créer une corporation professionnelle, je pense que c'est la
réalisation de l'article 22 du projet de loi 250 qui nous dit que,
lorsqu'il y a un acte d'une nature très particulière qui touche
le public, le public doit être protégé et on doit en fait
s'assurer que l'acte sera posé par des personnes compétentes.
Alors on a régi; pour enlever toute ambiguïté sur la
physiothérapie, la loi définit ce que c'est à l'article 7:
"Constitue l'exercice de la physiothérapie tout acte qui a pour objet de
redonner à une personne la maîtrise de ses mouvements corporels en
utilisant des exercices physiques, l'hydrothérapie,
l'électrothérapie ou l'ergothérapie. Nous n'avons pas la
compétence pour savoir si c'est vraiment ça sur le plan
médical, nous la prenons telle quelle. Enfin, on a une définition
de la physiothérapie maintenant.
On dit à l'article 8: "Sous réserve des droits et
privilèges expressément accordés par la loi à
d'autres professionnels, les actes décrits à l'article 7
que nous venons de lire sont réservés aux
physiothérapeutes". Donc, avec cette loi on sait ce qu'est la
physiothérapie et on dit qui va l'exercer. Cela enlève les
vendeurs de pilules, les charlatans, les studios de massages bons, moins bons
et très mauvais; on veut que le public soit protégé. Cela
va bien, le but est louable. Mais il arrive que chez nous, dans le milieu
hospitalier, si on dit que seuls les physiothérapeutes peuvent faire ces
actes-là, on fait disparaître à toutes fins pratiques deux
classifications d'emploi. Une première qui s'appelle les
préposés en physiothérapie qui exercent déjà
dans les services de médecine physique et qui, de fait, participent aux
traitements de physiothérapie suivant une définition que l'on
retrouve dans nos conventions collectives et qui est la suivante: "Personne qui
reçoit ou a reçu dans un service de médecine physique une
formation pratique lui permettant d'assister les physiothérapeutes dans
l'exécution de certaines tâches à caractère
technique de complexité restreinte". De fait, ils participent aux
traitements, ils participent à l'utilisation des exercices physiques
etc.
Alors, si on dit que seulement les physiothérapeutes peuvent
faire ce genre de choses-là, vous nous faites disparaître
carrément 177 personnes du milieu hospitalier québécois
à l'heure actuelle. IL y a un corollaire assez fâcheux
également, c'est que, de ces 177 personnes, il y en a 159 qui ont plus
de deux ans d'emploi, donc qui sont à toutes fins pratiques absolument
sécurisées, que l'on ne peut plus mettre à pied, puisque
nos conventions collectives, dans le milieu hospitalier, ont consacré ce
droit-là aux salariés: après deux ans, leur emploi est
assuré. On ne devrait pas dire l'emploi, on devrait dire la
sécurité de revenu. Vous voyez immédiatement qu'au point
de vue de l'administration du personnel c'est ce qui nous concerne
à l'heure actuelle, les administrateurs nous avons un
problème considérable qui est celui de la disparition d'une
classe de travailleurs que l'on devra mettre sur les tablettes et payer en
attendant que l'on trouve quelque chose pour eux.
C'est un problème, mais on verra plus loin que le problème
principal est qu'on ne peut pas s'en passer en médecine physique.
Il y a un autre groupe maintenant qui, lui, n'est pas encore dans le
milieu hospitalier, mais auquel nous, les administrateurs d'hôpitaux,
pensons, c'est celui des techniciens en physiothérapie. Il y a trois ou
quatre ans, le ministère de l'Education a sanctionné au niveau du
CEGEP un cours qui s'appelle "techniques en physiothérapie". Je vous
ferai grâce de l'énumération ou du contenu du cours; on
voit dans les publications officielles du ministère que ce
cours-là est absolument sérieux.
Il y en a un à Sherbrooke, il y en a un autre à
Chicoutimi. Il y en aura vingt qui vont "graduer ", pour prendre un mauvais
terme, cette année, et à Sherbrooke ce sera l'an prochain.
Nous serons aux prises avec à peu près une centaine de
personnes d'ici quelques années, vingt dès cette année,
qui ont choisi une option sanctionnée par le ministère de
l'Education, qui l'a sanctionnée parce qu'elle correspondait à un
besoin du milieu. On manquait de techniciens et on leur dit, trois ans
après: Excusez-nous, nous nous sommes trompés. Je pense que nous
devons penser à ça; pour nous, en tout cas, c'est un
problème, cela en est un d'autant plus considérable que nous les
attendons dans les hôpitaux. Nous n'aurons pas de difficulté
à placer ces gens. La prévision du départ, il y a trois
ans, était bonne quand le ministère a dit: "Nous allons faire un
cours, il y a de la place pour vous". Il y en a, selon ce que l'on nous dit
dans les hôpitaux.
C'est le problème, pour faire une référence au
"stunt" publicitaire que nous entendons ces temps-ci: C'est quoi ton
problème? C'est celui-là.
M. BURNS: C'est quoi l'important?
M. GOBEIL: C'est quoi l'important? Si on se limite aux seuls
physiothérapeutes, il y a deux classes de personnes qui disparaissent et
qui nous semblent nécessaires. Notre préoccu-
pation n'est pas seulement une préoccupation en termes
d'administration de personnel. Si vous permettez, vous pouvez prendre le
mémoire à la page... Je m'excuse, je voudrais vous rappeler,
qu'il y a, dans le système hospitalier, une certaine
complémentarité entre des fonctions. Prenons la fonction de
"nursing" par exemple dans un département.
Vous avez pour l'acte global du "nursing" prenons ce
département des gardes-malades, des gardes-malades auxiliaires,
des puéricultrices suivant le département, des auxiliaires en
"nursing", on peut avoir une bachelière en "nursing". Tout ces
gens-là, dans un département donné, dans une unité
de soins donnée, participent à l'acte "nursing". C'est
complémentaire; comme dans n'importe quelle organisation ou institution,
il est arrivé qu'il existe de fait des structures d'occupation. C'est
fait comme ça, un hôpital. Je ne dis pas que ça ne peut pas
s'améliorer, mais enfin, on a reconnu ça. Et l'Etat a reconnu
cette complémentarité dans les hôpitaux, dans les soins
hospitaliers, lorsque, dans le bill qui traite des infirmières et
infirmiers, il dit à l'article 31: "Sous réserve de l'article 26,
nul ne peut poser des actes décrits à l'article 25 s'il n'est pas
infirmière ou infirmier. Les dispositions du présent article ne
s'appliquent pas..."
Et là, on énumère à qui elles ne
s'appliquent pas; il y a des gens qui peuvent faire ces actes-là en
milieu hospitalier. Nous disons que l'on ajoute à la loi que "l'article
8" qui crée une sanction si on exerce la fonction et qu'on n'est pas
physiothérapeute ne s'applique pas aux préposés ou
aux techniciens en physiothérapie en milieu hospitalier".
Je pense que vous avez là l'essentiel de notre
préoccupation. Notre motivation est d'un autre ordre et en lisant le
rapport à partir de la page 8, vous voyez que nous croyons que ces gens
sont nécessaires pour donner la gamme de soins qu'on souhaite dans un
milieu hospitalier.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de l'Association des hôpitaux d'avoir soulevé
dans leur mémoire cette question qui est évidemment importante.
La difficulté à laquelle nous nous butons vous l'avez
exposée de fait c'est que bien des gens s'improvisent dans ce
secteur à l'extérieur, évidemment, des hôpitaux, et
il y a un besoin ou un danger pour la population si on n'est pas capable de
reconnaître ceux qui sont aptes à poser des actes d'une
façon compétente et ceux qui ne le sont pas.
A l'intérieur des institutions, le problème se pose
différemment et vous soulevez une des difficultés que crée
la définition d'un champ de pratique très strict et
réservé à un groupe.
Voici la seule question que j'ai à vous adresser, parce que le
problème que vous soulevez est réel: Est-ce que des dispositions
analogues à celles que vous avez citées dans la Loi des
infirmières et infirmiers vous apparaî- traient comme étant
une solution satisfaisante ou encore pouvez-vous nous décrire comment on
établit, compte tenu de votre recommandation à la page 14, quels
sont les limites de la compétence respective des différents types
de personnel dans les hôpitaux présentement et si ces
mécanismes assurent les garanties nécessaires? Vous nous faites
une recommandation et vous affirmez un principe.
Mais comment s'est effectuée la détermination des limites
des compétences respectives des différents groupes à
l'intérieur des hôpitaux? En fait, il semble y avoir deux
approches possibles.
M. GOBEIL: Cela nous est apparu, on doit l'avouer, comme une
recommandation qui, après étude plus poussée, était
peut-être trop floue. La compétence respective, finalement
on l'a marquée là, c'est un peu dommage cela n'a pas de
limite, cela ne commence pas et ne finit pas. Nous préférerions
à cela une conclusion comme celle-ci: Que l'article 13, tel que
présenté dans le projet de loi, soit remplacé par le
suivant: Sous réserve de l'article 8, nul ne peut poser des actes
décrits à l'article 7, s'il n'est physiothérapeute. Les
dispositions du présent article ne s'appliquent pas aux actes
posés par les techniciens en réadaptation, ou techniciens en
physiothérapie, et les préposés en physiothérapie
dans les départements de médecine physique des institutions.
Je pense qu'on cerne le problème davantage. Cela
représente la situation actuelle.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. GOBEIL: Est-ce que vous voudriez, M. le Président, qu'on vous
remette copie de ce que je viens de lire?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. GOBEIL: De la recommandation, telle quelle?
M. LE PRESIDENT: Oui. Alors, messieurs, je vous remercie. Maintenant, la
commission suspend ses travaux jusqu'à entre 4 heures, 4 heures 30,
après la période des questions, mais, à la salle 81-A.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. FORTIER (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs! La
Fédération des médecins spécialistes du
Québec.
Fédération des médecins
spécialistes du Québec
M. ROBILLARD: M. le Président, je vous demanderais la faveur de
parler assis, si c'est possible, parce que j'ai la grippe. M. le
Président, M. le ministre, MM. les députés, dans le
mémoire que nous avons soumis à cette commission parlementaire,
nous avons tenté de dégager ce qui nous paraissait constituer les
objectifs généraux de la réforme du droit des professions
pour examiner... Vous voulez que je présente les gens qui sont avec moi?
Il y a moi-même, président de la Fédération des
médecins spécialistes, Dr Raymond Robillard, accompagné de
notre conseiller juridique, Me Roger David et, à ma droite, le Dr Pierre
Archambault, président de l'association des radiologistes.
Je disais donc, M. le Président, que nous avons tenté dans
une première partie du mémoire d'examiner sommairement les
objectifs du régime, les objectifs généraux en voulant en
dégager ensuite quelques aspects qui nous paraissaient ne pas traduire
fidèlement les objectifs tels que nous pouvions les déduire de la
lecture du projet de loi et particulièrement de l'article 21 qui
définit, en somme, les critères qui doivent pour le
législateur traduire ce qu'est une corporation et ce qui doit en
découler sur le plan législatif.
Je passerai sous cet aspect des objectifs généraux qui ont
été discutés par d'autres et en particulier par le
Collège des médecins et qui sont, je pense, d'ordre
général, que la commission pourra lire, pour en venir aux aspects
plus détaillés des positions que nous voulons prendre sur
certains points particuliers.
Nous constatons d'abord par la lecture du bill 250 que, sur tous les
paliers où se prennent les décisions de la corporation,
c'est-à-dire au bureau, au conseil d'administration, à
l'inspection professionnelle, au comité de discipline, que l'Etat nomme
les délégués directement, rémunère ces
individus et nomme également les secrétaires de ces
comités. Nous croyons que l'intérêt public veut la
présence de l'Etat ou des mandataires de l'Etat directement dans la
corporation professionnelle. C'est un des piliers de la loi, de la
réforme, du bill 250; nous ne discutons aucunement cette perspective.
Nous ne croyons pas cependant que l'Etat desserve nécessairement le bien
public en étant présent directement à tous les paliers que
nous avons décrits. Nous croyons qu'il devrait exister entre l'Etat et
la corporation professionnelle un tampon, si l'on peut s'exprimer ainsi, qui
serait l'office des professions et qu, au nom de l'Etat,
déléguerait, lui, ses représentants au conseil
d'administration de façon que l'Etat, par cet intermédiaire,
puisse s'assurer en tout temps du fonctionnement adéquat de la
corporation et voir que la corporation respecte les obligations qui lui sont
conférées par la loi.
Nous pensons que ce mode, ce procédé moins direct que
l'intervention de l'Etat pourrait être atténué ou pourrait
respecter l'intérêt public en prévoyant ce que le bill 250
ne prévoit pas tout à fait, c'est-à-dire un
mécanisme de mise en tutelle des corporations qui ne se
déchargeraient pas d'une façon satisfaisante de leurs
obligations.
Le bill 250 prévoit un processus de mise en tutelle des
corporations en ce moment, mais seulement pour les corporations qui n'honorent
pas leurs obligations financières.
Nous croyons que l'institution de l'Office des professions est fort
juste et pourrait être améliorée dans le sens que nous
avons recommandé. Nous ne croyons pas cependant que le bill 250
confère à cet organisme un droit de regard suffisant sur les
activités des corporations et en particulier que le projet de loi ne
fournit pas à l'office des moyens d'intervention suffisants. L'office,
à notre avis, devrait représenter l'Etat au bureau des
corporations et mener auprès de ces corporations toute enquête
qu'il juge nécessaire sur l'ensemble de leur fonctionnement et, comme
nous l'avons dit antérieurement, mettre en tutelle au besoin celles qui
n'assument pas leurs responsabilités.
Dans cette nouvelle optique d'un élargissement du rôle de
l'office, nous croyons que cet organisme devrait être davantage
représentatif, que sa composition devrait être, non pas de trois
membres comme le prévoit la loi, mais de sept. Si nous voyons assez bien
le rôle de l'office des professions, par contre nous voyons moins
clairement celui du conseil interprofessionnel. Cet organisme, à notre
avis, devrait demeurer un organisme volontaire auquel les corporations peuvent
adhérer mais ne devrait pas être sanctionné en vertu de la
loi et détenir un mandat officiel qui se situe en somme d'une
façon assez obscure entre l'office et les corporations
elles-mêmes.
Les corporations, et particulièrement l'ordre des médecins
c'est un point qui a été souligné par l'ordre lui
même à notre avis, puisqu'elles sont responsables en fin de
compte de la qualité des services qui sont rendus à la population
par leurs membres, doivent intervenir dans l'élaboration des programmes
de formation et être en mesure de vérifier au besoin par des
examens les qualifications de ceux à qui les corporations
décernent des permis d'exercice. Cette question, nous l'avons vu, a
été abordée ce matin dans le même sens par le
comité des doyens des quatre facultés de médecine du
Québec.
Pour ce qui est du comité d'inspection professionnelle, nous
constatons qu'il est autonome, qu'il fonctionne indépendamment de
l'autorité de la corporation, qu'il est, en som-
me, une délégation de pouvoir interne à la
corporation. Les membres son nommés par le gouvernement, un directement.
Ce comité fonctionne de lui-même, spontanément, fait
enquête sur l'activité professionnelle des membres de la
corporation et peut traduire directement le membre en discipline. Nous pensons
que cette façon de procéder est incompatible avec l'autonomie
normale d'une corporation si dans un secteur aussi important que
celui-là... En somme, il y a deux secteurs capitaux d'une corporation,
l'inspection professionnelle et la discipline; nous voyons assez mal comment on
pourrait concevoir que ces deux aspects majeurs de l'activité de la
corporation seraient entre les mains de gens qui sont nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et qui échappent, à toutes fins
pratiques, à l'autorité du bureau. Donc, nous croyons que les
membres de ce comité devraient être nommés par le bureau,
que le comité devrait détenir son mandat du bureau et que le
bureau devrait en déterminer la procédure. Nous croyons
également que cette composition du comité de trois membres est
par trop rigide et qu'elle ne s'applique pas à l'ensemble des
professions et sûrement pas, de toute façon, à celle que
nous connaissons le mieux, celle de la profession médicale qui est
composée de 8,000 personnes, dont 4,000 spécialistes en 31
disciplines.
Pour ce qui est des syndics, la question a été
posée ce matin, nous voyons une ambiguïté dans ce concept.
Les syndics ont une instance disciplinaire, une fonction disciplinaire et nous
croyons qu'ils devraient être rattachés à cette fonction de
façon plus spécifique et la loi leur donne une fonction de
contrôle de l'activité professionnelle par voie d'enquêtes.
Nous pensons que ce rôle des syndics devrait être éclairci
et que les individus devraient être clairement rattachés aux
instances disciplinaires et ne devraient pas fonctionner de façon
autonome, mais être rattachés à l'autorité du
bureau.
Pour ce qui est de l'ensemble du processus disciplinaire, nous voulons
en retenir un aspect particulier. Nous avons été
impressionnés par le fait que le comité de discipline peut
être saisi directement d'une plainte en provenance du public, ou en
provenance des syndics, ou en provenance du comité d'inspection
professionnelle sans aucune intervention de la corporation. Nous voyons encore
ici, de même que nous l'avons vu dans le comité d'inspection
professionnelle, que le comité de discipline fonctionne à
l'intérieur de la corporation de façon autonome. Nous soutenons
que, si la corporation doit demeurer un organisme responsable et autonome, il
lui revient de porter toute plainte devant le comité de discipline.
Cette façon de procéder respecterait l'autonomie de la
corporation et préviendrait le fait que le professionnel soit
possiblement traduit en discipline pour des raisons futiles, faute d'avoir pu
passer au préalable par un certain tamisage.
Nous croyons par contre que les plaintes du public doivent être
reçues et doivent être traitées avec diligence et que les
gens qui se plaignent à une corporation doivent avoir un rapport de ce
qui est survenu à leurs plaintes. Nous croyons donc qu'il devrait
exister dans chaque corporation un comité spécifique d'examen des
plaintes qui ferait enquête auprès des professionnels et ferait
rapport au comité administratif. Le rejet de toute plainte devrait
être motivé par écrit et le plaignant pourrait en appeler
de cette décision à l'Office des professions.
Passons rapidement et sans expliquer certains points que nous avons
soulevés. Nous croyons que la radiation provisoire immédiate que
prévoit la loi sur décision du bureau devrait être
atténuée et que le bureau d'une corporation ne pourrait pas
prescrire à cette forme ultime de sanction, sans avoir reçu,
à cet effet, une recommandation spécifique du comité
administratif.
Pour ce qui est des fonds d'indemnisation, j'ai été fort
intéressé par la discussion qui s'est déroulée ce
matin, nous pensons que le fonds d'indemnisation ne doit pas s'appliquer
à la profession médicale, que le fonds d'indemnisation doit
être restreint aux corporations dont les membres détiennent de
l'argent du public. Pour ce qui est de la profession médicale, si on
veut faire du fonds d'indemnisation un organisme qui veut remplacer les
compagnies d'assurance ou qui veut dépanner la régie tout
simplement pour faciliter le paiement des honoraires, nous allons devoir monter
des organismes qui vont recruter des fonds assez spectaculaires et je
prévois que la cotisation au Collège des médecins va se
situer à un niveau beaucoup plus élevé qu'actuellement.
Peut-être M. le ministre pourra-t-il nous expliquer quelles sont les vues
du gouvernement sur ce fonds d'indemnisation et de quelle façon il peut
s'appliquer à la profession médicale. Nous ne l'avons pas vu pour
nous-mêmes mais je pense que nous serions bien prêts à nous
faire expliquer quelles sont les vues du gouvernement sur ce point.
Pour ce qui est des tarifs d'honoraires et des procédures
d'arbitrage, pour notre part, nous pensons que l'établissement d'un
tarif d'honoraires ne relève pas de la corporation. Nous avons
vécu des expériences assez difficiles dans le passé sur ce
plan-là. Pour ce qui est des procédures d'arbitrage, nous croyons
qu'elles devraient exister, mais qu'elles ne devraient s'appliquer que dans les
cas où il n'existe pas d'entente collective, où il n'existe pas
une loi telle que l'assurance-maladie qui prévoit un mode de
règlement des conflits d'honoraires.
J'aimerais qu'on soulève très rapidement toute cette
question de la santé physique et psychique des membres. Il y a là
un certain nombre de dispositions qui nous paraissent assez étonnantes
et, si on peut être d'accord sur le principe général qui
est de surveiller et de protéger l'intérêt du public, je
pense que les
modalités qui ont été choisies par le
législateur nous paraissent un peu sévères.
Nous notons en particulier que le bureau peut ordonner l'examen de tout
membre sans qu'il ne soit spécifié de quelle façon il
prend sa décision, que le bureau doit définir par
règlement ce qui constitue un état physique ou psychique
incompatible avec l'exercice d'une profession, que les professionnels sont
tenus à la délation obligatoire, sont tenus à
dénoncer les autres professionnels qu'ils jugent inaptes à
pratiquer la profession, enfin que l'admission dans un hôpital
psychiatrique amène la radiation automatique d'un professionnel.
Nous croyons que l'obligation de dénonciation n'est pas
compatible avec nos moeurs politiques et que personne ne devrait être
dans l'obligation, surtout s'il est médecin ou praticien traitant d'une
autre personne, de dénoncer cette personne pour des troubles physiques
ou mentaux. Nous croyons qu'il est impossible d'établir des
règlements pour définir précisément ce qui
constitue un état physique ou psychique compatible avec l'exercice d'une
profession ou d'une autre, que ce soit la podiatrie ou la comptabilité,
etc., que le bureau, avant d'ordonner l'examen médical, mental ou
physique d'un de ses membres, doit avoir eu la recommandation spécifique
à cet effet du comité d'examen des plaintes ou du comité
d'inspection professionnelle. Et, enfin, nous croyons que l'admission dans un
hôpital psychiatrique, au sens des lois des institutions mentales, ne
doit pas être une cause de radiation.
Pour ce qui est des permis de radiologie que prévoit la loi
disant que l'Office des professions établira des normes selon lesquelles
le bureau des corporations pourra émettre des permis de radiologie
à ceux qui ne sont pas médecins ou dentistes, notre position est
très claire: nous disons que seuls les médecins, les dentistes et
les médecins vétérinaires devraient être
autorisés à pratiquer la radiologie.
Pour ce qui est de la Loi médicale, nous avons trois ou quatre
recommandations parce que toutes celles qui étaient pertinentes à
la révision de la loi médicale tant attendue ont
déjà été faites dans la révision du code des
professions. Il est dit que le bureau de la Corporation des médecins
peut donner son avis au ministre sur les normes à suivre pour relever le
niveau de la qualité des soins dans les hôpitaux. Nous pensons que
ce mot "normes" est ambigu, laisse entendre que le ministre des Affaires
sociales pourrait mettre en place des normes professionnelles de contrôle
de l'activité professionnelle, normes qui relèvent clairement,
à notre avis, de la Corporation des médecins.
Nous avons proposé une définition qui nous parait plus
exacte de la pratique médicale; faisant place à la notion de
médecine préventive, nous avons demandé que les
auxiliaires techniques des médecins nous entendons par là
des individus qui ne détiennent pas un certificat ou un permis
d'exercice dans une des disciplines qui sont maintenant incorporées,
mais qui rendent des services, tels les assistants en physiatrie qui ont
été décrits ce matin puissent continuer à
exercer, de façon à ne pas affaiblir la solidité de
l'équipe médicale.
Pour ce qui est de la caisse d'épargne et de retraite, qui a
été longuement discutée ce matin, nous avons des syndicats
médicaux, des caisses d'épargne et des caisses de retraite et
nous pensons que cette activité n'est pas une activité qui
dessert l'intérêt du public mais une activité collective
des syndicats médicaux et qu'elle devrait leur être
laissée.
Nous avons enfin abordé quelques lois particulières que
nous appelons satellites au bill 250 et qui intéressent certaines
corporations. Nous avons fait des représentations sous les chapitres
suivants: en ce qui regarde la Loi sur la pharmacie, nous sommes opposés
à la substitution des médicaments par le pharmacien. Toute cette
question a été débattue ce matin, je m'en rends compte. Je
voudrais que notre position soit très claire: nous ne sommes pas
opposés au principe de la substitution comme d'autres professions
médicales l'ont été au Canada et le sont encore; nous ne
sommes pas opposés au principe même de la substitution, nous
aimerions que le médecin soit informé des prix des
médicaments, qu'on lui donne certaines garanties sur
l'équivalence réelle chimique des médicaments, on ne peut
pas lui en donner sur l'équivalence thérapeutique, cela est
impossible le Par-Cost ontarien et l'administration
fédérale l'ont admis d'ailleurs et nous pensons que dans
certains cas, si le médecin veut prescrire une drogue spécifique
pour des raisons qui lui sont particulières, il peut le faire sur
demande positive de sa part, c'est-à-dire que, tant et aussi longtemps
que le médecin n'aura pas demandé spécifiquement sur une
ordonnance qu'on respecte sa prescription et le nom du manufacturier, le
pharmacien pourra substituer une drogue.
Nous croyons que certaines définitions qui nous sont
apportées de l'exercice professionnel en ce qui regarde l'exercice des
techniciens en radiologie et l'exercice des physiothérapeutes sont tout
simplement inexactes sur le plan scientifique et nous avons proposé une
correction.
Dans trois professions, soit les dentistes, les optométristes et
les podiatres, nous avons suggéré des modifications qui nous
semblent préciser d'une façon plus conforme à la
réalité le champ d'exercice de ces professions de façon
qu'elles ne débordent pas sur ce qui en relève, non pas sur le
plan économique parce que nous n'y avons nul intérêt, mais
sur ce qui relève sur le plan scientifique de l'activité
médicale proprement dite.
Nous avons pensé, à l'égard des
physiothérapeutes, des orthophonistes et des audiologistes, que pour ces
gens... qu'on est convenu d'appeler paramédicaux et qui travaillent sur
prescrip-
tions médicales, ces ordonnances médicales soient
conservées dans la loi actuelle parce qu'elle ne l'est pas dans les lois
révisées.
Voici les points, M. le Président, MM. les députés,
que nous avons cru devoir soulever. Nous sommes prêts à
répondre à vos questions.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M.CASTONGUAY: ...M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de la Fédération des médecins
spécialistes pour ce mémoire qui, également,
m'apparaît comme étant très fouillé et qui va certes
nous être utile dans notre travail d'étude des projets de loi en
cause.
Avant d'adresser certaines questions au Dr Robillard, j'aimerais
apporter une couple de clarifications. Lorsqu'il a été question
de fonds d'indemnisation, ce matin, lorsqu'on a parlé de la
possibilité que ce fonds d'indemnisation soit utilisé à
des fins de responsabilité professionnelle, ce ne sont pas des membres
du gouvernement qui ont soulevé cette possibilité. De la
même façon, au cours de la discussion ce matin il a
été question ou on a donné l'impression que ça
pouvait servir certaines caisses de dépannage pour la Régie de
l'assurance-maladie, je crois que c'est une impression qui est fausse. J'ai
fait allusion à un type bien précis, à un cas bien
précis à titre d'exemple, celui du médecin qui, en vertu
de la Loi de l'assurance-maladie n'a pas le privilège ou le droit de
demander des honoraires et qui le ferait. A ce moment-là, si, par
exemple, il est établi clairement, soit dans une cour de justice qu'il
doit y avoir restitution au patient pour éviter que celui-ci ne subisse
des délais, j'ai mentionné que cela pouvait être une
utilisation d'un tel fonds d'indemnisation, quitte à ce que le fonds,
par la suite, se fasse rembourser. J'ai soulevé ça à titre
de possibilité. C'est la seule.
En ce qui a trait à la question de l'état de santé
d'un membre d'une corporation professionnelle qui pourrait devenir une cause ne
lui permettant pas d'exercer sa profession, le point a été
mentionné à quelques reprises et je reconnais que le texte peut
peut-être laisser une certaine ambiguïté. De toute
façon, dans les délais assez brefs, nous allons déposer un
projet de loi sur la santé mentale. Je crois que cela peut contribuer
à dissiper certaines équivoques. Il y a également d'autres
aspects à la question, tel que cela a été
mentionné. Est-ce que, pour d'autres types de corporation, les
mêmes critères doivent s'appliquer? De toute façon c'est
une question qu'il nous faut analyser de plus près.
Dans les remarques qu'a faites le Dr Robillard ou à la lecture du
mémoire, comme un bon nombre de questions ont déjà
été soulevées, comme le mémoire lui-même
m'apparait être rédigé de façon très claire,
je n'ai que peu de questions. La seule, c'est que j'aimerais demander au Dr
Robillard de détailler un peu plus la question des auxiliaires
médicaux, le point qu'il a soulevé dans ses commentaires.
Comment voit-il cette question par rapport d'abord à l'existence
des corporations professionnelles qui réservent un champ exclusif de
pratique aux médecins? Aussi bien sur ce plan-là qu'au plan
très concret, dans les faits, de ce qui se passe, de ce qui est
susceptible de se produire. Comment peut-on concilier ceci, selon lui, avec
tout le principe de réserver des champs exclusifs de pratique par la
voie de législation comme celle que nous étudions?
M. ROBILLARD: Nous avons des principes, une situation de fait et une
situation d'avenir. Sur les principes, je pense que la commission
Castonguay-Nepveu s'est prononcée elle-même dans le passé
sur cette notion de la profession-nalisation des occupations. Est-ce qu'on doit
pousser plus loin ce concept de la professionna-lisation des occupations?
Est-ce qu'on doit former de nouvelles corporations? On pourrait se poser
là-dessus bien des questions. On pourrait même se demander si
toutes celles qui sont formées dans le bill présent
répondent vraiment à la définition, au critère que
le législateur énonce à l'article 21 du code.
Pour ce qui est de la situation présente, dans plusieurs
disciplines j'en mentionnerais quelques-unes: la radiothérapie,
l'isotopie, l'ophtalmologie sûrement, l'oto-rhinolaryngologie, la
physiatrie il existe des individus qui travaillent étroitement
avec le médecin, qui assument une partie des trois étapes de ce
qu'on appelle l'acte médical, c'est-à-dire l'examen du malade, le
diagnostic et le traitement, qui peuvent en assumer généralement
une partie dans le secteur diagnostique, dans certaines techniques bien
spécifiques selon lesquelles le médecin délègue une
partie de son autorité de façon immédiate. Ces
gens-là n'ont pas l'entraînement aussi complexe qu'ont reçu
les gens cités dans les lois actuellement, mais sont exposés dans
l'immédiat à entrer en conflit avec les dispositions de ces lois,
parce qu'on dit que le droit exclusif de pratiquer tel acte, tel geste, est
réservé aux gens qui détiennent un permis d'exercice
décerné par telle corporation.
Je pense que cela peut poser d'ores et déjà un
sérieux problème. Pour l'avenir, si nous pensons en termes
d'aides médicaux, d'assistants médicaux et que nous voulons
élargir ce concept et nous libérer un peu des formules
traditionalistes, je pense que toutes ces lois vont nous inscrire dans un
carcan assez serré et que, probablement, nous serons gênés
demain quand nous voudrons développer les aides médecins. Parce
que, entre nous, je pense que c'est une obligation de notre part. Nous devrons
arriver à former des gens qui vont prendre une partie du travail des
omnipraticiens et des spécialistes dans plusieurs secteurs, surtout
celui de l'examen des malades et du diagnostic. J'aurais peur qu'on se mette
une cangue dont il serait difficile de sortir. Je pense qu'on peut sur le plan
législatif...
M. CASTONGUAY: Docteur, vous craignez
qu'on se place un carcan. En fait, sur ce plan-là, du principe de
restreindre un champ de pratique très clairement identifié, c'est
la situation actuelle.
Avec la loi médicale actuelle et les autres lois du même
secteur, est-ce que les possibilités qui ont été
soulevées ce matin au sujet des physio-thérapeutes, au sujet des
infirmières par exemple, principalement dans le cadre de la pratique
à l'intérieur d'un établissement, vous apparaissent comme
une voie qui mériterait d'être explorée de telle sorte que,
justement, on ne se place pas dans un tel carcan?
M. ROBILLARD: C'est celle que nous avons suggérée en
demandant que soit ajouté quelque chose à l'article 38 de la Loi
médicale lorsque cet article élimine de l'ensemble du groupe
médical un certain nombre de gens qui peuvent poser des gestes
médicaux sans être médecins, par exemple les
résidents, nous avons pensé qu'on pourrait inscrire à cet
endroit-là les auxiliaires techniques médicaux de même que
la proposition a été faite ce matin de procéder un peu de
la même façon dans une autre loi. Je pense que ce serait la
solution.
Nous n'y verrions aucune objection de notre part au contraire.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Merci. Pas pour le moment, je vais écouter.
M. LE PRESIDENT: M. Fournier.
M. FOURNIER: Juste une question relativement au comité
d'inspection professionnelle. La loi telle que proposée prévoit
un comité qui est autonome et indépendant du bureau de la
corporation. Maintenant, ne croyez-vous pas que de cette façon, on
garantit davantage la surveillance de l'exercice de la profession s'il y a un
comité d'inspection qui est indépendant du bureau?
M. ROBILLARD: Je pense qu'il faut prendre une décision: ou on
garde une corporation ou on ne garde pas une corporation. Je pense que,
dès l'instant où on garde une corporation et qu'on dit que l'Etat
va déléguer ses pouvoirs à une corporation, il faut
établir à ce moment-là un minimum d'autonomie et de
fierté à l'intérieur de la corporation. Si le gouvernement
délègue au conseil d'administration des gens qui sont capables de
surveiller l'activité de tous les comités, de recevoir tous les
rapports, si l'office est en mesure c'est ce que nous avons
proposé de surveiller le fonctionnement au jour le jour d'une
corporation, de faire enquête au besoin dans n'importe quel secteur
d'activité de cette corporation et de le mettre en tutelle, je pense que
nous sommes allés aussi loin qu'on le peut dans le chemin d'une
participation plus grande de l'Etat aux travaux des corporations, sans franchir
le Rubicon, c'est-à-dire sans abolir la corporation. Mon avis est que,
si on entre au coeur même des corporations et que l'activité
professionnelle, l'inspection du travail journalier des médecins est
faite par des gens qui ne sont pas envoyés dans leur bureau par la
corporation, qui ne détiennent pas leur pouvoir de la corporation et
qu'en plus l'aspect disciplinaire est laissé au représentant
direct du ministre des Affaires sociales, à ce moment-là je ne
vois sincèrement pas pourquoi on garderait une corporation. Je pense que
c'est l'idée qui a été exprimée par le
Collège des médecins et nous y souscrivons entièrement. Si
ce doit être ça, à ce moment-là, je pense qu'il vaut
mieux abolir le Collège des médecins tout simplement, qu'on
procède par voie de négociations collectives et qu'on
procède par les tribunaux ordinaires, soit au civil ou au criminel.
Autrement, il n'y a aucun avantage particulier à motiver les
médicins à garder un code de déontologie, une certaine
éthique particulière; je pense qu'à ce moment-là on
aura tout simplement nié ce concept qu'est la corporation et qui est
peut-être dépassé. Si le législateur pense qu'il est
dépassé, nous voulons bien, on s'en accommodera. Il faut le dire
clairement, je le pense.
M. FOURNIER: Si les membres de ce comité sont nommés par
le bureau, l'ensemble des trois membres, est-ce que cela ne répond pas
partiellement à votre requête?
M. ROBILLARD: D'accord. C'est entièrement différent. Si le
bureau peut nommer ses membres, leur donner un mandat, ce qui n'est pas le fait
dans la loi, leur donner un mode de procéder, si le bureau peut former
non pas un comité de trois membres, mais un comité de six membres
s'il en a besoin, et faire un sous-comité, s'il y a lieu, et en
médecine, c'est une nécessité, je pense que nous avons
à ce moment-là un comité d'exercice professionnel. Nous
comptons l'exercice professionnel parfaitement acceptable.
Je ne crois pas qu'il soit plus tendre pour les médecins ou qu'on
vise à avoir une situation plus confortable; je pense que le
Collège des médecins, même s'il n'a pas en ce moment
et il l'a répété à plusieurs reprises tous
les pouvoirs dont il aurait besoin pour exercer son rôle, il le joue tout
de même assez bien, et quand on commence à recevoir des plaintes
des médecins qui se disent pressés par le Collège des
médecins, c'est bon signe.
M. FOURNIER: Relativement au mandat, le mandat est de deux sortes, il y
a un mandat général d'inspection qui ressort de l'article 105 et
il y a un mandat qui est donné par le bureau d'aller inspecter tel et
tel endroit. Est-ce que vous croyez que le pouvoir de réglementation
établi par l'article 169 relativement à la surveillance
générale dépasse les pouvoirs que le gouvernement devrait
imposer relativement au
système d'inspection? Ou bien est-ce que vous voulez
réglementer la façon dont l'inspection doit se faire par le
bureau lui-même?
M. ROBILLARD: Non, c'est sur la procédure tout simplement, sur le
fonctionnement interne du comité. Je ne pense pas qu'on soit
intéressé spécifiquement à limiter le mandat du
comité; je pense que la loi l'exprime de façon assez claire et
qu'il doit être assez homogène pour l'ensemble des professions.
Non, je pense que c'est tout simplement sur le plan administratif. Un
comité qui est nommé par quelqu'un répond à
quelqu'un et je pense qu'il doit tout de même y avoir un certain
"management" à l'intérieur de corporations aussi
considérables que celles des médecins ou des dentistes ou autres
qui permet à la corporation de contrôler un de ces comités
importants qui engendrent des coûts, des dépenses et qu'elle doit
être en mesure de contrôler.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux d'abord noter
la qualité du mémoire de la Fédération des
médecins spécialistes et dire au Dr Robillard notre satisfaction
de le voir devant la commission.
UNE VOIX: II ne manque jamais.
M. CLOUTIER (Montmagny): II serait probablement l'un des opinants qui
seraient venus devant la commission le plus de fois s'il n'en avait pas
manqué une.
M. ROBILLARD: On se reprend.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, nous apprécions
d'autant plus sa présence aujourd'hui que sa santé l'aurait
peut-être retenu ailleurs.
Alors, M. le Président, je voudrais, comme première
question au Dr Robillard, lui demander, à travers son mémoire,
celui de la fédération qui est très bien fait, je le
répète, une opinion peut-être un peu plus personnelle sur
la qualité de la législation qui nous est proposée.
Peut-être y aura-t-il des modifications importantes qui se traduiront
probablement dans la réalité une fois que la version nouvelle du
projet de loi sera apportée? Le ministre n'est pas scandalisé,
c'est sa façon de procéder, d'apporter d'abord une
première version humainement un peu plus faible et permettant,
évidemment, à tous les organismes qui viennent devant la
commission et aux membres de la commission de faire véritablement un
travail positif et constructif. Et la deuxième version est
supérieure.
M. CASTONGUAY: Avant longtemps vous allez avoir la réputation
d'être mon porte-parole officieux si vous continuez.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai déjà dit que le ministre
Castonguay était peut-être l'élève de l'ancien
ministre des Affaires sociales, parce qu'il lui avait donné la chance
d'entreprendre une période de formation qui l'a conduit à occuper
le poste qu'il occupe dans le moment.
Je demanderais au Dr Robillard son opinion personnelle sur la
qualité de cette législation si le gouvernement donnait suite
à de nombreuses et très bonnes suggestions qui sont faites, comme
la plupart des suggestions qui sont contenues dans le mémoire, afin de
minimiser l'intervention de l'Etat et du gouvernement dans les
mécanismes: qu'elle soit là, mais qu'elle soit moins
omniprésente, omnipotente ou qu'elle empêche les corporations
professionnelles, du moins celles qui ont plus d'années
d'expérience et qui ont une jurisprudence beaucoup plus longue à
leur actif, et aussi évidemment en tenant compte que des corporations
professionnelles sont plus nouvelles et qu'elles ont, elles aussi, à
acquérir une certaine expérience. Elles ont besoin
peut-être au début de mécanismes un peu plus précis,
d'un peu plus de précision dans la loi. De toute façon, le bill
250, c'est peut-être une moyenne aussi pour toutes les corporations. Mais
d'après vous, est-ce que cette nouvelle version que l'on fera du bill
250 continuera d'être un bon outil pour une corporation professionnelle
aussi âgée et aussi efficace que celle de l'ordre des
médecins?
M. ROBILLARD: Eh bien! nous ne dirons pas comme le Barreau que le bill
250 ne nous concerne pas ou ne nous regarde pas. Si vous me demandez une
opinion personnelle, bien sûr, je vais vous la donner. Je crois que c'est
une bonne loi. Je ne pense pas qu'elle plaise d'emblée, parce que c'est
une loi qui intègre beaucoup de disciplines qui ont encore du chemin
à faire pour se rapprocher sur le plan pratique. Je pense que vous avez
été en mesure d'apprécier ces problèmes il y a
quelques années. Vous savez que ce n'est pas facile, à
l'intérieur d'équipes médicales, de rapprocher les gens
les uns des autres et ils doivent se rapprocher. Ils vont le faire davantage
par la force des choses dans les années à venir. Je pense que,
comme parapluie, la loi qui est faite est bonne et va faciliter
l'intégration des travailleurs de la santé, comme on a coutume de
les appeler maintenant.
Je pense, par contre, que ce que cette loi soulève
fondamentalement, c'est de savoir si vraiment on doit accepter le point de vue
d'une certaine fraction de la société qui dit que les
corporations professionnelles doivent disparaf-tre, ou si on doit
réellement croire que les corporations doivent avoir un rôle
à jouer dans la société.
Je pense qu'il n'y a pas moyen d'alambiquer le problème ou de
jouer avec le problème, de le tourner ou de le farder. Je pense qu'il y
aura ou il n'y aura pas une corporation, mais de penser qu'on va maintenir le
vestige ou la prétention
d'une corporation en la vidant de son sens, en prenant un oeuf en le
vidant par deux petits trous de son blanc et de son jaune et montrer la
coquille, je pense que ça ne tromperait personne. Ou il va y avoir une
corporation, ou il n'y aura pas de corporation, c'est le sens de ce que le
collège a dit, et je pense que c'est le sens de ce que nous essayons de
dire nous aussi, d'une façon plus succincte parce qu'en fait ce n'est
pas une loi qui nous concerne directement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous partagez l'opinion de la
Fédération des médecins omnipraticiens, savoir que
certains aspects proposés dans le projet de loi tels que les tarifs, les
caisses de retraite, l'assurance-groupe, les fonds d'indemnisation peuvent
entraîner encore des aires de compétence imprécises et
floues qui peuvent entraîner des luttes, des pertes d'énergie?
Est-ce que vous essayez de départager les champs de
responsabilité entre les corporations professionnelles et les
associations professionnelles?
M. ROBILLARD: Je pense que ce sont des questions mineures, marginales et
assez secondaires. On n'a pas de gros problèmes avec la corporation de
médecins, on n'en a jamais eu de considérables. On en a eu entre
nos membres. Il y a eu bien plus de questions qui se sont posées chez
les médecins à savoir si la corporation devait nous
représenter ou si ce devraient être les syndicats médicaux.
Il ne faut jamais perdre une chose de vue, c'est que le Collège des
médecins et les syndicats médicaux, c'est la même chose. Ce
sont les mêmes membres. Alors, c'est difficile de penser que les membres
vont avoir deux pensées, une dans le thalamus droit et l'autre dans le
thalamus gauche. Ils pensent la même chose à peu près, ces
gens-là. Ils se posent des questions, ils deviennent confus par moments,
puis ils ne savent pas dans quel sens exactement aller pour faire un choix.
Mais de dire qu'ils sont en conflit avec eux-mêmes, je pense que ce
serait exagérer la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont les mêmes personnes mais elles
doivent prendre des chapeaux différents. Vous, Dr Robillard, quand vous
siégez à la Régie de l'assurance-maladie...
M. ROBILLARD: J'en ai trois, quatre.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... vous n'avez pas le même chapeau que
quand vous êtes président de la Fédération des
médecins spécialistes?
M. ROBILLARD: Bien sûr que non. A certains moments, à
certaines époques, on représente les opinions de gens dans
certaines parties de leurs opinions qui ont à voir avec certains faits
particuliers et on essaie de le faire comme vous le faites, de la façon
la plus représentative possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'allusion au chapeau n'a aucune relation avec
votre rhume d'aujourd'hui, Dr Robillard.
Dr Robillard, vous n'avez pas sauf si j'ai été
distrait, vous m'excuserez traité de la question de la
substitution des médicaments dans le mémoire, tantôt.
M. ROBILLARD: J'en ai parlé rapidement. Notre position
là-dessus, je pense, la mienne et celle de l'exécutif, puis celle
de tout le monde, est assez bien arrêtée, parce que nous y avons
pensé et nous avons surveillé ce qui s'est passé ailleurs.
Tout d'abord, les médicaments coûtent trop cher, nous sommes
convaincus de ça. Deuxièmement, il se prescrit trop de pilules,
nous sommes convaincus de ça. Il y a trop de sortes de pilules, puis il
y a trop de mélanges de pilules et trop d'annonces pour les pilules,
nous sommes convaincus de ça. Nous passons notre temps à
enseigner aux étudiants en médecine que l'on peut se comporter
avec une vingtaine de pilules, c'est déjà pas mal, quand on
connaît ces pilules-là.
Maintenant, ceci étant dit, il demeure que, ou il va nous rester
un médecin, ou il ne restera pas de médecin. C'est comme la
corporation, on peut démembrer ce bonhomme-là en petits morceaux
aussi. On peut faire un diagnosti-queur au début du système, un
trieur semi-électronique, on peut faire un diagnosticien, un technicien,
puis, ensuite, on peut faire un thérapeute, puis on peut, comme il
convient de dire de temps en temps, revaloriser tout ce monde-là puis
redéfinir son organigramme. On peut faire ça. A ce
moment-là, j'ai encore le concept de ce qu'on appelle l'acte
médical. Dans mon livre, l'acte médical se fait en trois temps,
il y a un examen, un diagnostic et un traitement. Puis quand on pose mal l'un,
généralement on pose mal l'autre, ou tous les trois. Tout
ça se tient. De dire qu'on va revaloriser le pharmacien en le faisant
devenir thérapeute, qu'il y a quelqu'un qui va faire le diagnostic,
après que quelqu'un d'autre aura fait l'examen et qu'on va aller porter
cela sur la table de l'officine du pharmacien pour lui dire quoi prescrire pour
traiter le malade, je pense que c'est complètement de la foutaise.
Cela ne marchera pas.
J'ai bien du respect pour le pharmacien comme pharmacologue, je suppose,
comme thérapeuthe, non. Je ne pense pas que le pharmacien je l'ai
été dans le temps de mes études médicales,
brièvement soit en mesure de poser un diagnostic médical
au comptoir, même si on le faisait à l'occasion, ou de donner de
sages conseils thérapeutiques. Il peut donner des médicaments, il
peut juger dans une certaine mesure de l'équivalence chimique de deux
médicaments, mais moi, je ne me ferais pas traiter une méningite
ou même une bronchite ou une autre infection par le pharmacien, parce
qu'il n'a pas l'entrafnement de thérapeute pour voir les effets
secondaires, ajuster le médicament, etc.
Je distingue entre deux choses: le pharmacien est peut-être un bon
pharmacologue, mais il n'est pas un thérapeute et il appartient au
médecin de prescrire. Maintenant, je suis conscient du coût des
médicaments, drogues, pilules, etc. et nous voulons bien l'aider. Vous
avez remarqué que, quand le bill sur le conseil de pharmacologie est
sorti, notre fédération n'a fait aucune représentation,
contrairement aux professions, à tous les corps organisés du
Canada, on n'a fait aucune protestation il y a deux ans, trois ans ou quatre
ans contre un formulaire.
Tout le monde a fait des représentations contre le formulaire. On
y voyait des manoeuvres obscures, dangereuses. Nous n'en avons fait aucune.
Nous avons donné notre collaboration à la rédaction d'une
liste de produits pharmaceutiques. Nous sommes prêts à nous
limiter dans le nombre de produits que nous voulons prescrire, bien que je
pense que la liste soit trop restrictive, mais on fera les
représentations voulues auprès du ministère.
Nous sommes prêts à nous faire donner une liste et à
prescrire le moins cher. Nous sommes prêts à dire à nos
membres de le faire, et s'ils ne le font pas comme dans le Par-cost, en
Ontario, où il s'est avéré qu'on ne le faisait pas,
à ce moment-là, on leur dira: Messieurs, on fait une
médiane et le gouvernement paiera seulement les trois ou quatre
premiers. Je pense, avant de faire ça, qu'il faut franchir une
étape, aller plus loin que ça et dire: Moi, je prescris un
médicament, mais je ne sais pas ce qui entre dans le ventre du malade
à l'autre bout, ni ce qui en sort, ça peut poser un
problème, parce que tout ce qui entre dans le corps d'un malade, souvent
en sort intact. Cela dépend de l'enrobage, de la préparation.
J'ai vu ça souvent, ç'a fait du bruit.
A ce moment-là, ce qu'on prescrit n'est pas pratique et c'est une
chose absolument banale, une question courante de tous les jours. C'est beau de
prescrire un médicament mais, quand le malade n'en a aucun
bénéfice, le médecin non plus, et nous ne sommes pas
rendus bien loin. Je pense que c'est une façon violente, explicite,
amusante ou autrement, je ne peux pas insister trop pour dire que si je veux
que le malade reçoive tel médicament, je voudrais bien avoir le
droit de marquer sur l'ordonnance: Ne pas substituer, s'il vous
plaît.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le Dr Robillard, tout
à l'heure, a tourné autour d'un problème de fond qui est
le suivant: Doit-il ou ne doit-il pas y avoir de corporation? Mais il n'a pas
donné sa réponse. Dans l'état actuel de l'évolution
de la société québécoise, le rôle accru de
l'Etat dans l'exercice des professions, l'apparition de syndicats
professionnels qui négocient avec l'Etat patron dans le domaine de
l'exercice de leur profession, est-ce qu'il croit qu'il est encore
nécessaire pour le bien-être et de la population et des individus
qui pratiquent dans un domaine limité, est-ce qu'il doit être
encore d'avant-garde d'assurer l'existence de corporations comme principe?
M. ROBILLARD: J'aimerais vous répondre à titre
personnel...
M. MASSE (Montcalm): C'est à titre personnel que je pose la
question.
M. ROBILLARD: ... de crainte d'être mal interprété,
de crainte aussi de laisser passer qu'on ne supporte pas certaines vues qui ont
été prises par le Collège des médecins. Je vous
dirais bien sincèrement que l'existence, la survie ou la non-survie des
corporations professionnelles, cela me laisse assez froid. Je ne vois pas la
nécessité particulière des corporations professionnelles
dans le contexte. On pourrait vivre sans les corporations professionnelles.
Mais le débat a déjà été fait, c'est
une guerre de Troie qui a déjà eu lieu. Quand le gouvernement
gaulliste a aboli, après la guerre, la corporation des médecins
ou a voulu le faire je ne sais pas si vous vous souvenez de cette petite
histoire il n'existait pas de corporation ers France, il existait des
syndicats médicaux depuis 1891. Vous savez que le régime nazi
était antisyndical. Alors, en 1943, l'occupation nazie en France a aboli
les syndicats médicaux et a institué les ordres. Et, après
la guerre, évidemment, la première chose qu'on a faite
après avoir descendu quelques bonshommes, ç'a été
de vouloir descendre la corporation aussi. On a fait des comités et il y
a eu en Chambre des envolées de toute beauté de la part du
ministre des Affaires sociales à l'époque. On a longuement
débattu la question: Est-ce qu'il faut des ordres médicaux?
Est-ce qu'il ne faut pas des ordres médicaux? Et, assez curieusement,
ceux qui sont venus à la rescousse des ordres médicaux ont
été des syndicats médicaux, en France, malgré
qu'ils n'ont jamais cessé de se chicaner depuis.
On a décidé qu'il y avait deux fonctions très
différentes et que c'était commode d'avoir les deux, à
condition que les deux juridictions soient bien différentes. Depuis ce
temps-là, même si les syndicats je le répète
ont eu des accrochages sérieux avec la corporation qui
prétend représenter de temps en temps les milieux, tant
médicaux, syndicaux que gouvernementaux, on considère, que
l'ordre des médecins est une bonne chose.
Dans le temps du bill 8, d'auguste mémoire, 39, 40 et 41,
à l'époque, quand on parlait du contrôle de
l'activité professionnelle et que la Régie de l'assurance-maladie
revendiquait un gros morceau de ce contrôle et que, ici, la commission
parlementaire, d'un geste élégant, a renvoyé cette
attribution au Collège des méde-
cins en notre absence d'ailleurs je ne sais pas si vous
vous souvenez, à cette époque, nous avions déclaré
dans un mémoire qui était un peu plus fougeux que celui-ci que
"peu nous importait qui faisait l'inspection professionnelle, à
condition que ceux qui la fassent soient compétents et neutres".
Dans la conjoncture actuelle, je pense que si nous, les syndicats,
négocions avec les tribunaux civils, ça pourrait se faire, avec
le gouvernement, un bureau d'experts; on pourrait toujours dire: Ce sont des
membres de la fédération, même si c'étaient les gens
les plus compétents du monde. Mais ce ne serait pas impensable. Je pense
que l'organisme, surtout avec la nouvelle loi et surtout avec
l'avènement des syndicats médicaux, qui représente la
compétence ou qui peut la représenter dans la mesure où il
sort un peu des carcans étroits des trois membres dont on parlait
tantôt et qui peut-être neutre il est neutre, de toute
évidence c'est le Collège des médecins, la
corporation.
C'est une simple question d'opportunisme, de fonctionnarisme. C'est
commode, un collège; c'est commode, un ordre de médecins. Et je
pense que ça peut respecter l'intérêt du public mieux que
n'importe quel autre organisme que je connaisse. C'est dans ce seul sens que je
pense qu'il faut faire survivre la corporation. Autrement, il faudrait trouver
quelque chose pour mettre à sa place et ce serait une grosse commande
pour le ministère des Affaires sociales parce qu'il faudrait recruter
pas mal de monde. C'est difficile.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE (Montcalm): Un deuxième point dans votre mémoire
auquel vous semblez attacher de l'importance, c'est toute la question du
comité de discipline. Vous consacrez plusieurs pages et plusieurs
critiques à cette question. Est-ce que vous pourriez détailler
ça un peu ou si c'est tout simplement comme vous disiez tout à
l'heure, mécanique, ou si c'est un point essentiel dans votre
position?
M. ROBILLARD: C'est long parce que c'est long à expliquer. C'est
tout simplement qu'on a voulu, en épluchant la loi, voir un peu comment
le médecin vivrait avec ça et l'on s'aperçoit qu'il va
être surveillé par vingt paires de petits yeux noirs à tout
moment, ça peut devenir oppressif. Il y a des inspecteurs de la
régie et il y a les inspecteurs du syndicat parce qu'on en a nous
aussi ensuite, il y a l'inspecteur du collège et, ensuite, il va
y avoir le syndic et ensuite il peut y avoir l'inspection professionnelle et
ensuite l'accréditation des hôpitaux et ensuite le comité
de létalité. En fait, si vous alignez tout le monde qui regarde
un médecin agir n'importe quand, et qui peut entrer dans son bureau
n'importe quand, ça devient un peu oppressif, cette affaire-là.
Je pense qu'il faut tout de même une certaine latitude de pouvoir
travailler et d'être jugé a posteriori, pas toujours
peut-être a priori.
Dans ce sens-là, nous avons pensé que l'acheminement des
plaintes devait se faire dans une certain ordre, qu'il devrait y avoir un
certain tamisage, de façon que le médecin ne soit pas
accusé à gauche et à droite, comme on l'a vu dans les
journaux de Montréal la semaine dernière, de faits extravagants
et que ceci, automatiquement, l'amène en discipline. Est-ce qu'il va
passer son temps en discipline? Si c'est long, c'est parce que c'est un peu
complexe à exprimer, mais au fond, ce n'est pas une chose majeure pour
nous.
M. MASSE (Montcalm): D'accord. Merci. M. LE PRESIDENT: M. Guay.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais une question à poser.
Dans vos commentaires sur la Loi des techniciens en radiologie, je remarque
à la page 53 de votre mémoire que vous recommandez à
propos du code des professions que soient supprimés les articles
concernant l'émission de permis de radiologie ou radiothérapie
à des professionnels autres que les médecins, les dentistes ou
les médecins vétérinaires. Est-ce que vous pourriez
formuler quelques commentaires? Pourquoi?
M. ROBILLARD: Je pense que la tendance partout au monde est de
réserver l'utilisation des radiations ionisantes entre les mains de gens
compétents, parce que cela comporte de réels dangers. Alors,
l'office faisant des normes qui permettent de décerner des permis
à des individus qui feront de la radiothérapie ou de la
radiologie diagnostique nous pensons que ces permis doivent être, dans
les lois organiques qui les concernent, restreints aux médecins, aux
dentistes et aux médecins vétérinaires. Et dans les faits,
ce sont les gens qui s'en servent en ce moment. Si d'autres étaient
appelés à se servir des radiations pour fins
thérapeutiques ou diagnostiques, je pense qu'à ce
moment-là ils devraient faire appel à ceux qui sont
entraînés pour faire ces radiations.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Dr Théberge, député de
Témiscamingue.
M. THEBERGE: Dr Robillard, malheureusement j'étais absent ce
matin parce que je demeure un peu loin. Je n'ai pu suivre votre mémoire.
Maintenant, si vous me permettez, à la page 43 de votre mémoire
vous semblez ne l'article 23 qui, en somme, est la définition de la
Fédération dentaire internationale. Je vais vous poser deux
questions. Est-ce que vous avez consulté le collège des
chirurgiens avant de donner votre nouvelle définition?
Deuxièmement, ne trouvez-vous pas que c'est un peu restrictif...
Surtout à la dernière partie de votre premier paragraphe quand
vous dites "le diagnostic et le traitement en milieu hospitalier des affections
de la cavité buccale", cela voudrait dire qu'un dentiste, qu'il soit
spécialisé ou non, ne pourrait pas diagnostiquer une affection
buccale s'il est à son bureau?
M. ROBILLARD: Pour ce qui est de la première partie de votre
question, la loi propose: "Que constitue l'exercice de l'art dentaire tout acte
qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter les maladies des dents
votre problème de la bouche ou des maxillaires chez l'être
humain". Nous avons pensé, non pas en questionnant l'association
dentaire, mais en questionnant les chirurgiens plasticiens, les chirurgiens qui
font à l'ORL le traitement de ces affections, que cette
définition incluait le traitement de toutes les tumeurs bénignes
et malignes et de toutes les infections de la bouche. C'est pour cela que nous
avons suggéré qu'on parle de prévention et de diagnostic
des états pathologiques du système dentaire et leurs
complications locales, ainsi que le diagnostic et le traitement en milieu
hospitalier des affections de la cavité buccale et des maxillaires.
Pourquoi avons-nous dit en milieu hospitalier? C'est que l'association
dentaire, l'association des chirurgiens buccaux a signé une entente avec
le gouvernement, avec le ministère des Affaires sociales, qui est
présentement en vigueur avec une liste d'interventions chirurgicales qui
peuvent être faites en milieu hospitalier. Premièrement, parce que
c'est un fait; deuxièmement, parce que nos médecins qui
travaillent en milieu hospitalier avec les chirurgiens buccaux font
équipe avec eux. J'ai fait venir les deux groupes, nous avons
parlé avec les deux groupes. Il se développe très
nettement en milieu hospitalier une équipe qui englobe les chirurgiens
en oto-rhino-laryngologie, les plasticiens, et qui font bon ménage et
nous pensons que cette équipe doit continuer de se développer et
qu'elle ne peut pas se développer ailleurs qu'en milieu hospitalier. Il
y a une extension graduelle du champ d'intervention des
médecins-dentistes, n'est-ce pas? Surtout de ceux qui sont
spécialisés. C'est le même phénomène qu'on a
vu en médecine et, évidemment, il y a des zones grises parce que
le chirurgien-dentiste commence à faire des interventions. Seulement, il
faut bien se rendre compte qu'il ne peut guère procéder
très loin dans ce champ-là s'il n'a pas l'entier support de
l'équipe médicale.
J'ai demandé des dossiers, je me suis informé de la
procédure qui est suivie et, dans nombre de cas, Vous avez des
opérations en intervention urgente, trachéotomie, etc., qui sont
faites chez des médecins, par des médecins, sur des malades qui
ont été traités par des chirurgiens buccaux dans des cas
de traumatisme de la figure, par exemple. C'est dans ce sens-là que nous
avons fait nos recommandations.
M. THEBERGE: Je comprends que les spécialistes en chirurgie
buccale sont payés seulement en milieu hospitalier, mais ce n'est pas
parce qu'ils n'auraient pas pu être payés au bureau, c'est parce
que la loi fédérale le demandait. Votre argument ne me semble pas
tellement fort.
M. ROBILLARD: J'ai dit que c'était un fait que la loi
reconnaissait et que les conventions reconnaissaient dans les faits et j'ai dit
aussi que de par l'expérience acquise de ce qui se passe dans ce genre
de chirurgie, nous pensons qu'elle doit être faite, comme d'ailleurs la
chirurgie plastique, la chirurgie de l'oto-rhinolaryngologie, en milieu
hospitalier. Je pense que cela assure la protection du malade.
M. THEBERGE: II est évident qu'en grande chirurgie, il n'y a pas
d'objection à ce que nos spécialistes aillent travailler en
milieu hospitalier, c'est normal. Mais je trouve que votre définition
est trop restrictive en ce sens que, si un dentiste qui n'est pas
spécialiste, voit une maladie dans la cavité buccale il ne
peut la traiter s'il n'est pas spécialisé au moins il peut
la diagnostiquer à son bureau. Mais, d'après votre
définition, il ne pourra le faire.
M. ROBILLARD: D'après la définition, il peut la traiter
aussi.
M. THEBERGE: En milieu hospitalier.
M. ROBILLARD: Si on regarde la définition que comporte la loi en
ce moment, elle est très claire. Le dentiste peut traiter toute
infection de la bouche, sans exception. Ceci veut dire les cancers de la
bouche, les tumeurs bénignes de la bouche, toutes les infections de la
bouche, sans exception. C'est là-dessus qu'on s'est posé des
questions. Si tel est le désir des chirurgiens dentistes, ils sont
libres de l'exprimer devant le législateur. Nous avons cru, nous, que
nous devions faire la contrepartie, non pas parce que nous ne faisons pas bon
ménage, je vous répète que nous nous entendons très
bien avec les chirurgiens dentistes, il n'y a aucune sorte de friction. Quand
la convention est arrivée et qu'il a été question
d'établir des listes, etc., nous avons mis, à la même
table, chez nous, les chirurgiens dentistes, les plasticiens, les ORL. C'est
une soirée qui a été sans difficulté. Il n'y a eu
aucun problème. On voudrait seulement que les choses soient bien
faites.
M. THEBERGE: Deux belles professions. M. ROBILLARD: Qui ne plaisent
pas.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que l'extraction de dents est
considérée comme chirurgie buccale?
M. ROBILLARD: L'extraction de dents n'est pas de la chirurgie pour
nous.
M. LAVOIE (Wolfe): Et pour la Régie de l'assurance-maladie,
est-ce que cela est considéré comme de la chirurgie buccale?
M. CASTONGUAY: Je pense que vous faites référence à
certaines pratiques que nous constatons j'espère qu'elles ont
tendance à diminuer au lieu d'augmenter d'hospitaliser des
personnes pour que l'extraction de dents soit couverte, étant
donné que cela est fait en milieu hospitalier. Ce n'est
évidemment pas le sens et le but de l'entente qui est intervenue avec
les spécialistes en chirurgie buccale et l'association des chirurgiens
dentistes, mais dans les faits, c'est malheureusement ce qui semble se produire
à certains endroits. J'ai demandé à la Régie de
l'assurance-maladie d'examiner l'affaire d'aussi près que possible;
aussi, nous avons communiqué avec le Collège des chirurgiens
dentistes à ce sujet-là.
M. BOIVIN: L'état général du malade peut
nécessiter une hospitalisation pour une extraction dentaire?
M. CASTONGUAY: D'accord, mais pas d'une façon
généralisée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez mentionné durant votre allocution
qu'il devrait y avoir à la fin des études et avant d'avoir un
droit de pratique pour les membres de différentes corporations, un
examen, que les étudiants ou les postulants à une profession
auraient à subir devant le collège, devant la corporation; ceci
serait avant d'avoir un droit de pratique et après avoir terminé
les études universitaires, si je vous ai bien compris.
M.ROBILLARD: Oui, la corporation et c'est prévu dans la loi
a le droit de faire passer tout examen à tout médecin
étranger pour s'assurer de sa compétence. Je pense que la
corporation, si elle est responsable et c'est la responsabilité
que la loi lui donne de la qualité des soins qui vont être
donnés par des gens à qui elle donne un diplôme, elle est
aussi en droit de s'assurer que ces gens ont reçu une formation
convenable.
Maintenant on peut dire: On va faire confiance aux universités.
On peut dire: Le diplôme québécois doit être bon,
même si on met en doute le diplôme qui est donné en
Colombie-Britannique, qui est donné en Angleterre ou qui est
donné aux Etats-Unis. Je pense que la corporation, si vraiment on lui
donne l'obligation de maintenir la qualité des soins je parle de
celle des médecins on doit avoir le privilège d'examiner,
si elle le juge à propos, les candidats qui terminent. On pourrait dire
peut-être certains le diront sans doute, on l'a déjà
entendu que ce serait là un moyen pour la corporation de diminuer
le nombre de gens qui ont accès à l'exercice d'une profession ou
potentiellement de diminuer le nombre de gens. Je pense que ceci peut
être facilement contourné. La corporation et c'est une
discussion qui a eu lieu récemment peut fort bien utiliser des
procédures d'examen qui sont reconnues dans toute l'Amérique du
Nord ou qui sont reconnues partout ailleurs au Canada. On peut fort bien
appliquer ces examens ici, dans la province, et cela nous donnerait une bonne
opinion de la valeur du cours, des cours qu'on donne dans nos facultés.
C'est le procédé qui est suivi partout en Amérique du
Nord; les examens sont standardisés partout au Canada et je pense qu'on
ne s'en porterait pas plus mal au Québec si la corporation doit avoir la
responsabilité de garantir la qualité des services qui sont
donnés par ses membres.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant si cette collaboration commençait au
tout début des études de l'étudiant, c'est-à-dire
s'il y avait collaboration entre les diverses facultés et la corporation
afin d'établir un cours adéquat et qui serait satisfaisant et
pour la corporation et pour l'université, vous ne croyez pas qu'on
pourrait dispenser les jeunes de ces examens?
M. ROBILLARD: Je pense que si on développait un des deux
mécanismes suffisamment, on pourrait se dispenser d'un des deux.
Ici, on a parlé des deux: la collaboration de la corporation et
des facultés tout au long, plus un examen. Je serais d'accord avec vous:
si cette collaboration était bien faite, qu'il y avait une participation
au programme, qu'il y avait une possibilité pour la corporation
d'exercer vraiment un certain droit de regard sur les programmes et qu'il n'y
avait pas lieu de s'inquiéter de la qualité des cours qui sont
donnés, nous pourrions supprimer l'examen. Je vous dis cela parce qu'il
faut faire attention à l'évolution de l'enseignement de certaines
disciplines. Le diplôme d'Etat, ce n'est pas une mauvaise chose comme le
promulgue la loi, mais le gouvernement est soumis à des pressions
terribles au point de vue de la présélection, de la
postsélection des candidats. Vous savez sans doute, pour prendre
l'exemple de la médecine, qu'en France le nombre d'étudiants en
médecine est fantastiquement élevé et ce qui se fait, ceci
pour des raisons politiques, parce qu'on ne peut pas empêcher
l'étudiant de rentrer. La population en France, avec l'accession
à la gratuité d'éducation, a refusé la
présélection en parlant de chances égales. On laisse le
poulain partir, on lui laisse faire un ou deux ans de droit ou de
médecine et après, on le sacrifie; et après, on le laisse
terminer son externat, et là on le sacrifie encore, d'une façon
beaucoup plus draconienne avec les concours des hôpitaux. Alors le
gouvernement va traverser, je pense, ici au Québec exactement la
même situation. On va avoir de la part du public une
résistance
grandissante à exercer une présélection en
médecine et dans d'autres domaines. Les gens vont demander chances
égales. Le nombre d'étudiants en médecine qui,
idéalement on pense est de 120, 130, avec les professeurs qu'on a...
C'est déjà énorme au Québec qu'on produise tant de
médecins, c'est très difficile. On s'en va à 250 dans
l'immédiat et je vois des promotions d'ici cinq ans, dix ans, de 300
à 400 étudiants. A ce moment-là, je pense qu'on va avoir
très sérieusement un problème de qualité
d'enseignement de médecine au Québec et qu'il se peut fort bien,
parce que je ne vois pas d'où vont venir les professeurs qui nous
manquent en ce moment... Je pense qu'il devrait, à ce moment-là,
y avoir un organisme qui serait capable de dire: Est-ce qu'on maintient les
standards au Québec? Est-ce que vraiment notre cours de médecine
au Québec est bon?
Je pense que vous avez eu cette discussion avec les
intéressés, M. le ministre, mais le LMCC est un examen, qui,
même s'il est d'inspiration canadienne, est un bon examen et il s'inspire
des examens américains et vous permet de dire si le cours qu'a
reçu les individus est bon ou non. On peut discuter la valeur des
examens, un certain tamisage de ce genre-là. Je pense que le
"fellowship" du Collège royal vous permet de dire si quelqu'un
connaît la spécialisation ou non.
L'examen du collège de même, à l'heure actuelle. Ils
sont aussi difficiles l'un que l'autre, je le sais pour les avoir passés
tous les deux. Je pense que le RLCC est un bon examen de terminaison de cours
de médecine et que, si on n'arrivait pas à passer cet
examen-là, je poserais des doutes sérieux sur la qualité
des cours qui sont donnés et je me demanderais ce que vaut le
diplôme d'Etat au Québec.
M. SAINT-GERMAIN: Dans ces conditions, est-ce qu'il n'y a pas...
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous ici seulement un petit commentaire? Je
viens de rencontrer, il y a quelques jours, des représentants de la
faculté de médecine de l'université Laval et ils me
disaient qu'ils venaient d'avoir la visite de là j'oublie le nom
l'American Board...
M. ROBILLARD: L'American Accreditation Board.
M. CASTONGUAY: ... alors, il y a aussi ce mécanisme-là qui
joue un rôle assez important et il vient justement de faire la
visite...
M. ROBILLARD: Faut-il souligner que les bureaux d'accréditation
américains sont venus constamment au Québec et que le dernier
rapport sur la faculté de médecine de Montréal a
parlé du miracle de la médecine canadienne-française, en
se demandant comment il se faisait qu'on avait réussi à faire ce
qu'on avait fait et qu'on ne pensait pas que cela pouvait durer sans une
réforme considérable. Il y a eu des prodiges de faits et je vous
dis tout simplement que ces prodiges ont été faits avec 120
étudiants, dans des circonstances difficiles.
Je suis inquiet, moi, de l'avenir de l'enseignement de la
médecine au Québec. Pas plus inquiet qu'il le faut, vous savez,
mais je voudrais simplement dire qu'il me semble qu'on devrait garder un corps
quelconque, deux, ce serait encore mieux: le gouvernement qui surveille par le
ministère de l'Education et le Collège des médecins qui
surveille en dehors, cela en ferait deux à surveiller. S'ils ne sont pas
d'accord, la population le verra et tirera ses conclusions. Je pense qu'on
devrait laisser cette prérogative au Collège des médecins
de pouvoir aller faire des sondages et savoir ce qui sort de ce
cours-là.
M. SAINT-GERMAIN: Vous élaborez ici, assez longuement, en ce qui
regarde la loi sur l'optométrie, cette question de pathologie et vous ne
voulez pas, du moins vous attachez de l'importance au fait que les
optométristes pourraient empiéter sur la profession
médicale. Est-ce que le fait d'avoir senti cette nécessité
"d'élaborer" au point de vue pathologique a comme source, ou comme cause
le changement de définition de la profession à l'article 14 du
projet de loi sur l'optométrie, ou s'il y a d'autres raisons qui sont
à la source de vos craintes?
M. ROBILLARD: Si M. le Président le permettait, le Dr Michel
Mathieu, à ma droite, qui est président de l'Association des
ophtalmologistes du Québec pourrait donner une vue plus
détaillée de l'aspect technique de ce
problème-là.
Pour ma part, en ce qui regarde la fédération, nous avons
été intrigués par le fait que dans cette définition
qui est donnée de l'optométrie, on élargit assez
considérablement le champ de l'examen, le champ du diagnostic sans
déboucher sur le champ de la thérapie. Après avoir
questionné nos amis, les optométristes, qui sont venus et que
l'on voit souvent parce qu'on voulait développer une autre
idée tantôt, indépendamment, séparément, les
ophtalmologistes qui sont associés à notre
fédération l'Association professionnelle des
optométristes, pour essayer de comprendre les deux côtés,
nous ne voyons pas quelle est, dans l'immédiat, l'utilité de
développer tout cet aspect d'examen et de diagnostic pour lequel nous ne
pensons pas que l'optométriste, dans l'état actuel des choses,
soit préparé.
Maintenant, je pense que je vais laisser le détail au Dr Mathieu.
Par contre, j'avais écrit beaucoup plus long là-dessus parce
qu'à la suite des rencontres, c'est un problème qui nous avait
préoccupés. Je pense qu'il doit y avoir un moyen de faire
et cela fait longtemps qu'on s'en préoccupe le joint entre les
optométristes et les ophtalmologistes. Je pense que
séparer les deux juridictions et se retrancher comme cela, on
s'en va en s'écartant, et je pense qu'on va tout simplement laisser
évoluer deux professions en parallèle au lieu d'en faire deux
professions complémentaires. Moi, je ne vois pas d'autres solutions que
d'en faire deux professions complémentaires. Il me semble que les
optométristes n'en savent pas tout à fait assez long pour
être des docteurs en ophtalmologie, mais en savent certainement plus long
que pour être simplement des auxiliaires médicaux. Je suis
convaincu de cela. A mon avis il y a deux paliers, pas hiérarchiques,
pas un qui domine l'autre, pas un qui est l'employé de l'autre, mais il
doit y avoir entre gens intelligents un moyen de faire travailler ces deux
individus-là en équipe.
Je pense qu'on va dans l'immédiat, assez rapidement, faire
l'expérience, parce qu'on n'a pas de préjugé.
M. SAINT-GERMAIN: Lorsque vous parlez de professions
complémentaires, est-ce que vous voulez dire que vous n'admettriez
qu'une profession à avoir le champ exclusif de la pathologie et l'autre
profession à avoir le champ exclusif de la vision et des
problèmes optométriques?
M. ROBILLARD: Tel que je comprends le champ de l'optométrie,
comme on me l'a expliqué, j'ai regardé le "background" de la
formation, etc., je crois, à moins que ma lanterne soit mal
éclairée, que l'optométriste est qualifié pour
faire le diagnostic et prescrire un traitement des affections de
l'acuité visuelle, pas de l'appareil visuel. L'appareil visuel, pour
moi, ça commence dans le cortex calcarin et ça se termine dans la
rétine avec tous les corps transparents et corps optiques; ça,
c'est la vision telle que moi je la conçois, telle qu'on la
conçoit médicalement. Je pense que, pour être capable de
saisir le processus pathologique, physiologique de la vision à partir du
cortex calcarin dans les zones cérébrales qui enregistrent les
ondes optiques jusqu'à l'acheminement du nerf optique, la
réception de l'image et tout ce que ça comporte, et pour
connaître les affections qui peuvent influencer l'acuité visuelle,
la vision, il faut savoir qu'en France je n'ai pas de chiffres ici mais
je ne dois pas être loin à peu près 50 p.c. des cas
de cécité sont dus au diabète et aux rétinites qui
en dérivent. Je pense donc à ce moment-là que
l'optométriste n'est pas qualifié dans le champ du diagnostic des
maladies de la vision. Par contre, je suis persuadé qu'il est
qualifié dans le champ de l'examen et du diagnostic des affections qui
vont donner des troubles d'acuité visuelle. Mais, au plan technique, je
vous donnerais l'expert en la matière, le Dr Mathieu, parce que c'est le
plus loin que moi je suis allé dans mon cours pour essayer de comprendre
comment on peut rattacher les optométristes aux ophtalmologistes.
M. SAINT-GERMAIN: Sans être spécialiste, j'aimerais bien
vous entendre dire si vous admettez qu'il y a des troubles au point de vue de
la vision qui sont des troubles exclusivement optométriques et qu'il y a
d'autres troubles qui sont exclusivement pathologiques et que les deux
nécessairement ne se marient pas?
M. ROBILLARD: Je pense qu'on tourne toujours autour du même
problème dans n'importe quelle de ces disciplines que les
Français appellent des disciplines médicales partielles, parce
qu'elles prennent un champ de la médecine. Est-ce qu'on en est capable
ou n'est-ce pas une échappatoire à un de ces artifices que la
profession médicale, à l'occasion, sait prendre? Il y a de mythes
comme ça, je pense. Démystifiant cette idée du diagnostic,
je suis convaincu que, sans un cours de médecine, on n'est pas capable
de faire un diagnostic différentiel. Que ce soit en chiropraxie, comme
le disait le juge Lacroix, ou dans n'importe quelle discipline et je
n'ai pas aucun préjugé si on n'est pas capable de faire un
diagnostic différentiel, on ne peut pas faire un diagnostic
précis, et si on ne peut pas faire un diagnostic précis, on ne
peut pas faire un traitement. Pas parce que les médecins font toujours
des diagnostics précis, ce n'est pas cela que je veux dire. Il faut
qu'on se comprenne bien. Je suis persuadé que, quand le médecin
fait un mauvais diagnostic et je suis persuadé que ça
arrive son traitement, à moins d'une chance bien extraordinaire,
ne sera pas bon. Mais tout tourne autour de cette notion de diagnostic.
Maintenant, si on veut pousser l'idée plus loin enfin le
plus loin que je peux aller est-ce que d'autres gens que le
médecin peuvent participer au diagnostic? Est-ce que le malade peut
garder une certaine sécurité avec une équipe qui, elle, se
charge du diagnostic? Là, je pense que oui. Quelle est la relation
à ce moment-là entre les gens qui, dans une équipe,
travaillent à établir un diagnostic et le médecin qui en
est responsable ou qui peut diriger, lui ou un autre? Je n'en ai pas vu
d'autres encore dans la démarche au point de vue des dirigeants
d'équipes médicales. Si on regarde les optométristes, si
on regarde l'ensemble de tous les autres, ce n'est pas différent
à mon sens. Regardez le pléthore de gens que le médecin
emploie maintenant pour poser un diagnostic. Avant ça, il avait sa
petite valise noire, son stétoscope, un peu de mémoire puis ses
dix doigts et il posait des diagnostics, bons ou mauvais; la plupart du temps
à mon avis, ils étaient mauvais, peu importe. Il était
peut-être plus sympathique qu'il ne l'est maintenant, mais enfin, c'est
une autre question. De toute façon, si, pour poser un diagnostic
aujourd'hui, vous n'avez pas les techniciens en radiologie, si vous n'avez pas
les audiomètres, si vous n'avez pas les analyses de laboratoire, les dix
sortes de laboratoires, vous êtes perdu. Quand vous en-
trez à l'hôpital, puis quand vous relevez un dossier le
matin, si vous regardiez pendant deux secondes le nombre de gens qui ont
participé à établir le diagnostic biologique, etc., vous
aurez recruté sans effort au moins une vingtaine de personnes
immédiatement.
Je pense que la solution philosophique au problème, c'est
d'intégrer l'optométriste dans cette équipe.
Maintenant, à quel titre, et quelle fonction exactement va-t-il
occuper? Quelle va être sa relation avec le médecin qui, lui, est
supposé être capable de poser un diagnostic, au moins de diriger
l'équipe? C'est sur ça que j'aimerais qu'on puisse discuter,
négocier et s'entendre, et je pense que ça se fera seulement
quand les gens se connaîtront, travailleront ensemble dans le même
lieu. Je pense que c'est ça qu'il faut essayer. Il faut faire travailler
ces gens-là ensemble, dans le même lieu, les faire se rencontrer
une couple de fois par semaine. A ce moment-là, ils vont être
capables de trouver des techniques pour se comprendre.
Il n'y a pas un monde qui sépare les optométristes des
médecins. Les techniques scientifiques qu'ils emploient sont les
mêmes que nous connaissons. Nous parlons le même langage, ce n'est
pas de la chiropraxie. En chiropraxie, on ne parle pas le même langage.
Nous pourrions difficilement nous entendre, nous ne parlons pas le même
langage. Mais c'est sûr, quand on parle de lentilles, de
réfraction et de structures organiques avec un optométriste, on
parle le même langage. Nous devrions pouvoir nous entendre.
M. SAINT-GERMAIN: Mais si on parle de myopie, est-ce que vous
considérez la myopie et l'astigmatisme comme étant une pathologie
des yeux?
M. ROBILLARD: Le Dr Michel Mathieu, M. le Président, qui est
l'expert en la matière il est président de l'Association
des ophtamolo-gistes est à mon avis, plus compétent que
moi sur cette question.
M. MATHIEU: M. le Président, M. le ministre, vous savez que nous
avons à titre d'Association des ophtamologistes, présenté
des mémoires, très courts d'ailleurs, et je ne suis venu ici
aujourd'hui qu'au cas où il y aurait des questions d'ordre technique. Si
nous avons fait des mémoires, si je suis ici aujourd'hui, ce n'est pas
pour venir défendre l'ophtamologie, pour essayer d'attraper quelque
chose du gâteau ou garder quelque chose pour nous.
Nous sommes des médecins et, par les lois qui nous
régissent, nous avons tous les privilèges. Si nous venons ici,
c'est pour essayer de vous donner l'opinion que notre expérience nous
permet d'émettre, à savoir ce qui est bon pour la population.
S'il est question d'optomé-triste, de ce que l'optométriste doit
faire ou peut faire, et de savoir qui va être utile à la
population, c'est là le problème, je pense, et c'est à
ça que nous devons répondre.
L'ophtamologiste, lui, a une formation qui lui permet de tout faire, y
compris l'optométrie, parce que l'ophtamologiste existe depuis des
années et les optométristes n'existent que depuis le commencement
du siècle. Ce qui a fait naître l'optométrie, c'est le
besoin que les gens ont eu d'avoir une vision claire quand les lunettes ont
commencé à arriver. Il y a encore quelques années et
encore même dans certains Etats aux Etats-Unis, vous allez dans un
magasin, il y a une série de lunettes étalées sur un
comptoir, vous les choisissez et vous les ajustez, et vous achetez une paire de
lunettes comme un chapeau.
Seulement, il y a des gens, à un moment donné, qui se sont
demandé, comme il n'y avait pas suffisamment d'ophtamologistes pour
faire les examens nécessaires, s'il n'était pas bon que des gens
puissent apprendre à bien examiner les yeux pour que les gens aient des
lunettes qui soient bonnes. C'est comme ça que l'optométrie est
née. Actuellement, l'optométriste rend service parce qu'il y a
une proportion très grande de la population qui souffre de troubles de
la rétraction et nous ne pouvons pas, nous, comme ophtamologistes,
répondre à cette demande.
Par conséquent, les optométristes rendent service à
la population. Maintenant, si on veut leur faire faire plus que ça, si
on veut tranquillement leur donner des privilèges pour lesquels ils ne
sont pas préparés, c'est là qu'on risque de ne plus rendre
service à la population. Si on permet à l'optométriste de
faire des actes, des gestes, des examens, il y a une foule d'actes que l'on
peut faire. On peut acheter une foule d'instruments, mais si on n'a pas les
connaissances de base nécessaires pour faire ces gestes, pour poser ces
actes, à ce moment-là, on n'est pas utile à la
société. La nouvelle définition je reviens à
votre question à notre avis, en substituant le mot "vision" au
terme "d'acuité visuelle", pour la personne qui n'est pas
initiée, ça semble anodin pour quelqu'un qui s'y
connaît.
Il y a un monde de différence entre faire des examens dont le but
est d'évaluer l'acuité visuelle et des examens dont le but est
d'analyser la vision. Parce que la vision, comme l'a dit le Dr Robillard, c'est
fonction du cerveau. Une tumeur cérébrale peut modifier la
vision. Il y a une question de... Alors, nous croyons que l'optométriste
est parfaitement compétent pour s'occuper de tous les problèmes
qui ont trait à l'acuité visuelle. Mais si vous le
définissez comme étant un spécialiste de la vision, vous
ouvrez un éventail d'examens que sa formation, n'étant pas
médicale, ne lui permettra pas de faire adéquatement.
Voilà, en résumé, un peu la position. Et nous
développons cette idée dans notre mémoire. Nous croyons
qu'il n'est pas dans l'intérêt de la population de permettre
à des gens de faire des examens pour lesquels ils n'ont pas la
formation
nécessaire, pour les choisir, d'abord, parce qu'il y a certains
examens... Prenons un exemple, le champ visuel peut être pertubé
par une foule de pathologies qui peuvent être oculaires et qui peuvent
être systémiques. Est-ce qu'on va se mettre à faire des
champs visuels à tout le monde? Dans ma pratique personnelle, je fais en
moyenne un, deux ou trois champs visuels par semaine. Si je ne connais pas les
indications précises que m'a apprises mon cours de médecine, que
m'ont apprises les connaissances que j'ai en neurologie, je vais faire des
champs visuels à tout le monde. Cela va coûter ce que ça
coûtera mais ça ne rendra pas service.
Nous croyons que l'optométriste a une valeur et nous sommes
d'accord, avec le Dr Robillard, qu'il faut trouver une façon de se
suppléer les uns aux autres. N'essayons pas de faire de
l'optométriste une espèce de miniophtalmologiste. Parce qu'il n'y
a pas un ophtalmologiste à Saint-Tite, on va faire une espèce
d'ophtalmologiste qui va donner l'impression à la population de la
région qu'elle a quelque chose qui n'est pas tout à fait ce qu'on
trouve dans les grands centres mais qui n'est pas trop mal. On va créer
un faux sens de la sécurité chez les gens si on essaie de
créer une espèce de personnage qui n'est pas tout à fait
un ophtalmologiste mais qui est un peu mieux que ce que pourrait être
l'optométriste qui est effectivement un spécialiste de
l'acuité visuelle.
M. SAINT-GERMAIN: Je laisse bien aux gens le soin de faire la
différence; ils sont bien capables de faire ça, croyez-moi. Mais
j'avais posé une question bien précise: Est-ce que vous
considérez, par exemple, la myopie, l'astigmatisme puisque vous voulez
parler d'acuité visuelle, comme étant des causes pathologiques,
comme étant en elles-mêmes, une pathologie des yeux?
M. MATHIEU: La distinction est très philosophique. Disons que
nous considérons la myopie comme une déficience ou une anomalie.
Le mot "maladie" est peut-être trop fort et le mot "normal" est
certainement trop faible. Alors, c'est une déficience, c'est une
anomalie, c'est quelque chose qui n'est pas normal.
M. SAINT-GERMAIN: N'être pas normal n'est pas
nécessairement une maladie. Quelque chose qui n'est pas normal, ce n'est
pas nécessairement quelque chose...
M. MATHIEU: Ce n'est pas nécessairement une maladie, non.
M. SAINT-GERMAIN: Vous voulez astreindre la pratique de
l'optométrie à une question d'acuité visuelle,
exclusivement.
M. MATHIEU: Surtout, oui.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous ne croyez pas, par exemple, que la
vitesse de perception c'est comme l'acuité visuelle? On peut avoir une
perte de vitesse de perception sans qu'il n'y ait aucun cas de pathologie,
c'est un autre problème réellement...
M. MATHIEU: Vous vous référez à ce qu'on appelle la
vitesse de lecture ou...
M. SAINT-GERMAIN: La vitesse de lecture, c'est encore une facette.
M. MATHIEU: Je n'ai aucune objection à ce que les
optométristes fassent des cours de lecture rapide. Cela d'ailleurs n'a
rien à voir avec les yeux, c'est quelque chose qui a été
inventé par des psychologues et la plupart de ceux qui donnent des cours
de vitesse sont un peu des psychologues. On rend le cerveau beaucoup plus
attentif, c'est un cours d'attention, ce n'est pas un cours de vision.
M. SAINT-GERMAIN: Vous ne faites pas de relation entre la vision, les
yeux...
M. MATHIEU: Et la vitesse de lecture? Pas du tout. Il n'y a aucune
relation entre les yeux mêmes et la vitesse de lecture. Vous allez avoir
des myopes, vous allez avoir des gens qui ont des gros défauts visuels
qui vont être des liseurs rapides.
Vous allez avoir des gens qui ont des yeux parfaitement normaux à
tout point de vue et qui vont être lents de lecture.
M. SAINT-GERMAIN: Cela, je l'avoue, je l'ai même constaté
dans ma pratique. C'est la raison pour laquelle je vous pose
spécifiquement la question. Vous parlez d'acuité visuelle, je
suppose que vous voulez la laisser â l'optométrie parce qu'elle ne
regarde pas, si vous voulez, ni indirectement ni directement, la question
pathologique. Mais, est-ce la vitesse de lecture ou la vitesse de perception? A
la guerre, on enseignait à des aviateurs à percevoir les choses
vite et bien en quelques secondes.
M. MATHIEU: Certainement.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, on a développé chez ces aviateurs
des habiletés visuelles qu'ils n'avaient pas, on les a
développées.
M. MATHIEU: Certainement.
M. SAINT-GERMAIN: Ceux qui, antécédemment aux exercices,
percevaient plus tranquillement, ne percevaient pas plus lentement â
cause de pathologie.
M. MATHIEU: Ce que je veux dire, c'est qu'on n'a pas
développé leurs yeux. On a développé leur
rapidité de perception cérébrale. Ce ne sont pas des
exercices visuels qu'on a fait faire.
M. SAINT-GERMAIN: On n'a pas développé leurs yeux ! Ils ne
voyaient pas avec leurs pieds, dans ce temps-là, lorsqu'ils voyaient
plus vite. Ils voient encore avec l'appareil visuel. Il y a certainement une
transformation qui s'est faite et au niveau du cerveau et au niveau de
l'appareil visuel.
M. MATHIEU: Justement, l'appareil visuel...
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me permettez, je crois que c'est là la
distinction.
M. MATHIEU: La distinction...
M. SAINT-GERMAIN: C'est là la distinction entre un
ophtalmologiste et un optométriste.
M. MATHIEU: A savoir?
M. SAINT-GERMAIN: A savoir que les habiletés visuelles n'ont rien
à voir avec la pathologie des yeux. Lorsque vous dites que le
pathologiste, au point de vue médical, devrait avoir un champ exclusif
d'action, je le crois. A titre d'optométriste, je serais le dernier, si
vous voulez, à permettre aux optométristes de pratiquer la
médecine. Je crois d'ailleurs qu'on a un code de déontologie
assez sévère. Mais, lorsque vous parlez d'optométrie, je
crois que la formation de l'ophtalmologiste ne se compare pas à la
formation de l'optométriste. Je crois qu'il faudrait que ce soit su.
M. MATHIEU: Dans quel sens?
M. SAINT-GERMAIN: Dans le sens scientifique et clinique du mot.
M. MATHIEU: Ne se compare pas... vous voulez dire...?
M. SAINT-GERMAIN: A la connaissance que l'ophtalmologiste a eue lors de
sa formation universitaire.
M. MATHIEU: Oui, je crois que nous sommes d'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous êtes d'accord qu'il y a une
différence de niveau de connaissances?
M. MATHIEU: Tout à fait d'accord, oui.
M. SAINT-GERMAIN: Pour ce qui regarde les problèmes
optométriques, êtes-vous d'accord que cette différence est
à l'avantage des optométristes?
M. MATHIEU; Non. Là, je ne serais pas d'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Bon!
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Dr Mathieu, pourriez-vous nous dire combien d'années
d'études cela prend pour la formation d'un ophtalmologiste?
M. MATHIEU: Cela prend d'abord un cours de médecine et ensuite
quatre années supplémentaires de formation en ophtalmologie, ce
qui fait actuellement neuf années.
M. BOIVIN: Et un cours d'optométrie? Si l'Ecole
d'optométrie était ici, on pourrait lui demander combien
d'années d'études sont nécessaires pour la formation d'un
optométriste.
M. MATHIEU: Actuellement, c'est trois ans.
M. LE PRESIDENT: M. Lavoie, député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. Mathieu, en 1963, vous avez comparu à la
commission ici, si je me rappelle bien. Il avait alors été
question que les opticiens d'ordonnances marchaient avec des ristournes avec
les ophtalmologistes. Est-ce que cela continue encore, ce
procédé?
M. MATHIEU: Je me souviens de ce petit incident qui, d'ailleurs, a
été fait par un monsieur qui n'est plus libéral, je
crois.
M. LAVOIE (Wolfe): M. René Levesque.
M. MATHIEU: ... alors, la question des ristournes, si vous en
connaissez, M. le ministre ou M. le député, je serais très
intéressé à connaître les noms parce que nous avons
des mesures disciplinaires très graves qui peuvent aller jusqu'à
l'exclusion du Collège des médecins si un ophtalmologiste
était trouvé coupable de recevoir des ristournes. Si vous en
connaissez, vous pouvez les citer ici; si vous aimez mieux ne pas les citer,
donnez-nous les noms et nous nous en chargerons.
M. LAVOIE (Wolfe): Je n'en connais pas mais, à l'occasion, vous
aviez admis que cela existait dans le temps et que c'était en voie de
régression. Je voulais savoir où cela en était rendu.
M. MATHIEU: Disons que la régression est complète.
M. LE PRESIDENT: Je permets une dernière question au
député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: On a parlé d'heures d'études.
M. MASSE (Montcalm): Pas d'heures, d'années d'études.
M. SAINT-GERMAIN: Parlons d'heures, cela sera plus précis.
Lorsque vous faites votre cours, vous avez dit que cela prenait huit ou neuf
ans d'études. Mais combien d'années ou d'heures
étudiez-vous l'optométrie relativement à
l'optométriste? Cela prend quatre ans de toute façon. Les
optométristes étudient exclusivement les questions de
l'optométrie. En pathologie, on aurait bien aimé, même si
cela avait été seulement pour diriger les gens, mais le
Collège des médecins n'a pas voulu que les ophtalmologistes
donnent des cours à l'Ecole d'optométrie pour le bien-être
du public et pour la sécurité du public. Il faut tout de
même avouer que cela n'a aidé personne.
M. MATHIEU: Vous me demandez des statistiques. Je vais vous donner les
nôtres et je vais vous donner celles que je crois être, quitte
à me faire contredire si c'est faux. On nous a dit que, dans un cours
d'optométrie de trois ans, un optométriste réussissait en
moyenne à faire environ 150 réfractions. Il ne semble pas y avoir
trop de bruit. Donc, cela ne doit pas être trop mal. Nos résidents
que nous entraînons font en moyenne de 800 à 900
réfractions par année pendant trois ans. Alors, cela ne nous
qualifie pas trop mal comme optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. On ne
fait pas un optométriste ou un ophtalmologiste par le nombre de
réfractions. Il faut apprendre à faire les réfractions. Il
y a toute une série de sciences théoriques. Il faut se baser sur
quelque chose.
M. MATHIEU: II y a un vieux principe qui dit: "C'est en forgeant qu'on
devient forgeron" mais, lorsqu'on commence à mal forger et qu'on n'a pas
d'étude, on forge mal toute sa vie.
M. SAINT-GERMAIN: II y a des cours d'optique théorique qui sont
donnés à vos résidents.
M. CASTONGUAY: M. le Président, est-ce que je pourrais tout
simplement rappeler que les séances de la commission sont censées
être faites selon certaines règles et que le but de ces
séances est de questionner ceux qui nous soumettent des mémoires
et non pas de s'engager dans des débats.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais lorsque les faits ne sont pas bien
établis, M. le Président,...
M. CASTONGUAY: On pose d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Disons que devant la bonne humeur de tout le monde,
j'ai été assez libéral pour permettre aux membres de cette
commission de s'engager dans certaines questions plus étendues.
Je remercie les médecins spécialistes de la
présentation de leur mémoire. J'ai remarqué que la
santé du Dr Robillard s'améliorait au fur et à mesure
qu'il exposait son mémoire et j'en suis très heureux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à jeudi matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 17 h 48)
Séance du jeudi 16 mars 1972
(dix heures cinq minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Nonobstant l'absence de quelques membres de la commission, avec le
consentement de tous ceux qui sont ici, nous commençons. J'ai lu la
liste des mémoires qui seront présentés aujourd'hui et je
veux savoir si les représentants sont ici.
L'Association des comptables généraux
licenciés?
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: L'Institut des comptables publics
accrédités?
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: Guilde des comptables industriels, commerciaux et
institutionnels?
Le Guilde n'est pas ici.
Corporation des administrateurs agréés du
Québec?
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: Institut des comptables agréés du
Québec.
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: Société des comptables en administration
industrielle du Québec?
UNE VOIX: Présent.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suivre la liste que je viens de lire et
commencer avec l'Association des comptables généraux
licenciés.
Selon notre système, nous vous donnons un maximum de 20 minutes
pour présenter le résumé de votre mémoire, puis les
membres de la commission disposent de 40 minutes pour vous questionner. Nous
essayons en principe de suivre ces règles. Si c'est nécessaire de
prolonger dans certaines circonstances, nous pouvons le faire.
Je donne la parole à Me Lachaapelle qui est le procureur de
l'Association des comptables généraux licenciés.
Association des comptables généraux
licenciés
M. LACHAPELLE: Alors le président commencera, M. le
Président.
M. LACROIX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Quel est votre nom, s'il vous plaît?
M. LACROIX: Claude Lacroix, président de l'Association des
comptables généraux licenciés du Québec.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, en vous présentant les membres de notre
délégation, vous me permettrez de vous souligner non seulement
leurs titres et qualités comme membres exécutifs des CGA, mais
également leur statut professionnel dans notre société
québécoise. Ceci afin d'illustrer l'éventail du champ
d'activité de nos membres.
Dès que le projet de loi 250 fut déposé, notre
corporation professionnelle s'est empressée de former un comité
spécial pour en étudier toutes les implications. Notre
mémoire reflète l'opinion générale de nos membres
du Québec qui ont été consultés à maintes
reprises. De plus, notre point de vue est endossé inconditionnellement
par notre association nationale.
Les personnes regroupées à cette table sont, tout d'abord,
les membres de l'exécutif provincial. Ce sont MM. André
Saint-Jacques, de Montréal, chef de division, bureau de
vérification au ministère du Revenu du Québec, premier
vice-président provincial et un de nos délégués
auprès de l'association nationale; Pierre Poliquin, de Charlesbourg,
associé senior d'un bureau de comptables généraux
licenciés, deuxième vice-président provincial;
Gérard Saint-Pierre, de Sainte-Foy, directeur général
adjoint de la Régie de l'assurance-dépôts du Québec,
ex-président provincial et secrétaire de l'association
nationale.
Egalement les membres du comité ad hoc d'étude du code des
professions: le président Ernest Maheux, Fellow CGA, de Sainte-Foy,
directeur général de J.-B. Laliberté Ltée,
président national pour l'année 1970-1971 et, en tant que tel,
membre de l'exécutif national; Robert Motard, de Sainte-Foy, chef de la
division du contrôle, direction générale des impôts
au ministère du Revenu du Québec, ex-président provincial
et membre du conseil national; Claude Breton, de Sainte-Foy, au service du
budget et de l'analyse financière, Régie de l'assurance-maladie
du Québec, membre du conseil provincial, président de la section
de Québec et délégué national du comité de
l'éducation; Victor MacDonald, Fellow CGA, de Montréal,
administrateur délégué des CGA du Québec, et notre
procureur, Me Séverin Lachapelle, de Québec.
A cause de l'intérêt soutenu de notre association nationale
pour toute législation affectant la profession comptable et
particulièrement à cause des répercutions attendues de ce
projet de loi avant-gardiste, notre exécutif national a
délégué son premier vice-président, John Conwell,
Fellow CGA, de Toronto, contrôleur de la division est du Canada pour
Imperial Oil Ltd, premier vice-président de l'Association
professionnelle des CGA; Gordon Finlay, Fellow CGA, de Don Mills, Ontario,
vice-président et trésorier de A.C. Nilson Co of Canada Ltd,
directeur natio- nal et vice-président de l'association de
l'Ontario.
L'association des CGA est d'origine canadienne. En effet, c'est à
Montréal en 1908 qu'elle fut fondée. Elle fut par la suite
reconnue par une charte fédérale en 1913. En 1946, le
gouvernement du Québec scella le statut des comptables
généraux licenciés par la Loi 10 George VI, chapitre
89.
L'effectif québécois des CGA compte présentement
près de 1,200 membres certifiés et au-delà de 2,200
membres étudiants dûment enregistrés. Au Canada, les CGA
comptent près de 3,500 membres certifiés et plus de 8,200 membres
étudiants répartis sur tout le territoire canadien, incluant les
Territoires du Nord-Ouest. Notre taux de croissance actuel est pour nous un
sujet d'orgueil car il dépasse et dé loin nos prévisions,
ce qui est attribuable à la demande toujours croissante de nos services
professionnels de la part du public. Les fonctions occupées par nos
membres sont importantes et variées, et pour vous en donner une
idée, je me permettrai de vous en énumérer
quelques-unes.
A leur compte, plusieurs pratiquent comme comptables
généraux licenciés, conseillers en administration, syndics
autorisés en matière de faillite, vérificateurs des
corporations municipales et scolaires, vérificateurs à l'emploi
de firmes comptables. Dans l'industrie et le commerce, ils sont
présidents et directeurs généraux, vérificateurs
internes, contrôleurs, chefs comptables, analystes et conseillers en
information. Au sein de la fonction publique et parapublique, autant au niveau
fédéral que provincial, nous retrouvons des sous-ministres, des
présidents de régie, directeurs et directeurs adjoints, chefs de
services financiers et budgétaires.
Enfin, plusieurs de nos membres participent au travail de
vérification pour le vérificateur général. D'autres
sont chefs vérificateurs dans divers ministères. Nous les
retrouvons également au Service des corporations municipales, scolaires
et institutionnelles comme gérants,
secrétaires-trésoriers, contrôleurs ou
vérificateurs. Certains de nos membres agissent également comme
professeurs dans les universités et autres institutions d'enseignement
qui dispensent la science comptable. L'étude du code des professions est
l'occasion unique de rectifier une situation confuse et préjudiciable
à la profession comptable.
M. le Président, le comité et les membres de l'association
souhaitent que votre commission accueille favorablement nos recommandations et
traduise ainsi ces dernières dans une loi appropriée. Une telle
loi aurait pour avantage de clarifier de façon définitive la
situation confuse actuelle, tant pour le public dont on veut protéger
les droits que pour la discipline comptable.
Enfin, pour terminer, pour les fins de la discussion, M. Ernest Maheux,
président du comité ad hoc présentera les vues de notre
association professionnelle et sera à la disposi-
tion des membres de votre commission pour répondre aux
questions.
M. MAHEUX: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, le mémoire soumis à votre commission par notre
association reflète la pensée générale de nos
membres sur la portée particulière ou combinée des projets
de loi 250 et 264. Depuis le dépôt de ces projets de loi, nous
avons eu l'avantage de prendre connaissance du mémoire soumis par
l'Institut des comptables agréés de Québec relativement
à ces deux projets de loi. De façon générale, le
contenu de leur mémoire ne fait que confirmer le bien-fondé des
avancés de notre exposé original. Nous n'entendons pas changer
quoi que ce soit à notre mémoire. Il conviendrait cependant de
relever les points litigieux du mémoire de l'institut et, là
où il y a lieu, réfuter leur argumentation et loger notre
opposition à leurs recommandations. Notre argumentation portera sur
trois points principaux.
Premièrement, la situation actuelle de la profession comptable au
Québec, ses déficiences et leurs effets, suite à la
législation de 1946.
Deuxièmement, le rôle joué depuis par l'Institut des
comptables agréés au sein de la profession et les
conséquences de leurs recommandations.
Et enfin la réorganisation de la profession suivant notre
optique.
Nous réitérons notre assentiment au principe du code des
professions qui a trait à la protection du public avant
l'intérêt personnel des membres des corporations, ainsi qu'au
principe de la délégation des pouvoirs de l'Etat aux
corporations. La situation intolérable et discriminatoire
réservée à notre association par le code nous porte
à ignorer certaines considérations secondaires dans les
circonstances, pour ne nous attarder qu'aux questions essentielles.
Pour ce qui est de notre profession, le bill 250, à notre avis,
tend à consacrer et à perpétuer une situation fausse et
contraire au bien public, que la commission Castonguay-Nepveu s'était
donné comme mission principale de corriger. Cette situation consiste
à assujettir juridiquement l'exercice d'une profession, celle de la
comptabilité générale, au contrôle d'une autre
profession, celle de la vérification publique.
Nous soumettons de plus que le monopole presque total accordé
à l'institut en 1946 devrait être révisé à
l'occasion de la législation proposée, puisqu'il ne s'agit pas,
comme le recommandait la commission Castonguay-Nepveu, d'un cas "où il
est évident que la sécurité ou le bien-être de la
population seraient menacés par le libre accès à la
profession, et qu'on en détermine l'étendue et l'objet en
fonction des impératifs de la protection du public."
Certaines dispositions du code appuyées par des stipulations
draconiennes du bill 264 et les recommandations du mémoire de l'institut
ne visent qu'à consolider le quasi-monopole que les CA détiennent
depuis 1946, et elles nous apparaissent nettement contraires au bien public. Il
semble exister dans notre système démocratique un principe
essentiel qui veut que la privation par le législateur des droits acquis
est une chose grave, surtout lorsque ce droit a réellement
été accordé en fonction de l'intérêt public,
ou pour corriger une législation antérieure
inadéquate.
La législation actuellement à l'étude, en ce qui a
trait à la pratique de la comptabilité et de la
vérification, expose les CGA à la perte de tous leurs droits
acquis et même de leur raison d'être. Il pourrait s'ensuivre une
situation d'injustice pour plusieurs milliers de citoyens, en compromettant
leurs moyens d'existence, ce qui, à notre avis, nuirait à
l'économie de l'Etat en privant les employeurs des services d'experts
comptables que sont les CGA, et enfin sanctionnerait la situation fausse et
incohérente créée par la loi de 1946.
Nous comprenons mal pourquoi le législateur a jugé
à propos dans le projet de code de diviser la corporation et mentionner
en deux catégories, celle d'exercice exclusif et celle à titre
réservé, sans d'abord se soucier du bien-fondé, des
exclusivités accordées à celle du premier groupe. Nous
comprenons mal également qu'un commencement de redressement de situation
soit proposé pour les corporations de la santé, mais non pour la
profession comptable.
Nous croyons que nulle part ailleurs, les vices soulignés par la
commission Castonguay-Nepveu ne sont aussi évidents que dans le domaine
de la comptabilité. Nous voudrions voir dans l'honneur qui nous est fait
de paraître si tôt devant votre commission un indice de la
volonté du législateur de corriger cette situation qui,
malheureusement, dure depuis plus d'un quart de siècle.
Devons-nous comprendre qu'en reléguant tous les CGA dans la
deuxième catégorie, c'est-à-dire à titre
réservé seulement, le projet de code aurait pour effet de nous
priver de tous nos droits acquis, notamment ceux dont nous partageons
l'exclusivité conjointement avec des corporations du premier groupe, les
comptables agréés, les avocats, les notaires.
En 1966, les CGA avaient demandé aux législateurs une
révision de leur propre loi. Ce projet fut bloqué à la
demande de l'institut. En février 1970, les CGA se sont de nouveau
adressés au législateur pour lui demander cette fois de
consolider dans une seule loi tous leurs droits éparpillés dans
divers statuts. Les comptables avaient finalement, et par écrit,
accepté le principe de ce projet de loi.
L'étude de notre projet de loi a été constamment
retardé par le législateur depuis février 1970 sans doute
à cause et en prévision du code des professions. Nous
considérons, à la lecture du code, que cette incidence nous a
très mal
servis. Ces droits des CGA, mentionnés dans notre projet de bill
privé de 1970, comprennent tous ceux qui nous ont été
laissés par la loi de 1946 sur la comptabilité publique, soit le
droit d'agir comme vérificateur de corporation municipale, des
associations coopératives, des caisses d'épargne et de
crédit ainsi que cette partie de l'expertise comptable
décrétée dans les lois du Barreau et du notariat. Ces deux
dernières lois mentionnent expressément les droits des CGA
à ce sujet.
L'article 242 du code nous paraît vouloir effacer ou
éliminer ces droits. De toute façon, le mémoire de
l'Institut des comptables agréés déposé devant
votre commission ne laisse aucun doute sur leurs intentions à ce sujet.
Il y a lieu de se demander si leurs recommandations ne visent que
l'intérêt public.
Nous demandons donc pour les CGA de paraître dans le premier
groupe des professions, celles d'exercice exclusif. Notre proposition
principale d'une loi-cadre sur la comptabilité professionnelle conduit
nécessairement à ce résultat. Notre acceptation en
principe du code des professions est sujet à cette correction
importante.
Nous avons tenté, dans les articles 96 à 112 de notre
mémoire, d'énumérer quelques-unes des anomalies
découlait de la loi de 1946 sur la comptabilité.
Premièrement, elle ne définit pas la comptabilité ni la
vérification. Deuxièmement, elle ignore l'existence de la
comptabilité ou expertise comptable en dehors de la comptabilité
et de la vérification et laisse entendre que le comptable public est le
seul expert comptable. Malheureusement, le contenu de cette loi ne
correspondait pas au titre si prometteur de "Loi pour réglementer la
pratique de la comptabilité et de la vérification". On aurait
dû l'intituler: Tentative pour fermer la pratique de la
comptabilité publique et de la vérification en faveur des
comptables agréés seulement. D'ailleurs improprement
dénommés dans cette loi, "comptables publics".
Lors de la refonte de la législation en 1964, cette loi changera
d'ailleurs son titre pour celui plus indicatif de Loi des comptables
agréés. Si l'on réfère au code d'éthique de
l'institut, on lit que l'expression "expert-comptable" désigne toute
personne qui seule ou en société exerce l'expertise comptable en
cabinet privé. Devons-nous comprendre que les CA qui ne pratiquent pas
en cabinet privé ne sont plus des experts-comptables et ont de ce fait
perdu leur compétence en expertise comptable.
A notre avis, les CA comme les CGA sont tous des experts-comptables
même si l'institut s'acharne à réserver une
exclusivité de pratique publique que 54 p.c. de ses membres ont
effectivement délaissée. Dans leur mémoire, les comptables
agréés empruntent au Petit Robert la définition de
l'expert-comptable.
Ils auraient tout aussi bien trouvé cette définition dans
les textes législatifs de France, mais cette fois accolée
à celle des comptables agréés français, très
différents de leurs homony- mes canadiens. En effet, la charte de
l'ordre des experts-comptables et des comptables agréés
définit et répartit nettement en France la dualité des
fonctions, soit celle du vérificateur et celle du comptable
général. Ce texte législatif français illustre bien
la possibilité d'une loi-cadre de l'expertise comptable comme celle que
nous proposons.
Effectivement, les CA demandent maintenant au législateur de leur
réserver l'exclusivité de la pratique générale
comptable entraînant l'élimination des CGA, avec le titre
d'expert-comptable en plus de celui de CA et, également, la confirmation
officielle du droit d'agir comme conseiller en administration et d'en prendre
le nom.
Dans son mémoire, l'institut affirme que personne d'autre que ses
membres ne possède à un degré suffisant
l'intégrité, l'indépendance et l'impartialité
requises pour exercer la moindre parcelle de la fonction de l'expertise
comptable. S'il fallait que le législateur accorde crédit
à ces prétentions, nos membres qui occupent, dans la fonction
publique par exemple, les postes aussi bien reconnus que ceux de
sous-ministres, présidents de régie et directeurs de service,
n'auraient plus l'illusion de se considérer experts-comptables. Il en
serait de même pour 54 p.c. des comptables agréés qui ne
pratiquent pas en cabinet privé.
Permettez-nous de signaler ici que cette prétention de l'institut
exprimée de façon générale et catégorique
n'est pas la seule affirmation de son mémoire que nous
considérons absolument inexacte. Il est absolument faux, par exemple, de
prétendre que le législateur de 1946 avait réservé
à l'institut l'exclusivité de l'expertise comptable. Tout au plus
ce dernier lui réservait, sujet à exception, une portion de cette
expertise, soit celle qui se pratique en cabinet privé et moyennant
rémunération.
Pour le moins tendancieuse et surtout opportuniste, cette autre
affirmation de l'institut que l'on trouve au troisième paragraphe de
l'introduction de son mémoire et qui se lit comme suit: "Ainsi
l'expert-comptable qui se porte garant de la sincérité du bilan
de son client engage sa responsabilité à l'endroit de tout
investisseur et bailleur de fonds éventuels, de même qu'à
l'égard du fisc et de maints services administratifs et financiers de
l'Etat." Comment concilier cette prétention avec l'affirmation
contradictoire faite en juin 1967 par le président national de
l'institut, dans son discours prononcé lors de l'assemblée
annuelle des CA de Québec, de l'Ontario et du Manitoba?
Je cite: "Certains désastres financiers dont on a beaucoup
parlé au cours des deux ou trois dernières années ont
attiré l'attention sur le besoin de vérificateurs
indépendants. En même temps, ils ont soulevé la question de
commentateurs et de rédacteurs d'un gouvernement quant à notre
indépendance, à notre compétence et à notre
responsabilité. Il est facile de démontrer que, dans la plupart
des cas, les critiques de notre profession espéraient l'impos-
sible, affirme le président de l'institut. Après tout, les
vérificateurs ne sont pas des répondants. Dans les états
financiers, l'objection subjective joue un grand rôle et un être
humain ne pourra jamais être sûr de découvrir toute fraude
minutieusement préparée, délibérée et
intelligente. Mais si nous pensons que nous avons là une réponse
satisfaisante aux critiques qui nous sont adressées, le public est plus
exigeant.
A l'heure actuelle il existe un danger que l'on pousse le gouvernement
à nous imposer des exigences quasi impossibles à remplir, ou qui
exposeraient une responsabilité exagérée, conclut M.
Wilson.
Est-ce bien seulement en fonction de l'intérêt public que
l'institut demande au législateur de rayer de tous les textes de loi
actuels toute mention des droits des CGA ou est-ce plutôt pour atteindre
une exclusivité totale de tout le champ d'activité? Ce souci
d'accaparement se traduit dans leurs recommandations par l'interdiction qu'ils
veulent imposer de l'usage des désignations: Certified public
accountant, certified accountant, comptable public licencié et comptable
licencié. Ces désignations s'apparentent étrangement aux
variations des titres français et anglais de nos membres et leur
interdiction aurait pour effet de réduire le prestige et l'importance de
notre titre. Nous nous permettons de signaler ici que pratiquement toutes les
recommandations de l'institut relatives à leur loi et à la
profession comptable nous paraissent viser uniquement la protection du titre et
de l'intérêt personnel de ses membres. Nous avons peine à
déceler dans ces recommandations un souci sincère et
désintéressé de l'intérêt public
recherché par le code des professions.
Pour résumer notre mémoire et justifier l'essence de notre
intervention devant votre commission aujourd'hui, nous vous soumettons notre
conception d'organisation comptable au Québec. Nous recommandons,
à la base la réorganisation de la profession comptable, que les
membres qualifiés de toutes les associations comptables reconnues au
Québec soient gratifiées du nouveau titre d'experts-comptables.
Chaque association conservera son identité et son affiliation à
son organisme national. La législation québécoise de 1946,
et celles qui ont suivi par la suite dans certaines provinces ont
créé des mécanismes, des structures, des objectifs, des
programmes et des affiliations disparates, et il serait difficile,
croyons-nous, de régler le problème global par une simple fusion
des associations comptable au Québec.
C'est pourquoi nous recommandons une loi-cadre chapeautant toutes les
associations québécoises reconnues par la loi et qui porterait le
nom de la Loi de la corporation professionnelle des experts-comptables. A
l'intérieur de cette loi, la spécialité de
vérification serait nettement établie et ne pourrait s'exercer
qu'en vertu d'un système de permis. Le titre de vérificateur et
le permis pourront être accordés à tout expert-comptable
qui voudra s'engager dans cette spécialité et qui satisfera par
ailleurs aux exigences spéciales qui seront imposées aux
candidats à cette spécialité. Il est entendu qu'au
départ tous les vérificateurs actuels dans la pratique seraient
automatiquement éligibles à la licence, mais à l'avenir
des exigences d'admission seraient imposées à tout nouveau
candidat y compris ceux qui auraient délaissé la pratique
publique depuis un certain nombre d'années. Ce projet global de
réorganisation que nous proposons découle de l'historique et de
la philosophie de la profession que nous avons exprimés de façon
élaborée au chapitre V de notre mémoire.
Maintenant que la comptabilité de gestion dans laquelle nos
membres se sont particulièrement signalés a pris une telle
ampleur avec les années, surtout à cause de l'évolution de
la technique et du développement de l'économie, l'institut entend
également évincer tout autre professionnel du domaine de la
comptabilité de gestion en prétextant faussement, comme on l'a
dit, que la loi de 1946 lui réservait également ce champ de
façon exclusive. Le législateur de 1946, immédiatement
après la Loi des CA, sanctionnait la loi incorporant les CGA et donnait
à ces derniers comme objectif, à l'article de notre loi, "de
maintenir, améliorer et augmenter les connaissances professionnelles,
l'habileté et la compétence de ses membres de manière
à pouvoir établir des barèmes de compétence en tout
ce qui concerne les sciences sociales; économiques, commerciales et
industrielles en général, et en particulier la
comptabilité industrielle et commerciale."
Selon nous, notre loi d'incorporation octroyait à notre
association le droit à l'expertise comptable de façon
générale tandis que la Loi des CA réservait à ces
derniers la pratique publique de cette expertise comptable en cabinet
privé de même que la vérification. Par charité
chrétienne, nous n'osons pas prêter des intentions
égoïstes et centralisatrices à nos confrères de
l'institut. Nous croyons tout au plus qu'ils ont pris au pied de la lettre ou
interprété dans un sens unique cette parole
évangélique du grand saint Mathieu, comptable de son
métier, qui disait, au chapitre XIII: "On donnera à celui qui a
déjà et il sera dans l'abondance mais à celui qui n'a pas,
on enlèvera même ce qu'il a."
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous en avez pour longtemps encore? Vous
avez dépassé la limite prévue de 20 minutes.
M. MAHEUX: Ce ne sera pas très long. M. LE PRESIDENT: Très
bien.
M. MAHEUX: Nous avons terminé les paroles
évangéliques. Par sa contribution à l'économie et
à la cause de l'enseignement et au bien public en général,
qui englobe aussi bien le client et les employeurs que les étudiants qui
ambitionnent la carrière d'expert-comptable,
notre association a prouvé son utilité, sa raison
d'être et son droit à une reconnaissance professionnelle sans
équivoque. Il nous apparaît maintenant que le seul moyen de
régler définitivement, dans l'intérêt du public et
également de toutes les parties en cause, les problèmes de la
profession comptable, ce serait l'adoption d'une seule et unique loi pour
régir la pratique de la comptabilité sous toutes ses formes.
Cette loi, tel que suggéré au dernier paragraphe de notre
mémoire, pourrait s'intituler "Loi des experts-comptables" et dans
l'optique des professions remplacerait le présent projet de loi des
comptables agréés, bill 264. C'est pour écourter la
discussion.
Le principe fondamental de notre plan de réorganisation repose
sur la dualité des fonctions dans l'exercice de la pratique comptable,
la comptabilité générale ou expertise comptable et la
vérification. Notre mémoire a clairement démontré
que la comptabilité de gestion précède la
vérification. Ce sont deux fonctions distinctes et, sans la
première, la deuxième ne peut exister. D'ailleurs, le
comité spécial de l'Institut canadien des comptables
agréés, dans son étude sur l'orientation future de la
profession, "Horizon 2,000", reconnaît cette dualité dans sa
recommandation à l'effet que la fonction de vérificateur soit
reconnue comme une activité distincte dans la profession comptable. Aux
Etats-Unis et en Angleterre, l'organisation de la profession comptable
s'oriente comme en France vers la reconnaissance officielle de cette
dualité. Cette dernière recommandation rejoint une disposition
principale de la présente loi provinciale de l'administration
financière qui corrigeait la situation de l'ancienne fonction d'auditeur
de la province, qui agissait à la fois comme le comptable de la gestion
financière et comme vérificateur général de la
province.
Avant de terminer, nous voulons souligner particulièrement notre
recommandation finale de permettre, sous le contrôle de l'Office des
professions, des bureaux multiprofessionnels où le public pourrait
trouver, dans une formule intégrée et plus économique, une
solution rapide à un problème requérant les services
compétents de diverses disciplines. Au sein de la profession comptable,
la reconnaissance de la compétence professionnelle et de la
responsabilité sociale est aussi importante pour l'expert-comptable,
qu'il soit dans la fonction publique, dans la gestion financière ou
à son compte, que pour le vérificateur.
Il importe que tous soient soumis à un code de déontologie
où les critères uniformes d'intégrité,
d'indépendance seraient complétés par des normes
spécifiques en fonction des domaines d'activité respectifs.
La compréhension du rôle de chacun et la reconnaissance de
sa compétence dans sa sphère d'activité ne feraient que
contribuer à l'efficacité mutuelle de tous les membres de la
profession comptable et serviraient nécessairement et sans
équivoque l'intérêt réel du public recherché
par le code des professions. Nous visons surtout dans nos recommandations la
protection de l'intérêt du public et nous osons croire que nos
confrères des autres corporations comptables de même que les
législateurs reconnaîtront le bien-fondé des principes qui
nous ont guidés et l'honnêteté de nos intentions.
L'acceptation de nos recommandations ne nécessiterait que
quelques retouches au code des professions mais imposerait une refonte totale
du projet de loi 264 qui deviendrait la loi des experts-comptables.
M. le Président, nous voulons nous excuser d'avoir
dépassé la limite du temps réglementaire mais nous croyons
qu'une législation aussi progressive que celle qui vise à
corriger le passé en fonction de l'avenir doit en même temps
corriger justement la situation anormale de la profession comptable.
Je veux aussi peut-être excuser le ton de certaines parties de
notre exposé mais, particulièrement, je voudrais que nos nombreux
amis de l'institut ne voient dans cela tout simplement qu'un souci
sincère de mettre de l'ordre, car nous comptons non seulement des amis
dans l'institut mais nous comptons aussi des membres de notre propre
association.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, maintenant pour la période de questions,
nous commencerons avec le Solliciteur général.
M. FOURNIER: Je tiens à remercier l'association du mémoire
qu'elle a présenté, qui est certainement élaboré et
qui nous donne une bonne vue de l'historique de la profession comptable.
Maintenant, j'aurais quelques précisions à demander sur le
mémoire, à savoir en quoi le bill 250 et le bill 264 diminuent
les pouvoirs que vous avez présentement? Je ne parle pas de la
précision des pouvoirs mais je demande en quoi vous trouvez que ces
bills-là diminuent les pouvoirs. C'est parce que je ne le vois pas dans
les textes de loi.
M. MAHEUX: Je pense que nous touchons là une question
d'interprétation. Nous avions l'impression évidemment que les
stipulations particulières du code des professions nous enlevaient ce
privilège-là. Nous avons reçu là-dessus l'avis de
notre conseiller juridique et je pense qu'il pourrait peut-être
précisé ce qui nous a mené à prendre une position
aussi catégorique.
M. LACHAPELLE: M. le Président, M. le ministre, si on se
réfère à l'article 242 du projet de loi 250, tout renvoi,
je fais abstraction évidemment, est un renvoi à la disposition
équivalente du présent code si une telle disposition existe.
Or, notre interprétation est la suivante. Nous croyons à
ce moment-là que les lois particulières qui nous donnent des
pouvoirs si, dans les textes mêmes, elles ne sont pas
répétées dans le bill 250, nous prétendons par voie
d'interprétation que ces pouvoirs-là disparaîtraient.
Nous trouvons évidemment qu'il peut y avoir des
interprétations différentes mais, comme je l'expliquais aux
membres de l'association, nous ne prendrons pas le risque de laisser les
tribunaux interpréter un article aussi important pour nous.
M. FOURNIER: L'article 35 a dit la fin: "En outre de celles qui lui sont
autrement permises par la loi". Ne croyez-vous pas que ce texte-là
couvre la loi de la commission municipale et les autres lois dont vous
prétendez que les pouvoirs de comptabilité découlent?
C'est la raison pour laquelle nous avons ajouté cette phrase au texte de
l'article 35.
M. LACHAPELLE: Encore là, nous tombons sur une question
d'interprétation par la loi. Nous avons voulu présenter en 1970
un bill privé qui justement ramasserait, si vous voulez, toutes les lois
ou tous les pouvoirs éparpillés dans différentes lois.
Par la loi, on pouvait se permettre de se demander s'il n'y aurait pas
interprétation à ces paroles. D'autant plus que, dans le
passé, à cause de certaines mesquineries d'autres associations
professionnelles, nous avons eu affaire aux tribunaux et nous voulons
éviter cela; on voudrait que la loi soit beaucoup plus précise.
Dans notre bill privé qui n'a pas été
présenté justement à cause de ce projet de loi 250, nous
avons demandé que ce soit spécifique à nous, dans une loi
bien propre à nous. C'est pour cela que nous voudrions beaucoup plus de
précision dans cette loi-ci.
M. FOURNIER: Relativement au même domaine, au même sujet,
l'ancienne loi prévoyait à l'article 25, chapitre 89, une
prohibition pour vous de faire certains actes. Dans la loi actuelle, en plus de
vous conférer le titre, il y a une précision qui semble encore
plus grande sur les pouvoirs de comptabilité que vous obtenez selon
l'article 35 b). Est-ce que ce texte-là ne donne pas plus
d'étendue encore, ou ne confirme pas un état de choses actuel qui
s'est développé depuis 1946? Est-ce qu'il n'y a pas des pouvoirs
additionnels qui apparaissent dans cet article-là?
M. MAHEUX: Notre position là-dessus, c'est que, se basant sur le
danger de l'interprétation des stipulations, nous croyons que,
même si le texte semblait vouloir nous donner plus, nous
préférions faire des représentations pour demander que ces
stipulations soient changées. Particulièrement sur ce point, je
vois que dans les pouvoirs que vous prétendez additionnels qui nous
étaient donnés, nous interprétons que vous voulez vous
référez à la mention de pouvoir offrir nos services au
public mais particulièrement vous y attachez la mention "service au
public de teneurs de livres". Alors, nous croyons que dans notre loi
d'incorporation il n'y a aucune mention indiquant que le CGA doive être
amené et restreint à un service de teneurs de livres. Je pense
que la preuve est faite, si on consulte le bottin de l'association, que nos
membres ne sont pas des gens qui font strictement de la tenue de livre. Cette
mention-là, même si elle semblait vouloir nous donner plus, nous
croyons que ce n'est absolument pas à notre avantage.
M. FOURNIER: Mais est-ce que cette mention-là ne corrige pas la
situation qui a existé pendant un certain nombre d'années
à l'effet que seul un groupement pouvait s'annoncer au public et, en
vertu de cet article-là, cela met fin à cette situation
équivoque dans le passé?
M. MAHEUX: Je pense que c'est une demi-solution, parce que si nous
voulions considérer strictement l'intérêt de nos membres,
nous pourrions évidemment nous satisfaire de dire: Eh bien! il y a des
modifications à l'intérieur du code qui rectifient justement
cette situation-là. Mais nous pensons que, dans l'intérêt
public, la loi devrait profiter de l'occasion pour remettre de l'ordre
totalement dans la profession comptable dans le sens de nos recommandations qui
sont appuyées par des opinions, même celles de l'institut dans son
projet d'avenir.
M. LACHAPELLE: M. le Président, si vous me permettez, seulement
un mot additionnel, c'est que le fait d'être dans la deuxième
section, association, corporation à titre réservé, nous
donne l'impression justement que déjà là, par voie
d'interprétation, tous les droits acquis parce qu'il y a tout de
même des droits exclusifs que nous avons ou que nous partageons avec
d'autres et qui sont tout de même des droits qui sont plus que
réservés si nous étions dans la première
section, à ce moment-là, disons que l'interprétation nous
effraierait moins, mais quand nous sommes dans la partie des noms
réservés, à ce moment-là, je vous avoue
honnêtement que nous sommes craintifs.
M. FOURNIER: Relativement au domaine comptable et c'est la base
de votre mémoire vous voudriez que nous établissions une
catégorie de personnes qui s'appelleraient des experts-comptables. Ils
seraient les seuls à avoir droit au nom de corporation professionnelle
des experts-comptables et, à l'intérieur de cette loi-là,
vous voudriez que nous divisions la comptabilité en deux groupements,
à savoir la section qui serait une vérification, ou l'expression
d'opinions sur le bilan, et l'autre, qui serait l'enregistrement et la
préparation d'états. Est-ce bien cela?
M. MAHEUX: C'est exactement cela, nous croyons que cette
distinction-là existe dans la philosophie de...
M. FOURNIER: Et actuellement, quant à votre association et
à vos membres, est-ce que vous faites de la vérification publique
là où c'est permis?
M. MAHEUX: Partout où c'est permis, on peut dire qu'il y a
environ 10 p.c. de nos membres qui pratiquent effectivement la
vérification ou des services de comptabilité publique, dans les
domaines qui nous sont permis. Si on considère ceux qui sont au service
de bureaux de comptables, ceux qui sont dans leur propre bureau, ceux qui sont
au service du vérificateur général ou de l'auditeur
général du Canada, on peut estimer que nous sommes
déjà dans ce domaine-là.
M. FOURNIER: La grande partie de vos membres, à 90 p.c., font la
première partie qui est la comptabilité d'enregistrement et
d'établissement de bilans financiers?
M. MAHEUX: Oui, c'est cela. Nous sommes d'avis que dans la philosophie
le comptable de gestion peut jouer un rôle tellement utile qu'il faudrait
qu'il ait une reconnaissance d'expert-comptable, parce qu'au sein de
l'entreprise même, il est en mesure de jouer le rôle qui va
permettre au vérificateur de faire un travail encore plus complet s'il
peut reposer sur la compétence d'un expert-comptable.
M. FOURNIER: Si je comprends bien, tous les comptables seraient des
experts-comptables et il y aurait des spécialistes qui s'appelleraient
vérificateurs?
M. MAHEUX: Les vérificateurs seraient au même niveau
d'experts-comptables mais, avec une licence ou un permis, ils pourraient se
présenter pour faire les vérifications.
M. FOURNIER: Vous auriez deux catégories
d'experts-comptables?
M. MAHEUX: Tous seraient experts-comptables, les CA, les CGA, les RIA
seraient des experts-comptables, mais parmi les membres de chaque association,
ceux qui voudraient pratiquer la vérification publique devraient obtenir
un permis.
M. FOURNIER: Vous voulez enlever la confusion dans l'esprit du public,
mais si le seul titre est celui d'expert-comptable et que vous avez une
série de particules nommant les groupements, est-ce que la confusion ne
continuera pas d'exister?
M. MAHEUX: Je pense que la confusion serait éliminée si,
de façon officielle, par législa- tion et dans les faits, tous
les membres des associations comptables étaient considérés
comme des experts, au lieu de donner l'impression qu'il y a simplement ceux qui
sont dans la vérification publique qui le sont.
M. FOURNIER: Pourriez-vous nous donner des explications relativement
â la formation ou aux études entre les différentes
professions comptables? Est-ce que vous pourriez donner un exposé de
cela?
M. MAHEUX: Je pense que nous avons au mémoire fait un tableau
comparatif des études et nous nous en remettons aux programmes
d'études qui sont exigés dans les diverses universités de
la province de Québec. Si vous allez à la page 33 de notre
mémoire, à l'annexe E, vous allez voir une comparaison où
toutes les matières exigées pour le CA comme pour le CGA sont,
à une exception près, je crois, les mêmes. Cette exception,
ce sont les cours de relations humaines.
M. FOURNIER: En plus de cette situation qui est exposée dans le
mémoire, est-ce que vous n'avez pas des cours de l'institut, des cours
par correspondance ou autres?
M. MAHEUX: Nous avons évidemment, pour accéder au titre de
CGA, la possibilité pour les candidats de suivre des cours à
l'université, mais, dans certaines régions, ceux qui n'ont pas
accès aux cours universitaires peuvent suivre des cours personnels qui
sont des cours par correspondance préparés en coopération
avec l'Université de la Colombie-Britannique. Ces cours permettent aux
candidats de passer des examens intermédiaires d'année en
année c'est un cours de cinq ans et de finir par passer
l'examen final de l'association.
M. FOURNIER: En vertu de ce que vous exposez, est-ce que les
experts-comptables seraient les seuls qui pourraient préparer des
états comptables? Est-ce que ce serait limité aux
experts-comptables?
M. MAHEUX: Je crois qu'il est assez difficile de penser qu'on peut
priver quelqu'un de préparer des états, mais je pense que, pour
avoir une sanction reconnue officiellement, les experts-comptables seraient
ceux qui donneraient un titre valable aux états financiers
préparés.
M. FOURNIER: Quelle est la situation qui existe relativement à
votre groupe et aux membres d'autres provinces au Canada?
M. MAHEUX: Comme vous le savez, on a dit dans le mémoire que
l'Association des CGA a été fondée au Québec mais
elle s'est propagée dans tout le Canada. La situation des droits
exclusifs et des droits de pratique n'est pas la même d'une province
à l'autre. Jusqu'en 1946,
la situation était que tous les CGA avaient les mêmes
droits que les CA. A partir de 1946, la législation l'a limitée
au Québec, mais dans d'autres provinces, comme en Colombie-Britannique,
en Alberta, en Saskatchewan, au Nou-veau-Brunswick, à Terreneuve, les
CGA ont droit à la pratique publique autant que les CA.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais d'abord
souligner le travail qu'ont dû faire les organismes qui viennent devant
nous aujourd'hui; ils nous présentent des mémoires très
élaborés, et cela permet, je pense, pour la première fois
aux associations, aux professionnels d'une discipline, de se rencontrer au
même endroit, devant les parlementaires, pour exposer à fond le
problème de leur secteur d'activités.
Nous l'avons fait, depuis les séances de la commission, dans le
domaine de la santé avec les médecins surtout, et nous
entreprenons ce matin le même travail avec les comptables. Nous devons
souligner, M. le Président, que l'intérêt des
professionnels est amplement démontré par l'assistance nombreuse
qui est ici ce matin et qui est probablement la plus nombreuse depuis le
début de ces séances de la commission.
Vous exposez dans votre mémoire des points extrêmement
importants et le Solliciteur général a, par ses questions et vos
réponses il y a un instant, commencé à jeter un
éclairage plus précis sur le débat qui est engagé.
Il arrivera certainement que nous répéterons les mêmes
questions à l'endroit de tous les organismes qui viendront devant nous
aujourd'hui, particulièrement aux CA et aux RIA.
Ma première question est celle-ci, étant donné que
nous sommes devant une situation de fait. Le passé, vous l'avez
décrit tantôt, c'est avant 1946, la loi de 1946 pour les
comptables agréés, et depuis ce temps-là, les tentatives
que vous avez faites à deux reprises de faire adopter une loi
spéciale, particulièrement en 1970 alors que l'institut des CA,
vous l'avez dit tantôt, était favorable en principe et il
l'a même écrit à ce que vous ayez une loi qui
englobe tout ce qui vous concerne.
A partir de cette situation de fait que nous avons vécue et que
nous vivons maintenant, les séances de la commission et cette
législation sont un point tournant pour la profession des CA, pour les
CGA et pour tous les groupes de comptables comme pour toutes les autres
professions. On peut discuter cette législation en ne prenant que la
situation de fait et en collant une législation à la situation de
fait. Mais on peut aussi adapter la législation à
l'évolution que l'on entrevoit pour les professions.
Je pense que c'est un des aspects les plus intéressants et
peut-être les plus difficiles de la législation. M. le
Président, je m'en viens avec ma question, c'était un
préambule un peu plus élaboré. Est-ce qu'il y a
actuellement des mécanismes de communication et de discussion entre les
différentes sections des comptables, comme il peut y en avoir entre les
différentes spécialités de la médecine? Disons
qu'ils pratiquent à l'intérieur d'un cadre, c'est
chapeauté par l'ordre des médecins. Vos associations sont
chapeautées chacune par les groupes professionnels. Mais est-ce que vous
avez des moyens, des véhicules de communication, tels que
proposés par les travaux qui ont été entrepris?
Je fais allusion à Horizon 2,000, travaux spéciaux qui
avaient été entrepris à la demande de l'institut des CA et
qui ont conduit à certaines conclusions. Je vous demanderais d'expliquer
en même temps ces travaux d'Horizon 2,000 qui recommandaient certaines
mises en commun de vos ressources, certains travaux en commun et même une
fusion des trois groupes. Est-ce que vous pourriez donner des explications
là-dessus, M. Maheux?
M. MAHEUX: Je vous remercie, M. le député, et je dois dire
d'abord que je suis très heureux du préambule de votre question.
Je pense que c'est exactement le point de vue que nous voulions faire
ressortir. Les relations entre les associations, au Québec
évidemment, ne sont peut-être pas aussi poussées que nous
le voudrions, mais tout de même, il existe entre les associations,
même au Québec, des réunions conjointes, des causeries, des
choses de ce genre-là.
Je pense que ce qui est plus significatif, c'est ce qui se passe au
national. Nos relations au niveau national entre les différents
groupements, RIA, CGA et CA, sont de plus en plus intimes et poussées
et, particulièrement à l'occasion de Task Force 2,000, l'Horizon
2,000, nous avons eu l'occasion de recevoir de l'institut une quantité
assez imposante de ses rapports et particulièrement à notre
convention nationale de Québec l'an passé. Le thème de
notre convention était justement de faire l'étude en profondeur
de ce document et nous nous rendons compte qu'à l'intérieur de ce
document-là, par ses conclusions, l'Institut canadien des comptables
agréés reconnaît absolument l'importance, au sein de
l'organisation de la profession comptable, du comptable de gestion par
opposition à la vérification et va jusqu'à définir
et spécifier que ce doit être une occupation distincte.
Alors, au plan national, nous avons beaucoup plus de contacts qu'au plan
provincial où, évidemment, peut-être que la loi de 1946 a
fait une espèce de mur qui rend les contacts plus difficiles. Au point
de vue de la philosophie, nous sentons que nous nous orientons tous vers le
même but. Des intentions de fusion ont été souvent
mentionnées au sein des trois associations et toujours en tenant compte
que la fusion est peut-être l'idéal à atteindre le plus
vite possible mais que, dans les circonstances, il
faut tenir compte de certaines particularités. Nous sommes tous
d'avis que nous devons viser à ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les stipulations du projet de loi
tel que proposé actuellement vous permettent d'entrevoir que cette
communication pourra être faite assez facilement dans l'avenir ou tel que
le projet de loi est proposé, s'il était adopté dans sa
forme actuelle, sans aucune modification ou sans aucune précision?
Tantôt, le Solliciteur général a précisé
certaines choses quant au champ de pratique et aux droits acquis. Admettant que
cela est précisé, est-ce que l'orientation qui va être
donnée aux différents groupes de comptables par le code des
professions et les lois spécifiques va éloigner davantage chacune
des professions des différents secteurs comptables les uns des autres ou
si le rapprochement sera possible?
M. MAHEUX: Si nous nous en remettons à l'interprétation
que nous avons faite des stipulations de la loi actuelle, nous avons
l'impression que notre association s'expose à disparaître,
peut-être pas dans le sens d'éliminer complètement notre
organisme du jour au lendemain mais au fur et à mesure de la limitation
de nos droits. Si, effectivement, se vérifiait l'interprétation
que nous faisons que nos droits acquis seraient effacés, et si on
donnait suite aux recommandations de l'institut des CA, au point de vue de la
reconnaissance professionnelle du comptable, nous y perdrions
énormément. Je pense que la conséquence, c'est qu'il y
aurait beaucoup plus risque d'éloignement entre les groupements que
chance de rapprochement.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait peut-être comparer ce
rapprochement avec d'autres secteurs professionnels tels que la
médecine, où vous avez l'ordre des médecins et à
l'intérieur de l'ordre des médecins, vous avez 23
spécialités, plus les médecins omnipraticiens. C'est
peut-être ce genre de chapeautage, ce genre de regroupement que vous
voudriez faire par la profession d'expert-comptable et, à
l'intérieur de cet ordre, de cet organisme professionnel
d'experts-comptables, vous auriez différentes disciplines, soit de
comptabilité, de vérification, de gestion. Est-ce que c'est le
sens de votre interprétation?
M. MAHEUX: Je pense bien que l'on s'orienterait à aller plus loin
dans le sens de la comptabilité générale, à en
venir à des spécialités plus particulières. Pour
éviter ce qu'on reproche, pour éviter la confusion, nous ne
voulons pas dès le début nous mettre à dire qu'il y aura
des spécialités bien précises. Eventuellement, je pense
que l'évolution de l'économie nous amène à des
spécialités bien précises. Je pense que nous nous en
allons à ça. Pour le début, nous croyons que la
spécialité bien particulière qu'il faut distinguer est
celle de la vérification. Ce que l'on souhaite et ce que l'on croit
recommandable, c'est que les membres qualifiés des trois associations
soient éligibles à cette fonction bien particulière. Ils
possèdent les mêmes connaissances. Il s'agit tout simplement de
voir à ce qu'ils se conforment à des exigences spéciales
pour jouer leur rôle dans l'intérêt du public de la
meilleure façon, dans la vérification publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais que la profession a beaucoup
évolué au cours des vingt-cinq ou trente dernières
années, surtout à l'occasion du développement et du
raffinement de la fiscalité. La profession a pris un essor. Est-ce que
le code d'éthique, le code de déontologie si je peux
employer l'expression a évolué de la même
façon pour toutes les corporations professionnelles dans le secteur
comptable?
M. MAHEUX: Je dirais que oui. Je pense qu'il faudrait que le code
d'éthique se conforme aux exigences modernes. On vise de plus en plus
à assurer la protection du public et voir à ce qu'on se conforme
à l'éthique professionnelle et au respect des principes. Mais
pour la distinction que l'on pourrait faire dans le domaine de la
comptabilité, je pense que le code d'éthique ne doit pas
s'adresser uniquement aux vérificateurs. Je pense que le comptable de
gestion doit lui aussi avoir un code d'éghique. Je pense qu'à
l'intérieur de l'administration, le comptable est en mesure de faire
preuve d'indépendance et d'impartialité tout autant que le
vérificateur. Je pense, par exemple, à l'indépendance et
que le comptable professionnel dans une entreprise doit avoir envers son
employeur pour pouvoir respecter les principes comptables, respecter les lois
fiscales de façon qu'il fasse le partage, exactement, de ce qui revient
à l'employeur et à l'Etat. Je pense que ce sont toutes des
particularités qui doivent justifier un code d'éthique bien
spécifique pour le comptable de gestion.
M. CLOUTIER (Montmagny): Votre organisation professionnelle travaille
aussi au niveau national. Nous avons deux représentants, ce matin, de
l'Ontario, ça nous fait plaisir de les voir assister aux travaux de la
commission parlementaire. Est-ce que vous diriez que l'examen que doivent subir
les CGA ou l'admission dans la corporation est davantage national que
québécois? Est-ce que les normes sont plus nationales ou s'il y a
des points spécifiques qui ne s'appliquent qu'au Québec.
M. MAHEUX: Je pense que, si on peut se servir de la connotation du
national dans les normes que nous exigeons, c'est justement d'avoir cet
avantage d'uniformité à travers tout le Canada. L'importance de
nos normes est justement de poser des examens, d'organiser des
cours et d'exiger de passer des examens qui sont au niveau de la
compétence comptable. Je pense que la preuve de ça est faite et
l'avantage d'avoir l'aspect national dans notre organisation est justement
cette uniformité de programmes d'études et cette
uniformité d'examens, de sorte que le candidat qui réussit les
examens garde une mobilité de son titre d'une province à
l'autre.
Je pense qu'une législation qui amoindrirait l'importance du
titre au Québec aurait pour conséquence que les provinces
la Colombie-Britannique, par exemple où la vérification
est permise auraient peut-être réticence à
considérer les CGA du Québec au même niveau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency.
M. VEZINA: M. le Président, au début je voudrais d'abord
souscrire aux propos du député de Montmagny à l'effet que
le nombre des membres de l'association qui sont ici dénote nettement
l'importance que les membres et non pas seulement l'exécutif, comme
malheureusement dans bien des cas, attachent aux travaux de la commission.
Il est évident qu'à la lecture de votre mémoire,
que je pourrais diviser en deux parties, un côté peut-être
positif et l'autre un petit peu moins positif, ça pose à
vos yeux tout au moins un grave problème. Cependant, il y aurait
peut-être des questions de base sur lesquelles il faudrait s'entendre.
Est-ce qu'il y a possibilité de faire vivre le monde comptable au
Québec à l'intérieur d'une seule association, mais quel
que soit son nom, ou d'une seule corporation?
M. MAHEUX: Je pense que la réponse à cela est oui.
Eventuellement, je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas une seule
association, pour autant qu'on aura pris soin de corriger les mécanismes
et les structures pour tenir compte, justement, des implications nationales. Je
mentionnais tout à l'heure la mobilité de notre titre d'une
province à l'autre, je pense que ce qu'il faut viser c'est que cette
acceptation devienne une acceptation de toute la profession au Canada. C'est le
voeu d'ailleurs de Task Force 2000 qui dit qu'on doit plutôt avoir un
"national scope" et non pas s'en tenir tout simplement à un point de vue
provincial. La complication évidemment est que les droits de pratique
exclusive sont du domaine provincial. Alors, tant qu'il n'y aura pas une
uniformité dans ce sens, je pense que la possibilité d'une fusion
est plus difficile.
M. VEZINA: Mais, en fait, vous allez nous dire cela bien
honnêtement.
Est-ce que les CA et les CGA, vous vous parlez, vous vous regardez, vous
collaborez, ou si vous êtes comme chien et loup?
M. MAHEUX: Non, je pense bien que nous sommes tous exposés...
D'ailleurs, dans l'industrie et dans l'entreprise, nous sommes obligés
d'avoir affaire à un vérificateur, nous nous parlons
convenablement et socialement à l'occasion aussi.
M. VEZINA: Alors, est-ce que je me trompe? C'est donc dire que, dans le
sens de l'intervention du député de Montmagny, on peut
espérer qu'éventuellement la profession comptable prise au sens
générique sera intégrée à l'intérieur
d'une seule corporation comme on voit chez les médecins, même s'il
y a plusieurs spécialités, ou comme on voit dans d'autres
secteurs professionnels? Est-ce que l'on peut espérer cela
éventuellement?
M. MAHEUX: Pour autant que nous sommes concernés, c'est le voeu
que nous chérissons.
M. VEZINA: II y a une question que je me pose. Si on examine votre
mémoire, notamment à la page 23 et aux pages 33 et suivantes, il
semble que vous fassiez des cours identiques, il semble que les exigences de
scolarité, les exigences universitaires soient les mêmes. Est-ce
que vous pouvez me dire si les CA ou les CGA peuvent faire des actes
professionnels que l'un ou l'autre des troupes ne peut pas faire? Est-ce que
les CA ont priorité sur certains actes professionnels?
M. MAHEUX: En fonction de...
M. VEZINA: En fonction de l'exercice de la comptabilité. Est-ce
que les CA peuvent faire des choses ou des actes que les CGA ne peuvent pas
faire? Ou le contraire?
M. MAHEUX: Je pense que la loi de 1946, justement, précise que,
dans le domaine de la vérification des compagnies, les CGA ne peuvent
pas faire la vérification.
M. VEZINA: D'accord, alors sous réserve de la vérification
des compagnies, est-ce que c'est la même chose au point de vue de
l'exercice de la profession?
M. MAHEUX: Je crois que les CGA je ne parle pas pour les RIA, je
pense que...
M. VEZINA: Je parle seulement des CA et des CGA.
M. MAHEUX: Les CGA ont assurément les droits acquis d'offrir
leurs services dans le domaine de la comptabilité publique, de la
vérification, des exceptions qui sont mention-
nées dans la loi de 1946 et des exceptions qui sont
mentionnées dans la loi du notariat et du Barreau.
M. VEZINA: Maintenant, cela veut dire qu'à toutes fins pratiques
un CGA pourrait par exemple, faire la vérification de la Corporation de
la ville de Montréal et il ne pourrait pas faire la vérification
d'une bicoque qui a $200 d'investissements?
M. MAHEUX: Si vous voulez corriger votre exemple, parce que l'acception
élimine la ville de Montréal.
M. VEZINA: Québec, si vous voulez.
M. MAHEUX: A Québec, je pense que c'est exactement cela.
M. VEZINA: Trois-Rivières. Vous ne trouvez pas cela un peu
loufoque comme situation?
M. MAHEUX: Entre autres, c'est la situation que nous trouvons anormale
et incohérente. Pourquoi un CGA au Québec n'est-il pas capable de
faire la vérification d'une grande entreprise et en
Colombie-Britannique, s'il déménageait, il pourrait le faire?
M. VEZINA: Maintenant, vous êtes en vertu de la législation
proposée là, je dirais définis ou classés comme
titres réservés. Il semblerait que vous vouliez glisser vers la
catégorie de l'exercice exclusif. Vous allez m'expliquer en quoi cela va
régler ou améliorer votre situation.
M. MAHEUX: Si vous parlez de nous classer dans la catégorie de
l'exercice exclusif, strictement avec nos droits annuellement, je pense que
c'est tout simplement confirmer ce que nous voulions dans notre bill
privé. Mais ce n'est pas la solution que nous recherchons; nous visons
justement à ce qu'il y ait de.l'ordre dans la profession comptable de
façon que, une fois pour toutes, on parte de là. La proposition
que nous faisons, évidemment, c'est de créer par le truchement de
la législation actuelle la possibilité de réunir les trois
associations et de fixer de façon définitive les
particularités de la profession.
M. VEZINA: Vous suggérez à la page 19, article 30 que
comptable agréé soit remplacé par expert-comptable et vous
prenez la peine de nous dire que c'est l'une des recommandations principales du
présent mémoire et je rejoins les propos du Solliciteur
général à ce moment-là, tout le monde serait
expert-comptable, mais à l'intérieur, il y aurait des
subdivisions ou des divisions. Mais comment allez-vous vous présenter au
public comme expert-comptable pour préparer les impôts? Comment
allez-vous annoncer cela?
M. MAHEUX: Je pense que l'appellation, la désignation CA, CGA et
RIA que nous suggérons, c'est tout simplement pour garder notre
appartenance à une association nationale et c'est aussi peut-être
pour voir ou viser à organiser les membres des associations en fonction
peut-être de la Loi des syndicats professionnels. Mais l'ordre des
experts-comptables serait l'ordre qui verrait à la protection du
public.
M. VEZINA: Pour tout le monde de la comptabilité?
M. MAHEUX: C'est cela.
M. VEZINA: II y a un point sur lequel j'aimerais connaître
l'opinion de tout le monde. Vous avez sans doute pris connaissance des
structures proposées pour l'office, pour les bureaux, les comités
de discipline, les syndics, leur nomination, leur paiement, etc. Quelle est la
position de votre groupement sur cette partie du projet de loi 250?
M. MAHEUX: Comme nous l'avons dit dans notre mémoire, il
était tellement important pour nous de régler la situation de la
profession comptable que nous nous sommes surtout attardés à
cela. Le comité a évidemment regardé les implications que
pouvaient avoir certaines stipulations du code. En principe, nous sommes
favorables à cela. Vous exprimez actuellement une opinion sur ces
particularités que vous mentionnez, nomination à l'office, etc.;
je pense que cela ne serait pas une position officielle. A prime abord, je
pourrais me risquer à dire que nous y sommes favorables; dans
l'application, il faudrait revenir avec une recommandation plus officielle.
M. VEZINA: Sur ces points-là? M. MAHEUX: C'est cela.
M. VEZINA: Un dernier point, M. le Président. Je sais que vous
êtes très patient, vous avez d'ailleurs le sourire pour cela. Vous
avez parlé des bureaux multiprofessionnels. Dans votre esprit, vous
voyez le mariage de quelle profession avec quelle autre?
M. MAHEUX: On ne voit pas pourquoi, comment, dans le problème
d'une succession, par exemple, l'avocat, le notaire, le comptable...
M. VEZINA: L'avocat, le notaire, le comptable, ensuite?
M. MAHEUX: L'évaluateur...
M. VEZINA: Vous voyez tout cela marié ensemble?
M. MAHEUX: C'est cela.
M. VEZINA: Vous me permettrez de vous citer une petite anecdote. J'ai
consulté un vieil avocat, un vieux routier de la profession, à
qui j'ai demandé son opinion, il m'a dit tout bonnement de ne jamais
voter en faveur de cela comme avocat, parce que le travail qui se fait chez les
notaires, chez les comptables, c'est souvent une source de travail pour les
avocats.
C'est tout, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Au nom des avocats, merci. Le député de
Dubuc.
M. BOIVIN: Si j'ai bien compris tout à l'heure, il y a des CA que
vous acceptez et à qui vous donnez des équivalences au sein de
votre association. Est-ce qu'il y a des CA que vous acceptez dans votre
association?
M. MAHEUX: Sûrement. Ceux qui ont satisfait aux exigences, qui ont
passé des examens. Vous voyez actuellement, dans le botin des CGA,
plusieurs membres qui, en 1946, étaient des CGA et qui, par la suite,
sont devenus CA. Ils ont gardé leur dualité d'appartenance et
leur loyauté envers notre association.
M. BOIVIN: Il y a des CA qui font partie de l'association des CGA...
M. MAHEUX: C'est cela. M. BOIVIN: ... et vice versa? M. MAHEUX: C'est
cela.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des rencontres aux écoles de
formation? H me semble que ce serait là que pourrait se faire le joint,
si les programmes sont les mêmes.
M. MAHEUX: Nous sommes parfaitement d'accord, parce que les cours sont
à peu près les mêmes. Il n'y a pas de raison pour que ce ne
le soit pas.
M. BOIVIN: Est-ce que les CA ont la même affiliation au point de
vue national? Est-ce qu'il y a une association nationale des CA?
M. MAHEUX: Oui, il y a une association qui s'appelle l'Institut canadien
des comptables agréés.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a entente sur le plan national?
M. MAHEUX: Je ne suis pas en mesure de savoir s'ils ont avec leur
organisme national des contacts aussi intimes que nous en avons avec les
nôtres. Mais je sais qu'ici, chez les CGA, nous avons une participation
constante à toutes les affaires au plan national. CA-CGA au plan
national, est-ce que c'est la question?
M. BOIVIN: Est-ce que les CA au plan national ont des ententes avec ceux
de la province de Québec?
M. MAHEUX: C'est cela que je ne suis pas en mesure de vous dire, mais je
sais que nous, nous avons un contact très intime avec notre organisme
national.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, lors de la première
audition des mémoires, je me suis permis un commentaire et le
président s'est chargé de me rappeler à l'ordre. Alors je
m'en tiendrai aux questions, cependant avec un court préambule pour
affirmer moi aussi mon assentiment concernant les commentaires ou le
préambule qu'ont voulu livrer le député de Montmagny et
mon collègue, le député de Montmorency.
J'ai lu avec intérêt votre mémoire, M. le
président. Franchement, lorsque vous parlez d'une loi-cadre qui
chapeauterait les associations professionnelles, pourquoi ne
suggérez-vous pas plutôt, vous n'orientez pas plutôt vos
démarches pour en arriver à une fusion pure et simple de vos
services puisqu'au point de vue de ce qui vous est donné comme
profession au niveau de l'enseignement, il y a absolument une identité
de connaissances.
Alors je me demande pourquoi, si vous visez effectivement les
mêmes buts que nous visons en instaurant cette loi 250, soit la
protection du public, ne pas en arriver à une fusion pure et simple de
la profession RIA. En fait peut-être que le RIA pourrait venir plus tard,
mais si vous chapeautez tout cela par un code d'éthique professionnelle
à l'intérieur de vos professions qui convergent quand même
vers un même but, soit la protection du public, alors pourquoi ne pas y
arriver par une fusion pure et simple?
M. MAHEUX: Je pense que c'est assez difficile, quand on pense fusion, on
parle de participants unilatéralement, mais on ne peut pas dire que ce
ne serait pas la solution. Je pense que ce qui est important pour le travail de
la commission, c'est de permettre justement, par les stipulations de la loi, la
possibilité que les autres associations puissent venir à une
table et discuter toujours sous le contrôle et dans l'esprit du code des
professions.
M. HARVEY (Chauveau): J'ai remarqué dans votre mémoire, M.
le Président, que vous revenez assez souvent sur les mots comme
"importance d'intégrité". C'est donc que vous voulez faire
ressortir une dualité des fonctions comptables qu'on retrouve dans ces
professions. Vous insistez souvent sur les mots "intégrité",
"qualité d'indépendance ou d'impartialité" de ces
mêmes corps qui font profession dans le même sens. Est-ce que vous
pourriez m'indiquer pourquoi vous revenez aussi souvent sur cela?
M. MAHEUX: C'est toujours en fonction du même principe que
l'expert-comptable, qu'il soit dans la gestion ou qu'il soit dans la
vérification, doit avoir une impartialité, une
indépendance pour donner plus de poids à son rôle et
à sa compétence professionnelle. S'il avait l'occasion de
participer à la déclaration à l'effet que les
états, par exemple, sont conformes aux principes comptables, qu'ils sont
en respect des lois fiscales, etc., je pense que cette
impartialité-là pourrait être encore plus officielle. Il
n'y a pas de raison pour qu'on puisse laisser entendre que
l'indépendance et l'intégrité sont du domaine particulier
du vérificateur seulement.
M. HARVEY (Chauveau): Une dernière question, M. le
Président. Lorsque nous regardons votre mémoire et que nous
comparons les chiffres, à la page 23, quand au nombre
d'étudiants, cette question-là me frappe particulièrement.
Dans l'option CGA, nous voyons ici, au Québec, 2,200 étudiants,
comparativement à 3,850 en Ontario. C'est certainement cette province,
qui dans le passé, en tout cas, nous a fait la barbe assez souvent. Ce
nombre prouve vraiment qu'il y a un accent marqué vers cette profession
et on y croit davantage. Comparativement aux autres provinces, on sait que vous
avez exactement les mêmes connaissances, mais en Ontario est-ce que les
CA et CGA sont chapeautés par une seule et même association
professionnelle ou est-ce qu'ils sont reconnus par la loi provinciale
ontarienne comme ayant les mêmes droits professionnels?
M. MAHEUX: Non, en Ontario la situation est exactement la même
qu'au Québec. Le droit de pratique, de vérification publique est
réservé par une loi aux CA et puis il y a un bureau de permis de
licences en Ontario qui est composé de cinq membres de l'institut, je
crois, et deux autres membres. Vous touchez un point très important
quand vous parlez de l'intérêt pour la profession comptable. On
pourrait peut-être soumettre, comme renseignement additionnel, les
statistiques que nous avons sur la progression de notre association dans la
province de Québec en disant, par exemple, qu'en 1965 nous étions
469 CGA et 576 étudiants. En 1970, nous étions 844
licenciés et 1,363 étudiants. En 1971 nous sommes dans l'ordre
que nous mentionnons dans notre mémoire,soit quelque 1,130
licenciés et 2,200 étudiants. Vous voyez donc là une
progression qui fait qu'aujourd'hui le nombre de nos membres licenciés
rattrape assez rapidement celui des CGA de l'Ontario.
M. HARVEY (Chauveau): Même en tenant pour acquis que le
Québec aurait peut-être avantage à avoir un pas en avant
sur l'Ontario dans sa législation, croyez-vous qu'une solution pourrait
être trouvée au niveau des associations professionnelles
comptables?
M. MAHEUX: Voulez-vous dire au sein de la province de Québec?
M. HARVEY (Chauveau): Au sein du Québec.
M. MAHEUX: Je pense que si les mécanismes de législation
nous permettent d'être tous dans une corporation d'experts-comptables, il
y a certainement possibilité de rallier les opinions, sinon des
dirigeants des groupements, du moins des membres. Je pense que les membres de
chaque association seraient favorables à cela en
général.
M. HARVEY (Chauveau): Me référant toujours à la
première journée des auditions, nous avons écouté
attentivement l'association interprofessionnelle, mais une question est
demeurée sans réponse, et c'est là que le président
s'est chargé de m'éviter de faire des commentaires, mais je
voudrais peut-être vous demander pourquoi le comité des CGA, lors
de la présentation de l'association interprofessionnelle, n'était
pas représenté. Est-ce que vous avez fait un effort vous aussi
pour être inclus dans cela?
M. MAHEUX: J'apprécie de pouvoir corriger cette affirmation qui a
été faite. Effectivement, les CGA ont demandé leur
admission au sein du conseil interprofessionnel. Notre demande est
restée sans réponse pendant plusieurs années et on nous a
finalement laissé entendre à un moment donné qu'on nous
avait fait parvenir le refus de nous accepter. Nous avons recherché par
quel moyen on nous avait transmis ce renseignement et nous n'avons pu trouver
aucune trace de la lettre en question. Il s'agissait à ce
moment-là de la période où la législation actuelle
était en cours et on nous a rapporté à ce moment-là
qu'on reconsidérerait peut-être notre demande. Effectivement, on
nous a refusé l'admission au sein du conseil interprofessionnel quand on
en voyait accepter d'autres qui n'étaient pas aussi importants quant aux
effectifs, qui n'étaient peut-être pas plus importants quant aux
buts qu'ils poursuivaient et nous comprenions mal que le conseil nous refuse
l'accès.
M. VEZINA: Encore des naturopathes.
M. MAHEUX: Non, je n'en aurais peut-être pas contre les
naturopathes dont j'aurais besoin des services.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, votre
représentation est impressionnante, je vous félicite et je
voudrais souhaiter la bienvenue aux gens de l'Ontario en particulier.
M. KENNEDY: M. Maheux, je vais être très bref. D'abord, si
on fait un peu d'historique, en 1946, quand a été votée la
loi, je me demande
pourquoi à ce moment-là tous les CGA ne se sont pas joints
à l'institut pour ne former qu'une seule association comptable. Il est
assez évident que votre progression a été plutôt
lente au début puisqu'en 1965 vous n'étiez que 576 membres. C'est
une première question. Deuxième question, d'après vos
données, il n'y a environ que 10 p.c. de vos membres qui se dirigent
vers la pratique publique. Est-ce par accident ou simplement qu'il n'y aurait
pas de place dans l'industrie, puisque leur nombre est quand même assez
restreint par rapport au total, je veux dire 10 p.c. dans la pratique publique?
Troisième question, quelles sont les normes ou comment comparez-vous les
normes d'admission à votre corporation aux normes d'admission à
l'Institut des comptables agrées, je veux dire les examens? Je n'ai
jamais passé les vôtres, mais j'ai passé ceux de
l'institut, je sais comment ils sont. Je voudrais avoir vos commentaires sur
ces trois points.
M. MAHEUX: Votre première question est pourquoi les CGA n'ont pas
joint les rangs des CA en 1946. J'imagine que vous voulez insinuer par
là que le problème aurait été réglé,
que cela aurait été une fusion finale et définitive. Je
pense que la réponse repose beaucoup plus sur l'attitude de l'institut
des CA du temps que celle des CGA. Je pense qu'on a fait des distinctions
à ce moment-là à l'effet que les membres CGA,
certifiés et en règle, en 1946, étaient automatiquement
admis dans les rangs de l'institut pour autant qu'ils étaient dans la
pratique publique ou qu'ils étaient au service de la fonction publique.
Tous les autres, c'est mon cas, ont gardé le privilège de pouvoir
joindre les rangs de l'institut pour autant que, par la suite, ils pourraient
prouver qu'ils ont coopéré à la vérification
publique pendant un an à raison de 80 p.c. de leur revenu. Je pense que
c'était la stipulation. Je pense qu'il y a dans l'assistance des gens
plus compétents que moi pour dire pourquoi les CGA n'ont pas alors
été tous admis mais l'historique veut que ce soit plutôt en
raison de l'attitude de l'institut et non pas des CGA.
Votre deuxième question est de savoir pourquoi, en 1965, si peu
de gens étaient membres des CGA. Je pense que c'est le contre-effet de
la législation de 1946.
Evidemment, nous avons perdu à ce moment-là plusieurs de
nos membres qui se sont joints aux rangs de l'institut et il a fallu remonter
la côte, mais je pense que nous la remontons assez rapidement.
Votre troisième question discute du nombre restreint de nos
membres qui font de la vérification publique; je pense que là
encore c'est un effet de la loi de 1946. On a tellement restreint à ce
moment-là nos pouvoirs que les gens voyaient beaucoup plus de
possibilités du côté de la pratique de la
comptabilité générale que de la pratique publique, parce
que nous étions limités à faire de la vérification
simple- ment dans un domaine restreint. Si tout le champ nous avait
été ouvert, je pense qu'il y aurait une plus forte proportion de
nos membres qui en feraient aujourd'hui partie.
M. KENNEDY: II y a une dernière question à laquelle vous
ne m'avez pas répondu. Est-ce que vous êtes en mesure de nous
faire la comparaison entre les exigences d'admission à votre corporation
et les exigences d'admission à l'institut? Je parle des examens
d'admission, je ne parle pas des cours. Je vois que les cours universitaires
sont à peu près identiques mais je parle des examens
d'admission.
M. MAHEUX: C'est assez difficile de comparer la valeur des examens d'une
association par rapport à l'autre. On peut donner des exemples, je vous
félicite de donner le vôtre, vous avez passé avec
succès celui des CA, mais on pourrait invoquer le cas de certains CA qui
n'ont pas réussi les examens des CGA.
M. KENNEDY: II y a beaucoup plus de CGA qui n'ont pas réussi
l'examen de CA.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais avertir les gens qui assistent
à cette réunion qu'on n'a pas le droit de manifester ici. Nous ne
voulons pas tenir ces séances à huis clos, mais si ça
continue, on va voir des gens organiser des groupes et venir applaudir un
groupe ou un autre et ça ne finira jamais. Nous ne voulons pas d'une
telle situation. S'il vous plaît, souriez, si vous voulez, mais...
Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Vous dites que les cours sont donnés
habituellement par correspondance par cette université de la
Colombie-Britannique; quelles exigences a cette université au point de
vue de la formation de base d'un étudiant?
M. MAHEUX: Le cours par correspondance est un cours organisé avec
la coopération de l'Université de la Colombie-Britannique, mais
c'est un cours entièrement contrôlé par l'association.
L'association s'est entendue avec un comité permanent d'éducation
qui se réunit régulièrement, qui reçoit la
coopération des universitaires de toutes les provinces du Canada.
L'organisation du cours se fait en coopération avec la
Colombie-Britannique mais toutes les matières sont
préparées en coopération avec d'autres membres
d'universités et sous le contrôle d'un comité permanent de
l'éducation de notre association.
M. SAINT-GERMAIN: Quelle formation de base exigez-vous d'un
étudiant?
M. MAHEUX: Nous exigeons actuellement pour l'admission aux examens des
CGA l'équivalent des admissions au cours secondaire, au cours
universitaire.
M. SAINT-GERMAIN: Vous voulez dire l'équivalent pour les CA ou
pour vos membres, j'entends au point de vue de la scolarité pour les
étudiants?
M. MAHEUX: C'est cela.
M. SAINT-GERMAIN: II y a des cours du soir qui se donnent, je pense, aux
Hautes études commerciales?
M. MAHEUX: Oui, dans les universités du Québec. Le cas du
Québec est un cas un peu différent de celui des autres provinces,
parce que beaucoup de nos étudiants, la majorité de nos
étudiants, suivent des cours universitaires, cours du jour ou cours du
soir. Ces cours sont donnés à Québec, à Sherbrooke,
à Montréal, à Trois-Rivières, à Chicoutimi;
ce sont des cours du soir pour ceux qui font leur pratique tout en se donnant
à leur formation de comptables.
M. SAINT-GERMAIN: Pour ceux de vos membres qui font de la pratique
publique, quel genre de services cette minorité de gens rend-elle
à la population au point de vue comptable?
M. MAHEUX: Toujours dans le domaine restreint que la loi nous permet, la
vérification des municipalités, la vérification des
caisses populaires, les services de comptabilité publique qui leur sont
permis.
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'avez pas le droit, par exemple, de faire
l'impôt des... Vous avez le droit de faire l'impôt des
particuliers, mais...
M. MAHEUX: Absolument. La Loi du barreau et la Loi du notariat le
spécifient d'ailleurs, particulièrement en mentionnant le nom des
CGA, nous avons le droit de faire ces choses.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'ai quelques questions qui seront
très brèves. Le monde de la comptabilité semble un monde
bien occupé, démonstration faite, un monde bien
intéressé. Est-ce qu'il existe actuellement dans la province de
Québec suffisamment de spécialistes comptables pour
répondre à tous les besoins?
M. MAHEUX: Je pense que les besoins sont tellement grandissants que nous
voyons que la majorité de nos CGA trouvent facilement de l'emploi. Je me
demande du côté de la vérification s'il n'y a pas encore un
besoin aussi grandissant. Si l'on considère les renseignements que nous
ne pouvons pas étayer de statistiques, on sait pas exemple que plusieurs
des rapports qui sont soumis au ministère du Revenu ne sont pas toujours
accompagnés d'un certificat du vérificateur. Alors, je pense
qu'il y aurait certainement de la place dans ce domaine-là.
Notre opinion, nous, d'après les renseignements et le bureau de
placement que nous avons, nos étudiants, une fois qualifiés,
trouvent facilement de l'emploi très rémunérateur.
M. GUAY: Maintenant, si on regarde le code des professions ou encore le
projet de loi 264, est-ce que ces projets de loi laissent quand même
assez d'autonomie aux spécialistes comptables pour rendre à la
population tous les services qu'on est en droit d'attendre?
M. MAHEUX: Vous parlez des stipulations mêmes du code?
M. GUAY: En général.
M. MAHEUX: Je crois que oui, pour autant qu'ils en laisseront aux autres
professions, je ne crois pas qu'il y ait des raisons pour que la profession
comptable se sente plus particulièrement restreinte par les stipulations
du code.
M. GUAY: Vous avez, d'autre part, souligné que vous avez
déjà présenté un bill privé. Est-ce que le
code des professions et le projet de loi 264 s'apparentent de façon
très proche au projet de loi que vous aviez présenté
à ce moment-là?
M. MAHEUX: Encore toujours sujet a l'interprétation qu'on fait
des restrictions, des stipulations qui sembleraient nous enlever nos droits
acquis, notre bill privé voulait tout simplement consigner dans un
document officiel tous les droits que nous avons mais éparpillés
dans divers statuts. Le code des professions et les lois actuelles, suivant
qu'on interprète qu'ils nous laissent nos droits acquis, ne nous
donnaient pas plus, mais suivant notre interprétation, nous les perdions
tous.
M. GUAY: C'est donc dire qu'il n'y a pratiquement pas de chômeurs
à l'intérieur de votre profession, c'est-à- dire dans
l'ensemble des professions comptables?
UNE VOIX: II en manque encore à Radio-Canada...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. FOURNIER: Voici une dernière question. En prenant la
définition que vous mettez dans votre mémoire à la page
13, la comptabilité, est-ce qu'il serait juste de dire que votre
association préconiserait la théorie suivante voulant que la
tenue de livres et l'enregistrement des données puissent se faire par
tout le monde: qu'en second lieu, l'expertise comptable, soit la
présentation des opérations ou la préparation des
états comptables, se fasse par les experts-comptables, et qu'en
troisième lieu, la vérification se fasse par des licenciés
ou des détenteurs de licence particulière?
M. MAHEUX: C'est exactement ça. Je pense que la tenue de livres
fait partie intégrale d'un système comptable. C'est la base
même de la théorie de la philosophie de la comptabilité.
Mais je pense qu'au niveau de la tenue de livres, on ne peut pas exiger que ce
soient des experts-comptables. Mais en partant de là, je pense qu'il est
nécessaire d'incorporer la notion de professionnel.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. Au nom de la commission, je veux
remercier la délégation et l'assistance imposante de CGA... Pas
de manifestations.
M. MAHEUX: Je me permettrais de vous remercier de l'attention et du
temps que vous nous avez confiés et j'espère bien que nos
représentations auront un bon effet.
M. LE PRESIDENT: L'Institut des comptables publics
accrédités. Me Armand Poupart Jr.
Messieurs, s'il vous plaît, pas de discussion dans la salle.
Voulez-vous prendre siège? Nous allons continuer. Je donne la parole
à Me Armand Poupart.
Institut des comptables publics
accrédités
M. POUPART: M. le Président, messieurs, je représente
l'Institut des comptables publics accrédités; le terme anglais
est The Institute of Accredited Public Accountants. Le mémoire que nous
vous soumettons a été préparé par l'exécutif
qui est ici présent avec moi. M. Lefebvre, qui est le président,
est assis à ma droite et il y a M. Bell, qui est secrétaire de
l'institut. Il s'agit d'un court mémoire. Mes clients ont pris
connaissance du bill 250 qui s'intitule code des professions. Ils l'ont
étudié. Ensuite ils se sont aperçus qu'en vertu de
l'article 1 on indique quelles sont les corporations professionnelles et on
réfère à une annexe au projet de loi. A ladite annexe,
l'Institut des comptables publics accrédités n'est pas
mentionné. Nous vous soumettons que nous sommes une corporation reconnue
par le code civil, que nous existons en vertu de lettres patentes. Nous avons
notre charte. Notre profession existe dans des cadres législatifs, avec
des règlements, depuis 1946. C'est la raison pour laquelle, dans les
quelques lignes de nos conclusions, nous vous demandons d'inclure dans l'annexe
I du code des professions, le bill 250, les mots "The Institute of Accredited
Public Accountants" en anglais et en français "L'Institut des comptables
publics accrédités". Ce sont les simples raisons de notre demande
ici ce matin.
M. LE PRESIDENT: M. le Solliciteur général.
M. FOURNIER: Les lois comptables ont été approuvées
ici le 17 avril 1946. Je constate que votre incorporation date du 7 mai 1946 et
que vous avez obtenu une charte de compagnie à ce moment-là. Il y
a référence dans la loi présente des comptables au APA.
Est-ce qu'il s'agit de votre organisme? A l'article 45 du bill 264, vous avez
une réserve qui est faite: certaines personnes conservent le titre APA.
Est-ce qu'il s'agit réellement de votre organisme?
M. LEFEBVRE: Exactement, M. le Président.
M. FOURNIER: Le nom dont vous vous servez, "Institut des comptables
publics accrédités", ce n'est pas ce que l'on revoyait dans les
autres lois.
M. LEFEBVRE: Il s'agit de la traduction de "The Institute of Accredited
Public Accountants". La traduction a été faite comme elle se lit,
l'Institut des comptables publics accrédités. Dans les lettres
patentes, elle est inscrite dans la langue anglaise parce que c'est une charte
fédérale. Nous l'avons traduit par Institut des comptables
publics accrédités pour la pureté de la langue
française et pour respecter la traduction de chaque mot.
M. FOURNIER: N'avez-vous pas changé de nom? L'autre association
était International Society of Commerce Limited et, au mois de mai,
c'est devenu, d'après ce que vous mentionnez, The Institute of
Accredited Public Accountants. Il semble que ce soient totalement des
organismes différents.
M. LEFEBVRE: The Institute of Accredited Public Accountants a
été établi en 1936. The International Society of Commerce
Limited a été incorporée après, étant la
propriété l'un de l'autre.
En 1946, lorsque le bill 201 a été voté par la
Chambre, l'International Society of Commerce a servi d'intermédiaire, vu
que notre demande d'enregistrement à Ottawa sous le nom de "Institute"
n'était pas encore acceptée, mais elle avait été
soumise au Parlement, à Ottawa, par bien des lettres patentes. A ce
moment-là, nos avocats se sont servis de International Accountant
Society, qui était une chose légale, incorporée, au
Manitoba, et ça a servi d'instrument pour nous donner notre pouvoir. Et
c'est à ce moment-là qu'on a dit: APA, auditeur public
accrédité, accredited public accountant. Mais le mot
"international", par nos avocats, était l'intermédiaire qui nous
a donné ce droit. C'est pour ça que dans le bill 201, on
écrit, auditeur public accrédité, ce qui nous accordre les
initiales APA qui étaient nos initiales.
M. FOURNIER: Comme ça, votre demande a pour effet de demander de
nouveaux pouvoirs et une nouvelle accréditation à une nouvelle
association qui n'avait pas d'accréditation, qui n'a pas
présentement d'accréditation, sauf par l'intermédiaire du
nom d'une compagnie.
M. POUPART: Voici, pour que ce soit bien clair, nous ne demandons rien
de cela. Nous nous en tenons à notre mémoire. Nous sommes une
association existant depuis 1946, reconnue par le 10, George VI, chapitre 47.
Ensuite, il y a eu des bills additionnels qui ont été
adoptés; nous avons toujours été reconnus; dans la Loi des
comptables agréés, nous sommes reconnus comme tels. Nous avons
une association, nous avons des cadres, nous avons un code d'éthique,
nous avons des règles de discipline; nous formons, ni plus ni moins, une
profession, pour être clair et précis, parallèle à
la profession de comptable. Et ça s'appelle l'Institut des comptables
publics accrédités. Nous rendons les mêmes services
généraux et spéciaux au public en
général.
M. FOURNIER: Je tente de retracer légalement en vertu de quoi
vous existez, si ce n'est par l'intermédiaire d'une compagnie
incorporée en 1946.
M. POUPART: Notre association existait avant ça, elle a
été reconnue dans la Loi de 1946 et...
M. FOURNIER: De quelle façon? M. POUPART: Allez voir à
l'article...
M. FOURNIER: C'est parce qu'à ce moment-là ce qui est
reconnu, c'est International Accountant and Executive Corporation of
Canada.
M. LEFEBVRE: C'était l'instrument, M. le ministre, que nos
avocats nous ont dit, à ce moment-là, vu que la charte
était soumise à Ottawa mais n'avait pas encore été
acceptée. Elle a été acceptée, comme vous faites
mention, un mois je crois après. C'est exactement,
à ce moment-là, qu'on a dit: C'est l'instrument qui va nous
servir. Et c'est pour ça que dans le bill 201, c'est marqué? APA,
auditeur public accrédité, accredited public accountant. On a
extrait du nom de notre charte Institute of Accredited, on a mis auditeur
public accrédité, dans ce but parce que l'autre avait
été l'instrument.
M. FOURNIER: Voulez-vous prétendre que, même si vous
n'êtes pas membres de International Society of Commerce, vous avez droit
à la protection des lettres APA en vertu de la loi de 1946?
M. LEFEBVRE: Non, 1946, ne nous a pas donné le droit ici,
dans la province de Québec, oui mais seulement l'International
était la propriété de l'institut qui avait
été fondé en 1936, Accredited Public Accountant, au
Manitoba et, aujourd'hui, c'est encore la même propriété.
Ce sont deux compagnies différentes, mais ce sont les mêmes
propriétai- res, les mêmes membres, c'est la même
association de professionnels et nous pratiquons dans toutes les provinces du
Canada. Nous sommes reconnus comme comptables publics.
M. FOURNIER: Etant donné que vous n'êtes pas inclus dans
l'ancienne loi, étant donné que c'est un autre organisme, je
trouve difficile, avec le mémoire qui est présenté, pour
la commission parlementaire, la tâche de donner un jugement de valeur sur
votre organisme.
M. POUPART: M. le Président, en vertu de la loi de 1946, 10,
George VI, chapitre 47, à l'article 11, nous sommes reconnus et nous
existions et nous existions comme tels à ce moment-là.
Pensez-vous que depuis 1946 nous aurions pratiqué comme ça, sans
que les CA ou les autres associations nous causent des problèmes? Nous
avons toujours eu une existence légale, nous avons incorporé par
la suite une corporation à la deuxième partie de notre charte, ce
sont nos lettres patentes qui ont été accordées par le
gouvernement fédéral et nous avons des filiales dans toutes les
provinces. En vertu de cette charte fédérale, nous sommes
conformes aux exigences de l'article 25 du bill 250, puisque nous sommes une
corporation reconnue par le code civil et, dans le bill 250, nous nous
conformons aux exigences de l'article 25, mais nous ne sommes pas
mentionnés à l'annexe. C'est la raison de notre présence
ici.
M. FOURNIER: En vérifiant la loi, on ne retrouve pas ce dont vous
faites mention.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. POUPART: Je vous réfère à l'article 11, M. le
Président, qui dit qu'à partir du premier jour de janvier 1947,
personne n'aurait le droit de pratiquer comme comptable public ou occuper les
fonctions, en aucune façon se présenter ou représenter
toute société dont il fait partie comme comptable public ou comme
une société de comptables publics ou agir de manière
à laisser entendre qu'il est un comptable public.
Ou que ladite société est une société de
comptables publics à moins qu'il ne soit: a) un membre de l'institut ou
un détenteur d'un permis en vigueur émis par l'institut ou
et j'attire votre attention sur le paragraphe e) un membre d'un institut
ou association de comptables publics constitué avant l'entrée en
vigueur de la présente loi ou sous l'autorité de la
Législature de toute autre province du Canada dans laquelle il est
permis aux personnes mentionnées aux aliénas a) et b), par le
présent paragraphe, de pratiquer comme comptable public."
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aimerais poser une question différente: Advenant
une loi-cadre de la profession de comptable, j'aimerais me faire
éclairer un peu sur le rôle dévolu aux comptables publics
versus les CGA, les CA?
M. LEFEBVRE: Monsieur, les CGA ne sont pas des comptables publics, ce
sont des comptables spécialistes en administration.
M. PERREAULT: Pouvez-vous me définir le terme "comptable public"
d'abord?
M. LEFEBVRE: Les comptables publics sont tous ceux qui offrent leurs
services, tel que l'article vous le dit dans la loi, avec
rémunération pour faire de la comptabilité publique aux
compagnies, aux individus, ou n'importe quoi. C'est exactement notre rôle
et celui des CA présentement, avec les comptables publics
enregistrés. Nous sommes trois. C'est exactement le rôle, dans la
province de Québec, reconnu par les CA, reconnu par nous et les
comptables publics qui sont une filiale des CA.
M. POUPART: Pour répondre exactement à votre question, je
me réfère à l'article 13 de la Loi des comptables
agréés qui dit que: "Pour les fins de la présente loi le
mot "comptable public" signifie une personne qui, moyennant
rémunération, s'engage dans l'art ou la science de la
comptabilité ou dans la vérification des livres ou comptes et
offre ses services au public, mais ne comprend pas celui qui agit exclusivement
comme teneur de livres, même s'il offre ses services comme tels au
public."
M. LEFEBVRE: Alors notre rôle, c'est exactement ce que l'on fait
présentement.
M. PERREAULT: Si je comprends bien, votre rôle est
équivalent à celui d'un CA.
M. LEFEBVRE: Exactement, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE: Justement, c'est le problème; vous me permettrez de
poser des questions qui sont peut-être toutes naïves. Je n'ai pas
l'expérience du monde de la comptabilité, mais je découvre
ce matin que c'est très confus au point de vue des professions.
M. POUPART: C'est exact.
M. MASSE: ... et que la tendance actuellement au Parlement, au
gouvernement du Québec, c'est de faire certains cadres à
l'intérieur desquels la population, comme les individus, se retrouve
plus facilement. Partant de là, le député de l'Assomption
vous posait une question tout à l'heure: Quelle différence y
a-t-il entre votre organisme et les autres organismes?
Vous répondez que, en soi, il n'y en a pas tellement. Mais s'il
n'y a pas tellement de différence, pour quelles raisons tout le monde ne
se retrouve-t-il pas ensemble dans un plan beaucoup plus clair, plus conforme
à la raison?
M. LEFEBVRE: Est-ce que je peux, M. le Président, répondre
à M. Masse? M. Masse, depuis 1969, on a rencontré les CA dans le
but de faire une fusion et la chose se discute depuis 1969; les APA et les CA,
ici au Québec, travaillent la main dans la main, on veut arriver
à cette fusion. En 1969, on a eu une session avec eux; dans le moment,
c'est en discussion. Le bill 250 est peut-être une entrave à la
marche de l'affaire, mais c'est ce que l'on veut viser, c'est ce que l'on a
entrepris depuis 1969 avec les CA.
M. MASSE: Si je comprends bien, tout le monde est d'accord, mais le
gouvernement ne le sait pas encore.
M. LEFEBVRE: Ecoutez, avant d'arriver devant le gouvernement, que ce
soient les CA fusionnés avec nous ou avec un autre groupe, je crois
qu'il faudrait d'abord présenter un bill au gouvernement. A ce
moment-là, il le saura; mais antérieurement à cela, je ne
le crois pas.
M. MASSE: Est-ce que, dans un autre ordre d'idées, la plupart, ou
beaucoup de professions qui viennent à cette commission sont des
professions auxquelles le public est obligé de s'adresser lorsqu'il
retient certains services dans un domaine particulier? Exemple: N'importe qui
ne peut pas pratiquer la médecine; si on a besoin d'un médecin,
il faut aller voir un médecin; pour un avocat, etc.. Quand on arrive
dans le domaine de la comptabilité, nul n'est obligé de retenir
les services spécifiques d'un comptable appelez-le comme vous le
voulez, mais quelqu'un dans ce domaine-là pour des choses qui
touchent la comptabilité. Est-ce que vous croyez qu'il serait
nécessaire qu'au même titre que la médecine ou autre vous
ayez un service exclusif et, pour le public, obligatoire, lorsque l'on touche
au domaine de la comptabilité ou si, au contraire, c'est une profession
qui offre des services dans le domaine de la comptabilité à la
population en général, à elle de décider d'en
retenir les services ou non, si elle le désire.
M. LEFEBVRE: Tout d'abord, M. Masse, les compagnies sont obligées
d'avoir un comptable public. Alors, automatiquement, nous sommes là
pour...
M. MASSE (Montcalm): Pour ce qu'on appelle la vérification...
M. LEFEBVRE: L'individu n'est pas obligé. Maintenant, il sera
obligé. C'est encore votre gouvernement qui l'a demandé et avec
raison.
Pour les courtiers en immeuble, il exige que les états financiers
soient signés par un comptable public, CA et APA, actuellement, et
comptable public enregistré. Vous avez, dans d'autres secteurs, les
comités paritaires qui exigent que les rapports soient signés par
un comptable public, c'est un CA ou un APA ou un comptable public
enregistré. Ce sont vos lois de Québec mais, pour le commun des
mortels, c'est là, réellement, où existe une confusion
extrême. Nous ne pouvons pas, ni les CA, ni le gouvernement, à
moins de passer une loi radicale, empêcher n'importe qui de faire de la
comptabilité, ce qu'on appelle de la tenue de livres. C'est regrettable
parce qu'à un certain moment il est déjà arrivé des
affaires. Mais nous sommes obligés de nous conformer. Pour les
compagnies, les comités, toutes les affaires du gouvernement, vous
exigez des rapports signés par un comptable public qui est un CA, un APA
ou un comptable public enregistré présentement dans la province
de Québec.
M. MASSE (Montcalm): On peut dire que tout ce qui s'appelle rapport
officiel doit être vérifié et signé par quelqu'un de
vos professions...
M. LEFEBVRE: Nous avons fait des mises au point dans certains secteurs
du gouvernement parce qu'ils exigeaient un comptable agréé.
Alors, nous avons dit: Messieurs, non. Nous avons le droit de pratiquer comme
comptables publics. Si vous regardez, c'est bien écrit, quand on dit
vérification faite par un comptable public, le mot "comptable
agréé" n'existe plus. Ce sont les comptables publics qui sont les
APA, les CA, les comptables publics enregistrés présentement.
M. POUPART: M. le Président, je voudrais seulement ajouter une
clarification à ma réponse au Solliciteur général.
L'association que je représente ici existait avant 1946 et je vous
réfère à l'article 11.
M. FOURNIER: Pas en vertu de votre document qui dit que c'est
arrivé au mois de mai.
M. POUPART: Je vous réfère à l'article 11 de la Loi
des comptables agréés qui la reconnaît il ne
faudrait pas qu'il y ait de confusion qui reconnaît cette
association-là parce que nous existions avant 1946. Donc, tous ceux qui
existaient comme corps public avant 1946 ont été reconnus
à ce moment-là.
M. FOURNIER: Je saisis très bien vos remarques. Mais depuis le
mois d'avril 1946, vous avez substitué à cet organisme qui
existait un nouvel organisme. Est-ce que les droits de l'ancien organisme
doivent être transmis automatiquement alors que la loi ne les a pas
transmis?
M. LEFEBVRE: II n'y a pas eu substitution, M. le Procureur.
M. LE PRESIDENT: Solliciteur général, procureur de
son...
M. LEFEBVRE: H n'y a pas eu substitution parce que les deux existent
actuellement. Institute of Accreditated Public Accountants est le
propriétaire. Ce sont les mêmes directeurs qu'International. Mais
au moment où est arrivé le bill 201 en 1946, nos avocats se sont
servis du statut légal que nous avions à ce moment-là
à International comme instrument. C'est exactement le mot qu'ils nous
ont dit, pour que nous puissions être inclus dans le bill 201 parce
qu'Ottawa n'avait pas encore accepté notre charte. Elle venait
d'être présentée, elle a été acceptée
un mois plus tard. C'est pour cette raison qu'ils ont demandé au
gouvernement de mettre dans la loi les initiales APA, et auditeur public
accrédité Accredited Public Accountants qui
était une partie de notre nom que nous demandions à Ottawa.
M. FOURNIER: Seulement une dernière question. Je pense que nous
sommes suffisamment éclairés. Qu'est-ce qui est arrivé et
qu'est-ce qui existe aujourd'hui relativement à The International
Society of Commerce Limited?
M. LEFEBVRE: Elle existe toujours.
M. FOURNIER: Pourquoi ne vous êtes-vous pas
présentés sous ce nom aujourd'hui?
M. LEFEBVRE: Parce que nous sommes appelés maintenant partout au
Canada sous le nom Institute of Accredited Public Accountants au point de vue
national. Nous avons toujours notre charte internationale qui est toujours
là, un point, c'est tout. Mais nous agissons suivant notre charte
fédérale vu que nous sommes une affaire nationale et que, dans
chaque province, nous sommes reconnus comme comptables publics. Même en
Ontario, si vous me le permettez tout à l'heure la question a
été posée aux CGA c'est une licence qui est requise
pour avoir le droit de pratiquer dans la province et c'est un comité
gouvernemental qui a été formé et qui est composé
de CA et de APA. Alors, nous coopérons ensemble dans tout le pays.
M. POUPART: M. le Président, pour terminer ma réponse et
compléter mon éclaircissement, l'article 17 de la Loi des
comptables agréés dit que rien dans la présente loi
n'empêche un membre de The International Society of Commerce Limited qui
a résidé depuis le 1er janvier 1942 dans la province de
Québec et qui a pratiqué comme comptable de continuer à le
faire et ce membre pourra employer le titre APA, soit Accredited Public
Accountant en
anglais. Moi, je représente The Institute of Accredited Public
Accountants, c'est ça qui est la personne morale, la personne
légale qui est devant vous ce matin, pour fins de comptabilité
publique. Il pourra conserver les droits et se servir des mêmes titres et
des mêmes initiales dans l'exécution de ses fonctions. Tous mes
clients utilisent les initiales APA depuis que cette loi-là existe et
elle n'a jamais été changée. C'est ça que je veux
clarifier, étant donné la confusion qui semble exister.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de
Châteauguay.
M. KENNEDY: Seulement deux questions, M. le Président.
Je présume que vous étiez en pratique en 1946 quand la loi
des CA a été adoptée. Pourquoi, à ce
moment-là, ne vous êtes-vous pas prévalus du
privilège de vous unir dans une seule institution? Deuxième
question, combien de membres avez-vous dans la province?
M. LEFEBVRE: Pour répondre à votre première
question, monsieur, c'est regrettable que, dans la province de Québec,
on ne puisse pas toujours s'accorder. En 1945, le travail a été
fait par un groupe qui a eu le malheur de faire une telle chose. En 1946, ce
à quoi vous faites allusion, nous étions cinq associations
reconnues dans la province de Québec, les CA, les CPA, les CGA, les LIC
et les APA. A ce moment-là, j'était jeune étudiant, ce
sont mes patrons qui étaient dans plusieurs universités de la
province qui se sont occupés de cette affaire-là. On avait
suggéré de faire une table ronde, c'est exactement ce
à quoi vous voulez faire allusion représentée par
chacun des comités des associations reconnues et fermer une fois pour
toutes cette profession. Mais en vertu du fameux mot d'autonomie qu'on prononce
si souvent et qui devrait être seulement dans le Larousse pour moi,
à certains moments, chacun a voulu présenter son propre bill. Le
résultat est la cacophonie qu'on a eue. Tous les bills ont
été mis au panier et quinze jours plus tard, on avait le bill 201
qui nous a reconnus, nous, les APA, les CA, tandis que les CGA qui, à ce
moment-là étaient en pratique publique ont été
acceptés comme CA. Cela répond-il à votre question? C'est
la raison pour laquelle ce n'est pas fait. On travaille actuellement depuis
1969 avec les CA pour faire une fusion entre les APA et les CA. Cela va
probablement se faire, il faut que cela arrive â la fin. Le bill 250 peut
aider tout le monde. Quant au nombre de membres, nous sommes ici au Canada
environ 700 membres tous pratiquants.
M. KENNEDY: Dans la province.?
M. LEFEBVRE: Dans le Québec, nous étions 200. Cela
répond à votre question?
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. Poupart, si je comprends bien la réserve qui est
faite, qui apparaît actuellement à l'article 45 du bill 264 qui
répète, je pense, quelque chose qui se trouve dans la Loi de
l'institut des comptables actuel, c'est au fond une espèce de modus
vivendi qui a été établi pour sauvegarder les droits
acquis. Est-ce que je me trompe en affirmant cela?
M. POUPART: Vous allez presque jusqu'à l'interprétation
que je lui donne. Je dirais que c'était une reconnaissance de ce qui
existait et qui légalisait ou qui donnait à cette association
parallèle le droit de continuer de l'exercer. C'est dans le texte
législatif. Alors, se prévalant de ce droit, ils ont
continué à professer et depuis cette période, depuis 25
ans qu'ils existent, il n'y a jamais eu de plainte, les CA n'ont jamais
demandé aux APA s'ils avaient le droit de pratiquer parce que leur droit
est reconnu dans la loi même des CA. Comprenez-vous?
M. BURNS: En somme, votre demande n'est pas à l'effet de
reconnaître un droit de pratique, puisqu'il est déjà
reconnu.
M. POUPART: Non, nous l'avons.
M. BURNS: Est-ce que je comprends bien votre demande en disant que votre
institut, vous le voulez en annexe pour être justement soumis aux
mêmes règles que les autres corporations?
M. POUPART: Exactement. Regardez, M. le député, ce qu'on
dit en deux mots. On dit que vous avez préparé un bill et cela
s'appelle le code des professions. Nous ne voulons pas que cela s'appelle le
code de certaines professions, parce qu'il y en a qui manquent. Nous nous
disons que nous sommes des professionnels, nous sommes reconnus par d'autres
professionnels dans d'autres textes législatifs. Allons â
l'article 1 où on dit: "Seules les corporations qui sont
mentionnés à l'annexe 1 sont des professions, des corporations
professionnelles. Nous disons; Messieurs, vous avez oublié d'y mettre
notre nom. Nous ne vous demandons pas autre chose, nous ne vous demandons pas
de nous donner ce que nous n'avons pas, de changer ce que nous avons ou de nous
donner autre chose. Nous vous disons: Reconnaissez-nous et mettez notre nom.
Parce que vous mettez les avocats là-dedans, vous ne mettez pas
seulement les avocats en droit commercial. Vous mettez les avocats.
Vous mettez les médecins, vous ne mettez pas seulement les
médecins spécialistes en certaines maladies de la peau, vous
mettez les médecins. Quand vous arrivez â mettre les comptables,
vous arrivez et vous dites: La
Corporation professionnelle des comptables agréés du
Québec. Alors, là je pense que vous restreignez, vous mettez une
partie de la profession, une partie du monde des comptables seulement. Vous
négligez une autre partie du monde des comptables qui est ici et dont je
me fais l'interprète, étant la société reconnue par
la loi des APA. Alors, je me retourne vers vous et je vous dis: Ne nous oubliez
pas, mettez-nous dans l'annexe comme tous les autres professionnels si vous
voulez que votre code des professions demeure en titre le code des professions
et non pas le code de certaines professions. C'est ma demande. Je pense que
c'est clair et simple.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
mise au point? Pour vous montrer, messieurs, que réellement notre
institut a toujours été reconnu depuis 1946 sous le nom, depuis
notre charte, d'Institute of Accredited Public Accountants, nous avons, et
c'est vice versa, nos membres APA en société avec des CA. Alors,
si nous sommes reconnus par les CA, s'ils acceptent... Nous avons un code
d'éthique qui est exactement le même: nous exigeons pour nos
membres qu'ils soient bacheliers en commerce d'une université reconnue
et qu'ils aient cinq ans de pratique: on accepte qu'un APA se mette en
société avec un CA ou vice versa. Je ne vois pas pour quelle
raison, messieurs, on met les instituts des auditeurs publics
accrédités en dehors du bill. Je crois que c'est une erreur
involontaire qui a été faite. Normalement, cela devrait
être inclus dedans au même titre puisque nous allons de pair. C'est
notre opinion, je crois que c'est un oubli involontaire qui a été
fait.
UNE VOIX: Avez-vous actuellement des écoles...
M. LEFEBVRE: Monsieur, voici, si vous me permettez, pour être
membre ici dans la province, voici ce qui en est: a)Tout résidant de la
province de Québec qui est un membre en règle
accrédité d'une association connue comme l'Institut des auditeurs
publics accrédités incorporé aux chartes du gouvernement
du Canada; b)Tout résidant de la province de Québec qui est un
membre en règle de toute association comptable et de
vérificateurs incorporée par ou sous l'autorité d'un acte
du Parlement du Canada ou par la Législature de toute province, pourvu
que les qualifications comme membre desdites associations soient dans l'opinion
du bureau d'administration locale équivalentes aux qualifications
requises pour être membre de l'institut: c) Ceci va répondre
à votre question, M. le député. Toute personne de plus de
21 ans qui détient un "degré" conféré par
l'université, un collège ou une école, tel "degré"
étant l'équivalent d'un "degré" de licencié en
science commerciale, qui de plus a complété cinq ans de stage
dans un bureau approuvé par le conseil d'administration locale, tel
stage devant être dans le bureau d'un membre de l'institut si possible ou
dans un bureau de travail qui sera de même nature, tel que prescrit par
les directives de la section.
Cela veut dire que nos membres, il faut qu'ils passent à
l'université au moins de la province de Québec ou une
université d'ailleurs, mais il faut qu'elle soit reconnue. Ce sont nos
exigences. Est-ce que cela répond à votre question?
M. BOIVIN: Ce n'est pas un diplôme qui est décerné
par une école...
M. LEFEBVRE: Une université. On a pas d'école à
nous.
M. BOIVIN: Vous acceptez pour la clérica-ture, par exemple, des
membres mais vous n'avez pas d'école en particulier.
M. LEFEBVRE: Non, monsieur. On accepte l'université.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous une profession qui se renouvelle ou qui
reste stagnante?
M.LEFEBVRE: A chaque année, monsieur, on accepte de nouveaux
membres.
M. LAVOIE (Wolfe): Parce que 200...
M. LEFEBVRE: On a deux examens par année...
M. LAVOIE (Wolfe): 200, cela n'est pas un grand nombre; vous ne devez
pas en accepter beaucoup chaque année. Dans quelques années que
va devenir votre association?
M. POUPART: Nous avons au-delà de 700 membres dans tout le
Canada, il y en a 200...
M. LAVOIE (Wolfe): Je parle au Québec, ici.
M. POUPART: II y en a au-delà de 200 dans le Québec, il y
a des jeunes qui sont acceptés, cela se renouvelle d'année en
année.
M. LAVOIE (Wolfe): Quelle est la moyenne d'âge des membres de
l'association?
M. POUPART: La moyenne d'âge, c'est une question à laquelle
je ne peux répondre.
M. BURNS: Une question sur ce même point-là.
M. POUPART: Oui, M. le député.
M. BURNS: On a parlé tantôt de modus vivendi, du moins
c'est moi qui en ai parlé comme cela et pour sauvegarder les droits
acquis. Est-ce que je me trompe, encore une fois, en disant que la corporation
ou l'institut des comptables publics est appelé éventuelle-
ment à disparaître avec la disparition de son dernier
membre? Est-ce cela que je comprends? Du moins le droit de pratiquer qui est
réservé aux gens qui ont résidé au Québec
depuis 1942 et qui étaient membres le 17 avril 1946, c'est cela qui est
bien confus.
M. LEFEBVRE: Je vais vous répondre, M. le député.
Voici, vous avez raison jusqu'à un certain point. Les membres qui en
1946 ont accepté ont un droit de pratiquer. Depuis on prend des membres
quand même, rien ne nous empêche dans la loi d'en prendre,
seulement on fait signer un engagement à ces membres-là. On exige
le même standard de qualification mais on leur fait signer une formule
disant qu'ils s'engagent suivant la loi à ne pas pratiquer comme
comptable public dans la province de Québec. Il faut être
honnête mais cela ne nous empêche pas de prendre des membres.
Si vous vous en tenez strictement aux membres qui ont le droit de
pratiquer comme comptables publics, automatiquement, tant qu'il n'y aura pas de
fusion avec les CA ou une entente générale pour fusionner notre
profession, on s'élimine graduellement. Cela est logique, mais notre
institut existe toujours; tous les ans, il y a des nouveaux membres qui sont
qualifiés, qui passent des examens et qui sont acceptés.
Seulement, ils ne peuvent pas pratiquer comme comptables publics. Ils vont
faire de la vérification municipale, parce qu'on a un permis pour le
faire.
M. BURNS: Parmi vos membres actuels, les 200 que vous nous avez
mentionnés au Québec, combien y en a-t-il qui pratiquent et qui
ont droit au titre de comptable public?
M. LEFEBVRE: Quarante-deux pour cent, monsieur, aux statistiques de
1971.
M. BURNS: Quarante-deux pour cent, c'est-à-dire à peu
près 84.
M. LEFEBVRE: Les autres ont des postes clés dans les
gouvernements, même de Québec, il y en a qui ont des postes
intéressants, vous en avez un au bout de la table ici, M. Parent, et
dans d'autres services. Presque tous ceux de la ville de Québec sont
employés du gouvernement.
M. BURNS: II y en aurait à peu près 84 qui pratiquent avec
le titre? Est-ce cela?
M. LEFEBVRE: Il y en a d'autres qui en ont le droit et sont à
l'emploi du gouvernement. Ils ont le droit de pratiquer la journée
qu'ils voudront.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, plusieurs ques- tions ont
été posées, ça va éliminer celle-là.
Pourriez-vous exercer votre profession comme ça, tout court?
M. LEFEBVRE: Exactement, on le fait actuellement sous le nom de APA.
M. GUAY: Pourquoi semblerait-il que vous seriez refusés à
l'intérieur de l'association des CA?
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas dit que nous avions été
refusés, M. le député. J'ai dit qu'en 1969 nous avons
rencontré les CA et discuté avec eux en mettant sur la table la
question d'une fusion à venir, c'est toujours en discussion. Seulement,
le bill 250 paralyse l'affaire et ça va peut-être avancer
davantage. Cela va nous pousser à faire la fusion, soit par le bill 250
ou de l'association à l'association. C'est en marche depuis 1969.
M. GUAY: Si je comprends bien l'ensemble de votre mémoire, la
seule demande que vous faites, c'est d'insérer à l'annexe du
projet de loi 250 l'Institut des comptables publics?
M. LEFEBVRE: Notre nom. C'est tout ce que nous demandons. Uniquement
cela. Nous ne sommes pas contre le bill 250. Nous sommes reconnus publiquement
comme comptables publics par la loi, par le code civil, au point de vue de la
compagnie et ainsi de suite, c'est une omission involontaire qui a
été faite. Tout ce que nous demandons, c'est cela, c'est pourquoi
notre mémoire est si bref.
M. GUAY. Si, à l'intérieur du projet de loi 250 on
le suppose votre demande est refusée, est-ce que vous avez le
droit de pratiquer demain matin?
M. LEFEBVRE: La même chose, ça ne nous enlève aucun
droit. Le bill 250 n'a pas encore été accepté, si j'ai
bonne mémoire.
M. GUAY: Non, mais on suppose que la loi 250 va être
votée.
M. LEFEBVRE: A ce moment-là, on verra ce qu'il y aura à
faire, mais nous allons y voir avant. Ce serait une injustice, un point c'est
tout, parce qu'on ne peut pas reconnaître un droit à un individu
et le lui enlever le lendemain matin sans raison. Du moins, je crois que c'est
ça la loi, il faut donner justice à tout le monde. C'est à
vous de décider, ce n'est pas à nous.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans la fonction publique du Québec,
quand il s'agit de
recrutement ou de classification, est-ce qu'on tient compte de votre
titre, de votre certificat, de votre compétence?
M. LEFEBVRE: Dans le Québec, M. Cloutier, c'est drôle
à certains moments, vous savez. La fonction publique de Québec a
des règlements. Elle va dire que les bacheliers en commerce sont
reconnus au service civil. Elle ne parle pas de APA ni de CA ni de CGA, les
membres sont des bacheliers en commerce. Pour les associations de comptables
reconnues, c'est le mot. Ce sont les règlements que vous avez à
la fonction publique. Automatiquement, on ne spécifie pas CA ou APA ou
quoi que ce soit, on demande d'être bachelier en commerce ou membre d'une
association professionnelle. Je vous disais tout à l'heure que la
majorité de nos membres à Québec, qu'ils aient le droit de
pratiquer ou non, sont des employés du gouvernement et ont de bons
postes parce qu'ils sont qualifiés. Est-ce que je réponds
à votre question?
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez des membres à deux paliers. Vous avez
des membres reconnus comme comptables publics et d'autres qui ne le sont
pas?
M. LEFEBVRE: Par la loi, oui. Pour nous, non. Il n'y a qu'un groupe de
membres, mais par la loi, oui.
M. SAINT-GERMAIN: Mais enfin, c'est ce qui arrive. Si on inclut votre
association dans le code des professions, est-ce que vous admettriez qu'il
devrait tout de même y avoir...
M. LEFEBVRE: Nous, comme membres, si nous voulons avoir notre nom
inscrit dans cela, c'est pour nos membres à 100 p.c. Quant aux lois qui
existent actuellement, je ne suis pas avocat, vous pourrez me corriger.
Les lois qui existent actuellement, qui nous séparent à
notre regret, il faudrait les maintenir jusqu'à ce que le bill 250 soit
changé et qu'on ait fait une fusion pour tout le monde. Mais on ne peut
pas revenir. Notre nom dans l'annexe 1 ne nous empêche pas de continuer
à faire ce qu'on fait actuellement, ceux qui ont le droit de le faire et
les autres qui n'ont pas le droit ne le feront pas.
M. POUPART: C'est exact. On ne demande pas de changer quoi que ce soit
dans le bill 250. On demande que notre nom soit dans l'annexe 1, on s'en tient
à ça. Si vous reconnaissez ça, vous ne créez rien.
Vous ne faites que constater ce qui existe en fait. C'est tout.
M. SAINT-GERMAIN: En fait, puisque la loi dans le passé a reconnu
20 p.c. vous avez quoi, 84 ou 85 membres qui sont
considérés comme comptables publics c'est pour eux, dans
l'esprit de la loi, qu'on a voulu garder à ces gens-là, qui
professaient dans le domaine de la comptabilité, les droits acquis. Les
membres nouveaux n'ont certainement pas ces droits acquis, ils n'existent pas
pour vos nouveaux membres. Est-ce que, d'après la loi, ces nouveaux
membres doivent être considérés comme étant des
professionnels ou non?
M. POUPART: Vous distinguez le problème et je vais vous
répondre dans le même ordre. Quant aux membres anciens, comme vous
les qualifiez, par opposition aux membres nouveaux, il n'y a pas de
problème. Je pense que tout le monde est d'accord là-dessus.
Maintenant, ce que vous appelez membres nouveaux et ce que nous appelons nos
membres, parce que nous ne faisons pas de distinction, en vertu de l'article 25
du bill 250, du code des professions qui est devant vous, c'est écrit
que "chaque corporation est formée des professionnels qui en sont
membres et constituent une corporation au sens du code civil." Nous vous
disons: Notre corporation, obtenue par lettres patentes du gouvernement
fédéral, est une corporation au sens du code civil, en vertu de
l'article 353 du code civil.
L'article 25 englobe tout le monde, c'est ma prétention juridique
et c'est ce que je vous soumets. Nous le sommes tous en vertu de l'article 25.
Si nous le sommes dans l'article 25, nous demandons, selon les mêmes
termes, de l'être dans l'annexe 1.
M. FOURNIER: Ici, il faudrait bien préciser qu'une corporation au
sens du code civil, vous pouvez l'obtenir et d'autres groupements peuvent
l'obtenir. A ce moment-là, vous êtes membres de la compagnie X, Y
ou Z. Mais le code des professions, le bill 250, a pour but de mettre de
l'ordre et de permettre à certains groupes de s'appeler professions, la
corporation professionnelle de... Et c'est en vertu de ce bill 250, que le
terme "corporation professionnelle" sera limité à ceux qui
tombent sous l'empire de cette loi. Si vous vous incorporez, ou si des
groupements s'incorporent en vertu de la loi des compagnies
fédérales ou provinciales et deviennent membres d'une
corporation, partie III, ils pourront toujours dire qu'ils sont membres de
telle compagnie. Mais ils ne seront pas membres d'une corporation
professionnelle au sens du bill 250 et c'est peut-être là
où la. confusion se présente.
Maintenant, dans le bill 250, de façon à le mettre aussi
clair que possible, nous avons tenté de conserver les droits qui
existaient dans les différentes lois aux groupements comptables, comme
les APA qui étaient reconnus dans la loi de 1946. C'est pourquoi nous
avons mis une disposition protégeant les membres de cette même
corporation qui existait avant la loi de 1946. Et nous leur reconnaissons dans
la loi le nom de APA.
Vous avez en plus l'article 27 qui reconnaît aussi, pour tout
autre organisme existant avant 1946, les personnes qui avaient des droits
acquis; le bill 250 ne leur enlève pas ces droits-là. Il leur
permet de les continuer en vertu de l'article 27, mais il les limite aux
personnes qui étaient membres avant 1946 et non pas aux personnes qui
sont devenues membres en 1970 ou 1971.
M. BURNS: M. le ministre, j'aimerais peut-être, sur ce
point-là, poser une question. C'est contre le règlement
mais...
M. LE PRESIDENT: Je vous donne une permission spéciale.
M. BURNS: Vous êtes bien aimable, M. le Président, comme
toujours. Si je comprends bien, le fait que cette corporation ou que cet
institut-là ne soit pas régi, les quelque 84 membres, ne faisant
pas partie d'une corporation professionnelle au sens du bill 250, à
toutes fins pratiques ne seront pas régis par les codes d'éthique
ou quoi que ce soit.
H me semble que c'est un peu de la générosité de
leur part. Ils pourraient dire: Nous, nous n'avons pas de normes
d'éthique à suivre, ni quoi que ce soit, mais le fait qu'on
veuille que notre institut soit inclus du moins pour les membres qui sont
là actuellement et ceux qui ont des droits acquis jusqu'à ce que
la corporation s'éteigne vis-à-vis de cette loi, si vous
n'incluez pas ces gens-là, ils n'auront pas de normes à suivre et
ils pourront faire du travail qui est l'équivalent à ce
que je comprends d'un travail de CA. Je me demande si c'est souhaitable
que des gens puissent faire du travail qui est déjà régi,
un travail de CA. Les CA vont être obligés de se plier à
certaines normes, à certains codes d'éthique alors que ces
gens-là, si vous n'incluez pas leur institut, vont faire le même
travail sans se faire régir par les mêmes normes. C'est ce qui me
frappe à moins que je ne comprenne mal la situation.
M. FOURNIER: Ces gens-là ne seront pas membres d'une corporation
professionnelle. Ils seront limités par les lois à la tenue de
livres, si l'on retient les éléments qui ont été
donnés sauf...
M. BURNS: Pas d'après l'article 45. L'article 45 de la Loi de
l'Institut des comptables agréés...
M. FOURNIER: La difficulté, c'est que l'article 45 est
rédigé pour une corporation qui ne se présente pas
aujourd'hui, c'est une autre corporation qui se présente
aujourd'hui.
M. BURNS: Sauf que ces gens-là nous disent que les APA qui sont
visés à l'article 45 sont membres de l'institut des APA. Cela me
pose un problème en ce sens que je vois que c'est au désavantage
des CA de ne pas les inclure. Vous allez avoir deux types de gens qui vont
faire la même profession du moins pendant tout le temps que les
APA vont exister, reconnus par la loi et qui peuvent
théoriquement être régis, tous deux, par des normes
différentes.
M. FOURNIER: Les seuls APA qui sont reconnus par la loi sont les APA de
l'article 45 et ne sont pas ceux qui appartiennent à l'association qui
se présente aujourd'hui. Ce n'est pas l'association d'aujourd'hui. C'est
une autre association.
M. BURNS: Ils en ont 84 apparemment. Il y en a 42 p.c...
M. POUPART: Ce sont les mêmes.
M. LEFEBVRE: Ce sont tous des membres de la corporation. Je suis
peut-être dur de "comprenure", si on peut employer ce mot-là. Vous
parlez des corporations professionnelles reconnues qui sont
énumérées ici. Je vais poser une question. Si elle n'est
pas bien, vous me le direz. Toutes les corporations qui sont ici sont-elles
inscrites par bill privé à Québec ou par une charte
émise par le gouvernement du Québec, à la troisième
partie?
M. FOURNIER: Voici ma réponse. Il y a plusieurs incorporations,
en fait, le groupement suivant qui se présentera, s'il a des
représentants, "la Guilde," est une nouvelle charte qui vient
d'être donnée en 1970, je crois.
M. LEFEBVRE: Alors, cette corporation est comprise à l'article
352 du code civil.
M. FOURNIER: C'est ça.
M. LEFEBVRE: Alors, nous aussi. Nous avons une charte
fédérale qui tombe à l'article 352 et qui est conforme
à l'exigence du bill 250. Je ne vois pas qu'il y ait quelque chose qui
empêche...
M. FOURNIER: Vos prétentions seraient justes. Vous avez deux
prétentions. Premièrement, vous prétendez avoir
succédé à l'ancienne corporation et, deuxièmement,
vous prétendez que votre nom devrait être indiqué dans
l'annexe. Si l'article 45 était rédigé de façon
à changer le nom de International Society of Commerce pour le remplacer
par le nom de votre association, est-ce que cela règle une partie de
votre problème?
M. LEFEBVRE: Cela réglerait le problème mais, au point de
vue légal, nous n'aurions pas notre nom.
M. POUPART: Le nom que nous avons, qui existe.
M. LEFEBVRE: Notre nom est légal, on ne peut pas en prendre un
autre dans le moment. Il est accepté dans le Canada tout entier.
M. POUPART: Cela ne réglerait pas le problème
soulevé par M. le député de Burns.
M. BURNS: Ce n'est pas régi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe a une question.
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'est-ce qui arriverait d'un comptable public
licencié en Ontario qui voudrait pratiquer au Québec? Je veux
savoir la différence qui peut exister.
M. LEFEBVRE: II n'y a pas de loi de réciprocité, monsieur,
entre l'Ontario et le Québec, par rapport à ça. Ce sont
justement nos discussions avec les CA. Toutefois, dans la loi de l'Ontario,
celle que le gouvernement, le conseil de comptabilité ont faite pour
l'Ontario, il est dit qu'un type qui a le droit de pratiquer dans sa province a
le droit de pratiquer dans n'importe quelle province où c'est reconnu. A
part la province de Québec. Nos membres ne peuvent pas venir professer
ici. Nous pouvons aller en Ontario d'une manière, en demandant une
licence spéciale et on va nous le permettre. C'est ça,
monsieur?
M. FOURNIER: II y a des lois de l'Ontario...
M. LEFEBVRE: M. X. est un membre qui a des clients en Ontario; il
demande une permission spéciale; on lui donne une licence temporaire et
il va travailler en Ontario. Vous avez d'autres CA, dont un des principaux
associés est un APA; ils ont un permis eux aussi pour aller pratiquer en
Ontario. Mais nous ne pouvons pas ouvrir un bureau en Ontario. Vous avez le
même cas ce n'est peut-être pas la profession pour
les ingénieurs. Un ingénieur ne peut pas venir travailler ici
s'il vient de l'Ontario, sans avoir un pied-à-terre dans un bureau, sans
avoir un permis. L'Ontario exige de nous la même chose. Nous demandons un
permis, nous avons une vérification à faire à Ottawa; on
va nous donner un permis, mais pas de bureau.
M. LAVOIE (Wolfe): Un comptable public de l'Ontario ne peut pas venir
s'installer au Québec.
M. LEFEBVRE: Non.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. Fournier a une question.
M. FOURNIER: C'est une question relative aux questions posées par
M. Burns. Est-ce que vous croyez qu'il serait raisonnable pour votre
association, composée d'environ 89 membres, d'avoir toutes les exigences
du bill 250, à savoir: comité de discipline, comité
d'inspection professionnelle, etc? Je comprends que vous avez certaines normes
de déontologie et peut-être certains comités, mais est-ce
que votre association accepterait de se soumettre à toutes les
formalités de la loi générale sur les professions?
M. LEFEBVRE: Certainement, M. le ministre. Si nous vous demandons
d'inscrire notre nom, c'est parce que, automatiquement, nous acceptons en
principe le bill 250.
M. POUPART: Nous n'aurions pas demandé ça si nous
n'acceptions pas le bill.
M. FOURNIER: Je comprends que pour 89 membres, former un comité
d'inspection professionnelle de trois membres, former un bureau en vertu de
certaines normes, former un comité de discipline, avoir un syndic...
M. LEFEBVRE: Nous avons tout. M. le ministre, actuellement, vous parlez
de 84 membres, nous n'avons pas le droit de parler de 84 membres. Nous avons un
code d'éthique, nous avons toutes ces choses-là et si c'est
changé par le bill 250, nous allons nous y conformer.
M. FOURNIER: C'était une question et j'ai eu la
réponse.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'avez pas le droit de parler de 84 membres mais
nous avons bien le droit d'en parler, parce que, au point de vue de la loi,
pour le législateur, ces gens ont des droits acquis que vos nouveaux
membres n'ont pas. N'est-ce pas là tout le problème pour
faire suite aux arguments du député de Maisonneuve, et qui sont,
à mon avis, absolument fondés pour le législateur
de bien sortir de cette situation ambiguë. Vous ne voulez pas faire de
discrimination entre vos membres mais la loi en fait une. Le législateur
est obligé de continuer dans le même sens. Quelle serait pour
vous, dans ce sens, la meilleure solution possible pour le
législateur...
M. POUPART: Mais voici.
M. ST-GERMAIN: ... qui lui est obligé de par la loi de faire une
discrimination entre vos membres?
M. POUPART: Voici, là, vous voulez nous diviser, c'est cela qui
est le problème.
M. ST-GERMAIN: Je n'ai absolument pas d'arrièrerpensée,
croyez-moi, je parle d'une
question de fait. Vous êtes divisés, c'est une question de
fait, de par la loi. Alors, en partant des faits et non pas des théories
ou de votre bonne volonté, ou de la considération que vous portez
à vos nouveaux membres.
M. POUPART: Je vais vous répondre en deux mots,
brièvement. L'historique des professions au Québec, comme
l'historique des métiers, c'est la même chose. Autrefois le
notaire qui voulait devenir notaire suivait un vieux notaire et devenait clerc
de notaire et, à un moment donné, il devenait notaire. Le
médecin devenait médecin petit à petit. A un moment
donné, les universités, les corps enseignants sont arrivés
et ont exigé des certificats. Les cours préparatoires, ça
ne comptait pas; c'était la pratique qui était le cours
préparatoire et l'université ou le collège ou l'institut
reconnaissait. C'est comme cela que c'est devenu petit à petit...
M. LAVOIE (Wolfe): Les optométristes ont remplacé les
vendeurs de lunettes...
M. POUPART: C'est cela, mais il a fallu avoir un commencement, le
Québec a eu un commencement. Maintenant on est rendu à un niveau
où on a des corps universitaires qui vont légiférer et qui
vont nous donner des droits, qui vont nous donner des permissions de pratiquer
et de s'inscrire à telle ou telle science. Cela, c'est l'historique.
Parallèlement à cela, dans le même ordre d'idées,
notre association a fait la même chose: elle est venue au monde, elle a
progressé, et puis elle a été reconnue par la loi. La
même façon d'entraîner les jeunes à ces professions a
été suivie par l'institut des APA. Alors là, pour arriver
spécifiquement à votre question, après le préambule
que je viens de vous faire, on est des gens "seniors", appelons-les "seniors",
parce qu'ils sont là, depuis 1946. Ce sont des gens qui sont très
compétents, qui veulent se renouveler et ont des jeunes qui les suivent
et qui marchent dans leurs sentiers battus. Ils veulent continuer. Il ne
faudrait pas, disons, nous couper et désintégrer quelque chose
qui va bien, qui marche en vertu de certaines règles de pratique, qui
est reconnu, et qui a été reconnu par une charte
fédérale, c'est cela qui est le problème. On veut
continuer dans le même sens et on veut être reconnu globalement
dans le même sens, c'est cela qui est notre prétention. C'est cela
que l'on vous soumet.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question par le
député de Dorchester.
M. GUAY: Vous avez sans doute pris connaissance des différents
mémoires qui ont été soumis à la commission, dans
le monde de la comptabilité, est-ce que vous acceptez ou si vous
êtes d'accord sur les recommandations, disons en général,
qui ont été faites par différentes associations du monde
comptable?
M. POUPART: Chacun a son problème, chacun a ses problèmes
à régler. Nous nous sommes satisfaits du principe du bill 250 et
nous demandons d'être inscrits sous l'égide de ce bill-là,
pour la protection du public, du gouvernement et de nos membres. C'est tout ce
que l'on peut dire. On ne peut pas parler pour les autres.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je veux remercier la
délégation des APA, et j'espère que le gouvernement
comprendra vos représentations. Maintenant, on passera à la
Guilde des comptables industriels, si ses représentants sont
arrivés. La guilde est arrivée? Alors, s'ils ne sont pas ici.
Suivant nos règlements, ils ont perdu le droit de présentation.
On me dit que la Corporation des administrateurs agréés de
Québec peut prendre un peu de temps; on suspend la commission
jusqu'à 4 heures, après la période des questions en
Chambre. Ici dans la même salle à 4 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
Reprise de la séance à 16 h 21
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, je constate que nous avons une
délégation imposante de la Corporation des administrateurs
agréés du Québec. Nous sommes prêts à
entendre votre mémoire.
Corporation des administrateurs agréés
du Québec
M. TANGUAY: André Tanguay, administrateur général.
C'est un principe administratif que de déléguer. C'est pour cette
raison que je suis seul aujourd'hui quoique nous étions plus nombreux ce
matin.
Je désirerais faire remarquer, en commençant, que la
corporation fait partie du conseil interprofessionnel et qu'au sein du conseil
nous avons étudié le bill 250. Nous acceptons en principe la
majorité des articles du bill et je ne voudrais pas y revenir. Je
voudrais seulement attirer votre attention sur un point un peu spécial,
soit l'article 35 a) du bill 250.
L'article 35 a) essaie de donner une définition de la Corporation
professionnelle des comptables en administration industrielle du Québec.
Cette définition est la suivante: "Etablir des prix de revient et faire
de la comptabilité industrielle, de l'organisation et de la gestion des
affaires". Il nous a semblé, à la lecture de cet article, qu'il y
avait trois activités professionnelles relativement étanches,
soit établir le prix de revient, faire de la comptabilité
industrielle et de l'organisation et de la gestion des entreprises,
distinctement.
Notre corporation s'oppose à ce terme "gestion des affaires" et
cela pour quelques raisons. Gestion, à notre avis et selon le petit
Larousse, est synonyme d'administration, et ce terme très vague
parce que dans la loi, c'est très général devrait
être réservé à la Corporation des administrateurs
agréés du Québec. A remarquer également que la
majorité de nos membres détiennent un diplôme universitaire
en gestion des affaires, car auparavant il y avait, dans les
universités, deux sections terminales, soit la comptabilité ou la
gestion des affaires.
Je regarde également la définition que les comptables en
administration industrielle ont essayé de faire d'eux-mêmes. Et
comme par hasard, la définition qu'ils ont faite de leur tâche
à ce moment-là nous convient parfaitement. Et elle se lit comme
suit: Premièrement, faire de la comptabilité, de la gestion, en
fournissant et utilisant l'information comptable et financière et toute
autre information pour la prise de décisions relatives à la
planification, au contrôle et à la gestion des entreprises.
Deuxièmement, offrir au public des services de conseillers en
matière d'élaboration, d'administration, de système
comptable, de planifica- tion et de contrôle financier des entreprises.
Cette définition qu'ils ont tenté de faire nous semble être
assez bonne et couvrir effectivement le champ d'action qu'ils ont toujours
occupé les années passées.
J'aimerais de plus noter dans notre propre définition, si vous me
permettez de la lire, celle de la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés du Québec: "Participer à
l'établissement, à la direction, à la gestion d'organismes
publics ou d'entreprises, en déterminer ou en refaire les structures
ainsi que coordonner et contrôler leur mode de production ou de
distribution et leur politique économique ou financière."
Nous avons, surtout dans une partie ici, "refaire les structures",
supposé que cela incluait évidemment nos conseillers en
administration. C'est une question à laquelle j'aimerais avoir une
réponse, à un moment donné. Nous avons supposé que
ça voulait dire cela.
J'aimerais souligner également, si vous permettez, deux
suggestions pour ce qui est des conseilleurs eh administration qui, en grand
nombre, font partie de notre corporation. Nous souhaiterions personnellement,
comme corporation, que ces conseillers en administration soient
surveillés par l'Etat tout comme notre corporation et qu'au moins un
administrateur agréé par bureau de conseillers en administration
soit nécessaire. Cet administrateur agréé pourrait
détenir une licence pour le bureau, car aujourd'hui n'importe qui peut
se dire conseiller en administration et donner un conseil à une
entreprise ou à un individu.
Nous aurions une autre suggestion aussi à vous faire, celle
d'autoriser les administrateurs agréés ou une partie de ceux-ci
à décerner un certificat attestant la bonne administration de
l'entreprise. Par exemple, lorsqu'une entreprise entre sur le marché ou
émet des actions sur le marché, vous avez dans son prospectus
cinq, six pages ou plus qui traitent de l'aspect financier de la compagnie, le
tout contresigné par un comptable agréé et vous avez toute
l'autre partie qui explique les structures et l'organisation administrative de
la compagnie; ce qui est peut-être aussi important pour eux pour vendre
des actions, c'est le public.
Dans cette partie-là, ils peuvent évidemment dire ce
qu'ils veulent; il n'y a aucun contrôle qui agit.
Personnellement, j'ai terminé.
M. LE PRESIDENT: Pas de question ici? Le Solliciteur
général.
M. FOURNIER: Je vous remercie des remarques appropriées qui ont
été faites. J'aimerais particulièrement attirer votre
attention sur l'article 36 du bill 250 qui prévoit que, lorsqu'une
certaine définition de tâche est inscrite à l'article 35
pour les différentes corporations, ceci n'accorde pas un
privilège exclusif et n'empêche pas, comme dans votre cas,
d'agir,
peut-être, dans un domaine qui est déjà
précisé pour un autre groupement. Est-ce que cet article ne
répond pas quelque peu à vos appréhensions?
M. TANGUAY: Oui. Cela nous satisfait très peu, parce que nous
nous demandons pourquoi deux corporations qui auraient à peu près
le même but ou les mêmes prérogatives.
M. FOURNIER: Relativement aux corporations du genre, vous nous avez
mentionné les conseillers en administration qui eux-mêmes
présentent un mémoire la semaine prochaine, et vous dites que ces
membres-là sont déjà membres de votre organisme, qui a un
titre réservé. Nous tentons, autant que possible, de grouper des
personnes qui agissent dans le même domaine de la comptabilité et
je crois qu'en conséquence votre domaine est celui qui devrait regrouper
les conseillers en administration.
M. TANGUAY: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. FOURNIER: Quant aux remarques relativement aux définitions,
ceci va faire l'objet d'études plus approfondies par la commission.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Tanguay, votre corporation professionnelle,
la Corporation professionnelle des administrateurs agréés, est
une des plus jeunes corporations professionnelles qui existent. Combien
compte-t-elle de membres actuellement?
M. TANGUAY: Tout près de 1,000 membres répartis dans la
province.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis le début, est-ce que les
objectifs poursuivis par la corporation ont pu être assumés, ont
pu être atteints?
M. TANGUAY: Ils sont tout au moins en voie d'être atteints. Je
pourrais peut-être vous faire un très court résumé
de ce qu'on fait, vous dire quel genre de programme d'activités on a.
Par exemple, on a un programme majeur qui est de perfectionner l'administrateur
comme tel, par le perfectionnement des membres. Nous avons sept
régionales qui oeuvrent tous les ans et qui, chaque année, ont
cinq, six, sept ou huit activités pour l'information et le
perfectionnement des membres.
Nous avons au niveau provincial également un congrès et
différentes autres activités. Nous avons également des
services au public vis-à-vis des institutions d'enseignement. Nous
sommes à effectuer une banque d'administrateurs compétents,
qu'ils soient agréés ou pas.
Je pense que l'orientation que nous avions prise depuis cinq ans est en
voie d'être réalisée. On ne peut pas dire que tout est
fait. Au contraire, nous avons beaucoup plus de programmes à faire que
nous en avons de faits. Les buts que nous nous étions fixés il y
a cinq ans, nous les avons atteints aujourd'hui et même
dépassés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il serait possible pour un
professionnel qui appartiendrait aux CGA ou aux APA ou à l'un des
groupes qui sont devant la commission aujourd'hui, qui ne fait pas de
comptabilité mais qui s'occupe davantage de gestion, de faire partie de
la corporation des administrateurs agréés?
M. TANGUAY: Actuellement, nos normes d'admission sont seize ans de
scolarité dont trois ans en sciences de l'administration, avec une
exception qui s'applique aux autres professionnels quels qu'ils soient. Le
médecin, par exemple, qui travaille dans un hôpital.
L'ingénieur ou autre qui, lui, aurait fait deux ans en sciences de
l'administration et oeuvre aujourd'hui dans l'administration, ce qui rend
éligible la grosse majorité des CA, des RIA et des CGA.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous étiez ici ce matin, M. Tanguay?
M. TANGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez entendu la discussion entre les CGA,
les APA et les membres de la commission. Tout à l'heure nous entendrons
les comptables agréés et les RIA. Est-ce qu'il sera possible
on posera la question tantôt aux CA, ils nous donneront la
réponse mais, advenant le cas où il y aurait une fusion de
certaines sections, je prends les APA en particulier, j'ai l'intention de
demander et je pose la question tout de suite, les CA nous
répondront tantôt si les CA absorbaient les effectifs,
admettaient au sein de leur corporation les effectifs APA il y a 80
membres environ qui s'occupent des comptabilité publique, il en reste
120 j'imagine que les autres font plutôt de l'administration et
occupent des postes administratifs. C'est exactement le même cas pour des
CA aussi et pour des CGA qui occupent des postes administratifs. Est-ce que
pour ceux-là ça réglerait le problème qu'une partie
des effectifs aille vers les CA et que l'autre partie des effectifs aille vers
les administrateurs agréés?
M. TANGUAY: II n'y a aucun problème, si nous pouvons
considérer ces gens comme des professionnels selon les normes
généralement établies, c'est-à-dire un cours
universitaire ou seize ans de scolarité dont trois ans en sciences de
l'administration.
Nous avons une exception, quinze ans de scolarité, deux ans en
sciences de l'administration plus un examen. Ce sont des règles
internes, du moment que ces gens-là pourront être
considérés comme des administrateurs professionnels, ils seront
admissibles chez nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, la corporation n'aurait
pas d'objection à étudier ce problème, conjointement avec
les autres corporations professionnelles, si c'était le désir de
l'ensemble de ces corporations.
M. TANGUAY: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment, vous n'avez pas
élaboré tellement le projet de loi 250, parce que vous nous avez
dit tantôt que vous avez participé aux travaux avec le conseil
interprofessionnel qui est venu devant la commission comme premier opinant.
Cela suppose que le conseil interprofessionnel était le porte-parole de
la Corporation des administrateurs agréés en ce qui touche
particulièrement le code des professions. D'autre part, est-ce que vous
seriez d'avis que la loi devrait reconnaître officiellement le conseil
interprofessionnel ou si on devrait, comme plusieurs corporations l'ont
mentionné, le laisser sur une base de volontariat et que la loi ne le
consacrerait pas officiellement?
M. TANGUAY: Nous avons exprimé au conseil interprofessionnel
qu'il serait préférable que ce conseil demeure libre. A notre
avis, il ne semble pas pouvoir être certain, tout au moins, d'exister
lui-même longtemps. Il s'agit que les corporations qui en font partie
décident de laisser tomber le conseil interprofessionnel et il
disparaîtrait, tel que connu. Il n'est pas très heureux de le voir
institutionnalisé; peut-être que, dans dix ou douze ans, il nous
sera inutile. D serait préférable qu'il soit volontaire, quoique
ça ne nous apparaît pas être un inconvénient majeur
qu'il soit institutionnalisé à l'intérieur du conseil
interprofessionnel. Mais il serait peut-être plus utile s'il était
libre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Dans le programme 2, vous mentionnez que la
majorité de vos membres détiennent un diplôme universitaire
en gestion des affaires. Vous avez mentionné tout à l'heure qu'il
fallait un diplôme de trois ans en sciences d'administration ou qu'on
pouvait admettre des ingénieurs et médecins avec deux ans
d'études. Ce sont des études universitaires ou des études
pratiques?
M. TANGUAY: Des études universitaires.
M. PERREAULT: Deux ans d'études universitaires en
administration.
M. TANGUAY: Dans la majorité des cas, ça mène au
MBA.
M. PERREAULT: Est-ce que tous vos membres ont au moins un diplôme
universitaire de quelque façon?
M. TANGUAY: Tous nos membres ont un diplôme universitaire minimum,
celui de bachelier en commerce. Je ne dirai pas qu'il n'y a pas quelques
exceptions, mais disons que lorsqu'il n'existait pas de diplôme
universitaire dans notre secteur je remonte à l'année 1946
ou avant 1946 si ma mémoire est bonne, alors qu'il n'y avait pas de
diplôme universitaire il y a eu de la part de l'université
Laval une reconnaissance des gens qui avaient terminé avant, par exemple
à l'Académie.
C'est au moins un bachelier. On a admis ces gens-là. Ils sont en
très petite partie, peut-être 5 p.c. ou 8 p.c. de nos membres.
M. PERREAULT: Ce sont des diplômes par équivalence?
M. TANGUAY: Oui.
M. PERREAULT: II faut un diplôme pour y entrer maintenant.
M. TANGUAY: Oui.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions de la part des membres de
la commission? Merci, M. Tanguay.
M. TANGUAY: C'est moi qui vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'Institut des comptables agréés du
Québec.
Institut des comptables agréés du
Québec
M. REEKIE: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission parlementaire spéciale sur les professions, la
délégation de l'Institut des comptables agréés du
Québec, qui a l'honneur de se présenter devant vous cet
après-midi, est composée, à ma gauche, de MM. Frank Denis,
ancien président de notre institut; Pierre Barry secrétaire de
notre institut; André Desrochers, notre directeur adjoint; Yvon
Normandin, notre vice-président et président de notre
comité sur les bills 250 et 264; à ma droite, de Me Gaston
Pouliot, notre conseiller juridique et de MM. Marcel Caron, ancien
président de notre institut; CD. Mellor, directeur administratif de
notre institut; Boris Levi-ne, membre de notre comité d'enquête et
je me présente, Alastair Reekie, président de l'institut.
L'Institut des comptables agréés a déjà
soumis un mémoire sur le bill 250, le code des professions et sur le
bill 264, Loi des compta-
bles agréés. Nous pensons qu'il serait inutile aujourd'hui
de répéter simplement devant vous nos recommandations sur ces
projets de loi.
Nous voudrions mentionner les points que nous croyons être les
plus importants, après avoir brossé un tableau sommaire de notre
corporation.
M. le président, l'Institut des comptables agréés
de Québec a été fondé en 1880. Nous avons donc 92
ans et je crois que, dans le monde, il n'y a que deux associations de
comptables qui soient plus anciennes que la nôtre. Durant nos 92 ans
d'existence, notre seul but a été de former des
experts-comptables et des vérificateurs compétents capables de
servir les besoins du public. Notre effectif n'a pas toujours été
aussi important qu'à l'heure actuelle. Quarante ans après sa
formation, notre institut n'avait encore formé que 130 comptables
agréés. L'un d'eux s'installa à Québec en 1922 et
il fonda le troisième bureau d'experts-comptables de cette ville. D y a
seulement 25 ans, nous comptions environ 1,000 membres, mais lorsqu'à
cette époque le gouvernement décida de confier
l'exclusivité de l'expertise comptable à une seule association
professionnelle, comme dans le cas des médecins, des avocats, des
notaires, etc., c'est notre institut qui a eu l'honneur d'être
choisi.
Notons en passant que les quelques autres experts-comptables en exercice
à l'époque furent traités généreusement,
certains devenant membres de l'Institut des comptables agréés
sans avoir passé d'examen, les autres recevant un permis d'exercice.
Cette réorganisation de la profession s'est avérée
bénéfique pour la province, car l'expansion de l'industrie dans
les années d'après-guerre s'est accompagnée de
l'accroissement du nombre de comptables agréés qui est
passé de 1,000 en 1946 à 5,300 aujourd'hui. Les
experts-comptables ne sont plus maintenant concentrés uniquement dans
les grandes villes. Ils oeuvrent en effet dans plus de 800 cabinets
d'experts-comptables répartis dans 120 villes de notre province. Nous
estimons qu'à l'heure actuelle il existe des cabinets
d'experts-comptables partout où le besoin s'en fait sentir.
Afin d'assurer aux experts-comptables une formation adéquate et
de veiller à ce qu'ils se conforment dans leur pratique à des
normes professionnelles élevées, les 5,300 membres de l'Institut
des comptables agréés de Québec se sont donné un
personnel permanent de 25 personnes et un budget annuel de plus de
$500,000.
En s'appuyant sur le manuel des normes professionnelles minimales,
rédigé avec grand soin et constamment mis à jour,
l'institut poursuit vigoureusement les délinquants par le truchement de
son comité d'enquête et de son comité de discipline. Cette
attitude est bien différente de celle des autres associations de
comptables de la province qui, elles, ne groupent pas des experts-comptables et
qui ne cachent pas qu'elles prennent rarement des mesures disciplinaires
à l'endroit de leurs membres.
M. le Président, nous sommes fermement convaincus que l'unique
moyen de former les futurs experts-comptables est de leur faire suivre un stage
d'un, deux ou trois ans dans un cabinet d'experts-comptables après
qu'ils ont terminé leurs études théoriques. Les
médecins, les avocats et les notaires utilisent le même
système de formation pratique. Ce système est
éprouvé et il s'est révélé
bénéfique tant pour le public que pour les professions en
question. De toutes les associations de comptables, seul notre institut est en
mesure d'assurer ce type de formation. Depuis 92 ans, nous sommes conscients de
nos responsabilités envers le public et nous n'avons jamais
ménagé nos efforts pour faire face à ces
responsabilités. Bien que les pouvoirs publics n'aient jamais
exercé de contrôle sur nos activités dans le passé,
nous ne nous opposons pas, en principe, à l'instauration d'un certain
contrôle. Ce que nous redoutons, cependant, c'est que ce contrôle
soit excessif. Je demanderais maintenant à notre conseiller juridique,
Me Gaston Pouliot, de commenter les recommandations les plus importantes de
notre mémoire.
M. POULIOT: M. le Président, conformément aux directives
du président des comptables, je ne toucherai, dans cet exposé,
que les points les plus essentiels parmi les recommandations majeures que
l'institut a faites. Je dois vous dire que j'ai fait les efforts les plus
louables pour tâcher de me restreindre à l'intérieur des 20
minutes réglementaires. Si, par hasard, nous les dépassions un
peu, j'espère que nous aurons votre indulgence.
Un premier commentaire s'impose. L'institut fait
décidément sien l'objectif fondamental visé par le
législateur à l'occasion de cette législation, soit la
protection du public. Ainsi qu'il apparaft au mémoire et ainsi qu'a eu
l'occasion d'y faire allusion brièvement le président de
l'institut, c'est justement cet objectif qui a inspiré l'action de
l'institut depuis fort longtemps et plus particulièrement depuis la loi
de 1946. Je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler qu'en ce qui concerne le
rôle des membres de l'institut, la notion de public ou
d'intérêt public prend une extension assez exceptionnelle. Alois
que pour les praticiens de plusieurs professions, c'est le client qui incarne
à lui seul la notion de public et qui suffit à en définir
l'extension, pour le comptable agréé, au contraire, l'acte
professionnel rejoint, par-delà le client, une multitude d'utilisateurs
éventuels et inconnus au moment où l'acte est posé.
Ainsi l'expert-comptable, qui se porte garant de la
sincérité du bilan de son client ou encore qui contresigne un
prospectus, engage sa responsabilité à l'endroit de tout
investisseur et bailleur de fonds éventuel, de même qu'à
l'égard du fisc et de maints services administratifs et financiers de
l'Etat.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais d'abord aborder le
problème que suscitent certaines dispositions des deux lois relativement
au champ d'exercice des CA et, compte tenu de ce que j'ai entendu ce matin, je
me rends compte que cela n'est pas un sujet nouveau depuis le début de
la journée.
M. le Président, en 1946 le législateur a voulu
démarquer et définir ce qu'il est maintenant convenu d'appeler la
comptabilité publique et il a voulu en réserver
l'exclusivité à une corporation professionnelle, les CA. Selon
l'article 13 de la loi de 1946, et je pense que la définition est
extrêmement importante, elle est à la base, à tout le
moins, de l'exposé que nous voulons vous faire "un comptable
public est une personne qui, moyennant rénumération, s'engage
dans l'art ou la science de la comptabilité ou dans la
vérification des livres ou comptes". Je signale tout de suite qu'il y a
immédiatement deux sphères qui sont très nettement
précisées, c'est-à-dire l'art et la science de la
comptabilité et, secondement dans la vérification des livres ou
des comptes. La définition se poursuit avec les mots suivants "offre ses
services au public".
L'élément capital de la définition, et ce qui
différencie justement le rôle et la corporation, est contenu dans
les mots "et offre ses services au public", lesquels mots, M. le
Président, caractérisent spécifiquement la
comptabilité publique et distinguent nettement la pratique comptable
à l'égard du public en général de la pratique
comptable à l'égard d'employeurs particuliers.
Si je peux faire ici une parenthèse, M. le Président, il
me paraît bien que le souci primordial du législateur à
l'occasion de la présente législation générale sur
les professions, c'est de protéger le public en général.
Il ne s'agit pas de protéger une grande entreprise qui retient les
services d'un avocat ou d'un médecin ou d'un expert-comptable, je pense.
Il ne s'agit pas de protéger il me vient tant de noms de grandes
entreprises à l'esprit une grande entreprise contre un de ses
employés, il s'agit de protéger le public multiple qui fait
affaires avec un professionnel qui exerce de façon
indépendante.
Il me semble en tout cas que c'est bien l'optique du
législateur.
Le législateur en 1946 n'a pas voulu par là, je pense,
accorder un monopole à un groupe donné d'individus. D'ailleurs,
je pense que la loi de 1946, si on la lit bien, est très
éloquente à ce sujet. Le législateur en 1946 a voulu
définir une vocation ou si l'on veut un rôle particulier
comportant une optique et des exigences particulières axées sur
le service du public.
Je rappelle les mots "offrir au public", le service du public en
général par opposition, encore une fois, aux services d'un
employeur particulier. Ce rôle, M. le Président, il a voulu le
réserver, non pas, encore une fois, à un groupe donné
d'individus mais à quiconque choisirait cette orientation.
Dans les faits, cette loi a eu pour effet d'intégrer à
l'Institut des comptables agréés du Québec la plupart de
ceux qui exerçaient alors la comptabilité publique d'une part, et
d'autre part de consacrer les droits acquis des autres praticiens de la
comptabilité publique.
M. le Président, plus particulièrement, il faut signaler
qu'avant les lois de 1946 car il y en a eu deux existaient,
à ce moment-là, parallèlement deux sociétés:
la Société des comptables agréés de la province de
Québec, devenue l'Institut des comptables agréés de
Québec et, d'autre part, une autre société de comptables
connue alors sous le nom de la Société générale des
comptables. Pour se référer aux initiales et pour faciliter
l'appellation de l'une et de l'autre, disons qu'avant la législation de
1946, les CA d'une part et les CGA d'autre part se parta-gaient effectivement,
d'ailleurs avec d'autres groupes, le champ de la comptabilité publique.
C'est un fait qu'avant 1946 et les CA et les CGA faisaient de la
comptabilité publique.
La législation de 1946 relative aux comptables, soit les
chapitres 47 et 89, sanctionnée le même jour, le 17 avril 1946, et
c'est un détail important sanctionnée le même jour,
les deux lois se complètent et doivent se lire ensemble
illustrent on ne peut plus clairement la vocation particulière et
différente que le législateur a voulu assigner à chacune
des deux corporations. D'une part, le chapitre 47, soit la loi pour
réglementer la pratique de la comptabilité et de la
vérification, d'abord définissait la comptabilité publique
j'ai lu la définition ensuite en réservait
l'exclusivité aux CA mais surtout permettait à tout CGA,
résidant dans la province et en règle avec son association au 17
avril 1946, date de la sanction de la loi, d'obtenir en tout temps, sans
conditions, un permis d'exercice de la comptabilité publique. Au
surplus, tout LCGA, après un an de pratique de la comptabilité
publique, pouvait devenir automatiquement, encore une fois sans conditions,
membre de l'institut, c'est-à-dire CA.
D'autre part, M. le Président, le chapitre 89, encore une fois
sanctionné le même jour que l'autre, regroupait dans une nouvelle
corporation, soit l'Association des comptables généraux
licenciés de la province de Québec, tous les CGA qui ne
choisiraient pas, ni alors, ni plus tard, de se joindre aux CA. Et le
législateur, dans ce second panneau des deux lois de 1946,
prévoyait spécifiquement, à l'article 25 de la
deuxième loi, que nul membre de la corporation. C'est-à-dire que
nul membre de la corporation des CGA ne pouvait pratiquer dans la province
comme comptable public, tel que défini dans la loi pour
réglementer la pratique de la comptabilité et de la
vérification.
Bref, M. le Président, c'est un réaménagement
complet des deux corporations auquel procédait le législateur,
assignant en exclusivité à l'une d'elles, les CA, le domaine de
la comptabilité publique, excluant expressément l'autre
corporation de ce même domaine, mais octroyant à tout membre des
CGA tout
membre à la date de la sanction de la loi le droit d'opter
en tout temps, à son gré, sans condition, pour la
comptabilité publique. Cette option existe toujours et elle est de
nouveau consacrée aux articles 37 et 44 du bill 264.
En somme, un rôle différent était assigné
à chacune des deux corporations. Comme chacun des deux groupes
exerçaient antérieurement la comptabilité publique, il
était juste que soit conservé aux CGA en règle à la
date de la sanction de la loi le droit en tout temps d'opter pour la
comptabilité publique. Par ailleurs, M. le Président, quant
à ceux qui ont choisi de joindre les CGA plutôt que les CA,
après le 17 avril 1946, c'est-à-dire après que
l'orientation respective de chacune des deux corporations eut été
définie, c'est-à-dire après qu'il eut été
expressément prévu orientations, je tiens à le
dire, l'une et l'autre également valables, il n'est pas question de
faire de comparaison que le champ de la comptabilité publique
était fermé aux CGA. Quant à ceux qui ont après
tout ceci choisi d'aller chez les CGA plutôt que chez les CA
encore une fois je dis que ce sont deux orientations différentes mais
extrêmement valables, l'une et l'autre nous soumettons que
ceux-là ne peuvent plus désormais légitimement
réclamer le droit de faire de la comptabilité publique. C'est en
toute connaissance de cause que librement ils ont choisi une orientation.
Nous soumettons surtout que le fait pour le législateur de leur
concéder désormais ce droit constituerait un retour à la
confusion à laquelle il a justement voulu mettre fin il y a
déjà 25 ans et ce, à l'occasion d'une trentaine de lois
destinées à mettre de l'ordre dans les professions et à
démêler les champs respectifs de juridiction.
L'ensemble des lois relatives aux professions que propose le
législateur témoigne de son souci d'éviter les
chevauchements, d'éviter en d'autres mots que deux corporations se
disputent l'exercice de la même profession.
Ainsi, M. le Président, nous voulons croire que c'est par
inadvertance que s'est glissé dans le code des professions le paragraphe
b) de l'article 35. Il aurait pour effet, dans sa rédaction actuelle, de
créer ici la confusion que le législateur s'est donné tant
de mal à corriger ailleurs, à l'occasion de la présente
législation sur les professions. Cet alinéa aurait pour effet de
permettre aux CGA d'offrir au public et j'insiste encore une fois sur
ces mots capitaux: d'offrir au public et de rendre des services de
comptabilité industrielle et commerciale et ce sont les mots qui
nous préoccupent du paragraphe b) do l'article 35. Je souligne les mots
"offrir au public" qui, précisément, caractérisent et
spécifient la comptabilité publique.
Je tiens ici à rappeler encore une fois la définition de
la comptabilité publique telle que faite dans la loi de 1946 et à
rappeler les deux sphères qui y sont clairement définies: l'art
ou la science de la comptabilité et, secondement, la vérification
des livres ou comptes. Tenant ces deux sphères à l'esprit, il
apparaît que ce pouvoir constituerait un chevauchement très
considérable du champ d'exercice exclusif des CA, chevauchement qui ne
leur laisserait en exclusivité que la vérification le
domaine de la vérification ne serait pas touché mais quant
aux domaines de l'art et de la science de la comptabilité, si on y
regarde de près, tout ce que ça leur laisserait en
exclusivité, ce serait la comptabilité des individus et celle des
associations sans but lucratif. Je suis bien convaincu que cela n'a pas
été l'intention du législateur.
Il n'est pas question de nier le calibre et la qualité de
l'Association des comptables généraux licenciés, non plus
que de ses membres, non plus de méconnaître l'excellence des
services rendus et l'importance du rôle joué par eux dans
l'industrie, dans les entreprises commerciales et dans les services
gouvernementaux en particulier.
Le tout, d'ailleurs, en conformité avec l'orientation
donnée par le législateur en 1946 et en conformité, M. le
Président, avec le choix librement fait par chacun des membres de cette
corporation.
Il est seulement question de distinguer deux orientations, deux
rôles, deux corporations et nous soumettons que c'est à ceux qui
choisissent d'être membres de l'institut des CA que le législateur
a assigné le devoir du service au public, que c'est dans cette optique
qu'ils sont formés, que c'est dans cette optique qu'il leur est
imposé un stage obligatoire en comptabilité publique, enfin que
c'est dans cette optique que sont conçus autant l'examen d'admission,
les normes d'exercice, le code de déontologie.
Nous voyons mal en quoi, M. le Président, l'intérêt
public serait servi, après que de l'ordre eut été mis il y
a 25 ans, par un dédoublement de responsabilités et par un
chevauchement de juridictions, en somme, par le rétablissement d'un
certain désordre qui existait avant 1946. Et nous demandons en
conséquence que l'article 35 b) soit modifié.
M. le Président, toujours à l'égard du champ
d'exercice, c'est dans le même esprit et substantiellement pour les
mêmes raisons que l'institut demande aussi que les paragraphes a) et i)
du même article 35 soient modifiés de façon à
interdire expressément aux membres des corporations qui y sont
mentionnées d'offrir leurs services au public.
Telle parait d'ailleurs être l'intention du législateur,
comme dans ces deux cas les mots "offrir au public" n'y apparaissent pas.
Incidemment, il s'agit de la Corporation professionnelle des comptables en
administration industrielle et de la Corporation professionnelle des
administrateurs agréés. Encore une fois, il semble bien que ce
n'est pas l'intention du législateurs d'accorder un domaine public, mais
pour éviter toute ambiguïté, l'institut demande que
l'interdiction soit expresse.
Relativement à cette même question du champ d'exercice de
la comptabilité publique, il y a également lieu de rappeler ici
la recommandation 55 du mémoire. Elle a trait à l'article 78
de la Loi de la Commission municipale de Québec selon laquelle,
en particulier, la Commission municipale peut accorder un permis de
vérificateur municipal à toute personne qui en fait la demande,
soustrayant ainsi cette sphère d'activité du champ de la
comptabilité publique.
Cette disposition, M. le Président, qui remonte à
l'avant-guerre j'espère qu'on ne me demandera pas laquelle
mais qui remonte à l'avant-guerre se justifiait d'une part par la
simplicité relative de la comptabilité municipale d'alors dans la
plupart des cas et, d'autre part, par l'indisponibilité de comptables
publics en dehors des grands centres. La situation a radicalement changé
dans les deux cas.
Nous soumettons qu'en 1972 cette exception, en plus de constituer un
anachronisme, présente de graves dangers pour la saine gestion des
affaires municipales et, en définitive, pour la protection du public.
L'institut demande qu'elle cesse d'être en application.
M. le Président, dans un autre ordre d'idées et
nous abordons ici plus particulièrement le code des professions
le projet de loi confie au lieutenant-gouverneur en conseil la nomination de
quatre membres du bureau dans le cas de l'institut, la nomination d'un membre
du comité administratif, la nomination du secrétaire du
comité d'inspection professionnelle, la nomination du président
et du secrétaire du comité de discipline, enfin la nomination
d'un syndic.
L'institut s'oppose à ces dispositions. Il estime que les
pouvoirs accordés à l'Office des professions en particulier au
paragraphe j) de l'article 10 aussi bien que ceux accordés au
lieutenant-gouverneur en conseil, qui sont nombreux, mais en particulier au
paragraphe g) de l'article 169 sont amplement suffisants pour assurer la
protection du public, ce qui est l'objectif du législateur: assurer la
protection du public. L'institut soutient en effet que le lieutenant-gouverneur
en conseil devrait exercer ses pouvoirs de surveillance et d'intervention par
le truchement de l'Office des professions dont le personnel se composera, il
faut le présumer, de personnes que leur formation et leur
expérience auront rompues aux usages et aux techniques des diverses
professions.
Au chapitre de la discipline, l'institut a fait un certain nombre de
recommandations. Il attache de l'importance à chacune d'elles mais il y
en a deux qu'il voudrait spécialement souligner ici: l'institut s'oppose
décidément au double système d'inspection professionnelle,
double et parallèle que constituent le comité d'inspection et le
syndic. L'institut souligne qu'il ne peut en résulter que de la
confusion, chose que, nous comprenons encore une fois, le législateur
veut supprimer.
L'institut demande que disparaisse le poste de syndic.
Deuxièmement, il paraît essentiel à l'institut,
étant donné le caractère éminemment technique des
causes entendues en discipline et qui sont susceptibles d'être
portées en appel, que le tribunal d'appel, en plus des trois juges,
comporte deux membres de la corporation désignés par le bureau.
Au chapitre des honoraires et relativement à l'obligation imposée
par l'article 83 de suggérer un tarif au lieutenant-gouverneur en
conseil, l'institut soumet que, dans le cas de l'exercice de la
comptabilité publique, il est en pratique impossible de procéder
à une classification des actes professionnels, de leur modalité,
de leur importance relative et des honoraires qui pourraient y être
respectivement attachés.
L'institut s'explique d'ailleurs plus en détail à ce sujet
dans son mémoire. Ce sont sans doute des considérations analogues
qui ont amené le législateur à proposer pour le Barreau
l'article 56 du bill 251 qui dit ceci en parlant du Barreau: "Le bureau peut,
par résolution, suggérer pour approbation au
lieutenant-gouverneur en conseil des tarifs d'honoraires extrajudiciaires."
L'institut soumet qu'il y aurait lieu d'introduire semblables dispositions
à la Loi des comptables agréés.
Relativement à l'obligation d'établir un fonds
d'indemnisation, l'institut soumet qu'elle devrait être limitée
dans la loi à l'indemnisation des victimes de fraude ou de malversation
d'argent confié en fidéicommis quitte à ce que la
responsabilité non délictuelle soit obligatoirement couverte par
une assurance-responsabilité.
M. REEKIE: Ceci termine notre déposition. Nous sommes maintenant
prêts à répondre aux questions que les membres de la
commission voudront bien nous poser.
M. LE PRESIDENT: M. le solliciteur général.
M. FOURNIER: Je tiens à remercier l'Institut des comptables
agréés du Québec de leur présentation et du
mémoire dont ils nous ont fait part aujourd'hui. J'aurais quelques
questions à poser. Dans l'exposé fait par M. Pouliot, l'on semble
attacher une importance capitale aux dispositions de l'article 13 qui
existaient, à savoir l'offre des services au public.
Si on examine cet article 13, est-ce que l'institut considère que
la partie essentielle n'est pas nécessairement l'offre au public mais
surtout l'art de la comptabilité, de la vérification?
M. POULIOT: M. le Président, M. le ministre, il est bien
sûr que l'art et la science de la comptabilité sont
extrêmement importants. La vérification des livres et comptes est
extrêmement importante. Cela, c'est la matière propre, le champ
propre d'exercice. La caractéristique qu'apporte le fait de les offrir
au public, c'est la distinction entre les personnes à qui ce sera
offert. En somme, les mêmes services peuvent être offerts à
un employeur particulier ou ils peuvent être offerts au public. C'est en
somme la distinction fondamentale. Le champ peut
s'exercer de la même façon pour un employeur à temps
plein mais la distinction fondamentale que nous faisons et que nous croyons
capitale, et nous croyons que c'est celle qui justifie le souci du
législateur de voir à protéger le public c'est que,
dans le cas des comptables agréés, ce sont ceux qui peuvent
s'adresser au public en général.
M. FOURNIER: Est-ce que cette notion qui existait ou qui a
été imposée en 1946 n'est pas aujourd'hui
dépassée par certains actes qui ont été
posés et, de plus, est-ce que ce n'est pas là en fait une source
de la confusion qui existe? Vous dites qu'on a mis de l'ordre, qu'il y a eu de
l'ordre de mis en 1946, mais un autre groupement est venu nous dire ce matin
qu'il y a une confusion considérable dans l'esprit du public
relativement aux services comptables.
J'arrive à la question: Est-ce qu'il ne faut pas s'en rapporter
aux principes ou aux fonctions de base dans la comptabilité pour ensuite
en arriver à déterminer le champ d'activité d'un groupe ou
de l'autre groupe? Ce matin, nous semblions avoir trouvé une
définition à peu près générale des services
comptables qui provenait de l'exposé et ça contenait trois
parties: en premier lieu, la tenue des livres; en deuxième lieu, la
préparation des états comptables et, en troisième lieu, la
vérification. Est-ce que cette série de faits ou d'actes ne
comporte pas l'ensemble de la comptabilité sur lequel nous pourrions
commencer à travailler et tenter de dissiper la confusion qui semble
exister?
M. REEKIE: Je demanderais à M. Normandin de répondre.
M. NORMANDIN: M. le ministre, certaines associations qui se sont
prononcées ce matin voient de la confusion dans le domaine de la
comptabilité. En réalité, l'Institut des comptables
agréés n'en voit pas du tout et nous croyons que le public n'en
voit pas non plus. C'est avant tout une question de vocation. Depuis 1880,
notre institut a toujours poursuivi des buts constants, ceux de grouper les
comptables publics ou experts-comptables. Comme conséquence, toute notre
formation théorique a été, aussi bien que notre formation
pratique, axée sur cette vocation, en fonction du code des professions
et du bill 264, et il ressort que !e champ d'exercice exclusif aux CA leur
échoit à cause de la notion d'indépendance qui
découle du concept de la profession libérale ou, si l'on veut, de
l'aspect objectif du mot "professionnel".
En effet, le but premier du code des professions étant la
protection du public, tel qu'illustré par les diverses recommandations
sur le fonds d'indemnisation, le comité d'inspection, le comité
de discipline, les tarifs d'honoraires, etc., tous les contrôles
suggérés ne peuvent s'appliquer aux professionnels qui offrent
leurs services au public d'une façon autonome, en vue de protéger
celui-ci.
Il faut dire que le secteur de la vie économique qui
représente la comptabilité est beaucoup plus vaste que le champ
d'activité du comptable public. C'est là qu'il ne faut pas
confondre, du point de vue strictement professionnel, et il faut quand
même délimiter la question en fonction de la protection du
public.
Dire que les secteurs de l'industrie et du commerce et de la fonction
publique devraient être compris dans la définition professionnelle
ne peut pas être sérieusement soutenu. Cela ne nie en rien la
compétence des RIA ni des CGA dans ces secteurs où ils
oeuvrent.
Au contraire, il est très important que les CA y trouvent leurs
interlocuteurs valables dans ces milieux. Il ne faudrait pas croire non plus
que le fait qu'au moins 50 p.c. de nos membres ne soient pas en pratique
publique affaiblit notre position en ce domaine. Au contraire, si certains de
nos membres sont plutôt à l'emploi de l'entreprise ou de la
fonction publique c'est à cause de leur compétence reconnue et du
fait qu'ils ont fait la preuve de leur expérience. Cela ne
détruit pas l'argument que notre institut est le seul dont la vocation
propre est d'offrir ses services au public dans le domaine de la
comptabilité et de la vérification.
L'exclusivité de notre acte professionnel est la meilleure
garantie de la protection du public, à notre avis. Il faudrait dire
aussi que notre institut est l'institut reconnu d'une façon
internationale comme celui qui représente le secteur de la
comptabilité publique, si on fait un parallèle avec, en
Angleterre par exemple, les chartered accountants; aux Etats-Unis, les
certified public accountants et dans divers autres pays, aujourd'hui en Fiance,
les experts-comptables; au Canada, ce sont les comptables agréés
qui occupent ce secteur-là d'une façon exclusive.
M. FOURNIER: Relativement à la réponse que vous venez de
me donner, vous vous reportez à ce qui est un peu mentionné
à la page 18 de votre rapport lorsque vous mentionnez que les
qualités d'intégrité, d'indépendance et
d'impartialité sont la marque de l'expert-comptable. Ces qualités
d'intégrité, d'indépendance et d'impartialité sont
la marque que nous voulons, nous, pour l'ensemble de toutes les professions.
Mais là nous sommes dans le domaine de savoir exactement ce qu'est la
profession comptable. Est-ce que sa définition comprend
différents éléments et est-ce que plusieurs personnes
peuvent agir comme comptables, soit sous telle appellation ou sous telle
autre?
Je crois que, pour bien définir le problème, il faut
savoir exactement ce que contient la comptabilité et non pas simplement
la question des normes générales ou critères
généraux d'une profession. J'aimerais bien que vous nous
éclairiez sur le domaine de la comptabilité. Je pose des
questions un peu faciles, un peu sommaires, au sujet de la tenue de livres.
Est-ce qu'il est absolument nécessaire pour faire l'enregistre-
ment des chiffres d'être un comptable sur base professionnelle
tenu au code des professions? Première question.
M. NORMANDIN: Non, ce n'est pas nécessaire et c'est même
dit d'une façon expresse dans notre loi actuelle.
M. FOURNIER: Très bien. En second lieu, la question de la
préparation des états, c'est-à-dire la compilation des
données qui ont été enregistrées, est-ce qu'il
s'agit là d'un domaine qui nécessite absolument une corporation
professionnelle?
M. NORMANDIN: Cela demande subjectivement une attitude professionnelle,
des qualités de compétence professionnelle, mais ce
travail-là est parfois exécuté par des personnes qui n'ont
aucun titre et n'appartiennent pas à une association
professionnelle.
M. FOURNIER: Mais ce domaine de la préparation des états,
d'après vous, pourrait être réservé à des
comptables, sans définir immédiatement si ce sont...
M. NORMANDIN: Mais je vois mal comment ça pourrait être
réservé d'une façon exclusive?
M. FOURNIER: Non. En troisième lieu, est-ce que le domaine
comptable ne comprend pas le domaine de la vérification qui est
l'expression d'opinions sur des données comptables? Est-ce cela?
M. NORMANDIN: Oui, cela fait partie du même champ et cette section
a toujours été réservée historiquement aux
comptables agréés.
M. FOURNIER : De sorte que, dans votre mémoire, vous demandez
d'être classifiés maintenant comme experts-comptables. Ce matin
nous avons eu un autre groupement qui a dit: Nous aussi, nous aimerions que le
terme soit "expert-comptable", et quant au domaine de tenue de livres et de
préparation d'états financiers, nous pourrions, tous les deux
groupements ou d'autres groupements qui viendront peut-être après,
faire ou se partager ce même domaine. Est-ce qu'il y a
possibilité?
M. NORMANDIN: Je voudrais vous en référer à notre
mémoire sur le bill 264 où est débattue toute la question
de l'appellation "expert-comptable". Le fait est que la traduction correcte du
mot "public accountant" est expert-comptable. Qu'il me soit permis de nier
l'interprétation de l'Association des comptables généraux
licenciés, parce que sa définition n'est pas la bonne. Elle a
cité à cet effet la loi française des experts-comptables.
Or, justement la loi française des experts-comptables est exac- tement
la définition qu'on lit dans notre mémoire à un point
qu'un expert-comptable en France qui délaisserait la pratique publique
ne peut plus s'appeler expert-comptable mais devient comptable
agréé dans la corporation à cause de la notion
d'indépendance.
M. CARON: M. le ministre, si vous me permettez, on a fait beaucoup
état de la confusion, ce matin, mais je pense que nous n'avons
peut-être pas eu la bonne perspective des choses. En 1946, il y a eu,
effectivement, 84 APA qui ont obtenu ou retenu un droit de pratique. Il n'est
pas dit qu'il en reste aujourd'hui 84. Il en reste beaucoup moins. Je ne le
sais pas. Deuxièmement, le président des CGA a dit que 10 p.c. de
leurs membres sont engagés en comptabilité publique. Or,
d'après leur mémoire, il y aurait 1,100 membres au Québec,
10 p.c, cela pourrait être 110. Mais nous savons qu'il y a beaucoup de
gens qui sont aussi comptables agréés et CGA et ils sont compris
dans les 10 p.c. Si vous prenez le nombre des gens engagés dans la
comptabilité publique présentement et le nombre de comptables
agréés engagés dans la comptabilité publique, vous
vous apercevrez qu'il n'y a aucune confusion dans le public, parce que cela
représente une infime partie de la pratique publique. Vous avez
peut-être eu l'impression que cela représentait une forte
proportion mais ce n'est absolument pas le cas. Je pense donc que le
comité devra contrôler cela, devra faire des recherches pour
établir exactement la situation telle qu'elle existe dans le moment
parce que, dans le public, à mon point de vue, il n'y a aucune
confusion.
M. FOURNIER: Si nous continuons dans le même ordre d'idées,
le troisième domaine serait la vérification et cette
dernière est présentement exclusive à l'Institut des
comptables à l'exception de certaines lois qui permettent une
vérification, comme la Commission municipale, etc. C'est pour cela,
évidemment, qu'il n'y a que 10 p.c. de ces gens qui sont là.
Est-ce qu'il serait possible que les groupements comptables se rencontrent de
façon à décider que la vérification pourrait
être sujette à des licences particulières alors que le
reste pourrait être sujet au domaine général de
l'expert-comptable?
M. NORMANDIN: Si vous permettez, M. le ministre, il y a deux questions
là-dedans. En ce qui concerne la vérification, vous parlez de
licences à être octroyées?
M. FOURNIER: Ce serait une qualification particulière qui
spécialiserait certaines gens comme je considère que vous, les
CA, ne faites pas tous de la vérification.
M. NORMANDIN: Non, mais ils ont tout de
même tous été entraînés pour le faire.
Nous avons pour ceux qui sont en pratique des systèmes de contrôle
auxquels ils seraient soumis s'ils revenaient à la pratique. Vous
semblez suggérer une tentative de dialogue avec les autres associations.
Je dois dire que nous sommes fiers de vous faire part que nous avons pris
l'initiative de ces rapprochements. Par exemple, le comité Horizon 2000,
dont il a été fait mention ce matin par les CGA, était une
initiative de l'Institut canadien des comptables agréés qui est
lui-même une création des provinces. Une des recommandations de ce
comité était l'intégration éventuelle de toutes les
associations professionnelles de comptables. J'ai fait partie du comité
qui a pondéré les recommandations du comité Horizon 2000
et cette question n'a pas été rejetée; elle a tout
simplement été différée, parce qu'il y a une
multitude de problèmes pratiques qui se présentent
immédiatement. Il y a, par exemple, le fait que certaines de ces
associations ont d'abord été fondées à un niveau
fédéral qui a ensuite créé des succursales dans les
provinces.
C'est tout â fait différent de l'Institut des comptables
agréés qui est un ensemble de dix instituts provinciaux qui ont
créé un institut national. Il y a déjà un
problème à ce niveau-là.
Il y a aussi des problèmes très réels
d'équilibre dans les normes d'éducation, les normes
d'accès à la profession qui sont des problèmes où
il y a une possibilité de règlement à long terme ou
à moyen terme, mais pas immédiatement. Je voudrais aussi citer
une initiative d'un ancien président de notre institut provincial qui a
pris sur lui de tenter une démarche auprès du président
des comptables généraux licenciés en vue de créer
un terrain d'entente et on a même parlé, à un moment
donné, d'une passerelle à établir entre ces deux
associations. Malheureusement cette démarche-là est
jusqu'à ce jour demeurée lettre morte.
La deuxième partie de votre question traite du secteur de la
comptabilité. Il faut bien distinguer la section de la
comptabilité qui nous est exclusive, c'est l'exercice public de la
comptabilité. C'est tout à fait différent de la
comptabilité qui est faite à l'intérieur des entreprises
pour un seul patron ou pour un patron comme le gouvernement ou la grande
entreprise par exemple. La différence essentielle, à mon avis,
c'est l'indépendance, l'autonomie du praticien. Aujourd'hui la
vérification est loin d'être la majorité de nos travaux, je
veux dire pour ceux qui sont dans la pratique.
La première page de notre code d'éthique décrit
l'éventail des travaux que nous sommes appelés à offrir au
public. Vous pouvez y lire par exemple qu'on entend par expertise comptable,
l'examen et la vérification de registres et documents comptables
effectués en vue de dresser des états financiers ou d'exprimer
une opinion â leur sujet et la prestation de services connexes. On
considère que cette définition couvre notamment les
activités suivantes: a), la comptabilité, c'est-à-dire les
travaux d'analyse et d'interprétation faits en qualité d'expert,
les conseils donnés à ce titre, ainsi que l'étude et
l'implantation de systèmes et de procédés, à
l'exclusion de la tenue de livres; b), la vérification; c), les services
en matière de fiscalité. L'expertise comptable comprend
également la consultation en administration, les fonctions de syndic de
faillites et de séquestres, le traitement de l'information, y compris la
tenue de livres manuelle, la mécanographie, le traitement par
ordinateur, le courtage en affaires qui consiste à négocier et
à conseiller l'achat, la vente et la fusion d'entreprises, la gestion et
la liquidation de successions, la planification successorale, la consultation
en matière de finances, la consultation en matière d'assurances,
l'évaluation.
Vous voyez que cela ne se restreint pas à la notion de
vérification.
M. FOURNIER: Relativement à la vérification
elle-même, je comprends que votre code de déontologie
l'établit vous précisez que la vérification
elle-même doit être faite par une personne indépendante de
celle qui a préparé, qui a fait la tenue de livres, qui a fait
l'enregistrement des données. Est-ce que c'est bien ça?
M. NORMANDIN: Je pense que ce n'est pas précisé. Ce qui
est précisé, c'est qu'on ne peut pas donner une opinion sur un
état financier quand on a un lien de parenté, par exemple. Les
liens de parenté sont définis; enfin je pense que l'unité
familiale se borne à une famille qui demeure ensemble, comme le
père, l'épouse, les fils, les filles, etc.
M. FOURNIER: Si je comprends bien, cela s'étend aussi aux
associés.
M. NORMANDIN: Oui, ça s'étend aux associés. On
donne comme exemple une firme d'envergure nationale qui serait
vérificateur de la compagnie Bell Canada: si l'épouse d'un
employé de ce bureau-là à Vancouver détient une
action, les associés de Montréal ne peuvent pas donner une
opinion sur le bilan du Bell Canada.
M. FOURNIER: Est-ce qu'à ce moment-là, même â
l'intérieur du groupement de l'institut des comptables, à cause
de l'indépendance que doit avoir celui qui fait la vérification,
si vous empêchez les associés de le faire, vous ne mettez pas en
danger la survie de bureaux comptables qui ne sont pas de gros bureaux?
M. NORMANDIN: Eh bien! ce ne sont pas des règles qui proviennent
de nous, vraiment, elles viennent de la Commission des valeurs
mobilières de différentes provinces. Ces contraintes-là
viennent directement de la Security Exchange Commission des Etats-Unis.
M. FOURNIER: Si votre code de déontologie est
sévère au point qu'il fait la distinction et exige la distinction
entre la personne qui prend les données et celle qui émet une
opinion ou qui fait la vérification, qui empêche cela, à ce
moment-là? Est-ce qu'en définitive vous n'empêchez pas la
survie de petites entreprises parce qu'elles groupent quatre ou cinq
comptables, et entre eux, ils ne pourraient faire la tenue de livres et la
vérification? Est-ce que ce n'est pas la conséquence?
M. NORMANDIN: Ce n'est pas ce que j'ai expliqué au point de vue
de notion d'indépendance et je ne crois pas que notre code
d'éthique présente ce que vous dites. On n'a pas le droit de
dresser les états financiers et de plus donner une opinion. Je ne me
rappelle pas...
M. FOURNIER: J'ai l'article 23 qui semble dire: Dans lesquels,
lui-même, ses associés, ses proches parents ont directement ou
indirectement les intérêts financiers, etc.
Vous avez mentionné qu'il y a actuellement 800 cabinets de
comptables dans la province. Combien avez-vous d'étudiants? Combien y en
a-t-il qui étudient?
M. REEKIE: Environ 1,500.
M. FOURNIER: Environ 1,500...
M. NORMANDIN: Si vous le permettez, M. le ministre, je voudrais apporter
une clarification sur ce qui a été dit ce matin. Dans
l'association des CGA on voit une augmentation assez extraordinaire
d'étudiants, c'est un fait historique. C'est que, depuis le 1er janvier
1970, notre institut a établi comme normes, pour entrer dans la
profession comme minimum, un diplôme universitaire au premier cycle,
c'est-à-dire les étudiants du cours du jour, avec des cours
d'appoint. Autrefois nous avions un système qui ressemblait à
celui de l'association des CGA, c'est-à-dire des étudiants de
cinq ans qui étudiaient le soir et qui n'obtenaient pas un diplôme
universitaire mais un brevet seulement, une attestation d'études de cinq
ans. Ce qui est arrivé, ceux qui ont voulu poursuivre leurs
études le soir se sont inscrits au CGA, puisque cet accès leur
était dorénavant fermé chez nous. Cette
politique-là a été prise à l'échelle du
Canada pour relever les normes de la profession, d'exiger comme minimum un
diplôme universitaire de premier cycle qui se dispense le jour dans les
universités.
M. FOURNIER: Mais vous exigez des étudiants un stage avant de les
admettre.
M. NORMANDIN: Oui. Dans le cas des bacheliers en commerce, c'est deux
ans et, dans le cas des licenciés, c'est une année.
M. FOURNIER: C'est le but de ma question, comment vos 800 bureaux
vont-ils faire face à 1,500 étudiants qui veulent faire un stage
et qui veulent devenir membres de la corporation? De quelle façon
solutionnez-vous ce problème de ceux qui veulent y parvenir et devenir
membres de l'institut?
M. CARON: Dans le moment il y a même une rareté
d'étudiants, ce n'est pas un surplus, c'est le contraire qui existe. Il
y a de l'emploi offert pour tous les étudiants qui voudraient faire un
stage dans les bureaux de comptables, mais en pratique un comptable peut avoir
plusieurs stagiaires. Alors, comme il y en a 2,500 en pratique, vous pourriez
avoir 7,500 étudiants. Je ne pense pas qu'il y ait de danger de ce
côté-là.
M. FOURNIER: A votre avis quel rôle don-neriez-vous aux autres
groupements comptables dont la reconnaissance existe dans un titre? Quels sont
les rôles, la différence des rôles entre le CGA et le
vôtre?
M. NORMANDIN: Je crois que ce qui arrive dans le cas des CGA, c'est
qu'ils oeuvrent dans un champ qui forcément ne peut pas être
exclusif, ils le partagent avec nos membres qui ne sont pas dans la pratique
publique, ils le partagent avec des gens qui n'ont aucun titre professionnel,
mais des formations universitaires qui mènent à un diplôme
mais n'entrent pas dans une profession. Je ne vois pas vraiment qu'on puisse
jamais délimiter une profession fermée avec le secteur
privé de notre secteur de comptabilité.
M. FOURNIER: Je ne sais pas si vous l'avez consulté, mais dans le
document qui nous a été soumis ce matin, on avait des tableaux
qui exposaient le cours d'étude de chacune des professions
comptables.
Est-ce que vous avez certains commentaires particuliers à faire
relativement à ce cours d'étude qui semble être identique
à peu d'exceptions près au cours d'étude suivi par les
membres de votre institut?
M. CARON: Voici le mécanisme qui existe chez nous.
Premièrement, pour se présenter à l'institut, il faut
détenir un diplôme universitaire. Ce diplôme universitaire
existe depuis deux ans. Ceci a été fait pour hausser les
standards de la profession comptable, mais ça va aussi plus loin; c'est
aussi parce qu'on bénéficie de droits de
réciprocité avec d'autres provinces au Canada et des Etats aux
Etats-Unis. Pour pratiquer dans l'Etat de New York, vous ne pouvez pas
être un comptable public sans avoir un diplôme universitaire. Or,
nous avons jugé que ce serait bon pour nos membres de hausser nos
standards pour rejoindre les standards les plus élevés.
Notre processus est que nous avons des examens. Nous avons un examen
établi par un comité interprovincial et cet examen émane
de suggestions venant de comités provinciaux, sur lesquels
siègent tous les représentants universi-
taires. Vous avez un examen conçu et qu'on appelle un examen
uniforme et assez difficile mais tout de même qui nous permet de faire
graduer un nombre suffisant chaque année. Il y a un
procédé d'élimination qui est assez sévère.
Je pense que, si vous voulez faire la grande différence entre un
comptable agréé et un autre membre d'une association, vous avez
la qualification universitaire, un régime d'examens et un stage; un
stage, dans un bureau de professionnels qui peut être d'une, deux ou de
trois années, suivant les qualifications du candidat. Je pense que c'est
cela qui vous donne le produit fini qui est différent. Autrement vous
retourneriez aux normes universitaires de l'enseignement des cours.
M. FOURNIER: Merci, monsieur.
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais savoir pourquoi il dit "un nombre
suffisant". Est-ce que ça va au nombre que vous limitez chaque
année des gens qui sont diplômés?
M. CARON: Vous avez bien raison. Parce que le besoin est grandissant et
il n'y a pas de doute qu'avec l'évolution des affaires, vous avez de
plus en plus besoin de comptables et de gens qui ont une formation de comptable
ou une formation d'administrateur. Cela ne tient pas à d'autres norme
que celle de la compétence; c'est un examen anonyme, ce sont des
numéros, les gens écrivent, soit en français, soit en
anglais, il y a une compilation qui est faite et les résultats sortent.
J'ai connu le régime parce que je l'ai présidé même
pour le Canada. J'ai connu le régime dans toutes ses façons et je
pense qu'il est équitable et qu'il est à l'abri de tout
reproche.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est parce que souvent on blâme certaines
professions de vouloir limiter leur nombre, on prend certaines façons,
soit par les examens ou d'autres manières pour en avoir le moins
possible. Je pensais que cela pouvait arriver chez vous.
M. CARON: Je ne pense pas qu'on soit là et ce, avant
longtemps.
M. FOURNIER: J'aurais une dernière question sur le bill 250, sur
le code des professions. Dans votre mémoire, vous prétendez que
les pouvoirs de l'office et du lieutenant-gouverneur sont déjà
suffisants et que l'Etat ne devrait pas nommer en plus certains
représentants au bureau ou aux comités. Je ne vois pas votre
mémoire mais il ne semble pas aller aussi loin que cela. Est-ce que vous
admettriez que les membres du public aux comités de discipline,
d'inspection ou aux bureaux, soient nommés par l'office des
professions?
M. REEKIE: On demanderait à M. Desrochers de répondre.
M. DESROCHERS: On pourrait peut-être répondre à
votre question en deux parties. Les recommandations que nous faisons sur le
fait que le public ou que le gouvernement soit représenté au
bureau des corporations, elles sont d'une part qualitatives et d'autre part
quantitatives. Nous ne discutons pas le principe qu'il y ait une
représentation de l'Etat au sein du bureau des corporations. Nous nous
demandons simplement si le fait d'avoir quatre délégués ou
trois délégués dans le cas des corporations un peu moins
nombreuses est vraiment essentiel. Le principe de la représentation de
l'Etat ou du public je ne ferai pas la disctinction nous
l'acceptons d'emblée. Nous estimons que, si le lieutenant-gouverneur ou
l'Office des professions et j'y reviens tantôt ne
désigne qu'une seule personne, un seul délégué,
l'objectif est atteint quand même. Nous craignons aussi que, du moins
pour les premiers temps, lors de la mise en place du régime, si le
lieutenant-gouverneur se met en frais de désigner trois ou quatre
représentants au bureau des 34 corporations, il a toute une tâche
sur les bras.
La deuxième partie que j'aimerais commenter est la suivante. Vous
vous demandez si nous verrions des objections à ce que ce soit l'Office
des professions si j'ai bien compris votre question qui nous
désigne ses membres au bureau et au comité de discipline et au
comité d'inspection. Non seulement nous ne nous y opposons pas mais nous
en faisons une recommandation expresse.
M. FOURNIER: Voici, quant aux mots "représentant de l'Etat", je
mentionnais représentant du public au sein du bureau des
corporations.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous représentez
un groupe extrêmement important, votre mémoire l'est aussi et les
réponses que vous apportez aux travaux de la commission sont
également très importantes, vous l'avez constaté depuis le
matin. J'aurais beaucoup de questions à vous poser, M. le
Président, j'en poserai quelques-unes et laisserai la chance aux
collègues d'en poser, quitte à revenir à l'autre partie de
la séance.
Il se dégage des réponses que vous avez données
tantôt, M. Normandin, M. Caron surtout, que le problème n'est pas
constitué par le nombre de professionnels qu'il y aura à
l'intérieur de chacune des professions. Tantôt, on a circonscrit
pas mal le problème des APA, on a dit qu'ils étaient 84 au
début et ce nombre est réduit. Quant aux CGA, il y en a 10 p.c.
dans le domaine public et il y a aussi des CA qui sont CGA, alors, ça
pourrait aussi être réduit.
D'autre part, on peut accentuer le problème en disant qu'il y a
beaucoup de CA qui ne
pratiquent pas non plus. On vient aussi de recevoir il y a un instant la
visite de la Corporation des administrateurs agréés. Il semble
bien qu'il y ait un problème d'orientation de tous ces professionnels
pour l'avenir. On a dit ce matin qu'on a vécu avec une situation et la
ligne de démarcation a été située en 1946 au moment
de la législation. Mais le code des professions doit aussi être
l'occasion de faire une réflexion là-dessus quant à
l'avenir. Vous l'avez fait à l'institut des CA avec vos travaux de
recherche pour Horizon 2000. Qu'est-ce que vous pensez de cette
possibilité qu'on a évoquée depuis ce matin de cette
rencontre, de ce dialogue entre les différentes associations
professionnelles dans le domaine de la comptabilité, pour tenter de
dégager des orientations pour l'avenir? Parce que si vous vivez le
problème et le présentez devant la commission parlementaire, en
définitive, c'est le public qui va le vivre, même si on dit
parfois qu'il n'y a pas de confusion. Est-ce que vous prévoyez qu'il y
aurait possibilité de mettre en place un mécanisme qui
éviterait que la profession comptable soit la seule profession qui
apparaisse à deux annexes? Une qui a un caractère exclusif, de
pratique, et l'autre dont le titre est réservé. C'est la seule
profession. Si c'est la seule profession ça n'existe pas dans le
domaine de la santé, ça n'existe pas pour les médecins,
ça n'existe pas pour le droit il doit y avoir un problème
quelque part.
Si on ne le règle pas à l'occasion des travaux de la
commission, il va falloir qu'il se règle dans les mois, les
années à venir, le plus tôt possible, de façon que
les corporations et la profession puissent s'épanouir normalement et
qu'on ne passe pas son temps à se demander jusqu'où va la
compétence, jusqu'où va la responsabilité. Je voudrais
vous entendre là-dessus, je ne sais pas lequel, si c'est M. Caron ou M.
Normandin qui le fera.
M. NORMANDIN: Je voudrais réitérer notre intention ferme
d'être très positif sur cette question. Nous sommes
disposés à discuter ce problème. Nous serions inquiets
d'une solution trop rapide parce que, à cause de notre étude
préalable, qui date de deux ans, nous avons entrevu une quantité
de problèmes dont nous n'entrevoyons pas une solution rapide. Cela ne
veut pas dire qu'ils sont insolubles. Je pense que si nous donnions des
chiffres, vouloir régler ça d'ici trois mois, cela serait
vraiment précipiter les choses et je craindrais de faire des erreurs
irréversibles. Toute la profession comptable en Angleterre et aux
Etats-Unis a discuté ce problème de l'intégration des
corporations professionnelles de comptables et cela bouge assez lentement, je
dois vous dire. On a voté sur cette question en Angleterre et cela a
été rejeté temporairement. On en arrive forcément
à une profession à plusieurs paliers et c'est la
difficulté.
M. CLOUTIER (Montmagny): En pratique, cela pose certainement des
problèmes. Prenons l'expérience gouvernementale, soit au niveau
fédéral ou au niveau provincial. Prenons le bureau du
vérificateur général des comptes. Vous avez là des
CGA sauf erreur et vous avez des CA. Vous avez des CGA qui vont
vérifier des rapports et des travaux faits par des CA à
l'intérieur de la fonction publique. Ils vont vérifier
également dans les régies gouvernementales des rapports qui ont
été préparés par des CA. Vous avez d'autre part
à l'intérieur des ministères des CA qui vont travailler
pour des CGA et vous avez l'inverse. C'est une situation de fait qui existe en
pratique. Je comprends que la loi de 1946 a dit que les CGA qui étaient
au niveau des gouvernements pouvaient obtenir tout de suite le permis de
pratique des CA. Nous voyons qu'il n'y a pas tellement de distance entre toutes
ces professions parce qu'elles se rencontrent à un moment donné,
une a le champ de la pratique publique et l'autre a le champ de la pratique
privée. Je pense que, si l'on réduit le problème comme on
l'a réduit tantôt à une question de nombre de personnes, il
est moins considérable que si on prend le problème à
l'échelle des corporations. Je pose une autre question.
M. Caron a parlé il y a un instant de la formation universitaire
qui est exigée depuis le 1er janvier 1970. Là, encore je
vais vous poser une question nous avons la situation d'une formation
universitaire mais il y a des CA qui n'ont pas de formation universitaire. Dans
l'avenir, les CA vont avoir une formation universitaire. Il y a des CGA qui ont
eux aussi une formation universitaire et il y a des CA qui ne l'ont pas. C'est
difficile de juger au mérite. Ce n'est pas le rôle du
législateur de juger ici le mérite des corporations
professionnelles. Selon la loi de 1946, la licence comptable était
décernée par l'Ecole des hautes études commerciales,
l'université McGill et l'université Laval. Ces institutions
pouvaient décerner la licence en sciences comptables. Vous n'en avez pas
fait mention dans votre mémoire. Est-ce parce que vous êtes
d'accord sur la suppression de la licence qui serait décernée par
ces universités?
Nous aurons l'occasion de le demander à M. Charbonneau, le
directeur de l'Ecole des hautes études, qui viendra devant la commission
bientôt. Mais je voudrais savoir de l'institut des CA si vous êtes
d'accord sur cette disparition de cette responsabilité qui était
décernée aux universités. Est-ce parce qu'elles ne s'en
sont pas servi?
M. CARON: En 1946, je présume que le législateur a voulu
une période de transition et notre loi, la Loi des comptables
agréés, aux articles 48 et 50, prévoit que l'Ecole des
hautes études, l'Ecole de commerce de Laval et McGill peuvent tenir un
examen et accorder une licence en sciences comptables. Et d'après cette
législation, le détenteur devenait membre auto-
matiquement de la profession des comptables agréés. Or la
loi leur donnait le droit de tenir un examen propre à eux,
excepté qu'en pratique comme vous l'avez dit tout à
l'heure, M. Cloutier au lieu d'établir leur propre examen, Laval
et McGill d'abord, autour de 1954, ont abandonné je dis autour
à peu près de 1954 leur droit d'établir un examen
et on pris un examen uniforme.
En 1958, l'Ecole des hautes études a abandonné son examen
séparé pour prendre l'examen uniforme. Depuis ce temps, depuis
1958, c'est l'examen uniforme du Québec qui sert de critère pour
décerner la licence en sciences comptables. Or, aujourd'hui, nous sommes
en face d'un autre problème parce que non seulement vous avez Laval,
McGill et Montréal, mais vous avez aussi des écoles de commerce
à Sherbrooke, à Rimouski, à Trois-Rivières, vous
avez le Loyola, et, s'il fallait que le législateur accorde un droit
à chacune des universités de faire son examen, vous pourriez
avoir dix types de standards, dix types d'examens qui mèneraient au
même titre. On tombe dans une situation qui est théoriquement
absurde.
Nécessairement, nous sommes bien heureux que le nouveau code
élimine cette question d'examen, parce qu'on pense que cela a
été aussi bénéfique pour les écoles de
commerce en établissant des standards, des exigences passablement
élevées pour tout le monde. Et au Québec on s'y est
très bien maintenu. Je peux d'ailleurs vous dire que, sur quinze ans,
neuf fois ce furent des candidats du Québec qui ont été
premiers au Canada et, six fois, ce furent des Canadiens français, des
types de langue française.
La transition, au point de vue du régime d'examens, n'a
certainement pas été au désavantage des
Québécois. Nous nous réjouissons de ce que votre code,
votre proposition élimine ces droits acquis en vertu des articles 48 et
50 et je peux vous dire d'ailleurs que, comme administrateur de l'Ecole des
hautes études, je partage le même point de vue. Je le partage
comme comptable agréé, mais je le partage aussi comme
administrateur de l'école.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est donc un examen national. Vous avez
parlé tantôt d'un examen québécois uniforme, mais
c'est un examen national.
M. CARON: Qui est le même partout et qui est préparé
suivant les suggestions des conseils provinciaux auxquels siègent les
universités. Et chaque province reçoit une proposition d'examen,
l'examine, fait ses commentaires, établit les changements qu'elle juge
à propos; c'est soumis à un comité interprovincial qui,
lui, accepte et détermine l'examen final et c'est retourné aux
instituts provinciaux pour acceptation.
C'est tout un processus qui est passablement long; ça prend neuf
mois pour pondre un examen.
M. CLOUTIER (Montmangy): Vous avez une charte provinciale?
M. CARON: Nous avons une charte provinciale; alors l'institut provincial
accepte l'examen et, jusqu'à maintenant, le comité d'examen est
formé de représentants de l'institut et de représentants
de toutes les universités du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'institut a l'intention de pousser
plus loin?
De toutes vos recommandations, il y en avait plusieurs qui
découlent du "task force" que vous avez fait et qui est, dans le domaine
de la comptabilité, un des travaux les plus importants à ce jour.
Est-ce que vous avez l'intention de continuer à explorer non seulement
cette possibilité de fusion, mais aussi la recherche sur la
comptabilité et le développement de la profession comptable?
M. NORMANDIN: Oui, justement, M. Cloutier, dans le domaine de recherche,
il y avait des recommandations expresses, spéciales, à l'effet
d'inviter les autres associations de comptables à collaborer à la
recherche pour faire l'unité dans les efforts, parce que, en termes
d'argent, c'est un effort gigantesque. Les budgets de l'institut canadien sont
grevés de façon très importante par la recherche. Etant
donné qu'il s'agit là d'un secteur d'économie canadienne,
un secteur important, l'institut canadien pensait qu'il était plus
à propos de s'assurer la collaboration de toutes les associations qui
poursuivent les mêmes buts que nous en fait de perfectionnement des
normes comptables.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je reviendrai plus tard
avec d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency a une
question?
M. VEZINA: M. le Président, à quelle heure
désirez-vous suspendre les travaux?
M. LE PRESIDENT: On les suspendra à 6 heures, et on reviendra
à 8 h 15.
M. VEZINA: Je me demande s'il n'y a pas lieu en bon comptable, de
constater qu'il est 6 heures tout de suite parce que l'on pourrait tout au plus
aborder la série de questions que j'ai à poser.
M. LE PRESIDENT: Mais nous allons avoir d'autres questions à 8 h
15, peut-être y a-t-il quelqu'un qui a une courte question? Le
député de Châteauguay.
M. KENNEDY: Vous semblez être en faveur de l'intégration
complète de la profession, c'est-à-dire la fusion de toutes les
associations de comptables. Pour faire suite à une question
du ministre, M. Normandin, je vais m'adresser à vous. Croyez-vous
qu'il soit possible en pratique de séparer l'aspect de la
comptabilité, de la tenue de livres, ce que l'on appelle en bon langage
de comptable la mitaine, quoique vous, vous avez un bureau
spécialisé, la préparation des états et la
vérification? Ce matin, on a parlé de séparer
peut-être ces étapes en divers secteurs sous un même
chapeau. Croyez-vous qu'en pratique on puisse dire qu'on va limiter des
individus, qu'un va faire la tenue de livres, que l'autre va préparer
les états, que ça va être sa spécialité de
préparer les états, et que l'autre qui aura une licence
différente aussi, va faire la vérification? Je parle de la
pratique.
M. CARON: Ce n'est pas pratique. Moi, si j'avais à
répondre, il y a deux choses qui se séparent, il y a la
comptabilité privée, il y a la comptabilité publique. La
comptabilité publique, à l'occasion, vous en faites des
états, à l'occasion vous étudiez des rapports, à
l'occasion, vous donnez des opinions au point de vue d'une fusion. A d'autres
moments, vous faites de la planification successorale, vous faites des conseils
sur la fiscalité, vous faites de la consolidation ou du prospectus.
Alors, où commence la comptabilité et où commence
la vérification? E n'y a pas de démarcation, en pratique, ce sont
tous ces travaux que vous faites. Alors, vous êtes obligés d'avoir
un bloc qui englobe les comptabilités publiques et la
vérification; les comptabilités publiques, nous les avons
nommées tout à l'heure, ce sont tous les services qui
apparaissent dans la loi.
M. KENNEDY: Je suis d'accord parce que, en pratique, nous ne sommes pas
tous Clarkson Gordon...
M. CARON: Non, mais ils ont commencé petits eux aussi. Il y a
longtemps cependant.
M. KENNEDY: Je vous posais la question pour savoir si on pouvait
séparer la tenue de livres, la présentation des états et
de la vérification. Je pense bien que cela n'empêche pas une
personne d'avoir une opinion indépendante, intègre sur les
états...
M. CARON: II reste qu'on doit travailler tout de même pour
établir différents paliers à l'intérieur d'un
même groupe. On pourrait peut-être trouver, avec de la recherche,
de la bonne volonté et de la bonne foi je pense qu'il y en a de
toutes parts des moyens d'accomodement où on pourra vivre à
l'intérieur d'un même groupe, dans une même structure, avec
des genres de spécialités, des qualifications. Mais nous n'avons
pas trouvé la formule. Nous ne sommes pas plus fins qu'ailleurs. On ne
l'a pas trouvée ailleurs et on a le même problème. Le
problème existe autant en Ontario qu'il existe en Angleterre ou aux
Etats-Unis. Nous sommes aux prises avec ce problème. Je pense que
tout le monde veut y travailler. La preuve, c'est qu'Horizon 2000 l'indique et
puis les CGA le veulent puis, nous aussi, nous le voulons. Je pense que l'on
travaillera ensemble pour trouver une formule. Nous n'avons pas la formule.
M. LE PRESIDENT: Je donne la chance à un autre comptable, le
député de Jeanne-Mance.
M. BRISSON: En pratique, quelle différence faites-vous entre un
CA et un CGA?
M. CARON: Je ne veux pas être brutal, mais je n'ai jamais
rencontré un CGA en pratique, encore.
M. BRISSON: Est-ce que dans les compagnies privées ou compagnies
familiales, il n'y a pas de CGA, à votre connaissance, qui signeraient
des bilans?
M. CARON: S'ils le font, c'est contraire à la loi. Ils n'ont pas
le droit de signer...
M. BRISSON: Croyez-vous que cela existe de fait?
M. CARON: Cela existe certainement parce qu'il y a des cas de
discipline. Je n'ai pas siégé depuis quatre ou cinq ans mais j'en
ai connu de ces cas-là. Ce ne sont pas des cas nombreux et ce sont des
cas d'abus, mais je ne voudrais pas exagérer la chose.
M. BRISSON: Mais est-ce que vous ne pensez pas qu'à ce
moment-là la propre association CGA n'est pas sévère
à l'endroit de quelqu'un qui signe des documents et qui n'aurait pas
d'autorité? Il n'est pas banni à ce moment-là de la propre
association qui, à mon sens, est aussi professionnelle que d'autres
associations, qui a des droits acquis?
M. DUROCHER: Je pense qu'il ne nous appartient pas de promulguer ni
d'appliquer le code d'éthique de l'Association des comptables
généraux licenciés. A l'article 25 de la loi qui les
crée, il est dit qu'ils ne peuvent pas exercer la comptabilité
publique. Si certains de leurs membres exercent la comptabilité
publique, à mon sens, cela devrait être l'article premier de leur
code de déontologie que de les soumettre à la discipline dans ce
cas-là.
M. BRISSON : Mais cela fait partie également du code
d'éthique des CA de voir à ce que ça ne se fasse pas.
M. DESROCHERS: Je ne pense pas. L'éthique ne vise que nos
membres.
M. BRISSON: Parce qu'à ce moment-là, si on veut une
protection et une compétence presque parfaite...
M. DESROCHERS: Cela relève des tribunaux à ce
moment-là..
M. HARVEY (Chauveau): Ce n'est pas plus sage d'accuser que cela se
produit...
M. CARON: C'est la loi qui intervient et il y a des procédures
légales qui sont prises contre la personne pour pratique
illégale, à ce moment-là. C'est une question d'institut,
c'est une question de loi, de législation.
M. BOIVIN: M. Caron, si vous pensez que les CGA et les CA puissent
être si loin les uns des autres, pourquoi leur accordez-vous des
équivalences?
Parce qu'il y a des CGA qui sont CA.
M. CARON: Non, j'ai peut-être été mal
interprété quand j'ai dit qu'ils étaient loin les uns des
autres. Je n'ai jamais dit cela. J'ai dit qu'il y avait, certainement qu'il
peut y avoir des équivalences parce que ces gens-là font des
études en comptabilité et en vérification. Ils peuvent
obtenir les crédits qui vont être valables parce que les
études qu'ils poursuivent, on ne conteste pas leur qualité. On
dit qu'ils en font moins dans certains secteurs. Dans les secteurs où
ils étudient les mêmes matières que nous, ils ont droit
à des crédits et c'est juste qu'ils y aient droit aussi parce
qu'ils le méritent.
M. BRISSON: Qu'exigez-vous d'un CGA qui veut devenir CA?
M.KENNEDY: En pratique, avant 1946, qu'exigez-vous d'un CA qui veut
devenir CGA?
M. DESROCHERS: Ce que nous exigeons d'un CA qui veut devenir CGA? Nous
exigeons qu'il se plie aux conditions générales. Et les
conditions générales sont, d'abord, qu'il possède un
diplôme universitaire; deuxièmement, qu'il possède une
certaine formation technique, et la formation technique sur une très
large mesure, il la possède; troisièmement, qu'il fasse le stage
dans un bureau de CGA, que tous nos futurs membres doivent faire et,
quatrièmement, qu'il subisse notre examen. Les CA sont traités
exactement comme tout le monde, sauf que, sur le plan technique, ils sont
excellemment bien préparés et on ne leur fait pas reprendre des
cours depuis les principes élémentaires de comptabilité
qu'ils connaissent aussi bien que nous. Mais on les assujettit à
l'examen et au stage.
M. HARVEY (Chauveau): II est six heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La séance reprendra à 8 h 15.
M. BRISSON: J'aurais juste une autre question qui sera courte, afin
d'éclairer l'assemblée. Pour quelle raison un CA ne peut
s'annoncer comme expert en impôts ou expert en prix de revient ou quelque
chose comme ça?
M. NORMANDIN: Je crois que c'est parce que c'est une règle
d'éthique qui est générale à la profession à
travers le pays. On ne doit pas s'annoncer dans quelque sphère
particulière que ce soit. Nous sommes sensés être des
généralistes.
(Fin de la séance à 18 h 01)
Reprise de la séance à 20 h 15
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Y a-t-il des petites questions du député de Montmorency?
Est-ce qu'on peut fermer les portes en arrière s'il vous
plaît?
M. VEZINA: M. le Président, comme vous l'avez dit, j'ai une
série de petites questions. Ma première question est la suivante.
Ce matin nous avons entendu, vous étiez probablement présent, les
CGA; cet après-midi nous avons entendu les CA et chacuun y va un peu de
sa façon d'approcher le problème. Nous qui représentons le
public, nous ne voyons pas cela tout à fait de la même
façon. Le monde de la comptabilité prend une importance accrue
chaque jour pour toutes sortes de raisons que vous connaissez mieux que moi. Et
quand vous dites qu'il n'y a pas de confusion, je suis prêt à
concéder que, de votre côté, du côté de votre
barrière, il n'y ait pas de confusion. Dans le public il y a
incontestablement beaucoup de confusion.
Ma première question est la suivante. Est-ce que vous nous
demandez de constater et d'adopter le concept législatif de 1946 pour
régler un problème qui se pose en 1972? C'est la première
question. Je ne sais pas qui peut... Me Pouliot peut-être?
M. NORMANDIN: Est-ce que vous nous demandez de perpétuer une
législation de 1946 pour régler un problème de 1972? Je
pense que ce n'est pas un problème de 1972, c'est une situation de fait
qui a toujours existé. Je pense qu'il serait utile de décrire
cela n'a pas été fait que je sache à ce jour
nos deux corps professionnels respectifs. Il est très important, je
pense, de revenir à la source et de regarder la vocation propre de
chacun des organismes.
Du côté de l'institut des CA, notre vocation a toujours
été la comptabilité publique avec tout ce que cela
comporte de structures pour la protection du public en termes de contrôle
sur la pratique, enfin de code d'éthique et tout ce qui en suit. Mais
cela, c'est notre vocation première; c'est par accident qu'il y a des
membres qui ne sont pas engagés dans la pratique publique. C'est parce
que, comme je disais cet après-midi, leur compétence a
été reconnue par d'autres sphères d'activité qui
l'ont mise à leur profit.
Essentiellement, la vocation des comptables généraux
licenciés, de par leur choix propre, délibéré, a
été d'oeuvrer dans le secteur privé de l'entreprise,
qu'elle soit une entreprise commerciale ou industrielle ou l'entreprise
gouvernementale de la fonction publique. Je pense que c'est une
différence essentielle, ce que je disais cet après-midi, la
distinction entre l'aspect objectif et l'aspect subjectif du mot
"professionnel". On peut très bien être un professionnel dans ses
attitudes, dans sa compétence et enfin dans son travail sans pour cela
poser des actes professionnels. Je pense que c'est le fond du problème.
Quand certains CGA demandent le droit de pratique professionnelle, nous disons
à ceux qui existaient en 1946: Vous conservez toujours ce droit.
C'est-à-dire qu'il leur faut passer une année de pratique,
après ça ils sont reçus d'emblée dans notre
institut qui est celui qui a l'exclusivité de la pratique publique. Pour
les autres qui sont entrés après, ils avaient tout de même
un choix. Ils pouvaient, s'ils désiraient, s'orienter du
côté de la pratique publique; ils n'avaient qu'à s'inscrire
à l'Institut des comptables agréés. Ceux qui ont
opté du côté des comptables généraux
licenciés, c'est qu'ils ont tourné le dos, à ce
moment-là, à la pratique publique. Je pense que c'est tout le
fond du problème. Ce sont essentiellement les différences.
M. VEZINA: Quand vous dites "la pratique publique", vous voulez dire les
services professionnels offerts au public.
M. NORMANDIN: Dans le sens de la profession libérale, par
opposition avec la profession salariale.
M. VEZINA: Est-ce qu'on va baser les distinctions sur le fait qu'un
comptable, au sens générique du terme, est à honoraires et
un autre est à salaire? Est-ce qu'on va distinguer les professions
à partir des moyens de rémunération ou bien si on va les
distinguer à partir de la nature des actes professionnels
posés?
M. NORMANDIN: Je pense que ça va plus loin que la
rémunération. Je pense que c'est dans la nature des choses que
quelqu'un, qui est à son compte, qui pose un acte professionnel, est
entraîné dans une responsabilité envers le public en
général, tandis que celui qui travaille à salaire pour un
patron a une responsabilité envers son patron.
M. VEZINA: Prenez au Barreau, il y a des avocats qui oeuvrent pour des
employeurs, disons la fonction publique, ou des entreprises et il y en a
d'autres qui oeuvrent à leur compte dans des cabinets privés. Il
demeure que, globalement, ils sont tous membres du Barreau, ils ont tous le
même code d'éthique, ils ont tous les mêmes obligations et
les mêmes droits.
Enfin, il y a un équilibre qui se fait entre celui qui a un
employeur donné et celui qui a son cabinet privé. Ce n'est pas
par le fait d'être à salaire ou à honoraires qu'on fait
deux classes d'avocats ou des particularités qui me semblent un peu
paternalistes.
M. NORMANDIN: Voilà, où la comparaison ne peut plus se
poursuivre avec les comptables agréés et tous les autres, c'est
que je pense que le domaine privé de la comptabilité n'est pas
fermé. Ce n'est pas un domaine exclusif, parce que nous trouvons
à ces postes des personnes
qui n'ont aucun titre professionnel, qui ne sont membres d'aucune
association mais qui ont tout de même la compétence. Ce n'est pas
un champ réservé aux comptables agréés ou autres.
C'est de là que vient la difficulté, tandis que, dans le cas d'un
avocat, il faut être avocat par exemple, pour être dans le service
juridique de la ville de Montréal ou je ne sais pas de
Bell Canada,
M. VEZINA: Oui, mais par contre, est-ce qu'on ne peut pas dire que pour
avoir le titre de CA ou de CGA ou les autres, il y en a sept ou huit sur
la liste il faut qu'ils soient tous membres d'associations, il faut
qu'ils répondent tous, je présume, à certaines normes. Si
on trouve des associations qui, à toutes fins pratiques, ont la
même formation, ont les mêmes capacités intellectuelles dans
leur domaine, du point de vue du public, pourquoi y aurait-il des distinctions?
Le gars de la rue, confond un CA, un CGA. Moi le premier, je ne vous le cache
pas, j'ai toujours mis ça un peu ensemble. Parce qu'on a des comptables
et on voit les titres, untel, CA, CGA, l'autre est seulement CGA, l'autre
seulement CA, ils sont tous ensemble.
M. NORMANDIN: Permettez-moi de relever ce que vous avez dit, ils n'ont
pas la même formation.
M. CARON: Autrement, pourquoi un avocat ne pratiquerait-il pas comme
comptable agréé?
M. NORMANDIN: S'il a la compétence pour le faire.
M. CARON: Mais justement, si, pour avoir la compétence pour cela,
il faut qu'il aille faire un stage dans un bureau et acquérir
l'expérience pratique, c'est là-dessus qu'on insiste. Pour
pratiquer publiquement, il est obligé d'aller assumer des
responsabilités, on est sujet à amende pour ça. Quand on
pose un geste professionnel, on ne travaille pas seulement pour un patron qui
nous donne un salaire, on travaille pour des honoraires. Nous sommes sujets
à être ruinés complètement, nous sommes
illimités dans notre responsabilité.
Nous avons un rôle très différent de celui qui
travaille pour un patron, qui reçoit un salaire toutes les semaines. A
cause de ça, nous sommes obligés de nous protéger au point
de vue professionnel avec des codes, avec un indépendance
professionnelle complète pour que notre jugement ne soit pas mis en
doute.
C'est pour ça qu'un avocat ne peut pas pratiquer la
comptabilité comme nous ne pouvons pas pratiquer le droit. Nous ne
sommes pas préparés pour ça. Ce n'est pas une question de
"IQ". Ce n'est pas une question d'années d'études, c'est une
question de préparation. Je pense que c'est la même distinction
qui peut se faire entre quelqu'un qui fait de la comptabilité
privée et quelqu'un qui fait de la comptabilité publique. C'est
la même analogie. Ce n'est pas une question d'intelligence et de "IQ".
C'est tout simplement une question de préparation.
M. VEZINA: Si j'ai bien saisi vos propros, je ne sais pas si c'est vous
ou un de vos collègues, vous nous avez dit qu'une partie très
importante de vos effectifs était à l'emploi d'un employeur
donné, soit la fonction publique ou une entreprise. Vous avez un autre
pourcentage qui a des cabinets privés. Ils sont tous des CA. Ils sont
tous sujets au même code d'éthique, aux mêmes
règlements, aux mêmes préparations scolaires. A
l'intérieur de votre organisme, vous ne faites pas de distinction entre
celui qui a un employeur donné et celui qui offre ses services au
public. Du point de vue du public, placez-vous de l'autre côté de
la clôture; supposons que l'individu, quelles que soient les lettres au
bout de son nom, puisse donner un service équivalent dans le monde de la
comptabilité: pourquoi la législation, dans le but de
protéger le public et non pas de défendre des privilèges,
ne mettrait pas ces gens-là exactement dans la même texture
légale, si vous me permettez l'expression? Pourquoi?
M. CARON: Vous avez la réponse. Si les gens veulent rendre les
mêmes services, avoir les mêmes droits que vous croyez être
des droits acquis, on dit qu'il y a un chemin à suivre et pour le chemin
que vous allez suivre vous allez obtenir un diplôme universitaire, vous
allez faire un stage dans un bureau de comptables publics où vous allez
apprendre les règles du métier, où vous allez apprendre
comment procéder et vous allez assumer pleine responsabilité pour
les actes que vous poserez. Si vous pouvez faire tout ça, nous allons
vous permettre de pratiquer la comptabilité publique, il n'y a pas de
doute. Nous avons établi des barèmes parce que nous savons par
expérience que cela est requis, que nous sommes sujets à des
poursuites et que nous sommes sujets à contestation. D faut que nous
soyons dégagés de tout doute quant à notre
indépendance et quant à notre compétence. Nous sommes
obligés de suivre un entraînement spécial. C'est comme si
je voulais devenir dentiste demain, je ne pourrais pas le faire parce que je
n'ai pas été préparé à ça. Je pense
bien que ce n'est pas une question d'intelligence. C'est tout simplement parce
que je n'ai pas suivi le chemin pour le devenir. Le chemin est ouvert à
tout le monde parce que les gens peuvent toujours entrer chez nous. Tout ce
qu'ils ont à faire c'est de respecter les conditions d'admission. Ces
conditions-là ont été édictées depuis 1946.
Les gens qui ont voulu le faire l'ont fait; la preuve c'est qu'il y en a
beaucoup qui le font.
M. VEZINA: Je regrette. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait en 1946. Ils ont
dit, pour régler un problème: Tout ceux qui sont CGA, vous aurez
le droit de vous incorporer à l'Institut des
comptables agréés. Ils n'ont pas dit: Vous passerez un
examen, vous ferez un stage, vous ferez ci, vous ferez ça.
C'était pour régler un problème qui existait en 1946.
M. CARON: C'est ça.
M. VEZINA: Je ne vous cache pas que...
M. CARON: Mais il y avait les droits acquis, personne n'avait
été averti, on ne savait jamais qu'on fermerait la profession.
Mais on l'a fermée à ce moment-là. Le gouvernement ne
pouvait pas départir les gens de leur droit de gagner leur vie. Ces
gens-là avaient oeuvré dans la comptabilité et avaient
gagné leur vie comme tels. Le gouvernement ne peut pas les
déposséder. Mais aujourd'hui, c'est différent; en 1946,
vous avez dit: Messieurs, c'est fini, ça; acceptez ces gens-là,
donnez-leur le droit de pratique; vous n'avez pas le droit de les
déposséder. Mais, 26 ans après, vous rouvrez le
débat et vous dites: Faites donc encore la même chose. Allez-vous
refaire encore la même chose en 1995?
M. VEZINA: Vingt-six ans après, on veut adopter, à un
problème donné, une solution style 1972. En 1946, j'avais sept
ans, je ne suis pas intéressé à savoir ce que le
législateur faisait, pour vous dire honnêtement. Mais je vis en
1972, et je voudrais que le problème des corporations professionnelles,
que ce soit comptabilité ou autres, se règle dans le style et le
mode de vie de 1972. Enfin, c'est mon humble opinion.
Ma question est la suivante: Si on arrivait à la conclusion
je dis bien si, remarquez que pour le public, des services
rendus, que ce soit par un CGA, un CA ou tous les autres, sont égaux au
niveau de la compétence, au niveau de la sécurisation du public,
pourquoi, à l'intérieur d'un texte légal, ne
retrouverait-on pas des normes générales qui incorporeraient tout
ce monde-là?
M. CARON: Si ce que vous dites est vrai, la réponse serait oui.
Moi, je prétends que vous ne pouvez pas dire que c'est vrai. Cela ne
peut pas être si, parce que le si n'existe pas, ce sont deux
éléments complètement différents, deux types qui
ont été préparés de manière
différente. N'oubliez pas que les gens qui font des stages dans nos
bureaux ont fait de nombreux sacrifices pour cela; ils ne les font pas sans
savoir qu'il va y avoir une récompense éventuelle qui est de
pratiquer une profession. Ils sont des stagiaires et savez-vous ce que
ça veut dire, un stagiaire? C'est gagner un très petit salaire
pendant que d'autres personnes, peut-être, gagnent de plus gros salaires
et font des études le soir. Ce n'est pas la même chose. Le gars
est un universitaire et il se présente dans un bureau et accepte de
descendre et de servir et d'apprendre pendant un an, deux ans ou trois ans et
après ça, de se présenter à un examen et,
peut-être, d'être admis. On ne peut pas demander à celui qui
n'a pas fait les mêmes sacrifices, les mêmes efforts d'arriver aux
mêmes fins.
M. VEZINA: Ce n'est pas une question de chercher un privilège.
C'est une question d'assurer des services...
M. CARON: Que le public reçoive des services de qualité
égale, correspondante, d'un niveau suffisant et qu'il soit satisfait
complètement pour les services qu'il reçoit. Et c'est pour
ça qu'on établit nos minimums. Ce ne sont pas des objectifs.
M. VEZINA: Je vais vous dire quelque chose. Dans ma profession d'avocat,
on en rencontre des CA qui jouent à l'avocat. Vous savez, il ne faut pas
se scandaliser de tout ça. C'est un peu normal, ce sont des professions
un peu collatérales.
Je ne vois pas pourquoi, je le dis bien honnêtement, pourquoi il y
a une division, il y a un mur de Berlin autour d'une profession qui, dans le
fond, fait partie de tout le monde de la comptabilité, dont le public a
besoin. C'est ça qu'il ne faut pas oublier. Ce n'est pas "dont
l'institut a besoin", c'est "dont le public a besoin".
M. CARON: Mais le mur de Berlin, je ne vois pas où il existe. Il
n'existe pas, selon moi.
M. VEZINA: Ecoutez, je vais vous dire. Quand je lis, par exemple, que
l'intégrité etc., ce sont les CA, je regrette, des denturologues
l'ont, les avocats l'ont, etc. Il faut une espèce de
collégialité, parce qu'il ne faut pas avancer que, pour la
protection du public, il faut assurer des privilèges à un groupe.
Il faut exactement le contraire. Si on accorde des privilèges, c'est
pour la protection du public.
M. CARON: Il ne faut pas nous reprocher de demander à nos membres
d'être intègres.
M. VEZINA: Non, mais je peux vous reprocher de l'affirmer
carrément.
M, CARON: Bien écoutez, on le dit assez à nos membres pour
les inciter à agir honnêtement et intègrement. On croit
qu'on sert mieux le public en prêchant cela. Ce n'est peut-être pas
nécessaire dans le mémoire, mais comme entraînement, on dit
à notre personnel: Vous serez jugés par vos actes. On ne sait
jamais qui va nous juger. Alors agissez suivant les normes, agissez
intègrement. Nécessairement on ne réussit pas à 100
p.c, parce qu'il ne faut pas s'en faire, il n'y a pas de profession
sacrée. Il y a des problèmes partout et je pense bien qu'il y en
a dans le droit et du côté de la comptabilité aussi.
M. VEZINA: Mais il y a une autre question; ce matin j'ai posé une
question aux CGA.
D'après ce que j'ai compris de leur mémoire, de leur
exposé, d'après ce que j'ai compris de votre mémoire et de
vos exposés, c'est qu'un CGA pourrait disons, faire la
vérification de la ville de Québec et que, par contre, la plus
petite "binerie" incorporée en vertu de la première partie du
rôle des compagnies, ne pourrait pas signer sa vérification.
Est-ce que je me trompe lorsque j'affirme cela?
M. CARON: Non, non, c'est un droit acquis et c'est un droit qui a
été donné.
M. VEZINA: Vous ne trouvez pas cela un peu loufoque comme situation,
vous ne trouvez pas ça un peu style 1946 justement?
M. CARON: Je vais vous dire une chose, c'est que la comptabilité
municipale, c'est une spécialité et la vérification
commerciale ou industrielle, c'en est une autre. Les gens ne sont pas
universels; eux ont eu le droit de le faire et ont continué de le faire
et je ne porte pas de jugement sur la qualité du travail qu'ils font.
Mais vous ne pouvez pas conclure aussi rapidement que vous le faites que vous
allez passer d'un domaine à l'autre et que vous allez être aussi
compétent. C'est impossible, parce que normalement on se groupe pour
être capables d'obtenir cette compétence-là. Ce sont des
spécialités.
UNE VOIX: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose, M. le
député?
M. DESROCHERS: Je pense que la question que vous soulevez, M. le
député, est fort à propos et je pense que c'est un
élément qui peut engendrer de la confusion dans le public. Et
quitte à passer pour un renégat parce qu'il semblerait
qu'à cette table on ait établi de façon péremptoire
qu'il n'y a pas de confusion dans le public moi je vais vous dire qu'il
y a de la confusion et je vais vous dire pourquoi il y a de la confusion.
Il y a de la confusion parce que, dans la Loi des comptables
agréés, le chapitre 266 des statuts de 1964 et dans la loi
constitutive de l'association des CGA, on pose comme principe je vous
réfère à l'article 11 et à l'article 25 de la loi
des CA que la pratique de la comptabilité publique est
réservée aux comptables agréés. C'est un principe
et j'espère que vous allez en convenir. Si le principe s'appliquait sans
exception, il n'y aurait pas de confusion. La confusion vient du fait qu'il y a
des exceptions et, l'une des exceptions, c'est précisément que
les personnes qui ne sont pas comptables agréés, qui n'ont pas
l'exclusivité de la pratique de la comptabilité publique, peuvent
néammoins faire de la vérification municipale, peuvent
néammoins vérifier des entreprises coopératives, des
caisses populaires et tout cela, peuvent exercer au sein de la fonction
publique. Cela sera certainement un élément de confusion dans le
public.
Un deuxième élément de confusion dans le public,
c'est qu'il y a des personnes à l'heure actuelle, comme nos APA de ce
matin, que nous aimons beaucoup ils nous l'ont dit et c'est vrai que
nous les aimons beaucoup ces gens-là qui peuvent exercer de la
comptabilité publique mais ce ne sont pas des comptables
agréés. Le public ne s'y retrouve pas dans la façon de
clarifier la situation. L'un des éléments, la vérification
municipale et la vérification des associations coopératives,
comme nous le disons dans notre mémoire, nous estimons que c'est un
anachronisme. Cette exception-là était peut-être
fondée en 1946 mais nous sommes en 1972, aujourd'hui. Comme vous l'avez
dit vous-même, ce n'est plus fondé. Mettons fin à cette
exception.
Le deuxième régime d'exception, c'est celui des APA et
celui des comptables publics enregistrés qui oeuvrent en vertu d'un
permis. Cela est en vertu de préservation de droits acquis et, des
droits acquis, on ne touche pas à cela. C'est un élément
de confusion que, malheureusement, nous devons conserver jusqu'à ce que
ces gens s'éteignent d'eux-mêmes. Alors, la solution que nous
proposons, c'est que les exceptions auxquelles on peut apporter un
remède, qu'on les enlève, qu'on apporte le remède. Et
celles qui s'éteindront d'elles-mêmes, on les laissera
s'éteindre d'elles-mêmes. C'est la solution que nous proposons et
je pense que c'est une solution de 1972 à un problème de 1972 qui
n'était pas prévu en 1946.
M. VEZINA: Mais quand vous dites que vous ne touchez pas aux droits
acquis, n'avez-vous pas l'impression, à la lecture de votre
mémoire ou de son résumé parce que c'est le
résumé que j'ai lu que vous touchez aux droits acquis des
CGA?
M. CARON: En aucune façon. M. VEZINA: En aucune façon? M.
REEKIE: Pas du tout.
M. DESROCHERS: Nous ne leur retirons rien de ce qu'ils ont le droit de
faire en ce moment.
M. POULIOT: Ce qui est demandé par eux, c'est d'envahir la charte
qui était réservée jusqu'ici aux comptables
agréés sans se soumettre aux exigences auxquelles les comptables
agréés se sont soumis. C'est aussi simple que cela. Est-ce que je
peux vous demander, M. le député, si vous seriez favorable
à ce que le Barreau ouvre ses portes, sans restriction, à tous
les notaires demain matin?
M. VEZINA: Non.
M. POULIOT: Est-ce que vous ne répondez pas à vos propres
questions?
M. VEZINA : Je pense, à tort ou à raison, M.
Pouliot...
M. POULIOT: Nous suivons le même cours de droit mais, à un
certain moment, nous faisons une option, ou pour la pratique du droit ou pour
la pratique du notariat et c'est exactement le même cours. C'est la
formation subséquente qui est différente parce que l'un se dirige
vers une vocation et l'autre vers une autre vocation. Et je pense que les
notaires auraient bien mauvaise grâce de dire: Nous voulons, du jour au
lendemain, être avocats sans nous soumettre au cours du Barreau, aux
exigences de stage du Barreau dans un bureau d'avocats aussi bien qu'aux
examens du Barreau.
M. VEZINA: M. Pouliot, je vous dirai ceci: Ne préjugez pas des
conclusions auxquelles je peux arriver. Si je me fais un peu l'avocat du
diable, c'est pour faire ressortir la lumière, c'est tout. Parce qu'en
vertu de nos règles de pratique, on ne peut que poser des questions.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à ce que l'on ait eu le
règlement.
M. VEZINA: Je vous avouerai honnêtement que ce que je recherche,
si vous voulez avoir le fond de ma pensée, c'est un moyen pour le bien
du public de voir l'intégration rationnelle normale de toutes les
personnes au Québec dont le moyen de gagner leur vie est d'offrir des
services comptables au public. Je me fous comme l'an 40 des conditions de
chacun. Ce que je me dis, c'est que, si on mettait plus d'intégration
dans tout cela, ce serait beaucoup plus facile, je pense d'assurer la
protection du public parce que vous n'êtes pas sans savoir que c'est un
domaine qui prend une importance vitale tous les jours. On ne peut pas
emprunter $200 à une caisse populaire sans qu'on ne nous demande des
bilans. Alors on sait fort bien que, enfin je ne veux pas m'étendre
là-dessus, je serais peut-être méchant, mais bilan pour
l'impôt, bilan pour l'emprunt, bilan pour ceci et bilan pour cela, il va
falloir arriver à un bilan à un moment donné. C'est le
seul but que je recherche. L'amitié que j'ai pour vos clients vous
savez, n'a d'égal que celle que je porte pour les autres corporations.
Mais je pense, personnellement qu'il y a une défense de privilège
qui sied mal avec l'esprit général du code des professions, je ne
vous le cache pas. Je me demande pourquoi finalement. Est-ce parce qu'on veut
fermer la profession à un point tel que ce sera un petit monopole? Cela
me fatigue ces questions-là. Je ne vous dis pas que j'ai les
réponses.
M. POULIOT: Tout ce qui est dit, c'est qu'une option différente
est faite à un moment donné par un étudiant qui suit
ensuite un cours de formation pratique différent et qui subit des
examens différents en vue d'un rôle différent comme, encore
une fois, au Barreau, à l'univer- sité, à la
faculté de droit, les étudiants se séparent en deux
orientations différentes. C'est ce qui se passe et la profession des CA
est ouverte à tous ceux qui veulent choisir cette orientation.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais c'est au Québec ça aussi. M.
Pouliot. En Ontario les avocats et les notaires n'existent pas ce sont
seulement des avocats. Cela fait pareil.
M. POULIOT: C'est exact, mais je ne suis pas en mesure, M. le
député, de vous dire comment en Ontario se fait la formation des
avocats et des notaires. Ce que je sais c'est qu'ici...
M. LAVOIE (Wolfe): Un avocat n'a pas le droit.
M. POULIOT: ... elle comporte deux options et deux formations
différentes à partir de l'université.
M. LE PRESIDENT: Pour contredire le député de Wolfe, c'est
facile pour un avocat d'être notaire, mais c'est difficile pour un
notaire d'être avocat.
M. VEZINA: Me Pouliot, pour la recommandation que vous faites concernant
l'article 35, sous-paragraphe b), c'est possible que je comprenne mal la
portée de l'amendement que vous suggérez, soit d'enlever les mots
"offrir au public et", dans le sous-paragraphe b); est-ce que je dois
comprendre que, pour être comptable général
licencié, on devrait se limiter à rendre des services de tenue de
livres et de comptabilité industrielle ou commerciale?
M. POULIOT: La tenue de livres a toujours été
spécifiquement excluse de la comptabilité publique, alors il n'en
est pas question, il n'y a pas de problèmes à ce sujet-là.
C'est dire que, quant à la comptabilité industrielle et
commerciale, nous nous opposerons à ce que les mots "offrir au public" y
soient pour les raisons expliquées depuis le début, à
savoir que ce genre de comptabilité, s'il est exercé à
l'intérieur d'une entreprise, il s'adresse à un employeur au lieu
de s'adresser de façon autonome au public et c'est le fond de toute
l'attitude des comptables. Leur formation est dirigée vers le service du
public et quiconque étudie la comptabilité peut choisir cette
orientation. S'il a choisi l'autre, nous nous demandons pourquoi il vient
demander à la Législature du jour au lendemain de s'introduire
dans la première, comme on pourrait se demander pourquoi un notaire qui
a choisi d'être notaire viendrait demander ici que toute la profession du
jour au lendemain soit introduite chez les avocats, puisqu'il avait le choix
d'être avocat.
Il a choisi d'être notaire. Encore une fois, il avait le choix
d'être notaire, il a choisi d'être
avocat. Cela ne parait pas raisonnable ayant fait un choix en toute
connaissance de cause, de venir demander à la Législature
d'envahir le champ d'action de l'autre corporation.
M. VEZINA: Mais si le public était aussi bien
protégé, indépendamment des privilèges de
chacun?
M. POULIOT: C'est un "si", comme M. Caron l'indiquait tout à
l'heure, qui parait ne pas exister.
M. VEZINA: C'est parce qu'en pratique, je vais vous dire, il ne faut pas
rêver en couleur. On voit un paquet de bilans, de ci et ça,
signés par des CGA. Que ce soit légal ou non, admettons que je ne
me préoccupe pas de ce problème-là. Je me dis ceci: Si
vous protégez le public, mieux vaut procéder à une
intégration, quitte, quitte remarquez, à faire des distinctions
à l'intérieur de l'intégration. Je me demande pourquoi on
refuserait à la population en général ce privilège
d'avoir une législation qui clarifie une situation. Autrement, vous
arrivez dans un cul-de-sac. Cela va être une bataille entre des
corporations sur le dos du public.
M. POULIOT: Ce n'est pas ce qui s'est passé, que je sache.
M. VEZINA: Je ne veux pas référer à une cause en
particulier mais je viens de regarder un jugement de l'Institut des comptables
versus Untel, dont je tairai évidemment le nom.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais soumettre à l'attention du
député de Montmorency que cette question a pas mal
été vidée et je voudrais donner une chance au dernier
groupe d'avoir son mot à dire, car je ne veux pas le forcer à
revenir un autre jour.
M. VEZINA: Vous avez attiré mon attention.
M. LE PRESIDENT: Si vous avez une question...
M. VEZINA: Alors, j'ai une dernière question. Je reviens sur
l'office, le code des professions. Est-ce que l'institut a pris connaissance du
mémoire du Comité interprofessionnel du Québec?
M. NORMANDIN: Oui.
M. VEZINA: Est-ce que je me trompe en affirmant que, concernant
l'office, le bureau, la nomination de syndics, la rémunération
des syndics, etc., vous épousez, grosso modo, peut-être pas dans
les menus détails, la position prise par le comité
interprofessionnel?
M. NORMANDIN: Oui.
M. DESROCHERS: Le mot, c'est grosso modo.
M. VEZINA: Oui, il y avait de menus détails mais...
M. DESROCHERS: Tout à fait.
M. VEZINA: ... la division des pouvoirs entre l'office et le
lieutenant-gouverneur en conseil, la nomination des syndics, le paiement, la
rémunération?
M. DESROCHERS: Non, pas le syndic.
M. VEZINA: Vous autres, vous voulez enlever les syndics?
M. NORMANDIN: Parce qu'on croit qu'il y a double emploi.
M. VEZINA: Le comité de discipline, les syndics, cela vous
paraît double emploi.
M. NORMANDIN: Non, le comité d'inspection et les syndics.
M. VEZINA: Le comité d'inspection vous parait faire double
emploi. Alors, vous n'épousez pas la position du comité
interprofessionnel sur ce point.
M. NORMANDIN: II y a une autre exception aussi, il s'agit de
l'intervention du conseil interprofessionnel dans toutes les questions qui
pourraient intéresser une profession donnée.
M. VEZINA: Vous dites ici dans votre lettre du 10 février que
vous n'épousez pas le droit pour le conseil interprofessionnel
d'intervenir dans tout débat judiciaire intéressant l'exercice
des professions. Est-ce que je peux savoir pourquoi? Parce qu'eux ont
défendu le premier côté de la médaille, l'avantage
qu'il y aurait là, ce serait peut-être un autre côté
de la médaille si on savait pourquoi.
M. NORMANDIN: C'est parce qu'une corporation donnée pourrait se
trouver dans la situation où elle serait en opposition directe avec le
conseil interprofessionnel; or, c'est le conseil interprofessionnel qui serait
le porte-parole dans ce cas-là.
M. VEZINA: Alors, vous avez peur qu'il y ait un conflit
d'intérêts. Par contre, si vous regardez le comité, vous
verrez que c'est non seulement pour protéger les droits du public mais
aussi pour protéger le droit des membres de la corporation ou de la
profession donnée.
M. NORMANDIN: Oui, mais on pense qu'une corporation donnée peut
très bien défendre ses droits parce qu'elle est en meilleure
connaissance de cause.
M. VEZINA: Considérez-vous votre corporation comme étant
appelée à défendre l'intérêt de ses membres
ou l'intérêt du public?
M. NORMANDIN: C'est toujours en fonction de l'intérêt du
public que je m'exprime.
M. VEZINA: Est-ce qu'il y a une association professionnelle de CA en
vertu de la Loi des syndicats professionnels?
M. NORMANDIN: Pas dans le moment.
M. VEZINA: Pas dans le moment. Vous savez que, chez les médecins,
il y a le Collège des médecins; il y a les associations qui,
elles parlent strictement en vertu de l'intérêt de leurs membres.
Parce que le Collège des médecins a comme but de défendre,
lui, l'intérêt du public en matière médicale.
M. NORMANDIN: Historiquement, cela n'a jamais existé chez
nous.
M. VEZINA: Est-ce que vous songez à délaisser
l'intérêt de vos membres pour prendre l'intérêt du
public?
M. NORMANDIN: Ce problème a été exposé
très clairement dans le rapport de la commission Castonguay-Nepveu sur
les professions de la société et je pense que le principe est
reconnu comme très valable chez nous, sauf que, historiquement, il n'y a
rien eu de fait encore. C'est tout ce que je peux dire.
M. VEZINA: M. le Président, je vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, il a été
établi que l'institut groupe des CA qui oeuvrent dans le domaine public
et dans le domaine privé. Maintenant, on a parlé de droits
acquis; j'aimerais savoir si les droits acquis dont vous parlez, que vous
voulez conserver, c'est autant pour les membres, les CA, que pour
l'institut.
M. NORMANDIN: S'il s'agit des droits acquis d'autres personnes.
M. PERREAULT: Vos droits acquis à vous. Quand vous parlez de
droits acquis, est-ce que ce sont vos membres ou l'institut?
M. NORMANDIN: Nous n'avons jamais parlé de nos droits acquis et
nous avons toujours mentionné les droits acquis d'autres personnes qui
n'étaient pas comptables agréés comme les APA et les
comptables publics enregistrés qui avaient le droit de pratique avant
1946, dont les droits acquis ont été préservés en
1946 et qui vont l'être de nouveau, je présume, avec cette
nouvelle législation.
M. PERREAULT: J'écoute cela depuis le matin et, un peu comme mon
confrère de Montmorency, je ne vois pas comment l'institut qui a
été fondé en 1880 j'aimerais vous poser la question
ne pourrait pas se pencher pour étudier ou regrouper une
loi-cadre de tous les services de la comptabilité, tout en couvrant le
domaine public et le domaine privé, comme la corporation des
ingénieurs, les ingénieurs-conseils, les ingénieurs
salariés. Vous l'avez là-dedans.
M. NORMANDIN: Je pense que j'ai dit au moins à trois reprises cet
après-midi que l'institut des comptables agréés
était très ouvert à cette question, était
prêt à étudier la question. Je mets cependant les membres
de la commission en garde, afin qu'ils ne soient pas séduits par la
facilité apparente de cette solution d'intégration, parce qu'elle
comporte des problèmes graves qui ne peuvent pas se résoudre
aussi rapidement qu'on pourrait le croire.
M. PERREAULT: Je veux bien le croire, mais si on ne s'attarde pas un
moment donné... Vous avez parlé de passerelle dans votre
discussion, dans votre présentation, le président ou vous.
M. NORMANDIN: C'est moi qui en ai parlé.
M. PERREAULT: ... mais les passerelles, il faut qu'elles
s'établissent. Si elles ne s'établissent pas...
M. NORMANDIN: La tentative a été faite par nous et n'a pas
été continuée par l'autre partie.
M. PERREAULT: Une dernière question. Ce matin les membres de
l'APA nous ont dit que depuis 1969 ils étaient en négociation
avec vous, l'institut, et que ça n'aboutissait pas. Est-ce qu'on
pourrait savoir pourquoi ça n'aboutit pas?
Les APA, ce matin, nous ont dit qu'ils étaient en
négociation avec vous autres depuis 1969.
M. NORMANDIN: Dans le cas des APA, il s'agit de personnes dont les
droits acquis ont été protégés. Comme telle, ce
n'est pas une association professionnelle. C'est pour ça qu'il y a eu
beaucoup de confusion ce matin sur leur cas. Il s'agit d'un groupe qui n'a pas
eu le droit de recrutement après la loi de 1946. Ce groupe-là va
s'éteindre forcément avec ses membres.
M. CARON: Si vous voulez protéger le public, parce que ça
semble être le désir de la commission, je pense que les gens qui
ont droit de pratique de la comptabilité publique dans la province de
Québec devraient tomber sous le code de discipline de l'Institut des
comptables agréés. Peut-être qu'à ce
moment-là on ferait
quelque chose pour aider le public, parce que, somme toute, il y a
déjà 2,500 personnes qui sont soumises à un code de
discipline. Pourquoi y en aurait-il 70 ou 72 qui se policent seuls?
M. PERREAULT: Pourquoi les comptables dans le domaine privé ne
tomberaient-ils pas sous un code d'éthique aussi?
M. CARON: Certainement.
M. LE PRESIDENT: Je donne la parole au député de Duplessis
qui a passé ce fameux bill de 1946.
M. COITEUX: Une correction immédiate: pas le député
de Duplessis, mais le député du comté de Duplessis. Il y a
une maudite différence!
J'ai une question très simple. J'ai écouté depuis
ce matin les différentes représentations et il y a une remarque
faite par Me Pouliot qui m'a plu énormément, lorsqu'il a fait une
comparaison en demandant au député de Montmorency s'il
accepterait que les notaires, d'emblée, deviennent avocats et vice
versa. Cette comparaison m'a plu.
Maintenant, ma question est de savoir à quel endroit, lorsqu'on
dit notaire et avocat. On sait qu'à un certain moment du cours
universitaire, on prend une option, comme on le fait d'ailleurs au génie
forestier, nous. Après un an d'études les études
préliminaires sont les mêmes quelqu'un peut opter pour
l'arpentage ou opter pour le génie forestier, ou prendre les deux. Mais
quand il prend les deux, il est reçu ingénieur forestier mais il
lui faut, comme vous le mentionniez tantôt, subir un autre examen de la
corporation. Car son diplôme universitaire ne lui donne pas
automatiquement droit à la pratique. A quel moment, dans les
études que suivent les CGA et les CA, y a-t-il bifurcation dans les
programmes d'études?
M. CARON: Vous avez raison parce que plus on avance, plus
s'éloigne ce point de jonction-là, parce que la plus grande
majorité de leurs membres passent par des cours du soir qui sont
donnés à Laval, à l'Ecole des hautes études; alors
que nous, nos gens doivent être détenteurs d'un diplôme
universitaire et de plus en plus, ou presque exclusivement, aujourd'hui,
à 100 p.c. ils viennent des universités par les cours du
jour.
Vous voyez, où se fait le problème de lien entre les deux,
c'est peut-être par le truchement de crédits, comme on a
mentionné, mais ce n'est pas autrement parce que ce n'est plus
exactement le même cours, ce sont des cours qui sont assez
différents. Cela, c'est depuis le 1er janvier 1970.
M. COITEUX: Alors le cours...
M. CARON: L'équivalence que vous avez dans le mémoire,
c'est l'équivalence qui existait avant le 1er janvier 1970. Ce n'est
plus l'équiva- lence qui existe aujourd'hui. Aujourd'hui, ce sont deux
approches complètement différentes sur les mêmes
matières. Vous êtes obligés de tâcher de faire des
équivalences entre des gens qui suivent des cours du soir et des gens
qui suivent des cours du jour.
M. LAVOIE (Wolfe): Les gens derrière vous nous font signe de la
tête que c'est non; alors, je ne sais pas...
M. CARON: Ecoutez, chacun son opinion. Nous sommes libres. Je viens ici
pour exprimer la mienne et puis, si je me trompe, je le fais
involontairement.
M. COITEUX: Pour me former une opinion finale là-dessus, vous
êtes en mesure de dire, ce que vous venez d'affirmer d'ailleurs, que les
matières enseignées aux cours du soir ne préparent pas
aussi adéquatement l'étudiant vers une profession de comptable
que les matières enseignées aux cours du jour à
l'université.
M. CARON: Cela a été le jugement de l'ensemble de la
profession comptable au Canada, d'établir depuis juin 1970 que
l'exigence était un diplôme universitaire de cours complets et
puis c'a été la décision qui a été prise
après six ans d'études. Alors, elle a été prise et
elle est en vigueur depuis le 1er janvier 1970.
M. COITEUX: Mais ce que je veux vous entendre dire est ceci: Est-ce que
le gars qui suit des études du soir, dans votre optique, suit un cours
de comptabilité adéquat, comparativement au gars qui en suit de
jour?
M. CARON: Plus maintenant, d'après nos standards à nous
parce que nous avons opté pour autre chose.
M. COITEUX: Cela me satisfait. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Lorsque les étudiants ont suivi tout le
cheminement que vous avez expliqué au point de vue des études,
soit les études universitaires, stages, examens et les stages au niveau
des bureaux de comptables, vous calculez évidemment que cet
étudiant a droit à un diplôme et a un droit de pratique
comme CA. Est-ce que vous calculez que ce diplôme est une
récompense ou un droit? Il me semble que je vous ai entendu parler de
récompense tout à l'heure.
M. CARON: J'ai parlé des sacrifices qu'un stagiaire
s'imposait.
M. SAINT-GERMAIN: Lorsque le cheminement est complet et que le stagiaire
a passé son examen final, est-ce que vous calculez que le diplôme
que vous lui remettez est une récompense ou un droit?
M. DESROCHERS: Cela me semble une question assez ambiguë. Il me
semble que ce n'est sûrement pas une récompense, c'est
peut-être un droit. Essentiellement, c'est un brevet de compétence
et c'est surtout un engagement envers la société.
M. NORMANDIN: Je pense que c'est un droit de pratique et, d'une
façon familière, je pense que, par comparaison on le dit, avec
les efforts fournis, c'est une récompense, c'est un
à-côté. Je ne pense pas qu'essentiellement ce soit une
récompense; c'est une récompense pour des efforts fournis. Mais
essentiellement, fondamentalement, c'est un droit de pratique.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous pensez maintenant que le cheminement
que vous faites subir dans les études du futur CA, en fait, c'est le
seul cheminement qui peut permettre à jeune homme d'atteindre une
compétence comptable?
M. NORMANDIN: Comme comptable de la pratique publique.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. NORMANDIN: Oui, l'exercice public de la profession.
M. SAINT-GERMAIN: N'est-il pas possible qu'un jeune homme suive des
cours du soir et devienne membre du CGA et qu'en travaillant et par son travail
et par ses études personnelles se développe, parce qu'enfin,
à être comptable, on apprend aussi bien par des études
qu'à travailler. D'ailleurs, vous l'admettez vous-mêmes, puisque
vous obligez les jeunes à faire des stages au niveau des bureaux des
différents CA. Si ce jeune homme est ambitieux, il apprend d'une
façon continue et par son travail et par ses études. Est-ce que
vous admettez qu'il puisse atteindre les mêmes qualifications que celui
qui a passé par le cheminement que vous avez expliqué et qui est
le cheminement régulier pour en arriver à être CA?
M. NORMANDIN: Vous l'avez dit vous-même, ce n'est pas un
cheminement régulier, donc, il n'y a aucune garantie que les normes y
soient. Il se peut qu'une personne les atteigne. Il n'y a aucune garantie que
le produit moyen contienne toutes les normes qu'on veuille bien y mettre.
M. SAINT-GERMAIN : Est-ce une question de garantie ou si, en fait, le
type peut être aussi compétent?
M. NORMANDIN: C'est purement une hypothèse. Je ne peux pas
répondre à ça.
M. SAINT-GERMAIN: II faut tout de même se poser des questions.
Vous avez des gens qui sont CGA ou tout simplement comptables, ce sont
peut-être des APA, et qui ont sous leurs ordres et font travailler des
CA. Il y a des employeurs qui, par le fait même, jugent qu'un membre
d'une autre corporation que la vôtre a des talents et des
capacités supérieurs puisqu'on lui donne des
responsabilités qu'on ne donne pas à un CA et qu'on fait
travailler le CA sous sa juridiction.
M. CARON: J'aimerais bien reprendre ce point-là parce que nous
parlons de travailler sous direction, c'est bien différent d'exercer une
profession publique. Ce n'est pas seulement quelqu'un qui travaille pour un
employeur dont un est salarié ou que les deux sont salariés et
que l'un est au-dessus de l'autre. C'est très différent de dire
qu'on offre des services au public ou qu'on encourt des responsabilités
personnelles. A ce moment-là, nécessairement, l'expérience
que vous obtenez en travaillant varie; il y en a qui progressent plus que
d'autres et il y en a nécessairement qui deviennent excellents et
d'autres qui restent moyens.
M. SAINT-GERMAIN: Ce que je veux faire ressortir surtout, c'est que si
vous faites les comparaisons avec le droit ou certainement avec la
médecine, je crois que les comparaisons sont fausses. Si vous voulez
devenir médecin, il est impensable que vous puissiez l'être par
stage. Vous ne pouvez pas avoir un jeune qui va dire: Je ne suis pas trop
compétent, je vais me limiter à soigner les rhumes ou je vais me
limiter à soigner les maux de tête. C'est impossible. En
comptabilité, vous pouvez le faire. Vous pouvez dire: Je vais commencer
par tenir les livres, je vais prendre un cours du soir et après avoir
fait une tenue de livres, peut-être que je pourrai m'aventurer dans les
états financiers. En fait, c'est ce qui arrive. Petit à petit,
comme les universités n'ont pas l'exclusivité du savoir et
qu'elles n'ont pas l'exclusivité de l'enseignement de tout ce que les
êtres humains apprennent. Il y a en effet énormément de
choses qui s'apprennent au niveau de l'industrie ou qui s'apprennent à
tous les niveaux dans la vie d'un homme. Il est possible qu'un type qui n'a pas
suivi le cheminement que vous avez déterminé dans vos
règlements puisse atteindre une compétence égale et
même supérieure à la moyenne des compétences de vos
CA. On pourrait invoquer la même argumentation pour les ingénieurs
parce qu'il y a des techniciens qui sont plus efficaces que des
ingénieurs. Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que c'est là la
cause profonde des discussions que nous avons eues aujourd'hui? Si vous arrivez
à admettre que, par d'autres cheminements, un homme puisse atteindre la
même compétence, même si on voulait soutenir le
contraire, cela arrive et cela se fait si votre diplôme est un
droit et non pas une récompense et c'est là que ma
question avait du sens ne serait-il pas logique que cet homme qui a
atteint la compétence ait
aussi le droit attaché â cette compétence, quel que
soit le cheminement de ses études? Je crois que c'est là le fond
du problème.
M. CARON: II en est de même de toutes les autres professions. Je
pense bien que, si quelqu'un voulait étudier le droit par lui-même
et y donner le temps et les efforts nécessaires, il pourrait devenir
aussi compétent que la plupart des avocats.
M. SAINT-GERMAIN: Ne croyez-vous pas que, en comparant la
médecine au droit, ou la médecine à la
comptabilité, je vous ai donné une comparaison qui, par le champ
d'activité même des deux professions, est absolument fausse?
Lorsque vous parlez de liberté de choix, entre le notaire et
l'avocat, pour le jeune qui atteint une compétence, soit en devenant CA
ou par un autre cheminement, ne croyez-vous pas que cette liberté de
choix est presque, peut-être, inexistante dans les faits pour ce jeune
homme? Il est bien possible qu'il ne puisse pas, par exemple, étudier le
jour, qu'il ne puisse pas se payer le luxe d'un cours universitaire. Alors,
cette liberté de choix, ne croyez-vous pas qu'elle n'est pas la
même que la liberté de choix du type qui est en droit et qui dit:
Je m'en vais comme notaire ou je m'en vais comme avocat?
M. CARON: Mais comme celui qui aimerait devenir avocat et qui n'aurait
pas les moyens de suivre les cours en droit à l'université, ou la
médecine, ou la chirurgie dentaire, ou l'optométrie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: On parle de droits acquis par des chartes obtenues, soit du
gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial, sur
lesquelles évidemment chaque association a bâti un programme
d'études pour donner la qualification nécessaire pour pratiquer
la profession. Est-ce que vous n'avez pas, dans le monde comptable, un
organisme d'accréditation nord-américain, par exemple, qui
donnerait des jalons à chacune des associations un chemin qu'elles
pourraient suivre selon leur compétence? Est-ce qu'il y a un organisme
nord-américain d'accréditation? Cela existe en médecine,
il y a un organisme d'accréditation nord-américain qui donne des
directives, soit du côté des universités, soit du
côté des corporations professionnelles pour qu'elles puissent
s'acheminer vers une compétence et déterminer les champs d'action
des corporations professionnelles. Est-ce que ça existe dans le monde
comptable?
M. CARON: Je ne pense pas que ça existe dans le moment mais je
pense qu'on a exprimé le voeu, par Horizon 2000, de tendre vers une
évolution où on pourrait tabler sur les connaissances et la
compétence de tous ceux qui ont un intérêt dans la science
comptable, en créant, en commun, des centres de recherche pour faire
avancer les techniques comptables et la science comptable. Ce n'était
pas exclusif au groupe des comptables agréés, c'étaient
tous ceux qui font de la comptabilité, qu'ils soient dans les
universités ou dans d'autres associations. Ce dont vous parlez,
l'accréditation, ça n'existe pas chez nous, à ma
connaissance.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous avez parlé
de la définition du mot "expert-comptable". Ne pensez-vous pas que si
votre loi spécifique, au lieu de s'appeler la loi des comptables
agréés, s'appelait la Loi des experts-comptables, cela
faciliterait les étapes subséquentes de dialogue entre les
différentes corporations?
M. NORMANDIN: M. le député, le terme "expert-comptable"
décrit le travail que nous faisons. Le terme "comptable
agréé" décrit le titre que nous possédons. C'est la
distinction. L'expert-comptable est très bien décrit dans notre
mémoire...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce qui permettrait...
M. NORMANDIN: C'est la traduction, en fait, de l'anglicisme "comptable
public". Vous regarderez dans le dictionnaire: un comptable public est
quelqu'un qui s'occupe de comptabilité publique dans le sens du
gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous comprenez pourquoi je pose la question,
c'est qu'une loi spécifique pour les experts-comptables est beaucoup
plus large...
M. NORMANDIN: Je pense qu'elle serait plus restreinte.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, elle est beaucoup plus large que
celle des comptables agréés, mais ce serait le cadre justement
qui permettrait, à l'intérieur de cette loi, de définir ce
qu'est un comptable agréé. C'est le sens que je voulais donner
à ma question.
D'autre part, est-ce qu'il n'y a pas une évolution qui se fait
chez les comptables agréés dans le sens suivant: j'ai
déjà lu et des représentations ont été
faites par des membres éminents de la profession, à savoir que le
comptable agréé devait peut-être dans l'avenir donner moins
d'importance à la préparation des états financiers et se
diriger danvantage, en plus de faire de la préparation d'états
financiers, vers l'interprétation et vers un mandat ou une
responsabilité plus large.
Est-il possible que votre profession évolue vers ce
champ-là, que ce soit à partir des
conclusions d'Horizon 2000 ou autrement, d'autres études qui ont
été faites?
M. NORMANDIN: Non seulement c'est possible, mais c'est un fait de tous
les jours. J'ai donné lecture cet après-midi de la description
des travaux que nous sommes appelés à accomplir pour les clients
et il y en a beaucoup... A part l'acte d'attestation c'est
évident c'est une évolution qui se poursuit depuis
plusieurs années et s'accentue, si je peux dire, mais ça ne
contredit pas le fait que ces actes-là sont posés dans le
contexte de l'expert-comptable indépendant, à son compte, qui
rend des services au public et qui engage ainsi sa responsabilité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez me dire, dans l'effectif
actuel des comptables agréés, combien il y en a sur 5,000 qui ont
une formation universitaire?
UNE VOIX: On va vous répondre: 55 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): 55 p.c. actuellement. Est-ce qu'actuellement,
depuis que le cours universitaire est commencé, depuis que vous avez
cette exigence... Le premier janvier 1970, il y avait, j'imagine, des
étudiants qui étaient engagés dans des cours du soir.
Est-ce que ceux-là continuent leur cours pour devenir CA en prenant le
cours du soir?
M. NORMANDIN: Ils sont maintenant rendus en troisième
année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils ont continué. Mais maintenant vous
n'en admettez plus de nouveau au cours du soir; ils doivent suivre le cours du
jour, et prendre une formation universitaire.
M. NORMANDIN: Cela fait partie de l'évolution historique de notre
profession. Il faut songer qu'au début les stagiaires prenaient leur
enseignement de leur martre de stage qui était aussi leur employeur. Il
ne dispensait aucun enseignement dans les universités. Petit à
petit, les instituts provinciaux ont organisé des cours; ils occupaient
les salles des universités, mais c'étaient des cours
parauniversitaires. Ici il faut rappeler que la province de Québec est
à l'avant-garde; ça fait plus de 20 ans que l'Institut des
comptables agréés a eu des pourparlers et a conclu des
arrangements avec les universités pour céder cette
partie-là de la formation c'est-à-dire la formation scolaire aux
universités qu'il croyait mieux qualifiées que lui-même
pour dispenser des cours aux étudiants. C'est une évolution
normale. On en est arrivé à un point où l'on exige
maintenant le diplôme universitaire. Cela s'est fait par
étapes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, en 1975, normalement cinq ans de
délai, tous les étudiants qui voudront devenir CA devront suivre
un cours universitaire.
M. NORMANDIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là je pose la
question, mais j'imagine que la réponse sera négative il
n'y a pas de danger que ceux qui, parmi vos membres, n'ont pas une formation
universitaire deviennent des professionnels de seconde zone?
M. NORMANDIN: Non, non. D n'y a aucun danger. C'est une évolution
normale, il ne s'agit pas d'enlever à quelqu'un ce qu'il a acquis et
c'est pour se mettre au niveau. Ce problème-là est à
l'échelle du continent américain.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis content, ma question suivante allait au
niveau national ou au niveau nord-américain. Est-ce que vous diriez que
la profession comptable est justement une de ces professions dont
l'équivalence est extrêmement importante, justement à cause
de la responsabilité précise que vous avez? Vous êtes
vérificateurs pour des entreprises, des entreprises qui oeuvrent au
niveau national; elles ont ici au Québec peut-être une maison
mère et des filiales dans d'autres provinces ou dans d'autres pays et
l'inverse aussi est possible, qu'ils aient leur maison mère ailleurs et
des filiales ici. Alors je voudrais savoir si, à ce moment-là, le
critère d'équivalence de formation entre les différentes
provinces prend d'autant plus d'importance.
M. NORMANDIN: Non seulement c'est important, c'est fondamental. Comme
vous le savez, aujourd'hui le commerce est national et international. Nous
sommes au siècle des communications. Si, par exemple, il arrivait que
dans la province de Québec, notre formation soit jugée
inférieure à celle des instituts d'autres provinces ou d'autres
Etats américains, nous perdrions ce privilège de
réciprocité et, en conséquence, des comptables
agréés de la province de Québec ne pourraient pas
travailler à vérifier les livres, par exemple, faire des travaux
comptables chez des maisons qui exploitent leur commerce dans la province de
Québec. A ce moment-là, ces maisons internationales auraient
recours à des gens d'autres provinces qu'ils feraient accréditer
ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous poserai une question peut-être un
peu délicate. Comment est considéré, à
l'extérieur, le CA qui est formé dans le Québec? Quel est
le jugement que l'on porte sur la formation du CA aux Etats-Unis ou dans les
pays d'Europe? Parce que vous aurez aussi nécessairement, à un
certain moment, à signer des documents qui pourront être
interprétés jusque dans les pays européens.
M. NORMANDIN: A l'échelle du Canada, il faut dire qu'il n'y a pas
de problème parce que nous avons un examen uniforme qui comporte en
contrepartie, la réciprocité, c'est-à-dire que si
vous êtes membre, par exemple, de l'institut de la province de
Québec vous devenez membre par affiliation de l'institut d'un autre
province sur simple demande puisque vous avez subi le même examen. Donc,
au niveau canadien, il n'y a pas ce genre de problème. En ce qui
concerne les relations avec d'autres pays, j'ai dit cet après-midi que
la profession canadienne de comptabilité qui était reconnue
à l'échelle internationale, c'est l'Institut des comptables
agréés. Ceci s'est propagé par les ententes qui existent
entre les firmes nationales et internationales associées, par exemple,
à des firmes canadiennes qui ont des associés aux Etats-Unis, qui
ont des associés en Europe. Nous sommes certains que les normes
canadiennes sont parmi les plus élevées au monde à la
suite de congrès internationaux auxquels nous avons pu assister. Le
point de vue canadien est toujours très apprécié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une autre question. Depuis que...
M. CARON: Tout à l'heure, j'ai voulu ajouter quelque chose parce
que je crois que c'est important pour la commission. Quand on parle, nous, du
public, nous avons deux publics. Nous avons le public québécois,
le public individuel, le résidant du Québec, et nous avons aussi
un public que nous servons, qui est un public qui se compose d'entreprises qui
sont situées en dehors ou dans la procince de Québec, et
même aux Etats-Unis. Alors, à l'occasion, notre client peut
être une entreprise de Californie. A ce moment-là, c'est lui le
public que nous servons. Je comprends que nos états peuvent servir
auprès des banques, mais nos services ne sont pas toujours rendus
à des individus. Ce sont très souvent des corporations. Quant
à l'autre partie de votre question concernant la reconnaissance, je peux
vous dire que sur le marché de New York ou auprès de la Security
and Exchange Commission ou auprès des banquiers d'Allemagne ou
auprès d'autres financiers, la réputation que nos membres ont
acquise au Québec nous apporte une reconnaissance et un respect qui
aident les Québécois. Je pense que l'on doit se rappeler cela
contineullement parce que c'est une réputation longue à
bâtir. Elle est très bien établie et elle sert les
Québécois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que depuis que vous exiger la formation
universitaire, il n'y a pas danger que vous soyiez en face d'une pénurie
d'effectifs? Si je me base sur les chiffres que vous avez cités cet
après-midi, le nombre de cabinets, le nombre de stagiaires dont vous
avez besoin, le développement de l'industrie, le développement du
commerce, l'expansion que prend le secteur de la comptabilité, de la
gestion en générale, est-ce qu'il y a un danger d'une
pénurie d'effectifs à la suite de ce changement radical dans la
formation, dans les exigences?
M. NORMANDIN: Je ne crois pas que cela provienne du changement au niveau
de l'enseignement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous en avez combien au cours du soir? Vous en
avez combien au niveau de la formation universitaire?
M. NORMANDIN: C'est un nombre que nous ne savons pas parce que ceux qui
sont étudiants durant le jour ne sont pas inscrits à l'institut.
Vous pouvez avoir 150 étudiants à l'université Laval, par
exemple, qui vont terminer leur cours mais il n'y a aucun signe qui pourrait
vous faire connaître d'avance s'ils vont se destiner à devenir des
comptables agréés. Vous le savez quand ils viennent chez vous
pour subir l'examen. C'est cela qui a changé un peu. Il y a un nombre de
recrues éventuelles que nous ne connaissons pas à cause de cela.
Mais je voulais dire tout à l'heure que, s'il y a une pénurie,
c'est peut-être parce que, dans la jeunesse, il semble y avoir des
orientations moins traditionnelles que par le passé. On voit l'explosion
du nombre de facultés dans les universités. Je me rappelle, il y
a 25 ans, qu'il y avait quatre ou cinq facultés à
l'université. Vous y retournez aujourd'hui et il y a une
prolifération de facultés. Il y a l'embarras du choix pour les
étudiants. Je pense que c'est un problème qui se pose pour toutes
les facultés excepté certaines professions où il y a des
pénuries reconnues qui attirent traditionnellement beaucoup de
monde.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai une
dernière question.
Est-ce qu'aussi du côté des CA, du côté de la
profession comptable en général, on se dirige vers la pratique
collégiale avec d'autres professionnels? Avec d'autres disciplines?
M. NORMANDIN: C'est une question très intéressante. Nous
pensons que, pour mieux servir le public, c'est une chose inévitable. Il
y a des secteurs où cela se fait d'une façon non officielle, si
vous voulez, sur certains cas, dans les affaires où vous travaillez en
collaboration très étroite, par exemple, avec des
ingénieurs, même des architectes ou des avocats pour un projet
donné. Je pense que c'est une idée très positive et je
regrette même que cela n'ait pas été mentionné dans
le code des professions.
M. LE PRESIDENT: Je pense que la dernière question revient au
député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, il y a eu tellement de questions de
posées, mais il en reste encore quelques-unes. J'ai quand même
l'impression que l'acte comptable, que ce soit du domaine privé ou du
domaine public, c'est quand même un acte comptable. Je ne sais pas si on
a bien défini ou si on a défini clairement
ce que c'était que l'acte comptable, mais j'ai l'impression, que
ce soit pour le compte d'une municipalité ou d'une entreprise
quelconque, que ce sont les mêmes chiffres, c'est en quelque sorte une
même comptabilité, cela finit par se ressembler. Quand vous dites
dans votre mémoire que l'institut s'oppose énergiquement au nom
de l'intérêt public à ce que le domaine de l'expertise
comptable soit partagé entre plusieurs corporations, je me dis qu'il va
falloir à un moment donné qu'on se décide de fusionner les
groupes de comptables ou encore qu'on délimite leur champ, qu'on
délimite un territoire bien défini, parce qu'on se pose encore la
question: Qui va faire quoi? Si ce sont les comptables agréés en
fait qui couvrent tout le champ et que c'est impossible d'incorporer d'autres
groupes en comptabilité, à ce moment-là, ils se
retrouveront sans travail. Je me demande un peu depuis un bon bout de temps
qu'on en discute si c'est uniquement une question de reconnaissance
légale, puisqu'on a semblé dire auparavant que d'autres groupes
que les CA avaient quand même une certaine compétence. Je me pose
une question: Ai-je besoin d'une carte en menuiserie pour aiguiser un crayon
parce que celui-ci est en bois? Disons que c'est plus un commentaire qu'une
question, mais étant donné que je n'ai pas posé de
question, je me permettais, M. le Président, d'exposer quand même
ma façon de voir les choses.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Vous nous avez dit tout à l'heure qu'on reconnaissait
la compétence des comptables par exemple sur un travail, un rapport que
vous avez à faire pour certaines compagnies des Etats-Unis, mais est-ce
que cette équivalence est reconnue au point qu'on permettrait à
nos comptables d'aller pratiquer aux Etats-Unis?
M. CARON: Oui, pour autant que vous avez un diplôme universitaire,
maintenant, vous pouvez aller pratiquer dans l'Etat de New York, par exemple
je le nomme en passant parce que je sais que c'est un cas de
réciprocité, un cas d'équivalence et dans beaucoup
d'Etats aux Etats-Unis. Je ne pourrais pas les nommer, mais il y en a
probablement une dizaine ou une quinzaine où, par le fait que vous avez
des standards équivalents d'admission, on vous donnerait le droit de
pratique à la condition tout simplement de le postuler.
M. BOIVIN: Est-ce que c'est la même chose, l'équivalence
est-elle sur les deux côtés? Est-ce qu'un comptable des
Etats-Unis, de l'Etat de New York, pourrait venir pratiquer par exemple dans la
province de Québec?
M. CARON: J'aimerais laisser cette question-là en plan pour y
répondre ultérieurement, parce qu'il y a des conditions à
cela.
M. DESROCHERS: C'est-à-dire que certaines contraintes nous sont
imposées par des lois du Québec, à savoir celles qui
découlent du bill 64, je pense, qui a été adopté et
qui a trait à la citoyenneté canadienne ou à la
connaissance d'usage de la langue française. C'est une contrainte, mais
si on met cette contrainte de côté, je pense qu'il y a un accord
de principe entre les instituts provinciaux au sujet des membres de certaines
corporations d'experts-comptables. Je ne sais pas si nous en avons
dressé une liste mais certaines corporations d'experts-comptables sont
couvertes et je pense que les CPA des Etats-Unis devraient tomber dans cette
catégorie et pourraient être admis à exercer leur
profession moyennant qu'ils subissent un examen en fiscalité et
moyennant un an de résidence au Canada.
M. BOIVIN: Ce serait donc assez facile d'établir ce dont je
parlais tout à l'heure, la norme, un organisme d'accréditation,
si vous avez autant de relations que cela avec l'extérieur et si vous
avez des équivalences. Il serait alors très facile d'avoir un
organisme d'accréditation qui réglerait beaucoup de cas, il me
semble dans le monde comptable.
M. NORMANDIN: Permettez-moi. A l'institut canadien il existe un
comité qui s'appelle le Comité international de qualification et
qui fait justement ce travail-là pour tout le reste des provinces. Il
s'agit d'évaluer les titres professionnels d'un pays
étranger.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question, le député
de Bourget.
M. LAURIN: Je crois qu'il est assez compréhensible et normal que
vous cherchiez à rationaliser, à uniformiser par le haut votre
profession et que vous cherchiez à établir les plus hauts
standards possible. Mais est-ce qu'il serait possible aussi de tenir compte
et je vous pose la question d'une part, des droits acquis depuis
de longues années par les membres de votre profession qui n'ont pas
atteint votre degré d'excellence, et d'autre part, est-ce que la
proposition que vous faites, cette intégration rapide et forcée
de ceux qui n'ont pas atteint cette norme d'excellence, correspond vraiment aux
conditions concrètes auxquelles devraient se plier les membres
éventuels de votre corporation? A ce moment-là, pourriez-vous
nous dire quelles sont les étapes que vous avez envisagées pour
que cette intégration se fasse d'une façon qui corresponde aux
conditions d'exercice de la profession dans ses autres branches qui n'ont pas
atteint le même niveau?
M. LE PRESIDENT: M. le député de Bourget, on a
peut-être répondu dix fois à cette question
aujourd'hui.
M. LAURIN: J'ai entendu monsieur qui y a répondu tout à
l'heure mais cela ne m'a pas satisfait.
M. LE PRESIDENT: Vous n'étiez pas ici, comment pouvez-vous...
M. LAURIN: Non, j'étais là quand monsieur a répondu
à cette question.
M. LE PRESIDENT: On y a répondu cet après-midi.
M. LAURIN: J'étais là quand on a répondu à
cette question.
M. LE PRESIDENT: Une dernière chance pour y répondre et
après on ferme cette partie de la commission pour donner une chance
à...
UNE VOIX: L'avocat...
M. NORMANDIN: Je ne sais pas de quels droits acquis vous voulez parler
parce que les droits acquis ont été respectés en 1946
jusqu'à nos jours. En ce qui concerne l'intégration rapide, nous
avons justement dit qu'un écueil à éviter était de
se précipiter dans une solution qui semble facile et qui ne l'est pas.
Nous sommes très au courant que ce n'est pas une solution facile;
néanmoins nous sommes prêts à oeuvrer de toutes nos forces
à réaliser cet objectif. Je dois vous dire, en toute
sincérité, que nous n'avons pas de plan défini envers
l'intégration, mais je pense que le premier pas n'a pas encore
été fait avec les autres associations puisque nous l'avons
tenté l'an dernier et qu'il n'a pas été accepté si
je peux dire. Il faudrait se reprendre.
M. LAURIN: C'est simplement, M. le Président, je m'excuse, pour
soumettre, à part la formule qui nous est suggérée, qu'il
y a peut-être d'autres formules alternatives auxquelles on pourrait
penser et je me demandais si l'institut avait pensé à d'autres
formules.
M. NORMANDIN: Nous sommes prêts à nous pencher sur le
problème.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je remercie la
délégation des comptables agréés.
M. REEKIE: Pour conclure, je voudrais dire que c'est un plaisir pour
nous d'avoir eu la permission de nous présenter devant vous cet
après-midi. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, la Société des comptables en
administration industrielle du Québec.
Voulez-vous continuer vos discussions dehors s'il vous plaît? Je
donne la parole à Me L'Heureux-Dubé qui remplace Me Jacques
Phi-lippon.
Société des comptables en administration
industrielle du Québec
MME L'HEUREUX-DUBE: J'ai senti, M. le Président, que vous n'aviez
pas le courage d'empêcher une femme de parler. Je vous en remercie.
M. LE PRESIDENT: J'ai été marié assez longtemps
pour savoir cela. Même une couple de fois.
MME L'HEUREUX-DUBE: M. le Président, MM. les
députés, je remplace Me Jacques Philippon, mon associé,
qui est absent du pays et qui aurait été sûrement heureux
d'être ici ce soir.
On se réfère souvent, en parlant du comptable en
administration industrielle, à l'homme au centre. Ils ont même une
brochure comme ça. Pour ce soir, ils m'ont permis d'être la femme
au centre.
Les RIA sont des gens réalistes., Le mémoire que nous vous
présentons aujourd'hui, au nom de la Société des
comptables en administration industrielle du Québec, est empreint d'un
souci évident d'apporter une contribution réaliste à
l'étude d'un projet de loi sur lequel la société que je
représente est fondamentalement d'accord.
Nous avons suivi le débat toute la journée, nous avons
été impressionnés par la qualité des questions et
peut-être, dans le moment, sommes-nous un peu moins confus ou
peut-être un peu plus confus, quant à moi personnellement.
Pour être réaliste après cette journée bien
remplie, je limiterai mon exposé à quelques minutes seulement et
je comprends que vous êtes intéressés plutôt à
entreprendre un dialogue avec les membres de la corporation qui est ici
représentée par plusieurs des membres de ce conseil provincial
que je vous présente.
M. Doug Simpson, comptable en chef de la Steel Company of Canada de
Montréal, président provincial de la société des
comptables en administration industrielle.
M. Vic Bolduc, gérant général de T.J. Moore,
Québec, vice-président provincial et président du
comité de formation de l'enseignement. C'est aussi le trésorier
provincial.
M. Don Birk de Montréal, secrétaire permanent de la
société provinciale.
M. Léopold Girard et M. Gaston Brown, directeurs de la
société financière pour le commerce et l'industrie, tous
deux ex-présidents.
M. Réginald Dugré, directeur du département des
sciences comptables, directeur de la section des sciences de l'administration
de l'extension de l'enseignement de l'université Laval, Québec,
administrateur provincial et membre du comité provincial de
l'enseignement.
M. Nelson Allen, vice-président exécutif national de la
Société des comptables industriels du Canada qu'on désigne
comme SIA Canada. Il a à son actif 27 ans d'expérience et de
permanence sur le plan national et sa réputation,
particulièrement dans le domaine de l'éducation, s'étend
même au niveau international. Ayant noté votre
intérêt sur le plan national, je pense que sa contribution pourra
peut-être être utile pour vous éclairer.
M. Michel Philippon, trésorier des industries MAIBEC,
administrateur provincial, ex-président de la section de Québec,
membre du comité provincial de l'enseignement.
M. Denis Delongchamps, responsable de la gestion des documents à
l'Hydro-Québec, membre du comité de l'éducation et
administrateur de la section de Montréal.
Voilà pour les présentations.
A titre d'information seulement, cette société compte
actuellement dans la province 872 membres et 2,411 de ses étudiants sont
enregistrés au Québec. Au Canada, il y a plus de 5,000 comptables
en administration industrielle et au-delà de 15,000 étudiants
inscrits dans cette discipline.
C'est en 1941 que l'Institut de gestion industrielle et commerciale a
été créé par la Loi 5 George VI, chapitre 95, et en
1948, et par la suite, en 1968, par des amendements à la loi de 1941, le
nom a été modifié en celui que la société
porte aujourd'hui.
La Société des comptables en administration industrielle
du Québec est mieux connue sous le nom de RIA, le nom
réfère à son titre anglais, Registered Industrial
Accountants.
Ce mémoire a d'abord été préparé par
un comité ad hoc, à la suite de plusieurs réunions du
conseil provincial et entériné à l'unanimité des
membres du conseil.
Malgré que la société n'ait pu procéder
à une consultation élaborée de ses membres, vu le temps
restreint, un exemplaire du mémoire a été transmis
à chacun des membres et je crois qu'il représente un consensus de
l'opinion de ses membres.
Il existe actuellement, comme vous le savez, trois groupes principaux de
comptables, les RIA, les CA, les CGA. Il en existe d'autres aussi. Rejoignant
l'idée maîtresse du code des professions, comme l'a rappelé
l'honorable Cas-tonguay au début de la première séance des
travaux de la commission, qui est la protection du public, les RIA
considèrent que cette protection, justement, serait mieux assurée
par l'unification de toutes les professions comptables.
Si nous analysons la situation telle qu'elle se présente
réllement sur le plan pratique, les CA, les CGA, les RIA entre autres,
sont des spécialisations de la grande profession comptable, et telles
spécialisations ont été rendues nécessaires par les
exigences du monde des affaires moderne.
Remontant à l'origine de la société que je
représente, c'est en 1920 que les membres de l'Institut des comptables
agréés ont eux-mêmes décidé d'incorporer la
Société des comptables en administration industrielle. Beaucoup
d'arguments militent en faveur de l'unification de la profession comptable, que
la société a exposés dans son mémoire. Mais entre
autres et rejoignant, encore là, l'idée fondamentale à la
base du code des professions, c'est la protection du public que cette
unification assurerait d'abord et avant tout.
Je pense qu'on a beaucoup parlé de confusion, nous croyons qu'il
y a confusion, et, en particulier, on n'a qu'à consulter les offres
d'emplois dans les journaux pour s'en rendre compte. On demande un comptable
RIA, CGA ou autre. C'est comme ça qu'on met les annonces dans les
journaux. Nous sommes à l'ère des fusions, des regroupements sur
le plan international, sur le plan national, sur le plan
québécois et il semblerait illogique de laisser continuer
à exister une situation de fait qui est de moins en moins conforme
à la réalité quotidienne.
Paraphrasant le ministre des Affaires sociales lors de la
présentation du mémoire du Collège des médecins, il
serait mauvais d'avoir autant de corporations qu'il y a de
spécialités comptables. Le ministre, lui, parlait de
spécialités médicales. Des contacts ont été
faits par les RIA, par les CA, et il semble à la société
que rien ne s'opposerait vraiment à ce que l'unification se
réalise.
L'idée est vraiment dans l'air. Devant une telle situation, il
semble appartenir au législateur de prendre l'initiative dans ce domaine
et la société que je représente offre son entière
collaboration au gouvernement en ce sens. Sans même s'être
consultés parce que nous n'avions pas lu le mémoire des CGA quand
nous avons fait le nôtre, nous reprenons cette idée-là.
C'est qu'elle est vraiment dans l'air.
Comme il ne serait pas réaliste, croyons-nous, d'espérer
que cette unification se fasse du jour au lendemain, la société
que je représente, tout en souhaitant que le législateur
manifeste clairement son appui à cette suggestion et y donne suite dans
un avenir rapproché, nous pensons que trois ans serait un délai
réaliste, soumet plusieurs recommandations quant à la
législation proposée.
Nous croyons aussi que si le législateur ne fait pas ce pas,
probablement qu'elle aura beaucoup moins de chances de se réaliser. Ces
recommandations s'inscrivent dans le cadre de la protection du public, objectif
sur lequel la société se déclare pleinement d'accord.
Pour assurer cette protection, la société considère
que le rôle de l'Etat en est un de surveillance et de contrôle dans
le but d'assurer la compétence, l'intégrité,
l'efficacité des corps professionnels et non pas un rôle de
subordination, de l'exercice de la fonction à l'autorité de
l'Etat. Si l'Etat doit agir, c'est seulement à défaut par les
corporations de le faire.
La création de l'Office des professions, avec des pouvoirs
étendus que le projet de loi 250 lui confère, semble
répondre entièrement à cet objectif. Aussi, la
société ne peut être d'accord sur les pouvoirs
conférés par l'article 169 au lieutenant-gouverneur en conseil.
Celui-ci assumerait alors, non pas des pouvoirs de surveillance et de
contrôle, mais des pouvoirs de décisions entiers.
En ceci, nous rejoignons les recommandations de plusieurs autres
corporations qui ont déjà soumis leurs représentations
à cette commission, tout en faisant des recommandations distinctes
à cet égard. Par exemple nous différons des
recommandations du conseil interprofessionnel qui voudrait confier certains de
ses pouvoirs à l'office. Nous croyons qu'il appartient à chaque
corporation, même pas à l'office seul, d'exercer la
surveillance.
Qui mieux que la corporation est en mesure de juger et de
déterminer les programmes d'études, les diplômes. Dans le
cas particulier des RIA, depuis plus de vingt ans, ses programmes
d'études sont établis, améliorés, étendus
régulièrement, et ces programmes d'études répondent
aux besoins et à la définition du comptable de gestion dans la
société moderne.
Cinquante universités du Canada dispensent nos cours. C'est une
situation unique.
Cela prouve que les cours avaient été
élaborés dans un processus d'entente avec les universités
et que nous avons fait là tout ce que nous pouvions faire pour avoir des
standards très élevés. A cause justement de ces standards
élevés, la société que je représente a
acquis le niveau d'une corporation professionnelle de premier plan. La
détermination des programmes d'études a été son
souci constant et elle a travaillé en collaboration avec la
société nationale à inviter des professeurs
d'université spécialisés et, en consultation avec eux, a
tenu compte du besoin du monde des affaires, de l'opinion des praticiens et de
tous les aspects de la question dans la détermination de ces programmes
et des diplômes décernés.
Le programme et les examens que doivent subir et suivre les
étudiants pour obtenir le titre de RIA sont uniformes dans tout le
Canada et sont établis par des comités formés de
représentants de chacune des provinces. Les examens sont d'un standard
national et sont la base de la reconnaissance du standard professionnel des RIA
à l'échelle du pays.
Le système de l'examen uniforme tel qu'il fonctionne actuellement
est nécessaire à cause des ententes de réciprocité
interprovinciale qui permettent le mouvement des professionnels entre les
provinces. Effectivement, ces transferts se font. Nous avons, dans notre
mémoire, un tableau qui le démontre et elles existent. La
corporation professionnelle est la première intéressée
à assurer et à augmenter la compétence de tous ses
membres.
D'ailleurs, ses programmes doivent être approuvés par les
universités et toutes les maisons d'enseignement qui les dispensent, ce
qui est déjà une mesure de contrôle sur leur
qualité. La province de Québec, qui importe des capitaux
étrangers, doit pouvoir compter sur la compétence reconnue
nationalement de ses comptables de gestion. Il doit aussi autre argument
y avoir équation entre permis et compétence dont la
corporation est responsable. Si elle ne peut pas faire l'équivalence
entre les deux, je crois qu'il lui sera difficile d'assumer ces
responsabilités, d'assurer la compétence de ses membres.
Ce rôle de la corporation nous apparaît comme fondamental.
Il nous semble donc que ce pouvoir ne doit pas être exercé par le
lieutenant-gouverneur en conseil mais bien par la corporation elle-même,
par l'intermédiaire de son bureau, soumis si l'Etat le croit
nécessaire, au contrôle de l'Office des professions à
défaut de la corporation d'agir.
C'est pourquoi les sous-paragraphes a), d) et e) de l'article 169
devraient, à notre sens, être incorporés à l'article
83 et les sous-paragraphes b) et c) à l'article 87. Autrement, cela
serait ouvrir la porte à l'arbitraire et mettre de côté des
années d'efforts et de recherches fournis par la
société.
La société soumet plusieurs autres recommandations sur le
projet de loi 250 qui, pour la plupart, ont pour but d'assurer une
défense pleine et entière des membres de la corporation. D'autres
recommandations concernent les aspects pratiques, tels que les réunions
toutes les six semaines qui, prétendons-nous, devraient avoir lieu
quatre fois par année seulement, le quorum, etc. Je n'insiste pas pour
le moment sur ces différentes modifications suggérées mais
je désire plutôt souligner la recommandation particulière
concernant l'article 35 a) du projet qui définit le rôle du
comptable de gestion. Ce problème épineux des définitions
a d'ailleurs semblé être une préoccupation majeure du
ministre des Affaires sociales. Si ma mémoire est bonne, c'est le
député de Montmagny qui a indiqué que chaque corporation
aurait l'occasion de donner son point de vue sur la définition contenue
dans le projet de loi, particulièrement lors de la présentation
du mémoire du Collège des médecins.
La définition du comptable de gestion à l'article 35 a) ne
semble pas réaliste, en ce qu'elle ne tient pas compte de
l'évolution de cette profession depuis plusieurs années. M.
Vézina parlait tout à l'heure de 1972, nous sommes à
l'ère de 1972 dans la définition que nous donnons et non pas
à l'ère de 1946.
L'honorable ministre Castonguay, dans son intervention lors de
l'étude du mémoire du Conseil interprofessionnel du
Québec, a lui-même souligné que, dans certains cas, c'est
une difficulté majeure qui se présente, celle de délimiter
le champ de pratique. Les RIA se sont rendu compte de cette difficulté
et ont soigneusement rédigé une définition de leur champ
d'activité qui est à leur avis une transposition de
la réalité. Je vous la lis, je pense que c'est important:
"Faire de la comptabilité de gestion en fournissant et utilisant
l'information comptable et financière et toutes autres informations pour
la prise des décisions relatives à la planification, au
contrôle et à la gestion des entreprises. Offrir au public des
services de conseillers en matière d'élaboration et
d'administration des systèmes comptables, de planification et de
contrôle financier de ses entreprises". C'est notre
définition.
Offrir au public nous avons vu beaucoup de discussions
aujourd'hui là-dessus nous le faisons. Vous avez par exemple la
firme de P.A. Ross à Montréal. Ce sont des "management
consultants" comme on les appelle en anglais, je ne connais pas la traduction
en français, ce sont probablement des consultants en administration.
Nous faisons cela. Nous ne le faisons pas de façon extensive mais nous
le faisons.
C'est l'essentiel des fonctions des RIA actuellement et, comme vous le
constatez, cette définition ne revendique pas pour les RIA
l'exclusivité de la vérification publique externe. Nous ne
revendiquons rien au point de vue exclusif. La majorité des RIA agissent
à l'intérieur des entreprises privées, pour le
gouvernement ou les corps publics. Mais rien ne s'oppose à ce qu'ils
agissent comme conseillers et fournissent des services comptables au
public.
En fait, une personne qui aurait beaucoup d'expérience dans ce
domaine, il semble que ce serait même à l'avantage du public
qu'elle puisse offrir ses services. Dans le moment, on ne lui reconnaît
pas ce droit-là et le projet de loi ne le reconnaît pas.
La société croit donc que la définition du
législateur doit correspondre à la pratique existante, au moment
où cette définition est adoptée, et au besoin du public.
Je désire souligner enfin que la société a fait des
commentaires et recommandations relativement au projet de loi 264 des
comptables agréés. Ce projet de loi ne contient pas
l'équivalent de l'article 16 de la loi actuelle des comptables et
accorde en plus tous les pouvoirs résiduaires aux comptables
agréés en vertu de son article 18.
La société considère que ceci peut être une
source de difficultés et de conflits quand on réalise combien
sont connexes et imbriqués les champs d'activité des diverses
catégories de comptables. La société aimerait retrouver,
dans ce projet 264, l'article 16 de l'actuelle loi des comptables.
Ces brefs commentaires, évidemment, ne rendent pas justice au
mémoire qui vous est soumis présentement et qui contient de
nombreuses autres recommandations. Nous espérons que la commission
parlementaire tiendra compte de toutes et chacune et les membres de la
corporation sont maintenant à votre disposition pour répondre
à vos interrogations, si vous le jugez utile.
M. FOURNIER: Je comprends que votre mémoire contient plusieurs
recommandations qui seront analysées par la commission. Cependant, il y
a quelques questions que j'aimerais vous poser. Je constate, à la page 7
de votre mémoire, que la recommandation principale du mémoire est
de voir à l'unification des professionnels de la comptabilité.
Vous avez dû remarquer qu'au cours de la journée c'est un peu
l'orientation qu'avaient les membres de la commission, de ce
côté-ci, dans les questions qu'ils posaient.
Relativement à cette unification, vous nous donnez à la
page 8, une série d'articles touchant le champ de la
comptabilité. J'aimerais savoir ce que vous pensez du premier article:
définir le comptable et son rôle et déterminer son champ
d'activité. Je vous pose la question suivante. Aujourd'hui un certain
groupe a voulu définir la comptabilité elle-même par les
actes qui étaient posés, tandis qu'un second groupe a voulu la
définir par le client qu'il représentait. Quelle est votre
attitude relativement à ça? Est-ce qu'on ne devrait pas la
définir par le champ d'activité plutôt que par les clients
que le groupement comptable a?
MME L'HEURUEX-DUBE: M. Dugré va répondre à votre
question.
M. DUGRE: M. le Président, il nous semble que la
comptabilité devrait être définie. Elle est d'ailleurs
définie en soi, c'est un champ d'activité que de nombreuses
associations de comptables ont déjà défini, sur lequel de
nombreux professeurs ont écrit longuement et je pense qu'il est quand
même assez connu.
Vous me permettrez de reprendre un peu ce que vous avez souligné
au cours de la journée, lorsque vous disiez: Dans la
comptabilité, il y a la tenue de livres. La tenue de livres, ça
peut être très bien fait par des étudiants de secondaire V
qui quittent le secteur commercial; ça peut être très bien
fait par les gens du CEGEP, du secteur des techniques administratives;
ça peut être fait aussi par beaucoup d'autres qui l'ont appris,
évidemment.
Il y a aussi, on le disait, premièrement à reviser les
transactions et, vous le disiez, après ça, à
préparer des états financiers. D'autres que les comptables, si
vous voulez, peuvent en préparer et d'excellents aussi. Il y a aussi une
autre partie dont on n'a pas beaucoup parlé mais que la
définition de la comptabilité classique nous rappelle, et
celle-là est extrêmement importante et extrêmement vaste,
c'est l'analyse. La définition ordinaire que l'on soumet dans certains
livres, c'est l'analyse à la fin de tout, et c'est ça
évidemment la fonction de comptable, surtout du comptable professionnel,
c'est dans l'expertise qu'il montre, après qu'il a tous les documents
comptables en main, qu'il va pouvoir maintenant tirer certaines conclusions,
donner certains conseils à ceux qui vont avoir à les utiliser.
C'est à ce moment-là,
évidemment, qu'il joue son rôle de conseiller, son
rôle de professionnel.
Lorsque nous nous parlons de comptabilité administrative, nous
sortons en bonne partie du champ de ce que tantôt on a appelé la
comptabilité publique pour dire: Nous, nous sommes
spécialisés, nous avons étudié
particulièrement un champ donné de la comptabilité
générale qui s'appelle la comptabilité de gestion,
c'est-à-dire l'utilisation de tous les documents comptables, de toutes
les données comptables et autres provenant de différentes
sources, pour mieux guider l'administration et l'aider à prendre des
décisions plus judicieuses. Voilà, le champ, si vous voulez, dans
lequel nous nous cantonnons davantage, ce qui ne nous empêche pas
d'étudier d'autres branches qui sont connexes aux autres professions.
Nous nous en sommes tenus à cet aspect très particulier
où, je pense, les comptables, soit les comptables en prix de revient ou
les RIA sont particulièrement qualifiés.
M. FOURNIER: Est-ce que vous êtes en faveur d'une loi
générale qui serait la Loi des experts-comptables et qui
contiendrait un certain nombre de personnes qui seraient des licenciés,
pour faire de la vérification ou autre chose?
M. DUGRE: Sûrement, c'est la première recommandation de
notre mémoire. Nous y voyons évidemment beaucoup d'avantages pour
le public, peut-être plus que pour nous-mêmes, parce que nous
sommes vraiment bien organisés, nous croyons être capables de
survivre, mais nous croyons que le public serait mieux servi et la profession
de comptable serait peut-être mieux servie si elle était
unifiée.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter votre organisme de la qualité du mémoire et
aussi votre éloquent porte-parole, cela nous repose de toutes ces voix
graves que l'on entend depuis ce matin, voix graves et sévères.
Vous avez assisté depuis le matin, aux séances de la commission,
vous avez entendu les nombreuses questions qu'on a dirigées à
l'intention des groupes, principalement les CGA et les CA. Il n'est pas
l'intention de répéter toutes les questions, mais il y a
certainement des choses qui vous ont frappés, d'ailleurs, tout
correspond au sens des questions qui ont été posées, le
Solliciteur général vient de le dire, pour déceler s'il y
avait possibilité d'univier la profession, toujours dans
l'intérêt du public, sans brimer pour autant les droits acquis, la
compétence, la préparation, la spécialisation. Mais le
comité s'interroge et à bon droit sur l'opportunité de
faciliter cette unification. Vous avez dit tantôt que vous
suggériez cependant des étapes, mais que vous ne croyiez pas
qu'à ce moment-ci ce soit possible de faire l'unification. Vous avez
également mentionné que le législateur devrait pro-
bablement intervenir, parce que si les parties étaient laissées
à leur propre initiative, probablement que ça prendrait beaucoup
plus de temps et peut-être que ça serait difficile. Mais quel
serait le mécanisme que vous suggéreriez? Est-ce que ce
mécanisme qui faciliterait le dialogue entre les principaux groupes
devrait être en dehors du projet de loi 250?
Est-ce que cette responsabilité pourrait être
confiée à l'Office des professions? Remarquez bien que ce genre
de problème d'unification, ce genre de problème d'analyse de
description de fonctions, de compétence, ne se pose pas seulement pour
les comptables. Nous l'avons vu dans des discussions antérieures, nous
l'avons vécu à d'autres moments de la commission, chez les
optométristes, les ophtalmologistes, les opticiens d'ordonnance, cela
arrivera aussi dans le champ de la pharmacie, cela arrivera ailleurs aussi.
Mais est-ce que ce sera à l'intérieur de l'office des
professions, ou si la loi devrait créer un autre mécanisme, dans
la loi cependant, mais un autre mécanisme dont la fonction aurait pour
but de faciliter les fusions, des unifications là où se serait
préférable que cela se fasse; de faciliter la délimitation
du champ de compétence là aussi où cela devrait être
fait. Enfin, vous voyez le genre de responsabilité qui pourrait
être confiée à un tel mécanisme.
MME L'HEUREUX-DUBE: Je dois vous dire ceci, d'abord, comme
préliminaire. C'est que chacun qui est venu ici a revendiqué, a
été le premier à avoir pris l'initiative. Nous le
revendiquons aussi. Nous avons été les premiers, la
société a été la première sur le plan
national à faire une étude complète sur le "Future of the
Accounting Profession". C'était fait par le national. L'avenir de la
profession comptable. Nous avions suggéré plusieurs options,
trois ou quatre soit que les gens le fassent d'eux-mêmes. Nous
réalisons que c'est difficile. Nous réalisons que sans que le
législateur y mette réellement un impératif, que ce soit
dans la loi je le verrais peut-être difficilement dans la loi,
peut-être que l'Office des professions serait le mécanisme qui
serait approprié mais je pense que le législateur devrait
clairement indiquer que d'ici tant de temps, nous croyons que cela devrait se
faire et mettez-vous à la tâche. A ce moment-là, les
mécanismes peuvent se travailler. Nous n'avons pas encore les solutions.
Nous ne proposons pas de mécanisme particulier. Peut-être que M.
Dugré pourrait ajouter un mot là-dessus.
M. DUGRE: Durant les communications que vous avez entendues et dans les
réponses que vous avez eues à vos questions, les CGA, les CA et
maintenant les RIA ont exprimé tous les trois le souhait, avec un accent
plus ou moins fort peut-être, qu'il y ait unification. C'est
sûrement un bon départ. Nous avons peu pensé au
mécanisme à utiliser pour faire cette unifica-
tion et en arriver à une solution. C'est évident qu'il y
aura des difficultés. Nous parlons de trois ans. C'est parce que si nous
étions sûrs que, dans une semaine, cela serait
réglé, on dirait: Revenez dans une semaine, nous allons vous
rencontrer de nouveau et là nous allons vous présenter quelque
chose qui serait comme... Nous sommes persuadés que cela sera
pénible mais nous sommes prêts à faire ces efforts et
à y mettre le temps et l'énergie qu'il faut afin de faire une
profession comptable suivant diverses modalités sur lesquelles nous ne
sommes pas prêts à faire des déclarations aujourd'hui.
MME L'HEUREUX-DUBE: Je peux ajouter quelque chose, M. Cloutier? En y
pensant, si le projet de loi mentionnait que les professions comptables
devraient former un comité de tant de membres de chacune des professions
afin d'élaborer des structures de réorganisation ou
d'unification, peut-être que cela serait là un pas. Si le projet
mentionnait seulement qu'il devrait, de façon nécessaire, faire
rapport dans un temps donné...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai voulu, Me Dubé, élargir un
peu le mandat qui pourrait être confié parce qu'il n'y a pas
seulement des problèmes d'unification. J'ai mentionné
tantôt qu'il y avait aussi des problèmes de partager des champs de
compétence dans d'autres secteurs. Le secteur de la santé
notamment où pour des professionnels c'est difficile de trancher une
ligne bien étanche de pratique de profession. Vous allez prendre, par
exemple, l'infirmière qui pose un geste qui ne relève pas
particulièrement de l'acte infirmier, mais tout de même elle peut
le poser parce qu'elle est sous la surveillance d'un professionnel, d'un
médecin. Vous avez un médecin qui distribue le médicament
dans certaines circonstances. Vous avez le pharmacien et le médecin qui
discutent de la substitution du médicament.
Ce sont tous des problèmes qui ont trait au champ de
compétence ou d'exercice de la profession, pratique exclusive ou... Ce
serait ce genre de problèmes qui pourraient être confiés
à un organisme y compris l'unification de certaines professions. On va
continuer la réflexion là-dessus mais, s'il y avait au cours des
travaux de la commission d'autres suggestions qui pourraient être faites
par des organismes qui viendraient devant la commission, je pense que ce serait
une excellente suggestion.
MME L'HEUREUX-DUBE: Nous serions absolument d'accord sur quelque
mécanisme que ce soit qui soit embryonnaire au début et votre
suggestion est sûrement retenue par nous. Nous ne pouvons pas seuls et
unilatéralement évidemment faire cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Châteauguay.
M. KENNEDY: Mme Dubé, seulement une question pour éclairer
ma lanterne. Dans votre suggestion pour le nouvel article 35 a), vous dites
"faire de la comptabilité de gestion en fournissant et utilisant
l'information comptable et financière" etc., pourquoi inclure
"fournissant"?
MME L'HEUREUX-DUBE: Je vais vous passer M. Dugré qui va
être plus en mesure de régler cela.
M. KENNEDY: Qu'est-ce que vous voulez dire exactement par "fournissant"?
Cela peut vouloir dire n'importe quoi.
M. DUGRE: En la préparant. Evidemment en la préparant et
en fournissant à celui qui en a besoin pour prendre une décision.
C'est dans ce sens-là qu'on a voulu, si vous voulez, écrire ce
paragraphe-là.
M. KENNEDY: Mais on pourrait aussi bien retrancher le mot "fournissant"
et cela ne vous enlèverait pas du tout aucun champ d'action. Si on
disait tout simplement: Faire de la comptabilité de gestion en utilisant
de l'information comptable et financière et toute autre formation pour
la prise de décision, etc.
M. DUGRE: Oui, je pense que cela pourrait ne pas avoir une très
grande conséquence...
M. KENNEDY: Cela rendrait la chose plus précise, en fait. Ce
serait moins ambigu.
M. PHILIPPON: Je peux ajouter quelque chose, si vous me permettez.
Lorsqu'on dit fournir l'information, d'abord, la première information,
il faut tout de même récupérer cette information. D faut
être en mesure de transmettre cette même information, c'est ce
qu'on veut dire ici, en la fournissant.
M. KENNEDY: Par après vous arrivez avec "utiliser
l'information".
M. PHILIPPON: Oui, l'utiliser dans la prise de décision.
MME L'HEUREUX-DUBE: C'est peut-être un souci de précision,
ce sont des gens précis.
M. KENNEDY: Oui, je connais les RIA très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gatineau.
M. FOURNIER: Je constate que vous mentionnez tout le temps les lettres
RIA et que vous n'avez pas mentionné les lettres FIA. Est-ce que les
lettres FIA sont d'usage courant?
MME L'HEUREUX-DUBE: FIA.
M. FOURNIER: C'est Fellow of Institute Accountant. Est-ce qu'elles sont
de pratique courante? C'est parce que j'ai reçu une communication de la
part d'un membre qui est Fellow of the Institue of Actuaries. Or, ces
gens-là se servent des lettres FIA à la suite de leur nom et ils
ont demandé de faire une réserve quant à eux pour qu'elles
ne soient pas exclues, car ils se servent de ces lettres depuis au moins 70
ans. Je me demandais si...
MME L'HEUREUX-DUBE: Ce ne sont pas des lettres qui sont utilisées
dans le Québec.
M. FOURNIER: Elles ne sont pas utilisées au Québec.
M. DUGRE: J'ai l'impression que ce sont des lettres qui ont
été réservées auprès du
fédéral pour un certain but à un moment donné. Nous
ne les utilisons jamais.
M. FOURNIER: De sorte qu'une réserve pour les actuaires
n'affecterait aucunement...
M. LAVOIE (Wolfe): M. Castonguay a ce titre-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Une question seulement à poser, pas de
commentaires.
M. GUAY: Pas de commentaires? Alors j'irai pour une question. Est-ce que
la formation d'un comptable en administration est bien différente de la
formation d'un comptable agréé?
MME L'HEUREUX DUBE: M. Dugré.
M. DUGRE: M. le Président, je suis très heureux que cette
question me soit posée, parce que mon métier est de faire de
l'enseignement et je suis assez bien placé pour y répondre parce
que je suis directeur des cours du soir dont il a été beaucoup
question tantôt. Je suis en même temps directeur du
département des sciences comptables pour les cours du jour, par
conséquent la licence, la maîtrise et le doctorat. Je pense qu'il
faut commencer au tout début. Dans la société des RIA on
admet des gens qui ont une onzième année,n'importe quelle
onzième année. Le principe qui est à la base et depuis
très longtemps est le suivant: Prouve-nous que tu est capable
d'étudier et d'avancer. Si tu n'es pas capable, nous allons nous en
apercevoir et tu vas t'en apercevoir et tu vas te retirer toi-même. C'est
la base.
Deuxièmement, nous acceptons les gens des CEGEP en technique
administrative. Ceux parmi eux qui viennent étudier aux cours du soir
à
Laval, nous les exemptons d'un certain nombre de cours, même si
foncièrement il n'y a peut-être pas tout à fait une
équivalence. Mais encole là nous leur disons: Si tu est rendu
à ta limite nous allons nous en apercevoir et tu vas te retirer de toi
même ou les examens, ou enfin des travaux qu'on va te demander et le
rythme d'apprentissage qu'on va t'imposer vont faire que tu vas te retirer
toi-même.
Nous acceptons également dans la société des gens
qui suivent des cours par correspondance parce qu'ils travaillent à
Sept-Iles où il n'y a évidemment pas d'institution ou encore plus
loin que ça, ou ce sont des employés du gouvernement qui voyagent
d'une place à l'autre et qui ne peuvent pas fréquenter les
institutions. A ce moment-là, ils suivent les cours par correspondance.
Ces gens sont extrêmement méritants, s'ils font tout leur cours de
cette façon. Il faut enlever notre chapeau, devant eux, parce que c'est
extrêmement dur. Mais certains le font.
Il y a aussi dans la profession des gens qui viennent de
l'université, qui ont un diplôme universitaire. Il faudrait dire
aussi que les programmes, que ce soit pour les CA, CGA et RIA, dans la
spécialité de la comptabilité, sont assez proches l'un de
l'autre. Entre autres, les cours suivis par les CA et les cours suivis par les
CGA sont exactement les mêmes. Dans le processus de l'apprentissage, on
arrive à un certain moment où les RIA s'éloignent un peu
de l'enseignement des CA et des CGA pour se spécialiser davantage dans
la comptabilité de gestion dont il était question
tantôt.
Evidemment il y a aussi des cours d'impôt, mais moins forts, il y
a aussi des cours de vérification, mais moins forts, parce qu'ils vont
plutôt s'attacher à la vérification interne,
c'est-à-dire la vérification à l'intérieur de
l'entreprise. Quant au diplômé de l'université qui a sa
licence chez nous, on appelle ça une licence ça
s'appellera bientôt un baccalauréat, à partir de septembre,
comme dans toutes les universités de la province, c'est évident
qu'il a une meilleure formation générale, en économie, en
méthode quantitative. Mais lorsqu'on en revient à la
comptabilité, à la vérification, à ce
moment-là, vous retrouvez le même programme ou la même
teneur de cours que vous retrouvez aux cours du soir ou ailleurs. Mais il a une
formation plus large. Les CA vous disaient: Nous allons admettre des gens avec
un diplôme universitaire. Un avocat peut devenir à ce
moment-là CA, on va lui imposer quoi? Evidemment, cette
spécialité des sciences comptables, un ingénieur peut
l'acquérir, on va lui imposer quoi? Ce plan de connaissances qui
s'appelle sciences comptables et qui est connexe. Il retrouve à divers
degrés, avec une préparation diverse, des niveaux d'enseignement,
des niveaux de connaissances qui sont sensiblement égaux, dans cette
particularité qui s'appelle les sciences comptables. Il faut dire qu'on
n'a peut-être pas bien démontré cela ce matin.
Aux HEC à Sherbrooke, à Trois-Rivières et ailleurs,
on a aussi ces programmes qui sont relativement en commun. On peut
évidemment trouver des différences dans le genre d'examens et
là, ça fait déjà une différence. Un RIA, par
exemple, peut passer un examen, un à la fois, s'il le veut.
Les CGA, depuis un an ou deux, demandent de passer deux examens à
la fois. Autrefois, c'était quatre. Il y avait quatre examens que les
étudiants devaient passer et ces quatre-là, ils devaient les
passer à la fois. Les RIA, encore une fois, passent un examen à
la fois le plus souvent deux, évidemment; pour s'avancer, il faut que
ça finisse un jour, tandis que les CA exigent des examens pour
l'ensemble, ce qu'on appelle l'examen des CA qui, autrefois, était
quatre examens de quatre heures, six plutôt, excusez-moi, et maintenant
c'est quatre examens. Cela, on appelle ça l'examen. Les RIA et les CGA,
à mon point de vue comme éducateur, avaient une série
d'examens qui étaient mieux adaptés à des étudiants
du soir qui sont obligés de prendre une matière ou deux par
année et, évidemment, quand l'année est finie, ils sont
examinés sur cette partie-là.
Les CA ont une philosophie différente qui est évidemment
très acceptable mais qui est peut-être moins adaptée
à des étudiants qui travaillent toute la journée et qui,
le soir, suivent des cours et, après, à la fin de l'année,
après avoir travaillé très péniblement, passent un
examen. Mais enfin, c'est une question de dosage.
IL peut peut-être y avoir d'autres différences dans les
examens, mais les examens sont de très grande qualité dans les
trois cas.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a le même programme d'études dans
chacune des associations?
M. DUGRE: Dans chacune des associations.
M. BOIVIN: Est-ce que ça vous est commandé par les
corporations professionnelles?
M. DUGRE: Ordinairement, c'est le processus inverse. C'est l'association
elle-même qui réunit des praticiens, des professeurs
d'université et, ensemble, nous traçons un programme, nous
préparons des séries de cours que, dans les universités,
à cause de leur qualité encore une fois, nous dispensons aux
étudiants qui veulent aller vers une association ou vers une autre, ou
encore à un étudiant qui veut tout simplement s'instruire dans
les sciences comptables sans aller à aucune association. Mais au
départ, c'est surtout l'association qui trace les programmes.
M. BOIVIN: Mais est-ce que les universités ou les écoles
ne pourraient pas collaborer ou être le centre de l'unification des
sciences comptables? Ce sont elles qui donnent l'ensei- gnement. Est-ce que les
universités ne devraient pas faire un effort, réunir les
corporations?
M. DUGRE: C'est bien possible. Cela peut très bien se faire. Il y
a un élément qui nous manque.
M. BOIVIN: Est-ce que les universités ont déjà
tenté de réunir toutes les corporations professionnelles pour
établir un programme qui serait beaucoup plus facile pour les
universités?
M. DUGRE: Cela n'a jamais été fait comme tel sauf que...
Non, cela n'a jamais été fait à ma connaissance en tout
cas. Nous n'avons jamais pensé réunir les universités pour
tracer un programme. L'université est représentée
officiellement ou légalement pour tracer des programmes, mais cela se
fait assez peu.
M. BOIVIN: Les universités prennent les commandes des
corporations professionnelles...
M. DUGRE: J'aimerais dire ceci. Comme universitaires, nous sommes
quelquefois, malheureusement peut-être, toujours un peu loin de la
réalité. Qu'il y ait aussi des gens qui connaissent vraiment
leurs besoins, qu'ils connaissent le besoin du public pour nous ramener dans
les limites plus raisonnables ou plus concrètes, je pense que ce n'est
pas mauvais. Non seulement ce n'est pas mauvais, mais je pense que c'est
indispensable. Nous sommes portés, peut-être, à philosopher
trop vite alors qu'il y. a des gens qui vivent des situations plus
concrètes et c'est bon qu'ils nous le rappellent. C'est bon aussi qu'ils
soient là pour nous le rappeler.
M. BOIVIN: Mais ce serait bon aussi que les universités leur
disent: Bien, vous doublez tel programme, cela pourrait être
réuni, tel cours.
M. DUGRE: Nous l'avons fait dans le cas des CGA et des CA; le soir, ils
suivent le même cours, voyez-vous. Un étudiant du jour, qui va
vouloir devenir CA ou CGA, est préparé par le même
programme pour aller, soit dans une, soit dans une autre association, s'il le
veut. Il fait son choix à ce moment-là. Ce sont des programmes
qui sont communs à tout le monde.
M. BOIVIN: Mais quand fait-il son choix? Cela a été
demandé et nous n'avons pas obtenu de réponse.
M. DUGRE: II fait son choix et, quand il le fait, il est
entièrement libre.
M. BOIVIN: Mais quand fait-il son choix après des programmes,
comme vous l'enseignez, quand fait-il son choix vers le CA ou le CGA?
M. DUGRE: Aux cours du soir, il le fait dès le début parce
que les CA exigent qu'en même
temps qu'il étudie le soir, il travaille dans un bureau de
comptable. Les CGA exigent qu'en même temps qu'il étudie, il soit
exposé à la comptabilité dans l'emploi qu'il occupe. Les
RIA ont une exigence à peu près semblable. Tandis que les RIA et
les CGA peuvent faire leur choix plus tard, le CA doit, à cause de cette
exigence qui veut qu'il travaille dans un bureau de comptable tout en
étudiant, eh bien, faire son choix immédiatement. Voilà
pour les cours du soir.
Pour les cours du jour, c'est ordinairement, à la fin de son
cours, en troisième année.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Dorchester a une
autre question?
M. GUAY: On a parlé souvent de cours par correspondance. Est-ce
que c'est encore possible de devenir comptable par correspondance?
M. DUGRE: Dans le cas des RIA, dans le cas des CGA, oui. Je ne saurais
dire dans le cas des CA. Je ne crois pas, non, peut-être bien, mais il y
en a sûrement assez peu qui le deviendraient par ce moyen-là.
M. GUAY: Une dernière question: Quel est, dans ce monde adulte de
la comptabilité, le plus haut sommet de la compétence?
MME L'HEUREUX-DUBE: II n'y a pas de limite.
M. DUGRE: Probablement lorsque quelqu'un a travaillé très
dur et qu'il meurt, si vous voulez, à 90 ans.
M. GUAY: Je veux dire en titres?
M. DUGRE: En titres, je ne suis pas prêt à faire une
comparaison. Comme éducateur, en tout cas, je trouve qu'ils ont une
très grande valeur et il est extrêmement difficile pour moi de
dire qu'un titre est meilleur que l'autre. Ce sont trois excellents titres
comptables.
M. GUAY: J'accepte votre réponse.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je veux remercier Mme
L'Heureux-Dubé et toute la délégation. Nous ajournons la
commission jusqu'à 10 heures, mardi prochain.
MME L'HEUREUX-DUBE: Je vous remercie.
(Fin de la séance à 22 h 8)